SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE
ET
STATION ZOOLOGlOllE
D'ARCACIION
TIIWAUX DUS LAIiOllATOIlllîS
RECUKILLIS ET PUBLIES PAH
Le D" F. JOLYET
Le D" F. LALESQUE
DintCTiail l»i;.S I.ADORATOiriES DE LA STATION ' TTESIDENT DE I.A SOCIETE SCIENTIlKjl E
ZOOLOGIQUE D ARCACHON
PROEESSEITR A LA lACULTÉ DE MÉDECINE
DE BORDEAUX
D ARCACHON
I.AKRÉAT DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
■» DE PARIS
ANNÉE 1895
PARIS
LIBRAIRIE OCTAVE DOIN, ÉDITEUR
îS — Place de l'Odéon — 8
À LA MEMOIRE
DE
Henri VIALLANES
docteur es sciences naturelles
ancien directeur de la station zoologique
d'arcachon
Après trente-trois années d'existence, la Société
Scietitifique d' Arcachon se trouve en mesure, pour la
preinière fois, de publier les travaux originaux pour-
suivis dans ses laboratoires, affirmant ainsi sa vitalité
scientifique et réalisant le plus ardent désir de son
regretté Directeur^ Henri VIALLANES, qui consacra
à notre' Station Zoologique la période la plus active,
mais hélas! aussi la dernière de sa vie.
Henri Viallanes donna à notre Station Zoologique
une impulsion nouvelle et féconde do?it sinspir^ent ses
successeurs, pour maintenir les laboratoires marijis
d' Arcachon en état d'être utilisés par les savants.
En dédiant le premier fascicide de ses travaux à la
mémoire de son ancien Directeur, la Société Scienti-
fique d' Arcachon remplit un devoir de pieuse recon-
naissance.
SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE
ET
STATION ZOOLOGIQUE
D'ARCACHON
^ CONSEIL D'ADMINISTRATION
MM. Le iMAIRE D'ARCACHON, | „ - • , , ,n
T T^ T, i »Tr.»TT T-.. ' } Pvest tient S (i 1 1 0 )i )! 011)' .
Le Dr riAMRAU Père, )
Le Dr F. LALESQUE, Présidmt.
Le Dr DE XABIAS, professeur à la Faculté de ]
Médecine de Bordeaux, \ Vice-Présidents.
C. SÉMIAC, pharmacien à Arcachon, , \
Le D"" André HAMEAU, Secrétaire r/énéral.
F. AUDOUIN, conducteur des Ponts et Chaussées, Trésorier.
Le D'" Ch. BLAREZ, professeur à la Faculté
de Médecine de Bordeaux,
J. SABY, ancien Directeur de la Société ) Administrateurs.
immobilière d'Arcachon,
M. ORMIÈRES, architecte à Arcachon,
DURÈGNE, ancien élève de l'École Polytechnique, à Bordeaux,
Conservateur du Musée et de la Bibliothèque,
FILLIOUX, à La Teste, Conservateur honoraire.
Le Dr JOLYET, professeur à la Faculté de Médecine de Bordeaux,
Directeur de la Station Zoologique.
SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE
EXTRAIT DES STATUTS
Article premier. — La Société Scientifique d'Arcachon,
fondée en 18(33, a pour but de faciliter l'étude, l'avancement,
la vulgarisation des sciences naturelles et des procédés d'aqui-
culture marine : 1» par l'organisation et l'entretien d'un Éta-
blissement comprenant un Musée, une Bibliothèque et un
Aquarium, avec des Laboratoires destinés aux recherches et
aux études biologiques; 2'^ par des conférences et des cours
publics.
Art. 23. — Les membres de la Société, les professeurs et
tous les attachés à l'enseignement scientilîque dans les Facultés
ou autres écoles de l'État, les élèves des Hautes-Études ou des
Facultés, munis d'un certiticat constatant leur mission à Arca-
chon, seront admis à jouir gratuitement des Laboratoires et de
leurs annexes. Pour les autres travailleurs il sera perçu une
rétribution dont le taux sera fixé chaque année par l'Assem-
blée générale.
N. B. — La Société dispose, annexées à ses Laboratoires, de trois
cliambres dans lesquelles elle peut loger gratititeiticiit les travailleurs
qui en font la demande.
ET STATION ZOOLOGlyUE D'aHCACIION
TRAVAUX
SORTIS DES
LABORATOIRES DARCACHON
Paul Bert. — Note sur la présence de VAmphioxus lanceolatus dans
le bassin d'Arcachon et sur ses spermatozoïdes {Mémoires de la
Société des Sciences physlqKcs et naturelles de Bordeaux,
t. IV, 1867).
— Sur la mort des poissons de mer dans l'eau douce (Ihid., t. IV
et V, 1867).
— Reproduction des parties enlevées chez les Annélides {Ibid., t. V).
— Sur la respiration des jeunes Hippocampes dans l'œuf (Ibid.).
— Sur les appendices dorsaux des Eolis (Ibid.).
— Sur le sanii de divers Invertébrés (Ibid.).
— Mémoire sur la physiologie de la Sèche {Sepia officinalis, Lin.)
{Ibid., t. V. Extrait in Comptes rendus de V Académie des
Sciences, 1867).
— Surl'Amphioxus (anatomie et physiologie) (CoiJip^es rendus, 1867).
CiiÉRON. — Des conditions anatomiques de la production des actions
réflexes chez les Céphalopodes {Comptes rendus, 1868).
Fischer (P.). — Note sur un Cétacé (Grampus griseusj échoué sur la
côte d'Arcachon {An^iales des Sciences naturelles, 1868).
— Mémoire sur les Cétacés du genre Ziphius, Cuv. {Nouvelles An-
nales du Muséum d'Histoire naturelle de Paris, t. lïl).
— Observations sur quelques points de l'histoire naturelle des Cépha-
lopodes (Annales des Sciences naturelles, t. VIII).
— Recherches sur les Actinies des côtes océaniques de la France (Nou-
velles Annales du Muséum, t. X).
— Faune conchyliologique du département de la Gironde et du Sud-
Ouest {Actes de la Société Linnéenne de Bordeaux, t. XXV,
XXVII et XXIX).
— Byrozoaires, Echinodermes et Foraminifères du département de !?
Gironde, etc. (Ibid., t. XXVII).
8 SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE
Fischer (P.) — Crustacés podophtal maires et cirrhipèdes, etc. {Ibid.,
t. XXVIII).
— Anthozoaires, Synascidies, etc. (Ibid., t. XXX).
Charles des Moulins. — Note sur une forme alloni,^ée du Tapes aurea,
Gmel. {Actes de la Société Linnéenne, t. XXVI, 1868).
Alexandre Lafont. — Note pour servir à la faune de la Gironde conte-
nant la liste des animaux marins dont la présence a été constatée
à Arcachon pendant les années 1867-68 (Actes de la Société
Linnéctvic, t. XXVI).
— Note sur l'organisation des Pennatules (Ibid.).
— Note sur les organes de la génération de VOmmastrephes sar/it-
tatus (Ibid.).
— Observations sur la fécondation des Céphalopodes (Ibid, et Aiinales
des Sciences naturelles^ t. XI).
— Note pour servir à la faune, etc., années 1869-70 {Ibid., t. XXVII).
— Observations sur l'Amphioxus, sur la Torpille fife id.).
— Observations sur les Syngnathes (Ibid. et Actes de VAcadéinie de
Bordeaux).
— Journal d'observations faites sur les animaux marins du bassin
d" Arcachon pendant les aimées 1866-67-68 (Bordeaux, imp.
Gounouilhou, 1870).
— Description d'une nouvelle espèce de Raie (R. Brachyura) (Ibid.,
t. XXVII).
— Observations sur l'anatomie des Cétacés capturés à Arcacbon
en 1867-68 {In Fischer, Cétacés du Sud-Ouest. Ibid., t. XXXV).
Moreau (A.). — Recherches physiologiques sur la vessie natatoire.
— Recherches pliysioloyiques sur la Torpille électrique, 1869.
Moreau (E.). — Note sur la région crânienne de l'Amphioxus, etc.
{Comptes rendus, 1870).
— Poissons de France, note sur quelques espèces nouvelles des côtes
de VOcéan{Revue et Man. de Zoologie pure et appliquée, 1874).
— Histoire naturelle des Poissons de la France (Faune d'Arcachon
étudiée en 1869). — Paris, Masson, édit., 1881.
Quatrefages (de). — Note sur quelques animaux invertébrés du bas-
sin d'Arcachon (Association française pour l'Avancement des
Sciences, session de Bordeaux, 1872).
.Tobert (G.). — Étude d'anatomie comparée sur les organes du tou-
cher (liez divers Mammifères, Oiseau.r, Poissons, Insectes.
(Thèse de la Faculté des Sciences de Paris, 1872).
Viault. — Recherches histologiques sur la structure des centres ner-
veux des Plagiostomes (Thèse de la Faculté des Sciences de
Paris, 1877).
Pérez. — Ovologie des Sacculines. Sur la fécondation de l'Oursin
{Comptes rendus, 1877).
Franck (Fr.). ■ — Observations graphitfues des effets îles nerfs sur le
cœur des Poissons. — Des effets de l'aspiiyxie graduelle (Tra-
vaux inédits).
ET STATION ZOOI.OGIgl'E D'aRCACIION 9
KuNSTLER. — Histoire naturelle des Infusoires parasites (description de
deux espèces nouvelles) (Annales des Sciences naturelles de
Bordeaux et du Snd-Ouest, i^'^" série, n" A).
— Dumontia ophel'uwum, type nouveau de la sous-classe des Sarco-
dines (Bulletins de la Société Zoologique, 1885).
JoLYET. — Recherches sur la Torpille électrique (Annales des ScimccH
naturelles de Bordeaux et du Sud-Ouest, 2-' série, n" 2, et
Mémoires de la Société des Sciences physiques et naturelles
de Bordeaux, t. V, 2'' série).
DuRÈGNE (E.). — Sur le Chitonactis Bichardi, Marion (Actes de la
Société Linnéenne de Bordeaux, t. XL, p. iv, .nxviii, liv),
— Sur le PleurojjJiyllidia lineata, Otto (Ibid., p. xxvi, xxxviii).
— Sur V Adamsia paUiata, Bohadsch (Ibid., p. xxviii).
— Sur VEledone octopodia, Pennant (Ibid., p. xxxviii).
— Sur le CJtenopus pes carbo)iis, Brongn. (Ibid., t. XLI, p. xxix).
— Sur les dragaf;es en eau profonde au large d'Arcachon (Ibid.,
p. xxxm).
GoTCH (F.). — The electromotive properties of the electrical organ of
Torpedo marmorata [Phil. Transactions of the Boyal Society
of London, 10 juin 1887).
BouRY (E. de). — Observations sur la faune conchyliologique marine
des côtes de la Gironde (Journal d'Histoire TKdiirelle de Bor-
deaux et du Sud-Ouest, 1888, no 9, p. 99).
DuRÈGNE (E.). — Sur la présence du Porania pulvillus dans le golfe
de Gascogne (Actes de la Société Linnéenne de Bordeaux,
t. XLI, p. xLViii).
— Sur la présence dans le bassin d'Arcachon du Polycera Lessoni et
de VAlcyonium palmatum (Ibid., t. XLII, p. xxv).
Fischer (P.), — Note sur la présence du genre Corarnbe Bergh dans le
Las.sin d'Arcachon (Bidletins de la Société Zooloyhiue de
France, t. XIII, p. 215).
GoTCH (F.). — Further observations on the electromotive properties of
the electrical organ of Torpedo marmorata (PJiil. Transactions
of the Boyal Society of London, 8 mars 1888, t. GLXXIX,
p. 329).
— Experiments on some curarised Torpedoes (Proceedings Phys.
Society, 1888, t. II, p. v).
Lagatu (IL). — Anomalies de coloration observées chez une Sole et une
Haie. Poissons rares capturés à Arcachon (Actes de la Société
Linnéenne de Bordeaux, t. XLI, p. lxxyi).
Petit (L.). — Effets de la lésion des ganglions sus-œsophagiens chez le
Crabe fCarcinus mienas) (Comptes rendus de l'Académie des
Sciences, 2i juillet, et Actes de la Société Linnéenne de Bor-
deaux, t. XLII, p. LXXXVl).
DuRÈGN'E (E.). — Sur un maxillaire de Baleinoptère trouvé à Arcachon
au siècle dernier (Actes de la Société Linnéenne de Bordeaux,
t. XVH, p. Lxxi).
10 SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE
DuRÈGNE (E.). — Liste des espèces marines nouvelles trouvées à Arca-
chon depuis le commencement de l'année {IbicL, p. lxxxvii).
— Note sur le Chitonactis Richardi, Marion (Ibid., t. XLIII, p. 312).
— Sur la présence de la Chama griphoïdes sur les côtes océaniques
d'Europe (Ihid., p. xl).
