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SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE
DE FRANCE
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BULLETIN
DE LA
SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE
DE FRANCE
QUATRIÈME SÉRIE
TOME HUITIÈME
PARIS
AU SIÈGE DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE
28, Rue Serpente, VI!
1908-1910
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Ve 0e
d 4e Série, €. VIII. — 1908. — N° 1-2
BULLETIN
DE LA
SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE
D: (CETTE SOGIÈTÉ, FONDÉE LE 17 MARS 1830, A ÉTÉ AUTORISÉE ET RECONNUE COMME
à ÉTABLISSEMENT D'UTILITÉ PUBLIQUE, PAR ORDONNANCE DU ROI DU 3 AVRIL 1832)
à
Ë
à
QUATRIÈME SÉRIE
7 D:
: TOME HUITIÈME
4 |
:
FASCIGULES 1-2 :
Liste des Membres de la Société, etc. : pp. v-xznr.
| Prix et Fondations de la Société : pp. x£tI-XL1v.
Feuilles 1-4. — Planche I.
L—PARIS--
. AU SIÈGE DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE
ë | 28, rue Serpente, VI
1908
46
ms 2 (a)
PüBLicATION MENSUELLE, Avertir 1908.
EXTRAITS DU RÈGLEMENT DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE
ART. 2. — L'objet de la Société est de concourir à l’avancement de la
Géologie en général et particulièrement de faire connaître le sol de la France,
jus en lui-même que dans ses rapports avec les arts industriels et l'agri-
culture.
ART. 3. — Le nombre des membres de la Société est illimité. Les Français
et les étrangers peuvent également en faire partie. Il n'existe aucune dis-
tinction entre les membres. | ï
ART. 4. — Pour faire partie de la Société, il faut s'être fait présenter dans
une de ses séances par deux membres qui auront signé la présentation f,
avoir été proclamé dans la seance suivante par le Président et avoir reçu le
diplôme de membre de la Société.
ART. 6. — Le Trésorier ne remet le diplôme qu'après l’acquittement du
droit d’entrée.
ART. 38. — La Société tient ses séances habituelles à Paris, de Novembre
à Juillet.
ART. 39. — La Société se réunit deux fois par mois (Le 1° et le 3° lundi
du mois).
ART. 42. — Pour assister aux séances, les personnes étrangères à la
Société doivent être présentées chaque fois par un de ses membres.
_ ART. 46. — Les membres de la Société ne peuvent lire devant elle aucun
ouvrage déjà imprimé.
ART. 48. — Aucune communication ou discussion ne peut avoir lieu sur
des objets étrangers à la Géologie ou aux sciences qui s’y rattachent.
ART. 50. — Chaque année, de Juillet à Novembre, la Société tiendra une
ou plusieurs séances extraordinaires sur un point qui aura été préalablement
déterminé.
ART. 53 — Un bulletin périodique des travaux de la Société est délivré
gratuitement à chaque membre.
ART. 55. — ... Il ne peut être vendu aux personnes étrangères à la
Société qu’au prix de la cotisation annuelle.
ART. 58. — Les membres n’ont droit de recevoir que les volumes des
années du Bulletin pour lesquelles ils ont payé leur cotisation. Toutefois, les
volumes correspondant aux années antérieures à leur entrée dans la Société,
leur sont cédés, après décision spéciale du Conseil et conformément à un
tarif déterminé.
ArT. 60. — Quelle que soit la longueur des notes ou mémoires insérés au
Bulletin, les auteurs pourront en faire faire à leurs frais un tirage à part.
AuT. 93. — Chaque membre paye : 1° un droit d'entrée ; 2° une cotisation
annuelle ?.
Le droit d'entrée est fixé à la somme de 20 francs.
La cotisation annuelle est invariablement fixée à 30 francs.
La cotisation annuelle peut, au choix de chaque membre, ètre remplacée
ar le versement en capilal d'une somme fixée par la Société en assemblée
générale (400 francs).
— Sont Membres à Perpétuité les personnes qui ont donné ou légué à
la Société un capital dont la rente représente au moins la cotisation annuelle
(minimum : 1000 francs).
1
1. Les personnes qui désireraient faire partie de la Société et qui ne
connaîtraient aucun membre qui -pût les présenter, n'auront qu’à adresser
une demande au Président, en exposant les titres qui justifient de leur
admission.
2. Le Conseil de la Société, afin de faciliter le recrutement de nouveaux
membres, autorise, dorénavant, sur la demande des parrains, les personnes
qui désirent faire partie de la Société à n’acquitter, la première année, que
eur droit d'entrée en versant la somme de 20 fr. Le compte-rendu sommaire
des séances de l’année courante leur sera envoyé gratuitement ; mais ils ne
recevront Le Lulletin que la deuxième année et devront alors payer la coti-
salion de 3o francs Ils jouiront aussi des autres droits et privilèges des
membres de læ Société.
SOCIÈTE GEOLOGIQUE
1830
DE
FRANCE
LISTE DES ANCIENS PRÉSIDENTS
. DE LA
SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE
(+ indique les anciens Présidents décédés).
MM.
+ Ami Bové.
{1 DE Roissy.
1831.
1832.
1833.
1834.
1835.
1836.
1837.
1838.
1339.
1840.
1841.
18/42.
1843.
1844.
1845.
1846.
1847.
1848.
1849.
1890.
1851.
1852.
1853.
1854.
1895.
1896.
Ÿ CORDIER.
BRONGNIART (Alex.).
T DE BONNARD.
+ ConsTANT PrÉvoOsT.
+ Ami Bové.
7 ÉLrE DE BEAUMONT.
DUuFRÉNOY.
CORDIER.
T CONSTANT PRÉvVOSsT.
+ BRonGnraRrr (Alex.).
T Passy.
+ CORDIER.
+ D'OrBIGNY (Alcide).
D'ARCHIAC.
+ ÉLw pe BEAUMONT.
DE VERNEUIL.
+ DUFRÉNOY.
+ MicHELIN.
D’ARCHIAC.
+ ÉLrEe DE BEAUMONT.
CONSTANT PRÉVOST.
+ D'Omauius D'HALLOY.
Ÿ DE VERNEUIL.
T D ARCHIAC.
+ ÉLre DE BEAUMONT.
+ DEsHAYESs.
30 Janvier 1908. — T. VIII.
1897.
1858.
1899.
1860.
1861.
1802.
1863.
1864.
1865.
1866.
1867.
1868.
1869.
+ GERvAIS (P.).
1872.
1873.
1874.
1875.
1876.
1897.
1878.
13709.
1880.
1881.
1852.
1883.
1870
1871
MM.
+ Damour.
VIQUESNEL.
+ Hégerr.
f LEVALLOIS.
Ÿ SAINTE - CLAIRE
Device (Ch.).
+ DELESSE.
GauprY (Albert).
T DAUBRÉE.
+ GRUNER (L.).
+ Larrer (Edouard).
T DE VERNEUIL.
BELGRAND.
À DE BiLzy.
HÉBERT.
+ DE Roys (le marquis).
T COTTEAU.
T JANNETTAZ (Ed.).
PELLAT (Ed.).
+ TourNouËR.
Gaupry (Albert).
DAUBRÉE.
DE LAPPARENT(Albert).
T Fiscxer.
Douvizeré (Henri).
+ Lory (Ch.).
Bull. Soc. Géol. Fr. — A
VI
1884.
1889.
1886.
1887.
1585.
1889.
1890.
1891.
1892.
1895.
1894.
1895.
1876.
1877.
1878.
1879.
1880.
1881.
1882.
1883.
1884.
1889.
1891.
1893.
1895.
1897.
1903.
SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE
MM.
+ PARRAN.
+ MALLARD.
+ COTTEAU.
Gaupry (Albert).
+ SCHLUMBERGER.
+ HéBerr.
+ BerrrAND (Marcel).
+ Munier-CHALMAS.
Micnez-Lévy.
ZEILLER.
GoOsSELET.
LINDER.
1896.
1897.
1898.
1899.
1900.
TOO1.
1902.
1903.
1904.
1905.
1906.
1907.
MM.
DorLrus (Gustave),
Barrois (Charles).
BERGERON (Jules).
DE MARGERIE (Emm.).
DE LAPPARENT(Albert).
Carez (Léon).
HauG (Émile).
BouLe (Marcellin).
Termier (Pierre).
PERON (A.).
BoisTEL (A.).
Cayeux (L.)
LAURÉATS DU PRIX VIQUESNEL
MM.
+ MuxiER-CHALMAS.
Barrois (Ch.).
FABRE (G.).
+ FoNTANNES (F.).
+ HERMITE.
ŒHLERT.
VAssEUR (G.).
Dozzrus (G.).
LEENHARDT.
1887.
1890.
1893.
1896.
1898.
1900.
1902.
1904.
1906.
MM.
MicueL-LÉvY.
BERGERON (J.).
Hauc (Émile).
Cossmanx (M.).
GLANGEAUD (Ph.).
Cuorrar (Paul).
Rousse (Joseph).
PERVINQUIÈRE (Léon).
BRESssON (A.).
LAURÉATS DU PRIX FONTANNES
MM.
+ BerrrAND (Marcel).
Barrois (Ch.).
KiLrAN (W.).
DELAFOND (Fr.).
BouLe (Marcellin).
1899.
1001.
1903.
1905.
1907.
MM.
FIcHeuRr (E.).
PaqQuier (V.-L.).
GENTIL (L.).
CavEux (L.).
LEeMoIxE (P.).
LAURÉATS DU PRIX PRESTWICH
M.
TERMIER (Pierre).
1906.
M
‘Lucron (Maurice).
ADMINISTRATION DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE
POUR L'ANNÉE 1908
Président :
M. Henri Douvizeé.
Vice-Présidents :
MM. Léon JANET. MM. René NicKkLës,
Frédéric ROMAN. G. Ramon.
Secrétaires :
Pour la France : Pour l'Étranger :
M. J. Boussac. M. L. MorELLET.
Vice-Secrétaires :
M. O. CourFFon. | M. L. PuzEnNaT.
Trésorier : Archiviste :
M. L. CAREz. M. J. COTTREAU.
CONSEIL.
(Le Bureau fait essentiellement partie du Conseil [art. IV des statuts])
MM. Emm. de MARGERIE. MM. É. Hauc.
Louis GENTIL. J. BLayac.
A. PERON. Albert GAuUDRY.
Paul LEMOINE. Lucien CAYEux.
A. BoisreL. Jules BERGERON.
G.-F. DoLLrus. Léon BERTRAND.
VIII ADMINISTRATION DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE
COMMISSIONS
Commission de publication du Bulletin
MM. Albert de LAPPARENT, L. CAyYEux, E. de MARGERIE,
E. Hauc, M. BouLe.
En outre, MM. H. DouvicLé, J. Boussac, L. MoRELLET, L. CAREZ,
J. CoTTREAU, membres du Bureau, font partie de cette Commis-
sion.
Commission de publication des Mémoires de Géologie
MM. Albert de LAPPARENT, Emm. de MARGERIE, E. HauG.
En outre, MM. H. Douvieré, J. Boussac, L. MoRELLET, L. CAREZ,
J. CorTrREAUu, membres du Bureau, font partie de cette Commis-
sion.
Commission de publication des Mémoires de Paléontologie
MM. A. THeveniN, L. PERVINQUIÈRE, Albert Gaupry, J. BER-
GERON, G.-F. DoLzrus, L. CAYEUXx.
En outre, MM. H. DouvizLé, J. BoussaAc, L. MorELLET, L. CAREZ,
J. CoTrREAU, membres du Bureau, font partie de cette Commis-
sion.
Commission de Comptabilité
MM. A. Borsrez, P. TERMIER, Léon JANET.
Commission des Archives et de la Bibliothèque
MM. Emm. DE MARGERIE, A. THEVENIN, J. BLAYAC.
Commission des Prix
Le PRÉSIDENT et les VicE-PRÉSIDENTS de la Société ; Les ANCIENS
PrésipenTs ; Les LaurÉATSs des divers Prix de la Société ; Cinq
MEMBRES DE PROVINCE : MM. A. de GROSSOUVRE, Bicor, Philippe
Tomas, ZürCHER, Ch. DEPÉRET.
MEMBRES A PERPÉTUITÉ :
+ Barorre (J.).
+ Bazizze (Louis).
T CorrEAU (Gustave).
T DAUBRÉE (A.).
+ Dozzrus-Ausser (Daniel).
+ FonTANNeEs (Louis).
+ Jackson (James).
+ GrAD (Ch.).
f LAGRANGE (le Docteur).
+ LamorTxEe (de), Colonel d'artillerie.
+ Levazzois (J.).
T PARANDIER.
+ Presrwicx (Joseph).
+ RogerrTox (le Docteur).
+ Tournouër.
+ VERNEUIL (Edouard de)
T VIQUESNEL.
+ Vircer D'Aousr (Pierre-Théodore).
BIBLIOTHÈQUE DE L'UNIVERSITÉ DE BALE (Suisse).
COMPAGNIE DES CHEMINS DE FER DE PARIS A LYON Er A LA Mépi-
TERRANÉE, 88, rue Saint-Lazare, Paris.
COMPAGNIE DES FORGES DE CHATILLON-COMMENTRY, 19, rue de la
Rochefoucauld, Paris.
COMPAGNIE DES MINERAIS DE FER MAGNÉTIQUE DE MoKkTA-EL-
HapiD, 26, avenue de l'Opéra, Paris.
COMPAGNIE DES MINES DE LA GRAND'COM8E, 17, rue Laffite, Paris.
COMPAGNIE PARISIENNE D'ÉCLAIRAGE ET DE CHAUFFAGE PAR LE
Gaz.
SOCIÉTÉ ANONYME DES HOUILLÈRES DE BESsÈGEs ET RoBrAc,
17, rue Jeanne-d’Are, Nimes (Gard).
MEMBRE DONATEUR
+ Madame C. FONTANNES.
1. Sont membres à perpétuité les personnes qui ont donné ou légué à la
Société un capital dont la rente représente au moins la cotisation annuelle
(Décision du Conseil du 2 novembre 18/0).
+ Indique les membres à perpétuité décédés.
LISTE GÉNÉRALE DES MEMBRES
DE LA
SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE
AU I‘ JANVIER 1908
(Le signe [P] indique les membres à perpétuité et l’astérisque * les
membres à vie).
1904
1905
1889
1867
1898
1905
1878
1902
1899
1895
LS)
1875
1904
1896
10
MM.
AGxus (Dr Alexandre, N.), Apartado, 1, Lima (Pérou).
AGUILAR Y SANTILLAN (Raphaël), Secrétaire bibliothé-
caire de l’Institut géologique national, 52, del Ciprès,
n° 2728, Mexico (Mexique).
AGUILERA (José-Guadalupe), Directeur de l'Institut
géologique national, 5°, del Ciprès, n° 2728, Mexico
(Mexique). °
AGUILLON, Inspecteur général des Mines, 71, rue du
Faubourg-Saint-Honoré, Paris, VIII.
ALLARD (Joseph-Alexandre), Ingénieur des Arts et
Manufactures, Voreppe (Isère).
ALLORGE (Maurice), Lecturer of Geology, the Univer-
sity Museum, Oxford, Grande-Bretagne.
ALMERA (Chanoïine Jaime), 1, calle Sagristans, 3°,
Barcelone (Espagne).
AmBayrAc (J. Hippolyte), Professeur honoraire,
6, place Garibaldi, Nice (Alpes-Maritimes).
Amior (Henri), Ingénieur en chef au Corps des Mines,
adjoint à la Direction de la Compagnie du Chemin
de fer de Paris à Lyon et à la Méditerranée, 4, rue
Weber, Paris, XVI.
Arcrowsxi (Henryk), 103, rue Royale, Bruxelles
(Belgique).
ARGAND (Emile), 10, rue des Terreaux, Lausanne
(Suisse).
ARNAUD (F.), Notaire, Barcelonnette (Basses-Alpes).
ARRAULT (René), Ingénieur civil, Entrepreneur de
sondages, 69, rue de Rochechouart, Paris, IX.
ARTHABER (Dr Gustav A. Edler von), Privatdocent de
Paléontologie à l'Université, 1, Bartensteing, 8,
Vienne (Autriche).
1888*
1874
1889
1901
1903
1899
1875*
1901
1880*
1905
1879
1899
1864*
1903
1885
1886
1903
1881
T9O01
1903
1878*
1894
1902
1894
20
30
SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE X]
AuBErT (Francis), Ingénieur en chef au Corps des
Mines, 38, rue Lamartine, Clermont-Ferrand (Puy-
de-Dôme).
AuLT-DuMEsniLz (d’), 228, rue du Faubourg-Saint-
Honoré, Paris, VIII.
AzÉMaA (Joseph), Licencié ès sciences, 14, rue de la
Mairie, Pamiers (Ariège).
AzéMA (Léon), Lieutenant-Colonel au 19° Régiment
d'Infanterie, 33, rue de Turenne, Brest (Finistère).
BALL (John), Ph. D., Inspecteur en chef au Geolo-
gical Survey, Le Caire (Egypte).
BaLsAN (Charles), Manufacturier, Député de l’Indre,
8, rue de La Baume, Paris, VIII.
BARDON (Paul), 9, avenue Perrichont, Paris, XVI.
BarrÉ (Commandant O.), 10, avenue Henri-Martin,
Paris, XVI.
Barrer (Abbé), Doyen de Formeries (Oise).
BARRILLON (Léon), ancien Ingénieur en chef de la
Compagnie des Mines d’Aniche, 12, rue Brémontier,
Paris, XVI.
Barrotis (Charles), Membre de l’Institut, 41, rue Pascal,
Lille (Nord).
BARTHÉLEMY (François), 2, place Sully, Maisons-
Laffitte (Seine-et-Oise).
Bary (Émile de), Guebwiller (Haute-Alsace).
: Basser-Bonneroxs (Raoul), 24, rue Meslay, Paris, IN.
BayLe (Paul), Directeur des mines et usines de la
Société lyonnaise des Schistes bitumineux, Autun
(Saône-et-Loire).
BEAUGEY, Ingénieur en chef des Mines, Professeur à
l'Ecole des Mines, 1, rue de la Tourelle, Boulogne-
sur-Seine (Seine).
Bépé (Paul), 4° régt de Spahis, P.E.-M., Sfax (Tunisie).
BEIGBEDER (David), Ingénieur, 125, avenue de Villiers,
Paris, XVII.
BEL (Jean-Marc), Ingénieur civil des Mines, 53, boule-
vard Saint-Michel, Paris, V.
BELLIVIER (René), Etudiant en sciences naturelles,
16, rue de l'Hôtel-Dieu, Poitiers (Vienne).
BERGErRON (Jules), Docteur ès sciences, Professeur à
l’'Eccle centrale des Arts et Manufactures, 157,
boulevard Haussmann, Paris, VIII.
BERNARD (Augustin), Chargé de cours à l’Université
(Faculté des lettres), 61, rue Scheffer, Paris, XVI.
BERNARD (Charles-Em.), Ingénieur civil, 12, rue Rosa-
Bonheur, Paris, XV.
Béroup (Abbé J. M.), Mionnay (Ain).
XII
1903
1890 4o
1891
1891
1889 [P]
1890
1890
1906
1884
1884
1884
1887 50
1865*
1896
1893
1897
1896
1892
1881
1893
1882*
1995. 60
1901
LISTE DES MEMBRES
BERTHON (Paul), Capitaine d'Infanterie, de la Mission
militaire du Pérou, Lima (Pérou).
BERTRAND (Léon), Chargé de cours de Géologie à
l’Université (Ecole normale supérieure), Collabo-
rateur principal au Service de la Carte géologique
de la France, 38, rue du Luxembourg, Paris, VI.
BIBLIOTHÈQUE DE LA VILLE D'ANNECY (Haute-Savoie).
BIBLIOTHÈQUE DE L'UNIVERSITÉ CATHOLIQUE de Lou-
vain, 22, rue Neuve, Louvain (Belgique).
BIBLIOTHÈQUE DE L'UNiveRsITÉ de Bâle (Suisse).
BIBLIOTHÈQUE UNIVERSITAIRE de Clermont - Ferrand
(Puy-de-Dôme).
BIBLIOTHÈQUE UNIVERSITAIRE de Grenoble (Isère).
BIBLIOTHÈQUE MuniciPaLE de la Ville, boulevard du
Musée, Marseille (Bouches-du-Rhône).
BIBLIOTHÈQUE UNIVERSITAIRE de Montpellier (Hérault).
BIBLIOTHÈQUE DE L’'UNIVERSITÉ de Strasbourg (Alsace-
Lorraine).
BIBLIOTHÈQUE UNIVERSITAIRE de Médecine et Sciences,
allées Saint-Michel, Toulouse (Haute-Garonne).
Braor (A.), Professeur de Géologie et de Paléontologie
à l'Université (Faculté des Sciences), 28, rue de
Geôle, Caen (Calvados).
Brocue (Alphonse), 53, rue de Rennes, Paris, VI.
BizarDp (René), Avocat, Chargé de cours à la Faculté
libre des Sciences, 72, rue Desjardins, Angers
(Maine-et-Loire).
BLayac (J.), Préparateur à l'Université (Faculté des
Sciences), Répétiteur à l'Institut agronomique, 85,
boulevard de Port-Royal, Paris, XIII.
Boca, Licencié ès sciences, 5, rue Cassette, Paris, VI.
Borizz Y Pocx (Arthuro), Secrétaire perpétuel de
l'Académie des Sciences de Barcelone, calle de las
Cortès, Barcelone (Espagne).
Bocpanowrirex (Ch.), Ingénieur des Mines, Louga
(Gouvernement de Saint-Pétersbourg, Russie).
Boissière (Albert), Ingénieur de la Compagnie pari-
sienne du Gaz, 124, boulevard de Magenta, Paris, X.
BoïsTEL (A.), Professeur à l'Université (Faculté de
Droit), 12, rue de Seine, Paris, VI.
BonaPpaRTE (Prince Roland), Membre de l'Institut,
10, avenue d'Iéna, Paris, XVI.
Boxnarbor(Léon),Varennes-le-Grand (Saône-et-Loire).
Bonxes (F.), Professeur de Géologie et de Minéralogie
à l'Ecole des Mineurs, Alais (Gard).
1902
1890
1857
1878
1900
183/4*
1881
1887
1889
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1909
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1902
1892
1898
1906
1877
1898
1893
1903
70
80
DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE XIII
Boxxer (Amédée), Docteur ès sciences, Préparateur
de Zoologie à l’Université (Faculté des Sciences),
1, quai de la Guillotière, Lyon (Rhône).
BooE (Abbé René), Curé de Pouffonds, par Melle-sur-
Béronne (Deux-Sèvres).
BorEAU-LAJANADIE (Charles), 50, pavé des Chartrons,
Bordeaux (Gironde).
BorNEMANN (L.-G.), Eisenach (Saxe- Weimar).
Bougée (Ernest), Naturaliste, 3, place Saint-André-des-
Arts, Paris, VI.
Boue (Marcellin), Professeur de Paléontologie au
Muséum national d'Histoire naturelle, 3, place
Valhubert, Paris V.
BouURGEAT (Chanoiïine), Professeur aux Facultés catho-
liques, 15, rue Charles-de-Muyssart, Lille (Nord).
BourGERY, ancien Notaire, Nogent-le-Rotrou (Eure-
et-Loir).
BoursAuULT (Henri), 59, rue des Martyrs, Paris, IX.
Boussac (Jean), 226, avenue du Maine, Paris, XIV.
BouriLLier (Louis). Roncherolles-le-Vivier, par Dar-
netal (Seine-Inférieure).
Bouvier (René), Industriel, 174, cours Saint-André,
Grenoble (Isère).
BouzANQUET, Ingénieur des Arts et Manufactures, 37,
rue d'Amsterdam, Paris, VIII.
Boyer (Joseph), Docteur en médecine 13, place du
Pont, Lyon (Rhône).
BrALY (Adrien), Ingénieur civil des Mines, 21, rue
Poussin, Paris, XVI.
BRANNER (John Casper), Professeur de Géologie,
Stanford University (California, Etats-Unis).
Bravo (José), Ingénieur en chef des laboratoires du
Corps des Ingénieurs des Mines, Professeur de
Minéralogie et de Géologie à l'Ecole des Ingénieurs,
Lima (Pérou).
BRÉoN (René), Collaborateur au Service de la Carte
géologique de la France, Semur (Côte-d'Or).
Bresson (A.), Docteur ès sciences, Préparateur de
Géologie à l'Université (Faculté des Sciences),
Besançon (Doubs).
Brives (Abel), Docteur ès sciences, Coilaborateur au
Service de la Carte géologique de l'Algérie, chargé
d'un cours à l'Ecole supérieure des Sciences d'Alger,
Mustapha (Alger).
BroNGnrarT (Marcel), Licencié ès sciences, 29, rue
Bonaparte, Paris, VI.
90
100
LISTE DES MEMBRES
BrouEr (G.), Chimiste de la station agronomique de
Laon, avenue Brunehaut, Laon (gare) (Aisne).
BRUNES (Jean), Professeur de Géographie à l’'Univer-
sité, 314, rue Saint-Pierre, Fribourg (Suisse).
BurcKHARDT (Carlos), Géologue chef de section à
l'Institut géologique national, 5?, del Ciprès, n° 2728,
Mexico (Mexique).
Bureau (Edouard), Professeur honoraire au Muséum
national d'Histoire naturelle, 24, quai de Béthune,
Paris, IV.
Bureau (Louis), Professeur à l'Ecole de Médecine,
Directeur du Muséum d'Histoire naturelle, 15, rue
Gresset, Nantes (Loire-Inférieure).
Bursaux, Ingénieur, Directeur du chemin de fer et de
la mine de Metlaoui, par Gafsa (Tunisie).
Busquer (Horace), Chef des Services des mines du
Creuzot, Collaborateur-adjoint au Service de la Carte
géologique de la France, La Machine (Nièvre).
CALDER6N (Dr Salvador), Professeur de Minéralogie à
l'Université, Calle del Pez, 17, Madrid (Espagne).
CaAMBEssEDÈs (Félix), Ingénieur, 63, avenue de la
Grande-Armée, Paris, XVI.
Canu (Ferdinand), 19, rue Campagne - Première,
Paris, XIV.
CAPELLINI (Giovanni), Sénateur, Professeur de Géologie
à l’Université, Bologne (Italie).
CapirAN, Docteur en médecine, Professeur à l'Ecole
d’Anthropologie, 5, rue des Ursulines, Paris, V.
Carazp (Joseph), Professeur de Minéralogie à l'Uni-
versité (Faculté des Sciences), 21, rue Rémusat,
Toulouse (Haute-Garonne).
CarEez (Léon), Docteur ès sciences, Directeur de
l'Annuaire géologique, Licencié en droit, 18, rue
Hamelin, Paris, XVI.
CARRIÈRE, 4, rue Agrippa, Nîmes (Gard).
Cayeux (Lucien), Professeur à l’Institut national agro-
nomique, Professeur de Géologie à l'Ecole nationale
des Mines, 6, place Denfert-Rochereau, Paris, XIV.
Cazior (E.), Chef d’escadron d'Artillerie, en retraite,
24, quai Lunel. Nice (Alpes-Maritimes).
CHAIGNON (Vicomte de), 14, rue Guérin, Autun
(Saône-et-Loire).
CHaLas (Adolphe), 45, rue de Pomereu, Paris, XVI.
CHANEL (Emile), Professeur au Lycée, Président de la
Société des naturalistes de l’Aïn, Bourg (Aïn).
Cxapuis(Albert), ancien juge au Tribunal de Commerce
de la Seine, 229, rue du Faubourg-Saint-Honoré,
Paris, VIII.
1884 I10
DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE | XV
CHARETON-CHAUMEIL (A.), Avoué, 7, place de l’Hôtel-
de-Ville, Langres (Haute-Marne).
CHARREYRE (Abbé), à Alosiers, commune de La Fage-
Saint-Julien, par Saint-Chély d’Apcher (Lozère).
CHaArrroN (C.). 1, rue Sainte-Marguerite, Luçon
(Vendée).
CHARVILHAT (G.), Docteur en médecine, 4, rue Blatin,
Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme).
CHATELET (Casimir), 32, rue Vieux-Sextier, Avignon
(Vaucluse).
CHaurarD (Jean), Chef du Service géologique de
l'Afrique occidentale française (Inspection des
Travaux publics), 76, boulev. St-Michel, Paris, VI.
CHauver, Notaire, Ruffec (Charente).
CHeLor (Emile), Licencié ès sciences, 82, rue Monge,
Paris, V.
Ceux (Albert), Directeur de l'Observatoire de la
Baumette, près Angers (Maine-et-Loire).
CHEVALIER (Marcel), Licencié ès sciences, ancien
Préparateur à la Faculté des Sciences, 6, rue
Alphonse-Daudet, Paris, XIV.
CHorrAT (Paul), Collaborateur au Service de la Carte
du Portugal, 113, rua do Arco a Jesus, Lisbonne
(Portugal) : et 21, rue Saint-Laurent, Bordeaux.
CaupEau (René), Docteur ès sciences, 35, rue de
l’Arbalète, Paris, V.
CLÉRo (Maurice), 56, rue de Sèvres, Paris, VII.
CLoëz (Charles-Louis), Répétiteur à l'Ecole polytech-
nique, 9, rue Guy-de-la-Brosse, Paris, V
Coccui (J. Igino), Professeur de Géologie à l’Institut
des Hautes-Etudes, 51, via Pinti, Florence (Italie).
CoLas(Ernest), Industriel, Bonnières-sur-Seine (Seine-
et-Oise).
CorcanaP (Jean-Marie), Capitaine d'Infanterie colo-
niale, Commandant le cercle de Mahafaly, Ampanihy
(Madagascar).
CozLer (Pierre), Sainte-Menehould (Marne).
_CozLor (Louis), Professeur de Géologie à l'Université
(Faculté des Sciences), 4, rue du Tillot, Dijon
(Côte-d'Or).
Comses (Paul) fils, Attaché au laboratoire de Géologie
du Muséum national d'Histoire naturelle, 9, rue des
Marronniers, Paris, XVI.
COMPAGNIE DES CHEMINS DE FER DE L'EST (LE PRÉSIDENT
DU CONSEIL D'ADMINISTRATION DE LA), 21 et 23, rue
d'Alsace, Paris, X.
LISTE DES MEMBRES
COMPAGNIE DES CHEMINS DE FER DE PARIS A LYON ET A
LA MÉDITERRANÉE (LE PRÉSIDENT DU CONSEIL D’ADMI-
NISTRATION DE LA), 88, rue Saint-Lazare, Paris, IX,
COMPAGNIE DES FORGES DE CHATILLON, COMMENTRY ET
Neuves-Maisoxs, 19, rue de La Rochefoucauld,
Paris’ 1x
COMPAGNIE DES MINERAIS DE FER MAGNÉTIQUE DE
Moxra-EL-HaADiD, 26, avenue de l'Opéra, Paris, I.
COMPAGNIE DES MINES DE LA GRAND'COMBE, 26, rue
Laffitte, Paris. IX.
CorBix (Paul), usine de Chedde, par le Fayet-Saint-
Gervais (Haute-Savoie).
Corgin (Raymond), à Eybens (Isère).
CorrTAzar (Daniel de), Ingénieur des Mines, Sous-
Directeur du Service de la Carte géologique d'Espa-
gne, 16, rue Velasquez, Madrid (Espagne).
Cossmanx (Maurice), Ingénieur-chef des Services
techniques de l'Exploitation du Chemin de fer du
Nord, 95, rue de Maubeuge, Paris, X.
Coste, Ingénieur des Mines, Directeur des mines de
Blanzy, Montceau les-Mines (Saône-et-Loire).
Corrix (René), Licencié en droit, Directeur de la
Compagnie parisienne des Asphaltes, 38, avenue
Niel, Paris, XVII.
CoTTREAU (Jean), Licencié ès sciences naturelles, 252,
rue de Rivoli, Paris, I.
CoTrroN, Agrégé des sciences naturelles, Professeur
au lycée Ampère, à Lyon.
Courron (Olivier), Membre de la Commission d’His-
toire naturelle d'Angers, 6, rue Furstemberg, Paris, VI.
CouxiLLoN, Chef du Service géologique, Saigon
(Cochinchine).
Courry (Georges), 35, rue Compans, Paris, XIX; et,
Chauffour-lès-Etréchy (Seine-et-Oise).
Couvyar (Jean), Licencié ès sciences, Institut français
(Archéologie), Le Caire, Egypte.
CRÉPIN. Préparateur de Minéralogie à la Faculté des
sciences, 199, rue Brûle-Maison, Lille (Nord).
CroisiERs DE LaAcvivier (C.), Docteur ès sciences,
naturelles, villa du Chêne-Vert, Vernajoul, Foix
(Ariège).
Curer (Albin), rer Président à la Cour d'Appel, 21,
rue de Boigne, Chambéry (Savoie).
DALe (T. Nelson), Professeur, U. S. Geological Survey,
26, Elizabeth street, Pittsfield (Massachusetts, Etats-
Unis).
1901
1909
1906
1901
007
1899
1874*
1878
1373
* 1894
1870*
1890*
1903
1892 *
1901
1902
1882
1881
1899
1887
1904
1904
150
160
DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE XVII
DALLEMAGNE (Henry), Ingénieur aux Mines de Ardi-
turri à Pasajes (province de Guipüzcoa, Espagne).
DazLonr (Marius), Collaborateur aux Services de la
Carte géologique de la France et de l'Algérie, 56,
rue de la République, Marseille (Bouches-du-Rhône).
Daz Praz (Georges), Université de Padoue (Italie).
DaniLorr (Eugène), 10, quai de l’'Amirauté, Saint-
Pétersbourg (Russie).
Darron (Nelson H.),, U. S. Geological Survey,
Washington D. C. (Etats-Unis).
DAUTZENBERG (Ph.), 209, rue de l’Université, Paris, VII.
DavaLz, ancien Greflier du Tribunal de Commerce,
Saint-Dizier (Haute-Marne).
Davy (Louis), Ingénieur civil des Mines, Chateaubriant
(Loire-[nférieure).
DELAroND (Frédéric), Inspecteur général des Mines,
108, boulevard Montparnasse, Paris, XIV.
DELAGE (A.), Professeur de Géologie et de Minéralogie
à l'Université (Faculté des Sciences), Montpellier
(Hérault).
DELAIRE (Al.), Ingénieur civil des Mines, 29, boulevard
des Batignolles, Paris, VII.
DELAMARRE (Comte Maurice), 6, rue de Bellechasse,
Paris, VII; et, Blois (Loir-et-Cher).
DELAUNAY (Abbé A.), Curé de St-Eloy-de-Gy (Cher).
DELEBECQUE (André), Ingénieur des Ponts et Chaussées,
36, boulevard des Tranchées, Genève (Suisse).
DELÉPINE (Abbé), aux Facultés catholiques, 41, rue
du Port, Lille (Nord).
DELEssE (André), Ingénieur-Agronome, 59, rue
Madame, Paris, VI.
DeLcaDo (J.-F.-N.), Directeur des Travaux géologi-
ques du Portugal, 113, rua do Arco a Jesus, Lisbonne
(Portugal).
Depérer (Ch.), Correspondant de l’Institut, Doyen de
la Faculté des Sciences de l’Université de Lyon
(Rhône).
DePrraT (Jacques), Docteur ès sciences, Chargé d’un
cours à l'Université (Faculté des Sciences), Besançon
(Doubs).
DerEIMs (A.), Docteur ès sciences, Laboratoire de
Géologie, Sorbonne, Paris, V.
Derwies (Mademoiselle Vera de), Ecole de Chimie,
Genève (Suisse).
DesBuissons (Léon), Chef du Service géographique
au Ministère des Affaires Etrangères, 408, rue Saint-
Honoré, Paris, VIII.
XVIII
1880
1866
1890
1907 170
1904
1881
1873*
1894
1905
1898
1893
1894
1874*
1903 180
1869*
1901*
IOOI
1893
LISTE DES MEMBRES
DESPREz DE GÉsiNcourrT, Inspecteur des Eaux et Forêts,
en retraite, 49, rue Albert Joly, Versailles (Seine-et-
Oise).
Derroyar (Arnaud), Bayonne (Basses-P yrénées).
Deypier, Notaire, Cucuron (Vaucluse).
DienerT (Frédéric), Docteur ès sciences, Chef du ser-
vice local de surveillance des sources de la Ville de
Paris, 8, place de la Mairie, St-Mandé (Seine).
Doré, Préparateur de Minéralogie à l'Université
(Faculté des Sciences), 159, rue Brüle-Maison, Lille
(Nord).
Dorzrus (Adrien), Directeur de la Feuille des Jeunes
Naturalistes, 35, rue Pierre-Charron, Paris, VIIT.
Dorzrus (Gustave-F.), Collaborateur principal au
Service de la Carte géologique de la France, 45, rue
de Chabrol, Paris, X. |
Door (Auguste), Ingénieur, Correspondant du
Muséum national d'Histoire Naturelle, 136, boule-
vard Saint-Germain, Paris, VI.
DomAGE (Henri), Directeur de la Société nouvelle des
Charbonnages des Bouches-du-Rhône, 4, rue de la
Turbine, Marseille (Bouches-du-Rhône).
Doxcreux, Docteur ès sciences, br Ne à
la Faculté des Sciences, 61, rue Victor-Hugo, Lyon
(Rhône).
DoxnezaN (D: Albert), 5, rue Font-Froide, Perpignan
(Pyrénées-Orientales).
DorLcopor (Chanoïine H. de), Professeur de Paléon-
tologie à l'Université libre, 44, rue de Bériot, Lou-
vain (Belgique).
DoumeErc (Jean), Ingénieur civil des Mines, Expert
près les tribunaux, 61, rue Alsace-Lorraine, Toulouse
(Haute-Garonne), et boulevard Blaise-Doumere,
Montauban (Tarn-et-Garonne).
DoumERGUE, Professeur au Lycée, Collaborateur au
Service de la Carte géologique de l'Algérie, 2, rue
Manégat, Oran (Algérie).
Douvicré (Henri), Membre de l'Institut, Inspecteur
général au Corps des Mines, Professeur à l'Ecole
nationale des Mines, 207, boulevard Saint-Germain,
Paris, VII. ;
DouvizLé (Robert), Préparateur de Géologie à l'Ecole
nationale des Mines, 207, boulevard Saint-Germain,
Paris VII.
Douxami (Henri), Agrégé de l'Université, Maître de
Conférences à l'Université (Faculté des Sciences),
159, rue Brûle-Maison, Lille (Nord).
Dreyrus, Professeur au Lycée, Le Puy (Haute-Loire).
18797
1886
190
1889
1863
1899 190
1909
1902
1880
1907
1888
1904
1903*
1901
1909
1878* 200
1895*
1868*
1866*
1880
1867*
DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE XIX
Durz (André), AY (Marne).
Dumas (Auguste), Inspecteur honoraire au Chemin de
fer d'Orléans, 6, rue Sully, Nantes (Loire-Inférieure).
DumozarD (Etienne), Industriel, 33, avenue d’Alsace-
Lorraine, Grenoble (Isère).
Duparc (Louis), Professeur de Minéralogie à l’'Univer-
sité, Genève (Suisse).
DuponT, Directeur du Musée royal d'Histoire natu-
relle, 31, rue Vautier, Bruxelles (Ixelles) (Belgique).
Duraxp (Charles), Sous-ingénieur des Ponts et Chaus-
sées, 28, rue Carnot, Périgueux (Dordogne).
DusserrT (Jean-Baptiste-Désiré), Ingénieur au Corps
des Mines, 25, rue d'Isly, Alger (Algérie).
DuTERTRE (E.), Docteur en médecine, 12, rue de la
Coupe, Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais).
DuVERGIER DE HAURANNE (Emmanuel), château d'Herry
(Cher).
Easrman (Ch.-R,), Museum of comparative Zoëülogy,
Cambridge (Mass., Etats-Unis).
ECOLE NATIONALE DES EAUX ET Forëts, rue Girardot,
Nancy (Meurthe-et-Moselle).
EmBry (Pierre), Attaché au Laboratoire de Géologie
du Muséum national d'Histoire naturelle, 7, rue
du Commandant-Rivière, Paris, VIII.
Erery, Docteur en médecine, Alise-Sainte-Reine, par
Les Laumes (Côte-d'Or).
EspinAs (Pierre), Licencié ès sciences, Directeur de la
Vieille-Montagne, Sentein (Ariège).
EucnèNe (Albert), 8, boulevard de Versailles, Saint-
Cloud (Seine-et-Oise).
Evans (Sir John), K. C. B., D. C. L., L. L. D., D. Sc.
F.R.S., F.S. A., F.L.S., F. G.S., Correspondant
de l’Institut de France, Britwell,Berkhamsted (Herts-
fordshire, Grande-Bretagne).
EvrarD (Charles), Notaire, Varennes - en - Argonne
(Meuse).
Fagre (Georges), ancien Élève de l'École polytech-
nique, Conservateur des Eaux et Forêts, 28, rue
Ménard, Nîmes (Gard).
FAIRMAN (Edward Saint-John), 10, via del Castellacio,
Florence (Italie).
FazLor (Emmanuel), Professeur de Géologie à l’Uni-
versité (Faculté des Sciences), 34, rue Castéja,
Bordeaux (Gironde).
FAvRE (Ernest), 6, rue des Granges, Genève (Suisse).
210
220
LISTE DES MEMBRES
Fayoz (Henri), Directeur général de la Société de
Commentry - Fourchambault - Decazeville, 49, rue
Bellechasse, Paris, VII.
Fèvre (Lucien-Francis), Ingénieur en chef au Corps
des Mines, 1, place Possoz, Paris, XVI.
Ficaeur (Emile), Professeur de Géologie à l'Ecole des
Sciences d'Alger, Directeur-adjoint du Service de la
Carte géologique de l'Algérie, 77, rue Michelet,
Mustapha (Alger).
Frzziozar (Marius), Percepteur, 9, rue Saint-Bié,
Vendôme (Loir-et-Cher). |
Fixer (Achille), 117, boulev. Malesherbes, Paris, VIII.
Fiscer (Henri), Docteur ès sciences, 51, boulevard
Saint-Michel, Paris, V.
FLAMAND (G. B. M.), Chargé de cours à l'Ecole supé-
rieure des Sciences d'Alger, Directeur-adjoint du
Service géologique (Territoires du Sud), 87, rue
Michelet, Mustapha (Alger).
FLEuryY (Ernest), Ecole des Roches, Verneuil-sur-
Avre (Eure).
FLicHE (Paul), Correspondant de l’Institut, Professeur
honoraire à l'Ecole nationale des Eaux et Forêts, 17,
rue Bailly, Nancy (Meurthe-et-Moselle).
FLores (Theodoro), Géologue à l'Institut géologique
national, 52, del Ciprès, n° 2728, Mexico (Mexique).
FLor, Professeur au Lycée Charlemagne, 24, rue des
Ecoles, Paris, V.
FoxT ÿ SAGUÉ (Abbé Norberto), casa de Misericordia,
Barcelona (Espagne).
ForrTix (Raoul), Manufacturier, 24, rue du Pré, Rouen
(Seine-Inférieure).
Fouquer, 161, boulevard Haussmann, Paris, VIII.
Fournier (A.), Docteur en médecine, Préparateur de
Géologie à l’Université (Faculté des Sciences). 22,
rue de Penthièvre, Poitiers (Vienne).
Fournier (Eugène), Professeur de Géologie et de
Minéralogie à l'Université (Faculté des Sciences),
Besançon (Doubs).
Fourrau (René), Ingénieur civil, faubourg de Chou-
brah, Le Caire (Egypte).
FREYDENBERG (Henri), Lieutenant d'infanterie colo-
niale, Licencié ès sciences, 4, avenue d'Italie, Paris,
XIII.
FRIREN (Abbé A.), Chanoine honoraire, 41, rue de
l'Evêché, Metz (Alsace-Lorraine).
Frirscx (Dr Anton), Professeur à l’Université, Jâäma,
n° 7, Prague (Bohême).
1900
1901
1862
1892
1849*
1902
1889
1883
1892
1906
1884
1892
1889
1881
1889
1889
1892
1902
1906
1897
1800 :
3 Février 1908. — T. VIII.
230
2/40
DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE XXI
GAILLARD (Claudius), Chef de Laboratoire au Muséum
d'Histoire naturelle, 17, rue Cronstadt, Lyon (Rhône).
GARDE (Gilbert), Préparateur de Géologie et de
Minéralogie à l'Université (Faculté des Sciences),
Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme).
GARRIGOU, Docteur en médecine, 38, rue Valade,
Toulouse (Haute-Garonne).
GAucHERY (Paul), Ingénieur-Architecte, Vierzon (Cher).
GauprY (Albert), Membre de l'Institut, Professeur
honoraire au Muséum national d'Histoire naturelle,
7 bis, rue des Saints-Pères, Paris, VI.
Gaurier (Emile-F.), Professeur à l'Ecole supérieure
des Lettres d'Alger, 4, rue Lagarde, Paris, V.
GAUTIER (Paul), Directeur du Musée Lecocq, Clermont-
Ferrand (Puy-de-Dôme).
GEANDEY (F.), 11, rue de Sèze, Lyon (Rhône).
Geix1e (Sir Archibald), D. Sc., D. C. L., L. L. D.,
F. R.S., F. G. S., Correspondant de l’Institut de
France, 3, Sloane court, London $S. W. (Grande-
Bretagne).
GENNEVAUX (Maurice), 18, rue Saint-Claude, Mont-
pellier (Hérault).
GENREAU, Inspecteur général des Mines, en retraite,
34, rue Georges-Sand, Paris, XVI.
GENTIL (Louis), Maître de conférences à l'Université
(Faculté des Sciences), Sorbonne, Paris, V.
GEVREY (Frédéric-Charles-Alfred), Conseiller à la Cour
d'Appel, 9, place des Alpes, Grenoble (Isère).
GirArDoT, Docteur en médecine, 15, rue Mégévand,
Besançon (Doubs).
GirAUD (Jean), Agrégé, Docteur ès sciences, Maître de
de conférences à l'Université (Faculté des Sciences),
Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme).
GiraAux (Louis), 9bis, avenue Victor-Hugo (Saint-
Mandé (Seine).
GLANGEAUD (Ph.), Professeur de Géologie et de Miné-
ralogie à l’Université (Faculté des Sciences), 46 bis,
boulevard Lafayette, Clermont-Ferrand (Puy-de-
Dôme).
GoDBILLE (Paul), Inspecteur-chef de Service sanitaire
au département de la Seine, 9, boulevard Exelmans,
Paris, XVI.
GoDEFROY (R.), Ingénieur aux Mines de Landres-
Pienne, par Audun-le-Roman (Meurthe-et-Moselle).
GOLFIER, 30, rue Pernety, Paris, XIV.
GozLiez (H.), Professeur à l'Université, villa Bona-
venture, Lausanne (Suisse).
Bull. Soc. Géol. Fr. — B
XXII
1904
Fe
1874
856*
1889
1879
1900
1903
1596
1880
1877
HSE
1891*
1905
1890
1862*
1894
1903
260
LISTE DES MEMBRES
GONDIN (M.), Ingénieur à la Société du Puits artésien
de Vincennes, 32, rue du Petit-Château, Charenton-
le-Pont (Seine).
Gorceix,Mont-sur-Vienne,par Bujaleuf(Haute- Vienne).
GOSsELET (J.), Correspondant de l’Institut, Doyen et
Professeur honoraire de la Faculté des Sciences, 18,
rue d’'Antin, Lille (Nord).
GOURBINE (Charles-Alfred), 91, rue de l'Université,
Paris, VII.
GourDox (Maurice-Marie), Vice-Président de la Société
Ramond, 19, rue de Gigant, Nantes(Loire-Inférieure).
GOURGUECHON, Ingénieur des Mines, 116, cours Saint-
André, Grenoble (Isère).
GourY (Georges), Docteur en droit, Avocat, 5, rue
des Tiercelins, Nancy (Meurthe-et-Moseile).
Goux, Agrégé de l'Université, Professeur d'Histoire
Naturelle au Lycée Condorcet, 3, place de la Nation.
Paris XI.
GrAMoNT (Comte Antoine-Arnaud de), Docteur ès
sciences physiques, 179, rue de l'Université, Paris,
VIL et Le Vignal, par Pau (Basses-Pyrénées).
GRanD’EURY (Cyrille), Correspondant de l'Institut,
Ingénieur civil, 12, rue d’'Amance, Malzéville
(Meurthe- et Moselle).
GRANDIDIER (Alfred), Membre de l'Institut, 74 bis,
rue du Ranelagh, Paris, XVI.
GRANDIDIER (Guillaume), 2, rue Gæthe, Paris, XVI.
GRENIER (René), res des Mines, Pocancy, par
Vertus (Marne).
(GROSSOUVRE (A. de), Ingénieur en chef au Corps des
Mines, Bourges (Cher).
GROSSOUVRE (Georges de), Lieutenant- Colonel au 66°
régiment d'Infanterie, 15, place Zola, Tours (Indre-
et- Loir e):
GUÉBHARD (Adr Le Agrégé de Physique des F acute
de Médecine, Saint-Vallier-de-Thiey (Alpes-Mari-
times).
GuizBErT (Louis), Officier d'Administration du Génie
en retraite, Architecte, à KEtables (Côtes-du-Nord).
Haas (Hippolvyt), Dr sc., Professeur à l’Université
royale, 28, Moltkestrasse, Kiel(Holstein, Allemagne).
Hagers, Ingénieur des Mines, Professeur à J'Univer-
sité, 4, rue Paul-Devaux. Liège (Belgique).
HarLé (Edouard), Ingénieur en chef des Ponts et
Chaussées, 36, rue Emile - Fourcand, Bordeaux
(Gironde).
HaARMER (F.-W.), F. G. T., Oakland House, Cringle-
ford, près Norwich (Norfolk, Grande-Bretagne).
1906
1884
1885
1896
1905
1869
1800
1GOI
1902
1878
1903*
1889
1881
1802
1904
1901
1095
1899
1890
280
DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE XXI
Harris (Gilbert-Denison), Professeur de Paléonto-
logie, Cornell University, Ithaca (Etat de New-York,
Etats-Unis).
HauG (Emile), Professeur de Géologie à l'Université
(Faculté des Sciences), Laboratoire de géologie à la
Sorbonne, Paris, V.
Henry (J.), Docteur ès sciences, ancien Professeur à
l'Ecole de Médecine, 37, rue Ernest-Renan, Besançon
(Doubs).
HERMANN, Libraire, 6, rue de la Sorbonne, Paris, V.
Hoërnes (D' Rudolf), Professeur à l'Institut géolo-
gique de l'Université, 48, Rechbauerstrasse, Gratz
(Styrie).
HOoLLANDE (D.), Directeur de l'Ecole préparatoire de
l'Enseignement supérieur, 19, rue de Boigne, Cham-
béry (Savoie).
HozzapreL (D' Eduard), Professeur de Géologie à
l'Université, 30, Herderstrasse, Strasbourg (Alsace-
Lorraine).
Houpanr (Pierre-Ferdinand), Lagny (Seine-et-Marne).
HouEz (Philippe), Ingénieur à Condé-sur-Noireau
(Calvados).
Hucxes (Thos. McKenny), F. R. S., F. G. S., Pro-
fesseur de géologie, Woodwardian Museum, Trinity
College, Cambridge (Grande-Bretagne).
ILovaïisky (David), Musée de Géologie de l'Université,
Moscou (Russie).
ImBEaux (Edouard), Ingénieur en chef des Ponts et
Chaussées, Docteur en médecine, 18, rue Sainte-
Cécile, Nancy (Meurthe-et Moselle).
INSTITUT GÉOGNOSTICO-PALÉONTOLOGIQUE de l'Univer-
sité, Strasbourg (Alsace).
INSTITUT NATIONAL AGRONOMIQUE, 16, rue Claude-
Bernard, Paris, V.
JACOB (Charles), Agrégé des sciences naturelles, Pré-
parateur à l'Université (Faculté des Sciences), Labo-
ratoire de Géologie, Grenoble (Isère).
JaAcog (Henri), Ingénieur en chef au Corps des Mines,
Directeur du Service de la Carte géologique de
l'Algérie, 22, rue de Constantine, Alger.
JACQUINET, Agent comptable de la Marine, 10, avenue
Colbert, Toulon (Var).
JikeL (D: Otto), Professeur à l'Université, 43, Invali-
. denstrasse, Berlin N. W. (Allemagne).
JANET (Armand), ancien Ingénieur de la Marine, 4, rue
Jacques-Cœur, Paris, V.
XXIV
1877"
1982*
1907*
1899
1907
1903
1900
IOO01
1897
186:
200
300
LISTE DES MEMBRES
JANET (Charles), Ingénieur des Arts et Manufactures,
Docteur ès sciences, 91, rue de Paris, Voisinlieu,
près Beauvais (Oise).
JANET (Léon), Ingénieur en chef au Corps des Mines,
Député du Doubs, 87, boulevard Saint-Michel,
Paris, V.
Jopor (Paul), 29 bis, rue de Rocroy, Paris, X.
JOrEAUD, Sous-intendant militaire, chemin de l'Arrou-
saire, villa Saint-Henri, Avignon (Vaucluse).
JoLEAUD (Léonce), Collaborateur au Service de la
Carte géologique de l'Algérie, Constantine (Algérie).
JoLY (C. Heuri), Licencié ès sciences naturelles, Pré-
parateur de Géologie à l'Université (Faculté des
Sciences), 9, rue Desilles, Nancy (Meurthe-et-Moselle).
JorpAN (Paul), Ingénieur au Corps des Mines, 4, rue
de Luynes, Paris, VII.
JorissEN (Edward), Consulting geologist, Post Oflice
box 305, Johannesburg (Transvaal).
Joukowsky (Etienne), Ingénieur civil des Mines, Pré-
parateur de Géologie au Musée d'Histoire naturelle
de Genève (Suisse).
JourpY (Général Em.), Commandant le Ile Corps
d'armée, Nantes (Loire-Inférieure).
JOUSSEAUME, Docteur en médecine, 29, rue de Ger-
govie, Paris, XIV.
JUDENNE (Léon), 6, rue de Clermont, Beauvais (Oise).
Kazkxowsky (D' Ernst), Professeur à l’Université,
Directeur du Musée royal de Minéralogie et Géo-
logie, 11, Bismarckstrasse, Dresde, A, 14 (Alle-
magne).
KarakascH (D: Nicolas Iwanowitsch), Conservateur
du Musée géologique de l’Université impériale,
Wassily Ostrow, Malyprospect, 14, Saint-Péters-
bourg (Russie).
KERFORNE (Fernand), Docteur ès sciences, Préparateur
de Géologie et de Minéralogie à l'Université (Faculté
des Sciences), 16, rue de Châteaudun, Rennes (Ille-et-
Vilaine).
KiLrAN (W.), Professeur de Géologie à l'Université
(Faculté des Sciences), 38, avenue Alsace-Lorraine,
Grenoble (Isère).
K@&NEex (A. von), Geheimer-bergrath, Pr ofesseur de
Géologie à l'Université, Gaœttingue (Allemagne).
LaBar (A.), Docteur en médecine, villa des Gravières,
Périgueux (Dordogne). à
LABORATOIRE DE GÉOLOGIE de la Faculté des Sciences
de l'Université de Caen (Calvados).
1904
1903
1909
1894
1902* 310
18806
1888
1903
1981
1872 *
1875
1901 *
1873 *
1380
1896 20
1896
1864 *
1906
1887*
1897
DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE XXV
LABORATOIRE DE GÉOLOGIE de la Faculté des Sciences
de l’Université de Paris, à la Sorbonne, Paris, V.
LABORATOIRE DE GÉOLOGIE de l'Ecole nationale d’Agri-
culture de Grignon, par Plaisir (Seine-et-Oise).
LABORATOIRE DE GÉOLOGIE de l'Ecole normale supé-
rieure à la Faculté des Sciences de l’Université de
Paris, 45, rue d'Ulm, Paris, V.
LABORATOIRE DE PALÉONTOLOGIE du Muséum national
d'Histoire naturelle, 3, place Valhubert, Paris, V.
Lacoin (Lucien), Capitaine d’Artillerie, Professeur de
Topographie à l'Ecole d'application, 24, rue Carnot,
Fontainebleau (Seine-et-Marne).
Lacroix (Alfred), Membre de l’Institut, Professeur de
Minéralogie au Muséum national d'Histoire nalu-
relle, 8, quai Henri IV, Paris, IV.
Lacroix (abbé E.), Aumônier de la Marine, en retraite,
179, avenue du Roule, Neuilly-sur-Seine (Seine).
La Cruz (Emiliano de), Ingénieur des Mines, 88,
calle de Balmes, Barcelone (Espagne).
LArLAMME (Mgr. Joseph-Clovis R.), Recteur à l’Uni-
versité Laval, Québec (Canada).
Lamgerr (Jules-Mathieu), Président du Tribunal civil,
57, rue Saint-Martin, Troyes (Aube).
LAMOTHE (Général de division de), Comité d’Artil-
lerie, place Saint-Thomas d'Aquin, Paris, VIT.
LAMoTHE (René de), Licencié ès sciences, Licencié ès
lettres, 20, rue de l’Odéon, Paris, VI.
LANDERER (J.-José), 34, rue de Caballeros, Valence
(Espagne).
LANGLAssÉ (René), 50, rue Jacques Dulud, Neuilly-
sur-Seine (Seine).
LanTeNoiIs, Ingénieur en chef au Corps des Mines,
Hanoï (Tonkin).
LAPOUKHINE DEMiIborFr (Prince).
LaPpPARENT (Albert de), Secrétaire perpétuel de l’Aca-
démie des Sciences, ancien Ingénieur au Corps des
Mines, Professeur à l’Institut catholique, 3, rue de
Tilsitt, Paris, VIIL.
LaPPARENT (Jacques de), Préparateur de Minéralogie
à l'Université (Faculté des Sciences), 56, rue
Madame, Paris, VI.
LArasrE, Sous-Directeur du Musée d'Histoire naturelle,
Professeur de Zoologie à l'Ecole de Médecine, Casilla
803, à Santiago (Chili), et à Cadillac-sur-Garonne
(Gironde).
Larinis (Léon), Ingénieur, Seneffe, Hainaut (Belgique).
XXVWVI
1904
1880
1903
1894
1907 330
1903
I 893 ie
1884
1901
1869 *
1 868 *
1883
1880
1875 *
1899* 340
1903
1999
1867
1906
LISTE DES MEMBRES
LaAuBY (A.), Collaborateur au Service de la Carte géolo-
gique de la France, Correspondant du Ministère de
l'Instruction publique, 63, rue des Lacs, St-Flour
(Cantal).
LaAuNaAy (Louis de), Ingénieur en chef au Corps des
Mines, Professeur à l'Ecole des Mines et à l'Ecole des
Ponts et Chaussées, 31, rue de Bellechasse, Paris, VIT.
Laur (Francis), Ingénieur civil des Mines, 26, rue
Brunel, Paris, XVII.
LAurANs, Ingénieur en chef au Corps des Mines, 12,
rue Théodule Ribot, Paris, XVIL.
Laurent (Armand), Agrégé de l'Université, Profes-
seur au Lycée, Caen (Calvados).
LAURENT (Georges), Administrateur des Colonies, 88,
boulevard Saint-Pierre, Caen (Calvados).
LeBouTeux, Ingénieur-Agronome, Propriétaire à Ver-
neuil, par Migné (Vienne).
Le Contre (Albert), Ingénieur des Ponts et Chaussées,
Mayenne (Mayenne).
Le CouppeY DE LA Forest (Max), Ingénieur des Amé-
liorations agricoles au Ministère de l'Agriculture,
8, rue Boccador., Paris, VIII.
Lepoux (Charles), Ingénieur en chef au Corps des
Mines, Professeur à l'Ecole des Mines, 250, boule-
vard Saint-Germain, Paris, VII.
LÉENHARD (Franz). Professeur agrégé à la Faculté de
Théologie, Foufroide-le-Haut, Montpellier (Hérault).
LEGAy (Gustave), Receveur de l’'Enregistrement et des
Domaines, en retraite, 22, rue de Flahaut, Boulogne-
sur-Mer (Pas-de-Calais).
Lecis (Stanislas), Ancien professeur au Lycée Louis-
le-Grand, 22, avenue Reiïlle, Paris, XIV.
Le MARCHAND (Augustin), Ingénieur civil, 2, rue
Traversière, aux Chartreux, Petit-Quevilly (Seine-
Inférieure).
LEMOINE (Paul), Préparateur de Géologie à l'Uni-
versité (Faculté des Sciences), 96, boulevard Saint-
Germain, Paris, V.
LErICHE (Maurice), Maître de Conférences à l'Uni-
versité (Faculté des Sciences), 159, rue Brûle-Maison,
Lille (Nord).
Levar (Ed. David), Ingénieur civil des Mines, 174, bou-
levard Malesherbes, Paris, XVII.
Lez (Achille), Conducteur des Ponts et Chaussées,
en retraite, Lorrez-le-Bocage (Seine-et-Marne).
Luommrx (Léon), Ingénieur civil, Directeur de la
Sucrerie de Mayot, par La Fère (Aisne).
1880*
1878
1899 350
1906
1879*
1901
1887 *
1897
1904
1889
1899
18061,*
1389 360
1898
1906
1887
1985
1390
1890
DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE XXVII
LiBBey (William Jr), D. Sc., professeur de Géographie
physique, Directeur du Muséum de Géologie et
d'Archéologie : Collège de New-Jersey, Princeton
(New-Jersey, Etats-Unis).
Lima (Wenceslau de), Docteur ès sciences, Professeur
de Géologie à l’Académie polyiechnique de Porto,
17, praça da Trinidade, Porto (Portugal).
Limaxowsk1 (Miésislas), 52, rue de Valentin, Lau-
sanne (Suisse).
Linper (Oscar), Inspecteur général des Mines. Vice-
Président du Conseil supérieur des Mines, 38, rue
du Luxémbourg, Paris, VI.
LippMANN, Ingénieur civil, 47, rue de Chabrol, Paris, X.
Lissagous, 10, quaides Marans, Mäâcon(Saône-et-Loire).
Lissox (Carlos [.), Ingénieur des Mines, Professeur de
Micropétrographie à l'Ecole des Ingénieurs, Lima
(Pérou).
Lopin, Inspecteur général des Mines, Professeur à
l'Ecole des Mines, 16, rue Desbordes-Valmore,
Paris, XVI.
LoncLras (Emile-Edouard), 2, avenue Girard, Marseille
(Blancarde) (Bouches-du-Rhône).
LonquErYx (Maurice), Ingénieur civil des Mines,
Outréau, près Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais).
LortoL LE Forr(P. de), Frontenex près Genève(Suisse).
Lori (Claude-Victor), Dax (Landes).
Lory (Pierre-Charles), Chargé de conférences de
Géologie à l’Université (Faculté des Sciences), 6,
rue des Alpes, Grenoble (Isère).
LuGEon (Maurice), Professeur à l'Université, 3, place
Saint-François, Lausanne (Suisse).
LyMax (Benjamin-Smith), 908, Locust street, Philadel-
phie (Pensylvanie, Etats-Unis).
Marre (J.), aux forges de Morvillars(Territ.de Belfort).
Mazzer (Jacques), Ingénieur eivil des Mines, 23, rue de
la République, Saint-Etienne (Loire).
Maxsuy, Géologue du Service géologique de l’Indo-
Chine, Hanoï (Tonkin).
MARGERIE (Emmanuel dé), 44, rue de Fleurus, Paris, VE.
MARTEL (Edouard-Alfred), Directeur de «La Nature»,
Auditeur au Comité consultatif d'Hygiène publique,
23, rue d’Aumale, Paris, IX.
MarTiN (David), Conservateur du Musée, Gap (Hautes-
Alpes).
MARTIN (Louis), Docteur en Médecine, Docteur en
droit, Licencié ès lettres, Licencié ès sciences,
1, place Saint-Sulpice, Paris, VI.
XXVIII
1897
1891
1881
1906
1900
1902
1909
1899
1902
1859
1905
1903
1896
1892
1897
1881
1901
1808*
TOOI
1876
1001
370
380
LISTE DES MEMBRES
MARTONNE (Emmanuel de), Professeur de Géographie
à l'Université (Faculté des Lettres), 4, place Saint-
Clair, Lyon (Rhône).
Marty (Pierre), Château de Caillac, par Arpajon
(Cantal).
MarriRoLo (Ettore), Ingénieur au Corps royal des
Mines, 1, via Santa-Susanna, Rome (Italie).
Maucne (Albert), Licencié ès sciences, Contrôleur des
Contributions directes, Florac (Lozère).
MAURICE (Joseph), Ingénieur civil des Mines, Hacienda
de Monte-Horcaz, par Villanueva de las Minas
(province de Séville, Espagne).
Maury (E.), Préparateur de Physique au Lycée, 4, rue
Gioffredo, Nice (Alpes-Maritimes).
MECQUENEM (Roland de), Ingénieur civil des Mines,
16, rue du Pré-aux-Clercs, Paris, VII
MEMIN (Louis), 28, rue Serpente, Paris, VI.
MENGEL (O.), Directeur de l'Observatoire météorolo-
gique, 45 bis, quai Vauban, Perpignan (Pyrénées-
Orientales).
MERGEY (N. de), La Faloise (Somme) et 6, rue de Cler-
mont, Beauvais (Oise).
MERIGEAULT (Emilien), Ingénieur des Mines, Cons-
tantine (Algérie).
MErLE, Contrôleur des Mines, 1, rue Sainte-Anne,
Besançon (Doubs).
MERMIER, Ingénieur des Chemins de fer fédéraux,
square de La Harpe, 8, Lausanne (Suisse).
MEUNIER (Stanislas), Professeur de Géologie au Muséum
national d'Histoire naturelle, 3, quai Voltaire, Paris,
VIT:
Meyer (Lucien), Interprète assermenté près le Tribunal
civil, 25, rue Denfert-Rochereau, Belfort.
MicHaALeT (A.), Quartier de la Barre, allée des Platanes,
Toulon (Var). |
Micnez (Léopold), Professeur-adjoint de Minéra-
logie à l'Université (Faculté des sciences, Sorbonne),
54, boulevard Maillot, Neuilly-sur-Seine (Seine).
Micnez-Lévy, Membre de l’Institut, Inspecteur général
des Mines, Directeur du Service de la Carte géolo-
gique de la France, 26, rue Spontini, Paris, XVI.
Micner-Lévy (Alfred), Garde général des Eaux et
Forêts, 26, rue Spontini, Paris, XVI.
MiEG (Mathieu), 48, avenue de Modenheim, Mulhouse
(Alsace-Lorraine).
MIiQUEL E IrizAr (Manuel), Colonel du 1° régt. du
Génie, Logroño (Espagne).
390
DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE XXIX
Miquez (Jean), Propriétaire, Baroubio, par Aigues-
Vives (Hérault).
MircEA (C.-R.), Ingénieur des Mines, 31, rue Romulus,
‘ Bucarest (Roumanie).
MiremonrT (J.-B. Alfred), ancien industriel, 3, rue
Eugénie, Saint-Mandé (Seine).
MOLENGRAAFF (D: G. A. K.), Géologue, 43, Juliana
Van Stolberglaan, La Haye (Pays-Bas).
Moxop (Guillaume-H.), Résident de France, Pursat
(Cambodge).
Monruiers (Maurice), Ingénieur civil des Mines, 50,
rue Ampère, Paris, XVIL.
MoreLLer (Lucien), 3, boulevard Henri IV, Paris, XV.
MoraGAn (Jacques de), Ingénieur civi des Mines, Villa
des Lilas, Croissy (Seine-et-Oise).
Moscoso (Francisco Eugénio de), Docteur en Médecine,
Professeur d'histoire naturelle à | « Instituto de
Senoritas », 45, calle de la Industria, San Pedro de
Macoris (République dominicaine).
MourEAU (l'abbé), Doyen de la Faculté de Théologie,
15, rue Charles de Muyssart, Lille (Nord).
Mourer(G.), Ingénieur en chef des Ponts et Chaussées,
22, rue du Chifflet, Besançon (Doubs).
MourGuEs, Préparateur de Géologie à l’Université
(Faculté des Sciences), Montpellier (Hérault).
MourLzoN (Michel), Directeur du Service géologique
de Belgique, Membre de l'Académie royale des
Sciences, 107, rue Belliard, et 2, rue Latérale,
- Bruxelles (Belgique).
Mourter (François), Licencié ès sciences, Interne des
Hôpitaux, 6, rue Leclerc, Paris, XIV.
Mrazec (Louis), Professeur de Minéralogie et de
Pétrographie, Laboratoire de Minéralogie, Univer-
sitate, sala x1v, Bucarest (Roumanie).
MunrEeanu-MurGocr (Georges), Assistant de Minéra-
logie à l'Université, Bucarest (Roumanie).
Musée NATIONAL GÉOLOGIQUE d'Agram (Croatie,
Autriche).
NéGris (Ph.), Ingénieur, Ancien ministre, 6, rue Tri-
corfou, Athènes (Grèce).
NickLës (René), Professeur de Géologie à l'Université
(Faculté des Sciences), 4, rue des Jardiniers, Nancy
(Meurthe-et-Moselle).
Nicou (Paul), Ingénieur au Corps des Mines, 2, rue de
Senelle, LongwYy-bas (Meurthe-et-Moselle).
Nivorr (Edmond), Directeur de l'Ecole nationale des
Mines, 6o, boulevard St-Michel, Paris, VE.
XXXx
1907
1886
1909
1877”
1599
1892
1906
1893
1893
1885
1902
1893
1888*
188/4
1899
410
LISTE DES MEMBRES
Noer (Eugène), Ancien élève de l'Ecole Normale supé-
rieure. 102, faubourg des Trois-Maisons, Nancy
(Meurthe-et-Moselle).
Nora, Capitaine d'infanterie breveté, 5° régiment
d'Infanterie, 5, rue Montrozier, Neuilly-sur-Seine.
Nopcsa (Baron Franz), junior. Hätszeg-Szaéeal
(Hongrie).
ŒuzrerT (Daniel-P.), Correspondant de l'Institut, Con-
servateur du Musée d'Histoire naturelle, 29, rue de
Bretagne, Laval (Mayenne).
OFFRET (A.), Professeur de Minéralogie théorique et
appliquée à l’Université (Faculté des Sciences), villa
Sans-Souci, 53, chemin des Pins, Lyon (Rhône).
O’GorMAN (Comte Gaëtan), 21, avenue de Barèges,
Pau (Basses-Pyrénées).
OriveiRA Macnapo E CosrAa (Alfredo Augusto d'),
Professeur à l'Ecole royale militaire, Lisbonne
(Portugal).
OPPENHEIM (D: Paul), 19, Sternstrasse, Gross Lichter-
felde, près Berlin (Allemagne).
OrD6KEez (Ezequiel), Ingénieur-géologue des Mines.
%, General Prim, 37, Mexico (Mexique).
Oupri, Général de division, Commandant la 9° division
d'Infanterie, à Orléans (Loiret), et à Durtal (Maine-
et-Loire).
PAcHUNDAKI (D. E.), Post Office, box 316, Alexandrie
(Egypte).
PaquiEr (Victor-Lucien), Docteur ès sciences, Profes-
seur de Géologie à l'Université (Faculté des Sciences),
Toulouse (Haute-Garonne).
Parris DE BrEeuIL, Docteur en droit, 18, rue de Rueil,
Suresnes (Seine).
PavLow (Alexis-Petrowitch), Professeur de Géologie à
l'Université de Moscou, Maison de l'Université, 34,
Dolgoroukovski-pereoulok, Moscou (Russie).
PELLEGRIN (Charles), Ingénieur eivil, villa Stella
Maris, Juan-les-Pins, Antibes (Alpes-Maritimes),
PEREIRA DE SouzA (Francisco Luiz), Capitaine du
Génie, 32, rua dos Lagares, Lisbonne (Portugal).
PERON (Alphonse), Correspondant de l'Institut, Inten-
dant militaire au cadre de réserve, 11, avenue de
Paris, Auxerre (Yonne).
PERRIER (Edmond), Membre de l'Institut, Directeur du
Muséum national d'Histoire naturelle, 57, rue Cuvier,
Paris, V.
PERVINQUIÈRE (Léon), Chef des travaux pratiques de
Géologie à l'Université (Faculté des Sciences), Sor-
bonne), 39, rue de Vaugirard, Paris, VI.
430
DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE XXXI
Pessox-Dipion (Maurice), Ingénieur civil des Mines,
21, ruc de Téhéran, Paris, VIIT.
Pgrirczerc (Paul), 4, rue du Collège, Vesoul (Haute-
4 D
Saône).
Pirourer (Maurice). Licencié ès sciences, Salins (Jura).
Pissarro (QG), Licencié ès sciences, 85, avenue de
Wagram, Paris, XVII.
PorrauLr (Georges), Docteur ès sciences, Directeur
du laboratoire d'Enseignement supérieur (Villa
Thuret), Antibes (Alpes-Maritimes).
PorrMeur, Lieutenant au 1°" régiment étranger
Yen-Bay, (Tonkin).
Poisor (Paul), 4, rue Michel-Peter, Paris, XIIT.
PoncIN (H. Athanase), propriétaire. Primarette, par
Revel-Tourdon (Isère).
Porovici-Harzea (V.), Docteur ès sciences, Chef du
Service géologique du Ministère des Domaines, 10,
strada Bratiano, Bucarest (Roumanie).
Porter (Victor), Ingénieur civil, 25, rue de la Quin-
0.0 ù 7 ,
tinie, Paris, XV.
Porris (Alessandro), Docteur ès sciences, Professeur
de Géologie et de Paléontologie à l'Université, Rome
(Italie).
Priem (Fernand), Agrégé de l'Université, Professeur
au Lycée Henri IV, 135, boulevard Saint-Germain,
Paris, VI.
Puscu (Charles), Ingénieur des Ponts-et-Chaussées, 18,
boulevard du Pont-Rouge, Aurillac (Cantal).
PuzeNaT (Léon), 106, rue de La Boétie; Paris, VIIT.
RacovirzA (Emile G.), Sous-directeur du laboratoire
Arago à Banyuls, 112, boulevard Raspail, Paris,
\7ite
RamBauD (Louis), Docteur en médecine, 16, boulevard
Sébastopol, Paris, IV.
RaAmoxp (Georges), Assistant de Géologie au Muséum
. , ù . Le . Je
national d'Histoire naturelle, 18, rue Louis-Philippe,
Neuilly-sur-Seine (Seine).
Ramsay (Wilhelm), Professeur à l'Université, Helsing-
fors (Finlande).
RaspaiL (Julien), 39, avenue Laplace, Arcueil-Cachan
: [
(Seine).
RAVENEAU (Louis), Agrégé d'Histoire et de Géographie,
Secrétaire de la rédaction des Annales de Géogra-
phie, 76, rue d’Assas, Paris, VI.
ResouLz (Paul), Conservateur adjoint des Collections
géologiques à la Faculté des Sciences de l'Université,
6, rue Haxo, Grenoble (Isère).
1902
1904
1861 *
LISTE DES MEMBRES
REGNAULT (Edouard), 40, boulevard du Roi, Versailles
(Seine-et-Oise).
REGNAULT (Ernest), Président du Tribunal eivil,
Joigny (Yonne).
ResauprYy (Emile), Propriétaire, 14, rempart du Midi,
Angoulême (Charente). :
RENz (D' Carl), Grand-Hôtel d'Angleterre et Belle-
Venise, Corfou (Grèce). ï
RepELiN (J.), Docteur ès sciences, Chargé de Cours à
l'Université (Faculté des Sciences), 29, rue des Bons-
Enfants, Marseille (Bouches-du-Rhône).
R£viz (Joseph), Pharmacien, Président de la Société
des Sciences naturelles de Savoie, Chambéry (Savoie).
REeyckAErTt (Jules-Marie), Ancien agent de la Société
Géologique de France. 85, rue du Cherche-Midi,
Paris, VI.
REeyMonp (Ferdinand), Veyrin, par les Avenières
(Isère).
R14Z (A. de), Banquier, 10, quai de Retz, Lyon (Rhône).
Ricue (Attale), Docteur ès sciences, Chargé d’un cours
complémentaire de Géologie à l'Université (Faculté
des Sciences), 56, avenue de Noailles, Lyon (Rhône).
RiGaux (Edmond), 15, rue Simoneau, Boulogne-sur-
Mer (Pas-de-Calais).
Rirrrer (Etienne-A.), Post Oflice, box 1242, Colorado
Springs (Colorado, Etats-Unis).
Roi (Auguste), Correspondant du Muséum national
d'Histoire naturelle, 105, rue Dareau, Paris, XIV.
ROBINEAU (Théophile), ancien Avoué, 4,avenue Carnot,
ris, XVIT:
ROBLEs (Ramiro), Géologue à l'Institut géologique
national, 5, del-Ciprès, n° 2728, Mexico (Mexique).
RoLLAND (Georges), Ingénieur en chef au Corps des
Mines, Go, rue Pierre-Charron, Paris, VIII.
Romax (Frédéric), Docteur ès sciences, Chargé d’un
cours complémentaire de géologie à l'Université
(Faculté des Sciences), 2, quai Saint-Clair, Lyon.
Romeu (Albert de), Ingénieur des Arts et Manufac-
tures, Attaché au Laboratoire colonial du Muséum
national d'Histoire naturelle, 12, rue Cambacérès,
Paris, VIII.
RoTuPpLeTz (A.), Professeur à l'Université, Palæontolo-
gisches Muséum, Munich (Allemagne)
RoTHWELL (R. P.), Ingénieur, Editeur du Mining
Journal, 253, Broadway [27, P. O. box 1833], New-
York city (Etats-Unis).
1889
1890 *
1903
1904
1893
1568 480
1901
1878
I9O1
1890
1906
1879
IQOI
1906
1894
DE LA SOCIËTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE XXXIII
RouUssEL (Joseph), Docteur ès sciences, Professeur au
Collège, 5, chemin de Velours, Meaux (Seine-et-
Marne).
Roux (J.-L.), à l’Aigion, Plan de Cuques (Bouches-du-
Rhône).
Rouxer (Camille), Docteur en droit, Avoué, 7, place de
l'Obélisque, Châlon-sur-Saône (Saône-et-Loire).
ROvERETO (G.), Professeur à l'Université royale,
Musée de Géologie, 1, via Sta Agnese, Gênes (Italie).
Russezr-KizrouGcH (comte H.), 14, rue Marca, Pau
(Basses-Pyrénées). MA
SABATIER-DESARNAUDS, 9, rue des Balances, Béziers
(Hérault).
Sacco (Dr Federico), Professeur de Géologie au Poli-
tecnico, Professeur de Paléontologie à l'Université,
Castello del Valentino, Turin (Italie).
SALLES, Inspecteur des Colonies, 23, rue Vaneau,-
Paris, VII.
SANDRERG (D' C.), Consulting geologist, Post Oflice,
box 3807, Johannesburg (Transvaal).
SANGIORGT(Dominico), Docteur ès sciences, laboratoire
de Géologie et de Minéralogie, Université Royale,
Parme (Italie).
SARASIN (Charles), Professeur de Géologie à l’Univer-
sité, 22, rue de la Cité, Genève (Suisse).
SAUVAGE (Emile), Docteur en médecine, Directeur
honoraire de la Station aquicole, Conservateur des
Musées, 39 bis, rue de la Tour-Notre-Dame, Bou-
logne-sur-Mer (Pas-de-Calais).
SAVORNIN, Préparateur de Géologie à l'Ecole des
, P le)
Sciences d'Alger, 62, boulevard Bon-Accueil (Alger).
SAYN (Gustave), à Montvendre, par Chabeuil (Drôme).
SCHARDT (A. Hans), Professeur de Géologie à Neu-
châtel, Veytaux, près Montreux (Vaud, Suisse).
SCIMIDT (D' Carl), Professeur de Géologie à l’'Univer-
sité, 107, Hardtstrasse, Bâle (Suisse).
SCHGNERS, 19, rue Berthollet, Paris, V.
SEGRÉ (Claudio), Ingénieur en chef de l’Institut expé-
rimental des Chemins de fer de l'Etat, Trastevere-
Rome (Italie).
SEGUENZA (Luigi), Assistant de Géologie et de Paléonto-
logie, à l'Université, Messine (Italie).
SEIDLITZ (W. von), Dr ès sciences, assistant à l'Institut
géognosto-paléontologique de l'Université, 1. Bles-
sigstrasse, Strasbourg (Alsace-Lorraine).
SENA (Joachim), Directeur de l'Ecole des Mines
d'Ouro-Preto (Minas-Geraes, Brésil).
1899
190/
1899
1881
1902
1803
1879 [P]
1884
1890
1878
1599
1888
1861 *
188/4
1890
1863*
500
510
LISTE DES MEMBRES
SEuNESs (Jean), Professeur de Géologie à l'Université
(Faculté des Sciences), 40, faubourg de Fougères,
Rennes (Ille-et-Vilaine).
Sevasros (Romulus), Docteur ès sciences, 35, rue
Särärie, Jassy (Roumanie).
SiMEu (Francisco-Rodolpho), Directeur du Musée de
l'Etat du Rio-Grande du Sud, 587. Andradas, Porto-
Alegre (Brésil).
Simox (Auguste), Ingénieur, Directeur des Mines de
Liévin (Pas-de-Calais).
Six (Achille), Professeur au Lycée, 22, rue d'Arras,
Douai (Nord).
SkINNER (Lieutenant-Colonel B. M.), M. V. O. Sialkote,
(Panjàäb, Indes britanniques).
SkouPpuos(Th.), Conservateur du Musée minéralogique
et paléontologique de l'Université, Athènes (Grèce).
SOCIÉTÉ ANONYME DES HOUILLÈRES de Bessèges et
Robiac, 17, rue Jeanne d'Arc, Nimes (Gard).
SOCIÉTÉ D'EMULATION de Montbéliard (Doubs).
SOCIÉTÉ DES SCIENCES NATURELLES de Béziers (Hérault).
Socorro (Marqués del), Professeur de Géologie à l'Uni-
versité, 41, rua de Jacometrezo, Madrid (Espagne).
Srxiss, Chef de Bataillon, 7° régiment du Génie,
Avignon (Vaucluse).
SrerANt (Carlo de), Istituto superiore, Piazza San
Marco, Florence (Italie).
STEFANESCU (Gregoriu), Professeur de Géologie à
l'Université, 8, strada Verde, Bucarest (Roumanie).
STEFANESCU (Sabba), Professeur de Paléontologie à la
Faculté des Sciences, 2, boulevard Colzea, Bucarest
(Roumanie).
Sren Lin (H.G.), Conservateur du Musée, Bâle (Suisse).
STEINMANN (Gustav),' Professeur de Géologie et de
Paléontologie à l'Université, 97, Kônigstrasse,
Bonn (Allemagne).
Srôger (D' F.), Chargé de Cours à l'Université, Labo-
ratoire de Minéralogie, Institut des Sciences, rue
de la Roseraie, Gand (Belgique).
SrremooukHorr (Dimitry), Conseiller à la Cour d’Ap-
pel, Maison Oulianof, log 24, Zoubowsky boulevard
Moscou (Russie).
Sruer (Alexandre), Comptoir français Géologique et
Minéralogique, 4, rue de Castellane, Paris, VIIL
Srürrz(B.). Comptoir Minéralogique etPaléontologique,
>, Reisstrasse, Bonn-sur-le-Rhin (Allemagne).
TABARIES DE GRANSAIGNES, Avocat, 30, rue de Civry,
Paris, XVI.
1907
1881
DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE XXXV
TassarT (L.-T.), Ingénieur des Arts et Manufactures,
57, boulevard Pereire, Paris, XVII.
Termier (Picrre), Ingénieur en chef au Corps des
Mines, Professeur de Minéralogie à l'Ecole des
Mines, 164, rue de Vaugirard, Paris, XV.
THEVENIN (Armand), Assistant de Paléontologie au
Muséum national d'Histoire naturelle, 15, rue Bara,
Paris, VI.
TérY (Paul), 57. rue Jeanne d'Arc, Chaumont (Haute-
Marne).
Taior, à Marissel, près Beauvais (Oise).
Taomas (H.), Sous-Ingénieur des Mines, Chef des
travaux graphiques du Service de la Carte géolo-
gique de la France, 62, boulevard Saint-Michel,
Paris, VI.
THomas (Philadelphe), Docteur en médecine, Gaillac
(Tarn).
Taomas (Philippe), Vétérinaire principal de 1° classe
de l'Armée, 13, rue de Decize, Moulins (Allier).
TorNQuIST (D' A.), Professeur de Géologie et de
Paléontologie à l'Université, Kônigsberg (Prusse).
Toucas (Aristide), Lieutenant-Colonel, 30, rue des
Saints-Pères, Paris, VI.
TournouËr (André), à Ver, par Ermenonville (Oise).
VACHER (Antoine), Chargé de cours de Géographie à
l’Université (Faculté des lettres), Rennes (Ille-et-
Vilaine).
VAFFIER, Docteur en médecine, Docteur ès sciences,
Chânes, par Crèches (Saône-et-Loire).
VAILLANT (Léon), Professeur au Muséum national
d'Histoire naturelle, 36, rue Geoffroy-Saint-Hilaire,
Paris, V.
VALLarT (Jules de), ancien Maire du VIe arrondissement,
1, rue Madame, Paris, VI.
VALLoT (Joseph), Directeur de l'Observatoire météo-
rologique du Mont-Blanc, 57, rue Cotta, Nice (Alpes-
Maritimes).
VAN DEN BroEck (Ernest), Conservateur au Musée
royai d'Histoire naturelle, Secrétaire général hono-
raire de la Société Belge de géologie, de paléonto-
logie et d'hydrologie, 39, place de l'Industrie, Or. La.,
Bruxelles (Belgique).
Van KEMPpEN (Charles), 12, rue Saint-Bertin, Saint-
= D y °
Omer (Pas-de-Calais).
VaquEez (J.), Directeur d’Ecole publique, Professeur
de géologie à l'Ecole coloniale Jules Ferry, 35, allée
d'Antin, Le Perreux (Seine).
XXXVI
1874*
1867
1902
1873
1875
1891
1905
LISTE DES MEMBRES
VAssEUR (Gaston), Professeur de Géologie à l’Univer-
sité (Faculté des Sciences), 110, boulevard Lonchamps,
Marseille (Bouches-du-Rhône).
VéLaIN (Charles), Professeur de Géographie physique
à l'Université (Faculté des Sciences, Sorbonne),
9, rue Thénard, Paris, V.
VERMOREL (Victor), Directeur de la Station viticole,
Villefranche (Rhône).
Viaray, Ingénieur de la Compagnie parisienne du gaz,
Semur-en-Auxois (Côte-d'Or).
VipaL (Luis Mariano), Ingénieur en chef des Mines,
292, Diputacion, Barcelone (Espagne).
VIDAL DE LA BLACHE (Paul), Professeur de Géographie
à l'Université (Faculté des Lettres, Sorbonne), 6, rue
de Seine, Paris, VI.
ViLLAFANA (Andrès), Aide-géologue à l'Institut géolo-
gique national, 52, del Ciprès, n° 2728, Mexico
(Mexique).
ViLLARELLO (Juan D.), Géologue chef de section à
l'Institut géologique national, 52 del Ciprès, n° 2728,
Mexico (Mexique).
Vinxcey (Paul), Ingénieur-Agronome, Professeur dépar-
temental d'Agriculture de la Seine, 9. rue Eugène-
Labiche, Paris, XVI.
Vincuon (Arthur), Avocat, 98, rue Notre-Dame-des-
Champs, Paris, VL
ViscaNIAKOFFr (Nicolas), Gagarinsky péréoulok, Propre
maison, Moscou (Russie).
VLes (Fred), Licencié ès sciences, 15, rue de Cluny,
Paris. OV:
Voisin (Honoré), Ingénieur en chef des Mines, Ingé-
nieur en chef de la Compagnie des Mines de la
Roche-Molière et Firminy, Firminy (Loire).
VuLpiAN (André), Licencié ès sciences naturelles, villa
des Bois, Lamballe (Côtes-du-Nord).
WALLERANT (Fréd.), Membre de l'Institut, Professeur
de Minéralogie à l’Université (Faculté des Sciences),
Paris, V.
Wezscu (Jules), Professeur à l’Université (Faculté des
Sciences), 5, rue Scheurer-Kestner, Poitiers (Vienne).
Wéscir (Karimierz), Docteur ès sciences, Assistant de
Géologie à l'Université, 6, rue Sainte-Anne, Cra-
covie (Autriche-Hongrie).
WoLLEMANN (August), D' Phil., oberlehrer, 3, Bammels-
burgerstrasse, Braunschweig (Allemagne).
Wurer (Louis), Graveur, 4, rue de l'Abbé-de-l'Épée,
Paris, V.
1909
1870
1887
1909
1880
1881
DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE XXXVII
550 Zxriz (Capitaine G.), Service géographique de l’Indo-
Chine, Hanoï (Tonkin).
Zeizzer (René), Membre de l’Institut, Inspecteur géné-
ral des Mines, Professeur à l'Ecole des Mines, 8, rue
du Vieux-Colombier, Paris, VI.
Zrararskr (Georg N.), Professeur de Géologie à
l'Ecole des Hautes-Etudes, Sofia (Bulgarie).
Zuger (Dr Rudolf), Professeur de Géologie à l'Univer-
sité, Lemberg (Autriche).
Zusovié (Jovan M.), Professeur à la Faculté des
Sciences, 12, Kragujewaczka Ulica, Belgrade (Serbie).
ZürcHer (Ph.), Ingénieur des Ponts et Chaussées,
Directeur général des travaux du Uhemin de fer des
Alpes bernoïises, 14, Speichergasse, Berne (Suisse).
3 Février 1908. — T. VII Bull. Soc. Géol. Fr. — C
LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ
DISTRIBUÉS GÉOGRAPHIQUEMENT
Ain.
Béroud (abbé)
Chanel.
Aisne.
Brouet. *
Lhomme.
Allier.
Thomas (Philippe).
Alpes (Basses-).
Arnaud (F.).
Alpes (Hautes-).
Martin (D.).
Alpes-Maritimes.
Ambayrac.
Caziot.
Guébhard (D°).
Maury.
Pellegrin.
Poirault (Georges).
Vallot. de}
Ardèche.
Azéma.
Croisiers de Lacvivier.
Espinas.
Aube
Lambert.
EUROPE
France.
Aveyron.
Belfort (Terr. de).
Maitre.
Meyer.
Bouches-du-Rhône.
Bibliothèque municipale
de Marseille.
Dalloni.
Domage.
Lonclas:
Repelin.
| Roux.
Vasseur.
Calvados.
Bigot.
| Houel.
| Laboratoire de Géologie
de la Faculté des Scien-
ces de Caen.
Laurent (Arm.).
Cantal.
Boule.
Lauby.
Marty.
| Puech.
Charente.
| Chauvet.
Rejaudry.
Charente-Inférieure.
Cher.
Delaunay (abbé).
Duvergier de Hauranne
Gauchery.
Grossouvre (A. de).
Corse.
Côte-d'Or.
Bréon.
Collot.
Epery (D).
Vialay.
Côtes-du-Nord.
Guilbert.
Vulpian.
Deux-Sèvres.
Boone (abbé).
Dordogne.
Durand.
Labat (D')
Doubs.
Bresson.
Deprat.
Fournier (E.).
Girardot.
Henry.
Merle.
Mouret. à
Société d’'Emulation de
Montbéliard.
Drôme.
Sayn.
‘ LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE
Eure.
Fleury.
Eure-et-Loir.
Bourgery.
Finistère.
Azéma (Léon).
Gard.
Bonnes (F.)
Carrière.
Compagnie des Mines de
la Grand’Combe.
Fabre (G.).
Société des Houillères
de Bessèges.
Garonne (Haute-).
Bibliothèque Universi-
taire de Médecine et
Sciences de Toulouse.
Caralp.
Doumerc.
Garrigou.
Paquier.
Gironde.
Boreau.
Fallot.
Harlé.
Lataste.
Hérault.
Bibliothèque Universi-
taire de Montpellier.
Delage.
Gennevaux.
Léenhard.
Miquel.
Mourgues.
Sabatier-Desarnauds.
Société des Sciences na-
turelles de Béziers,
Ille-et-Vilaine.
Kerforne.
Seunes.
Vacher
Inlre.
Balsan.
Indre-et-Loire.
Grossouvre (G. de).
Isère.
Allard.
Bibliothèque Universi-
taire de Grenoble.
Bouvier.
Corbin (Raymond).
Dumolard.
Gevrey.
Gourguechon.
Jacoh (Ch.).
Kilian.
Lory (P.).
Poncin.
Reboul
Reymond.
Jura.
Piroutet.
Landes.
Lorrin.
Loir-et-Cher.
Delamarre.
Filliozat.
Loire.
Mallet.
Voisin.
Loire (Haute-).
Dreyfus.
Loire-Inferieure.
Bureau (Louis).
Davy.
Dumas.
Gourdon.
Jourdy (Général).
Loiret.
Oudri (Général).
Lot.
Lozère.
Charreyre (abbé).
! Mauche.
XXXIX
Maine-et-Loire.
Bizard.
Cheux.
Manche.
Marne
Collet.
Dueil.
Grenier.
Marne (Haute-).
Chareton-Chaumeil.
Daval.
Thiéry.
Mayenne.
Le Conte.
Œhlert.
Meurthe-et-Moselle.
Ecole nationale des Eaux
et Forêts.
Fliche.
Godefroy.
Goury.
Grand’Eury.
Imbeaux.
Joly.
Nicklès.
Nicou.
Noël.
; Meuse.
Evrard.
Mortier
Nièvre.
Busquet.
Nord.
Barrois.
Bourgeat (abbé).
Crépin.
Delépine (abbé).
Dollé.
Douxami.
Gosselet.
Leriche.
Moureau (abbé).
1X
Oise.
Borret (abbé).
Janet (Ch.).
Judenne.
Thiot.
Tournouër.
XL
CHOICE CCE NA AO 0
Pas-de-Calais.
Dutertre.
Van Kempen.
Legay.
Lonquety.
Rigaux.
Sauvage.
Simon.
Puy-de-Dôme.
Aubert (Francis).
Bibliothèque Universi-
taire de Clermont-
Ferrand.
Charvilhat (D°).
Garde.
Gautier (P.).
Giraud (J.).
Glangeaud.
Pyrénées (Basses-).
Détroyat.
Gramont (Comte de).
Russel-Killough (C'° H.).
O’Gorman (Comte G.).
Pyrénées (Hautes-).
Pyrénées-Orientales.
Donnezan (D'A.).
Mengel.
Rhône.
Bonnet.
Boyer.
Cottron.
Depéret.
Doncieux.
Gaillard.
Geandey.
Martonne (de)
Offret.
Riaz (de).
Riche.
Roman.
Vermorel.
LISTE DES MEMBRES
Saône (Haute).
Petitclerc.
Saône-et-Loire.
Bayle.
Bonnardot.
| Chaignon (de).
Coste.
Lissajoux.
Rouyer.
Vaflier.
Sarthe.
Savoie.
Curet.
Hollande.
Révil.
Savoie (Haute-).
Bibliothèque d'Annecy.
Corbin (Paul).
Seine.
Beaugey.
Dienert.
Giraux
Gondin.
Lacroix (abbé).
Langlassé.
Michel.
Miremont.
| Patris de Breuil.
Ramond.
| Raspail (Julien).
| Vaquez.
(Les membres résidant
à Paris ne sont pas
mentionnés).
Seine-Inférieure.
Boutillier .
Fortin.
| Le Marchand.
Seine-et-Marne.
Houdant.
Lacoin (Capitaine).
Lez.
| Roussel.
|
4]
Seine-et-Oise.
| Barthélemy.
Colas.
Courty.
Desprez de Gésincourt,
Euchène.
Laboratoire de géologie
de l'Ecole de Grignon.
Lasne.
Morgan (de).
Regnault (Edouard).
Somme.
Ault-Dumesnil (d’).
Mercey (N. de).
Tarn.
Thomas (D' Ph.).
Tarn-et-Garonne
Jacquinet.
Michalet.
Vaucluse.
Chatelet.
Deydier.
Joleaud.
Spiess.
Vendée.
Chartron.
Vienne.
Bellivier.
Fournier (A.).
Lebouteux.
Welsch.
Vienne (Haute-).
| Gorceix.
ous eo ele els ne) etes
Yonne.
Peron.
Regnault (E.).
DE LA
Alsace-Lorraine.
Bary (Em. de).
Bibliothèque de l’'Univer-
sité de Strasbourg.
Friren (abbé).
Holzaptel.
Institut géognostico-pa-
léontologique deStras-
bourg.
Mieg (Mathieu).
Seidlitz (von).
Allemagne.
Bornemann (L. G.).
Haas (H.).
Jækel (Otto).
Kalkowsky (E.).
Kœnen (Von).
Oppenheim (P.).
Rothpletz.
Steinmann.
Stürtz (B.).
Tornquist.
Wollemann.
Autriche-Hongrie.
Arthaber (Von).
Fritsch (Ant.).
HϾrnes.
Musée national géolo-
gique d’Agram,
. Nopesa.
Wojcik.
Zuber.
Belgique.
Arctowski.
Bibliothèque de l’Uni-
versité catholique de
Louvain.
Dorlodot (chanoine de).
Dupont.
Habets.
Latinis (L).
Mourlon.
Stôber (F.).
Van den Broeck.
SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE
Bulgarie.
Zlatarski.
Espagne.
Almera (chanoine).
Bofill y Poch.
Calderon.
| Cortazar (de).
| Dallemagne.
Font y Saguë.
La Cruz (de).
Landerer.
Maurice.
Miquel e Yrizar.
Socorro (M°s del).
| Vidal (L. M.).
Finlande.
Ramsay (Wilhelm).
Grande-Bretagne.
Allorge.
Evans (Sir John).
Geikie (Sir A.).
Harmer (F.-W.).
Hughes.
Skinner.
Grèce.
Négris (Ph.).
Renz.
Skouphos.
Italie.
Capellini.
Cocchi.
Dal Piaz.
Fairman.
Mattirolo.
Portis.
Rovereto.
Sacco (Fed.).
Sangiorgi.
segre.
Seguenza (Luigi).
Stefani (de).
| Bibliothèque
XLI
Pays-Bas.
Molengraaff.
Portugal.
| Choffat.
Delgado.
Lima (Wenceslau de).
Oliveira Machado e Costa
(d’).
Pereira de Sousa.
Roumanie.
Mircea.
Mrazec.
Munteanu-Murgoci.
Popovici-Hatzeg.
Sevastos (R.).
Stefanescu (Gregoriu).
Stefanescu (Sabba).
Russie.
Bogdanowitch.
Karakasch (Nicolas).
| Ilovaisky.
Pavlow.
Stremooukhoff.
Vichniakoff.
Serbie.
| Zujovié.
Suisse.
Argand.
de l'Uni-
versité de Bâle.
Brunhes (J.).
Delebecque (A.).
Derwies (Melle V. de)
Duparc.
| Favre (Ern.).
Golliez
Joukowsky (E.).
Limanowski.
Loriol le Fort (de).
Lugeon.
Mermier.
Sarasin.
Schardt (A. Hans).
Schmidt (Carl).
Stehlin.
Zürcher.
- XLII
Algérie.
Brives.
Cie des Minerais de fer de
Mokta-el-Hadid.
Doumergue.
Dussert.
Ficheur.
Flamand (G. B. M.).
Gautier (E.-F.).
Jacob (Henri).
Joleaud (L.).
Mérigeault.
Savornin,
Brésil.
Sena (J.).
Simeh (F.-R.).
Canada.
Laflamme (Mgr J. C. K.).
Chili.
Lataste.
Indes britanniques.
Skinner.
Cambodge.
Monod.
LISTE DES MEMBRES
AFRIQUE
Afrique occidentale
française
Chautard.
Laurent.
Égypte.
Ball (John).
Couyat.
| Fourtau.
Pachundaki.
AMÉRIQUE
Rép. Dominicaine
Moscoso (de).
États-Unis.
Branner (J. C.).
Dale (N.).
Darton.
Easiman.
Harris (G. D.).
Libbey.
Lyman.
Ritter.
Rothwell.
ASIE
Cochinchine.
Counillon.
Madagascar
Colcanap
Transvaal
Jorissen.
Sandberg.
Tunisie
Bédé.
Bursaux.
Mexique.
Aguilar y Santillan.
Aguilera.
Burckhardt.
Florès,.
Ordonez.
Roblès.
Villafana.
Villarello.
Pérou
Agnus
Berthon (Cap!).
Bravo.
Lissén.
| Tonkin.
Lantenois.
Mansuy.
Poirmeur (L!).
Zeil (Cap'.).
MEMBRES DE LA SOCIËTÉ DÉCÉDÉS EN 1907
MM. H. Arnaud.
Marcel Bertrand.
P. C. de Germiny.
Le Verrier.
MM. Ch. Mayer-Eymar.
Ed. Pellat.
P. G. de Rouville.
MM. le Ce! Savin.
G. Soreil.
Torcapel.
PRIX ET FONDATIONS
DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE
Les prix dont la Société dispose sont décernés chaque année par une
Commission constituée de la manière suivante :
1° Le Président et les Vice-Présidents de l’année courante ;
2 Les anciens Présidents de la Société ;
3° Les anciens Lauréats des Prix de la Société ;
4 Cinq membres de province désignés par le Conseil dans sa première
séance.
Cette Commission se réunit dans le courant du premier trimestre.
PRIX VIQUESNEL
Le prix fondé en 1875 sous le nom de Prix Viquesnel et destiné à l’encou-
ragement des études géologiques est biennal. Le lauréat sans distinction de
nationalité doit être membre de la Société.
Ce prix consiste en une médaille conforme au modèle adopté par le
Conseil de la Société et en une somme correspondant à ce qui sera disponible
des arrérages du capital légué par Madame Viquesnel (environ 600 francs).
PRIX FONTANNES
Le prix fondé en 1888 sous le nom de Prix Fontannes et destiné à récom-
penser l’auteur français du meilleur travail stratigraphique publié pendant
les cinq dernières années, est décerné tous les deux ans, alternativement
avec le Prix Viquesnel.
Ce prix consiste en une médaille d’or conforme au modèle adopté par le
Conseil de la Société et d’une valeur d’environ 300 francs, et en une somme
correspondant à ce qui sera disponible des arrérages du capital légué par
Fontannes (environ 1.000 francs).
XLIV PRIX ET FONDATIONS DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE
PRIX PRESTWICE
Le Prix Prestwich, institué en 1902, en suite du legs fait à la Société par
Sir Joseph Prestwich, est triennal. Conformément aux volontés du testateur,
ce prix doit être accordé à un ou plusieurs géologues, hommes ou femmes,
de nationalité quelconque, membres ou non de la Société géologique de
France, qui se sont signalés par leur zèle pour le progrès des sciences géolo-
giques. Les lauréats devront être choisis, autant que possible, de telle sorte
que le prix puisse être considéré par eux comme un encouragement à de
nouvelles recherches,
Ce prix consiste en une médaille d’or conforme au modèle adopté par le
Conseil de la Société et d’une valeur d'environ 250 francs et en une somme
d'environ Goo francs. La médaille n’est pas nécessairement attribuée à la
même personne que la somme d'argent; le titre de lauréat n'appartient qu’au
titulaire de la médaille.
En conformité avec les intentions du testateur « il est loisible au Conseil
de décider que les arrérages du legs seront accumulés, pendant une période
n’excédant pas six années, pour être appliqués à une recherche spéciale,
portant sur la stratigraphie ou la géologie physique, la dite recherche
devant être poursuivie, soit par une seule personne, soit par une commis-
sion. Faute d’un tel objet, les arrérages pourront être accumulés pendant
trois ou six ans, selon que le Conseil en décidera et être employés à tel
but qu’il jugera utile ».
MISSIONS C. FONTANNES
Madame Veuve Fontannes a légué à la Société un capital dont les arré-
rages (environ 1000 francs) sont tous les ans mis à la disposition du Conseil .
de la Société, pour être affectés, sans aucune périodicité prévue, à des
missions utiles aux progrès des sciences géologiques.
FONDATION BAROTTE
Les sommes en provenant constiluent une caisse de secours en faveur des
géologues ou de leur famille. Elles sont distribuées par le Conseil, après
enquête.
LuLE.—LE BIGOT FRÈRES.
x
SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE
DE FRANCE
Séance du 6 Janvier 1908
PRÉSIDENCE DE M. L. CAYEUX, PRÉSIDENT
Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté.
Le Président proclame membres de la Société :
MM. le Dr Pocta, professeur de géologie à l'Université tchèque de Prague,
présenté par MM. Ch. Barrois et L. Cayeux.
E. Coquidé, ingénieur-agronome, agrégé de l’Université, présenté
par M. L. Cayeux et J. Blayac.
Trois présentations sont annoncées.
On procède, conformément aux dispositions du Règlement, à l’élection
d’un Président pour l’année 1908.
M. Henri Douvillé, ayant obtenu 151 voix sur 163 votants, est élu
Président de la Société en remplacement de M. L. Cayeux.
Il est ensuite pourvu au remplacement des membres du Bureau et du
Conseil dont le mandat est expiré.
Sont nommés successivement :
Vice-présidents : MM. Léon JANET, Fr. RoMAN, R. NickLës, G. RAMoND,
pour une année. .
Trésorier : M. Léon CAREZ, pour trois années.
Membres du Conseil : MM. Albert Gauprv, Lucien CAYEux, Jules
BERGERON, Léon BERTRAND, pour irois années.
Séance du 20 Janvier 1908
PRÉSIDENCE DE M. L. CAYEUX, PUIS DE M. HENRI DOUVILLÉ
Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté.
M. L. Cayeux, président sortant, prend la parole en ces termes :
« Messieurs et chers Confrères,
« Je reste, comme au premier jour, vivement touché du témoignage
d'estime et de confiance, et de la marque inoubliable de bienveillance
dont vous m'avez honoré, il y a un an, en m’appelant à la présidence
de la Société géologique, et c’est vraiment du fond du cœur, que je vous
offre encore une fois l’expression de ma bien sincère et profonde recon-
naissance. :
« J'ai trouvé parmi mes confrères du Bureau, d'excellents collabora-
teurs qui ont mis beaucoup d'activité et de zèle au service de la Société,
et dont je ne saurais trop louer le dévouement. En votre nom, je
remercie tout spécialement MM. Boussac et Mémin qui, au prix de
laborieux efforts, ont fait paraître avec ponctualité les fascicules du
Bulletin et des Mémoires, et notre trésorier, M. Ramond qui arrive à
l'expiration de son mandat, après avoir géré nos finances avec une
grande sollicitude.
« Notre buäget continue à se solder en déficit, et sa situation reste
préoccupante, bien que nos frais de publication aient notablement
diminué en 1907. La nécessité de restreindre nos dépenses — dont vous
êtes tous convaincus aujourd’hui — a dicté au Conseil des mesures
temporaires qui, nous l’espérons, rendront notre Bulletin moins volu-
mineux, sans en amoindrir la valeur scientifique.
« Je suis heureux de souhaiter une cordiale bienvenue aux nouveaux
membres du Bureau, et en particulier à M. Henri Douvillé, que vous
avez porté pour la seconde fois à la présidence, et par un vote presque
unanime. Sa haute notoriété scientifique, consacrée l’année dernière, par
son élection à l’Institut, la part très active qu’il prend à tous vos
travaux depuis longtemps, et j'ajouterai sa fidélité exemplaire à la
Société géologique l’imposaient à vos suffrages. Vous aurez en lui un
guide très sûr qui saura trouver dans sa connaissance approfondie de
tous les rouages de notre administration, et dans l'affection qu'il a
vouée à notre Société, les solutions les plus conformes à vos intérêts.
« Nous devons, Messieurs et chers Confrères, une estime et une
gratitude toute particulières à ceux des maîtres de notre science, pour
qui la présidence, privée de l’attrait d’un nouveau titre dont on aime à
se parer, est avant tout une fonction qui permet de faire œuvre
utile. En quittant ce fauteuil, permettez-moi de vous dire, mon cher
Piésident, que tous ici, nous partageons ces sentiments à votre égard. »
SÉANCE DÜ 20 JANVIER 1900 3
M. Henri Douvillé prend place au Bureau et prononce l’allo-
cution suivante :
« Mes chers confrères,
« J'ai d’abord à vous remercier du grand honneur que vous m’avez
fait en m'appelant cette année à la présidence de la Société. Je remercie
également notre président sortant, mon collègue à l'Ecole des Mines,
M. Cayeux, des paroles si aimables qu’il vient de m'adresser. Je suis
obligé de reconnaître que je ne les ai que bien peu méritées, car il
n’y a vraiment pas grand mérite à s’occuper de travaux qui vous inté-
ressent, qui vous amusent. Il est vrai que si je m'étais laissé aller au
cours naturel des événements, si j'avais été un élève docile, je serais
devenu un ingénieur plus ou moins sérieux ou un mathématicien. Mais
il existe toujours au fond de nous quelque chose dont nous n'avons
pas conscience et qui ressemble beaucoup à ce que nous appelons l’ins-
tinct chez les animaux, ce sont les dispositions innées, les vocations.
L'éducation peut les étouffer plus ou moins, il est.rare qu'elle les
détruise complètement. Or, je me rappelle très bien avoir disséqué des
lézards, quand j'étais au lycée de Toulouse ; il ne pouvait être question:
de fossiles, ils sont d’une extrême rareté dans toute la région, mais je
conservais Comme un petit trésor un moule de Cérité arraché à une
vieille pierre sculptée et un cristal de Tourmaline découvert dans un
caillou roulé de la Garonne.
« C’est l'Ecole des Mines, qui a développé ces dispositions, grâce aux
brillantes lecons de Bayle et je fis là mes premières excursions
géologiques sous la conduite de mon ami Bayan. Peu après j'étais
attaché au Service de la Carte géologique avec Potier, Fuchs et mon ami
Albert de Lapparent, et en 1869, je devenais membre de votre Société.
« L'élection d'aujourd'hui me rappelle que j'ai déjà été prématuré-
ment appelé à présider la Société, il y a quelque vingt-cinq années, et ce
retour en arrière n’est pas sans quelque mélancolie, au moins pour moi:
c'était presque le commencement de ma carrière scientifique, c’en est
aujourd’hui le couronnement, peut-être la fin. Que de changement dans
ce quart de siècle! Combien d’amis et de maîtres ont disparu. Je me
rappelle la belle et vénérable salle où nous tenions nos séances. Il me
semble que nos discussions étaient alors plus animées, plus ardentes :
on croyait être en possession de la vérité et pour un peu on aurait accusé
ses adversaires de faiblesse d’esprit ou de mauvaise foi. Aujourd’hui
nous avons plus de philosophie, nous savons par expérience, combien
il est rare qu’une discussion nous fasse changer d’avis ; nous pensons
que la vérité triomphera toute seule, si nous laissons le temps faire son
œuvre.
« Quoi qu'il en soit, la Société n’est est pas moins toujours restée le
centre et le foyer des recherches géologiques en France, et ses publica-
tions nous permettent de suivre l’histoire du progrès de la Science.
Un grand nombre de nos confrères y ont apporté leur contribution,
4 SÉANCE DU 20 JANVIER 1908
et dans l’ensemble de ces travaux il en est quelques-uns qui se détachent
dans une auréole brillante.
« Parmi les géologues, je ne puis m'empêcher de citer mon ami
Marcel Bertrand, si prématurément disparu, et dont les vues géniales
ont renouvelé la géologie des chaînes de montagnes. Ses belles théories
brillamment soutenues par l’école française, par Lugeon, par Termier,
par Haug ont peu à peu forcé l’adhésion de la grande majorité des
géologues.
« Notre vénéré maître M. Gaudry, retenu momentanément loin de
nous par la maladie, a lui aussi su donner à l'étude des animaux fossiles
une direction nouvelle et féconde. Avant lui on cherchait surtout à les
différencier les uns des autres et on était porté à exagérer les dissem-
blances ; M. Gaudry, au contraire dès le commencement de ses travaux,
s’est efforcé de faire ressortir leurs analogies et leurs rapports pour
lesquels il a employé le mot si heureux d’enchaînements. Le fossile
isolé n’est qu’un individu au milieu de tant d’autres ; combien il devient
plus intéressant quand on peut reconstituer la chaîne dont il n’est qu’un
anneau. Un jour viendra, a-t-il dit, où nous déterminerons l’âge d’une
couche, par le degré d’évolution de ses fossiles. C’est une parole d’une
importance capitale et qui fera époque dans Ja Science. J’adresse à
M. Gaudry, le tribut de notre admiration et tous nos souhaits pour son
prompt rétablissement.
* « Tandis que nous vieillissons tous, la Société géologique reste tou-
jours jeune, elle renaît de ses cendres comme le Phénix, et ses publica-
tions augmentent tous les jours d'importance ; à notre vieux Bulletin, qui
acquiert quelquefois un embonpoint exagéré, sont venus s’ajouter le
Compte Rendu des Séances, les Mémoires de Paléontologie et une reprise
des Mémoires de Géologie, et cela dans une période de renchérissement
universel. Notre Société dépense sans compter et plus que ses revenus ;
pouvait-elle donner une plus belle preuve de jeunesse ? Heureusement
elle est dotée d’un conseil de gens graves et sérieux qui, pour la circons-
tance, va devenir un conseil judiciaire. Les dépenses folles, s’il en existe,
n’ont qu’à se bien tenir. Mais vous pouvez être assurés que les écono-
mies que nous serons obligés de faire ne feront pas perdre au Bulletin
le caractère qu’il a toujours eu, celui d’une tribune largement ouverte à
tous.
« En terminant, je remercierai en votre nom le bureau sortant, pour
le zèle avec lequel il a veillé aux intérêts de la Société pendant l’année
qui vient de s’écouler ; nos remerciements s'adressent particulièrement
à notre excellent président, M. le professeur Cayeux, à notre trésorier,
M. Ramond, à notre archiviste, M. Cotireau et à nos secrétaires qui
ont activement contribué à la bonne marche de nos publications.
« La situation financière de la Société, peu satisfaisante depuis plu-
sieurs années, s'est encore aggravée par suite d’un concours de circons-
tances fâcheuses. Malgré tous les efforts du bureau et de notre dévoué
gérant M. Mémin, il n’a pas été possible de triompher de ces diflicultés ;
SÉANCE DU 20 JANVIER 1908 5
mais grâce à l'initiative de notre président, le Conseil a adopté un
ensemble de mesures destinées à rétablir l’équilibre budgétaire; nous
devons féliciter M. Cayeux d’avoir su apporter un remède à une situation
qui finissait par devenir inquiétante.
« Je souhaiterai aussi la bienvenue à nos nouveaux vice-présidents,
M. Léon Janet, qui veut bien nous consacrer un peu de son temps si
absorbé par ses fonctions politiques, M. Ramond, notre trésorier sortant,
MM. Nicklès et Roman qui ont organisé avec tant de zèle la Réunion
extraordinaire de l’année dernière ; — et à votre nouveau trésorier,
M. Carez, qui a bien voulu accepter cette lourde charge.
« Vous venez de voir combien la tâche de votre bureau sera cette
année lourde et difficile, il a besoin de votre appui pour la mener à bonne
fin. Je suis certain d'avance que vous le lui accorderez tout entier. »
Le Président transmet les remerciements de MM. Roman et
Nicklès,
Il félicite M. G. Dollfus de sa nomination au grade de Cheva-
lier de la Légion d'honneur, au titre d'ancien président de la
Société géologique.
Le Président proclame membres de la Société :
MM. Georges Lecointre, au château de Grillemont (Indre-et-Loire), pré-
senté par MM. G. Dollfus et Nicklès.
Lanquine, étudiant à la Faculté des Sciences, à Paris, présenté
par MM. Haug et Blayac.
Ed. Gardé, étudiant à Bordeaux, présenté par MM. G. Dollfus et
Fallot.
Quatre présentations sont annoncées.
M. Pervinquière présente, au nom de M. Philippe Thomas, un
volume intitulé : Essai d'une description géologique de la Tuni-
sie, d'après les travaux des membres de la mission de l'exploration
scientifique de 1SS4 à 1891, et ceux parus depuis. — Première
partie : Aperçu sur la Géographie physique [CRS., p. 4-5].
M. Peron offre au nom de l’auteur, Dom Aurélien Valette, un
mémoire paru dans le Bulletin de la Société des sciences de
l'Yonne sur la revision des Echinides fossiles de ce département
[CRS., p. 5].
M. Louis Gentil offre un numéro des Annales de Géographie
renfermant un essai de carte géologique sur le Haut-Atlas occi-
dental marocain ! [CRS., p. 5-6].
1. Louis GENric. Notice sur l’Esquisse géologique du Haut-Atlas occidental
(Maroc). Ann. Géogr. n° 85, XVI, p. 50-77, pi. 11.
6 SÉANCE DU 920 JANVIER 1908
M. O. Couffon présente trois notes qu'il a publiées dans le Bul-
letin de la Société d'Études Scientifiques d'Angers (1907): r°
Notice nécrologique sur Jacques-Désiré Danton, 1826-1906, d'après
des notes autobiographiques. — 2° Rapport sur la collection Lucas
acquise par le Musée paléontologique d'Angers. — 3° Le Miocène
en Anjou (42 pages et 2 cartes) [CFS., p. 6].
M. Haug présente de la part de l’auteur, M. François Arnaud,
une note publiée en réponse à un Cahier du Service géographique de
l'Armée intitulé: «Les Erreurs de la Carte de France: »[CRS., p. 6].
Le Président présente de la part du Général Jourdy le texte d'une
conférence : «Une mission scientifique au Maroc » faite par M. L.
Gentil. à Rouen, et précédé de l’allocution qu'il a prononcée à
cette occasion.
Le Président donne lecture d'une lettre du président de la
Société géologique de Londres remerciant la Société géologique
de France d'avoir envoyé une délégation aux fêtes de son cente-
naire et annonçant l’envoi de l’'«Historique de la Société ».
J. Cottreau. — Sur un Echinide découvert dans les calcaires
ruiniformes de Montpellier-le- Vieux (Aveyron).
Cette formation où les fossiles sont très rares, est considérée
comme bathonienne, notamment par G. Fabre. Un Oursin recueilli
par M. M. Boule, confirme cet âge: c’est en effet le Clypeus
Boblayei(Micu.) caractéristique du Bathonien et très voisin du
Clpeus Ploti dont c’est aussi le gisement habituel.
G. B. M. Flamand. — Réponse aux Observations de M. E. F.
Gautier (voir : B.S. G. F., (4), VIL 1905, p. 423 et 453).
M. Flamand fait remarquer qu'en se reportant à la carte, p. 230,
et au texte, p. 232, du Bulletin de la Société d’Encouragement à
l'Industrie Nationale (mars 1907), indiqués par cet auteur, il
reconnaît que M. Gautier a bien attribué à l'étage houiller les
grès westphaliens de Khenadsa (qu’il considérait antérieurement
comme néocomiens ?); mais M. Gautier conçoit le terme houiller
dans son ancienne acception, comme comprenant aussi le Carbo-
nifère inférieur ; M. Gautier insiste à plusieurs reprises : au-
dessus des calcaires du Béchar (p. 232) « sont des grès... où
l’on a trouvé quelques végétaux de la flore houillère la plus
1. François ARNAUD. Réponse aux «Erreurs de la Carte de France » du
G* Henri Berthaut. 1 br. in-8°, 43 p., fig. Barcelonnette, chez l’auteur, 1907.
SÉANCE DU 20 JANVIER 1908 ÿ)
ancienne », et (p. 233) l'existence de la houille dans le Sahara ne
peut recevoir qu'une réponse négative, car, € nulle part, on n'a
trouvé de dépôt carboniférien plus jeune que l’étage dinantien ».
C’est d’ailleurs au professeur Bureau que l’on doit d’avoir,
le premier !, attiré l'attention sur l'intérêt qu’il y aurait à recon-
naître les grès à Lepidodendron Weltheimianum Sr. et à Stig-
maria ficoides Br. déterminés par lui, d’après les récoltes et
renseignements de M. Poirmeur, comme appartenant au Culm.
La détermination, par M. Flamand, de l’âge moscovien-westpha-
lien de cet ensemble calcaréo-gréseux de Khenadsa résout cet
importante question.
SUR DES GISEMENTS PLIOCÈNES
DE LA CÔTE OCCIDENTALE DU Maroc
PAR Louis Gentil Er A. Boistel.
Dans la vallée de l’oued Kharoub, qui débouche à la mer, non
loin d’Arzila (R’arbya), un assez beau gisement pliocène a permis
de dresser la liste suivante : Pecten planomedius Sacco, Pecten
(Lissochlamys) exisus BroNN, Cardium paucicostatum Sow.,
Mactra subtruncata pa Cosra, Venus (Arnianthis) gigas LaAmx.,
Glycimeris Faujasi (?) MÉN., Syndesmia {Abra) prismatica
LamKk., Ostrea edulis L., Ostrea digitalina Dusois, Natica Jose-
phinia ? Risso, Natica catena ? DA Cosra.
Quelques échantillons recueillis aux environs immédiats de
Larache par M. Gaston Buchet indiquent, dans les grès du littoral,
la présence de : Pecten planomedius Sacco et P. bollenensis Fonr.
À Casablanca (Chaouïa), les mêmes grès renferment.des Pecten,
avec Arca (Fossularca) lactea L., Corbula gibba Ouvrir, Tapes
veltulus Bast., Phasianella pullus L., Fissurella græca L.,
Oxystele patula Bronx, Calyptræa chinensis L., dont les déter-
minations sont parfois un peu douteuses à cause de la dureté de la
roche qui les renferme, et, par suite, de la difficulté de les dégager.
Enfin, tout à fait au Sud, dans l’oued Assoufid (Ida ou Iceurn),
M. Gentil a extrait de grès coquillers, grossiers et friables, la petite
faunule très intéressante qui marque la limite de ces dépôts vers
1. BurEAU. CR. Ac. Sc., CXXXVIIL, p. 1629, 1904.
fe) LOUIS GENTIL ET A. BOISTEL 20 Janv.
le Sud, au Maroc. Elle renferme : Pecten planomedius Sacco,
Chlamys multistriata Porx, Saxicava rugosa? L., Corbula gibba ?
Ozivi, Donax minutus ? BrRowN, Ostrea edulis L., Nassa recti-
costata Brocc., Rotuloidea fimbriata ErHEerIDGE.
Il est intéressant de faire remarquer que l'important gisement
étudié par MM. Paul Lemoine et Boistel, au djerf el Ihoudi', offre
par la coexistence de Pecten planomedius Sacco, P. benedictus
Lamk., P. jacobæus L. et P. maximus L. avec Ostrea edulis L.
et Ostrea lamellosa une faune analogue aux précédentes.
Tous ces gisements fossilifères, échelonnés sur une étendue de
plus de 600 kilomètres de côtes, depuis le cap Spartel jusqu'à la
vallée du Sous, appartiennent au Pliocène ancien.
Ces dépôts néogènes s'élèvent à 150 m. environ dans le Nord et
peuvent atteindre l'altitude de 250 m. dans la région des Doukkala.
Is forment, ainsi, une bande à peu près continue pouvant s’en-
foncer jusqu’à 60 km. du rivage actuel de l'Atlantique. Ils offrent,
au Nord, dans la vallée de l’oued Kharoub une épaisse assise d’ar-
giles bleuâtres surmontée de grès argilo-sableux d’une trentaine
de mètres de puissance.
Partout ailleurs ce sont des grès plus ou moins grossiers, formés
de minéraux clastiques, empruntés au substratum primaire, avec
une grande abondance de débris et coquilles, roulés, le tout forte-
ment agglutiné par un ciment de calcite.
PRINCIPAUX RÉSULTATS
D'UNE MISSION AU Maroc (1907)°
PAR Louis Gentil
Les recherches de l’auteur ont porté simultanément sur le Maroc
septentrional et occidental et sur la zone frontière d'Oujda. Il a visité
plusieurs points de la côte atlantique du cap Spartel à Mazagan
et apporté des documents nouveaux sur la bande pliocène qui
se poursuit jusqu'au Sous, et, au delà du Maroc, vers le Sud.
Un double itinéraire entre Mazagan et Marrakech lui a permis
quelques observations très intéressantes sur les mêmes terrains
1. B.S. G. F., (4), VIL 1907, p. 198 et suivantes.
2. Cette communication résume très succinetement un long rapport fourni
par M. Louis Gentil en décembre 1907, au Ministre de l’Instruction publique.
1908 MISSION AU MAROC 9
néogènes et sur leur substratum primaire. Il indique notamment la
présence des schistes paléozoïques métamorphisés par des granites :
primaires dans les Doukkala et les Rehamna.
Enfin il développera prochainement une nouvelle théorie sur
la formation des terres fertiles du R’arb, en contradiction avec
celles émises par ses devanciers.
Dans la région frontière algéro-marocaine, M. Gentil a pu cir-
culer dans la zone littorale, jusqu’à Aïoun Sidi Mellouk et, au Sud,
jusqu'à Berguent (Ras el Aïn). Il a rapporté de cette vaste étendue
du territoire marocain de nombreux matériaux et les éléments
d'une carte géologique. Les niveaux stratigraphiques qu'il a
reconnus sont multiples: siluriens, dévoniens (?), carbonifères
(dinantiens), triasiques, liasiques, jurassiques et néogènes.
Les dépôts carbonifères surtout sont importants par leur puis-
sauce et par la richesse des faunes dinantiennes, et peut-être un
peu plus récentes, qu'ils renferment. Dans ces sédiments sont
intercalés de grandes masses de déjections volcaniques acides
formées de laves, de tufs, avec dykes de roches parfois grenues.
Les terrains liasiques, très développés, forment le prolongement
du Lias du Tell algérien. M. Gentil a eu la bonne fortune de
trouver, à la base des calcaires massifs par lesquels débute géné-
ralement la série, l’Amaltheus margaritatus accompagné de nom-
breux Brachiopodes qui indique, avec la présence fréquente d’un
conglomérat de base, la transgression mésoliasique. L'auteur est
ainsi amené à placer exclusivement dans le Lias moyen (Charmou-
thien) les calcaires massifs du Tell oranais, et d’une manière plus
générale du Tell algérien.
Le Toarcien, dans les Beni Snassen, paraît aussi riche que celui
étudié plus à l'Est dans le massif des Traras (L. Gentil. Thèse).
Les terrains néogènes sont surtout développés dans la région
du Kiss Adjeroud; ils ‘offrent une succession complète depuis
l’'Helvétien. De nombreuses éruptions volcaniques miocènes, plio-
cènes et pleistocènes se sont succédé, donnant des roches très
variées, trachytiques, andésitiques, basaltiques.
A Oujda mème, des vestiges importants de volcans leuciliques
vraisemblablement miocènes, donnent à cette province pétrogra-
phique un cachet remarquable.
Au point de vue tectonique toute la chaîne des Beni-Bou-Zeggou
prolongement vers la Moulouya du massif de Tlemcen-R’ar Rouban,
est des plus simple ; le Lias y est peu plissé. Mais la région litto-
rale offre le même Lias en un pli couché enraciné sur la côte et
poussé sur des terrains plus récents jusqu'à une quinzaine de kilo-
mètres au Sud.
10 LOUIS GENTIL 20 Janv.
En terminant cet exposé, M. Louis Gentil soumet à la Société
l'épreuve de la gravure et la minute de la montagne de ses itiné-
raires dans le Haut-Atlas marocain, suivis 16rs de sa participation
à la Mission de Segonzac. Il montre tout le parti qu'il a pu tirer,
pour le dessin du relief, de ses observations géologiques faites sans
relâche tout le long de ses cheminements. Cette carte de reconnais-
sance paraîtra incessamment dans La Géographie.
PosiTION STRATIGRAPHIQUE DES GISEMENTS
A LÉPIDOCYCLINES
DANS LE MIOCÈNE DE PROVENCE
PAR Robert Douvillé
L'auteur a pu étudier deux gisements à Lépidocyclines : 1°) Le
plus élevé (découvert en 1906 par M. Cottreau, voir (B. S. G.F.,
27 mai 1907) se trouve sur le bord ouest de la calanque comprise
entre le port du Sausset et l’anse du grand Vallat, au dessous de
la route. On y trouve Lepidocyclina marginata-Tournoueri en
abondance, Lep. Cottreaui (qui est peut-être une mutation de la
précédente), Miogypsina irregularis, Gypsina globulus, Argiope,
Thecidiunm et de nombreux Polypiers et Bryozoaires. En se diri-
geant vers l’anse du grand Vallat, on retrouve sur le bord est de
cette anse, les couches à Lépidocyclines et, cette fois, immédiate-
ment surmontées par le poudingue à gros éléments verdis et nom-
breuses Ostrea crassissima qui est considéré par les auteurs
comme indiquant, dans toute la vallée du Rhône, le début de
l'Helvétien. La coupe correspondante de Fontannes (in DEPÉRET,
Terrains tertiaires de Provence, Ile partie, p. 8, fig. 1) est inexacte
pour ce point. L'existence du poudingue de base de l'Helvétien
n’est, en effet, pas signalée au grand Vallat et les couches où l’on
trouve les Lépidocyclines sont indiquées comme appartenant au
4° niveau de l'Helvétien et non au Burdigalien, comme nous
venons de voir que cela a lieu réellement.
Les Lep. Cottreaui qui caractérisent la faune de Foraminifères
du Sausset se rencontrent en Andalousie et à Rossignano Mont-
ferrat.
2) Le gisement inférieur à Lépidocyclines a été signalé, à la
suite de la première communication de M. Robert Douvillé, par
1908 LÉPIDOCYCLINES DE SAUSSET TI
M. Oppenheim (LB. S. G. F., (4) VII, 1907, p. 313). Il se trouve
sur le bord ouest du port de Carry, dans les calcaires à Turitella
quadriplicata et T. turris et Polypiers qui forment la base de la
falaise du parc. M. R. Douvillé y a rencontré de rares Lépidocy-
clines appartenant au couple marginata-Tournoueri, un exem-
plaire de Lep. Giraudi R. D., et d'assez nombreuses Wiogypsina
irregularis identiques à celles du niveau supérieur. Lep. Cottreaui
n'existe pas encore. C’est la faune des couches inférieures de la
Superga, rapportés tantôt à l’Aquitanien supérieur (Sacco), tantôt
au Burdigalien (Depéret).
Or les couches à Lépidocyclines du pare de Carry sont consi-
dérées, d’après leur faune de Mollusques, comme appartenant au
sommet de l’Aquitanien. Le parallélisme entre les indications
fournies par les Foraminifères et celles fournies par les Mollus-
ques, est absolument complet dans ce cas.
Nous sommes donc, sur la côte tertiaire de Provence, en pré-
sence de deux niveaux à Lépidocyclines bien nettement super-
posés, le premier au sommet de l'Aquitanien, le deuxième au
sommet du Burdigalien. Dans le premier niveau les individus
À et B sont très peu nombreux et appartiennent à l'espèce margi-
nata- Tournoueri type. Dans le deuxième les représentants de
cette même espèce deviennent particulièrement vigoureux et parmi
eux apparaît une nouvelle forme ZL. Cottreaui qui peut être consi-
dérée comme une pariété des marginata du deuxième niveau ou
comme une mutation des marginata du premier.
Bien que le deuxième niveau soit incomparablement plus riche
en individus que le premier et représente par suite un milieu plus
favorable à la croissance des Lépidocyclines, il ne semble pas que
l'apparition de la forme Cottreaui soit exclusivement liée à l’exis-
tence de ce milieu favorable. En effet, à la Superga (villa Sacco) les
L. marginata pullulent et il n’y a pas une seule ZL. Cottreaui.
Malheureusement, il ne semble pas non plus que cette même
forme Cottreaui soit aussi exclusivement liée à une évolution plus
avancée du type marginata, car on la retrouve en Andalousie
dans des gisements aquitaniens plus anciens que celui de Carry,
caractérisés par l'association des deux formes précédentes et de
grandes formes plates, presque pas pustuleuses et voisines de
L. dilatata (L. Schlumbergeri).
A mesure qu'avance l'étude détaillée des groupes zoologiques,
il paraît souvent difficile de retracer en détail la marche réelle
de l’évolution.
NOUVEAU GISEMENT PLEISTOCÈNE LACUSTRE
SUR LA RIVE DROITE DU VAR, PRÈS DE SON EMBOUCHURE
PAR E. Caziot
Le torrent du Var, actuellement maintenu dans son lit, par des
digues dites insubmersibles, s'étendait sur une large surface à
l’époque pleistocène et coulait sur un fond notablement plus pro-
fond que de nos jours. On constate ce fait lorsqu'on creuse des
tranchées dans le voisinage de son embouchure ; on voit se succé-
der d'importants dépôts alluvionnaires et des couches d’argiles
bleuätres, analogues à celles qui caractérisent le Plaisancien dans
la vallée du Rhône et dans les plaines du Piémont.
Dans ces argiles, extraites d’une excavation faite par M. Benet,
pour établir un puits entre la route de Nice à Cagnes à 200 mètres
environ de la station du chemin de fer de Saint-Laurent du Var,
nous avons recueilli les coquilles dont nous donnons la liste ci-
après.
L'examen de cette faunule nous conduit à admettre que l'on se
trouve en présence d’espèces pleistocènes, qui vivaient dans des
eaux stagnantes indubitablement pures; quelques débris de
coquilles marines indiquent le voisinage immédiat de la mer.
Les Succinées et les Cyclostomes indiqués peuvent être tombés
accidentellement dans la profondeur, car ils vivent sur les bords
des cours d'eau (notamment les Succinées), ou bien ils ont pu être
entraînés par des crues.
Une espèce est nouvelle; d’autres ne se trouvent plus dans la
région ; la plus grande partie existent encore. Elles étaient enfouies
entre 16 et 18 mètres, indiquant, d’une façon précise, qu’elles ont
été enfouies au moment où la mer était plus basse que de nos
jours, c'est à-dire au Pleistocène moyen, à l’époque où elle était
en voie de régression, après avoir atteint le niveau de 30 mètres ;
ou bien après la dernière phase positive que nous avons men-
üonnée dans un travail antérieur ?.
1. M. Benet, cafetier, a son établissement sur la route de Cagnes, près la
station visée ; il nous a assuré que ce fond argileux existe sur une grande
étendue et qu’on le met à jour chaque fois que l’on fait des excavations
profondes,
>. DePÉRET et Cazior. Note sur les gisements pliocènes et quaternaires
marins des environs de Nice, B.$, G. F., (4), HE, 1905, p. 3or.
1908 PLEISTOCÈNE LACUSTRE DU VAR 13
L'existence de formes nouvelles et la disparition de certaines
d’entre elles impliquent un changement de climat et une ancien-
neté assez grande, et apportent une nouvelle preuve en faveur du
mouvement négatif de la rive marine à l'époque de sa formation.
Limnæa peregra MüLrer, 1574, Ver. Hist., IL p. 130. — Nous n'avons
trouvé que des ones très jeunes, avec une toute petite forme
qui nous semble nouvelle.
Planorbis rotundatus PoireT, 1801; Coq. Aisne, p. 93.
Segmentina nitida MüLrer, 1974. Ver. Hist , II, p. 163. — Ce genre ne
se trouve plus dans la région.
Bythinia tentaculata LiNNÉ, 1958, Syst. nat. ed. X ; p. 774.
Amnicola compacta PALADILHE, 1869, Nouv. miscel., p. 110, pl. 5,
fig. 14-15. — Cette espèce ne se trouve pas dans les Alpes-Mari-
times et n’a, jusqu’à ce jour, été signalée que dans les environs
de Perpignan.
Paludestrina brevispira PArADILHE, 1870, Monog. Palud., p. 73.
Paludestrina gracillima BoureuiIGNaAr, 1876, Sp. nov. p. 74. — Espèce
qui vit dans les environs de Narbonne.
Paludestrina limnæiformis n. sp. (fig. 1). — Coquille conoïde allongée,
mince, cornée, lisse, luisante, translucide ;
5 tours de spire très convexes, à croissance
vive et progressive, le dernier très convexe %
sur tout son développement (1/2 mm. sur 4 de
hauteur totale) ; suture profonde ; sommet
mamelonné; ouverture ovale, rétrécie dans sa
partie supérieure, inclinée de droite à gauche;
bord extérieur sinueux ; bord columellaire légè-
rement réfléchi; péristome tranchant, "mince,
semblant continu par suite de la formation et
de l'épaisseur du callum. Hauteur : 3,5 à 4 mm.
Diamètre : 1,75 à 2 mm. 1€
Elle diffère : de la Paludestrina gracillima
BourG., par ses dimensions, le mode de déve-
loppement de ses tours de spire, la forme de
son ouverture et parce qu'elle n'est pas acu-
minée ; de la P. procerula PALADILHE, par son sommet non aigu, ses
tours Dre convexes et sa suture ones elle a aussi l’ouverture
plus resserrée; de la P. acuta DRAP., par ses dimensions, son sommet
non aigu, son test lisse, ses tours bien convexes, etc.
Fig. 1. — Paludestrina
limnæiformis n. sp.
Cyclostoma elegans MôLLeer, 1774, L. c. Il, p. 137.
Succinea elegans Risso, 1826, Hist. nat. Europ. mérid., t. IV, p. 59.
À PROPOS DE KERUNIA
PAR Henri Douvillé
PLANCHE I.
Dans un travail poursuivi en collaboration avec mon confrère
G.-F. Dollfus ', nous avions fait voir que la cavité interne des
Kerunia était bien habitée par un Pagure comme je l'avais indiqué
dès 1905 ; quant à l'organisme lui-même, M. Oppenheim ? avait mon-
tré que c'était un Hydrozoaire qu’il rapprochait du genre Hydrac-
linia, tandis que M. Vinassa de Régny en faisait un Cy-clactinia.
Il m'a semblé que la texture de ce fossile présentait des caractères
assez différents pour conserver le genre KXerunia, qui viendrait se
placer dans les Hydrozoaires à côté des Stromatopora.
Tout dernièrement, mon collègue M. Bouvier, professeur au
Muséum d'histoire naturelle, m'informait qu’il avait dans ses
collections un organisme dragué en 1900 par M. Diguet sur les
côtes de Californie (par 7 à 8 m. de profondeur, sur fonds de
sable), et qui reproduisait exactement la forme des Æerunia ; il
présentait de même une cavité interne qui était habitée par
une espèce particulière de Pagure, Eupagurus parians BENEDICT.
J'ai fait figurer (planche D deux de ces échantillons : ils présen-
tent, comme KXerunia, une crête médiane ornée de six longues
pointes *, et de chaque côté deux cornes à peu près symétriques,
un peu plus relevées que dans ce dernier genre.
Les échantillons ne sont du reste pas toujours complètement
symétriques, la crête principale peut ne pas être exactement dans
le plan médian, les cornes latérales sont plus ou moins dévelop-
pées, plus ou moins régulières ; ainsi l'échantillon de la figure 1 b
présente une bosse sur la corne gauche analogue à celle qui a été
figurée sur un Xerunia; enfin on observe quelquefois des pointes
supplémentaires en dehors du plan médian (pl. I, fig. 2 b). On sait
que les irrégularités de ce genre sont très fréquentes dans les
Kerunia.
J'ai sectionné la corne droite d’un des échantillons (pl. I, fig. 2 a)
1. Contribution à l’étude des Hydrozoaires fossiles par G. F. DorLrus
sur le genre Kerunia par H. Douvirté. B. S. G. F., (4), VI, p. 121 et 199,
19 février 1906.
2. Centralblatt, 1902, p. 44.
D PLOCACtUe play: bo.
4. Loc. cit., p. 130, fig. 2.
1908 A PROPOS DE KXERUNIA 15
et j'ai pu reconnaître à sa base la petite coquille de Gastropode qui
a servi à l’origine d’abri au Pagure et de support à l’'Hydrozoaire.
Cette coquille est petite, aussi comme il est facile de le voir, les
parois de la cavité habitée par le Pagure sont directement consti-
tuées par l’Hydrozoaire (pl. I, fig. 2 b).
M. le professeur Bouvier, qui s’est particulièrement occupé de
l’étude des Crustacés, m'a fait observer en outre que l’Eupagurus
parians s’est adapté à ces conditions de vie particulière et que la
pince gauche est modifiée de manière à servir d’opercule, comme
on le distingue bien sur la figure 1 b; il y a donc bien réellement
association, symbiose entre les deux organismes.
Quelques jours seulement avant la présentation de cette courte
note à la Société géologique, un de mes confrères me signalait
l'apparition dans le Centralblatt', de nouvelles observations de
M. Oppenheim, qui cherchait à combattre les conclusions de notre
note de 1906. Pour lui le commensalisme n’est pas démontré, et le
serait-il, il est sans importance au point de vue de la nature de
Kerunia cornuta.
Sur ce second point nous n'avons jamais différé d'opinion avec
notre savant confrère ; j'admets, il est vrai, que Kerunia repré-
sente un genre d'Hydrozoaire distinct d’Aydractinia et de
Cyclaclinia, mais je n'ai jamais basé cette différence sur la forme
de la colonie, elle ne résulte que de la texture même de l’orga-
nisme ; il est donc très possible qu'il existe des Xerunia très difté-
rents de la restauration qui en a été proposée, non habités par des
Pagures, ou même formant des colonies fixées. Mais ce que j'avais
cherché à montrer et ce que les’ échantillons de M. Bouvier sont
venus confirmer, c’est qu'il paraît exister une relation étroite entre
la forme si curieuse signalée par Mayer-Eymar et l'habitat de la
colonie par un Pagure.
Ainsi les échantillons provenant des côtes de Californie n’ont
que la forme des Xerunia, d’après leur texture et la présence de
nombreuses chambres interlaminaires, il faut les ranger dans le
genre Cyclactinia. On peut du reste se rendre compte du mode
de formation de la colonie : la pointe antérieure se développe
en effet immédiatement au-dessus de l'ouverture ; il a dû s’en
développer une analogue à chaque période de croissance de l’orga-
nisme et c’est ainsi que s’est constituée la crête médiane. Cette
pointe antérieure servait en même temps de contrepoids à la
croissance générale de la colonie plus développée en arrière ;
1. N°24, 15 déc. 1907.
16 HENRI DOUVILLÉ 20 Janv.
c'est une raison d'équilibre analogue à celle qui a provoqué la
formation de la corne gauche destinée à contrebalancer la corne
droite dont le noyau constituait seul la colonie à son origine :
cette forme simple tout à fait primitive correspondait à celle qui
a été figurée récemment par Oppenheim ', et qui se rencontre
presque exclusivement dans l'Hy-dractinia echinata*. Il est égale-
ment curieux de retrouver dans l'espèce vivante, le même nombre
de pointes que dans la forme fossile.
Au point de vue du commensalisme du Pagure et de l'Hydro-
zoaire, M. Oppenheim fait observer que de nos jours les Hydracti-
nies paraissent indépendantes des Pagures : s’il est vrai, en effet,
que l'on rencontre souvent ces Crustacés sans Hydrozoaires, l'in-
verse est beaucoup plus rare au moins sur les plages que j'ai
visitées, et il semble bien que les Hydractinies trouvent un certain
avantage à se faire transporter par les Pagures. Cet avantage est
vraisemblablement réciproque : on sait en effet que les Pagures
abandonnent la coquille qui leur sert d'abri lorsqu'elle est devenue
trop petite, or j'ai pu constater sur plusieurs des coquilles recou-
vertes d’Hydractinia echinata que la dernière partie de la chambre
d'habitation du Pagure était constituée non plus par la coquille
mais par l'Hydrozoaire lui-même dont le cœnenchyme s'était déve-
loppé en prolongement du test de la coquille ; on voit ainsi que le
Pagure n'avait pas abandonné son habitation bien qu'elle fût
devenue trop petite, l’agrandissement de son logement par
l'Hydractinie lui ayant permis d'économiser les hasards d'un
déménagement. Mais cela prouve en même temps que le voisi-
nage de l'Hydrozoaire et son contact immédiat ne lui étaient pas
désagréables.
Cette même disposition est encore bien plus accentuée dans le
Cyclactinia vivant que j'ai figuré plus haut : ici la plus grande
partie, pour ne pas dire la totalité de la chambre d'habitation
se développe dans le cœnenchyme de l'Hydrozoaire, comme il est
facile de le voir sur la figure 2b. Mais en outre l'adaptation toute
particulière de la pince gauche qui joue le rôle d’un opercule
montre bien l'influence réciproque des deux organismes résultant
de leur commensalisme ou tout au moins de leur symbiose.
On sait du reste que les Pagures vivent fréquemment dans les
Eponges ou dans les Polypiers et exactement dans les conditions
que nous venons de signaler dans Æerunia : ces organismes se
sont d'abord fixés sur la coquille où habitait le Pagure, puis en se
1. Centralblatt, 1907, p. 760, fig. 20.
2 Dozzrus. B. S.G. F.,(4), VI, pl. iv, fig. 7 et 9.
1908 A PROPOS DE XERUNIA 17
développant ont fini par abriter directement le Crustacé. M. Dollfus
dans le mémoire précité a figuré un exemple nouveau et curieux
d’une association de ce genre (fig. 1 et 2, p. 126). C’est donc à tort
que M. Oppenheim pense que la coquille non seulement sert
d'abri au Pagure, mais encore le préserve du contact de l’'Hydro-
zoaire qui serait, dit-il (p.754), peu réjouissant (unerfreulich) pour
les deux. On voit ainsi que même avant l’exemple nouveau de
l'Eupagurus varians, il n’était pas possible d'affirmer que l’on ne
connaissait dans la faune actuelle aucun exemple de ce contact
direct. Il me paraît donc que les objections de notre savant
confrère ne peuvent être maintenues.
L'existence d'un Cyclactinia vivant actuellement dans nos mers
est très intéressante au point de vue de l'étude des Hydrozoaires;
l'examen de ses parties molles permettra de préciser la signi-
fication exacte des curieuses chambres interlaminaires qui carac-
térisent ce genre.
OLIGOCÈNE DES ENVIRONS DE TOLÈDE
PAR Henri Douvillé
L'auteur a reçu de son collègue, M. Marcel Dieulafoy, membre
de l'Institut, une série d'échantillons recueillis à 1 200 m. environ
à l'E. S. E. de la gare de Tolède, par M. le D' Ventura Reyes y
Prôsper, proviseur du lycée de cette ville. Ces échantillons sont
des moules de fossiles assez mal conservés, mais qui se rapportent
incontestablement à des genres marins (Arca cf. barbata, Natica,
Potamides) et saumâtres (Hy-drobia) avec peut-être des formes
d’eau douce (Paludina). La gangue est une molasse calcarifère
très grossière qui représente le bord de la grande formation
détritique, si développée dans l'Espagne centrale, et dont les bords
sont jalonnés par une série de villes importantes, Madrid, Guada-
lajara, Cuenca, Albacète, Ciudad real, Tolède.
Ces fossiles doivent être rapprochés de ceux qui ont été signalés
dans des conditions analogues au Sud de Cuenca (Potamides
Lamarcki, Cytherea incrassata) et sont vraisemblablement du
même âge. Ils correspondent en tout cas à l'étage moyen de cette
formation, ou étage gypseux et démontrent définitivement que ces
couches sont d’origine marine. C’est du reste la conclusion à
laquelle était déjà arrivé M. Dereims, dans la remarquable étude
& Avril 1908. — T. VII. Bull. Soc. Géol. Fr. — 2.
18 HENRI DOUVILLÉ 20 Janv.
qu'il avait consacrée à cette question. (Rech. geol. dans le Sud de
l'Aragon). Il est possible que les gisements à Potamides, étudiés
aux environs de Burgos par M. Larrazet (P. Gaudryi, P. Munieri,
Hydrobia Dubuissoni, Unio) et ceux du Sud de Saragosse (Car-
dium, Venus, Cerithium) jouent un rôle analogue dans le bassin
de l’Ebre, et correspondent à une même invasion marine.
D'après les Mammifères fossiles signalés dans la région de
Madrid, l'étage gypseux serait d'âge aquitanien (Anchitherium
aurelianense et Mastodon) ; il est surmonté par un système de
calcaires d’eau douce. Il serait à désirer que la stratigraphie de ces
dépôts si importants par leur étendue, fût étudiée d’une manière
plus minutieuse ".
SUR LES BASSINS TERTIAIRES DE LA MESETA ESPAGNOLE *
PAR Charles Depéret
M. H. Douvillé nous a fait connaître l’importante découverte de
fossiles marins et saumâtres dans le Tertiaire du bassin de la
Nouvelle-Castille, auprès de Tolède. En rapprochant ce fait de la
présence de fossiles marins oligocènes déjà signalés aux environs
de Cuenca sur le bord oriental de la même cuvette, notre éminent
confrère conclut avec raison que le bassin dit lacustre de la
Nouvelle-Castille et de la Manche est dû, pour une part, à l'inter-
vention de la mer ou tout au moins de lagunes d'âge oligocène.
Il me sera permis de rappeler que dans un mémoire publié
en 1906 (Mem. Ac. R. Sc. Barcelona), M. Mariano Vidal et moi
étions arrivés à des conclusions analogues pour le bassin de l’Ebre.
Nous avons montré que cette prétendue cuvette miocène lacustre
avait été remblayée, après la retraite de la mer lutétienne, par une
masse de dépôtsfluvio-saumâtres représentantl'ensemble des étages
bartonien, ludien, sannoiïsien, stampien et peut-être aquitanien,
sans aucune trace de dépôts miocènes. Nous rappelions que par la
région de Burgos (bassin de Miranda de Ebro) où M. Larrazet a
signalé en 1896 des couches saumâtres à Potamides oligocènes, le
1. Voir à ce sujet les intéressantes observations que M. Ch. Depéret a
présentées à la séance du 17 février 1908, et d’après lesquelles ces dépôts
seraient tongriens (B.S.G.F., (4), VIII, 1908, p. 18-19).
2, Observations à la note de M. Douvillé : « Oligocène des environs
de Tolède » (B.S. G.F., (4), VIII, 1908, p. 17-18), présentées à la séance du
17 février 1908.
1908 BASSINS TERTIAIRES DE LA MESETA ESPAGNOLE 19
bassin de l’Ebre communiquait avec le bassin de la Vieille-Castille
d’où M. Cortazar a figuré des formes oligocènes : Limnæa longis-
cata et Planorbis cornu, et nous en avons conclu à «la possibilité
de comprendre aussi dans l’Oligocène la plupart des dépôts lacus-
tres tertiaires du Centre et du Nord de l'Espagne ». La présence
d'un Palæotherium signalée par M. Miquel sur le prolongement
du bassin de la Vieille-Castille, auprès de Salamanque, est venue
depuis confirmer cette présomption et démontrer l’âge ludien ou
sannoisien d’une partie des couches du bassin de Valladolid.
Ainsi disparaît peu à peu l’ancienne légende de grands lacs
miocènes d’eau douce étagés à la surface de la Meseta ou sur son
pourtour. Les dépôts miocènes qui existent sans conteste en plu-
sieurs points de la Meseta (Concud, San Isidro près Madrid, Valla-
dolid) semblent n'être que des dépôts d’une étendue relativement
limitée.
Je ne saurais toutefois me rallier entièrement aux conclusions
de M. Douvillé en ce qui concerne l’âge aquitanien des dépôts
marins de la Nouvelle-Castille et je préférerais pour ma part les
considérer comme stampiens, non seulement parce que les fossiles
de Cuenca (Cytherea incrassata, Potamides Lamarcki) paraissent
bien indiquer cet étage, mais aussi pour la raison générale que,
dans les autres bassins de la région hercynienne, le Stampien
représente la phase la plus marine de la transgression oligocène,
l’Aquitanien étant une phase plutôt régressive.
On ne saurait en tous les cas s'appuyer sur les Mammifères
trouvés aux environs de Madrid pour démontrer l’âge aquitanien
de ces dépôts. En effet, la faune de San Isidro à Mastodon
angustidens, Anchitherium aurelianense, Dicrocerus furcatus,
Sus palæochærus, Sus major appartient incontestablement à un
niveau très élevé du Miocène moyen (Tortonien supérieur ou
même Sarmatique). Les faunes à Æipparion gracile de Valladolid
et de Concud sont encore plus récentes et indiquent l'existence
de dépôts lacustres pontiens.
D’après l'ensemble de ces données, les bassins tertiaires de la
Meseta présentent donc toute une série d’étages beaucoup plus
complexe qu'on ne le supposait, et demanderaient des études
stratigraphiques plus approfondies.
NOTE SUR LES ÉTUDES GÉOLOGIQUES DES OFFICIERS
DANS LE SUD-ORANAIS
PAR LE général Jourdy
A la séance du 17 décembre 1906 ', j’ai communiqué à la Société
quelques renseignements sur l’organisation des études géologiques en
Oranie et je me suis adressé à la générosité de mes confrères pour la
création, au Quartier général d’Aïn-Sefra, d’une petite bibliothèque
d'ouvrages de géologie et de paléontologie dans le but de guider la
bonne volonté de ceux des ofliciers de l’armée d'Afrique qui manifestent
le goût des études géologiques dans cette région remarquablement
intéressante. Cet appel a été entendu et les livres que j'avais demandés
ont été libéralement fournis ; les donateurs sont M. Wyrouboff, profes-
seur au Collège de France, nos confrères, MM. Henri Douvillé, Louis
Gentil, Le Marchand de Rouen, et M. Boutillier, également rouennais,
le doyen sans doute, des géologues français. Cette petite bibliothèque,
composée de traités généraux, demande à être complétée par des
monographies avec nombreuses planches de paléontologie et de
paléobotanique des terrains carbonifères. J'espère que l'importance de
ces études et des résultats déjà acquis tentera la générosité de nouveaux
donateurs. :
Avant de quitter le territoire d’Aïn-Sefra, le général Lyautey a triplé
la petite collection de fossiles qu’il avait commencée il y a deux ans à
son quartier général. Son successeur, le général Vigy, tient à cœur à
continuer son œuvre dont la portée scientifique est doublée d’espé-
rances industrielles.
Le lieutenant Poirmeur, après trois années d’études persévérantes,
avait fourni une carte très intéressante ? de la région qui s'étend d’Ain-
Chair à Igli, entre les vallées de l’oued Zousfana et de l’oued Guir. Il
avait récolté de nombreux fossiles qui ont permis à M. Douvillé de mettre
au point le résultat de ses recherches. Il a quitté l’Oranie, mais il a
laissé deux successeurs dans le capitaine Maury et le lieutenant Huot,
tous deux de la Compagnie montée de la Légion étrangère. Ces trois
officiers sont aujourd’hui nos confrères.
Le capitaine Maury a beaucoup augmenté le champ des heureuses
trouvailles du lieutenant Poirmeur. Il ne s’est pas contenté d'étudier les
affleurements des couches dans le massif de Colomb-Béchar, il a
pratiqué des puits qui ont mis au jour une faune et une flore remar-
quables. Dans le but de compléter les premières indications qui lui ont
déjà été fournies 5, il vient de m’adresser un bel envoi de fossiles et de
VB SIG RE (DVI Sp 528;
2. Lieutenant PorrmMEUR. Essai de Carte géologique de la région Guir-
Zousfana. B. S. G. F., (4), VI, 1906, p. 724.
3. FLamanp. Observations nouvelles sur les terrains carbonifériens de
l'Extrême Sud-Oranais. CR. Ac. Sc. du 16 juillet 1907, et, sur les divisions du
Carboniférien etla présence du Moscovien-Westphalien dans le Sud-Oranais.
B.S.G. F4), NET, 1907, p. 425.
1908 SUD-ORANAIS 21
plantes que MM. H. Douvillé et Zeiller veulent bien déterminer, ce qui
lui permettra de poursuivre plus utilement ses précieuses recherches.
Son lieutenant, M. Huot, le seconde à merveille en dressant des levers
et des coupes de la route de Béchar à Taghit.
Les études du Carbonifère d'Oranie sont maintenant assez
avancées pour mériter un examen d'ensemble des probabilités de
la découverte de la houille que j'avais pressenties lors de mon
passage dans cette région en décembre 1907, et que j'ai eu l’occa-
sion d'affirmer à deux reprises '. Depuis cette époque, le capitaine
Maury vient de démontrer l'existence de la houille dans le massif
du Béchar, et si ce combustible n’est pas encore la houille indus-
trielle, cela tient sans doute à ce que Gherassa se trouve sur Le bord
du bassin carbonifère qui s'étend probablement vers l'Ouest,
au-delà de l’oued Guir. Jusqu'ici, les faits viennent peu à peu
confirmer mes premiers pronostics. Il est maintenant prouvé que,
aux environs de Colomb-Béchar, les terrains carbonifères sont
accolés au massif primaire de la région septentrionale, et que la
surface du Dinantien qui, plus au Sud, ainsi que l'a reconnu
M. Gautier ?, est arasée et mise à nu. se trouve, au contraire, à
partir d'Igli, recouverte des assises westphaliennes qui renferment
incontestablement une flore très importante et déjà des lits char-
bonneux.
M. Henri Douvillé, avec qui j'ai examiné la carte, les coupes et
les fossiles du lieutenant Poirmeur, a estimé que les couches supé-
rieures du terrain houiller y ont sans doute échappé à l’arasement
du Carbonifère saharien, grâce aux plissements hercyniens de
l’Atlas où une mince couverture jurassique ou crétacée a protégé
les synclinaux wesphaliens qui constituent alors de véritables pro-
messes de houille.
Il est, de plus, une considération sur laquelle j'appelle l'attention.
M. Bergeron” a émis cette idée que tout le bassin houiller de
Sarrebrück n’est qu'une immense nappe de recouvrement venue
du Sud. On peut alors se demander si, par analogie, l'arasement
intense et fort étendu qui a mis à nu le Dinantien dans le Sahara
1. E. Jourpy. Excursion géologique à la lisière septentrionale du Sahara
algérien. B. S. G. F.. 1902. — Ib. Allocution présidentielle à la conférence
de M. Gentil. Bulletin de la France colonisatrice, Société de Géographie
Rouennaise. Rouen, 14 janvier 1906.
2, Le Mouidir-Ahnet, La Géographie, 1904, et Contribution à l'étude géolo-
gique du Sahara. B.S. G. F., 1907.
3. BerGEeRoN et Wetss. Sur l’allure du bassin houiller de Sarrebrück et de son
prolongement en Lorraine Française, CR. Ac. Sc., 18 juin 1996.
29 GÉNÉRAL JOURDY 20 Janv.
au Sud d'Igli, au lieu d’être, comme on l’admet actuellement, le
produit de l'érosion de l'air et des eaux, ne serait pas le résultat
d'une action tectonique de rabotage intensif dans la direction du
Nord, action dont j'ai fait ressortir! l'importance dans d’autres
régions. Le sort de la nappe charriée ne peut être le même dans le
centre et dans l'Ouest du Sahara ; dans l'Algérie centrale, les
couches enlevées par le rabotage ont été forcément englouties au
fond du géosynclinal quis’étend entre les contreforts primaires des
monts Hoggar et l’ancien massif archéen aujourd'hui effrondré
sous la Méditerranée, elles sont recouvertes dans cette fosse
profonde, par la masse puissante des sédiments secondaires et
tertiaires de l’Atlas algérien ; au contraire, au voisinage du massif
primaire de l'Atlas marocain, la nappe de recouvrement, dont le
mouvement tangentiel a été arrêté par l'obstacle du môle marocain,
se sera plissée et maintenue en surface, conservant ainsi, dans ses
replis, les couches westphaliennes dont le capitaine Maury a
_ découvert les amas de Cordaites, de Sphenopteris, de Nevropteris
et aussi les premières traces charbonneuses méritant déjà le nom
de houille, Une nouvelle probabilité est ainsi ouverte, qui peut
faire pressentir l'existence, le long de l’hinterland marocain,
de forts paquets de houille analogues à ceux qui constituent le
bassin de Sarrebrück, prolongé souterrainement jusqu'au-delà de
Pont-à-Mousson.
Dans cette région de l'Afrique, rien n’entrave l’action scientifique et
industrielle de la France dont le traité de Lalla-Marnia (1845) garan-
tit” l'intégrité exclusive, le droit absolu et nul ne peut nous disputer
ce domaine dont l’activité aussi inlassable qu’éclairée des officiers de
l’armée d'Afrique, parviendra, je l'espère fermement, à découvrir le
secret. L'intérêt que leur porte la Société géologique sera, pour eux,
une juste récompense et un puissant encouragement.
M. H. Douvillé a reçu en effet l'envoi annoncé ; il a examiné une
partie des fossiles, tandis que M. Haug se chargeait d'étudier les
Goniatites et M. Zeiller, les plantes fossiles. Les conclusions vien-
nent confirmer celles auxquelles était déjà arrivé M. Flamand. Les
calcaires de la base renfermant une faune d'aflinités principale-
ment tournaisiennes et viséennes, tandis que les Goniatites
(Gastrioceras, sp. et Paralegoceras sp., d'après M. Haug), indique-
raient un niveau plus élevé; les couches à plantes intercalées ont
une faune assez pauvre, mais se rattachant au Westphalien.
1. Jourby. Esquisse tectonique du sol de France. Bulletin de la Société des
Amis des Sciences naturelles de Rouen, 1907.
2. Allocution’ présidentielle, ibid.
1908 SUD-ORANAIS 23
Au-dessus viennent des grès bruns riches en Calamites (C. Sackowi)
et en Lepidodendron (L. cf. Veltheimi, L. cf. aculeatum), puis de
nouveau des schistes à végétaux avec flore franchement wespha-
lienne. Par places, on rencontre dans ces couches des fossiles
marins, Productus, Aviculopecten; dans les schistes argileux
toujours très décomposés dominent les Cordaïites associés à des
Sigillaires et à des Lepidodendron; les Fougères sont toujours
peu abondantes. La végétation était comme on le voit prinei-
palement arborescente.
M. G.-B.-M. Flamand: a lu avec beaucoup d'intérêt la note précédente
de M. le général Jourdy; en effet, il s'applique depuis la création du
Service géologique des Territoires du Sud, à la création de bibliothè-
ques roulantes, et s'occupe par voie de correspondance, pour le Haut-
Pays et le Sahara, et par la communication de collections-types, de
déterminations de fossiles et de roches, etc. En ce qui concerne la
subdivision d’Aïn Sefra, il ne saurait trop insister lui aussi sur l'intérêt
que présenterait l'envoi, par ses confrères, de collections élémentaires
de roches et fossiles des terrains primaires et secondaires.
Il est heureux, d’autre part, de constater que les nouvelles récoltes
concernant les formations carbonifériennes du Sud-Ouest oranais
viennent confirmer sa précédente découverte du Moscovien- Wesphalien
du Guir(CR. Ac. Sc., 16 juillet 1907. — Gouvernement général de l’AI-
gérie, Territoires du Sud, CR. campagne 1906-07), ainsi qu'il ressort
de sa récente communication à la Société (B. S. G F., (4), VIL, 1907,
p. 423) et comme a bien voulu l'indiquer ci-dessus M. Henri Douvillé.
Toutefois pour Gherassa, M. Flamand croit devoir faire remarquer
qu’on se trouve ici dans la zone d’étalement occidentale des assises
médio-carbonifériennes du Guir et que précisément les alternances de
petits bancs de combustibles minéraux (houille) signalés antérieure-
ment à Khenadsa sont siratigraphiquement à un niveau plus élevé
( Westphalien supérieur); c’est donc dans un secteur nord-nord-ouest
que les recherches doivent être poursuivies; ces considérations s’éten-
dent aux chebak Mennouna et Djihani.
1. Observations présentées à la séance du 17 février 1908.
SUR LA PRÉSENCE DE SPITICERAS
DANS LA ZONE A Horzrres Borssigrr (VALANGINIEN INF.)
pu SuD-EST DE LA FRANCE
PAR W. Kilian
L'auteur fait connaître le rôle particulièrement important joué
par les Holcostephanus du sous-genre Spiticeras UnriG dans la
zone à Hoplites Boissieri (Berriasien) du Sud-Est de la France ;
parmi les matériaux recueillis à ce niveau à La Faurie (Hautes-
Alpes) par M. Gevrey (Grenoble) et M. Lambert (Veyne) il a pu
connaître d’une façon certaine, à côté de plusieurs espèces inédites,
les formes suivantes : Sp. ducale Marx. sp., Sp. Groteanum Orr.
sp., Sp. Negreli Mara. sp. (?— Parroisi Kir. sp.), Sp. oblique-
nodosum Rer. sp., Sp. Mojsoari Unr., Sp. guttatum UuLr., Sp.
bulliforme Uu.. Sp. eximum Unc., Sp. planum Une. Sp.spitiense
Uxz. Sp. subsjutiense Uur., Sp. Cautleyi OPr. sp., Sp. poly trop-
tychum Uuz. sp., Sp. mirum Rer. sp., Sp. Proteus Rer. sp., Sp.
Stanleyi Opr. sp., Sp. narbonnense Picr. sp., Sp. indicum Uur.,
Spiticeras n. sp., Sp. bilobatum Uuc., Sp. Theodosiæ Rer. sp.,
Sp. Rocardi PomEL sp., Sp. aff. Breveli PoMEL sp., Sp. Kasbense
PouELz sp., Sp. Damesi STEUER sp. (typique), c'est-à-dire plus de
vingt-cinq espèces, se répartissant en plusieurs séries génétiques
comme l’a montré Uhlig.
Les Astieria sont extrêmement rares à ce niveau et représentées
seulement par Ast. aff. Schencki OpPr. sp.; leur origine paraît
différente de celle des Spiticeras comme d’ailleurs celle d’un autre
sous-groupe des ÆJolcostephanus, le sous-genre Polyptychites.
Outre les nombreuses formes des Spitishales magistralement
étudiées par M. Uhlig on a décrit des représentants de ce groupe
intéressant qui débute dans le Tithonique avec Sp. pronum Oprr.
sp., celsum OpPr. sp. et groteanum Opr. sp. [= Am. Astierianus
Picrer : Mél. pal., pl. xvr (non pl. xvnr p. 3 — Astieria Schencki
OpPr. sp.) — Am. Astierianus POMEL] dans l'Amérique du Sud
(Sp. Bodenbenderi Brur sp., Sp. Damesi STEUER sp., Sp. Stein-
manni STEUER Sp., Sp. egregium STEUER Sp., Sp. argentinum
STEUER sp., Sp. grande STEUER sp., Sp. fraternum STEUER Sp.) ;
en Crimée [plusieurs espèces décrites — Sp. Proteus, Sp. oblique-
nodosum par M. Retowsky]; en Algérie, Sp. Breveti PoMEL sp.
(voisin de Sp. Stanleyi Uuc. sp.), Sp. Rocardi PoMEL sp., Sp.
Telloutense PomEz sp., Sp. Aulisuie Pome sp., Sp. Altavense
PomEL sp., Sp. Kasbense PoMEL sp. et dans le Tyrol Sp. poly-
1908 VALANGINIEN INF. DU SUD-EST DE LA FRANCE 25
troptychum UuL. sp. — La plupart de ces types sont représentés
dans la zone à Hoplites Boissieri du Sud-Est de la France.
Le maximum de développement de ces formes est à la base de
l'étage valanginien (Berriasien des auteurs : zone à Hoplites Bois-
sieri); dans le Valanginien moyen quelques rares espèces, Sp. diense
SAyn sp., Sp. gratianopolitense Kiz. sp.. et peut-être Holc. Kleini
N. et Uu. sp., subsistent seules à côté de nombreux représen-
tants du sous-genre Astieria ici en pleine voie de développement.
Il sera intéressant de suivre dans les horizons plus élevés les
modifications du groupe Spiticeras qui dérive très probablement
des Perisphinctidées jurassiques par l'intermédiaire des Reineckia
et des Aulacostephanus, ainsi que semble le montrer l'examen de
la ligne suturale ! d’après les dessins de cloisons donnés par
Bonarelli (Reineckia), Pavlow (Aulacostephanus). et Uhlig (Spiti-
ceras), et comme pourrait l’établir définitivement l'étude appro-
fondie des Spiticeras tithoniques, si elle était entreprise avec des
matériaux suflisants ; ce genre présente également des rapports
étroits avec le groupe Himalayites, très répandu dans la province
indopacifique, et auquel le rattachent les formes de la série Sp.
Kasbense Po. sp , Sp. narbonnense Picr.. etc.
L’épanouissement brusque et le stade évolutif plus avancé de la
plupart des Spiticeras (groupe de Sp. Negreli, mirus et Proteus) qui
s'y rencontrent est un des caractères les plus remarquables de la
zone à Hoplites Boissieri et permet de la distinguer des zones qui
la précèdent immédiatement (Tithonique supérieur) avec lesquelles
M. Toucas l'avait jadis confondue et dont la faune, qui contient
quelques Spiticeras différents de ceux que nous venons de citer,
vient d’être soigneusement revisée par M. Ch. Jacob.
SUR LE TITHONIQUE SUPÉRIEUR ET LE BERRIASIEN *
PAR À. Toucas
Dans la note précédente, M. Kilian revient de nouveau sur la
question du Berriasien et du Tithonique supérieur et me reproche
d’avoir jadis confondu ces deux zones. Mon opinion à ce sujet n’a
pas varié: je soutiens, aujourd'hui comme en 1890, que dans
l’Ardèche, principalement à Chomérac, à Vogué et à Berrias, loca-
1. M. Paulow notamment, a figuré les lignes suturales d’Aulacostephanus
du groupe mutabilis qui se rapprochent énormément de celles des Spiticeras.
2. Observations présentées à la séance du 3 février 1908.
26 A. TOUCAS 20 Janv.
lité type du Berriasien, la zone à Hoplites Boissieri renferme, dès
sa base, au-dessus des calcaires blancs sublithographiques, toute la
faune typique du Tithonique supérieur et que c’est à ce niveau que
se montre également la faune du Berriasien décrite par Pictet.
L'Hoplites Boissieri, choisi comme type de cette zone, se trouve
déjà très commun dès ce niveau. Cette forme est d’ailleurs repré-
sentée à Stramberg par l’Hoplites abscissus Orrec que M. Kilian
a reconnu comme identique à l’Hoplites Boissieri. La dénomina-
tion de zone à Hoplites Boissieri ne convient donc nullement à la
zone des Spiticeras de M. Kilian. Il en est de même du terme de
Berriasien qui revient de droit à la zone où Pictet a recueilli la
faune qu'il a décrite ; c'est le niveau à fossiles légèrement ferrugi-
neux qui se rencontre dans la plupart des coupes de l'Ardèche.
Voici la succession des couches du Tithonique de l'Ardèche :
1° Calcaire massifs ruiniformes à Oppelia lithographica,
Rhacophyllites Loryi et Aspidoceras cy clotum (zone
TITHONIQUE de Solenhofen).
Calc. marneux à Oppelia Fallauxi, Perisphinctes conti-
guus, Per. geron, Haploceras verruciferum, Waa-
genia hybonata (Diphyakalk).
INFÉRIEUR
3° Lits marneux à Aptychus punctatus, Apt. Beyrichi.
Calcaire compact bréchiforme.
Calc. blancs sublithographiques avec rares Hoplites
Calisto, Hopl. privasensis.
MOYEN
ARDESCIEN
Où
6° Calc. marncux avec intercalations de bancs bré-
choïdes, renfermant la faune typique du Berriasien
de Pictet et la faune du Tithonique supérieur de
Stramberg et de Koniakau.
TITHONIQUE
SUPÉRIEUR
BERRIASIEN
TITHONIQUE |
Cette succession ne peut pas être plus claire ; elle montre bien
que la véritable place du Tithonique supérieur se trouve au-dessus
des calcaires sublithographiques et au même niveau que le Berria-
sien typique. Quant à la zone à Spiticeras de M. Kilian, elle est
certainement supérieure à cette dernière. J'ai en effet indiqué
dans mes coupes de l'Ardèche qu’il existait, entre le Berriasien et
les marnes à petites Ammonites pyriteuses du Valanginien, une
couche de 5 à 6 mètres d'épaisseur renfermant de grandes Ammo-
nites aplaties. Il est fort probable que c'est dans cette zone que se
trouvent le; nouvelles formes citées par M. Kilian.
J’ai classé cette zone dans le Crétacé, mais on ne doit pas lui
donner le nom de Berriasien ni la caractériser par l’Hoplites
Boissieri, cette forme apparaissant beaucoup plus bas dans le
Tithonique supérieur avecles Hoplites occitanicus, Hopl. Euthy mi.
1908 TITHONIQUE SUPÉRIEUR ET BERRIASIEN 27
Hopl. Dalmasi, Hopl. Malbosi, Holcostephanus Negreli, qui
constituent les formes types de la faune de Berrias, qu'on doit
maintenir dans le Jurassique avec le Tithonique supérieur.
En somme, je pense que cette question devrait être résolue par
l'adoption du terme d'Infravalanginien que M. Kilian avait pro-
posé pour la zone supérieure aux couches bréchiformes à faune
mélangée du Tithonique supérieur et du Berriasien.
M. W. Kilian ! ayant traité en détail, dans le 1°" fascicule du tome III de
la Lethæa geognostica, consacré au Crétacé inférieur et publié au mois
d'octobre dernier, la question de la limite inférieure du terrain crétacé,
_croit superflu de recommencer une discussion à ce sujet. 11 considère
comme première zone du système crétacé la zone à ÆHoplites Boissieri
dans laquelle il a signalé les Spiticeras qui ont fait l’objet de sa der-
nière communication. Cette zone, que l’on doit placer à la base de
l'étage valanginien, a une faune bien distincte de celle du Tithonique
supérieur (Aizy, Chomérac) dont M. Ch. Jacob prépare une monogra-
phie paléontologique et qui renferme, d’après cet auteur, des Spiticeras
nettement différents de ceux de la zone à Hoplites Boissieri. M. Kilian
n’a, du reste, jamais nié que cette dernière espèce * ait pu apparaître
dans le Tithonique supérieur, comme elle se continue du reste, d’après
M. Sayn, en individus isolés dans les marnes valanginiennes. Le seul
fait important, et que tous les paléontologistes qui ont exaniiné la
succession des faunes paléontologiques de Chomérac, d’Aiïzy, de la
Faurie et de Berrias reconnaissent unanimement, est l’existence indé-
niable d’une faune bien individualisée entre celle du Tithonique supé-
rieur de Chomérac et celle des marnes à Hoplites (Kilianella) Roubaudi.
M. Toucas a surabondamment prouvé lui-même que le terme de Berria-
sien, de Coquand, définitivement abandonné du reste par M. Kilian
(voir Lethæa, p. 22), prêtait à confusion et ne pouvait être appliqué
sans ambiguïté à cette zone que M. Kilian persiste à appeler, d’après
l’espèce qui y atteint son maximum de développement, de fréquence
et d'extension, zone à Hoplites Boissieri.
M. Toucas : prend bonne note de l’abandon du terme de Berriasien
qui prêtait réellement à confusion pour les motifs qu’il a déjà donnés.
Mais il ne peut se résoudre à accepter la dénomination de zone à
Hoplites Poissieri pour la zone inférieure du Crétacé, cette espèce se
trouvant déjà assez commune dans le Tithonique supérieur, surtout si,
comme l’a admis M. Kilian, l'A. abscissus, forme caractéristique du
Tithonique supérieur de Stramberg, est bien identique à l'A. Boissieri.
1. Observations présentées à la séance du 17 février 1908.
2. Hoplites abscissus OPpP. du Tithonique est certainement plus voisin de
H. Boissieri Pict. que la forme de Chomérac figurée par M. Toucas comme
H. Boissieri et dont M. Ch. Jacob qui en a étudié les affinités fera connaître
prochainement les caractères et la phylogénie.
Séance du 3 Février 190S
PRÉSIDENCE DE M. LÉON JANET, VICE-PRÉSIDENT
Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté.
Le président annonce de la part de M. V. Unie et F. E. Suess,
la fondation de la Société géologique de Vienne et lui souhaite la
bienvenue.
Le président félicite le D' Adrien GUÉBHARD, nommé récemment
Chevalier de la Légion d'honneur pour ses nombreux et intéres-
sants travaux de physique et de géologie.
Le président proclame membres de la Société :
MM. Maurice Morin, attaché au Laboratoire de géologie du Muséum
national d'Histoire naturelle, présenté par MM. Stanislas Meu-
nier et G. Ramond.
Le capitaine Maury, du 1‘ régiment étranger, à Colomb-Béchar,
présenté par le général Jourdy et M. Henri Douvillé.
Le lieutenant Huot, du 1° régiment étranger, à Colomb-Béchar,
présenté par le général Jourdy et M. Henri Douvillé.
André-Gervais d'Aldin, à Paris, présenté par MM. Haug et J. Blayac.
Le Président présente la quatrième édition du « Cours de Miné-
ralogie » offert par son auteur M. Albert de Lapparent.
M. Ch. Barrois offre au nom de l’auteur, le général Jourdy. son
« Esquisse de la tectonique du sol de la France, suivie d'un essai
de coordination des connaissances actuelles sur le mécanisme des
actions géodynamiques » ! [CRS., p. 19-18].
M. Boule transmet à la Société, de la part de notre confrère
M. Charles Puech, d’Aurillac, une collection de cartes postales
illustrées représentant des vues du Cantal, dont la plupart pré-
sentent un grand intérêt au point de vue géologique.
M. J. Boussac offre à la Société les notes suivantes [CRS., p. 18-19]:
1° Sur la faune marine de l'étage ludien (Feuille des J. Natura-
listes, 1° juin 1907).
20 L'Evolution des Cérithidés dans l'Eocène moyen et supérieur
du bassin de Paris (CR. Ac. Sc., 21 janvier 1907).
1. 8°, 1 carte des plissements et fractures tectoniques du sol de la France,
1 carte des lignes directrices de la terre. B. Soc. Amis Sc. nat. Rouen, 2° sem.
1906. Rouen, Lecerf fils. 1907. Résumé par l’auteur, in: B. S. G. F., (4), VH,
p. 440, 25 Juin 1906.
SÉANCE DU 3 FÉVRIER 1908 20
3 Sur l’âge des dépôts éocènes du massif armoricain et de la
zone de Roncà (CR. Ac. Sc., 4 février 1907).
&° Observations sur l’Éocène et l'Oligocène du Hampshire (CR.
Ac. Sc., 12 août 1907).
M. Ph. Glangeaud envoie une note publiée aux CR. de l’'Ac.
des Sc., sous le titre : « L’Allier miocène. Un gisement de Verté-
brés miocènes près de Moulins » [CRS., p. 19].
J. Deprat. — Observations sur la note de M. Rovereto : «L'alta
montagna in Corsica ».
Notre confrère M. G. Rovereto vient de publier dans la Rivista
ligure di Scienze, Lettere ed Arti une courte note dans laquelle je
crois devoir relever quelques points. Il dit par exemple que s’écar-
tant des autres auteurs, il considère les granulites sodiques
comme plus récentes que les granites. Or, dans plusieurs travaux
et notamment dans mon important mémoire sur ces roches remar-
quables ?, j’ai montré ce fait depuis deux ans; j'ai même donné des
coupes typiques. De même, au sujet de la composition minéralo-
gique et chimique des roches des Calanques, je prierai M. Rovereto
de se reporter à ce travail qu'il ne paraît pas connaître. Quant à
la présence de la fluorine dans ces roches, elle a été établie depuis
onze ans, par M. Lacroix.
CONSTITUTION GÉOLOGIQUE DU DJEBEL SIROUA
(ANTI-ATLAS MAROCAIN)
PAR Louis Gentil
L'auteur appelle l'attention des géologues et des géographes sur
la constitution de cette montagne qui a longtemps excité la curio-
sité des voyageurs au Maroc. Vue successivement à de grandes
distances par les explorateurs Rohlfs (1862), Hooker (1871), von
Fritsch (1872), les quelques renseignements précis qu'on avait sur
elle étaient, jusqu’à ces dernières années, ceux du vicomte de Fou-
1. J. DEprAT. Note préliminaire sur les granulites sodiques de Corse.
B.S.G.F.,(4), V.p. 630. 1905.— Les roches alcalines du canton d’Evisa CR. Ac.
Sc., 15 Janv. 1906. — La rockallite des environs d’Evisa. Soc. Hist. nat. du
Doubs, déc. 1906.
2. J. DEPRAT. Etude pétrographique des roches éruptives sodiques de Corse.
Bull. Serv. Carte géol. n° 114, XVII, 1905-1906.
30 LOUIS GENTIL 3 Fév.
cauld qui l'avait aperçue en 1833. Il a été donné à M. Gentil de
parcourir tout le massif et d'y faire des levés géologiques et topo-
graphiques en mars 1905.
Le djebel Siroua, dont le culminant atteint environ 3300 m.,
est formé d'épaisses coulées de laves et de tufs de projections, tra-
versés par de nombreux dykes, le tout reposant sur un vaste
socle primaire et cristallin. La puissance des déjections volcaniques
est de plus de 1000 m. et ces formations recouvrent d'immenses
surfaces dans un rayon d'au moins 20 kilomètres. Le Siroua est
donc comparable par son altitude et ses dimensions aux plus grands
volcans d'Europe.
Les matériaux qui le constituent peuvent se rapporter à deux
séries pétrographiques, l’une trachytique, l’autre phonolitique.
Dans la première, M. Gentil a déterminé des trachytes à biotite,
avec ou sans pyroxène augile et quelquefois de l’haüyne. La sani-
dine y est constante, parfois avec de l’anorthose ou de l'oligoclase.
Ces types de laves sont accompagnés de tout leur cortège de tufs,
de brèches et d'obsidienne. Une analyse chimique montre qu’on
est en présence d'un magma syénilique mésopotassique, méga-alu-
mineux ferromagnésien et micro-calcique (paramètres magma-
tiques de M. A. Michel Lévy).
Le type phonolitique est assez uniforme, il forme des roches
compactes ou à structure fluidale ; c’est un phonolite à haüyne et
ægyrine avec néphéline au second temps de consolidation. Ce type
pétrographique appartient à un magma éléolithique mésopotas-
sique, méga-alumineux, magnésien-ferreux et micro-calcique.
Le passage du type trachytique au type éléolithique est établi
par le trachyte à biotite et haüyne et tout l'ensemble forme une
province pétrographique caractérisée par des roches riches en
alcalis.
L'ORIGINE DES TERRES FERTILES DU MaARoc
OCCIDENTAL ‘
PAR Louis Gentil
Il existe au Maroc, dans la zone littorale atlantique, des terres
dont la fertilité, vantée par tous les voyageurs, jouit d’une répu-
tation universelle. Ce sont les {frs ou terres fortes, communé-
ment appelées terres noires, et les hamri ou terres rouges. La
réputation de ces terres a été consacrée dans le monde savant par
les remarquables travaux de M. Théobald Fischer, qui leur a
attribué une origine éolienne. A ces travaux ont succédé ceux de
MM. Weisgerber, von Pfeil, Brives, Doutté, etc.
Parmi les différentes interprétations émises à leur sujet, celles de
M. Fischer et de M. Brives étaient à retenir. Pour le premier, les
tirs résulteraient, le plus souvent, de dépôts éoliens, tandis que
le second y voit, sans discuter l’origine des hamri, un dépôt de
fonds de marais. Mes recherches m'ont conduit à des conclusions
différentes ; les {trs et les hkamri ont une origine commune et
résultent de l'accumulation des produits de la décalcification de
grès néogènes.
Tout le long de la côte atlantique s’étalent des grès calcarifères,
bien datés par des faunes pliocènes ? qui reposent sur un soubas-
sement de schistes et de grès primaires. Le relief de ces grès
montre, par la fréquence de dépressions fermées, qu’il résulte
en partie d'une désagrégation par dissolution de la roche ; d’ail-
leurs il est facile de constater partout, suivant les lignes d’affleu-
rements, l'abondance de sables un peu argileux qui proviennent
de sa décomposition. L'analyse chimique et l'analyse microgra-
phique du grès pliocène et des terres sableuses confirment nette-
ment cette manière de voir. Les hamri comme les ffrs sont les
résidus de la décalcification des grès qui renferment des minéraux
clastiques (quartz, feldspaths, silicates ferromagnésiens) et des
débris de coquilles marines cimentés par de la calcite ; les terres
ne contiennent guère que du quartz, les rares feldspaths non
décomposés, les silicates ferromagnésiens et de la matière argi-
leuse, le tout associé à une proportion variable de calcaire suivant
que la dissolution de la calcite a été plus ou moins complète.
L'analyse chimique confirme l’examen micrographique. La diffé-
1. Un mémoire détaillé sera publié par l’auteur sur cette question.
2. GENTIL et BoisTeL. B. S. G.F., (4), VIIL, 1908, p. 7-8.
32 LOUIS GENTIL 3 Fév.
rence la plus fréquente entre les hamri et les tirs entre lesquels
existent tous les passages, consiste dans la proportion de matière
argilense et des «éléments fins » de la roche, qu'on peut expliquer
par sa concentration dans les bas-fonds sous l'influence du ruissel-
lement.
Quant aux matières organiques, elles résultent, au moins en
grande partie, de l'accumulation, avec les produits de la décaleifi-
cation, des débris d’une végétation qui n’a cessé de prospérer à la
surface.
La fertilité des tirs et des hamri ne peut s'expliquer suflisam-
ment par la richesse de ces terres, il convient de faire la part
d’un climat assez pluvieux et d’une périodicité suflisante des pluies
durant la saison utile.
M. P. Vincey croit, comme M. L. Gentil, que la terre rouge du Maroc
est le produit plus ou moins en place de la désagrégation du grès, par
dissolution météorique de la calcite. Il pense aussi que la plupart des
matériaux de la terre noire proviennent du transport par ruissellement
des débris de la terre rouge.
Pour expliquer toutefois le mode de formation de la terre noire, il
semble à M. Vincey que M. Gentil ne tienne pas suffisamment compte
du facteur de la végétation. A ce point de vue et par « perte au rouge »,
l'analyse physique des tirs fournirait un renseignement intéressant.
Ce qui induit à penser que la végétation plus ou moins marécageuse
a joué un rôle important dans la formation de la terre noire des
plaines en cuvette de la région ouest du Maroc, au sommet des roches
anciennes imperméables, c'est précisément le niveau d’eau signalé par
M. Gentil.
Soit à l’époque quaternaire, soit même aux temps historiques, sous
l'influence de la végétation forestière par exemple, le niveau variable
de la nappe des plaines des tirs a pu différer très notablement de ce
qu’il est aujourd’hui. Il aurait favorisé une végétation plus ou moins
luxuriante, dont les débris se sont mélangés sur place aux matériaux
transportés de la terre rouge.
Pour simple amendement au mode de formation indiqué par M. Gentil,
M. Vincey croit que la couleur noire et la fertilité des tirs sont par-
tiellement dues à l’humus et à des débris organiques, provenant de
la végétation locale, laquelle aurait été favorisée par les nappes aqui-
fères d’affleurement, au pied des collines et dans les plaines en cuvette.
M. L. Gentil s'aperçoit qu’il ne s’est pas suffisamment expliqué dans
sa communication sur le rôle de la végétation qu’il considère comme
inséparable de celui de la décalcification. L'analyse micrographique ne
lui permet pas de séparer les tîrs des hamri qui ne diffèrent que par
une proportion plus grande, dans les premières, de substances argi-
leuses qui auraient été en partie entraînées, concentrées, par ruisselle-
1908 TERRES FERTILES DU MAROC 33
ment. Il ne voit dans les différentes terres fertiles qu’une accumulation
sur place, ou à peu près sur place, des produits minéraux de la décalci-
fication des grès néogènes et des débris végétaux herbacés ou ligneux
qui vivaient à la surface de ces grès. Et, il le répète, la croissance de
toutes ces plantes a favorisé la désagrégation des grès calcarifères
par dissolution de la calcite et de l’aragonite.
Quant au rôle que M. Vincey voudrait attribuer au niveau d’eau, il
pourrait être admis en ce qui concerne la région de Casablanca où il
affleure souvent, mais ce rôle serait complètement en défaut ailleurs,
par exemple dans les Doukkala où il se trouve de 40 à 60 m. de pro-
fondeur. Or il est connu que les Doukkala offrent aussi des fîrset des
hamri irès recherchés. D'ailleurs l'hypothèse d’une végétation luxu-
riante a été déjà envisagée par l’explorateur von Pfeil, elle ne suffit
pas à expliquer des accumulations de 20 et même de 30 mètres de ces
terres fertiles.
SUR DES GALETS DE ROCHES CLASTIQUES
TROUVÉS: DANS LE CHARBON DU NORD DE LA FRANCE
PAR Gharles Barrois
On n'avait point encore, jusqu à ce jour, signalé dans les veines
de charbon pur du bassin paralique du Nord, d’élément étranger,
galet ou débris rocheux quelconque, comparable à ceux qui ont été
décrits par MM. Fayol et Grand’ Eury dans les petits bassins lim-
niques du centre de la France.
Les recherches récentes faites, sur ma demande, par diverses
compagnies, ont fait connaître l'existence d'éléments de cette
nature dans sept veines différentes du bassin du Nord; le nombre des
galets trouvés dans une de ces veines, la veine du Nord d’Aniche,
le soin avec lequel ils y ont été recueillis et repérés par M. l’ingé-
nieur Plane et par moi-même, ont fourni des documents plus précis
sur leur gisement qu’en aucun autre des bassins paraliques étran-
gers, où de semblables galets avaient déjà fixé l'attention. Plu-
sieurs centaines de galets ont été récoltés en quelques mois
d'exploitation; ils ont permis d'évaluer la proportion numérique
des galets à 1 par 100 mètres carrés de surface déshouillée, dans
cette veine, qui conserve sa régularité et sa faible épaisseur de
o m. 50 sur une longueur exploitée de 7 km.
84 °/, des galets de la veine du Nord proviennent du remanie-
ment de roches de terrain houiller régional (schistes, grès à
plantes, sphérosidérite,. phtanite à Radiolaires), indiquant que
lors de la formation de cette veine, il existait dans la région
4 Avril 1908. — T. VIIL. Bull. Soc. Géol. Fr. — 3.
34 CHARLES BARROIS 3 Fév.
un sol exondé, formé de sédiments houillers consolidés, pétrifiés,
clivés, faillés, et déjà injectés de filonnets quartzeux.
14 °/, des galets de la veine du Nord proviennent d’un massif
schisto-cristallin, vraisemblablement archéen, dont la position
n'a pu être fixée (galets de granite, gneiss, micaschiste, quartz). La
découverte inattendue de ces roches gneissiques dans le charbon
du Nord, apprend que c’est un massif archéen, et non le massif de
l’Ardenne, dont nous n'avons reconnu aucune roche parmi les
galets, qui a fourni les éléments des sédiments houillers du Nord.
2°/, seulement des galets trouvés présentent des analogues
dans le massif siluro-cambrien du Brabant, montrant que celui-ci
formait une île exondée, ou une dépendance d’une vaste terre
actuellement cachée à nos yeux. Les caractères des roches houil-
lères reconnues parmi les galets semblent confirmer cette conclu-
sion, Car ces roches sont celles du bord septentrional du bassin.
Les galets de la veine du Nord si remarquables par la variété
de leur composition lithologique présentent en outre une diversité
de volume et de formes aussi étendue que celle des galets des
formations torrentielles. Les plus petits galets ramassés ne dépas-
sent guère 2 à 3 grammes, les plus gros atteignent 120 kil. Il en
est parmi eux de subanguleux, à arêtes plus ou moins émoussées,
dans la proportion de 36 °/,; d’autres sont parallélépipédiques au
nombre de 20°/,; certains présentent la forme d’ellipsoïdes de
révolution, en proportion de 38°}, enfin il en est 6 °/, de fragmen-
taires, ensevelis dans le charbon à l’état d’éclats anguleux des
précédents, ou parfois cassés in situ, dans le charbon, sous le
poids des sédiments surincombants.
Les caractères de ces galets ne permettent pas cependant de
supposer qu'ils ont été transportés par des eaux torrentielles, à
travers les tourbières houillères, en voie de formation. Leur sur-
face usée et arrondie prouve bien qu'ils sont arrivés dans le bassin
en roulant sur le fond, entraînés par des eaux courantes; mais
c'était au temps où se formaient les bancs les plus grossiers des
stampes. Ces couches gréseuses, à galets roulés, devinrent après
leur dépôt des murs, ou sols de végétation couverts de Stigma-
rias. Nous avons trouvé dans des murs, deux galets, enlacés dans
des rhizômes bien reconnaissables. C'est à la chute de ces arbres.
arrachant, en tombant, les galets du mur dans leurs racines, et les
remorquant ensuite avec eux, dans les tourbes voisines en forma-
tion, que nous attribuons la présence de galets roulés dans le
charbon de la veine du Nord.
SUR LE PHÉNOMÈNE DE LATÉRISATION
PAR Paul Lemoine Er Jean Ghautard
On est convenu de donner le nom de latérite aux formations
provenant de la décomposition superficielle des roches silico-alu-
mineuses dans les régions tropicales. Ce produit de décomposition
est caractérisé par la présence d’alumine libre hydratée. Cette
caractéristique chimique, mise en évidence par Max Bauer, montre
l'extrême analogie de composition des latérites et des bauxites.
Pour la première fois, nous avons pu faire tailler en plaques
minces et faire analyser ', simultanément, des latérites et les
roches-mères qui leur ont donné naissance [roches de la Guinée
française].
Diabase
HORRORANER ES “ a
(135, 136) (178, 179, 180, 184)
PNEU
OPA UT 1,67 3,59 1,56 3,24 4.50 307
COR EEE 47,50 28,50 51,80 12,60 11,81 12,96
AROSS NET UE 16,20 28,60 13,83 34,71 33,10 33,50
PEROP coethob: te 5,25 19,15 » 22,78 24,47 21,44
OPA ME ANR 5,76 2,72 9,80 1,26 0,61 1,17
CaOP Er 6,15 0,43 II,21 0,63 1,74 »
MOTS 6,4x 1,02 7,85 0.16 1,22 1,89
KO RR TUE 0,87 0,28 0,68 0,32 0,35 0,09
NA OPA EP re 1,09 0,21 2,27 0,14 » 2,71
Perte au feu...... 9,00 15,80 0,50 23,70 23,10 24,30
99,90 100,30 99,50 09,54 100,90 101,09
PONS eq AN ES » » 0,06 » » »
END Er AMEN » 5,08 PAGE 10,40 6,40 10,6
Diabase Ophite Phyllade
COR) (184, 185) (194, 195)
TT LS TR A es" ir
IMOPSEoee PU OO 2,96 9,05 1,46 4,02 1,55 1,67
SION UN EE 48,51 5,92 52,80 292,95 64,55 62,30
PAS OR RE NA 14,18 34,10 14,60 23,40 16,50 19,50
He OT eme Le 2,40 27,13 » 24,20 0,13 4,28
HO MANMPSRMEMEMEE 10,35 1,26 10,25 1,80 5,04 1,33
(DENON PEAR 8,00 » 10,95 0,65 0,77 »
MoO ann 6,05 0,65 7,98 I,II 2,45 1,92
ROM LIN NES 0,67 0,26 0,90 0,46 2,94 3,60
Na OP re 4,91 0,25 1,90 0,12 2,97 0,25
Perte au feu...... 3,12 22,50 0,25 21,20 2,95 6,10
100,795 100,72 100,69 99,5I 99,85 100,99
PORN PR 0,13 » » . » traces »
1. Ces études et ces analyses ont été faites, en 1907, pour le compte du
Gouvernement général de l’Afrique Occidentale française.
Le signe * indique les produits latérisés ; le signe ** indique une roche
dont la latérisation ne paraît pas être encore complète.
Les chiffres (135, 136), se rapportent aux numéros de prise des échantillons.
36 PAUL LEMOINE ET JEAN CHAUTARD 3 Fév.
Ces analyses ont montré tout d’abord le départ d'un certain
nombre d'éléments constituant la roche primitive : chaux, magné-
sie, soude, potasse, disparaissent presque complètement.
La silice diminue aussi dans des proportions très notables (de
48 à 5°}, par exemple); ce qui en reste est presque entièrement
à l’état de silice libre, soluble dans les acides. Le départ de la
silice et l'abondance de la silice libre ’ paraît être l’une des carac-
téristiques les plus importantes de la latérisation.
Au contraire, les proportions de fer, d’alumine et de titane
augmentent d’une façon considérable.
Le titane est dans cette décomposition, l’élément le plus stable.
La teneur de l'alumine passe, par exemple, de 14 ©}, à 34 °L
(teneur mesurée sur des échantillons hydratés) ; de plus, au lieu
d’être engagée dans des combinaisons, elle est à l’état libre, d'hy-
drargillite (APO*, HO), facilement reconnaissable au microscope.
Le fer se comporte sensiblement de même ; il augmente de9 °h
à 20 0/,; au lieu d’être à l’état de protoxyde, il est à l’état de ses-
quioxyde, dont une faible partie est hydratée.
Le phénomène de latérisation est ainsi caractérisé : 1° par le déga-
gement du fer et de l’alumine, de leurs combinaisons siliceuses ;
20 par une oxydation du protoxyde de fer qui passe à l’état de
sesquioxyde ; 3° par le dégagement de la silice de ces combinai-
sons diverses ; 4° par le départ de la majeure partie de cette
silice et des bases alcalines et alcalino-terreuses ; 5° par un résidu
(latérite) extrêmement enrichi en titane, en alumine et en fer.
. Il est intéressant de comparer cette décomposition latéritique
en pays chaud avec la décomposition en pays tempéré ; il résulte
des analyses d'Ebelmen que celle-ci est très différente ; l’augmen-
tation de la teneur en alumine et en fer est petite ; Le départ de la
silice est presque négligeable.
Les conséquences pratiques de la latérisation sont la genèse de
véritables bauxites par le transport des hydrates d'alumine des
latérites. Le plus remarquable des gîtes de bauxites provenant de
latérite est celui de la Crique Boulanger à la Guyane où l'on
rencontre une latérite renfermant 64 °/, d’alumine et complètement
dépourvue de silice, latérite qui est par cela même un excellent
minerai d'aluminium.
Ces théories sur la genèse des bauxites actuelles s'appliquent
certainement à la genèse des bauxites anciennes exploitées en
Europe et en Amérique ; les bauxites de Provence, notamment,
présentent des variations d'aspect et de composition telles qu'on
1. Cette abondance a été mise en évidence pour les terres et les roches
de Madagascar par les analyses de M. Th. Schlæsing et par celles de
M. Georges Lemoine.
1908 SUR LE PHÉNOMÈNE DE LATÉRISATION 37
ne saurait les considérer comme des produits remaniés sur place
(quelles que soient les hypothèses formulées à ce sujet, actions
hydrothermales, réaction du chlorure d'aluminium sur les cal-
caires, etc.) ; il est logique d'admettre que ces bauxites provien-
nent du lavage et du transport de latérite formée au détriment de
roches feldspathiques dont la décomposition s’est effectuée lors
d’une émersion continentale de ces roches et dans des conditions
d'humidité et de température analogues à celles des régions tropi-
cales actuelles.
Les bauxites de l’Arkansas sont en relation directe avec les
roches éruptives et sont tantôt de véritables latérites au contact
des syénites, tantôt les produits de transport — intercalés dans
des sédiments tertiaires — des latérites précédentes.
Les gîtes superficiels de minerais de fer des régions tropicales
sont également en relation avec la décomposition latéritique. Ils
sont en effet le résidu de latérites complètement lavées de leur
alumine. La composition de ces minerais de fer varie depuis la
limonite jusqu'à l’hématite, leur extension est considérable en
Afrique tropicale, én Guyane, à Madagascar et dans l’Inde; la
puissance de leur gisement atteint de 50 centimètres à 2 mètres ;
leur richesse en fer métal est pour les gîtes africains étudiés par
M. Jean Chautard, comprise entre 52 2}, et 58 0/0.
Il est fort possible qu'on puisse considérer dès maintenant
comme exploitables et sûrement comme réserve pour l'avenir
certains gisements de la côte d'Afrique occidentale située au
voisinage des grands centres de transit maritime.
Enfin, la latérisation exerce son action dans la genèse de
certains gîtes aurifères provenant, soit de l'entraînement dans des
filons quartzeux de remplissage — filons per descensum —, soit
de l’entraînement mécanique et chimique à la base des masses
latérisées de l'or contenu dans certaines roches feldspathiques,
comme élément propre ou comme associé à des pyrites.
Nous comptons poursuivre ces études sur des roches de Mada-
gascar, de la Guyane, etc. ; mais, dès à présent, on peut dire que
la décomposition latéritique est bien un phénomène de décompo-
sition, très spécial, caractéristique des pays tropicaux.
Au point de vue paléogéographique, il nous semble qu’il y a
quelque intérêt à mettre en évidence le caractère tropical d’une
telle décomposition. La présence de produits, comme la bauxite,
analogues à la latérite, peut fournir, pour l'étude du climat des
temps géologiques, une utile indication.
Au point de vue chimique, la latérisation se résume, en dehors
du départ d’un certain nombre d'éléments, en un phénomène
a
38 PAUL LEMOINE ET JEAN CHAUTARD 3 Fév.
d'oxydation et d'hydratation. Ce fait serait très compatible avec
un processus biologique, qui expliquerait bien aussi la rapidité et
l'irrégularité de cette décomposition ; malheureusement nos
recherches expérimentales pour le mettre en évidence sont encore
infructueuses.
SUR TROIS NIVEAUX A BRYOZOAIRES
DANS LA RÉGION DE LA SERRE (JURA)
(BAJOCIEN INFÉRIEUR, BATHONIEN INFÉRIEUR ET SUPÉRIEUR)
PAR l’abbé Bourgeat.
Il existe dans la région de la Serre trois niveaux à Bryozoaires,
qui présentent entre eux une assez grande ressemblance pétrogra-
phique pour pouvoir être confondus. Tous les trois appartiennent
aux formations inférieures du Jurassique proprement dit. Ils sont
constitués par des marnes plus ou moins colorées par l’oxyde de
fer et plus ou moins grumeleuses.
1° Le premier est du Bajocien tout à fait inférieur. On peut
l'observer facilement en deux points : sur la route d'Amange à
Moissey, au revers oriental de la Serre et sur le chemin de
Moissey à Montmirey-la-Ville sur le revers occidental, au pied du
mont Guérin.
Sur la route d'Amange à Moissey les marnes ont été rendues
visibles par des carrières ouvertes à quelques dizaines de mètres
avant d'entrer dans le massif cristallin, dans le but d'exploiter le
calcaire à Entroques qui présente là un beau développement. Ces
carrières descendent jusqu'aux assises gréseuses du Lias supérieur
et l’on y observe la série suivante en parfaite concordance de
stratification en partant des assises inférieures.
1° Grès supraliasiques, bleuâtres. . . . . visible sur 1 mètre,
2° Minerai de fer oolitique mal agrégé . . . de om. 30 à o m. 4o.
3 Marnes jaunâtres à Bryozoaires, à Pecten
pumilus et à Huîtres plissées . . . . . der à 1 m. 20.
4° Calcaires à Entroques bien visibles sur une
épaisseurs LULU 6, MAMAN Emile 20200
Au-dessus viennent des calcaires dolomitiques, puis les marnes du
Bathonien inférieur avec Pholadomya Murchisonæ, etc.
Au pied du mont Guérin, sur le chemin de Moissey à Montmirey,
les marnes à Bryozoaires bajociennes sont bien observables à
1908 BRYOZOAIRES DE LA SERRE (JURA) 39
gauche du chemin, avant d'atteindre les vignobles qui sont plantés
sur le Lias. Elles sont jaunes, plus consistantes et plus calcaires
que celles des environs d’Amange. Leur superposition au Lias
n'offre pas de doute. On y rencontre encore le Pecten pumilus
avec un nombre très grand de Bryozoaires rameux. Leur épaisseur
est voisine de deux mètres, mais elles sont partagées comme en
deux niveaux par un banc plus calcaire et plus stérile.
C’est ce premier niveau du Bajocien que Marcel Bertrand a
signalé entre Quingey et Saint- Witt dans la légende de la Feuille
Besançon.
2° Le second niveau se rencontre à la base du Bathonien. C'est
celui que M. Jourdy a signalé en 1870 dans son travail sur le Jura
dolois'. Seulement l’auteur le suppose calcaire, alors qu'il est
presque toujours marneux. Il est bien développé aux carrières de
Sampans, où les marnes atteignent une épaisseur de plus de dix
mètres et sont coupées de quelques lits de calcaire ; mais là les
Bryozoaires sont relativement moins abondants que les Ostrea
acuminala, les Pholadomya Murchisonæ et les Terebratula
opalis. L'endroit où il se montre le mieux est le revers du mont
Guérin du côté de Frasne-les-Meulières. Il y a là, tout près de
l'arrêt du nouveau tramway, d'assez grandes carrières qui coupent
ces marnes, lesquelles sont très grumeleuses, et en outre parse-
mées de chaïlles. Elles ont une épaisseur de 4 à 5 mètres et con-
tiennent encore beaucoup de Pholadomya Vezelayi et Murchi-
sonæ. Mais les Bryozoaires y sont presque aussi nombreux que de
l’autre côté, dans le Bajocien. Ce niveau toutefois ne paraît pas
devoir se maintenir bien riche sur le revers oriental de la Serre.
Ainsi sur la route d’Amange à Moissey, les Bryozoaires sont
beaucoup plus clairsemés. Ils deviennent assez rares au-dessus de
Malange, où en retour dominent de petits Oursins réguliers, et
plus rares encore du côté de Serre où les marnes perdent leur
couleur jaune pour devenir blanches. On les retrouve cependant
assez nombreux associés aux Terebratula Philippsü dans une
carrière ouverte au Nord d'Orchamp à la bifurcation des chemins
d'Auxange et de Gendrey.
3° Le troisième niveau ne m'est connu qu’en un seul point : au
levant de Landon, aux premières carrières que l’on aperçoit sur
sa droite lorsqu'on va du cimetière de Dôle au mont Roland, sur le
flanc oriental du mont des Bruyères. Ces carrières se trouvent très
voisines d'un escarpement au pied duquel on a bâti une petite mai-
NB GLRE GC) EX VILLE pr 260:
4o ABBÉ BOURGEAT 11,73 ér.
sonnette. La série des couches y est la suivante en allant des assises
les plus basses aux plus élevées et en marchant de l'Ouest à l'Est,
c'est-à-dire en descendant la pente du mont vers la maisonnette.
1° Calcaire oolithique à pâte serrée avec Polypiers
et Nérinées engagés dans la pâte.
2° Marnes jaunâtres grumeleuses coupées de bancs
calcaires avec Terebratula digona, Hotectypus
depressus, chailles et nombreux Bryozoaires . . 3 à 4 m.
3° Conglomérat à grains bien arrondis, blanc rosé
vers la base, bleuâtre vers le sommet. . . . de3m.5oà4m.
4° Oxfordien inférieur marneux avec inclusions de
cristaux de gypse.
Cette série paraît assez concordante. Je n’y ai pu trouver, entre
le conglomérat et l'Oxfordien inférieur, la faille qu'y a signalée
M. Jourdy dans la coupe qu'il en a donnée '. J'avais cru autrefois,
comme M. Jourdy, à cause des chailles, que le niveau à Bryozoaires
en ques!ion était du Bathonien inférieur ; mais la présence de la
Terebratula digona, de l'Holectypus depressus oblige à le faire
monter au moins dans le Bathonien supérieur.
On sait que, jusqu’à ce jour, on n'a pas trouvé l’Ammonites
macrocephalus dans le Jura dolois. Est-ce que le conglomérat
qui surmonte directement les marnes à Bryozoaires ne serait pas
de ce niveau ? Dans ce cas, il faudrait admettre à la Serre une
émersion, tout au moins partielle, au début du Kellovien.
1. B S.G.F , (2), XXVIIL, p. 296.
L’'AQUITANIEN DANS LE VAUCLUSE, LE GARD
ET LES BoucHES-DUu-RHÔNE
OBSERVATIONS AU SUJET DE LA NOTE DE M. G.-F. DoLLFus
€ SUR LA POSITION STRATIGRAPHIQUE DE L'HELIX RAMONDI
DANS LE BASSIN DE PARIS »
PAR L. Joleaud
M. Dollfus :, au cours de ses dernières recherches sur l’âge des
dépôts tertiaires de la Beauce, a été conduit à classer à la base du
Stampien supérieur, les calcaires à ÆHelix Ramondi du bassin de
Paris. M. Depéret*, à la suite de cette communication, a indiqué
que la forme de l’Helix Ramondi rencontrée dans le calcaire
d'Etampes, était une mutation de petite taille, analogue à celle des
calcaires de Cordes.
Dans le Sud de la Drôme, le Gard et le Vaucluse, les calcaires
à Helix Ramondi, attribués jusqu'à présent à l’Aquitanien,
renferment presque exclusivement des moulages de petite taille,
ainsi que l'ont fait observer M. Depéret * pour les calcaires de la
Garde Adhémar, M. Roman ‘ pour les calcaires des environs de
Sommières, etc. Dans une note récente *, nous avons justement
proposé de rattacher au Stampien supérieur, les formations de la
vallée du Rhône où dominent des moulages de petite taille de
l’Helix Ramondi. Ces formations sont d’ailleurs intimement liées,
comme l'avait déjà remarqué Fontannes*, en décrivant les calcaires
de Saumanes, près de l’Isle-sur-Sorgue, aux calcaires à Mela-
noides Lauræ et aux sables subordonnés à ces calcaires. Ces
dernières assises viennent de nous fournir des restes de Vertébrés,
dont nous devons la détermination à MM. Depéret et Roman : ce
sont l’'Acerotherium Filholi et le Cadurcotherium Cayluxi, deux
Mammifères signalés tout d'abord dans les phosphorites du Quercy
et retrouvés depuis dans divers gisements stampiens.
1. B. S. G. F., (4), VIL 1907. p. 456-459.
2. Id., p. 459.
3. CR. de la Réunion extraordinaire à Bollène. B. S. G. F., (3), XXII, 1894.
4. La géologie des environs de Nimes. B.S. H. N. de Nimes, XXIII, 1906,
p: 36.
5. Sur la présence du Trias dans les montagnes de Gigondas (Vaucluse)
et sur les phénomènes de charriage qui s’observent dans ce massif. CR,
Ac. Sc., 9 décembre 1907.
6. Le groupe d'Aix dans le Dauphiné, la Provence et le Bas Languedoc.
Ann. Soc. ag., Lyon, 5, vir, 1885.
42 L. JOLEAUD 3 Fév.
D'autre part, nous avons dans une note antérieure ’, fait connaître
l'existence, en dessous du Burdigalien de Vacqueyres (Vaucluse),
et en concordance avec lui, d’une série marine que nous avons
rapportée à l'Aquitanien : cette série comprend, à la base, un
conglomérat plus ou moins bréchoïde, à éléments parfois très
volumineux (20 m. d'épaisseur), à la partie supérieure, des marnes
calcaires bleues (60 m. d'épaisseur). Dans une tournée faite, à la
fin de l’année dernière, avec M. Roman, nous avons constaté la
présence au Nord de Beaumes-de-Venise, non loin de Vacqueyres,
à la base du Burdigalien transgressif, d’un conglomérat à Pecten
Davidi, dont les caractères lithologiques étaient bien différents de
ceux de l'assise de base de l’Aquitanien de la région. Un peu à
l’Ouest du point où affleure le conglomérat à Pecten Davidi, nous
avons vu la molasse burdigalienne reposer sur des marnes
sableuses bleues, qui constituent un terme de passage entre
l’Aquitanien et le Burdigalien.
Depuis nous avons examiné les poudingues de St-Pierre-du-
Terme et des Bouisses, au S.0. d'Avignon, lesquels avaient été
reconnus par Fontannes *?, comme bien distincts des conglomérats
burdigaliens et helvétiens, et considérés, par comparaison avec les
poudingues d'Euzet, comme éocènes moyens *, Ces poudingues ont,
en effet, une constitution pétrographique qui les sépare absolument
des assises miocènes de la région. Ils offrent, par contre, les plus
grandes analogies avec les couches marines inférieures de
Vacqueyras dont ils confirment l'attribution à l’Aquitanien. A
St-Pierre-du-Terme, par exemple, on voit ces poudingues reposer
sur les calcaires à Æelix Ramondi et supporter des conglomérats
d'un tout autre aspect, lesquels renferment le Pecten Davidi*.
L'ensemble des observations que nous venons de rapporter
montre que dans le Vaucluse, le Gard et les Bouches-du-Rhône.
l’Aquitanien, par ses relations stratigraphiques. se rattache
nettement à la série miocène.
1. Découverte de l'Aquitanien marin dans la partie moyenne de la vallée
du Rhône. CR. Ac. Se., 11 février 1907.
2. Carle géol. à 1/80 000. Feuille d'Avignon, 1888
3. L'origine marine des poudingues de St-Pierre-du-Terme et des Bouisses
est cependant incontestable. un certain nombre des cailloux roulés qu'ils
renferment présentant des perforations dues à des Mollusques lithophages.
4. Dans les coupes données dans notre « Description des terrains néogènes
de la plaine du Comtat et de ses abords », p. 20, 24 (Mémoires de l'Académie
de Vaucluse, 2, V, 1905. p. 49, 53) ces poudingues sont en partie confondus
avec les conglomérats burdigaliens, la rédaction de ce mémoire étant
antérieure aux observations qui nous amenèrent à penser que des dépôts
aquitaniens marins pouvaient exister dans la vallée du Rhône.
Séance du 17 Février 1908
PRÉSIDENCE DE M. HENRI DOUVILLÉ
Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté.
Le président proclame membre de la Société :
M. François Favre, docteur ès sciences, à Genève, présenté par
MM. Haug et Blayac.
SUR L'EXISTENCE D'UN PETIT MASSIF GRANITIQUE
DANS LE VALLON DE VAUDAINE, AU SUD DU PIC DE BELLEDONNE
ET TOUT AUPRÈS DE LA ROUTE DE GRENOBLE AU BourG-D'Orsans
PAR Pierre Termier
Ce vallon, qui descend des hauteurs de la Petite-Vaudaine et de
Jasse-Bralart, passait jusqu'ici pour être creusé dans les gneiss
basiques (amphibolites et pyroxénites, avec gabbros etserpentines).
Il est ouvert en réalité dans une étroite bande de gneiss acides
(cornéennes grises, leptynites blanches, micaschistes, parfois gra-
phitiques, chloritoschistes), dominée à l'Est et à l'Ouest par des
escarpements de gneiss basiques. Cette bande acide s’épanouit
plus au Nord dans la Grande-Vaudaine, Mirbel, la Tète des Lau-
zières, la Grande-Lance et la haute vallée du Doménon :; et on la
suit jusqu’à la Croix de Belledonne, où elle est formée de gneiss
glanduleux de couleur claire.
Le massif granitique est compris dans la bande acide en ques-
tion. Il est coupé par la grande route entre le village de Livet et
le cône de déjection du torrent de Vaudaine, et, quand on monte
de là aux cabanes forestières situées à 2000 mètres d’altitude, on
marche presque constamment sur le granite.
_ La roche est très claire, quelquefois tout à fait blanche, le
plus souvent aplitique, très fréquemment écrasée et semblable
alors aux cornéennes de la bordure. Elle renferme un peu de
chlorite, provenant d’une ancienne biotite. C’est un granite
alcalin. Les échantillons les plus frais ressemblent beaucoup aux
variétés aplitiques du granite du Pelvoux.
Il y a donc, dans le massif Champrousse-Belledonne, deux
sortes de gneiss, les uns basiques, les autres acides. Et de même
qu'aux premiers sont associés de nombreux amas de gabbros, les
seconds contiennent un amas d’un granite alcalin riche en silice.
La correspondance chimique entre le Cristallophyllien et les
roches massives qu'il renferme est ici très évidente, et je revien-
drai prochainement sur ce fait qui a une très grande importance
pour la Géologie générale.
CONTRIBUTION A L’ÉTUDE DES ROCHES ALCALINES
DU CENTRE AFRICAIN
PAR L. Gentil Er Freydenberg
M. Gentil fait au nom du capitaine Freydenberg et au sien une
communication sur des roches provenant de l'O. et du S.E. du
lac Tchad.
Les premiers matériaux recueillis dans ces régions et étudiés
par l’un de nous ' ont été rapportés par M. F. Foureau, l'illustre
chef de la Mission saharienne. Depuis, les documents rapportés
par d’autres missions ? ont permis de se faire une idée de l’exten-
sion de la province pétrographique du Centre africain.
La région du Tchad qui comprend le Manga, le Kanem, le
Baguirmi, le Sokoro et le Bornou offre de vastes étendues d’allu-
vions quaternaires, souvent recouvertes de sables éoliens et lais-
sant apparaître quelquefois des affleurements de grès crétacés ou
tertiaires. De loin en loin pointent des pitons de roches du soubas-
sement cristallin.
Nous distinguerons le Sokoro et la région de Zinder.
1° Le Sokoro montre des pitons rocheux plus fréquents, parmi les-
quels ceux de Melfi, pouvant atteindre 200 m. au-dessus de la plaine. Et
ces pointements sont surtout formés de syénite à amphiboles sodiques.
La syénite de Melfi montre de grands cristaux d’amphibole et de felds-
paths ; on y distingue, au microscope, de l’apatite et du zircon, et des
amphiboles sodiques du groupe des hornblendes alcalines analogues à
celles décrites par M. A. Lacroix dans son très important mémoire sur
la province pétrographique d'Ampasindava, à Madagascar *. Ces horn-
blendes, pléochroïques en vert-bleuâtre, offrent un allongement positif,
des extinctions pouvant atteindre 20° et présentent, fréquemment,
de petites taches bleues montrant un passage à la riebeckite. Les
feldspaths, qui forment la plus grande masse de la roche sont
représentés par l’orthose, le microcline et l’anorthose faculés d’albite.
La syénite de Melfi passe à des granites à amphiboles sodiques.
La région de Zinder comprend, entre Dan Béda et Gouré, sur un
1. L. GENTIL. CR. Ac. Sc., 8 août 1904. — L. GENTIL. A.F.A.S. Grenoble, 1904.
— F. FourEau et L. GENTIL. CR. Ac. Sc., 2 janvier 1905. — In. CR. Ac. Sc.,
1 mai 1905. — L. GENTIL. Documents scientifiques de la mission saharienne,
p. 697 et suiv. Paris, Masson, Edit., 1905.
2. Mission Destenave (GENTIL); Mission Lenfant (HuBert); Mission Moll
(A. Lacroix); Mission Chudeau.
3. Nouv. Arch. du Muséum, 1902, (4), IV.
1908 ROCHES ALCALINES DU CENTRE AFRICAIN 45
espace de 130 kilom., des granites à amphiboles sodiques ou à riebeckite,
des microgranites, des rhyolites et des trachytes alcalins.
Le granite de Dan Béda représente la syénite de Melfi riche en
quartz libre, il passe, par la prédominance de la riebeckite au granite
de Zinder étudié par l’un de nous. Ces granites sont accompagnés de
granites à feldspaths alcalins avec biotites.
A Gabana (30 km. à l'O. de Gouré) se trouvent des coulées d’une
rhyolite analogue à celle de Hadjar el Khemis recueillie par M. Lacoin
et décrite par l’un de nous.
Les explorations récentes, qui font l’objet de cette note, montrent
qu'il y a une relation géologique étroite, entre les granites, les micro-
granites, les rhyolites et les trachytes alcalins.
Nous avons essayé de comparer, au point de vue magmatique,
le granite à riebeckite de Zinder avec le microgranite de Zinder,
la rhyolite de Hadjar el Khemis et la syénite de Melfi.
Les analyses nous ont montré l'extrême parenté des trois pre-
mières roches. Ce sont des roches très riches en alcalis avec pré-
dominance de la potasse sur la soude. Le calcul des paramètres
américains montre que toutes trois appartiennent aux mêmes
classe, ordre, rang et subrang : ce sont des liparoses. Mais les
paramètres de M. Michel Lévy, tout en faisant ressortir les
caractéristiques chimiques communes à ces trois roches, mettent
en évidence de légères différences, comme l'acidité un peu plus
grande du microgranite, qui se trouve à la limite du magma-
fumerolle alcalinogranitique et mégapotassique, et tombe dans le
groupe granito-dioritique mégapotassique. Quant au magma-scorie
ilest ferrique et microcalcique dans le cas du microgranite et de
la rhyolite, ferromagnésien et microcalcique dans le cas du gra-
nite. Le caractère ferromagnésien du granite tient à l’association
de la riebeckite et de hornblendes sodiques.
Mais ces différences qui seraient sans doute mieux accentuées
si, au lieu d’une seule analyse nous avions à notre disposition les
moyennes de plusieurs analyses (ce que ne permet pas la rareté
des échantillons), sont légères et l'analyse chimique du granite à
riebeckite de Zinder, du microgranite à amphiboles sodiques de
Gouré et de la rhyolithe alcaline de Hadjar el Khemis montre que
ces roches représentent indiscutablement les formes de profon-
deur, de demi-profondeur et d’épanchement d’un seul et même
magma alcalin.
L'étude chimique de la syénite à amphiboles sodiques de Melfi
montre que la roche appartient à un magma différent mais ayant
une grande parenté avec le premier. Ici, la richesse en chaux est
notable et il convient de l’attribuer à la présence des amphiboles
46 L. GENTIL ET FREYDENBERG 17 Fév.
sodiques différentes de la riebeckite. Quant à la richesse en alcalis
elle est encore plus grande que dans les autres roches. Les para-
mètres américains, en eflet, en font une {{ménose et les paramètres
de M. Michel-Lévy, lui attribuent une fumerolle alcalino-syénitique,
mégapotassique, une scorie ferromagnésienne, mésocalcique. Mais
on est frappé de la dépendance directe de ce magma avec le magma
alcalin granitique des roches de la région de Zinder.
SUR L'INTERPRÉTATION TECTONIQUE
DES
CONTACTS ANORMAUX DU DJEBEL OUENZA (ALGÉRIE)
ET DE QUELQUES PHÉNOMÈNES SIMILAIRES OBSERVÉS EN TUNISIE
PAR G. Gourguechon
Durant les cinq années que j'ai passées, de 1903 à 1908, à la tête
du Service des Mines de Tunisie, j'ai eu très fréquemment à
m'occuper des relations de position du Trias avec les autres for-
mations sédimentaires du sous-sol de la Régence. Cette étude s'est
imposée d'une manière systématique, comme conséquence de la
localisation constante des gîtes métallifères dans le voisinage
immédiat ou dans la masse même des sédiments triasiques. Elle
m'a conduit à rechercher si, conformément à l’opinion exprimée
par M. Pierre Termier ', la Tunisie doit vraiment être considérée
comme un pays de nappes charriées.
La conclusion de mes recherches est qu'en l’état actuel des con-
naissances, la tectonique tunisienne ne révèle aucune anomalie
d'où l’on puisse tirer un argument décisif et irréfutable en faveur
de l'existence d’un charriage, et que la conception d’un pays de
nappes, tout en demeurant permise, se heurte à des difficultés
d'application non résolues jusqu'à ce jour.
Le seul fait précis qui ait été produit à l'appui de cette concep-
tion est la présence, dûment constatée par M. Termier? dans le
djebel Ouenza (Algérie), d’un anneau de terrains triasiques entou-
1. L pe LaAuNay. Les richesses minérales de l'Afrique, p. 341.
2. P. TErmMiER. Sur les phénomènes de recouvrement du djebel Ouenza
(Constantine) et sur l’existence de nappes charriées en Tunisie, CR. Ac. Se.,
9 juillet 1906.
1908 CONTACTS ANORMAUX DU DJEBEL OUENZA 47
rant et semblant recouvrir une voûte anticlinale de calcaires
aptiens.
Les deux schémas des figures 1 et 2 montrent que pour inter-
préter ce fait, il n'y a aucune nécessité de recourir à l'hypothèse
d'un charriage. On peut tout aussi bien l’expliquer comme le
résultat d’une compression périphérique ayant amené le déver-
sement sur la voûte des plis externes du massif, l'écrasement dans
ces mêmes plis du Cénomanien entre Aptien et Trias, et l’étire-
ment du Trias en profondeur.
Fig. 1. — SCHÉMA DI-
RECTEUR DU PLISSE-
MENT DE L'OUENZA
PAR COMPRESSION PÉ-
RIPHÉRIQUE.
di — k! Sauaa S'É
Fig. 2. — RÉALISATION
OA DU PLISSEMENT. K
CLIC Dr Er : ù À N
ES À A, dôme de calcaires XX
4 AE . . PR
Re aptiens ; AÀ,, Aptien NE > À
étiré en profondeur ; NE ÿ
c, marnes cénoma- Se
niennes ; tr, marnes, gypses et cargneules triasiques; {r,, Trias refoulé du
N.E. vers le S.O., dans la cuvette synclinale du dôme.
D'autre part, les observations réunies jusqu’à ce jour tendent à
faire considérer l'appareil tectonique du djebel Ouenza comme
une manifestation isolée et sans équivalent connu en Tunisie.
D'une manière générale, les exemples d’accolement direct du
Trias aux dômes ou voûtes crétacés ou tertiaires semblent fort
rares dans ce dernier pays. Je ne connais pour ma part que deux
cas de ce genre, observés tous deux dans la région de Kairouan et
se rapportant respectivement aux calcaires aptiens du djebel
_Trozza et aux grès miocènes du djebel el Abeïid. L'un et l’autre se
maniféstent exclusivement aux pointes terminales des massifs,
dans la zone d’ennoyage des axes anticlinaux, sans déborder sur
les flancs mêmes des voûtes. Ils correspondent assurément à des
relations de position anormales, puisqu'ils comportent à la fois un
48 G. GOURGUECHON 17 Fév.
redressement énergique des assises circumvoisines et des con-
centrations de gîtes métallifères ; mais aucune particularité tecto-
nique n'indique qu'il s’agit de lames de Trias accolées extérieure-
ment aux voûtes, plutôt que de simples réapparitions du substratum
triasique en place, à la faveur de rides, d'étirements ou de déchi-
rures déterminées dans le manteau tertiaire ou crétacé par des
phénomènes de compression orientés parallèlement aux axes des
plissements. j
L'appareil tectonique du djebel Ouenza se présente donc, en
définitive, comme un appareil purement local, particulier à ce
massif, et susceptible d'être réalisé par de simples compressions
périphériques, indépendantes de la conception du charriage. Cette
constatation suflit à rendre inopérante la démonstration, fournie
par ce même appareil, de l'existence d’un pays de nappes en
Tunisie.
A défaut de la preuve directe et capitale du charriage, qui sem-
blait devoir résulter des contacts anormaux découverts au djebel
Ouenza, les autres faits cités en faveur de cette même thèse ! n’ont
rien de décisif.
Si le Trias est le plus souvent en relation directe avec le Séno-
nien ou avec l'Éocène, il n’en faut pas nécessairement conclure avec
M. Termier que le Trias n’est le substratum que du Crétacé supé-
rieur et de l'Éocène, et qu’il surmonte à la façon d'un dépôt trans-
gressif l'Éocrétacé et le Cénomanien. Tout au contraire, le Trias
est surmonté par le Cénomanien marneux à Ostrea Syphax dans
le djebel Zbissa (à 15 kilomètres au Sud de l'exploitation algé-
rienne des phosphates du Kouif); par le Cénomanium marno-
calcaire à Acanthoceras Mantelli dans le djebel Belouache
(gisements d’hématite de Nebeur, à 12 kilomètres au Nord du Kef);
par le Vraconnien à Baculiles baculoides dans la région nord
“et nord-ouest du Kef (Sif el Anz et Koudiat er Resfa sur les
rives de l’oued Mellègue); par les marnes albiennes à Mortoni-
ceras inflatum dans le djebel Hadida (au voisinage de Nebeur) et
dans le pays de plaine compris entre le djebel Slata et l'oued
Sarrath (à 30 kilomètres environ à l'Est du djebel Ouenza); par
l'Aptien dans le djebel bou Jaber et le djebel Chambi (Tunisie
centrale); par un terme encore indéterminé de la série infracrétacée
dans le djebel Hadifa (gisement de sel gemme de la chaîne nord
des chotts); et, d’une manière moins nette, par le Barrèmien ou
tout au moins par l’Aptien dans le djebel bou Kornine, près de
1. P. TERMIER, loc. cit.
1900 CONTACTS ANORMAUX DU DJEBEL OUENZA 49
Tunis. Il apparait enfin en dessous des formations jurassiques du
Dijebilet et Kohol (au Sud-Ouest du djebel Zaghouan) et de la
région de Foum-Tatahouine (Extrème-Sud tunisien).
D'autre part, les étirements et les lacunes que l’on observe
d'ordinaire dans le voisinage des affleurements de Trias peuvent
s'expliquer sans faire appel aux nappes de charriage, comme de
simples conséquences de la formation et du déversement des plis.
Ils peuvent dépendre aussi de causes plus générales, telles que la
variabilité première de la sédimentation, qui a dû être particulière-
ment marquée dans un pays où l’on constate successivement la
trace d'immenses bassins d’évaporation (gypses et sels gemmes du
Trias), de colonies de Rudistes (calcaires aptiens à /loriopleura
Lamberti et Polyconites Verneuili), de vases éminemment litto-
rales (marnes à Ostracées du Cénomanien, calcaires marneux et
marnes à riche faune d’Ammonites du Turonien et du Sénonien),
d'innombrables lagunes où se sont déposés les phosphates daniens
et éocènes, enfin de puissantes séries de grès tertiaires précédant
l’émersion définitive du sol tunisien.
L'apparition du Trias en dehors des lignes directrices des sou-
lèvements ne constitue pas davantage un fait inconciliable avec la
notion des terrains en place. La tectonique tunisienne n'est pas
exclusivement régie par la loi des plissements parallèles ; elle est
également sous la dépendance de plissements transverses, dont les
surrections ne coïncident pas nécessairement avec celles des rides
longitudinales. En outre, ces dernières rides ne sont pas toujours
simples ni rectilignes ; leurs ramifications ou sinuosités sont même
assez marquantes pour pouvoir être attribuées à des phénomènes
de compression normaux ou parallèles aux lignes directrices, et
peut-être même à des butoirs locaux aujourd’hui enfouis en pro-
fondeur. On conçoit que toutes ces perturbations, quelle que soit
d'ailleurs l'interprétation qu'on leur donne, puissent et doivent
déterminer des surrections distinctes de celles que donneraient
de simples plissements parallèles.
La conception d’un pays de nappes soulève de son côté diverses
objections.
Elle comporte tout d'abord un vaste recouvrement des terrains
autochtones par une série sédimentaire charriée, percée de place
en place, suivant la thèse de M. Termier, par un substratum éocré-
tacé et cénomanien. Les nappes n'ayant pas de racines visibles en
Tunisie, les fossiles recueillis, à l'exception des fossiles éocré-
tacés et cénomaniens, comprennent nécessairement des formes
originaires des contrées voisines. Or, d'après les derniers tra-
4 Avril 1908. — T. VIII. Bull. Soc. Géol. Fr. — 4.
50 G. GOURGUECHON 17 Fév.
vaux de M. Pervinquière', le sous-sol tunisien semble particu-
lièrement fécond en formes d'Ammonites entièrement nouvelles,
qui n'ont été signalées ni en Algérie, ni en Provence, ni en
Sicile, et qui sont néanmoins mêlées avec d'autres formes
méditerranéennes connues dans ces divers pays. Ces formes
nouvelles, apparaissant successivement à tous les étages géolo-
giques depuis le Dordonien jusqu'à la base du Tithonique. et ayant
été recueillies en de nombreux points de la Tunisie centrale ou
septentrionale, semblent se répartir indistinctement entre les
terrains présumés en place et les terrains présumés charriés. On
peut done se demander si l'on n'a pas aflaire à une petite faune
autochtone, dont l'existence même serait incompatible avec le
principe du charriage.
Si l’on écarte à priori cette conclusion, on est obligé d'admettre :
Soit que les formes spéciales dont ils’agit ont existé ailleurs qu'en
Tunisie, par exemple dans les profondeurs de la Méditerranée
actuelle ou sur les territoires désertiques sahariens ; et l'on se
demande alors pourquoi aucun représentant de ces mêmes formes
n’a été signalé en Algérie, où le charriage a cependant dû se
poursuivre :
Soit que leur aire géographique ait été tellement réduite, que le
charriage l'ait transportée tout entière en Tunisie. On ne conçoit
guère dans ce cas qu'une faune spéciale amenée par charriage soit
précisément venue se superposer à une autre faune spéciale, que
des raisons d'ordre tectonique portent à considérer comme
autochtone.
On peut admettre enfin que la série sédimentaire tunisienne
comprend en réalité une série en place, caractérisée par une faune
particulière, et une série de transport ne se différenciant de la
précédente que par l'absence de cette même faune, les caractères
lithologiques restant les mêmes de part et d'autre. Cette solution
complexe n'est ni plus claire ni plus définitive que les précédentes.
Elle se borne, elle aussi, à déplacer la question.
A ces objections d'ordre paléontologique viennent s’en ajouter
d’autres, empruntées au domaine de la tectonique pure.
Les dômes de calcaires aptiens qui sont censés représenter le
substratum de la série en place sont recouverts en concordance
parfaite, non seulement par les dépôts albiens et cénomaniens,
mais encore par les formations sénoniennes et turoniennes. L’uni-
formité stratigraphique de cette succession est telle, ses caractères
1. L. PenvinquièRe. Études de paléontologie tunisienne. I. Céphalopodes
des terrains secondaires. Paris, de Rudeval, 1907; p. 53 et suivantes.
1908 CONTACTS ANORMAUX DU DJEBEL OUENZA 51
lithologiques varient si peu de terme à terme, que l’idée d’une
superposition pure et simple, d'un centre de sédimentation
commune étendant son action sur de larges aires, s'impose néces-
sairement à l'esprit. Les terrains en place ne semblent donc pas
pouvoir être limités strictement aux dômes ; ils doivent comprendre
aussi une partie importante de leur recouvrement.
Dès lors, si l’on veut appliquer la théorie des nappes, il faut
admettre que ces assises calmes et régulières viennent se buter
quelque part aux formations de même âge et de même nature qui
font partie des terrains charriés ; qu’elles s’écrasent à leur contact
ou qu'elles s’étirent en passant au-dessous d'elles. On doit donc
remarquer, tantôt des modifications brusques de l'allure de cer-
taines couches, dues à des plissements incohérents accompagnés
ou non de zones de brouillage, tantôt des superpositions anormales
ou bien des redoublements des divers termes crétacés. Ces obser-
vations doivent pouvoir se faire dans le voisinage des dômes,
puisque les affleurements triasiques qui forment les témoins des
nappes viennent s'accoler parfois aux calcaires aptiens qui signa-
lent la série en place; et elles ne doivent pas se localiser au
contact du Trias, puisque celui-ci supporte de larges étalements
de marnes et de calcaires sénoniens charriés.
Or on n'a constaté jusqu'à ce jour aucun redoublement si ce
n'est par failles simples, aucune superposition anormale en dehors
du djebel Ouenza. Quant aux modifications brusques des assises
crétacées, elles n'ont jamais été observées en dehors du contact
immédiat des terrains triasiques ; et elles ont revêtu indistinc-
tement la forme de simples soulèvements épisodiques, raccordés
d'une manière normale et régulière aux assises circumvoisines.
Ainsi nulle manifestation topique ne vient fortifier l'hypothèse
du charriage. On peut même dire qu'aueun indice n’autorise à sup-
poser l'existence d'un hiatus quelconque, d'ordre stratigraphique
ou tectonique, entre les termes crétacés présumés en place et les
termes de même rang supposés charriés.
La théorie des nappes ne peut échapper à cette conclusion qu’à
la condition d'admettre que tous les terrains recouvrant les cal-
caires aptiens sont indistinctement des terrains charriés. On peut
dans ce cas être étonné du phénomène qui a juxtaposé partout, à
l'Aptien autochtone, des terrains venus d'ailleurs qui se sont
moulés sur lui en donnantune si parfaite image de la sédimentation
sur place. Indépendamment de la perfection même du modelé
tectonique, le charriage offrirait ainsi un exemple unique de
concordance stratigraphique parfaite, sans hiatus ni étirements,
52 G. GOURGUECHON 17 Fév.
réalisée en tous les points du substratum entre les mêmes termes
albiens et cénomaniens de la nappe charriée et le même terme
aptien de la formation en place. Cette concordance échappe à
l'analyse au même titre que la superposition déjà signalée de deux
faunes spéciales, l’une autochtone et l’autre charriée.
Ces diverses remarques ne signifient pas qu'il faille renoncer
définitivement à la conception d’une ou plusieurs nappes charriées
en Tunisie. Elles constituent seulement une vue différente, qui ne
diminue en rien la valeur interprétative des contacts anormaux
observés au djebel Ouenza. En l'état actuel des connaissances,
l'existence d'un vaste recouvrement des terrains autochtones n'est
rien moins que démontrée. Il est possible que l’on ait seulement
affaire à des chevauchements locaux, déterminés par des compres-
sions le plus souvent parallèles aux lignes directrices des plis-
sements.
M. Pervinquière s'associe aux conclusions de M. Gourguechon d’au-
tant plus volontiers que les faits allégués découlent immédiatement de
la description et de la carte géologique de la Tunisie centrale, qu'il a
publiées en 1903, une réserve devant toutefois être faite pour le dj.
Ouenza qu'il ne connaît pas et sur lequel il ne peut se prononcer. Ses
études, poursuivies pas à pas, ont mis en évidence un certain nombre de
faits qui l’empêchent d'adopter la théorie générale de M. Termier : la
Tunisie pays de nappes. Ces faits sont : la position du Trias en dessous
de tous les terrains, position facile à constater chaque fois qu'on voit le
contact, le Trias ne paraissant être au-dessous du Crétacé que dans
- les endroits où on voit mal; — la continuité de la série crétacée, facile
à suivre, sans interruplion, dans la région même de l’Ouenza et bien
établie par de nombreux fossiles ; — la variation progressive des faciès
du Sud au Nord et l’absence de toute variation brusque ; — l’absence
de redoublement d’un terme de la série se présentant sous deux faciès
différents (non seulement en superposition, mais même en apposition) ;
— Ja localisation des accidents aux abords immédiats du Trias, les
termes en contact avec celui-ci étant non seulement le Sénonien, mais
aussi l’'Apüen, l’Albien, le Cénomanien, le Turonien ; — enfin, le fait
que tous les contacts sont verticaux ou voisins de la verticale, le Trias
pouvant se déverser très localement sur d'autres terrains.
Tous ces faits subsistent tels que l’auteur les a établis en 1903, et ils
lui paraissent encore inconciliables avec la théorie de M. Termier.
M. Blayac rappelle qu'il a publié récemment (B. S. G. F., (4), VIL
1907, p. 273-283) une note sur un important affleurement de Trias, celui
de Clairefontaine, situé dans le voisinage sud-ouest du djebel Ouenza
qui fait en partie l’objet du travail de M. Gourguechon.
Dans la note de M. Blayac dont les conclusions sont à peu près les
mêmes que celles de ce travail, il est démontré que contrairement à ce
1908 CONTACTS ANORMAUX DU DJEBEL OUENZA 53
que l’on voit à l’Ouenza, le Trias affleure sous forme d’un énorme
bombement anticlinal sur lequel repose l’Aptien, le Gault, le Cénoma-
nien, le Sénonien. Par suite des étirements qui se sont produits par la
surrection de ce dôme et favorisés par l'extrême plasticité des dépôts
triasiques, il est naturel que ces divers terrains reposent indifféremment
sur ce Trias. Point n’est besoin d'imaginer le secours de nappes
de charriages venues de régions qui ne peuvent être précisées. Des faits
identiques s’observent communément dans toute l'Algérie. M. Blayac
rappelle qu'il en a signalé de nombreux exemples dans la province de
Constantine.
Le djebel Ouenza apparaît donc comme une exception, car en
Tunisie, il a été aussi observé de nombreux pointements de Trias
toujours affleurant en boutonnières anticlinales. D’ailleurs, une étude
détaillée de l’'Ouenza s'impose et, il reste, avant de conclure à d’immenses
charriages, à rechercher entre autres choses importantes, si dans les
abords immédiats de ce massif le Trias n'apparaît pas enraciné et si
dans le cœur même de ce dernier que traverse d’ailleurs une grande
faille ne réside pas une explication tectonique des faits anormaux
constatés par M. Termier et après lui par MM. Blayac et Joleaud, puis
par M. Gourguechon.
M. J. Blayac : appelle l’aitention de la Société sur les notes publiées
par M. Savornin depuis 1904 sur des régions méridionales du Tell
algérien situées au N. et au N.0O. du bassin du Hodna (province de
Constantine). Ces notes * sont du plus haut intérêt particulièrement au
point de vue tectonique. La chaîne des Maädid, la dépression de
l’Ouennougha-Medjana, le Titteri..., etc., offrent des plissements d’une
grande intensité. M. Savornin a constaté partout divers exemples de
chevauchement, mais pas un seul de charriage. Tous les plis si aigus
de l’Ouennougha et du Titteri lui sont apparus nettement enracinés.
Ces faits bien établis, et que M. Blayac n'avait pas cités dans sa
note sur le Trias de Clairefontaine (B. S. G. F., (4), 1907) viennent
s’ajouter à ceux du même ordre que M. Ficheur a remarquablement
décrits dans l’Atlas de Blidah en Kabylie, dans les monts de Constan-
tine, etc. Il ne semble pas, jusqu’à maintenant, que de véritables char-
rlages se soient produits dans ces contrées septentrionales algériennes.
1. Observations présentées à la séance du 2 mars 1908.
2. Structure du Dj. Maàdid et du Talemtaga [B.S. G. F., (4), IV, p. 139-155,
1 carte, 1 pl.}. — Esquisse orogénique des chaînes de l'Atlas au N.O. du
chott el Hodna (CR. Ac. Sc., 16 janvier 1905). — La dépression de l'Ouen-
nougha-Medjana (AFAS, Lyon, 1906, p. 284-290, une coupe), etc.
Séance du 2? Mars 1908
PRÉSIDENCE DE M. HENRI DOUVILLÉ
Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté.
Deux nouvelles présentations sont annoncées.
Le Président soumet à l'approbation de la Société un projet
de Réunion extraordinaire en 1908 dans la Loire-Inférieure
dirigée par nos confrères MM. Louis et Édouard Bureau, Davy
et Dumas.
M. J. Bergeron présente deux brochures au nom de M. Henry
Joly, préparateur de géologie à l'Université de Nancy [CRS., p. 41].
1° Note sur l'application du remblayage hydraulique aux
Mines de Fer du Bassin de Briey » (Bull. Soc. Industrielle de
l'Est. Supp' du n° 55.)
20 « Le terrain houiller existe-t-il dans la région sud de
Longwy ? ». 8, Nancy, février 1908.
M. Paul Combes fils offre à la Société [CRS., p. 42] :
19 « Zdiochelys Fitzingeri MH. v. Mex., du Virgulien de Cerin
(Ain) ». Bull. Soc. des Nat. de l’Ain, n° 21, 15 nov. 1907, pp. 6-7,
pl'IT
2 «Sur un néotype de Pinus (Pseudostrobus) Defrancei An.
BroNG. du Lutétien du Trocadéro ». C R. Ac. Sc.,t. CXLVI,
27 janv. 1908, pp. 206-207.
M. Louis Gentil dépose sur le bureau un fascicule du Pulletin
du Comité de l'Afrique française (Rens. col., 2 ; fév. 1908, p. 33-
41) renfermant le Rapport sur sa mission au Maroc en 1907.
RECHERCHE DE PARAMÈTRES QUI CARACTÉRISENT
LES TYPES CLASSIQUES DE ROCHES ÉRUPTIVES
PAR J. Golfier
En faisant ce travail, je n’ai pas eu la prétention d'élaborer une
nouvelle classification des roches éruptives. Je n'ai pas cherché,
comme l’on fait MM. Vhitmann Cross et ses collègues et après eux
M. Michel Lévy, à déterminer d'abord, entre les éléments chi-
miques, les rapports les plus importants et les plus caractéristiques,
puis à classer les roches éruptives au moyen de ces rapports ou
paramètres magmatiques, en faisant table rase des anciennes
classifications.
J'ai envisagé la question à un point de vue tout opposé. J’ai pris
comme point de départ la classification généralement adoptée,
elle est en effet le résultat des travaux accumulés des géologues
et des pétrographes les plus éminents, et je me suis demandé s’il
existait des paramètres magmatiques qui puissent en caractériser
les principales divisions.
J'ai cherché des paramètres exclusivement chimiques, pouvant
être réduits de la seule analyse chimique globale, à l'exclusion des
rapports minéralogiques comme le rapport _. des auteurs amé-
ricains, ou à la fois minéralogiques et chimiques comme le rapport
ne de M. Michel Lévy : c’est que la nature des minéraux cons-
titutifs d’une roche ne dépend pas seulement de la composition
chimique du magma dont elle dérive mais encore des conditions
dans lesquelles s’est effectuée la consolidation de ce magma.
Pour une telle recherche, il était nécessaire de posséder un grand
nombre d'analyses des roches éruptives les plus variées. J'ai
trouvé ces analyses dans le livre de M. H. Rosenbusch : «Elemente
der Gesteinslehre » (2° éd., 1901). Il y en a près de 800.
Les chiffres de l'analyse globale ne peuvent être employés tels
quels. Les minéraux des roches éruptives sont des sels métalliques,
presque tous des silicates et des silicates complexes. La consti-
tution chimique de ces silicates complexes restant constante, si les
proportions relatives des bases varient, la composition centésimale
varie aussi. Ce qui ne varie pas, c’est le rapport du nombre des
molécules d'acide au nombre total des molécules des bases, c’est
le rapport du nombre des atomes de silicium au nombre des
atomes métalliques. |
56 J. GOLFIER > Mars
Par conséquent, ce qui est comparable, c’est, non les proportions
pour cent des diverses substances composantes que donne l'analyse
globale, mais le nombre des molécules que l’on en tire en divisant
la proportion pour cent de chaque substance par le poids molécu-
laire de cette substance, ou mieux le nombre des atomes des
corps simples que l’on déduit facilement du nombre des molécules.
Voici un exemple des calculs à etfectuer :
Analyse globale. Diviseurs. Nombre des molécules. Nombre des atomes.
CHOPEAS 59.86 60 99.77 S1,-- 100.77
AUTO EEE 0.79 82 0,92 Die -#10:02
A2 O2 FRr0!6S 102 16.35 Al 0907
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MOOD RSS OT 40 8.77 Mons
CaO 3.96 56 7.07 Carr 5:07
Na OS 8 62 9.77 Na 11.54
KO 4.30 94 4.37 Ke 9.14
COMPARAISON DES ANALYSES. RÔLE DES DIVERS MÉTAUX. — Jai
fait ce calcul du nombre des atomes pour chacune des roches
éruptives dont M. Rosenbusch donne l'analyse, puis j'ai comparé
les résultats obtenus. Il y a des magmas, peu nombreux et les
moins riches en silicium, qui ne contiennent comme métaux que
du fer et du magnésium ou à peu près; il en est d’autres, plus fré-
quents et plus riches en silicium, qui ne renferment guère avec de
l'aluminium, que des métaux alcalins : potassium et sodium: dans
le plus grand nombre des magmas on trouve en portions variables
les 6 métaux : Al, K, Na, Ca, Mg, Na. et quelquefois mais en
quantité toujours très faible : Li, Ba, Sr, Mn, Cr...
La première question qui se pose est donc la suivante : comment
exprimer par un nombre la prédominance de tels ou tels métaux
dans un magma ?
L'un de ces métaux, l'aluminium, joue un rôle tout particulier.
L'alumine, disent les chimistes, est un oxyde indifférent, c’est-à-
dire qu'elle se comporte indifféremment soit comme un acide soit
comme une base. Sa fonction essentielle dans les roches éruptives
est d'intervenir entre la silice et les oxydes métalliques pour
former des composés, les feldspaths, qu'on a désignés sous le nom
de silico-aluminates, considérant ainsi l'alumine plutôt comme un
acide que comme une base.
Les métaux alcalins se trouvent presque entièrement dans les
feldspaths. On les rencontre aussi dans les micas, et plus rare-
ment, lorsqu'ils sont très abondants, dans les amphiboles et les
pyrroxènes qui-prennent alors des caractères spéciaux,
|
|
Dm
1908 RECHERCHE DE PARAMÈTRES 57
Le fer et le magnésium n'existent que dans les éléments
colorés.
Le calcium s'associe d’un côté au sodium dans les feldspaths
plagioclases, de l’autre au magnésium et au fer dans les pyroxènes
et les amphiboles.
L’atome de potassium ou de sodium se trouve dans les felds-
paths en présence de 3 atomes et dans les feldspathoïdes en pré-
sence de 2 (leucite) ou de r atome (néphéline) de silicium. L’atome
de calcium est en présence de 2 atomes (anorthite) ou de r atome
(pyroxènes, amphiboles) de silicium. Il y ar atome de fer ou de
magnésium contre 1 atome de silicium dans les pyroxènes et les
amphiboles, il y a 2 atomes de ces métaux contre 1 de silicium
dans le péridot. Bien que monovalent, l'atome d’un métal alcalin
peut saturer une quantité d'acide silicique une fois et demie plus
grande que l’atome de calcium qui est bivalent, et ce dernier une
quantité deux fois plus grande que l’atome de fer ou de magné-
sium également bivalent.
L’aluminium mis à part, les autres métaux sont divisés par leurs
propriétés et par leurs rôles chimiques dans les roches en 3 groupes :
1° les métaux alcalins ; 2° le calcium (avec Ba, Sr.) ; 5° le fer et le
magnésium (avec Mn s’il y en a):
QUATRE SORTES DE MAGMAS. — Il y a donc lieu de se demander
combien il existe d’atomes de chacun des 3 groupes sur 100 atomes
métalliques. La proportion des atomes de calcium ne permet guère
de conclusion précise, ce métal se joignant dans certains minéraux
aux métaux alcalins, et dans d’autres au fer et au magnésium.
Mais la proportion des atomes alcalins est très importante à consi-
dérer. La nature du feldspath: alcalin, sodico-calcique, calcique,
la présence des feldspathoïdes, qui sont surtout alcalins, servent à
différencier les familles ; les pyroxènes et les amphiboles qui con-
tiennent des alcalis (ægirine, riebeckite,..….) caractérisent certains
groupes de roches. La prédominance du fer et du magnésium est
importante aussi: elle se traduit par l'abondance de l'olivine,
minéral caractéristique des péridotites.
J'aidonccalculé pour touteslesrocheslerapport 4 —— 100
et pour les roches qui contiennent de l'olivine, le rapport
m
a
k, n, c, m, f, représentent les nombres des atomes de potassium
sodium, calcium, magnésium, fer. Le nombre des atomes de Li,
lorsqu'il y en a, s'ajoute à £ + n et celui des atomes de Mn
s'ajoute à mn + f.
MF—
58 J. GOLFIER 2 Mars
En comparant les valeurs de À dans les diverses familles, j'ai
constaté que :
Chez les granites, les syénites à alcalis, les syénites éléolitiques
et les roches filoniennes et volcaniques correspondantes ces valeurs
sont supérieures à 50. Ces magmas, dans lesquels plus de la moitié
des atomes métalliques appartient aux métaux alcalins, peuvent
être qualifiés de magmas alcalins.
Chez les diorites, monzonites, syénites, théralites et les roches
filoniennes et volcaniques correspondantes ces valeurs sont ordi-
nairement comprises entre 25 et 50. J'appellerai ces roches
magmas sous-alcalins.
Chez les gabbros, diabases, basaltes, péridotites les valeurs
de À sont inférieures à 25. Ces roches sont divisées en deux
groupes par MF—55. Avec MF < 55 ona des roches dans lesquels
ne dominent ni les métaux alcalins ni le fer et le magnésium ;
magmas mixtes. Avec MF > 95, on est en présence des pérido-
tites : nagmas ferro-magnésiens.
DisTINCTION DES FAMILLES. — Les magmas alcalins comprennent
trois familles. Les roches de la première : granites, contiennent du
quartz et un feldspath alcalin à 3 atomes de silicium contre 1 de
métal alcalin ; celles de la seconde : syénites à alcalis, un feldspath
alcalin avec un peu ou point de quartz; et celles de la troisième :
syénites éléolitiques, renferment un feldspathoiïde à 2 ou 1 atome
de silicium contre 1 atome de métal alcalin. Ces trois familles se
différencient donc par la proportion relative du nombre des atomes
de silicium au nombre des atomes des métaux alcalins, c’est-à-dire
et qui doit être supérieur à
3 dans les granites, voisin de ce chiffre dans les syénites à alcalis
et inférieur à 3 dans les syénites éléolitiques.
J'ai calculé Sa pour les roches qui se elassent dans les magmas
alcalins et j'ai constaté que la valeur Sa — 4,15 sépare les granites
des syénites à alcalis et que la valeur Sa — 2,9 sépare les syénites
à alcalis des syénites éléolitiques.
Les trois familles : diorites, syénites, théralites, des magmas
sous-alcalins se distinguent de la même manière : les diorites
contiennent plus ou moins de quartz et les théralites un felds-
pathoïde. Le paramètre Sa est applicable et l'observation montre
que la valeur Sa — 5,5 sépare les diorites des syénites et la valeur
Sa — /.15, les syénites des théralites.
