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Full text of "Bulletin de la Station Biologique d'Arcachon"

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SOCIÉTÉ  SCIENTIFIQUE 


ET 


STATION  ZOOLOGlOllE 


D'ARCACIION 


TIIWAUX  DUS   LAIiOllATOIlllîS 


RECUKILLIS    ET    PUBLIES    PAH 


Le   D"  F.  JOLYET 


Le  D"  F.  LALESQUE 


DintCTiail  l»i;.S  I.ADORATOiriES  DE  LA  STATION    '        TTESIDENT     DE     I.A    SOCIETE    SCIENTIlKjl  E 


ZOOLOGIQUE  D  ARCACHON 

PROEESSEITR  A  LA  lACULTÉ  DE  MÉDECINE 

DE  BORDEAUX 


D  ARCACHON 
I.AKRÉAT   DE   LA   SOCIÉTÉ   DE  BIOLOGIE 
■»  DE   PARIS 


ANNÉE    1895 


PARIS 

LIBRAIRIE    OCTAVE    DOIN,    ÉDITEUR 

îS  —  Place    de    l'Odéon  —  8 


À  LA  MEMOIRE 


DE 


Henri    VIALLANES 

docteur  es  sciences  naturelles 

ancien  directeur  de  la  station  zoologique 

d'arcachon 


Après  trente-trois  années  d'existence,  la  Société 
Scietitifique  d' Arcachon  se  trouve  en  mesure,  pour  la 
preinière  fois,  de  publier  les  travaux  originaux  pour- 
suivis dans  ses  laboratoires,  affirmant  ainsi  sa  vitalité 
scientifique  et  réalisant  le  plus  ardent  désir  de  son 
regretté  Directeur^  Henri  VIALLANES,  qui  consacra 
à  notre' Station  Zoologique  la  période  la  plus  active, 
mais  hélas!  aussi  la  dernière  de  sa  vie. 

Henri  Viallanes  donna  à  notre  Station  Zoologique 
une  impulsion  nouvelle  et  féconde  do?it  sinspir^ent  ses 
successeurs,  pour  maintenir  les  laboratoires  marijis 
d' Arcachon  en  état  d'être  utilisés  par  les  savants. 

En  dédiant  le  premier  fascicide  de  ses  travaux  à  la 
mémoire  de  son  ancien  Directeur,  la  Société  Scienti- 
fique d' Arcachon  remplit  un  devoir  de  pieuse  recon- 
naissance. 


SOCIÉTÉ   SCIENTIFIQUE 


ET 


STATION  ZOOLOGIQUE 

D'ARCACHON 

^  CONSEIL  D'ADMINISTRATION 


MM.  Le  iMAIRE  D'ARCACHON,  |  „  -  • ,     ,     ,n 

T     T^    T,  i  »Tr.»TT  T-..  '  }  Pvest  tient  S  (i  1 1 0  )i  )!  011)' . 

Le  Dr  riAMRAU  Père,         ) 

Le  Dr  F.  LALESQUE,  Présidmt. 

Le  Dr  DE  XABIAS,  professeur  à  la  Faculté  de  ] 

Médecine  de  Bordeaux,  \  Vice-Présidents. 

C.  SÉMIAC,  pharmacien  à  Arcachon,  ,  \ 

Le  D""  André  HAMEAU,  Secrétaire  r/énéral. 
F.  AUDOUIN,  conducteur  des  Ponts  et  Chaussées,  Trésorier. 
Le  D'"  Ch.  BLAREZ,  professeur  à  la  Faculté 

de  Médecine  de  Bordeaux, 
J.  SABY,   ancien   Directeur   de  la    Société  )  Administrateurs. 

immobilière  d'Arcachon, 
M.  ORMIÈRES,  architecte  à  Arcachon, 
DURÈGNE,  ancien  élève  de  l'École  Polytechnique,  à   Bordeaux, 

Conservateur  du  Musée  et  de  la  Bibliothèque, 
FILLIOUX,  à  La  Teste,  Conservateur  honoraire. 
Le  Dr  JOLYET,  professeur  à  la  Faculté  de  Médecine  de  Bordeaux, 

Directeur  de  la  Station  Zoologique. 


SOCIÉTÉ   SCIENTIFIQUE 


EXTRAIT  DES  STATUTS 


Article  premier.  —  La  Société  Scientifique  d'Arcachon, 
fondée  en  18(33,  a  pour  but  de  faciliter  l'étude,  l'avancement, 
la  vulgarisation  des  sciences  naturelles  et  des  procédés  d'aqui- 
culture marine  :  1»  par  l'organisation  et  l'entretien  d'un  Éta- 
blissement comprenant  un  Musée,  une  Bibliothèque  et  un 
Aquarium,  avec  des  Laboratoires  destinés  aux  recherches  et 
aux  études  biologiques;  2'^  par  des  conférences  et  des  cours 
publics. 


Art.  23.  —  Les  membres  de  la  Société,  les  professeurs  et 
tous  les  attachés  à  l'enseignement  scientilîque  dans  les  Facultés 
ou  autres  écoles  de  l'État,  les  élèves  des  Hautes-Études  ou  des 
Facultés,  munis  d'un  certiticat  constatant  leur  mission  à  Arca- 
chon,  seront  admis  à  jouir  gratuitement  des  Laboratoires  et  de 
leurs  annexes.  Pour  les  autres  travailleurs  il  sera  perçu  une 
rétribution  dont  le  taux  sera  fixé  chaque  année  par  l'Assem- 
blée générale. 


N.  B.  —  La  Société  dispose,  annexées  à  ses  Laboratoires,  de  trois 
cliambres  dans  lesquelles  elle  peut  loger  gratititeiticiit  les  travailleurs 
qui  en  font  la  demande. 


ET   STATION   ZOOLOGlyUE   D'aHCACIION 


TRAVAUX 


SORTIS   DES 


LABORATOIRES    DARCACHON 


Paul  Bert.  —  Note  sur  la  présence  de  VAmphioxus  lanceolatus  dans 
le  bassin  d'Arcachon  et  sur  ses  spermatozoïdes  {Mémoires  de  la 
Société  des  Sciences  physlqKcs  et  naturelles  de  Bordeaux, 
t.  IV,  1867). 

—  Sur  la  mort  des  poissons  de  mer  dans  l'eau  douce  (Ihid.,  t.  IV 

et  V,  1867). 

—  Reproduction  des  parties  enlevées  chez  les  Annélides  {Ibid.,  t.  V). 

—  Sur  la  respiration  des  jeunes  Hippocampes  dans  l'œuf  (Ibid.). 

—  Sur  les  appendices  dorsaux  des  Eolis  (Ibid.). 

—  Sur  le  sanii  de  divers  Invertébrés  (Ibid.). 

—  Mémoire  sur  la  physiologie  de  la  Sèche  {Sepia  officinalis,  Lin.) 

{Ibid.,  t.  V.  Extrait  in  Comptes   rendus  de   V Académie   des 
Sciences,  1867). 

—  Surl'Amphioxus  (anatomie  et  physiologie)  (CoiJip^es  rendus,  1867). 
CiiÉRON.  —  Des  conditions  anatomiques  de  la  production  des   actions 

réflexes  chez  les  Céphalopodes  {Comptes  rendus,  1868). 
Fischer  (P.).  —  Note  sur  un  Cétacé  (Grampus  griseusj  échoué  sur  la 
côte  d'Arcachon  {An^iales  des  Sciences  naturelles,  1868). 

—  Mémoire  sur  les  Cétacés  du  genre  Ziphius,  Cuv.  {Nouvelles  An- 

nales du  Muséum  d'Histoire  naturelle  de  Paris,  t.  lïl). 

—  Observations  sur  quelques  points  de  l'histoire  naturelle  des  Cépha- 

lopodes (Annales  des  Sciences  naturelles,  t.  VIII). 

—  Recherches  sur  les  Actinies  des  côtes  océaniques  de  la  France  (Nou- 

velles Annales  du  Muséum,  t.  X). 

—  Faune  conchyliologique  du  département  de  la  Gironde  et  du  Sud- 

Ouest  {Actes  de  la  Société  Linnéenne  de  Bordeaux,  t.  XXV, 
XXVII  et  XXIX). 

—  Byrozoaires,  Echinodermes  et  Foraminifères  du  département  de  !? 

Gironde,  etc.  (Ibid.,  t.  XXVII). 


8  SOCIÉTÉ   SCIENTIFIQUE 

Fischer  (P.)  —  Crustacés  podophtal maires  et  cirrhipèdes,  etc.  {Ibid., 
t.  XXVIII). 

—  Anthozoaires,  Synascidies,  etc.  (Ibid.,  t.  XXX). 

Charles  des  Moulins.  —  Note  sur  une  forme  alloni,^ée  du  Tapes  aurea, 
Gmel.  {Actes  de  la  Société  Linnéenne,  t.  XXVI,  1868). 

Alexandre  Lafont.  —  Note  pour  servir  à  la  faune  de  la  Gironde  conte- 
nant la  liste  des  animaux  marins  dont  la  présence  a  été  constatée 
à  Arcachon  pendant  les  années  1867-68  (Actes  de  la  Société 
Linnéctvic,  t.  XXVI). 

—  Note  sur  l'organisation  des  Pennatules  (Ibid.). 

—  Note  sur  les  organes  de  la  génération  de  VOmmastrephes  sar/it- 

tatus  (Ibid.). 

—  Observations  sur  la  fécondation  des  Céphalopodes  (Ibid,  et  Aiinales 

des  Sciences  naturelles^  t.  XI). 

—  Note  pour  servir  à  la  faune,  etc.,  années  1869-70  {Ibid.,  t.  XXVII). 

—  Observations  sur  l'Amphioxus,  sur  la  Torpille  fife  id.). 

—  Observations  sur  les  Syngnathes  (Ibid.  et  Actes  de  VAcadéinie  de 

Bordeaux). 

—  Journal  d'observations  faites  sur  les  animaux  marins  du  bassin 

d" Arcachon  pendant  les  aimées  1866-67-68  (Bordeaux,  imp. 
Gounouilhou,  1870). 

—  Description  d'une  nouvelle  espèce  de  Raie  (R.  Brachyura)  (Ibid., 

t.  XXVII). 

—  Observations    sur    l'anatomie    des  Cétacés   capturés  à   Arcacbon 

en  1867-68  {In  Fischer,  Cétacés  du  Sud-Ouest.  Ibid.,  t.  XXXV). 
Moreau  (A.).  —  Recherches  physiologiques  sur  la  vessie  natatoire. 

—  Recherches  pliysioloyiques  sur  la  Torpille  électrique,  1869. 
Moreau  (E.).  —  Note  sur  la  région   crânienne  de  l'Amphioxus,  etc. 

{Comptes  rendus,  1870). 

—  Poissons  de  France,  note  sur  quelques  espèces  nouvelles  des  côtes 

de  VOcéan{Revue  et  Man.  de  Zoologie  pure  et  appliquée,  1874). 

—  Histoire  naturelle  des  Poissons  de  la  France  (Faune  d'Arcachon 

étudiée  en  1869).  —  Paris,  Masson,  édit.,  1881. 

Quatrefages  (de).  — Note  sur  quelques  animaux  invertébrés  du  bas- 
sin d'Arcachon  (Association  française  pour  l'Avancement  des 
Sciences,  session  de  Bordeaux,  1872). 

.Tobert  (G.).  —  Étude  d'anatomie  comparée  sur  les  organes  du  tou- 
cher (liez  divers  Mammifères,  Oiseau.r,  Poissons,  Insectes. 
(Thèse  de  la  Faculté  des  Sciences  de  Paris,  1872). 

Viault.  —  Recherches  histologiques  sur  la  structure  des  centres  ner- 
veux des  Plagiostomes  (Thèse  de  la  Faculté  des  Sciences  de 
Paris,  1877). 

Pérez.  —  Ovologie  des  Sacculines.  Sur  la  fécondation  de  l'Oursin 
{Comptes  rendus,  1877). 

Franck  (Fr.).  ■ —  Observations  graphitfues  des  effets  îles  nerfs  sur  le 
cœur  des  Poissons.  —  Des  effets  de  l'aspiiyxie  graduelle  (Tra- 
vaux inédits). 


ET   STATION    ZOOI.OGIgl'E   D'aRCACIION  9 

KuNSTLER.  —  Histoire  naturelle  des  Infusoires  parasites  (description  de 
deux  espèces  nouvelles)  (Annales  des  Sciences  naturelles  de 
Bordeaux  et  du  Snd-Ouest,  i^'^"  série,  n"  A). 

—  Dumontia  ophel'uwum,  type  nouveau  de  la  sous-classe  des  Sarco- 

dines  (Bulletins  de  la  Société  Zoologique,  1885). 
JoLYET.  —  Recherches  sur  la  Torpille  électrique  (Annales  des  ScimccH 

naturelles  de  Bordeaux   et  du  Sud-Ouest,  2-'  série,  n"  2,  et 

Mémoires  de  la  Société  des  Sciences  physiques  et  naturelles 

de  Bordeaux,  t.  V,  2''  série). 
DuRÈGNE  (E.).  —  Sur  le   Chitonactis  Bichardi,  Marion  (Actes  de  la 

Société  Linnéenne  de  Bordeaux,  t.  XL,  p.  iv,  .nxviii,  liv), 

—  Sur  le  PleurojjJiyllidia  lineata,  Otto  (Ibid.,  p.  xxvi,  xxxviii). 

—  Sur  V Adamsia  paUiata,  Bohadsch  (Ibid.,  p.  xxviii). 

—  Sur  VEledone  octopodia,  Pennant  (Ibid.,  p.  xxxviii). 

—  Sur  le  CJtenopus  pes  carbo)iis,  Brongn.  (Ibid.,  t.  XLI,  p.  xxix). 

—  Sur  les  dragaf;es  en  eau  profonde  au  large   d'Arcachon  (Ibid., 

p.  xxxm). 
GoTCH  (F.).  —  The  electromotive  properties  of  the  electrical  organ  of 

Torpedo  marmorata  [Phil.  Transactions  of  the  Boyal  Society 

of  London,  10  juin  1887). 
BouRY  (E.  de).  —   Observations  sur  la  faune  conchyliologique  marine 

des  côtes  de  la  Gironde  (Journal  d'Histoire  TKdiirelle  de  Bor- 
deaux et  du  Sud-Ouest,  1888,  no  9,  p.  99). 
DuRÈGNE  (E.).  —  Sur  la  présence  du  Porania  pulvillus  dans  le  golfe 

de  Gascogne  (Actes   de   la   Société  Linnéenne  de  Bordeaux, 

t.  XLI,  p.  xLViii). 

—  Sur  la  présence  dans  le  bassin  d'Arcachon  du  Polycera  Lessoni  et 

de  VAlcyonium  palmatum  (Ibid.,  t.  XLII,  p.  xxv). 
Fischer  (P.),  —  Note  sur  la  présence  du  genre  Corarnbe  Bergh  dans  le 

Las.sin    d'Arcachon  (Bidletins    de    la    Société    Zooloyhiue    de 

France,  t.  XIII,  p.  215). 
GoTCH  (F.).  —  Further  observations  on  the  electromotive  properties  of 

the  electrical  organ  of  Torpedo  marmorata  (PJiil.  Transactions 

of  the  Boyal  Society  of  London,  8  mars  1888,  t.  GLXXIX, 

p.  329). 

—  Experiments   on   some  curarised  Torpedoes  (Proceedings  Phys. 

Society,  1888,  t.  II,  p.  v). 

Lagatu  (IL). —  Anomalies  de  coloration  observées  chez  une  Sole  et  une 
Haie.  Poissons  rares  capturés  à  Arcachon  (Actes  de  la  Société 
Linnéenne  de  Bordeaux,  t.  XLI,  p.  lxxyi). 

Petit  (L.).  —  Effets  de  la  lésion  des  ganglions  sus-œsophagiens  chez  le 
Crabe  fCarcinus  mienas)  (Comptes  rendus  de  l'Académie  des 
Sciences,  2i  juillet,  et  Actes  de  la  Société  Linnéenne  de  Bor- 
deaux, t.  XLII,  p.  LXXXVl). 

DuRÈGN'E  (E.).  —  Sur  un  maxillaire  de  Baleinoptère  trouvé  à  Arcachon 
au  siècle  dernier  (Actes  de  la  Société  Linnéenne  de  Bordeaux, 
t.  XVH,  p.  Lxxi). 


10  SOCIÉTÉ   SCIENTIFIQUE 

DuRÈGNE  (E.).  —  Liste  des  espèces  marines  nouvelles  trouvées  à  Arca- 
chon  depuis  le  commencement  de  l'année  {IbicL,  p.  lxxxvii). 

—  Note  sur  le  Chitonactis  Richardi,  Marion  (Ibid.,  t.  XLIII,  p.  312). 

—  Sur  la  présence  de  la  Chama  griphoïdes  sur  les  côtes  océaniques 

d'Europe  (Ihid.,  p.  xl). 
Fischer  (H.).  —  Note  préliminaire  sur  le  Coramhe  testudmaria  (Bul- 

letins  de  la  Société  Zoologique  de  France,  t.  XIV,  p.  379). 
Fischer  (P.).  —  Sur  la  disposition  des  tentacules  chez  les  Gérianthes 

(Bulletins  de  la  Société  Zoologique  de  France,  t.  XIV,  p.  24). 

—  Note  sur  le  Pavonaria  quadrangularis  et  sur  les  Pennatulides 

des  côtes  de  France  (Ihid.,  p.  34). 

—  Nouvelle  contribution  à  l'actinologie  française  (Actes  de  la  Société 

Linnéenne  de  Bordeaux,  t.  XLIII,  p.  351,  avec  1  pi.). 