Fischer (H.). — Note préliminaire sur le Coramhe testudmaria (Bul-
letins de la Société Zoologique de France, t. XIV, p. 379).
Fischer (P.). — Sur la disposition des tentacules chez les Gérianthes
(Bulletins de la Société Zoologique de France, t. XIV, p. 24).
— Note sur le Pavonaria quadrangularis et sur les Pennatulides
des côtes de France (Ihid., p. 34).
— Nouvelle contribution à l'actinologie française (Actes de la Société
Linnéenne de Bordeaux, t. XLIII, p. 351, avec 1 pi.).
KuNSTLER et DE LusTRAC. — Sur le Dumontia libera nov. sp. (Bullethi
scientifique de la France et de la Belgique, III, 2, p. 293).
Lagatu (H.). — Caractères distinctifs de l'espèce et du sexe dans les
coquilles types de quatre Sepias {Actes de la Société Linnéenne
de Bordeaux, t. XLII, p. 105, avec 4 pi.).
Ménégaux (A.). — Contribution à l'étude de la turgescence chez les
Bivalves siphonés et asiphonés (Bulletins de la Société Zoolo-
gique de France, t. XIV, p. 40).
— Sur les homologies de différents organes des Tarets (Ihid., p. 53).
Bernard (F.). — Recherclies sur les organes palléaux des Gastéro-
podes p>rosohranehes (Thèse de la Faculté des Sciences de Paris,
28 avril 1890).
Bouvier. — Sur un cercle circulatoire annexe chez les Crustacés déca-
podes (Bulletins de la Société Philomathique de Paris, 8« sé-
rie, t. II, p. 135j.
— Variations progressives de l'appareil circulatoire artériel chez les
Crustacés anomoures (Ihid., p. 479).
DuRÈGNE. — Animaux nouveaux pour la région, recueillis à Arcachon
(Actes de la Société Linnéenne de Bordeaux, t. XLIII, p. x
et Lxxv; t. XLIV, p. xix).
^lÉNÉGAUx. — Recherches sur la circulation des Lamellibranches
marins (Thèse de la Faculté des Sciences de Paris, 30 juin 1890).
Perrier (R.). — Recherches sur Vanatomie et l'histologie du rein des
Gastéropodes prosohranches (Thèse de la Facultédes Sciences de
Paris, 28 mars 1890).
YiALLA.NES. — Sur quelques points de l'histoire du développement em-
bryonnaire de la Mante religieuse (Mantis religiosa) {Revue
biologique du Nord, n° 12, septembre 1890).
— Note sur la ponte d'une Seiche d'espèce indéterminée (Ihid., n» 3,
décen>bre 1890).
— Sur la structure des centres nerveux du Limule (Lininlus polyphe-
musJ(Comptes rendus de l'Académie des Sc/ences, l'^'"déc. 1890).
Fischer (H.). — Sur l'anatomie du Coramhe testudinaria (Comptes
rendus de l'Académie des Sciences, 2 février 1891).
ET STATION ZOOLO(;iQLE d'aIICACIION H
Fischer (H.). — lleclierclies anatoiniques sur un Mollusque nudi-
branche appartenant au genre Coramhe (Bulletin scienllfique de
la France et de la Belgique, 1891 , t. XXIIl, 40 p. , 4 pl.).J
Phisalix (G.). — Sur la nature des mouvements des chromatophores des
Céphalopodes (f^omptcs rendus de l'Académie des Sciences,
19 octobre 1891).
Faurot (L.)- — Sur le Cerianthns membranactvs {Mémoires de la
Société Zoologique de France, 1891,10 p., 1 fig'.).
ZuNE (A.-J.). — Traité général d analyse des beurres. 2 vol. in-8" de
400 p. chacun. Paris et Bruxelles, 189*2.
Grehant et JoLYKT (F.). — De la formation de l'urée par la décharge
électrique de la Torpille (Société de P>iologie, 1891).
JoLYKT (F.) et ViALLAXES (H.). — Piecberches sur le système nerveux
accélérateur et modérateur du cœur des Crustacés {Cowptes
rendus de V Académie des Sciei^ces, 25 janvier 1892).
ViALLANES (H.). — Sur la structure de Tœil chez les Crustacés macrou-
res {Comptes rendus de l'Académie des Sciences, 4 mai 1892).
— Sur la structure de la lame ganglionnaire chez les Crustacés déca-
podes (Bulletin de la Société Zoologique de France, 1891,
9 p., 3 fig.).
— Sur quelques points de l'histoire du développeinent embryonnaire
de la Mante religieuse (^)inaZe.s des Sciences naturelles et zoolo-
giques, 1"^ série, t. XI, 1891, 45 p., 2 pi. doubles).
RocHÉ (G.). — Papport sur une mission de diagage dans le golfe de
Gascogne (Archives des Missions scietitiftques).
— Le clialutage k vapeur dans le golfe de Gascogne {Revue des
Sciences naturelles du Suil-Ouest, }an\\ev 1892).
Certes (A.). — Sur la vitalité des germes microscopiques des eaux
douces et des eaux salées {Comptes rendus de F Académie des
Sciences, 22 février 1892).
Fischer (M.). — RechercJœs sur la morphologie du foie des Gastéro-
podes (Thèse de Pai'is, 88 p., 7 pi., et Bulletin scientifique,
t. XXIV).
Phisalix (M.). — Structure et développement des chromatopliores chez
les Céphalopodes (Arcltives de Phgsioiogie, juillet 1892, 11 p.,
1 pi.).
Bouvier (E.-L.). — Sur la graisse du foie des Crustacés décapodes (Bu/-
letin de la Société Philomatlnque, 8'" série, t. III, no 4, 5 p.).
— Observations sur l'anatomie du système nerveux de la Limule poly-
phème (Biilhtins de la Société PhilomatJiiqur, S^ série, t. III,
12 p., 3 fig.).
Thoulet. — Pecherches d'océanographie sur le bassin d'Arcachon
(Comptes rendus de l'Académie des Sciences).
Nabias (de). — Piecberches sur la structure du système nerveux des
Mollusques (Association française, Congrès de Pau). . /--^.^^
Viallanes (H.). — Recheiches comparatives sur l'organisation du cer- 'n(_ .
veau dans les principaux groupes d'Arthropodes (Cowjjfes rendes ' '
de la Société de Biologie, 30 avril 1892).
12 SOGIKTÉ SCIENTIFIQUE
ViALLANES (H.). — RecliercliGS sur la filtration de l'eau par les Mol-
lusques et applications à l'ostréiculture et à l'océano^rapliie
{Comptes rendus de V Académie, 7 juin 1892).
— Recherches anatomiques et physiologiques sur l'œil des Arthro-
podes (Aniiales des Sciences naturelles, 36 p., 2 pi.).
— Contrihutions à l'histologie du système nerveux des Invertébrés
{Annales des Sciences naturelles, 15 p., 1 pi.).
RocHÉ (G.). — La pêche au grand chalut dans le golfe de Gasco-
gne (Masson, Paris).
Janssens (Fr.). — Les branchies des Acéphales (Louvain).
PniSALix. — Recherches physiologiques sur les cliromatophores des
Céphalopodes {Archives de Physiologie normale et patJtolo-
gique, 1893).
JoLYET et ViALLANES. — Recherches sur la respiration des Cétacés
{Archives de PJiysiologie normale et pathologique, 1893).
Nabias (de). — Recherches histologiques et org analogiques sur les
centres nerveux des Gastéropodes (Thèse de la Faculté des
Sciences de Paris, 1894).
JoBERT. — Recherches pour servir à l'histoire du parasitisme {Comptes
rendus de la Société de Biologie, 1894).
Sellier. — Influence de la tension de Voj-ygène sur l'hématopoièse
et sur les combustions respiratoire^ (Tlièse de la Faculté de
Médecine de Bordeaux, 1894).
ET STATION ZOOLOGIQUE D'aRCACHON 13
CONTRIBUTIONS A L'ÉTUDE
O (I)
SANG ET DE SA CIRCDLATION chez les ARTHROPODES
Le D' F. JOLYET,
Directeur de la Slatioa zoologique d'Arcaclion, professeur à la F"acuUé
de Médecine de Bordeaux,
ET
Le !>■ If. \IALLANES,
Docttur es sciences naturelles, ancien Directeur de la Station zoologique d'Arcaclion.
Nos recherches ont porté sur le Crabe-Tourteau (Cancer
pagurus) et sur le Liinule (Limidus).
Nous étudierons successivement : A. le sang; B. la pres-
sion du sang dans le cœur; C. la pulsation du cœur et les
variations de la pression du sang dans la cavité péricardiaque
des crustacés; D. les efl'ets des excitations du cœur chez le
Crabe nuenas.
A. Sang. — Les résultats qui suivent se rapportent exclusi-
vement au sang des Limules. Pour ce qui a trait au sang des
crustacés proprement dits, nous renvoyons au mémoire sur
la respiration des animaux aquatiques que l'un de nous, avec
(•) Ce mémoire a ('tê présenté au Congrès de l'Association IVan^'aise pour l'Avance-
ment des Sciences. Bordeaux, 1811."».
14 SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE
M. P. Regnard, a publié dans les Archives de Physiologie
pour rannée 4877.
Un premier point important, c'est l'énorme quantité de
sang qu'on peut retirer du Limule, par la saignée directe du
cœur. C'est ainsi qu'un sujet du poids de 8(50 grammes
donne 105 centimètres cubes de sang; un autre du poids de
690 grammes fournit 80 centimètres cubes de sang, c'est à
dire le huitième du poids du corps, quantité de sang très
supérieure à celle qu'on peut retirer du Tourteau par le même
procédé, très supérieure également à la quantité de sang
soustraite chez les céphalopodes (Poulpes) qui, d'après L. Fré-
déricq, est du trentième du poids de ces animaux.
La densité du sang a varié entre 1035 et 1037 chez trois
individus. Sa coloration, après agitation à l'air, est d'un beau
bleu outre-mer. Privé d'oxygène dans le récipient vide de la
pompe pneumatique à mercure, le sang devient l)lanc-laiteux
opalescent, d'aspect d'eau de savon; mais il reprend aussitôt
sa belle coloration bleue, si on laisse rentrer l'air.
Gomme pour le sang des crustacés et des mollusques, nos
expériences démontrent surabondamment que les change-
ments de couleur du sang de Limule sont dus à la présence
ou à l'absence de l'oxygène dans le liquide, et que l'acide
carbonique n'a aucune influence dans le phénomène.
La capacité respiratoire du sang, après agitation à l'air, a
donné pour 100 centimètres cubes de sang :
O.Kygène, 2"7; acide carbonique, 4"5; azote, 1"6
c'est à dire des chiffres sensiblement identiques à ceux déjà
signalés pour la capacité respiratoire du sang des crustacés
par F. Jolyet et Piegnard.
L'hémocyanine du sang de Linuile, comme celle du sang
des crustacés et des mollusques, est précipitée par la chaleur,
par l'alcool; le coagulum albuminoïde est bleuâtre et sa colo-
ration devient plus marquée encore pai- le dessèchement; le
lilti'at est tout à fait limpide et incolore. Le coagulum albumi-
noïde, lavé à l'eau et à l'alcool et desséché à 110", a fourni
81"'"8 d'hémocyanine par litre de sang.
Si on traite les cendres d'hémocyanine dissoutes dans une
petite quantité d'eau azotique^ par l'ammoniaque, ou obtient
ET STATION ZOOLOfilgUE u'aRCACIION 15
une légère coloration bleue qui indique lu jDresence du cuivre
dans ces cendres. La coloration bleu de prusse intense qu'on
produit dans la solution azotique des cendres de la fibrine du
sang de Limule et de Crabe, par le ferro-cyanure de potas-
sium, montre que cette substance contient du fer.
B. Pression du sang. — Depuis les tentatives de détermi-
nation de la tension sanguine chez le Crabe par M. Plateau,
aucun physiologiste n'a repris ces mesures. Il y avait cepen-
dant intérêt à faire ces déterminations chez les arthropodes,
en particulier chez le Limule et chez le Crabe comparative-
ment. Chez le Limule, en effet, l'appareil circulatoire est
beaucoup plus parfait et compliqué .que chez aucun autre
articulé. Le sang veineux n'est pas répandu dans les lacunes
inter-organiques comme chez les crustacés, mais renfermé
dans la plus grande partie de son parcours dans des vaisseaux
distincts, dont les origines constituent des ramifications très
ténues, qui sont de véritables capillaires veineux; les capil-
laires artériels, très riclies, très ténus, sont continus égale-
ment jusque dans les tissus et les membres, sans les lacunes
intermédiaires qui existent chez les crustacés. Aussi y avait-il
intérêt de connaître les tensions sanguines spéciales et certai-
nement fort différentes sous lesquelles s'exécute respective-
ment la circulation du sang chez le Limule et le Tourteau. S'il
est presque impossible de prendre la pression du sang dans
les vaisseaux des arthropodes, il est au contraire très facile de
la prendre dans le ventricule, sans mutilation préalable et
sans apporter de trouljles dans la circulation, en procédant
comme nous allons dire.
