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UNIVERSITÉ DE BORDEAUX
SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE
D'ARCACHON
STATION BIOLOGIOUE
TRAVAUX DES LABORATOIRES
RECUEILLIS ET PUBLIES PAR
Le W F. JOLYET
DIRECTEUR DES LABORATOIRES DE LA STATION
PROFESSEUR A LA FACULTÉ DE MÉDECINE
DE BORDEAUX
Le D' F. LALESQUE
PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE
MtMBRE CORRESPONDANT
DE l'académie de MÉDECINE
LE D** B. DE NABIAS
PROFESSEUR A LA FACULTÉ DE MÉDECINE
DÉLÉGUÉ DE l'UNIVERSITÉ DE BORDEAUX
SIXIEME ANNEE
(1903)
PARIS
LIBRAIRIE OCTAVE DOIN, ÉDITEUR
8 — Place de l'Odéon. — 8
, . u
SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE
D'ARCACHON
STATION BIOLOGIQUE
Présidents d'honneur.
M. le RECTEUR de l'Université de Bordeaux;
M. le DOYEN de la Faculté des Sci(mces de Bordeaux;
M. le DOYEN de la Faculté de Médecine et de Pharmacie de Bordeaux;
M. le PRÉFET de la Gironde ;
M, le MAIRE d'Arcachon ;
M. le professeur PITRES, doyen honoraire de la Faculté de Médecine
de Bordeaux.
Président honoraire perpétuel.
M. le D^ Gustave HAMEAU (Arcachon) f.
Bibliothécaire et Conservateur honoraire du Musée.
M. PAULIN FILLIOUX, ancien pharmacien (La Teste).
Conseil d'administration.
Président: D"" F. LALESQUE, membre correspondant de
l'Académie de Médecine (Arcachon).
i G. SEMIAC, pharmacien (Arcachon) ;
Vice-Présidents : < D"" de NABI AS, professeur à la Faculté de Méde-
' cine, délégué de l'Université.
Secrétaire général : D'" PAILLÉ (Arcachon).
Trésorier : D^ GAZABAN (Arcachon).
Bibliothécaire et Conservateur du Musée : D' A. HAMEAU (Arcachon).
; J. SABY'^, conducteur principal des Ponts et Ghaus-
1 sees (Arcachon);
A ^i^.^-«,-D*,./i,f/,w^.c . ) ^' BUSQUET, entrep. de trav. publics (Arcachon) ;
(M. ORMIÈRES, ancien élève de l'École des Beaux-
Arts, architecte (Arcachon);
E. DURÈGNE, ing-én. des télégraphes (Bordeaux).
Directeur de la Station : D^' JOLY'ET, professeur à la Faculté de
Médecine de Bordeaux (Arcachon).
Direteur-adjoint : B^ SELLIER, chef des travaux de physiologie à la
Faculté de Médecine de Bordeaux.
IV SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE D'aRCACHON
EXTRAIT DES STATUTS
Article premier. — La Société Scientifique d'Arcachon,
fondée en i^&à, a pour but de faciliter l'étude, l'avancement,
la vulgarisation des sciences naturelles et des procédés d'aqui-
culture marine : 1" par l'organisation et l'entretien d'un Eta-
blissement comprenant un Musée, une Bibliothèque et un
Aquarium, avec des Laboratoires destinés aux recherches et
aux études biologiques; 2° par des conférences et des cours
publics.
Art. 23. — Les membres de la Société, les professeurs et
tous les attachés à l'enseignement scientitique dans les Facultés
ou autres écoles de l'Etat, les élèves des Hautes-Etudes ou des
Facultés, munis d'un ceititicat constatant leur mission à Arca-
chon, seront admis à jouir gratuitement des Laboratoires et de
leurs annexes. Pour les autres travailleurs, il sera perçu une
rétribution dont le taux sera fixé chaque année par l'Assem-
blée générale.
EXTRAIT DU Ii: GLKME.XT D::S LABORATOlliES
X. — Tous les travaux commencés, poursuivis ou com-
plétés dans les laboratoires libres de la Station, quel que soit
leur mode de publication ultérieure, devront faire mention
spéciale de la part qui revient à la Station d'Arcachon.
En outre, chaque travailleur, à son départ, est tenu de
remettre au Directeur, soit une note résumée, soit un mé-
moire in extenso de ses travaux à la Station, pour être inséi'és,
après avis de la Commission spéciale et aux frais de la So-
ciété, dans le fascicule annuel : Travaux des Laboratoires de
la Station biologique d'Arcachon.
XL — Nul ne peut engager une dépense quelconque au
nom de la Station, sans avis préalable du Directeur et sans un
bon muni de la simature de ce dernier.
'O'
N. B. — La Société dispose, annexées à ses Laboratoires, de six
chambres dans lesquelles elle peut loger gratuitement les travailleurs
qui en font la demande.
STATION BIOLOGIQUE
INDEX BIBLIOGRAPHIQUE
DES TRAVAUX SORTIS DES
LABORATOIRES D'ARCACHON
(1867-1 901)
Paul Bert. — Note sur la présence de VAmphioxus lanceolatus dans
le bassin d'Arcachon et sur ses spermatozoïdes {Mém. de la Soc.
des Se. phys. etnat. de Bordeaux, i. IV, 1867).
— Sur la mort des poissons de mer dans l'eau douce (Ihid., t. IV
et V, 1867).
— Re[)rodaction des parties enlevées chez les Annélides (Ihid.. t. V),
— Sur la respiration des jeunes Hippocampes dans Vœid [Ibid.).
— Sur les appendices dorsaux des Eolis {Ibid.).
— Sur le sang de divers Invertébrés (Ihid.).
— Mémoire sur la physiologie de la Sèche (Sepia officinalis. Lin.)
{Ibid., t. V. Extrait in Comptes rend, de l'Acad. des Se, 1867).
— Sur l'Ainphioxus (anatomie et physiologie) {Comptes rendus, 1867).
Ghéron. — Des conditions anatomiques de la production des actions
réflexes chez les Céphalopodes {Comptes rendus, 1868).
Fischer (P.). — Note sur un Gétacé {Grampus griseiis) échoué sur la
côte d'Arcachon {Ann. des Se. nat., 1868).
— Mémoire sur les Cétacés du genre Ziphius, Cuv. {Nouv. Ann. du
Muséum d'Hist. nat. de Paris, t. III).
— Observations sur quelques points de Tliistoire naturelle des Cépha-
lopodes {Ann. des Se. nat., t. VIII).
— Recherches sur les Actinies des côtes océaniques de la France
(Nouv. Ann. du Muséum, t. X),
— Faune conchyliologique du département de la Gironde et du Sud-
Ouest {Actes de la Société Linnéenne, t. XXV, XXVII, XXIX),
— Bryozoaires, Echinodermes et Foraminifères du département de la
Gironde, etc. {Ibid., t. XXVII).
Fischer (P.). — Crustacés podophtalmaires et cirrhipèdes, etc. {Ibid.,
t. XXVIII).
— Anthozoaires, Synascidies, etc. {Ihid., t. XXX).
VI SOCIETE SCIENTIFIQUE D ARCACHON
Charle<=; des Moulins. — Note sur une forme allonf^ée du Tapes aurea,
Ginel. {Actes de la Société Linnéenne, t, XXVI, 1868).
Alexandre Lakont. — Note pour servir à la faune de la Gironde conle-
nant la liste des animaux marins dont la présence a été constatée
à Arcachon pendant les années 1867-68 {Actes de la Société
Linnéenne, t. XXVI).
— Note sur l'organisation des Pennatules (Ihid.).
— Note sur les organes de la génération de V Ommastrephes sagit-
tatus (Ibid.).
— Observations sur la fécondation des Céphalopodes (Ibid. et Ann.
des Se. nat., t. XI).
— Note pour servir à la faune, etc., années 1869-70 {Ibid., t. XXVII).
— Observations sur l'Amphioxus, sur la Torpille {Ibid.).
— Observations sur les Syngnathes {Ibid. et Ac. de l'Acad. de Bord.).
— Journal d'observatio)is faites sur les animaux marins du bassin
d' Arcachon pendant les années 1866-67-68 (Bordeaux, 1870).
— Description d'une nouvelle espèce de Raie {R. Brachyura) {Ibid.,
t. XXVII).
— Observations sur l'anatomie des Cétacés captiu'és à Arcachon
en 1867-68 [In Fischer, Cétacés du Sud-Ouest. Ibid., t. XXXV).
MoREAU (A.). — Recherches pJiysiologiques sur la vessie natatoire.
— Recherches physiologiques sur la Torpille électrique, 1869.
MoREAU (E.). — Note sur la région crânienne de l'Amphioxus, etc.
{Comptes rendus, 1870).
— Poissons de France; note sur quelques espèces nouvelles des côtes
de l'Océan {Rev. et Man. de Zoologie pure et appliquée, 1874).
— Histoire naturelle des Poissons de la France (Faune d'Arcachon
étudiée en 1869). Paris, Masson, édit., 1881.
QuATREFAGES (de). — Note sur quelques animaux i)ivertébrés du bas-
si7i d'Arcachon (Association française pour l'Avancement des
Sciences, session de Bordeaux, 1872).
Jobert. — Étude d'anatomie comparée sur les organes du toucher
chez divers Mammifères, Oiseaux, Poissons, Insectes (Th. de
la Fac. des Se. de Paris, 1872).
ViAULT. — Recherches histologiques sur la structure des centres ner-
veux des Plagiostomes (Th. de la Fac. des Se. de Paris, 1877).
Pérez. — Ovologie des Sacculines. Sur la fécondation de l'Oursin
{Comptes rendus, 1877).
Franck (Fr.). — Observations graphiques des effets des nerfs sur le
cœur des Poissons. — Des effets de l'asphyxie graduelle (^Tra-
vaux inédits).
KuNSTLER. — Histoire naturelle des Infusoires parasites (description de
deux espèces nouvelles) {Aiin. des Se. nat. de Bordeaux et du
Sud-Ouest, Ire série, no 4).
— Dumontia opheliarum, type nouveau de la sous-classe des Sarco-
dines {Bull, de la Soc. Zoologique, 1885).
STATION BIOLOGIQUE VII
JoLYET. — Recherches sur la Torpille électrique (Ann. des Se. nat. de
Bordeaux et du Sud-Ouest, 2^ série, n» 2, et Mém. de la Soc.
des Se. phijs. et nat. de Bordeaux, t. V, 2^ série).
DuRÈGNE (E.)- — Sur le Chitonaelis Bichardi, Marion (Aetes de la
Société Linnéenne de Bordeaux, t. XL, p. iv, xxviii, liv).
— Sur le Pleurophyllidia lineata, Otto (Ibid., p. xxvi, xxxviii).
— Sur VAdamsia palliata, Bohadsch (Ibid., p. xxviii).
DuRÈGNE (E.). — Sur VEledone octopodia, Pennant (Ibid., p. xxxviii).