Il convient de diviser les magmas mixtes en deux familles : d’un
côté les gabbros et de l’autre un ensemble de roches : shonkinites,
missourite, basaltes à leucite, basaltes à néphéline, basaltes à
S
par la valeur du paramètre 54 =
ps
1908 RECHERCHE DE PARAMÈTRES 59
mélilite.. que M. Albert de Lapparent (Traité de Géologie, p. 658)
réunit aux théralites et que M. de Rosenbusch répartit en plu-
sieurs familles tout en indiquant leur parenté entre elles et avec
les théralites. On ne peut se servir du paramètre Sa puisque les
métaux alcalins ne prédominent pas. Dans un magma mixte
contenant les trois groupes de métaux, sans qu'aucun d’eux exerce
une action prépondérante, c'est le rapport $s— Drm
qui est caractéristique.
La valeur Ss — 7, 1 sépare les deux familles des magmas mixtes.
Les magmas ferro-magnésiens ne forment qu'une seule famille.
Le tableau suivant résume la discussion.
de
&
V
(3)
ot
S1
»>Sa>4,19/4,15>Sa>2,9| 2,9> Sa
A > 50. Syénites Syénites
Magmas alcalins . . . Granites à alcalis | éléolitiques
50> A >95. ANS? Syénites MEN
ï 4 k Diorites J Théralites
Magmas sous-alcalins. normales
MF<55. Ss> 1, 1 Gabbros |Ss< 1, 1 Shonkinites
: Magmas mixtes.
A
8 MF>55.
Péridotites
M.ferro-magnés.
REMARQUES. — 1° Si l’on considère, avant toute cristallisation
un magma comme un silicate complexe, les paramètres À et MF
expriment le genre de ce silicate et les paramètres Sa et Ss son
degré d’acidité.
20 Le paramètre Sa est analogue au paramètre æ de M. Michel
Lévy. La différence consiste en ce que ® se calcule avec une partie
de la silice, celle des éléments blancs, tandis que Sa se calcule avec
la silice totale. La valeur Sa — 2,9 correspond à peu près à D — 1,9
EL OU ENNEMI
3° La famille la plus répandue est celle des granites. La valeur 5,5
du paramètre Sa la diviserait en deux familles d'importance à peu
près égale. On pourrait appeler granites les roches de la moins
acide et granulites celles de la plus acide, mais les divers genres
60 J. GOLFIER 2 Mars
de granites : granites proprement dits, granites à alcalis, grani-
tites.… se trouveraient partagés entre ces deux familles, de sorte
que cette division ne paraît pas très naturelle.
4° Si l'on compare les familles établies par M. A. de Lapparent
(Traité de géologie, 5e édition, page 594 à 66r)avec celles du tableau
ci-dessus, on voit que ce tableau en contient deux de plus : syénites
à alcalis et shonkinites et une de moins : monzono-dacites.
Les syénites de M. de Lapparent sont en majorité des syénites
à alcalis et en partie des syénites normales, ses monzono-dacites
se répartissent entre les syénites normales, les granites et les
diorites. La famille des shonkinites comprend une partie des
théralites de M. A. de Lapparent et les limburgites qu'il range dans
les péridotites. Cinq familles restent à peu près les mêmes dans
les deux cas: granites, syénites éléolitiques, diorites, gabbros,
péridotites.
5° Le tableau ci-dessus diffère de la classification des roches de
profondeur (Tiefengesteine) de M. Rosenbusch qui comprend
également neuf familles par la division des syénites en deux;
syénites à alcalis, syénites normales, et par la distribution en
deux : 1° théralites, 2° shonkinites, des trois familles de M. Rosen-
busch : essexites, théralites et shonkinites, ijolite et missourite.
RÉPARTITION DES ANALYSES DE M. RoSENBUSCH ENTRE LES NEUF
FAMILLES QUI ONT ÉTÉ DÉFINIES. — Granites. — 3/, analyses (dont
26, p. 78-79; 4, p. 85; = (IL), p. 89; 1, p. 92; 2, p- 96.) Sur ce
nombre, il y a 30 granites, 2 syénites normales (n° 17 et 20) et
2 syénites à alcalis (n° 24 et 25) (Hypersthensyenit). Les concrétions
basiques sont le plus souvent des syénites normales ou des
syénites à alcalis, quelquefois des granites, des syénites éléoli-
tiques ou des théralites.
Syéniles. — 7 analyses (p. 108) dont 6 syénites normales et une
diorite (n° 7), (3a représente la partie foncée — diorite, et 3b la
partie claire et granitique — syénite à alcalis, d’un même filon) ;
10 analyses (p. 111), les 9 premières sont celles de 3 échantillons
pour chacune des trois localités : Monzoni, Vogo Peak-Montana,
Bearpan Mountain-Montana, l’un ra, 24, 3a, riche en feldspath,
le second moyen, le 3e rc, 2c, 3c riche en éléments colorés, 3a est
une syénite à alcalis, 3b une théralite, 3c une syénite à la limite
de shonkinites (À — 25, Sa — 4,4, Ss — 1,1), 1C est un gabbro,
les 5 autres des syénites, le n° 4 (Analcimsyenit) est une théralite ;
Akérites. — 6 analyses (p. 113) : 4 granites : a, b, d, e, une syé-
nite à alcalis : c, une syénite éléolitique : f.
Syénites à alcalis. — 15 analyses (p. 114) : 11 syénites à alcalis
1908 RECHERCHE DE PARAMÈTRES GI
et 4 syénites éléolitiques, les n°° 3 (Hedrumit), 6 (Pulaskit) et 13
et 14 (Sodalithsyenit).
Syénites éléolitiques.— 20 analyses (p. 129) et 2 (p. 135) : 22 syé-
nites éléolitiques.
Diorites. — 21 analyses (p. 144-145) dont 15 diorites, 1 granite
(n° 3) (Quartzmicadiorit), 2 syénites (5 et 18), 3 gabbros (15a, 174,
19). Les 10 roches analysées (p. 146) proviennent de la même
localité. Électric Peak (Yellowstone, États-Unis). Dans les dix Sa
dépasse 5,5, mais À descend à 23 dans le n° r ets’élève à 53,5 dans
le n° 10 et à 55.5 dans le n° 8. La moyenne des 10 analyses donne
A = 43, Sa = 6. Dans l’ensemble ces roches sont des diorites.
Gabbros. — 19 analyses (p. 155) : 12 gabbros, 1 diorite (n° r),
2 syénites (12 et 14), 2 shonkinites (4 et 9), 2 péridotites (16 et 13);
page 157, 14 est un gabbro, 24 et 6 sont des syénites, 1b est une
shonkinite, 16 (Augit-magnetit), 5a et 3b (Magnetit-olivinit), et 5
(Imenit-norit) sont des péridotites. Les 9 roches de la page r82
comprennent 2 syénites à alcalis (1 et 9), 4 syénites (3, 4, 5 et 6),
3 gabbros (2, 8 et 9). Sur 6 analyses (p. 167), il y en a 5 de gabbros
et r de shonkinite (n° 5).
Péridotites. — 20 analyses (p. 169) : 19 péridotites, 1 shonkinite
(n° 18).
Essexites.— 12 analyses (p. 179) : 6 théralites, 1 syénites éléoli-
tique (n° 11) (Elæolithsyenit), 2 syénites (9 et 10), 2 gabbros
6 et 7) (Olivingabbrodiabas), 1 shonkinite (n° 8) (Pyroxenit).
Théralites. — 14 analyses (p. 182) : 11 théralites, 1 syénite.
(teschénite n° 9). 1 gabbro (teschénite n° 8), 1 shonkinite.
(roche n° 6.)
Tjolite et missourite. — (p. 185) Les deux ijolites sont des théra-
lites et la missourite est une shonkinite.
Roches de filons. Granitporphyres. Alcaligranitporphyres.
Alcalisyénitporphyres. Elæolithporphyres. — (p. 01 et 205).
Il y a concordance absolue entre les dénominations de M. Rosen-
busch et celles qui résultent de l’application des paramètres À
et Sa.
Syénitporphyres. — { analyses (p. 201) : l’une d’elles (n° r2),
est une diorite. L’Olivingabbrodiabas 9c (p. 201), se range dans
les gabbros.
Dioritporphyrites. — 17 analyses (p. 210) : 12 diorites. 1 granite
(n° 3) 2 syénites (12 et 13) (ortlérites), 2 gabbros (ro et 16).
Aplites. — 17 analyses (p. 214) : les pulaskitaplites (14, 15, 16).
sont naturellement des syénites à alcalis, la néphélinaplite (19)
une syénite éléolitique ; les autres sont des granites.
62 J. GOLFIER 2 Mars
Bostonites. — (p. 218) Le n° 1 est un granite, les n° 2 à 9, des
syénites à alcalis, le n° 10 (Sodalitporphyr), une syénite éléolitique.
Tinguaites. — (p. 222-223) Les n° 1, 2, 3a sont des granites,
les nos 3 à 7 des syénites à alcalis, les autres des syénites éléoli-
tiques.
Malchites. — 7 analyses (p. 228) : 2 diorites (2 et 6), 4 syénites
(1, 3, 4 et 7), un gabbro (n° 5).
Lamprophyres. — Les lamprophyres sont des roches presque
toujours altérées. L’altération, qui se traduit dans les analyses par
l'abondance de l’eau et la présence de CO*, est accompagnée ordi-
nairement d'un appauvrissement en alcalis, ce qui peut modifier
le classement. Les minettes et kersantites de la page 235. 15 ana-
lyses, comprennent : 8 syénites (les moins altérées), 2 diorites
(3 et 10), 4 gabbros (6, 7, 8, et 13) (très riches en CO?) et une shon-
kinite (n° 5). Les { cusélites (p. 238), sont 2 diorites (1 et 2), et
2 syénites (3 et 4). Les 20 analyses des camptonites, monchiquites
et alnoïtes (p. 244-245), représentent : 7 théralites (n° 1, 3, 7, 12,
13, 14 et 20), 2 gabbros (n° 6 et 9), une péridotite (n° 19), et 10
shonkinites. Les 6 farrisites de la page 249 sont des théralites, la
salbande 5b (tinguaïte) de 3a est une syénite à alcalis.
ROCHES VOLCANIQUES. — Liparites. — 12 analyses (p. 255) :
It granites et 1 syénite à alcalis (n° 4), voisine des granites :
OUEN A CRE
Quartzporphy res. — 16 analyses (p. 256) : 16 granites.
Vitrophyres, perlites, etc. — 18 analyses (p. 266-263) : 18 gra-
nites.
Comendites, pantellérites. — 11 analyses (p. 268) : 5 granites
(n° 1, 6, 7, 8, 9) et 6 syénites à alcalis : les 4 pantellérites et
2 liparites.
Ouart:kératophyres. — 14 analyses (p. 251) : 14 granites.
* x + } Ï J le)
Trachytes et orthophyres. — 21 analyses (p. 280-981) : 9 gra-
nites, 9 syénites à alcalis (2, 4, 6. 7. 9, 11, 13, 14, 16), une syénite
éléolitique (5), une diorite (15), une syénite (12). (p. 283) 4 ana-
lyses 1 syénite à alcalis, le n° 4. et 3 syénites.
Trachytes alcalins, kératophyres. — 16 analyses (p. 286) : r2
syénites à alcalis. 2 granites (g et 10), 2 syénites éléolitiques
(3 et 4) (Sodalithtrachyt).
Phonolites. — 19 analyses (p. 292) : 15 syénites éléolitiques,
3 syénites à alcalis (1, 5 et 11) et 1 théralite (n° 13).
Dacites. — 18 analyses (p. 299) : 12 granites, 1 syénite à alcalis
(n° 1) et 5 diorites (n° 8, 9, 10, 11 et 15).
Andésiles et porphyrites. — 21 analyses (p. 266-267) : 2 granites
1908 RECHERCHE DE PARAMÈTRES 63
(n°s 1 et 3), 2 syénites à alcalis (2 et 5), 10 diorites, 6 syénites
(4.9.8, 16, 17, 19) et un gabbro (21). 29 analyses (p. 310-311) : 6 gra-
nites (1, 2, 3, 4, 5 et 18), 1 syénite à alcalis (179). 1 syénite éléoli-
tique (5), 17 diorites, 3 syénites (21, 28, 29) et 1 gabbro (n° 11).
7 analyses (p. 314) : 2 diorites (x et 2), 3 gabbros (3, 4, 5), 1 théra-
lite (6), r syénite à alcalis (9). Page 316 l’Anorthit-lava-block est
un gabbro.
Basaltes. — 22 analyses (p. 222-225) : 14 gabbros, 3 syénites (3,
10, 13) et 5 shonkinites (14, 15, 16, 17, 18).
Navites, tholéites, mélaphyres.— 15 analyses (p. 325) : 10 gab-
bros, 3 syénites (6, 12, 14), 1 shonkinite (15), 1 péridotite (13).
Diabases. — 19 analyses (p. 336) : 18 gabbros, 1 syénite (n° 3).
3 analyses (p. 338) : (1, 2, 3a) : 3 gabbros. 4 analyses (p. 345)
(x, 7, 8, 9) : 4 gabbros.
Variolites.— 2 analyses (p. 349) : 1 est un gabbro, 3a est une thé-
ralite.
Picrites. — 7 analyses (p. 352) : 6 péridotites, 1 shonkinite
(n° 6).
Trachy-dolérites. — Groupe complexe. 18 analyses (p. 355):
4 syénites à alcalis (3, 4, 15, 18), 2 syénites éléolitiques (5 et 6)
(Hanyntephrit). 3 syénites (2. 11, 13, 9), 7 théralites, un gabbro
(17), 1 shonkinite (16). (p. 356) 3 Ilatites. 1 syénite, le n° r et
2 granites.
Téphrites et basanites. — 16 analyses (p. 361) : 8 théralites,
1 syénite éléolitique (14), 1 diorite (9), 5 syénites (1, 2. 7, 8, 12),
1 shonkinite (13).
Leucitiles et leucitbasaltes. — 12 analyses (p. 364) : 2 syénites
éléolitiques (1 et 4), 3 syénites (5. 6. 11), 3 théralites (2, 3, 12),
4 shonkinites. 4 analyses (p. 366) : 3 théralites et 1 shonkinite
(n° 4).
Néphéliniltes et nephélinbasaltes. — 19 analyses (p. 372) :
1 syénite éléolitique (5), 8 théralites (1, 2, 6, 7, 8, 9, 10, 12) et
10 shonkinites.
Mélilitbasaltes. — 6 analyses (p. 335) : 6 shonkinites.
Limburgites el augilites. — 14 analyses (p. 398) : 4 théralites
(5, 12, 15, 14), et 10 shonkinites.
Pour ces quatre derniers groupes, les leucitites, néphélinites et
augitites se rangent d'ordinaire dans les théralites, les leucitba-
saltes, néphélinbasaltes. mélilithasaltes et limburgites dans les
shonkinites.
64 3. GOLFIER 2 Mars
Le tableau ci-dessous récapitule la distribution des roches dont
M. Rosenbusch donne l'analyse.
MAGMAS ALGALINS M. sous-ALCALINS M. mixres M.F.M.
Sy. a.|Sy. él. | Dior. |Sy. n.| Thér. | Gab. |Shonk.| Perid.
| —
Roches de profondeur...
Roches de filons.... ....
Roches volcaniques... ..
Toraux....
AUTRES EXEMPLES. — J'ai calculé également les valeurs des
paramètres À et Sa pour des roches dont les analyses ont été
publiées :
19 Par M. J. Deprat (B. S. G. F., (4), V1 1906, p. 432 et sui-
vantes). Granulites dioritiques de Corse. Ce sont des roches
identiques comme composition chimique à la tonalite de l'Ada-
mello : Rosenbusch (Elemente..…... p. 144. analyse 2). Ce sont des
diorites.
Granulites dioritiques Calcatoggio A%= 36 Sa — 8.97
de Corse | San Eliseo A —,37,1 Sa — 8,60
Tonalite. Avio-See-Adamella A — 36,9 Sa — 8,87
20, Par M: P' Termier:(B. SG. (0), NA 007 prr00et
suivantes). Granite de la Haya.
Fe Granite normal Tr sr Are A — 68 DA 07
IT. Aplite (calcite adventive déduite). ÀA — 67 Sat io
IT Granite normal "mener A —= 83 Sa —="653
La concordance observée est pour ainsi dire complète en ce qui
concerne les familles les mieux définies : granites, syénites éléo-
litiques, péridotites. Elle est imparfaite en ce qui concerne les
types intermédiaires. Les paramètres fixent en effet des limites
précises aux familles, tandis que les limites déterminées par les
caractères minéralogiques sont toujours un peu vagues et suscep-
tibles d'interprétations un peu différentes suivant les auteurs.
TABLE DES MATIÈRES (TOME VIIL FasciauLe 1-2)
; Pages
Liste des anciens Présidents de la Société geologique de France. ; 26
Liste des lauréats du Prix Viquesnel . . . LR PAVEN M OR RATER VI
Eiste des lauréats du Prix Fontannes./. 0 4 0 0e, no VI
Manréats du iErIX ME TES IC NE Ne EURE A NEC REP NES DU ÈR RES VI
Bureau et Conseil de la Société pour 1998 . . 2 . . . + . . . vil
Composition des Commissions pour 1808. . . ‘ . . . . . . . Vil
MeniDreS A DErDELULEE IS RME SEEN TI re Re ER qe que IX
Membre donateur. . ... A US PA D RSA EC 1 UD AN A AE IX
Liste générale alphabétique des Membres de la Société . . . . . x
Liste des Membres de la Société distribués géographiquement . XXXVIII
Membres de la Société décédés en 1907 Et NES NN PRE Eee LIT
Prrethondalions dé MASoOCiété Me NE AO ER EE EE EN EXDIIT
Séance du 6 Janvier 1908 :
Proclamation de nouveaux membres : MM. le Dr PoiraA. E. Coquiné . I
Élections des membres du Bureau et du Conseil pour 1908. . . . . I
Séance du 20 Janvier 1908 :
PACS = PANOCUTIONEME PP ERRE PS RÉ A en AIRE 2
Henri Douviccé. — Allocution cet ientie lle Mr LS AE Sen Le 3
Proclamation de nouveaux membres : MM. G. LECOINTRE, LANQUINE, ‘
Ed. GARDÉ . . EU RL LD RES AS LAC ANR ER EE VS 5
Ph. Tomas. Dom Aurélien Varerre, Louis GEnru, O: Courron, Fr.
ARNAUD, Gal Jourpy. — Présentations d'ouvrages. . . . . . . 5-6
J. CorrreAU. — Sur un Échinide découvert dans les calcaires ruinifor-
mes de Montpellier-le-Vieux (Aveyron) . …: . . . . HN 6
G. B. M. FLAMAND. — Rép. aux observations de M. E.F. Gautier RS 6
L. Gentil et A. Boistel. — Sur des gisements pliocènes de la côte
occidentale du Maroc . . . DRE Re APE VS ER ae A OA T
L: Gentil. — Principaux résultats done mission au Maroc (1907). . 8
Robert Douvillé. — Position stratigraphique des gisements à Lépi-
docyclines dans le Miocène de Provence. . . . . . . ... . 40
E. Caziot. — Nouveau gisement pleistoc ne lacustre sur la rive droite
duVar//pres/de Sontembouchure: (0) AO 0 ne 42
H. Douvillé. — A propos de Kerunia (pl. 1) . . . . . . . . 44
H. Douvillé. — Oligocène des environs de Tolède. .'. . . . . 17
Ch. Depéret. — Sur les bassins tertiaires de la Meseta espagnole. . 18.
Général Jourdy. — Note sur les études Jon des officiers
dans le Sud-Dranais. . . ARS NAME D CARE ACER NENES 20
H. DouvizLé, G. B. M. FLAMAND. — Oh ons ÉLIMINE S RME EDS)
W. Kilian.— Sur la présence de Spiticeras dans la zone à Hoplites
Boissieri (Valanginien inf.) du Sud-Est de la France. . . . . 25
A. Toucas. — Sur le Tithonique supérieur et le Berriasien . . . . 29
W. KizrAN, À. Toucas. — Observations AR RAR en NES 27
(Voir la suite page 4).
:
TABLE DES MATIÈRES (TOME VIN, FASCICULE 1-2) [Suite].
Séance du 3 Février 1908 :
Proclamation de nouveaux membres : MM. Maurice Morin, le capt.
Maury, le lieut. Huot, A.-G. D’ALDIN . HA
A. pe LapparenT, Gal Jourpy, Ch. Purcn, J. Boussac, ch. GLANGEAUD.
— Présentations d'ouvrages . MA OMS
J. Deprar. — Observations sur la nôte de M. Rovereto : «L’alta mon-
tagna in Corsica » k j
Louis Gentil. — Constitution géalogique du sjebe Sa | CAnti-Atlas
marocain) k : à s SR ARE ANNE)
Louis Gentil. — L'origine des terres fertiles du Maroc occidental.
P. Vincey, L. GENTIL. — Observations :
Ch. Barrois. — Sur des galets de roches St eus trouvés done le
charbou du Nord de la France TA NME N ape
P. Lemoine et J. Chautard. — Sur le phénomène de latérisation .
Abbé Bourgeat. — Sur trois niveaux à Bryozoaires dans la région
de la Serre (Jura). RTE ne RS ee te LS RSR
L. Joleaud. — L'Aquitanien dans le Vatie le Gard et les Bouches-
dus ROME) ER QEMAEN CES due En Tee AE NE OR
Sèance du 17 Février 1908 :
Proclamation d’un nouveau membre : M. F. FAVRE .
Pierre Termier. — Sur l'existence d'un petit massif granitique dans
le vallon de Vaudaine, au Sud du pic de Belledonne .
L. Gentil et Freydenberg. — Contribution à l'étude des oi
alcalines du Centre africain
G. Gourguechon. — Sur l'interprétation octontdne des contacts
anormaux du djebel Ouenza (Algérie) (1 fig.)
Séance du À Mars 1908 :
H. Jozy, P. Comsess fils, Louis GENTIL. — Présentations d'ouvrages,
J. Golfier. — Recherche de paramètres qui caractérisent les types
classiques de roches éruptives .
PAYEMENT DES. COTISATIONS .
Pages
28
. 28-29
29
29
30
32
33
35
38
41
44 :
46
55
Les Membres de la Société doivent acquitter leur cotisation à partir du
1°‘ Janvier s'ils veulent recevoir régulièrement les publications de la Société.
Les membres de la Société sont donc priés d'envoyer le plus tôt possible
leur cotisation pour 1908. Incessamment les cotisations en retard seront
recouvrées à domicile et la quittance sera majorée des frais d’encaissement.
——_————————
Lille. Imprimerie Le Bicor frères. — Le Gérant : L. MÉMIN
cu
AN
4: Série, t. VIII, — 1908, — N° 3-1
BULLETIN
DE LA
SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE
DE FRANCE
(CETTE SOCIÉTÉ, FONDÉE LE 17 Mars 1830, À ÉTÉ AUTORISÉE ET RECONNUE COMME
ÉTABLISSEMENT D'UTILITÉ PUBLIQUE, PAR ORDONNANCE DU ROI DU 3 AVRIL 1832)
| te
QUATRIÈME SÉRIE |
TOME HUITIÈME
FASCICULES 3-4 :
Feuilles 5-13. — Planche II.
PARIS
AU SIÈGE DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE
28, rue Serpente, VI
1908
PüBLICATION MENSUELLE. SEPTEMBRE 1908.
ART. 2. — L'objet de la Société est de concourir à l'avancement de la
Géologie en général et particulièrement de faire connaître le sol de la France,
La en lui-même que dans ses rapports avec les arts industriels et l’agri-
culture.
ART. 3. — Le nombre des membres de la Société est illimité. Les Français
et les étrangers peuvent également en faire partie. Il n’existe aucune dis-
tinction entre les membres.
ART. 4. — Pour faire vartie de la Société, il faut s'être fait présenter dans
une de ses séances par deux membres qui auront signé la présentation !,
avoir été proclamé dans la seance suivante par le Président et avoir reçu le
diplôme de membre de la Société.
_ ART. 6. — Le Trésorier ne remet le diplôme qu'après l’acquittement du
droit d’entrée.
AnrT. 38. — La Société tient ses séances habituelles à Paris, de Novembre
à Juillet.
ART. 39. — La Société se réunit deux fois par mois (Le 1°" et le 3° lundi
du mois).
ART. 42. — Pour assister aux séances, les personnes étrangères à la
Société doivent être présentées chaque fois par un de ses membres.
ART. 46. — Les membres de la Société ne peuvent lire devant elle aucun
ouvrage déjà imprimé.
ART. 48. — Aucune communication ou discussion ne peut avoir lieu sur
des objets étrangers à la Géologie ou aux sciences qui s’y rattachent.
ART. 50. — Chaque année, de Juillet à Novembre, la Société tiendra une
ou plusieurs séances extraordinaires sur un point qui aura été préalablement
déterminé.
ArT. 53. — Un bulletin périodique des travaux de la Société est délivré
‘gratuitement à chaque membre.
ART. 55. — ... Il ne peut être vendu aux personnes étrangères à la
Société qu’au prix de la cotisation annuelle.
ART. 58. — Les membres n’ont droit de recevoir que les volumes des
années du Bulletin pour lesquelles ils ont payé leur cotisation. Toutefois, les
volumes correspondant aux années antérieures à leur entrée dans la Société,
leur sont cédés, après décision spéciale du Conseil et conformément à un
tarif déterminé.
ART. 60. — Quelle que soit la longueur des notes ou mémoires insérés au
Bulletin, les auteurs pourront en faire faire à leurs frais un tirage à part.
ART. 93. — Chaque membre paye : 1° un droit d’entrée ; 2° une cotisation
annuelle ?.
Le droit d'entrée est fixé à la somme de 20 francs.
La cotisation annuelle est invariablement fixée à 30 francs.
La cotisation annuelle peut, au choix de chaque membre, ètre remplacée
par le versement en capital d’une somme fixée par la Société en assemblée
générale (400 francs).
— Sont Membres à Perpétuité les personnes qui ont donné ou légué à
la Société un capital dont la rente représente au moins la cotisation annuelle
(minimum : 1000 francs).
1. Les personnes qui désireraient faire partie de la Société et qui ne
connaîtraient aucun membre qui püt les présenter, n’auront qu’à adresser
LE
une demande au Président, en exposant les titres qui justifient de leur:
admission.
2. Le Conseil de la Société, afin de faciliter le recrutement de nouveaux
membres, autorise, dorénavant, sur la demande des parrains, les personnes
ui désirent faire partie de la Société à n’acquitter, la première année, que
eur droit d'entrée en versant la somme de 20 fr. Le compte-rendu sommaire
des séances de l’année courante leur sera envoyé gratuitement; mais ils ne
recevront le Bulletin que la deuxième année et devront alors payer la coti-
sation de 30 francs. Ils jouiront aussi des autres droits et privilèges des
membres de la Société.
CONTRIBUTION À L'ETUDE STRATIGRAPHIQUE
DU MAROC ORIENTAL
par Louis Gentil
L'auteur appelle l'attention sur la série stratigraphique impor-
tante de la zone-frontière d'Oujda et, en particulier, sur les
terrains carbonifères et liasiques qu'il y a rencontrés.
Il a découvert et fouillé, dans le Dinantien et le Lias des gise-
ments fossilifères remarquables dans la haute vallée de l’oued
Isly d’une part, dans les Beni Snassen de l’autre.
Le premier lui a fourni un certain nombre d’espèces qui caracté-
risent la zone à Spirifer striatus Marr. du Viséen, avec d’autres
Brachiopodes, des Goniatites (Gl-phioceras), des Trilobites
(Phillipsia), des Crinoïdes et des Tétracoralliaires ’.
Au-dessus de cet horizon bien net se développent encore plusieurs
centaines de mètres d'épaisseur de sédiments qui représentent
vraisemblablement le Moscovien et peut-être aussi l'Ouralien.
Dans le Lias existent deux faunes bien distinctes ; l’une aux
environs d'Oujda se montre dans le conglomérat de base par
lequel débute toute la série liasique. Elle est caractérisée par
Amaltheus margaritatus More. avec T'erebratula punctata Sow.,
Zeilleria sabnumismalis Day. ct d’autres Brachiopodes, des La-
mellibranches, des Huîtres ; elle appartient au Lias moyen. L'autre
qui se trouve auprès d’A’rbal, dans les Beni Snassen, est remar-
quable par sa richesse en Céphalopodes avec Hildoceras bifrons
Bruc., Grammoceras fallaciosum Bayre, Lillia (Haugia)
Bay ani Dum., etc... elle renferme aussi de rares Phylloceras
(Ph. NilsoniHss.,etc.)etde rares Lytoceras(L.dorcalis Mex.,etc.).
Cette faune représente la zone à Ly-{oceras jurense du Toarcien
supérieur ; elle est un peu plus jeune que celle étudiée par
l’auteur plus à l'Est, dans les Traras (thèse de doctorat, p. 152 et
suiv.) et qui appartient vraisemblablement à la zone à Dactylio-
ceras commune du même étage.
Entre les deux horizons d'Oujda et d’A’rbal se trouve compris
la presque totalité du Lias de ces régions, c’est-à-dire le Domérien
et le Toarcien ; l'Aalénien est même probablement représenté par
les marnocalcaires qui surmontent le niveau fossilifère des Beni
Snassen.
Les observations qui précèdent invitent à renoncer à voir dans
les calcaires massifs par lesquels débute la série liasique dans ces
régions et, plus à l'Est dans le Tell algérien, l'ensemble du Lias
1. Les déterminations paléontologiques de cette faune ont été faites par
M. Emile Haug.
28 Juin 1908. — T. VIII. Bull. Soc. Géol. Fr, — 5.
66 LOUIS GENTIL 2 Mars
inférieur et du Lias moyen, ainsi que M. Gentil l'avait admis avec
doute, comme ses devanciers.
Le conglomérat rouge situé à la base de ces calcaires ne peut pas
non plus être rapproché de l’Infralias (?) Il faut voir dans sa
présence la preuve de la transgression mésoliasique qui s’est fait
sentir dans ces régions et dans la plus grande partie du Tell algé-
rien. En effet, si des faunes du Lias moyen ont été signalées ailleurs,
par M. Bleicher, par M. Ficheur, et récemment par M. Dareste de
la Chavanne, dans les chaînes littorales de l'Algérie, on ne connaît
guère que la faune sinémurienne d'El Kantour, de Coquand, qui n’a
jamais été confirmée, au Sud de Constantine. Et en admettant que
le Lias inférieur existe dans l'extrême Est du Nord-Africain, il doit
manquer à l'Ouest et il faut s'attendre à le voir également manquer
au cœur du Maroc.
Enfin la rareté des Phylloceras et des Lytoceras de la faune
d’A'’rbal confirme le même fait signalé par l'auteur dans les Traras
et indique des dépôts de mer moins profonds que ceux de FU Ammeo-
nilico rosso » de l’Apennin et de la Lombardie.
SUR LES SABLES GRANITIQUES DES ENVIRONS DE ROUEN
PAR À. de Grossouvre
On trouve aux environs de Rouen des sables et argiles kaoli-
niques, logés dans des poches de la craie ; celles-ei sont alignées à
peu près parallèlement à la faille de la Seine.
Notre confrère, M. le général Jourdy, a dirigé, il y a deux ans,
une excursion qui avait pour but de les étudier, et M. Paul
Lemoine ‘ a donné un compte rendu très détaillé et fort intéres-
sant des observations faites sur ces curieux gisements qui, depuis
longtemps, ont attiré l'attention des géologues.
M. Henri Douvillé a bien voulu me montrer une série d’échan-
tillons qu'il avait recueillis au cours de cette excursion. Leur
examen m'a suggéré les remarques suivantes :
1° Les éléments de cette formation sableuse sont de grosseur
très irrégulière et très variable, caractère qui, à première vue, les
distingue nettement des Sables de la Sologne, dont «les grains
sont uniformes et régulièrement calibrés » ;
1. P. LeMoinEe. Compte rendu de l’excursion dirigée par M. le général
Jourdy aux environs de Rouen. Bulletin de la Société des Amis des Sciences
naturelles de Rouen, 1906.
+
4
-
»
1908 SABLES GRANITIQUES DE ROUEN 67
20 Ces sables renferment des graviers quartzeux assez volumi-
neux, autre caractère qui les éloigne encore des Sables de la
Sologne, car ceux-ci « ne sont pas graveleux et sont toujours à
grains assez fins » ;
30 Enfin, les graviers de ces sables sont d'ordinaire de forme
polyédrique, à arêtes seulement émoussées : ils ne sont pas arron-
dis, comme ils devraient l'être s'ils avaient subi un long transport.
Ces divers caractères me semblent en opposition absolue avec
l'hypothèse, adoptée par un certain nombre de géologues, qui
consiste à assimiler ces sables granitiques aux Sables de la
Sologne et à les faire venir du Plateau Central.
M. G. Dollfus n’est pas surpris d'apprendre que M. A. de Grossouvre a
observé des différences entre le grain des sables granitiques des envi-
rons de Rouen et celui des sables granitiques de la Sologne ; le contraire,
après un si long parcours, eût été surprenant. Il regrette de n’avoir pas
eu le loisir de publier toutes les notes qu’il a recueillies sur l’extension
de ces sables au cours de ses explorations sur les feuilles géologiques
de Rouen, Évreux, Paris, Melun, Chartres. Ces notes auraient fourni la
matière d'un gros volume original. Actuellement, il poursuit encore
cette étude en faisant la revision des feuilles de Fontainebleau et de Châ-
teaudun, et il découvre de nombreux îlots de ces sables sur le plateau
de Beauce en poursuivant les consultations pour l’alimentation en eau
potable des communes de la région.
Les gisements de Aschères-le-Marché, Oison, Bazoches-les-Galle-
randes, Chaussy, Outarville, relient les gisements classiques des Sables
de la Sologne de Neuville-aux-Bois avec ceux d’Étampes par l’intermé-
diaire des îlots d'Armenonville-le-Sablon, Rouvray-St-Denis, Gommer-
ville, Pussay. Une autre traînée passe par Morville, Tignonville, Sermaize,
Estouches. Ces vieilles alluvions, fort altérées, ne se trouvent que rare-
ment dans leur position stratigraphique normale; le plus souvent, elles
sont effondrées dans des puits naturels où remplissent des poches de
dissolution. Elles ont raviné les formations antérieures et on trouve,
principalement à leur base, des cailloux, souvent de forte taille, com-
posés de quartz gris, de silex du Jurassique ou du Crétacé, de meu-
lières de Beauce ou de Brie, de grès thanétiens, etc. La grosseur du grain
varie d’une couche à l’autre comme dans toutes les assises diluviennes.
M. Dollfus espère montrer, pendant la semaine de Pâques 1908, aux
géologues anglais qui doivent venir étudier les environs de Paris, un
îlot très remarquable au sommet du Plateau, vers Morigny, sur la rive
droite de la Juine, où les graviers, très gros, sont très mélangés.
Il est particulier que l’origine et la nature des alluvions miocènes de
la Neustrie soit remise en question, au moment même où MM. Stehlin et
Glangeaud viennent de nous faire connaître les fossiles qui nous per-
mettent d’en préciser l’âge dans leur extension stratigraphique en
amont.
SUR LES GRÈS DIES A DRAGÉES CET OA DSPHÉROIDES
DU TADMAYT (SAHARA)
PAR G. B. M. Flamand
MoORPHOLOGIE ET STRATIGRAPHIE. — Le plateau du Tadmayt est
un socle synclinal subrectangulaire à gradins, basculé (ennoyage)
au N.E.. à axe sensiblement dirigé suivant sa diagonale. De la
périphérie vers la région axiale se montrent successivement sur
les faces nord-ouest et sud, les formations suivantes :
Série arénacée (600 m.) : Néocomien, Urgo-Aptien, Albien.
Série marno-calcaire : Cénomanien (80-250 m.), Turonien (cal-
caires dominant, 70 à 90 m.), Sénonien (120-150 m.), voire au-des-
sus, des assises calcaires rigides, peut-être tertiaires (Suesso-
nien, 150 m.; oued Mesedeli-Haci Inifel).
Les grès dits à dragées et à sphéroïdes ' sont de divers âges ;
très développés dans l’Albien et dans l'Urgo-Aptien, ils peuvent
appartenir à plusieurs autres étages et descendre jusqu'au Séqua-
nien ; il s’en montre dans le Dévonien, et avec un faciès tout à fait
comparable à celui de l'Albien, dans les grès oligo-miocènes du
chott Tigri, et de Djelfa (Charef). Leur nom de grès à dragées,
donné par plusieurs observateurs anonymes, a été signalé pour la
première fois par À. Pomel, qui considérait cette formation comme
néocomienne. C’est à M. À. Peron que l’on doit leur attribution à
l’Albien. M. Ritter s'est rallié à cette opinion; il considère
même une partie de ces grès comme appartenant à l'Urgo-Aptien.
Les grès à dragées ou à sphéroïdes sont nettement marins dans
le Néocomien et l'Urgo-Aptien (fossiles nombreux, voir A. POMEL,
A. PeroN, Et. Rirrer). On peut également aflirmer cette origine
marine pour les deux premiers tiers de la formation albienne
[moules négatifs en creux de bivalves (Astarte, Mytilus, Mactra,
etc.) que j'ai relevés à l’Aïn Zian, au Menasseb (Djenien), etc.
(Sud-Oranais)|].
Toutes les formations que j'ai signalées ci-dessus sont normales
et concordantes dans les régions du Méguéden, du Tadmayt et du
Tidikelt central et oriental. La falaise nord du Tadmayt est consti-
tuée par un ensemble gréseux à la base (Albien), et au-dessus
calcaréo-marneux à bancs de gypse, cénomanien (80.à 120 m.
dans la partie moyenne); elle est couronnée par des calcaires
dolomitiques turoniens ; il n’y a pas contact direct entre le Turo-
nien et l'Albien ; il s’en faut de toute l’épaisseur du Cénomanien.
1. Grès à sphéroïdes ou à Xerboub (pilules), voir : G.-B.-M. FLAMAND. Aperçu
sur la géologie et les ressources minérales du bassin de loued Saoura. Docu-
ments pour servir à l'Etude du N.0. africain. Alger, 1897.
1908 GRÈS À DRAGÉES DU SAHARA 69
Il n’y a donc pas de lacune, de hiatus entre les dépôts arénacés de
l’Albien (grès à sphéroïdes ou à dragées) et les calcaires crayeux
ou dolomitiques {urontens.
L'Urgo-Aptien et l’Albien y sont représentés (pro parte) par des
grès à dragées ou à sphéroïides d'origine marine littorale, peut-
être par place lagunaire"? Les bois silicifiés des régions étudiées
sont sporadiques ou bien inclus dans une gangue gréseuse; ils
appartiennent au Néocomien, à l'Urgo-Aptien ou à l’Albien
indistinctement. Fragmentaires et affectant des formes cylindro-
polyédriques particulières, à cassure, que lon peut appeler
lithique par opposition à la cassure ligneuse, ils ont été apportés
dans les gisements actuels après leur fossilisation; ils n’y sont
donc pas réellement in situ, c'est-à-dire sur le lieu même où ils se
sont développés.
De ces derniers faits, on peut déduire qu'il y a eu continuité et
concordance dans les dépôts crétaciques, depuis le Néocomien
jusqu'au Sénonien compris ; il n’y a donc pas dans la région saha-
rienne du Tadmayt de faits indiquant directement la transgressi-
vité du Cénomanien: 1° soit par contact du Cénomanien et de
l’une des formations primaires ou secondaires ; 2° soit par consi-
dération de l'existence d'un hiatus dû à des dépôts continentaux
intercalés.
La transgression cénomanienne, par contre, est manifeste dans le
Sud-Ouest oranais ; le Cénomanien marneux à Ostrea flabellata y
repose à la fois sur le Dévonien (assises supérieures aux couches
à Phacops sp. aff. cephalotes), sur le Dinantien-Viséen, sur le Mos-
covien et sur le Westphalien (partie supérieure).
Dans l'archipel touatien, de même que dans les chaînes atla-
siques sahariennes (montagnes des Ksour et de Figuig), la grande
extension du Crétacique aurait eu lieu tout à fait au début de
l’Infracrétacique ; mais, à vrai dire, c’est plus bas encore dans la.
série que s'établirait réellement une ligne de démarcation dans
la nature des dépôts (Rauracien de Géryville).
TEcTONIQUE. — Dans la région du Tidikelt existent, comme je
l’ai montré antérieurement (1900-1902), des rides hercyniennes
subméridiennes (c'est une des grandes lois de l’orographie saha-
rienne) sur le prolongement desquelles s'installent au Nord des
plissements plus récents, dont quelques-uns affectent orthogona-
lement le socle synelinal du Tadmayt.
Sous les grès néocomiens se montrent, à la base et au Sud de ce
socle, d’autres dépôts arénacés, grès-arkoses amarantes, dont
l’âge n’a pas été déterminé ; c’est sous cette formation qu'apparaît
70 G. B. M. FLAMAND 2 Mars
le substratum carboniférien (Dinantien-Viséen) sans qu'aucune
faille importante intervienne au contact des deux terrains.
GÉoHYDROLOGIE. — Les eaux de la pénéplaine du Méguéden
sont, le plus généralement, dues aux infiltrations des nappes arté-
siennes infracrétaciques (Néocomien-Albien), nappes perméables
recouvertes à la partie supérieure, dans tout le géosynelinal Atlas-
Tadmayt, par le Cénomanien marneux imperméable. Les alluvions,
les dunes, les dépôts tertiaires du Sud de l’Erg occidental donnent
des nappes superficielles, phréaliques et géologiques à faible
profondeur (puits ordinaires, tilmas, madjen, r'dirs alimentés, etc.).
De très petites sources sur les flancs du Tadmayt naissent au
contact du Turonien et du Cénomanien dans les synelinaux secon-
daires orthogonaux signalés ; il en est de plus faibles encore à
d'autres niveaux des terrains crétaciques (Sénonien).
La nappe d'alimentation des feggaguir du Tidikelt est arté-
sienne, de faible profondeur (40-50 m.); elle appartient comme
origine aux terrains primaires ; elle vient donc du Sud.
L'alimentation en eau des feggaguir du Touat paraît appartenir
à des origines arlésiennes diverses ; crétacique dans le premier
üers septentrional, elle serait primaire dans le Sud.
NOTE PRÉLIMINAIRE SUR LE JURASSIQUE DE LA RÉGION DE SAÏDA
(DÉPARTEMENT D'ORAN, ALGÉRIE)
PAR G. B. M. Flamand
On sait que les terrains jurassiques présentent un grand déve-
loppement dans tout l'Ouest de l'Algérie, c’est-à-dire dans les
chaînes atlasiques telléennes et sahariennes; l’auteur tient à faire
connaître les grandes lignes de leur composition dans les environs
de Saïda, dans l'Ouest de Tifrit et à Tagremaret.
Dans l’oued Tifrit, au N.N.O. de la cascade, vers son confluent
avec l’oued Taria, ét au Sud de celle-ci, on observe de bas en haut
la coupe suivante :
SILURIEN, 8 (?). — 1° a) Schistes et quartzites noirs rouges et verts;
— b) schistes noirs et verts passant à des schistes à chiastolite (dj.
Lachdar); — c) schistes argileux noirs : — les assises a) et b), forte-
ment métamorphisées et traversées par des filons ou pénétrées par des
dykes de roches granitiques et porphyriques ; granites, quartz, granu-
lites, porphyres à quartz globulaire, porphyres pétrosiliceux, etc. — Cet
ensemble peut être rapproché des schistes des Traras et de Gur-Rouban.
Les assises suivantes sont en discordance absolue avec les précé-
SE à
1908 JURASSIQUE DE SAÏDA 71
dentes, mais constituent une série entièrement concordante du 2 au 12
inclus, en couches presque horizontales.
INFRALIAS, il. — 2° Poudingues-brèches bien lités à éléments de
roches granitiques et porphyriques (2 à 35 m. d'épaisseur).
3 Arkose à feldspaths le plus ordinairement altérés (épaisseur : 2 m.).
La grande cascade de Tifrit s’installe sur ces deux sérics d'assises.
4 Marnes gris-jaunâtre métamorphisées, avec intercalations de
roches éruptives porphyritiques et mélaphyriques en coulées et en
dykes (15 à 20 m.).
5° Ensemble assez puissant de dolomies et de calcaires siliceux à
Cypricardia porrecta Du. et à Cardinies ; épaisseur : 25 à 30 m. au
Chabet Mimouna.
Les assises 2 et 3 représentent le /?hétien ; 4 et 5, l'Hettangien.
LrAsIQUE. Sinémurien. — 6° Calcaires gris-noirs très durs, à silex,
rosés noduleux (épaisseur : 25 m.) avec traces de Polypiers indétermi-
nables ; les couches supérieures passent aux suivantes. Dans une note
précédente ', je considérais les assises 6 comme appartenant entière-
ment à l’Znfralias ; un nouvel examen sur rlace me fait considérer la
partie inférieure seule comme pouvant y être comprise, la partie supé-
rieure se reliant aux calcaires à Spiriférines.
7° Calcaires gris ct noirs subspathiques, dolomitiques, très riches
en Spiriférines formant les falaises supérieures de la vallée de Tifrit,
renfermant Spiriferina rostrata Scuc., Spir., n. sp. (de grande taille
et variétés que je décrirai prochainement), Spir. Walcotti Sow.,
Plagiostoma giganteum Sow., Thecidea cf. Bouchardi DAv., Pecten
priscus GOLDF., épaisseur : 10 à 12 m.; dans les parties tout à fait
supérieures, Pecten æquivalvis Sow.
CHARMOUTHIEN. — 8° Calcaires marneux (10 à 12 m.) riches en Bra-
-chiopodes : Rhynchonella tetraedra Dav., Rhynce. variabilis ScaLor.,
Rhyne. n. sp., Rhync. cynocephala Ricuarb, Terebratula subpunctata
Dav., Ter. Jauberti Eub. Desc., Zeilleria (Waldhemia) cf. Mariæ
D'OrB, Aulacothyris resupinata Sow., Grammoceras normanianum
D'Or8., Pholadomya Voltzi AG., Gryphæa cf. sportella Dux.
ToARCGIEN. — 9° Alternances de calcaires jaunes et rosés marneux,
passant par places à des zones minéralisées à Grammoceras radians
Wricar non Reinecke. Gr. fallaciosum BAyLr, Pholadomya reticulata
AG. (épaisseur : 10 m.); ces assises bien visibles au Sud et au Sud-
Ouest de la cascade de Tifrit, à la base des dolomies de Saïda (oued),
à l’Aïn Sultan, etc.
Ici vient une série d'assises qui ont fait l’objet d'observations ou de
travaux antérieurs de la part de Pomel et de MM. Welsch, le comman-
dant Azéma, E. Ficheur, G.-B.-M. Flamand, etc.
MÉDIOJURASSIQUE, ji. — 10° Au dessus des assises 9 et toujours en
concordance, on observe un ensemble, le plus ordinairement massif,
1. FLAMAND. Apud, Rapp.Sur les travaux du Service géologique de l'Algérie
pour l’année 1807, p. 15-18. — Ann. Mines, fév. 1898. — I1p., ibid., oct. 1904.
72 G. B. M. FLAMAND 2 Mars
constitué par des dolomies caverneuses, des calcaires siliceux, silico-
marneux rigides (Bajocien-Bathonien, Dogger), qui est connu sous le
nom de « Dolomies de Saïda » et dans lesquelles on confondait toutes
les formations 2 à 9, à l'exclusion des schistes 8. Ces deux étages ne
paraissent pas pouvoir être séparés ni à Saïda, ni à Tifrit; mais, plus à
l'Est, à Tagremaret, ils s'individualisent:; ces dolomies constituent de
véritables causses avec avens, abîmes, cours d'eau souterrains (plateaux
de Tidernatin, Hassasnas); épaisseur : 80 m.; en certains points, luma-
chelle de Rynch. Lotharingica HaASs et PÉTRI.
CALLOVO-OXFORDIEN. — 11° Complexe marno-gréseux, fossilifère par
places, à Phylloceras plicatani Neum., Rhacophyllites tortisulcatus
D'Org8., Lytoceras Adelæ D'Ors., Lytoceras Adeloïdes KuDERN. (voir
également : A. Pomel, Welsch, commandant Azéma).
SÉQUANIEN. — 12° Enfin, sur ce Callovo-Oxfordien, en obliquant au
N.0. la direction de la coupe précédente, reposent les sables, grès et
dolomies sénoniens qui dominent au N. et N.0. de Saïda (v. : A. Pomel).
INFRACRÉTACIQUE. — 13° Au Sud de Tifrit (cascade), au-dessus de
ces dernières assises, s'observent, à l’Aïn Foufot jusqu’à la limite du
chott Chergui, un ensemble constitué par des bancs de calcaires litho-
graphiques stylolithiques et argiles marneuses blanches et rosées,
considéré antérieurement (Pomel et Pouyanne) comme représentant
le Jurassique supérieur. Stratigraphiquement, ces assises sont discor-
dantes sur les formations précédentes. Dans l'Ouest, elles servent de
substratum à l’Albien d’Aïn-Chaïb (Daya) ; quelques Mollusques fos-
siles de très grandes tailles, Perna sp., paraissent aflines d'espèces du
Crétacé inférieur. Je considère cette formation comme appartenant à la
base de l’Infracrétacique (peut-être le niveau de Berrias).
Remarque. — Si l'on établit la coupe précédente dans la partie
moyenne occidentale de l'oued Tifrit, les assises 2 et 3 disparais-
sent et sont remplacées par des caleaires siliceux à Cypricardes
et à Cardinies. D'autre part, dans le bas oued Tifrit, rive gauche,
au confluert de l’oued Taria on observe, en discordance sur les
schistes (s), une formation de poudingues, de schistes, quartzites
et d’argiles, bruns et verts, disposés en isoclinaux pénétrés de
filons porphyriques, qui rappellent les poudingues de la montagne
des Lions (Oran) et des Beni Menir (Nédroma); je les considère
provisoirement comme permiens (r).
Dans l'Est, à Tagremaret, au Nord de la zaouia, dans les cañons
de l’oued el Abd, on observe à nouveau l'affleurement des assises,
de 7 à 12; le Sinémurien à Spirifera rostrata y a le même faciès
qu'à Tifrit; le Charmouthien et le Toarcien y sont très fossili-
fères ; lithologiquement, le Bajocien et le Bathonien peuvent y
ôtre séparés.
étère “math
NOTE SUR L’EXISTENCE DE FORMATIONS RÉCIFALES
A LA BASE DU BARRÉMIEN INFÉRIEUR AU DJEBEL TAYA
ET AU DJ. DEBAR, PRÈS GUELMA (ALGERIE)
PAR J. Blayac
SITUATION GÉOGRAPHIQUE. — Au Sud du massif ancien de Collo
et de Philippeville se dresse une chaîne, connue sous le nom de
chaîne numidique ', nettement dirigée E.O., qui commence dans
la vallée de la Soummam au pied est de la grande Kabylie?. Dans
son axe se trouve le massif liasique des Babors dont le sommet
est à 2004 m., le djebel Zouagha (1292 m.), le Msid Aïcha (1469 m.),
le Kef Sidi Dris (1276 m.), les Toumiettes (près El Kantour) (892 m.).
Dans le prolongement de cet axe, à l'Est de Toumiettes, s’é'èvent
trois massifs calcaires et dolomitiques en forme de dômes ou de
brachyanticlinaux qui s’échelonnent de l'O. à l'E. sur la feuille
d'État-major à 1/50000 de Hammam-Meskoutine. C’est d'abord le
Kef Hahouner (1023 m.), vaste brachyanticlinal dont une faille
est-ouest a fortement abaissé le flanc sud, puis le djebel Taya
(1208 m.) et le djebel el Grar (1072 m.) qui constituent l’un le flane
nord et l’autre le flanc sud d’un dôme (fig. 1-2) dont la coupole
s’est effondrée, et enfin le djebel Debar (fig. 3), brachyanticlinal
affecté de quelques ondulations et dont le point culminant atteint
1 060 m. Le djebel Debar subit vers l'Est un abaïssement d’axe et
s'ennoie à une altitude voisine de {400 m., au douar el Amessel
sous des sédiments crétacés dont je parlerai plus loin. Ces mêmes
sédiments entourent aussi en partie les dômes du Taya-Grar et de
l’'Hahouner. ;
Dans la direction de la pointe est du Debar, au douar Bou-
Zitoun et à Hammam Berda près du village d'Héliopolis, affleu-
rent des calcaires très durs, marneux, à cassure blanche ou gri-
sâtre identiques à ceux de certains bancs des massifs précédents
et qui pointent presque à fleur de sol sous le Sénonien (calcaires à
Inocérames).
Plus à l'Est, on ne rencontre pas trace de formations semblables
à celles du Taya et du Debar. Hammam Berda peut être considéré
1. À. BERNARD et E. Ficaeur. Les régions naturelles de l'Algérie Ann.
de Géogr., t. XI, 1902 [1°* article], p. 231.
2. Voir la carte géologique de l'Algérie, 3: édition, et les cartes topogra-
phiques à 1/50000 de Hammam Meskoutine et de Guelma.
94 J. BLAYAC 2 Mars
comme le point terminal où s’ennoie définitivement la chaîne
numidique. Des sondages la retrouveraient probablement sous
l'épais manteau des marnes et grès à faciès flysch de l’Éocène
supérieur qui s’étalent dans toute la partie nord-orientale de la
province de Constantine.
AGE PROBABLE DES CALCAIRES DES DJ. TAYA ET DEBAR. —
Coquand, en 1854, avait cru reconnaître au dj. Taya la présence
d'un Diceras «qu'on ne saurait distinguer d’un D. arietina »".
Mais, deux lignes plus haut, il dit qu'au djebel Taya, les fossiles
«font tellement corps avec la pâte qu'on ne peut juger des genres
et des espèces auxquels ils appartiennent que par les lignes plus
noires que le têt dessine sur le fond qui est beaucoup plus päle ».
La présence d’un Diceras, dont la détermination, on le comprend
aisément, reste assezincertaine parut, à Coquand, fournir un argu-
ment suflisant pour considérer ces calcaires « comme une dépen-
dance de l'étage corallien ». Ce savant, à qui la géologie algérienne
est redevable de tant de découvertes, n'aurait probablement pas
attribué au genre Diceras le Rudiste qu’il avait trouvé au Taya
s'ilavait pu mettre à profit les travaux de Munier-Chalmas, de
M. Douvillé et de M. Paquier.
Plus heureux que Coquand, j'ai recueilli non seulement au
dj. Taya, maïs aussi au dj. Grar et au dj. Debar, dans le tiers supé-
rieur de la série des bancs de calcaires et de dolomies qui les
constituent, des débris de Rudistes fortement empâtés dans leur
gangue et que, vu leur mauvais état, j'ai jugé prudent de soumettre
à l'examen de M. Paquier. Pour quelques-uns d’entre eux, mon
savant ami n'a pas pu se prononcer, même sur le genre, mais il a
cependant pu reconnaître la présence indiscutable des genres
Monopleura et Toucasia. En outre, dans un bloc calcaire du dj.
Debar, il a distingué un fragment important de Rudiste qui, à
cause de la présence de cloisons transversales et de nombreux
canaux de section circulaire dans le test, paraît devoir être rap-
porté au genre /chty-osarcolithes.
Dans son mémoire * sur les Rudistes urgoniens, M. Paquier
signale ma découverte d’un /chtyosarcolithes au dj. Debar et dit
qu'il provient d'un calcaire inférieur au Gault; je peux prouver
que ce calcaire est à la base même du Barrémien. En effet, les
formations récifales du Debar aussi bien que celles du Taya et du
Kef Hahouner sont directement surmontées par des marnes en
1. Coquanp. Description géologique de la province de Constantine. Mém.
Soc Géol. de France, (2), V, 1854 [1'" partie], p. 69.
#. V.PaquiEr. Les Rudistes urgoniens. M.S.G.F., Paléontologie, n° 29, p. 95.
rt
she
dé de ne
1908 BARRÉMIEN INFÉRIEUR DU DJ. DEBAR 79
plaquettes tres fissiles, qui renferment une faune remarquable
d'Ammonites pyriteuses appartenant sans aucun doute possible au
Barrémien et même. pour être plus précis, au Barrémien inférieur.
J'ai déjà signalé la présence de cet étage au dj. Taya', mais
depuis lors je l'ai reconnu en bien des régions du bassin de la
Seybouse et notamment au pied ouest du dj. Bou-Aslouge tout
contre le dj. Debar, dans les parages du Bordj Laksem ?, et tout
autour du Kef Hahouner. En ces derniers points, ainsi qu'aux alen-
tours du Taya [feuille à 1/50 000 d'Hammam-Meskoutine|, il est très
fossilifère ; il renferme des Pulchellia, Holcodiscus, Desmoceras,
cr me 0°. bou smdan
SL) oued Rouknia É dy. Debar Kef el Kalaa NE.
1 730 : dj bou Aslouge
:Dolmens ,g, IN o.e/ Heziee 2 D
w- = DEXRE LIL $ 2 À à f
Fig. 1-2-3. — Coupes DES DJ. TAYA ET DEBAR. — 1/100 000.
1, Calcaires récifaux à Monopleura (Hauterivien ou Barrémien inf.); 1° Cal-
caires en dalles et marnes à Ostrea Couloni; 2, Barrémien, marnes feuille-
tées fossilifères à leur base (Pulchellia, Holcodiscus, ete.) ; 3, Eocène sup.
(argiles et grès sans fossiles); 4, Poudingues et calcaires lacustres (oligo-
cènes ou miocènes);5, Travertin marmoréen (dépôt de sources); F, Failles,
Phylloceras, Silesites, etc. Il ne présente pas moins de 70 à
7 espèces différentes et offre de grandes analogies avec le Bar-
rémien inférieur du Sud-Est de la France, de Wernsdorf, ete.
Les coupes (fig. 1 et 2) qui indiquent les relations du dj. Taya et
du dj. el Grar * et celle (fig. 3) menée du Bou-Aslouge au delà du dj.
1. J. BLAyAC. Le Crétacé inférieur du bassin de l’oued Cherf (Algérie).
Ann. Unis. Grenoble, XI, p. 465-470.
2, Voir la feuille d'Hammam Meskoutine à 1/50000. Ce gisement fossili-
fère est plus particulièrement riche entre les points cotés 396 et /60 aux
abords du Bordj Laksem.
3. Le djebel Taya, bien connu en Algérie par ses belles grottes, et le dj.
el Grar sont les flancs nord et sud d’un vaste dôme dont la partie centrale
est aujourd'hui effondrée comme en témoignent des failles bien nettes. Le
Barrémien à Ammonites pyriteuses repose en contre-bas sur ces deux flancs ;
on le trouve aussi dans la dépression due à l’effondrement de la coupole du
dôme où il a été préservé contre l’érosion,
76 J. BLAYAC 2 Mars
Debar suflisent à montrer que les calcaires à Toucasia, Mono-
pleura et Ichtyosarcolithes forment le substratum du Barrémien
inférieur. Appartiennent-ils encore à cet étage ou bien repré-
sentent-ils le Néocomien inférieur, c’est-à-dire l’Hauterivien ou le
Valanginien ? La question n’est point tranchée. Cependant je dois
ajouter, comme le fait voir la figure 2, que vers le Sud, à 3 kilo-
mètres environ à vol d'oiseau du Taya aux abords même de l’oued
bou Hamdam, le Barrémien repose sur des calcaires noirâtres en
dalles non compacts (fig. 2) et dans lesquels j'ai constaté la pré-
sence d'Ostrea Coulont D'ORB., variété étroite, très carénée. Ces
calcaires me paraissent devoir appartenir à l'Hauterivien, ils sont
en concordance parfaite avec le Barrémien, et peuvent être envi-
sagés comme représentant sous un autre faciès les calcaires à
Rudistes du Taya.
EN résumé, les calcaires et dolomies du dj. Taya, du dj. Debar,
et probablement ceux du kef Hahouner, à l'O. du douar bou
Zitoun et d'Hamman Berda!, à l'E., font partie du Barrémien infé-
rieur ou de l'Hauterivien.
On ne connaissait pas encore dans l'Afrique du Nord de récifs
d'un âge crétacique aussi ancien. M. Ficheur a cependant signalé
dans la région de Constantine, assez voisine de celle qui fait
l'objet de cette note, des calcaires compacts et des dolomies
formant le substratum du Barrémien au dj. el Akal? dans la
région de Constantine. Mais aucun Rudiste n’y a été encore
recueilli. D'ailleurs même en Europe les récifs à Rudistes du
Barrémien inférieur, de l'Hauterivien et du Valanginien sont
assez rares.
MM. Paquier et Zlatarski” ont signalé en Bulgarie dans le
Barrèmien supérieur des calcaires récifaux dont la faune présente
une certaine analogie avec ceux du dj. Taya et du dj. Debar.
M. Paquier y a reconnu la présence d’un Zchtyosarcolithes ‘
qu'il figure et décrit dans son mémoire sur les Rudistes urgoniens.
1. En ces derniers points, les calcaires affleurent sous le Sénonien [caleai-
res à Inocérames] et font vraisemblablement partie d’anticlinaux qui, sous
l'effort des plissements, ont percé leur couverture de terrains crétacés
marneux.
2. E. Ficugur. Le massif du Chettaba et les îlots triasiques de la région
de Constantine. B.S.G.F., (3), XXVII, p. 94, 1898. — Voir aussi la Carte
géologique de Constantine à 1/50 000 par E. Frcneur et M. JAcos, publiée par
le Service de la Carte géologique de l'Algérie en 1901.
3. Sur l’âge des couches urgoniennes de Bulgarie. B.S.G.F., (4), I, p.286, 1901.
4. NJPAQUER. Op. cil. p.19 pLEx, fig.,7;8, 9:
se he 27
D
1908 BARRÉMIEN INFÉRIEUR DU DJ. DEBAR 77
Le genre Jchtyosarcolithes n'était primitivement connu que
dans le Cénomanien. Son origine première doit être, en l'état
actuel de nos connaissances, reportée au bas du système créta-
cique, c'est-à-dire au Barrémien inférieur ou à l'Hauterivien,
comme le prouve la découverte que j'ai faite au dj. Debar. C’est là
d'ailleurs un sort semblable à celui subi par bien des genres,
particulièrement par certains Rudistes tels que Polyconites,
Caprina, etc.
Il n’est pas inutile en terminant de comparer les formations
récifales des environs de Guelma à celles du Valanginien du Jura
ou de la Dobrogea en Serbie. Dans ces deux régions la base du
système crétacique comprend des récifs où Monopleura est
associé à Valletia et même à Heterodiceras et Diceras comme l’a
prouvé M. Paquier ’ pour les calcaires de Cernavoda (Serbie)
découverts par M. Anastasiu *.
De semblables coexistences impliquent, pour cette dernière
formation, un âge plus ancien que celui des calcaires du Taya et
du Debar, qui sont, il est vrai encore, imparfaitement connus.
M. Paquier n'hésite pas à placer la série de Cernavoda soit dans
le Valanginien soit même dans le Berriasien.
IL est à souhaiter que denouvelles découvertes paléontologiques
soient faites dans les massifs récifaux algériens qui ont fait l’objet
de cette note. Elles ne pourraient qu'être très précieuses pour
l'histoire des Rudistes.
1. V.PAQUIER. Sur la faune et l’âge des calcaires à Rudistes de la Dobrogea
et les relations du groupe inverse avec le groupe normal chez les Chamacés.
B.S.G.F., (Q), I, p. 490, 1901.
2. Victor ANaAsrTasIu. Contribution à l’étude géologique de la Dobrogea
(Roumanie). Terrains secondaires. Thèse de Doctorat, Paris 1898, pp. 92-120.
Séance du 16 Mars 1908
PRÉSIDENCE DE M. HENRI DOUVILLÉ
Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté.
Sont proclamés membres de la Société :
M. P. H. Fritel, préparateur au Muséum national d'Histoire naturelle,
présenté par MM. Zeiller et A. Lacroix.
Le Laboratoire de Géologie de l'Université de Liège, présenté par MM. Gos-
selet et Barrois.
Quatre nouvelles présentations sont annoncées.
Carl Renz. — Existence du Lias et du Dogger dans l'île de
Céphalonie.
Après avoir établi l'existence du Lias et du Dogger avec un
beau développement paléontologique à Corfou, Leukas et Ithaque,
j'ai réussi à retrouver ces formations à Céphalonie.
Le Lias et le Dogger de l’île de Céphalonie comprennent les
termes suivants :
1) Calcaire blanc semi cristallin, avec une faune de Brachiopodes de
la zonc à l'erebratula Aspasia (Charmouthien). Le même fariès calcaire
envahit le Sinémurien et descend jusqu'au Trias.
2) Toarcien inférieur (zone à Hildoceras bifrons) principalement
formé de calcaires rouges argileux et de marnes avec :
Hildoceras bifrons Bruc.; H. Mercati HAUER; H. comense Buc ;
Phylloceras Nilssoni HÉBERT; Cœloceras annulatum Sow ; Harpoceras
discoides Z1eTEN ; AH. subplanatum OPPeL.
3) Calcaire de couleur claire, de composition analogue, avec Dumor-
lieria de différentes espèces, Erycites sp., etc.
4) « Hornsteine » du Dogger.
Les formations du Lias et du Dogger de Céphalonie se présen-
tent dans les montagnes de l’île (Avgos, Phuchta, Kokkini Rachi),
et ressemblent à des sédiments de même âge dans les: autres
Iles ioniennes. Elles constituent le gisement le plus méridional
du Lias et du Dogger qui ait été observé jusqu'à présent sur la
côte occidentale de la Grèce.
R. Zeiller. — Sur un tronc de Cycadeoidea de l'Infracrétacé
américain.
Les collections de l'Ecole des Mines viennent de s'enrichir, grâce
à la générosité de la Yale University de New-Haven, d’un
magnifique tronc de Cycadeoidea de l'Infracrétacé des Black Hills
(South Dakota).
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SÉANCE DU 16 MARS 1908 79
Ce tronc, de forme ovoïde, mesure o m. 60 de hauteur, sur o m. 53
de diamètre dans un sens et o m. 50 dans l’autre au point où il est
le plus large. Une cassure à la base et une autre dans la région
supérieure mettent à découvert l’axe ligneux, qui présente, du côté
inférieur, un diamètre de o m. 14 à o m. 15; les bases de pétioles
qui le recouvrent ont o m. 18 de longueur. Entre elles, à la surface
du tronc, se voient de très nombreuses protubérances, rangées en
quinconce irrégulier, qui correspondent aux inflorescences, dispo-
sées suivant le mode habituel aux Cycadeoidea.
Cet échantillon, enregistré sous le n° 5or sur la liste générale du
Yale Museum, a été signalé par M. Lester Ward ' comme appar-
tenant à son Cyc. Wellsiü; celui-ci ne constitue, d’ailleurs, qu'une
forme du Cyc. Marshiana L. WAR», de l'avis de M. G.R. Wieland,
qui a entrepris la revision, au point de vue systématique, de toutes
ces tiges de Cycadinées américaines, comme suite à son admirable
travail sur leur structure anatomique et sur la constitution de leurs
appareils floraux.
Ce tronc de Crycadeoidea, V'un des plus gros et des plus beaux
qui aient été recueillis dans le riche gisement de Minnekahta, des
Black Hills, peut être mis en parallèle avec l'échantillon classique
de Cyc. Reichenbachiana Gœæprerr (sp.) du Musée de Dresde,
connu depuis longtemps comme étant au premier rang des spéei-
mens de ce type qui se trouvent dans les musées d'Europe.
M. Zeiller se félicite de voir les collections françaises mises ainsi à
même de rivaliser avec celles de l'étranger, et il adresse, au nom de
l'Ecole des Mines, les remerciements les plus vifs à la Yale Univer-
sity et en particulier à M. G. R. Wieland.
A. Toucas. — Classification et évolution des Radiolitidés (Sau-
vagesia et Biradiolites) *.
Le genre Biradiolites a été établi par d'Orbigny en 1847 pour les
formes qui présentent sur les deux valves deux bandes longitudi-
nales lisses ou costulées. En 1886, Bayle (in H. Douvillé) en sépare,
sous le nom de Sauvagesia, les formes à bandes costulées pour-
vues d’une arête ligamentaire et classe dans les Radiolites les
formes à bandes également costulées, mais dépourvues de cette
arête, qui constituaient, avec les formes à bandes lisses, les Bira-
diolites de d’Orbigny. Cette classification, basée sur la présence
1. Lester F. Wano. Elaboration of the fossil Cycads in the Yale Museum.
Amer. Journ. of Sc., X, nov. 1900, p. 333.
2. 3° partie du Mémoire en cours dans les Mémoires de Paléontologie de
la Société géologique.
80 SÉANCE DU 16 MARS 1908
ou l'absence de l’arête ligamentaire, ne pouvait qu'apporter de la
confusion dans le groupement des espèces. Ainsi, en 1902,
M. H. Douvillé faisait remarquer que Bayle, en plaçant dans les
Radiolites les formes à bandes dépourvues d’arête ligamentaire,
avait oublié que le type des Æadiolites de Lamarck, le Rad.
angeiodes, avait précisément une arête ligamentaire ; aussi
reprend-il avec raison pour ces formes le nom de Biradiolites;
conservant celui de Sauvagesia pour les formes à bandes costulées
pourvues d'une arête ligamentaire.
M. Toucas est d'avis que le genre Sauvagesia ne peut être
maintenu qu'en y comprenant toutes les formes à bandes costulées
avec ou sans arête ligamentaire, les formes à bandes lisses devant
rester seules dans les Piradiolites, le type de ce genre, le 2. cana-
liculatus, étant en effet une forme à bandes lisses.
1. Les Sauvagesia débutent dans l’Albien supérieur avec le
S. texana (mutation des Agria primitifs) dans laquelle les lames
externes en s’épaississant sont devenues très celluleuses et les
deux sillons lisses sont remplacés par deux bandes costulées. On
y distingue trois groupes :
1e Groupe du Sauv. texana (lames externes ornées de très grosses
côtes arrondies, cannelées et séparées par des sillons étroits, dont
deux représentent les bandes costulées); l’arête ligamentaire disparaît
dès la base du Cénomanien :
S, texana RŒMER sp. Albien sup. S. ga’ensis DAcQué. Turonien.
2 Groupe du Sauv. Da Rio (lames externes ornées de côtes longitu-
dinales fasciculées et moins fortes que dans le premier groupe; deux
bandes plus distinctes ; présence constante de l’arête ligamentaire) :
S. Nicaisei Coo. sp. Cénom. inf. S. Da Rio CATuLLo sp. Ang.
S. Sharpei BAYLE sp. Ligérien. S. Meneghini Pin. sp. Santonien.
3° Groupe du Sauv. cornupastoris (comme dans le deuxième groupe,
sans arête ligamentaire) :
S.Mortoni?MANT.sp.Cénomanien. S.austinensis RŒM. sp. Santonien.
S. Arnaudi Cuor. sp. Ligérien. S. apulus Par. sp. Maëstrichtien.
S.cornupastoris D. M. sp. Ang. ;
IT. Les Piradiolites débutent dans l’Angoumien inférieur avec
le B.lombricalis, mutation du $. Arnaudi var.runaensis CHor.sp.,
1. Les espèces nouvelles complétant les différents groupes seront indi-
quées dans le mémoire détaillé.
2. D’après les renseignements que je reçois de M. A. S. Woodward, il y
aura très probablement lieu de constituer un groupe spécial pour le Sauv.
Mortoni, dont le type de l'espèce est Turonien, avec des mutations dans
l’Albien, le Cénomanien et le Santonien.
_ or M te ANR. Do hal be à me. ee à
SÉANCE DU 10 MARS 1908 GI
dans laquelle les bandes sont devenues complètement lisses. Pas
d'arête ligamentaire. On y compte six groupes :
1° Groupe du Birad. lombricalis (lames externes lisses, peu costulées,
deux bandes lisses et larges, séparées et limitées par une côte plus
ou moins saillante) :
B. lombricalis D'Ors. sp. Ang.inf. PB. Mauldei Co. sp. Coniacien.
B. quadratus D'OR8. Ang. sup. B. royanus. Sénonien sup.
2’ Groupe du Birad. angulosus (lames externes ornées de fortes
côtes ; bandes lisses, très étroites, ne comprenant que le milieu des
faces, séparées par une ou plusieurs côtes très saillantes) :
B. angulosus D'Or8. Ang. sup. B. Stoppani Pir. sp. Sant. sup.
3° Groupe du Birad. acuticostatus (lames externes ornées de très
grosses côtes coupées par de nombreuses lignes d’accroissement forte-
ment plissées et se prolongeant sur la valve supérieure) :
B. acuticostatus D'Or. sp. Santonien,
4° Groupe du Birad. canaliculatus (lames externes formées de
lamelles relevées et arrondies dans la région cardinale, s’infléchissant
sur la région opposée pour former, à la place des côtes des groupes
précédents, trois grands plis infléchis vers le bas de la coquille entre
lesquels se trouvent reserrées les deux bandes lisses) :
B. canaliculatus D’Ors. Coniacien. B. Chaperi Baye sp. Maëstrich.
5° Groupe du BPirad. ingens (lames externes comme dans le qua-
trième groupe, mais aplaties sur la partie antérieure, s’épanouissant en
éventail, les deux bandes lisses placées symétriquement à droite et à
gauche du pli médian dont l’axe, normal à la surface aplatie, divise la
coquille en deux parties égales) :
B. ingens Des Mouzis. Maëstrichtien.
6° Groupe du Birad. fissicostatus (comme dans le cinquième groupe,
sauf que les lames externes sont moins écailleuses et ne sont dilatées
que latéralement, le pli médian n’est plus normal à la surface aplatie,
mais disposé obliquement du côté antérieur, rejetant ainsi les deux
bandes de ce côté) :
B. fissicostatus D'Or8. Santonien.
28 Juin 1908. — T. VIIL. Bull. Soc. Géol. Fr. — 6.
FAUNE QUATERNAIRE DE SAINT-SÉBASTIEN (ESPAGNE)
pAR Edouard Harlé
La faune quaternaire de l'Espagne, étant peu connue, il m'a
paru intéressant de signaler à quels animaux appartiennent les
ossements, assez nombreux, recueillis dans diverses grottes des
environs de Saint-Sébastien, et qui sont déposés au musée de cette
ville, où j'ai pu les étudier grâce à l’amabilité du conservateur, don
Pedro Manuel de Soraluce.
Presque tous proviennent de trois grottes superposées, situées
dans la commune de Renteria et dites grottes de Landarbaso ou
Aïtz bitarte. Ils ont été recueillis, pour la plupart par M. le comte
de Lersundi, quelques-uns par M. de Soraluce et d’autres.
J’ai reconnu :
Ursus spelæus : Déjà déterminé par M. le Dr Émilio Rotondo Nicolau.
Restes de nombreux individus, généralement de petite taille. L’Ours
en question est bien le spelæus, car deux mandibules ont encore en
place la première prémolaire, dont la forme est caractéristique dans
cette espèce, et n’ont pas trace des petites prémolaires entre celle-là
et la canine.
Hyæna spelæa : Une carnassière inférieure.
Felis spelæa : Une portion de mandibule, appartenant à un sujet de
très grande taille. Une première phalange.
Cheval : Quelques dents.
Grand Bovidé : Quelques échantillons.
Cerf elaphe : Nombreux échantillons.
Renne : Un bois de Cervidé paraît être de Renne; mais il est en
mauvais état. En outre, j'ai trouvé dans la grotte supérieure, et
donné au Musée, une portion d’extrémité inférieure de canon, ne
comprenant guère plus que l’épiphyse, qui est bien moins épaisse
que chez le Cerf et à profil d’articulation bien plus mou que chez le
Bouquetin, la Chèvre et le Mouton. Elle est en tout comme au
métacarpe du Renne. Je l’ai attribuée à ce Cervidé. Plus tard, je me
suis demandé si elle ne proviendrait pas d’un Bovidé, qu'il faudrait
supposer de taille fort réduite pour un adulte, car cette extrémité
de canon n’a que 43 mm. de largeur : mais cette hypothèse est
contredite par plusieurs détails.
En 1893, j'ai signalé un andouiller, probablement de Renne,
1. Landarbaso estune portion de commune: La Republica de Landarbaso.
En basque, ait: signifie rocher et bitarte signifie entre deux.
FAUNE QUATERNAIRE DE SAINT-SÉBASTIEN 83
trouvé dans la grotte de Serinya, province de Gérone, à l’autre
extrémité des Pyrénées.
Somme toute, en Espagne, le Renne n’est guère que soupçonné.
Il est connu en France jusque près de la frontière (Bayonne, Nar-
bonne).
Le musée possède, en outre, des mêmes grottes, des Patelles
semblables à celles qui vivent actuellement sur la côte de l'Océan,
a une dizaine de kilomètres, et de nombreux objets de l’industrie
magdalénienne (harpons et pointes de sagaie), découverts par
M. de Lersundi.
Enfin, le musée possède une mandibule d’Ursus spelæus, bien
caractérisée, déjà déterminée par M. le Dr Emilio Rotondo
Nicolau, qui provient de la grotte de San Elias de Oñate.
En définitive cette faune rappelle celle de beaucoup de nos grottes
françaises. À remarquer, toutefois, qu'il y a peu de Renne et
beaucoup de Cerf. En France, avec la même industrie, le Renne
serait abondant.
Il est à désirer que l’on fasse de nouvelles fouilles, en ayant soin,
autant que possible, de recueillir tous les ossements et de ne pas mélan-
ger ce qui est séparé.
NOTE SUR LA DÉCOUVERTE, PAR LE CAPITAINE MAURY,
DE LA HOUILLE DANS L'EXTRÈME SUD-ORANAIS
PAR LE général Jourdy
J'ai déjà entretenu à plusieurs reprises, la Société, des proba-
bilités de la découverte de la houïille dans le Sud-Oranais. Après
six années d’études de la part des officiers qui ont bien voulu se
charger de sa recherche, le capitaine Maury, notre confrère,
secondé par son lieutenant M. Huot, est arrivé au but. Il a trouvé
plusieurs bancs de houille de o m. 05 à o m. 20 d'épaisseur dans les
couches très fossilifères du Westphalien.
L’échantillon présenté à la Société provient des environs de
Haci Ratma, en un point que le capitaine Maury a appelé pour la
circonstance Djorf el Feham (le rocher du charbon).
L'aspect de cette houïlle se ressent de sa position à fleur du sol :
d'aspect très noir, tachant les doigts comme du fusain, elle a
perdu, par le fait des intempéries de ce climat sévère, sa cohésion
84 GÉNÉRAL JOURDY 16 Mars
primitive et se réduit facilement en poussière. Voiei sa composi-
tion chimique, d'après une analyse faite au laboratoire de l'Institut
Pasteur à Nantes :
DJOREF EL KFETANM LE GRESSIN
(SUD-ORANAIS) (LOIRE-INFÉRIEURE)
ÉRUANIGITÉ Een + SC) AR 25,94 17
Matières minérales . . . : . . 18,60 i0
Malières vOlatiles CSM 2 19,31 26,4
Garbone fixe : ES 36,15 46,6
Comme on le voit, cette composition est voisine de celle de la
houille des environs de Nantes et indique une houille plutôt
maigre. Toutefois on peut espérer que la houille de fond sera
meilleure que la houiïlle de surface.
A deux reprises différentes, j'ai entretenu la Société de mon œuvre
de la création d’une bibliothèque géologique et paléontologique au
quartier-général d’Aïn-Sefra. Cette bibliothèque, qui compte maintenant
16 volumes, vient d’être heureusement complétée par le cadeau dû à notre
confrère, M. Le Châtelier, du tome IV de l’explication de la Carte géolo-
gique de France, et, sur ma demande, du don, par M. le Ministre, des
ouvrages suivants de M. Zeiller : Flores fossiles de Valenciennes, de
Brives, d'Autun et d’Epinac, de Blanzy et du Creusot.
Grâce à la libéralité de M. Beaulaton, Ingénieur de la Mine de Mou-
zeil (Loire-Inférieure), j'ai pu également enrichir cette collection récente
d’une belle série de végétaux fossiles du Culm des environs de Nantes.
Les officiers du Sud-Oranais ont donc maintenant à leur disposition
tous les documents nécessaires à leurs études. Ils peuvent, à l'exemple
du capitaine Maury, des lieutenants Poirmeur et Huot, utiliser leurs
loisirs et travailler du marteau quand les harkas marocaines leur per-
mettront de déposer le fusil.
Le Président rappelle que c’est à l’instigation du général Jourdy,
activement secondé par le général Lyautey, que les officiers du Sud-
Oranais ont commencé et poursuivi les recherches géologiques dans
cette région difficile ; c’est d’abord le lieutenant Quoniam qui a exploré
les environs de Figuig; le lieutenant Poirmeur a ensuite relevé les
contours géologiques de la région comprise entre Colomb-Béchar et Igli
et dressé une carte géologique provisoire qui a été publiée par la Société;
enfin c’est encore sous la même impulsion que le capitaine Maury et le
lieutenant Huot ont méthodiquement exploré le terrain houiller; la
découverte de la houille a été le couronnement de ces recherches pour-
suivies avec persévérance et ténacité et le Président transmet au
général Jourdy ioutes les félicitations de la Société géologique.
M. Henri Douvillé ajoute que les couches à flore westphalienne
sont accompagnées de couches avec Spirorbis carbonarius, Belinurus
arcuatus, Anthracomya et petits Ostracodes rappelant tout à fait
certaines assises du terrain houiller de l’Angleterre.
LA TRANSGRESSION DU LUDIEN DANS LE BASSIN DE PARIS
PAR Jean Boussac
M. Leriche vient de publier, dans le dernier fascicule des Annales
de la Société géologique du Nord, une importante note sur les
terrains tertiaires des environs de Reims et d’Épernay, dont le
principal intérêt est d'indiquer la répartition, dans cette région,
des différents faciès offerts par chacun des termes de l’Éocène. On
voit alors que dans la montagne de Reims tous les étages de la
série parisienne sont représentés par des dépôts fluviatiles ou
lacustres, à l'exception du Ludien dont la couche marine à Phola-
domya ludensis est bien visible dans le haut de la carrière de
Verzenay. Le Ludien a donc là un caractère nettement transgressif.
Cette constatation m'a conduit à rechercher si cette transgres-
sion était un fait général dans le bassin de Paris, et J'ai été amené
ainsi à tracer sur une carte les extensions comparées des mers
ludienne et bartonienne. Je me suis servi principalement des
cartes géologiques détaillées du bassin Paris que l’on doit aux
travaux si précis de MM. G. Dollfus, L. Janet, H. Thomas, ainsi
que des nombreuses coupes de tranchées relevées par M. Ramond.
J'ai pu ainsi établir une carte, dont les tracés ne sont encore que
très approximatifs, mais qui fournit cependant des renseignements
intéressants.
On y voit que le Bartonien ! (— Sables de Cresne) n’est repré-
senté que dans la partie tout à fait centrale du bassin de Paris;
vers l'Ouest il ne dépasse guère Arties, au N.E. de Mantes ;
il n'atteint pas Versailles et dépasse à peine Paris vers le Sud ;
vers l'Est, il dépasse à peine le méridien de Compiègne, d’après
les indications que nous donnent les légendes des feuilles de
Soissons et de Meaux.
Le Ludien, au contraire, s’est étendu sur le bassin de Paris plus
qu'aucun autre étage éocène : on le connaît à Cernay, à l'Est de
Reims ; il couronne toute la falaise qui limite au S.E. le plateau
1. Je ne dis même pas sensu stricto : est bartonien ce qui est synchronique
de l’argile de Barton. Les Sables moyens (Auversien), correspondant aux
couches supérieures de Bracklesham à Nummiulites variolarius, ne sauraient
être mis dans le Bartonien. — Voir J. Boussac. La limite de l’Eocène et de
l'Oligocène. B.S G.F., 18 nov. 1907. — In. Observations sur la faune des
couches supérieures de Bracklesham à Nummulites variolarius. Ann. Soc.
géol. Nord, 4 dée. 1907: t. XXXVI, p. 360-365.
86 JEAN BOUSSAC 16 Mars
tertiaire parisien, et est très fossilifère à Villenauxe, et à Montigny-
Lencoup qui n’est qu'à une dizaine de kilomètres au N.E. de
Montereau. Son extension vers le Sud même de Paris, est plus
difficile à préciser, mais M. Dollfus a signalé les marnes ludiennes
avec gypse dans un sondage à Fontenay-le-Vicomte. Vers le S.O.
il est aussi représenté, près de Beynes, dans la tranchée de l'aque-
duc de l’Avre, sous forme d’un calcaire dur très fossilifere, à faune
ludienne, reposant sur le calcaire de St-Ouen. Le Bartonien semble
faire défaut.
Ainsi le Ludien, avec une faune bien plus franchement marine
que celles des étages précédents, s’est étendu près d’une centaine de
kilomètres plus à l’Est et au Sud-Est que le Bartonien, et le déborde
aussi au Sud et au Sud-Ouest. IL n’a pas seulement une individua-
lité paléontologique, mais aussi une individualité stratigraphique,
qui est un nouvel argument en faveur de son maintien comme
étage’ de la série parisienne.
M. G. Dollfus ne pense pas que la différence d’extension indiquée par
M. Boussac, sur sa carte, entre le Bartonien et le Ludien soit un argu-
ment en faveur de la validité stratigraphique de ce dernier étage.
Toutes les couches du bassin de Paris depuis les sables de Bracheux
jusqu'aux sables de Fontainebleau sont, à peu d'exception près, en
transgression vers le Sud, gagnant toutes du terrain au Midi sur les
couches antérieures ; le niveau du Guespel s’étend plus loin que celui
d'Auvers, etc. Surtout il y a à savoir de quel Bartonien M. Boussac a
voulu parler ; il ne nous a toujours pas dit de quel horizon du bassin de
Paris il fallait rapprocher l'argile de Barton; nous avons cependant
depuis Auvers jusqu'à Marines des couches bien différentes qui ont
chacune une étendue différente, Quelle est celle qu’il a figurée ?
M. Dollfus a eu l’occasion de rechercher l’origine du nom Partonien
de Mayer; il semble que cet auteur n’a jamais été à Barton et qu'il n’en
connaisse pas, par lui-même, la stratigraphie; il en donne la définition
comme correspondant globalement aux « Sables moyens du bassin de
Paris»; mais la succession des Sables moyens était bien mal connue
il y a cinquante ans, au moment où il écrivait, et son type est actuelle-
ment sans valeur; sa paléontologie basée sur la faune de Barton
décrite par Brander et Solander, est également d’un parallélisme incer-
tain; ce sont des désignations vagues que M. Dollfus a déjà combattues.
M. Dollfus ne voit rien à changer à la classification qu'il a proposée
le 17 juin dernier, qui groupe le calcaire de St-Ouen, les sables de
1. Je ne considère pas l’Auversien, le Bartonien, le Ludien comme de
véritables étages, semblables à ceux qu’on a distingués dans le Primaire ou
le Secondaire. Ce sont des unités stratigraphiques, c’est-à-dire des zones
paléontologiques ou tout au plus des sous-étages,
1908 TRANSGRESSION DU LUDIEN 87
Marines, et les récurrences lacustres dans lesquelles est enserré le cal-
caire de Ludes, en un étage parisien sous le nom de Warinésien.
M. Léon Janet fait remarquer qu’on ne saurait tirer d’une extension
différente du faciès marin du Bartonien supérieur et du Ludien, un
argument sérieux en faveur du maintien du Ludien à titre d’étage
distinct.
Si l’on prenait le Bartonien supérieur et le Ludien avec leurs faciès
marins et leurs prolongements lagunaires, on verrait que l’extension
d'ensemble est fort peu différente. Dans l’ensemble, le Ludien paraît
présenter une légère transgression, mais cette transgression est à peu
près continue dans le bassin de Paris, depuis le Bartonien jusqu’au
Stampien.
Le moindre petit plissement suffisait à cette époque pour amener en
un point donné des couches saumâtres, au-dessus de couches marines.
En réalité on a des alternances continuelles de couches laguno-marines
et de couches laguno-lacustres. Dans le Bartonien supérieur on trouve
jusqu’à cinq ou six alternances de sables à Cérites et de calcaires à
Limnées. En concluerait-on qu’il faut faire quatre ou cinq étages diffé-
rents dans le Bartonien supérieur ?
En résumé, la question du maintien ou de la suppression de l'étage
ludien doit rester ouverte, et ce sont des considérations paléontolo-
giques qui permettront seules de la trancher peut-être définitivement un
jour.
M. Boussac croit qu'il s’agit, avec le Ludien, de tout autre chose que
des alternances de couches saumâtres et lacustres qu'on observe à la
périphérie des étages auversien et bartonien ; ce dernier étage dans
son ensemble, est localisé dans le centre du bassin parisien, et les
alternances de couches saumâtres dont vient de parler M. Janet ne font
qu’accuser son caractère régressif ; le Ludien, avec ses Pholadomyes et
ses Echinides, a une faune bien franchement marine et une extension
plus considérable qu'aucune des autres mers éocènes. On ne saurait,
sans méconnaître la réalité, le fusionner avec le Bartonien.
M. H. Douvillé rappelle que la faune très particulière du Ludien avec
Pholadomya et Oursins spatangoïdes semble indiquer une mer assez
profonde.
OBSERVATIONS SUR LES FAUNES A FORAMINIFÈRES
DU SOMMET DU NUMMULITIQUE ITALIEN
PAR Robert Douvillé
PLANCHE II
On sait que la faune nummulitique des couches supérieures de
Biarritz comprend, outre MN. intermedius, N. Bouillei et N. vascus
(représentées chacune par leurs formes méga- et micro-sphé-
riques),une grande forme, généralement déterminée comme vascus,
mais qui en diffère par une taille notablement plus grande et des
filets beaucoup plus tourbillonnants. On doit la rapporter à
l'espèce miocontortus TELLINI.
Dans tous les gisements classiques de la Haute Italie, on retrouve
une partie de ces espèces. La proportion entre les Nummulites
radiées et les Nummulites réticulées varie extrêmement suivant les
gisements. Le tableau suivant donne une idée de cette répartition :
Déco : presque uniquement des réticulées (intermedius-Fichteli), quel-
ques rares Bouillei Tournoueri.
CARCARE : réticulées et radiées (d’après CI. Parisch) : miocontortus,
contortus (sic ?), intermedius.
Personnellement, je n’ai su trouver dans cette localité que des Oper-
culines et de petites Nummulites à spire lâche. Je n’ai évidemment pas
vu les gisements qui paraissent avoir fourni d'abondants matériaux au
Musée de Turin, et notamment cette Nummulites contortus, qui a fait
dire à mon ami et collègue M. Prever qu’il y avait indiscutablement du
Bartonien dans certains gisements classiques du Piémont. Je pense que
cette Nummulite doit être quelque variété du MN. Rosai TELL., espèce
commune dans tout le Tongrien.
BELFORTE : uniquement des radiées (miocontortus, Rosai).
Mre. Berico (Vicence) : de très rares réticulées (intermedius) ct d’innom-
brables radiées (miocontortus).
MonTEcCHI10-MAGGIORE (calcaires exploités au-dessous des tufs à Tro-
chus Lucasi) : innombrables radiées (Rosai); une ou deux réticulées
à peine ont été trouvées par M. Boussac, tant dans ces calcaires que
dans les tufs eux-mêmes.
LuGo DE SANGONINI : uniquement des réticulées (intermedius).
PRIABONA (Marnes à Orthophragmina du milieu de la montée). princi-
palement des radiées (Rosai). Un peu plus bas existe un niveau
où l’on ne rencontre au contraire que des réticulées granuleuses
(Fabianii).
1905 FAUNES DU NUMMULITIQUE ITALIEN 59
VÉRONE (fort San Felice) : des radiées seulement : Rosai et veronensis
OPPENnu. Cette dernière espèce est une race locale du contortus de
Faudon. Les nombreuses Orthophragmina donnent du reste à ce
gisement exactement le même faciès qu’à celui de la villa Lady Bruce
à Biarritz, qui vient se placer sur le même niveau.
En résumé, dans le Nummulitique supérieur de la Haute Italie,
les différentes formes de Nummulites radiées ont l’extension verti-
cale suivante :
N. veronensis OPPENH.— Se rencontre dans lAuversien de Vérone. C’est
le niveau de Faudon à N. contortus, forme qui ne se rencontre pas,
à ma connaissance, en Italie.
N. miocontortus TELL. est fréquente partont dans le Sannoisien et le
Stampien. C’est le niveau des couches supérieures de Biarritz.
N. Rosu TELL apparaît dans le Bartonien (uiveau de la base de la
montée de Priabona et de la Grauella) et continue à exister jusqu’au
sommet du Stampien.
Quant au véritable vascus de Joly et L.eymerie. je l’ai rencontré
seulement à Biarritz, d'où parait du reste provenir le type.
L'échelle des Nummulites réticulées et des Lépidocyelines com-
plète la précédente :
Lepidocyclina dilatata Micur., Lep. præmarginata n. sp. et N. nterme-
dius. — (Dégo) Stampien.
Lep. marginata Micurr. type. — (Colline de Turin) Aquitanien et Burdi-
galien inférieur.
Lep. marginata, Lep. Cottreaui Douv.et Lep. subdilatata n. sp.— (Ros-
signano) Burdigalien supérieur.
Je vais maintenant donner quelques renseignements sur les
gisements classiques du Piémont que j'ai visités en septembre 1907.
Le mémoire de Mie Clelia Parisch ‘, consacré spécialement à leur
étude, est malheureusement un peu succinet pour les descriptions
locales.
Le Mocere (près Ceva). — Le gisement se trouve à 2 km. au
Sud de Ceva, des deux côtés de la grande route de Turin à Savone
et juste à l'entrée du hameau de Le Molere. On y trouve unique-
ment, mais en immense quantité, Lepidocyclina dilatata Micar.
Elles sont disséminées dans le poudingue tongrien à galets
verts, à éléments particulièrement petits en ce point. Ces Lépido-
cyclines reproduisent identiquement le type de Michelotti et ont
une taille variant de 1 à 5 cm. Les formes méga. et micro-sphé-
1, Di alcune Nummuliti e Orbitoidi dell Appennino ligure-piemontese,
Ac. r. d. Se. di Torino, 1906.
90 ROBERT DOUVILLÉ 16 Mars
riques paraissent également nombreuses (autant que j'ai pu en
juger d’après les quelques préparations que j'ai faites) et sont
probablement de mêmes dimensions.
Il n'existe, avec ces Lépidocyclines, ni Nummulite, ni Mol-
lusque.
Déco. — Le gisement principal se trouve à quelques centaines
de mètres au S. E. du petit hameau de Costalupara, au Sud de la
grande route qui va de Dégo au col dei Giovi et à environ 2 km.
de Dégo.
Des deux côtés du sentier, on ramasse, juste au bas d’une petite
montée et près d'une ferme, d'innombrables Pecten miocenicus
Micur.; 20 ou 30 mètres plus haut, se trouve le gisement clas-
sique où la majorité des organismes appartient au groupe des
Coralliaires. En outre des mèmes Peignes on trouve quelques
Lamellibranches et Gastropodes médiocrement conservés, en parti-
culier Cerithium submelanoides Micur. Je n'ai pas trouvé de
Nummulite à la base du gisement, là où les Pecten prédominent.
Plus haut, on trouve d'assez nombreuses N. Bouillei-Tournoueri,
Lepidocyclina dilatata, L. cf. Raulini L. et D. et Lep. præmar-
ginata n. sp. Tout à fait au sommet, enfin, on trouve cette der-
nière espèce associée à N. intermedius-Fichteli var. bormidiensis
TezL. Dans tout le gisement de Dégo, L. præmarginata paraît
bien n'être représentée que par des formes microsphériques.
CASssINELLE. — Le premier gisement étudié se trouve sur la
route de Cassinelle à Cremolino, au-dessous de la casa Vallerano.
On y trouve en extrême abondance N. intermedius-Fichteli, un
grand nombre de petites formes (Bouillei, etc.), maïs peu ou pas
de grandes radiées. Le même fait s’observe dans le deuxième, qui
comprend toute la région comprise entre l’église San Defendente et
le rio Amione. Le sol est jonché d'innombrables Nummulites réti-
culées et de Janira arcuata Broccui. J'ai également trouvé quel-
ques-uns des fossiles signalés par les auteurs italiens, Ostrea
rarilamella var. oligappenninica Sacco et plusieurs Pholadomya
Puschi Gozpr. Ce dernier fossile se retrouve à Biarritz au même
niveau, dans toutes les couches à partir et au-dessus du Phare. Elle
est également signalée par Tournouër à St-Géours en Maremme
(Aquitanien). Quant à Jan. arcuata, on l’a rencontrée à Biarritz à
la roche St-Martin, qui se trouve devant la villa Eugénie.
BELFoRTE. — A l'Est et à environ 3 km. de Belforte (près Ovada),
se trouve le petit village de Mongiardino. Un sentier le traverse et
continue vers le S.E. Au-dessus des dernières maisons du village,
on rencontre un ravin entaillé dans des poudingues et grès à
1908 FAUNES DU NUMMULITIQUE ITALIEN O1
éléments de grosseur très variable. Ces roches renferment, dans
le ravin, d'assez nombreuses Nummulites radiées (N. Rosai, mio-
contortus).
Appendice paléontologique
I. LÉPIDOCYCLINES NOUVELLES
LEPIDOCYCLINA PRÆMARGINATA n. SP:
Diagnose. — Petite forme de dimension variant de 3 à 6 mm.;
très pustuleuse, les pustules étant concentrées au centre et bor-
dées d'une collerette plus ou moins développée, exactement
comme chez L. marginata. L'aspect général rappelle celui d’une
forme mégasphérique très pustuleuse de cette dernière, par exemple
©
RE a
3
Fig. 1-2. — Lepidocyclina præmarginata n. sp.
1, L. præmarginata. Dégo. Stampien. Type. X 10. — 2, Coupe tangen-
tielle. X 10, montrant, au plus, 7 à 8 pustules.
Fig. 3. — L. marginata Micur.
Coupe tangentielle (figurée pour comparaison avec la fig. 2). Les pustules
sont bien plus nombreuses. Elles se distinguent des loges, par leur taille
supérieure.
de Z. Morgani. Tous les exemplaires de L. præmarginata que
nous avons coupés étaient, comme la Z. marginata elle-même,
microsphériques. Les loges équatoriales sont également en ogive.
La compagne mégasphérique de la nouvelle forme m'est abso-
lument inconnue. C’est le premier exemple que je connaisse de
gisement où il ne paraît exister que des formes microsphériques’.
1. On ne peut, ici, invoquer aucun reclassement ultérieur par les eaux, les
fossiles étant des tailles les plus diverses. La seule hypothèse que l’on
puisse alors m’objecter est que la forme mégasphérique aît échappé à mes
recherches. Ceci me paraît improbable, étant donné que mon attention était
attirée spécialement sur ce point.
92 ROBERT DOUVILLE
16 Mars
La dimension moyenne de cette nouvelle forme est manifeste-
ment inférieure à celle des Lep. marginata typiques. Les pustules
«a
C
Fig 4. — a, Lepidocyclina præmar-
ginata n. sp. Stampien de Dégo :
gr. nat. — b, L. marginata Micur.
Aquitanien-Burdigalien de la col-
sont également un peu moins
développées. Bien que ces diffé-
rences soient,somme toute, assez
faibles, il nous a paru intéres-
sant de les utiliser pour la créa-
tion d'une espèce nouvelle qui
serait l'ancêtre stampien de la
L. marginata aquitanienne ou
burdigalienne, de même que
line de Turin: gr. nat, — c, L. Cot-
treaui R. D Burdigalien sup. de
Rossignano (la forme b continue à
vivre avec c): gr. nat.
cette dernière est l'ancêtre de
la ZL. Cottreauit du sommet du
Burdigalien. La figure 4 permet
de se rendre compte qu'au fur
et à mesure que l’on s'élève dans la série, la taille augmente et les
pustules deviennent plus développées.
Gisement. — Dégo (Piémont), avec Lep.
Raulini et Nummuliles intermedius.
dilatata, Lep. cf.
LEPIDOCYCLINA SUBDILATATA N' SD:
Diagnose. — Grande forme atteignant jusqu'à 40 mm. de dia-
mètre, légèrement mamillée au centre. L'aspect général extérieur
et la forme des loges équatoriales est identique chez cette forme
et chez Lep. dilatata.
Ces deux
formes ont des loges latérales beaucoup plus grandes et plus
contournées que la Z. dilatata ; en outre, on n'aperçoit pas, aux
points de jonction des cloisons des loges, ces piliers brillants et
uniformément répartis sur toute la surface qui sont caractéristi-
Il existe des formes micro- et méga-sphériques.
ques de la Z. dilatata. Certaines des loges latérales paraissent par
contre complètement
toe obscures,comme sielles
étaient remplacées par
de grosses pustules de
42 Ce mêmes forme et taille.
Je crois que ce n'est
qu'une apparence due
à un épaississement du
toit de certaines des
loges équatoriales, qui
est alors atteint par la
coupe, alors qu'il ne
l'est pas dans les loges voisines. Les figures 5 et 6, dessinées au
Fig. 6. — Lepi-
docyclina dila-
tata Micar. Cou-
pe tangentielle
(pour comparai-
SON) C2:
Fig. 5.— Lepidocyclina sub-
dilatata n.sp. Coupe tan-
sentielle. X 22.
1908 FAUNES DU NUMMULITIQUE ITALIEN 93
même grossissement, montrent la différence essentielle qui existe
entre les loges latérales des deux espèces.
La mégasphère de l'unique échantillon À que nous ayons ren-
contré est également tout à fait particulière, comme on peut s’en
rendre compte en examinant la figure 8. Elle est même tellement
différente de tout ce que l’on rencontre dans le groupe entier des
Orbitoïdes, qu'il se pourrait
que l’on fût en présence d’une
simple monstruosité.
Sa grandeur est également
anormale. Elle mesure 6 mm.
dans sa plus grande dimen-
sion, alors que la plus grande
mégasphèére que nous ayons
rencontrée jusqu'ici (Lep. cf.
dilatata, à Torre San Emi-
liano près d'Otrante) mesu-
rait à peine 2 mm. de dia-
mètre.
La forme des loges latérales
et l’absence totale de piliers
sufliraient dans ce cas à carac-
tériser la nouvelle espèce, représentant dans le Burdigalien un
retour aux formes ancestrales, sans pustules : Z. Mantelli du
Sannoisien.
Gisement. — Rossignano Montferrat, avant d’arriver au village,
à droite en montant,
au-dessus d’un mur
soutenant un talus
couvert de roseaux
et juste au dessous
de la rue en terrasse
« Ver Cella ».
Forme relative-
ment très rare (cinq
ou six échantillons Fig. 8. — Lep. subdilatata n. sp. Coupe de la mé-
récoltés),surtout par gasphère ?. X 10.
rapport au nombre
immense de Lepidocyclina marginata-Tournoueri et Cottreaui
qui l’accompagnent.
Je rappellerai que le gisement de Rossignano a fourni, entre
autres Échinides : Chy-peaster crassicostatus et Clyp. gibbosus.
Fig. 5. — Lep. subdilatata n. sp. Rossi-
gnano. Burdigalien supérieur. Type. X 2.
94 ROBERT DOUVILLÉ 16 Mars
Ces grands Clypeastres sont quelquefois considérés comme helvé-
tiens. En Andalousie, on trouve dès le Burdigalien des Clypeastres
voisins du crassicostatus. Par analogie avec la coupe du Sausset
(Bouches-du-Rhône), qui nous a fourni la même faune de Forami-
nifères que Rossignano, je pense que cette dernière localité
correspond exactement au sommet du Burdigalien.
II. Sur LES NUMMULITES RADIÉES DE L'OLIGOCÈNE
Une partie de la faune nummulitique de l'Oligocène italien
correspond à des formes radiées : N. Rosai TELL. et N. miocon-
tatus TEeLz. Ces deux formes sont accompagnées d’un grand
nombre de Nummulites réticulées que nous avons, dans cette note,
désignées sous le nom d'intermedius. Dans un certain nombre de
gisements, à Dégo notamment, ces Nummulites réticulées pré-
sentent un réseau bien moins complet qu’à Biarritz. Nous ne nous
occuperons pas, pour le moment, de ces dernières formes qui
nécessiteraient une description et une figuration spéciale.
Les Nummulites radiées que nous venons de citer ont été ample-
ment décrites et figurées par Tellini ', sauf pour les filets.
La planche ci-jointe est destinée à combler autant que possible
cette lacune,et en même temps à montrer les différences qui exis-
tent entre le W. contortus de l’Auversien de Faudon et les Nummu-
lites radiées du Bartonien et de l’Oligocène.
Les Nummulites figurées appartiennent à trois types bien diffé-
rents :
1° De petites formes renflées, de 7 à 8 mm. de diamètre en moyenne,
avec les filets partant toujours d’un même point central. Elles doivent
être rapportées à N. Rosai TELL., espèce qui paraît, jusqu'ici, banale
du Bartonien (marnes à Orthophragmina de Priabona) au Stampien
(Montecchio Maggiore) (pl. IL, fig. 2, 3, 4);
2 Des formes généralement un peu plus grandes, mais surtout beau-
coup plus plates et répondant assez exactement à la description de N.
miocontortus Ter. Les filets ne divergent plus directement du centre.
Ils tourbillonnent et forment généralement un ou deux centres de
divergence auxiliaires. Le dessin de ces filets se rapproche donc sensi-
blement de ceux du contortus type de Faudon, mais me paraît un peu
moins raide en général. La différence essentielle existant entre le
contortus de l’Auversien et le miocontortus de l’Oligocène réside dans
la taille. Le caractère des cloisons, plus inclinées en avant dans la
seconde forme, n’en est que le corollaire (pl. IL fig. 1, 5, 9):
3 J’ai figuré, uniquement à titre de comparaison, un échantillon de
1. Tezuini. Numm. terz. dell alta Italia occidentale. Bull. Soc. geol. ital.,
vol. VII, 1888.
1908 FAUNES DU NUMMULITIQUE ITALIEN 9ÿ
N. contorius provenant de Faudon (pl. IL, fig. 6). Les petites poutrelles
normales aux filets ne paraissent pas fournir de caractère spécifique.
Elles se retrouvent dans la MN. Rosai de la figure 3 (pl. Il) et dans la
plupart des espèces de Nummulites réticulées.
Je donne également, fig. 9ab, le dessin des filets du N. vascus J. et L.
104
ç 10b
Fig. 9. — Nummulites vascus Fig. 10.— N. vascus J. et L. (repr. des fig.
J. et L., de Biarritz. X 4. 15, 19 et 17 de la PI. r du Mém. de Joly et
Leymerie). 104 est en grand. nat., 10b et
10c sont grossies.
de Biarritz, localité qui a très probablement fourni le type de cette
espèce, bien que Joly et Leymerie ! ne l’indiquent pas explicitement. La
figure type reproduite à côté (fig. 10 abc) montre qu'il s’agit en effet
d’une forme à filets raides, divergeant régulièrement du centre et diffé-
rente par conséquent de N. miocontortus fréquente à l’Atalaye, avec
laquelle on l’a souvent confondue.
1. Joy et LeyMERIE. Mémoire sur les Nummulites. Mém. Ac. Sc. Toulouse,
(3), IV, p. 149, 1848.
DEUX ALGUES SIPHONÉES VERTICILLÉES
DU THANÉTIEN DE BONCOURT (OIsE)
par L. Morellet
Le gisement thanétien de Boncourt, près Noailles (Oise), m'a
fourni les restes calcaires de deux Algues siphonées verticillées,
dont je me propose de faire ici l'étude :.
ÏJ. — LARVARIA®? CRANIPHORA Mun.-Cx.
Cette espèce, recueillie dès 1873 par Munier-Chalmas dans les
sables thanétiens d'Abbecourt (Oise), avait été dénommée par lui
sans être décrite, ni même publiée. ce qui me fit croire à la décou-
verte d'une forme nouvelle jusqu'au jour où M. Ed. Bornet me
montra dans sa collection des exemplaires semblables aux miens,
donnés par Munier-Chalmas et étiquetés Larvaria craniphora.
Larvaria craniphora se présente sous forme de tubes calcaires
a b ce d
Fig. 1.— Laroaria craniphora Mux.-Cu.
a, articles isolés; b, surface externe fortement grossie (schéma); c et d,
schéma montrant la structure interne.
cylindriques (fig. 1, a) à parois épaisses, droits ou légèrement
arqués, atténués aux extrémités.
Extérieurement, le tube calcaire se montre formé d’une
succession d’anneaux superposés, qu'un sillon sépare bien dis-
tinctement les uns des autres (fig. 1, b). Hauts de o mm. 2 à
1. Je suis heureux de pouvoir exprimer ici toute ma reconnaissance à
M. le Dr Ed. Bornet, membre de l’Institut, pour l’empressement avec lequel
il n’a cessé de me prodiguer ses précieux conseils au cours du présent travail.
2. J'avais tout d’abord rapproché l’espèce qui nous occupe du genre Dacty-
lopora LuKk., mais il me paraît plus logique de conserver le nom de Dacty-
lopora Lux. (— Dactyloporella Güm8.) aux formes possédant des canaux
disposés en houppes et de ranger dans le genre Larvaria DErR. (= Haplo-
porella Güms.) les formes à canaux simples et rectilignes.
LRU. se
1908 ALGUES THANÉTIENNES 97
o mm. 4, et légèrement bombés, ces anneaux présentent chacun
un peu au-dessus de chaque sillon une rangée circulaire de pores
également espacés (40 à 50).
Intérieurement (fig. 1, c), les anneaux sont peu visibles ; ils
sont séparés par une ligne de suture sinusoïdale. Ils présentent
chacun vers leur base deux rangées circulaires de pores sensible-
ment de même taille. La plus proche du sillon inférieur possède
un nombre de pores égal à celui des pores extérieurs (40 à 50) ; la
plus éloignée, un nombre moitié moindre (20 à 25). Ces deux
rangées sont disposées de telle sorte que chaque pore de la
rangée supérieure forme avec les deux pores voisins de l’autre
rangée les sommets d’un triangle à peu près équilatéral.
Les pores de la rangée inférieure sont les orifices de canaux
rectilignes à section circulaire qui, sans aucune ramification, tra-
versent la paroi de part en part et viennent aboutir aux pores de
la surface externe. Les pores de la rangée supérieure conduisent
chacun à une petite chambre sphérique, creusée obliquement dans
la paroi du test (fig. 1, d).
Dimensions.— Les tubes calcaires n’atteignent jamais un centi-
mètre. Le diamètre extérieur varie de o mm. 8 à r mm. 5; le diamètre
intérieur de o mm. 5 à o mm. 8.
Gisement.— Sables thanétiens d’Abbecourt et de Noailles (Oise).
L’Algue, dont je viens de décrire le revêtement calcaire, pré-
sente de grandes analogies avec Cymopolia Lamx. Tandis
que les canaux rectilignes correspondent aux poils végétatifs, Les
petites chambres utriculaires représentent les poils reproducteurs,
c'est-à-dire les sporanges, chaque sporange étant entouré et protégé
par deux poils végétatifs.
Il. PELZUNGIA BORNETI n. sp.
J'avais tout d’abord rapproché d'Ovpulites Lux., c'est-à-dire des
Siphonées dichotomes (Penicillus.....), cette deuxième Algue du
gisement de Boncourt ; mais une étude plus attentive m'a montré
qu’elle avait les plus grandes analogies de structure avec Larvaria,
Dactylopora, Polytripa, etc., et que, par suite, j'étais en présence
d’une véritable Siphonée verticillée.
La complexité remarquable présentée par les canaux qui tra-
versent l'épaisseur du test — complexité qui ne se rencontre, à
ma connaissance du moins, chez aucune autre Siphonée verticillée
vivante ou fossile — m'a conduit à créer pour cette Algue un
genre nouveau, que je suis heureux de dédier à M. le Professeur
29 Juin 1908. — T. VII. Bull. Soc. Géol. Fr. — 7.
98 L. MORELLET 16 Mars
E. Belzung. Ce genre ne renferme jusqu'à présent qu'une seule
espèce Belzungia Borneti du Thanétien de Boncourt.
Nous ne connaissons de cette Algue que des articles isolés dont
la forme varie suivant la place occupée par eux dans les rameaux
(fig. 2, a). Ces articles rappellent beaucoup par leur aspect géné-
ral les Opulites de Lamarck. Ce sont de petits corps calcaires
ovoïdes ou allongés, creux à l'intérieur, montrant à chacun des
pôles une ouverture circulaire dont les bords sont souvent déchi-
quetés, indice d'une rupture entre deux articles voisins. Quelque-
fois, comme chez Opulites d’ailleurs, on rencontre deux ouvertures
au lieu d’une à l'extrémité la plus large de l’article.
«a
Fig. 2. — Belzungia Borneti MoRELLET.
a, articles isolés ; b, section longitudinale (schéma); ce, canaux du test (schéma).
Examinée à la loupe, la surface extérieure montre une multitude
de pores très fins, également répartis sur toute la coquille. La
surface interne, au contraire, ne présente qu'un nombre restreint
de pores bien distincts, beaucoup plus gros que les premiers et
disposés en verticilles très réguliers (fig. 2, b). Un système de
canaux assez compliqué (fig. >, c) traverse de part en part le test
calcaire, faisant communiquer entre eux pores externes et pores
internes. Les pores internes, situés au centre d’un petit mamelon,
conduisent dans une large cavité, du fond de laquelle partent deux
à quatre canaux courts. Ceux-ci se divisent bientôt en deux à
quatre branches, qui, elles-mêmes, donnent chacune naissance à
deux à quatre canalicules très fins, aboutissant aux pores externes.
Dimensions. — La longueur des articles varie de 4 à 6 mm.
le diamètre extérieur de 1 mm. à 1,5.
Vivante, cette Algue, dont nous n'avons étudié jusqu'ici qu'un
simple moulage, devait avoir l'allure d'une Dasycladée actuelle ;
1908 ALGUES THANÉTIENNES 99
mais elle se distingue de toutes les espèces connues par la com-
plexité des poils végétatifs qui, chez aucune autre Siphonée verti-
cillée, ne présentent un aussi grand nombre de dichotomisations
successives. Quant aux poils reproducteurs (Sporanges), nous
n'avons aucune idée de leur disposition; rien, en effet, ne peut
leur être assimilé jusqu'à présent.
L'encroûtement par le calcaire commençait de bonne heure par
la tige principale et la base des poils, pour gagner peu à peu vers
l'extérieur, ne laissant flotter librement dans l’eau que les rami-
fications de dernier ordre.
Les Siphonées verticillées actuelles vivent à de faibles profon-
deurs (10 à 15 mètres) et pour la plupart dans les mers chaudes
(Chine, Antilles, Canaries, etc...). De la présence d’Algues sipho-
nées verticillées dans le gisement de Boncourt, nous sommes
donc amenés à déduire : 1° que la mer thanétienne ne devait guère
y dépasser 15 mètres, ce qui paraît être le cas ; 2° que la tempéra-
ture de ses eaux devait être relativement élevée. |
Si ce dernier point concorde assez bien avec l’idée que nous
nous faisons du climat des continents thanétiens par l'étude de
leur flore (grès d'Ostricourt à Flabellaria, travertin de Sézanne à
Cy'athea, Sassafras, etc.) il est, par contre, en opposition absolue
avec les résultats fournis par l’examen de la faune marine dont
certaines formes à aflinités boréales (Cyprines et Astartes) ont
permis de considérer la mer thanétienne comme une mer froide.
En présence de faits aussi contradictoires, il nous paraît préfé-
rable d'attendre, pour conclure, la découverte de nouveaux maté-
riaux et le résultat de nouvelles études.
Séance du 6 Avril 1908
PRÉSIDENCE DE M. HENRI DOUVILLÉ
Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté.
Sont proclamés membres de la Société :
MM. Georges Negre, directeur de la Société des phosphates de Saint-
Maximin (Gard), présenté par M. H. Douvillé et L. Cayeux.
Arnold Heim, professeur à Zurich, présenté par MM. de Margerie
et Boussac.
Etienne Peroux, capitaine d'Infanterie de Marine, à Paris, pré-
senté par MM. G. Dollfus et Ramond.
Ferronnière, professeur à la Faculté libre d'Angers, présenté par
MM. Maurice Gourdon et Louis Bureau.
Une nouvelle présentation est annoncée.
M. G. Dollfus présente deux notes au nom de M. Pachundaki,
d'Alexandrie : 1° «Observations sur le Préhistorique en Egypte ».
> « Contribution à l'étude géologique des environs de Marsa-
Matrouh en Marmarique», c'est-à-dire de cette région quasi-
désertique située entre l'Egypte et la Tripolitaine [CRS., p. 65-66.
M. Louis Gentil offre la carte topographique et géologique qu'il
a relevée tout le long de ses itinéraires dans le Haut Atlas maro-
coin, carte publiée par la Géographie [CRS., p. 66|.
M. Jean Boussac offre une note intitulée : « Observations sur la
faune des couches supérieures de Bracklesham à Mummulites
variolarius » (Ann. Soc. géol. du Nord, XXXVI, p. 360-365,
Lille, 1909) [CRS.. p. 66].
M. Léon Bertrand offre un exemplaire d'une note «Sur le rôle
des grands mouvements horizontaux dans la formation des chaines
de montagne », publiée récemment dans la Revue générale des
Sciences [CRS., p. 661]. |
Jean Boussac. — Valeur stratigraphique de Nummulites
læpigatus Lux. s
On sait que Nummulites lævigatus Lux., dans le bassin de
Paris, est surtout abondante dans le Calcaire grossier inférieur et
ne dépasse que bien rarement le banc à Cerilhium giganteum.
Dans le Hampshire au contraire, notamment à Whitecliff Bay dans
l'Ile de Wight, N. lævigatus se trouve dans toute l'épaisseur du
Lutétien, et monte jusqu’au contact des couches à Nummulites
SÉANCE DU 6 AVRIL 1908 TOI
variolarius ; les échantillons des assises les plus élevées appartien-
nent en majorité à la variété scaber, maïs on y trouve aussi des
læpigatus lisses.
Il était intéressant de savoir si la grande extension stratigra-
phique de cette espèce était un fait isolé, une exception propre
au bassin du Hampshire, ou si, au contraire, les mêmes faits se
reproduisaient dans les régions méditerranéennes.
Dans le bassin de l'Adour, l'espèce en question n’était connue
que dans les couches inférieures du Lutétien (Saint-Barthélemy),
au-dessus desquelles on distingue des assises à grandes Nummu-
lites, comme AN. aturicus (crassus), N. complanatus, N. Bron-
gniarti, représentant la partie supérieure du Lutétien. M. Ï. Dou-
villé y a cité aussi en quelques endroits N. scaber ; pour ma part,
j'ai découvert plusieurs échantillons de cette variété dans un lot
de Nummulites, rapporté par M. R. Douvillé de l’église de Saint-
Barthélemy, et qui comprenait surtout des NV. aturicus, compla-
natus, Brongniarti. Enfin j'ai trouvé un échantillon certain de
N. lævigatus à Biarritz, dans les rochers de Peyreblanque, toujours
en compagnie des mêmes grandes espèces.
Au dessus des assises précédentes viennent les premières
couches de marnes bleues (gisement de la villa Marbella) qui
appartiennent à l’Auversien.
Dans le Vicentin, le gisement le mieux connu de N. lævigatus
est celui de la Gechellina, près Malo, où cette espèce se trouve en
compagnie de N. scaber et d’Assilina spira. C’est bien réellement
le Lutétien inférieur. Le Lutétien supérieur est représenté par les
couches de San Giovanni Ilarione, où on connaît M. aturicus
(N. crassus), N. complanatus ; j y ai aussi découvert de nombreux
échantillons de N. lævigatus, et quelques échantillons voisins de
N. Brongniarti.
Il convient d'ajouter que les formes de Peyreblanque et de San
Giovanni Ilarione ne sont pas des scaber, mais de grands échan-
tillons médiocrement granuleux, comme la forme moyenne du
bassin de Paris, autour de laquelle oscillent les variétés complète-
ment tuberculeuses et les variétés complètement lisses.
Nous savons qu'au dessus du niveau de San Giovanni Ilarione,
vient le niveau de Roncà ou Auversien. On peut donc dire que
dans tous les bassins de l’Europe occidentale, VNummulites lævi-
gatus occupe toute l’épaisseur du Lutétien.
J. Lambert. — Sur quelques Échinides de la Haute-Garonne
(Calcaire à Miliolites) [CRS., p. 74].
NOTES DE TECTONIQUE TUNISIENNE ET CONSTANTINOISE
PAR Pierre Termier.
Nos récentes discussions entre confrères sur l'interprétation des
contacts anormaux du djebel Ouenza me décident à publier quel-
ques notes de voyage pour servir à l’étude de la tectonique tuni-
sienne et constantinoise. Je serais heureux si cette publication
pouvait convaincre mes contradicteurs que, non pas en un seul
point, mais en beaucoup de points de la Tunisie et du départe-
ment de Constantine, une très grave question de structure se pose.
Que cette question ne soit pas encore entièrement résolue, je le
sais aussi bien que personne. Mais on n'a pas le droit de l'écarter
par une sorte de fin de non-recevoir, et Je demande que nous
réunissions nos efforts pour tàcher de trouver une solution qui soit
vraiment adéquate aux difficultés.
I. — Pays ENTRE BIZERTE ET LE RAS-BEN-SEKKA
Le Ras-ben-Sekka' est la pointe septentrionale extrême de
l'Afrique, à 12 km. 5 au Nord-Ouest de Bizerte. À 5 km. au Sud
du Ras, se trouve le village arabe de Bechater, près duquel il y a
de petites mines de zinc.
Abstraction faite du Miocène de Bizerte et des calcaires et des
dunes pleistocènes qui n’importent pas à la tectonique, les terrains
qui affleurent dans cette région sont les suivants : Trias, Sénonien,
Eocène inférieur et moyen, Eocène supérieur. L'Eocène inférieur
et moyen est douteux. Les autres sont certains.
Le Trias a le faciès bien connu : argiles bariolées; calcaires
magnésiens et dolomies très cristallins, souvent cariés, habituelle-
ment de couleur sombre (noir-bleuâtre, gris de fumée), quelque-
fois jaunes: ophites; gypse, célesline et minerais sulfurés ou
carbonatés divers ; cristaux bipyramidés de quartz, dans les
argiles, çà et là.
Le Sénonien, sous la forme de calcaires blancs compacts et
durs, avec rares /nocérames, affleure dans le dj. Kechad-Labiad
à l'Ouest de Bechater. C'est lui aussi qui forme la chaine de col-
lines, dirigée Nord-Nord-Est, qui domine Bizerte à l'Ouest; lui
1. Suivre cette description sur la feuille Environs de Bizerte de la carte
topographique de la Tunisie à l’échelle de 1/50 000. Je prends, pour les noms
arabes, l’orthographe de cette carte : dj. veut dire djebel, montagne.
1908 TECTONIQUE TUNISIENNE ET CONSTANTINOISE 103
encore qui forme le dj. Nador et le cap Blanc. Il est exploité pour
moellons au dj. Labiod, à 3 km. à l'Ouest de Bizerte.
Faut-il, avec M. Aubert’, lui rattacher encore les calcaires
blancs, ou blanc-grisätre, du dj. Kebir et du dj. Messlem, qui
forment ceinture autour de la cuvette marneuse de l’Henchir
Mezid ? Je ne le pense pas. Ces calcaires blancs ou blanc-grisâtre,
bien lités, d'aspect crayeux, me paraissent identiques aux cal-
caires blancs à Globigérines de l'Eocène inférieur, dont M. Per-
vinquière a montré le passage latéral aux calcaires à Nummulites?.
Ils s’enfoncent sous des marnes sombres (brunes à la surface, bleues
à l'intérieur), qui donnent un sol très fertile, et qui représen-
tent très vraisemblablement l’Eocène moyen. En tout cas, et c’est,
pour la tectonique, la seule chose qui importe, les marnes sombres
surmontent certainement les calcaires du dj. Kebir, et ceux-ci
sont certainement supérieurs au Sénonien indubitable.
L’Eocène supérieur affleure dans le dj. Sebà, au Nord-Ouest du
dj. Kebir, sous la forme des grès roux du type habituel. Ces grès
reposent sur les marnes sombres de l'Henchir Mezid.
De prime abord, la tectonique paraît fort simple. L'Henchir
Mezid est une cuvette synclinale très régulière dont voici la coupe
(fig. 1). Elle est allongée dans la direction du Nord-Est. A l'Est,
NO. Seb Kebir SE.
Bizerte
Fig. 1. — COUPE DE LA GUVETTE SYNCGLINALE DE L'HENCHIR Mez1D près Bizerte.
1/100 000.
, grès de l’Eocène supérieur; M, Marnes (Eocène moyen probable); C, cal-
caires du dj. Kebir (Eocène inférieur probable); S, Sénonien.
G
elle est limitée par un anticlinal relativement aigu, dirigé Nord-
Nord-Est, bien visible dans la topographie et qui aboutit au cap
Bizerte.
Au Nord-Ouest de cette cuvette, sur la côte, on s’attendrait à voir
apparaître le Sénonien sous les calcaires éocènes. C'est le Trias
qui apparaît. Il forme les pentes nord et ouest du dj. Rozelane, et
la côte jusqu’au Ras-ben-Sekka.
Au Rozelane, les travaux de mines ont mis en évidence les rela-
1. F. AuBErr. Carte géologique provisoire de la Régence de Tunis, à
l'échelle de 1/800000. — Explication de la carte géolog. provis. de la Tunisie.
Paris, Barrère, 1892.
>. L. PervINQuIèRE. Étude géologique de la Tunisie centrale (Paris, 1903,
p. 169).
104 PIERRE TERMIER 6 Avril
tions de ce Trias et de l’'Eocène. La surface de séparation des deux
terrains est fortement plissée. De plus, les calcaires éocènes Ç, qui
ont au moins 150 mètres d'épaisseur sur le pourtour de la cuvette
synclinale, finissent en pointe, çà et là, entre le Trias et les
marnes 7, de sorte que le Trias vient, comme indifféremment, au
contact de l'étage M ou de l'étage C. Voici deux coupes par les
travaux de la mine de zinc (fig. 2).
A la droite de la première de ces deux coupes, commence la
cuvette synclinale représentée par la figure 1. Entre le dj. Zouila et
le dj. Rozelane, dans le ravin de l'oued Berkerou, les dolomies tria-
siques aflleurent brusquement, ayant, d'un côté, les marnes, et, de
l’autre, les calcaires. Dans le col au Sud du Rozelane (2° coupe de
NO. Rozelsne Zouila DE
Fig. 2. — DEUX COUPES A TRAVERS LA MINE DU DJ. ROZELANE. — 1/25 000.
M, Marnes de l'Eocène moyen; C, Calcaires de l’Eocène inférieur; 7, Trias
(figuré par de petites croix).
la fig. 2), le Trias apparaît de même entre les étages M et C. Plus
au Sud, dans le vallon de Daouda, à l'Est de Bechater. le Trias
affleure sur de très vastes espaces, confinant indifféremment à ces
deux étages. Les sommets des collines sont généralement consti-
tués par les calcaires C ; les marnes affleurent dans les vallées ou
les cols, qui correspondent ainsi, dans la plupart des cas, à des
dépressions tectoniques. Sur le bord des crêts calcaires, on voit
les bancs (presque partout horizontaux au sommet) se ployer sou-
dainement et plonger périclinalement sous les marnes. Ces plisse-
ments sont le plus souvent, sans aucune règle. On voit cependant,
dans le dj. Cfaïa et dans le dj. Kechad-Labiad, d'assez longs anti-
clinaux, dirigés l'un vers l'Est, l’autre vers le Nord-Est; mais ils
disparaissent l’un et l’autre près de Bechater.
Le deuxième de ces anticlinaux, celui de Kechad-Labiad, est
très intéressant, parce qu'il fait afileurer les calcaires sénoniens,
authentiques et incontestables, en une voûte assez aiguë. Sur le
bord sud de cette voûte, le Sénonien est vertical : dans l’axe même,
1908 TECTONIQUE TUNISIENNE ET CONSTANTINOISE 105
quelques travaux de mines ont percé le Sénonien et ont touché le
sommet du Trias. Partout, la surface supérieure du Sénonien
confine aux marnes éocènes : c'est-à-dire que l'étage calcaire C,
qui cependant reparaît à 1 km. de là, est ici supprimé entre le
Sénonien et les marnes {.
Ainsi, le Trias est, dans cette région, le substratum général de
tous les terrains connus. Mais, tantôt il apparaît sous les calcaires
sénoniens, tantôt il touche aux calcaires de l’Eocène inférieur,
tantôt il confine aux marnes sombres de l'Eocène moyen. Dans la
série sédimentaire 7°, 8, C, M, G, les étirements sont fréquents et
brusques, S et C disparaissant tout à coup, alors que, tout à côté,
ils ont 100 ou 200 mètres d'épaisseur. Les terrains sont plissés,
mais sans aucune loi précise, et souvent par brusques soubresauts.
Si l’on trace sur la carte les contours des affleurements triasiques,
aucune direction tectonique ne s'affirme dans le dessin. En tout
cas, les plis ne sont nulle part assez intenses pour porter en eux-
mêmes la raison des étirements constatés.
Je ne crois pas, d’ailleurs, que l’on puisse essayer de nier les
.étirements, et d'expliquer la suppression des étages .S et C par
l’irrégularité et la discontinuité de la sédimentation en un régime
lagunaire. Qu'il y ait des lacunes dans la série sédimentaire
crétacée-éocène des environs de Bizerte, ce n’est pas contestable.
Sur le versant sud du dj. Kechad-Labiad, on observe, collés aux
bancs les plus élevés du Sénonien, des poudingues à gros galets
de ce même Sénonien : et ce fait seul indique que la série, dans le
Crétacé supérieur, n'est pas complète. Mais les suppressions
auxquelles je fais allusion, et dont les trois coupes (fig. 1 et 2)
donnent une idée, se produisent sans aucun changement dans les
faciès, sans aucun passage latéral d'un faciès à l’autre, sans
qu'aucune modification apparaisse dans la constitution de la base
de l’étage 7: et de plus, sur quelques points, l’amincissement et la
suppression mécanique des calcaires C sont réellement visibles.
IT. — HEncuir DJEGAGA, PRÈS DE BEJA
Les environs immédiats de Beja ’ ne montrent guère que des
terrains éocènes : calcaires blancs, crayeux, bien lités, à Globigé-
rines, représentant l'Eocène inférieur et que je désignerai par la
lettre C; marnes sombres, donnant un sol très fertile, représentant
suivant toute vraisemblance l’Eocène moyen. et que j'appel-
1. Carte topographique de la Tunisie à l'échelle de 1/50000 ; feuille Beja.
106 PIERRE TERMIER 6 Avril
lerai M'. Dans l’ensemble, ce système éocène est ondulé sans
aucune loi bien nette, quelquefois très capricieusement ; çà et là,
une direction de plissement s'avère, sur une longueur de quelques
kilomètres, et cette direction est en général nord-est, ou encore
est-ouest.
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Fig. 3 — COUPES À TRAVERS L’ANTICLINAL DE TRIAS DE L'HENGHIR DIEGAGa,
1/12 500.
T, Trias; À, Calcaires aptiens ; S, Calcaires et marno-caleaires sénoniens à
Inocérames ; C, Calcaires crayeux à Globigérines (Eocène inférieur) :
M, Marnes sombres (Eocène moyen).
A l'Henchir Djegaga, à 12 km. 500 au Nord-Est de Beja, à l'entrée
de la région montagneuse qui sépare l'oued Berdine de l’oued
Bagrat, on voit afileurer, entre les marnes 47 de la plaine et les
calcaires ( qui forment les sommets du Touila et du Kef Agab,
un anticlinal allongé, dirigé Est-Ouest, qui comprend trois terrains
sédimentaires très distincts et de diagnose très facile ? : des
1. L’étage calcaire C, dans le Kef Agab et le Touila, n’a pas moins de
200 mètres d'épaisseur, Les marnes M sont puissantes de plusieurs centaines
de mètres.
2 Le Crétacé inférieur À est formé de calcaires marneux alternant avec
de gros bancs calcaires à Ostracées, un peu dolomitiques, très rocheux et
très déchiquetés. C’est le faciès de l’Aptien de la Tunisie centrale (Azered,
F=
1908 TECTONIQUE TUNISIENNE ET CONSTANTINOISE 107
calcaires du Crétacé inférieur, probablement aptiens, À; du
Trias, T'; des calcaires et des marno-calcaires à rares /nocérames
appartenant au Sénonien, $. L’anticlinal est tout à fait dissymé-
trique, et les divers termes qu'il amène au jour ont une allure
lenticulaire. Voici trois coupes transversales, c’est-à-dire nord-
sud (fig. 3), échelonnées de l'Ouest à l'Est.
L’anticlinal est visible sur un peu plus de quatre kilomètres de
longueur. À l'Ouest comme à l'Est, il s'ennoie dans la marnes Yf.
La largeur de la bande triasique estau maximum de 1500 mètres,
dans le Kef el Laham. Dans l’étroit défilé au Nord du Kef el Atrous,
où toutes les assises sont presque verticales, cette largeur diminue
jusqu’à ne pas dépasser 30 mètres.
L'étirement des couches et la suppression mécanique des étages
sont ici indéniables, puisque, en marchant le long de l'anticlinal,
on voit successivement, entre le Trias et les marnes éocènes,
apparaître d'abord, puis se renfler jusqu'à 200 et mème 300 mètres,
et finalement s’effiler et disparaitre, à droite l’Aptien, à gauche
l’Eocène inférieur et le Sénonien.
Ces étirements d'assises et ces suppressions d'étages sont hors
de proportion avec l'intensité des plissements que l’on voit aujour-
d'hui dans la région. Ils préexistent évidemment à ces plisse-
ments, et sont de l’ordre des étirements et des suppressions
que l’on observe dans les pays de nappes.
III. — Environs DE Sipi-AHMED, AU NoRD-OUEST DE BEJA
A une douzaine de kilomètres à l'Ouest de Beja ’, au milieu
d’un pays de terrains éocènes, un anticlinal surgit, dirigé vers le
Nord-Nord-Est, remarquablement rectiligne sur près de 25 km. de
longueur, qui ramène au jour les calcaires blancs, très compacts,
du Sénonien. Cet anticlinal est un des traits les plus nets et les
mieux accusés de la {ectonique apparente de la Tunisie septen-
trionale. Il se termine au Nord par le dj. Sidi-Ahmed. Il est
Jalonné sur la plus grande partie de son parcours par des gise-
Slata, Mesloula). Ce faciès n'avait pas encore été signalé dans la Tunisie
septentrionale, où l’Aptien n’était connu, jusqu'ici, que dans les marnes à
Ammonites ferrugineuses du dj. Bou Kournine décrites par M Joleaud. Par
le travers du Kef el Atrous, cet étage À a 200 mètres environ d'épaisseur ; il
s’étire ou s'écrase, à l'Est comme à l'Ouest, entre les marnes M et le Trias.
Le Trias est formé de calcaires et dolomies jaunes et bleu foncé, et d'argiles
versicolores à cristaux bipyramidés de quartz. Il y a quelques amas d’ophite.
La partie haute du Sénonien est formée de marno-calcaires épais d’environ
50 mètres ; la partie basse, qui a jusqu’à 300 mètres d'épaisseur, est faite
de calcaires très blancs.
1. Carte topogr. de la Tunisie à l'échelle de 1/50 000 ; feuille Nefza.
108 PIERRE TERMIER 6 Avril
ments de calamine, et le plus septentrional de ces gisements, celui
des mines de Sidi-Ahmed, est précisément situé à l'extrémité nord,
au point où la voûte sénonienne, rapidement ennoyée, s'enfonce
sous l'Eocène.
À l'intérieur même de la voûte on ne connaît que le Sénonien,
qui est évidemment très épais. Ni la profonde cluse du Kranguet-
Kef-Tout, ni les travaux de mines, n'ont atteint le substratum de
ce Sénonien, qui est vraisemblablement le Trias.
Dans toute la région environnante, les marnes de l’Eocène
moyen, 7, reposent sur les calcaires crayeux à Globigérines, C,
qui représentent l’Eocène inférieur. De nombreux bossèlements,
NO. Sidi Ahmed SE.
| 606 Rhajïa da
/ Ù
Fig. 4. — COUPES A TRAVERS LE DJ. SIDI-AHMED. — 1/25 000.
S1, Sénonien massif: S?, Sénonien marno calcaire ; C, Calcaires crayeux de
lEocène inférieur; M, Marnes de l'Eocène moyen. Le mot route indique la
route minière de Sidi-Ahmed.,
de nombreux plis capricieux et courts, fontapparaitre C à travers M
et cela jusque tout auprès de l'anticlinal sénonien, par exemple
dans le dj. Rhaïada et le dj. Gouna que franchit la route minière
de Sidi-Ahmed.
Mais sur les flancs de l'anticlinal, il y a partout suppression
mécanique de cet étage C, dont l'épaisseur est pourtant de plus de
cent mètres. Le Sénonien s'enfonce sous les marnes 47. La partie
haute du Sénonien, formée de marno-calcaires à rares /]nocérames,
se supprime aussi quelquefois, partiellement ou complètement.
Voici deux coupes à travers l’anticlinal, montrant bien ce curieux
phénomène (fig. 4).
Comme la crête calcaire des dj. Rhaïada et Gouna s’ennoie,
au Nord comme au Sud, dans les marnes 47, il n’y a aucun doute
sur l'identité des marnes à droite et à gauche de cette crète.
1908 TECTONIQUE TUNISIENNE ET CONSTANTINOISE 109
La mème suppression de l'étage C s’observe autour du dôme
sénonien du Tabouna, à quelque dix kilomètres au Nord-Est du
village minier de Sidi-Ahmed.
Ici, comme au Djegaga et comme à Bizerte, on ne trouve pas,
dans l'intensité des plissements apparents, une cause adéquate à
ces phénomènes de suppression mécanique.
IV. — Doeez ReEssas
Le massif du Ressas ! est un dôme allongé, un brachyanticlinal
de calcaires jurassiques (Lias et Tithonique)*, très rocheux, long
de 5 km. 5, large au maximum d’un kilomètre, et dont le point
culminant atteint la cote 795. Ce dôme est très aigu : les assises
calcaires y sont fréquemment verticales. Au Nord, à l'Est et au
Sud, le Jurassique confine aux marnes néocomiennes *, très sou-
vent avec un renversement provenant de la poussée au vide des
calcaires autrefois verticaux. Ce renversement est surtout visible
vers l'extrémité nord du dôme, près du point 328 de la carte; et
l’on a l'illusion d'un Néocomien s’enfonçant sous le Jurassique.
Mais, sur d'autres points, le contact est demeuré vertical ; de plus,
un large lambeau de Néocomien a été conservé sur le plateau 475,
c'est-à-dire sur le dos même de l’anticlinal : de sorte que la relation
tectonique du Jurassique et du Crétacé n’est pas douteuse.
M. Georges Friedel, qui a visité le Ressas avant moi, m'a signalé
la présence de grandes cassures dirigées à peu près Nord-Sud,
divisant le massif en cinq ou six tronçons distincts. Dans chacun
des tronçons, les bancs, dirigés Nord-Est et plongeant au Nord-
Ouést, s'incurvent au passage des accidents en question et leur
deviennent parallèles. Ces cassures ont servi de surfaces de glis-
sement, et les plus importantes sont accompagnées de larges zones
de broyage.
Le seul point sur lequel je veuille insister, c’est la présence du
Trias à l'Ouest du massif jurassique, à l'endroit marqué sur la
carte Maison de la Société minière. Ce Trias est formé de marnes
versicolores, avec gypse et cristaux bipyramidés de quartz. Il
s'enfonce à l'Est sous les calcaires liasiques, près de la cheminée
qu'indique la carte ; et ce contact a tous les caractères d’un contact
1. Carte topogr. de la Tunisie à l’échelle de 1/50 000; feuille Grombalia.
2. Au sujet de l’âge des calcaires du Zaghouan, du Ressas et du Bou-
Kournine, consulter la Note de MM. E. Frcueur et E. HaAuGc : Sur les dômes
liasiques du Zaghouan et du Bou-Kournin (CR. Ac. Sc., CXXII, p. 1354).
3. Pour ce Néocomien (ou ce Barrémien), consulter G. Le Meszx, Note sur
la géol. de la Tunisie (B. S. G. F., (3), XVIIL, 1890, p. 209-219).
110 PIERRE TERMIER 6 Avril
normal. 11 n'y a là aucune faille. À l'Ouest, le même Trias s’en-
fonce sous les marnes néocomiennes : de sorte que la coupe de
l'anticlinal du Ressas, par le travers du village minier, est quelque
chose comme le schéma ci-dessous (fig. 5).
Ainsi, il n’est pas douteux que le Ressas ne corresponde à un
brachyanticlinal. Mais ce pli, considéré dans son ensemble, est
absolument dissymétrique. C’est un dôme si l'on veut. mais très
irrégulier, puisque le Trias apparait entre Crétacé et Jurassique.
Ici encore, les plissements apparents de la région ne justifient
pas la suppression mécanique, à l'Ouest du Trias, de l'énorme
étage jurassique, épais, certainement, de plusieurs centaines de
DE:
00e
Fig. 5. — COUPE SGHÉMATIQUE À TRAVERS L’EXTRÉMITÉ DU DJEBEL RESSAS. 1/25000.
T, Trias; L, Lias et Tithonique non séparés; N, Néocomien. Le point
marqué V est l'emplacement du village de la Société minière.
mètres ; et il me semble évident que cette suppression préexistait
auxdits plissements.
V. — Bou-KouURrNINE
Le djebel Bou-Kournine ’, qui se dresse tout au bord de la mer,
près d'Hammam-Lif, est un dôme beaucoup plus régulier que le
Ressas. Il est composé de calcaires du Lias *, parfois assez riches
en Pélemnites. très souvent bréchiformes et ressemblant alors,
d’une façon très frappante, aux calcaires bréchiformes du Brian-
connais (Brèche du Télégraphe, de M. W. Kilian). Au Lias s'as-
socie un peu de Tithonique, d’après les fossiles trouvés autrefois
par M. Aubert ; mais les deux étages sont diflicilement séparables.
Les assises sont violemment contournées, souvent verticales. Elles
plongent périclinalement sous le Néocomien (calcaires, marno-
calcaires, marnes et grès), avec une pente très raide (et même
quelques renversements locaux) sur le bord est du dôme, et une
pente assez douce partout ailleurs. L'espace occupé par les affleure-
ments jurassiques est une ellipse grossière, allongée du Sud au
1. Carte topogr. de la Tunisie à l'échelle de 1/50 000 : feuille La Goulette.
>. E. Ficugur et E. Hauc. Loc. cit. — Voir aussi : E. HauG. Sur quelques
points théoriques relatifs à la géologie de la Tunisie /Assoc. fr. avanc. Sc.,
St-Étienne, 1897, p 366-376). — Voir enfin : L. PenvinquièRe. Loc. cit., passim.
1905 TECTONIQUE TUNISIENNE ET CONSTANTINOISE III
Nord, et ayant 3 km. de grand axe et 1500 ou 1800 mètres de petit
axe.
Au Sud de ce dôme de terrains Jurassiques, dans les ravins qui
descendent vers la plaine du. Mornag, le Trias affleure, avec de
grosses masses de gypse que l’on a tenté d’exploiler près du point
292. Ce Trias est entouré de Néocomien. C’est un dôme, entière-
ment analogue à celui du Jurassique, mais seulement un peu plus
petit, qui le fait apparaître ainsi au milieu du Crétacé; et nulle
part, dans le contact, on n’aperçoit le moindre lambeau de Juras-
sique. Si l’on joint par une ligne les centres des deux dômes, le
Jurassique et le Triasique, cette ligne, sensiblement Nord-Sud, s’en
va. plus au Sud, passer par le village minier du Ressas, c'est-à-
dire au péritable centre du dôme du Ressas.
Au Bou-Kournine. comme au Ressas, la suppression mécanique,
si rapide, d’un énorme étage jurassique entre le Trias et Le Cré-
tacé, ne peut s'expliquer par les plissements apparents ; et je con-
sidère comme évident qu'elle leur est antérieure.
VI. — Dyegez KEeBBoucx
Le djebel Kebbouch, à 18 km. au Nord-Est du Kef, a été décrit
par M. Pervinquière : ; et je n'ai que peu de chose à ajouter aux
indications de mon savant confrère.
Le Trias apparaît sous le Sénonien ; et il y a des travaux de
mines qui, développés dans le Trias, sont surmontés par les
calcaires sénoniens presque horizontaux. Ce n'est donc pas par
des failles que le Trias arrive au jour, mais tout simplement par
une déchirure du Sénonien qui le recouvre ; et les mouvements
apparents, au voisinage de cette déchirure, sont si simples et si
‘peu accentués, qu'ils n'expliquent en aucune façon que la surface
de séparation du Crétacé et du Trias soit une surface d'étirement.
Cependant, l’étirement n’est pas douteux ; car, à moins de 6 km.
à l'Ouest du Trias du Kebbouch, une autre déchirure existe dans
le Sénonien, qui fait afileurer le Turonien, et non pas le Trias.
En un point, tout près et au Sud du village minier de la
Cie Royale Asturienne, le Trias du Kebbouch est surmonté par des
grès un peu calcaires, en gros bancs, plongeant faiblement au
Sud-Ouest. Cet affleurement, qui a échappé à l'attention de
M. Pervinquière, me paraît devoir être rapporté à l’Eocène supé-
rieur, ou au Miocène, plutôt qu’au Pliocène ; mais je ne tire de sa
présence aucun argument pour la discussion de la tectonique.
1. L. PERVINQUIÈRE, Loc. cit., p. 284.
112 PIERRE TERMIER 6 Avril
Par contre, je signale, en faveur de ma thèse de l’antériorité
des étirements aux plissements apparents, ce fait que, au sommet
du Kebbouch, l'épaisseur des marnes du Crétacé supérieur est
très variable, et très rapidement. Cette épaisseur, entre les cal-
caires sénoniens et les calcaires nummulitiques, est seulement de
quelques mètres sur le plateau qui s'étend immédiatement au
Nord du sommet; elle atteint au moins 50 mètres dans le grand
ravin qui tranche, à l'Est du sommet, les calcaires à Nummulites.
VII. — DJEBEL SLATA
Le Slata a été, comme le Kebbouch, très bien décrit par
M. Pervinquière', qui a signalé la présence du Trias, non pas à
l'intérieur, mais un peu au Sud-Ouest du dôme de calcaires
aptiens, dans des conditions énigmatiques. Ce Trias est formé de
calcaires et de cargneules, nettement lités, et presque horizontaux,
NE.
SO.
oued Sarrath Sla la,,03
Fig. 6.— COUPE SCHÉMATIQUE A TRAVERS LES DEUX DÔMES DU SLATA.— 1/100000.
T, Trias; A, Aptien; Al, Albien et Cénomanien; P, grès pliocènes.
d’argiles bariolées, et de gypse. Au Sud-Est, il s'enfonce visible-
ment, et avec une inclinaison faible, sous des calcaires aptiens
peu épais. recouverts eux-mêmes, bientôt, par des grès pliocènes
ou miocènes. Le Pliocène au Sud, le Miocène à l'Est, viennent,
par aminecissement graduel de l’Aptien, directement au contact du
Trias. Ces divers contacts, du Trias avec le Pliocène, le Miocène
et l’Aptien, me semblent être des contacts normaux, et ne corres-
pondre, en tout cas, à aucune faille, dans le sens ordinaire du mot
faille. :
Mais, au Nord, le Trias ne confine pas à l’Aptien. Il paraît
venir au contact des marnes albiennes. Malheureusement, ce contact
n'est pas visible, et tout ce que l’on peut dire, c’est que le dôme
triasique est séparé du dôme aptien du Slata par une zone syn-
clinale, large de 600 ou 800 mètres, occupée par l’Albien ou le
Cénomanien.
Voici (fig. 6) comment je me représente schématiquement la
coupe à travers les deux dômes du Slata, celui qui fait affleurer le
1. L. PERVINQUIÈRE. Loc. cit., p. 298.
1908 TECTONIQUE TUNISIENNE ET CONSTANTINOISE 113
Trias, et celui qui fait affleurer, avec une énorme épaisseur, les
calcaires aptiens. Et je ne vois pas d'autre explication aux faits
observés que d'admettre l’étirement brusque, au Nord du dôme
triasique, de la totalité de cet étage aptien, si puissant à moins
d’un kilomètre de là.
Si, sur la carte de M. Pervinquière, on joint par une ligne droite
les centres de figure des deux ovales grossières occupées, au Slata,
l’une par le Trias, l’autre par l’Aptien, on obtient une ligne, diri-
gée du Sud-Ouest au Nord-Est, qui est sensiblement parallèle aux
plissements apparents de la région, parallèle, par exemple, au
synclinal du dj. el Houd et à l’anticlinal du dj. Lorbeus. C’est donc
une des lignes directrices de la tectonique apparente ; et l’ovale
triasique du Slata doit être interprétée comme un dôme, puisqu'elle
se trouve jalonner ainsi une ligne anticlinale.
Mais si l’ovale triasique du Slata est un dôme, comme il est de
toute évidence que les plissements apparents de la région ne ren-
dent pas compte de pareilles suppressions mécaniques, il faut, de
toute nécessité, que ces suppressions soient dues à un phénomène
tectonique antérieur.
J'ai parlé du Kebbouch et du Slata, parce que je les connais bien.
Mais, ce que je viens de dire du Slata, on pourrait le répéter à
propos de la plupart des massifs triasiques que M. Pervinquière a
indiqués sur sa carte géologique de la Tunisie centrale. Presque
tous ces massifs sont sur des lignes anticlinales de la tectonique
apparente ; ce sont des dômes ou des brachyanticlinaux. Sur
leurs bords, les phénomènes d’étirement sont indéniables. Tel
d’entre ces massifs confine successivement au Sénonien, au Turo-
nien et au Cénomanien ; tel autre, successivement, au Sénonien et
aux divers étages de l'Éocène ; plusieurs sont bordés, çà et là, par
le Miocène. Et, cependant, les plissements apparents ne sont, en
somme, que des ondulations ou des soubresauts, fort incapables de
supprimer mécaniquement des centaines de mètres de sédiments.
Les étirements sont dus à autre chose, et à un phénomène anté-
rieur à ces plissements apparents.
VIII. — Dora CHAMBI
Je crois devoir compléter sur quelques points la description
donnée par M. Pervinquière .
Le Trias qui affleure dans les profonds ravins du versant nord
de la montagne, et dont les contacts avec l’Aptien sont des sur-
faces verticales ou presque verticales, s'enfonce nettement sous
1. L. PERVINQUIÈRE. Loc. cit., p. 318.
30 Juin 1908. — T. VIIL. Bull. Soc. Géol. Fr. — 8.
114 PIERRE TERMIER 6 Avril
l’Aptien, comme sous un tunnel, un peu au Sud Ouest et à l’amont
du point 1146", et reparaît de l’autre côté de la montagne, dans le
haut de l’oued Hassi. Cette constatation est importante, parce
qu'elle monire, jusqu'à l'évidence. que le Trias apparaît ici à la
faveur d'un anticlinal. Le Chambi est une voûte aptienne dont
l’intrados est en Trias. Au contact de l’Aptien et du Trias, il n'y a
pas la moindre faille : et done, les écrasements et étirements, très
réels et même très intenses, signalés par M. Pervinquière, ne sont
pas liés à des failles.
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Fig. 79. — Trois COUPES A TRAVERS LE DJ. CHAMBI.— Echelle 1/50 000.
T,Trias ; À, calcaires, grès et dolomies de l’Aptien ; C, calcaires et dolomies
du Cénomanien ; {, calcaires et marno-calcaires turoniens.
Mais il y a plus; la voûte aptienne du Chambi est elle-même
complexe, et l’on observe deux anticlinaux, ramenant le Trias,
séparés par un synclinal de calcaires aptiens. Ce synclinal se
relève vers le Nord-Est, de sorte que, entre le dj. Zemzoumet-Aïssa
et Le dj. el Agab, les deux bandes triasiques ont conflué. Voici
(fig. 7) trois coupes transversales aux plis, échelonnées du Nord-
Est au Sud-Ouest, et telles qu'elles se présentent successivement
1. Carte topogr. de la Tunisie à l’échelle de 3/100000 ; feuille Xasserine.
1908 TECTONIQUE TUNISIENNE ET CONSTANTINOISE 115
à un observateur qui, partant de l’oued el Hatob, fait l'ascension
du Chambi.
Ces coupes du Chambi détruiront à tout jamais, je l'espère, la
légende du Trias tunisien, ou constantinois, afileurant dans des
failles, injecté dans des cassures, jaillissant entre des voussoirs
inégalement affaissés. lei, comme partout ou je l'ai ou, le Trias se
comporte à la façon d’un terrain ordinaire. il affleure, par le jeu
des ondulations et des plis, à la place qu'il occupe dans la série
sédimentaire ondulée et plissée. Et si, dans cette série sédimen-
taire, il y a des anomalies et des lacunes inexplicables par la seule
stratigraphie, c'est à des phénomènes tectoniques antérieurs aux
ondulations et aux plis apparents qu'il faut les attribuer.
IX. — DÔME TRIASIQUE DE L'HENCHIR EL BERRIMA
L’Henchir el Berrima est à 5 km. au Sud-Sud-Ouest du dj. el
Ajered !, non loin du Kranguet Sloughi. Il y a là un dôme triasique
très surbaïissé, qui présente un certain intérêt, et qui na pas
encore été signalé jusqu ici.
Le contour du Trias est une ovale d'environ 2 km. de grand axe.
Le centre de figure de cette ovale est exactement sur la ligne
droite qui joint les centres de figure des deux ovales correspondant
aux deux dômes aptiens du dj. el Hamra et du dj. el Ajered.
Sur le pourtour du dôme, le Trias s'enfonce avec une pente très
douce sous le Cénomanien (marneux). Peut-être même, au Sud, le
long du dj. Sif Daoua Rouho, vient-il au contact du Turonien. En
tout cas, l’Aptien est supprimé. Et cependant, l’Aptien a, dans les
doux dômes voisins, l'Hamra et l’Ajered, une grande épaisseur ;
et les plissements apparents, ici, ne sont que de faibles ondula-
tions, évidemment incapables d'expliquer une pareille suppression
d'assises.
X. — TRIAS DE CLAIRFONTAINE
Le Trias de Clairfontaine, entre Souk-Ahras et Tébessa, près de
la frontière algéro-tunisienne, a été récemment décrit par M.
J. Blayac*. Sur la plupart des questions de fait, je suis absolument
d'accord avec cet excellent observateur, et je crois avec lui qu'ici,
comme d'ailleurs dans tous les gisements cités au cours des pages
précédentes, le Trias sert de substratum à tous les terrains visibles.
C’est là le point important, celui sur lequel M. Blayac s’est efforcé
1. Carte topogr. de la Tunisie à l'échelle de 1/100000 ; feuille Bou Rhanem.
2. J. BLAyAC. Le Trias dans la région de Clairefontaine au Sud de Souk-
Ahras. B.S. G.F., (4), VIL, p. 272-283.
116 PIERRE TERMIER 6 Avril
de faire la lumière. Sur ce point-là, il n’y aura pas de discussion
entre nous.
Entre Fed; Belem et le M'Kerriga,le Trias forme un dôme allongé,
un brachyanticlinal dirigé du Sud-Ouest au Nord-Est, long de 19
ou 20 km, large, au maximum, de 5 km., entouré de tout côté par
le Crétacé. Le contact Trias-Crétacé n’est jamais une faille, dans le
sens ordinaire du mot faille : c'est toujours une surface parallèle
aux strates, mais le long de laquelle il y a eu des glissements de
grande amplitude et d’intenses phénomènes d’étirement. Le plus
souvent, cette surface de contact est presque verticale : quelquefois
elle est renversée, le Crétacé s’enfonçant alors sous le Trias. Les
NO. A Meslou la SE:
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700 m.
Fig. 8 — CouPES SCHÉMATIQUES A TRAVERS LE BORD EST ET LE BORD NORD
DU DÔME TRIASIQUE DE CLAIRFONTAINE. — 1/50 000.
T, Trias; À, Aptien; G, Albien; C, Cénomanien.
divers termes du Crétacé, Aptien, Albien, Cénomanien, Sénonien
même, viennent successivement et alternativement au contact
des assises triasiques. Sur le bord Est du dôme, deux petits massifs
de calcaires aptiens, le Kef Rakma et le Koudiat bou Djabeur,
sont des lentilles, très écrasées sur leurs bords, qui s’intercalent
entre le Trias et les marnes albiennes ou cénomaniennes. Le
M'Kerriga, sur le bord nord, est une lentille semblable, mais
beaucoup plus grande. Tout le long des bords ouest et sud,
l’'Aptien et l’Albien manquent.
1908 TECTONIQUE TUNISIENNE ET CONSTANTINOISE 117
Je ne me sépare de M. Blayac que sur quelques points sans
importance générale. Par exemple, je ne crois pas qu'il y ait
des affleurements triasiques à l'Est du Mesloula ; et je suis certain
qu'il n’y en a pas à l'Est du Koudiat bou Djabeur. Le Mesloula se
compose, à mes yeux, de deux anticlinaux, l’un très serré et simple,
l’autre large et complexe, séparés par un synclinal. Enfin, le
M'Kerriga m'a paru un peu plus compliqué qu'à M. Blayac, mais
il est possible que je sois dans l'erreur. Voici (fig. 8) quatre coupes
schématiques, normales au bord du dôme, et représentant, telles
que je Les conçois, les structures du Mesloula, du Kef Rakma, du
Koudiat bou Djabeur et du M'Kerriga. Pour le Rakma et le bou
Djabeur, la coupe résulte, non seulement de ce que l’on voit à la
surface, maïs aussi des travaux de mines. C’est ainsi qu à i Est du
Bou Djabeur, un travers-bancs a recoupé une brusque saillie anti-
clinale du Trias, en plein Cénomanien.
Les récents travaux, à ciel ouvert ou souterrains, de la mine de
plomb du Mesloula, montrent bien l'allure onduleuse et les brus-
ques soubresauts du Trias et de l'Aptien. De petites recherches de
calamine, au Kef Rakma, ont mis en évidence l’écrasement de la
lentille aptienne entre les marnes à Orbitolines et les argiles tria-
siques. À l’extrémité nord-ouest de la barre calcaire du M’Ker-
riga, une exploitation éphémère de calamine, dans le Trias, m'a
permis de constater l'allure plissée des calcaires à Toucasia.
Après tous les exemples déjà décrits dans cette Note, le dôme
triasique de Clairfontaine ne paraîtra plus surprenant. Les étire-
ments qu'il présente sur ses bords, nous les avons déjà rencontrés
partout : ils sont seulement, ici, un peu plus accentués et un peu
plus faciles à voir que dans les localités tunisiennes que j'ai
décrites. En tant que structure générale, le dôme de Clairfontaine
ne diffère pas de la plupart des dômes tunisiens. Ses seules parti-
cularités sont ses grandes dimensions et Le fait qu'il est, à peu près
tout entier, à l’état de Trias.
Ici, comme au Chambi, et comme partout ailleurs en Tunisie,
la tectonique apparente ne rend pas compte des suppressions
mécaniques constatées. L’allure des couches n'est pas bien com-
pliquée ; elles sont ondulées faiblement, avec, çà et là, de brusques
flexions, des zigzags de médiocre amplitude, des saillies soudaines
en de petits dômes et de soudaines chutes en d’étroites cuvettes.
Si l’on imagine de pareils mouvements dans une série sédimentaire
complète, je ne crois pas que l’on puisse admettre que ces mouve-
ments, en somme très simples, suppriment, sur de vastes étendues,
plusieurs centaines de mètres d'épaisseur d’assises. I faut trouver
118 PIERRE TERMIER 6 Avril
autre chose. Il faut invoquer une cause antérieure aux mouve-
ments apparents, et qui ait créé, dans la série sédimentaire, la
plupart des lacunes que nous observons aujourd'hui.
XI. — DJEBEL OUENZA
J'ai gardé pour la fin mes notes sur l'Ouenza, parce qu'il y a,
dans ce massif, quelque chose de tout à fait particulier, que j'ai
vainement cherché à travers la Tunisie : un-phénomène de recou-
orement. Je pense bien que l'on trouvera des phénomènes sem-
blables en d’autres points du département de Consiantine, quand
l’on reprendra, avec des idées nouvelles, et en se gardant de placer
une faille partout où l’on rencontre une difficulté, l'étude des
affleurements triasiques. J'espère aussi que l’on en trouvera dans
les régions de la Tunisie que je n’ai pas visitées et que n'a pas
visitées non plus M. Pervinquière. Mais enfin, pour le moment, le
cas de l’'Ouenza est encore isolé.
J'ai décrit ce cas en 1906". Depuis lors, trois géologues, à ma
connaissance, ont visité l'Ouenza : MM. Blayac, Joleaud et Gour-
guechon : et tous trois ont reconnu l'existence du recouvrement.
Le Trias est sur l’Aptien, et s'enfonce, plus au Nord, sous le Cré-
tacé moyen ou supérieur. /l a l'air de faire partie de la série
crétacée. Voici cinq coupes (fig. 9), normales à l’axe du dôme
allongé qui constitue le massif, et échelonnées du Nord au Sud :.
Il y a 5 km. 5 de distance entre les deux coupes extrêmes.
Je crois être sûr de l’exactitude rigoureuse des quatre pre-
mières coupes, celles qui sont menées à travers la partie septen-
trionale du dôme et qui tranchent le gîte de fer. La cinquième
coupe (a travers la cime même de l'Ouenza) est seulement schéma-
tique.
Entre le Koudiat Sauda et l'Oued es Serdouk, sur près de
5 km. de longueur, tout le long du versant sud de l'anticlinal du
gîte de fer, on voit l'Aplien s’enfoncer sous le Trias, avec une
inclinaison assez forte au Koudiat Sauda, maïs graduellement
diminuée et tendant vers zéro. Tout au Nord-Est, l’anticlinal
du gîte de fer, de moins en moins accentué, s'ennoie sous le Trias.
Même chose pour l’anticlinal aptien de l'Ouest. On le voit, près du
Koudiat el Hamra, s'ennoyer sous le Trias. La route qui va de
1. P. Termixr. Sur les phénomènes de recouvrement du djebel Ouenza
(Constantine) et sur l’existence de nappes charriées en Tunisie. CR Ac. Se.,
CXLII, p. 237.
2. Carte topogr. de la Tunisie à 1/100000 ; feuille Djebel Harraba.
1908 TECTONIQUE TUNISIENNE ET CONSTANTINOISE 119
l'usine à la mine de cuivre permet d'étudier cet ennoyage très
exactement.
Un fait bien curieux est l'existence, sous le recouvrement triasi-
NO. kef Zebbès À fedj el Behim le
se + PT SERRE FE EE 00m
aued el Bourbita Mine de fer el cuivre
k#Sauda
Karkir 2 Mine defer de SF Barbe
D.
Fig. 9. — COUPES A TRAVERS LE DJEBEL OUENZA, normalement à l’axe
du dôme. — 1/50 000.
T (petites croix), Trias:; À, Calcaires aptiens; C, Marnes albiennes et céno-
maniennes. Le figuré noir opaque représente le gîte de fer de l'Ouenza,
intercalé dans l’Aptien ‘.
que, dans le Chabet el Halalif et l’oued el Bourbita (3: coupe), d'un
lambeau marneux et marno-calcaire appartenant au Cénomanien
1. Ce gite, qui a d'énormes dimensions, près de 4 km. de long et jusqu’à
60 m. d'épaisseur comptée normalement aux bancs, est une substitution, au
calcaire aptien, de sidérose, mouchetée çà et là de cuivre gris. La sidérose
est épigénisée en hématite rouge ; le cuivre gris est partiellement transformé
en hydrocarbonates.
120 PIERRE TERMIER 6 Avril
ou à l’Albien. Ce lambeau, qui esttraversé par la route, s’intercale
entre Aptien et Trias ; mais il s'écrase à l'Ouest comme à l'Est, et
on ne le retrouve, ni à l'Est de la mine de fer et de cuivre, ni au
pied du Koudiat el Hamra.
Le Trias de l'Ouenza a la composition suivante: marnes à
gypse; amas d’ophites très décomposées (avec nids d'oligiste) ;
calcaires caverneux et cargneules, jaunes et blancs, bien lités ;
calcaires en plaquettes jaunes et rouges. On peut faire, sans cesser
de fouler ce terrain, plus de la moitié du tour de l'Ouenza, par le
Nord, en partant de l’oued Mellègue au pied du Koudiat el Hamra,
franchissant le Kef Zebbès, longeant le Fedj el Behim, et allant
jusqu’au pied du Koudiat Zargua. Mais ce n’est pas tout. Il en
existe encore un petit lambeau, posé sur l’Aptien, dans l’oued es
Zibs, sur le versant ouest de la montagne (5° coupe); et je crois
bien que l’on trouvera d’autres lambeaux sur le versant sud, et
même près de la cime, d’après diverses indications, malheureuse-
ment assez vagues, que m'ont données les exploitants de mines.
Vers le Nord, les affleurements triasiques s'étendent assez loin,
tout au moins jusqu’à l'oued Mellègue ; puis ils s’enfoncent sous le
Crétacé supérieur. M. Blayac, dans sa Note déjà citée’, dit qu'il a
observé, au Sud-Est de l'Ouenza, au pied du Koudiat Zargua, l’in-
tercalation du Trias entre l’Aptien et le Cénomanien. Au Sud, le
dôme de l’Ouenza s’ennoie rapidement sous le Cénomanien ; et ce
sont encore des marnes cénomaniennes qui, au pied du Karkir
Ouenza, recouvrent directement les calcaires aptiens (4° coupe).
Somme toute, l'Ouenza est un dôme allongé d’Aptien, surgi au
milieu d'une plaine de Cénomanien ou de Crétacé supérieur.
Mais, sur plus de la moitié de la périphérie de ce dôme, le Trias
s'intercale entre Aptien et Cénomanien, avec cette particularité
qu'une lentille d’Albien ou de Cénomanien, écrasée sur ses bords,
se glisse localement sous la lame triasique.
Ces faits, très étranges, et qui rappellent ce que l’on voit dans
les plus beaux pays de nappes de la chaîne alpine, ne s'explique-
ront pas à l’aide de déversements locaux et de plis en champignon.
On pourra sans doute essayer d’en rendre compte de la sorte,
recommençant ainsi une expérience tentée cent fois, et toujours
vainement, dans les Alpes ou en Provence. Tôt ou tard, il faudra
bien reconnaitre qne l'Ouenza est pays de nappes, ei que ses plis-
sements apparents sont des plissements secondaires, postérieurs
à la formation de cette série sédimentaire complexe où le Trias
apparaît comme un étage du Crétacé.
J. BLayac. Loc. cit., p. 282.
1908 TECTONIQUE TUNISIENNE ET CONSTANTINOISE I21
CONCLUSIONS
Dans la Tunisie du Nord et la Tunisie Centrale, et encore dans
les régions constantinoises de Souk-Ahras et de Clairfontaine
(l’Ouenza excepté), le Trias apparaît comme le substratum de tous
les terrains, ef je ne connais pas un seul exemple de recouvre-
ment, en dehors, bien entendu, des déversements tout à fait locaux
de couches verticales poussant au vide. Maïs la série sédimen-
taire présente, à chaque instant, des lacunes singulières et brus-
ques, inexplicables, le plus souvent, par des raisons de pure stra-
tigraphie. Ces lacunes s’exagèrent et deviennent de véritables
problèmes tectoniques toutes les fois que, sous les autres ter-
rains, le Trias apparaît. On a essayé, jusqu'ici, d'expliquer cette
remarquable coïncidence entre les problèmes tectoniques et l’ap-
parition du Frias par la nature spéciale des sédiments triasiques.
C'était, je crois, faire fausse route. S'il y a des étirements plus
marqués, des suppressions mécaniques plus importantes et plus
évidentes lorsque le Trias affleure, c’est, suivant moi, parce queles
plissements apparents de la région, très peu intenses, ne peuvent
faire affleurer le Trias que si le Trias est près du jour, c’est-à-dire
si la série sédimentaire qui le recouvre est localement diminuée
par des étirements et des suppressions antérieurs. Ce n’est point
le Trias qui est cause des anomalies tectoniques ; ce sont d’anté-
rieures anomalies qui sont causes de l'apparition du Trias, dans
des anticlinaux ou des dômes qui, sans elles, ne montreraient que
du Crétacé inférieur ou du Jurassique. Si ces anomalies antérieures
au plissement apparent ne sont pas d'ordre stratigraphique — et
bien souvent elles ne le sont pas —, il faut bien qu'elles soient
d'ordre tectonique, et qu'il y ait donc deux tectoniques dans la
région : l'une qui a donné les plissements visibles, les ondulations,
les cuvettes et les dômes ; l’autre, plus ancienne, qui a introduit
des lacunes et des étirements dans la série sédimentaire.
N'y eût-il que cela, je n'hésiterais pas — connaissant, comme
je crois maintenant les connaître, les caractères des pays de
nappes — à penser que toute la région en question est couverte
d’une nappe ; que, depuis le Trias jusqu’au Miocène, toute la série
sédimentaire tunisienne est une nappe unique, cachant nous ne
savons quoi. Et c’est bien ce que je pense depuis plusieurs années.
Mais il y a plus : il y a l’Ouenza, où, dans une déchirure du
Trias, nous voyons ce qui se cache sous le Trias ; et, ce substratum
du Trias, c'est du Crétacé inférieur. J'avoue que cette vérification
de mon hypothèse m'a paru tout à fait convaincante et m'a enlevé
mes derniers doutes.
122 PIERRE TERMIER 6 Avril
M Blayac a exprimé l'avis que l’on trouvera probablement, près
de l’oued Mellègue, des afflleurements triasiques en place qui pour-
ront être interprétés comme les racines de la nappe de l'Ouenza.
Je suis, pour moi, très convaincu que, ces racines, on ne les
découvrira pas. Tout le pays qui environne l'Ouenza, à 30 ou 40 km.
à la ronde, est un pays de dômes : or, un pays de dômes ne peut
pas être un pays où s'enracinent de grandes nappes. C’est l'évi-
dence même. S'il y a une nappe, ou des nappes, à l’'Ouenza — et la
chose n’est plus douteuse, semble-t-il —, l’origine de ces terrains
charriés ne peut être qu'extrêmement lointaine.
Je persiste donc dans la manière de voir que j'ai fait connaître
en 1906 ! : «la Tunisie est un pays de nappes, et cette conclusion
nesaurait manquer de s'étendre à la plus grande partie de l'Algérie ;
les plissements tunisiens sont des plissements du second degré,
des plissements de nappes ». Mais, il y a cependant quelque chose
à changer aux conclusions de ma Note de 1906. Je disais en termi-
nant cette Note qu'il y a, dans la région en question, « deux séries
stratigraphiques : une série profonde formée par l'Éocrétacé et le
Cénomanien et, jetée sur elle à la façon d'un manteau en loques,
une autre série dont la base est le Trias, et qui comprend le Séno-
nien et l'Éocène ». Au lieu de cela, voici ce que je crois qu'il faut
dire. |
Il y a, dans la Tunisie du Nord, la Tunisie Centrale et une
grande partie du département de Constantine, une nappe de ter-
rains en série normale, dont le terme inférieur est le Trias et dont
le terme supérieur semble être le Miocène. Dans cette série, le
Jurassique n'apparaît que bien rarement et sous la forme de
grosses lentilles ; le Crétacé et l'Eocène sont, au contraire, souvent
complets et continus, au point de ressembler absolument à des
terrains en place. La nappe est ondulée et bossuée, très inégale-
ment ; et, comme il arrive toujours dans les plissements secon-
daires, l'allure de ces ondulations et de ces bossèlements est
capricieuse et irrégulière. Quand l'épaisseur de la série est très
réduite par les étirements contemporains du cheminement de la
nappe, le moindre dôme fait aflleurer le Trias. Dans un de ces
dômes — seul de son espèce, jusqu'ici — et qui est l'Ouenza, le
Trias, base de la nappe, est percé, et l’on le voit reposer sur du
Crétacé inférieur. Mais, comme ce Crétacé inférieur, substratum du
Trias, a le même faciès que le Crétacé inférieur de la nappe elle-
même, il est probable que le recouvrement constaté à l'Ouenza
1,200, ICIL:,p. TOSLeL 190.
:
|
|
1
k
|
1908 TECTONIQUE TUNISIENNE ET CONSTANTINOISE 123
doit être expliqué par une simple digitation ! de cette nappe, et
non pas par l'apparition d’une nappe sous-jacente ou d’une série
autochtone. Le véritable substratum de la nappe tunisienne serait
encore Inconnu.
L'hypothèse étant ainsi formulée, toutes les objections fondées
sur la stratigraphie, et, par exemple, sur la graduelle variation des
faciès, tombent d’elles-mêmes. Il ne reste plus que l'objection
habituelle, tirée de l’'énormité du phénomène, et une autre, tirée
de la difficulté de marquer, au Sud, la limite du pays de nappe. A
la première, je ne puis évidemment répliquer qu'en montrant les
Alpes, les Carpathes et l’Apennin. À la deuxième, je suis encore
incapable de répondre; mais je me demande si la zone des Chotts,
au Sud de la Tunisie, zone où aflleure évidemment beaucoup de
Trias, ne correspondrait pas à la limite méridionale cherchée ; et
sil'on ne verrait pas, en étudiant attentivement cette zone, une
série autochtone s’enfoncer, au Nord, sous le Trias de la nappe
tunisienne.
M. J. Blayac ne s’associe point aux conclusions de M. Termier.
Il rappelle qu'il a visité le djebel Ouenza et qu'il est d'accord, avec
M. Termier, sauf pour quelques détails secondaires, en ce qui concerne
la tectonique de cette région algérienne. Le dj. Ouenza est certaine-
ment un dôme aptien contre lequel repose le Trias gypso-salin sur-
monté lui-même du Cénomanien. Mais c’est là un cas isolé — M. Ter-
mier le reconnaît — et on peut l’expliquer d’ailleurs par un repli des
terrains au contact du dôme, comme l'a dit M. Gourguechon et comme
M. H. Douvillé vient aussi d’en émettre l’idée. Ce phénomène n’est pas
nécessairement fonction d’une nappe de charriage.
D'ailleurs M. Blayac persiste à croire qu'une étude détaillée de
l'Ouenza et de ses abords reste encore à faire. Il a bien des objections
à opposer à la théorie de M. Termier et les résumera en une note plus
longue dans le Bulletin. Il rappelle à nouveau que les lacunes consta-
tées autour des nombreux dômes triasiques d'Algérie et de Tunisie
peuvent être dues à des phénomènes de décollement favorisés par la
nature essentiellement plastique du Trias. Il estime cette explication
plus plausible que celle d’une nappe de charriage venue d’une région
lointaine, de la Méditerranée, et qui se serait étalée sur une étendue
colossale ? sans que l'érosion l’ait encore suflisamment entamée pour
qu’affleure son substratum comme l’admet M. Termier.
1. C’est-à-dire un repli. Le mot est de M. Maurice Lugeon.
2. Les dômes de Trias avec lacunes et contacts anormaux étant très nom-
breux en Algérie, cette nappe s’étendrait sur un millier de km. de l'E. à
l'O. ; vers le S. elle se serait avancée sur 300 km, au moins.
124 PIERRE TERMIER 6 Avril
M. Blayac indique en outre qu'il a vu dans la région nord-est
de Souk-Ahras entre Ghardinaou et Sidi el Hemessi des schistes
micacés et des quartzites sans fossiles situés sous le Trias. Ces
dépôts ont un faciès différent de celui des autres terrains connus
dans la région et pourraient bien être un représentant du Permien.
Il rappelle aussi que M. Dareste a découvert naguère entre Souk-
Ahras et Guelma au dj. Nador, le Lias moyen superposé au Trias,
autant que les éboulis et les encroûtements gypseux ont permis
d’en juger.
M. Pervinquière est heureux de constater que M. Termier s’est rendu
en partie à ses arguments, et qu’il abandonne déjà une de ses nappes.
Tout ce qu’on voit en Tunisie appartient donc à la même série et le
substratum n'apparaît nulle part, ce qui rend singulièrement difficile de
prouver l’existence du charriage. L’Ouenza n’appartiendrait pas non
plus au substratum, mais serait un simple repli de la nappe couvrant
toute la Tunisie et une partie de l’Algérie. Dans ces conditions, il paraît
plus simple à M. Pervinquière, comme à M. H. Douvillé, d'admettre un
repli ramenant localement le Trias sur l’Aptien (Ouenza).
La limite méridionale de la nappe serait au voisinage des chotts, le
pays au Sud de ceux-ci étant en place. Or, M. Pervinquière, pas plus
qu'aucun géologue ayant visité ce pays, n'a vu nulle part la longue
bande de Trias qui devrait délimiter les terrains en place de ceux qui
n’y sont pas. Le Trias apparaît en quelques points dans cette région
(dj. Hadifa, Khenguet-el-Amor, etc.), toujours au centre de dômes ou
de brachyanticlinaux, c’est-à-dire de la même façon que dans la Tunisie
centrale. D'autre part, les terrains crétacés du Sud des chotts ne diffè-
rent pas notablement de ceux du Nord de cette dépression.
Enfin, ce régime de dômes ne paraît pas spécial aux pays de nappes,
car il est admirablement développé au S.0. de Lagouat, dans le dj.
Amour, étudié par M. Ritter, c’est-à-dire dans un pays qui serait en
dehors de la nappe algéro-tunisienne, d’après M. Termier. Il est intéres-
sant d'ajouter que le Trias y est recouvert par le Jurassique.
M. Léon Bertrand fait observer que l’argument tiré de la structure en
dômes et de la suppression fréquente des couches supérieures au Trias,
entre celui-ci et les couches secondaires plus élevées, ne peut être con-
sidéré comme une présomption suffisante de l’origine charriée de toute
cette série secondaire tunisienne.
Les mêmes caractères se retrouvent dans le Sud-Est des Alpes-
Maritimes et la série secondaire s’y poursuit pourtant sans disconti-
nuité, jusqu’au bord du massif primaire du Mercantour, où elle débute
par les grès triasiques et permiens qui forment la couverture stratigra-
phiquement régulière des terrains anciens. Si l’on appliquait l’argu-
ment capital de M. Termier à cette région, on serait amené à consi-
dérer ce massif hercynien comme étant lui-même charrié, et cela entraf-
nerait l’origine charriée de toute la première zone alpine, ce qui, dans
l’état actuel de nos connaissances, paraît tout à fait inadmissible.
SUR L'AGE DE QUELQUES GISEMENTS DE L'ORLÉANAIS
pAR Paul Combes fils
M. Stehlin, dans le savant travail qui vient de paraître dans le
Bulletin ', émet diverses idées absolument nouvelles sur l’âge des
dépôts à ossements de l'Orléanais ; ces idées ont le grand intérêt
d'attirer l'attention sur certains côtés des questions négligés jus-
qu'ici, mais, quelques-unes, basées uniquement sur l'étude des
Mammifères fossiles, ne se trouvent pas confirmées par la
stratigraphie.
Voici, en effet, quelques observations effectuées au cours de mes
excursions dans l’Orléanais, qui, je crois, y apporteront certaines
modifications.
[. — CaALCAIRE DE MONTABUZARD
M. Stehlin * revient sur la question si controversée de l’âge de
ce calcaire. Mes excursions à cette localité m'ont fait absolument
adopter l’avis de MM. Dollfus et Gauchery, c'est-à-dire m'ont fait
considérer ce dépôt comme reposant par l'intermédiaire des
« Marnes de l’Orléanais » sur le calcaire de Beauce.
En effet, j'ai vu les sables en contact latéral avec le calcaire au
Sud de Montabuzard, sur le flanc nord du vallon de la Driotte, au
fond duquel passe la route des Aydes à Ingré; j'ai effectué la même
observation sur la route allant de Villeneuve à Montabuzard.
M. Stehlin écrit (p. 545) : € Si, un jour, on découvre une faunule
de Mammifères dans quelque lambeau de calcaire de l'Orléanais
indubitable, c’est-à-dire directement recouvert par des sables
fluviatiles burdigaliens fossilifères, la question de Montabuzard
sera tranchée ».
Or, outre les deux localités de la Chapelle-Saint-Mesmin et
de Saint-Ay, citées par M. G. Dollfus *, qui sont dans ce cas,
Fay-aux-Loges vient de fournir un ossement du calcaire de l’Or-
léanais, reçu récemment au musée d'Orléans ; par conséquent, à
mon avis, on doit continuer à ranger le calcaire de Montabuzard
entre les marnes de l’Orléanais et les sables burdigaliens.
1. H.-G. Srenuin. Notices paléomammologiques sur quelques dépôts des
bassins de la Loire et de l'Allier B.S.G.F., (4), VIL, 1907, pp. 525-550.
DOVE GER 0 Gare
3. B.S.G.F., (4), VII, 1908, p. 458.
1206 PAUL COMBES FILS 6 Avril
II. — GISEMENTS DE CHEVILLY ET ENVIRONS
M. Stehlin range les gisements de Chevilly et abords dans le
sroupe qui, d'après lui, forme le passage du Burdigalien à l'Hel-
vétien ; la faunule qu'il cite renferme, en effet, un assez grand
nombre de formes immigrées ; mais dans mes récoltes, j'ai une
canine d'Amphycion (petite espèce), forme autochtone, par con-
séquent archaïque ; de plus je possède de cette localité des frag-
ments de carapace de Testudo novaciensis Nouët, de Trionyx sp.
et des plaques dermiques de Crocodilus. Or, M. Thevenin a trouvé
dans les sablières de Chilleurs (groupe ancien de M. Stehlin) une
carapace du Chélonien précité ; Nouël en a trouvé une à Neuville ;
Lockhart en a signalé! à Fleury-aux-Choux, Malgrap, commune
de Ruan, Neuville, Marigny, Maigreville, Beaumont. Ce sont à peu
près les mêmes localités pour la répartition du genre Crocodilus,
plus Baigneaux : enfin des bois de Palmier des Chapelles et de
Dicotylédones de Baigneaux. provenant de mesrécoltes, setrouvent
dans la presque totalité des gisements de sables de l’Orléanais.
Il y à donc là une uniformité de faune et de flore qui vient
corroborer l’uniformité stratigraphique et lithologique de ces
sables.
III. — GisemMeNtrs DE BAIGNEAUX ET DE LuMEAU (EURE-ET-Loir)
C’est ici que la question se complique de données nouvelles qui
peuvent jeter un certain jour
surla stratigraphie des sables
burdigaliens.
Les gisements de Bai-
gneaux et de Lumeau, situés
à huit kilomètres d’'Artenay
(Loiret), m'ont été signalés
par M. Léon Dumuys, con-
servateur des Musées histo-
riques, à Orléans. AO
Celui de Baigneaux est en Fig. 1. — CouPE DE LA CARRIÈRE FAU-
pleine exploitation; il y a CHEUX, A BAIGNEAUX.
là une coupe verticale très
propre à l'observation. J'en ai rapporté récemment de nombreux
ossements : Steneofiber cf. Jægeri Kaur., Listriodon Lockharti
Pouez, Amphicyon cf. major BLAINv., Rhinoceros, Hyæmoschus,
Hy-otherium, etc.
1. LocxxarrT. Description des fossiles de l’'Orléanais. Mém. de la Soc. roy.
des Sc., B.-L. et A. d'Orléans, t. VII, n° 5, 1847, pp. 206-210.
1900 GISEMENTS DE L'ORLÉANAIS 197
Voici la coupe relevée, comme celle de Lumeau, pai M. Dumuys,
le 20 octobre 1907 et que j'ai complétée lors de mon excursion du
mois de février dernier.
1. Humus, terre végétale, brun foncé . . . . . o m. 70
2. Terre arable jaunâtre . . . . te 0 80
3. Sables très blancs, à Sratiications nee
avec lentilles d'argile grise et ocracée . . . 5 50 à 6 m.
fMarne à Unio. . Sr ooniE RONA ANR AE 1 10
5. Calcaire de Beauce, « Tuf ».
Comme on peut le voir, il existe là comme à Chitenay, entre
le calcaire de Beauce, et les sables fossilifères, les marnes à Unio
qui sont, de l'avis de tous les géologues, du Burdigalien typique:
M. Stehlin estime que la faune des sables de Chitenay a un
caractère archaïque ; com-
ment expliquer alors que les
sables de Baigneaux soient
chronologiquement plus ré-
cents, puisqu'ils se trouvent
dans la même position stra-
tigraphique ?
J'arrive maintenant au gi-
ee sement de Lumeau, situé à
FA Ki Viral eee. de 2 kilomètres du précédent; il
Fig. 2.— COUPE DE L’ANCIENNE CARRIÈRE s'agit là d’une localité tout à
PIOT, À LUMEAU.
fait nouvelle, dont l’exploita-
tion a été abandonnée depuis
assez longtemps, mais où nous avons fait pratiquer des fouilles
jusqu'au calcaire de Beauce, ce qui nous a procuré la coupe sui-
Ne :
MEIUNUS ALERTE VÉRELAlE ERNEST CINE 0
2. Gros gravier calcaire, remblai . . . LA UeNRITRINO Di160
3. Sables blancs, légèrement jaunâtres, avec intercalation
d’un lit discontinu de marne à Unio, Melanoides
ÆEscheri Bronc., Helix, à la partie médiane . . . . 5à 6 m.
4. Calcaire de Beauce, « Tuf ».
Ici la position des marnes à Unio n’est plus la même; ces
marnes ne sont plus à la base des sables comme à Baigneaux,
mais intercalées dans leur masse, et, fait intéressant, elles m'ont
fourni pour la première fois, un ÆHelix.
Les seuls ossements déterminables rencontrés dans les sables,
au cours du sondage que j'ai fait exécuter, sont une dent de
Steneofiber cf. Jægeri Kaur., espèce abondante à Baigneaux et
plusieurs dents de Rhinoceros.
128 PAUL COMBES FILS 6 Avril
CONCLUSION
Les faits que je viens d'exposer sont uniquement ceux que j'ai
observés moi-même, mais je suis à peu près certain que toute
étude stratigraphique ultérieure confirmera l’homogénéité absolue
qui me paraît exister dans la masse des sables de l’'Orléanais.
Je me range absolument à l'avis des géologues qui considèrent
ces sables comme résultant d'un courant fluviatile qui, arrachant
au Plateau Central les éléments qu'il charriait, a déposé à une
même époque : les sables de la Sologne, les sables de l’Orléanais
et les sables granitiques du bassin de Paris.
Quant à ce qui concerne la variation de position de la marne à
Unio, cela s'explique par ce fait qu’à certains moments un régime
calme et vaseux s’établissait dans une région du fleuve, — comme
cela se produit pour nos cours d’eau actuels —, et permettait la vie
et la conservation de certains Mollusques dulceaquicoles auxquels
pouvaient se mélanger des coquilles charriées de Mollusques
terrestres (Helix).
Cela est d'autant plus vraisemblable que ces marnes sont en
lentilles ou en lits discontinus, mélangées d'une assez forte pro-
portion de sables, et situées au milieu de stratifications entre-
croisées, comparables en certains points à celles que l’on observe
dans nos ballastières de diluvium.
Si réellement il existe une localisation de certaines espèces
mammalogiques dans les sables, ce que ne me démontrent pas
mes récoltes personnelles, cela peut s'expliquer par la présence
de certaines colonies ou provinces zoologiques sur les rives du
courant miocène.
Ces diverses observations, je me hâte de le dire, ne diminuent
en rien l'intérêt du travail de M. Stehlin qui, d’ailleurs, n’a émis
ses idées sur l’âge des faunes, que sous réserves. Son étude est
une base solide et précieuse pour les travaux de détails futurs.
Dans un travail ultérieur, je donnerai une liste des Vertébrés
fossiles de Baigneaux et de Lumeau et la description des bois de
Palmiers et de Dicotylédones assez fréquents dans les sables de
l'Orléanais.
NOTE SUR LES ARGILES ET SABLES ÉRUPTIFS
DES DIACLASES DE LA CRAIE AUX ENVIRONS DE ROUEN
PAR LE général Jourdy
A la séance du 2 mars 1908, M. A. de Grossouvre, qui a eu
l’occasion d'examiner des grains de quartz recueillis par M. Henri
Douvillé dans l’excursion que j'ai dirigée les 8 et 9 avril 1906 aux
environs de Rouen, s’est prononcé de la facon la plus formelle
contre l'hypothèse d’un charriage imaginé pour expliquer la pré-
sence de ces grains, qui pullulent dans les sables granitiques
tapissant les diaclases de la craie aux abords de la grande faille
de la Seine.
Je présenterai à ce sujet les explications suivantes :
Les études que j'avais entreprises à la fin de 1905 sur l’origine
des matériaux employés par les anciens céramistes de Rouen,
m'avaient conduit à rechercher la provenance des argiles blanches
associées à des sables dans les poches de la craie du plateau de
Boos. M. H. Douvillé, à qui j'avais montré ces sables, les avait
reconnus identiques à ceux qu'il avait obtenus dans des conditions
analogues à Vernon dès 1874 et qu'il avait qualifiés de sables
éruptifs. L'étude que j'en ai faite en 1905 et 1906 m'a persuadé que
c'était avec raison qu'il leur avait attribué une origine éruptive;
mais, comme cette détermination avait été contestée, j'ai tenté de
faire trancher la question, et c’est dans ce but que j'avais convoqué
des géologues de Normandie et de Paris, en les invitant à exa-
miner sur place les coupes que j'avais établies et à se prononcer
sur l'origine éruptive ou sédimentaire de ces sables et de ces
argiles remarquablement purs.
L'examen des matériaux de remplissage de ces larges fentes de
la craie ne parut pas, à la majorité des membres de la Commission,
favorable à la solution que je pensais, et l'excellent compte rendu
de M. Paul Lemoine, fidèle interprète des discussions dans les-
quelles les opinions contraires ne sont pas parvenues à l'accord,
conclut au statu quo, avec une préférence marquée pour la théorie
la plus généralement adoptée, celle du remplissage de haut en bas
des crevasses de la craiïe le long de la grande faille de Rouen, par
1. Compte rendu de l’excursion dirigée par le général Jourdy aux environs
de Rouen les 8 et 9 avril 1906, par Paul Lemoine. Bull. Soc. des Amis des
Sciences naturelles de Rouen ; année 1906.
10 Août 1908. — T. VIII. Bull. Soc. Géol. Fr. — 9
130 GÉNÉRAL JOURDY 6 Avril
des dépôts sédimentaires de sables et d’argiles. Cette explication
ayant réuni la majorité des suffrages, je l’ai provisoirement
acceptée et je l'ai
même adaptée à ma
coupe de la carrière
Viard à Celloville,
dans le sens indiqué
par M. Bigot (fig. 1):
d'aprèslesavantpro-
fesseur de Caen, les
couches superposées
de l’Eocène et du
« UE ds Miocène, primitive-
UE menthorizontales,se
D sont disloquées lors
Fig. 1. — CARRIÈRE VIARD, A CELLOVILLE de l'ouverture des
AQ, Argile à silex quaternaire (remaniée); AS, diaclases de la craie,
Argile à silex en place; S, Sables granitiques : puis effondrées dans
SB, Sables blancs, SR, Sables rouges ; AK, les toscee honte
Argile kaolinique; 7’, Sable blanc farineux tha- l , ï Re
nétien; P, Avellanes sparnaciennes; D, Dia- ÉOHELTES SUÉE ï
clases; C, Craie sénonienne. le long des parois
et les couches supé-
rieures au milieu (fig. 2, 3, 4). Je reproduis ici (fig. 1) la coupe qui
figure en calque sur une photographie dans le compte rendu de
M. Lemoine, avec cette explication de M. Bigot.
Fig. 2-4. — SGHÉMAS MONTRANT L'ORIGINE DES SABLES ÉRUPTIFS
2. Situation initiale. — 3. Commencement de l'ouverture de la diaclase et de
la descente des blocs des sédiments tertiaires. — 4. Chute finale des
sédiments tertiaires. — Même légende que figure 1.
Toutefois, si j'ai respecté l’avis de la majorité sans en être plus
convaincu, j'ai tenu expressément à faire la réserve suivante :
« Le général Jourdy appelle l’attention des excursionnistes sur
1908 SABLES ÉRUPTIFS DE ROUEN 131
s
cette particularité (nombreux gros grains de quartz à angles
parfois très vifs) qui se concilierait difficilement avec l’hypothèse
d'un charriage lointain: ».
Cette observation a attiré l’attention de M. A. de Grossouvre,
et l'examen de ces grains de quartz l’a conduit à déclarer qu'il ne
pouvait, pas plus que moi, admettre que des fragments aussi gros
et aux angles aussi fraîchement conservés, puissent être considérés
comme des matériaux charriés sur une grande distance : de Rouen
au massif granitique le plus voisin (Cotentin), la distance n'est pas
moindre de 120 kilomètres, elle est de 500 au Massif Central. Lors
de l’excursion d’avril 1906, MM. Fortin et Bigot avaient émis
l'hypothèse que ces grains de quartz pouvaient provenir de la
décomposition sur place, de blocs de granite charriés ; mais les
autres membres de la réunion n’admirent pas cette explication,
car ils estimèrent que ces gros grains de quartz se trouvent parfois
en masses assez importantes pour nécessiter l'existence de blocs
d'un poids inconciliable avec l’idée d’un transport lointain ; ces
grains sont même plutôt groupés en veines irrégulières voisines
de la verticale, et offrent un vague aspect de filons.
L'état des grains de quartz n'est pas le seul argument contraire
à la théorie du charriage, et par conséquent du remplissage par le
haut contre laquelle proteste également la couleur de ces sables
et argiles. Sur le terrain, il y a deux ans, M. H. Douvillé a pré-
senté l’observation suivante : «Les argiles qui remplissent les
diaclases de la craie ont une couleur franchement blanche et
jouissent de propriétés réfractaires à la cuisson, elles offrent dès
lors un caractère éruptif à l'inverse des argiles sédimentaires qui
sont toujours chargées de fer et ne produisent à l’exploitation que
des briques facilement fusibles d’un rouge foncé. On ne peut guère
comprendre comment des boues argileuses pourraient couler
depuis le Massif Central ou même seulement depuis le Cotentin,
sans se souiller, ne füt-ce que d’oxyde de fer qui est tellement
répandu à la surface du sol ».
J'ai partagé cet avis, et, sur le terrain même, j'ai montré par la
coupe de la carrière Viard, que le centre de la poche argilo-
sableuse était d'une blancheur parfaite, que cette couleur était
celle de la couche de sable entourant ce noyau, et que ce sable ne
se tachait en rouge qu'à son contact avec l'argile à silex. J’en ai
conclu que le centre de cette poche n'avait jamais subi de promis-
cuité de charriage, et que sa pureté semblait bien révéler une
1. Loc. cit., p. 457 et 458.
132 GÉNÉRAL JOURDY 6 Avril
origine de bas en haut. J'ai de plus attiré l'attention de nos confrères
sur une autre particularité de couleur : ces argiles si blanches
côtoient des paquets d’argiles d'un noir très foncé et si la blancheur
nese maintient pas toujours absolument nette, c’est par l’infiltration
de cette couleur noire à dose variable, maïs sans souillure ferrugi-
neuse.
L’argile noire apparait presque partout à côté de l'argile blanche.
A la carrière de Saint-Austin ’, elle affecte la forme mince et
recourbée d’un nœud de cravate. A la carrière Mulot à Celloville,
elle se trouve par taches. A la forêt de la Londe, une masse
d'argile noire côtoie le paquet d'argile blanche. À Ia carrière de
Thuit-Hébert qui n’a plus le caractère filonien, mais plutôt une
apparence d’épanchement (en raison sans doute de sa distance à
la grande faille de la Seine) et dont j'ai donné la coupe *, l'argile
noire qui est actuellement exploitée par la Société de Céramique
de Choisy-le-Roi, forme une masse épaisse (3 ou 4 m.) reposant
sur des sables ; la couleur noire a déteint par le bas en rose sur
des sables très ferrugineux intercalés entre l’argile noire et les
sables blancs inférieurs, et par le haut en gris sur des argiles
remaniées.
Quelle est la nature de cette substance colorante ? C'est assuré-
ment une matière volatile, car la blancheur immaculée reparaît
sous l’action de la chaleur, et les céramistes du XVIII siècle, les
producteurs du fameux « décor à la Corne d’abondance » préféraient
à cause de sa pureté, l'argile noire à l'argile blanche pour la fabri-
cation de leurs plus belles faïences de Rouen. Est-elle végétale ?
Les partisans de l’origine sédimentaire qui formaient la majorité
des géologues de la réunion d'avril 1906 se sont débarrassés de
l’énigme en la rattachant à des lignites (absents du reste des fofma-
tions que nous avons visitées). Cette substance n'est-elle pas plutôt
un carbure, trace de l’origine éruptive de l'argile et des sables ?
La question ne peut encore être tranchée d’une façon décisive, et
j'estime que l’arrangement des sables et des argiles, la nature des
gros grains de quartz des sables, comme la couleur des argiles
cadrent mieux avec l’idée d’une formation éruptive qu'avec celle
d’une origine sédimentaire.
M. G. Dollfus, qui n'avait pu assister à l'excursion des 8 et gavril,
m'a manifesté, en octobre 1906, le désir de la recommencer avec
moi. La question l’intéressait doublement, d’abord comme auteur
de la Feuille de Rouen de la carte géologique, puis en qualité de
1. PL. rv du Compte rendu de M. Paul Lemoine.
2. Fig. 8 du Compte rendu de M. Paul Lemoine.
1908 SABLES ÉRUPTIFS DE ROUEN 133
partisan très convaincu aussi bien pour les sables que pour les
minéraux, du remplissage par le haut des cavités, poches, cre-
vasses du sous-sol. Fidèle à ses idées, il conclut plus résolument
que tous les visiteurs du plateau de Boos, au remplissage des
cavités de la craie par sédimentation superficielle, et il a protesté
fortement contre l’explication du remplissage par des matériaux
projetés de l’intérieur. Il ne m'a pourtant pas convaincu.
J'estime en effet que la coupe que m'avait esquissée sur place
M. Bigot n'est pas à l'abri de toute critique, car elle suppose à la
partie inférieure des couches primitivement horizontales, un fort
lit d'argile à silex surmonté des sables farineux du thanétien et
des sables à avellanes du Sparnacien. Or, il est de règle, en
Normandie du moins ', que l'argile à silex manque là où existent
les formations marines et même saumâtres. Si ces matériaux si
différents se trouvent mélangés dans les cavités de la craie, aux
abords de la grande faille de Rouen, c’est qu'ils ont été juxtaposés,
mais jamais superposés. Sur tout le plateau de Boos, dans la
Normandie toute entière,
peut-on dire, la surface de
la craie est très irrégu-
lière, entaillée de bosses
et pointes en forme de
pyramides : les dépôts des
divers niveaux tertiaires
s'y coudoient, des paquets
d'argile à silex peuvent
être voisins de sables tha-
nétiens ou sparnaciens,
mais l'argile à silex ne Fig. 5. — SCHÉMA DU REMPLISSAGE DES
POCHES DE BAS EN HAUT.
Même légende que figure 1.
forme jamais de lit stra-
tifié au dessous des cou-
ches de sables ou d’argiles. Dans les nombreuses cavités de la
craie du plateau de Boos, au contraire, le fond et les parois sont
toujours tapissés d’une forte couche d’argile à silex, contre laquelle
sont plaqués les sables, et l'argile forme au centre un noyau qui
descend jusqu'à un fond épais de silex arrondis.
Cette disposition me semble s'expliquer bien mieux par le rem-
plissage de bas en haut. Supposons en effet une chaudière dont le
fond horizontal serait percé d'un trou muni d’un tuyau descendant
à un niveau inférieur (fig. 5). Qu'on la remplisse de matériaux aussi
1. J’ai vérifié le fait dans de nombreuses coupes, aussi bien dans le Vexin
normand (environs d’Etrépagny), que sur les côtes de la Manche (environs
de Dieppe).
134 GÉNÉRAL JOURDY 6 Avril
dissemblables que les têtes de chat de l'argile à silex, et les avel-
lanes sparnaciennes puis, qu'on fasse pénétrer par la chaudière à
forte pression, de l’eau mélangée de grains de sable et d'argile. Il
en résultera d’abord un mélange tourbillonnant de ces éléments
hétérogènes. Mais si la pression diminue progressivement, les maté-
riaux les plus lourds se déposeront d’abord sur les bords et sur le
fond, puis les matériaux de poids moyen (avellanes, gros sable),
s’appliqueront ensuite sur la surface creuse des premiers et ce n’est
qu'à la fin, quand le courant vertical sera près de s’éteindre, que
l'argile qui est la plus légère, se déposera à la place restante, c’est-
à-dire au centre. Cette répartition des matériaux est absolument
celle de toutes les exploitations d'argile aux abords de la grande
faille de la Seine, sur le plateau de Boos:.
L'explication qui vient d’être présentée paraît bien concorder
avec celle d'une origine éruptive ; la faille de la Seine et toutes les
failles voisines de ses lèvres se seront ouvertes, auront livré
passage à des torrents de sables et d'argiles éruptifs qui auront
débouché sur la surface de la craie, se mélangeant aux matériaux
existants, et la bouillie hétérogène se sera déposée à la fin de la
crise, dans l’ordre des densités, d'abord sur le fond et sur les
parois, et finalement au centre.
Si du fait, on passe à la théorie du phénomène, l'explication du
remplissage change tout à fait de caractère, suivant qu’on l’admet
par le haut ou par le bas. J'ai prié M. G. Dollfus, puisque j'avais
l’heureuse chance de discuter avec lui, de vouloir bien m'expli-
quer comment il pouvait comprendre un phénomène aussi général
que celui de l’afflux des sables granitiques et des argiles burdiga-
liennes, car ces matériaux s’observent avec les mêmes caractères
depuis le Massif Central jusqu'au loin dans le bassin de Paris.Il
m'a déclaré alors qu’à son avis, on devrait admettre que les mas-
sifs granitiques du Limousin et de la Bretagne, après avoir subi,
sous les eaux oligocènes, une longue période de décomposition,
ont été émergés à l'aurore du Miocène et ont alors subi un déca-
page intense qui a donné lieu à un immense manteau de sables et
d'argiles s’écoulant demi-fluide sur leurs pentes, jusqu'en Nor-
mandie et au delà.
A cette explication neptuniste, j’opposerai le plutonisme suivant.
1. Les ouvriers qui exploitent « la terre de pipe », de père en fils, depuis
le XVI siècle, sont tous d’accord pour affirmer que le fond de leurs fosses
est tapissé d’une couche épaisse de silex arrondi (parfois 30 m. de profon-
deur) qui arrête leur exploitation, de sorte qu'on ne connaîtra sans doute
jamais le « tuyau de la chaudière ».
1908 SABLES ÉRUPTIFS DE ROUEN 139
Après la poussée tectonique pyrénéenne, mère d’un riche réseau
de diaclases qui règne des Pyrénées à l’Artois, la poussée tangen-
tielle a agi sur les couches plus profondes, faisant surgir à travers
les crevasses, les matériaux fluides existant sous le substratum
archéen. L'eau chargée de sables et d’argiles, à la façon des vol-
cans de boue, aura été projetée la première. La persistance de
l'effort a amené plus tard au jour (Miocène supérieur), les tra-
chytes, basaltes, andésites, labradorites des laccolithes situés sous
l’Eifel et le Massif Central, et a produit ainsi les éruptions vol-
caniques qui ont persisté jusqu’à l'aurore de l'époque actuelle.
En résumé, l'aspect des gros grains de quartz, la pureté des
argiles et des sables juxtaposés, corroborent l'explication hydro-
thermale des sables éruptifs. La discussion de la coupe des chau-
dières du plateau de Boos, la nature du phénomène boueux du
début de la période miocène, me paraissent, ainsi qu'à M. A. de
Grossouvre et à M. Henri Douvillé, inconciliables avec l’hypo-
thèse d’une alluvion superficielle et originaire des sommets grani-
tiques du Massif Central ou de la Bretagne. Si la réunion contra-
dictoire que j'avais provoquée les 8 et 9 avril 1906 à Rouen n’a pas
convaincu alors la majorité de nos confrères, j'espère qu'en réflé-
chissant, ils viendront à nous.
J'espère aussi que d’autres faits nous donneront encore plus
complètement raison dans l’avenir.
M. Dollfus dit que les divers arguments présentés par M. Jourdy
sont bien connus. Mais la théorie éruptive entraîne à des hypothèses
bien plus graves que la simple explication d’une sédimentation avec
altération postérieure. Elle suppose des amas de granite kaolinisé
inexpliqués gisant à deux mille mètres au moins de profondeur et qui
seraient sortis poussés avec une force complètement inconnue et par
des cheminées qui n’ont jamais été constatées.
Les sables granitiques ne renferment aucun élément venant de la
profondeur, mais des débris superficiels y sont mêlés. Malgré les
falaises hautes de plus de cent mètres orientées de toutes manières
aux environs de Rouen, aucune poche réellement profonde n’a été
constatée. Jamais les sables granitiques n’ont été trouvés dans la faille
de la Seine et dans les fractures qui l’accompagnent. IL n’y a aucune
trace de phénomènes volcaniques, de projections gazeuses ou liquides,
pas d'émanations internes et les argiles noires sont colorées par des
matières organiques qui disparaissent à la cuisson.
On a vraiment trop abusé des causes internes en géologie, les phéno-
mènes externes, bien prouvés, ont été reconnus au contraire, comme
occupant une place toujours plus grande dans la couche corticale.
136 GÉNÉRAL JOURDY 6 Avril
A. de Grossouvre. — Sur les Sables granitiques du Bassin de
Paris *.
Comme complément à la note de M. le général Jourdy sur les
Sables granitiques des environs de Rouen et suite aux observa-
tions que j'avais présentées dans la séance du 2 mars dernier,
j'ajouterai que, si les graviers de ces sables sont anguleux, ceux
de la vallée de la Loire, en amont de Gien, sont nettement arrondis
et de forme ovoïde, Comme les graviers d'aval ne peuvent être
moins roulés que ceux d’amont, toute relation de continuité doit
donc être absolument exclue entre les graviers de la Loire et ceux
des environs de Rouen.
SUR L'EXTENSION ORIGINELLE PROBABLE DES NAPPES
DE CHARRIAGE ALPINES DANS LES ALPES-MARITIMES
PAR Léon Bertrand
Lorsqu'on suit la chaîne alpine à partir de la Méditerranée, les
premières traces de charriages comparables à ceux des Alpes
suisses commencent à se montrer avec certitude dans la région
de l'Ubaye et de l'Embrunais, où leur existence a été bien mise
en évidence par MM. Haug et Kilian. Leur cheminement s’est fait
vers l'extérieur de la chaîne, c’est-à-dire là vers le S.0., presque
en sens inverse de la direction normale vers le Nord, qui est celle
que l’on trouve dans la plus grande partie de la chaîne alpine.
D'autre part, la façon dont se comportent ces nappes à l'égard des
deux massifs anciens voisins, du Mercantour et du Pelvoux, est
fort intéressante à considérer.
Ceux-ci, au lieu d’avoir été des obstacles à peu près invincibles
à la propagation des mouvements tertiaires et de les avoir forcés
à se mouler sur eux, comme l'ont fait les massifs hercyniens de
l’'avant-pays alpin, ont été englobés dans les plis récents. Les
couches secondaires qui avaient recouvert les terrains primaires
ont été fortement plissées, et les plis de ces couches secondaires
et nummulitiques se continuent nettement sur l'emplacement où
ne se montrent plus actuellement que les terrains primaires ;
d’abord ils y sont indiqués par les digitations si caractéristiques
1. Note présentée à la séance du 1°" juin 1908.
1908 NAPPES DE CHARRIAGE ALPINES 137
de la terminaison occidentale du massif primaire du Mercantour
(feuille Saint-Martin- Vésubie), puis par les lambeaux synclinaux
conservés en pleine région primaire. Si ces massifs anciens se
montrent donc comme des parties surélevées d’une zone de plisse-
ment continue, quant à l’allure des plis récents, il ne faut pourtant
pas rejeter d’une façon trop absolue l’ancienne notion des « massifs
centraux », car l’'individualisation de ces aires surélevées s'était
ébauchée antérieurement au plissement principal des terrains
secondaires et nummulitiques.
La carte que M. Haug a donnée des nappes de l'Ubaye et le
tracé des contours de la Carte de France au millionième (2° édition)
montrent avec évidence que celles-ci s’'avancent considérablement
vers le Sud-Ouest, entre les extrémités des massifs au Pelvoux et
du Mercantour, sur la région transversalement très déprimée de
l’Embrunais, tandis que nous n’avons aucune preuve directe per-
mettant d’aflirmer que ces nappes ont passé ou non par dessus
les deux aires surélevées en question. Au premier abord, il est
bien certain qu'on est tout naturellement amené à penser que les
deux massifs jumeaux du Mercantour et du Pelvoux ont empêché
l'avancée des nappes de l’'Ubaye et de l’Embrunais et, évidem-
ment aussi, celle des nappes plus élevées qui auraient pu les recou-
vrir. Par contre, la disposition déprimée de l'Embrunais, entre les
deux obstacles en question, aurait nettement favorisé l'écoulement
de ces nappes charriées vers l'extérieur de la chaîne alpine, ainsi
que le pense M. Haug.
Mais, d’autre part, une autre interprétation doit venir à l'esprit,
si l’on s'imagine que la surélévation à laquelle les deux massifs
hercyniens en question doivent leur individualisation actuelle
aurait été consécutive à la formation de ces nappes. Dans cette
conception, l’ensellement transversal de l’Embrunais aurait été
seulement une circonstance topographique postérieure aux char-
riages et qui aurait permis une meilleure conservation des nappes
charriées, du moins des plus inférieures, si l’on admet, avec
M. Termier, que d’autres que celles dont on trouve actuellement
la trace dans la région aient recouvert originellement celle-ci. Sur
les massifs surélevés, au contraire, l'érosion ultérieure aurait
enlevé, non seulement toute trace de ces nappes, mais encore la
presque totalité de la couverture secondaire en place des terrains
primaires, sauf dans quelques synclinaux plus profonds que les
autres. Cette conception est celle qui découle des publications de
M. Termier, car, dans ses coupes les plus récentes, il indique que
le massif du Pelvoux aurait été entièrement submergé par les
138 LÉON BERTRAND 6 Avril
nappes venues des régions plus internes de la chaîne alpine. Mais
je la crois trop absolue et diverses raisons m’amènent à penser
qu'il faut concilier, dans une mesure à déterminer, les deux opi-
nions opposées.
L'étude des Alpes-Maritimes ! m'a, en effet, montré que, si l’on
doit admettre que la surélévation définitive du massif du Mercan-
tour a été postérieure au Nummulitique, cette région avait déjà
été une aire surélevée durant le dépôt des couches secondaires et
nummulitiques et que sa partie centrale, tout au moins, avait dû
rester à peu près constamment émergée pendant ce dépôt. En par-
ticulier, les couches triasiques de sa bordure montrent des traces
d'émersions locales, qui se retrouvent aussi, en certains points,
pour les couches jurassiques du voisinage des terrains anciens ;
ces dépôts jurassiques de la bordure du massif du Mercantour
montrent, en tous cas, un faciès moins profond que les couches de
même âge qui, dans le Gapençais et l'Ubaye, forment le soubas-
sement des nappes en question. J'ai pu démontrer, d'autre part,
en parfait accord avec ce qui a été reconnu dans les régions
voisines des Alpes françaises, qu’à la fin du Crétacé une première
phase importante de plissements récents avait ébauché les grandes
lignes de l’orogénie de ces régions, qui devait ensuite s’accentuer
et se compliquer lors des mouvements tertiaires. En particulier, je
pense que le massif du Mercantour avait alors acquis une certaine
individualité, qui se traduit par le caractère très littoral que mon-
trent les couches nummulitiques en son voisinage et par les maté-
riaux très grossiers qu'il a fournis aux grès oligocènes d’Annot.
Cette individualisation, en tant que région surélevée ayant
existé lors de la sédimentation de la série nummulitique, serait
donc antérieure aux charriages, qui ont affecté les dépôts de cette
série, et il y a donc lieu d'en tenir compte daus les facteurs qui
ont dù influer sur le développement de ces charriages. S'il est donc
vraisemblable que les nappes de l’Ubaye se sont plus ou moins
avancées sur le bord septentrional ou interne du massif du Mer-
cantour et ont même pu recouvrir sa portion occidentale, ainsi
que nous allons le voir plus loin, il est, par contre, très probable
que, dans une certaine mesure (qui sera celle de son degré d’accen-
tuation en tant qu'aire surélevée transversalement dans la pre-
mière zone alpine, lorsque s’est faite la translation des nappes
1. Voir principalement : Étude géologique du Nord des Alpes-Maritimes
(Ball. Carte géol. Fr., IX, n° 56) et Notes diverses dans la Réunion extraor-
dinaire de la Société géologique dans les Alpes-Maritimes, en 1902 (B.S.G.F.,
(@), I).
1908 NAPPES DE CHARRIAGE ALPINES 139
venues des régions plus internes de la chaîne), le massif du Mer-
cantour a dû gêner, sinon même empêcher, la translation de ces
nappes de l’Ubaye et naturellement aussi celle des nappes d'ori-
gine plus interne qui auraient pu les recouvrir originellement. Je
n'ai aucune donnée personnelle pour le massif du Pelvoux, mais
je considère comme probable que la même conclusion doit lui être
appliquée, du moins pour sa partie méridionale.
Il me semble donc admissible que, pour la partie méridionale
de nos Alpes françaises, où il est intéressant de chercher la limite
de l'extension originelle des nappes alpines, les massifs hercyniens
englobés dans les plissements alpins les plus extérieurs ont joué,
dans une certaine mesure, à l'égard des nappes d'origine plus
interne, un rôle d’obstacle assez analogue à celui des massifs de
l’avant-pays alpin vis-à-vis de l'ensemble des mouvements alpins.
Mais ces massifs hercyniens de la première zone alpine portent
eux-mêmes la trace très nette de poussées dirigées vers l'extérieur
de la chaîne, et cela peut-être d'autant plus qu'ils ont dû résister
davantage au glissement des nappes plus internes, par lequel s’est
dépensé l'effort tangentiel venu de l’intérieur de la chaîne. C’est
ainsi que, dans le bassin supérieur de la Tinée, sur le bord sud-
ouest de la portion occidentale du massif du Mercantour, j'ai
montré l'existence de plusieurs plis couchés superposés et nette-
ment enracinés au milieu des terrains primaires, où se montrent
les couches triasiques en synclinaux pincés au milieu des schistes
cristallins. Le plus important de ces plis couchés des terrains
secondaires forme le soubassement de l’importante masse du mont
Mounier, qui se présente isolée en dehors de la grande chaîne
avec une altitude presque comparable à celle-ci (28:18 m.). Ce pli
y traduit, à lui seul, un déplacement horizontal de près de 8 kilo-
mètres et il présente nettement la disposition plongeante, si
caractéristique des plis couchés ou des nappes enracinées que l'on
trouve dans les Alpes de Savoie et dans les Alpes Suisses, et dont
M. Termier fait le criterium de la nappe, par opposition au simple
pli couché’. Une autre charnière anticlinale fortement plongeante,
simulant un faux synclinal ouvert vers la chaîne, se rencontre pour
l'un de ces plis de la couverture secondaire du massif du Mer-
cantour, dans cette même région?, et l’on y trouve donc un style
tectonique qui rappelle tout à fait celui que l’on retrouve pour les
1. Etude géologique du Nord des Alpes-Maritimes, pl. 11, fig. 8-11.
2. Je serais actuellement disposé à augmenter, sur les figures citées ci-des-
sus, l'importance du chevauchement des plis couchés superposés à celui du
Mounier,
140 LÉON BERTRAND 6 Avril
couches secondaires qui, dans la région du Mont Joly, forment la
bordure externe des massifs hercyniens des Alpes de Savoie, là où
des nappes charriées d’origine plus interne ont certainement passé
par dessus ces massifs.
Par contre, cette allure tectonique de la vallée supérieure de la
Tinée et du massif montagneux qui se rencontre dans la partie
N.O. des Alpes-Maritimes contraste très fortement avec celle des
plis faillés et imbriqués de toute la région située au Sud du massif
du Mercantour, jusqu'au Littoral méditerranéen, et même avec
l'allure très régulière du grand dôme à noyau permien de la Cime
de Barrot, avec son faisceau de plis périphériques déversés vers
l'extérieur de cette aire surélevée. J'ai indiqué’ que cette dispo-
sition les amène, aux environs de Roubion et de St-Sauveur-sur-
Tinée, à être déversés en sens inverse des plis de la couverture
du massif du Mercantour, qui ont d’ailleurs perdu le caractère
de véritables nappes à grand cheminement que nous leur avons
trouvé dans le massif, pourtant très voisin, du mont Mounier.
Dans la région située au sud du massif du Mercantour et de ce
dôme de la Cime de Barrot, on a un régime de plis courts, de
dômes et de cuvettes synclinales (ou de brachyanticlinaux et de
brachysynclinaux, pour employer un langage plus moderne), s’ali-
gnant suivant des axes généraux pour donner naissance à des
aires anticlinales et synclinales, qui constiluent des unités tecto-
niques plus importantes. Les anticlinaux de ce régime naissent
et se terminent très brusquement, en se rompant presque aussitôt
qu'ils ont commencé à se montrer et se transformant immédia-
tement en plis-failles, de façon à n'avoir presque jamais de flanc
inverse, sauf en leurs extrémités. Au contraire, les plis cou-
chés du massif du Mounier se sont déroulés très largement,
en conservant une très grande régularité d'épaisseur pour les
couches qui les constituent, même pour celles du flanc inverse,
qui se suit avec une remarquable continuité et presque sans
étirement appréciable. Par ce caractère encore, ces plis ressem-
blent ainsi, d’une facon frappante, à ceux qui ont été décrits par
Marcel Bertrand et Et. Ritter dans le massif du Mont Joly, comme
je l'ai dit précédemment.
J'avais d'abord attribué cette remarquable différence d'allure
tectonique à la seule différence de composition et de plasticité des
couches intéressées : dans le N.O. des Alpes-Maritimes dominent
les faciès marneux dauphinois pour les couches secondaires, ou
1. Etude géologique du Nord des Alpes-Maritimes, pl. 11, fig. 1-5, et B.S.G.F.,
[4], IL, p. 689, fig. 3.
1908 NAPPES DE CHARRIAGE ALPINES 141
plutôt un faciès intermédiaire entre ceux-ci et'les faciès plus cal-
caires du Briançonnais, tandis que vers le Littoral ce sont des
calcaires très massifs et très épais, indiquant une genèse sub-coral-
lienne, qui représentent le Jurassique supérieur, avec une lacune
fréquente du Jurassique inférieur et aussi d’une partie du Crétacé
inférieur. Mais le régime des chevauchements par pli-faille com-
mence déjà dans le faciès sub-dauphinois et je pense maintenant
qu'en outre de la raison purement physique que je viens d'indiquer
et quiintervient certainement dans la disposition tectonique pour
ainsi dire hachée, du littoral, il y a probablement lieu de faire
intervenir aussi l’extension originelle des nappes charriées venues
de la zone alpine située en arrière du massif du Mercantour ;
celles-ci sont conservées seulement dans l'Ubaye et jusqu’au voisi-
nage immédiat de l'extrémité de ce massif, où elles sont mises en
évidence par la distinction que MM. Haug et Kilian y font d’un
flysch calcaire de l'Eocène supérieur charrié sur les grès oligocènes
inférieurs, bien développés dans la bordure du massif primaire
en question.
Je crois, en particulier, que la plasticité si grande dont ont fait
preuve les couches secondaires du massif du Mounier peut être
due, en partie, à la surcharge résultant de la superposition des
nappes qui se retrouvent dans l’Ubaye ou d'une partie, au moins,
de celles-ci. D'autre part, si l'on examine, sur la carte ci-jointe
(fig. 1), l'extension en plan du chevauchement du grand pli couché
du Mounier, on voit qu'à partir du col de Pal vers le N.0O., de
même qu’à partir des environs de la Tête de Ciamia et de Roubion
vers le S.E., ce pli ne traduit plus qu'un déplacement horizontal
très restreint par rapport à celui qui existe dans le vallon de Roja
et dans le soubassement du Mounier. Les autres plis superposés à
celui-ci montrent une disposition analogue et disparaissent pres-
que entièrement en arrivant au vallon de Demandols, qui descend
du col de Pal à St-Étienne (loc. cit., pl. IL, fig. 5), sur le bord de
la grande cuvette svneclinale de Sanguinière, dont la parfaite
régularité contraste avec l'allure fortement plissée de la région
située au S.E.
Il me semble que la localisation et la brusque accentuation du
chevauchement des plis couchés en question peuvent s'expliquer
par l’avancée locale, au-dessus de leur emplacement, de nappes
charriées d’origine plus interne que le massif du Mercantour. Sur
la figure 1, j'ai indiqué hypothétiquement cette avancée sous la
forme d’une sorte de lobe ayant été séparé de la grande masse de
l'Ubaye par l'emplacement de la cuvette de Sanguinière ; mais il
42 LÉON BERTRAND 6 Avril
ne s’agit la, dans mon esprit, que d’une avancée minima, et l'ab-
sence de tout accident comparable aux grands plis couchés précé-
dents dans les terrains nummulitiques de cette grande cuvette
pourrait aussi tenir à la différence de nature des couches ayant
servi de substratum aux charriages en question.
Mais je tiens à dire, d'autre part, que la probabilité du passage
CA
La rgentera
Ge,
ur
sur Tinée
Anticlinaux de la bordure secon-
Extension primitive des nappes alpines. _____ daire du massif du Mercantour,
g FF couchés vers l'extérieur de ce
massif.
Z 7/7} Témoins actuels de ces nappes (nappes Importance du chevauchement du
LL de l'Ubaye). pli couché du mont Mounier.
, à : Anticlinal le plus externe de la cein-
‘::| Terr cristallins ssi Mer- i 5
"15 5] e RE e ins du massif du Mer ture de plis entourants le dôme
ê - de la Cime de Barrot et déversés
vers l'extérieur de celui-ci.
de ces nappes ne me semble pouvoir s'appliquer qu’à la portion
occidentale du massif du Mercantour ; la partie centrale de celui-ci
me paraît avoir, presque certainement, opposé un obstacle infran-
chissable aux nappes venues du Piémont, soit par sa plus grande
importance, soit parce que la poussée vers l'extérieur de la chaîne
1908 NAPPES DE CHARRIAGE ALPINES 143
alpine, qui aurait été amenée là à se faire exactement vers le Sud,
en sens inverse de sa direction normale, aurait été alors trop
faible pour pouvoir vaincre cet obstacle.
Quant à la région plus orientale des Alpes-Maritimes, qui se
trouve à l'Est des vallées de la Vésubie et du Var et qui correspond
principalement au bassin de la Roya, les lignes tectoniques y
montrent bien une incurvation très marquée avec convexité au
S.0., qui paraît être en relation avec une avancée des mouvements
tangentiels issus du Piémont méridional, corrélativement à la
termination orientale du massif du Mercantour et à la direction
vers le Sud que prennent les zones alpines plus internes pour aller
probablement rejoindre la côte orientale de la Corse. Mais les plis
ele cette région orientale des Alpes-Maritimes, tout en présentant
les importants chevauchements que j'y ai fait connaître ', montrent
un caractère de discontinuité qui, non seulement ne permet pas de
les considérer comme des nappes analogues à celles de l’'Ubaye,
mais ne me semble même guère compatible avec la superposition
de semblables nappes aujourd’hui disparues. Ce n’est, à mon avis,
que pour la région de la Roya proprement dite, aux environs de
Saorge et Breil, que peut-être la question de l'extension originelle
de celles-ci pourrait se poser ; mais je ne crois pas, en tous cas,
que l'avancée des nappes issues des zones alpines situées en
arrière du massif du Mercantour s’y soit faite largement sur le
territoire français.
M. Haug enregistre avec plaisir les arguments décisifs que M. Léon
Bertrand apporte à l’appui d’une conception du charriage de l’Ubaye
basée sur le rôle du Pelvoux et du Mercantour, envisagés comme
massifs résistants, conception qu'il a toujours défendue, malgré les
apparences résultant du passage de la nappe par-dessus l'extrémité
nord-ouest du Mercantour.
1. B.S.G.F;, [4]; pl. xcret xx.
OBSERVATIONS ‘ DANS L'EXTRÉME-SUD TUNISIEN
PAR Henri Jourdy
Les résultats de la première campagne ont été brièvement indi-
qués dans une communication précédente ?, et en même temps
M. Lambert* faisait connaître les Échinides recueillis au cours
de ces recherches. Les couches explorées affleuraient aux environs
de Tatahouine et appartenaient aux terrains jurassiques comme
l'avait bien reconnu M. l'ingénieur Aubert dès 1892‘: elles avaient
été étudiés vers la même époque par Le Mesle, mais les notes de
voyage de cet explorateur n'ont été publiées * qu'après sa mort
en 1899 ; les Echinides avaient été décrits dès 1896 par Gauthier *.
Les fossiles recueillis dans ces couches avaient été attribués par
Le Mesle au Jurassique supérieur (Ptérocérien) ; MM. Robert
Douvillé et Pervinquière , ont confirmé en partie cette détermi-
nation, mais ont distingué, en outre, une faune plus ancienne
attribuée au Bathonien.
Les recherches de Le Mesle se sont étendues au Sud jusqu'à
Bir Zeguellem ; je les ai poursuivies dans la même direction et ai
reconnu les affleurements des mêmes couches à Bir Morra, Guelb
el Anze et enfin à El Mekmen, près de la frontière tunisienne:
dans ces derniers points elles s'élèvent aux altitudes de 353 m. et
338 m.
Les fossiles recueillis à 5 à 6 kilomètres à l'Ouest de Bir Morra
sont principalement des Brachiopodes, Zeilleria Egenaet des Rhyn-
chonelles à rapprocher de celles qui ont été décrites par Nôtling
dans le Jura supérieur du Nord de la Palestine, Rh. cf. moravica,
et Rh. cf. jordanica (petite variété).
La coupe est bien plus complète à Guelb et Anze; ce sont exac-
1. Ces observations ont été effectuées dans trois campagnes successives
de la brigade topographique (1904-1906). Henri Jourdy, jeune officier, plein
d'avenir, est malheureusement décédé en France au retour d’une nouvelle
campagne dans l'Afrique équatoriale. Ses notes ont été mises en ordre, et
les fossiles déterminés par M. Henri Douvillé.
2, Le Jurassique du Sud tunisien, par Robert Douviczé et Henri JourDy.
B.S.G.F., (4), V, p. 567, 15 juin 1905.
3. Echinides du Sud tunisien. /bid., p. 569.
4. Explication de la Carte géologique provisoire de la Tunisie.
5. Exploration scientifique de la Tunisie, journal de voyage, par G. LE
MESLE. 1890.
6. Ibidem. Description des Echinides recueillis par LE MESLE, 1896.
7. B.S.G.F;,(%), W, p. 568.
1908 EXTRÈME-SUD TUNISIEN 145
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Fig. 1. — CARTE DU MASSIF DU DAHAR. — 1/1 000 00.
22 Août 1908. — T. VIIL. Buli. Soc. Géoi. Fr. — 10
146 HENRI JOURDŸY 6 Avril
tement les mêmes couches qu'à Tatahouine, ou tout au moins les
couches supérieures; j'y ai recueilli les Re suivants :
Nautilus giganteus, Natica, Nerinea, Exogyra bruntrutana,
Lopha solitaria, Terebratula suprajurensis, Rh. nobilis Kirci,
Bryozoaires, Pygurus Meslei, Monodiadema Cotteaui, Pseudo-
cidaris Gauthieri, Millericrinus Meslei. Un banc de calcaire blanc
jaunâtre est caractérisé par
l'abondance de Stromatopo-
roides voisins du genre Mil-
leporidium STEINMANN (cou-
che à Polypiers branchus de
Le Mesle). A la base un banc
de marne blanche dure ren-
ferme déja Monodiadema
Cotteaui avec Pholadomya
Aubryi.
La coupe d'El Mekmen est
analogue et donne une bonne
idée de la composition de
l'étage; on y observe de haut
en bas (fig. 2) :
Fig. 2.— CourE À EL MEKMEN.
1. Calcaire dur jaunâtre à Nérinées et Rhynchonelles . > m.
2. Calcaire sableux jaunâtre avec nodules gréseux . . . . 3
3. Grès jaunâtre tendre. 2
4. Sable calcaire jaunâtre. . . 2
5 Calcaire dur cristallin jaunâtre, en res rie,
Monodiadema Cotteaui, Millericrinus) . . . . . . 5
6. Sable calcaire (gypseux ? jaunAtres. D : | 2
7. Calcaire dur rougeâtre à Stromatopores tee. encre
tula Millérierinns)" D LT NEMERRE LEE TR 2
8. Grès tendre jaunâtre. . . 2
9. Calcaire dur rougeàtre (Nerinea, iota HR fire
tula, Pygurus Meslei, Pseudocidaris Gauthieri, Milleri-
crinus) - 4
10. Marne calcaire Dienciabee , 5
11 à 14. Sables gypseux alternant avec Hs ee nue 9
Total: RENE RIRES 0e 41 m.
Les couches sont sensiblement horizontales.
A l'Ouest et au Sud-Ouest des affleurements précédents et à une
quinzaine de kilomètres environ, s'étend la chaîne du Dahar, elle
est d’abord dirigée Nord-Sud, — elle s’infléchit ensuite au Sud-
Est puis à l'Est en pénétrant dans la Tripolitaine. Elle s’élève
presque partout à l'altitude de 600 ou 620 m. elle est constituée
par des calcaires et des marnes à peu près sans fossiles.
par
1908 EXTRÊME-SUD TUNISIEN 147
M. Aubert avait signalé à la partie supérieure dans la région de
Guermassa, Heterodiadema lybicum, Hemiaster batnensis, Exo-
gyra flabellata ; M. Pervinquière, qui a exploré la chaîne au Sud
Jusqu'à l’oued Nekrif, c’est-à-dire jusqu’à la latitude d'El Mekmen,
signale ' également au sommet Æeterodiadema lybicum et Exo-
gyra flabellata ; ces couches représentent donc incontestablement
le Cénomanien. Ce dernier auteur signale sur le sommet quelques
témoins de couches plus élevées paraissant appartenir au Sénonien.
La chaîne tombe à pic vers le
Nord-Est et sur la plaine tuni-
sienne tandis qu'elle s’abaisse
doucement vers l'Ouest en pré-
sentant une série de versants
parallèles à la chaîne. Le der-
nier de ces gradins (el Attaba,
Garet Makhrouga) vient mourir
dans une plaine sablonneuse Fig. 3. — Coupe DE LA GARA
sans écoulement visible. Il pré- MAKROUGA EL OUTANI,
sente à sa partie supérieure Ja partie supérieure (alt. 462 m.).
coupe suivante (fig. 3) :
Se ro 71 NE.
1. Calcaire gréseux fin, grisâtre, caverneux. . . . . . . 5 m.
2. Calcaire blanc, plus tendre (Cyphosoma) . . . . 6
3. Calcaires plus jaunes, très durs à la partie supérieure, avec
concrétions ferrugineuses (Plicatula hirsuta). . . . . 5 50
4. Marnes farineuses, avec parties dures et plaquettes cou-
vertes de moules de petits Mollusques (Turritella, Natica,
Solarium, Hemiaster, Parapygus Fo Echino-
brissus cf. pseudominimus). . . AAC ARE 8
Les couches sont inclinées de 3 à Go vers (e Sud-Ouest. Un peu
plus à l'Est, le Gouiret Lila présente des couches analogues (fig. 4) :
1. Calcaires blancs ou grisâtres durs. . . ee ner 6 m.
2. 5 couches de grès jaunâtres plus ou moins durs LFAENANE 20
3. Calcaires sableux blanc-jaunâtres, avec intercalations de
marnes farineuses violacées ; fragments de grands /cero-
names, Ostrea Gauthieri, Lopha, petites Huîtres virgu-
loïdes, Bryozoaires . . MR EUR Se TO
4. Sables marno-gypseux, ob vo par des sables
SHPCNACIElS PES A PE ERNST RE ON au 620
5. Couches de grès durs.
Les couches plongent de 3 à 4° au Sud-Ouest.
Le Guelb Loughraa constitue un piton isolé à 9 km. environ à
l'Est du point précédent; on y observe de haut en bas une alter-
1 B.S.G.F., (4), VI, p. 10; 15 janvier 1906.
148 HENRI JOURDY 6 Avril
Fig. 4. — Coupe DU GOUIRET LiLA de l’Ouest à l'Est (alt. 480)
nance de calcaires durs et de bancs de gypse, qui sont peut-être
l'équivalent des couches basses de la coupe précédente (fig 5) :
1. Calcaires durs Ho Le (?) jaunâtres, avec taches
POUPES- PE EE D EN PT er | 2 m.
2. Gypses jaunâtres. 7 NE ARE TN ON TI NE SANTE [A
3. Calcaire dur gréseux blanc. A 5 PT EUR REP AUNE RER REREE o 60
4. Gypses blancs. . . CU AA 0
5. Calcaire dur gréseux blanc. An ne AE RCE Oo 20
6. Gypse jaunâtre, marnes feuilletées . . se 0 50
7. Calcaires blancs et jaunes, avec concrétions ferrugineuses. »
8. Gypsé blanc'et VérdAire MENT NC TR RU CORTE
9. Calcaire gréseux blanc . . . dl: HO A Sent 27 I
10. Calcaire jaunâtre avec cristaux de gypse A AA ES CERN 1 50
x. IGyYpsemni te L'ART ANT 5
12. Dalle de calcaire dur, formant un large plateau.
13. Banc de roche dure, formant la berge de l’oued Ouni . . 4
Gi
Oued Our
1 km.S500
Fig. 5. — Coupe pu GUELB LOUGHRAA.
Une deuxième chaîne s'étend parallèlement à celle du Dahar, à
une quarantaine de kilomètres au Sud-Ouest ; elle a la même
allure topographique, et tombe brusquement au Nord-Est, tandis
qu'elle s’abaisse en pente douce sur le versant opposé ; elle atteint
1908 EXTRÊME-SUD TUNISIEN 149
400 à 420 mètres d'altitude et s'élève exceptionnellement jusqu à
450 mètres ; elle semble traversée
par l’oued Abdallah. Plus au Sud, e 156 NE.
toute la région de l’oued Jeneïen
étant couverte de dunes parfois
très élevées, il est impossible de
reconnaître le terrain en place sous
sa couverture sableuse.
Cette deuxième chaîne, qui est
celle du Sanghar, se prolonge au
Nord-Ouest et au Sud-Est; dans
cette dernière direction elle pénètre
en Tripolitaine.
Au Nord-Ouest vers Guelb es
Sbaïhar, la coupe est la suivante Fig. 6. — Coupe pu SANGHAR
(fig. 6): VERS GUELB ES SBAÏHAR.
1. Calcaires durs blancs ou grisâtres . . . . . SANS 5 m.
2. Argiles bariolées de rouge et de blanc verdâtre (les habitants
du pays les mangent en temps de disette) . . . . . 4 m.
3. Alternances de bancs de calcaires plus ou moins durs, fine-
ment cristallins, blancs ou grisâtres, avec /Inoceramus
Cripsi et moules de Cardita. . . SUCRE 25
4. Galcaires sableux tendres jaunâtres, Enpentres dont
tique ((nrocerarmnusACARUT) Ne NC RON LEON G)
5. Couche de gypse en petits cristaux . DR AS NA 1
Le terrain à la base est formé de sable gypseux. Les couches
sont inclinées de 3 à {4° vers le Sud-Ouest.
SON Telebia NE.
Fig. 3. — Courre pu TALEBrA (profil du djebel Talebia).
La coupe du djebel Talebia est plus intéressante : c’est une
butte isolée sur un plateau assez large, séparé lui-même de la
plaine au Nord par un escarpement (fig. 7 et 8).
1. Calcaire gréseux dur à grains fins, avec cristaux de gypse
par places. . . ; SANTO ne
2. Calcaires comme les réa mais De tendres, avec
Turritella, et Bryozoaires en forme de tiges arrondies. . 5
3. Alternances de calcaires tendres gréseux et de calcaires plus
durs, quelquefois rougeâtres, Inoceramus, Ostrea. . 5à 6
150 HENRI JOURDY 6 Avril
4. Calcaires sableux rougeâtres, avec lits Ér minces et
indices de fausse stratification . . ne SUR 4 m.
5. Calcaires gréseux jaunâtres, orangés ou ie très
friables ; ils contiennent de nombreux cristaux de gypse et
donnent des sables qui s’étalent sur le plateau ; ils renfer-
ment de nombreux fragments d’Inoceramus à test épais,
Exogyra Matheroni, Lopha semiplana, Lopha acantho-
nota, Pycnodonta vesicularis, Ostrea Triboudi et luma-
chelle de petites Huîtres, Plicatula hirsuta, Hemiaster,
Cyphosomatet 520, Se ASE ER REREES
6-1Gypse. Ur CAL ; o 80
7. Calcaire gréseux 2 it en Aus où cran ns
Exogyra Matheroni, Plicatula hirsuta. . . . . . . 8 m.
8. Couche de gypse . . . : 2
Au-dessous, alternances de re minces d ne et de bancs
épais de calcaire gréseux.
SO.
nee NE.
Fig. 8. — Coupe pu TALEBIA (versant nord-est de m en n de la fig. 9).
Un dernier point plus à l'Est est la butte de Touil' (Ali ben
Amar), isolée au milieu de la plaine à l'Est de l’oued Jeneïen ; elle
est constituée par un calcaire un peu gréseux jaunâtre ou rougeâtre
quelquefois en plaquettes, avec Pycnodonta vesicularis, Exogyra
Matheroni, Inoceramus regularis, Pecten cf. Dujardini, Voluta
Bay lei.
Ces couches paraissent correspondre à la partie moyenne de la
coupe précédente.
Quand on est sur la ligne de faite du Sanghar, l'horizon est
limité au Sud-Ouest par une troisième série d’ondulations qui
paraissent parallèles aux deux chaînes précédentes, mais le manque
de temps m'a empèché de les explorer.
En résumé on voit que la structure géologique de l’Extrème-Sud
est d'une grande simplicité : on y distingue une série d’affleurements
concentriques avec plongement faible des couches vers la péri-
1. Ce point n’est pas marqué sur la carte, il est situé immédiatemant à
l'Est de Bordj Jeneïen, à environ 10 kilomètres au-delà de la frontière.
1908 EXTRÊME-SUD TUNISIEN 151
phérie. La zone la plus extérieure est celle du Sanghar constituée
par le Crétacé supérieur à grands Inocérames, faciès signalé depuis
longtemps dans le Centre et le Nord de la Tunisie. La zone moyenne
correspond à la chaîne du Dahar plus importante que la précédente
et qui peut être suivie d’une manière continue depuis Guermassa et
Douirat jusqu'en Tripolitaine ; dirigée d’abord du Nord au Sud,
elle s'infléchit progressivement et finit par devenir ouest-est au
Sud de Dehibat : elle est formée par des calcaires très peu fossili-
fères, ayant fourni à leur sommet quelques fossiles cénomaniens.
Rien ne prouve qu'il y ait discontinuité entre ce Cénomanien et
le Sénonien supérieur du Sanghar, bien qu'il n'ait pas été trouvé
de fossiles turoniens; les couches de Garet Makhrouga, Gouir-
et Lila et Guelb Loughraa peuvent représenter le Sénonien
inférieur plus ou moins dolomitique et gypsifère.
Les affleurements du Jurassique supérieur dessinent une troi-
sième zone continue partant de Tatahouine et se dirigeant par Bir
Zeguellem, Bir Morra et Guelb el Anze jusqu’à El Mekmen ; ces
derniers points sont aux altitudes de 553 et 338 mètres, tandis que
la chaîne du Dahar s'élève à 600 mètres environ.
Au delà vers le Nord-Est, la plaine descend progressivement
vers la Méditerranée ; un petit ressaut est constitué par ce que
l’on appelle la chaîne des Abrègues (signal d’Abrègue Moghri, alt.
142 m.), qui dessine une courbe concentrique aux zones précé-
dentes ; elle paraît former le prolongement de la chaîne qui s'élève
à l'Est de de Tatahouine (djebel Ferdj, K'. Kreser) et qui se pro-
longe directement au Sud en s’abaissant progressivement (El
Melah 529 m., Khechem el Frida 239 m.). Cette chaîne, d’après
les observations de Le Mesle dans la région nord, serait formée
par des couches triasiques avec gypses et grès durs; en tous cas,
la plaine au delà à l’Est est formée d’une couche dure très siliceuse
recouvrant directement un banc de gypse d’une puissance de 4o à
45 mètres. C’est ce gypse qui forme le fond des Xraouis, dépres-
sions souvent sans écoulement, toujours stériles et incultes. Au-
dessous du gypse se trouve une couche de marnes argileuses où
viennent aboutir les rares puits non desséchés de la région.
Des couches analogues ont été indiquées au Nord par Le Mesle
comme s'étendant dans la plaine à l’Est de Bir Metizza ; le même
observateur signale les grès triasiques bien stratifiés, rouges et
blanchâtres à dj. Rgigila, à Bir el Ahmeur et à K' Medenine asso-
clés à des gypses et à des argiles rouges.
Toute cette région peut ainsi être assimilée à l'extrémité d’un
dôme dont le centre serait formé par le Trias, et qui serait régu-
lièrement enveloppé par les couches successives du Jurassique et
du Crétacé.
LE JURASSIQUE DE L'EXTRÈME-SUD TUNISIEN
PAR Henri Douvillé
J'ai cherché, d'après les fossiles recueillis par le lieutenant
Jourdy, à préciser les caractères du Jurassique dans l'Extrême-
Sud tunisien ; il présente un faciès particulier qui rappelle beau-
coup celui que l'on rencontre en France dans le Bathonien et le
Ptérocérien, et qui est caractérisé par l'abondance des Gastropo-
des, des Lamellibranches, des Brachiopodes et de certains Echi-
nides ; les Céphalopodes y sont très rares, un seul fragment d’Am-
monite y a été trouvé par M. Pervinquière. Cette analogie frap-
pante avec certains dépôts de la Normandie avait frappé le Mesle
qui n'avait pas hésité à rapporter an Ptérocérien les couches du
Sud tunisien. Plus tard, l'existence de types bathoniens avait paru
également incontestable et MM. Robert Douvillé et Pervinquière
avaient distingué deux faunes différentes l’une bathonienne,
l’autre appartenant au Jurassique supérieur, tandis que les échi-
nologistes insistaient sur la fréquence du genre Monodiadema
connu seulement dans le Rauracien-Séquanien du Portugal.
D'un autre côté tout semble indiquer qu'il y a eu continuité
dans les dépôts et il paraît impossible de tracer une limite tranchée
entre les dépôts bathoniens de la base et ceux du sommet qui
seraient ptérocériens ; il m'a sembié dans ces conditions intéres-
sant de rechercher quelle est la signification exacte des documents
paléontologiques recueillis dans ces couches.
1° La présence de Rhynchonella elegantula, Trigonia pullus
indique bien le Bathonien supérieur.
20 J'ai examiné avec mon collègue M. Pervinquière | Ammonite
qu'il a recueillie et nous sommes tombés d'accord pour recon-
naître qu'elle x surtout des aflinités calloviennes.
3° Une grosse Rhynchonelle recueillie par H. Jourdy. à Tata-
houine et rapprochée d'abord de la Rh. decorata, paraît devoir
être rapportée à Rh. nobilis Krreix de l'Oxfordien de la province
de Kutch (Inde).
4° Enfin le genre Aonodiadema en Portugal caractérise le
Rauracien-Séquanien.
Rien ne s'oppose donc à ce que l’on admette la continuité des
dépôts depuis le Bathonien supérieur jusqu'au Ptérocérien ; mais
ici l'écorce terrestre a été remarquablement stable pendant cette
période et le faciès des dépôts n’a pas changé, ce qui est tout à fait
1908 JURASSIQUE DE L’EXTRÊME-SUD TUNISIEN 114)
exceptionnel dans les terrains jurassiques du bassin parisien où
les changements de faciès permettent de distinguer facilement les
dépôts successifs : couches à Brachiopodes du Bathonien, couches
à Ammonites calcaires du Callovien, couches à Ammonites pyri-
teuses ou ferrugineuses de l’'Oxfordien, récif coralliens du Raura-
cien. etc.
J'ai été également frappé dès l’origine de l’analogie de faciès que
présentaient les fossiles de Tunisie avec ceux de lAbyssinie, les
roches sont exactement les mêmes, les Rhynchonelles, les Térébra-
tules sont très voisines ; dans les deux régions on retrouve la Tri-
gonia pullus et cette Pholadomye de type un peu spécial que J'ai dis-
tinguée sous le nom de Ph. Aubryi; tout récemment j'ai retrouvé
dans les couches supérieures d'Abyssinie un Stromatoporoide du
même type que celui qui est si abondant dans le Sud tunisien ; enfin
les Ammonites font également défaut. J'avais distingué de même
dans les fossiles rapportés par M. Aubry ‘ une faune bathonienne
et une faune ptérocérienne. Il est très probable qu'il y a ici conti-
nuité de dépôts comme en Tunisie : ainsi mon collègue M. de
Launay m'a remis récemment quelques fossiles provenant d'Abys-
sinie et parmi lesquels j'ai reconnu avec Modiola aspera une
Rhynchonelle qui ne diffère de la Rh.ampla du Callovien que par
sa taille un peu plus petite. D'un autre côté la Ph. Aubryi accom-
pagne, en Tunisie, à la base de la coupe de Guelb el Anze, les
premiers Monodiadema, elle est donc plus récente que le Batho-
nien, peut être oxfordienne ou rauracienne. On voit donc qu'il est
très possible que tous les niveaux soient ici représentés, exac-
tement comme en Tunisie.
Cette extrême analogie entre les dépôts tunisiens et abyssins
n'implique pas cependant une communication directe, mais seule-
ment une identité dans les conditions de dépôt. Nous sommes ici
sur le rivage sud de la «Tethys » de Neumayr; la mer était arrêtée
par le massif ancien du Soudan qui venait se relier au massif
arabique. Sur tout son pourtour les terrains paléozoïques sont
directement recouverts par les grès de Nubie, crétacés, avec inter-
calation par places de grès triasiques. Il faut remonter jusqu'au
Nord de la Syrie dans l’'Hermon, pour rencontrer des affleurements
jurassiques et nous retrouvons là les Rhynchonelles de Bir Morra,
en Tunisie, figurées par Nœætling * comme Rh. moravica et
Rh. jordanica, puis les célèbres radioles de Cidaris glandaria,
voisins de ceux du Pseudocidaris ovifera de l'Aquitaine et du
1. B.S.G. F.. (3), XIV, p. 223: 1886.
2. Der Jura am Hermon, 1885.
154 HENRI DOUVILLÉ 6 Avril
Ps. Gauthieri de la Tunisie. Mais là nous avons des intercalations
de couches à Ammonites, et en particulier un épisode à Ammo-
nites pyriteuses, rappelant tout à fait les couches bien connues de
l’'Eupope centrale ; il en est de même dans les dépôts de Kutch et
de Madagascar, si étroitement liés avec ceux de l’Abyssinie', où
l’on connaît les épisodes ammonitifères, extrêmement riches de la
Golden Oolit.
En résumé, la distinction de deux faunes seulement en Tunisie
comme en Abyssinie, bathonienne en bas, ptérocienne en haut,
paraît devoir être considérée seulement comme une première
approximation. Il est probable que les dépôts y ont été continus
depuis le Jurassique moyen jusqu’au Jurassique supérieur, mais le
sol y est resté immobile comme dans l’Abyssinie et le faciès des
dépôts n'a pas changé ; c'est Le faciès vaseux à Ptérocères et à
Céromyes, dont les dépôts s’effectuaient lentement dans une mer
peu profonde. Déjà à cette époque il y a avait un contraste marqué
entre le calme et l’immobilité du rivage africain et l'agitation
incessante de la région européenne.
M. Pervinquière se rallie volontiers à l’opinion exprimée par M. H. Dou-
villé, opinion qu'il avait entrevue, mais dont il n'avait pu donner une
démonstration précise. Il a déjà indiqué que ces fossiles à caractère
bathonien sont tout à fait dans le bas, que les fossiles à aspect kimé-
ridgien sont tout à fait dans le haut; c’est le cas non seulement pour
les Harpagodes, mais aussi pour les Milleporidium, pour Acropeltis
æquituberculata, etc. Assurément les Monodiadema Cotteaui se trouvent
du bas en haut de la série, mais il n’est pas inutile de rappeler qu'ils
ne sont connus qu’en Portugal, dans une région où il n’y a pas d’Amimo-
nites ; ils ont été rangés dans le Lusitanien, qui englobe plusieurs termes
de la série stratigraphique.
M. Pervinquière attire l’attention sur le faciès pétrographique très
spécial du Jurassique de l’'Extrême-Sud tunisien. Les bancs calcaires ou
dolomitiques sont séparés par une roche tendre parfois presque entière-
ment formée par des grains de gypse, auxquels s’associent ailleurs des
grains de sable et de fines particules calcaires.
1.11 faut ajouter le pays des Somalis dont M. DACQUÉ vient de nous faire
connaître la faune. Beitr. 3. Palaont. u. Geol. Oest.-Ungarns und des Orients
vol. XVII, 1904-1905.
Séance générale annuelle du 27 Avril 1908
PRÉSIDENCE DE M. L. CAYEUX
Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté.
Le président proclame membre de la Société :
M. Aubrun, Ingénieur au Corps des Mines, à Arras, présenté par
MM. Pierre Termier et Lucien Fèvre.
M. L. Cayeux, président pour 1907, prononce le discours d'usage,
puis donne lecture du rapport de M. M. Boule, sur l'attribution du
Prix VIQUESNEL à M. A. Thevenin.
ALLOCUTION PRÉSIDENTIELLE
PAR L. CGayeux
MESSIEURS ET CHERS CONFRÈRES,
« Notre séance générale annuelle est avant tout une commémo-
ration de nos confrères disparus l’année précédente, et l’occasion,
pour votre ancien président de rappeler brièvement les événe-
ments les plus saillants de la vie de notre Société, au cours de son
éphémère magistrature.
« Je manquerais à une pieuse tradition, aussi bien qu'à mes
sentiments personnels, si je ne commençais par rendre un hom-
mage respectueux au souvenir de ceux que nous avons perdus en
1907 :
« Marcel Bertrand, Torcapel, Mayer-Eymar, Le Verrier,
Edmond Pellat, Savin, Gustave Soreil, Pierre-Charles de Ger-
miny, Arnaud et de Rouville.
« Je laisse à M. Termier le soin de faire revivre la grande figure
qui s’est éteinte avec Marcel BERTRAND, et de vous dire ce que la
Géologie et la Science ont perdu avec celui qui fut l’une des gloires
de notre Société.
« Les titres et les travaux de MAYER-EYMAR, SAVIN, ARNAUD et
DE ROUVILLE vous seront rappelés dans des notices spéciales.
€ TORGAPEL DE LA VIGNE, né le 5 novembre 1831, à St-Malo,
entra en 1853 à la Compagnie du Chemin de fer de Lyon à Genève,
après avoir terminé ses études classiques et techniques. En 1861,
il passa au service de la Compagnie du Chemin de fer de Paris à
Lyon et à la Méditerranée en qualité d'ingénieur, et prit une part
très active à la création de son réseau du Sud,
196 L. CAYEUX 27 Avril
« Torcapel consacrait les quelques loisirs que lui laissaient ses
fonctions à l'étude des terrains traversés par les lignes en cons-
truction. Les cartes et profils géologiques qu'il a dressés de
plusieurs d’entre elles accusent un scrupule d'exactitude qui fait
honneur à notre confrère, et constituent une base solide pour la
connaissance des régions étudiées. Les plus connus de ses travaux
sont relatifs à la classification de l'Urgonien du Languedoc.
« Admis à la retraite en 1892, il explora la feuille du Vigan
pour le Service de la Carte géologique, mais une maladie impla-
cable le mit bientôt dans l'impossibilité de continuer ses recher-
ches sur le terrain. Son amour pour la science survécut à cette
épreuve. Grâce à son ardeur au travail et aux soins admirables
dont l’affection la plus dévouée l'entoura, Torcapel a, par un effort
qui dépassait souvent ses forces déclinantes, terminé sa tâche par
la publication inachevée d'une carte agronomique du département
de Vaucluse. Avec lui disparaît un de ces modestes travailleurs,
ennemis de la réclame, et qui puisent dans la satisfaction d'une
conscience sans cesse en éveil, la récompense d'une existence
laborieuse.
« Nous avons perdu avec LE VERRIER, le fils du célèbre astro-
nome, un homme de profond savoir, qui eût certainement brillé
au premier rang des savants de sa génération, si son esprit,
curieux de tout, lui eût permis de se consacrer en entier à l’un
des nombreux domaines qu'il a explorés.
« Le Verrier entra à l'Ecole Polytechnique en 1867, où il fit de
brillantes études, et sortit dans le Corps des Mines en même
temps que son collègue et ami Marcel Bertrand. Sa nomination à
St-Etienne l'orienta vers la métallurgie qu'il ne cessa d'étudier
jusqu'à la fin de sa vie.