Chez le Limule, le cœur tubuleux est presque immédiate-
ment sous la peau. Pour pénétrer dans le cœur^ on place
l'animal en demi-flexion et on enfonce directement la canule
par le milieu de la jointure, en dirigeant la pointe en arrière,
parallèlement à la carapace, à quelques millimètres au-dessous,
jusqu'au niveau de la troisième impression cardiaque. En
dirigeant, au contraire, la canule en avant, on peut pénétrer
dans l'artère aorte. Toutefois, cette pénétration est plus
diiicile, bien que le vaisseau soit assez volumineux. Quoi qu'il
en soit, la canule introduite est reliée avec un manomètre à
10 SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE
eau de Haies ou au cardiomètre à mercure de Ma^endie,
transformé en cardiograplie ; on voit la colonne liquide s'élever
dans le premier cas, par jets saccadés, jusqu'à 65 et 70 centi-
mètres de hauteur et osciller à ce uivcaii; ou fournir dans
FIG. 1.
TENSION DU SANG CHEZ LE LIMULE
le second cas le tracé de la tension du sang, représenté
figure 1. Le cardiomètre à mercure indiquant les pressions
réelles, la pression constante dans Taorte du liimule est
donnée sur le tracé en centimètres et millimètres de mercure
par la distance qui sépare la ligne de 0 des minimas des oscil-
lations ; cette pression est de G centimètres de lig, ses varia-
tions systoliques de 6 millimètres en plus. A la sixième
pulsation, la canule étant sortie du vaisseau, on voit la pres-
sion retomber aussitôt.
Pour introduire la canule dans le cœur du Crabe-dormeur,
il faut amincir à la lime la carapace, d'avant en arrière, sur le
milieu de la région sus-cordiale jusqu'au voisinage du derme;
il est alors facile, avec la canule apointie, de pénétrer dans le
ET STATION ZOO[.Or;iQT:E D'aRCACIIOX
47
cœur. Ou voiL iiiiiuédialemcnl le mercure iiiuutor daus le Lube
du cardiomèlre au(]uel la canule est reliée et osciller à chaque
systole cardiaque au-dessus de la ligue de 0, comme le mon-
trent les tracés des fif/urrs S, S, A.
FIG. 2.
PRESSION DU SANG DANS LE CŒCR DU TOURTEAU
Sur le tracé de la pagure 2, pris sur un fort Tourteau, la
pression cardiaque est de 24 millimètres de mercure, avec des
oscillations systoliques faibles, la canule étant trop fme. Sur
les tracés des figures 3 et 4, pris sur de plus jeunes individus,
FIG. 3.
PRESSION' CARDIAQUE DU TOURTEAU
FIG. 4.
PRESSION CAr;DiAiirr. du tourteau
la pression constante est de 8 à 10 millimètres de mercure,
avec des oscillations de 4 millimètres en plus à chaque systole
cardiaque.
Soc. se. d'Aucachon.
18
SOCIETE SCIENTIFIQUE
C. Étude de la pulsation
DU CŒUR ET DES VARIATIONS
DE LA PRESSION DU SANG DANS
LA CHAMBRE PÉRICARDIAQUE
CHEZ LES CRUSTACÉS. — LeS
tracés précédents de la pres-
sion sanguine constante et de
sa variation périodique systo-
lique, dans le ventricule du
Tourteau, fournissent des
courbes absolument régulières
de mesures de ces pressions.
Mais il est facile de compren-
dre que certains détails de la
pulsation puissent être effacés
par suite de l'inertie de la
colonne mercurielle manomé-
trique mise en mouvement.
La méthode pléthysmogra-
phique suivante permet d'enre-
gistrer la pulsation cardiaque
dans des conditions aussi phy-
siologiques que possible, en
même temps que les varia-
tions de la pression du sang
de la chambre péricardiaque.
Pour cela, on met le péricarde
à découvert, en limitant, avec
la lime triangulaire, un carré
de la région sus-cordiale de la
carapace du Tourteau, de 2 à
3 centimètres de côté, suivant
la grosseur de Tanimal et, avec
la gouge, on enlève couche par
couche le plastron ainsi limité,
de façon à mettre le derme à
découvert; les pulsations sont
à peine perceptibles au dehors.
On découvre alors le péricarde
ET STATION Z00L0(;IQUE D'aRCACIION 19
en enlevant avec précaution le plastron dermique très sen-
sible. Le péricarde à nu et l'animal reposé, les contractions
cardiaques sont très manifestes et peuvent être facilement
enregistrées comme suit. Pour cela, on lute hermétiquement
à la gutta, sur tout le pourtour de l'ouverture de la carapace,
le rebord d'une petite capsule de tambour en verre, et on
en conjugue le tube à celui d'un tambour enregistreur très
sensible, qui inscrit sur le cylindre enfumé les changements
de volume produits dans la capsule sus-cordiale, par les
FIG. G.
mouvements du sang dans la chambre péricardiaque et par
les contractions du cœur. On obtient ainsi des tracés dont
la figure 5 représente des spécimens. Sur ces tracés, on
remarque les pulsations du cœur : c k d du tracé 1 est une
de ces pulsations. On voit de plus que chaque pulsation n'est
pas régulière et uniforme, mais composée de mouvements
secondaires très fré([uents, qui sont dus aux rapides vibrations
de la lamelle ou palette qui entretiennent la circulation de
l'eau dans la brand lie. Ces graphiques sont importants, puis-
({u'ils montrent l'inlluence adjuvante des mouvements respi-
ratoires sur la circulation de retour; chaque mouvement de la
palette qui fait circuler l'eau respiratoire dans la branchie,
imprimant au sang du vaisseau efferent une onde pulsatile ou
de pression qui se propage rythmiquement du côté de la
chambre péricardiaque, où le dispositif indiqué permet de la
recueillir et de l'enregistrer. Les tracés 1 et 2 de la figure 5
montrent encore ce l'ait qu'il se produit périodiquement, toutes
les minutes environ, sous l'inlluence des mouvements respira-
toires, une grande oscillation de pression (a à h) dans la cavité
péricardiaque. Les phénomènes ci-dessus peuvent être égale-
ment constatés sur les tracés pléthysmographiques du cœur
de la Langouste (fig. 6), a k h étant une pulsation cardiaque
et les petites oscillations correspondant aux ondes de pression
transmises au sang de la chamlire péricardiaque par les vibra-
•20 SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE
tions de la palette (*) Mêmes constatations sur les tracés du
Crabe niccnas (pj. 7), mais moins manifestes.
D. Effets des excitations rythmées du cœur chez le
Crabe menas. — Le cœur des invertébrés, par ses propriétés
physiologiques, se rapproche à certains points de vue du cœ.wv
des vertébrés inférieurs; il s'en éloigne par d'autres. Isolé de
toutes ses connexions avec l'organisme ou même complète-
ment séparé du corps, il continue pendant quelque temps ses
FIG. 7.
pulsations rythmées (cœurs de Crabe, de Limule, d'Aplysie). Le
cœur i-ecèle donc en son sein des centres excitateurs de ses
contractions (^). Comme le myocarde de la Grenouille, le cœur
du Crabe présente la phase d'inexcitabilité systolique, cause
du rythme cardiaque; comme lui, il peut être mis en tétanos
sous l'inlluence du courant faradi(jue de fré(juence donnée.
Ici, nous voulons seulement insister sur les elTets particuliers
des excitations rythmées du cœur du Crabe, qui peuvent
éclairer le mécanisme de production du tétanos cardiaque.
On sait que quelques auteurs (lianvier) établissent une
distinction radicale entre le tétanos du cœur et celui des
muscles blancs de la vie animale. Le tétanos du cœur résul-
terait de la mise en jeu de la tonicité du muscle cardiaque,
c'est à dire du défaut de relâchement instantané du cœnu'
quand cessent les excitations qui l'ont mis en tétanos. Aussi
appelle-t-on tétanos de tonicité, le tétanos du cœur, par oppo-
sition au tétanos par fusion des secousses des muscles striés
(') Il est intéressanl de constater que les muscles imitcurs des paloltcs possèdent la
pi'opiiété rythmique du muscle cai'diaque. (lommo celui-ci, ils pivsonlent la phase
d'inexcitabilité périodique qui fait que, sous l'inlluence des courants continu ou t'ara-
dique tétanisant, choisis, ils se contractent rythmiquenient, en donnant des secousses
distinctes isolées, non fusionnées.
(-) Jolyel et Sellier ont déterminé la position de ces centres sur les ca-uts de Crabe
ef d'.4plysie. 22;
ET STATION ZOO[.0(;I(iUE D'AIKACIION
21
ordinaires. Pour d'autres (Marey), cette distinction n'est peut-
être pas fondée et la ditïëreiice tiendrait plus à la grande
dui'ée des actes élémentaires (systoles) du tétanos du cœur,
que des actes élémentaires (secousses) des muscles ordinaires.
Dans les deux cas, le relâchement est lent et de même nature,
parce que le mouvement de ces deux muscles est très len^^
lui-même. Si on diminue l'intensité des excitations qui pro-
duisent le tétanos, sans en changer le nomhre, on accélère le
rvthmc.
FIG. 8.
TÉTANOS PAIIFAIT DU CŒUR DE CRABK SOUS L'INFLUENCE
Dlj COURANT TÉTANISANT EN A
Nos expériences montrent que le cœur du Crabe se com
porte comme les muscles blancs striés ordinaires, avec cette
différence qu'il présente la phase d'inexcitabilité systolique
pour les excitations faibles. Le myocarde du Crabe offre donc
une systole brève et une décontraction rapide. Il s'ensuit que
le nombre des excitations faradiques tétanisantes efficaces est
comme pour le muscle strié volontaire, fonction de la durée
de la systole. Celle-ci étant connue, on peut donc à volonté
produire le tétanos parfait ou imparfait.
La figure 8 est un exemple de tétanos parfait par des exci-
tations fréquentes (25 à la seconde) du courant faradique(i).
Si on diminue le nombre des excitations du courant faradique,
de façon à ce qu'elles viennent surprendre le cœur, alors qu'il
a déjà commencé sa décontraction, niais avant que celle-ci ne
soit achevée, on obtient alors le tétanos imparfait ou incomplet
du cœur.
Les graphiques A et B de la figure 9, de tétanos imparfait,
montrent comment le tétanos tend à se compléter par fusion
des systoles, à mesure qu'on augmente le nombre des excita-
(1) Dans toutes ces expériences, le cœux' n'est excité que par le couiaut induit de
rupture, l'induit de fermeture étant automatiquement supprimé. ^ ^ ■ a /"v^
luJli- Y) soi
th^^l^^^/
22
SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE
tions électriques. On voit dans la première partie du tracé :
en A, le cœur répondre à quatre excitations faradiques par
seconde, par quatre systoles non complètement fusionnées;
en B, répondre à six excitations par seconde, par six systoles
encore distinctes. Ce chiffre n'est pas la limite des réponses
ITG. il.
[iTÉTAiSOS IMPARFAIT DU CŒIT. DE CP.ABE
du cœur, qui] peut répondre par des systoles non fusionnées
complètement, à huit et même dix excitations par seconde.
Les graphiques de la figure 10 montrent le ca?ur répondant
à une excitation sur deux du courant faradique (8 à la seconde)
inefficaces en phase systolique, une des excitations surprenant
FIG. 10.
EXEMPLES DE TÉTANOS IMPARFAIT F.T PARFAIT
le cœur en systole est comme non avenue. Il entre en B en
tétanos parfait par le courant tétanisant de vingt-cinq interrup-
tions à la seconde.
Une particularité intéressante à signaler du tétanos rythmi-
que du cœur de Crabe sous l'influence des excitations fara-
diques suffisantes, est la suivante : le myocarde du Crabe olfre
à un haut degré le phénomène de sommation ou (Vaddition
latente, c'est à dh-e l'augmentation de l'excitabilité du cœur
sous l'influence des excitations. Ce phénomène est déjà marqué
sur les tracés (en A) des figures 9 et W; mais il est tout à fait
ET STATION ZOOLOGIQUE d'aRCACIION
23
typique sur le tracé de la fig^ire il. he cœur est excité en A
par un courant tétanisant de huit interruptions par seconde,
juste suffisant en phase diastolique (n°'5 de la petite bobine à
cliariot de Gaiiïe). On voit le tétanos rythmique, à peine mar-
qué au début, se manifester par des systoles de plus en plus
FIG. il.
TÉTANOS RYTHMIQUE DU CŒUR DE Cr.A.BE (EN ^1) MONTRANT LE PHÉNOMÈNE
DE SOMMATION
amples, au fur et à mesure de la continuation de l'excitation,
et le cœur répondre, par quatre systoles presque complètes
]iar seconde, à chacune des excitations qui le surprennent en
pliase diastolique, les autres excitations restent inefficaces,
atteignant le cœur en systole.