— Sur le Chenopus pes carbonis, Brongn. (Ibid., t. XLI, p. xxix).
— Sur les dragages en eau profonde au large d'Arcachon (Ibid.,
p. xxxiii).
GoTGH (F.). — The electromotive properties of the electrical organ of
Torpedo marmorata (Phil. Transactions of the Boyal Society
of London, 16 juin 1887).
BouRY (E. de). — Observations sur la faune conchyliologiqne marine
des côtes de la Gironde (Journal d'Histoire naturelle de Bor-
deaux et du Sud-Ouest, 1888, n» 9, p. 99).
Dl'Règne (E.). — Sur la présence du Porania pidvillus dans le golfe
de Gascogne (Actes de la Société Linnéenne de Bordeaux,
t. XLI, p. XLViii).
— Sur la présence dans le bassin d'Arcachon du Polycera Lessoni et
de VAlcyonium palmatum (Ibid., t. XLII, p. xxv).
Fischer (P.). — Note sur la présence du genre Corambe Bergh dans le
bassin d'Arcachon (Bwif. de la S. Zool. de France, t. XIlI,p.2l5).
GoTCH (F.). — Further observations on the electromotive properties of
the electrical organ of Torpedo marmorata (Phil. Trans, of the
Boyal Society of London, 8 mars 1888, t. CLXXIX, p. 329).
— Experiments on some curarised Torpedoes (Proceedings Phys-
Soclety, 1888, t. II, p. v).
Lagatu (H.). — Anomalies de coloration observées chez une Sole et une
Raie. Poissons rares capturés à Arcachon (Actes de la Société
Linnéenne de Bordeaux, i. XLI, p. lxxvi).
Petit (L.). — Effets de la lésion des ganglions sus-œsophagiens chez le
Crabe (Carcinus msenas) (Comptes rendus de V Académie des
Sciences, 24 juillet, et Actes de la Société Linnéenne de Bor-
deaux, t. XLII, p. lxxxvi).
Durègne (E.). — Sur un maxillaire de Baleinoplère trouvé à Arcachon
au siècle dernier (Actes de la Société Linnéenne de Bordeaux,
t. XVII, p. LXXI).
— Liste des espèces marines nouvelles trouvées à Arcachon depuis le
commencement de l'année (Ibid., p. lxxxvii).
— Note sur le Chitonactis Bichardi, Marion (Ibid., t. XLIII, p. 312).
■ — Sur la présence de la Chama griphoides sur les côtes océaniques
d'Europe (Ibid., p. xl).
Fischer (H.). — Note préliminaire sur le Corambe testudinaria (Bull,
de la Soc. Zoologique de France, t. XIV, p. 379).
VIII SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE D'ARCACHON
Fischer (P.). — Sur la disposition des tentacules chez les Cérianthes
{Bull, de la Soc. Zoologique de France, t. XIV, p. 24).
— Note sur le Pavonaria quadrangular is et sur les Pennatulides
des côtes de France {Ibid., p. 34).
— Nouvelle contribution à l'actinolotïie française {Actes de la Société
Linnéenne de Bordeaux, t. XLIII, p. 351, avec 1 pi.).
KuNSTLER et DE LusTRAC. — Sur le Dumontia libera nov. sp. {Bull.
scient, de la France et de la Belgique, III, 2, p. 293).
Lagatu (H.). — Caractères distinctifs de l'espèce et du sexe dans les
coquilles types de quatre Sepias {Actes de la Société Linnéenne
de Bordeaux, t. XLII, p. 1U5, avec 4 pi.).
Ménégaux (A). — Contribution à l'élude de la turijescence chez les
Bivalves sipbonés et asiphonés {Bull, de la Soc. Zoologique de
France, t. XIV, p. 40).
— Sur les homologies de différents organes des Tarets {Ibid., p. 53).
Bernard (F.). — Becherches sur les organes palléaux des Gasléro-
podcs prosohra7iches {Th. de la Fac. des Se. de Paris, avril 1890).
Bouvier. — Sur un cercle circulaloiie annexe chez les Crustacés déca-
podes {Bull, de la Soc. Phil, de Paris, 8" série, t. II, p. 135).
— Variations progressives de l'appareil circulatoire artériel chez les
Crustacés anonioures {Ibid., p. 179).
Durègne (E.). — Animaux nouveaux pour la région, recueillis à Arca-
chon {Actes de la Société Linnéenne de Bordeaux, t. XLIII,
p. X et Lxxv ; l. XLIV, p. xix).
Ménégaux. — Beclierclies sur la circulation des Lamellibranches
marins (Th. de la Fac. des Se. de P.iris, 30 juin 1890).
Perrier (B.). — Becherches sur l'anatomie et Vhistologie du rein des
Gastéropodes prosobrancltes (Th. de la Fac. des Se. de Paris,
28 mars 1890).
ViALLANES (H.). — Sur quelques points de l'histoire du développement
embryonnaire de la Mante religieuse {Mantis reiigiosa) {Bévue
Biologique du Nord, n» 12, septembi e 1890).
• — NoLe sur la ponte d'une Seiche d'espèce indéterminée {Ibid., n° 3,
décembre 1890).
— Sur la structure des centres nerveux du Limule {Limulus polyphe-
mus) {Comptes rendus de l'Acad. des Se, i^^ décembre 1890).
Fischer (H.). — Sur l'anatomie du Corambe testudinaria {Comptes
rendus de VAcad. des Se, 2 lévrier 1891).
— Becherches anatomiques sur un Mollusque nudibranche appar-
tenant au genre Corambe {Bull, scient, de la France et delà
Belgique, 1891, t. XXIII, 40 p., 4 pi.).
Phisalix (C). — Sur la nature des mouvements des chromatophores
des Céphalopodes {Comptes rendus de V Académie des Sciences.,
19 octobre 1891).
Faurot (L.). — Sur le Cerianthus membranactus {Mém. de la Sac.
Zoologique de France, 1891, 10 p., 1 fig.).
STATION BIOLOGIQUE IX
ZuNE (A.-J.). — Traité général d'analyse des beurres (2 vol. in-S» de
400 p. chacun. Paris et Bruxelles, 1892j.
Grehant et JoLYET (F.). — De la formation de l'urée par la décharge
électrique de la Torpille (Société de Biologie, 1891).
JoLYET et ViALLANES (H.). — Recherches sur le système nerveux accé-
lérateur et modérateur du cœur des Crustacés (Comptes rendus
de l'Acad. des Se, 25 janvier 1892).
ViALLANES (H.). — Sur la structure de l'œil chez les Crustacés macrou-
res {Comptes rendus de VAcad. des Se, 4 mai 1892).
— Sur la structure de la lame ganglionnaire chez les Crustacés déca-
podes {Bull, de la Soc. Zoolog. de France, 1891, 9 p., 3 flg.).
— Sur quelques points de l'histoire du développement emljryonnaire
de la Mante religieuse {Ann. des Se. nat. et zoolog., 7^ série,
t. XI, 1891, 45 p., 2 pi. doubles).
RocHÉ (G.). — Rapport sur une mission de dragage dans le golfe de
Gascogne {Arch, des Missiojis scient.).
— Le chalutage à vapeur dans le golfe de Gascogne (Revue des Se.
nat. du Sud-Ouest, janvier 1892).
Certes (A.). — Sur la vitalité des germes microscopiques des eaux
douces et des eaux salées {C. R. de l'Acad. des Se., 22fév. 1892).
Fischer (H.). — Recherches sur la morphologie du foie des Gastéro-
podes (Th. de Paris, 88 p., 7 pi., et Bull, scieyit., t. XXIV).
Phisall\ (M.). — Structure et développement des chromatophores chez
les Céphalopodes {Arch, de Physiol., juillet 1892, 11 p., 1 pi.).
Bouvier (E.-L.). — Sur la graisse du foie des Crustacés décapodes {Bull,
de la Soc. Philomathique, 8^ série, t. Ill, n» 4, 5 p.).
— Observations sur l'anatomie du système nerveux de la Limule
polyphème {Bull, de la Soc. Phil., 8^ série, t. III, 12 p., 3 fig.)-
Thoulet. — Recherches d'océanographie sur le bassin d'Arcachon
{Comptes rendus de VAcad. des Se).
Nabias (de). — Recherches sur la structure du système nerveux des
Mollusques (Association française, Congrès de Pau).
ViALLANES (H.). — Recherches comparatives sur l'organisation du cer-
veau dans les principaux groupes d'Arthropodes {Comptes rendus
de la Soc. de BioL, 30 avril 1892).
ViALLANES (H.). — Recherches sur la filtration de l'eau par les Mol-
lusques et applications à l'ostréiculture et à l'océanographie
(Comptes roidus de VAcad., 7 juin 1892).
— Pœcherches anatomiques et physiologiques sur l'œil des Arthro-
podes {Ami. des Se. nat., 36 p., 2 pi.).
— Contribution à l'histologie du système nerveux des Invertébrés
{An7i. des Se. nat., 15 p., 1 pi.).
RocHÉ (G.). — La pêche au grand chalut dans le golfe de Gascogne.
Paris, Masson.
Phisalix. — Recherches physiologiques sur les chromatophores des
Céphalopodes {Arch, de Physiol, norm, et pathol., 1893).
X SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE D'ARCACHON
JoLYET. — Recherches sur la respiration des Cétacés (Arch, de Physiol.
norm, et pathol., 1893).
Janssens (Fr.). — Les branchies des Acéphales (Louvain),
Nabias (de). — Recherches histologiques et org analogiques sur les
centres nerveux des Gastéropodes (Th. de la Fac. des Se. de
Paris, 1894).
JoBERT. — Recherches pour servir à l'histoire du parasitisme {Comptes
rendus de la Soc. de Biol., 1894).
Sellier. — Influence de la tension de Voxygëne sur V-héniatopoièse
et sur les combustions respiratoires (Th. de la Fac. de Méd.
de Bordeaux, 1894).
Sabrazès et GoLOMBOT. — Action de la bactéridie charbonneuse sur un
poisson marin, l'hippocampe {Annales de l'Institut Pasteur,
oct. 1894, p. 696-706).
JoLYET et ViALLANES (H.). — Contribution à l'étude du sang et de sa
circulation chez les Arthropodes {Trav. des Laboi'atoires, 1895.
0. Doin).
Rivière. — Étude d'un nouveau Streptothrix parasite de l'homme
{Ibid.).
Lalesque et Rivière. — La prophylaxie expérimentale de la contagion
dans la phtisie pulmonaire (Ibid,.).
— Analyse bactériologique de l'air de la ville d'Arcachon (Ibid.).
— Analyse bactériologique de l'eau du lac Cazeaux et de la ville d'Ar-
cachon (Ibid.).
Pallas et Lalesque. — Recherches expérimentales sur la perméabilité
de l'Alios {Ibid.).
Jolyet et Rivière. — Simultanéilé des décharges des divers départe-
nienls de l'organe électrique de la Torpille {Ibid.).