€ Il fut, en pétrographie, le premier et l’un des plus brillants
élèves de M. Michel Lévy. Le Service de la Carte géologique eut
en lui un excellent collaborateur. On lui doit une très belle étude,
sur les feuilles de Roanne et de Montbrison, qui embrasse à la fois
la description des terrains paléozoïques et celle des roches érup-
tives de la région. Sa nomination à Marseille, comme Ingénieur
en chef des Mines, lui fit parcourir la Corse, qu'il avait dans son
service ordinaire. Il s'occupa de la remarquable succession des
roches éruptives de cette île, et servit de conseil à M. Nentien
dans l'établissement de la carte au 1/320 000. Plus tard, il entreprit
l'étude, restée inachevée, de quelques feuilles très difficiles, à
l'Ouest du Plateau Central.
« Son œuvre, aussi importante que variée, fut surtout féconde
1908 ALLOCUTION 157
en métallurgie. « Ses traités sur la métallurgie générale, sur la
« fonte, le chauffage, la métallurgie des petits métaux, resteront
« classiques », au dire des spécialistes les plus compétents”.
« Le Verrier a consacré à l’enseignement une partie de sa car-
rière. Il professa successivement à l'Ecole des Mines de St-Etienne,
à Marseille, où il fit avec succès un cours libre de pétrographie à
l'Université, puis au Conservatoire National des Arts et Métiers
et à l'Ecole des Mines de Paris, où il enseigna respectivement la
métallurgie et la physique.
« Dans toutes les directions où sa pensée s’aventurait, Le Verrier
se plaçait toujours à un point de vue original et personnel. Avec
une aisance qui semblait se jouer des diflicultés, il se rendait vite
maître des sujets dont il abordaït l'étude. Sa supériorité s’aftir-
mait aussi bien dans les arts que dans les sciences.
« M. Michel Lévy, qui a beaucoup connu et beaucoup aimé
notre savant confrère a dit de lui: « C'était un caractère naïf et
« droit, foncièrement honnête, une intelligence d'élite, un cœur
« fidèle et dévoué * ».
« Étienne-Philippe-Edmond Prcrar, Inspecteur général hono-
raire des Services administratifs du Ministère de l'Intérieur, est
né à Paris le 29 juillet 1832. Il avait 11 ans, lorsque le Supérieur
du Séminaire d’Autun lui mit le marteau à la main. L’Autunois
fut son champ d’études jusqu’en 1863.
« De deux villégiatures faites à Biarritz, il rapporte la magni-
fique série d'Oursins décrite par Cotteau. Vers 1866, il tourne son
activité vers le Boulonnaiïs, et pendant une quinzaine d'années :1l
consacre à cette région l’unique mois de vacances que lui laisse
l'administration. Les admirables matériaux qu’il a tirés du Juras-
sique de ce pays ont été décrits par de Loriol et Pellat, dans deux
monographies (publiées en 1866 et 1874-75) qui constituent l’œuvre
principale de notre confrère.
« Pendant les quinze dernières années de sa vie, Ed. Pellat
étudie la géologie de la Provence et du Languedoc. Chaque
semaine, il va fouiller les carrières des Baux, des Martigues,
d'Orgon, etc., et c'est au cours de l’une de ses visites qu'il a pris
le germe de la maladie qui l’a emporté.
« Membre de notre Société depuis 1856, Ed. Pellat en fut le
président en 1876. Ses fonctions d’Inspecteur général des Services
Administratifs lui ont fait parcourir toute la France, la Corse et
1. Léon Guizcer. Urbain Le Verrier. Rev. scient., (5), IX, p. 482, 1908.
2. MicueL-Lévy. Nécrologie. B. Serv. Carte géol. Fr., n° 119, p. 1, 1908.
158 L. CAŸEUX 27 Avril
l'Algérie. A chaque voyage, il rapportait des caisses de fossiles.
C’est ainsi qu'il a accumulé peu à peu les richesses qui semblaient
destinées, de par leur origine, à l’un de nos grands établissements
publics. Nous aimons à croire que les véritables intentions d'Ed.
Pellat ont été méconnues par les siens, et que notre confrère réser-
vait aux travailleurs de son pays les précieuses collections qui
seront demain le plus bel ornement d’un musée de l'étranger.
« Gustave SorEIL sortit premier de l'Université de Gand avec
le titre d'Ingénieur des Ponts-et-Chaussées. Ses remarquables
connaissances techniques furent d'abord utilisées pour les grands
travaux de rectification de la Meuse, entre Namur et Dinant : puis
il aida M. Dupont. actuellement Directeur du Musée d'Histoire
Naturelle de Bruxelles, dans le levé des cavernes de la Lesse.
« Après avoir quitté l'Administration en 1874, G. Soreil mit
une partie de son temps au service de la géologie. Son savoir très
étendu. notamment sur le calcaire carbonifère, ses collections et
sa personne étaient à la disposition de ses confrères. On l'a juste-
ment comparé à l’un de ces artistes du Moyen-Age, aussi savants
que modestes, et qui distribuaient généreusement leurs œuvres
sans les signer.
« La Société géologique de Belgique, qui le tenait en très haute
estime, l'avait élu président. G. Soreil était notre confrère depuis
1883.
« Notre liste funèbre comprend, à côté des géologues de carrière,
des amateurs qui poussés vers la science, soit par leur goût per-
sonnel, soit par l’heureuse influence d'un milieu favorable, avaient
voué à la géologie un culte aussi passionné que désintéressé. De
tels hommes sont une grande force pour une Société; c'est par leur
nombre que nous pouvons juger du rayonnement de notre science.
Pour les recruter, il convient d'accueillir avec bonne grâce,
d'encourager le zèle, d'inspirer ou de diriger les efforts de tous
ceux qui travaillent librement en dehors des cadres universi-
tares. Il en est parmi vous qui ont inscrit cette tâche généreuse
dans leurs devoirs professionnels, au risque de restreindre leur
production scientifique; nous devons les compter, n'est-il pas
vrai, parmi les meilleurs serviteurs de la géologie.
« Les sujets d’amertume ne nous ont pas été épargnés l’année
dernière ; il me faut citer au nombre de ceux-ci la longue et
cruelle maladie qui a éloigné de nous M. Albert Gaudry. Son
infortune, si noblement supportée, a soulevé ici un mouvement
1908 ALLOCUTION 159
unanime de sympathie, et c’est avec joie, que nous reverrons
bientôt notre vénéré doyen, prendre part à notre vie commune et
à nos travaux.
« L'année 1907, qui a le triste privilège de figurer parmi les plus
meurtrières pour la science française, a été l’une des plus fécondes
en honneurs académiques pour les géologues.
« M. Albert de Lapparent a été choisi par ses pairs, pour
succéder à l’illustre Berthelot, comme Secrétaire perpétuel de
l’Académie des Sciences.
€ MM. Henri Douvillé et Wallerant ont été élus dans la section
de Minéralogie et de Géologie.
« Je suis sûr d'exprimer l'opinion de tous ceux qui m'écoutent,
en donnant à nos savants confrères, un nouveau témoignage
public de notre admiration.
« En cette même année 1907, des géologues, venus de tous les
coins du monde, se sont réunis en Angleterre pour commémorer
une date importante dans l’histoire de la géologie, la fondation de
la Société géologique de Londres. Cette Société, vieille d’un siècle,
a tout fait pour que le voyage de ses nombreux invités fût un con-
tinuel enchantement. Elle a accueilli la députation des géologues
français avec une largeur d'hospitalité et des marques d'estime et
de sympathie qui ont laissé chez tous nos représentants d'inou-
bliables souvenirs. On ne peut les évoquer sans éveiller dans nos
cœurs une profonde gratitude pour nos confrères d'Angleterre.
« La Société a reçu, l’an passé, une contribution d’études et de
découvertes nouvelles dont la lecture des Comptes rendus des
séances et du Bulletin témoigne de la haute valeur et de l'infinie
variété. Vous avez fructueusement fouillé tous les domaines de la
géologie. La paléontologie, la tectonique, l'exploration des terres
lointaines, nous ont valu des communications qui ont soulevé les
applaudissements de tous. Je renonce à en faire l'inventaire pour
ne point lasser votre patience. Laissez-moi, d’une façon générale,
adresser mes remercîiments à tous ceux qui, s’unissant dans un
effort désintéressé pour enrichir notre patrimoine scientifique, ont
communiqué à notre foyer cette vie puissante qui l'anime
aujourd’hui.
« Et parmi ceux qui ont bien mérité de la Société, il faut com-
prendre nos collaborateurs de tous les jours, nos secrétaires. Vous
n'ignorez pas qu'ils se sont livrés à un travail opiniâtre pour
effacer le trouble jeté dans la publication de nos périodiques par
160 L. CAYEUX 27 Avril
la grève des imprimeurs en 1906. Deux tomes presque complets du
Bulletin et des Mémoires de Paléontologie, deux Mémoires de
Géologie ont vu le jour dans le cours d’une année. A cela, il con-
vient d'ajouter un labeur quotidien très absorbant dont les traces
matérielles, pour être moins sensibles à première vue, n’en sont
pas moins importantes, dans le fonctionnement d'un organisme
complexe comme la Société géologique de France.
« Vos mandataires se sont trouvés, en 1907, en présence d’un
grave problème qu'ils ont essayé de résoudre au mieux des inté-
rêts dont ils avaient la garde. Les questions économiques posées
par les nécessités de notre temps, pèsent lourdement sur nos
budgets. Nos dépenses augmentent en même temps que nos res-
sources diminuent. L'équilibre de nos finances s’est trouvé rompu
dans ces dernières années, au point que les plus optimistes de nos
confrères ont reconnu la nécessité de restreindre nos dépenses.
Vos travaux, dont le bilan est si honorable pour notre Société,
sont, il faut le dire, une des causes qui mettent nos finances en
péril. Aussi le Conseil a-t-il voté, presque à l’unanimité, un
ensemble de réformes destinées à réduire nos frais de publication.
Il a diminué le nombre de feuilles et de planches, réservées
annuellement à chaque auteur, avec la ferme conviction qu'il ne
portait atteinte, ni à votre activité scientifique, ni à la valeur
intrinsèque du Bulletin. I n’hésitera d’ailleurs pas à transgresser,
dans certains cas, une règle qu’il n’a pas voulu inflexible. L'appli-
cation de notre nouveau règlement est affaire de mesure, d’oppor-
tunité, de tact. Ceux que vous avez jugés dignes de vos suffrages
ne l'oublieront pas.
« La curiosité de la recherche dans tous les domaines du savoir
n'a jamais été poussée aussi loin, et jamais on n’a tant et mieux
travaillé que de nos jours. La Commission qui avait à faire choix
d’un lauréat pour le prix Viquesnel pourrait en témoigner. Appelée
à porter un jugement sur les travaux de nombreux concurrents,
elle s’est trouvée en présence d'un ensemble d'études des plus
méritantes qui répondent de l’avenir. On ne peut embrasser d'un
coup d'œil, l’année écoulée, sans qu'une pensée consolante se
méle à la tristesse que nous laissent les séparations suprêmes. La
cause si bien servie par ceux qui nous ont quittés est une des plus
belles qui puissent tenter l’activité humaine ; en France, les servi-
teurs des nobles causes ne manquent jamais ».
RAPPORT SUR L'ATTRIBUTION DU PRIX VIQUESNEL
par Marcellin Boule
Le nouveau lauréat du prix Viquesnel, M. Armand Thevenin,
n'est pas un nouveau venu dans la Science. Entré parmi nous, il y
quinze ans. il a été tour à tour secrétaire du Congrès géologique
international, archiviste, membre du Conseil et vice-président de
notre Société. Son premier écrit scientifique date de 1895 et,
depuis cette époque, il a publié de nombreux mémoires, tous d'une
facture solide, sur divers points de la Géologie et de la Paléon-
tologie.
La principale œuvre géologique de M. Thevenin est sa thèse de
doctorat ès sciences sur la Bordure S. O. du Massif central.
Dans cette région, qui constitue une zone de faible résistance du
territoire français, il a eu à s’occuper de terrains sédimentaires et
de terrains éruptifs. Il a pu comparer les formations jurassiques
du Languedoc et de l’Aquitaine, en précisant le rôle paléogéogra-
phique du territoire aveyronnais, tantôt détroit, tantôt seuil sous-
marin. Il nous a appris l’âge des calcaires oligocènes d’Asprières,
qui se séparent de ceux de l’Auvergne pour se relier à ceux du
Quercy. Il a mis au point, avec lucidité, la question si controversée
de l’origine des phosphorites, en développant l’idée qu'il s’agit de
poches comparables aux puits à ossements des cavernes actuelles,
et en fournissant de nouveaux arguments en faveur de cette expli-
cation. Les roches éruptives, qui accompagnent sur divers points
le terrain houiller, ont été considérées avec raison comme les
produits de véritables volcans de la fin de l’époque stéphanienne
et l'établissement des grands traits de la topographie actuelle a été
rapportée à des phénomènes tectoniques post-oligocènes.
Les travaux purement géologiques de M. Thevenin sont donc
fort importants. Ses travaux paléontologiques lui constituent, à
mon avis, des titres exceptionnels à la distinction qui lui est
aujourd'hui conférée.
Après avoir publié une étude sur les Mosasauriens de la Craie
de Vaux-Eclusier et montré que le genre américain Platecarpus a
aussi vécu dans nos mers européennes, il nous a donné la descrip-
tion d’un Sténéosaure du Lias de l’Yonne. Plus tard, il a écrit
deux notes fort curieuses sur des Arachnides des terrains houillers
de Commentry et de Valenciennes. Il eut ensuite la bonne fortune
de pouvoir étudier de précieuses empreintes de Quadrupèdes des
22 Août 1908. — T. VIIL. Bull. Soc. Géol. Fr. — 11.
162 M. BOULE 27 Avril
mêmes gisements. Les unes, appartenant à des Protriton, lui ont
montré ces Amphibiens passant des formes larvaires à l’état
adulte ; une autre empreinte représente le plus ancien Reptile
trouvé en France et dont l’organisation était si parfaite qu’il a été
nommé Saurapus.
Le Laboratoire de Paléontologie du Muséum a reçu, dans ces
dix dernières années, de très riches collections de nos colonies.
M. Thevenin a publié une série de notes préliminaires sur ces
envois. Il a consacré un mémoire aux ossements de Dinosauriens
gigantesques de Madagascar et collaboré, pour une très large
part, à la rédaction des monographies paléontologiques sur notre
grande possession africaine, que publient les Annales de Paléon-
tologie. L'une de ces monographies, sur les Céphalopodes crétacés
de Diego-Suarez, traite d'une centaine d’espèces, figurées sur
17 planches. Il vient de terminer la description détaillée des
fossiles du Lias, dont l'ensemble constitue une faune presque
entièrement nouvelle.
Entre temps, M. Thevenin, désireux d'aider ses confrères dans
leurs travaux, a fait imprimer la liste des provenances des échan-
tillons types de la collection des Nummulites de D’'Archiac et il a
bien voulu accepter la tâche, aussi ingrate que méritoire, de mettre
au service des Paléontologistes stratigraphes des représentations
photographiques des types du Prodrome de d'Orbigny ; 120 des-
criptions et 12 planches ont déjà paru. Enfin, tous ceux d'entre
vous, Messieurs, qui nous font l'honneur de venir au Muséum
consulter nos collections, savent avec quelle bonne grâce et quel
dévouement, M. Thevenin se met à leur disposition. N'est-ce pas
encore une nouvelle manière de contribuer aux progrès de la
Science ?
Si, comme je viens de le montrer aussi brièvement que possible,
M. Thevenin est un excellent travailleur, :l a pu passer, aux yeux
de bien des gens, pour un fort mauvais candidat, je veux dire un
candidat qui sait mal se faire valoir. L'expérience prouve que
cette manière d’être vaut parfois la meilleure des tactiques, puis-
que notre savant confrère, sans avoir sollicité personnellement
aucun suflrage, a réuni la presque unanimité des voix de la Com-
mission chargée d'attribuer cette année le prix Viquesnel.
Bull. Soc. Géol. de France. S. 4: T. VIII, p. 163
ÉLOGE DE MARCEL BERTRAND
PAR Pierre Termier
Tant qu’il y aura, dans la fraction pensante de l’humanité, des
esprits curieux du lointain passé de la planète qui nous porte, ils
conserveront avec piété le nom de Marcel Bertrand parmi ceux
des lecteurs les plus perspicaces de l'histoire, infiniment mysté-
rieuse, condensée et symbolisée au premier chapitre de la Genèse.
Pendant les vingt-deux ans qu'a duré sa carrière scientifique,
éclatante et courte ainsi que le passage d’une étoile filante dans
les champs de la nuit, cet homme a été beaucoup plus qu'un
géologue habile, un professeur écouté, un brillant académicien :
il a été, au même titre qu'Eduard Suess et tout autant que lui, le
Géologue même, le héraut qui a mission de parler au nom de la
Terre et d’en dévoiler les secrets. La foule, à la vérité, ne l’a pas
connu. Il n’était point de ces savants qu’entoure une sorte de
popularité et dont l'éloge est répété par les ignorants eux-mêmes.
Les journaux n'ont rien dit de lui, et c’est sans commentaires
qu'ils ont annoncé sa mort prématurée. Mais il a néanmoins
goûté la gloire, la vraie gloire, la seule durable, celle qui est faite
des applaudissements spontanés et désintéressés et de l’unanime
admiration de tous les connaisseurs.
Cette carrière scientifique n’a commencé qu'avec l’année 1878.
Rien ne la faisait prévoir, et ceux qui croient au hasard peuvent
lui en attribuer la soudaine éclosion. Marcel Bertrand avait alors
un peu plus de trente ans. IL était né à Paris le 2 juillet 1847. Son
enfance et sa jeunesse avaient été celles d’un homme très bien
doué, pour qui apprendre n'est qu'un jeu, qui est élevé dans le
milieu le plus favorable à une haute culture intellectuelle, mais
qui, grandissant au milieu de savants, de littérateurs, d'artistes et
de poètes, et ayant lui-même une âme d'artiste, vibrante, ainsi
qu'une lyre, à tout vent qui passe, n’éprouve pas le besoin de fixer
très tôt sa vie et retarde même, autant que possible, l'heure où il
faudra bien faire un choix entre les diverses formes du culte de la
Beauté. À vingt ans, et sans grand eflort, il était entré à l'École
polytechnique, le troisième de la promotion ; et il en était sorti en
1869, le quatrième, en qualité d’élève-ingénieur au Corps des Mines.
De 1869 à 1872, il avait suivi, sans enthousiasme aucun et même
avec un dédain mal dissimulé, les cours de l’École des Mines, trou-
vant terriblement ennuyeuse la géologie de Béguyer de Chancour-
164 PIERRE TERMIER 27 Avril
tois, s’endormant à la leçon solennelle et interminable qu'Élie de
Beaumont, suppléé par Chancourtois pour tout le reste du cours,
venait faire sur le refroidissement du Globe, et n'ayant d’ailleurs.
pour les applications de la science à l'industrie, qu'une indifférence
courtoise et glacée. Entre temps, il avait pris part, avec les autres
élèves-ingénieurs, à la défense de Paris assiégé. En 1872, enfin, il
avait été nommé ingénieur ordinaire à Vesoul. Le service admï-
nistratif n'était pas pour le passionner ; mais le haut pays franc-
comtois, entre les dernières ondulations du Jura et les premiers
contreforts des Vosges, l'avait séduit tout de suite. Il s'était
attardé dans ses tournées, gagné chaque jour davantage par le
charme de la campagne et de la montagne. Obligé de collaborer à
la préparation d’une carte géologique du département de la Haute-
Saône, il avait fait la connaissance de plusieurs géologues juras-
siens. Il aimait à raconter plus tard que, dans ces premières
courses géologiques où ses guides et ses initiateurs étaient de
simples érudits, aujourd'hui presque oubliés, mais qui lui parais-
saient alors des colonnes de la Science, il restait violemment inti-
midé devant eux et n'osait élever aucune objection, quelque envie
qu'il eût de les contredire et de les mettre dans l’embarras
réserve qui semble vraiment prodigieuse à quiconque a connu
l'esprit critique de Marcel Bertrand et l’incomparable promptitude
avec laquelle il voyait la faiblesse d'un système et le défaut d’un
raisonnement.
D'aussi modestes essais d'observation sur le terrain n'auraient
probablement pas sufli pour déterminer sa carrière, si son père,
Joseph Bertrand, l’illustre mathématicien, qui, depuis le départ
de Marcel pour la province, cherchait un moyen de le faire revenir
à Paris, n’eût enfin, après cinq années de tentatives diverses où
s'usaient vainement sa perspicacité légendaire et sa haute
influence de Secrétaire perpétuel de l’Académie des Sciences,
trouvé la solution de ce problème dans l’entrée du jeune ingénieur
au Service central de la Carte géologique détaillée de la France.
Ce service du Ministère des Travaux publics avait été créé en
1868 à la demande d’'Élie de Beaumont, et Jacquot en était devenu,
vers 1875, après Élie de Beaumont, le directeur. Jacquot entendait
choisir lui-même ses collaborateurs et n’aimait pas qu'on les lui
imposät ; il se méfiait beaucoup de la prétendue conversion à la
Géologie d'un jeune camarade qui, dans ses années d'école, n'avait
manifesté aucune tendance à cultiver les sciences naturelles ;
il s’opposa donc, tant qu'il put, à sa nomination. Heureusement,
cette opposition fut vaincue. Le 28 janvier 1878, un arrêté minis-
1908 ÉLOGE DE MARCEL BERTRAND 169
tériel était signé, qui attachait Marcel Bertrand à la Carte géclo-
gique détaillée de la France et l’appelaït, sans autres fonctions, à
la résidence de Paris. C’en était fait désormais. Des convenances
de famille, fort étrangères à toute vocation scientifique précise,
semblaient avoir décidé seules de la spécialisation de ce brillant
esprit, demeuré jusqu'alors hésitant et incertain. Marcel Bertrand
vint à Paris, convaincu que, quand on est ingénieur au Corps des
Mines et peu désigné pour les occupations administratives, on
doit se consacrer à la Science, et convaincu aussi que la Géologie,
prise de haut, n’est pas sans intérêt. Il fut donc géologue, un peu
par nécessité d'abord, mais bientôt par goût : et ce goût, de plus
en plus vif, se changea très vite en une curiosité ardente, puis en
une passion impérieuse qui le prit tout entier, corps et âme.
Pendant vingt-deux ans, elle ne devait pas, cette passion, lui
laisser un seul jour de trêve.
Il commence par le Jura septentrional, c’est-à-dire par la
contrée où il a fait, naguère, ses premières courses géologiques.
Passant sur le terrain le tiers de l’année, il occupe le reste du
temps à apprendre la paléontologie, à dessiner des cartes et des
coupes, à publier de brèves notes préliminaires, merveilleuses de
concision et de clarté, à lire tout ce que l’on écrit sur la géologie,
non seulement en France, mais en Suisse, en Belgique, en Alle-
magne, en Autriche, en Angleterre. Dès le printemps de 188r, il
s'attaque à la Provence, sans abandonner pour cela le Jura. Mais
voici que la lecture d’un tout petit volume publié à Vienne en 1877,
Die Entstehung der Alpen, d'Eduard Suess, le jette soudainement
dans un enthousiasme sans bornes. Aucun livre, pas même
l’Antlitz der Érde, ne produira sur lui une impression compa-
rable. Désormais les Alpes l’attirent, et cette idée que la clef des
grands problèmes de la Géologie générale est cachée quelque part
dans le chaos alpin va dominer sa vie entière. En 1884, il surprend
la Société géologique de France par une communication sur les
rapports de structure des Alpes de Glaris et du bassin houiller
franco-belge : et l'étonnement se propage aussitôt dans le monde
des géologues, comme une brusque et large vague à la surface
d’une eau dormante. On se demande quel est ce nouveau
venu qui parle avec tant d'assurance, et qui explique à sa façon
les Alpes euisses sans les avoir jamais vues; et, bien que son
étrange prophétie ne convainque personne, elle a une telle allure
et elle est si fortement énoncée que personne n'ose élever la voix
pour y contredire.
Dans l'automne de la même année 1884, Béguyer de Chancourtois,
166 PIERRE TERMIER 27 Avril
vieilli et malade, lui eonfie la suppléance de son cours de géologie
à l'École des Mines. Le suppléant ne ressemble guère au profes-
seur. Non seulement leurs idées sont différentes, et aussi leurs
natures d'esprit; mais la façon dont ils comprennent l’enseigne-
ment et toute leur méthode scientifique sont diamétralement
opposées. Dès ses premières campagnes dans le Jura, Marcel
Bertrand a mis de côté, comme un outil démodé et même dange-
reux, le principe de direction. et il l'a remplacé par le principe de
continuité ; il n’a plus, dans la boussole, l’aveugle foi des adeptes
du Réseau pentagonal ; il ne cherche pas à prévoir les accidents
géologiques, mais bien à les constater, les étudier et, partout où
ils voudront aller, les suivre ; il sera théoricien plus tard, et
comme personne n'a osé l'être ; pour le moment, il entend rester
observateur. Il ne peut, en matière de géologie, énoncer une
phrase sans étonner son vieux maître et même sans le faire un
peu souffrir. Mais le vieux maître, qui a beaucoup rêvé et qui est
un poète beaucoup plus qu'un géologue, le vieux maître sait un
grand secret : il sait que les plus forts d'entre nous ne savent rien;
que, devant la Vérité immuable, la Science va se transformant
sans cesse; que nos théories sont, autour des phénomènes, de
simples vêtements, commodes et éclatants pendant quelques jours
ou quelques années, et qui bientôt se démodent, se déforment,
vieillissent et tombent. Dans les yeux de son jeune suppléant
brille l’étincelle créatrice : et cela suflit à Chancourtois pour qu'il
ait, malgré tout, confiance ; pour qu'il assiste, ému sans doute,
mais muet et résigné, pendant toute une année scolaire, à la
démolition de son cours et à la reconstruction, sur un tout autre
plan, d’un édifice complètement nouveau. A la fin de cette
année scolaire, Chancourtois meurt. Marcel Bertrand est nommé
professeur de Géologie à l'École des Mines au mois de janvier de
1886 ; il vient de jouer, dans la Réunion extraordinaire de la
Société géologique de France qui a eu pour théâtre les montagnes
du Jura, le rôle le plus actif; ses travaux de stratigraphie sur les
calcaires coralligènes de la région jurassienne et sur les terrains
secondaires de l’'Andalousie, ses études de géologie structurale
sur les failles du Jura et sur la chaîne provençale de la Sainte-
Baume, sa récente explication du problème des Alpes de Glaris,
l'ont rendu déjà presque célèbre. Dorénavant, c’est en maître qu'il
va parler : et jamais professeur de Géologie prenant possession de
sa chaire ne promènera sur la surface entière de la planète un
regard plus clairvoyant et plus ferme.
Ayant lu depuis peu, dans l'édition allemande publiée à Prague
RAPomes -:
1908 ÉLOGE DE MARCEL BERTRAND 167
de 1883 à 1885, le premier volume de l’ouvrage d’Eduard Suess,
Das Antlit: der Erde, Marcel Bertrand a vu tout de suite que ce
livre « marque un progrès considérable, presque le début d’une
phase nouvelle dans l’étude des grands problèmes de la géologie
générale ». Plus tard, il sera plus affirmatif encore et dira que
le même livre «a marqué dans l’histoire de la Géologie la fin du
premier jour, celui où la lumière fut ». Le 21 mars 1887, dans
une éloquente conférence à la Société géologique, il résume
l’œuvre synthétique de Suess et montre les trois zones de plisse-
ment, les trois chaînes de montagnes, la calédonienne, l’hercy-
nienne et l’alpine, qui, pareilles à trois vagues appelées successi-
vement de la région méridionale et déferlant chacune à son tour
sur l'obstacle situé au Nord, ont formé graduellement, et comme
en trois étapes, le continent européen. Mais le conférencier ne se
contente pas de résumer le livre du professeur de Vienne ; il y
ajoute beaucoup de réflexions personnelles, étant de ceux qui ne
savent ni s'arrêter en chemin, ni se contenter d’un demi-jour ; et
c'est ainsi qu'il nous apprend, pour la première fois, que «la
considération des trois chaînes successives permet de grouper
dans une vue d’ensemble les particularités des phénomènes
sédimentaires aux différentes périodes. » Cette idée directrice
ne l’abandonnera plus ;: nous la retrouverons dans toute son
œuvre: et ses derniers travaux, en 1900, auront encore pour
objet la coordination de tous les phénomènes géologiques autour
de ces déformations intermittentes et répétées du globe terrestre,
dont chacune correspond à une chaîne de montagnes.
Marcel Bertrand a travaillé pendant tout l'hiver de 1887 à la
préparation de sa magistrale conférence du 21 mars. Le retour
du printemps le ramène en Provence. Sa tâche dans le Jura est
terminée ; les Alpes françaises ne le réclament pas encore.
Pendant deux ans, la Provence va être sa grande affaire, sa
préoccupation presque constante. Au mois de mai de 1887, il
découvre l'explication de l’anomalie stratigraphique du Beausset,
qui, depuis que l’on fait de la géologie en Provence et depuis
que l’on exploite la petite mine de lignite de la Cadiére, est
une obsédante énigme pour les stratigraphes et les ingénieurs".
1. Attaché moi-même, au début de ma carrière, en 1884 et 1885, au service
ordinaire dans le sous-arrondissement minéralogique de Nice, j'ai connu
l'énigme de la mine de la Cadière. Tous les ingénieurs qui m'avaient pré-
cédé dans ce service s'étaient acharnés à la recherche d’une solution ; et le
dossier de la Cadière, dans les archives du sous-arrondissement, était bourré
de notes et de rapports géologiques sur les relations du Trias qui surplombe
le gisement lignitifère et du Crétacé qui le contient. Personne, jusqu’à
Marcel Bertrand, ne semble avoir eu La moindre idée de la véritable solution,
et, quant à moi, je ne l’ai pas entrevue un seul instant.
168 PIERRE TERMIER 27 Avril
L'énigme se résout et toutes les diflicultés tombent, si l'on admet que
le Trias est posé sur le Crétacé, que ce Trias est un lambeau de
recouvrement, venu d'ailleurs, venu du Sud par un pli quise serait
déversé au Nord, couché jusqu’à l'horizontale, et qui aurait che-
miné plus ou moins loin vers le Nord. Peu à peu cette conclusion
s'impose à Marcel Bertrand : la Provence est un pays de plis
couchés, analogue au bassin houiller franco-belge et aux Alpes de
Glaris. Les renversements et les recouvrements ne sont pas
limités aux environs du Beausset. La région de Saint-Zacharie, la
chaîne de la Sainte-Baume, les environs de Draguignan. montrent
des phénomènes analogues, qui restent incompréhensibles tant
que l'on n’admet pas des plis couchés, charriés du Sud au Nord, et
de plusieurs kilomètres, sur leur substratum. La fin de 1887 et
toute l’année 1888 se passent, pour le jeune professeur, dans
J'observation et la description de ces faits étranges, si complète-
ment inaperçus de tous ses devanciers dans la géologie proven-
çale : et lorsque la Société géologique de France, en 1889, récom-
pense par le prix Fontannes — récemment fondé et qui n’a pas
encore eu d'autre lauréat — l'œuvre de Marcel Bertrand en Pro-
vence, c'est partout, à l'étranger comme chez nous, un unanime
concert d'applaudissements.
Alors commence la période brillante et quasi triomphale de
cette vie. En 1890, il présente à l’Académie des Sciences un
Mémoire sur les refoulements qui ont plissé l'écorce terrestre et
sur le rôle des déplacements horizontaux, Mémoire qui est une
monographie des plis couchés de la Provence et une comparaison
de ces plis couchés avec ceux que l'on .a décrits depuis peu dans
les Alpes, dans les Pyrénées, dans les anciennes chaînes: et il
reçoit de l’Académie le prix Vaillant en récompense de ce livre
admirable. En 189r, il est président de la Société géologique ; il
dirige, au mois d'octobre, les excursions de la Réunion extraordi-
naire en Provence, et a la joie, diflicilement comparable, d'expli-
quer à des géologues la structure de la contrée qu'il a si patiem-
ment et si péniblement étudiée et comprise ; de leur montrer, un
par un, les phénomènes qu'il a lui-même observés; de répondre
victorieusement à toutes leurs objections, et de produire peu à peu
la conviction chez la plupart de ses compagnons de courses, en
dépit d'une contradiction ardente qui ne désarme que le dernier
jour.
Il a commencé en 1889. après la mort de Charles Lory, l'étude
des Alpes de Savoie, et il y revient chaque année, explorant
d'abord la Maurienne, puis la Tarentaise, et dessinant les con-
1908 ÉLOGE DE MARCEL BERTRAND 169
tours des feuiiles Saint-Jean-de-Maurienne, Bonneval et Tignes,
de la Carte géologique détaillée. En 1897, dans les premiers jours
d'août, il a failli périr au fond d'une crevasse du glacier de
Rhêmes, ayant été imprudemment engagé sans corde, par son
guide, dans la traversée de ce glacier, et s'étant laissé choir dans
l’écroulement d'un pont de neige’. Mais il en a été quitte pour un
bain affreusement froid, et ensuite pour un repos de quelques
jours au presbytère de Notre-Dame-de-Rhêmes ; et il a repris ses
courses en montagne dès le mois de septembre du même été.
C'est que la tâche est ardue et longue. Charles Lory, qui a beau-
coup travaillé, a laissé beaucoup à faire, bien qu'il ait vu assez
nettement deux choses fort importantes : la disposition en éventail
de la zone houillère et l’âge secondaire du puissant complexe
métamorphique que l’on embrasse sous le nom de Schistes lustrés.
Préciser la stratigraphie du Trias et du Lias ; résoudre la question,
soulevée en 1861 par Lachat et reprise en 1887 par M. Zaccagna,
de l’âge houiller ou permien des schistes métamorphiques du
Petit-Mont-Cenis. de Modane, de la Vanoise, du Mont-Pourri, du
Val-Grisanche : établir rigoureusement l’âge des Schistes lustrés,
non plus sur des arguments douteux et sur des coupes contestées,
mais sur une base solide et inébranlable; suivre vers le Nord
l'axe de l'éventail carbonifère ; démèler l’écheveau embrouillé des
lignes directrices dans une des régions les plus compliquées de
1. — & Imagine-toi — écrit-il le 5 août 1891 à M'"° Bertrand — que je suis
tombé dans une crevasse et que je suis resté un peu plus d’une heure
à 159 mètres de profondeur, pris entre deux parois de glace et libre
d'admirer la beauté des reflets bleus et des stalactites. On m'en a tiré,
puisque je t’écris, sans rien de cassé, sans autre mal que quelques
égratignures faites par les glaçons que détachait la corde pendant qu’on
me remontait. ... La neige a cédé brusquement quand j'ai passé dans
les traces du guide et de R .... J'ai senti mes jambes s’enfoncer, puis
je n’ai plus eu conscience de rien qu'en me retrouvant au fond, heureu-
sement dans une position verticale, les pieds dans l’eau et retenu par
les coudes et par les épaules .... Je ne te dirai pas qu'on soit bien dans
une crevasse ; mais, comme j'ai eu tout le temps pleine confiance d'en
sortir, je n’ai pas passé une heure aussi atroce qu'on pourrait s’imagi-
ner. ... R.. .. est resté au haut de la crevasse (pendant que le guide
allait chercher du secours), bien plus angoissé et malheureux que moi,
me faisant une conversation un peu dénuée d'intérêt, mais enfin m’em-
pêchant d’être seul. À tout hasard, je lui avais enjoint, s'il m’arrivait
malheur, de l'écrire que j'avais pensé à toi au fond de ma crevasse.
J'espère qu’en aucun cas tu n'en aurais douté..... » Sauf quelques dou-
leurs et roideurs dans les mollets, Marcel Bertrand ne garda de cette
aventure aucune infirmité. Il resta le marcheur infatigable qu'il était
auparavant, et c’est dans les années 1892 et 1893 qu’il fit, dans les Alpes,
ses plus grandes courses et ses tournées les plus fatigantes.
170 PIERRE TERMIER 27 Avril
toute la chaîne des Alpes : tel est, avec le levé des contours géolo-
giques, le programme des continuateurs de l'œuvre de Lory.
Entre eux tous, Marcel Bertrand divise le travail : et il reste, avec
chacun de ses collaborateurs, en communion constante. Il a pris
pour lui-même la partie la plus difficile : la zone frontière entre le
massif d'Ambin et le Petit-Saint-Bernard. Dès la fin de la cam-
pagne de 1893, les grands problèmes sont résolus, autant, du
moins, que l’on pouvait, à cette époque-là. les résoudre ; et le
Mémoire que Marcel Bertrand publie, en 1894, sur la géologie des
Alpes françaises, est un des plus beaux et des plus importants
qu'il ait laissés.
Mais, pas plus que la Provence, les Alpes n'absorberont son
activité entière. De même que, en 1888, en pleine étude des recou-
vrements provençaux, il s occupait de chercher une relation entre
les phénomènes éruptifs et la formation des montagnes, et de décou-
vrir une loi dans la distribution en Europe des roches éruptives,
nous le voyons, en 1892, alors qu'il a l'esprit rempli de pensées
alpines, s'attaquer au redoutable problème de la déformation de
l'écorce terrestre, énoncer le principe de la continuité du phéno-
mène de plissement dans le bassin de Paris, visiter les montagnes
de l'Écosse à l'occasion du meeting à Édimbourg de la British
Association for the Advancement of Science, et nous donner
à la suite de cette visite un résumé des travaux des géologues
écossais. En 1893, il publie aux Annales des Mines un Mémoire
sur le raccordement des bassins houillers du Nord de la France et
du Sud de l'Angleterre, où il fait application de ses idées sur la
continuité du phénomène de plissement. C’est l’occasion. pour
lui, de recevoir une deuxième récompense de l'Académie des
Sciences, le prix Petit-d'Ormoy. En 1894, il trace les lignes direc-
trices de la géologie de la France et montre que ces lignes
s’ordonnent en un réseau sensiblement orthogonal : et c’est dans
cette même année 1894 qu'il fait, devant le Congrès géologique
international réuni à Zurich, une conférence, d'une étonnante
originalité, sur la récurrence des faciès sédimentaires. Il montre
ces faciès se répétant, trait pour trait, dans les chaînes de monta-
gnes successives. Aux trois chaînes dont il nous parlait en 1887,
une quatrième, grâce aux travaux des géologues américains, s’est
ajoutée. beaucoup plus ancienne que les trois autres, et qui
s'appellera la chaine huronienne. Et la conclusion, longuement
acclamée, de la conférence, c'est que ces quatre chaînes constituent
les quatre grands chapitres, les quatre unités de l'histoire du
globe, et qu'autour des différentes phases de leur formation, tous
1908 ÉLOGE DE MARCEL BERTRAND 171
les phénomènes, tectoniques, sédimentaires et éruptifs, s’ordon-
nent harmonieusement. La publication aux Annales des Mines
d'un deuxième Mémoire sur le bassin houiller du Nord et sur le
Boulonnais, rectifiant et complétant la première esquisse des plis
des terrains crétacés, termine enfin l’année 1894, qui me semble
marquer dans la vie de Marcel Bertrand la période de plus grande
maîtrise, celle où toutes les facultés, physiques et intellectuelles,
sont à leut apogée et où la production scientifique est plus active
que jamais.
En 1895, il revient à la Provence. De nouveaux problèmes y
ont surgi, nés d’une connaissance plus exacte des régions voisines,
d'un besoin de synthèse plus impérieux chaque jour dans cet
esprit qui chaque jour s'agrandit, et de la rencontre, enfin, d’un
contradicteur redoutable qui ne craint pas de tout remettre en
question. Les objections de ce contradicteur sont si serrées et si
spécieuses, l'audace est si grande avec laquelle il conteste, non
seulement la justesse des déductions de son devancier, mais même
l'exactitude de ses observations, que Marcel Bertrand craint, un
instant, de s'être trompé du tout au tout sur la structure proven-
çale. Avant de répondre, il veut tout revoir, non seulement le
massif d’Allauch au sujet duquel il est plus particulièrement
attaqué, mais les points où les recouvrements et les charriages lui
ont paru évidents, c’est-à-dire le Beausset et Saint-Zacharie. IL
revient rassuré. « J’ai eu grand'peur — me disait-il quelque temps
après son retour — grand'peur d’avoir très mal vu et de vous
avoir tous trompés, et j'ai bien failli en être ennuyé pour moi-
même, ce qui eût été un sentiment peu reluisant... Mais non,
je n'avais pas si mal vu que je croyais, et j’ai beaucoup de peine
à ne pas m'en réjouir. » Sûr désormais de triompher, il répondra
à loisir, d'abord par quelques brèves notes, puis, dans trois ans,
par deux Mémoires, où le rôle prépondérant des chevauchements
et des charriages dans la tectonique de la Provence sera établi
d’une façon irréfutable et définitive.
C'est encore en 1895 qu'il collabore avec M. Étienne Ritter à
exploration géologique de la Tarentaise au Nord de l'Isère et
qu il découvre le faisceau des plis serrés, graduellement déversés
et couchés, qui vont désormais rendre classique la région du
Mont-Joli près de Saint-Gervais. Je l’ai rarement vu aussi enthou-
siaste qu'au retour de cette excursion le long de la bordure sud-
ouest du Mont-Blanc. Il a compris du premier coup l'immense
portée de la découverte. Cette coupe du Mont-Joli, qui montre
d'une facon si parfaite la transformation des plis droits en nappes,
59 PIERRE TERMIER 27 Avril
elle va fournir l'explication, longtemps cherchée, des Xlippes
suisses, résoudre le problème des Annes et de Sulens, apporter un
argument décisif en faveur de la récente théorie de M. Hans
Schardt sur le charriage des Préalpes tout en la précisant et en la
corrigeant, ramener l'attention sur la généralité des recouvre-
ments dans les Alpes, prouver l'origine méridionale de ces
recouvrements dans toute la chaine alpine, et renforcer enfin,
pour les esprits qui doutent encore, l'hypothèse des nappes de
recouvrement provençales. La Note à l'Académie des Sciences où
Marcel Bertrand et son jeune collaborateur décrivent la structure
du Mont-Joli est datée du 10 février 1896. Dans l’histoire, que l’on
écrira quelque jour, du développement dé la doctrine des grandes
nappes, peu de dates auront autant d'importance.
Moins d'un mois auparavant. le lundi 13 janvier 1896, la récom-
pense que Marcel Bertrand ambitionnait à juste titre depuis
plusieurs années, la seule, à vrai dire, qu'il ait jamais désirée et
sollicitée, était venue presque spontanément à lui. Sans avoir eu
aucune lutte à soutenir, aucun effort à faire, il avait été élu
membre de l'Académie des Sciences, par 47 voix sur 54 votants,
en remplacement de Pasteur mort le 28 septembre 1895. Le nouvel
académicien est tellement connu déjà, et son autorité est si grande,
que la chose n'a causé aucune surprise et que l’on ose à peine
le féliciter. Pour lui, sa joie est assurément très vive ; mais cette
solennelle consécration de son œuvre ne le changera pas. Il
demeurera aussi simple, aussi modeste, aussi méfiant de ses
propres idées, aussi clairvoyant sur ses propres travaux, aussi
bon juge et aussi généreux admirateur des travaux des autres
qu'il a toujours été. Le succès est la pierre de touche des belles
âmes. Son âme, à lui, était merveilleusement belle.
Pourtant les années passent. « Que l’œuvre est longue — me
disait-il, ‘en 1890, au retour d'une excursion commune dans les
glaciers de la Vanoise — et que le temps est court ! » Et je le
vois, vers la fin d'un autre été, comme nous entrions ensemble, au
tomber d'un soir, dans un village du Briançonnais, s'arrêter brus-
quement devant la façade de la très vieille église et, de son bras
étendu, me montrer cette devise en exergue autour du cadran
solaire : /L est plus tard que vous ne croyez. L'avertissement était
si grave et le silence des monts immobiles était tellement impres-
sionnant que nous étions restés quelques minutes sans rien dire,
comme si nous eussions entendu le bruit sourd des heures roulant
une par une dans le gouffre du passé, ou comme si ces huit mots
eussent été, lentement, proférés à nos oreilles par «la voix qui sort
1908 ÉLOGE DE MARCEL BERTRAND 173
des choses ». Faut-il donc croire que Marcel Bertrand ait eu Le pres-
sentiment de la particulière brièveté de ses jours ? Certes, ce pres-
sentiment pouvait très bien s’accorder avec sa gaieté et son entrain
habituels. Qu'elle lui fût familière ou non, la pensée de la mort
n'était pas capable de l’épouvanter, ni même de l'assombrir; et
j'ai souvent été frappé, bien avant sa maladie, du peu de confiance
qu'il manifestait dans la durée de la vie humaine.
En octobre 1896, un nouveau triomphe l'attend : et c'est en
Algérie. à la Réunion extraordinaire de la Société géologique. Il
vient de signaler à ses confrères, dans une des excursions diri-
gées par M. Ficheur, la singulière analogie de faciès entre certains
terrains dolomitiques, argileux et gypseux, rapportés hypothéti-
quement à l'Eocène, et le Trias classique de la Provence. On lui
dit que, dans les terrains en question, un jeune professeur,
M. Goux, a récemment trouvé quelques fossiles. Marcel Bertrand
demande aussitôt à voir ces fossiles, et il entraîne la Société au
Lycée de Constantine où ils ont été déposés. Les fossiles sont des
My-ophories certaines. qui démontrent l’âge triasique et prouvent
que les analogies de faciès avec le Trias provençal n'étaient pas
trompeuses. Mais Marcel Bertrand ne se contente pas pour si peu.
Il décide un grand nombre des géologues présents à l’accompagner
jusqu'au gisement même des Myophories, et là, dans cette prome-
nade au Chettaba, devant l'amplitude que prennent les aflleure-
ments triasiques et devant l’étrangeté de leurs relations avec les
autres terrains, il se laisse aller à pronostiquer la grande extension
du Trias dans toute l’Algérie et dans toute la Tunisie, à prédire
que l’immense majorité des gisements de gypse et tous les gise-
ments d'ophite de l'Afrique septentrionale seront bientôt réputés
triasiques, à annoncer enfin que l’Alsérie et la Tunisie sont, con-
trairement à l'opinion courante, des pays de tectonique très com-
pliquée. Toutes ces prédictions se sont réalisées à la lettre. Le
Trias a, dans l'Afrique du Nord, un énorme développement ; et,
comme 1l vient indifféremment au contact de tous les étages du
Crétacé, et même quelquefois au contact de l'Éocène, c'est un
problème tectonique, naguère insoupçonné et d’une ampleur
déconcertante, qui se dresse maintenant devant les géologues.
L'intervention fortuite et momentanée de Marcel Bertrand dans la
géologie de cette contrée a été le signal du renouvellement presque
complet des idées que l’on s’en était faites : et c'est ainsi que cet
homme ne peut toucher, même négligemment, à aucun sujet, sans
l'éclairer d’une lumière nouvelle, tellement vive que, à côté d’elle,
les anciennes façons d'expliquer et de comprendre font l'effet de la
174 PIERRE TERMIER 27 Avril
pauvre flamme fuligineuse d’une lampe de mine brusquement
transportée dans le grand jour extérieur.
Au commencement de l'été de 1897, nous le retrouvons dans les
Alpes bernoiïses, explorant, en compagnie de M. Golliez, la zone
de contact des Hautes-Alpes calcaires de l’Oberland et des chaîi-
nons schisteux qui les bordent au Nord. Le problème qui se pose
ici est analogue à celui que M. Schardt, cinq ans auparavant, a posé
dans les Préalpes : la région schisteuse, sous laquelle, le plus
souvent, les calcaires de la haute chaîne s’enfoncent, a-t-elle ou
n'a-t-elle pas de racines ? ou encore, pour parler comme on
parlera plus tard, le bord septentrional de l'Oberland bernois
est-il, ou non, pays de nappes ? Personne jusqu'ici n'a énoncé la
question d’une façon aussi précise; personne, surtout, n'a vu
jusqu'où elle porte et à quel point elle se confond avec la question
du pli, unique ou double, de Glaris. Après quelques semaines de
courses, Marcel Bertrand est convaincu. La région schisteuse n’a
pas de racines ; et cela entraîne, sinon nécessairement, du moins
très probablement, le charriage vers le Nord de toutes ces mon-
tagnes, c'est-à-dire leur origine méridionale et l'unité du pli de
Glaris. Encore quelques années, et nous saurons, par M. Maurice
Lugeon et par M. Henri Douvillé, que si Marcel Bertrand, en
1897, n’a pas vu l’effrayante complexité des phénomènes et n’a pas
eu le loisir de dénombrer les nappes superposées, il a, du moins,
raisonné juste, et que ses conclusions subsistent. Lorsqu'il avait
parlé, en 1884, à propos des Alpes de Glaris, de l'hypothèse des
masses de recouvrement venues du Sud, il n'avait pas été compris
et sa voix n'avait éveillé aucun écho. Mais les temps sont changés,
et l’on s'est peu à peu habitué, grâce à lui et à quelques autres,
aux charriages lointains. Maintenant qu'il parle des Alpes ber-
noises, tout le monde, religieusement, l'écoute, sentant bien que
c'est lui qui a raison, que c’est lui qui voit la solution du problème :
et l’on ne s'étonnera plus, cinq ans après, lorsque M. Maurice
Lugeon, l'un de ses plus brillants élèves, achèvera la démonstra-
tion et annoncera que la majeure partie des Alpes suisses est
formée de nappes jetées les unes sur les autres. Toute la synthèse
de ces Alpes est en germe dans deux notes de Marcel Bertrand :
celle de 1884 sur le problème de Glaris; celle de 1897 sur les Alpes
bernoises, pour la rédaction de laquelle il a eu M. Golliez comme
collaborateur.
C’est en Russie, dans les réunions et les excursions du Congrès
géologique international de Saint-Pétersbourg,que Marcel Bertrand
va achever l'été de 1897 et se reposer de ses courses alpines et
æ
1908 ÉLOGE DE MARCEL BERTRAND 179
de ses méditations sur les charriages de l’Oberland. Le voyage à
travers l'immense pays russe, en compagnie de ses bons amis,
Emmanuel de Margerie, Karpinsky et Tschernyschelf, est pour lui
comme une fête continuelle, où les jouissances de l’esprit alternent
avec les propos plaisants et les gaies aventures. Jamais il n’a écrit
à sa famille de lettres aussi drôles que celles qu'il date de Miask
et de Vladikavkaz, ou qu'il trace sur ses genoux, dans la trépida-
tion du train, entre le pays du Donetz et les rives de la mer
d'Azov. Ce qui le surprend le plus, c'est qu'après tant de jours et
de nuits en chemin de fer, tant de courses à pied, tant de banquets,
tant de visites d'usines ou de mines, tant de réceptions où le
champagne coule, «on ne soit pas plus fatigué ». Il n'ajoute pas
— mais ses amis nous le diront ensuite — que personne n'est plus
fêté et plus choyé que lui. Cette promenade en Russie a l'air,
parlois, d’être son propre triomphe. Un autre s'enorgueillirait de
se sentir ainsi, et dans un tel milieu, l'objet de l'attention et de
l'admiration de tous. Il garde, lui, dans les excursions comme
dans les banquets, son incomparable simplicité, sa bonhomie un
peu malicieuse, sa gaieté imperturbable : et les étrangers qui ne
l'avaient point encore vu s'étonnent. Sur sa réputation de grand
savant, ils s'attendaient à un extérieur plus auguste et à une
attitude plus solennelle.
Les deux années suivantes, 1898 et 1899, se passent, pour
Marcel Bertrand, dans la revision de la géologie provençale. C’est
alors qu'il répond aux critiques de M. Fournier et montre que le
moment n’est pas venu de réduire la part faite jusqu'ici aux
chevauchements, bien au contraire. L'étude des terrains que doit
traverser la galerie d'écoulement à la mer des mines de lignite de
Fuveau le ramène, de façon assez inattendue, au bassin houiller
du Nord, et il insiste, dans un Mémoire publié aux Annales des
Mines, sur la remarquable analogie de structure de ce dernier
bassin et du bassin lignitifère de la Basse-Provence. Ici comme là,
on observe, au dessus des terrains en place, successivement, et de
bas en haut, des lames de charriage ou lambeaux de poussée, une
nappe de terrains renversés, enfin une nappe de couches en
série normale. Les lames de charriage sont seulement locales; les
terrains renversés ont une allure lenticulaire ; mais la nappe de
terrains en série normale s’est étendue sur toute la Basse-Provence,
et l’on doit la retrouver presque partout. L'étude de cette vaste
nappe sera l’objet d’un autre Mémoire, de portée plus générale, et
qui ne visera à rien moins qu’à la synthèse de toute la contrée : et
voici, dans le Bulletin du Service de la Carte géologique pour
176 PIERRE TERMIER 27 Avril
l’année 1899, la première partie de cet ouvrage. Elle expose les
généralités et traite du massif de l'Étoile. Une déuxième partie,
traitant de la Sainte-Baume et des massifs voisins, est annoncée
comme très prochaine. Hélas ! cette deuxième partie et tout le
restant du chef-d'œuvre ne seront jamais écrits ; et le Mémoire
préliminaire de 1899 contient, sur cette région provençale qu'il a
tant parcourue et tant aimée, les novissima verba du grand
géologue. Heureusement, l'essentiel est dit et la lumière est faite.
Nous savons désormais qu’il y a. dans la Basse-Provence, une
nappe, formée par des terrains en série normale, dépassant, en
largeur, quarante kilomètres. et que, sous elle, on trouve çà et là
des lambeaux irréguliers et lenticulaires d’une série renversée.
L'ensemble des deux séries, la normale et la renversée, a été
plissé postérieurement et accidenté de dômes et de cuvettes. Sans
doute, 1l reste beaucoup de difficultés de détail ; mais la structure
générale est parfaitement claire, et, de la comparaison de cette
structure, ainsi expliquée, avec les Carpathes et avec le bassin
houiller du Nord, on peut tirer, pour la théorie tectonique de ces
autres régions plissées, de très précieuses indications. Le Mémoire
se termine par cette phrase, d’allure prophétique, qui contient en
germe toutes les conceptions futures sur les relations des Dina-
rides et des Alpes, du traîneau écraseur et des plis que ce trai-
neau a couchés et laminés sous son poids : « Beaucoup de plis
couchés, parmi les plus énergiques de ceux qu'on attribue à la
compression latérale, n’ont d'autre origine que les immenses
trainages effectués périodiquement à la surface de notre planète ».
On connaîtra plus tard à quel point, en matière de charriages,
Marcel Bertrand a presque tout dit et presque tout prévu.
Au mois de juillet de 1898, il était venu, sur ma demande,
passer quelques jours dans les montagnes qui séparent Briançon
de Vallouise, et nous avions essayé de résoudre ensemble les
difficultés de la tectonique briançonnaise. Jamais je ne l'avais
trouvé si perspicace dans l'observation, si ardent dans la discus-
sion, si fécond dans l'invention : il avait vu tant de pays, exploré
tant de montagnes, édifié, démoli et réédifié tant d’'hypothèses !
Mais, si l'esprit s'était agrandi, le corps s’était fatigué. L’ascension,
chaque matin, après ce repos insuffisant que l’on goûte sur la
paille ou le foin des bergeries, était lente et pénible. Vers midi
seulement, quand nous étions sur les crêtes et que nos regards sè
promenaient librement du Pelvoux au Viso, il retrouvait toute sa
vigueur. La beauté du problème semblait lui donner des ailes. IL
oubliait sa fatigue, et c'était moi, quand le soir approchait, qui
1908 ÉLOGE DE MARCEL BERTRAND 175
devais l’arracher à notre dure besogne et l’obliger à descendre vers
les hameaux. Parmi cent autres souvenirs, gais ou mélancoliques, de
ces dernières courses communes en haute montagne, celui-ci m'est
resté particulièrement présent. Le sommet de la Croix d’Aquila,
2500 mètres d'altitude, cinq heures du soir, une journée d’or.
Autour de nous, à l'infini, des cimes et puis des cimes, encore en
pleine lumière, et, entre elles, des vallées déjà envahies par
l'ombre. Le grand et bon Maître, à qui je rappelle vainement qu'il
se fait tard et que nous sommes très loin du gîte, s’attarde à
ramasser des edelweiss, dont il veut envoyer un bouquet à sa fille
Jeanne. Son visage, tout à l'heure fatigué et précocement vieilli,
a soudain rajeuni et s’est illuminé à contempler l’immarcescible
jeunesse de ces étranges fleurs : tant est puissante, pour alléger
le poids de l'existence, la seule pensée de la joie d'un être chéri !
Enfin, le bouquet fini et renfermé dans le sac, nous descendons,
quittant la lumière d’en haut et nous hâtant vers les gorges où la
nuit tombe. Plaisant retour, gais propos, soirée radieuse, fleurs de
la montagne, joie paternelle et joie de l’enfant, hélas !...
« Toutes ces choses sont passées
: « Comme l’ombre et comme le vent ! ».
Marcel Bertrand s'était marié tard. Au mois d'octobre de 1886
âgé déjà de trente-neuf ans, il avait épousé M'e Mathilde Mascart,
l’une des filles du célèbre physicien, membre de l’Académie des
Sciences. Rarement union fut plus heureuse : de part et d'autre,
l'intelligence la plus largement ouverte et la plus cultivée ; ici, la
science audacieuse et profonde, et, avec la science, le goût inné
de la beauté littéraire ; là un admirable talent de pianiste et la
passion de l’art; sur tout cela, l'amour de la vie simple, le mépris
de la richesse et le dédain du monde; et, pour compléter l'entente
et la fusion de ces deux âmes exceptionnelles, les mêmes idées
générales et la plus vive inclination réciproque. On ne pouvait
s'asseoir à ce foyer privilégié sans avoir l'impression du bonheur,
de ce bonheur qui consiste dans la paix, qui survit aux chagrins
inévitables et qui est plus fort que la mort elle-même, comme
l'amour, d’où il procède.
Les chagrins vinrent vite, ainsi qu'ils ont coutume. Des sept
filles, fruits de cette union, qui reçurent les noms de Jeanne,
Fanny, Claire, Hélène, Thérèse, Marcelle et Louise, deux mouru-
rent en bas-âge : Hélène en octobre 1893. à dix mois ; Marcelle à
dix-huit mois, en septembre 1899. L'année 1899 s’acheva dans la
tristesse et dans l'inquiétude : tristesse de ce dernier deuil, si
récent ; inquiétude au sujet du grand-père, Joseph Bertrand, qui
22 Août 1908. — T. VIII. Bull. Soc. Géol. Fr. — 12.
178 PIERRE TERMIER 27 Avril
avait longtemps défié la vieillesse et dont l'esprit restait impertur-
bablement jeune, mais que l’on sentait maintenant frappé à mort.
Et voici que commence 1900, l’année qui va être terrible !
Marcel Bertrand s’est remis au travail, dans une sorte de fièvre
qui contraste avec sa sérénité habituelle : mais l’on peut croire
que c’est pour tromper son chagrin et ses angoisses. Dans sa façon
de parler, et surtout d'écrire, il y a plus que de l’ardeur, et même
plus que de l'enthousiasme, il y a quelque chose qui ressemble à
de l’exaltation : mais l'horizon sous ses yeux s’est tellement
agrandi, lui-même monte depuis si longtemps dans la connaissance
et d’un pas si rapide, que cette exaltation semble, à ses amis,
toute naturelle, et que personne ne songe à s’en alarmer.
‘étude attentive des singularités tectoniques du bassin houiller
du Gard l’a ramené à la recherche de la solution générale du
problème de l’orogénie. Les faits lui paraissent maintenant assez
nombreux, et assez semblables partout, dans le Gard, en Provence,
dans les Alpes, pour que l’on puisse essayer de les relier par une
théorie mécanique. La naissance d’une chaîne de montagnes, en
Europe, comporterait les quatre phases suivantes : formation
d’une grande fosse géosynclinale sur l'emplacement d’une zone où
il y avait excès de la pesanteur; création d’un bourrelet au Sud
de la fosse, ce bourrelet n'étant que la compensation de l’affaisse-
ment du géosynclinal et de la lente translation de son fond du
Nord vers le Sud ; descente de ce bourrelet, sans cesse reformé et
renouvelé, sur la fosse qu'il recouvre d'une nappe de charriage ;
enfin, élévation en masse de l'édifice sous-marin ainsi construit.
Si l’on suppose que ces mouvements très simples soient uniformes,
on peut représenter les vitesses par les espaces parcourus et leur
appliquer les théorèmes de la conservation du centre de gravité et
de la conservation des aires. Cela conduit à la conception d’un
déplacement d'ensemble de {oute une couche sphérique superfi-
cielle, plus ou moins mince, entraînée par les charriages. « La
terre serait comparable à une orange dont, par une forte pres-
sion de la main, on arriverait à faire tourner l’écorce tout d'une
pièce, sans déplacer le fruit. » Mais ce mouvement d'ensemble
ne peut avoir lieu sans un déplacement corrélatif dans le même
sens de l’axe de rotation ; de sorte que l’histoire des chaînes de
montagnes se trouve liée à l’étude du déplacement des pôles à la
surface de la Terre. Reprenant alors l’idée, émise en 1873 par
Lowthian Greën, et tout récemment rajeunie et précisée par
M. Michel Lévy, de la figure vaguement tétraédrique que dessi-
nent les grands accidents terrestres, Marcel Bertrand cherche à
1908 ÉLOGE DE MARCEL BERTRAND 179
déduire le déplacement des pôles de l’incessante déformation d’un
certain tétraèdre. Pour lui, ce tétraèdre est le grand rouage, mis
en jeu par le refroidissement, qui conduit et règle tous les mouve-
ments de la surface, La transmission des mouvements se fait par
les inégalités de la pesanteur, qui en sont la conséquence. D'une
chaîne de montagne à la suivante, par exemple de la chaîne silu-
rienne à la chaîne carbonifère, le tétraèdre aurait tourné d'environ
120 degrés autour d'un axe passant par son sommet nord. En
considérant successivement les deux déplacements relatifs du pôle
nord de la Terre par rapport au tétraèdre — le premier dû aux
charriages, le deuxième dû à l'attraction solaire —, on arrive à
déterminer la position de ce pôle à chaque moment des périodes
géologiques. Il suffit alors de quelques hypothèses pour que l’on
puisse, de l'allure de la courbe qui représente le déplacement du
sommet nord du tétraèdre, déduire les durées relatives de forma-
tion des chaînes de montagnes. Ces durées, en partant de l’origine
des temps géologiques, seraient entre elles comme la série des
nombres impairs. Il n’y aurait plus, en ce qui concerne le temps,
qu'une inconnue, qui serait la durée de formation de la première
chaîne. « Quand le tétraèdre sera arrivé à sa position d'équilibre,
le rouage central sera arrèté, les mouvements s’amortiront peu
à peu, les dénudations nivelleront tout, sans que rien renouvelle
leur action; la vie géologique de la Terre sera terminée... ... »
Telles sont les spéculations où le Maître s’est laissé entraîner dans
les deux premiers mois de cette année 1900; tel est le ton de ses
trois dernières communications à l’Académie des Sciences. Dans
une sorte d'ivresse, il monte, il monte, sans qu'aucune objection
soit désormais capable d'arrêter son essor. En le voyant, ou en
l’entendant, on pense malgré soi au navire aérien de la Légende
des Siècles, à «ce navire impossible », qui est l’homme lui-même :
«Il se perd sous le bleu des cieux démesurés »
et l’on est tenté de lui crier : « Pas si loin ! pas si haut ! redescen-
dons !...»
Quand paraissent, aux Comptes rendus de l'Académie, ces trois
Notes de Marcel Bertrand sur l’orogénie et sur la déformation du
tétraèdre, nous avons tous, nous ses amis et ses disciples, l’impres-
sion d’un éblouissement et d’un balbutiement. Peut-être quelques-
uns d’entre nous songent-ils à un excès de fatigue. D’autres
trouvent tout simple que l’on sorte ébloui de la vision de la
Lumière, et que, d'un voyage vers l'Ineffable, on revienne en
balbutiant. Personne, à coup sûr, n’a la moindre idée qu'il puisse
y avoir là, dans ces pages splendides et comme semées d'éclairs,
180 PIERRE TERMIER 27 Avril
mais chaotiques et confuses, le premier symptôme d’une redou-
table maladie. C’est cela pourtant : nous ne le saurons que plus
tard et quand il n’y aura plus de remède. Elle eût probable-
ment reculé, cette triste visiteuse, devant un peu de repos et de
joie : elle eût tout au moins ajourné son œuvre de ruines et de
ténèbres. Mais le malheur le plus affreux, le deuil le plus déchirant
qui se puisse imaginer, allait lui ouvrir la porte toute grande.
C'est le 16 avril 1900, lundi de Pâques, dans l'après-midi d’un
beau jour de printemps, au bois de Verrières, près du village de
ce nom, dans les environs de Paris. Marcel Bertrand a eu, il n’y
a pas encore tout à fait deux semaines, la douleur de perdre son
père : et ce fils excellent, infiniment respectueux et tendre, a été
touché par cette mort à une place très profonde. Il est triste et
préoccupé. Non loin de lui, et surveillé par lui, mais hélas ! trop
distraitement, un groupe d'enfants, où sont ses filles, joue dans
une sablière ouverte récemment par le Génie pour la construction
d'une batterie. Soudain des cris se font entendre. Il se précipite.
Jeanne, sa fille aînée, une belle enfant de treize ans, vient d’étre
renversée et ensevelie par un éboulement du sable, au pied de
l'une des parois de la petite carrière. On s’empresse pour la
dégager; mais les outils manquent et le sauvetage est d'une
lenteur désespérante. Quand enfin les secours arrivent, il est trop
tard, et l’on ne retire qu'un cadavre.
Maintenant, dans le soir qui tombe, il faut aller prévenir la
mère, Elle est non loin de là, qui les attend et déjà s'inquiète un
peu, les trouvant bien longs à revenir..... Traverser de pareilles
tortures et pouvoir leur survivre, quel mystère à faire vaciller
l'intelligence ! Le retour à Paris, dans un char-à-bancs, par une
nuit glaciale, le père et la mère assis l’un à côté de l’autre et
portant sur leurs genoux le pauvre petit corps roiïdi.… ! et la
chambre de l'enfant, la chambre virginale où s'achève cette
journée de vacances, désormais
« lieu sinistre où, veillant l’inexprimable veille,
« la femme a pleuré mort le meilleur de sa chair ! »
Certes, la mort d'un enfant est toujours une terrible épreuve
pour les pères et pour les mères ; mais quelle épreuve de choix,
quel abîme de douleur, quel gouffre de désolation, quand l’enfant
est frappé en pleine santé, en pleine joie, et comme foudroyé !
Pendant des mois, nous croyons à quelque affreux rêve; nous
nous imaginons que l'être follement aimé va reparaître, conti-
nuant le jeu commencé, la causerie interrompue, achevant l’éclat
de rire que nous entendons encore... Dans ces & choses incon-
mn di teen de De
1908 ÉLOGE DE MARCEL BERTRAND 181
nues », dont parle le poëte, ces choses, sans doute infiniment
merveilleuses, qui se font « loin derrière les nues » et « où la
douleur de l’homme entre comme élément », cette douleur-là doit
être un élément d’un prix inestimable.
De tant de chagrin, et d’une telle épouvante, Marcel Bertrand
ne devait jamais guérir. A partir de ce mois d'avril, il nous parut
complètement changé. Sa douceur était restée la même, et il avait
toujours son bienveillant sourire d'autrefois ; mais rien ne l’intéres-
sait plus, et, quel que fût le sujet de la conversation, son âme, visi-
blement, était absente, et même dans un très lointain exil. Il eut
néanmoins la force de conduire, aux mois d'août et de septembre,
deux des excursions du Congrès géologique international, l’une en
Savoie, l’autre en Provence. Il fit encore son cours pendant toute
une année scolaire, mais avec une fatigue croissante; et l’année
suivante, 1901-1902, il ne put en faire qu’une partie. La maladie
s’iustallait en lui, lentement et implacablement. Dans l’été de
1902, j'essayai de le consoler, de le distraire et de lui redonner
un peu de vigueur en l’entraînant dans une course de quelques
jours, au pays basque, entre Roncevaux et Saint-Jean-Pied-de-
Port. Il vint volontiers, et même avec plaisir : mais la marche en
montagne lui était très pénible, et les problèmes géologiques,
après l'avoir un instant amusé, le rebutaient bien vite. Ce fut alors
que je perdis tout espoir.
L'agonie dura plus de quatre années encore, et combien cruelle !
« Qu'on se figure — a dit Léon Bloy — un être merveilleusement
doué, un homme du génie le plus incontestable et le plus puis-
sant, un magique cerveau peuplé de lumières, comme une basi-
lique à la Chandeleur ; qu'on veuille bien se le représenter
sous cette image, aux trois quarts détruit par l'ouragan de
quelque effroy able douleur, détruit sans espoir de restauration,
décoiffé de ses voûtes, ébranlé dans ses plus profondes assises,
vacillant sur les jarrets de ses contreforts... ; ouvert à tous les
affronts des souffles et de la rafale, envahi par les tourbillons
et les fantômes de la nuit, mais éclairé vaguement encore, pour
la durée d’un instant, par quelques derniers et désespérés lumi-
naires qui agonisent, ainsi que des âmes, sous le grondement
victorieux des orgues de la tempête. Tout à l'heure, ce sera fini
à jamais. Les ténèbres folâtreront avec les ténèbres. Ce qui tient
encore croulera sans gloire dans l’obscurité sans pardon... »
Que de fois me suis-je récité à moi-même cette page éclatante, en
voyant mon pauvre Maître s'approcher lentement de la tombe !
Il mourut le 13 février 1907. Mais le véritable Marcel Bertrand,
182 PIERRE TERMIER 27 Avril
le géologue incomparable, le confident de la Terre, était mort
depuis longtemps déjà, depuis ce radieux après-midi du 16 avril
1900, où, dans la petite sablière, il était tombé sur les genoux,
terrassé, auprès du cadavre de sa fille.
*
* *
Si l’on excepte la Paléontologie et la Pétrographie, où il ne
voulut jamais entrer, Marcel Bertrand a, dans le domaine de la
géologie, touché à tous les sujets. IL a été excellent stratigraphe
dans le Jura, en Andalousie, dans les Alpes françaises, en
Algérie ; il a publié, seul ou en collaboration, un grand nombre de
cartes géologiques; il s’est occupé pendant seize ans des bassins
houillers, non seulement pour en expliquer la structure, mais
pour essayer d'en comprendre la formation, et l’une de ses der-
nières préoccupations stratigraphiques a été le problème de la
répartition des matières volatiles dans les couches de houille ; il
a tenté de nous apprendre des choses nouvelles sur l’'échelonne-
ment des venues éruptives dans le temps et dans l’espace; il s’est
passionné pendant tout un hiver pour le volcanisme et la sismo-
logie à l'occasion d'une étude géologique de l’isthme de Panama ;
il a cherché, vainement il est vrai, mais avec persévérance, le
moyen de découvrir les amas métallifères par la propagation des
ondes électriques au travers des terrains ; enfin, et surtout, il a
été un merveilleux tectonicien, un sagace interprète des structures,
une sorte de Voyant de l’orogénie, s'élevant sans effort jusqu’à la
conception de l’histoire entière d'une chaîne de montagnes, et
même jusqu'à la vision d'ensemble de toutes les chaînes dont s’est
successivement accidentée la surface de la Terre. A vec une pareille
universalité de connaissances et un tel goût pour les idées géné-
rales, il ne pouvait manquer d'être un admirable professeur. C’est
ce qu'il fut, en effet, dans ses bonnes années, de 1886 à 1899. Son
cours pipait d’une façon extraordinaire. Il le modifiait sans cesse
et ne craignait pas d'y parler, tout au moins brièvement, des
questions les plus controversées et des plus récentes découvertes.
Disposant d'un auditoire d'élite qu’une forte culture mathématique
avait préparé à l'étude directe des très hauts problèmes, il savait,
dès les premières leçons, s'emparer de cet auditoire et l’entraiîner
à sa suite dans un bien étrange voyage, où l’on planait par-dessus
les temps et où l’on croyait voir, ainsi que d’une autre planète, la
lente et continuelle transformation du relief terrestre. Et, comme
il arrive à tous les savants vraiment dignes de ce nom, qui ne sont
jamais contents d'eux-mêmes et qui se méfient toujours de leurs
1908 ÉLOGE DE MARCEL BERTRAND 183
propres idées, son enseignement lui servait beaucoup. C'est en
essayant d'exposer à ses élèves les théories géologiques nouvelles
dont il s'était fait le protagoniste qu'il apercevait les parties
faibles de ces édifices. Il s’efforçait alors de prévoir, et de prédire,
par quelles observations ultérieures on pourrait décider de leur
abandon définitif, de leur reconstruction partielle, ou de leur
utilisation intégrale et durable.
Dans tous les sujets qu’il a abordés, il s'est révélé, tôt ou tard, et
presque toujours immédiatement, un véritable maitre, ef qui ne
ressemblait à aucun autre. Aucun autre n'avait, au même degré,
ce besoin impérieux et quasi natal de la grande lumière, ce goût
et ce don de l’exacte observation sur le terrain, cette perspicacité
presque divinatrice dans l'interprétation des phénomènes, cette
audace tranquille dans la généralisation, cette précision dans le
langage, cet esprit critique dans l'appréciation de la valeur des
résultats acquis. Une question ne lui semblait jamais complète-
ment résolue ; l'intérêt d’une recherche ne lui paraissait jamais
épuisé. Il était, dans toute la force de cette magnifique image, Çun
torrent jamais satisfait ». Personne, moins que lui, ne s’est payé
de mots; personne n'a mieux compris l'immense distance qui
sépare de la vérité nos théories les plus séduisantes ; personne ne
s'est fait moins d'illusions sur l’étendue et la solidité du raisonne-
ment humain. Il excellait, dans chaque cas, à dresser le bilan de
la connaissance, à distinguer nettement les choses vraiment sues
de celles que lon croyait savoir et qu'en réalité l'on ignorait, les
faits indéniables des probabilités ou des vraisemblances. Ce bilan
terminé, cette distinction bien établie, il prenait l'essor dans la
région de l'hypothèse, d'un vol incroyablement hardi, mais sans
jamais perdre de vue — quelle que fût la hauteur où il s’en allât
planer — les données positives et certaines d’où il était parti.
Quand une explication se présentait à lui, il voyait d’un seul coup
d'œil jusqu'où elle porterait et quelles seraient ses extrêmes con-
séquences. Si ces conséquences n'étaient en contradiction avec
aucun fait connu, l'hypothèse méritait d’être introduite dans la
science, au moins provisoirement : et peu importaient alors sa nou-
veauté et sa hardiesse, peu importait qu'elle dût sembler révolu-
tionnaire ou folle à l'immense majorité des géologues. Mais si un
seul fait se dressait à l'encontre, la vérification de ce fait s’imposait
tout d’abord, quelle que fût la séduction de l'hypothèse. Voir cons-
tamment tout l’ensemble, penser constamment à la synthèse, ne
Jamais rencontrer une difjiculté sans la prendre immédiatement
comme sujet d'étude, faire bon marché de tout amour-propre
184 PIERRE TERMIER 27 Avril
d'auteur ou d’inventeur, de toute vanité de professeur, rester tou-
jours prêt à reconnaître sa méprise, à changer sa manière de voir :
telle a été, pendant les vingt-deux années de sa carrière scienti-
fique, la méthode de Marcel Bertrand. Comme à tous les hommes,
il lui est arrivé de se tromper : mais on n’a jamais pu lui repro-
cher une faute grave contre cette méthode. Il n’a pas résolu toutes
les difficultés ni compris toutes les énigmes : mais il n’est jamais
passé à côté d'elles sans les voir et les signaler; et surtout, iln a
jamais cru les avoir résolues et comprises tant que le moindre
doute ou la moindre obscurité subsistaient, à leur égard, dans son
esprit.
À quiconque causait avec lui, à quiconque l’écoutait parler ou
lisait ses livres, Marcel Bertrand donnait l'impression d’un être à
part, d'une intelligence infiniment supérieure à la moyenne des
intelligences, d’une âme particulièrement exilée et souffrant plus
que les autres du mal d'exil. Il était, en toute conjoncture, « le
contraire de l’homme médiocre » : et cela, disait Hello, suflit à
faire deviner l'homme de génie. Mais l’homme de génie se révé-
lait, chez lui, par d’autres caractères : par la pensée toujours
puissante et neuve qui semblait, quand il la promenait sur les
confins de nos connaissances, une torche ardente étoilant les ténè-
bres et faisant reculer la nuit; par l'inspiration créatrice, ou le
don de tirer, presque sans effort, d'un chaos d'idées et de faits,
un système harmonieux et clair, un monde où l’ordre régnait et
que l'on ne se lassait pas de regarder; enfin, et surtout, par cette
inconscience prophétique dont on a pu dire qu’elle est le critère
du génie et qui était, chez Marcel Bertrand, la faculté d'entrevoir,
à une énorme distance en avant des autres géologues, la solution,
pour longtemps encore indémontrable, de problèmes à peine
soupçonnés, de problèmes qui ne seraient posés que demain. Dans
la plupart de ses écrits, la phrase est fréquemment et comme natu-
rellement prophétique : et cependant on l’eût bien étonné en le
saluant du nom de prophète. Il prédisait et prévoyait inconsciem-
ment, de même qu'un lecteur exercé, lisant à haute voix, laisse
inconsciemment courir ses yeux dans le texte, plusieurs lignes en
avant, et voit déjà la fin d’une période dont ses auditeurs n’ont pas
encore entendu les premiers mots. En 1884. il avait énoncé, dix-neuf
ans à l’avance, et dans des termes fort clairs, le principe de l'exacte
solution du problème alpin : il était si peu convaincu d'avoir vu
juste qu'il demeura treize ans sans rien écrire à ce sujet. En 1898,
il me fit part du sentiment qu'il avait d’un charriage de toute la
zone houillère des Alpes françaises : cependant, il ne voulut pas
1908 ÉLOGE DE MARCEL BERTRAND 185
prendre part, quelque temps après, aux discussions qui s’élevèrent
à propos de ce charriage. On eût dit que sa conviction, à cet
égard, allait diminuant au lieu de se renforcer. Tout le monde
connaît la fin et sait que la démonstration est faite, maintenant,
du transport en masse de toute la zone houillère : là encore, c'est
Marcel Bertrand qui, sans bien savoir pourquoi, avait eu l’intui-
tion de la vérité. Dans quinze ou vingt ans, on verra, sans doute,
qu'il a prédit bien d’autres conséquences, encore douteuses ou
même totalement inaperçues aujourd'hui. Mais l'homme est un
être très complexe. Marcel Bertrand se méfiait beaucoup de son
intuition, et l’on voyait chez lui, presque constamment, dans
l'étude sur le terrain, dans la rédaction de ses ouvrages, dans son
enseignement, deux hommes forts différents l’un de l’autre : un
prophète, emporté par l'inspiration et inconscient comme tous les
prophètes, et un critique infiniment prudent, avisé et sévère.
Eduard Suess est, je crois bien, le seul de ses contemporains
qui ait eu sur lui, en matière scientifique, une grande influence.
Marcel Bertrand n’a été l'élève de personne, si ce n’est peut-être
d'Eduard Suess : et l’on peut se demander s’il serait devenu le
géologue passionné que nous avons connu, sans l’irrésistible séduc-
tiou des livres du maître viennois. Die Entstehung der Alpen
d'abord, en 1881, Das Antlit: der Erde ensuite, à partir de 1885,
l'ont pris corps et âme ; ils ont, si je puis dire, renouvelé son
intelligence et refait ses yeux. Pendant dix ans, il a roulé dans son
cerveau, jour et nuit, des pensées d’Eduard Suess. Cette synthèse
colossale, étendue au globe terrestre tout entier ; ces chaînes de
montagnes, appelées l’une après l’autre et venant, comme des
vagues, déferler sur l’obstacle, sur le Vorland impassible ; ces
transgressions et ces régressions, qui ne sont plus laissées au
hasard, mais qui deviennent des phénomènes généraux, nette-
ment ordonnés ; ces regards audacieux jetés sur tous les abimes,
abîmes intratelluriques où s’élaborent les roches massives et
les laves futures, abîmes cosmiques où, comme des voyageurs
affairés et qui ne se connaissent point, les étoiles se hâtent éper-
dûment : toute cette vision, un peu nuageuse, un peu sibylline, où
il y a de la fumée et des éclairs, des tonnerres et de grands
silences, des pluies diluviennes et des fêtes de soleil, des jours et
des nuits aux longueurs démesurées, et qui rappelle une Légende
des Siècles à laquelle l'Homme manquerait, toute cette vision,
dis-je, est restée dans son esprit, a dominé son travail, a hanté ses
rêves. Et personne, mieux que lui, n’a compris Eduard Suess. Il
le comprenait et le complétait. A1 était comme un autre Suess,
180 PIERRE TERMIER 27 Avril
resté en contact avec le terrain, demeuré le familier de la mon-
tagne, et apportant à son ami de Vienne, dans leur collaboration
splendide à l'Histoire de la Terre, le trésor de ses observations
personnelles, et cette implacable précision dans l'énoncé et dans
la discussion des problèmes et des résultats qui est une qualité
toute française. Suess a beaucoup aimé Marcel Bertrand, sachant
bien qu'il lui devait d’avoir été mieux connu, plus apprécié et
plus admiré à Paris qu'à Vienne, et done qu'il avait reçu par lui
la bonne moitié de sa gloire : mais, pour savoir à quel point cette
amitié a été réciproque et combien Marcel Bertrand a aimé
Eduard Suess, il faut relire la magnifique préface qu’il a écrite en
1897 pour le premier volume de l'édition française de la Face de
la Terre. Dans cette préface, qui est un hymne à la gloire de
Suess, et dont la forme est tout à la fois éclatante et précise,
l'admiration, la reconnaissance et une sorte de dilection quasi
filiale se fondent harmonieusement : et jamais l’on ne parlera
mieux, avec plus de science et plus d’art, avec plus de concision
et plus d'enthousiasme, avec une logique plus serrée et une poésie
plus entrainante, du renouvellement de la Géologie par l’appari-
tion de l’Antlitz: der Erde.
« Les personnalités de cette étonnante espèce sont des mamelles
pour un grand nombre. » Cette formule, qui s'applique si bien
à Eduard Suess, est tout aussi vraie de Marcel Bertrand. Dans les
pays de langue française, je ne connais pas à l’heure présente un
seul géologue qui n'ait été, plus ou moins, nourri de la substance
de Marcel Bertrand, qui, consciemment ou inconsciemment, ne
soit son disciple. L'école française lui doit son éclat actuel et ses
récents succès ; et tous ceux, dans le monde entier, qui sentent en
ce moment le rayonnement de cette école et qui cherchent à appli-
quer ses méthodes d'observer et de raisonner, tous ceux-là, pour
la plupart sans le savoir, marchent sur les traces de ce Maître et
travaillent à la lueur des flambeaux qu’il a allumés. Quelques-uns
le savent et le disent : et c'est ainsi que, en janvier 1907, peu de
jours avant la mort de Marcel Bertrand, dans une conférence sur
la structure des Alpes suisses, M. Albert Heim, le célèbre profes-
seur de l'Université de Zurich, traçant une rapide histoire du
développement de la théorie des grandes nappes, rappelait que,
dès 1834, Marcel Bertrand a expliqué les Alpes de Glaris à peu
près exactement comme on les explique aujourd'hui. Le conféren-
cier ajoutait ces paroles, où il y a, tout à la fois, beaucoup de
modestie et beaucoup d'émotion : « Wir schüttelten ungläubig
den Kopf, und eine Reïhe von Jahren blieben diese Hinweisungen
T'es ff à
1908 ÉLOGE DE MARCEL BERTRAND 187
von Bertrand vergessen. Heute erfollt uns Bewunderung vor dem
Seherblick unseres Freundes, der, leider jetzt in schwerer geis-
tiger Umnachtung dahinträumend, die Freude nicht mehr mit uns
empfinden kann. » Mais il faudrait, pour montrer complètement
la part de Marcel Bertrand dans le progrès des théories alpines,
ajouter bien des choses. Il faudrait dire que les phénomènes de
recouvrement signalés pur lui dans la Provence sont devenus
classiques en France dès 1890; que tous ceux d’entre nous qui
ont, de 1890 à 1904, étudié la tectonique des Alpes françaises,
avaient été élevés par lui dans la pensée constante des chevau-
chements et des charriages ; que toutes nos observations, en
matière de tectonique alpine, ont été, directement ou indirecte-
ment, inspirées, contrôlées et souvent rectifiées par lui; que tel
de nous, par exemple, a vu avec lui les plis couchés de la Vanoise
et les nappes briançonnaises, et que, peut-être, il ne les eût pas
vus, ou pas aussi bien, sans lui; que tel autre lui a soumis, une à
une, toutes ses découvertes en Chablais et presque toutes les
pages de son Mémoire sur la région de la Brèche; que, de même,
Marcel Bertrand a été, le long du bord sud-ouest du Mont-Blanc,
le guide et l’initiateur d'un troisième d’entre nous, et que la Note
sur la structure du Mont-Joli, qui a décidé, dans l'esprit de tant de
géologues, du sort des Préalpes, est tout entière écrite de sa main;
que c’est lui qui, en 1897, a joué le principal rôle dans la démons-
tration du charriage de la zone schisteuse de l’Oberland bernois,
et préparé dès lors, en rapprochant ce charriage de ceux des
Préalpes et des montagnes de Glaris, la future synthèse des Alpes
suisses; que, sans aucun doute, l'accroissement, d'année en année,
de l'amplitude des charriages provençaux, et finalement, en 1899,
la description de la vaste nappe de la Basse-Provence, nous ont
affranchis de nos timidités dernières et poussés à l’étude synthé-
tique de toute la chaîne alpine; et qu'ainsi, dans cette masse de
travaux hardis sur les Alpes suisses, surles Alpes franco-italiennes,
sur les Carpathes, sur les Alpes orientales enfin, qui, de 1902 à
1907, en moins de cinq années, ont si vivement éclairé et trans-
formé la géologie européenne, la meilleure part revient à Marcel
Bertrand. Et quand on aurait dit tout cela, on n'aurait pas encore
tout dit : il resterait à rappeler que ce Maître nous a appris, le
premier, à voir dans les charriages un phénomène général, sans
lequel aucune chaîne n'aurait su se constituer, un épisode néces-
saire lié à l'enfoncement dissymétrique d’un géosyneclinal, un
immense et périodique tratnage à la surface de la planète, traînage
sous lequel les plis se couchent, se superposent, s’écrasent et se
188 PIERRE TERMIER 27 Avril
laminent. Voici déjà dix-huit ans que les tectoniciens travaillent
sur cette idée d'un homme de génie : ils travailleront probable-
ment pendant longtemps encore sans en épuiser la fécondité.
Cette partie de l'œuvre de Marcel Bertrand, je veux dire la
préparation et presque la création de la doctrine des grandes
nappes, est la plus connue et la plus importante. Mais il ne
faudrait pas croire qu'il n'y ait, dans le surplus, que des travaux
et des découvertes d'intérêt secondaire.
Lui-même a attaché beaucoup de valeur, pendant quelques
années, à une prétendue loi de permanence des plissements.
Reprenant l’ancienne idée de Godwin-Austen, ressuscitée une
première fois en 1871 par M. Jourdy, il avait essayé de démontrer
que les plis se reproduisent toujours aux mêmes places, et cet
essai l'avait conduit à une conclusion inattendue : aux ondulations
principales s’ajoutait un second système, en général moins marqué,
formé de lignes perpendiculaires. La loi devenait donc la suivante :
le réseau de déformation reste fixe et se compose d'un double
système de lignes orthogonales, qui, tout au moins pour la
France, sont à peu près dirigées comme les méridiens et les
parallèles. Marcel Bertrand voyait dans cette loi une solution
satisfaisante du problème de la déformation d’une sphère lente-
ment refroidie, et il espérait en tirer un moyen de rattacher la
Géologie aux phénomènes plus précis de la Physique du globe et
de l’Astronomie. Mais la loi n’est qu’approchée, si même elle
existe. Les vérifications signalées par Marcel Bertrand sur le
pourtour du bassin de Paris n’ont pas la précision qu'il croyait y
voir. Il est bien vrai que les plis se forment à peu près aux mêmes
places quand un plissement peu intense vient affecter un pays
déjà régulièrement plissé ; mais il n’y a plus, entre les plissements
nouveaux et les plissements anciens, aucune relation nécessaire,
ni de position, ni de direction, quand les plissements nouveaux
sont très énergiques ; et la question n’a même plus aucun sens
lorsque, dans l’une des deux phases successives du plissement, il
s'est produit des nappes. Quant à l’orthogonalité d’un plissement
principal et d'ondulations secondaires, elle paraît fréquente, mais
non pas générale. De même, la disposition des plis suivant des
méridiens et des parallèles, qui est, en France, une approximation
assez grossière, ne se vérifie plus du tout dans d’autres pays.
C’est surtout de 1892 à 1894 que Marcel Bertrand s'était attardé à
la poursuite de cette systématisation un peu chimérique. Il y
renonça bientôt de lui-même ; et l’on n’en trouve plus aucune trace
dans ses derniers écrits.
1908 ÉLOGE DE MARCEL BERTRAND 189
Son idée de coordonner tous les phénomènes géologiques autour
de la formation des chaînes de montagnes successives est bien
autrement intéressante et féconde. Née dans son esprit vers 1886,
pendant qu'il lisait l'Antlitz der Erde, cette idée a eu sa pleine
expression dans la conférence qu'il fit en 1894 au Congrès de
Zurich, et elle domine encore la fin de son œuvre et ses théories
orogéniques de 1900. Les chaînes successives sont, en quelque
sorte, les chapitres de l’histoire du globe. Il n’est pas impossible
qu'il y ait, entre ces chapitres et les Jours mystérieux de la
Genèse, une correspondance dont le secret nous est jusqu'ici caché.
Actuellement, nous ne pouvons aflirmer l'existence que de quatre
chaines, la huronienne, la silurienne, l'hercy-nienne, l'alpine ; mais
il y en a eu très probablement d’autres avant la période précam-
brienne. À chaque chaîne se rattache un cycle sédimentaire
complet. qui va se répétant d’une chaîne à l’autre, et qui comprend
quatre faciès : des terrains cristallins, tout au fond du géosyn-
clinal primitif; un /{ysch fin et schisteux, remplissage du premier
géosynclinal, sur l'emplacement de la zone axiale: un fly sch gros-
ster, remplissage des géosynelinaux de bordure, après l'élévation
de l'axe central ; enfin, des poudingues et des grès grossiers, plus
ou moins semblables aux grès rouges, qui se déposent au pied de
la chaîne déjà soulevée. Chaque chaîne a ses gneiss : chaque
chaîne a son fly sch schisteux, et, par exemple, c’est le Culm pour
la chaîne hercynienne et les Schistes lustrés pour la chaîne alpine ;
chaque chaîne a son flysch grossier, et c’est ici le terrain houiller,
là le /lysch éogène des Alpes; chaque chaîne, enfin, a ses grès
rouges, comme on le sait pour les trois vieilles chaînes, ou
tout au moins un terrain où abondent les poudingues, comme la
mollasse alpine. Après quatorze années — et combien fécondes en
transformations et en progrès pour la doctrine orogénique! —
cette esquisse reste très belle. Nous serions seulement tentés de la
surcharger, parce que nous sommes de plus en plus frappés de la
complexité des phénomènes : maïs on risque, en la surchargeant,
de masquer la loi qu’elle exprime et de compromettre l'impression
d'ensemble. Il est très vrai, en tout cas, que « chaque chaîne a ses
gneiss » : personne n'avait encore su le dire, et voici, d’un seul
coup, la pluralité des séries cristallophylliennes mise hors de con-
testation, et la liaison nécessaire du métamorphisme régional et
de la condition géosynclinale définitivement promulguée. Ce sont
là deux grandes conquêtes. Qu'importe, après cela, que, dans les
détails de leur histoire, les chaînes diffèrent; que, par exemple,
dans l’une d'elles, il y ait eu deux montées de métamorphisme, si
190 PIERRE TERMIER 27 Avril
je puis ainsi parler, et que, au contraire, dans une autre, le méta-
morphisme de la zone axiale se soit effectué comme en une fois et
sans aucune discontinuité apparente ? Ce qui importe, ce n'est pas
que les chapitres soient identiques et se répètent textuellement,
c'est que, en prenant comme chapitres du livre de la Terre les
formations successives des diverses chaînes, on réalise la division
la plus naturelle de ce livre, celle qui introduira la plus grande
clarté et le plus bel ordre dans le récit. De cela, Marcel Bertrand
n'a jamais douté à partir de 1886, et il semble bien qu'il ait eu
raison. Mais le moment n’est pas venu d'écrire le récit sans
hésiter et d’un bout à l’autre, et de le comparer à la symbo-
lique narration de Moïse. Il y a trop de lacunes dans nos connaïis-
sances, surtout en ce qui concerne les vieilles chaînes, pour que
nous ne soyons pas obligés de nous contenter, pendant longtemps
encore, des formules générales, volontairement imprécises, que
Marcel Bertrand nous a laissées.
On sait comment il a été conduit à ces formules et comment
l'étude des séries cristallophylliennes des Alpes françaises et des
Alpes du Piémont l’a convaincu de l’étroite relation entre le méta-
morphisme régional et les phénomènes orogéniques. A la vérité,
il n’a pas été le premier à voir la pluralité de ces séries cristallines
et à en fixer les âges relativement récents. D’autres, avant lui,
avaient attribué au Permien, ou au Houiller, les micaschistes et
les gneiss des Alpes cottiennes; un autre, et qui était Charles Lory,
avait rapporté au Trias l'énorme complexe des Schistes lustrés.
Mais Marcel Bertrand a trouvé, pour ces démonstrations d'âge,
des arguments nouveaux et décisifs; et, comme toujours, il a été,
dans l’étude de ces terrains métamorphiques, un généralisateur
puissant et hardi. C’est lui qui a montré l'extension jusqu’au
Grand-Paradis, et même jusqu’au Mont-Rose, du Permo-Houiller
cristallin de la Vanoise; lui aussi qui a fait voir que le faciès
Schistes lustrés embrasse non seulement le Trias supérieur,
comme avait dit Lory, mais aussi le Lias et peut-être d’autres
terrains encore. La stratigraphie des Alpes franco-italiennes entre
le massif d’Ambin et la vallée d'Aoste n’a guère eu besoin d’être
perfectionnée depuis que Marcel Bertrand nous l'a décrite; et
cela est d'autant plus remarquable que notre manière de com-
prendre la tectonique de cette région a dû être récemment changée
de fond en comble.
Une des dernières conceptions du Maître, restée inédite, mais
que ses disciples n’ont pas oubliée, est celle de l'existence d’une
loi de répartition des matières volatiles dans les couches de com-
1908 ÉLOGE DE MARCEL BERTRAND 191
bustible d'un même bassin houiller. Il en parlait souvent comme
d'une chose très importante; et il eût voulu que, dans tous les
bassins, on s’occupât de chercher des arguments pour ou contre.
La teneur du charbon en matières volatiles ne dépendrait que des
conditions de la sédimentation : ce serait un caractère primaire,
et non pas secondaire, de la couche de combustible. Si, dans
chaque couche, on traçait Les courbes d'égale teneur en matières
volatiles, on aurait une série de lignes grossièrement concentri-
ques, semblables aux lignes de niveau des bords d’une cuvette,
et qui iraient s’ordonnant autour d'une région centrale. On
pourrait donc déterminer, par la construction de ces lignes, la
position approximative de la région centrale, de l’ancien fond du
bassin, quelle qu'eût été la dislocation ultérieure, et alors même
qu'il y aurait eu, dans le terrain houiller plissé, des plis couchés
et des charriages. L'idée est assurément fort intéressante. Malheu-
reusement, la vérification de sa justesse est très difficile. Dans
beaucoup de couches de houille, la teneur en matières volatiles
ne change presque pas, et ses petites variations, ou bien sont de
l'ordre des erreurs d'analyse, ou bien semblent capricieuses.
Quand le bassin est très étendu — et c’estle cas du Pas-de-Calais —
la teneur change beaucoup ; mais une autre difficulté surgit
alors, qui est celle de suivre une même couche d'une région à
l’autre, au-delà des hiatus que créent nécessairement les failles,
les limites de concessions, les investisons, et l’inégal avancement
des travaux de mines. En fait, il y eut, à la demande de Marcel
Bertrand, quelques essais de construction des courbes d’égale
teneur dans les bassins du Nord de la France, du Gard et de la
Haute-Silésie; mais ces essais, qui n’ont pas infirmé la loi, n'ont
pas non plus suffi à la fonder définitivement; et, bientôt, l’initia-
tive du Maître venant à manquer, tout sombra dans l'indifférence
et le scepticisme des ingénieurs. Je ne doute pas que la question
ne soit reprise un jour, et que, là encore, Marcel Bertrand n'ait
été un précurseur très perspicace.
Sur toute l’œuvre écrite de ce grand géologue, il y a le charme,
je dirais volontiers la magie, d’un noble style, à la fois élégant
et clair, imagé et sobre, et qui me paraît être le modèle accompli
du langage scientifique. Ce style est rarement éclatant, beaucoup
plus rarement, par exemple, que celui d'Eduard Suess; et ce n'est
que dans ses conférences, dans les Éloges qu'il rédige pour per-
pétuer la mémoire d’'Hébert et de Charles Lory, ou encore dans sa
Préface pour l'édition française de l’Antlitz der Erde, que Marcel
Bertrand cesse parfois de parler simplement et laisse, pendant
192 PIERRE TERMIER 27 Avril
quelques instants, chanter le poète qui est en lui. Il trouve alors
de très beaux accents, et, pour servir son éloquence, les images
accourent en foule : mais bientôt, comme honteux de l'essor qu'il
vient de prendre, il congédie d’un geste les sonorités et les images,
redescend au niveau de la simple conversation, et se remet à
causer, tout uniment, avec le lecteur ou l'auditeur. C’est qu’il y a
dans son esprit, fortement enracinée par l'influence paternelle,
une sévère discipline classique, analogue à celle qui dominait les
grands hommes du XVIIe siècle ; et cette discipline est aggravée
par le sens critique toujours en éveil, par la tendance invincible à
l'épigramme, par la perception incroyablement aiguë des disso-
nances et la vision immédiate, et généralement grossie, des ridi-
cules. Il se surveille étroitement, toujours prêt à plaisanter sa
propre émotion, à refroidir son enthousiasme, à refréner son
imagination, à s’interdire toute fantaisie de parole ou de plume.
Je l’ai déjà dit : on ne peut bien comprendre Marcel Bertrand si
l’on ne se rappelle qu'il y a en lui deux hommes, un prophète et
un critique. Le premier est en outre un vrai poëte, un orateur
plein de feu, un merveilleux artiste; le second, très avisé et très
méfiant, diflicile à émouvoir, un peu sceptique même, a la raillerie
facile et l'épigramme toujours prête. Dans toute l'œuvre, on voit
leur double empreinte ; et le style résulte clairement de leur
collaboration presque égale et de leur antagonisme exactement
équilibré.
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C'est une de nos tristesses, à nous autres qui avons connu,
entendu, admiré et aimé Marcel Bertrand, que de voir combien
il paraît lointain aux jeunes savants de France, aux membres
de la Société géologique qui n'ont pas encore trente-cinq ans,
et qui se le rappellent seulement sous les traits d’un «ancêtre plein
de funérailles. » Plusieurs l'ont aperçu quelquefois, entre 1900
et 1904. aux séances de cette Société, mais taciturne déjà et déjà
presque indifférent à la vie de la Science. Ils connaissent l'œuvre
et en savent l'extraordinaire portée ; ils ne pourront jamais se
figurer ce qu'était l'homme, à quel point il vivait, quel foyer rayon-
nant il portait en lui, quels fonds inépuisable de gaieté et de cordia-
lité se manifestait dans toute sa personne, non seulement à ses
amis, mais à quiconque s'adressait à lui: ils ne sauront jamais
l'accueil charmant qu'il réservait aux plus humbles disciples, aux
plus inconnus des débutants, et avec quelle piété il se penchait vers
les œuvres nouvelles, signées de noms encore ignorés. Au faite
des honneurs scientifiques, et alors que tous les géologues, dans le
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1908 ÉLOGE DE MARCEL BERTRAND 193
monde entier, avaient les yeux fixés sur lui et prêtaient l'oreille à
ses moindres paroles, il n’a jamais cru à sa propre infaillibilité, il
n’a jamais pris cette attitude d’augure qui décourage les jeunes
gens, et qui les dégoûterait de la science elle-même si les vrais
amoureux de la science pouvaient jamais en être dégoûtés ; il s’est
toujours regardé comme un homme très ignorant et très sujet à
l'erreur; et, quand on venait à lui pour parler géologie, de quelque
pays que l’on vint et quel que füt l'objet de la conversation, et même
si l’on apportait des objections à ses propres théories, que dis-je ?
surtout si l’on en apportait, on était sûr d’être patiemment écouté,
d'être admis à une discussion bienveillante et attentive, d'être
éclairé, affermi, encouragé. Après deux ou trois de ces conver-
sations sur une question scientifique, il restait sans doute le Maitre,
mais déjà il était devenu l’Ami, et quel délicieux ami ! Oui, en
vérité, je vous plains, jeunes géologues, qui, parlant chaque jour
son langage et marchant sans cesse à la clarté de son enseignement,
ne l'avez pas entendu lui-même promulguer sa doctrine et n'avez
pas vu sa main hardie écarter les nuages et allumer des phares au-
dessus de la mer ténébreuse. Comme le voyageur qui arrive, au
lendemain d’une terrible inondation, dans une plaine riante et
fertile, et qui n’aperçoit plus, au lieu des champs verdoyants ou
dorés, que l’alluvion sinistre, vous êtes passés à côté de cette
âme sans presque la voir, parce qu'elle était déjà prisonnière en
un cachot très obscur, ou comme engluée dans la boue grise de la
maladie et de la douleur.
Cette âme, ai-je dit, était merveilleusement belle. Elle avait
l'essor de l'aigle, et, quand elle était redescendue, la simplicité
d’une âme d'enfant. Elle allait naturellement à la lumière, à toutes
les grandes idées, à tous les sentiments nobles, à tout ce qui est
tendresse et dévouement, à tout l'art et à toute la poésie. Elle
était ineffablement désintéressée. Elle avait du mensonge, et même
de ce demi-mensonge où vivent les meilleurs d'entre nous, une
horreur instinctive. « J'ai beaucoup de défauts » disait-il souvent,
« mais je ne sais pas dissimuler ». Elle était, cette âme, sans le
savoir — comme il arrive maintenant à tant d’âmes généreuses —.,
très profondément chrétienne, puisqu'elle avait, tout à la fois, le
souverain détachement et même le mépris de la richesse, l’imper-
turbable douceur qui conquiert la terre, la faim et la soif de la
justice, la miséricorde jamais lassée, l'amour de tout ce qui purifie
et l'amour de tout ce qui pacifie, et puisqu'elle a, sans murmurer,
subi d’affreuses tortures. Comment pourrait-on croire qu'une âme
comme celle-là, aussi promise aux Béatitudes, ne fût pas immor-
22 Août 1908. — T. VII. Bull. Soc. Géol. Fr. — 13,
194 PIERRE TERMIER 27 Avril
telle ? Exilée, ou captive, ou dissimulée, des années durant, sous
des voiles épais et sombres : nous l'avons vue ainsi, hélas !'et c’est
un confondant mystère. Mais détruite à tout jamais : allons donc !
cela n'est pas possible. Quels soleils la vaudraient, quelles nébu-
leuses la remplaceraient ? et comment le Créateur inimaginable
des mondes pourrait-il se passer éternellement d’un tel rayon de
sa Gloire ?
Marcel Bertrand, dans l'intimité, ne parlait pas souvent, ni
volontiers, d’autre chose que de sa science. La géologie avait
rempli sa vie: c'est elle encore qui remplit sa correspondance
familiale. « Je crois que j'ai trouvé la solution — écrit-il de Pro-
vence, en 1888, à sa jeune femme —; reste à la vérifier : ce sera
peut-être long, mais, si c'est vrai, c'est plus étonnant que le
Beausset, ou pour mieux dire, ce serait la même chose, le Trias
sur le Crétacé, mais sur une si énorme étendue que cela semble
une fantaisie dont l’idée ne peut venir qu'en dormant bien et
rêvant... Voilà ce qui s'appelle être plein de son sujet; et je
ne te ménage pas celles de toutes les confidences qui te sont le
plus indifférentes. Mais je te les dois toutes, les géologiques
comme les autres... » En juin 1887, huit mois après son mariage,
il avait écrit du Beausset : « Je suis bien content ce soir. J'ai
complété mes preuves au-delà de mon espérance : le Trias est
aussi renversé. Voilà ce que c'est qu'un vieux marié : il parle du
Trias renversé à sa pauvre petite femme qui ne sait même pas
ce que cela veut dire, au lieu de lui réciter la douce litanie
d'amour !...»
La douce litanie d'amour ! I] ne l’a jamais oubliée, car il était,
tout au fond, un sentimental; mais, en effet, il n’a guère eu le
temps de la dire. Elle lui échappait, très souvent, sans qu'il y
songeât et pendant qu'il marchait, tout en « ratiocinant » — c'était
un de ses mots favoris — et en ressassant dans son esprit les
interprétations et les hypothèses: elle lui échappait sous la
forme d’une strophe, d'un distique ou d’un vers, réminiscence
d'une lecture récente ou souvenir de ses fortes études classiques,
soupir d’écolier vers les joyeuses vacances, cri de l’ouvrier fatigué
vers la nuit réparatrice, appel de l'amoureux exilé à la Beauté trop
lointaine. Mais toujours prêt à railler sa propre émotion, il ache-
vait sa tirade en plaisantant, et la litanie d'amour s'interrompait
par un éclat de rire : puis la science le reprenait, et, durant des
heures, il ne pensait pas à autre chose.
La première fois que l’on voyageait avec lui, sur le terrain, en
plein pays d'énigmes et de problèmes, on le trouvait amusant et
1908 ÉLOGE DE MARCEL BERTRAND 199
étrange. [allait rapidement et infatigablement, les yeux loirtains,
comme à la poursuite d’un gibier mystérieux vers qui toutes ses
facultés eussent été tendues, parlant tout le temps, à mi-voix ou à
voix haute, et discutant toujours, même si l’on ne lui donnait pas
la réplique. Parfois il s’arrêtait, citait un beau vers ou déclamait
tout un passage d'un poète, terminait par une plaisanterie ou un
bon mot, allumait une cigarette, s'asseyait sur une pierre, racon-
tait une anecdote drolâtique. La cigarette achevée, on causait géo-
logie, et l’on se remettait en marche. La chaleur et le froid, la
pluie et le soleil, la neige même, lui étaient fort indifférents ;
l'heure du diner ne le préoccupait guère, et souvent la journée
s'allongeait jusqu'à la nuit noire ; jamais il ne prenait de notes
pendant la course, et jamais il ne crayonnait sa carte avant le
retour au gite. Même au gite, il écrivait et dessinait fort peu, se
contentant de ranger et d'enfermer ses observations dans sa
mémoire, la plus vaste et la plus fidèle que j'aie connue. Le repas
du soir était d’une gaieté extraordinaire; 1l riait de tout, comme
un enfant, heureux, d’une belle joie de nature, de se rassasier et
de se désaltérer. Ensuite, il prenait du café, écrivait à sa femme
— il lui écrivait presque chaque jour —, fumait force cigarettes.
parlait de n'importe quoi, déclamait des vers et disait des choses
folles, jusqu'à ce qu'il tombât de lassitude et de sommeil. Il dor-
mait alors à poings fermés, quel que fût le lit ; et l’on avait, le len-
demain matin, une véritable peine à le réveiller et à le remettre
debout. Après cinq ou six jours de semblables courses, ses vête-
ments, souillés au contact de toute une série sédimentaire, et rare-
ment brossés, avaient pris un aspect lamentable. IL ne s’en sou-
ciait guère ou même ne s’en doutait pas ; et il continuait d'aller,
imperturbablement, pareil à un chemineau grandiloquent et
misérable, parlant seul, tout haut, le long des routes ou dans les
rues des villages, et déclamant des tirades incohérentes au grand
trouble des paysans ou des boutiquiers.
Il eut quelques compagnons de voyage qui ne s’habituèrent
jamais à ce mélange singulier et charmant de science précise et
de fantaisie joyeuse, et dont la solennité un peu bourgeoise et le
sens positif s’accommodaient mal avec son tempérament d’artiste
parisien. Comme il tenait de son père infiniment d'esprit et un
peu de malice, il se donnait parfois, quand il voyageait avec ces
personnes graves, le plaisir assez innocent de les exaspérer. Tous
ses amis l'ont entendu raconter, à ce sujet, de bien amusantes
anecdotes. — « Pourquoi donc » lui demande un jour, tout en
marchant, le géologue, très brave homme, mais volontiers rogue
196 PIERRE TERMIER 27 Avril
et sévère, qui l’accompagnait, « pourquoi done portez-vous tou-
jours des guêtres ? » — « Parce que » répond Bertrand avec le
plus grand sérieux « quand je les quitte le soir, ça me délasse. »
— Une autre fois, c'était avec un autre géologue. Le train les
emmenait à Toulon, et l’on voyait déjà, par la portière, s’estomper
les sommets familiers, le Coudon et le Faron. La conversation
avait beaucoup langui, restant d’ailleurs purement géologique,
mais coupée çà et là de brusques boutades de Bertrand qui avaient
un peu agacé son interlocuteur. Tout à coup, d'une voix dethéatre,
Bertrand s’écrie, en montrant au loin les montagnes :
« C'est Faron que voile la brume,
« Et Coudon, gigantesque enclume
« Dont le tonnerre est le marteau! »
« De qui sont ces vers ? » demande l’infortuné compagnon
devenu très nerveux. — « De moi » réplique Bertrand, du même
air impassible qu'il eût pris pour parler du Trias. Au retour de
ce voyage, le compagnon disait à qui voulait l'entendre que
« Marcel Bertrand serait charmant, en courses, sans sa déplorable
manie de toujours citer des vers ».
J'en connais d’autres qui, après les étonnements du premier
jour, ont tout aimé de Marcel Bertrand et qui l'eussent suivi Jus-
qu'au bout du monde ; qui rangent parmi les meilleurs souvenirs
de leur jeunesse la mémoire des heures charmantes passées, sur
un sommet, dans un ravin, au bord d’une route en plaine, ou le
soir dans une salle d’auberge, à écouter le Maître avec une atten-
tion passionnée, soit qu'il parlât de géologie générale, soit qu'il
essayât de rendre compte de la structure de toute une région, soit
qu'il plaisantât gaiement et innocemment sur Îles hommes et les
choses, soit qu'il se laissât entraîner dans le domaine de la spécu-
lation philosophique, soit qu’il prit plaisir à causer littérature et
poésie. C'est à ceux-là qu'il s'est montré tel qu'il était, dans sa
bonhomie rieuse qui n'était qu'une forme gaie de la bonté, dans
l'incomparable vigueur de sa dialectique, dans sa géniale perspi-
cacité d'observateur et d’interprète, dans sa vaste érudition et sa
compréhension plus vaste encore, dans la délicatesse de ses sen-
timents intimes qu'il cachait d'abord par une sorte de pudeur
instinctive, dans toute la richesse enfin de sa merveilleuse nature,
dans tout ce qui faisait de lui un exemplaire choisi et rare
d'humanité perfectionnée et quasi surhumaïine. Ce sont ceux-là,
surtout, qui ont compris quelle perte immense la Science a faite,
en 1900, quand brusquement Marcel Bertrand s’est arrêté dans sa
tâche et a cessé de produire ; ce sont ceux-là qui ont porté et qui
1908 ÉLOGE DE MARCEL BERTRAND 197
portent encore son deuil, et qui restent inclinés, avec une infinie
commisération, une sympathie respectueuse et tendre, devant la
douleur inexprimable de sa veuve et de ses filles.
Un soir de l'été de 1890, dans les Alpes de Savoie, au pied du
glacier de Gébroulaz, par 2200 mètres d’altitude, près du chalet
du Saut où nous devions passer la nuit, j'attendais Marcel Bertrand,
Nous nous étions quittés la veille en nous assignant réciproque-
ment ce rendez-vous. Nous avions compté sur un gîte convenable :
hélas ! le chalet n'avait plus de toiture, et les dernières planches
de la porte désormais inutile se consumaient dans le feu maigre
où, sous les yeux de nos guides, notre souper cuisait. Il faisait
beau, invraisemblablement. L'ombre tombait, et, avec elle, ce
froid soudain et très âpre que connaissent tous les coureurs de
montagnes. Marcel Bertrand n'arriva qu'à la nuit close, s'étant
égaré en route, ayant mis les pieds dans le torrent et ayant perdu,
je ne sais plus comment, toutes ses provisions. et la moitié d'une
unique paire de bas de rechange. En revanche, il avait fait des
observations intéressantes tout le long du chemin, et, quoique
harassé, mouillé et aflamé, il était gai, comme jamais depuis lors
je ne l'ai vu aussi gai. La soupe dévorée, nous nous mîmes à
causer, pendant que les guides préparaient le café; et, comme
nous avions trop froid pour dormir, et qu'il y avait devant nous
beaucoup de café et plusieurs paquets de cigarettes, nous prolon-
geâmes la causerie pendant des heures. Il m'avait intimidé jus-
qu’alors, et j'avais redouté sa critique et ses épigrammes. Mais
maintenant c'était bien fini de la timidité et de la crainte. Je le
voyais tout entier ; je savais désormais tout ce qu'il pensait sur la
terre et sur l’homme, sur la nature et sur Dieu, sur les savants et
sur les poètes. Nous découvrimes que nous avions, littérairement,
les mêmes amours ; et nous récitèmes, en alternant, à nos deux
guides étonnés, aux rochers noirs qui surplombaient, aux étoiles
sans nombre qui brillaient là-haut, des centaines de vers, les plus
magnifiques, les plus somptueux que nous connussions. Puis,
quand nous eûmes tout dit, comme il fallait bien se reposer un
peu, nous nous étendîmes tous quatre sur le sol glacé de la cabane
en ruine, serrés les uns contre les autres, nos chapeaux sur les
yeux afin de ne pas trop voir les étoiles. Le froid était atroce, et
nous n'avions, pour quatre, que deux légers manteaux. Les guides,
malgré tout, s'endormirent, Mais Marcel Bertrand parlait toujours,
et je crois bien qu'il parla jusqu'à l'aube. Du fond de mon demi-
sommeil, je l'entendais déclamer à mi-voix des strophes des Con-
templations : et il me semblait que c'était son âme même qui lançait
195 PIERRE TERMIER 27 Avril
vers @ l’azur immobile et dormant » cette plainte monotone, si
expressive de tous les désirs et de toute la misère de l'humanité,
l'enfantine plainte de celui qui cherche et de celui qui souffre :
« Vous n'avez pas voulu qu'il eût la certitude
« Ni la joie ici-bas ! »
Laissez-moi vous envelopper dans le souvenir de ce « minuit
d'étoiles et de rêves », à Maître dont les éloquentes lèvres main-
tenant sont closes! Pour moi, je vous entends toujours, et nous
sommes plusieurs, parmi vos disciples et vos amis, qui vous
entendrons jusqu'à la mort. Je voudrais, par ce portrait que j'ai
tracé, vous avoir donné un peu plus de gloire et de survie ; je
voudrais surtout vous avoir fait connaître aux jeunes gens qui ne
vous ont pas assez connu. C'était bien le moins que je dusse faire
pour vous, qui m'avez appris tant de choses et qui avez tant
agrandi ma vision du monde et ma conception de l’âme humaine.
Laissez-moi vous ensevelir pieusement, par la pensée, dans cette
solitude grandiose des Alpes françaises où nous avons eu de si
fortes jouissances, où s’est révélé à moi pour la première fois votre
génie, où, en vous écoutant, j'ai senti s'accroître tout à coup,
immensément., ma fierté d’être un homme. Vous êtes, après Celui
qui les a créées, le premier qui ayez su le secret de ces Alpes : il
est donc juste que, là, vous ayez votre tombe, et que la chaîne
alpine tout entière, avec ses cimes glacées et ses pitons chauves,
ses vallées et ses lacs, ses forêts et ses déserts, nous apparaisse
désormais comme votre mausolée. Le monument est à votre
mesure, Ô Maître, et je n'en sais pas d'autre qui soit vraiment
digne de vous.
LISTE DES PUBLICATIONS DE Marcel BERTRAND
Notes et Mémoires
1. 1880. — Légende de la feuille de Gray.
2. 1881. — Failles de la lisière du Jura entre Besançon et Salins; Bull. Soc.
É DeolM Pr CG) par
3. — — Légende de la feuille de Besançon.
4. 1882. — Sur l’âge des terrains bressans; 1d.. (3), X, p. 256.
5. 1883. — Le Jurassique supérieur et ses niveaux coralliens entre Gray
et Saint-Claude ; /d., XI, p. 164.
— — Observations sur une Note de M. Chaignon; /d., p. 240.
— — Sondage de Salies: Zd.. XII, p. 33.
. — Rapports de structure des Alpes de Glaris et du bassin houiller
du Nord; 1d., p. 318.
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21:
. 1886
5. 1888.
BIBLIOGRAPHIE 199
— Légende de la feuille de Lons-le-Saunier.
— Failles courbes dans le Jura et bassins d’affaissement; Bull. Soc.
g'éol. Fr., ), XIL, p. 452.
— Coupes de la chaîne de la Sainte-Beaume (Provence); Id., XII,
P. 115.
— Sur les terrains secondaires et tertiaires de l’Andalousie (en
collaboration avec M. Kilian): CR. Ac. Se., t. C, p. 1057.
— Compte rendu préliminaire des études faites avec M. Kilian en
Andalousie; Bull. Soc. géol. Fr., (3), XIIL, p. 474.
— Existence de filons d’ophite dans le Crétacé des Pyrénées; Id.,
P. 575.
— Le bassin tertiaire de Grenade (en collaboration avec M.Kilian);
CR. Ac. Sc., t. CI, p. 264.
— Compte rendu de l’excursion du 26 août, entre Morez et Saint-
Claude (réunion extraordinaire du Jura); Bull. Soc. géol. Fr.,
G), XIE, p. 785.
— Observations sur une Communication de M. l’abbé Bourgeat;
Id., p. So.
— Compte rendu de l’excursion du 29 août à Charrix ; 1d., p. 852.
— Observations sur les niveaux coralliens; /d.. p. 865 et 874.
— Sur les terrains jurassique et crétacé des provinces de Grenade
et de Malaga (en collaboration avec M. Kilian) ; CR. Ac. Se.
t. CIL, p. 186.
— Observations sur l’âge de la faune de Pikermi; Bull. Soc.
géol. Fr., (3), XIV, p. 295.
— Légende de la feuille de Toulon.
— Observations sur les couches saumâtres du Revest; Bull. Soc.
Séol. Fr, (GB) XN Ep: 15.
. — Sur le rôle des affaissements ; 1d., XV, p. 238.
— Légende de la feuille de Pontarlier.
— La chaîne des Alpes et la formation du continent européen ;
Bull. Soc. géol. Fr., (3), XV, p. 423.
— Rôle des actions mécaniques en Provence ; explication de l’ano-
malie stratigraphique du Beausset; CR. Ac. Se., t. CIV,
P- 1735.
— Sur la découverte, faite par MM. Abel Girardot et Buchin, d’un
gisement à végétaux terrestres, près de Lons-le-Saunier;
Bull. Soc. géol. Fr., (3), XV, p. 6637.
— Ilot triasique du Beausset (Var). Analogie avec le bassin
houiïller franco-belge et avec les Alpes de Glaris ; 1d., p. 663.
— Compte rendu de l’excursion aux carrières de Chancelade
(réunion extraordinaire des Charentes); /d., p. 834.
— Compte rendu de l’excursion autour de Beaumont ; /d., p. 848.
— Observations sur les calcaires lacustres du sud du Plateau
Central ; Id., p. 854.
— Observations à propos d’une Note de M. Stuart-Menteath sur
les Pyrénées ; Zd., XVI, p. 52.
— Notes et additions sur le pli du Beausset ; Zd., p. 79.
— Ilots de calcaire carbonifère dans le bassin houiller du
Somerset ; {d., XVI, p. 435.
— Sur les bassins houillers du Plateau Central de la France: /d.,
P- 017:
200 BIBLIOGRAPHIE 27 Avril
37. 1888. — Les plis couchés et les renversements de la Provence. Envi-
.rons de Saint-Zacharie; CR. Ac. Sc., t. CVI, p. 1433.
38. — — Sur les relations des phénomènes éruptifs avec la formation
des montagnes, et sur les lois de leur distribution; 1d.,
t. CVI, p. 1548.
39. — — Sur la distribution des roches éruptives en Europe; Bull.
Soc. géol. Fr., G), XNI, p.573.
40. — — Allure générale des plissements des couches de la Provence;
analogie avec ceux des Alpes: CR. Ac. Sc., t. CVI, p. 1613.
41. — — Nouvelles études sur la chaîne de la Sainte-Beaume. Allure
sinueuse des plis de la Provence: Bull. Soc. géol. Fr., (3),
XVI, p. 748.
42. — — Les plis couchés de la région de Draguignan; CR. Ac. Sc.,
t. CVII, p. 701.
43. — — Un nouveau problème de la géologie provençale ; pénétration
de marnes irisées dans le crétacé; Id., t. CVII, p. 878.
44. — — Plis couchés de la région de Draguignan, Bull. Soc. géol.
Fr., (3), XNIL, p. 234.
45. 1889. — Études sur les terrains secondaires et tertiaires dans les pro-
vinces de Grenade et de Malaga (en collaboration avec
M. Kilian), mission d’Andalousie; Mémoires des Savants
étrangers, t. XXX.
46. — — Éloge de M. Ch. Lory; Bull. Soc. géol. Fr., (3), XVI, p. 664.
47. — — Notice pour le panneau de la Provence et des Alpes-Mari-
times, Exposition de 1889; Notices sur les modèles et dessins
relatifs aux travaux des Ponts et Chaussées et des Mines,
exposition de 1889, p. 92.
48. — — Notice sur le Jura; Zd., p. 92.
49. — — Compte rendu de l’excursion du 18 août à Bicèêtre et à Villejuif
(réunion extraordinaire de Paris); Bull. Soc. géol. Fr., G),
XVII, p. 845.
50. — — Sur les schistes lustrés du mont Cenis ; 2d., p. 880.
51. 1890. — Légende de la feuille de Marseille.
52. — — Allocution présidentielle ; Bull. Soc. géol. Fr., (3), XVI, p. 377.
53. — — Mémoire sur les refoulements qui ont plissé l'écorce terrestre
et sur le rôle des déplacements horizontaux. Ce Mémoire
auquel l’Académie a décerné le prix Vaillant (Rapport de
Daubrée, CR. Ac. Sc., t. CXI, p. 1049) a été publié en 1908
dans les Mémoires de l’Académie des Sciences.
54. 1891. — Sur la coupe du sommet de l’Ouarsenis; Bull. Soc. géol. Fr.,
(3), XIX, p. Lxvur.
55 — — Allocution présidentielle ; Zd., p. 565.
56. — — Rapport sur les travaux de M. Barrois (prix Fontannes); /d.,
p. 69.
57. — — Sur un témoin d’un nouveau pli couché près de Toulon; phyl-
lades superposés au Trias (en collaboration avec M. Zurcher);
CR. Ac. Sc., t. CXIL, p. 1083.
58 — — Sur le massif d’Allauch; Bull. Soc. géol. Fr., (3), XIX, p. enr.
59. — — Compte rendu de la course de la Ciotat et de Bandol (réunion
extraordinaire du Beausset); /d., p. 1057.
60. — — Compte rendu de l’excursion au Val d’Aren, au Canadeau et au
Vieux Beausset; 1d., p. 1062.
1905
6r.
62.
63.
64.
65.
66.
67.
68.
69.
76.
72.
78.
79:
BIBLIOGRAPHIE 201
1891. — Compte rendu de l’excursion au Télégraphe de la Cadière et à
Fontanieu; /d., p. 1077.
— — Réponse aux observations de M. Toucas ; Id., p. 1090.
— — Sur le plissement de la nappe de recouvrement du Beausset ;
Id., p. 1096.
— — Compte rendu de l’excursion à la Baralière, à Turben et à
Broussan; /d., p. 1116.
— — Sur la bande d'affaissement de Chibron ; Id. p. 1132.
— — Compte-rendu de la course de Brignoles à Salerne et au défilé
de la Bouissière; /d., p. 1166.
— — Le massif d’Allauch; Bull. des Sere. Carte géol. de la France,
t. III, p. 283.
1892. — Sur les récents progrès de nos connaissances orogéniques ;
Revue gén. des Sc. pures et appliquées, 15 janvier 1892
(article reproduit dans le Bulletin de la Société belge de
Géologie, décembre r892).
— — Remarques sur les anomalies magnétiques observées par
M.Moureaux; Bull. Soc. géol. Fr., (3) XX, p. xx.
— — Sur la déformation de l'écorce terrestre; CR. Ace. Sc., t. CXIV,
p: 402.
— — Sur les poudingues de la Ciotat et les deltas crétacés; Bull.
Soc. géol. Fr., (3), XX, p. tr.
— — Sur la continuité du phénomène de plissement dans le bassin
de Paris ; Id. p. zur et 118; et Id., t. XXI, p. xxv.
— — Plis de la Sarthe; Zd., t. XX, p. xcr
— — Sur la formation des vallées; /d., p. xav.
— — Comparaison de la série sénonienne des Corbières avec celle
de la Provence (réunion extraordinaire des Corbières); Id.,
p. 520.
— — Les montagnes de l'Écosse ; Revue gén. des Sc. pures et appli-
quées, 15 décembre 1892 (traduction reproduite dans le Geol.
Magazine).
— — Raccordement des plis entre la Dent du Midi et les Alpes fran-
çaises; Bull. Soc. géol. Fr., (3), XX, p. eLxxxvrrr.
— — Le Môle et les collines du Faucigny (Haute-Savoie); Bull. Serw.
Carte géol. de la France, t. IV, p. 345.
1893. — Sur le raccordement des bassins houillers du nord de la
France et du sud de l'Angleterre; Ann. des Mines, (9), t. I,
p. 5. (Un abrégé de ce Mémoire a été reproduit dans les
Transactions of the federated institution of mining Engineers,
Newcastle-upon-Tyne).
— — Sur la structure du Môle; Bull. Soc. géol. Fr., (3), XXL, p. xx.
— — Rapport surles travaux de M. Kilian (prix Fontannes); /d., p.97.
— — Sur la bande triasique de Rians et de Barjols ; /d., p. Lr.
— — Observations sur les gisements anormaux de gypse; /d., p. Lu.
— — Surles gypses du Salt Range ; /d., p. cxxrx.
1894. — Sur la structure des Alpes françaises; CR. Ac. Se., t. CXVINH,
P. 212.
— — Lignes directrices de la Géologie de la France ; 1d., t. CXVIH,
p. 258.
— — Comptes rendus pour la campagne de 1893; Bull. Sere, Carte
géol. de la France, t. VI, p. 105 et p. 110.
IOI.
IE
1894 .
. 1896.
1398.
BIBLIOGRAPHIE 27 Avril
— Etudes dans les Alpes françaises (structure en éventail, massifs
amygdaloïdes et métamorphisme); Bull. Soc. géol. Fr., (3),
XXII, p. x et 69.
— Sur les phénomènes chimiques qui peuvent amener la trans-
formation du calcaire en gypse; 1d., p. xxx.
— Etudes dans les Alpes françaises (schistes lustrés de la zone
centrale) ; Zd., p. xxIv et 119.
— Sur un nouveau travail de M. Briart; Id., p. x1r.
— Sur une Note de M. Lawson; /d., p. xzxr.
— Sur les gisements Deere ee de 15 craie du Nord; 14 , P- LVInL.
— Études sur le bassin houiller du Nord et sur le Boulonnast
Ann. des Mines. (9). t. V, p. 569.
-— Lignes directrices de la Géologie de la France; Revue gén. des
Sc. pures et appliquées, septembre 1894.
— Structure des Alpes françaises et récurrence de certains faciès
(Conférence au Congrès international de Zurich, septembre
1894.)
— La géologie et les mines du bassin du Niari (Congo français);
Revue gén. des Sc. pures et appliquées, novembre 1894.
— Sur les plis des environs de Rians en Provence; Bull. Soc.
géol. Fr., 6), XXIIT, p. xcIr.
— Feuilles de St-Jean-de-Maurienne et de Bonneval; Bull, Sero.
Carte géol. de la France, t. VII, p. 113.
— Sur la structure du Mont-Joly près Saint-Gervais (Haute Savoie)
(en collaboration avec M. Ritter); CR. Ac, Sc.,t. CXXIL, p. 289.
— Essai de reconstitution de la Géographie des temps carboni-
fères ; Bull. Soc. géol. Fr., (3), XXIV, p. 24.
— Sur les schistes du Mont-Jovet ; Id., p. 140.
- Réponse au sujet des dômes à déversement périphérique ;
Id pN5063;
— Sur des Myophories du Trias d'Algérie; 1d., p. 790.
— Sur le Trias du Djebel Chettabah; Zd., p. 1184.
— La Tarentaise au Nord de l'Isère ; Bull. Serv. Carte géol.
de la France, t. VIIL, p. 145.
— Rapport sur le concours du prix Lecomte ; CR. Ac. Sc.,
t. CXXIII, p. 1178.
7. — Les excursions du 7° Congrès géologique international en
Russie ; Bull. Soc. géol. Fr., (3), XXV, p. 705.
— Les chaînes septentrionales des Alpes bernoises (en collabora-
tion avec M. H. Golliez) ; 1d., p. 568.
— Préface pour le premier volume de La Face de la Terre, d'Ed.
Suess (traduction de Das Antlitz der Erde, sous la direction
de Emm. de Margerie). Paris, Armand Colin, 1897.
— Observations à propos des Notes de M. E. Fournier; Bull. Soc.
géol. Fr., (3), XXVI, p. 48.
— Sur deux faits intéressants dans la coupe d'une galerie de Val-
donne ; /d., p. 158.
— Rapport sur le concours du prix Delesse (Minéralogie et Géolo-
gie); CR Ac.Sc., t. CXXVI, p. 93.
— Rapport sur le concours du prix Tchihatchef ; 1d., p. 131.
— La nappe de recouvrement des environs de Marseille, lame de
charriage et rapprochement avec le bassin houïller de Silésie ;
Bull. Soc. géol. Fr., (3), XXVI, p. 632,
1908
116.
119.
I18.
119.
121.
131.
132.
133.
1880.
1881.
1884.
1886.
1887.
1891.
1894
1895.
1595.
BIBLIOGRAPHIE 203
1898. — L'expédition du Groënland de la Société de Géographie de
Berlin ; CR. Ac. Sc., t. CXXVI, p. 805.
__ _— Le bassin crétacé de Fuveau et le bassin houiller du Nord;
Ann. des Mines, (9), XIV, p. 5.
— — Etude géologique sur l’Isthme de Panama (en collaboration
avec M. Zurcher) ; les phénomènes volcaniques et les trem-
blements de terre de l'Amérique centrale; Publications de
la Nouvelle Compagnie du canal interocéanique de Panama.
1899. — La grande nappe de recouvrement de la Basse-Provence ;
Bull. Serv. Carte géol. de la France, t. X, p. 397.
—_ — Note sur la Géologie de l’Isthme de Panama (en collaboration
avec M. Zurcher) ; Bull. Soc. géol. Fr., (3), XXVIH, p. 494.
— — Rapport sur le concours du prix Delesse (Minéralogie et Géolo-
gie); CR. Ac. Sc., t. CXXIX, p. 1096.
— — Rapport sur le concours du prix Tehihatchef ; Jd., p. 1159.
. 1900, — Observations sur la formation des chaînes de montagnes;
Bull. Soc. géol. Fr., (3), XXVIIL, p. 18.
— _— Le bassin houiller du Gard et les phénomènes de charriage ;
CRAACISCMHACXE ED 219;
— — Essai d’une théorie mécanique de la formation des montagnes.
Déplacement progressif de l’axe terrestre: {d., p. 291.
— — Déformation tétraédrique de la Terre et déplacement du pôle ;
Id., p. 449.
— — Observations à propos d’une Note de M.de Lapparent; /d., p.619.
— — L'extrémité du Mont-Blanc et le Mont-Joly; Livret-guide du
VIII Congrès géologique international, n° XII, p. 39.
— — Chevauchements du Beausset, de la Sainte-Bauine, de l'Étoile
Id EX D:
— — Les volcans de l'Amérique centrale; La Nature, 33 juin 1900.
— — Analyse d’un mémoire de M. Groom sur les Malvern Hills ;
Bull. Soc. géol. Fr., (3), XX VII, p. 106.
— — Observations sur la Note de M. Repelin intitulée : Nouvelles
observations sur la tectonique de la chaîne de la Nerthe;
Id., p. 264.
— — Etudes sur les bassins houillers. Bassin houiller du Gard ;
Ann. des Mines, (9), t. XVII, p. 505.
Cartes Géologiques
Feuilles de la Carte de l’'État-Major à ———
ï 80.000
— Feuille de Gray, avec une feuille de coupes.
— Feuille de Besançon.
— Feuille de Lons-le-Saulnier.
— Feuilles de Toulon et de la Tour de Camarat.
— Feuille de Pontarlier.
Revision partielle de la feuille de Nantua.
— Feuille de Marseille, en collaboration avec M. Ch. Depéret.
— Feuille d'Annecy, en collaboration avec MM. Michel Lévy, Haug,
Maillard, Renevier.
— Feuille de St-Jean-de-Maurienne, en collaboration avec MM. Potier,
Termier, Kilian, Offret.
— Feuille de Bonneval, en collaboration avec M. Termier.
204 BIBLIOGRAPHIE 27 Avril
1897 — Feuille d’Albertville, en collaboration avec MM. Haug, ‘Kilian,
Lugeon, Offret, Paquier, Ritter.
1899. — Feuille de Tignes, en collaboration avec M. Termier.
1900. — Collaboration au panneau géologique des Alpes françaises (Expo-
sition universelle), avec MM. Termier et Kilian.
1905. — Collaboration à l'établissement de la carte géologique de la France
à l’échelle du millionième, 2° édition,
NOTICE NÉCROLOGIQUE SUR CHARLES CONTEJEAN
par Jules Welsch
Charles-Louis Contejean était né à Montbéliard (Doubs), le
15 septembre 1824 : il était le fils d’un modeste mais très habile
artisan ; après d'excellentes études faites au collège de cette ville,
il partit pour la Russie (1842), comme tant d'autres de ses compa-
triotes, pour être précepteur dans une famille aristocratique de ce
pays; mais sa santé s’'accommodait mal du climat de la Russie et il
revint en France en 1846. De retour à Montbéliard, il occupa un
poste de commis aux écritures à la sous-préfecture de cette ville.
Ses goûts et son aptitude pour la géologie et la botanique, qui
s'étaient manifestés de bonne heure, lui firent consacrer ses loisirs
à leur étude et il devint le disciple et l'ami du géologue jurassien
Thurmann. Il s’occupa de la création d’un Musée d'histoire natu-
relle dans sa ville et fit paraître, en 1854. une étude importante :
«Enumération des plantes vasculaires de Montbéliard », publiée
par la Société d'Emulation du Doubs. L'accueil que reçut ce
premier travail l'engagea à compléter ses grades universitaires ;
entre-temps, il fut chargé par intérim du cours de chimie au collège
communal de Montbéliard en 1855 et 1856. Il fut reçu licencié
ès sciences naturelles en 1856 et prit son doctorat devant la Faculté
des Sciences de Besançon, le 20 juin 1859, avec deux thèses ayant
pour sujets : « Monographie de l’étage kimméridien du Jura, de
la France et de l'Angleterre » (1 vol. in-4°, 217 p., Montbéliard).
— « De l'espèce en général et de quelques espèces nouvelles ou
peu connues de l'étage kimméridien » (p. 220 à 314), Montbéliard.
L'ensemble‘ des deux thèses a paru ensuite en un seul volume :
« Etude de l'étage kimméridien dans les environs de Montbéliard
et dans le Jura, la France et l'Angleterre » (Mém. Soc. Em. du
1908 NOTICE SUR CHARLES CONTEJEAN 205
Doubs, 14 août 1858, un vol. in-8&, 552 p.. 27 pl. Paris, 1859-[1860]).
L'édition de Montbéliard avait paru sous forme de thèse pour le
doctorat, et dans le nouveau volume, l’auteur ajoutait de nom-
breux matériaux paléontologiques et dénommait quelques espèces
nouvelles.
Cette étude avait surtout été entreprise au point de vue paléon-
tologique, dans le but d'établir une délimitation du Kimméridien
etsa division en groupes et sous-groupes, fondés sur la connais-
sance détaillée et approfondie des débris organiques renfermés.
Contejean combattait les géologues jurassiens qui avaient attaché
une importance trop grande au faciès pétrographique, d’où créa-
tion de divisions purement artificielles. Il préférait procéder à une
analyse exacte et minutieuse des faunes et des faciès, sans idée
systématique préconçue, pour aboutir à une synthèse générale. Il
a subdivisé l'étage kimméridien en dix sous-groupes, dont il analy-
sait les faunules, constituées surtout par des Bivalves et des Gas-
tropodes à l’état de moules; les faunules se pénétrant du reste
mutuellement. Il a cherché ensuite s’il existe réellement certaines
associations naturelles entre les faunules de l'étage et concluait à
la possibilité d'établir les trois groupes successifs : Astartien,
Ptérocérien, Virgulien. Il séparait l’Astartien de l'ancien Coral-
lien des auteurs ; il ne distinguait pas nettement un étage portlan-
dien à la partie supérieure de la dernière assise qu'il étudiait; il
considérait que son étage kimméridien terminait la série juras-
sique marine et s'arrêtait naturellement aux couches de Purbeck.
Sa conclusion était que la paléontologie est le seul guide infail-
lible du géologue. Une série de 24 planches de fossiles, la plupart
nouveaux, complétait ce travail considérable, qui a contribué à
faire de la région de Montbéliard une localité type pour l'étude du
Jurassique supérieur, en faisant connaître sa faune variée et riche.
Ch. Contejean fut alors nommé (1860) préparateur de géologie
au Muséum d'histoire naturelle ; il y resta deux ans.
Il continuait ses travaux sur le Jurassique et sur les environs de
Montbéliard en publiant une « Esquisse d'une description physique
et géologique de l’arrondissement de Montbéliard » (Rothschild,
Paris, in-8, 94 p., 3 pl., cartes et coupes, 1862). Ce travail était un
contingent fourni à la Description scientifique de la France,
demandée aux Sociétés savantes par circulaire ministérielle du
1er Juin 1860 ; dans l'opinion de l’auteur, c'était le prodrome d'un
ouvrage de longue haleine à entreprendre sur la chaîne du Jura.
Contejean entra alors définitivement dans l'Enseignement en
1862, comme chargé du cours de physique au lycée d'Angers, où
il ne fit que passer et s’en fut ensuite dans les mêmes conditions à
Toulouse. En 1864, il entra dans l'Enseignement supérieur comme
306 JULES WELSCH 27 Avril
suppléant à la chaire d'histoire naturelle de la Faculté des Sciences
de Clermont-Ferrand. En janvier 1865, il fut nommé au même
titre à Poitiers, en remplacement de notre honoré confrère,
M. Gosselet. Le titulaire, M. Hollard, était en congé ; cette chaire
comprenait la zoologie, la botanique, la géologie et la minéralogie
et cela sans laboratoire, sans bibliothèque.
Contejean resta 25 ans à Poitiers, d'abord comme chargé de
cours, et puis, comme professeur titulaire d'histoire naturelle, à
partir de 1866. Quelques années après, il eut pour élève M. Liard,
professeur de philosophie au lycée de Poitiers, reçu licencié
ès sciences naturelles en 1872, aujourd’hui vice-recteur de l’Aca-
démie de Paris; c'est probablement là que l’ancien directeur de
l'Enseignement supérieur a pu se rendre compte de la misère des
anciennes installations des Facultés des Sciences. Ch. Contejean
ne s’est guère occupé de recherches géologiques sur le Poitou,
pendant son long séjour dans cette région; une des principales
raisons est celle-ci : M. de Longuemar, ancien officier d’Etat-
Major, avait été chargé de la publication de la carte géologique
départementale par le Conseil général de la Vienne ; à cause des
bonnes relations qui s'étaient établies entre eux. Ch. Contejean ne
voulait pas marcher sur les brisées de son confrère, dont les prin-
cipales publications ont été faites surtout en 1866, 1870 et 1872.
Mais il étudia beaucoup la botanique systématique des environs
de Poitiers avec de grands amis des plantes, M. et Mme Guitteau.
En 1869, Contejean publiait son « Étude de l’étage Kimméridien
dans les environs de Montbéliard: additions et rectifications »
(Mém. Soc. d'Emul. du Doubs, Montbéliard, in-8°, 28 p.). L'ouver-
ture du chemin de fer de Delle et la découverte de nouveaux gise-
ments fossiles par des géologues amis, amenaïent l’auteur à voir que
la succession des dix sous-groupes, établis dans sa thèse, n’était pas
absolument exacte ; en réalité, il y a là des successions de faciès
différents plutôt que de véritables faunes distinctes.
Par suite de la nature de son enseignement, forcément un peu
universel, outre ses travaux sur le Jurassique du Jura septen-
trional, Contejean s'’occupait, à la même époque, de questions
scientifiques très générales, relatives aux classifications et aux
méthodes, à l’origine des terrains de sédiment, à l’origine et à
l'avenir de la terre, phénomènes diluviens, les premiers habitants
de l'Europe, phénomènes glaciaires, classification de Mammifères:
il publiait ainsi de nombreux articles dans les revues scientifiques.
Son amour des plantes le faisait s'intéresser à la Météorologie et
à la Physique du globe, aux variations de la température qui ont
tant d'influence sur les végétaux, comme le maximun de tempéra-
ture constaté à Poitiers le 24 juillet 1870, probablement la plus
1908 NOTICE SUR CHARLES CONTEJEAN 207
haute température constatée en France jusqu’en 1906. Je citerai en
particulier son étude : « La Lune rousse au Pays de Montbéliard »
(in-8°, 1868, Paris, J.-B. Baiïllière), où il conclut que le refroiïdisse-
ment printanier de cette lunaison n'offre en lui-même rien de par-
ticulier ni d'extraordinaire, et qu’il ne se distingue nullement des
abaissements de température analogues arrivant à d'autres époques.
I1 résumait son enseignement et ses idées, en publiant ses « Elé-
ments de géologie et de paléontologie » (Paris 1894, J.-B. Baillière.
in-8, 990 p., 467 fig.). La stratigraphie détaillée n'était pas déve-
loppée dans cet ouvrage, qui a cependant beaucoup servi avant la
publication du traité d'Albert de Lapparent.
En 1876, la chaire d'histoire naturelle de Poitiers fut dédoublée,
Contejean garda la géologie et la minéralogie.
Ch. Contejean s’est toujours beaucoup occupé de botanique : il
aimait à étudier le sol et les plantes qu'il porte. Il a publié de
nombreuses notes sur la dispersion des plantes dites calcifuges,
sur la flore du Grès de Fontainebleau, sur la présence simultanée
en un même lieu des plantes du calcaire associées à celles de la
silice, sur la soude dans le sol et dans les végétaux, sur des faits
de dispersion végétale observés en Italie. Il a résumé ses idées,
peut-être un peu absolues, sur la relation entre la constitution
chimique du sol et les espèces de plantes qui y poussent, en
publiant : « Géographie botanique. Influence du terrain sur la
végétation » (Paris, J.-B. Baïllière. 1887, in-%, 144 p.). Cet ouvrage
est la reproduction, avec additions et corrections, de deux articles
publiés dans les Annales des Sciences naturelles. Il renferme un
nombre considérable d'observations personnelles à l’auteur. Voici
un résumé de la question controversée. Les uns soutiennent que le
sol agit principalement en raison de son état physique et de son
mode mécanique de désagrégation ; le principal partisan de cette
idée était Thurmann, qui a exposé sa théorie pour la première fois
devant la Société géologique en 1847: et l’a développé en 1849 °.
Les autres admettent que l'influence chimique est prépondérante,
se basant sur les arguments que fournit la pratique agricole.
Contejean, après avoir admis au début les idées de Thurmann,
devint partisan de l'opinion contraire, c’est-à-dire que l'influence
physique ne vient qu’en seconde ligne. Les plantes du calcaire
exigent le carbonate de chaux (plantes calcicoles); les plantes de
la silice le repoussent avec énergie sans avoir un besoin particu-
lier de silice ou de toute autre substance minérale (plantes calci-
1. B.S.G.F., (2),t. IV, p. 575, séance du 5 avril 1843.
2. Essai de phytostatique appliquée à la chaîne du Jura et aux contrées
voisines, 2 vol. in-8°, Berne, 1849.
208 JULES WELSCH 27 Avril
fuges); les plantes indifférentes ne sont point repoussées par le
calcaire, mais ne le recherchent pas non plus. Ces trois catégories
peuvent être subdivisées pour faire la part de l'influence physique;
elles constituent la flore terrestre repoussée par le sel marin,
tandis que la flore maritime est fixée par cette substance.
Ch. Contejean fit partie d’un grand nombre de sociétés savantes,
de celles s’occupant en particulier de botanique ; mais il ne fut
jamais membre de notre Société.
Comme tout bon naturaliste, il a toujours aimé voyager, en
Italie, en Espagne, en Grèce, en Orient, en Tunisie et en Algérie,
ramassant des plantes pour son herbier, s'intéressant toujours à la
localisation des plantes sur certains sols. Il a quelquefois publié
des récits d’excursion, où l'on reconnaît un véritable lettré. Je
citerai seulement : « La mer d’Alfa, notes de voyage » (Nantes,
septembre 1885, 28 pages), qui est une peinture exacte d'une
tournée de naturaliste à Saïda et à Mécheria, sur les Hauts-
Plateaux oranais. |
Il s'intéressait toujours à son pays natal, publiant un glossaire
de son patois, etencore à sa géologie, comme le montre une note:
« Étude expérimentale sur les cailloux impressionnés » (CR. Ac.
Sc., CX, p. 811-813, 14 avril 1890) où il s'occupe des poudingues
tertiaires de Montbéliard.
Ch. Contejean quitta l’enseignement en 1890, après vingt-cinq
années passées dans la même chaire où je le remplaçai comme
chargé de cours. Il alla jouir de sa retraite dans sa ville natale.
- Son corps et son esprit étaient restés alertes, il avait conservé un
goût passionné pour les plantes, et il développa considérablement
son herbier général de 12.000 plantes. Cette magnifique collection
ne putêtre déposée au Musée de Montbéliard, comme c'était son
intention, faute d'un emplacement suflisant ; elle fut donnée à
l’Institut botanique de Besançon. Mais il établit quand même,
pour le Musée de sa ville, un herbier contenant toutes les espèces
de la flore des environs.
Ses études sur les plantes l'entraînaient à s'occuper toujours des
circonstances météorologiques qui influent tant sur leur biologie,
comme de l'hiver relativement rude de 1890-91, de la sécheresse
de 1893, etc.
En 1900, Contejean quitta son pays natal pour aller habiter à
Paris, auprès de sa fille et de son gendre, jusqu'à son décès sur-
venu presque subitement le 13 février 1907, dans sa quatre-vingt-
troisième année, laissant le souvenir d’un caractère très franc et
souvent rude, et d'un bon citoyen.
èry
TIRÉS A PART
La Société ne donne pas de tirés à part des notes publiées dans son Bulle-
tin; toutefois, les auteurs ont le droit d'en faire faire à leurs frais; la
demande doit en être faite sur le manuscrit , le Secrétaire se charge
de veiller à leur exécution.
Tarif des tirés à part sur papier du Bulletin sans couverture
25 ex. | 20 ex. | 75°ex. | 100 ex. | 150 ex. | 200 ex. | 250 ex.
Une feuille entière........ Gfr-30 |8fr 20 |rofr ro|rrfr 35 }x4tr-55|19fr-40| 2017.75
Trois quarts de feuille....|5 4o |7 » | 8 8o| 9 8ol12 Golr4 7519 »
Une demi-feuille......... 4050 15 995 | 7, »| 7: 9010 r10|11 . 35/12. 60
Un quart de feuille....... 3 85 |5' 10 | 6 10] 6 75! 7 go! 8 85| 9 85
Un huitième de feuille. ...|2 go |3 85 |»4 45| 5 10! 5 75! 6.35| 7 »
Les auteurs qui désirent une couverture doivent en faire la demande
spéciale, en indiquant le titre et la couleur; cette couverture leur est
facturée, en supplément, au prix du quart de feuille.
TABLE DES MATIÈRES (TOME VIII, Fascicure 3-4)
Séance du 2 Mars 1908 (Suite) :
Pages
L. Gentil. — Contribution à l'Étude stratigraphique du Maroc occi-
GENE RO AREA RE ee ee AT RS NT EE A RS
A. de Grossouvre. — Sur les sables granitiques des environs de
ROOMS ANR RSS RUN NS NE Jens qe PNR Por tee AU SRE
G. DozLzrus. — Observations. . . 67
G. B. M. Flamand. — Sur les grès dits à a. et à de du
TA VS AAA) UN ee AE AN RS PRE RTE RE RENAN 68
Id. — Note préliminaire sur le Jurassique de la région de Saïda
GépartementaOran) ne OR ere à ÿ ! 70
J. Blayac. — Note sur l'existence de formations récifales à à 14 Das du
Barrémien inférieur au dj. Taya et au dj. Debar, près Guelma (3 Jig..). 73
Séance du 16 Mars 1908 :
Proclamation de nouveaux membres : M P.H. FRiTEL, le LABORATOIRE
DE GÉOLOGIE DE L'UNIVERSITÉ DE LIÈGE . . À ù : 78
Carl Renz. — Existence du Lias et du Dogger dat l'ile de à Fédhalonte 18
R. Zeiller. — Sur un tronc de Cycadeoidea de l’Infracrétacé américain 78
A. Toucas. — Classification et évolution de Radiolitidés (Sauvagesia et
Br AdLO ILES) SNS MAUR Mere à à : 79
Edouard Harlé. — Faune on Saint: Sébastien Ho 82
Jourdy.— Note sur la découverte, par le capitaine Maury, de la Houille
TELE EGE SANS Sn AT CET CRM EU ER A RE AR ET"
(Voir la Suite page 4).
Henri Douviczé. — Observations . . . | RM EVER A
Jean Boussac.— La Transgression du Ldien je le Bacsin de Paris 85
G. Dorxrus, Léon Janet, H. Douvicré. — Observations. : . . . 86-87
Robert Douvillé — Observations sur les Faunes à Po aiibte du
sommet du Nummulitique italien (r0 fig., pl. ID). . . . . : . 88
L. Morellet. — Deux Algues siphonées verticillées du Thanétien de
Boncourt (Oise) (7 708:);\. 1020080 NE ANNEE ANNEE 96
Séance du 6 Avril 1908 :
Ploclamation de nouveaux membres : MM. G. NeGRE, Arnold Herm,
Et, PEROUX, FRRRONNIRRE 6 00) 2270 RS NS PEN AR ES SE RE
PAcuunpaxi, L. Genrir, J. Boussac, L. BERTRAND. — Présentations
d'ouvrages: Sr pale us A SRE sta ee AS
Jean Boussac. — Valeur stratigraphique de Nummulites lævi-
gatus: Loan T ANS ANR LS ROUEN SR AN INT Ten ES RER IN RTS 101
Pierre Termier. — Notes de tectonique tunisienne et constanti-
DO1SD D A) 0 SNA E QT Ra N I sea COR ANS SA AE
J. B£AYAC, PERVINQUIÈRE, L. BERTRAND. — Observations . . . . 123-124
Paul Combes fils. — Sur l'âge de quelques gisements de l'Orléa-
1 ERA CP à cX DAMON MARIO EN US ! À DR NET SAT
Jourdy. — Note sur les Argiles et | Sables FN NA des dablan de la
craie aux environs de Rouen (5 ig:): 1221440700 NS PEINE A2
Dozzrus. — Observations . . . . Ë RARE OA ARE EE
A. de Grossouvre. — Sur les Sables ARS du Bassin de Paris 136
Léon Bertrand. — Sur l'extension originelle probable des nappes
de charriage alpine dans les Alpes-Maritimes (1 fig). . ‘. . . . 436
E. Hauc. — Observation . . . ah EC AU L'ART AAA SHOT
Henri Jourdy. — Observations dk l'Extrême-Sud tunisien S fe) 144
Henri Douvillé. — Le Jurassique de l’'Extrême-Sud tunisien . . . 152
PERVINOUIÈRE: Observations 2507000 EAN ENT EAN
Séance générale annuelle du 27 Avril 1908 :
Proclamation d’un nouveau membre : M. AUBRUN . . . . . . . 155
LACAVEUX. Allocution (47510 PAR EEE DE ON NE DRE à fn à
M. Bouce. — Rapport sur l'attribution du Prix VE NAN TS 2 AUARSE
Pierre Termier. — Éloge de Marcel Bertrand. . . . . . . . 163
Liste des publications de Marcel BERTRAND. , + . . . . . . . 198
Jules Welsch. — Notice nécrologique sur Charles Contejean. . . 204
Lille. Imprimerie Le Bicor frères. — Le Gérant : L. MÉMIN
4
®
PA, À
NS
“
4: Série, t. VELE. — 1908. — N°5
BULLETIN
DE LA
DE FRANCE
(CETTE SOCIÉTÉ, FONDÉE LE 17 MARS 1830, A ÉTÉ AUTORISÉE ET RECONNUE COMME
ÉTABLISSEMENT D'UTILITÉ PUBLIQUE, PAR ORDONNANCE DU ROI DU 3 AVRIL 1832)
QUATRIÈME SÉRIE
TOME HUITIÈME
FASCICULE 5 :
Feuilles 14-20. — Planche III.
:
NT SEE) DRE,
CLS
Î Ar A ST 17
| À Le _
| V w Fa gr A (Ne VA
PARIS
AU SIÈGE DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE
28, rue Serpente, VI
1908
Z o
< CE EE CO EE ZE SE EE PER SET TUE CES LECTEUR DEN TOR TEE TOR DIET OT UD ETC EEE
PüB£ICATION MENSUELLE. Ocrosre 1908.
O
‘
La Planche III sera distribuée avec le fascicule 6.
7
EXTRAITS DU RÈGLEMENT DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE
“
>
EN . ART. 2. — L'objet de la Société est de concourir à l’avancement de la …
MA : Géologie en général et particulièrement de faire connaître le sol de la France,
tant en lui-même que dans ses rapports avec les arts industriels et l’agri-
culture.
ART. 3. — Le nombre des membres de la Société est illimité. Les Français
et les étrangers peuvent également en faire partie. Il n’existe aucune dis-
tinction entre les membres.
ART. 4. — Pour faire vartie de la Société, il faut s’être fait présenter dans
. une de ses séances per deux membres qui auront signé la présentation ,
È GS avoir été proclamé dans la seance suivante par le Président et avoir reçu le
HA diplôme de membre de la Société.
ART. 6, — Le Trésorier ne remet le diplôme qu'après l’acquittement du
droit d'entrée.
ART. 38. — La Société tient ses séances habituelles à Paris, de Novembre
à Juillet. ;
ART. 39. — La Société se réunit deux fois par mois (Le 1‘: et le 3° lundi
du mois). É
ART. 42. — Pour assister aux séances, les personnes étrangères à la
Société doivent être présentées chaque fois par un de ses membres.
ART. 46. — Les membres de la Société ne peuvent lire devant elle aucun
ouvrage déjà imprimé. ;
ART. 48. — Aucune communication ou discussion ne peut avoir lieu su
des objets étrangers à la Géologie ou aux sciences qui s’y rattachent.
ART. 50. — Chaque année, de Juillet à Novembre, la Société tiendra une
q ou plusieurs séances extraordinaires sur un point qui aura été préalablement
déterminé.
ART. 53. — Un bulletin périodique des travaux de la Société est délivré
gratuitement à chaque membre.
ART. 55. — ... Il ne peut être vendu aux personnes étrangères à la
Société qu’au prix de la cotisation annuelle.
à ART. 58. — Les membres n’ont droit de recevoir que les volumes des
années du Bulletin pour lesquelles ils ont payé leur cotisation. Toutefois, les
volumes correspondant aux années antérieures à leur entrée dans la Société,
leur sont cédés, après décision spéciale du Conseil et conformément à un
tarif déterminé.
ART. 60. — Quelle que soit la longueur des notes ou mémoires insérés au
Bulletin, les auteurs pourront en faire faire à leurs frais un tirage à part.
ra ON re ART. 93. — Chaque membre paye : 1° un droit d'entrée ; 2° une cotisation
‘OA annuelle ?.
Le droit d’entrée est fixé à la somme de 20 francs.
La cotisation annuelle est invariablement fixée à 30 francs.
de La cotisation annuelle peut, au choix de chaque membre, être remplacée
Ne par le versement en capital d’une somme fixée par la Société en assemblée
générale (400 francs).
— Sont Membres à Perpétuité les personnes qui ont donné ou légué à
A WRE la Société un capital dont la rente représente au moins la cotisation annuelle
: (minimum : 1000 francs).
1. Les personnes qui désireraient faire partie de la Société et qui ne
connaîtraient aucun membre qui püût les présenter, n’auront qu’à adresser
une demande au Président, en exposant les titres qui justifient de leur
1) admission.
M AE _2. Le Conseil de la Société, afin de faciliter le recrutement de nouveaux
membres, autorise, dorénavant, sur la demande des parrains, les personnes
ui désirent faire partie de la Société à n’acquitter, la première année, que
eur droit d'entrée en versant la somme de 20 fr. Le compte-rendu sommaire
des séances de l’année courante leur sera envoyé gratuitement ; mais ils ne
recevront le Bulletin que la deuxième année et devront alors payer la coti-
sation de 30 francs. Ils jouiront aussi des autres droits et privilèges des
membres de la Société.
NOTICE NÉCROLOGIQUE SUR MaAvEer-EymaR
PAR Robert Douvillé
Les habitués de nos séances et de nos réunions extraordinaires
se souviennent encore de la pittoresque silhouette de Charles
Mayer. Bien que de deux générations plus jeune j'ai conservé un
souvenir très vivant de ce vieillard qui était, pour nous qui
venions à peine de quitter les bancs de l’école, comme un des
derniers survivants des temps héroïques de la Stratigraphie.
Cet élève direct d'Élie de Beaumont et d'Alcide d’Orbigny
nous faisait encore, en 1902, à la Société géologique de France,
une communication sur la coupe de Biarritz et en 1905 suivait
avec aisance notre Réunion extraordinaire à Turin. De ses
longues pérégrinations à travers presque tous les pays méditerra-
néens il avait à la fois rapporté des connaissances paléontolo-
giques variées et précises et des allures originales. Appuyé sur
son marteau-pioche, deux ou trois sacs à fossiles en bandoulière
ou à la main, la veste sur l'épaule, il s’en allait la démarche
parfois un peu hésitante, de sorte quil était fort plaisant de
contempler ce vieux savant philosophe. Charles Mayer — ou
plutôt Mayer-Eymar — pour le désigner sous le pseudonyme qu'il
s'était lui-même choisi, avait à 8o ans, toute la vivacité d'esprit
d’un jeune homme et ses réparties fort alertes avaient vite fait de
le rappeler à ceux qui eussent été tentés de lui témoigner quelque
irrévérence.
Il eût été, je crois, difficile d’être plus foncièrement naturaliste
que Mayer-Eymar. Récolter et classer les coquilles était sa grande
affaire en ce monde. Né à Marseille en 1826 de parents origi-
naires de St-Gall, il passa une partie de son enfance à Rennes où,
Marie Rouault, ce collectionneur émérite, lui dévoila le monde
des fossiles. Revenu en Suisse, il étudia à l'Université de Zürich
et aida Escher de la Linth à classer les collections du Musée
universitaire. C’est ensuite seulement (1851-54) qu'il revint com-
pléter ses études à Paris.
Là, il fréquenta assidûment Élie de Beaumont, Valenciennes et
Alcide d’Orbigny. Toute sa vie il resta un disciple fervent de ce
dernier. En 1858, il entra comme assistant au Polytechnicum de
Zürich. Suecessivement conservateur des collections et privat-
docent, il fut nommé professeur ordinaire en 1875. Il mourut le
7 Septembre 1908. — T. VII. Bull. Soc. Géol. Fr. — 14.
210 ROBERT DOUVILLE 27 Avril
25 février 1907, après 32 ans de professorat. Toute sa vie avait été
consacrée à récolter et à étudier les fossiles dont s’enrichissaient
au fur et à mesure les collections du Polytechnicum.
Les travaux de Mayer-Eymar portent principalement sur la
stratigraphie et la paléontologie des temps tertiaires. Il publia
dans le Journal de Conchyliologie, les Bulletins de la Société géolo-
gique belge et allemande et dans les divers périodiques suisses,
une foule de petites notes où il décrivait et revisait des espèces
fossiles. En même temps il publiait un certain nombre de mémoires
stratigraphiques. L'un des derniers fut celui qu'il publia en 1902
dans notre Bulletin et où il établit des parallélismes fort intéres-
sants entre la série de Biarritz et les autres séries de l’Europe
méditerranéenne. Il avait l'habitude de condenser les résultats de
toutes ses études en de grands tableaux autographiés qu'il distri-
buait largement. Les parallélismes détaillés qu'il établissait dans
ces tableaux restent à l'heure actuelle la partie la plus originale
et la plus féconde de son œuvre. Il était arrivé du premier coup,
tant ses connaissances paléontologiques étaient abondantes et
précises, à établir presque exactement les subdivisions actuelle-
ment adoptées pour les terrains tertiaires. Il s'était toujours refusé
à accorder la moindre individualité à l’Oligocène — conclusion
inévitable pour tout naturaliste médiocrement familier avec les
faunes de Mammifères terrestres. Il divisait les temps tertiaires en
deux systèmes : Nummulitique et Mollassique — ou Miocène. —
Quant à ses étages : Aquitanien 1857, Langhien 1867, Helvétien
1857, Tortonien 1857 et Messinien 1867, ils ont été presque univer-
sellement adoptés.
Malheureusement et, surtout sur la fin de sa vie, Mayer-Eymar
avait adopté trop étroitement la vieille théorie de l’équivalence
des périhélies et des étages géologiques. Il voulait voir dans
l’oscillation périodique de l’axe des pôles la raison unique de la
variation des faunes et s’ingéniait à trouver dans chaque étage deux
subdivisions : une inférieure froide, une supérieure chaude. Par-
tant de là, il prétendait calculer exactement la durée des diffé-
rentes périodes géologiques. Cette théorie n’a rencontré que peu
d’adhérents. Outre que cette subdivision en deux de tous les étages
ne paraît nullement exister, il est certain qu'il y a eu toujours
continuité parfaite entre les différentes formations géologiques
chaque fois qu'il n'existe ni lacune ni changement de faciès.
Charles Mayer « tertiairiste » comme il aimait à s'appeler lui-
même, avait parcouru à peu près tous les pays méditerranéens et
alpins. Il avait notamment visité un grand nombre de fois l'Egypte
1908 NOTICE SUR MAYER-EYMAR 211
qu'il chérissait particulièrement pour sa richesse en fossiles et la
douceur de son hiver. C'est en revenant d’un dernier voyage dans
la vallée du Nil qu'il contracta un refroidissement en Sicile. Il
mourut des suites de cette maladie peu de temps après son retour
à Zürich.
Nora. — La notice de M. Sacco (Bull. Soc. géol. ital., vol. XXVI, 1908),
comporte une liste bibliographique détaillée de l’œuvre de Mayer-Eymar.
NOTICE NÉCROLOGIQUE
SUR PAUL GERVAIS DE ROUVILLE
PAR À. Delage
Le 29 novembre 1907 comptera parmi les dates douloureuses
que la Société géologique de France enregistre dans ses annales
et dont elle garde si pieusement lé souvenir. Ce fut, en effet, ce
jour-là que son vénéré doyen, P.-G. de Rouville, s’éteignit à
Montpellier dans sa quatre-vingt-cinquième année.
De Rouville appartenait à la Société depuis 1846. Il fit toute sa
carrière professorale, de 1862 à 1894, à la Faculté des sciences de
Montpellier, où il occupa la chaire de Géologie et de Minéralogie.
Il y exerça aussi le décanat pendant de longues années et, lorsqu'il
prit sa retraite, l’honorariat de ses deux fonctions de professeur et
de doyen lui fut conféré. Il était chevalier de la Légion d'honneur
depuis 1870.
Paul Gervais de Rouville naquit le 25 mai 1823, à St-André-de-
Valborgne (Gard). II fit à Paris, au lycée Charlemagne, en qualité
d’externe, de solides et brillantes études, dont il se ressentit toute
sa vie. Il prit soin d'ailleurs d'entretenir cette bienfaisante
influence de ses humanités ; il aimait ses classiques ; il les fréquen-
tait et leur demandait souvent, comme il se plaisait à le dire, un
regain de jeunesse. Ce fut sans doute à ce commerce intime et si
doux que son esprit dut de conserver jusqu’au bout toute sa finesse
et toute sa fraîcheur.
Cependant les préférences de P. de Rouville allèrent toujours à la
science. La géologie l’attira de bonne heure et aussitôt il s'éprit
d'elle passionnément. On peut dire que, depuis lors, il lui a gardé
une fidélité à toute épreuve: qu'il avait même fini par vivre
presqué exclusivement pour elle et quesi, en mourant, il a emporté
212 A. DELAGE 27 Avril
quelques regrets, le plus cuisant peut-être a été celui de ne plus
pouvoir la servir.
Dès ses débuts, P. de Rouville laissa deviner ce que lui réservait
l'avenir. Sa grande intelligence, son puissant esprit d'observation,
sa mémoire extraordinaire, son énergie physique, ses précieuses
relations dans le monde savant, ses moyens de fortune, tout le
désignait et le soutenait pour un rôle scientifique retentissant.
Il a été, en effet, un des hauts représentants de la géologie
française ; il a laissé un nom glorieux. Ce nom pourtant, il eût pu
lui donner encore plus d'éclat, s’il ne s'était laissé dominer par sa
modestie, qui ajoutait beaucoup, il est vrai, au charme de sa per-
sonne, mais qui a dû, plus d'une fois, faire échec à sa très remar-
quable largeur de vues. D’autres, doués comme lui, se seraient
peut-être laissé tenter par les excursions lointaines, par la descrip-
tion de quelque vaste région, par la solution de quelque grand
problème. Il préféra, lui, exercer son activité dans un domaine
plus restreint, convaincu qu'il était qu'il n'y a point de petits
moyens parmi ceux quisont mis consciencieusement au service de
la science. ÿ
La méthode de travail qu’il adopta dès l’origine et dont il ne
s’est pas écarté depuis, c'était, comme il le disait lui-même, la Géo-
logie par petits paquets, les monographies géologiques, les études
détaillées et successives de questions aboutissant à un ensemble,
choisi d'avance et pas trop grand, pour avoir le temps de l’achever
et de le bien faire. Cette méthode était, à ses yeux, excellente et il
ne manquait point l'occasion d'en préconiser l'emploi. La vérité
est, qu'entre ses mains, et appliquée avec une ardeur qui ne se
ralentit jamais, elle a abouti à un résultat magnifique, et ce
résultat, quoi qu'il ne soit guère que celui de l'étude d’un territoire
relativement peu étendu, donne bien l'idée de l'immense labeur
qu'il a nécessité.
De Rouville se voua surtout à la Géologie du département de
l'Hérault. Il ne se priva point, en vue de comparaisons nécessaires,
de porter ses investigations dans les départements voisins, d’où il
rapporta même quelquefois la matière de publications importantes;
mais son principal, on pourrait presque dire son unique but,
auquel correspond d’ailleurs le principal de son œuvre, ce fut
d'établir la constitution géologique de l'Hérault.
Lorsqu il entreprit cette tâche, il n'en ignoraïil point les difficultés,
Il savait déjà, par les travaux de ses prédécesseurs et par l'aperçu
qu'il en avait pris lui-même, qu’au point de vue géologique, le
département de l'Hérault est un des plus riches de France. Si l’on
1908 NOTICE SUR P.-G. DE ROUVILLE 213
en excepte, en effet, les formations crétacées comprises entre le
Néocomien et le Danien, tous les autres grands termes de la série
générale y sont représentés depuis l'Archéen jusqu'aux produits
actuels. Mais ceci n’était point fait pour l'arrêter, au contraire. Il
se mit donc à l'œuvre, résolu à y consacrer tous ses efforts, et à y
utiliser tous les bienveillants concours qu’il susciterait ou qui
viendraient à lui d'eux-mêmes.
De Rouville a successivement publié un nombre considérable de
travaux, consistant en ouvrages d'ensemble, cartes géologiques,
notes ou mémoires. Ces travaux ont paru, soit directement chez des
éditeurs, soit dans les Comptes Rendus de l’Académie des sciences,
le Bulletin de la Société géologique de France, les Mémoires de
l'Académie des sciences et lettres de Montpellier, le Bulletin de la
Société languedocienne de géographie, etc.
La plupart des travaux qu'il publia furent exclusivement son
œuvre ; il fit les autres en collaboration avec ceux de ses amis qui
lui avaient inspiré confiance ; mais, soit dit en passant et une fois
pour toutes, si, à propos de ces travaux faits en commun, de
Rouville s'est plu à reconnaître très généreusement la part qui
revenait à chacun de ses collaborateurs, la part qu'il y a prise lui-
même et la façon dont il a inspiré et dirigé les recherches ont tenu
une si grande place, que le résultat doit lui en être rapporté
presque tout entier.
Un compte rendu analytique de toutes les publications de P. de
Rouville serait sans doute intéressant ; mais outre qu'il ne tien-
drait pas dans les limites de cette notice, il n’ajouterait pas, je
crois, grand’chose à l'intérêt de résumé qu'on peut faire de ses
œuvres les plus marquantes.
Sa première production importante fut sa thèse doctorale, qu'il
soutint en 1853 et qui consista dans la QC Description géologique
des environs de Montpellier ». Si le territoire décrit est assez res-
treint comme surface, en revanche, il embrasse les afileurements
de formations nombreuses et variées. Celles-ci comprennent, en
effet, la série liasique depuis le Sinémurien supérieur inclus, la
série oolithique jusqu'au Tithonique à Terebratula moravica, le
Néocomien, le Tertiaire lacustre (Eocène et Oligocène), le Miocène,
le Pliocène, le Quaternaire et les produits actuels. Cette thèse est
très intéressante et précieuse, non seulement par le nombre et
l'importance des faits qui y sont consignés et par la façon dont ils
y sont discutés, mais encore par la valeur toute particulière des
pages que l’auteur y a consacrées à la bibliographie. Enfin, l’en-
214 A. DELAGE 27 Avril
semble témoigne de la sincérité et de la précision que de Rouville
savait apporter en toutes choses.
Après la soutenance de sa thèse, de Rouville se lança aussitôt
dans la recherche des éléments qui devaient lui servir à établir ce
qu'il a appelé plus tard Anatomie stratigraphique du département
de l'Hérault » et, à partir de 1862, date de sa prise de possession
de la chaire de géologie, son activité ne connut plus de bornes. Il
arpenta son département dans tous les sens et ne laissa, on peut le
dire, aucun recoin inexploré. Le nombre des documents de toutes
sortes, qu'il rapporta de ses voyages, fut bientôt colossal. Il avait
dès ce moment en mains tout ce qui lui était nécessaire pour le
grand travail d'ensemble auquel il avait songé, c'est-à-dire la
Carte géologique du département de l'Hérault. Cette carte ', à
l'échelle de 1/80000, fut publiée en 1575, sous les auspices du
Conseil général de l'Hérault, qui vota les fonds nécessaires à sa
publication.
Au dire de tous ceux qui s’en sont servis, et ils sont légion, la carte
de Rouville, comme on l'appelle familièrement, a rendu et est
appelée à rendre encore longtemps de précieux services, non seu-
lement parce que les contours de toutes les formations géologiques
de l'Hérault y sont relevés avec une fidélité scrupuleuse, mais
parce que la carte comprend quatre feuilles séparées, représentant
respectivement chacun des quatre arrondissements de l'Hérault,
et parce que les limites de chaque carte particulière coïncident
avec les limites administratives de l'arrondissement auquel elle se
rapporte. Cette disposition donne à chaque carte d'arrondissement
et à la carte d'ensemble une commodité des plus appréciées.
De Rouville essaya ultérieurement de vulgariser la connaissance
des documents géologiques qui lui avaient fourni les éléments de
sa carte, dans plusieurs opuscules qu'il publia à des dates assez
espacées. Ce fut d’abord l’€Introduction à la description géolo-
gique du département de l'Hérault» (1896) ; puis «Notions élémen-
taires de géologie » (1889); enfin «l'Hérault géologique » (1894),
qui fut le dernier grand travail de l'illustre savant. CL'Hérault
wéologique » comprend un volume de texte explicatif où, sans
cesser d'être rigoureusement scientifique, l'auteur s'adresse à tout
le monde. Il y a donc employé un langage accessible à tous et sous
celte forme à la fois élégante, pittoresque et agréable dont il avait
le secret. Au volume de texte, intitulé : (Formation du territoire »,
s'ajoute un Atlas d'anatomie stratigraphique du territoire de
1 En collaboration avec Emilien Dumas, de Sommières, pour la région
Cabrières-Neffies.
1908 NOTICE SUR P.-G. DE ROUVILLE 215
l'Hérault». Cet atlas comprend deux volumes où de Rouville a
réuni tous les dessins et toutes les coupes qu'il a rapportés de ses
excursions dans le département. Ces documents sont si nombreux
que j'ai dû renoncer à les compter. Ils constituent un ensemble
des plus précieux, dont beaucoup de personnes ont déjà tiré profit,
et où nos successeurs trouveront des renseignements de la plus
haute valeur. S'il en était besoin, cet atlas, à lui tout seul, donne-
rait la mesure du labeur fourni par notre regretté doyen.
En dehors de la Carte géologique de l'Hérault et des ouvrages
descriptifs qui lui ont été annexés, on doit à de Rouville une quan-
tité d’autres travaux non moins intéressants. Je citerai, à peu près
dans leur ordre chronologique : la Carte géologique de St-Affrique
(Aveyron). — La Carte géologique, à 1/20000, des environs de
Montpellier (1859). — Une autre carte géologique des environs de
Montpellier (1880). — La Carte géologique de l'Aude, à l’établis-
sement de laquelle M. de Rouville apporta une collaboration très
active et très importante, ainsi qu à l'explication de ladite carte.
— Une carte en couleurs de l'Hérault, considéré au point de vue
agricole. — Je citerai encore : Une « Note sur le Permien de l’Hé-
rault » (B. S. G. F., 1873). — « L’horizon armoricain dans la
région de Cabrières » (B. S. G. F., 1887). — « Monographie de la
commune de Cabrières » (Acad. des Se. et Lett. de Montp., 1887).
— «L'horizon de Montauban-Luchon à Cabrières (CR. Ac. Sc..
1887). — « Sur un horizon à Trinucleus du Glauzy » (CR. Ac. Sc.,
1688), note où l’auteur fait connaître pour la première fois l’exis-
tence de l’étage de Caradoc dans le Silurien de l'Hérault. — «Le
genre Amphion à Cabrières » (CA. Ac. Sc., 1889). — « Sur la
découverte du Pleurodyctium problematicum à Cabrières » (B. S.
G. F., 1889), note appelant l'attention sur une formation schis-
teuse, qui fut étudiée de plus près par la suite et où fut constatée
(communication à l’Académie des Sciences et Lettres de Mont-
pellier, juillet 189) la coexistence singulière d’une flore du Culm
et d'une faune paraissant être entièrement coblencienne et où,
dans tous les cas, il n’a pas été reconnu un seul fossile carboni-
ière. — « Pétrographie de l'Hérault ; les porphyrites de Gabian »
(CR. Ac. Sc., 1888, et B. S. G. F., 1889). — « Géologie de la
région de Cabrières », avec carte géologique à 1/40 000 (Mont-
pellier, 1592), grand mémoire consacré à la description, complétée
et mise au point, de toutes les formations géologiques de ladite
région, surtout ses formations primaires. — «Note sur les terrains
éocène et oligocène de la région de Montpellier » (B.S.G.F.
1896). Cette note, consacrée à un sujet déjà traité par l’auteur en
216 A. DELAGE 27 Avril
1853, a eu pour objet la mise au point de la question, en tenant
compte des notions acquises depuis lors.
« Géologie de la région du pic St-Loup », avec carte géologique
à 1/40000 (Acad. des Sc. et lett. de Monip., 1893), mémoire
auquel P. de Rouville, contrairement à son habitude, disait tenir
beaucoup, non seulement pour le nombre des formations qui y
sont décrites, mais pour le magnifique exemple qui y est relevé
d'un soulèvement en dôme ou en ampoule très localisé. La
voûte, ultérieurement enlevée, est remplacée aujourd'hui par une
immense combe en forme de cirque un peu allongé. Au fond de la
combe se montre, ayant seul conservé sa voûte, le plus ancien
étage jurassique, visible dans le département de l'Hérault ; c'est le
Sinémurien supérieur. Si, de cet affleurement sinémurien, on sort
de la combe dans une direction quelconque, on franchit et on voit
les tranches de tous les termes de la série jurassique, sans lacune,
jusqu’au Tithonique inclusivement. Tout cela, dans un rayon ne
dépassant pas 1500 mètres. Dans ce même mémoire est fournie
une preuve de la discordance du Néocomien et du Tithonique. —
« Les terrains primaires de l'arrondissement de St-Pons, Hérault »,
(1894), travail ayant fait l'objet de plusieurs notes à l'Académie des
sciences et d'un grand mémoire avec carte géologique, où P. de
Rouville contribua pour une très large part à faire connaître la
composition et l’étendue du Cambrien de l'Hérault.
J'arrêterai ici cette liste, que je pourrais allonger beaucoup,
pour dire quelques mots des publications de P. de Rouville dans
le Bulletin de la Société languedocienne de Géographie. Ces publi-
cations, outre l'intérêt spécial qu'elles présentent, témoignent de
la souplesse de son esprit, de la facilité avec laquelle il traitait les
questions les plus variées et de la façon dont il savait s'y prendre
pour les vulgariser. Les seuls titres de quelques-unes d’entre elles
en donneront une idée suflisante : « Atlas historique du Langue-
doc; quelques questions de géographie physique » (1898). « Le
port d'Aigues-Mortes avant St-Louis » (1880). — « Quelques mots
de géographie rationnelle » (1896-97). — « La Géographie inspira-
trice de théories géologiques » (1898). — « Une application de géo-
graphie rationnelle ; le canton du Caylar » (1898). — « Un résumé
de l’histoire du Globe ; le canton de Roujan » (1899). — « Une sta-
tion géologique, archéologique et médicale ; les Fumades, près
Alais, Gard » (1899), etc.
L'ensemble de ces publications de P. de Rouville ne constitue pas
son seul droit à la reconnaissance de la science ; d’autres services
doivent lui être rapportés. Au cours de ses études stratigra-
1908 NOTICE SUR P.-G. DE ROUVILLE 217
phiques, il recueillit lui-même et fit recueillir sous sa direction un
nombre considérable de fossiles. Je sais, sans être en mesure de
préciser, qu'il envoya successivement les plus intéressants de ces
fossiles à plusieurs éminents paléontologistes, ses amis, dont il
connaissait la compétence spéciale, en les priant d’en faire l'étude.
Ces documents firent ainsi l’objet de mémoires de la plus haute
valeur, qui vinrent éclairer les descriptions des terrains d'où
provenaient les fossiles et apporter de précieux compléments à la
connaissance de la géologie de l'Hérault.
L'idée n’est certainement pas venue à P. de Rouville que ces
envois pourraient jamais lui être comptés, à un degré quelconque,
pour une collaboration aux travaux paléontologiques qui en sont
issus. Pourtant, c'en est une, et si elle n’est que très indirecte, il
m'a paru qu'elle était quand même méritoire.
Enfin, un autre très important produit de l’activité de P. de
Rouville fut la correspondance qu'il trouva le temps d'entretenir
avec les géologues de tous les pays. Cette correspondance, si elle
avait pu être réunie, fournirait aujourd’hui la matière de plusieurs
gros volumes. Jamais banale, elle fut, au contraire, un échange
régulier et presque au jour le jour, de renseignements, de vues,
d'idées, de conseils, qui, bien classés. auraient constitué un docu-
ment historique de tout premier ordre. Malheureusement il n’en
reste rien. Soit qu'il eût suffisamment confiance en sa mémoire,
soit pour tout autre raison, de Rouville détruisait ses lettres. Mais
le rôle qu'il joua dans cette correspondance, c’est-à-dire, ce qu'il y
donne de son savoir, ne put évidemment que profiter à la science.
Chez de Rouville, le savant était doublé d’un professeur que son
élocution facile et brillante et sa vaste érudition rendaient émi-
nent. Toujours au courant des progrès de la géologie et des publi-
cations nouvelles, il excellait à donner à ses leçons le piquant de
l'actualité et à les émailler d’anecdotes scientifiques et de généra-
lisations ou vues d'ensemble, qui sont un si puissant attrait pour
les auditeurs. Le nombre de ceux-ci ne lui était point indifférent; il
le souhaitait toujours plus grand, non point certes par vanité per-
sonnelle et pour s’en prévaloir, mais pour avoir un terrain
toujours plus vaste où jeter la bonne et abondante semence. Ses
élèves, dont quelques-uns deyinrent ses collaborateurs, d’autres
ses collègues, et qui tous sont restés ses amis, ont gardé de son
enseignement théorique et pratique un souvenir impérissable. Ils
aiment se rappeler son enthousiasme d’apôtre: ils disent que sa
facon de saisir et de sentir était à la fois si intense et si commu-
nicative que, charmés, ils le suivaient avec bonheur, même les
218 A. DELAGE 27 Avril
jours d'excursion, où il leur faisait fournir des étapes souvent
pénibles, sous le prétexte qu'il leur fallait bien aller à la mon-
tagne, puisque la montagne ne voulait pas venir à eux.
De Rouviile était aussi très enclin, je ne dirai pas aux discus-
sions, mais aux méditations philosophiques. L'évolution générale
de la terre, racontée par la géologie, et le haut enseignement qui
s'en dégage le passionnaient. Il y pensait sans cesse et sa pensée
s'y délectait. Il y voyait le sujet le plus grandiose et le plus
fécond qui pût être offert aux investigations et aux réflexions
des penseurs, épris de philosophie naturelle. Mais il était
avant tout pour la prudence, pour que chacun restàt toujours
le maître de son imagination et n'aflirmât jamais rien qui ne
lui parût scientifiquement démontré. En d'autres termes, il
possédait au plus haut degré l'esprit scientifique ; il se méfiait
des déductions prématurées ; il était avec ceux qui pensent
que le jour des conclusions générales et définitives, s’il doit jamais
venir, est extrêmement éloigné, et que la Géologie, si riche pour-
tant de découvertes merveilleuses, n’a encore soulevé qu'un tout
petit coin du grand voile qui nous cache le passé.
Il regrettait sans doute, comme tant d’autres, de ne pas savoir
et de ne pas pouvoir davantage, mais ce regret n'a jamais troublé
son sangfroid. Il avait même une façon assez originale de se
consoler de son ignorance et de son impuissance, c'était de les
constater à haute voix. IL lui arrivait, en effet, très souvent, lors-
qu'il se croyait à l'abri de toute oreille indiscrète, de répéter
plusieurs fois de suite, et tout haut, se parlant à lui-même : «Je
ne sais pas; je ne peux pas »; ce qui nous fournissait l’occasion
de le faire rire, en lui criant : Vous n'êtes pas seul dans ce cas,
Monsieur le Doyen.
Enfin, je dois à la mémoire de P. de Rouville de rappeler, tout
particulièrement, la fierté et l'immense joie qu'il éprouva, lors-
qu'en 1868. il reçut à Montpellier la Société géologique de France.
IL tenait cet événement pour un des plus grands et des plus heureux
de sa vie scientifique. Il fut si touché par cette visite, si touché
aussi par les marques de sympathie qui lui furent alors prodi-
guées, et qui lui ont été continuées depuis par tant d'amis, qu'il
avait voué à ses confrères, aux vivants, comme aux chers et illus-
tres disparus, une reconnaissance infinie. Je l'ai si souvent
entendu, lorsqu'il en parlait, leur dire de loin merci, qu'il me
semble remplir un devoir en le redisant ici, une dernière fois,
pour lui.
1908 NOTICE SUR P.-G DE ROUVILLE 210
Tel fut le savant et telle fut, à peu près son œuvre, car je l’ai
bien incomplètement résumée. Qu'il me soit permis, en terminant,
de faire ressortir en quelques mots ce que fut l'homme. Ce ne sera
pas difficile. Il me suflira, en eflet, de dire qu’il incarna tout sim-
plement la courtoisie et la bonté. Il n'attendait pas les occasions
de se rendre utile ou agréable; il allait au-devant; illes recherchait.
Faire le bien et rien que le bien, fut sa devise. Sa belle âme
n'a pas connu une défaillance ; elle n'était accessible qu'aux sen-
timents les plus nobles et les plus élevés. Tous ceux qui l'ont
connu l'ont aimé. Aussi son nom fut-il des plus populaires, des
plus sympathiques et des plus respectés. Dans cette région lan-
guedocienne, sa petite patrie, qu'il a honorée par ses vertus et
servie par son labeur, le sentiment unanime est que P. de Rouville
figure au premier rang de ces hommes, devant lesquels on se plait
à prosterner son admiration et sa reconnaissance, et qu'on se glo-
rifie de saluer comme on salue lhonneur. La Société géologique
de France, qui l’a compté parmi ses membres pendant 61 ans,
s'associera au jugement de cette petite patrie, que l’illustre savant
et excellent homme aimait, comme il adorait sa grande patrie, la
France.
LISTE DES PUBLICATIONS DE P. DE ROUVILEE
1853 .— Description géologique des environs de Montpellier. Thèse docto-
rale, Montpellier.
1853. — Monographie du genre Lolium. Seconde thèse pour le doctorat ès
sciences naturelles, Montpellier. ,
1853. — Note sur les tufs volcaniques en général et sur ceux de Montferrier
en particulier. Acad. des Sc. et Lett. de Montpellier.
1853. — Quelques observations sur ce qu’on doit entendre par corps orga-
nisé fossile. Acad. des Se. et Lett.de Montpellier.
1854. — Lettre à l’Académie des Sciences pour la prier de déterminer le
meilleur système de paratonnerres à établir sur le Palais de l'Industrie.
CIRNACESC: -
1857. — Note sur le Trias de Saint-Affrique (Aveyron) et de Lodève
(Hérault). CR. Ac. Se.
1858 — Géologie de l’arrondissement de Saint-Affrique (Aveyron), en
collaboration avec M. Reynès. Acad. des Sc. et Lett. de Montpellier.
1858. — Présence du mercure dans le sous-sol de Montpellier. CR. Ac. Sc.
1858. — Carte géologique de Saint-Affrique (Aveyron).
1859. — Carte géologique à 1/20 000 des environs de Montpellier.
1862. — Note sur la carte géologique de l’arrondissement «le Lodève, en
collaboration avec Emilien Dumas. CR. Ac. Sc.
1563. — Esquisse d’une histoire de la géologie. Montpellier.
220 BIBLIOGRAPHIE 27 Avril
1863. — Eloge historique de Marcel de Serres. Montpellier.
1866. — Observations relatives à une note de M. Leymerie sur un nouvel
étage à introduire en géologie. CR. Ac. Sc.
1866. — Sur la constitution géologique des terrains situés aux environs
deSt-Chinian. Lettre à Elie de Beaumont. CR. Ac. Sc.
1866. — Note sur le système d’argile des environs de Bize et de St-Chinian.
CR. Ac. Sc.
1866. — Sur le gite ossifère de Montredon (Hérault). B. S. &.F.
1868 — Compte rendu de la session extraordinaire de la Société géolo-
gique de France à Montpellier, octobre.
1892. — L'enseignement de la Géographie dans nos écoles primaires. CR.
Ac. Sc.
1872. — Sur l’âge des calcaires de la Valette, près Montpellier. B. S. G.F.
1872. — Sur la carte géologique de l’arrondissement d’'Uzès (Gard) par
E. Dumas. Lettre à M. Parran. B.S. G. F.
1892. — Sur un tableau des terrains du Gard, dressé par E. Dumas. Lettre
à M. Hébert. B. S. G. F.
1872. — Idées d’Emilien Dumas touchant les relations du Néocomien et de
l’Aptien. Lettre à M. Jules de Malbos. B. S. G.F.
1872. — Sur les dolomies oxfordiennes et les calcaires à Terebratula
moravica dans l'Hérault. B. S. G. F. |
1872. — Sur le Néocomien du département de l'Hérault. B. S. G.F.
1873. — Sur les terrains jurassiques supérieurs du département de
l'Hérault. CR. 4c. Sc.
1893. — Sur la formation tertiaire supra-nummulitique du département de
l'Hérault. CR. Ac. Sc.
1873. — Sur le Permien de l'Hérault. B. S. G. F!.
1874. — Introduction à la description géologique du département de
l'Hérault. Montpellier.
1895. — Carte géologique et minéralogique du département de l'Hérault.
Montpellier.
1856. — Introduction à la description géologique du département de
l'Hérault, 2° édition. Montpellier.
1876. — Notice géologique sur le département de l'Hérault. Revue des
Sciences naturelles, Montpellier.
1896. — Notice biographique sur Paul Tournal, secrétaire de la Commission
archéologique 2t fondateur du Musée de Narbonne. Narbonne.
1877 — Essai d’une histoire de la formation progressive du sol de
l'Hérault. Revue des Sciences naturelles, Montpellier.
1878 — Notice sur le sol de Montpellier. Rev. des Sc. nat., Montpellier.
1898. — Atlas historique du Languedoc. Quelques questions de géographie
physique. Bull. de la Société languedocienne de Géographie. Montpellier.
1878 — Résumé d’une Étude critique de M. Viguier sur la grèle, Bull. de
la Soc. langued. de Géogr., Montpellier.
18798. — Allocution à l’Assemblée générale de la Société languedocienne
de Géographie, Montpellier.
1879. — Discours prononcé à la séance solennelle de distribution des
récompenses, décernées à l’occasion de l'Exposition régionale de Géographie,
qui s’est tenue pendant la durée du Congrès. Bull. de la Soc. langued. de
Géogr.. Montpellier.
1879 — Sur deux échantillons de cristaux naturels de sulfate de magnésie
(Epsomite) de dimensions remarquables. CR. Ac, Sc..
1908 BIBLIOGRAPHIE 291
1889. — Carte géologique des environs de Montpellier, Montpellier.
1880. — Carte en couleurs de l'Hérault, considéré au point de vue agricole.
Montpellier.
1880 — Le port d’Aigues-Mortes avant St-Louis. Bull. de la Soc. langued.
de Géogr., Montpellier.
1882. — Phosphates de chaux de la Gardiole, près Montpellier. Revue des
Sc. nat., Montpellier.
1883. — Note sur la réunion extraordinaire de la Société géologique de
France à Charleville. Revo. des Sc. nat., Montpellier.
1884. — Note sur la Session extraordinaire de la Société géologique de
France à Aurillac (Cantal). Lettre à M. Viguier, préparateur de la chaire de
Géologie et de Minéralogie à la Faculté des Sciences de Montpellier. Rev.
des Sc. natur., Montpellier.
1886. — Sur les formations paléozoïques de Cabrières-Neffiès. CR. Ac. Sc.
1886. — Sur le poudingue de Palassou. B.S.G.F.
1887. — L’horizon silurien de Montauban-Luchon, à Cabrières. CR. Ac.
1837. — Prolongement du massif paléozoïque de Cabrières dans la si
occidentale du département de l'Hérault. Silurien et Dévonien. CR. Ac. Sc.
1887. — Extension du Terrain carbonifère à l’ouest de l'Hérault. Considé-
rations stratigraphiques générales. CR. Ac. Sc.
1887. — Monographie géologique de la commune de Cabrières. Montpellier.
1887. — L’horizon armoricain dans ia région de Cabrières. B S.G.F.
1888. — Note complémentaire sur le prolongement du massif paléozoïque de
Cabrières dans la région occidentale du département de l'Hérault. CR. Ac. Sc.
1888. — Deuxième note complémentaire sur les terrains paléozoïques de
l'Hérault. CR. Ac. Sc
1888. — Pétrographie de l'Hérault ; les porphyrites de Gabian, en collabo-
ration avec M. DerAce. CR. Ac. Sc.
1888. — Sur un horizon à Trinucleus, du Glauzy (Hérault). CR. Ac. Sc.
1888. — Les formations paléozoïques de la région de Cabrières, par le D:
Frech, de Berlin. B. S. G.F.
1888. — Sur le Permien de l'Hérault. B. S. G. F.
1888. — Note sur la région paléozoïque orientale de l'Hérault, au point de
vue de la faune première. B. S. G. F.
1889. — La porphyrite de Cavenac, en collaboration avec M. DErAGe. CR.
Ac. Sc.
1889. — Le genre Amphyon à Cabrières. CR. Ac. Sc.
1889. — Nouvelle observation sur les terrains tertiaires supérieurs de la
région de Pézénas. CR. Ac. Sc.
1889. — Explication de la carte géologique de l’Aude, en collaboration
avec M. ViGuIER, en 1886. Montpellier.
1839. — Notions élémentaires de géologie. Montpellier.
1589. — Pétrographie de l’Hérault; les porphyrites de Gabian, en collabo-
ration avec M. DELAGE. B. S. G. F.
1890. — Note sur le Paléozoïque de l'Hérault. Lettre à M. Bergeron. B.S.G.F.
1890. — Note sur la présence du Pleurodyctium problematicum dans le
Dévonien de Cabrières et sur un nouvel horizon de Graptolites dans le Silu-
rien de Cabrières. B. S. G.F.
1892. — Géologie de la région de Cabrières, avec carte géclogique, en
collaboration avec M. DELAGE Montpellier.
1893. — Le Cambrien de l'Hérault, en collaboration avec MM. DéLacs et
Miquez. CR. Ac. Sc.
299 BIBLIOGRAPHIE 27 Avril
1893 — Sur les terrains primaires de l'arrondissement de St-Pons, en
collaboration avec MM. DELAGE et MiquEL. CR. Ac. Se.
1893 — Note sur le Dévonien inférieur de l'Hérault et sur ses relations
avec le Cambrien, en cellaboration avec M. DELAGE. B. S. G. F.
1893. — Géologie de la région du Pic St-Loup, avec carte géologique au
1/40000. Ac. des Sc. et Lett. de Montpellier.
1894. — L'Hérault géologique. Montpellier.
1894. — Observation à une note de M. Bergeron, en collaboration avec
M. Derace. B. S. G. F.
1894. — Note sur le Paléozoïque central de l'Hérault, en collaboration avec
M. DeraGe. Ac. des Sc. et Lett. de Montpellier.
1894 — Les Terrains primaires de l’arrondissement de St-Pons (Hérault),
avec carte géologique, en collaboration avec MM. DELAGE et Miquer. Mont-
pellier.
1895. — Un mot sur la classification du Pliocène. B.S. G. F.
1895. — Observations sur le Pliocène. B. S. G. F.
1895. — A propos de la note de M. Depéret sur les plis tertiaires de St-
Chinian. B. S. G. F.
1895. — Note sur la tectonique de l'Hérault. B. S. G. F.
1896. — Note sur les terrains tertiaires de la région de Montpellier. B.S.G.F.
1896. — Tableau des terrains qui composent le sol de l'Hérault. B.S. G.F.
1896. — Note sur les terrains éocène et oligocène de la région de Mont-
pellier, en collaboration avec M. DELAGE. B S.G.F.
1896-97. — Quelques mots de géographie rationnelle. Bull. de la Soc.
langued. de Géogr. Montpellier.
1897. — L'Hérault géologique. B.S.G.F.
1897. — L'Éocène et l’Oligocène de la région de Montpellier. B.S.G.F.
1897. — Note sur l’Infracrétacé des environs de Montpellier. B.S.G.F.
1897. — Note sur la Rhynchonella peregrina du hameau du Trial-Tomac
(Gard). B.S.G.F.
1897 — Notice géologique familière sur la constitution du sol de Mont-
pellier (extrait de l’Histoire des communes de l'Hérault, par Albert Fabre).
Bull. de la Soc. langued. de géogr., Montpellier.
1898. —- Une leçon familière d'anatomie du Globe terrestre, Bull. de la
Soc. langued. de géogr., Montpellier.
1898. — Hommage à la Société géologique d’une Leçon familière d'anatomie
du Globe terrestre. B.S.G.F.
1898 — La Géographie inspiratrice de théories géologiques. Bull. de la
Soc. langued. de géogr., Montpellier.
1898. — Une application de géographie rationnelle; le canton du Caylar.
Bull. de la Soc. langued. de géogr., Montpellier.
1899 — Un résumé de l’histoire du Globe; le canton de Roujan. Bull. de
la Soc. langued. de géogr., Montpellier.
1899. — Une Station géologique, archéologique et médicale ; les Fumades,
près Alais (Gard). Bull. de la Soc. langued. de géogr., Montpellier.
1900. — Sur l’Infracrétacé de la feuille de Montpellier. B.S.G.F.
1900. — Une solution paléontologique. B.S.G F.
1900. — Le Bartonien sur la feuille de Montpellier. Un dernier mot sur les
calcaires miroitants. B.S.G.F.
1900. — Quelques aperçus de géologie communale: St-Georges d’Orques,
arrondissement de Montpellier. Bull. de la Soc.langued. de géogr., Montpellier.
1901. — Une solution paléontologique. Le Néogène sur la feuille de
Montpellier. B.S.G.F.
NOTICE NÉCROLOGIQUE SUR H. ARNAUD
PAR À. de Grossouvre
Nous venons de perdre un de nos plus anciens confrères, Hilaire
Arnaud, avocat à Angoulème. Il faisait partie de notre Société
depuis cinquante ans : c’est dans la séance du 2 novembre 1857
qu'il fut proclamé membre, ayant pour parrains Coquand et notre
vénéré et illustre confrère, M. Albert Gaudry. Une longue amitié.
qui avait succédé à des relations d’abord amenées par notre amour
commun pour la géologie, m’autorise à lui apporter ici un dernier
hommage et à rappeler les travaux scientifiques qui doivent per-
pétuer parmi nous son souvenir.
Arnaud naquit à Angoulême le 10 septembre 1827 : son père
était un soldat de la Grande-Armée de 1812 et il charma son
enfance par le récit de nos gloires et de nos revers. Après de bril-
lantes études scolaires, il suivit les cours de la Faculté de Droit de
Poitiers et là son goût pour les sciences naturelles commença à
se révéler : les loisirs dont il pouvait disposer étaient consacrés à
l'étude de la botanique et de la médecine.
Plus tard, avocat à Angoulême, puis substitut du Procureur
impérial de Cognac, il fit ses premières explorations géologiques
sous la direction de Coquand, alors chargé de l'exécution de la
Carte géologique de la Charente. Sa vocation pour la géologie se
fixa définitivement lorsque notre société vint tenir une de ses
assises annuelles à Angoulême en 1857. Le principal objet de cette
réunion était d'examiner sur le terrain les subdivisions établies
par Coquand pour la Craie du Sud-Ouest, subdivisions aujourd’hui
devenues classiques et adoptées par la majorité des géologues, à
l'étranger aussi bien qu’en France. Coquand fut élu président et
M. Gaudry secrétaire. Nous voyons dans le compte rendu que le
programme des courses fut fixé en partie sur les indications d’Ar-
naud et que dans la séance du 11 septembre il fut présenté comme
membre en même temps qu'un autre de nos confrères et aussi
un de nos doyens, M. Ch. Boreau, lié avec lui d’une amitié que
la mort a seule pu interrompre. Animé d’un zèle non moins ardent
qu'Arnaud, il l’accompagna souvent dans ses excursions et, à ce
souvenir, se mêle le regret de ne pas retrouver dans nos Bulletins
les résultats de son activité sur le terrain.
Arnaud, magistrat d’abord à Cognac, puis à Périgueux, résidait
donc en plein pays de craie. Il y fit des explorations nombreuses
et fructueuses, commençant à recueillir les matériaux d’une collec-
294 A. DE GROSSOUVRE 27 Avril
tion qu'il enrichira jusqu'à sa mort et réunissant des observations
qu'il mettra en œuvre plus tard. Son choix était fixé : désormais
il se confinera dans l’étude du Crétacé de l’Aquitaine, sa petite
patrie: il y concentrera ses recherches, disséquant le sous-sol,
isolant les diverses couches et recueillant avec soin dans chacune
d'elles les restes des anciens êtres qui y étaient enfouis. En même
temps il suit avec intérêt tout ce qui s'écrit sur la Craie en France
et à l'étranger et en fait le point de départ d'importantes compa-
raisons avec la région à laquelle il s'était consacré.
En 1862, paraît dans notre Bulletin le premier travail d'Arnaud,
une note sur la Craie de la Dordogne dans laquelle il cherche à
appliquer dans ce département la classification de Coquand, en
vue de vérifier si les divisions créées par ce savant ont un carac-
tère de généralité qui justifie leur adoption. Dès les premières
pages de ce travail, apparaissent deux des principales idées direc-
trices d'Arnaud: d'une part les modifications corrélatives des
faunes et de la composition minéralogique des dépôts qui les
renferment, et de l’autre leur extinction graduelle et leur renou-
vellement progressif.
On ne doit pas oublier que ces deux principes, dont le premier
dérive directement de l'observation des faits actuels, aujourd'hui
universellement acceptés et regardés par tous comme des vérités
fondamentales, étaient à cette époque complètement méconnus et
que les propositions contraires servaient de point de départ aux
spéculations géologiques. On croyait que partout les dépôts de
même âge présentaient la même constitution et possédaient la
même faune ; on pensait que les limites d’étages correspondaient
à un renouvellement intégral des faunes. Aussi doit-on admirer la
sagacité d’'Arnaud, l'indépendance de son esprit scientifique et la
hardiesse avec laquelle il avait su se dégager des erreurs de l'Ecole
officielle pour mettre en évidence des vérités qui n'ont définiti-
vement triomphé que bien longtemps après.
Je crois devoir reproduire ici quelques uns des passages où il
met en lumière ces principes si importants.
Dans sa note sur la Craie de la Dordogne [1862, B.S. G. F., (2),
XIX, p. 476], il fait ressortir que « la réapparition des grandes
Caprines dans le banc supérieur des Ichthyosarcolithes, malgré
leur absence dans les couches intercalées entre ce banc et le banc
inférieur (grès et argiles tégulines), montre que ces assises inter-
médiaires, quoique nettement différenciées des Calcaires à Ichthyo-
sarcolithes par le caractère minéralogique, ne constituent qu'un
accident local, et que ces Rudistes, au développement desquels un
1908 NOTICE SUR H. ARNAUD 295
sol marécageux et l’agitation des sables littoraux opposaient un
obstacle temporaire, ont trouvé à faible distance des eaux paisibles
au sein desquelles, et certainement dans une formalion calcari-
fère contemporaine, se sont perpétuées leurs espèces, jusqu'au
moment où elles ont été rappelées, dans la partie aujourd’hui
apparente du bassin, par un abaissement du sol et un changement
dans la direction des courants ; leur persistance, malgré ce chan-
gement, en montre à un autre point de vue la faible importance ».
IL insiste sur les dangers de la recherche de divisions tranchées
« là où la nature n’a procédé que par l'extinction graduelle et le
renouvellement successif des faunes », phénomènes attestés, dit-il,
par ces couches de passage «où sont venues s’ensevelir les dépouil-
les de deux générations, l’une à son aurore, l’autre à son déclin ».
Quelques années plus tard, il n’est pas moins explicite sur ces
mêmes questions et dans ses (Observations géographiques sur la
Craie du Sud-Ouest [1869, B.S.G.F., (3), XX VIE, p. 18] il écrit :
«sous l'empire des variations minéralogiques les espèces émigrent,
elles cherchent des milieux appropriés à leur conservation et
prolongent sur des points plus ou moins éloignés de leur origine
l'existence qu’elles paraissaient avoir perdue: souvent le retour
des conditions minéralogiques au sein desquelles elles avaient pris
naissance les rappelle, mélangées et altérées par le temps, à un
niveau supérieur à celui qu’elles avaient quitté ».
Quelle profondeur de vue révèlent ces lignes! Non seulement
nous y voyons nettement définie la théorie des faciès, mais nous
y trouvons en germe bien des notions qui, développées plus tard,
contribueront grandement aux progrès de la science.
Arnaud nous y montre, par exemple, l'influence des courants
sur la migration des espèces et, quand il nous parle de la réappa-
rition d'espèces altérées par le temps, n'éveille-t-il pas en nous
cette idée des mutations, c’est-à-dire des variations d’un même
type dans le temps, idée développée la même année par Waagen
dans son célèbre mémoire sur la série des formes de Ammonites
subradiatus. N'est-ce pas cette notion qui, appliquée à l'étude
paléontologique des groupes coralligènes, a permis de résoudre si
heureusement les difficultés que présentait la classification des
niveaux coralliens dans le Jurassique et des niveaux à Rudistes
dans le Crétacé ? Combien de stériles et retentissantes discussions
eussent été évitées si ces principes avaient été mieux appréciés par
les contemporains d'Arnaud, car ce ne sont pas là des vérités
échappées par hasard de sa plume, au courant de la rédaction,
puisque nous les retrouvons formulées dans tous ses travaux ; dès
20 Septembre 1908. — ‘F. VIII. Bull. Soc. Géol. Fr. — 15.
296 A. DE GROSSOUVRE 27 Avril
lors ne devons-nous pas regretter qu'il n’aie pu consacrer tout son
temps, toutes ses forces et toute son activité aux études géolo-
giques.
Les événements politiques l'ayant obligé de quitter la magistra-
ture, il revint en 1870 se fixer à Angoulème, dans la maison
paternelle, et se fit inscrire de nouveau au barreau de cette ville.
La profonde honnêteté de son caractère, ses connaissances juri-
diques, l'autorité de sa parole, lui acquirent bientôt la confiance
de ses concitoyens : il ne tarda pas à être l’un des avocats les plus
recherchés et il obtint les honneurs du Bâtonnat.
Malgré ses occupations professionnelles, il ne négligeait pas la
géologie et c’est vers cette époque qu'il inaugura ce qu'il appelait
sa campagne des profils. Muni de permis, que les compagnies de
chemins de fer avaient gracieusement mis à sa disposition, il
explora, tranchée par tranchée, toutes les lignes de l’Orléans, des
Charentes et de l'État qui traversaient la région. De chacune, il
releva avec soin la coupe détaillée, notant couche par couche les
fossiles qui les habitaient et en déduisant la position qu'elles
devaient occuper dans le cadre de sa classification. Il fit le même
travail sur les falaises de la Gironde et le poursuivit au fur et à
mesure de l'achèvement des nouvelles voies qui s'ouvraient. Les
résultats de ces recherches minutieuses parurent dans une série
de notes débutant en 1873 et se continuèrent jusqu'en 1892, époque
à laquelle fut livrée la ligne d’Angoulème à Marmande.
Les nombreuses observations recueillies dans ses courses l’ame-
nérent enfin à en coordonner l'ensemble dans un magistral
mémoire sur le terrain crétacé du Sud-Ouest, paru en 1877 dans les
Mémoires de notre Société.
Le point de départ de ce travail consiste en une série de tableaux
de synchronisme qui donnent, pour une suite de nombreuses
localités prises en allant du Nord-Est au Sud-Ouest, c’est-à-dire de
la Charente-Inférieure au Lot, la coupe détaillée des couches
crétacées. Le texte forme la synthèse de cet ensemble de données ;
1l résume les caractères utilisées pour fixer avec une précision plus
rigoureuse la définition des étages créés par Coquand et subdiviser
ceux-ci en zones dont chacune possède un faciès spécial et une
faune particulière.
L'ensemble des observations relatives à la puissance des couches
et à leur nature, est réuni dans un tableau fort suggestif qui fait
ressortir à première vue les modifications qu'elles éprouvent à
travers la région étudiée. Ce schéma est probablement le premier,
ou certainement un des premiers, qui ait été établi dans cet ordre
1908 NOTICE SUR H. ARNAUD 227
d'idées : aujourd’hui il n’est guère de mémoires où nous n'en
rencontrions de semblables. Mais il ne faut pas oublier qu’à
l’époque où Arnaud publiait le sien, le principe de la variation
latérale des faciès était une nouveauté audacieuse. Nous voyons
donc Arnaud affirmer ici de nouveau les idées qu'il avait précé-
demment émises ; de nouveau encore, il fait remarquer que « nulle
part les divisions qu'il avait tracées ne correspondaient à une
extinction absolue et au renouvellement intégral de la vie organi-
que. ; que, plus ou moins affaibli, le lien paléontologique n'en
persiste pas moins dans toute la série des périodes crétacées ».
Arnaud n'avait pas moins nettement entrevu la grandeur des
phénomènes d’érosion et, à une époque où l’on se plaisait à consi-
dérer les affleurements des couches comme représentant les rivages
des anciennes mers, il écrivait : «les dénudations opérées à la
surface du sol, ont modifié l'extension apparente des étages et ne
permettent plus d’en suivre les limites primitives » ; et, plus loin,
il ajoutait : «les golfes jurassiques qui festonnent le pourtour du
bassin représentent, non des promontoires émergés au moment
du dépôt de la Craie, mais les axes dénudés des dénivellations
postérieures ».
Le mémoire d’Arnaud se termine par une partie paléontologique
dans laquelle une série de tableaux donnent l'inventaire détaillé
pour les genres les plus importants, Céphalopodes, Ostracées,
Rudistes, Brachiopodes et Echinodermes, des espèces recueillies
dans la Craie du Sud-Ouest avec l'indication des zones où elles ont
été rencontrées. La description d’un certain nombre d’espèces
nouvelles montre qu'Arnaud était non moins perspicace en paléon-
tologie qu’en stratigraphie.
Comme autre conclusion de ses observations, Arnaud reconstitue
l'histoire des événements qui ont amené les modifications corréla-
tives constatées dans la nature des dépôts des différentes mers, et
dans les organismes qui les habitaient : mouvements d’émersion
et d’affaissement auxquels correspondent des sédiments plus ou
moins fins, sables, argiles, marnes, calcaires, et une population
appropriée à ces conditions de dépôt. C'est ainsi qu'on voit appa-
raître des bancs de Rudistes au sommet de la Craie inférieure,
de la Craie moyenne et de la Craie supérieure, tandis que d’autres
intercalés au milieu de ces deux dernières subdivisions indiquent
des accidents survenus au cours de ces époques, venant inter-
rompre la marche régulière des phénomènes sédimentaires.
Les divisions qu Arnaud venait de tracer avec tant de sagacité
dans la Craie du Sud-Ouest, ont été de nouveau précisées par lui
298 A. DE GROSSOUVRE 27 Avril
dans le résumé qu'il présenta à la fin de la Réunion extraordi-
naire de notre Société, en 18897 ; il y donne brièvement les carac-
tères essentiels des diverses assises et distingue chacune d'elles
par une lettre de l'alphabet, ainsi que Quenstedt l'avait fait pour
le Jurassique. L’échelle stratigraphique aïnsi établie est devenue
classique et sert de terme de comparaison pour la classification
des couches crétacées des autres régions : aujourd'hui, quand on
veut préciser la position de l’une d'elles dans la série sédimen-
taire, c’est d'ordinaire à l’une des assises définies par Arnaud
qu'on la rapporte.
Après la publication de cet important mémoire, Arnaud fit
paraître successivement les profils qu'il avait relevés sur les
diverses lignes de chemins de fer du Sud-Ouest.
A plusieurs reprises il intervint dans les ardentes discussions
qui se produisirent au sein de notre Société sur le parallélisme
de la Craie du Nord et de la Craie du Midi et qui mirent en pré-
sence Hébert, Arnaud, Peron et M. Toucas.
Hébert, auquel sa position oflicielle donnait une grande autorité,
et avec lui beaucoup de géologues professaient que les terrains
de même âge présentent partout la même constitution minéralo-
gique et que les limites d'étage correspondent à un renouvellement
intégral des faunes; ils se refusaient à admettre que le même
faciès peut se retrouver dans des couches d'âge différent, erreurs
contre lesquelles s'était élevé Arnaud, dès ses premières publica-
tions scientifiques : aujourd'hui, les principes qu'il a toujours
soutenus ont définitivement triomphé et, si l’on peut s'étonner de
quelque chose, c’est qu'il ait fallu un temps aussi long pour faire
accepter des vérités qui nous paraissent si évidentes. Encore faut-il
reconnaître qu'elles ne sont pas toujours sainement interprétées.
Hébert regardait donc tous les calcaires à Hippurites du Midi
de la France comme appartenant à une zone unique qui formait la
partie supérieure de l'étage turonien dont la base était constituée
par la Craie de Touraine, de telle sorte que, pour lui, une lacune
correspondant à cet horizon existait dans tout le Nord de l'Europe.
Il croyait en outre que toute la Craie de l’Aquitaine n'était qu'un
magnifique développement de la Craie de Villedieu dont elle
présentait les caractères généraux depuis la base jusqu'aux
couches les plus élevées.
Arnaud répondait avec raison que, s'il y a entre les diverses
assises de la Craie supérieure du Sud-Ouest un lien de continuité,
cela ne suffit pas pour démontrer l'unité et l’indivisibilité de
cet ensemble.
1908 NOTICE SUR H. ARNAUD 220
La question était aussi d'ordre paléontologique, car le retour
des mêmes faciès amène la récurrence de faunes analogues, que
les géologues de cette époque, en l'absence d’études minutieuses,
considéraient comme identiques : les paléontologistes ne savaient
pas reconnaître les caractères distinctifs de ces types récurrents
«altérés par le temps », comme disait Arnaud, et la connaissance
des mutations des Rudistes due aux belles recherches de
MM. Henri Douvillé et A. Toucas est de date toute récente.
L'important mémoire de A. Peron sur les calcaires à Echinides
de Rennes-les-Bains, paru en 1877, fut le point de départ des
longues discussions auxquelles donna lieu le problème du paral-
lélisme des couches crétacées du Nord et du Midi de la France.
Notre savant contrère y démontrait que, par leur faune, les cal-
caires à Echinides doivent être considérés comme sénoniens et
que, par suite, les Calcaires à Hippurites qui les surmontent ne
peuvent être turoniens, Les principes invoqués par lui sont préci-
sément ceux qu Arnaud posait quelque vingt ans plus tôt,
dans sa première note parue dans notre Bulletin. « La nécessité où
nous croyons être, dit À. Peron, de considérer comme absolument
synchroniques des dépôts où se trouvent certaines espèces réputées
caractéristiques, peut entraîner parfois à de véritables inconsé-
quences. En matière de Coraux et de Rudistes surtout, je crois
qu'il est nécessaire d’user avec prudence de ce moyen de limiter
et de paralléliser les horizons géologiques. Les récifs de Polypiers
et de Rudistes ont eu certainement besoin pour se développer. de
certaines conditions biologiques qui ne se sont pas toujours pro-
duites simultanément sur tous les points d'un même bassin et
a fortiori dans des bassins différents. Ces conditions de milieu
favorable ont pu également se reproduire sur quelques points par
intervalles et donner lieu alors aux alternances que nous voyons ;
elles ont pu enfin ne pas se produire du tout ». Et il conclut:
« l'absence dans une série de couches, d'un niveau de Rudistes ou
de Polypiers qui existe ailleurs, n'implique pas forcément une
interruption sédimentaire. Ces récifs sont de véritables dépôts
accidentels et il est parfaitement évident qu'ils n’ont pu exister
partout à la fois ».
Arnaud intervint dans la discussion : il combattit, il est vrai,
une partie des conclusions de A. Peron, continuant à croire qu'il
existait dans la Craie du Nord une lacune entre le Turonien et le
Sénonien qui correspondait à l'absence des couches à Hippurites,
et que le Séronien au bassin anglo-parisien présentait une autre
lacune résultant de l'absence de la Craie de Villedieu. mais le
230 A. DE GROSSOUVRE 27 Avril
tableau de synchronisme qu'il présente, en 1878, bien qu’entaché
de ces erreurs, se rapproche beaucoup plus des conclusions
adoptées actuellement que tout ce qui avait été publié à cette
époque.
Quelques années plus tard, dans son mémoire de 1883 sur la
division du Turonien et du Sénonien en France, il se dégage en
partie de ces erreurs. Il insiste sur ce point que «les divisions
adoptées en géologie, plus ou moins générales, plus ou moins
étendues, cessent forcément, sur un point ou sur l’autre, d’être
saisissables : sur ces points, les dépôts se sont succédé d’une
manière non interrompue, les espèces se sont éteintes et rempla-
cées une à une sans marquer de distinction entre les couches
qu'elles enchaînent». Il signale «ces retours inattendus, ces
évolutions verticales étonnantes dont le nombre s'accroît chaque
jour par suite des recherches multipliées des géologues ». « La
persistance des caractères minéralogiques concorde avec l’enchai-
nement des faunes et la longévité des espèces pour attester l’uni-
formité des conditions de dépôt». Aussi, conclut-il, qu’ «exiger,
pour asseoir le synchronisme des assises de bassins différents,
l'identité des faunes et des roches, serait poursuivre une chimère ».
Le tableau synchronique qui termine ce mémoire, et qui se
rapporte aux diverses assises du Turonien et du Sénonien inférieur,
est véritablement remarquable et s'écarte fort peu des parallélis-
mes aujourd'hui admis.
Arnaud n'y fait pas figurer les lacunes admises par Hébert, se
référant là-dessus à l'opinion des géologues qui attribuent les
différences signalées d'une région à l’autre, non à des lacunes, mais
à des transformations résultant de la différence des milieux.
Arnaud n’y fait pas mention non plus des couches crétacées des
Corbières et de la Provence, car ce n'est que plus tard qu'il se
ralliera aux conclusions de A. Peron et de M. Toucas. À ce moment,
il refuse d'admettre le parallélisme des couches à Micrasters du
Sud-Ouest et du Midi et il place celles de Rennes-les-Baïins et de la
Cadière dans le Turonien.
L'erreur d'Arnaud à ce sujet résultait de la généralité d'extension
qu'il attribuait aux événements perturbateurs qui sont venus à
diverses reprises interrompre le cours régulier des phénomènes
sédimentaires, à ce que nous appelons actuellement des transgres-
sions et des régressions. Cette erreur était d'autant plus excusable
que même aujourd’hui ce principe compte encore des partisans
et est invoqué comme base d’une classification méthodique des
couches.
1903 NOTICE SUR H. ARNAUD DOI
À deux reprises, en 1885 et en 1888, la Société géologique, pour
lui témoigner en quelle estime elle tenait ses travaux, l’élut comme
Vice-Président et, en 1887, elle décidait de tenir sa réunion extra-
ordinaire dans la Charente-Inférieure et dans la Dordogne ;
Arnaud était nommé Président pour cette session. Sensible à
l'honneur que lui avait fait la Société en choisissant comme champ
de ses études la région à laquelle il s'était consacré, il considéra
ce choix comme la récompense la plus enviable qui pût lui être
attribuée et ce lui fut un véritable bonheur de conduire sur les
terrains qu'il avait parcourus si souvent, les nombreux confrères
qui l’accompagnaient.
Le mariage de sa fille avec M. le D' Lavielle de Dax, eut comme
conséquence de l'appeler chaque année dans cette ville : il put
ainsi étudier la Craie d’Angoumé et de Tercis et, en 1886, ïl
publia une note dans laquelle il fixait la position exacte des divers
niveaux qu'il y distinguait.
Arnaud profitait de tous ses moments de liberté pour quitter la
ville et parcourir la campagne en quête de gisements intéressants.
Doué d'une perspicacité extraordinaire, il savait y découvrir les
échantillons les plus rares et les plus beaux. «Les fossiles vous
sautent dans l’œil » lui disait autrefois Coquand. Ainsi s’accumu-
laient dans sa collection des richesses paléontologiques d’une
grande valeur. Il était heureux d'en faire les honneurs à ceux qui
venaient le visiter et il le faisait toujours avec la plus exquise
amabilité. Libéralement il communiquait ses récoltes à tous les
savants français et étrangers qui désiraient les étudier.
Aussi les travaux paléontologiques de notre époque renferment-
ils beaucoup de types nouveaux établis d’après les échantillons
de sa collection. Lui-même ne s'était pas désintéressé de cet ordre
de recherches et en paléontologie comme en stratigraphie il a fait
preuve d'un coup d’œil pénétrant. Il a décrit plusieurs espèces
nouvelles de Brachiopodes et de Rudistes, mais il s'était surtout
épris des Échinides, nombreux et bien conservés dans la Craie du
Sud-Ouest ; les études qu'il a publiées sur eux le placent au rang
des échinologistes les plus compétents de son temps.
La vieillesse fut longtemps clémente à l'infatigable travailleur
et, il y a peu d'années encore, resté marcheur intrépide, il avait
plaisir à trouver un compagnon pour ses courses.
Le jour vint où l'avocat dut quitter le Palais et le géologue
renoncer à ses explorations ; le chrétien se prépara à la mort : elle
vint le frapper le 1°" novembre dernier.
239 A. DE GROSSOUVRE 27 Avril
Le souvenir d'Arnaud restera parmi nous comme celui d'un
savant de haute valeur qui, dès le début de sa carrière, sut échapper
aux doctrines erronées qui régnaient alors dans la science. Nous
devons reconnaître en lui un précurseur, car il fut l’un des premiers
parmi ceux qui mirent en lumiere, en dépit d'une vive opposition,
les principes fondamentaux de la stratigraphie.
BIBLIOGRAPHIE DES TRAVAUX SCIENTIFIQUES D'H. ARNAUD
1862. Notes sur la Craie de la Dordogne B.S.G.F., (2), XIX, p. 465-500.
1864. De la distribution des Rudistes dans la Craie supérieure du Sud-Ouest
B.S.G.F., (2), XXL, p. 339-347.
1865. Des argiles lignitifères du Sarladais. B S.G.F, (2), XXIII, p. 59-63.
1869. Observations géographiques sur la Craie du Sud-Ouest. B.S.G.F., (2),
XXVII, p. 18-34.
1873. Profils géologiques du chemin de fer d'Orléans traversant la Craie du
Sud-Ouest. B.S.G.F., (3), I, p. 405.
1856. Profils géologiques des falaises crétacées de la Gironde. Actes Soc.
Linnéenne de Bordeaux, XXX.
1877. Profils géologiques des chemins de fer des Charentes. Région crétacée.
Actes Soc. Linnéenne de Bordeaux, XXXI.
— Profils géologiques du chemin de fer d'Orléans. Région crétacée.
Actes Soc. Linnéenne de Bordeaux, XXXI.
— Mémoire sur le terrain crétacé du Sud-Ouest de la France. Mém. S. G.
FAN) NX Ne
— Étude sur le genre Cyphosoma dans la Craie du Sud-Ouest, Actes Soc.
Linnéenne de Bordeaux, XXXI.
1878. Parallélisme de la Craie supérieure dans le Nord et dans le Sud-Ouest
detla France. B'SG7FF, (8), MIE p 205;
— Synchronisme de l’Étage Turonien dans le Sud-Ouest et dans le Midi
de la France. B.S.G F.,G), VI, p. 233.
— Danien, Garumnien et Dordonien. B.S.G.F.. (3), VIL, p. 78.
1859. Profil du chemin de fer de St-Jean-d’Angely entre Grandjent et Taille-
bourg B'S GANT, p.585:
— Lignites de St-Cyprien (Dordogne). B.S.G.F., (3), VII, p. 32.
1881. Synchronisme du Turonien dans le Sud-Ouest et le Midi de la France.
BES GA (CG) Xp 17:
1883. De la division du Turonien et du Sénonien en France. Synchronisme
de ces étages dans le Nord et dans le Sud-Ouest de la France
(Angoulème).
— Profils géologiques du chemin de fer de Siorac à Sarlat et de Périgueux
à Ribérac. Actes Soc. Linnéenne de Bordeaux, XXXWVII.
— Position des Hippurites dilatus et bioculatus dans la série crétacée.
PASSA) EXT p 0137.
1885. Observations sur le mémoire de M. Fallot : Terrains crétacés du Sud-
Est de la France. B.S.G.F., (3), XIV, p. 45.
1908 BIBLIOGRA PHIE 233
1886. Un Crucibulum campanien (MM. Cossmanx et ARNAUD). B.S.G.F., (3),
XIV, p. 223.
— Position stratigraphique des argiles bariolées de Tercis. B.S.G.F.
XV, p. 15.
1889. Argiles gypsifères des Charentes. B.S.G.F., (3), XVIL, p. 290).
1891. Sur la limite tracée par Coquand entre le Santonien et le Campanien.
B.S.G.F., G), XIX, p. 665.
1892. Profil géologique du chemin de fer d'Angoulême à Marmande. Région
crétacée. Actes Soc. Linnéenne de Bordeaux.
1896. Sur quelques Échinides à tubercules crénelés et imperforés du Crétacé
supérieur, Actes Soc. Linnéenne de Bordeaux, XL VII.
1897. Divisions naturelles du Crétacé supérieur au-dessus du Santonien dans
le Sud-Ouest et dans la région Pyrénéenne. B.S.G.F., G), XX V,
p- 676.
— Quelques observations sur les Salenia crétacées du Sud-Ouest. Actes
Soc. Linnéenne de Bordeaux, LIL.
1898. Observations sur le Cidaris pseudo-pistillum et le Brissopneustes
aturensis. Actes Soc. Linnéenne de Bordeaux, LUI.
1902. Les Echinocorys de Tercis (Landes). Actes Soc. Linnéenne de Bordeaux,
LVII.
1907. Qu'est-ce que la Géologie? Projet de conférence (posthume). Actes
Soc. Linnéenne de Bordeaux. -
NOTICE NÉCROLOGIQUE SUR LE COLONEL SAVIN
PAR J. Lambert
C'est avec une douloureuse surprise et une véritable émotion
que les nombreux amis du lieutenant-colonel Savin ont appris son
décès. Toutes les personnes qui s'intéressent en France à l'étude
et aux progrès de la Paléontologie déplorent la mort du brillant
officier, qui, au milieu de ses absorbantes fonctions militaires,
avait su faire tant d'observations scientifiques intéressantes et
publier les résultats de ses recherches. Sa perte est particuliè-
rement ressentie parmi les membres de la Société géologique de
France, dont il faisait partie depuis dix-sept années.
D’autres, avec une autorité qui me ferait défaut, ont dit les qua-
lités du soldat et retracé sa carrière militaire ; qu'il soit permis à
son collaborateur et à son ami de rappeler la personne et les tra-
vaux du savant, dont les études échinologiques étaient si juste-
ment appréciées.
Léon-Héli Savin était né à Ste-Chartres (Vienne) le 12 mars 1851
et âgé de cinquante-six ans au moment où, le 3 août dernier, il a
23/ J. LAMBERT 27 Avril
été terrassé, en pleine vie, par un mal qui n'a pu être enrayé,
laissant sa veuve, ses enfants et tous les siens dans un désespoir
que comprendront tous ceux qui ont eu l'honneur d'être en relations
avec cet homme de cœur. Au jour de ses obsèques, M. le colonel
Salvan, commandant le 9$° régiment d'infanterie, disait de lui :
« Soldat dans l'âme, homme de devoir, aimant sa patrie avant
tout, Savin s'engage au 33e de ligne le 17 août 1870 et fait cam-
pagne contre l'Allemagne... et c’est sous le feu de l'ennemi qu'il
franchit les premiers échelons de la hiérarchie... Sous-lieute-
nant en 1874. capitaine en 1882 et chef de bataillon en 1898, il
est remarqué par la manière brillante dont il a commandé le
bataillon alpin. Promu lieutenant-colonel le 21 septembre 1905,
par son zèle, son activité, sa bienveillance, il restera un modèle
pour ceux qui ont eu l'honneur d'être formés par lui. Dans
l'intérêt général de l’armée le grade de colonel lui semblait pro-
chainement réservé ».
Ayant au pius haut point le goût et le culte des études scienti-
fiques, notre confrère y a apporté cette intelligence, cette activité,
ce zèle et cet esprit de méthode qui étaient parmi les qualités
dominantes de son caractère. Il étudie partout la géologie, dans les
livres et sur le terrain, sans jamais séparer l'observation de la
théorie. Marcheur intrépide, chercheur infatigable, il réunit bien-
tôt une collection considérable des divers pays où le conduisent
ses relations et ses changements de garnison. Il explore en parti-
culier avec succès les gisements célèbres du département de l'Aude
et y rencontre dansle Crétacé et l’Eocène des Echinides, grâce à lui,
aujourd'hui bien connus. Toujours guidé par le pur amour de la
science, sa collection n’est pour lui qu'un instrument d'étude et
avant tout il tient à faire profiter de ses découvertes ceux, un peu
plus anciens que lui, qu'il aimait à appeler ses maîtres.
Nous le voyons d’abord en relation avec Cotteau, fournir à l’émi-
nent paléontologiste des matériaux nombreux, mis en œuvre dans
la Paléontologie française. Il est peu d'espèces des riches gisements
de la Montagne Noire ou de l'Alaric qu'il n'ait recueilli et, à partir
de 1893, il communique pour la partie supplémentaire de ce grand
ouvrage un certain nombre d'Echinides, parmi lesquels des types
précieux comme Maretia Savini, Linthia Savini, Pygorhynchus
Savini, ete. Il a aussi fourni à M. de Loriol des matériaux d'études
et les types de ses Cidaris Savini, Botriopygus Savini, ete.”.
En 1897, il me procurait les éléments de ma note sur quelques
1. De Lorioc : Notes pour servir à l’étude des Echinodermes, fase. x,
Genève, 1902.
1908 NOTICE SUR SAVIN 235
Echinides eocènes de l’Aude et c’est lui qui, plus récemment,
mettait à ma disposition la plupart des matériaux de ma note sur
quelques Echinides de l'Aude et de l'Hérault'. Entre temps, il
avait complété ses études sur les Echinides au point de pouvoir
soit seul, soit en collaboration avec ses amis, publier lui-même des
œuvres considérables ?.
C’est d’abord sa « Note sur quelques Echinides du Dauphiné * »,
bientôt suivie du « Catalogue raisonné des Echinides fossiles du
département de la Savoie { », ouvrage important dans lequel sont
examinées 144 espèces, dont cinq nouvelles. En 1905 il publiait sa
« Revision des Echinides fossiles du département de l'Isère * »,
où sont étudiées 196 espèces, dont 15 nouvelles et 144 recueillies
depuis la publication des travaux d’Albin Gras. Un appendice
contient encore la description de sept espèces étrangères au Dau-
phiné. Bien que résidant à Lyon depuis 1905, Savin poursuivait
avec une telle activité ses recherches et ses études qu'il publiait
en 1907 un important « Supplément au Catalogue des Échinides
fossiles du département de la Savoie ° », comprenant la descrip-
tion de quarante-cinq espèces, dont cinq nouvelles. Notre confrère
est mort avant d'avoir reçu les tirés à part de ce dernier travail
qui vient d’être distribué par les soins de sa veuve et de ses amis.
Dans tous ses mémoires le colonel Savin a suivi un plan métho-
dique. Il avait pensé qu'après les grands travaux de Cotteau il
était superflu d'entreprendre sur les Échinides des ouvrages géné-
raux, et il s’est appliqué à la publication de séries de monogra-
phies régionales d’une utilité pratique indiscutable. Le nombre de
ceux qui peuvent, même en se spécialisant, embrasser une science
dans son ensemble et se constituer en province une indispensable
bibliothèque restera toujours limité. De bonnes monographies
régionales sont donc aujourd'hui nécessaires pour vulgariser en
quelque sorte nos études, pour mettre à la portée de chacun le
moyen de connaître le résultat de ses recherches et augmenter
1. Donareux : Catalogue descriptif des fossiles nummulitiques de l'Aude et
l'Hérault. Lyon, 1905.
2. Le colonel Savin a publié ainsi, en collaboration avec moi, trois notes :
1° Note sur deux Echinides nouveaux de la molasse burdigalienne de Vence
[B.S.G. F.,(4), LU, p. 881}; 2° Note sur un Echinide nouveau du Bathonien de
St-Césaire (Annales de la Société des Lettres, Sciences et Arts des Alpes-
Maritimes, XX, 1906); 3° Note sur un Echinide nouveau du Barrémien inférieur
de Gourdon.
Grenoble, 1902; in-8°, 23 p., 4 pl.
Chambéry, 1903; in-8°, 196 p., 3 pl.
. Grenoble, 1905; in-8°, 220 p., 8 pl.
Chambéry, 1907 ; in-8°, 58 p., 1 pl.
D ot EE œ
236 J. LAMBERU 27 Avril
ainsi l'intérêt des découvertes, pour stimuler le zèle du paléonto-
logiste, fournir au géologue des renseignements indispensables, et
aux maîtres de la science les éléments de conclusions plus géné-
rales. Ouvrages de science incontestablement, mais en même temps
de vulgarisation et de décentralisation, les travaux de Savin
devaient donc, pour répondre complètement à leur but, rappeler
au lecteur certaines connaissances élémentaires indispensables.
C'est pourquoi l’auteur ne nous donne jamais une description
d'espèce sans la faire précéder d’une diagnose générique, toujours
très étudiée, concise et mettant bien en relief les caractères dis-
tinctifs par le rappel du type.
Ainsi, grâce à Savin, les géologues et les paléontologistes du
Dauphiné et de la Savoie peuvent, après la simple lecture d'un
manuel comme celui de Zittel, ou l'excellent traité de MM. Delage
et Hérouard, parvenir à déterminer exactement tous les Échinides
rencontrés dans leurs recherches. Il faut donc proclamer l'étendue
des services rendus par notre confrère aux amis des sciences natu-
relles, et les Sociétés qui ont accueilli ses travaux, la Société de
statistique de l'Isère et la Société d'histoire naturelle de la Savoie,
ne peuvent que s’applaudir des sacrifices par elles consentis pour
assurer la publication de ses œuvres.
Dans tous ses travaux Savin s'est inspiré des meilleures tradi-
tions. et au lieu d'arides nomenclatures, il a su donner des études
méthodiques, détaillées et vivantes des espèces par lui examinées.
Si le nombre des espèces nouvelles créées par lui n'a pas été très
grand, combien d’autres, presque nominales avant ses travaux,
sont aujourd'hui et grâce à lui parfaitement connues ! Au moment
où il a été frappé par la mort, il travaillait à de nouvelles descrip-
tions d'Échinides, et dans une lettre du 5 juin 1907 il m’entre-
tenait d’une Note sur quelques Échinides nouveaux de diverses
régions, qu'il espérait pouvoir publier prochainement. Sa veuve
et ses amis feront leurs efforts pour que ce travail, suivant son
expression, par lui mis au point, ne soit pas perdu pour la science.
Si la fin prématurée de notre confrère ne lui a pas permis de
laisser une œuvre scientifique plus considérable, celle ci est cepen-
dant déjà assez utile pour nous faire amèrement regretter qu'elle
soit interrompue, et assez importante pour que le nom de Savin ne
puisse à l'avenir être oublié et soit au contraire assuré d'être ins-
crit dans les fastes de la Paléontologie. Son souvenir ne restera pas
moins profondément gravé dans la mémoire et dans le cœur de
tous ceux qui ont eu l'honneur et le plaisir d'entretenir des rela-
tions avec cet homme excellent dont la perte leur cause de si vifs
regrets.
NOTE SUR LA SUCCESSION DES FAUNES NUMMULITIQUES
A BIARRITZ
PAR Jean Boussac
SOMMAIRE. — Introduction. — Lutélien : discussion de la faune. — Auver-
sien : discussion de la faune. — lriabonien inférieur ou Bartonien :
discussion de la faune ; âge ; relations avec les autres faunes. — Priabo-
nien supérieur ou Ludien : discussion de la faune. — Oligocène : discus-
sion de la faune ; âge; relations avec les autres faunes.
INTRODUCTION
On pourrait s'étonner qu'après de si nombreux et de si impor-
tants travaux il reste encore quelque chose à dire sur les falaises
de Biarritz : cependant la succession des faunes est une question
encore obseure ; si certains groupes, comme les Échinides et les
Nummulites, ont fait l’objet d'études approfondies de la part de
spécialistes éminents ; si l’on possède des listes par gisement, fort
sérieuses, fournies par le comte de Bouillé, en revanche il n'existe
aucun travail où les faunes des différents gisements soient grou-
pées par horizon, et où la faune de chaque horizon soit étudiée
dans son ensemble, d'abord en elle-même, puis dans ses rapports,
d’une part avec les faunes qui l’ont précédée et avec celles qui
l’ont suivie dans la même région, d'autre part avec les faunes
contemporaines des autres bassins.
Nous aurons donc tout d’abord à établir les zones paléontolo-
giques de la série nummulitique de Biarritz ; examinant la valeur
de celles qu’on y a distinguées jusqu'ici, nous nous demanderons si,
par exemple, le Lutétien moyen de Peyreblanque et le Lutétien
supérieur de la Gourèpe peuvent réellement être distingués au
point de vue paléontologique ; si les marnes bleues de la Côte des
Basques forment un ensemble aussi uniforme qu’on veut bien le
dire et quelle est en réalité la signification de cette faune de Bos-
d'Arros que Pellat et Jacquot prétendent y avoir découverte.
Enfin, les couches supérieures nous paraissent trop homogènes au
point de vue faunique pour pouvoir représenter une série de
niveaux allant de l’Éocène supérieur au Stampien: c’est encore
une question à discuter.
La succession des différentes zones paléontologiques une fois
bien établie, nous nous efforcerons de les paralléliser avec celles
que nous avons distinguées dans l'Europe nord-occidental; nous
238 JEAN BOUSSAC 27 Avril
serons amenés par cela même à reprendre la question de la limite
de l'Éocène et de l’Oligocène et à montrer que cette limite corres-
pond, iei comme dans le Nord de l'Europe, à un changement fau-
nique considérable qu’on aurait tort de méconnaître.
Nous allons donc nous occuper presque exclusivement dans cette
note de la succession des faunes, considérant comme connu tout
ce qui est relatif à la stratigraphie proprement dite et à la descrip-
tion des lieux.
LUTÉTIEN
Je range dans cet étage les calcaires de la plage de Peyreblanque,
ceux qui forment la base de la falaise de Handia et les marno-
calcaires de la Gourèpe.
Je ne puis réussir à voir dans ces couches deux horizons paléon-
tologiques distincts ; je crois, comme Jacquot, que c’est toujours
le même horizon qu'on suit depuis Handia jusqu'aux roches de la
Gourèpe. « On constate bien, il est vrai, quelques différences dans
les faunes en passant d'un point à l’autre, mais elles proviennent
vraisemblablement de circonstances toutes locales...; elles sont
d’ailleurs peu sensibles et ne peuvent infirmer les conclusions
tirées des observations stratigraphiques » (JAcQuor).
La faune est composée des espèces suivantes (en se limitant aux
Nummulites, aux Échinides et aux Mollusques).
Nummuliles atacicus LEYM.
— lævigatus LAMK.
— aturicus Jouy etLEYM.
— Brongniarti D'ARCH.
CU
— millecaput BoUBÉE
Cidaris subularis D'ARCH.
— subserrala D'ARCH.
— Pomeli Corr.
— prionota AG.
Porocidaris Schmiedeli Münsr. in
GoLpr.
Rhabdocidaris pseudoserrata CorT-
TEAU
— Blancheti Corr.
Salenia Pellati Cort.
Coptosoma Pellati Corr.
Circopeltis Bouillei Corr.
Cœlopieurus coronalis KLEIN
— Agassizi D'ARCH.
— Munieri Cort.
Echinopsis biarritzensis CorrT.
Arachniopleurus arenatus v’ARCH.
Ortechinus biarritzensis Cort.
Psammechinus biarritzensis Corr.
Echinolampas ellipsoidalis D’Arcu.
— Bouillei CoTr.
= biarritzensis Cort.
— Jacquoti Corr.
Echinanthus sopitianus D’'ARCH.
— Pellati Cort.
Pygorhynchus Desori D'ARCH.
Amblypygus Pellati Corr.
_ dilatatus AG.
Pericosmus Bouillei Corr.
— Pellati Cort.
Eupatagus ornatus DEFR.
biarritzensis Corr.
Maretia Desmoulinsi Corr.
Brissospatangus Beaumonti Corr.
Macropneustes Guillieri Corr.
— Bouillei Corr.
1908 FAUNES NUMMULITIQUES A BIARRITZ 239
Macropneustes brissoides LESkE Spondylus planicostatus D’ArcH.
—- pulvinatus D'ARCH. — Buchi Pairrepr
— Pellati Cort. — Redlichi OPPENHEIM
Prenaster alpinus DEsor, race ju- — Nysti D'ARCH.
tieri KœcuL.-ScazuMms. Plicatula Konincki D’Arcu.
Ditremaster nux DEsor Ostrea g'igantica Sos. in BRAND.
— Degrangei Corr. — eversa MELL.
Schizaster biarritzensis Corr. Vulsella hersilia D’Ors.
_ Studeri CoTr. — EXOg'Yra D'ARCH.
— Leymeriei Cort. Crassatella rhomboidea D'Arcu.
Linthia Heberti Corr. Nemocardium Orbignyi D'Arcu.
— dubia Cort. Pholadomy:a Puschi GoLor.
— verticalis AG. Pleurotomaria Lamarcki May.
Chlamys Paueri FRAUSCUER Pirula pannus Desx. mut. retin-
Amussium cf. corneum Sow. duta DE GREG.
Chlamys subtripartita D'ArcH.
DiscussiON DE LA FAUNE. — Si nous nous demandons mainte-
nant quels sont les résultats d'ordre stratigr'aphique qui ressor-
tent de l'étude de la faune, nous allons voir que nous pourrons
conclure d’une façon très précise à l’âge lutélien supérieur de la
faune que nous avons envisagée.
Examinons donc successivement les indications fournies par les
Nummulites, les Échinides et les Mollusques.
Laissant provisoirement de côté Nummulites atacicus, dont la
valeur stratigraphique n'est pas absolument évidente, nous devons
remarquer tout d'abord la présence de Nummulites lævigatus,
qui, comme nous l'avons vu, caractérise tout le Lutétien. Mais
nous avons vu aussi que, dans les régions méditerranéennes, au-
dessus d’une zone où N. lævigatus est la seule granuleuse, et qui
représente la partie inférieure du Lutétien, vient une seconde
zone où Ja même espèce est accompagnée de AN. aturicus, de
N. complanatus et de N. Brongniarti, et qui constitue ainsi la
partie supérieure du Lutétien : c’est précisément la faune que
nous avons à Peyreblanque et à la Gourèpe.
Ce qui frappe immédiatement quand on examine la faune
d'Échinides, c’est sa richesse extraordinaire : 48 espèces au moins
ont été lrouvées à la Gourèpe et sont réparties dans 26 genres :
« Jamais, à aucune époque, disait Cotteau, et sur aucun point du
globe, les Oursins ne se sont développés avec une aussi grande
profusion de genres et d'espèces ».
Un autre fait bien remarquable, et noté aussi par Cotteau, est
le caractère tout à fait tranché que présentait, à cette époque, la
faune d'Échinides dans cette partie de la France : près d’une tren-
240 JEAN BOUSSAC 27 Avril
taine d'espèces sont spéciales à Biarritz ou à la partie occidentale
des Pyrénées; le particularisme, l'individualité de cette faune, sans
doute plus apparents que réels et dus en grande partie aux
lacunes de nos connaissances, se dissipent peu à peu; mais ils en ont
longtemps masqué les véritables aftinités. Tous les auteurs (saut
ceux qui, comme de la Harpe ou M. Henri Douvillé, connaissaient
les Nummulites) faisaient rentrer les calcaires de la Gourèpe et de
Handia dans le grand complexe des «couches à Serpula spirulæa »,
dénomination qui doit être abandonnée, et par laquelle on embras-
sait des formations de même faciès et non de même âge ; M. Oppen-
heim lui-même (en 1901!) a versé dans la même erreur, mettant
dans le Priabonien les couches de Bos-d’'Arros et celles de la
Gourèpe : ÇEs liegt keine Veranlassung vor, die Kalkmasse der
Gourèpe von den blauen Mergeln der Côte des Basques....., zu
trennen». En réalité, si on examine les relations de la faune d’Échi-
nides, on voit qu'à côté d’un grand nombre d’espèces spéciales, qui
ne peuvent fournir aucun renseignement stratigraphique, il y en a
d'autres qui ont, à ce point de vue, une très réelle valeur : Cidaris
subularis, Porocidaris Schmiedeli, Coptosoma Pellati, Cælopleu-
rus coronalis, Psammechinus biarritzensis, Echinolampas ellip-
soidalis, Echinanthus sopitianus, Ditremaster nux, Schizaster
Leymeriei, Linthia Héberti, sont des espèces mésonummulitiques,
c'est-à-dire apparaissant dans le Lutétien et n’atteignant ou ne
dépassant jamais le Priabonien. Quelques autres ont une signi-
fication beaucoup plus précise: Porocidaris pseudoserrata ne
semble connu que dans le Lutétien de l'Ariège (Sabarat,Mas d’Azil)
et de l'Aude (Moussolens, etc.) ; Echinanthus Pellati est cité par
de Loriol en de nombreux gisements des couches lutétiennes
d'iberg, dans le canton de Schwytz; Amblypygus dilatatus est
une des espèces d'Echinides les plus importantes au point de vue
stratigraphique etse rencontre dans le Lutétien de l'Aude (montagne
d’Alaric, etc.), du canton de Schwytz (Iberg, Sihlthal), du Kressen-
berg, de San Giovanni Ilarione, de Crimée, du Mokattam, etc... ;
Macropneustes brissoides se retrouve dans le Lutétien de San
Giovanni Ilarione ; Prenaster alpinus est une espèce du Lutétien
de l'Aude, des cantons de Schwytz et d’Appenzell, de San Giovanni
Ilarione : le caractère nettement lutétien de cette faune d'Échi-
nides ne saurait être nié. Seules, quelques espèces comme Eupa-
tagus ornatus, Schizaster biarritzensis, Ortechinus biarritzensis,
qui prennent un plus grand développement dans les couches supé-
rieures, font tache au milieu de cette faune très homogène.
Sans s'exagérer la valeur stratigraphique des Mollusques, il est
permis de ne pas négliger les indications qu'ils nous fournissent.
1908 FAUNES NUMMULITIQUES À BIARRITZ 241
Chlamys Paueri est une espèce du Kressenberg ; Chl. subtri-
partita paraît abondante au Kressenberg, mais semble aussi pou-
voir monter plus haut ; Spondylus planicostatus a été retrouvé au
Kressenberg ; Sp. Redlichi est une forme des couches à N. compla-
natus de Hongrie ; Nemocardium Orbignyi existe aussi au Kres-
senberg:; Pleurotomaria Lamarcki est une espèce d'Einsiedeln;
enfin, Pirula pannus mut. retinduta est de San Giovanni Ilarione.
Les affinités de cette faune sont donc nettement avec le Lutétien
supérieur, et cette indication n’est pas contredite par la présence
d'espèces ayant une extension verticale très considérable, comme
Spondylus Buchi ou Ostrea gigantica, qui existent depuis le
Lutétien jusque dans le Priabonien et l’Oligocène.
On pourra objecter que c’est la similitude des faciès des couches
du Kressenberg et des couches de la Gourèpe qui a causé la simi-
litude des faunes et que nous sommes là en présence de formations
isopiques ; ce ne pourrait donc être un argument en faveur de leur
synchronisme.
La similitude de faciès est indiscutable ; les mêmes groupes de
fossiles sont représentés dans les deux formations ; elle a même
certainement joué un rôle dans la similitude des faunes : elle en
a été la condition nécessaire, mais elle ne suflit pas à elle seule à
l'expliquer. C'est qu’en effet il existe des couches de faciès sem-
blables dans l’Auversien (la Palarea) et dans le Bartonien (couches
de Priabona), et la faune en est différente, sans que cette différence
puisse être attribuée au faciès. C’est donc seulement l'hypothèse
du synchronisme qui nous permet d'expliquer les aflinités des
faunes de Mollusques (et d'Échinides) de la Gourèpe et du Kres-
senberg. Nous avons là un nouvel exemple nous montrant que, si
on a soin de comparer entre elles des formations de même faciès,
on peut faire rendre aux faunes de Mollusques des services impor-
tants en stratigraphie.
En résumé, les Nummulites, les Échinides -et les Mollusques
fournissent des indications tout à fait concordantes et nettement
en faveur de l’âge lutétien supérieur des couches de la Gourèpe
et de Peyreblanque.
AUVERSIEN
Je comprends dans cet étage toute la partie méridionale de la
Côte des Basques, depuis le gisement de la villa Marbella jusqu'au
gisement des Pentacrinites inclusivement ; la faune de ce dernier
gisement a toutes ses aflinités avec l’Auversien bien plutôt qu'avec
le Bartonien.
30 Septembre 1908. — T. VIII. Bull. Soc. Géol. Fr. — 16.
242 JEAN BOUSSAC 27 Avril
La faune est fournie en grande partie par le gisement de la villa
Marbella et se compose des espèces suivantes :
Nummulites striatus BRuG. formes Lucina pulliensis OPrENH.
Avetil: Chama nov. sp.
— variolarius SOW. Teredo Tournali LEyM.
— aturicus Jouy et LEYM. Dentalium Archiaci Tour.
Clypeaster nov. sp. ! — reliculatum Tour.
Cidaris subserrata D'ARCH. Diastoma costellatum LAMKk.
Nucula sp. Cerithium sublumellosum D’Arcu.
Chlamys subtripartita D'ArcH. —- Johannæ Tour.
—— subdiscors D'ARCH. — biarritzense Tour.
Spondylus Buchi Pic. —- Bouillei Tour.
— bifrons Müxsr.inGocpr. Turritella inscripta D'ARcH.
— planicostatus D’'ARCH. = imbricataria LAMK. et
Dimya intusstriata D’ARCH. var. carinifera DESsy.
Anomia Sp. Scalaria Bouillei Tour.
DiscussION DE LA FAUNE. — Comme d'habitude, nous allons
considérer successivement les Nummulites, les Échinides et les
Mollusques.
Le fait important, au point de vue des Nummulites, consiste
dans l'apparition de Nummulites striatus ; nulle part, à ma con-
naissance, cette espèce n'existe dans des couches lutétiennes.
Nummulites aturicus existe encore ; il y a peu d'importance à
attribuer à Nummulites variolarius.
Les Échinides nous fournissent aussi, bien que fort peu nom-
breux, une indication importante : on y voit apparaître le genre
Clypeaster sous forme d’un sous-genre spécial, genre et sous-
genre totalement inconnus dans le Lutétien.
Les Mollusques, tout en nous montrant les relations étroites de
a villa Marbella avec la faune lutétienne par la persistance d’un
certain nombre d'espèces comme Chlamys subtripartita, Spon-
dylus planicostatus, Diastoma costellatum, Turritella imbrica-
taria, etc., nous indiquent cependant que nous sommes déjà dans
une autre zone paléontologique : des espèces nouvelles, d’un
cachet plus récent, ont apparu : Spondylus bifrons est surtout
abondant dans le Priabonien ; Lucina pulliensis est de l’Auversien
du Vicentin; et Chama marbellensis, Dentalium Archiaci, Ceri-
thium sublamellosum (abondant dans le Bartonien de la Côte des
Basques), C. Johannæ, C. biarritzense, C. Bouillei, Turritella
inscripta sont des formes qu’on ne connaît pas dans les couches
1. Forme très plate, dépourvue de sillons à la face inférieure, méritant de
former un sous-genre particulier.
1908 FAUNES NUMMULITIQUES A BIARRITZ
lutétiennes, non seulement de la Gourèpe (ce serait une question
de faciès), mais de Bos d’Arros, où les mêmes groupes sont repré-
sentés par des espèces différentes.
En résumé, Les Nummulites, les Échinides et les Mollusques
nous fournissent des renseignements concordants et nous per-
mettent de voir, dans les couches de la villa Marbella, une zone
paléontologique distincte du Lutétien qui est au-dessous.
Quel âge convient-il d'attribuer à cette zone ? Nous l'avons
jusqu'ici considérée comme auversienne, mais sans le démontrer ;
je dois avouer que aucun argument paléontologique direct ne
permet de la dater ; seules nous permettent de ie faire ses rela-
tions stratigraphiques ; si nous nous reportons à ce que nous
avons dit à propos de l’Europe nord-occidentale, nous devons
considérer qu'une zone paléontologique distincte du Lutétien
et qui lui est superposée doit être parallélisée avec l'Auversien
s'il n'y a pas de lacune; et, comme nous serons amenés à consi-
dérer comme certainement bartoniennes les marnes bleues qui
constituent la partie septentrionale de la Côte des Basques, il en
résulte que les couches de la villa Marbella, encadrées entre le
Lutétien au Sud et le Bartonien au Nord, peuvent être considé-
rées avec certitude comme représentant l’Auversien à Biarritz.
PRIABONIEN INFÉRIEUR OU BARTONIEN
Je range sous cette rubrique toute la série supérieure de la Côte
des Basques, s'étendant depuis le gisement des Pentacrinites
non compris jusqu à l’angle où commence la Perspective Miramar.