KuNSTLER  et  DE  LusTRAC.  —  Sur  le  Dumontia  libera  nov.  sp.  (Bullethi 
scientifique  de  la  France  et  de  la  Belgique,  III,  2,  p.  293). 

Lagatu  (H.).  —  Caractères  distinctifs  de  l'espèce  et  du  sexe  dans  les 
coquilles  types  de  quatre  Sepias  {Actes  de  la  Société  Linnéenne 
de  Bordeaux,  t.  XLII,  p.  105,  avec  4  pi.). 

Ménégaux  (A.).  —  Contribution  à  l'étude  de  la  turgescence  chez  les 
Bivalves  siphonés  et  asiphonés  (Bulletins  de  la  Société  Zoolo- 
gique de  France,  t.  XIV,  p.  40). 

—  Sur  les  homologies  de  différents  organes  des  Tarets  (Ihid.,  p.  53). 
Bernard  (F.).  —  Recherclies  sur  les  organes  palléaux  des  Gastéro- 
podes p>rosohranehes  (Thèse  de  la  Faculté  des  Sciences  de  Paris, 
28  avril  1890). 

Bouvier.  —  Sur  un  cercle  circulatoire  annexe  chez  les  Crustacés  déca- 
podes (Bulletins  de  la  Société  Philomathique  de  Paris,  8«  sé- 
rie, t.  II,  p.  135j. 

—  Variations  progressives  de  l'appareil  circulatoire  artériel  chez  les 

Crustacés  anomoures  (Ihid.,  p.  479). 
DuRÈGNE.  —  Animaux  nouveaux  pour  la  région,  recueillis  à  Arcachon 

(Actes  de  la  Société  Linnéenne  de  Bordeaux,  t.  XLIII,  p.  x 

et  Lxxv;  t.  XLIV,  p.  xix). 
^lÉNÉGAUx.  —    Recherches  sur  la  circulation  des  Lamellibranches 

marins  (Thèse  de  la  Faculté  des  Sciences  de  Paris,  30  juin  1890). 
Perrier  (R.).  —  Recherches  sur  Vanatomie  et  l'histologie  du  rein  des 

Gastéropodes  prosohranches  (Thèse  de  la  Facultédes  Sciences  de 

Paris,  28  mars  1890). 
YiALLA.NES.  —  Sur  quelques  points  de  l'histoire  du  développement  em- 
bryonnaire  de   la   Mante  religieuse  (Mantis   religiosa)  {Revue 

biologique  du  Nord,  n°  12,  septembre  1890). 

—  Note  sur  la  ponte  d'une  Seiche  d'espèce  indéterminée  (Ihid.,  n»  3, 

décen>bre  1890). 

—  Sur  la  structure  des  centres  nerveux  du  Limule  (Lininlus polyphe- 

musJ(Comptes  rendus  de  l'Académie  des  Sc/ences,  l'^'"déc.  1890). 
Fischer  (H.).  —  Sur  l'anatomie  du  Coramhe  testudinaria  (Comptes 
rendus  de  l'Académie  des  Sciences,  2  février  1891). 


ET   STATION   ZOOLO(;iQLE   d'aIICACIION  H 

Fischer  (H.).  —  lleclierclies  anatoiniques  sur  un  Mollusque  nudi- 
branche  appartenant  au  genre  Coramhe  (Bulletin  scienllfique  de 
la  France  et  de  la  Belgique,  1891 ,  t.  XXIIl,  40  p. ,  4  pl.).J 

Phisalix  (G.).  —  Sur  la  nature  des  mouvements  des  chromatophores  des 
Céphalopodes  (f^omptcs  rendus  de  l'Académie  des  Sciences, 
19  octobre  1891). 

Faurot  (L.)-  —  Sur  le  Cerianthns  membranactvs  {Mémoires  de  la 
Société  Zoologique  de  France,  1891,10  p.,  1  fig'.). 

ZuNE  (A.-J.).  —  Traité  général  d analyse  des  beurres.  2  vol.  in-8"  de 
400  p.  chacun.  Paris  et  Bruxelles,  189*2. 

Grehant  et  JoLYKT  (F.).  —  De  la  formation  de  l'urée  par  la  décharge 
électrique  de  la  Torpille  (Société  de  P>iologie,  1891). 

JoLYKT  (F.)  et  ViALLAXES  (H.).  —  Piecberches  sur  le  système  nerveux 
accélérateur  et  modérateur  du  cœur  des  Crustacés  {Cowptes 
rendus  de  V Académie  des  Sciei^ces,  25  janvier  1892). 

ViALLANES  (H.).  —  Sur  la  structure  de  Tœil  chez  les  Crustacés  macrou- 
res {Comptes  rendus  de  l'Académie  des  Sciences,  4  mai  1892). 

—  Sur  la  structure  de  la  lame  ganglionnaire  chez  les  Crustacés  déca- 

podes  (Bulletin   de  la  Société  Zoologique  de  France,  1891, 
9  p.,  3  fig.). 

—  Sur  quelques  points  de  l'histoire  du  développeinent  embryonnaire 

de  la  Mante  religieuse  (^)inaZe.s  des  Sciences  naturelles  et  zoolo- 
giques, 1"^  série,  t.  XI,  1891,  45  p.,  2  pi.  doubles). 
RocHÉ  (G.).  —  Papport  sur  une  mission  de  diagage  dans  le  golfe  de 
Gascogne  (Archives  des  Missions  scietitiftques). 

—  Le  clialutage  k  vapeur   dans   le  golfe  de  Gascogne  {Revue  des 

Sciences  naturelles  du  Suil-Ouest,  }an\\ev  1892). 
Certes  (A.).  —  Sur  la  vitalité  des  germes   microscopiques  des  eaux 

douces  et  des  eaux  salées  {Comptes  rendus  de  F  Académie  des 

Sciences,  22  février  1892). 
Fischer  (M.).  —  RechercJœs  sur  la  morphologie  du  foie  des  Gastéro- 
podes (Thèse  de  Pai'is,  88  p.,   7  pi.,  et  Bulletin  scientifique, 

t.  XXIV). 
Phisalix  (M.).  —  Structure  et  développement  des  chromatopliores  chez 

les  Céphalopodes  (Arcltives  de  Phgsioiogie,  juillet  1892,  11  p., 

1  pi.). 
Bouvier  (E.-L.).  —  Sur  la  graisse  du  foie  des  Crustacés  décapodes (Bu/- 

letin  de  la  Société  Philomatlnque,  8'"  série,  t.  III,  no  4,  5  p.). 

—  Observations  sur  l'anatomie  du  système  nerveux  de  la  Limule  poly- 

phème  (Biilhtins  de  la  Société  PhilomatJiiqur,  S^  série,  t.  III, 

12  p.,  3  fig.). 
Thoulet.  —   Pecherches   d'océanographie   sur   le   bassin    d'Arcachon 

(Comptes  rendus  de  l'Académie  des  Sciences). 
Nabias  (de).  —  Piecberches  sur  la  structure  du    système  nerveux  des 

Mollusques  (Association  française,  Congrès  de  Pau).  .  /--^.^^ 

Viallanes (H.).  —  Recheiches  comparatives  sur  l'organisation  du  cer-  'n(_    . 

veau  dans  les  principaux  groupes  d'Arthropodes (Cowjjfes  rendes  '  ' 

de  la  Société  de  Biologie,  30  avril  1892). 


12  SOGIKTÉ   SCIENTIFIQUE 

ViALLANES  (H.).  —  RecliercliGS  sur  la  filtration  de  l'eau  par  les  Mol- 
lusques et  applications  à  l'ostréiculture  et  à  l'océano^rapliie 
{Comptes  rendus  de  V Académie,  7  juin  1892). 

—  Recherches  anatomiques  et   physiologiques  sur  l'œil  des  Arthro- 

podes (Aniiales  des  Sciences  naturelles,  36  p.,  2  pi.). 

—  Contrihutions  à  l'histologie  du  système   nerveux  des  Invertébrés 

{Annales  des  Sciences  naturelles,  15  p.,  1  pi.). 
RocHÉ  (G.).  —  La  pêche  au  grand  chalut  dans  le   golfe  de  Gasco- 
gne (Masson,  Paris). 
Janssens  (Fr.).  —  Les  branchies  des  Acéphales  (Louvain). 
PniSALix.  —  Recherches  physiologiques   sur  les  cliromatophores  des 

Céphalopodes  {Archives   de  Physiologie  normale  et  patJtolo- 

gique,  1893). 
JoLYET  et  ViALLANES.    —   Recherches   sur   la    respiration   des  Cétacés 

{Archives  de  PJiysiologie  normale  et  pathologique,  1893). 
Nabias  (de).  —  Recherches  histologiques  et  org  analogiques  sur  les 

centres  nerveux   des  Gastéropodes  (Thèse  de   la  Faculté  des 

Sciences  de  Paris,  1894). 
JoBERT.  —  Recherches  pour  servir  à  l'histoire  du  parasitisme  {Comptes 

rendus  de  la  Société  de  Biologie,  1894). 
Sellier.  —  Influence  de  la  tension  de  Voj-ygène  sur  l'hématopoièse 

et  sur  les  combustions  respiratoire^  (Tlièse  de  la  Faculté  de 

Médecine  de  Bordeaux,  1894). 


ET   STATION    ZOOLOGIQUE   D'aRCACHON  13 


CONTRIBUTIONS  A  L'ÉTUDE 


O  (I) 


SANG  ET  DE  SA  CIRCDLATION  chez  les  ARTHROPODES 


Le    D'    F.    JOLYET, 

Directeur  de  la  Slatioa  zoologique  d'Arcaclion,  professeur  à  la  F"acuUé 
de  Médecine  de  Bordeaux, 

ET 

Le   !>■    If.  \IALLANES, 

Docttur  es  sciences  naturelles,  ancien  Directeur  de  la  Station  zoologique  d'Arcaclion. 


Nos  recherches  ont  porté  sur  le  Crabe-Tourteau  (Cancer 
pagurus)  et  sur  le  Liinule  (Limidus). 

Nous  étudierons  successivement  :  A.  le  sang;  B.  la  pres- 
sion du  sang  dans  le  cœur;  C.  la  pulsation  du  cœur  et  les 
variations  de  la  pression  du  sang  dans  la  cavité  péricardiaque 
des  crustacés;  D.  les  efl'ets  des  excitations  du  cœur  chez  le 
Crabe  nuenas. 

A.  Sang.  —  Les  résultats  qui  suivent  se  rapportent  exclusi- 
vement au  sang  des  Limules.  Pour  ce  qui  a  trait  au  sang  des 
crustacés  proprement  dits,  nous  renvoyons  au  mémoire  sur 
la  respiration  des  animaux  aquatiques  que  l'un  de  nous,  avec 

(•)  Ce  mémoire  a  ('tê  présenté  au  Congrès  de  l'Association  IVan^'aise  pour  l'Avance- 
ment des  Sciences.  Bordeaux,  1811."». 


14  SOCIÉTÉ   SCIENTIFIQUE 

M.  P.  Regnard,  a  publié  dans  les  Archives  de  Physiologie 
pour  rannée  4877. 

Un  premier  point  important,  c'est  l'énorme  quantité  de 
sang  qu'on  peut  retirer  du  Limule,  par  la  saignée  directe  du 
cœur.  C'est  ainsi  qu'un  sujet  du  poids  de  8(50  grammes 
donne  105  centimètres  cubes  de  sang;  un  autre  du  poids  de 
690  grammes  fournit  80  centimètres  cubes  de  sang,  c'est  à 
dire  le  huitième  du  poids  du  corps,  quantité  de  sang  très 
supérieure  à  celle  qu'on  peut  retirer  du  Tourteau  par  le  même 
procédé,  très  supérieure  également  à  la  quantité  de  sang 
soustraite  chez  les  céphalopodes  (Poulpes)  qui,  d'après  L.  Fré- 
déricq,  est  du  trentième  du  poids  de  ces  animaux. 

La  densité  du  sang  a  varié  entre  1035  et  1037  chez  trois 
individus.  Sa  coloration,  après  agitation  à  l'air,  est  d'un  beau 
bleu  outre-mer.  Privé  d'oxygène  dans  le  récipient  vide  de  la 
pompe  pneumatique  à  mercure,  le  sang  devient  l)lanc-laiteux 
opalescent,  d'aspect  d'eau  de  savon;  mais  il  reprend  aussitôt 
sa  belle  coloration  bleue,  si  on  laisse  rentrer  l'air. 

Gomme  pour  le  sang  des  crustacés  et  des  mollusques,  nos 
expériences  démontrent  surabondamment  que  les  change- 
ments de  couleur  du  sang  de  Limule  sont  dus  à  la  présence 
ou  à  l'absence  de  l'oxygène  dans  le  liquide,  et  que  l'acide 
carbonique  n'a  aucune  influence  dans  le  phénomène. 

La  capacité  respiratoire  du  sang,  après  agitation  à  l'air,  a 
donné  pour  100  centimètres  cubes  de  sang  : 

O.Kygène,  2"7;  acide  carbonique,  4"5;  azote,  1"6 

c'est  à  dire  des  chiffres  sensiblement  identiques  à  ceux  déjà 
signalés  pour  la  capacité  respiratoire  du  sang  des  crustacés 
par  F.  Jolyet  et  Piegnard. 

L'hémocyanine  du  sang  de  Linuile,  comme  celle  du  sang 
des  crustacés  et  des  mollusques,  est  précipitée  par  la  chaleur, 
par  l'alcool;  le  coagulum  albuminoïde  est  bleuâtre  et  sa  colo- 
ration devient  plus  marquée  encore  pai-  le  dessèchement;  le 
lilti'at  est  tout  à  fait  limpide  et  incolore.  Le  coagulum  albumi- 
noïde, lavé  à  l'eau  et  à  l'alcool  et  desséché  à  110",  a  fourni 
81"'"8  d'hémocyanine  par  litre  de  sang. 

Si  on  traite  les  cendres  d'hémocyanine  dissoutes  dans  une 
petite  quantité  d'eau  azotique^  par  l'ammoniaque,  ou  obtient 


ET   STATION   ZOOLOfilgUE   u'aRCACIION  15 

une  légère  coloration  bleue  qui  indique  lu  jDresence  du  cuivre 
dans  ces  cendres.  La  coloration  bleu  de  prusse  intense  qu'on 
produit  dans  la  solution  azotique  des  cendres  de  la  fibrine  du 
sang  de  Limule  et  de  Crabe,  par  le  ferro-cyanure  de  potas- 
sium, montre  que  cette  substance  contient  du  fer. 

B.  Pression  du  sang.  —  Depuis  les  tentatives  de  détermi- 
nation de  la  tension  sanguine  chez  le  Crabe  par  M.  Plateau, 
aucun  physiologiste  n'a  repris  ces  mesures.  Il  y  avait  cepen- 
dant intérêt  à  faire  ces  déterminations  chez  les  arthropodes, 
en  particulier  chez  le  Limule  et  chez  le  Crabe  comparative- 
ment. Chez  le  Limule,  en  effet,  l'appareil  circulatoire  est 
beaucoup  plus  parfait  et  compliqué  .que  chez  aucun  autre 
articulé.  Le  sang  veineux  n'est  pas  répandu  dans  les  lacunes 
inter-organiques  comme  chez  les  crustacés,  mais  renfermé 
dans  la  plus  grande  partie  de  son  parcours  dans  des  vaisseaux 
distincts,  dont  les  origines  constituent  des  ramifications  très 
ténues,  qui  sont  de  véritables  capillaires  veineux;  les  capil- 
laires artériels,  très  riclies,  très  ténus,  sont  continus  égale- 
ment jusque  dans  les  tissus  et  les  membres,  sans  les  lacunes 
intermédiaires  qui  existent  chez  les  crustacés.  Aussi  y  avait-il 
intérêt  de  connaître  les  tensions  sanguines  spéciales  et  certai- 
nement fort  différentes  sous  lesquelles  s'exécute  respective- 
ment la  circulation  du  sang  chez  le  Limule  et  le  Tourteau.  S'il 
est  presque  impossible  de  prendre  la  pression  du  sang  dans 
les  vaisseaux  des  arthropodes,  il  est  au  contraire  très  facile  de 
la  prendre  dans  le  ventricule,  sans  mutilation  préalable  et 
sans  apporter  de  trouljles  dans  la  circulation,  en  procédant 
comme  nous  allons  dire. 

Chez  le  Limule,  le  cœur  tubuleux  est  presque  immédiate- 
ment sous  la  peau.  Pour  pénétrer  dans  le  cœur^  on  place 
l'animal  en  demi-flexion  et  on  enfonce  directement  la  canule 
par  le  milieu  de  la  jointure,  en  dirigeant  la  pointe  en  arrière, 
parallèlement  à  la  carapace,  à  quelques  millimètres  au-dessous, 
jusqu'au  niveau  de  la  troisième  impression  cardiaque.  En 
dirigeant,  au  contraire,  la  canule  en  avant,  on  peut  pénétrer 
dans  l'artère  aorte.  Toutefois,  cette  pénétration  est  plus 
diiicile,  bien  que  le  vaisseau  soit  assez  volumineux.  Quoi  qu'il 
en  soit,  la  canule  introduite  est  reliée  avec  un  manomètre  à 


10  SOCIÉTÉ   SCIENTIFIQUE 

eau  de  Haies  ou  au  cardiomètre  à  mercure  de  Ma^endie, 
transformé  en  cardiograplie  ;  on  voit  la  colonne  liquide  s'élever 
dans  le  premier  cas,  par  jets  saccadés,  jusqu'à  65  et  70  centi- 
mètres de  hauteur  et  osciller  à  ce  uivcaii;   ou  fournir  dans 


FIG.  1. 