Jobert et Jolyet. — Expérience montrant que la Torpille reçoit par-
tiellement la décharge qu'elle lance {Ibid.).
Sabrazès et Colombot. — Les procédés de défense des vertébrés infé-
rieurs contre les microbes {Revue scientifique, 31 août 1895,
p. 272-274).
Hubert (E. d') et Boussus. — Note sur les végétaux panachés {Trav.
des Laboratoires, 1896-97. 0. Doin).
Durègne (E.). — Station robenhausienne d'Arcachon (rive Sud des
Passes) {Ibid.).
— Les dunes primitives des environs d'Arcachon {Ibid.).
Cannieu (A.). — Contribution à l'étude de la voûte du quatrième ven-
tricule du Phoque. Les trous de Magendie et de Luschka (Ibid.).
Jolyet et Rivière. — Du retard du raccourcissement du muscle sur son
gonflement {Ibid.).
Nabias (de). — Sur quelques points de la structure du cerveau des
Pulmonés terrestres. Symétrie et fixité des neurones {Ibid.).
Sellier. — De l'action du système nerveux sur la circulation veineuse
du foie {Ibid.).
STATION BIOLOGIQUE ÎSt-
JOLYET et Sellier. — Contribution à l'élude de la respiration du Phoque
(Ibid.).
Lalesque. — L'Huître et la t'ièvre typhoïde (Conférence annexée aux
Trav. des Laboratoires, 1896-97).
Rivière. — Variations électriques et travail mécanique du muscle
{Travaux des Laboratoires, 1898).
Nabias (de). — Recherches sur le système nerveux des Gastéi'opodes
pulmonés aquatiques. Cerveau des Limnées (Limnsea stagnalis)
[ibid.).
PoLOUMORDwiNOFF. — Recherches sur les terminaisons nerveuses sensi-
tives dans les muscles striés volontaires (Ibid.).
Cannieu. — Recherches sur la structure des ganglions cérébro-
spinaux et leurs prolongements cylindraxiles et protoplasuii-
ques {Ibid.).
Lafite-Dupont. — Note sur le système veineux des Sélaciens (Ibid.).
Cannieu et Lafite-Dupont. — Recherches sur l'appareil musculaire du
gros intestin chez le phoque et quelques autres mamrtiileres
(Ibid.).
BoHN. — Du rôle des poils dans l'enfouissement des « Atelecyclus ».
— Des adaptations des .pattes thoraciques chez les Homaridés (/6id.
et Acad. des Se, novembre 1898). !
— Des migrations saisonnières dans le bassin d'Arcachon. Crustacés
décapodes (septembre et octobre 1898) {Ibid.).
Fischer. — Liste des mollusques marins recueillis à Guélhary et à '
Saint-Jean-de-Luz (Ibid.).
Gruvel. — Excursion zoologique au Laboratoire d'Arcachon (22 mai
iS9S) (Ibid.).
Nabias (de). — Nouvelles recherches sur le système nerveux des Gas-
téropodes pulmonés aquatiques. Cerveau des planorbes (^;p/a;îorbys
corneus) {Travaux des Laboratoires, 1899).
Sabrazès et L. Muratet. — Granulations mobiles dans les globules
rouges de certains poissons (Ibid.).
F. Lalesque. — Les ressources de la Station zoologique d'Arcachon
{Ibid.)
A. Gruvel. — Quelques mots à propos de deux excursions à la Station
zoologique d'Arcachon {Ibid.).
R. QuiNTON. — L'Invertébré marin fermé anatomiquement au milieu
extérieur lui est ouvert osmotiquement (Ibid.).
Nabias (de). — Noyau lobé des cellules nerveuses chez les Gastéro-
podes pulmonés aquatiques (Lhnnsea stagnalis et Pla)iorbis
corneusj. Action des anesthésiques généraux (chloroforme)
{Ibid.).
Lafite-Dupont. — Fibres et fibrilles musculaires striées du manteau
de Sepia officinalis {Ibid.).
— Remarques sur la substance fondamentale du cartilage des os
jeunes de Triton et de Crocodile {Ibid.).
XII SOCIETL SCIENTIFIQUE D ARCACHON
F. JoLYET et Sellier. — Contributions à l'étude de la physiologie com-
parée de la contraction musculaire chez les animaux invertébrés.
{Ibid.). ;
J. Sellier. — Recherches sur la digestion des poissons (Ibid.).
E. RoDiER. — Observations et expériences comparatives sur l'eau de
mer, le sang et les liquides internes des animaux marins {Ibid.).
J. Chaîne. — Constitution de la Matière vivante (Travaux des Labo-
ratoires, 1900-1901).
H. DuPHiL. — Recherches chimiques, micrographiques et bactériolo-
giques sur l'air marin et l'air des forêts de pin maritime (Ibid.).:
J. Sabrazès et MuRATET. — Le sang de l'Hippocampe; la phagocytose-
chez ce poisson (Ibid.).
A. Gruvel. — Excursions zoologiques à la Station d'Arcachon et à son
annexe de Guéthary (Basses -Pyrénées) pendant l'année scolaire
1900-1901 (Ibid.).
G. BôuN. — Quelques vues nouvelles sur les mécanismes de l'évolution
{Ibid.).
Mendelssohn. — Sur les courants électrotoniques extrapolaires dans
les nerfs sans myéline (Ibid.).
J. Sellier, — La lipase chez quelques groupes d'animaux inférieurs
(Ibid.).
GuÉNOT. — La valeur respiratoire du liquide cavitaire chez quelques
m vertébrés (Ibid.).
Note sur un cachalot femelle échoué sur le littoral, au nord du Cap
Ferret (Ibid.)
RoDiER. — Sur la coagulation du sang des poissons (Ibid.)
S. Bergon. — Étude sur la Flore diatomique du Bassin d'Arcachon
{Ibid.).
STATION BIOLOGIQUE i
I
CONTRIBUTIONS
A LA FAUNE DU BASSIN D'ARCACHON
ECHIURIENS ET SIPUNCULIENS
PAR
L. CUÉNOT
Professeur à l'Univeisité de Nancy.
INTRODUCTION
Par suite de circonstances particulières, la Station zoologique
d'Arcaclîon s'est surtout différenciée dans le sens physiologique,
et c'est très heureux, car parmi les nombreux, trop nombi-eux,
laboratoires de nos côtes, il n'y a guère que là qu'on puisse
mener à bien des recherches de physiologie sur les animaux
marins; mais tout en gardant cette orientation, qui lui donne
son originalité, il serait très désirable de poursuivre l'inventaire
de la faune régionale, sur laquelle on ne possède encore que
des documents épars, dont quelques-uns n'ont qu'une médiocre
valeur.
Le bassin d'Arcachon, considéré en lui-même, n'a certaine-
ment pas la riche faune de Saint-Vaast, Roscoff ou Concarneau,
mais il n'en présente pas moins un intérêt biologique particuher.
Cette petite mer intérieure de 15,000 hectares, aux eaux peu
profondes, chaudes et de salure variable, paraît constituer un
milieu favorable à l'isolement des espèces; certainement, de par
la disposition même du bassin, les animaux non migrateurs
qui y vivent et s'y reproduisent sont tout à fait isolés de leurs
congénères des côtes océaniques voisines; ils accomplissent
Société se. d'Arcachon 1
2 SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE d'aRCACHON
leur cycle vital dans un milieu particulier, très différent de
l'Océan, toutes circonstances qui semblent favorables soit à des
changements de mœurs, soit à la fixation d'espèces ou de varié-
tés nouvelles, spéciales au bassin. Jusqu'ici, cependant, on ne
connaît que très peu d'espèces authentiques localisées à Arca-
chon : un Mollusque, Phyllaplysia Lafonli P- Fischer, et un
Annélide, Phyllodoce bruneo-viridis de Saint-Joseph; pour ma
part, j'ai trouvé deux autres formes nouvelles, un Thalassemia
et un Sipmiculus; mais je crois que la riche population des
sables vaseux, en particulier les Vers et les Annélides, doit
renfermer encore bien des choses intéressantes (*).
Enfin, la faune des eaux saumâtres du fond du bassin est tout
à fait inconnue, aussi bien que celle des lacs d'eau douce des
Landes, tels que Cazaux; s'il est vrai qu'ils ont été autrefois en
communication avec la mer, ils renferment peut-être des for-
mes de reliquat, comme certains lacs de Suède et de Russie.
On voit qu'il y a certainement à faire à Arcachon, au double
point de vue faunique et biologique, et je souhaite que la lecture
de ces lignes suggère aux zoologistes régionaux l'idée d'entre-
prendre de semblables recherches, pour lesquelles la Station
offre de précieuses faciUtés.
(') Si je ne mentionne pas ici, comme espèces spéciales à la région d'Arcachon,
les nombreuses espèces de Céphalopodes décrites par Lafont, c'est que je partage
à leur t^ujet l'opinion de Jatta; ce ne sont que des variations individuelles sans
aucune fixité ou peut-être des états saisonniers d'espèces communes : les Lnligo
afl'inis, macrophtalma et tvicrocephala de Laf.mt sont certainement des Lnligo
vulgaris Lam.; le Loligo Moiilinsi se rapporte à LoUgo Forhesi Stp.; les Sepia
Fischeri et FilUouxi ne sont pas différentes de la commune Sepia officinalis L.
entin, VOmmastrephes crassus est probablement un Todarodes sagittatus (Lam.
Stp.
(Lafont. Note pour servir à la faune de la Gironde, Actes de la Soc. Linn. de
Bordeaux, t. XXVIII, 1871 ; — Jatta. I Cefalopodi, XXIII« Monographie, Fauna und
Flora des Golfes von Neapel, 1896.)
Parmi les Opisthobranches signalés comme spéciaux à Arcachon, la plupart
(Doris biscaxjemis, eubalia et seposita de P. Fischer) ont été décrits d'une façon
insuffisante et la validité de ces espèces reste douteuse; qumt au Corambe testudi-
naria H. Fischer, il est considéré comme un synonyme du C. sargassicola Bergh,
trouvé précédemment dans la mer des Sargasses (voir Vayssière, Étude comparée
des Opistobranches des côtes françaises, Bull. Se. France et Belgique, t. XXXIV,
1901, p. 281).
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STATION BIOLOGIQUE
I. - EGHIURIENS
DESCRIPTION DE THALASSEMA ARCASSOIVENSIS NOV. SP.
Le 12 août 1901, en bêchant, environ à 50 centimètres de
profondeur, dans le sable vaseux noirâtre où abondent les Sipun-
culiis nuclus L. et les Synapta digitata Mont., j'ai mis à décou-
vert un bel exemplaire de Thalassème adulte; la zone où je l'ai
rencontré est un peu au-dessus du niveau des Zostères, à
200 mètres environ à l'est du débarcadère d'Eyrac, et découvre
aux marées moyennes. Malgré d'autres rech-^rches au même
endroit et ailleurs, je n'ai pas trouvé d'autres échantillons, et
j'ai dû me borner à l'étude aussi complète que possible de cet
individu unique.