Le gisement fossilifère, à « faune de Bos d'Arros », dont parlaient
Pellat et Jacquot, se trouve au-dessus et tout le long de la digue
de l'établissement des bains de la Côte des Basques.
La faune comprend les espèces suivantes :
Pecten arcuatus BRoccr
Chlamys biarritzensis D'ARCH.
Plicatula Beaumontiana RouaAuLT
Spondylus Buchi Pair.
Ostrea cf.gigantica Sos. in BRAND.
Nummulites cf, Rosai TELLINI
— Bouillei DE LA HARPE
— aturicus J. et L. for-
me A.
— Fabianii PRE.
Cidaris striatogranosa D’'ARCH.
Porocidaris Schmiedeli Münsr. in
Gozp.
Nucula cf. Cossmanni E. Vinc.
Arca Pellati Tour.
Limopsis striatus RoUAULT
Pectunculus depressus Des.
— Jacquoti TourN.
Dimya intusstriata D'ARCH. Sp.
Pinna marg'aritacea LAMK.
Crassatella lapurdensis Tour.
Cardita Barrandei D'ARCH.
— hortensis Vin. DE REGNY
Meretrix Vasconum OpPe.
Neæra scalarina MAYER et GüMBEL
Corbula cf. pisum Sow.
JEAN
244
Corbula aulacophora MoRLeT
— nov. Sp.
Chama granulosa D'ARCH.
Teredo bartoniana MAYER
— Tournali LEyv.
Dentaliumtenuistriatum RouAULT
Gibbula lucida OPPENH.
Eucyclus lapurdensis D'ARCH.
Collonia nov. sp.
Rissoina nov. sp.
Diastoma costellatum LAMK., mu-
tation passant au D.
Grateloupi »'Ors. de
l’Oligocène.
— biarritzense OPPENH.
Hipponix sp.
Cerithium sublamellosum p'ARcCH.
— sp. var.
-— hortense Vin. DE REGNY
Bittium nov. sp.
Newtonella nov.sp.(—= Newtonella
Mariæ OPPENHEIM.
non TouRNOUER. Es-
pèce du Priabonien).
Rostellaria sp.
Rimella rimosa Sor.. in BRAND.
Turritella trempina CAREZ
Vermelus inscriptus D'ARCH.
Xenophora sp.
Natica nov. sp.
Ampullina sigaretina LAMK.
Cyprædia Degrangei OPPENH.
Solarium lucidum OPPENH.
— plicatum LAMK.
BOUSSAC
27 Avril
Scalaria Bouillei Tour.
— Chalmasi Tour.
Syrnola biarritzensis OPPENH.
Pyramidella nov. sp.
Morio nov. sp. (espèce d’Allons).
Trilonidea Leopoldinæ Tour.
Eutritonium biarritz:ense OPPENH.
Clavella hortensis Vin. DE REGNY
Sycum Tournoueri OPPENH.
Lathyrus nov. sp.
Metula biarritzensis OPPENH.
Nassa prisca OPPENH.
Turricüula scalarina D'ArcH.
— Degrangei OPPENH.
— nov. Sp.
Mitrolumna nov. sp.
Marginella Bourdoti Cossn.
— gibberosa OPPENH.
Conorbis dormitor Sox. in BRAND.
Pleurotoma odontella Ebw.
Clavatula Rouaulti Tour.
— præpustulata ViN. DE
REGNY
turbida Sor. in
BRAND.
Drillia bicingulata SANDBERG.
Daphnella Pfefferi v. KŒNEN
Borsonia hortensis Vin. DE REGNY
Ancilla canalifera LAMK.
— priabonensis BoussAc [—
Ancilla spissa OPPEN-
HEIM 1901 (Priabona, p.
232, pl. xx1, fig. 16-16b)
non ROoUAULT).
Bathythoma
DiscussiON DE LA FAUNE. — Nous allons examiner la faune
bartonienne de la Côte des Basques successivement à deux points
de vue; nous nous demanderons tout d’abord quel âge elle assigne
aux couches qui la contiennent; nous plaçant ensuite au point de
vue plus général de l’évolution des faunes, nous chercherons à
noter ses caractères particuliers, à découvrir ses rapports avec les
faunes nummulitiques antérieures, contemporaines et postérieures,
et nous verrons quelles conclusions son étude nous impose au
point de vue de la classification générale du Nummulitique.
Age de la faune. — Parmi les Nummulites, nous remarquons
bien, comme espèce lutétienne et auversienne, MN. aturicus, mais
1908 FAUNES NUMMULITIQUES A BIARRITZ 249
c’est là un fait tout à fait isolé et qui ne peut guère éveiller qu’un
intérêt de curiosité. Toutes les autres espèces, N. Fabianii, N. Rosai,
N. Bouillei, sont des formes qui, partout, dans le Vicentin comme
dans les Alpes, font leur apparition dans le Priabonien.
La faune d'Échinides est très pauvre; Porocidaris Schmiedeliest
commun dans tout le Mésonummulitique; Cidaris striatogranosa
est une forme particulièrement développée dans l'Oligocène et
qui, comme beaucoup d’autres, fait son apparition dans le Priabo-
nien.
Nous arrivons aux Mollusques ; si nous laissons de côté les très
nombreuses espèces spéciales au gisement de la Côte des Basques,
auxquelles on ne peut attribuer aucune valeur stratigraphique,
nous constatons : 1° la présence d’un nombre très réduit d'espèces
provenant des niveaux inférieurs ; ce sont pour la plupart des
Lamellibranches, appartenant à des groupes qui évoluent peu, et
des espèces bien connues pour leur grande extension stratigra-
phique, comme Spondylus Buchi, Ostrea gigantica, Dimy a intus-
striata, etc. ; 2° la présence d’un nombre considérable d'espèces,
dont l'apparition est tout à fait caractéristique du Priabonien du
Vicentin ; telles sont : Pectunculus Jacquoti, Pecten arcuatus,
Chlamys biarritzensis, Cardita hortensis, Chama granulosa, Dias-
toma costellatum passant à la mutation Grateloupi, Cerithium
hortense, Solarium lucidum, Clavella hortensis, Turricula scala-
rina, Pleurotoma odontella, Clavatula præpustulata, Borsonia
hortensis, Ancilla priabonensis; 3 enfin, on trouve à la Côte des
Basques deux espèces très caractérisques qui n'apparaissent que
dans le Bartonien type dans le Nord-Ouest de l'Europe : Ce sont
Conorbis dormitor et Bathytoma turbida.
Ainsi, l'étude paléontologique nous conduit à placer le gisement
des Bains de la Côte des Basques à un niveau au moins aussi élevé
que Barton, d’une part, et que Priabona, de l’autre. Et ce résultat
est confirmé par la stratigraphie, puisque le gisement de la villa
Marbella, immédiatement inférieur, se montre, par ses Nummu-
lites, comme le représentant de la zone de Roncà, et vient se
placer, à cause de ses relations stratigraphiques, au niveau de
l’Auversien. Enfin il semble bien difficile de mettre ce gisement
de la Côte des Basques plus haut que Barton et que Priabona,
puisqu'il est recouvert par les couches du Cachaou et de la Pers-
pective Miramar, que nous verrons correspondre parfaitement,
d'une part aux marnes à Bryozoaires de Brendola du sommet du
Priabonien, d'autre part à cette zone paléontologique encore
éocène, intercalée entre le Bartonien et l’'Oligocène, que repré-
246 JEAN BOUSSAC 27 Avril
sente le Ludien. Nous considérerons donc le gisement dont nous
venons d'étudier la faune comme représentant le Bartonien d’une
part et la base du Priabonien (couches de Priabona proprement
dites) de l’autre.
Mais, ce parallélisme une fois admis. une conséquence en découle
immédiatement : c'est le synchronisme de Barton et de Priabona,
gisements entre lesquels la Côte des Basques forme trait-d'union,
et c’est là un point de repère précieux pour l'établissement des
parallélismes entre l'Europe nord-oecidentale et les régions
méditerranéennes.
Relations avec les autres faunes. — Notre faune bartonienne de
la Côte des Basques n’a relativement que peu de rapports avec les
faunes plus anciennes ; sur un total de 93 espèces, une vingtaine
seulement proviennent des niveaux inférieurs : Porocidaris
Schmiedeli, Spondylus Buchi, Ostrea gigantica, Dimya intus-
striata, Teredo Tournali sont des formes extrêmement abon-
dantes qu'on trouve partout dans le Nummulitique et à tous les
niveaux ; deux espèces seulement sont de Bos d'Arros : Limopsis
striatus et Dentalium tenuistrialum : quelques autres espèces
existaient dans l'Éocène du bassin de Paris, où elles ont une
extension stratigraphique plus ou moins considérable : Pectun-
culus depressus, Pinna margaritacea, Ampullina sigaretina,
Solarium plicatum, Ancilla canalifera: Nummulites aturicus et
Cerithium sublametlosum sont des formes de l’Auversien de
Biarritz même; Marginella Bourdoti est de l'Auversien du Bois-
Gouët.
Toutes ces espèces que nous venons de citer ont passé sans
changement de l’Auversien dans le Bartonien; mais il est d’autres
formes qu’on peut aussi considérer comme descendant directe-
ment de formes plus anciennes, mais qui ont évolué et peuvent
être considérées comme des mutations ou bien comme des espèces
distinctes. N. Bouillei doit être considérée comme descendant de
N. contortus de l'Auversien; Chlamys biarritzensis a les rapports
les plus étroits avec Ch. subtripartita du Lutétien et de l'Auver-
sien el en descend évidemment; Plicatula Beaumontiana de Bos
d’Arros est représenté dans le gisement des Bains par une muta-
tion spéciale ; Diastoma costellatum n'est plus la forme typique
qu'on trouvait dans l’Auversien de la villa Marbella, mais une
mutation qu'on trouve aussi dans le Priabonien du Vicentin, et qui
forme passage au Diastoma Grateloupi de l'Oligocène ; Diastoma
biarritzense est sans doute aussi nne mutation de D. costellatum.
et Sycum Tournouëri une mutation de $S. bulbiforme.
1908 FAUNES NUMMULITIQUES A BIARRITZ 247
Telles sont les espècès dont le Bartonien de Biarritz est rede-
vable aux faunes antérieures : elles sont, nous avons dit, au
nombre d’une vingtaine; il y en a plus de 70 autres qui apparais-
sent pour la première fois et qu'on ne peut pas rattacher à des
espèces plus anciennes connues; une très forte proportion est
spéciale à Biarritz, et cela est dû sans doute à la rareté des gise-
ments bartoniens exploités dans le Nummulitique méditerranéen ;
ces espèces spéciales sont ‘: Crassatella lapurdensis, Cardita
Barrandei, Meretrix Vasconum, Chama Pellati, Gibbula lucida,
Eucyclus lapurdensis, Diastoma biarritzense, Cerithium subla-
mellosum, Cyprædia Degrangei, Scalaria Bouillei, Scalaria
Chalmasi, Syrnola biarritzensis, Tritonidea Leopoldinæ, Eutri-
tonium biarrit:ense, Metula biarritzenzis, Nassa prisca, Turri-
cula Degrangei, Marginella gibberosa, Clavatula Rouaulti.
Parmi les autres espèces qui apparaissent à ce niveau, un grand
nombre font en même temps leur apparition dans le Priabonien
du Vicentin : nous en avons donné la liste plus haut (voir p. 245);
deux autres espèces, Conorbis dormitor et Bathytoma turbida
sont parmi celles dont l'apparition caractérise le Bartonien de
Barton ; enfin, Drillia bicingulata et Daphnella Pfefjeri sont des
formes du Lattorfien de l'Allemagne du Nord.
Tels sont les éléments de la faune bartonienne de la Côte des
Basques; je les résume : sur un total de 93 espèces, une vingtaine
proviennent des niveaux inférieurs, avec ou sans faits d'évolution;
70 environ font là leur première apparition, sans qu’on puisse les
rattacher phylogénétiquement à des formes antérieures, et, parmi
elles, 36 sont spéciales à Biarritz, une vingtaine sont caractéris-
tiques du Priabonien, deux ou trois du Bartonien, et deux ou trois
ne sont connues jusqu'ici que dans l’Oligocène.
On ne peut qu'être frappé du petit nombre d'éléments de liaison
qui existent entre cette faune et les faunes antérieures ; elle a une
indépendance, une individualité particulières ; ce qui en est le
trait le plus remarquable, c’est le grand nombre des espèces qui
ne semblent pas avoir leurs racines dans nos régions : il me semble
impossible d'expliquer autrement que par une migration impor-
tante l'apparition brusque et simultanée de toutes ces formes ; sans
doute nous ne pouvons pas préciser et aflirmer d’une façon cer-
taine que telle ou telle espèce est arrivée par migration, ni d’où
elle est venue, mais il appert que, dans l'ensemble, l'hypothèse
1, Un grand nombre d’espèces nouvelles sont forcément omises ici.
248 JEAN BOUSSAC 27 Avril
d’une migration est celle qui explique le mieux les caractères par-
ticuliers de cette faune.
Si on considère d'autre part que c’est presque exclusivement
parmi les formes immigrées que nous avons rencontré les espèces
caractéristiques de Barton et de Priabona, nous sommes amenés à
considérer ces trois faunes de Barton, de la Côte des Basques et
de Priabona, comme résultant peut-être du même mouvement de
faunes de la même époque, mais accusant des différences que l’on
peut attribuer à l'isolement géographique. La migration est très
probablement venue de l'Est par la Méditerranée et les commu-
nications avec Barton ont dû être extrêmement difliciles, à en
juger par le petit nombre des espèces communes entre les deux
gisements et aussi par le fait que la faune de Barton a emprunté
beaucoup plus aux faunes antérieures de la région, et que les
éléments oligocènes que l'on voit apparaître dans le géosynelinal
méditerranéen, ne s’y montrent pas. — Les relations avec Priabona
sont plus étroites, la proportion des espèces communes beaucoup
plus considérable, mais les communications ne devaient pas
encore être très faciles, puisqu'elles ne pouvaient se faire qu'à la
périphérie du massif espagnol émergé; et c'est ce qui explique
sans doute la forte proportion d'espèces propres à Biarritz, d’une
part, et d'espèces propres à Priabona, de l’autre.
En résumé, la faune de la Côte des Barques, contemporaine de
celles de Barton et de Priabona, et bien qu'ayant le plus d’aflinités
avec la dernière, conserve cependant un cachet tout à fait spécial.
Mais ce n’est pas encore tout. Les relations de cette faune avec
la faune oligocène méritent également d'être notées ; elles sont
des plus intéressantes. — Les Nummulites sont toutes des formes
qui, soit sans évoluer de nouveau, comme N. Rosai et N. Bouillei,
soit après une évolution nouvelle, comme AN. Fabian, qui
donnera AN. intermedius, sont toutes, dis-je, des formes qui
joueront le premier rôle dans la faune oligocène. Les Échinides
sont rares, mais Cidaris strialogranosa est une espèce nettement
oligocène, développée dans les couches supérieures de Biarritz et
dans le Néonummulitique du Piémont. Pecten arcuatus est rare
dans les marnes bleues de Biarritz et du Priabonien du Vicentin :
il se développe en extraordinaire abondance dans l'Oligocène de
ces mêmes régions ; Chlamys biarritzensis offrira dans l’Oligocène
son plein épanouissement, avec nombreuses variétés et mutations;
Conorbis dormitor, espèce bartonienne, persiste dans l'Oligocène
inférieur ; Pleurotoma odontella est une des espèces caractéris-
üques du Lattorfien du Hampshire et de l'Allemagne du Nord;
?
1908 FAUNES NUMMULITIQUES A BIARRITZ 249
Bathytoma turbida se retrouve dans les couches de Gnata et de
Sangonini ; Drillia bicingulata et Daphnella Pfefjeri sont deux
espèces du Lattorfien de l'Allemagne du Nord.
Nous pouvons dire que dans le Bartonien de Biarritz apparais-
sent un grand nombre de formes destinées à jouer un rôle impor-
tant dans la faune oligocène ; et nous pouvons même,avec beaucoup
de vraisemblance, attribuer le petit nombre relatif de ces formes
au faciès très spécial des couches de la côte des Basques, car nous
verrons des faits analogues portant sur d’autres espèces dans des
couches synchroniques de faciès différent. Il me semble y avoir là
un phénomène général dans le Bartonien du géosynelinal méditer-
ranéen.
Après cette discussion détaillée, il va nous être facile de
conclure. Nous venons de voir qu'il y avait en quelque sorte dis-
continuité dans l’évolution de la faune entre l’Auversien et le
Bartonien, avec apparition par migration, dans ce dernier étage,
d'éléments nouveaux précurseurs de la faune oligocène ; c'est là,
à mon avis, une raison décisive d'introduire dans notre classifi-
cation une coupure importante entre l’Auversien et le Bartonien,
et de diviser le Mésonummulitique en deux groupes, un Méso-
nummulitique inférieur comprenant le Lutétien et l’Auversien, et
un Mésonummulitique supérieur ou Priabonien comprenant le
Bartonien et le Ludien.
PRIABONIEN SUPÉRIEUR OU LUDIEN
Cet étage est constitué par les couches de la Perspective Mira-
mar et par celles du Rocher Lou Cachaou ; sa faune est malheu-
reusement très pauvre ; en réunissant à quelques matériaux de la
collection de Bouillé les échantillons que j'ai recueillis moi-même,
j'ai pu dresser la liste suivante :
Nummulites Bouillei be LA Harpe Chlamys biarritzensis D'Arcu.pas-
— Rosai TELL. sant à la mutation
— Fabianii PREV. bellicostata S. Woo.
Spiroclypeus granulosus Boussac Spondylus Buchi Puiz.
Alveolina sp. Ostrea.
Sismondia planulata D'ArcH. Solen Sp.
Eupatagus ornatus DEFR. Toredo Tournali LEYMERIE
Echinolampas. Chama antescripta D'ARCH.
DisCUSSION DE LA FAUNE. — Ce qui frappe immédiatement
quand on examine la faune des couches du Cachaou, c’est que
presque toutes les espèces qui la composent sont des formes qui
existaient déjà dans le Priabonien inférieur ou Bartonien : les
250 JEAN BOUSSAC 27 Avril
Orthophragmina sont toutes des formes priaboniennes ; les Num-
mulites sont toutes des formes priaboniennes ; Chlamys biarrit-
zensis et Spondylus Buchi existent déjà dans les niveaux infé-
rieurs. Seule, Chama antescripta est une espèce des couches supé-
rieures.
Bien qu'il soit un peu téméraire de donner une appréciation
sur une faune aussi pauvre, comme les indications que nous four-
nissent les espèces sont toutes concordantes entre elles, nous ne
pouvons nous empêcher de remarquer que la faune des couches
du Cachaou semble provenir directement de la faune bartonienne
sans apports d'éléments nouveaux immigrés.
Ainsi donc, pas de migration, évolution sur place ; mais une
nouvelle question se pose : l’évolution de cette faune bartonienne
a-t-elle été nulle, ou bien au contraire s’est-elle traduite d’une
facon positive par l'apparition de mutations nouvelles caractéri-
sant une nouvelle zone paléontologique ?
Ici encore, la pénurie des documents ne permet pas une con-
clusion formelle: mais, ici encore, les indications sont toutes dans
le même sens : nous avons remarqué que certains échantillons de
N. cf. Rosai ne sont pas identiques à ceux du Priabonien infé-
rieur, mais en constituent une mutation légèrement différente par
la taille et par les filets; certains individus de N. Fabian sont
identiques à ceux du Priabonien, mais d'autres ont un réseau
déjà beaucoup plus serré et une granulation beaucoup plus fine,
constituant une mutation qui se rapproche déjà beaucoup de W.
intermedius typique. Sismondia planulata et Echinolampas nov.
sp. ne semblent pas exister dans les niveaux plus bas; Chlamys
biarritzensis est représenté par une mutation déjà extrèmement
voisine de CAl. bellicostata des couches supérieures; enfin, Chama
antescripta est une espèce dont le type provient des couches du
Phare.
Il semble ainsi légitime de conclure, au moins provisoirement,
que la faune de la Côte des Basques a évolué pour donner celle
des couches de la Perspective Miramar et du Cachaou, qui consti-
tuent ainsi une zone paléontologique distincte du Bartonien qui
est au-dessous.
Ainsi se trouve confirmée l'attribution que nous avons faite de
ces couches à l'étage ludien, car on ne peut attribuer qu'à cet
étage une zone paléontologique placée entre le Bartonien au-
dessous et l'Oligocène certain au-dessus,
1908 FAUNES NUMMULITIQUES A BIARRITZ 251
OLIGOCÈNE
L’Oligocène est formé par les couches qui affleurent à Biarritz
même ; il est nécessaire d’y distinguer deux groupes d'assises,
correspondant respectivement au Lattorfien (couches du Port-
Vieux, de l’Atalaye et du Port des Pêcheurs) et au Stampien (Lou
Cout, le Phare et la Chambre d'Amour); mais la faune de ces deux
étages est très homogène et devra être étudiée dans un même
paragraphe ; elle se compose des espèces suivantes :
Nummulites Bouillei ne LA HARPE
— vascus JoLY et LEYM.
— intermedius D’ARCH.
Cidaris striatogranosa D'ARCH.
— Oosteri LAUBE.
Micropeltis biarritzensis Corr.
Circopeltis garginensis Corr.
Scutella subtetragona DE GRaï.
Clypeaster biarritzensis Cort.
— Bouillei Corr.
Echinolampas subsimilis D'Arcu.
_— Falloti Cort.
Echinoneus Michaleti Corr.
Brissopsis biarritzensis Cort.
Eupatagus ornatus DErR.
— Vidali Corr.
Macropneustes biarritzensis Corr.
Hypsospatangus Bouillei Corr.
Sarsella sulcata POMEL.
Schizaster rimosus DEsor.
— vicinalis AG.
— Studeri AG.
Limopsis turgida Roy.
Avicula Sp.
Pecten arcuatus Broccui
— Boaissyi D'ARCH.
Chlamys biarritzensis v'ArcH.type
et mut. bellicostata S.
Woop.
Amussium Sp.
Ostrea gigantica Sos. in BRAND.
— Brongniarti BRONN
— cyathula LAMK.
Pinna sp.
Meretrix Verneuili D'ARCH.
Pholadomya Puschi Gorpr.
Turritella asperula BRoG.
Scalaria subpyrenaica Tour.
— Peliati ve Rainc. et Mux.-
CH.
Tritonium Delbosi Fucas
Athleta subambigua D'Ors.
Conus ineditus (?) Micu.
Terebra postneglecta SAcco var.
— Degrangei Corr. cingulatoides SAcco.
— ambulacrum DES.
DiscUSsION DE LA FAUNE. — Comme nous avons fait pour la
faune bartonienne, nous nous placerons successivement à deux
points de vue, nous demandant tout d'abord quel âge cette faune
assigne aux couches qui la contiennent, et ensuite, au point de
vue plus général de l’évolution des faunes, quels sont ses carac-
tères particuliers et quelles sont ses relations avec les autres faunes,
plus anciennes et contemporaines.
Age de la faune. — La question de l’âge se subdivise en deux
autres : 1° la question du parallélisme avec Gaas; 2° la question
du parallélisme avec le Néonummulitique du Piémont et du
Vicentin.
252 JEAN BOUSSAC 27 Avril
Le synchronisme du gisement de Gaas avec les couches supé-
rieures de Biarritz a été nettement aflirmé, il y a vingt ans, par
Benoist, dans son « Esquisse géologique des terrains tertiaires
du Sud-Ouest de la France » et dans son « Tableau synchronique
des terrains tertiaires du Sud-Ouest de la France, du bassin de
Paris, du bassin de Mayence et du Vicentin », parus l'un et l’autre
en 1888; mais presque tous les stratigraphes s'insurgèrent contre
cette manière de voir, qui impliquait que les grès supérieurs de
Biarritz et les faluns de Gaas eussent été déposés sous les mêmes
eaux ; la dissemblance si profonde des faunes de ces deux forma-
tions leur paraissaitinexplicable dans l'hypothèse du synchronisme.
«Dans le Sud-Ouest, — disait M. G. F. Dollfus, le 5 novembre 1906,
à la Société géologique de France, je continue à repousser l’idée
que les couches supérieures de Biarritz, de la Chambre d'Amour,
soient un simple faciès des couches de Gaas, près Dax, et des
couches à Astéries du Bordelais. Le peu d'espèces qu’on connaît
dans les couches supérieures de Biarritz sont complètement difté-
rentes. Aucune preuve stratigraphique n'a été donnée jusqu'ici
dans un sens ou dans l’autre ; c'est une question de paléontologie
pure, et je me demande si moins de trente kilomètres peuvent
suflire à une pareille modification ».
Cette preuve stratigraphique, que M. Dollfus déclarait man-
quer, allait bientôt être apportée d’une façon péremptoire par
M. Henri Douvillé, qui soutenait depuis quelques années le parallé-
lisme contre lequel protestait M. Dollfus. Il montrait que, dans la
région du Tuc de Saumon, Cassen, Mugron, des couches de grès
à NV. Bouillei, N. vascus et N. intermedius, identiques aux cou-
ches supérieures de Biarritz-Bayonne, surmontaient 8 à 10 mètres
de calcaires et de marnes à Vatica crassalina, où la faune de
Gaas était associée aux Eupatagus ornatus et aux Nummulites de
Biarritz. Les couches de Gaas devraient done venir se placer, à
Biarritz, sous les couches du Phare et de la Chambre d'Amour;
d'autre part j'ai montré qu'il y avait à Gaas une lacune correspon-
dant à toute la partie supérieure de la Côte des Basques et que
les couches de l’Atalaye et du Port-Vieux, qui indiquent un mou-
vement régressif très accusé, doivent y manquer aussi ; les couches
de Gaas doivent être plus élevées et venir se placer très proba-
blement au niveau de la lacune correspondant à la plage de
Biarritz et aux rochers de la villa Eugénie. Leur position semble
donc fixée d’une façon très précise par la stratigraphie.
Mais les arguments paléontologiques font-ils aussi réellement
défaut en faveur de cette manière de voir que le déclarait
1908 FAUNES NUMMULITIQUES A BIARRITZ 253
M. Dollfus? Une étude attentive de cette faune montre que c’est
le contraire qui est vrai. Les Nummulites sont les mêmes; en
outre, on y trouve à la Chambre d'Amour Ostrea cyathula, Trito-
nium Delbosi, et Voluta subambigua, qui sont des formes caracté-
ristiques du niveau de Gaas; la stratigraphie et la paléontologie
sont donc d'accord dans cette question.
Il me paraît donc bien démontré qu'il ny a entre la faune des
couches supérieures de Biarritz et celle de Gaas que des diffé-
rences dues aux faciès : «Sans doute à première vue — disait très
justement M. H. Douvillé — les faunes des deux systèmes de cou-
ches paraissent très différentes, mais cette différence est unique-
ment une question de faciès : on ne trouve pas la Natica crassa-
{ina dans le port de Biarritz, mais c’est qu'on n’y trouve aucune
Natica, pas plus qu'on n'y trouve de Deshayesia ou de Les-
peronia ».
Le synchronisme avec Gaas une fois admis, la question de l’âge
des couches se résout d’elle-même : la partie supérieure, depuis la
falaise Lou Cout jusqu'à la Chambre d'Amour, est stampienne ; la
partie inférieure, comprenant le Port des pêcheurs, l’Atalaye et
le Port-Vieux, est lattorfienne. Et il reste simplement à montrer
que l’ensemble de la faune tend à paralléliser ces couches avec le
Néonummulitique du Piémont et du Vicentin, ce qui confirme
complètement le parallélisme avec Gaas.
La disparition brusque des Orthophragmina est un des traits les
plus caractéristiques du changement de faune qu'on constate en
passant des marnes bleues de la Côte des Basques aux grès et pou-
dingues des couches supérieures : elle se produit, dans le Vicentin, :
aussi brusquement, entre les dernières couches du Priabonien et les
premières couches oligocènes (Montecchio Maggiore, Sangonini,
etc.). On constate en même temps l'apparition du genre Scutella, qui
a lieu aussi dans l’Oligocène, dans le Piémont et dans le Vicentin :
le genre Clypeaster parait plus ancien ; mais, d'après Airaghi, le
Clypeaster biarritzensis tomberait en synonymie devant C. penta-
gonalis Mrcur. de Dego, Cassinelle, Squaneto, etc.
Numimnulites intermedius est une espèce de l'Oligocène du
Piémont et du Vicentin ; Echinolampas subsimilis est une espèce
de l’Oligocène des environs de Pauillac (le Meynieu, etc...) ;
Limopsis turgida estune espèce de Dego, Mioglia, Cassinelle, ete. ;
Pecten arcuatus, qui existe déjà dans le Priabonien, prend ici,
comme dans l'Oligocène du Piémont et du Vicentin, son plus grand
développement, avec apparition de plusieurs variétés inconnues
dans les niveaux inférieurs; Chlamys biarritzensis se montre
254 JEAN BOUSSAC 27 Avril
sous sa forme type et accompagné de la mutation bellicostata
S. Woop. de l'Oligocène d'Angleterre, de Belgique et d'Alle-
magne; Ostrea cyathula a une signification qui n’est pas douteuse ;
Turritella asperula est fréquente dans l'Oligocène du Piémont
et du Vicentin et accompagnée de nombreuses variétés qu'on
retrouve à Biarritz; Scalaria Pellali n'est pas autre chose qu’une
forme de Cassinelle décrite sous le nom de Acrilla amæna var.
eosubcancellata par Sacco ; Tritonium Delbosi est une espèce des
couches de Gnata et de Sangonini; Afhleta subambigua a été
retrouvée à Cassinelle ; Terebra postneglecta Sacc. var. cingula-
toides Sacc. est une espèce miocène !
Tout cela est fort net, et le caractère oligocène des couches
supérieures de Biarritz, aflirmé positivement il y a plus de trente
ans par Tournouër’, et d’après des documents bien plus incomplets
que les nôtres, semble être maintenant hors de doute.
Relations avec les autres faunes.— La faune priabonienne semble
avoir fourni à la faune oligocène de Biarritz, non seulement un très
grand nombre de ses éléments, mais un grand nombre de ceux qui
y jouent le principal rôle : toutes les Nummulites sont des formes
ou des mutations de formes priaboniennes ; un grand nombre des
Échinides comme Cidaris striatogranosa, Echinolampas Falloti,
Eupatagus ornatus, Schizaster rimosus, S. vicinalis, S. Studeri
existaient déjà dans le Mésonummulitique ; Pecten arcuatus,
Chlamys biarritzensis, Ostrea Brongniarti sont des espèces pria-
boniennes qui prennent un développement luxuriant dans l'Oligo-
cène.
Mais, à côté de cela, il y a un grand nombre d'espèces qui font
là leur première apparition ; sans compter le grand nombre des
Échinides spéciaux à ces couches, on peut citer presque toutes les
formes caractéristiques de l’Oligocène, comme Limopsis turgida,
Pecten Boissyi, Meretrix Verneuili, Turritella asperula, Scalaria
subpyrenaica, Sc. Pellati, Tritonium Delbosi, Athleta subambigua,
Terebra postneglecta, etc.
Si nous notons en outre la disparition brusque des Ortho-
phragmina, Y'apparition du genre Scutella, il nous semblera que
la faune oligocène ne résulte pas uniquement de l’évolution de la
faune priabonienne, mais qu'il y a eu, à la limite de l'Éocène et de
l'Oligocène, un mouvement de faunes important, avec des migra-
1. R. TournouËr. Sur les Mollusques du terrain nummulitique de Biarritz
recueillis par M. de Bouillé. B.S.G.F., 4 mai 1874 ; G), IL, p. 262-265.
1908 FAUNES NUMMULITIQUES A BIARRITZ 255
tions, phénomène en connexion probable avec les importants
changements géographiques qui ont eu lieu à la même époque.
Il y a ainsi, dans les régions méditerranéennes, entre le Méso-
et le Néonummulitique, des phénomènes fauniques de même
ordre qu'entre l’Auversien et le Bartonien. Ces phénomènes sont
marqués, dans notre classification, par une coupure importante,
correspondant à la limite entre l'Éocène et l’Oligocène.
J'ai essayé, dans cette note, non seulement de dater les difté-
rents horizons nummulitiques de Biarritz, mais de suivre l’évolu-
tion des faunes et de noter les relations de chacune d'elles avec
les faunes plus anciennes, contemporaines et plus récentes ; c'était
une tentative difficile et qui m’exposait forcément à diverses
erreurs, résultant soit de fautes d’appréciations, soit du manque
de matériaux, soit de l'esprit de système dont nous sommes tous
plus ou moins imbus; j'ai espéré que le lecteur voudrait bien me
les pardonner, en raison du grand intérêt qui s'attache à l'étude
de l’évolution des faunes.
NOTE PRÉLIMINAIRE SUR LES FORMATIONS SECONDAIRES
(TRIASIQUES ET INFRAJURASSIQUES)
DU SUD-ORANAIS (ALGÉRIE ET TERRITOIRES DU SUD)
PAR G. B. M. Flamand
Chargé des levés de la carte géologique du Sud-Oranais d’après
le 1/200 000 du Service géographique de l'Armée, l’auteur a repris
depuis trois années ses études dans cette région; ses nouvelles
recherches viennent compléter et étendre les résultats de ses mis-
sions antérieures, qui ont été consignés dans la 5° édition de la
Carte géologique à 1/800 000 de l'Algérie (1900) pour les régions de
Saïda, des chotts R’arbi, Chergui, des chaînes atlasiques saha-
riennes (M de Géryville, M' des Ksour et de Figuig) et du chott
Tigri, ainsi que tout au long de la frontière marocaine (EI Aricha,
dj. Doug) :.
STRATIGRAPHIE, — À l'exception d’enclaves de roches granito-
gneissiques (El Khoder, dj. Melah de Ghassoul), de micaschistes
à chiastolithe (Aïn el Hadjadj), de cailloux roulés de poudingues
permiens * (dj. Melah de Méchéria), sporadiques dans des bouton-
nières gypso-ophitiques (Trias), c'est le Trias qui constitue dans le
Sud-Oranais, limité à l'Ouest au méridien de Zouireg, les affleu-
rements les plus anciens.
Trias.— Ce terrain (Muschelkalk et Marnes irisées) se montre :
1°) dans les axes anticlinaux des principaux chaînons atlasiques
sahariens, par failles ou non : dj. Khanguet-el-Melah (Aflou),
dj. Mouïlah (Arbaouat), Aïn Ouarka (Aïn Sefra), groupe de
Thyout, dj. Malah (Méchéria), Djenien Bou Resk, dj. Melah et dj.
Maïz (Figuig) ; ou, 2°) par failles sur les contreforts des reliefs : El
Khoder (Géryville), dj. Malah O. (Méchéria), Zaouïa près Timen-
dert, etc.; ou, 3) sans relations apparentes avec les reliefs :
Eg Zrigat-Malah (Méchéria), dj. Melah de Ghassoul, Si Mohammed-
1. G. B. M. Framanp». Note préliminaire sur le Jurassique de la région de
Saïda (départ. d'Oran). B. S. G. F., (6), VIII, p. 70-72, 2 mars 1908.
2. G. B. M. FLAMAND, apud À. PoMez et Pouy ANNE. Rapport sur les tra-
vaux du Service géologique de l'Algérie pour l’année 1897. Annales des
Mines, février 1899.— Ip. Carte géologique de l’Algérie (1900), Alger, feuille 117 :
régions citées. — Ip. Zbid. Notice sur les travaux récents du Service géolo-
gique de l'Algérie. Annales des Mines, octobre 1904.
3. Roches absolument identiques, éléments et ciments, aux poudingues
permiens du bas oued Tifrit (Saïda).
1908 SUD-ORANAIS 297
Abd-Khader (El Aricha), Guelib el Thir (N.0. d’Aflou), etc. ; au
dj. Malah (à l'Est et dans l’axe, Méchéria) se montrent des pla-
quettes de calcaires jaune de miel à Myophories.
INFRALIAS et SINÉMURIEN. — Au-dessus des marnes trisées, en
concordance, s’observent en certains points (El Khoder, dj. Malah
(Méchéria), flanc ouest) des bancs de calcaires siliceux à alter-
nances marneuses à Gervilia præcursor Quensr. et à Mytilus
psilonoti QuensrT.; ces calcaires (40 à 50 m.) se chargent dans le
haut de l'étage de nodules siliceux ; plus puissants qu'à Tifrit
(calcaires à Cypricardes et à Cardinies), cet ensemble s’y montre
presque identique lithologiquement; les calcaires noduleux y
représenteraient le Sinémurien. Les calcaires à nodules siliceux
se montrent aussi au dj. Chemakhich (Aïn Ouarka).
CHARMOUTHIEN.— Calcaire gris clair à veinules de calcite, ou en
grands bancs bien lités : dj. Malah (Méchéria) ou en masse à
stratification indistincte : dj. Chemakhich (Ouarka). Cet étage ne
se montre fossilifère qu'au dj. Malah (Méchéria) flanc est ; faciès de
calcaires liasiques moyens du Tell. Les assises les plus inférieures
renferment Pygope Aspasia MENEGu. Var. major Z\ITEL, difté-
rente de celle de l’Andalousie (Kilian), Waldheimia cf. numis-
malis Luk., Rhynchonella Fraasi OrPreL, Rhynchonella aff. calci-
costa QuEensr.:; à Aïn Ouarka, au Malah, le Charmouthien est
puissant et très homogène ; à l'Ouest, l'existence de cet étage a
été signalée par M. Henri Douvillé : au dj. Kardacha : Rhyncho-
nella voisine de Rh. tetraedra et un Harpoceras. L'auteur laisse
intentionnellement de côté les terrains liasiques développés à
l'Ouest de Figuig qui feront l’objet d’une note spéciale.
ToarcrEN. — En concordance avec les assises précédentes on
observe des calcaires gris, rosés ou rouges, parfois très minéralisés
(hématite) à Ammonoïdes.
Au djebel Malah de Méchéria, flancs ouest et est, on recueille :
Harpoceras thouarsense v’Ors. sp., Cæœloceras du groupe du
subarmatum, Dumortieria striatulo-costata Quensr. sp., Hildo-
ceras aff. Mermeti.
À Raha Zerga (Teniet el Hamri) dans le dj. Antar-Guettar : Hildo-
ceras bifrons BruG., Cœloceras crassum Puiccies, Cæœloceras sp.,
var. à côtes très serrées, Jammatoceras insigne ScaügL., Phyllo-
ceras Nilsoni Hégerrt, Phvll. subnilsoni KiraN sp., Phyll. hetero-
1. H. Douvizcé. Détermination d'échantillons recueillis par le lieutenant
Quoniam et rapportés par le général Jourdy. B.S.G.F., p. 6, 20 janvier 1902.
5 Oct. 1908. — T. VII. Bull. Soc. Géol. Fr. — 17.
258 G. B. M. FLAMAND 27 Avril
phyllum Sow., Phyll. cf. heterophylloïdes Orrer, Harpoceras
Levesquei »'Ors. (?), Lytoceras Germaini v'Ors.
A Aïn Ouarka (Aïn Sefra), on recueille dans la zone à Gram-
moceras fallaciosum BAYLE, de nombreux exemplaires ou frag-
ments de cette Ammonite, avec Phylloceras heterophyllum Sow.,
Harpoceras Levesquei D'Ors. sp., Dumortieria sp.
Les terrains liasiques se montrent également à l'Est des Arbaouat
au dj. Bou Noughta. Le Toarcien affleure plus à l'Ouest, à la base
du Djermann Tahtani sur la rive droite de l’'oued Dermel (Figuig),
assises marneuses à /arpoceras supportant le Dogger bien carac-
térisé.
Les caractères de cette faune liasique sont dans leurs grandes
lignes ceux de l’Europe centrale",
Ces formations sont partout concordantes, le Trias excepté ;
toutefois au dj. Malah de Méchéria les calcaires à My-tilus psilonoti
reposent en concordance sur les marnes gypsifères du Trias.
TecroniQue. — Les chaiînons, en chenilles. relayés * en lesquels
se décompose la chaîne atlasique saharienne, dont les axes anti-
clinaux [brachyanticlinaux, pli en éventail oblique (dj. Malah de
Méchéria) et dômes] sont constitués par les formations secondai-
res ci-dessus citées, ont, on le sait, une direction générale sensi-
blement S.0. 1/4 O., [exactement O. 31° $., dans la portion prin-
cipale comprise entre Figuig et l’extrémité orientale des monts
des ouled Nayl (Bordg-oued Chair) | : les reliefs jurassiques du dj.
Aïssa-Malah, du dj. Antar-Guettar, du Chemakhich-Brahm ainsi
que du Moghad (Crétacé) s'écartent de cette orientation pour se
rapprocher de celle du méridien ; elle est toujours comprise pour
ces derniers dans le secteur N. 4o0 E. ou O.; — Le dj. Antar
épouse exactement le méridien entre Méchéria et EI Ouassa, de
Galloul à Sadana son orientation est N. 38° E. On retrouve donc
ici ces faits, depuis longtemps signalés par l’auteur *, de reliefs à
directions pour ainsi dire préparées par un état de choses anté-
rieur ; cette direction méridienne ou subméridienne se révèle
1, Tous ces fossiles ont été déterminés au laboratoire de géologie de
l’Université de Lyon sous la direction de M. Charles Depéret.
2. Pour cette expression, voir : HAuG. B. S. Carte géol. Fr.,n°47,et CR. Ac.
Se., 19 mars 1891. — Ett. Rirrer. Le djebel Amour. B S. Carte géol. Algérie,
n° 3, P. 90, 1902.
3. Annales de Géog., p. 233-442, t. IX, 1900. — CR. Ac. Sc., 2 juin 1902. —
Ibid., 21 juillet 1902. — Bull. Com. Afr. franç. Rens. col. n° 2, p. 68, 1903. —
Ibid., n° 3, p. 139, 1905. — LB. S. G. Fr., (4), VIIL, 1908, p. 68 et 70.
1908 SUD-ORANAIS 209
nettement dans le Sahara, où elle appartient à des plissements
anciens (kercyniens! à l’Aïn Kahla, EI Khenig, Aïn Cheikh ; dans
le Tidikelt), elle devient plus rare dans le Nord * où elle s’oppose
aux plissements atlasiques franchement obliques sur les méridiens.
SUR L'EXISTENCE DE LA HOUILLE
DANS LE BASSIN DE L'OUED GUIR (SUD-ORANAIS)
PAR G. B. M. Flamand
M. Flamand n’a pu que tardivement prendre connaissance des
Comptes rendus sommaires parus pendant son absence (B. S. G. F.,
(4), VIIL, p. 85, 16 mars 1908); il est très heureux de féliciter, pour les
résultats de leurs récoltes, le capitaine Maury son ancien collaborateur
et le lieutenant Huot.
Cette constatation faite vers Haci-Ratma est des plus intéressante,
elle vient ajouter un nouvel affleurement de combustible minéral à ceux
antérieurement connus : Bel-Hadi(Khenadsa), Gueltat-Salah, Ghoressa ;
toutefois M. Flamand tient à rappeler qu’il a découvert (commencement
de mai 1907) le premier gisement de houille à flore westphalienne à
Haci-Hadri (Khenadsa) comme conséquence de ses recherches et
revision des travaux du lieutenant Poirmeur et de M. Gautier, préci-
sément en présence du capitaine Anthoine et du lieutenant Huot. Le
gisement est étendu de 1 500 mètres aux émergences des griffons des
sources artésiennes de l’oasis (alternance de bancs de houille et de grès
sur « quelques décimètres d'épaisseur »). À son retour à Béchar, M. Fla-
mand fit connaître sa découverte au lieutenant-colonel Pierron et au
capitaine Maury; à Alger il en fit part au gouverneur général de
l'Algérie (juin 1907); six semaines après, le capitaine Maury, sur ses
indications, consentait à poursuivre ces recherches et en forant des
puils, mettait à jour la belle flore de Gueltat-Sidi-Salah (rapport
officiel du 15 juin 1907).
1. Je dis hercyniens; dans ces localités les plissements affectent les
formations dévoniennes et carbonifériennes qui y sont relevées à 46° sur
l'horizon; elles sont également affectées dans la grande pénéplaine à l'Est et
à l'Ouest.
2. « Ex : vallées de l’oued Igharghar et de l’oued Saoura, dôme crétacé de la
chebkha du Mzab, vallées de l’oued Loua et de l’oued Zergoun, oued Namous ;
dans le Tell : anticlinal de Tifrit, vallées anticlinales de Tifrit et Saïda,
lambeau liasique de l’oued El Abd, dj Kahar (permien), montagne des Lions
près Oran » (G. B. M. Fcaman»o. CR. Ac. Sc., 21 juillet 1902).
260 G. B. M. FLAMAND 27 Avril
M. Flamand a d’ailleurs publié, dès l’an dernier, plusieurs notes sur
celte question si importante de l'existence de la houille dans le Sud-
Oranais : aux Comptes Rendus de l'Académie des Sciences (16 juillet
1907) (note présentée par M. Zeiller, qui avait bien voulu reviser ses
déterminations paléontologiques) ; dans le Compte Rendu de la cam-
pagne 1906-07 (Service géologique des Territoires du Sud de l'Algérie)
(juillet 1907); dans le Bulletin de la Société géologique de France, note
présentée par M. Henri Douvillé (VIE, p.423) [voir également une première
observation à ce sujet : B. S. G. F., (4), VI, p. 25, 17 février 1908 |.
J. Deprat. — Observations sur une note de M. Millosevich à
propos du basalte de Montresta (Sardaigne).
Dans une note récente! où il s'occupe des zéolites du basaite de
Montresta, M. Millosevich appelle la roche qui renferme les zéolites sur
la route de Bosa à Montresta une andésite augitique-hypersthénique.
Je n’ai pu me rendre compte de ce qui l'a mené à cette détermination.
IL n’y a pas d’hypersthène dans cette roche. Par contre le péridot est
extrêmement abondant. La roche qui contient des phénocristaux de
labrador et de gros cristaux d’aug'ite et de péridot dans un magma
microlitique d’andésine et d’augite est un pur basalte porphyroïde à
augite d’un type assez banal. C’est ainsi que je l’ai du reste déterminé
il y a quelque temps ? dans une note sommaire.
J'ai décrit moi-même d’une façon très sommaire des andésites hypers-
théniques augitiques dans l’Anglona, contenant parfois de l'olivine. J'ai
indiqué également dans l’Anglona des types à Aypersthène, hornblende
et augite : dans le Logudoro sur lu route même de Bosa à Montresta
j'ai recueilli des échantillons d’une belle andésilabradorite à augite et
hypersthène où les deux minéraux forment des associations ; près
d'Osilo j'ai signalé de magnifiques labradorites porphyroïdes à gros cris-
taux de bronzite et d’augite pouvant passer au basalte par adjonction de
péridot, mais toutes ces roches dont je prépare la description détaillée
sont bien différentes du typique basalte de Montresta.
1. Il giacimento di zeoliti presso Montresta. RC. Accad. Lincei, vol. XVII,
série V, 1'° sem. fasc. 5. 1° mars 1908.
2. J. DEprarT. Les éruptions posthelvétiennes antérieures aux volcans
récents dans le N.O. de la Sardaigne. CR. Ac. Sc., 17 juin 1907. — Paramètres
magmatiques des séries volcaniques de l’Anglona et du Logudoro. 1d., 16
mars 1908.
Séance du 4 Mai 1908
PRÉSIDENCE DE M. HENRI DOUVILLÉ
Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté.
Une nouvelle présentation est annoncée.
M. Armand Thevenin, lauréat du Prix Viquesnel, remercie en
ces termes la Société
« Messieurs, je suis profondément reconnaissant à la Société
géologique de m'avoir inscrit sur la liste de ses lauréats ; cette
récompense est un précieux encouragement. Vous me permettrez
de remercier ici plus spécialement le professeur éminent qui a
proposé mon nom à vos suffrages, votre rapporteur qui vous a
exposé en termes trop élogieux les résultats des travaux dont il a
été souvent l'instigateur, et enfin notre doyen, notre maître
commun, M. Albert Gaudry, qui, au milieu de notre affectueuse
admiration, en dépit des ans, continue à montrer le chemin des
découvertes fécondes ».
M. Paul Combes fils offre un exemplaire d’une « Géologie de la
Région parisienne » qu'il vient de publier [CRS., p. 83].
M. Ph. Glangeaud offre les notes suivantes : (Sur l'extension des
dépressions oligocènes dans une partie du Massif central et sur leur
rôle au point de vue hydrologique » (CR. Ac. Sc., 24 février 1908);
« Les éruptions volcaniques de la Limagne ; sept périodes d’ac-
tivité volcanique du Miocène inférieur au Pleistocène » (/d.,
9 mars 1908); « Les éruptions pliocènes et pleistocènes de la
Limagne » (/d., 23 mars 1908): « L'Allier miocène. Un gisement
de Vertébrés miocènes, près de Moulins » (Jd., 23 déc. 1907)
[CRS., p. 83-84].
M. G. F. Dollfus remercie la Société géologique de France, au
nom de la Geologists Association, d'avoir bien voulu prêter son
local pour tenir la réunion générale des géologues de Londres.
M. Dollfus dépose sur le bureau un tableau provisoire de
concordance des assises du Tertiaire parisien et du Tertiaire d’An-
gleterre, établi pour les participants à l’excursion, et soumis à leurs
controverses. Un tirage définitif sera fait ultérieurement.
M. G. F. Dollfus offre deux brochures extraites de la Feuille des
Jeunes Naturalistes « sur la Géologie il y a cent ans. en Angle-
terre et en France » [CRS., p. 84].
262 SÉANCE DU 4 MAI 1908
M. Haug présente de la part de l’auteur, M. Frédéric Jaccard.
un important mémoire sur la (région Rubli-Gummfluh (Préalpes
médianes) », publié à Lausanne dans le dernier Bulletin de la
Société vaudoise des Sciences Naturelles [CRS., p. 84].
M. Deprat offre les notes suivantes : « Etude des roches érup-
tives carbonifères et permiennes du N.O. de la Corse » (B. Sero.
Carte G. F., XVII, n° 119, 85 p., 18 fig.); « Paramètres magmati-
ques des séries volcaniques de l’Anglona et de Logudoro » (CA.
Ac. Sc., 16 mars 1908) [CRS., p. 85].
M. E. A. Martel offre : 1° Son récent ouvrage « l'Evolution souter-
raine » ; 2 Son « étude (géologique et hydrologique) sur la source
de Fontaine-l'Evêque (Var) » (Annales, 35, Min.de l'Agriculture),
dont il a été chargé (en collaboration avec M. Le Couppey de la
Forest) par le Ministre de l'Agriculture; 3° Une note sur « les
cavernes des grès triasiques de Brive » (Bull. Soc. Sc. hist. et
arch. de la Corrèze, 1907): 4° Un mémoire sur le « creusement
des vallées et l'érosion glaciaire » (AFAS., Lyon 1906) [CRS..
p. 85-86.
LES ÉRUPTIONS VOLCANIQUES DE LA LIMAGNE !
PAR Ph. Glangeaud
La Limagne montagneuse, qui s'étend des environs de Lempdes
Haute-Loire), Issoire, Clermont, Billom jusqu'à Riom (Puy-de-
Dôme), a acquis un relief varié grâce à ses parties volcaniques,
qui ont pénétré ou recouvert une partie de son sol sous forme de
coulées, de filons, ou de pépérites.
On à cru longtemps que la plupart de ces collines étaient d'âge
pliocène supérieur. M. Michel Lévy a signalé le premier des
coulées miocènes et M. Boule avait attiré l'attention sur des sables
à chailles analogues à ceux du Velay, situés entre deux coulées
basaltiques près de Clermont; mais on n'avait pas de notions
précises sur l'âge et la genèse de ces sables et de ces collines
volcaniques.
Les recherches que j'ai entreprises m'ont permis d'établir qu'il
1. Un mémoire détaillé paraîtra dans le Bulletin des Services de la Carte
géologique de la France.
1908 ÉRUPTIONS VOLCANIQUES DE LA LIMAGNE 263
y avait eu dans la Limagne sept périodes d'activité volcanique,
s’échelonnant du Miocène inférieur au Pleistocène inférieur et,
fait important, que ces périodes d'activité volcanique étaient en
relation étroite avec les mouvements orogéniques et les événe-
ments hydrologiques qui ont intéressé le Massif Central à toutes
les époques. C’est principalement au Miocène que ces mouvements,
continus depuis l’Oligocène, eurent la plus grande amplitude,
puisqu'ils amenèrent notamment la surélévation des anticlinaux
(Forez, Margeride, Cévennes), à des altitudes atteignant 2 000 m.
1° Les éruptions volcaniques de la Eimagne sont encadrées
entre les sables fluviatiles burdigaliens à Melanoides Escheri,
Melanopsis Hericarti (Dollfus) de Gergovie et Les alluvions pleis-
tocènes de Sarliève à Ælephas primigenius, Cerous tarandus, etc.;
20 Les premières éruptions sont d'âge burdigalien, car les laves
basaltiques des coulées sont en galets dans les alluvions helvé-
tiennes à Dinotherium Cuvieri, Mastodon angustidens, Mastodon
tapiroides, Rhinoceros aurelianensis, Crocodiles et Tortues (près
de Clermont et à Givreuil (Allier);
30 Un autre niveau alluvial important est celui de Perrier, qui
est de la fin du Pliocène inférieur ;
4° Les coulées des éruptions de ces sept périodes volcaniques
sont suspendues aujourd'hui au-dessus de l'Allier, à des hauteurs
variant entre 390 m. et 70 m.
On peut ainsi mesurer les différentes phases du creusement de
cette vallée, puisque l'extrémité des coulées repose sur des alluvions
de l’Allier s'échelonnant à huit époques différentes ;
5° Voici la répartition de ces coulées :
CREGSEMENT DE LA
EruPriONS DE : VALLÉE DE L'ALLIER
EN MÈTRES :
Gergovie, Puy St-Romain, Puy
1. MIOCÈNE INFÉRIEUR. St-André, les Côtes de Cler-
mont, Comté ? . . 390 mètres
: Pay de Mur, Chateaugay, Puy
2. MIOCÈNE MOYEN. $
de Var, Chanturgue. . . 287 »
3. MIOCÈNE SUPÉRIEUR Pardines . . . SAR D DEN CN)
À à Perrier, Montcelet, Mont Ro-
4. PLIOCÈNE INFÉRIEUR
—
NON LM RAS TOO 0
A Ve ne Corent, le Broc (Puy-de-Dôme) Ps
; Le Coupet (Haute-Loire) . . 165 »
6. PLIOCÈNE SUPÉRIEUR . La Roche Noire . TIRE)
1. PLEISTOCÈNE INFÉRIEUR Gravenoire, Beaumont, . . 70 »
264 PH. GLANGEAUD 4 Mai
6° Les pépérites, qui sont généralement d'origine intrusive
(Michel Lévy) et se relient étroitement au point de vue de leur
gisement, avec les venues éruptives, ont des âges correspondant à
ces coulées ;
7 La nature des laves, émises par les volcans de la Limagne
est la suivante : basalte (type dominant), limburgite, dolérite,
néphélinite, téphrite à olivine (Lacroix) et phonolite.
80 Les anciennes bouches volcaniques sont situées sur des
fractures, souvent bien nettes, à la limite de deux voussoirs diffé-
remment dénivellés (Gravenoire, Beaumont, Mont Rognon, Ger-
govie, Chateaugay, Usson, etc.) ;
9° Les éruptions du Velay ont débuté également au Miocène
inférieur, C’est donc dans cette région et dans la Limagne que l’on
trouve les plus anciennes éruptions volcaniques tertiaires du
Massif Central. Elles se sont poursuivies dans ces deux contrées
jusqu'au Pleistocène ';
10° Les premières éruptions du Velay et de la Limagne ne
paraissent pas en relation avec le dernier soulèvement alpin,
auquel elles sont bien antérieures pour la plupart.
Les mouvements orogéniques du Massif Central, contrairement
à ce que l’on pensait, seraient donc en grande partie indépendants
des mouvements alpins. Ils étaient d'ailleurs à peu près terminés
(à part les tassements) lors de la dernière phase alpine.
Ce sont là des vues nouvelles, qui complètent ou modifient très
sensiblement les idées admises jusqu'ici.
M. Paul Lemoine fait remarquer l'intérêt que présente la découverte
faite par M. Glangeaud du passage de bauxites en place, résultat
manifeste de la décomposition des roches anciennes, à des bauxites de
transport, intercalées dans les sédiments oligocènes. Ce fait,ajouté aux
données que l’on possède sur les bauxites de l’Alabama, apporte un
argument de plus à l’appui de la thèse de ceux qui veulent voir dans les
bauxites les produits de transport de latérites anciennes”. Le fait que
ces bauxites se trouvent dans les couches oligocènes, associées à des
Palmiers, vient également étayer cette opinion. Il est probable que,
dans l'avenir, la présence de bauxite dans certaines couches sera une
donnée précieuse pour la reconstitution du climat des époques géolo-
giques.
1. NOTE AJOUTÉE PENDANT L'IMPRESSION. Les recherches de M. Lauby sur
l'Aubrac, feraient remonter les premières éruptions volcaniques de ce
massif jusqu’à l'Oligocène supérieur. à
2. Jean CHAUTARD et Paul LEMoINE. CR. Ac. Sc. 1908 et CR. séances
Soc. Industrie minérale, avril 1908.
SUR UN GISEMENT D'ALUNITE AU CONTACT
DE RHYOLITES ANCIENS PRÈS DE RÉALMONT (TARN)
PAR Pierre Termier
M. John A. Burford a récemment découvert près de Réalmont,
dans le vallon du Siex, affluent de rive droite du Dadou, un inté-
ressant gisement d’'alunite ! compacte, de couleur rose ou grise,
fort semblable aux alunites compactes de Hongrie. Voici quelles
sont, d’après M. Burford, les conditions géologiques de ce gisement.
Le vallon de Siex, ou Siès, est creusé dans un terrain schisteux,
aux strates redressées, que M. J. Bergeron, sur la feuille Albi de
la Carte géologique, a rapporté au Potsdamien et désigné par la
rubrique S ‘}! (ce qui veut dire Potsdamien granulitisé). L'alunite
forme un petit banc parallèle
aux strates, épais de 2 à 20 cm.,
surmonté par des schistes noirs,
charbonneux, avec lydiennes, et
reposant lui-même sur des ro-
ches assez massives, mais cepen-
dant vaguement litées, fort épais-
ses, et de couleurs claires (vertes
ou roses). Ces dernières roches
sont des rhyolites à peine alté-
rés. Le filet d’alunite est séparé
du rhyolite sous-jacent par un
banc de kaolin, épais de 1 m. 50.
CouPE DU GITE DU VALLON DU SIEX,
Ne k ï PRÈS RÉALMONT, d’après un croquis
Il est évident que l'alunite de M. Burford.
résulte ici de l’action, sur l’or- «à. schistes; b, lydienne noire avec
: aces graphiteuses (ép. 3 m.);
those du rhyolite, des eaux sul- GES rentes QE )5 6;
N ee . schistes charbonneux (ép. 1 m.);
furiques provenant de la lixi- d, alunite (ép. de 2 à 0 cm): e,
viation des schistes pyriteux ; kaolin (1 m. 50); f, rhyolite (ép.
SRE : à indéterminée).
mais je signale comme très
curieuse cette disposition, en deux lits parallèles et réguliers, de
J'alunite pure et d'un kaolin presque pur.
J'appelle enfin l'attention, à propos de cette découverte de
M. Burford, sur la présence d'énormes coulées rhyolitiques dans
le Potsdamien de la région, où du moins dans ce complexe de
terrains anciens, rapporté globalement au Potsdamien métamor-
phique, dans lequel tout n'est pas métamorphique, et où il ya
peut-être des termes de divers âges. Le Massif Central français
nous réserve encore bien des surprises.
1. Cette alunite a été délerminée dans mon laboratoire, de même que le
rhyolite dont il va être question.
Séance du 18 Mai 1908
PRÉSIDENCE DE M. HENRI DOUVILLÉ
Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté.
Le Président fait part de la mort de M. Albert DE LAPPARENT,
enlevé brusquement après une courte maladie; il rappelle, en
quelques mots, les grands services qu'il a rendus à la science
géologique.
Le Président proclame membre de la Société :
M. Guillaume, ingénieur au Corps des Mines, à Neuilly, présenté par
MM. de Launay et Termier.
Une nouvelle présentation est annoncée.
M. Pervinquière dépose sur le bureau le dernier numéro de la
Revue scientifique contenant une Notice sur Albert de Lapparent.
En quelques mots il a essayé de traduire les sentiments que tous
ressentaient pour l’homme autant que pour le savant.
Henri Douvillé. — Sur quelques gisements à Nummulites de
l'Est de l’Europe.
M. le professeur Androussof, de Kieff, m'a communiqué un
certain nombre de Nummulites recueillies à l'Est de la Caspienne.
J'ai été frappé de leur analogie avec les formes de Crimée, et il
m'a paru utile d'étudier à nouveau la faune de ces gisements.
Crimée. — Les Nummulites ont été décrites par Deshayes en
1838 d’après les échantillons de la collection de Verneuil (actuelle-
ment à l'École des Mines); les espèces distinguées sont N. pob--
gyratus, N. distans, N.irregularis, N. rotularius et N. (Assilina)
placentula. En 1855, d’Archiac réunit les deux premières de ces
espèces, considère la dernière espèce comme une variété de Ass.
granulosa et réunit N. rotularius à N. Ramondi; il distingue, en
outre, trois espèces nouvelles, qui sont des formes mégasphéri-
ques (A) : Tchihatcheffi, Guettardi, Leymeriei, compagnes de
distans, rotularius (race de l'atacicus) et granulosa. Cette faune
a beaucoup d'analogie avec celle de Bos d’Arros et appartient au
Lutétien inférieur.
N. Tchihatcheffi a été le plus souvent mal interprété : les divers
gisements signalés par d'Archiac sont disposés d’après l'ordre
géographique : c'est pour cette raison que le premier cité est celui
d'Avesa, où, dit-il, cette espèce accompagne N. complanatus. Or
cette citation est inexacte, ce n'est pas cette dernière espèce qui
abonde dans cette localité, mais N. gizehensis, comme l'a fait voir
M. Oppenheim, et j'ai pu m'assurer que c'était une forme nette-
ment granuleuse; il en est de même de la forme A qui l’accom-
ne SLT
SÉANCE DU 18 MAI 1908 267
pagne et qui n'est qu'une race de N. curvispira, impossible à
confondre avec N. Tchihatcheffi. Celle-ci est en réalité, d'après
d’Archiac, la compagne de NW. Pratti dans le Vicentin, de À. distans
en Crimée où elle abonde, et la localité du type figuré, Hadinkoï,
appartient vraisemblablement au même niveau. C'est en réalité
une espèce du Lutétien inférieur.
Varna. — Mon collègue M. de Launay a recueilli dans les envi-
rons, à Dewna, un certain nombre de formes du mème niveau :
N. distans, N. Pratti, N. subirregularis, N. atacicus-Guettardi,
Assilina præspira, Operculina canalifera, Orthophragmina
Archiaci.
KLAUSENBOURG. — Plus au Nord les gisements de Transylvanie
appartiennent tous à des niveaux plus élevés, ce qui indique un
déplacement de la mer vers le Nord, rappelant ce que l’on observe
dans la région pyrénéenne où le Lutétien inférieur seul est repré- :
senté dans la chaine elle-même. D'après le très intéressant
mémoire du professeur Koch, l'EÉocène débute par des formations
d’eau douce et les premières couches marines qui reposent en
transgression sur les roches cristallines, renferment la faune du
Lutétien moyen, N. perforatus-Lucasanus, N. complanatus, avec
association de formes plus anciennes, M. lævigatus et de formes
habituellement plus récentes, N. contortus-striatus, N. variola-
rius-Heberlx. pe
On distingue ensuite un second niveau d'eau douce, surmonté
par des marnes justement attribuées à l’Eocène supérieur et carac-
térisée par l'association des Nummulites réticulées N. intermedius-
Fichteli, des petites radiées N. Bouillei, N. Boucheri associées à
des Orthophragmina; ov, parmi les premières de ces formes j'ai
reconnu incontestablement N. Fabianü, c'est donc bien le niveau
de Priabona, qui se termine ici comme dans le Vicentin par une
couche à Bryozoaires et à Orthophragmina.
Au dessus vient l'Oligocène typique à Vatica crassatina, Ceri-
thium trochleare, Num. intermedius-Fichteli. La succession des
faunes est donc exactement la même que dans l'Europe occidentale.
Henri Douvillé. — Rectifications à la nomenclature de quelques
Nammulites.
J'ai indiqué précédemment que le type de N. Ramondi est en
réalité Assilina Ley meriei ; le nom de cette, espèce ne peut donc
être conservé. L'espèce habituellement désignée sous ce nom est
en réalité N. Guettardi, qui est la compagne de NW. atacicus,
synonyme elle-même de N. biarritzensis (auclorum), qui remonte
dans le Lutétien moyen; dans le même niveau, M. globulus est
au contraire, une bonne espèce microsphérique.
268 SÉANCE DU 18 MAI 1908
Nous venons de voir que N. Tchihatcheffi est la compagne de
N. distans et appartient au Lutétien inférieur.
Le type de N. Lucasanus est de Bos d’Arros, où il est associé à
N. scaber; il présente les caractères de ce groupe (granules sur les
filets); c'est une simple race de N. Lamarcki, du Lutétien inférieur.
Le type de N. perforatus est de Klausenbourg ; il est représenté
par une bonne figure (grossie) de Fichtel et Moll. D'après le
professeur Koch, c'est une forme mégasphérique ; elle appartient
au groupe de A. aturicus (granules entre les filets). C’est donc
une variété ou une race du N. Rouaulti, et le couple, souvent cité-
de perforatus-Lucasanus devra être remplacé par aturicus-
Rouaulti. La première de ces formes a été bien figurée par Ley-
merie; c'est une espèce bien mieux définie que N. crassus, qui
n'en est qu'une variété.
Henri Douvillé. — Sur le développement des Hippurites.
M. Toucas a montré que les Hippurites sont représentés dès
l’Angoumien inférieur par deux types, À. Requieni (confondu à
tort avec /1. resectus), souche de la section des Orbignya à pores
linéaires, et 1. inferus, souche des Vaccinites à pores réticulés.
L'absence des Orbignya typiques dans la Mésogée proprement
dite (province orientale) semble bien indiquer que ce n'est pas là
une forme primitive ; d’un autre côté, 71. resectus, avec ses pores
arrondis, est tout aussi bien la souche des Hippurites à pores
polygonaux, qui eux se développent concurremment avec les
Vaccinites dans la province orientale: dans ces conditions, il
paraît nécessaire d'en faire une section spéciale, pour laquelle
nous proposons le nom d'/Jippuritella (type H. Maestrei).
Lorsqu'on étudie le développement des Hippurites, on distingue
un premier stade dans lequel l'animal est fixé plus ou moins lar-
gement dans la région de l'ouverture pédieuse et du muscle anté-
rieur. Dans la partie opposée, on voit se dessiner trois légères
inflexions du test correspondant au ligament interne et aux
deux siphons : c'est que dans ces points l'élargissement de la
coquille est contrarié par les connexions qui existent entre les
divers éléments de l'appareil cardinai : connexion entre le musele
antérieur placé dans la région de fixation de la coquille et la dent
antérieure À Z7, sur laquelle vient s'appuyer ordinairement la dent
médiane 3 b; connexion entre cette dent marginale, le ligament et
la dent postérieure P 71, connexion enfin entre cette dernière dent,
le muscle postérieur et le ganglion correspondant, dans la dépen-
dance duquel sont les ouvertures siphonales. De ces connexions
SÉANCE DU 19 MAI 1908 269
résulte une gène et par suite un retard dans le développement du
bord de la coquille en ces points, d’où résultent les trois replis
caractéristiques.
J'ai insisté précédemment sur la disposition toute spéciale du
muscle postérieur inséré sur la surface interne de l'apophyse den-
tiforme de la valve supérieure, disposition qui empêche aussi le
muscle de suivre le mouvement de croissance périphérique, con-
trairement à ce qui se passe dans les Radiolites.
Dans les stades suivants les Hippuritella typiques se dévelop-
pent lentement en largeur ; la forme générale reste ordinairement
étroite et allongée (en tuyau d'orgue), aussi la disposition des
replis se maintient peu différente de ce qu’elle était dans le jeune.
Dans les Vaccinites, au contraire. on distingue trois stades suc-
cessifs : 1° un premier stade, où la coquille présente exactement la
même forme et la même disposition des plis que dans les jeunes
Hippuritella, ce qui indique une origine commune; 2° un deuxième
stade, où la coquille se développe très rapidement en largeur; il
en résulte une exagération du ralentissement de la croissance dans
les points qui correspondent au ligament et aux siphons, d'où
un allongement très accentué de l’arête ligamentaire et des piliers,
qui restent rapprochés, et un développement de la cavité acces-
soire antérieure ©; 3° un troisième stade, de croissance normale,
où la coquille prend sa forme cylindro-conique habituelle.
Vaccinites doit donc être considéré comme dérivant d’Hippuri-
tella : ses caractères différentiels résultent d’une croissance très
rapide en largeur pendant le second stade du développement ; en
même temps, on peut concevoir que les pores se compliquent pro-
gressivement, deviennent denticulés, puis réticulés. Nous avons
quelques raisons de penser que cette section comprend plusieurs
rameaux différents.
Quant aux Orbignya, ils représentent comme nous l’avons vu
un rameau spécial propre au golfe pyrénéen (Aquitaine, Provence,
Catalogne). |
M. A. Toucas fait les observations suivantes :
1° La forme primitive de la première section (Orbignyra WovpwaARD),
doit porter le nom d’Æipp. Requieni MaruEeroN 1842, l’Hipp. resectus
DEFRANCE n’en constituant qu’une variété de même âge, décrite et
figurée pour la première fois en 1893 par M. H. Douvillé ;
2° La forme primitive de la deuxième section ( Vaccinites FiscHER),
est l’Hipp. præpetrocoriensis Toucas, qui a fait son apparition dans
l’Angoumien inférieur, zone G. d’Arnaud, en même temps que l’Hipp.
Requieni, et non l’Hipp. inferus Douv., qui est une forme un peu plus
récente ayant servi d'origine au groupe de l’Hipp. giganteus ;
270 SÉANCE DU 18 MAI 1908
3» Ces deux sections des Hippurites paraissaient être indépendantes
au point de vue de leurs caractères (forme des pores, de l’arête cardinale
et de l’appareil cardinal) comme au point de vue de leur origine (appa-
rition simultanée) et de leur évolution. La nouvelle section, proposée
par M. H. Douvillé, tendrait au contraire à fixer une origine unique
des Hippurites et à établir une liaison entre les Orbignya et les Vacci-
nites. Avant de se prononcer sur l’importance et la valeur de cette
modification, il y a lieu d’attendre la publication du mémoire de
M. H. Douvillé, qui nous fera connaître le type de cette nouvelle
section, ses caractères, les formes ou groupes qu’elle devra comprendre
et ses rapports avec les deux autres sections déjà établies,
M. Haug ivsiste sur le très grand intérêt que présentent les
recherches de M. Henri Douvillé au double point de vue de la
biomécanique et de l’ontogénie. On est en droit d'espérer qu'elles
ouvrent pour l'étude des Rudistes une ère nouvelle, en conduisant
à des résultats aussi importants que ceux auxquels Hyatt, Branco
et d’autres ont été amenés au cours de leurs travaux sur l’évolu-
tion individuelle des Ammonoïdés. On sait quel parti divers
auteurs ont pu tirer également des études ontogéniques pour l’éta-
blissement d’une classification naturelle des Trilobites, des Lamel-
libranches, des Brachiopodes, etc.
W. Kilian. — Sur l’âge de la couche jaune à Astieria du Jura
Neuchôtelois.
Dans une brochure récente (Mélanges géologiques sur le Jura
neuchâtelois, Neuchâtel, 1908, p. 197), M. Schardt revient sur l'âge de
la couche jaune à Astieria de Villers le-Lac et du Jura neuchâtelois, Il
attribue à l'Hauterivien cette assise, que nous plaçons au sommet de
l'étage valanginien', en faisant remarquer que le genre prédominant
dans cette couche est Astieria, qui, dit-il, « est d’ailleurs un genre
hauterivien par excellence ».
Notre confrère aurait pu cependant voir dans les nombreuses
publications traitant du Néocomien du Sud-Est de la France, que si
la section Astieria du groupe si hétérogène, et polyphylétique des ÆHol-
costephanus, atteint son maximum de fréquence dans lHauterivien infé-
rieur, ce groupe disparaît dans la moitié supérieure de cet étage, alors
qu'il est déjà représenté par de très nombreuses formes pyriteuses (dont
M. Sayn prépare la monographie) dans les dépôts valanginiens ?.
L'argument tiré de la présence du groupe Astieria dans les marnes de
Villers n’a donc rien de décisif pour placer plutôt dans l'Hauterivien la
couche jaune de Villers dans laquelle existe Saynoceras verrucosum
D'OrB. sp. (découvert jadis par M. Sayn) et qui est l'équivalent
1. M. BAUMBERGER nous a suivi dans cette attribution (Inaugural Dissert.
de l'Univ. de Bâle, 1403, et Soc. Pal. suisse, XXXIT, 1906, p. 5).
2, Ce sous-genre d’Holcostephanus (Astieria) débute dans la zone à Hoplites
Boissieri avec Ast. Schenki OPp. sp., qui y est toutefois assez rare et y
accompagne de nombreux Spiticeras.
L
SÉANCE DU 18 MAI 1908 271
évident des calcaires jaunes à Alectryonia rectangularis RœM. sp. du
Dauphiné et de la Savoie, lesquels passent nettement, au S. de Grenoble,
au Valanginien supérieur à Céphalopodes (zone à Sayn. verrucosum).
M. Schardi cite, en outre, à l'appui de sa manière de voir la présence,
dans la marne à Astieria, de Lamellibranches et d’Echinides à cachet
hauterivien. Or nous avons montré dans nos publications antérieures et
récemment encore dans Lethæa geognostica (I, t. IT, fascicule 1.
Palæocretacicum), que les faunes néritiques des étages valanginien et
hauterivien possèdent beaucoup d’éléments communs et ne peuvent
guère être distinguées que par leurs Céphalopodes.
G. Rovereto. — Sur le Stampien à Lépidocy clines des environs
de Varazze.
- Le long de la côte de la Ligurie, aux environs de Varazze, j'ai
découvert un gisement de Stampien reposant en partie sur le
Tongrien, en partie directement sur les roches anciennes. Ce
Stampien se compose de bancs construits par des Polypiers et
par des Algues, parmi lesquels j'ai reconnu des Lithothamnium
(L. torulosum Gÿms.), et une Cymopolia nouvelle, ainsi que
plusieurs espèces de Mollusques : Chlamys miocenica Micurr.,
Chl. antiquata Rov., Pinna Deshayesi Mayer, Modiola tauri-
nensis Bon., Bulla simplex Fucus, et diverses Lépidocycelines,
dont la détermination est due à M. Prever : Lepidocyclina hime-
rensis CaecciA, L. planulata CueceurA, L. Raulini LE. et Douv.,
L. Schlumbergeri Le. et Douv., L. Chaperi Le. et Douv.
Or, il estimportant de constater que les deux premières de ces
Lépidocyclines sont propres à l’Éocène sicilien ; les autres, par
contre, au Miocène et, plus particulièrement, à l’Aquitanien ; par
suite, le gisement de Varazze confirme l'opinion de plusieurs de
mes collègues, de MM. Prever, Silvestri, Checchia-Rispoli et
d'autres encore, selon lesquels on doit assigner aux Lépidocy-
clines une distribution chronologique bien plus étendue qu'on ne
l’admet généralement.
Robert Douvillé.— Observations à propos de la note de M. Rove-
reto & Sur le Stampien des environs de Varazze ‘ ».
Dans le nouveau gisement stampien de Varazze, M. Rovereto signale
un certain nombre de Lépidocyclines déterminées par M. Prever. Outre
plusieurs espèces oligocènes, M. Rovereto cite deux espèces «éocènes »,
à savoir, L. himerensis et L. planulata CueccurA. Ces espèces ont prin-
cipalement été établies, je crois, parce qu'elles ont été trouvées dans
des terrains que M. Checchia considère comme éocènes ; si elles avaient
été trouvées dans des gisements reconnus par lui comme oligocènes,
il me semble certain qu’il en aurait fait ce qu’elles sont en réalité : des
Lep. dilatata de petite dimension.
1. Observations présentées à la séance du 1° juin 1908.
SUR LA CONTINUITÉ DES PHÉNOMÈNES OROGÉNIQUES
DANS UNE PARTIE DU MaAssiF CENTRAL
AUX ÉPOQUES OLIGOCÈNE ET MIOCÈNE ET LEURS RELATIONS
AVEC LES PHÉNOMÈNES VOLCANIQUES ET HYDROLOGIQUES
PAR Ph. Glangeaud
Au début de l'Oligocène, le Massif Central était un plateau
central, au climat tropical et à la surface fortement rubéfiée par
les agents atmosphériques, comme certains territoires du Sénégal,
du Soudan et de la Guinée (formation de latérite et de bauxite).
Une première série de mouvements amena la formation de
dépressions et de synelinaux oligocènes (Limagne, Bassin du Puy,
de Montbrison, d'Aurillac, de la Sioule, de la dislocation houillere,
ete.), qui communiquèrent ensemble, au moins momentanément à
l’époque stampienne.
Par suite de la continuité des mouvements orogéniques, il
s’accumula dans certains grands synclinaux, comme la Limagne,
une épaisseur considérable (plus de 1 000 mètres) de sédiments, au
fur et à mesure que s’enfonçaient les synelinaux.
À la fin de l’'Oligocène, les mouvements horizontaux avaient
amené l’émersion complète des dépressions oligocènes du Massif
Central. :
Les mouvements miocènes continuèrent, d'une façon générale,
à surélever les clefs de voûte anticlinales, pendant que s’enfon-
çaient les synclinaux. Cette surélévation fut beaucoup plus
accentuée vers le Sud (région des Cévennes, Lozère, Ardèche)
que vers le Nord ; aussi le sol prit-il dans cette portion de terri-
toire une inclination générale sud-nord. Le premier réseau
hydrologique, d'âge burdigalien, épousa les lignes de plus grande
pente des dépressions synclinales oligocènes.
L'existence de ce réseau se manifeste, au Burdigalien, par un
ruissellement intense sur les flancs des synclinaux et par le
transport par les collecteurs, Loire et Allier, dans la Limagne et
jusqu’en Sologne de sables granitiques et argileux variés (Sables
de l’Orléanais et de la Sologne).
Ces mouvements sont suivis des premièreséruptions volcaniques
de la Limagne et du Velay. Au début de l’Æelvétien, un nouvel
épisode orogénique surélève surtout la région cristalline (Forez,
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Bull.
5 Oct. 1908. — T. VII.
274 PH. GLANGEAUD 18 Mai
Cévennes, Margeride) à près de 2000 mètres et avec elle, des
compartiments jurassiques de la bordure des Causses et de
l'Ardèche, qui deviennent bientôt la proie de l'érosion.
L'Allier, ayant alors une pente et un pouvoir dynamique consi-
dérable, couvrit d'une nappe de galets de quartz, de chailles
jurassiques et de basalte une partie de la Limagne, jusque vers
Nevers (près de 300 kilomètres). |
Au Tortonien. ces alluvions sableuses de la Loire et de l'Allier
sont ensuite découpées par des failles (deuxième phase volcanique)
et les nouveaux voussoirs sont bientôt arasés à leur tour à
l’époque sarmatique, tandis qu'au Pontique se produit une
troisième phase d'activité volcanique.
Il est intéressant de noter que c’est au moment du maximun de
surélévation des anticlinaux qu'a lieu dans le Bassin du Rhône et
dans le Bassin de Paris un maximum de transgression marine. La
régression marine coïncide avec les premiers tassements.
Le tableau ci-contre résume l'histoire des principaux épisodes
miocènes dans le Massif Central et dans quelques régions voisines.
REVISION DES MYRICACÉES FOSSILES DU GRÈS DE BELLEU
PAR P. H. Fritel
PLANCHE III
Dans sa description des plantes fossiles du Bassin de Paris,
Watelet n’énumère pas moins de douze Myricacées, qu'il classe
de la manière suivante :
Comptonia suessionensis WT. Myrica angustissima WT.
— magnifica WAT. — verbinensis WAT.
_ concisa WAT. — attenuata WAT.
— triangulata WAT. — curticellensis WaAT.
— _ pedunculata War. — Roginei War.
_ rotundata W AT. © — Marceauxi WAT.
Deux ans après la publication du travail de. Watelet, de Saporta
réunit les Myrica curticellensis War., M. Roginei War.
M. verbinensis War. à son Dryophyllum lineare Sar. des tra-
vertins ' de Sézanne.
1. DE SAroRTA. Mém. Soc. géol. de France, (2), VIII, mém. 3, p. 350, 1868.
1908 MYRICACÉES DE BELLEU 279!
Ultérieurement, de Saporta et Marion, dans leur étude sur la
flore des marnes heersiennes de Gelinden ’ rapportèrent au
Dryophyllum curticellense War. sp. cinq des Myrica de WATELET.
Seul le M. Marceauxi, des grès de Courcelles (Aisne) avait échappé
à cette revision. Ayant eu la possibilité, grâce à l'obligeance du
professeur Lecomte, d'examiner le type de cette espèce, conservé
dans les collections paléobotaniques du Muséum national d'Histoire
naturelle, j'ai pu constater que cette empreinte n'était, elle aussi,
qu'une variante du Dryophyllum précité.
Comme l’on peut s’en rendre compte par l'examen de la repro-
duction photographique de l'échantillon du Muséum (pl. II, fig. 1),
cette empreinte, par son galbe, par ses proportions et par la forme
et la disposition des denticules marginaux (bien visibles en haut
et à gauche de la figure), est voisine des formes moyennes
du D. curticellense, très répandu à l’époque paléocène, puisqu'on
le retrouve à Sézanne, à Belleu, ainsi que dans les grès de Vervins,
de Lewarde, de Proix et d’Artres. L’empreinte-type de Watelet
est particulièrement conforme à une feuille provenant de cette
dernière localité, et figurée par M. Gosselet? qui l’assimile au
D. curticellense var. Roginei War.
Le Myrica Marceauxi de Watelet représente donc, à mon
avis, une forme sparnacienne du Dryophyllum curticellense
thanétien, car j'ai pu m'assurer par un examen minutieux et par
une comparaison attentive avec des échantillons recueillis en
place, que le bloc de grès, assez volumineux, contenant cette
empreinte provient indubitablement de la table gréseuse qui cou-
ronne les lignites.sur certains points des environs de Laon, parti-
culièrement à Chaïllevois, Urcel, Anizy-Pinon, etc.
Il en est de même pour les deux blocs renfermant les restes qui
ont servi de type à Watelet pour l'établissement de son Myrica
curticellensis, ils proviennent tous deux de Courcelles, et leur
grain, ainsi que leur nature purement siliceuse doit leur faire
attribuer la même origine stratigraphique.
J'ai cru bon d'indiquer d’une façon précise l’origine des grès de
Courcelles, confondus par Watelet, avec ceux de Belleu (qui sont
yprésiens) sous la dénomination commune de « grès supérieurs
aux lignites ».
Comme l'indique la liste donnée en tête de cette note, le nombre
des espèces de Comptonia, reconnues par Watelet dans les grès
de Belleu, est de six.
1. DE SaporrA et MARION. Mém. cour. de l’Acad. roy. des Sc. et let. de
Bruxelles, XXXVII, 1873, p. 42.
2. GOssELET. Ann. Soc. Géol. du Nord, X, 1882-83, p. 104, pl. v fig. 4.
276 P. H. FRITEL 18 Mai
Après avoir examiné les échantillons types, conservés au
Muséum, j'ai pu me convaincre que ce chiffre était trop élevé et
qu'en réalité les empreintes de Belleu ne donnent lieu qu’à deux
espèces tout au plus".
En effet, si l’on compare les échantillons-types de Watelet avec
les figures données par cet auteur on constate aussitôt que celles-
ci ne sont point la reproduction fidèle de ceux-là. Sur presque
toutes les empreintes, le grain grossier de la roche empêche tota-
lement de distinguer les détails de la nervation. représentée
cependant sur les dessins de Watelet. Seule la nervure médiane
est fortement exprimée sur toutes ces empreintes.
Les diagnoses données par Watelet se ressentent également de
l'état assez fruste des fossiles et les distinctions spécifiques de cet
auteur paraissent uniquement basées sur les différences peu im-
portantes, observées dans la forme des lobes et dans leur dispo-
sition.
Or, il y a lieu de faire remarquer : d’une part, que dans quel-
ques-unes de ces empreintes le contour des lobes est manifestement
modifié par un enroulement plus ou moins prononcé de leur bord,
provenant de la dessiccation de la feuille avant son enfouissement
dans le sable des dunes yprésiennes. C’est du moins ce qui s’est
vraisemblablement produit pour les feuilles désignées sous les
noms de Comptonia concisa War. et C. rotundata War.
D'autre part, quand on examine les rameaux de l'unique espèce
vivante constituant aujourd'hui le sous-genre Comptonia, c'est-à-
dire les rameaux du Myrica (Comptonia) asplenüfolia Ricx. qui
croît actuellement sur le versant atlantique de l’Amérique du
Nord, on y retrouve, réunies sur le même individu, toutes les
variantes morphologiques distinguées par Watelet, dans les em-
preintes du grès de Belleu, sous un nom spécifique spécial.
C'est ainsi que le C. suessionensis WarT., dont les lobes sont
assez régulièrement opposés et plus larges que hauts se rapproche,
par ces caractères, des figures 1 et 5, mais avec contour un peu
différent et rappelant plutôt celui des lobes supérieurs des feuilles
représentées par les figures 2 et 7.
Quant à la forme constituant le GC. concisa WarT., chez
laquelle les lobes, au moins aussi hauts que larges, sont nettement
alternes, elle s’identifie presque avec la figure 1 a, où cette dispo-
sition est aussi bien caractérisée que sur le fossile, du moins dans
1. DE SAPORTA avait déjà fait pressentir la similitude de trois des espèces
de Watelet, sans d’ailleurs s'expliquer sur cette appréciation (DE SAPORTA.
Ann. Soc. d'Agric. Sc. et Arts da Puy, XXXIII, 1878).
MYRICACÉES DE BELLEU
0/5)
278 P. H. FRITEL 18 Mai
la partie inférieure du limbe. Le C. pedunculata War. peut de
même être rapproché de la figure 9 et le C. rotundata War. des
figures 4 et 6. J’ajouterai que ces figures ont été obtenues par auto-
impressions faites sur des échantillons de l'herbier du Muséum de
Paris : la figuge 1 d’après un rameau récolté par Torrey et provenant
de l’herbier de Jussieu ; les figures 5, 7 et 3, d’après un exemplaire
récolté par Victor Jacquemont (n° 1834) ; enfin les figures 2 et 6 sur
un rameau de l’herbier Brongniart et récolté par Schewenitz. II
résulte donc de ces données que l'examen de trois exemplaires du
Comptonia asplenüfolia actuel a permis de reconnaître des types
morphologiques extrêmement voisins de ceux représentés dans
les grès yprésiens.
Quant aux détails de la nervation, indiqués par Watelet d’une
manière très fantaisiste, ils sont absolument indiscernables sur la
plupart des empreintes de Belleu, seuls les fragments désignés
sous les noms de C. concisa War. et GC. triangulata WT. lais-
sent apercevoir, quand on les éclaire convenablement, quelques
traces évidemment dues aux nervures secondes. Celles-ci parais-
sent être au nombre de 2 à 3 paires par lobes et disposées comme
celles qui se montrent sur le C. asplenüfolia Ricu. ; lesquelles ne
laissent, d'ailleurs, sur les auto-impressions que j'ai pu obtenir
que des traces presque aussi légères que celles des feuilles fossiles.
Il n’est donc pas surprenant que le grain grossier de la roche de
Belleu n'ait pu conserver l'empreinte d'un réseau veineux aussi
délicat.
A la suite des remarques précédentes, je considère qu'il devient
difficile d'admettre l'existence d'un nombre de Comptonia aussi
élevé que celui indiqué par Watelet à l’époque où les grès de
Belleu se déposaient ; c'est pourquoi je réunis les formes décrites
par cet auteur, ne les considérant que comme variations d’un type
unique |
MYRICA (COMPTONIA) SUESSIONENSIS (WAT.) nobis
PIE 0 0 00e
Comptonia suessionensis War. PI. foss. du bassin de Paris, p. 122
pl. xxx, fig. 2.
— concisa War. Loc. cit., p. 123, pl. XXxXu, fig. 1.
— triangulata War. Loc. cit., p. 124, pl. xxx1m01, fig. 4.
— pedunculata War. Loc. cit., p. 124, pl. Xxxnm1, fig. 5-6.
— rotundata War. Loc. cit., p. 124, pl. XXxui, fig. 7.
,
Gisement. — Grès yprésiens du sommet des sables de Cuise.
Localité. — Belleu, près Soissons (Aisne).
Feuille linéaire lancéolée, atténuée à la base en un pétiole assez
court. Limbe divisé en lobes nombreux, opposés ou alternes,
1908 MYRICACÉES DE BELLEU 279
séparés les uns des autres par des incisures atteignant presque la
nervure médiane, qui est toujours très nettement exprimée.
Lobes de forme variable, plus ou moins falciformes, acuminés à
la partie supérieure externe, arrondis à la partie inférieure
externe, tantôt plus larges que hauts (forme suessionensis), tantôt
plus hauts que larges (forme concisa et pedunculata) ou de hauteur
et de largeur égales (forme triangulata).
Nervure primaire très fortement marquée à la face inférieure,
plus légèrement à la face supérieure ; nervures secondes obso-
lètes, surtout vers la marge, au nombre de 2 à 3 paires par lobe.
Réseau veineux intermédiaire indistinct.
. Comme nous l’avons démontré ci-dessus, cette espèce se rapproche
beaucoup du Comptonia aspleniifolia Ricx. actuel, par les dimensions et
la forme de ses feuilles, qui présentent les mêmes variations, c’est-à-dire
que l’on peut rencontrer des organes à lobes opposés à la base et
alternes au sommet, ou présentant la disposition contraire, ou bien
montrant l’une de ces deux dispositions sur toute la longueur du
limbe.
Mais le Myrica suessionensis, tel que je le comprends, se distingue
de l’espèce vivante par la forme de ses lobes qui sont toujours falciformes,
concaves à ieur partie supérieure qui se termine extérieurement en une
pointe relevée et fortement arrondis à la partie inférieure. L’apparence
arrondie du contour externe des lobes, que montrent certains échan-
tillons, étant dûe à une particularité de la fossilisation.
En somme cette espèce représente évidemment un type aujourd'hui
éteint, mais qui paraît s'être perpétué au moins jusqu'à l’époque
sannoisienne, car le C. Vinayi SAP. : des arkoses de Brives (Haute-Loire)
est extrêmement voisin de l’espèce de Belleu.
Quant à la forme décrite par Watelet sous le nom de Comptonia
magnifica, je la considère, avec son auteur, comme distincte des
précédentes, néanmoins je crois devoir donner un: photographie de
l’échantillon-type (pl. IL, fig. 5) celui-ci ayant été figuré par Watelet
d’une façon très défecteuse.
Par le mode de découpure deses lobes, cette espèce diffère légèrement
de ses congénères, et par sa taille beaucoup plus grande elle se
rapproche de la forme aquitanienne d'Armissan, décrite par de Saporta
sous le nom de Myrica (Comptonia) Matheroniana Sar.?.
De Saporta compare son espèce aux Comptonia grandifolia UNG. et
Comptonia laciniata UNG. de Radoboj, dont elle se distingue d’ailleurs
par les incisures du limbe, se prolongeant jusqu’au contact de la nervure
médiane; or ce caractère se retrouve précisément dans l'espèce
1. DE SAPoORTA. Plantes fossiles des arkoses de Brives. Ann. Soc. Agr.
Se. et Arts du Puy, XXXIII, 1878.
2. DE SAPORTA. Ann des sc. nat. bot., (5), IV, p. 93, pl. v, fig. 7,74.
280 P. H. FRITEL 18 Mai
yprésienne. Mais tandis que dans le Comptonia Matheroniana Sar.
les lobes sont plus larges que hauts, c’est le contraire qui se produit
sur la forme de Belleu. Leur contour est d'ailleurs tout différent et
dépourvu des dentelures qui découpent les lobes de l’espèce d’Armissan.
La nervure médiane est aussi proportionnellement beaucoup plus fine
dans l’espèce de Watelet. Quant aux détails de la nervation ils sont
sur cette dernière absolument indiscernables contrairement à ce qu'in-
dique le dessin de la planche 33 de la « Description des plantes fossiles
du bassin de Paris. »
ConcLusIONs. — En résumé il résulte des remarques précé-
dentes :
1° Que des douze Myricacées signalées par Watelet, deux
types seulement méritent de rester dans cette famille ;
2 Que le Myrica Marceauxi de Watelet doit être considéré
comme forme moyenne du Dryophyllum curticellense W AT. sp.
et qu'il est inclus dans un grès sparnacien, étage que cette forme
ne semble pas dépasser :
3° Que les formes distinguées spécifiquement par Watelet sous
les noms de Comptonia suessionensis, C. concisa, C. triangulata,
C. pedunculata et C. rotundata, doivent ètre réunies sous le nom
de Myrica (Comptonia) suessionensis WAT. sp. constituant ainsi
une espèce unique chez laquelle le feuillage offre un mode de
variation identique à celui qui s’observe chez le Myrica (Comp-
tonia) asplentüifolia Rica. actuel ;
4" Enfin que les Myrica suessionensis et magnifica de Watelet
peuvent être regardés comme représentants des types aujourd'hui
éteints, et que la seconde de ces deux espèces paraît s'être main-
tenue, en France, jusqu'à l’époque aquitanienne, en subissant
quelques modifications dans la découpure de son feuillage.
#0
af
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SUR LES FAILLES COURBES DES ENVIRONS DE SALINS (JURA)
PAR L’ABBÉ Bourgeat
C'est aux environs de Salins et de Besançon que Marcel Ber-
trand constata pour la première fois l'existence des failles courbes
qui lui donnèrent l’idée des charriages ’. La théorie des charriages
a fait un bien long chemin depuis cette date ; maïs les failles sont
restées comme les témoins des premières observations sur lesquelles
s’est édifiée la théorie. Il m'a été donné de revoir plusieurs fois
celle des environs de Salins et déjà en 1905, dans une note sur la
bordure occidentale du Jura entre St-Amour et Salins, je croyais
devoir faire remarquer que celles qui ont été signalées des Arsures
à Salins, ne sont pas dues à un charriage tectonique, comme le
pensait Bertrand, mais à un simple charriage glaciaire. Ma convic-
tion n'a fait que se confirmer depuis. Je voudrais aujourd'hui
faire connaître en quelques mots les motifs sur lesquels elle
repose.
Lorsque je parle de failles courbes, je n’ai pas pour objet la
faille brisée qui est figurée en double trait sur la feuille Besancon,
des Arsures à Salins, et qui met le Trias en contact avec le Juras-
sique supérieur d'Aiglepierre, ete. Cette faille n’est pas discutable ;
elle est d'origine tectonique et se relie aux phénomènes qui ont
donné au Jura son relief. Mais en avant de cette faille, vers le
Nord, il en est une autre qui est marquée d’un simple trait et
qui court, comme la première, des Arsures à Salins en décrivant
des boucles. La première boucle en saillie sur le territoire d'Aigle-
pierre, met en contact du Lias supérieur avec le Jurassique
supérieur de la colline cotée 425. La seconde située plus à l'Est et
plus large, fait avancer du Trias jusqu’au-delà du chemin de fer
de Mouchard à Salins, sur le Jurassique supérieur d’entre
Aiglepierre et Pagnoz. Les autres. moins saillantes, se succèdent
comme des graphiques ondulatoires de Marnoz aux premières
maisons de Salins. Marcel Bertrand a eu soin de les figurer dans
la carte de la page 128 du tome X du Bulletin de la Société
géologique de France (3: série).
Parlant de la première boucle, c'est-à-dire de celle d'Aiglepierre,
il s'exprime ainsi: «La boucle à l'Ouest d’Aïglepierre est aussi
remarquable. Elle occupe une dépression sur le flanc est d’une
colline (425) toutentière forméede Jurassique supérieur (Astartien);
BST GR (GB) Xp rr/:
282 ABBÉ BOURGEAT 18 Mai
et dans cette dépression les travaux de culture des vignes amènent
au jour et montrent en place les marnes du Lias, avec Ammonites
et Bélemnites du niveau supérieur. Là, il n’y a pas d’éboulement
possible ».
Il est très exact. comme ille dit, que dans cette boucle on retire
des champs des blocs marneux du Lias avec des Ammonites et des
Bélemnites du niveau supérieur ; mais ces blocs ne sont pas enra-
cinés, c'est-à-dire en place. Is sont noyés dans la terre, isolés les
uns des autres et sont plus ou moins usés. A côté d'eux, s'en trou-
vent d’autres qui appartiennent aux calcaires à Gryphées ou aux
dolomies triasiques ; et, sur plus d’un point, se montrent des taches
lie-de-vin des marnes irisées.
Pour se convaincre d’ailleurs qu’on n’a là que du Glaciaire, il
n'y a qu'à aborder le placage en partant des Arsures. A peine a-t-on
quitté le village en suivant la route qui va à Salins vers l'Est, qu'on
voit de part et d’autre le Glaciaire se montrer avec ses blocs, son
argile, tous les caractères en un mot des dépôts morainiques. On
le voit très bien s'étendre à l'Ouest et aller buter contre la colline
425 formée d’Astartien. En avant, pour peu que l’on se détourne
de la route, il ne cesse presque pas de se montrer dans les champs ;
mais c’est entre le village et l’église de Marnoz qu'il est surtout
visible. On le retrouve encore à peu de distance de Salins à l'endroit
où la vieille route de Mouchard rejoint celle des Arsures.
Si d'Aiglepierre on observe la gauche de la route, on remarque
à Marnoz même en quittant le village pour aller sur Pagnoz,
une magnifique moraine. Elle a été entamée par le chemin de
Pagnoz et vient de l'être plus fraîchement cette année même par
une charrière destinée à desservir les champs. Plus au Nord la
tranchée du chemin de fer entame du Glaciaire aussi dans la zone
marquée des couleurs du Trias. Et la preuve que c'est bien du
Glaciaire, en dehors de celles que je viens de citer, c’est qu'il s'y
rencontre un beau bloc de granite alpin.
Enfin, de cette tranchée à l'entrée de Salins, mais surtout de
part et d'autre du ruisseau qui vient de Marnoz, les blocs retirés
des champs, sont usés, multicolores et sans racine avec des assises
sous-jacentes; si bien que les cultivateurs disent tous que ce sont
des blocs perdus. Les teintes des marnes irisées apparaissent çà
et là sans ordre à la surface des champs récemment ouverts.
Quant aux blocs, les uns sont triasiques, d’autres liasiques et
d’autres du Jurassique inférieur. C’est sans doute à raison de
l'abondance de ces derniers dans les nurgers, ou amas de pierre,
du voisinage du ruisseau de Marnoz que Marcel Bertrand a cru
devoir teinter les bords de ce ruisseau des couleurs du Bajocien.
Quoi qu'il en soit de ce dernier point, les boucles si bien décrites
1908 FAILLES DE SALINS 283
par l’auteur de la carte ne sont que des placages morainiques, dus
au glacier qui descendait suivant la cluse de Salins vers la plaine
bressanne.
On me demandera sans doute pourquoi, si c’est réellement du
Glaciaire, il ne s’en trouve pas de trace sur l'autre bord de la cluse.
La cluse s’ouvrant de l'Est à l'Ouest et son autre bord étant du
côté de Pagnoz, il devrait se trouver là aussi au moins quelque
rudiment de moraine. La vérité est qu’il s’en rencontre aussi à
peu de distance de Pagnoz en allant sur Salins, tout près du pont
que traverse au-dessus de la voie ferrée le chemin de Mouchard à
Marnoz ; seulement il est moins abondant que de l’autre côté.
La cause en est probablement due au massif du Poupet. Ce
massif puissant, qui dépasse sensiblement les autres escarpe-
ments de la cluse, s'élève à l'extrémité nord-est de celle-ci. La
glace qui en descendait a dû nécessairement incliner dans la
direction opposée, c'est-à-dire, vers le Sud-Ouest ou sur les
Arsures et Marnoz, le glacier de la cluse. Dans la cluse d'Arboïis,
qui suit celle de Salins un peu plus au Sud, on constate le phéno-
mène inverse. C'est du Sud-Est, c’est-à-dire des hauteurs de Pupillin,
qu'est venue la masse principale de glace : celle-ci a dû faire dévier
vers Menay et Villette, c’est-à-dire au Nord-Ouest, le glacier
de la vallée ; c’est pourquoi les dépôts glaciaires sont si nombreux
de ce côté, alors qu'ils sont très rares dans la direction de Buvilly
et de Grozon.
En dehors de cette. faille courbe, qui court en sinuosités de
l'Ouest à l'Est, il en est une autre également signalée par Marcel
Bertrand, dans la direction nord-sud, au pied même du Poupet. En
celle-là, ce sont des couches sédimentaires vraies que l’on observe ;
mais la question est de savoir si l’éminent géologue ne s’est pas
mépris sur leur àge. J’en parlerai dans une prochaine note.
Pour revenir à celle des Arsures à Salins, je ferai remarquer que
sur tout le territoire d’Aiglepierre le Jurassique supérieur est
régulièrement lité sans traces sensibles de refoulement. D’après
Marcel Bertrand, lorsqu'on se reporte aux coupes qu'il donne
aux pages 124 et 125 de son mémoire et aux explications qui les
accompagnent, ce serait ce Jurassique qui aurait été charrié
presque horizontalement par dessus des terrains plus anciens.
Comment ce gigantesque charriage n’y aurait-il pas produit des
phénomènes de rupture ? Il n'y a qu’un point où j'ai remarqué
des traces de refoulement intenses ; c'est au sortir de Pagnoz en
allant sur Salins. Mais elles se montrent dans les assises batho-
niennes qui forment l’axe d’un anticlinal ouvert et tordu vers
l'Ouest, et la torsion seule me semble suffire à les expliquer.
ESQUISSE COMPARATIVE DES SÉRIES MIOCÈNES
DE L'ALGÉRIE ET DU SUD-EST DE LA FRANCE
PAR L. Joleaud
Pomel et M. Brives ont distingué, dans le Miocène marin
d'Algérie, quatre étages : l’Aquitanien, le Cartennien, l'Helvétien
et le Sahélien.
Ces étages présentent des faciès différents vers le littoral et
dans les chaînes intérieures de l'Atlas tellien. Nous envisagerons
d'abord les faciès des chaînes intérieures, en prenant pour point
de départ les remarquables travaux de M. Savornin, sur la région
du Hodna. Puis nous examinerons les formations miocènes du
littoral, d’après l'exposé qu'en ont fait, dans leurs importantes
thèses, MM. Ficheur, Brives et Gentil.
Nous dirons aussi quelques mots des faciès lagunaires déve-
loppés principalement dans la région de Constantine, dont
MM. les directeurs du Service géologique d'Algérie ont bien
voulu nous confier l'étude.
Enfin nous comparerons ces diverses formations aux dépôts
miocènes étudiés par nous dans le Sud de la vallée du Rhône.
I. Hopxa. — Dans le Cartennien du Hodna, M. Savornin :! a
reconnu plusieurs niveaux de Pectinidés. Des grès, voisins de la
base de la série, ont fourni Pecten Davidi, D'autres assises détriti-
ques ont présenté P. præscabriusculus var”, P. subbenedictus
type et var. Paulensis, Josslingi. revolutus. Enfin des couches
gréso-sableuses, en concordance avec les précédentes, mais
encore très éloignées du sommet du Cartennien, renferment
P. Fuchsi, P. Gentoni, P. ventilabrum var. *.
1. Structure du djebel Maadid et du Telemtaga, B.S.G.F., (4), IV, 1904,
p.145; —Sur les terrains tertiaires de lOuennougha et de la Medjana (Algérie),
CR. Ac. Sc., 10 juillet 1905 (en collaboration avec M. FIcHEUR), — Sur le
géosynelinal miocène du Tell méridional (départements d'Alger et de Cons-
tantine), CR. Ac. Sc. 10 juin 1907.
2. Cette variété diffère seulement du type par une plus grande accentua-
tion des aspérités qui ornent la surface des côtes; le nombre de celles-ci
reste le même que dans les formes du Comtat. Les P. præscabriusculus du
Hodna sont donc bien moins éloignés de ceux de la vallée du Rhône, que
la plupart des individus rencontrés dans la Kabylie, la vailée du Cheliff, le
Dahra (var. Kabylianus, Numidicus, etc.) Au contraire, ceux-ci, par le nombre
de leurs côtes, se rapprochent des formes espagnoles.
3. Cette variété est identique à celle qui caractérise l’Helvétien inferieur
du Comtat.
1908 MIOCÈNE DE L'ALGÉRIE ET DU SUD-EST DE LA FRANCE 285
Par leur faune, les grès à P. Davidi sont absolument comparables
au Burdigalien inférieur du Comtat : ; les grès à P. præscabrius-
culus doivent correspondre au Burdigalien supérieur ; les dépôts
à P. Fuchsi, où l'on ne voit plus d'espèces caractéristiques du
Miocène inférieur, datent certainement de l'Helvétien.
Au-dessus de l’ensemble gréso-calcaire qui renferme ces différents
Peignes, se développent des argiles gypseuses vertes et des grès
quartziteux.
Les faciès sont sensiblement différents un peu plus au Nord,
aux environs de Bordj bou Arréridj ; là, les argiles vertes sont
remplacées par des marnes noires ou brunes, les grès quartziteux,
par des grès fins ou des calcaires à Lithothamnium.
Toutes ces assises sontencore cartenniennes, d'après M. Savornin*.
Bien quelles reposent, en concordance, sur les formations à
Pectinidés, il est possible, à notre avis, que le Tortonien (Helvétien
des géologues algériens) y soit représenté. La discordance
observée, entre le Cartennien et le Tortonien, dans la région
littorale algérienne, pourrait très bien ne pas exister dans les
chaînes intérieures *.
11. Trarer. — Le fait s’observerait d’ailleurs, aux environs de
Tiaret. La série miocène débute, dans cette région, d’après
M. Welsch ‘, par des calcaires à Lithothamnium (15 m.) qui
renferment P. cf. Fuchsi et où l’Helvétien existe déjà vraisem-
blablement. Au-dessus viennent des marnes à Ostrea crassis-
sima (50 m.), puis des grès jaunes (300 à {400 m.) qui pourraient
être tortoniens, suivant M. Welsch, enfin des poudingues marins
ou (?) lacustres (50 à 100 m.), lesquels correspondent, peut-être,
au Pontien, selon le même auteur, l’ensemble étant parfaitement
concordant.
III. Caézirr, DaAnRrA, KAByL1E. — Vers le littoral, M. Brives *, a
relevé, dans la vallée du Chéliff et dans le Dahra, une remar-
1. L. JoeAup. Géologie et Paléontologie de la plaine du Comtat et de ses
abords. Description des terrains néogènes, fascicule I, p. 55 et suiv. Mém.
Ac. Vaucluse, (2), V, p. 197 et suiv., 1905.
2. Terrains miocènes d’une partie de la bordure sud de l'Atlas tellien.
Observations sur leur forme de Pectinidés. C. R. somm. S. G. F., 15 juin 1908,
p. 120 (Note ajoutée pendant l'impression).
3. M. H. Douvicé (B.S.G.F., (4), VIL, 1907, p.466), a récemment insisté sur
le caractère souvent très local des discordances.
4. Le Miocène dans les environs de Tiaret, département d'Oran (Algérie).
B.S.F.G., (3), XIX, 1891, p. 414.
>. Les terrains tertiaires du bassin du Chéliff et du Dahra, Thèse, 1897.
286 L. JOLEAUD 18 Mai
quable succession d'assises, qui, à notre avis, peuvent être ainsi
réparties, entre les différents étages miocènes distingués en
Europe.
9. Marnes de Carnot à Cardita Jouanneti var.', Pecten
subgrandis ?, P. Jacobæus3, Rotella subsuturalis #,
SAHÉLIEN Ancillaria glandiformis var.*. Marnes à silex, gypses,
tripolis, calcaires à Lithothamnium; calcaires à Pla-
norbis MantelliS.
Transgression; discordance. F
8. Grès du Gontas à Ostrea crassissima var. '; cal-
caires de Mazouna à Lithothamnium, P. planosul-
catus‘* var. Depereti, P. præjacobæus *, P. bolle-
nensis var. mazounensis #, P. aduncus *. Marnes
de Kalaa (Inkermann) à Pleurotoma Jouanneti *,
Ancillaria glandiformis S.
80-100 m.
Transgression assez localisée *.
Marnes de l’oued Riou (Inkermann) renfermant,
au sommet, ©. crassissima ", Pecten planosulca-
tus “ var. Depereti, et, plus bas, Cardita Jouan-
neti', Pyrula condita*, Ancillaria glandiformis &.
Développées. dès la base de l’étage, dans le Dahra‘",
ces marnes présentent, vers Carnot, des intercala-
tions gréseuses à la partie inférieure !*. Ces grès
assez développés, plus au Sud, passent latéralement
à des calcaires à Lithothamnium.
TOoRTONIEN
I
200-300 m.
Transgression; discordance.
HELVÉTIEN 6. Marnes à P. Fuchsi ‘?. 200-250 m.
Transgression très localisée ‘*.
5. Grès à © crassissima®, P. præscabrius-
culus ‘*, P. Fuchsi ‘?’; calcaires à Litho-
thamnium.
HELVÉTIEN 150 m.
BURDIGALIEN
Transgression ; discordance.
Poudingues rouges de Cherchell 5.
=
AQUITANIEN
Discordance
3. Grès à Amphiope palpebrata.
RUPÉLIEN 2. Marnes gypso-salifères.
l 1. Poudingues rouges de Renault.
1. Cette espèce présente trois mutations : l'une, relativement petite, et à
cotes bien accusées, existe à Salles (Helvétien de l’Aquitaine), à Cairanne
(Tortonien inférieur du Comtat), à loued Riou (DouvizLé, B.S.G.F.. (3),
XXV, 1897. p 30). La seconde, de taille moyenne et à côtes plus atténuées,
est localisée au niveau des marnes de Cabrières (nous avons vu un individu
de cette mutation, dans les collections de l'Ecole d’Alger, en provenance
1908 MIOCÈNE DE L'ALGÉRIE ET DU SUD-EST DE LA FRANCE 287
Les marnes gypso-salifères et Les grès à Amphiope palpebrata,
inférieurs aux poudingues rouges de Cherchell, ne renferment pas
de fossiles susceptibles d'en indiquer l’âge exact. M. Brives s’est
basé, pour les classer dans l’Aquitanien, sur leur analogie de faciès
avec les couches de Carry.. D’après cette hypothèse, il existerait,
dans l’Afrique du Nord, une série marine aquitanienne, séparée du
Burdigalien marin, par des dépôts fluviatiles et par plusieurs
discordances. Au contraire les travaux de Fontannes et de M. Ch.
Depéret ‘", et nos propres observations ‘’, ont montré que l’Aqui-
tanien marin des côtes de Provence et de la vallée du Rhône, est
intimement lié au Burdigalien. Aussi semblerait-il plus logique de
rattacher les grès à Amphiope palpebrata d'Algérie au Rupélien
(Stampien, Tongrien), étage auquel M. Ficheur ‘* a rapporté des
formations assez analogues rencontrées par lui en Kabylie: dans
les environs de Dellys, sont développés, au dessus du Latdorfien
(Numidien), des poudingues et des grès (300 m.), que surmontent
d’Inkermann, peut-être, d’après M. Brives, du niveau à P. planosulcatus).
La troisième, très grande et à côtes à peines marquées, caractérise la faune
de Carnot °
2. Forme dérivée du P. planosulcatus et voisine du P. grandis de l’Auver-
sien (BRIVES, Loc. cil., p. 111).
3. Forme pliocène.
4. Forme tortonienne.
5. Cette espèce présente deux mutations, l’une relativement trapue, dans
les marnes de l’oued Riou et de Kalaa, l’autre, plus allongée, dans les marnes
de Kalaa et de Carnot (Brives, Loc. cilt.).
6. Forme pontienne.
7. Cette espèce présenté trois mutations : l’une de taille moyenne,
relativement courte et épaisse, localisée dans le Comtat, au niveau de
l’'Helvetien inférieur, et qui existe dans le Cartennien La seconde, à coquille
assez peu épaisse, à talon allongé, et de taille moyenne, caractéristique du
Tortonien du Comtat, se rencontre à l'oued Riou. La troisième, très grande,
à talon allongé, et à test épais, existe à Gontas.
8. Formes affines d’espèces pliocènes.
9. BRIvESs. Loc. cit., p. 33, etc.
10, Id., p. 56.
Ke SD 037
12. Forme helvétienne.
13. BRIvESs. Loc. cil., p. 27.
14. Forme burdigalienne.
15. Renseignement verbal de M. Brives.
16. Les terrains tertiaires marins de la côte de Provence, I, 1889.
17. L. JocraAuD. Découverte de l’Aquitanien marin dans la partie moyenne
de la vallée du Rhône. CR. Ac. Se., CXLIV, 1907, p. 345. — L’Aquitanien dans
le Vaucluse, le Gard et les Bouches-du-Rhône. B.S.G.F., (4), VIIL, 1908.
18. Les terrains d’eau douce du bassin de Constantine, B.S.G.F., (3), XXII,
1894, P. 573.
288 L. JOLEAUD 18 Mai
des alternances de marnes grises et de grès jaunes à Foraminifères
(100 m.); dans la Kabylie des Babors affleurent, dans la même
situation stratigraphique, des poudingues, des grès et des argiles
rouges à Turritelles (150 m.) ". De mème, les marnes gypso-salifères
de Renault, pourraient être comparées aux argiles à gypse et à sel
gemme du Rupélien du bassin de Constantine.
En tous cas, en Algérie, comme dans le S.E. de la France, il y
aurait deux niveaux détritiques rougeûtres, situés au voisinage de
la limite de l'Oligocène et du Miocène. A la suite de MM. Depéret ?
et Roman *, nous avons attribué, dans le Comtat, l’un d’entre eux
au Rupélien ‘, l’autre paraissant devoir être maintenu dans l’Aqui-
tanien. Cette classification semble applicable à l'Algérie: la
discordance qui sépare les grès à Amphiopes, des poudingues
supérieurs de Cherchell, correspondrait à la discordance que l'on
observe, dans le Comtat, entre l'Aquitanien et le Rupélien.
Les grès 5 de la série tertiaire du Chéliff et du Dahra renferment,
à la lois, des Pecten burdigaliens et helvétiens, probablement à des
niveaux diflérents, comme dans le Hodna. D'une façon à peu près
générale, le Burdigalien semble être relativement de peu d'épais-
seur en Algérie. Il en est presque toüjours de même dans le Comtat.
Les marnes 6 ne contiennent que des formes helvétiennes de
faciès assez variable : elles sont parfois identiques au schlier
d'Avignon *, et, comme lui, ont une puissance considérable.
Les marnes 7 sont caractérisées, dans leur partie moyenne, par
une faune tortonienne, comparable à celle de Cairanne et de
Maucail'. Elles sont séparées des marnes à P. Fuchsi par une très
1. Ficnxur. Les terrains éocènes de la Kabylie du Djurjura. Thèse, 1890,
p- 316-334.
2. Note stratigraphique sur le bassin de Marseille. B.S.G.F., (5), 1889.
3. La géologie des environs de Nimes. B.S.H.N.Nimes, XXXIII, 1906, p. 36.
4. L.JorErAuD Sur la présence du Trias dans les Montagnes de Gigondas*
(Vaucluse) et sur les phénomènes de charriage qui s’observent dans ce mas-
sif. CR. Ac. Sc.,CXLV, 1997, p. 1233; — L’Aquitanien dans le Vaucluse, le Gard
et les Bouches-du-Rhône. B.S.G.F., (4), VIII, 1908, p. 41.
5. L. JoceaAuD, Néogène du Comtat, p. 61.
6. Dans ces localités coexistent la petite forme de Cardita Jouanneti et
des Pecten scabriusculus différant seulement de ceux de Cucuron par leur
taille un peu plus faible (L. JocEeAU», loc cit., p.36, 69). Il faudra probable-
ment rattacher au Tortonien les sables à P. scabriusculus, P, improvisus
et P. Cararum, qui sont subordonnés à la mollasse de Cucuron.
Les mutations du P. scabriusculus constituent l’un des meilleurs crite-
riums stratisraphiques du Miocène, On peut en suivre l’évolution pas à pas
dans le Tertiaire du Comtat : 1° P. præscabriusculus, dans les assises termi-
nales du Burdigalien supérieur ; 2° forme dérivée du ?. præscabriusculus et
1908 MIOCÈNE DE L'ALGÉRIE ET DU SUD-EST DE LA FRANCE 289
importante transgression et passent insensiblement aux couches
à P. planosulcatus et O. crassissima (forme allongée de taille
moyenne), qui correspondent à la mollasse de Cucuron et aux
marnes de Cabrières', L'attribution au Tortonien des formations de
Cairanne et de Maucail est confirmée par les relations stratigra-
phiques des sédiments équivalents d'Algérie. Souvent le Tortonien
de la dépression rhodanienne est indépendant de l’Helvétien
(Maucail *, Aix-en-Provence, environs de Lyon).
Les grès 8 présentent, à côté de très nombreuses espèces torto-
niennes, un certain nombre de formes afjines de types pliocènes.
Les ©. crassissima y acquièrent leur maximum de taille. Par leurs
caractères paléontologiques les grès du Gontas semblent appar-
tenir à un horizon stratigraphique un peu plus élevé que le prin-
cipal niveau fossilifère de Cabrières.
En Algérie, le Tortonien paraît très puissant, comparativement
à l'Helvétien et au Burdigalien. Il n'est cependant pas plus épais
que les sables et grès tortoniens à Terebratulina calathiscus du
Bas-Dauphiné.
tendant à prendre les caractères du P, camaretensis, dans les couches tout
à fait inférieures de l’Helvétien (L. JoEAUD, loc. cil., p. 15, note 1); 3° LP.
camaretensis, à un niveau un peu plus élevé de l’Helvétien; 4° petites formes
des P. scabriusculus, improvisus et cavarurmn et formes de passage entre
ces trois types dans la mollasse de Maucail, les marnes de Cairanne et les
sables de Cucuron ; 5 grandes formes des P. scabriusculus, improvisus et
cavarum, tous trois bien différenciés, mais devenus très polymorphes, dans la
mollasse de Cucuron et les marnes de Cabrières.
La taille des individus ne cesse de croître, depuis le P. præscabriusculus
type, jusqu’au cavarum type. En même temps, aux côtes toutes égales du
P. præscabriusculus se substitue graduellement une ornementation mixte :
indépendamment des côtes peu accentuées, se développent d'autres côtes
d'autant plus fortes, que les individus auxquels elles appartiennent provien-
nent d’un niveau plus élevé : le P. cavarum marque le dernier stade de
cette évolution. Enfin aux colonies de Peignes burdigaliens comprenant un
grand nombre d'individus à coquille oblique, se substituent, graduellement,
des colonies qui, dans la mollasse de Cucuron, ne renferment plus que des
individus à coquille équilatérale.
Ces trois ordres de modifications semblent avoir affecté simultanément
plusieurs phylums de Pectinidés néogènes du Comtat. Chez aucun d’entre
eux les facultés adaptatives n’ont été aussi grandes que chez les individus
du phylum du P. scabriusculus.
Nous rappellerons pour mémoire que des formes du groupe scabriusculus
ont été reconnues par M. Gentil dans le Sahélien oranais.
1. Ces deux faciès tortoniens du Sud du Luberon sont à peu près synchro-
niques l’un de l’autre (L. JoLEAUD, loc. cit., p.71, note 1).
2. Loc. cit., p. 35. Il en est de même en Suisse et aux environs de Turin
(Dozzrus, B.S,G.F., (4), V, 1906, p. 866-867).
5 Oct. 1908. — T. VII. È Bull. Soc. Géol. Fr. — 19.
200 L. JOLEAUD 18 Mai
IV. RéGroN DE LA TArNA. — Les déductions que l'on peut
tirer des observations faites dans la région de la Tafna : concor-
dent parfaitement avec les conclusions que nous venons d’énoncer.
Les marnes de St-André-de-Mers-el-Kébir, qui paraissent trans-
gressives, par rapport aux grès cartenniens, ont une faune nette-
ment helvétienne, comme l'avait supposé M. Gentil, Pecten
solarium *, Ostrea crassissima (à talon court), Venus Dujar-
dini, Turritella turris, Pleurotoma calcarata.
Les marnes d'Agadir, qui correspondent aux couches de l'oued
Riou, renferment des formes tortoniennes, Cardium Darwini,
C. cf. turonicum, Ostrea crassissima (à talon allongé).
Les grès de Beni Saf, etc., qui équivalent aux couches de
Gontas, sont partout transgressifs. Ils offrent principalement des
espèces tortoniennes, associées à quelques formes pliocènes, Pec-
ten cf. flexuosus, Arca Noe, Turritella vermicularis, etc.
L'intérêt des marnes et des grès tortoniens de l'Ouest oranais
réside surtout dans les faunes lagunaires et terrestres qu’on y a ren-
contrées *. Sur certains points les marnes * ont fourni Melania Blei-
cheri, Virinella disjuncta *. Dans d’autres localités les marnes et
les grès présentent la série des Hélices du Polygone de Cons-
tantine, Leucochroa Semperi, Helix subsenilis, etc., avec des
Ostrea crassissima var.
Ailleurs dans les grès existent à la fois, des espèces sarmatiennes,
Cerithium pictum, et des formes tortoniennes, Lucina columbella,
Ostrea crassissima var.
Le Sarmatien n’est donc que l’équivalent d’une partie du Torto-
nien : sa faune de Mammifères est analogue à celle de Sansan*.
Les marnes à /elix Christoli de Cucuron, qui renferment, dès la
base, des Vertébrés pontiens ® sont donc plus récentes, et par
conséquent, correspondent déjà au Sahélien.
Celui-ci, dans l'Ouest Oranais, repose toujours, en concordance,
sur le Tortonien “, comme à Cucuron, les marnes à H. Chris-
1. GENTIL, Etude géologique du bassin de la Tafna, Thèse, 1903, p. 187 et suiv.
2. Forme distincte de la var. Pouyannei (probablement burdigalienne),
par ses côtes plus larges et moins nombreuses et de la var, cucuronensis
(Lortonienne) par ses côtes un peu plus étroites (GENTIL, loc. cit., p. 192).
3. Une série analogue d’épisodes laguno-lacustres existe dans le Torto-
nien de l'Hérault (Voy. Mrquez. B.S.Sc. Nat. Béziers, XX et XXII).
4. GENTIL. loc. cil., p. 227, 228 et 237.
5. Forme afline de Pirinella bidisjuncta du Tortonien de San Agata.
6. DePpéRET. Observations sur les terrains néogènes de Barcelone. B.S.G.RF.,
(3), XXVE, p. 855.
7. DEPÉRET. Not. Carte G.F., feuille Forcalquier, 1893.
8. GENTIL. Loc. cit., p. 271.
1908 MIOCÈNE DE L'ALGÉRIE ET DU SUD-EST DE LA FRANCE 291
toli, intimement liées aux limons à Hipparion ‘, passent insensible-
ment aux marnes de Cabrières ?.
V. RÉGION DE CONSTANTINE. — Dans sa remarquable étude
sur le bassin de Constantine, M. Ficheur * a signalé, le premier,
l'existence d’argiles lagunaires oligocènes en Algérie. Ces argiles
renferment, à Rouached, Potamides gibberosus, déjà connu du
Rupélien de Gaas.
Vers Bizot et vers le Hamma, des argiles en continuité avec les
couches à Potamides de Rouached, sont surmontées par des grès
ou des conglomérats rouges, qui les ravinent. Ces formations
détritiques, très développées au Koudiat Ati, représentent, d’après
M. Ficheur, l’Aquitanien.
Sur ces conglomératis rouges, reposent, en discordance, les
argiles du Polygone “, qui peuvent être rapportées au T'ortonien,
par comparaison avec les couches laguno-marines à Hélices dentées
de la Tafna.
Au-dessus des argiles à Hélices, nous avons rencontré, sur les
bords de là dépression du Polygone, des assises détritiques compre-
nant : 1° à la base, des grès grossiers gris ou jaunes, avec, en excel-
lent état de conservation, toutes les espèces des argiles subordon-
nées, au sommet, 2° des brèches, conglomérats et limons rouges.
Ces dernières formations, très développées dans toute la région de
Constantine * ont généralement le faciès des couches à Hipparion
du Luberon. Vers Siliana, M. Ficheur a rencontré, dans ces
conglomérats, des Ostrea crassissima remaniées. Ces grès, par
leur faune, se rattachent au Tortonien, tandis que les conglomérats,
par leur faciès, sont identiques au Pontien du Luberon.
Les conglomérats sont surmontés par les calcaires travertins
d’Ain el Bey et d’el Hadj Baba, qui, généralement attribués au
1. SAVORNIN. Notes sur la géologie de Cucuron, B.S.G.F., (4), IL, 1903,
P: 40. :
2. Dexprer. Notice géologique et agronomique de la région de Cucuron,
Mém. Ac. Vaucl. (2), Il 1902, p. 297. Il en est souvent de même du Messi-
nien d'Italie (Sacco, B. S. G. F., (4), v, 1906, p. 848).
3. Les terrains d’eau douce du bassin de Constantine, B.S.G.F., (3),
XXII, 1894, p. 572.
4. A la liste des fossiles de ce gisement, donnée par M. PaArLLary (Mol-
lusques terrestres, fluviatiles et saumâtres tertiaires et quaternaires d'Algérie,
Mém. S.G.F., Paléont., n° 22, p. 19), il convient d’ajouter Unio cirtanus et
U. Tournoueri, dont les moulages sont conservés dans des nodules calcaires,
et Rumina decollata, signalée autrefois par Coquanp (Géologie et Paléonto-
logie de la région Sud de la Province de Constantine, Mém. S. Emul.
Provence, Il, 1862, p. 264) sous le nom de Bulimus Bavouxi. Cette dernière
espèce est associée aux Hélices du Polygone dans le Tortonien de la Tafna
(GENTIL, Loc. cil., p. 228).
5. Loc, cit., p. 561.
202 L. JOLEAUD 18 Mai
Pliocène inférieur, renferment, en nombre à peu près égal’, des
espèces aflines de types miocènes *, et des espèces voisines de
formes actuelles *.
Au N. de Constantine, dans le synclinal du Smendou ‘ est loca-
lisée une assise argileuse qui ravine les poudingues aquitaniens,
et renferme des fossiles différents de ceux du Polygone. Ces
fossiles, Unio Dubocqui, Smendovia, Mastodon sp., indiquent une
faune peu ancienne, quoique incontestablement bien différente de
la faune actuelle ’. Au-dessus des couches du Smendou viennent
des conglomérats pontiens. Les argiles à Unio Dubocqui semblent
constituer un faciès lagunaire du Pontien*, comparable aux dépôts
sulfo-gypseux de Guelma *.
Dans la partie occidentale du bassin de Constantine, les argiles
à Hélices dentées paraissent manquer; elles seraient remplacées
par les argiles de Zeraïa à Ostrea crassissima * (Tortonien).
Le Burdigalien et l'Helvétien feraient défaut aux environs de
Constantine : une ingression de la mer tortonienne aurait envahi
la zone occidentale de cette région, tandis que de grandes lagunes
en occupaient la zone orientale.
VI. — ConcLusions. — La série miocène d'Algérie est, en
somme, très analogue à celle du S. É. de la France, comme le
montre le tableau de la page suivante.
L'Helvétien et toujours concordant avec le Burdigalien, en
Algérie comme dans la vallée du Rhône. Les relations de ces deux
1. Taomas. Recherches stratigraphiques et paléontologiques sur quelques
formations d’eau douce de l'Algérie, Mém. S.G.F., (3), LI, 1884, p. 8 et suiv. ;
PALLARY, Loc. cit., p. 4x et suiv.
2. Hipparion gracile var., Leucochroa subsemperi, Limnæa Jobæ, L. cirtana,
L. Thomasi, Planorbis Jobæ, P. Thomasi.
3. Helix Afasiana, H. neglectoides, H. cf. pyramidata, H. Numidica,
H. rhummelensis, Limnæa truncatula, Planorbis Saddaritanus.
4. L. JorrAuD, Carte G. Algérie, feuille Le Smendou, 1908.
5. Le sous-genre Smendovia comprend, en plus des espèces de Smendou,
S. Barlolinii des couches à Congéries d'Italie (Foresri. Mém. $S. roy. Malac.
Belg. XX, 1895).
6. Ceux-ci sont subordonnés à des poudingues rouges pontiens et super-
posés à une mollasse argileuse probablement tortonienne. Le Cartennien de
la Mahoura forme une série indépendante (DARESTE DE LA CHAVANNE, Sur
la classification des terrains tertiaires de la région de Guelma. CR. Ac. Sc.,
27 juillet 1908 ; — v. aussi : Sur la découverte de la formation sulfo-gypseuse
(formazione gessososolfifera) dans le bassin de la Seybouse, CR. Ac. Se.,
2) juillet 1907 (NOTE AJOUTÉE PENDANT L'IMPRESSION).
7. Var. grêle à talon allongé.
203
ET DU SUD-EST DE LA FRANCE
2
ENE DE L ALGERIE
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294 L. JOLEAUD 18 Mai
étages sont exactement les mêmes, en Tunisie où M. Pervinquière '
a reconnu, en effet, l’intime liaison, du rer étage méditerranéen,
représenté par des grès à Scutella subrotundata var. maxima et
Pecten convexior, et de l'Helvétien, formé par des grès à P. Fuchsi
et P. Gentoni.
Il n’est pas possible de se rendre compte en Algérie de l’impor-
tance de la transgression helvétienne, par rapport au Burdigalien,
le départ exact des grès cartenniens entre le 1° et le 2° étages
méditerranéens n'ayant pu être encore fait.
Le Tortonien, dans le Nord, y semble partout nettement séparé
de l’Helvétien, par une discordance. Peut-être n’en est-il plus de
même dans les régions centrale et méridionale de cette même
contrée. Parfois une seconde discordance s’observe à la base du
Sahélien. En tous cas, la distinction de deux étages dans le
Miocène moyen (Vindobonien ou 2° étage méditerranéen) paraît
justifiée par les observations stratigraphiques faites dans l'Afrique
du Nord.
Le Sahélien, à son tour, est toujours plus ou moins indépendant
du Pliocène.
Par leurs relations tectoniques le Tortonien et le Sahélien d’Al-
gérie correspondent au Tortonien et au Pontien du Sud-Est de la
France. Dans la vallée du Rhône, M. Depéret?, distingue, pendant
le Miocène, trois phases orogéniques principales: la première,
post-helvétienne, rejette la mer, transgressivement, à l'Ouest, sur
le socle cristallin du Plateau Central, entre Valence et Lyon; la
seconde post-tortonienne, transforme le bassin du Rhône, d’abord
en une lagune saumâtre ensuite, en une vallée fluviatile ; la troi-
sième, post-pontienne, plisse énergiquement les dépôts de tout le
Néogène inférieur.
En Algérie, comme en Europe et dans d’autres parties de l’Afri-
que *, les mouvements positifs des mers tortonienne et sahélienne
n'ont pas le caractère général des transgressions antérieures : ce
ne sont plus, suivant l'expression proposée par M. Haug ‘, que de
simples ingressions, dans des sortes de chenaux plus ou moins
étroits.
1. Etude géologique de la Tunisie centrale. Thèse, 1903, p. 211-217.
2, Aperçu sur la structure générale et l’histoire de la vallée du Rhône,
Ann. Géog., IV, 1805, p. 449-450.
3. L. JorrAup. Note sur quelques dents de Poissons fossiles du Rio de Oro
(Sahara occidental). B.S.G.F., (4), VIL, 1908, p. 514.
4. Les géosynelinaux et les aires continentales. B.S.G.F., (3), XX VIT, 1907,
P: 707:
_——_———
SUR LES FAUNES DE L'ÉOCÈNE INFÉRIEUR ET MOYEN
DU SUD ALGÉRIEN ET TUNISIEN
pAR L. Joleaud
OBSERVATIONS À PROPOS DE LA NOTE DE M. PRIEM & SUR DES VERTÉBRÉS
DE L'ÉOCÈNE D'ÉGYPTE ET DE TUNISIE » CNRS AGEN) VI er907 pAirs).
M. Priem vient de signaler la présence, dans les phosphates de
Gafsa, d'un Poisson du genre Mene, genre connu seulement de
l'Éocène supérieur et du Miocène inférieur de l'Italie, et qui
habite, aujourd’hui, l'Océan indien. Cette découverte vient, après
celle du genre Aetobatis, confirmer le caractère franchement
tropical de la faune des phosphates tunisiens.
Nous avons nous-même recueilli, dans les régions de Négrine et
de Tébessa diverses dents de Squales, que nous nous proposons
de décrire prochainement, et qui appartiennent à des genres tropi-
caux, non encore signalés en Algérie, Rhynchobatus, Ginglymos-
toma, etc.
L'Éocène inférieur du Sud algérien et tunisien, qui s’est déposé
dans des mers chaudes, renferme donc un certain nombre de
Squales, appartenant à des genres différents de ceux des mers
froides paléocènes de l'Europe septentrionale et centrale. Ces
genres sont, par contre, bien représentés dans l'Yprésien et le
Lutétien, à climat subtropical, des bassins de Londres, de Paris
et de Bruxelles. Mais on ne saurait se baser sur eux pour attri-
buer les phosphates algériens et tunisiens à l’Yprésien ou au
Lutétien, plutôt qu'au Landénien.
M. Leriche ! a montré récemment que l'étude comparative faite
par M. Priem, des faunes de Tébessa et de Gafsa, était basée sur
des restes fossiles insuffisants. De son côté, M. Leriche a admis
l’âge post-landénien de tous les phosphates d'Algérie et de Tunisie.
Mais il a confondu, dans sa liste, les Poissons provenant des deux
niveaux phosphatés distingués, dans l'Estet le Sud constantinois,
par M. Blayac ?, puis par nous-même *, et rapportés, l’un à l’Eocène
inférieur, l’autre à l’'Eocène moyen.
Ainsi l’une des espèces sur lesquelles il a basé son interpréta-
tion, Galeocerdo latidens n’a été signalée, et ne nous est connue,
que des phosphates de l'Eocène moyen du Dekma, où elle
paraît être, d’ailleurs, assez abondante.
Des trois formes sur lesquelles reposent les conclusions de notre
savant confrère, une seule pourrait être vraiment significative, en
ce qui concerne les phosphates du Sud. C’est Galeus minor indi-
1. Contribution à l’étude des Poissons fossiles du Nord de la France et des
égions voisines. Thèse, p. 399-408.
2. Sur l’'Eocène d'Algérie, B.S.G.F., (4), IL, 1902, p. 42.
3. Note sur la géologie de la région de Négrine. B.S.G.F.,(4), VIT, 1907, p. 226,
296 L. JOLEAUD 18 Mai
quée par M. Priem' seulement de Tébessa. Le genre Galeus
occupe une vaste aire géographique dans les mers tempérées
et tropicales, et peut, par suite, être largement utilisé dans
les comparaisons stratigraphiques, tout comme Galeocerdo, qui
est connu, à la fois, des mers tropicales, tempérées et glaciales.
Toutefois Galeus minor ayant été décrit par Agassiz, d’après
des individus appartenant à plusieurs types différents, c'est seule-
ment depuis la publication de l’importante thèse de M. Leriche,
c’est-à-dire postérieurement à la détermination de M. Priem, que
l’on est réellement fixé sur les caractères de cette espèce, qui
aurait, de plus, une extension stratigraphique considérable de
l’Yprésien au Plâaisancien?, et constituerait, par suite, un très
mauvais critérium géologique.
M. Thomas *, ayant attribué au Danien les 50 mètres de marnes
directement subordonnées à la lumachelle et aux phosphates de
Gafsa, il s’en suit que ces derniers, même s’il existait une discor-
dance entre les deux étages, seraient très peu distants, stratigraphi-
quement, du Crétacé, conclusion conforme aux observations paléon-
tologiques faites sur les Reptiles. En effet, pour M. Nopesa, les
Reptiles de Gafsa présenteraient de grandes affinités avec des
formes crétacées *.
L'attribution des couches de Gafsa-Négrine à l’Éocène inférieur
est confirmée par une récente découverte de M. Brives, qui a
rapporté, du Maroc, des Thersitées identiques aux deux espèces
nouvelles rencontrées par nous vers la base de la série éocène des
Nemenchas. Les Thersitées du Maroc proviennent de calcaires à
silex, surmontés, en discordance, par des marnes et des grès à
Nummulites cf. biarrit:ensis de l’Éocène moyen.
Dans les calcaires qui couronnent les bancs à silex de Tébessa,
il nous a semblé que N. planulata ne se rencontrait pas dans les
mêmes couches que M. Rollandi*. D'autre part, vers le sommet
1. Sur les Poissons fossiles des phosphates d'Algérie et de Tunisie,
B.S.G.F., (4), I, 1903, p. 393.
2. STORMS. B. S. belge geolog., XIV, 1900, p. 332.
3. B.S.G.F., (4), IV, 1904, p. 494.
4. B.S. G. F.(4), V, 1905, p. 138. — L'hypothèse d’un remaniement de ces
restes de Vertébrés nous paraît absolument inconciliable avec les condi-
tions de gisement de la faune de Gafsa (et de celle identique de Tébessa)
et aussi avec l’état de conservation de leurs fossiles.
5. Coquanp (Géologie et Paléontologie de la région sud de la province de
Constantine. Mém. S. Emul. Provence, Il, 1862) avait déjà proposé une divi-
sion analogue des calcaires de Tébessa. — Nous avons cru remarquer aussi
que dans la région Tébessa-Négrine-Gafsa, les Thersitea étaient localisées
dans les assises que nous attribuons, dans cette note, à l'Eocène inférieur.
1908 ÉOCÈNE INF. ET MOYEN DU SUD ALGÉRIEN ET TUNISIEN 297
de la série de Gafsa, abondent de très grandes Huitres, dérivées
de l’'Ostrea strictiplicata, lesquelles indiqueraient, d'après M. De-
péret, plutôt l’Eocène moyen que l’Eocène inférieur.
Les conclusions que l’on peut tirer de ce court exposé paléonto-
logique sont à peu près les mêmes que celles auxquelles nous avait
conduit, l’année dernière, l'étude stratigraphique des régions de
Tébessa, Gafsa et Négrine.
Au-dessus des marnes du DANIEN de Gafsa et de Tébessa ', vien-
nent les phosphates, intercalés de couches calcaires : ils parais-
sent être éocènes tout à fait inférieurs (LANDÉNIEN). L’YPRÉSIEN
serait peut-être représenté par les calcaires à VNumm. planulata de
Tébessa, ainsi que par la masse principale des calcaires luma-
chelles de Gafsa. Les couches terminales de cette série concor-
dante, calcaires à VNummulites Rollandi de Tébessa, lumachelle à
grandes Huîtres de Gafsa, pourraient être déjà du LUTÉTIEN. Au
même étage, au moins en partie, devraient être rattachés les gypses
et les marnes gypseuses de Négrine, de même que les marnes
jaunes à Huîtres et Thagastea de Tarja (environs de Souk-Ahras).
D’après la loi des transgressions et des régressions, établie par
M. Haug, il y aurait transgression, sur les aires continentales, des
différents termes de la série éocène inférieure et moyenne, et
régression, dans ces mêmes zones, de l'Éocène supérieur. C’est exac-
tement ce que nous venons de signaler dans les régions du Sud cons-
tantinois et tunisien, où l’Éocène inférieur et le début de l'Éocène
moyen sont franchement marins, tandis qu'un peu plus tard, des
gypses ou des marnes gypseuses viennent accuser un régime lagu-
naire, suivi, bientôt, de l’émersion totale de toute la zone (absence
de l'Éocène supérieur sur toute la bordure nord du Sahara).
Au contraire, dans la région méditerranéenne de l'Atlas (chaînes
littorales), le Lutétien et surtout l'Éocène supérieur sont large-
ment transgressifs.
Dans la région intermédiaire (environs de Souk-Ahras, Tunisie
centrale), toute la série éocène est marine et bien développée.
Ces faits cadrent parfaitement avec ce que nous savons de la
paléogéographie de l’Afrique du Nord, au début des temps
éogènes: tandis que la région Tébessa-Gafsa-Négrine était sous
l'influence de la zone des plis calédoniens-hercyniens du Sahara
septentrional, les chaînes littorales de l'Atlas faisaient partie inté-
grante du géosynclinal méditerranéen.
1. Peut-être, d’ailleurs, une partie des 120 m. de marnes de Tébessa devra-
t-elle être maintenue dans l’Eocène.
Séance du 1° Juin 1908
PRÉSIDENCE DE M. CAREZ, TRÉSORIER, PUIS DE M. LÉON JANET
VICE-PRÉSIDENT
Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté.
Le Président proclame membre de la Société :
Mademoiselle Adelaida Machkewitch, licencié ès sciences, présentée par
MM. Haug et Pervinquière.
Une nouvelle présentation est annoncée.
Le docteur Labat envoie une brochure qu'il vient de publier,
intitulée : « Neptunisme » [CRS., p. 105].
M. G.-F. Dollfus offre deux brochures :
1° « Faune malacologique du Miocène supérieur (Rédonien) de
Montaigu (Vendée) » (CR. A.F.A.S. Reims, 1907). 2 « Sur
quelques Polypiers fossiles des Indes Néerlandaises » Notice
extraite du Rapport sur les Moluques par M. R. D. M. Verbeek'
[CRS., p. 105].
M. A. de Grossouvre envoie deux brochures : 1° « Sur la Craie
grise à Bélemnitelles » (CR. A.F.A.S. Reims, 1907); 2° « Sur l’âge
des Calcaires lacustres du Berry » (/d.) [CRS., p. 106].
M. P. Termier expose quelques vues nouvelles sur la tectonique
de la Corse.
G. Sayn. — Sur l'Urgonien de Barcelonne (Drôme).
Dans le ravin, au Nord de la tour ruinée, on peut observer la
succession suivante au-dessous du Tertiaire :
1) Calcaires compacts pétris de petits Rudistes et renfermant
des bancs plus marneux pétris d'Orbitolines.
2) Calcaires plus blancs, moins durs, avec des lentilles de
calcaires à débris parfois pulvérulents et des bancs de Polypiers.
Cette couche, très fossilifère, contient à sa partie supérieure :
Heteroceras cf. Astieri D'Ors., Itieria(Campichia)truncataP.etC.,
I. (C.) Pellati CossManN, Trochucheum Boutillieri Coss., Diati-
nostoma Pellati Coss., Liotia michaillensis P. et C., Toucasia
carinata D'OR8., Requienia ammonia D'Ors. et de nombreuses
espèces nouvelles.
1. Jb. van het Mijnw. O. Ind., XXX VII, 1908:
SÉANCE DU 1°! JUIN 1908 299
Un peu plus bas on trouve MWerita Capduri Coss., Cerithium
michaillense P. et C., associés à de nombreuses espèces de Néri-
nées et de Cérithes.
La présence d'Heteroceras ci. Astieri permet d’aflirmer l’âge
barrémien supérieur de cette faune qui se retrouve, mais sans
Céphalopodes, à Châtillon-de-Michaille (Aïn), dans le Voralberg,
à Brouzet, et à la base de l’Urgonien d'Orgon. Ainsi se trouve
confirmé par la Paléontologie le parallélisme établi stratigraphi-
quement par M. Paquier entre la masse inférieure de l'Urgonien
et les marnes à Heteroceras pyriteux du Barrémien supérieur du
Sud de la Drôme.
La faune de Gastropodes de ces couches est très riche et pré-
sente un mélange de genres à faciès plutôt ancien, Zittelia, Ditretus,
Diarthema, etc., avec d'autres qui, jusqu’à présent, n'avaient pas
été signalés aussi bas, comme Cypræa et Puryphostoma par
exemple.
Quant aux Rudistes, ce sont surtout des Monopleuridés, en
particulier des Gy-ropleura, quelques valves supérieures operculi-
formes avec un appareil cardinal très robuste, rappelant le genre
Petalodontia Poëra. On trouve aussi assez abondamment des
Caprinidés, groupe qui, jusqu’à présent, n'avait pas été signalé
au-dessous du Bédouïien et des Caprotinidés. Par contre, le genre
Matheronia n’a pas été rencontré.
Un peu plus au Nord, on peut observer la base de cet ensemble,
ce sont des calcaires compacts à Nérinées qui reposent sur les
marno-calcaires à Spatangues du Barrémien inférieur.
Il est probable que l’ensemble des couches à faciès corralligène
appartient en ce point au Barrémien supérieur et que le Bédoulien
n’y est pas représenté.
FAUNE QUATERNAIRE
DE LA PROVINCE DE SANTANDER (ESPAGNE)
PAR Edouard Harlé
Les faunes quaternaires de la France sont bien connues. Celles
de l'Espagne ont fait l’objet de peu de recherches. Et cependant,
elles seraient particulièrement intéressantes à connaitre parce
qu'elles doivent comprendre le passage des faunes froides et de
steppes du Sud-Ouest de la France à des faunes méridionales.
J'ai donc été fort heureux de recevoir de don Lorenzo Sierra,
sur l'indication de l'abbé Breuil, un millier d'ossements recueillis
par lui dans vingt etune grottes de la province de Santander. Je
me propose d'étudier la faune de chacune de ces grottes au moyen
de ces échantillons et de ceux que don Lorenzo Sierra, trouvera
dans ses nouvelles fouilles. Mais je puis donner, dès maintenant,
une liste des espèces animales que j’ai reconnues.
J'y ai noté, entre parenthèses, les noms de quelques-unes des
grottes où chaque espèce a été trouvée.
Homo. Très rares ossements (Mar, Mosolla).
Ursus spelæus BLum. Des os d'Ours, de forme massive, paraissent
appartenir à l’'Ursus spelæus (Hornos, Salitre).
Ursus arctos Lin. Des os d’Ours plus petits et surtout bien plus
grêles, sont d'Ursus arctos (Ojebar).
Canis Lupus Lan. Une carnassière supérieure est d’un Loup ou d’un
fort Chien (Hornos).
Hyæna. Une phalange de grand Bovidé paraît avoir été rongée par
une Hyène (Valle, second niveau).
Felis leo Lin. La pointe d'une canine, avec les cannelures caracté-
ristiques des Félins (Miron).
Felis pardus Linn. Un naviculaire est d’un Félin qui est une forte
Panthère si, comme je pense, cet os provient d’un sujet adulte (Hornos).
Felis catus Lin. Une portion d’humérus est d’un Chat de taille
moyenne ou petite (Valle, premier niveau).
Rhinoceros. La paroi extérieure d’une molaire supérieure (Camargo
abajo).
Equus caballus Linn.Restes assez abondants dans beaucoup de grottes.
Sus scropha Lin. Quelques restes dans plusieurs grottes.
Bos ou Bison. Quelques restes dans plusieurs grottes.
Cervus elaphus Linx. Le Cerf est, de beaucoup, l'animal dominant, à
ce point que la moitié des restes déterminables lui appartiennent
(Camargo arriba, Valle premier, second et troisième niveaux, Mar,
Ojebar, Miron, Altamira, Tornillos, Salitre, Truchiro, Carranceja infé-
rieur et supérieur, Hoïnos, Mosolla). Presque tous ces restes sont de
sujets de taille moyenne. Un maxillaire supérieur est singulièrement
petit (Mar).
1908 FAUNE QUATERNAIRE DE SANTANDER 301
Cervus capreolus Lan. Plusieurs mâchoires et os (Valle, premier
niveau), un sabot (Mar) sont de Chevreuil.
Cervus tarandus Lin. Deux excellentes pièces appartiennent au
Renne. L’une, trouvée dans une grotte qui a donné très peu d’ossements
de Ruminants, est une mandibule comprenant, entre autres dents, les
deux dernières prémolaires, qui sont caractéristiques (Ojebar). L'autre
est une dernière molaire supérieure, trouvée avec près de quatre-vingt
pièces de Cerf élaphe (Valle, second niveau). En outre, un andouiller
(Palomas) et une extrémité inférieure d’humérus (Ojebar) me semblent
aussi être de Renne, mais sans que j'ose l’affirmer. Le Renne était fort
rare, car, en dehors de ces quatre pièces, je ne puis lui en attribuer
aucune avec quelque probabilité.
Capra ibex Lan. Plusieurs grottes ont donné des restes, assez nom-
breux, de Bouquetin (Valle, second niveau, Salitre).
Rupicapra europæa Cuv. Un axe osseux de corne (Salitre) et, proba-
blement, un certain nombre de mâchoires, dents et os, provenant de
plusieurs grottes, appartiennent au Chamois.
Lepus cuniculus Linn.Un seul os, un bassin, est de Lapin (Valle, second
niveau).
Il convient d'ajouter que la faune de deux des grottes fouillées
par don Lorenzo Sierra, celles d’Altamira et de Hornos, a déjà
été étudiée :
Il y a près de trente ans, M. Albert Gaudry a bien voulu aider
mon inexpérience de débutant, en déterminant de nombreux os
que j'avais extraits de la couche préhistorique dans la grotte
d’Altamira (Matériaux, 1881). L’éminent professeur a reconnu :
Cheval, Bovidé, Cerf élaphe (très abondant). On doit y ajouter :
Loup et Bouquetin. A la même époque, M. Fischer a déterminé de
nombreuses coquilles que j'avais recueillies avec les os :
Patella vulgata Lin. Se rapprochant de la variété occidentalis VAL.,
des îles Chaussey, dans la Manche, mais encore plus grande et plus
orbiculaire et méritant la création d’une nouvelle variété, dite Sautuolai,
dont les caractères principaux sont : une forme orbiculaire plutôt
qu'ovale ; un sommet subcentral ; des côtes rayonnantes faibles, mais
régulières ; le limbe un peu sinueux ; le sommet peu élevé ; la surface
interne limitée par le muscle d’attache large. « Ge sont, m'écrivait-il, les
plus grands spécimens que je connaisse de cette espèce». Le plus grand
que j'ai rapporté a 63 mm. de diamètre et 25 de hauteur. Très abondante.
Patella vulgata Lin. Ordinaire.
Littorina littorea Lan. Remarquable par sa grande taille et son
épaisseur. Abondante.
Littorina obtusata Linx.
La grotte de Hornos a été fouillée il y a deux ans par don Her-
milio Alcade del Rio. J'ai reconnu dans les échantillons qu'il m'a
communiqués : Loup, Cheval, grand Bovidé, Cerf élaphe, Bouque-
302 ÉDOUARD HARLÉ 1er Juin
tin. Il faut y ajouter, d’après E.T. Newton, quelques oiseaux : La-
gopus mutus MoxriN, Perdrix cinerea Larn., Corpus monedula
Lixn., Pyrrhocorax alpinus ? Kocn ou graculus ? Lin.
Enfin, don Marcelino de Satuola et don Eduardo de la Pe-
draja, m'ont fait voir, il y a quelques années, des restes d’un Rhi-
nocéros, qui n'est peut-être pas le tichorhine, de Cheval, grand
Bovidé, Cerf élaphe, qu'ils avaient recueillis dans la grotte de
Cobalejo, à quelques kilomètres de Santander.
Ces divers renseignements n’augmentent pas la liste que j'ai
donnée pour les Mammifères.
Dans cette liste, le Renne, surtout, mérite d’être remarqué.
On ne le connaissait pas aussi loin en Espagne. Je l'ai signalé
dernièrement dans la grotte d’Aïtz-bitarte, près de Saint-Sébas-
tien, dans le Guipuzcoa.
On obtiendrait la même liste en fouillant tel groupe de grottes
du Sud-Ouest de la France. Mais le Renne y serait abondant, au
lieu d'être, comme dans les grottes de don Lorenzo Sierra, une
rare exception.
La liste des animaux trouvés dans la grotte d’Aïtz-bitarte, près
de Saint-Sébastien, par MM. de Lersundi, de Soraluce, de
Insausti et Aguirre, est presque pareille, ainsi qu'il résulte de ma
communication du 16 mars dernier et de l'examen d'échantillons
que j'ai vus depuis. Elle comprend : Ursus spelæus (abondant),
Ursus arctos (une mandibule), Hyæna spelæa, Felis leo (var.
spelæa), Cheval, Sus scropha, Bos ou Bison, Cerf élaphe (abon-
dant), Renne (très rare), Bouquetin ?, Chamois (une corne et quel-
ques os), Patella vulgata ordinaire.
Il résulte de ces observations que la faune quaternaire froide,
si abondante dans le Sud-Ouest de la France, s’est étendue au delà
de la frontière, assez loin en Espagne, mais sous forme atténuée,
le Renne devenant très rare, le Chamois restant, à cause de la
proximité de hautes montagnes, atteignant 2642 m. d'altitude,
moins exceptionnel.
Quant à la faune des steppes, si abondante dans la Gironde, la
Dordogne et le Tarn-et-Garonne, elle n’a pas été trouvée au Sud
de ces départements. C’est, je pense, parce que les grottes fouillées
plus au Sud, sont situées au pied des Pyrénées. Ces hautes mon-
tagnes ont toujours provoqué des pluies qui ont empêché le steppe
de s’y étendre. Les grottes du Guipuzcoa et de la province de San-
tander n’ont pas donné un seul reste d'un des animaux spéciaux
aux steppes. Mais elles sont au pied des Pyrénées cantabriques.
Peut-être trouvera-t-on une faune de steppes dans d’autres parties
de l'Espagne ?
Séance du 15 Juin 1908
PRÉSIDENCE DE M. H. DOUVILLÉ, PRÉSIDENT,
DE M. L. JANET, VICE-PRÉSIDENT, PUIS DE M. H. DOUVILLÉ
Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté.
Le Président proclame membre de la Société :
M. Dimitri G. Allahverdjiew, conservateur à l'Université de Sofia, pré-
senté par MM. Boule et Thevenin.
Deux nouvelles présentations sont annoncées.
M. H. Douvillé offre, de la part de M. V. Paquier, une note
« Sur la présence de grès à Hippurites aux environs de Vence
(A. M.)» (CR. Ac. Sc., re juin 1908).
Le Président présente de la part de M. Charles Fraipont des
notes « Sur quelques fossiles du calcaire carbonifère » et « Des-
cription d’un nouveau Pteraspis du Gedinnien belge ».
M. O. Gouffon dépose un exemplaire d’une note intitulée : « Le
Bartonien supérieur en Anjou » (Bull. Soc. Et. sc. d'Angers).
[CRS., p. 109].
M. Louis Gentil offre les notes suivantes : « Sur le volcan du
Siroua (Anti-Atlas Marocain); De l’origine des terres fertiles du
Maroc occidental; Recherches stratigraphiques sur le Maroc
oriental; Sur la tectonique du littoral de la frontière algéro-
marocaine » (CR. Ac. Sc., 1908) [CRS., p. 109].
M. L. Pervinquière présente un méinoire « Sur quelques Ammo-
nites du Crétacé algérien » destiné aux Mémoires de Paléon-
tologie [CRS., p. 119].
R. de Mecquenem et R. Douvillé. — Sur les Céphalopodes juras-
siques du lac d'Ourmiah (Perse occidentale).
M. de Mecquenem a eu l’occasion, lors de son voyage de 1905,
d'explorer à nouveau le gisement de Céphalopodes jurassiques du
lac d'Ourmiah. Ce gisement avait déjà fourni des matériaux
étudiés successivement par Weithofer et von Borne. Malgré le
très mauvais état de conservation de ces matériaux, les recherches
de M. de Mecquenem ont permis à M. Robert Douvillé de préciser
sur quelques points les conclusions des deux auteurs précités.
Weithofer estimait que les Céphalopodes du lac d'Ourmiah
appartenaient à trois niveaux : Lias supérieur, Jurassique supé-
304 SÉANCE DU 15 JUIN 1908
rieur et Néocomien. Von Borne attribue au Callovien les formes
considérées comme néocomiennes par Weithofer. Les recherches
de M. de Mecquenem permettent de confirmer ce résultat impor-
tant : il n'existe comme couches fossilifères aux environs du lac
d'Ourmiah, que du Lias et du Jurassique moyen; M. de Mecque-
nem a en effet pu exploiter ce gisement en se servant précisément
des mêmes ouvriers déjà employés par les auteurs précités et par
suite connaissant bien les lieux. Toutes les Ammonites rapportées
par lui proviennent d’environ 5 mètres de couches, pétrographi-
quement identiques (schistes noirs un peu bitumineux) et où il est
peu probable que le Callovien et le Néocomien soient représentés
simultanément.
Les Céphalopodes suivants ont pu être déterminés : Ancylo-
ceras calloviensis Morris; Hecticoceras sp.; Oppelia aff. sub-
costaria OPPEL; Opp. sp. (aff. aspidoïides) ; Reineckeia Straussi
WEITHOrER; Aeineckeia Weithoferi n. sp. [Type : Weiïthofer :
Ueber Jura und Kreïde aus dem nordwestlichen Persien (Sitzungsb.
d.k. k, Ak.,d. Wiss. Wien. Bd. XCVIN, 1890, pla) 48 9)1)8e
Perisphinctes, très nombreux, constituant la grande majorité de la
faune : a) Perisph., aff. aurigerus Opr., in Neumayr ; b) P., aff.
convolutus Quexsr. et par. ; c) P., aff. tetramerus WEITHOFER.
V. Paquier. — Analogies de certains termes de la série secon-
daire de Vence (A.-M.) avec ceux des environs du col de l'Argen-
lière (Italie).
Outre les grès à Hippurites Requieni Marx. et à Actéonelles
dont il vient de faire connaître l'existence au S. de cette ville*, la
présence de nombreux Hydrozoaires dans le Jurassique supérieur
sous-jacent accroît encore les ressemblances avec le Nord du
massif du Mercantour. Jusqu'ici les dolomies du Jurassique supé-
rieur de cette contrée n'avaient fourni aucun fossile ; néanmoins
l’auteur a pu reconnaître dans les calcaires dolomitiques de
l’éperon du bois de Lara, que contourne la route de St-Paul, une
grande abondance des masses finement zonées, parfois de grandes
dimensions et qui extérieurement présentent tous les caractères
de colonies d'Hydrozoaires. Toutefois la dolomitisation ayant en
partie effacé les détails de la structure intime, l'examen micros-
copique ne permet pas de préciser davantage ni de rapporter
1. Ces Reineckeia correspondent partiellement aux « Olcostephanus » de
Weithofer.
2. Sur la présence de grès à Hippurites aux environs de Vence (A.-M).
CR. Ac. Sc., 1°" juin 1908.
ae
SÉANCE DU 15 JUIN 1908 305
l'organisme en question à un groupe déterminé de ces Cœlenterés.
On sait que si jusqu’à ce jour le Jurassique supérieur français n’a
pas livré de fossiles de cette nature, il n’en est pas de même dans
la région mésogéenne où ils abondent à ce niveau, notamment
dans l’Apennin et la Calabre.
La présence de nombreux Hydrozoaires dans le Malm des
environs de Vence, jointe à celle des Hippurites à la partie supé-
rieure du Turonien montre qu'au voisinage les massifs anciens
bordant le Sud de la fosse alpine (Maures et Estérel, Mercantour)
les faunes mésogéennes ont trouvé à diverses reprises les condi-
tions particulières de profondeur et surtout de température
auxquelles semble liée leur présence.
SUR LES FORMES PRIMITIVES DES HIPPURITES
PAR À. Toucas.
En prenant pour base la composition des premières couches à
Hippurites établie par Arnaud, on a la succession suivante :
I Zone des Orbignya Requieni major et minor; Orb,
Requieni var.subpoly gonia ; Vaccinites petrocoriensis;
ANGOUMIEN V. Rousseli; V. præcorbaricus; V. prægiganteus ;
V. Grossouvrei et V. præzurcheri.
SUPÉRIEUR
H. Zone des Orbignya Requieni var. minor, Vaccinites
petrocoriensis et V. inferus.
G. Zone des Orbignya Requieni var. minor, Vaccinites præ-
ANGOUMIEN petrocoriensis et V. inferus.
INFÉRIEUR F?. Zone des Orbignya Requieni var. minor et Vaccinites
præpetrocoriensis.
Cette succession montre que l'Orb. Requieni var. minor, forme
primitive des Orbignya, a survécu jusque dans la zone supé-
rieure Z, en conservant sa petite taille, ses mêmes caractères
internes et ses pores linéaires du début. Ce n'est que dans cette
zone Î que ses dimensions se développent et que ses pores devien-
nent subpolygonaux donnant ainsi naissance à deux mutations :
l'Orb. Requieni major (type de l'espèce de Matheron) et l'Orb.
Requieni var. subpoly gonia, forme de St-Cirq (Dordogne) que
M. H. Douvillé a rapportée à l'Hippurites resectus DErRANCE. Or,
l'espèce de Matheron et celle de Defrance ne sont connues que par
7 Oct. 1908. — T. VIII. Bull. Soc. Géol. Fr. — 20.
306 A. TOUCAS 15 Juin
leur valve inférieure, de sorte qu'il n’est pas possible de préciser
les rapports qu'elles peuvent avoir entre elles ou avec les formes
pourvues de leur valve supérieure. Cependant, comme leurs
caractères internes sont identiques, qu’elles proviennent toutes
deux du bassin d'Uchaux où elles ont vécu côte à côte, il est fort
probable qu'on se trouve en présence d’une même espèce, très
voisine de l’Orb. Requieni var. minor. Quoi qu'il en soit, si la
forme de St-Cirq, pourvue de sa valve supérieure, est bien comme
je l'ai admis, la souche des Hippurites à pores polygonaux, on ne
peut toutefois la considérer comme le type primitif de tous les
Hippurites puisqu'elle n'apparaît que dans l'Angoumien supérieur
comme une mutation de l'Orb. Requieni var. minor qui est la
véritable forme primitive des Orbignya.
Le Vacc. præpetrocoriensis, forme primitive des Vaccinites,
apparaît dans la zone F? en même temps que l'Orb. Requieni var.
minor et dans tout son développement comme une forme très
distincte de celle-ci et sans que l’on puisse indiquer son origine.
Cependant si l’on considère le peu de développement de la taille et
des replis del Orb. Requieni var. minor par rapportaux dimensions
si accentuées du Vacc. præpetrocoriensis, il est fort à présumer
que c’est la forme à pores linéaires qui doit se rapprocher le plus
du type ancestral commun. Cette conclusion concorde d’ailleurs
avec les nouvelles observations de M. H. Douvillé sur le dévelop-
pement des /lippurites et trouve sa confirmation dans l’évolution
des groupes, au point de vue de la transformation des pores
linéaires en pores arrondis ou polygonaux, particulièrement dans
les groupes de l’Orb. bioculata et de l'Orb. organisans, avec une
tendance analogue dans les groupes de l'Orb. Toucasi et de
l'Orb. variabilis, où les pores, étroits et très allongés au début,
deviennent ensuite nettement polygonaux et plus tard même den-
ticulés dans les formes récentes.
Ainsi, quelle que soit la solution à donner sur l’origine des
Hippurites, il est certain que le type primitif n’était pas une forme
à pores polygonaux, tandis que toutes les probabilités sont pour
l’'Orbignya Requieni var. minor, forme à pores linéaires qui se
montre en abondance, dés le début, dans l’'Angoumien inférieur.
En raison de l'importance que prend cette forme comme type
primitif, je propose de la désigner sous le nom d'Orbignya pri-
mordialis, afin de la distinguer des deux formes de l’Angou-
mien supérieur, les Orb. Requieni MATHERON et Orb. resecta
DEFRANCE sp. in DouviLLé, qui en diffèrent par une taille plus
grande ou par des pores arrondis. Les figures 1, 2, 3 et 4 de la
0 its
1908 SUR LES FORMES PRIMITIVES DES HIPPURITES 307
planche 1 de mon mémoire : se rapportent à cette nouvelle espèce,
le type étant représenté par la figure 3 et la variété pustuleuse par
la figure 4.
En conséquence les Orb. Requient et Orb. resecta devront être
considérés comme des mutations du type primitif, la première
comme forme de passage entre la forme primitive et l’Orb. incisa
du Coniacien, la seconde servant de liaison entre les formes
linéaires et les formes à pores polygonaux. Ces dernières formes,
que M. H. Douvillé a séparées sous le nom d’Æippuritella, consti-
tuent ainsi, comme je l’ai indiqué dans mon mémoire, une branche
dérivée des Orbignya à pores linéaires par une simple modifica-
tion dans la forme des pores, les caractères internes restant absolu-
ment les mêmes. Or, on ne doit pas oublier que c'est sur ces
mêmes caractères internes que Woodward a établi son sous-genre
Orbigny a et qu'il a pris comme type l'Orb. bioculata LaAmarck,
qui est précisément une forme à pores arrondis, dérivée comme
l’Orb. resecta d’une forme plus ancienne à pores linéaires. Dans
ces conditions la section Aippuritella ne paraît différer des Orbi-
gny a par aucun caractère. Mais si le groupe des Æipp. resectus,
H. Maestrei, H. variabilis, H. Lapeirousei et H. Castrei, qui
forme cette section, se trouve ainsi intimement lié aux groupes
de l’Orbignya bioculata et de l'Orb. socialis, il n’en est pas de
même du groupe de l'Orb. canaliculata, dans lequel l'arête cardi-
nale, au lieu de diminuer progressivement jusqu'au point de dispa-
raître, prend au contraire un développement de plus en plus
grand, comme dans les Vaccinites. En rapprochant cette observa-
tion de celle de M. Henri Douvillé sur l’origine probable des
Vaccinites qui. dans le jeune âge, présentent le même écartement
des replis que dans la forme primitive des Orbignya, on peut en
conclure que le groupe de l'Orb. canaliculata représente Le groupe
d'origine de tous les ÆHippurites et doit par conséquent former un
rameau particulier qui devrait conserver le nom générique d’Æip-
purites de Lamarck.
1. Etude sur la Classification et l'Évolution des Hippurites. Mém. S. G. F,
Pal., n° 30.
SUR LA CLASSIFICATION DES RADIOLITIDÉS ‘
PAR Henri Douvillé.
M. Toucas a fait faire un progrès notable à nos connaissances
sur les Radiolitidés en montrant qu'il est possible de préciser les
relations des diverses formes qui se sont succédé dans le temps,
de maniere à en constituer des rameaux. En reprenant à ce point
de vue la classification que j'avais proposée en 1902, je me trouve
amené à la modifier sur quelques points.
M. Toucas a utilisé les caractères déjà employés par les auteurs
précédents et qui sont fondés sur les modifications que présentent
les lames externes dans les zones correspondant aux deux ouver-
tures principales du manteau (ouvertures siphonales Æ et S).
L'observation montre que ces modifications sont analogues pour
les deux ouvertures, de sorte que cette analogie même permet de
les reconnaître ; en outre, l'une d’entre elles S, est toujours située
en face de l'extrémité du muscle postérieur. D'après ces caractères
on peut constater que les zones siphonales sont marquées tantôt
par deux bandes, ou déprimées, ou plus ou moins saillantes,
tantôt par des relèvements des lames externes en forme de selles,
qui quelquefois même se renflent en formant des plis arrondis
ou godrons.
Je ne suis pas toujours d'accord avec M. Toucas, sur la position
des aires siphonales : ainsi, pour cet auteur, elles sont toujours
marquées dans les formes anciennes par des « sillons longitudi-
naux », tandis que pour moi elles correspondent à des bandes
saillantes ou à des lignes de godrons.
La troisième ouverture (pédieuse V)est ventrale, par défini-
tion ;: elle est souvent indiquée par une inflexion en arrière des
lames externes formant un sinus ou lobe anguleux ; il correspond
au bord de la surface de fixation dans le jeune. Enfin il apparaît
quelquefois aussi un sinus analogue du côté postérieur P?, et dans
ce cas la région siphonale de la coquille est constituée de même
de part et d’autre de l’interbande M (£, V en avant, S et P en
arrière). La position de ces plis ou sinus peut également donner
de bons points de repère pour la détermination des aires sipho-
nales.
1. Noteextraite du Mémoire de Paléontologie présenté par M. H. Douvillé :
«Sur quelques formes de Rudistes de Sicile, d'Algérie, du Liban et de Perse »,
1908 SUR LA CLASSIFICATION DES RADIOLITIDÉS 309
Au point de vue de la classification elle-même, il est incontes-
table que celle-ci doit bien être fondée sur la reconstitution des
rameaux ; mais on sait également que les naturalistes, quand ils
ont défini un de ces rameaux le subdivisent en tronçons, chaque
fois qu'un caractère ancien disparaît ou qu'un caractère nouveau
prend naissance ; chaque rameau constitue ainsi une famille. Il ne
nous paraît donc pas possible d'accepter la manière de voir de
M. Toucas pour lequel chaque rameau représente seulement un
genre.
Dans les Radiolitidés on constate bien la disparition d’un carac-
tère ancien, l’arête cardinale, et l'apparition d’un caractère nouveau,
le développement en hauteur des apophyses myophores. Ce der-
nier caractère distingue la forme souche Agria, qui a encore une
charnière de Monopleuridé, des formes dérivées Præradiolites.
Dans ce dernier genre les zones siphonales présentent des disposi-
tions variées ; elles forment : 1° des bandes plus ou moins sail-
lantes (Pr. Davidsoni, Pr. triangularis, Pr. Grossouvrei); 2 ou
des zones de godrons (Pr. Fleuriaui) ; 3 ou de simples ondula-
tions (Pr. ponsianus, etc.).
Par la disparition de l’arête ligamentaire, le premier de ces
groupes donne naissance aux Biradiolites (PB. angulosus, B. lum-
bricalis, B. canaliculatus, etc.).
Le genre ARadiolites se distingue par ses lames plissées. Les
Sphærulites, avec leurs lames étalées et non dressées, semblent
constituer une section plutôt qu'un véritable rameau.
Les formes costulées, à bandes également costulées, paraissent
appartenir à un rameau tout à fait distinct; les formes anciennes
ont une arête cardinale (Sauvagesia) et ne paraissent pas dériver
d'Agria ; il faut peut-être les rattacher à Petalodontia calamiti-
formis. Les formes plus récentes perdent leur arête cardinale et
sont nettement différentes par l’ensemble de leurs caractères des
vrais Piradiolites, contrairement à ce que j'avais pensé primiti-
tivement ; je propose d'en faire un genre nouveau, Durania
(type Pir. cornupastoris).
Il me reste à examiner deux genres rejetés par M. Toucas :
1° Bournonia: le type À. Bournoni, quand il est bien conservé,
présente dans le jeune âge deux bandes tout à fait comparables à
celles du Pr. triangularis ; une forme analogue d'Algérie repro-
duit presque exactement la forme du Pr. Davidsoni. C’est donc
dans les espèces dérivées de ce groupe, c’est-à-dire à côté des
Biradiolites qu'il faut placer les Bournonia ; et ainsi s'explique
l'absence d’arête ligamentaire ;
310 HENRI DOUVILLÉ 15 Juin
20 Lapeirousia. Les sections polies montrent que les régions
siphonales correspondent à deux bandes très profondément creu-
sées et qui sont recouvertes par les lames externes débordant des
deux côtés ; c’est ainsi que prennent naissance les piliers et les
oscules ; ce n’est du reste que l’exagération d’une disposition que
j'ai signalé dans Pir. persicus (Mission de Morgan, p. 248).
Ce genre est donc lui aussi à rapprocher des Biradiolites et non
des Præradiolites ; certaines formes costulées font même penser
aux Durania. Mais dans tous les cas l’absence d’arête cardinale se
comprend facilement.
Il résulte de ces observations que toutes les formes dépourvues
d'arête cardinale paraissent dériver d’un tronc unique représenté
par les Piradiolites.
M. Toucas croit devoir montrer quelques exemplaires présen-
tant les caractères qui ont servi de base à sa classification.
Ainsi, l’'Agria primitif a une apophyse myophore tout aussi déve-
loppée que les autres formes à valve supérieure concave que M. Henri
Douvillé veut maintenir dans les Præradiolites.
En ce qui concerne les zones siphonales Æ et $S, M. Toucas fait
observer qu'il n’a jamais pu dire que ces zones étaient toujours dépri-
mées, puisqu'il a fait figurer des espèces à sinus saillants; mais il a
fait remarquer que ces deux ouvertures du manteau correspondaient
aux deux inflexions des lames externes vers le haut de la coquille,
tandis que les plis, qui les séparent ou les limitent, ont leurs inflexions
tournées vers le bas et ne peuvent ainsi être confondus ni avec les
sillons des Agria, ni avec les sinus ou avec les bandes des autres
Radiolitidés. D’ailleurs la position constante de l’ouverture antérieure Æ
en face de l’arête ligamentaire permet de trouver l'emplacement de
cette ouverture lorsque les lames externes ne présentent aucune
inflexion, comme dans certains Agria.
Les motifs donnés pour la suppression des Bournonia et Lapeirousia,
subsistent toujours, les caractères, indiqués par M. H. Douvillé pour
leur maintien, existant déjà dans les formes anciennes des Præra-
diolites ou des Sphærulites.
Quant aux formes à bandes costulées du type du Biradiolites cornupas-
toris, elles constituent avec le Birad. Mortoni un groupe particulier de
Sauvagesia dépourvu d’arête ligamentaire.
SUR L’AGE DES CALCAIRES DE CONTES-LES-PINS
ET DE LA ZONE A PLACENTICERAS BIDORSATUM
ET MorronicsrAs DELAWARENSE
PAR À. de Grossouvre
Les calcaires exploités pour la fabrication du ciment dans les
carrières de Contes-les-Pins (Alpes-Maritimes) ont été, au cours
de ces dernières années, l’objet de notes dont les conclusions sont
assez différentes en ce qui concerne l’âge qu'il convient de leur
attribuer.
Les divergences qui se sont produites à cette occasion résultent
et des difficultés de détermination précise des Echinocorys et des
Micraster sur l’exämen desquels on s’est basé pour chercher à
définir leur niveau, et de l'extension verticale assez grande que
possèdent d'ordinaire les divers types qu'il est possible de distin-
guer dans ces genres.
En particulier, parmi les Micraster, on a signalé le A. Gottschei
Srozcey et le M. Sismondai LAMBERT.
Or, le premier se trouve depuis la base du Campanien, dans la
craie à Actinocamax quadratus de la France et du Hanovre,
jusque vers le sommet de cet étage, dans la craie de Meudon.
Quant au second, il appartient au groupe du M. Brongniarti
dont les diverses formes sont bien difficiles à séparer les unes des
autres : déjà, à la base du Campanien, dans le Blaisois et en
Aquitaine, on rencontre le M. reg'ularis ARNAUD, très voisin du
M. Brongniarti de Meudon.
On comprend donc facilement que l'étude de ces fossiles ait pu
conduire à faire osciller la position des couches de Contes-les-Pins
de la base au sommet de l’étage campanien.
Cependant il est un autre Micraster qui a permis à A. Peron de
serrer la question de plus près. Il a trouvé à Font-de-Jarrier des
échantillons de ce Micraster de la craie à Act. quadratus de
Reims, auquel M. Gauthier a donné le nom de 1. fastigatus : il
en a conclu que ce serait dans la zone inférieure de la craie à
Act. quadraius qu'il faudrait ranger le gisement de Contes.
A cette conclusion on pourrait faire une objection : puisque des
formes du M. Gottschei et du M. Prongniarti vont de la base
jusqu'au sommet du Campanien, il n’est pas absolument certain
312 A. DE GROSSOUVRE 15 Juin
que le M. fastigatus soit toujours confiné dans une zone unique
de cet étage.
Mais à Contes-les-Pins il n'existe pas seulement des Echinides :
on y recueille aussi des Ammonites dont j'ai, dès 1893, précisé la
détermination ’, et leur présence permet de fixer avec précision
l’âge des couches qui les renferment.
Ces Céphalopodes avaient été autrefois rapportés à des types
dont les niveaux respectifs sont fort différents : on y avait signalé
les Ammonites colligatus, Am. ootacodiensis et Am. texanus. En
réalité, il s'agissait d'espèces tout autres, ainsi que m'ont permis de
le reconnaître les échantillons qui avaient servi de base aux déter-
minations précédentes; je n’ai pu d’ailleurs y voir que deux types
distincts que j'ai décrits sous les noms de Pachydiscus Levyi et
Mortoniceras campaniense.
En ce qui concerne la première de ces espèces, il est bon de
rappeler que les diverses formes de Pachydiscus sont souvent
assez difliciles à distinguer les unes des autres et, en particulier,
il est certain que le jeune du ?. colligatus ressemble énormément
au jeune du ?. Leoyi; l’on comprend donc que le premier ait pu
être cité de Contes-les-Pins. Je dois mème reconnaître que je ne
suis pas en mesure de préciser les caractères pouvant permettre
de séparer les jeunes de ces deux espèces; par contre les adultes
sont absolument différents et aucune confusion n’est possible entre
eux : on se trouve certainement en présence de deux types nette-
ment distincts.
Le P. Levyi jeune ressemble aussi beaucoup au ?. isculensis
jeune et, même à l’état adulte, il y a une assez grande analogie
entre les deux formes. (
Je suis persuadé que l'échantillon de jeune Pachydiscus que
j ai représenté (Ammonites de la Craie supérieur, pl. xx11, fig. 2)
et qui provient du Campanien inférieur d’Eraville (Charente) est
non pas un ?.isculensis, comme je l’ai cru, mais un ?P. Lepyi :
j'avoue qu'on pourrait aussi bien le prendre pour un ?. colligatus
jeune.
On peut donc dire que P. isculensis, P. Levyi et P. colligatus
constituent un groupe de formes successives, à peu près identiques
dans les premiers stades de développement et qui ne se différen-
cient complètement qu'à l'état adulte.
Quant au Mortoniceras campaniense, si au premier abord il
I. À. DE Grossouvere. Les Ammonites de la Craie supérieure, p. 8% et 178,
1893.
1908 AGE DES CALCAIRES DE CONTES-LES-PINS 313
présente quelque analogie avec le M. texanum, il est néanmoins
bien facile à en distinguer,
Cette faune de Contacts, toute réduite qu'elle soit, montre
nettement, ainsi que je l’ai indiqué, que les calcaires de Contes-
les-Pins se placent sur le même horizon que le Campanien infé-
rieur de l’Aquitaine.
Dans cette dernière région le }. campaniense a été recueilli
par H. Arnaud, à la base de son assise P?, avec Placenticeras
bidorsatum, Scaphites hippocrepis, Sc. aquisgranensis.
A la partie supérieure de cette assise, Arnaud a recueilli près de
Montmoreau un échantillon d'Act. quadratus : au-dessus vient
l’assise P? caractérisée principalement par Hoplites Vari et au
sommet les assises Q et À avec Pachydiscus colligatus.
Nous retrouvons une succession analogue dans l'Allemagne du
Nord.
Là, en Westphalie, Schlüter a pris comme type d'une de ses
zones les couches calcaréo-sableuses de Dülmen qui renferment
Placenticeras bidorsatum RæœMer sp. et Scaphites binodosus
RŒMER.
Or, d’après les travaux récents!’ de MM. G. Müller et A.
Wollemann, ce Scaphite ne doit pas être séparé du Sc. hippocrepis
Dekay sp. : le premier représente la forme jeune et le second
l'adulte. Je suis d’autant plus disposé à adopter cette manière de
voir que, même avant l'apparition du mémoire de ces deux savants,
ayant reçu du gisement de Broitzem, près Brunswick, une série
d'échantillons de Scaphites, je ne pouvais arriver à tracer une
limite entre le $. binodosus et le S. hippocrepis.
Au-dessus cette zone vient celle à Actinocamax quadratus
typique, puis celle à Hoplites Vari avec Belemnitella mucronata.
La succession est donc absolument la même que dans l’Aquitaine
et montre que les couches de Dülmen correspondent à la zone à
Mortoniceras campaniense et Placenticeras bidorsatum.
De l’autre côté du Harz, la coupe est encore identique : une
série de gisements, tels que ceux des marnes du Schwanzenberg
près Heudeber, des marnes du Plattenberg et des argiles de
Broitzem, renferment la faune des couches de Dülmen et du Cam-
panien inférieur de l’Aquitaine : Placenticeras bidorsatum, Haue-
riceras pseudo-Gardeni, Scaphites binodosus, Sc. aquisgranensis,
avec ces formes d'Actinocamax que l'on a longtemps confondues
avec le quadratus, mais qui en ont été séparées sous le nom de
1 G. MüLLer et WoLLEMANN. Die Molluskenfauna des Untersenon von
Braunschweig und Ilsede.
314 A. DE GROSSOUVRE 15 Juin
granulatus. Au-dessus vient l’assise à Act. quadratus, puis celle
à Bel. mucronata.
Traversons l'Atlantique et nous pourrons observer le même
ordre de succession dans la craie des États-Unis. Nous allons
même y retrouver l’'Ammonite que j'avais décrite sous le nom de
Mortoniceras campaniense et qui, bien antérieurement, dès 1834,
avait été distinguée par Morton sous le nom d’Amn. delawarensis :
c'est ce dernier nom qu'elle doit donc porter en raison de la règle
de priorité. Or, cette espèce se trouve dans les Eagle pass Beds du
Texas occidental, à la partie supérieure des Tombigbee Sands de
l'Alabama et du Mississipi et dans la Matawan Formation de l'État
de New-Jersey où elle est accompagnée par Scaphites hippocrepis
DEkAY qui, je le rappelle, est le même que le Sc. binodosus Rœmer
de l'Allemagne du Nord. Au-dessus viennent immédiatement les
couches à Pel. mucronata, car l'assise à Act. quadratus fait
défaut sur le continent américain.
En Tunisie, la zone à Mort. delawarense existe également :
j'avais, en 19017, signalé la présence de ce fossile à Sbeitla, d’après
un échantillon recueilli par M. Jordan. Depuis, dans son beau
travail sur la Tunisie ', M. Pervinquière nous a fait connaître les
autres espèces qui l’accompagneut : ce sont, d’abord le Scaphites
hippocrepis, puis un Pachydiscus que M. Pervinquière croit devoir
rapporter à ?. colligatus. Il constate, il est vrai, de fortes ressem-
blances avec le P. Levyi, mais il ne croit pas cependant qu'on
puisse rapporter les échantillons qu’il a examinés à cette dernière
espèce, qui a un ombilic très plat, alors que ceux-ci ont un
ombilic profond et à paroi rapide. Il en conclut (loc. cit., p. 422)
qu'il est impossible de répartir par zones les Ammonites du
Campanien de la Tunisie, et qu’elles appartiennent toutes à la
zone à Hoplites Vari.
Cette détermination du Pachydiscus de Sbeitla conduirait à
cette étrange conséquence de réunir dans une même zone deux
espèces qui, partout ailleurs, sont séparées par un long espace de
temps, l’une toujours confinée au-dessous de l’assise à Act. qua-
dratus et l’autre n'apparaissant qu'au sommet de la craie à Bel.
mucronata, et de les réunir dans la zone à Hoplites Vari de
laquelle elles ne sont connues d'aucun gisement.
Il me paraît impossible de souscrire à cette conclusion qui
mettrait en échec les principes de succession chronologique des
faunes établis par une longue observation, principes qui servent
1. PeRviNQUIÈRe. Etudes de paléontologie tunisienne. I. Céphalopodes des
terrains secondaires. 1907.
1908 . AGE DES CALCAIRES DE CONTES-LES-PINS 315
de base à la méthode stratigraphique. Ce serait renouveler la
théorie des colonies de Barrande ou revenir à cette autre des
points de concentration vitale, tel que celui supposé à Chätillon-
sur-Seine ! où auraient existé ensemble des faunes partout ailleurs
strictement localisées dans des horizons distincts.
Je suis donc persuadé que le Pachydiscus de Sbeïtla n'est pas
le colligatus, mais le Levyi : j'ai déjà indiqué la difficulté, même
l'impossibilité où nous sommes actuellement de reconnaitre les
jeunes des deux espèces. Le caractère de plus ou moins grande
profondeur de l’ombilic, me paraît insuffisant et surtout illusoire,
lorsqu'il s’agit d'échantillons mal conservés et déformés par com-
pression. J'ai des calcaires à Stegaster de Gan (près Pau), des
échantillons de ?. colligatus jeunes dont l’ombilie est très peu
profond. Pour trancher la question il faudrait connaître l'adulte
du Pachydisceus de Sbeïtla, car alors aucune hésitation ne serait
plus possible. Je suis persuadé que, lorsqu'on trouvera cet adulte,
on verra que ce n'est pas le P. colligatus typique, celui de Maës-
tricht, de l’Aquitaine, des Pyrénées, mais le P. Levyi de Contes-
les-Pins.
Par ce qui précède on voit que la position des couches de
Contes-les-Pins se trouve exactement fixée : elles appartiennent à
cette zone inférieure du Campanien caractérisée par Placenti-
ceras bidorsatum, Mortoniceras delawarense, Pachydiscus Levyi,
Hauericeras pseudo-Gardeni, Scaphites binodosus, Actinocamax
granulatus, zone qui se trouve immédiatement sous l’assise à
Act. quadraltus.
1, Jai montré (Stratigraphie de la Craie supérieure, p. 28) que la coexis-
tence invoquée n’était pas réelle et que l'erreur provenait d'observations
insuffisantes.
TERRAINS MIOCÈNES D'UNE PARTIE DE LA BORDURE SUD
DE L'ATLAS TELLIEN
OBSERVATIONS SUR LEUR FAUNE DE PECTINIDÉS :
PAR J. Savornin
Les dépôts d'âge miocène forment à la lisière méridionale du
Tell une bande remarquable, parallèle au littoral, d’une largeur
moyenne de 50 kilomètres entre les méridiens d'Alger et de Bou
Sàäada. Cette largeur s'accroît considérablement plus à l'Est; mais
la bande s'y dédouble, de part et d'autre de l'importante chaine
des monts hodnéens. La longueur totale envisagée atteint 275 km.
J’ai toujours considéré cette zone néogène comme d’origine géo-
synclinale, séparant les deux grands systèmes orogéniques algé-
riens. Me plaçant aujourd’hui à un autre point de vue, je me pro-
pose d'appeler l'attention sur la faune de Pectinidés que j'ai
rencontrée dans ces dépôts. J'ai déjà signalé, au moins incidem-
ment, dans quelques publications, la plupart des espèces que
j'aurai à mentionner ; mais ce travail est destiné à coordonner et
à compléter mes indications antérieures. Cette question des formes
algériennes de Pectinidés est, en effet, très importante, en raison
des parallèles qu'elle permet d'établir avec les faunes correspon-
dantes de régions classiques diverses. On sait que plusieurs
espèces, faciles à identifier, caractérisent des niveaux assez précis.
Or, j'ai pu rassembler une collection de la région ci-dessus définie,
où les beaux exemplaires, à la vérité, sont exceptionnels, mais où
figurent un certain nombre de ces espèces caractéristiques.
Les quatre grands genres admis par MM. Depéret et Roman°
sont parfaitement représentés en Algérie, et particulièrement
dans la zone ici étudiée, où leurs espèces étaient presque toutes
inconnues antérieurement à mes recherches. Mais c'est le genre
Pecten qui est de beaucoup le plus riche, au moins parmi les maté-
rilaux que j'ai recueillis.
Sans faire l'historique complet d’une question que je me réserve
de traiter ailleurs avec tout le développement qu’elle comporte, je
1. La communication de M. L. Joleaud : « Esquisse comparative des séries
miocènes de l'Algérie et du S. E. de la France », B.S.G.F., (4), VII, p. 284,
m’a incité à présenter cette note rédigée en avril 1908.
2. M. S.G.F., Paléontologie, X, fase. 1 (1902) : Monographie des Pectinidés
néogènes, etc.
2
CL
1908 MIOCÈNE DU SUD DE L'ATLAS TELLIEN 317
noterai que, jusqu'ici, la classification des dépôts miocènes dont il
est question, dans les rares localités où leur âge avait été reconnu
avec plus ou moins de certitude, n'a reposé que sur des fossiles
d’une valeur systématique discutable. On a cité le plus souvent
des Mollusques bivalves ou g2astéropodes, de conservation ordinai-
rement défectueuse et d'espèces plus ou moins heureusement
déterminées. A. Peron et M. Gauthier ont surtout insisté sur les
Échinides. Mais il n’est pas douteux que les Pectinidés sont
appelés à fournir des renseignements beaucoup plus précis et
plus importants, en raison d’abord de leur mode de fossilisation,
ensuite de la fréquence de leurs gisements, enfin et surtout de leurs
remarquables localisations stratigraphiques.
Les auteurs qui m'ont précédé ont rarement signalé des formes
de ce groupe. Seuls Tissot, Ville et Nicaise en ont cité ; mais leurs
déterminations laissent à désirer. Tissot appelle constamment
l’assise inférieure du Miocène : couches à Pecten Numidus Coa.,
dans toute la moitié orientale de la zone où j'ai reconnu des dépôts
de cet âge. Mais cet auteur a trop souvent incorporé au Miocène
des assises détritiques qui ne lui appartiennent pas. Par contre, il
en a distrait, au profit du Pliocène, des assises qui n’en devraient
point être séparées.
Ville a signalé P. scabriusculus Marx. à Mokta el Hadjar et
P. terebratuliformis M. DE SERRES, à Sidi ben Dahoua : deux loca-
lités du Hodna oriental. Il n’attribue au Miocène que l’assise
inférieure constamment fossilifère, sur la présence de laquelle j'ai
insisté à diverses reprises !, et que surmonte en concordance une
puissante série de sédiments.
Nicaise, dans son Catalogue”, fait figurer : P. burdigalensis
Lux., à côté de P. scabriusculus Marx. et de P. benedictus Lux.
(= P. terebratuliformis M. pe SERRES), à Boghar, entre le fort
et l'oued Chélif. Il signale en outre P. cristatus BRoNN et P. con-
vexo-costatus ABicx à Aïn Khian, localité que j'ai pu retrouver à
l'Est de Sidi Aïssa, mais en n’y recueillant que d'autres espèces ?.
À. Peron a cité Janira burdigalensis (Lux.), à Aumale. Dans
1. Esquisse orogénique des chaînons de l’Atlas au N.0. du Hodna (CR. Ac.
Se, 19 janv. 1905); Terrains tertiaires de l’Ouennougha (CR. Ac. Sc.,
10 juillet 1905 ; en collab. avec M. Frcxeur) ; Notice explicative de la feuille
Bordj Bou Arreridj à 1/50000 de la Carte géol. d'Algérie.
2. Catalogue des animaux fossiles observés dans la province d'Alger. Bull.
Soc. climatol. d'Alger, 1850.
3. J. SAvorniN : Sur le géosynclinal miocène du Tell méridional (dépar-
tements d'Alger et de Constantine). CR, Ac. Sc., 10 juin 1907.
318 J. SAVORNIN 15 Juin
les autres localités où il a reconnu le Miocène, il n’a pas cité
d'espèce de Pectinidé.
Voici maintenant les principaux résultats de mes recherches.
Les gisements que j'ai rencontrés sont extrêmement nombreux
et plus ou moins rapprochés. Si l’on parcourt successivement les
bandes d’aflleurements de l'Est à l'Ouest et du Nord au Sud, on
peut suivre l’énumération suivante :
1° Aumale, djebel Bou Zid, Romlia, EL Anasser Soltane, El Aïchaoui,
N.etsS. d'El Achir, S. de Bordj Bou Arreridj;
2° Djebel Choukchot (nombreux points), Selatna, S. du djebel Man-
sourah (nombreux points) Tihamamine, N. du dj Maädid, pourtour du
dj. Mzeïta (O., N. et E.), région de Tocqueville à Colbert, etc.
3 Titteri oriental : N. du dj. Afoul (plusieurs gisements) et N. du dj.
Naga (plusieurs gisements), environs de Sidi Aïssa, dj. Amris, Mahzem
Kebir, Mahzem Srhir, dj. Kasbah (pourtour), Aïn Sâad, Tarmount, et
longue bande s'étendant sur une centaine de kilomètres au pied méri-
dional des monts du Hodna; massif des Ouled Soltane (région de
Ngaous à Batna).
4° Enfin, au Sud de la plaine du Hodna, que prolonge à l'O. la
grande vallée de l’oued el Ham, région de Aïn Hadjel.
La plupart des gisements mentionnés occupent de plus ou moins
grandes étendues. D'autre part, ces indications pourraient être
complétées grâce aux documents rapportés par M. Joly, collabo-
rateur au Service géologique, du Titteri occidental et méridional ;
par M. Ficheur, de Mdoukal (Sud-Est du Hodna).
Les principales formes de Pectinidés que j'ai pu examiner sont
les suivantes :
1° Groupe du PECTEN SUBARCUATUS
Le P. Fuchsi Foxrt., que j’ai mentionné avec doute au S. du Maädid,
ne me paraît représenté que vers Sidi ben Dahoua. Il existe aussi au
cœur du djebel Choukchot et je l’ai récemment rencontré près de Aïn
Hadjel (Nseïlett). Il n’est d’ailleurs pas identique à la forme de Cucuron
(Vaucluse), à laquelle j’ai pu le comparer.
Peut-être même sera-t-il permis d’affirmer l'existence du ?. cristato-
costatus, sous-forme très voisine de la précédente, dans les mêmes
localités.
2° Groupe du PECTEN BEUDANTI
Le P. Beudanti BAsT., que j'ai déjà signalé à Sidi Aïssa et dans des
régions avoisinantes, me paraît bien identique au type du Bordelais.
Mais il va sans dire que la forme convexior ALM. et Borizz, répondant
à la diagnose de MM. Depéret et Roman, existe plus fréquemment en
Algérie. Les formes de l’une ou l’autre espèce sont très communes dans
de nombreux gisements parmi ceux mentionnés ci-dessus.
J’ai plusieurs exemplaires du P. pseudo-Beudanti Der. et Rom.
s ( rt
nb ddt
1908 MIOCÈNE DU SUD DE L'ATLAS TELLIEN 319
3° Groupe du P£ECTEN HORNENSIS
Ce n’est qu'avec réserve que je signale quelques fragments de types
pouvant représenter ce groupe spécial : P. valentinensis Font. (?).
4° Groupe du PECTEN BENEDICTUS
Par contre, ce nouveau groupe est abondamment et sûrement repré-
senté par les formes subbenedictus Fonr. et Josslingi Smitx. (= Lych-
nulus Fonr.) : deux espèces voisines, presque toujours coexistantes en de
nombreux points, peut-être même avec une forme représentative de
paulensis Fonr., leur commensal habituel dans le bassin du Rhône. Le
P. revolutus Micuezorri (— ?P. Pomeli BRiIvES), forme plus ou moins
lisse extérieurement, du même groupe, existe, comme on sait, à Boghar
et je l’ai fréquemment rencontré an niveau des précédents.
Je n’ai pas encore reconnu de représentant certain des groupes
aduncus et Jacobæus.
Pour ce qui est des genres Amussium, Flabellipecten, Chlamys et
Hinnites, j'en ai un certain nombre d’espèces suffisamment nettes.
Le P. burdigalensis LMK., que j'ai cité dans plusieurs mémoires, est
moins fréquent que je n’avais cru tout d’abord. Je l’ai reconnu cepen-
dant en quelques points de la bande sud des monts hodnéens; mais
ce sont ordinairement des débris à peu près indéterminables d’'Amus-
sium qu’on rencontre. Le P. cristatus BRONN, cité par Nicaise, n’appar-
tient probablement pas à cette espèce; mais je ne puis douter que ce
soit un Amussium au moins voisin de subpleuronectes.
J’ai un bon exemplaire d'un Flabellipecten que je n’ai pu déterminer
spécifiquement et qui provient du flanc nord du dj. Choukchot.
Parmi les Chlamys, le P. Davidi Fonr. est une forme très précieuse,
jusqu'ici rencontrée exclusivement à l'Ouest de Sidi Aïssa. Le bel
exemplaire de l’Aïn Grimidi, que j’ai déjà eu l’occasion de citer !, n’est
pas identique au type de. l’espèce; mais cette détermination n’est
cependant pas douteuse. Un échantillon beaucoup moins parfait pro-
venant de l’Aïn ben Ameur (Titteri oriental) est plus près du type de
Fontannes ; il ressemble fortement aussi à un exemplaire, rapporté par
M. Brives, de Bonifacio. J’ai d'ailleurs quelques autres variétés plus ou
moins nettes.
Le P. præscabriusculus Font. coexiste avec le subbenedictus et le
Josslingi à l'Ain Khian et dans la bande nord-est de Msila. J’ai cru
reconnaître le P.scabriusculus Marx. à Nseiïlett, près Aïn Hadjel (Sud de
l’oued el Ham), en compagnie du P. Fuchsi Fonr. et peut-être de P. bur-
digalensis Lux. et divers fragments d’Amussium (subpleuronectes ?)
D’autres Chlamys, de petite taille, à côtes fines et serrées ?, et un
Hinnites ne me sont actuellement connus que de la région de Ngaous.
1. CR. Ac. Sc., 10 juin 1907.
2. Je suppose que ce sont les exemplaires que M. Joleaud a récemment
cités sous les noms de P. Gentoni et P. ventilabrum, pour les avoir vus dans
ma collection. Je ne saurais être aussi aflirmatif dans leur détermination.
320 J. SAVORNIN 15 Juin
On peut voir par ce qui précède que la grande majorité des
formes caractérisent le premier étage méditerranéen.
Ce résultat est absolument conforme aux données stratigraphi-
ques, car je n'ai pu reconnaître dans.tous les dépôts miocènes,
dont la répartition est indiquée ci-dessus, qu'un seul puissant
étage. C'est le Cartennien de Pomel, à l'exclusion des deux autres
termes, toujours discordants, de la série miocène d'Algérie.
Les Pecten Fuchsi For. et scabriusculus MATH. sont, il est vrai,
considérés comme n'appartenant qu'au deuxième étage méditerra-
néen. Ils se présentent assurément (au moins le premier, au djebel
Choukchot) à des niveaux notablement supérieurs aux horizons
des autres formes qui viennent d'être mentionnées. Ces dernières
se rencontrent presque partout près de la base évidente des dépôts
miocènes, sauf dans le Titteri et la région de Sidi Aïssa, où la strati-
graphie est extrêmement complexe et où l’on se trouve souvent en
présence de couches renversées. Les petits Chlamys et Hinnites de
Ngaous sont également d’un niveau relativement élevé, peut-être
assez voisin de celui du P. Fuchsi, mais dans une localité où ce
dernier ne m'est point connu.
On pourrait donc être tenté d'admettre, si ces données paléon-
tologiques se confirment, que deux « étages méditerranéens » sont
représentés dans le Miocène du Tell méridional. Mais alors, cette
opinion ne se vérifie point stratigraphiquement.
D'après tout ce que j'ai pu voir sur les vastes espaces où j'ai
foulé des dépôts miocènes, on se trouve ici en présence d'une série
sédimentaire unique, représentant d’ailleurs un eycie très net,
qu'on peut analyser ainsi :
10 Transgression du début, marquée par des assises fortement
détritiques ou récifales-phytogènes. Dans les dépôts de cette pre-
mière phase, on rencontre les nombreux Pectinidés caractéris-
tiques du Burdigalien, ordinairement à deux niveaux distincts,
mais peu écartés ;
20 Creusement progressif de fosses géosynelinales : régime
d'équilibre transitoire marqué par des couches très régulières et
puissantes d’argiles et de grès plus ou moins alternées ou exclu-
sives. Jei se trouveraient (au moins au Choukchot et à Ngaous) les
formes du deuxième étage : P. Fuchsi, etc. ;
30 Comblement définitif, par des apports quelquefois volumineux
(galets), surtout à l'Est dans la bande méridionale, venus du conti-
nent circonvoisin récemment régénéré. La faune correspondante
à cette phase est extrêmement pauvre et à peu près inconnue. Je
ne puis citer à l'heure actuelle aucune espèce certaine; mais les
TIRÉS A PART
La Société ne donne pas de tirés à part des notes publiées dans son Bulle-
tin; toutefois, les auteurs ont le droit d’en faire faire à leurs frais; la
demande doit en être faite sur le manuscrit, le Secrétaire se charge
de veiller à leur exécution.
|
Tarif des tirés à part sur papier du Bulletin sans couverture
25 ex. | 50 ex. | 75 ex. | 100.ex. | 150 ex. | 200 ex. ! 250 ex.
Une feuille entière........|6fr.8o |8fr 00 |rofr ro|rxfr 35 |14tt.75|19fr-4o|2ofr.75
Trois quarts de feuille....|5 40 7 »|8 &o|9 80\12 Gol14 9517 »
Une demi-feuille........... 4 5015 95 | 7 »| 7 gol1o 1ro\1r 35|12 60
Un quart de feuille... ... 3.85 5 10 | 6 10] 6 75] 7 9go| 8 85 9 85
Un huitième de feuille....|2 90 13 85 | 4 45] 5 10, 5 75] 6 35, 7 »
SRE À ;
Les auteurs qui désirent üne couverture doiÿent en faire la demande |
spéciale, en indiquant le titre et la couleur; cette couverture leur est
facturée, en supplément, au prix du quart de feuille.
TABLE DES MATIÈRES (TOME VIIL FascrcuLe 5)
Séance générale annuelle du 27 Avril 1908 (Suite) :
Pages
Robert Douvillé. — Notice nécrologique sur Mayer-Eymar . . , 209
A. Delag'e. — Notice nécrologique sur Paul-Gervais de Rouville . . 241
Liste des publications de P. DE ROUVILLE . . . PARENT ATO
A. de Grossouvre. — Notice nécrologique sur H. en el UT 26228
Bibliographie des travaux scientifiques d’'H. ARNAUD . . . . . . 939
J. Lambert. — Notice nécrologique sur le colonel Savin. . . 233
Jean Boussac.— Note sur la succession des faunes nummulitiques
à Biarritz . . . 237
G. B. M. Flamand. — Note préliminaire sur les ne secon-
daires (triasiques et infrajurassiques) du Sud-Oranais (Algérie et
Territoires du Sud) . . . . Ke 256
Id. — Sur l'existence de la Houille. dans Je Den de l’'oued Guir (Sud-
Oranais. . . BE 259
J. DEPRAT. — Dbecevations sur une note de M. Mao ch à propos du
basalte de Montresta (Sardaigne) . .,. . . . . . : ,. . . . 960
Séance du 4 Mai 1908 :
Armand THEVENIN. — Remerciements, . . . ; 261
Paul Comes fils, Ph. GLANGEAUD, G.-F. DoLLrus, F. en J Den
A. MARTEL. — Présentations d'ouvrages . . es 2010202
Ph. Glangeaud. — Les éruptions volcaniques de la Docs RO CAP
Pierre Termier. — Sur un gisement d'alunite au contact de rhyo-
lites anciens près de Réalmont (Tarn) (r fig.) : . . . . . . . 265
(Voir la suite page 4).
\ FE D mh à ; Ko are dx Fe Ge ti . mL Certt, ne
-— L'objet de la Société est de concourir à l’avanceme de ]
ft zénéral et particulièrement de faire connaître le sol de la Fr
je: 1ème que dans ses rapports avec les arts industriels et l
Le nombre des membres de la Société est illimité. Les Français
rs peuvent également en faire partie. Il n'existe aucune dis-
+ es membres. = PRE 3
; : our faire vartie de la Société, il faut s'être fait présenter dans
ces par deux membres qui auront signé la présentation,
mé dans la seance suivante par le Président et avoir reçule
bre de la Société. Pr GENE
Trésorier ne remet le diplôme qu'après l’acquittement du .
'
& re
Société tient ses séances habituelles à Paris, de Novembre
. 39. — La Société se réunit deux fois par mois (Le 1° et le 3° lundi
du mois). | DE
ART. 42. — Pour assister aux séances, les personnes étrangères à la
Société doivent être présentées chaque fois par un de ses membres,
ART. 46. — Les membres de la Société ne peuvent lire devant elle aucun
ouvrage déjà imprimé. pe
ART. 48. — Aucune communication ou discussion ne peut avoir lieu sur
des objets étrangers à la Géologie ou aux sciences qui s’y rattachent.
ART. 50. — Chaque année, de Juillet à Novembre, la Société tiendra une
ou plusieurs séances extraordinaires sur un point qui aura été préalablement à
déterminé. a Re
ART. 53. — Un bulletin périodique des travaux de la Société est délivré
gratuitement à chaque membre. $ PRE.
ART. 55. — ... Il ne peut être vendu aux personnes étrangères à la
Société qu’au prix de la cotisation annuelle. ri o
ART. 58. — Les membres n’ont droit de recevoir que les volumes des
années du Bulletin pour lesquelles ils ont payé leur cotisation. Toutefois, des
volumes correspondant aux années antérieures à leur entrée dans la Société,
leur sont cédés, après décision spéciale du Conseil et conformément à un.
tarif déterminé. : AA
ART. 60. — Quelle que soit la longueur des notes ou mémoires insérés au.
Bulletin, les auteurs pourront en faire faire à leurs frais un tirage à part.
ART. 93. — Chaque membre paye : 1° un droit d'entrée ; 2° une cotisation x
annuelle ?. AT ;
Le droit d'entrée est fixé à la somme de 20 francs.
La cotisation annuelle est invariablement fixée à 30 francs.
La cotisation annuelle peut, au choix de chaque membre, être remplacée
par le versement en capital d’une somme fixée par la Société en assemblée |!»
générale (400 francs). 4H
— Sont Membres à Perpétuité les personnes qui ont donné ou légué à
la Société un capital dont la rente représente au moins la cotisation annuelle
(minimum : 1000 francs).
1. Les personnes qui désireraient faire parlie de la Société et qui ne
connaitraient aucun membre qui püt les présenter, n'auront qu’à adresser
une demande au Président, en exposant les titres qui justifient de leur
admission.
2. Le Conseil de la Société, afin de faciliter le recrutement de nouveaux
membres, aulorise, dorénavant, sur la demande des parrains, les personnes
ui désirent faire partie de la Société à n’acquitter, la première année, que.
eur droit d'entrée en versant la somme de 20 fr. Le compte-rendu sommaire …
des séances de l’année courante leur sera envoyé gratuitement ; mais ils ne
recevront le Bulletin que la deuxième année et devront alors payer la coti
sation de 30 francs. Ils jouiront aussi des autres droits et privilèges des.
membres de la Société. Ù ")
1908 MIOCÈNE DU SUD DE L'ATLAS TELLIEN 321
dépôts sont encore incontestablement marins, contrairement a
l'opinion de Brossard et de Tissot;
4° Cette troisième phase sédimentaire a été suivie d’une régres-
sion finale, aboutissant à l'émersion de tout le pays et correspon-
dant à un mouvement orogénique de grande amplitude. Le régime
continental s’est alors définitivement établi.
Tous les dépôts constitués aux phases de sédimentation marine
de ce cycle sont rigoureusement concordants, se succèdent par des
transitions bien ménagées et témoignent d’une sédimentation par-
faitement continue. L'épaisseur totale peut dépasser 400 mètres.
SUR DES FORAMINIFÈRES
OLIGOCÈNES ET MIOCÈNES DE MADAGASCAR
pAR Robert Douvillé
Nous savons, par les travaux de M. Paul Lemoine que toute la
région nord de Madagascar, désignée généralement sous le nom
de Bobaomby, présente un beau développement des couches
inférieures du Miocène. Ces couches doivent être rapportées à
l’Aquitanien et peut-être au Burdigalien inférieur.
Tandis que l’Eocène est principalement représenté par des
calcaires durs à Nummulites et Alvéolines. l’Oligocène comprend
surtout des calcaires tendres, pétris par endroits de Mollusques ou
de Polypiers (environs d'Ambatohafo, phare d’Ambre) et des tufs
volcaniques souvent très riches en Foraminifères (Andravv)..
Parmi ces derniers, M. Paul Lemoine a trouvé un grand nombre
de Lépidocyclines qui ont été en partie étudiées *. Une revision
des collections rapportées de Madagascar, par M. Paul Lemoine,
nous a permis d'augmenter considérablement et de modifier sur
certains points les conclusions auxquelles nous étions arrivés
dans une première étude. En même temps deux échantillons de
Lépidocyelines fort intéressants, communiqués par MM. Wolff
et Imhaus, sont venus compléter heureusement une lacune impor-
tante de nos connaissances stratigraphiques sur la région.
1. Une note plus étendue paraîtra dans les Annales de Paléontologie.
2. P. Lemon et Douvizcé. Sur le genre Lepidocyclina GümeiLz. Mém.
S. G. F., 1904. — P. Lemoinx. Etudes géologiques dans le Nord de Madagascar,
7 Oct. 1908. — T. VII. Bull. Soc. Géol. Fr. — 217,
322 ROBERT DOUVILLE 15 Juin
La région la plus intéressante au point de vue stratigraphique
correspond à la presqu'ile du cap Tanifotsy. La base du Miocène
est représentée (Etudes géol., p. 253) par des calcaires à Litho-
thamnium exploités (four à chaux Imhaus), surmontés par des
calcaires friables à Lépidocyclines et à Echinides. M. Paul Lemoine
cite de ces calcaires friables une grande forme : Lepidocyclina
Raulini L. et D., et M. le commandant Imhaus nous a remis, pro-
venant probablement de la même localité, un magnifique échan-
tillon de Lepid. formosa Scur.
D'autre part, M. Wolff a communiqué à M. Lemoine un second
exemplaire de cette dernière espèce, rapporté de l'Afrique orien-
tale allemande.
Un peu au Nord du four à chaux Imhaus et toujours dans la
même presqu'ile Tanifotsy, M. Paul Lemoine a observé des assises
miocènes plus élevées que les précédentes. Dans la coupe donnée
page 253 de ses « Etudes géologiques » ïl signale, au-dessus du :
Crétacé, d'abord des calcaires blanes a’, sans doute équivalents des
couches exploitées pour la chaux au four Imhaus, mais, ici, non fos-
silifères ; ensuite, des sables blancs 4°, sans fossiles : puis enfin, au
sommet, les calcaires 4° d’Andravy. Ces couches, très friables, pas-
sent, par endroits, à des tufs volcaniques et renferment une riche
faune de Lepidocyclina et de Cyelocly- peus. On y rencontre quel-
ques Lepidocy clina n.sp. (microsphérique) qui correspondent à la
forme malgache représentative de la Lep. marginata Micur. de
l'Europe méditerranéenne, associées à de très nombreuses Lepido-
cyclina n. sp. (formes mégasphériques de la précédente) : à des
Lep. Martini Scuz., connues jusqu'ici uniquement de Javas enfin,
à de nombreux C-clocly peus communis Manr. et Miogypsina
irregularis Micur. Le même niveau de calcaires et tufs à Lépido-
cyelines et Cycloclypeus a fourni à M. Lemoine, aux environs
d'Ambatohafo, une riche faune de Mollusques et de Polypiers,
dont notre confrère a indiqué (loc. cit., p. 268) les aflinités avec
l'Oligocène du Vicentin, de la Birmanie et des iles de la Sonde.
Ce niveau d’Andravy correspond aux couches européennes à
Lep.marginata et Miogypsines. Il comprend des formes de Lépi-
docyclines de taille moyenne et pustuleuses, à mégasphère en hari-
cot, alors que le niveau précédent, que l’on peut paralléliser avec
St-Géours et Peyrère, comprend principalement des grandes
formes non pustuleuses à mégasphère du type embrassant, qui sont
les représentants des Lep. dilatata européens(Lep. formosa Scu.).
Ce niveau est le plus répandu dans tout le Bobaomby. Les
environs du phare d'Ambre et d’Ambatohafo ont fourni à
1908 FORAMINIFÈRES OLIGOC. ET MIOC. DE MADAGASCAR 323
M. Lemoine un certain nombre de gisements qui correspondent
exactement comme faune de Foraminifères à ceux de la presqu'île
Tanifotsy (Andravy). :
M. Paul Lemoine a également découvert un troisième niveau à
Lépidocyclines, mais malheureusement dans une position strati-
graphique peu nette : c'est celui de l'île Nosy Kalakajaro (Loc. cit.
p- 265). C'est le seul gisement oligocène connu dans l'Ouest de
Madagascar. Des calcaires à débris volcaniques, associés à des
basaltes, lui ont fourni de magnifiques exemplaires de Lepidocy--
clina aff. dilatata Micur., très comparables à ceux du Piémont
(Le Molere). Ce niveau me parait le plus ancien des trois et
correspond sans doute, comme en Europe, au sommet du Stampien.
Résumé. — Nous sommes donc, à Madagascar, en présence de
trois niveaux stratigraphiques bien nets qui sont, de haut en bas:
Lépidocyclines | : Sa
à mégasphère \ AQUITANIEN suP. Couches à Lepidocyclina Gallienii,
d ou Lep.n.sp. (A et B),Cr-clocly peus,
u type / BURDIGALIEN Miog'ypsina, d’'Andravy.
en haricot
Lépidocyclines / AQUITANIEN Couches de base de la presqu'île
RL à l'anifotsy (cf. D.O.A.), à Lep.
à mégasphère \ formosa
du'seultype | STAMPIEN Calcaires de l'île Nosy Kalaka-
embrassant jaro à Lep. aff. dilatata.
NOTE SOMMAIRE
SUR LE TRIAS DE LA NOUVELLE-CALÉDONIE
PAR Maurice Piroutet
Pour la première fois, Deslonchamps, en 1864’, signale le
Trias en Nouvelle-Calédonie d'après des fossiles rapportés de l'île
Hugon par Desplanches, parmi lesquels Pseudomonotis Rich-
mondiana Zxrr.
Garnier, en 1867 ?, retrouve à l’île Ducos ces couches à Pseudo-
monotis surmontées d'un niveau à Halobia (qu'il identifie avec
H. Lommeli Zxrr. de la Nouvelle-Zélande) au-dessus duquel vient
un horizon à Mytilus problematicus Zxrr. (renversement dû à
l'existence d’un pli déversé).
Plus tard Heurteau (1856) *, retrouve les couches à Pseudomo-
notis, autour d'Ourail, Téremba et Moindou et indique leur posi-
tion à Téremba au-dessus des assises à Mytilus problematicus
Zrrr. dont il signale l'association avec Spirigera Wreyi Zxrr.
A la suite d’un premier voyage effectué dans des conditions assez
défectueuses, nous avions attribué au Lias les assises à Æalobia en
les considérant comme supérieures aux couches à Pseudomo-
notis. Une nouvelle étude sur le terrain dans de bien meilleures
conditions de travail nous a amené aux résultats qui suivent.
Le Trias (avec très probablement une bonne part au moins du
Permien) constitue une très grande partie de la Nouvelle-Calédonie.
Il y est représenté par deux faciès bien distincts ; l'un franche-
ment littoral sur la côte ouest, est parfois assez fossilifère dans
ses niveaux supérieurs ; l’autre indiquant des conditions de dépôt
dans une mer plus profonde et à une plus grande distance du
rivage se rencontre dans la chaîne et sur la côte est.
FACIÈS DE LA CHAÎNE ET DE LA CÔTE ORIENTALE. — Il est repré-
senté surtout par une série schisteuse prise autrefois pour des
schistes paléozoïques dans lesquels nous avons constaté l’existence
du Pseudomonotis Richmondiana Zrrr. dans des assises à faciès
absolument identiques au voisinage de Wagap et de Canala.
À un niveau assez inférieur, des environs de Hienghène à
Ponérihouen, surtout des environs de Touho au cap Bayes, les
schistes sont parfois fortement imprégnés de graphite.
1. Documents sur la Géologie de la Nouvelle-Calédonie. Bull. Soc. linnéenne
de Normandie, vol. VII.
2. B.S. G. F. et Ann. des Mines.
3. Ann. des Mines.
1908 TRIAS DE NOUVELLE-CALÉDONIE 325
FACIÈS DE LA CÔTE OCCIDENTALE. — Il permet de distinguer trois
grandes subdivisions.
L'INFÉRIEURE peut se subdiviser ainsi :
[ I. Poudingue à petits éléments.
II. Grès argileux micacé, psammites et schistes argileux non
fissiles.
III. Schistes brunâtres et grisätres en bancs réguliers avec
SÉRIE À portions gréseuses et quelques petits lits calcaires très
détritiques dans les couches supérieures.
IV. Puissante série de tufs et brèches trachytiques avec inter-
calations de minces lits argileux, argilo-calcaires et par-
fois de quelques lits à cailloux roulés.
V. Schistes brunâtres durs en gros bancs réguliers.
SÉRIE B | YI. Schistes plus argileux avec quelques rognons calcaires.
La série À est seulement visible au voisinage de Moindou où
elle bute par faille contre des niveaux plus récents de sorte que
la base réelle n'est pas observable. Son épaisseur ne paraît pas
inférieure à un millier de mètres.
La zone 1v possède une puissance d'environ trois cents mètres
à Moindou; elle est visible au voisinage de cette localité vers le
littoral de la presqu'île Mara à la baie Chambeyron. Nous n'y
avons recueilli qu'un fragment de gros Orthoceras ind. vers la
base. Les zones v et vr visibles seulement vers Moindou ont
ensemble une puissance d'environ trois cents mètres.
La SUBDIVISION MOYENNE, schistes non fissiles, argillites, grau-
wackes, tufs et brèches andésitiques très fréquents, poudingues à
éléments assez gros et même quelques grès argileux, présente de
bas en haut, lorsqu'elle est complète, la succession suivante.
VII. Couches à Aalobia Zitteli Linpsir., H. Mojsisovicsi GEMM.,
H. kwaluana Vorz, H. cf. kwaluana, associés à quelques Spiri-
gera, Myoconcha, Euomphalus.
‘VIII Couches à Mytilus problematicus Z1rTr., Spirigera et Spiriferina
de grande taille.
IX et X. Couches à Halobia superba E. v. Moss., H. austriaca E. v.
Mous., H. cf. Hochstetteri E. v. Moys., H. intermedia E. v.
Mogs., A. cf intermedia H. cf. austriaca, avec très nombreux
petits Brachiopodes : Spirigera. Rhynchonella; Spiriferina,
etc., etc. Ces formes sont les unes identiques à certaines du
Muschelkalk : Spiriferina fragilis Scaxcor., S. avarica BITTN.,
S. küveskallensis var. subrimosa Bitrn., Rhynchonella decur-
tata Gir. var. devota Birrn. et var. dalmatina Birrn., À. vivida
Bivrn., À. ovivida cf. tumeskens Birrn., À. alteplecta Bœckx. ;
les autres voisines : Spiriferina cf. fragilis Scacor., Rhyn-
chonella decurtata cf. var. dalmatina Bit.
326 M. PIROUTET 15 Juin
Des couches à Cardita nous retrouvons ici: Spiriferina gregaria
Susss, et $. Lipoldi BiTT\.
Des couches de St-Cassian : Retzia ladina BiTrN., Spirigera contra-
plecta Münsr., Retzia quadricosta Münsr., Terebratula Oppeli LAUSE,
Spirigera indistincta BEYR., S. Münsteri Birrn., Spiriferina cf. rari-
plecta Münsr.
Du calcaire de Hallstatt : RPhynchonella angulifrons Birrn., Spirife-
rina cf. halobiarum Brirn., Halorella du groupe du Æ. amphitoma var.
rarecostata BITTN.
Des couches de Raibl : Spiriferina ex. aff. evanescens BITrN.
Des couches de Zlambach : Rhynchonella salinaria BirTr.
Enfin vient une petite série de formes ayant des affinités avec cer-
taines du Dachstein : Retzia ex. aff. superbescens BiTrN., fihynchonellina
du groupe de juvavica var. dilatata BitrN., Rhynchonella ex. aff. pulsil-
lula BirrN., Rhynchonella ex. aff. concordiæ BiTT\.
XI. Niveau relativement peu puissant à très grosses Spirigera possé-
dant une forme externe les rapprochant des Térebratulidés,
associés à quelques grosses Spiriferina.
XII. Niveau à grosses Spirigera du même groupe que les précédentes
et surtout grosses Spiriferina très communes.
XIII. Horizon à fortes Spirigera du groupe de Sp. Wreyi ZiTT., mais
à bec moins prononcé que celles du niveau à Mytilus proble-
maticus Z1rTr., grosses Spiriferina très communes; quelques
Lamellibranches et Gastropodes.
C’est dans cette zone qu'à la presqu'île Mara nous avons pu recueillir
quelques Ammonitidés :
Phylloceras (du groupe de Rhakophyllites neojurense QUENST., très
commun.
Stenarcestes dont la forme externe rappelle Joannites, mais dont Îles
cloisons sont des cloisons de Stenarcestes; un individu.
Arcestes du groupe des Zntuslabiati; un exemplaire, plus un fragment.
_ du groupe des Picarinati ; un exemplaire.
— du groupe des Coloni; un exemplaire.
— du groupe des Sublabiati; trois exemplaires, et deux frag-
ments d'individus différents.
— du groupe des Sublabiati; un seul exemplaire à selles plus
découpées que dans le type précédent.
C’est certainement de ce même niveau, mais très probablement de la
route n° 1 vers le sixième kilomètre de Moindou que provenaient le
Phytlloceras ex. aff. neojurense et le Stenarcestes du Muséum d'Histoire
naturelle décrits par E. von Mojsisovics.
XIV. Zone fossilifère seulement à Téremba : Halobia austriaca E. v.
Moss., H. cf. austriaca, H. cf. Suessi E. v. Moss., H. cf. celtica
E. v. Moss., A. cf. comata BiTrN., Orthoceras identique à celui
du Muséum signalé par E. von Mojsisovics, Myoconcha de
petite taille, nombreux Lamellibranches ind., Zuomphalus, etc.
1908 TRIAS DE NOUVELLE-CALÉDONIE 327
A la base de cette subdivision moyenne nous voyons dans la
zone vit: Aalobia Zitteli Linpsrr., très commune, forme du Ladinien
du Spitzberg, de l’île aux Ours et de l’Eureka sund, associée à Æ. Moÿsi-
sovicsi GEMM. de la zone à 7rachyceras Aon de Sicile et à 4. cf.
kwaluanu Vorz, espèce qui accompagne dans les îles de la Sonde
Daonella styriaca dont la place en Europe est dans la zone à Trachy-
ceras aonoides.
I! semble donc que cet horizon vir représente une assise de passage
entre le Trias moyen et la base du Trias supérieur, c’est-à-dire plus
exactement entre le Ladinien et le Carnien.
Les Halobia du niveau x1V appartiennent encore à des types carniens,
tandis que les Ammonitidés de l'horizon xn1 montrent déjà un
mélange de formes carniennes et noriennes. Ce fait a été signalé dans
l'Inde par Diener ! pour la zone à Tropites subbullatus Hauer. Il est
infiniment probable que c’est à ce niveau que doivent prendre place
nos horizons XIII et XIV.
Les assises inférieures (vir) de notre subdivision moyenne repré-
senteraient donc une assise de transition entre le Ladinien et le
Carnien, tandis que tout le reste représenterait le Carnien.
.La SUBDIVISION SUPÉRIEURE présente de bas en haut la succession :
XV. Série de schistes, tufs et brèches, à un seul endroit : Halobia cf.
rarestriata E. v. Moss.
XVI. Couches à Pseudomonotis richmondiana Z1rr., très fossilifères,
mais excessivement pauvres en espèces. Bois fossiles très fré-
quents, surtout à la base. Schistes, argillites, grès calcaires,
poudingues et iufs. Puissance atteignant au maximum
1500 mètres.
XVII. Horizon à Lamellibranches sp. ind. Série de schistes, argillites,
grauwackes, poudingues et tufs. Puissance : plusieurs cen-
taines de mètres.
Les niveaux xŸ et xvr sont indubitablement noriens ; quant à xvix, il
représente peut-être déjà l’Infralias.
En résumé, les horizons 1, 11, 111 et 1V, c'est-à-dire la série A
représentent peut-être bien le Permien en partie ou totalité avec
le Trias inférieur. La partie supérieure de cette série est marquée
d'un retour d'activité éruptive, suivi d’un mouvement de régression
important.
La série B, c’est-à-dire les horizons v et vr, surmontés par le
niveau vit à Halobia Zilteli Lixpsrr., représente le Trias moyen.
Si nous les voyons autour de Moindou même, vers le littoral actuel,
par contre, à peu de distance elles font totalement défaut.
1 Fauna of Tropites limestone of Byans. Paleontologia indica, série XV,
vol. V, part.1.
3928 M. PIROUTET 15 Juin
Le dépôt du niveau vin à Mytilus problematicus Zxrr., qui
appartient au Carnien inférieur, est marqué par une importante
transgression.
Dans toute la région littorale, ce niveau à Mytilus problematicus
Zirr., avec un poudingue parfois très puissant à gros éléments et
nombreux débris de bois fossile à la base, repose directement sur
la zone 1v.
Les horizons 1x, x, XI et x11 sont parfois remplacés par un pou-
dingue de quelques mètres à éléments assez volumineux avec bois
fossile très fréquent comme à Mara, ou assez réduits avec pou-
dingue intercalé comme à Téremba, tandis qu’à peu de distance
et sur le même flanc du même anticlinal, vers la station de Melpail,
nous les retrouvons normaux. Au col de Moméa, au-dessus de
Moindou, nous trouvons un faciès plus détritique avec quelques
petits cailloux roulés dans l'horizon x. Tout ceci semble bien
indiquer une régression peu importante relativement, mais néan-
moins bien nette, pendant le dépôt du niveau x et un retour de la
mer lors du dépôt de x.
Dans toute cette région littorale, les couches à Pseudomonotis
reposent sur des niveaux de plus en plus anciens à mesure qu'on
s'avance vers le rivage occidental. A Teremba, on les voit reposer
d'abord sur les poudingues inférieurs aux assises à Mytilus pro-
blematicus, puis sur celles-ci très réduites, puis enfin sur l’hori-
zon xIV; tout ceci en allant de l'extrémité de la presqu'île de
Téremba vers l'intérieur.
À Mara, elles reposent indistinctement sur 111, sur vur et sur
XI, seuls représentés en cet endroit de toutes les assises infé-
rieures et moyennes.
Dans la même région, à une certaine hauteur, on y voit appa-
raître de puissants poudingues à éléments volumineux. On trouve
la même espèce de Pseudomonotis dans les blocs roulés et dans
le ciment.
En résumé, d’après ce qui précède, nous pouvons énoncer les
conclusions suivantes :
S1 l’on s’avance du littoral ouest vers l'intérieur, on voit tout
d'abord des sédiments de moins en moins détritiques et une série
de plus en plus complète.
Nous voyons, après le dépôt d’une série correspondant au Trias
inférieur et probablement aussi au Permien en partie ou en tota-
lité, une première régression faisant suite à un retour de l’activité
éruptive et postérieure au dépôt du niveau 1v se faisant sentir
dans la région de Mara, Téremba, presqu'ile Lebris, où manquent
1908 TRIAS DE NOUVELLE-CALÉDONIE 329
les horizons v, viet vix, dont le dernier, à Halobia Zitteli LixpsrTr.,
montre bien que ce recul de la mer correspond au Trias moyen.
Vers le début du Carnien, le niveau à Mytilus problematicus
Zxrr. marque une importante transgression.
Pendant le Carnien même se fait sentir une régression corres-
pondant à l'horizon x et se continuant pendant la sédimentation
des niveaux x1 et x11. Assez peu importante, elle est sensible,
surtout à Mara: déjà bien moins accentuée à Téremba, elle ne
laisse plus comme traces que quelques petits cailloux roulés au
col de Moméa. Sur la rive gauche de l'embouchure de la Foa, vers
Melpail, on n’en trouve plus aucune trace. Elle est suivie d’une trans-
gression se faisant surtout sentir lors du dépôt de l'horizon xu1 et
ramenant la mer aux points précédemment abandonnés.
Postérieurement au dépôt du niveau x1v a lieu une régression
importante correspondant probablement aux débuts du Norien,
et le niveau xv fait totalement défaut dans la bande littorale,
tandis qu'on ne le retrouve que plus à l’intérieur. Des dénudations
importantes ont même lieu dans la région de Moindou, Téremba,
Ourail, voisinage de la presqu'île Lebris, entre Moindou et la Foa
vers cette dernière localité.
Les couches à Pseudomonotis marquent un retour de la mer dans
toute cette région, où nous les voyons reposer indistinctement sur
les couches inférieures. Pendant le dépôt même de cet horizon,
qui, vu sa puissance énorme, a dû se prolonger pendant un laps
de temps assez long, nous constatons l’existence d’un mouvement
de régression suivi d'un retour de la mer.
Les puissants poudingues de l'horizon xvir et la forme très
probablement saumâtre très abondante qu'on y rencontre indi-
quent enfin alors une tendance au soulèvement de la contrée vers
la fin du Trias.
Dans la région de la Haute-Ouaméni, on constate l'existence de
sédiments grossiers et de poudingues dans les couches surmontant
immédiatement celles à Mytilus problematicus Zrrr. et l'absence,
ou tout au moins l'extrême réduction, de l'horizon xv sur le flanc
sud d’un anticlinal dont le flanc nord présente ce niveau assez
développé, tandis qu'entre Bouraké et Gillès, cette même zone est
bien représentée. IL semble donc qu'un promontoire ou une île
devait s’'avancer du Sud dans cette direction sous la région actuel-
lement recouverte par l'Éocène entre la Ouaméni supérieure et
Bouloupari.
CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DU SYSTÈME SILURIEN
EN BULGARIE
PAR D. Allahverdjiew
PLANCHE IV
Nous avons déjà donné une première note en 1905 sur la décou-
verte de l'existence de couches siluriennes en Bulgarie et nous les
avons indiquées dans quelques localités où nous avons pu trouver
des preuves certaines de leur présence ". Depuis lors, nous avons
poursuivi nos recherches dans ce terrain avec l'espoir d'y décou-
vrir de nouveaux fossiles et de nous rendre un compte exact de
son extension. Nous avons constaté ainsi que le Silurien en Bul-
garie n'occupe pas une surface restreinte comme, au premier abord,
on aurait pu le penser; au contraire, comparativement aux autres
terrains, il s'étend sur une superficie assez considérable, par
exemple sur le versant sud des Balkans au Nord de Sofia.
Le Silurien est représenté par des schistes noirs, dont les cou-
ches, par suite des plissements subis postérieurement par les
Balkans, n'ont pas conservé leur position primitive. Au-dessus
des schistes siluriens se sont déposées, en discordance, les couches
du Culm. Parmi ces schistes apparaissent parfois des couches de
quartzites noirs, très minces, en concordance avec eux, et qui ne
tardent pas à s’écrouler par la destruction des schistes environ-
nants. Sur les schistes siluriens fossilifères, qui changent parfois
de couleur en devenant gris, même gris-blanchâtres, viennent en
concordance des schistes gris-verdâtres, se fendant et se débitant
en morceaux très petits et très minces, mais sans fossiles. Ces
dernières assises accompagnent partout les schistes fossilifères ;
elles sont aussi fortement plissées et au-dessus d'elles se sont
déposées transgressivement les couches du Culm.
Le Silurien, en Bulgarie, d’après les études faites jusqu’à présent,
apparaît seulement sur le versant sud des Balkans au voisinage
du défilé de l’Isker. Il existe sur les deux rives; tandis qu'à
l'Ouest du fleuve il se montre dans de petits lambeaux isolés, à
l'Est, il a une beaucoup plus grande importance et, sur les terri-
toires des villages Ogoïa, Kremikovtzi, Jablanitza, Bouhovo et
Jeliava, il s'étend sur une surface très considérable.
1. Centralbl. f. Min., Geol. und Pal., 1905, p. 679-681. — Annuaire de
l'Université de Sofia, vol. Il, 1905-1906, p. 52-60.
1908 SILURIEN DE BULGARIE 331
A l'Ouest du défilé de l'Isker, en allant de Dremcha à Tzaritchina,
en suivant le cours du ruisseau, des schistes gris très cassants
apparaissent, avec intercalation de quelques schistes noirs fossili-
fères. De cet endroit, les derniers, fréquemment interrompus, se
dirigent vers le défilé de l’Isker. Associés à ces schistes noirs fossi-
lifères se trouvent les schistes gris-verdâtres qui, comme il a été
dit ci-dessus, sont en concordance avec eux et dans lesquels il n’a
pas été découvert de fossiles. Cet ensemble est surtout visible sur
la route qui conduit de Tzaratzelski-hanichta à Sofia. Immédiate-
ment au delà du sommet Sachienetz, les schistes siluriens, avec
nombreux Graptolites, apparaissent ; ils occupent les collines
Mlekanitza et Ouchité des deux côtés de la route et sont mélangés
parfois avec les schistes gris-blanchâtres également fossilifères.
Après le Mlekanitza, ces schistes fossilifères disparaissent et sont
remplacés par des schistes gris-verdätres cessant bientôt pour
laisser réapparaître les schistes siluriens. Près de Boussainski-dol,
se présentent aussi des quartzites noirs très compacts, occupant
un faible espace, et surmontés par les grès du Culm.
De ces localités, les schistes siluriens se dirigent vers le défilé
de l’Isker, de sorte que nous les retrouvons à l'Est de ce fleuve
encore plus développés. Après en avoir rencontré quelques
lambeaux dans les territoires au Nord des villages Gniliani et
Podgoumer, où on les voit très nettement au Sud de Gola-glava, on
en retrouve une bande très mince à Isvora, près du village
Batoulia ; plus au Nord, nous ne les retrouvons pas. Ils se prolon-
gent encore à l'Est et occupent les sommets Dragounata et Voïna,
au Nord du village Kremikovtzi. Leur limite sud fait quelques
sinuosités dans les schistes gris-verdâtres; elle se dirige à l'Est
vers Kremikov-dol, d’où, après s'être incurvée dans la direction
nord-ouest, elle traverse le fleuve Elechnitza et se dirige vers
Sborna-riva. Ici les schistes graptolitifères atteignent la têle du
ravin qui passe à côté de Kosia-moguila ; leur limite enclôt les
collines situées vis-à-vis de Dimova-kamik, prend la direction au
Sud de Kosia-moguila, d’où, en traversant le fleuve Elechnitza,
elle se dirige au Nord-Ouest et passe au Nord de Dragounata.
De là jusqu'au sommet Dragounata, les schistes siluriens sont
interrompus à plusieurs reprises par des affleurements, des
schistes gris-verdâtres qui viennent de l'Ouest. Ces schistes grap-
tolitifères sont bordés au Sud, à l’Est et au Nord par les schistes
gris-verdâtres, qui les séparent à l'Est d’un autre afileurement de
Silurien, encore plus considérable.
Ce dernier commence dans les environs du village Kremikovtzi.
332 D. ALLAHVERDJIEW 15 Juin
Dans le ravin, le long de la route qui conäuit à Sveta-Guéorgui,
les schistes siluriens apparaissent sous la forme d’une zone mince
et passent par la colline à l'Est de Kremichko-déré. Gette zone,
sitôt passé Seslavsko-déré, devient plus large: sa limite passe au
Sud de Keressova-moguila: elle se dirige dans la direction nord-
est et passe un peu à l'Ouest de Balanov-del. De là, elle passe à
Boikovetz
Manastirichte Beleva-Polana
; TE
Kalina
À Dobroslavtzr
Lokorsko
Kremikovtz
Negoven
cs) 7
Jelrava
S Boutounetz
L'ambeaux siuriens
+ Gisements des braptoliles
Fig. 1. — CARTE DES GISEMENTS DE GRAPTOLITES EN BULGARIE. — 1,250 000.
l'Est de Stana, fait quelques sinuosités et, près de Kremikov-dol
elle traverse le défilé d’EÉlechnitza, d'où, après une nouvelle
sinuosité qu'on voit dans le même défilé, elle se dirige presque au
Nord dans la direction de Sborna-niva à l’Ouest du sommet
Aceritza, Puis, la limite du système silurien prend la direction nord-
ouest, où, en enveloppant au Nord Kosia-moguila, elle descend au
1908 SILURIEN DE BULGARIE 333
Sud-Ouest presque jusqu'à la route qui conduit de Lokorsko à
Ogoïa. De là, après avoir compris quelques collines sur la rive
droite du fleuve Elechnitza avec son affluent, qui entoure Kozia-
moguila, la limite du Silurien prend la direction nord-est, traverse
le fleuve Ogoïska puis se dirige au Nord-Ouest vers Zlatov et
Deine-dol. En allant vers le Nord, le Silurien ne subit aucune
interruption ; il passe à Voïkyna-moguila et il vient en contact
avec les couches de Culm un peu au Sud de Manastirichté.
De ce dernier endroit, la limite du Silurien descend au Sud-Est et
pas loin du village Ogoïa, elle traverse le fleuve Ogoïska et, en
se dirigeant presque à l'Est, elle coupe le flane du sommet Almache,
dont la base nord est occupée par le Culm. Au Sud, le Silurien
se prolonge sans interruptions ; il s'étend sur la région monta-
gneuse située entre les villages Ogoïa et Jablanitza, avec les
sommets Malio-kamik, Almache, Choumnata-moguila, Bolhatche,
qui sont traversés par les fleuves Ogoïska et Jablanska, avec leurs
affluents Iskazitza et Gobejdi-dol.
La limite sud de ce grand bassin silurien, que nous appellerons
bassin de Ogoïsko-Jablanski, atteint jusqu'à la région éruptive qui
occupe l’espace entre le Seslavtzi et Sv.-Maria. Elle commence
presque au voisinage de Seslavsko-déré, prend la direction de
Sv.-Nikola, passe un peu au Sud de Beltchovitza, puis descend un
peu au Sud au-delà le ruisseau Sperla. La limite du Silurien
atteint presque Sv.-Maria, où ce bassin se réunit un instant vers
l'Est avec le lambeau silurien de Bouhovo et Jeliava, qui occupe
un espace très considérable dans les territoires de ces deux
villages. Là, déjà, les schistes graptolitifères sont interrompus
par les schistes gris-verdâäires comme on voit dans la colline
Moma et près de Stankova-livada. Les schistes graptolitifères
apparaissent en petits affleurements isolés; comme à Karamanov-
preslape et Schoumnata-moguila (sur la route de la colline
Rodinore au sommet Mourgache). À l'Est du village Jablanitza,
les schistes fossilifères atteignent Schirokia-dol ; ils s'étendent
sur les collines Radomiritza et Svinakovitza; leur limite passe
un peu à l'Ouest d’Aceritza et descend au Sud vers le défilé
du fleuve Elechnitza. De là, les schistes siluriens prennent une
direction un peu au Sud-Est, afin de se réunir avec le Silurien de
Bouhovo. A l'Est du village Ogoia, le Silurien est en contact avec
le Carbonifère. Ce dernier occupe Ptchelinitza, Golaimité-gro-
bichta, Tzéra, Gradichté, Dekiov-dol, et se poursuit plus à l'Est,
où l’on voit surgir au milieu de lui le pointement silurien, qui
constitue la partie tout à fait supérieure du sommet Béléva-poliana.
334 D. ALLAHVERDJIEW 15 Juin
Telles sont les limites du système silurien auquel succèdent à
l'Est les schistes gris-verdâtres sans fossiles et vers Araba-konak
les schistes et grès carboniferes prédominants.
Depuis la découverte du Silurien en Bulgarie, nous n'avons pas
cessé d'y rechercher des fossiles ; malgré tous nos efforts, nous
n'avons pu découvrir que des Graptolites ; ceux-ci, malheureuse-
ment, sont très mal conservés. Ils existent seulement dans les
schistes noirs à l'état d'empreintes. Le grand nombre d’échan-
tillons que nous avons pu recueillir nous a seul permis de faire
quelques constatations intéressantes. Grâce à la bienveillance de
M. M. Boule et de M. Thevenin, nous avons pu profiter des
ressources du laboratoire de Paléontologie du Muséum d'Histoire
naturelle de Paris.
Nous nous sommes borné seulement à la détermination des
Grapiolites les mieux conservés. Après les descriptions très
détaillées de Barrande, Lapworth. Nicholson, Hopkinson, Perner,
etc., nous donnerons seulement de brèves descriptions des espèces
que nous avons trouvées.
C’est enfin pour moi un agréable devoir de remercier mon véné-
rable professeur de Géologie, M. G. Zlatarski, pour ses bienveil-
—Jants conseils pendant mes recherches.
Les Graptolites que nous avons déterminés sont les suivants :
Genre Monograptus GEiINiTz.
1. MONOGRAPTUS PRIODON BRONN
PIN gere
Graptolithus priodon. BARRANDE. Graptolites de Bohème, p.38, pl. 1, fig. 3, 5-9.
Monograptus priodon. PERNER. Etudes sur les Graptolites de Bohème, IIT° par-
tie, sec. b, pl. xv, fig. 5, 28 et fig. 1, 2 dans le texte.
Le fragment le plus grand de l’hydrosome a 13 cm. de longueur.
L'hydrosome est droit; mais à l'extrémité proximale, il est un
peu recourbé. Le nombre des hydrothèques dans la partie distale
est de 8 à 11 par centimètre de longueur, tandis que dans la
partie proximale il y en a jusqu’à 12. Les hydrothèques ne sont
pas très recourbées; elles se terminent en pointe, prenant la forme
d'un crochet, dont le bord se retourne vers le bas. La paroi supé-
rieure de l'hydrothèque est légèrement convexe; elle est de moitié
plus courte que l’inférieure, qui est très concave.
Très répandu. Vailée de Bouhovo, Vodni-dol, Svinakovitza, Défilé
de Jeliavska-réka
1908 SILURIEN DE BULGARIE 335
2. MONOGRAPTUS PRIODON Var. VALIDUS PERNER
PERNER. Études sur les Graptolites de Bohême, II: partie, sec. b, p. 3, pl. xv,
fig. 3, 14, 15, 93, 25 et fig. 4 dans le texte.
Il ressemble beaucoup à la forme typique de M. priodon
BarR.; cependant, il se distingue de ce dernier par l'extrémité des
hydrothèques, plus courte, et se termine brusquement en pointe
obtuse, s’inclinant vers le bas, avec la tendance à être parallèle à
l’axe de l’hydrosome. Le nombre des hydrothèques est 8 par cm.
de longueur de l’hydrosome. Les parois entre les hydrothèques
sont plus courtes et forment avec l’axe un angle de 45° env.
Très répandu. Vallée de Bouhovo, Ogoïa, Kalenov-dol, près de Jeliava,
Bolhatche.
3. MONOGRAPTUS UNGUIFERUS PERNER
PErRNER. Études sur les Graptolites de Bohème. HI° partie, sec. b, p. 3, pl. xv,
fig. 11 et fig. 5-7 dans le texte.
Fragment de l'hydrosome de 47 mm. de longueur et de 2 mm. 5
de largeur. Les hydrothèques ont la forme de crochets, dont les
extrémités se prolongent en pointes fines, dirigées vers le bas. Le
nombre des hydrothèques est 9 par em. Les parois inférieures des
hydrothèques s'appuient perpendiculairement sur les parois supé-
rieures des hydrothèques suivantes, de sorte qu’elles sont presque
parallèles du côté dorsal. La sicula, qui est surtout développée
dans cette espèce, est conservée en partie. Elle se termine en
pointe vers le haut. Quant à la partie inférieure, elle se termine
par un prolongement court et arrondi.
Très rare. Près du sommet Aceritza.
4. MONOGRAPTUS J'ABKELI PERNER
PERNER. Études sur les Graptolites de Bohême. le partie, sec. b, p. 4, pl. xv,
fig. 1, 6-10, 20, 22, 94, 27, et fig. 8 dans le texte.
Le fragment le plus grand de l’hydrosome a une longueur de
35 mm. ; la largeur ne dépasse pas 3 mm. Le nombre des
hydrothèques est de 9 par cm. A leurs extrémités, les hydrothèques
s’amincissent; elles sont courtes et s’inclinent obliquement. Dans
un de nos exemplaires, on voit les premières hydrothèques de la
partie proximale, qui se terminent en pointe avec des prolonge-
ments filiformes très courts.
Peu répandu. Vallée de Bouhovo. Ogoia.
5. MONOGRAPTUS MARRI PERNER
PEerNER. Études sur les Graptolites de Bohême. IIIe partie, sec. a, p. 2x, pl. 1,
fig. 5, 6, 10, 11, et fig. 23-25 dans le texte.
_ Le fragment de l’hydrosome a 3 em. de longueur, la largeur est
de 1 mm. 5. Il ressemble beaucoup à A. priodon Barr. Cependant,
336 D. ALLAHVERDJIEW 15 Juin
il s'en distingue par la forme des hydrothèques. Les extrémités
libres des hydrothèques sont cylindriques ; elles se recourbent
vers la base en forme de crochets, mais elles ne se rétrécissent
pas ni ne s'aiguisent vers leur ouverture, comme dans le
M. priodon. On compte 10 hydrothèques par em.
Très rare. Entre Voïna et Dragounata, au Nord de Kremikovtzi.
6. MONOGRAPTUS aff. CRrISPUS LaPpw.
Monograptus crispus LAPworTa. On Scottish Monograptidæ. Geolog.
Magaz. dec. IT, vol. I, p. 503, pl. xx, fig. 7.
. — PERNER. Études sur les Graptolites de Bohême, Ille
partie, sec. a, p. 19, fig. 20 dans le texte.
L'hydrosome est fortement courbée; le fragment a 2 cm. de
longueur. Les hydrothèques sont disposées sur le côté concave de
l’hydrosome. Le nombre des hydrothèques est de 8 à 10 par cm.:
elles forment avec l'axe un angle de 45°. L'une des extrémités de
l'hydrosome s'amincit.
Très rare. Vallée de Bouhovo.
L'hydrosome de cette espèce est un peu plus large que dans les
échantillons décrits par M. Lapworth. Il est très probable que c’est là
une variété ou même une espèce nouvelle.
7. MONOGRAPTUS NILSSONI Barr.
PBISNVP IG Se r0 l
Graptolithus Nilssoni BARRANDE. Graptolites de Bohème, p. 51, pl. 11, fig. 16.
_- — GEINITz. Graptolithen, pl. 11, fig. 19, 28, 3r, 32.
Monograptus proteus GEINITZ lbid., pl. 1V, fig. 9-12, 15-18, 20.
Graptolites Nilssoni Nicnozson. Quart. Journ., Geol. Soc. vol. 24, p. 537,
pl. xx, fig. 16-21.
Monograptus Nilssoni LaPworrx. On Scottish Monograptidæ. Geolog. Maga-
sine, dec. Il. vol. LIL, p. 315, pl. x, fig. 7a-c.
— — PeRNER. Études sur Jes Graptolites de Bohème,
Ipartiensec Dip DIE EVE MIE RE
L'hydrosome présente une tige mince, longue, légèrement
courbée. Le fragment le plus grand de l'hydrosome a une longueur
de 7 cm.et une largeur de o mm. 5 à 1: mm. Le nombre des hydro-
thèques est de 8 par cm. Les hydrothèques sont disposées sur le
côté concave de l'hydrosome et forment un angle de 30° avec l’axe.
Très répandu. Vallée de Bouhovo, Vodni-dol, Ogoia.
8. MONOGRAPTUS FLEMINGII SALTER
Graptolithus Flemingii SALrer. Quart. Journ , Geol. Soc., vol. VIII, pl. vur,
fig. 5a-b.
Monograptus — LapworrTx. Geolog. Mag'az., dec. Il, vol. III, p. 504,
pl. xx, fig. 8.
Le fragment le plus grand de l'hydrosome a une longueur de
5 cm. et une largeur de 3 mm. Le nombre des hydrothèques est
1908 SILURIEN DE BULGARIE 337
de 10 par cm. Les hydrothèques sont pourvues-sur leurs bords
extérieurs d'une pointe, qui s'incline en bas presque dès son début,
de sorte qu’il semble que les extrémités libres des hydrothèques
sont suspendues. L'hydrosome est droit ; dans la partie proximale,
il est légèrement recourbé et aminci. L'axe est visible et très étroit.
Rare, Vallée de Bouhovo, Kalenov-dol.
9. MONOGRAPTUS DUBIUS SUESS
PI. IV, fig. 5.
Graptolithus colonus BARRANDE. Graptolites de Bohème, p. 43, pl. 11, fig. 5.
— dubius Suéss. Ueber bôhm. Graptolithen. Haidingers natur-
œiss. A bhandl. 4 Abth., p. 115, pl. 1x, fig. 5a-b.
Monograptus colonus, var. dubius Lapwortx. On Scottish Monograptidæ
Geol. Magazine, dec. Il, vol. HI, p. 506, pl. xx, fig. 10.
— — PerNer. Études sur les Graptolites de Bohème, IIl°
partie, sec. b, p. 9, pl. xIv, fig. 8, 9, I1, 19, 21, 27.
IL semble que cette espèce est prédominante parmi tous les
Graptolites de notre région. La plus grande longueur des frag-
ments de l’hydrosome atteint jusqu’à 10 em.; ordinairement, on en
trouve d'une longueur moindre; la largeur est de 2 mm. Le nombre
des hydrothèques est de 8 à 10 par cm.: elles sont pointues et
forment un angle de 30 à 4o° avec l'axe. Les hydrothèques sont
séparées par des dépressions bien arrondies. La virgula se pro-
longe dans la partie distale au-delà des hydrothèques
Très répandu. Vallée de Bouhovo, Ogoïa. Défilé de Jeliavskaréka,
Bolhatche, Dragounata, Voïna, Kalenov-dol.
10. MONOGRAPTUS COLONUS Barr.
PL. IV, fig. 4.
Graptolithus colonus BARRANDE. Graptolites de Bohême, p. 42, pl. 11, fig. 2-5.
— — GæeiniTZz. Die Graptolithen, pl. 11, fig. 33-36.
— — Suess. Ueber bühm. Graptolithen, pi. vx, fig. 8.
Monograptus — Nicnozson. Quart. Journ., Geol. Soc., vol. XXIV, p. 521,
pl. xx, fig. 9-11.
— — Larwort. Geolog Magaz., dec. II, vol. III, p. 505, .
pl. xx, fig. 9,
— — Perner. Études sur les Graptolites de Bohême, Il°
partie, sec. b, p. 9, pl. xIv, fig. 3, 12, 17 et fig. 12 dans
le texte.
L'hydrosome est droite ; la partie proximale est plus rétrécie.
La longueur atteint à peu près 5 cm., la largeur ne dépasse pas
2 mm. 5. Le nombre des hydrothèques est de 8 à 10 par cm.; elles
forment un angle de 45° avec l'axe. Les premières hydrothèques
se terminent en crochets dirigés vers le bas; les autres ne sont pas
aussi pointues. La paroi inférieure des hydrothèques est un peu
7 Oct. 1908. — T. VII. Bull. Soc. Géol. Fr. — 22,
338 D. ALLAHVERDJIEW 15 Juin
concave et la paroi supérieure légèrement convexe. Il ressemble
beaucoup à M. dubius Suess: cependant, il se distingue par son
hydrosome plus large. À
Très répandu. Vallée de Bouhovo, Stolate, Svinakovitza, Voïna, Dra-
sounata. Défilé de Jeliavska-réka.
11. MONOGRAPTUS TESTIS BARR.
Graptolithus testis BARRANDE. Graptolites de Bohème, p. 53, pl. mx, fig. 19-21,
— Suess. Ueber bôhm. Graptolithen, pl. vin, fig 9.
Monograptus — PERNER. Études sur les Graptolites de Bohème, I partie.
sec. b, p. 15, pl. xvi, fig. 17 et fig. 16a-b dans le texte.
Le plus grand des fragments atteint 6 em. de longueur et de
2 à 4 mm. de largeur. L'hydrosome est recourbée. Le nombre des
hydrothèques ne dépasse pas 10 par cm. Les paroïs qu'on voit de ei
de là forment un angle de 60° avec l'axe. Les prolongements fili-
formes des hydrothèques sont visibles et s'entremélent dans toutes
les directions ; leur longueur atteint jusqu'à 8 mm.
Rare. Vallée de Bouhovo. Stolate.
12. MONOGRAPTUS BOHEMICUS BARR.
PI. IV, fig. 5.
Graptolithus bohemicus BARRANDE. Graptolites de Bohème, p. 40, pl. 1,
fig. 15-18.
Monograptus — PErNER. Etudes sur les Graptolites de Bohême.
Ill° partie, sec. b, p. 16, pl xvx, fig. 15, 16; pl. XvIr,
fig. 3, 8, 9, z1. à
L'hydrosome présente une tige légèrement courbée. Le fragment
le plus grand de l’'hydrosome atteint 6 cm. de longueur et de 1 mm.»
à 2 mm. de largeur. Le nombre des hydrothèques est de 8 à 10 par
em. Elles forment un angle de 30 à 35° avec l'axe de l’hydrosome.
Médiocrement répandu. Vallée de Bouhovo.
‘13. MONOGRAPTUS HISINGERI CARRUTHERS
PMP en 6:
Monograptus Hisingeri. LAPworra. Geolog. Magazine, dec. Il, vol. II, p. 350,
pl. x11, fig. 1a-f.
— — PERNER. Etudes sur les Graptolites de Bohème, II°
partie, sec. a, p. 11, pl. x, fig. 2-6.
Fragment de l'hydrosome de 35 mm. de longueur et de 2 mm.
de largeur. Le nombre des hydrothèques est de 9 à 10 par em.