TENSION   DU   SANG  CHEZ  LE  LIMULE 

le  second  cas  le  tracé  de  la  tension  du  sang,  représenté 
figure  1.  Le  cardiomètre  à  mercure  indiquant  les  pressions 
réelles,  la  pression  constante  dans  Taorte  du  liimule  est 
donnée  sur  le  tracé  en  centimètres  et  millimètres  de  mercure 
par  la  distance  qui  sépare  la  ligne  de  0  des  minimas  des  oscil- 
lations ;  cette  pression  est  de  G  centimètres  de  lig,  ses  varia- 
tions systoliques  de  6  millimètres  en  plus.  A  la  sixième 
pulsation,  la  canule  étant  sortie  du  vaisseau,  on  voit  la  pres- 
sion retomber  aussitôt. 

Pour  introduire  la  canule  dans  le  cœur  du  Crabe-dormeur, 
il  faut  amincir  à  la  lime  la  carapace,  d'avant  en  arrière,  sur  le 
milieu  de  la  région  sus-cordiale  jusqu'au  voisinage  du  derme; 
il  est  alors  facile,  avec  la  canule  apointie,  de  pénétrer  dans  le 


ET   STATION   ZOO[.Or;iQT:E   D'aRCACIIOX 


47 


cœur.  Ou  voiL  iiiiiuédialemcnl  le  mercure  iiiuutor  daus  le  Lube 
du  cardiomèlre  au(]uel  la  canule  est  reliée  et  osciller  à  chaque 
systole  cardiaque  au-dessus  de  la  ligue  de  0,  comme  le  mon- 
trent les  tracés  des  fif/urrs  S,  S,  A. 


FIG.  2. 
PRESSION   DU  SANG   DANS  LE  CŒCR  DU   TOURTEAU 

Sur  le  tracé  de  la  pagure  2,  pris  sur  un  fort  Tourteau,  la 
pression  cardiaque  est  de  24  millimètres  de  mercure,  avec  des 
oscillations  systoliques  faibles,  la  canule  étant  trop  fme.  Sur 
les  tracés  des  figures  3  et  4,  pris  sur  de  plus  jeunes  individus, 


FIG.  3. 

PRESSION'    CARDIAQUE   DU   TOURTEAU 


FIG.   4. 

PRESSION  CAr;DiAiirr.  du  tourteau 


la  pression  constante  est  de  8  à  10  millimètres  de  mercure, 
avec  des  oscillations  de  4  millimètres  en  plus  à  chaque  systole 
cardiaque. 


Soc.  se.  d'Aucachon. 


18 


SOCIETE   SCIENTIFIQUE 


C.  Étude  de  la  pulsation 

DU  CŒUR  ET  DES  VARIATIONS 
DE  LA  PRESSION  DU  SANG  DANS 
LA  CHAMBRE  PÉRICARDIAQUE 
CHEZ    LES    CRUSTACÉS.    —    LeS 

tracés  précédents  de  la  pres- 
sion sanguine  constante  et  de 
sa  variation  périodique  systo- 
lique,  dans  le  ventricule  du 
Tourteau,  fournissent  des 
courbes  absolument  régulières 
de  mesures  de  ces  pressions. 
Mais  il  est  facile  de  compren- 
dre que  certains  détails  de  la 
pulsation  puissent  être  effacés 
par  suite  de  l'inertie  de  la 
colonne  mercurielle  manomé- 
trique  mise  en  mouvement. 

La  méthode  pléthysmogra- 
phique  suivante  permet  d'enre- 
gistrer la  pulsation  cardiaque 
dans  des  conditions  aussi  phy- 
siologiques que  possible,  en 
même  temps  que  les  varia- 
tions de  la  pression  du  sang 
de  la  chambre  péricardiaque. 
Pour  cela,  on  met  le  péricarde 
à  découvert,  en  limitant,  avec 
la  lime  triangulaire,  un  carré 
de  la  région  sus-cordiale  de  la 
carapace  du  Tourteau,  de  2  à 
3  centimètres  de  côté,  suivant 
la  grosseur  de  Tanimal  et,  avec 
la  gouge,  on  enlève  couche  par 
couche  le  plastron  ainsi  limité, 
de  façon  à  mettre  le  derme  à 
découvert;  les  pulsations  sont 
à  peine  perceptibles  au  dehors. 
On  découvre  alors  le  péricarde 


ET   STATION    Z00L0(;IQUE   D'aRCACIION  19 

en  enlevant  avec  précaution  le  plastron  dermique  très  sen- 
sible. Le  péricarde  à  nu  et  l'animal  reposé,  les  contractions 
cardiaques  sont  très  manifestes  et  peuvent  être  facilement 
enregistrées  comme  suit.  Pour  cela,  on  lute  hermétiquement 
à  la  gutta,  sur  tout  le  pourtour  de  l'ouverture  de  la  carapace, 
le  rebord  d'une  petite  capsule  de  tambour  en  verre,  et  on 
en  conjugue  le  tube  à  celui  d'un  tambour  enregistreur  très 
sensible,  qui  inscrit  sur  le  cylindre  enfumé  les  changements 
de  volume  produits   dans   la  capsule   sus-cordiale,  par   les 


FIG.  G. 

mouvements  du  sang  dans  la  chambre  péricardiaque  et  par 
les  contractions  du  cœur.  On  obtient  ainsi  des  tracés  dont 
la  figure  5  représente  des  spécimens.  Sur  ces  tracés,  on 
remarque  les  pulsations  du  cœur  :  c  k  d  du  tracé  1  est  une 
de  ces  pulsations.  On  voit  de  plus  que  chaque  pulsation  n'est 
pas  régulière  et  uniforme,  mais  composée  de  mouvements 
secondaires  très  fré([uents,  qui  sont  dus  aux  rapides  vibrations 
de  la  lamelle  ou  palette  qui  entretiennent  la  circulation  de 
l'eau  dans  la  brand lie.  Ces  graphiques  sont  importants,  puis- 
({u'ils  montrent  l'inlluence  adjuvante  des  mouvements  respi- 
ratoires sur  la  circulation  de  retour;  chaque  mouvement  de  la 
palette  qui  fait  circuler  l'eau  respiratoire  dans  la  branchie, 
imprimant  au  sang  du  vaisseau  efferent  une  onde  pulsatile  ou 
de  pression  qui  se  propage  rythmiquement  du  côté  de  la 
chambre  péricardiaque,  où  le  dispositif  indiqué  permet  de  la 
recueillir  et  de  l'enregistrer.  Les  tracés  1  et  2  de  la  figure  5 
montrent  encore  ce  l'ait  qu'il  se  produit  périodiquement,  toutes 
les  minutes  environ,  sous  l'inlluence  des  mouvements  respira- 
toires, une  grande  oscillation  de  pression  (a  à  h)  dans  la  cavité 
péricardiaque.  Les  phénomènes  ci-dessus  peuvent  être  égale- 
ment constatés  sur  les  tracés  pléthysmographiques  du  cœur 
de  la  Langouste  (fig.  6),  a  k  h  étant  une  pulsation  cardiaque 
et  les  petites  oscillations  correspondant  aux  ondes  de  pression 
transmises  au  sang  de  la  chamlire  péricardiaque  par  les  vibra- 


•20  SOCIÉTÉ   SCIENTIFIQUE 

tions  de  la  palette  (*)  Mêmes  constatations  sur  les  tracés  du 
Crabe  niccnas  (pj.  7),  mais  moins  manifestes. 

D.  Effets  des  excitations  rythmées  du  cœur  chez  le 
Crabe  menas.  —  Le  cœur  des  invertébrés,  par  ses  propriétés 
physiologiques,  se  rapproche  à  certains  points  de  vue  du  cœ.wv 
des  vertébrés  inférieurs;  il  s'en  éloigne  par  d'autres.  Isolé  de 
toutes  ses  connexions  avec  l'organisme  ou  même  complète- 
ment séparé  du  corps,  il  continue  pendant  quelque  temps  ses 


FIG.  7. 

pulsations  rythmées  (cœurs  de  Crabe,  de  Limule,  d'Aplysie).  Le 
cœur  i-ecèle  donc  en  son  sein  des  centres  excitateurs  de  ses 
contractions (^).  Comme  le  myocarde  de  la  Grenouille,  le  cœur 
du  Crabe  présente  la  phase  d'inexcitabilité  systolique,  cause 
du  rythme  cardiaque;  comme  lui,  il  peut  être  mis  en  tétanos 
sous  l'inlluence  du  courant  faradi(jue  de  fré(juence  donnée. 
Ici,  nous  voulons  seulement  insister  sur  les  elTets  particuliers 
des  excitations  rythmées  du  cœur  du  Crabe,  qui  peuvent 
éclairer  le  mécanisme  de  production  du  tétanos  cardiaque. 

On  sait  que  quelques  auteurs  (lianvier)  établissent  une 
distinction  radicale  entre  le  tétanos  du  cœur  et  celui  des 
muscles  blancs  de  la  vie  animale.  Le  tétanos  du  cœur  résul- 
terait de  la  mise  en  jeu  de  la  tonicité  du  muscle  cardiaque, 
c'est  à  dire  du  défaut  de  relâchement  instantané  du  cœnu' 
quand  cessent  les  excitations  qui  l'ont  mis  en  tétanos.  Aussi 
appelle-t-on  tétanos  de  tonicité,  le  tétanos  du  cœur,  par  oppo- 
sition au  tétanos  par  fusion  des  secousses  des  muscles  striés 

(')  Il  est  intéressanl  de  constater  que  les  muscles  imitcurs  des  paloltcs  possèdent  la 
pi'opiiété  rythmique  du  muscle  cai'diaque.  (lommo  celui-ci,  ils  pivsonlent  la  phase 
d'inexcitabilité  périodique  qui  fait  que,  sous  l'inlluence  des  courants  continu  ou  t'ara- 
dique  tétanisant,  choisis,  ils  se  contractent  rythmiquenient,  en  donnant  des  secousses 
distinctes  isolées,  non  fusionnées. 

(-)  Jolyel  et  Sellier  ont  déterminé  la  position  de  ces  centres  sur  les  ca-uts  de  Crabe 
ef  d'.4plysie.  22; 


ET   STATION    ZOO[.0(;I(iUE   D'AIKACIION 


21 


ordinaires.  Pour  d'autres  (Marey),  cette  distinction  n'est  peut- 
être  pas  fondée  et  la  ditïëreiice  tiendrait  plus  à  la  grande 
dui'ée  des  actes  élémentaires  (systoles)  du  tétanos  du  cœur, 
que  des  actes  élémentaires  (secousses)  des  muscles  ordinaires. 
Dans  les  deux  cas,  le  relâchement  est  lent  et  de  même  nature, 
parce  que  le  mouvement  de  ces  deux  muscles  est  très  len^^ 
lui-même.  Si  on  diminue  l'intensité  des  excitations  qui  pro- 
duisent le  tétanos,  sans  en  changer  le  nomhre,  on  accélère  le 
rvthmc. 


FIG.  8. 

TÉTANOS   PAIIFAIT   DU   CŒUR  DE  CRABK   SOUS   L'INFLUENCE 
Dlj   COURANT   TÉTANISANT  EN  A 


Nos  expériences  montrent  que  le  cœur  du  Crabe  se  com 
porte  comme  les  muscles  blancs  striés  ordinaires,  avec  cette 
différence  qu'il  présente  la  phase  d'inexcitabilité  systolique 
pour  les  excitations  faibles.  Le  myocarde  du  Crabe  offre  donc 
une  systole  brève  et  une  décontraction  rapide.  Il  s'ensuit  que 
le  nombre  des  excitations  faradiques  tétanisantes  efficaces  est 
comme  pour  le  muscle  strié  volontaire,  fonction  de  la  durée 
de  la  systole.  Celle-ci  étant  connue,  on  peut  donc  à  volonté 
produire  le  tétanos  parfait  ou  imparfait. 

La  figure  8  est  un  exemple  de  tétanos  parfait  par  des  exci- 
tations fréquentes  (25  à  la  seconde)  du  courant  faradique(i). 
Si  on  diminue  le  nombre  des  excitations  du  courant  faradique, 
de  façon  à  ce  qu'elles  viennent  surprendre  le  cœur,  alors  qu'il 
a  déjà  commencé  sa  décontraction,  niais  avant  que  celle-ci  ne 
soit  achevée,  on  obtient  alors  le  tétanos  imparfait  ou  incomplet 
du  cœur. 

Les  graphiques  A  et  B  de  la  figure  9,  de  tétanos  imparfait, 
montrent  comment  le  tétanos  tend  à  se  compléter  par  fusion 
des  systoles,  à  mesure  qu'on  augmente  le  nombre  des  excita- 

(1)  Dans  toutes  ces  expériences,  le  cœux'  n'est  excité  que  par  le  couiaut  induit  de 
rupture,  l'induit  de  fermeture  étant  automatiquement  supprimé.  ^       ^  ■     a  /"v^ 

luJli-  Y)  soi 


th^^l^^^/ 


22 


SOCIÉTÉ   SCIENTIFIQUE 


tions  électriques.  On  voit  dans  la  première  partie  du  tracé  : 
en  A,  le  cœur  répondre  à  quatre  excitations  faradiques  par 
seconde,  par  quatre  systoles  non  complètement  fusionnées; 
en  B,  répondre  à  six  excitations  par  seconde,  par  six  systoles 
encore  distinctes.  Ce  chiffre  n'est  pas  la  limite  des  réponses 


ITG.  il. 

[iTÉTAiSOS   IMPARFAIT  DU  CŒIT.   DE   CP.ABE 

du  cœur,  qui]  peut  répondre  par  des  systoles  non  fusionnées 
complètement,  à  huit  et  même  dix  excitations  par  seconde. 

Les  graphiques  de  la  figure  10  montrent  le  ca?ur  répondant 
à  une  excitation  sur  deux  du  courant  faradique  (8  à  la  seconde) 
inefficaces  en  phase  systolique,  une  des  excitations  surprenant 


FIG.  10. 

EXEMPLES   DE  TÉTANOS  IMPARFAIT    F.T  PARFAIT 


le  cœur  en  systole  est  comme  non  avenue.  Il  entre  en  B  en 
tétanos  parfait  par  le  courant  tétanisant  de  vingt-cinq  interrup- 
tions à  la  seconde. 

Une  particularité  intéressante  à  signaler  du  tétanos  rythmi- 
que du  cœur  de  Crabe  sous  l'influence  des  excitations  fara- 
diques suffisantes,  est  la  suivante  :  le  myocarde  du  Crabe  olfre 
à  un  haut  degré  le  phénomène  de  sommation  ou  (Vaddition 
latente,  c'est  à  dh-e  l'augmentation  de  l'excitabilité  du  cœur 
sous  l'influence  des  excitations.  Ce  phénomène  est  déjà  marqué 
sur  les  tracés  (en  A)  des  figures  9  et  W;  mais  il  est  tout  à  fait 


ET   STATION   ZOOLOGIQUE   d'aRCACIION 


23 


typique  sur  le  tracé  de  la  fig^ire  il.  he  cœur  est  excité  en  A 
par  un  courant  tétanisant  de  huit  interruptions  par  seconde, 
juste  suffisant  en  phase  diastolique  (n°'5  de  la  petite  bobine  à 
cliariot  de  Gaiiïe).  On  voit  le  tétanos  rythmique,  à  peine  mar- 
qué au  début,  se  manifester  par  des  systoles  de  plus  en  plus 


FIG.  il. 

TÉTANOS   RYTHMIQUE   DU   CŒUR   DE  Cr.A.BE  (EN   ^1)   MONTRANT   LE  PHÉNOMÈNE 
DE  SOMMATION 

amples,  au  fur  et  à  mesure  de  la  continuation  de  l'excitation, 
et  le  cœur  répondre,  par  quatre  systoles  presque  complètes 
]iar  seconde,  à  chacune  des  excitations  qui  le  surprennent  en 
pliase  diastolique,  les  autres  excitations  restent  inefficaces, 
atteignant  le  cœur  en  systole. 


FIG.  12. 

DIASTOLE   IMPARFAITE   EN  A 
DIASTOLE  PARFAITE  EN  B 

Un  autre  point  de  ressemblance  du  myocarde  du  Crabe 
avec  les  muscles  blancs  ordinaires  est  dans  la  très  faible  durée 
de  sa  réponse  systolique  aux  excitations.  Le  temps  perdu  du 
cœur  est  moindre  de  0,01  de  seconde;  de  même  sa  décon- 
traction à  la  suite  du  tétanos  est  extrêmement  brusque  et  sur- 
vient 0,02  à  0,03  de  seconde  après  la  cessation  des  excitations. 

Chez  un  certain  nombre  de  Crabe  mtenas,  l'appareil  nerveux 
frénateur  cardiaque  olïre  une  action  prédominante,   qui   se 


24  SOCIÉTÉ   yCIENTIFIgLîE 

manifeste  par  l'arrêt  du  cœur  en  diastole  sous  l'influence  du 
courant  faradique.  Mais  chose  remarquable,  suivant  le  nom- 
bre des  excitations,  la  diastole  est  parfaite  ou  imparfaite  et, 
comme  dans  le  cas  du  tétanos  cardiaque,  le  nombre  des  exci- 
tations qui  mettent  le  cœur  en  diastole  est  fonclion  de  la 
durée  de  la  pulsation  cardiaque.  Les  graphiques  de  la 
firjr.rc  12  en  fournissent  un  exemple  démonstratif.  La  diastole 
est  imparfaite  en  A  par  trois  excitations  par  seconde,  elle  est 
conplète  en  B  par  huit  excitations. 