Extérieur. — Le corps est allongé, et, suivant l'expression tri-
viale mais exacte de Jameson, ressemble à une saucisse, cou-
verte de petites papilles, plus serrées aux deux extrémités que
dans la région moyenne du corps; la teinte, d'un rouge vineux
sur le vivant, a disparu dans l'alcool, comme il arrive d'oi'di-
naire pour les pigments des Thalassèmes; le corps, sans la
trompe, mesurait 11 centimètres de long. La trompe, longue de
2*^"', 2, assez étroite, était teintée en jaune rosé très pâle; la
figure i en dira plus long sur sa forme qu'une description :
comme on le voit, l'extrémité supérieure n'est pas lobée, et se
termine à peu près carrément. Lorsque j'ai retiré l'animal du
sable, il était muni de sa trompe : celle-ci s'est autotomisée au
ras du corps pendant que je manipulais l'animal; on sait, du
reste, que cet organe se détache avec la plus grande facilité
4 SOCIETE SCIENTIFIQUE D ARGACHON
chez les Thalassèmes, à un tel point qu'on ne le connaît pas
chez plusieurs espèces.
Les deux crochets, situés à â'^^S de l'extrémité antérieure,
sont petits et peu visibles de l'extérieur; ils sont écartés de
1/2 à 3/4 de millimètre.
Téguments. Système nerveux. — Le corps est recouvert de
papilles, plus grandes et très serrées les unes contre les autres
aux extrémités antérieure et postérieure, tandis que dans le
milieu elles sont éparses et ne se touchent pas; on voit facile-
ment qu'il y en a de petites et de grandes. Les papilles renfer-
ment comme d'ordinaire des cellules glandulaires, probablement
muqueuses, dont le contenu se colore avec intensité par l'héma-
toxyline. Sur une coupe transversale du corps, on distingue les
trois couches musculaires, deux circulaires et une longitudinale,
puis une zone externe, conjonctif etépiderme, dont la constitution
m'a rappelé tout à fait celle que j'ai décrite {^) chez quelques
Holothuries (Cucumaria), par le mélange des éléments épidermi-
ques et des travées conjonctives. La musculature longitudinale
n'est pas divisée en faisceaux séparés, comme chez beaucoup
de Thalassèmes : c'est une couche d'épaisseur bien uniforme.
Le cordon nerveux ventral repose directement sur la face
interne du corps; il n'y a pas d'épaississement musculaire
supportant le cordon, contrairement à ce qui existe chez Th.
neptuni. Le cordon renferme, comme chez les Echiures, un petit
canal dit épendymaire rempli d'un liquide coagulable.
Crochets. — Dans mon exemplaire, il y avait deux crochets
fonctionnel, et un crochet de remplacement, situé un peu en
dessous du vieux crochet gauche (fig. 3, a, h). Ces crochets, qui
font très peu saillie à l'extérieur, sont inclus dans une gaine
sur laquelle s'attachent les muscles moteurs, disposés plus o :
moins en éventail; de même que chez Tli. papillosum, il n'y a
pas de muscle transverse (interbasal) reliant les crochets des
deux côtés. Le crochet fonctionnel de gauche mesurait 4 milli-
mètres de long, le crochet de remplacement 3 millimètres; ils
sont formés l'un et l'autre (fig. ^) d'une région courbe terminée
en pointe fine et d'une région rectiligne plus large, comme chez
la plupart des Thalassèmes; ils ont un vif éclat doré ou nacré
[gtf (1) L. CuÉNOT. Études morphologiques sur les Échinodermes (Archives de Bio-
logie, t. XI, 1891, p. 349 et pi. XXIV, fig. 4).
STATION BIOLOGIQUE 5
et présentent au microscope de fortes stries transverses et de
fines stries longitudinales; la pointe est un peu brunâtre.
Tube digestif (fig. 3). — La bouche, située au fond de la
trompe, s'ouvre dans un pharynx qui est suivi par un œsophage
de moindre diamètre formant cinq tours de spire rapprochés les
uns des autres; cet œsophage se continue par une région recti-
ligne qui se dilate graduellement et aboutit au jabot. Ce dernier
est reconnaissable aux stries claires de sa surface, qui sont-
dues, paraît-il, à des plissements de la paroi interne; les stries
se prolongent un peu au delà de la poche, sur la partie ventrale
de l'intestin.
Je n'ai pu étudier en détail l'intestin, qui forme de nom-
breux replis reliés au corps par des brides mésentériques; je
mentionnerai seulement l'existence d'un siphon intestinal,
comme chez les autres Echiuriens. Le rectum (fig. 4) présente
un très petit cœcum rectal, signalé chez beaucoup de Thalassè-
mes, et deux longues poches anales.
Poches anales (fig. 4). — Les poches anales sont deux tubes
allongés, mesurant 22 millimètres de long, non ramifiés, à la
surface desquels s'ouvrent de très nombreux entonnoirs vibra-
tiles à pédoncule assez court. Sur les poches s'attachent d'assez
nombreuses brides mésentériques, et au niveau des points d'atta-
che la poche anale émet souvent une petite expansion latérale,
une sorte de ramification avortée. A l'intérieur, les poches
anales sont tapissées d'un epithelium excréteur rempli de gra-
nules jaunes-
Néphridies antérieures (fig. S). — Il n'existe qu'une paire de
néphridies antérieures qui, dans mon exemplaire, étaient bour-
rées de spermatozoïdes qui leur donnaient une teinte blanc
laiteux : ce sont deux longs tubes, de 33 millimètres de long
environ, présentant des renflements dus, je suppose, à l'accu-
mulation du sperme; le pavillon vibratile est très grand et
s'étend transversalement; c'est une expansion contournée sur
elle-même, dont je n'ai pas bien compris la forme, mais qui n'a
sûrement pas l'aspect régulièrement spirale signalé chez beau-
coup de Thalassèmes.
Appareil vasculaire. — L'appareil vasculaire m'a paru iden-
tique à celui des autres espèces, bien que je ne l'aie reconnu
que d'une façon fragmentaire; sur la figure 3 on voit le vaisseau
dorsal (h) qui quitte l'intestin au niveau du jabot pour devenir
6 SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE D'ARCACHON
libre et monter vers la trompe, et le vaisseau neuro-intestinal
(i-j) qui quitte le vaisseau ventral un peu au-dessous du niveau
des orifices néphridiens pour se porter vers l'intestin, qu'il
atteint très loin derrière le jabot. Comme il n'y a pas de muscle
interbasal entre les crochets, il n'y a pas non plus d'anneau san-
guin périmusculaire à ce niveau, particularité présentée aussi
par Th. papillosum (Jameson).
Liquide cœlomique; péritoine. — Le liquide cœlomique était
d'un rouge foncé, absolument comme du sang veineux de Mam-
mifère; au microscope, on trouve dans le liquide de nombreux
corpuscules figurés : 1° beaucoup de spermatozoïdes libres;
2° des amibocytes, qui renferment souvent de gros granules jau-
nes et réfringents, qui sont sans doute un produit d'excrétion
rejeté dans le cœlome et phagocyté par ces cellules; 3° des héma-
ties (fig. 5), qui donnent la couleur au liquide cœlomique, et qui
sont bien probablement chargées d'hémoglobine (i); ces hématies
sont des cellules à contour un peu irrégulier, mais plutôt circu-
laire ou ovalaire, à membrane bien visible dans les préparations
fixées, dont le contenu a la teinte jaune particulière à l'hémoglo-
bine vue sous une faible épaisseur; on y voit de plus un granule
noir, qui est certainement un produit d'excrétion, comme il
en existe presque toujours dans les hématies des Invertébrés, et
un petit noyau, presque toujours logé à la périphérie. Beaucoup
d'hématies ont deux noyaux, mais je ne crois pas que cela soit
en rapport avec une division future de la cellule.
La présence dans le cœlome de ces hématies à hémoglobine est
un caractère intéressant, que l'on connaît déjà chez d'autres
Echiuriens, Bonellia minor Mar., Thalassema neptuni Gaert. et
erythrogrammon Leuck. Rûpp., Hamingia arctica Dan. Kor.
(Ray-Lankester, Rietsch).
Sur la paroi péritonéale et les viscères s'attachent de très
nombreuses brides mésentériques dont la structure est assez
curieuse; elles sont formées d'un axe conjonctif avec quelques
fibres musculaires, recouvert par de grosses cellules qui m'ont
paru imbibées d'hémoglobine, comme les hématies cœlomiques;
Ray-Lankester a, du reste, décrit quelque chose de tout à fait
semblable pour les brides mésentériques de Th. neptuni; il est
(') Voir à rA^)peiidice le détail des recherches pour la dét rmination de 1 hémo-
glo. lue.
STATION BIOLOGIQUE 7
possible que ces cellules péritonéales soient l'origine des héma-
ties flottantes du liquide cœlomique.
Organes génitaux. — Mon exemplaire était mâle, comme je
l'ai déjà dit, tout prêt à rejeter ses spermatozoïdes. Je n'ai pu
trouver que des traces de testicule à la surface du cordon ner-
veux ventral.
Détermination de V espèce. — La détermination des Thalassè-
mes est certes l'une des plus difficiles qui soit, tant par la
rareté et l'état souvent défectueux des échantillons que par la
grande ressemblance des espèces entre elles et le manque de
caractères tranchés; on est pour ainsi dire forcé de faire une
monographie anatomique de chaque forme pour arriver à la bien
définir. On en connaît environ vingt-quatre espèces, plus ou
moins bien décrites.
Shipley, qui a donné dernièrement une revue des espèces
d'Echiuriens, classe les Thalassèmes, à l'exemple de Lampert.
d'après les caractères de la musculature longitudinale du corps
(divisée en faisceaux ou continue) et le nombre des néphridies.
Dans la première catégorie, à laquelle appartient mon échan-
lillon par sa musculature continue et la paire unique do né-
phridies, il y a jusqu'à présent six espèces :
Tli. papillosum (Délie Ghiaje), 1841 (Naples, 30-40 mètres de pro-
fondeur).
Th. gigas Max MûUer, 1852 (Trieste).
Th. faex Selenka, 1885 (entre l'Ecosse et les îles Faroe, 560 brasses).
Th. diaphanes Sluiter, 1888 (baie de Batavia, 10-12 brasses; île
Pigeon, New-Britain).
Th. Lankesteri Herdman, 1897 (S.-O. de l'île de Man, 40-50 brasses).
Th. indivisum Sluiter, 1900 (côte nord d'Espagne, 90 mètres).