Les hydrothèques sont courtes et larges ; elles forment avec l'axe
de l'hydrosome un angle de 45°. L'hydrosome est un peu plus large
que dans les individus décrits par M. Lapworth. M. Perner écrit
1908 SILURIEN DE BULGARIE 339
que les formes bohémiennes sont aussi plus larges que les anglaises,
ce qui indique que les conditions en Bulgarie ont été les mêmes
qu'en Bohême.
Rare. Katchoulate.
14. MONOGRAPTUS HALLI Barr.
Graptolithus Halli BARRANDE. Graptolites de Bohème, p. 48, pl. 11, fig. 19-13.
— — Grinirz. Die Graptolithen, pl. 1, fig. 5-8.
Monograptus — Lapworta. Geolog. Magazine, dec. I, vol. Il, p. 354,
pl. xun, fig. 1a-d.
— — PERNER. Etudes sur les Graptolites de Bohème, II partie,
sec. a, p. 13, pl. xXIIX, fig. 19, 20.
L'hydrosome est représentée par un fragment de 2 em. de
longueur ; sa longueur atteint 2 mm. Le nombre des hydrothèques
est de 8 par em.: elles forment avec l’axe un angle de 60°. Les
hydrothèques se terminent en pointes de 1 mm. de longueur, qui
sont perpendiculaires à l'axe de l'hydrosome.
Très rare. Ogoïa.
19. MONOGRAPTUS VOMERINUS Nic.
Graptolithus colonus BARRANDE. Graptolites de Bohème, p. 43, pL 1, fig. 4.
Monograptus vomerinus LaAPworru. Geolog. Magaz., dec. Il, vol. IL, p. 353,
pl. xu, fig. 6a-e.
— _ PERNER. Etudes sur les Graptolites de Bohême,
III: partie, sec. b, p. 18, pl. xIv, fig. 24, b, c, 20:
pl. Xv1, fig. 1-3; pl. xvux, fig. 13 et fig. 21 dans le
texte.
Fragment de 25 mm. de longueur ; la largeur ne dépasse pas
2 mm. On compte de 8 à 9 hydrothèques par em. Les hydrothèques
forment un angle de 30° avec l’axe et se touchent entre elles sur
plus de moitié de leur longueur. L’hydrosome est droite et tout à
fait identique à celle de l'espèce de Bohême, que Barrande donne
comme impression scalariforme de 4/. colonus (p. 43, pl. n.
fig. 4). Sur l’hydrosome, on voit les traces des ouvertures exté-
rieures.
Très rare. Kalenov-dol.
16. MONOGRAPTUS ATTENUATUS HoPKINSON
PIN io
Graptolithus attenuatus HoPrkiNson. Geolog. Magazine, vol. IX, p. 503, pl. xrr,
fig. 3.
— — LapwortH. Geolog. Magazine, dec. Il, vol. LIT, p. 517,
pl. x, fig. 9a-d.
— — PERNER. Études sur les Graptolites de Bohème, II]:
partie, sec. a, p. 10, pl. xt, fig. 30-32.
Il se rapproche beaucoup de Rastrites. L'hydrosome est étroite,
340 D. ALLAHVERDJIE W 15 Juin
2:
légèrement recourbée. Les hydrothèques se retrouvent sur le côté
convexe de l'hydrosome. Fragments de l'hydrosome de x à 2 em.
de longueur ; ordinairement, ils sont d’une longueur moindre. Les
hydrothèques sont minces, longues, étroitement appliquées sur
l’axe de l'hydrosome : elles se terminent sous l'ouverture par une
petite dent, tournée vers la partie proximale. Le nombre des
hydrothèques est de 6 à 7 par cm. ; elles forment avec l'hydro-
some un angle aigu.
Rare. Vallée de Bouhovo.
17. MONOGRAPTUS COMMUNIS LAPw.
Monograptus communis LAPpworta. Geolog. Magaz., dec. Il, vol. IX, p. 358,
pl. xmi, fig. 4a-b.
— — PERNER. Études sur les Graptolites de Bohême,
Ille partie, sec. a, p. 15, pl. xt, fig. 18a-b, pl. xnr,
fig. 5-9, 20.
L'hydrosome est étroite et courbée. Dans la partie convexe de
l'hydrosome sont disposées les hydrothèques, qui se présentent
sous forme de sacs triangulaires, dont le bord s’amincit en forme
de crochets, dont les pointes se dirigent parallèlement à l'axe de
l'hydrosome. Fragment de l'hydrosome de 2 cm. de longueur. Le
nombre des hydrothèques ne dépasse pas 10 par em.
Très rare. Vallée de Bouhovo.
18. MONOGRAPTUS MIRUS BARR. sp. mm.
PL. IV, fig. 8. .
PERNER. Études sur les Graptolites de Bohème, II partie, sec. a, p. 16, pl.
XII, fig. 1-3.
Fragment de la partie distale de l'hydrosome avec quelques
hydrothèques bien conservées. La forme des hydrothèques est
triangulaire ; les parois distales légèrement convexes. Il ressemble
beaucoup à M. communis, cependant il se distingue de ce dernier,
parce que les hydrothèques sont séparées par des dépressions
arrondies. Le nombre des hydrothèques est de 10 par em. :
Très rare. Dragounata.
Genre Cyrtograptus CARRUTHERS
19. CYRTOGRAPTUS TUBULIFERUS PERNER
PERNER. Études sur les Graptolites de Bohème. II partie, sec. b, p. 20,
: pl. xvu, fig. 4-6, 81 et fig. 25a-b 26a-b, 27 dans le texte,
Il diffère beaucoup des précédents. Les empreintes présentent
deux branches; l'une d'elles, dans la partie proximale, est recourbée
1908 SILURIEN DE BULGARIE 341
en arc, auquel s’unit l’autre branche. Sur le côté convexe sont
disposées les hydrothèques, qui sont éloignées les unes des autres.
Les branches sont étroites ; dans nos exemplaires, chacune des
branches mesure 3 em. de longueur; leur largeur ne dépasse pas
1 mm. La paroi inférieure des hydrothèques est assez longue; elle
forme avec la paroi supérieure de l'hydrothèque précédente une
échancrure aiguë dans l'hydrosome. Les fragments des branches
isolées ressemblent beaucoup à Monograptus Nilssoni Barr. ou
à M. bohemicus BarRr., surtout quand les hydrothèques sont si
aplaties, que les échancrures entre leurs parois ne sont pas
visibles.
Très rare. Kalenov-dol. Défilé de Jeliawska-reka.
20. Dictyonema sp.
Il est représenté par quelques branches parallèles, très mal
conservées dans un même fragment que AZ. colonus Barr. Nous
nous bornerons à constater seulement la présence de ce genre.
Très rare. Vallée de Bouhovo.
Cette faune graptolitique nous indique que dans la Bulgarie le
Silurien est représenté seulement par sa partie supérieure (Goth-
landien).
Les espèces M. attenuatus, M. Hisingeri, M. Halli, M. com-
munis, M. aff. crispus et M. Marri correspondent à des parties
inférieures de l’étage ÆZ, de Barrande. Cet étage répond au groupe
Llandover)--Tarannon de l'Angleterre et aux schistes à Rastrites
de Suède.
Les espèces M. priodon, M. priodon var. validus, M. ungui-
Jferus, M. Jækeli, M. Niülssoni, M. dubius, M. colonus, M. testis,
M. bohemicus, M. vomerinus et Cyrlograptus tubuliferus, corres-
pondent à des zones supérieures de l'étage Æ de Barrande. Ils
correspondent à des couches supérieures aux schistes à Rastrites
de Bohème et aux Upper-Tarannon, Wenlock-Ludlow en Angle-
terre.
On voit par ce qui précède que la faune graptolitique de Bulgarie
est pauvre ; elle se rapproche beaucoup de celle de la Bohême.
SUR LA € DÉSHARMONIE » DES PLIS SUPERFICIELS
ET DES PLIS PROFONDS AUX ENVIRONS DE CHAMBÉRY.
MASSIF DE CURIENNE-LA-THUILE, PRÈS DE CHALLES-LES-EAUX
par J. Révil
SOMMAIRE. — Introduction. — 1 Historique. — IT. Description physique. —
III, Tectonique. — IV. Conclusions
INTRODUCTION
La vallée transversale de Chambéry-Montmélian présente dans
sa partie nord-est, près de Challes-les-Eaux, une série de chaînons
de faible altitude, les montagnes de Curienne et de la Thuiïle qui,
avec les collines de Lémenc et de Montagnole que nous avons
décrites dans ce recueil ", se relient au soubassement des chaînes du
Nivollet, du Margériaz et du Granier. On voit afileurer dans cette
« trouée » de Chambéry, comme dans une vaste boutonnière,
un ensemble d'assises appartenant au Jurassique supérieur (Séqua-
nien, Kiméridgien, Tithonique (et à l’Infra-Valanginien — Berria-
sien), dont les allures ne sont pas en rapports tectoniques très nets
avec celles des chaînes crétacées des Bauges et de la Chartreuse,
sous lesquelles elles vont s’enfoncer au Nord et au Sud.
Les montagnes des environs de Challes ont donné lieu à un
certain nombre de travaux. Toutefois, la solution du problème que
nous venons d'indiquer n'a pas été fournie : aucune étude détaillée
du massif n'ayant été entreprise. Il nous a semblé utile de repren-
dre cette étude comme complément à nos précédentes recherches.
Nous décrirons donc avec soin les dispositions orographique et
tectonique des couches qui s'y montrent, après avoir rappelé brièe-
vement les travaux ayant précédé le nôtre. Nous arriverons à des
conclusions qui nous semblent présenter un certain intérêt, et que
n'avaient pu établir les études de nos devanciers.
1. — HisTORIQUE
Les géologues alpins de la première moitié du siècle dernier n’ont
parlé qu’incidemment du massif faisant l’objet de ce travail. L’illustre
de Saussure cite la montagne qui domine Montmélian comme remar-
1. J. Réviz et J. Vivien. Note sur la structure de la chaîne Nivollet-Revard.
B.$S. G. F., (3) XXVE, p. 365, 1808.
J. Réviz. Note sur la structure de la vallée d'Entremont et du plateau de
Montagnole, près Chambéry. B.S.G. F., (3), XXVIIL, p. 873, 1900.
1908 PLIS DES ENVIRONS DE CHAMBÉRY 343
quable par ses couches en forme de S. « Lorsqu'on les voit — dit-il — de
plus loin, par exemple, du fort de Montmélian, on y observe des formes
de couches encore plus singulières ‘. » Il en donne un dessin (t. V, pl. 1),
qui est d’une réalité saisissante, et prouve qu'il avait été vivement
frappé par les contournements si curieux qu’y présentent les assises.
Nous ne rappellerons que pour mémoire deux études sur la vallée de
Chambéry, publiées dans les Annales de l’Académie de Savoie et dues,
l’une à Mgr Billet * et l’autre à Mgr Rendu*. Le premier, préoccupé
surtout de fournir des preuves du déluge mosaïque, considère le relief
du massif comme produit par-de grands cataclysmes, de date relative-
ment récente. Quant au second, il signale les couches de la montagne
de Curienne comme disposées d’une façon anormale, inclinant en sens
inverse de celle des chaînes voisines. Son étude n’est pas à la hauteur
de la science de l’époque, car, près d'un demi-siècle après que de
Saussure eût conclu au redressement des couches, Mgr Rendu écrivait
encore : &« Pour trouver le soulèvement de nos montagnes stratifiées, il
faudrait quelque chose de plus que de la crédulité ».
En 1844, la Société géologique de France tenait à Chambéry une de
ses réunions extraordinaires. Le chanoine Chamousset faisait à cette
occasion une Communication « Sur les caractères et l’indépendance des
terrains jurassiques et néocomiens de la Savoie ‘ ». IL attribuait au ter-
rain oxfordien les calcaires de Lémenc, ainsi que ceux du massif que
nous étudions ici. On peut voir, d'après lui, les couches de la première.
de ces localités plonger sous les marno-calcaires de Monterminod, pour
se relever et former les montagnes de Curienne, de ÇGhignin et de
Montmélian.
C’est encore à l’Oxfordien que, vingt ans plus tard (1865), le regretté
géologue L. Pillet attribuait ces mêmes calcaires, tandis qu’il rapportait
au terrain argovien des géologues suisses les couches que nous consi-
dérons comme berriasiennes (horizon de l'Aoplites Boissieri). Nous
devons dire qu’il devait abandonner peu après cette manière de voir et
qu'il fut l’un des premiers à se rallier à la classification proposée par le
professeur Pictet. — De plus, il s’était par'aitement rendu compte de la
disposition des assises de la cluse de Chambéry, dont « les couches
— dit-il — descendent de chaque côté, plongeant sous le défilé et faisant
saillie çà et là. »
Il faut arriver aux études de M. Hollande pour trouver un travail
d’une certaine importance sur cette partie du massif alpin *. En 1887,
1. H.-B. DE SaussurE. Voyage dans les Alpes, V, loc. cit., p. 23.
2. Mgr Bizet. Aperçus géologiques sur les environs de Chambéry. Mém.
Acad. Savoie, 1'° série, I, p. 135. 1895.
3. Mgr REenpu. Aperçus géologiques sur la vallée de Chambéry. Mém.
Acad. Savoie, 1re série, VIIL, p. 185, 1833.
EPBASAGAEC) MN ST T8 14e
5. D. HorranDe. L’Infra-Néocomien au Mont St-Michel. Bull. S. H. nat.
Savoie, 1'° sér. I, p. 142, 1887.
344 I. RÉVIL 15 Juin
ce géologue faisait part à la Société d'histoire naturelle de Savoie de
la découverte faite par lui d’une faune berriasienne au mont St-Michel.
Cette montagne n'est pas comme on l’a cru — écrivait-il — une voûte
rompue en son milieu. La partie centrale en est formée par des calcaires
à fossiles de l’Infra-Néocomien et ces calcaires y sont intercalés par
deux failles coupant la chaîne en direction nord-sud.
L'année suivante le même auteur consacrait un paragraphe de son
mémoire « Sur les dislocations des montagnes calcaires de la Savoie ! »
aux chaînes dominant Challes-les-Eaux qui sont, d’après lui, découpées
par des failles : faille de la Roche, faille du Roc de Bellevarde, faille de
Puigros. Ces failles seraient dues à la rupture de plis anticlinaux.
En 1896, notre collaborateur M. Vivien, publiait un compte rendu
d’excursion rédigé à la suite de courses que nous avions effectuées
ensemble. Nos recherches communes nous permettaient de conclure
que les failles signalées n'avaient pas une existence réelle, et que les
couches berriasiennes étaient disposées en synclinal au milieu d’anti-
clinaux jurassiques *.
M. Hollande crut devoir répondre à cette note * et, tout en admettant
dans ses traits principaux, la disposition des assises indiquée par nous,
crut pouvoir indiquer le synclinal de Bellevarde comme rompu à l'Ouest.
Pour lui, les couches de Berrias de ce synclinal, sont en contact anormal
avec les bancs séquaniens sur tout le versant occidental du pli. Nous
verrons que cette conclusion n’est qu’en partie exacte.
M. Lugeon, auquel nous avons fait visiter les environs de Chambéry,
a dit quelques mots des chaînes que nous nous proposons de décrire “.
Il considère les divers plis qui les constituent comme formant le sou-
bassement de l’anticlinal du Margériaz. Cette manière de voir n’est pas
entièrement fondée et nos recherches nous mettront dans l’obligation
de la modifier. Elles nous permettront d'arriver à une interprétation
différente de celle du professeur de Lausanne.
Le Bulletin du Service de la Carte géologique renferme un travail de
M. Hollande, intitulé : « La zone subalpine des environs de Chambéry: ».
A la suite des travaux de MM. Lugeon, Douxami, Révilet Vivien — dont
il ne fait aucune mention, — notre confrère a modifié ses interprétations
antérieures et renonce définitivement au système de failles qui lui avait
1 D. Hozranpe. Étude sur les dislocations des montagnes calcaires de la
Savoie. Bull. Soc. Hist. nat. Savoie, Il, p. 237, 1888.
2 J. Vivien. Excursion au Mont St-Michel. Bull. Soc. nat. Savoie, 2: série,
t IE 32141890:
3. D. HorrANDE. Le Mont St-Michel et la colline de Curienne. Soc. Hist.
nat. Savoie, IL, p. 134.
4. M. LuGEoN. Feuille Albertville, Les Bauges. CR. collab. B. Serv. Carte
Géol. Fr., pour 1896, p. 145, 1897. — Les. Dislocations des Bauges (Savoie).
B. Servo. Carte géol. Fr., n° 77, XL, 1900.
5. D. HozLANDE. La zone subalpine aux environs de Chambéry. Bull.
Serv. Carte géol. Fr., XV, n° 101, 1904.
1908 PLIS DES ENVIRONS DE CHAMBÉRY 345
servi à expliquer la tectonique du massif. Cette note est accompagnée
d’une carte des plis qui ne donne pas une véritable idée de la région,
cet auteur attribuant à certains d’entre eux une continuité qu'ils ne
présentent pas; en effet, il n’a pas distingué les dômes et les brachyanti-
clinaux qui accidentent le synclinal tertiaire, à la limite des zones
jurassiennes et subalpines de la Savoie.
L’énumération de ces travaux, et les interprétations diverses aux-
quelles ce petit massif a donné lieu, montre lintérêt qu'il offre et
justifie, nous semble-t-il, la nouvelle étude que nous avons cru devoir
entreprendre.
II. — DESCRIPTION PHYSIQUE
Les chaînes que nous nous proposons de décrire ne forment qu'un
même groupe tectonique, c'est-à-dire appartiennent à un même
faisceau de plis. Elles peuvent se diviser au point de vue orogra-
phique en trois petits massifs : 1° la montagne de Curienne ; »° Les
collines de St-Jeoire ; 3° La montagne de la Thuile.
La première, dont le point culminant est le mont St-Michel
(altitude 900 m.), s'étend de la rivière de Leysse, au Nord, sous
Château-Salins, au vallon de la Boisserette au Sud. Ce vallon entiè-
rement creusé par les eaux, se sectionne en deux tronçons dont
l'un est transversal et l’autre longitudinal. En effet, à l'entrée
même de la gorge, près de St-Jeoire-Prieuré, le torrent coupe des
bancs qui se retrouvent avec les mêmes allures sur les deux rives.
En amont du hameau de la Boisserette, le lit de la rivière s’est
établi dans l’axe même d’une voûte, et il est facile de se rendre
compte que les assises limitant le vallon inclinent à l'Est, sur l’un
des versants, tandis qu'elles plongent à l'Ouest, sur l’autre.
En amont du hameau, la vallée longitudinale est barrée par une
moraine, à matériel principalement calcaire, provenant du massif
des Bauges, moraine qui a rejeté le torrent sur la droite. Ce torrent
creuse actuellement son lit dans des assises jurassiques marneuses
très délitables appartenant au Rauracien. C’est ensuite dans la
moraine elle-même qu'on le voit couler plus au Nord, tandis qu’en
aval de la Boisserette il est transversal. Il fait alors un coude brus-
que, pour se diriger à l'Ouest et déboucher dans la plaine de
Challes. Il devait s’écouler directement vers le Sud avant la der-
nière glaciation, en suivant le vallon de Montlevin qui est une
« vallée morte ». Le barrage glaciaire de Chignin nous semble
devoir expliquer cette nouvelle direction imposée au cours de la
rivière.
Si nous arrivons aux limites ouest et est de la petite chaîne que
nous étudions, nous les indiquerons comme formées : la première
346 J: RÉVIL 15 Juin
par une ligne s'étendant du village de Leysse à celui de St-Jeoire,
et la seconde, par le cours de la rivière descendant de la Thuile,
jusqu'à sa jonction avec celles venant des Déserts et du col des Prés.
Les collines de St-Jeoire comprennent : 1° un monticule faisant
suite à la montagne de Curienne, dont il est séparé par le vallon
de la Boisserette ; 2° une barre rocheuse, connue dans le pays sous
le nom de « Rocher Kazar ». Le premier est situé entre le vallon
dé St-Jeoire, à l'Ouest, et celui de Montlevin à l'Est; il ne présente
qu'une faible altitude et est parsemé de blocs erratiques d’énorme
dimension. Sur l'extrémité méridionale s'élèvent deux tours rui-
nées (tours de Chignin) et une chapelle de construction récente.
Quant au «Rocher Kazar », il s’étend de la route de Challes
au hameau de Lachat et ne consiste qu’en un flanc de voûte dont
la continuation sud a été enlevée par érosion.
La montagne de la Thuile, qui forme une muraille à la vallée,
s'élève à une altitude bien supérieure (le signal de Montgelaz est à
1065 m., tandis que les tours de Chignin sont à 452). Eke s'étend du
village du Vernet à Montmélian, limitant à l'Ouest le haut vallon
de la Thuile et dominant les hameaux du Fornet, de la Boisserette,
de Montlevin, du Vivier, de Chignin et de Thorméry. La partie
supérieure de l’arête est formée par les calcaires en gros bancs du
Tithonique inférieur. Un énorme bloc de rocher, appartenant à
cette formation, s’en est détaché dans le courant d'août 1903, et est
venu couvrir de ses débris le vignoble du Grand-Rebossant, situé
au Sud de Thorméry !.
1. Nous avons été appelé à fournir des indications sur les causes de cet
éboulement, et nous avons pu constater que les assises bréchiformes du
Tithonique sont, en ce point, sillonnées de nombreuses fissures. Comme
elles se présentent en surplomb, au sommet de la falaise, elles sont sujettes
à se désagréger plus facilement sous l'influence des agents atmosphériques. —
Les eaux agrandissent les fissures, et, lorsque la roche se trouve détachée
des bancs auxquels elle adhérait, elle s'écroule en se fragmentant, donnant
naissance aux nombreux cônes d’éboulis qui se trouvent au pied de la chaîne.
La partie de la falaise dominant directement Thorméry présente plusieurs
points où des éboulements sont à craindre. C’est le cas notamment pour un
énorme bloc qui est actuellement complètement détaché des bancs formant
l’arête, Une crevasse de plus d’un mètre de longueur et cinq mètres de pro-
fondeur s’est produite et ne peut que continuer à s’accroître. Ce bloe, qui est
constitué par les calcaires massifs du Kiméridgien à Phylloceras Loryi,
repose sur des calcaires en lits plus petits (o m. 50 à o m. 30). Il est en encor-
bellement, et tout fait prévoir qu’il s’'éboulera lorsqu'il aura été plus complè-
tement miné par la base.
D’autres bancs, situés plus au Nord et connus sous le nom de « Roches
pourries », demandent à être également surveillés, car ils reposent sur des
roches très délitables. Toutefois, ils ne sont sillonnés que de fissures plus
petites et les éboulements paraissent devoir ne s’y effectuer qu’en fragments
moins volumineux.
1908 PLIS DES ENVIRONS DE CHAMBÉRY 347
III. — TECTONIQUE
Le petit massif dont nous venons d’esquisser les caractères
orographiques forme un faisceau anticlinal situé entre le synclinal
surélevé de la Thuile à l'Est, et la vallée transversale de Cham-
béry à l'Ouest. Ce faisceau est constitué par des assises du Juras-
sique supérieur et du Crétacé inférieur, s’enfonçant au Nord sous
le Nivollet et le Margériaz, tandis qu'au Sud elles vont passer
sous la chaîne du Granier. Celle-ci appartient au massif de la
Chartreuse, les premières faisant partie du massif des Bauges.
Le faisceau que nous décrivons a une certaine individualité et
se subdivise en un grand nombre de plis qui sont, en allant de
l'Ouest à l'Est : 1° anticlinal de la Roche; 2° synclinal de Belle-
varde; 3° anticlinal du mont St-Michel; 4° synclinal du Vernet;
5° anticlinal de Montgelaz. C’est à ce dernier pli que succède
ensuite le synclinal de la Thuile, se continuant vers le Nord par
celui d’Aillon, dans le massif des Bauges. Au-dessus de Montmé-
lian, le synclinal se termine par des couches plongeant, de toutes
parts, vers l'axe du pli.
Nous décrirons ces divers plis en nous dirigeant du Nord au
Sud :
I. ANTICLINAL DE LA Rocue. — Cet anticlinal — qui a été con-
sidéré par M. Lugeon comme appartenant au groupe de plis venant
passer sous le pli du Margériaz ! — n’a pas en réalité de continuation
vers le Nord. Il se termine sur la rive gauche de la Leysse, en
face du château de Salins, au confluent du torrent descendant de
la Thuile et du col des Prés (vallée d’Aïllon). Près de ce confluent
on peut voir un dôme jurassique d'une admirable netteté et les
assises s’y présententavec plongement périclinal. Des calcaires en
gros bancs, inclinant au N.N.O., passent ensuite à l'inclinaison
nord-est. Le plongement est très brusque ; les bancs sont presque
verticaux et s’enfoncent de tous côtés sous les schistes argileux
berriasiens. Ces derniers présentent la mème inclinaison à leur
contact avec les bancs jurassiques, puis en amont du dôme sont
affectés de multiples plissotements pour devenir sub-horizontaux
avec faible plongement vers le Nord et s'enfoncer sous les couches
valanginiennes, hauteriviennes et urgoniennes du mont Pennay
(plateau des Déserts) (fig. 1).
D'autre part, une petite faille faisant butter dans le haut de la
falaise les calcaires urgoniens contre les marno-calcaires de
1. M. Lucrow. Dislocations des Bauges, loc. cil., p. 36.
348 J. RÉVIL 15 Juin
l'Hauterivien affecte toutes les couches en aval du dôme. Les
plus inférieures de celles-ci (couches de Berrias) passent plus en
aval à l'inclinaison ouest, puis à une inclinaison très faible vers
l'Est et dessinent ainsi un synclinal succédant à l'anticlinal que
nous venons de décrire. Ce synclinalse rattache au Nord à un des
plis du versant occidental du Nivollet.
En résumé, le dôme jurassique et les bancs berriasiens qui
l'entourent, forment le soubassement du plateau des Déserts où
les assises urgoniennes sont disposées en un synclinal qu'affectent
des plis secondaires et que remplissent des dépôts tertiaires (Ton-
grien et Aquitanien) ‘.
L'anticlinal de la Roche disparaît donc au Nord sous des assises
ayant dans le haut des allures absolument différentes. Nous
0. M'Pennay (plateau des Déserts) 3e
2 Q Crée Salins
Ce Chaffa rdor
Fig. 1. — COUPE DE LA RIVE DROITE DE LA LEYSse, près de St-Jean d’Arvey.
1/35 000 env.
All, alluvions modernes ; U, Urgonien (— Barrémien sup.); 4, Hauterivien;
V, Valanginien ; B, Berriasien (— Infravalangien); Ti, Tithonique (— Port-
landien).
reviendrons plus loin sur la raison d’être de cette curieuse
structure.
Les bancs du Jurassique affleurent dans le versant de la rive
gauche de la Leysse : ils peuvent s’étudier facilement au Sud du
torrent, au point de jonction des routes de Puigros et de Curienne,
où s'observent les calcaires rognoneux du Tithonique inférieur.
Les couches plongent ici nettement vers le Nord, mais de 45° seu-
lement. Elles vont en s'élargissant et en s’élevant, au Midi de la
route de Curienne, où elles forment le versant rocailleux sur
lequel se trouve le hameau de la Roche dominant le château de
la Bâthie. Au Nord-Est du village de Barby, elles plongent encore
vers le Nord, mais on voit en ce point le pli se compléter pour
1. Voir au sujet de ces dépôts la note que nous avons publiée avec
M. Douxamr « Sur les terrains tertiaires du plateau des Déserts ». Bull. Serv.
Carte géol. de France, n° 65, X, mai 1898.
1908 PLIS DES ENVIRONS DE CHAMBÉRY 349
laisser apparaître un ensemble d'assises appartenant au Kimérid-
gien et au Séquanien.
Une coupe intéressante s'observe sur le chemin qui est à flanc
de coteau, à l'Est de Barby. On trouve la série suivante, en allant
du Nord vers le Sud :
4. Calcaires en petits bancs, esquilleux, à pâte lithographique, de
teinte gris-clair, affleurant dans les vignes au-dessus du chemin
(Tithonique supérieur).
3. Calcaires en gros bancs, rognoneux à la surface, bréchoïdes avec
Aptychus sp., Perisphinctes contiguus CaAruzLo (Tithonique infé-
rieur). ;
2. Calcaires massifs de teinte « café au lait », à taches rosées (Kimé-
ridgien).
1. Marno-calcaires bleuâtres en petits lits (Séquanien).
Les bancs bréchiformes du Tithonique inférieur sont fossilifères
près du hameau de la Roche, où nous avons recueilli de nom-
breux Aptychus et quelques fragments de Perisphinctes. Dans
cette localité, ils sont supportés par des calcaires en gros banes, à
rognons de silex, puis par des bancs de calcaire marneux amenant
la formation d'une petite combe située au Sud du hameau. Le
monticule formant la partie méridionale de cette combe laisse
affleurer des bancs de calcaires où nous avons recueilli quelques
fragments de Phylloceras et de Perisphinctes, malheureusement
mal conservés.
Enfin, près de la ferme du « Frénet » qui se trouve entre le
hameau de La Roche et celui de Bellevarde, Savin a trouvé
Plegiocidaris platispina GauruiEr, du Tithonique de Lémenc
et de Montagnole. De mon côté, j'ai rencontré des débris d’AHo-
plites et de Belemnites, mais spécifiquement indéterminables.
Viennent ensuite, et également plus au Sud, des calcaires esquil-
leux et des calcaires de teinte bleuâtre appartenant au Tithonique
supérieur. Ces derniers s'appuient sur les. schistes et marno-
calcaires berriasiens du vallon de Bellevarde (fig. 2).
L’anticlinal est ici complet et nullement faillé, il se couche sur
le synclinal qui lui succède au Sud et que nous décrirons plus loin.
Si au lieu de gravir le versant de la chaîne nous nous dirigeons
vers le Nord, en suivant la route conduisant de Barby au château
de la Bâthie, nous verrons succéder aux calcaires esquilleux
(n° 4) de la coupe précédente des marno-calcaires inclinant au
Nord-Ouestet alternant avec des marnes bitumineuses. Nous les
rapportons à la partie tout à fait supérieure du Tithonique. Ils
sont surmontés par les couches de Berrias que l’on voit afileurer
350 J. RÉVIL 15 Juin
à la jonction des routes de Leysse et de Barby, en couches inclinant
à l'Ouest. Elles forment le flanc occidental du pli crétacé que nous
avons vu succéder, au bord de la rivière, à l’anticlinal jurassique.
Sur les flancs du Nivollet, ce synclinal crétacé se complète par
la présence des calcaires valanginiens, et se dédouble, formant les
plis que nous avons appelés synclinal du Villaret et anticlinal de
Monterminod ”.
Revenons au Sud. L'anticlinal de la Roche subit entre Barby et
Challes une torsion très brusque et les calcaires du Jurassique
supérieur, qui se présentaient à direction est-ouest et à plongement
nord, passent à direction nord-sud et à inclinaison ouest. Le
niveau supérieur, observé à Barby, disparaît, enlevé par l'érosion,
M'Pennay N
ES CET
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EL FX né CU Sa/ins IRRT
TS NT ÿ AIL = EEE
NAS RhR RÈNE ES IR ST RA
ANNE NS Se REZ
AN S MANN NS SSSR
\\ NS > Re SRE
Ti
Fig. 2. — CouPE DE CURIENNE AU MONT PENNAY, perpendiculaire à la coupe
L
précédente. — 1/35000 env.
Même légende que Fig. 1. — To, Tongrien; X, Kiméridgien; $S, Séquanien.
et la barre rocheuse, qui est la prolongation méridionale du flanc
externe du pli, n'est constituée que par des bancs appartenant au
Tithonique inférieur. Ces bancs se relèvent contre les calcaires
massifs du Kiméridgien et les calcaires marneux du Séquanien.
Ces derniers donnent naissance à une combe gazonnée située en
arrière de la barre, et peuvent s’étudier dans une carrière située,
non loin du château de Challes.
Nous devons ajouter qu'en ce point l'anticlinal de la Roche
passe à un pli-faille et que les assises berriasiennes, qui affleurent
sous le château, semblent buter à l'Ouest contre les bancs séqua-
niens. La végétation et les cultures qui recouvrent le mamelon ne
permettent pas d'établir le fait d'une façon positive. Quant au
flanc occidental du pli, il disparaît ensuite près du hameau de
Chaffard, pour se retrouver, toujours en direction nord-sud, au
1. J. RévinetJ. Vivien. Note sur la structure du Nivollet, etc., loc. cit.
1908 PLIS DES ENVIRONS DE CHAMBÉRY 351
Sud de Challes-les-Eaux, au bord de la route conduisant de
St-Jeoire à la Ravoire, sur le revers oriental de la colline que
nous avons désignée sous le nom de « Rocher Kazar ». On peut
observer dans cette colline, des calcaires à teinte bleue, veinés de
calcite, dans lesquels j'ai recueilli un exemplaire très bien conservé
de Perisphinctes contiguus CaruLLo sp., du Tithonique inférieur.
Ces calcaires sont disposés en bancs de 30 à 50 cms. et sont sur-
montés de calcaires en lits plus petits alternant avec des bancs
marneux. Viennent ensuite, plus à l'Ouest, des calcaires en gros
bancs redressés presque verticalement.
Ce flanc de voûte a été érodé plus au Sud, mais la continuation
doit en être cherchée dans la chaîne du Granier. En eflet, nous
avons observé un lambeau de Jurassique affleurant au milieu des
éboulis de Myans, et jalonnant ainsi la direction du pli. Les assises
se relèvent dans les environs de Bellecombe (Isère) sur les flancs
de la chaîne du Granier où elles atteignent une certaine altitude.
IT. SYNCLINAL DE BELLEVARDE. — Le torrent de Leysse coule
en amont des bancs calcaires de la terminaison périclinale de
l’anticlinal de la Roche, dans des calcaires marneux berriasiens,
se relevant directement contre les couches jurassiques. Ces cal-
caires marneux sont disposés en syncelinal et sont plissotés, dessi-
nant même une voûte qui est d'une admirable netteté.
Des couches de même nature affleurent près du pont de la route
de Puigros, où elles inclinent au Nord-Est sur la rive gauche,
tandis qu'elles plongent au Sud-Ouest sur la rive droite. Le
synclinal est ici très aigu; il se continue en s’élargissant dans la
direction de Curienne, donnant alors naissance, au Sud de ce
village, à une combe limitée au Nord-Ouest et à l'Ouest par les
calcaires jurassiques de l’anticlinal que nous venons d’étudier, à
l'Est et au Sud-Est par les assises compactes du mont St-Michel
que nous décrirons plus loin. Ensuite, les couches crétacées vien-
nent passer près de la ferme de Bellevarde, sur le versant domi-
nant Challes-les-Eaux, où le pli s’accidente d’un anticlinal secon-
daire jurassique, — qu'ont décrit MM. Hollande et Vivien —, et
dont la charnière se montre à l'Ouest de cette ferme. Ce pli secon-
daire se continue au Sud, mais en se tordant assez brusquement.
En remontant de Challes-les-Eaux à Bellevarde, on peut voir, sur
le chemin, les bancs jurassiques passer de l'inclinaison nord-ouest
à l'inclinaison ouest, puis, à l’entrée de la cluse de la Boisserette.
on voit ces mêmes bancs dessiner un anticlinal et un synclinal
très bien conservés. Le pli se continue sur le flanc occidental de la
colline de St-Jeoire. L'on observe, en effet, près de la maison
352 J. RÉVIL 15 Juin
d'école de ce village, les assises jurassiques plongeant à l'Est,
tandis que les gros bancs, dominant la vallée, se présentent à
inclinaison inverse.
Les assises de Berrias qui afileurent près de la ferme de Belle-
varde et qu'entaille un chemin conduisant à Curienne ont livré à
M. Hollande un certain nombre de fossiles dont il a donné la liste
suivante : Perisphinctes Richteri, Phylloceras semisulcatum,
Hoplites privasensis, H. Malbosi, H. Euthy mi, H. occitanicus,
Pecten Euthymi, Rhynchonella Malbosi, Collyrites Malbosi,
Terebratula Diphyoides *.
J'ai moi-même recueilli quelques exemplaires assez bien con-
servés de Hoplites occitanicus Picrer sp., Hoplites PBoissteri
Picrer sp., Pecten Euthymi Picrer, Rhynchonella Malbosi
PIcTET.
Cette faune appartient incontestablement à l'Infra-Valanginien
(— Berriasien) et les bancs marneux qui la renferment succèdent
à des calcaires gris foncé où j'ai trouvé Hoplites privasensis
Picrer, calcaires qui ici, comme dans tous les environs de Cham-
béry, appartiennent à la partie supérieure du Tithonique. Ces der-
nières assises se retrouvent sur l’autre flanc du synclinal où elles
s'enfoncent sous les calcaires compacts de l'anticlinal de la Roche.
Il n’y à pas non plus ici de faille. comme l'indique la carte géolo-
gique, où l'extension des couches berriasiennes a été considé-
rablement exagérée.
IIT. ANTICLINAL DU MONT SaiNtT-Micnez. — La rive gauche du
torrent descendant de la Thuile laisse apercevoir, sous les maisons
du hameau de Boyal, des calcaires en gros bancs qui appartiennent
au Jurassique supérieur et se présentent à inclinaison nord est.
Les calcaires ne se retrouvent pas sur l’autre rive où ne se mon-
trent que des dépôts glaciaires, et ils disparaissent à l’Est sous les
marno-calcaires berriasiens. Ces derniers peuvent s’étudier dans
les berges des torrents situés plus au Nord, où ils se présentent
avec des inclinaisons diverses, dessinant des plis secondaires qu'il
est assez difficile de suivre, par suite du petit nombre d’afileure-
ments. Quant aux calcaires jurassiques, ils se poursuivent au Sud,
formant le versant sud-est de la combe de Curienne, — dont
nous avons parlé, — puis vont constituer le point culminant du
massif le « mont St-Michel », où les couches bréchiformes et
rognoneuses aflleurent derrière la chapelle en bancs plongeant à
1. HozzaANDe. L’Infra-Néocomien au Mont St-Michel. Bull. Soc. hist. nat.
Savoie, (1), I, p. 144, 1383.
2
105 PLIS DES ENVIRONS DE CHAMBÉRY 353
l'Ouest. Elles sont surmontées d'assises ayant la même inclinaison
et forment le versant abrupt dominant Challes. Par contre, si l'on
se dirige vers l'Est, on voit passer au-dessous des assises titho-
niques, des calcaires en gros bancs alternant avec quelques lits
marneux (Kiméridgien), puis en contre-bas de Montmarlet et en
descendant sur la Boiïsserette, les calcaires en petits lits du Séqua-
nien, ainsi que les schistes argileux du Rauracien. C'est au niveau
de ces dernières assises que coule le torrent.
L'’anticlinal est ici profondément érodé et, comme nous l’avons
dit, c’est dans son axe qu'est creusée la partie haute du vallon de
la Boisserette. Le versant oriental de ce vallon montre une série
d'assises inclinant à l'Est et qui forment le bas de l’abrupt rocheux
que nous avons désigné sous le nom de montagne de la Thuile.
Quant au flanc occidental du pli, au mont Saint-Michel, il pré-
sente des couches plongeant vers l'Ouest et se continue au Sud
par le monticule des Tours de Chignin, situé à l'Est du village de
St-Jeoire-Prieuré.
L'étude de ce monticule effectuée en se dirigeant de l'Est à
l'Ouest, permet d'observer la série suivante :
»
rene,
\
x
7 ÈK à
KA
7 NS NA
7. HI AS AS S
22 f, AU .. NASSANNS K
Fig. 3. — Coups DE BARBY A MONTGELLAZ. — 1/35000 env.
Même légende que Fig. 1 et2. — Ra, Rauracien; Ag, Argovien (— Oxfor-
dien supérieur). =
1° Calcaires en petits lits (Séquanien).
2° Calcaires en gros bancs formant la partie culminanie de la colline
(Kiméridgien).
3° Calcaires en petits lits, de teinte bieuâtre, alternant avec des
bancs marneux. Ces assises affleurent près de la chapelle St-
Anthelme, et se poursuivent sur le versant occidental, au-dessus du
vignoble et sont, par places, assez fossilifères (Tithonique inférieur).
4° Calcaires blonds en bancs plus compacts.
5° Calcaires esquilleux et calcaires de teinte bleuâtre à Hoplites pri-
vasensis (Tithonique supérieur).
10 Oct. 1908. — T. VII. Bull. Soc. Géol. Fr. — 23.
354 J. RÉVIL 15 Juin
Ces deux dernières assises, qui représentent le Tithonique supé-
rieur, près de la maison d'école de St-Jeoire, passent à l'inclina-
tion inverse et dessinent un synclinal à noyau berriasien devant
être considéré comme la continuation de celui de Bellevarde.
Le pli disparaît au Sud, au milieu des alluvions glaciaires de
Chignin, bien développées, près de la gare des Marches.
IV. SyNcziNAL DU VERNET. — La barre rocheuse qui domine
le hameau du Fornet, sur le flanc est du vallon de la Boisserette,
est constituée par des calcaires appartenant au Kiméridgien et au
Tithonique. Ces calcaires pointent au milieu d’assises plus
anciennes (Séquanien) et sont donc disposés en synclinal au
milieu de celles-ci. Ce pli se continue au Sud, dans la direction de
Montmélian, et peut s'étudier facilement à l’Est du vignoble de
Chignin, en remontant le sentier par lequel on peut se rendre sur
le plateau de la Thuile.
On observe alors la succession suivante :
1° Schistes marneux bleuâtres (Rauracien).
2 Calcaires en petits lits alternant avec des marnes (Séquanien).
3 Calcaires compacts en bancs de 30 à 5o cms. (Kiméridgien).
4° Calcaires en petits lits avec marnes intercalées, semblables au n° 2
(Séquanien).
5° Calcaires compacts en bancs de 30 à 50° cms.
6 Calcaires en bancs massifs, à stratification peu | Kiméridgien.
apparente avec Phylloceras Loryi M.-Cux. sp.
7° Calcaires bréchiformes formant le sommet de la
falaise et facilement délitables
8° Calcaires esquilleux, blond clair, se montrant
en arrière de l’arète.
Tithonique.
Cette succession permet de constater qu'ici encore, les bancs de
calcaire compact (Kiméridgien) formentun synclinal au milieu des
assises plus anciennes. Ce synclinal se continue vers le Midi où il
se complique en donnant naissance, au-dessus de Montmélian, à ces
nombreux replis figurés par de Saussure (« replis de la Sava yarde »)
et qu'a également décrits M. Lugeon. D’après ce dernier auteur, un
petit synclinal secondaire s’y présente avec un noyau berriasien ;
le flanc normal est formé par du Kiméridgien que recouvre «un
chapeau » de Tithonique. En outre, à la Roche du Guet, le
Séquanien présente aussi de nombreux plissements.
V. ANTICLINAL DE MONGELLAZ. — Près du village de Puigros
existe une barre rocheuse consistant en bancs calcaires redressés
presque verticalement et appartenant au Tithonique. Ces calcaires
1908 PLIS DES ENVIRONS DE CHAMBÉRY 355
disparaissent au Nord en s’enfonçant sous les couches plus mar-
neuses du Berriasien qui forment le soubassement du Margériaz.
Elles se poursuivent au Sud et peuvent s'étudier au bord du chemin
conduisant à Vernet où les calcaires rognoneux du Tithonique
inférieur sont surmontés de calcaires en gros bancs.
Une petite voûte, — prolongement de cette crète — s’observe
sur la rive droite du torrent, en amont du point de jonction des
routes de Puigros, Curienne et de la Boisserette. Le Tithonique s’y
présente en bancs inclinant vers le Nord-Ouest ; il s'appuie contre
des bancs massifs représentant le Kiméridgien et des calcaires en
petits lits, supportant une série d'assises semblables à celle que
nous venons d'énumérer.
Les bancs séquaniens se continuent sur le chemin de Montgellaz
et forment au Sud de ce village le versant gazonné que dominent
les calcaires kiméridgiens et tithoniques du sommet de la falaise.
Ils s’accidentent plus au Sud de plis secondaires et l’anticlinal à
noyau séquanien vient se former dans la paroi rocheuse dominant
Montmélian, en se réunissant à des assises du même âge qui for-
ment un autre pli sur le versant occidental du vallon de Cruet.
Entre ces deux plis jurassiques se trouve le synclinal surélevé de
la Thuile, dont la continuation septentrionale se suit par les vallées
d'Aillon et de Lescheraines, où il se réunit à celui des Déserts, et
par la vallée de Leschaux, jusqu’au lac d'Annecy. fl ne renferme
dans sa terminaison méridionale que des assises infra-valan-
giennes plongeant de tous côtés vers l’axe du pli.
Au Nord du village de la Thuile, ces assises servent de soubas-
sement à la cime «Servan », où le synclinal, en temps qu'il
affecte les couches urgoniennes, se ferme à la « Combe-Noire »,
point où se réunissent les deux barres urgoniennes formant les
deux flancs du pli. Plus au Sud, les assises berriasiennes et juras-
siques présentent la même disposition et constituent ainsi une
cuvette synclinale (dômeinverse) venant se terminer à Montmélian,
à l’entrée de la vallée du Graisivaudan.
IV. CONCLUSIONS.
Une des particularités géologiques les plus remarquables des
chaînes calcaires savoisiennes est la désharmonie existant entre
les plis superficiels et les plis profonds. Dans le massif que nous
venons d'étudier, ce fait se complique d’une torsion des plis infé-
rieurs et du déversement au Sud-Est de quelques-uns d’entre eux.
Comment expliquer cette curieuse structure ?
D'après nous, cette disposition serait due à des mouvements
356 J. RÉVIL 15 Juin
de divers âges et de diverse nature. Une première phase de bossel-
lement se serait produite vers la fin des temps crétacés, et ce serait
sur un terrain déjà accidenté que se seraient effectués les mouve-
ments tangentiels néogènes, amenant la formation de plis plus
nombreux. Il y aurait donc eu édification première de dômes puis,
dans le cas qui nous occupe, leur remaniement avec déversement
et torsion vers l’intérieur des Alpes.
Des affaissements postérieurs aux plissements et s’exerçant
sur des couches d’inégale homogénéité auraient ensuite donné
naissance aux nombreux contournements que nous avons signalés,
et qui se sont moulés sur les flancs de la voûte jurassique.
L'existence de dômes prénummulitiques dans les massifs cal-
caires de la Savoie nous semble confirmée par les ondulations
axiales, ainsi que la terminaison périclinale de la plupart de nos
chaînes (Corbelet, Chambette, Semnoz). La présence de conglomé-
rats (brèches éocènes et aquitaniennes, poudingues miocènes), à
la base de nos niveaux tertiaires, montre qu'il existait des saillies
anticlinales qui ne furent que partiellement arasées et devaient
former des récifs et des hauts fonds au milieu des mers tertiaires.
C’est ensuite sur l'emplacement de ces anciens dômes que lors des
mouvements tangentiels néogènes, les phénomènes de plissement
se produisirent avec une intensité exceptionnelle, se signalant plus
spécialement par des phénomènes de torsion et de chevauchement.
Une nouvelle phase de dislocation consistant en affaissement de
massif plissé se produisit postérieurement. Elle nous est prouvée
par la faille longitudinale des Bauges signalée par M. Lugeon, près
de laquelle, aux environs du col de Chéral, les plis jurassiques
sont comme écrasés par la masse urgonienne d’Arcallod. Elle nous
est prouvée encore par les nombreuses failles transversales obser-
vées en de multiples localités, aux environs d'Aix et de Chambéry,
et par les replis des couches infracrétacées, à la base des abrupts
urgoniens.
C'est à cette nouvelle phase que nous rapportons les plis acci-
dentant certains synclinaux tertiaires (synclinal de Trélod, syn-
_clinal du Désert). Ces plis superficiels ont un autre style que ceux
de la profondeur, n'ayant pas subi la même surcharge et étant sépa-
rés d'eux par les masses urgoniennes non plastiques.
Des faits analogues s’observent également dans les chaînes du
Jura situées à la limite de nos massifs subalpins, et peuvent être
interprétés de la même manière. En eflet, la cluse du Fier, entre
Seyssel et Rumilly, montre de nombreux plis dans les assises
jurassiques formant le noyau de la voûte, plis qui ne se retrou-
1908 PLIS DES ENVIRONS DE CHAMBÉRY 357
vent plus dans les bancs crétacés. On a encore ici l'impression
bien nette que les mouvements tangentiels tertiaires se sont exercés
sur des assises qui n'étaient pas d’une horizontalité absolue. Elles
avaient été affectées de mouvements ayant produit des bombe-
ments, puis furent soumis à des plissements d’une certaine inten-
sité et enfin à des affaissements dont les effets se manifestent plus
spécialemert sur les couches plastiques (couches séquaniennes)
comprises entre des roches plus compactes.
Cette phase d’affaissement sur laquelle, d’après nous, on n’a pas
suflisamment insisté, a laissé des traces indiscutables dans la plaine
tertiaire des environs de Chambéry ’. Elle serait concomitante et
peut-être la cause des mouvements épirogéniques qui, d’après
M. Bruckner, ont produit la surrection du Jura pendant le Pliocène.
Quoi qu'il en soit de cette dernière conception, nous croyons
pouvoir conclure que les mouvements horizontaux et verticaux
ayant affecté les terrains de la bordure des Alpes ont été multiples
et successifs; ils se sont probablement continués jusqu’à une
époque relativement récente.
1. Je reviendrai sur cette question dans un prochain travail.
SUR UNE SCUTELLINE NOUVELLE DE L'ASIE CENTRALE
PAR Cottreau ET Alexat
PLANCHE V (fig. 1 à r2)
M. David Ilovaïsky a communiqué à M. Cottreau quelques
échantillons d'un intéressant Échinide provenant de l'Asie
centrale. Ces échantillons ont été recueillis par M. Alexat.
L'Échinide, qui appartient au genre Scutellina, constitue une
espèce nouvelle dont voici la diagnose :
SCUTELLINA (PORPITELLA) ALEXATI n. SP.
Planche V, fig. 1-12
Cette Scutelline de taille moyenne, paraissant subcirculaire,
est en réalité légèrement allongée suivant son diamètre antéro-
postérieur. À l’ambitus les bords, dont l'épaisseur ne dépasse pas
1 millimètre, se montrent plus ou moins sinueux. La face
inférieure plane est légèrement concave près du péristome, la
concavité augmentant dans le sens antéro-postérieur avec la taille
des individus. La face supérieure régulièrement déclive sur
les côtés est brusquement renflée et conique au centre correspon-
dant à l'appareil apical.
Ce dernier présente une grande plaque madréporique avec
quatre pores génitaux disposés en trapèze. Aires ambulacraires
très ouvertes avec zones porifères pétaloïdes lyriformes : l’ambu-
lacre impair est le plus large et le plus ouvert. Les pores
simples disposés par paires, tous égaux, sont au nombre de dix-
neuf environ par rangée dans chaque ambulacre. Les zones
porifères se terminent, dans la partie antérieure à 1 mm. 1/2, de
l'ambitus et, dans la partie postérieure, à 2 mm. seulement.
Le périprocte petit, arrondi, placé à la face supérieure. s'ouvre
d'une facon constante chez tous les individus étudiés entre 1 mm.
et 1 mm. 1/2 du bord postérieur.
Le péristome central, dont les bords sont arrondis, est subpen-
tagonal; il est placé au centre de la face inférieure dans l’axe de
l'appareil apical.
Le test porte des tubercules imperforés subscrobiculés petits,
nombreux et serrés sur la face supérieure, plus développés et
moins abondants sur la face inférieure. La granulation intermé-
diaire est homogène.
1908 SCUTELLINE DE L’ASIE CENTRALE 359
Rapports et différences. — Scutellina Alexati présente à
première vue de grands rapports avec Scutellina supera AG. de
l’Eocène du bassin de Paris par la position du périprocte et l’orne-
mentation générale du test. Elle paraît plus voisine encore de
Scutellina Morgani Cort. décrite de l’Eocène du mont Gambier
(Australie) ! par sa forme générale plus circulaire, moins oblongue
que chez Scutellina supera AG. et aussi par sa face supérieure
conique.
Scutellina Alexati se distingue toutefois facilement de ces deux
espèces. Elle est caractérisée principalement par ses zones pori-
fères lyriformes, ses ambulacres très ouverts; un test mince à
bords peu épais et sa face supérieure s'élevant brusquement dans
la région de l’apex, tandis que. chez Scutellina Morgan, la
convexité de cette face va régulièrement en croissant à partir de
l’ambitus.
Niveau. — Toutes les Scutellines connues jusqu'ici provien-
nent des terrains tertiaires inférieurs et moyens. Scutellina supera
AG. et Scutellina Morgani Cort. sont de l’'Eocène.
Localité. — Sel-Rokho à 10 kilomètres au Sud de la station de
Melnikovo (chemin de fer de l'Asie centrale), territoire de Fer-
ghana, district de Kokan, commune de Kakharame.
La gangue est un calcaire blanc gréseux pétri de ces Scutellines.
M. Alexat a fourni les documents stratigraphiques ci-dessus
sur les couches calcaires de Ferghana.
La zone à Scutellina se trouve à Sel-Rokho, au dessous de la
série à Gryphæa Kauffmanni (Romanowski). L'âge de ces der-
nières couches n’est pas encore défini d'une manière rigoureuse.
D'après l'opinion la plus répandue, ce sont des couches de ‘ransi-
tion entre le Crétacé et le Tertiaire.
La découverte de Scutellines dans les couches supérieures de
l'étage de Ferghana est donc particulièrement intéressante car, si
la série des couches est normale, l'étage de Ferghana doit être
rapporté au Tertiaire. M. Ilovaïsky pense qu'il est difficile d'ad-
mettre un pli renversé parce que, de cette facon, il faudrait
admettre une tectonique trop compliquée.
1. Correau. Echinides nouveaux ou peu connus. Mém. Soc. Zool. de
France, t. IV. p. 158, pl. xx, fig. 10-14.
NOTES SUR QUELQUES ECHINIDES DE LA HAUTE-GARONNE
par J. Lambert
PLANCHE V (fig. 13 à 15)
Il
Après avoir examiné dans une note précédente! un certain
nombre d’Echinides du Crétacé supérieur des environs de
Boussens, il me reste à jeter un coup d'œil sur ceux du Calecaire
à Miliolites et à résumer dans un tableau la répartition des diverses
espèces pour en tirer quelques conclusions plus générales et justi-
fier les divisions stratigraphiques adoptées.
CALCAIRE A MILIOLITES
Le calcaire à Miliolites, comme le calcaire à Lithothammium et
le calcaire oolithique lui-même, n’est pas caractéristique d’une
assise déterminée. Il peut donc se retrouver à différents niveaux
dans la série des terrains, et sous ce nom je n’entends m'occuper
ici que de celui qui, dans les Pyrénées centrales, recouvre immé-
diatement le Garumnien. Ce calcaire constitue, dans la Haute-
Garonne et l'Ariège, une assise parfois épaisse de 60 mètres et que
tous les auteurs ont attribué à l'Eocène. Il renferme sur certains
points une faune remarquable d'Echinides, surtout d’'E£chinanthus
déprimés qui s'y rencontrent à profusion. Cet horizon se retrouve
à la base de: couches à Nummulites jusque dans l'Aude, où il ne
forme plus qu'un lit insignifiant. mais qui reste le gisement
ordinaire des Plesiolampas.
Il importe d'ailleurs de distinguer pour la région qui nous
occupe deux calcaires à Miliolites. Le principal, celui du Fréchet,
de Belbèze et de Fabas, est nettement supérieur aux marnes à
Micraster tercensis : l'autre, qui serait sur certains points intercalé
dans ces marnes, bien qu'il renferme la même faune d’Echinides
que le premier * ; on le rencontrerait seulement sur le revers sud
du massif d'Ausseing.
1. Note sur quelques Echinides de la Haute-Garonne : première partie,
B.S. G. F., (1), VI, p. 695, 1906.
2. On a cité, mais à tort, Micraster tercensis dans le calcaire à Miliolites.
La gangue des individus communiqués prouve que ces individus ne prove-
naient pas de ce calcaire si facile à reconnaître.
1908 ÉCHINIDES DE LA HAUTE-GARONNE 361
Leymerie a eu la sagesse de ne pas se prononcer d'une façon
formelle sur l’âge relatif du calcaire à Miliolites, rattaché seule-
ment à son Nummulitique. Cotteau en a rapporté les Echinides à
l'EÉocène moyen. Mais rien ne prouve que cette couche ne soit
pas plus ancienne et ne doive pas être placée plutôt à la base
des terrains tertiaires, où elle correspondrait au Montien. Cette
hypothèse, déjà formulée dans mes « Notes sur quelques Échinides
de l'Aude et de l'Hérauit ! », trouverait sa justification dans ce fait
que partout les Plesiolampas et les Echinanthus déprimés sont
caractéristiques des couches de passage du Crétacé au Tertiaire.
Me réservant de revenir sur cette question à la fin de cette
étude, j’examinerai d'abord les Echinides de ce niveau.
1. DOROCIDARIS BAZERQUEI LAMBERT n. sp. (pl. V, fig. 13). —
Diamètre 52 mm., haut. 35. Grande espèce assez haute, circulaire,
portant de hautes plaques inter-ambulacraires, au nombre de six à
sept par série. Tubercules bien développés, perforés, sans trace de
crénelures, avec scrobicules circulaires entourés d’un cercle de
granules assez gros, allongés vers le scrobicule ; des granules
miliaires larmiformes fins, serrés, quelques-uns mamelonnés, mais
non sériés, occupent la zone miliaire et une bande étroite adambu-
lacraire. En dessus l’une des dernières plaques est particulièrement
haute et celle de la série opposée plus petite ne porte qu'un tubercule
atrophié. Sutures des plaques bien apparente, surtout la médiane
qui est un peu déprimée; pas de fossettes distinctes aux sutures
horizontales. Ambulacres étroits, très flexueux, dont les pores sont
nettement séparés par un granule allongé. Chaque plaque porte
dans la zone interporifère un granule externe auquel est comme
accolé un second granule. A l’ambitus il y a parfois (pas dans tous
les ambulacres) un troisième granule plus petit accolé aux précé-
dents, tantôt d’un côté de l’aire, tantôt de l’autre. Suture médiane
bien distincte, un peu enfoncée, avec quelques rares granules
microscopiques.
Cette belle espèce. qui rappelle le C. Forchhammeri Desor du
calcaire pisolithique de Montainville, s'en distingue facilement par ses
plaques interambulacraires moins hautes, au nombre de six au lieu de
cinq par série, ses zones porifères moins étroites, les interporifères
ornées de granules différemment disposés. Les Dorocidaris crétacés du
groupe du Cidaris subvesicul sa ont leurs granules ambulacraires en
séries plus distinctes et ceux de la zone miliaire interambulacraire
nettement sériés.
Localité. — Le Fréchet ; très rare. Collection Bazerque.
1. LamBerT in Doncteux. Catalogue descriptif des fossiles Nummulitiques
de l’Aude et de l'Hérault, 1, p. 144, Lyon, 1903.
362 J. LAMBERT 15 Juin
2. CONOCLYPEUS LEYMERIEI CorrEAU. — Leymerie a cité dans
le Calcaire à Miliolites deux Conoclypeus, C. Leymeriei et C.
prrenaicus, créés par Cotteau dès 1856. Mais le savant Echinolo-
giste, dans la « Paléontologie française », a réuni le premier au
C. conoideus LEske (Cly peus) et cite le second à la fois dans le
calcaire à Miliolites et dans le Nummulitique de l’Aude et de
l’Aragon'. Il y a évidemment dans tout cela des confusions
fâcheuses, et qu’il importe de faire cesser.
Or les deux espèces, C. Leymeriei et C. pyrenaicus ont été établies
pour des individus des bords de la Louine à Cassaigne, et la première
se distingue d’après Cotteau par sa forme plus large, plus conique,
moins rétrécie en arrière et ses ambulacres moins étroits. Elles ont été
pour la première fois figuré en 1865 par Ooster ? (le C. Leymeriei,
pl. xxi, fig. 1, et le C. pyrenaicus, pl. x1x, fig. 1, d’après un moule en
plâtre, V, 5), dont les ambulacres étaient indistincts. Leymerie a figuré
en 1881 le C. pyrenaicus de la Louine ; il a bien la taille et la forme du
type d’Ooster, mais ses ambulacres plus étroits et plus longs sont sem-
blables à ceux du C. Leymeriei. Dans la « Paléontologie française » le C.
Leymeriei a été figuré sous le nom de C. conoideus (pl. 256, fig. 2)
et le C. pyrenaicus aux planches 257 et 258. Or un examen attentif des
descriptions et des planches de Cotteau ne permet pas de maintenir la
séparation des deux espèces, ni la réunion du C. Leymeriei au C.
conoideus. Cotteau a lui-même très soigneusement indiqué les diffé-
rences qui séparent ces deux espèces. Quant au C. pyrenaicus, ce n’est
qu’un individu un peu plus petit, moins conique du C. Leymeriei,
La cause évidente de ces erreurs est l’attribution aux espèces du
calcaire à Miliolites de divers Conocly peus du terrain nummulitique de
l’Aragon. Ceux-ci rapportés en 1888 au C. Leymeriei : l'ont été en 1889
au C. pyrenaicus ‘. Or, il y a en Aragon deux formes de Conoclypeus
oblongs du Nummulitique. L'une à ambulacres plus déprimés et plus
étroits, zones porifères, moins larges. a aussi ses bords plus largement
arrondis ; elle devra, lorsqu'elle aura été figurée, recevoir un nom par-
üculier. L'autre a été figurée à la planche 259 de la Paléontologie fran-
çaise et assimilée au C. pyrenuicus. Mais cette assimilation est tout à fait
fâcheuse. L'espèce d'Aragon est plus allongée, plus rétrécie en arrière
et a ses ambulacres plus déprimés. Elle est d’ailleurs trop différente
des C. conoideus et C. costellatus pour leur être simplement réunie et
il conviendrait de lui donner un nom particulier. On pourrait l'appeler
C. Cotteaui en mémoire du savant qui en a le premier si bien indiqué les
caractères.
1. Paléontologie française. Terr. tertiaire. Échinides éocènes, II, p. 208 et
210 ; 1891. j
2. OostEr. Synopsis des Échinid. foss. des Alpes suisses, p. 89 et 86; 1865.
3. CorrEeAu. Echinides éocènes d'Aragon, p. 5. À. F. À. S., Toulouse.
4. CorreauU. Échinides recueillis dans la province d'Aragon, p. 50 ; 1889.
1908 ÉCHINIDES DE LA HAUTE-GARONNE 363
Il convient donc de maintenir à l'espèce du calcaire à Miliolites
le nom de C. Leymeriei avec la synonymie sommaire suivante :
Conoclypeus Leymerianus Correau. Catal. des Echin. foss. des Pyrénées,
P. 78, 1856.
— pyrenaicus CoTrEAU. Op. cit., p. 18.
— conoideus (pars.) var. Leymerianus Desor. Synopsis des
Echin. foss., p. 319 ; 1857.
= pyrenaicus DEsor. Op. cil., p. 321 ; 1558.
- Leymerianus Correau. Echin. foss. des Pyrénées, p 113; 1865.
— pyrenaicus CorrEAU. Op. cil., p. 113.
— pyrenaicus Oosrer, Syn. des Echinod. des Alpes suisses, p. 86,
pl. xix, fig. 1 ; 1865
— Leymerianus Oosrer. Op. cit , p. 89, pl. xx1, fig. 1.
— pyrenaicus LeyMERIE. Descript. des Pyrénées de la Haute-
Garonne, p. 818, pl. Z*, fig. 5 a-b; 1887.
— Leymerianus LEYMERIE. Op. cil., p. 818.
— conoideus (pars.) var. Leymeriei CorTeAU. Paléont. franc. terr.
tert. Echin. éocènes, IL, p. 200, pl. 256, fig. 2, 1897.
_ pyrenaicus CorreAU. Op. cit., p.310, pl. 257 et 258.
Le €. Ley meriei ainsi compris est sans doute voisin du C. conoi-
deus, mais il en diffère par sa forme moins haute, plutôt surbais-
sée, plus élargie, moins rostrée en arrière, ses ambulacres
subdéprimés, ses tubercules moins serrés en dessus. Autant que
l’on en peut juger d’après les individus que j'ai sous les yeux,
l'espèce devait être dépourvue de mâchoires et rentrerait plus pro-
bablement dans le genre Heteroclypeus de Cotteau. Je ne puis
cependant rien affirmer quant à présent. à
Localité. — Le Fréchet ; rare. Le type était de la vallée de la Louine
à Cassaigne et Cotteau a cité l’espèce à Belbèze.
Genre Plesiolampas DUNCAN et SLADEN
Après les explications que j'ai données l’année dernière sur le
genre Oriolampas je n'ai pas à revenir ici sur son histoire.
li me suffit de constater, grâce aux renseignements qu’a bien voulu
me fournir M. Holland, Directeur du Geological Survey of India, que
le genre Plesiolampas, créé par Duncan et Staden, dans le premier fas-
cicule des « Echinoïidea of Western Sind ? », a été publié à Calcutta le 22
février 1882, tandis que le genre Oriolampas n’a été proposé par Munier-
Chalmas qu’en août 1882, six mois plus tard.
Cotteau, il est vrai, admit la validité des deux genres, parce que
l’un, Plesiolampas, aurait ses tubercules imperforés et incrénelés € non
mamillated, imperforate, non crenulate », disent ses auteurs, tandis
1. LAMBERT in Doncreux. Catalogue descriptif des fossiles nummulitiques
de l'Aude et de l'Hérault, p. 149.
2. Paleontologia indica, XIV, vol. I, 3.
364 J. LAMBERT 19 Juin
que l'autre les aurait crénelés et perforés. Mais si l’on réfléchit que tous
les Cassiduloida ont leurs tubercules crénelés et perforés. l’exception
signalée par Duncan paraît tout à fait singulière; elle devient extré-
mement problématique dès que l’on examine quelques espèces fran-
çaises et exotiques.
Chez P. Michelini Cotreau (Amblyprgus) les tubercules, profon-
dément scrobiculés, présentent un cône très haut, à sommet arrondi
sur lequel se dresse un très petit mamelon perforé, à col crénelé, très
étroit et très facilement caduc. Ce mamelon est assez distinct chez les
gros individus de la Haute-Garonne à la taille de 60 à 80 mm Mais
sur des individus plus petits, ou un peu frustes, on ne distingue plus
ni crénelure, ni perforation. Ces petits Oriolampas Michelini deviennent
donc de vrais Plesiolampas. Mais chez d'autres espèces, comme P.
Paquieri de l'Afrique centrale, les tubereules moins développés ont
généralement perdu leur mamelon ’ et présentent bien l’aspect décrit
par les auteurs anglais, qui me paraissent avoir pris pour un caractère
générique un simple accident de fossilisation. Dans ces conditions, les
motifs invoqués pour légitimer le maintien des deux genres semblent
insuflisants et je considère comme préférable de réunir Oriolampas à
Plesiolampas.
3. PLESIOLAMPAS MICHELINI Correau (Amblyprgus). — J'ai
recueilli cette espèce au Fréchet ; M. Bazerque en a trouvé dans
le lit de la Garonne, à Boussens, un individu de 88 mm. de
longueur. Leymerie l’a citée dans le massif d’Ausseing et de St-
Michel, Cotteau à Cérizols. Montardit, le Mas d’Azil. Hébert
l'avait rencontrée près de Lauer (Landes) et on l’a signalée à
Aurignac, dans l'Aude, l'Alava et le Vicentin.
4. PLESIOLAMPAS HEBERTI GorrEaU (Oriolampas). — Montbe-
raud, Pont de Biholoup, d'après Cotteau; recueilli aussi au Fréchet
par M. Bazerque; le type était de Loutz, près Lauer (Landes).
Genre Echinanthus BREYNIUS, 1732
Cotteau a admis quatorze espèces du calcaire à Miliolites,
toutes caractérisées par teur forme déprimée et leur périprocte sub-
marginal. Munier-Chalmas avait proposé de désigner certaines
d'entreelles sous le nom d’Echinanthopsis *, genre d’ailleurs insuf-
fisamment caractérisé et qu'il me paraît préférable de ne pas
admettre.
Parmi les Æchinanthus du calcaire à Miliolites, Cotteau et Lev-
1. Cette espèce a fait l’objet d’une note annexée à la première partie :
B.S°GE> (9) NI p 60
2. Muxier-CHALMASs in Cotteau. Paléont. franc. Échin. éocènes, II, p. 2;
7889.
w
1908 ÉCHINIDES DE LA HAUTE-GARONNE 365
merie ont cité l'£. scutella LAmarcx (Cassidulus), mais ils ne l’en-
tendent pas de la même façon. Celui de Leymerie correspond à
VE. gracilis Correau. Quant à celui de Cotteau, il est nettement
différent du type du Monte Baldo et de la Provence; il suflit, pour
s’en convaincre, de comparer les figures 5, 6 de la planche 172 de
la «Paléontologie française » avec celles des planches 170 et 171,
qui représentent le vrai £. scutella, plus large, à périprocte moins
bas et ambulacres plus pétaloïdes, moins ouverts et moins étroits.
Cotteau a bien dit que son individu du calcaire à Miliolites de Bau-
lou était parfaitement typique et semblable au moule T°. 84, type de
l'espèce. Maïs, en cela, le savant échinologiste avait commis une
confusion évidente, car le moule T 84 est celui du Æ. sopitianus ;
le moule de l'E. scutella est M. 22 d’après un individu de France,
mais il ne correspond pas au type qui était du Véronnais.
L'£. scutella est done à supprimer de la liste des espèces du
calcaire à Miliolites.
Quant à l'individu de Baulou qui lui a été à tort réuni, il me
paraît devoir être rattaché au Æ. arizensis CorrEau, à litre de
variété moins large et à face supérieure plus déclive.
J'estime d’ailleurs que Cotteau a un peu trop multiplié ses
espèces d'Æchinanthus du calcaire à Miliolites et je n'hésite pas à
proposer la réunion de plusieurs d’entre elles. Il en est une
toutefois sur laquelle je ne saurais me prononcer, ne la connaissant
pas en nature ; c'est l'E. latus Correau (Pygorhynchus), repré-
senté par un individu unique de provenance inconnue, figuré en
1888 dans la « Paléontologie française » (pl. 180). Il est douteux
que cette espèce appartienne réellement à la faune des calcaires à
Miliolites.
5. ÉCHINANTHUS SUBROTUNDUS Correau (Pygorhynchus).
Le type de Fabas, dont le moule porte le n° V. 92, a été figuré dans
la « Paléontologie française » (Echin. éocènes, pl. 173, ae , 4).
C'est une forme déprimée avec ambulacres assez nee bien péta-
loïdes ; apex un peu excentrique en avantet périprocte marginal
échancrant le bord. Cotteau lui a réuni en 1863 un individu un peu
plus grand, plus circulaire, moins déprimé, à apex moins excen-
trique et pétales plus régulièrement divergents (Echin. loss. des
Pyrénées, pl. ui, fig. 6, 9). En 1888 l'espèce est toujours assez
largement comprise et Cotteau lui rapporte une variété plus
convexe, circulaire, à apex subcentral (pl. 195, fig. 1, 3).
Il est probable que si l'on disposait de matériaux suflisamment
étendus l’on arriverait à réunir à cette espèce l’Æ. arizensis COTTEAU et
peut-être même l’ÆZ. Pouechi. I paraît même bien diflicile de séparer de
366 J. LAMBERT 15 Juin
certaines formes de l’Z. subrotundus l'individu rapporté par Cotteau
à son Æ£. arizensis et représenté aux figures 2, planches 178 et 1, 3,
planche 179 du même ouvrage.
Localités. — Le Fréchet, Montberaud, lit de la Garonne à Boussens,.
Aurignac, Pont de Biholoup. Leymerie le cite à Martres, dans le massif
d’Ausseing et à St-Marcet, Cotieau à Marsoulas, Sabarat, Fabas,
Camarade, Le Mas d’Azil.
Leymerie et M. Carez ont déclaré avoir recueilli cette espèce à un
niveau inférieur, dans un calcaire à Miliolites intercalé, notamment à
Biholoup, au milieu des marnes à Micraster lercensis.
6. ÆÉCHINANTHUS ARIZENSIS CoTTEAU, 1888. — Le type du
Mas d’Azil a été figuré aux planches 179 et 178, figure 1, des Echi-
nides éocènes dans la « Paléontologie française ». Très voisin du
ÆE. subrotundus, il s'en distingue à peine par sa grande taille, sa
face supérieure moins convexe, ses ambulacres un peu plus larges,
les postérieurs recourbés.
9. ÉCHINANTHUS POUZCHI CorrEAU, 1863. — Le type du Mas
d'Azil a été figuré dans les Echinides fossiles des Pyrénées (pl. 1v,
fig. 9, ro)et depuis dans la «Paléontologie française» (pl. 196). Voi-
sine du Æ. subrotundus, cette espèce en diffère par sa forme plus
ovale, plus déprimée, ses ambulacres plus longs. Peut-être n'est-ce
qu'une variété.
Localités. — Le Fréchet, Mas d’Azil, Rayssac, Sabarat.
8. ÉCHINANTHUS ATAXENSIS CoTrTEAU, 1863. — Le type de
Sabarrat a été figuré dans les Echinides fossiles des Pyrénées
(pl. v, fig. 8, 11). D’autres individus de Montbrun et Marsoulas
ont été figurés dans la « Paléontologie française » (Echinides
Eocènes, pi. 185, 186, fig. 1). Voisin du 7. subrotundus, il s’en
distingue assez facilement par sa forme moins convexe et sub-
carénée en dessus, surtout par ses ambulacres bien plus étroits,
dont les postérieurs ont leurs branches un peu inégales.
L'E. rayssacencis CorrTEAU, 1863, de Rayssac, seulement figuré en
1883 dans la « Paléontologie française » (pl. 186, fig. 1, 2 et pl. 185), ne
saurait être sérieusement distingué du £. ataxensis, et je n'hésite pas à
réunir les deux espèces.
L’E. carinatus CoTTEAU 1889 (pl. 188, 189, fig. 1, 3) paraît bien n'être
lui-même qu’une variété un peu plus haute et plus déclive en dessus du
£. ataxensis.
Il est intéressant de constater ici les rapports qui existent entre l’£.
ataxensis et l'E. Corneti CoTTEAU du calcaire grossier de Mons. L’es-
pèce belge est toutefois plus rétrécie en avant ; son apex est plus excen-
1908 ÉCHINIDES DE LA HAUTE-GARONNE 367
trique et son périprocte, plus petit, s'ouvre au-dessus d’un sillon plus
apparent et moins marginal.
Localités. — Le Fréchet; cité aussi par Cotteau à Montbrun, Mar-
soulas, Belbèze, Aurignac, Rayssac et Sabarat.
9. ÆCHINANTHUS PYRENAICUS CorTEAU, 1863. — Le type de
Sabarat a été figuré dans les Échinides fossiles des Pyrénées (pl. v,
fig. 1, 3), et depuis dans la « Paléontologie française » (pl. 184).
Voisine de l’F. subrotundus, cette espèce s’en distingue par sa
forme plus élevée, son apex un peu moins excentrique en avant et
son périprocte situé plus haut, au sommet d'un sillon subcaréné
sur les bords.
L’Æ. Rousseli Correau, 1888, de Montbrun, figuré à la planche 18r de
la « Paléontologie française », ne diffère du Æ. pyrenaicus que par son
apex un peu plus excentrique et son périprocte dans un sillon moins
nettement circonscrit. Ce sont là des nuances peu importantes et
d'ordre plutôt individuel, en sorte qu'il ne me paraît pas possible de
maintenir l’£. Rousseli comme espèce distincte.
Localités. — Le Fréchet; cité par Cotteau à Sabarat et à Montbrun.
10. ÉCHINANTHUS ARCHIACI COTTEAU, 1863. — Le type de
Lieurac (Ariège). très fruste, en partie à l’état de moule, a été très
restauré aux figures 7, 8 de la planche 1v des Echinides fossiles
des Pyrénées. Il semble mieux figuré en 1889 sur la planche 191
de la «Paléontologie française ».
C’est une espèce extrêmement voisine du Æ£. subrotundus et
qui s'en distingue seulement par sa forme un peu plus haute,
plus déclive en dessus, par son péristome plus petit et plus
pentagonal, surtout par ses ambulacres un peu plus larges, plus
pétaloïdes et tendant davantage à se fermer. C’est en somme
plutôt une variété qu’une véritable espèce.
Localités. — Fabas; cité aussi par Cotteau à Lieurac.
11. ÉCHINANTHUS HEBERTI CorTEAU, 1889. — Le type du
Pont de Biholoup a été figuré à la planche 190 de la « Paléonto-
logie française ».
Cette espèce très déprimée, élargie en arrière, bien que voisine
de plusieurs autres, ne saurait réellement être rapportée à aucune.
E. subrotundus, plus renflé, a ses ambulacres plus larges; il en
est de même de Æ. Pouechi plus ovale. Z. ataxensis, aussi plus
renflé, a ses ambulacres plus étroits, les postérieurs moins longs.
C’est en somme de ce dernier que l'espèce se rapproche le plus.
Localités. — Le Fréchet, Biholoup, Belbèze ; cité aussi par Cotteau
au Mas d’Azil et à Rayssac.
. 568 j. LAMBERT 15 Juin
19. ÉCHINANCHUS COTTEAUI HÉBERT, 1882. — Le type de
Sabarat, d’abord confondu avec le Æ. testudinarius D'ArcHirac
(non Brongniart), a été figuré dans les Échinides fossiles des
Pyrénées (pl. 1v, fig. 11, 14). C’est une petite espèce elliptique,
peu renflée en dessus, apex très excentrique, pétales courts et
étroits et périprocte au sommet d'un sillon bien délimité. En
1889. dans la « Paléontologie française », Cotteau lui a assimilé une
série de petits Æ£chinanthus qui paraissent bien différents avec
leur forme plus renflée, leur apex subcentral et leurs ambulacres
beaucoup plus larges. Ce ne sont très probablement que des
jeunes des espèces précédentes, notamment de l’£. subrotundus
(pl. 192, fig. 1, 6), de l’'Æ. pyrenaicus, var. Rousseli (pl. 192,
fig. 3. 9 et pl. 193, fig. 1, 5).
Localités. — Le Fréchet ; cité par Cotteau à Sabarat.
I. ÆÉCHINANTHUS GRACILIS CoTTEAU, 1889. — (Cotteau ne
connaissait de cette espèce qu'un individu de Mancioux en très
fâcheux état et figuré dans la « Paléontologie française » (Échinides
Eocènes, planche 193, fig. 6, 9). Il lui en a attribué un second
(fig. 8), qui est manifestement autre chose et ne saurait être
distingué de l’Æ. ataxensis.
Le véritable ÆZ. gracilis, déprimé, allongé, retréei en avant,
élargi et subrostré en arrière, a un petit périprocte à sommet
aigu, son apex très excentrique en avant et des pétales très longs,
très grèles, à zone interporifère subconvexe.
J'en ai recueili au Fréchet un bel individu qui mesure 60 mm. de
longueur sur 54 de largeur. Il me permet de constater que c'est bien
cette espèce qui a été figurée par Leymerie à la figure 2 de sa
planche Z* sous le nom erroné d’Æ. scutella.
Localités. — Le Fréchet ; très rare. Cité par Cotteau à Mancioux.
14. ÉCHINANTHUS GOURDONI CorTEAU (Pliolampas). 1891. —
Le type d’Ausseing a été figuré dans la « Paléontologie française »
(Échinides Eocènes, IL, pl. 244): il était en bien mauvais état pour
établir une espèce, et j'aurais eu quelque peine à m'en faire une
idée précise si Je n'avais depuis recueilli de meilleurs individus
au Fréchet.
La grande taille de cette espèce, sa forme à peine rostrée en
arrière, son périprocte qui échancre le bord et s'ouvre au sommet
d’une dépression oblique et rentrante, à peine visible de dessous
et ne se voyant bien qu'en arrière, son plastron tuberculeux, son
apex à quatre pores génitaux el son péristome pentagonal,
transverse, ne permettent pas, selon moi, d'en faire un Plio-
1908 ÉCHINIDES DE LA HAUTE-GARONNE 369
lampas. Il rentre au contraire très exactement dans la section du
genre Échinanthus pour laquelle Munier-Chalmas avait proposé
le nom d’Echinanthopsis, d’ailleurs rejeté par Cotteau lui-mème.
Localités : Montportet près Aurignac, le Fréchet; cité aussi par
Cotteau à Ausseing et à Marsoulas.
15. CASSIDULUS OVALIS COTTEAU, 1856. — Cette petite espèce
de Boussan a été successivement figurée par Cotteau dans ses
Echinides fossiles des Pyrénées (pl. 1v, fig. 1, 6) et dans la
« Paléontologie française » (pl. 142, fig. 4,8). M. Bazerque m'en a
communiqué un individu de Montheraud qui proviendrait, d’après
sa gangue. du calcaire à Miliolites. Le niveau stratigraphique
exact de cette espèce que j'ai citée à tort dans ma note sur quel-
Echinides de l'Aude et de l'Hérault sous le nom de Clitopy gus
Leymeriei', demanderait donc à être confirmé.
J'ai sous les yeux un autre petit Cassidulus de Ste-Croix (Ariège),
attribué au calcaire à Miliolites, mais dont la gangue gréseuse
indique formellement une autre origine; il appartient presque
certainement au Nummulitique. L'espèce déprimée, ovale, à péri-
procte arrondi, presque à fleur de test, apex excentrique en
avant et pétales étroits est d’ailleurs nouvelle et je lui donne le
nom de Cassidulus Doncieuxi (pl. V, fig. 14). À raison de ses
bords épais, arrondis et de la forme de son périprocte, je ne
connais aucun Gassidulus avec lequel celui-ci puisse être confondu.
16. LINTHIA LEYMERIEI CoTtTEAU (Pericosmus), 1863. — Un
individu de cette rare espèce a été recueilli par M. Bazerque au
Fréchet. Toutefois, d'après sa gangue avec grains de glauconie,
elle paraît provenir des couches qui recouvrent le calcaire à
Miliolites et à Æchinanthus et qui pourraient bien appartenir à
un horizon supérieur.
17. HYPSOPATAGUS JACQUOTI COTTEAU (Eupatagus), 1886. —
Cette espèce serait le seul Spatangue du calcaire à Miliolites.
L'individu de Montberaud présente bien tous les caractères du
type de Buanes (Landes) ; maïs il est mieux conservé et l’examen
de son plastron permet de constater l'absence du fasciole sous-
anal. D’après sa gangue, cet individu proviendrait plutôt de
Nummulitique que du calcaire à Miliolites et je ne le cite ici que
sous toutes réserves.
ECHINANTHUS ANGUSTIPNEUSTES LAMBERT n. sp. (pl. V, fig. 15).—
Petite espèce voisine du Z. Cotteaui, mais plus allongée et bien plus
1. LAMBERT. Op. cit., p. 144; note.
19 Oct. 1908. '— T. VIII. Bull. Soc. Géol. Fr. — 24.
370 J. LAMBERT 15 Juin
déprimée que le Æ. Wrighti CoTrEAU. Apex excentrique en
avant ; ambulacres assez longs, mais très étroits.
Recueillie au-dessus du calcaire à Miliolites, dans la couche à Spon-
dyles du Nummulitique de Martres :
Avant de donner le tableau des Echinides de la Haute-Garonne
par moi étudiés (page 372 et 373), je crois devoir indiquer que les
récentes et nouvelles recherches de M. Bazerque permettent de
signaler dans le Maëstrichtien, Tylocidaris Ramondi LEYMERIE,
test et nombreux radioles, à Gensac de Boulogne, et à Auzas des
variétés extrêmes du Conulus gigas Correau. L'un, à sommet
arrondi, est plus surbaïssé que le type; un autre mesurant 50 mm.
de longueur sur 43 de largeur et 35 de hauteur est remarquable
par sa face supérieure conique, à flancs déclives. Un individu de
Bouchalot, près St-Gaudens, est un peu déformé et devenu subro-
tulaire. Les deux formes, conique et subhémisphérique de l’Echi-
nocorys Arnaudi SEUNES, ont également été recueillies à Bouchalot
D’autres personnes viennent de me communiquer du Tuco Circo-
peltis Pouechi CorrEeav (Strictechinus), de St-Martory Micraster
aturicus Hégerr et de Roquefort un Codiopsis nouveau.
En résumé après un soigneux examen des Echinides communi-
qués par mes correspondants ou recueillis par moi-même, je crois
pouvoir proposer, pour expliquer la stratigraphie de la région
étudiée, les synchronismes consignés dans le tableau de la page 374.
On fera sans doute à mes propositions diverses objections et la
plus grave résulterait de ce fait, que le Garumnien comprendrait
des calcaires à Müiliolites et Æchinanthus semblables, mais infé-
rieurs à ceux du niveau normal du Fréchet.
Sans doute les faits sur lesquels repose l'objection se réduisent
à deux, signalés par Leymerie : la présence sur le revers nord du
massif d'Ausseing d’un moule interne du Plesiolampas Michelint,
recueilli par Peron, au-dessous de marnes à Micraster tercensis
et celle, sur des points non spécifiés du même revers nord du
massif d'Ausseing, de quelques Æchinanthus subrotundus dans les
mêmes conditions de gisements, c’est-à-dire dans un calcaire à
Miliolites inférieur à des marnes à Micraster tercensis. On aurait
pu discuter sur ces faits isolés, mais M. A. de Grossouvre leur a
donné une importance particulière en aflirmant que l’on rencon-
trait dans le Garumnien de Ste-Croix les Æchinanthus Pouechi,
ÆE. Heberti, E. carinatus. E. ataxensis et Æ. rayssacensis, qui se
retrouvent encore dans le second calcaire à Miliolites, supérieur au
Garumnien. Cette constatation — ajoute-t-il — aurait été mise hors
1908 ÉCHINIDES DE LA HAUTE-GARONNE 371
de doute par M. Roussel, en sorte qu’elle ne saurait plus être
contestée’. Ici encore, on pourrait discuter et demander où et
quand M. Roussel aurait émis une aflirmation de cette importance,
car si l'on se reporte à la note principale de ce géologue sur le
Crétacé des Petites Pyrénées, on ne trouve rien de précis à ce
sujet.et aucune coupe donnée à l'appui de cette observation?. Que
les Echinides cités se trouvent à Ste-Croix dans un calcaire à
Miliolites, le fait n’est pas douteux. Mais que ce calcaire à Milio-
lites avec Echinanthus soit recouvert par des couches à Micraster
tercensis et Nautilus danicus, voilà qui est moins nettement
démontré. Je n’entends cependant pas affaiblir cette objection et
je reconnais que l'opinion de M. Carez, sur ce point, est égale-
ment favorable à la thèse de M. A. de Grossouvre. « Il est incon-
testable, — m'écrivait-il — qu'il existe des Echinanthus au-des-
sous du Micraster tercensis et qu’il y en a aussi au-dessus dans le
calcaire à Milioles. Mais ce dernier est-il tertiaire ? Jusqu'à
présent je n'en ai pas de preuves, les premiers Nummulites ne
commençant qu'au-dessus de ce calcaire ». A l'appui de cette
observation, M. Carez a bien voulu me communiquer quelques
Echinanthus recueillis par lui au Pont de Biholoup et «inférieurs
à Micraster tercensis ». Or l’un d'eux tout au moins m'a paru être
incontestablement l’£Zchinanthus subrotundus.
Ainsi il y aurait identité paléontologique entre un calcaire à
Miliolites de Biholoup, compris entre deux couches à Micraster
tercensis et le vrai calcaire à Miliolites avec ÆEchinanthus et Ceri-
thium garumnicum qui recouvre ailleurs le Garumnien.
Je remarque d’abord que d’une pareille constatation on ne sau-
rait conclure que le Garumnien soit l'équivalent du Montien et
appartienne au terrain tertiaire éocène.
Mais je constate en outre deux faits bien suggestifs : le premier,
c’est que le calcaire à Æchinanthus intercalé dans la couche mar-
neuse à Micraster lercensis est minéralogiquement et paléontolo-
giquement identique au vrai calcaire à Miliolites supérieur au
Garumnien. Le second, c'est que cette intercalation a été seule-
ment observée sur le revers nord du massif d’Ausseing, sur des
points où, comme le disait Hébert”, il y a des dislocations singu-
1. À. DE GROSSOUVRE. Stratigraphie de la Craie supérieure, 1, p. 419.
2. RousseL. B. S. G. F.,(G), XV, p. 6o1. Quant au calcaire à Cérithes de
Vives, avec faune analogue à celle du Montien, est-il réellement intercalé
dans le Garumnien ou dans le calcaire à Miliolites ? C’est encore un point
non résolu.
3. HéBerT. B. S. G. F., (3), X, p. 653.
.
372 J. LAMBERT 15 Juin
Tableau de répartition des Échinides
NOMS DES ESPÈCES
ATURIEN
| MAESTRICHTIEN
| GARUMNIEN
| NUMMULITIQUE
+: | Cre À MILIOLITES
Dorocidaris Bazerquei LAMBERT . 3
Tylocidaris Ramondi LEYMERIE (Gidarie),
Orthopsis miliaris D'ArRcHIAC (Cidariles) .
Salenia Paquieri LAMBERT .
— garumnensis VALETTE.
Coptosoma pseudomagnificum CoTTEAU (Grphosoma).
Micropsis Desori COTTEAU
— microstoma COTTEAU (Echinas).
— Leymeriei CoTTEAU (Echinopsis)
— cerizolensis LAMBER®
Rachiosoma Gregoirei COTTEAU Core)
— Lorioli LAMBERT .
Phymosoma Carezi LAMBERT .
— Savini LAMBERT .
Goniopygus Bazerquei LAMBERT .
— tetraphyma LAMBERT
Circopeltis Pouechi COTTEAU (Strictechinus)..
Micropeltis Tournoueri COTTEAU CHERE J
Holectypus proximus LAMBERT. ;
Conulus gigas CoTTEAU (Echinoconus) .
Pyrina petrocoriensis DESMOULINS
Conoclypeus Leymeriei COTTEAU .
Nucleopygus Carezi LAMBERT .
Echinanthus subrotundus CoTTEAU BBD Dre
arizensis COTTEAU
Pouechi CoTTEAU
ataxensis COTTEAU .
pyrenaicus COTTEAU
Archiaci COTTEAU
Heberti CoTTEAU.
Cotteaui HÉBERT.
gracilis COTTEAU.
Gourdoni COTTEAU ŒUoimaaE)
augustipneustes LAMBERT.
2
Je
++++++
+
HHHHHEH+++
lières, où les couches sont relevées jusqu’à la verticale et où la
stratigraphie est loin d’être claire, tandis que rien de pareil ne
s’observe sur le revers sud du massif, dans la région de Fabas,
Cerizols, le Fréchet.
Dans ces conditions, il y a lieu de se demander si le banc de
ET
1908 ÉCHINIDES DE LA HAUTE-GARONNE
Qn
I
[eo
de la Haute-Garonne.
NOMS DES ESPÈCES
ATURIEN
| MAESTRICHTIEN
| Cre À MILIOLITES
| NUMMULITIQUE
+- | GARUMNIEN
Cassidulus Leymeriei CorrEeAU (Echinobrissus) .
— ovalis COTTEAU .
— Doncieuxi LAMBERT 5
Plesiolampas Michelini COTTEAU (Amblypye m5) à
— Heberti CorrEeAu (Oriolampas) . . . . 3 :
Clypeolampas Lesteli COTTEAU. . . SE SE . | +
Echynocorys gibbus LAMARCK (Ananchytes) .
— ovalus LESKE .
— conoideus GOLDFUSS Corne.
= Arnaudi SEUNES . . . .
— tenuituberculatus LevMERIE Crtmayties)
— lercensis LAMBERT
— Cotteaui LAMBERT MR UE :
Ojfasten LepmerienCorRAUM MAN EN TR NN IE
Garumnaster Michaleti LAMBERT: à 0. . _ .. . ; . | +
Cardiasterpunetatus ICORTEAU MMA NN EC
Hemipneustes pyrenaicus HÉBERT. :
— LepsnertetiEAÉBERT ER
Micraster Gleyzesi LEYMERIE .
— aturicus HÉBERT .
E tercensis COTTEAU TRE Eee a ,6 |
GiclasternColonte CORTEATER MERE nr j . | +
“
++. +
+
++++
+++
++.
++
Diplodeltus pyrenaicus LAMBERT EE UN CONTI TEE
Protobrissus Mortenseni LAMBERT.
Hemiaster punctatus D'ORBIGNY à ET OR
— SURUMNICUSSENMBERT Le NU PO : oh ere
— spissus LAMBERT. +
Linthia Bazerquei LAMBERT à à :
— canaliculata COTTEAU. . . SR a : se
— Leymeriei COTTEAU Perisoens) SAT À : à o. | Sp
Hypsopatagus Jacquoti Correau (Eupatagus) . . . o : : D |
calcaire à Miliolites intercalé dans les couches à Micraster tercen-
sis est bien en place. Ne s’agirait-il pas là, sur quelques points
isolés d’une région énergiquement plissée et faillée, d’une interca-
lation de calcaires dans des marnes produites après coup, dans
un de ces mouvements de translation horizontale comme en impli-
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SUICII9
1908 ÉCHINIDES DE LA HAUTE-GARONNE 379
que nécessairement la théorie des nappes de recouvrement et
même de simples plissements.
Sans doute, après quelques journées d'étude, Je ne pense pas
trancher définitivement cette question. Mais à l'hypothèse de
l'âge tertiaire du Garumnien et du Danien, je crois pouvoir légi-
timement opposer une hypothèse différente, qui me semble
s’accorder mieux avee ce que l’on observe, non seulement dans
la Haute-Garonne, mais dans les Pyrénées occidentales, en Bel-
gique et dans la région baltique,.
NoTE SUR LA GÉOLOGIE DES ENVIRONS DE COËTQUIDAN
PAR F. Kerforne
Les landes de Coëtquidan sont situées dans le Morbihan, à la
limite de l’Ille-et-Vilaine et au Sud de la forêt de Paimpont; elles
forment un relief topographique assez important (cote 190 à
l'Ouest, 157 à l'Est) : une butte ellipsoïdale dont le grand axe est
dirigé E.O. Vers le Sud l'altitude s’abaisse progressivement ; vers
le Nord au contraire la pente est raide, en particulier au lieu-dit :
ravin de Montervily. Cette colline est occupée par le champ de tir
du X£ corps d'armée et on y fait depuis quelque temps des recher-
ches d’eau pour l’alimentation du camp.
La carte géologique à 1/80000 porte dans cette région des
schistes rouges cambriens entourés de tous côtés par le Précam-
brien, sauf vers l'Est. Au dessus de ces schistes seraient des grès
armoricains suivant un contour s'étendant sur la moitié environ
de la butte.
Le contact avec le Précambrien se ferait presque partout par
faille, en particulier au Nord, suivant une longue faille de direc-
tion voisine de E.O., contre laquelle viendrait buter lui-même le
grès armoricain en contact anormal avec le Précambrien. Au
milieu du grès armoricain, on remarque un petit contour péri-
anticlinal de schistes rouges.
A l'Est de la butte, sur la cote 157. se trouve l'important gise-
ment de minerai de fer de Coëtquidan. anciennement exploité
pour les forges de Paimpont.
1. Travail fait au laboratoire de Géologie de la Faculté des Sciences de
Rennes.
376 F. KERFORNE 15 Juin
Cette structure géologique : la présence d’un massif de grès
armoricain important, d’une faille sans doute collectrice des eaux
du massif, permettaient d'espérer la découverte de sources propres,
en quantité sinon en qualité, à l'alimentation du camp, d'autant
plus qu’un assez grand nombre de petites sources émergent autour
de la butte à une certaine hauteur, surtout vers le Nord et vers
l'Est.
Les travaux entrepris pour la recherche de ces sources ont mis
en évidence une constitution géologique différente de celle qui était
prévue : elle était masquée par un manteau éluvial (1 à 2 m.)
recouvrant presque toute la butte. Le chef de bataillon du génie
Lefèvre, a bien voulu, ce dont je le remercie infiniment, me guider
dans la visite de
do ehanter ire = ces travaux inté-
L\Rae arte | o— ressants et voici
- les résultats de
mesobservations:
Ravin de à
Montervih Comme on voit
danslacoupe dela
figure 1, Coëtqui-
dan est constitué
par des schistes
rouges cambriens
Fig. r. — Coupe schématique N.0O.-S.E. de la butte
de Coëtquidan.
X, Précambrien ; €,, conglomérat pourpré; c,, schistes É
rouges compacts; c,, grès rosés et schistes rouges Presque horizon-
intercalés ; M, minerai de fer; 0,, grès armoricain taux, avec léger
pendage N.O.,
reposant en discordance sur des schistes précambriens en couches
très redressées.
Le Cambrien se termine par des intercalations de schistes rouges
et de bancs gréseux quelquefois assez épais et rosés. Les fragments
de ces bancs, dispersés dans la couche éluviale et décolorés par
les actions superficielles, pouvaient faire penser à un dévelop-
pement considérable du grès armoricain ; dans les tranchées qui
viennent d'être faites, l'allure de ces couches apparaît très nette. Le
contour périanticlinal de schistes rouges porté sur la carte est
simplement l'apparition, entre des formations éluviales, d’un banc
de schiste rouge presque horizontal intercalé entre des bancs
gréseux.
Au-dessus de ces intercalations de schistes et de grès vient le
minerai de fer, puis quelques mètres de grès blanc à Tigillites
ayant même pendage que le Cambrien subordonné. Ces quelques
mètres de grès peuvent être rapportés au grès armoricain. Ils
sont loin d'occuper l'étendue considérable portée sur la carte; ils
existent seulement dans la partie orientale de la butte : carrière
7
Ms,
1908 ENVIRONS DE COËTQUIDAN 377
du minerai, carrière du Hantel; mais ils dépassent vers le Nord
la grande faille E.O. en s’avançant vers le Daoutte.
Leur contour, ainsi réduit, est entouré par le Cambrien, et, du
côté du ravin de Montervily, les tranchées sont particulièrement
probantes à cet égard; des pointes de schistes rouges percent du
reste la lande de place en place, là où la faille fait buter le grès
contre le Précambrien. IL en résulte que la grande faille E.O., qui
vient naturellement se placer au contact anormal de la carte, n’a
plus de raison d'être; la succession des assises est régulière. Le
contact du Cambrien et du Précambrien ne se fait pas du reste
suivant une ligne droite mais suivant une ligne onduleuse s’inflé-
chissant vers le Nord, là où le grès armoricain s'avance lui-même
vers le Daoutte.
La limite entre les schistes rouges francs, qui sont très com-
pacts, et les schistes et grès intercalés, qui sont très fissurés,
constitue un niveau d’eau et c'est à son affleurement (cotes 117,
121, 123, etc.) que se trouvent les nombreuses petites sources qui
sourdent du flanc de la butte. À cause du léger pendage vers le
Nord-Ouest, ces sources sont plus nombreuses sur le flanc nord ;
elles suivent la ligne de plus grande pente des couches, c’est-à-
dire ont une direction S.E.-N.0., tandis que celles qui, à un
niveau inférieur (cote 99), sortent du Précambrien, suivent une
direction presque perpendiculaire, celle des feuillets schisteux.
Tout au fond du ravin de Montervily (cote 82), dans la direction
de Beignon, une source mérite une mention particulière : celle de
Belle Fontaine ; elle est remarquable par sa situation, la valeur de
son débit (plus de 200 m°. en 24 heures) et la constance de sa tem-
pérature. Elle sort d’une masse argilo-sableuse avec fragments
anguleux de grès et de quartz; quelques-uns, assez rares et de petite
taille, sont roulés ; on peut la considérer comme un éboulis sur les
pentes de l’éperon gréseux qui se prolonge vers le Daoutte. Le
contact du grès est masqué par cette formation ; on ne voit pas si,
comme partout ailleurs, il repose normalement sur le Cambrien,
on ne peut apprécier non plus son épaisseur. Cette source vient-
_elle d’une partie gréseuse plus importante en ce point ou plutôt
d’une faille collectrice amenant une résurgence ? les travaux posté-
rieurs le montreront sans doute. Il est à noter toutefois qu’elle se
trouve à peu près dans le prolongement d’un filon de quartz porté
sur la carte à 2 kilomètres et demi environ à l'Est.
1. Ces petits galets sont parfaitement arrondis; proviennent-ils du pou-
dingue cambrien qui doit être voisin ou n’ont-ils pas plutôt été arrondis
par la source elle-même dans son trajet ?
378 è F. KERFORNE 15 Juin
Je vais passer rapidement en revue les différents terrains ren-
contrés dans cette étude.
PRÉCAMBRIEN. — Le Précambrien est représenté par des schistes
argileux, feuilletés, verdâtres, assez résistants; dans l'étude rapide
que j'en ai faite, je n'ai pas constaté la présence ordinaire de bancs
gréseux sombres (grauwackes de quelques auteurs); j'ai observé
par contre qu'ils contenaïent çà et là des intercalations de poudin-
gues quartzeux très durs, accompagnés quelquefois de bancs gré-
seux à très gros grain. Ces formations se rencontrent un peu
partout avec ce faciès au Sud de Rennes ; elles sont magnifique-
ment exposées, en particulier au rocher d’'Uzel, près la station
de Pléchâtel; elles forment ordinairement un relief assez fort.
M. Barrois les a rapportées aux poudingues de Gourin.
CAMBRIEN. — Le Cambrien, dont la discordance sur le Précam-
brien est si nette, présente les trois niveaux suivants :
3. Grès rosés et schistes rouges intercalés,
2, Schistes rouges compacts,
1. Conglomérat pourpré.
Je n'ai pas pu observer en place le premier niveau à cause de
l'état des aflleurements et des travaux, mais j'ai pu constater son
existence : dans une tranchée près du contact, dans les éboulis
recouvrant les schistes précambriens, on a trouvé un gros bloc
de conglomérat, avec galets quartzeux et schisteux, de couleur
lie-de-vin; ce bloc provient évidemment de la base des schistes
rouges, mais le niveau ne doit pas être très important car on le
verrait alors en quelque point à cause de sa résistance aux agents
extérieurs ou on en verrait de plus nombreux fragments épars.
Les conglomérats pourprés sont du reste très inégalement
représentés dans tout le Sud de Rennes ; étant donné son origine,
cette allure irrégulière n'a rien du reste qui doive surprendre,
mais elle a quelquefois donné lieu à des erreurs d'interprétation.
Aïnsi, par exemple, à Montfort, le conglomérat pourpré est
constitué par des couches rouge lie-de-vin à petits galets de quartz
blanc, souvent assez clairsemés. Entre Blossac et Goven, au
contraire, il est formé d'énormes galets, surtout gréseux (prove-
nant sans doute des grès sombres argileux du Précambrien),
parfaitement arrondis, reliés souvent par une matrice peu déve-
loppée et présentant une couleur lie-de-vin bien caractérisée ; la
formation a d’ailleurs une épaisseur très considérable. Plus à
l'Est, vers Pontréan, c’est à peine si, dans les champs on constate
la présence de menus fragments de poudingue à pelits galets de
1008 ENVIRONS DE COËTQUIDAN 379
quartz blanc, ressemblant à celui de Montfort. En continuant vers
l'Est, au Sud de Pontréan, où j'ai signalé’ un exemple de discor-
dance entre le Cambrien et le Précambrien, on trouve simplement,
dans les premiers bancs schisteux du Cambrien, quelques mor-
ceaux gréseux à angles à peine arrondis et très clairsemés. Plus
loin, à Orgères, le poudingue redevient important et il en est
ainsi partout : variations dans le faciès et variations dans l’épais-
seur se succèdent.
Au-dessus du conglomérat viennent des schistes rouges com-
pacts : ils percent le sol un peu partout et on peut les observer
dans quelques carrières voisines, près de Coquinville par exemple ;
on les a recoupés dans les tranchées de recherches, à la Razette
en particulier. Aux aflleurements, ils semblent souvent présenter
une fausse stratification verticale (il en est de même du reste du
côté de Pontréan); dans les carrières il est souvent difficile de
reconnaître leur pendage véritable à cause de leur homogénéité et
des nombreux systèmes de diaclases qui les recoupent. A la
Razette, en tranchée, on les voit nettement passer sous les forma-
tions supérieures avec léger pendage N.0. ; le feuilletage est, du
reste, vertical.
Au-dessus de ces schistes compacts viennent des intercalations
de bancs gréseux et de schistes rouges semblables aux précédents ;
les grès ont l'apparence de grès rouges qui auraient été irréguliè-
ment et en partie décolorés par les eaux superficielles. Cette
formation est très nette dans les tranchées de Coquinville et de la
Razette et dans un petit puits qui a été creusé en ce dernier endroit.
Les bancs gréseux sont très cassés et morcelés, de sorte que l’eau
circule facilement dans toute la formation pour s’arrêter au niveau
des schistes compacts. Ce sont les couches qui montrent le mieux
dans les travaux l'allure presque horizontale avec léger pendage
N.O. du Cambrien. Des blocs de grès provenant de ce niveau se
trouvent un peu partout sur le sommet de la butte, dans le manteau
éluvial superficiel. Souvent ils sont complètement décolorés et
pourraient alors être confondus avec du grès armoricain ; mais
ils se présentent en blocs peu épais et bien calibrés; de plus, le
grain est plus grossier et moins compact, ce qui permet de les
distinguer.
ORDOVICIEN. — Au-dessus des grès et schistes rouges vient un
niveau de minerai de fer pouvant atteindre jusqu’à 2 mètres
d'épaisseur ; il est bien exposé dans une- ancienne minière, située
1. F. KERFORNE, 1901. B.S. G.F., (4), I, p. 258.
380 F. KERFORNE 15 Juin
vers la cote 157; il passe latéralement à des grès fins ou grossiers
contenant encore de distance en distance des noyaux ferrugineux ;
on trouve en effet de tels morceaux et dans la minière et sur le
sol le long de son afffeurement supposé. Comme les couches
cambriennes il pend légèrement au N.0. Je préfère rapporter ce
niveau à la base de l’Ordovicien qu'au sommet du Cambrien,
parce que, par places, il contient de gros graviers de quartz et
forme un véritable poudingue à petits éléments, ce qui semble
indiquer plutôt une formation de base; cependant il est juste de
faire observer que la sédimentation détritique s’est manifestée
dès la partie supérieure du Cambrien au détriment de la sédimen-
tation argileuse : grès intercalés dans les schistes, et que ce fait,
qui n'avait pas encore été observé au Sud de Rennes, se présente
avec une intensité encore plus grande dans quelques autres
régions du massif breton : grès feldspathiques : d'un autre côté,
on observe quelquefois à la base du grès armoricain un poudingue
à petits éléments plus ou moins ferrugineux.
Il y a lieu de se demander si d'autres minerais de fer de la
région n'appartiendraient pas au même niveau ou tout au moins
n'en proviendraient pas par remise en mouvement secondaire de
l’oxyde de fer.
Au-dessus du minerai viennent quelques bancs gréseux, une
dizaine de mètres au plus dans la minière, présentant les carac-
tères ordinaires du grès armoricain du Sud de Rennes : gros
bancs bien lités à grain fin et serré, séparés par de petits lits
argileux également blancs ; ces lits argileux sont signalés dans les
anciennes descriptions de la minière '. La même roche se retrouve
plus à l'Ouest en bancs presque horizontaux dans la petite carrière
du Hantel. Au Nord de la grande faille E.O. de la carte, ce grès
est encore représenté par de gros blocs percçant le sol, analogues à
ceux de nombreux affleurements de grès armoricain.
Je n'ai trouvé comme traces fossilifères, que des Tigillites de
très petit diamètre et de grande longueur, réunis en grand nombre
les uns près des autres ; on trouve de nombreux blocs en conte-
nant du côté de la minière.
En résumé, les observations que j'ai pu faire dans la région de
Coëtquidan m'ont montré les faits suivants :
La structure géologique réelle de la butte de Coëtquidan diffère
de celle qui est indiquée sur la carte; le grès armoricain est
beaucoup plus réduit et ne vient pas en contact avec le Précam-
brien ; la grande faille E.O. n'existe pas du côté du ravin de
1. DE Fourcy, 1858. Texte explicatif de la Carte géologique du Morbihan.
Aise ie" Mn
AT OR
Ce
1908 ENVIRONS DE COÉTQUIDAN 381
Montervily; les assises cambriennes et ordoviciennes sont presque
horizontales et reposent en discordance sur les couches redressées
du Précambrien ; on peut distinguer dans le Cambrien trois niveaux
distincts :
3. Grès rosés et schistes rouges intercalés,
2. Schistes rouges compacts,
1. Conglomérat pourpré;
le second terme forme niveau d’eau, grâce à sa compacité et au
morcellement du troisième ; les sources, nombreuses à son affleu-
rement Nord, à cause du léger pendage N.0. qu'il présente, ne
peuvent avoir une bien grande importance à cause du peu d’épais-
seur des couches susjacentes et de leur horizontalité ; le minerai
de fer de Coëtquidan est situé à la base du grès armoricain.
LEs BRYOZOAIRES FOSSILES
DES TERRAINS DU SUD-OUEST DE LA FRANCE!
PAR F. Canu
PLANCHES VI Er VII.
TE CEDEEGIEN
Les Bryozaires du Lutécien pyrénéen sont très peu connus. On
trouve dans les musées quelques spécimens, toujours les mêmes,
incomplètement figurés et décrits. Il existe au Muséum d'Histoire
naturelle une petite faunule, jadis recueillie par d'Orbigny. Il en
a même décrit quelques espèces par de très courtes diagnoses
publiées dans la Paléontologie française. M. Boule m'a très
obligeamment communiqué ces échantillons pour leur étude.
Les spécimens de d'Orbigny sont très mal triés, et, dans les
tubes mêmes des espèces précitées, j'en ai retrouvé d’autres. À ces
dernières j'ai cru devoir ajouter les trois espèces connues de la
localité classique de Couiza et celles que M. Boule a récoltées à
Saint-Jean-de-Verges. La faunule atteint ainsi une vingtaine
d'espèces.
En réalité elle est beaucoup plus riche comme le démontre
l'ensemble des nombreux documents qui m'ont été envoyés par
M. Bories de Fabrezan. Ils feront l'objet d’une étude plus étendue,
mais dont la publication me parait si lointaine qu'il est inutile de
retarder celle-er.
STOMATOPORA GRANULATA Mize-EpwarRDps, 1838.
1838. Alecto granulata MizNk-EDWARDS. Mémoire sur les Crisies, les Hor-
nère, etc, Annales des sciences naturelles, 2° série, zool.,
tx, (pas pl 26 1e;
1847. — nummulilorum D'ORBIGNY. Prodrome de Pal., 2, p. 328, n° 567.
1852. Stomatopora nummulitorum p'OrBIGNy. Pal. Fr. Terrains Crétacés,
p. 835.
1908. — granulata CANU. Bryozoaires des Terrains tertiaires des
environs de Paris. Annales de Paléontologie, t. TI,
pl. 12, fig. 15 (Bibliographie).
Remarque. — La diagnose de d’Orbigny : « Espèce à longues
cellules, fixe sur le Nummulites rotula », est très insuflisante.
L'examen de l'original m'a démontré l'identité avec l'espèce de
Milre-Edwards.
1. Voir : B. S. G. F., (4), VI, 1906, p. 510 et suivantes.
1908 BRYOZOAIRES DU S.0. DE LA FRANCE 383
Localité. — Gibret, près Montfort. Muséum d'Histoire naturelle,
n° 8976.
Distribution géologique. — Dans tous les terrains à partir du
Néocomien. Rare dans le Lutécien parisien.
Distribution géographique. — Espèce cosmopolite universel-
lement répandue dans les deux hémisphères.
ENTALOPHORA GRACILIS MizNe-Epwarps. 1838.
PRVEN Ge re
1838. Pustulopora gracilis Mizxe-Epwarps. Mém. Crisies, etc., Ann. Sc.nat.,
PA29 DIRE
Diagnose. — Zoarium arborescent, bifurqué. — Zoécies allon-
gées, convexes, libres et très saillantes à leur extrémité, légère-
ment ponctuées, disposées en quinconce. — Ovicelle globuleuse,
très saillante, lisse.
Diamètre de l'orifice= 0,07.Diam.zoécial= 0,13. Distance —0,42.
Affinités. — Milne-Edwards prétendait que l'original de son
espèce était de Grignon. Mais je n’ai jamais rien trouvé dans le
Bassin de Paris, qui puisse s'y rapporter. Cette espèce pyrénéenne
paraît au contraire s’accorder avec sa description, surtout par la
saillie de ses petits tubes et la faiblesse de ses dimensions micro-
métriques. Elle ne saurait être confondue avec Æntalophora
macrostoma qui est beaucoup plus grande.
Localité. — Gibret, près Montfort.
ENTALOPHORA MACROSTOMA Mizne-EbwaARDs, 1838.
1838. Pustulopora macrostoma Mizne-EnwarDs. Mém. Crisies, etc., Ann. Sc.
NA 10 P 20 pl 12 Hoaue
1908. Entalophora macrostoma CANu. Bryoz. terr. tert. des env. de Paris,
Annales de Paléontologie, t. I, pl. 15, fig. 1-9.
Localité. — Saint-Jean-de-Verges, Ariège.
Distribution géologique. — Lutécien du Bassin de Paris, Pria-
bonien du Vicentin. Montien de Belgique. Yprésien d'Angleterre.
Stampien d'Allemagne. Tortonien d'Autriche-Hongrie.
ENTALOPHORA PROBOSCIDEA MizNEe-EbwaARDs, 1838.
Pl'OVIP for rT;
1838. Pustulopora proboscidea Mizxe-EpwaArDps. Mém. Crisies, etc., Ann. Sc.
nat., p. 27, pl. 12, fig. 2.
1852. Entalophora Moulinsi D'OrBIGNY. Pal. Fr., Bryozoaires crétacés, p. 780.
909. — proboseidea CANU. Bryoz. des Terrains tertiaires des
env. de Paris. Ann. de Pal., t. IV, pl. 15, fig. 11-12 ŒHis-
torique, Bibliographie).
Remarque. — D'Orbigny a donné la diagnose suivante pour son
E. Moulinsi: « Espèce voisine de £. subgracilis, mais plus grosse,
384 F. CANU 15 Juin
à cellules très éloignées et rares ». C’est parfaitement exact ; mais
la grosseur des spécimens n’est pas un caractère spécifique. L'une
et l’autre espèce, d’après l’inspection des originaux, sont réel-
lement Ent. proboscidea Mirne-Epwarps.
Localités. — Gibret, près Montfort; Baigts, près Orthez.
Museum d'Histoire naturelle, n° 8979. |
Distribution géologique. — Dans tous les terrains depuis le
Crétacé.
Distribution géographique. — C'est une espèce cosmopolite
dans les deux hémisphères. Elle habite les grandes profondeurs et
descend jusqu'à 330 mètres.
FILISPARSA VARIANS REuss, 18/47.
1847. Pustulopora varians Reuss. Die fossilen Polyparien des Wiener Ter-
tiârbeckens. Haidinger’s naturwissenschaftliche Abhand-
lungen, p. 43, pl. 6, fig. 21.
1869. Filisparsa varians REuss. sur fossilen Fauna der Oligocän schichten
von Gaas. Sitzungberichte der kais. Akademie des Wissen-
schaften, t. 59, p. 34. ;
1908. — varians CANU. Bryoz. tert, env. de Paris, Annales de Paléon-
tologie, t. IL, pl. 14, fig. 6, 7, 8.
D'Orbigny avait mélangé cette espèce avec Zdmonea Milneana.
J'ai relevé 0,20 pour diamètre de l’orifice et 0,30 à 0,34 pour dia-
mètre transversal des zoécies, mesures qui s'accordent très bien
avec les mesures usuelles.
Localité. — Gibret, près Montfort.
Distribution géologique. — Lutécien de Bavière et du Bassin de
Paris. Partout dans l’Europe occidentale à partir du Priabonien.
Distribution géographique. — Méditerranée.
FILISPARSA NUMMULITORUM D'ORBIGNY, 1852.
PL'NE "HET 273:
1852. Filisparsa nummulitorum D'ORBIGNY. Pal. Fr., Bryozoaires du Crétacé,
p. 816.
Diagnose. — Zoarium libre, simple, claviforme, très déprimée
lisse et convexe en dessous, comprenant, au-dessus, quatre rangées
longitudinales de zoécies, au plus. Zoécies visibles, convexes,
séparées par un sillon, finement poreuses. Péristome mince,
tranchant, saillant. Orifices elliptiques, s’ouvrant obliquement,
disposées en quinconce ou en rangées transversales de trois ou
quatre.
Diamètre de l'orifice : 0,07. Diamètre zoécial transverse : 0,14.
Distance des orifices : environ 0.35.
1908 BRYOZOAIRES DU S.0. DE LA FRANCE 385
Affinités. — (Cette espèce est très voisine de Filisparsa
b'pica Mz., par ses mesures micrométriques et ses zoécies groupées
en séries transversales. Elle s’en distingue cependant par son
orifice un peu plus petit et elliptique, par les péristomes moins
saillants, par les zoécies jamais disposées en séries transversales
et alternes, par son zoarium moins large et moins étalé.
D'Orbigny en a donné la courte diagnose suivante : &« Espèce
très déprimée lisse et convexe en dessous, avec des cellules nom-
breuses en dessus ». Cette description se rapporte aussi bien
à Idmonea Milneana et il a mélangé les deux espèces dans les
tubes. Du moment que l’une d’entre elles est connue, son vocable
s'applique nécessairement à l'autre.
Localités. — Gibret, près Montfort ; Baigts près Orthez.
Muséum d'Histoire naturelle, n° 8982.
IDMONEA CORONOPUS DEFRANCE, 1822.
1822, Ildmonea coronopus DErxRANCE. Dict. Se. nat., vol. 29, p. 555.
1838. — coronopus Mixne-EnwaRrDs. Mém. Crisies, ete., Ann. sc. nat.
°° série, tome 9, p. 217, pl. 12, fig. 5.
1852. — Petri n'OrBionx. Pal Fr., Bryoz.Cret., p.529, collection, n°8580
1009. — coronopus CANU. Bryozoaires des terrains tertiaires des envi-
rons de Paris, Annales de Paléontologie, t. IV, pl. 15,
fig. 15-20 (Historique, Bibliographie).
— atlantica, auct.
Localités. — Gibret et Baigts (Landes), Saint-Jean-de-Verges
(Ariège), Couiza (Aude)".
Distribution géologique. — Partout dans l'Europe occidentale
à partir du Lutécien. Tertiaire d'Australie, de Nouvelle-Zélande
et de Patagonie.
Distribution géographique. — Cosmopolite dans ies deux
hémisphères de 18 à 372 mètres.
IDMONEA CARINATA RÔMER, 1841.
1874. 1dmonea carinata MaANzont. 1 Briozoi fossili del Miocena d’Austria ed
Ungheria, Denkschriften der Math. Natur. cl. der K. Akad.
der Vissenchaften, vol. 38, p. 5, pl. 3, fig. 10.
Cette espèce est très commune. Elle a été rencontrée dans beau-
coup d’étages. Mais ici, je n’ai trouvé que deux débris de médiocre
conservation et qui paraissent se rapporter à la figure précitée de
Manzoni. Ils m'ont paru insuflisants pour une figuration soignée.
Localités. — Gibret près Montfort, Baigts.
1. Dans l’ouvrage et dans la collection de d'Orbigny ces mots sont diffé-
remment orthographiés. Gibret est marqué quelquefois Le Gibret. Baigts
est écrit Baight, Baights, Les Baight; Couiza est écril Couisa. Nous avons
adopté l'orthographe de l'Annuaire des Postes.
5 Novembre 1908. — T. VIH. Bull. Soc. Géol. Fr. — °5.
386 F. CANU 15 Juin
IDMONEA MILNEANA D'ORBIGNY, 1839.
PI. VII, fig. 16
1539. Idmonea Milneana D'OrBIGNY. Voyage dans l'Amérique méridionale,
V, partie 4, p. 20, pl. 9, fig. 17-21.
1802. IZdmonea Grateloupi D'OrBIGNY. Pal. Fr., Bryoz. crét., p. 729.
1908. = Milneana CANU. Bryoz. Tert. Paris. Annales de Paléontologie,
vol. II, pl. 14, fig. 11-13 (Bibliographie).
Affinités. — D'Orbigny définit ainsi /Zdmonea Grateloupi :
«espèce voisine de Zdmonea Petri, mais plus grêle, plus com-
primée, avec le dessous très convexe. » J'ai retrouvé des spécimens
dans quatre tubes différents en mélanges avec d’autres espèces. Ii
est remarquable que le célèbre paléontologiste n'ait pas reconnu
l'espèce qu'il avait découverte et décrite quelques années aupa-
ravant. :
Les zoécies disposées en lignées obliques et alternes ne per-
mettent pas de le confondre avec les Filisparsa précédemment
décrits.
Voici les mesures micrométriques que j'ai observées sur ces
spécimens dont quelques-uns sont très bons.
Dramètre de l’orifice bien COnSer ve NO IT
Diamètre zoécialitrans verse MR 021-020
Distance des OCR NN RE NO ED ED
Localités. — Gibret, Baïgts.
Distribution géologique. — Yprésien d'Angleterre. Lutécien de
Bavière et du Bassin de Paris. Sannoisien de Latdorf. Stampien
d'Allemagne. Tortonien d’Autriche-Hongrie. Sicilien d'Italie. Qua-
ternaire d'Italie.
Distribution géographique. — Cosmopolite dans les deux hémis-
phères, Dans les contrées froides elle a été observée jusqu'à
275 mètres. Dans les contrées chaudes 'de la Floride elle a été
pêchée entre 36 et 109 mètres.
HORNERA HIPPOLYTA DEFRANCE, 1821.
1821. Hornera Hippolytus DEFRANGE. Dic. Sc. nat., vol. 21, p. 432, pl. 46, fig. 3.
1852. — Nummulitorum D’Orgieny. Pal. Fr., Bryozaires du Crétacé,
p- 918. Collection n° 8977.
1909 — Hyppolyta CANU. Bryoz. tert. Paris, Annales de Paléonto-
logie, t. IV, pl. 16, fig. 10 à 14 (Bibliographie).
Remarque. — D'Orbigny a donné la diagnose suivante de
Hornera nummulitorum : « Espèce à grosses tiges déprimées,
convexes en dessus, marquées en dessous de fossettes longitudi-
nales où sont les pores opposés, et en dessus de cellules en quin-
conce à ouverture très saillante en tube. » Or, dans le tube de sa
|
|
:
j
1908 BRYOZOAIRES DU S.0. DE LA FRANCE 387
collection, j'ai trouvé trois espèces : /7. Hippoly ta, H. d'Archiadi?,
H. asperula. Sa description ne s'accordant nullement avec ces
deux dernières, c'est donc bien l’Æippolyta qu'il a nommé nummu-
litorum. Son vocable passe en synonymie.
Localités. — Baigts, Gibret (Landes), Saint-Jean-de-Verges
(Ariège).
Distribution géologique. — Yprésien d'Angleterre. Lutécien de
Paris et de Bavière. Bartonien d'Aquitaine. Priabonien du Vicen-
tin. Sannoisien, Stampien et Aquitanien d'Allemagne.
HORNERA SERRATA Reuss, 1869.
PI. VI fig. 4,5
1869. Hornera serrata Reuss. Pal. studien über die Âlteren tertiàrschichten
der Alpen Denkschriften der Mathematish-natur-
wissenschaftlichen classe der Kaiserlichen der Wis-
senschaften, vol. 29 p. 285, pl. 35, fig. 10, 11.
1909. = — CAnu. Bryoz. lert. Paris, Annales de Paléontologie,
vol. IV, pl: 16, fig. 6, 7.
Localité. — Gibret, près Dax.
Distribution géologique. — Lutécien de Bavière et du Bassin de
Paris. Priabonien du Vicentin.
HORNERA ASPERULA Reuss, 1869.
| PI. VI, fig. 6.
1869. Hornera asperula Reuss. Tert. Alp., Loc. cit. p.284, pl. 35, fig, 8, 9.
Cette espèce a été confondue à tort avec Aornera d'Archiadi
par Waters.
Localité. — Gibret, par Dax.
RETICULIPORA NUMMULITORUM D'ORPBIGNY, 1852.
PV MON TrETS.
3852 Reticulipora nummulitorum D'ORBIGNY. Pal. Fr., Terrains Crétacés,
Bryozoaires, p. 905.
Diagnose. — Zoarium « à rameaux larges, épais, très irréguliè-
rement contournés. » — Zoécies disposées en lignes « assez
régulières » transversales, saillantes, peu écartées, à frontale
lisse ; péristome peu épais, tranchant ; orifice orbiculaire.
Affinités. — Ceite espèce n’est pas à confondre avec Reticuli-
pora plicata Caxv, du Bassin de Paris. La frontale des zoécies de
cette dernière est striée transversalement et ses lignes sont beau-
coup plus espacées.
Localités. — Couiza (Aude), Saint-Jean-de-Verges (Ariège).
Muséum d'Histoire naturelle, n° 8983.
388 YF. CANU 15 Juin
LUNULITES PUNCTATA LEYMERIE, 1845.
PIN SAT ne
1845. Lunuliles punctalus LEeyMEert. Mémoire sur les terrains nummuli-
tiques des Corbières. Mém. Soc. géol, France, 2° série, I,
D:508 plu9 et
1846. = punctata Micunxzin. Icon. Zooph., p.279. pl. 65, fig. 15.
liemarques.— Les figures publiées de cette espèce ne sont guère
bonnes. Les spécimens que j'ai examinés sont presque tous insuf-
fisants. Les meilleurs, très incomplets encore, m'ont été commu-
niqués par M. Bories de Fabrezan. J'ai essayé une reconstitution
d’après leur photographie ; mais elle ne me satisfait pas encore.
Cette espèce me parait très voisine de Zunulites quadrata REuss.
Localités. — Saint-Jean-de-Verges (Ariège) ; Fabrezan (Aude).
PORICELLA SUTNERI KOSCHNSKY, 1885.
PL. VL fig. 7.
1885. Mucronella Sutneri KoscaiNsky. Bryozoenfauna der älteren Tertiärs-
chichten des südlichen Bayerns, Paleontographica
N. F. XII (XXXID), p. 597, pl. IL, fig. 9.
1907. Poricella Sutneri CANU. Bryoz. tert. Paris, Annales de Paléontologie,
MOI TD. 47 pleure
Localité. — Saint-Jean-de-Verges (Ariège).
Distribution géologique. — Lutécien de Bavière et du Bassin
de Paris.
LICHENOPORA HISPIDA FLEMING, 1898.
PSN S 018
1802. Discocavea girondina b'OrBIGN y. Pal. Fr., Terrains crétacés, Bryozoaires,
p. 98. Collection n° 9673.
1S52 Lichenopora depressa D'OrBIGNY. Loc. cit., p. 963, collection n° 9667.
1909 — hispida CANu. Bryoz. tert. Paris, Annales de Paléonto-
logie, vol. IV, pl. 15, fig. 3-7 (Bibliographie historique).
Remarques. — D'Orbigny a donné la diagnose suivante de
Discocavea girondina : « Espèce plane, très déprimée, tranchante
au pourtour, pourvue de lignées très irrégulières, par petits groupes
rayonnants. » L'examen de l'original m'a convaincu de son identité
avec Lichenopora hispida, cette espèce si variable et si cosmopolite
encore commune sur toutes nos côtes. Nous l'avons d'ailleurs
figurée.
D'Orbigny a donné la diagnose suivante de Lichenopora depr'es-
sa : &« Espèce plane en dessous, convexe en dessus, pourvue de
lignées peu nombreuses, saillantes, interrompues au centre ».
Cv dt à
A
1905 BRYOZOAIRES DU S.0. DE LA FRANCE 389
L'original est très mauvais, etil nous paraît être une altération de
Lichenopora hispida.
C'est l'espèce bien connue des géologues parisiens sous le nom
Lichenopora grignonensis M. Enw.
Localité. — Blaye (Gironde).
Distribution géologique. — Partout dans l'Europe occidentale à
partir du Montien. Tertiaire d'Australie, de Nouvelle-Zélande et
de Patogonie.
Distribution géographique. — Cosmopolite dans les deux
hémisphères, de 40 à 200 mètres de profondeur.
TUBUCELLARIA GRATELOUPI D'ORBIGNY, 1892.
PI. VI, fig. 8, 0.
1852. Entalophora Grateloupi D'OrëIGNY. Pal. Fr., Terrains crétacés. Bryo-
zoaires, p. 750.
Diagnose. — Zoarium cylindrique, simple ou ramifié, mesurant
0,8 à 1 mm. de diamètre. — Zoécies placées en quinconce, peu
distinctes, convexes, criblées de pores orbiculaires ; péristomie
très saillante, tubuleuse, portant inférieurement un gros avicellaire
beaucoup plus petit; péristomice orbiculaire, oblique, de 0,16 de
diamètre. Micropore petit, placé sur le milieu de la frontale, immé-
diatement au-dessous de la péristomie.
Affinités. — Cette espèce est plus volumineuse que Porina
coronata Reuss' qui porte d’ailleurs plusieurs avicellaires oraux.
D'Orbigny en a donné la diagnose suivante :
« Espèce voisine de Æntalophora variegala *, mais avec de très
grosses cellules plus nombreuses et plus rapprochées ».
Il s’est trompé sur son organisation. Non seulement ce n'est
pas un Æntalophora, mais c'est un Bryozoaire cheilostome appar-
tenant à ces groupes dont l'ouverture de la compensatrice est
éloignée de l’orifice tentaculaire.
Ceci demande explication.
Quand le polypide sort de la cellule, il est indispensable qu'un
système hydrostatique le remplace par un égal volume d'eau: C'est
le rôle d’une sorte de vessie ou de sac compensateur appelé
pour cette raison même la compensatrix. Cette dernière s'ouvre
le plus souvent par sa partie supérieure dans l’apertura en modi-
fiant convenablement sa forme. Mais dans certaines familles,
, un
On MEN PAUIEE DCE D Ne EN HCNSE
DPI r AD 702 MDI 022 0-2 T8-27e
390 F. CANU 15 Juin
comme T'ubucellaridæ, cette ouverture, placée inférieurement, est
très éloignée de l'orifice. C’est le micropore. Les altérations
fossilifères le bouchent fréquemment.
Aïnsi la rentrée et la sortie de la minuscule goutte d’eau
compensatrice, s’operent de plusieurs manières variées, aussi
originales qu'inattendues.
Waters a démontré que dans Porina coronata, l'ovicelle est
placée dans la péristomie. Il doit en être de même de Tubucellaria
Grateloupi qui en est très voisine.
Localités. — Gibret, Baigts. Muséum d'Histoire Naturelle,
collection d'Orbigny, n° 8978.
ESQUISSE GÉOLOGIQUE DU MASSIF DES BENI SNASSEN
pAR Louis Gentil
PLANCHES VIII-IX
Dans la région littorale du Maroc, comprise entre la frontière
algérienne du Kiss et l'oued Moulouya, émerge un massif dont les
cartes actuelles ne donnent qu’une idée très imparfaite. Bien limité
au Nord par la plaine de Trifa qui l’éloigne de la mer, au Sud par
la plaine des Angad qui le sépare de ce que j'ai appelé la chaîne des
Beni Bou Zeggou ', ce massif apparaît comme un vaste bombement
elliptique dont le grand axe est orienté à peu près Est-Ouest.
Il est nettement séparé de l'Algérie par un col surbaïssé, le col
du Guerbous, qui laisse entrevoir cependant des liaisons avec le
djebel Maaziz et lé Filhaoucen ; dans l'Ouest, la profonde coupure
de la Moulouya montre qu'il a des attaches avec l’une ou l’autre
de deux chaînes plus occidentales assez complexes, et sur lesquelles
plane encore le plus profond mystère, le Rif et le Moyen Atlas.
Mais, considéré dans son ensemble, le massif des Beni-Snassen
offre une individualité autant au point de vue orographique qu’au
point de vue politique *.
J'ai eu l’occasion, l’an dernier, lors de ma précédente mission, de
toucher au massif qui nous occupe, du côté algérien. J’ai, en effet,
traversé la tribu des Beni Khaled, et donné mes impressions sur la
structure de la chaîne, en même temps que j'ai décrit le gisement
remarquable de fossiles liasiques que j'ai découvert auprès de
la source importante d'Aïn A’rbal*.
A cette époque le cœur du massif demeurait impénétrable, mais
à la suite d'événements retentissants il a dû être occupé par les
troupes françaises, et il est, à l'heure actuelle, presque complète-
ment pacifié.
Depuis, M. Brives a traversé la région montagneuse entre Aïn
1. Rapport sur une mission géologique au Maroc, déc. 1907. Nouv. Archives
des Missions scientifiques, XVI, pp. 189-216. — Recherches stratigraphiques
sur le Maroc oriental. CR. Ac. Sc., 2° février 1908.
2. On sait qu'il est habité par des peuplades berbères, divisées en quatre
tribus (les Beni Khaled, les Beni Mengouch, les Beni Attig et les Beni
Ourimech) qui, bien retranchées dans leurs montagnes ont, à travers les
siècles, conservé une indépendance un peu farouche et bien légendaire
partout au Maroc.
SC ACESC MLoc Let
392 LOUIS GENTIL 15 Juin
Sfah et Ouberkan. Indépendamment du Lias que j'ai signalé et dont
il confirme l'existence, il indique la présence, au centre de la
chaine, de schistes primaires, de granites et de filons porphyri-
ques ; il signale du Miocène inférieur au bord de la plaine des
Trifa et du Crétacé inférieur auprès ! d'Ouberkan.
Un voyage de quelques semaines — que je considère comme la
première étape d’une nouvelle mission dont a bien voulu m'honorer
le Ministre de l'Instruction publique — m'a permis de parcourir
dans toutes les directions le pas des Beni Snassen.
Grâce à l'extrème obligeance des ofliciers des troupes d'occupa-
tion, j'ai pu circuler en tous sens, recouper plusieurs fois le massif,
suivre ses profondes vallées. J'ai pu en esquisser la carte géolo-
gique à peu près complète et relever de nombreuses coupes.
Enfin, mes récoltes de fossiles et de roches me permettent de
donner de la chaîne marocaine un premier aperçu que j'aurai sans
doute l’occasion de développer plus tard*.
Le massif des Beni Snassen dont le culminant, le Ras Four’al,
s'élève à 1534 m. au dessus du niveau de la mer, apparaît d'autant
plus saillant du côté nord, que la plaine des Trifa a une altitude de
moins de 100 mètres.
L'impression, du côté sud, est bien différente, puisque la plaine
des Angad est à la côte de 600 à 700 mètres. Aussi faut-il s'attendre
à voir, dans les vallées, des profils d'équilibre différents, suivant
qu on se trouve sur le flanc septentrional ou sur le revers méri-
dional du massif.
Du côté nord, les vallées profondes de Sidi Bou Hafyr, de
l'o. Beni Ouaklan, de l'o. Zegzel, de l’o. Tagma, pour ne citer que
les plus importantes, ont profondément entaillé la couverture juras-
sique et mis à nu, dans leur cours supérieur, l’ossature primaire
du massif, étant donné que leur niveau de base, à leurs confluents
avec l’o. Kiss ou avec la Moulouya, se trouve à des altitudes
relativement très faibles.
D'une manière générale, les choses se passent tout différem-
ment du côté sud. Les oueds qui coulent sur le flanc méridional
de la chaîne, en effet, se perdent rapidement dans la plaine des
1. Les Beni Snassen (Maroc). Bull. Soc. géogr. Alger, avril 1go8.
2. Il n'est infiniment agréable d'adresser mes plus vifs remerciments à
tous les officiers qui m'ont aimablement accueilli. La liste en est longue,
mais je ne saurais passer sous silence les noms du colonel Félineau, com-
mandant la zone frontière, et des chefs de bataillons placés à la tête des
différents secteurs, les commandants Barthaud, Hannezo., Strasser et Thou-
venel.
1908 GÉOLOGIE DES BENI SNASSEN 303
Angad, par suite de l’infiltration de leurs eaux dans les graviers
et les alluvions sableuses, pléistocènes; autrement dit, leur niveau
de base se trouve à une altitude qui ne descend guère au-dessous
de 600 mètres. Il en résulte que la vitesse de creusement des
vallées septentrionales est notablement plus grande que celle des
vallées méridionales.
Aïnsi s'explique le plus grand parcours, à l’intérieur du massif,
des oueds de la première catégorie. Sur le flanc sud, les vallées,
dont le type est offert par celle de Tarirt, ont, en général, une
très faible étendue. Et si l’une d'elles, la vallée de lo. Sfrou,
semble faire exception, il est visible que la plus grande partie de
son cours est en voie d’être capturée au profit de l'o. Ouberkan.
_ Toutes les vallées du flanc sud de la chaîne sont ainsi destinées
à être décapitées au profit des afiluents de l’o. Kiss et de lo. Mou-
louya qui se dirigent vers le Nord.
STRATIGRAPHIE
La série stratigraphique que j'ai observée dans le massif ou à
ses abords, appartient à la fois aux terrains primaires et aux
terrains jurassiques. Le Crétacé n'est pas représenté. On observe,
en outre, sur le bord septentrional de la chaîne, des dépôts
néogènes.
I. — Terrains primaires
Des schistes, intercalés de grès siliceux, aflleurent au centre du
massif, ainsi que l’a signalé M. Brives.
Les schistes sont argileux, ardoisiers, noirs et chargés de
matière charbonneuse, quelquefois lustrés. Ils se délitent en cer-
tains points, notamment sur le versant méridional du Ras Four'al
et du dj. Bou Zabel, en grandes plaques, que les arabes uülisent,
sous le nom de sfah', comme pierres tombales, et qui pourraient
offrir, en certains points, des ardoises peut-être exploitables.
On y distingue deux faciès lithologiques différents bien que se
succédant en continuité et en concordance, du moins apparente.
Ce sont, à la base, une puissante série de schistes intercalés de
quartzites blancs, roses ou bruns, en banes d'épaisseur variable,
depuis 1 cm. à plus d’un mètre. Au-dessus, les schistes argileux,
ardoisiers, prédominent et sont intercalés de loin en loin, de bancs
de quartzites noirâtres.
1. Le nom d’Aïn Sfah est donné, par les indigènes, à l’importante source
actuellement occupée par l’un des postes francais, à cause de la présence d’un
gisement de ces schistes ardoisiers au voisinage.
394 LOUIS GENTIL 15 Juin
Je n'ai, malgré mes recherches, pas trouvé trace de fossiles dans
tout cet ensemble dont l'épaisseur totale peut atteindre 1000 mètres,
mais 1l me semble très probable que les schistes supérieurs repré-
sentent les schistes à Graptolithes dont j'ai pu préciser l’âge goth-
landien dans le Haut-Atlas marocain, où ils se trouvent dans les
mêmes conditions stratigraphiques: ils afileurent, là, suivant l’axe
de la haute chaîne et aussi dans le Rif occidental,
Il ne me semble guère douteux que ces schistes ardoisiers
établissent, dans toute la chaîne du Rif, la continuité entre ceux
que j'ai observés dans l'Andijera. dans la Méditerranée occiden-
tale, et ceux du massif des Trara, en Algérie.
De plus, si cette détermination était confirmée par la découverte
Dj. Bou Zabel/
lahkoucht
S.E. O.Kebada
N.O.
O.Beni Ouak/an
niv.de la mer
Fig. 1. — COUPE MONTRANT L'ALLURE DES SCHISTES ET DES QUARTZITES
DANS LE DJ. BOU ZABEL. — 1/50 000
S;, schistes et quartzites inférieurs ; S,, schistes ardoisiers supérieurs ;
S,. schistes ardoisiers métamorphisés par le granite: {m, calcaires du Lias
moyen ; à, filons de kersantite et de porphyrite.
de débris organisés, il faudrait rapporter, ainsi que je l'ai fait dans
le Haut-Atlas, les quartzites subordonnés à l'Ordovicien et peut-
être aussi au Cambrien. Mais de nouvelles recherches s'imposent à
ce sujet ; je rapporterai pour le moment, et jusqu’à preuves paléon-
tologiques plus précises, cet ensemble au Silurien.
Ces schistes et quartzites anciens se montrent dans la partie la
plus élevée du massif des Beni Snassen, sauf au Ras Four’al qui
est couronné par des calcaires secondaires ; le ballon du dj. Bou
Zabel (1435 m.) et la partie des Beni Khallouf qui s'étendent entre
le dj. Takoucht et le Ras Four'al en sont constitués (fig. 1).
De cet affleurement important, les schistes siluriens s’irradient
dans le fond de toutes les vallées qui en descendent : dans
l'o. Zegzel, l'o. Ouartas, l’o. Beni Ouaklan et l'o. Bou Hafyr du
côté nord, dans les vallées de l’o. Kebada, l’o. Sfrou, l'o. Tar'irt,
sur le flanc méridional du massif.
1908 GÉOLOGIE DES BENI SNASSEN 399
Enfin ils apparaissent encore à la faveur de plissements, que je
décrirai plus loin, au bord de la plaine des Angad, notamment
auprès d'Aïn Sfah, dans la vallée de l’o. Bessara et dans celle des
Beni Moussi Roua. Nous verrons aussi comment les quartzites de
la base affleurent au sommet du dj. Bou Zabel et à l'entrée des
gorges de l’o. Beni Ouaklan, tandis qu'ailleurs se montrent surtout
les schistes ardoisiers superposés.
_ Je n’ai pas constaté, dans le massif des Beni Snassen, la présence
d’autres terrains primaires que ceux que je viens de décrire; ni les
dépôts carbonifères qui jouent un rôle si important dans la chaine
des Beni Bou Zeggou, au Sud, ni les conglomérats et les argiles
permiens de la région des Trara?, dans l’Est, ne s’y rencontrent.
II. — Terrains secondaires
Trias. — Les dépôts secondaires semblent débuter, en un point
seulement, par le Trias lagunaire, représenté par un petit lam-
beau de marnes rougeâtres, à cristaux de gypse, qui affleurent
dans la partie basse de la vallée de l’o. Sfrou, avant d'arriver
dans la plaine. Mais cette détermination laisse subsister quelques
doutes à cause de l’exiguité de l’affleurement et de l'absence com-
plète de fossiles.
Lias. — Partout ailleurs la série secondaire débute par les
terrains liasiques.
Le Lias offre dans tout le massif des Beni Snassen une succes-
sion lithologique d'une constance tout à fait remarquable qui
subsiste, en outre, dans l'Est, dans la région des Trara et, au Sud,
dans la chaine des Beni Bou Zeggou. Cette succession est la
suivante, en allant de bas en haut :
1° Conglomérat et grès ie rouges d'une épaisseur
variable de . . . SAUNA; Of AN SOS TT
2° Calcaire massif gris, Pléuètre ou Porc dune Drames
pouvant atteindre . . . Sue 7 Ja De Den 200 D
3° Calcaires en dalles, intercalés de re MAD EUXS MEN 100 »
4 Marno-calcaires gris ou rougeâtres . . . . . . . 100 »
10 L’assise la plus inférieure représente un conglomérat de base
formé aux dépens de quartzites et schistes siluriens, de granites
et de roches volcaniques anciennes. Elle renferme fréquemment
TARADDOrt 2e. loc. cit., pp. 201-205.
». Louis GENTIL. Esquisse stratigraphique et pétrographique du Bassin de
la Tafna. Thèse de doctorat, 1902.
396 LOUIS GENTIL 15 Juin
de gros galets de ces roches. empâtés dans un ciment argilo-
gréseux, d'un rouge carmin, chargé d'oxyde de fer. Ce conglomérat
de base est le même que celui que j'ai observé dans le massif des
Trara et que je pensais pouvoir représenter l'Infralias (?)'; c'est
aussi le même que j'ai étudié, plus récemment, dans le dj. el Hamra,
au Sud d’Oujda :.
2° L’assise suivante est généralement représentée par un calcaire
zoogène massif qui, profondément entaillé par l'érosion, constitue
les paroiïs abruptes des vallées les plus pittoresques de la chaîne.
Ces calcaires sont gris ou bleuâtres, plus rarement d’une blancheur
de marbre. Ils débutent fréquemment par une brèche, surtout aux
points où le conglomérat de base fait défaut. Enfin, ils sont parfois
magnésiens et passent, en certains points, à des dolomies.
L'épaisseur de l’assise est très variable : exceptionnellement
inférieure à 100 m., elle peut en atteindre 200. Dans la région du
Ras Four'al, sur le flanc septentrional de la chaîne, cette assise se
subdivise de la façon suivante, de la base au sommet :
a. Brèche calcaire ou dolomitique grise ou noirâtre, offrant
aussil'apparenee de cargneules A0E5 1000 CNT RO
b. Calcaire compact, gris clair, ou blanc ou noir . . . . . 5o »
cjGalcaire-bleuâtre, massif, 1210 NU VS NFAU MOIS O0)
A leur partie supérieure, ces calcaires renferment souvent de
gros silex bruns et noirs qui font saillie sur les surfaces libres.
3° Ces silex se montrent de plus en plus fréquents à mesure
qu'ils s'élèvent dans la série, et ils ont leur maximum de dévelop-
pement dans les « calcaires en dalles ».
Je désigne sous ce nom l'équivalent lithologique et stratigra-
phique des alternances de calcaires bleus, en lits de quelques
décimètres d'épaisseur, intercalés de lits marneux, que j'ai distin-
gués dans le massif des Trara *. À leur base les lits marneux sont
très minces et les silex, parfois gros comme une tête, forment des
lits parallèles à la stratification et quelquefois le remplissage des
diaclases. A la partie supérieure, les lits argileux prennent de
plus en plus d'importance et les calcaires en dalles passent insen-
siblement à une assise essentiellement marneuse, renfermant de
minces bancs de calcaires marneux.
J'ai montré dans ma note antérieure ‘ que, dans la zone frontière
d'Oujda et du Kiss, ainsi que dans le massif des Trara, la série
1. Thèse, loc. cit., p. 146-149.
DCR. AC.5C., 100 CU ELIRADDONL.-260pD 204
3. -Loccitt, p.x501et sui".
ROCRMAGASC" loemcit
1908 GÉOLOGIE DES BENI SNASSEN 307
liasique, partout représentée avec les caractères pétrographiques
que je viens de décrire, débute stratigraphiquement par la zone à
Amaliheus margaritatus Moxrr. du Lias moyen, et comprend
le Domérien, le Toarcien. et très vraisemblablement aussi Aalé-
nien.
Cette conclusion, basée sur l'étude de deux gisements fossili-
fères que j'ai découverts, l'un dans le dj. el Hamra, aux environs
d'Oujda, l’autre à Ar'bal (Beni Khaled), non loin de la frontière de
l'o. Kiss, s'étend à tout le massif des Beni Snassen.
J'ai, en effet, dans mon récent voyage, trouvé un certain nom-
bre de gisements nouveaux qui confirmentnettement cette manière
de voir '. Aussi me semble-t-il impossible de revenir, comme
l’a fait récemment M. Brives?, à l'ancienne attribution au Lias
inférieur et moyen, des calcaires massifs de la série qui nous
occupe. Quelques coupes dans les régions où j'ai pu recueillir
des fossiles, sont convainecantes à cet égard.
Coupe du djebel el Hamra. — Le djebel ei Hamra, bien que
situé en dehors du massif qui fait l'objet de cette note, offre
une coupe importante qui mérite d’être décrite ici, par suite de la
présence du gisement fossilifère que jy ai trouvé l'été dernier.
SSE. Dj.el Hamra N.N.O.
niv.de/a mer
Fig. 2. — Coupe DU DJ. EL HAMRA. — 1/200 000.
1, conglomérat de base: 2, brèche de calcaire magnésien (Lias moyen); 5,
calcaire massif du Lias moyen; 7,, grès et argiles séquaniens; }, laves et
tufs leucitiques ; q. alluvions.
Cette colline, aride, borde au Sud, la dépression au centre de
laquelle est bâtie la ville marocaine d'Oujda. Sa coupe transver-
sale est figurée ci-dessus (fig. 2).
Le conglomérat rouge qui apparaît au centre de Fanticlinal
1. Deux de ces gisements n'ont été indiqués par deux officiers topo-
graphes, MM. Rocer ct UFFLER, que je suis heureux de remercier ici.
DMNÉOC CUT SD EE
398
LOUIS GENTIL
15 Juin
liasique renferme une petite faune dans laquelle j'ai pu déter-
miner les espèces suivantes :
Amaltheus margaritatus MonrTr.
— ruthenensis REYN.
Zeilleria subnumismalis DAvVIDSON.
Terebratula punctata Sow.
Rhynchonellacurviceps QuENsTr.sp.
— cf. Schimperi, Haas.
Gryphæa obliqua Gozpr.
Pecten strionatis QUENST.
— cf. subpunctata Sow. Lima du gr. de L. gigantea Sow.
Rhynchonella tetraedra Sow. — Sp.
— cf. Rosenbuschi HAAS.
Cette faune appartient à la zone à Amaltheus margaritatus du
Lias moyen. Elle se trouve non seulement dans le conglomérat
rouge, mais également à la base des calcaires compacts du dj.
el Hamra. Elle indique donc que toute la série des dépôts liasiques
qui surmontent le conglomérat de base, sont d’une époque qui ne
peut remonter au delà du Domérien. La partie inférieure du Lias
moyen et du Lias inférieur fait donc défaut dans cette montagne,
de même que dans le massif des Trara, d’après les coupes que j'en
ai publiées, dans ma thèse de doctorat ".
Nous allons voir qu'il en est de même, dans les Beni Snassen.
Coupe d'Ain A’rbal. — J'ai revu le gisement d'Aïn A’rbal, dans
S. N.
à TE. ardins d'Arbal
SR —
niv.de la mer fin Flerjia Air Ar bal
Fig. 3. — Coupr D’AÏN AR’BAL. — 1/50 000
Lias moyen : 1, calcaire massif gris ou bleuâtre; — Lias supérieur : 2, cal-
caire en dalles à silex; 3, marnocalcaires; — pm, conglomérats néogènes;
ar, gisements de Céphalopodes toarciens.
lequel j'ai découvert, l'été dernier, le gisement toarcien que j'ai
signalé ?.
Arbal se trouve au bord du massif, dans les premiers escarpe-
ments qui limitent la plaine des Trifa. L'o. A’rbal coule dans la
plaine pour aller rejoindre l’o. Kiss, à 4 km. en aval du camp de
1. 10C: cit; p-a8;et Suiv.
9. 1CR AC. SC, Loc. Cil:
1908 GÉOLOGIE DES BENI SNASSEN 399
Martimprey, et cette petite rivière, presque exclusivement alimen-
tée par les sources importantes d’Aïn A’rbal et d’Aïn Merjia, fait
suite à l'o. Bou Hafyr dont la vallée prend naissance au pied
sud du Ras Four’al et du col de Tar’irt.
En remontant l’oued, à partir de la plaine, on pénètre dans une
vallée d'abord très resserrée, creusée dans le Lias et qui s’élale
ensuite dans les schistes primaires et dans des roches volcaniques,
anteliasiques dont je parlerai plus loin (fig. 3).
A la base de l’assise marno-calcaire (n° 3, fig. 3) j'ai recueilli
d'abord en août 1907, puis en avril 1908, de nombreux échantil-
lons qui m'ont fourni la liste suivante :
Phylloceras Nilssoni HE8. sp. Harpoceras bicarinatum Muxsr.
— Gajdrii GYuLA. in ZIET.
— Partschi REYNÈS. — concasum SOW.
— Sp- Hammatoceras insigne Scaügz.
Lytoceras dorcadis MENEGH. Grammoceras fallaciosum BAYLE.
— sp. — fallaciosum var. Cot-
Hildoceras bifrons Bruc. teswaldiæ S. Buck.
— Mercati HAUER. Cæœloceras (Peroniceras) subarma-
Lillia Bayani Du. tum Y.et B.
— comensis DE BUCH. —— acanthopsis D'Or. et
— Erbaensis HAUER. nombreuses variétés.
Aulacoceras Guidonii MENEGH.
Cette faune caractérise la zone à Lytoceras jurense du Toarcien.
Coupe de l’oued Tazarin. — Au Sud du poste d’'Ouberkan, le
Gorges de /0.Tazarin
D). Tampout
S. |
l
|
|
!
l
!
l
!
+
Fig. 4. — COUPE DE L'OUED TAZARIN. — 1/100000
x, porphyrites antéliasiques ; 7, conglomérat de base; {m, calcaires du Lias
moyen. — Lias supérieur : ls,, calcaires en dalles; {s,, marno-calcaires, —
2, argiles et grès oxfordiens; q, alluvions de la plaine des Trifa.
Lias fossilifère forme, sur les contreforts septentrionaux du massif,
une bande en continuité avec celle d’Aïn A’rbal. Il fait partie, là,
du revêtement calcaire du flanc nord de la montagne et il est pro-
400 LOUIS GENTIL ro Juin
fondément entaillé par les vallées qui descendent des crêtes,
notamment par les vallées de l’o. Zegzel (o. Tazarin) et de lo.
Beni Ouaklan qui forment, par leur jonction, l'o. Ouberkan. Les
coupes, le long de ces oueds, à leur débouché dans la plaine des
Trifa, sont identiques.
Celle, relevée suivant le cours de l'o. Tazarin, offre la succession
figurée ci-dessus (fig. 4). Elle montre, à la base du Lias, le conglo-
mérat de base ferrugineux, et, au-dessus, en concordance, des
marnes schisteuses qui sont elles-mêmes recouvertes par les
argiles et les grès de l'Oxfordien.
Au dessous du village de Tazarin et le long de la berge, rive
gauche de l’oued, j'ai trouvé, dans les marno-calcaires gris ou rou-
getres, identiques à ceux d'A'rbal, les matériaux d'une belle faune
parmi lesquels je puis citer un certain nombre d'espèces :
Phylloceras Nilssoni Hér. Harpoceras bicarinatum Muxsr.in
Spadæ MiNEcir. Zarr.
Gajdrii GxuL. Grammoceras Siæmanni Ovr., in
cf. Partschi REYNES. Do.
- sp. Poly plectus discoides 7aer.
Lytoceras dorcadis MENEGu. Cæloceras crassum Paie
— sp. — subarmatum Y. et PB.
--- Sp. et nombreuses va-
IHildoceras bifrons Brüc. riélés.
— Levisoni Sims. — acanthopsis b'Or8.
Lillia Bayani Dux. Nautilus latidorsatus D'Or.
— comensis BucH. Belemnites indét.
ITarpoceras cumulatum WyATr. Aulacoceras indunense MENEGu.
Plus à l'Ouest, sur les berges de lo. Beni Ouaklan, au point où
celte rivière reçoit l'o. Ouartas, se trouve un autre gisement qui
m'a permis d'établir la liste suivante :
Phy:lloceras Nilssoni HEB. Harpoceras bicarinatum Muxsr. in
- cf. Capilanei CAT. Zaxer.
— Sp. Grammoceras Sæmanni OpPe. in
Lytoceras dorcadis MENEGH. Du.
— sp. Cæœloceras subarmatum Y. et B.et
Hildoceras bifrons Bruc. nombreuses variétés.
— Levisoni Sims. _ Desplacei D'Onrs.
Lillia Bayani Du. Aulacoceras indunense MENEGH.
Harpoceras cumalatum HYATT.
Je signalerai encore un important gisement liasique dans la
D 5
vallée de l’o. Beni Amir.
La coupe relevée entre la crête du dj. Aster et la dépression de
1908 GÉOLOGIE DES BENI SNASSEN 4oI
Taforalt, à travers cette vallée, montre la succession figurée
ci-dessous (fig. 6).
Les fossiles sont ici généralement engagés dans les bancs cal-
caires, intercalés dans des lits marneux en Æ,'. J'ai reconnu
parmi les échantillons que j'ai rapportés les espèces suivantes :
Harpoceras radians REIN. Lillia cornensis Bucux.
Hildoceras (Arietites) Caterinæ P. Grammoceras Sæmanni Du.
et V. — toarcense D'ORB.
A une distance verticale de plus de 5o m. au-dessus de ce gise-
ment F, se trouve un autre gisement fossilifère mr: caractéri-
sant un horizon du Jurassique dont il sera question plus loin.
Ainsi, tous les gisements fossilifères qui précèdent appartien-
nent à un même niveau du Lias supérieur (Toarcien).
Tous ces points fossilifères se trouvent au-dessus des «calcaires
en dalles » et, à plus forte raison des calcaires massifs, parfois
magnésiens, qui forment les escarpements rocheux importants de
la chaîne. Comme, d'autre part, ces derniers renferment à la base,
à Oujda, la petite faune à Amaltheus margaritatus que j'ai signalée
plus haut, il en résulte qu'entre cet horizon et le précédent se
trouve intercalée, sur une épaisseur pouvant dépasser 200 et même
300 m., une puissante série de dépôts calcaires ou marneux repré-
sentant la partie supérieure du Lias moyen (Domérien) ou le
Toarcien.
IL est très vraisemblable, en outre, que l’Aalénien se trouve
représenté par une assise encore importante de marnes et de
calcaires qui surmonte le niveau à Céphalopodes le plus élevé que
j'ai rencontré. Mais je n'ai pas trouvé, malgré mes recherches, la
preuve paléontologique de l'existence de cet Aalénien.
Les conclusions qui précèdent ne peuvent s’accorder avec les
observations de M. Brives qui voit, dans les calcaires massifs des
Beni Snassen l’ensemble du Lias inférieur et du Lias moyen” et
cite, à l'appui de cette détermination, Rhynchonella tetraedra,
du Lias moyen, qu’il aurait trouvé au dessus de ces calcaires
massifs et, par suite, dans les « calcaires en dalles ».
Cette découverte, qui paraissait fort importante, était en con-
tradiction avec mes observations antérieures, aussi méritait-elle
confirmation.
J'ai eu l’occasion de fouiller le gisement de Brachiopodes, signalé
P » S18
nl
. Voir plus loin coupe fig. 6, p. 404.
MDocAciUAprs:
D
Qt
Novembre 1908. — T. VIIL. Bull. Soc. Géol. Fr. — 96.
4o2 LOUIS GENTIL 15 Juin
par M. Brives. Ce gisement est situé dans la haute vallée de lo.
Ouberkan, de l’o, Moulaï Idriss; on le trouve à un niveau élevé
des « calcaires en dalles » ou, ce qui revient au même, tout à
fait à la base des marno-calcaires à Céphalopodes, puisqu'il y a
passage insensible entre ces deux assises, qu'il est d’ailleurs
impossible de bien délimiter.
‘On peut relever à travers la vallée la coupe ci-dessous :
©. Moulaï /ariss
1
Il
1
!
niv. de /a mer
Fig. 5. — COUPE DE LA VALLÉE DE L'OUED MouLaï Ipriss
Lias moyen : 1, calcaire massif gris ou bleuâtre., — Lias supérieur : >», caleai-
res en dalles à silex ; 5, marnocalcaires.
Les fossiles, pas très abondants en ce point, sont représentés
par des Brachiopodes, surtout des Rhynchonelles, et des Ammo-
nites et j'ai pu reconnaître, dans les échantillons que j'ai rapportés :
Lytoceras sp. Cæœloceras Taramellii P. et V.
Harpoceras variabile D'Or. Rhynchonella sp.
Grammoceras fallaciosum BAYLE. Pecten sp.
— — var. Lima sp.
_ cotteswaldiæ S.
Buckm.
Cette faune, nettement toarcienne, explique comment je n'ai pas
retrouvé la Rhynchonella tetraedra signalée par M. Brives.
Mes recherches dans le massif des Beni Snassen confirment, en ce
qui concerne les terrains liasiques, les conclusions auxquelles j'étais
arrivé dans la région d'Oujda et la zone frontière du Kiss .
1° Le conglomérat de base marque ici, comme ailleurs dans les
régions occidentales du Tellalgérien, la transgression mésoliasique.
Les dépôts liasiques d’alentour, représentés sur de vastes régions,
par la zone à Amaltheus margaritatus du Lias moyen, com-
prennent le Domérien, le Toarcien et très vraisemblablement
aussi l’Aalénien.
2 La rareté des Phylloceras et des Lytoceras dans tous les
gisements que j'ai explorés comparée à l'extrême abondance des
Hildoceras, souligne la remarque que j'avais faite à propos des
gisements analogues du Trara (Thèse, p.55) à l'Est de la fron-
1. CR AC SC, loc.LCit:
1908 GÉOLOGIE DES BENI SNASSEN 403
tière. Depuis, M. Robert Douvillé a fait la même remarque à
propos de gisements toarciens d’Andalousie '. Elle semble ainsi
s'étendre à toute la Méditerranée occidentale et elle indique des
dépôts de mer moins profonde que ceux de l'Ammonitico rosso
de l'Apennin et de la Lombardie.
Le Lias joue un rôle très important dans l’erographie du massif
des Beni Snassen. Il forme le revêtement de la chaîne sur son
flanc nord et son flanc sud, depuis les environs de Taforalt jus-
qu'au col du Guerbous, où il se trouve en continuité avec les mêmes
terrains dans le Maaziz et dans la chaine du Filhaoucen, en Algérie.
Entre ces limites il affleure presque partout, même au sommet
du Ras Four'al, contrairement à ce qu'indique la coupe donnée
par M. Brives dans sa note; à l'exception de ce sommet, il a dis-
paru par érosion dans la partie la plus saillante de la chaîne.
C'est ainsi que les vallées profondes des deux versants ont mis à
nu le soubassement primaire, dans les gorges pittoresques des o.
Bou Hafvr, Tar'irt, Zegzel, etc., tandis qu’elles ont complètement
décapé les crêtes tout autour du dj. Bou Zabel.
Dans l'Ouest, le Lias disparaît sous une couverture de terrains
jurassiques.
Aux dépôts liasiques succèdent toute une série d'assises, comme
l'indique la coupe de la vallée de Beni Amir.
Bajocien. — On observe, tout d’abord, au-dessus des marnes
calcaires du Lias supérieur, et reposant en concordance de strati-
fication, des marnes grises ou blanchâtres, dures, schisteuses ou se
débitant en esquilles, intercalées de bancs de calcaires marneux
gris ou noirâtre, également schisteux. La puissance visible de
cette assise est d'environ 60 mètres.
Ces lits marneux ou calcaires sont, par place, pétris de Posi-
donies.
J'ai recueilli dans la vallée de Beni Amir, dans la première
moitié de cette assise marno-schisteuse, les éléments de faune
caractérisant la zone à Cœloceras garantianum D’Ors. sp.
Cœæloceras garantianum (?)échant. Perisphinctes cf. Martiusi D'Ors.
déformé. Phytlloceras cf. mediterraneum
— Daubenyi GEMM. NEuM.
— plicatissimumQu.(—A. Lytoceras adeloïdes Kup.
Humphriesianus pli- Glossothyris pteroconcha GEmv.
catissimus Qu.). Rhynchonella defluxa OpPe.
1. Esquisse géologique des Préalpes subbétiques (Partie centrale), Paris, 1906,
P. 46, 47.
404 LOUIS GENTIL 15 Juin
Dans la partie la plus élevée de ce gisement se montre en abon-
bance une Posidonie qui offre, dans le jeune âge seulement, les
côtes de Posidonomya Dalmasi Dum. C'est une espèce intermé-
diaire entre cette dernière et la Posidonomya alpina A. Gras. Il
est assez vraisemblable, en outre, que ces deux espèces sont asso-
ciées dans ce gisement des Beni Snassen. comme elles le sont
parfois dans les Alpes.
Plus à l'Est, à environ 6 km. de Beni Amir, j'ai trouvé un autre
gisement bajocien offrant les mêmes espèces.
Ce point fossilifère se trouve dans la vallée de Beni Ahmed
Tanout, aflluent de la vallée de lo. Zegzel.
Il y a continuité des couches entre les deux gisements bajociens
et la succession du Lias et du Bajocien, dans la vallée de Beni
Ahmed Tanout, identique à celle de Beni Amir, ainsi que le montre
la coupe ci-dessous.
Dj. Aster / 1007)
NZ
ie
Taforal
| < nee aforalt
niv. d'e la mer +
Fig. 6.— CouPE A TRAVERS LA VALLÉE DE BENI AMIR. — 1/50 000
lm, Lias moyen (calcaires massifs). — {s, Lias supérieur : Ls,, calcaires en
dalles ; {s,, marnocalcaires.— j,, Bajocien et Bathonien (marnes schisteuses);
Je, Callovien et Oxfordien (argiles et grès); j,. Séquanien (argiles et grès,
c, bancs de calcaire oolithique); js, Jurassique supérieur (calcaires magné-
siens). — #,, gisement toarcien; "#,, gisement du Bajocien supérieur.
La valeur stratigraphique des Posidonies est très relative,
mais, par contre, les faunules de Céphalopodes que je viens de
signaler ne laissent subsister aucun doute sur les couches qui
les renferment. Elles caractérisent le Bajocien supérieur.
De plus, ces associations rappellent celles décrites par M. Gem-
mellaro, dans des couches de Sicile, avec Posidonomy a alpina.
1908 GÉOLOGIE DES BENI SNASSEN 405
Bathonien et Callovien. — L'assise marno-schisteuse de Beni
Amir et de Beni Ahmed Tanout se poursuit sur une trentaine de
mètres d'épaisseur, au moins, au-dessus des gisements du Bajocien
supérieur, et cette épaisseur correspond très vraisemblablement à
l’ensemble du Bathonien et du Callovien; mais la preuve paléonto-
logique de ces deux étages reste à faire.
Il me parait intéressant de faire remarquer ici que, depuis le
massif de Santa Cruz d'Oran jusque dans les Beni Snassen, se
montrent, en passant par le massif des Trara, la même succession
de couches du Lias et de la partie inférieure du Jurassique que
je viens de décrire.
J'ai signalé‘ la Posidonom ya alpina dans des marno-calcaires
schisteux, analogues à ceux des Beni Amir et de Beni Ahmed
Tanout, dans le ravin de l'Ardoisière du Santa Cruz d'Oran et aussi
dans les Beni Ouarsous du massif des Trara, et j'ai placé ces
couches dans le Callovien, par suite de la présence assez fréquente
de P. alpina, à ce niveau, dans les Alpes.
Les observations qui précèdent montrent qu’il faut donner aux
marnes schisteuses d'Oran et des Trara, comme à celles des
Beni Snassen, une interprétation stratigraphique plus large. Là
comme ici, il faut y voir l'ensemble du Bajocien, du Bathonien et
du Callovien.
La continuité de la sédimentation depuis le Lias, ainsi que dans
les dépôts qui le surmontent et que nous allous examiner, semble
d'ailleurs bien l’aflirmer.
Oxfordien, Séquanien et Jurassique supérieur. — Le
Bajocien fossilifère, de la vallée de Beni Amir, est recouvert en
discordance par une succession d'assises qui montie l'extension,
vers l'Ouest et le Nord-Ouest, des dépôts jurassiques du dj.
Filhaoucen et du massif de Tlemcen-R'ar Rouban.
Je n'ai que peu de choses à dire de ces terrains, dans lesquels je
n'ai pas trouvé de fossiles ou du moins aucun fossile déterminable,.
La coupe de Beni Amir (fig. 6, p. 404) nous montre du fond de
la vallée à la crête qui domine Taforalt :
1° Une série d’argiles schisteuses, verdâtres, intercalées de petits
bancs de grès siliceux brunâtres et dont l'épaisseur peut atteindre une
centaine de mètres.
Cet ensemble constitue le prolongement vers l'Ouest des argiles
oxfordiennes du dj. Filhaoucen, qui, sont elles-mêmes, en con-
1. Thèse, loc. cit., p. 173-170.
4o6 LOUIS GENTIL 15 Juin
tinuité avec les schistes et grès d'Oran dans lesquels j'ai signalé
une faune oxfordienne caractérisée par Cardioceras cordatum
Sow., Phylloceras Kudernatschi Hau., Phylloceras tortisul-
catum D'Ors., etc. '. Ces argiles sont également développées dans
le massif du Ras Asfour, où elles reposent, en concordance, sur
des bancs de calcaires renfermant la faune callovienne signalée
par M. Paul Lemoine et par moi *.
Malgré mes recherches, je n'ai pas trouvé de fossiles dans la
région qui nous occupe.
Dans les Beni Snassen, comme dans le Filhaoucen et le Ras
Asfour, cet Oxfordien est transgressif sur le Lias et les schistes
primaires. J'ai récemment signalé la même transgression du
Callovien dans le Ras Asfour*.
2 Au-dessus de l’Oxfordien, j'ai retrouvé les mêmes grès bruns, assez
durs, en bancs de 50 ems. à 1 m. d'épaisseur, intercalés d’argiles schis-
teuses vertes, parfois bariolées de couleur lie-de-vin et rouge, que j'ai
décrites au Nord de Lalla Marnia, dans le bassin de la Tafna.
En ce dernier point j'ai signalé, dans des lentilles de calcaire
zoogène intercalées, une petite faune de Brachiopodes et d° Échi-
nodermes, avec Polypiers, que A. Peron a rapprochée de faunes
séquaniennes du Sud de la province d'Alger *
J'ai seulement trouvé dans les Beni Ourimech, au milieu de
cette formation, des bancs de calcaire oolithique avec débris
d'Encrines, de Bivalves, de Gastropodes (Nérinées) et de Poly-
piers, malheureusement indéterminables.
3% Enfin, à cette série argilo-gréseuse, qui, dans le massif des Beni
Snassen, peut atteindre 250 mètres, succède une importante assise de
calcaires compacts et de dolomies, en bancs bien réguliers, qui consti-
tuent le prolongement vers l'Ouest des dépôts analogues de la crête du
dj. Filhaoucen et du sommet des monts de Tlemcen où ils sont con-
sidérés comme appartenant au Jurassique supérieur.
Le dj. Bou Zemmour, qui constitue, dans les Beni Ourimech,
le bord sud du plateau qui domine la plaine des Angad, montre
la succession de tous les dépôts jurassiques que je viens d'énu-
mérer.
Tout est à faire pour l’étude stratigraphique de cette série juras-
sique et je ne doute pas que des recherches patientes n'amènent,
1'Alhesemoce Git:
2. CR. Ac. Sc., août 1904, et A.F.A.S., Congrès de Cherbourg, 1905.
3. 1CR. Ac. Sc; locueit.
4. Voir à ce sujet : Louis GEnTiz. Bul. Sere. Carte géol. alg. (2°), n°4,
PP. 119-121.
1908 GÉOLOGIE DES BENI SNASSEN 407
aussi bien dans le massif de Tlemcen et le dj. Filhaoucen que
dans les Beni Snassen, la découverte de quelques rares gisements
de fossiles qui préciseront les niveaux jurassiques auxquels ils
appartiennent.
Au point de vue de leur extension, il ne semble pas douteux que
ces dépôts n'aient recouvert toute la région. Ils sont actuellement
très morcelés et forment toute une bande autour du massif, au
Nord dans la plaine des Trifa, au Sud dans les dj. Mer’ris, Hararza,
Sidi Soltan et à l'Ouest, depuis Taforalt jusque vers la Moulouya.
Cette série jurassique limite les dépôts secondaires, tout au
moins dans l'étendue du massif qu'il m'a été permis d'explorer,
et il faut renoncer à voir dans les mamelons qui dominent Ouber-
kan des représentants du Crétacé inférieur, ainsi que M. Brives
l'indique dans la coupe qu'il a donnée dans sa note'. Ces mame-
lons, en éffet, sont constitués par les argiles et grès oxfordiens
car ils sont recouverts, normalement, par les grès séquaniens qui
leur succèdent, en ce point comme partout où ils affleurent dans la
région ”.
IIT. — Terrains tertiaires
Miocène. — (Ces terrains néogènes existent à la bordure du
massif des Beni snassen et de la plaine des Trifa.
Ainsi que je l'ai signalé dans mon rapport de mission de l’année
dernière, tout le petit sahel du Korn ech Chems qui, partant
d'Adjeroud sépare la plaine des Trifa de la côte, est constitué par
le prolongement vers l'Ouest des dépôts du Miocène moyen, que
j'ai pu suivre de façon presque continue depuis Nemours. Il semble
seulement que le massif des Nisirda ait forcé la mer helvétienne à
1UBOGC cit D: 7-
2. Bien qu'avec des documents topographiques très imparfaits, j’ai tenu à
figurer les contours des terrains que je viens de décrire sur une carte à
l'échelle de 1/100 000. J’ai été aidé à ce sujet par les officiers de la brigade
topographique placés sous le commandement du capitaine Guéneau, qui
opérait dans la région au moment de mes recherches. Je remercie tous ces
messieurs de leur précieux concours et, en particulier, le lieutenant Roger,
dont les observations n'ont permis d'étendre ma carte plus à l'Ouest.
Depuis, j'ai pu coordonner mes documents cartographiques grâce à des
calques photographiques des levés de la brigade, qu'a bien voulu me com-
muniquer le général Lyautey. Et, dans le but de donner plus d’approxi-
mation à mes contours géologiques, j'ai réduit l’ensemble à l’échelle de
1/400 000.
C’est ainsi que la carte (planche VIIT) qui accompagne ce mémoire pourra
être considérée, au moins provisoirement, comme donnant une physionomie
assez approchée de la cartographie stratigraphique du massif des Beni
Snassen ; mais je la publie seulement avec ces réserves.
Aoë LOUIS GENTIL 15 Juin
communiquer par l'emplacement de la Méditerranée actuelle avec
la plaine des Trifa et le golfe de Bab el Assa.
Les fossiles que j'ai recueillis aux environs de Nemours, ainsi
qu'aux abords de Port-Say, les placent à la partie supérieure
de l’Æelvétien ou à la base du Tortonien.
Les dépôts miocènes se poursuivent au delà de la Moulouya, au
pied des Kebdana, et il semble bien que le fleuve les ait traversés
sur un long parcours, à en juger par ses eaux boueuses qui témoi-
gnent de la présence, sur une grande étendue, d’argiles tertiaires.
Les argiles du Miocène moyen forment presque partout le sou-
bassement de la plaine des Trifa. Elles se relèvent sur le bord
septentrional du massif des Beni Snassen et sont visibles dans la
partie est, dans la coupure des vallées qui en descendent.
Elles sont recouvertes par un poudingue à gros galets, en
grande partie empruntés aux calcaires du Lias et aussi aux roches
sédimentaires et éruptives du Primaire. Ces blocs, plus ou moins
roulés, sont cimentés par un grès calcarifère.
J'avais observé ce conglomérat, durant l'été 1907, dans la région
d'Arbal, et je le considérais, en l'absence de tous documents
paléontologiques, comme faisant probablement partie des dépôts
pliocènes de la plaine.
Je n'ai acquis depuis, aucune donnée précise sur l’âge de ces
dépôts miocènes : je pense seulement qu'ils pourraient aussi bien
représenter un faciès du Tortonien supérieur, tel que cet étage
miocène se montre assez fréquemment dans le Tell algérien. Mais
il me paraît impossible d'admettre avec M. Brives, qui les a
touchés au Sud d'Ouberkan, leur âge cartennien (Miocène infé-
rieur); et les Pectinidés «en mauvais état de conservation », signa-
lés par mon confrère, ne peuvent appartenir qu'au Tortonien ou
au Pliocène, pour les raisons que je viens d'indiquer.
Dans la plaine des Angad, pas plus que l’an dernier, je n'ai
trouvé de dépôts miocènes.
Pliocène et Pleistocène. — Je crois devoir placer dans le
Pliocène les sables rouges, parfois argileux, qui forment, au Nord
du massif des Beni Snassen, notamment à la bordure du sahel du
Korn ech Chems, des mamelons élevés de quelques dizaines de
mètres au-dessus de la plaine. Ces sables rouges ont été profondé-
ment remaniés, si bien que je considère, après l'avoir traversée
de long en large, la plaine des Trifa comme en grande partie
pleistocène.
Je signalerai enfin un Pliocène lacustre récent, aux abords de
la Moulouya. Sur la rive droite de ce fleuve, dans la région de
1. Loc. cil.; p. 10.
1905 GÉOLOGIE DES BENI SNASSEN 409
l’Aïn Zerga et près de son embouchure, se montrent des marnes
blanchâtres et des travertins sur une épaisseur visible d’une quin-
zaine de mètres. Il n’est pas rare de trouver dans les calcaires
compacts des empreintes de Mollusques lacustres et terrestres
empâtés, et, dans les marnes, j'ai recueilli, en plusieurs points, un
grand nombre de Mélanopsidés.
Ces dépôts semblent reposer, de même que les sables rouges,
sur le substratum argileux du Miocène moyen, et c’est ainsi que
j'explique la présence, à une faible profondeur, dans la plus
grande partie de la plaine des Trifa et notamment dans sa partie
occidentale, d'un niveau d’eau important qui contribue à donner
à cette plaine sa fertilité bien connue des indigènes et qui mérite
de fixer l'attention.
ROCHES ÉRUPTIVES ET TECTONIQUE
Je ne m'étendrai pas sur la tectonique du massif des Beni
Snassen ni sur les roches d'origine ignée que j'ai observées, me
réservant de reprendre ce côté de la géologie de la région dans
un mémoire d'ensemble que je me propose de publier sur la zone
frontière algéro-marocaine.
Je me bornerai, dans cet exposé succinct, à donner une courte
description des principales roches de profondeur ou d’épanche-
ment que j'ai rencontrées et à esquisser les grands traits de la
tectonique du massif.
Roches éruptives. — (Ces roches appartiennent à trois
époques différentes de l’histoire géologique du massif. Les unes,
de profondeur ou de demi-profondeur, datent des temps paléo-
zoïques ; les autres appartiennent à deux phases volcaniques bien
distinctes, dont l’une remonte à la fin de la période primaire ou au
début de la période secondaire et dont l’autre date du Néogène.
1° Des granites affleurent au cœur du massif.
Le type le plus répandu est une roche de couleur grise, à nom-
breuses lamelles de biotite disséminées dans une association de
quartz et de feldspaths.
Au microscope, on observe un peu de magnétite, de la biotite
brune parfois chloritisée, avec inclusions d’apatite, plus rarement
de zircon à auréoles pléochroïques, de la muscovite assez rare, en
petits cristaux. Les feldspaths sont représentés par de l’orthose et
surtout des plagioclases formés d’oligoclase et d’andésine acide ;
ces feldspaths calcosodiques sont toujours maclés suivant les lois
410 . LOUIS GENTIL 15 Juin
de Carlsbad, de l’albite et de la péricline, et ils se montrent sou-
vent entourés d’une bordure périphérique d'orthose: ils sont plus
ou moins altérés, kaolinisés et chargés de micas secondaires ;
l'orthose est fréquemment aussi faculée d’albite. Le quartz est en
grandes plages dans les préparations.
Des granulites de couleur plus claire, roses ou blanches, traver-
sent en filons les granites à mica noir. Elles s'en distinguent par
la rareté de la biotite et l'abondance des petites lamelles de musco-
vite. L'orthose, abondante, est souvent faculée d’albite ; la roche
n'a pas de microcline, mais un feldspath plagioclase formé d'oligo-
elase. Le quartz, assez abondant, donne nettement à la roche une
structure granulitique.
Une variété de couleur rose de cette granulite montre une ten-
dance à la structure microgrenue.
Les schistes et les quartzites siluriens ont subi, au contact des
granites que je viens de décrire, un métamorphisme intense qui
mérite une étude de détails que mon exploration rapide ne m'a
pas permise. ‘
Je citerai cependant deux types de contact affleurant, sur d'assez
grandes étendues, au pied méridional du Ras Four’al.
Le plus fréquent est compact, finement rubané, de couleur gris-
brunâtre, caractérisé par de très nombreux petits cristaux noirs
d’andalousite couchés dans les plans de fissilité de la roche. Au
microscope, on observe un beau type de schistes micacés à anda-
lousite. L’andalousite offre le type Huelgoat de M. Lacroix ; elle
ne renferme jamais de matières charbonneuses: elle est développée
sur un fond de biotite et de séricite.
Une autre roche de contact assez fréquente constitue un schiste
à andalousite et cordiérite. Elle ne peut se distinguer de la précé-
dente à l'œil nu ; en lames minces, l'andalousite s'y observe avec
les mêmes caractères et la cordiérite, plus rare, est parfois maclée
suivant 9° (130). De grandes lamelles de muscovite accompagnent
les cristaux d'andalousite et ces trois minéraux se développent
sur un fond finement grenu de biotite, de muscovite et de quartz,
avec un peu de magnétite.
Ces roches constituent de beaux spécimens de métamorphisme
exomorphe de granites : les schistes micacés à andalousite résul-
tent de la transformation des schistes ardoisiers siluriens, tandis
que le type à cordiérite provient du contact de schistes quartzeux
ou des quartzites intercalés aux mêmes niveaux.
Les granites des Beni Snassen et leurs contacts métamorphiques
1908 GÉOLOGIE DES BENI SNASSEN 4x
rappellent à s'y méprendre les roches similaires du massif des
Trara'. De même qu’à Nedroma, les granites à mica noir forment
une bosse qui affleure dans la haute vallée de l’o. Zegzel, au
contact du Silurien.
Le métamorphisme intense des dépôts de cet âge montre la
postériorité de la consolidation des granites et des filons granuli-
tiques qui les traversent. Ces roches de profondeur ont été ensuite
remaniées par le congloméral de base du Lias, qui surmonte les
schistes siluriens, ce qui laisse supposer que ces granites sont,
soit primaires (post-siluriens), soit triasiques ou infraliasiques.
Mais on ne peut s'empêcher de les rapprocher, au point de vue de
leur âge, des roches similiaires de Nedroma.
Il ne semble guère douteux, en effet, que les bosses granitiques
des massifs des Trara et des Beni Snassen ne fassent partie d’une
même venue, et l’on est amené ainsi à admettre que les. granites
qui nous occupent sont primaires, dévoniens ou carbonifères,
puisque ceux de Nedroma sont remaniés dans les conglomérats.
permiens des Beni Menir, dont ils forment le principal élément *.
29 Volcans antéliasiques.— Des déjections volcaniques anciennes
existent, presque partout, sur les schistes et les quartzites pri-
maires. Elles appartiennent à des porphyrites (andésites) à
pyroxène généralement très altérées.
Les laves compactes constituent des roches vertes, parfois mou-
chetées de taches d’un vert très foncé, dues à de la chlorite. Les
grands cristaux sont rares et formés surtout de pyroxène ; la pâte
ne peut se résoudre à l'œil nu ni à la loupe.
Le type pétrographique le plus récent offre, en lames minces,
des phénocristaux d’augite non pléochroïques, maclés suivant
h' (100), accompagnés de rares cristaux d’andésine. La pâte est
plus ou moins cristalline, essentiellement formée de microlites
maclés, suivant les lois de Carlsbad et de l’albite, d’oligoclase et
d'andésine acide : la magnétite est assez fréquente et montre des
chapelets de très petits octaèdres.
L'altération est plus ou moins profonde; les feldspaths sont
kaolinisés et la roche envahie par de la calcite et par une chlorite
très faiblement biréfringente, avec forte dispersion. On y trouve
aussi, en abondance, de l’épidote et du sphène secondaires.
Cette andésite à pyroxène est répandue partout où affleure le
substratum primaire du Lias, et notamment dans la coupure pro-
1. Voir Thèse de doctorat. Loc. cit., pp. 94-97.
2: /Loc. cit., p.97:
412 LOUIS GENTIL 15 Juin
fonde de la vallée de l'o. Bou Hafyr. En certains points, notam-
ment dans la vallée de lo. Beni Ouaklan, ces roches volca-
niques passent à de véritables diabases à structure ophitique,
avec les mêmes éléments minéralogiques.
Ces laves forment des coulées épaisses superposées ou inter-
calées de couches puissantes de tufs, de cendres et de lapilli des
mêmes déjections, profondément altérées, et l'ensemble se succède
sur une épaisseur pouvant atteindre 300 mètres dans la vallée de
lo. Bou Hafvyr.
Des filons, d'épaisseur variable jusqu à une dizaine de mètres,
traversent les schistes siluriens, notamment au-dessous du Ras
Four’al. Ils sont constitués par des roches noires ou brun foncé,
offrant deux temps de consolidation plus ou moins marqués et
dans lesquelles on distingue toujours des lamelles hexagonales de
biotite.
Le type pétrographique le plus largement cristallisé a de grands
cristaux de feldspaths calcosodiques, avec macles de Carlsbad, de
l'albite et de la péricline, généralement zonés, formés d’oligoclase
basique ou d'andésine acide. Ces feldspaths forment, avec de
grandes lamelles de biotite, les principaux éléments du premier
temps; plus rarement, on observe de la magnétite, du sphène et
de l’apatite.
Ces grands cristaux sont englobés dans une association de cris-
taux plus petits d'oligoclase, entreméêlés de très nombreuses
lamelles de biotite. Du quartz se montre accessoirement en rares
cristaux isolés ou en éponges imprégnant les feldspaths du second
temps et dont l’origine secondaire ne semble pas douteuse.
Ce type pétrographique, parfois grenu, rappelle certaines
variétés de kersantites.
Il est accompagné de types plus franchement microlitiques
représentant de véritables porphyrites (andésites) micacées à
biotite avec les mêmes éléments minéralogiques que le précédent,
aux deux temps de consolidation.
J'ai recueilli également, parmi ces filons, une. porphyrite dépour-
vue de phéuocristaux et réduite à la pâte compacte d’oligoclase et
de biotite avec quartz secondaire.
La courte description qui précède semble bien indiquer — ce
qui serait conforme à mes observations sur le terrain — que ces
roches représentent des formes de demi-profondeur des déjections
andésitiques sous-liasiques. Une étude chimique seule pourra
fixer à ce sujet.
Les volcans qui nous occupent sont post-siluriens et antéliasi-
ques, puisque, ainsi que je l'ai dit plus haut, leurs déjections sont
1908 GÉOLOGIE DES BENI SNASSEN 413
intercalées entre les dépôts paléozoïques ou secondaires corres-
pondants.
Je serais tenté de les rapprocher des volcans carbonifères qui
se trouvent au Sud d’'Oujda et dont j'ai pu préciser l'âge par des
faunes dinantiennes bien caractérisées; mais la nature rhyolitique
des déjections de ces derniers semble les séparer des volcans des
Beni Snassen.
Je serais ainsi amené à penser qu'ils sont plutôt permiens ou
qu'ils datent du début des temps secondaires, du Trias et même de
l’Infralias.
Une étude plus attentive du massif permettra peut-être de
trancher définitivement cette question.
3% Volcans néogènes. — Au Sud du massif et dans la plaine
des Angad, des déjections volcaniques, fort intéressantes à la fois
aux points de vue pétrographique et géologique, s’étalent sur de
grandes surfaces. Elles méritent une étude minutieuse que je ferai
plus tard. J’esquisserai seulement dans cette note les principaux
caractères de ces volcans tertiaires.
D'une manière générale, on y distingue deux séries de roches qui
se séparent nettement par leur structure et leur ordre de superpo-
sition.
A la base sont des laves à phénocristaux abondants, rappe-
lant d’une façon frappante, à l'œil nu, les basaltes porphyroïdes
du type classique de la Haute-Auvergne; au-dessus se superposent
à profusion des roches également très foncées, mais à phénocris-
taux rares, souvent même complètement dépourvues d'éléments
du premier temps.
Le type porphyrique offre, en plaques minces des phénocristaux
d’augite, maclée suivant h' (100), avec léger pléochroïsme violet, et
de l’olivine; la pâte microlitique renferme de nombreux cristaux
de labrador, avec microlites de magnétite, d'augite violacée et
d’olivine, plongés dans un verre incolore leucitique, montrant
parfois des formes de la leucite avec les couronnes d’inclusions que
j'ai décrites dans des roches analogues de la région d’Aïn Temou-
chent, en Algérie, :.
L’olivine est souvent altérée en un produit brun-rouge ayant les
propriétés de la bowlingite.
Le type compact diffère essentiellement du précédent par
l'absence à peu près totale de phénocristaux. De plus, la pâte est
plus finement microlitique, les feldspaths, la magnétite et l’olivine
1. Thèse. Loc. cit., pp. 468-473.
414 LOUIS GENTIL 15 Juin
en cristaux plus petits ; le verre leucitique offre les mêmes
caractères.
Une variété de cette roche s'en distingue par de grandes lamelles
hexagonales de biotite de 5 à ro mm. de diamètre.
Toutes ces roches offrent, au point de vue magmatique, une
grande parenté. Elles appartiennent, pour la plupart, à un magma
éléolitique persodique ou mésopotasique , magnésien-ferrique ,
méso ou mégacalcique. Leur analogie avec les roches volcani-
ques d’Aïn Temouchent est grande.
Enfin, aux roches qui précèdent sont associés des basaltes et
des labradorites qui en dérivent par disparition de la leucite.
Les volcans tertiaires des Angad s'étendent depuis le pied méri-
dional du massif des Beni Snassen jusques et au-delà d'Oujda.
Leurs laves compactes, décrites plus haut, sont intercalées de
cendres, de lapilli, de bombes et de scories, sur des épaisseurs
importantes, et les vestiges de cratères, encore un peu conservés,
ne sont pas rares entre les dj. Mer’ris et Hararza et aux environs
d'Oujda, dans les collines des Semmara.
Mais je n'ai pas eu l'impression de M. Brives qui voit la ville
marocaine d'Oujda au centre d’un énorme cratère. La dépression au
fond de laquelle est bâtie cette ville est un petit cirque d’érosion *.
Je n’ai aucune notion précise sur l’âge de ces volcans, dont le
substratum visible est jurassique, mais leur état de conservation,
la nature de leurs déjections, m'engagent à les rapprocher des
volcans miocènes ou pliocènes du bassin de la Tafna.
De toute façon il est impossible d'admettre avec M. Brives que
ces roches éruptives sont recouvertes par le calcaire à Encrines
du dj. Hararza*, ce qui les ferait remonter au moins à l'époque
jurassique.
Tectonique. — J'ai déjà considéré, au moins provisoirement,
lors de mon précédent voyage, le massif des Beni Snassen
comme un vaste bombement elliptique dont le grand axe serait
dirigé N.N.E.-S.5.0.*. Mes récentes recherches confirment cette
manière de voir; elles m'ont permis, en outre, de me faire une
idée plus précise de sa structure.
Il suffit de jeter un coup d'œil sur la carte qui accompagne cette
x. Loe.,:cil:, p.' 3:
2. Loc. cit., p.{4.
3. Rapport sur une mission géologique au Maroc, p. 208.
1908 GÉOLOGIE DES BENI SNASSEN 415
note pour se rendre compte de cette disposition : les schistes silu-
riens affleurent dans la partie la plus élevée du massif, à la faveur
de l'érosion des vallées des deux versants, et le Lias, qui leur
succède immédiatement, forme tout autour une auréole bordée au
Nord, à l'Ouest et au Sud, par les dépôts jJurassiques.
Ceci implique nécessairement, dans l’ensemble, un plongement
périclinal des couches secondaires autour du noyau primaire ;
mais le massif ne forme pas un simple dôme ; il est en outre affecté
de plis qui lui donnent une structure plus compliquée.
Les plus anciens que j'ai observés affectent les schistes siluriens,.
J'ai figuré plus haut (fig. 1, p. 394) deux anticlinaux des schistes
et quartzites inférieurs, dont l’un affleure au sommet du dj. Bou
Zabel. Ces plis courent à peu près parallèlement à des syneli-
naux des schistes ardoisiers supérieurs, et l'ensemble du faisceau
est dirigé Est-Ouest au pied méridional du Ras Four'al, tandis
qu'il s’incurve un peu vers le Nord, à ses deux extrémités visibles,
dans la vallée de l'o. Bou Hafyr d’une part, dans celle de lo. Beni
Ouaklan de l’autre *.
Ces plis doivent se raccorder avec ceux que j'ai signalés dans le
massif des Trara *. Ils appartiennent à une ancienne chaîne armo-
ricaine ou varisque et ont été fortement repris par les plissements
beaucoup plus récents, tertiaires, qui affectent les dépôts liasiques
et jurassiques.
Ces derniers forment, sur le flanc méridional du massif, un
système de plis droits ou légèrement déjetés vers le Sud.
Ils courent à peu près du N.E.E. vers l'O.S.0O., c’est-à- -dire
suivant le grand axe du massif, et ils partagent cette propriété
commune d'offrir un maximum d'élévation d’axe au voisinage du
méridien du sommet du dj. Bou Zabel. De part et d'autre de ce
plan méridien on voit, en ellet, les anticlinaux et les synclinaux
s’abaisser rapidement.
Vers l’Est, ils vont s’ennoyer sous la plaine pleistocène ou passer
sous le col du Guerbous avant de se relever, en Algérie, dans le
massif du Maaziz et du Filhaoucen.
Un seul exemple suflira pour la démonstration de ce fait : le pli
anticlinal passant par le Ras Four’ral montre, en ce point culmi-
nant du massif, la base des dépôts liasiques à une altitude voisine
de 1500 m., tandis que ce même pli montre les parties élevées du
Lias supérieur — séparées de la base, dans la même série strati-
graphique, par une distance verticale d'environ 400 m. — au-des-
1. Je n'ai pas figuré ce faisceau sur la carte ci-jointe, afin de ne pas trop
la surcharger.
2. Loc. cit.
416 LOUIS GENTIL 15 Juin
sous de la cote 600 dans la dépression du col du Guerbous ; ce qui
correspond à une chute de plus de 1200 m. sur un espace d'environ
20 kilomètres.
Vers l'Ouest on observe les mêmes phénomènes; c’est ainsi
qu'au voisinage de l’Aïn Taforalt, le sommet du Jurassique ne
dépasse pas la cote 1150 alors que toute la série secondaire, depuis
la base du Lias, a une puissance supérieure à 1000 mètres.
Plus à l'Ouest encore, il semble que les plis continuent de
s’abaisser jusqu'à un minimum pour se relever au-delà de la
Moulouya et se poursuivre dans une région qui nous est inconnue
en prenant part à la structure de la chaîne du Rif ou à celle du
Moyen Atlas.
Dans ces conditions, la vallée de la Moulouya correspondrait à
un maximum d'abaissement d'axe, au même titre que le col du
Guerbous, et la limite orographique du pays des Beni Snassen du
côté de l'Ouest coïnciderait avec sa limite politique.
Enfin les plis du revers méridional ont une intensité décrois-
sante du Nord au Sud.
Sur le flanc septentrional, la structure du massif est en appa-
rence plus simple. Il semble, à première vue, qu'on soit de ce côté
en présence d'un dôme simple; mais j'ai pu saisir, dans la vallée
de l’o. Zegzel, la superposition de trois plis imbriqués formant
trois écailles légèrement poussées vers le Sud et dont j'ai indiqué
sur ma carte les contacts anormaux, du moins sur l'étendue où j'ai
cru pouvoir les poursuivre dans une exploration aussi rapide.
Cette étude est à reprendre, car le massif mérite des recherches
détaillées, autant au point de vue tectonique qu’au point de vue
stratigraphique.
Mais un fait se dégage des coupes que j'ai relevées à travers la
chaîne !, c'est la trace indiscutable de poussées vers le Sud.
Il n'est pas douteux que le massif des Beni Snassen ait participé
aux efforts tangentiels qui ont poussé vers le continent la nappe
de charriage que j'ai décrite, plus au Nord, à partir de l'oued Kiss *;
car il en porte nettement l'empreinte, quoique bien atténuée.
Je suis arrivé ainsi à dater les plissements que je viens de
signaler.
J'ai montré, en effet, comment les accidents tectoniques qui
jalonnent le bord de la Méditerranée. entre le Kiss et Oran,
1 Voir planche IX.
2, Sur la tectonique du littoral de la frontière algéro-marocaine. CR.
Ac. Sc., 30 mars 1908.
1098 GÉOLOGIE DES BENI SNASSEN 4x7
remontent à l’'Helvétien inférieur. Les plis des Beni Snassen, insé-
‘parables de ces derniers, sont forcément contemporains.
Je ve doute pas que les dépôts helvétiens ou tortoniens du
Korn ech Chems soient postérieurs aux principaux efforts qui ont
donné au massif des Beni Snassen sa structure actuelle. Et je
continue de croire que les rivages de la mer helvétienne et de la
mer tortonienne se trouvaient au voisinage de la frontière algéro-
marocaine de Lalla Mar’nia ‘.
Je n'ai trouvé nulle part, dans la plaine des Angad, jusqu'au-delà
d'Aïoun Sidi Mellouk (c'est-à dire à 60 km. à l'Ouest d'Oujda),
de traces de ces dépôts néogènes. Au contraire, au Nord du massif,
ils s'étalent largement, encombrant, sur un long parcours, la
vallée de la Moulouya ; et ils semblent bien se poursuivre vers Fez
par la trouée de Taza, ainsi qu'on peut l’entrevoir d'après les
récits de voyages — quoique peu scientifiques — de M. de la Mar-
tinière et du comte de Chavagnac.
Quoi qu’il en soit, un fait est définitivement acquis concernant la
question, déjà nettement posée *, de la communication de la Médi-
terranée avec l'Océan par le Maroc à l’époque néogène : c'est
l'absence des dépôts du Miocène inférieur vers l'Ouest à partir de
Nemours. J'ai poussé mes investigations jusqu'à plus de 100 km.
au-delà de ce petit port algérien et je n’en ai plus trouvé de trace.
Il semble que, dès l'époque helvétienne, le détroit Sud-Rifain se
préparait, par un empiètement graduel, vers le Sud de la chaîne la
plus septentrionale du Maghreb, des eaux de la Méditerranée
néogène. Et je ne serais pas surpris de constater, un jour, la
transgression constante des sédiments miocènes, vers Fez, faisant
disparaître d’abord Les dépôts helvétiens, puis ceux du Tortonien,
pour ne laisser place, enfin, au seuil de Taza, qu'aux sédiments
sahéliens, les plus élevés des dépôts marins dans la série miocène.
1 Loc. cit. Rapport... , P- 211.
>, Loc. cit. Rapport... ; PP. 192-193.
7 Novembre 1908. — T. VIHI. Bull. Soc. Géol. Fr. — 274.
SUBMERSION ET RÉGRESSION QUATERNAIRES EN GRÈCE
PAR Ph. Négris
Dans un mémoire précédent ! je me suis étendu longuement sur
l'existence d’une grande régression depuis la fin du Pliocène.
Mes dernières recherches en Messénie et dans les Cyclades
confirment pleinement ce résultat : ce sont ces dernières observa-
tions que nous allons passer en revue.
VESTIGES DE LA MER EN MESSÉNIE. — La vallée de la Messénie
offre des vestiges remarquables d'anciens rivages, ce sont : 1° des
surfaces d’érosion marine sur les rochers ; 2° des cavités de litho-
phages ;: 3° des terrasses sur le Pliocène récent et probablement
sur le Pleistocèene.
1. Surfaces d'érosion marine sur les rochers. — Si de l’un
des ponts du Nédon, à Kalamæ, on tourne les yeux vers les contre-
forts du Taygète qui limitent la vallée de la Messénie à l’Est, on
est frappé par la régularité de deux lignes ou bandes horizontales,
marquées sur le calcaire de ces contreforts, depuis la vallée du
Nédon jusqu’au ravin qui débouche dans la vallée de la Messénie,
au-dessous du village de Gardiki, et même au-delà, sur dix kilo-
mètres et plus. Le calcaire est un calcaire nummulitique, dit de
Tripolitsa. Si l'on s'approche de ces lignes au-dessus du village
de Kassareïka, on s'aperçoit qu'elles sont dues à un ressaut du cal-
caire sur plusieurs mètres de hauteur, formant un mur presque
vertical, au droit de chacune des deux lignes horizontales. L'ori-
gine de ces deux ressauts se trouve à 140 et 180 m. très approxima-
üvement. Le calcaire sur cette étendue de dix kilomètres est gros-
sièrement stratifié en bancs de direction et inclinaison variables, si
bien que l'horizontalité des lignes dont il a été question ne peut
être attribuée à la stratification : l’idée qui vient immédiatement
à l'esprit est que l’on se trouve en présence d’une ablation marine,
suivant des diaclases N.N.0.. telle qu’elle se produit encore aujour-
d'hui, plus au Sud, sur la presqu'île du Ténare, sur une échelle
plus vaste encore, parce qu'ici le rocher est exposé à la haute mer.
La mer aurait donc séjourné dans la vallée de la Messénie
suflisamment longtemps aux cotes 180 et 140 pour tailler ces
1. Contribution à l’étude des dernières régressions. B.$. G. F., (4), VI, 1906,
D. 519.
mit on. L'ebf
nb se
1908 SUBMERSION ET RÉGRESSION QUATERNAIRES EN GRÈCE 419
abrupts. Dans l'intervalle de 1/40 à 180, l'érosion marine est encore
évidente ; maïs elle est moins avancée : c'est ainsi que l’on recon-
naît encore un nouveau mur qui s'élève au-dessus de la cote de
160 m., et un autre au-dessus de la cote de 130 m., et d’autres de
moindre importance dans l'intervalle, avec quelques rares cavités
de lithophages. Ces dernières, au contraire, pullulent contre le res-
saut de 180 m.; dans deux grottes creusées à cette hauteur elles
s'élèvent jusqu'à 7 m. de hauteur à partir de la base de la grotte:
les grottes auraient préservé les cavités de lithophages de l'érosion.
>" Cavités de lithophages. — Les cavités de lithophages se pré-
sentent des deux côtés de la vallée. Sur le côté est on les rencontre,
soit sur le calcaire de Tripolitsa à 35, 40, 120, 130, 155, 180 à 187,
229 et 335 m.; soit sur le Pliocène supérieur représenté par du
conglomérat où un calcaire grenu (rüsos) à 90, 125, 135 m. et sur
un banc de conglomérat, portant le couvent en ruines de Velanidia,
de 122 à 148 m., presque d'une manière continue ; soit sur le cal-
caire Hthographique de la nappe charriée du Péloponèse à 170 m. :
soil à la même hauteur, sur un conglomérat peu consistant, proba-
blement pleistocène, dont il sera question plus loin.
Sur le côté ouest de la vallée les cavités se présentent au
Mt Ithôme sur le Pliocène à 45 et 90 m.; sur un calcaire semi-
cristallin nummulitique à 115, 125, 135, 185, 200 m. Plus au Sud,
sur le sentier entre le village Strephi et Neochori à 195 m., et sur
le sentier entre Neochori et Philippaki à 105 m., sur le calcaire
lithographique. Plus au Sud encore, sur le Mt Lycodimos, vers le
golfe de Messénie, à 170, 300 et 330 m. sur le calcaire lithogra-
phique.
De l'absence des cavités aux cotes intermédiaires on ne peut
inférer qu’elles n'aient jamais existé ; car sur toute cette hauteur
la vallée a été comblée par les dépôts pliocènes, dont il ne reste
aujourd'hui que des lambeaux. Au contraire les cavités qui se
trouvent presque d'une manière continue de 122 m. à 148 m.,
comme il a été dit plus haut, prouvent que nous avons devant
nous un recul de la mer continu. À 148 m. le conglomérat dont il
a été question est recouvert par des marnes tendres et les cavités
cessent, pour reparaître plus haut à 170 m. sur les galets d’un
autre conglomérat plus récent.
3° Terrasses marines. — Les terrasses en escalier du Pliocène
ne sont pas moins remarquables. J'en ai observé à 25, 35, 38, 45,
55, 58, 60, 68, 70, 75, 77, 80, 85, 9h, 100, 102, 107, 110, I15, 190,
1929, 129, 130, 135, 140, 145, 150, 159, 157, 165, 170, 179, 182, 188,
192, 208, 279, 300 m. Cette liste n'est certainement pas complète :
420 PH. NÉGRIS 15 Juin
ce sont les terrasses que j'ai visitées et mesurées avec le baro-
mètre anéroïde ".
Les terrasses ci-dessus sont pour la plupart taillées dans des
marnes sableuses tendres et dans ce cas elles présentent presque
toujours de petits gradins au-dessus et au-dessous, de peu de lar-
geur, distants entre eux et de la terrasse principale de 3, 2, 1 m.et
même 50 cm. Certains de ces gradins peuvent être artificiels,
dressés pour les besoins de la culture : mais la plupart se termi-
nent en dessous par un ressaut de la couche marneuse elle-même
sur toute la hauteur du gradin, ce qui exclut l’idée de terres
rapportées. La mer, reculant d'une manière continue ou par
saccades de peu d'amplitude, peut seule rendre compte de ces
terrasses et de ces gradins.
Quelquefois les terrasses se terminent par : un banc de conglo-
mérat ou de calcaire grenu pliocène : comme ces bancs alternent
à la partie supérieure avec les marnes, on doit admettre que ces
surfaces plus dures sont des surfaces de contact nettoyées et
débarrassées des marnes par l’action du flot. Cela ressort en par-
ticulier des cavités de lithophages qu'on observe sur ces terrasses
et en particulier sur la terrasse du couvent en ruines de Velanidia :
aussi cette dernière présente une pente considérable (5 °/, et plus)
relativement aux autres. L'hypothèse que la forme en marches
d'escalier pourrait être due à une succession de rejets est inadmis-
sible, car les couches inférieures d’une terrasse se prolongent
au-delà sans dérangement, pour former la terrasse suivante.
AGE DE LA SUBMERSION DE LA VALLÉE DE LA MESséNIE. — Nous
avons donc en Messénie des preuves incontestables d'une régression
de la mer. De quelle époque date cette régression ?
A la cote 122,50, sur le banc de conglomérat du couvent en ruines
de Velanidia, a été trouvée, dans un gros galet calcaire, un ZLitho-
domus lithophagus. Cette espèce qui vit encore aujourd'hui existe
aussi dans le Pliocène. Cet échantillon soumis avec les fossiles des
1. Ces mesures sont entachées, bien entendu, des erreurs inhérentes à
l'emploi de cet instrument et provenant spécialement des variations de pres-
sion survenues pendant l’excursion, erreurs qui ne peuvent disparaitre com-
plètement par la correction de la pression, même en prenant la moyenne
des pressions du départ à l'aller et au retour, d’autant plus que la pression
barométrique présente dans le courant de la journée un maximun et un
minimum très sensibles. Cependant quoi qu'on ne doive pas exiger de
chaque mesure une précision qu’elle n’a pas, l’ensemble présente les rela-
tions mutuelles des terrasses d’une manière que je crois suffisamment
exacte pour ne pas affaiblir la valeur des conclusions auxquelles elles
conduisent.
PS ee
1908 SUBMERSION ET RÉGRESSION QUATERNAIRES EN GRÈCE 421
couches pliocènes de Messénie à mon éminent confrère M. G. Doll-
fus, a donné les résultats suivants : diamètre du lithophage, 20 mm. ;
longueur, 6o mm. : la fossilisation paraît avancée. Les fossiles du
Pliocène sont : Ostrea edulis, Lutraria oblonga, Pectunculus
glreymeris, Cardita intermedia, Turritela triplicata, CGirce
minima, Pecten Jacobæus, Ditrupa sp., Chama gryphina (var.
maj or ).
Cette faune, d’après M. Dollfus, est astienne, pas plus ancienne à
cause du P. Jacobæus; elle n’est pas plus récente puisqu'elle
renferme Chama gryphina.
Ces déterminations laissent indécis l’âge de la régression entre
le Pliocène et le Quaternaire, Mais d'autres considérations, tran-
chent la question définitivement en faveur d'un âge plus récent,
et nous font admettre, qu’en ce qui concerne l'aspect ancien du
Lithodomus lithophagus, des causes accidentelles, comme des
infiltrations d’eau chargées d'acide carbonique auraient altéré
plus rapidement les valves de ce fossile en les dissolvant presque
complètement. Ces considérations sont les suivantes :
Quelques-unes des perforations paraissent peu anciennes et,
parmi elles, celles trouvées à la cote la plus élevée, de 335 m.,
comme a bien voulu le constater M. Dollfus lui-même.
D'autre part, au Sud du village de Kassareïka, se trouve une
accumulation de galets épars, parfaitement roulés sur une terrasse
- à 130 m., les galets n’ont aucune liaison entre eux. Il semble donc
bien que l’on ait là une plage récente.
A la colline qui domine le couvent en ruines de Velanidia du
côté du Nédon, les marnes au sommet paraissent ravinées par une
formation plus récente de cailloutis sans liaison, formant aussi
terrasse à 170 m. environ. Beaucoup de ces cailloux sont perforés.
De même en allant de Tsephérimini au monastère de Vulcano,
sur le mont Ithôme, par le sentier qui traverse le gué de la rivière
Pyrnax (Mavrozonmenos), on arrive, après avoir traversé la rivière,
à une terrasse de 70 m. d'altitude environ, taillée sur une forma-
tion d'argile rouge avec galets surmontant elle-même une couche
marno-sableuse jaune qui recouvre, de son côté, une couche de
cailloux sans lien entre eux.
Il semble dificile d'échapper à la conclusion que dans tous ces
cas il ne s'agisse de formations quaternaires ayant servi de rivage
à la mer de 50, 130 et 170 m.
À toutes ces preuves se joint l'horizontalité des lignes d’érosion
marine, dont il a été question plus haut. L'impression que l’on a
en voyant ces lignes horizontales est qu'il s’agit d’un phénomène
422 PH. NÉGRIS 15 Juin
tout à fait récent, postérieur aux grandes dislocations de l'Egéide,
qui ont dû sans doute modifier singulièrement l'aspect de la
surface de toute la Grèce.
Mais je crois que l’âge quaternaire de la régression est définiti-
vement résolu par la découverte des lithophages sur le terrain
cristallin des îles de l'Archipel, c'est-à-dire dans le domaine de
l'Egéide, dont nous allons maintenant nous occuper.
SUBMERSION DE L'RGÉIDE. — J'ai observé à Siphnos des cavités
de Mollusques perforant depuis les cotes Les plus basses, jusqu'aux
cotes les plus élevées de l'île, c'est-à-dire de 10 m. d'altitude à
690 m. (le sommet occupé par le couvent du prophète Elie est à
695 m.). Quoique que je n’aie suivi que trois profils, l’un du sommet
du Mt St-Sylvestre à St-Sostis sur la mer, c’est-à-dire de {70 m.
à zéro, le deuxième du sommet du Prophète Elie, au village
d'Apolonnia de 695 à 285 m., le troisième du même sommet
au port de Kamarès, j'ai pu constater qu'il n’y a que rarement une
hauteur de 15 m.,ne présentant pas de cavités, tandis qu'au con-
traire elles se trouvent souvent à 10 et 5 m. les unes des autres et
quelquefois sur plusieurs mètres et dizaines de mètres sans dis-
continuité, comme, par exemple, de 195 à 265 m., de 338 à 350 m..,
de 480 à 492 m., de 517 à 526 m. Les cavités se présentent sur le
schiste cristallin (comme à Chrysi Pighi, au Sud de l'ile, de 10 à
0 m. d'une manière continue), mais surtout sur le calcaire cris-
tallin, en bancs, très fissuré, se délitant par les intempéries en
nombreux débris qui jonchent le sol, surtout dans la gorge qui
débouche à St-Sostis. Il est impossible, devant ces éboulis, malgré
lesquels les cavités subsistent encore à des niveaux très rappro-
chés, de ne pas reconnaitre qu'il s’agit d'un phénomène récent,
tout au plus quaternaire.
Mais une découverte remarquable, faite par M. L. Cayeux à
Délos, vient confirmer ce fait d'une manière éclatante. M. Cayeux
a bien voulu me communiquer qu'une dent d'Éléphant trouvée
par lui à Délos dans les alluvions de l’Inopus est plus récente
que l'Elephas antiquus. Ainsi donc l'Égéide, avant de s’affaisser
sous les eaux, nourrissait un Éléphant plus jeune que l'Ælephas
antiquus. L'aflaissement est donc postchelléen et les perforations,
qui sont certainement postérieures à l’envahissement de l'Égéide
par la mer, sont aussi de date plus récente que l'époque chéléenne.
J'ai d’ailleurs trouvé à Siphnos, dans les champs cultivés, les
coquilies suivantes, déterminées encore par les soins obligeants de
M. G. Dollfus : Patella carula L. var. subpläana Porier et MicaAU»,
P. lusitanica, Pecten glaber L. var. sulcata.
dx En AE" ep D
1908 SUBMERSION ET RÉGRESSION QUATERNAIRES EN GRÈCE 4923
Je n’aurais pas tenu compte de ces coquilles, qui auraient pu être
transportées par l’homme si l'existence de perforations n'avait
démontré l'existence de la mer à une époque récente au-dessus de
cettenlers:
CoNcLuSsIONS GÉNÉRALES. — Nous venons de constater que les
lignes de rivage existant dans les îles datent d'une époque post-
chelléenne. Mais nous sommes en droit de conclure quelque chose
de plus : ces rivages signalées depuis le niveau de la mer jusqu'à
690 m. au moins ne peuvent être attribuées à une surrection des
côtes, mais bien à une régression de la mer : car comment
admettre que dans une région depuis peu affaissée, certaines de
ses parties se soient élevées au lieu de suivre le mouvement
général * ?
L’'Egéide a donc passé pendant les temps quaternaires par une
submersion, suivie bientôt d’une émersion générale.
Il en a probablement été de même des autres côtes de la Grèce,
du moins de la plus grande partie d’entre elles : elles se sont
d'abord affaissées sous les eaux, puis la mer reculant, elles ont de
nouveau émergé. Ceci est bien net au Nord du Péloponèse où le
conglomérat coquillier s’est affaissé en marches d'escalier jusqu’au
niveau de la mer actuelle *.
1. Les trous de lithophages ont de 3 cm. à 3 em. 1/2. Cette dimension peut
être considérée comme considérable; cependant le Musée d'Histoire natu-
relle d'Athènes possède un Lithodomus lithophagus fossile, d’un aspect
très récent, recueilli à 15 ou 20 m. de hauteur, d’après les renseignements
que j'ai pu avoir, sur le conglomérat coquillier horizontal du Nord du Pélo-
ponèse. Ce Lithodomus a les dimensions suivantes : 8 cm.9 de longueur sur
2 em. 9 de diamètre, et le professeur Dv. Brauns à Hall (Himmel und Frde 1.
Jahrg. Octobre 1888, p. 74), affirme que cette espèce atteint dans la Méditer-
ranée 10 cm. de longueur, ce qui correspondrait à un diamètre de 3 cm. 30.
D'autre part on sait qu'il existe entre la coquille et la paroi de la cavité un
jeu, qui peut atteindre facilement 5 mm., ce qui donne pour le diamètre de
la cavité du Lithodomus de 10 cm., 3 em. 80, et pour celui du Lithodomus
de 8 cm. 9, un diamètre de 3 cm. 40. Un trou donc de 3 cm. et de 3 em. 1/2
n’a rien de surprenant, d'autant plus que la plupart des cavités sont atteintes
par l’érosion atmosphérique, produite par les pluies. Cela permet d’expli-
quer des trous encore plus grands, tels qu’il s’en produit, lorsque les cavités
sont percées de part en part.
2. Îl ne serait pas sans intérêt de rappeler ici la tradition mythologique
que l'ile de Délos serait sortie des flots : n'oublions pas que l’île de Délos est
parmi les Cyclades l’une des moins élevées (113 m. 14): elle est donc réelle-
ment sortie l’une des dernières de la mer : les faits sont d’accord avec la
tradition.
3. Les coquilles que j'ai prélevées sur ce conglomérat, déterminées encore
par M. G. Dollfus sont les suivantes : Ostrea edulis (— lamellosa Br.), Cardium
424 PH. NÉGRIS | s 15 Juin
La submersion a été de courte durée, si bien qu’elle n’a pas
permis l'accumulation de dépôts coquilliers en bancs, sauf à la .
cote 350 m. du banc coquillier horizontal du Péloponèse ; elle a
permis au contraire au flot d'aplanir les terrains tendres, suivant
une surface légèrement inclinée vers la mer ; cette surface reprise
de temps à autre par des vagues plus violentes a pu donner lieu
par ablation à des ressauts, donnant l'illusion de terrasses séparées
et discordantes, tandis qu'elles peuvent être dues toutes à un recul
de la mer continu, et c'est cette illusion qui a induit en erreur
dans l'interprétation des terrasses de la Norvège, comme nous le
verrons ultérieurement, tandis que ces terrasses sont la répétition
de celles de Messénie. La submersion a permis cependant à la mer
de disperser quelques coquilles isolées que nous trouvons aux
divers niveaux '. Elle a donné aussi le temps aux Mollusques
Hthophages de creuser les roches dures sur toute la hauteur de la
régression et au moins jusqu’à 690 m.
A ces indices de submersion nous avons encore à ajouter la
présence de dunes anciennes agglomérées sur les côtes orientales
de l’Attique depuis zéro jusqu’à 150 m. environ *.
edule var. Lamarcki, Pecten Jacobæus, P. varius, Arca Noe, Venus verrucosa,
Gastrana fragilis, Bittium reticulatum, Venus multilamellosa, Spondylus
gæderopus, Dentalium dentalis, Cerithium vulgatum, Pectunculus glyci-
meris, Cytherea chione. C’est une faune identique à la faune actuelle de la
Méditerranée ; le Pecten varius est seulement rare dans cette mer.
1. Je ne me dissimule cependant pas que ces coquilles peuvent avoir été
transportées souvent par l’homme. ;
2, Ph. Nécris. Plissements et dislocations de l'écorce terrestre en Grèce, etc.
Athènes, 19071, p. 147 et 184. — L’affaissement de l’Egéide a dû se faire de
proche en proche du Sud au Nord. C’est ainsi que le canal de Négrepont ne
se serait ouvert qu’en dernier lieu, car tandis qu’on trouve ici des perfora-
tions nombreuses au niveau actuel de la mer, je n’en ai pas trouvées à des
cotes plus élevées. Cela explique que la mer Méditerranée ait pénétré tardi-
vement dans la Propontide et le Pont-Euxin où on ne rencontre la faune
actuelle de la Méditerranée que jusqu’à 25 ou 30 m. Le niveau de base qui à
produit les terrasses élevées du Danube (Sevasros, B. S. G. F., (4), LL, 1903,
p. 30), aurait appartenu à la nappe qui occupait l’emplacement actuel du
Pont-Euxin avant l’envahissement de la Méditerranée, nappe dont le niveau
devait se tenir sensiblement à la même altitude que la Méditerranée grâce
à quelques communications indirectes.
RÉDACTION DU BULLETIN ET DES MÉMOIRES
Les Comptes Rendus sommaires des séances sont réimprimés au Bulletin
à (il est toutefois simplement fait mention des présentations d'ouvrages el. des
VDES analyses d'ouvrages). Les auteurs qui auraient de légères modifications ou des
corrections à y apporter sont priés de les signaler au Secrétariat. aussitôt apres
Papparition du Compte Rendu sommaire. Un exemplaire du numéro sacrifié
leur sera renvoyé immédiatement.
Les notes et mémoires ne sont publiés qu'après leur examen par la Commis-
sion du Bulletin.
Les manuscrits doivent être déposés le jour même de la présen-
tation. Ils doivent être écrits Sur le recto seulement des feuillets tres lisible-
ment. On soulignera d’un trait les mots qui doivent être imprimés en wali-
-ques, c'est-à-dire, entre autres, les noms de famille, genre, espèce, variélé (en
latin}, et de deux traits ceux qui doivent être imprimés en PETITES CAPITALES.
Noms spécifiques. Il ue doit être publié dans le Bulletin, les Mémoires et
les Comptes Rendus aucun nom despèce ou de genre nouveau dont lPauteur
. n'a pas fourni une description accompagnée de figures.
Le nom spécifique de tout fossile cilé doil être suivi du nom de l'auteur qui
a fait l'espèce (ce nom est imprimé en PETITES CAPITALES). EX: : |
Reineckeia pseudomutabilis ve Lorior. — Modiola sulcata Luk.
Références. On indiquera, d’abord, le uom de l’AUTEUR (souligné, deux fois)
puis le titre, absolument complet, de l'ouvrage ; de plus, S'il y a lieu, et en
évitant les abréviations. le titre du périodique (Souligné une fois), la série,
le tome, l’année, la page. Exemples :
H. Douyuré. Sur l'âge des couches traversées par le canal de Panama. B. 8. (x. #., (3), XXVT,
1898, pp. 587-600 ; p. 594, note 3. ÿ
Iueeaux, Hoc, Van Livret P£rer. Annuaire statistique et descriplif des distributions d'eaux de
France, Algérie et Tunisie, Belgique, Suisse et Grand-Duché de Luxembourg. 80, Paris, Dunod, 1903;
1738 p. ; p. 501. 5
Les épures ou les épreuves photographiques des figures dans le texte
doivent être présentées Chacune sur un feuillet indépendant et accompagnées
de leur légende comprenant l'indication de l'échelle et l'orientation. Ces
légendes doivent être répétées dans le texte à l'emplacement de la figure.
Ceux des auteurs qui présenteront des dessins destinés à être clichés directement dévront fournir
des épures au trait et à l'encre de Chine fraiche, sans teintes dégradées, sur du Bristol mince abso-
Lument blanc, où sur du papier d'architecte ligné en b/ew, conditions indispensables pour le clichage
direct. Les dessins devront êlre 1/3 ou 1/4 plus grands que la reproduction à en faire. La dimension
finale ne devra pas dépasser la justification :
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et 150 millimètres (en largeur) ou, exceptionnellement, 220 millimètres pour les Mémoires.
Entin toutes les écritures des dessins seront faites au crayon bleu, et une lisle des mots employés
sera jointe pour éviter les erreurs d'orthographe toujours très difficiles à rectifier.
Exceptionnellement les dessins ombrés, sur papier Gillot à très gros grain, et les épreuves photo-
graphiques sur papier brillant, virées au brun, pourront être reproduites dans le texte.
Pour les planches Lors texte il doit être fourni une esquisse en noir ou en couleurs de dimen-
sions convenables. L’acceplation des p/anches phototypiques n’est discutée que sur la présentation
d’une bonne épreuve photographique à l'échelle définitive. Dimensions maxima ulilisables :
7e En in-80, Bulletin: 175 X 110 millimètres. — En in-0, Mémoires: 180240 millimètres.
> Arr. 18 pu RÈGLEMENT : Les auteurs ont un délai
our la correction de leurs épreuves. Ce delai
itaire passe outre.
Ù La Société ne donne pas de tirés à vai des notes QU
tin; toutefois, les auteurs ont le droit d’en faire faire à Pie frais ;
demande doit en être faite sur le manuscrit ; le Secrétaire se charge
de veiller à leur exécution.
Tarif des tirés à part sur papier du Bulletin sans couverture
25 ex. | 50 ex. | 75 ex. | 100 ex. | 150 ex. 200 ex. | 250 4,
Une feuille entière........ 6fr.30 |8fr 0 |rofr ro! 11 35 |x4tr.75 | 19r-4o| 2ofr.75
Trois quarts de feuille. ...|5 4o 7 »|8 8o| 9 Solr2 6014 75l17 »
Une demi-feuille........ 14° 50 15 95 |-7 »] 7 golio 10/11, 35/12 60 sa
Un quart de feuille... …|3 85 [5 10 | 6 x0l.6 75| 7 go 8 85) 9 85) Le
]| Un huitième de feuille... |2 90:13 85714 bo Mero 6870) 67789)
Les auteurs qui désirent une couverture doivent en faire la demande
spéciale, en indiquant le titre et la couleur; cette couverture leur est
facturée, en supplément, au prix du quart de feuille.
TABLE DES MATIÈRES (TOME VIII, Fascicuze 6)
Séance du 15 Juin 1908 (Suite)
Pages
J. Savornin: — Terrains miocènes d'une partie de la bordure sud de
l'Atlas tellien, Observations sur leur faune de Pectinidés (Suite). . 321
Robert Douvillé. — Sur des Foraminifères oligocènes et miocènes
de Madagascar . . . . . 321
Maurice Piroutet. — Note sommaire sur le rit ie 18 Novel dus
Calédonie . . 324 USE
+ 6 AR ere ve ob aions à Féta de du one slurten en 4
Bulgarie (r carte; pl. IV). . . . 830 "M
J. Révil. — Sur la « désharmonie » des Se super Eble et des plis (RE
profonds aux environs de Chambéry (3 Jig.) . . . . 342 ï
Cottreau et Alexat. — Sur une Scutelline nouvelle de l'Asie cen-
trale (planche V, fig. 1-12)
J. Lambert. — Notes sur quelques Fcnide de la Han Garonte il
(planche V,\fig: 13-15)... 401% SA RAT TA MUR
F. Kerforne. — Note sur la Lt des environs Q Goëtruidæs
(Morbihan) (1 fig.) . . . . PARA
F. Canu. — Les Bryozoaires fossiles des terrains tertiaires d
Ouest de la France, Il. (planches VI-VII).
Louis Gentil. — Esquisse géologique du massif des Boni
(6e Flanches VIIT-IX) "0 SEAT -
Ph. Négris.— Submersion et Régression quaternaires #
Lille. Imprimerie Le Bicor frères. — Le Gérant : L
| 4° Série, t. VIII. — 1908. — N° 7-8
BULLETIN
DE TA
_ [SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE
DE FRANCE
. (GETTE! SOCIÈTÉ, FONDÉE LE 17 MARS 1830, À ÉTÉ AUTORISÉE ET RECONNUE COMME
ÉTABLISSEMENT D'UTILITÉ PUBLIQUE, PAR ORDONNANCE DU ROI DU 3 AVRIL 1832)
A
ER RRESTE GT NE ER TR
QUATRIÈME SÉRIE
TOME HUITIÈME.
ee
FAScICULES 7-8 :
Feuilles 27b-37. — Planches X-XIII.
f Frontispice.
Le Fascicule 9 et dernier du tome VIII est sous presse.
EEE
LEE
PARIS
AU SIÈGE DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE.
É 28, rue Serpente, VI
1908
PUBLICATION MENSUELLE, Mar 1909.
a
LES
Â
, \ \ a
Arr. 2. — L'objet de la Société est de concourir à l'avancement de la
Géologie en général et particulièrement de faire connaître le sol de la France,
tant en lui-même que dans ses rapports avec les arts industriels et l’agri-
culture.
_ ART. 3. — Le nombre des membres de la Société est illimité. Les Français
et les étrangers peuvent également en faire partie. Il n'existe aucune dis-
tinction entre les membres. :
ART. 4. — Pour faire vartie de la Société, il faut s’être fait présenter dans
une de ses séances par deux membres qui auront signé la présentation !,
avoir été proclamé dans la seance suivante par le Président et avoir reçu le
diplôme de membre de la Société.
ART, 6. — Le Trésorier ne remet le diplôme qu'après l’acquittement du
droit d’entrée. !
ART. 38. — La Société tient ses séances habituelles à Paris, de Novembre
à Juillet. à
ART. 39. — La Société se réunit deux fois par mois (Le 1‘ et le 3° lundi
du mois). :
ART. 42. — Pour assister aux séances, les personnes étrangères à la
Société doivent être présentées chaque fois par un de sesmembres.
ART. 46. — Les membres de la Société ne peuvent lire devant elle aucun
ouvrage déjà imprimé.
. ART. 48. — Aucune communication ou discussion ne peut avoir lieu sur
des objets étrangers à la Géologie ou aux sciences qui s’y rattachent.
ART. 50. — Chaque année, de Juillet à Novembre, la Société tiendra une
où plusieurs séances extraordinaires sur un point qui aura été préalablement
déterminé.
ART. 53. — Un bulletin périodique des travaux de la Société est délivré
gratuitement à chaque membre.
ART. 55. — ... Il ne peut être vendu aux personnes étrangères à la
Société qu’au prix de la cotisation annuelle.
ART. 58. — Les membres n’ont droit de recevoir que les volumes des
années du Bulletin pour lesquelles ils ont payé leur cotisation. Toutefois, les
volumes correspondant aux années antérieures à leur entrée dans la Société,
leur sont cédés, après décision spéciale du Conseil et conformément à un
tarif déterminé. à
ART. 60. — Quelle que soit la longueur des notes ou mémoires insérés au
Bulletin, les auteurs pourront en faire faire à leurs frais un tirage à part.
ART. 93. — Chaque membre paye : 1° un droit d’entrée ; 2° une cotisation
annuelle ?.
Le droit d’entrée est fixé à la somme de 20 francs.
La cotisation annuelle est invariablement fixée à 30 francs.
La cotisation annuelle peut, au choix de chaque membre, être remplacée
par le versement en capital d’une ‘somme fixée par la Sociétéen assemblée
générale (400 francs).
— Sont Membres à Perpétuité les personnes qui ont donné ou légué à
la Société un capital dont la rente représente au moins la cotisation annuelle
(minimum : 1000 francs).
1. Les personnes qui désireraient faire partie de la Société et qui ne
connaîtraient aucun membre qui püt les présenter, n’auront qu’à adresser
une demande au Président, en exposant les titres qui justifient de leur
admission.
2. Le Conseil de la Société, afin de faciliter le recrutement de nouveaux
membres, autorise, dorénavant, sur la demande des parrains, les personnes
ui désirent faire partie de la Société à n’acquitter, la première année, que
leur droit d’entrée en versant la somme de 20 fr. Le compte-rendu sommaire
des séances de l’année courante leur sera envoyé gratuitement ; mais ils ne
recevront le Bulletin que la deuxième année et devront alors payer la coti-
sation de 30 francs. Ils jouiront aussi des autres droits et privilèges des
»
membres de la Société.
ot De : ps ds sh ns
1908 SUBMERSION ET RÉGRESSION QUATERNAIRES EN GRÈCE 425
Nous venons d'exposer les faits, tels qu'ils se présentent en
Grèce. Toute interprétation des phénomènes quaternaires dans les
autres régions devra se concilier avec les faits observés ici :
c’est de cette interprétation que nous allons maintenant nous
occuper en passant en revue les données des différents pays.
EGYPTE
L'Égypte, pendant le Pliocène récent, était exondée, comme cela
a eu lieu pour d’autres régions à cette époque '. Puis la fosse
érythréenne se creuse et est occupée par les eaux indiennes. Des
récifs coralliens d'âge quaternaire, s’élevant aujourd’hui à 330
et 230 m. dans la mer Rouge *, prouvent que cette mer avait un
niveau élevé. On retrouve d’ailleurs des dépôts d'anciens rivages
à Suez * à 6o m., d’autres plages littorales ou cordons de Poly-
piers appartenant à la faune actuelle à 4o et 50 m.‘, et d’autres
plages à 24 m. et de 6 à 15 m.*.
Ces conditions sont trop semblables à celles que nous trouvons
en Grèce pour ne pas les rapprocher et ne pas admettre que,
l'Égéide s’affaissant au Nord, des dislocations pareilles attei-
gnaient la région érythréenne, et que la mer envahissait en même
temps ces deux régions. L'aspect seul de la carte montre que
ces deux affaissements sont dans le plongement l'un de l’autre
et pourraient être considérés comme un affaissement unique.
Les vestiges de la mer dans la vallée même du Nil n'atteignent
pas, il est vrai, les altitudes qu'ils atteignent dans la mer Rouge :
on trouve le Cardium edule à 100 m. aux environs d'Alexandrie.
et d’autres plages à 6o et 70 m. autour du Caire et à Tsedment*,
Il semble que ces vestiges ne sont pas à leur altitude origi-
nelle, mais que l'Égypte a été atteinte par un deuxième affaisse-
ment de la vallée même du Nil. En effet, la haute vallée du Nil,
malgré l'invasion de la mer dans la basse Égypte, continuait à
être occupée par des Melanopsis'. Ila fallu que de nouvelles
dislocations intervinssent pour que le Nil pénétrât en Égypte ‘
DE LAPPARENT. Géoiogie, p. 1653.
Max BLANCKENHORN. Centralblatt für Min. Pal. und Geol., 1900, p. 244.
Suess. Der Antlitz der Érde, éd. franc., IL, p. 728.
DE LAPPARENT. Loc. cil., P. 1717.
Charles RaBor. Bull. Soc. Géogr., 15 janvier 1901, p. 66.
SuEss. Loc. cit., Il, 728, et DE LAPPARENT, P. 1919.
Boure. Les Éroiee de Grimaldi, p. 138.
. Je me suis étendu longuement sur ces dislocations dons un autre travail
(B. S. G.F.,(4). IV, 1904, p. 16r), où j'indiquais que le Nord de l'Afrique se serait
D OH OC D
æ
5 Février 1909. — T. VIII. Bull, Soc. Géo Fr. — 270.
426 À PH. NÉGRIS 15 Juin
lorsquele niveau de la mer était déjà bas, comme le prouvent les
terrasses anciennes du Nil, élevées à peine de quelques dizaines
de mètres au-dessus de la vallée actuelle. Comme le mélange
des faunes des deux mers en regard n'a jamais été complet, il
semble logique d'admettre qu'une barrière séparait ces deux mers
avant l’arrivée du Nil, barrière qui se serait abimée en profondeur
au moment des dernières dislocations. Quant aux silex chelléens
des alluvions du Nil, ils n'autorisent pas à reculer l'époque de
son apparition dans sa vallée actuelle. Ces silex proviennent des
hauts plateaux du désert lybique et ont été entraînés postérieure-
ment dans les alluvions”.
ALGÉRIE
Nous savons, par les travaux si intéressants du général de
Lamothe”, qu'à partir du niveau de 550 m., la ligne de rivage a
éprouvé une série de mouvements négatifs qui l'ont abaïissée pro-
gressivement jusqu'au niveau actuel. Il a d'ailleurs donné comme
altitudes approchées de ces lignes de rivage les nombres 550, 320,
265, 200, 140, 100, 55, 30, 17 m. D'autre part, ces cotes sont des cotes
moyennes ; des plages se trouvent à des cotes intermédiaires ;
c'est ainsi que, pour les plages de moyenne altitude 55, le même
auteur donne des cotes variant de 43 à 45 m., de 48 à 53 m., de
52 à 58 m., et, pour celles de 140 m., les cotes varient de 140
à 145 m. *. Ces données concordent encore avec les données obser-
vées en Grèce. Il est vrai que M. de Lamothe place la ligne de
rivage de 320 m. dans le Pliocène ancien, parce que la plage de
265 ravine les molasses astiènnes'. Cette circonstance n'exclut
pas la possibilité d’un âge plus récent, qui s'impose par le rap-
prochement des plages algériennes avec les plages de la Grèce.
Constatons d'ailleurs encore iei que le mouvement de régression
de la mer a dû être accompagné, comme en Grèce et comme en
Égypte, par un affaissement considérable des côtes ; c’est du
moins ce que prouve la submersion de la vallée de la Mitidja,
affaissé, lors de l’arrivée des eaux du Nil dans sa vallée actuelle, le long
d’une dislocation O.N.0. jalonnée par les fosses de Fayoum et de Rayan en
Égypte et les chotts tunisiens ; c’est sans doute à la même dislocation qu’il
faut attribuer les failles N.O., qui ont intéressé, dans la Mer Rouge, un récif
corallien, plus récent que le Pléistocène (be LAPPARENT. Loc. cit., p. 1915).
1. M. BLANCKENHORN. Sitz. Berichte d. K. Bay. Ak. d. Wiss., 1902, p. 414.
2, DE LAMOTHE. Les anciennes lignes du rivage du Sahel. CR. Ac. Sc.,
26 décembre 1904.
3. DE LaAmorHe. Anciennes lignes de rivage de la côte algérienne et de la
côte niçoise, B.S. G. FF, (4), IV, 1904, p. 19, 20, 21, 25, note,
4 1bid., p. 18.
1908 SUBMERSION ET RÉGRESSION QUATERNAIRES EN GRÈCE 427
dans laquelle des sondages ont montré que le fond de la vallée
était rempli, jusqu'à une profondeur de 200 m. au-dessous du
niveau actuel de la mer, par des dépôts nettement fluviatiles !. Ce
serait depuis cet affaissement que l’Afrique se serait séparée défi-
nitivement de la Tyrrhénide et que la Sardaigne et la Corse
auraient conservé les Mammifères qui vivent encore en Algérie ?,
ce qui assignerait à ce phénomène un âge très récent. Il corres-
pondrait probablement à l’affaissement récent aussi du Nord de
l'Afrique orientale que nous avons constaté précédemment *. On
a argué de la présence en Algérie, au niveau de 15 m., d'un Élé-
phant du groupe d'Æ. antiquus (E. iolensis P.), du Strombus
coronatus L., pour attribuer un âge plus ancien aux terrasses les
plus élevées. Cette objection perd de sa valeur, puisque nous avons
affaire à des côtes affaissées, dont l'altitude actuelle ne peut don-
ner aucune idée sur l'ancienneté de la plage correspondante.
Enfin, rappelons, avant de quitter l'Algérie, que le général de
Lamothe cite encore des galets parfaitement roulés à 432 m., qui
lui ont paru appartenir à une plage encore plus élevée.
SICILE
On paraît aujourd'hui avoir complètement oublié les plages
récentes de la Sicile pour ne s'occuper que des plages pliocènes à
faune froide. Cependant, Carl Frederich Naumann‘ donne des
détails très intéressants sur les plages plus récentes, avec
coquilles pour la plupart vivant dans la région.
En particulier, il cite, d'après Sartorius von Waltenhausen, sur
l’'avant-mont S. Andréa, au-dessous de Taormina, des lithophages
à 140 pieds, dans la vallée de Catania des couches d'argile riche
en coquilles fraîches avec couleur et éclat primitif, appartenant à
des espèces vivantes, de 30 jusqu'à 60 pieds : à Cifali, à 300 pieds, à
Nizzetti, à 610 et à Catira jusqu'à 1000 pieds. Citons encore, en
Sicile *, la plage de 416 m. d'altitude avec coquilles du Pléistocène
ancien. On ne saurait d’ailleurs considérer les côtes de Sicile
comme exemptes d'affaissements.
1. DE LaMorTus. Sur les anciennes plages et terrasses du bassin de l'Isser,
B.S. G.F., (4), XX VIIL, 1899, p. 308.
2. SuEss. Loc. cit., I, p. 466.
3. Il ne serait pas impossible que cet affaissement considérable ait altéré
les cotes originelles des plages, citées plus haut, comme celles de la mer
érythréenne. Ceci n’a pas lieu de nous surprendre, puisqu’en Grèce nous
avons trouvé des indices de rivage jusqu’à 690 m. et qu'ilen existe peut-être
de plus élevés encore.
4. Carl NAuMANx. Lehrbuch der Geologie. Leipzig, 1858, I, p. 246.
5. DE LAPPARENT. Géologie, p. 1715.
428 PH. NÉGRIS 15 Juin
ITALIE
Ici nous avons à citer l'étage du Saharien supérieur, qui, par sa
position ainsi que ses fossiles, la plupart vivant encore aujour-
d'hui, semble correspondre au conglomérat coquillier horizontal du
Nord du Péloponèse. Il ne s'élève, il est vrai, que jusqu’à 250 m.
seulement ', mais n'oublions pas que le conglomérat du Nord
du Péloponèse est lui-même disloqué et s'abaisse en marches
d'escalier à des cotes inférieures.
A ces dépôts d'un âge quaternaire avancé il faut rattacher
l'existence de lithophages à une grande hauteur à Anacapri, où ils
ont été observés à 200 m. et dans la vallée du Tibre en amont de
Rome à 276 et 268 m. sur les couches du Pliocène récent”, puis
encore des lithophages à des cotes plus basses aux environs de
Gênes à 25 m. et 7 m.' et les plages émergées de Tarente avec
faune voisine de celle du Saharien supérieur, c'est-à-dire renfer-
mant des formes chaudes telles que Strombus mediterraneus à
12 et 15 m.‘. Les plages émergées se montrent en Sardaigne de
4 à 100 m., en Corse de 15 à 20 m.
Enfin, rappelons aussi pour l'Italie qu'il existe des indices de
niveau d’une mer plus élevée encore, comme en Grèce : ce sont les
dépôts du Saharien inférieur qui atteignent 830 m. et qui, après la
découverte à Siphnos du niveau à lithophages de 690 m.. seraient
peut-être à leur place originelle s.
FRANCE MÉRIDIONALE
Nous avons ici une série d'observations précieuses, celles de
MM. Depéret et Caziot d'une part, Caziot et Maury d'autre part,
auxquelles s'ajoutent les beaux travaux de M. Boule sur les
grottes de Grimaldi. Notre tàche est, comme nous avons dit, de
concilier ces données avec celles trouvées en Grèce.
. SuEss. Loc. cit., I, p. 436.
. SuEss. Loc. cit., Il, p. 6r2.
. Bouze. Les grottes de Grimaldi, p. 129.
. Bouze. Jbid., p. 129-132.
5. Ceci est confirmé par mes dernières observations, faites après la
présentation de ce travail. J’ai pu observer, au N. du Péloponèse, à l'E. du
Mt Voïdia, contre la colline du couvent de « Hagios foannis ». marquée 957
sur la carte de l’Expédition scientifique de Morée, des terrasses élevées sur
des éboulis, jusqu'à la cote de 900 à 910 m. Ces terrasses étagées se poursui-
vent sur le Voïdia jusqu’à Salmeniko. La cote de 830 du Saharien inférieur,
en Italie, étant une cote de dépôt et non de rivage, on comprend que le
niveau de la mer à cette époque dépassàt cette cote. |
I
2
0]
»
A
1908 SUBMERSION ET RÉGRESSION QUATERNAIRES EN GRÈCE 429
Et d’abord, laissant pour le moment les grottes de Grimaldi,
pour y revenir plus loin, je constate que l'on a trouvé des lignes
de rivage aux cotes suivantes :
292-209 m., avec lithophages observés par M. Ambayrac à St-Jeannet.
210 » avec cailloux roulés, observés par le même, près de Vence,
d’après une communication que ce savant a bien voulu
me faire pour ces deux observations.
180 » sur le bord du Plateau Central, de Lyon aux Pyrénées, le
long d’un rivage qui. d’après M. Depéret, aurait joui
d’une grande immobilité :.
Cette cote est à rapprocher de la cote de la ligne horizontale de 10 km.,
observée par moi, en Messénie, sur les flancs du Taygete, avec grottes,
lithophages et ablation marine.
144 m. \ à Roquemaure et à Théziers (Gard), avec lithophages : la
129) 0) première et les deux dernières lignes de rivage sont
12 accompagnées de rainures parallèles avec corniches
80 » littorales *.
55 m. à Trayas avec cordons de galets.
52 » à la pointe Cabuel avec lithophages *.
9 à 0 à la baie de Mala avec lithophages *.
Tous ces indices de rivage, tout en ne préjugeant rien par eux-
mêmes sur l'époque à laquelle la mer occupait l'altitude correspon-
dante, autoriseraient cependant, à moins de preuve du contraire,
à reconnaître aussi en France la régression démontrée en Grèce.
Il reste à examiner siles rivages signalés par des coquilles fossiles,
ou les vestiges de l’industrie humaine infirment ou non cette
maniere de voir.
Et tout d’abord se présentent à nous les phénomènes observés
dans les grottes de Grimaldi, si magistralement exposés par
M. Boule. Nous avons ici la faune chaude des Mammifères avec
NB SG EF: (4), AV; 11906 p.38.
2. DEPÉRET. Gisements pliocènes et quaternaires marins des environs de
Nice. B.S.G.F., (4), UL, p. 340 et 341.
. 3. Derérert. Anciennes lignes de rivage de la côte française de la Méditer-
ranée. B.S.G.F., (4), VI, 1906, p. 227. — E. Cazror et E. Maury. Nouveaux gise-
ments de Pléistocène marin. B.S.G.F., (4), IV, 1904, p. 426. — AMBAYRAC.
B.S.G F., (4), IL, 1902, p. 728-730.
4. Nous ne pouvons passer sous silence, dans cette énumération, les
lithophages observés par M. A. Guébbard, à l'altitude de près de 800 m.,
dans les Alpes-Maritimes, dans des bancs de poudingue, dont les galets
sont réduits à l'état spongieux par les perforations. Ce rivage correspond à
celui de l’une de nos terrasses élevées observées sur le Voïdia près de
Salmeniko, et dont il est question dans la note de la page précédente.
B,S.G.F., (4), IV, 1904, p. 651.
430 PI. NÉGRIS 15 Juin
les vestiges de l'industrie humaine correspondant à cette faune.
reposant au-dessus d’une plage marine située quelques mètres au-
dessus de la mer. Ces faits paraissent au premier abord en pleine
contradiction avec une mer élevée à une époque récente, plus
récente encore que l'Elephas antiquus, car cette mer aurait certai-
nement nettoyé la grotte de tout vestige plus ancien. Mais la
discordance cesse si l’on donne l'interprétation que j'avais donnée
lorsque M. Boule avait fait connaître ses observations'. Les
grottes de Grimaldi, avec leur plateforme sous-marine, se seraient
affaissées de plusieurs centaines de mètres après leur remplissage,
qui lui-même avait été précédé de la perforation de leurs parois
par les lithophages. A l'appui de cette thèse, je citerai aujourd'hui
la coupe si bien étudiée par MM. Caziot et Maury de la baïe de
Mala *. Dans cette coupe, un gisement coquillier, attribué par les
auteurs au Quaternaire ancien et situé de 15 à 20 m. au-dessus de
la mer, est recouvert par des brèches terrestres, qui non seule-
ment plongent aujourd'hui dans la mer, mais sont encore perfo-
rées par les lithophages jusqu'à 9 m. de hauteur. Aïnsi donc, après
le dépôt du gisement coquillier, il ÿ aurait eu un premier mouve-
ment négatif, dû sans doute au retrait de la mer, pendant lequel
la brèche terrestre s’est formée ; puis un mouvement positif, indi-
quant un affaissement dont nous ne pouvons fixer l’importance et
qui immergea la brèche jusqu'à l'altitude de 9 m. ; cet affaisse-
ment fut encore suivi d’un mouvement négatif, à la suite duquel
la brèche fut exondée.
C’est aussi à un affaissement que nous devons attribuer la pré-
sence du gisement coquillier de Villefranche à 60 m., avec fossiles
que M. Depéret rapporte au Pliocène récent”, et la régression
expliquerait la présence dans ce gisement de coquilles littorales
mélangées à des espèces qui vivent aujourd'hui dans les grands
fonds de la Méditerranée ‘. Ces dernières espèces se seraient dépo-
sées lors du niveau élevé des mers : les espèces littorales, au con-
traire, auraient apparu après que la régression eut amené la mer
à un niveau voisin du niveau actuel, et le mélange aurait été pro-
duit par lesvagues.
Quant à fixer le périmètre de cet affaissement sur les côtes
niçoises, Je suis obligé de reconnaître mon incompétence, n'ayant
pas visité les lieux. M. Ambayrac, qui était tout indiqué pour
1. B.S.G.F., (4), V, 1905, p. 339 et VII, 1907, p. 291.
2. Loc. cit., 1904, p. 426-427.
3. Loc. cit., 1906, p. 210 et 226.
4. DEPÉRET et Cazior. Loc. cit., 1903, p. 328.
1908 SUBMERSION ET RÉGRESSION QUATERNAIRES EN GRÈCE 431
résoudre cette question concernant une région qu'il a étudiée avec
soin, m'a répondu avoir observé la disposition en marches d’esca-
lier des Alpes, du cap d'Antibes au Nord de Vence, avec direc-
tion N.S., simulant l’entassement de gradins gigantesques et rappe-
lant le même phénomène sur les côtes de Grèce, qui, au moment
des derniers effondrements, se sont ainsi morcelées en marches
d'escalier. Cette disposition observée du côté de Nice s’étend-elle
jusqu'aux grottes de Grimaldi ? Je laisse à de plus compétents cette
question à résoudre. J’attire seulement l'attention sur la circons-
tance suivante : les anciens rivages, sur ces côtes affaissées, se
divisent en deux catégories, en rivages ayant pris part à l’affaisse-
ment et ne se trouvant pas à leur altitude originelle, et en rivages
en place. C'est ainsi que les lithophages sur la brèche de la baïe
de Mala seraient à leur place, tandis que les dépôts coquilliers de
15 à 20 m. d'altitude de la même baie ne sont pas à leur cote
originelle, pas plus que les dépôts de Villefranche à 60 m.
Avant de terminer ce qui a rapport à la côte niçoise, je rappel-
lerai les observations si intéressantes de M. Léon Bertrand! sur
les poudingues du Var, qui présenteraient à partir de 180 m.
d'altitude une surface légèrement inclinée vers la mer, taillée au
travers de couches redressées et atteignant 500 m. et plus.
Il semble difficile d'échapper à la conclusion que l’on a affaire
à une surface modelée par la mer sur toute cette hauteur. Cepen-
dant, ici, la résistance de la roche à l'érosion par le flot doit être
prise en considération, et, si cette résistance est considérable, le
phénomène serait incompatible avec une mer en régression : aussi,
n'ayant pas visité la région, n'insisterai-je pas davantage.
Quant à la circonstance que de pareilles altitudes du niveau de
la mer auraient submergé la plus grande partie du continent euro-
péen, nous verrons plus loin qu'elle perd sa valeur, grâce à un
affaissement général de ce continent, qui l’aurait abaissé considé-
rablement.
PÉNINSULE IBÉRIQUE
A Gibraltar, on a trouvé des bancs de coquilles vivant dans la
région à 12, 90, 70, 170, 264 et 6oo pieds *?, ce qui confirmerait la
grande régression quaternaire. D’autres données, il est vrai, citées
par M. Boule *, paraissent assigner un âge ancien à certaines
plages basses de l'Océan.
1. B.S.G.F., (4), IV, 1904, p. 39.
2. Carl NAUMANN. Loc cit., I, p. 247.
3. Les grottes de Grimaldi, p. 141.
:
439 PH. NÉGRIS 15 Juin
L'affaissement général du continent, dont il a été question plus
haut et sur lequel nous reviendrons, rend facilement compte de
cette anomalie, qui ne saurait ainsi ébranler les preuves de l'exis-
tence de la régression quaternaire, telle que nous l'avons reconnue
en Grèce.
PRESQU'ÎLE SCANDINAVE
Quittons maintenant la Méditerranée et reportons-nous au Nord
de l’Europe. On sait qu'au moment du recul des glaciers du Nord,
des traces non équivoques de rivages apparaissent autour du
golfe de Bothnie et jusqu'à la mer Blanche. Ces traces sont des
dépôts argileux avec Yoldia arctica superposés aux moraines de
la dernière glaciation. Ces dépôts se rencontrent jusqu'à l’altitude
de 2790 m.'. La mer qui les déposait avait un niveau sensiblement
plus élevé. Nous trouvons donc au Nord, au moment du recul des
glaciers, le niveau de la mer encore à un niveau élevé voisin de
300 m. Puis nous trouvons à Christiania les niveaux de 203 à 208 m.
avec Mytilus edulis, tandis qu'au niveau de 163 m., dans la même
région, nous trouvons la faune arctique avec Yoldia, répondant,
d'après Suess, à une mer de niveau de 188 à 194 m. Puis, plus bas,
le niveau de 75 m. ?.
En ce qui concerne les côtes occidentales de la Norvège, Hugh
Miller * n'a pas distingué moins de 33 à 34 terrasses entre le
niveau de la mer et l’altitude de 106 m., la plupart creusées dans
l'argile dans des anses abritées. De 106 à 196 m., il existe encore
9 à 10 gradins et en particulier à 167 et à 177 m.8, Miller a observé
1. Émile HauG. Revue des Sciences, 1899, p. 632.
>, HauG. Loc. cit., p. 825. et Suess, loc cit,, Il, p. 364 et 769. Nous avons
expliqué autre part(B.S G.F., loc. cit., (AV), 1904, p. 594 et 599) les raisons qui
ont transformé le climat de Christiania et l’ont rendu plus rigoureux avec
la mer de 188 à 194 m. avec Yoldia qu'avec la mer de 203 à 208 m. avec
Mytilus : les courants équatoriaux, qui, sans doute passaient d’abord à lEst
par le golfe de Bothnie et la mer Blanche, lorsque le niveau était plus élevé,
furent gènés lorsque le niveau baïissa et dévièrent à l'Ouest de la Norvège,
et ainsi le climat à l'Est devint plus rigoureux. On devrait peut-être attribuer
à la même cause la transformation du climat de l'Europe en climat froid et
see à l’époque du Renne. Un éloignement vers l'Ouest des courants équato-
riaux devait mettre l’Europe occidentale aussi dans la situation dans laquelle
se trouvent aujourd'hui les parties orientales, Plus tard, une répartition
différente des terres et des mers amenèrent le climat actuel. La déviation
de ces courants, à la suite de la régression qui ne permettait plus le
passage par le golfe de Bothnie, a dû se faire assez brusquement, et ainsi
s'explique le passage brusque du climat humide au climat sec. Cette époque
de transition correspondrait donc à un niveau de mer de 200 m. environ.
3. Suess. Loc. cit., Il, p. 580-581.
; } : { 6
1908 SUBMERSION ET RÉGRESSION QUATERNAIRES EN GRÈCE 433
deux banquettes entaillées dans la roche vive près de Trond-
lijem. Miller considère toutes ces terrasses comme post-glaciaires
et marines : la faune marine, d’ailleurs, a été reconnue jusqu’à
126 m. Toutes ces circonstances nous rappellent trop celles de la
Messénie pour ne pas nous ranger à l'avis de Miller: les ter-
rasses en Messénie sont aussi rapprochées qu'en Norvège : les
deux banquettes de Trondli,em répondent bien aux lignes hori-
zontales avec murs verticaux sur les flancs du Taygète à 180 m. et
160 m. : il nous manque seulement en Norvège la ligne de 140 m.
que l’on trouve encore en Messénie.