ET   STATION   ZOOLO(.IglIE   d'aRCACIION  25 


II 

LA  PROPHYLAXIE  EXPÉPJMENTALL  DE  LA  CONTAGION 

DANS  LA  PHTISIE  PULMONAIRE  (i) 

PAR    LE 

D»^  F.  LALESQUE 

Ancien  interne  des  Hôpitaux  de   Paris,  Lauréat  de  la  Société  de  Biologie 
Pié-ident  de  la  Société  scientifique  d'Arcaciion. 

ET 

P.  RIVIÈRE 

Préparateur  à  la  Faculté  de  Médecine  de  Bordeaux. 


I 

Nos  premières  expériences  ont  eu  pour  but  de  déterminer 
quelle  est  la  virulence  tuberculeuse  des  poussières  dans  les 
locaux  de'sinfectés,  soit  après  séjour  prolonge',  soit  après  décès 
de  tuberculeux  à  expectoration  purulente;  ce  qui  équivaut  à 
déterminer  les  résultats  soit  positifs,  soit  négatifs  des  mesures 
de  désinfection. 

Dans  ce  but,  nous  avons  recueilli  les  poussières  de  trente- 
cinq  chambres  de  villas  ou  d'hôtels,  répondant  aux  conditions 
d'habitat  précitées  et  de  désinfection  pratiquée  comme  suit  : 

1°  Enlever  toute  la  literie,  les  rideaux,  tentures  et  tapis 
de  la  chambre,  et  les  faire  passer  à  l'étuve  sous  pression 
à  120°  (modèle  Geneste  et  Herscher); 

(')  Ce  travail,  présenté  par  M.  le  professeur  Landouzy  à  l'Académie  de  Médecine 
de  Paris,  dans  sa  séance  du  16  juillet  1895,  a  été,  de  la  part  de  l'un  de  nous,  l'ohjet 
d'une  communication  au  Con^^rès  des  Sociétés  savantes  de  1896  (Paris-Sorbonne, 
section  des  Sciences  médicales), 


26  SOCIÉTÉ   SCIENTIFIQUE 

2**  Essuyer  soigneusement  tous  les  meubles,  puis  en  frotter 
le  bois  avec  un  linge  bien  imbibé  d'une  solution  de  sublimé  à 
1  7oo.  Le  dessus  des  armoires,  les  corniches,  le  dos  des  cadres 
et  toutes  les  saillies  des  moulures  seront  l'objet  d'une  attention 
spéciale  ; 

3'^  Lessiver  à  l'eau  bouillante  le  parquet  et  toutes  les  boise- 
ries (portes,  fenêtres,  planchers,  etc.),  et  les  laver  ensuite 
largement  avec  la  même  sokition  de  sublimé; 

¥  Pulvériser  les  murs,  très  soigneusement,  d'une  solution 
phéniquée  forte,  à  l'aide  d'un  grand  pulvérisateur  à  pompe  de 
Geneste  et  Herscher. 

Afin  de  bien  préciser,  nous  devons  dire  que  tous  les  malades, 
ou  peu  s'en  faut,  ayant  habité  ces  appartements,  étaient  des 
tuberculeux  disciplinés  et  propres,  usant  du  crachoir  portatif 
de  Dettweilei*,  y  recueillant  soigneusement  leurs  expectora- 
tions et  le  désinfectant  à  l'eau  bouillante. 

Les  poussières  ont  été  recueillies  sur  les  meubles,  les  tables 
de  nuit  en  particulier,  dans  les  interstices  des  parquets,  autour 
du  lit  et  de  la  cheminée,  dans  les  encoignures,  sur  les  plaques 
des  foyers  et  dans  les  interstices  de  ces  plaques  :  en  un  mot, 
dans  les  recoins  les  plus  difficilement  nettoyables  et  les  plus 
facilement  exposés  à  la  souillure  involontaire,  mais  acciden- 
telle et  possible  des  expectorations. 

Au  moment  de  la  récolte,  nous  avons  soigneusement  en- 
l'ermé  les  poussières  dans  de  petits  sacs  de  papier  filtre 
stérilisé.  Chaque  sac  portait  un  numéro  d'ordre,  correspondant 
à  l'appartement. 

Ces  conditions  préalables  bien  définies,  voici  comment  nous 
avons  procédé  et  quels  résultats  nous  avons  obtenus  : 

Première  série.  —  Inoculation  dans  le  tissu  cellulaire  (foce 
interne)  de  la  cuisse,  à  vingt-six  cobayes,  de  poussières  sim- 
plement diluées  dans  l'eau  stérilisée,  provenant  de  seize 
appartements. 

Onze  cobayes  meurent  en  très  peu  de  jours,  emportés  par 
septicémie,  conséquence  de  la  prolifération  rapide  de  germes 
spécifiques  (vibrion  septique  de  Pasteur,  tétanos). 

Qimize  survivent,  sans  aucune  altération  de  leur  santé, 
augmentant   régulièrement  de   poids    et,   sacrifiés    entre   le 


ET   STATION   ZOOLOdlQLE   D'aRCACHON  27 

soixante-cinquième  et  le  soixante-treizième  jour  après  l'inocu- 
lation, ne  présentent  à  l'autopsie  aucune  lésion  tuberculeuse 
(trois  femelles  pleines  ont  mis  bas,  l'une  au  vingt- neuvième 
jour,  quatre  petits;  les  deux  autres  au  cinquante-unième 
joui*,  trois  petits  qui,  tous  venus  vigoureux,  ont  aujourd'hui 
quatre  mois). 

Deuxième  série.  —  Pendant  trois  minutes,  nous  portons 
à  la  température  de  70^  G.,  la  poussière  diluée  dans  l'eau 
stérilisée.  Cette  nouvelle  manière  d'opérer,  tout  en  permet- 
tant la  survie  du  bacille  de  Koch,  détruisait  sans  doute  un 
grand  nombre  d'autres  microbes  susceptibles  de  favoriser 
l'évolution^  du  vibrion  septique  ou  du  bacille  de  Nicolaïer. 

Ainsi  préparée,  la  poussière  de  vingt -un  appartements  est 
inoculée  à  vingt-un  cobayes. 

Deux  meurent  de  tétanos. 

Dix -neuf  résistent  et  sont  sacrifiés  le  quarantième  jour. 
L'examen  de  leurs  organes  ne  révèle  point  la  présence  du 
bacille  de  Koch, 

La  matière  inoculée  se  retrouve  souvent  au  point  d'inocu- 
lation, sous  forme  de  masses  globuleuses,  qui  à  la  coupe  se 
montrent  formées  de  poussières  enkystées. 

Troisième  série.  —  Nous  recueillons  ces  poussières  enkys- 
tées et  les  inoculons  immédiatement  à  trente-huit  cobayes, 
adultes,  vierges  et  sains. 

Les  trente-huit  animaux,  surveillés  pendant  quarante-cinq 
jours,  ne  présentent  rien  d'anormal  et  leur  pesée  n'accuse 
aucune  perte  de  poids. 

Sacrifiés  en  pleine  santé,  après  ce  laps  de  temps,  aucun 
organe  ne  porte  trace  d'une  lésion  tuberculeuse  quelconque. 

Ainsi  donc  : 

Quatre-vingt-cinq  cobayes  sont  inoculés. 

Treize  meurent  de  septicémie  ou  de  tétanos. 

Soixante-douze,  sacrifiés  du  quarantième  au  soixante- 
treizième  jour,  sont  indemnes  de  toute  lésion  tuberculeuse. 

Ces  résultats  sont  confirmatifs  de  ceux  de  Cornet  d'abord, 
et  de  Kirchner  ensuite. 

Les  résultats  de  Cornet,  dans  vingt-trois  pièces,  «.  contenant 


28  SOCIÉTÉ   SCIENTIFIQUE 

des  tuberculeux  qui  tous  se  servaient  habituellement  de  leur 
crachoir  et  qui,  à  trois  exceptions  près,  n'expectoraient  jamais 
dans  leur  mouchoir,  fournirent  des  résultats  négatifs,  bien  que 
cinq  malades  aient  craché  plus  ou  moins  souvent  sur  le  sol  (•)  ». 

Les  recherches  de  Kirchner  «  ont  été  faites  dans  une  station 
hygiénique  pour  des  militaires  tuberculeux,  où  on  avait  pris 
certaines  mesures  contre  l'infection  par  les  crachats.  Sur 
vingt-trois  cobayes  inoculés,  un  seul  devint  tuberculeux,  et  ce 
cobaye  avait  été  inoculé  avec  de  la  poussière  prise  sur  la  table 
de  nuit,  à  côté  du  crachoir  d'un  tuberculeux  ('^).  » 

Appuyant  sur  les  résultats  de  Cornet  et  de  Kirchner  nos 
propres  résultats,  basés  sur  un  plus  grand  nombre  d'apparte- 
ments et  d'animaux,  nous  nous  croyons  en  droit  de  conclure  : 

Les  bacilles  tuberculeux  ne  se  trouvent  pas  dans  les  pous- 
sières des  chambres  habitées  par  des  tuberculeux  à  expectoi'a- 
tion  purulente,  à  la  condition  de  faire  subir  aux  meubles, 
parquets,  tentures,  literie,  une  désinfection  et  un  nettoyage 
sérieux. 

En  d'autres  termes  : 

Les  mesures  de  propreté,  de  nettoyage,  de  désinfection, 
telles  quelles  ont  été  pratiquées  dans  les  locaux  qui  ont  servi 
à  nos  recherches,  sont  efficaces  et  suffisent  à  prévenir  la  conta- 
gion de  la  tuberculose  par  inhalation  des  poussières. 

II 

L'innocuité  des  poussières  après  désinfection  nous  parais- 
sant bien  établie,  en  ce  qui  concerne  le  bacille  de  Koch,  nous 
avons  cherché  à  fixer  la  valeur  de  la  seconde  mesure  prophy- 
lactique imposée  à  nos  malades  :  usage  constant  du  crachoir. 

Là  encore,  nous  avons  été  précédés  par  Cornet.  Ses  résul- 
tats et  ses  conclusions  sont  formelles.  «  Dans  tous  les  cas  où 
l'on  put  s'assurer,  d'une  façon  certaine,  que  le  malade  évitait 
absolument  de  répandre  ses  crachats  sur  le  sol  ou  dans  son 
mouchoir,  la  poussière  recueillie  dans  la  pièce  et  inoculée  à 
des  cobayes  ne  les  rendit  point  tuberculeux  (^).  » 

(')  Cité  par  Netter,  in  Presse  médicale,  p.  115,  14  avril  1894. 
(-)  D'apiès  la  Presse  tniUlicale ,  p.  H't,  10  févrior  189.i. 
(^)  Cilé  par  Slrauss:  La  tuberculose  et  son  bac'tlU>, 


ET   STATION   ZOOLO(;lQUE  D'aRCACHON  29 

Ces  expériences,  nous  les  avons  reprises  dans  les  conditions 
qui  suivent,  et  nos  résultais  sont  de  tous  points  confirniatifs. 
Dans  quatre  appartements,  désinfectés  comme  il  a  été  dit,  et 
après  nous  être  assurés  de  la  parfaite  innocuité  de  leurs 
poussières  (cobayes  de  notre  deuxième  série),  nous  avons 
logé  dans  chacun  d'eux  un  malade  à  la  dernière  période  (vastes 
cavernes  suppurantes)  de  la  phtisie,  et  dont  les  expectorations 
l'ournjillaient  de  bacilles.  Tous  ces  malades,  incapables  de 
quitter  le  lit  et  bientôt  décédés,  entourés  et  soignés  avec  beau- 
coup de  sollicitude  et  d'intelligence,  recueillaient  rifjoiirense- 
ment  leurs  expectorations  dans  un  récipient.  Une  couche  de 
liquide  (liqueur  de  Van  Swieten,  eau  boriquée),  maintient  à 
l'élat  humide  toutes  les  expectorations,  et  de  temps  en  temps, 
le  jour  et  la  nuit,  le  contenu  est  vidé  dans  la  fosse  d'aisances, 
puis  le  récipient  est,  non  point  jpasse  à  Veau  bouillante,  mais 
bouilli  directement  dans  Veau  pendant  cinq  à  dix  minutes. 

A  partir  du  huitième  jour  de  l'installation  du  malade,  nous 
recueillons,  à  des  dates  différentes,  divers  échantillons  de 
poussière.  Notre  récolte  porte,  non  dans  tous  les  coins  de  la 
chambre,  mais  dans  les  districts  les  plus  exposés  à  une 
souillure  involontaire,  mais  enfin  par  hasard  possible.  J-e 
malade  ne  quittant  pas  le  lit,  c'est  autour  du  lit  que  la  souil- 
lure a  pu  se  produire,  c'est  autour  du  lit  que  porte  notre 
attention.  Les  tables  de  nuit  sur  lesquelles  on  laisse  à  dessein 
s'accumuler  la  poussière  pendant  trois  jours,  les  tapis  dits 
«  descentes  de  ht  »,  les  interstices  du  parquet  et  les  plinthes 
voisines,  sont  nos  champs  de  récolte. 

Ces  poussières,  non  chaulîées,  nous  les  diluons  et  les  injec- 
tons selon  la  technique  précédemment  écrite,  à  quinze 
cobayes,  adultes,  sains  et  vierges. 

Depuis  leur  inoculation  jusqu'à  ce  jour  ('20  décembre  1895), 
aucun  d'eux  n'a  présenté  le  moindre  trouble  de  santé,  tous 
sont  parfaitement  vivaces,  et  la  pesée  régulière  de  chacun 
d'eux  a  toujours  révélé  une  augmentation  de  poids.  Si,  d'un 
autre  côté,  nous  ajoutons  que  : 

Douze  sont  inoculés  depuis  95  jours. 

Trois  sont  inoculés  depuis  74  jours, 
il  est  bien  certain  qu'aucun  d'eux  n'a  reçu  sous  la  peau  le 
bacille  de  Kocli. 


30  SOCIÉTÉ   SCIENTIFIQUE 

Est-il  téméraire,  après  cette  concordance  de  nos  recherches 
expérimentales  avec  celles  de  Cornet,  de  conclure  que  Vusage 
constant  du  crachoir  suffit  pour  empêcher  le  bacille  de  se 
répandre  dans  Vair  des  lieux  habités  par  les  phtisiques'?  Nous 
ne  le  pensons  pas,  et  telle  est  bien  la  conclusion  à  laquelle 
nous  nous  arrêtons. 

III 

Conclusion.  —  Nous  croyons  avoir  démontré  expérimenta- 
lement l'efficacité  des  mesures  prophylactiques  que  nous 
mettons  en  œuvre  pour  préserver  nos  malades  de  la  contagion 
tuberculeuse  par  inhalation  de  poussières  :  désinfection  des 
locaujc,  usage  constant  du  crachoir  bouilli. 

L'ensemble  de  nos  expériences  donne  corps  à  la  formule 
que  nous  écrivait  notre  maitre,  le  professeur  Landouzy,  à 
l'époque  où  il  nous  fit  l'honneur  de  connnuniquer  nos  pre- 
mières recherches  à  l'Académie  de  Médecine  (16  juillet  1895)  : 
c(  Demain  ce  seront  les  stations  pour  tuberculeux  dans  les- 
quelles on  s«  trouvera  le  plus  en  sécurité  contre  la  contagion 
tuberculeuse,  de  même  que  c'est  dans  les  Maternités  qu'on 
sait  le  mieux  se  garantir  aujourd'hui  contre  la  lièvre 
puerpérale.  » 


ET   STATION   ZOOLOGIQUE  D'ARCACHON  31 


III 

ÉTUDE  D'UN  NOUVEAU  STREPTOTHRIX 

PARASITE  DE  L'HOMME  (^j 


P.  RIVIÈRE, 

Préparateur  à  la  Faculté  de  Médecine  de  Bordeaux. 


Je  désire  relater,  dans  le  résumé  qui  va  suivre,  les  obser- 
vations que  j'ai  faites  sur  un  parasite  nouveau  du  genre 
Oospoi'a. 

J'ai  rencontré  ce  champignon  dans  les  produits  patholo- 
giques (crachats  et  pus)  provenant  d'une  malade  qui  a  suc- 
combé à  une  infection  broncho-pleuro-pulmonaire,  suivie 
d'abcès  miliaires  sous-cutanés. 

L'observation  clinique  appartient  à  la  pratique  de  M.  le 
prolesseur  Picot.  Je  ne  peux  la  rapporter  ici.  Je  remercie  de 
grand  cœur  ce  maître  eminent,  qui  a  bien  voulu  me  confier 
l'examen  bactériologique  de  ce  cas  remarquable. 

La  marche  de  la  maladie  ayant,  à  un  moment  donné,  simulé 
celle  de  la  tuberculose  pulmonaire,  des  crachats  me  furent 
envoyés  pour  y  rechercher  les  bacilles  spécifiques.  Plus  tard, 
on  m'adressa  le  contenu  d'abcès  nouvellement  apparus  et 
disséminés  sur  diverses  régions  du  corps. 

Les  crachats  et  le  pus  des  abcès  furent  colorés  par  la 
méthode  de  Ziehl-Neelsen.  L'examen  des  nombreuses  prépa- 
rations, ainsi  faites,  ne  révéla  point  de  bacilles  de  Koch. 

(')  Travail  du  laboratoire  des  Cliniques  et  de  la  Station  Zoologique  d'Arcaclion, 
couronné  par  la  Société  des  Amis  de  l'IniVersité  de  Boideaux. 