FIG. 12.
DIASTOLE IMPARFAITE EN A
DIASTOLE PARFAITE EN B
Un autre point de ressemblance du myocarde du Crabe
avec les muscles blancs ordinaires est dans la très faible durée
de sa réponse systolique aux excitations. Le temps perdu du
cœur est moindre de 0,01 de seconde; de même sa décon-
traction à la suite du tétanos est extrêmement brusque et sur-
vient 0,02 à 0,03 de seconde après la cessation des excitations.
Chez un certain nombre de Crabe mtenas, l'appareil nerveux
frénateur cardiaque olïre une action prédominante, qui se
24 SOCIÉTÉ yCIENTIFIgLîE
manifeste par l'arrêt du cœur en diastole sous l'influence du
courant faradique. Mais chose remarquable, suivant le nom-
bre des excitations, la diastole est parfaite ou imparfaite et,
comme dans le cas du tétanos cardiaque, le nombre des exci-
tations qui mettent le cœur en diastole est fonclion de la
durée de la pulsation cardiaque. Les graphiques de la
firjr.rc 12 en fournissent un exemple démonstratif. La diastole
est imparfaite en A par trois excitations par seconde, elle est
conplète en B par huit excitations.
ET STATION ZOOLO(.IglIE d'aRCACIION 25
II
LA PROPHYLAXIE EXPÉPJMENTALL DE LA CONTAGION
DANS LA PHTISIE PULMONAIRE (i)
PAR LE
D»^ F. LALESQUE
Ancien interne des Hôpitaux de Paris, Lauréat de la Société de Biologie
Pié-ident de la Société scientifique d'Arcaciion.
ET
P. RIVIÈRE
Préparateur à la Faculté de Médecine de Bordeaux.
I
Nos premières expériences ont eu pour but de déterminer
quelle est la virulence tuberculeuse des poussières dans les
locaux de'sinfectés, soit après séjour prolonge', soit après décès
de tuberculeux à expectoration purulente; ce qui équivaut à
déterminer les résultats soit positifs, soit négatifs des mesures
de désinfection.
Dans ce but, nous avons recueilli les poussières de trente-
cinq chambres de villas ou d'hôtels, répondant aux conditions
d'habitat précitées et de désinfection pratiquée comme suit :
1° Enlever toute la literie, les rideaux, tentures et tapis
de la chambre, et les faire passer à l'étuve sous pression
à 120° (modèle Geneste et Herscher);
(') Ce travail, présenté par M. le professeur Landouzy à l'Académie de Médecine
de Paris, dans sa séance du 16 juillet 1895, a été, de la part de l'un de nous, l'ohjet
d'une communication au Con^^rès des Sociétés savantes de 1896 (Paris-Sorbonne,
section des Sciences médicales),
26 SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE
2** Essuyer soigneusement tous les meubles, puis en frotter
le bois avec un linge bien imbibé d'une solution de sublimé à
1 7oo. Le dessus des armoires, les corniches, le dos des cadres
et toutes les saillies des moulures seront l'objet d'une attention
spéciale ;
3'^ Lessiver à l'eau bouillante le parquet et toutes les boise-
ries (portes, fenêtres, planchers, etc.), et les laver ensuite
largement avec la même sokition de sublimé;
¥ Pulvériser les murs, très soigneusement, d'une solution
phéniquée forte, à l'aide d'un grand pulvérisateur à pompe de
Geneste et Herscher.
Afin de bien préciser, nous devons dire que tous les malades,
ou peu s'en faut, ayant habité ces appartements, étaient des
tuberculeux disciplinés et propres, usant du crachoir portatif
de Dettweilei*, y recueillant soigneusement leurs expectora-
tions et le désinfectant à l'eau bouillante.
Les poussières ont été recueillies sur les meubles, les tables
de nuit en particulier, dans les interstices des parquets, autour
du lit et de la cheminée, dans les encoignures, sur les plaques
des foyers et dans les interstices de ces plaques : en un mot,
dans les recoins les plus difficilement nettoyables et les plus
facilement exposés à la souillure involontaire, mais acciden-
telle et possible des expectorations.
Au moment de la récolte, nous avons soigneusement en-
l'ermé les poussières dans de petits sacs de papier filtre
stérilisé. Chaque sac portait un numéro d'ordre, correspondant
à l'appartement.
Ces conditions préalables bien définies, voici comment nous
avons procédé et quels résultats nous avons obtenus :
Première série. — Inoculation dans le tissu cellulaire (foce
interne) de la cuisse, à vingt-six cobayes, de poussières sim-
plement diluées dans l'eau stérilisée, provenant de seize
appartements.
Onze cobayes meurent en très peu de jours, emportés par
septicémie, conséquence de la prolifération rapide de germes
spécifiques (vibrion septique de Pasteur, tétanos).
Qimize survivent, sans aucune altération de leur santé,
augmentant régulièrement de poids et, sacrifiés entre le
ET STATION ZOOLOdlQLE D'aRCACHON 27
soixante-cinquième et le soixante-treizième jour après l'inocu-
lation, ne présentent à l'autopsie aucune lésion tuberculeuse
(trois femelles pleines ont mis bas, l'une au vingt- neuvième
jour, quatre petits; les deux autres au cinquante-unième
joui*, trois petits qui, tous venus vigoureux, ont aujourd'hui
quatre mois).
Deuxième série. — Pendant trois minutes, nous portons
à la température de 70^ G., la poussière diluée dans l'eau
stérilisée. Cette nouvelle manière d'opérer, tout en permet-
tant la survie du bacille de Koch, détruisait sans doute un
grand nombre d'autres microbes susceptibles de favoriser
l'évolution^ du vibrion septique ou du bacille de Nicolaïer.
Ainsi préparée, la poussière de vingt -un appartements est
inoculée à vingt-un cobayes.
Deux meurent de tétanos.
Dix -neuf résistent et sont sacrifiés le quarantième jour.
L'examen de leurs organes ne révèle point la présence du
bacille de Koch,
La matière inoculée se retrouve souvent au point d'inocu-
lation, sous forme de masses globuleuses, qui à la coupe se
montrent formées de poussières enkystées.
Troisième série. — Nous recueillons ces poussières enkys-
tées et les inoculons immédiatement à trente-huit cobayes,
adultes, vierges et sains.
Les trente-huit animaux, surveillés pendant quarante-cinq
jours, ne présentent rien d'anormal et leur pesée n'accuse
aucune perte de poids.
Sacrifiés en pleine santé, après ce laps de temps, aucun
organe ne porte trace d'une lésion tuberculeuse quelconque.
Ainsi donc :
Quatre-vingt-cinq cobayes sont inoculés.
Treize meurent de septicémie ou de tétanos.
Soixante-douze, sacrifiés du quarantième au soixante-
treizième jour, sont indemnes de toute lésion tuberculeuse.
Ces résultats sont confirmatifs de ceux de Cornet d'abord,
et de Kirchner ensuite.
Les résultats de Cornet, dans vingt-trois pièces, «. contenant
28 SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE
des tuberculeux qui tous se servaient habituellement de leur
crachoir et qui, à trois exceptions près, n'expectoraient jamais
dans leur mouchoir, fournirent des résultats négatifs, bien que
cinq malades aient craché plus ou moins souvent sur le sol (•) ».
Les recherches de Kirchner « ont été faites dans une station
hygiénique pour des militaires tuberculeux, où on avait pris
certaines mesures contre l'infection par les crachats. Sur
vingt-trois cobayes inoculés, un seul devint tuberculeux, et ce
cobaye avait été inoculé avec de la poussière prise sur la table
de nuit, à côté du crachoir d'un tuberculeux ('^). »
Appuyant sur les résultats de Cornet et de Kirchner nos
propres résultats, basés sur un plus grand nombre d'apparte-
ments et d'animaux, nous nous croyons en droit de conclure :
Les bacilles tuberculeux ne se trouvent pas dans les pous-
sières des chambres habitées par des tuberculeux à expectoi'a-
tion purulente, à la condition de faire subir aux meubles,
parquets, tentures, literie, une désinfection et un nettoyage
sérieux.
En d'autres termes :
Les mesures de propreté, de nettoyage, de désinfection,
telles quelles ont été pratiquées dans les locaux qui ont servi
à nos recherches, sont efficaces et suffisent à prévenir la conta-
gion de la tuberculose par inhalation des poussières.
II
L'innocuité des poussières après désinfection nous parais-
sant bien établie, en ce qui concerne le bacille de Koch, nous
avons cherché à fixer la valeur de la seconde mesure prophy-
lactique imposée à nos malades : usage constant du crachoir.
Là encore, nous avons été précédés par Cornet. Ses résul-
tats et ses conclusions sont formelles. « Dans tous les cas où
l'on put s'assurer, d'une façon certaine, que le malade évitait
absolument de répandre ses crachats sur le sol ou dans son
mouchoir, la poussière recueillie dans la pièce et inoculée à
des cobayes ne les rendit point tuberculeux (^). »
(') Cité par Netter, in Presse médicale, p. 115, 14 avril 1894.
(-) D'apiès la Presse tniUlicale , p. H't, 10 févrior 189.i.
(^) Cilé par Slrauss: La tuberculose et son bac'tlU>,
ET STATION ZOOLO(;lQUE D'aRCACHON 29
Ces expériences, nous les avons reprises dans les conditions
qui suivent, et nos résultais sont de tous points confirniatifs.
Dans quatre appartements, désinfectés comme il a été dit, et
après nous être assurés de la parfaite innocuité de leurs
poussières (cobayes de notre deuxième série), nous avons
logé dans chacun d'eux un malade à la dernière période (vastes
cavernes suppurantes) de la phtisie, et dont les expectorations
l'ournjillaient de bacilles. Tous ces malades, incapables de
quitter le lit et bientôt décédés, entourés et soignés avec beau-
coup de sollicitude et d'intelligence, recueillaient rifjoiirense-
ment leurs expectorations dans un récipient. Une couche de
liquide (liqueur de Van Swieten, eau boriquée), maintient à
l'élat humide toutes les expectorations, et de temps en temps,
le jour et la nuit, le contenu est vidé dans la fosse d'aisances,
puis le récipient est, non point jpasse à Veau bouillante, mais
bouilli directement dans Veau pendant cinq à dix minutes.
A partir du huitième jour de l'installation du malade, nous
recueillons, à des dates différentes, divers échantillons de
poussière. Notre récolte porte, non dans tous les coins de la
chambre, mais dans les districts les plus exposés à une
souillure involontaire, mais enfin par hasard possible. J-e
malade ne quittant pas le lit, c'est autour du lit que la souil-
lure a pu se produire, c'est autour du lit que porte notre
attention. Les tables de nuit sur lesquelles on laisse à dessein
s'accumuler la poussière pendant trois jours, les tapis dits
« descentes de ht », les interstices du parquet et les plinthes
voisines, sont nos champs de récolte.
Ces poussières, non chaulîées, nous les diluons et les injec-
tons selon la technique précédemment écrite, à quinze
cobayes, adultes, sains et vierges.
Depuis leur inoculation jusqu'à ce jour ('20 décembre 1895),
aucun d'eux n'a présenté le moindre trouble de santé, tous
sont parfaitement vivaces, et la pesée régulière de chacun
d'eux a toujours révélé une augmentation de poids. Si, d'un
autre côté, nous ajoutons que :
Douze sont inoculés depuis 95 jours.
Trois sont inoculés depuis 74 jours,
il est bien certain qu'aucun d'eux n'a reçu sous la peau le
bacille de Kocli.
30 SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE
Est-il téméraire, après cette concordance de nos recherches
expérimentales avec celles de Cornet, de conclure que Vusage
constant du crachoir suffit pour empêcher le bacille de se
répandre dans Vair des lieux habités par les phtisiques'? Nous
ne le pensons pas, et telle est bien la conclusion à laquelle
nous nous arrêtons.
III
Conclusion. — Nous croyons avoir démontré expérimenta-
lement l'efficacité des mesures prophylactiques que nous
mettons en œuvre pour préserver nos malades de la contagion
tuberculeuse par inhalation de poussières : désinfection des
locaujc, usage constant du crachoir bouilli.
L'ensemble de nos expériences donne corps à la formule
que nous écrivait notre maitre, le professeur Landouzy, à
l'époque où il nous fit l'honneur de connnuniquer nos pre-
mières recherches à l'Académie de Médecine (16 juillet 1895) :
c( Demain ce seront les stations pour tuberculeux dans les-
quelles on s« trouvera le plus en sécurité contre la contagion
tuberculeuse, de même que c'est dans les Maternités qu'on
sait le mieux se garantir aujourd'hui contre la lièvre
puerpérale. »
ET STATION ZOOLOGIQUE D'ARCACHON 31
III
ÉTUDE D'UN NOUVEAU STREPTOTHRIX
PARASITE DE L'HOMME (^j
P. RIVIÈRE,
Préparateur à la Faculté de Médecine de Bordeaux.