On a objecté contre la manière de voir de Miller que la hauteur
et le nombre de terrasses dans les divers fjords, voire même
dans les diverses ramifications du même fjord, ne sont pas inva-
riables et que,sur les côtes de la mer libre, on n’a pas observé ces
terrasses. Ces arguments nous paraissent sans valeur. Les terrasses
ne peuvent avoir toutes la même inclinaison ni toutes se conserver ;
leur degré de conservation dépend de la manière dont elles sont
abritées.
Le recul de la mer le long de plages formées de matériaux ten-
dres comme ceux de Norvège et de Messénie, et ceux de Patras !,
a pour premier eflet de produire un aplanissement de ces maté-
riaux, avec inclinaison variable suivant les conditions locales.
On comprend que sur une plage ainsi aplanie, le retour du
flot, lors des tempêtes extraordinaires, pourra entamer le sol et
former un ressaut plus ou moins considérable. Une plage primi-
tivement régulière et unique pourra donc se diviser par le flot
lui-même en une série de terrasses, qui, d’un lieu à un autre, n'ont
rien de commun entre elles, et pourront aussi différer quant à
l’inclinaison si l’inclinaison des plages primitives était différente.
Le phénomène se complique encore quand, au milieu des forma-
tions tendres, se présentent des bancs durs comme en Messénie,
car alors le flot ne fait que nettoyer ces bancs, qui conservent leur
inclinaison initiale. Il se complique encore par l'érosion, qui peut
être nulle à un endroit et complète à un autre. Cela paraît avec
évidence en Messénie, où, dans toutes les vallées latérales qui
devaient originairement former des anses abritées, les terrasses
se sont conservées de préférence.
Si, des côtes occidentales de la Norvège nous passons à l’extrême.
Nord, dans la presqu'’ile des Pêcheurs, nous trouvons les niveaux
marins suivants : 90 à 100 m., 75, 72, 69, 68, 67, 55,32, 25 1/2, 22 et
21 m., et beaucoup de ces lignes se trouvent sur les côtes voisines
0
1. Ph. Néeris. B.S.G.F., (4), VI, 1906, p. 527.
10 Février 1909. — T. VIIL. Bull, Soc, Géol. Fr. — 28,
434 PH. NÉGRIS 15 Juin
de la presqu'ile de Kola. Plus à l'Est, dans l’île de Kildin, se trou-
vent les niveaux de 95, 89, 799 1/2, 96, 55, 49, 20 m.'. Ainsi donc
nous retrouvons dans le Nord de l’Europe la série des rivages
élevés que nous avons trouvés dans la Méditerranée. Mais nous
avons constaté ici quelque chose de plus : c’est que tous les riva-
ges ici sont postglaciaires. el cela depuis un niveau voisin de
300 mètres.
ANGLETERRE
On connait en Écosse des coquilles marines arctiques jusqu à
161 m. qui répondraient à un niveau de la mer de 188 à 194 m.?,
puis,dans un grand nombre d'autres localités à des hauteurs moin-
dres, d'autres bancs coquilliers jusqu'aux nombreuses « Raised
Bresches » de la Manche. Mais en certains points on a trouvé à
des hauteurs beaucoup plus considérables des lambeaux de sable
coquillier, comme dans le Cheshire à 365 m. et sur le faite du Moel-
Tryfaen à 357 m. Bien que Ramsay. qui a décrit le dernier de
ces gisements, ne pense pas que le rivage se soit trouvé à cette
hauteur, les données que nous avons déjà acquises par la Grèce
nous autorisent à admettre que, dans le doute, les présomptions
sont pour que ces coquilles soient à leur place originelle, C'était
d'ailleurs l'avis de Lyell *. Ce savant pensait que la plus grande
partie de l'Angleterre septentrionale avait été submergée, suivant
une ligne tracée de l'embouchure de la Tamise jusqu'au canal de
Bristol. Il donne {10 m. pour la plus grande altitude des coquilles,
et la formation qui les contient monterait jusqu'à 700 m. Ceci
n'a plus lieu de nous étonner depuis que nous avons trouvé la
mer à ce niveau à Siphnos. C’est sur le lorest-bed que se sont
déposées les formations de la mer qui a submergé l'Angleterre { :
nous devons donc admettre que, au moins depuis 700 m., la régres-
sion est quaternaire et que l'Angleterre, après le dépôt du Forest-
bed, s'est affaissée et a été submergée, comme l’Égeïde. Ceci non
plus n’a pas lieu de nous étonner ; car c’est à cette époque que
l'on place généralement l’affaissement du continent qui reliait
l'Europe à l'Amérique par le Nord et qui comprenait l’Angle-
terre. Il est naturel de penser que l'affaissement de ce con-
tinent a dù entrainer l’affaissement des côtes dont il se détachait,
Les coquilles, qui ont été trouvées à ces hauts niveaux en
1. W. Ramsay. Geol. Entwickelung der Halbinsel Kola, p. 100 et 107.
2, SuEss. Loc. cit., II, p. 768,
3. Éléments de géologie, 6° édit. 1864, p. 255-260.
4. LyELz. Loc. cit., p, 260.
1908 SUBMERSION EN RÉGRESSION QUATERNAIRES EN GRÈCE 435
Angleterre se trouvent sous des dépôts morainiques dans une [or-
mation argileuse : elles semblent donc montrer que lalfaisse-
ment daterait de l’époque interglaciaire et serait antérieur à
l’affaissement de l Égeïde, qui est caractérisé par un Éléphant plus
jeune que l’Elephas antiquus.
Les affaissements se sont cependant continués dans le Nord,
même après la dernière glaciation,comme nous allons le constater.
CONTINENT EUROPÉEN
Et maintenant se pose devant nous la question du continent
suropéen. Rappelons d’abord les terrasses des lacs de la Prusse
orientale, si bien étudiées par M. Kaunhowen '. Ce savant géolo-
gue a observé des terrasses formées par l’abrasion de l'argile à
blocaux, ou par le dépôt des sables empruntés à cette formation de
590 à 570 pieds, de 580 à 555, de 555 à 525, de 525 à 495, de 495 à
475 et à 445 pieds. Ces terrasses ont été produites dans un lac
immense,qui s’étendait au loin dans l’intérieur de la Russie et qui,
au Nord, devait être borné par les glaciers, et à l'Ouest, devait
communiquer avec la mer, du moins si on tient compte de la confi-
guration actuelle du pays. L'apport considérable d'eau douce, soit
par les glaciers, soit par les fleuves, empêchait la salinité de la mer
de se propager jusqu’au lac, comme cela se passe aujourd'hui en
partie pour le golfe de Bothnie. Le niveau de ce lac a donc dû
suivre la régression de la mer, et, en effet, à partir de 590 pieds, on
reconnaît par les chiffres précédents un recul pour ainsi dire
continu et régulier avec un ressaut de 2 à 3 m. à l'altitude de 445
pieds. L’altitude de ces dépôts n’est probablement pas l'altitude
originelle si, comme nous allons le prouver bientôt, nous avons un
affaissement général des côtes du Nord ; mais déjà la régularité du
phénomène nous reporte d’une manière frappante à ce que nous
avons constaté en Grèce.
Les choses se présentent moins simplement dans les parties
orientales du continent, en France et en Belgique.
Ici nous avons les vestiges de l’industrie humaine et les restes
des animaux contemporains de l’homme paléolithique à une alti-
tude en pleine contradiction avec un niveau de mer élevé de
plusieurs centaines de mètres. Cette anomalie, cependant, cesse
1. KAUNHOWEN. Geol. Beobachtungen in der Umgebung von Ortelsburg.
— Geol. Beob. in der Umgebung Ostpreuss. Kreisen Angerburg und Lôützen.
Jahrbuch der Künig. preuss. Landesanstalt und Bergakadenmie.
436 PII. NÉGRIS 15 Juin
d'exister, si l’on admet l'opinion que j'ai soutenue dans un travail
précédent .
J'ai montré alors que la présence de fossiles arctiques des plages
les plus élevées au niveau presque de la mer à St-Aubin-sur-Mer
en France, dans le Schleswig-Holstein et dans la Prusse orientale
trouve son explication naturelle dans l’affaissement des côtes
continentales après le recul des glaciers. Les alternatives de
salinité et d’adoucissement de la mer Baltique depuis l’époque
glaciaire sont aussi facilement expliquées par l’affaissement des
côtes marchant de pair avec la régression : la régression isolaït la
mer Baltique, qui s’adoucissait ; les affaissements des côtes la
mettaient de nouveau en communication avec la mer du Nord. La
découverte de l’argile à Yoldia sur toutes les côtes de la Norvège,
à plus de 90 brasses de profondeur *, tandis que nous avons trouvé
ce fossile à 270 m., puis à 163 m. d'altitude, peut donner une idée
de l'importance de ces affaissements, comme aussi la présence du
PBuccinüm groenlandium à 2 m. environ à St-Aubin-sur-Mer,
lorsqu'il se trouve dans les niveaux les plus élevés des fossiles
arctiques en Angleterre.
Quelle est l’étendue de ces affaissements ? S'étendent-ils jusqu’à
la bordure des plissements alpins ? Englobent-ils ces plissements ?
Cette dernière hypothèse paraît plus probable si l’on se rappelle
qu'à une époque récente, le domaine de ces plissements a été
affecté par les effondrements périadriatiques auxquels doit son
origine la mer Adriatique actuelle : on sait que cette mer ne
présente pas d'anciens rivages, pas mème à des niveaux bas. La
mer Noire, d'autre part, est un autre lambeau des plissements
alpins effondrés à une époque encore pas très ancienne, puisque
les indices de rivages de la Méditerranée n'’atteignent pas encore
ici plus de 25 à 30 m. d'altitude. Je rappellerai, d’ailleurs, que
mon savant confrère, M. André Delebecque, pense qu’on ne peut
guère expliquer l'existence du lac de Genève que par un affaisse-
ment : les alluvions anciennes dans lesquelles l’affaissement se
serait produit sont plus récentes que le Deckenschotter. Il s’agirait
donc encore là d’un effondrement récent ?.
Ainsi done, les effondrements se sont poursuivis à une époque
peu éloignée de nous, au Nord comme au Sud de l'Europe, à l'Est
comme à l'Ouest. De là donc à admettre que tout le continen
1. NéGris. Étude concernant la dernière régression de la mer. B.S.G F.
(4), IV, 1904, p. 166, et, Contribution à l’Étude des dernières régressions.
B:S.G F., (4), VI, 1906, p. 532. ,
2. Emile HauG, Loc cit., 1904, p. 824.
3. DereBecoue. Les lacs français, p. 305.
1908 SUBMERSION ET RÉGRESSION QUATERNAIRES EN GRÈCE 437
européen se soit affaissé à une époque récente, il n’y à qu'un pas :
cela expliquerait pourquoi ce continent n'a pas été submergé par
la mer des hauts niveaux : au moment du niveau élevé des mers,
le continent aussi était plus élevé, sauf quelques parties isolées,
qui seraient restées en place ou qui se seraient effondrées les
premières et auraient gardé les traces des anciens niveaux marins
les plus élevés. Parmi ces régions privilégiées, nous rangerons
l'Archipel égéen, le Nord du Péloponèse, les environs de Reggio,
une partie de l'Angleterre. Au contraire, la plupart des autres
rivages anciens ne seraient plus à leur cote originelle, sauf ceux
qui dateraient, en chaque localité, de l’époque où les effondre-
ments auraient pris fin dans cette localité.
Une autre preuve de l'effondrement des continents est donnée
par la plateforme continentale sous-marine, qui atteint aujourd’hui
la profondeur de 200 m. environ, sauf en des points spéciaux où
l'effondrement a été plus considérable encore. Il nous semble bien
plus difficile d'admettre que les sillons entaillés sur cette plate-
forme par les eaux courantes. en prolongement des cours d’eau
actuels, ont été submergés à une époque relativernent récente
par une nouvelle invasion marine sur 100 brasses de hauteur,
que d’admettre l'effondrement ou plutôt l’affaissement du conti-
nent européen avec sa zone littorale. Cela explique bien mieux
pourquoi, en certains endroits, les sillons sous-marins atteignent
des profondeurs énormes, jusqu'à 3000 m., comme au large du
Douro et du Tage, en Portugal".
CONTINENT AMÉRICAIN
Si, de l'Europe nous passons en Amérique, nous trouvons, dans
l'extrême Nord, des plages marines à 500 ou 600 m., 335, 330 m. *;
et puis toute la série des dépôts de la mer de Champlain depuis
149 m. d'altitude jusqu’à 15 et 12 m.*.
À Cuba, nous trouvons des terrasses admirablement bien con-
servées à 548 et 152 m., et de 6o à 70 m., et, dans les îles voisines,
des indices nombreux de rivages de 3 à 6 m.".
Dans l’Amérique du Sud, on a des terrasses à 400-300 m. et des
bancs de coquilles récentes (formation quérandinienne) à 20-35 m.
de
Len
. Émile HauG. Traité de géologie, p. 483.
. Suess. Loc. cit., II, p. 754 et suiv., et DE LAPPARENT, Géologie, p. 1709.
. SUESS, Lbid., p. 761.
. Ibid., p. 795.
FE. S D
438 PH. NÉGRIS 15 Juin
et jusqu'à 100 m. vers l'extrême Sud de la côte occidentale de ce
continent :.
Au Chili,on a des terrasses et dépôts coquilliers de 500 à 487 m.,
puis à 435 et 400, 320-290, 300 et 222, 150 et 131, 109-106, 60 et 40,
18 à 15 et 5 à 4 m. ©.
CôTEs DE L'OCÉAN PACIFIQUE ET DE L'OCÉAN INDIEN
Dans l’Océan Pacifique les îles coralligènes montent à 15-18-
25-50-75-80-00-95-100 m. *. Il paraît même que certaines d'entre
elles atteindraient plusieurs centaines de mètres‘.
Dans la Nouvelle-Zélande, les terrasses et dépôts marins se trou-
vent de 180 à 150 m., puis à 150-120-67-60-45-7 à 5, 4 à 3 m. et
Hochstetter était frappé, dès 1859, de la grande analogie que
présentaient les formations littorales récentes de ce pays avec
celles de l'Europe :.
Aux Indes et sur les côtes d'Arabie, les indices de rivage se
trouvent à 3-4 1/2, 6 à 9, 20-48 1/2-50, et peut-être à 356 m. (cal-
caire à Miliolites)‘.
Dans l'Afrique australe, de 18 à 21 m. et jusquà 55 et à 110 m.
au Cap‘.
CONCLUSIONS
Nous avons fait le tour du monde et nulle part les traces de la
mer n'ont manqué, ni au Nord, ni au Sud, ni dans les zones inter-
médiaires. depuis les niveaux les plus bas jusqu'aux niveaux
élevés. Nulle part rien ne vient infirmer la régression dont les
preuves en Grèce ont été mises hors de doute ; au contraire, cette
régression s’est trouvée confirmée à chaque pas. Nous l’avons
trouvée comme altitude partant de la cote de 700 m. environ (et
peut-être de la cote de 850 m. du Saharien inférieur de Reggio *),
et comme temps datant d'une époque postérieure à l’Elephas anti-
quus. À partir de 300 m. environ elle est post-glaciaire.
Nous avons constaté en Grèce et en Norvège qu’elle a été
continue, ou que, tout au plus, la mer a reculé par étapes de faible
SuEss. Loc. cit., p. 518 et 793.
Ibid., p. 817.
Ibid., p. 532 et suiv.
Émile HAuG. Traité de séologie, p. 493.
Suess. Loc, cit., Il, p. 815 et 816.
Ibid., 11, p. 800 à 804, note.
Ibid., II, p. 796 et suiv.
Et même de la cote de 900 m. des terrasses élevées du Voïdia dont il a
été question plus haut. |
UOTE D ND nm
(os
1908 SUBMERSION ET RÉGRESSION QUATERNAIRES EN GRÈCE 439
amplitude, Si la même continuité ne se trouve pas partout, il faut
l’attribuer soit aux circonstances locales plus ou moins défavo-
rables pour la formation des terrasses, ou pour le développement
de Mollusques littoraux, soit à l'érosion qui s'est manifestée à cer-
tains endroits plus que dans d’autres mieux abrités. Il ne faut pas
non plus oublier qu'en terrain meuble, la plage la plus récente
peut se former aux dépens et par la destruction des plages plus
anciennes. C’est ce qui est arrivé à Patras où la terrasse de 350 m.
s’est formée aux dépens des terrasses supérieures, en ne laissant
subsister au-dessus d'elle que la terrasse de 600 m. '. Partout nous
avons vu la régression marcher de pair avec des atfaissements et
les rivages affaissés être submergés, pour être bientôt de nouveau
exondés. C'est, sans doute, dans ce phénomène de la submersion
presque générale des rivages à la suite des affaissements, qu'il faut
chercher la cause de la tradition du déluge universel qui s’est per-
pétuée à travers le globe, car certains de ces affaissements sont
très récents.
Nous ne pouvons terminer ce qui a rapport à la régression
quaternaire sans passer en revue les principales objections qu'on
a élevées contre elle. Et d’abord on à soutenu la stabilité du
niveau de la mer àtravers les âges géologiques. On aurait observé
dans le Cotentin el à quelques autres endroits à un niveau peu
différent de la mer actuelle des rivages appartenant à diverses
époques géologiques et on en a tiré la conclusion que seul un
niveau stable pouvait rendre compte d’un pareil fait”. La conclu-
sion à notre avis est loin d'être rigoureuse. En effet le même fait
peut-être parfaitement expliqué par une suite de transgressions et
régressions oscillant autour du niveau actuel des mers et présen-
tant par conséquent à divers âges géologiques un rivage à l'en-
droit où il se trouve aujourd'hui, puisque soit en avançaänt, soil
en reculant la mer passera par le point de part et d'autre duquel
elle oscille. |
La deuxième objection est la suivante. Il paraît y avoir désac-
cord entre l'existence d’une seule grande régression depuis les
temps pliocènes et les données paléontologiques d'une part, les
phénomènes alternatifs d’érosion et d’alluvionnement des vallées
d'autre part. Cependant, à mon avis, le désaccord n’est qu'apparent.
En effet, quelles sont les exigences de la paléontologie : elle
demande de larges communications dans la Méditerranée, entre
l'Europe et l'Afrique et les grandes iles méditerranéennes, pour
1. Ph. Nécris. Loc, cit. B.S.G.F., (4), VL, 1906, p. 11 et suiv.
2. DE LAPPARENT. Géologie, p. 1920.
fo 5%: RO ET PH. NÉGRIS these Juin
expliquer la diffusion des faunes et des races humaines avec même
outillage paléolithique : à l'époque interglaciaire. Or, cette époque
avait été précédée d'une émersion générale qui avait établi ces
communications et les avait maintenues jusqu’à l'époque intergla-
ciaire. Puis la paléontologie nous apprend que les faunes s’indivi-
dualisent : c’est que les cômmunications se sont rompues, par suite
d'affaissements, dont les dislocations de la panchia de Toscane et
de l’île d’Elbe avec débris d’ÆZlephas antiquus sont un exemple
très instructif, et la submersion de l'Angleterre un autre. La sub-
mersion de l’'Egéide aurait suivi de près. C’est ainsi que les îles de
Corse et de Sardaigne auraient été isolées ainsi que l’île de Crète.
Mais on comprend qu’à la suite d'une régression de plusieurs
centaines de mètres, quelques communications aient pu se réta+
blir ; on pourrait ainsi expliquer la communauté des Mammifères
actuels entre l'Afrique et les îles de Corse et de Sardaigne. Puis
de nouveau arrivent de grands affaissements comme nous en avons
constaté plus haut au Nord de l'Afrique, et ces deux îles sont
définitivement isolées. Ces affaissements marchent de pair avec la
régression dans la Méditerranée comme dans la mer du Nord.
Enfin les affaissements se terminent par la formation de la fosse
adriatique et la régression cesse, si bien que l’on peut considérer
la régression comme subordonnée aux affaissements.
Tous ces grands phénomènes se sont passés depuis l’époque
interglaciaire, mais les derniers d’entre eux depuis la fin de
l’époque glaciaire. Il ne faut donc pas s'étonner que les change-
ments concomitants des faunes aient été souvent insignifiants,
comme le prouvent les Mammifères actuels de la Corse et de la
Sardaigne qui sont en partie pareils à ceux de l’Algérie, malgré
les fonds de mer considérables qui séparent aujourd’hui cette
dernière des premières.
De même pour les alluvionnements et le creusement des vallées,
les phénomènes s'expliquent aisément par la régression accompa-
gnée d’affaissements. Les remblaiements correspondraient comme
l’a formulé M. Boule? à des périodes de submersion : mais la
submersion peut être due non seulement à une transgression, mais
aussi à un affaissement tel que nous l'avons constaté dans l’Europe
continentale. Au grand alluvionnement pliocène, qui serait peut-
être; lui aussi, dû à des affaissements, succéda, comme nous l'avons
rappelé, la:surrection que l’on place généralement à la fin du:
Pliocène : le creusement des vallées suivit. Plus tard c’est l’Europe
1. Bou. Les grottes de Grimaldi, Loc. cit., p. 156.
2-10. 7bid., D: 159:
1908 SUBMERSION ET RÉGRESSION QUATERNAIRES EN GRÉCE 441
continentale qui s’affaisse et provoque un remblaiment du fond
des vallées. e.
Ainsi tous les phénomènes paléontologiques et géologiques trou-
vent une explication facile dans l'hypothèse de la régression
unique, depuis la fin du Pliocène, marchant de pair avec les
affaissements. Ce sont ces affaissemenits qui donnent l'illusion
d'une transgression qui en réalité n existe pas, du moins comme
transgression eustatique.
La régression a été démontrée en Grèce. Les faits observés dans
les autres pays peuvent étre facilement interprétés de manière à
se concilier avec elle : les objections soulevées se fondent sur une
interprétation des faits qui n’est pas rigoureuse : rien doné n’auto-
rise à repousser la généralité d’un phénomène qui se présente si
nettement en Grèce. ÿg
RARE
NOTE AJOUTÉE PENDANT L’IMPRESSION. — Dans une note aux CR. Ac. Sc. du
30 nov. 1908, sous le titre « Découverte de l’Elephas antiquus, à l'ile de
Délos », M. Cayeux attribue définitivement la dent d'Éléphant, trouvée à
Délos (loc. cit., p. 422), à l'E. antiquus et non à une espèce plus récente,
comme il ait pensé d’abord. Cela reculé l’époque du morcellement de
l’'Égéide jusqu’au commencement des temps dueternaines, mais pas au-delà,
Toutes mes autres conclusions subsistent. ;
M. G. Dollfus regrette d’avoir à présenter quelques réserves à propos
de la note de M. Négris. Il pense que les perforations de l’île de Siphnos,
dont il présente de magnifiques spécimens envoyés par M. Négris, quiles.
a recueillis à l’altitude de 275 m., appartiennent à Aspidopholas rug'osa:
Broccui (Gonch. subalp., pl. xt, fig 12), espèce pliocène, car leur forme
élargie, utriculaire, leur grand diamètre, leur faible profondeur. écartent.
la pensée qu'elles ont été produites par le Lithodomus lithophagus, et
cette constatation lui paraît entraîner la: démonstration très simple que,
cette partie des Cyclades s'est élevée considérablement au- -dessus des,
eaux depuis l’époque astienne comme beaucoup d’autres points de la
Morée. Il pense aussi que ce ne sont pas les eaux qui se sont élevées
à ce niveau, et à une altitude voisine de 700 m.; sur toute l'Europe,
mais qué ce sont les terres de l'Archipel qui . sont élevées. On ne
peut admettre en Europe que le niveau marin ait sensiblement varié
depuis le Miocène ct le Pliocène; ce sontlés continents qui se sont”
inégalement et localc nent abaissés ou élevés; il est partisan: de la
permanence du zéro marin et. de la continuité des - variations des-altis
tudes terrestres par des mouvements plus ou moins étendas et de:
valeur différente. Que
REMARQUES AU SUJET DE PLAQUES CALCAIRES
D'AGE CAMBRIEN, PROVENANT DE CHINE
PAR J. Bergeron
Dans la séance du 20 novembre 1899, j ai présenté à la Société
géologique plusieurs Trilobites provenant de Chine et dont je
devais la communication à l’obligeance de M. Henri Douvillé.
La plupart se trouvaient à la surface d’une plaque de calcaire
blanc que l'amiral Regnault de Premesnil avait achetée en 1858,
à un brocanteur de Pékin, qui, tout en ignorant sa provenance
exacte, disait qu'elle venait des montagnes situées au Nord de
cette ville. Elles étaient toutes nouvelles et appartenaient, sauf
rares exceptions, à des genres nouveaux.
Depuis cette époque il a été rapporté en Europe d’autres plaques
calcaires couvertes également de débris de Trilobites ; ceux-ci
sont désignés en Chine sous le nom d'Hirondelles fossiles et les
plaques sur lesquelles on les trouve sont vendues comme objets
de curiosité, ce qui explique comment on en connaît déjà un
certain nombre. Sur plusieurs de ces plaques ont été reconnues
des espèces que j'ai publiées en 1899 et il ma paru intéressant
d'étudier ces plaques comparativement entre elles, ainsi que leurs
- faunes et de chercher à tirer quelques conclusions de cette étude.
Je m'appuierai sur les mémoires dans lesquels il en est question,
n'ayant pas eu les échantillons entre les mains.
Ces mémoires sont au nombre de trois et sont dûs respective-
ment à M. le docteur Carlo Airaghi, de Turin, M. Monke, de Berlin,
et M. Henry Woodward, de Londres, suivant leur ordre d’appari-
tion. Ainsi qu'on le verra dans l'historique qui accompagnera
l'étude de chaque plaque, aucune n’a un gîte bien connu ; jamais
aucun géologue n'a pris ces plaques calcaires en place. On n’a sur
elles aucun renseignement stratigraphique précis; quant à la
paléontologie elle ne peut donner plus de renseignement sur l'âge
de ces calcaires, puisque les faunes en sont nouvelles et ne peu-
vent être comparées à aucune autre d'âge déterminé.
Ayant déjà décrit et figuré la plaque de Pékin dans notre
Bulletin, je me contenterai de rappeler quelques faits dont j'aurai
besoin dans la suite.
Le nombre des débris de Trilobites est très grand ; ils sont
1. B.S.G.F., (3), XX VII, p. 499, pl. xur.
1908 CALCAIRE CAMBRIEN DE CHINE 443
juxtaposés de manière à couvrir entièrement la surface de la
plaque. Mais ils sont très mal conservés et le nombre des espèces
reconnaissables et déterminables est très réduit : en 1899 j'avais
distingué les cinq espèces suivantes :
Calymene ? sinensis TJ. BERG. Dicellocephalus ? sinensis J. BERG.
Agnostus Douvillei J. BERG. Drepanura Premesnili J. BERG.
_Olenoïdes Leblanci J. BERG.
Il y avait en plus, parmi une multitude de débris indétermi-
nables spécifiquement et d’anneaux toujours isolés, un hypostome
et une joue mobile dont on pouvait reconnaître la forme. D'ailleurs
les échantillons les meilleurs étaient encore assez mal conservés
pour que leur description fût incomplète.
Parmi les espèces reconnaissables, il y en a deux auxquelles
j'ai attribué les noms génériques de Calymene (Calymene ?
sinensis) et de Dicellocephalus (Dicellocephalus ? sinensis) pour
attirer l’attention sur les analogies qu’elles semblaient présenter
avec ces genres ; mais j'avais pris soin de signaler le fait,
en accompagnant ces noms génériques d'un point de doute;
j'insistais d’ailleurs sur ce doute dans le texte même de ma note.
Les conditions dans lesquelles cette plaque a été achetée par
l'amiral Regnault de Prémesnil ne permettent pas d'en savoir
l'âge géologique ; la faune seule pouvait me guider dans cette
détermination d'âge. Or, des cinq espèces déterminables, il n'y
en avait que deux qui appartinssent avec certitude à des genres
connus : Agnostus Douvillei et Olenoïdes Leblanci. Cette espèce
d A gnostus rentrant dans le groupe des Limbati et dans le sous-
groupe des Regii, devait être rattachée au Cambrien moyen ; il en
est de même de Olenoïdes Leblanci, espèce voisine de Olenoïdes
Marcoui Wuirri£cb, cantonnée dans le Cambrien moyen. Ma con-
clusion était que vraisemblablement la plaque de Pékin apparte-
nait à un horizon du Cambrien moyen.
En 1902, le docteur Airaghi figura' une plaque de calcaire
‘couverte également de débris de Trilobites, ainsi que d'autres
plus petites portant des pygidiums. Ces plaques ont été rapportées
de Chine par un missionnaire, le père Pio da Nettuno. Elles ont
figuré à l'Exposition d'Art sacré qui s’est tenue à Turin en 1898.
Le professeur Parona les a achetées pour le Musée géologique
de Turin qu'il dirige. Ces plaques étaient portées sur le catalogue
1. Atti della Soc. ital. Se. nat., vol. XLI, 13 p.. pl 1. Milan, 1902.
444 ©:J. BERGERON 15 Juin
comme-provenant de la localité de Texen Demenkow dont il n’est
fait mention dans'aucun dictionnaire géographique, ni sur aucune
carte italienne, au dire du docteur Airaghi. Je me suis assuré
qu'il en était également ainsi en France: de plus je me suis
adressé au directeur des Missions étrangères de France, qui
sait quels sont les points où se trouvent en Chine des missions
catholiques étrangères ; cette localité lui est inconnue ainsi qu'aux
pères actuellement présents à Paris et qui sont allés en Chine.
Le professeur Parona commença l'étude de ces fossiles; mais
pour être fixé sur le point où se trouvait la localité de Texen
Demenkow, il écrivit à la mission dont faisait partie le père Pio da
Nettuno. Sur ces entrefaites se produisit la révolte des Boxers ;
peut-être la mission a-t-elle été massacrée ; en tous cas le profes-
séur Parona n'eut pas de réponse.
Nous ignorons donc Font la PEONENERE et l’âge de ces
pliques calcaires. ï
Le docteur Airaghi en figure trois don l'une est lar ge comme
la main. L'auteur donne sur ce calcaire, au point de vue litholo-
gique, les renseignements saivants : il est dur, compact,” “a grain
fin, de couleur jaune-gris uniforme. Il ne rappellerait donc que de
es celui de la plaque de Pékin. Aussi ne suis-je pas porté comme
le docteur Airaghi à admettre pour ces plaques la même prove-
nance; pour cela j'ai encore des raisons de je dApnerer plus Eu
après avoir étudié la faune. a
Cêlle signalée par l'auteur italien est la suivante :-
i
Agnostus Pii n. sp. Microdisrus Paronai n. Sp.
Olenoïides Paronai n. sp. | Drepanura Premesnili J. BERG.
Olenoïdes Leblanci J. BERG. Trilobites gen. et sp. indét.
Si l’on s’en rapporté à cette liste, il y aurait dans les calcaires
de Texen Demenkow., deux ren déjà sipnalees sur la pains .
Pékin. ivess MR
Les pygidiums que le docteur Aiïraghi rapporte à De
Premesnili se trouvent sur deux petites plaques de calcaire dont
l'une porte deux exemplaires. Je crois que les trois pygidiuns en
question appartiennent bien à une mème espèce et au même genre:
Drepanura : mais les denticulations du bord postérieur sont diffé-
rentes ‘danses deux espèces : dans Drepanura Premesnili' ces
denticulations sout ‘Sensiblement égales entre elles et'de même
forme, arrondies à leur extrémité. Dans les pygidiums figurés ‘
par le docteur Aiïiraghi (pl. r. fig. 31-32). les denticulations sont
1. B.S.G.F.,(3), XXVIL, p. 509, fig. 8, pl. xir, fig. 8.
1908 CALCAIRE CAMBRIEN DE CHINE 44
plus acuminées, plus détachées les unes desautres ; de plus‘celles
qui correspondent à la partie axiale paraissent être plus grêles;
plus courtes que les autres ; enfin, elles semblent avoir été soudées
à leur base. Go DRE
Quant aux pointes à profil de faux qui partent des extrémités
latérales du pygidium et qui ont fait donner son nom à cé‘genre,
elles sont de forme‘différente dans lès deux espèces. Dans celle de:
Texen Demenkow., la pointe est plus acuminée, proportionnelle-
ment moins large à sa base. Pour ces raisons, il me semble qu’il
faudrait distinguer cette espèce de Drépanura Premesnili.
Il est diflicile de reconnaître Olenoïdes Leblanci sûr la grande
plaque figurée par le docteur Airaghi (pl. 1, fig. 23) ; aussi n ose
rais-je me prononcer sur l’exactitüde de cette assimilation:
Les espèces nouvelles, au nombre de trois, sont :
Agnostus Pii n. sp. Microdiscus Paronai n. sp...
Olenoïdes Paronai n. sp. oo
- D’après la figure donne par le docteur Airaghi (pL 1, a 28),
Agnostus Pi et Agnotus Douvillei sont deux espèces distinctes)
l’une de l’autre ; elles appartiennent même à des groupes diffé-:
rents. ÀAgnostus Pü n. sp., si l'on s’en rapporte à la figure donnée:
par le docteur Aïraghi (pl. 1, fig. 28), pourrait appartenir au même:
groupe que Agnosius Kœrferi Monxe '. Ces deux fossiles se
trouvent à la surface de calcaires marneux très distincts de celui
d’où provient la plaque de Pékin et qui est un calcaire pur; mais
je doute, à cause des différences de faunes, que ces calcaires mar-
neux appartiennent à un même horizon. is
Sur la plus grande plaque calcaire, le docteur Airaghi orale
comme espèce de beaucoup la plus abondante Olenoïdes Paronai
n. sp. qui se distingue d’'Olenoïdes Leblanci par la forme des
denticulations qui bordent le pygidium et par les dimensions
beaucoup plus courtes des denticulations médianes. Je n'ai rien
vu de comparable sur la plaque de Pékin. Le docteur Airaghi
décrit encore Microdiscus Paronai n. sp.; mais aucune forme de.
ce genre n'existe sur la plaque que j'ai étudiée.
La grande plaque de Texen Demenkow ne renferme. donc
aucune espèce qui lui soit commune avec celle de Pékin, sauf le
seul exemplaire d'Olenoïdes Leblanci que je n'ose assimiler au
type, faute d'échantillons bien conservés. Je suis done porté :
à considérer les deux plaques comme n’appartenant pas au
même gisement, contrairement à l'opinion du docteur Airaghi; la
1. Voir plus loin, p. 447.
446 3. BERGERON 15 Juin
différence des faunes et aussi la différence dans la façon dont se
présentent les débris de Trilobites, viennent à l'appui de cette
manière de voir. Mais on peut dire que d'une manière générale
les deux plaques proviennent d'horizons peu éloignés d’un même
étage. |
La présence du genre Microdiscus viendrait à l'appui de l’attri-
bution que j'ai faite au Cambrien moyen de cette faune à Drepa-
nura et Olenoides.
En 1905 M. H. Monke a publié un mémoire très important : sur
une série de plaques calcaires dont l'intérêt est très grand. Ces
plaques, au nombre de 73, ont deux origines différentes. Les unes
ont été rapportées par M. le bergmeister F. Kærfer, qui, étant
au service de la Marine royale de Prusse, visita l’hinterland du
Kiautschou. Ces plaques proviendraient de l'étage supérieur de la
série chinoise. Elles ont été offertes au musée de la Kôün. Geol.
Landesansialt et de la Bergakademie de Berlin. Parmi elles s’en
trouve une de très grandes dimensions que M. Monke à figurée
(pl. 1x). Leur lieu d’origine est la localité de Yen-tsy-yai qui n’a
jamais été visitée par aucun Européen ; ce sont les marchands chi-
nois qui ont vendu ces plaques comme objets de curiosité, qui l'ont
indiquée.
Postérieurement, le même musée a reçu de la Société minière
du Schantung, à Berlin, deux plaques calcaires comparables à
celles de Yen-tsy-yai; elles proviendraient, d’après les renseigne-
ments fournis par M. le bergassessor Krause, de la région monta-
gneuse située au N.N.E. de Mong-yin-hsien, région où se trouve
la localité de Yen-tsy-yai, d’après les renseignements de M. Kœær-
fer. Cette dernière collection aurait dû être plus nombreuse, mais
M. Krause perdit la plupart de ses fossiles dans une attaque qu'il
eut à subir de la part des Chinois.
Tout ce que nous savons au point de vue stratigraphique, relati-
vement à ces calcaires, c'est que dans le Shantung, d’après un
mémoire de M. Kærfer, sur l’étage moyen de la série chinoise
établie par von Richthofen, repose l'étage supérieur formé presque
exclusivement de calcaire en bancs épais, renfermant de nombreux
fossiles. Il cite en particulier le gisement situé près du village de
Yen-tsy-yai, à un jour de marche au N.0. de Wang-tschuang. On
reconnaîtra que ce sont là des renseignements bien peu probants
1. H. Monke. Beiträge zur Geologie von Shantung. |. Obercambrische Tri-
lobiten von Yen-tsy-yai. Jahrb. der Kônigl. Preuss. Geologischen Lante-
sanstalt und Bergakademie für 1902. Band XXII, heft 1, p. 103, pl. mi-1x.
1905 CALCAIRE CAMBRIEN DE CHINE 447
de l’âge cambrien supérieur des calcaires de cette dernière localité,
surtout si l’on tient compte de ce fait que dans les régions pri-
maires il y a bien souvent des phénomènes de charriage donnant
des recouvrements anormaux malgré les apparences. La méthode
qui consiste à chercher à établir l’âge relatif de couches en super-
position par les caractères des faunes est infiniment préférable ;
car elle est la seule qui soit sûre. Je considérerai donc jusqu'à
nouvel ordre, l'attribution de la faune de Yen-tsy-yai au Cambrien
supérieur comme n'étant pas encore établie avec certitude.
D'après la description que donne M. Monke des calcaires cons-
tituant les plaques qu'il a étudiées, ils sont différents de ceux de la
plaque de Pékin ; ils sont argileux, de couleur bleu gris foncé ; les
fossiles en calcite forment relief au milieu du calcaire argileux par
suite de la dissolution plus facile de ce dernier. Les Trilobites ont
leurs articles dissociés, isolés les uns des autres, de telle sorte qu'il
est très difficile, ainsi que le reconnaît M. Monke, de grouper les
éléments appartenant à une même espèce ; c'est pourquoi il est
permis d’avoir un certain doute à l'égard de l'exactitude des grou-
pements faits par l'auteur.
M. Monke a pu reconnaître et décrire les espèces suivantes :
. Ag'nostus Kærferi, n. sp. Drepanura Premesnili J. BERG.
Liostracina Krausei n.gen.,n. sp. — Ketteleri n. sp.
Teinistion Lansi n. gen., n. sp. Stephanocare Richthofeni n. gen,
— Sodeni n. gen.,n sp. n. SP.
Malgré le très grand nombre des plaques, le nombre des espèces
est très réduit : huit espèces pour soixante-treize plaques.
Je partage l'opinion de M. Monke que Agnostus Koerferi
(pl. ni, fig. 1-9 ; pl. 1x) est une espèce appartenant au groupe des
Limbati et au sous-groupe des Fallaces. Quelque mal conservé
que soit le seul exemplaire de Agnostus Douvillei J. BERG. de la
plaque de Pékin, il ne me paraît pas possible de rapprocher ces
deux espèces l’une de l’autre.
Liostracina Krausei (pl. in, fig. 10-19; pl. 1x), de la plaque de
Yen-tsy-yai, ne se retrouve pas sur celle de Pékin.
Sous le nom de Teinistion Lansi (pl. 1v, fig. 1-17; pl. 1x),
M. Monke décrit une espèce nouvelle de laquelle il rapprocherait
la forme de pygidium que j'ai désignée sous le nom de Dicelloce-
phalus ? sinensis, s’il n’y avait cinq paires de dents au lieu de six
sur le bord postérieur du pygidium. Mais le limbe de l'espèce de
la plaque de Pékin est plus large. D'ailleurs, sous ce nom de
Teinistion Lansi, M. Monke me paraît grouper des pygidiums
448 Erin LU, ABERGERONIE EPA 15 Juin
qui pourraient'hien appartenir à des espèces différentes : c’estainsi
que. les figures 15, 16 et 17 peuvent être groupées autour d'un
même type, et les figures 12 et 13 autour d’un autre.
Le Teinistion Sodeni (pl. v, fig. 1- h) n'a pas de représentant sur
la plaque de Pékin.
Le Drepanura Premesnili J. BENGERON (pl. v, fig. 5-19; pl. 1x)
est très commun sur les plaques étudiées par M. Mori) A propos
de la description que je donne du pygidium de cette espèce, la
seule partie de la carapace que je connaisse, M. Monke critique
ma facon d'en interpréter la segmentation. Pour lui il y aurait
sept anneaux, tandis que j'en ai compté six. Etant donné le grand
nombre d'exemplaires qu'il a eus entre les mains, étant donné par
contre le petit nombre des miens et leur état médiocre de conser-
vation. j'admets le bien-fondé de son observation. Mais quand il
me reproche d'avoir pris les anneaux à sillon formant le pygi-
dium pour des anneaux à bourrelets, je lui demanderai où il a pu
voir ces caractères des anneaux; ce n'est à coup sûr pas sur le
bord qui est absolument plat. Il est vrai que M. Monke rapporte
à Drepanura Premesnili un grand nombre d’anneaux thoraciques
à sillons disséminés et isolés sur la plaque du Musée de Berlin et
qui, par suite, pourraient appartenir à d’autres espèces et même à
d’autres genres.
M. Monke a reconnu sur la plaque de Pékin des débris de
céphalothorax qu'il attribue à cette espèce et qu’il rapproche de
ceux qu'il a figurés sous ce nom (pl. v, fig. 5-13). Les débris en
question me paraissent absolument indéterminables.
Le Drepanura Kettenleri n. sp. (pl. vi, fig. 1-18; pl. vin, 5-6;
pl. 1x), pourrait appartenir à un autre genre, le mode d’ornemen-
tation du pygidium étant très différent de celui ou s'observe dans
la forme précédente. Sur la plaque de Pékin, il n’y a aucun vestige
de cette espèce.
M. Monke a groupé sous le nouveau nom générique de Stepha-
nocare des espèces qui présentent beaucoup d'analogies avec
celles du genre Olenoïdes MErx. Les pygidiums dans les deux
genres ont la même forme triangulaire, à sommet arrondi, avec le
même mode de denticulation. La forme des glabelles est peu dif-
férente et procède du même type; mais dans le genre Stephanocare
le test est granuleux, tandis qu'il est lisse dans Olenoïdes. Bien
que le genre Dorypyge DaueEs porte également des granulations :
et se rapproche du genre Olenoïdes il se distinguerait du genre
Stephanocare par la disposition et la forme des Henrelition du
bord du pygidium, comme par la forme de la glabelle. Il ne me
1908 CALCAIRE CAMBRIEN DE CHINE 449
semble pas qu’il y ait d’autres différences entre les deux genres; en
tous cas M. Monke n’a pas dit pourquoi il les distinguait l’un de
l’autre. Quant au céphalothorax que j'ai désigné comme apparte-
nant à un Calymene ? sinensis, il peut, comme le pense M. Monke,
être rattaché à l'espèce qu'il distingue sous le nom de Stephano-
care sinense. M. Monke considère que le rachis du pygidium n’est
composé que de six anneaux au lieu de sept; mais alors pourquoi
compter ici la première pointe du limbe comme un simple orne-
ment tandis que toutes les autres, d'ailleurs identiques à la pre-
mière, correspondraient à des extrémités de plèvres ?
En résumé, au point de vue paléontologique les plaques de
Yen-tsy-yai, renferment une faune dont certaines espèces ne sont
connues que sur la plaque de Pékin; si on n’admet pas la détermi-
nation d'âge que j'ai donnée, il faut forcément considérer leur
âge comme indéterminé. Quant aux autres espèces, elles sont
nouvelles génériquement et spécifiquement; par suite elles sont,
elles aussi, d'âge indéterminé. En conséquence, M. Monke ne
peut tirer aucun argument de la faune de la plaque de Yen-isy-yai
pour en établir l’âge cambrien supérieur ; il ne lui reste plus
que la raison stratigraphique qu’il a donnée et qui me paraît
insuffisante, ainsi que je l’ai dit plus haut.
J'ai déjà établi les différences lithologiques qui existent entre
les calcaires des plaques de Pékin et de Yen-tsy-yai. Au point de
vue paléontologique, il y a certaines analogies : Drepanura Pre-
mesnili est abondant dans les deux ; les Olenoïdes et les Stepha-
nocare (en admettant que ce soit des genres différents) s’y rencon-
trent également. Mais il y a des espèces et des genres différents
Agnostus Kærferi n. sp., Liostracina Krausei nov. gen., n. sp.,
Teinistion Lansi n. g., n. sp.. Teinistion Sodeni n. g., n. sp. Les
deux plaques ne proviennent sûrement pas du même horizon,
mais de deux horizons voisins ; en tous cas ils doivent appartenir
au même étage.
En 1905, M. Henry Woodward ! attira l'attention sur des pla-
ques calcaires dont il devait la communication au Révérend
Samuel Couling, des Missionnaires baptistes anglais de Ching-
chou-fu, dans le Kiao-chow (Nord de la Chine). Elles ont été rap-
portées « du Shantung occidental, d’une localité située au sud de
Tsing-tshou-fu (36° 40’ lat. N. et 118° 40’ long. E.) ».
1. H. WoopwaRp. On a collection of Trilobites from the Upper Cambrian
of Shantung, North China, Geological Magazine. Decade V, vol. II. May and
june 1905, p. 211, 251, pl. xt.
18 Février 1909. — T. VIII. Bull. Soc. Géol. Fr. — 29.
450 J. BERGERON 1» Juin
M. H. Woodward se propose d'en publier la faune trilobitique,
mais il a voulu dans les deux notes en question, signaler dès à
présent les analogies qui existent entre les formes qu’il a étudiées
et celles décrites par M. Monke.
Dans les plaques de M. Couling, M. H. Woodward a retrouvé
toutes les espèces de Ysen-tsy-yai, sauf Stephanocare sinense
Berc. Je ne suivrai pas M. H. Woodward dans les remarques que
provoque de sa part la figure de Stephanocare Richthofeni MonkE
donnée par l’auteur allemand ; mais je ferai remarquer qu'il par-
tage ma manière de voir relativement à l'attribution au genre
Olenoïdes des espèces que M. Monke groupe autour de son
nouveau genre Stephanocare.
_ On peut juger de la similitude des deux faunes et des deux
calcaires étudiés par MM. Monke et Woodward, grâce à une plan-
che (pl. x) qui reproduit une partie d'une plaque de M. Cou-
ling. Il n'est pas douteux que ces plaques ne proviennent d’un
même horizon et probablement d'un même gisement ; par suite
elles sont bien de même âge. Suivant l'exemple de M. Monke,
M. H. Woodward en fait du Cambrien supérieur.
De ce qui précède résultent pour moi les faits certains suivants :
Il y a en Chine une formation calcaire caractérisée par l'abon-
dance du Drepanura Premesnili J. BerG. Mais cette formation, qui
aurait une grande extension, semble renfermer soit plusieurs hori-
zons à en juger par les espèces associées à ce fossile, soit des
faciès légèrement différents. Ce sont les découvertes ultérieures
qui trancheront cette question aussi bien d’ailleurs que celle de
l’âge des couches à Drepanura Premesnili J. Berc.
Séance du 2 Novembre 1908
PRÉSIDENCE DE M. HENRI DOUVILLÉ, PRÉSIDENT,
DE M. G. DOLLFUS, MEMBRE DU CONSEIL, PUIS DE M. H. DOUVILLÉ
Le Président rappelle les décès de sir Jonn Evans et de MM. PERON,
F. Arnaup, et NERY DELGADO.
Il rappelle aussi le succès qu’a obtenu la Réunion extraordinaire
de septembre. Il rernercie et félicite les organisateurs qui non seule-
ment ont fait exécuter des fouilles considérables pour rendre possible
l'étude des divers gisements fossilifères, mais qui, en outre, ont fait
imprimer et distribuer à tous les participants un livret-guide plein de
renseignements intéressants. La Société a été cordialement accueillie
par les Municipalités et en particulier par le Maire de Nantes qui l’a
reçue officiellement à l’Hôtel-de-Ville.
Depuis la Réunion extraordinaire, la Société a eu encore à déplorer
la perte de M. A. Boisrez, ancien président de la Société, qui prit une
part si active à sa vie intérieure dans ces dernières années.
M. Peron, décédé en juillet, a légué sa collection de fossiles d'Algérie
au Laboratoire de Géologie de la Sorbonne. Mme Ve Peron a heureuse-
ment complété les dispositions précédentes en offrant au Muséum
d'Histoire naturelle la partie principale des collections de notre regretté
confrère, qui comprenait, comme on le sait, une grande partie des
collections qui lui avait été précédemment léguée par Cotteau.
‘M. Haug annonce à la Société que le Laboratoire de Géologie de la
Sorbonne s’est enrichi, pendant les vacances, non seulement des collec-
tions africaines léguées par M. Peron et de la collection Arnaud,
récemment acquise, mais encore des admirables séries recueillies par
M. H. Tombeck dans le Jurassique et le Crétacé de la Haute-Marne.
Cette collection vient d’être offerte à la Faculté des Sciences par les
enfants de notre regretté confrère, M'"° Tombeck et M. Daniel Tombeck,
docteur ès sciences, auxquels M. Haug est heureux de pouvoir exprimer
à nouveau sa plus vive reconnaissance.
Le Président proclame membres de la Société :
La Bibliothèque de l'Université de Fribourg-en-Brisgau, présentée par
MM. H. Douvillé et J. Boussac.
Le colonel Jullien, à Paris, présenté par MM. H. Douvillé et R. Dou-
villé.
M. T. Bezier, conservateur du Musée d'Histoire naturelle de Rennes,
présenté par MM. L. Bureau et D.-P. (Œhlert.
Trois nouveaux membres sont présentés
452 SÉANCE DU 2 NOVEMBRE 1908
M. Georges Negre offre les notes suivantes : « L'épaisseur de la
craie dans le Nord de la France » (Le Phosphate, n° 777, 1907),
« Les phosphates du Midi, études et recherches » (Le Phosphate,
n° 845, 846, 1908); « Les phosphates de Saint-Maximin (Gard) »
(Journal d'Uzès, n° 24-25, 1908).
M. Stanislas Meunier envoie le traité général de Géologie, qu'il
vient de publier chez les éditeurs Vuibert et Nony [CRS.. p. 150].
M. Lantenois adresse un tiré à part des «Résultats de la mission
géologique et minière du Yunnan méridional (septembre 1903-
janvier 1904) » publiés dans les Annales des Mines (mars-avril
1907, 210 p., 4 pl.)
M. J. Vidal de la Blache envoie son « Étude sur la vallée lorraine
de la Meuse » (80, 186 p., 13 fig., 8 pl., Paris, Collin).
M. Armand Thevenin présente, de la part de l’auteur, un très
important mémoire de M. C1. Gaillard sur « les Oiseaux des Phos-
phorites du Quercy » (8, 156 p.. 8 pl. Paris, 1908) [CRS., p. 150].
M. Paul Lemoine remet, de la part de M. GC. Rouyer, une note
«Formation et tracé du réseau hydrographique entre Dijon et
Chalons » (Bull. Soc. Sc. naturelles Saône-et-Loire, 1908).
M. P. Lemoine dépose sur le bureau plusieurs notes, qu'il a
récemment publiées : « Sur les différents niveaux d’alluvions au
confluent de l’Yonne et de la Cure » (CR. Ac. Sc., 25 mai 1908) ;
«Morvan » (en collaboration avec M. Albert Michel-Lévy) (CA.
coll. Carte géol. Fr., 1907) ; « Sur la présence d'Astéries dans le
Portlandien supérieur du Pays de Bray » (Bull. Soc. Amis Sc.
nat. Rouen, 1908) ; « Sur la présence de fossiles marins dans le
Néocomien inférieur du Pays de Bray » (Zbid., 1908) [CRS., p. 151].
M. G. Dollfus présente un volume du chanoine Jaime Almera
sur le Pliocène de la région du bas Llabregat et des environs de
Barcelone [CRS., p. 151].
A. Toucas. — Sur les formes primitives des Hippurites dans les
Préalpes vénitiennes.
M. Parona: vient de publier une importante étude sur les
Rudistes du Crétacé supérieur des Préalpes vénitiennes. Parmi les
espèces citées et figurées, l’auteur indique les Hippurites (Orbi-
1. PARONA. Sopra alcune Rudiste del cretaceo superiore del Cansiglio nelle
Prealpi veneta. Mem. R. Acc. Sc. Torino, Il, LIX, p. 139. 1908.
SÉANCE DU 2 NOVEMBRE 1908 453
gnya) Requieni et (Vaccinites) præpetrocoriensis, qui sont les
deux formes primitives des deux sections des Æippurites. Il était
intéressant de retrouver dans la péninsule italique ces deux formes
qui n'avaient été encore signalées qu'en Provence, aux Corbières
et dans l’Aquitaine.
L'exemplaire, attribué à l'Orb. Requieni, se rapporte bien par sa
taille peu développée et ses caractères internes à la forme que
M. Toucas a séparée sous le nom d'Orb. Requient var. minor et
qu'il a appelée Orb. primordialis pour mieux la distinguer de
l’'Orb. Requieni MATHERON, qui est une forme plus développée
occupant un niveau un peu plus élevé. Son association avec le
Vacc. præpetrocoriensis montre que l'apparition des Hippurites
s'est faite en Italie dans les mêmes conditions qu'en France, de
sorte que, malgré toutes les probabilités, il n’est pas encore
possible d'affirmer que les Vaccinites dérivent des Orbignya.
M. Parona a signalé en outre les Vacc. præcorbaricus, Vacc.
giganteus, V. Chaperi, V. Zurcheri, V. Gaudryi, qui prouvent
que la plupart des niveaux à Hippurites se trouvent représentés
dans la région des Préalpes vénitiennes.
A. Toucas. — Sur les Rudistes de la Serbie.
M. Toucas vient de recevoir une belle série de Rudistes
recueillis en Serbie par M. Petkovitch, professeur à l'Institut
géologique de l’Université de Belgrade. IL a reconnu parmi les
Hippurites : Orbignya variabilis, Orb. colliciata, Vaccinites
Archiaci, Vacc. Loftusi, Vacc. (Pironæa) corrugatus, Vacc.
(Pironæa) polystylus ; parmi les Radiolitidés : Præradiolites
subtoucasi, Rad. styriacus, Rad. Gastaldi, Rad. Nouleti, Rad.
albonensis, Rad. subangeiodes.
Cette faune paraît être franchement campanienne et en même
temps très voisine de l’âge des couches à Rudistes de Bénaix et
Leychert dans l'Ariège. Elle a été recueillie dans la montagne de
Toupinitza, au milieu d’un massif calcaire d'environ 50 m. d'épais-
seur, recouvert par des grès et marnes à Ostrea vesicularis
renfermant, surtout dans la partie supérieure, de nombreux
exemplaires de Belemnitella mucronata.
M. Toucas y signale tout particulièrement un bel exemplaire
de Vacc. corrugatus pourvu de sa valve supérieure, qui, avec ses
replis périphériques moyennement développés, représente une
forme de passage entre le Vacc. Loftusi et le Vacc. polystylus.
SUR LA DISTRIBUTION CHRONOLOGIQUE
DES LÉPIDOCYCLINES DANS L'OLIGOCÈNE LIGURIEN
PAr G. Rovereto
Ayant continué à rechercher les Lépidocyclines dans lOligo-
cène de la Ligurie, je suis arrivé à des conclusions que je crois
utile d'indiquer ici. Jusqu'à ce jour on a distingué, dans l'Oligo-
cèene ligurien, le Tongrien s. str. du Stampien à l'aide des faciès,
c'est-à-dire en rapportant au premier le faciès arénacé et au second
le faciès marneux : mais il s'agit en réalité de deux formations
hétéropiques et contemporaines. On a en outre également signalé
le Stampien à Costalupara près de Dego, parce que ces couches,
qui, en réalité, sont situées à la base de la série et qui constituent
le faciès arénacé, contiennent les Lépidocyclines, À la suite de
mes recherches je puis affirmer que les Lépidocyclines de Costa-
lupara sont associées aux Nummulites du plus pur Tongrien,
parmi lesquelles : N. miocontorta, N. Rosai, N. Tournoueri, et à
un ensemble de Mollusques. comme entre autres : Spondylus
bifrons, Pecten arcuatus, Cardita Arduinoi, Crassatella neglecta,
Aclaeon simulatus, etc., qui représentent évidemment les couches
de Sangonini et non pas celles de Castelgomberto.
J'ai observé la même association de Nummulites tongriennes avec
des Lépidocyclines dans les couches de base de Sassello (Rio dei
Zunini) et de Mioglia (près du cimetière) qui, elles aussi, ont une
faune purement sannoisienne.
Mais, outre le fait de détruire les distinctions qui existent
actuellement dans le Stampien, et de permettre de reconnaître
déjà dans le Sannoisien la présence des Lépidocyclines, mes recher-
ches ont établi la présence de véritables couches stampiennes très
différentes de celles que l’on a jusqu'à ce jour considérées comme
telles. J'ai déjà cité dans ce Pulletin' le Stampien de Varazze,
qui consiste en un banc d'Algues calcaires ; à ce gisement je
puis maintenant ajouter celui de Castello di Mioglia formé de
couches arénacées, supérieures à la série marneuse, et peut être
partiellement hétéropiques avec la partie supérieure de cette série
qui, à part cela, est certainement sannoisienne ; puis encore les
couches supérieures du bassin de Santa Giustina.
Or, il est curieux de constater que dans ces dernières il n'existe
ni Lépidocyelines, ni Nummulites, tandis que dans les autres on a
1. B.S.G.F., (4), NIIL, 1908, p. 29r.
1908 DISTRIBUTION CHRONOLOGIQUE DES LÉPIDOCYCLINES 455
exclusivement des Lépidocyclines, ou en tous cas très rarement,
des Nummulites ; de sorte que leur rapprochement au Stampien
au lieu de l’Aquitanien est basé principalement sur la présence
d'espèces caractéristiques de Mollusques.
Il est certain, qu’en continuant cette étude, on arrivera à décou-
vrir d’autres gisements véritablement stampiens, et à modifier
les cartes géologiques qui représentent aujourd'hui l'Oligocène
ligurien divisé d’après ses faciès.
SUR LE TERTIAIRE DES ENVIRONS DE ÎLOLEÈDE
par Henri Douvillé
J'ai signalé précédemment à la Société la découverte de fossiles
marins (Arca, Natica) faite par le D' Ventura Reyes y Présper,
dans le Tertiaire des environs de Tolède '. Ces fossiles étaient
insuffisants pour déterminer l’âge du dépôt, mais par rapproche-
ment avec les fossiles marins trouvés dans des conditions analo-
oues à Cuenca et dans d’autres localités, et avec les Mammifères
fossiles des environs de Madrid, j'avais pensé que les dépôts de
Tolède pouvaient être aquitaniens, et j'ajoutais qu'il était vive-
ment à désirer que leur stratigraphie fût étudiée d’une manière
plus minutieuse.
Dans une des séances suivantes ?, M. Depéret faisait observer
que les Mammifères fossiles des environs de Madrid appartenaient
en réalité au Miocène moyen et que le dépôt qui les contenait
n'avait qu'une étendue très limitée. Il était porté en conséquence
à rapprocher les couches de Tolède, de dépôts analogues qu'il avait
étudiés dans le bassin de l'Ebre et qui étaient d'âge stampien,
comme ceux de Cuenca. Il concluait, comme je l'avais fait précé-
demment, que les bassins de la Meseta étaient plus complexes
qu'on ne l'avait pensé et devraient être étudiés à nouveau.
J'avais vivement engagé mon correspondant de Tolède à pour-
suivre ses recherches et, le 24 juillet, il me faisait un nouvel
1, Oligocène des environs de Tolède. B.S.G. F., (4), VII, 1908, p- 17.
>, Sur les Bassins tertiaires de la Meseta espagnole. B.S.G.E., (4), VU,
1908, p. 18.
456 HENRI DOUVILLÉ 2 Nov.
envoi de fossiles recueillis dans le même gisement. Or, parmi
ceux-ci, se trouve une empreinte très nette de Fusus cf. bulbiformis,
et les formes de ce groupe ne paraissent pas dépasser le Ludien. Il
en résulte que les dépôts tertiaires des environs de Tolède sont
encore plus anciens que ne l'avait pensé M. Depéret et qu'ils
sont en réalité éocènes. Il faudrait les rapprocher des couches
à Paleotherium des environs de Salamanque et la formation
gypseuse de la Castille viendrait se placer à peu près au niveau
des gypses parisiens.
La présence aux environs de Tolède des genres Arca, Natica et
Fusus, montre qu'il s'agit bien de dépôts franchement marins.
Cette découverte très intéressante ne peut qu'encourager M. le
Dr Ventura Reyes y Prôsper à poursuivre l'étude qu'il a com-
mencée, au double point de vue paléontologique et stratigra-
phique.
OBSERVATIONS SUR LE LIAS DES ENVIRONS DE LUCON (VENDÉE)
PAR Henri Douvillé
J'ai pu visiter, sous la conduite de notre confrère, M. Chartron,
les curieux gisements où il a découvert l’intéressante faune de
Mollusques qui a été décrite par M. Cossmann. et attribuée par ce
dernier à l'Hettangien".
La localité de Simon-la-Vineuse est perdue, la carrière ayant
été comblée; mais j'ai pu observer une coupe très nette à la
Chapelle-Thémer : la carrière montre à la base 4 mètres environ
de calcaires compacts en gros bancs, cariés par places et présen-
tant alors des Mollusques en bon état de conservation ; on recueille
surlout à la base Loxonema subnodosum, tandis que vers la partie
supérieure on observe de véritables lumachelles de Lamellibran-
ches. Au-dessus, les calcaires deviennent marneux et renferment
alors de nombreuses Bélemnites du groupe du Z. paxillosus.
La série des couches est absolument continue; les petits cailloux
de quartz abondent par places, surtout dans les calcaires infé-
rieurs ; mais on les trouve également à la partie inférieure des
bancs marneux. Les couches fossilifères du sommet représentent
1 Note sur l’Infrälias de la Vendée. B.S.G. F., (4), LL, 1902, p. 163.
1908 LIAS DE LA CHAPELLE-THÉMER 455
incontestablement la partie moyenne du Lias moyen, les couches
sous-jacentes, en continuité avec les précédentes, ne peuvent
représenter que la base du Lias moyen ou tout au plus le Siné-
murien. Nous aurions donc là, non pas le représentant de l'Hettan-
gien, mais une faune sinémurienne à faciès hettangien.
Jules Welsch. — Ze Lias de la Chapelle-Thémer, près Luçon
( Vendée).
J'ai eu l’occasion d'étudier, à plusieurs reprises, le Lias de la Cha-
pelle-Thémer.
Je ne partage pas l'opinion de M. Henri Douvillé ? sur la continuité
des assises du Lias de la Chapelle-Thémer.
Il y a là deux étages bien séparés, qui sont, de bas en haut: 1° une
assise A de Calcaire jaune-nankin, carié par places, avec la faune de
Mollusques décrite par M.Cossmann; je la considère comme représentant
une partie de l’Hettangien ; 2’ Une assise de marnes et calcaires à
Bélemnites, appartenant au Lias moyen C, probablement la partie
supérieure seulement.
Ces deux assises sont peu épaisses dans la région considérée ; mais
on peut les suivre à l’Est et on les voit augmenter d'épaisseur jusqu’à
ce que chacune atteigne 20 m. environ. En même temps, une assise
nouvelle S vient s'intercaler entre les deux précédentes ; c’est une assise
de calcaire blanc-grisâtre, dite caillebottine, dans les environs de Niort,
et épaisse de 4 m. 50 environ. Notre confrère, M. Gourbine y a trouvé
Arietites latisulcatus QuENsTEDT (communication écrite, et fossile vu
par M. H. Douvillé) ; de plus, à la partie supérieure de la caillebottine,
j'ai trouvé des Brachiopodes de la zone à Ammonites oxynotus ; ce
calcaire caillebottine surmonte le calcaire jaune-nankin partout dans
la région de Fontenay-le-Comte (Vendée) à Niort et à Saint-Maixent
(Deux-Sèvres). Je citerai notamment le Moulin d'Anne, près Surimeau,
au Nord de Niort; là, on voit des carrières dans le calcaire jaune-
nankin avec les fossiles de la Chapelle-Thémer, Gastropodes et Lamel-
libranches en lumachelle. De là, on peut suivre au Nord, le long de la
Sèvre, les assises du calcaire jaune-nankin H et de la caillebottine S,
sans erreur possible, jusqu'à Siecq, où M. Gourbine a trouvé l’Ammo-
nite citée ci-dessus.
A la Chapelle Thémer, l’assise supérieure C des marnes à Bélemmites
du Lias moyen est en trangression sur l’assise inférieure H. Du reste,
cette assise supérieure C repose quelquelois directement sur les
terrains anciens, comme à Ligugé, près Poitiers, où elle représente les
zones à Ammonites margaritalus et à À.spinatus.
En résumé, il y a une différence très nette de répartition géographi-
que entre les deux assises de la Chapelle-Thémer.
o
1. Communication reçue à la séance du 7 décembre 1908.
2. Voir B.S.G.F., (4), VII, p. 456.
458 A. DE GROSSOUVRE 7. Déc.
A. de Grossouvre. — Sur le prétendu Hettangien de la Vendée".
La communication de M. H. Douvillé, sur l'âge des couches de la Cha-
pelle-Thémer est d'accord avec mes propres observations. En 1901?
j'écrivais : « Aux environs de Poitiers, on ne connaît aucun représentant
authentique et caractérisé du Lias inférieur. On a bien rapporté à l'Het-
tangien des calcaires bruns renfermant quelques moules de Bivalves et
de Gastropodes, couches que nous retrouvons en Vendée avec des carac-
tères analogues, mais avec une faune admirablement conservée. Elles
y ont fourni à notre confrère, M. Chartron, de magnifiques séries de
fossiles. Les nombreuses faunes que l’on y recueille, petits Gastropodes
et Lamellibranches, rappellent en effet des types de l’Hettangien de
l'Est; mais cette analogie résulte de la ressemblance des conditions de
gisement et il serait peu prudent, je crois, d’en conclure l'identité d’âge
des deux gisements. Rappelons-nous qu’autrefois on a classé dans le
Bajocien les Gastropodes bathoniens de Conlie ou ceux oxfordiens de
Montreuil-Bellay. Les couches en question peuvent donc représenter
aussi bien que l'Hettangien, le Lias inférieur ou la base du Lias moyen,
car elles sont surmontées par d'autres niveaux fossilifères dont lattri-
bution à ce dernier étage ne peut faire aucun doute ».
Je me rallie complètement à l'opinion de M. H. Douvillé que ces
couches appartiennent à la base du Lias moyen, car celles qui les sur-
montent immédiatement renferment la faunc de la partie supérieure de
cet étage. De plus, notre confrère, M. Gourbine, a découvert à Chau-
veux, commune de Ste-Pezenne, dans des calcaires fort analogues à
ceux de la Vendée, deux exemplaires d’Am. planicosta (— capricornu),
fossile caractéristique des couches inférieures du Lias moyen.
Conséquences d'ordre général. — L'erreur commise pour les
couches de la Vendée, s’ajoutant à celles relatives aux couches de
Conlie et de Montreuil-Bellay, montre le peu de confiance que l’on
doit avoir sur la considération des faunes de Gastropodes et de
Lamellibranches pour le classement précis des couches qui les
renferment. J'ai déjà insisté sur ce point dans le chapitre que j'ai
consacré aux méthodes en stratigraphie dans mon mémoire sur
la Stratigraphie de la Craie supérieure (1901).
J'ai eu l’occasion d'y revenir ici même à propos de la classifica-
tion du Tertiaire. J'éprouve donc des doutes, qui me paraissent
bien motivés, sur la valeur des nombreuses zones distinguées
dans la série tertiaire du Bassin de Paris: car ces zones sont
basées sur des variations de faunes correspondant seulement à
des variations de faciès. Déjà une étude plus attentive montre
que certains fossiles considérés comme caractéristiques de cer-
tains niveaux se montrent parfois plus haut ou plus bas ? Y at-il
1. Communication reçue à la séance du 7 décembre 1908.
2. CR. A.F.A.S. Ajaccio, 1901, p. 398.
1908 SUR LE PRÉTENDU HETTANGIEN DE LA VENDÉE 459
là des mutations que l'on arrivera à distinguer ? Cest ce que
pourra seulement nous apprendre une étude approfondie des fos-
siles et de leur répartition dans Le temps. A cet eflet 1l sera néces-
saire de repérer leurs gisements par rapport aux degrés d'une
échelle prise comme étalon, en ayant bien soin d’ailleurs de
multiplier les observations sur une aire géographique assez
étendue : il arrive en effet qu'un fossile localisé à un certain
horizon dans une région donnée, se montre ailleurs à un autre
niveau. Il y a donc là toute une série de questions délicates à
éclaireir avant d'être en mesure d'établir une classification sur des
bases solides. Actuellement, il me semble que pour le Tertiaire,
l'étude de la répartition verticale des Vertébrés est seule capable
d'établir l’échelle-étalon, devant fournir les repères pour les
recherches stratigraphiques.
M. Boussac a été longtemps séduit par les idées de M. A. de Grossouvre
sur la non-valeur stratigraphique des Mollusques dans l'ère tertiaire ;
mais au fur et a mesure qu'il a avancé dans l'étude des faunes nummu-
litiques, il s’est aperçu qu’au contraire cette valeur stratigraphique des
Mollusques est très réelle. Seulement, pour échapper à la cause d'’er-
reur signalée plus haut par M. de Grossonvre, il convient de ne com-
parer entre elles que des faunes de même faciès ; dans ce cas les diffé-
rences importantes que l’on est amené à constater entre des faunes
relativement peu éloignées ne peuvent être dues qu’à des faits d’évolu-
tion ou à des migrations, phénomènes fondamentalement différents et
faciles à distinguer. Cette méthode donne présentement à M. Boussac
des résultats indubitables, tant pour le Nummulitique du bassin de
Paris que pour celui des régions méditerranéennes.
Jules Welsch. — Sur les divisions du Lias en Poitou".
M. À. de Grossouvre intervenant dans la discussion soulevée par
M. Heuri Douvillé sur le prétendu Hettangien de la Vendée dit : « Aux
environs de Poitiers, on ne connaît aucun représentant authentique et
caractérisé du Lias inférieur ». Je suis bien d’accord avec lui sur ce
point, puisque, quelques lignes au-dessus, j'indiquais qu'à Ligugé, près
Poitiers, les couches à Ammonites margaritatus et à À. spinatus repo-
sent sur les terrains anciens. J'ajoute que je n'ai jamais considéré la
Chapelle- Thémer (Vendée), ni Chauveux, près Sainte-Pezenne, et Niort
(Deux-Sèvres), comme étant aux environs de Poitiers.
Ayant déjà parlé de la Chapelle-Thémer, près Luçon, je! vais main-
tenant m'occuper du gisement de Chauveux, commune de Sainte-
Pezenne, au Nord de Surimeau (Deux-Sèvres). M. de Grossouvre cite
la découverte faite dans la carrière de cette ferme, par M. Gourbine, de
1, Communication présentée à la séance du 21 décembre 1908,
460 J. WELSCH 21 Déc.
Ammonites planiscota, qui caractérise les couches inférieures du Lias
moyen Je suis heureux de déclarer que j'ai fait, à pied, et en détail,
l'étude des environs de Chauveux, qui se trouve sur la rive gauche de
la Sèvre, tandis que Siecq, localité citée dans la dernière séance, se
trouve sur la rive droite. Il y a là, en effet, du Lias moyen caractérisé,
grès calcaire avec poudingues à petits éléments, dit pierre rousse dans
le pays, et l'épaisseur atteint 20 mètres environ. M. Gourbine, dans les
notes manuscrites qu'il a eu l’obligeance de me remettre en 1895, au
début de mes études en Poitou, cite Ægoceras capricornu SCHLOTHEIM,
de cette carrière. Or, au-dessous de la pierre rousse, ily a une assise de
calcaire caillebottine de 5 m. d'épaisseur, que je rapporte au Sinému-
rien, parce que j'y ai trouvé dans le dernier banc supérieur des Brachio-
podes caractéristiques. M. Alphonse Fournier, dans ses documents pour
servir à l'étude géologique du Détroit poitevin !, cite Spiriferina Wal-
cotii dans ce que je considère comme la caillebottine typique, et, de plus
dans les couches de passage du Calcaire jaune-nankin, un Arietites
qui est celui de M. Gourbine, que j'ai cité dans la dernière séance.
C'est sous le calcaire caillebottine — je cite les noms locaux pour
préciser et pour permettre à chacun de se reconnaître sur les lieux —
que se trouve le calcaire jaune-nankin rougeâtre, scorifié, quelquefois
en gros bancs, d’une épaisseur totale de 20 mètres, que je rapporte à
l'Hettangien. J'estime qu’il y a plus de 25 m. d'assises, au-dessous du
Lias moyen, avant les schistes ; l'étude n’est pas difficile à faire sur les
pentes de la vallée de la Sèvre, au Nord de Niort.
FAUNE DE LA GROTTE DAS FONTAINHAS (PORTUGAL)
PAR Edouard Harlé
Le Service géologique du Portugal m'a communiqué de nom-
breux os recueillis, par ses soins, il y a près de trente ans, dans
la grotte Das Fontainhas, située dans le plateau calcaire du Monte
Junto, au Nord de Lisbonne, à 400 m. environ d'altitude. J'ai été
heureux de profiter de cette occasion et je suis très reconnaissant
à M. Delgado, le regretté directeur du Service géologique du
Portugal, et à M. Choffat, géologue attaché à ce Service. Malgré
les belles études de M. Delgado et de quelques autres savants, les
faunes quaternaires du Portugal sont en effet peu connues.
Ces ossements, très fragiles, se trouvaient dans une terre de
1. B.S.G. F., 1887-1888, (3), XVI, p. 126 et suiv.
1908 FAUNE DE LA GROTTE DAS FONTAINHAS 461
couleur brun rouge, fortement adhérente à la surface de beaucoup
d’entre eux, à ce point que, malgré de sérieux nettoyages, plusieurs
en sont restés encroûtés. Cette gangue m'a rappelé celle de cer-
tains ossements recueillis à Monaco par le chanoïne de Ville-
neuve, sous les auspices du Prince de Monaco.
M. Choffat a mentionné cette grotte, en 1891, dans son « Passeio
geologico de Lisboa a Leiria ». Il ÿ a cité la découverte d'ossements
quaternaires de Hyène des cavernes, d’Ours des cavernes, d'un
Cheval sauvage, de Cervidés.
Voici quelles sont, d’après moi, les déterminations des osse-
ments. Toutes les dimensions que j'ai citées sont exprimées en
millimètres et elles concernent des os d’adultes. Je remercie
MM. Kunstler et Chaine, du Muséum de Bordeaux, M. Cartailhac
et MM. Roule et Jammes, du Muséum de Toulouse, notre confrère
M. Stehlin, du Muséum de Bâle, des facilités qu'ils m’ont données
pour mes comparaisons.
Ursus arctos LinN., de forme massive. — Des dents, deux fragments
de mandibules, des os des pattes appartiennent à un Ours.
Un des fragments de mandibules a la dernière prémolaire, P,, en
parfait état, et une partie de la carnassière. La prémolaire P, a la
forme la plus simple qu'elle présente chez l’Ursus arctos, c’est-à dire
qu’elle est dépourvue de toute trace des pointes accessoires, si déve»
loppées chez l’Ursus spelæus. Sa longueur est 15 mm. Elle est très
aplatie transversalement, avec faces parallèles, conséquence du défaut
complet de pointes latérales, et sa largeur est 8 mm. Ce morceau de
mandibule ressemble beaucoup pour les dimensions et tous les détails,
et notamment la forme et la grandeur de la prémolaire P,, à la portion
correspondante de la mandibule de l’Ours brun de Russie, mâle, n° 694,
du Muséum de Bordeaux.
L'autre fragment de mandibule est muni de la carnassière de lait.
Cette carnassière de lait est relativement moins large que celles d'Ursus
spelæus que j'ai recueillies dans les grottes de Lherm et de Malarnaud
(Ariège). J’en ai conclu que la prémolaire P,, située au dessous, à l’état
de germe, ne devait pas avoir la forme large qu’elle présente chez
l’'Ursus spelæus comme conséquence du développement de ses pointes
accessoires. Et, en effet, l’ayant dégagée, j’ai reconnu qu’elle n’a qu’une
pointe accessoire, très petite, située du côté intérieur, un peu en arrière,
comme chez la moitié environ des Ursus arctos du Museum de Bor-
deaux.
Les métacarpiens et métatarsiens qui m'ont été communiqués mon-
trent que cet Ours était grand et surtout de forme très lourde.
Canis lupus Linn. — Une première tuberculeuse supérieure ne diffère
en rien de celle du Loup. Longueur 16 mm.; largeur 22 mm. Une
incisive est plus petite et plus grêle que chez les Loups que j'ai vus.
462 ÉDOUARD HARLÉ 2 Nov.
Hyæna spelæa GoLp . — Un crâne et une mandibule ont été, à juste
raison, altribués à celte espèce. La longueur de la carnassière infé-
rieure est 30 mm. (Aux trente échantillons du Sud-Ouest de la France
que je possède, cette longueur varie de 29 à 35 mm.).
Felis pardus LAiNx. — Une mandibule droite, avec les molaires de lait
et avec la canine et la carnassière d’adulte, ainsi qu’une portion de la
mandibule gauche du même sujet et une canine supérieure, appar-
tiennent à une forte Panthère. Je ne vois aucune différence, de grandeur
ou autre, entre ces échantillons et ceux de Panthère, provenant de
diverses grottes de l'Ariège, que je possède. Longueur de la carnas-
sière, 21 MM.
Felis lnx Lixx. — Les mandibules de deux sujets et une vingtaine
d'os sont de Lynx. La carnassière n’a pas le rudiment de talon figuré
par de Blainville (Ostéographie, Felis, pl. xiv, Lynx) : on a soutenu
que le Lynx du Nord de l’Europe a ce rudiment et que le Lynx de la
péninsule hispano-portugaise en est dépourvu :. Les canines sont forte-
ment cannelées.
Longueur de la carnassière, 14 mm. 5 et 14 mm. 5. Longueur de
l’ensemble des trois molaires, 34 et 32 mm. Largeur de l'extrémité
inférieure de l’humérus, 32 mm. Largeur et hauteur de l'extrémité
inféricure du fémur, 32 et 32 mm. 5. Longueur d’un tibia, 188 mm. ;
largeur et hauteur de son extrémité supérieure, 34 et 35 mm.; sa largeur
minima, 13 mm. ; largeur de son extrémité inférieure, 23 mm. 5. Autre
tibia: les deux dernières cotes sont 13 mm. 5 et 25 mm. 5.
Les ossements d’un Lynx actuel, de Suède, appartenant au Muséum
de Bâle, qui n'ont été prêtés par notre confrère M. Stehlin, sont
beaucoup plus grands. Mais don Lorenzo Sierra m’ayant montré,
parmi les animaux empaillés du collège de Limpias, en Espagne, un
Lynx adulte « tué le 2 novembre 1899, dans les montagnes de Tolède,
au lieu dit Guadalerzas », j'ai constaté que cet animal, à en juger par
ses dents, était au contraire plus petit que les Lynx de Fontainhas.
Felis de la taille du Chat. — Un crâne, les deux mandibules et
plusieurs os, paraissant provenir d'un même individu, appartiennent à
un Chat ordinaire, grand et robuste, ou à un Félin très voisin. Un
sujet moins grand et plus grêle est représenté par un fémur et un tibia.
Longueur dela carnassière supérieure, 12 mm. De l’ensemble des trois
molaires inférieures, 22 mm. 5. Del’humérus, 111 mm. Du tibia, 128 mm.
Du fémur et du tibia de l’autre sujet, 113 et 118 mm.
Equus caballus Lixn. — Restes de plusieurs individus, de taille
ordinaire, dont au moins un adulte, un très jeune et un extrêmement
jeune.
1. Busk. Quaternary Fauna of Gibraltar. Transactions of Zoological Soc.
of London, 1877, p. 84.
1908 FAUNE DE LA GROTTE DAS FONTAINHAS 105
Sus scropha Linx. — Un crâne, muni de plusieurs molaires, et quel-
1 ? q
ques os. Ces restes ne diffèrent pas des pièces. correspondantes de
sujets actuels, de taille ordinaire ou petite.
Cervus elaphus Liann. — De nombreux restes, provenant d’au moins
neuf individus, dont deux jeunes ct trois extrêmement jeunes, sont de
Cerf élaphe. Les os d’adulte et les dents montrent qu'aucun sujet
n’était très grand et que plusieurs étaient petits.
Dernière molaire inférieure : longueur de quatre hi mesu-
rée à la base : 29, 30, 32, 33 mm.
Canon antérieur : nana 248 mm. Largeur maxima en haut, 36 mm.;
en bas, 36 mm. ; minima du corps, 21 mm.
Capra ibex Lans. — Des mâchoires, de nombreux os, l’axe osseux
d’une corne, sont de Bouquetin. Ces restes proviennent d’au moins huit
individus, dont quelques jeunes. Les radius, les canons postérieurs et
surtout les canons antérieurs, sont larges et ramassés, comme chez les
Chèvres et Bouquetins, et diffèrent ainsi de ceux, plus élancés, des
Moutons et Mouflons. Les canons postérieurs ont, au bas de leur face
antérieure, comme ils ont chez les Chèvres et Bouquetins adultes, une
gouttière médiane, large et profonde, qui se prolonge jusqu’à l’inter-
valle des surfaces articulaires, tandis que cette gouttière est à peine
indiquée chez les Moutons. De même que chez les Bouquetins, aucune
des arrières-molaires supérieures n’a, entre ses deux croissants, le
petit puits d'émail si fréquent chez les Moutons et Mouflons. L’axe
osseux de corne de Fontainhas n’a que dix centimètres de longueur.
Il n’a pas la forme, très aplatie, qu’il présente chez nos Chèvres. Je l’ai
comparé à celui de plusieurs Bouquetins, en choisissant des individus où
il a, à peu près, cette même longueur. Chez trois Bouquetins des Alpes
(Muséums de Toulouse et de Bâle), l’axe osseux est bien plus rectiligne
et plus aplati. Chez un Bouquetin de la Sierra Nevada, Espagne (Muséum
de Bordeaux), il a, au contraire, une courbure accentuée et sa section
est quasi-circulaire jusque près de la pointe, rappelant ainsi notre
échantillon. On sait, par Barboza du Bocage :, que le Bouquetin de la
Sierra Nevada vit également dans la Serra de Gerez, dans le Nord du
Portugal.
Longueur d’un canon; sa largeur maxima en haut, minima du corps
de l'os, maxima en bas :
Canon antérieure een AS MOD 22 OS PTT
= == HE TO MIO TOO SON)
— — RATE MEN UE Ve 120 MS T2 ON SSID)
He TNPOSIÉRIEUREER | CO An ON)
= _ MERS are 190 TON 2 0)
Lepus cuniculus Lin. — De nombreux os, provenant d'au moins
douze individus, sont de Lapin.
1. Academia real das Sciencias. Lisbonne, 5 février 1855.
46 ÉDOUARD HARLÉ 2 Nov.
Longueur : de l’humérus, 60 à 62 mm. ; du fémur, 77 à 87 mm.; du
tibia, 90 à 96 mm.
Oiseaux. — Quelques os proviennent de petits oiseaux.
Cette faune diffère de celles de nos grottes du Sud-Ouest de la
France que j'étudie depuis longtemps. L’Ursus spelæus, le Felis
spelæa, les Bovidés, le Renne, si abondants chez nous, y font
complètement défaut. D'autre part, la présence de l'Hy-æna spelæa
l'éloigne de notre faune quaternaire ancienne qui, à Montsaunés
et à Montmaurin (Haute-Garonne) et à Es Taliens (Hautes-
Pyrénées), n'a donné que des Hyènes voisines de l'Hyène rayée :.
Elle ressemble au contraire à celle des grottes et fentes du rocher
de Gibraltar, si bien étudiée par Busk*. Gibraltar, en effet, a
donné des restes de : Ursus du type arctos, grand et massif ;
Renard (très rare), Hyæna speiæa ; Panthère ; Lynx, de l'espèce
ou race de la péninsule ibérique ; un petit Felis, de même taille
que le nôtre ; un Rhinoceros du type Mercki; Cheval; Sus scropha ;
Cerf élaphe de taille ordinaire et de petite taille ; Daïm (restes
d'un seul individu) ; Bouquetin, de l'espèce ou race de la péninsule
ibérique ; Bovidé (très rare); Lapin; Ælephas antiquus (un seul
échantillon). Sauf des animaux représentés par très peu d'échan-
tillons, ces deux faunes ne diffèrent que par le Rhinocéros, qui
fait défaut dans la grotte Das Fontainhas. La faune de la grotte
Das Fontainhas me paraît donc avoir un caractère méridional.
Je suis porté à croire que les faunes de Fontainhas et de
Gibraltar sont contemporaines de celle à Ursus spelæus de France.
Le fait que le Felis spelæa, ou Lion quaternaire, manque dans
la grotte Das Fontainhas, ainsi que dans les autres gisements
quaternaires portugais, étudiés surtout par N. Delgado, et
aussi à Gibraltar, mérite d'être noté. Ce félin est commun en
France. Il s’est étendu certainement en Espagne jusqu'à San-
tander*. Son absence du Portugal, si elle est confirmée par de
nouvelles recherehes, ou même sa rareté dans ce pays, ferait peut-
1 HarLé, Découverte d’ossements d’Hyènes rayées dans la grotte de
Montsaunés. B.S.G.F., 189,4, p. 234. — In. Restes d’'Hyènes rayées de la
brèche d’Es Taliens. B.S.G.F., 1895, p. 44. — Boure. La caverne à osse-
ments de Montmaurin. L’Anthropologie, 1902.
2, Busx. Loc. cit.
3. D’après les échantillons que j'ai vus, il a été trouvé dans les grottes
suivantes de la province de Santander : Miron (découvert par don Lorenzo
Sierra) ; Altamira (découvert par don Hermilio Alcalde, déterminé d’abord
par l’abbé Breuil); Castillo (découvert par don Jesus Carballo, avec Ursus
spelæus, Hyæna spelæa, Cervus elaphus).
1908 FAUNE DE LA GROTTE DAS FONTAINHAS 469
être supposer qu'il craignait la chaleur et n'était pas le même
animal que le Lion actuel d'Afrique,
De même, autant que j'en puis juger par ce que j'ailu et vu,
l’'Ursus spelæus n'a pas été trouvé jusqu'ici en Portugal. Il s’est
étendu en Espagne, au moins jusqu’à Santander ’.
Pourquoi la grotte Das Fontainhas contenait-elle tous ces osse-
ments ?
La grotte forme une chambre. Elle s'ouvre sur un plateau. Son
entrée n’est pas grande et descend en pente extrêmement raide
sur une petite hauteur.
L'intervention de l’homme est improbable ; car, de l'homme, on
n'a trouvé aucune trace antérieure à l’époque actuelle, aucun os
n’est incisé, il n’y a pas d’éclats d'os.
L'hypothèse du transport, par les eaux sauvages, d'os d'animaux
morts à l'extérieur, cadre mal avec la situation de la grotte, qui
s'ouvre sur le plateau, dans un terrain où toutes les eaux plu-
viales s’infiltrent immédiatement. Elle cadre mal aussi avec le
bon état de conservation des échantillons, dont un grand nombre,
provenant de jeunes sujets, ont toujours été très fragiles, et avec
ce fait que les mâchoires ont conservé toutes ou presque toutes
leurs dents.
En admettant que l'entrée de la grotte füt jadis plus escarpée,
formant précipice, je ne puis supposer tous ces animaux assez
maladroits pour y être tombés involontairement. Il n'est guère
probable que. ici, en Portugal, l'entrée fût masquée par de la
neige qui s’effondrait sous les animaux quand ils passaient. Com-
ment ce pont de neige aurait-il cédé sous tant de jeunes sujets
quil aurait dû mieux soutenir que les adultes ?
Si tous ces animaux avaient été transportés par des carnivores,
pour être dévorés, il semble que des os, au moins de jeunes,
seraient rongés. On ne s'expliquerait pas pourquoi, parmi les
restes de Cerf, il y a des bois tombés du vivant de l'animal.
Je pense donc que les restes de carnivores se trouvaient dans la
grotte parce qu’elle a servi de demeure à ces animaux. Peut-être
les herbivores aussi sont-ils venus d'eux-mêmes ? Beaucoup de
grottes, que j'ai vues dans les Pyrénées, ont leur entrée soigneu-
sement murée. C'est, m'ont dit les bergers, parce que les moutons
s'y réfugiaient pendant les heures chaudes de la journée ; que plu-
1. Je puis le citer avec certitude des grottes suivantes de la province de
Santander, d’après les pièces que j'ai vues : Pontida (découvert par don
Lorenzo Sierra); Castillo (découvert par don Jesus Carballo).
10 Mars 1909. —T. VIII. Bull. Soc. Géol. Fr. — 30
466 ÉDOUARD HARLÉ 2 Nov:
sieurs, allant toujours de l'avant, dans l'obscurité, finissaient par
tomber dans quelque trou, d'où ils ne pouvaient pas sortir, ou par
se coincer dans quelque fente étroite, d’où ils ne pouvaient plus
bouger. Le sol de la grande grotte de Coumeclare, à Saleich,
Haute-Garonne, située à 800 m. d'altitude, au milieu d’une vaste
forêt de hètres, est tout piétiné par les vaches. Ces animaux y
viennent d'eux-mêmes, depuis la clairière de Coumeclare et les
pâturages de Balaguères, à une demi-heure et une heure de
marche. Ils y cherchent un refuge contre la chaleur et les mou-
ches. L'ombre de la forêt ne leur suffit pas. La grotte de Venta de
la Perra, à la limite de la Biscaye et de la province de Santander,
où l’on ne pénètre qu’en grimpant un rocher à pic de quatre mètres
de hauteur, sert de refuge à de nombreuses chèvres (et à des
moutons ?) qui, m'a-t-on expliqué, «viennent y faire la sieste ».
Je pourrais citer bien d'autres exemples. Souvent, parcourant une
grotte, J'ai vu, sur le sol, les os de quelques-uns de ces visiteurs.
Les herbivores de la grotte Das Fontainhas y sont peut-être venus
pour fuir la chaleur ou le mauvais temps ? Peut-être aussi lorsque,
malades, ils cherchaient à s’isoler ? Plusieurs y sont morts de
maladie ou sous la dent des carnivores. D’autres n'ont pas réussi
à remonter l'escarpement que présente l'entrée de la grotte et
ceci expliquerait pourquoi l'on a trouvé les restes de tant de
jeunes sujets. Les animaux descendent sans se préoccuper s'ils
pourront remonter.
SUR LA CLASSIFICATION DES RADIOLITIDÉS
PAR À. Toucas
M. H. Douvillé a fait paraître deux notes, relatives à la classi-
fication des Æadiolitidés, l'une dans le Bulletin de la Société
(t. VIII, p. 308: 15 juin 1908), l’autre dans la Revue critique de
Paléozoologie (juillet 1908, p. 184).
Dans ces notes M. H. Douvillé me reproche de n'avoir admis
dans les Æadiolitidés que les cinq rameaux suivants: Apgria,
Præradiolites, Sphærulites, Radiolites et Biradiolites (ce dernier,
— dit-il — changé plus tard en Sauvagesia). Il suffira de consulter
ma note du 16 mars 1908, dans le Bulletin de la Société géologique
de France (t. VIII, p. 799), pour voir que, tout en reprenant le
1908 SUR LA CLASSIFICATION DES RADIOLITIDÉS 467
genre Sauvagesia pour toutes les formes à bandes costulées, j'ai
néanmoins maintenu le genre Biradiolites pour les formes à bandes
lisses. C’est donc six rameaux, et non cinq, que j'ai distingués dans
les Radiolitidés. Malgré cela, M. H. Douvillé trouve que ces divi-
sions ne sont pas suffisantes et, non seulement il reprend les
anciens noms de Bournonia et Lapeirousia, mais il en crée un
nouveau, le genre Durania pour les formes du groupe du Sauv.
cornupastoris. Dans le genre Agria, il n’admet que la forme type,
l'Agria Blumenbachi Sruper sp.; toutes les autres, que j'ai clas-
sées dans ce genre, seraient des Præradiolites, des Biradiolites
ou même des Bournonia. Or, le genre Agria a été établi par
Matheron, sans description, sur des figures ne montrant aucun
caractère interne. M. Paquier a bien indiqué le premier les rap-
ports des Agria avec les Radiolites en y signalant la présence des
deux apophyses myophores, mais c’est moi qui en ai donné les
véritables caractères en faisant remarquer que les deux sinus des
Radiolites ou des Præradiolites et les deux bandes des Biradio-
lites étaient représentés dans les A gria par deux sillons longitudi-
naux, excavés et arrondis, séparés et limités par des plis ou bour-
relets plus ou moins saillants, et qu'en outre la valve supérieure,
généralement très concave, était pourvue de deux apophyses bien
distinctes quoique peu développées. Ayant moi-même défini ainsi
le genre Agria, j'ai dû naturellement y placer toutes les formes
qui en présentaient les caractères.
D'autre part, M. H. Douvillé n’admet pas ma manière de voir
sur l'emplacement des zones siphonales Æ et S, qui, dit-il, présen-
tent des dispositions variées. Je suis loin de contester que ces
deux ouvertures du manteau varient de forme avec certains grou-
pements et je puis même ajouter que je n’ai jamais pu dire que ces
deux zones étaient toujours déprimées puisque j'ai montré par de
nombreux exemples qu’elles étaient représentées par des sinus ou
des bandes, tantôt en creux, tantôt en saillie. Maïs, quelle que
soit la forme des deux zones siphonales, j'ai fait remarquer qu’elles
correspondaient toujours aux deux grandes inflexions des lames
vers la partie supérieure de la coquille, tandis que les plis, qui les
séparent ou les limitent, ont leurs inflexions tournées vers le bas
de la coquille et ne peuvent ainsi être confondus soit avec les
sillons des Agria, soit avec les sinus ou les bandes des autres
formes de Radiolitidés. Ces inflexions des lames externes, bien
apparentes sur la plupart des formes, donnent ainsi le moyen de
reconnaître très exactement l'emplacement des zones siphonales,
468 À. TOUCAS 2 Nov.
M. H. Douvillé, n'ayant pas tenu compte de ces éléments caracté-
ristiques, a placé les deux ouvertures du manteau, E et S, l’une
sur le pli médian et l’autre sur le pli postérieur, au lieu de les
faire correspondre aux deux inflexions des lames vers le haut de
a coquille. Pour bien mettre en évidence cette particularité, je
reproduis ici quelques exemplaires sur lesquels la position des
Fig. 13. — 1. Agria triangularis D’'OrB. sp. du Cénomanien d'Angoulême.
Gr. nat. Coll. £e. des Mines. — 2. Præradioliles Fleuriaui »’Ors. sp. du
Cénomanien d'Angoulême. Gr. nat. Coll. Arnaud. — 3. Præradiolites bis-
karensis Coo. sp. Turonien inférieur. Col de Sfa près Batna (prov. de
Constantine). Gr. nat. Coll. Sorbonne. — 34. Valve supérieure de l’exem-
plaire de la fig. 3.
E et S. Zones siphonales ou sinus, bien indiqués par les inflexions des lames
vers le haut de la coquille : À, Pli antérieur, P, Pli postérieur, M, Pli
médian, infléchis vers le bas de la coquille.
zones siphonales Æ et S se trouve bien indiquée par les deux
inflexions des lames vers la partie supérieure, tandis que le pli À,
infléchi vers le bas de la coquille et appelé ouverture pédieuse
par M. H. Douvillé, représente tout simplement le pli antérieur
qui, avec le pli postérieur P et le pli médian 47, limite ou sépare
les zones siphonales dans toutes les formes des Radiolitidés.
pe mme tine à
1908 SUR LA CLASSIFICATION DES RADIOLITIDÉS 469
M. H. Douvillé me reproche encore de n'avoir pas tenu compte
du développement des apophyses myophores et de la disparition
de l’arête ligamentaire, caractères qui, d'après lui, suffisent pour
établir des coupures dans la plupart des rameaux.
Or, les apophyses myophores étant toujours très peu déve-
loppées dans les Agria, il n est pas possible d'établir une coupure
dans cette branche, même dans les formes les plus récentes. Ces
apophyses ne deviennent très saillantes que dans les Sphærulites,
les Præradiolites et les autres rameaux, caractère qui distingue
ainsi nettement les Agria des autres Radiolitidés.
La disparition de l’arête ligamentaire est un caractère essen-
tiellement évolutif, analogue à celui qui existe dans la plupart
des groupes de la section Orbignya des Hippurites et présentant
le plus souvent de grandes difficultés pour établir exactement le
point où doit se faire la séparation entre des formes qui ne diffèrent
que par la présence ou l’absence de cette arête, surtout lorsqu'elle
est devenue presque imperceptible comme dans les Sauvagesia du
Cénomanien. Il suflit, en effet, d'examiner une série d'exemplaires
de ce niveau pour voir combien il est difficile de distinguer le
Sauvagesia Nicaisei du Sauve. præmortoni, qui fait partie du
groupe du Sauvagesia cornupastoris et par conséquent des
Durania de M. H. Douvillé. Je persiste donc à croire que, dans
la classification des Radiolitidés, il y a tout intérêt à limiter les
groupements aux caractères les plus constants, de façon à ne pas
perdre de vue les caractères de la forme primitive, d’en suivre
ainsi plus facilement l’évolution en évitant d’encombrer la nomen-
clature de noms qui ne s'appliquent trop souvent qu'à une ou
deux espèces.
NOTE SUR TROIS NYMPHÉACÉES NOUVELLES
DU SPARNACIEN DES ENVIRONS DE PARIS
PAR P. H. Fritel
PLANCHE X
Des empreintes végétales se rencontrent en assez grand nombre,
à différents niveaux, dans les argiles sparnaciennes du Bassin de
Paris. En poursuivant l'étude de ces restes, jusqu'à présent peu
connus, j'ai constaté la présence de trois Nymphéacées se rappor-
tant aux genres Velumbium, Nymphæa et à un genre extrêmement
voisin du Nuphar actuel.
Ayant déjà signalé l'existence de ces restes, tous nouveaux pour
la flore éocène, je me propose d'en donner ici la description.
NYMPHÆITES NUPHAROIDES SP. n.
PIS Are.
Sous ce nom je désigne deux empreintes, l’une recueillie à
Vanves (Seine), l’autre à Tavers (Seine-et-Marne), qui me parais-
sent se rapporter l'une et l’autre à un type de Nymphéacée qui
n'est pas sans analogie avec le Nuphar de nos rivières. Une
assimilation directe est néanmoins rendue impossible par l'insuf-
fisante conservation de ces fossiles.
L'une des empreintes (fig. 1), recueillie par moi à Vanves
(Seine) dans les argiles noires feuilletées du conglomérat de
Meudon, représente un lambeau de rhizome qui, malgré sa conser-
vation défectueuse et son peu d’étendue, montre encore à sa sur-
face quelques cicatrices pétiolaires et radiculaires qui ne laissent
subsister aucun doute sur la nature de cet organe et permettent de
constater l’analogie qui existe entre elles et les cicatrices qui
ornent la surface des rhizomes du Nuphar luteum, par exemple,
comme il est facile de s’en rendre compte en examinant les figures
ci-contre.
La forme des cicatrices laissées par le pétiole des feuilles
diffère cependant d'une manière sensible. Le contour, au lieu
d'être rhombique, comme cela se voit sur l'espèce vivante, est plu-
tôt pédalé, c’est-à-dire qu'il affecte la forme d'une petite semelle.
Les cicatrices punctiformes laissées par les lacunes aérifères
qui parcourent le péticle dans toute sa longueur paraissent aussi
plus fines sur le fossile ; mais leur disposition en une série péri-
NYMPHÉACÉES DU SPARNACIEN DES ENVIRONS DE PARIS 491
phérique qui entoure quelques autres cicatrices, disséminées sans
ordre vers le centre, correspond assez bien à ce que l’on peut
observer sur les rhizo mes des espèces vivantes.
Quant aux cicatrices radiculaires, elles sont pour ainsi dire
absolument identiques à celles que laisse voir le rhizome du
N. luteum et, seul, le développement relativement plus grand
qu'elles acquièrent sur le fossile mérite d’être signalé.
Mais, je le répète, on ne peut fixer sans réserves les caractères
de cet organe, qui n'est ni suflisamment étendu ni assez nette-
ment conservé pour ne laisser aucun doute dans l'esprit du descrip-
l
Fig. 1. — Nymphæiles nupharoïides Fig. 2. — Nuphar luteum
FrireL.Portion de rhizome, gr. nat. SmirH. Portion de rhi-
c.p., cicatrices pétiolaires; c.r., cica. zome, gr. nat. (d’après
trices radiculaires. Al. Brongniart).
teur; c'est pourquoi j'ai cru bon de l'inscrire sous le nom géné-
rique de Nymphaæites.
C'est à la même espèce qu'il faut rapporter l’empreinte d'une
portion de radicule, rencontrée dans l'argile plastique de Tavers
(Seine-et-Marne) par M. Bru, instituteur, et qui m'a été communi-
quée par M. H. Thomas.
Cet organe (pl. X. fig. 2), présente à sa surface une série
linéaire et longitudinale de petites cicatrices arrondies, légè-
rement tuberculiformes, absolument identiques à celles que l’on
rencontre sur les radicules du Nuphar luteum et qui se montrent
également, mais d'une façon moins accusée, sur celles des
Nymphæa.
La présence d’une forme représentative du genre Nuphar, dans
h72 P. H. FRITEL 2 Nov.
les argiles sparnaciennes, offre un réel intérêt ; car ce genre paraît
n'être représenté jusqu'ici dans les dépôts éocènes que par un
fossile très douteux du Lutétien: Nuphar dubium Bur. du Cal-
caire grossier de Jouy (Aisne).
NELUMBIUM PALÆOCENICUM Sp. n.
PIX nées:
Cette espèce est représentée par des akènes, recueillis par moi
à Arcueil dans les argiles noires ligniteuses qui surmontent les
« fausses glaises », c'est-à-dire au sommet de l'argile plastique
proprement dite.
Ce sont de petits corps ovoïdes, comprimés par la fossilisation,
dont le plus grand diamètre varie entre 8 mm. et 6 mm. et le
plus petit entre 5 mm. 1/2 et 4 mm. 1/2.
A leur partie supérieure, ces organes présentent un léger renfle-
ment en forme de mamelon, terminé par les restes d’un style per-
sistant presque toujours détruit.
A la base, on distingue plus ou moins nettement une petite cica-
trice circulaire, identique à celle qui existe sur les akènes des
espèces vivantes.
Comparés à ces derniers, les akènes du Nelumbium palæoce-
nicum ne me paraissent différer de ceux du Velumbium luteum
WizLp (pl. X, fig. 4) que par leur taille plus réduite ; pour tout
le reste, les organes fossiles sont identiques à ceux de l'espèce
américaine et les fruits recueillis à Arcueil présentent même, dans
leur aspect extérieur et la façon dont ils se sont déformés, une
analogie frappante avec ceux-ci, comme on peut le vérifier en
examinant attentivement les figures qui accompagnent cette note.
Je rappellerai que le genre Nelumbium, très répandu dans la
série crétacique de l'Amérique du Nord, n'était jusqu'ici repré-
senté en Europe, à l’état fossile, que par les deux belles espèces
décrites par de Saporta : Nelumbium provinciale Sar.', de la série
lignitifère aturienne de Faveau (Bouches-du-Rhône) et Nelumbium
protospeciosum Sap.”, des calcaires marneux aquitaniens de
Cereste et de Manosque (Basses-Alpes), auquel il convient de
rattacher des restes recueillis à Hemptead, dans l'ile de Wight.
Le Nelumbium des fausses glaises d'Arcueil représente donc un
type entièrement nouveau pour la flore éocène et relie, dans le
temps, les deux espèces précitées.
1. DE SAPORTA. Le Nelumbium provinciale des lignites de Fuveau en
Provence. Mém. Soc. géol. Fr., Paléont.; 1, Mém. n°5, 1890.
2. DE SaporTA. Recherches sur la végétation du niveau aquitanien de
Manosque. Mém. Soc. géol. Fr., Paléont.; II, Mém. n° 9, 18g9r.
1908 NYMPHÉACÉES DU SPARNACIEN DES ENVIRONS DE PARIS 473
NyYmPHÆA MARINI sp. n.
PIX Ie M5 RAaNTO:
C’est parmi les nombreux et beaux matériaux qui m'ont été obligeam-
ment remis par M. Marin, directeur d’école à Chelles, que j'ai ren-
contré les empreintes qui me permettent de décrire la troisième
Nymphéacée observée dans les argiles sparnaciennes. Je suis heureux
de pouvoir dédier cette belle espèce à M. Marin, qui l’a recueillie à
Cessoy (Seine-et-Marne).
Ce Nymphæa est représenté à Cessoy par d'assez nombreux
fragments de rhizomes, sur lesquels il est facile de reconnaître
les cicatrices laissées, soit par les pédoncules floraux, soit par le
pétiole des feuilles ou bien encore par les radicules.
Ces trois types de cicatrices, très différents les uns des autres,
méritent donc d’être étudiés successivement ;
a) Cicatrices pédonculaires. — Je n'ai jusqu'à présent rencontré
qu'une seule empreinte pouvant se rapporter à ce type (pl. X, fig. 6).
Elle consiste en un disque assez régulièrement circulaire dont le
diamètre, voisin de celui d’une pièce de cinquante centimes, peut
atteindre 17 mm. Sa surface est couverte de cicatrices laissées
par les lacunes aérifères qui se dessinent en creux et sont dispo-
Fig. 3. — Disque pédonculaire du Fig. 4. — Disque pédonculaire du
Nymphæa polyrhiza SAPORTA. Nmphæa Marini FRITEL.
Aquitanien de St-Zacharie (Var), Sparnacien de Cessoy (S.-et-M.),
(d’après de Saporta). Gr. nat. (d’après nature). Gr. nat.
sées moins régulièrement que sur les coussinets pétiolaires ; elles
paraissent aussi beaucoup plus nombreuses que sur ces derniers ;
on en compte plus de trente sur le disque que j'ai sous les yeux.
Parmi les lacunes aérifères qui parcourent le pédoncule floral,
on en remarque six, plus importantes que les autres et occupant
le centre du disque, où elles sont vaguement disposées 3 à 3 en
deux séries parallèles.
Ces lacunes, dont le diamètre peut atteindre 2 mm., sont entou-
rées de six autres, d'un diamètre plus faible et qui complètent le
groupe central constitué par les six précédentes. Toutes ces
474 P. H. FRITEL 2 Nov.
lacunes sont inscrites dans une série circulaire de cicatrices beau-
coup plus petites, dont le diamètre égale à peine la moitié de celui
des lacunes centrales ; le nombre de ces lacunes périphériques
paraît dépasser une vingtaine. Elles alternent assez régulièrement
avec d’autres cicatrices, plus petites encore, en forme de traits
allongés et qui cernent les groupes précédents.
Je donne (fig. 3 et 4) le croquis du disque pédonculaire du
N. Marini Frir. et celui du N. polyrhiza Sar., de l’Aquitanien de
St-Zacharie (Var), comme terme de comparaison.
L'examen de ces figures fait comprendre les rapports existant
entre ces deux formes quant au nombre et à la disposition des
canaux aérifères qui parcourent le pédoncule floral.
b) Cicatrices pétiolaires. — Assez variables dans leurs propor-
tions, les disques pétiolaires ont, sur quelques empreintes, 17 mm.
de diamètre, alors que sur d’autres leur taille ne dépasse pas,
11 mm. Toujours légèrement déformés par la compression, ils sont
le plus souvent assez régulièrement ova-
4 laires transversalement (pl. X, fig. 9),
mais quelquefois aussi subpentagonaux
(pl. X, fig. 8).
La disposition des canaux aérifères à
leur surface, est presque identique à
celle qui s'observe chez quelques espèces
aquitaniennes du Sud-Est de la France,
telles que : N. gypsorum Sar. et N.
callophy la Sar., comme le montre com-
: j RE parativement la figure 5.
LÉ eee er On y voit six lacunes principales, éga-
du Nymphæa callo- ?
phyla Sarorra, de l'A- les entre elles et disposées en deux files
quitanien de Manosque parallèles, séparées l’une de l’autre par
(d'après de Saporta. trois cicatrices allongées en forme de
trait, chaque file comportant trois lacu-
nes ; puis six lacunes secondaires, également disposées par trois
sur le côté externe des rangées précédentes, chaque cicatrice
médiane de cette seconde série étant plus forte que les deux autres.
Enfin, des lacunes tertiaires, beaucoup plus petites que les précé-
dentes, disposées, vers le haut et le bas du disque, en série
décroissante, de manière à former par leur ensemble un groupe
parfaitement arrondi qui occupe toute la partie centrale du disque.
On aperçoit, en outre, sur certaines empreintes, une série
circulaire de lacunes (?) beaucoup plus petites, punctiformes et
assez régulièrement espacées, qui, au nombre de vingt environ,
1908 NYMPHÉACÉES DU SPARNACIEN DES ENVIRONS DE PARIS 499
cernent le groupe précédent et font ressembler les empreintes de
ce type, surtout quand les lacunes centrales sont effacées, à un
fer à cheval minuscule.
c) Cicatrices radiculaires. — La disposition des radicules, à la
partie inférieure des disques pétiolaires, paraît très simple dans le
Nymphæa Marini Frir. Elle comporte généralement neuf cica-
trices, disposées en deux séries divergentes comme les branches
d'un A.
Chaque série se compose de quatre cicatrices, dont le diamètre
va en augmentant à mesure que l’on s'éloigne du disque, et qui
sont séparées les unes des autres par un espace au moins égal au
diamètre des lacunes. Ce dernier caractère semble cependant
s’effacer sur les empreintes où le diamètre des lacunes atteint 5 à
6 mm. ; celles-ci sont alors presque contiguës. La neuvième cica-
ere DELLE ETS
- .
0. A
ge oe Cy 2 © ©
© €) : () ©
09 c.r JE) Va à > ne Ge ê
1 2 3 4 ©
Fig. 6. — Disposition respective des cicatrices radiculaires, dans : 1. Nymphæa
gypsorum SAPORTA, des gypses d’Aix-en-Provence. 2, Nymphæa polyrhiza
SAPORTA, des calcaires marneux de St-Zacharie (Var) ; 3, Nymphæa
callophyla SAporTA. des calcaires marneux de Manosque (Basses-Alpes);
4, Nymphæ&a Marini Frirez, de l'argile plastique de Cessoy (Seine-et-
Marne). — d. p, emplacement du disque pétiolaire ; c.r, cicatrices radicu-
laires. Gr. nat,
trice est placée un peu au-dessous et à égale distance des deux
séries précédentes.
D'après les mesures prises sur de nombreux fragments de
rhizomes, le diamètre des radicules varie généralement de
1 mm. 1/2 pour les plus petites à 3 mm. pour les plus grandes ;
sur certains exemplaires, cependant, ce diamètre peut atteindre
4 à 6 mm.
Les croquis 1, 2, 3 (fig. 6) sont destinés à faire voir les difté-
rents modes de répartition des radicules dans 3 espèces aquita-
niennes, comparativement au V. Marini, dont elles se rapprochent
par les caractères de leurs coussinets pédonculaires et pétiolaires.
La différence observée dans le mode de disposition des cica-
476 NYMPHÉACGÉES DU SPARNACIEN DES ENVIRONS DE PARIS
trices radiculaires est plus accentuée entre le N. Marini Frir. et
les trois espèces aquitaniennes qu'elle ne l’est entre chacune de ces
dernières.
Or, cette disposition des radicules présente une certaine impor-
tance pour la systématique, puisqu'elle paraît uniforme, comme l'a
fait remarquer de Saporta, dans la limite de chaque espèce. La
disposition bien particulière constatée sur le fossile de l'argile
plastique vient donc justifier la distinction spécifique que j'établis
pour le Nymphæa de Cessoy.
Le genre Nymphæa, dont on ne connaît pas moins de vingt
espèces (?) fossiles, ne paraît pas avoir été signalé jusqu'ici dans
l'Éocène.
Il débute, en Amérique, dans les couches aturiennes du Mon-
tana group de Dutton Creek (Wyoming), où il serait représenté
par le Nymphæa (Castalia ?) Duttoniana KNowzr.', et par trois
formes, non nommées, du groupe de Laramie*.
En Europe, l'espèce la plus ancienne serait le Nyÿmphæa Doris
Herr, des argiles ligniteuses ludiennes de Bovey-Tracey (Angle-
terre), toutes les autres appartenant à l'étage *“aquitanien, sauf
Nymphæa Langeroni Marty *, rencontré dans les argiles miocènes
de Niac, près Aurillac (Cantal).
Il est donc intéressant de signaler la présence, dans les glaises
sparnaciennes du Montois, d’une forme nouvelle du genre Nym-
phæa, faisant soupconner l'existence d’une section, aujourd'hui
éteinte, dont les représentants ornaient les eaux douces de la
région parisienne au début de l'ère tertiaire.
1. KNowzron. Flora of the Montana formation. Bull. U. S. geol. Survey,
n° 163, p. 55, pl. xunx, fig. 7, 1900.
2. KNowLrTon. Bull, geol. Soc. am., vol. 8, p. 133, 1897.
3. P. Marry. Feuille des Jeunes Naturalistes (4), 32° année, n° 375 et 380.
Séance du 16 Novembre 1908
PRÉSIDENCE DE M. HENRI DOUVILLÉ
Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté.
Le Président annonce la perte que la Société vient de faire en
la personne de M. N. De MERCEY, notre confrère depuis 1859. Il
rappelle en quelques mots ses principaux travaux.
M. Kilian a le regret de faire part à la Société du décès de
M. FERDINAND REYMOND.
Tous ceux d’entre nous qui ont suivi depuis une vingtaine d’années
nos Réunions extraordinaires conserveront certainement un souvenir
ému de cet aimable confrère, dont le dévouement et l’obligeance étaient
devenus légendaires. M. Reymond, qui fut un homme de bien, s’inté-
ressait vivement aux questions générales de la géologie ; il était un des
hôtes les plus fidèles de nos excursions annuelles ; dans les Alpes, il
eut l’occasion de fournir à Marcel Bertrand, dont il était l’admirateur
et l’ami, maintes précieuses observations.
Notre confrère, qui n’a pas oublié dans son testament la Société
géologique, a laissé sa bibliothèque et ses collections, qui renferment
une suite de types décrits par M. Douxami, à la Faculté des Sciences
de Grenoble. Ce don viendra se joindre, dans les galeries nouvellement
aménagées de l’Université dauphinoiïise, aux séries de la région de
l’Ubaye, récemment léguées à cet établissement par un autre membre
de notre Société, le regretté FRANÇoIs ARNAUD, de Barcelonnette.
Le Président donne lecture d’une lettre de l’exécuteur testamen-
taire de M. Reymond, annonçant qu'il a légué à la Société géolo-
gique une somme de 2000 francs.
Le Président proclame membres de la Société :
MM. Frédéric William North, F. G. S., ingénieur, à Londres, présenté
par MM. Em. de la Cruz et Henri Douvillé.
Paul Fallot, à Lausanne, présenté par MM. Lugeon et Em. Argand.
Henry Hubert, docteur ès sciences, administrateur-adjoint des
colonies, présenté par MM. Lacroix et de Romeu.
Une nouvelle présentation est annoncée.
M. Léon Bertrand offre 1° un Mémoire : « Contribution à l'his-
toire stratigraphique et tectonique des Pyrénées-Orientales et
Centrales » (Bull. Carte géol. Fr., n° 118, X VID); 2° une note sur
l’ « Existence d’une nouvelle fenêtre de terrains pré-pyrénéens au
milieu des nappes nord-pyrénéennes, aux environs d’Arbas (Haute-
Garonne) » (CR. Ac. Sc., 19 octobre 1908) [CRS., p. 158].
438 SÉANCE DU 16 NOVEMBRE 190
M. Haug présente le premier fascicule du tome IT de son
« Traité de Géologie » (Armand Colin, éditeur).
M. Pierre Termier offre, de la part de Madame Marcel Bertrand,
un Mémoire posthume de Marcel Bertrand publié par l'Académie
des Sciences et intitulé : « Mémoire sur les refoulements qui ont
plissé l'écorce terrestre et sur le rôle des déplacements horizon-
taux » [CRS, p. 159].
M. Jules Welsch envoie un tiré à part intitulé : « La Plaine et la
Gâtine du Poitou dans les environs de Saint-Maixent, Parthenay
et Niort » [CRS., p. 159].
M. Louis Doncieux envoie la deuxième partie (fascicule 1) de
son « Catalogue descriptif des fossiles nummulitiques de l'Aude et
de l'Hérault (Corbières septentrionales) » qu'il vient de publier en
collaboration avec M. M. Leriche (Ann. de l'Univers. de Lyon,
nouvelle série, 1, 22, 1908) [CRS., p. 160!.
M. L. Joleaud adresse les ouvrages suivants : « Géologie et
Paléontologie de la plaine du Comtat et de ses abords ; description
des terrains néogènes ; fasc. 1. » (Mém. Ac. Vaucluse, 1905-1906);
— « Le Cañon de Constantine » (Bull. Soc. géogr. Alger, 1907);
— « Le Régime des eaux dans la région de Constantine » (La
Mine algérienne, Constantine, 1908) ; — « Découverte de l’Aqui-
tanien marin dans la partie moyenne de la vallée du Rhône »
(CR. Ac. Sc., 11 février 1907): — « Sur les terrains crétacés et
tertiaires de la région de Constantine (Algérie) » (Zd., 1e* juin); —
« Sur l'existence d’une nappe de charriage dans le Nord-Est de
l'Algérie (Zd., 5 septembre) ; — « Sur la présence du Trias dans les
montagnes de Gigondas (Vaucluse) et sur les phénomènes de
charriage qui s’observent dans ce massif » (Zd., 9 décembre).
M. l'ingénieur Ch. Lallemand, directeur du Nivellement général
de la France, fait don à la Société de la collection des fascicules
parus du « Répertoire graphique des emplacements et des altitudes
des repères du Nivellement général de la France (réseaux de 1°",
28, 3 et 4° ordre) ». M. Lallemand envoie en outre sa note
«l'Avenir des Continents » (Bull. Soc.astron. Fr. 1908)[CRS., p.160.
M. Jean Chautard présente à la Société, en son nom et en celui
de M. Paul Lemoine, une étude sur « la latérisation » (Bull. Soc.
Industrie minérale) [CRS., p. 160].
SUR LES NAPPES ANTÉSTÉPHANIENNES
DU BORD ORIENTAL DU MASsSiF CENTRAL [3 communication]
PAR Pierre Termier
Cette étude, effectuée en collaboration avec M. Georges Friedel,
est encore loin d'être terminée. On se rappelle les conclusions
auxquelles nous étions arrivés l’année dernière : deux nappes de
terrains granitiques et cristallophylliens; la plus haute, À, suppor-
tant le Houiller de Saint-Étienne, et formée surtout de granite
porphyroïde alcalin, plus ou moins écrasé; l'inférieure, B, ou
nappe du Pilat, formée de micaschistes à sa partie haute, el, vers
sa base, de gneiss alcalins, presque toujours très laminés. Ces
deux nappes ont une allure lenticulaire. Elles sont séparées l’une
de l’autre par une zone de roches écrasées. Une autre zone de
roches écrasées sépare la nappe inférieure P du granite gneissique
à cordiérite, qui est le substratum autochtone dans toute la région.
La nappe PB a été poursuivie sans aucune difficulté jusqu'au
delà de l'Eyrieux, c'est-à-dire jusqu'aux environs de Privas. Dans
la région montagneuse (La Louvese, Lamastre, Le Pouzat), elle
n'est guère formée que de gneiïss alcalins laminés; maïs, près du
Rhône, entre Saint-Vallier (Drôme) et les Ollières (Ardèche),
elle renferme, à sa base, du granite porphyroïde, et, à son sommet,
des micaschistes. L'épaisseur de cette immense lentille de granite
porphyroïde varie de quelques mètres (les Ollières) à plusieurs
centaines de mètres (Tournon, Saint-Péray). L'épaisseur de la
zone de granite écrasé qui supporte la nappe PB peut aller à 300
mètres. Entre la lentille de granite porphyroïde et les micaschistes,
il y a une autre zone d’écrasement, tout aussi importante, et il
semble dès lors évident que la nappe B est complexe et au moins
double. ;
D'autre part, la complexité de la nappe B apparaît très nette-
ment aux portes mêmes de Saint-Étienne, près du barrage de
Rochetaillée. Une zone d'écrasement affleure là, qui sépare les
micaschistes des gneiss alcalins ; et cette zone d’écrasement est
entièrement comparable aux deux autres (celle de la base de À et
celle de la base de 2).
Il est désormais presque certain que les micaschistes de l'Ar-
dèche, à l'Ouest de Largentière, sont compris, comme ceux de La
Voulte, dans la partie haute de la nappe B; que le granite du
Mont-Lozère, avec les brèches de friction signalées autour de lui
480 PIERRE TERMIER 16 Nov.
par M. Fabre, appartient à la base de la même nappe ; et que tout
cela se prolonge jusqu'à la région du Vigan. M. Jean Friedel a
trouvé une zone d'écrasement, identique à celles de Saint-Étienne,
entre le granite porphyroide de l’Aigoual et les vieux schistes qui
le bordent. Ce granite serait encore de la nappe B et équivaudrait
au granite de Tournon. Et les nappes de Saint-Étienne iraient
ainsi se souder aux nappes antéstéphaniennes du Vigan, décrites
par M. Bergeron, et, par celles-ci, aux nappes de la Montagne
Noire.
Au Nord du bassin houiller de Saint-Étienne, nous n’avons
trouvé jusqu'ici qu'un seul passage de roches écrasées : c’est celui
que M. Michel-Lévy nous avait signalé comme très probable, le
long du bord sud de l’amas granitique de Soucieu-en-Jarret. Le
granite de Soucieu, porphyroiïde, semble identique au granite de
Vienine. /{ repose, au Sud, sur les gneiss de la nappe B, avec inter-
calation, au contact, de cette zone d’écrasement très nette. Au
Nord, il se sépare mal d'autres gneiss, qui se fondent éux-mêmes
dans les gneiss à cordiérite. Ou bien ce granite de Soucieu est un
lambeau de la nappe À, ployé en un synclinal couché au Sud, et
confinant, au Nord, aux terrains autochtones. Ou bien il appartient
à la base de la nappe Z et surgit, par un auticlinal renversé au
Sud, avec toute une bande de terrains autochtones ; mais alors les
gneiss, au Nord de cet anticlinal, appartiendraient probablement
à la nappe B, de nouveau plongeante, et le pays de nappes s’en
irait bien plus loin vers le Nord, nous ne savons encore jusqu'où.
NOTE SUR LES GRÈS CUPRIFÈRES
A ÜRANIUM ET VANADIUM DE MONTANUY (ARAGON)
PAR J. Garalp
L'auteur a été appelé à visiter en 1907 un gîte métallifère inté-
ressant, nouvellement découvert aux environs de Montanuy, sur
les confins de la Catalogne et de l’Aragon. Il y a là, alternant avec
des grès rouges permiens, toute une série de veines d’une matière
noirâtre, d'apparence charbonneuse, qui a donné à l'analyse (labo-
ratoire Daunis à Barcelone) 35 °/, de cuivre métallique accom-
pagné de 2,5 0/, d'Uranium et 3,1 de Vanadium.
1908 GRÈS CUPRIFÈRES A URANIUM ET VANADIUM DE MONTANUY 481
Il est à présumer que ces métaux, du moins les deux premiers,
sont surtout à l’état d’oxydes, mélaconite et pechblende, ce der-
nier minéral se distinguant par son éclat résineux, son clivage
rectangulaire et par les lamelles et mouchetures jaunes qui se
montrent à sa surface.
Au premier abord, le minerai, dont l'épaisseur réduite ne
dépasse guère 3 à 4 centimètres, affecte la forme de filons-couches
épousant la direction et le pendage des sédiments qui l’encaissent.
Mais un examen plus attentif montre qu'il n’en est pas ainsi :
1° Du côté du toit, les grès sont stériles ; au contraire, du côté du
mur, le minerai noir est en contact avec une zone gréseuse très minéra-
lisée (6 °/, de Cuivre et 1,5 d'Uranium), véritable gîte d’imprégnation,
d'aspect bariolé, où s’entremêlent, sous forme de mouchetures ou de
lamelles de couleur variée, les oxydes et les carbonates de ces divers
métaux ;
2° Du côté du toit, la surface de séparation est sensiblement plane ;
au contraire, le mur, flexueux et ondulé, présente çà et là des dépres-
sions et des poches dans lesquelles s'enfonce le minerai ;
3° Dans les grès et dans le minerai lui-même, existent en certaine
abondance des débris végétaux, d’ailleurs indéterminables.
Ces observations autorisent à conclure qu'on est en présence
d'un gîte interstratifié, d’un dépôt chimique, d'origine aqueuse,
contemporain des couches encaissantes.
Le minerai contenant du soufre et des mouches de pyrite cui-
vreuse, il est à supposer que la matière s’est déposée à l'état de
sulfate ; la réduction de ces sulfates, sous l’influence des végétaux
et peut-être d'hydrocarbures, aurait donné successivement des
sulfures et des oxydes.
Ces couches métallifères, intéressantes par leurs associations
minérales, sont intercalées dans une puissante formation de grès
et d’argilites généralement rougeûtres, comprise entre les schistes
houillers de Montanuy et les poudingues quartzeux du Trias ; leur
attribution au Permien est donc indiscutable ; elles appartiennent
au Saxonien le plus élevé, sinon même, vu la présence de quelques
bancs calcaires, au Thuringien.
Il résulte de cet exposé que, comme niveau et comme composi-
tion générale, les grès cuprifères de Montanuy à Uranium et
Vanadium se placent sensiblement sur l'horizon des grès cupri-
fères et vanadifères de Perm (Oural), des schistes cuivreux du
Mansfeld (Allemagne) et peut-être des grès cuprifères et vanadi-
fères du Cheshire (Angleterre) qui se trouvent à la base du Trias.
19 Mars 1909. — T. VIEIL. Bull. Soc. Géol. Fr. — 31.
DÉCOUVERTE A DARVAULT (SEINE-ET-MARNE)
D'UN CALCAIRE LACUSTRE
INSÉRÉ DANS LA PARTIE MOYENNE DES SABLES DE FONTAINEBLEAU
PAR G. F. Dollfus
Dans une communication que j'ai faite à la Société le 16 décem-
bre 1907 :, j'ai été conduit à classer dans le Stampien supérieur
la partie basse du calcaire de Beauce, que l'on peut préciser sous
le nom de calcaire d'Étampes, considérant seulement comme
appartenant à l’Aquitanien les marnes du Gâtinais et le calcaire
de Pithiviers (calcaire à Helix de l'Orléanais). Je puis apporter
maintenant une confirmation importante à cette manière de voir.
Au cours d’une excursion aux environs de Nemours pour l’éta-
blissement d’une nouvelle édition de la feuille de la Carte
géologique « Fontainebleau », j'ai observé à Darvault (commune
de Fromonville), à 3 km. à l'Est de Nemours, un calcaire lacustre
à faune d'Étampes, intercalé vers la partie moyenne de la grande
masse des Sables de Fontainebleau. Il est situé entre des couches
inférieures sableuses, marines, fossilifères, renfermant une faunule
fort analogue-à celle de Morigny et de Pierrefitte, près d'Étampes,
et une masse supérieure, non moins épaisse, de sables blancs sans
fossiles, chargée localement de bandes de grès exploités pour pavés.
La constatation faite n'offre aucune incertitude ; les couches
lacustres sont visibles dans quatre grandes carrières échelonnées
sur une étendue de 2 km., où elles présentent quelques modi-
fications locales peu importantes.
En arrivant à Darvault par la route de Nemours, si on quitte la
route à la hauteur d’un petit bois de pins, on peut observer, vers
l'altitude de 90 à 92 m., de petites fouilles d’un calcaire gris, fistu-
leux, dur, avec quelques empreintes de Lymnées et appartenant
au calcaire de Brie (Château-Landon ); les Sables de Fontainebleau
s’avancent immédiatement au-dessus et sont visibles tout le long
du pied du coteau. Dans une petite tranchée de la route qui
monte de Darvault au plateau, une première coupe vers l'altitude
112 M. donne la succession suivante de haut en bas :
1. Sur la position stratigraphique de l’Helix Ramondi dans le Bassin de
Paris. B. S. G. F., (4), VIL, 1907, p. 456.
1908 CALCAIRE LACUSTRE DE DARVAULT 483
8. Sable jauni, épais . visible sur 1m.
7. Calcaire blanchâtre, compact, fin, avec Potamides La-
MATRCRLMELC AMEN: RE DR EE LE Rc QN VAR PRE UN A LE TO)
6. Sable calcareux, fossilifere DEC SP TR EUR AE NE 0 210)
SR CGTESMISTUlIEUXMITÉSUErR D. UE D PONT Ur ONGCO
4. Sable blanc, pur, puissant
Dans une autre carrière située à l'Ouest, au lieu dit La Barrande,
et qui a été étudiée par MM. Hamelin et Morin, la succession est
la suivante :
8. Sable éboulé avec grès gris . . : DR ES DDR LA ATEN LIE
( Calcaire lacustre, fragmentaire, blanchôtre NET DE)
* )Marne blanchätre (alt. 110 m.). . . . . . . . . . 0.30
6. Sable calcareux fossilifère . . . Ë 1 0: 20
5. Sable blanchäâtre avec trois ou tra bancs Sécu irré-
SUNErS ICONCLÉLIONNÉS 0 UC ER CU NE UT 00
Au-dessus de Darvault, dans une très grande sablière, dans
laquelle on pénètre par une galerie creusée dans le sable sous un
énorme pont de grès naturel, on peut relever une très belle coupe ;
le sol même de l'exploitation s'arrête sur le calcaire lacustre et
quelques coups de marteau fournissent aussitôt un calcaire
marneux blanchâtre fossilifère, dans lequel nous avons reconnu
les espèces suivantes de la faune du calcaire d’Étampes (fig. t,
n° 9).
Potamides Lamarcki. Limnea fabulum.
Bithinella Dubuissoni. — cornea.
Pupa sp. Planorbis Prevosti..
Plus haut, toute la masse de sable blanc fin supérieur, puissante
de 12 m. au moins, est irrégulièrement agglutinée en bancs gréseux
discontinus ; le calcaire lacustre réapparaît au-dessus, avec inter-
calation à la base, de sables calcareux fossilifères, à faune d’'Ormoy
(fig. 1, n° 12-14).
Vers le Sud, dans la région de St-Louis, près la route de Sens,
deux vastes carrières sont ouvertes, montrant une succession
complète ; dans l’une, à l'Ouest, le grès supérieur est exploité ;
dans l’autre, à l'Est, toute masse gréseuse a disparu; dans toutes
deux, le calcaire lacustre de Darvault est bien visible, plus ou
moins coupé de filets sableux et de lits gréseux ou siliceux.
La paroi du fond donne la coupe suivante :
Limon brunâtre . . . . De Me IL O: 20
17. Calcaire fragmentaire blanc et jaunatre M: : ML 00
16. Calcaire stratifié à Limnées (faune d'Étampes) ; nombreuses
AuDu Lure SEEN ARE ES RARE een RS Re LEATO
484 G. F. DOLLFUS 16 Nov.
15. Calcaire dur, lacustre, en table solide : "0:40
14. Calcaire gréseux à Cerithium conjunctum. 0:10
Filet sableux blanc . . . AS SO OR
15. <
Calcaire gréseux gris Fe Le ie Le MU 10700
11. Sable blanc fin, ne au les eo ee Fe
STÉS Re : ma 0e UN IT EU
10. Grès fistuleux, caverneux, bot ide M2 ME) TURN ME T00
9. Grès compact, curviligne, discontinu . . : Ar: 00
8. Sable grisâtre demi-fin à stratification ie. ae gros à
faïbase. 1. : . D.00
7. Calcaire one once à ends Mae Me
de l’exploitation (alt. 120 m.)
Il ne peut rester aucun doute sur la position de ce calcaire
lacustre de Darvault ; M. Léon Bertrand a bien voulu m'y accom-
pagner diverses fois et il a pu prendre quelques photographies,
qui sont Caractéristiques ; M. Blayac a également voulu venir
reconnaitre ce point très intéressant et M. Bourgoin s’est déplacé
pour nous montrer son horizon fossilifère,
La partie la plus basse de lexploitation permet de relever la
coupe suivante
Coupe à St-Louis
Calcaire gréseux (cale. de Darvault) (alt. 110 m.) 1.10
Marne blanchätre. 0.20
6. Grès coquillier. . . . 0.10
LES tendre à concrétions NE eue 0.29
5. j l'ablette gréseuse. , 0.10
( Sable jaune impur, gréseux : 0.25
Sable blanchâtre avec quelques TOEHONS de grès. 3.50
4. À Sable jaunâtre. à HE RATE 0.30
Grès tendre irrégulier... "64 20: d à 0.10
1-5. Sable blanchâtre demi-fin avec dns de Ba 100mM.) 2.50
Dans la même carrière, la région supérieure aux grès donnait le
détail suivant :
16. Calcaire de Beauce fragmentaire . . s "AL 12200
15. Calcaire en plaquettes, blanchâtre, fossilifére . DÉS ONTO
14. Sable gréseux à Ostrea cyathula . . . : 1 1 ATECE
13-12. Sable calcareux à nodules, calcaires et cordon marneux
blane:;te. 156: UE: 3 1.60
11. Sable pur Sri à la EE Fer Hébrones rs
MASSE pDUSSANTE) 2 7 0 PM CN TT RNER)
M. Bourgoin, professeur à Paris, ayant accompagné une colonie
scolaire à Nemours, a exploré la carrière de Darvault et il y a
retrouvé, non sans peine, le gisement fossilifère indiqué sur la
1908 CALCAIRE LACUSTRE DE DARVAULT 485
première édition de la Carte géologique (Feuille « Fontainebleau »),
et situé dans un sable calcareux souvent agglutiné ; la faune décou-
verte, déterminée et publiée par MM. Hart et Morin :, a
donné 65 espèces, dont voici les principales :
Corbulomya donaciformis. Trochus subcarinatus.
Venus incrassata. Rissoia turbinata.
Cytherea spendida. Bayania semidecussatu.
Cardium scobinula. Cerithium conjunctum.
Lucina squamosa. — Boblari.
— Heberti. —- plicatum.
— Thierensi. Potamides Lamarcki.
Pectunculus obovatus. Buccinum Gossardi.
Ces auteurs n'ont pas étudié le coteau en entier et ils ont pris
le calcaire lacustre surmontant la zone fossilifère pour le calcaire
d'Étampes, sa position au milieu des sables leur a échappé. Si on
examine la liste des espèces découvertes, on peut estimer que
c'est la faune du niveau de Pierrefitte -qui est celle qui s’en
rapproche le plus, et le calcaire lacustre de Darvault paraît
occuper ainsi une place stratigraphique voisine de celle des Sables
à galets et poudingue de Saclas, qui coupe également en deux
parties la masse des Sables de Fontainebleau aux environs
d'Étampes.
Le niveau d'Ormoy qui renferme à la fois : Ostrea eyathula,
Cerithium conjunclum, Natica crassatina, etc., offre ici un intérêt
tout spécial ; il n’a pas la même extension que les autres assises
des Sables de Fontainebleau, il déborde largement au Sud ‘tous
les grès et les autres sables, c’est lui seul qu'on trouve à Souppes
et Château-Landon. inséré entre le calcaire de Brie à la base et
le calcaire d'Étampes au sommet ; cette constatation peut être faite
à Souppes (carrière des Fontenelles), à la Madelaine, dans l’exca-
vation sous Corbeval, aux carrières de St-André, à Grand-Gasson,
près Château-Landon, à Préfontaine, etc. Il participe à la trans-
gression générale des assises marines vers le Sud, qui s'est
prose au cours des temps éogènes dans le Bassin de Paris. Il
n'y à ni marne du Gâtinais, ni calcaire de Dee dans les
environs de Darvault; l Aquitanien manque.
Je crois nécessaire d’insister en quelques mots sur la situation
spéciale des grès dans la masse des Sables de Fontainebleau ;
ces grès, noyés dans une masse sableuse fine et calibrée, offrent
1. Sur un nouveau gîte fossilifère stampien à Darvault. Bull. Muséum
H. N., 1908, n° 1, p.95.
486 | G. F. DOLLFUS 16 Nov.
les formes les plus singulières ; toute leur surface arrondie, si
ondulée et cahotique qu'elle soit, est toujours nivelée par un sable
fin. les bancs se divisent ou se soudent sans aucune règle, la face
inférieure est aussi accidentée que la surface supérieure, et les
abords de la masse affectent toujours un aspect arrondi, concré-
tionné, la masse va diminuant d'épaisseur jusqu’à ce qu'elle ne soit
plus représentée que par des rognons gréseux en boules arron-
dies, Si M. Martel! avait pu examiner quelques-unes des carrières
dans lesquelles le grès est exploité sous le calcaire de Beauce, il
Fig. 1. —:CARRIÈRE DEÏDARVAULT (ST-Lours)
(Croquis d’après une photographie de M. Léon Bertrand).
aurait vu que ce grès y offre souvent les formes en champignons.
en couloirs, en galeries, en marmites, qui sont ailleurs caractéris-
tiques de l'érosion torrentielle, mais qui sont dues ici simplement
à une agglutination fortuite. ‘
Il n'y a, à Fontainebleau ni aux environs, ni dans la grande
bande d’affleurement de cet étage, au Sud et à l'Ouest de Paris,
aucune trace d'érosion torrentielle comme l'a indiqué autrefois
M. Henri Douvillé contre Belgrand. Ces sables sont d’une telle
perméabilité qu'aucun ruissellement n'est possible dans la région
1. E.-A. MARTEL. Sur l’érosion des grès de Fontainebleau. CR. Ac. Sc.,
CXLVII, 1908, p. 521.
#
1908 CALCAIRE LACUSTRE DE DARVAULT 487
où ils affleurent, et le plus souvent ils reposent sur le calcaire de
Brie, fissuré, qui est aussi perméable qu'eux ; aucun galet, aucun
débris exotique n'existent dans ces régions, toute leur architec-
ture se réduit à un déchaussement et un entraînement lent de
sables fins entourant les grès qui sont un produit de concrétion
irrégulière dans une masse minérale uniforme.
On peut donner de l’ensemble des couches de Darvault, le
tableau suivant (fig. x) :
Altitude 132 m.
ne 17. Calcaire blanchäâtre, fragmentaire. . 2.80
LS IE 16. Calcaire démantelé à Lymnées . . 0.60
15. Calcaire marneux blanchâtre . . . 1.10
HORIZON 14. Calcaire gréseux grisâtre à Cerithium 0.40
= Une 13. Sable calcareux à Ostrea . . 0.20 à 0.60
E 12. Marne blanche, discontinue . 0.00 à 0.20
= 11. Sable jaune et blanc. . . . 0.50 à 1.50
= 10. Grès mamelonné, très caverneux, ou
Z SABLES SUPÉR. ) sable blanc, fin . . . . . 2.50 à 3.50
à 9. Grès compact, parfois en 3 bancs, ou
: sie | sable blanc, fin, pur . . . 4.00 à 5.50
(2 8. Sable blanc ou gris, parfois grossier,
à stratification oblique. . . 2.00 à 2.50
CAR ne 7. Calcaire blanc, sublithographique ou
marneux, parfois coupé de lits gré-
DARVAULT seux, fossilifère . . . . . 1.40 à 2.00
z. 6. Sable calcareux, fossilifère. . 0.20 à 0.40
S 5. Sable ou grès fistuleux . . . 0.60 à 1.00
2 | Sagces iNFÉR. &. Sable jaune à Palanus . . . . 1.20
z DE 3. Sable blanc avec grès . . . . . 0.60
= 2. Sable blanc et jaune. ; 1.20
5 POSPAINEREEAD 1. Sable jaune avec Balanus . . . . 2.50
n o. Lacune, base non visible . 10 m. environ
CALCAIRE DE BRIE. — Calcaire gris fistuleux (alt. 92 m.).
M. G. Ramond rappelle que, sur le tracé de l'Aqueduc du Loing et
notamment, au dessus du souterrain de la Padole (commune de Soisy-
sur-École, S.-et-O.), il avait observé un petit banc sableux au-dessus
d’un calcaire lacustre à faune de Calcaire de Beauce. Il avait cru, à
cette époque, devoir attribuer la présence de ce niveau sableux à un
phénomène éolien.
488 A. DE GROSSOUVRE 16 Nov.
A. de Grossouvre. — Sur le Siampien et l'Aquitanien".
M. G. Dollfus, se basant sur l’existence d’un calcaire lacustre à faune
d'Étampes, intercalé dans la masse des Sables de Fontainebleau, a cru
pouvoir en déduire que tout le Calcaire de Beauce inférieur doit être
classé dans le Stampien.
Cette conclusion me paraît plus que discutable à bien des points de
vue et, pour l'instant, je me bornerai à la remarque suivante : il existe
à Selles-sur-Cher un calcaire lacustre que tous les géologues qui l’ont
étudié s’accordent à rapporter au Calcaire de Beauce inférieur. Or, ce
calcaire renferme la faune de St-Gérand-le-Puy, et il n’est personne qui
veuille distraire cette faune de l’Aquitanien pour la descendre dans le
Stampien.
On discutera dans le vide, tant que l’on n’aura pas établi les points
suivants : quelle est exactement, par définition, la limite commune de
ces deux étages ; quelles sont les faunes marines, lacustres ou terrestres
de chacun d’eux ; quels sont les éléments de ces faunes qui leur sont
communs et lesquels leur sont propres. .
LE MÉTROPOLITAIN DE PARIS (LIGNE N° 1)
PAR A. Dollot
L'auteur présente le profil géologique de la ligne n° 7 du
Métropolitain : porte de Vincennes-porte Maillot, formant, entre
la place de l'Étoile et celle de la Nation, la corde de l'arc suivi
par la Circulaire 2 nord. dont l'étude géologique a été publiée en
1903 *.
A ce profil, se trouvent annexées les sections: de la place de
l'Étoile à la porte Dauphine, par les avenues Victor-Hugo,
Bugeaud, du Bois de Boulogne; de la place de l'Étoile à celle du
Trocadéro, par l'avenue Kléber et l'origine de l'avenue d
Wagram.
Entre la porte de Vincennes et la porte Maillot, la distance est
d'environ 10 km. 500 ; les autres sections ont un développement
de 4 km. 500, soit ensemble 15 km, environ.
1. Note présentée à la séance du 7 décembre 1908.
2. Voir: B.S.G.F., (4), I, p. 140, 1903. — G. Ramon et Aug. Dorror.
Chemin de fer de Courcelles au Champ-de-Mars. A.F.A.S. Ajaccio. 1901,
1908 LE MÉTROPOLITAIN DE PARIS (LIGNE N° 1) 489
Les terrains traversés par les branches reliées à la place de
l'Étoile et la partie des Champs-Elysées comprise entre les stations
de l'Étoile et Marbeuf, sont représentés par la base des Sables de
Beauchamp et le sommet du Calcaire grossier.
Le banc gréseux très fossilifère, très constant dans Paris, qui
sépare ces deux étages, a permis d'en préciser les limites.
Aux Champs-Elysées, à la hauteur de l’avenue de l’Alma, le
Calcaire grossier et les Sables de Beauchamp se sont alfaissés par
gradins. Ce fait n’est pas unique ; il a été constaté par M. Dollot à
Passy et rue de Londres.
Au-delà de la station de Marbeuf, jusqu’à la rue Crozatier, près
de la station de Reuilly, boulevard Diderot, sur un parcours de
6 km. 800, le tunnel reste dans les alluvions de la Seine, sauf en
deux points : place de la Concorde et boulevard de Sébastopol, où
les voies ont été infléchies pour passer sous la ligne n° 8 à la Con-
corde et sous un collecteur d’égouts, boulevard de Sébastopol.
En ces deux points, la ligne n° r a pénétré dans le Calcaire
grossier vers son sommet.
Place de la Concorde, dans les alluvions graveleuses, on a
remarqué un lit de bioxyde de manganèse, à peu près au niveau
de la nappe d’eau. Ce dépôt n’est pas exceptionnel.
De la rue Crozatier à la porte de Vincennes, le sol est presque
entièrement composé d’un mélange, sans stratification, de tous les
terrains supérieurs aux sables de Beauchamp, y compris ceux de
Fontainebleau, les gypses ayant disparu presque complètement et
ne se montrant en quelques points qu'à l’état sableux.
Enfin, entre la place de la Nation et la porte de Vincennes, le
niveau à Avicules de Mortefontaine, celui de Ducy et le sommet
des Sables de Beauchamp apparaissent, avec quelques inflexions,
à la base du tunnel.
Ce profil géologique de la ligne n° r a été établi par M. Dollot
d'après les coupes nombreuses qu'il a relevées, dans les travaux
adjacents à la ligne n° 1, depuis 1900.
Avant cette année, aucune étude géologique détaillée n'avait été
publiée sur le Métropolitain, maïs les relevés précis des diverses
couches du sol et leurs inflexions ont été faits avec soin par les
chefs de subdivisions des travaux de la ligne n° 1.
_ C’est à M. E. Vallet, sous-ingénieur des Mines, sous-inspecteur
municipal au Service des carrières, chargé de la composition gra-
phique du profil de la ligne n° 1, que l’on est redevable de la
bonne exécution de ce travail, qui a pu être complété utilement
au point de vue géologique.
CONTRIBUTION A L'ÉTUDE DE LA FORMATION
DES PHOSPHORITES DU MiDIi DE LA FRANCE
PAR Georges Negre
Je me propose dans le présent travail de présenter des notes et
des documents relatifs à la formation des phosphorites connues
sous le nom de « phosphates du Midi ». Je ne parlerai pas des
phosphates de l’Aptien, ni des phosphates de l'Ariège ou de la
Haute-Garonne, ces derniers étant classés dans le groupe des
phosphates noirs des Pyrénées.
Depuis plusieurs années, il m'a été donné de visiter un grand
nombre de gisements de phosphorites ‘. Cet examen m'a permis de
me rendre compte d’une façon plus suivie et constante de l'allure
de ces gîtes, de prélever quelques fossiles, d'étudier certains phé-
nomènes qui se produisent journellement aux environs des exploi-
tations et d'observer certains faits que je vais exposer dans le
cours de cette communication.
C'est à M. Poumarède que revient l'honneur de la découverte,
en 1865, des phosphorites à la ferme de Pendaré (Tarn-et-
Garonne). M. Poumarède ne profita pas de ces travaux ; il mourut
quelques mois après; ce ne fut qu'en 1890 que M. Maurice Pou-
marède, neveu du précédent, et M. Jaille d'Agen eurent l’idée
d'envoyer des échantillons au laboratoire de l'École des Mines de
Paris; ces échantillons, inscrits sous le n° 1854, donnèrent à l’ana-
lyse 32,62 °/, d'acide phosphorique, correspondant à 70,64 °/, de
phosphate tribasique de chaux. En décembre de la même année
commencèrent les premières exploitations à Caylus.
Nous n'entrerons pas dans les détails sur les différentes extrac-
tions et sur le grand nombre de chantiers qui furent ouverts en
peu de temps, car les sondages succédèrent aux sondages, et en
moins de 10 ans, on exploitait dans les régions suivantes :
Pour le Lot : Bach, Larnagol, St-Jean-de-Laur, Lugagnac, Gréalou,
St-Projet, Escamps, Saillac, Cajarc, Concots, Beauregard, St-Sépulcre.
Pour l'Aveyron : Villeneuve, Claugnac, Naussac, Salles-Courbatiès
(environs de Villefranche).
1. Georges NEGRe. — Histoire des phosphates naturels. Le Phosphate,
années 1906 à 1909.
1908 FORMATION DES PHOSPHORITES DU MIDI DE LA FRANCE 491
Pour le Tarn-et-Garonne et le Tarn : Forêt de la Garrigue, forêt du
Breton (groupe de Montricoux), groupe de Servanac, Lavaurette
(Barsas), Lamandine (Cos), Malparié, Palembert, Roussélon, Pendaré,
Rigal-Jouet (groupe de Caylus au $S.0. et groupe de Mouillac au N.0.
de Caylus), la Capelle-Livron (groupe au N. de Caylus), Bruniquel,
ravin de Fouvielle, Rondollo, Joany, Martres de Barsalis (groupe de
Bruniquel, sur la rive droite de l'Aveyron), commune de Penne (Tarn),
canton de Caussade, St-Antonin, Montcéré (près la forge de Bruniquel)
Servanac, Veylux, Cantayrac, Septfonds.
Telle était la marche de l'exploitation des phosphates du Midi
lorsqu'arriva la découverte, en 1886, des phosphates riches de la
Somme, par M. Merle, qui, suivant les données de N. de Mercey',
devait rapporter des millions à la France. La découverte indus-
trielle des phosphates de la Somme eut pour résultat d'arrêter
immédiatement les extractions du Midi; en effet, une tonne de
matière se vendant 110 francs tomba à 4o en l’espace de quelques
semaines ; par la suite, les exploitants du Midi furent obligés de
cesser tous travaux ou de ne prendre que les phosphates d’afileu-
rement, le coût de l'extraction devenant trop élevé aussitôt que
l’on devait attaquer en profondeur.
Néanmoins, les anciennes exploitations avaient fourni aux géo-
logues des documents assez précis pour leur permettre de donner
leur opinion sur la formation probable des phosphates du Midi.
Mais, en aucun endroit cependant, on n'était arrivé à ce que nous
pourrions appeler la fin des gisements. Il a fallu attendre l’épuisc-
ment des gîtes du N. de la France, la hausse soutenue des phos-
phates, pour voir reprendre les travaux dans ces régions un peu
délaissées, surtout depuis la nouvelle découverte des phosphates
africains.
C’est donc avec de nouveaux documents, de nouveaux matériaux.
que l’on peut actuellement reprendre l'étude de ces formations.
Rappelons en un mot que la forme des gîtes de phosphorite est
assez régulièrement la même. Nous rencontrons à la surface la
roche phosphatée sous l'aspect d’un amas mélangé de blocs de
phosphate et de terre argileuse rougeâtre assez semblable à ce
1. Bureux. Esquisse géologique du département de la Somme. Abbeville,
1843. — N. ne MErcey. Note sur la Craie dans le Nord de la France. B.S.
G.F., (2), XX, 1863, p. 635. — In. Détermination d’un point isolé de Craie
à Belemnites. Mém. Soc. Linn. Nord de la Fr. 1, 1867, p. 414. — Georges
NeGre. Les Droits d’Inventeurs. Le Phosphate, p. 897, 1906.
492 + GEORGES NEGRE Tinao NO
que nous désignons dans le N. de la France sous le nom de «bief
rouge ». Dans ces terres argileuses se rencontrent souvent des
truffes, ce qui avait fait dire à M. Malinowski en 1872 que « la
présence de truffes à la surface du sol était un signe annonçant
des gisements de phosphate de chaux’ ». Cette argile rouge
contient quelques nodules mélangés dans la masse et titrant jus-
qu'à 48 °/, de phosphate tribasique de chaux. En suivant ces
argiles, on arrive dans des sortes de «cheminées » qui, elles-mêmes,
vous mènent au phosphate, qui remplit alors des grottes
immenses plongeant verticalement dans le sol; quelquefois, ces
cheminées conduisent à de simples filons à peine larges de 60 em.
Souvent, de vastes entonnoirs d'une largeur de 60 à 100 m.se ren-
contrent en affleurement. A d’autres endroits, des crevasses à
parois verticales se prolongent sur plusieurs centaines de mètres
et vous conduisent en profondeur à de grandes poches contenant
du phosphate de trois qualités avec des blocs de la roche encais-
sante mélangés dans la masse. Dans tous les cas, toutes les poches,
tous les filons communiquent toujours avec la surface du sol ;
ceci a une importance capitale pour l'étude de la formation de ces
dépôts ; j'aurai l'occasion de revenir sur ce point à la fin de mon
étude. ,
A Cajarc, certaines crevasses, aujourd'hui exploitées, ont une
largeur de 40 m. sur 600 m. de longueur.
À Pendaré, j'ai vu des filons à parois plus ou moins parallèles,
longs de 250 à 300 m. ayant seulement 2 ou 3 m. de puissance ?.
À Lamandine, il m'a été facile de remarquer que le phosphate
a rempli en tous sens les crevasses du calcaire; parfois même, ces
crevasses contiennent du phosphate de chaux presque pur, mais
c'est là une exception que j'ai rarement rencontrée ailleurs.
À Limogne, certaines carrières ont atteint 80 m. de profondeur ;
à Larnagof, 60 m. ; à St-Jean-de-Laur, une poche a atteint la pro-
fondeur de 110 m.
Tous ces phosphates, y compris ceux reconnus en 1878 dans
l'Hérault par M. Jaille et étudiés par M. Wickersheimer *, sont
encaissés par les calcaires du Jurassique moyen, souvent surmon-
1. MALINOWSKY. Traité spécial des phosphates de chaux natifs. Cahors, 1872.
2. Georges NeGre. Les Phosphates du Midi. Études et recherches. Le Phos-
phate, 30 avril et 7 mai 1908.
3. WiCKkERSHEIMER Note sur les Phosphates situés près de Cette, Annales
des Mines, (7), XXI, p. 283.
1908 FORMATION LES PHOSPHORITES DU MIDI DE LA FRANCE 493
tés par quelques lambeaux d'’argiles rouges oligocènes et d’un
calcaire lacustre, rattaché par certains géologues à l’étage de la
Beauce. Les calcaires jurassiques forment dans ces régions les
grands plateaux appelés « causses », ce qui signifie en patois «pla-
teaux calcaires ou pays de chaux ». Ces causses, nous les trouvons
décrites avec la plus grande exactitude dans une étude sur « les
formations secondaires des bords sud-ouest du Plateau central »
que M. Magnan a publiée dans le Bulletin de la Société d'Histoire
naturelle de Toulouse (vol. II, 1869). C'est donc dans les fractures
de ces terrains que nous rencontrons les poches à phosphate.
Depuis longtemps, MM. Daubrée, Leymerie, Delfortrie, Trutat,
Combes, Filhol, Malinowski, Rey-Lescure ont fait ressortir que
les gisements suivent toujours la direction en rapport avec les
systèmes de cassure du terrain.
Cependant, d’après M. Gaillard ', les excavations contenant le
phosphate n'auraient pas leur direction en rapport avec les failles
de la région, comme on l'avait si souvent dit autrefois.
Si les gisements de Caylus, du Quercy, de l'Hérault sont
encaissés par des roches jurassiques, les phosphates du Gard, de
découverte plus récente et, de ce fait, un peu moins connus, bien
que présentant beaucoup d’analogies tant au point de vue chi-
mique qu'au point de vue de l’aspect du minerai, sont encaissés
par des calcaires urgoniens. Néanmoins, les phosphorites du Gard
se rencontrent à une altitude inférieure à celle où on les avait
reconnues dans le Quercy ; les gisements sont situés entre 170 et
250 m. Les conclusions de M. C. Gaillard, d’une part, et de M. A.
de Lapparent d'autre part*, tendant à démontrer que l’on ne peu
trouver de phosphorite au-dessous de 300 m. environ, peuvent
être exactes pour Caylus et le Quercy, mais ne peuvent donc
être généralisées pour expliquer leur formation. Dans le Gard, les
phosphates se rencontrent à Tavel, à Lirac (altitude des gisements,
195 m.), à St-Victor-la-Coste (gisements de la Combe du Cerisier,
alt. 216 m. et 233 m. ; alt. du gisement des Planes, 250 m.), à Pou-
zilhac, à Valliguière, à St-Maximin (alt. du gisement au Grand-
Chantier, 183 m., au Petit-Chantier, 1790 m., aux Trois-Abîmes,
195 m.), tous ces gisements sont situés sur une ligne à peu près
droite tirée d’Uzès à Roquemaure. |
Ces gîtes de phosphorite sont entourés de carbonate de chaux
1. C. GaizLARD. Les Oiseaux des Phosphorites du Quercy. 1908.
2. DE LAPPARENT. Traité de Géologie, vol. II, p. 1500 (année 1900).
494 GEORGES NEGRE 16 Nov.
spathique et, d’après les minéralogistes !, ces cristallisations n'ont
pu se former sans l'intervention d’une eau chargée d'acide carbo-
nique. La calcite se rencontre encore dans ces régions composant
les parois de certains gouffres (les Trois-Abîmes par exemple),
nous aurons l’occasion par la suite de revenir sur ce point.
Les phosphates de Caylus, du Quercy et de l'Hérault ont fourni
un grand nombre de fossiles.
P. Gervais * nous apprend qu'il existe dans la localité de Cos,
près Caylus, un abondant gisement de fossiles dont plusieurs
espèces sont identiques à celles que l’on rencontre dans les gypses
parisiens. De cette étude on peut conclure qu'un des genres les
plus caractéristiques de la faune du gypse que l’on retrouve à
Caylus, est le genre Anoplotherium, représenté dans le Lot-et-
Garonne par Anoplotherium commune CuvVIER ainsi que par
une seconde espèce répondant par sa taille à l'Anoplotherium
secundarium CuviEr ; ces fossiles se rencontrent encore à Concots
(Lot), d'où Bleicher en a envoyé quelques pièces au laboratoire
de Géologie de la Sorbonne.
Quant à l’âge précis de ces phosphorites, auquel il convient de
rapporter la formation des dépôts du Quercy, de Caylus, ces
dépôts appartiendraient à l'Éocène supérieur, ou à l’Oligocène
inférieur * ; M. Rey-Lescure les estime de l'Éocène supérieur,
peut-être même de l’Éocène moyen, par suite de la découverte de
nombreux débris de fossiles et notamment de quelques Mollusques
dans l'intérieur ou dans le voisinage des poches à phosphate.
MM. H. Douvillé et de Launay sont portés à attribuer ces dépôts,
plutôt à la base de l'Oligocène, qu'au sommet de l’Éocène où on
les a le plus souvent placés jusqu'ici ‘. MM. C. Gaillard*° et
Thevenin pensent que la limite inférieure de ces formations
doit être abaissée jusqu'au niveau du Lutétien et se continuer
pendant les périodes ludienne, sannoisienne et une partie de
la période stampienne ; la production de phosphorite se serait
terminée avant la formation des couches dites de « La Milloque. »
1. À. DE LAPPARENT. Cours de Minéralogie. 1884, p. 420.
2. P. GERVAIS. Sur les Mammifères dont les ossements accompagnent les
dépôts de chaux phosphatée des départements du Tarn-et-Garonne et du
Lot. CR. Ac. Sc., LXXIV, p. 1367, 1874.
3. DE LaPPARENT. Traité de Géologie, LI, p. 1500 (Édition de 1900).
4. Fucus et DE LAuNAYy, Traité des gîtes minéraux et métallifères. 1893,
p. 353.
5. C. Gaizzar». Les Oiseaux des Phosphorites du Quercy. 1908, p. 25.
1908 FORMATION DES PHOSPHORITES DU MIDI DE LA FRANCE 499
En tous cas, les phosphates de Caylus et du Quercy, situés sur
le terrain jurassique moyen, ne se rencontrent guère que dans le
voisinage des îlots de terrain tertiaire étendus sur une grande
partie de ces plateaux, ce qui a fait dire autrefois que ces gise-
ments sont une dépendance absolue des terrains éocènes voisins.
Ce fait aurait pu avoir une importance capitale pour expliquer la
formation des phosphates qui nous intéressent, d'autant plus que
la faune des phosphorites correspondrait en grande partie, comme
nous venons de le voir, à la limite de l’'Écocène et de l’Oligocène.
Mais cette coïncidence ne se reproduit plus dans le département
du Gard, où non seulement les phosphates sont encaissés dans
l’'Urgonien, et où nous ne rencontrons que très rarement des
fossiles dont une espèce de l’ordre des Chéiroptères !; à Tavel
seulement et dans une galerie, on a rencontré quelques restes des
genres Palæotherium et Anoplotherium *.
Donc, les phosphates du Gard, bien qu'identiquement sembla-
bles à ceux de Caylus et du Quercy, ne présentent plus la fameuse
« faune des phosphorites » devenue classique depuis les recherches
de Filhol, Trutat, Gervais, Daubrée, Rey-Lescure.
Dans le Gard, les grands animaux tels que: le ÆRhinoceros, le
Palæotherium, l'Anoplotherium sont rares. Ils n'ont donc pu
jouer ici le rôle qu'on leur prête dans les phosphorites de Caylus
et du Quercy ; au reste, nous sommes bien loin de nous trouver
dans ce département près des couches éocènes ou oligocènes que
nous rencontrons au voisinage des phosphates du Lot, du larn-et-
Garonne et de l'Aveyron.
On pourrait objecter que les travaux d’exploitation dans le Gard
n'ont pas été poussés aussi loin que ceux des autres départements :
c'est une erreur. À Lirac et à Tavel des filons ont été exploités,
ils dépassent souvent 1000 m. de longueur, des poches de plusieurs
milliers de tonnes ont été vidées, des galeries creusées dans la
montagne s'étendent très loin sous les causses, des puits ont
souvent jusqu'à 60 m. de profondeur, quelques-uns sont en pleine
masse phosphatée. À St-Maximin, des puits ont de 33 à 70 m. et
1. Je ne parlerai pas de l’exploitation ouverte à Robiac dans un gisement
de Mammifères de l’Éocène moyen, car il s'agissait ici d’une couche à osse-
ments et non d’un gîte de phosphorite. Voir : Ch. DEPÉRET et G. CARRIÈRE.
Sur un nouveau gisement de Mammifères de l’Éocène moyen à Robiac.
CR. Ac. Sc., CXXXIIL, 19017, p. 617.
2. JEANSEAN. Notice géologique et agronomique sur les Phosphates du
département du Gard. Nîmes, 1884.
496 GEORGES NEGRE 16 Nov.
plusieurs galeries atteignent une longueur de 125 m. etse trouvent
à 40, à 5o et à 60 m. de la surface du sol.
Les os de Chéiroptères n'ont été rencontrés qu’à très peu d’en-
droits. À St-Maximin seul, « Le Petit Chantier » a pu nous four-
nir autrefois et dans un avancement à 50m. de profondeur des
restes de Chauves-Souris ; cette galerie a dû être abandonnée
souvent à cause de la venue d'acide carbonique. Pour les gisements
mis en exploitation depuis peu à St-Victor-la-Coste, au lieu dit
« Les Planes », on peut employer une phrase de M. Delfortrie
« en observant la contexture de ce dépôt, il est facile de se con-
vaincre qu'il est formé de couches régulières et successives de
squelettes, en un mot, qu'on fouille dans un véritable cimetière
de Chauves-Souris! ».
Ces fossiles de St-Victor-la-Coste sont identiques à ceux qui
composent le dépôt de phosphorite de Beduer, canton et arrondis-
sement de Figeac (Lot), situé à 350 m. d'altitude et à ceux de
Crégols où l’on a exploité pendant fort longtemps une brèche
constituée en entier par des ossements de Chauves-Souris bien
conservés. Des échantillons de ce même animal expédiés en 1872
à Hébert, et provenant de Concots (Lot) avaient fait dire à P.
Gervais « que l’on rencontrait, dans certains gisements de phos-
phorite, un fossile d’une date généalogique peut-être moins
ancienne encore que celle des animaux composant le reste du
gisement. »
De l'étude faite par Delfortrie', il résulte que ces Chéi-
roptères ont été enfouis dans la phosphorite asphyxiés, soit par
dégagement de gaz carbonique, soit par envahissement d’eaux
pluviales, mais qu'ils avaient déjà cessé de vivre lors de
leur précipitation. En effet, le limaçon du rocher de l'oreille est
retrouvé très souvent détaché des crânes, mais toujours reposant
près d'eux ; sur deux têtes seulement M. Delfortrie l’a reconnu
en place.
Je pense que ces Chauves-Souris habitaient l’antre dans lequel
s’accumulait plus au moins lentement le phosphate de chaux, et,
qu'à la suite d’émanation d'acide carbonique, elles tombaient
mortes sur ces couches. Ce cas se produit encore à l'heure actuelle
dans certaines cavernes du midi.
J'ai remarqué que ces restes de Chéiroptères ne se rencontrent
qu'au-dessus des phosphates à St-Victor-la-Coste, localité où les
1. Les gîtes de phosphate de chaux dans le département du Lot. Actes
Soc. Linn. de Bordeaux, XX VII, p. 50, 1891.
1908 FORMATION DES PHOSPHORITES DU MIDI DE LA FRANCE 497
parties de calcaire renfermant ces fossiles sont jetées au remblar,
n'étant que très peu phosphatées : sous ces calcaires à Chauves-
Souris, on trouve une terre argileuse rougeûtre renfermant des
nodules assez riches (c'est ce que nous appelons «le grapillon »,
qui, passé au crible, donne des phosphates ttrant 45 °/,); dans
cette argile se rencontrent encore des os intacts et des mâchoires
du même animal, mais n'adhérant plus à la masse phosphatée.
A St-Maximin. ces débris ont été engloutis à 50 m. sous terre,
ils sont moins bien conservés et sont certainement arrivés en
même temps que les phosphates, cette couche est exploitée comme
ayant un titre riche ; ce chantier, comme je l'ai déjà dit, est
souvent envahi par l'acide carbonique. A St-Victor-la-Coste, à
4 m. de profondeur, on trouve encore des dégagements de ce
gaz; au reste, il joue un très grand rôle dans les régions méri-
dionales où la couche dite «acide » est connue et redoutée des
mineurs.
A ce sujet, on peut rappeler l'accident survenu il y a quelques
années, non loin d’Alais, où plusieurs personnes furent tuées à la
suite d’une explosion occasionnée par l’ébranlement d’un coup de
mine contre une poche insoupçonnée d’acide carbonique comprimé
qui projeta 40 000 tonnes de houille au dehors de la mine. Ce déga-
gement dura plusieurs jours et le gaz était en telle quantité que
toutes les volailles furent asphyxiées sur une étendue de plusieurs
kilomètres. Cet acide carbonique, chargé de molécules de houille, se
répandit sur la région en formant un épais brouillard.
J'estime que l'acide carbonique a contribué, en grande parte,
à la formation des phosphates du Midi.
De ce que je viens d'exposer, il résulte que l’on a émis des
théories variées sur la formation de ces dépôts, théories basées
sur ce que l’on connaissait des exploitations jusqu'en 1880.
1° Les opinions émises par Élie de Beaumont, qui attribuait les
dépôts de phosphate calcaire concrétionné à des sources thermales,
furent soutenues par Daubrée qui, le premier, annonça que les phos-
phorites du Midi étaient d’origine filonienne hydrothermale ; et bientôt,
Leymerie, Favre, Trutat partagèrent cette idée ainsi que M. Rey-
Lescure.
Daubrée et Combes pensaient que l’origine thermale avait pu
suffire à constituer le dépôt sans l'intervention des organismes; selon
eux, le phosphate aurait été dissous par des eaux chargées d’acide
carbonique et déposé ensuite soit sous forme de concrétions, soit sous
forme de filons.
2 D’après d’autres, et notamment d’après le Dr Fitton, le phosphate
calcaire serait principalement dû à l'accumulation prolongée de débris
6 Avril 1900. — T. VILL. Bull. Soc. Géol. Fr. — 32.
498 GEORGES NEGRE 16 Nov.
d'animaux qui auraient été, en partie, dissous par l’acide carbonique
en dissolution dans l’eau et déposés alors lentement sous forme de
concrétions.
Malinowski partageait cette opinion et attribuait aux phosphates
de Caylus et du Quercy une origine organique.
Peron et Delfortrie se rangeaient aussi de ce côté. Mais, comme
le fait remarquer M. de Launay, l'accumulation de dépouilles d'animaux
serait loin d’être suffisante pour fournir le phosphate de ces poches, et,
nous avons vu d'autre part, que les phosphorites du Gard renferment
peu ou pas de fossiles.
MM. A. Baudrimont et Armand Gautier pensaient que les phosphates
du Lot ont eu pour origine les guanos dont l'azote a disparu par suite
d’altération due à l’action des eaux. Il me semble cependant que la
présence de certains éléments tels que le phosphate de fer, les carbo-
nates de chaux et de magnésie seraient une objection à cette manière
de voir. Après l’examen du gîte de Beduer, contenant de nombreux
débris de Chéiroptères, Delfortrie adopta cette opinion, mais, on ne
doit pas perdre de vue que les gisements renfermant des restes de
Chauves-Souris sont des faits isolés, et le nombre de ces gisements est
par trop restreint pour qu’on puisse voir là une solution satisfaisante à
la question.
M. Thevenin prétend, de son côté, que l’on peut rejeter absolument
l’origine hydrothermale des phosphates.
M. Trutat, tout en partageant l’hypothèse émise par Daubrée, contes-
tait cependant l'intervention de l’acide carbonique pour une partie de
ces formations et admettait ces deux théories, mettant ainsi d'accord un
grand nombre de ses confrères.
MM. Brylinski et G. Lionnet, dans leur étude sur les phosphates
de chaux fossiles, publiée par la Société géologique de Normandie,
en 1877, prétendaient que deux causes, acide carbonique, d’une part,
et pluies torrentielles, d’autre part, avaient dû agir simultanément ou
successivement.
MM. Fournier, Carnot, Vasseur, Dieulafait, Thevenin pensent que la
formation des phosphorites a eu pour origine la corrosion du calcaire
du causse et le remplissage par les produits de décalcification.
3° Certains auteurs ont pensé que ces dépôts sont constitués par des
éruptions et analogues à ceux que l’on rencontre dans certaines contrées
volcaniques de l'Amérique Centrale. Maïs, comme le phosphate de
chaux est loin d’être l'élément dominant dans les dépôts de cette
nature, les partisans de cette théorie ajoutaient que des animaux
auraient été écrasés sous les produits éruptifs et auraient abandonné
leur acide phosphorique au dépôt. Cette opinion ne paraît pas mériter
qu'on s’y arrête.
4° D’après M. Wickersheimer, il pourrait se faire que le phosphore
ait été amené sous la forme de solution de phosphate de magnésie,
lequel, en présence du carbonate de chaux, a produit du carbonate de
magnésie et du phosphate de chaux, la solubilité du phosphate de
1908 FORMATION DES PHOSPHORITES DU MIDI DE LA FRANCE 499
magnésie à froid étant de 1°/.. Cette théorie s’appliquait aux phos-
phates de la montagne de Cette, dont les gisements confinent à la
dolomie.
5° M. Rey:, d’un autre côté, émit l’opinion que la phosphorite s'était
tormée dans les profondeurs de la mer recouvrant les terrains jurassi-
ques, par l'influence d’eaux fluviales se jetant dans cette mer après
avoir traversé les terrains primitifs riches en apatite. M. Rey faisait
encore remarquer que les mers de cette époque étaient peuplées de
Poissons et de Mollusques dont un grand nombre atteignaient des
proportions gigantesques ; que leurs squelettes et leurs déjections,
riches en phosphates, durent tomber au fond du lit et s'y accumuler
pendant des milliers d’années, ce qui enrichissait en même temps les
eaux fluviales qui apportaient le phosphate dissous des apatites. Mais
j'objecterai que ces dépôts phosphatés ne contiennent pas de débris
d'animaux marins et que les quelques coquilles qu'on y trouve appar-
tiennent à des espèces fluviatiles ou terrestres ; d’autre part, si
Frémy avait constaté la présence de l’iode dans les phosphorites
du Midi, Kuhlmann disait? : « La présence de l’iode pourrait faire
croire que l’origine de ce corps est la même que celle qui amène ce
corps dans l'eau de la mer et par suite dans les plantes marines, mais
l’absence du brôme vient à son tour détruire cette hypothèse ».
De ces cinq opinions, deux, pour la région du Gard, semblent
susceptibles d'être retenues.
La première que j'ai déjà exposée : Le phosphate est un produit
d'incrustation filonienne et hydrothermale arrivé en bas par les
sources minérales.
La deuxième : Le phosphate a été apporté d'en haut, en même
temps que les ossements, par des eaux qui, à l’époque éocène et
oligocène, ont recouvert la partie des causses où se trouvent les
poches. Il se serait alors déposé dans les cavités préalablement
creusées par des eaux acides qui auraient corrodé chimiquement
le calcaire tout en profitant de ses fissures préexistantes ;
Ces cavités peuvent d’ailleurs exister depuis un certain temps au
moment du « remplissage », car. comme le fait remarquer M. De
Launay ?, l’idée d’une substitution progressive du phosphate au
calcaire serait contraire à la disposition zonée des dépôts généra-
lement observée, disposition qui s’expliquerait au contraire très
bien par un phénomène sédimentaire.
Je me rangerai de ce dernier côté. J'ai dit, en effet, que certains
. Rey. Rapport sur les Phosphates de chaux du Lot.
2. KurHLMANN. Recherche du Brôme dans les phosphates de nant el-
Garonne. CR. Ac. Sc. LXXV, 1872.
3. DE LaunaAy. Traité des gîtes minéraux et métallifères, p. 353 (en note),
1803.
500 GEORGES NEGRE 16 Nov.
avens, certaines grottes, touchant les gisements de phosphate,
avaient été respectés et que l’on y remarque bien les parois com-
posées de cristaux de calcite, cristaux que l’on retrouve. encais-
sant nos mines de phosphate, dans le Gard notamment. D'autre
part, les faits paraissent absolument contraires à une formation de
bas en haut, puisque l’on constate, en plusieurs endroits, l'absence
de failles qui auraient pu servir de chemin aux dissolutions miné-
rales venues de la profondeur et, en outre, dans les anciennes
excavations, sur les parois desquelles on à trouvé des traces de
phosphore, on n'a jamais rencontré cette substance en profon-
deur.
En me basant sur l'étude des anciens gisements exploités et sur
ceux que l’on exploite encore activement, en m'appuyant aussi sur
ce que j'ai vu dernièrement dans les gisements de phosphorite du
Gard, de St-Maximin et de St-Victor-la-Coste en particulier, je
crois pouvoir partir de ce principe : que les gisements de phos-
phate de chaux du Midi ont été formés dans ces régions par
remplissage.
A l'époque de la formation de ces gîtes, il existait de grands
entonnoirs, des avens. comme on en voit encore de nos jours dans
certaines contrées du Midi et dansle Gard, par exemple : les gouffres
de Pescantieu (commune du Brouzet); des Espelugues (près de
Dions) ; de l’Aven ; du Frère et de la Sœur, à Sauve ; les grottes de
Bramabiau, près St-Sauveur-des-Poureils ; du Mialet, près d’Anduze;
des Fées, près Nîmes : de St-Marcelin ; de St-Martin ; de Sanilhac,
près d’Uzès ; de Bord-Nègre et des Trois-Abîmes, près St-Maximin et
non loin des gisements de phosphate: la grotte de l'Hermitage,
située à 250 m. des gisements de Lirac et au-dessous ; la grotte de
la Glacière, près Collias ; les sources du Fougueron et du Fougue,
vastes cavités d’où sortent pendant six mois de l’année de 48 à
230 litres d’eau par seconde.
J'estime que quelques-uns de ces gouffres ont été remplis
durant l'époque tertiaire, par des eaux plus ou moins acides char-
gées de phosphate de chaux. Ce qui vient encore à l'appui de cette
théorie d’un apport torrenliel, c'est que nous avons vu à St-Jean-
de-Laur que l’entonnoir qui contient le phosphate descend à plus de
110 m. de profondeur, à St-Maximin au «Grand Chantier » à 70 m.
on n’a pas encore trouvé la fin du gisement qui se continue dans
les calcaires urgoniens.
En admettant l'hypothèse des sources hydrothermales, dans les
exploitations du Midi, on n'aurait jamais trouvé la fin de cer-
tains filons ou des poches. J’ajouterai les faits suivants : 1° On a
1908 FORMATION DES PHOSPHORITES DU MIDI DE LA FRANCE DOI
trouvé dans les exploitations de Cajarc, de Pendaré,de St-Jean-de-
Laur, de St-Antonin, de Caylus, de Tavel et Lirac (Gard), la fin des
poches et des filons ; 2° le remplissage, composé de phosphate,
contient une faune caractérisant soit l'Éocène supérieur, soit l'Oli-
gocène inférieur, dont certains os d'animaux énormes se rencon-
trent brisés lors même que des os si fragiles de Chéiroptères
sont, pour ainsi dire, restés intacts.
Ceci s'explique fort bien par des venues extérieures qui empri-
sonnèrent les squelettes des habitants des cavernes, d’où la parfaite
conservation des os de Chauve-Souris à Cregols, à Beduer, à St-
Victor-la-Coste et, au contraire, le mélange et l’état fragmentaire
des os de grands animaux tels que : le Rhinocéros, le Palæothe-
rium, l Anoplotherium qui, vivant à l'extérieur, ont été engloutis et
broyés.
Les grottes contenant des phosphorites et vidées aujourd’hui
par les exploitants, ressemblent en tous points aux grottes
que l’on rencontre dans les régions environnantes et ont, en
général, la même orientation : toutes les poches à phosphorite et
tous les filons communiquent toujours avec les cheminées par où
le phosphate a été apporté, comme je l’ai déjà fait remarquer
plus haut.
Ces gisements de phosphate de chaux remplissent toujours
des cavernes aux parois tapissées de chaux carbonatée spathique
derrière laquelle je n’ai jamais rencontré de matière phosphatée ;
tous les avens de ces régions, et notamment dans le Gard : Les
Trois-Abîmes, la grotte de l’'Hermitage, Bord-Nègre ont aussi
leurs parois tapissées de calcite. Si, dans certains endroits, des
goufires ont été remplis par des argiles dans lesquelles l'analyse
révèle la présence de l’acide phosphorique en plus ou moins
grande quantité, il n'en est pas moins vrai que ces grottes ont.
elles aussi, leurs parois tapissées de chaux carbonatée spathique.
Les phosphates riches sont localisés sur le bord des excava-
tions tandis que les terres argileuses contenant peu de phosphate
sont au centre des entonnoirs, comme si un tourbillon, formé par
des eaux venues de l'extérieur, avait rejeté les phosphates riches
plus denses sur les bords de l'entonnoir, tandis qu’au contraire,
les parties plus légères se seraient consolidées par la suite au
centre du tourbillon. Ceci expliquerait pourquoi l’on rencontre
quelquefois dans les gisements de phosphorite du Midi, des blocs
de calcaire du terrain encaissant. À mon avis, ces blocs auraient
été, soit détachés des bords de la cuvette, soit apportés du dehors
par le courant des eaux.
502 GEORGES. NEGRE 16 Nov.
Enfin, j'ai saisi sur le vif la formation des phosphates.
Près de St-Maximin, j'ai pu visiter Bord-Nègre, galerie assez pro-
fonde orienté S.S.O.-N.N.E., par où s’échappent après les pluies
des torrents d’eau. Cette galerie a la même direction que les gise-
ments exploités plus haut. L'eau de Bord-Nègre très chargée en
phosphate le dépose sous forme de gros blocs, ce qui constitue
de véritables petits gisements de phosphate. N'est-ce pas là, en
petit, l'explication de la formation des phosphates de la région,
phosphates justement dépourvus de fossiles ?
A Bord-Nègre, l’eau arrive par plusieurs fissures dont les parois
sont composées de petites couches de phosphate de chaux formées
par le dépôt des eaux. Ces couches ont souvent plusieurs centi-
mètres d'épaisseur. l
Bord-Nègre est un déversoir d’eau et non une source ; il en est
de même de tous les avens de ce genre situés dans les zones à
phosphorite.
En visitant Bord-Nègre, on constate que les vestiges de l’Aque-
duc romain montrent encore un pont de trois arches. Or, une seule
arche suffit aujourd'hui, les deux autres ayant été remblayées : :
le lit de la rivière s’est donc resserré depuis 1950 ans environ.
On peut alors penser que lors de la formation des gisements de
phosphorite, les avens ont été remplis par des eaux qui, traver-
sant toutes les fissures du calcaire, y ont déposé leur phosphate
comme elles le font aujourd'hui à Bord-Nègre. Les dépôts de
Bord-Nègre renferment jusqu'à 20 °/, de phosphate de chaux,
ceux de la grotte sont plus riches.
Les dépôts de l’aqueduc du Gard, à Pont-du-Gard, contiennent
2 à 5°/, de phosphate, l’eau provenait de la Fontaine d’Eure et
d'Airain, près d'Uzès ; j'aurai l’occasion d'en reparler dans le
courant de cette étude.
Ce fait d'eaux renfermant des phosphates n'est pas rare et près
de Paris, on trouve la source phosphatée d’Aiguemont à Viry-
Châtillon (Seine-et-Oise) *.
En 1884, M. Verwins avait déjà signalé la présence de l'acide
phosphorique dans les eaux potables de la ville de Liège.
A St-Maximin (Gard), on remarque, dans la galerie située à
50 m. de profondeur au « Grand Chantier » et sur une longue
1. Durant les grandes inondations du Midi qui eurent lieu l’année der-
nière, Bord-Nègre coula quatre mois, ce qui est extrêmement rare.
2. Georges NEGRE. Recherche de l'Acide Phosphorique dans les roches
et les dépôts calcaires. Bull. Soc. géol. de Normandie, XXVIII, p. 39, 1907
et journal Le Phosphate du 30 juillet 1908.
1908 FORMATION DES PHOSPHORITES DU MIDI DE LA FRANCE 503
étendue, un dépôt argileux composé de couches régulières d’ar-
gile et de phosphates sableux pauvres; on y trouve même
certaines couches d’un dépôt noir ressemblant à la vase fluviatile.
Cette constation permet d'admettre qu'il y coulait une rivière. A
Lirac, le dépôt est beaucoup plus étroit, on le suit néanmoins sur
plusieurs centaines de mètres. Ces argiles étant très pauvres en
phosphate et contenant une grande quantité d’alumine ne sont
pas exploitables. Ces couches conduiraient peut-être à d’autres
poches riches.
A la Baume de l'Hermitage, située à 250 m. des gisements de
phosphate de Lirac, les parois sont tapissées partiellement de
calcite sur laquelle se forme actuellement et par infiltration des
plaques de phosphate de chaux mélangé à des argiles rouges; des
échantillons de ces plaques soumis à l’analyse m ont donné 18 °/;
de phosphate de chaux. Un phénomène semblable s’observe aussi
dans certaines galeries abandonnées depuis plus de vingt ans dans
le gisement de Saint-Maximin; dans un endroit que nous avons
dénommé la « grotte aux stalactites », et qui était une ancienne
poche remplie d'argile rouge, on voit se former des stalactites et
des stalagmites composées de 20 à 30 °/, de phosphate. Des stalac-
tites phosphatées s’observent aussi à Bord-Nègre. Celles du gise-
ment de St-Maximin sont formées par les eaux pluviales qui par-
viennent à filtrer à travers les cheminées renfermant des phos-
phates riches.
Dans la montagne de Cette, M. Wickersheimer' avait déjà
remarqué que certaines crevasses, situées non loin des gisements
phosphatés, avaient leurs parois garnies « soit de filets de phos-
phate, soit plus souvent, de placages minces de cette substance » ;
les exploitations dans la montagne de Cette, atteignaient une
profondeur de 8 m. ; à cette profondeur le phosphate se perdait
limité par une cavité remplie de stalactites. Il serait utile de
connaître la composition chimique de ces cristallisations.
D'où provient l'acide phosphorique ? certains gisements renfer-
ment un nombre considérable de fossiles phosphatés ; mais, je l'ai
dit, l'accumulation des dépouilles d'animaux est loin d’être sufli-
sante pour fournir le phosphate de ces poches, et dans le Gard, on
rencontre pas ou peu de fossiles.
Comme l'a fait remarquer Daubrée, la source primitive de
Pacide phosphorique provient incontestablement « des régions
profondes du globe qui tiennent en réserve le phosphore, à la
1. WICKERSHEIMER. Sur un gîte de phosphate de chaux situé près de
Cette. Annales des Mines, (7), XVI, p. 283, 1879.
504 GEORGES NEGRE 16 Nov.
surface duquel il remplit un rôle fondamental dans l’économie
des êtres vivants »’.
Mais le phosphore, apporté primitivement des profondeurs du
globe, se rencontre dans tous les étages géologiques.
On peut rappeler l'expérience de M. Dieulafait, expérience qui
consistait à attaquer les calcaires des causses par un acide faible,
il reste pour résidu un dépôt argileux identique aux argiles des
cavernes à phosphorites et, fait plus précieux pour notre théorie,
ce dépôt renferme une certaine quantité d'acide phosphorique.
Le résultat de cette expérience faisait dire à Dieulafait ?, que :
la quantité de phosphore contenue dans les calcaires dont la
disparition a produit les vides qui existent dans les montagnes
des Causses, était plusieurs fois égale à celle que l’on trouve
aujourd'hui isolée dans les cavernes à phosphorites ; et il ajoutait,
avec raison, que les eaux et les boues des lagunes de l'Éocène ont
fourni un contingent qui n’est pas à négliger.
Dans le Gard, cependant, Le calcaire des Causses ne contient
pas de trace de phosphore.
Donc, s’il est probable que le phosphore des gisements du Midi
en général provient, en partie, des fossiles si nombreux dans
certains gites de Caylus et du Quercy, et, d'autre part, de la
dissolution des calcaires du Causse, il y a lieu d'admettre d’autres
sources de phosphore situées non loin de nos exploitations et
dans des couches géologiques plus anciennes : notamment les
phosphates de l’Aptien, phosphates plus ou moins riches et plus
ou moins argileux. Cette origine est démontrée par ce qui se
passe actuellement à Bord-Nègre, à la Baume-de-l'Hermitage, à
Viry-Châtillon (Seine-et-Oise), etc.
A Viry-Chätillon, j'ai recherché la provenance des phosphates
déposés par la source du Pied-de-Fer d’Aiguemont. L'analyse
d'un grand nombre d’argiles rouges entourant les poches de meu-
lières m'a montré que ces argiles rouges renfermaient des nodules
composés de 10 à 15 ‘/ de phosphate de chaux. — Les eaux qui
ont coulé durant des siècles dans l’aqueduc du Pont-du-Gard
étaient captées à la Fontaine d’Eure, près d'Uzès, elles provenaient
de nappes traversant les plaines argileuses du N.E. d'Uzès où l'on
a exploité les phosphates du Gault. Emilien Dumas, dans sa
« Statistique géologique du département du Gard », a rattaché
au Gault (vol. Il, 1876, p. 400 et suiv.), une partie des couches
aptiennes ; mais cet auteur ne me semble pas avoir connu la véri-
table couche fossilifère du Gault, celle qui était exploitée vers 1880.
1. Daurrée. Sur l’origine du Phosphore, Moniteur de Quesneville, 1899.
2. DreucArAIT. CR. Ac. Se., IC, p. 813, 1884.
1008 FORMATION DES PHOSPHORITES DU MIDI DE LA FRANCE 505
dans un grand nombre de localités, pour le phosphate qu'elle
renferme .
À Bord-Nègre, l’eau se charge de phosphate, dans les poches
d'argile rouge qu’elle est obligée de traverser avant de se déverser.
Les phosphates actuels de la Baume de l'Ermitage, près des
gisements de Lirac, peuvent trouver leur phosphore dans les
gisements même ou dans les poches d’argile très nombreuses dans
ces régions, et cet aven est situé, en effet. sous les gîtes de phos-
phorites exploités de Tavel et de Lirac.
Le phosphore en dissolution dans les eaux de la ville de Liège
proviendrait des gisements de phosphates situés non loin de là,
au plateau de La Hesbaye.
Comme M. Gaillard, je pense que les eaux ont joué un grand
rôle dans la formation des phosphorites du Midi.
Dans les dernières périodes géologiques, le régime des pluies a
considérablement varié et, dans les régions méridionales, dans
les causses en particulier, il reste comme trace des grandes eaux
les dépôts des matériaux alluvionnés et surtout les sections des
lits des rivières ; les pluies sont actuellement assez rares, mais
elles arrivent néanmoins à former en quelques minutes des
torrents dévastateurs.
Il est donc admissible que les animaux, emportés vers les
fissures par ces torrents, eurent leurs squelettes disloqués et, par
la suite, empâtés dans un sédiment rouge, résidu du lavage des
plateaux. Ces plateaux sont en effet, par places, recouverts d’une
argile rouge qui peut provenir de leur désagrégation par les agents
atmosphériques.
En résumé, on peut admettre que les phosphorites ont été
apportées dans des gouffres, par des eaux pluviales plus ou
moins acides provenant de la surface du sol, eaux saturées de
phosphates empruntés, soit aux fossiles de certains gîtes, soit
encore à des phosphates préexistants provenant de couches plus
ou moins perméables, plus ou moins désagrégées.
Il est possible que, comme actuellement à Bramabiau., des cours
d’eau aient coulé dans ces avens, y déposant leur phosphate, ce
qui expliquerait la formation de certaines couches par voie de
sédimentation.
1. Consulter pour les Phosphates du Gault dans le département du Gard :
L. Carez. Sur l’Aptien et le Gault dans les départements du Gard et de
l'Ardèche. B. S. G. F., (3), XI, 1882. — Hégerr et Toucas. Description du
bassin d'Uchaux. Ann. Soc. géol., VI, p. 31, 1876.— JrANYIEAN. Notice sur les
Phosphates du département du Gard, Nimes, 1884.
Séance du 7 Décembre 190OS
PRÉSIDENCE DE M. HENRI DOUVILLÉ
Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté.
Le Président fait part à la Société du décès de son doyen ALBERT
Gaupry, membre de la Société depuis 1849 et son président en
1863, 1878 et 1887. Il rappelle la grande influence qu'il a eue sur
les progrès des études paléontologiques où il a fait triompher la
théorie de l’évolution. Il rappelle également le vif intérêt qu'il a
toujours porté à la Société géologique et il annonce qu'il lui a .
légué une somme importante.
Il communique ensuite le décès d’un autre membre, FLICHE,
correspondant de l’Académie des Sciences, à Nancy.
Le Président félicite les membres de la Société à qui l'Académie
des Sciences vient d'attribuer des prix : MM. Louis Gentil (prix
Gay), L. Pervinquière (prix Fontannes), Priem et Leriche (prix
Bordin).
Le Président proclame membre de la Société :
M. Edouard Coëz, licencié ès sciences, présenté par MM. Haug et
Boussac.
Une nouvelle présentation est annoncée.
M. Ph. Glangeaud fait hommage d’un exemplaire de la « Géo-
graphie physique et la Géologie du département du Puy-de-Dôme »
(64 p., 2 pl., 20 fig.), introduction à l'ouvrage «Clermont et le
département du Puy-de-Dôme » (A.F.A.$., Clermont-Ferrand).
M. Georges Negre offre une note « Recherche de l'acide phos-
phorique dans les roches et les dépôts calcaires » (Bull. Soc. géol.
Normandie, XXVII, 1907).
M. Mathieu Mieg envoie un exemplaire d'une « note sur la
découverte des sels de potasse en Haute-Alsace », publié en colla-
boration avec M. J. Vogt, directeur de la Société des sondages
« Bonne-Espérance » à Niederbruck (2. Soc. ind. Mulhouse,
LXX VIII, 1908) |CRS., p. 170].
M. A. Lacroix offre un ouvrage « La Montagne Pelée après ses
éruptions, avec observations sur les éruptions du Vésuve en 1879
et en 1906 » [CRS., p. 171].
M. Henry Hubert offre un mémoire intitulé : « Mission scien-
tifique au Dahomey » [CRS., p. 171|.
SÉANCE DU 7 DÉCEMBRE 1908 507
M. Leriche présente, de la part de M. Douxami, une brochure
intitulée : «L'Origine et la Formation du Pas-de-Calais » (Congrès
des sciences historiques de Dunkerque, 1908).
M. Leriche présente les notes suivantes dont il est l’auteur :
« Sur un appareil fanonculaire de Cethorinus trouvé à l’état
fossile dans le Pliocène d'Anvers » (CR. Ac. Sc., 21 avr. 1908):
«Note sur Archimylacris Desaillyi n. sp., le premier Insecte
trouvé dans le Bassin houiller du Nord et du Pas-de-Calais »
(Ann. Soc. géol. Nord, XXXVI, p. 164, 1907); « Sur l'attribution
de Lacerta eocena Owen de l'Éocène inférieur du Suffolk à un
Poisson du genre Amia » (Id., p. 167); « Observations sur les
terrains tertiaires des environs de Reims et d’Épernay » (/d.,
p- 367); « Note sur Stephanoblatta Fayoli, Insecte nouveau du
houiller de Commentry ; Sur les Insectes trouvés dans le terrain
houiller du Nord et du Pas-de-Calais » (Zd., XXXVIL, p. 34, 1908);
«CR. des excursions faites par la section de géologie » de l’A.F.
. A.S., Reims, 1907; «Contribution à l’étude de la faune de la Craïe
d'Épernay à Magas pumilus (A.F.A.S., Reims, 1907); Sur la
présence du genre Amnia dans les « Hamstead Beds » (Oligocène
inférieur) de l’île de Wight » (Bull. Soc. belge Géol., XXIL 1908);
Les Vertébrés du Nummulitique de l'Aude (Corbières septentrio-
nales) » (Ann. Univ. Lyon, 1908).
M. A. Thevenin offre le numéro de La Nature renfermant la
notice qu'il a consacrée à Albert Gaudry.
M. G. Dollfus présente, au nom de M. E. Faupin, professeur
honoraire de Sciences à l'Ecole normale de Blois, un ouvrage qu’il
vient de publier, intitulé : «Essai sur la Géologie du Loir-et-Cher »
(Blois, 1909, 368, p., fig.) [CRS., p. 192].
M. L. Carez, offre au nom du Service de la Carte géologique, le
fascicule V de son ouvrage : « La Géologie des Pyrénées fran-
çaises », qui comprend l'étude des feuilles de Prades, Quillan et
Carcassonne, avec la collaboration de M. Bresson pour la région
des Corbières, et de M. Mengel pour les coupes générales de la
feuille de Prades.
M. Léon Bertrand, à la suite de cette présentation, tient à aflirmer que
les nouveaux arguments de M. Carez ne lui font en rien modifier sa
conception de la tectonique de la feuille de Quillan et des régions adja-
centes, qu'il a développée dans son récent mémoire, présenté à la der-
nière séance de la Société,
508 SÉANCE DU 7 DÉCEMBRE 1908
M. Robert Douvillé présente une note de M. Arnold Heim :
« Ueber das Profil von Seewen-Schwyz und den Fund von
Habkerngranit im Nummulitengrünsand » (Vierteljh. natur.
Gesells. Zurich, 1908). -
M. R. Sevastos présente une note inédite sur : Un nouvel
Isopode du Flysch de la Moldavie.
V. Paquier. — Sur les Rudistes de l'Urgonien de Serbie.
M. V. Paquier a eu l’occasion d'examiner une série de Rudistes
urgoniens de Serbie qui lui ont été communiqués par M. le pro-
fesseur Pétcovitch, de l'Université de Belgrade. D’après les ren-
seignements fournis par lui, les fossiles en question provien-
draient de Grlichte Kamen et Grlichte Zdrelo, à l'E. de la monta-
gne de Toupijinitza. Ils ont été recueillis dans des calcaires
marneux noirâtres à Orbitolines qui paraissent assez analogues
aux assises de même nature des Préalpes delphino-savoisiennes.
Parmi les Diceratidés, l’auteur a pu reconnaitre : Requienia
Pellati PAqQuiER, nombreux ex., À. sp., gr. de R. Zlatarskii PaQ.,
Toucasia carinata MarH., forme typique, T. carinata var. com-
pressa PaQ., T. transversa PaQ., Monopleura divers peu
déterminables, dont une forme de grande taille se rapproche de
M. Coquandi MATH.
Le trait caractéristique de cette association est la fréquence des
Réquienies à valve supérieure surelevée, dont M. Paquier a déjà
signalé l'abondance et la variété dans la région balkanique, parti-
culièrement en Bulgarie. |
L'âge des assises qui la renferment est plus difficile à préciser
car, si d’une part /equiena Pellali se présente à Brouzet (Gard) à
un niveau assez inférieur du Barrémien, à la base des assises
urgoniennes, par contre, les Toucasia et en particulier T. carinata
var. compressa se rencontrent surtout dans l’Aptien inférieur. Il
se pourrait donc que l'Urgonien serbe correspondit non seule-
ment au Barrémien mais encore à l’Aptien inférieur.
G. G. S. Sandberg. -- Observations à propos d'une brèche
étudiée par M. Steinmann.
Dans une note récente ', M. Steinmann décrit des phénomènes
de chevauchement observés près d'Iberg.
Là, entre le'calcaire de Seewen, normal, et le Flysch argileux
chevauché, également normal, se trouve une zone d’une épaisseur
d'un mètre environ, constituée par un mélange très intime des
deux roches susnommées.
1. STEINMANN. Ueber Gesteinsverknetungen. N. Jb. f. Min., Geol.u. Pal. Fest-
band, 1805-1908. Analyse dans le Geologisches Zentralblatt, Bd. XI, n° 10, 1908.
SÉANCE DU 7 DÉCEMBRE 1908 509
M. Stcinmann, en étudiant le phénomène, remarque la similitude
de la structure de la zone intermédiaire et du « Lochseitenkalk »,
dont... «la genèse structurale n'aurait Jamais été entièrement
élucidée ». L'auteur propose alors, l'assimilation de la roche à
une brèche de dislocation.
Je ne connais pas de vue les roches étudiées par M. Steinmann,
mais, d'après sa description, je pense qu'en 1905 j'avais déjà
décrit un phénomène tout à fait semblable, observé dans le
Valais".
En effet, le rapport intime du calcaire dolomitique et du gypse
dans les Alpes occidentales avait depuis longtemps attiré l’atten-
tion des géologues. Successivement, Patrin, Murchison, A. Favre
et enfin Marcel Bertrand et M. Le Chatelier ont essayé d'expliquer
ce rapport, et, dans ce but, ils ont tous dû supposer que le gypse
s’y trouvait à l’état secondaire.
Dans mon travail sur cette question (loc. cit., pp. 48 à 59),
on trouve, pour la première fois si je ne me trompe, la démons-
tration que le phénomène en question (de même que d’autres de
nature semblable) doit être le résultat de plissements de couches
limitrophes de cohésion différente entre les éléments constituant
ces deux couches.
L’interpénétration de la couche de gypse et de celle de calcaire
dolomitique (superposée) au toit, de celle des schistes verts (sous-
jacent) et de ce même gypse au mur, l'absence totale d’inclusions
étrangères au centre de la couche intermédiaire, la forme brè-
choïde des fragments des roches plus résistantes, et enfin le fait
que j'ai pu appliquer les uns contre les autres les fragments de la
brèche, les réunir ainsi en un corps sans solution de continuité
rien que par la dissolution du gypse intermédiaire et le rappro-
chement des éléments du résidu ainsi obtenu, tout cela me con-
duisit à la conclusion que la structure interprénétrante de certaines
roches de la zone intermédiaire entre deux couches limitrophes
n'est que le résultat de plissements, qui y engendrent une brèche de
dislocation.
Le développement d'une telle brèche est fonction de l'intensité
du plissement et du contraste entre la constitution des deux cou-
ches limitrophes.
1. C. G. S. SANDBERG. Études géologiques du Massif de la Pierre-à-Voir
(Bas-Valais). Paris. Imprimerie Bouillant, 1905.
SUR LA TECTONIQUE DES GORGES DE L AUDE
EN AMONT D'AXAT (GORGES DE SAINT-GEORGES)
PAR Léon Bertrand
Dans son grand ouvrage sur la Géologie des Pyrénées fran-
caises !, en cours d'achèvement, M. Carez arrive à une conception
très différente de celle que j'ai récemment développée, dans mon
mémoire sur les Pyrénées orientales et centrales ?, au sujet de la
tectonique de la chaîne pyrénéenne et, par suite, des conséquences
qui en découlent relativement à l'histoire de la sédimentation qui a
précédé la formation de cette chaîne. Je n'ai pas l'intention de
discuter ici les divérgences qui existent entre nos deux interpré-
tations ; mais il est un point de détail sur lequel je désire appeler
l'attention de la Société géologique, car il est lié à une question
plus générale, celle de l’utilisation de la photographie dans l'inter-
prétation des accidents tectoniques.
L'une des coupes les plus instructives des Pyrénées de l’Aude
et, à mon avis, l’une des plus démonstratives en faveur de l'exis-
tence de chevauchements importants ou charriages en ces régions,
est donnée par la vallée de l'Aude en amont d’Axat. J'ai figuré,
dès 1905, une coupe perspective du versant droit de cette vallée
aux gorges de St-Georges, que j'ai reproduite dans mon récent
mémoire (fig. 8. p. 45) et qui est dirigée transversalement aux
couches qu'elle intéresse. Or, dans le fascicule v de son ouvrage,
qu'il vient de présenter à la Société, M. Carez a figuré une photo-
graphie de l'entrée des gorges de St-Georges, qui est prise du Nord
et montre les couches parallèlement à leur direction générale, et
non en coupe transversale (pl. xxx, fig. 2). Comme, d'après sa
légende explicative, cette photographie est destinée à donner
« une nouvelle preuve de la très petite amplitude des mouvements
de chevauchement dans la région » et, par conséquent, à contre-
dire l'interprétation que j'ai moi-même donnée de ce point, je suis
amené, pour défendre mon opinion, à discuter l'utilisation qu’on
peut faire de cette photographie.
Je crois utile de rappeler, tout d'abord, que la détermination de
l'allure d'un accident tectonique (pli, chevauchement, etc.) se
1. Mémoires pour servir à l'explication de la Carte géologique détaillée
de la France, fase. I-V. Paris, Imprimerie Nationale, 1903-1908.
2. Bull. Serv. Carte géol. Fr., n° 118, XVII. Paris, 1908.
1908 5 TECTONIQUE DES GORGES DE ST-GEORGES 5r1
déduit principalement de coupes, réelles ou virtuelles, {ransver-
sales à celui-ci; les coupes longitudinales, qu'il ne faut d’ailleurs
pas non plus négliger, ne donnent guère que des renseigne-
ments sur les variations d'intensité de l'accident en question.
Il est facile, d'autre part, de comprendre qu'une photographie
de couches plissées ou disloquées d'une facon quelconque ne
peut avoir la signification d’une coupe transversale que si
elle a été faite en se plaçant sur le passage ou dans le prolonge-
ment de l'accident à interpréter ; et encore, dans ce cas, la partie
centrale de la photographie peut-elle seule être considérée comme
donnant, sans déformation trop importante, l'allure des couches
dans une coupe transversale virtuelle. C’est là une notion que
l’on devrait ériger en une règle à peu près absolue pour les photo-
graphies qui accompagnent les mémoires consacrés à l'étude de
dislocations des couches, sauf dans des cas spéciaux et alors avec
une indication formelle, faute de laquelle les lecteurs non prévenus
peuvent être induits en erreur.
Lorsqu'en effet, on s'écarte sensiblement de la position indiquée,
on peut être amené, non seulement à des déformations très impor-
tantes, mais même parfois à des apparences entièrement contraires
à la réalité. Pour en prendre un exemple typique dans une région
avoisinante de celle en question, j'indiquerai que la non-observation
de ce principe a conduit M. Carez à donner, dans la légende
explicative de la pl. xxvi de son ouvrage (fascicule 1v), une
interprétation tout à fait contradictoire avec l'apparence résultant
de la photographie reproduite. La légende en question dit, en effet
et avec raison, que l’anticlinal du Saint-Sauveur, près de Foix, qui
_est figuré, a & son flanc nord beaucoup plus abrupt que le flanc
sud, suivant une règle générale dans la région », ce qui, en
d'autres termes, peut se traduire en disant qu'il est dissymétrique
avec tendance au déversement au Nord. Or, si l’on se reporte à la
photographie, le noyau triasique de l’anticlinal y paraît nettement
déversé au Sud, ainsi que les couches liasiques qui l’'enveloppent.
Cette fausse apparence est due à ce que la photographie en ques-
tion, représentant un versant montagneux oblique à la direction du
pli et moins redressé que les couches qui forment celui ci, au lieu
d’avoir été prise en se plaçant sur le passage de l’axe de l’anticlinal,
ce qui eût été facile, a été faite d’un point situé trop au Sud et
assez loin de cet axe. Par contre, les couches les plus récentes du
flanc méridional du pli, qui forment le premier plan, s’y montrent
avec leur sens réel de plongement au Sud ; mais elles y présentent
une épaisseur apparente démesurée par rapport à celles qui se
512 LÉON BERTRAND Déc
montrent plus au Nord (aussi bien celles plus anciennes du
même flanc méridional, qui semblent faussement renversées au
Sud, que celles du flanc nord de l’anticlinal). Par conséquent,
en faisant encore abstraction d’une complication de ce flanc
nord qui n'apparaît pas, parce qu'il est vu trop en raccourci,
la forme du pli en question est entièrement faussée dans cette
photographie. tant au point de vue de l'allure des couches, dont
le plongement semble changer de sens dans le flanc méridional,
quoique celui-ci soit d'une parfaite régularité, qu'au point de vue
de leur épaisseur relative dans les flancs du pli.
Dans mon récent mémoire (p. 114), j'ai aussi dû montrer que la
structure du Roc de Sédour, si intéressante pour l'interprétation
de la tectonique compliquée des environs de Tarascon-sur-Ariège,
est entièrement faussée si l’on se borne à regarder où à photogra-
phier ce sommet du pont de Tarascon, ainsi qu’on le fait généra-
lement, au lieu de se placer sur la rive droite de l'Ariège, dans le
prolongement des couches, très redressées et même légèrement
renversées au Nord, qui forment ce roc.
Il peut évidemment arriver que telle ou telle circonstance locale
empêche de se placer dans la position qui serait désirable ou bien
qu’on veuille mettre en évidence autre chose que la coupe trans-
versale d’un accident tectonique ; mais il faudrait alors, dans le
premier cas, indiquer quelles sont les causes de déformation
ainsi introduites et, dans le second, ne tirer de la photographie
que les conclusions qu’elle comporte.
C’est justement dans ce second cas que doit rentrer la vue de
l'entrée des gorges de Saint-Georges, à propos de laquelle j'ai été
amené à cette digression ; cette photographie montre les couches
suivant une direction sensiblement parallèle à celle des accidents
tectoniques généraux de la région et, par conséquent, elle ne met
en évidence que les accidents transversaux qui peuvent affecter
ces derniers ou leurs variations d'intensité suivant le sens longi-
tudinal, en particulier les abaissements ou surélévations des axes
des plis. C'est ainsi que la photographie en question montre nette-
ment que les calcaires urgoaptiens dans lesquels est entaillée
l'étroite cluse de St-Georges (lambeau B de la planche) s'enfoncent
vers l'Ouest sous des schistes albiens, qui les recouvrent en
succession normale. Or, il n’y a là que l'illustration graphique de
ce que j'ai dit dès 1905 et reproduit dans mon récent mémoire.
J'y ai, en effet, insisté sur le fait que les calcaires en question
de la cluse de St-Georges forment un anticlinal perçant au milieu
des schistes albiens avoisinants, en ajoutant que : « cet anti-
1908 TECTONIQUE DES GORGES DE ST-GEORGES D13
clinal est légèrement déversé au Nord! et, d'autre part, son axe
s'abaisse très rapidement vers l'Ouest, en sorte que ces calcaires
s’enfouissent, immédiatement à l'Ouest du défilé et sans même
arriver jusqu'au canal d’amenée de l'usine électrique de Saint-
Georges”, sous une couverture régulière et épaisse de schistes
albiens ». Par suite de son orientation spéciale, la photographie
de M. Carez traduit bien nettement cet abaissement d’axe, puisque
celui-i se déduit justement d'une coupe longitudinale du pli;
mais c'est là la seule conclusion qu'on soit en droit de tirer
de l'examen de cette photographie. à moins d'explications
complémentaires. En particulier, elle n'éelaire en aucune façon
les relations tectoniques des couches du « lambeau À » de
M. Carez et des calcaires enracinés au milieu des schistes albiens
avoisinants, qui constituent son «lambeau B »*. Les relations de
ces calcaires de St-Georges et des autres calcaires visibles sur la
photographie ne peuvent se déduire que de coupes normales à la
direction des couches (coupes I-VI, fig. 2).
Avant de montrer comment, dans ces coupes, les calcaires du
« lambeau A » se présentent comme superposés aux schistes
albiens ou, localement, aux calcaires urgo-aptiens d'une première
série de couches secondaires, que j'ai appelée série inférieure À,
et que ces calcaires appartiennent à une nappe charriée B (ou
plutôt à un repli frontal de cette nappe ‘, que j'ai désigné par B').
j'enregistrerai que, dans sa légende, M. Carez dit que les calcaires
du « lambeau À » ont chevauché sur ceux du « lambeau B »,
sans ajouter d’ailleurs d'autres détails à cet égard. Mais, même en
partant de cette simple constatation de fait, je ne puis comprendre
comment le faible déversement et l’enracinement de la voûte
1. Dans la légende de sa planche, M. Carez indique aussi ce renversement
des calcaires urgo-aptiens de la cluse de St-Georges sur les schistes albiens
au débouché aval de cette eluse, conformément à la coupe que j’ai donnée;
ce léger renversement, qui serait visible sur une photographie orientée trans-
versalement à la direction des couches (fig. 2, coupes II-IV), ne peut naturel-
lement s’observer sur celle de M. Carez.
2. Ce canal aboutit au petit col visible sur la photographie, à droite de la
cluse (fig. x).
3. La comparaison entre les faits que j'ai signalés et l'interprétation de
M. Carez est assez difficile à suivre, par suite de la circonstance suivante :
M. Carez a employé la notation A pour les calcaires appartenant à ma
nappe B, et inversement. Aussi, pour éviter les confusions et faciliter la
lecture, j'indiquerai entre guillemets les notations de M. Carez.
4 J'ai indiqué, dans mon mémoire, que la présence de lambeaux primaires
à la base des calcaires de la nappe B ne permet pas de considérer ceux-ci
comme étant renversés et ayant été amenés au-dessus des schistes albiens
par suite d’un simple pli couché vers le Nord.
18 Avril 1909. — T. VIIL Bull. Soc. Géol. Fr. — 33.
O14 LÉON BERTRAND 7 Déc.
urgo-aptienne de St-Georges au milieu des schistes albiens avoisi-
nants ! peuvent fournir, ainsi que le dit M. Carez, « une preuve
de la très petite amplitude des mouvements de chevauchement
dans la région ». Cette conclusion n'aurait, en effet, de raison
d'être que si l'on peut admettre que les calcaires de ma nappe B
s'enracinent par ceux de la voûte de St-Georges et, par suite,
appartiennent à une même série secondaire en place ; sinon le
faible déversement de cette voûte, qui ne constitue alors qu'un
simple repli de la série inférieure, ne peut manifestement fournir
aucune indication sur l'importance du chevauchement des cal-
caires de la nappe supérieure.
Or, il suffit d'observer (ou de photographier) le versant droit de
la vallée de l'Aude en se plaçant sur le versant opposé, dans le
prolongement de la voûte formée par les calcaires de la cluse de
St-Georges et à une hauteur suflisante pour dominer ces calcaires,
pour constater qu'il n'y a aucune continuité entre ceux-ci et ceux
du «lambeau A » (masse B' de mes coupes), qui leur sont momen-
tanément et accidentellement superposés. Ces derniers ne débor-
dent pas seulement la voûte de St-Georges vers le Nord, en y
venant reposer sur l'Albien (coupe 1) ; mais ils se continuent aussi
au Sud de cette voûte (coupes IT et III), en restant assez longtemps
à une certaine hauteur au-dessus du fond de la vallée, tandis que
le lit de l'Aude est creusé dans les mêmes schistes albiens super-
posés aux calcaires de Saint-Georges (coupe IIT) et qui contour-
nent l'extrémité occidentale de la voûte formée par ceux-ci.
Lorsqu'on regarde d’ailleurs avec attention la photographie de
M. Carez, on y voit que les calcaires du «lambeau A » ne se
terminent nullement par ceux du « lambeau B », car on les
aperçoit encore, au second plan, au travers de la cluse qui coupe
ces derniers (fig. 1). En outre, après plusieurs replis très intenses
et même fortement couchés au Nord, que j'ai figurés dans ma
coupe III, d’après une photographie normale à leur direction, ces
calcaires chevauchants traversent l'Aude (coupe IV) et se conti-
nuent par ceux qui, sur la droite et au second plan de la photo-
graphie de M. Carez, commencent à former un long escarpement
nettement superposé aux schistes albiens du premier plan *, sous
1. Cet enracinement n'est d’ailleurs que relatif, car les couches en question
font, elles-mêmes, partie d’une nappe charriée, ainsi que je l’ai montré dans
mon mémoire.
2. Dans la figure 1, j'ai prolongé vers la droite la photographie de M. Carez,
au moyen d’une autre photographie existant dans le commerce, en carte
postale, afin de mieux montrer ce que deviennent ces calcaires de second
plan.
1908 TECTONIQUE DES GORGES DE ST-GEORGES 919
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Cluse de
5° Georges
Jura-ctelaces
chustes primaires
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Fig.
c?
X
Plateau cale à LE. du Clat
Fig. 1. — CROQUIS-PERSPECTIVE DE L'ENTRÉE DES GORGES DE ST-GEORGES,
vu du Nord et dessiné, pour la plus grande partie, d’après la photo-
graphie de M. Carez. :
Fig. 2. — Coupes transversales successives, dirigées normalement aux
accidents tectoniques principaux et à la direction des couches (les
coupes I-II avaient été synthétisées dans ma coupe perspective de
la rive droite de la vallée de l’Aude).
lesquels ont disparu les calcaires de Saint-Georges (coupes V-VD).
Il est bien évident que, dans cette région à l'Ouest de l'Aude, il
ne saurait être question d'invoquer une relation d'origine entre
ces calcaires de Saint-Georges, entièrement enfouis sous les
schistes albiens, et les calcaires urgo-aptiens qui chevauchent sur
peu plus à PO.
»16 LÉON BERTRAND 7 Déc.
ceux-ci et qui. en avant de leur masse principale, ont laissé
plusieurs témoins échappés à l'érosion. Ceux-ci, en donnant un
minimum pour l'amplitude du chevauchement qui les a amenés
sur les schistes albiens, témoignent de l'importance de ce
chevauchement.
En figurant, sur le transparent joint à sa photographie, les
calcaires ayant subi le chevauchement en question sous la simple
indication de « calcaire aptien (2% plan) », M. Carez n'a pas
indiqué cette continuité avec les mêmes calcaires de son «lam-
beau À ». qui. d'après ce qui précède, s'oppose formellement
à sa conclusion. Pour envisager tous les côtés possibles de la
question, j'admettrai d'ailleurs, pour un moment, que cette
continuité originelle ne soit pas évidente ; en effet, dans mes
coupes I-IIL, ainsi que dans la carte géologique qui accompagne
mon mémoire, j'ai indiqué que les deux masses calcaires que
j'ai désignées par B' et B? (cette dernière constituant la partie
principale de ma nappe B) sont séparées par un contact anormal,
que M. Carez a aussi figuré sur sa carte et auquelje n’ai attribué
que la valeur d'un simple pli couché de la nappe B. Plaçons-nous
dans l'hypothèse où ce contact anormal indiscutable aurait une
valeur plus grande que celle que je lui ai attribuée et où, par
conséquent, il n'y aurait pas de relation d'origine aussi étroite
entre ces deux masses calcaires B' et B?, de même âge et de même
faciès.
Dans ce cas. il est d'abord évident qu'aucune relation ne pour-
rail exister entre les calcaires de la cluse de Saint-Georges et
ceux de la masse B?, c'est-à-dire que la conclusion de M. Care:
ne saurait atteindre la série supérieure B°, qui se poursuit
à grande distance et sans discontinuité. aussi bien vers l'Ouest
que vers l'Est, en constituant ma nappe B proprement dite et
montrant des lambeaux primaires discontinus à sa base, aussi bien
sur le bord septentrional de son afileurement (coupe VT) qu’en son
bord méridional. Rien ne permettrait done, dans la localité en
question, de dire que le chevauchement qui a donné naïssance à
cette nappe a été de très faible amplitude. Quant à la masse
calcaire inférieure B' (lambeau A de M. Carez). elle serait alors
entièrement dépourvue de connexion avec sa racine : on ne sau-
rait, en eflet, chercher celle-ci dans la voûte fermée de St-Georges,
d'autant qu'elle repose sur elie par une surface de chevauchement,
que M. Carez lui-même indique dans la légende de sa photogra-
phie. On serait alors forcément conduit à considérer la masse
calcaire B' comme un témoin d'une autre nappe, intermédiaire
1908 TECTONIQUE DES GORGES DE ST-GEORGES 917
entre À et B. et cette conception ne ferait que compliquer la
structure de la région, tout en s opposant encore plus nettement à
l’idée que les déplacements horizontaux ont été de très faible
amplitude dans la région.
Pour échapper à cette conclusion et admettre que la masse
calcaire B' (toujours considérée comme indépendante de la
nappe B) s'enracine in situ, il faudrait que le contact anormal
évident qui la sépare de celle de St-Georges n'ait que la valeur
d’un accident purement local et alors à peu près transversal, et non
d’un vrai chevauchement rentrant dans la catégorie des accidents
généraux de la région‘. Dans cette conception (qui me semble
correspondre à l'argument que M. Carez a eu en vue, mais qu'il
n'a pas indiqué avec précision), la masse B' aurait formé origi-
nellement le prolongement de la voûte de St-Georges et s'enra-
cinait comme celle-ci. Il faudrait alors admettre que, tandis qu'à
l'Ouest de l'accident en question, cet anticlinal reste très régulier
et ne montre qu'un faible déversement au Nord, brusquement et
sans aucune transition il se serait ouvert et largement étalé, en
chepauchant aussi bien au Sud qu’au Nord, et cela dans une
région qui ne traduit que des poussées certaines au Nord. Il
y aurait là une contradiction tectonique flagrante et qui, à mon
avis, rend cette conception inadmissible, sans même insister sur
le faciès marmoréen des calcaires secondaires de B', qui les
rattache aussi à la masse supérieure B°, certainement charriée,
et non à la voûte de St-Georges.
La thèse soutenue par M. Carez se heurte donc à une série de
contradictions, lorsqu'on envisage successivement les diverses
hypothèses possibles, et cela pour la localité même qu'il a indi-
quée comme donnant un argument démonstratif. Je crois même
pouvoir affirmer qu'à l'inverse de l'intention qu'il a eue en la
reproduisant dans son ouvrage, la photographie de l'entrée des
gorges de St-Georges. lorsqu'on sait dans quel sens elle est
orientée par rapport aux couches et qu'on la combine avec des
coupes ou des photographies transversales à celles-ci. vient à
l'appui de l'interprétation que j'ai donnée.
De ce qui précède, il me semble qu'on est indiscutablement en
droit de conclure, d'après l'étude des gorges de l'Aude en amont
d'Axat, que, ainsi que je l'ai dit dans mes notes antérieures :
1. Dans sa carte géologique (pl. xxx, M. Carez ne mentionne pas de
ligne de contact anormal correspondant à ce chevauchement, bien quil
admette celui-ci dans la légende de sa photographie.
518 LÉON BERTRAND JADECE
1° Les calcaires urgo -aptiens de la eluse de Saint-Georges
apparaissent au jour grâce à un relèvement local de l'axe d’un
anticlinal affectant une première série secondaire (A), qui se
termine habituellement par une épaisse masse de schistes noirs
albiens.
20 Les calcaires secondaires, souvent marmoréens et où la
distinction d'une partie supérieure aptienne et d’une partie infé-
rieure Jurassique nest pas toujours facile (calcaires jura-crétacés),
qui se montrent superposés à cette série secondaire inférieure,
sont entièrement indépendants de celle-ci, du moins en tant
qu'origine immédiate. Ils appartiennent à une seconde série
secondaire (B), superposée à la précédente et repliée sur elle-
même en plis fortement couchés au Nord.
Mais ce sont là les seuls renseignements que cette étude locale
puisse fournir. En particulier, la simple étude du bord septen-
trional du chevauchement que nous constatons (et cela aussi bien
en tout autre point de ce bord qu'aux environs d'Axat) ne permet
aucunement de dire jusqu'où peut s'étendre vers le Sud la super-
position de la seconde série secondaire sur la première. La
détermination de l'amplitude du chevauchement ainsi constaté
nécessite une étude simultanée du bord méridional de la série
supérieure, et c’est seulement cette étude quim’a permis de dire
que celle-ci ne s’enracine même pas en ce bord méridional et
qu'elle a donc subi un déplacement horizontal assez important
pour justifier le terme de charriage que je lui ai appliqué.
De même, la confirmation ou l’infirmation de l’origine légère-
ment charriée que j'ai aussi attribuée à la série secondaire infé-
rieure À ne peut résulter, en aucune manière, de l'étude des envi-
rons d’Axat : on peut bien constater, au Nord de cette localité, un
chevauchement évident sur la région à caractères mixtes que j'ai
appelée zone pré-pyrénéenne ; mais ce n’est que par l'étude des
Jfenètres qui traversent entièrement cette série A plus à l’Ouest,
dans les Pyrénées ariégeoises., et qui montrent la réapparition de
la zone pré-pyrénéenne par dessous, qu'on peut reconnaître
l'amplitude du chevauchement de cette série A.
En résumé, j'atlirme donc que le peu d'importance du déverse-
ment de la voûte calcaire de Saint-Georges vers le Nord et
l’'enfoncement évident de celle-ci sous une couverture régulière de
schistes albiens ne peuvent nullement servir d'arguments contre
l'importance que j'ai attribuée aux mouvements horizontaux sur
le bord septentrional des Pyrénées.
1908 TECTONIQUE DES GORGES DE ST-GEORGES 5r9
M. L. Carez pense que les photographies, malgré les déformations
qu’elles font parfois subir aux couches, ont un caractère d’authenticité
que ne présentent nullement les coupes dessinées d’après des croquis
‘approximatifs. En ce qui concerne celle des gorges de Saint-Georges, à
laquelle M. Léon Bertrand a fait particulièrement allusion, elle montre
nettement que le chevauchement des calcaires aptiens de la cluse de
Saint-Georges sur les schistes albiens est de très faible amplitude,
puisque ces calcaires s’enracinent sous les schistes albiens dans la
partie occidentale de la figure.
Mais l’auteur n’a pas entendu démontrer par cette photographie que
les calcaires les plus élevés ne venaient pas de loin; le peu d'amplitude
des mouvements horizontaux dans toute la région est prouvé par une
série de faits qui se trouvent longuement exposés dans l’ensemble de
son ouvrage (Géologie des Pyrénées françaises, fase. V).
M. Léon Bertrand est heureux d'enregistrer que la photographie qu’il
vient de discuter ne fournit pas d’argument contre l’origine lointaine
des calcaires supérieurs (nappe B).
SUR LES PREUVES DE L'EXISTENCE DU CARBONIFÈRE
ET DU TRIAS DANS L’AÂTTIQUE
PAR Carl Renz
Dans un mémoire présenté à la Xme session du Congrès géolo-
gique international à Mexico, 1906, j'avais déjà indiqué : l’exis-
tence de calcaires triasiques à Diplopores près de Tatoï dans
les montagnes du Parnès, en ajoutant que les terrains métamor-
phiques de la Grèce, considérés jusqu'ici comme crétacés. pour-
raient être rapportés partiellement au Trias.
Ayant depuis poursuivi mes études géologiques dans l’Attique,
j'ai réussi à trouver la preuve paléontologique de l'existence du
Carbonifère. Mes récentes recherches confirment en outre le déve-
loppement du Werfénien.
La formation carbonifère se présente sur les flancs méridionaux
du Beletsi qui prolonge la chaîne du Parnès vers l'Est. Près de la
1. Carl RENZ. Ueber das aeltere Mesozoicum Griechenlands. CR. Xme Congr.
géol. internat. Mexico, 1906, p. 203.
220 CARL RENZ n Décr
chapelle Hagia Triada, sur la route de I :ourka (station du chemin
de fer de Larissa) à Hagios Merkurios, se trouvent, entre des
schistes noirs et des grauwackes, des calcaires noirs à Fusulines.
du Carbonifère supérieur ; ils sont surtout bien développés vers
l'Est de la source qui jaillit immédiatement au-dessus de Hagia
Triada. Les mêmes calcaires à Fusulines s’observent en plus dans
les conglomérats de quartz. En divers points. des grès micacés et
marneux, assimilés à ces conglomérats, montrent en abondance des
individus spécialement bien conservés de la Fusuline supra-carbo-
nifère (groupe de la Fusulina alpina) et des tiges de Crinoïdes.
Parfois aussi les calcaires à Fusulines noirs contiennent en
outre des Bryozoaires (Fenestella sp.) et des coraux.
J'ai rencontré aussi dans une roche marno-calcaire noire un
Paralegoceras qui, jusqu'à présent. est l'unique Céphalopode
carbonifère de cette localité.
Il s'agit ici d'une nouvelle espèce de Paralegoceras qui est donc
relativement peu importante pour l'établissement du niveau stra-
tigraphique précis. Cet exemplaire de Paralegoceras, un peu
déformé, devrait être considéré comme une mutation de Parale-
goceras typique. s'en distinguant par le stade évolué des lobes.
Il constitue donc un terme de liaison entre Paralegoceras et
A gathiceras. En tout cas. et malgré l'individualité de cette espèce.
ses caractères généraux confirment de nouveau l'âge supra-carbo-
nifere des couches qui la renferment.
Cependant il n’a pas été possible de séparer stratigraphique-
ment les divers horizons du Carbonifère supérieur.
Les schistes carboniféres supérieurs et les conglomérats de
quartz de l’Attique ont des caractères lithologiques identiques à
ceux de l’île d'Amorgos, tout récemment explorée par moi, et
dans laquelle il m'a été jusqu’à présent impossible de trouver des
fossiles.
Dans l'ile de Hydra. où j'avais déjà antérieurement signalé des
calcaires à Ceralites trinodosus ' et des couches carniennes à
Halobia ", se trouvent, près d'Episcopi, des conglomérats de quartz
semblables ou plutôt des quartzites granuleux. Ilest done probable
que dans cette île, que je continue d'explorer, l’on trouvera bientôt
des preuves de l'existence du Carbonifère. Avant de conclure, je
tiens à faire remarquer que le Triasique inférieur des monts
Balkans occidentaux présente également des quartzites. IL serait
donc bien possible que les quartzites de Hydra et les calcaires
1. Carl RENZ. Trias und Jura in der Argolis. Zeilschrifl d. deutsch. geol.
Ges., LVIIL, 1906, p. 396 et B S.G.F., (4). VIL, 1907. p. 136.
ms tte dt dd à
1908 CARBONIFÈRE ET TRIAS EN ATTIQUE DO
oolithiques voisins appartiennent au Triasique inférieur. Je ne fais
que rappeler le développement des oolithes dans le Werfénien
alpin. Il reste encore à noter la similitude lithologique des schistes
et des conglomérats du Carbonifère avec les roches schisteuses de
l’'Argolide occidentale, du moins autant qu'il m'a été possible de
les observer.
En faisant l'ascension du Beletsi (env. 840 m.) à partir de Hagia
Triada. on rencontre, au-dessus des schistes et des calcaires
supra-carbonifères. des gisements du Triasique inférieur et moyen.
J'ai trouvé, d’abord dans la forêt, au-dessus de Hagia Triada,
un afifleurement d'argiles schisteuses micacées et arénacées, de
couleur jaune-grisätre, avec des lames de calcaire noirâtre conte-
nant des bivalves et de petits Gastropodes. Malgré le mauvais état
de conservation de ces fossiles, il a été possible de déterminer
un certain nombre d'échantillons. tels que : Holopella gracilior
ScHAUR.. Anoplophora fassaensis Wissm.. My-ophoria præorbi-
cularis BirrNer. Gervilleia sp.
Ces sédiments sont associés à des grès rouges micacés et argi-
leux à Pseudomonotis. Ils contiennent Pseudomonotis inæqui-
costata BENECKE, Lingula tenuissima BronN. Pecten cf. discites
SCHLOTH., Var. nicrotis BITTNER.
J’ai observé des faciès analogues dans les falaises orientales de
Hydra : ils n'ont fourni cependant aucun fossile.
L'ensemble de la faunule attique, citée ci-dessus, permet une
interprétation stratigraphique de l’existence des deux étages werfé-
niens (Triasique inférieur), c'est-à-dire des équivalents des Seiser-
et-Campilerschichten. Mais les couches fossilifères étant dislo-
quées, il est impossible actuellement de bien délimiter ces deux
assises. Entre le Carbonifère supérieur et le Werfénien il existe
probablement une ligne de dislocation, car il faut admettre, en
général, une tectonique compliquée. Il semble que les sédiments
des différentes époques se sont affaissés par lambeaux sur les
flancs de la chaîne du Parnès. Du reste, les relations paléontolo-
giques et fauniques entre le Werfénien attique et les gîtes synchro-
niques des Alpes orientales sont évidentes.
Tout près du niveau werfénien, il y a un affleurement de
calcaires rouges qui me rappellent vivement les calcaires à Cera-
lites lrinodosus signalés par moi dans la vallée du temple
d'Esculape (Asklepieion) dans l'Argolide et dans l'île de Hydra ".
1. Carl RENz. Ueber neue Trias-Vorkomimen in Argolis. Centralbl. für
Min. G. u. P., 1906, n°9, p. 270. — Carl Rewnz. Trias und Jura in der Argolis.
Zeitschrift d. deutsch. geol. Ges., LNVII, 1906, p. 386 et 396. — B.S.G.F., (4),
VII, 1907, p. 130.
599 CARL RENZ 7, Déc:
Malheureusement je ne suis pas encore parvenu à découvrir des
fossiles déterminables, bien qu’en certains points j'ai observé des
débris d’Ammonites.
Les roches moins dures du Triasique inférieur au-dessus de
Hagia Triada favorisent la végétation forestière, tandis que le
sommet du Beletsi est stérile et formé de calcaires triasiques
blancs à Diplopores, dont j'ai noté le même développement près
du Parnès ".
C'est à la mème période qu'appartiennent les dolomies gris-
blanchâtres sur la route de Katzimidi pour Hagios Merkurios.
Entre Katzimidi et Hagia Triada, ainsi que sur le flanc méridional
du Beletsi, au-dessus de Kiourka, il existe en outre des tufs verts
et des keratophyres, semblables à ceux que j'ai trouvé aussi à la
base des calcaires à Ceralites trinodosus dans la vallée du Hieron
d'Epidaure (Argolide) et dans l'ile de Hydra”*. Cependant mon
séjour a été trop limité pour éclaircir même provisoirement la
position stratigraphique de tous les sédiments de cette région
disloquée.
Peut-être les masses dolomitiques de Katzimidi sont-elles à
comparer avec les dolomies coralligènes de la pente ouest du
Hymettos entre les monastères de Caesariani et Hagios Markos.
Ces derniers sont vraisemblablement contemporains des calcaires
néotriasiques du Parnasse.
En somme, la chaine du Kythaeron et du Parnès, se compose
donc principalement de sédiments mésozoïques anciens et paléo-
zoiques.
Près de Chassia, au pied du Parnès, on rencontre aussi des
calcaires noirs à Rudistes localisés, correspondant aux calcaires à
Rudistes de l’île de Salamis. Voilà ce qui aura amené mes prédé-
cesseurs (M. A. Bittner et M. R. Lepsius) à attribuer au Crétacé
la totalité des roches du Parnès et du Kythaeron, ainsi que les
dolomies de la pente occidentale du Hymettos.
C'est entre ces roches normales du Mésozoïque ancien et du
Paléozoïque du Parnès. du Beletsi et du Hymettos que se trouvent
les schistes d'Athènes qui montrent un très léger degré de méta-
1. Carl RENz. Ueber das aeltere Mesozoïcum Griechenlands. CR. Xe Congr.
géol. Internat. Mexico, 1906, p. 203.
2. Il n’est pas inutile de rappeler ici que les roches éruptives et les tufs
verts de Hydra et de lAsklépieion correspondent aux « Lenne-Kerato-
phyren », suivant l’examen microscopique et chimique fait par M. Milch.
Une intercalation conglomératique entre les calcaires rouges à Ceratites
trinodosus et les tufs keratophyriques indique une lacune dans la continuité
de la sédimentation.
1908 CARBONIFÈRE ET TRIAS EN ATTIQUE 523
morphisme. Ma découverte du Carbonifère supérieur et du Tria-
sique normal donne une indication importante sur l’âge des
couches métamorphiques de l'Attique.
Comme on le sait. les marbres et les schistes cristallins de l’At-
tique ont été classés généralement, soit comme archéens, soit
comme appartenant au Crétacé métamorphique, après qu'on a
reconnu une transformation des éléments normaux à l’état méta-
morphique et qu'on a rapporté à tort au Crétacé toute la série
sédimentaire prénéogène ".
Or, le Carbonifère supérieur et le Triasique inférieur, montrant
un développement tout à fait normal, les roches cristallines de la
Grèce, résultant d'un métamorphisme régional, ne peuvent appar-
tenir au Crétacé et devraient plutôt être considérées comme paléo-
carbonifères et vraisemblablement comme plus anciennes encore.
Il s’en suit encore qu'il faudrait attribuer au Paléozoique et
peut-être au Carbonifère les schistes et les grauwackes d'Athènes
qui, dans la région du Laurion, passent aux micaschistes. Quant
à l'aspect pétrographique, ils ressemblent aux schistes carboni-
fères du Parnès ; ils rappellent aussi les schistes probablement
infracarbonifères de l’île d’'Amorgos.
Dans une étude ultérieure * J’examinerai en détail la position
stratigraphique des formations métamorphiques en Grèce.
En terminant, j'ajouterai que les terrains paléozoïques et méso-
zoïques anciens du Parnès, de Hydra et d’Amorgos, séparés par
de grandes lacunes, contournent un massif cristallin, attico-cycla-
dien et se continuent au-delà dans les îles de l'Asie Mineure, qui
présentent aussi des formations carbonifères et triasiques.
Je tiens encore à indiquer que M. L. Cayeux a signalé des
formations triasiques métamorphiques et fossilifères dans l’île de
Crète, de sorte qu'il est à supposer que dans une partie de fa
Grèce, comme par exemple dans le Taygetos, le Triasique doit
être également métamorphisé.
1. À. BrrTner, M. Neumayer el Fr. TELLER. Denkschr., d. Akad. d. Wiss.
Wien. 1880, 4o. — R. Lrpsius. Géologie v. Attika.
2, Ce mémoire comprendra, en outre, une étude critique des travaux des
auteurs qui, avant nous, ont traité la question, étude qui ne peut trouver
place dans cette note préliminaire,
SUR LE GISEMENT LIASIQUE DE HUU-NIEN
PROVINCE DE QUANG-NAM (ANNAM)
PAR H. Counillon
PLANCHE XI
Huu-Nien', village de la province de Quang-Nam. est situé
dans le bassin du Ke-Koa, petit affluent de gauche du Song-thu-
Bong. qui se jette dans le fleuve un peu au-dessous de Nongson,
entre Nongson et Quang-Hué.
Le bassin de Ke-Koa est borné : au Nord par celui du Song-Vu-
Gia, le plus important affluent de gauche du Song-thu-Bong : à
l'Est par ceux de la rivière de Tan-Day, petit afiluent de droite du
Song-Vu-Gia et du Ke-Rinh, petit affluent de gauche du Song-thu-
Bong : au Sud par celui du ruisseau de Nongson, petit affluent de
gauche de Song-thu-Bong.
Comme le montre la figure 1, l'ensemble des terrains qui affleu-
rent dans le bassin du Ke-Koa forme un large synclinal, dont l'axe
correspond à peu près au cours de la rivière, et qui s'appuie au
Nord sur les poudingues qui surmontent le terrain rhétien de
Vinh-Phuoc. au Sud sur ceux qui couronnent le terrain rhétien de
Nong-Son.
Le Ke-Koa recoit. à gauche près et un peu au-dessus de Huu-
Nien, un petit ruisseau le Ke-Jua : le gisement se trouve dans le
lit de ce ruisseau, non loin de sa source et de la crête de poudin-
gues qui couronne dans toute cette région le terrain rhétien à
anthracite.
Dans les environs de Huu-Nien. -en allant du Ke-Koa à la crête
de poudingues. nous avons rencontré d'abord des grès rouges.
puis des grès argileux jaunätres avec troncs d'arbres silivifiés,
ensuite une épaisseur de près de 200 m. de grès et de schistes
sombres que nous avons plus spécialement étudiés, et qui compren-
nent le gisement fossilifère, enfin le gros banc de poudingues pré-
cédemment signalé. Les contacts de la partie schisto-gréseuse
moyenne avec, d'un côté. les grès argileux jaunâtres, qui lui sont
supérieurs, de l'autre, le banc de poudingues qui est au-dessous,
1. Sur la carte à 1/100000 du Service géographique de l’Indo-Chine (feuille
de Quang-Nam, éd. de septembre 1900), ce village est situé par environ 17£-50
de latitude et 1195-40 de longitude : il est marqué Huu-Nen pour Huu-Nien
(prononcez : Heu-ou-ni-in).
1908 LIAS DE HUU-NIEN (ANNAM) 999
n'ont pas été nettement observés, mais la direction S.O.-N.E. et
le pendage 70° S.E., avant et après le système gréso-schisteux,
étant les mêmes que ceux de cet ensemble, la concordance de la
série tout entière avec le Rhétien est absolument certaine ; l'épais-
seur totale est sûrement considérable. D’après Fuchs ', le terrain
Rhétien de Nongson aurait 5 à 600 m. d'épaisseur, les grès rouges
S.E. N.0.
Ke-koa Huu-nien
Tholam ;
Fig. 1.— Coupe PAR THOLAM. SYNCLINAL DU Ke-Koa. — Long. : 1/120000:
haut. : 1/30000.
qui lui sont supérieurs également. Si les cartes étaient exactes
nous devrions, pour la région de Vinh-Phuoc, attribuer au terrain
rhétien plus de 1000 m., et admettre que la série qui le surmonte
a 1000 à 1500 m. d'épaisseur ; ces chiffres ne doivent pas être consi-
dérés comme exceptionnels puisqu'en Amérique « les couches à
plantes rhétiennes de Newark au Connecticut supportent au moins
1000 m. de grès rouges et verts avec schistes intercalés, renfer-
mant une flore de caractère jurassique ? ». La coupe de la figure 2
SE. N.O.
Fig. 9. — CouUPE DU GISEMENT DE HUU-NIEN. — 1/3 000.
Sch, Schistes ; Cal, Calcaires ; G, Grès; Ch, Charbon; F, gîte fossilifere.
sur 200 im. de schistes et de grès montre la position des bancs de
grès qui afileurent dans le lit du Ke-lua. Nous en avons noté une
dizaine dans les 50 m. qui composent la partie supérieure de cet
ensemble, nous citerons en outre, au-dessous d’un banc de grès où
1. Fucus et SaLADIN. Mémoire sur l'exploration des gîtes de combustibles
et de quelques-uns des gîtes métailifères de l’Indo-Chine. Ann. des Mines,
septembre-octobre 1882.
2. p& LAPPARENT. Traité de Géologie, 5° éd., 1906, p. 1113.
526 H. COUNILLON Dec
nous avons trouvé une empreinte de T'æniopteris, une couche de
charbon de 60 em. et deux bancs minces de calcaire, les schistes
fossilifères sont immédiatement au-dessous du banc de calcaire le
plus élevé, ils contiennent une faune ‘ qui comprend :
-Ægoceras (Psiloceras) longipon- Gervillia cf. lanceolata Sow.
tinum Opp. Nucula ovum Sow.
T'urritella rhodana MaART. — subovalis GoLp.
Chemnitzia Polita MART. Astarte subcarinata Muxsr.
Cerithiunm Dumortieri MART. — Voltzii Gozp.
Acteon sinemuriensis MARTIN. Tancredia marcignyana MaART.
Monotis substriata Z1ENTEN. Protocardium Philippianum Duxk.
Nous citerons, en outre, un Pecten, une Arca et une Gonomya trop
incomplets pour être déterminés spécifiquement.
Le Psiloceras longipontinum, d'après Oppel *, appartient à peu
près au même niveau que Ps. planorbis. peut-être aussi aux couches
inférieures de la zone à Schlotheimia angulala. Tate et Blake * le
citent également de cette dernière zone.
Les Gastéropodes, dont la détermination est malheureusement
douteuse parce qu'ils sont trop incomplets, ont été signalés ainsi
que T'ancredia Marcigny ana dans l'Infralias de la Côte-d'Or.
c'est-à-dire dans l’Hettangien, par Martin.
Protocardium Philippianum. fossile très commun et très carac-
téristique de notre gisement, est cité par Tate et Blake * de l'Het-
tangien et aussi de la base du Sinémurien (zone à Arietites bisul-
catus).
Nucula subovalis, d'après les mêmes auteurs *, et Gervillia lan-
ceolata, d'après Waagen ‘, apparaissent dans la zone à Arietites
bisulcatus. En revanche Monotis substriata, d'après Tate et Blake
n'existe pas avant la zone à Amaltheus spinalus (sommet du Char-
mouthien); Vucula ovum TArE et BLAKE *, Astarte subcarinata et
Astarte Volziü D'ORBIGNY ”, sont des fossiles toarciens.
Les considérations qui précèdent, résumées dans le tableau
suivant, nous montrent que la faune que nous venons d'étudier
est nettement liasique, la présence de Psiloceras longipontinum
nous porte à croire qu'elle est hettangienne, peut-être de la zone
1. Cette faune a été étudiée au Laboratoire de paléontologie de l'Ecole
des Mines de Paris, sous la direction de M. le Prof. Henri Douvillé ; nous
sommes heureux de lui exprimer ici nos vifs sentiments de reconnaissance.
>. Palæontologische Mittheilungen.
3. TaTE et BLAKE. The Yorkshire Lias.
4. WAAGEN. Der Jura in Franken Schwaben und der Schweiz, 1864.
5. D'OrBIGNY. Prodrome de paléontologie stratigraphique des Animaux
Mollusques et Rayonnés.
1908 LIAS DE HUU-NIEN (ANNAM) 927
moyenne de cet étage (zone à Alsatites laqueus HauG , ou zone à
Psiloceras megastoma WAUNER ?).
| Lias
RQ
INFÉRIEUR | Moyen SUPÉRIEUR
En EEE
HETTAN- [SINÉMU- CHAR- 5
\ : 6 ea : il LIEN
NOMS GIEN | RIEN MOUTHIEN ARC
= a. SD. A EE —
A
des EURE ù
A S A SN CA SR
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AN AS OS RSS APE A RS ARE
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+ Se ONCE Te PS A 0e
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à, CA S ES EN ENS
2 | %
È
<
meme | comm | RE | uen | mes | Ces | on | mec | Ce | mes
Psiloceras longipontinum ONON
Turritella rhodana. A
Chemnitzia Polila . À
Cerithium Dumortieri. A
Acteon Sinemuriensis . A
Monotis substriala. x
Gervoillia cf. lanceolata. . . ce
NucHlANOCUN. ERP x
Nucula subovalis. . . . . SC
Astarte subcarinata
Astarte Voltzii
Tancredia Marcignyana. . A
Protocardium Philippianum. | Cm
X Tarte et BLAKE. — The Yorkshire Lias.
A MaARrTix. — Pal strat. de l’Infra Lias de la Côte-d'Or. Mém. Soc.
Géol. de France, 2° série, t. VIL
+ WAAGEN. — Der Jura in Franken Schwaben und der Schweiz.
— D'ORrBIGNY. — Prodrome de paléont. strat. universelle.
© OrPrec.— Palæontologische Mittheilungen aus dem Museum des
Kœnigl. Bayer staates.
1. Hauc. Article Jurassique. Grande Encyclopédie, 1894.
2 Verh. K.G.R., 1885, p. 168.
528 H. COUNILLON 7 Déc:
PSILOCERAS LONGIPONTINUM OPPEL
Pl: XIe. r.
1862. Ammonites longipontinus OPPrr. Palæontologische Mittheilungen,
P. 129, pl. 41, fig. ra et b.
Coquille généralement comprimée, discoïde, à large ombilic ; tours à
lent accroissement, peu embrassants; région ventrale arrondie, lisse,
. flancs ornés d'environ 50 côtes simples, droites, élevées, tranchantes,
terminées vers l’extérieur par une partie saillante. ;
Dimensions. — Diamètre : 53 mm., largeur du dernier tour : 16 min. ;
l'épaisseur sur les échantillons non écrasés est voisine de la largeur, un
peu plus faible toutefois; la largeur de l’ombilic est d’environ les 50/100
du diamètre.
Rapports et différences. — Par sa région externe arrondie et le
nombre de ses côtes, cette espèce se rapproche d’Ammonites (Psilo-
ceras) Torus b’Ors. '. Notre espèce diffère de A. Torus par le diamètre
moins grand de son ombilic et par la forme de ses côtes qui sont
élevées, tranchantes, terminées extérieurement par une partie saillante
et non « obtuses, s’effacant de dedans en dehors » :. On peut aussi la
comparer à Ammoniles longipontinus OPP.*, dont la région ventrale
est semblable, qui a même largeur de l’ombilic et dont les côtes plus
nombreuses que celles de notre échantillon (38 au lieu de 30 sous un
même diamètre) s’en rapprochent également davantage par leur forme,
Ammonites longipontinus rangée par Hyatt* et par Hug‘ dans le
groupe des Psiloceras (Psilonoti) est au contraire classée par Oppel
(loc. cit.) et par Neumayr’, dans le groupe des Angulati; ce dernier
auteur la rapproche d’Ægoceras cryptogonium et d'Æg. Sebanum, ce
qui nous a conduit à comparer nos échantillons avec Æ£:. longipon-
tinum, mais encore avec les deux espèces voisines que nous venons de
citer.
Toutes les trois ont même largeur de l’ombilic; pour Æg. longipon-
tinum qui, comme nous l’avons dit, a 34 à 4o côtes par tour, Neumayr
a examiné l’exemplaire original, celui qu’Oppel a étudié lorsqu'il a créé
l’espèce; « les côtes, pour un Psilonoti, sont, — dit-il, — étroites et tran-
chantes (schmal und sharf) $ ». Æg. cry ptogonium, dont le dernier tour
a sa partie ventrale arrondie et lisse, possède environ 32 côtes (28, 30,
32, 56, suivant le tour de spire considéré, autant qu’on peut s’en rendre
compte sur léchantillon fort incomplet figuré), elles sont donc plus
espacées que celles d’Æg. longipontinum., elles sont également plus
Paléontologie fr. des terr. jur., 1, p. 212, pl. 53.
Palæontologische Mittheilungen, p. 129, pl. 4x, fig. 14 et b.
Genesis of the Arietidæ, p. 123.
Die unter und Mittel Lias Ammoôniten Fauna, p. 10, pl. var, fig. 7.
Zur Kenntniss der Fauna des Untersten in den Nord Alpen, p. 8x.
Abhandlungen der K. K. geol. Reichsanstalt, vol. VII. 1850.
Œ D æ
D SH
1908 LIAS DE HUU-NIEN (ANNAM) 229
fortes. Chez Æg. sebanum, qui a une carène, il est vrai obtuse, peu
saillante et même à peine perceptible sur un échantillon, d’après Neu-
mayr, les côtes, au nombre de 27, 32, 39 suivant le tour de spire consi-
déré, sont plus fortes, plus élevées, et par suite ressemblent davantage
à celles de nos échantillons que celles d’Æ2g. cryptogonium.
Un autre caractère doit être examiné. Pour les trois espèces, comme
pour nos exemplaires, les côtes atteignent leur maximum de puissance
un peu après le milieu des flancs. Chez Æg. Sebanum, elles se courbent
ensuite en avant et convergent vers la ligne médiane ; chez Æg. cryp-
togonium, elles se courbent légèrement en avant, s'atténuent et dispa-
raissent avant d'atteindre la ligne médiane ; chez Æg. longipontinum
ce caractère n'existe que d’une manière tout à fait rudimentaire comme
chez nos Ammonites de Huu-Nien, ce qui nous engage à les rattacher à
cette espèce, dont elles ne sont sans doute qu'une variété, ainsi que
Æg. cryptogonium et Æg. sebanum.
TURRITELLA RHODANA MARTIN ?
PI. XI, fig. 2.
1859. Paléont. strat. de l’Infralias de la Côte-d'Or. Mém. Soc. géol. de Fr.,
(2), VIL p. 69, pl. 1, fig. 13-14.
Fragment incomplet d'une coquille turriculée rappelant cette espèce.
Long. : plus de 6 mm. ; diam. : 2 mm. Rare.
TURRITELLA Sp.
Petite coquille de 6 mm. de longueur sur 3 mm. à 3 mm. 5 de diamètre;
probablement un jeune de l’espèce figurée par Queenstedt! et indiquée
par cet auteur comme se rapprochant de Turritella scalata du
Muschelkalk.
Notre échantillon a le même nombre de tours de spire que la Turritelle
du Lias figurée par Queenstedt, et, si les dimensions de cette dernière,
longueur : 4o mm., diamètre : 23 mm., sont beaucoup plus grandes, le
rapport de la longueur au diamètre est sensiblement le même, 40/25 étant
compris entre 60/50 et 60/35. Très rare.
CHEMNITZIA POLITA MARTIN ?
PI. XI, fig. 3.
w
1859. Paléont. strat. de l’Infralias de la Côte-d'Or. Mém. Soc. géol. de Fr., (2),
VIL p. 69, pl. ï, fig. 25.
Coquille à test lisse, mince et fragile, à spire acuminée, composée sur
les échantillons complets, de six tours légèrement arrondis et séparés
par une suture profonde; le dernier tour est presque aussi long que le
reste de la spire.
Long. : 12 mm.; diam. : 6 mm. Très commune.
1. Der Jura, fig. 21, pl. 1.
14 Avril 1909. — T. VIII. Bull. Soc. Géol. Fr. — 34.
530 H. COUNILLON 7 Déc.
CERITHIUM DUMORTIERI MARTIN ?
PI. XI, fig. 4.
1859. Paléont. strat. de l’Infralias de la Côte-d'Or. Mém. Soc. géol. de
Fr., (a), VIL, p. 77, pl. xx, fig. 23-94.
Fragment très incomplet d'un Cerithium ayant les côtes saillantes
comme C. Dumortieri.
Diam. : 3 mm. Rare.
ACTEON SINEMURIENSIS MARTIN ?
PI. XI, fig. 5a, 5b, 5c, 5d.
1859. Paléont. strat. de l’Infralias de la Côte-d'Or. Mém. Soc. géol. de
Fr., (2), VII, p. 90, pl. z, fig. 9-10.
Coquille ovale, à spire scalaire, dont le dernier tour est plus long que
le reste de la coquille ; notre exemplaire est beaucoup plus petit que
celui figuré par Martin et à stries longitudinales plus nettes.
Long. : 3mm.; diam. : 1: mm.b; hauteur relative du dernier tour :
plus de 50 °/,. Rare.
PECTEN sp.
PI. XL fig. 6.
Une seule valve rappelant le Pecten demissus gingensis de Queenstedt.
Long. : 13 mm.; larg. : 15 mm. Très rare.
MONOTIS SUBSTRIATA ZIENTEN
PIX fig 7a, 70:
1830. Les pétrifications de Wurtemberg, p. 93, pl. LvIx, fig. 9.
Coquille obliquement ovale, légèrement allongée, moins circulaire
que l’exemplaire dessiné par Zienten ; valve gauche fortement bombée,
ornée de côtes longitudinales et de fines stries d'accroissement assez
irrégulièrement concentriques et pas très nettes ; valve droite moins
bombée sur laquelle on ne distingue que des stries d’accroissement.
Long. : 13 mm. ; haut. : 14 mm. Très commune.
GERVILLIA Cf. LANCEOLATA SOWERBY
PI. XI, fig. 8.
1825. Mineral Conchology of Great Britain, Il, p. 139; pl. 79, fig. r.
Coquille assez épaisse (5 mm. à 1 mm.) à bords parallèles, presque
équivalve mais très inéquilatérale, très allongée transversalement.
Sur les échantillons incomplets que nous possédons, la longueur
(53 mm.} est supérieure à six fois la largeur (8 mm.). Ligne cardinale
droite, épaisse, avec un certain nombre de fosseites séparées par des
saillies (deux de ces saillies sont très nettes sur un des échantillons).
Long. : plus de 53 mm. ; larg. : 8 mm. Commune.
1908 LIAS DE HUU-NIEN (ANNAM) 531
NUCULA ovuM Sow.
PI. XI, fig. 9.
1825 Mineral Conchology of Great Britain, Il, p. 176, pl. ccccLxx vi, fig. 1.
Coquille obovale, allongée transversalement, ventrue, extrémité
antérieure acuminée, extrémité postérieure régulièrement arrondie ;
toute sa surface est ornée de fines stries concentriques.