Le Thalassème d'Arcachon diffère très notablement de gigas,
faex et Lankesteri, par la forme des poches anales, de l'enton-
noir des néphridies antérieures, etc.; ce n'est pas non plus
diaphanes, parce que cette espèce mesure en tout 6 centimètres,
partagés par moitié entre la trompe et le corps, ni indiviswn,
qui mesure en tout l'°',3. Je ne parle là que des caractères les
plus apparents, mais il y a bien d'autres différences. Par contre,
il a beaucoup de ressemblance avec papillosum, dont on a
recueilli à Naples en tout trois exemplaires, y compris celui
8 SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE D'aRCACHON
qui a servi à Délie Cliiaje pour faire sa description : la taille
(de 7 à 15 centimètres chez papillosum, sans la trompe) et la
couleur sont à peu près les mêmes; il n'y a pas de muscle inter-
basal entre les crochets; les poches anales sont aussi des tubes
non ramifiés; malheureusement les trois exemplaires de papillo-
sum, étudiés par Délie Chiaje et Jameson, étaient tous dépour-
vus de trompe, et on ne sait rien du liquide cœlomique, ce qui
retire deux sujets de comparaisons bien caractéristiques.
Malgré ces lacunes, il est très vraisemblable que l'espèce
d'Arcachon n'est pas la même que celle de Naples; il y a trop
de différences dans les caractères anatomiques comparables
pour autoriser l'identification : chez papillosum, l'œsophage
n'est pas contourné en spire, le jabot a une forme différente de
celle que j'ai décrite, les néphridies antérieures sont des sacs
courts de 8 à 10 millimètres de long, tandis qu'ils sont trois
fois plus longs chez mon espèce; Jameson dit que le pavillon
vibratile des néphridies de papillosum ressemble à celui de
neptuni et de gigas, c'est-à-dire qu'il est petit et simple, tandis
qu'il est très développé chez le Thalassème d'Arcachon; enfin,
chez ce dernier, il y a un petit cœcum à la fin du rectum,
tandis que Jameson n'en a pas trouvé chez papillosum.
L'espèce d'Arcachon paraît donc bien être nouvelle, et je
propose de l'appeler Thalassema arcassonensis pour rappeler
son origine (/); jusqu'ici, c'est le seul représentant du groupe des
Echiuriens pour le bassin d'Arcachon et les environs. A la vérité,
Beltrémieux cite, sur les côtes sablonneuses de la Charente-
Inférieure, YEchiurus Pallasi Guérin-Méneville (qu'il appelle
Thalassema echiura Pali.); mais comme sa citation n'est accom-
pagnée d'aucune référence ni description, elle ne présente pas
de garanties d'authenticité; il est très probable, néanmoins,
qu'on trouvera YEchiurus Pallasi sur la côte ouest de France,
car c'est une espèce à grande répartition géographique; elle est,
en effet, signalée dans la mer du Nord, l'Atlantique nord, la
Manche et sur la côte américaine.
Sur les côtes de France, le seul Thalassème signalé jusqu'ici
est le petit Thalassema neptuni Gaertner, qui habite dans des
(*) Dans les anciennes géographies, la région d'Arcachon est désignée comme
Promontorium Arcassonium; Arcasson vient, paraît-il, d'un verbe dorien signifiant
« qui protège ».
STATION BIOLOGIQUE 9
pierres fendues ou perforées, à une faible profondeur (Sain'.-
Jean-du-Doigt, Concarneau, Piriac, le Croisic, le Pouligucn,
Préfaille près Pornic, golfe de Marseille) {^).
Nancy, 15 mai 1902.
(1) L. Bdreac. Coup d'œil sur la faune du département de la Loire-Inférieure
(in Nantes et la Loire-Inférieure, volume publié à l'occasion du Congrès de l'Asso-
ciation française pour l'avancement des Sciences. Nantes, 1898). Bureau cite, d'après
Giard, le I. Neptuni, perforant les rameaux de Lithothamnion coralloîdes, Pouli-
giien, draguages (p. 54).
Camds. Note sur la présence de Geophilus, etc., et de quelques autres animaux
marins sur la côte de Préfaille, près Pornic (Loire-Inférieure) {Bulletin Soc. des Se.
naturelles de l'Ouest de la France, t. II, 1892, p. 21). — Voir aussi Rietsch, 1886.
Les localités de Saint-Jean-du'Doigt, Piriac et le Croisic m'ont été obligeamment
indiquées par M. Fenonnière.
10 SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE D'aRCACHON
APPENDICE
DÉTERMINATION DE l'hÉMOGLOBINE DANS LES HÉMATIES
CŒLOMIQUES DU THALASSÈME
J'ai recueilli dans un verre de montre une certaine quantité de
liquide cœlomique, d'un rouge foncé, qui s'est desséché spontanément,
en formant un dépôt noirâtre, renfermant beaucoup de cubes de NaCl.
Il y avait probablement, en outre, des traces de carminate d'ammo-
niaque et d'indiiïocarmin, ayant fait antérieurement une injection cœlo-
mique dans le Thalasséme. Ce dépôt solide a été remis, sept mois après
la prise, à M. Maillard, chef des travaux chimiques à la Faculté de
mé lecine de Nancy, qui a bien voulu y rechercher l'hémoglo' ine sup-
posée; voici les résultats de cet examen, pour lequel je lui adresse mes
plus vifs remerciements :
La substance contient du fer : en effet, projetée dans du nitre en
fusion, elle brûle en laissant un petit résidu ocracé d'oxyde ferrique, qui
se dissout dans HGl, et donne alors avec le sulfocyanale d'ammonium la
coloration rouge caractéristique.
Après lavage à l'eau distillée, pour enlever l'excès de NaCl, la réaction
de Teichiiiann est essayée : elle donne un résultat positif, bien que
gênée par les impuretés; après de nombreux chauffages avec l'acide acé-
tique glacial, on obtient de très fines aiguilles brun noir groupées en
houppes (hématine).
La substance est insoluble dans l'eau; elle se dissout lentement et
incomplètement dans la potasse à 1/10, en donnant une solution bru-
nâtre dont la teinte pourrait bien êlre celle de la méthémoglobine, mais
qui ne laisse reconnaître au J spectroscope aucune bande d'absorption
limi ée. Leliquiile, additionné de sulfure d'ammonium ou d'ime goutte
d'hydrosuUite de sodium, se réduit lentement et piésente après deux ou
STATION BIOLOGIQUE 11
trois heures une leinte rose pourprée; la solution montre alors une
bande parfaitemenl nette occupant à peu près la position moyenne de la
bande de l'hémoglobine réduite de Stokes, mais moins large et mieux
limitée; cette bande va exactement de a = 0,565 [j. à a = 0,553 jj».; à
droite, on voit encore une légère bande, bien plus faible, de X = 0,536 [x
à A = 0,521 ;x. Enfin, à partir de X =: 0,510 [;., toute la partie bleue
violette du spectre est fortement estompée.
La solution réduite par l'hydrosulfite, a.ïitée à l'air, pâlit et devient
jaune verdàlrc, mais elle ne montre aucunement les deux bandes clas-
siques de l'oxyhémoglobine, même sous une grande épaisseur, et le
spectre finit par s'assombrir totalement sans qu'on ait vu aucune bande.
La substance ressemble donc aux hémoglobines des Vertébrés par les
caractères suivants :
1° C'est une protéide ferrugineuse.
2° Chauffée avec l'acide acétique glacial en présence de traces de
NaCl, elle donne des cristaux ressemblant tout à fait à ceux de l'héma-
tine.
3° Elle donne par réduction, dans les mêmes circonstances que la
méthémoglobine, une bande d'absorption dans le vert.
Elle en diffère par les caractères suivants :
1° Le spectre de réduction n'est pas exactement le même que celui de
l'hémoglobine.
2° On n'a pu voir le spectre de l'oxyhémoglobine ni celui de la méthé-
moglobine, alors que la grande netteté du spectre de réduction permet-
tait de les attendre vvec certitude.
L'échantillon étant un produit desséché depuis sept mois et renfer-
mant bien probablement diverses impuretés, il est impossible de dire,
sans un nouvel exauien du produit frais, s'il s'agit d'une hémoglobine
semblable à celle des Vertébrés, ou d'un produit certainement voisin,
mais nettement distinct.
INDEX BIBLIOGRAPHIQUE
Beltrémikux. — Faunf vivante de la Charente-Inférieure (extrait des
Annules lie la Société des Sciences natnndles). La Rochelle, 1884.
Hkrdman. — Note on a new Echiuroid Gephyrean, with remarks on
the genera Thalassema and Hamingia {Quart. Journ. micr. Se,
t. XL, 1837, p. 367).
Jameson (Lyster). — Thalassema papillosum (Délie Ghiaje), a forgotten
EcJMuroid G phyrtau (AJittk. a. s. ZooL Slat. Neapel, t. XllI,
18jy, y. 433).
12 SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE D'ARCACHON
MiJLLER (Max). — Ohsevvationes anatomiese de Vennibns quihusdam
maritiinis. Thèse de Berlin, 1852
Ray-Lankester. — On Thalassema neptuni Gaertner {Zool. Anzeiger,
4Jahrg., 1881, p. 350).
RiETSCH. — Étude sur les Géphyriens armés ou Echiuriens {Rec. Zool.
Suisse, t. III, 1886, p. 313).
Selenka. — Report on the Gephyrea (Challenger's Reports, part 36,
1885).
Shipley. — On a collection of Echiurids from the Loyalty Islands, New
Britain and China Straits, with an attempt to revise the group and
to determine ils geographical range (Willey Zoological Results,
Part III, 1899, p. 335).
Sluiter. — Géphyriens (Sipunculides et Echiurides) provenant des
campagnes de V Hirondelle et de la Princesse- Alice {Campagnes
scientifiiiues du prince de Monaco, fasc. XV, 1900).
Explication de la Planche
FiG. 1. — Extrémité antérieure du Thalassème d'Arcachon, vue du côté ventral:
a, trompe; h, crochets. X 2.
FiG. 2. — Extrémité libre du crochet fonctionnel gauche, vue de profil. X 21-
FiG. 3. — Dissection de la partie antérieure du corps, ouverte sur la ligne medio-
dorsale : a, ciochet fonctionnel; b, crochet de remplacement; c, cordon nerveux
ventral; d, pharynx; e, œsophage; /', jabot; gr, intestin; A, vaisseau do; sal; i, point
où le vaisseau neuro-in'estinal se détache du vaisseau ventral; j, point où le
vaisseau neuro-intestinal aborde l'intestin; k, entonnoir vibiatile de la néphridie;
l, néphridie remplie de spermatozoïdes; m, brides mésenteriques. X 2.
FiG. 4. — Poches anales : a, rectum et cœcum rectal; b, brides mésenteriques s'atta-
chant sur les poches anales. X 2.
FiG. 5. — Hématies du liquide cœlomique (fixation sur lame au sublimé, coloration
à l'hématoxyline et à l'éryth .osine) : a, contenu de l'hématie coagulé irréguliè-
rement par le réactif fixateur; b, vacuole renfermant un nodule d'excrétion;
n, noyaux. X l^^O-
fiff J
Iig.2.
i I
I /
% I
i
u
Fig. i.
lialasserna arcassonensis mv. su.