Je désire relater, dans le résumé qui va suivre, les obser-
vations que j'ai faites sur un parasite nouveau du genre
Oospoi'a.
J'ai rencontré ce champignon dans les produits patholo-
giques (crachats et pus) provenant d'une malade qui a suc-
combé à une infection broncho-pleuro-pulmonaire, suivie
d'abcès miliaires sous-cutanés.
L'observation clinique appartient à la pratique de M. le
prolesseur Picot. Je ne peux la rapporter ici. Je remercie de
grand cœur ce maître eminent, qui a bien voulu me confier
l'examen bactériologique de ce cas remarquable.
La marche de la maladie ayant, à un moment donné, simulé
celle de la tuberculose pulmonaire, des crachats me furent
envoyés pour y rechercher les bacilles spécifiques. Plus tard,
on m'adressa le contenu d'abcès nouvellement apparus et
disséminés sur diverses régions du corps.
Les crachats et le pus des abcès furent colorés par la
méthode de Ziehl-Neelsen. L'examen des nombreuses prépa-
rations, ainsi faites, ne révéla point de bacilles de Koch.
(') Travail du laboratoire des Cliniques et de la Station Zoologique d'Arcaclion,
couronné par la Société des Amis de l'IniVersité de Boideaux.
32 SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE
En revanche, on découvrait entre les glolniles de pus une
grande abondance de filaments ondulés et ram eux, intrigués
en broussaille, mal colorés par le bleu de méthylène. Les
lamelles furent alors soumises au procédé de Gram, qui nous
permit de mieux étudier la disposition de ces éléments buis-
sonneux. Nous fûmes rapidement convaincu que nous avions
alVaire au mycelium d'un champignon rentrant dans la classe
des Slreptothrix .
Le contenu des abcès ne parut pas, à l'examen direct, ren-
fermer d'autre microbe; la culture nous confirma dans cette
opinion. L'absence de bacilles de Koch dans les expectorations
et la prodigieuse végétation du streptothrix qui y était contenu
nous firent comprendre que nous étions en présence d'une
véritable mycose pulmonaire, qui, se généralisant ensuite,
avait déterminé l'apparition des petits abcès dont nous avons
parlé.
Les streptotlirix pathogènes de l'homme décrits jusqu'à ce
jour ne sont pas très nombreux. Ce sont: V Actinom^jces bovis,
le Streptothrix madurie, VOospora farcinica, le Streptothrix
astéroïdes d'Eppinger, celui isolé par Alinquist de l'exsudat
d'une méningite. M. Sabrazès et nous-mème en avons signalé
un autre (^), étudié parallèlement par MM. Ferré et Faguet (-).
On devra désormais ajouter à cette liste l'espèce que nous
allons décrire.
Isolement du parasite. — Il nous fut facile d'en avoir des
cultures pures en semant sur de l'agar-peptoiie coulé en pla-
ques, soit une trace du contenu des nodules sous-cutanés,
soit une parcelle de crachat. Dans ce dernier cas seulement,
le champignon étudié se trouvait mêlé à d'autres microbes
provenant sans nul doute de la cavité buccale. Les cultures
furent faites à 37° C.
Les colonies devenaient visibles à l'œil nu vers le début du
troisième jour. Sur agar peptonisé, elles se montraient alors
sous l'aspect de petits mamelons coniques, ronds, d'un dia-
mètre d'un millimètre environ, à surface poudreuse. Exa-
minée à la loupe, la région aérienne de la culture semble
(M Presse inédicaley ti'i septeinluu 18'Ji.
O Con^çiès de IJorJeatix pour l'AvaJicement des Sciences (1895).
ET STATION ZOOLOfilgTE D'aRCACIION 33
hérissée de fines pointes rayonnant aulour de la zone moyenne.
Au fur et à mesure que la colonie s'accroît, la base adhérente
à la gélose prend une teinte jaune. Lorsrpie la culture a acquis
un diamètre d'un demi-centimètre, elle parait demeurer sta-
tionnaire.
Recherche du milieu favorable. — Le peu d'extension que
prend une culture de notre parasite sur gélose peptonisée
ordinaire montre bien que le streptolhrix ne trouve point là
les aliments les plus favorables à son évolution.
Or, pour étudier avec fruit la biologie d'un organisme, il est
avant tout nécessaire de préciser les circonstances de sa nutri-
tion. YX d'abord, la réaction du milieu influe-t-elle sur la vie
de l'être? Pour résoudre le problème, nous avons transporté
les germes du parasite étudié dans trois lots de ballons con-
tenant, les uns du bouillon de bœuf neutre, les autres le
même bouiUon non neutrahsé, et, les derniers, le même liquide
légèrement alcahnisé. La récolte, presque nulle dans le milieu
acide, a été beaucoup plus belle dans les autres bouillons. Le
champignon s'y accroît lentement, en donnant de petites colo-
nies nuageuses, de la grandeur d'un grain de millet, qui
tombent au fond du ballon sans troubler la transparence du
contenu. Si ce dernier est maintenu bien immobile et si la
semence a été déposée à la surface du milieu, le streptothrix
forme sur le liquide de petites colonies isolées, rarement con-
fluentes, hémisphériques, d'un blanc mat.
Les cultures obtenues dans le bouillon ne sont jamais fort
abondantes. L'examen des conditions dans lesquelles nous les
avons faites met en lumière deux points particuliers :
1° I^es milieux à réaction neutre favorisent la vie de notre
champignon;
t2'^ Les peptones et les albuminoïdes qui entrent dans la
constitution du bouillon ne sont pas des substances éminem-
ment propres au développement du Streptothrix étudié.
Ce dernier, pour prospérer, exige, outre l'eau et l'oxygène,
des éléments minéraux (sels), des composés azotés et des ali-
ments ternaires dont il puisse soustraire le carbone. Nous
nous sommes elîorcé de fournir au parasite un milieu renfer-
mant les éléments divers que nous venons d'énumérer; en
Soc. se. DAIvCACHON. 3
34 SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE
dosant séparément ces derniers avant et après l'évolution de
l'organisme, nous avons pu voir lequel, entre tous, était l'ali-
ment de choix.
Le lait nous a permis de résoudre cette intéressante ques-
tion. Ce liquide est un milieu éminemment favorable à la vie
du parasite que nous étudions. Les cultures y prospèrent avec
rapidité; elles se développent en surface, forment d'abord une
infinité de petites colonies isolées, qui deviennent bientôt
confluentes et constituent alors une membrane couleur de
chair, poudrée de blanc et creusée de sillons.
Les analyses de lait exécutées avant l'ensemencement et
après la récolte du produit des cultures nous ont permis
d'établir les faits ci-dessous :
l*' L'aliment qui disparaît le premier est le beurre, à tel
point qu'en huit jours, la proportion peut tomber de 25 à
6 grammes par litre ;
2° La caséine est à peine assimilée ; il n'en disparaît que
1 gramme à 1^50 dans le môme délai et pour la môme culture ;
3° La lactose n'est sensiblement attaquée qu'au moment où
le beurre commence à faire défaut.
Les aliments ternaires du type des graisses semblent donc
être extrêmement utiles à la vie de notre champignon.
En réfléchissant sur ce dernier fait, nous nous sommes
demandé si les acides gras et la glycérine, qui constituent la
majeure partie du beurre, avaient une part égale dans la
nutrition du Streptothrix.
Pour résoudre cette question, nous avons tenté des cultures
dans des emulsions d'acides gras (acides palmitique, oiéique,
oléo-palmitique) et dans la glycérine étendue de dix fois son
poids d'eau. Bien entendu, nous ajoutions à ces diverses subs-
tances des traces de sels et un peu de caséine. Or, nous
n'avons jamais eu de végétation ailleurs que dans la glycérine.
Le champignon dont nous nous occupons ici semble par
suite être capable de saponifier le beurre pour s'assimiler la
glycérine ('). Cette dernière nous paraît être l'aliment par excel-
lence; il s'ensuit que les cultures faites en milieux glycérines
devront prospérer rapidement. L'expérience vérifie cette
(') .T'ai examiné comparativement divers Streptothrix et j'ai toujours vu qu'ils
vivaient dans le lait particulièrement aux dépens du beurre.
ET STATIOiN ZOOLOGIQUE D'aRCACHON 35
déduction. La gélose peptonisée contenant 0 7o de glycérine
fournit de très belles cultures. Les colonies s'étalent à sa
surface et la couvrent en huit ou dix jours; elles grimpent
même sur les parois des tubes à la manière des cultures de
bacilles tuberculeux.
La culture est extrêmement mamelonnée, couverte d'une
poussière blanche, creusée de vallées profondes circonscri-
vant des monticules plus ou moins circulaires qui ne sont
autres que les vestiges des colonies plus jeunes^ maintenant
fusionnées. C'est une membrane continue couleur de liège,
(lette coloration lui est communiquée par une substance inso-
luble dans l'eau, très soluble dans l'éther, paraissant indiffé-
rente aux bases et aux acides. Lorsque la culture vieillit, la
nouvelle matière colorante, ainsi apparue et que le micro-
scope nous montre diffusée dans le protoplasme des fdaments,
est tout à fait distincte de la première ; nous n'avons pu l'ex-
traire qu'à l'aide de la glycérine.
L'examen spectroscopique de ces deux produits ne nous a
rien révélé de spécial.
Toutes les cultures de notre Streptothrix dégagent une forte
odeur de moisi.
Nous avons dit que notre champignon était capable, à défaut
d'autre aliment, de vivre aux dépens du lactose. Le maltose,
le dextrose, le fructose sont encore détruits par lui; mais nous
ignorons de quelle manière ils sont assimilés et quels sont les
termes de la transformation.
La pomme de terre est un milieu de culture assez favorable ;
les colonies s'y développent lentement, pareilles à de petits
blocs de plâtre.
Sur blanc d'œut, la récolte n'est jamais très abondante;
nous n'avons pas constaté dans ce cas la transformation de
Talbumine en peptone.
Notre parasite sécrète une diastase qui liquéfie la gélatine.
Influence de V oxygène. — Il est essentiellement aérobie :
susceptible de pousser encore dans un air raréfié, il ne peut
plus prospérer dans le vide de la pompe à mercure. Un
moyen élégant de mettre ces faits en évidence consiste à cul-
tiver le streptotfirix dans une série de tubes contenant du lait
36 SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE
et dans lesquels l'air a été de plus en plus raréfié. Au bout de
huit jours, on dose le beui're qui reste après l'évolution des
cultures : on voit la proportion consommée varier dans le
même sens que la quantité d'air laissée dans les tubes.
Nous avons, à ce propos, étudié tous les streptothrix patho-
gènes connus; et, à la suite des observations que nous avons
laites, nous tenons à rectifier une erreur trop complaisam-
ment répétée : l'actinomyces })ovis n'est pas du tout un aérobie
facultatif, ainsi qu'on l'a écrit jusqu'à ce jour. Nous avons eu
entre les mains plusieurs échantillons d'actinomycose de pro-
venances diverses; nous n'avons jamais réussi à les faire
pousser dans le vide alisolu.
L'oxygène en nature est donc indispensable à tous ces êtres,
comme il est nécessaire à la vie de tous les Oospora. Il deve-
nait intéressant de savoir si des cultures effectuées dans un
milieu riche en oxygène fourniraient une récolte plus belle
que celles effectuées comparativement dans l'air.
L'expérience nous a prouvé que le ix)ids de beurre con-
sommé par notre streptothrix, vivant au contact d'une atmo-
sphère à 95% d'oxygène, était toujours un peu inférieur à
celui du beurre absorbé par une culture ayant évolué au
contact de l'air. Le poids de la récolte est aussi plus faible
dans le premier cas que dans le second.
Un fait intéressant nous a été révélé de cette manière : les
cultures obtenues dans l'oxygène à 95 % sont très brunes ; la
fonction chromogène a donc été troublée. L'étude du produit
formé montre que, dans ces conditions, notre parasite élabore
la matière colorante noire qui apparaît dans les vieilles cul-
tures à l'air.
Cette observation prouve une fois de plus combien la pig-
mentation est contingente chez les infiniment petits et com-
bien il est peu rationnel d'en faire une caractéristi(iue des
espèces.
Tous les faits que nous venons de relater ont été établis au
moyen de cultures faites àST^C. Ce degré de clialeur paraît
être l'optimum pour la prospérité du parasite. INIais il est
capable de pousser entre toutes les températures allant de
15 à 43°. Maintenu quelques minutes au voisinage de 05", il
devient incapable de repulluler.
ET STATION ZOOLOGIQIIE D'aRCACHON 37
Aspect microscopique. — Examiné sans coloration, notre
parasite se présente sous l'aspect de minces lilaments réfrin-
gents, d'un peu plus de 1 7. de lari^eur, onduleux et ramifiés,
dont les extrémités libres s'olïilent légèrement. Ce mycelium
est limité par une membrane infiniment délicate, mais on ne
peut y constater de cloisons, même en employant le violet de
gentiane aqueux.