32  SOCIÉTÉ  SCIENTIFIQUE 

En  revanche,  on  découvrait  entre  les  glolniles  de  pus  une 
grande  abondance  de  filaments  ondulés  et  ram  eux,  intrigués 
en  broussaille,  mal  colorés  par  le  bleu  de  méthylène.  Les 
lamelles  furent  alors  soumises  au  procédé  de  Gram,  qui  nous 
permit  de  mieux  étudier  la  disposition  de  ces  éléments  buis- 
sonneux. Nous  fûmes  rapidement  convaincu  que  nous  avions 
alVaire  au  mycelium  d'un  champignon  rentrant  dans  la  classe 
des  Slreptothrix . 

Le  contenu  des  abcès  ne  parut  pas,  à  l'examen  direct,  ren- 
fermer d'autre  microbe;  la  culture  nous  confirma  dans  cette 
opinion.  L'absence  de  bacilles  de  Koch  dans  les  expectorations 
et  la  prodigieuse  végétation  du  streptothrix  qui  y  était  contenu 
nous  firent  comprendre  que  nous  étions  en  présence  d'une 
véritable  mycose  pulmonaire,  qui,  se  généralisant  ensuite, 
avait  déterminé  l'apparition  des  petits  abcès  dont  nous  avons 
parlé. 

Les  streptotlirix  pathogènes  de  l'homme  décrits  jusqu'à  ce 
jour  ne  sont  pas  très  nombreux.  Ce  sont:  V Actinom^jces  bovis, 
le  Streptothrix  madurie,  VOospora  farcinica,  le  Streptothrix 
astéroïdes  d'Eppinger,  celui  isolé  par  Alinquist  de  l'exsudat 
d'une  méningite.  M.  Sabrazès  et  nous-mème  en  avons  signalé 
un  autre  (^),  étudié  parallèlement  par  MM.  Ferré  et  Faguet  (-). 
On  devra  désormais  ajouter  à  cette  liste  l'espèce  que  nous 
allons  décrire. 

Isolement  du  parasite.  —  Il  nous  fut  facile  d'en  avoir  des 
cultures  pures  en  semant  sur  de  l'agar-peptoiie  coulé  en  pla- 
ques, soit  une  trace  du  contenu  des  nodules  sous-cutanés, 
soit  une  parcelle  de  crachat.  Dans  ce  dernier  cas  seulement, 
le  champignon  étudié  se  trouvait  mêlé  à  d'autres  microbes 
provenant  sans  nul  doute  de  la  cavité  buccale.  Les  cultures 
furent  faites  à  37°  C. 

Les  colonies  devenaient  visibles  à  l'œil  nu  vers  le  début  du 
troisième  jour.  Sur  agar  peptonisé,  elles  se  montraient  alors 
sous  l'aspect  de  petits  mamelons  coniques,  ronds,  d'un  dia- 
mètre d'un  millimètre  environ,  à  surface  poudreuse.  Exa- 
minée à  la  loupe,  la  région  aérienne  de  la   culture  semble 

(M  Presse  inédicaley  ti'i  septeinluu  18'Ji. 

O  Con^çiès  de  IJorJeatix  pour  l'AvaJicement  des  Sciences  (1895). 


ET   STATION   ZOOLOfilgTE   D'aRCACIION  33 

hérissée  de  fines  pointes  rayonnant  aulour  de  la  zone  moyenne. 
Au  fur  et  à  mesure  que  la  colonie  s'accroît,  la  base  adhérente 
à  la  gélose  prend  une  teinte  jaune.  Lorsrpie  la  culture  a  acquis 
un  diamètre  d'un  demi-centimètre,  elle  parait  demeurer  sta- 
tionnaire. 

Recherche  du  milieu  favorable.  —  Le  peu  d'extension  que 
prend  une  culture  de  notre  parasite  sur  gélose  peptonisée 
ordinaire  montre  bien  que  le  streptolhrix  ne  trouve  point  là 
les  aliments  les  plus  favorables  à  son  évolution. 

Or,  pour  étudier  avec  fruit  la  biologie  d'un  organisme,  il  est 
avant  tout  nécessaire  de  préciser  les  circonstances  de  sa  nutri- 
tion. YX  d'abord,  la  réaction  du  milieu  influe-t-elle  sur  la  vie 
de  l'être?  Pour  résoudre  le  problème,  nous  avons  transporté 
les  germes  du  parasite  étudié  dans  trois  lots  de  ballons  con- 
tenant, les  uns  du  bouillon  de  bœuf  neutre,  les  autres  le 
même  bouiUon  non  neutrahsé,  et,  les  derniers,  le  même  liquide 
légèrement  alcahnisé.  La  récolte,  presque  nulle  dans  le  milieu 
acide,  a  été  beaucoup  plus  belle  dans  les  autres  bouillons.  Le 
champignon  s'y  accroît  lentement,  en  donnant  de  petites  colo- 
nies nuageuses,  de  la  grandeur  d'un  grain  de  millet,  qui 
tombent  au  fond  du  ballon  sans  troubler  la  transparence  du 
contenu.  Si  ce  dernier  est  maintenu  bien  immobile  et  si  la 
semence  a  été  déposée  à  la  surface  du  milieu,  le  streptothrix 
forme  sur  le  liquide  de  petites  colonies  isolées,  rarement  con- 
fluentes,  hémisphériques,  d'un  blanc  mat. 

Les  cultures  obtenues  dans  le  bouillon  ne  sont  jamais  fort 
abondantes.  L'examen  des  conditions  dans  lesquelles  nous  les 
avons  faites  met  en  lumière  deux  points  particuliers  : 

1°  I^es  milieux  à  réaction  neutre  favorisent  la  vie  de  notre 
champignon; 

t2'^  Les  peptones  et  les  albuminoïdes  qui  entrent  dans  la 
constitution  du  bouillon  ne  sont  pas  des  substances  éminem- 
ment propres  au  développement  du  Streptothrix  étudié. 

Ce  dernier,  pour  prospérer,  exige,  outre  l'eau  et  l'oxygène, 
des  éléments  minéraux  (sels),  des  composés  azotés  et  des  ali- 
ments ternaires  dont  il  puisse  soustraire  le  carbone.  Nous 
nous  sommes  elîorcé  de  fournir  au  parasite  un  milieu  renfer- 
mant les  éléments  divers  que  nous  venons  d'énumérer;  en 

Soc.  se.  DAIvCACHON.  3 


34  SOCIÉTÉ   SCIENTIFIQUE 

dosant  séparément  ces  derniers  avant  et  après  l'évolution  de 
l'organisme,  nous  avons  pu  voir  lequel,  entre  tous,  était  l'ali- 
ment de  choix. 

Le  lait  nous  a  permis  de  résoudre  cette  intéressante  ques- 
tion. Ce  liquide  est  un  milieu  éminemment  favorable  à  la  vie 
du  parasite  que  nous  étudions.  Les  cultures  y  prospèrent  avec 
rapidité;  elles  se  développent  en  surface,  forment  d'abord  une 
infinité  de  petites  colonies  isolées,  qui  deviennent  bientôt 
confluentes  et  constituent  alors  une  membrane  couleur  de 
chair,  poudrée  de  blanc  et  creusée  de  sillons. 

Les  analyses  de  lait  exécutées  avant  l'ensemencement  et 
après  la  récolte  du  produit  des  cultures  nous  ont  permis 
d'établir  les  faits  ci-dessous  : 

l*'  L'aliment  qui  disparaît  le  premier  est  le  beurre,  à  tel 
point  qu'en  huit  jours,  la  proportion  peut  tomber  de  25  à 
6  grammes  par  litre  ; 

2°  La  caséine  est  à  peine  assimilée  ;  il  n'en  disparaît  que 
1  gramme  à  1^50  dans  le  môme  délai  et  pour  la  môme  culture  ; 

3°  La  lactose  n'est  sensiblement  attaquée  qu'au  moment  où 
le  beurre  commence  à  faire  défaut. 

Les  aliments  ternaires  du  type  des  graisses  semblent  donc 
être  extrêmement  utiles  à  la  vie  de  notre  champignon. 

En  réfléchissant  sur  ce  dernier  fait,  nous  nous  sommes 
demandé  si  les  acides  gras  et  la  glycérine,  qui  constituent  la 
majeure  partie  du  beurre,  avaient  une  part  égale  dans  la 
nutrition  du  Streptothrix. 

Pour  résoudre  cette  question,  nous  avons  tenté  des  cultures 
dans  des  emulsions  d'acides  gras  (acides  palmitique,  oiéique, 
oléo-palmitique)  et  dans  la  glycérine  étendue  de  dix  fois  son 
poids  d'eau.  Bien  entendu,  nous  ajoutions  à  ces  diverses  subs- 
tances des  traces  de  sels  et  un  peu  de  caséine.  Or,  nous 
n'avons  jamais  eu  de  végétation  ailleurs  que  dans  la  glycérine. 

Le  champignon  dont  nous  nous  occupons  ici  semble  par 
suite  être  capable  de  saponifier  le  beurre  pour  s'assimiler  la 
glycérine  (').  Cette  dernière  nous  paraît  être  l'aliment  par  excel- 
lence; il  s'ensuit  que  les  cultures  faites  en  milieux  glycérines 
devront    prospérer    rapidement.    L'expérience    vérifie    cette 

(')  .T'ai  examiné  comparativement  divers  Streptothrix  et  j'ai  toujours  vu  qu'ils 
vivaient  dans  le  lait  particulièrement  aux  dépens  du  beurre. 


ET   STATIOiN   ZOOLOGIQUE  D'aRCACHON  35 

déduction.  La  gélose  peptonisée  contenant  0  7o  de  glycérine 
fournit  de  très  belles  cultures.  Les  colonies  s'étalent  à  sa 
surface  et  la  couvrent  en  huit  ou  dix  jours;  elles  grimpent 
même  sur  les  parois  des  tubes  à  la  manière  des  cultures  de 
bacilles  tuberculeux. 

La  culture  est  extrêmement  mamelonnée,  couverte  d'une 
poussière  blanche,  creusée  de  vallées  profondes  circonscri- 
vant des  monticules  plus  ou  moins  circulaires  qui  ne  sont 
autres  que  les  vestiges  des  colonies  plus  jeunes^  maintenant 
fusionnées.  C'est  une  membrane  continue  couleur  de  liège, 
(lette  coloration  lui  est  communiquée  par  une  substance  inso- 
luble dans  l'eau,  très  soluble  dans  l'éther,  paraissant  indiffé- 
rente aux  bases  et  aux  acides.  Lorsque  la  culture  vieillit,  la 
nouvelle  matière  colorante,  ainsi  apparue  et  que  le  micro- 
scope nous  montre  diffusée  dans  le  protoplasme  des  fdaments, 
est  tout  à  fait  distincte  de  la  première  ;  nous  n'avons  pu  l'ex- 
traire qu'à  l'aide  de  la  glycérine. 

L'examen  spectroscopique  de  ces  deux  produits  ne  nous  a 
rien  révélé  de  spécial. 

Toutes  les  cultures  de  notre  Streptothrix  dégagent  une  forte 
odeur  de  moisi. 

Nous  avons  dit  que  notre  champignon  était  capable,  à  défaut 
d'autre  aliment,  de  vivre  aux  dépens  du  lactose.  Le  maltose, 
le  dextrose,  le  fructose  sont  encore  détruits  par  lui;  mais  nous 
ignorons  de  quelle  manière  ils  sont  assimilés  et  quels  sont  les 
termes  de  la  transformation. 

La  pomme  de  terre  est  un  milieu  de  culture  assez  favorable  ; 
les  colonies  s'y  développent  lentement,  pareilles  à  de  petits 
blocs  de  plâtre. 

Sur  blanc  d'œut,  la  récolte  n'est  jamais  très  abondante; 
nous  n'avons  pas  constaté  dans  ce  cas  la  transformation  de 
Talbumine  en  peptone. 

Notre  parasite  sécrète  une  diastase  qui  liquéfie  la  gélatine. 

Influence  de  V oxygène.  —  Il  est  essentiellement  aérobie  : 
susceptible  de  pousser  encore  dans  un  air  raréfié,  il  ne  peut 
plus  prospérer  dans  le  vide  de  la  pompe  à  mercure.  Un 
moyen  élégant  de  mettre  ces  faits  en  évidence  consiste  à  cul- 
tiver le  streptotfirix  dans  une  série  de  tubes  contenant  du  lait 


36  SOCIÉTÉ   SCIENTIFIQUE 

et  dans  lesquels  l'air  a  été  de  plus  en  plus  raréfié.  Au  bout  de 
huit  jours,  on  dose  le  beui're  qui  reste  après  l'évolution  des 
cultures  :  on  voit  la  proportion  consommée  varier  dans  le 
même  sens  que  la  quantité  d'air  laissée  dans  les  tubes. 

Nous  avons,  à  ce  propos,  étudié  tous  les  streptothrix  patho- 
gènes connus;  et,  à  la  suite  des  observations  que  nous  avons 
laites,  nous  tenons  à  rectifier  une  erreur  trop  complaisam- 
ment  répétée  :  l'actinomyces  })ovis  n'est  pas  du  tout  un  aérobie 
facultatif,  ainsi  qu'on  l'a  écrit  jusqu'à  ce  jour.  Nous  avons  eu 
entre  les  mains  plusieurs  échantillons  d'actinomycose  de  pro- 
venances diverses;  nous  n'avons  jamais  réussi  à  les  faire 
pousser  dans  le  vide  alisolu. 

L'oxygène  en  nature  est  donc  indispensable  à  tous  ces  êtres, 
comme  il  est  nécessaire  à  la  vie  de  tous  les  Oospora.  Il  deve- 
nait intéressant  de  savoir  si  des  cultures  effectuées  dans  un 
milieu  riche  en  oxygène  fourniraient  une  récolte  plus  belle 
que  celles  effectuées  comparativement  dans  l'air. 

L'expérience  nous  a  prouvé  que  le  ix)ids  de  beurre  con- 
sommé par  notre  streptothrix,  vivant  au  contact  d'une  atmo- 
sphère à  95%  d'oxygène,  était  toujours  un  peu  inférieur  à 
celui  du  beurre  absorbé  par  une  culture  ayant  évolué  au 
contact  de  l'air.  Le  poids  de  la  récolte  est  aussi  plus  faible 
dans  le  premier  cas  que  dans  le  second. 

Un  fait  intéressant  nous  a  été  révélé  de  cette  manière  :  les 
cultures  obtenues  dans  l'oxygène  à  95  %  sont  très  brunes  ;  la 
fonction  chromogène  a  donc  été  troublée.  L'étude  du  produit 
formé  montre  que,  dans  ces  conditions,  notre  parasite  élabore 
la  matière  colorante  noire  qui  apparaît  dans  les  vieilles  cul- 
tures à  l'air. 

Cette  observation  prouve  une  fois  de  plus  combien  la  pig- 
mentation est  contingente  chez  les  infiniment  petits  et  com- 
bien il  est  peu  rationnel  d'en  faire  une  caractéristi(iue  des 
espèces. 

Tous  les  faits  que  nous  venons  de  relater  ont  été  établis  au 
moyen  de  cultures  faites  àST^C.  Ce  degré  de  clialeur  paraît 
être  l'optimum  pour  la  prospérité  du  parasite.  INIais  il  est 
capable  de  pousser  entre  toutes  les  températures  allant  de 
15  à  43°.  Maintenu  quelques  minutes  au  voisinage  de  05",  il 
devient  incapable  de  repulluler. 


ET   STATION   ZOOLOGIQIIE   D'aRCACHON  37 

Aspect  microscopique.  —  Examiné  sans  coloration,  notre 
parasite  se  présente  sous  l'aspect  de  minces  lilaments  réfrin- 
gents, d'un  peu  plus  de  1  7.  de  lari^eur,  onduleux  et  ramifiés, 
dont  les  extrémités  libres  s'olïilent  légèrement.  Ce  mycelium 
est  limité  par  une  membrane  infiniment  délicate,  mais  on  ne 
peut  y  constater  de  cloisons,  même  en  employant  le  violet  de 
gentiane  aqueux. 

Lorsque  l'on  colore  une  culture  au  moyen  de  la  fuchsine 
phéniquée,  on  s'aperçoit  que  le  protoplasma  est  irrégulière- 
ment réparti  dans  toute  l'étendue  du  mycelium.  L'extrémité 
des  rameaux  paraît  alors  constituée  par  une  multitude  de 
petits  corps  ovoïdes,  de  1  y.  et  demi  de  longueur,  ayant  conservé 
le  diamètre  du  rameau  qui  leur  a  donné  naissance;  ce  sont  là 
les  spores  qui  donnent  aux  cultures  l'aspect  poudreux  que 
nous  avons  signalé.  En  môme  temps,  on  voit  que  la  plupart 
des  filaments  sont  constitués  par  des  segments  de  longueur 
inégale,  véritables  tronçons  protoplasmiques  engainés  dans  la 
membrane  commune;  mais  il  n'existe  entre  eux  aucune  paroi 
(cloison)  les  séparant  les  uns  des  autres.  Ces  fragments  de 
matière  vivante,  d'aspect  bacillaire,  deviennent  libres  comme 
les  spores  au  milieu  du  feutrage  filamenteux  dont  ils  dérivent. 

De  là  deux  modes  de  germination  : 

1°  Germination  de  la  spore; 

2°  Germination  du  débris  mycélien  ou  bouture. 

Ces  deux  variétés  de  semences  évoluent  de  la  même  ma- 
nière, ainsi  qu'on  le  constate  directement  en  chambre  chaude; 
elles  foui'nissent  des  rameaux  collatéraux  et  deviennent  alors 
le  centre  de  colonies  étoilées  qui  s'accroissent  rapidement  et 
sont  visibles  à  l'œil  nu  au  bout  de  deux  à  trois  jours. 

Résistance.  —  L'existence  des  formes  durables  (spores)  dans 
les  cultures  de  notre  champignon  fait  prévoir  qu'il  doit  être 
doué  d'ime  certaine  résistance  aux  agents  extérieurs. 