STATION BIOLOGIQUE 43
IL - SIPUNCULIENS
DESCRIPTION D UNE ESPECE NOUVELLE DE « SIPUNCULUS »
Dans le bassin d'Arcachon, je n'ai rencontré jusqu'ici que
deux Sipunculiens, qui vivent dans le sable vaseux des plages :
le commun Sipunculus nudus L., signalé depuis longtemps, et
une espèce nouvelle, que je décris plus loin sous le nom de
Sipunculus arcassonensis. De plus, on apporte parfois à la
Station des Phascolion strombi Mont, qui proviennent du large.
On distinguera facilement ces trois espèces par les caractères
suivants :
1. Introvert sans crochets; cuticule irisée; quand l'animal est con-
tracté, il est rectiligne; des urnes libres dans le liquide cœlomique
Sipunculus nudus L.
2. Introvert avec nombreux cercles de crochets; cuticule non irisée;
quand l'animal est contracté, il est courbé en arc; pas d'urnes libres
dans le liquide cœlomique Sipunculus arcasso7rensis Guén.
3. Habite dans de vieilles coquilles de Gastropodes ou de Dentales,
dont l'orifice est en partie muré Phascolion stromhi Mont.
Sipunculus nudus Linné.
Le S. nudus est une espèce qu'on peut appeler classique, car
elle a été l'objet d'un nombre considérable de travaux; la mono-
graphie la plus récente, et de beaucoup la meilleure, est celle
de Metalnikoff, dans laquelle on trouvera une bibliographie
suffisante. Il est très abondant dans le bassin, dans les sables
vaseux qui sont un peu au-dessus du niveau des Zostères, et
découvrent aux marées moyennes.
14 SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE D'AHCACHON
La ponte doit avoir lieu en juin ou juillet, si j'en juge par
la quantité et l'état de maturité des produits sexuels aux diffé-
rents mois où j'ai examiné ce Siponcle. A Naples et à Messine,
mers plus chaudes, la ponte a lieu vers le mois de mai ou au
début de juin, d'après Hatschek et Lo Bianco; le développement
larvaire et la métamorphose exigeant environ un mois, on com-
prend qu'à Naples on trouve des jeunes, longs* de 1 centimètre,
durant les mois de juin-août. A Arcachon, j'ai aussi trouvé des
jeunes individus, mesurant de 1 à 3 centimètres, provenant
sûrement de la ponte de l'année, en août-septembre; au mois
de mars suivant, les plus petits individus, âgés sans doute de
neuf mois, ont de 5 à 6 centimètres de long, ce qui indique une
croissance assez lente. A cet âge, il y a sur le cerveau deux
petites taches oculaires noires qui manquent absolument aux
individus adultes.
Le Sipunculus nudus est une espèce à grande répartition
géographique et bathymétrique «jui a été signalée dans la mer
du Nord, la Manche, la côte ouest de France, la côte espagnole,
la Méditerranée, l'Adriatique, en Amérique (Floride), aux Phi-
lippines, etc.
Commensaux et parasites. — A Arcachon, ce Siponcle héberge
quelques commensaux et parasites dont voici la liste :
1° Lajnellibranche indéterminé. — En septembre 1900, des
Siponcles trouvés à la plage du phare portaient sur les tégu-
ments de un à trois petits Lamellibranches fixés par des fila-
ments de byssus; je n'ai pas retrouvé ce commensal, proba-
blement accidentel, les années suivantes. Il paraît être nouveau
comme espèce et peut-être comme genre, et sera décrit plus
tard.
2° Grégarine indéterminée. — Dans la spire ascendante de
l'intestin on rencontre souvent des Grégarines allongées, très
■ mobiles, à corps strié longitudinalement et à noyau central. En
l'absence de kystes, ces formes sont indéterminables.
3" Urospora sipunculi KôUiker. — Cette belle Grégai*ine esl
assez fréquente dans le cœlome, où on la trouve, à l'état adulte
et solitaire, sous forme d'associations et enfin de kystes. L'adulte
solitaire, d'un blanc de lait, a près d'un millimètre de long, et
par son agilité et ses mouvements d'ondulation ressemble à une
Planaire quand il nage dans le liquide cœlomique; le noyau
STATION BIOLOGIQUE 15
sphérique renferme jusqu'à une vingtaine de nucléoles vacuo-
laires. Les associations sont allongées et mesurent environ
l'^^S de longueur; les deux associés sont accolés par une
région voisine de celle où se trouve le noyau; le couple se déplace
avec agilité en se tordant constamment sur lui-même. Enfin,
prélude de l'enkystemcnt et de la sporulation, les deux Gréga-
rines s'accolent étroitement l'une à l'autre, et le couple prend
l'aspect d'une sphère immobile, d'un blanc opaque, qui est bien-
tôt entourée d'un épais manteau de phagocytes. Il arrive sou-
vent que plusieurs sphères s'accolent les unes aux autres pour
former des amas bien visibles à l'œil nu, ce qui avait fait croire
que plusieurs individus se réunissaient pour former un kyste;
mais ce n'est qu'un accotement, et l'association ne comprend
bien que deux individus, ainsi qu'il est habituel chez les Gré-
garines.
Les kystes mesurent 1 millimètre de diamètre et sont souvent
enfermés dans des corps bruns (amas de phagocytes et de pro-
duits d'excrétion) ou bien accolés à quelque organe. Les sporo-
kystes parfaitement développés sont ovoïdes, à pôles dissem-
blables : l'un des pôles porte une petite collerette évasée formée
par l'endospore (je suppose que c'est cette collerette que Léger
et Mingazzini interprètent comme une aigrette); au pôle opposé,
l'endospore se prolonge en une longue queue, figurée déjà par
Kolliker; répis[)ore est lâche, mince, difficile à voir et se pro-
longe sur la queue, qu'elle paraît envelopper jusqu'au bout; il y
a huit sporozoïtes et un reliquat sporal formé de granules.
Cette Grégarine cœlomique existe certainement chez les Si-
poncles de Naples (Kolliker, Ray-Lankester, Mingazzini), et pro-
bablement chez ceux de la baie de Douarnenez (Léger).
Bibliographie. — Labbé. Sporozoa du Tierreich, 1899, p. 44.
SlPUNCULUS ARCASSONENSIS nOV. sp.
Habitat, mœurs. — Le nouveau Siponcle est beaucoup plus
rare que le Sipunculus nudus, car on n'en a trouvé que quatre
individus dans l'espace de deux mois (août à octobre 1901), san3
le rechercher spécialement, il est vrai; il vit exactement dans
16 SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE D'ARCACHON
les mêmes stations que son congénère et Synapta digitata Mont.,
dans des sables vaseux qui découvrent aux marées moyennes,
un peu au-dessus du niveau des Zostères; les quatre individus
ont été trouvés dans des régions très éloignées du bassin, deux
près du débarcadère d'Eyrac, deux à la plage du phare du cap
Ferret. Les marins chargés de récolter des animaux pour le
laboratoire le confondaient avec le Sipunculus nudus; mais, une
fois leur attention attirée sur cette espèce, ils l'ont facilement
reconnue à sa teinte plus blanche, son diamètre moindre et
surtout à la raideur particulière de l'animal contracté.
Quand ce Siponcle est contracté, il se tient presque toujours
courbé en arc et reste très longtemps immobile dans cette posi-
tion; de temps en temps l'introvert (trompe) se dévagine avec une
grande rapidité, mais toujours incomplètement, et rentre de
même. Placé sur une couche de sable fin, il s'y enfonce plus len-
tement qu'un Sipunculus nudus de même taille, en refoulant le
sable au moyen de l'introvert; quand il est entièrement enfoui,
on voit de temps en temps affleurer la couronne tentaculaire à
l'orifice de la galerie qu'il s'est creusée. Ce Siponcle vit très bien
dans un aquarium à fond de sable recevant un jet d'eau aérée;
j'en ai gardé un individu plus de quinze jours en parfaite santé.
Il est assez difficile de fixer des individus en complète exten-
sion avec l'introvert dévagine; j'y suis cependant arrivé en
anesthésiant l'animal successivement à l'éther et à l'acide carbo-
nique, et en le plaçant ensuite dans un mélange d'eau de mer
et d'eau douce.
Extérieur. — Le plus grand exemplaire que j'ai eu entre les
mains mesurait, en complète extension, 36 centimètres de long,
sur lesquels il y a environ 10 à 11 centimètres d'introvert; un
autre individu, plus petit et contracté au maximum, mesurait
11 centimètres; l'introvert avait au moins de 7 à 8 centimètres
de long.
Quand l'animal sort du sable, il est d'un blanc maf, tandis que
le Sipunculus nudus est plutôt rosé avec irisations; mais après
quelques minutes de séjour dans de l'eau aérée, il prend une
légère teinte rose filas, due à l'oxydation de l'hémérythrine
renfermée dans les hématies cœlomiques; les téguments sont un
peu translucides dans la région antérieure; pour peu que l'ani-
mal s'étende, on distingue vaguement les néphridies brunes et
l'intestin rempU de sable.
STATION BIOLOGIQUE 17
Le Siponcle est parfaitement cylindrique (fig. 1), le corps
ayant un diamètre un peu supérieur à celui de l'introvert; à la
loupe, on voit très bien l'orifice anal, qui a une situation médio-
dorsale, et qui est placé (dans le grand exemplaire de 36 centi-
mètres) à 42^"\5de la bouche; à droite et à gauche de l'anus,
mais à 1 ou 2 millimètres au-dessus, on distingue les deux
orifices néphridiens, beaucoup plus petits que l'orifice anal.
La peau, examinée à la loupe, présente trois régions diffé-
rentes qui passent insensiblement l'une à l'autre : 1° dans toute
rétendue de l'introvert on aperçoit des sillons circulaires, dis-
posés tout d'abord très régulièrement, puis devenant de plus
en plus incomplets à mesure qu'on s'approche de l'anus; ces
sillons déhmitent des anneaux très minces qui renferment une
rangée simple ou double de corpuscules sensitifs dont on dis-
tingue facilement les orifices ({ig. 4). Dans la région antérieure
de l'introvert, il s'y ajoute des cercles de crochets; sur un
individu j'ai compté 130 cercles, dont les dix derniers (les plus
rapprochés de l'anus) ont des crochets plus petits et plus espa-
cés; sur un autre exemplaire, j'ai compté au moins 140 cercles.
Ce caractère ne manque pas d'intérêt, d'une part à cause de sa
rareté dans le genre Sipunculus, dont une espèce seulement
(S. australis Kef.) possède des crochets (o5 à 60 rangées); d'autre
part, parce que le nombre présenté par le Siponcle d'Arcachon
est le plus élevé qu'on connaisse dans le groupe {Physconosoma
nigrescens Kef., qui vient ensuite, a 120 rangées de crochets).