Lorsque l'on colore une culture au moyen de la fuchsine
phéniquée, on s'aperçoit que le protoplasma est irrégulière-
ment réparti dans toute l'étendue du mycelium. L'extrémité
des rameaux paraît alors constituée par une multitude de
petits corps ovoïdes, de 1 y. et demi de longueur, ayant conservé
le diamètre du rameau qui leur a donné naissance; ce sont là
les spores qui donnent aux cultures l'aspect poudreux que
nous avons signalé. En môme temps, on voit que la plupart
des filaments sont constitués par des segments de longueur
inégale, véritables tronçons protoplasmiques engainés dans la
membrane commune; mais il n'existe entre eux aucune paroi
(cloison) les séparant les uns des autres. Ces fragments de
matière vivante, d'aspect bacillaire, deviennent libres comme
les spores au milieu du feutrage filamenteux dont ils dérivent.
De là deux modes de germination :
1° Germination de la spore;
2° Germination du débris mycélien ou bouture.
Ces deux variétés de semences évoluent de la même ma-
nière, ainsi qu'on le constate directement en chambre chaude;
elles foui'nissent des rameaux collatéraux et deviennent alors
le centre de colonies étoilées qui s'accroissent rapidement et
sont visibles à l'œil nu au bout de deux à trois jours.
Résistance. — L'existence des formes durables (spores) dans
les cultures de notre champignon fait prévoir qu'il doit être
doué d'ime certaine résistance aux agents extérieurs.
La vivacité des cultures est extrême; l'ensemencement est en-
core fertile après six mois de dessiccation sur l'acide sulfurique.
Mieux encore : les substances inertes (morceaux de bois
humides, feuilles flétries) peuvent fournir au parasite une
([uantité suffisante de matériaux assimilables pour qu'il se
développe à leur surface.
38 SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE
Il est donc possible que notre streptotbrix puisse vivre en
saprophyte dans le milieu extérieur; il ne deviendrait patho-
gène que grâce à des circonstances tout à fait spéciales.
Pouvoir pathogène. — Les expériences que nous avons
faites pour déterminer sa valeur pathogène semblent appuyer
cette manière de voir. Nous avons tenté d'infecter des ani-
maux (chiens, lapins, cobayes), soit par voie respiratoire, soit
par voie intra-veineuse, soit par voie sous-cutanée ou intra-
péritonéale : nous n'avons jamais réussi, même en utilisant
des cultures à doses massives, soit jeunes, soit plus âgées.
Nous avons aussi échoué en tentant l'infection par voie
digestive; nous avons pu nous-même absorber impunément
une culture sur gélose glycérinée. Ce dernier échec s'explique
par l'acidité naturelle du suc gastrique, si défavoral>le à la vie
de notre Streptothrix.
L'impossibilité d'avoir des résultats positifs en utilisant les
autres voies trouve sans doute sa compréliension dans le pou-
voir de chimiotaxie positive dont sont douées les cultures du
champignon : les leucocytes détruisent avec rapidité les fila-
ments et les spores inoculés. Ce fait est d'une constatation
facile : il suffit d'introduire sous la peau des animaux de petits
tubes capillaires remplis d'une culture du parasite; ils sont
rapidement obstrués par les phagocytes.
C'est aussi grâce à cette propriété que l'insertion sous-épi-
dermique de gros fragments de cultures sur milieux solides
provoque au point lésé l'apparition d'abcès qui guérissent
rapidement; les globules de pus qui remplissent ces collections
renferment les filaments à moitié digérés.
Mais si, avant d'inoculer la culture, on prend la précaution
d'y ajouter une substance à chimiotaxie négative, l'issue est
fatale: les animaux succombent, au bout de vingt à trente
jours, à une pseudo-tuberculose généralisée. ■''''"■' -^f"
Le résultat est particulièrement certain en injectant des
cultures en bouillon (4 à 2 centimètres cubes d'une culture de
15 jours avec une trace d'acide lactique) dans le tissu pulmo-
naire à travers la paroi thoracique.
Ainsi donc, il a suffi d'une modification à peine sensible
pour clianger entièrement la virulence de notre parasite.
ET STATION ZOOLOGIQIJE D'aRCACIION 39
Il est un point tout à luit nouveau qui se rattache aussi à la
reclierclie du pouvoir pathogène des Streptothrix : c'est celui
de leur association avec des germes étrangers (microbes pro-
prement dits et cliampignons). Nous avons envisagé cette lace
de la question en expérimentant sur diverses espèces; ce
travail fera l'objet d'un prochain mémoire.
Notre champignoji peut-il être rapproché de quelque autre
parasite connu? — Les classifications qui ont été données des
Streptothrix reposent sur des bases éminemment instables :
aspect des colonies, coloration de la culture, pouvoir patho-
gène. Nous avons montré comment pouvaient varier ces deux
dernières caractéristiques. Peut-être tous les Streptothrix étu-
diés dérivent-ils d'une même souche dont les intluences natu-
relles ont dispersé et modifié les rejetons. Toutefois, si un
caractère absolu fait encore défaut pour séparer telle espèce
de sa voisine, il est un ensemble de circonstances que l'on
peut invoquer pour atteindre le même but. Et parmi tous les
parasites de ce groupe, il n'en est qu'un dont notre champi-
gnon puisse un moment être rapproché : c'est le Streptothrix
])0vis. Il s'en distingue pourtant par la manière dont l'orga-
nisme inoculé réagit à son égard; les grains jaunes de l'acti-
nomycose sont trop connus pour y insister ici. Les produits
pathologiques d'où nous avons retiré notre Streptothrix n'en
renfermaient pas. De plus, l'aspect des cultures obtenues est
différent et nous montrerons bientôt que le mode de nutrition
est également distinct (^). Un des plus grands maîtres de la
bactériologie, M. Élie Metclmikoff, a bien voulu examiner
notre parasite; ses conclusions ont été analogues aux nôtres.
Conclusions. — En résumé, nous avons découvert un nou-
veau Streptothrix pathogène, ayant déterminé la mort d'une
malade, avec des accidents broncho-pleuro-pulmonaires et des
poussées d'abcès miliaires sous-épidermiques.
Ce champignon se développe surtout aux dépens des corps
gras dont il s'assimile la glycérine.
(1) Notre Streptothrix fournit également des produits volatils qui donnent aux
cultures leur odeur de moisi; on n'observe rien de semblable vtvecVActinomijces
hûvis.
40 SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE
Il est essentiellement aérobie. L'oxygène en excès trouble
sa nutrition et modifie ses propriétés chromogènes.
Il est susceptible de résister longteraps aux influences exté-
rieures (dessiccation, privation d'aliments).
Il ne devient directement inoculable à l'animal que lors-
qu'on modifie les propriétés cbimiotoxiques de ses cultures.
Il est voisin de VActinomi/ces hovis et s'en distingue spécia-
lement par la réaction de l'organisme infecté à son égard.
ET STATION ZOOLOGIQUE D'ARCACHON 41
IV
ANALYSE BACTÉRIOLOGIQUE
DE
L'AIR DE LA VILLE D'ARCACHON
Le D« F. LALESQUE,
Prôsident de la Société scientifique d'Arcachon, lauréat de la Société de Biologie,
ET
p. RIVÏÈRE,
Préparateur du laboratoire des Cliniques à la Faculté de Médecine
de Bordeaux.
Nos recherches ont été faites en deux séries.
Première série. — Nous avons procédé à l'analyse bacté-
riologique de l'air de la ville d'Arcachon par la méthode des
poudres solubles, en faisant usage des tubes de Miquel. Nous
avons fdtré un volume d'air connu sur du sulfate de soude
anhydre, qui a servi ensuite à ensemencer des gelées nutritives.
Par un temps calme, le 24 septembre 1894, nous avons
effectué les prises d'air aux trois stations suivantes :
lo Dans le parc Pereire (à côté du chalet suisse), sur les
bords du bassin d'Arcachon;
2° En pleine forêt (près du pavillon-abri de l'allée des
Dunes) ;
3° Dans le jardin du collège Saint-Elme.
42 SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE
Une technique générale a été mise en œuvre dans tous nos
ensemencements.
Le sulfate de soude anhydre, chargé de germes, était dilué
dans un volume d'eau stérilisée suffisant pour le dissoudre.
La totalité de ce liquide était ensuite incorporée à une certaine
quantité de gélatine que Ton répartissait dans des plaques de
Pétri placées à la température de 25° C.
Nous allons indiquer le détail de nos observations :
i° Air du parc Pereire :
La numération nous a révélé 357 germes seulement par
mètre cube d'air, qui se répartissent comme suit :
a) Moisissures 57
h) Microbes proprement dits . . . 300
a) Moisissures. Nous avons cultivé dans l'air de cette pre-
mière station :
1° L' Aspergillus glaucus (20 colonies par mètre-cube) ;
2° Le Pénicillium glaucum (35 par mètre culje);
3° Le Sterigmafocystis nigra (2 par mètre cube).
h) Microbes jwoprement dits. Nos cultures nous ont fourni :
1° Le Bacillus rnesentericus vulgaius (10 colonies par mètre
cube) ;
2° Le Bacillus luteus [Flugge] (5 colonies par mètre cube);
3° Le Saccharomyccs cerevi^iœ (6 colonies par mètre cube);
4° Le Bacillus fîgurans (30 colonies par mètre cube);
5'^ Le Bacillus subtilis (100 colonies par mètre cube);
0° Le Bacillus acrophilus (80 colonies par mètre cube);
70 La Bosa Hefe;
S° La Sarcina lutea;
O'^ Le Micrococcus diffluens.
2° A ir de la forêt :
La culture a permis do déceler 80 germes seulement par
mètre cube d'air examiné. Nous avons trouvé :
a) Moisissures 12
h) Microbes OS
a) Moisissures. Se rapportent au Pénicillium glaucum, à
ET STATION ZOOLOdIQUE d'aRCACHON 43
ïAf^prrgUlus candidus, au Mucor mucedo et au Sterigmato-
cystis nigra.
h) Microbes, sont :
d° Le Bacillus megaterium;
2*^ Le Micrococcus jjrodigiosus ;
3° Le Bacillus mesentericus vulgatus.
3° Air du jardin du collège Saint-Elrne :
Cet air renferme 150 germes par mètre cube. On y compte :
a) Moisissui'es 50
b) Microbes 100
a) Moisissîires. Se rapportent à celles que nous avons
sic^nalées.
b) Microbes cultivés sont :
1° Le Bacillus subtilis;
2'^ Le Bacillus mesentericus vulgatus;
3° Le Micrococcus caudicans;
4° Le Bacillus luteus;
5° Le Micrococcus urx;
6" Le Micrococcus aurantiacus;
7° Le Micrococcus versicolor.
Outre les numérations (pie nous venons de citer, nous avons
également exposé à l'air libre, pendant vingt heures, des
plaques de Pétri chargées de gelées nutritives. Nous avons
choisi trois stations : . ?;>.)-^ jdî^o..»
1° La villa Courrége (en pleine foret);
2" Le parc Pereire (à C(jté du clialet suisse) ;
3" Le collège Saint-Elme.
L'exposition a duré une nuit tout entière et une partie de la'
matinée suivante.
Or, les plaques exposées ont donné comme germes recueillis :
1° Celles de la villa Courrége, aucun germe; ■' ^ '^'*î^ '*'''
2° Celles du parc Pereire en ont fourni 8;
3" Celles de Saint-Elme, 4.
Deuxième série. — Par forte brise de N.-O., nous avons, les
5 et 7 octobre 1895, effectué des prises d'air aux trois stations
suivantes :
44 SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE
1° Jardin de la villa Beethoven (ville d'hiver);
2o Terrasse de la villa Exshaw (plage);
3° Terrasse de la Station Zoologique (plage).
Nous avons fait passer 225 litres d'air par stî\tion, sur une
colonne de sulfate de soude anhydre pulvérisé."
L'aspiration a duré vingt-quatre heures environ.
Nous avons eu de cette manière la moyenne des bactéries5^
de la journée et de la nuit. Les filtres de sulfate de soude ont
été ensuite incorporés à de la gélose nutritive coulée en
plaques maintenues à 37°.
Les colonies ont été comptées journellement et leur numé-
ration a fourni les chiffres suivants :
1'' Air de la villa Beethoven (1 10 colonies par mètre cube);
2° Air de la villa Exshaw (150 colonies par mètre cube);
3° Air de la Station Zoologique (155 colonies par mètre cube).
Nous n'avons pas à décrire ici les espèces rencontrées; leur
enumeration elle-même serait fastidieuse et inutile. Qu'il
suffise de savoir que les microbes, ainsi cultivés, se répar-
tissent de la manière suivante :
10 espèces de cocci ;
4 levures ;
6 moisissures;
15 espèces de bacilles.
Conclusions. — Ces recherches montrent :
1° Que l'air de la ville d'Arcachon est d'une très grande
pureté.