La  vivacité  des  cultures  est  extrême;  l'ensemencement  est  en- 
core fertile  après  six  mois  de  dessiccation  sur  l'acide  sulfurique. 

Mieux  encore  :  les  substances  inertes  (morceaux  de  bois 
humides,  feuilles  flétries)  peuvent  fournir  au  parasite  une 
([uantité  suffisante  de  matériaux  assimilables  pour  qu'il  se 
développe  à  leur  surface. 


38  SOCIÉTÉ   SCIENTIFIQUE 

Il  est  donc  possible  que  notre  streptotbrix  puisse  vivre  en 
saprophyte  dans  le  milieu  extérieur;  il  ne  deviendrait  patho- 
gène que  grâce  à  des  circonstances  tout  à  fait  spéciales. 

Pouvoir  pathogène.  —  Les  expériences  que  nous  avons 
faites  pour  déterminer  sa  valeur  pathogène  semblent  appuyer 
cette  manière  de  voir.  Nous  avons  tenté  d'infecter  des  ani- 
maux (chiens,  lapins,  cobayes),  soit  par  voie  respiratoire,  soit 
par  voie  intra-veineuse,  soit  par  voie  sous-cutanée  ou  intra- 
péritonéale  :  nous  n'avons  jamais  réussi,  même  en  utilisant 
des  cultures  à  doses  massives,  soit  jeunes,  soit  plus  âgées. 

Nous  avons  aussi  échoué  en  tentant  l'infection  par  voie 
digestive;  nous  avons  pu  nous-même  absorber  impunément 
une  culture  sur  gélose  glycérinée.  Ce  dernier  échec  s'explique 
par  l'acidité  naturelle  du  suc  gastrique,  si  défavoral>le  à  la  vie 
de  notre  Streptothrix. 

L'impossibilité  d'avoir  des  résultats  positifs  en  utilisant  les 
autres  voies  trouve  sans  doute  sa  compréliension  dans  le  pou- 
voir de  chimiotaxie  positive  dont  sont  douées  les  cultures  du 
champignon  :  les  leucocytes  détruisent  avec  rapidité  les  fila- 
ments et  les  spores  inoculés.  Ce  fait  est  d'une  constatation 
facile  :  il  suffit  d'introduire  sous  la  peau  des  animaux  de  petits 
tubes  capillaires  remplis  d'une  culture  du  parasite;  ils  sont 
rapidement  obstrués  par  les  phagocytes. 

C'est  aussi  grâce  à  cette  propriété  que  l'insertion  sous-épi- 
dermique  de  gros  fragments  de  cultures  sur  milieux  solides 
provoque  au  point  lésé  l'apparition  d'abcès  qui  guérissent 
rapidement;  les  globules  de  pus  qui  remplissent  ces  collections 
renferment  les  filaments  à  moitié  digérés. 

Mais  si,  avant  d'inoculer  la  culture,  on  prend  la  précaution 
d'y  ajouter  une  substance  à  chimiotaxie  négative,  l'issue  est 
fatale:  les  animaux  succombent,  au  bout  de  vingt  à  trente 
jours,  à  une  pseudo-tuberculose  généralisée.       ■''''"■'  -^f" 

Le  résultat  est  particulièrement  certain  en  injectant  des 
cultures  en  bouillon  (4  à  2  centimètres  cubes  d'une  culture  de 
15  jours  avec  une  trace  d'acide  lactique)  dans  le  tissu  pulmo- 
naire à  travers  la  paroi  thoracique. 

Ainsi  donc,  il  a  suffi  d'une  modification  à  peine  sensible 
pour  clianger  entièrement  la  virulence  de  notre  parasite. 


ET   STATION    ZOOLOGIQIJE   D'aRCACIION  39 

Il  est  un  point  tout  à  luit  nouveau  qui  se  rattache  aussi  à  la 
reclierclie  du  pouvoir  pathogène  des  Streptothrix  :  c'est  celui 
de  leur  association  avec  des  germes  étrangers  (microbes  pro- 
prement dits  et  cliampignons).  Nous  avons  envisagé  cette  lace 
de  la  question  en  expérimentant  sur  diverses  espèces;  ce 
travail  fera  l'objet  d'un  prochain  mémoire. 

Notre  champignoji  peut-il  être  rapproché  de  quelque  autre 
parasite  connu?  —  Les  classifications  qui  ont  été  données  des 
Streptothrix  reposent  sur  des  bases  éminemment  instables  : 
aspect  des  colonies,  coloration  de  la  culture,  pouvoir  patho- 
gène. Nous  avons  montré  comment  pouvaient  varier  ces  deux 
dernières  caractéristiques.  Peut-être  tous  les  Streptothrix  étu- 
diés dérivent-ils  d'une  même  souche  dont  les  intluences  natu- 
relles ont  dispersé  et  modifié  les  rejetons.  Toutefois,  si  un 
caractère  absolu  fait  encore  défaut  pour  séparer  telle  espèce 
de  sa  voisine,  il  est  un  ensemble  de  circonstances  que  l'on 
peut  invoquer  pour  atteindre  le  même  but.  Et  parmi  tous  les 
parasites  de  ce  groupe,  il  n'en  est  qu'un  dont  notre  champi- 
gnon puisse  un  moment  être  rapproché  :  c'est  le  Streptothrix 
])0vis.  Il  s'en  distingue  pourtant  par  la  manière  dont  l'orga- 
nisme inoculé  réagit  à  son  égard;  les  grains  jaunes  de  l'acti- 
nomycose  sont  trop  connus  pour  y  insister  ici.  Les  produits 
pathologiques  d'où  nous  avons  retiré  notre  Streptothrix  n'en 
renfermaient  pas.  De  plus,  l'aspect  des  cultures  obtenues  est 
différent  et  nous  montrerons  bientôt  que  le  mode  de  nutrition 
est  également  distinct  (^).  Un  des  plus  grands  maîtres  de  la 
bactériologie,  M.  Élie  Metclmikoff,  a  bien  voulu  examiner 
notre  parasite;  ses  conclusions  ont  été  analogues  aux  nôtres. 

Conclusions.  —  En  résumé,  nous  avons  découvert  un  nou- 
veau Streptothrix  pathogène,  ayant  déterminé  la  mort  d'une 
malade,  avec  des  accidents  broncho-pleuro-pulmonaires  et  des 
poussées  d'abcès  miliaires  sous-épidermiques. 

Ce  champignon  se  développe  surtout  aux  dépens  des  corps 
gras  dont  il  s'assimile  la  glycérine. 

(1)  Notre  Streptothrix  fournit  également  des  produits  volatils  qui  donnent  aux 
cultures  leur  odeur  de  moisi;  on  n'observe  rien  de  semblable  vtvecVActinomijces 
hûvis. 


40  SOCIÉTÉ   SCIENTIFIQUE 

Il  est  essentiellement  aérobie.  L'oxygène  en  excès  trouble 
sa  nutrition  et  modifie  ses  propriétés  chromogènes. 

Il  est  susceptible  de  résister  longteraps  aux  influences  exté- 
rieures (dessiccation,  privation  d'aliments). 

Il  ne  devient  directement  inoculable  à  l'animal  que  lors- 
qu'on modifie  les  propriétés  cbimiotoxiques  de  ses  cultures. 

Il  est  voisin  de  VActinomi/ces  hovis  et  s'en  distingue  spécia- 
lement par  la  réaction  de  l'organisme  infecté  à  son  égard. 


ET    STATION    ZOOLOGIQUE   D'ARCACHON  41 


IV 

ANALYSE  BACTÉRIOLOGIQUE 

DE 

L'AIR    DE  LA  VILLE  D'ARCACHON 


Le   D«  F.  LALESQUE, 

Prôsident  de  la  Société  scientifique  d'Arcachon,  lauréat  de  la  Société  de  Biologie, 

ET 

p.  RIVÏÈRE, 

Préparateur  du  laboratoire  des  Cliniques  à  la  Faculté  de  Médecine 
de  Bordeaux. 


Nos  recherches  ont  été  faites  en  deux  séries. 

Première  série.  —  Nous  avons  procédé  à  l'analyse  bacté- 
riologique de  l'air  de  la  ville  d'Arcachon  par  la  méthode  des 
poudres  solubles,  en  faisant  usage  des  tubes  de  Miquel.  Nous 
avons  fdtré  un  volume  d'air  connu  sur  du  sulfate  de  soude 
anhydre,  qui  a  servi  ensuite  à  ensemencer  des  gelées  nutritives. 

Par  un  temps  calme,  le  24  septembre  1894,  nous  avons 
effectué  les  prises  d'air  aux  trois  stations  suivantes  : 

lo  Dans  le  parc  Pereire  (à  côté  du  chalet  suisse),  sur  les 
bords  du  bassin  d'Arcachon; 

2°  En  pleine  forêt  (près  du  pavillon-abri  de  l'allée  des 
Dunes)  ; 

3°  Dans  le  jardin  du  collège  Saint-Elme. 


42  SOCIÉTÉ   SCIENTIFIQUE 

Une  technique  générale  a  été  mise  en  œuvre  dans  tous  nos 
ensemencements. 

Le  sulfate  de  soude  anhydre,  chargé  de  germes,  était  dilué 
dans  un  volume  d'eau  stérilisée  suffisant  pour  le  dissoudre. 
La  totalité  de  ce  liquide  était  ensuite  incorporée  à  une  certaine 
quantité  de  gélatine  que  Ton  répartissait  dans  des  plaques  de 
Pétri  placées  à  la  température  de  25°  C. 

Nous  allons  indiquer  le  détail  de  nos  observations  : 

i°  Air  du  parc  Pereire  : 

La  numération  nous  a  révélé  357  germes  seulement  par 
mètre  cube  d'air,  qui  se  répartissent  comme  suit  : 

a)  Moisissures 57 

h)  Microbes  proprement  dits  .  .  .     300 

a)  Moisissures.  Nous  avons  cultivé  dans  l'air  de  cette  pre- 
mière station  : 

1°  L' Aspergillus  glaucus  (20  colonies  par  mètre-cube)  ; 

2°  Le  Pénicillium  glaucum  (35  par  mètre  culje); 

3°  Le  Sterigmafocystis  nigra  (2  par  mètre  cube). 

h)  Microbes  jwoprement  dits.  Nos  cultures  nous  ont  fourni  : 

1°  Le  Bacillus  rnesentericus  vulgaius  (10  colonies  par  mètre 
cube)  ; 

2°  Le  Bacillus  luteus  [Flugge]  (5  colonies  par  mètre  cube); 

3°  Le  Saccharomyccs  cerevi^iœ  (6  colonies  par  mètre  cube); 

4°  Le  Bacillus  fîgurans  (30  colonies  par  mètre  cube); 

5'^  Le  Bacillus  subtilis  (100  colonies  par  mètre  cube); 

0°  Le  Bacillus  acrophilus  (80  colonies  par  mètre  cube); 

70  La  Bosa  Hefe; 

S°  La  Sarcina  lutea; 

O'^  Le  Micrococcus  diffluens. 

2°  A  ir  de  la  forêt  : 

La  culture  a  permis  do  déceler  80  germes  seulement  par 
mètre  cube  d'air  examiné.  Nous  avons  trouvé  : 

a)  Moisissures 12 

h)  Microbes OS 

a)  Moisissures.  Se  rapportent  au  Pénicillium  glaucum,  à 


ET    STATION    ZOOLOdIQUE   d'aRCACHON  43 

ïAf^prrgUlus  candidus,  au  Mucor  mucedo  et  au  Sterigmato- 
cystis  nigra. 

h)  Microbes,  sont  : 

d°  Le  Bacillus  megaterium; 

2*^  Le  Micrococcus  jjrodigiosus  ; 

3°  Le  Bacillus  mesentericus  vulgatus. 

3°  Air  du  jardin  du  collège  Saint-Elrne  : 
Cet  air  renferme  150  germes  par  mètre  cube.  On  y  compte  : 

a)  Moisissui'es 50 

b)  Microbes 100 

a)  Moisissîires.  Se  rapportent  à  celles  que  nous  avons 
sic^nalées. 

b)  Microbes  cultivés  sont  : 
1°  Le  Bacillus  subtilis; 

2'^  Le  Bacillus  mesentericus  vulgatus; 

3°  Le  Micrococcus  caudicans; 

4°  Le  Bacillus  luteus; 

5°  Le  Micrococcus  urx; 

6"  Le  Micrococcus  aurantiacus; 

7°  Le  Micrococcus  versicolor. 

Outre  les  numérations  (pie  nous  venons  de  citer,  nous  avons 
également  exposé  à  l'air  libre,  pendant  vingt  heures,  des 
plaques  de  Pétri  chargées  de  gelées  nutritives.  Nous  avons 
choisi  trois  stations  :  .  ?;>.)-^  jdî^o..» 

1°  La  villa  Courrége  (en  pleine  foret); 

2"  Le  parc  Pereire  (à  C(jté  du  clialet  suisse)  ; 

3"  Le  collège  Saint-Elme. 

L'exposition  a  duré  une  nuit  tout  entière  et  une  partie  de  la' 
matinée  suivante. 

Or,  les  plaques  exposées  ont  donné  comme  germes  recueillis  : 

1°  Celles  de  la  villa  Courrége,  aucun  germe;  ■'  ^  '^'*î^  '*''' 

2°  Celles  du  parc  Pereire  en  ont  fourni  8; 

3"  Celles  de  Saint-Elme,  4. 

Deuxième  série.  —  Par  forte  brise  de  N.-O.,  nous  avons,  les 
5  et  7  octobre  1895,  effectué  des  prises  d'air  aux  trois  stations 
suivantes  : 


44  SOCIÉTÉ    SCIENTIFIQUE 

1°  Jardin  de  la  villa  Beethoven  (ville  d'hiver); 

2o  Terrasse  de  la  villa  Exshaw  (plage); 

3°  Terrasse  de  la  Station  Zoologique  (plage). 

Nous  avons  fait  passer  225  litres  d'air  par  stî\tion,  sur  une 
colonne  de  sulfate  de  soude  anhydre  pulvérisé." 

L'aspiration  a  duré  vingt-quatre  heures  environ. 

Nous  avons  eu  de  cette  manière  la  moyenne  des  bactéries5^ 
de  la  journée  et  de  la  nuit.  Les  filtres  de  sulfate  de  soude  ont 
été  ensuite  incorporés   à  de  la  gélose  nutritive   coulée   en 
plaques  maintenues  à  37°. 

Les  colonies  ont  été  comptées  journellement  et  leur  numé- 
ration a  fourni  les  chiffres  suivants  : 

1''  Air  de  la  villa  Beethoven  (1 10  colonies  par  mètre  cube); 

2°  Air  de  la  villa  Exshaw  (150  colonies  par  mètre  cube); 

3°  Air  de  la  Station  Zoologique  (155  colonies  par  mètre  cube). 

Nous  n'avons  pas  à  décrire  ici  les  espèces  rencontrées;  leur 
enumeration  elle-même  serait  fastidieuse  et  inutile.  Qu'il 
suffise  de  savoir  que  les  microbes,  ainsi  cultivés,  se  répar- 
tissent de  la  manière  suivante  : 

10  espèces  de  cocci  ; 

4  levures  ; 

6  moisissures; 
15  espèces  de  bacilles. 

Conclusions.  —  Ces  recherches  montrent  : 

1°  Que  l'air  de  la  ville  d'Arcachon  est  d'une  très  grande 
pureté. 

2°  Que  Vair  de  la  plage  est  plus  pauvre  en  microbes  quand 
le  vent  souffle  du  large  que  par  les  temps  calmes  (150  à 
155  germes  par  mètre  cube  au  lieu  de  357).  Cette  conclusion 
n'a  rien  qui  doive  surprendre,  les  expériences  de  Miquel  ayant 
démontré  que  l'air  de  la  haute  mer  est  presque  bactériologique- 
ment  pur.  Le  vent  du  large  a  pour  effet  immédiat  d'apporter 
aux  côtes  cet  air  pur.  Au  parc  de  Montsouris,  on  a  déjà  cons- 
taté que,  par  le  vent  d'ouest,  l'atmosphère  contient  un  moins 
grand  nombre  de  bactéries,  et  qu'à  Paris,  sous  cette  même 
iiilluence,  la  mortalité  subit  une  diminution  marquée. 

3°  Que  Vatmosphère  forestière  est   la  plus  pure  (80,  110, 


ET   STATION   ZOOI.OcKv^LE   D'ARCACHON  45 

150  geimes  au  lieu  de  450,  155,  357  par  mètre  cube).  Ce  fait 
s'explique  par  la  richesse  de  ratiiiosphère  forestière  en  ozone 
d'une  part  et,  d'autre  part,  si  l'on  admet  que  la  feuille  des 
arbres  joue  vis-à-vis  des  microbes  le  même  rôle  que  les  bourres 
de  coton  qui  obstruent  les  tubes  des  cultures. 


46  SOCIÉTÉ   SCIENTIFIQUE 


ANALYSE  BACTÉRIOLOGIQUE 

DE 

L'EAU  DU  LAC  CAZEAUX  ET  DE  LA  VILLE  D'ARCACHON' 


Le  D>  F.  LALESQUE, 

Ancien  interne  des  Hôpitaux  de  Paris,  lauréat  de  la  Société  de  Biologie, 

ET 

P.  RIVIÈRE, 

Préparateur  du  laboratoire  des  Cliniques  de  la  Faculté  de  Médecine  de  Bordeaux. 


Eau  du  lac  Gazeaux. 