Les crochets sont insérés au bord supérieur des anneaux (fig. 4),
au-dessus par conséquent de la rangée de corpuscules sensitifs;
ils ont la forme d'un demi-cône très allongé, qui, de profil,
apparaît comme un triangle rectangle à base très longue, adhé-
rente au corps, et dont l'angle saillant est à l'extrémité infé-
rieure.
2° Dans la plus grande partie du corps il y a encore dCvS
sillons circulaires bien réguliers et de nombreuses lignes longi-
tudinales; entre les bandes longitudinales, on voit très nettement,
par transparence, des espaces irréguliers dans lesquels se dé -
placent vivement les globules cœlomiques : ce sont des canaux
hypodermiques, situés sous la cuticule et l'épiderme. De place
en place on aperçoit dans l'épaisseur de la peau de petiter.
boules jaunes, qui sont sans doute des glandes.
3** Enfin, l'aspect de la peau change encore à l'extrémité
SOCIÉTÉ d'Akcachon. 2
18 SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE D'aRCACHON
postérieure du corps; elle présente un carrelage régulier de
petits rectangles ou de carrés séparés par des sillons très
nets; on y revoit encore çà et là les boules jaunes signalées
plus haut.
Musculature. — Quand on a ouvert le Siponcle, on constate
que la musculature longitudinale est formée de cordons séparés
par de profonds sillons, caractère des genres Sipunculus et
Physconosoma; il y a 23 ou 24 cordons, anastomosés par
places.
Les muscles rétracteurs de l'introvert (fig. 5j sont au nombre
de deux paires : les deux dorsaux, assez grêles, s'insèrent sur
la paroi interne du corps au niveau du 7""^ ou 8""^ cordon longi-
tudinal, en comptant à partir du cordon nerveux; les deux ven-
traux, beaucoup plus larges, s'insèrent sur les 3""^ et 4""^ cor-
dons, parfois sur les 3"^% 4°^" et 5•°^
Corpuscules de la peau. — Comme chez les autres Sipuncu-
liens, les téguments renferment de nombreux corpuscules glan-
dulaires et sensitifs, dont la distribution varie suivant les
régions.
Sur l'introvert, les corpuscules glandulaires sont rares ou
absents; les corpuscules sensitifs (fig. 4) sont de grande taille,
très nombreux et disposés en rangées régulières; ils paraissent
avoir un orifice central, qui est sans doute une papille récep-
trice des sensations.
Dans toute la région qui s'étend de l'anus à l'extrémité infé-
rieure on distingue à la loupe, quand l'animal est parfaitement
étendu, des corpuscules glandulaires arrondis disposés en
séries longitudinales plus ou moins alignées, deux ou trois de
ces séries correspondant à chaque cordon musculaire longitu-
dinal. Ces corpuscules sont formés de nombreuses cellules
glandulaires qui renferment des spherules d'une substance
inconnue; ces spherules, grandes et petites, se colorent électi-
vement par l'érythrosine et la fuchsine acide, et ne prennent
pas les couleurs basiques; ce n'est donc pas de la mucine. Le
corpuscule débouche à la surface de la cuticule par un orifice
assez difficile à voir. Chaque corpuscule reçoit à sa base un
petit filet nerveux qui le traverse en suivant la périphérie et
vient se terminer au contact de la cuticule; comme on voit des
noyaux autour des fibrilles nerveuses, il est probable qu'il y a
là un petit ganglion intra-glandulaire, qui est le centre réflexe
STATION BIOLOGIQUE 19
de la sécrétion. Ces glandes avec ganglions nerveux sont, du
reste, connues chez Sipunculus nudus et les Phascolosoma; on en
rencontre aussi de très semblables dans la peau des Synaptes.
Les corpuscules sensitii's, mélangés très irrégulièrement aux
corpuscules glandulaires, sont beaucoup plus petits que ces
derniers; ils sont formés d'un amas pyriforme de cellules épi-
dermiques, à la base duquel entre un filet nerveux.
Canaux hypodermiques. — Le Siponcle étant au maximum
d'étalement, on voit sur la face interne, entre les cordons mus-
culaires longitudinaux, une file de petits orifices espacés très
régulièrement et extrêmement nombreux, qui sont les pores de
communication entre le cœlome et les canaux hypodermiques;
de ces pores partent des canaux qui traversent la peau perpen-
diculairement à son épaisseur et arrivent jusque sous l'épi-
derme, où. ils se jettent dans de larges canaux longitudinaux.
Il y a encore des cavités, toujours en communication avec le
cœlome, qui sont placées entre la couche des muscles circulaires
du corps et les cordons longitudinaux, de sorte que les tégu-
ments sont parcourus par un système assez compliqué de cana-
licules, dont le trajet exact reste à décrire, qui jouent un rôle
capital dans la respiration du Siponcle. La teinte rosée que
prend l'animal dans l'eau aérée est due à l'oxydation de l'hémé-
rythrine renfermée dans les hématies qui errent en grand
nombre dans les canaux hypodermiques.
Couronne tenlaculaire . — Chez le Siponcle complètement étalé
(fig. i et ^1 l'introvert se termine en avant par un segment de
sphère sur lequel est insérée la couronne tenlaculaire; la bouche
est perforée au centre de la surface supérieure et il y aboutit un
certain nombre de sillons vibratiles disposés radialement- La
forme de la couronne est assez compliquée : c'est une ligne
extrêmement ondulée, qui présente douze saillants et douze ren-
trants, très accentués, comme le montre bien la figure 2; les
douze saillants s'avancent vers la bouche, mais sans l'atteindre,
et il y en a six qui sont visiblement plus grands que les autres;
le plan sagittal dorso-ventral passe par deux des grands sail-
lants, qui sont peut-être plus accusés encore que les quatre
autres; entre deux saillants successifs, il y a un espace que
j'appelle sillon radial. Les tentacules, au nombre de deux cent
seize environ, sont insérés sur les bords des sillons radiaux
(fig. S); chacun d'eux a la forme d'une feuille dont les bords
20 SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE d'aRCACHON
latéraux sont reployés de façon à ce que le tout constitue une
sorte de gouttière, dont la concavité regarde du côté du sillon
radial.
La face concave des tentacules est revêtue d'un bel epithelium
à longs cils vibratiles, tandis que sur la face convexe il y a une
(juantité considérable de cellules muqueuses, fortement colo-
rables par l'hématoxyline; ces cellules sont logées dans le
conjonctif du tentacule et leurs canaux excréteurs traversent
l'épithélium de revêtement.
D'après cette disposition, on conçoit facilement la physiologie
(le l'appareil; les petites particules solides collectées par les
cils vibratiles des tentacules sont engluées par le mucus qu'ils
sécrètent, et tombent dans Je sillon radial correspondant; comme
ious les sillons radiaux convergent vers la bouche, les particules
sont ainsi transportées jusque dans cet orifice.
Cette disposition singulière de la couronne tentaculaire ne
l'appelle pas du tout celle du Sipunculus nuclus; elle est iden-
iique à celle des Phascolosoma, si mal comprise en général pai'
les auteurs classiques, à l'exception toutefois de Danielssen et
Koren pour Phascolosoma Hanseni Dan. Kor.; chez cette der-
nière espèce la couronne ne présente que dix saillants; chez
Phascolosoma vulgare Blainv. l'identité est parfaite; il y a,
comme dans l'espèce d'Arcachon, douze saillants bordés de
nombreux tentacules.
Système nerveux. — Il existe un petit cerveau sans taches
oculaires (fig. 5, b); le cordon ventral est bordé comme d'habi-
tude par deux faisceaux musculaires; il ne présente rien de
particulier et se termine en pointe juste à l'extrémité du corps
Iflg. 5), sans présenter le renflement terminal connu chez Sipun-
culus nudus.
Tube cérébral. — Le Siponcle d'Arcachon possède l'organe
sensoriel connu sous le nom de tube cérébral, qui a été étudié
par divers auteurs chez les Sipunculus nudus et tesselatus. Ce
tube débute par un orifice perforé dans le grand saillant médio-
(lorsal de la couronne tentaculaire (fig. 5, b), c'est-à-dire qu'il
est morphologiquement en dehors de celle-ci; à cet orifice fait
suite un canal assez long dont la lumière a en section la forme
d'un T ou d'un X; il est revêtu d'un épithéhum très fortement
vibratile sur la face qui regarde l'extérieur. Le canal descend
jusqu'au contact du cerveau et se termine en ceecum en s'étalant
STATION BIOLOGIQUE 21
quelque peu; il n'est pas douteux, comme Fa bien décrit Metal-
nikoffpour Sipunculus nudus, que cette terminaison du canal
cérébral est richement innervée- C'est évidemment un organe
sensoriel qui doit apprécier certaines qualités de l'eau; il est
possible, comme le pense Ward, qu'il soit homologue aux
« coussins ciliés » des Phascolosoma, dont j'ai décrit ailleurs la
structure et la riche innervation, mais ce n'est pas certain :
les coussins ciliés sont une formation paire qui reçoit deux
gros nerfs du cerveau, tandis que le tube cérébral est nettement
impair. En tout cas, ces deux organes rappellent beaucoup les
organes nucaux des Némertiens et des Annélides Polychètes,
auxquels on s'accorde à attribuer une- fonction olfactive.
Tube digestif (fig. 5). — Le tube digestif débute par un œso-
phage compris d'abord entre les quatre rétracteurs de l'intro-
vert et devenant ensuite libre; puis vient l'intestin, de couleur
différente, qui forme une spire descendante qui va jusqu'à
l'extrémité du corps, puis se recourbe en une seconde spire
ascendante dont les tours sont parallèles et accolés à ceux
de la première. A partir du point où la spire ascendante
croise l'œsophage, l'intestin redevient droit (rectum) et aboutit
à l'anus dorsal; au début du rectum se trouve un diverticule,
petite poche saillante et pyriforme.
Gouttière vibratile. — La gouttière vibratile de l'intestin rap-
pelle celle de Sijjunculus nudus; elle débute au commencement
de la spire descendante, exactement à la fin de l'œsophage
(fig. 5, k), suit tout l'intestin spiral et se termine, comme d'ordi-
naire, dans le diverticule placé au début du rectum.
Muscle de la spire et brides musculaires (fig. 5j. — La double
spire intestinale a comme axe un cordon musculaire (muscle de
la spire) qui s'attache à la paroi du corps à ses deux extrémités :
antérieurement, au niveau exact du diverticule intestinal, il se
divise en trois branches : une qui longe le rectum et va s'insérer
juste au-dessus de l'anus; une deuxième qui s'insère un peu
au-dessus de l'attache du rétracteur dorsal droit, et une troi-
sième, plus courte, qui rejoint le corps un peu à gauche de
l'attache du rétracteur dorsal gauche. Postérieurement, le mus-
cle sort de la spire et va s'attacher à la paroi du corps, à droite
du cordon nerveux, puis descend le long de ce cordon, en émet-
tant de nombreuses brides latérales, pour se terminer un peu
au-dessus de l'extrémité aborale.