2° Que Vair de la plage est plus pauvre en microbes quand
le vent souffle du large que par les temps calmes (150 à
155 germes par mètre cube au lieu de 357). Cette conclusion
n'a rien qui doive surprendre, les expériences de Miquel ayant
démontré que l'air de la haute mer est presque bactériologique-
ment pur. Le vent du large a pour effet immédiat d'apporter
aux côtes cet air pur. Au parc de Montsouris, on a déjà cons-
taté que, par le vent d'ouest, l'atmosphère contient un moins
grand nombre de bactéries, et qu'à Paris, sous cette même
iiilluence, la mortalité subit une diminution marquée.
3° Que Vatmosphère forestière est la plus pure (80, 110,
ET STATION ZOOI.OcKv^LE D'ARCACHON 45
150 geimes au lieu de 450, 155, 357 par mètre cube). Ce fait
s'explique par la richesse de ratiiiosphère forestière en ozone
d'une part et, d'autre part, si l'on admet que la feuille des
arbres joue vis-à-vis des microbes le même rôle que les bourres
de coton qui obstruent les tubes des cultures.
46 SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE
ANALYSE BACTÉRIOLOGIQUE
DE
L'EAU DU LAC CAZEAUX ET DE LA VILLE D'ARCACHON'
Le D> F. LALESQUE,
Ancien interne des Hôpitaux de Paris, lauréat de la Société de Biologie,
ET
P. RIVIÈRE,
Préparateur du laboratoire des Cliniques de la Faculté de Médecine de Bordeaux.
Eau du lac Gazeaux.
Aux conclusions nettes et précises des analyses chimiques
de l'eau du lac Cazeaux, conclusions qui classent cette eau dans
la catégorie des eaux potables de première qualité, nous avons
voulu comparer les résultats de recherches bactériologiques.
Le 28 septembre 4894, nous avons procédé à la récolte
d'échantillons d'eau du lac Cazeaux, en vue de les soumettre
à l'analyse bactériologique.
Appareil employé. — L'appareil dont nous avons fait
usage se composait d'une pipette cylindre en verre, d'une
Q) Ces recherches ont été utilisées par le D' Lalesquc pour la rédaction d'un
travail d'ensemble : Valeur hygiénique de Veau potable d'Arcachon, communiqué
au Congrès de l'Association française pour l'Avuncement des Sciences (IJoideaux,
1895).
ET STATION ZOOLOGIQUE D'ARCACHOiN 47
capacité de 50 centiciibes, portant un roljinet à clia(|ue extré-
mité. L'un de ces derniers était en communication avec un
long tube de caoutcliouc à vide, lixé lui-môme sur une règle
en bois graduée, suflisamment lestée pour pouvoir être im-
mergée avec facilité; une forte pince à ressort obturait exac-
tement l'extrémité du tube; elle pouvait être manœuvrée au
moyen d'une cordelette. Le deuxième robinet de la pipette
était en rapport avec un grand llacon bitubulé, dans lequel on
raréliait l'air à l'aide d'une pompe à main.
Pour exécuter une prise, nous nous transportions en bateau
à l'endroit voulu. La règle en bois, munie de son tube, était
enfoncée dans l'eau jusqu'à la profondeur convenue, soit
'1™50(^). Tous les robinets étant ouverts et la pince du tube
fermée, on faisait le vide dans l'appareil. En ouvrant ensuite
la pince, l'eau se précipitait dans la pipette, la remplissait et il
ne restait plus qu'à l'isoler de l'air extérieur en fermant les
robinets.
L'ensemencement de la récolte se faisait immédiatement, en
suivant la méthode indiquée par M. G. Roux (de Lyon). Pour
mettre en culture l'eau recueillie, on essuyait avec du buvard
stérile la surface extérieure de la pipette, on flambait une de
ses extrémités et l'on ouvrait le robinet correspondant; c'est
par cette voie que l'eau était prélevée (au moyen de tubes
eflilés, jaugés et stériles) pour être diluée, puis ensemencée
sur gélatine nutritive.
Deux échantillons ont été recueillis : l'un d'eux, au niveau
de la prise d'eau de la ville d'Arcachon; l'autre, vers l'endroit
le plus profond du lac.
La numération des bactéries, isolées dans ces deux expé-
riences, a été, par centicube, de 55 pour l'eau prélevée au
niveau de la prise et de GO pour le deuxième échantillon. •
Les colonies ainsi obtenues ont été isolées et transportées
dans des milieux variés. Nous avons de cette manière observé
sept microorganismes différents.
Pour plus de commodité, nous désignons ici par des lettres
ces mêmes colonies, dont nous allons décrire au fur et à
mesure les germes constituants.
(*) II est bien onteiidu que toutes les pièc(3s de r.ippal'eil avaient été convenable-
ment stérilisées. , '- '' T',^ , — .
/^ï:* "--.-. ;-;\o\
48 société scientifique
Études des germes appartenant aux colonies
signalées précédemment.
Colonies A. — Ces colonies se développaient de préférence
dans la profondeur du milieu. Sur tube de gélatine à 25°, elles
offraient, au bout de vingt-quatre heures, dès cultures abon-
dantes ayant l'aspect de gouttes de laque. J.eur surface, vue à
la loupe, paraît finement grenue. En piqûre, les colonies
développées dans la profondeur sont brunâtres.
Le microbe se développe bien à 15°. A 30^, il pousse avec
une très grande rapidité. Il ne liquéfie pas la gélatine.
Examiné au microscope, il se montre formé de cocci régu-
lièrement arrondis, disposés en amas. Il n'est pas mobile et se
colore par la méthode de Gram.
Nous l'avons identifié avec le Micrococcus caudicans.
Colonies B. — Ces colonies débutent, par de petites taches
arrondies, blanchâtres, très nettes après vingt-quatre heures
de séjour à '25°. Au bout de deux jours, la gélatine commence
â se liquéfier tout autour, et le pourtour de la colonie, exa-
minée au microscope, montre une infinité de radiations péri-
pnériques.
Transportée sur le bouillon de bœut peptonisé, cette bac-
térie le trouble d'abord, puis au bout de quarante-huit heures
couvre totalement sa surface d'une membrane grisâtre fine-
ment plissée, tandis que le liquide redevient clair.
Ce microbe croît également bien sur la pomme de terre, où
il forme une vaste colonie d'aspect mésentéroïde et fortement
visqueuse.
Il coagule le lait.
Ce microbe se montre constitué par des artibles longs de
1 [;. et demi à 3 [x, et larges de 1 a. On en trouve qui possèdent
une spore médiane. D'autres sont extrêmement longs et
lluxueux.
Ce bacille a été identifié avec le Bacillus mesentericus
vulgatus.
Colonies C. — Elles sont petites, rondes, finement grenues,
d'une coloration jaunâtre. A mesure qu'elles avancent en
âge, leur périphérie devient snmeusc et leur teinte vire au
vei'dâtre.
ET STATION ZOOLOGIQUE D'ARCACHON 49
Sur gélose à 37", ces colonies donnent une culture filante,
grisâtre. Au bout de deux jours, le milieu commence à prendre
une teinte verte très nette.
Dans le bouillon et au bout du troisième jour, on observe
une fluorescence verdàtre, tandis que la surface du li(|uide se
recouvre d'un léger voile facile à décbirer.
Toutes ces cultures dégagent une forte odeur de fromage
putréfié.
Au microscope, on ol)serve des bâtonnets de '2 ii. à 2 \). 5
de longueur sur une largeur d'environ 1/2 ;/, obscurément
mobiles.
Nous avons identifié ce cbromogène au Bacillus jhiorescens
putridus.
Colonies D. — Elles poussent lentement et sont de forme
assez irrégulière. Beaucoup d'entre elles sont absolument
punctiformes après une semaine de séjour à 25". Leur colora-
tion varie du blanc au jaune.
Elles ne liquéfient pas la gélatine.
En strie, elles fournissent des cultures à surface plissée,
d'une couleur jaune d'or intense. L'optima de température
semble être 30» C.
Elles sont constituées par des bacilles à peine mobiles,
d'ujie longueur variant de 1 à 4 y., de d/2 'j. de largeur. Cer-
tains éléments sont tout à fait filamenteux.
Ce bacille a été rapporté au Bacillus aureus.
Colonies E. — Elles offrent un aspect hyalin et présentent
autour d'elles une zone de liquéfaction.
Transportées sur gélose, elles donnent, à la température
de 37°, une couche d'un blanc grisâtre, à surface légèrement
ridée. Sur pomme de terre, culture légèrement jaunâtre.
Au microscope, on observe des liâtonnets mobiles, colora-
bles par la méthode de Gram. Ils sont coupés court à leurs
extrémités et leur longueur varie de 4 à 6 ;x, sur une longueur
moyenne de 0,8 7. à 4 v..
Le microbe étudié est le Bacillus suhtilis.
Colonies F. — Elles appartiennent à une moisissure vul-
gaire : le Pénicillium glaucum.
Colonies G. — Ces colonies se montrent sous l'aspect de
petits disques jaune brun. Elles liquéfient la gélatine avec
Soc. se. d'Arcachon. 4
50 SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE
rapidité et sont constituées par une bactérie immobile, ayant
en moyenne 2 ja de long sur 1/2 ja de largeur.
L'étude de cet infiniment petit nous a montré que nous
avions affaire au Bacillus flavus.
Colonies H. — Elles se rapportent à une moisissure vul-
gaire : V Aspergillus glaucus.
Il
Eaux distribuées dans la ville même d'Arcachon.
Nous avons également procédé à la récolte des eaux distri-
buées dans la ville même d'Arcachon. L'échantillon mis en
culture a été prélevé à la Station Zoologique.
La numération nous a révélé 80 germes par centimètre
cube, soit par conséquent un excédent de 25 sur la moyenne
des microbes existants par centicube dans le lac de Cazeaux.
Parmi les colonies obtenues dans cette nouvelle numération,
la plupart sont identiques à celles provenant du lac. Mais il
s'en est ajouté deux nouvelles : celles du Cladothrix dichotoma
et celles du Bacillus fluor escens non liquefaciens.
Nous avons systématiquement essayé de mettre en évidence
dans les eaux de Cazeaux et d'Arcachon le Bacterium coli
commune; mais nous n'avons point réussi à le découvrir, pas
plus d'ailleurs que toute autre bactérie pouvant rappeler le
bacille typhique.
Conclusion.
En résumé, les eaux examinées doivent être rangées (d'aprér^
la classification de Miquel) dans la catégorie des eaux très
pures {^)<.
(i) Miquel. — Manuel pratique d'analyse bactériologique des eaux, p. 129.
Paris, 1891*
ET STATION ZOOLOGIQUE D'aRCACHON 51
VI
RECHERCHES EXPÉRIMENTALES
SUR
LA PERMÉABILITÉ DE L'ALIOS
M. PALLAS,
Médecin à Sabres,
ET
Le Dr F. LALESQUE,
Président de la Société scientifique d'Arcachon, lauréat de la Société de Biologie.
Nous avons publié un travail, ayant pour titre : La perméabilité de
l'alios, lu à la Société de Médecine et de Chiruigie de Bordeaux dans
la séance du 22 novembre 1895, publié dans le Progrès médical du
48 janvier 1896 et présenté à l'Académie de Médecine de Paris, dans la
séance du 7 avril 1896, par M. le Dr J. Bergeron, secrétaire perpétuel.
C'est de ce mémoire que nous extrayons la partie expérimentale faite
dans les laboratoires de la Société Scientifique d'Arcachon.
I
1. On plonge dans Teau, pendant quelques minutes, un
morceau d'alios sec pesant, après immersion, 450 grammes.
Durant quarante-huit heures, exposé dans une étuve sèche, à
la température de 40» C, il ne pèse plus après dessiccation que
405 grammes; la différence, soit 45 grammes, représentant
l'eau évaporée et dont le bloc aliotique s'était imprégné.
2; Sur un bloc d^alios^ si grand, si épais qu'il soit, on creuse
52 SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE
un godet large et assez profond pour contenir une certaine
couche de liquide. Dans ce godet, on verse progressivement
de l'eau qui ne tarde pas à filtrer au travers du bloc aliotique,
tombant goutte à goutte et assez rapidement dans un récipient
inférieur.
3. Cette expérience est une variété de la précédente. A l'ex-
trémité béante d'un cylindre en fer-blanc, on adapte un mor-
ceau d'alios épais de six centimètres. L'adaptation ayant été
minutieusement faite par la juxtaposition de cire, on verse
dans le cylindre une couche liquide. En une demi-minute tout
Falios est imbibé et deux heures environ suffisent pour que
toute l'eau versée soit recueillie dans le récipient placé
au-dessous de l'appareil d'expérience.
La conclusion de tous ces faits expérimentaux n'est pas
douteuse : l'eau filtre au travers de l'alios, la perméabilité de
l'alios est patente.