Aux  conclusions  nettes  et  précises  des  analyses  chimiques 
de  l'eau  du  lac  Cazeaux,  conclusions  qui  classent  cette  eau  dans 
la  catégorie  des  eaux  potables  de  première  qualité,  nous  avons 
voulu  comparer  les  résultats  de  recherches  bactériologiques. 

Le  28  septembre  4894,  nous  avons  procédé  à  la  récolte 
d'échantillons  d'eau  du  lac  Cazeaux,  en  vue  de  les  soumettre 
à  l'analyse  bactériologique. 

Appareil  employé.  —  L'appareil  dont  nous  avons  fait 
usage   se  composait  d'une  pipette  cylindre  en  verre,  d'une 

Q)  Ces  recherches  ont  été  utilisées  par  le  D'  Lalesquc  pour  la  rédaction  d'un 
travail  d'ensemble  :  Valeur  hygiénique  de  Veau  potable  d'Arcachon,  communiqué 
au  Congrès  de  l'Association  française  pour  l'Avuncement  des  Sciences  (IJoideaux, 
1895). 


ET   STATION   ZOOLOGIQUE  D'ARCACHOiN  47 

capacité  de  50  centiciibes,  portant  un  roljinet  à  clia(|ue  extré- 
mité. L'un  de  ces  derniers  était  en  communication  avec  un 
long  tube  de  caoutcliouc  à  vide,  lixé  lui-môme  sur  une  règle 
en  bois  graduée,  suflisamment  lestée  pour  pouvoir  être  im- 
mergée avec  facilité;  une  forte  pince  à  ressort  obturait  exac- 
tement l'extrémité  du  tube;  elle  pouvait  être  manœuvrée  au 
moyen  d'une  cordelette.  Le  deuxième  robinet  de  la  pipette 
était  en  rapport  avec  un  grand  llacon  bitubulé,  dans  lequel  on 
raréliait  l'air  à  l'aide  d'une  pompe  à  main. 

Pour  exécuter  une  prise,  nous  nous  transportions  en  bateau 
à  l'endroit  voulu.  La  règle  en  bois,  munie  de  son  tube,  était 
enfoncée  dans  l'eau  jusqu'à  la  profondeur  convenue,  soit 
'1™50(^).  Tous  les  robinets  étant  ouverts  et  la  pince  du  tube 
fermée,  on  faisait  le  vide  dans  l'appareil.  En  ouvrant  ensuite 
la  pince,  l'eau  se  précipitait  dans  la  pipette,  la  remplissait  et  il 
ne  restait  plus  qu'à  l'isoler  de  l'air  extérieur  en  fermant  les 
robinets. 

L'ensemencement  de  la  récolte  se  faisait  immédiatement,  en 
suivant  la  méthode  indiquée  par  M.  G.  Roux  (de  Lyon).  Pour 
mettre  en  culture  l'eau  recueillie,  on  essuyait  avec  du  buvard 
stérile  la  surface  extérieure  de  la  pipette,  on  flambait  une  de 
ses  extrémités  et  l'on  ouvrait  le  robinet  correspondant;  c'est 
par  cette  voie  que  l'eau  était  prélevée  (au  moyen  de  tubes 
eflilés,  jaugés  et  stériles)  pour  être  diluée,  puis  ensemencée 
sur  gélatine  nutritive. 

Deux  échantillons  ont  été  recueillis  :  l'un  d'eux,  au  niveau 
de  la  prise  d'eau  de  la  ville  d'Arcachon;  l'autre,  vers  l'endroit 
le  plus  profond  du  lac. 

La  numération  des  bactéries,  isolées  dans  ces  deux  expé- 
riences, a  été,  par  centicube,  de  55  pour  l'eau  prélevée  au 
niveau  de  la  prise  et  de  GO  pour  le  deuxième  échantillon.  • 

Les  colonies  ainsi  obtenues  ont  été  isolées  et  transportées 
dans  des  milieux  variés.  Nous  avons  de  cette  manière  observé 
sept  microorganismes  différents. 

Pour  plus  de  commodité,  nous  désignons  ici  par  des  lettres 
ces  mêmes  colonies,  dont  nous  allons  décrire  au  fur  et  à 
mesure  les  germes  constituants. 

(*)  II  est  bien  onteiidu  que  toutes  les  pièc(3s  de  r.ippal'eil  avaient  été  convenable- 
ment stérilisées.  ,  '-  ''  T',^ ,  — . 


/^ï:*  "--.-.  ;-;\o\ 


48  société  scientifique 

Études  des  germes  appartenant  aux  colonies 
signalées  précédemment. 

Colonies  A.  —  Ces  colonies  se  développaient  de  préférence 
dans  la  profondeur  du  milieu.  Sur  tube  de  gélatine  à  25°,  elles 
offraient,  au  bout  de  vingt-quatre  heures,  dès  cultures  abon- 
dantes ayant  l'aspect  de  gouttes  de  laque.  J.eur  surface,  vue  à 
la  loupe,  paraît  finement  grenue.  En  piqûre,  les  colonies 
développées  dans  la  profondeur  sont  brunâtres. 

Le  microbe  se  développe  bien  à  15°.  A  30^,  il  pousse  avec 
une  très  grande  rapidité.  Il  ne  liquéfie  pas  la  gélatine. 

Examiné  au  microscope,  il  se  montre  formé  de  cocci  régu- 
lièrement arrondis,  disposés  en  amas.  Il  n'est  pas  mobile  et  se 
colore  par  la  méthode  de  Gram. 

Nous  l'avons  identifié  avec  le  Micrococcus  caudicans. 

Colonies  B.  —  Ces  colonies  débutent,  par  de  petites  taches 
arrondies,  blanchâtres,  très  nettes  après  vingt-quatre  heures 
de  séjour  à  '25°.  Au  bout  de  deux  jours,  la  gélatine  commence 
â  se  liquéfier  tout  autour,  et  le  pourtour  de  la  colonie,  exa- 
minée au  microscope,  montre  une  infinité  de  radiations  péri- 
pnériques. 

Transportée  sur  le  bouillon  de  bœut  peptonisé,  cette  bac- 
térie le  trouble  d'abord,  puis  au  bout  de  quarante-huit  heures 
couvre  totalement  sa  surface  d'une  membrane  grisâtre  fine- 
ment plissée,  tandis  que  le  liquide  redevient  clair. 

Ce  microbe  croît  également  bien  sur  la  pomme  de  terre,  où 
il  forme  une  vaste  colonie  d'aspect  mésentéroïde  et  fortement 
visqueuse. 

Il  coagule  le  lait. 

Ce  microbe  se  montre  constitué  par  des  artibles  longs  de 
1  [;.  et  demi  à  3  [x,  et  larges  de  1  a.  On  en  trouve  qui  possèdent 
une  spore  médiane.  D'autres  sont  extrêmement  longs  et 
lluxueux. 

Ce  bacille  a  été  identifié  avec  le  Bacillus  mesentericus 
vulgatus. 

Colonies  C.  —  Elles  sont  petites,  rondes,  finement  grenues, 
d'une  coloration  jaunâtre.  A  mesure  qu'elles  avancent  en 
âge,  leur  périphérie  devient  snmeusc  et  leur  teinte  vire  au 
vei'dâtre. 


ET   STATION   ZOOLOGIQUE  D'ARCACHON  49 

Sur  gélose  à  37",  ces  colonies  donnent  une  culture  filante, 
grisâtre.  Au  bout  de  deux  jours,  le  milieu  commence  à  prendre 
une  teinte  verte  très  nette. 

Dans  le  bouillon  et  au  bout  du  troisième  jour,  on  observe 
une  fluorescence  verdàtre,  tandis  que  la  surface  du  li(|uide  se 
recouvre  d'un  léger  voile  facile  à  décbirer. 

Toutes  ces  cultures  dégagent  une  forte  odeur  de  fromage 
putréfié. 

Au  microscope,  on  ol)serve  des  bâtonnets  de  '2  ii.  à  2  \).  5 
de  longueur  sur  une  largeur  d'environ  1/2  ;/,  obscurément 
mobiles. 

Nous  avons  identifié  ce  cbromogène  au  Bacillus  jhiorescens 
putridus. 

Colonies  D.  —  Elles  poussent  lentement  et  sont  de  forme 
assez  irrégulière.  Beaucoup  d'entre  elles  sont  absolument 
punctiformes  après  une  semaine  de  séjour  à  25".  Leur  colora- 
tion varie  du  blanc  au  jaune. 

Elles  ne  liquéfient  pas  la  gélatine. 

En  strie,  elles  fournissent  des  cultures  à  surface  plissée, 
d'une  couleur  jaune  d'or  intense.  L'optima  de  température 
semble  être  30»  C. 

Elles  sont  constituées  par  des  bacilles  à  peine  mobiles, 
d'ujie  longueur  variant  de  1  à  4  y.,  de  d/2  'j.  de  largeur.  Cer- 
tains éléments  sont  tout  à  fait  filamenteux. 

Ce  bacille  a  été  rapporté  au  Bacillus  aureus. 

Colonies  E.  —  Elles  offrent  un  aspect  hyalin  et  présentent 
autour  d'elles  une  zone  de  liquéfaction. 

Transportées  sur  gélose,  elles  donnent,  à  la  température 
de  37°,  une  couche  d'un  blanc  grisâtre,  à  surface  légèrement 
ridée.  Sur  pomme  de  terre,  culture  légèrement  jaunâtre. 

Au  microscope,  on  observe  des  liâtonnets  mobiles,  colora- 
bles  par  la  méthode  de  Gram.  Ils  sont  coupés  court  à  leurs 
extrémités  et  leur  longueur  varie  de  4  à  6  ;x,  sur  une  longueur 
moyenne  de  0,8  7.  à  4  v.. 

Le  microbe  étudié  est  le  Bacillus  suhtilis. 

Colonies  F.  —  Elles  appartiennent  à  une  moisissure  vul- 
gaire :  le  Pénicillium  glaucum. 

Colonies  G.  —  Ces  colonies  se  montrent  sous  l'aspect  de 
petits  disques  jaune  brun.  Elles  liquéfient  la  gélatine  avec 
Soc.  se.  d'Arcachon.  4 


50  SOCIÉTÉ  SCIENTIFIQUE 

rapidité  et  sont  constituées  par  une  bactérie  immobile,  ayant 
en  moyenne  2  ja  de  long  sur  1/2  ja  de  largeur. 

L'étude  de  cet  infiniment  petit  nous  a  montré  que  nous 
avions  affaire  au  Bacillus  flavus. 

Colonies  H.  —  Elles  se  rapportent  à  une  moisissure  vul- 
gaire :  V Aspergillus  glaucus. 

Il 
Eaux  distribuées  dans  la  ville  même  d'Arcachon. 

Nous  avons  également  procédé  à  la  récolte  des  eaux  distri- 
buées dans  la  ville  même  d'Arcachon.  L'échantillon  mis  en 
culture  a  été  prélevé  à  la  Station  Zoologique. 

La  numération  nous  a  révélé  80  germes  par  centimètre 
cube,  soit  par  conséquent  un  excédent  de  25  sur  la  moyenne 
des  microbes  existants  par  centicube  dans  le  lac  de  Cazeaux. 

Parmi  les  colonies  obtenues  dans  cette  nouvelle  numération, 
la  plupart  sont  identiques  à  celles  provenant  du  lac.  Mais  il 
s'en  est  ajouté  deux  nouvelles  :  celles  du  Cladothrix  dichotoma 
et  celles  du  Bacillus  fluor escens  non  liquefaciens. 

Nous  avons  systématiquement  essayé  de  mettre  en  évidence 
dans  les  eaux  de  Cazeaux  et  d'Arcachon  le  Bacterium  coli 
commune;  mais  nous  n'avons  point  réussi  à  le  découvrir,  pas 
plus  d'ailleurs  que  toute  autre  bactérie  pouvant  rappeler  le 
bacille  typhique. 

Conclusion. 

En  résumé,  les  eaux  examinées  doivent  être  rangées  (d'aprér^ 
la  classification  de  Miquel)  dans  la  catégorie  des  eaux  très 
pures  {^)<. 

(i)  Miquel.  —  Manuel  pratique  d'analyse  bactériologique  des  eaux,  p.  129. 
Paris,  1891* 


ET   STATION  ZOOLOGIQUE  D'aRCACHON  51 


VI 

RECHERCHES  EXPÉRIMENTALES 


SUR 


LA    PERMÉABILITÉ    DE    L'ALIOS 


M.  PALLAS, 

Médecin   à  Sabres, 

ET 

Le  Dr   F.  LALESQUE, 

Président  de  la  Société  scientifique  d'Arcachon,  lauréat  de  la  Société  de  Biologie. 


Nous  avons  publié  un  travail,  ayant  pour  titre  :  La  perméabilité  de 
l'alios,  lu  à  la  Société  de  Médecine  et  de  Chiruigie  de  Bordeaux  dans 
la  séance  du  22  novembre  1895,  publié  dans  le  Progrès  médical  du 
48  janvier  1896  et  présenté  à  l'Académie  de  Médecine  de  Paris,  dans  la 
séance  du  7  avril  1896,  par  M.  le  Dr  J.  Bergeron,  secrétaire  perpétuel. 
C'est  de  ce  mémoire  que  nous  extrayons  la  partie  expérimentale  faite 
dans  les  laboratoires  de  la  Société  Scientifique  d'Arcachon. 

I 

1.  On  plonge  dans  Teau,  pendant  quelques  minutes,  un 
morceau  d'alios  sec  pesant,  après  immersion,  450  grammes. 
Durant  quarante-huit  heures,  exposé  dans  une  étuve  sèche,  à 
la  température  de  40»  C,  il  ne  pèse  plus  après  dessiccation  que 
405  grammes;  la  différence,  soit  45  grammes,  représentant 
l'eau  évaporée  et  dont  le  bloc  aliotique  s'était  imprégné. 

2;  Sur  un  bloc  d^alios^  si  grand,  si  épais  qu'il  soit,  on  creuse 


52  SOCIÉTÉ   SCIENTIFIQUE 

un  godet  large  et  assez  profond  pour  contenir  une  certaine 
couche  de  liquide.  Dans  ce  godet,  on  verse  progressivement 
de  l'eau  qui  ne  tarde  pas  à  filtrer  au  travers  du  bloc  aliotique, 
tombant  goutte  à  goutte  et  assez  rapidement  dans  un  récipient 
inférieur. 

3.  Cette  expérience  est  une  variété  de  la  précédente.  A  l'ex- 
trémité béante  d'un  cylindre  en  fer-blanc,  on  adapte  un  mor- 
ceau d'alios  épais  de  six  centimètres.  L'adaptation  ayant  été 
minutieusement  faite  par  la  juxtaposition  de  cire,  on  verse 
dans  le  cylindre  une  couche  liquide.  En  une  demi-minute  tout 
Falios  est  imbibé  et  deux  heures  environ  suffisent  pour  que 
toute  l'eau  versée  soit  recueillie  dans  le  récipient  placé 
au-dessous  de  l'appareil  d'expérience. 

La  conclusion  de  tous  ces  faits  expérimentaux  n'est  pas 
douteuse  :  l'eau  filtre  au  travers  de  l'alios,  la  perméabilité  de 
l'alios  est  patente. 

4.  Ce  qui  est  vrai  de  l'alios,  l'est  également  de  la  pierre 
aliotique.  En  effet,  la  pierre  aliotique  ne  forme  pas  un  bloc 
continu.  Elle  est  percée  de  véritables  canaux,  ramifiés  en 
divers  sens,  parce  que  le  sable,  la  matière  organique,  le 
fer,  etc.,  éléments  constitutifs  de  cette  pierre,  se  sont  agglu- 
tinés autour  de  la  racine  de  certaines  plantes,  racine  qui  leur 
a  servi  de  support,  de  tuteur  pour  ainsi  dire.  Avec  le  temps, 
la  partie  ligneuse  de  l'agglomération  a  disparu,  laissant  à  sa 
place  ces  canaux  ramifiés,  image  fidèle  de  sa  configuration  et 
de  ses  dimensions.  Telle  qu'on  la  trouve  dans  le  sous-sol,  cette 
pierre  est  perméable,  car  les  canaux  qui  la  sillonnent  sont 
comblés  tantôt  par  du  sable  lin,  tantôt  et  surtout  par  de  l'alios, 
sable,  alios  au  travers  desquels  l'eau  passe  sans  difficulté. 
D'ailleurs,  cette  variété  de  pierre  à  bâtir  ne  se  rencontre  que 
dans  des  régions  très  circonscrites  et  par  bancs  limités. 

Ce  n'est  pas  seulement  de  haut  en  bas  que  l'alios  se  laisse 
pénétrer  par  l'eau,  même  sous  faible  pression.  En  effet,  la 
roche  aliotique  jouit  également  de  la  propriété  de  faire  monter 
'eau  par  capillarité,  des  couches  inférieures  vers  les  supé- 
rieures, comme  dans  toute  substance  filtrante. 

Voici  deux  expériences  très  démonstratives  : 

5.  Un  échantillon  d'alios  repose  par  sa  base  sur  une  mince 
couclie  de  liquide,  la  débordant  de  plus  des  deux  tiers  de  sa 


ET  STATION  zooi,0(;igiiE  d'aucaciion  53 

hauteur.  Au  bout  d'un  laps  do  temps  varialjle,  tout  le  bloc  est 
imbibé  jusqu'au  sommet,  et  dans  toute  son  épaisseur. 