Long. : 12 mm. ; haut. : 7 mm. Commune.
NUCULA SUBOVALIS GoLp.
P1. XI, fig. 10.
1826-1833. Petrefacta Germaniæ, p. 154, pl. 195, fig. 3.
Coquille ovale transverse, crochets petits, submédians.
Long. : 16 mm.; haut. : 11 mm. ; épaiss. faible. Commune.
ASTARTE SUBCARINATA MUNSTER
PI. XI, fig. 17.
1826-1833. Petrefacta Germaniæ, p. 190, pl. 134, fig. 8.
Coquille trapéziforme avec une carène dorsale obtuse, peu appa-
rente du côté postérieur, ornée de sillons très marqués, séparés par
huit stries concentriques ; crochets recourbés en avant.
Long. : 8 mm. ; haut. : 8 mm. Rare.
ASTARTE VOLTZII GoLp.
PI. XL, fig. 12.
1826-1833. Petrefacta Germaniæ, p. 190, pl. 134, fig. 8.
Coquille orbiculaire, ornée de sillons très marqués, séparés par six
stries concentriques ; crochets médians.
Long, : 6 mm.; haut. : 6 mm. Commune.
TANCREDIA MARCIGNYANA MARTIN
PI. XI, fig. 153.
1859. Paléont. strat. de l’Infralias de la Côte-d'Or. Mém. Soc. géol. de
Fr., (2), VIL p. 80, pl. rx, fig. 10-11.
Coquille subéquilatérale, subtrigone, partie antérieure rostrée, partie
postérieure tronquée obliquement, pourvue d’une carène, crochets
petits, submédians, région palléale très arquée, test orné de fines siries
concentriques inégalement espacées.
Long. : 9 mm.; haut. : 5 mm. ; épaiss. faible. Rare.
532 H. COUNILLON 7 Déc:
PROTOCARDIUM PHILIPPIANUM DuNKk.
PL XL fe. 1%
1851 Paleontographica. Ueber die in dem Lias bei Halberstadt vorkom-
menden Versteinerungen. I, p. 116, pl. xvni, fig. 6a, b, c.
Coquille à test mince, fragile, équivalve, subéquilatérale, de forme
suborbiculaire, légèrement trigone ; la partie antérieure est arrondie et
ornée de fines stries concentriques quand le test n’a pas complètement
disparu (fig. 4, valve gauche vers le coin antérieur), son bord intérieur
est entier; la partie postérieure légèrement carénée, un peu tronquée,
est ornée de côtes rayonnantes, son bord intérieur est crénelé.
Long. : 20 mm.; haut. : 18 mm.
Cette espèce ne diffère de Cardium Philippianum Duxk. que par une
plus grande atténuation de la carène qui s’évanouit avant d'atteindre
le bord. Très commune.
GONIOMYA sp.
PI. XI, fig. 15.
Nous n'avons que trois exemplaires très incomplets d’une Goniomya
du groupe des ovales d’Agassiz se rapprochant de G. proboscidea ; le
côté postérieur est très allongé.
Long. : plus de 5 cm. ; haut. : 2 cm. Rare.
CONTRIBUTION A L'ÉTUDE STRATIGRAPHIQUE
DES SABLES MOYENS DE LA VALLÉE DE LA MARNE
ENTRE MEAUX ET CHATEAU-THIERRY"
PAR L. Morellet
Les membres de la Société qui ont pris part à l’excursion
dirigée récemment par M. Stanislas Meunier aux environs de La
Ferté-sous-Jouarre ont certainement été frappés de la succession
stratigraphique toute spéciale que présentent les Sables moyens
dans cette région et ils se rappellent, sans aucun doute, les diffi-
cultés que nous éprouvions tous dans l'interprétation des coupes
et les discussions animées qui en résultaient.
C'est à la suite de cette excursion que nous avons entrepris
l'étude des Sables moyens de la vallée de la Marne entre Meaux et
Château-Thierry. Mettant largement à contribution les travaux
des géologues nos devanciers, — d’'Archiac, Goubert, Munier-
Chalmas, MM. L. Carez, G.-F. Dollfus, L. Janet, pour ne citer que
les principaux —, nous avons cherché à résumer, à coordonner, à
interpréter leurs observations, et à déterminer d’une facon aussi
rigoureuse que possible l’âge de chaque assise dans la chronologie
de l’Auversien telle qu’elle a été établie par Munier-Chalmas et de
_ Lapparent * et telle qu'elle est généralement admise aujourd'hui.
I. Lizy-SUR-OURCQ ET SES ENVIRONS. — Pour deux raisons, nous
commencerons cette étude par la localité de Lizy-sur-Ourcq:
d'une part, elle est très voisine de localités auversiennes classi-
ques (Ver, Ermenonville, etc.) ; d'autre part. la coupe qu'en a
publiée Goubert * en 1861 a servi de base à tous ceux qui après lui
se sont occupés de la région.
Voici le résumé de la coupe donnée par Goubert‘ :
1. G. F. Dorcrus et L JANET. Carte géol. à 1/80000. Feuille de Meaux. 1898.
>. MuniER-CHALMAS et DE LAPpPARENT. Note sur la nomenclature des ter-
rains sédimentaires. B. S. G. F , (3), XXI, 1893, p. 496.
MunisR-CHALMAS in DE LAPPARENT. Traité de Géologie, 4° édition, HI,
p- 1496-1459.
3. GourerT. Coupe dans les Sables moyens. B.S.G.F., (2), XVIII, 1860-1867,
p. 445.
4. Le numérotage des assises employé par Goubert a été conservé. Cet
auteur a omis d'indiquer la puissance des n° 12 et 17. Nous avons comblé la
lacune d’après nos observations personnelles, la coupe étant encore en
grande partie visible sur la route de Lizy à Congis.
534 L. MORELLET j Déc:
1. Terre végétale . . . . 0 m. 80
2-4. Marnes jaunes, vertes et Dienches à Limnæa longis-
CHU RE DM de ee pe OL 3 4o
5. Calcaire jaune- Mr à Ve 0 15
6. Marne jaune-verdâire. , 0 50
7-8. Sable blanc et grès sans fossiles : I 60
9. Calcaire gréseux de Lizy, à moules de Côithes (Cere
thium mixtum), débris de Ro poches et
lits de sables intercalés . . . FR CP 5o
10-11. Sable marneux et marne sableuse sans FE ALES 25
12-13. Sables à Cérithes (C. Bouei, C. crenatulatum, etc.) et
à Cyrènes ; à la base un lit à Mytilus Rigaulti et à
Arca magellanoides . . . : MÉAT 75
14-15. Sables à Bayania lactea, grès à Hi Sante Lois HAL 70
16. Sables presque sans fossiles. TR er a 00
17-20. Sables à Nummulites variolarius, Pectunculus de-
pressus et, à la partie supérieure, Cytherea trig'o-
nula, Donax parisiensis . . - . au moins 7 00
21. Sables marins à galets, Polypiers ë fossiles brisés ou
TOURS ALP TEMAS CATRONENE OURS SRE APE R EPST M 0
Deux points seulement demandent à être complétés :
a) Il est très facile de distinguer deux niveaux dans les sables à Ceri-
thes n° 12 : à la base, immédiatement au-dessus du petit lit à Mytilus
Rigaulti DEesu. et Arca magellanoides DEsu. prédomine Cerithium
PBouei DEsx., tandis qu’au sommet le sable ne renferme presque
exclusivement que Cerithium crenatulatum DEsx. associé à C. tiarella
Des. C’est là un fait très général que nous retrouverons dans toute
la région.
b) Les assises 10-11 sont en réalité plus complexes que ne l'indique
Goubert. Elles peuvent atteindre o m. 45; on y trouve, en particu-
lier, des marnes dures magnésiennes à fossiles d’eau douce (Limnées,
Bithinies), qui représentent un niveau lacustre non signalé jusqu'alors
à Lizy, mais bien connu aux environs où il est beaucoup mieux déve-
loppé.
Si la coupe donnée par Goubert est très exacte, nous ne croyons
pas qu'il en soit de même de l'interprétation. En réalité, deux
niveaux seuls nous donnent des indications précises : les couches
(19-21) à Nummulites vuriolarius et à Donax parisiensis qui repré-
sentent la zone d’Auvers, et les calcaires (5) à Avicula Defrancei
qui représentent la zone de Mortefontaine, surmontée du caleaire
de St-Ouen (2-4). Pour nous permettre de déterminer l’âge des
assises intermédiaires numérotées, de 6 à 16, étudions rapidement
l’Auversien de deux localités voisines devenues classiques, pes
nonville et Ver.
1908 SABLES MOYENS DE LA VALLÉE DE LA MARNE 939
A Ver et à Ermenonville, au dessus de sables sans fossiles ou
ne renfermant que quelques minces lits discontinus de coquilles
petites ou brisées, nous trouvons une masse de sables très fossili-
fères à Ver, moins riches à Ermenonville, contenant en abondance
Bayania lactea [Lux.]. Puis, viennent des sables à Cerithium
Bouei Desx., surmontés à Ermenonville, d'assises calcareuses à
Cerithium crenatulatum Desu. et GC. tiarella Desx., enfin des
sables et des calcaires à Cerithium mixtum Derr. et C. mutabile
Luk., supportant des sables quartzeux avec bancs de grès.
On est frappé au premier coup d'œil de la parfaite concordance
qui existe entre Lizy et Ermenonville : une masse de sables
sans fossiles, une zone à Bayania lactea, une zone à Cérithes —
C. Bouei à la base, C. crenatulatum et C. tiarella au sommet —,
un banc calcaire à Cerithium mixtum. Or. nous savons qu’à Ver
et à Ermenonville les couches à Bayania lactea sont un équiva-
lent latéral de la zone du Guépelle et que les calcaires à Cerithium
mixtum représentent la zone type d'Ermenonville. Nous pouvons
donc en déduire que les assises à PBayania lactea (14-15) de Lizy
sont, elles aussi, les équivalents de la zone du Guépelle (non de la
zone de Beauchamp comme le croyait Goubert) et que le calcaire
de Lizy (9), ou tout au moins sa base, correspond à la zone d’Er-
menonville. Quant aux sables à Cérithes (12-13), ils ne représen-
tent pas la zone à Bayania hordacea de Beauchamp (c’est-à-dire
la zone d'Ezanville) mais un intermédiaire entre les couches du
Guépelle et celles d'Ermenonville. L’abondance du Cerithium
Bouei nous les fait rapporter à la partie supérieure de la première
de ces deux zones (Guépelle supérieur).
Malheureusement, nous en sommes réduits aux hypothèses en
ce qui concerne les représentants, dans la coupe de Lizy, des
zones de Beauchamp, d'Ezanville et de Ducy, Il est vraisem-
blable que les sables et les grès (7-8) représentent la zone de
Beauchamp, fort réduite en ce point à moins que la partie
supérieure du calcaire de Lizy ne corresponde déjà à la base de
cette même zone. Il est également vraisemblable que les marnes
du n°6 représentent la zone de Ducy.
Aux environs immédiats de Lizy, l’Auversien présente une
succession semblable avec cependant un certain nombre de
modifications locales qu'il est nécessaire de signaler.
Nous retrouvons partout la zone d’Auvers (17-21) avec ses
fossiles caractéristiques (Acy, Crouy, Mary, Tancrou, Jaignes,
etc...). Au contraire les assises 14-15 à Bayania lactea sont très
souvent dépourvues de fossiles (Echampeu, Jaignes...), en sorte
536 L. MORELLET 7 Déc:
que les sables à Cérithes (12-13) restent les seules assises fossilifères
de la zone du Guépelle. Le niveau inférieur à Cerithium Bouei
est le plus constant ; le niveau supérieur à Cerithium crenatulatum
est souvent remplacé (Beauval) par un sable à fossiles d’eau douce,
précurseur des assises lacustres n° 10-11. Ces assises réduites à
Lizy et à Beauval, beaucoup mieux développées à Jaignes, ce qui
leur a valu le nom de calcaire de Jaignes, prennent une impor-
tance de plus en plus considérable, à mesure que nous remontons
le cours de la Marne. Il en est tout autrement du calcaire marin
de Lizy (9), qui, encore bien développé au Nord (Beauval, Etrépilly)
diminue rapidement de puissance vers le Sud-Est où il est bientôt
réduit à quelques décimètres d'épaisseur. |
C'est ce que nous montrent les environs de la Ferté-sous-Jouarre
et de Nogent-l’Artaud que nous allons étudier maintenant.
IT. La FerrÉ-sous-JouARRE ET NOGENT-L'ARTAUD. — On peut
synthétiser de la façon suivante la succession des assises auver-
siennes aux environs de la Ferté-sous-Jouarre (Caumont, Méry,
Luzancy, etc...).
Au-dessus de sables et de grès sans fossiles qui correspondent
probablement à la zone de Mt-St-Martin, viennent, représentant
la zone d’Auvers !, des sables fossilifères à silex roulés et à galets
de calcaire perforés, puis des couches plus ou moins gréseuses, à
fausse stratification, qui renferment Vummulites variolarius,
Donax parisiensis, Corbulomya subcomplanata et toute là riche
faune de Luzancy et de Caumont. Nous trouvons ensuite :
1. Des sables et des rognons de grès peu puissants (0 m. 50 à 1 m.)
sans fossiles, qui, par leur position, correspondent aux couches à
Bayania lactea (zone du Guépelle, partie inférieure).
2. Des sables à Cérithes (1 m. environ), à Cerithium Bouei et Mytilus
Rigaulti à la base, Cerithium crenatulatum au sommet (zone du
Guépelle, partie supérieure).
3. Une série (1 m. 50) de marnes et de calcaires lacustres qui occupent
le même niveau que le calcaire de Jaignes et qui, par suite de
leur grand développement, ont reçu le nom de calcaire de Luzancy.
4. Un banc (0 im. 40 à o m. 60) de calcaire gréseux à moules de Lucines
et de Cérithes (Cerithium mixtum); équivalent du calcaire de Lizy
(zone d'Ermenonville).
5. Enfin des marnocalcaires lacustres que nous étudierons à Nogent-
l’Artaud.
Ces dernières assises exceptées, nous avons ici la même succes-
1. MunierR-CHarMas. Note sur la zone d’Auvers (Note posthume présentée
par M. J. Boussac). B S G.F.,(4), VI, 1906, p. 261.
1908 SABLES MOYENS DE LA VALLÉE DE LA MARNE 537
sion qu'à Lizy. La seule différence consiste dans le développement
considérable pris par le Calcaire lacustre de Jaignes (— calcaire
de Luzancy) et par la diminution, en raison directe, du Calcaire
marin de Lizy.
La coupe type que nous venons de donner peut subir quelques
modifications locales. A Nanteuil-sur-Marne, par exemple, les
sables du niveau à Payania lactea renferment déjà une faunule
saumâtre ou même lacustre. Les couches à Cerithium Pouei y sont
très réduites. Quant à celles à Cerithium crenatulatum, elles sont
totalement remplacées par des marnocalcaires d'eau douce sem-
blables au calcaire de Luzancy dont il est impossible de les
séparer.
Parfois, ces modifications sont telles qu’on éprouve une réelle
difficulté dans l'interprétation. C'est le cas pour les grandes exploi-
tations de Moiïtiébard, près Ste-Aulde, étudiées autrefois par
La Joye:.
On y relève de bas en haut la coupe suivante :
1. Sable blanc sans fossiles, visible sur . . NOM 90
2. Banc de grès sans fossiles, pouvant nine lire
ment AE TE EN d ETS VO TER NT PE 6 IORE VE 5o
3. Sable gris sans fossiles . . . Et EE FLO) 20
4. Sable jaune-verdâtre, plus ou moins gréseux, à jeunes
Cérithes (C. crenatulatum) et très abondantes Bayania
hordacea . . SO 30
5. Argile verte (o m. 15), Mleaire Ace et noce aires
à Limnées, Planorbes, etc . . . RO TE DA DA ANT 50
6. Banc calcaire à rognons silicenx, Ra marins (moules
delCÉrItRES) 700 Me SE PEN te eee AO 25
7. Ensemble de calcaires, de imarno- ele ce ‘e inarnes à
Menilite, d’argiles vertes, fossiles d’eau douce . 4m. à5 00
Avec une grande réserve, nous rapportons à la partie inférieure
de la zone du Guépelle les sables et les grès n° r et 2, aux sables
à Cérithes (partie supérieure de la zone du Guépelle), V'assise n° 4 à
Bayania hordacea : au calcaire de Luzancy:, les assises n° 5, au
calcaire de Lizy le n° 6. Il est très probable que le n° 7, malgré
son apparence assez homogène, représente plusieurs niveaux
(Beauchamp, Ezanville, Ducy, St-Ouen), mais nous n'avons pas
réussi à y découvrir le lit à Apicula Defrancei co seul peut nous
donner une indication précise.
Le banc de grès (n° 2) se retrouve, sporadique, un peu au Nord
1. LA Joyr. Coupe de Lizy-sur-Oureq et de Ste-Aulde, B.S.G.1"., I, 1831,
25.
=
538 L. MORELLET 7 Dée?
de Caumont, puis après Nanteuil, sur les bords de la Marne, où on
le suit à flanc de coteau, ainsi que le calcaire de Lizy dont
les blocs pétris de fossiles sont épars dans les champs. Malheu-
reusement il n’existe actuellement aucune bonne coupe. On peut
toutefois constater le grand développement pris par les sables sans
fossiles qui surmontent la zone d’Auvers à Nummulites variola-
rius. Ils n'avaient que 1 m., 1 m. 50 au maximum à Caumont. Ils
en ont plus de 10 au ravin de Pisseloup près de Pavaut '. Ce sont
eux que nous voyons à la base de la coupe de Nogent-l' Artaud.
Très blancs, exploités pour la verrerie, ils renferment plusieurs
bancs superposés de grès discontinus. Au dessus viennent :
1. Sables violacés avec rognons de grès à Payania lactea,
Cytherea lævigata . . . Pole Nom "9s0 ta 0m 05
2, Sables à Cérithes, Cerithium Done à 1à Dose. C. crenatu-
latum au sommet. . . . PR EN AMONT 5)
3. Marnes et calcaires à fossiles 5 eau Mo ur RC LSEO 75
4. Sables calcareux à Lucines, et C. mixtum. Banc Pal tee
gréseux avec moules de mêmes fossiles. . . . 0 80
5. Alternance de marnes, d’argiles et de calcaires à toabtes
d’eau douce avec quelques intercalations de bancs sau-
mâtres . . SELS COMENT PES CFO TR TR RE 50
6. Banc à Avicula De LAENNEE NE AT ALAN TRE ET EE RO 15
L'interprétation se fait sans aucune difficulté, par simple compa-
raison avec les coupes précédentes. Le n° 1 correspond à la partie
inférieure de la zone du Guépelle. Le n° 2 à la partie supérieure
de la même zone. Le n°3, représente le calcaire de Luzancy (—
calcaire de Jaignes), le n° 4 la zone d'Ermenonville et le n°6 la
zone de Mortelontaine. Le n° 5 est donc un équivalent lacustre
des zones de Beauchamp, d'Ezanville et de Ducy. C'est la conclu-
sion à laquelle était arrivé Munier-Chalmas * ; c'est également
l'opinion émise dans la légende de la carte détaillée * dont les
auteurs semblent avoir pris justement pour type des sables
moyens la localité de Nogent-l’Artaud.
II. Exvinons De CuaTeauU-THiEerRY. — Une succession très
voisine de celle de Nogent-l'Artaud s’observe aux environs de
Château-Thierry, mais seulement en un certain nombre de points
1. Pour la coupe du ravin de Pisseloup, voir d’'ARCHrAC: Description
géologique du département de l'Aisne. M.S.G.F., V, 1843, pl. xxir, fig. 1 et 2.
> Munier-CHazmas Notes stratigraphiques relatives au texte explicatif
des terrains tertiaires du Bassin de Paris. B. Servo. C. G.F., VII, 1895-1896.
C.R. Collaborateurs, p. 13.
3. G.-F. Dozcrus et L. Janer. Feuille de Meaux, 2° édition, 1898.
1908 SABLES MOYENS DE LA VALLÉE DE LA MARNE 539
privilégiés où la série est complète : à Essomes, par exemple, et
surtout à Brasles.
M. L. Carez : a donné les coupes de deux sondages exécutés aux
environs de cette localité. Au-dessus du Lutétien supérieur mar-
neux à fossiles marins pyriteux, on y a rencontré :
PACS able sans tossiles ne RS MES Pat Sim 00
2. B. Sable ou grès à nombreux fossiles marins (niveau
LERGTAD A) NET ENT AE AIRE) CE EN ARC ASEE RERO) 0
3. O-P. Sable sans fossiles . . DE ARR AREA CRC A AU OAV EE A 00
&. A’. Sable très fossilifère à Bayania lactea . . . . . oo 80
5. X-Y. Couches lacustres à Planorbes, Limnées, Bithinies . 2 00
6. U. Couches marines à Cerithium mixtum. . . . . o 10
7. M-N. Couches lacustres à Limnées et Bithinies . . . . 5 00
Pour M. L. Carez l’assise BP’ (niveau de Gland) représente la
partie inférieure de la zone du Guépelle. Nous croyons plutôt,
malgré l'absence de Nummulites variolarius, qu'il s’agit là d’un
équivalent très réduit de la zone d’Auvers. Nous savons en effet
que la couche À’ à Bayania lactea appartient à la zone du Gué-
pelle ainsi que les couches à Cérithes (C. Bouei, C. crenatulatum,
C. liarella), non signalées à Brasles, dans les sondages, mais bien
visibles à Essomes. Les assises X-Ÿ correspondent exactement
au calcaire lacustre de Luzancy, V'assise U au calcaire marin
de Lizy-sur-Ourcegqg, c'est-à-dire à la zone d'Ermenonville et les
assises lacustres AZ-N au calcaire de Nogent-l'Artaud.
Si nous étudions maintenant les nombreuses exploitations
situées au Nord de Château-Thierry, à Vincelles, au Buisson, aux
Chesneaux, aux Mousseaux, etc., nous y relevons des coupes
sensiblement différentes *.
A la base se trouvent des sables blancs P, puissants (8 à 50 m.
d’après M. Carez *), sans fossiles, au milieu desquels s'intercalent
parfois (Vincelles, Le Buisson), des bancs de grès irréguliers et
discontinus. Un banc de grès O, épais de 1 à 5 mètres, sans fossiles,
à part d'assez rares débris végétaux, couronne ces sables en un
grand nombre de points (Les Chesneaux, Les Mousseaux, etc.) et
forme, comme les grès des sables de Fontainebleau, des bandes
1. L. CAREZz. Sur les sables moyens aux environs de Château-Thierry.
B.S G.F., (), VII, 1879, p. 643.
Les lettres sont celles employées par M. Carez, pour désigner les différentes
assises.
2. Pour la succession détaillée des assises, nous renvoyons le lecteur à
l’importante note de M. Carez.
3. L. Carez. Loc. cit., p. 634. En aucun point, nous n’avons pu voir le
contact avec le Lutétien,
540 L. MORELLET 7) Déc:
irrégulières, grossièrement parallèles et sensiblement orientées
Est-Ouest, ainsi que l'a établi M. L. Janet '. Surmontant soit ce
banc de grès, soit directement les sables, vient un lit très constant
de sable jaunâtre à Cerithium mixtum et à Lucina saxorum, dont
la faune est celle de l’assise U de Brasles. C'est donc le niveau
d'Ermenonville.
Entre cette zone et celle de Mortefontaine à Avicula Defrancei,
bien nette au Mousseaux (L. Carez), à Monthurel (G.-F, Dollfus *),
etc., existe un ensemble, très variable suivant les localités,
d'argiles, de marnes, de marnocalcaires à faune d'eau douce avec
intercalations marines ou saumâtres (puissance moyenne environ
5 m.). C'est l’exact représentant du calcaire de Nogent l'Artaud,
c'est à-dire un équivalent lacustre des zones de Beauchamp,
d'Ezanville et de Ducy. Au-dessus de Mortelontaine, des calcaires,
des marnes et des argiles à Limnæa longiscata appartiennent au
niveau de Saint-Ouen.
Ce qui différencie cette coupe de celle de Brasles, c’est l'absence
de la zone A'à Bayania lactea et des couches X-Y (calcaires de
Jaignes et de Luzancy), soit que l'érosion ait fait entièrement
disparaitre ces assises — ce qui est peu probable puisque nulle
part dans la région nous n'avons constaté de traces de ravinement
au sommel du calcaire de Luzancy — , soit que. comme nous
l’'admettons, la partie supérieure de la puissante masse de sables
P représente un équivalent latéral de A'et de X-Y, c'est-à-dire de
la zone du Guépelle et du calcaire de Luzancy. Nous devons, pour
terminer, signaler l'hypothèse émise par certains auteurs, en
particulier par M. L. Carez (loc. cit., p.654) dans laquelle les
sables P auraient une origne éolienne et devraient être considérés
comme les restes d'anciennes dunes d'âge auversien.
IV. Coxccusiox. — Si nous cherchons à retracer d'une façon
sommaire l'histoire de l'Auversien dans la région que nous venons
d'étudier, nous trouvons au début, comme dans le reste du
Bassin de Paris, une période marine, à courants rapides (zone
d'Auvers). Un régime plus calme lui succède (zone du Guépelle),
puis, peu à peu, la salure des eaux diminue sous l'influence pro-
bable de fleuves venant du Sud (sables à Cérithes et à Cyrènes
— partie supérieure de la zone de Guépelle) et la mer recule de
l'Est vers le centre du Bassin jusqu'aux environs de Lizy-sur-
1. L. JANET, Sur l'allure des grès Bartoniens aux environs de Château-
Mhierry. BUS GAMES (6) XXI r896 pp 19.
> G-F. Dorrrus. Revision de la feuille de Meaux, B. Serv. C. G. F.,
IX, 1893-1898, CR. Collaborateurs, p. 3 et suiv.
1908 SABLES MOYENS DE LA VALLÉE DE LA MARNE 41
Oureq, laissant la place à d'immenses lacs. Tandis qu'à Lizy se
dépose la masse puissante du calcaire marin du mème nom (zone
d'Ermenonville), dans ces lacs se forme le calcaire de Jaignes
(— calcaire de Luzancy), où s’intercalent de temps en temps
quelques couches saumâtres, indices du peu de stabilité du rivage,
d’ailleurs très voisin. Une transgression générale ramène progres-
sivement la mer sur l'emplacement qu'elle vient d'abandonner, et
elle y laisse, comme témoins, les couches à Cerithium nuxtum. con-
temporaines des assises supérieures du calcaire de Lizy. L'épisode
marin est de peu de durée. De nouveau réapparaissent les eaux
douces (calcaire de Nogent-l'Artaud et calcaire de St-Ouen), sans
que cependant la mer renonce à de courtes mais fréquentes
incursions locales, dont la plus constante est celle qui a déposé les
couches à Avicula Defrancei (zone de Mortefontaine).
M. G. Ramond rappelle que avec MM. Paul Combes fils et Maurice
Morin, il a fait exécuter au Guépelle des fouilles qui permettront de
préciser la position stratigraphique du niveau principal de cette localité
classique.
Séance du 21 Décembre 1908
PRÉSIDENCE DE M. HENRI DOUVILLÉ
Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté.
Le Président donne connaissance des dispositions testamen-
taires suivantes prises par Albert Gaudry : « Je lègue à la Société
géologique de France la somme de quarante mille francs. Les
revenus de cette somme devront servir à donner tous les ans une
médaille d’or, sous le nom de médaille Albert Gaudry, à un
Paléontologiste ou à un Géologue français ou étranger. Le restant
de la somme qui n'aura pas été employé pour la médaille sera
attribué chaque année à un savant ayant besoin d'être aidé dans
ses études ».
Le Président proclame membre de la Société :
M. Popescu-Voitesti, professeur du Lycée de Buzäu, présenté par
MM. Haug et Jean Boussac.
Une nouvelle présentation est annoncée.
M. Emm. de Margerie présente, au nom de M. Antoine Vacher,
un volume intitulé : « Le Berry. Contribution à l'étude géogra-
phique d'une région française » (A Colin, éd.) [CRS., p. 182].
M. E. de Martonne offre deux ouvrages dont il est l’auteur :
1° « Recherches sur l'Évolution morphologique des Alpes de
Transylvanie (Karpates méridionales) ; 2° Le premier fascicule
d'un « Traité de Géographie physique » |CRS., p. 182].
M. Jean Boussac offre un tiré à part de sa note € Sur la distri-
bution des niveaux et des faciès du Mésonummulitique dans les
Alpes » (CR. Ac. Sc., 30 nov. 1908) [CRS., p. 182].
M. Boussac offre ensuite une carte schématique qu'il a fait tirer
pour l'insérer dans les tirés à part de sa note et en faciliter la
lecture.
M. L. A. Martel présente son ouvrage : « La Côte d'Azur
russe » et une étude, publiée en collaboration avec le D' Henry
Thierry dans les Annales de l'Hy-draulique agricole du Ministère
de l'Agriculture : sous le titre de « Captage et protection hygié-
nique des eaux d'alimentation » [CRS., p. 182-183].
M. Deprat adresse les notes suivantes, dont il est l'auteur :
« Paramètres magmatiques des séries du volcan Mte Ferru (Sar-
SÉANCE DU 21 DÉCEMBRE 1908 543
daigne) » (CA. Acad. Sc.. 30 mars 1908); « Le granite alcalin des
nappes de la Corse orientale (en collaboration avec M. P. Termier)»
(Id., 20 juillet 1908); « Sur la persistance à travers toute la Corse
d'une zone de contacts anormaux entre la région occidentale et la
région orientale » (/d., 12 oct. 1908); « Rapport préliminaire sur
une Mission géologique en Sardaigne » (Nouv. Arch. des Miss.
scient., XVI, p. 173-187); « Les zéolites du basalte de Montresta
(Sardaigne) » (Bull. Soc. de Minér., XXXI, p. 181); « Sur un
nouveau gisement d’orthose en Corse » (/d., p. 271).
M. Deprat, à propos de la communication de M. Renz « sur les
preuves de l’existence du Carbonifère et du Trias en Attique » (p. 519),
fait remarquer l'intérêt qui s’attache à l'indication de l’Ouralien dans
le massif du Parnes (Attique). Il était à prévoir que l’on retrouve-
rait en Grèce de nouveaux gisements du Carbonifère supérieur; en
effet, il rappelle à cette occasion qu'il a pu, le premier, montrer en
Grèce la présence de l’Ouralien par la découverte de calcaires noirs
à Schwagerines et Fusulines dans les monts Galtzadaes, en Eubée,
par conséquent à une faible distance des gisements indiqués.
M. L. Cayeux présente à la Société géologique, de la part de
M. Négris. deux blocs de cipolin remarquablement perforés, et
originaires de l’île de Siphnos (Archipel grec). L'un de ces blocs a
été recueilli à 275 m. dans des éboulis provenant de bancs per-
forés, observés in situ au même niveau, et au voisinage immédiat
des éboulis; l’autre a été détaché du plafond d’une grotte à 500 m.
d'altitude environ.
M. Cayeux fait part en même temps d'objections opposées par
M. Négris à M. G. Dollfus, qui a attribué des perforations identi-
ques à celles de ces blocs, à Aspidopholas rugosa Broccur du
Pliocène (séance du 15 juin 1908). Cette attribution est, pour
M. Négris, en contradiction avec l'idée que l'on se fait générale-
ment sur l'Égéide qui aurait été un continent pendant l’époque
pliocène, et elle semble également en désaccord avec les carac-
tères mêmes des perforations.
En ce qui concerne l'objection tirée de l'existence d’un conti-
nent égéen au Pliocène, M. Cayeux est d’avis qu'elle n’est pas
fondée. Il existe, en Crète notamment, un grand développement
de Miocène et de Pliocène marins. et cette île ne marque certaine-
menti pas la limite septentrionale de la mer au Tertiaire supé-
rieur. Il est très rationnel de supposer qu'à cette époque la mer
atteignait Siphnos, et que cette île, qui se dresse à l'O. des
Cyclades, marquait — approximativement — la limite occidentale
du continent égéen.
44 SÉANCE DU 21 DÉCEMBRE 1908
M. G. Dollfus a examiné avec intérêt les magnifiques blocs perforés
envoyés par M. Négris, mais ii ne croit pas devoir modifier, pour l’un de
ces blocs, l’attribution de ces cavités lageniformes à des Aspidopholas.
Pour l’autre, le cas est un peu différent: certaines de ces perfo-
rations sont contournées, peu profondes, irrégulières et rétrécies vers
le fond ; quelques-unes peuvent être attribuées à Clavagella aperta
Sow., espèce vivante et fossile connue dans les rochers de la Sicile, de
Malte, etc., dont les valves subtrigones, irrégulières, inégales sont
accompagnées d’un tube contourné qui peut déboucher latéralement ".
Il serait à désirer que M. Négris fasse des recherches sur les Mollus-
ques et animaux perforants actuels en faisant recueillir de grandes
pierres dans les fonds littoraux de l’Archipel. Nous sommes extré-
mement mal documentés à ce sujet et les éléments de comparaison
nous manquent; il rendrait ainsi à la Science un réel service.
L. Mengaud. — Sur les environs de San Vicente de la Barquera.
M. H. Douvillé présente, de la part de M. Mengaud, les premiers
résultats d’une exploration géologique des environs de San Vicente
de la Barquera (prov. de Santander). Les falaises offrent une
coupe très développée du Nummulitique dans lequel on distingue
deux niveaux fossilifères principaux : un niveau inférieur où abon-
dent Mummulites atacicus, N. lævigatus, Assilina granulosa,
Orthophragmina Archiaci, c'est-à-dire la faune du Lutétien infé-
rieur.
A la partie supérieure, on distingue un ensemble de marnes
rougeâtres avec intercalations de bancs de grès et de conglomérats,
caractérisées par Numm. intermedius, associé à de nombreuses
Lépidocyclines du groupe de Lepidocyclina formosa ; c’est l'équi-
valent des couches supérieures de Biarritz. Sur certains points,
on recueille avec les fossiles précédents des échantillons remaniés,
plus ou moins roulés, arrachés aux assises plus anciennes, dont
les éléments se retrouvent dans les conglomérats : Orb. conoidea,
Numm. lævigatus, N. aturicus, Assilina granulosa, Orthophrag-
mina, etc.
Des Cérites du Stampien et des Polypiers voisins de ceux de
Montecchio Maggiore ont été également recueillis dans ces cou-
ches supérieures.
Les fossiles remaniés diffèrent par leur couleur et leur mode de
conservation de ceux qui sont propres à ces assises supérieures.
M. Douvillé fait ressortir toute l’importance de ces observations, qui
montrent une fois de plus l’association si constante des ZLépidocyclines
du type ancien avec les Nummulites du groupe de N. intermedius.
1. CarrrrAuD. Mag. de Zool., 184a. Moll., p. 49, 50, 51.
SÉANCE DU 21 DÉCEMBRE 1908 515
Henri Douvillé — Les buttes de Saint-Michel-en-l'Herm.
M. Douvillé a eu occasion de visiter, sous la conduite de notre
confrère, M. Chartron, les buttes si curieuses de St-Michel-en-
l'Herm, constituées par une accumulation de coquilles d’'Ostrea
edulis, qui atteint une épaisseur maxima de 12 m. environ. IL a pu
constater, comme l'avaient déjà fait les anciens observateurs,
Fleuriau de Bellevue (1814), Rivière (1835), Eugène Deslong-
champs (1886), et enfin M. Pervinquière, que les Huîtres sont in
situ, c'est-à-dire là où elles ont vécu.
Elles sont associées aux espèces habituelles dont la liste est
donnée par M. Chartron : Anomia ephippium. Chlamys varia,
Mytilus edulis, Mactra subtruncata, Buccinum ondatum, Nassa
.reticulata, Murex erinaceus, Natica catena. M. Chartron a fait
en outre observer à M. Douvillé que de nombreuses Huitres
ramassées à la surface du sol sont couvertes de Balanes.
Il ne paraît pas douteux que la formation de ces buttes ne soit le
résultat d’un soulèvement du sol, qui aurait atteint 16 m. environ,
d'après les considérations déjà énoncées par Fleuriau de Bellevue,
et en modifiant seulement très légèrement les chiffres indiqués par
cet auteur. La présence des Balanes qui se sont fixées sur les
Huîtres mdique que le soulèvement s'est fait lentement et progres-
sivement. Il est impossible jusqu'à présent de dater ce mouvement,
les diverses trouvailles d'objets d'industrie humaine signalées dans
ces buttes n'ayant pas une authenticité suffisante.
M. L. Pervinquière rappelle qu'il a autrefois publié une note sur les
buttes coquillières de St-Michel-en-l’Herm (Annuaire Soc.Émul. Vendée).
Il lui semble incontestable que les Huiîtres sont en place; il ne peut
s'agir d’un amas artificiel, comme le pensait de Quatrefages.
M. Marcel Chevalier signale les plages soulevées avec bancs d’Ostrea
edulis et Gastropodes qu'il a découvert à l’embouchure de la Vilaine,
près de Mesquer, ainsi que les galets de tourbe recueillis avec M. de
Lapouge sous la plage Valentin au Croisic.
Jules Welsch. — À propos des subdivisions du Miocène de
l'Algérie et de leur comparaison avec les assises européennes.
Dans un des derniers fascicules de notre Bulletin ', se trouve
une étude de M. L. Joleaud, intitulée : « Esquisse comparative
des séries miocènes de l'Algérie et du Sud-Est de la France ».
J'ai constaté avec plaisir l'introduction franche d'un étage
tortonien, au-dessus de l'étage helvétien, selon les idées que
1. B.S.G F., (4), VILL, p. 284:
14 Avril 1909. — T. VIII. Bull. Soc. Géol. Fr. — 35.
540 SÉANCE DU 21 DÉCEMBRE 1908
j'ai déjà défendues dans notre Bulletin sous le titre : « Études
sur les subdivisions du Miocène de l'Algérie ». C'est un travail
que M. L. Joleaud parait ignorer. L'opinion que j’émettais ici
même jadis sur la région de Hammam-Rira et du Gontas se
trouve donc acceptée définitivement, car je rangeais dans le Tor-
tonien les grès et poudingues du Gontas, en faisant remarquer
que peut-être la partie supérieure, plus riche en poudingues, pou-
vait représenter le Sarmatien, Jusqu'alors, Pomel et ses élèves
considéraient les grès et poudingues du Gontas comme helvétiens.
Dans la thèse de M. A. Brives : «Les terrains tertiaires du
Bassin du Chelif et du Dahra » *, les grès et poudingues du Gontas
sont encore considérés comme bhelvétiens à plusieurs reprises.
Je viens de recevoir, pour la bibliothèque de mon laboratoire, .
diverses feuilles de la Carte géologique de l'Algérie, à 1/50 000;
j'ai constaté, avec plaisir, que, sur la feuille de Vesoul-Benian,
(M. À. Brives) où se trouve la crête du Gontas, l'assise en ques-
tion est indiquée : grès du Gontas (tortonien), comme je lai
démontré en 1899.
Dans cette région de Haimmam-Rira et du Gontas, le Tortonien
(grès du Gontas) n'est guère fossilifère ; il faut aller plus à l'Est ;
j'ai montré, dès 1895, que cette formation passe dans la région,
d'Orléansville aux calcaires à ZLithothamnium et dans celle de
Mascara à des marnes à faune tortonienne. En particulier, je
citerai le gisement de Sidi-Daho, près Mascara, dont j'ai donné la
faune dans le travail cité, mais après Bleicher et Mayer-Eymar, qui
ont, les premiers, indiqué l’âge tortonien de ces dernières couches;
je l'ai rappelé dans mon travail.
Je ne suis plus d'accord avec M. L. Joleaud pour la place à
donner aux marnes de Carnot, de la vallée du Chelif, entre le
Gontas et Mascara. Dans son texte et dans son tableau (p. 293),
notre confrère place les marnes de Carnot, au-dessus du Tortonien,
dans un étage sahélien ; j'ai étudié les environs de Carnot et ceux
de Mascara ; j'y ai ramassé beaucoup de fossiles ; on a la même
faune dans les deux gisements, ainsi que dans les Beni-Rached ;
ces gisements sont tortoniens ; je l’ai indiqué dans un tableau de
notre Bulletin *. Il suflit du reste d’étudier attentivement les espèces
citées par M. L. Joleaud et les considérations paléontologiques qui
les accompagnent pour voir qu'il n’y a pas de différences réelles
entre la faune des marnes sableuses tortoniennes et celle des
marnes de Carnot.
1. Loc. cit., (3), XXIII, p. 271, 1895.
2. In-/”., 1897. Alger, Fontana.
3. B.S. G.F., (3), XXII, p. 285.
SÉANCGE DU 21 DÉCEMBRE 1908 547
M. G. Dollfus appelle l'attention sur une note intéressante de
MM. Bassani et A. Galdieri « Sur la Source minérale de la vallée
de Pompeï » (Naples 1908).
Le comte de Fusco a tenté la perforation d’un puits sur le flane
du Vésuve, à Pompeï, à l'altitude de 12 m. au-dessus du niveau de
la mer, pour l'irrigation de ses jardins. Ce forage, descendu à
96 m. de profondeur, fut abandonné en 1903 sans résultat; après
un essai de pompage, tout à coup, le 26 août 1907, il jaillit tumul-
tueusement du puits une eau mousseuse qui s'éleva à une hauteur
d'une vingtaine de mètres ; cette eau, qu'il fut impossible d'arrêter,
fut captée dans une grande vasque, comme une gigantesque coupe
de vin de Champagne. Cette eau, à la température de 14°, est
extrêmement riche en chaux et en magnésie et émulsionnée par
une forte proportion d'anhydride carbonique. Les terrains tra-
versés dans l’avancement du forage consistent dans une alternance
de laves et de pouzzolanes rougeâtres. Mais le point tout particu-
lièrement intéressant est la rencontre, à 96 mètres, d’un sable
marin fossilifère qui s’est fait jour brusquement avec l’eau, appor-
tant toute une série de coquilles marines littorales d'espèces
encore vivantes dans la baie de Naples.
Depuis l'aménagement de ce puits, l'émission subit des varia-
tions considérables, des interruptions intermittentes, la hauteur
variant de 7 m. 50 à 27 mètres.
M. Dollfus saisit cette circonstance pour rappeler que M. de
Monterosato a déjà eu l'occasion d'étudier des coquilles terrestres
rejetées dans les laves du Vésuve et quil y a reconnu exclusive-
ment des espèces encore vivantes. M. Lacroix a bien voulu lui
_montrer un petit bloc de grès rejeté par une des récentes érup-
tions du Vésuve, en inclusion dans les laves, et il a pu reconnaître
diverses empreintes de coquilles marines déterminables et per-
mettant d'attribuer à ce grès un âge pleistocène ou récent. Il
semble qu'aucune roche ancienne n'a été rejetée par le volcan,
ce qui conduit à croire que le phénomène volcanique a le plus
généralement son siège à une profondeur médiocre, qu'il est
localisé et en indépendance complète avec les mouvements tecto-
niques.
CONTRIBUTION A L'ÉTUDE STRATIGRAPHIQUE
DE L'ORLÉANAIS
PAR Paul Combes fils
Dans des notes antérieures ' j'ai eu l'occasion d'examiner le
détail stratigraphique de certains gisements de l'Orléanais ; néan-
moins, il y avait encore quelques points à revoir, et, sur les indi-
cations de M. G..-F. Dollfus, j'ai consacré la somme que m'a allouée
la Société à une dernière campagne dont voici l'exposé.
I. Neuvizze-aux-Bots (LoirET).— La sablière du « Cas Rouge »,
située à environ 1 km. à l'Est de Neuville, en contre-bas de la
cote 132 (Feuille « Fontainebleau » S.O.) montre les sables de
l'Orléanais avec ossements.
Mais le point le plus intéressant de cette localité et sur lequel je
désire surtout attirer l'attention, c’est la présence, dans la sablière
Goué, au-dessus des sables, d’un dépôt alluvionnaire dans lequel
M. Gurlie, pharmacien à Neuville, a rencontré des fragments de
crâne et divers ossements de Bison priscus H. v. MEx.. près du
cours actuel de la Laye. Il est certain pour moi que l’on est là en
présence de dépôts pleistocènes déposés par ce petit cours d’eau.
La faune des sables miocènes contenant comme espèces typi-
ques en ce point: Anchiterium aurelianense Cuv.. Rhinoceros
(Teleoceras) aurelianensis Nouër., Testudo noviacensis Nouëz,
est assez connue pour que je n'y insiste pas.
La délimitation des bassins de la Seine et de la Loire est très ména-
gée dans la région de Neuville-aux-Bois; en se dirigeant à l'Ouest
de cette localité, on rencontre des carrières de calcaire de Beauce
sans fossile auxquelles M. Gurlie a bien voulu m’accompagner.
A Izy, vers le Nord, on aurait trouvé, paraît-il, une dent d’ Élé-
phant, ce serait l’ de d'alluvions quaternaires, mais je n'ai pas
pu vérifier ce fait.
IT. Environs D'ARTENAY (LoiRET ET EURE-ET-LoiR), — A
Auvilliers-Autroche se trouve toute une série de sablières ; j y ai
personnellement recueilli une belle plaque costale de Trionyx
Lockharti Cuv. (espèce caractérisée par la finesse du réseau de
lignes en relief qui ornent la carapace dorsale), des débris de
Testudo noviacensis NouëËL, etc.
Voici la coupe d’une sablière proche du château d'Auvilliers,
non loin d’Artenay (Loiret).
Terre VÉRÉIAIE SE . : :
2. Argile verdâtre à petites COnCrons lettres dote
3. Sable quartzeux fossilifère . . . . .
épaisseurs
variables
1. Feuille des Jeunes Naturalistes, 1 nov. 1906. — B.S.G.F., (4), VI,
1907, p. 60. — B.S.G.F., (4), 1908, p. 125.
1908 ÉTUDE STRATIGRAPHIQUE DE L'ORLÉANAIS 549
Je n'ai pas manqué d'aller revoir la sablière Faucheux à
Baigneaux (E.-et-L.), une sablière abandonnée à Lumeau et la
sablière Piot où l’on recueille : Unio cf. flabellatus Gozpr. ‘, Helix
sp. et Melania (Melanoides) Escheri BroN&r.; dans la même
région, le territoire de la commune de Poupry est rendu très aqui-
fère par la présence d’argiles burdigaliennes. |
A l'Est de la voie ferrée, aux carrières d'Herblay, on exploite le
calcaire de Beauce, bréchiforme avec revêtements de calcite :
l’ancienne carte de Chäteaudun marque l'endroit en limons.
On retrouve les sables burdigaliens fossilifères à Trinay,entre les
dernières maisons du village et le moulin en allant vers Artenay.
Enfin j'ai exploré soigneusement les territoires des communes
de Trinay, Ruan (sables burdigaliens) et d'Assas, afin d'expliquer
la découverte dans ces localités d’ossements d'animaux quater-
naires conservés au Musée d'Orléans et étiquetés ainsi :
Fragments d’une grosse mâchoire d’Eléphant (Coll. Nouël, n° 474).
Ruan 1885.
692. Fragment de mâchelière d’Eléphant, 1892 (entre Ruan et
Trinay.)
Bovidé, Astragale gauche (coll. Nouël, n° 438). Ruan, 1882.
Il s’agit d'EÉlephas primigenius Brume. et de Bison priscus
H. v. Mev., trouvés, d’après le résultat de mes courses, dans des
lambeaux d’alluvions pleistocènes du Nan.
III. Sarax (Lorrer). — Voici la coupe d'un puits creusé à
Saran, dans la propriété de M. Gustave Louillard, à Bellevue,
route de Paris, à 4 kni. 500 du Martroi et à 130 m.. d'altitude.
BURDIGALIEN
1. Terre végétale 3 o m. 80
2. Argile jaune très sableuse: 5 10
3. Sable quartzeux pur 2 25
&. Argile noire molle 0 70
5. Argile jaunâtre . T 55
6. Argile noire molle . o 60
Tuf calcaire très rocailleux . . : SE of 60
Argile noire molle soutenant une eRne Anne Fo F0) 00
> Calcaire Ml 2 10
S Banc de silex Pere 0 40
ss GalCaIre 0 0 MES RONRECRRrE 1 00
2 Silex o 25
< Galcaire eee Rene re Een Ue CT 85
Banc de silex. NE RES EI NICE SERA NES CERF EL 60
Calcaire dans lequel s’établit la nappe phréatique . . ?
Profondeur totale . . . 33 m. 30
1, Voir : G. F. Dozerus. B.C.G.F., XVIIL. n° 119 (1907-1908), mai 1908.
550 PAUL COMBES FILS 21 Déc.
RÉSUMÉ ET CONCLUSION. — En dehors des faits énumérés ci-
dessus et que l'on ne doit encore considérer que comme des
matériaux d'étude, le point qui mérite le plus d'attirer l'attention
consiste dans la présence de lambeaux d'alluvions quaternaires
fossilifères, déposés par les petits cours d’eau à régime intermittent
de Beauce.
Comme l'a très bien mis en lumière M. G.-F. Dollfus dans
son intéressant travail sur l’£au de Beauce, les cours d'eau
primitivement importants ont, par le seul fait du ruissellement
et de l'approfondissement de leur lit, diminué leur volume et se
sont infiltrés d'autre part. dans les multiples lithoclases du cal-
caire de Beauce. déjà perméable à l'état compact.
Ces cours d’eau ont abandonné des terrasses d'’alluvions,
aujourd'hui très peu visibles et réduites à l’état de lambeaux par
l'intempérisme : l'étude de ces alluvions rares et disséminées
pourra fournir des indications précieuses pour l'histoire du
régime hydrographique ancien de l'Orléanais.
M. G. F. Dollfus en présentant la note de M. Combes rappelle
qu'aux environs de Neuville-aux-Bois, sur le tracé du cours supé-
rieur de l’Essonnes, il avait trouvé lui-même, il y a quelques
années, une dent d'Équidé dans des sables restés énigmatiques.
Ces faits, et quelques autres, que M. Dollfus a eu l'occasion
d'observer depuis à Neuvy-en-Beauce et Fresnay-l'Évèque (feuille
« Châteaudun ») dans un long vallon sec avec traînée graveleuse
qui paraît communiquer avec quelque ancien drainage supérieur
de la Conie, permettent d'établir que, pendant la période pléisto-
cène, la Beauce, malgré sa haute perméabilité, a subi l'influence
d'une dénudation fluviatile, soit que cette action mécanique ait eu
lieu à la faveur d'une précipitation atmosphérique extrêmement
considérable, soit qu’elle se soit exercée sur un sol congelé, soit
enfin que son niveau de base d'écoulement ait été sensiblement
plus élevé que le niveau actuel, avec écoulement, comme aujour-
d'hui, dans trois directions. De toutes manières, M. Dollfus tenait
à faire ressortir le côté très intéressant de la courte communica-
tion de M. Combes.
«
ont ente ne lt Enr ntte d
ECHINIDES DU SOUDAN
PAR J. Cottreau
PLANCHE XII
Les Échinides du Soudan qui font l'objet de cette note sont de
provenances diverses. M. Paul Lemoine m'a soumisles échantillons
recueillis par M. Cortier *. Un lot important m'a été communiqué
par M. R. Chudeau, qui a également mis à ma disposition les
Échinides de la mission Arnaud. De son côté, M. Lacroix a fait par-
venir à M. Marcellin Boule, qui a bien voulu m'en confier l'étude,
quelques échantillons remarquablement conservés, recueillis par
le lieutenant Théral et rapportés par le capitaine Posth. J'ai pu
examiner aussi au Muséum, avec le concours de M. A. Thevenin,
les matériaux rapportés par le capitaine Cauvin, le lieutenant
Desplagnes, la mission Moll. Je suis heureux de remercier ici
mes obligeants collègues et amis : grâce à leurs communications,
j'ai pu étudier un bon nombre de matériaux.
Tous ces Échinides appartiennent aux espèces déjà décrites :
Hemiaster (Linthia) sudanensis Baruer, Plesiolampas Saharæ
Baruer et Plesiolampas Paquieri LamBrerr. IL faut ajouter un
Rhabdocidaris (Phyllacanthus) sp. provenant de Tamaské, indé-
terminable spécifiquement, signalé en 19063. par A. de Lapparent *.
L’abondance et la bonne conservation de certains échantillons
m'ont permis de faire, à propos de ces différentes espèces, les
remarques suivantes :
PLESIOLAMPAS SAHARÆ BATUER.
PI. XII, fig. 1-6.
J'ai pu étudier cinq individus bien conservés appartenant
à cette espèce, dont un exemplaire à un stade jeune recueilli par
M. Chudeau. lei encore, comme je l'ai signalé pour d’autres
espèces, il convient de noter deux formes bien distinetes, l'une
à face supérieure bombée correspondant exactement à la diagnose
et au profil donnés par M. Bather, l’autre plus aplatie en dessus et
1. Travail fait au Laboratoire de Paléontologie du Muséum.
2. Paul LEMoinE. Sur les fossiles rapportés du Tilemsi, par la mission
Cortier; in CorTiIER : D’une rive à l’autre du Sahara, p. 403-409. Paris, 1908.
3. A. pe LAPPARENT. Sur les traces de la mer lutétienne au Soudan. CR.
Ac. Se., CXXXVI. p. 1118, 11 mai 1903.
552 J. COTTREAU 21 Déc.
moins déprimée en dessous près du péristome. Ce dernier est très
nettement pentagonal chez tous les individus étudiés et non
allongé transversalement en forme de fente, ainsi qu'il est figuré
dans le dessin au trait accompagnant la diagnose de l'espèce ‘.
L'auteur déclare, d’ailleurs, que l'échantillon reproduit montre
peu nettement, « not fully », le péristome et le commencement
des phyllodes.
Localités. — Trois Plesiolampas Saharæ recueillis par le capi-
taine Posth proviennent de Tenekart au Nord de Tahoua. Deux
autres communiqués par M. Chudeau proviennent, l’un, de
Tamaské, le second, jeune individu, a été trouvé avec Operculina
complanata à Déoulé (Adr'ar° de Tahoua).
PLESIOLAMPAS PAQUIERI LAMBERT ?
PI. XIL, fig. 7-8.
Un individu provenant également de Tenekart appartient à cette
espèce. Malheureusement, de même que sur l'échantillon type de
l'espèce, une mutilation de la partie postérieure atteint le périprocte.
Ses dimensions sont les suivantes : diamètre longitudinal, 64 mm.
env. ; diam. transversal, 57 mm. ; haut., 29 mm.
Un autre exemplaire de même provenance (pl. XIL, fig. 3 et 8)
parait être une variété ou peut-être une forme renflée de cette
espèce. Il mesure : diamètre longitudinal, 51 mm. ; diam. trans-
versal, 62 mm. ; haut., 37 mm.
Il se distingue très aisément du type de Plesiolampas Paquieri
par son contour subpentagonal, son profil élevé, moins arrondi,
plus nettement conique. Par tous ses autres caractères il se
rapporte bien à cette espèce. Le périprocte parfaitement conservé.
piriforme, allongé longitudinalement, mesure 12 mm. 1/4 en lon-
gueur et 7 mm. 3/4 de large : il est tangent au bord postérieur et
distant du péristome d'environ 29 mm. Le péristome pentagonal,
excentrique en avant, mesure 10 mm. transversalement et 6 mm. 1/4
longitudinalement. M. J. Lambert avait signalé que, dans l’échan-
tillon type, certains tubercules avaient perdu leur mamelon; il
faut noter, sur ce nouvel individu, l’absence complète de plusieurs
tubercules détachés des scrobicules.
Localité. Tenekart au N. de Tahoua, à 360 km. à l'E. de Gao
(capitaine Posth).
1. BATHER. Eocene Echinoids from Sokoto. Geol. Mag., N. S., déc. V,
vol. 1, p. 293. fig. 1-4, 1904.
2. J. LAMBERT. Sur un Plesiolampas de l'Afrique Centrale, communiqué
par M. Paquier. B.S.G.F., (4), VI, p. 693-695, pl. xxn11, 1906.
1908 ÉCHINIDES DU SOUDAN 099
HEMIASTER (Linthia) SUDANENSIS BATHER.
C'est l’espèce la plus abondamment répandue. À part ceux
recueillis par le capitaine Posth, très peu d'échantillons montrent
la fasciole sous-anale caractérisque des Linthia : ils sont, en effet,
très usés, ayant été recueillis à la surface.
Localités. — Tenekart au N. de Tahoua (capitaine Posth), 360 km.
à l'E. de Gao. Déoulé, Adr’ ar de Tahoua (M. R. Chudeau). Tamaské
(M. Chudeau, capitaine Cauvin). Gamé (Mission Moll).
Vallée du Tilemsi entre Bourreni et Gao (lieutenant Desplagnes).
Tabrichat (M. Chudeau, mission Arnaud, MM. Gautier et Combe-
morel).
Falaise entre Labat et Keita : (M. Chudeau). Région de Bourreni
(M. Combemorel).
RHABDOCIDARIS PHYLLACANTUS Sp.
Trois échantillons indéterminables spécifiquement ont été
recueillis à Tamaské par le capitaine Cauvin. Le mieux conservé
mesure : Diamètre transversal, 59 mm. ; hauteur, 32 mm.
On distingue quelques fragments de grosses radioles. Les aires
interambulacraires sont ornées de deux rangées de 6 à 7 tuber-
cules serobiculés, les serobicules se touchant par la base; la zone
miliaire, granuleuse, est peu développée.
ConNcLusIoNs. — Au point de vue paléontologique la présence
de plusieurs espèces de Plesiolampas nous indique des affinités
avec la faune des Indes : au point de vue géologique la présence
du genre Plesiolampas est caractéristique des couches de passage
entre le Crétacé supérieur et la base de l'Eocène ainsi que
M. Lambert l'a démontré? : dans la région de l’Adr'ar, Plesio-
lampas et Linthia sudanensis ont été recueillis avec des Opercu-
lines. Il est donc probable, que dans la région de l'Adr'ar de
Tahoua, ces Échinides indiquent la base de l'Eocène.
1. R.Caupeau. Excursion géologique au Sahara et au Soudan. B.S.G.F.,
(4), VIL, 1907, pp. 319-347, pl. x1 ; p. 335.
2 J. Lamgerr. Notes sur quelques Échinides de la Haute-Garonne.
B.S.G.F., (4), VII, p. 363-364, 1908.
NoOuUvEAUx BRYOZOAIRES CHEILOSTOMES DE LA CRAIE
e
PAR Marius Filliozat
PLANCHE XIII
Les Bryozoaires décrits dans cette note m'ont paru bien caracté-
riser les différents horizons où je les ai rencontrés, soit à Ven-
dôme, soit aux environs de cetter ville.
Ils peuvent déjà servir à préciser davantage les délimitations
de zones crétacées que j'ai dû établir, l'année dernière, lors de la
description de quelques Bryozoaires de la vallée du Loir :.
C'est ainsi qu'à Vendôme j'ai pu relever la succession suivante,
sur laquelle j'aurai l'occasion de m’étendre un jour.
/ 1. Calcaire blanchâtre, pulvérulent, à spicules.
| 2. Calcaire sableux, jaunâtre, à Floridina Cottreaui
ASSISE aie :
s n. Sp., Smittipora oculata n. sp., Coscinopleura
à Marsupites ; ; :
"Neo vindocinensis n. sp.
testudinarius à : £ :
3. Calcaire sableux à Rhagasostoma parvicella Fir-
LIOZ., Melicertites Sp.
Rte 1. Calcaire blanc-jaunâtre à Rhagasostoma Œgon
ss
à Onychocella \ DOTE
er Calcaire blanchätre, farineux, à ARhagasostoma
antiopa D'OR.
1. Calcaire marneux, blanchâtre, à Semicytis fenes-
trata D’Ors., Sparsicytis arbuscula Ficzioz.,
Cea rhomboidalis n'OrB., Rhag'asostoma spa-
tulata, n. Sp.
ASSISE | 2. Calcaire marneux à Ælustrina simplex D'ORr8.,
à Crania « Rosseliana Canui n. sp., Rhagasostoma lanceo-
ignabergensis | lata n. sp.
3. Calcaire marneux à Membranipora ledensis n.
sp., Euritina obtorta n. sp.
4. Calcaire graveleux, jaunâtre, à Ælea hexagona
D'ORB., Semiclausa angulosa d'Or.
Genre MEMBRANIPORA BLAINVILLE, 1834.
Ectocyste et cryptocyste chitineux soutenus par un cadre calcifié.
— Jurassique. Actuel.
1. M. Firriozar. Bryozoaires crétacés de Vendôme. B.S G.F., (4), VI,
1907, 1. 391-399.
Qt
Qt
Qt
1908 NOUVEAUX BRYOZOAIRES CHEILOSTOMES DE LA CRAIE
MEMBRANIPORA LEDENSIS n. SP.
PLOXIIE four.
Zoarium libre, étroit, un peu aplati, bifurqué, s’élargissant près
des bifurcations.
Zoécies assez régulièrement hexagonales, ectocystées inférieure-
ment, séparées par un sillon. Aréa elliptique, plus ou moins
allongé, avec un bord supérieur très déclive.
Avicellaires intercalés, très fréquents, pourvus postérieurement
d'un ectocyste et antérieurement d'une lèvre péristomienne sail-
lante.
Ovicelle subglobuleuse, fortement échancrée sur l’aréa.
Loécie : L — 0,51; | — 0,43. Aréa : L — 0,47 ; L — 0,23.
Avicellaire : L — 0,42 ; 1 — 0,25. Aréa : L — 0,27 ; 1 — o.r1.
OBSERVATIONS. — Les dimensions zoéciales, les avicellaires inter-
calés, se succédant assez régulièrement en une lignée longitudinale,
caractérisent parfaitement cette espèce.
Sur le spécimen figuré, une zoécie présente le phénomène de la régé-
nération totale, si bien mis en relief par M. Levinsen t.
Localité. — Rue Chèvre (commune de St-Firmin-des-Prés). Assise à
Crania ignabergensis, zone n° 3.
Genre FLORIDINA J. JULLIEN, 1881.
Opésie trifoliée. Cryptocyste prismatique. Onychocellaire
modifié. — Sénonien. Actuel.
FLORIDINA COTTREAUI n. Sp.
EXT TEA IS)
Zoarium libre, en rameaux étroits, un peu aplatis, bifurqués.
Zoécies subhexagonales où subogivales, légèrement creusées.
Cadre épais, divisé par un léger sillon. Opésie nettement trifoliée
par deux dents latérales acérées, qui rendent la partie antérieure
fortement transverse. Le bord opésial postérieur, légèrement
arrondi, est bien échancré par deux opésiules latérales. Ce bord,
très fragile, est souvent ébréché.
Onychocellaires évidés antérieurement, avec une opésie assez
régulièrement ovale.
Loécie : L — 0,54 ; 1 — 0,35. Opésie : L — 0,17 ; 1 — 0.14
Onychocellaire : L— 0,56 ; 1 — 0,31.
Localité. — Vendôme. Assise à Marsupites testudinarius, zone n° 2.
1. G. M. R. LEviINsEN. Sur la régénération totale des Bryozoaires. Bull.
de l'Acad. roy. des Se. et Lett. de Danemark. N° 4, 1905. p. 151-159.
556 MARIUS FILLIOZAT or Déc.
Genre SMITTIPORA J. JULLIEN, 1881.
Opésie semi-lunaire. Cryptocyste prismatique. Onychocellaire
symétrique. non falciforme. — Sénonien. Actuel.
SMITTIPORA OCULATA n. SP.
PI. XII, fig. 3.
Zoécies subhexagonales, allongées, arrondies en avant et
amincies en arrière, à contour plus ou moins ondulé, formé par
un mince sillon. Cryptocyste assez profond, s’infléchissant sous
l’opésie. Celle-ci terminale, ayant le bord inférieur échancré
latéralement par des opésiules.
Petit avicellaire subarrondi, bien constant. situé sur le bord
supérieur de l'opésie, tantôt à droite, tantôt à gauche, rarement au
milieu.
Ovicelle rare, légèrement globuleuse, adossée sur la zoécie
supérieure.
Zoécie : L— 0,61 ; 1 — 0,27. Opésie : L — 0,10 ; 1 — 0,13.
OBSERVATIONS. — Le petit avicellaire suprazoécial caractérise bien
cette espèce. Il lui donne un peu l’aspect de Vincularina ogivalis D'ORr8.,
espèce beaucoup plus grosse, trouvée à Vendôme également.
Dans cette dernière espèce, non opésiulidée, qui manque au Muséum,
mais que Pergens a retrouvé à Faxe:, les avicellaires, comme sur la
figure de »'Orbigny ?, sont placés au sommet de capuchons «se terminant
« en bas par deux lignes qui vont rejoindre la bordure » :.
Localité. — Vendôme. Assise à Marsupites testudinarius, zone n° 2.
Genre EURITINA CANU, 1900.
Cryptocyste prismatique près de l'opésie et peu accentué.
Vieilles cellules monodermioïdes. Avicellaire. — Turonien. Actuel,
EURITINA OBTORTA n. Sp.
PTT het
Zoarium bilamellaire, rameux.
Zoécies subhexagonales, plus ou moins allongées, limitées par
un fin sillon, pourvues d'un cryptocyste inférieurement convexe,
fortement déclive sur le bord postérieur de l'opésie. Cadre tortueux :
les côtés latéro-postérieurs ont presque toujours une forte bour-
souflure dirigée sur l’opésie de la zoécie sous-jacente. Opésie
terminale, irrégulièrement ovale, élargie à la base, évidée en avant.
1. Ed. PERGENS et À. MEUNIER. La Faune des Bryozoaires garumniens de
Faxe. Ann. Soc. roy. malacologique de Belgique, XXIL (4) I, 1886, p_ 233.
2. À. D'ORBIGNY. Pal. Fr., Bry. crét., 1853, pl. 682, fig. 17.
1908 NOUVEAUX BRYOZOAIRES CHEILOSTOMES DE LA CRAIE 997
2
Avicellaires piriformes, avec un cryptocyste concave et une
opésie ovale, bordée antérieurement d’une lèvre péristomienne
saillante en avant du plan zoarial.
Ovicelle faiblement globuleuse, couvrant à peine le cinquième
de la zoécie supérieure.
Dimensions moyennes
Loécie : L — 0,64 ; 1 — 0,36. Opésie : L — 0,23; | — 0,14.
Avicellaire : L — 0,28 : 1 — 0,14. Opésie : L — 0,14; 1 — 0,710.
OBSERVATIONS. — Par son cadre boursouflé, par ses dimensions
spéciales, cette espèce est nettement différenciée.
Dans les zoaria où le cadre est atténué, les sillons deviennent très
visibles et les zoécies ont un air de ressemblance avec celles d’Euritina
delia D’Ors. Mais il n’est pas possible néanmoins de confondre les deux
espèces. Dans £uritina delia, que j'ai pu observer au Muséum, grâce à
la complaisance de MM. Boule et Thevenin, les zoécies sont séparées
par des sillons longitudinaux et profonds, les avicellaires sont peu
fréquents et les dimensions sont tout autres ‘.
Localités. — Vendôme, Rue Chèvre (commune de St-Firmin-des-
Prés). Assise à Crania ignabergensis, zone n°5.
Genre COSCINOPLEURA MaRssoN. 1883.
Stock wie bei, Eschara. Die schmale Kante des Stocks durch
zwei Reihen grosser, anders gestalteter Zellen eingefasst. —
Sénonien. Maëstrichtien.
La languette orale des zoécies différenciées (cellules autrement
formées de Marsson) rappelle celle des vibracellaires auriculés que
l'on observe dans différents genres : Lunulites, Vibracella ou
Scrupocellaria.
Les Coscinopleures devaient être, comme les Lunulites, des
espèces nageuses ou tout au moins ambulatoires. Ce genre se
retrouve en effet fort loin, jusqu'en Amérique, où il est représenté
par Coscinopleura(Eschara) digitata Morrox, espèce très voisine
de C. élegans HAGENOw.
Les divers stades embryonnaires s'observent bien sur quelques
rares zoécies, où l’opésie commence par un simple pore qui
s'élargit peu à peu pour prendre la forme d'un croissant.
1. J’ai relevé les dimensions suivantes sur un échantillon d’Zuritina delia
de la collection d’Orbigny :
Zoécie : L — 0,50; 1 — 0,29. Opésie : L — 0,21 ; 1 — 0,14.
558 MARIUS FILLIOZAT 21 Déc.
COSCINOPLEURA VINDOCINENSIS n. Sp.
PI. XI, fig. 5.
Zoécies hexagonales, en quinconces, séparées par un léger sillon.
Opésie subterminale, semi-lunaire, nettement perforée par deux
opésiules latérales. Cryptocyste concave.
Vibracellaires (?) convexes, fréquents sur les côtés latéraux, avec
une languette orale incurvée cachant presque entièrement une
opésie semi-lunaire.
Ovicelle globuleuse, proéminente, en forme de capuchon, bien
échancrée, saillante sur le bord supérieur de l’opésie.
Zoécies ovariennes au milieu du zoarium, généralement sur deux
ou trois lignées longitudinales.
Loécie : L — 0.47 : 1 — 0,38. Opésie : L— 0,11: l: 0,14.
Onychocellaire : L — 0,29 ; L — 0,137.
OBSERVATIONS. — Une seule espèce, parmi toutes celles décrites par
d’Orbigny, dans la Paléontologie Française, entre indubitablement dans
le genre Coscinopleura ; c’est Eschara Clio (pl. 671, fig. 12-15), trouvée
à Meudon, qui diffère de Coscinopleura vindocinensis par de plus grandes
dimensions, par des zoécies relativement plus larges et par des opésies
submédianes.
Localité : Vendôme. Assise à Marsupites testudinarius, zone n° 2.
Genre ROSSELIANA J. JULLIEN, 1888.
Cryptocyste à moitié développé ; orifice semi-lunaire. Bord
inférieur de l’opésie convexe, les deux sinuosités latérales cons-
tituant les opésiules. — Sénonien. Actuel.
ROSSELIANA CANUI n. sp.
PI. XII, fig. 6.
Zoarium arborescent, légèrement comprimé, bifurqué.
Zoécies subhexagonales ou subogivales. limitées par une forte
cote commune. Cryptocyste assez profond, convexe sous l’opésie,
plongeant très obliquement, dans la partie supérieure de celle-ci,
pour former une large ora lamina.
Opésie transverse, avec un bord inférieur convexe, assez forte-
ment échancré par des opésiules latérales.
Onychocellaires très falciformes, à cryptocyste concave et à
opésie ovale, non perforée.
Zoécie : L — 0,69; 1 — 0,43. Opésie : L — 0,17 ; 1 — o,a1.
Onychocellaire : L — 1,03 ; I — 0,40.
1908 NOUVEAUX BRYOZOAIRES CHEILOSTOMES DE LA CRAIE 599
OBSERVATIONS. — L'aspect est un peu celui de Rosseliana crassa ,
avec un zoarium et des zoécies beaucoup moins grandes, des onycho-
cellaires bien plus falciformes.
Localité. — St-Ouen (Loir-et-Cher). Assise à Crania ignabergensis,
zone n° 2.
Genre RHAGASOSTO MA KoscHiNsKkY, 1885.
Opésiules distinctes, rondes, adjacentes inférieurement à l'opésie
et communiquant avec elle. Avicellaire modifié en réticulocellaire.
— Cénomanien. Oligocène.
RHAGASOSTAMA LANCEOLATA n. Sp.
PL. XIIL, fig. 5.
7
Zoaria libres, en bâtonnets assez frustes, bifurqués.
Loécies à cadres distinets, subogivales, plus ou moins allongées
et retrécies en arrière. Cryptocyste légèrement excavé, s'infléchis-
sant sous l’opésie, qui est terminale et semi-lunaire.
Réticulocellaires ayant exactement la forme d’un fer de lance,
évidé dans la pointe, qui empiète souvent sur la zoécie supérieure.
Cryptocyste un peu convexe inférieurement. Opésie ovale.
Ovicelle légèrement proéminente, couvrant à peine le tiers de la
zoécie supérieure.
Loécie : L — 0,55; 1 — 0,27. Opésie : L — 0,08 ; | — 0.17.
Réticulocellaire : L — 0,67 ; 1 — 0,28.
OBSERVATIONS. — La forme zoariale et le réticulocellaire régulière-
ment lancéolé différencient bien cette espèce.
Localités. — Vendôme, St-André (commune de Mazangé). Assise à
Crania ignabergensis, zone n° 2.
RHAGASOSTOMA SPATULATA n. sp.
PI. XIII, fig. 8.
Zoarium bilamellaire, quelquefois encroûtant.
Zoécies subhexagonales, bien distinctes, à contour souvent
arrondi. Cryptocyste légèrement convexe sous l’opésie. Lamelle
opésiale à bord droit, bien développée.
Réticulocellaires spatuliformes, très caractéristiques.
Ovicelle globuleuse, proéminente, couchée sur la zoécie supé-
rieure.
Loécie : L — 0,42; 1 — 0.28. Opésie : L — 0,07; I — 0,11.
Réticulocellaire : L — 0,43 ; 1 — 0,14.
1. Dans cette espèce, c’est l’état bilamellaire qui est de beaucoup le plus
fréquent et non l’état unilamellaire qu’une erreur typographique m'avait
fait écrire. B,S.G.F., (4), VIL, 1907, p. 395.
560 MARIUS FILLIOZAT o1 Déc.
OBSERVATIONS. — Les jeunes réticulocellaires ont un peu la forme de
ceux de Rhagasostoma turonica CANU, mais ils ne tardent pas à se
développer et à devenir franchement spatuliformes.
Localités. — Vendôme, Villiers. Assise à Crania ignabergensis, zone
He
M. F. Canu rend hommage au travail acharné et consciencieux
accompli sur le terrain par M. Filliozat. Mais il pense que ces divisions,
absolument indispensables pour l'étude locale, ne sont guère valables
que pour la Touraine et qu’elles cessent d’être exactes, même pour la
contrée voisine des Charentes. D'ailleurs, pour qu’elles puissent offrir
quelque utilité générale, il serait à souhaiter qu’elles soient accompa-
gnées de détails très circonstanciés concernant à la fois la pétrographie
et les conditions d'habitat de chacune des zones considérées.
LE GOLFE DE MAURITANIE
PAR R. Chudeau
Les terrains anciens du Bambouk se prolongent au Nord du
Sénégal, où ils donnent naissance au Tagant, région accidentée,
limitée nettement à l'Ouest par une dénivellation brusque. On con-
naît, du Tagant, des schistes à mica noir, des schistes à séricite,
des quartzites, de l’oligiste et du quartz”.
Plus au Nord, et séparés du Tagant par une région inconnue,
large de plus de 100 km., les terrains anciens se montrent à
nouveau vers l'oued Tifrit, d'où on peut les suivre jusque dans
le Tiris (Rio de Oro). Les schistes cristallins aflleurent sur de
vastes surfaces : dans le Rio de Oro, à la latitude de Villa Cisneros,
ils arrivent à 80 km. de l'Atlantique”. Ils sont surmontés, dans
l'Adrar Tmar, par des grès dévoniens horizontaux, à Spirifer
(A. Dereims).
Entre ces terrains anciens et l'Atlantique, affleurent des forma-
tions horizontales tertiaires, Éocène au Sénégal *, Miocène (?) dans
le Guerguer (Rio de Oro) [Font y Sagué|. Dans la Mauritanie
française. le Pleistocène seulement est connu.
Il débute, probablement, à l'Estde la baie du Levrier, par des grès
tendres, formant une série de plateaux hauts d'une vingtaine de
1. J. CHAuTARh et P. LEMOINE. Sur la constitution géologique d’une partie
de la Mauritanie. La Géographie, XVII, 4, 1908, p. 307-309.
2. E. QuiroGa. Revista de Geografia comercial, 1886, p. 56-80.
3. Friry. Bull. du Muséum d'H. nat., 1908, p. 295-300.
1908 LE GOLFE DE MAURITANIE 561
mètres tout au plus. souvent de 7 à 8 mètres, qui constituent le
Krekche et le Tasiast.
Autour de Bir El Aïoudj surtout, on rencontre, à la base des grès,
le Rotula Rumphi Kieix (— À. Fonti. LAMBERT ?). encore vivant
sur le littoral voisin. Il est accompagné d’'Huîtres et de Moules
de Mollusques indéterminables.
Dans le Tasiast, les grès qui sont probablement un peu plus
élevés, ne m'ont fourni que quelques moules de Gastropodes.Ils sont
surmontés par des calcaires très siliceux : M. Dereims a rapporté
de Touizikt des calcaires qui paraissent identiques.
Un peu plus au Sud, dans l'Agueitir, se montrent des amas de
sable, hauts de 6 à 7 m., protégés par une couche horizontale de
Senilia senilis, qu'accompagnent quelques rares autres espèces. Le
dernier de ces plateaux à Senilia se trouve à Chedala.
Entre Chedala et le Sénégal, les strates sont plus jeunes, parfois
presque contemporaines.
Ce sont surtout des dépôts de plage, avec une riche faune de
Mollusques marins; entre le fleuve et Boguent, on rencontre par-
fois des traces d'épisodes lacustres (Planorbis, Lymnea, ete.).
Des formations analogues sont connues fort loin dans l’intérieur
jusqu’à Touizikt, Aleg ; des Planorbes ont été recueillis à Bouti-
limit (Chautard, P. Lemoine, loc. cit.). Tout ceci prouve l'existence
d'un golfe quaternaire qui, jusqu'à une époque peut-être assez
récente, a occupé la Mauritanie : les débris de poteries et les
pointes de flèches néolithiques manquent jusqu’à l’Agueitir, au
Nord duquel elles deviennent communes.
La disposition des chaînes de dunes, hautes parfois de 10 à
15 mètres, qui couvrent la plaine, est d'accord avec cette notion
d'un golfe.
Il peut être intéressant de rappeler que l'on connaît, à Tom-
bouctou, des dépôts quaternaires marins '. La communication
avec l'Atlantique aurait pu se faire (?) entre le Tagant et l’Adrar
Tmar.
Le cap Blanc est formé de dépôts d’estuaire dont je n'ai pas
pu voir les relations avec les grès du Krekche. Les seuls fossiles
sont jusqu'à présent un /Æelix et un Buliminus, tous deux d'afti-
nités canariennes. Ce fait, rapproché de la présence de quelques
espèces végétales des Canaries à Port-Étienne indique peut-être que,
jusqu'au Quaternaire, les Canaries ont été rattachées à l'Afrique.
1. CHEVALIER. Sur l'existence probable d’une mer récente dans la région
de Tombouctou. CR. Ac. Sce., CXXXIL, 15 avril 1901, pp. 926-928.
14 Avril 1909. — T. VIIL. Bull. Soc. Géol. Fr. — 36.
SUR LA GÉOLOGIE DE LA VALLÉE DE LA MARNE
ENTRE LAGNY ET CHALIFERT (SEINE-ET-MARNE)
PAR Maurice Morin
Cette note a pour objet d'étudier la géologie des deux coteaux
de la vallée de la Marne, qui donnent accès aux plateaux de
l’Aulnay et de la Brie, entre deux points distants de six kilome-
tres. Les nombreux documents que j'y ai recueillis depuis quelques
années ont révélé plusieurs particularités intéressantes.
Cette partie des environs de Paris, cependant très rapprochée,
n’a donné lieu comme publication, à ma connaissance du moins,
qu'à quelques renseignements dans de Sénarmont ".
ALLUVIONS RÉCENTES. DÉPÔTS DE PENTES. — Les alluvions
récentes, composées de limons de débordements, recouvrant
quelquefois une couche d'argile noirâtre remplie de débris végé-
taux en décomposition, sont peu épaisses, 2 à 3 m. au plus; elles ne
présentent aucun intérêt.
Les dépôts de pentes sont quelquefois très puissants, presque
toujours formés par les Glaises vertes et les marnes supra-gyp-
seuses, mélangées de Calcaire de Brie. J'en ai constaté 8 m. à
Dampmard et à Pomponne (voy. coupes n° à et 7). Souvent, surtout
dans la région de Lagny et de Thorigny, des lambeaux de terrains
sont descendus sur la pente du coteau, sans rien perdre de leur
stratification. Un exemple bien typique en est fourni par un puits
creusé à Pomponne (voy. coupe n° 7). Les Marnes blanches de
Pantin ont glissé sur les Marnes bleues, entraînant les Glaises
vertes et les Marnes à Cyrènes, et sont venues recouvrir le Tra-
vertin de Champigny, en restant bien stratifiées. Un observateur
non prévenu conclurait à l'absence des Marnes bleues, qui sont
au contraire très développées. Un autre exemple, à Thorigny.
présente les couches depuis le Calcaire de Brie jusqu'aux Marnes
bleues, descendues de plus de 10 m.
D’autres fois, on rencontre un mélange de marnes diverses pré-
sentant une apparence de couches stratifiées.
1. De SÉNARMONT. Essai d’une description géologique du département de
Seine-et-Marne, 1844.
1908 GÉOLOGIE DE LA VALLÉE DE LA MARNE 563
Limows. — Les plateaux sont recouverts dans leur plus grande
partie de limons quelquefois fort épais, plus ou moins argileux ou
sableux : ils contiennent des blocs de Meulière de Beauce, témoins
de ces couches disparues. ;
Les limons ont été autrefois exploités à Dampmard pour la
fabrication des briques ; ces exploitations ont été abandonnées,
les produits étant de mauvaise qualité.
Sur les pentes, on trouve également des lambeaux de limons,
notamment à Lagny et à Thorigny ; ils sont sans importance et
peu épais.
Drizuvium. — Le Diluvium peut atteindre plus de 10 m. ; il est
exploité à Dampmard et à Lagny. On a trouvé dans la partie
basse des ossements d'Éléphant et d’autres espèces ; mais, n'ayant
pas vu ces pièces, je ne peux en donner de détermination spéci-
fique. La partie moyenne est souvent agglomérée en une sorte de
poudingue, parfois très dur, à ciment calcaire, nommé calcin par
les ouvriers. Les lentilles du Diluvium sont peu visibles dans ces
carrières.
On n'y a jamais signalé de silex taillés, malgré les nombreuses
recherches qui y ont été effectuées.
SABLES DE FONTAINEBLEAU. — Je ne parlerai ici que pour
mémoire des Sables de Fontainebleau : on ne peut les observer
qu'au-dessus de Dampmard. Les carrières, ainsi que les gisements
fossilifères, sont sur l’autre versant du plateau: je reviendrai
dans une note ultérieure sur cette question. Il en est de même des
Marnes à Huîtres.
JALCAIRE DE BRIE. — Le Calcaire de Brie est très déve-
loppé dans la région qui nous occupe et présente plusieurs
faciès. Son épaisseur peut atteindre 12 à 13 m. (Thorigny). Son
allure est très variable. Tantôt exclusivement calcaire, il peut
être plus ou moins siliceux ; lorsqu'il est surtout calcaire, 1l est
composé de bancs de calcaires marneux toujours fragmentés,
de marnes blanches plus ou moins dures et de marnes ligniteuses,
violettes.
Ces dernières sont les plus intéressantes ; c'est au milieu d'elles
que j'ai découvert, à Thorigny, toute une faune lacustre actuelle-
ment à l'étude et parmi laquelle M. M. Cossmann a pu reconnaître
déjà une dizaine d'espèces.
Indépendamment de cette faune lacustre, j'ai pu recueillir une
faune de Mammifères et de Reptiles que nous avons étudiée en
5064 MAURICE MORIN or Déc.
collaboration avec M. P. Jodot'. Nous avons pu reconnaître parmi
les Reptiles une Tortue du genre Æmis, malheureusement engagée
dans un silex. mais dont la carapace est presque entière.
Parmi les Mammifères, Æntelodon magnum AymaARD est tres
bien représenté par plusieurs individus. et nous possédons la série
presque complète des dents ; nous possédons aussi une dent
molaire inférieure gauche de Palæoplotherium minus. trouvé au
milieu de la mâchoire d'un Entelodon. Des débris d’ossements ont
été également trouvés.
Quoi qu'il en soit, les documents recueillis jusqu'ici sont venus
confirmer les idées de M. Marcellin Boule, qui avait, le premier.
rattaché aux calcaires de Ronzon le Calcaire de la Brie.
C’est également de ces marnes ligniteuses que provient la roche
Fig. 1. — COUPE MINCE D'UNE COQUILLE (BITHINIE) SILICIFIÉE DANS LA @(TAÏIZE »
DU CALCAIRE DE BRIE de Thorigny (S.-et-M.) (gross. X 30).
étudiée par M. Stanislas Meunier *. C’est une roche grise, friable.
composée de silice avec des traces d'argile et ressemblant à
certaine variété de gaize. Elle contient des coquilles dont la silici-
fication intéressante est, d'après M. Stanislas Meunier, due à la
lutécite ou à une substance très voisine (fig. 1).
Le faciès siliceux est très variable ; le plus souvent, on trouve
des blocs épars dans l'argile rouge, quelquefois des bancs entiers,
séparés par des marnes et des argiles rouges ou bariolées ; on y
1. P. Jopor M. Morin. Indice de la présence de la faune de Ronzon dans
le Calcaire de la Brie à Thorigny (S.-et-M.). B. Muséum Hist. nat., 1908, p. 58.
2. Stanislas MEuNIER. Observations à la note de MM. Morin et Jodot. B.
Mus. H. N., 1908, p. 8.
1908 GÉOLOGIE DE LA VALLÉE DE LA MARNE 565
trouve fréquemment des formations tubulaires et des débris de
végétaux silicifiés. À Lagny (Saint-Laurent), j'ai trouvé des bois
de Palmier silicifiés d’une conservation parfaite, des graines de
Chara, de Nymphéacées, etc.
La silicification des meulières parait s'être faite par poches; j'en
ai constaté jusqu'à quatre dans l’espace de 100 mètres. Assez
fréquemment, les parties siliceuses sont intercalées dans les par-
ties calcaires.
Les meulières sont ordinairement compactes, coquillières, quel-
quefois un peu caverneuses ; le silex pyromaque y existe égale-
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Fig. 2. — CARRIÈRE située à 500 m. au N.E. de celle de la figure 3. — 1/100.
1, Blocs de calcaire blanc, noyaux siliceux, dans la marne blanche, 0 m.95;
>, Marne blanche fragmentaire, avec blocs de meulière compacte, poches
d'argile, : m. 30 à om. 60; 3, Marne ligniteuse, o m. 40; 4, Blocs de cal-
caire blanc coquillier dans la marne blanche, o m. 30 à 1 m. ; 5, Blocs de
calcaire siliceux et de silex zonaires dans la marne blanche, o m. 20 à
1 m.50:; 6, Marne blanche avec fragments de calcaire marneux et de
silex, quelques blocs épars à la partie supérieure, 1 m. 10 à 2 m./40;
7, Terre végétale (cote 105 m. env.), 0 m. 50.
ment en gros blocs, surtout dans les marnes ligniteuses. J'ai égale-
ment observé des silex zonaires.
Les figures 2, 3 et 4. ainsi que les deux coupes r et 2, complètent
les renseignements donnés jusqu'ici.
566 MAURICE MORIN 21 Déc,
mn 111 1,
Do 1.
lr,t
iii 12
1e
Fig. 3. — CARRIÈRE JANDRÉE A THoRIGNY (S.-et-M.)
(lieu dit « Les Coulons ». — 1/r00).
Argile rouge, ferrugineuse avec limonite et meulières compactes ;
14, Poche de sable et blocs de meulière ; 1b, Marne blanche et blocs de
meulière ; 1c, Poche de marne blanche, fissurée ; 2, Argile rouge et blocs
de meulière compacte ; 3, Marne blanche avec poches de sable et d'argile,
meulière compacte en fragments de toute dimension, silex zonaires. Poches
de sable; 4. Marnes à Huîtres et Sables de Fontainebleau remaniés :
5, Terre végétale (cote 100 m. env.).
Les meulières sont activement exploitées partout pour l’em-
pierrement ou la construction. Les parties calcaires ont été
exploitées souterrainement à Thorigny pour la fabrication de la
chaux ; mais ces exploitations sont abandonnées depuis longtemps.
(AS |
Qt
CouPE 1. — Purrs DANS LE CALCGAIRE DE BRIE, A THoriGNY (S.-ET-M.) ;
LIEU DIT &« LES TUILERIES ».
Terre végétale (cote 100 m.). . ESPN. dE MEET
. Marne fragmentaire, recimentée été assez Te Le SE 0 4o
. Marne fragmentaire sans cohésion, avec rognons de ie
dans toute la masse; dalles de silex à certains niveaux. 5 60
. Banc de silex gris en blocs très fossilifères, Bithinies,
Limnées, Planorbes . . . . : O0 55
. Argile chocolat, avec silex gris, ne re ; même
tossiles que ci-dessus ; a fourni des Mammifères et des
Reptiles danstan-lieu très voisin "0 80
- 1908 GÉOLOGIE DE LA VALLÉE DE LA MARNE 9067
3. Marne blanche; traces ferrugineuses, blocs de calcaire
marneux gris passant au silex dans le centre des blocs,
silex noirs compacts, silex poreux. Les blocs de calcaire
marneux sont fossilifères ; même faune que ci-dessus . 4 05
D. ARS UENONE LEURS Eee REA LAN OR FER CE LA DA PRES SITE CE ARS 60
1. Marne calcaire blanche. . . . . . ALL LIT QUE E ?
Remblais
Fig. 4. — CARRIÈRE IMBAULT, A THoRIGNY (S.-et-M.) 500 m. au N. de l'Église.
Gisement fossilifère à Entelodon.
1, Marne blanche avec rognons calcaires, quelquefois siliceux ; 2, Marne
ligniteuse avec gros blocs de silex pyromaque, coquilles silicifiées et cal-
caires, Nombreuses dents et ossements brisés (Emys, Entelodon, Palæo-
plotherium, etc.) (cote 93 m.), o m. 10 à o m. 60 ; 3, Argile rouge avec gros
blocs de silex gris, fossilifères. Ce banc est remplacé latéralement par une
marne ligniteuse, analogue à celle de la couche précédente, o m. à 5 m. 50;
4, Marnes calcaires, fragmentaires, avec parties ligniteuses, débris de
coquilles, très rares ossements, quelques rognons de silex gris, o m. 60 :
5, Trois bancs discontinus de silex en rognons et en dalles, séparés par
des assises de marne très dure, également fragmentaire. Disparaît à
droite, o m. 30 à o m. 80; 6. Calcaire très fragmentaire, avec de gros
rognons siliceux, 1 m. 50 à 2 m. 50: Terre végétale (cote 98 m.).
Coupe 2. — Purrs À THorIeNx (S.-ET-M.)
(ANGLE DE LA ROUTE DÉPARTEMENTALE ET DE LA RUE DU TEMPLE)
= 16 Terremvésétale (cote D) NE RTE EEE m-150
15. Blocs de calcaire siliceux dans la marne. . . . o 80
14. Marne blanche . 0 70
13. Silex RTS LE TE (o) 20
12. Calcaire blanc fragmentaire 0 65
11. Silex CR RS TR MEN A 4" "Q 20
10. Marne blanche, fragmentaire, avec rognons de
SEX ENT RO
9. Calcaire marneux blanc, fragmentaire, dans la
manne DIAn EN ee RE PRER RE RE eo 72
568 MAURICE MORIN or Déc.
8. Calcaire siliceux dans une marne blanche . . . 1 m. 15
7. Marne jaune avec filets de marne grise. . . . o 60
6... Marne:grise: que sut rat al MIRE
5. Plaquette de calcaire siliceux, très ferrugineux o 20
H / 4. Glaise verte avec marnolites très nombreuses,
Ë magnésiennes (alt. 8210. 30) "Ne COR O 60
ë 3. Calcaire marneux . 0 10
a 2: MARNE CHÔMEÉ etre TR ER LE IE RO 35
S (ML: Gaise MÉTIC NS E SC ES CRETE %
\
Le n° 3 de la coupe n° 1 correspond au n° 1 de la figure 4, et
très probablement au n° 1 de la figure 2
Le n° 4 de la coupe 1 correspond au n° 2 de la figure 4 et pro-
bablement au n° 3 de la figure 2, qui serait ici intercalé dans la
couche suivante.
Le n° 5 de la coupe r correspond au n° 3 de la figure 4 et pro-
bablement aux n° 2 et 4 de la figure 2.
Le n° 6 de la coupe 1 correspond aux n° 4, 5 et 6 de la figure 4.
Enfin, le n° 5 de la coupe 1 est, comme àla figure 4, un produit
de la recimentation partielle des marnes ci-dessus.
Les autres coupes et figures paraissent ne présenter aucun
terme de comparaison entre elles.
GLAISES VERTES ET MARNES À CYRÈNES. — Les Glaises vertes ont
une épaisseur moyenne de 5 m. On remarque à leur partie supé-
rieure un petit banc de marne et de calcaire blanc (coupe 2). Ce
banc, que j'ai du reste retrouvé en des points nombreux, démontre
bien la constance de certaines couches dans le bassin de Paris. On
peut le constater depuis Argenteuil, où il contient des Limnées
(couche 144 de la coupe de Volambert)', jusqu'assez loin dans
l'Est. La partie supérieure des Glaises vertes contient des marno-
lites renfermant, à Thorigny et à Pomponne, de la magnésie. rem-
plaçant la strontiane qui se trouve le plus souvent dans cette
formation.
L'analyse qualitative a donné le résultat suivant :
Carbonäte de:chaux 2 M AT ,
Mo Abondants.
Carbonate de magnésie en ee en)
Sulfate destrontiane sur T0 LR Traces.
Oxyde tderieri sr ee PRES Traces.
Oxyde de manganèse ER MRONNC Traces.
La base des Glaises vertes passe insensiblement aux Marnes à
Cyrènes ; elle contient de nombreux petits lits de sable siliceux.
1. Door, GODBILLE et G. RAMOND. Les grandes plàtrières d'Argenteuil
MSG, F,; (4), 1 Mém:1, 1906:
1908 GÉOLOGIE DE LA VALLÉE DE LA MARNE 569
Les marnes jaunes, feuilletées, à Cyrena convexa, ne sont
pas fossilifères partout: j'ai pu y trouver à Thorigny Cyrena
convexa dans toute la masse et, à la partie supérieure, Cerithium
plicatum, Psammobia plana, etc.
MARNES SUPRA-GYPSEUSES. — Les Marnes blanches ne présen-
tent pas ici un grand intérêt; épaisses d'environ 2 m. 50 à 4 m.,
elles ne sont pas fossilifères ; on remarque que, vers la base, elles
deviennent plus argileuses et passent insensiblement aux Marnes
bleues : elles contiennent des lits de sable et sont quelquefois
ferrugineuses.
Les Marnes bleues offrent une alternance de marnes ou argiles
bleues, fissiles, contenant, à certains niveaux, des cristaux de gypse
et, à d’autres, de la pyrite cristallisée, pulvérulente ou en rognons,
avec des argiles et marnes vertes plus ou moins compactes. Leur
épaisseur paraît dépasser 10 m.
La coupe 3 présente les Marnes bleues sur une épaisseur de
4 m. 50. Je les ai constatées dans un autre puits sur plus de 8 m.
N
COUPE 3.
18. Terre végétale (alt. 80 m.) . . . à ro Toim60
17. Meulière remaniée, glaise verte et marnes shmeees
mélangées. . . Re 4o
16. Glaise verte corps. fes de à la see née 3 10
15. Glaise jaune-foncé à Cyrena convexa ; petits lits de sable,
marnolites, etc. . : I 30
14. Marne blanche (alt. 793 m. Go) [ 00
13. Marne blanche plus argileuse 2 10
12. Marne blanc-verdâtre, argileuse, non faste. I 5o
11. Marne très argileuse, bleuâtre, fissile (alt. 69 m.). 0 20
10. Marne très argileuse, bleu verdâtre, fissile . (0) 70
-9. Marne très argileuse, jaunâtre. k 0 10
8. Marne jaune-verdâtre, fissile, avec deanne de de 0 45
7. Marne jaune-foncé, ferrugineuse, parties sableuses, mar-
nolites . ë 0 07
6. Marne bleue-foncé, avec monte irémiente (e) 78
5. Marne verdâtre, très argileuse, compacte 0 90
4. Marne bleue-verdatre. bariolée, fissile : FAT O 97
3. Argilebleue-noiràätreavecpyrite pulvérulenteetenrognons 0 04
2. Marne vert-clair, très compacte. “ire 0 30
1. Marne bleue-noirâtre avec pyrite etait LL AE AIS %
TRAVERTIN DE CHAMPIGNY. — Je ne parlerai pas ici des couches
gypseuses que l’on rencontre à quelque distance au Nord, la partie
étudiée étant exclusivement occupée par le Travertin de Cham-
pigny. Son aspect est très variable, suivant les points où on
l’'examine ; en général, il devient plus important quand on
570 MAURICE MORIN 21 Déc.
s'éloigne vers l'Est ou vers le Sud. La partie supérieure renferme
des bancs de travertin quelquefois très épais, avec intercalation
de couches subordonnées de marnes. de calcaires marneux ou
sublithographiques.
[1 diminue d'épaisseur et prend un faciès marneux à l'Ouest, à
mesure que l’on se rapproche de la zone de passage avec le gypse.
A Chalifert, où il paraît avoir 8 m. d'épaisseur, j'ai pu relever,
dans sa partie supérieure, la coupe suivante :
Coupe 4. — Le TRAVERTIN DE CHAMPIGNY A CHALIFERT (S.-ET-M.) 1.
Herr végétale tune Na PONS SU
Calcaire en plaquettes, tt d mArnuliteS et
marne blanche remaniée, . . . à RP 90
GCalcaïire en plaquettes blanc; intact 20:91:00 21000 20
Ce. Calcaire marneux, dur (alt. 90 m.). . ee 0 15
4. Travertin siliceux, bréchoïde, avec rene et Cal
cet 10 - PT NUE APP ee 55
CS 3. Calcaire marneux, lance tbe ae PR AT PU RE à Lo 25
| 2. 11leX DOir 0" 0 10
1. Travertin comme au re avec Dei ie do. 1
A la base. il est marneux ; on observe son contact avec les
marnes à Pholadomyes.
A Dampmard, j'ai observé le travertin sur plusieurs mètres
sans atteindre sa base; la partie supérieure en est calcaire (coupe 5):
elle est formée par des alternances de calcaires et de marnes, que
l'on trouve remaniés à Chalifert.
Coupe 5. — Purrs À DAMPMARD (S.-ET-M.). EN FACE L'ÉCOLE COMMUNALE
DES FILLES.
12. Terre végétale (alt. 50 m.) . . : ie do E0
11. Meulière de Brie, glaise verte et marnes he ses,
remaniée, we mr He ET 70
C'*? 10. Calcaire jaune, errugineux (alt. 2 0) EE 0 20
C1: 5. Marne blache : Or SN RP CO AU 60
Eu 8. Calcaire blanc 0 2ù
GC? 7 Marne blanche . 0 15
C' 6. Cälcaire blanc . 0 50
C 5. Filet argileux ; DÉS TGNEN EMTEC OI
4. Travertin siliceux Dance bréchoïde.: géodes
dérquartz ADN hes tit or ae ARE 88
6 5 Marne biAnehE ste no LT NO ARE 0 80
« 2, Travertin silicieux gris, géodes de quartz et de
CalCItE PS NMEPR EMELISTE NON DPI EN ER RRRE nT 82
1 /Marne blanche #4) OLIS TIRANT ?
1, Dans cette coupe, comme toutes celles qui suivront, j'ai indiqué, autant
que possible, par les mêmes lettres ou numéros, les couches correspondantes
2
1908 GÉOLOGIE DE LA VALLÉE DE LA MARNE 971
La tranchée du chemin de fer le présente en bancs épais.
À Chessy et à Montévrain il a été exploité autrefois, mais les
exploitations sont abandonnées depuis longtemps.
A Thorigny, lieu dit «Les Petits-Bons », un puits a donné la
coupe suivante (coup: 6) : le travertin y est visible sur 8 m 10.
dont un banc traversé sur 5 m. 85 et dont on n’a pas atteint la
base. On le voit, en ce point, la formation est encore très épaisse.
Coupe 6, — Purrs, À THORIGNY ; LIEU DIT « Les Pe'rrrs-Bons ».
GMFErremvésétale (alt 50 MAS) ER EME NO m. 50
5. Limon . . PAU De LU LATE VE EE 0) 70
4. Cailloutis de NElEres de Brie PROS DST CIS EE : 00
3. Travertin siliceux avec géodes de quartz. . . . 1 65
CS 2. Marne blanche . . . PRE AU AE enr MC) 80
1. Travertin siliceux avec géodes SD UPAALT ES RE CL DE te
Mais, si on reste sur la rive droite, en s’éloignant vers l'Ouest,
c'est-à-dire en se rapprochant de la limite séparative du gypse et
du travertin, ce dernier diminue d'épaisseur, prend un aspect
moins compact et passe à un faciès plus marneux. On arrive
ainsi à Pomponne, lieu dit « Le Parc Chabanneau », à peu près à
la limite avec la commune de Thorigny, où deux puits l'ont tra-
versé. Voici la coupe de l’un d'eux :
COUPE 7. — COUPE D'UN PUITS À POMPONNE, PRÈS LAGNY ;
LIEU DIT & LE PARC CHABANNEAU ».
22, Terre végétale (alt. 68 m.) . . . . . Nm. 00
21. Glaise verte et marne à Cyrènes. La Dani JS 00
supérieure est remaniée nonrelevé) NS 00
20. Marne blanche. . . . 2. 50
19. Travertin siliceux, Drcchoide: avec aies de
quartz et de calcite. . . I 50
C5 18. Travertin grisâtre, siliceux e salete, salle
chocolat : 0 80
C 17. Roche siliceuse conne. honodne nent
lithographique . . L 06
C* 16. Marne blanche avec filet d'argile horate, Dlocs
de iravertin I 00
C* 15. Argile verdâtre hilletée 0 25
C? 14. Marne crème I 50
C' 135. Argile chocolat. [e) 20
M à M'° 12. Marne jaune, filets ferrugineux, Tociitere à
Pholadomya ludensis, Crassatella Desmaresti,
Cardium granulosum, Cardita sulcata, etc.
(A9 0 nee) M CA ON EE A enr #0 25
672 MAURICE MORIN ar Déc.
M? à M° 11. Marne blanche à filets verdâtres, rognons cal-
caires avec nombreuses Bithinies à la partie
supérieure (détail non relevé) . . . . . 1m. 50
M° 10. Sable gris (sables infra-gypseux) . . . . . o 15
A7 à A2 "0. Calcare marneux dr. 47 0 TR NEC 10
1-1 AS MAlHE CÈDE = eve UE a ON DT RERO 60
7. Argile chocolat ; nombreux silex ménilite, Lim-
. næa eioute FACE, 8 ME No M0S
6. Argile chocolat avec ne nes : (e) 10
<E 5. Marne crème . . SO IDD
e, | 4. Marne crème avec filets He Brune
quelques rares Limnées ; silex ménilites ; Dane
\ de marne bleutée (détail non relevé) . . . 2 15
A 3. Calcaire à Hydrobia pusilla . . . 0 35
AS 2. Marne grise fissile à Hydrobia ; lits de marne
chocolat intercalés . . . (e) 40
à A 1. Marne crème avec Roniiere se Manhes
Cyclostoma mumia très abondants (à la pro-
fondeur de 28 m. 30) (nappe aquifère très
puissante à la profondeur de 28 m. 50) Vis. sur 2 80
La partie supérieure est encore à l'état de travertin, au-dessous
est une roche très curieuse, analogue comme aspect, aux calcaires
sublithographiques du bassin de Paris. C’est une roche siliceuse
très compacte et très dure, très homogène. Ses éléments sont
extrêmement fins. Une lame mince la présente comme formée de
petits globules accolés, à peine visibles au microscope, dont le
diamètre ne paraît pas dépasser 1/1200 de mm., on n'y aperçoit
aucun corps étranger.
L'analyse n’a donné que de la silice avec des traces de chaux et
d'oxyde de fer.
On observe également dans la coupe de Pomponne la présence
d'argile chocolat magnésienne. analogue à celle du « Saint-Ouen ».
Le Calcaire de Champigny montre également dans cette coupe son
contact avec les Marnes à Pholadomyes fossilifères : on l'observe
pareillement à Chalifert.
Comme on le voit, en ce point, l'épaisseur du travertin est bien
diminuée ; doit-on admettre que la partie supérieure a été rabotée ?
je ne le crois pas ; je serais plutôt porté à croire qu'on se trouve
près de la limite du gypse. Le travertin disparaîtrait progressive-
ment pour faire place à des formations marneuses dans lesquelles,
à leur tour, les couches gypseuses viendraient s’intercaler.
Une autre hypothèse pourrait être envisagée en se basant sur la
diminution de l'épaisseur : ce serait de considérer le gypse et le
traverlin comme deux vastes lentilles entre lesquelles il y aurait
un seuil.
D |
O3
1908 GÉOLOGIE DE LA VALLÉE DE LA MARNE 5
Munier-Chalmas aurait déclaré avoir observé à Thorigny
même une coupe où il aurait constaté l’intercalation de couches
de gypse et de calcaire. mais, dans une course faite en commun
avec M. Léon Janet, il lui aurait été impossible de retrouver cette
coupe. Je ne vois pas quel est l'endroit de Thorigny ou d’une loca-
lité voisine qui lui ait permis de relever une succession de ce genre.
Le Travertin de Champigny est exploité à Chalifert et à Tho-
rigny pour l’'empierrement.
Marnes À Pholadomya ludensis. — Les Marnes à Pholado-
myes sont extrêmement fossilifères dans la région ; je les ai cons-
tatées dans plusieurs points; elles sont toujours bien développées.
A Chalifert, Jannel les a signalées et en donne une coupe‘.
J'ai pu relever la succession de ces couches dans un point très
voisin ; elles y sont recouvertes par des marnes blanches formant
probablement la base du Travertin de Champigny.
Elles paraissent très épaisses et sont surtout fossilifères à leur
base (coupes 8 et 9). (DR
Terre VÉRÉLAle AA M din Lette. COUT ANMARONIN300
-_ 20. Marnes diverses remaniées . Lente SANS LE ENT 00
C*? 19. Marne blanche. . . . NE ES O 55
Mi° 18. Marne jaunâtre avec points Énanonre fissile. O 27
M° 17. Marne jaune-blanchâtre, compacte, avec pseudo-
MOrDhosSeS Ne SyYpSe LVL MONA EEE MONET 28
M* 16. Filet ferrugineux . . RE NES RS Leo OI
M' 15. Marne jaune à Phobies ae ; 7 ?
(Jannel a signalé cette couche avec 1 m. detaseno
COUPE 9. — À L’APLOMB DU TUNNEL DE CHALIFERT.
Terrain enlevé.
M' 15. Marne jaune à Pholadomyes. . . … . . . . om.#42
MS 14. Marne jaunûtre, très peu fossilifère . . . (o) 94
M° 13. Marne blanche, blocaille calcaire . . . . . . o 15
ME T2 Marne-blanc-jaunâätre ME EUR Ro 15
M° zx. Filet grisâtre . . HERRSEU () 02
M? 10. Marne blanche ; ete ÉAlCniee PE en Re (0) 13
Me 9. Marne blanc-jaunûâtre, filets de sable jaune. . . o 4o
A2° 8. Calcaire sublithographique (alt. 75 m. RE (e) 31
A? 7. Argile chocolat. . . : sa 0 09
A: 6. Calcaire Sublithographique conne. Sen de 0 4o
A6 D Marne blanche pe ra nn de TE At 06
A5 LAroile chocolate ph. RS LE Rue Fe OT
A2 3. Marne compacte, role la RE : 000 24
A3 2. Blocaille calcaire avec gros _rognons de he à
Limnealonescat RE TT CN OUR AO
A? 1. Marne crème à Limnées ? d
1. Ch. JANNEL. Profil géologique de la ligne de Paris à Château-Thierry, 1887.
574 MAURICE MORIN 21 Déc.
Je comprends dans les marnes à Pholadomyes les couches M° à
M'° de la coupe de Chalifert.
A Pomponne (coupe 7). ces marnes ont une épaisseur totale
de 2 m. 25. A Chalifert, elles atteignent 3 m. 80.
J'ai recueilli dans ces deux localités une faune assez riche, dont
voici la liste :
Cultellus Brongniarti Cosx. Crassatella sulcata Sox. T.R.
Sphenia Passyana Des. TR. Cardita sulcala So. LD
Pholadomya ludensis. — nov.-Sp.
Corbula minuta Des. T.C. Nucula minor DEsu. C.
— costata SOW. T.C. Modiola ambigua. R.
— ficus BRAND 110? Avicula cf. fragilis DEFR. TR:
— aulacophora MorLer. T.C. = MSD: T.C.
Cardilia Michelini Desu. ER: — nov. sp. (striée longi-
Gobræ&us neglectus Des. R. tudinalement). sie
Meretrix nitidula DEsu. TR. Ampullina parisiensis DEsH. C
Cardium granulosum Luk. TR. Bayaniasp. R.
Diplodonta sp. R Potamides sp. R.
Phacoides cf. elegans. DORE _ Wouastensis M -Cu T.C.
— inornatus. R. Voluta Fabri Dere. R
Kellia sp. Marginella sp. R
Crassatella Desmaresti DEsH. C.
Les Marnes à Pholadomyes contiennent, vers leur partie supé-
rieure, des rognons de pseudomorphes de gypse. On les observe à
Chalifert, dans la couche M*.
CaLcaiRE DE Noisy-Le-SEc. — Le calcaire de Noisy existe dans
la région sous les Marnes à Pholadomyes. Il est fossilifère dans le
puits de Pomponne et peut-être à Chalifert. A Pomponne, il pré-
sente de nombreuses Bithinies dans les rognons calcaires.
Il est ordinairement composé de marnes blanches ou crème
avec blocaille calcaire, souvent séparé par un filet de marne grise.
À Thorigny, il présente à sa base un petit banc de calcaire
d'aspect oolithique, silicifié au milieu (coupe-r0).
COUPE 10.— COUPE PARTIELLE D'UN PUITS SITUÉ A THORIGNY, RUE GAMBETTA, 32
(Cote du sol, 30 m.).
Marnes supra-gypseuses descendues en bloc à flanc de
coteau . . : CROP. M7 M 400
M Marnes nue ces ee ras diner rognons
de calcaire et pseudomorphoses HMANIEULE MOMENT 0 65
M° | Marne blanche avec filets de marne grise . . . . o 45
à -4 Marne blanche très dure ; filet de marne grise ;
M? blocaille calcaire. . . EPL TEE 90
M‘ Calcaire d'aspect oolithique, silicifié au nt LAN 0 18
A’ Calcaire marneux, dur (Calcaire de St:Ouen) (alt.
GONE) 0 0 CRUE CL. LORIE SEE 28
1908 GÉOLOGIE DE LA VALLÉE DE LA MARNE 979
On peut comprendre, dans le « Calcaire de Noisy », les n° M° à
M° des coupes précédentes ; quant à la couche M. il est difficile de
lui assigner une place ; c'est une roche très curieuse, rappelant le
calcaire oolithique et qui est silicifiée dans la partie centrale du
banc.
SABLES INFRA-GYPSEUX. — Très peu développés dans la région
et épais de quelques centimètres au plus, à Chalifert, Pomponne
(coupes 7 et 9, M”° ; manquent souvent comme dans la coupe 10). Ils
sont représentés par des sables gris ou jaunes avec intercalation de
marne.
CALCAIRE DE ST-OUEN. — Le calcaire de St-Ouen est très typique
dans les environs de Lagny ; d'un faciès gypseux au Nord, il
devient calcaire au Sud. Tous les niveaux fossilifères sont ici
représentés et j'ai pu en relever plusieurs coupes qui se complè-
tent les unes les autres.
Je ne parlerai ici que du: faciès calcaire, le seul développé dans
la partie étudiée dans cette note. Son ce est celui ordinaire
au St-Ouen, marnes diverses, magnésite, calcaire sublithogra-
phique, silex ménilite, etc. Son épaisseur atteint 9 à 10 m., y
compris la zone de Mortefontaine.
La zone de Mortefontaine à Avicula Defrancei n'est visible que
dans le coteau de Chalifert ; plus à l'Ouest, elle atteint bientôt un
niveau très peu supérieur au niveau de la Marne et n’est plus
atteinte par les travaux.
La zone à Avicules est formée par des marnes fossilifères à
fossiles marins et des argiles plus ou moins fissiles ou magné-
siennes avec nombreuses Avicules (coupe 11). Son épaisseur
totale est de o m. 33.
Coupe 11.— COUPE DU TALUS DU CHEMIN DE L'ÉRMITAGE, A CHALIFERT (S.-ET-M.),
HOMelerre VÉRÉtAlC EPP MR ANA CREER 0/20
Aa Marne blanche remaniée CREER Pr ee NO 30
A% 41. Marne violette fissile . . . . HE O 10
A’ {40. Marne blanche avec silex Hénin) nee lee
giscata. Les Limnées sont surtout bien conservées
à la surface du silex . . . DRE 0 4o
A2? 39. Calcaire blanc marneux à nas ; (0) 32
A* 38. Marne blanche avec ménilites et Limnées 0 50
A? 37. Banc continu, rognoneux, de silex ménilite . (e) 16
A'* 36. Marne blanche dure avec ménilites (o) 80
ASS 5e Comme rcouche me SE ME RUE EE RE (o) 13
AtT 34, Marne blanche 1S ES VERTE () 39
AM SSH AT EeCNOCOl ALAN A MAR ET EN UE 0 03
576 MAURICE MORIN ar Déc:
A15 32. Marne grise avec Bithinies . . SRE NOM
At* 31. Calcaire marneux dur avec Bithinies os Soir, À 10
A: 3o. Calcaire marneux sublithographique ?
Lacune de 2 à 3 m.
A! 29. Marne crème fissile à Cyclostoma munia. Épaisseur
supposée, 2 m. 50 Fc
Aït 98. Plaquette de silex ménilite . o m. 05
A‘ 27, Marne crème à Bithinies . 0 59
A 26. Calcaire siliceux 0 26
A 25, Calcaire marneux gris 0 30
A’ 24. Calcaire sublithographique . . ; 0 18
A 23. Argile chocolat pétrie d’Avicula arte 1 0 02
A5 22. Marneblanche:n =... Sr Le 0 04
Af 21. Argile chocolat avec ee ; 0 oI
A3 20. Marne blanche à fossiles marins 0 02
A? 19. Calcaire marneux . ; 0 18
At 18. Marne verte à fossiles marins 0 06
» [17. Marne crème (alt. 66 m.). (o) 12
S |16. Calcaire . 0 19
AR 15. Marne crème ( 04
À | 14. Calcaire gréseux o 20
2 |13. Marne blanche . 0 12
S 12. Argile chocolat. s 0 04
- 11. Marne verdâtre avec re rte cs 0 07
5 10. Calcaire marneux gris 0 23
a >) 9. Marne blanche . 4 0 19
& | 8. Marne jaunâtre sableuse avec PDA nn 0 II
NŸ| 7. Marne verdâtre très sableuse . Je NID OE
al 6: Grès blanc calcarifère avec un banc de Six en
£ son milieu. ; UE 0 14
a 2) 5. Marne blanche très nor SRE 0 03
8 | 4. Filets de grès quelquefois lustré, dei marne et de
à & sable superposé les uns aux autres. . . . . o 10
af 3. Sable blanc avec filet de marne blanche. . . . oo 15
À\?,3.: Grès blanc calcariière., MOULE MERE NO NO
Te . Marne verdâtre, compacte, fossilifère, Cardita etc. o 3o
nonville
Le Calcaire de Saint-Ouen proprement dit, dont le détail est
donné par les coupes 7 et 11, présente plusieurs niveaux fossili-
fères.
En partant de la base, on rencontre différents bancs de calcaire
recouverts par des marnes crèmes, avec nombreux silex ménilite,
à Cyclostoma mumia et Hydrobia pusilla (A! à A). Viennent
ensuite des calcaires et marnes pétris d'Hydrobies (A‘*et A‘),
séparés à Chalifert, des marnes à Cyclostoma mumia par 0,20 de
1908 GÉOLOGIE DE LA VALLÉE DE LA MARNE 577
calcaire sublithographique. Les marnes à Limnæa longiscata,
sont des marnes blanches intercalées d'argile chocolat. Les marnes
comme les argiles, sont pétries à certains niveaux de Limnées et
contiennent dans presque toute leur masse de nombreux silex
ménilites.
Enfin, le Calcaire de Saint-Ouen se termine par un banc de cal-
caire sublithographique, souvent séparé en deux par de la marne
ou de l'argile (Chalifert) et qui est remarquablement constant dans
les environs de Paris.
SABLES MOYENS. — Les Sables moyens ne sont visibles qu'à
Chalifert ; ils ont été probablement aussi rencontrés dans un son-
dage exécuté à 1 km. à l'Est de Lagny (coupe 12). -
COUPE 12.
PMRerremésétaleetlimon (Alt ne) OS PR 2 Em 00
2. Alluvion ancienne . . RP AE ES 80
3. Marne brune et calcaires (alt. 31 m. à Ée) Rd NÉE AE 30
4. Marne gris-blanchâtre et calcaires très durs 3 I 3
5. Marne gris-verdâtre avec filet de sable jaune fin . . . o 35
6. Marne verdâtre compacte (couche n° 1 de lacoupe 112). 2 70
7. Marne brunâtre, feuilletée . . ‘ HET 90
8. Marne brunâtre compacte et ste De cles loue
à celle des caillasses NÉS (0) 72
9. Marne grise sableuse et alt Me : 1 23
10. Sables gris fins très serrés (alt. 16 m. 52) 2 97
9 9
11. Calcaire sublithographique .
L'épaisseur de la formation est assez difficile à fixer ; l'absence
de coupe complète en est la cause: cependant, sans être affirmatif
outre mesure, on peut fixer entre la partie supérieure du Calcaire
de Ducy et la base de sables, environ 10 à 12 m.
Calcaire de Ducy. — Le Calcaire de Ducy, ou du moins ce qui
paraît le représenter, n’est visible qu'à Chalifert, comme du reste
tous les niveaux des Sables moyens (voir coupe 11, n° 12 à 17). Il
est représenté par des marnes et des calcaires sans fossiles, pré-
sentant au milieu une couche de calcaire gréseux. Son épaisseur
totale est de o m. 70.
Zone d’'Ezanville. — La zone d'Ezanville comprend également
des marnes et calcaires, mais son faciès tend à devenir plus sableux.
Son épaisseur est de 0.65.
Ce niveau semble comprendre les n° 7 à 11 ; deux de ces couches
sont fossilifères (8 et 11). La première est une marne jaunûtre,
sableuse, avec Potamides perditus ; la seconde, ,une marne verdâtre
avec fossiles marins, Cardites, etc.
30 Avril 1909. — T. VIII. Bull. Soc. Géol. Fr. — 37.
578 MAURICE MORIN 21 Déc.
Zone de Beauchamp. — Cette zone n’est pas fossilifère ; presque
entièrement sableuse, elle présente des alternances de petits banes
et même de filets de grès, avec des petits lits de marne blanche et
de sable. Le banc de grès supérieur contient dans sa masse des
rognons de silex qui, latéralement, remplacent totalement le grès.
L'épaisseur totale du niveau de Beauchamp est de o m. 50, n° 2
à O6 de la coupe 11.
Zone d'Ermenonville. — Je rapporte à ce niveau le n° 1 de la
coupe 11. C’est une marne verdâtre, compacte, qui est visible
dans cette coupe sur o m. 30 et contient des Cardites. Elle paraît
correspondre au n° 26 de la coupe de Sénarmont, et aurait alors
près de 3 m. d'épaisseur, mais il est presque impossible de faire
concorder les deux coupes ensemble, surtout à cause de l'absence
totale d'indication des niveaux fossilifères.
Ilest probable que le n° 6 de la coupe r2 représente le n° 1 de
de la coupe 11, c'est-à-dire la zone d’Ermenonville, mais il est
diflicile d’être aflirmatif avec les échantillons remontés dans un
sondage.
Zone du Guépelle et d'Auvers. — Ces deux niveaux présentent
la seule lacune dans les successions que j'ai pu relever, et je suis
forcé de m'en rapporter à de Sénarmont.
A partir du n° 26, que j'ai comparé à Ermenonville. Sénarmont
donne la succession suivante (coupe 13).
COUPE 13.
16: MATRE VÉFOAITE AU Leo Mr QE ENTER ESRI En ER
23e Frletide gypse. "06 Faarat NE LE CP EE »
28: .Marne-blanche : 4 lie 00e ch SAONE Ne Ces Te No
20/28able Diner er AS SE UE NN PL NI ER DE 55
DOC TES SAN Poe MES 0 70
31. Sable. 6) 50
32. Calcaire grossier, ee : cabléux DS AS 55
33. Grès en plaquettes et en rognons dans la marne eue 0 25
sAGrès calcaritère coquillien, dar LM ANEN ARNO RAC 32
Sos Marne. etigrèstentplaquettes VON MERE RER 0 38
36. Marne calcaire (alt. env. 57 m.) . . dif fo 95
37. Calcaire compact très dur 0 6)
38. Calcaire marneux compact avec Pan spathiques et Re
ceux ; cristallisation de chaux carbonatée inverse, pla-
quettes de grès siliceux et spathique, poches de sable
quartzeux blanc pur . . : : 210 50
39. Calcairecarié cristallisé, Om UE Ties de chance Donne 0 35
4o. Marne calcaire, niveau d’eau supérieur à celui de la marne oo 35
Les sables sont visibles dans le bois de Chalifert, où ils parais-
sent assez épais.
1908 GÉOLOGIE DE LA VALLÉE DE LA MARNE 579
On remarque dans la coupe de Sénarmont plusieurs petits filets
de gypse. Ils démontrent que l'on n’était pas très éloigné en ce point
des lagunes saumâtres où se déposait le gypse. On constate, en
eflet, que, à 2 km. plus au Nord, le Sable de Beauchamp est entiè-
rement gypseux.
CALCAIRE GROSSIER. — Le Calcaire grossier n'affleure qu’à Cha-
lifert, où il monte à environ 8 m. au-dessus de l’étiage. Pour avoir
sa coupe complète, on est obligé d’aller jusqu’à Sesches, où un
puits artésien le traverse entièrement (coupe 14).
Coupe 14. — PUITS ARTÉSIEN DE SESCHES (S.-ET-M.).
1. Terre végétale (alt. 49 m. 50) I M, 00
2. Limon rougeûtre I 30
BH MeuliéresiTemMAaniées 0 CURRENT 00
4. Sable rouge Lao 1 50
SMarneretineultère se CR PER 30
GAMarme blanche ete ravir ER ER NO 90
S. DE B. 7. Sable blanc et grès ; I 60
8. Marnes diverses et calcaires QI soi m. 06). 5 30
n 9 Marnes diverses (e) 30
2 TOP CAC ALES PRE NS RES 10 REP Me 0 10
= 11. Marne grise . (o 60
= 12. Marne noirâtre . FAR NE ce 0 30
S 15. Calcaire très dur, bee A RUES I 00
= AMAR VE DLE TOME ANNE EAN tee Lo 20
1H 1CalCaire gris 0 0. 0) 50
= 16 CalCaIre rer 0 30
2 17. Silex 0 15
E 18. Calcaire à rognons Gonnibrant SaGEnNnE
a DHOSESITE EDS Ne PRE SE I 20
= ACalcaire dur RU OM 55
a 20. Marne . . EE et D EE ON 20
21. Roche silicieuse et calcaire ce I 00
© 22 MAN E AUTEUR NN TER EST CURE 0 15
E 23 WCalCcairetendrer HP RENE 0 55
& 2 -1GalCArerdRONMN MSNM SN ITS EUENTAE 0 4o
2 25 MAPn ee ER RE TR ee O2
D 2ÉPACALCAITE,: DAS ARS Le RS OÙ 120
27-1Marnerdure Aire) RME ESS NE" 0 85
ele 28. Calcaire tendre. I 55
#2 | 29. Sable coquillier. . . PURE TRE 0 25
Se 2 30. Calcaire meuliériforme ? Don NOITATEC EE MT CIO 50
= = = 31. CalCaire ss AR RAM Se to 70
Se MARNE EN PE ARE MR Lens te 10
580 MAURICE MORIN 21 Déc.
33. Caleaire gris dur MSN NP EN RER 10
34. Calcarre/gris dur, coquillièr DR 45
35. Calcaire gris dur, marneux . . RE 0 35
36. Calcaire jaune et gris tendre avec He de
cauconie 00. : 1 20
37. Calcaire dur domaomers. ( 25
38. Calcaire jaune très tendre avec RE ï Fo
conie Se
39 Marne dure en bee STAR MENT
4o. Calcaire dur. . . .
41. Calcaire sableux
42. Calcaire dur. RTE TT:
43. Calcaire tendre et HUE Mretes noirs et gris.
35
60
60
29
85
CALCAIRE GROSSIER INFÉRIEUR
44. Marne et quartz (alt. 17 m. 55).
45. Argile noire et lignite.
46, Argile noire pure... «4.
47. Sable noirûtre, ligniteux . à à
49 ADI PIS PRE UNE ON APE RS PERL
49. Argile noire avec lignite .
Sable boulant gris noir avec Marie
o1-rbienne d'aspect lourbeux
52. Bois fossile et lignites très durs. . .
55-.Arpile notre purev
54. Argile jaune pure
5. Sable blanc fin argileux .
56. Sable fin pur PORTA
Eau jaillissante à la cote, 52 m.
Fond du forage à la cote, 5 m. 50.
ARGILE PLASTIQUE
©
©
VHMO0COMHAWR O0 0 00000"
nl
©
À Chalifert, les Caillasses présentent des alternances de marnes
et de calcaires plus ou moins cristallisés, avec calcite et probable-
ment quartz.
Dans le puits de Sesches, le Calcaire grossier supérieur et les
Caillasses ont environ 14 m. Elles contiennent des marnes diverses,
des calcaires quelquefois très durs et d'aspect gréseux, des cal-
caires gris, des silex et des pseudomorphoses de gypse.
La couche 21 représente probablement la Rochette à Corbula
anatina ; les n°$ 23, 24 et 26, représentent peut-être le Banc vert
et les couches à Anonia tenuistriata.
Le Calcaire grossier moyen, paraît avoir au pius 3 m. 50; le n° 28,
peut, à mon avis, être considéré comme l'équivalent du Banc royal.
Un banc de sable coquillier existe dans l'épaisseur du Calcaire
grossier moyen, malheureusement, les échantillons n’ont pas été
conservés, et on ne peut classer cette coupe que d’une façon un peu
arbitraire.
Le Calcaire grossier inférieur est un peu plus développé (8 m.),
on y remarque des calcaires coquilliers à la partie supérieure qui
15
581
»
GEOLOGIE DE LA VALLEE DE LA MARNE
»
1908
‘CIN-10-"S) LerAdnon jo LuSert oajug raJtpeun 2P 2UHI09 EI 9p stoA8A ne Jo AeuNY,] op neozed np 9700-10
‘NPI[GOUIVIUOY 9P So[qeS ‘7 ÉSOAINFL V SOUAPIN ‘y OLIS EI OP
Sarteo[er) ‘[ fsayroa sosrepn ‘1 { sosnosd{8-vrdns soureyy ‘y { AuSrdureyn op oureoçen 8 {sofwoperoyg e soude 1
xnosd{8-vaJyut sojqes ‘f {uonO-1$ op ‘oarvopen ‘2 {suofout sojqeg ‘p {dorssous ouwore) ‘o fonbnsed op18xy ‘q forea ‘D
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AuStTouz 9p ounwuuwuor)
ii
A
(©)
euuodwuo4
9p
aunuutoOr)
sont probablement les calcaires à gros bivalves (Cosaques). La
glauconie est très abondante dans toute l'épaisseur du Caleaire
férieur. Sa base-æst à l’état sableux.
grossier in
582 MAURICE MORIN 21 Déc.
D'après ce qui précède, le Calcaire grossier a une épaisseur
totale de 23 m. 35.
ARGILE PLASTIQUE. — L'Argile plastique est très puissante dans
la région, elle atteint 60 mètres, à Meaux, à Trilbardou; à Sesches,
elle doit présenter une épaisseur à peu près semblable. On y
remarque de nombreux bancs de lignite et de marnes et argiles
ligniteuses renfermant des bancs de sable souvent très puissants,
qui sont autant de niveaux aquifères dont plusieurs sont ascen-
dants. On en a constaté 4 et plus. Ces sables correspondent aux
sables dit d'Auteuil.
Les eaux montent ordinairement à la cote 52 ou 54.
La Craie doit se trouver ici à la cote — 45.
TECTONIQUE. — La vallée de la Marne depuis Lagny jusqu'à
environ 4 km. en amont, jalonne une ligne de points bas que
M. G.-F. Dollfus a appelée synclinal de la Seine ou de Saint-Denis ;
ce synclinal paraît se diriger vers l'E. S. E., passer par Chessy et
continuer dans la même direction. A Chalifert, on constate une
assez forte inclinaison vers le S. S.E.
De toute la partie étudiée, le point le plus haut atteint par ies
couches est à Chalifert ; les Sables moyens v sont à 66 m ; le
Calcaire de Saint-Ouen à 95.79; les Marnes à Pholadomyes à
80 m. et le Travertin de Champigny à 90 m.
Le terrain s'abaisse ensuite rapidement, et à Dampmard, le Tra-
vertin de Champigny qui était à 90 m. à Chalifert n'est plus
qu'à 71,14, il s'abaisse encore entre Dampmard et Thorigny pour
atteindre son point le plus bas entre ces deux communes ou sa
partie supérieure est à 48 m 30.
On a ensuite un relèvement assez rapide. r km. plus loin, le
Calcaire de Saint-Ouen est à 50,54 ce qui met le Calcaire de
Champigny entre 68 et 70 m. Un nouvel affaissement se mani-
- feste vers Pomponne où on trouve le Calcaire de Champigny à
56,50 et le Calcaire de Saint-Ouen à 46,35.
Les Glaises vertes sont à Pomponne à la cote 80. et à environ
110 m. à Chalifert. Le profil de la figure 5, tracé à mi-côte du plateau
de l’Aulnay, et traversant la Marne à Chalifert pour donner la
coupe du coteau, a été exécuté d’après de très nombreux documents
recueillis ces dernières années, il donnera une idée de l'allure des
couches dans la région décrite. Les ondulations y sont un peu
atténuées, elles seraient beaucoup plus fortes si le profil était pris
encore plus bas sur la pente du coteau. Ces ondulations ne sont
pas dues au creusement de la vallée, car elles se continuent en
profondeur. L’altitude supérieure du plateau a été indiquée par
une ligne pointillée à titre de simple renseignement, les couches
remontant rapidement vers le Nord.
- SUR L'ÉTAGE STAMPIEN
ET LA PRÉSENCE DES GRÈS DE ROMAINVILLE
A THORIGNY-DAMPMARD (S.-ET-M.)
pAR Maurice Morin
Sur la majeure partie du plateau de l'Aulnay, les Sables de
Fontainebleau ont complètement disparu. On ne les trouve plus
que sur l’éperon sud-est (communes de Thorigny-Dampmard)
(S.-et-M.) où ils atteignent leur maximum de développement, et
au sommet des buttes de Chelles et de Carnetin. Mais en ces deux
points, la formation entièrement remaniée ne peut plus être utilisée.
Sur l’éperon sud-est du plateau, la partie inférieure du Stampien
est très bien représentée depuis les Marnes à Huiîtres jusqu'au
«niveau de Morigny ».
Sa base se voyait encore nettement, il y a peu d'années, en
contact avec le Calcaire de la Brie, dans la carrière dite des
« Ecornâts », sur la commune de Thorigny et au-dessus du bois
des Vaillières. Cette carrière est depuis longtemps abandonnée.
On peut encore cependant y observer la coupe des Marnes à
Huitres. Les petits travaux entrepris à chaque excursion géolo-
gique maintenant les couches visibles.
Cette carrière, signalée par Jannel' et décrite en 1880, par
M. Stanislas Meunier ?,'est restée la même dans son ensemble,
malgré l'avancement de l'exploitation, comme on peut s’en con-
vaincre ci-dessous :
Coupe DE M. ST. MEUNIER COUPE EN 1904
6. Terre végétale . o m. 40 Terre végétale (alt.
5. Limon quater - Ai) PC BOT O I. 20
HATe NN EEE 0 20° Sable limoneux . . (® 60
Marne sableuse avec
poches d'argile, lit
calcaire au centre . (e) 50
1. JANNEL. Profil géologique de la ligne de Paris à Château-Thierry. C* du
Chemin de fer de l’est.
2. St. MEUNIER. Présence et caractère spécial des Marnes à Huitres à
Carnetin (S.-et-M.). CR.Ac. Sc., XC, 1880, p. 1495.
584 MAURICE MORIN 21 Déc.
Plaquette calcaire à
BITES Ep CE 0 09
Lit entièrement formé
4. Argile sableuse
remplie d'in-
nombrables Bi- E
NINTES (0) 50 . nus RARE
Ê de Bithinies. . . o 08
Marne verte . . . 0 10
3. Calcairetrès dur, Calcaire siliceux très
plein de fos- dur à fossiles ma-
siles marins . o 25 DAS PE SEM CPR PE 0 10
2. Marne argileuse,
Argile rouge avec
verdâtre avec 8 8
: marnolites géodiques 0 80
nids de sable à : 1
Argiletrougewt/o 10. 0 20
et rognons de à Te
- : Calcaire niviforme . 0 08
marnolites géo- :
: Argile rouge 0 80
IQ 012" I 20
1. Meulière de Brie Meulière dans l’argile I 20
visible sur. . 6 00 Marne grisâtre . . ?
A la base des Marnes à huîtres, on trouve une argile rouge
contenant un banc très irrégulier de calcaire niviforme; cette
argile passe insensiblement à la partie supérieure à une marne
très argileuse, contenant une très grande quantité de marnolites
géodiques avec cristaux de calcite. Je range sous toutes réserves
ces argiles dans le Calcaire de Brie.
Au-dessus vient un petit banc de calcaire siliceux très dur (3).
employé autrefois dans le pays pour servir de bordures de trottoirs.
Ce calcaire siliceux ne dépasse pas 15 cm. Il est rempli de moules
de coquilles marines, parmi lesquelles on peut reconnaitre :
Meretrix incrassata. Natica sp.
Ostrea cyathula. Cerithium plicatum, etc., etc.
— longirostris.
Je rattache ce niveau à la Mollasse d'Etréchy:.
Séparé de ce banc par un petit lit de marne verte, on trouve un
banc de calcaire avec nombreuses Nystia Duchasteli, Nystia sp.,
Sphærium sp., la base de ce banc est entièrement formée par des
moules internes de ces coquilles. En débitant le calcaire on en
trouve de véritables nids, où les moulages se pressent par milliers
dans un espace restreint. Ce niveau doit représenter la Marne de
Lonjumeau, surmonté qu'il est, par une marne et des sables à
Ostrea cyathula qui correspondraient à l'horizon de Jeurs.
Les Sabies de Fontainebleau proprement dits, qui ne sont pas
visibles dans cette exploitation, sont observables à Dampmard,
1908 GRÈS DE ROMAINVILLE À THORIGNY-DAMPMARD (S.-ET-M.) 985
dans une carrière (ancienne briqueterie de MM. Le Paires), à envi-
ron 7 à 800 mètres du point coté 124 de la Carte de l'État-Major à
1/80000, dans la direction E.N.E.
Jannel signale les Sables de Fontainebleau avec 8 m. d'épais-
seur, ce qui donnerait aux sables une puissance totale de 11 à
12 m. sous le point culminant du plateau à la cote 125. Le fait
intéressant est la présence d’un banc de grès très disloqué, vers la
partie supérieure de la formation sableuse, et d’une petite couche
de sable limoneux au-dessus.
Ce banc de grès très ferrugineux, contient d'innombrables
moules de fossiles marins, ainsi que le sable argileux, maïs dans
ce dernier, les moules (internes) sont à l’état libre et d’une con-
servation parfaite.
Voici la liste des fossiles que j'ai pu y reconnaître :
Meretrix splendida Merran T.C. Megatylotus crassatinus
— incrassataSsow. C. LMK. R.
Pectunculus obovatus Lux. T.C. Bayania semidecussata Lux. T.C.
— angusticostatus -_ Potamidesplicatus BRUGUIÈRE T.C.
Lux. [LC — trochleare Luk. KR.
Avicula stampinensis DEsx. KR. Cominella Gossardi NysTr. T.C.
Perna Sp. R. Surcula Belgica Gorpruss. T.R.
Natica sp. C.
Cette faune est celle des Grès de Romainville et de l'horizon
de Morigny près Étampes. Les Grès de Romainville et de Damp-
mard paraissent donc représenter les Faluns de Morigny dans
notre région, et non le niveau de Jeurs comme on l'avait supposé
jusqu’à présent.
COUPE DE LA CARRIÈRE LE PAIRES, A DAmPMARD (S.-et-M.).
lerremvésetale @It-r2/4) ee MR PSS omi0o
imonsdes plateaux SR RENE ST nn RES 60
Sable limoneuxs SNA MA RUES RE ET ET 0) 65
Sable argileux avec moules internes de fossiles marins 0 15
Blocs de grès dans le sable argileux, mêmes fossiles que
CIS deSS US Le ET AS RE ANA RE de GE A SO 80
Sable ferrugineux à la partie supérieure, très blanc à la
DAS ECC A ES A LC AC 00
(Marnes à Huîtres).
Il convient d'insister, tout particulièrement, sur la conserva-
tion parfaite des moules internes de la couche de sable limoneux.
Ceux-ci présentent, en effet, parfaitement moulés, tous les détails
586 MAURICE MORIN 21 Déc.
des coquilles qu’ils remplissaient :; charnières, empreintes muscu-
laires, ete., y sont représentées avec une finesse extraordinaire,
les moindres stries n’y ont pas été oubliées, et malgré l'absence
de test, on peut les déterminer spécifiquement avec une certitude
presque absolue.
Il est assez difficile d'expliquer la formation de ces moules :
javais d'abord pensé que leur origine était l'inverse de celle
des nodules creux des Sables de Beauchamp : mais j'ai, depuis,
reconnu l'impossibilité de cette origine. Il serait, je crois. plus
logique de supposer qu'il s’est d'abord formé un banc de grès avec
un ciment probablement calcaire ; puis, ce ciment s’est dissous
par suite de changement de régime ; le test calcaire des coquilles
existant encore à ce moment dans le grès, aurait protégé les
moules internes, assez longtemps pour permettre la dissolution en
partie totale du banc de grès, dont les blocs situés en dessous
seraient les derniers vestiges. Plus tard, le test calcaire se serait
dissous à son tour tandis que les moules intérieurs auraient été
respectés, peut-être à cause de la présence du sable. Un fait à
l'appui de cette opinion est que les seuls moules trouvés sont ou
des Gastropodes, ou des Pélécypodes présentant les deux valves.
De rares galets de silex noirs, sont épars dans les sables.
Comme on le voit, sur le plateau de lAulnay, le Stampien est
assez bien représenté, et son étude montre quelques points inté-
ressants, qu'il était utile de signaler.
RAPPORT DE LA COMMISSION DE COMPTABILITÉ
La Commission de comptabilité chargée d'examiner les comptes de
l'exercice 1907, n’a reçu ces comptes qu’en février 1909. Ce retard de
huit ou dix mois est dû, comme celui de l’année dernière, au retentisse-
ment, sur tout l'exercice 1907, de la longue grève des typographes en
1906, l’arrêt momentané de nos publications ayant eu pour consé-
quence inévitable l'ajournement du règlement des principales factures.
En 1908, nous sommes revenus, à cet égard, aux conditions normales
et les comptes de 1908 pourront être soumis au Conseil dès le mois de
mai prochain.
La situation budgétaire de la Société, mauvaise en 1906 (déficit appa-
rent de 12 404 fr. 36), s’est quelque peu améliorée, et s’est, en tout cas,
régularisée pendant 1907. Beaucoup de cotisations impayées, en 1906,
sont rentrées, avec un an de retard, et les dépenses relatives aux
publications ont été ramenées dans les limites raisonnables.
Recettes
En 1907, la rentrée des cotisations courantes s’est faite normalement
et l’on a encaissé plus de 1500 francs de cotisations arriérées, alors que
la recette moyenne annuelle provenant des cotisations arriérées est
seulement d'environ 400 francs. Mais nous n’avons eu que 15 membres
nouveaux et nous n’avons reçu que 240 francs de droits d’entrée. Les
revenus des fonds placés ont encore diminué par suite du rembour-
sement de sept obligations et de l'impossibilité matérielle de réemployer
le montant de ces remboursements.
Le chapitre de la vente des publications a encaissé, en 1907, deux
subventions ministérielles de 675 francs, soit en tout 1350 francs. La
vente des Mémoires de Géologie a donné 809 fr. 90; les souscriptions
aux Mémoires de Paléontologie ont été de 852 fr. 15 pour les tomes XIV
et XVI, et de 777 fr. 90 pour le tome XV; la vente de ces Mémoires a
procuré une recelte de 972 fr. 55.
La dotation des fonds spéciaux n’a subi aucune modification. Elle a
été de 2866 francs, pour 1907, comme pour l’année précédente.
Le nombre des membres a diminué d’une unité en 1907. Il était de
552 au 31 décembre 1907, alors qu'il atteignait 558 au 31 décembre 1905.
Le recul est peu sensible, mais il y a cependant recul, alors que nous
devrions être en progrès continuel.
Dépenses
Sur le chapitre 1°, frais généraux, il y a eu augmentation de dépenses
d'environ 800 francs par rapport à 1906. Cette augmentation provient,
pour 375 francs environ, de l'installation de l'appareil à projections, et
pour environ 200 francs des frais de bureau, un peu trop réduits
588
RAPPORT DE LA COMMISSION DE COMPTABILITÉ
21 Déc.
Comptes de 1907 et Projet
RECETTES
1° Ordinaires
Revenus nets .
Cotisations arriérées.
» courantes .
» anticipées .
Droits d’entrée. .
Divers.
2° Vente des Publications
Bulletin, tables, etc .
Mémoires de Géologie .
» de Paléontologie.
Souscription du Ministère ,
ToTAL DES RECETTES
Frais généraux à retrancher.
Dotation des publications .
Manquant en caisse au commence-
ment de l’exercice.
Actif disponible .
1906
4622, 25
360 »
11321, 95
60 »
340 »
500 »
17204, 50
1625, 85
126,29
1184, 80
675 »
3605, 90
es mn
20810,40
10128, 90
10681,50
»
— 2396,86
8284,64
PRÉVUES
pour 1907
» »
18100 »
3025 »
200 »
3000 »
1350 »
7975 »
eee me
25675 »
10183 »
»
»
1907
4554, 25
1589 90
12581, 80
D) »
240 10
» »
18966, 05
2902, 95
809, 90
2/02,60
1350 »
7465, 45
26431,5 0
10910, 30
15921, 20
»
—12/04,36
3116, 84
PRÉVUES
pour 1908
4650 »
400 »
»
>» :.4D
»
DE
17800 »
»
»
1908
de budget pour 1908
DÉPENSES
1° Frais généraux
Retraite de l’agent
Traitement du gérant
Loyer, assurances, contributions.
Éclairage
Mobilier
Bibliothèque
Frais de bureau, publicité
Ports divers
Co Ne Eee reel loterie
Oo, 2 02 SO MOROCCO NT SCERONRET ET ROLE ENT
. . . NOTE LTÉE HAE SOA
OV EOAMOMMRONMETEO NOM OMEOEE 0
Divers (Etrennes etc).
2° Frais des Publications
Réunion extraordinaire . . .
Bulletin année courante. . . . . .
Compte rendu sommaire. . . . . .
Port du Bulletin et du C.R.S. . . .
Mém. de Paléont., port compris... .
Table des 20 prem. tomes, 3° série .
Mémoires de Géologie
3° Dépenses extraordinaires
Souscription Lamarck
Contribution aux prix
Neo letiene trs
DÉPENSES TOTALES (AUTRES QUE LES
FRAIS GÉNÉRAUX). .
En fin d’exercice, manque en caisse.
ToraAL ÉGAL à l'actif disponible. .
PRÉVUES
1906
pour 1907
der PAU
800 » 800 »
3000 »| 3000 »
4686 60| 4688 »
66 10 45 »:
19, 75 50 »
538, 20 700 »
443,85) 450 »
490,40] 350 »
» »
88 »| ro0o »
10128.90! 10183 >»
2638,70| 1200 »
9961,55| 6000 »
899.25] 900 »
743 40] 950 »
3329,85| 3500 »
2826,50| 1326, 50
287, 79 615, 5o
20687 »| 14492 »
» »
GENE) »
20689 »| 14492 >»
—12/404,36 »
8284, 64 »
RAPPORT DE LA COMMISSION DE COMPTABILITÉ
1907
»
90
10910, 30
1019,60
7121,20
817,70
1056, 40
3309, 75
»
1900, 40
15225, 05
50 »
1,45
15276, 50
—12159,66
3116, 84
EE LU Li..î_ ’”_[{([coGogogoos
PRÉVUES
pour 190
13847 »
»
»
I
589
590
RAPPORT DE LA COMMISSION
RECET
1° Ordinaires
Revenus ; 4610, 00 | |
abandon / Es el
compte de chèques ) \ OO 20)
et des frais du même — 55,79 |
compte. SRNESROMe \ ; |
Cotisations, droits d'entrée et divers. . . 14411,80 18966, 05
2° Vente des publications
Bulletin. etc . se à 2902, 99
Mémoires de Géologie 1 809,90 |
Mémoires de Paléontologie 2h09, », 69 RU LR :
Souscription ministérielle. 1350, 00 jen 0e 71005
3° Compte capital
Cotisations à vie . 800 »
Remboursement de 5 obligations Ouest. 3438, 89 | 4238, 89
|
4° Fonds spéciaux
A. Barotte. Revenus en 1907 . . SPA
B. Fr. Fontannes id. . ?
c. Viquesnel id. 3 Ke
D. Prestwich id. 2 4]
E. Mre C. Fontannes id. 1045 D
. Legs Danton 4255 » Joue
TOTAL DES RECETTES. 37444739
Encaisse au {er Janvier 1907 |
|
Budget ordinaire . — 12404, 36
Fonds spéciaux. + 970,21
Compte capital. + 4494, 63 — 6953, 52
TOTAL GÉNÉRAL . 30817,87
DE COMPTABILITÉ
ar Déc.
Résumé des comptes
TES:
1908 RAPPORT DE LA COMMISSION DE COMPTABILITÉ 991
de l’Exercice 1907
DÉPENSES
1° Ordinaires
Personnel, loyer, chauffage et éclairage. . 8574. 4o
Mobilier et bibliothèque RE EU 1071, 70
Frais de bureau, ports et Ge Lol 1264, 20 10910, 30
20 Frais des publications
Lola OMG Ress JI21, 20
REuMON Extraordinaire. 0. 1019, 60
Compte Rendu sommaire . . . . . . , | 817,70,
Port du Bulletin et du C. R. Rise 1056, 40
Mémoires de Paléontologie, a compris. 3309. 75
Mémoires de Géologie nn. 1900, 40 15295, 05
3° Dépenses extraordinaires
SOUSCHIDHON LamMmarck 40. OU 0 » ;
CONPIDUTON TAUX Prix. D 0. 0. 1,45 51,45
4° Compte capital » »
5° Fonds spéciaux
MHonds Barottes Lure QU 5IO »
Ba Pre Oontannes 4: LUN TN RENE 1300 » I810 »
TOTAL DES DÉPENSES. . . . . 27996,80
Encaisse au 31 Décembre 1907
Budsethordinaire 01-20 Manque | — 12159, 66
Honds Spéciaux . T0" 6207,21 ) |
ne ail Ro DS NS 8913, 02 ‘+ 14980,73 | + 2821,07
Torar GÉNÉRAL, 0 Sue | 30817,87
|
592 RAPPORT DE LA COMMISSION DE COMPTABILITÉ 21 Déc.
en 1906, et qui ont repris leur valeur à peu près normale (621 francs en
1905) ; le restant du surplus des frais généraux est imputable aux
articles bibliothèque et ports divers. Ce dernier article comprend,
comme l’année dernière, une assez forte somme afférente au port du
Bulletin, qu’il n’a pas été possible d'en séparer et qui figure en moins
au chapitre suivant.
Le chapitre 2°, frais des publications, présente un total de 15235 fr. 05,
inférieur de près de 5000 francs au total de 1906 et à peine supérieur
aux prévisions. Le Bulletin a coûté 7 121 fr. 20 (au lieu de 9961 fr. 55).
On n’a rien dépensé pour la table de la 3° série. En revanche, les
Mémoires de Géologie ont coûté 1900 fr. 40. Les dépenses de port ont
été très élevées, par suite de l’obligation où nous nous sommes trouvés
d'envoyer, pendant l’année 1907, au fur et à mesure de la rentrée des
cotisations arriérées, les fascicules de 1906.
Pour les Mémoires de Paléontologie, le prix de revient est resté le
même, mais le nombre des souscripteurs, loin d'augmenter, a diminué,
par suite de trop nombreux décès. Beaucoup de souscriptions, il est
vrai, n’ont pas été versées à cause du retard apporté à la publication
du tome XV (terminé en 1908); mais, tout compte fait, il est certain,
malheureusement, que le nombre des souscripteurs est en diminution
constante.
Règlement des exercices clos
Le déficit réel de 1906 est de 8063 fr. 30. En ajoutant ce nombre aux
déficits réels de 1904 (2507 fr. 25) et de 1905 (1 358 fr. 21), on obtient un
total, assez effrayant, de 11998 fr. 96, soit près de 12000 francs de
déficit en trois exercices. 11 était temps de s'arrêter sur cette pente.
Il semble bien que l’on se soit à peu près arrêté. L'exercice 1907 se
soldera par un déficit inférieur à 600 francs et qui devra être considéré
comme la liquidation de l'ère des trop fortes dépenses. La Commission
de Comptabilité exprime le vœu que les exercices suivants, grâce à la
sagesse de la Commission du Bulletin et à la prudence du Conseil, se
soldent par des économies et permettent de reconstituer peu à peu
notre ancien capital. Tout en réduisant les dépenses, il faut songer à
augmenter les recettes, en recrutant de nouveaux membres.
Les comptes sont parfaitement réguliers, et la Commission vous pro-
pose de les approuver ; elle vous demande, en outre, de voter des
remerciements à M. Ramond, trésorier de la Société en 1907.
Présenté au nom de la Commission de Comptabilité.
PIERRE TERMIER.
Sur la proposition du Président, l’Assemblée approuve les
comptes du Trésorier. Ù
Des remerciements sont votés au Trésorier en 1907, M. G.
Ramond, et au rapporteur, M. P. Termier.
Le
LT s et r,
F: ;
TABLE DES MATIÈRES (TOME VIII, FascrcuLE 7-8)
Séance du 15 Juin 1908 (Suite) :
Pages
P3. Négris. — Submersion et régression quaternaires en Grèce (Suite) 425
G. F. Dozzrus. — Observations. . 44
J. Bergeron. — Remarques au sujet de e plaques calcaires d'âge c cam-
brien, provenant de Chine. . . . $ ; . 442
Séance du 2 Novembre 1908:
Nécrologie. — Sir John Evans, A. REG F. ARNAUD, NERY DELGADO,
A. BOoISTEL . . 451
Proclamation de nouveaux membres : La BIBLIOTHÈQUE DE L'UNIVER-
SITÉ DE FRIBOURG-EN-BrisGAU, Le colonel JULIEN, T. BEZIER. . 451
Georges NEGRE, Stanislas MEUNIER, LANTENOIS, J. VIDAL DE LA BLACHE,
CL GarzzARrpD, C. Rouyer, P. LEMOINE, Albert Micuær-Lévy, le cha-
noine Jaime ÀÂLMERA. — Pré sentations d'ouvrages . 452
A. Toucas. — Sur les formes primitives des Hippurites ‘dans les
Préalpes vénitiennes . nee ED)
ID. Sur les Rudistes de la Serbie . 453
G. Roverero. — Sur la distribution chronologique des Lépydocylines
dans l’Oligocène ligurien . . 454
Henri Douvillé. — Sur le Tertiaire des environs de Tolède . … 4455
Id. Observations sur le Lias des environs de Euçon
(Vendée) . . 456
Jules Wezscx. — Le Lias de la Chapelle- -Thémer, prèsLuçon (Vendée) . 457
À. DE GROssOUVRE. — Sur le prétendu Hettangien de la Vendée . . 458
J. Boussac. — Observations . . À NRA RS TO
Jules Wezscn. — Sur les divisions du Lias en Poitou . : 12400
Édouard Harlé.— Faune de la grotte Das Fontainhas (Portugal) . 460
A. Toucas. — Sur la classification des Radiolitidés (4 Jig.) 466
P. H Fritel. — Note sur trois DIMDneAeee nouvelles d ! Sparnacien
des environs de Paris (9 fig., pl. X) . . . St 470
Séance du 16 Novembre 1908 :
Nécrologie. — N. Dr MERCEY, Ferdinand REYMOND . 477
Proclamation de nouveaux membres : MM. Frédéric William Norru,
Paul FAzLor, Henry HUBERT . . 477
Léon BERTRAND, Em. Hauc, Pierre TERMIER, Jules We >LSCH, Louis Don-
cIEUX, L. JoLEAUD, Ch. LALLEMNND, Jean CnAUrARD — Présen-
tations d'ouvrages . 497-478
Pierre Termier.— Sur les nappes ‘antéstéphaniennes du bord orien-
tal du Massif Central (3: communication). . 419
J, Caralp. — Note sur les ques cuprifères à Uranium et Varadium de
Montanuy (Aragon) ‘ 480
G. F. Dollfus. — Découverte à Darvault (Seine- -et-Marne) ‘d'un cal-
caire lacustre inséré dans la de ro des Sables de Fontai-
nebleau (1 fig.) RE PAGE 482
G. RamonD. — Observations. A EN ARTS R
À. DE GROSSOUVRE. — Sur le Stampien et V’'Aquitanien. A RARE REP Niels
A. Dollot. — Le Métropolitain de Paris (Ligne n° À) . . 488
Georges Negre. — Contribution à l'étude de la formation des Phos-
phorites du Midi de la France . . . AE A DEP Le AN A song ea
Séance du 7 Décembre 1908:
Nécrologie. — Albert GAUDRY, FLICHE. OR One G
Proclamation d'un nouveau membre : MM. Edouard Coëz. : . . . 506
Ph. GLANGEAUD, Georges NeGRE, Mathieu Miec, A. Lacroix, Henry
HuserrT, M. LERICHE, A. TaevenIN, E. FAuPIN, L. CAREZ, BRESSON.
MENGEL. — Présentations d'ouvrages een UP UN 506-507
Léon BERTRAND. — Observations . . AE MES AR RES Re Are 507
Arnold Hem. — Présentation d’ ouvrage. é 5o8
R. Sevasros. — Présentation d'une note : Un nouvel ‘Isopode du Flysch
de la Moldaire. . LA 508
V. PaquiEr, — Sur les Rudistes de TUrgonien de Serbie . 508
C. G. S. SANDBERG. — Observations à PIQUSE d’une brèche, étudiée par
M. Steinmann. . . . PARIS Te NORME ones .F1E308
où Bertrand. — Sur la pates ue de gorges de l'
La d'Axat (Gorges de Saint-Georges) 7 fig) - NE
L. Carez, Léon BERTRAND. — Observations. .
Carl Renz. — Sur les preuves de l'existence du Caïbonifère et du
Trias dans l'Attique. . 549
H. Counillon. — Sur le gisement liasique de Huu-Nien, province de
Quang-Nam (Annam) (2 Jig., pl. XD). . . 524
L. Morellet. — Contrib tion à l'étude stratigraphique des Sables
moyens de la Vallée de la Marne entre Meaux et Château- PArENE 533
G. RAMOND. — Observations. . . ONE Œu FE PORTA à
Séance du 21 Décembre 1908 :
Lecs Albert GAUDRY . LE NRC E ei) SE RENE
Proclamation d’un nouveau membre : M. | PoPksCu- VOITESTI | . 542
Antoine VACHER, E. DE MARTONNE, Jean Boussac, LA. MARTEL,
DrPrAT. — Présentations d'OUVrAgeS SR RESTE OEM PTE 542
DepRAT. — Observations .!, ; 543
L. Cayeux et NéGris. — Présentation d'échantillons et observations . 543
G.F. Dozzrus. — Observations. . D 2 LE NES
L. Mengeaud. — Sur les environs de San Vicente de la Barquera. 944
Henri DouvizLé. — Observations. . En PE RD
Id. Les buttes de St-Michelen-l'Herm : : . . "0138
L. PERVINQUIÈRE, M. CaevaLrer. — Observations. . 545
Jules Wezscn. — À propos des subdivisions du Miocène ‘de l'Algérie :
et de leur comparaison avec les assises européennes. . .. A MENÉS
G. Dozzrus. — Sur la source minérale de la vallée de Pompéi 547
Paul Combes.—Contribution à l'étude Me Le de l'Orléanais 548.
G. F. Docrrus. — Observations. . : Su MERE ADO
J. Cottreau. — Échinides du Soudan (pl. XI) Sie . 550
Marius Filliozat. — Nouveaux en cheilostomes de la Craie
GLEN pre SN LIRRA SCT RTE RES RP PNR OE EE
F. Canu. — Observations. . A EP CR de a | DU D
R. Chudeau.— Le golfe de Mauritanie. . 560
Maurice Morin. —- Sur la géologie de la vallée de la Marne entre
Lagny et Chalifert (Seine-et-Marne) (5 Jig.) . 562
1d. Sur l'étage stampien et la présence des grès de
Romainville à Thorigny-Dampmard (Seine-et- s,
Marne y SALE ANNEES
P. TERMIER. — Rapport de la ommission de Comptabilité RE PACE: <
ERRATA DU FASCICULE 6
Note de MM. CoTTREAU et ALEXAT : Sur une Scutelline. nouvelle de l'ASie
centrale.
au lieu de : lire :
p: 359, L. 25. La zone à Scutellina..... La zone à Scutellina Alexati.....
p. 359, L. 30. La découverte de Scutel- La découverte de Scutellines dans
lines dans les couches les couches inférieures...
supérieures.. ..
p. 359, L. 30. M. Ilovaisky pense...... M. Alexat pense.....
Note de M. Louis GEenriL : Ésquisse géologique des Beni-Snassen.
au lieu de : lire :
p- 399, L. 19. Peroniceras. Peronoceras.
p. 400, L. 27, 1 col. Harpoceras cumulatum ) (
-et L. 15, 2° col. HYATT. Harpoceras cumulatam HyArTr
Harpoceras bicarinatum (= À. bicarinatum Zrer.).
Muxsr. in ZIET.
Lille. Imprimerie Le Bicor frères. — Le Gérant : L: MÉMIN
| 4e Série, t. VIEIL. — 1908: — N° 9 et dernier
BULLETIN
DE LA
SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE
DE FRANCE
(GETTE SOCIËTÉ, FONDÉE LE 17 MARS 1830, À ÉTÉ AUTORISÉE ET RECONNUE COMME
ÉTABLISSEMEN! D'UTILITÉ PUBLIQUE, PAR ORDONNANCE DU ROI, DU 3 AVRIL 1832)
QUATRIÈME SÉRIE
TOME HUITIÈME
FASCICULE Q ET DERNIER :
RÉUNION EXTRAORDINAIRE DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE
| À NANTES, CHALONNES & CHATEAUBRIANT
Feuilles 38-45.
PARIS
AU SIÈGE DE LA SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE
28, rue Serpente, VI:
1908
EURE SU AUTRE TR SE EL PE PE DRE NN DR OS EP NT SP AE RE PO SES
PGBLICATION MENSUELLE. Averiz 1940.
EXTRAITS DU RÈGLEMENT DE
-ou plusieurs séances extraordinaires sur un point qui aura été préalablement
AnT. 2. — L'objet de la Société est de concourir à l'avancement de La
Géologie en général et particulièrement de faire connaître le sol de la France,
tant en lui-même que dans ses rapports avec les arts industriels et l'agri-
culture. ee He
Arr. 3. — Le nombre des membres de la Société est illimité Les Français
et les étrangers peuvent également en faire partie. Il n’existe aucune dis-
tinction entre les membres. À
Arr. 4. — Pour faire partie de la Société, il faut s'être fait présenter dans
une de ses séances par deux membres qui auront signé la présentation #;
avoir été proclamé dans la séance suivante par le Président et avoir reçu le
diplôme de membre de la Société. ÿ
ART. 6. — Le Trésorier ne remet le diplôme qu'après l’acquittement du
droit d’entrée. é
AnT. 38. — La Société tient ses séances habituelles à Paris, de Novembre
à Juillet.
ART. 39. — La Société se réunit deux fois par mois (Le 1° et le 3° lundi
du mois).
ART. 42. — Pour assister aux séances, les personnes étrangères à la
Société doivent être présentées, chaque fois, par un de ses membres. .
ArnT. 46. — Les membres de la Société ne peuvent lire devant elle aucun
ouvrage déjà imprimé.
AnT. 48. — Aucune communication ou discussion ne peut avoir lieu sur
des objets étrangers à la Géologie ou aux sciences qui s’y rattachent.
ART. 50. — Chaque année, de Juillet à Novembre, la Société tiendra une
déterminé.
ArT. 53. — Un bulletin périodique des travaux de la Société est délivré
gratuitement à chaque membre.
ART. 55. — ... Il ne peut être vendu aux personnes étrangères à la
Société qu’au prix de la cotisation annuelle. :
ART. 58. — Les membres n’ont droit de recevoir que les volumes des
années du Bulletin pour lesquelles ils ont payé leur cotisation. Toutefois, les
volumes correspondant aux années antérieures à leur entrée dans la Société,
leur sont cédés, après décision spéciale du Conseil et conformément à un
tarif déterminé.
ART. 60. — Quelle que soit la longueur des notes ou mémoires insérés au
Bulletin, les auteurs pourront en faire faire à leurs frais un tirage à part.
AuT. 93. — Chaque membre paye : 1° un droit d'entrée ; 2° une cotisation
annuelle ?. :
Le droit d’entrée est fixé à la somme de 20 francs.
La cotisation annuelle est invariablement fixée à 30 francs.
La cotisation annuelle peut, au choix de chaque membre, être remplacée
par le versement en capital d’une somme fixée par la Société en assemblée
générale (400 francs). re
— Sont Membres à Perpétuité les personnes qui ont donné ou légué à
la Société un capital dont la rente représente au moins la cotisation annuelle
(minimum : 1000 francs).
1. Les personnes qui désireraient faire partie de la Société et qui ne
connaîtraient aucun membre qui püût les présenter, n’auront qu’à adresser
une demande au Président, en exposant les titres qui justilient de leur
admission. 4
2. Le Conseil de la Société, afin de faciliter le recrutement de nouveaux
membres, autorise, dorénavant, sur la demande des parrains, les personnes
ui désirent faire partie de la Société à n’acquitter, la première année, que
eur droit d'entrée en versant la somme de 20 fr. Le compte-rendu sommaire
des séances de l’année courante leur sera envoyé gratuitement ; mais ils ne
recevront le Bulletin que la deuxième année et devront alors payer la coti-
sation de 30 francs. Ils jouiront aussi des autres droits et privilèges des
membres de la Société. :
SOCIÈTÉ GÉOLOGIQUE
DE FRANCE
RÉUNION EXTRAORDINAIRE
DE LA
SOCIÉTÉ GÉOLOGIQUE DE FRANCE
à Nantes, Chalonnes et Châteaubriant
du Mardi 1° au Mercredi 4 Septembre 1908
Les membres de la Société qui ont assisté à la Réunion extraor-
naire, sont :
MM. ALmMerA (Chanoine J.),
AzéMA (L'-Colonel).
BarRotïs (Charles),
BERGERON (Jules),
BERTRAND (Léon),
BIGorT (A.),
Borizz Y Pocu,
Boon (Abbé),
BroncnrarT (Marcel),
BUREAU (Édouard),
BUREAU (Louis),
CaANu (Ferd.),
CavyEux (Lucien),
CHARTRON,
CLÉRO,
COTTREAU (Jean),
Courrox (Olivier),
Davy (Paul-Louis),
DoLLé,
Les personnes étrangères à la Société ayant pris part
excursions sont :
Mr ŒuLerrT,
M': DouviLLré,
MM. ALLAIRE,
BAsrTARD (Paul),
BARBIN, ;
BEAULATON.
BERTRAND (Paul),
BÉZIER,
BoISGUÉHENNEUC (du),
BourGEoïrs,
CARTERON,
DARDALHON,
LETOURNEAU,
10 Janvier 1910. — T, VIII.
MM. Douvizé (Henri),
Dumas (Auguste),
EUCHÊNE,
FERRONNIÈRE,
FicLiozar (Marius),
GourDoN (Maurice),
HENRY (J.),
Jopor (Paul),
JOURDY (Général),
LANGLASSÉ (René),
LECOINTRE (G.),
LERICHE (Maurice).
Lory (P.-Ch.),
Micaez (Léopold),
MIQUEL (Jean),
ŒuLert (Daniel),
RAMoND (G.),
VAFFIER (Dr).
MM. FaBry (J. de),
FoRTINEAU (Dr),
GROTH,
JourDY (Paul),
La Rocue-MAcé (de),
Le Cour GRANDMAISON,
Miro DE L’EsPINAy,
Mirry (Dr),
PÉNEAU,
Pozo (D),
RicxARD (Abbé),
Tomas,
TRONQUOIS.
aux
Bull. Soc. Géol. Fr, — 38,
PROGRAMME DES EXCURSIONS
dirigées par MM. Edouard Bureau, Louis Bureau, L. Davy et A. Dumas
1° TERRAINS TERTIAIRES
Mardi 1‘ septembre. — Rendez-vous à Nantes. Séance d'ouver-
ture à 8 heures du soir, au Museum d'Histoire naturelle (entrée par le
square de la Monnaie).
Mercredi 2 septembre. — Départ de Nantes (gare de l'Etat), à
6 h. 22 du matin, pour le Pallet. En voitures : visite des gabbros : rive
gauche de la Sanguèse; carrière des Prinaux; carrière des Bois.
Déjeuner à la Chapelle-Heulin.
Miocène du Pigeon-Blanc. — Recherches des fossiles dans la fouille
faite en vue de l’excursion. Retour en voitures au Pallet; départ du
Pallet, en chemin de fer, à 5 h. 23. Arrivée à Nantes (gare de l'Etat), à
6 heures.
Dîner. Coucher à Nantes.
Jeudi 3 septembre. — Départ de Nantes, chemin de fer d'Orléans
(gare de la Bourse), à 6 h. 11 du matin, pour Savenay. Arrivée à Savenay,
à 7 h. 11. Départ en voitures pour Campbon. Æocène de Campbon :
calcaire à Milioles, près le village de la Fouas; sables coquilliers de la
Close. Recherche des fossiles dans la fouille faite en vue de l'excursion.
Eclogites de Campbon.
Déjeuner à Campbon.
Visite des carrières de Pancaud. Calcaire grossier supérieur marin,
saumäâtre et lacustre. Retour en voitures à Savenay. Départ de Savenay
en chemin de fer à 5 h.9. Arrivée à Nantes (gare de la Bourse), à 5h 55.
Dîner et coucher à Nantes.
Vendredi 4 septembre. — Départ de Nantes (gare d'Orléans),
à 8 h. 29 du matin, pour Nort. Arrivée à Nort, à 9 h. 16. Départ en
voitures pour Safiré. Stampien : calcaire à Archiacines ; Aquitanien :
calcaire lacustre.
Déjeuner à Saffré.
Sables coquilliers de Bois-Gouët. — Recherches des fossiles dans la
fouille faite en vue de l’excursion; gisement très fossilifère. Retour en
voitures à Nort. Départ de Nort, en chemin de fer, à 6 h. 5. Arrivée à
Nantes, à 6 h. 51.
Diner et coucher à Nantes.
1908 PROGRAMME DES EXCURSIONS 595
Samedi 5 septembre. — Nantes. Le matin, à 8 heures, visite du
Museum d'Histoire naturelle,
Après-midi, visite de la ville. Carrières de granulite exploitées pour
pavés et pierres de taille.
Diner. Séance le soir, à 8 heures, au Museum. Coucher à Nantes.
2% TERRAINS PRIMAIRES
Dimanche 6 septembre. — Départ de Nantes (gare d'Orléans),
à 6 h. 25 du matin, pour Champtocé. Arrivée à Champtocé, à 7 h. 57.
En voitures pour Montjean et Chalonnes. Etude du Culm de la Basse-
Loire : grauwacke supérieure du Culm, avec houille; tufs porphyriques,
dits « pierre carrée », contenant des fossiles végétaux (carrière de la
Garenne, à Montjean); grauwacke inférieure du Culm.— Calcaire dévo-
nien moyen (Givétien) de Montjean. — Gothlandien avec phtanites à
Graptolithes.
Déjeuner à Chalonnes.
De Chalonnes à’ Rochefort-sur-Loire et la Possonnière, en voitures :
Coupe complète de la grauwacke supérieure du Culm : mines de houille,
tufs porphyriques, microgranulite. — Gothlandien avec phtanites,
calcaires et tufs porphyritiques. — Westphalien de Rochefort-sur-
Loire. — Gothlandien métamorphique et porphyroïdes. Traversée de la
Loire en voitures pour gagner la gare de la Possonnière à 7 h. 25.
Arrivée à Nantes, à 10 h.
Dîner et coucher à Nantes.
Lundi 7 septembre. — Départ de Nantes (gare d'Orléans), à
6 h. 25 du matin, pour Oudon. D'Oudon à Ancenis en voitures :
Micaschistes, gneiss, amphibolites, schistes à séricite avec phtanites
(Précambrien métamorphique). — Gothlandien de Pierre-Meulière, en
transgression sur le Précambrien. — Dévonien des Brülis et de l’ Eco-
chère. — Microgranulite de Saint-Géréon.
Déjeuner à Ancenis.
D’Ancenis à la gare de Teiïilé-Mouzeil (chemin de fer de l'Ouest), en
voitures : Schistes à Pélécypodes d’Ancenis. — Etude complète du
Culm : grauwacke inférieure du Culm ou grauwacke à plantes ; —
éruptions de microgranulite à travers la grauwacke inférieure; —
Granite de Mésanger. — Gothlandien sériciteux avec phtanites et
5 D
porphyrite andésitique. — Base du Westphalien, à fossiles végétaux,
surmontant la grauwacke supérieure du Culm. — Carrière de la
Rivière, près Teillé, dans la Grauwacke supérieure. — Grès argileux
verdätre divisant la grauwacke supérieure en deux bandes, l’une nord,
l’autre sud. — Gothlundien et Précambrien ramenés au jour, par faille,
et formant le bord nord du bassin d'Ancenis. — Calcaire dévonien
596 RÉUNION EXTRAORDINAÏRE
supérieur de C'op-Choux ( fossiles) : galets de grès gothlandien empâtés
dans le calcaire. — Poudingue de la grauwacke inférieure du Culm.
Mines de houille de Mouzeil. Départ de la gare de Teillé-Mouzeil
(chemin de fer de l'Ouest), à 6 h. 51. Arrivée à Nantes, à 7 b. 55.
Diner et coucher à Nantes.
Mardi 8 septembre. — Départ de Nantes (gare d'Orléans), à
8 h. 29 du matin, pour Châteaubriant. Arrivée à Châteaubriant, à
10 h. 17. Visite du Château et du Musée,
Déjeuner à Châteaubriant.
Excursion en voitures à St-Aubin-des-Châteaux et Sion. Grès armo-
ricain avec Bilobites en place à la face inférieure des bancs. — Schiste
ardoisier inférieur à Graptolithes du moulin Hubert, schistes à Cabr-
mene Tristani de la Hunaudière et de Sion. — Précambrien.
Diner à Châteaubriant. Séance le soir, à 8 h. Coucher à Château-
briant.
Mercredi 9 septembre.— Châteaubriant. Le matin : Précambrien,
Cambrien, Grès armoricain de la carrière du Prince, avec Bilobites et
Scolithes.
Déjeuner à Châteaubriant.
Excursion en voitures à Erbray : Grès armoricain ; schiste ardoisier ;
Gothlandien ; calcaire dévonien d'Erbra:. Retour à Châteaubriant.
Le soir, séance de clôture de la Réunion.
LISTE
DES PRINCIPALES PUBLICATIONS RELATIVES AUX RÉGIONS VISITÉES
1830. — Dupuissen. Catalogue de la Collection minéralogique, paléontolo-
gique et minéralurgique de la Loire-Inférieure, ete. Nantes; 1 vol,
in-8°, 319 p.
1837. — Dresvaux. Minéralogie du département de Maine-et-Loire. Angers,
vol. in-8°, et Mém. Soc. Agr. Sc. et Arts d'Angers, (x), Il, p. 212-398.
1838. — Durrénoy. Mémoire sur l’âge et la composition du terrain de tran-
sition de l'Ouest de la France; Ann. des Mines, (3), XIV, p. 213-958,
351-398.
1841 — RozLaAnp-Banës. Notice sur le terrain anthracifère des bords de la
Loire aux, environs de la Haïe-Longue, entre Rochefort et Cha-
lonnes (Maine-et-Loire). B.S.G.F., 1841, (x), XII, p. 463-795, 2 pl. et
Angers : Soc. linn. de Maine-et-Loire, I, p. 41-52.
1843. — VIQUESNEL (A.). Note sur le terrain à combustible exploité à Mouzeil
et à Montrelais (Loire-Inférieure). B.S.G.F., (2), 1, p. 70-106, 1 pl.
1843. — Worsxr. Mémoire sur le gisement du bassin anthracifère dans le
département de Maine-et-Loire et sur les relations géologiques
avec divers terrains qui l’avoisinent et le couvrent. Caen : Congrès
se. de Fr. XL, Angers. Nantes. Ann. Soc. acad. 1854, XXV, p. 12.
1845. — Cacarrié. Description géologique du département de Maine-et-
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1850, — LE CHaATeLtER. Géologie du département de Maine-et-Loire [in Statis-
tique du département de Maine-et-Loire de M. de Beauregard]. Soc.
nation. d’'Agr. Sc. et Arts d'Angers (1° édit. 1842; 2° édit.), 1 vol.
in-8°.
1854. — MiL£eer DE LA TurrAUDIÈRE. Paléontologie de Maine-et-Loire. Angers.
1 Vol. in-8°, 187 p-
1855. — CarcrraUD. Aperçu sur les terrains tertiaires inférieurs des commu-
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BASNGMAMO) XIE p 66-67:
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1860 — Ip. Note sur l'existence de trois étages distincts dans le terrain dévo-
nien de la Basse-Loire. B. S. G. F., (2), XVII, p. 789-796.
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G. F., @), XXII, p. 337-340.
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département de ia Loire-Inférieure. B. S. G.F., (2), XXII, p. 330-336,
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598 RÉUNION EXTRAORDINAIRE
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1866. — MiiLeT DE LA TURTAUDIÈRE. Paléontographie ou description des
fossiles nouveaux du terrain tertiaire marin ou miocène supérieur
de Maine-et-Loire. Angers. In 8°, 36 p.
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1895. — Ip, Présentation de fossiles paléozoïques du département d’Ille-et-
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1875. — Lorreux. Les ressources minéralogiques et salicoles de la Loire-Infé-
rieure. Paris. A.F.A.S., (4), Nantes, p. 43-76 et Rev. scientifique,
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1878. — MoRièRe. Sur les empreintes offertes par les grès siluriens dans le
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de-Bœuf. Paris. A.F.A.S. Paris, XVII, p. 570-576.
1880. — SAUVAGE. Étude sur les Poissons des faluns de Bretagne Mäcon :
Mém. Soc. Sc. nat. de Saône-et-Loire. AV, p. 39-77, 2 pl.
1880, — Vasseur. Recherches géologiques sur les terrains tertiaires de la
France occidentale. Paris, in-8°, 432 p., 5 cartes. — Paléontologie,
Paris, 1880-1881, Masson, 2 fase. in-4°, 12 pl.
1880. — Ed. BurEAU. [Terrain dévonien et anthracifère de la Basse-Loire|].
B. S. G. F., (3), VHI, p. 278-279.
1881. — In. Prémices de la flore éocène de Bois-Gouët (Loire-Inférieure).
B.S.G. F., (3), IX, p. 286-292, 1 pl
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etc. Paris et Stockolm ; in-4°, 104 p., 11 pl. (avec traduction abrégée).
1881. — ŒuLerr. Note sur le calcaire de Montjean et Chalonnes. Paris.
Ann. Sc. géol. XIL 12 p., 2 pl.
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gique de Château-Gontier. Nantes: B. Soc. Sc. nat. O. Fr., V.,
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600 RÉUNION EXTRAORDINAIRE
1895. — CossMann (Maurice). Mollusques éocéniques de la Loire-Inférieure.
Nantes. B. Soc. Sc. nat. O. Fr, 1895-1906, 44 pl. — Tiré à part,
3 vol:
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lonnes-sur-Loire. Exposition d'Angers, p. 215-220.
1896. — Ip. Contribution à l’étude géologique des environs de Chalonnes-sur-
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nat AIO Fr, NA, ip: 25-7;
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des Ardennes. Ann. Soc. géol. N., XXVII, p. 231-250.
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Inférieure, 1898-1900, IL, p. 99-522, 63 fig., 3 pL., 1 carte. Tiré à part).
1898. — BARET (Ch }. Minéralogie de la Loire-Inférieure. Nantes. B. Soc. Sc.
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gique des environs de Chalonnes-sur-Loire. B. Soc. Ét. sc. À ng'ers,
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à 1/80 000. N° 90, Feuille de Redon.
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la France à 180000. N° 105, Feuille l’Ancenis.
1895. — BurEAU (Louis) et D.-P. (EuLerr. Carte géologique détaillée de Ia
France à :/80 000. N° 91, Feuille de Château-Gontier.
1896. — Bocxer (L.). Carte géologique détaillée de la France à 1/80000. N° 118,
Feuille de Cholet.
1897 — Barrois (Ch.). Carte géologique détaillée de la France à 1/80 000,
N° 104, Feuille de Saint-Nazaire.
Cartes topographiques.
État-major à 1/Sd%000 et 1/50 0090 : — 90, Redon. S.E.— 91, Château-Gontier,
S.O. — 104, St-Nazaire, N.E., S E — 105, Ancenis N.0.,S.0.,S E. — 117,
Nantes, N.E. — 118, Cholet. N.0.
Séance d'ouverture, Mardi 1" Septembre 1908
PRÉSIDENCE DE M. H. DOUVILLÉ,
PUIS DE M. ÉD. BUREAU, PRÉSIDENT DE LA RÉUNION
La Société se réunit à 8 heures du soir dans la salle de la
Bibliothèque du Museum de la ville de Nantes.
Le Maire de Nantes a bien voulu accepter la présidence d’honneur
de cette séance, à laquelle assistaient le Préfet de la Loire-Inférieure
et le Général commandant le XI° corps.
M. Henri Douvillé déclare ouverte la Réunion extraordinaire de la
Société. Il remercie, au nom de la Société, le Maire de Nantes de
l'empressement qu’il a mis à lui offrir un local; il remercie également
les organisateurs du Congrès, MM. Édouard et Louis Bureau, Dumas
et Davy, de la peine qu’ils se sont donnée; il insiste tout parti-
culièrement sur l’heureuse innovation du Livret-œuide qui a été remis
à chaque excursionniste.
Le Président fait ensuite part des décès de MM. Peron, F. Arnaud,
Nery Delgado et Sir John Evans, survenus depuis la dernière séance.
Le Maire de Nantes souhaite la bienvenue aux Congressistes; il
espère avoir le plaisir de les recevoir à l’'Hôtel-de-Ville le 4 septembre, à
8 h. 1/2 du soir. Il termine en se mettant à la disposition des membres
de la Société pour leur faciliter la visite des divers Musées de la Ville,
Le général Jourdy invite les Congressistes à se rendre le 3 sep-
tembre, à 8 h. 1/2 du soir, à l'Hôtel du XI: corps, où il aura l’honneur
et le plaisir de les recevoir.
On procède ensuite à l’élection du Bureau définitif de la session
extraordinaire. Sont élus: Président: M. Édouard BUREAU; Vice-
Présidents : MM. Louis Bureau et L. Davy: Trésorier : M. René
LANGLASSÉ ; Secrétaires : MM. COUFFON, FERRONNIÈRE, PÉNEAU.
M. Édouard Bureau remercie vivement ses confrères du témoi-
gnage de sympathie qu’ils viennent de lui donner, puis en quelques
mots, il expose le but des excursions autour de Nantes, de Cha-
lonnes et de Châteaubriant.
M. Henri Douvillé présente les observations suivantes :
Henri Douvillé. — Sur l'âge des couches du Tertiaire inférieur
de la Basse Loire.
Les travaux récents ont conduit à modifier les assimilations
proposées par M. Vasseur. L'étude de l'évolution des Cerithidés
1908 SÉANCE DU 1° SEPTEMBRE 603
(CR. Ac. Se., 4 février 1907) a amené M. Boussac à ranger les
couches de Bois-Gouët (et de Fresville) dans l’Auversien. La
comparaison avec les couches d'Angleterre, l’a conduit aux mêmes
conclusions : il a retrouvé les assises à A/veolina elongata, si
caractéristiques de l’Éocène de la Basse-Loire et du Cotentin, à la
partie supérieure des couches de Bracklesham, caractérisées par
Nummulites variolarius, couches que M. Leriche avait déjà mon-
tré être l'équivalent de l’Auversien (Ludien). Ces couches sont
immédiatement inférieures au Bartonien, qui correspond au niveau
des Nummulites wemmelensis-elegans tandis qu’elles recouvrent
directement les assises à Nummulites scaber.M. Boussac en conclut
qu'il n'existe pas de faune marine spéciale correspondant au Luté -
tien supérieur, de sorte que les assises rangées par différents
auteurs, dans le Lutétien supérieur, appartiennent en réalité à
l’Auversien ; ce serait en particulier le cas pour le gisement si
connu de Ronca à Nummulites Brongniarti. L’abondance de cette
espèce dans les couches les plus inférieures de la Basse-Loire et
l'absence des Nummulites du groupe lævigatus-scaber semblent
bien indiquer que ces assises appartiennent déjà à l’Auversien.
Une légère modification pourrait également être apportée au
classement des couches qui représentent l’Oligocène : cet étage est
représenté par les couches marines à Archiacina (Stampien),
surmontées par des calcaires lacustres ; d’après les travaux de
M. G. Dollfus, M. Henri Douvillé serait porté à ranger ces
calcaires dans le Stampien supérieur, de sorte que l’Aquitanien
ferait complètement défaut.
Séance du Samedi % Septembre
PRÉSIDENCE DE M. ÉDOUARD BUREAU, PRÉSIDENT
La séance est ouverte à 8 heures du soir au Museum d'Histoire
naturelle de Nantes.
Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté.
Un nouveau membre est présenté.
Général E. Jourdy. — Sur le sillon de Bretagne el la Fosse
Bas-Bretonne.
La région de Nantes est pays de micaschisies, massif de structure
confuse qui ne peut se comprendre qu'après l'étude des plages et
des falaises bretonnes, où ces roches sont plus facilement observables.
L'absence de fossiles réduit les moyens d'investigation à la boussole et
6o4 RÉUNION EXTRAORDINAIRE 5 Sept.
à la pétrographie. Les observations, au nombre de près de 200, ont
permis de dresser des tableaux, des coupes et des cartes qu’on peut
résumer ainsi qu'il suit :
Des trois coordonnées géographiques, le sens des plong'ements révèle
les plissements dont les anticlinäux correspondent au système de Cor-
nouaille (Barroïis), au Sillon de Bretagne et à un faîte observable à la
Noue de la Verrière. Le synclinal le plus saillant est celui de Nantes
(L. Bureau) qui se prolonge dans la vallée de la Sèvre. Des plissements
secondaires s’accolent aux deux flancs du Sillon de Bretagne. L'’inten-
sité de l’inclinaison accuse, pour l’anticlinal de Cornouaille, une forme
aplatie due à la poussée tangentielle vers le Nord (la forme bretonne)
et une forme subverlicale, en éventail renversé vers la fosse du lac de
Grand-Lieu (la forme vendéenne). Entre l'anticlinal aplati et le Sillon
de Bretagne, comme sur le flanc nord de ce Sillon, les inclinaisons sont
très fortes, comme si le dernier plissement, dont le noyau est de gra-
nulite, était survenu postérieurement à l’anticlinal de Cornouaille et
avait comprimé latéralement toutes les strates pour se faire place dans
le massif.
L'orientation générale est celle du N.O0.-S.E. avec crochets E.O.,
crochets qui s'accentuent jusqu'à la forme en «trait de Jupiter », fré-
quente dans les micaschistes au contact des amas de quartz.
Les champs de diaclases sont généralement orthogonaux à l’orienta-
tion précédente, c'est-à-dire N.E.-S.0. Le long de la vallée de l’Erdre,
s'observe fréquemment la direction N.S., correspondant au méridien
de Rennes (4° long. O.).
La pétrographie permet de pénétrer quelque peu la structure si
diverse des micaschistes r. |
Le mica affecte un caractère de dispersion régionale. Le quartz se
présente : ou en filons, dont le plus remarquable est celui qui longe le
flanc sud du Sillon de Bretagne sur 300 km. ; ou en couches intra-
stratiliées, comme à Belle-lle, où il apporte un contingent égal au
quart du volume des micaschistes ; ou en injections en amas irrégulier,
perlorant les roches et les plissant en crochets zig-zags, traits de
Jupiter. Le feldspath S’insinue dans la pâte elle-même et transforme
fréquemment les micaschistes en gneiss; elle les pénètre même sans
moditier leur aspect miroitant. Au contact de la granulite, il chasse le
mica et produit de la leptynite; parfois aussi apparaît l’aplite.
Au Nord du Sillon de Bretagne, au delà de l’anticlinal de la Noue de
la Verrière, la région devient une pénéplaine, divisée par les diaclases
en compartiments dont les inclinaisons varient sans loi observable, et
en raison sans doute du froissement résultant de l'intrusion des quartz
interslralifiés ou injectés.
Au delà on se trouve en présence de la grande fosse bas-bretonne
1. M. L. Michel, professeur-adjoint de Minéralogie à la Sorbonne, a bien
voulu étudier les plus intéressantes de ces roches et en préparer des
plaques minces.
PT 0
1908 SÉANCE DU 5 SEPTEMBRE 6où
qui commence à Chalonnes et finit au Raz-de-Sein, long synclinal
houiller, crevé comme il résulte de Pallure des strates inclinées à 45° jus-
qu'à 200 m. de profondeur (coupe de la mine de Chalonnes), verticales
plus bas, et faillé comme une vitre brisée, large de 20 km. dans la
région est, et de 1 km. seulement à la baie des Trépassés, comprimé
qu’il a été entre les deux fortes mâchoires du Sillon de Bretagne et de
la Lande de Lanvaux qui sont deux des quatre directrices tectoniques
du sol de la France t.
Il existe encore deux autres fosses : la fosse bocaine (Lecornu et
Bigot) et la grande fosse médiane de la Bretagne (Barrois). Cette der-
nière présente à son extrémité occidentale,entre Châteaulin et Camaret,
un tracé de plissements qui rappelle le trait de Jupiter et qui semble
être dû aux intrusions de diorites et de diabases, par analogie avec Les
relations du quartz et des micaschistes dans la région de Nantes. Le
phénomène se complique, dans la presqu'île de Crozon, de la présence
d’ilots cambriens, nœuds de résistance aux actions tectoniques, et
d’étoilements de failles, indices de points faibles; double circonstance
qui explique les bizarreries de la structure si intéressante de l'extrémité
du continent. |
Au delà, les Sondages révèlent des reliefs beaucoup plus accentués
que le sol de l’'Armorique, mais un relèvement de profondeur de 100
mètres (8°35’, long. O.) existe à la rencontre des deux axes de Cor-
nouaille et du Léon (Barrois et Bigot), et ferme ainsi la grande fosse
tectonique du subsiratum du 48° lat. qui reparaît au pied méridional
des Vosges.
Lieutenant-colonel Azéma. — Sur la Tectonique de la pointe
occidentale du Finistère.
L'auteur adopte le tracé des failles de M. Kerforne ?, notamment celui
de la grande faille Camaret-Morgat orientée du N.0. au S.E., le long de
laquelle la lèvre occidentale aurait glissé dans le sens du N.0. d'environ
3 km., mouvement tectonique qui concorde avec le sens général de
la poussée tangentielle du Sud au Nord. Il estime même que cette
faille se prolonge effectivement dans la direction du Nord, en coupant
la pointe Saint-Mathieu entre l’anse de Bertheaume et celle des Blancs-
Sablons, puis en suivant une partie du chenal de la Helle entre le
plateau d’écueils de l’île de Molène et le continent, ainsi que dans
la direction du Sud, où elle se bifurque en mer, un peu avant
Douarnenez, fournissant ainsi une première branche qui se dirige sur
Quimper parallèlement au très long filon de diabase qui coupe la
région entre l’Odet et la baie de Douarnenez, et lauire branche
paraissant jalonnée par plusieurs longs filons de quartz vers Pont-l'Abbé.
Le réseau des failles à peu près orthogonales à cette grande faille
1. E. Jourpy. Esquisse de la tectonique du sol de la France.
2. KERFORNE. Elude sur la région Silurique occidentale de la presquile
de Crozon (1901).
606 RÉUNION EXTRAORDINAIRE 5 Sept:
principale comprend : celle du passage du Fromveur entre les îles
d'Ouessant et de Molène; les deux failles du goulet de Brest et de
Quelern, qui se soudent à l'Ouest de Landerneau, et six petites failles
dans la presqu'ile de Crozon.
Les plissements principaux de la presqu'île de Crozon sont :
Un brachyanticlinal en partie immergé dans l’anse de Dinan, sorte de
voussoir central surbaussé au-dessus des effondrements latéraux de
la rade de Brest et de la baie de Douarnenez ;
Un fragment d’anticlinal à Port-Naye, occasionnant, par un mouve-
ment de bascule, la réapparition du Précambrien du côté de l’axe et
l’abaissement du Dévonien du côté opposé, celui-ci venant s’appuyer
sur le Silurien inférieur du brachyanticlinal de Dinan; les falaises de la
Mort anglaise à l'E. de l’anse de Camaret dépendent de cet anticlinal.
— Une ondulation au cap de la Chèvre se rattachant au massif du
Menez-Hom.
Le texte de cette communication est complété par deux cartes, une
coupe du lToulinguet au cap de la Chèvre et une planche de belles
photographies représentant les détails de cette structure très compliquée.
Le Général Jourdy dit qu'il a parcouru avec le colonel Azéma
les environs si pittoresques de Camaret, et que tous deux se sont
décidés, après mûre réflexion, à juger que, à l’isthme de Port-Naye,
au-dessous des strates très peu recourbées de l’Ordovicien, les schistes
précambriens très relevés affectent la forme d’un anticlinal qui serait
par conséquent d’origine huronienne. Ces schistes sont criblés d'émis-
sions ferrugineuses réparties en gouttelettes sur les bords d’innombra-
bles diaclases. Il paraît donc certain qu'avant le dépôt du Silurien,
cette contrée aurait été le théâtre de phénomènes tectoniques de
quelque importance.
M. O. Couffon dépose sur le Bureau les 50 premières pages de
copies dactylographiques d'anciens documents sur la géologie de
la Bretagne, de la Normandie et de l' Anjou, qu'il a fait exécuter
à l'intention des géologues qui s'occupent du massif armoricain.
Excursion äu 2 Septembre aux gabbros du Pallet
par Marcel Brongniart
Partie par la gare de l'Etat à 6 h. 22 du matin, la Société descend
du train à la station du Pallet, où attendent les voitures qui doivent
continuer l’excursion.
Pour étudier le gabbro à olivine normal et ses modifica-
tions endomorphes, qui ont fait l'objet d’une monographie de
M. Lacroix !, la Société s’est rendue d’abord à l’ancienne carrière
1. A. Lacroix. Le Gabbro du Pallet et ses modifications. Bull. des
Serv. de la Carte géol. de Fr., X, n° 67.
1908 EXCURSION AUX GABBROS DU PALLET 6o7
ouverte sous le calvaire du Pallet. Comme la roche éruptive est là
au contact d’un ilot schisteux, elle est constituée par une norite
andésitique à cordiérite, dont on pouvait à l’œil nu apprécier la
richesse en grenat. De là, la Société s’est transportée dans le
chemin creux qui va de la Sanguëze à la route de Clisson, vis-à-
vis de la Sébinière, pour récolter la roche normale. A la carrière
des Prinaux, nous avons observé les nombreuses enclaves schis-
teuses et constaté la présence d’un petit filonnet basique (microdio-
rite à faciès lamprophyrique) traversant la roche endomorphisée.
Enfin, à la carrière des Bois, nous avons pu récolter de très beaux
échantillons de gabbro normal.
Excursion du 2 Septembre au Pigeon-Blanc
Par Auguste Dumas
Après la visite de la carrière des Bois, la société remonte en
voitures pour se rendre à la Chapelle-Heulin. Aux Brouardières,
le gabbro cesse, et on passe sur le micaschiste plus ou moins
recouvert de limon et planté en vignes ; la route traversant au-
delà du village de la Ménardière l'extrémité de la bande d’amphi-
bolite de Vallet, la Société s'arrête pour constater le fait, mais on
ne trouve que de très mauvais afileurements de cette roche.
A la Chapelle-Heulin, la Société est reçue fort aimablement par
M. Allaire, maire de la Chapelle-Heulin et M. du Boisguéhenneuc, maire
du Landreau, commune où est silué le gisement du Pigeon-Blanc.
Après un excellent déjeuner à l'Hôtel de la Belle-Etoile, la Société
reprend les voitures pour se rendre au Pigeon-Blanc situé à 4 km. 230
de là, sur la route du Bas-Briacé au Landerneau.
Le falun du Pigeon-Blanc a été découvert par Cailliaud lors du
creusement d’un puits dans cette localité, et M. Vasseur a donné
une description complète du gisement dans sa thèse, en 188r. L’al-
titude du sol en ce point est d'environ 10 m.; l'étendue du gise-
ment nest pas exactement connue, mais il est probable qu'il
occupe le fond du vallon jusqu’au Bas-Briacé, et peut-être aussi le
fond du marais de Goulaine, car on retrouve le falun avec ses
fossiles sur le bord opposé du marais, au droit des Cléons : il est
probable aussi qu'il s'étend en largeur beaucoup plus que ne l'in-
diquent les cartes, c’est-à-dire du côté du château de la Jaunaie,
car il paraît qu'on a trouvé des côtes d’AHalitherium à la ferme de
la Lairière, située à 500 m. au S.O. du Pigeon-Blane; ce dernier
fait reste toutefois à vérifier.
Le gisement du Pigeon-Blanc est un des meilleurs types des
608
A. DUMAS
5 Sept.
faluns de la Basse-Loire rapportés au Miocène supérieur et dont
M. G. Dollfus a fait récemment l'étage redonien.
Une fouille faite en 1895 par MM. Louis Bureau et A. Dumas
a produit une belle série de fossiles soumis actuellement à
l'étude de MM. Dautzenberg et G. Dollfus (environ 300 espèces).
Sous une épaisseur de 2 mètres d’alluvions on a trouvé une couche
d'environ 1 mètre de sable grossier, jaune, très fossilifère, recou-
vrant un sable fin, sans fossiles, qu'on n'a pas traversé.
Les fossiles les plus remarquables ont été :
D'abord des restes de Poissons énumérés par M. Leriche (Ann.
Soc. géol. du Nord, XXXV, 1906, p. 290); dont les plus intéressants
sont : Gadus cf. spectabilis KokeN, Sciæna sp., Labrodon pavi-
mentum GERV., etc.
Puis des Mollusques en parfait état de conservation compre-
nant beaucoup d'espèces nouvelles dont on attend la description.
Parmi les espèces connues on peut citer :
Voluta Lamberti Sow.
Mitra fusiformis BRrocc.
Trivia avellana Sow.
— europæa Mont.
Ancilla obsoleta Brocc., sp.
Nassa elegans Dus.
— granifera Du.
Cassidaria cf. echinophora L.
Pirula reticulata Brocc.
— condita LAMK ?
Typhis tetrapterus BRONN.
Mitromorpha phanaulax Cossm.
Murex cristatus BRocc.
Bittium scabrum OxLrvr.
Potamides cf. Basteroti M. des.
Cancellaria varicosa BRocc.
Fossarus costatus BRocc. sp.
Natica millepunctata Woo».
Trochus miliaris Brocc.
Solarium miserum Dus.
Eulima subulata Don.
Calyptræa sinensis L.
Emarginula fissura L.
Tellina serrata Brocc.
Venus scalaris Brocc.
— multilamella LAMK.
— opata PANN.
Digitaria digitaria L. sp.
Cardita striatissima Nysr.
Leda fragilis CHEMN. sp.
Limopsis recisus DEFR..
Enfin de nombreux Astarte,
Arca, Pectunculus, Lima, Pec-
ten, Ostrea, etc.
et parmi les Polypiers :
Sphenotrochus intermedius Gozbr.
Flabellum Woodi M. E. et H.
En vue de l’excursion de la Société, une première fouille avait
été faite sur un terrain particulier et près de la route, mais elle
n'avait donné aucun résultat : vers 2 m. 70 de profondeur on n’a
trouvé qu'une mince couche de falun avec coquilles brisées et
décomposées, reposant sur le rocher. M. du Boisguéhenneuc,
maire du Landreau, a alors très obligeamment autorisé l'ouverture
d’une seconde fouille le long d’un chemin communal et contiguë à
celle qui avait donné un bon résultat en 1895.
1908 EXCURSION AU PIGEON-BLANC 609
La Société a trouvé cette fouille en bon état et en pleine activité.
Tous les fossiles cités ci-dessus ont été retrouvés, ainsi que
beaucoup d'espèces non encore nommées; mais le beau Cassidaria
cf. echinophora s’est montré rarement entier, de même que les
grosses espèces ; on a recueilli quelques échantillons du rare
Potamides cf. Basteroti, et de beaux fragments d’un grand Fusus
à tours carénés non encore déterminé ; enfin, M. Leriche a
trouvé un très bel otolithe de Sciæna.
Les caractéristiques de ce gisement sont l'abondance du GCardita
striatissima Nysr., et l'absence presque complète de l’Arca Dubuis-
sont CAILLIAUD, qu'on trouve en quantité dans le gisement voisin de
la Chauvelière, près du Loroux-Bottereau.
Plus dans le Sud de la Loire-Inférieure, et en Vendée, se trouvent
d’autres intéressants gisements du même niveau que le Pigeon-
Blanc, notamment à Montaigu, où les localités de /a Gauvinière et
de Girondor ont été si bien explorées par le Dr Mignen : enfin, plus
loin encore, se trouve le beau gisement de Palluau. Ces localités
étaient trop éloignées pour pouvoir être visitées par la Société dans
cette session ; il aurait fallu d’ailleurs faire partout des fouilles avec
épuisement pour atteindre les couches fossilifères.
A 8 h. 45 on remonte en voiture pour le Pallet et Nantes.
Excursion du 3 Septembre à CGampbon
PAR Auguste Dumas
Partie de Nantes à 6 h. 10 du matin, la Société trouve à la gare
de Savenay les voitures qui doivent la conduire à Campbon pour
l'étude du bassin calcaire de cette localité.
L’Éocène de la Loire-Inférieure a été parfaitement étudié et décrit
en 1881 par M. Vasseur, dans sa thèse, où il a donné la classification
reproduite ci-après (fig. 1 et 2).
Vers 8 h. du matin, la Société aborde le bassin éocène de
Campbon par le côté est, et on s'arrête un peu avant le village de
La Fouas, à une fouille pratiquée dans le calcaire à Milioles, assise
la plus inférieure de l’Eocène sur ce point, les 1'° et 2° zones n'af-
fleurant qu'à l’extrémité ouest du bassin.
Le calcaire à Milioles a été assez activement exploité autrefois;
dessous on trouvait un sable calcaire jaune, qu’on employait dans
les constructions. Ce sable est rempli d’Alvéolines et d'Orbitolites,
mais les Mollusques y sont rares et mal conservés (Ostrea, Crania
cf. eocenica, Plicobulla Dumasi Cossu:, etc.).
10 Janvier 1910. — T. VIII. Bull. Soc. géol. Fr. — 39.
610 A. DUMAS 5 Sept.
Il a fourni surtout des Oursins intéressants décrits par Cotteau
(Bull. Soc. des Sc. nat. de l'O., 1897, t. I, p. 1279), ce sont :
Euspatangus Croizieri Corr. Scutellina Michelini Corr.
Guaulthiera Heberti VAss. Lenita patellaris Corr.
Schizaster Dumasi Cort. Echinocyamus campbonensis
Pygorhinchus Desnoyersi DEsor. Cort.
— Gregoirei Corr. — Dumasi Cort.
Sismondia Cailliaudi Cort.
Aujourd'hui, les exploitations sont abandonnées, remblayées,
et couvertes de prairies ; il a fallu faire une fouille de 2 m.50 de
BASSIN LOIRE INFÉRIEURE
DE PARIS
SABLES de Grès à Sabalites andegavensis.
Beauchamp | Grès à végétaux de Montbert ?
GZ Calcaires saumâtres et lacustres
5 Zone
de Campbon
: h Calcaire à Cerithium Grès
e arisiense. ñ
[] 5 é
1e ee DONNE | CHÉREUD:
o à ñ Sables fossilifères de
= & de Campbon Bois-Gouëêt.
7)
FA
) = 4° Zone Sables coquilliers du Bois-Gouët.
Z e)
U cd Calcaire à Milioles et Orbitolites
O S 3° Zone d’Arthon, Campbon etSt-Gildas-
a > des Bois.
[e Fa _
- tre Calcaire coquillier /shnare) à
È Cerith. giganteum ? d’'Arthon.
——
Grès calcarifères et sables à Num.
1'° Zone Brongniartiet Ostrea flabellula
ie Four, la Banche.)
profondeur, pour faire voir ces assises à la Société; mais à part
les Alvéolines et l'Orbitolites complanata, la récolte des fossiles a
été peu abondante.
Remontée en voiture, la Société passe au village de la Fouas sur
les grès à Ostrea mutabilis, qu'on ne voit pas, et met pied à terre
1908 EXCURSION A CAMPBON 6It
au Petit-Châtelier pour se rendre près de là, à pied, aux fouilles
préparées par les soins de M. L. Bureau au Pré de la Close, en
vue de la récolte des fossiles du niveau des Sables de la Close.
Plusieurs fouilles ont été ouvertes dans le pré, mais elles ne
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Fig. 1. — ÉTENDUE DE LA MER ÉOCÈNE DANS LA LOIRE-ÎNFÉRIEURE
A L'ÉPOQUE DU CALCAIRE GROSSIER, d’après M. Vasseur.
m,Miocène supérieur (Faluns de la Basse Loire); m?,Miocène moyen (Faluns
de Noyal) ; m!, Miocène inférieur (Cale. à Archiacines et Cale. de Beauce :
e', Éocène moyen (Calcaire grossier).
donnaient que des coquilles brisées : les efforts se sont alors portés
sur une autre fouille, attenante à un abreuvoir au bord du chemin
menant des Chateliers à Campbon, et qui a paru meilleure que les
précédentes.
Gr2 A. DUMAS 5 Sept.
Sous un mètre d’alluvions, les sables se sont montrés très fossi-
lifères ; la pluie ne ralentit pas l’activité des recherches des géo-
logues dans le sable tamisé que les ouvriers mettent à leur dispo-
sition. On a trouvé surtout : PBatillaria campbonensis Vass. et
B. britanna Vass., Potamides diacanthinus Cossm., Discohelix
Dixoni Vass., Auricula Douvillei Vass., Voluta proboscidifera
Cossm. : Coralliophaga campbonensis Dur., Mactra orthogonalis
Dur., Ostrea subelongata Dvr.. etc.. etc.
La faune de la Close est très riche; Cailliaud et Dufour, qui
l'ont étudiée les premiers, en ont donné des listes de fossiles qui
ont été beaucoup augmentées par les recherches de M. Vasseur.
so N:E.
CAMPBON /e Guelgrd, russe le Fryaud Aiglanne le Grand.Be
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Fig. 2. — Coupe DE CAMPBON AU HAMEAU DU GRAND-BEC (d’après M. Vasseur)
Long. : 1/50000 ; haut, : 1/5000.
9, Argiles à graviers (Quaternaire).— CALCAIRE GROSSIER SUPÉRIEUR. 6° 30ne :
8, calcaire souvent siliceux el marnes saumâtres lacustres; 7, Marne
argileuse verte (Banc vert). 5 zone : 6, Sables et grès calcarifères ou
argileux et calcaire à empreintes de coquilles marines (Cerith. parisiense,
etc. (Banc de coquillages); 5, Sable coquillier de Campbon (Sable de la
Close). {° zone : 4, Grès cälcarifère avec Orbitolites et Ostrea mutabilis. —
CALCAIRE GROSSIER INFÉRIEUR. 3° zone : 3, Calcaire grossier à Milioles et
Orbitolites complanata. — TERRAINS CRISTALLINS. 2. Eclogite: 1, Gneiss,
t, Micaschistes ; £? ;!, Gneiss granulitique.
»
Celui-ci, dans sa liste de la 5° zone, porte le nombre des espèces à
251, dont 246 pour les Mollusques seulement.
Depuis M. Vasseur, quelques recherches, mais peu suivies, ont
été faites ; elles sont comprises dans le travail de M. Cossmann, et
ont porté à 384 le nombre des espèces de Mollusques, seul embran-
chement étudié jusqu'ici.
Les espèces les plus abondantes à la Close sont :
Auricula Monthiersi Vass. Pleurotoma plebeia Sow.
— Douvillei Vass. — rudiuscula Des.
Marinula labrosa Cossu. Drillia armoricensis Cossx.
Bullineila Brug'uieri Desu. — Vasseuri Cossx.
Acrostemna coronatumm LAMK. Raphitoma campbonensis Vass.
Plicobulla Dumasi Cossx. Cryptoconus filosus LAMK.
en ÉÉ
1908 EXCURSION A CAMPBON 613
Hemiconus Tromelini Vass.
— peraratus CossM.
Olivella impressa Vass.
Ancilla Ripaudi Vass.
Marginella eburnea Lau.
Cryptospira ovulaia LAMK.
Voluta proboscidifera Cossu.
Mitra Berthelini Cossu.
Melongena Dumasi Cosss.
Suessionia Bergeroni VAss.
— armoricensis VASss.
Tritonidea poly gona LaAMK.
Trophon Plini be Rainc.
Eutritonium Dumortieri BAuUD.
— polyzonalis VAss.
Cypræa elegans DEFR.
Cerithium Monthiersi Vass.
— Morg'ani Vass.
— fragile Des.
Bitlium semigranulosum Lam.
— Dagincourti Vass.
Rhinoclavis unisulcatus LAMKk.
Potamides scalaroides Desu.
— Douvillei VAss.
— tricarinatus LAMK.
—— præcinctus Coss.
Batillaria campbonensis Vass.
— britanna Vass. l
Triphora inversa LAMK.
Diastoma costellatum LAMK.
Sandbergeria turbinopsis Desu.
Aurelianella rissoides Cossm.
Teliostoma Dumasi Cossu.
Vermetus conicus LAMK.
Mesalia Cailliaudi Cossu.
Turritella Velaini VaAss.
Bayania Bezançoni Vass.
Litiorina armoricensis VAss.
Discohelix Dixoni Vass.
Solarium Dufouri Vass.
Calyptræa lamellosa Desu.
Natica Vasseuri CossM.
MNeritina lineolata et var. DES.
Monodonta multicordata CAïLL.
Ostrea subelongata Dur.
Arca prærudis Dur.
— articulata DES.
— proxima Dur.
— mixa Dur.
Axinæa fimbriata Dur.
Trinacria deltoidea LAMK.
Venericardia serrulata Disu.
— ornata Desu.
Crassatella Lepeltieri Dur.
Phacoides Geslini Dur.
Chama turg'idula LaAmK.
Cardium proximum Dur.
Coralliophaga campbonensis Dur.
: Mactra orthog'onalis Dur.
Etc., etc.
Remontant en voitures, la Société se rend à Campbon, où, en
attendant le déjeuner, MM. Bézier et Dumas se rendent à la ferme
du Bout-de-la-Lande, appartenant à M. Bastard, et où M. Bézier
avait constaté que les limites de l’'Eocène s’étendaient beaucoup
plus au Sud que ne l'indique la Carte géologique.
En effet, à 100 mètres environ au S.E. de cette ferme, on a établi
un abreuvoir dans lequel on a rencontré les Sables de la Close
au dessous de 1 m. de terre végétale. Ces sables renferment beau-
coup de coquilles brisées, entre autres Mactra orthogonalis
Durour, très reconnaissable. Le fond de l’abreuvoir paraît reposer
sur le Grès à Ostrea mutabilis, car on trouve des fragments de
cette roche dans les déblais.
Un peu plus loin, des fouilles pour la fondation d’un petit aqueduc
ont atteint également les Sables deila Close.
614 , A. DUMAS 5 Sept.
Il résulte de ces constatations que la limite de l’Eocène doit être
reportée, sur la carte, à 500 m. au moins, plus au Sud aux abords
de la ferme du Bout-de-la-Lande.
Le déjeuner a lieu à l'Hôtel Macé, sous la très aimable présidence de
M. Le Cour Grandmaison, maire de Campbon et sénateur de la Loire-
Intérieure.
Après déjeuner, on va visiter le gisement des éclogites; le bourg
de Campbon est bâti sur un filon de cette roche, mais elle est ici
modifiée et mal représentée; par suite, on se rend à un gisement
situé entre le village de la Turpinais et le chemin de fer et qui
présente de l’éclogite typique.
La Société se rend ensuite aux fours à chaux de Pancaud, sous la
conduite de M. Bastard, leur propriétaire. Les anciennes carrières,
dont M. Vasseur a donné de belles coupes, sont aujourd'hui
remblayées, et l'exploitation actuelle n’attaque plus que les couches
supérieures, situées dans le calcaire lacustre, où on remarque un
banc d'argile verte. On ne trouve pas de fossiles dans ces couches,
mais M. Bastard met à la disposition de la Société les fossiles trouvés
par les ouvriers dans le « banc de coquillages » ; ce sont surtout
des moules peu déterminables spécifiquement ; on remarque prinei-
palement les moules internes du grand Cérithe rapporté jusqu'ici
au Cerithium parisiense, puis de beaux fragments de trones de
Palmiers silicifiés.
Au delà des carrières, M. Bastard nous fait voir une fouille qu'il
a fait exécuter en vue de montrer à la Société un grès marneux qui
contient beaucoup d'empreintes végétales, parmi lesquelles
M. Édouard Bureau croit reconnaître son Verium Vasseuri. La
position de ces grès relativement aux sables de la Close sera
intéressante à rechercher.
De Pancaud, la Société est conduite, par M. Le Cour Grand-
maison, au château de Coislin, sa propriété, bien connue par la
riche faune qu'elle renferme ; malheureusement les gisements se
trouvent pour la plupart dans le parc, et, malgré l'extrême obli-
seance du propriétaire pour les géologues, il n’est guère possible
d'abuser de son amabilité pour bouleverser ses pelouses et ses
belles prairies, afin d’en extraire les fossiles.
M. Le Cour Grandmaison avait eu l’obligeance de faire exé-
cuter une fouille à côté d’un gisement qui avait fourni autrefois
de fort beaux fossiles, notamment la belle Ampullina bathy-
glphis Cossm., mais cette fois nos recherches ont été malheu-
reusement infructueuses sur ce point.
ed à
1908 EXCURSION A CAMPBON 615
Après un lunch au Château de Coislin, dont le propriétaire et sa famille
ont fait gracieusement les honneurs, la Société remonte en voitures pour
Savenay et rentre à Nantes à 6 heures.
Dans la soirée, la Société est reçue dans les salons de l’hôtel du XT
corps d'armée, où le général Jourdy reçoit ses confrères avec la plus
parfaite amabilité.
Excursion du 4 Septembre à Saffré et au Bois-Gouëêt
PAR Aug. Dumas
A8h. 1/2 du matin, la société prend à la gare de Nantes le train de
Châteaubriant, et à la station de Nort, elle trouve les voitures qui la
conduisent à Saffré pour l'étude des gisements de cette localité rendue
célèbre par les travaux de M. Vasseur.
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Alkitude 10"
Fig. 3. — CouPE DES TERRAINS TERTIAIRES DE SAFFRÉ.
Lon£g. : 1/50 000; haut. : 1/2 500.
QUATERNAIRE ? : 9, Argile à graviers. — MIocÈNE INFÉRIEUR : Calcaire de
Beauce, Aquitanien : 8, Meulières à empreintes de Bithinies et bois silicifiés :
7, Calcaire à Limnæa cornea et Bithinia Dubuissoni. — Sables de Fontaine-
bleau, Stampien : 6b, Calcaire plus fin que le suivant, blanchâtre, compact,
à empreintes de Cerithes, Lucines, ete. (Identique au banc des Lèches de la
Chausserie) : 6a, Calcaire grossier marin à Milioles et Archiacina armorica.
Cerithium plicatum, C. trochleare, ete. : 5, He verdâtres ou jaunâtres.—
ÉOCÈèNE Moyen ; Calcaire grossier supérieur : , Marnes et argiles blanches
et verdâtres, sans fossiles; 3, Grès de Bois-Gouëêt à empreintes végétales et
Cerithium tricurinatum, etc.; 2, Sables coquilliers de Bois-Gouêt. —
GOTHLANDIEN : 1, Schistes argileux et talqueux (Schistes métamorphiques,
Cailliaud).
Le bassin de Saffré a été étudié et décrit avec beaucoup de détails
par M. Vasseur, dans sa thèse ; la coupe de la figure 5, donnée
par lui, montre la succession des couches dans ce bassin.
Au-dessus des schistes gothlandiens, l'Éocène y débute par les
616 A. DUMAS 5 Sept.
Sables coquilliers de Bois-Gouët surmontés par des Grès à
empreintes végélales et qui ont été assimilés aux Sables de la Close;
ces grès paraissent affleurer sur tout le pourtour du bassin et cons-
tituent probablement les importants affleurements que M. Barrois
a indiqués sur la feuille «Saint-Nazaire», entre Saffré et le chemin
de fer de Châteaubriant. Au-dessus des grès, M. Vasseur signale
des marnes et argiles sans fossiles.
L'Éocène est surmonté, à Saffré, par le Miocène inférieur: sans
qu'on ait pu reconnaitre jusqu'ici la relation exacte entre les deux
étages. Le Miocène débute par des argiles, auxquelles succèdent
des calcaires marins caractérisés par l’Archiacina armorica, puis
des calcaires plus fins à empreintés de coquilles saumâtres. Ces
couches représentent le Sfampien, qu’on retrouve beaucoup mieux
développé dans le bassin de Rennes.
Au-dessus de ces couches marines viennent des calcaires
lacustres à Limnæa cornea et Bithinia Dubuissoni, puis des Meu-
lières à Bithinies et bois silicifiés, ensemble qui représente le
Calcaire de Beauce ou Aquitanien. |
Le grand intérêt stratigraphique du bassin de Salfré vient de la
superposition, sur ce point, des deux étages Éocène et Miocène,
circonstance qui ne se retrouve pas ailleurs en Bretagne. Malheu-
reusement pour le stratigraphe, la surface du sol partout cultivée
et recouverte de limon ne laisse rien apparaître de la constitution
du sous-sol, el M. Vasseur n’a pu établir ses coupes et ses cartes
qu'au moyen de nombreux sondages ; aussi n’espère-t-on pas faire
beaucoup d'observations stratigraphiques, mais on compte se
rattraper sur d'’abondantes récoltes de fossiles au Bois-Gouët, but
piincipal, d’ailleurs, de l'excursion.
Arrivée à Saffré vers 10 heures, la Société se rend ,avant déjeuner,
à la bifurcation des routes d’Augrain et de Bois-Gouët pour voir
le calcaire lacustre rapporté au Calcaire de Beauce (Aquitanien).
Dans les débris des champs, on trouve d'assez nombreux moules
de Limnées, Bithinies et Cyclostomes, mais peu déterminables.
Le déjeuner a lieu dans une des salles de la mairie de Saffré, mise
obligeamment à la disposition de la Société par le Maire, qui la prie
d’agréer tous ses regrets de ne pouvoir assister à la réunion. Au dessert
on adresse à M. Vasseur une dépêche lui exprimant les regrets de la
Société de ne pas le voir assister à une réunion qui avait pour but de
consacrer le résultat de ses brillantes études sur le Tertiaire de l'Ouest
et dont elle eût été heureuse de pouvoir le féliciter sur place ‘.
1. M. VAssEUR a remercié par dépêche, adressée à M. Bureau le 11 sep-
tembre, les membres de la Société, en ajoutant « qu'il n’avait pas changé
d'avis sur l’âge des Sables du Bois-Gouët, qui, pour lui, est indiscutable ».
1908 EXCURSION À SAFFRÉ ET AU BOIS-GOUËT 617
Après déjeuner la Société se rend en voitures à Bois-Gouëêt qui est
situé à 3 km. S.0. de Saffré, et où M. L. Bureau a fait préparer une
belle fouille en vue de l’excursion de la Société.
Voici la coupe détaillée du gisement de Bois-Gouët donnée par
M. Vasseur, d’après ses sondages (fig. 4).
55.0 4 Fine
J ouile
2 eule
Fuisseau de lromer vin,
Î de M. Pele.
Aorher Libeaud
1 Foutlle
L]
Fig, 4. — Coupe DU CALCAIRE GROSSIER SUPÉRIEUR DU BoOlIs-GOUÉT.
Long : 1/10 000 ; haut. 1/500
14, Terre végétale ; 12-13, Graviers de quartz, sables ferrugineux et argile
(Pliocène ?); 6-11, Argiles et marnes sans fossiles ; 2-5, Grès et argile
sableux à empreintes de coquilles et de végétaux terrestres ; 1, Sables coquil-
liers de Bois-Gouët.
Rappelons succinctement les documents publiés jusqu'ici sur la
faune de Bois-Gouët.
Dans sa thèse, M. Vasseur a donné une liste de 438 espèces de ce
gisement ; comme suite à ce travail il devait publier une partie paléon-
tologique vainement attendue jusqu'ici; seul, un atlas de 12 planches,
qui n’a pas été mis dans le commerce, mais a été distribué par l’auteur
à ses amis, a fait vivement regretter Île retard apporté à cette publi- :
cation.
En 1881,M. Dufour, alors directeur du Musée de Nantes, a fait paraitre,
dans les Annales de la Société académique de Nantes, une « Etude des
fossiles des sables éocènes de la Loire-Inférieure » ; ce travail, qui n’a
pas été continué, ne comprend que les Pélécypodes.
En 1895, il a été fait, sur l'initiative de conchyliologistes parisiens, une
importante fouille qui a été très fructueuse ; les matériaux répartis entre
de zélés et patients chercheurs ont permis de retrouver non seulement
toutes les espèces signalées par M. Vasseur, mais encore d en découvrir
une grande quantité d’autres nouvelles. Cette faune a été décrite (avec
celle de Campbon et d’Arthon toutes les espèces étant figurées) par
notre éminent confrère M. Cossmann, dans le Bulletin de la Société des
Sciences naturelles de l'Ouest de la France, années 1895 à 1906 (et tirage
618 A. DUMAS 5 Sept.
à part en 3 vol., 45 planches). Le résumé statistique qui termine ce
travail, en ce qui concerne Bois-Gouët seulement, montre que le nombre
des espèces déterminées de Mollusques s’est élevée à 936 (la liste de
M. Vasseur en comprend 380, nommées ou non nommées), et que le
nombre des espèces communes entre les Sables de Bois-Gouët et ceux de
la Close s'élève jusqu’à 293.
Parmi les espèces nouvelles provenant de cette dernière fouille
et les plus intéressantes pour la faune éocène, on peut citer les
suivantes : :
Belemnosis anomala Sow. Subemarginula paucicostata Coss.
Bayanoteuthis armoricensis Coss. Emarginula gouetensis Coss.
Carinaria mirabilis Coss. Lima gouetensis Coss.
Helix armoricensis Cossu. Perna incavata Cossn.
Daphnella eocenica Cossx. Septifer cyrtomorphus Cossu.
Campanile rarinodosum Cossx. Modiola notorhine Cossu.
Aurelianella rissoides Coss. Chonocardia Oppenheimi Cosss.
Dumasella pretiosa Cossu. Hindsellia Bourdoti Cossu.
Ceratia Dumasi CossM. Namnetia discoides Coss.
Scala tenuicincta Coss. Sportella namnetensis GossM.
Crassiscala millepunctata dE Oryctomya splendida Cossx.
Boury. Gastronopsis Bureaui Coss.
Otomphalus Dumasi Cossx. Etc., etc.
Eucyrclus Bureaui Cossv.
Pour faciliter les recherches, nous croyons devoir extraire du
travail de M. Cossmann une liste des espèces les plus apparentes
ou qu'on trouve le plus abondamment à Bois-Gouët.
Beloptera belemnitoidea BraïNv. Bela decussata Cossu.
Belosepia Blainvillei Des. — Bourdoti Cossx.
— Dujfouri VAss. Drillia armoricensis Coss.
Vasseuria occidentalis Mun.-Cu. — Vasseuri Cossu.
Limnæu gouetensis Cossm Borsonia obesula DEsu.
Auriculanamnetensis VAss. — turbinelloides DEsu.
— Heberti Vass. Raphitoma plicata LAMK.
— Monthiersi Vass. . dyctiella Cossu.
— Douvillei Vass. Peratotoma striarella LAMK.
Marinula labrosa Cossx. — ozocolpa Coss.
Actæon Octavi VAss. T'hesbia microtoma Coss.
— Bevaleti BAub. Cryptoconus lineolatus Des.
Scaphander tenuistriatus Coss. — pilosus LaAMKk.
Bullinella brachymorpha Cossx. == priscus SOW.
Ringicula Morleti Vass. Hemiconus peraratus CossM.
Terebra armoricensis Cosss. — Tromelini VAss.
Pleurotoma uriserialis DESH. Conus Bareti VAss.
— undata LAMK — britannus VAss.
1908 EXCURSION A SAFFRÉ ET AU BOIS-GOUËT
Uxia rhabdota BAYAN.
-— ceutæniata CossM.
Olivella impressa V Ass.
— gibbosula Vass.
Ancilla aperta VaAss.
— dubia DEsu.
Marginella eburnea LAMK.
— dentifera LAMK.
Cryptospira Geslini Vass.
— suboliva Cossu.
— cenchridium Cossu.
Volutilithes Bureaui Cossu.
Lyria harpula LAMK.
Mitra crebicosta LAMK.
Conomitra fusellina LAMK.
— namnetensis CossM.
Dolicholathyrus pachyozodes C.
Lathyrus gouetensis Coss».
Melongena namnetensis Vass.
— Dumasi Coss.
— conuloides CossM.
Strepsidura brevispina Cossu.
Suessionia armoricensis VASS.
Siphonalia Vasseuri Cossu.
T'ritonidea exisa LAMK.
— Munieri VAss.
= poly gona LAMK.
Murex contabulatus LaAMKk.
— Athenasi Vass.
Ocenebra Dubuissoni VASss.
Trophon Plini DE Rainc
Butritonium Dumortieri BAUR.
— Bureaui CossM.
— triang'ulum VASss.
Cypræa elegans DEsu.
— Cailliaudi VAss.
Rimella fissurella LaAmK.
— princeps Vass.
Terebellum armoricense VAss.
Cerithium serratum BRUG.
— Renati VAss.
_ Gravesi DEsx.
_ Monthiersi VAss.
— Lucii VAss.
— Morg'ani VaAss.
Rhinoclavis unisulcatus LAMK.
Benoistia millegranum Cossu.
619
Potamides perditus BAYAN.
— erroneus CossM.
— Philippi Vass.
— Carezi VAss.
_ conoideus LAMK.
— tricarinatus LAMK.
_ Andrei VAss.
— Ripaudi VASss.
— Athenasi VAss.
_ armoricensis VASS.
— Fernandi Vass.
— interruptus LAMK.
— scalaroides DEsx.
— Douvillei VAss.
Tympanotomus Patrici VAss.
— Lacazei VAss.
Pyrazus pentagonatus Scuror.
Batillaria Bayiei VAss.
— britanna VASs.
Bittium adelomorphum Cossn.
— semigranulosum LAMK.
— Dagincourti Vass.
— evanescens COssM.
Tenuicerithium fragile Desu.
— limbatum Des.
Cerithiopsis trachycosmeta Cossx.
Newtoniella clavus LAMK.
— quadrisulcata LAMK.
Trypanaxis paucilirata Cossx.
— goniostropha Cossu.
Triphora sinistrorsa Desu.
— inversa LAMK.
— singularis DESH.
Diastoma costellatum Lam.
— imbricatum Coss.
Sandberg'eria communis DEsu.
Teliostoma Dumasi Coss.
Discovermetus planorbularis Coss.
Vermetus conicus LAMK.
— conotdalis VASs.
Mesalia vermetina Cossu.
— Cailliaudi Coss.
Turritella Vasseuri Cossu.
— Velaini VAss.
Bayania Bezançoni Vass.
- gouetensis CossM.
Littorina armoricensis VASs.
620 A. DUMAS 5 Sept.
Littorina g'oniata Coss.
Discohelix Dixoni Vass.
Solarium Dufouri V Ass.
— Lebescontei VAss.
Rissoina clavula Desu.
— _ plicatilis Desun.
Pseudotaphrus Bourdoti Cossu.
Nystia polita Epw.
Dissostoma mumia LAMK.
Hipponyx dilatatus LaAMK.
— cornucopiæ DEFR.
Cabptræa aperta SocAND.
— lamellosa Desu.
\enophora rhytida Cossu.
Ampullina grossa DEsu.
— parisiensis D'ORB.
— Vasseuri Coss.
Cepatia cepacea LAMK.
Natica microglossa DEsu.
— epiglottinoides Desu.
—— labellata LAMK.
— arenularia VASss,
Adeorbis semistriatus Desu.
— similis Desu.
— namnelensis VASS.
Scala Morgani VAss.
Crassiscala millepunctata ve Bour.
Acrilla Dubuissoni VAss.
Arcisa britanna be Bour.
Eulima rectilabrum Coss.
Syrnola Falloti Vass.
Odontostomia Oppenheimi Cossm.
— Dumasi Cossu.
Nerita tricarinata LamK.
— namnetensis VASss.
— Baylei Vass.
— Bourdoti Cossu.
MNeritina lineolata Desu.
— Malescoti Vass.
Phasianella princeps VAss.
— Morgani Vass.
— _ parisiensis D'OR.
Turbo Munieri VaAss.
Leptothyra occidentalis Cossu.
Collonia marginata Lamk.
— acutispira Cossy.
Gibbula sulcata LaAMK.
Gibbulla fraterculus DEsu.
Solariella elevita Cossx.
-- subcraticulata Cossu.
Eumargarita Bourdoti Coss.
Trochus britannus VASss.
— Athenasi VAss.
— Bareti VaAss.
Calliostoma Bezançoni VaAss.
Liotia Warni Des.
— Malescoti VAss.
Delphinula calcar LaMK.
Velainiella columnaris V Ass.
Subemarginula radiola LAMK.
— Defrancei Cossu.
— paucicostata Coss.
Fissurella labiata Desx.
Acmæa conica DESH.
Patella Bourdoti Cossn.
Dentalium substriatum DEsu.
— fissura LAMK.
Siphonodentalium armoricense
Cossn.
Ostrea subelong'ata Dus.
Plicatula elegans DEsu.
Chlamys infumatus LAMK.
Lima spatulata LAMKk.
— Bureaui Coss.
Avicula fragilis DEsu.
Crenella cucullata DEsu.
My'tilus armoricensis VASss.
Arca parallelogramma Dur.
— prærudis DESH.
— spatulata DEsu.
— Marceauxi Des.
— angusta LAMK.
— mixta Dur.
Axinæa gouetensis Cosss.
Limopsis homala Dur.
Trinacria deltoidea LAMK.
— media Drsu.
Nucula securicula Dur.
Leda striata LAMK.
Venericardia serrulata DEsu.
— ornata DESH.
— onerata DESu.
— Oppenheimi Cossn.
— calcitrapoides LAmx.
1908 EXCURSION A SAFFRÉ ET AU BOIS-GOUËT Gar
Microstagon pernitidum Cossu.
Crassatella intercrenata Cossu.
—— trigonata LAMK.
Phacoides axinoides Dur.
— profundus Dur.
— albellus LAMK.
Divaricella namnetensis Cossu.
Diplodonta difficilis Cossu:
Corbis lamellosa LAMK.
Chama turgidula LAMK.
Cardium verrucosum DEsu.
— sub-Passyi Dur.
— proximum Dur.
— cornutum CossM.
Goniocardium Heberti VAss.
Cyrena Cailliaudi Vass.
Isodoma triang'ularis Dur.
Meretrix unduliferau Cossu.
— subanaloga Dur.
Marcia subtexta Dur.
— subscobinellata Dur.
Donax Pissarroi Gossu.
Psammodonax sub-Caillati Dur.
Psammobia arctata Dur.
Arcopag'ia namnetensis CossM.
Tellina subcorneola Dur.
— tellinella Dour.
Corbula pixidula Desu.
— ficus SOLAND.
Sphenia Passyana Des.
— Dubuissoni Dur.
— haudradiata Cossx.
Solen proximus DeEsu.
Martesia scobinula Dur.
Sunetta Cailliaudi Dur. — Dumasi Cosss.
— Monthiersi Vass. Terebratulina squamulosa Bauo.
Meretrix sub-Heberti Dur. — tenuilineata BAUD.
Outre les travaux ci-dessus, M. M. Leriche a donné dans le Bulletin
de la Société des Sciences naturelles de l'Ouest de la France (2"° sér.,
t. VI, 1906, p. 179) une note sur les Vertébrés de Bois-Gouët, suivie
d'une seconde note où il fait un rapprochement ingénieux entre les
Vasseuria et les Belosepiella trouvés dans le gisement, rapprochement
qui a été combattu par d’autres gévlogues.
A Bois-Gouët, la Société a trouvé la fouille en pleine activité,
à protondeur voulue, et très réussie. Le sable, criblé au fur et à mesure
de l'extraction, est versé sur de longues tables autour desquelles chacun
peut déployer toute son activité aux recherches de fossiles ; les grosses
espèces, retirées à la main au cours de la fouille, sont mises à la dispo-
sition des membres, qui peuvent en faire ample provision Enfin, au fond
de la fouille, les plus enthousiastes, dans l’eau jusqu’à la cheville,
réussissent à pêcher de fort beaux échantillons d’Auricula Heberti et de
gros Cérithes. La plupart des fossiles énumérés ci-dessus ont pu être
récoltés, cependant le curieux Potamides Andrei Vass. s’est montré
rarement complet; on a trouvé aussi trois belles dents intactes de
Lophiodon.
Bref, grâce aussi au temps qui s'était remis au beau, le succès de la
fouille a été complet, et chacun félicite et remercie M. L. Bureau du
résultat obtenu.
C'est à grande peine qu’au signal du départ, à 4 h. 1/2, on peut décider
les excursionnistes à remonter en voitures pour rentrer à Nantes, où on
arrive à 7 h. du soir.
622 A. DUMAS 8 Sept.
La Municipalité avait tenu à souhaiter la bienvenue aux membres de
la Société géologique de France ; aussi le soir à 9 heures, M. Guist’hau
Maire de Nantes, entouré des membres de son administration, recevait-
il, avec une parfaite amabilité, les nombreux congressistes dans les
salons de l’Hôtel-de-Ville.
Séance du Mardi S Septembre 1908
PRÉSIDENCE DE M. ÉDOUARD BUREAU, PRÉSIDENT
La séance est ouverte à 9 heures du soir dans la salle des fêtes de la
mairie de Châteaubriant.
M. L.-P. Davy excuse en quelques mots le maire de Châteaubriant,
qui, empêché, ne peut assister à la séance. Des remerciements sont
votés au maire, qui a bien voulu mettre à la disposition de la Société la
salle des fêtes.
Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté.
Nantes : Visite du Museum d'Histoire Naturelle et de la Ville,
le Samedi 5 Septembre
Le matin, à 8 h., rendez-vous avait été donné au Museum d'Histoire
Naturelle, situé Square de la Monnaie, où les membres de la Société
furent reçus par M. Louis Bureau, directeur.
Dans le vestibule figurent quelques grands échantillons de
paléontologie, particulièrement des spécimens en nature et des
moulage de Bilobites et de Vexillum du grès armoricain: un
moulage de la Pierre-de-la-Gionne, table d'un dolmen de la forêt
d'Andaine, dans l'Orne, dont la face supérieure présente des Bilo-
bites de grande taille, encore enchassés dans la roche; d'autres
moulages reproduisant les empreintes de Bilobites de la Roche-
des-Vaux d’Aubin, près Trun, dans l'Orne, décrites par Deslong-
champs père sous ce nom: les pas de bœufs et les bouts de la
canne de l'homme à la calotte rouge ; empreintes laissées sur la
roche, suivant la légende normande, par un pâtre conduisant son
troupeau.
On monte ensuite au premier étage. Deux galeries sont consacrées à
la zoologie générale, une troisième est réservée aux collections zoolo-
giques régionales, comprenant les cinq départements de la Bretagne et
RÉ ÉÉÉÉNÉRSS S e
|
La dt
1908 VISITE DU MUSEUM D'HISTOIRE NATURELLE DE NANTES 623
celui de la Vendée. La collection des Poissons de la région est particu-
lièrement remarquée.
Après avoir visité la zoologie, les membres de la Société des-
cendent au rez-de-chaussée, entièrement consacré à la minéralogie,
à la géologie et à la paléontologie.
M. Ch. Baret donne des explications sur la collection générale
de minéralogie et sur celle de la Loire-Inférieure dont il a fait don
au Museum.
M. A. Dumas montre aux géologues s’occupant plus spéciale-
ment du Tertiaire, les fossiles des gisements de Campbon, de Bois-
Gouët et du Pigeon-Blanc, qu'ils viennent de visiter.
M. Edouard Bureau présente à ses confrères les premiers indices
de la flore dévonienne du bassin d'Ancenis et la riche flore du
Culm.
De son côté, le directeur, M. Louis Bureau, montre les faunes
paléozoïques du massif breton, provenant des récoltes du baron
Bertrand-Geslin, de Cailliaud, et, surtout, de la collection Paul
Lebesconte, acquise récemment par une souscription publique,
ouverte par un comité d'initiative, dont beaucoup de membres
sont présents, et offerte au Museum de Nantes.
A midi, les congressistes, au nombre de cinquante, se trouvaient
réunis dans les salons Turcaud, où un déjeuner leur était offert par le
directeur du Museum, auquel assistaient M. Rault, préfet de la Loire-
Intérieure, le Général Jourdy, commandant le X[° corps d’armée et
M. Guist’hau, maire de Nantes.
Au champagne, M. Louis Bureau a remercié le Président de la Société
géologique de France d’avoir choisi la région nantaise pour lieu de la
réunion extraordinaire. Il a vu avec plaisir l'intérêt qu'ont pris les
excursionnistes, dans la visite des gisements tertiaires du Pigeon-Blance,
de Campbon et de Bois-Gouët. IL espère que les excursions dans le
bassin du Dévonico-Carboniférien de la Basse-Loire et celles dans le
Silurien et le Dévonien de Châteaubriant, sous la direction de M. L,
Davy, laisseront des souvenirs durables à ses confrères, qu’il remercie
de tout cœur.
M. Henri Douvillé, prend ensuite la parole, pour adresser ses remercie-
ments au maire de Nantes et aux organisateurs de cette réunion,
MM. Ed. et L. Bureau, L. Davy et A. Dumas. Il félicite ces derniers de
l’heureuse innovation du Livret-Guide, distribué aux excursionnistes,
comme cela s’est fait dans les grands Congrès. Après le déjeuner on se
divise par groupes pour visiter la ville, le musée des Beaux-Arts, le
musée d’archéologie ou musée Dobrée, le jardin des Plantes, etc.
Le soir, après diner, les membres de la Société se sont réunis en
séance au Musée d'Histoire naturelle.
624 LOUIS BUREAU 8 Sept.
Excursion du 6 Septembre
à Montjean, Chalonnes et Rochefort-sur-Loire
PAR Louis Bureau
Partis de Nantes, gare d'Orléans, à 6 h. 25 du matin, les
excursionnistes sont arrivés en gare de Champtocé à 7 h. 55.
Avant de monter en voitures, on a constaté près de cette gare,
dans le talus de la route, les schistes gothlandiens habituellement
verts et rouges, mais, ici, décolorés, sériciteux, avec cristaux de
quartz, métamorphisme dû aux microgranulites de la région ;
puis les phtanites caractéristiques de l'étage, visible dans une
petite carrière aujourd'hui abandonnée.
Un banc de calcaire, intercalé dans les schistes, comme nous
en observerons à Rochefort-sur-Loire, a été mis à découvert près le
pont du chemin de fer, à l'époque de la construction de la voie.
Nous retrouverons cet étage, non seulement sur le bord sud, mais
au centre du bassin, entre le tombeau Leclerc, près la ferme de la
Maison-Neuve (E. de Montjean) et le four Saint-Vincent (O0. de
Chalonnes), où un anticlinal le ramène au jour.
Nous montons dans les voitures pour traverser la Loire, et nous
arrivons à Montjean situé sur la rive gauche du fleuve.
Grauwacke supérieure du Culm. — Montjean est construit sur
la Grauwacke supérieure du Culm (ce nom étant pris dans le sens
géologique et non pétrographique), Jungste grauwacke des
Allemands, avec houille, psammites, pierre carrée (tufs porphyri-
ques), grès de pierre carrée, poudingues de pierre carrée et
poudingues quartzeux.
Les exploitations de houïlle ont cessé, depuis quelques années,
à la mine de Montjean, les galeries ayant été envahies par les
infiltrations des eaux de la Loire.
Carrière de pierre carrée de la Garenne. — Arrivés au
sommet de la côte, dans le bourg de Montjean, les excursionnistes
descendent pour visiter la carrière de pierre carrée de la Garenne,
située dans un parc appartenant à Mme Poulain et activement
exploitée pour l’empierrement des routes. C’est un tuf porphyrique
jaune pâle ou verdâtre, se brisant en parallélipipèdes, d’où le nom
de pierre carrée, alternant avec des lits gréseux et des poudingues
à galets de pierre carrée. plongeant au Nord, vers le centre du
bassin.
Certains bancs sont riches en fossiles végétaux, conservés
en relief, qui tranchent par leur coloration noire sur le fond de
TE ya PQ me ec:
1905 EXCURSION À MONTJEAN, CHA LONNES ET ROCHEFORT de 225
couleur claire de la roche. On recueille Dactylotheca aspera
Zeizz., Lepidodendron lycopodioides SrErN8. et on peut cons-
tater la présence de gros troncs conservés avec leur forme cylin-
drique, qui semblent appartenir au ZLepidodendron Velthei-
mianuim STERNB. On trouve aussi parfois : Hymenophyllum anti-
quum Evo. Bur., Sphenophyllum Daeyi Ep. Bur., Bornia pachys-
tachy:a Bo. Bur., Lepidophloios laricinus STERrNs.
Nous traversons le parc dans la direction du Sudet, dans le
chemin qui le longe, nous observons un banc de poudingue
quartzeux formant la base de la Grauwacke supérieure du Culm
qui contient les veines de houille.
Grauwacke inférieure du Cuim. — Continuant à descendre la
série géologique, nous voyons, au-dessous du banc de poudingue
quartzeux, la Grauwacke inférieure du Culm.
Elle se compose de schistes bruns ou rougeâtres, alternant avec
des bancs de grès argileux, assez riches en fossiles végétaux dans
la région de Montjean. Pour en recueillir, nous faisons un trajet
de 500 m. en voitures et nous descendons près du village de la
Bégairie, où les talus d'un chemin montrent de bons affleurements,
avec Stigmaria ficoides Ab. BRoNGx., Bornia transitionis F. A.
Rœmer, Lepidodendron acuminatum Gæpr. et deux fossiles carac-
téristiques de l'étage : Rhodea Hochstetteri Srur., Lepidocladus
fuisseensis VArFr.
Les voitures, qui nous attendaient sur la route, nous transpor-
tent ensuite dans la direction de Chalonnes, en descendant les
assises de la Grauwacke intérieure du Culm.
Au moment d'atteindre la cote 52, nous passons, sans en cons-
tater la présence, sur les schistes et grès argileux dévoniens à
Psilophyton princeps, dont nous aurons occasion d'étudier les
faciès variés, et sur lesquels repose, en ce point, la Grauwacke
inférieure du Culm.
Nous atteignons ensuite le calcaire givétien couronné par les
schistes et grès argileux à Psilophy ton.
Coup d'œil sur la région de Montjean à Châteaupanne. — Un
chemin tortueux conduit à la carrière de calcaire givétien de
Châteaupanne. Avant de s’y engager, les excursionnistes jettent
un coup d'œil sur la constitution du pays :
Au Sud, on aperçoit les coteaux élevés du Précambrien, suppor-
tant, à mi-côte, les grès et schistes gothlandiens, puis le calcaire
givétien. Ce dernier se trouve jalonné par les fours à chaux et les
déblais de carrières formés, en partie, par les débris des faluns
10 Janvier 1910. — T. VIII. Bull. Soc. géol. Fr. — 40.
626 LOUIS BUREAU 8 Sept.
miocènes à Bryozoaires qui recouvrent généralement le calcaire
dévonien.
Le calcaire que nous allons examiner dans la carrière de Chà-
teaupanne, propriété de M. Clémenceau, est subdivisé, au voisinage
de l’'Orchère, au Sud de Montjean,
N. S. comme le montrent les coupes ci-
È jointes, par un anticlinal gothlan-
dien, caractérisé par des grès blancs,
autrefois exploités, et des schistes
avec ampélites, visibles dans les talus
Fig. 5.— COUPE PRISE À 500 M. de la route de Montjean à la Pomme-
A L'EST DE LA COUPE DE EA laye, entre la carrière de Paincourt
FIGURE 6, (même légende). et l’ancienne carrière de l'Orchère.
Cet anticlinal ne paraît pas se pro-
longer beaucoup vers l'Est, car il n’atteint pas les exploitations de
Châteaupanne, où les deux bandes de calcaire sont réunies.
Sur la bande sud sont ouvertes les carrières de l’Orchère et du
C'dePaincouct..
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hivh stp ue 122; A
Fig. 6. — Route DE MONTIEAN À LA POMMERAYE.
p, Sables et graviers pliocènes ; m, Faluns miocènes à Bryozoaires ;
hiva, Grauwacke supérieure du Culm ; avec houille x, poudingue p et tufs
porphyriques (pierre-carrée) P G; Auivb, Grauwacke inférieure du Culm ;
d6-5, Schistes et grès de Sainte-Anne à Psilophyton; däb, Calcaire givé-
tien ; si-3, Schistes et grès gothlandien avec ampélites Am; xyl, Pré-
cambrien.
Petit-Lapin ; sur la bande nord, celles de Paincourt et de Mont-
pellier.
Carrière de calcaire givétien de Châteaupanne à Unecites Gal-
loisi. — La carrière de Châteaupanne est la plus importante de
la région. Le calcaire y acquiertune épaisseur d’environ250 mètres.
Il se présente au centre sous l'aspect d’un massif corallien, sans
stratification, formé de calcaire bleu veiné de calcaire blane spa-
thique. Au Nord et au Sud de cette masse, les bancs nettement
1908 EXCURSION À MONTJEAN, CHALONNES ET ROC HEFORT 627
stratifiés plongent au Nord. Au Sud du calcaire se voient des
schistes noirâtres, feuilletés, qui s’effritent facilement à l'air et dans
lesquels on n’a pas trouvé de fossiles. Il est probable qu'ils sont
dévoniens. :
Une difficulté s'oppose toutefois à ce qu'on puisse préciser la
limite entre le Dévonien etle Gothlandien. Les schistes gothlan-
diens bruns ou noirâtres, lorsqu'ils sont dépourvus des ampélites,
des phtanites et des Scolithes qui les caractérisent, se confondent
avec les schistes dévoniens noirâtres qui leur succèdent.
Nos observations nous conduisent cependant à admettre que les
schistes dévoniens situés au Sud du calcaire sont d’une faible
épaisseur.
Sauf les Polypiers, qu'on peut recueillir dans les déblais et
éboulis de la carrière, les fossiles sont généralement engagés
dans la roche. On en voit quelques-uns en partie dégagés
par les agents atmosphériques, dans les fissures du calcaire. Dans
la partie nord de la carrière, certains bancs montrent, en saillie,
Uncites Galloisi, Amphigenia ? Bureaui, Pentamerus Dapyt.
La faune du Calcaire à Uncites Galloisi a été étudiée par
MM. Nicholson, Œhlert* et Barrois°, qui y ont cité les fossiles
suivants :
Uncites Galloisi ŒuLrert. Ann. sc. g'éol. 1881, XIE, p. 5, pl. 4, fig. 1-4.
— Montjean.
Rhynchonella sp. ŒucerrT. L.c. p. 7. — Montjean.
Pentamerus Davyi ŒuLrert. L.c. p. 7, pl. 4, fig. 10-13. — Montjean.
— g'aleatus DALMAN (Atrypa); Schnur. Brach. d. Eifel, 1855,
p- 196, pl. 29, fig. 2a, b.
Pentamerus brevirostris Pace. (Stringocephalus). Pal. foss.of Cornwall,
1841, p. 80, pl. 32, fig. 143. — Pentamerus globus Bron. (in coll.); fixé
par Schnur. Brach. d. Eifel, 1853, p. 153, p. 197; pl. 31, fig. 4a, b.
Amphigenia? Bureaui Œurert. L.c., p. 8, pl. 4, fig. 5-9. — Montjean,
Chalonnes.
Spirifer cabedanus be VERNEUIL. B.S.G.F., 1845, (2), IL, p.473, pl. 15,
fig. 3.
Athyris sp. BaArrois. Ann. Soc. géol. Nord. 1866, XIII, p. 204.
Heliolites porosa Gozpr. (Astrea). Petref. Germ., 1826, p. 64, pl. 21,
fig. 7. — Chalonnes.
Heliolites sp. aff. interstincta WauLr. Œhlert, L.c., p. 11. — Montjean.
1. NicHorson. On some new or imperfectly known Corals from the devonian
rocks of France. Ann. and Mag. of Nat. Hist. 1881, p. 13-24, pl. 1.
2. D -P. Œuzerr. Note sur le calcaire de Montjean et de Chalonnes (Maine-
et-Loire). Ann. des Se. géol. 1881, XII, p. 1-12, pl. 4 et 5.
3. Cu. BArroirs. Mém. sur le calcaire dévonien de Chaudefonds (Maine-et-
Loire). Lille, Ann. Soc. géol. Nord, 1889, XIII, p. 170-205, pl. 4 et 5.
628 LOUIS BUREAU 8 Sept.
Amplexus tortuosus Prizrres. Pal. foss., 1841, p.8, pl. 83, fig. 8. — Am-
plexus tortuosus GoLpr. Barrois, Ann. Soc. géol. Nord, 1886, XIII,
p. 204.
Zaphrentis sp. ŒuLerT. L.c., p. 11. — Montjean.
Cyathophyllum cæspitosum Gorpr. Petref. Germ., p, 56, pl. 19, fig. 2a.
b.c.d. = Barrois. Ann. Soc. géol. Nord, 1585, XIIL, p. 204.
Spongophyllum torosum ScaLürer — Endophyllum Œhlerti Nicaozson.
Ann. and. Mag. nat. Hist. 1881, p. 14, fig. A, B et Œhlert, L.c., p. 11.
Favosites limitaris RomiNGER ? Nicholson in (Ehlert, {.c., p. ro.
Favosites fibrosa Gocpr. (Calamopora). L.c., p. 82, pl. 28, fig. 3a, b, 4a,
b.— Barrois. Ann. Soc. géol. Nord, 1886, XIII, p. 204.
Favosites inosculans NicaozsoN. L.c., p. 20, fig. 4. 4a. — Chalonnes.
Pachypora cervicornis DE BLAINVILLE (Alveolites). Dict. sc. nat., 1830,
Lx, p. 369. — Calamopora polymorpha var. ramosa-divaricata Gozbr.
L.c., 1839, p. 79, pl. 27, f. 3a, 4a, 4b et 4c. — (cæœt. excl.).
Pachypora reticulata Gozpr. (Syringopora). Goldf. L.c., p.76, pl. 25,
fig. 8. — Barrois, Ann. Soc. géol. Nord, 1885, XIII, p. 204.
Trachypora n. sp. BARROIS, L. C., p. 204.
Stromatopora concentrica Gozvr. Petref. Germ. 1862, p. 21, pl. 6, fig. 5
(= suivant M. Barrois, les espèces distinguées par M. Nicholson in
Œhlert, L.c., p. 11, sous les noms de Caunopora Montis Johannis
Nicx., Clathrodictyon striatella »'Or8., C. sp. Nicu., Stromatopora
regularis Von RosEN). — Montjean.
Schistes et grès dévoniens de Sainle-Anne à Psilophyton
princeps. — Le calcaire givétien est surmonté, au Nord, par les
schistes à Psilophyton princeps DAW. de Sainte-Anne, que nous
désignons ainsi du nom de la carrière, près Chalonnes, où ils
sont bien représentés.
Nous les distinguons ainsi des schistes et grès à Strophodonta
comitans, Encrines et Psilophyton princeps du Fourneau-Neuf,
près Chaudefonds qui sont situés, non au Nord, mais au Sud du
calcaire givétien. Nous avons considéré ces derniers comme eifé-
liens, dans le livret-guide', en raison de leur position entre le
Gothlandien et Le Givétien et de la présence de Strophodonta comi-
tans, espèce des schistes de Porsguen.
Au point de vue lithologique, il y a identité entre les schistes et
grès argileux grossiers, bréchoïdes, du Fourneau-Neuf et ceux de
la carrière Sainte-Anne. La présence, dans les deux gisements de
Psilophyton princeps Dawson n’est pas moins remarquable. Les
schistes du Fourneau-Neuf ont fourni :
1° Des tiges stériles lisses, avec protubérances transversales
ayant porté des organes appendiculaires décrits comme feuilles ;
1. Bureau Ed. et L., A. Davy et Aug. Dumas. Nantes. Bull. Soc. Sc. nat.
Ouest de la France, 1908, (2), VIIL,
1908 EXCURSION À MONTIEAN, CHALONNES ET ROCHEFORT 629
2 Des tiges stériles décortiquées, avec costules interrompues de
distance en distance (assurément par le passage de cordons vascu-
laires se rendant dans les appendices).
3e Des rameaux nus, une ou deux fois fourchus, ayant dû porter
des sporanges.
Toutes ces formes se trouvent, avec les suivantes, dans les
schistes qui surmontent le Calcaire de Sainte-Anne.
eo Des rhizomes finement striés, avec cicatrices punctiformes
laissées par la chute des racines ;
5o Des rameaux enroulés en crosse ;
6 Des traces de sporanges.
Pour les raisons que nous venons d'exposer, nous avons dû avoir
des doutes sur l’âge eifélien attribué aux schistes à Strophodonta
comitans, Encrines et Psilophyton princeps du Fourneau-Neuf.
S. comitans est une espèce des schistes de Porsguen ; mais on sait
tout ce qu'il a fallu à M. Barrois de recherches et de sagacité pour
établir des niveaux dans cette grande épaisseur de schistes de la
rade de Brest, s'étendant du Coblentzien au Famennien, sans que
le Givétien ait été reconnu.
Il est donc possible que cette espèce survécut, en Bretagne,après
le Givétien (on la rencontre en Bohême de d° ag’). Dans ce cas,
les schistes à Psilophy ton du Sud et du Nord du calcaire peuvent
être synchroniques et supérieurs au calcaire givétien, si on applique
ici les vues de M. Dupont sur l'envasement des récifs coralliens.
Revenons aux schistes à Psilophyton princeps qui surmon-
tent, au Nord, le calcaire givétien de la carrière de Châteaupanne
et plongent comme lui vers le Nord.
Au point de vue lithologique, ce niveau offre des faciès variés.
Au contact du calcaire, sur une épaisseur de 5 à ro mètres et plus,
c’est un grès argileux, grossier, à grains de quartz, passant même
à des poudingues et à des brêches formées de débris de schistes,
alternant avec des schistes micacés.
Partout où elles ont subi pendant longtemps le contact de l’air
(et c'est généralement dans ces conditions qu’on les observe), ces
roches ont une coloration Jaunûâtre ou jaune brunâtre ; mais, dans
les tranchées récemment ouvertes, ou en profondeur dans les
tunnels, elles ont une coloration violacée ou bleu noirâtre. Ce sont
les banes les plus riches en débris végétaux.
Ces assises sont visibles sur une grande étendue du bassin. On
les observe, de l'Ouest à l'Est, à la carrière de Paincourt, près
Montjean, où elles sont, par exception, verticales ; dans la tranchée
pratiquée au sommet de la carrière de Châteaupanne; dans celle
630 LOUIS BUREAU S Sept.
du Petit-Fourneau, qui en est proche ; au Nord du calcaire de la
Maison-Neuve (O0. de Chalonnes); dans les carrières Sainte-Anne,
Saint-Charles, Tarare ; enfin au Nord du calcaire de Crépichon, près
Chaudefonds. Comme on le voit, de Montjean à Chaudefonds,
les schistes et grès de Sainte-Anne. à Psilophy ton, sont intimement
liés au calcaire. On constate leur présence partout où le bord nord
de ce dernier est visible.