4. Ce qui est vrai de l'alios, l'est également de la pierre
aliotique. En effet, la pierre aliotique ne forme pas un bloc
continu. Elle est percée de véritables canaux, ramifiés en
divers sens, parce que le sable, la matière organique, le
fer, etc., éléments constitutifs de cette pierre, se sont agglu-
tinés autour de la racine de certaines plantes, racine qui leur
a servi de support, de tuteur pour ainsi dire. Avec le temps,
la partie ligneuse de l'agglomération a disparu, laissant à sa
place ces canaux ramifiés, image fidèle de sa configuration et
de ses dimensions. Telle qu'on la trouve dans le sous-sol, cette
pierre est perméable, car les canaux qui la sillonnent sont
comblés tantôt par du sable lin, tantôt et surtout par de l'alios,
sable, alios au travers desquels l'eau passe sans difficulté.
D'ailleurs, cette variété de pierre à bâtir ne se rencontre que
dans des régions très circonscrites et par bancs limités.
Ce n'est pas seulement de haut en bas que l'alios se laisse
pénétrer par l'eau, même sous faible pression. En effet, la
roche aliotique jouit également de la propriété de faire monter
'eau par capillarité, des couches inférieures vers les supé-
rieures, comme dans toute substance filtrante.
Voici deux expériences très démonstratives :
5. Un échantillon d'alios repose par sa base sur une mince
couclie de liquide, la débordant de plus des deux tiers de sa
ET STATION zooi,0(;igiiE d'aucaciion 53
hauteur. Au bout d'un laps do temps varialjle, tout le bloc est
imbibé jusqu'au sommet, et dans toute son épaisseur.
6. Un bloc d'alios de douze centimètres de hauteur, de six
centimètres de diamètre, repose par sa base sur un récipient
contenant une couche de deux centimètres d'huile de pétrole.
La face supérieure du IjIoc est creusée d'un trou cylindrique
dans lequel on introduit une mèche de coton, pleine, ronde,
sèche et dont l'une des extrémités émerge de quelques centi-
mètres au-dessus du trou cylindrique. Au bout de quelques
instants, on constate que tout le cylindre d'alios et la mèclie
elle-même sont imbibés d'huile. Vient-on à allumer la mèche,
elle brûle tant qu'il y a de l'huile dans le récipient, ce qui
indique que l'huile monte au fur et à mesure de sa consom-
mation par la mèclie enllammée et que l'apport, c'est à dire la
force ascensionnelle, est d'autant plus marqué que l'alios est
plus immergé.
Nos expériences nous paraissent amplement concluantes de
la fonction filtrante de l'alios.
II
La coloration foncée du sable sous-jacent à l'alios est dans
la nature une preuve de la perméabilité ! En effet, si on exa-
mine de près une coupe verticale du sol, allant jusqu'à
quelques mètres au-dessous de la roche, on voit que la matière
colorante du sable, en ces points, a évidemment une origine
aliotique, son transport n'ayant pu être effectué que grâce à la
descente des eaux pluviales à travers la roche. L'un de nous,
Lalesque, avait rapporté dans un premier travail quelques
recherches relatives à la coloration des eaux et consécutive-
ment du sable par l'alios.
Par de nouvelles recherches inédites, il arrive aux mêmes
conclusions : l'eau pure n'a aucune action sur la matière colo-
rante de l'alios.
1. Divers échantillons, provenant d'un banc très friable, très
noir, complètement immergés pendant cinq jours dans de
l'eau froide ou chaude, n'ont donné aucune coloration à l'eau.
"2. Que si, au travers de ces mêmes échantillons, on fait filtrer
une grande quantité d'eau, toutes les parties de cette eau
54 SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE
aussi bien les premières que les dernières, ressortent sans la
moindre coloration.
3. Ces échantillons sont réduits en poussière très line,
mélangée par moitié à de l'eau pure. Plusieurs fois par jour
on agite le mélange et on laisse reposer. Après cinq jours
d'expérimentation, on trouve toute la poussière aliotique pré-
cipitée et tassée au fond du récipient, tandis que l'eau qui
surnage reste parfaitement blanche. Mais ces résultats expéri-
mentaux sont tout différents, si on se rapproche des condi-
tions de la nature, si on additionne l'eau d'un produit capable
de dissoudre et d'entraîner la matière colorante de l'alios.
Sachant que les eaux pluviales au voisinage de la mer con-
tiennent une proportion appréciable d'ammoniaque, que ce
gaz a été retrouvé par Baudrimont et Delbos dans leur analyse
des sables des Landes, on a additionné de quelques gouttes
d'ammoniaque l'eau de nos expériences. Dès lors, on a cons-
taté que l'eau en contact avec l'alios, soit contact simple, soit
contact par filtration, prenait une teinte plus ou moins foncée
et proportionnelle à la quantité d'ammoniaque ajouté.
4. L'expérience suivante est très démonstrative : dans un
récipient de sept litres d'eau, additionnée de V gouttes d'am-
moniaque par litre, plonge un bloc d'alios très noir, très
friable. Après vingt-quatre heures, l'eau prend une très légère
teinte jaune. Cette eau est reprise, puis filtrée au travers du
même bloc d'alios, d'où elle sort manifestement plus teintée.
Dans la nature, l'alios ne cède pas son principe colorant
selon des quantités égales en tous points ; ici la teinte est plus
foncée que là; en profondeur, elle s'étend quelquefois sur
plusieurs mètres, tandis que d'autres fois, mais très excep-
tionnellement, le sable blanc apparaît plus ou moins immé-
diatement sous l'alios.
Pour quelles raisons, dans certains points, et très excep-
tionnellement — nous y insistons — cette matière n'a-1-elJe
pas été entraînée? Nous ne saurions, à l'heure actuelle,
répondre nettement à cette question. Il nous suffit d'avoir
établi la loi générale : coloration brune des sables immédiate-
ment sous-jacents à l'ahos.
ET STATION ZOOLOGIQUE D'ARCACHON 55
RECUEIL DE FAITS
Simultanéité des décharges des divers départements
de l'org-ane électrique de la Torpille j
Le Df F. JOLYET,
Directeur de la Station zoologique d'Arcachon, Professeur à la Faculté de Médecine
de Cordeaux.
ET
M. p. RIVIKRE,
Prcparat.'ur au laboiatoiie des Cliniques de la F;\culté de Médecine de Bordeaux,
En enregistrant la décharge volontaire de la Torpille au
moyen de deux signaux communiquant avec le même organe,
mais l'un recevant le courant provenant de la partie antérieure,
et le second de la partie postérieure, M. d'Arsonval (') a cons-
taté un retard de quatre centièmes de seconde du second sur
le premier. M. d'Arsonval se demande si l'organe électrique
ne constituerait pas plusieurs départements ayant des déchar-
ges indépendantes.
Nous avons eu l'occasion d'enregistrer, un très grand
nomhre de fois, sur de nombreuses Torpilles, avec des signaux
dont nous avions reconnu le bon fonctionnement, la décharge
de la partie antérieure (i) et de la partie postérieure (2-3),
simultanément des deux côtés, et toujours nous avons cons-
0) D' Arson \'AL. — Comptes rendus Académie des Sciences, 1895.
56
SOCIETE SCIENTIFIQUE
taté le syncliroiiisme parfait des décharges des divers départe-
ments de l'organe électrique de la Torpille à la suite d'une
provocation, comme le montrent les
tracés de la figure 13. Cette constatation
offre un certain intérêt. On sait, en efl'et ,
comme l'un de nous l'a démontré ('),
que la vitesse de l'action nerveuse
dans les nerfs électriques est assez
faible (8 à 9 mètres par seconde).
11 faut donc admettre que les nerfs
électriques partis des lobes électiiques
et se rendant à leurs départements
respectifs de l'organe ont tous la même
longueur. On peut en comprendre fa-
cilement la raison. L'organe électrique
étant un organe de défense et d'attaque,
il y avait avantage, à ce point de vue,
à ce que les divers départements dont
l'organe se compose fonctionnassent
synergiquement, de façon que la dé-
FiG. 13. charge totalisée fût aussi brusque et
instantanée que possible, et non frac-
tionnée en des décharges successives de moindre elTet.
(') .lOLYET. — Reclierclies sur la Torpille électrique (Annales des Sciences natu-
relles de Bordeaux et du Sud-Ouest, 1883).
ET STATION ZOOF,0(.IglE D'aRCACHON 57
II
Expérience montrant que la Torpille reçoit partiellement
la (léeharj'-e qu'elle lance j
Le n^ JOBER r,
Professeur de pliysioloifie à la Faculté des Sciences de Dijon.
ET
Le D-^ F. JOLYET,
Directeur de la Station zoologique d'Arcachoii, Professeur à la Faculté de Médecine
de Bordeaux.
La Torpille lançant une décharge spontanée ou provoquée
ne reste pas absolument immobile. La décharge électrique
est accompagnée chez l'animal d'une contraction musculaire
très brève, surtout bien apparente à la partie inférieure du
corps, dans le muscle né du bord antérieur de la clavicule,
conjointement avec l'abaisseur de la mandibule. Le long
tendon céphalique du ventre externe du muscle, séparé dans
la région de la mandibule, peut être facilement isolé à la tête
et employé à mouvoir un levier inscripteur.
La Torpille étant placée sur le dos et disposée pour l'ins-
cription graphique de la contraction du muscle et celle de la
décharge de l'organe électrique, on constate souvent que
l'animal donne de petites décharges spontanées rythmées. On
obtient alors des graphiques comme dans la figure 14, le tracé
supérieur indiquant les décharges spontanées recueillies de
l'organe et marquées par un signal Deprez; le tracé inférieur,
les secousses musculaires correspondantes du muscle (mouve-
ment lent du cylindre).
58
SOCIETE SCIENTIEIyUE
L'expérience suivante montre que la contraction musculaire
brève qui accompagne la décharge électrique de l'organe, est
Hi.
provoquée par cette décharge; que la Torpille, par conséquent,
reçoit partiellement la décharge qu'elle lance.
FIG. 15.
Dans un premier temps de l'expérience, on détermine le
moment de la contraction musculaii'e par rapport au moment
FIG. Ui.
de la décharge provo(pn''e. On obtient ainsi les tracés de la
figure 15 (mouvement rapide du cylindre), sui- lesquels on voit
ET STATION zoolo(.iqi;e d'arcachon 59
que la décharge marquée par le signal, ayant lieu en d, la
contraction musculaire n'a lieu qu'en c, cinq centièmes de
seconde plus tard ou 5 vibrations doubles du diapason
de 100 VD à la seconde.
Si le muscle qui s'est contracté en c a été réellement excité
en e par la décharge d de l'organe, 0"05 représente le temps
perdu du muscle considéré. C'est précisément ce que dé-
montre la deuxième partie de l'expérience, dans laquelle on
mesure le temps perdu de la secousse du muscle c (fifj. iô), à
la suite d'une excitation directe de ce muscle en e par un choc
d'induction, marqué par le signal Deprez en s, le temps perdu
de la secousse est exactement de cinq centièmes de seconde.
TABLE DES MATIERES
TAgtt.
Dédicack 3
Conseil d'administration de la Société Scientifique et Station Zoolo-
yique d'Arcachon 5
Extrait des Slatuts « 6
Liste des travaux sortis des Laboratoires d'Arcachon depuis leur
fondation 7
/ Travaux de 1895.
A. Mémoires.
l. Joi/i'ET et ViALLANES. — Contributions à l'étude du sang et de
sa circulation chez les Arthropodes 13
IL Lalesque et Rivière. — La prophylaxie expérimentale de la
contagion dans la phtisie pulmonaire 25
IIL Rivière. — Étude d'un nouveau Slreptolhrix parasite de
l'homme 31
IV. Lalesque et Rivière. — Analyse bactériologique de l'air de la
ville d'Arcachon , 41
V. Lalesque et Rivière. — Analyse bactériologique de l'eau du
lac Cazeaux et de la ville d'Arcachon 46
VI. Pallas et Lalesque. — Recherches expérimentales sur la
perméabilité de l'Alios 51
R. Recueil de faits.
I. Jolyet et Rivière. — Simultanéité des décharges des divers
départements de l'organe électrique de la Torpille 55
II. JoBERT et Jolyet. — Expérience montrant que la Torpille
reçoit partiellement la décharge qu'elle lance 57
3 8 S 7 4
— Imp. O. (..III.
SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE
ET
STATION ZOOLOGIOUE
D'ARCACHON
TRAVAUX DES LABOliATOIRES
RECUEILLIS ET PUBLIES PAR
Le D** F. JOLYET Le D" F. LALESQUE
DIRECTKCR DES LABORATOIRES DE LA STATION || PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ SCIEKTJKIQCE
ZOOLOGIQUE D"aRCACH0N ' D'aRCACHON
PROFESSEUR A LA FACULTÉ DE MÉDECLVL LAURÉAT DE LA SOCIÉTÉ DE BIOLOGIE
DE BORDEAUX DE PARIS
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PARIS
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