6.  Un  bloc  d'alios  de  douze  centimètres  de  hauteur,  de  six 
centimètres  de  diamètre,  repose  par  sa  base  sur  un  récipient 
contenant  une  couche  de  deux  centimètres  d'huile  de  pétrole. 
La  face  supérieure  du  IjIoc  est  creusée  d'un  trou  cylindrique 
dans  lequel  on  introduit  une  mèche  de  coton,  pleine,  ronde, 
sèche  et  dont  l'une  des  extrémités  émerge  de  quelques  centi- 
mètres au-dessus  du  trou  cylindrique.  Au  bout  de  quelques 
instants,  on  constate  que  tout  le  cylindre  d'alios  et  la  mèclie 
elle-même  sont  imbibés  d'huile.  Vient-on  à  allumer  la  mèche, 
elle  brûle  tant  qu'il  y  a  de  l'huile  dans  le  récipient,  ce  qui 
indique  que  l'huile  monte  au  fur  et  à  mesure  de  sa  consom- 
mation par  la  mèclie  enllammée  et  que  l'apport,  c'est  à  dire  la 
force  ascensionnelle,  est  d'autant  plus  marqué  que  l'alios  est 
plus  immergé. 

Nos  expériences  nous  paraissent  amplement  concluantes  de 
la  fonction  filtrante  de  l'alios. 

II 

La  coloration  foncée  du  sable  sous-jacent  à  l'alios  est  dans 
la  nature  une  preuve  de  la  perméabilité  !  En  effet,  si  on  exa- 
mine de  près  une  coupe  verticale  du  sol,  allant  jusqu'à 
quelques  mètres  au-dessous  de  la  roche,  on  voit  que  la  matière 
colorante  du  sable,  en  ces  points,  a  évidemment  une  origine 
aliotique,  son  transport  n'ayant  pu  être  effectué  que  grâce  à  la 
descente  des  eaux  pluviales  à  travers  la  roche.  L'un  de  nous, 
Lalesque,  avait  rapporté  dans  un  premier  travail  quelques 
recherches  relatives  à  la  coloration  des  eaux  et  consécutive- 
ment du  sable  par  l'alios. 

Par  de  nouvelles  recherches  inédites,  il  arrive  aux  mêmes 
conclusions  :  l'eau  pure  n'a  aucune  action  sur  la  matière  colo- 
rante de  l'alios. 

1.  Divers  échantillons,  provenant  d'un  banc  très  friable,  très 
noir,  complètement  immergés  pendant  cinq  jours  dans  de 
l'eau  froide  ou  chaude,  n'ont  donné  aucune  coloration  à  l'eau. 

"2.  Que  si,  au  travers  de  ces  mêmes  échantillons,  on  fait  filtrer 
une  grande  quantité  d'eau,  toutes  les  parties  de  cette  eau 


54  SOCIÉTÉ   SCIENTIFIQUE 

aussi  bien  les  premières  que  les  dernières,  ressortent  sans  la 
moindre  coloration. 

3.  Ces  échantillons  sont  réduits  en  poussière  très  line, 
mélangée  par  moitié  à  de  l'eau  pure.  Plusieurs  fois  par  jour 
on  agite  le  mélange  et  on  laisse  reposer.  Après  cinq  jours 
d'expérimentation,  on  trouve  toute  la  poussière  aliotique  pré- 
cipitée et  tassée  au  fond  du  récipient,  tandis  que  l'eau  qui 
surnage  reste  parfaitement  blanche.  Mais  ces  résultats  expéri- 
mentaux sont  tout  différents,  si  on  se  rapproche  des  condi- 
tions de  la  nature,  si  on  additionne  l'eau  d'un  produit  capable 
de  dissoudre  et  d'entraîner  la  matière  colorante  de  l'alios. 
Sachant  que  les  eaux  pluviales  au  voisinage  de  la  mer  con- 
tiennent une  proportion  appréciable  d'ammoniaque,  que  ce 
gaz  a  été  retrouvé  par  Baudrimont  et  Delbos  dans  leur  analyse 
des  sables  des  Landes,  on  a  additionné  de  quelques  gouttes 
d'ammoniaque  l'eau  de  nos  expériences.  Dès  lors,  on  a  cons- 
taté que  l'eau  en  contact  avec  l'alios,  soit  contact  simple,  soit 
contact  par  filtration,  prenait  une  teinte  plus  ou  moins  foncée 
et  proportionnelle  à  la  quantité  d'ammoniaque  ajouté. 

4.  L'expérience  suivante  est  très  démonstrative  :  dans  un 
récipient  de  sept  litres  d'eau,  additionnée  de  V  gouttes  d'am- 
moniaque par  litre,  plonge  un  bloc  d'alios  très  noir,  très 
friable.  Après  vingt-quatre  heures,  l'eau  prend  une  très  légère 
teinte  jaune.  Cette  eau  est  reprise,  puis  filtrée  au  travers  du 
même  bloc  d'alios,  d'où  elle  sort  manifestement  plus  teintée. 

Dans  la  nature,  l'alios  ne  cède  pas  son  principe  colorant 
selon  des  quantités  égales  en  tous  points  ;  ici  la  teinte  est  plus 
foncée  que  là;  en  profondeur,  elle  s'étend  quelquefois  sur 
plusieurs  mètres,  tandis  que  d'autres  fois,  mais  très  excep- 
tionnellement, le  sable  blanc  apparaît  plus  ou  moins  immé- 
diatement sous  l'alios. 

Pour  quelles  raisons,  dans  certains  points,  et  très  excep- 
tionnellement —  nous  y  insistons  —  cette  matière  n'a-1-elJe 
pas  été  entraînée?  Nous  ne  saurions,  à  l'heure  actuelle, 
répondre  nettement  à  cette  question.  Il  nous  suffit  d'avoir 
établi  la  loi  générale  :  coloration  brune  des  sables  immédiate- 
ment sous-jacents  à  l'ahos. 


ET   STATION   ZOOLOGIQUE  D'ARCACHON  55 


RECUEIL  DE  FAITS 


Simultanéité   des   décharges   des  divers   départements 
de  l'org-ane  électrique  de  la  Torpille  j 


Le  Df  F.  JOLYET, 

Directeur  de  la  Station  zoologique  d'Arcachon,  Professeur  à  la  Faculté  de  Médecine 

de  Cordeaux. 

ET 

M.  p.  RIVIKRE, 

Prcparat.'ur  au  laboiatoiie  des  Cliniques  de  la  F;\culté  de  Médecine  de  Bordeaux, 


En  enregistrant  la  décharge  volontaire  de  la  Torpille  au 
moyen  de  deux  signaux  communiquant  avec  le  même  organe, 
mais  l'un  recevant  le  courant  provenant  de  la  partie  antérieure, 
et  le  second  de  la  partie  postérieure,  M.  d'Arsonval  (')  a  cons- 
taté un  retard  de  quatre  centièmes  de  seconde  du  second  sur 
le  premier.  M.  d'Arsonval  se  demande  si  l'organe  électrique 
ne  constituerait  pas  plusieurs  départements  ayant  des  déchar- 
ges indépendantes. 

Nous  avons  eu  l'occasion  d'enregistrer,  un  très  grand 
nomhre  de  fois,  sur  de  nombreuses  Torpilles,  avec  des  signaux 
dont  nous  avions  reconnu  le  bon  fonctionnement,  la  décharge 
de  la  partie  antérieure  (i)  et  de  la  partie  postérieure  (2-3), 
simultanément  des  deux  côtés,  et  toujours  nous  avons  cons- 

0)  D' Arson \'AL.  —  Comptes  rendus  Académie  des  Sciences,  1895. 


56 


SOCIETE    SCIENTIFIQUE 


taté  le  syncliroiiisme  parfait  des  décharges  des  divers  départe- 
ments de  l'organe  électrique  de  la  Torpille  à  la  suite  d'une 

provocation,  comme  le  montrent  les 
tracés  de  la  figure  13.  Cette  constatation 
offre  un  certain  intérêt.  On  sait,  en  efl'et , 
comme  l'un  de  nous  l'a  démontré  ('), 
que  la  vitesse  de  l'action  nerveuse 
dans  les  nerfs  électriques  est  assez 
faible  (8  à  9  mètres  par  seconde). 

11  faut  donc  admettre  que  les  nerfs 
électriques  partis  des  lobes  électiiques 
et  se  rendant  à  leurs  départements 
respectifs  de  l'organe  ont  tous  la  même 
longueur.  On  peut  en  comprendre  fa- 
cilement la  raison.  L'organe  électrique 
étant  un  organe  de  défense  et  d'attaque, 
il  y  avait  avantage,  à  ce  point  de  vue, 
à  ce  que  les  divers  départements  dont 
l'organe  se  compose  fonctionnassent 
synergiquement,  de  façon  que  la  dé- 
FiG.  13.  charge  totalisée  fût  aussi  brusque  et 

instantanée  que  possible,  et  non  frac- 
tionnée en  des  décharges  successives  de  moindre  elTet. 


(')  .lOLYET.  —  Reclierclies  sur  la  Torpille  électrique  (Annales  des  Sciences  natu- 
relles de  Bordeaux  et  du  Sud-Ouest,  1883). 


ET   STATION   ZOOF,0(.IglE   D'aRCACHON  57 


II 


Expérience  montrant  que  la  Torpille  reçoit  partiellement 
la  (léeharj'-e  qu'elle  lance  j 


Le  n^  JOBER  r, 
Professeur  de  pliysioloifie  à  la  Faculté  des  Sciences  de  Dijon. 

ET 

Le  D-^  F.  JOLYET, 

Directeur  de  la  Station  zoologique  d'Arcachoii,  Professeur  à  la  Faculté  de  Médecine 

de  Bordeaux. 


La  Torpille  lançant  une  décharge  spontanée  ou  provoquée 
ne  reste  pas  absolument  immobile.  La  décharge  électrique 
est  accompagnée  chez  l'animal  d'une  contraction  musculaire 
très  brève,  surtout  bien  apparente  à  la  partie  inférieure  du 
corps,  dans  le  muscle  né  du  bord  antérieur  de  la  clavicule, 
conjointement  avec  l'abaisseur  de  la  mandibule.  Le  long 
tendon  céphalique  du  ventre  externe  du  muscle,  séparé  dans 
la  région  de  la  mandibule,  peut  être  facilement  isolé  à  la  tête 
et  employé  à  mouvoir  un  levier  inscripteur. 

La  Torpille  étant  placée  sur  le  dos  et  disposée  pour  l'ins- 
cription graphique  de  la  contraction  du  muscle  et  celle  de  la 
décharge  de  l'organe  électrique,  on  constate  souvent  que 
l'animal  donne  de  petites  décharges  spontanées  rythmées.  On 
obtient  alors  des  graphiques  comme  dans  la  figure  14,  le  tracé 
supérieur  indiquant  les  décharges  spontanées  recueillies  de 
l'organe  et  marquées  par  un  signal  Deprez;  le  tracé  inférieur, 
les  secousses  musculaires  correspondantes  du  muscle  (mouve- 
ment lent  du  cylindre). 


58 


SOCIETE   SCIENTIEIyUE 


L'expérience  suivante  montre  que  la  contraction  musculaire 
brève  qui  accompagne  la  décharge  électrique  de  l'organe,  est 


Hi. 


provoquée  par  cette  décharge;  que  la  Torpille,  par  conséquent, 
reçoit  partiellement  la  décharge  qu'elle  lance. 


FIG.  15. 


Dans  un  premier  temps  de  l'expérience,  on  détermine  le 
moment  de  la  contraction  musculaii'e  par  rapport  au  moment 


FIG.  Ui. 


de  la  décharge  provo(pn''e.  On  obtient  ainsi  les  tracés  de  la 
figure  15  (mouvement  rapide  du  cylindre),  sui-  lesquels  on  voit 


ET  STATION  zoolo(.iqi;e  d'arcachon  59 

que  la  décharge  marquée  par  le  signal,  ayant  lieu  en  d,  la 
contraction  musculaire  n'a  lieu  qu'en  c,  cinq  centièmes  de 
seconde  plus  tard  ou  5  vibrations  doubles  du  diapason 
de  100  VD  à  la  seconde. 

Si  le  muscle  qui  s'est  contracté  en  c  a  été  réellement  excité 
en  e  par  la  décharge  d  de  l'organe,  0"05  représente  le  temps 
perdu  du  muscle  considéré.  C'est  précisément  ce  que  dé- 
montre la  deuxième  partie  de  l'expérience,  dans  laquelle  on 
mesure  le  temps  perdu  de  la  secousse  du  muscle  c  (fifj.  iô),  à 
la  suite  d'une  excitation  directe  de  ce  muscle  en  e  par  un  choc 
d'induction,  marqué  par  le  signal  Deprez  en  s,  le  temps  perdu 
de  la  secousse  est  exactement  de  cinq  centièmes  de  seconde. 


TABLE   DES  MATIERES 


TAgtt. 

Dédicack 3 

Conseil  d'administration  de  la  Société  Scientifique  et  Station  Zoolo- 

yique  d'Arcachon 5 

Extrait  des  Slatuts « 6 

Liste  des  travaux  sortis  des  Laboratoires  d'Arcachon  depuis  leur 

fondation 7 


/  Travaux  de  1895. 

A.  Mémoires. 

l.  Joi/i'ET  et  ViALLANES.  —  Contributions  à  l'étude  du  sang  et  de 

sa  circulation  chez  les  Arthropodes 13 

IL  Lalesque  et  Rivière.  —  La  prophylaxie  expérimentale  de  la 

contagion  dans  la  phtisie  pulmonaire 25 

IIL  Rivière.  —   Étude   d'un   nouveau    Slreptolhrix    parasite  de 

l'homme 31 

IV.  Lalesque  et  Rivière.  —  Analyse  bactériologique  de  l'air  de  la 

ville  d'Arcachon , 41 

V.  Lalesque  et  Rivière.  —  Analyse  bactériologique  de  l'eau  du 

lac  Cazeaux  et  de  la  ville  d'Arcachon 46 

VI.  Pallas  et  Lalesque.  —   Recherches  expérimentales  sur  la 

perméabilité  de  l'Alios 51 

R.  Recueil  de  faits. 

I.  Jolyet  et  Rivière.  —  Simultanéité  des  décharges  des  divers 

départements  de  l'organe  électrique  de  la  Torpille 55 

II.  JoBERT  et  Jolyet.  —  Expérience  montrant  que  la  Torpille 

reçoit  partiellement  la  décharge  qu'elle  lance 57 


3  8  S  7  4 


—    Imp.   O.  (..III. 


SOCIÉTÉ  SCIENTIFIQUE 


ET 


STATION  ZOOLOGIOUE 


D'ARCACHON 


TRAVAUX  DES  LABOliATOIRES 


RECUEILLIS    ET    PUBLIES    PAR 

Le   D**  F.  JOLYET  Le  D"  F.  LALESQUE 

DIRECTKCR  DES  LABORATOIRES  DE  LA  STATION  ||       PRÉSIDENT     DE    LA     SOCIÉTÉ    SCIEKTJKIQCE 

ZOOLOGIQUE  D"aRCACH0N  '  D'aRCACHON 

PROFESSEUR  A  LA  FACULTÉ  DE  MÉDECLVL  LAURÉAT  DE  LA   SOCIÉTÉ   DE  BIOLOGIE 

DE  BORDEAUX  DE  PARIS 


ANNÉE   1895 


PARIS 

LIBRAIRIE    OCTAVE    DOIN,    ÉDITEUR 

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logie générale.  Traduit  sur  la  5«  édition  anglaise,  par  F.  TkieLr.  - 
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de  P;iris.  —  Iconographie  élémentaire  du  régne  animal,  compre- 
nant la  figure  et  la  description  des  types  fondament;m.x,  représentant 
chacune  des  grandes  classes  zoologiques  et  de  ceux  des  races  domes- 
tiques. —  Prix  de  chaque  série  de  dix  planches,  en  huit  et  dix  couleuis 

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Marseille.  —  Atlas  d'Anatomie  comparée  des  Invertébrés,  avec  une 
préface  de  M.  F.  Marion,  professeur  à  la  Faculté  des  Sciences,  direc- 
teur de  la  Station  zoologique  et  du  Musée  d'Histoire  naturelle  de 
Marseille.  —  1  fort  vol.  petit  in-4'>  en  carton,  contenant  60  planches 
noires  et  coloriées,  avec  le  texte  correspondant. 

Prix  de  l'ouvrage  complet 40  fr. 

Relié  sur  ongk-ts 46  fr. 

ZITTEL  (Karl),  professeur  à  l'Université  de  Munich,  et  SCHIMPER  (Ch.), 
professeur  à  l'Université  de  Strasbourg.  —  Traité  de  Paléontologie. 
Traduit  de  l'allemand  par  Ch.  Barrois,  maître  de  conférences  à  la 
Faculté  des  Sciences  de  Lille.  5  vol.  grand  in-S". 

L'ouvrage  est  maintenant  terminé. 
Tome  I.  —   Paléontologie  zoologique,  comprenant  les  Protozoaires, 
Cœlentérés,  Echinodermes,  MoUuscoïdes,  avec  563  figures  dans  le 

texte,  1883 37  fr.  50 

Tome  II.  —  Paléontologie  zoologique,  comprenant  les  Mollusques,  les 

Articulés,  avec  1,109  figures  dans  le  texte,  18B7 45  fr. 

Tome  III.  —  Paléontologie  zoologique,  comprenant  les  Vertébrés,  avec 

719  figures  dans  le  texte,  1893.° 45  fr. 

Tome  IV.  —  Paléontologie  zoologique,  comprenant  les  Mammifères, 

avec  095  figures  dans  le  texte,  1895 35  fr. 

Tome  V.  —  Paléontologie  végétale,  comprenant  l'ensemble  de  nos  con- 
naissances sur  les  flores  fossiles,  432  lig.  dans  le  texte,  1891     47  fr.  50 
Chaque  volume  se  vend  séparément. 


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MBI.  WHOI    LIBRARY 


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