Les assises qui succèdent, vers le Nord, à celles que nous venons
de décrire, ne sont visibles que sur un petit nombre de points.
Elles ont été mises au jour dans deux tranchées pratiquées l’une
pour le service de la carrière du Petit-Fourneau, près Château-
panne, l’autre pour celui de la carrière Sainte-Anne. On peut
aussi les observer dans les fossés de la route de Chalonnes à
Saint-Laurent-de-la-Plaine qui, malgré de maigres affleurements,
donne une coupe intéressante.
En dehors de ces points ce n'est que dans les tunnels ouverts
dans la paroi nord de
la carrière de Château-
panne pour relier l’ex-
ploitation de calcaire
au bord de la Loire,
qu'on peut observer les
couches qui nous occu-
Fig. 9. — LES TUNNELS DE LA CARRIÈRE DE pent.
CHATEAUPANNE Elles sont partout les
a, Tunnel de l'Ouest (136 m.); b, Nouveau mêmes. ce qui nous per-
é 5 4]
tunnel (230 m.); c, Ancien tunnel (85 m.);
; mettra d'en abréger la
d, Tranchée (40 m.). Ù £
description.
A. — Tranchée et tunnels de la carrière de Châteaupanne. —
La carrière de Châteaupanne, près Montjean, est reliée à la Loire
par trois tunnels et une tranchée qui permettent d'observer le
contact du calcaire avec les roches qui le surmontent au Nord.
La figure 7 montre cette disposition.
Notons que tunnels et tranchée sont dirigés du Sud au Nord, à
peu près normalement à la direction des couches.
a) Le tunnel de l'Ouest dessert le four à chaux situé au bord de
la Loire. Sa longueur est de 136 m., dont 6 m. dans le calcaire et
130 m. dans les roches qui lui succèdent au Nord. Les couches
plongent vers le Nord, comme dans tous les autres tunnels ou
tranchées dont nous aurons à parler.
b) Le tunnel de 230 mètres, nouvellement percé, établi à 6 m.
au-dessus de l’étiage de la Loire, dessert le fond de la carrière et
1908 EXCURSION À MONTJEAN, CHALONNES ET ROCHEFORT 631
permet aux wagons d'apporter le calcaire au bord du fleuve, d’où
il est expédié par bateaux. :: j
Il traverse les banes cal- 3
f
TD
uns franchissent La tran- ,
chée dont nous venons de k
parler pour visiter, non loin de là, la tranchée du Petit-Fourneau,
ouverte également dans la grauwacke à Psilophyton.
Î d !
. jo . 2 © «d
caires sur une longueur { Z 2 . =
de 70 m., et les roches ! Ë 4 2 ë L
plus au Nord sur 160 m. | À SN E
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de 85 m., situé au-dessus — GS NU RE
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du précédent, près la ma- A SN ISIRCMAFE
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de 40 m., située au som- 2, ee En
a . d 2 3 CSN ES)
met de la carrière, desti- 2 PAU EME ONE
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née à l'accès des voitures, + Eos Ê TS
est ouverte dans les grès Ë & © ë é
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et schistes argileux jaunà- : EF | ‘a © = =
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tres,avec débris végétaux, k è À RENE
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plongeant au Nord,comme , e DURE
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Châteaupanne, à larecher- |! s> è ER Ssu£
: i ds | J ÉRERERES
che des fossiles, quelques- 3 MS DIT
lo 9 Q
632 LOUIS BUREAU 8 Sept.
B. — Tranchée du Petit-Fourneau. — La carrière du Petit-
Fourneau, aujourd'hui abandonnée, située un peu à l’Est de la car-
rière de Châteaupanne, est reliée au bord de la Loire par une
tranchée étroite et profonde, longue de 42 mètres à partir du cal-
caire. Sa coupe donne une parfaite idée des tunnels que n’a pu
visiter la Société.
Toutes les roches plongent au Nord: Les premiers bancs, au
contact.du calcaire, sont à grains plus ou moins gros, de colora-
tion jaunâtre ou bleu noirâtre, non calcarifères, avec débris de
végétaux (4 à 5 m.); viennent ensuite des grès bleu noirâtre, eal-
carifères, avec veinules de calcaire blanc spathique (55 m.):; puis
des schistes noirâtres micacés (10 m.). Le manque d’affleurement
ne permet de voir, au Nord du calcaire, que les 50 mètres dont
nous venons de donner le détail.
L'intérêt de cette tranchée, typique pour la zone qui nous
occupe, consiste dans la comparaison que nous aurons à faire
entre les roches devant lesquelles nous sommes en présence et
celles que nous rencontrerons au tombeau Leclerc, près la ferme
de la Maison-Neuve, où nous constaterons, au même point, la
présence d’un anticlinal gothlandien, caractérisé par les phta-
nites à Graptolithes.
La question qui se pose est de savoir si les roches de la tranchée
du Petit-Fourneau et des tunnels de Châteaupanne appartiennent
au Gothlandien, au Dévonien ou au Culm. et, surtout. s’il faut voir
ici, soit dans les grès bleu-noirâtre, soit dans les schistes noirs du
Sud de la tranchée, le prolongement vers l'Ouest du Gothlandien
du tombeau Leclerc dont nous venons de parler.
Les coupes que nous donnons des tunnels de Châteaupanne et de
la tranchée du Petit-Fourneau (fig. 8) nous dispensent d’en faire
une description détaillée. Nous nous bornons à exposer briève-
ment pourquoi cette tranchée n’est pas gothlandienne et les
raisons pour lesquelles ‘nous la rangeons dans le Dévonien et non
dans le Culm.
Les assises qui sont au contact du calcaire ont fourni assez de
fossiles végétaux. depuis Montjean jusqu'à Chaudefonds, prinei-
palement dans les carrières de Paincourt et de Sainte-Anne, pour
montrer qu'on est en présence d'une flore dévonienne caractérisée
par des Psilophy ton.
Un grès noir, recueilli autrefois dans l’un des tunnels de Chä-
teaupanne, à 25 mètres au Nord du Calcaire, contient un rameau
de Psilophyton recourbé en crosse et des empreintes elliptiques
Li
1908 EXCURSION A MONTIEAN, CHALONNES ET ROCHEFORT 633
qui paraissent être des sporanges, en tout semblables à celles
figurées par J.-W. Dawson ’.
Enfin, des débris végétaux ont été recueillis dans la série des
grès et schistes noirs du funnel de l'Ouest à 115 mètres au Nord
du calcaire.
Il ne peut donc être question de roches gothlandiennes dans
toute l'épaisseur que nous venons d'indiquer, et, ni les roches, ni
la flore ne sont celles de la Grauwacke du Culm.
Dans la région Montjean-Châteaupanne, nous n'avons trouvé
aucune trace de l'étage gothlandien entre le Dévonien et le Culm.
11 ne nous a pas été donné, il est vrai, d'observer, dans cette
région, le contact des schistes et grès à Psilophyton et de la
Grauwacke inférieure du Culm; mais, au Nord de la carrière de
Paincourt, près Montjean, leurs affleurements sont si voisins l’un
de l’autre que, si on attribue aux grès à Psilophyton une épaisseur
de 115 m., comme dans le tunnel de l'Ouest, les deux étages sont
en contact.
Les excursionnistes pénètrent dans la carrière de calcaire givétien
du Petit-Fourneau, par la tranchée étroite dont nous venons de
parler, en gravissant la paroi par un sentier, passent sous une
arcade formée par les grès et schistes à Psiloph)-ton, et gagnent, à
travers d'anciennes carrières de ‘calcaire à Stromatopores, le
sentier de la fontaine Saint-Méen, qui les conduit sur la route où
toutes les voitures se réunissent, amenant ceux des excursionnistes
qui étaient restés à la recherche des fossiles dans la carrière de
Châteaupanne.
Cette partie de l’excursion nous a montré, avec quelques lacunes,
la succession régulière du Silurien, du Dévonien et du Carbonifé-
rien, savoir : le Gothlandien avec phtanites à Graptolithes, le
calcaire givétien à Uncites Galloisi, la Grauwacke à Psilophyton
princeps, la Grauwacke inférieure du Culm à Rhodea Hochstetteri,
la Grauwacke supérieure du Culm à Caly:mmatotheca Dubuis-
sont, avec poudingues, grès, psammites, tufs porphyriques et
houille.
Coupe du village des Aireaux au Tombeau-Leclerc, près la
ferme de la Maison-Neuve (fig. 9). — Après avoir fait environ
2 km. dans la direction de Chalonnes, les géologues descendent
des voitures, vis-à-vis le village des Aïreaux, pour gagner à pied
le tombeau Leclerc.
1. J.-W. Dawson The fossil plants of the Devon. and upper sil, forma-
tions of Canada, 1871, pl. 1x, fig. 102 et 103.
634 LOUIS BUREAU 8 Sept.
Le village des Aireaux, que le manque de temps ne permet pas
d'atteindre, est situé sur les schistes précambriens sériciteux
plissés et redressés. Les schistes gothlandiens les recouvrent
transgressivement, en couches inclinées vers le Nord.
En gagnant le Tombeau-Leclerc, nous traversons les schistes et
grès gothlandiens, en lits alternants, très puissants en ce point, en
raison, sans doute, d’ondulations qui ramènent au jour les mêmes
couches. Une carrière ouverte dans ces grès fournit des Scolithes
et des traces de Vers sur la surface des bancs.
A ces grès et schistes succèdent des schistes dévoniens, intime-
ment liés au calcaire; mais, en l'absence de fossiles, il n'a pas
été possible de les séparer des schistes gothlandiens.
Nous arrivons au calcaire givétien de la Maison-Neuve,
SAT
Tom besu \
Leclerc \ les Aireaux
Route de
\Calcaire Montjean à Chalonnes
de &Worson Weuve 7 i
w A
Fig. 9. — COUPE DES AIREAUX AU TOMBEAU LECLERC
luvb, Grauwacke inférieure du Culm ; df-5, Schistes et grès à Psilophyton de
Sainte-Anne; d#°, Calcaire givétien; S“-5, Schistes et grès gothlandiens avec
Scolithes, phtanites à Graptolithes ; Xy!, Schistes sériciteux.
prolongement de celui de Châteaupanne, dont il est séparé par les
marais de Montillais. Ce calcaire, réduit ici à une puissance de
quelques mètres, se montre en gisement très limité, au bord des
prairies, où on a tenté, sans succès, d'en faire l'exploitation.
Il est en lentilles au milieu des schistes, de sorte qu'il vient à
manquer tout à coup, pour reparaître plus loin, formant ainsi des
dépôts de longueur et d'épaisseur très variables, disposés sur une
même ligne.
Ces lentilles calcaires sont, sans doute, reliées entre elles par
des schistes dévoniens qui les accompagnent aussi sur leurs bords
sud et nord. Mais, nous pensons que ces schistes, difliciles à
séparer des schistes gothlandiens, sont généralement très réduits.
Plutôt que d'en tracer une limite idéale, il nous a paru plus utile
de n’indiquer les schistes dévoniens, sur les cartes du livret-
guide, que là où nous les avons reconnus.
Entre la Maison-Neuve, où se trouvent les excursionnistes, et
Chalonnes, que lon doit atteindre pour le déjeuner, le caleaire
1908 EXCURSION A MONTJEAN, CHALONNES ET ROCHEFORT 635
affleure à 200 m. à l'Ouest, et à 800 m. à l'Est de la métairie de
la Grange, où il a été mis au jour par les travaux de labour.
On le rencontre ensuite à la carrière des Pierres-Blanches, qui
servait à alimenter le four Saint-Vincent, situé au bord de la Loire.
Le calcaire givétien de la Maison-Neuve est surmonté au Nord,
comme celui de Châteaupanne, par des schistes et grès argileux,
parfois grossiers et jaunâtres, caractéristiques du niveau à Psilo-
phyton. Des débris végétaux s’observent, près le calcaire, au bas
du chemin qui monte à la métairie.
Ce niveau est supérieur au calcaire, comme nous le verrons à la
carrière Sainte-Anne.
Nous gravissons ensuite un coteau gothiandien formé de
schistes, de grès et de phtanites à Graptolithes, par un sentier
qui nous conduit au tombeau Leclere, abrité par un bouquet de
pins, situé sur le point culminant de la vallée de la Loire.
Un magnifique panorama se déroule sous nos yeux : la large vallée
däns laquelle coule le fleuve divisé en plusieurs bras par de vastes îles,
nous permet d'étendre notre vue, à l'Est jusqu'à la Possonnière et
Rochefort-sur-Loire, à l'Ouest jusqu'à Monjean.
Le moment est venu de prendre un peu de repos, auquel invitent
quelques rafraîchissements étalés sur la pelouse.
L’escarpement abrupt qui est au pied du tombeau Leclere,
dominant la vallée de la Loire, est formé de grès argileux gros-
siers, passant parfois à un poudingue à galets de schistes compri-
més, avec schistes bruns ou grisâtres, contenant des débris
végétaux.
L'âge n’en est pas encore déterminé d’une façon certaine ; mais
la nature de la roche dominante et la présence, au pied du coteau,
à quelques centaines de mètres vers l'Est, de grès calcarifères bleu-
noirâtre avec veines de calcaire blanc spathique, comme on en
observe seulement dans les schistes à Psilophyton de la tranchée
du Petit-Fourneau et des tunnels de Châteaupanne, ne nous laisse
guère de doute sur le synchronisme de ces assises. La grauwacke
inférieure du Culm, de coloration rouge, ne se voit pas au-dessus
des schistes précédents. Elle est dans le lit de la Loire.
Dans cette hypothèse, il n’est pas nécessaire de faire intervenir
une faille au Nord de la grauwacke à Psilophyton qui surmonte le
calcaire. Le tombeau Leclerc est un anticlinal gothlandien qui
s’est fait jour à travers les sédiments dévoniens détritiques enva-
sant le récif givétien.
Phtanites à Graptolithes de la ferme de la Grange.— L'heure
avancée nous oblige à poursuivre sans retard notre route vers
636 LOUIS BUREAU 8 Sept.
l'Est, par un sentier situé sur la crète du coteau, à la limite du
Gothlandien et des schistes, probablement dévoniens, dont nous
venons de parler.
Le Gothlandien est ici formé de grès blancs ou sombres, de
schistes noirs micacés et de phtanites. Il forme une longue bande
que l’on peut suivre, vers l'Est, jusqu'au signal pour les crues de
la Loire, près la Motte. Un beau gisement de phtanites à Grap-
tolithes est actuellement visible, par suite du défrichement récent
des coteaux boisés de la Loire, près la ferme de la Grange, et
dans une petite fouille voisine sur le sommet du coteau, où arri-
vent bientôt les excursionnistes.
Les phtanites se présentent ici dans des conditions particulière-
ment favorables à la recherche des Graptolithes et à leur bonne
conservation. Ce sont des plaquettes minces, lisses, noires et d’une
dureté suffisante pour qu’elles ne s’effritent pas par frottement, en
sorte que tous les détails d'organisation des Graptolithes se trou-
vent conservés.
Ce gisement est semblable à celui qui se trouve à l'Est de Cha-
lonnes, près le château des Fresnais, découvert par M. Davy! et
rattaché au Llandovery supérieur par M. Barroïs.
Entre autres espèces, le gisement de la Grange a fourni: Mono-
graptus tenuis LAPworta, M. convolutus Hisix@, Climacograp-
tas scalaris (LiINN.).
Nous gagnons, à travers champs, la métairie de la Grange, où
nous attendent les voitures qui prennent ensuite la direction de
Chalonnes.
Nous passons, sans nous arrêter, auprès de la carrière de cal-
caire dévonien des Pierres-Blanches, surmontée par un falun
découvert par M. Davy et rapporté par M. O. Couffon au Redo-
nien de M. G. Dollfus.
La route tourne ensuite et coupe du Sud au Nord, près le port
Saint-Vincent, toutes les couches que nous avons déjà examinées.
Enfin, arrivés à Chalonnes, construit sur les schistes rouges de la
Grauwacke inférieure du Culm, nous descendons à l'Hôtel de
France à 1 h. 15, où nous déjeunons.
Après déjeuner, l'heure avancée ne permettant pas aux personnes
qui désirent accomplir le programme en entier, de prendre, à la Posson-
nière, le train qui doit les mettre en gare de Nantes à 9 h. 47. les uns
rentrent à Nantes par la gare de Saint-Georges-sur-Loire, tandis que les
autres continuent l’excursion.
1. L. Davy. Contribution à l'étude géol. des env. de Chalonnes-sur-Loire
(Maine-et-Loire). Terrainsilurien sup. Nantes, Bull. Soc. Sc. Nat. Ouest Fr.
1895, P. 199-204.
nette
1908 EXCURSION A MONTJEAN, CHALONNES ET ROCHEFORT 637
Carrière Sainte-Anne. — Les voitures nous conduisent à la
carrière Sainte-Anne, située à 1 km. au Sud de Chalonnes, sur
la route de Saint-Laurent-de-la-Plaine, et ouverte sur le prolonge-
ment du calcaire givétien.
De la chaussée de la route, la vue s'étend sur la carrière. Le
calcaire, de coloration bleuâtre, se présente sous forme d’une
lentille,dont l'exploitation a atteint la limite à l'extrémité ouest. En
ce point, les schistes encaissants des parois nord et sud se rejoi-
gnent presque. Ils ne sont séparés que par quelques mètres de
sables provenant de la décalcification des faluns miocènes.
C’est, du reste, un fait général, dans la région comprise entre
Montjean et Chaudefonds, que les faluns accompagnent le calcaire
dévonien sur lequel ils reposent, tandis qu'on les observe rarement
sur les terrains schisteux. Sous l'influence des agents extérieurs,
les calcaires dévoniens corrodés forment des poches dans
lesquelles les faluns se sont trouvés préservés, tandis qu'ils ont
été plus généralement enlevés sur les grès et schistes, par les phé-
nomènes de dénudation.
Les schistes qui limitent le calcaire au Sud, de coloration
noirâtre, n'ont pas fourni de fossiles. Il n’est pas douteux qu'ils
soient dévoniens ; mais, comme il arrive sur toute la longueur du
bord sud du bassin, il n’est le plus souvent pas possible de tracer
la limite entre eux et les schistes gothlandiens sur lesquels ils
reposent.
Le calcaire, plongeant au Nord, est recouvert, comme à Château-
panne, par la grauwacke à Psilophyton. Une tranchée, longue
de 80 mètres environ, ouverte dans ces couches et donnant accès
dans la carrière, permet d’en examiner la constitution. Les assises
débutent, au contact du calcaire, par un grès argileux brun ou
noirâtre, à grains généralement fins, avec Psilophyton princeps,
tiges et feuilles de Bornia, alternant avec des schistes noirâtres.
Un banc calcaire gris bleuâtre, comme celui de la carrière, épais
d'environ 50 cm., sans continuité, forme lentille au milieu des
schistes. Les schistes noirs qui succèdent à ces premières assises,
plus développés que dans les autres tranchées ou tunnels, alter-
nent avec des lits peu épais de grès noirs micacés, calcarifères,
avec veinules blanches de calcite et de rares nodules siliceux. Ce
sont des roches semblables à celles des tunnels de Châteaupanne
et de la tranchée du Petit-Fourneau. Les bancs voisins du calcaire
ont seuls fourni des fossiles végétaux.
Mais, la route de Chalonnes à Saint-Laurent-de-la-Plaine, par
laquelle nous sommes venus et que nous allons examiner, comble
638 LOUIS BUREAU 8 Sept,
largement cette lacune. Nous quittons donc la carrière, pour
revenir au point où nous sommes descendus des voitures, afin
d'examiner les affleurements que présente la route entre la carrière
Sainte-Anne et la ville de Chalonnes. La coupe suivante montre
la succession des couches.
En allant du Sud au Nord, c’est-à-dire en s’élevant dans la série
des couches, on observe : les schistes dévoniens noirs, sans
fossiles, qui limitent au Sud le calcaire; le calcaire givétien de la
carrière Sainte-Anne ; 120 mètres de schistes et grès à Psylo-
phyton et autres débris végétaux à pendage nord ; un banc de
calcaire gris bleuâtre, épais de 2 m. environ, semblable à celui de
N. S.
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2 Place de Chalones
Fig. 10. — COUPE DE CHALONNES A LA CARRIÈRE SAINTE-ANNE.
f, Grauwacke inf. du Culm ; d, Grès noir-bleuâtre calcarifère et e, schistes
noirs à débris végétaux pl. ; b, Grès argileux et c, schistes à Psilophyton
princeps ; a, Calcaire givétien.
la carrière, attestant l'unité de l’ensemble ; 73 m. de schistes noirs
à pendage sud, avec débris végétaux, auxquels succèdent les
schistes rouges de la Grauwacke inférieure du Culm, à pendage sud,
puis verticaux et reprenant bientôt leur inclinaison normale
vers le Nord.
Conclusion: La tranchée de la carrière Sainte-Anne, située au
Nord du calcaire givétien, se trouve en un point correspondant à
l’anticlinal gothlandien du tombeau Leclerc; mais ici, aucun
accident ne s’est produit. Il n’y a pas d’anticlinal.
Malgré la grande analogie des roches de cette tranchée avec les
roches gothlandiennes, nous sommes en présence de schistes
et grès dévoniens à Psilophy ton, surmontant le calcaire givétien et
surmontés eux-mêmes par la Grauwacke inférieure du Culm.
Le passage du Givétien au Culm se fait donc, ici, d’une façon
graduelle, par des sédiments détritiques : grès et brèches, grès
calcarifères, calcaires, schistes avec fossiles végétaux : Psilo-
1908 EXCURSION A MONTJEAN, CHALONNES ET ROCHEFORT 639
phyton princeps et Bornia indiquant la présence d’une terre
voisine et le début d’un régime continental, qui s'est définitive-
ment établi à l'époque du Culm.
A Chalonnes, comme à Montjean, le bassin dévonico-carboni-
férien présente donc sa constitution normale et sans accident, Il
forme un synclinal unique dans lequel les couches se succèdent
régulièrement du Sud au Nord :
10 Schistes précambriens sériciteux ; 2° Schistes et grès gothlan-
diens ävec phtanites à Graptolithes ; 3° Schistes et calcaires
givétiens à Unciles Galloisi; 4° Schistes et grès dévoniens à
Psilophyton princeps de la carrière Sainte-Anne (Frasnien-
Famennien ) ; 5° Grauwacke inférieure du Culm à ÆRhodea
Hoschstetteri; 6° Grauwacke supérieure du Culm à Calymmato-
theca Dubuissoni.
Plusieurs niveaux dévoniens et carbonifériens du bassin de la
Basse-Loire font ici défaut. Cette lacune sera comblée en partie
par l’excursion d'Ancenis.
Les excursionnistes prennent place dans les voitures qui tra-
versent, à nouveau, la ville de Chalonnes, pour prendre la route
de Rochefort-sur-Loire, longeant les coteaux de la rive gauche du
Louet, petit bras de la Loire.
Cette partie de l’excursion a pour but de donner un aperçu de
la Grauwacke supérieure du Culm, contenant les couches à com-
bustible de la Basse-Loire, et du Gothlandien, formant le bord
nord du bassin, déjà vu à la gare de Champtocé.
Le détail des couches à combustible a été donné par Louis
Rolland-Banès, alors directeur des mines de Layon-et-Loire,
lors de la réunion extraordinaire de la Société géologique de
France à Angers, en septembre 1841.
La carte et la coupe qu'il a dressées, de la région comprise
entre Chalonnes et Rochefort-sur-Loire, ont été faites avec une
telle exactitude qu'on devra toujours y recourir.
Rolland a divisé le Carbonifère productif de Chalonnes en huit
systèmes, en allant de Rochefort-sur-Loire à Chalonnes, chacun
compris entre deux bancs de poudingues. La Société les ayant
visités en sens inverse, nous les énumérerons dans l’ordre où 1ls
se sont présentés à notre examen, renvoyant au travail de Rolland
pour les détails. Ces systèmes sont les suivants :
1° Le système du Poirier-Samson, avec veine de houille.
2° Le système des Bourgognes débute, au Grand-Ponceau, par un
puissant poudingue de pierre carrée, formant un rocher escarpé, couvert
64o LOUIS BUREAU 8 Sept.
de lierre, visible avant le pont du chemin de fer. Un moment d'arrêt
nous permet de l’examiner.
3 Le système Goimard, englobé dans la pierre carrée, paraît d’un
développement d’autant plus grand que la route le coupe obliquement,
Plusieurs carrières y sont ouvertes pour l'entretien des routes. La plus
intéressante est la carrière de Gaudinet ou de la Dressière, qui fournit
parfois de grands troncs de Lépidodendrées.
Les excursionnistes descendent pour en examiner les escarpements.
On voit,dans les tufs porphyriques, des filons de microgranulite et une
bombe de projection (observation de MM. Barrois et Bigot).
4° Le système du Vouzeau ou de la Barre débute, à l'Ouest, par un
poudingue à grains de quartz de petites dimensions. Il contient trois
veines de houille, On l’exploite actuellement au puits n° 4. L’une des
veines, dite des Trois-Filons, visible près lPEglise de Sainte-Barbe,
fournit de nombreuses empreintes végétales.
Après avoir suivi la rive gauche du Louet, jusqu'à l’église, la
route fait un coude brusque et prend la direction du Sud, en
suivant la vallée de la rue d'Ardenay décrite etfigurée par Rolland.
Elle traverse ainsi, avant d'atteindre le village d’Ardenay, le
système du Vouzeau, et recoupe celui des Bourgognes que nous
avons déjà vu.
Arrivées à Ardenay, les voitures suivent la route qui se déroule
sur le sommet du coteau et coupe de nouveau le système du
Vouzeau, au puits des Malécots.
Viennent ensuite : *
5° Le système de Bel-Air ;
60 Le système des Noulis ;
7° Le système de la aie-Longue ;
8° Le système des Essards, limité à l'Est par un banc de poudingue,
qui repose tantôt sur les schistes verts et rouges gothlandiens, tantôt
sur un puissant banc de tuf porphyritique.
Les systèmes 1 à 4 plongent au Nord, le système n° 5 est sensiblement
vertical, les systèmes 6 à 8 plongent au Sud.
Rolland et les géologues qui l’ont suivi admettent que les couches
à combustible forment un pli synclinal. Ce synclinal serait faillé.
La Loire coule, en effet, sur l'emplacement d’une faille sinueuse
qui se révèle sur bien des points de son parcours. Cette faille a
sensiblement dévié le bord sud du bassin d’Ancenis, ainsi que le
témoigne l'allure du grès gothlandien et du calcaire dévonien, au
voisinage de cette ville, sur les deux rives du fleuve. Près la
Possonnière, elle a rejeté le Carbonifère de Laleu à 2 km. vers
l'Est, comme on peut s’en rendre compte en prolongeant graphi-
quement, sous le lit de la Loire, le bord nord du Carbonifère de
Saint-Aubin-de-Luigné.
1908 EXCURSION À MONTJEAN, CHALONNES ET ROCHEFORT G4x
Arrivés au village de la Roche-Moreau, situé sur les schistes
gothlandiens verts et rouges qui constituent le bord nord du
bassin, les excursionnistes sont descendus des voitures pour
examiner, au bas du coteau, un bel affleurement de tuf porphy-
ritique.
La même roche s'observe sur la route, entre les schistes goth-
landiens et le poudingue de base du Carbonifère productif, dans
lequel on la trouve en galets. Elle date de l’époque gothlandienne.
Poursuivant ensuite notre route, nous voyons un beau dévelop-
pement des schistes rouges et verts gothlandiens, avec assises peu
épaisses de phtanites et de calcaire, formant un synclinal dans
lequel repose le dépôt westphalien de Rochefort-sur-Loire. Le
manque de temps ne nous permet pas de nous y arrêter.
Ce dépôt westphalien est formé de poudingues, psammites,
schistes et grès argileux jaunâtres. Sa flore est semblable à celle
du gisement de Teillé, que nous visiterons demain.
Au Nord du synelinal westphalien, les schistes gothlandiens
‘deviennent sériciteux, et se chargent de feldspath et de cristaux
de quartz bipyramidé, au voisinage des porphyroïides des envi-
rons de Rochefort-sur-Loire, qui forment le Pic-Martin, les buttes
de Dieuzy et du vieux château de Saint-Offange, prolongement,
sur la rive gauche du fleuve, des buttes des moulins de Laleu,
que l’on aperçoit dans le lointain sur la rive droite.
Un moment d'arrêt nous permet de recueillir des échantillons
de porphyroïde près l’église de Rochefort.
L'heure est arrivée de gagner la gare de la Possonnière en traversant
la Loire et le bourg de Savennières.
Après avoir diné à l’Hôtel de la gare, les excursionnistes prennent à
la Possonnière, le train de 7 h. 25, qui les met en gare de Nantes à
10 heures.
Excursion du 7 septembre à Oudon, Ancenis, Mésanger,
Cop-Choux, Mouzeil.
PAR Edouard Bureau Er Louis Bureau
Les membres de la Société ont pris à Nantes, gare d'Orléans, le train
de 6h, 25, qui les a mis en gare d'Oudon à 7 h. 5; des voitures les
attendaient pour les conduire à Ancenis.
En descendant du chemin de fer, les excursionnistes ont fait
500 mètres à pied avant de monter dans les voitures. Ils ont
examiné les amphibolites grenatifères et les micaschistes de la
tour d’Oudon, et, plus loin, à la sortie du bourg, une carrière
ouverte dans les gneiss à amphibole.
10 Janvier 1910. — T, VIII. Bull. Soc. géol. Fr. — 4r.
642 ÉDOUARD ET LOUIS BUREAU 8 Sept.
On monte en voitures, et, après un trajet de 4 kilomètres sur les
coteaux de la rive droite de la Loire, on arrive au village de
Blanche-Lande. Les micaschistes ont perdu leur cristallinité ; ils
passent à des schistes précambiens luisants, satinés, sériciteux
avec phtanites noirs semblables à ceux dans lesquels MM. Barrois
et Cayeux ont signalé, dans le Nord de la Bretagne, des traces de
Radiolaires, Foraminifères et Spongiaires.
Remontant en voitures, nous traversons, sans nous arrêter, un
anticlinal formé de micaschistes avec amphibolites, répétition de
ce que nous avons vu à la tour d'Oudon, auxquels succèdent, à
nouveau, les schistes sériciteux avec phtanites intercalés.
Tournant au Sud. nous arrivons au Pont-Moricault, situé au bord
de la Loire, sur les schistes précambriens.
Les excursionnistes mettent pied à terre pour traverser la série
dévonienne des environs d’'Ancenis. Les voitures vont les attendre
à 2 km. plus loin, au calcaire de l'Écochère.
Nous traversons une prairie pour arriver au coteau de Pierre-
Meulière, dont la base est formée de schistes précambiens plissés,
gaufrés, sériciteux, présentant souvent une coloration rose.
Gothlandien. — Sur les schistes précambiens repose l'étage
gothlandien, composé de schistes droits, micacés, alternant avec
les grès qui percent le sol et se dressent comme une muraille sur
le sommet du coteau.
Les schistes et les grès présentent des Scolithes et des traces de
Vers à la surface des bancs. Les travaux d'exploitation ont fourni
à M. A. Dumas des ampélites, intercalées dans les bancs de grès,
qui sufliraient à en déterminer l’âge, si d’autres ampélites et des
phtanites à Graptolithes visibles sur plusieurs points, au Sud de
la Loire, ne venaient confirmer cette détermination.
Le contraste entre les schistes précambriens plissés et les schistes .
gothlandiens aux feuillets droits est très frappant ici, comme sur
tout le bord sud du synclinal carboniférien de la Basse-Loire. On
voit que les premiers ont subi des efforts dynamiques très puis-
sants avant les plissements hercyniens qui ont principalement
contribué à donner à la Bretagne sa structure actuelle.
Du sommet du coteau de Pierre-Meulière, on embrasse une
partie du bassin dévonico-carboniférien d'Ancenis-Teillé, dont la
coupe de la figure 11 donne la constitution.
Synclinat dévonien des Brûlis. — Après avoir franchi le côteau
de Pierre-Meulière, nous arrivons au calcaire des Brüûlis, près
Ancenis, depuis longtemps inexplaité, contenu dans un petit
ETC.
2
EXCURSION À OUDON, ANCENIS, MESANGER,
1908
»
synclinal gothlandien. distinct de celui de l’Ecochère, et qui n’a
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minables. Il forme
fourni jusqu'ici que des traces de fossiles indéter
lentille au milieu des schistes, auxquels il passe par des transitions
644 ÉDOUARD ET LOUIS BUREAU 8 Sept.
insensibles, chaque feuillet schisteux se continuant avec un
feuillet calcaire. Les schistes encaissants, de coloration noirâtre,
n'ont pas fourni de fossiles, ce qui n'a pas permis de préciser la
limite entre le Gothlandien et le Dévonien. L’âge de ce calcaire
reste indéterminé. Il est probable qu'il appartient à un niveau un
peu élevé, car on ne connaît aucun dépôt dévonien inférieur dans
le bassin de la Basse-Loire.
Un anticlinal gothlandien, composé de grès et schistes avec
Scolithes, détaché de la bande de Pierre-Meulière, sépare le
petit synclinal des Brüûlis du grand synclinal dévonico-carboni-
férien d’Ancenis, dont nous allons étudier la constitution.
Les études préliminaires faites en vue de la réunion de la
Société géologique ont fourni des données nouvelles sur la consti-
titution du Dévonien du bassin de la basse Loire : d’autres ont
été acquises au cours de l’excursion, d’autres enfin sont venues
s'y ajouter depuis.
Nous avons exposé, dans le Livret-Guide, l’état de nos connais-
sances au moment de l'excursion : aujourd'hui nous devons y
apporter quelques modifications, dues aux faits récemment acquis.
Le bassin de la Basse-Loire contient, sur son bord sud, des
dépôts appartenant au Dévonien moyen et supérieur. Le Dévonien
inférieur : 1° Quartzites de Plougastel; 2° Grès de Gahard,
30 Grauwacke et calcaire de Néhou, y fait défaut. Sur le bord nord
on ne connaît que le calcaire frasnien de Cop-Choux. Le centre est
occupé presque entièrement par le Culm, auquel il faut ajouter
deux dépôts très limités : l’un vwestphalien (Teillé), l’autre
stéphanien (Minière, près Doué-la-Fontaine). Les dépôts westpha-
liens de Rochefort-sur-Loire et de l’Écoulé, près St-Laurent-du-
Monttay (Maine-et-Loire), sont en dehors du bassin.
Schistes eiféliens de Liré. — Les schistes de Liré, qui n'ont pu
être visités par la Société, situés au Sud et au bord de la Loire,
vis-à-vis d’Ancenis, sont aujourd’hui en partie recouverts par le
remblai d'un chemin. Ils sont au Sud et au contact du calcaire
exploité, dans cette localité, pour la fabrication de la chaux. On
trouve dans ces schistes: Phacops Potieri BayLe, Leptæna depressa
Sow., Atrypareticularis(Lan.), Receptaculites NeptuniDerr.,Pleu-
rodictyum problematicum Gozpr. C'est le faciès eifélien le plus
répandu dans l'Ouest.
Le calcaire qui les surmonte a le faciès des calcaires de Montjean
1908
EXCURSION A OUDON, ANCENIS, MÉSANGER, ETC.
645
et de l’'Ecochère, sur le prolongement desquels il se trouve. C’est
pour cette raison qu'il a été jusqu'ici rattaché au Givétien, mais sa
faune n’est pas connue.
Le tableau ci-joint résume l’état actuel de nos connaissances :
TABLEAU DU DÉVONIEN DU BASSIN DE LA BASSE-LOIRE
Borp NORD
Mouzeil
FAMENNIEN
BorDp sup
Ancenis, Liré
Schistes d’'Ance-
nis à Pélécypo-
des, Encrines
et Sphenophyt-
lum involuturn.
Schistes de l’'Éco-
Montjean, Chalonnes
Chaudefonds
Schistes et grès argi-
leux de S"-Anne,
près Chalonnes, à
Psilophyton prin-
ceps et du Fourneau-
Neuf, près Chaude-
Calcaire de Cop- chère à Spirifer fonds, à Psilophyton
FRASNIEN Choux à Verneuili et princeps et Siropho-
Rh. cuboides Psilophyton donta comitans.
glabrum.
Galcaire de Eco Calcaires de Montjean
Ca É GrRees à Uncites Galloisi.
Galloisi.
GIVÉTIEN
Calcaire de Vallet,
près Chaudefonds, à
Orthisina Davyi.
Schistes de Liré
EIFÉLIEN à Phacops Po-
lieri.
Calcaire givétien de l'Ecochère. — Parlons maintenant du
calcaire de l’Écochère, situé sur le bord de la route de Paris à
Nantes, où arrivent les voitures. On l’exploitait autrefois pour la
fabrication de la chaux ; mais le calcaire vint de suite à manquer.
Il forme, en eflet, lentille, au milieu des feuillets schisteux et passe
ainsi à l’état de calschiste. Sa coloration est rose ou noire. Le
calcaire noir contient seul des fossiles. On y a trouvé autrefois
Uncites Galloisi, ce qui permet de le synchroniser avec le calcaire
de Montjean. Ce calcaire n’a pas de continuité vers l'Est ; mais, on
peut le suivre, à l'Ouest, sur le bord sud de la route de Paris, sur
une longueur de 3500 m. environ.
Il se montre à nouveau, comme nous venons de le voir, à Liré,
646 ÉDOUARD ET LOUIS BUREAU 8 Sept.
sur la rive gauche de la Loire, et il se continue vers l'Est, avec de
nombreuses interruptions, dues soit à des failles, soit à l'absence
de dépôts calcaires.
Dans la carrière de l'Écochère, on voit des schistes recouvrant
le bord nord du calcaire et plongeant au Nord. Ils sont parfois
rouges, le plus souvent verts, lisses, à cassure conchoïdale et à
surface bronzée. Ge sont les schistes famenniens à Pélécypodes
d'Ancenis, que nous avions considérés jusqu'ici comme formant
le niveau le plus inférieur du Culm.
Nous nous rendons au passage à niveau n° 285 du chemin de fer
d'Orléans, situé sur la route qui conduit de Saint-Géréon aux
prairies de la Loire. Cette route, située à 300 m. à l'Est du calcaire
de l'Écochère, coupe normalement les couches sur une longueur
de 300 m. environ. Elle donne la meilleure coupe des environs
d'Ancenis.
On observe, du Sud au Nord, la série suivante :
1° Les schistes et grès gothlandiens, avec Scolithes, formant le bord
sud du bassin, traversent la voie ferrée, tout près et un peu à l'Ouest
du passage à niveau. On peut les observer dans un petit vallon à proxi-
mité de la voie.
2 Des psammites jaunâtres avec Psilophyton ? glabrum Dawson,
Psilophyton princeps Dawson, associés à des Encrines, qui passent
graduellement à des schistes et grauwackes parfois calcarifères.
3° Des schistes et grauwackes dans lesquels nous avons signalé :
Productus subaculeatus Murcu., Cyrtia heteroclyta DEFR., Atrypa
reticularis Linn., Pentamerus brevirostris PHizLz., etc., associés à un
Spirifer que nous avions pris pour le Spirifer Trigeri DE VERN.
M. Barrois l’a reconnu pour le Spirifer Verneuili, fixant ainsi l’âge
de ces couches, qui représentent le Dévonien supérieur.
D'autre part, nous avons trouvé Psilophrton ? glabrum associé aux
Spirifères et autres fossiles marins, ce qui démontre la liaison de ces
couches avec celles qui précèdent.
& Les schistes verts et rouges ou Schistes à Pélécypodes et Sphe-
nophyllum involutum ED. Bur. d’Ancenis, qui occupent le sommet
du Dévonien supérieur.
La stratigraphie a montré que, dans la tranchée du chemin de
fer d'Orléans, le calcaire givétien de l'Écochère faisant défaut, de
même que la grauwacke à Sp. Verneuili, les schistes à Psylo-
phyton ? glabrum, P. princeps et Encrines du passage à niveau,
passent graduellement aux schistes à Pélécypodes. qui contien-
nent également des Encrines.
D'autre part, nos connaissances se sont accrues sur la flore de
ce dernier niveau'qui nous a fourni Psilophyton princeps DAwsox,
1908 EXCURSION A OUDON, ANCENIS, MÉSANGER, ETC. 647
Psilophyton ? glabrum Davws., Bornia transitionis F. A. Rœm.,
Calamodendron tenuistriatum Dawson, Lepidostrobus, Pinnu-
laria, Sphenophyllum involutum Ev. Bur. Enfir, M. G. Ferron-
nière a trouvé, associé aux Pélécypodes, dans une petite carrière,
entre la route d’Ancenis à Saint-Géréon et le chemin de fer
d'Orléans, un fragment de fronde fructifère très caractérisée de
Cephalotheca mirabilis Narnorsr, plante connue seulement
aujourd’hui dans le Dévonien supérieur de l’île des Ours (Bären-
Insel), entre le cap Nord et le Spitzberg.
Les schistes dévoniens à Pélécypodes et Psilophyton sont très
puissants dans la région d’Ancenis. Ils passent graduellement à la
Grauwacke inférieure du Culm, caractérisée par des bancs plus
compacts, brunâtres ou rougeûtres, qui finissent par prédominer.
Dans ces conditions, il y a tout lieu de croire qu'il n’y a pas de
lacune entre le Dévonien et le Culm : les schistes à Spirifer Ver-
neuili représenteraient le Frasnien, qui passerait graduellement
au Famennien représenté par les schistes à Psilophyton, Spheno-
phyllum involutum Ev. Bur., Cephalotheca mirabilis Narorsr et
Pélécypodes.
Le calcaire à Uncites Galloisi présente ainsi les caractères
d’un récif côtier ou frangeant, peu à peu envasé, aussi bien au
Nord qu'au Sud, par des sédiments littoraux, détritiques, apparte-
nant au Dévonien supérieur.
On s’est rendu ensuite à la carrière de microgranulite et ‘tufs
porphyriques, à divisions columnaires, de Saint-Géréon, située
dans les schistes à Pélécypodes, puis on a gagné Ancenis où l’on
a déjeuné à midi à l'Hôtel des Voyageurs.
Après le déjeuner, nous remontons en voitures et nous nous
dirigeons vers Mésanger.
Nous traversons d’abord les schistes dévoniens à Psilophyton et
Pélécypodes, sur lesquels est construite la ville d’ Ancenis, puis nous
arrivons à la Grauwacke inférieure du Culm à Rhodea Hochstettert,
déjà vue, dans l'excursion d'hier, à la Bégairie, près Montjean.
Le tableau suivant donne la succession des assises carbonifères
du bassin de la Basse-Loire, dont nous verrons une bonne partie.
La Grauwacke inférieure du Culm est l'étage qu'ont percé le plus
fréquemment les roches porphyriques et il fallait que les excur-
sionnistes en vissent les principaux types. C'était facile, pour la
microgranulite, autrefois exploitée à 3 km. au Sud de Mésanger,
sur la route même que nous parcourons. Dans ces anciennes
carrières, la roche est d’un jaune nankin, avec petits cristaux de
quartz et de feldspath de première consolidation. . ;,
648 ÉDOUARD ET LOUIS BUREAU 8 Sept.
. TABLEAU DU SYSTÈME CARBONIFÉRIEN DU BASSIN D’ANCENIS-TEILLÉ
OU DE LA B\SSE-LOIRE
Étage supérieur Schistes de Minière, près Doué-la-Fontaine, à
ou STÉPHANIEN Cannophyllites Virleti.
, Schistes el poudingues de l'Écoulé en Saint.
Etage moyen Laurent-du-Mottay à Nevropteris gig'antea.
ou =
\VESTPHALIEN Schistes et poudingues de Teillé et de Rochefort-
sur-Loire, à Eremopteris artemisiæfolia.
Grauwacke supérieure du Culm : poudingues,
grès, psammites, houille et tufs porphyriques
DINANTIEN (pierre carrée) à Calymmatotheca Dubuissoni.
Etage inférieur
ou
Grauwacke inférieure du Culm à Rhodea Hochs-
JL . . n
Cu tetteri et poudingue d’Ingrandes.
Le porphyre rouge, à quartz globulaire de Tacon, étudié par
M. Ch. Barrois était hors de notre parcours ; mais une charrette
pleine de pierres de ce gisement était venue au devant de nous, à
notre première halte.
« Les porphyres de Tacon (Loire-Inférieure), dit M. Barrois, me
paraissent se rapprocher des porphyres de Sillé-le-Guillaume
(Sarthe), et des porphyres houïllers, par leurs gros cristaux de
quartzancien, rongés, ternis comme les feldspaths par les produits
d'oxydation du fer, ainsi que l'absence de mica magnésien, la
petitesse des éléments de la pâte, et la présence d'une matière
stéatiteuse jouant dans le magma cristallisé le même rôle que le
mica blanc chez les Elvans ».
Arrivés à Mésanger, nous prenons à l'Est une route qui nous
conduit à la carrière de l’Hactraie, où nous voyons le granite
exploité comme moellons, qui s’est fait jour à travers la Grauwacke
inférieure du Culm, son étendue est d'environ 1500 m., dans
chacun de ses diamètres.
C'est une roche massive à gros éléments, contenant: 1. apatite,
mica noir, oligoclase, orthose ; 11. orthoze, quartz. Elle est
traversée par des filons de microgranulite.
Dans l’excursion de ce matin, nous avons coupé les terrains
primaires du bassin d'Ancenis du S.O. au N.E, et nous avons
1. Cu. BaArRois Ann. Soc. géol. du Nord, 1881, VIII, p. 109.
1908 EXCURSION A OUDON, ANCENIS, MÉSANGER, ETC. 649
rencontré successivement les micaschistes, le Précambrien, le
Gothlandien, le Dévonien et le Culm inférieur : c'est-à-dire que
nous nous sommes élevés graduellement des dépôts les plus
anciens jusqu'à la base du terrain houiller inférieur.
Il nous reste à procéder de même dans le bassin de Teillé ; mais
maintenant nous irons du Nord au Sud, et, après avoir traversé
des dépôts houillers moins anciens que le Culm inférieur, nous arri-
verons à l’anticlinal qui sépare les deux bassins, et qui est formé,
comme le bord sud du bassin d'Ancenis, de Précambrien, de Goth-
landien et de Dévonien, avec cette différence qu'ici, par suite du
relèvement, c’est le Précambrien qui est au Nord et le Dévonien
au Sud.
Nous allons donc directement de Mésanger à Teillé, où nous
sommes sur les schistes gothlandiens avec phtanites.
Ces schistes, comme nous l'avons vu à Champtocé. au début de
l’excursion précédente, de vert et rouge qu'ils sont habituellement,
sont décolorés et devenus sériciteux,sous l'effet des microgranu-
lites, restées ici en profondeur, mais qui se sont fait jour, dans la
même situation, sur de nombreux points du bord nord du bassin.
Des porphyrites andésitiques s’observent dans les schistes goth-
landiens. Une carrière près le bourg de Teiïllé ne pouvant être
visitée, on a fait apporter, sur le bord de la route, des échantillons
qui sont mis à la disposition des excursionnistes.
A 1 km. au Sud de Teillé, la route qui conduit au Boulay-des-
Mines tourne brusquement à l'Ouest et entame un talus de plus de
100 m. de long. Ce talus est entièrement formé par les dépôts
houillers les plus récents de la grande bande anthracifère de la
basse Loire. [ls appartiennent à la partie inférieure de l'étage
westphalien, au sous-étage appelé infra-houiller par M. Grand’
Eury. Ce gisement est riche en fossiles végétaux. Nous avons
traversé hier un-dépôt de même âge qui se trouve près de Rocbe-
fort-sur-Loire. En réunissant les plantes fossiles de ces deux loca-
lités on obtient la liste suivante :
Dacty lotheca aspera Zeizr. (Pecopteris aspera Àb. BR.), Teillé, Roche-
sur-Loire.
— dentata Zrirr. (Pecopteris dentata Ab. BRoNGx.), Teillé,
Rochefort-sur-Loire.
— dentata var. delicatula ZEizz., Pecopteris plumosa An.
BRoNGN. Teiilé.
Schizopteris appartenant très probablement au D. dentata, Teillé.
Eremopteris arlemisiæfolia Scnimr., Teillé, Rochefort-sur-Loire.
Mariopteris muricata Zeir., forme t»pica, Rochefort-sur-Loire.
Alethopteris Mantelli Gœp»r., Teillé, Rochefort-sur-Loire.
650 ÉDOUARD ET LOUIS BUREAU 8 Sept.
Alethopteris Serlii Gæœpee., Teillé, Rochefort-sur-Loire.
Sphenopteris furcata Ab. BronGx., Rochefort-sur-Loire.
—— stipulata Gurs8., Rochelort-sur-Loire.
— distans Srerne., Rochefort-sur Loire.
— intermedia ETtriNes., Rochefort-sur-Loire.
— Sauveurii CRÉPIN, Rochefort-sur- Loire.
Asterophyllites equisetiformis An. BroxGx., Rochefort-sur-Loire.
—- longifolia An. BroN&x., Teillé, Rochefort-sur-Loire.
Pinnularia. Yeillé.
Cordaites Goldenbergianus Weiss., Rochefort-sur-Loire.
— borassifolius UxG., Rochefort-sur-Loire.
— principalis Granirz., Teillé, Rochefort-sur-Loire.
Artlisia approximata l'errsm., Teillé, Rochefort-sur-Loire.
Cordaitanthus communis Feirsm., Teillé, Rochelort-sur-loire.
Malheureusement l'heure s'avance et ne laisse pas Le temps de
chercher dans les amas de schistes qui ont été extraits à notre
intention. Nous sommes même obligés de modifier notre pro-
gramme, en nous rendant directement à Cop-Choux, tandis que
nous avions l'intention d'examiner les carrières de la Riviere,
ouvertes dans le Culm supérieur, immédiatement au-dessous du
Westphalien que nous venons de voir, et de monter à pied, en
traversant le Précambrien. au sommet de la butte de lAngellerie,
formée par des grès gothlandiens semblables à ceux de Pierre-Meu-
lière, ou plutôt par les mêmes grès qu'une longue faille E.O. a
mis au jour. Nous devions descendre ensuite, à travers les rochers
de grès, jusqu'aux carrières dans lesquelles a été exploité, et l'est
encore, le calcaire dévonien de Cop-Choux.
Notre arrivée en voitures directement à Cop-Choux nous à obli-
gés à sacrifier quelques-unes de nos stations; mais elle nous permet
de voir un aflleurement de Précambrien dans lequel la roche est
sériciteuse et à feuillets ondulés, telle que nous l'avons vue sous
le Gothlandien de Pierre-Meulière. |
Au bas d'une descente rapide, sur le bord du ruisseau nomimé le
Donneau se voient les schistes gothlandiens qui contiennent les
grès, et, immédiatement au Sud, le calcaire de Cop-Choux, qui
appartient à l'étage frasnien. La mer qui a déposé ce calcaire
avait sûrement pour rivage le grès gothlandien ; des galets de grès
ayant depuis la grosseur d'une noix jusqu'à 15 à 20 centimètres
de diamètre, en donnent la preuve. Les uns sont empâtés dans le
calcaire, les autres, les plus nombreux, devenus libres par l'érosion
du calcaire, sont maintenant mêlés à des sables qui forment un
puissant dépôt, vraisemblablement de l'époque pliocene.
Le calcaire est un marbre bleuâtre veine de blanc, parfois rose,
1908 EXCURSION À OUDON, ANCENIS, MÉSANGER, ETC. 651
Il forme une masse compacte, dans laquelle cependant on a pu
reconnaître des bancs et s'assurer que, bien qu’ils semblent
plonger au Nord, ils sont en réalité renversés. Il en résulte que le
calcaire dévonien est surplombé par le grès gothlandien, beau-
coup plus ancien que lui.
LISTE DES FOSSILES DU CALCAIRE FRASNIEN DE CoP-CHOUx
à Rhynchonella cuboides
Goniatites sp., BArRotis, Ann. Soc. géol. Nord, 1898, XXVII, p. 251.
Rhynchonella cuboides Sow. (Terebratula). Schnur, Brach. der Eïifel,
1853, p. 239, pl. 45, fig. 4.
— pugnus (MARTIN, Conchyliolithus anomites pug'nus). Mar-
ün, Petrificata Derbensia, 1809, pl. 22, fig. 4, 5 ;
Davidson, Brit. foss. Brach., Il, p. 97, pl. 22, fig. 1-16.
Camarophoria rhomboidea Pair. (Terebratula). Phillips, Pal. foss. of.
Cornwall, etc., 1841, p. 88, pl. 35, fig. 158.
— seminula Prizz. (Terebratula). Phillips, Yorkshire, 1836,
IL pl. 12, fig. 21-23.
Atrypa reticularis Lin. (Anomia), Syst. nat., XII° éd. 1767, p. 1152.
— aspera ScHLotHEIM ( Terebratula). Das Rheïn. Uëébergangs, 1844,
p. 65, pl. 5, fig. 2a, b, c.
Productus subaculeatus Murcrisow, B. S. G. F., 1847, (2), XL, p. 255,
pl fe on, bic:
Spirifer glaber Marr. (Conchyliolithus anomites glaber), Petr. Derb.,
1809, pl. 40, fig. 9, 10).
— conoideus F. À, R&MER, Die Verst. de Harzg, 1843, p. 12, pl. 4,
fig. 13.
— striatosulcatus F. À. RœMuER, Beitr. z. geol. Kennt. d. nordw.
Harz. Pal. Dunk. und Meyer, 1845, IL, p. 30, pl. 4, fig. 22,
a, b,c. — Barrois, Ann. Soc. géol. Nord, 1898, XXVII,
pl. 251.
Pentamerus brevirostris Prairies (Stringocephalus). Pal. foss. of. Corn
wal, 1841, p. 80, pl. 32, fig. 143. — Pentamerus globus
(Bronn in coll.) fixé par Schnur, Brach. d. Eïifel, 1855,
p. 1853, p. 197, pl. 31, fig. 4a, b.
Les espèces ne sont pas uniformément réparties dans la roche.
L'exploitation a permis de reconnaître quatre zones de la base au
sommet, c'est-à-dire du Nord au Sud.
La première zone, située au contact du grès gothlandien, est
formée d'un marbre d’une extrême dureté, souvent rose, et carac-
térisé par une espèce voisine de Æetzia ferita v. Buc. ! et de
R. subferita vx VERN.
1 v. Bucu. Ueber lerebrateln, 1834, p. 96, pl. 2, fig. 33.
2, DE VERNEUIL. B.S.G.F., 1850, (2), VII, p. 194, pl. 1v, fig. 1 à, b, c, d.
652 ÉDOUARD ET LOUIS BUREAU 8 Sept.
La seconde, assez étroite, est formée par un marbre d'un bleu
noirâtre veiné de blanc et renfermant de nombreux fossiles
Rhynchonella cuboides Sow., R. pugnus Marr., Spirifer glaber
Marr.
La troisième zone est, au contraire, très puissante et comprend
la plus grande partie de la masse du calcaire, On y trouve le
Pentamerus brevirostris Pnicr.
Enfin, la quatrième zone présente les mêmes fossiles que la
seconde, dans un calcaire d'une dureté plus grande et d'une
couleur bleuñtre.
A moins de cent mètres au Sud-Est du calcaire de Cop-Choux,
est une petite carrière ouverte dans les poudingues de la Grau-
wacke inférieure du Culm. La pâte est de grès argileux, ou
grauwacke; les noyaux sont de grauwacke, de micaschiste, de
gneiss, de schiste précambrien, de grès gothlandien, de microgra-
nulite et de calcaire marbre de Cop-Choux. ce qui prouve que le
dépôt frasnien avait déjà subi une action métamorphique lorsque
coulaient les eaux qui ont formé le poudingue. Dans les schistes
déposés entre les bancs de poudingue il y a des fossiles végétaux,
particulièrement des Stigmaria.
Une centaine de pas plus loin, on est sur la Grauwacke inférieure
du Culm. à l’état de grès, sans poudingue.
Les excursionnistes gravissent le coteau qui domine la carrière
et arrivent à Cop-Choux où les attendaient les propriétaires,
M. et Mne Joseph Bureau. avec leur famille et de nombreux amis.
Un lunch est servi sous les ombrages. Mais l'heure avance ;
avant de poursuivre notre route, M. Ch. Barrois se fait l'interprète
des sentiments de ses confrères pour la gracieuse réception qui
leur a été faite par les propriétaires de Cop-Choux.
Des fossiles du calcaire dévonien supérieur et des végétaux
fossiles du Culm, recueillis à l’avance, sont distribués, et nous
remontons en voitures pour nous rendre aux mines de la Tardivière
(concession de Mouzeil). Là, par les soins du Directeur général,
M. Carteron, et du Directeur particulier des mines de Mouzeil,
M. Beaulaton, une quantité considérable d'empreintes végétales
étaient exposées et rangées sur les déblais d’un puits. à l'intention
des excursionnistes qui, en peu de temps, ont pu rassembler une
belle collection de plantes fossiles du Culm supérieur, niveau qui
nulle part en France n’est aussi bien représenté qu'ici.
Nous avons terminé la journée par une visite aux collections
de l» mine. Ces collections sont soigneusement recueillies et
scientifiquement étudiées et étiquetées par M. Beaulaton. Chaque
dd
1908 EXCURSION À OUDON, ANCENIS, MÉSANGER, ETC. 653
étiquette porte, outre le nom du fossile, l'indication exacte de la
couche et du point de la mine où il a été trouvé.
La flore de ce niveau est riche, comme on en peut juger par la
liste ci-jointe :
Dactylotheca aspera Zueirx , (Pecopteris aspera Av. BRONGN.)
— dentata Zeixr., (Pecopteris dentata Ab. BRONGN.)
Sphenopteridium dissectum Scaimr.
— Virleti En. Bur., (Sphenopteris Virleti Ab. BRONGN.)
Odontopteris antiqua DAwWsoN.
Mariopteris acuta Zrizz., (Sphenopteris acuta An BRONGN.)
Nevropteris antecedens STrUR.
— Schleani Srur.
Diplotmema dissectum Srur. em., (Sphenopteris dissecta Ab. BRONGN.)
— elegans Srur. em., (Cheilanthites elegans GœpPr.)
— contractum Ep. Bur.
= Schonknechti Srur. em.
Hymenophyllum antiquum Ev. Bur.
Aspidites dicksonioides Gæpp.
Calymmatotheca Dubuissoni Srur. em., (Sphenopteris Dubuissoni Ab.
BRONGN.)
— tridactylites Srur. em., (Sphenopteris tridactylites
AD. BRONGN.)
— silesiaca Evo. Bur. (Sphenopteris elegans Ab. BRONGN.)
— tenuifolia Srur. em., (Sphenopteris lenuifolia An.
BRONGN.)
Zeilleria moravica Ep. Bur. (Calymmatotheca moravica Srur em.)
Lepidodendron lycopodioides STERN8.
— Veltheimii STERNB.
— Ophiurus AD. BRoNGN.
— selag'inoides STERNB.
— r'imosum STERNB.
— Volkmannianum STERN&.
Lepidostrobus variabilis Linz. et Hurr.
— (Macrocystis) truncatus Les.
Thomasiodendron andegavense Ep. Bur.
Ulodendron majus Lip. et Hurr.
— minus Linpz. et Hurr.
Lepidophloios laricinus SrErN8.
— fimbriatus Eb. Bur.
— Grand’ Euryi Ep. Bur.
Lomatophloios crassicaulis Corpa.
Halonia tuberculata An. BRONGN.
Lepidophyllum majus Ab. BRoNGN.
— lanceolatum Lipz. et Hurr.
Lepidophyllum intermedium Lino. et Hurr.
— triangulare ZEiLxr.
654 ÉDOUARD ET LOUIS BUREAU 8 Sept.
Knorria imbricata STERNB.
Sigillaria minima Ad. BRONGN.
—— antecedens STUR.
Stigmaria ficoides Ad. BRONGN.
— ficoides 8 undulata Gæpr.
— ficoides ; reticulata Gæpr.
— ficoides & inæqualis Gæpr.
= ficoides 6 elliptica Gæpr.
— ficoides . lævis Gæppr.
- Jficoides , rugosa, (Stigmaria ficoides rugosa H£Er.)
Stigmariopsis æqualis Ev. Bur.
Sphenophy llum Davyi En. Bur.
— tenerrimum STUR.
Equisetum antiquum Ev. Bur.
Calamites Suckowii Ab. BRONGN.
— undulatus STERNS.
— cannæformis SCHLOTH.
— Cistii An. BRONGN.
_ ramosus ARTIS.
—- dubius ARTIs.
Calamostachys ramosa WEïss.
— paniculata Weiss.
Bornia transitionis F. À. RŒMER (tige).
— pachystachya Ep. Bur. (rameaux, feuilles et épis).
Pinnularia columnaris ZeiLz.
— laxa Ep. Bur.
Cordaites borassifolius UNG.
-- principalis GEINITz.
Carpolithes umbonatus STERNB.
Graines de Pteridospermées.
Les caractères de cette flore sont très nets. Par la présence de
nombreux Lepidodendron et de très nombreuses Sphénoptéridées
appartenant aux genres Diplotmema et Calymmatotheca, ainsi
que par la rareté des Fougères à formes archaïques, elle se place
non seulement au dessus des flores du Roannais, du Mäconnais, du
terrain de transition des Vosges et des schistes tégulaires de
Moravie et de Silésie, qui appartiennent au Culm inférieur, mais
au-dessus de celle des anthracites de la Baconnière (Mayenne), où
l'on a trouvé Cardiopteris polymorpha Scnimr. (Cyclopteris
polymorpha Gæp»pr.), et qui n’ont fourni aucune Lépidodendrée.
Ses affinités paraissent plus étroites avec la flore de la formation
de Saint-Laurs (Deux-Sèvres) et avec celle des schistes d'Ostrau
(Moravie) et de Waldenburg (Silésie), qui appartiennent au Culm
supérieur. Les espèces sont, en majeure partie, les mêmes.
Mais la flore anthracifère de la Basse-Loire se distingue de
1908 EXCURSION A OUDON, ANCENIS, MÉSANGER, ETC. 655
toutes celles que nous venons d'énumérer par sa richesse plus
grande en individus et en espèces de Lépidodendrées.
Ce caractère la rapproche de la flore de l'étage infra-houiller,
avec laquelle cependant la fréquence du Bornia transitionis Rœ.
et du Lepidodendron Veltheimi SrerNs., ainsi que la présence de
quelques Fougères anciennes : MWevropleris antecedens STUR.,
Zeilleria moravica Ep. Bur., (Calymmatotheca moravica Srur.),
etc. ne permettent pas de la confondre.
La flore houillère de la Basse-Loire appartient donc à la partie la
plus élevée du Culm. Elle a précédé immédiatement la flore infra-
houillère qui ouvre la série des flores houillères moyennes.
À 6 h. 51, nous prenons le chemin de fer de l'Ouest à la gare de Teillé-
Mouzeil, pour rentrer à Nantes à 7 h. 53.
M. Ch. Barrois estime que MM. Édouard et Louis Bureau ont
rendu des services signalés à la géologie bretonne, et provoqué
les plus grands progrès. M. Louis Bureau a reconnu l’existence,
dans le bassin de la Basse-Loire, d'un Gothlandien plus déve-
loppé qu’en aucune autre partie de la Bretagne et montré sa trans-
gression sur l’'Ordovicien, jusqu’à reposer directement sur le
Précambrien.
Ses observations sur le Dévonien ne sont pas moins intéres-
santes, On attribuait à ce terrain deux faciès : le faciès lacustre
du vieux grès rouge limité au Nord de l’Europe et le régime fran-
chement marin au Sud du Comté de Devon. M. Louis Bureau a
appris, qu'au Midi de la Bretagne, il y eut alternance de faciès
marin et de faciès d’eau douce. M. Édouard Bureau nous a fait
connaître la flore remarquable du Culm et la succession de quatre
flores terrestres successives dans la Basse-Loire, tandis que la
mer s'étendait de Chateaulin à Laval. L'étude d'ensemble sur la
flore de la Basse-Loire, dont il a montré les planches terminées, au
cours de l'excursion, constituera une œuvre fondamentale pour
l’histoire géologique de la Bretagne. Ainsi les géologues de l'Ouest
de la France doivent aux efforts parallèles de MM. Édouard et
Louis Bureau des idées générales nouvelles et des notions capi-
tales sur la ie de la Bretagne, DersRnt la période paléozoïque
toute entière
M. Ch. Barrois se félicite de pouvoir témoigner aussi devant la
Société géologique, des éminents services rendus par M. L. Davy
à la géologie bretonne. C'est à M. L.-P. Davy que revient une
bonne part des progrès de nos connaissances sur la géologie du
Massif armoricain ; tous les géclogues qui se sont occupés de cette
656 ÉDOUARD ET LOUIS BUREAU 8 Sept.
région l'ont eu pour guide et pour aide, depuis l’Anjou jusque
dans le Finistère.
M. Édouard Bureau donne l'aperçu suivant des Flores fossiles
qui se sont succédées dans le Bassin de la Basse-Loire.
Les plantes dévoniennes,dont on connaît si peu de gisements en
Europe, se trouvent au Sud et au Nord de la grande bande de
calcaire de l'Écochère, Montjean, Châteaupanne, Chalonnes et
Chaudefonds, sans que cette situation puisse être attribuée à un
synclinal. Les débris végétaux y sont nombreux, mais triturés.
Tous semblent appartenir au Psilophyton princeps DaAws., sauf
près de l’Écochère, où l’on a recueilli le fossile décrit et figuré par
Dawson sous le nom de Psylophiton ? glabrum, un Bornia, le
Cephalotheca mirabilis, etc.
La Grauwacke inférieure du Culm est assez pauvre, mais sa flore
ne laisse pas de doute sur le niveau qu'elle représente : c’est
celui de la grauwacke de Thann, du Culm de Moravie et du Car-
bonifère inférieur du Mâäconnais. On y a trouvé : Sphenopteris
pachyrrachis & stenophylla Gœprr., Rhodea Hochstetteri Sr.,
Lepidodendron rimosum Srerns., Lep. acuminatum VAFr1ERr,
L. Veltheimianum Srerxs8., Bothrodendron Depereti VaArrier,
Sligmaria ficoides Ab. BRoNG., Bornia transitionis F.-A. Rœmer.
La Grauwacke supérieure est, au contraire, d’une richesse en
végétaux fossiles bien remarquable pour le niveau fort bas qu’elle
occupe dans le système carboniférien : 80 formes végétales environ
y ont été reconnues jusqu'ici. La plupart ont été indiquées dans le
Livret-Guide, et nous ne pouvons que signaler les caractères de la
flore. Elle frappe tout d'abord par l'absence des Wevpropteris à
grandes folioles et des Sigillaria à côtes. Les Pecopteris arbores-
cents y sont d'une excessive rareté, mais les Lepidodendrées sont
riches en individus et en espèces. Toutes les Filicinées : Fougères
vraies ou Cycadofilicinées, sont à frondes très découpées et à pin-
nules petites, profondément lobées ; c’est une flore correspondant
à celle des schistes d'Ostrau (Moravie) et de Waldenburg (Silésie).
Ici, elle est surmontée immédiatement par la flore infra-houillère,
qui ouvre la série des flores houillères moyennes.
Cette base de l’étage westphalien a fourni, tant à Rochefort-sur-
Loire qu'à Teillé, 21 espèces dont 14 Fougères parmi lesquelles
plusieurs ont commencé dans l'étage précédent ; mais d’autres :
Lremopteris artemisiæfolia Scmime., Sphenopteris stipulata Gurs.,
S. Haidingeri Evrin@su., S. Sauveuri Crépin, décèlent nette-
ment le Houiller moyen. Les Cordaites prennent tout-à-coup un
développement numérique remarquable.
1908 EXCURSION A OUDON, ANCENIS, MÉSANGER, ETC. 657
Un tout petit bassin, situé à l’Ecoulé, au Sud du grand bassin
carboniférien, a fourni le Vevropteris gigantea An. BRONGN. et
nous parait appartenir à un niveau plus élevé du Westphalien.
Enfin, à Minière, près de Doué-la-Fontaine (Maine-et-Loire), un
lambeau de Carboniférien supérieur se trouve placé en discordance
sur le Carboniférien inférieur. Virlet y a recueilli le Cannophyllites
Virleti Ab. BRoNG., qui se trouve aussi dans le Stéphanien de
Kergogne (Finistère).
M. le D'Vaffer signale le synchronisme absolu de la Grauwacke
inférieure du Culm nantais et du Culm des environs de Mâcon.
a vu recueillir devant lui, à Montjean, un bel échantillon de Stig-
maria et des empreintes bien conservées de Rhodea Hochstetteri
et de Bornia radiata, espèces caractéristiques du Dinantien
inférieur.
Esquissant à grands traits le faciès du Culm mâconnais, il montre
la série des dépôts de cet étage reposant à l'Est sur un terrain
métamorphique formé de diorite, de granulite et de schistes
amphiboliques altérés, et à l'Ouest, sur le massif cristallin des monts
du Beaujolais, prolongation des Cévennes, presque entièrement
formé à cette latitude de tufs d’orthophyre et d’orthophyre en
coulée.
Ces roches orthophyriques contemporaines du Culm ont précédé,
dans leurs premières manifestations éruptives, Les dépôts dinan-
tiens, qui ont été surtout influencés par la microgranulite, qui,
tantôt à l’état de tufs, tantôt à l’état de roche franchement cristal-
line, se trouve partout intercalée dans les schistes, les grès et les
poudingues de la formation.
Les porphyres globulaires et les porphyrites de la région
mâconnaise sont post-dinantiens.
La flore du Culm des environs de Mâcon est très ancienne par
ses Archæopteris, ses Rhodea, ses Cardiopteris et ses Lepido-
dendron ; elle présente quelques affinités avec la flore ursienne,
tandis qu'elle ne renferme aucune espèce de la Grauwacke supé-
rieure du Culm. Elle appartient donc à la plus ancienne phase de
l’époque carbonifère et est contemporaine de la Grauwacke infé-
rieure du Culm nantais, de la Grauwacke de Thann et des
couches de Burdie-House en Écosse.
Les dépôts du Culm mâconnais ont dû se produire avant que le
Morvan, alors immergé, ne se relevât par un mouvement de
bascule, qui devait amener l’affaissement du Plateau Central et
préparer les dépôts stéphaniens.
10 Janvier 1910. — T. VIII. Bull. Soc. géol. Fr. — 42.
658 L. DAVY 9 Sept.
Séance de clôture du Mercredi 9 Septembre
PRÉSIDENCE DE M. ÉDOUARD BUREAU
La séance est ouverte à la mairie de Châteaubriant, à 6 heures du
soir. :
Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté.
Excursions du 8 et du 9 Septembre à Châteaubriant
PAR L. Davy
Le but de la réunion à Châteaubriant était l'étude des terrains
qui forment le Sud de la tranche de l’anticlinal qui s'étend de
l'Est à l'Ouest entre la Mayenne et la Vilaine. Châteaubriant est
en partie bâti sur les couches précambriennes qui occupent l'axe
de cet anticlinal.
En se rendant de Châteaubriant à Sion par Saint-Aubin-des-
Châteaux, on ne tarde pas à se trouver (au passage à niveau de la
ligne de Châteaubriant à Ploermel) sur le grès armoricain, que l'on
ne cesse de suivre sur le plateau. Le bourg de Saint-Aubin est
bâti sur ce mème grès sur le bord Ouest d’une faille Nord-Sud
indiquée par le lit de la rivière la Chère.
Au Sud de Saint-Aubin.on a vu la carrière du bois de la Roche,
où l’on exploite, pour macadam, un grès compact sombre, en
couches minces presque horizontales, sans fossiles ; mais, à quel-
ques mètres en contre-bas, près de la rivière, les excursionnistes
ont pu voir une roche isolée pittoresque qui montre des Bilobites
en place à la partie inférieure des bancs de grès.
Un peu plus au Midi, on a pu constater le passage progressif des
grès aux schistes sans que l’on puisse préciser la limite entre les
orès armoricains et les schistes à Calymènes. Au moulin Hubert,
sur un affleurement schisteux étendu. on a pu recueillir une grande
quantité de Graptolithes (Didymograplus Murchisoni Beck). Get
horizon, qui précède celui plus étendu où les nodules à Calymènes
abondent, se retrouve près de l'étang de la Touche, entre Château-
briant et Erbray et en plusieurs autres points.
Au Sud du moulin Hubert, c'est la région des nodules à Caly-
mènes qui s'étend à l'Est jusqu'à Angers et à l'Ouest jusqu'au-delà
de la Vilaine.
Les excursionnistes ont pu faire une ample récolte de nodules
1908 EXCURSION À CHATEAUBRIANT . 69
fossililères au Nord du village de la Chapelle. Ce gisement est cité
dans tous les ouvrages sous le nom bien connu de la Hunaudière,
déjà signalé par Brongniart et Desmarets en 1822.
A la Hunaudière se trouvait une des dernières forges à charbon
de bois qui existaient en Bretagne jusqu’en 1880.
Après avoir traversé ce joli village, on retrouve au Nord, sur le
sommet du coteau, les grès armoricains,et on constate vers la limite
entre eux et les schistes, une longue bande de minerai de fer,
exploité autrefois, à la Haute-Noë, pour la forge de la Hunaudière
et, tout dernièrement, pour l'exportation en Allemagne.
Les excavations de la Haute-Noë montrent immédiatement sous
la terre végétale une couche argileuse superficielle, ne dépassant
pas un mètre d'épaisseur, qui contient des morceaux arrondis de
minerai de fer, d'abord fort espacés les uns des autres, mais qui,
augmentant rapidement en nombre et en volume, ne tardent pas
à former une masse continue d'hématite compacte très siliceuse.
— L'épaisseur minéralisée ne dépasse pas quatre mètres. — Au-
dessous du minerai, il y a de l’argile ordinairement plus blanche
que celle du dessus. La surface occupée par le minerai est longue
et étroite ; elle est orientée dans le sens de la stratification des
couches profondes; elle se trouve au point même où une couche
de minerai existe constamment en Normandie et en Anjou; il est
donc tout naturel de supposer que ce minerai n’est que l’aftleure-
ment d'une couche paléozoïque ; des recherches faites pour éclairer
cette question sont restées jusqu'ici infructueuses en ce point.
Le bourg de Sion a fourni pendant longtemps de magnifiques
échantillons aux collectionneurs. Dans le schiste, au Sud, on
trouvait toute la série de ses fossiles ; dans le grès armoricain, au
Nord, l’'Asaphus (Ogy gites) armoricanus Trou. et LEBESC., etc.
Aujourd'hui, les carrières dans le schiste sont abandonnées, et dans
le grès, les fossiles deviennent de plus en plus rares.
#
Dans toute la région visitée le 4 Septembre à l'Ouest de
Châteaubriant, on ne voit aucun affleurement des couches imimé-
diatement inférieures au grès armoricain; partout, elles sont
cachées par les éboulis, mais on en trouve à l'Est de la ville,
dans les carrières qui fournissent la pierre pour les construc-
tions. Les géologues ont visité les carrières dites du Breuil; ils
y ont vu une roche compacte schisteuse, se débitant en prismes
irréguliers, dont les grandes faces sont perpendiculaires à la
660 L. DAVY 9 Sept.
stratification; le milieu de chaque bloc est coloré en rouge ;
les parties voisines des surfaces sont vert clair. Les bancs
plongent au Midi sous le grès armoricain. Ces schistes rouges
existent d'une façon continue au-dessous des grès en suivant tous
les méandres que forment ceux-ci sur la carte ;: mais on remarque
presque partout, et particulièrement au Sud et au Nord de Pilot
occupé par la carrière du Prince, qu'ils sont beaucoup plus
inclinés que ces derniers. Parce que le contact des deux roches
est très diflicile à observer, on ne peut savoir d’une manière
certaine s'il y a entre elles discordance. Dans ces schistes rouges,
les fossiles sont très rares: on n'y a trouvé que des Vexillum
Desglandi Rouaurr et des Lingules, etc.
En profondeur, les schistes contiennent des noyaux de quartz de
plus en plus gros et nombreux et deviennent un poudingue de
structure et d'aspect tout particulier, que l’on retrouve dans la
région sur une grande étendue.
Plus bas, l'étude des roches, à cause de leur diversité, du manque
d’affleurement et du défaut complet de fossiles, devient de plus en
plus diflicile, et l’on ne sait avec certitude à quel A finit le
Cambrien et commence le Précambrien.
Les grès armoricains exploités à la carrière dite du Prince,
parce qu'elle se trouve dans l’ancien pare du château de Château-
briant, sont célèbres par le grand nombre de Cruziana qu'ils ont
fourni à toutes les collections ; leurs bancs sont horizontaux,
minces, séparés par des lits argileux encore plus minces.
Cette carrière est située à l'Est de la ville sur un plateau séparé
du bord sud de l’anticlinal par la petite vallée du Rollard, parallèle
à celle de la Chère.
Les schistes à Graptolithes vus au moulin Hubert se retrouvent
à proximité de la chaussée de l'étang de la Touche ; ici comme là-
bas, ils supportent les schistes à nodules fossilifères de l'Ordovicien
qui s'étendent sans interruption de la Touche à Erbray, sur une
largeur de 2 km. 500.
Ces schistes sont régulièrement surmontés par un banc continu
de grès blanc parcouru de nombreux filonnets de quartz cristallin
et caractérisé par le manque absolu de fossiles déterminables ; ces
grès, exploités partout pour l’'empierrement des routes, se suivent
depuis la carrière de la Sauvagère, à l'Est d'Erbray, jusqu'au-delà
de Saint-Julien-de-Vouvantes.
Au-dessous des grès dits azoïiques ou culminants, que l'on
rattache au sommet de l’Ordovicien, ou à la base du Gothlandien
et qui forment un horizon bien défini, les schistes ordoviciens ne
1908 EXCURSION A CHATEAUBRIANT 667
renferment plus de nodules; ils sont plus massifs, moins fissiles,
et, à une distance variable de leur sommet, on trouve des bancs
gréseux réguliers qui se suivent sur de grandes longueurs ; de ces
observations, on a pu conclure que ces grès représentent le grès
de May ou de Saint-Germain-sur-Isle, et ces schistes, la zone à
Trinucleus.
Au Sud des grès azoïques. sur une étroite bande de nature indé-
terminée, mais certainement schisteuse, dont les affleurements
sont inconnus, se trouvent les grandes lentilles du calcaire
exploité pour la fabrication de la chaux et à propos desquelles
de nombreux travaux ont été publiés.
Réunis sur le bord sud de la grande excavation de la Ferron-
nière, les excursionnistes voyaient au Nord des calcaires blancs
fossilifères ; au Sud, des calcaires gris-foncé moins fossilifères ; la
masse présente des plans de rupture ou de stratification tellement
confus, qu'il semble impossible de les distinguer les uns des autres.
Les parois du Nord et du Sud de la carrière sont aussi confuses
que la masse elle-même. Bien que des travaux très importants et
d’une grande valeur aient été faits, tant au point de vue stratigra-
phique qu'au point de vue paléontologique sur ces calcaires de la
Ferronnière d’Erbray, l'accord entre les savants qui s’en sont
occupés n'est pas encore complet; l’un pense que le calcaire de la
Ferronnière est à la base du Dévonien; l'autre croit qu'il est seule-
ment au-dessous du Coblentzien, au-dessus du calcaire à Athyris.
Les calcaires blancs sont, pour les uns, supérieurs aux calcaires
gris ; pour les autres, c'est le contraire.
Au-dessus des terrains anciens on rencontre, dans un grand
nombre de points, aux environs de Châteaubriant, des îlots, le plus
souvent appuyés sur le flanc des coteaux, de sables rouges plus ou
moins agglutinés par de l'argile ou de l'oxyde de fer. Les excur-
sionnistes ont visité deux des carrières creusées dans ces sables :
l'une s'appuie sur les grès culminants de la Sauvagère à l'Ouest
d'Erbray ; les autres sont dans la ville même de Châteaubriant.
Les fossiles y sont presque inconnus et il a fallu des circonstances
toutes spéciales pour qu'ils aient été conservés : tels sont ceux que
M. Davy a trouvé dans la forêt de Gâvre et M. Danton aux envi-
rons d’Angrie ; les premiers, étudiés par M. Vasseur, ont été atlri-
bués par lui au sommet du Miocène ou à la base du Pliocène. Ces
sables sont, le plus souvent, considérés comme le résidu de la
décalcification d'un calcaire.
662 à L.PDAVY 9 Sept.
M. Œhlert fait remarquer que les schistes rouges et verts des
carrières du Breuil, au Sud de Châteaubriant, ne paraissent pas
devoir être considérés comme appartenant à l'assise des schistes
lie-de-vin, associés au Poudingue pourpré, et constituant la base
du Cambrien. Il cite, à titre de comparaison, la coupe de la tran-
chée de Sainte-Croix, près de Rhétiers, où l'on voit, se succédant
régulièrement, une série d'assises bien différenciées par leur faciès
et représentant évidemment des subdivisions dans le Cambrien ;
ce sont, de bas en haut : des schistes roses ou saumonés par déco-
loration, puis des schistes et des quartzophyllades zonés auxquels
succèdent des grès exploités près de la ferme de Sainte-Croix :
enfin, au sommet, des schistes en dalles, violets, parfois verdâtres.
Cet ensemble, qui représente le Cambrien, est surmonté par le
grès armoricain, sur lequel reposent les schistes à Calymene
Tristani. Il ajoute qu'il y aura peut être lieu de rattacher au Cam-
brien certains calcaires considérés jusqu'ici comme précambriens
et, en particulier, celui qui est exploité à Saint-Thurial.
M. Œhlert rappelle qu'il a exposé de vive voix, dans la carrière
d'Erbray, les différentes opinions émises successivement sur l’âge
du calcaire qui y est exploité. De plus, il a indiqué l'existence de
couches gréseuses qui, au milieu des schistes ordoviciens, repré-
senteraient les grès intermédiaires (S°?) séparant les schistes à
Caly-mene (S°) des schistes à Trinucleus (S?*).
COUPE GÉOLOGIQUE DE L ANTICLINAL PALÉOZOIQUE
DE CHÂTEAUBRIANT (LOIRE-ÎNFÉRIEURE)
PAR L. Davy
Une étude, même superficielle, de la géologie de la Bretagne
fait voir une série de plis alternativement synclinaux etanticlinaux
sensiblement parallèles et arasés à une faible hauteur au-dessus
du niveau de la mer, compris entre deux régions occupées, au
Nord et au Sud par des roches éruptives.
La manière d’être des roches qui composent un pli quelconque
varie souvent dans le sens dela direction ; mais cette variation est
surtout considérable, lorsque l’on compare un côté à l’autre et un
pli à son voisin immédiat ; elle devient encore plus grande, si les
deux plis que l’on considère sont à grande distance l’un de l’autre.
Ces différences sont facilement explicables lorsqu'on peut faire
intervenir le métamorphisme, les pressions latérales, ou des
différences sensibles dans les dépôts stratifiés antérieurement aux
plissements, lorsque, par exemple, on compare un pli de la région
centrale à son parallèle de l’extrême Sud ou de l'extrême Nord,
un pli de la Normandie à un autre de la région étranglée de la
Bretagne centrale; mais il arrive le plus souvent que les deux
côtés parallèles d’un même plissement sont très différents, non
seulement par l’inclinaison des strates, mais aussi par la nature de
celles-ci, par leur épaisseur, par leur aspect, par la composition
de leurs éléments. Sur un des flancs, par exemple, on trouve une
grande épaisseur de grès avec de nombreuses couches de minerai
de fer interstratifiées; sur l’autre plan, à quelques centaines de
mètres de distance, le grès aura presque disparu et, avec lui, le
minerai de fer; d’un côté, le grès sera blanc, de l'autre, il sera
rouge.
Dans le pli suivant, il pourra arriver que ce soit le contraire qui
se produise. Ces variations, quelque intéressantes qu'elles soient,
restent le plus souvent inexpliquées.
Pour ce motif, l'étude détaillée du plus grand nombre possible
de coupes normales aux directions me semble présenter un grand
intérêt et ce n’est qu'en les multipliant que l'on pourra découvrir
les raisons d’être de ces variations.
Tous les géologues qui ont étudié la Bretagne et particulièrement
Tromelin, Lebesconte, MM. Delage, (Ehlert, Barrois, etc.. ont
multiplié ces coupes.
664 L. DAVY 9 Sept.
I° Je vais essayer d'en décrire, avec quelques détails, une de
plus. Je l'ai choisie traversant Châteaubriant suivant le méridien et
presque suivant le chemin
ju & de fer de Nantes à Rennes ;
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7 a % ins SCHISTE D'ANGERS.— La
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a L MODEM Ë â
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QE & = © : EN
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= PIN RME RARE Er z
= SE 4 immédiatement superposé
SLE 2er
= SΗ= du au Grès armoricain, qui
< ca = < qe
> 2 2 occupe la partie centrale
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2 Re et la plus profonde de
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£ er cette tranchée. Le contact
Cie b £ entre les deux terrains
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3 = En JO
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5 EE à & : à
Da EL ,. A village du Grand-Sausay.
sa] & =
Plus a l'Ouest.le schiste,
avec ses fossiles caracté-
ristiques, a été coupé par la route de Châteaubriant à Fercé, entre
les villages de la Thouardière et de la Dumanchère; j'ai trouvé
1. Pour l'intelligence du texte, il est indispensable d’avoir sous les yeux
la Carte géologique n° 91 « Chäteau-Gonthier ».
1908 COUPE DE L ANTICLINAL DE CHATEAUBRIANT 665
en ce point, des nodules avec Calymene Tristani, Illænus, Conu-
laria, Brachiopodes, etc.
Encore plus à l'Ouest, on y a creusé les ardoisières de la Guéri-
vais et l’on vient de faire des recherches d’ardoises, sur ce même
banc, au Sud de Rougé.
A l'Est, on le retrouve à Pouancé, etc.
GRÈS ARMORICAIN, S1P. — Au dessous du schiste, le Grès armori-
cain occupe le point culminant du coteau de Croquefer, on le voit
jusqu'à 400 m. au Nord du pont et 200 m. au Sud du même point,
ce qui, en tenant compte de l’obliquité de la voie par rapport à la
direction des bancs et à l'inclinaison de ceux-ci, lui donne une
épaisseur de 270 m. Dans l’état actuel de la tranchée, on distingue
difficilement le pendage de la roche, il est peu incliné (30° ?). Les
affleurements disparaissent sous un épais manteau d’argiles super-
ficielles, et la nature de la roche resterait inconnue, si elle n'avait
été dévoilée par la tranchée et de nombreuses carrières pour
macadam, ouvertes sur un chemin rural au Sud de la Tinolais. —
(fig. 2). Une coupe normale à la direction des banes et s'étendant
du Nord au Sud, sur 400 m., à partir du puits de la Tinolais, fait
voir: 1° Des grès gris, à grains fins très siliceux, très compacts,
en lits minces, séparés par des filets foncés très voisins les uns des
autres, le tout est un peu micacé, le mica est quelquefois concentré
en petits lits très minces. La masse est traversée par de nom-
breux petits filets de quartz cristallin, blanc, jaune ou brun ;
2° Entre le puits de la Tinolais et les carrières, la masse est formée
de grès en bancs peu épais, brisés en parallélipipèdes, les surfaces
de chaque fragment sont blanc jaunâtre ; mais, si on les brise, on
constate que l’intérieur est coloré en rouge brun foncé et que la
partie blanche superficielle n'a souvent pas plus d'un quart de
millimètre d'épaisseur ; 3° Le grès exploité est à grains plus fins,
véritable quartzite, d'aspect général rosé ; cette couleur est due à
ce que la masse quartzeuse gris très clair est criblée de vacuoles
renfermant une matitre argileuse rose, résidu d'un minéral disparu,
probablement de la pyrite : 4° Entre les bancs de grès se trouvent
des bancs minces de schiste gris-bleu micacé, se clivant difficile-
ment et renfermant encore des feuillets siliceux ; 5° Il y a aussi
des bancs formés d’assises minces de quartz blanc (quartzite
saccharoïde à grains très fins, alternant avec des schistes micacés
gris bleuâtre) ; 6° Dans la carrière située le plus au Sud, la roche
très compacte est gris-bleu très foncé, avec mica blanc ou jaune et
filets de quartz blanc, les feuillets n'ont que 1 à ro millimètres
d'épaisseur.
666 L. DAVY 9 Sept.
Ces roches siliceuses ne ressemblent guère à celles du mème âge
du bord sud de lanticlinal; mais leur âge est nettement indiqué
par les Bilobites nombreux que l’on y rencontre.
Aux environs de la Tinolais, les strates sont presque verticales en
s'appuyant au Sud. — Les affleurements se prolongent à l'Est
jusqu’à la Grande-Haïe et le moulin d’'Ercée en Soudan, etc., mais
ils se suivent diflicilement vers l'Ouest.
SCHISTES POURPRÉS ; SCHISTES VERTS ET ROUGES ; CAMBRIEN $12. —
Dans la tranchée de Croquefer, immédiatement au-dessous des
Grès armoricains, se trouvent les grès et schistes rouges et verts
dont on reconnaît l’analogie avec ceux du bord sud de l’anticlinal ;
mais ici ils sont mal caractérisés et on a de la peine à reconnaître
leur pendage et leur direction; on constate cependant que les
strates sont peu inclinées.
On le voit mieux de part et d'autre du chemin de fer ; à l'Est,
dans une carrière au Sud-Ouest du moulin de Croquefer, à l'Ouest,
entre la ligne et la route de Martigné.
Dans le premier point (direct. O. 100 N., pendage 800 N.), on a
exploité un schiste très gréseux micacé verdâtre ou rosâtre, à
cassures irrégulières, en gros bancs, dont les assises, de plusieurs
mètres d'épaisseur, sont séparées par des grès grossiers ou poudin-
gues à grains fins de quartz hyalin en cristaux émoussés blancs ou
bleuûtres.
Dans le second point, est une carrière abandonnée dont on a
extrait des schistes et des grès pourprés à très gros grains.
Des rochers analogues se retrouvent à l'Est, au Nord de la
Brichetière (fig. 2), à l'Ouest, au Sud des Hautières et dans le
chemin rural qui mène du Grand Rignier à la Guérivais, etc.
Le contact entre les schistes pourprés et le terrain précambrien
est ici, comme je l'ai vu partout, bien diflicile à déterminer.
Ile Si nous nous transportons au Sud de la coupe (fig. 1), nous
allons retrouver, en sens inverse et avec des caractères différents,
dans la tranchée de la ligne de Châteaubriant à Nantes, dite des
Briottais et de la Ferrière, les trois terrains que je viens de signaler.
19
SCHISTE ORDOVICIEN. 82%. — L'Ordovicien recouvre nettement
le Grès armoricain à l'origine sud de la tranchée, et l'on peut suivre
assez facilement le contact sur une grande longueur. Les premières
assises schisteuses sont caractérisées, à l'Est de l'étang de la
Touche, Nord d'Erbray, au moulin Hubert, Sud-Ouest de Saint-
Aubin-des-Châteaux et à Sion, par Didymograptus Murchisoni
Beck en colonies nombreuses.
1908 COUPE DE L'ANTICLINAL DE CHATEAUBRIANT 667
Toute cette région schisteuse contient des nodules avec les fossiles
ordinaires qui caractérisent ce terrain ; c'est dans son prolonge-
ment ouest que se trouvent les localités fossilifères devenues
classiques, de Sion et de la Hunaudière ; on y exploite l’ardoise à
Saint-Vincent des Landes et à Juigné-les-Moutiers. Les strates
plongent au Sud, mais sont très peu inclinées.
GRÈS ARMORICAIN. — Sous le schiste, le Grès armoricain débute
par du minerai de fer que l’on voit dans les roches argileuses super-
ficielles ; la profondeur de l’excavation n'est pas suflisante pour que
l’on sache bien s’il se poursuit en profondeur, mais il est bien là à la
place où on le rencontre ordinairement et ses afileurements se
poursuivent dans la même situation sur une grande longueur vers
l'Est et il a été exploité au Sud de Launay-Pitro, à la Sépellière, à
la Feuvrais (fig. 2), etc.
Le Grès armoricain occupe presque toute la tranchée sur une
longueur de plus d’un kilomètre ; en admettant que son inclinaison
soit uniformément de 35°, l'épaisseur totale serait de 580 m.
La roche est un grès gris à grain fin, divisé en parallélipipèdes
réguliers, séparés par des fissures planes argileuses : les bancs
sont séparés les uns des autres par des strates argileuses d’épais-
seur variable ne dépassant jamais quelques décimètres, ces argiles
sont probablement le produit de l’altération au voisinage de la -
surface des schistes ; la structure feuilletée est souvent conservée.
Vers le milieu de l'épaisseur du grès, on remarque des traces de
passage d’une couche de minerai de fer ; ce minerai, mieux défini
et laissant voir des traces d'exploitation ancienne, se retrouve, à
l'Est, dans une situation analogue au Sud de la forêt de Juigné.
A l'Ouest de la tranchée, une faille reporte brusquement le Grès
armoricain à 500 m. vers le Sud-Ouest.
Cette bande de grès est très fossilifère, c'est sur son prolonge-
ment Ouest que se trouvent les carrières des Ridais, de Saint-Aubin-
des-Châteaux et de Sion, tandis qu'à l'Est se trouvent celles de
Beauchêne, des Touches, etc., avec Dinobolus Brimonti ROUAULT,
Asaphus (Ogygites) armoricanus LrBEscoNtE, de nombreux
Bilobites, des Vexillum, etc.
SCHISTES POURPRÉS ; CAMBRIEN. — Le terrain cambrien se
trouve bien à sa place au-dessous du Grès armoricain, à l'extrémité
Nord de la tranchée, mais la position du plan de séparation, qui
ne se voit d’ailleurs en aucun autre point, reste ici indécise sous des
éboulis de grès; on distingue cependant, de part et d'autre d’un
pont sous lequel passe la voie, des phyllades rouges et jaunes
ferrugineux ; les bancs semblent très plats et plongent au Sud.
668 L. DAVY 9 Sept.
Les affleurements des schistes pourprés disparaissent complè-
tement sous les éboulis des Grès armoricains à l'Ouest de la
tranchée, mais ils sont visibles vers l'Est, et c'est sur eux que sont
ouvertes les principales carrières (dites du Breuil), pour pierres
de constructions de la ville de Châteaubriant, de part et d'autre
de la route de Saint-Julien de Vouvantes (direct. O. 25° N. pendage
15° S.). On y exploite une grosse masse de phyllade superposée à
des poudingues. C'est une roche argileuse massive, non fissile,
divisée par des plans perpendiculaires à la stratification, sa couleur
est rose ou verte, ces deux teintes se fondent l’une dans l’autre sans
règle ; dans certains bancs, c’est le rose qui domine, dans d’autres,
c'est le vert. Les poudingues, de même couleur que les schistes,
ont un aspect tout spécial; c’est encore le schiste dans la pâte
duquel entrent des galets de toutes dimensions, quelquefois fort
éloignés les uns des autres, d’autres fois, se touchant. Les galets
sont en quartz laiteux, cristallin ou non, en grès, en schiste vert
ou rose (Précambrien), etc.
Ce terrain peut avoir 40 m. d'épaisseur. son contact avec le
Précambrien qui le supporte, n’est, à ma connaissance, visible en
aucun point.
Les fossiles sont jusqu'ici inconnus dans les carrières du Breuil.
PRÉCAMBRIEN X : Scuisres DE RENNES. — L'espace de quatre
kilomètres qui, suivant l'axe de la coupe, sépare les deux groupes
de couches du même âge plongeant en sens inverse, dont je viens
de parler, est occupé par le Précambrien.
L'étude de ce terrain est très diflicile parce que : les roches qui
le composent sont peu utilisées ; le sol, très peu mouvementé, est
couvert d’alluvions de divers âges et de végétation ; la voie ferrée
est, le plus souvent sur remblais ; les rares tranchées sont peu
profondes, etc.
Les couches très voisines de la verticale sont, le plus souvent,
de nature très variable tant en direction que normalement à celle-ei.
X
À propos de la description de la coupe de la tranchée de
Rhétiers, Lebesconte' a divisé le Précambrien en trois groupes
de couches; j'ai vainement cherché à retrouver ces divisions à
Châteaubriant; l'absence complète de fossiles et d’horizons
continus bien distincts rend cette division difficile.
Je vais me borner à énumérer et à décrire, en allant du Nord au
Sud, les principaux affleurements que j'ai pu reconnaître.
1. LEBESCONTE. Sur la classification des assises siluriennes de l'Ille-et-
Vilaine et des départements voisins. B. S. G. F., (3), X, 1881, p. 55.
silice ttes te à
Lit te en tu ut à
1908 COUPE DE L’ANTICLINAL DE CHATEAUBRIANT 669
De la Courjonnais au Grand-Régnier en passant par la Buf}ais.—
Le contact avec le Cambrien n'est pas visible, les premières roches
que l’on rencontre, sinon en place, au moins en abondance près la
surface du sol, sont des poudingues ressemblant à tous ceux que
nous verrons plus loin dans le Précambrien.
Dans la tranchée de la Buffais, ce sont des schistes verts, rouges
et bleus. Dans le prolongement Est de cette tranchée, on trouve,
au Nord de la Buffais, dans une vieille carrière, des grès sombres
à mica blanc traversés par de nombreuses veines de quartz et
des cristaux de pyrite: ces roches gréseuses se poursuivent de ce côté
au Sud de la Brichetière (fig. 2), où l’on voit une longue carrière
dans un grès analogue un peu rosé. Plus à l'Est encore, près la
Courjonnais, j'ai vu des grès de même nature intercalés au milieu
des schistes lustrés. Les strates de tous ces affleurements sont
verticales.
À l'Ouest de la coupe, on trouve, à la Basse-Laye, des grès ; à la
Haute-Laye, dans un puits profond, des schistes compacts non
fissiles ; à la Chevalerie, du grès et des schistes analogues.
Il y a, de ce côté, de beaux affleurements, entre la Galissonnière et
le Grand-Régnier, qui permettent de reconnaître la nature de la
roche sur une grande largeur (200 m.) ; ce sont des schistes gris,
bleu foncé ou vert, très siliceux, parcourus par des filonnets de
quartz blanc; vers le Nord, on voit des grès très minces, en couches
formant promontoire par rapport à la plaine ; au Sud, elles sont
beaucoup moins inclinées, plongeant au Nord de 15° à 20° seule-
ment, un peu plus à l'Ouest elles redeviennent verticales.
A la hauteur du Bois-Robert et de la Jarretière. — Entre la
Jarretière et l'étang de Deil, sur le flanc du coteau qui regarde le
Sud, on voit des bancs verticaux très minces, de grès grossier un
peu feldspathique avec cubes de pyrite, de schiste, de quartz,
d'argile, etc., de très grande variété.
Entre la Baguais et la Borderie. Ouest de la coupe (fig. 1). —
Voici une coupe prise du Nord au Sud, dans le sol du chemin
creux, allant de la Baguais à la Borderie sur une longueur d'environ
350 m. :
Grès fins traversés par des filons de quartz parallèles aux strates et
de o à o m. 20 d'épaisseur.
Autre grès foncé zoné, à grains moyens.
Schiste compact, un peu feuilleté.
Banc de grès rouge feuilleté.
Bancs gréso-schisteux, à mica blanc.
Bancs verts blanchâtres et pourprés, durs, compacts, irréguliers.Grès
zoné.
630 L. DANVY | 9 Sept.
Toutes ces roches sont verticales et n’ont qu'un caractère com-
mun, elles contiennent toutes des cristaux de pyrite et des filonnets
quartzeux ; on n'y voit pas de poudingue et cependant dans leur
prolongement Ouest, à 200 m., sur la route de Fercé, le poudingue
est bien caractérisé.
Sur le prolongement Est de ces couches, avant d'atteindre à la
chaussée de l'étang de Deil, on a ouvert trois petites carrières
dont on extrait des schistes bleu-verdâtre grossièrement fissiles.
Des schistes gris clair massifs un peu rosés. Des grès gris-verdâtre
à grains distincts de quartz hyalin dominant et de grains noirs
traversés par des filons de quartz blanc, Les bancs sont verticaux
et, d’après leur direction. ils devraient passer par la tranchée de la
Muloche (fig. x).
Les parois de cette tranchée sont aujourd'hui tellement masquées
par les éboulis et la végétation qu'il est bien diflicile de préciser
l'épaisseur des bancs, leur pendage et leur épaisseur.
Au Nord du pont, on ne peut que constater, au milieu d'une masse
argileuse, des affleurements d'un poudingue mal caractérisé, formé
de noyaux de grès réunis par une masse de même composition et
de même couleur, de bancs de grès et de schistes ; le grès domine.
Au Sud du pont, c'est un puissant massif (environ 100 m.) de
phyllades non fissiles en gros bancs, tantôt rouge, tantôt Jaune,
presque verticaux (709$.). On voit ensuite des grès argileux jaunes
très tendres, encore des schistes, puis l'argile superficielle
envahit et cache tout.
A moins de 100 m. à l'Est de la tranchée de la Muloche, au
point le plus élevé du coteau, on a ouvert une carrière sur un
banc de poudingue, d’une puissance indéterminée, mais qui ne
saurait être inférieure à 6 m. Les bancs sont nettement séparés les
uns des autres et leur direction indique qu'ils devraient traverser
la tranchée dans sa partie méridionale et cependant je n'ai
trouvé aucune trace de-ce passage. Ceci me semble prouver
l'irrégularité grande de ces bancs de poudingue au milieu du
Précambrien. La grande masse que l’on voit à 5 km. à l'Ouest
près la ferme de l’Ecluse, celle qui existe au Perray, ete., sont tout
aussi difficiles à suivre en direction. Les poudingues diffèrent
beaucoup de ceux du Cambrien, ce sont des galets bien arrondis de
quartz blanc, réunis par un ciment de grès argileux très dur, gris
clair, les masses diffèrent les unes des autres par les dimensions
des galets.
Les roches de la tranchée de la Muloche se retrouvent plus
l'Est à la Cochonnais, au Pas-Bernier, etc.
LE
PA
nine
st. d'la ohaien… 4.
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als
I 908 COUPE DE L'ANTICLINAL DE CHATEAUBRIANT (Ou
Rive droite de la Chère à Châteaubriant. — Une roche spéciale
forme le sous-sol du coteau dit de la Torche, qui domine la rive
droite de la Chère à Châteaubriant, ainsi que la colline sur laquelle
est bâti le bourg de Béré.
L'espace qu’elle occupe, a une largeur d'environ 300 m. et une
longueur de plus de 2 kilomètres.
On la voit dans toutes les excavations, dans tous les puits et
particulièrement dans le chemin qui mène de la route de Martigné
au passage à niveau de la Maison-Brülée, etc.
C’est un grès argilo-schisteux gris-jaunâtre tendre, on y trouve
quelques lames de mica ; la roche semble profondément altérée,
salpêtrée, dans quelques bancs les grains sont très grossiers et
discernables à l'œil nu, dans d’autres, on distingue les fines assises
parallèles par leur couleur, qui passe du vert clair au jaune ; dans
les excavations un peu profondes, la roche devient plus dure et de
couleur plus foncée, Les bancs sont en général fort minces, et leur
composition, comme leur faciès, changent à chaque instant.
Leur pendage est aussi très variable, le plus souvent il est
vertical, mais, en certains points, l’inclinaison n’est que de 45°
à Go°, tantôt Nord, tantôt Sud.
Cette roche, qui me semble indiquer un horizon remarquable,
disparaît un moment sous les sables tertiaires de Chécheux; à
l'Ouest, on la retrouve quelquefois au milieu des schistes et je l'ai
revue avec une certaine épaisseur au Moulin-Neuf, à 2500 m. de
Châteaubriant, au Sud de l'horizon indiqué par la direction géné-
rale.
À travers la ville de Châteaubriant, de la Chère au Rollard. —
À travers la ville de Châteaubriant, du Nord au Sud, le sol a été
recoupé par les douves du vieux château et les travaux d’installa-
ton de la gare ; voici l’'énumération des couches qui sont, ou ont
été visibles.
À 50 m. au Sud de la rivière la Chère, la première roche que l’on
trouve entamée par les douves du vieux château est un schiste
zoné gris clair, peu, ou pas fissile, de composition très variable, il
renferme de petits bancs ou feuillets plus clairs, gréseux, avec filets
quartzeux et traces de pyrite (épais. 15 m., incl. 5093 ; direct. O.
1O°N.).
Puis vient un grès rouge à structure lâche, rubannée, en petits
bancs de quelques centimètres (20 au maximum), ressemblant à
quelques assises de l’extrème Nord de la coupe.
Il est surmonté par une roche analogue, mais de couleur beau-
672 L. DAVY 9 Sept.
coup plus claire, formée de feuillets minces très distincts. L’en-
semble de ces grès a 4 m. 50.
Viennent ensuite : des schistes gréseux gris-bleu très clair, très
contournés, en feuillets minces irréguliers; les bancs de schiste
sont quelquefois séparés par des feuillets gréseux, on y voit des
traces de pyrite. L'ensemble de ces schistes peut avoir 16 m.
Un banc épais de grès très siliceux, dur, gris et rose (2 m.) sur-
monté de schistes bleu très foncé avec pyrite (4 m.).
Un grès rouge, lâche, altéré, vertical, analogue à celui cité plus
haut (2 m.).
Un schiste argileux en petits bancs couleur ardoise claire (3 m.).
Un grès grossier intercalé dans du schiste à pendage presque
vertical, un peu Sud, avec de petits bancs schisteux très minces
interstratifiés (2 m.).
Des grès schisteux de 4 m. d'épaisseur à pendage Sud.
Puis vient un banc puissant (peut-être 25 m.) d’un schiste gris
verdâtre, compact, en esquilles à pendage Sud, avec traces de pyrite.
Promenade des Terrasses
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Fig. 3. — Coupe: Fossé Est pu VIEUX CHATEAU DE CHATEAUBRIANT
La roche cesse ici d’être visible et ne reparaît qu'à quelques
mètres plus loin sur la surface arasée de la place des Terrasses où
l'usure du sol la fait voir horizontalement, surtout après une pluie
abondante, sur 8o m. de largeur. C’est un assemblage irrégulier
d'un grès gris clair, zoné, moucheté de fines ponctuations de
pyrite et d'un schiste gréseux compact, peu fissile, de couleur
ardoisée; cassures, rejets, plissements se multiplient si bien qu'une
même assise ne peut pas se suivre pendant plusieurs mètres (bancs
verticaux, direct. O. ro°N.). Cette coupe donne une idée de la
difficulté que l’on a à suivre en direction un banc quelconque dans
un terrain aussi tourmenté.
Pendant 200 m. encore, les roches cessent d’être visibles, mais
small
1908 COUPE DE L'ANTICLINAL DE CHATEAUBRIANT 673
on les retrouve rue d’'Erbray, sur le flanc du coteau coupé vers
l'Est, pour faire l'emplacement de la gare, sur une longueur de
330 m. ; la section est continue, sauf l’échancrure de la station du
tramway formée par l'axe d’une petite vallée creusée en direction.
La tranchée n'est pas assez récente pour que je puisse donner le
détail des couches. On y remarque cependant, en allant du Nord
au Sud :
Des schistes massifs gris jaunâtre, très altérés, zonés de petits
feuillets gréseux (incl. 70°N.). Ces schistes passent à un grès de
même couleur et même structure. Puis, viennent des schistes com-
pacts en bancs épais et encore du grès avec des mouchetures de
rouille. Le schiste domine et se trouve en bancs relativement puis-
sants, les grès sont en couches plus minces, la variété d'aspect est
très grande, il n’y a pas deux assises identiques.
Les roches que l'on trouve au-delà de la station du tramway ont
beaucoup d’analogie avec les précédentes, maïs leur pendage est en
sens inverse, voisin de la verticale.
Plus au Sud, on arrive à la vallée du Rollard, petit ruisseau
affluent de la Chère qui prend sa source à { km. à l'Est et qui
occupe le thalweg d’une petite vallée sensiblement parallele à la
direction des couches ; ici, tout affleurement de quelque continuité
disparaît, ce n’est plus qu'accidentellement, en quelques points
isolés. que l’on peut retrouver des roches analogues à toutes celles
que l’on voit des deux côtés de la route de Saint-Julien, avant la
Fayère, à très petite distance des poudingues du Cambrien. Le
contact entre les deux terrains reste, comme je l'ai dit, constam-
ment invisible.
En résumé, nous venons de voir que l’anticlinal de Châteaubriant
a ses deux flancs composés de trois mêmes terrains parallèles et
probablement concordants, inclinés en sens inverse, mais présen-
tant de notables différences comme composition des roches,
épaisseur des bancs, etc. Ils sont séparés par le Précambrien
composé de roches d'aspect tout spécial en complète discordance
de stratification.
En d’autres points de la Bretagne, toute la série a été signalée
comme concordante,
COUPE PARALLÈLE A LA PREMIÈRE, À 1900 MÈTRES À L'Esr. —
Une coupe parallèle à celle que je viens de décrire, mais située’ à
1500 m. à l'Est, est sensiblement semblable à celle-ci à ses deux
extrémités et à sa partie centrale, mais elle en diffère beaucoup dans
toute la partie comprise entre la Chère et le Rollard, comme je vais
le faire voir.
10 Janvier 1910. — T. VIII. Bull, Soc. géol Fr — 43.
674 L. DAVY 9 Sept.
Ici, les Schistes de Rennes sont recouverts par les schistes rouges
et le Grès armoricain.
Grès armoricain. — Le Grès armoricain occupe le sommet du
plateau sensiblement horizontal, sur une largeur d'environ 1 km.,
de part et d'autre des fermes des Cohardières au Nord et de la
Gohorais au Sud. L'épaisseur du terrain vers son centre ne saurait
être inférieure à 25 m. Les strates sont sensiblement horizontales
au centre, mais peut-être un peu relevées au Sud et au Nord; elles
sont brisées par de nombreux accidents, comme le fait voir la
figure 4.
Ces grès sont activement exploités pour l'entretien des routes ;
il existe une vieille carrière au Sud près des Fougerais, une autre
Ve LR Argile ef grès
SRE SES =
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ACER RES EP 2 LEP TIOTEe
F1G. 4. — TypES D'ACCIDENTS DANS LES GRÈS ARMORICAINS
au Nord aux Cohardières, mais la principale, celle dite du Prince,
est au centre. Cette carrière du Prince est célèbre par les fossiles
qu’on y a depuis de longues années recueillis et qui se trouvent
dans tous les musées, ce sont des Bilobites (Cruziana) des
Vexillum, des Tigillites (Scolithus). |
Les Bilobites, dont la nature reste problématique, se trouvent
ordinairement sur la surface inférieure des bancs de grès, mais
on en voit aussi dans la masse même, normalement à la stratifica-
tion. Les bancs de grès ont une épaisseur de 60 cm., ils sont
séparés par des lits argileux et schisteux qui représentent enviren
le cinquième de la masse totale (fig. 4). Le grès est d’une régula-
rité de composition remarquable, il est gris clair et exclusivement
composé de grains de quartz réunis par un ciment siliceux ; dans
les cassures parallèles à la stratification, on voit des paillettes de
mica blanc. Les bancs se divisent en parallélipipèdes irréguliers
dont les surfaces planes sont toujours de couleur plus claire que
celles de la tranchée des Briotais, mais ils différent de ceux de
Croquefer et surtout de ceux de la Tinolais.
« Part à fé
Si: & 2
1908 COUPE DE L’ANTICLINAL DE CHATEAUBRIANT 675
Aucune des carrières n’est assez profonde pour atteindre le
contact avec le terrain cambrien sous-jacent.
Cambrien ; flanc nord du plateau. — Les roches que recouvre
le Grès armoricain sont invisibles tout auprès de Châteaubriant,
où elles sont cachées par les éboulis des grès, dans des argiles
superficielles et aussi sous les sables rouges pliocènes.
Sur le versant nord du plateau, il faut aller jusqu’à la ferme du
Bois de Sion, à plus de 2 km. de la ville pour commencer à les
apercevoir. Là, dans une petite carrière aujourd’hui presque
entièrement recomblée, on voyait les schistes et poudingues
pourprés bien nettement caractérisés, en bancs épais (pâte de
schiste rouge et vert contenant des galets petits et rares de quartz
coloré en rouge à la surface et de grès quartzite rosé, ou de grès
vert à gros grain; les galets sont au maximum de la taille d’un
œuf de poule) ; le poudingue domine.
Ces roches sont visibles jusqu’à 200 m. du Grès armoricain, et à
la même distance au Nord, sur la route de Segré, on voit un afileu-
rement de grès argileux précambrien semblable à celui du fau-
bourg de la Torche. Ces constatations apprennent qu’en ce point,
entre les schistes pourprés et le grès, il n’y a pas de place pour un
autre terrain et qu'il en est de même entre eux et le Précambrien.
A 300 m. à l’Est, entre le Jarrier-aux-Moines et le Grès armori-
cain, dans un petit vallon de direction normale à celle des couches,
on ne retrouve plus le poudingue, mais bien le schiste rouge et
vert en bancs puissants et on le suit à l'Est jusqu'’au-delà du
chemin qui monte des Chaussées au sommet de la colline. Dans ce
dernier chemin, au moment où l'on cesse de s'élever, existe une
carrière dans un schiste bleu verdâtre très clair, quelquefois rose,
en bancs puissants, dans lequel on trouve des Lingules.
Ce schiste à Lingules devient de plus en plus épais à mesure que
l’on marche à l'Est (carrière du Margat, le Bois-Gerbaud, etc.).
. La Lingule des Chaussées et du Margat ressemble beaucoup à la
Lingula Lesueuri RouAuLT représentée par Guillier’ ; d’après
Lebesconte, ce fossile appartient au Grès armoricain. Les rares
échantillons que j'ai pu recueillir me semblent par trop mauvais
pour que l’on puisse les spécifier avec quelque certitude. Quoiqu'il
en soit, il semble probable que les couches de schistes à Lingules
qui prennent naissance au-dessous des grès, au Sud des Chaussées,
s’épaississent de plus en plus vers l'Est.
1, GUILLIER. B.S.G.F., (3), IX, pl. vir.
676 L. DANVY 9 Sept.
Toutes les assises cambriennes que je viens de citer sont voisines
de l'horizontale, mais il est difficile de préciser leur pendage
car il est variable d'un point quelconque au voisin.
Cambrien; flanc sud du plateau. — Au Sud du plateau recouvert
par le Grès armoricain de la carrière du Prince, sur le versant
Nord de la vallée du Rollard, existe une série de carrières sensi-
blement dans le prolongement les unes des autres.Ce sont, en allant
de l'Ouest vers l'Est :
L'ancienne carrière du Bois-de-Renac, creusée dans des schistes
compacts verdâtres, en bancs puissants, qui ne sont colorés en
rouge qu’au voisinage du sol (pendage 30° à 4o0 N.).
A 800 m. plus loin, au Nord de l'avenue des Fougerais, une
carrière abandonnée a exploité,'sur une longueur de 300 m., des
poudingues analogues à ceux du Breuil et du Bois-de-Sion. La pâte
abondante est un schiste gris vert et rose contenant de rares petits
galets de quartz blanc, quelquefois traversé par des filons siliceux.
Les bancs sont bien distincts, ils ont de 2 à 5 m. d'épaisseur.
Ces poudingues sont recouverts par des schistes verts et rouges,
c’est bien le terrain cambrien (pendage 45° N.) et on peut le suivre
presque sans interruption sur une longueur de 900 m. jusqu'au-delà
des Hauts-Fougerais ; le poudingue disparaît de ce côté, il est
remplacé par des schistes massifs analogues à ceux du Bois-de-
Renac.
Encore plus à l'Est, les schistes pourprés se revoient au Sud du
Drouillais et ce point, à proximité de l’origine du Rollard, semble
aussi dans le prolongement des roches cambriennes du Breuil; ce
serait donc le fond du petit golfe précambrien tout entier occupé
par le Rollard, De mauvais affleurements vus en plusieurs points
de la vallée me font en effet penser que son thalweg est tout entier
dans la roche ancienne.
Le Grès armoricain se trouve partout à proximité des afileure-
ments cambriens : il les touche absolument aux Grands-Fougerais,
il n'y a place pour aucun autre terrain entre eux.
On peut constater que les bancs de Grès armoricain sont horizon-
taux tandis que ceux qu'ils coavrent immédiatement plongent
toujours au Nord en faisant un angle très variable, de o à 35° et
même 45° ; il semble donc qu’il y a ici discordance entre le
Cambrien et le Silurien.
Ici, comme partout ailleurs, je n’ai pas vu le contact,
On peut constater aussi une notable différence de faciès entre
les roches qui se trouvent de part et d'autre du plateau du Prince.
DU ET EE
SR D
PRE
1908 COUPE DE L'ANTICLINAL DE CHATEAUBRIANT 697
Je crois avoir bien fait comprendre que le Grès armoricain et le
Cambrien qui l'entourent forment un ilot reposant sur les schistes
de Rennes et respecté par l’érosion. Plusieurs îlots analogues
se trouvent plus à l’Est entre Châteaubriant et Pouancé.
A l’époque tertiaire, la grande vallée de la Chère a été comblée
par de puissants dépôts dont il ne reste plus que des traces sous
forme de sables rouges pliocènes, le plus souvent en placages
abrités sur le flanc des coteaux anciens ; leur épaisseur peut
atteindre 15 et 20 m. Les figures 1 et 2 font voir ces sables.
On voit donc combien est compliquée la géologie d’un petit
coin de la Bretagne, pris au hasard, et cependant j'ai été forcé de
supprimer beaucoup de détails. Des coupes parallèles faites à
courte distance, dans toutes les directions, donneraient des résul-
tats différents, il n'y en aurait pas deux semblables.
En terminant cette séance de clôture, M. Œhlert émet le vœu
que la prochaine réunion aït lieu dans le Maine, de façon à y
continuer el compléter l'étude des terrains paléozoïques que MM.
Ed. et L. Bureau ont explorés avec tant de sagacité et de succès
dans la vallée de la Basse-Loire.
M. O. Couffon prend la parole au nom des membres de la
Société qui ont assisté à cette très intéressante réunion; il remercie
MM. Édouard et Louis Bureau, Davy et Dumas, d'avoir si habile-
ment dirigé les courses géologiques ; MM. Ferronnière et J. Péneau,
Secrétaires, et surtout M. René Langlassé, Trésorier, qui ont
contribué par leur zèle au succès de l’Excursion.
Le Président déclare close la Réunion extraordinaire de 1908.
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TABLE GÉNÉRALE DES MATIÈRES
Liste des Figures et des Cartes dans le texte et hors texte (Planches)
Pages
Liste des anciens présidents de la Société géologique de France. . . v
Pistendestlauréatsdu/ereWViquesnel PMP RER Po VI
Pisterdestlaureatstdu Prix Eontannes Or PE 0 - VI
Lauréats du Prix Prestwich . . . . PAR ONE 1e dat NUE SM RENE VI
Bureau et Conseil de la Société pour ie UE OU CRE EL à CNT EN RE
Composition des Commissions pour 1908. . . . . . . . . . . VII
MemhresAEDEnDÉLUITE M ES AE IT REP EE ET RES IX
Membre donateur . . AE Peer oeil DER be
Liste générale alphabétique des Meniree de la Site DÉPENS x
Liste des Membres de la Société distribués géographiquement. . xxx
Membreside/lañSocrétémdécédéstentoo en EE EXT
ErnixéetthondationsidelaiSoCIé té ME EE NE ELITE
Séance du 6 Janvier 1908 :
Proclamation de nouveaux membres : MM. le Dr PocraA et E. CoquiIDpÉ. 1
Election des membres du Bureau et du Conseil pour 1908. . . . . I
Séance du 20 Janvier 1908 :
L. CAYEUX. — Allocution. . . s RL RMAREMEE I RSR 2
Henri Douvri.Lé. — Allocution pr Éidenticle GE à Sas os UN 3
Proclamation de nouveaux membres : MM. G. LECOINTRE, A. LANQUINE,
ER GATRD ERA EN RAI EATEPRONNN ARES PRO ER ENT ARLEE ER RREPER er RERO EN RENE An Er
Ph. THomas, Dom Aurélien VaLerre, Louis GENTIz, O. COUFFON,
Fr. ARNAUD, Gal Jouxpy. — Présentations conte DORE 50
J. CoTTREAU. — Sur un Echinide découvert dans les calcaires if ee
mes de Montpellier-le-Vieux (Aveyron) . . AR 6
G.-B.-M. FLAMAND. — Rép. aux observations de M. E. _F. Car SUN 6
L. GENTIL et A. BoisTEL. — Sur des Eu Re de la côte occi-
dentale du Maroc. 7
L. GENTIL. — Principaux Fonitits éne mission au Maroc Co 8
Robert DouvizLé. — Position stratigraphique des et à Lépido-
cyclines dans le Miocène de Provence. . . 10
E. Cazror. — Nouveau gisement pleistocène les sur la rive rate
duMVaAr pres de SON EMbONCRUTE SEE OR RENE EE Cr 12
Big wPaludestRinainnreLonNis NES D AMENER NET UNE 13
H. Douvizzé. — A propos de Xerunia. . . © 14
P1. I. — Fig. r a, 1 b. Cyclactinia sp. avec From varians
qui l’habite.
-— Fig. 2 a, 2 b. Cyclactinia sp.
H. Douvizré. — Dre des environs de Tolède . . . he 17
Ch. DEPÉRET. — Sur les bassins Lertiaires de la Meseta neo PE 18
Général Jourpy. — Note sur les études géologiques des officiers dans
JESULOTANALS. EN (AR NNE PAM DACE PER AU ARE RE MEN PE 2 TOO
680 TABLE GÉNÉRALE DES MATIÈRES
Pages
H. Douvizrt, G.-B.-M. FLAMAND. — Observations. . . AN 0202-29
W. KrzraAN. — Sur la presence de Spiticeras dans la zone à eee
Boissieri (Valanginien inf.) du Sud-Est de la France . . . . . . 25
A. Toucas. — Sur le Tithonique supérieur et le Berriasien . . . . 25
WAKILTAN, A Toucas —=#Observations PR 27
Séance du 3 Février 1908 :
Proclamation de nouveaux membres : MM. Maurice MoriIN, MAURY,
Huor, André-Gervais d'ALDIN. . . 4 ra 28
Albert de LAPPARENT, général JourDY, Ch. Ponte, J. BoussAc, Ph. lon
GEAUD. — Présentations d'ouvrages. . +. . 20,20)
J. DEPRAT. — Observations sur la note de M. our : « l'Alta Mon-
tagna in Corsica» . . 29
Louis GENTIL. — Con Soon du Djebel- Se (Anti- 2AtIeS
marocain A 29
Louis GENTIL. — L” Cane de tentes fertiles 15 Marce Case : 31
Ch. Barrots. — Sur des galets de roches clastiques trouvés dans le
charbon du Nord de la France . . . ss 33
P. Lemoine et J. CHAUTARD. — Sur le none de laiér oran NÉE 35
Abbé BouRGEAT. — Sur trois niveaux à Bryozoaires dans la région de
JR SeRRE (UE) EE : pars À ; 38
L. JocrAUD. — L’Aquitanien dans le aucunes de Cia et 1 Poher
du-Rhône: 2 . 200% 12 SOON SP EN EN OR TT
Séance du 17 Février 1908 :
Proclamation d’un nouveau membre : M.F. FAVRE. . . 43
Pierre TERMIER. — Sur l’existence d’un petit massif D rettique dans le
vallon de Vaudaine, au Sud du pic de Belledonne. . . 43
L. GENTIL et FREYDENBERG. — Contribution à l'étude des ee de
lines du Centre africain . . J ASH: 44
G. GOURGUECHON. — Sur Pets tectonique des contaole anor - =
maux du djebel Ouenza (Algérie) . . RO: 46
Fig. 1. Schéma directeur du plissement da Ponena pat nor
périphérique: ns alert ent SAME MEN TE ENE 47
His Réalisation du plisSemente REC REP RTRE 47
Séance du 2 Mars 1908 :
IH. Joy, P. Comes fils, Louis GENTIL. — Présentations d'ouvrages. . 54
J. GoLriER. — Recherche de paramètres qui caractérisent les types
classiques de roches éruptives . . . : 55
L. GEnriL. — Contribution à l'Étude nn du Maroc occi-
dental ii 0 on M dures D à UNE A AR IN PC NS PR GE
A. de GROSSOUVRE. — Sur les sables granitiques des environs de
Rouen, 7 TS PR ET TES M
G. DoLrsFus. — Obeenatons SAR Ste aies 67
G. B. M. FLAMAND. — Sur les grès dits à Dee et à Dhecnides du
Tadmayt (Sahara) . . y AU M UE 68
Id. — Note préliminaire sur le Dre (de. ni région de Saïda
Genet d'Oran) Ah DC: VIGITE 70
J. BLaAyAG. — Note sur l'existence de aan récifales! à la base du
Barrémien inférieur au dj. Taya et au dj. Debar, près Guelma 73
Fig. 1, 2,3. — Coupes des Dj. Taya et Debar , . . . 75
LU . . d
mn mA
FIGURES, CARTES ET PLANCHES
681
Pages
Séance du 16 Mars 1908 :
Proclamation de nouveaux membres : M. P. H. Frrrez, le LABORATOIRE
DE GÉOLOGIE DE L'UNIVERSITÉ DE LIÉGE 78
CARL RENZ. — Existence du Lias et du Dogger Jane l'ile de déniaiene 78
R. ZeiLcer. — Sur un tronc de Cycadeoidea de l’Infracrétacé américain 78
A. Toucas. — Classification et évolution de Radiolitidés (Sauvagesia et
Biradiolites) AA AE Et a EE CR A OS AO)
Edouard HarLé. — Faune quaternaire de Saint-Sébastien (Espagne) . 82
Général Jourpy. — Note sur la découverte. par le capitaine Maury, de
la Houille dans l'extrême Sud-Oranais 83
Henri DouviLzzé. — Observations 84
Jean Boussac. — La Transgression du Linden dans Le ei de Par 85
G. Dozzrus, Léon JANET, H. Douvizzé. — Observations. 86-87
Robert DouviLzé. — Observations sur les Faunes à Horaminifenes du
sommet du Nummulitique italien ! 88
Fig. 1-2. Lepidocyclina præmarginata n. Eh 91
É L. Marginata Micur : D AR ARE TS RUE à 91
4. a. Lepidocyclina præmarginata n. ee. — b. L. marginala
Micuar. — c. L. Cottreaui 92
5 Lepidocyclina subdilatata n.sp. 92
6. Lepidocyclina dilatata Micur. . 92
7-8. Lep. subdilatata n. sp. 03
9-10. Nummulites vascus. : 9
P1. II — Fig. 1. Nummiulites Hasena Tant Monte Bereo
(Vienne).
2. N. Rosai Tezr. Belforte (Piémont).
3. — Cassinelle (Casa Vallerano) (Piémont).
4. — Priabona (Vicentin).
5. N. miocontortus Tezr. Monte Berico (Vicence).
6. N. contortus DEsHAYEs. Faudon (Alpes-Maritimes).
37. N. miocontortus TEeLz. Brendola (Colli Berici).
L. Morezzer. — Deux Algues siphonées verticillées du Thanétien de
Boncourt (Oise) . . ë 96
Fig. 1. Larvaria craniphora Mun. or 96
2. Belzungia Borneti MORELLET 98
Séance du 6 Avril 1908 :
Proclamation de nouveaux membres : MM. G. NeGre, Arnold HEiM,
Et. PEROUx, FERRONNIÈRE . à ee 0 nd EN TOO
PAcHUNDAKI, L. GENTIL, J. Boussac, de nm, — Présentations
d'ouvrages . $ 100
Jean Boussac. — Valeur Sin Mantoue de Nan nulites vraies Te, 101
Pierre TermiEr. — Notes de tectonique tunisienne et constantinoise . 102
Fig. 1. — Coupe de la cuvette on de l’'Henchir-Mezid, près
Bizerte. ; 103
2. Deux coupes à (ravers fr mine du dj. Rosclene, 104
3. Coupes à travers l’anticlinalde Trias de l’'Henchir Djegaga. 106
4. Coupes à travers le dj. Sidi-Ahmed . : DITI0S
5. Coupe schématique à travers l'extrémité du djebel Ressas D ETIO
6. Coupe schématique à travers les deux dômes du Slata 112
7. Trois coupes à travers le dj. Chambi 11/4
682 TABLE GÉNÉRALE DES MATIÈRES
Pages
8. Coupes schématiques à travers le bord Est et le bord Nord
du dôme triasique de Clairfontaine . . . . . . . . . 116
9. Coupe à travers le djebel Ouenza. . . M le 0e TES
J. BLAYAC, PERVINQUIÈRE, L. BERTRAND. — Obser boue NU LOT9J-104
Paul Comes. — Sur l’âge de quelques gisements de l’Orléanais . . 125
Fig. 1. Coupe de la carrière Faucheux à Baigneaux. . . . TOO
2. Coupe de l'ancienne carrière Piot, à Lameau . . 127
Jourpy. — Note sur les Argiles et Sables éruptifs des diaclases Fe
Crdic aux enYirOns de OUEN: LE 0 2 ue le MOUSE CUS EUR NI
Fig. 1. Carrière Viard, à Celloville. . . . y ARE Ro 5 0)
. Schémas montrant l’origine des sables éruptifs nt Ær eue 130
. Schéma du remplissage des poches de bas en haut . . . 133
Horse — Observations. . . : DETAO
A. DE GROSSOUVRE. — Sur les Sables gr Hndres da Face de Pare 190
Léon BERTRAND. — Sur l’extension originelle probable des nappes de
charriage alpines dans les Alpes-Maritimes. . . 136
Fig. r. Carte de l'extension des nappes de charriage Dar . Les
Alpes-Maritimes t/4(50:000 NEO NP T2
E. HauG. — Observations. . . ET LT STRS
Henri Jourpy. — Observations de l Fabemes Sud To DT 1
Mstr Carte du Massiyidu/Déhar 12000 000 RP RE ET D
2. Coupe à El-Mekmen . . . te M EN SORT CUS
3. Coupe de la Gara Marrenpe el Outans RS AP RS LUE if)
HACoupeldu GoutrelLilatdelli Ouest ta ES RON CRT ETS
5. Coupe du Guelb Loughraa. . . 5 PRE PE TES
6. Coupe du Sanghar vers Guelb-es- Papa LE Ge ele)
7. Coupe du Talebia (Profil du Djebel Talebia) . . . + ot ATAO
8. Coupe du Talebia {Versant Nord-Est) . . . 0
Henri Douvirr.é. — Le Jurassique de l’'Extrême-Sud tunisien. DRE nt UD)
BERVINQUIRRE- = \ODSEr VALIONS TRS
Séance générale anauelle du 87 Avril 1908 :
Proclamation d’un nouveau membre : M. AUBRUN. . . . . - . . 155
L. CAyEux. — Allocution . . . SM ET D
M. Bouze. — Rapport sur l'attribution du Pis Viquesnele DURS hi
Pierre TERMIER. — Eloge de Marcel Bertrand. . . . . . . . . 163
Liste des publications de Marcel BERTRAND . . PRO UE LCR
Jules Wezscx. — Notice nécrologique sur Charles Cr RAR EE
RoBerT Douvizré. — Notice nécrologique sur Mayer-Eymar . . . 209
A. DELAGE. — Notice nécrologique sur Paul-Gervais de Rouville, . . 211
Liste des publications de P. de ROUVILLE . . + NOM TO
A. DE GROSSOUVRE. — Notice nécrologique sur H. en, . ARTE
Bibliographie des travaux scientifiques de H. ARNAUD. . . . . . 232
J. LAMBERT. — Notice nécrologique sur.le colonel Savin . . 233
Jean Boussac. — Note sur la succession des faunes numulitiques
AMBTATEIZ ; : 237
G. B. M. FLAMAND.— Note eee sar le Denon contes
(triasiques et infrajurassiques) du Sud-Oranais (Algérie et terri-
toires du Sud). . . 256
Ib. — Sur l’existence de la Hole Éané le Dés de l'oued Guir (Sud-
Oranaïis).0e MN 2 CUVE MEUNIER DPENNRNT ONE RME
AE TS
nn
FIGURES, CARTES ET PLANCHES 683
Pages
J. DEePRAT. — Observations sur une note de M. Millosevich, à propos
dutbasalterde Montresta(Sardaisne) "RP 560
Séance du 4 Mai 1908 :
Armand THEVENIN. — Remerciements . . . 2 2.
Paul Comes fils, Ph. GLANGEAUD, G.-F. Dozcrus, F. incbren in DEPRAT,
A. MARTEL. — Présentations d'ouvrages . . HMOUOMMOGT-262
Ph. GLANGEAUD. — Les éruptions volcaniques de ja rimes, JA 262
Pierre TERMIER. — Sur un gisement d’alunite au contact de RH 0:
lites anciens près de Réalmont (Tarn) . . . Pr NEO
Fig. 1. Coupe du gite du vallon du Siex, près Réalmont nn R EN D (0)
Séance du 18 Mai 1908 :
Nécrologie. — Albert DE LAPPARENT, , . MR R ANr PRe 200
Proclamation d’un nouveau membre : M. Cons Ne SE 200
L. PERVINQUIÈRE. — Présentation d'ouvrage . . 266
Henri DouviLLé. — Sur quelques gisements à Nr alites de l'Est
de l'Europe. . . ere 200
[p.— Rectifications à la oncle de moe None D 207
In /Sur le développement.des Hippurites "M0. 07000208
A. Toucas, E. HAUG. — Observations. . . 269
W. Kicran.— Sur l’âge de la couche jaune, à ere da se Neuchee
LS ONE NS ARE EE nn A re
G. ROVERETO. — Sur le DU à Lépidocyclines des environs de
Varazze nr 271
Robert DouviLLé. — OS COnE à ROTUE de ja ne “ M. Roses eto
« Sur le Stampien des environs de Varazze ». k NOT
Ph. GLANGEAUD.— Sur la continuité des phénomènes sante dre
une partie du massif Central, aux époques oligocène et miocène et
leurs relations avec les phénomènes volcaniques et hydrologiques. 272
Tableau des principaux épisodes miocènes dans le ao central et
dans quelques régions voisines. . . 273
P. H. FRriTEL. — Revision des Myricacées, ses du cs de Bellou: 274
Fig. 1 à 9. — Comptonia asplentifolia Ricn . . 277
PI. III — Fig. 1. Dryophyllum curticellense Wa AT. SP. — ane
du Myrica Marceauxi de Watelet. Grès spar-
naciens de Courcelles (Aisne),
2. Myrica (Comptonia) suessionensis (WAT.). —
Forme correspondant au C. suessionensis de
Watelet, échantillon-type.
3. Myrica {Comptonia) suessionensis (WAT.). —
Forme correspondant au C. triangulata de
Watelet, échantillon-type.
4. Myrica (Comptonia) suessionensis (WAT.). —
Forme correspondant au C. concisa de Wa-
telet, échantillon-type.
5. Myrica /Comptonia) magnifica (WAT), échan-
tillon-type du C. magnifica de Watelet.
Abbé BouRGEAT. — Sur les failles courbes des environs de Salins (Jura) 281
L. JoceAuD. — Esquisse comparative des séries miocènes de l'Algérie
EDJUISUudESRde NET ANCE MANE SUR NE RARN EN ANE EU, NON EE
684 TABLE GÉNÉRALE DES MATIÈRES
Tableau indiquant les rapports entre la série miocène d'Algérie et
celle du S. E. de la France . . é
L. JoEAUD. — Sur les faunes de l'Eocène ae = moyen du Sud
algérien et tunisien.
Séance du 1: Juin 1908 :
Proclamation d’un nouveau membre : Mlle Ad. MACHKEWITCH .
LABAT, G.-F., DoLLrus, A. DE GROSSOUVRE. — Présentations rates
P. TERMIER expose quelques vues nouvelles sur la tectonique de la
Corse.
G. SAYN. — Sur brome d Bereelonse (Drôme)
Ed. HARLÉ. — Faune quaternaire de la province de Santander (Eipagne)
Séance du 15 Juin 1908 :
Proclamation d’un nouveau membre : M. D. G. ALLAHVERDJIEW
V. PAQUIER, FRAIPONT, O. CourFon, Louis GENTIL, L. PERVINQUIÈRE. —
Présentations d'ouvrages. k 2
R. DE MECQUENEM et R. Douvizzé. — ss les Cape His
siques du lac d'Ourmiah (Perse occidentale). . . . 2 CNE
V. PAQUIER. — Analogies de certains termes de la série nie de
Vence (A.-M.) avec ceux des environs du col de l’Argentière (Italie).
A. Toucas. — Sur les formes primitives des Hippurites
Henri DouviLzLé. — Sur la classification des Radiolitidés.
A. Toucas. — Observations. . . : AS
A. DE GROSSOUVRE. — Sur l’âge des SA LAHER 5 Contes ne De Et de
la zone à Placenticeras bidorsatum et Mortoniceras delawarense
J. SAvorniN. — Terrains miocènes d’une partie de la bordure Sud de
l'Atlas tellien. Observations sur leur faune de Pectinidés.
Robert Douvizzé. — Sur des Foraminifères oligocènes et miocènes de
NAT ASC | Gen TOUS SEE TRS ORNE Re ERP
Mauriee PrrourETr. — Note sommaire sur le Trias de la Nouvelle-
Calédontes us Lt WU IEEE OA OR NES NORMES D
D. ALLAHVERDIIEW. — Contribution à l’étude du système silurien en
SR TE UN A de
Fig. 1. Carte des gisements de Graptolites en Bulgarie. 1/250000
P1. — Fig, 1. Monograptus priodon BRONN.
— Nilissoni BARR.
_— dubius Suess.
— colonus BARR.
= bohemicus BARR.
—— Hisingeri CAU.
— attenuatus Houx.
— mirus BARR.
J. Réviz. — Sur la « désharmonie » des plis superficiels et des plis
Se aux environs de Chambéry. $
Fig. 1. Coupe de la rive droile de la Fe ee de StTeon
an Es er SE
Fig. 2. Coupe de rhone au Fons HA perpendiculaire à ‘la
coupe DTÉCÉAETLE. ROME RE En re
Fig. 3. Coupe de Barby à Montgellas. Dis. CAR Ar
CoTTREAU et ALExAT. —- Sur une Scutelline nouvelle de PAgie cen-
Le D OT ete Le re à to
Pages
293
209
330
332
342
348
350
353
358
SP.
FIGURES, CARTES ET PLANCHES
PI. V. — Fig. 1 à 6, Scutellina Alexali n. sp. Echantillon-type,
Sel-Rokho.
— 7 à 12, Scutellina Alexati n. sp. Sel-Rokho.
J. LamgerrT. — Notes sur quelques Echinides de la Haute-Garonne. II.
685
Pages
360
Tableau de répartition des Echinides de la Haute-Garonne. . . 372-373
Synchronismes du Crétacé et du Tertiaire dans les Pyrénées, le Nord
de la France et les pays voisins . ; î sas di
PI. V. — Fig. 13. Dorocidaris Bazerquei Rs ie calcaire
à Miliolites du Fréchet
— 14. Cassidulus Doncieuxi LAMBERT, du nummu-
litique de Ste-Croix.
— 15. Echinanthus angustipneustes LAMBERT, du
nummulitique de Martres.
F. KERFORNE. — Notes sur la géologie des environs de Coëtquidan
EP L SR EN mA a
Fig. 1. Coupe schématique N De SE. de la butte de Coëtquidan.
F. ne — Les Bryozoaires fossiles des terrains tertiaires du Sud-
Ouest de la France, IT . one ë ; , .
PI. VI. — Fig. 1. Enlalophora te MILNE- Eoano Dates
cien de Gibret
2-3. Filisparsa nummulitorum b’Or&., Lutécien de
Gibret.
4-5. Hornera serrata Reuss., Lutécien de Gibret.
6. Hornera asperula Reuss., Lutécien de Gibret.
7. Poricella Sutneri KoscuiNsky, Lutécien de
Saint Jean-de-Verg'es.
8-9. Tubucellaria Grateloupi D'ORBIGNY, Lutécien
de Baigts.
PI. VII — Fig. 10-11-12. Reticulipora nummulitorum D'Ors.,
Lutécien de Couiza.
13-14-19. Lunulites punctata LEYMERIE, Lutécien
de F'abrezan.
16. 1dmonea MilneanaDv’'Ors.,Lutécien de Gibret.
17. Entalophora proboscideaMir.-Ev., Lutécien
du Bassin de Paris.
18. Lichenopora hispida FLEemiNe, Lutécien de
Blayes.
Louis GENTIL. — Esquisse géologique du massif des Beni Snassen .
Fig. 1. Coupe montrant l'allure des schistes et des quartzites dans
le djebel Bon-Zabel
2. Coupe du dj. El Hamra
Se nn d'Ain Ar’ bal.
4. Coupe de l’oued Tazarin . , à
5. Coupe de la vallée de l’oued Moulai Idriss ë
6. Coupe à travers la vallée de Beni-Amir
P1. VIII. — Æssai de carte géologique du Massif de Eu
Snassen. 1/300000
PI. IX. — Essai sur la tectonique du Massif des Beni Snassen
(7 coupes).
Pu. Nècris. — Submersion et Régression quaternaires en Grèce.
G. F. Dozzrus. — Observations.
374
379
376
382
391
394
397
398
399
4o2
40%
418
G4x
686 TABLE GÉNÉRALE DES MATIÈRES
J. BerGERoN. — Remarques au sujet de he calcaires d’âge cam-
brien, provenant de Chine . . . SR EVE
Séance du 2 Novembre 1908 :
Nécrologie. — Sir John Evans, A. bee F. ARNAUD, NERY DELGADO,
A. BoisTEL. à ES JS ER EN NACRE FEES
Proclamation de nouveaux Dies : La BIBLIOTHÈQUE DE L’'UNIVER-
SITÉ DE FRIBOURG-EN-BrisGAU, Le colonel JULIEN, T. BEZIER
Georges NeGRe, Stanislas MEUNIER, LANTENOIS, J. VIDAL DE LA BLACHE,
C1. GarzzarD, C. RouYER, P. LEMOINE, Albert SA LES Le cha-
noine Jaime ALMERA. — Présentations d'ouvrages.
A. Toucas. — Sur les formes primitives des Hippurites “re les
Préalpes vénitiennes
Ip. Surles Rudistes de la Eine
G. Roverero. — Sur la distribution A des DE rematrer
dans l’Oligocène ligurien.
Henri Douvizzé. — Sur le Tertiaire de. environs Ne TOR dE
Ip. Observations sur le Lias des environs de Luçon
(Mendée) 5
Jules WeLcscu. — Le Lias de la Chase Fe a Ritée Len: (Vendée)
A. DE GROSSOUVRE. — Sur le prétendu Hettangien de la Vendée.
J. Boussac. — Observations.
Jules WezscH. — Sur les divisions . Liaë en Pate
Edourd HarLé. - Faune de la grotte Das Fontainas (Portugal).
A. Toucas. — Sur la classification des Radiolitidés. L s
Fig. 1. Agria triangularis, sp. du Cénomanien Peur :
2. Præradiolites Fleuriaui D'Ors. sp. du Cénomanien d’Angou-
lême. :
3-3a. Præradiolites De Larensin on Si Turonien fenienn ‘Col de
Spa, près de Batna {Prov.de Constantine).
P. H. Frirxz. — Note sur trois Nymphéacées nouvelles du Spanecien
des environs de Paris.
Fig. 1. Nymphaæites nuphar oides FRITEL.
2. Nuphar luteum Smiru.
3. Disque pédonculaire du Nmpice OLee hisa ont
4. Disque pédonculaire du Nymphæa Marini FRITEL.
5. Disque pétioluire du Nymphæa callophyla Saporra.
1, Nymphæa gypsorum SAPORTA, des gypses d’Aix-en-Provence :
2, Nymphæa polyrhiza SarorrA, St-Zacharie { Var) ; 3, Nym-
phæa callophyla SarorrA, Manosque {B** Alpes) ; 4. Nym-
phæa Marini Frirez, Cessoy (Seine-et-Marne). ;
PI. X. — Fig. 1 et. Nymphæites nupharoïdes Frir. Argile plasti-
que de Vanves (Seine) et de Tavers (Seine-et-Marne).
3. Nelumbium palæocenicum Frir. Argile noire des
fausses glaises d’Arcueil (Seine).
4. N. luteum Wizco., Amérique du Nord.
5-10. Nymphæa Marini Frir. À rgile plastique de Cessoy
(Seine-et-Marne).
Séance du 16 Novembre 1908 :
Nécrologie. — N. pe MErCEY, Ferdinand REYMOND :
Legs Reymond. 27: en UE CO RE RU CRE
Pages
475
dt Éd TS
FIGURES, CARTES ET PLANCHES 687
Pages
Proclamation de nouveaux membres : MM. Frédéric William Nortu,
Paul FarcoT, Henry HUBERT. . . Non
Léon BERTRAND, Em. HauG, Pierre Tamioe Jules Nage Louis Done
cIEUx, L.JocEAuD, Ch. LALLEMAND, Jean CHAUTARD. — Présen-
tations d'ouvrages . . . Re . 497-478
Pierre TERMIER. — Surles ren neén ont du bord oriental
du Massif Central (3° communication). . . 479
J. CaArALP. — Note sur les grès cuprifères à rate et Vanadians de
Montanuy (Aragon). . sure 480
G. F. Dozzrus.— Découverte à Dar senié (Soins Mann) d’ un calcaire
lacustre inséré dans la partie moyenne des Sables de Fontainebleau. 482
nes 1. Carrière de Darvault /Saint-Louis). AN EE LELE Aer AE Etes à
. RAMoND. — Observations. . . AP TE 486,
. DE GROSSOUVRE. — Sur le Saraion Aion A AA MA NU TEE TES
A. Dozcor. — Le Métropolitain de Paris (Ligne n°1). . . 488
Georges NeGRE. — Contribution à l’étude de la formation des Phospho-
mites au Midiidetla France MEN P El SCAN Een 00
Séance du 7 Décembre 1908 :
Nécrologie. — Albert GAUDRY, FLICHE. . . een RO
Proclamation d’un nouveau Homme M. Rdo used Cosz : 506
Ph. GLANGEAUD, Georges NEGRE, Mathieu M1EG, A. Lacroix, Hene,
HuBERT, M. LERICHE, A. THEVENIN, E. FAUPIN, L. CAREZ, BRESSON,
MENGEr. — Présentations d'ouvrages . . . Ne RE 00: 07
ÉÉON BERTRAND. ODSERVAUONS MN EEE EEE EEE 507
Arnold Hem. — Présentation d'ouvrage. . . 508
R. SEVASTOS. — Présentation d’une note : Un on cl Mood du Flysch
de la Moldavie. . . NE LR POUS
V. PAQuIER. — Sur les Rudisies de LUÉconien ie Serbie: EP CEE 508
C. G. S. SANDBERG. — Observations à propos d’une brèche, étudiée man
M. Steinmann. . . 508
Léon BERTRAND. — Sur le cn houe e. gorges æ Ame < en Érnont
d’Axat (Gorges de Saint-Georges) LAENE 510
Hier ne et soupe de L'entré ée a Corps de
Saint-Georges RUN A PR NET T0
. CAREZ, Léon BERTRAND. — Osenvrationd. se OT)
ou RENz. — Sur les preuves de l’existence du Chinoise du Dee
dan SUPATEIQUE NAME : 519
H. CouniLLon. — Sur le bn Hagen de RENTE, no Nes de
Quang-Nam (Annam) . . . . . PME Dom ee (an
Fig. 1. Coupe par Tholam. synclinal du ie Ro EE A ES TA RTnN DIs
2” /Coupeidu \sisement de Hun-Nien TON CN ON 527
P1. XI. — Fig. 1 Psiloceras longipontinum Oprez.
. Tunsitella rhodana Marvin.
Chemnitzia Polita MARTIN.
Cerithium Dumortieri MARTIN.
Acteon sinemuriensis MARTIN.
Pecten sp.
Monotis substriata ZIBTEN.
Gervillia cf. lanceolata SOWERBY.
Nucula ovum Sow.
© MU © EF & R
688 TABLE GÉNÉRALE DES MATIÈRES
10, Nucula subovalis Go».
11. Astarte subearinata Munster
12. Astarte Voltzii Gozp.
13. Tancredia Marcigny ana MARTIN.
14. Protocardium Philippianium Dunx.
15. Goniomya Sp.
L. Morezzer. — Contribution à l’étude stratigraphique des Sables
moyens de la vallée de la Marne entre Meaux et Château-Thierry.
G. Ramon. — Observations.
Séance du 21 Décembre 1908 :
Lecs Albert GAUDRY A
Proclamation d’un nouveau aber S M. Porc Van
Antoine VACHER, E. DE MARTONNE, Jean BoussAc, L.-A. ann
DEPRAT — Présentations d'ouvrages .
DEPrA%. — Observations. :
L. Caveux et NÉGris. — Brion d'échanbiIose RE obtervaliéns
G.-F. DozLrus. — Observations. Le
L. MENGAUD. — Sur les environs de San Ve de e Pnees Je
Henri DouviLzé. — Observations
Id. Les buttes de St- Michel -En- Heu
L. PERVINQUIÈRE, M. CHEVALIER. — Observations. . . 4
Jules WELscH. — A propos des subdivisions du Miocène de PAlsenie
et de leur comparaison avec les assises européennes.
G. Dozrrus. — Sur la source minérale de la vallée de Pompéi
Paul Comes. — Contribution à l’étude stratigraphique de lONesnee
G.-F. Dozrrus. — Observations. .
J. CorrREAU. — Echinides du Soudan .
PI. XII. — Fig. 1. 2. Plesiolampas Saharæ Barner. Déoulé
{ad’rar de Tahoua|.
3à 6. Plesiolampas Saharæ BATHER. Tenekart
au Nord de Tahoua.
7. 8. Plesiolampas Paquieri LAMBERT. Tenekart.
Marius Finuiozar. — Nouveaux Bryozoaires chéilostomes dé la Craie
PI. XIII — Fig. 1. Membranipora ledensis n. sp. (St-Firmin-des-
Prés) Assise à Crania ignabergensis, zone ne 5.
2. Floridina Cottreaui n. sp.(Vendôme) Assise
à Marsupites testudinarius, zone n° 3.
3. Smittipora oculata n. sp. (Vendôme). Assise
à M. testudinarius, zone n° 2.
4. Euritina obtorta n. sp. (St-Firmin). Assise
_ à Crania ignabergensis, zone n° 5.
5. Coscinopleura vindocinensis n. sp. (Ven-
dôme) Assise à M. testudinarius, zone n° 2.
6. Rosseliana Canui. n. sp. (St-Ouen Loir-et-
Cher) Assise à Crania ignabergensis, zone
n° :
5j ro e lanceolata n. sp. (Vendôme)
Assise à Crania ignabergensis, zone n° 2
8. Rhagasostoma spatulata n. sp. (Vendôme)
Assise à Crania ignabergensis, zone n° 1.
&
Pages
FIGURES, CARTES ET PLANCHES
F. CaAxu. — Observations :
R. CnupEau. — Le golfe de Mann nies PR ARE TD Re Ch sale
Maurice MoriN. — Sur la géologie de la vallée de la Marne entre
Lagny et Chalifert (Seine-et-Marne) be
Fig. 1. Coupe mince d’une coquille (Bithinie) silicifiée dans La « Ga e»
du calcaire de Brie, de Thorigny (Seine-et-Marne) .
Coupe de carrière à Thorigny .
Carrière Jaudrée à Thorigny . . .
Carrière Imbault à Thorigny . : Û
Profil à mi-côte du plateau de luna et au tr avers de La
colline de Ghaltifert.
OtA, © R
Maurice MoRIN. — Sur l’élage stampien et la nés des grès de
Romainville à Thorigny-Dampmard (Seine-et-
Marne) .
P. Teruier. — Rapport de ja Commission Le Conmianitne
689
Paves
560
560
562
Compte rendu de la Réunion extraordinaire de la Société géologique
de France à Nantes, Chalonnes et Châteaubriant.
Liste des membres ayant pris part à la Réunion extraordinaire de 1908
Programme des excursions
Bibliographie .
Séance du 1°" Septembre, à Nantes
Constitution du bureau.
Ed. BurEAU. — Allocution. MEN DES EUCUS etre CUT RER AE
H. Douviczzé. — Sur l’âge des couches du Tertiaire inférieur de la
Basse-Loire.
Séance du à Septembre, à Nantes
Général Jourby.— Sur le sillon de Bretagne et la Fosse Bas-bretonne.
Lieut.-Colonel AZÉMA.— Sur la Tectonique de la pointe occidentale du
Finistère Ts EE
Général Jourpy, — Observations .
O. CourronN. — Prés. d'ouvrage AE
M. BronGnrArT. — Exec. du 2 sept. aux gabbros an D oilet.
A. Dumas. — Exc. du 2 sept. au Pigeon Blanc
In, . — Exec. du3 sept. à Campbon
Fig. 1. Etendue de la Mer éocène dans la Loire-Inférieure à l’époque
du Calcaire grossier . /
2. Coupe de Campbon au Hameau a Gares e.
A. Dumas. — Exc. du 4 sept. à Saffré et au Bois-Gouët,.
Fig. 3. Coupe des terrains tertiaires de Saffré ,
4. Coupe du Calcaire grossier supérieur du Bois-Gouët
.
Séance du 8 Septembre, à Châteaubriant
Visite du Museum d'Histoire Naturelle et de la ville, le 5 sept.
L. Bureau.— Exc.du 6 sept.à Montjean,Chalonnes et Rochefort-s.-Loire
Fig. 5. Coupe à 500 m. à l'Est de la coupe de la figure 6
6. Route de Montjean à la Pommeraye ,
10 Janvier 1910. — T. VIIL. Bull, Soc. géol. Fr. —
f
293
594
997
602
602
602
60
605
606
606
606
607
609
Gt1
Gr2
615
G15
690 TABLE GÉNÉRALE DES MATIÈRES
Pages
7. Les Tunnels de la Carrière de Chateaupanne. . . 630
8. Tunnels et tranchée au Nord du calcaire givétien de Dre 631
9. Coune des Aireaux au Tombrau Leclerc Mir t- Ho 0
10. Coupé de Chalonnes à la carrière Sainte-Anne . . . . . .. 638
Ed. Bureau et L. Bureau. — Exc. du 3 sept. à Oudon. Ancenis,
Mésanger, Cop-Choux, Mouzeil. . . . Ds OT
Fig. 11. Coupe du Bassin d’Ancenis-Teillé ou de la Danse Loire eue 1043
Tableau du Dévonien du Bassin de la Basse-Loire . . 645
Tableau du *ystème carboniférien du Bassin d’Ancenis- Teillé ou He
la Basse-Loire. . . RS TS ee A EU CU CEE Re PC TS
Ch. Barroôtis. — Observ Étions CARE RE et ve Lo Re
Ed. Bureau. — Les flores fossiles du HR de la Basse-Loire . . . 656
D'ANVARRIERS 1 ObSer ValIOnS RER REC RE RE RE 000
Séance du 9 Septembre à Châteaubriant
L. Davy. — Exe, des 8 et 9 sept. à Châteaubriant) . INRA SÉMOSS
ŒurErT. — Observations . . . - 602
L, Davy. — Coupe géologique de Éanbiehal paléozoïque ae € D
briant (Loire-Inférieure). . . : è : 664
Fig. 1. Coupe suivant le méridien _ Chachabtn et la ligne de
Nantes à Rennes . . . 0 NOIRE GER
2. Coupe parallèle à la rate à Focne m. à L'Est + RPM EN OËE
3. Coupe du fossé Est du vieux château de Châteaubriant . . 672
h Types d'accidents dans les grès armoricains. . . SR NOTA
ŒuLerr, O. Courron. — Clôture dela réunion. . . . RAT LL EAST
TABLE ALPHABÉTIQUE
DES MATIÈRES ET DES AUTEURS
A
Afrique. Contr.à l’étude des roches
alcalines du Centre africain, p.
L. GENTIL et FREYDENBERG, 44.
Voir : Agérie, Atlas, Sahara, Ma-
roc, Madagascar, Soudan, Sud-Ora-
nais, Mauritanie.
Ain. Revision des Myricacées fossiles
du grès de Belleu, p. P. H. FRITEL
(pl: II). 254. :
Aisne. Contrib. à l'étude stratigr. des
Sables moyens de la vallée de la
Marne entre Meaux et Château-
Thierry, p. L. Morezzer [Obs. de
G. RamowpD|, 533.
ALEXAT(COTTREAU et). Sur une Scutel-
line nouvelle de l’Asie Centrale.
(pl. V. fig. 1 à 12). p. 359.
Algérie. Sur l'interprétation tecto-
nique des contacts anormaux du
dj. Ouenza, p. G. GOURGUECHON.
[Obs. de L. PERVINQUIÈRE, ld.
BLAvyAC|], 46. —Sur le Jurassique de
la région de Saïda, par G. B. M.
FLAMAND. 50. — Note sur l’exis-
tence de formations récifales à la
base du Barrémien inf. au dj.
Taya et au dj. Debar, près Guelma,
p. J. BLAYAC, 73. — Esquisse com-
arative des séries miocènes de
—et du S. E. de la France, p. L. Jo-
LEAUD, 284. — Sur les faunes de
l'Eocène inf. et moyen du Sud
algérien et tunisien. p. L. JOLEAUD,
295.— A prop. des subdiv. du Mio-
cème de l — et de leur compar.
av. les assises européennes, p. J.
WELSCH, 405.
Voir
Algues.Deux — siphonées verticillées
du Thanétien de Boncourt (Oise),
p. L. MoRELLET, 06.
: Atlas, Sud-Oranais.
ALLAHVERDJIEW(D.) Contrib. à l'étude
du syst. silurien en Bulgarie (pl.
IV), 330.
ALMERA (JAIME). Prés. d’ouv. 452.
Alpes-Maritimes. Sur l'extension ori-
ginelle probable des nappes de
charriage alpines dans les —, p.
L. BERTRAND. [Obs. de HAuG |, 136.—
Analogies de certains termes de la
série de Vence (—) avec ceux des
env. du col de l’Argentière (Italie),
par V. PAQUIER, 304. — Sur l’âge
des calcaires de Contes-les-Pins et
de la zone à Placenticeras bidor-
satum et Mortoniceras Delawa-
rense, Pp. À. DE GROSSOUVRE, 311.—
Ancenis. RÉUNION ExTR. A NANTES,
CHALONNES et CHATEAUBRIANT. Exec.
à Oudon, —,Mésanger, Cop-Choux,
Mouzeil, Ed. Bureau et L.
BUREAU [Obs. de Ch. Barrotrs, Dr
VAFFIER], 641.
Annam. Sur le gisement liasique de
Huu-Nien, prov. de Quang-Nam
(—), p. H. Counr£zox (pl. X), p.524.
Aquitaine. Les Bryozoaires fossiles
des terrains tertiaires du Sud-Ouest
de la France, p. F. CANU, p. 382
(pl VI et VID.
Aquitanien. L’ — dans le Vaucluse,
le Gard et les Bouches-du-Rhône,
p. L. JozeAUD, 41.—Sur le Stampien
et l’—, p. À. DE GROSSOUVRE [Obs.
de G. Dozzrus], 488.
Argiles éruptives. Voir sables érup-
tifs.
ARNAUD (François). Prés. d’ouv. 6. —
Nécrologie, 451-602.
ARNAUD (H.). Notice nécrologique, p.
A. DE GROSSOUVRE, 293.
Asie. Voir: Annam, Chine.
Asie centrale. Sur une Scutelline
nouvelle de l’ —, par CoTTREAU et
ALEXAT, p. 309 (pl. V ; fig. 1 à 19).
Atlas. Terr. miocènes d’une partie de
la bordure sud de l’— tellien, par
J. SAVORNIN, 316.
Atlas (Anti). Voir :
Attique. Voir : Grèce.
Maroc.
Aude. Sur la tectonique des gorges
de |’ — en amont d’Axat (gorges de
St-Georges), p. L. BERTRAND [Obs.
de L. CAREZ|, p. 510.
692 TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES ET DES AUTEURS
Aveyron. Sur un Echinide découvert
dans les calcaires ruiniformes de
Montpellier - le- Vieux (Aveyron),
par J. COTTREAU, 6.
Axat. Sur la tectonique des gorges
de l'Aude en amont d'— (Gorges de
St-Georges), p. L. BERTRAND. (Obs.
de L. CAREZ), p. 511.
AzéMA (L!' C1. RÉUN. ExTR. À NANTES,
CHALONNES ET CHATEAUBRIANT. Sur
la tectonique de la pointe occid.
du Finistère {Obs. de E. JourDpy|,
605.
B
Bajocien.Sur 3 niveaux à Bryozoaires
dans la région de La Serre (Jura),
p. l'abbé BOURGEAT, 38.
Barcelonne (Drôme). Sur lUrgonien
de —, par G. SAYN, 298.
Barrémien. Note sur l’existence de
formations récifales à la base du
Barrémien inf, au dj. Taya et au
dj. Debar, près Guelma (Algérie),
par J. BLAYAC, 93.
Barroïs (Charles). Sur des galets de
roches clastiques trouvés dans le
charbon du Nord de la France,33.—
RÉUNION ExXTR. A NANTES, CHALON-
NES ET CHATEAUBRIANT, Obs. 655.
Bartonien. Contrib. à l'étude stratigr.
des sables moyens de la vallée de
la Marne, entre Meaux et Chàteau-
Thierry, p. L. MoreLLet [Obs. de
G. Ramonb|, 533.
Bathonien. Sur 3 niveaux à Bryo-
zoaires dans la région de La Serre
(Jura), p. Pabbé BOURGEAT, 38.
Belledone (Pie de). Sur l'existence
d’un petil massif granilique dans
le 2 see de Vaudaine, au $S. du
—, p. P. TERMIER, 45.
Belleu (Grès de). Révision des Myri-
cacées fossiles du —, p. P.
FRiTEL (pl. ID), 274.
Beni-Snassen. Esquisse géol. du
massif des —, p. Louis GENTIL, 391
(pl. VIHI-IX)
BERGERON (J). Remarques au sujet
de plaques calcaires d'âge cam-
brien, provenant de Chine, 442.
Berriasien. Sur le Tithonique sup. et
le —, par A. Toucas [Obs. de W.
KILIAN|, 25.
BERTRAND (Léon). Prés. d’ouv., 100.
475, — Obs. à propos de la Tecto-
nique de la Tunisie et des Alpes-
Maritimes, 124. Sur l'extension
originelle probable des nappes de
charriage alpines dans les Alpes-
Maritimes [Obs. de HauG]|, 136.
Obs. sur une prés. d’ouv., de L,.
CAREZ, 507. — Sur la tectonique
des gorges de l'Aude, en amont
d’'Axat (Gorges de Saint-Georges)
[Obs. de L. CAREZ|, p. 510.
BERTRAND (Marcel). Eloge de —, p. P.
TERMIER, 163.— Prés. d'un mémoire
posthume de —, 478.
Biarritz. Note sur la succession des
faunes nummulitiques à — par
J. BoussAc, 233.
Bibliographie. Publ. de Marcel BER-
TRAND, 198. — Publ. de P. G. px
ROUVILLE, 219. — Travaux sc. d'H.
ARNAUD, 232. — RÉUN. EXTR. A
NANTES, CHALONNES ET CHATEAU-
BRIANT, par Ep. BUREAU, L BUREAU
L. Davy, A. Dumas, 597.
BLaAyAC (J.). Obs. à propos des Con-
tacts anormaux du dj. Ouenza, 52.
— Obs. sur les charriages dans les
contrées septentrionales algérien-
nes, 3. — Note sur l'existence de
formations récifales à la base du
Barrémien inf. au dj. Taya et au
dj. Debar près Guelma (Algérie),
73. — Obs. sur la tectonique de
l'Algérie, 123.
Bois-Gouët. RÉUN. ExXTR. A NANTES,
CHALONNES ET CHATEAUBRIANT.Exc.
à Saffré et au —, par A. Dumas.
615.
BoisTeL (A.). Nécrologie, 451.
BoisTeL (Louis GENTIL et A.). Sur des
gisements pliocènes de la Côte
occidentale du Maroe, 5.
Boncourt. Deux Algues siphonées
verticillées du Thanétien de —
(Oise), par L. MORELLET, 96.
Bouches-du-Rhône.Position stratigra-
phique des gisements à Lépidocy-
clines dans le Miocène de Provence,
par R. Douvizré, 10, — L’Aquita-
mien dans le Vaucluse, le Gard et
les —, par L. JoLEAUD, 41.
Boure (Marcellin). Rapp. sur lattri-
bution du Prix Viquesnel à A.
THEVENIN, 161.
BouRGEAT (abbé). Sur 3 niveaux à
Bryozoaires dans la région de la
Serre (Jura), 38. — Sur les failles
HAN des env. de Salins (Jura),
281.
Boussac (Jean), Prés. d’ouv. 28, 100,
542. La transgression du Ludien
dans le Bassin de Paris [Obs. de G.
TABLE ALPHA BÉTIQUE DES
Dorzrus, Léon JANET, H. DouvizLé|].
85. — Valeur stratigraphique de
numimulites lævigatus LuxK., 100.
Note sur la succession des faunes
nummulitiqués à Biarritz, 237.
BRESssOoN. Prés. d’ouv., 507.
?
Bretagne.RÉuüN. ExT. À NANTES, CnaA-
LONNFS ET CHATEAUBRIANT. Sur le
sillon de—et la Fosse Bas-bretonne,
par E. JourpY, 603.
BRONGNIART (Marcel). RÉUN. EXTR. A
NANTES, CHALONNES ET CHATEAU-
BRIANT. EXC. aux gabbros du Pallet,
606.
Bryozoaires. Sur 3 niveaux à — dans
la région de La Serre (Jura), par
BouRGEAT, 38. — Les — fossiles des
terrains tertiaires du Sud-Ouest de
la France, par F. Canu, 382 (pl. VI
et VIL) — Nouv.— cheilostomes de la
Craie, par M. Frzirozar [obs. de
F. Canu.] 554, pl. XIII.
Bulgarie. Contrib. à l'étude du syst.
silurien en —, par D. ALLANVERD-
JIEW (pl. IV), 330.
Bureau et Conseil pour 1908, 1. —
Election du — de la Réun. extr. à
Nantes, Chalonnes et Château-
briant, 602,
Bureau (Ed.) et BurEAuU (L.). REUN.
EXT. A NANTES, CHALONNES ET CHA-
TEAUBRIANT. Exc. à Oudon, Ance-
nis, Mésanger, Cop-Choux, Mouzeil
[Obs. de Cr.BArRotis et D'VAFFIER),
647.
C
Cambrien. Remarques au sujet de
plaques calcaires d'âge —, prove-
nant de Chine, par J. BERGERON,
42.
Campanien. Sur làge des calcaires
de Contes-les-Pins et de la zone à
Placenticeras bidorsatum et Mor-
toniceras Delawarense, par A. DE
GROSSOUVRE, 311.
Campbon. RÉUNION EXTR. à NANTES,
CHALONNES et CHATEAUBRIANT. Exec.
à —, par À. Dumas.
Canu (F.). Les Bryozoaires fossiles
des terrains tertiaires du Sud-Ouest
de la France, p. 382 (pl. VI et VID.—
Obs. sur une note de M. FiLLIOZAT,
560.
CaraLp (J.). Note sur les grès cupri-
fères, à uranium et vanadium, de
Montanuy (Aragon), 480.
Carbonifère. — Dans le Sud-Oranais»
par le Gal Jourvy, H. Douvicré:
MATIÈRES ET DES AUTEURS
693
G.-B.-M. FLAMAND, 20. — Sur des
galets de roches clastiques trouvés
dans le charbon du Nord de la
France, par Ch. BaArrois, 33. —
Note sur la découverte, par le cap.
Maury, de la Houille dans l’ex-
trême Sud-Oranais, par Gal JourDy.
[Obs. de M. DouvizLé|, 83. — Sur
les preuves de l’existence du — et
du Trias dans l’Attique, par Carl
Rewz [Obs. de J. DEPRAT, 543], 519.
Voir : Houille, Stéphanien.
CAREZ (L.). Prés. d’ouv. [Obs. sur
une note de L. BERTRAND}, 519.
Cartes. Carte des nappes de char:
riage alpines, par L. BERTRAND,
1/450000, 142. — C. du massif du
Dahar, par H. JourDY, 1/1000000,
145. — C. des gisements de Grapto-
lites en Bulgarie, par D. ArLLAH-
VERDJIEW, er — Essai de
C. géol. du massif des Beni-Snassen,
ar L. GENTIL, 1/300000, pl. VIII. —
tendue de la mer éocène dans la
Loire Inf. à l’époque du calcaire
grossier, d’après M. VASSEUR, 611.
CAYEUX (L.). Allocution, 2, 155. —
Prés. d’ouv.{[Obs. de G. DoLzrus|,
543.
Cazior (E.). Nouveau gisement pléis-
tocène lacustre sur la rive droite
du Var, près de son embouchure,
12.
Céphalonie. Existence du Lias et du
Dogger dans l’île de —, par C.RENZ
78.
Céphalopodes. Sur les — jurassiques
du lac d’'Ourmiah (Perse occeid.),
par R. px MECQUENEM et KR. Dou-
VILLÉ, 303.
Chalifert. Sur la géol. de la Marne
entre Lagny et —, par M. Mori,
bG2.
Chalonnes. RÉUN. EXTR. DE LA SOC.
GÉOL. A NANTES, — ET CHATEAU-
BRIANT,993. — Exc. à Montjean, — et
og s/Loire, par L. BUREAU,
624.
Chambéry. Sur la désharmonie des
plis superf. et des plis prof. aux
env. de —, par J. RÉVIL, 342.
Charriage. Sur interprétation tecto-
nique des contacts anormaux du
dj. Ouenza, p. G. GOURGUECHON
[obs.de L.PERVINQUIÈRE, J.BLAYAC|,
46. — Sur l’extension originelle des
nappes de — alpines dans les A.-M.
. L. BERTRAND. [obs. de HauG|,
130.
Châteaubriant.
RÉUN. EXTR. DE LA
694 TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES ET DES AUTEURS
Soc. GÉOL. A NANTES, CHALONNES ET
—, Exc. à —, par L. Davy, [obs.
de ŒurrrT]. 658. — Coupe géol.
de l’anticlinal paléozoïque de —,
p. L. Davy, 665.
Château-Thierry. Gontrib. à l'étude
stratigr. des Sables moyens de la
vallée de la Marne entre Meaux et
Château-Thierry, par L. MoRELLET
[Obs. de G. Ramonb], 533.
CHaurTAxD (P. LEMoINE et J.). Sur le
phénomène dela latérisation, 35. —
Prés. d’ouv. 478.
CHevaLiEer (M.\. Obs. sur une note
de H. Douvizié, 545.
Chine. Remarques au sujet de pla-
ques calcaires d'âge cambrien,
prov. de —, par J. BERGERON,
P. 442.
CHUDEAU (R.). Le Golfe de Maurita-
nie, 560.
Coëtquidan. Notes sur la Géologie
des env. de —, par F. KERFORNE,
375.
Comses (Paul). Prés. d’ouv. 94, 261.—
Sur l’âge de quelques gisements de
l'Orléanais, 125.— Contrib. à l’étude
stratigr. de l’Orléanais|Obs. de G.
F. Dozzrus|, 548.
Comptabilité. Rapport de la Com-
mission de —, par P. TERMIER,
987.
Conseil et Bureau pour 1908, 1.
Constantine. Notes de tectonique
tunisienne et constantinoise, par
P. TerMrER |[Obs. de J. BLayaAc, L.
PERVINQUIÈRE, L. BERTRAND], 102.
ConTEsEAN (Charles). Notice nécro-
logique par J. WELSCH, 204.
Contes-les-Pins. Sur l’âge des calcai-
res de — et de la zone à Placenti-
ceras bidorsatum et Mortoniceras
Delawarense, par A. bE Grossou-
VRE, 311.
Cop-Choux. RÉUN. ExTR. A NANTES,
CHALONNES ET CHATEAUBRIANT.
Exc. à Oudon, Ancenis, Mésanger,
—, Mouzeil, par Ed. Bureau et L.
Bureau [Obs. de Ch. Barrois et
Dr VAFFIER|], 641.
Corse. Obs. sur la note de M. Rove-
reto : « l’Alta montagna in Corsi-
ca », par J. DEPRAT, 29.
CoTTREAU (J.). Sur un Echinide dé-
couvert dans les calcaires ruini-
formes de Montpellier-le - Vieux
(Aveyron), 6. — — Echinides du
Soudan, p. 551, pl. XII.
COTTREAU et ALEXAT. Sur une Scutel-
line nouvelle de l’Asie centrale, p.
359 (pl. V ; fig. r à 12).
Courrox (Olivier). Prés. d’ouv., 6,
303. — RÉUN. EXTR. A NANTES, CHA-
LONNES ET CHATEAUBRIANT. Prés.
d’ouv.. 606. — Allocution, 677.
CounizLon (H.) Surle gisement lia-
sique de Huu-Nien, prov. de Quang-
Nam (Annam), p. 524, pl. X.
Craie. Note sur les argiles et sables
éruptifs des diaclases de la — aux
env. de Rouen, par le Gal Jourpy
[Obs. de G. Doczrus, A. de Gros-
SOUVRE |, 129. — Nouv. Bryozoaires
cheilostomes de la —, par M. Frr-
Dors [Obs. de F.CANU |, p. 554, pl.
Crétacé. Voyez : Craie.
Cycadeoidea. Sur un tronc de — de
l’Infracrétacé américain, par R.
ZEILLER, 98.
D
Darvault. Découv. à — (S.-et-M.)
d’un calcaire lacustre inséré dans
la partie moyenne des sables de
Fontainebleau, par G. F, Dorrzrus
[Obs. de G.RAMOND et A. DE
GROSSOUVRE|, 483.
Davy (L.). RÉUN. ExrR. A NANTES,
CHALONNES Er CHATEAUBRIANT.
Exe. à Châteaubriant [Obs. de
ŒuLerT}, 651. — Coupe géol. de
l’anticlinal paléozoïque de Chà-
teaubriant (L.-Inf.), 663.
DELAGE (A.). Notice nécrologique
sur P. G. de ROUVILLE, 211.
DRE (Nery). Nécrologie, 451,
02.
DEPÉRET (Charles). Sur les bassins
tertiaires de la Meseta espagnole,
18.
Deprar (J.). Obs. sur la note de M.
ROVERETO : & l'Alta montagna in
Corsica », 29. — Obs. sur une note
de M. Millosevich à propos du
basalte de Montresta (Sardaigne),
260. — Prés. d’ouv. 262, 543. —
Obs. sur la note de M. Renz sur
les preuves de l’exist. du Carboni-
fère et du Trias en Attique, 543.
Dogger. Existence du Lias et du —
dans Pile de Céphalonie, par C.
RENZ, 98.
DoLzros (G. F.) Obs. de M. JorEAUD
au sujet d’une note de M. G. — sur
la position stratigraphique de l’Hé-
TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES ET DES AUTEURS
lix Ramondi dans le bassin de Pa-
ris, 41. — Obs. à propos d’une note
de M. de Grossouvre : sur les sa-
bles granitiques desenv.de Rouen,
67. — Obs. sur la transgression du
Ludien dans le Bassin de Paris, 86.
— Prés. d’ouv, 100, 261, 298, 452, 507.
— Obs. sur les sables granitiques,
135. — Obs. à propos d’une note
de Px. Nécris sur les submer-
sions et régressions quatern. en
Grèce, 441.
Dozzrus (G. F.). Découv. à Darvault
(Seine-et-Marne) d’un calcaire la-
custre inséré dans la partie
moyenne des sables de Fontaine-
bleau [Obs. de G. RAMOND et À. DE
GRoOSsOUVRE|, 482. — A prop. d’une
note de MM. Bassani etA (Galdieri
«sur la source minérale de la val-
lée de Pompeï », 545.—Obs. sur une
note de P. Comes sur la stratigra-
phie de l'Orléanais, 550.
Dorcor (A.) Le Métropolitain de
Paris (Ligne n° 1), 488.
DoncrEux (Louis), et M. LERICHE.
Prés. d’ouv., 478.
Douvizié (Henri). Est élu président,
1. — Allocution, 2. — A propos de
Kerunia (pl. 1), 14. — Oligocène
des env. de Tolède |obs.de M. DEpé-
RET]|, 17.— Obs. à propos d’une note
du G*! Jourpy sur les études des
ofticiers dans le Sud-Oranais. 29. —
Obs. sur la découverte de la Houille
dans l’extrême Sud-Oranais, 83.—
Obs. sur la transgression du Ludien
dans le Bassin de Paris, 87. — Le
Jurassique de l’extrême-sud Tuni-
sien [Obs. de PERVINQUIÈRE], 132. —
Sur qqs. gisements à Nummulites
de l'Est de l’Europe, 266. Recti-
fication à la nomenclature de
Sur le
4e Nummulites, 267. —
éveloppement des Hippurites[obs.
de A. Toucas, E Hauc!, 268 —Prés,
d’ouv. 303. -- Sur la classif. des
Radiolitidés [obs. de A. Toucas |,
308.— Sur le Tertiaire des environs
de Tolède, 455. — Obs. sur le Lias
des env.de Luçon/{obs.de J. Wezscx
A. pr GROSSOUVRE et Boussac|,
456. — Obs. sur une note de L.MEN-
GAUD, 544. — Les buttes de St-Michel
en-l’Herm [obs. de L. PERVINQUIÈRE
et M. CHEVALIER], 545. RÉUN. EXT.
A NANTES, CHALONNES ET CHATEAU-
BRIANT. Sur l’âge des couches du
Tertiaire inf. de la Basse-Loire,
602.
Douvizzé. (Robert). Position strati-
graphique des gisements à Lépido-
cyclines dans le Miocène de Pro-
vence, 10.— Obs. sur les Faunes à
695
Foraminifères du sommet du Num-
mulitique italien (pl. ID), 88.— Notice
nécrologique sur MaAyrr-EYMaAR,
209.— Obs. à propos de la note de
M. Roverero sur le Stampien des
env. de Varrazze (Ligurie), 271. —
Sur des Foraminifères oligocènes
et miocènes de Madagascar, 321.
Prés. d’ouv., 508.
DouvicLé (R. DE MEecquEenEM et R).
Sur les Céphalopodes jurassiques,
du lac d’Ourmiah (Perse occiden-
tale), 303.
Douxamr. Prés. d’ouv., 507.
Drôme. Surl'Urgonien de Barcelonne.
par G. SAYN, 298.
Dumas (A.) RÉUN. EXTR. A NANTES,
CHALONNES ET CHATEAUBRIANT. Ex.
au Pigeon - Blanc, 607. — Exec. à
Campbon, 609. — Exec. à Saffré et
au Bois-Gouët, 615.
E
Echinide. Sur un — découvert dans
les calcaires ruiniformes de Mont-
pellier -le- Vieux (Aveyron), par
J. CoTrREAU, 6. — Sur une Scutel-
line nouvelle de l'Asie Centrale,
par COTTREAU et ALEXAT, 358 (pl. V;
fig. r à 12). — Note sur quelques —
de la H'° Garonne, par J. LAMBERT,
360 (pl. V; fig. 13 à 15).— Sur les —
du Soudan, par J. COITREAU, 551,
pl. XHL.
ÆEocène. Sur les faunes de l— inf.et
moy. du Sud Algérien et Tunisien,
p. L. JOLEAUD, 255.
Espagne. Oligocène des environs de
Tolède, par H. Douvizré [obs. de
M. DepéRer], 17. — Sur les bassins
tertiaires de la Meseta espagnole,
par Ch. DEPÉRET, 18. — Faune
quaternaire de Saint-Sébastien (—),
par Ed. HARLÉ, 82. — Faune qua-
ternaire de la province de Santan-
der (—), par Ed. HARLÉ, 300. —
Note sur les grès cuprifères à ura-
nium et vanadium de Montanuy
(Aragon), par J. CARALP, 480.
Evans (sir Jonx). Nécrologie, 451, 602.
Faupin (E.). Prés. d’ouv., 507.
Frzriozar (M.). Nouveaux Bryozoai-
res cheilostomes de la craie [Obs.
de F. Canu/, p. 554: pl. XL
Finistère. RÉUNION EXTR. à NANTES,
CHALONNES ET CHATEAUBRIANT. Sur
696
la Tectonique de la pointe occid.
du —, par le L! CI AZÉMA. — [Obs.
de E. Jourpy|, 605.
FLAMAND (G.-B.-M.). Réponse aux
observations de M.-E.-F, GAUTIER,
6. — Obs. à propos d’une note du
Gal Jourpy, sur les études des
officiers dans le Sud-Oranais. 93.
— Sur les grès, dits à dragées et à
sphéroïdes de Tadmayt (Sahara),
68. — Note préliminaire sur le
Jurassique de la région de Saïda
(départ. d'Oran, Algérie), 70. —
Note préliminaire sur les forma-
tions secondaires du Sud-Oranais,
256. — Sur l’existence de la Houïlle
dans les bassins de l’oued Guir
(S.-O.), 259.
Fzicue. Nécrologie, 506.
Fontainas (Grotte das). Faune de la
— (Portugal), par Ed. HARLE, 460.
Foraminifères. Observation sur les
faunes à — du sommet du Nummu-
litique italien (pl ID), par R. Dou-
VILLÉ, 88. — Sur des —oligocènes et
miocènes de Madagascar, par R.
Douvizré, 321.
FrAIPoNT (Ch.). Prés. d'ouv., 303.
FREYDENBERG (L. GENTIL et). Contrib.
à l’étude des roches alcalines du
centre africain, 44.
FriTez (P. H). Révision des Myri-
cacées fossiles du grès de Belleu
(pl. ID), 274. — Note sur trois
Nymphéacées nouvelles des env.
de Paris (pl. X), 470.
G
GAILLARD (CL.). Prés. d'ouv., 452.
Gard. L'Aquitanien dans le Vau-
cluse, le — et les B.-du-Rhône,par
L. JOLEAUD, 4r.
GauprY (Albert). Nécrologie, 506, —
Prix —., 5/42.
GaAUTIER (E.-F.). Réponse aux obs.
de M. —, par G.-B.-M. FLAMAND, G.
GENTIL (Louis). Prés.d’ouv., 5,54,100,
303, — Principaux résultats d'une
Mission au Maroc, 8. — Constitu-
tion géol. du dj. Siroua (Anti-Atlas
marocain), 29. — L'origine des
terres fertiles du Maroc occidental.
[Obs. de P. VInceY|, 31. — Contr.
à l'Etude stratigraphique du Ma-
roc oriental, 65, — Esquisse géol.
du Massif des BeniSnassen, 391
(pl. VIII-IX).
Gexri£ (Louis) et À. Borsrez. Sur des
TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES ET DES AUTEURS
gisements pliocènes de la côte
occidentale du Maroc. 5.
GENTIL (L.) et FRRYDENBERG, Contrib.
à l’étude des Roches alcalines du
centre africain, 44.
GLANGEAUD (Ph.). Prés. d’ouv., 29,261,
506, — Les éruptions volcaniques
de la Linagne[ObE. de P.LEMOINE|],
262. — Sur la continuité des phéno-
mènes orogéniques dans une par-
tie du Massif central aux époques
oligocène et miocène, 272.
GoLrier (J.). Recherche de paramè-
tres qui caractérisent les types
classiques de roches éruptives, 55.
GOURGUECHON (G.). Sur l’interpréta-
tion tectonique des contacts anor-
maux du «dj. Ouenza (Algérie)
[Obs. de L. PERVINQUIÈRE, J.
BLAYAC |, 46.
Grèce. Existence du Lias et du
Dogger dans l'ile de Céphalonie,
par C. RENZ,98 — Submersion et
régression quaternaires en —, par
Ph. NeGris [Obs. de G. DorLzrus|],
418. — Sur les preuves de l’exis-
tence du carbonifère et du Trias
dans l’Attique par CARL RENZ[Obs.
de J. DEPRAT, 543], 519.
GRossOUVRE (A. DE). Sur les sables
granitiques des environs de Rouen
(Obs. de G. Doczrus], 66. — Obs.
sur les sables granitiques du bas-
sin de Paris, 136. — Notice nécro-
logique sur H. ARNAUD, 223. —
Prés.d’ouv.,298.—Sur l’âge des cal-
caires de Contes-les-Pins et de la
zone à Placenticeras bidorsatum
et Mortoniceras delawarense, 311.
— Sur le prétendu Hettangien de
la Vendée [Obs. de H. DouviLLé,
J. Wecscn, Boussac|], 458.— Sur le
Stampien et l'Aquitanien, 488.
Guelma. Note sur l'existence de
formations récifales à la base du
Barrémien inf, au dj. Taya et au
dj. Debar, près — (Algérie), par
J. BLAYAC, 79.
Guir (Oued). Sur l'existence de la
houille dans le bassin de l'— (Sud
Oranais par G.-B.-M. FLAMAND,259.
H
HaARLé (Edouard). Faune quaternaire
de Saint-Sébastien (Espagne), 82.—
Faune quaternaire de la province
de Santander (Espagne), 300. —
Faune de la Grotte das Fontainas
(Portugal), 460.
Haua (Emile). Prés d’ouv., 6.
TABLE ALPHABÉTIQUE DES
Obs. sur les charriages de l’'Ubaye,
143. — Prés. d’ouv., 262, 458. — Obs. à
propos du développement des Hip-
purites, 270. — Collections Peron,
Arnaud et Tombeck, 451.
Haute-Garonne. Notes sur quelques
Echinides de la —, par J. LAMBERT,
360 (pl. V; fig. 13°à 15).
Hauterivien. Sur l’âge de la couche
jaune à Astieria du Jura neuchà-
telois, par W. KILIAN, 270.
Him (A.) Prés. d’ouv., 508.
Hettangien. Sur le prétendu — de la”
Vendée, par A. de GROSSOUVRE
[Obs de H. Douvicré, J. WELscx,
Boussac], 458.
Hippurites. Sur le développement des
—, par H.DouviLzLé [Obs.de A.Tou-
cAS, E. HAUG|, 268.— Sur les formes
primit. des -—, par A. Toucas, 268,
ADR
Houille. Sur l'existence de la — dans
le bassin de l’oued Guir -(Sud
Oranais) par G. B.-M. FLAMAND, 250.
Voir : Carbonifère.
HugerT (H.). Prés. d’ouv., 506.
Huu-Nien. Sur le gisement liasique
de —, prov. de Quang-Nam (An-
nam), par H. CouNILLON, 524, pl. X.
Il
Ille-et-Vilaine. Notes sur la géologie
des env. de Coëtquidan, par F.KEr-
FORNE, 379.
Indo-Chine. Voir : Annam.
Infracrétacé. Sur un tronc de Cyca-
deoidea de | — américain, par R.
ZBILLER, 98.
Isère. Sur l'existence d’un petit mas-
sif granitique dans le vallon de
Vaudaine, au S. du pic de Belle-
donne, par P. TERMIER, 45.
Italie. Obs. sur les faunes à Forami-
nifères du sommet du Nummuli-
tique — n, par R. Douvirré (pl.
Il), 88. — Sur le Stampien à Lépi-
docyclines des env. de Varazze,
par G. Roverero [Obs. de R. Dou-
VILLÉ|, 291. — Analogies de cer-
tains termes de la série second. de
Vence (A. M.) avec ceux des env.
du'col de l’Argentière (Italie), par V.
PAQUIER, 3504. — Sur les formes pri-
mitives des Hippurites dansles Pré-
alpes vénitiennes, par A. Toucas,
452. — Sur la distrib. chronol. des
Lépidocyclines dans lOligocène
ligurien, par G. ROVERETO. 404.
MATIÈRES ET DES AUTEURS
697
J
J
JaccarD (K.). Prés. d’ouv., 262.
JANET (Léon). Obs. sur la transgres-
sion du Ludien dans le Bassin de
Paris, 87.
JoceAUD (L). Esquisse comparative
des séries miocènes de l'Algérie
et du S.-E. de la France, 284 — Sur
les faunes de l’Eocène inf. et
moyen du Sud-Algérien et Tuni-
sien, 295. — Prés. d’ouv., 478.
Jozy (Henry). Prés. d’ouv., 54.
Jourpyx (E.). Prés. d’ouv., 6, 28, —
Note sur les Etudes géologiques
des officiers dans le Sud-Oranais
Obs. de Henri Douviiré, G.-B.
. FLAMAND], 20. — Note sur la
découverte, par le Cap. Maury, de
la Houille dans l'extrême Sud-Ora-
nais, (Obs. de H. Douviré], 83. —
Note sur les argiles et sables érup-
tifs des diaclases de la Craie aux
env. de Rouen [Obs. de G. DoLLFus,
A. de GROSsOoUvVRE|, 129. — RÉUN.
EXTR. A NANTES, CHALONNES ET
CHATEAUBRIANT. Sur le sillon de
Bretagne et la Fosse Bas-bretonne,
603.
Jourpy (Henri). Obs. dans l’extré-
me Sud-Tunisien, 144.
Jura. Sur 3 niveaux à Bryozoaires
dans la région de la Serre (—),par
l'abbé BourGear, 38. — Sur l’âge
de la couche jaune à Astieria
du — Neuchâtelois, par W. KILrAN,
270. — Sur les failles courbes des
env. de Salins (—), par labbé
BOURGEAT, 281.
Jurassique. Note prélim. sur le — de
la région de Saïda (Algérie), par
G.-B.-M. FLAMAND, 90. -- Le — de
l'extrême Sud-Tunisien, par H.
DouvizLé [Obs. de PERVINQUIÈRE|,
152.— Sur les Céphalopodes — du
lac d'Ourmiah (Perse occid.), par
R. De MecoueNEM et R. DouviLré,
303.
K
KERFORNE (F.). Note sur la géologie
des env. de Coëtquidan, 375,
KrzrAN (\W.). Sur la présence de Spi-
ticeras dans la zone à Hoplites Bois-
sieri (Valanginien inf). du Sud-Est
de la France, 24. — Obs. à la note
de Toucas: sur le Tithonique sup.
et le Berriasien, 27. — Sur l’âge de
la couche jaune à Astieria du Jura
Neuchätelois.
698 TABLE ALPHABÉTIQUE DES
L
LABaT, Prés. d’ouv., 298.
LACROIX (A.). Prés. d’ouv., 506,
Lagny. Sur la géol. de la vallée de
la Marne entre — et Chalifert, par
M. Morin, 563.
LALLEMAND (Ch.). prés. d’ouv., 478.
LAMBERT (J.). Prés. d’une note, 101.—
Notice nécrologique sur le Col®
SAVIN, 233. — Notes sur quelques
Echinides de la H'e Garonne, 360
(pl. V: fig. 13 à 15).
LAnNTENoOIS. Prés. d’ouv., 452.
LapPpArENT (Albert de). Nécrologie,
266.
Latérisation. Sur le phénomène de
—, par P. LEMOINE et J. CHAUTARD,
35
LE CoupreY DE LA ForEsr.
d’ouv., 262.
Prés.
LEMOINE (Paul). Obs. à propos de la
bauxite de Limagne.|264. — Prés.
d'ouv., 452.
LEMOINE (Paul) et J. CHAuTrARD. Sur
le phénomène de latérisation, 35.
— Prés. d’ouv., 458.
Lépidocyclines. Position stratigra-
phique des gisements à — dans
le Miocène de Provence, par R.
DouviLLé, 10. — Sur le Stampien à
— des env. de Varazze, par G. ROVvE-
RETO [Obs. de R. DOUVILLÉ|, 271.
— Sur la distrib. chronol. des —
dans l’Oligocène ligurien, par G.
ROVERETO, 454
LEricHe. Prés. d’ouv., 507.
Lericae (L. Doncrux et M.). Prés,
d’ouv., 478.
LE VERRIER.
: Nécrologie,
CAYEUX, 196.
par L.
Lias. Existence du — et du Dogger
dans l'île de Céphalonie, par C.
RENZ, 98. — Obs. sur le — des envi-
rons de Luçon, par H. DouviLLé
[Obs. de A. DE GROSsSOUVRE, Bous-
sAG et J. WeLcscu|, 456. Le — de
la Chapelle Thémer, près Luçon,
par J. Wezscx [Obs. de H. Dou-
VILLÉ, À. DE GROSSOUVRE, BoussAC|],
457. — Sur les divisions du — en
Poitou, par J.. Wezscx [Obs. de
H. Douviiré, À. DE GROSSOUVRE,
BoussAc]|, 459. — Sur le gisement
liasique de Hun-Nien, prov. de
Quang-Nam (Annam), par H. Cou-
NILLON, p. 524, pl.iXI.
MATIÈRES ET DES AUTEURS
Ligurie. Voir : Italie.
Lionagne. Voir : Massif Central.
Loire (Basse). RÉUN. EXTR. A NANTES
CHALONNES ET CHATEAUBRIANT.Sur
l'âge des couches du Tertiaire inf.
de la —, par H. Douvirié, 602.
Loire-Inférieure. RÉUN. EXTR. DE LA
Soc. GÉOL. A NANTES, CHALONNES
ET CHATEAUBRIANT, 593. — Coupe
géol. de l’anticlinal paléozoïque de
Châteaubriant (—), par L. Davy,
663.
Luçon. Obs.sur le Lias des env. de —,
par Henri DouvizLé [Obs. de J.
WELSCH, À. DE GROSSOUVRE, Bous-
sac|, 456. — Le Lias de la Chapelle-
Thémer, près —, par J. WELscx
[Obs. de H. DouviLLé, A. DE Gros-
SOUVRE, BoussAc], 457.
Ludien. La transgression du — dans
le Bassin de Paris, par J. Boussac
[Obs. de G. Doczrus, Léon JANET
H. DouvizLé|, 85.
Lutécien. Les Bryozoaires fossiles
des terrains tertiaires du Sud-Ouest
de la France, par F. CANU, 382 (pl.
VI et VID).
M
Madagascar. Sur des Foraminifères
oligocènes et miocènes de —, par
R. DouviLLé, 321.
Maine-et-Loire. RÉUN. EXTR. DE LA
SOC. GÉOL. A NANTES, CHALONNES
ET CHATEAUBRIANT, 093.
MARGERIE (Emm. de) Prés. d’ouv., 542
Marne. — Contrib. à l'étude stratigr.
des Sables moyens de la vallée de la
— entre Meaux et Château-Thierry,
par L.MoreLzLer{Obs.de G.RAMoND]
33. — Sur la géologie de la vallée
de la — entre Lagny et Chalifert
(S.-et-M.), par M. Morin, p. 563.
Maroc. Sur des gisements pliocènes
de la côte occidentale du —, par
L. GENTIL, et A. BoistTEL, 7.— Prin-
cipaux résultats d'une mission au
—, par L.GENTIL, 8.— Constitution
géol.du dj. Siroua(Anti-Atlas maro-
cain), par L£. GENTIL, 29. — L’ori-
gine des terres fertiles du — occid.,
par L. GenriL [Obs. de P. VINcEy |,
31.— Contrib. à l'étude stratigr. du
— oriental, 65.— Esquisse géol. du
Massif des Beni-Snassen, par
L. GenrTiz, 391 (pl. VIII-IX).
MARTEL (E.-A.). Prés. d’ouv. 262, 542.
MARTONNE (E. DE). Prés. d’ouv:, 542.
TABLE ALPHABÉTIQUE DES
Massif Central. Sur la continuité des
phénomènes orogéniques dans une
partie du — aux époques oligocène
et miocène, par Ph. GLANGEAUD,
273. Les éruptions volcaniques de la
Limagne, par Ph. GLANGEAUD [Obs.
de P.LEMOINE|, 262.— Sur les nappes
antéstéphaniennes du bord orien-
tal du — par Pierre TERMIER, 479.
Mauritanie. Le golfe de — par R.
CHUDEAU, 560.
Maury (Cap':). Note sur la décou-
verte, par le —, de la houille dans
l'extrême Sud-Oranais, par le G*
JourpY [Obs. H.,DouviLLé, 83.).
Mayer-Eymar. Notice nécrologique
sur —, par R. DouviLLé, 2
Meaux. Contrib. à l’étude stratigr.
des sables moyens de la vallée de
la Marne entre—et Château-Thierry,
par L. MoreLLet [Obs. de G. RaA-
MOND |, 533.
MECQUENEM (R. DE) et R. DouviLré.
Sur les Céphalopodes jurassiques du
ee d'Ourmiah (Perse occidentale.),
303.
MEnGauD (L.). Sur les environs de
San-Vicente de la Barquera [Obs.
de H. Douvizté|, 544.
MENGEL. Prés. d’ouv., 507.
MErcey (N. DE). Nécrologie, 477.
Mésanger. RÉUNION EXTR. A NANTES,
CHALONNES ET CHATEAUBRIANT. Exec.
à Oudon, Ancenis, —, Cop-Choux,
Mouzeil, par Ed. Bureau et L.
BurEAu [Obs. de Ch. Barrorïs et
D' VAFFIER |, 641.
Métropolitain. Le — de Paris (Ligne
n° 1), par À. DorLor, 488.
MEUNIER (STANISLAS). Prés. d’ouv.,
452.
Micuecz-Lévy (Al). Prés. d’ouv.,
452.
Midi. Contribution à l'étude de la
formation des phosphorites du —
de la France, par G. NEGRE, 490.
Mrec (M.). Prés. d’ouv., 506.
Miocène. Position stratigraphique
des gisements à Lépidocyclines
dans le — de Provence, par
DouviLcÉé, 10. — Sar la continuité
des phénomènes orogéniques dans
une partie du massif central aux
époques oligocène et — par Ph.
GLANGEAUD, 272. — Esquisse com-
parative des séries — s de l’Algérie
et du Sud-Est de la France, par
L, JoLEAUD, 284. — Terrains —5s
MATIÈRES ET DES AUTEURS 699
d'une partie de la bordure Sud de
l’Atlas tellien, par J. SAvVoRNIN,
316. — Sur des Foraminifères oli-
gocènes et — sde Madagascar, par
R. DouviLLé, 321. A prop. des
subdiv. du de l'Algérie et de
leur comparaison avec les assises
européennes, par J. WELSCH, 545.
Montanuy. Note sur les grès cupri-
fères à uranium et vanadium de —
(Aragon), par J. CARALP, 480.
Montjean. RÉUN. ExTR A NANTES,
CHALONNES ET CHATEAUBRIANT.
Exec. à —, Chalonnes et Rochefort-
sur-Loire, par L. BUREAU, 624.
Montpellier-le-Vieux. Sur un Echi-
nide découvert dans les calcaires
ruiniformes de — (Aveyron), par
J. COTTREAU, 16.
Morbihan. Note sur la Géologie des
env. de Coëtquidan, par F. Ker-
FORNE, 379.
Morezcær (L.). Deux algues sipho-
nées verticillées du Thanétien de
Boncourt (Oise), 96. — Contrib. à
l'étude stratigr. des sables moyens
de la vallée de la Marne entre
Meaux et Château-Thierry, [Obs.
de G. Ramoxp|, 533.
Morin (M.). Sur la géol. de la vallée
de la Marne entre Lagny et Cha-
lifert, p. 562. — Sur l'étage stam-
pien et la présence des Grès de
Romainville à Thorigny-Damp-
mard (S.-et-M }), 585.
Mouzeil. RÉUN. ExTR. À NANTES,
CHALONNES ET CHATEAUBRIANT.ExC.
à Oudon, Ancenis, Mésanger, Cop-
Choux, —, par Ed Bureau et LE.
Bureau, [Obs. de Ch. Barrors et
Dr VAFrIER|, 641.
Myricacées. Revision des — fossiles
du grès de Belleu, par P. H. FRITEL
(pl. ID). 274.
N
Nantes. RÉUN EXTR. DE LA Soc.
GÉOL. À —, CHALONNES ET CHATEAU-
BRIANT, 9593. Visite du Mus.
d'Hist. Nat. de —, 622.
Nécrologie. ToRGAPEL, 155. — LE
VERRIER, 156. — Ed. PELLAT,157. —
SOREIL, 198. — BERTRAND, 163. —
Charles CONTEJEAN, 204. — MAYER-
Eymar, 209. — P.-G. DE ROUVILLE,
211. — H. ARNAUD, 293. — H. SAVIN,
233. — Joux Evans,°451. — PERON,
451. — F. ARNAUD, 451. — NERY
DELGADO, 451. — A. BoIsTEL, 451. —
N De MERCEY, 479.—Feril. RÉMOND,
700 TABLE ALPHABÉTIQUE DES
497. — AÏlb. GAUDRY, 506.— FLICHE,
506. — PERON, F. ARNAUD, NERY,
DELGADO et Sir Jon Evans, 60.
NEGRE (Georges). Prés. d’ouv., 452,
506. — Contribution à l’étude de la
formation des Phosphorites du
Midi de la France, 490.
NèGris (Ph). Submersion et régres-
sion quaternaires en Grèce, [Obs.
de G. Dozzrus], 418. — Prés. d'ouv.
[Obs. de G. Dorurus|, 543.
Nouvelle-Calédonie. Note sommaire
sur le Trias de la —, par M. Prrou-
TET, 324.
Nummulites. Valeur stratigraphique
de Nummulites lævigatus LAMK,
par J. Boussac, 100. — Sur qqs.
gisements à — de l'Est de l'Europe
par H. DouviLLé, 266. — Rectitica-
tions à la nomenclature de qqs.
—, par H. DouvuLé, 267.
Nummulitique. Obs. sur les faunes à
Foraminilères du sommet du Num-
mulitique italien, par R. DouviLré
(pl. ID), 38. — Note sur la succession
des faunes —s, à Biarritz, par J.
Boussac, 237.
Nymphéacées. Note sur trois — du
Sparnacien des env. de Paris, par
P.-H. FRiTEL (pl. X.), 470.
O
ŒuLErT. RÉUN. EXT. À NANTES, CHA-
LONNES KT CHATEAUBRIANT. Obs. 662.
Oise. Deux algues siphonées verti-
cillées du Thanétien de Boncourt
(—). par L. MORELLET, 96.
Oligocène. — Des env. de Tolède, par
H. DouvizLé [Obs. de M. DEPÉRET|,
17. — Sur la continuité des phéno-
mènes orogéniques dans une par-
tie du massif central aux époques
— et miocene, par Ph. GLANGKAUD,
272. — Sur des Foraminifêres — s
et miocènes de Madagascar, par R.
DouvizLé, 321. — Sur la distrib.
chronol. des Lépidocyclines dans
l— ligurien, par G. ROVERETO, 454,
Oranais (Sud). Note sur les études
géologiques des ofliciers dans le
—, par le Gén. Jourpy [Obs. de
H. DouviLLé, G.-B.-M. FLAMAND |,
20. — Note sur la découverte, par
le cap. Maury, de la houille dans
l'extrême Sud-Oranais, par le Gén.
Jourpy |Obs. de H. DouviLzzé|, 83.
— Note prél. sur les formations
secondaires dans le —, par G.-B.-M.
FLAMAND, 256. — Sur l'existence
de la houille dans les bassins de
MATIÈRES ET DES AUTEURS
lOued Guir (—), par G.-B.-M.
FLAMAND, 259.
Orléanais. Sur l'âge de quelques
gisements de l’—, par P, Comes,
125. — Contrib. à l'étude stratigr.
de l—, par P. Courses [Obs. de G.
F. Dorcrus|, 548.
Oudon. RÉUN. ExTR. A NANTES, CHA-
LONNES ET CHATEAUBRIANT, Exe. à
—, Ancenis, Mésanger, Cop-Choux,
Mouzeil, par Ed. BurEAU et L.
BurEAU [Obs. de Ch. Barrois et
D: VAFFIER|], 641.
Ouenza {djebel). Sur l'interprétation
tectonique des contacts anormaux
du — (Algérie), par G. GouRGuUE-
CHON [Obs. de L. PERvINQUIÈRE,
J. BLAyAC], 46.
Ourmiah (Lac d). Voir Perse.
P
PAcHuNDAKI. Prés. d’ouv., 100.
Paléobotanique. Sur un tronc de
Cycadeoidea de l’Infracrétacé amé-
ricain, par R. ZEILLER, 98.
Paléozoïque. RÉUN. EXTR. A NANTES,
CHALONNES ET CHATEAUBRIANT.
Coupe géol. de l’anticlinal — de
Chateaubriant (Loire-fnf.), par L.
C Davy, 663.
PALLET (LE). RÉUN. EXTRA. À NANTES.
CHALONNES ET (CHATEAUBRIANT.
Excursion aux gabbros du —, par
M. BRONGNIART, 606.
PaqQuiEr (V.). Prés. d’ouv., 303. —
Analogies de certains termes de
la série secondaire de Vence
(A. M.) avec ceux des environs du
Col de l’Argentière (Italie), 304. —
Sur les Rudistes de l'Urgonien de
Serbie, 508.
Paris. Note sur trois Nymphéacées
nouv. du Sparnacien des env. de
—, par P. H. Frirez, (pl. X), 470.
— Le Métropolitain de — (Ligne
n° 1), par A. DoLLor, 488.
Paris (Bassin de). La Transgression
du Ludien dans le —, parJ. Bous-
sAG [Obs. de G. Dozzrus, Léon
JaxerT, H. Douvicré]. 85. — Sur les
sables granitiques du —, par A.
DE GROSSOUVRE, 136.
Pectinidés. Terrains miocènes d’une
partie de la bordure Sud de l'Atlas
tellien, Obs. sur leur faune de —,
par J. SAVORNIN, 516.
PELLAT (Ed). Nécrologie, par L.
CAYEUX, 17.
oncles à theft ÉD te de
TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES ET DES AUTEURS
PEROoN (A.). Prés. d’ouv., 5. — Né-
crologie, 451,602. — Legs —, 451.
Perse occid. Sur les Céphalopodes |
jurassiques du lac d'Ourmiah (—), |
par R. de MEcouENEM et H. Dou-
VILLÉ, 303.
PERVINQUIÈRE (L.) Prés. d’ouv., 5,
266. — Obs. sur les contacts anor-
maux du dj. Ouenza et qqs. phéno-
mènes similaires obs. en Tunisie,
52 — Obs. à propos de la tectoni-
que de la Tunisie, 124. — Obs. sur
leJurassique de l’extrêème Sud-Tu-
nisien, 154. — Prés. d’ouv., 303. —
Obs. sur une note de H. Douvicié,
545.
Pétrographie. Recherche de para-
mètres qui caractérisent les lypes
classiques de roches éruptives, par
J. GOLFIER, 55. — Obs. sur une
note de M. Millosevich à propos du
basalte de Montresta (Sardaigne),
par J. DEPRAT, 260. — Sur un gise-
ment d’alunite au contact de
rhyolites anciens près de Réalmont
(Tarn), par TERMIER, 269. — Note
sur les grès cuprifères à uranium
et vanadium de Montanuy (Ara-
gon), par J. CARALP, 480. —- RÉUN.
EXTR. A NANTES, CHALONNES ET
CHATEAUBRIANT. Exec. aux gabbros
du Pallet, par M. BRONGNIART, 606,
Phosphorites. Contribution à l’étude
de la formation des — du Midi de
la France, par G. NEGRE, 490.
Pigeon-Blanc.RÉUN. ExTR.A NANTES,
CHALONNES ET CHATEAUBRIANT.EXC.
au — par À. Dumas, 607.
PrrouTer (M.). Note sommaire sur le
Trias de la Nouvelle Calédonie,
243.
Pléistocène. Nouveau gisement —
lacustre sur la rive droite du Var,
près de son embouchure, par E.
CAZIOT, 12.
Pliocène. Sur des gisements S,
de la côte occidentale du Maroc,
par L. GENTIL et A. Boistel, 7.
Poitou. Sur les divisions du Lias en
—, par J. Wezscu{[Obs. de H.Docu-
VILLÉ, A.DE GROSSOUVRE, BoussAcC|,
459.
. Pompei. A prop. d’üne note de MM.
Bassani et Galdieri «Sur la source
minérale de la Vallée de —, par G.
DoLLFUS, 547.
Portugal. Faune de la grotte das
Fontainas (—), Ed. HAr£é, 460.
Préalpes. Sur les formes primit. des
Hippurites dans les — vénitiennes,
par A. Toucas, 452.
7OI
Primaire. RÉUN. ExTR. A NANTES,
CHALONNES ET CHATEAUBRIANT, 593.
Prix. Voir GAUDRY,
542.
: Stéphanien.
Provence. Position stratigraphique
des gisements à Lépidocyclines
dans le Miocène de —, par R.
DouviLLé, 10.
PuEcx (Charles). Prés. de cartes pos-
tales ill., 28.
Q
Quang-Nam. Voir Annam.
Quaternaire. Faune — deSt-Sébastien
(Espagne), par Ed. HARLÉ, 82. —
Faune — de la province de San-
tander (Espagne), par Ed. HARLÉ,
300. — Submersion et régression
— en Grèce, par Ph. Néaris [Obs.
de G. DorLrus|, 418. — Faune de
la grotte das Fontainas (Portugal),
par Ed. HARLÉ, 460.
R
Radiolitidés. Class. et évolution des
—, par A. ToucAs, 79. — Sur la
classification des —, par H. Dovu-
VILLÉ [Obs. de A. Toucas|, 308. —
Sur la classification des —, par A.
ToucaAs, 466.
RAMoxD (G.). Obs. à propos du cal-
caire de Beauce, 487.— Obs. 541.
Réalmont. Sur un gisement d’alunite
au contact de rhyolites anciens
près de — (Tarn), par P. TERMIER,
265.
REnz (Carl). Existence du Lias et du
Dogger dans l'ile de Céphalonie,
78. — Sur les preuves de l’exis-
tence du Carbonifère et du Trias
dans l’Attique [Obs. de J. DEPRAT
543], 519.
Réunion extraordinaire de la Soc.
géol. à Nantes, Chalonnes et
Chateaubriant, en 1908, p. 593.
Réviz (J.). Sur la désharmonie des
plis superticiels et des plis profonds
aux env. de Chambéry, 342.
R£eymonp (Ferd.). Nécrologie, 477. —
Legs—, 477.
lRiochefort-sur-Loire. RÉUN. EXTR. A
NANTES, CHALONNES ET CHATEAU-
BRIANT. Exc.à Montjean, Chalonnes
et —, par L. BurEAU, 624.
Rouen, Sur les sables granitiques des
env. de —, par A. DE GROSSOUVRE,
702 TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES ET DES AUTEURS
[Obs. de G. Dorzrus|, 66. — Note
sur les argiles et sables éruptifs
des diaclases de la Craie aux env.
de Rouen, par le G*! Jourpy [Obs.
de G. DOoLLFUS, A. DE GROSSOUVRE |,
129.
RouviLcE (P.-G. DE). Notice nécrolo-
gique, par À. DELAGE, 211.
Rouyer (C.). Prés. d’ouv., 452
ROVERETO (G}). Sur le Stampien à
Lépidocyclines des env. de Varazze
[Obs. de R. Douvizzé|, 271.—Sur la
distrib. chronol. des Lépidocyclines
dans l’Oligocène ligurien, par G.
ROVERETO, 454.
Rudistes. Sur les — de la Serbie, par
A. Toucas, 453. — Sur les —
de l’Urgonien de Serbie, par V.
PAQUIER, 508.
S
Sables éruptifs. Note sur les argiles
et — des diaclases de la craie aux
env. de Rouen, par le G* Jourpy
[Obs. de G. DoLLFus, À. DE GRoOs-
SOUVRE|, 129.
Sables granitiques. Sur les — des
env. de Rouen, par A. DE GRossou-
VRE [Obs. de G. Dorzrus], 66. —
Obs. sur les — par G.DoLLrus, 135.
— Sur les — du Bassin de Paris, par
A. DE GROSSOUVRE, 136.
Voir : Sables éruptifs.
Saffré. REUN ExTR. À NANTES, CHA-
LONNES ET CHATEAUBRIANT.ExC. à —
et au Bois-Gouêët, par A. Dumas,
615.
Sahara. Rép. aux obs. de M.-E.-F.
GAUTIER, par G -B.-M. FLAMAND, 6.
— Sur les grès dits à dragées et à
sphéroïdes du Tadmayt (—), par
G.-B.-M. FLAMAND, 68.
Voir : Sud-Oranais.
Saida. Note prélim. sur le Jurassique
de la région de — (Algérie), par G..-
B.-M. FLAMAND, 90.
Saint-Georges (Gorges de). Sur la
tectonique des gorges de l’Aude en
amont d’Axat, par L. BERTRAND.
[O0bs. de L. CAREZ|, p. 510:
Saint-Michel-en-l Herm. Les buttes de
—, par H Douvizzé |[Obs. de L.
PERVINQUIÈRE et M.CHEVALIER |,545.
Saint-Sébastien. Faune quaternaire
de — (Espagne), par Eb HARLÉ, 82.
Salins. Sur les failles courbes des
environs de — (Jura), 251.
SANDBERG (C. G.S.). Obs. à propos
d’une brèche étudiée par M. Stein-
mann, 508.
Santander. Faune quaternaire de la
province de —, par Ed. HARLÉ, 300.
— Sur les environs de San Vicente
de la Barquera, par L. MENGAuUD
[Obs. de H. DouviLLé], 544.
San-Vicente de la Barquera. Sur les
environs de —, par L. MENcauD
[Obs. de H. DouviLLé|], 544.
Sardaigne. Obs. sur une note de M.
Millosevich à propos du basalte
de Montresta (—), par J. DEPRAT,
260.
SAvIN (L. H). Notice nécrologique,
par J. LAMBERT, 233.
Savoie. Sur la désharmonie des plis
superficiels et des plis profonds
aux env. de Chambéry, par J.
RÉVIL., p. 342.
SAVORNIN (J.). Terrain miocènes
d’une partie de la bordure Sud de
atlas tellien, 316.
SAYN (G.). Sur l’Urgonien de Barce-
lonne (Drôme), 298.
Scutelline. Sur une — nouvelle de
l'Asie centrale, par CoTTREAU et
AGEXAT, D. 900 DIV era ro
Secondaire. Note prél. sur les for-
mations — s du Sud-Oranais, par
G.-B.-M. FLAMAND, 256. — Analogie
de certains termes de la série —
de Vence (A. M.) avec ceux des
env. du col de l’Argentière (Italie),
par V. PAQUIER, 304.
Seine-Inférieure. Sur les sables gra-
nitiques des env. de Rouen, par
A. de Grossouvre [Obs. de G.
Dozzrus|, 66.
Seine-et-Marne. Découv. à Darvault
(—) d’un calcaire lacustre inséré
dans la partie moyenne des sables
de Fontainebleau, par G.-F.
Dozzrus [Obs. de G. RAmonp et
À. DE GROSSOUVRE], p. 482 —
Contrib. à létude stratigr. des
sables moyens de la vallée de la
Marne entre Meaux et Château-
Thierry. par L. MorezLErT [Obs.
de G. RAMonD|, 533. — Sur la géol.
de la vallée de la Marne entre La-
gny et Chalifert, par M. Morin,
p. 562, — Sur l’étage stampien
et —laprésence-des _#rrèsn de
Romainville à Thorigny-Damp-
mard, par M. Morin, 583.
Serbie. Sur les Rudistes de la —,par
A. Toucas, 453. - Sur les Rudistes
D.
TABLE ALPHABÉTIQUE DES
de l’Urgonien de —, par V.PAQUIER,
508.
SEVASTOS (R.). Prés. d’une note, 508.
Silurien. Contrib. à l'étude du syst.—
en Bulgarie, par D. ALLANVERD-
J1EW (pl. IV), 330.
SorEIL (Gustave). Nécrologie, par
L. CAyYEUx, 158.
Soudan. Echinides du —, par J.Cor-
TREAU, 951, pl. XII.
Sparnacien.Note sur trois Nymphéa-
cées nouv. du -— des env. de Paris,
par P.-H. Frirez (pl. X.), 470.
Stampien. Sur le — à Lépidocyclines
des env.deVarazze,par G.ROVERETO
[Obs. de R. Douvizré], 271.—Décou-
verte à Darvault (S.-et-M.) d’un
calcaire lacustre inséré dans la
partie moyenne des sables de Fon-
tainebleau (Obs. de G.RAmonp et
A. DE GROSSOUVRE|, p. 482.
—Sur le—et l’Aquitanien, par À. DE
Grossouvre [Obs. de G. DorLrus|,
488. — Sur l’étage — et la présence
des grès de Romainville à Thorign y-
Dampmard(S. et-M.),par M. Mori,
583.
Stéphanien. Sur les nappes anté—nes
du bord oriental du Massif central,
par P. TERMIER, 429.
Sud (terriloires du).
Voir : Oranais (Sud-).
T
Tadmaryt. Sur les grès dits à Dragées
et à Sphéroïdes du — (Sahara), par
G.-B.-M. FLAMAND, 68.
Tarn. Sur un gisement d’alunite au
contact de rhyolites anciens près
de Réalmont (—), par P. TERMIER,
265.
Tectonique. Notes de — tunisienne et
constantinoise par TERMIER
(Obs. de J. BLAyac, L. PERvIN-
QUIÈRE, L. BERTRAND], 102. — Sur
l'extension originelle probable des
nappes de charriages alpines dans
les A.-M., par L. BERTRAND [Obs.
de HaueL 136. — Sur les failles
courbes des env. de Salins (Jura),
ar BOURGEAT, 281. — Sur la Cdés-
armonie » des plis profonds aux
environs de Chambéry, parJ.RÉvIr,
342. — Sur la — des gorges de l'Aude
en amont d’Axat(gorges de St-Geor-
ges), par L. BERTRAND [Obs. de L.
CAREZ|, p. 510, — RÉUN. EXTR. A
NANTES, CHALONNES ET CHATEAU-
MATIÈRES ET DES AUTEURS
703
BRIANT. Sur la — de la pointe Occi-
dentale du Finistère, par AZEMA
(Obs. de E. JourpY|, 605.
TErmurer (Pierre). Sur l'existence d’un
petit massif granitique dans le
vallon de Vaudaine, au Sud du pic
de Belledonne, 43. — Notes de
tectonique tunisienne et constanti-
noise [Obs. de J. BLAYAG, PERVIN-
QUIÈRE, L. BERTRAND|, 102. — Eloge
de Marcel Bertrand, 163. — Sur un
gisement d’alunite au contact de
rhyolites anciens près de Réalmont
(Tarn), 265. — Tectonique de la
Corse, 298. — Prés. d’ouv , 478. —
Sur les nappes antéstéphaniennes
du bord oriental du Massif central,
499. — Rapp de la Comm. de Comp-
tabilité, 587.
Tertiaire. Sur les bassins — s de la
Meseta espagnole, par Ch.DEPÉRET,
18. — Sur l’âge de quelques gise-
ments de l’Orléanais, par P. Cou-
BES, 129. — Sur le — des environs
de Tolède, par H. Douvizzé, 455. —
REÉUN. EXTR. A NANTES. CHALONNES
ET CHATEAUBRIANT, 093. — Sur l’âge
des couches du — inf. de la Basse-
Loire, par H. Douvizré, 602.
V.Aquilanien, Sparnacien, Stampien.
T'hanétien. Deux Algues siphonées
verticillées du — de Boncourt(Orie),
par L. MoRELLET, 96.
THEVENIN (A). recoit le prix Viques-
mel, 161. — Remerciements, 261. —
Prés d’ouv., 452, 5097.
TuaisrerY (Henry.)Prés. d’ouv. 542.
Tomas (Philippe) Prés. d'ouv..5.
Thorigny - Dampmard. Sur l'étage
stampien et la prés. des grès de
Romainville à — (S.-et-M.) par M.
Morin, 583.
Tithonique. Sur le — sup. et le Ber-
riasien, par A. Toucas [Obs. de
W. KILrAN|, 25.
Tolède. Oligocène des env. de —
ar H. Douvizzé [Obs. de Ch.
EPÉRET/,17. — Sur le Tertiaire des
env. de —, par H. Douvirré, 455.
TorcAPEL. Nécrologie, p. L. CAYEUX,
1955.
Toucas (A.). Sur le Tithonique sup.
et le Berriasien [Obs. de W
KiLIAN], 25. — Classification et
évolution des Radiolitidés, 979. —
Obs. sur le développement des
Hippurites, 269. — Sur les formes
primitives des Hippurites, 305. —
Obs. sur la classif. des Radioli-
tidés, 308. — Sur les formes pri-
704 TABLE ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES ET DES AUTEURS
mit. des Hippurites dans les
Préalpes vénitiennes, 452. — Sur
les Rudistes de la Serbie, 453. —
Sur laclassif. des Radiolitidés, 466.
Trias. Note sommaire sur le — de la
_ Nell° Calédonie, par M. PIROUTET,
324. — Sur les preuves de l’existen-
ce du Carbonifère et du — dans
l’Attique, par Carl RENz [Obs. de
J. DEPRAT, 543], 519.
Tunisie. Sur l'interprétation tectoni-
que des contacts anormaux du
dj. Ouenza et de qqs. phénomènes
similaires observés en — par G.
GourGUECHON [Obs. de L. PERVIN-
QUIÈRE, J. BLAYAC|, 46. — Notes de
tectonique tunisienne et constan-
tinoise, par P. TERMIER [Obs. de
J. BLayac, L. PERVINQUIÈRE, L.
BERTRAND], 102. — Obs. dans l’ex-
trème-Sud — n, par H. Jouroy, 144.
— Le Jurassique de l’extrème-Sud
—n-, par H Douvizé|[Obs de Per-
VINQUIÈRE |,152. — Sur les faunes de
l'Eocène inf. et moyen du Sud-
algérien ettunisien par L.JoLkAUD,
209
U
Urgonien. Sur | — de Barcelonne
(Drôme), par G. SAYN, 298.
V
VACHER (Ant.). Prés. d’ouv., 542.
VAFFIER (D'). RÉUN. EXTR. À NANTES,
CHALONNES ET CHATEAUBRIANT.Obs.
657.
Valanginien. Sur la présence des
Spiticeras dans la zone à /lopliles
Boissieri (— inf.) du Sud-Est de la
France, par W. KiLrAN, 24.
VALETTE (Aurélien).Prés.d’ouv., 5.
Var.Nouv.gisement pleistocenelacus-
tre sur la rive droite du —, près de
son embouchure, par E. CazioT, 12.
Vaucluse. L’Aquitanien dans le —,
le Gard et les B. - du - Rhône, par
L. JOLEAUD, 41.
Vence. Voir : Alpes-M°*.
| Vendée. Obs. sur le Lias des env. de
Luçon, par H. Douvizzé [Obs. de
J. WELSCH, A. DE GROSSOUVRE, Bous-
SAC ], 456.— Le Lias de la Chapelle-
Thémer, près Luçon, par J.WELscu,
[Obs. de H. DouviLLé, bE Gros-
SOUVRE, BoussACG], 457.— Sur le pré-
tendu Hettangien de la — par A. DE
GrossouvRE [Obs. de H. DouviLLé,
J. WeLscu, BoussAc. |, 458.
Vésuve. À propos d’une note de MM.
Bassani et A.Galdieri «Sur la source
minér.de la vallée de Pompeiï»,par
G. DoLeFus, 549.
VIDAL DE LA BLAGHE (J.). Prés.d’ouv.,
452
4 .
ViNGEY (P.).0bs.à une note de M.GEN-
TIL : l’origine des terres fertiles du
Maroc occid., 32.
VIQUESNEL (Prix). Son attribution à
A. THRVENIN, 161.
Volcanisme. Les éruptions volca-
niques de la Limagne par Ph.
GLANGEAUD [Obs. de P. LEMOINE |,
262. — Sur la continuité des phéno-
mènes orogéniques dans une partie
du Maroc central à l'Oligocène et
au Miocène, par Ph. GLANGEAUD,
272. — À propos d’une note de
MM. Bassani et A. Galdieri «Sur la
source minér. de la vallée de Pom-
| péi», par G. DoLLFus, 547.
W
| Wezscu (Jules). Notice nécrologique
sur Ch. CONTEJEAN, 204. — LeLias
de la Chapelle-Thémer, près Luçon
[Obs. de H. DouviLLé, À. DE Gros-
SOUVRE, BoussAG.], 457. — Sur les
divisions du Lias en Poitou |Obs.
de H. DouviLLé, À. DE GROSSOUVRE,
BoussAcG], 459. — Prés. d’ouv., 478.
— À propos des subdivisions du
Miocène de l'Algérie et de leur
comparaison avec les assises euro-
péennes, 545.
Z
À
ZeiLzLer (R.), Sur un tronc de Cyca-
deoidea del’Infracrétacé américain,
75.
TABLE DES GENRES ET DES ESPÈCES
DÉCRITS, FIGURÉS, DISCUTÉS ET DÉNOMMÉS A NOUVEAU
ET DES SYNONYMIES INDIQUÉE DANS CE VOLUME :
Acteon sinemuriensis MARTIN? p.530;
pl. XI, fig. 5.
Astarte subcarinala MUNSTER, p. 531;
pl. XI, fig. 11.
Voltzii Gozp , p. 531; pl. XI,
fig. 12.
Belzungia Borneti MoRELLET, P. 97,
fig. 2.
Cassidulus Doncieuxi LAMBERT,p.369;
pl. V, fig. 14.1
ovalis Corr., p. 369.
Cerithium Dumortieri MarrTiN ? p.
530; pl. XI, fig. 4.
Chemnitzia polita. MARTIN? p. 529 ; |
pl. XI. fig. 3. |
Comptonia concisa War. 274.
magnifica WAT. 274.
pedunculata W AT. 274.
rotundata WAT. 274.
suessionensis War. 274.
triangulata WAT. 27/4.
Conoclypeus LeymerieiCotr.,p.362.— |
C. Leymerianus Corr., C. pyrenai-
cus Cort., C. conoideus (pars.)var.
Leymerianus DEsor.
Cyclaclinia sp., p. 14, pl. L
Cyrtograptus tubuliferus PERNER,
AO.
Dictyonema sp., 347.
Dorocidaris Bazerquei LAMBERT, p.
360 ; pl. V, fig. 13.
Dryophyllum curticellense W AT., 275.
lineare SAb.,274.
HUpAÇEr varians BENEDICT., P. 14.
pl. I.
Echinanthus angustipneustes Lam-
BERT,P. 369; pl. V. fig.
10
Archiaci Cotr., p. 367.
arizensis Corr.; p. 366.
ataxensis CorrT., p. 366.
Cotteaui HÉBERrT, p. 368.
Gourdoni Corr., p.368.
gracilis Corr., p. 368.
Heberti Corr., p.367.
Pouechi Corr., p. 366.
pyrenaicus Corr., p. 367.
subrotundus Corr. p.365.
| Entalophora gracilis Mrrne-En-
WARDS, p. 383; pl. VI,
fig. 1. — Pustulopora
gracilis Miz.-Enw.
macrostoma Miz-Epw.,
p.383, Pustulopora ma-
crostoma Mrr-Epw.
proboscidea Mrr.-Enw-
page 385 ; pl. VII fig.
17. — Pustulopora pro-
boscidea Mie. Epw.,
Ent. Moulensi D'Or.
Coscinopleura MARSSON, 557.
vindocinensisFILLIOZAT,
p. 558; pl. XIIL, fig. 5.
Euritina obtorta Ficcrozar, p. 556 :
pl. XIIL, fig. 4.
Filisparsa nummulitorum v’Ors., p.
384 ; pl, VL, fig. 2,3.
varians REUSs., page 384.
Pustulopora varians
REUSS.
Floridina Cottreaui Finriozar, p.555;
pl. XII, fig. 2.
1. Les noms de genres et d'espèces en caractères romains sont ceux que
les auteurs placent en synonymie.
706
Gervillia cf. lanceolata SOWERBY, p.
530; pl. XI, fig 8.
Goniomya sp., p. 532; pl. XI, fig. 15.
Herniaster (Linthia) sudanenxis
BATHER, 553.
Hippuritella, 268.
Hippurites giganteus, 269.
— inferus Douv 269.
— præpetrocoriensisToucaAs,
269.
— Requieni MATH., 269.
— resectus DEFR., 269.
Hornera asperula Reuss, p. 387; pl.
fig. 6.
— Hippolyta DEFRANCE, p. 386.
— Horn.nummulitorum D'OR8.
— Serrata Reuss, p. 387 ; pl.
VI, fig. 4-5.
Hypsopatagus JacquotiCorr. (Eupa-
tagus), 369.
Idmonea carinata RôMER, p. 385, —,
coronopus DEFRANCE, p. 385. —
Idm. Petri pOre., Idm. atlantica.
— Milneana »'Ors.. p. 386; pl. VII,
fig. 16. — Idm. Grateloupi D'Or.
Kerunia, pl. IL. p. 14.
Laroaria craniphora Mu : CHALM.
96, fig. 1.
Lepidocyclina dilatata Micur : p. 92,
fig. 6.
— marginata Micur : p.
OL, dig 904
= præmarginata KR.
DouviLLÉ, p. 91, fig. 1, 2, 4.
Lepidocyclina subdilatata R. Dou-
VILLÉ, p. 92, fig. 5, 7,8.
Lichenopora hispida FLEmiNe, fig.
388 ; pl. VII. fig. 18.— Dis-
cocavea girondina D'OR.
Lichenopora depressa
D'OR&.
Linthia Leymeriei Corr (Pericosmus)
p- 369.
Lunulites punctata LEYMERIE,p. 388 ;
pl'AVII/ fig 137a 5:
Membranipora
— ledensis FIcLIOZAT p.
050 ; pl. XIII, fig. 1.
Monograptus altenuatus HoPkINsON
p. 339; pl. IV, fig. 73 —
Graptolithus attenua-
tus Horx.
TABLE DES GENRES ET DES ESPÈCES
Monograptus Bohemicus BARR., p.338
pl. IV. fig. 5. — Grap-
tolithus bohemicus,
BARR.
_ Colonus BARR., p. 33 ;
pl. IV, fig. 4, — Grap-
tolithus colonus BARR.
— Communis LAPw., p.
340.
— aff.crispus LAPwW.,p. 336
— dubius SuEss, p. 337 ;
pl IV, fig. 3. — Grap-
tolithus colonus BARR.
so dubius, Suess.
— Monogr. colonus,
var. dubius LaAPw.
— Halli Barr, p. 339. ;
Graptolithus Halli,
BARR.
— Hisingeri CARRUTHERS,
p. 338 ; pl. IV, fig, 6.
— Jaekeli PERNER, 335.
— Marri PERNER, 335.
— mirus BARR, p. 340 ;
—- pl. IV. fig. 8
— Nilssoni Barr, p. 336 ;
pl. IV, fig. 2. — Grap-
tolithus Nilssoni BARR,
Mon. proteus GEINITZ,
er priodon BRoONN, p.334 ;
pl. IV. fig. 1. — Grapt.
priodon BARR.
— testlis BARR, p. 338. —
Grapt. testis BARR.
-- unguiferus PERNER, 325
— vomerinus Micx., 339.
— Grapt.colonus BARR.
Monotis substriata ZIETEN, p. 530;
pl. XI, fig. 9.
Myrica attenuata WAT. 27/4.
— angustissima WAT. 274.
— curticellensis WATT. 274.
— Marceauxi WAT. 274.
— Roginie War. 274.
— verbinensis WAT, 274.
— {Comptonia) asplenifolia
Ricx. fig. 1-7, 276.
— /Comptonia) suessionensis
MAT 258 1pl Ml fon Sr
Nelumbium palæocenicum FRITEL, p.
Ages pl Xe:
TABLE DES GENRES ET DES ESPÈCES
Nucula ovum Sow., p. 531; pl XI,
fig. 0.
a subovalis GoLb., p. 531: pl.
XI, fig. 10.
Nummulites atacieus. — N. biarrit-
zensis (auct.) 267.
= Contortus DESUAYES, P.
94 ; pl. I, fig. 6.
— Crassus, 268.
— distans, 268
_ globulus, 267.
— Gucttardi, 267.
Nummuliles Lamarcki, 268.
— Lucasanus, 268.
— miocontortus TELL., p:
JDN or 07
— perforatus, 268.
- Ramondi — Assilina
Leymeriei, 267.
. Rouaulti, 268.
== Rosai TELL., p, 94 : pl. EL
Se D
— scaber, 268.
— Tchihatcheffi, 268.
— vascus J. et L., p.94, fig.
9, 10.
Nuphar luteum Suit, p. 471, fig.2,
Nymphæa Marini FRITEL, p. 473,
: fig. 4-6; pl. X,fig. 5 à 10.
— polyrhiza SAPORTA, p.473,
fig. 3, 6
— callophyla SAr.,p: 474, fig.
DO:
— gypsorum SAP. p.479, fig.
6.
Nymphaæites nupharoides FRITEL, p.
go or; EXC pl Sr 0:
Palusdestrina limnæiformis CaAzroT,
page 13, fig. 1.
792)
Pecten, sp., p. 530; pl. XI, fig. 6.
Plesiolampas Duxcax et SLADEN. 363,
— Saharæ BATHER, p. 550,
pl. XIL fig. 1-6.
— Paquieri LAMBERT,p. 552,
MN Re Tier
Sutnerie KosCHiINSsKY, 388;
pl. VI. fig. 35 — Mucro-
nella Sutnerie Koscx.
Poricella
Protocardium Philippianum Duxk.,
p' 552 pl XIE Mers
Psiloceras longi;ontimun OvrrELz. p.
598; pl. X. fig. 1. — Am-
monites longipontinus
OPEL.
Reliculipora nummulitorum D'On8.
p. 387; pl. VII, fig. 10
ANT»
Rhagasostoma lanceolata FivLrozAT,
p. 559; pl. XII, fig. 7.
— spatulata FiLLiozAT,
po pl EXT
fig. 8.
Rosseliana Canui FrurrozaT, p. 558 ;
pl. XIII. fig. 6.
Sculellina (Lorpitelli) Alexati CoTr.
et ALEX., p. 358; PI. V.
fig. 1, 12.
Smittipora oculata FiLLiozAT, p. 556;
PIX
Stornatopora granulata Mire-En-
WARDS, p.382 — Alec-
to granulata Mrr.-
Epw., Al. nummu-
litorum D'ORB.,
Stom numm. D'OR.
Tancredia marcignyana MARTIN, p.
bar: 1pl. XI fig. 13:
Tubucellaria Grateloupi D'Or8. p.
389: pl. VL, fig. 8,9. —
Ale Nora Grate-
loupi D'OR.
Turritella Rhodana MARTIN ; p. 529 ;
pl. XI, fig. 2.
DATE DE PUBLICATION
DES FASCICULES QUI COMPOSENT CE VOLUME
Fascicule 1-2 — (Feuilles 1-4, pl. D,
— EN
Las D
= GE
— De mn
= ut
513, pl. I),
avril 1908.
septembre 1908.
14-20, pl. HD, octobre 1908.
21-274, pl. IV-IX) novembre 1908.
25B-37, pl. X-I
38-45,
X), mai 1900.
avril 1910
ERRATA
au lieu de : lire :
P.0399, 01.420: La zone à Scutellina..... La zone à Scutellina Alexali.....
D 290,130: La découverte de Scutel- La découverte de Scutellines dans
lines dans les couches les couches inférieures. ...
SUPÉLICDRES ARR ARE ET
P000, 1.30: M. Ilovaisky pense... M. Alexat pense.
p. 399, L 19. Peroniceras. Peronoceras.
p- 400, L 27, 1° col. Harpoceras cumulatum \
et 1. 15, 2° col. HN 772 Harpoceras cumulatum HYATT
Harpoceras bicarinatum (= H. bicarinatum Zur.
Munsr. in Zier.
EXPLICATION DE LA PLANCHE I
Cyclactinia sp.
Dragué par M. Diguet sur les côtes de Californie par 7 à 8 m. de profondeur
sur fond de sable
Fig. 1. — Echantillon conservé dans l'alcool, avec l'Eupagurus varians qui
l’'habite ; la pince gauche de ce dernier est modifiée de manière à
jouer le rôle d’un opercule.
1a, vue de côté, grossie 1 fois et demie.
1b, vue de face, grossie 2 fois et quart.
Fig. 2. — Autre échantillon sec; on a brisé la corne droite pour mettre à
découvert la petite coquille initiale.
2a, vue de côté, grossie 1 fois et demie.
2b, vue de face, grossie 2 fois et quart.
Buzz. Soc. GÉOL. DE FR.. (4), VIII, 1908.
Nore pe M. Henri Douvillé
Bul. Soc. Géol. de France SR UV TTTEMP IMMO IHanT-eI008)
A a LT DE
Phototypie Sohier et Cie
MAENTE
(un
EXPLICATION DE LA PLANCHE Il
Fig. 1. Nummuliles miocontortus TEzuini. Monte Berico (Vicence).
2. N. Rosai Ter. Belforte (Piémont).
De — Cassinelle [Casa Vallerano] (Piémont).
4. == Priabona (Vicentin).
5. N. miocontortus TEzz. Monte Berico (Vicence).
6. N. contorlus DESHAYES. Faudon (Alpes-Maritimes).
N. miocontortus Ter. Brendola (Colli Berici).
Le
Le grossissement est de 7 fois 1/2.
Nora — Numimnulites Rosai (lig. 2, 3, 4) est caractérisée par sa forme rela-
tivement renflée et par des filets rigides et rayonnant toujours exactement
du centre.
Numm. miocontortus (fig. 1, 5, 7) est au contraire beaucoup plus aplatie
et ses filets sont plus tourbillonnants. Ils admettent généralement plus d’un
centre de divergence, ce qui la distingue de l'espèce précédente.
La Numm. contorlus, type, de l’'Auversien de Faudon, a été figurée pour
comparaison. On voit que sa taille est beaucoup plus grande que celle des
espèces précédentes. Les filets sont intermédiaires entre ceux des deux
espèces précédentes. Il est d’ailleurs à remarquer que plus une forme de
Nummulite est épaisse, plus ses filets sont raides, et que plus elle est aplatie
plus ils sont tourbillonnants.
Pour tout ce qui a trait à la morphologie interne de ces Nummulites se
reporter :
pour miocontortus et Rosai à : Tezcini. Numm, terz. alta Italia occidentale,
Bull. Soc. geol. ilal., 1888, vol. VIL.
pour contortus à : Boussac. Nummuliles contortus DEsn. Palæontologia
universalis, fiche 116.
Buzz. Soc. GÉoz. DE FR., (4), VIII, 1908.
Nore DE M. Robert Douvillé
Bul. Soc. Géol. de France S. 4: T. VIII; PI. II (16 Mars 1908)
Phototypie Sohier et Gie
PO
S
EXPLICATION DE LA PLANCHE III
Fig. 1. — Dryophyllum curticellense War. sp. — Type du Myrica Marceauxi
de Watelet. Grès sparnaciens de Courcelles (Aisne). — Réd.
de 1/15.
>, — Myrica (Comptonia) suessionensis (WAT.). — Forme correspondant
au C. suessionensis de Watelet, échantillon-type. — Grandeur
nalure.
æ
— Myrica (Comptonia) suessionensis (War.) — Forme correspondant
au C. triangulata de Watelet, échantillon-type, — Grandeur
nalure.
4. — Myrica (Complonia) suessionensis (WAT.). — Forme correspondant
au C. concisa de Watelet, échantillon-type. — Grandeur nature,
5. — Myrica (Comptonia) magnijica (War.), échantillon-type du C.
magnifica de Watelet. — Grandeur nature.
Tous ces échantillons appartiennent à la collection paléobotanique du
Muséum national d'Histoire naturelle.
Buzz. Soc GEoL. DE FR., (4), VIII, 1908.
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NorEe DE M. P -H. Fritel
Bull. Soc. Géol. de France S. 4; T. VIII; PI. III (18 Mai 1908)
Phototypie Sohier el Cie Clichés Ph. Fritel
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EXPLICATION DE LA PLANCHE IV
Fig. 1. — Monograptus priodon Bronx. Gross. 2 fois.
2. — Nilssoni Barr. —
3: — dubius SuEss. —
î- — colonus BARR. _
De — bohemicus BARR. —
6. — Hisingeri CARR. —
7. _ attenuatus HoPrx. Gross. 4 fois.
8. — mirus BARR. —
Buzz Soc. GÉoL. DE FR., (4), VIIT, 1908.
Nore bE M. D. Allahverdjiew
Bull. Soc. Géol. de France SA VIDE TV A5 ui 1208)
Phototypie Sohier el Cie Clichés Cintract
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EXPLICATION DE LA PLANCHE V
Nore pE MM. Cottreau Er Alexat !
Fig. 1, 2,3. — Scutellina Alexati n. sp. Echantillon-type. Grandeur naturelle.
Face supérieure, face inférieure, profil. — Localité : Sel-Rokho,
territoire du Ferghana, district de Kokan, commune de Kahharame.
4. — Mème échantillon. Face supérieure. Grossi 3 fois.
5. — Même échantillon. Face inférieure. Grossi 3 fois.
6. — Même échantillon. Profil. Grossi 3 fois.
7. 8, 9. — Scutellina Alexati n. sp. Autre échantillon, grandeur natu-
relle. Face supérieure, face inférieure, profil. — Mème localité.
10. — Même échantillon. Face supérieure. Grossi 3 fois.
11. — Même échantillon. Face inférieure. Grossi 3 fois.
12. — Même échantillon. Profil. Grossi 3 fois.
NoTE DE M. J. Lambert
Fig. 13. — Dorocidaris Bazerquei LAMBERT, du calcaire à Miliolites du Fréchet,
vu de profil, grandeur nalurelle.
14. — Cassidulus Doncieuxi LAMmBsErTr, du Nummulitique de Ste-Croix, vu
en dessus, grandeur naturelle.
15.— Echinanthus angustipneustes LAMBERT, du Nummulitique de Mar-
tres, vu en dessus.
Buzz. Soc. GÉOL. bE FR., (4), VIII, 1908.
Notre pe MM. Cottreau et Alexat
Bull. Soc. Géol. de France S. 4; T. VIII; PI. V (15 Juin 1908
Phototypie Sohier et Cie
EXPLICATION DE LA PLANCHE VI
Fig. 1. — Entalophora gracilis Mirxr-Ebwanps. Lutécien de Gibret.
2-3. — Filisparsa nummulitorum D’'ORBIGNY. Lutécien de Gibret.
4-5. — Hornera serrata Reuss. Lutécien de Gibret. Faces antérieure et
postérieure.
6. — Hornera asperula Reuss. Lutécien de Gibret.
7. — Poricella Sutneri Koscuisxy. Lutécien de Saint-Jean-de-Verges.
8-9. — Tubucellaria Grateloupi D'OrBIaNY. Lutécien de Baigts.
Buzz. Soc. GkoL. bE FR., (4), VIII, 1908
Nore DE M. F. Canu
Bull. Soc. Géol. de France S. 4; T: VIII; PI. VI (15 Juin 1908)
Phololypie Sohier et Cie
EXPLICATION DE LA PLANCHE VII
Fig. 10-11-12. — Reticulipora nummulitorum D'OrriGNY. Lutécien de Couiza.
10, grossie 23,5 fois ; 11, 12, grandeur naturelle.
13-14-15. — Lunulites punctata LEYMERIE. Lutécien de Fabrezan. 13, face
16.
supérieure ; 14, grandeur naturelle; 15, face inférieure.
Idmonea Milneana D'OrBIGNy. Lutécien de Gibret.
Entalophora proboscidea Miixe-Epwarps. Spécimen du
Lutécien du Bassin de Paris.
Lichenopora hispida FLemiwG. Lutécien de Blayes.
Buzz. Soc. GkoL. bE FR., (4), VIII. 1908.
Nore DE M. F. Canu
Bull. Soc. Géol. de France S. 4: T. VIII; PI. VII (15 Juin 1908)
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Allupions et dunes pléistocenes actuelles. MÉDI PIE 0 PR AUS
ESSAI DE CARTE GEOLOGIQUE
À Volcans néogenes ;
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Plivcène lacustre
Gnglomérats post heloétiens
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Miocène moyen
Jurassique supérieur
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Alluvions et dunes pleistocènes actuelles:
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Miocène moyen.
Jurassique supérieur.
Séquanten.
Callovien ct Oxfordien:
Bajocien et Bathonten.
Lias supérieur.
Lias moyen.
Silurien.
Volcans néogènes.
Volcans antéliasiques.
Graniles primaires.
Filons de kersantite et de porphyrite.
Failles.
Colline de DjHararzs
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S. 4; T. VIII; PI. IX (Séance du 15 Juin 1908)
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EXPLICATION DE LA PLANCHE X
Fig, 1. — Nymphaæites nupharoides Frir. Portion de rhizome orné de cica-
8 BU E P
trices pétiolaires et radiculaires.
De l’argile plastique de Vanves (Seine).
2. — Fragment de radicules ayant appartenu à la même espèce.
Argile plastique de Tavers (Seine-et-Marne).
3. — Nelumbium palæocenicum Frir. Akènes dont le style est détruit,
Argile noire des fausses glaises d’Arcueil (Seine).
4. — Akènes du NN. luteum Wieczb., actuel de l'Amérique du Nord ;
donné comme terme de comparaison.
5. — Nymphæa Marini Frir. Disque pétiolaire montrant les cicatrices
laissées par les lacunes aérifères.
Argile plastique de Cessoy (Seine-et-Marne).
6 — Cicatrice pédonculaire de la mème espèce. Du même gisement
7. — Cicatrice pétiolaire dans laquelle les lacunes aérifères centrales
sont effacées. Au-dessus se voient les restes de la bractée et
au-dessous la série des 9 cicatrices radiculaires, auxquelles
adhèrent encore les restes des radicules représentées sur
l'empreinte par des traces plus foncées. Du même gisement,
8. — Portion de rhizome avec cicatrices pétiolaires à contour subpen-
tagonal et cicatrices radiculaires de différentes grandeurs. Du
même gisement.
9. — Portion de rhizome avec cicatrices pétiolaires à contour ovalaire,
et 3 séries de cicatrices radiculaires, dont une complète. Du
même gisement.
10. — Portion d’un organe semblable, mais plus âgé, sur lequel les eica-
trices radiculaires sont plus fortes, mais moins régulièrement
disposées.
Toutes les figures de cette planche sont de grandeur naturelle,
Buzc. Soc. GÉoL. DE KR., (4), VIII, 4908.
| dre tai
l NoTE bE M. P. H. Fritel
D Bull. Soc Géol. de France S. 4; T. VIII; PI. X (2 Nov. 1908)
Clichés P. H. Fritel
3 Dr
AO
He Dex
EXPLICATION DE LA PLANCHE XI
Fig. 1, — Psiloceras longipontinum OPPEL.
>, — Turrilella rhodana MARTIN.
3. — Chemnitzia Polita MARTIN. Gr. 2,5/1.
4. — Cerithium Dumortieri MARTIN.
5a, 5b, 5c, 5d. — Acteon sinemuriensis MARTIN. Gr. 2,5/1.
6. — Pecten sp.
ja, 9b. — Monotis substriala ZXETEN.
S. — Gervillia cf. lanceolata SOWERBY.
9. — Nucula ovum Sow.
10. — Nucula subovalis GoLp.
11. — Astarte subcarinata MUNSTER.
12. — Astarte Voltzii Go».
13. — T'ancredia marcigny ana MARTIN.
14. — Protocardium Philippianum DUNK.
19. — Goniomya Sp.
Buzz, Soc. Géo. bE FR. 4), VIII, 1908,
motte tes ED É dE
Note DE M. H. Counillon
SANT AVIIEN EI SUN (RIDE
Bull. Soc. Géol. de France
Clichés et Photocollogr. Tortellier
1908)
DS Re
Norte DE M. J. Cottreau
Bull. Soc. Géol. de France S. 4; T. VIII; PI. XII (21 Décembre 1908)
LT De
Photocollogr. Tortellier Clichés Cintract
LAN
re
LS
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2-6.
EXPLICATION DE LA PLANCHE XII
— Plesiolampas Saharæ BATnER, jeune. Face supérieure et face
P al
postérieure. — Localité : Déoulé (Ad'rar de Tahoua).
— Plesiolampas Saharæ BArner. Forme déprimée. Face antérieure
et face inférieure. Localité : Tenekart au Nord de Tahoua,
latitude d’Agadem.
— Plesiolampas Saharæ BAruer. Forme bombée. Face antérieure
et face supérieure. Localité : Tenekart au Nord de Tahoua.
— Plesiolampas Paquieri LAMBERT var. Face inférieure et profil.
Localité : Tenekart au Nord de Tahoua.
Les échantillons figurés appartiennent aux collections de Paléontologie du
Muséum.
Ils sont tous reproduits en grandeur naturelle.
Buzz, Soc. GÉOL. DE FR, (4), VIII, 4908.
pl
ue
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EXPLICATION DE LA PLANCHE XIII
Fig. 1. — Membranipora ledensis n. sp. — >< 25. Rue Chèvre (commune de
St-Firmin-des-Prés). Assise à Crania ignabergensis, zone n° 3.
2. — Floridina Cottreaui n. sp. — *< 30. Venddme. Assise à Marsupites
lestudinarius, zone n° 2.
— Smitlipora oculata n. sp. — < 30. Vendôme. Assise à Marsupites
lestudinarius, zone n° 2.
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4. — Euritina obtorta n. sp. — >< 25. Rue Chèvre. Assise à Crania igna-
bergensis, zone n°3.
De Coscinopleura vindocinensis n.sp. — >< 30. Vendôme. Assise à Mar-
supites testudinarius, zone n° 2.
6. — Rosseliana Canui n. sp. — %X 30. St-Ouen (Loir-et-Cher). Assise à
Crania ignabergensis, zone n° 2.
7. — Rhagasostoma lanceolata n. sp. — *< 50... Vendôme. Assise à Crania
isnabergensis, zone n° 2.
— Rhagasostoma spatulata n. sp. — x 30. Vendôme. Assise à Crania
igonabergensis, zone n° 1.
(o_)
Buzz Soc. G£oL. DE FR., (4), VIII, 1908.
Nore DE M. M. Filliozat
Bull. Soc. Géol. de France SARA IDR EMBIE PIN en E c11908)
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D. A :
Clichés Cintraet
RÉDACTION
DES
Comptes rendus sommaires des Séances
Les comptes rendus sommaires paraissent, en général, dans les
quinze jours qui suivent la séance. Les communications (corres-
pondance, présentation d'ouvrages imprimés avec ou sans analyse,
notes originales, extrait de travaux originaux présentés) sont
groupées par séance.
Deux pages au maximum sont accordées aux notes originales.
Une demi page est accordée aux observations faites en réponse
à une communication.
Un tiers de page est accordé pour les présentations d'ouvrages
imprimés (les analyses et présentations d'ouvrages ne sont pas
reproduites dans le Bulletin).
Les auteurs doivent déposer, à l'issue de la séance, les notes
manuscrites concernant leurs communications pour le compte
rendu sommaire. Les membres qui ont pris part à des discussions
verbales en cours de séance et qui désirent qu'il en soit fait men-
tion sont invités à rédiger ces observations et à les remettre au
secrétaire, autant que possible séance tenante.
Aucune épreuve n'étant adressée aux auteurs, ils peuvent en
prendre connaissance et les corriger, au siège de la Société, le
vendredi ou le samedi qui suivent la séance.
Le Secrétariat ne garantit, dans aucun cas, la publication litté-
rale et in-extenso des notes remises. Les auteurs peuvent indiquer
les passages de leurs communications pouvant être supprimés
sans inconvénient en cas de nécessité. Il est toujours préférable
de ne remettre que des résumés très concis.
AVIS TRÈS IMPORTANT
concernant la Rédaction du Bulletin
Les membres de la Société sont prévenus que la Commission du
4
Bulletin ne peut accorder à chaque auteur, pour les notes dont |
elle accepte l'insertion, que deux feuilles de texte (32 pages du
_ Bulletin) et deux planches (d’une valeur de 100 francs chacune
au maximum) pour l’ensemble des communications qu'il fera dans
l'année. :
Tout auteur peut être autorisé à publier des notes plus longues
s'il prend à ses frais la dépense supplémentaire, ou, par une
décision spéciale du Conseil.
Le coût des suppléments est calculé sur le taux de 90 francs les
16 pages du Bulletin; les frais des dessins dans le texte en supplément
sont en plus.
| 2 PUBLIATINS dela SOCIÉ
28, rue Serpente, Paris, VE
RONA = sommaires des Séances, servis GRATUE
Cie Comptes Rendus TEMENT, deux fois par mois, à tous les
Membres de Ja Société, et formant chaque année 1 vol. de 200 p. &.
périodique des travaux de la Société, dont le serviee
2 Bulletin est fait gratuitement à tous les membres de la Société,
et formant, depuis l’origine de la Société, un volume annuel in-8
de 1000 pages environ avec nombreux dessins. phototypies, case en.
noir et en couleurs, bibliographie géologique. he
On peut égulement se procurer le Bulletin par abonnement aux prix
de : Puris, 30 fr.; — Province, 32 fr.; — Étranger, 34 fr. si
Les fascicules, en nombre variable, qui forment le volume annuel,
sont adressés aux Membres et aux Abonnés au fur et à mesure de.
leur apparition.
Les volumes antérieurs à l’année en cours et do la publication &
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est terminée et les tables générales, sont cédés avec une remise de |
50°/, aux Membres de la Société.
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