22 SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE D'aRCACHON
Outre le muscle de la spire et ses branches, j'ai encore vu
une petite bride, peut-être inconstante, qui s'insère d'une part
sur l'œsophage, d'autre part immédiatement à droite du cordon
nerveux, au niveau de l'attache du rétracteur dorsal droit.
Appareil tentaculaire. — Les tentacules de la couronne péri-
buccale sont creusés de cavités irrégulières dans lesquelles
circulent des globules sanguins; ces cavités communiquent
(outes avec un réseau annulaire qui fait le tour de la face orale;
un diverticule de cet anneau (sinus péricérébral) entoure une
grande partie du cerveau. Dorsalement, il sort du sinus péricé-
rébral un long caecum, le canal de Poli ou réservoir tentaculaire,
qui court sur la face dorsale de l'œsophage (fig. 5, r), et se
termine juste au point où commence l'intestin descendant. Le
canal de Poli est d'abord rectiligne et lisse, puis se hérisse de
villosités qui persistent jusqu'à sa terminaison; au microscope,
ces villosités montrent une mince paroi revêtue extérieurement
de l'épithélium peritoneal, constitué ici par des cellules à grands
cils vibratiles et des cellules chloragogènes, et intérieurement
par des cellules vibratiles, éparses çà et là, qui déterminent un
vif mouvement tourbillonnant dans les globules du canal de Poli.
Ces villosités, qui n'existent pas chez Sipunculus nudus, sont
connues chez beaucoup d'autres Sipunculiens des genres Phas-
colosoma, Phascolion et Physconosoma; le Sipunculus boho-
lensis Semper et quelques autres en présentent de toutes sem-
blables à celles du Siponcle d'Arcachon.
Néphridies. — Les néphridies (fig. 5) sont deux longs tubes,
de couleur jaune brun, attachés à la paroi du corps par l'extré-
mité antérieure seulement, oii se trouvent très près l'un de
l'autre le pavillon vibratile et l'orifice externe. Le pavillon vibra-
tile a une grande lèvre dorsale, contournée en cornes de bélier,
dont le milieu est lisse et les deux bords frangés. Dans les injec-
tions physiologiques, les néphridies éliminent l'indigocarmin
injecté dans le cœlome, comme chez Sipunculus nudus, Phasco-
losoma, Phascolion, Aspidosiphon, etc.
Vésicules prénéphridiennes (fig. 5, o). — En avant des pavil-
lons néphridiens on voit sur les muscles longitudinaux un cer-
tain nombre de tubercules transparents, pyriformes, disposés
vaguement en série; au microscope, ils apparaissent comme des
vésicules limitées par une mince paroi revêtue extérieurement
de cellules péritonéales, dont beaucoup portent de longs cils
STATION BIOLOGIQUE 23
vibratiJes; il n'y a pas d'épithélium interne; ils renferment un
liquide, qui est sans doute du plasma transsudé, dans lequel
il y a en suspension quelques amibocytes migrants et des
paquets d'aiguilles cristallines incolores. J'ignore tout à fait
quelle peut être la signification de ces vésicules, qui paraissent
exister aussi chez le Sipunculus boholensis Semper; dans la
monographie classique de Selenka, de Man et Biilow, il est
signalé pour cette espèce des <( excroissances en forme de villo-
sités, de consistance cartilagineuse, qui se trouvent sur la paroi
interne du corps, dans un champ de 2 à 3 centimètres carrés,
immédiatement avant l'orifice des néphridies. »
Glandes aborales (fig. 5, n). — L'extrémité postérieure du
corps se termine par un petit cercle résistant dont je n'ai pas
étudié la structure, sur lequel! s'insèrent les muscles longitudi-
naux. Dans ce cercle débouchent quatre glandes tubulaires
d'environ 5 millimètres de long, de couleur jaune d'or, qui pen-
dent librement dans le cœlome. Ces glandes sont formées de
grosses cellules bourrées de boules réfringentes, qui ne se colo-
rent pas par l'acide osmique. Je ne sais pas quel rôle peuvent
jouer ces glandes, qui n'ont jamais été rencontrées jusqu'ici
chez les Sipunculiens.
Revêtement peritoneal. — Le revêtement peritoneal est très
complexe, comme il est d'habitude chez les Sipunculiens; on y
rencontre trois sortes de cellules ou d'organites : 1° des cellules
plates à longs cils vibratiles, remarquablement actifs (notam-
ment sur le tube digestif, les villosités du canal de Poli, les vési-
cules prénéphridiennes, dans les canaux hypodermiques, etc.);
2° des cellules excrétrices, non vibratiles, qui renferment des
granules jaunes ou incolores; ce sont des chloragogènes typi-
ques, qui prennent généralement le carminate dans les injections
physiologiques, comme les néphrocytes homologues de Sipun-
culus nudus, Phascolosoma, Physconnsoma, Aspidosiphon; on
trouve ces cellules sur l'œsophage et la spire ascendante de
l'intestin jusqu'au rectum, sur les villosités du canal de Poli, et
enfin sur les vésicules prénéphridiennes; 3° des urnes fixes,
qui se trouvent exclusivement sur la spire ascendante de l'in-
testin, mêlées aux cellules vibratiles et aux chloragogènes, et
sur quelques brides mésentériques attenantes à cette partie de
l'intestin- Ces urnes sont absolument identiques à celles que
j'ai décrites chez Phascolosoma vulgare, à la même place : ce
2i. SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE D'ARCACHON
s(jiit des sortes de bonnets, ouverts plus ou moins largement,
qui dépendent du conjonctif intestinal; le bord libre du bonnet
est garni d'une grande cellule en fer à cheval, à noyau médian,
portant des cils vibratiles très longs et très actifs, qui semblent
se rabattre sur l'ouverture du bonnet. Ces urnes possèdent la
même propriété agglutinante que j'ai reconnue à celles de Phas-
colosoma vulgar e et capturent l'encre de Chine injectée dans
le cœlome.
Liquide cœlomique. — La cavité cœlomique est remplie d'un
liquide dont la teinte varie du blanc au rouge brun très foncé,
suivant son degré d'oxydation; il renferme en suspension un
grand nombre d'éléments figurés, qui peuvent se classer en
quatre catégories : hématies, amibocytes variés, vésicules énig-
matiques, produits génitaux. Les urnes libres, si curieuses, du
Sipunculus nudus n'existent pas chez cette espèce; elles sont
remplacées fonctionnellement par les urnes fixes de l'intestin.
1° Hématies. — Les hématies sont des cellules plates, de
contour circulaire ou ovalaire, de 12 [x environ de diamètre;
leur corps cellulaire, uniformément teinté en rose, renferme un
noyau et de petites vacuoles excrétrices. Ces hématies, comme
chez tous les Sipunculiens, renferment un albuminoïde riche
en fer, l'hémérythrine, auquel sont dus les changements de
couleur du liquide cœlomique exposé à l'air.
2° Amibocytes. — Les amibocytes revêtent des aspects très
variés, qu'il n'est pas toujours facile de rattacher les uns aux
autres : 1° il y a des formes jeunes, douées à un haut degré de la
propriété phagocytaire, dont le cytoplasme est hyalin et sans
enclaves; 2" des globules plus évolués, dont le cytoplasme est
rempli de grains arrondis ou bien fusiformes (grains acido-
phils); leur pouvoir phagocytaire est diminué ou même nul;
3° amibocytes non phagocytaires, bourrés de gros grains peu
réfringents (grains neutrophiles?).
3° Vésicules énigmatiques. — Ces singuliers éléments, très
nombreux, sont d'énormes vésicules creuses mesurant jusqu'à
400 [>. de diamètre; leur mince paroi n'est pas divisée en cellules
polygonales, comme dans les vésicules de Sipunculus nudus;
elle supporte des noyaux épars, accompagnés chacun d'une
petite masse de cytoplasme dense (archoplasme?) qui émet des
filaments rayonnants; il n'y a pas la moindre séparation entre
les tei'ritoires relevant des différents noyaux; par ce caractère,
STATION BIOLOGIQUE 25
ces vésicules se rapprochent beaucoup de celles de Phascolo-
soma vulgare. A ma grande surprise, j'ai constaté à plusieurs
reprises que certaines vésicules, peu nombreuses du reste,
portaient des cils vibratiles, émis par les amas cytoplasmiques
dont il a été question plus haut; il m'a paru qu'il n'y avait par
vésicule qu'un petit nombre de bouquets de cils, qui suffisent
cependant pour faire rouler les vésicules dans le liquide cœlo-
mique.
Comme chez les autres Sipunculiens, les vésicules énigma-
tiques, dont l'origine première est inconnue, grandissent dans
le cœlome; les plus petites ont la valeur d'une cellule, car elles
ne possèdent qu'un noyau entouré de cytoplasme rayonnant; ce
noyau se multiplie par division directe pendant que la vésicule
grandit, et on arrive ainsi aux énormes vésicules plurinucléées.
J'ai vu bien souvent des vésicules dont les noyaux présentaient
tous les stades de la division directe; le noyau s'étrangle et se
sépare en deux noyaux-fils qui s'écartent l'un de l'autre, em-
portant chacun la moitié de l'archoplasme.
Organes génitaux. — La ponte devait avoir eu lieu en juin-
juillet, car il y avait peu ou point de produits sexuels flottant
dans le liquide cœlomique des individus recueillis au mois
d'août. La glande génitale est une belle frange ondulée, qui
longe l'attache des deux rétracteurs ventraux en passant sous
le cordon nerveux (fig. 5, q).
Affinités et i)lace systématique du Siponcle (VArcachon. —
Parmi les Sipunculiens, il n'y a que deux genres, Sipunculus et
Physconosoma (i), qui présentent une musculature longitudi-
nale divisée en cordons; les Physconosoma ont une couronne
tentaculaire située tout entière du côté dorsal par rapport à
la bouche, une petite taille et des papilles sur le corps, ce qui
ne permet pas d'y faire rentrer mon espèce. Ses caractères
autorisent à la placer dans le genre Sipunculus, qui est du
reste assez hétérogène : la grande taille, l'absence de papilles
sur le corps, les canaux hypodermiques, le tube cérébral, sont
les points principaux de ressemblance avec les espèces de ce
genre.
On connaît actuellement une vingtaine d'espèces de Sipun-
(') J'ai adopté ce nom, proposé par Bather (Echinoderma du Zool. Record pour
1900, p. 77), pour remplacer Phymosoma ou Physcosonia, noms qui prêtaient à
confusion.
26 SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE D'aRCACHON
cuius, plus ou moins bien décrites, dont une seule seulement
{S. auslralis Kef.) possède des anneaux de crochets sur l'intro-
vert, beaucoup moins nombreux que chez l'espèce d'/Vrcachon;
celle-ci est donc nouvelle, et je propose de l'appeler Sipunculus
arcassonensis, pour rappeler son origine.
Les affinités du S. arcassonensis sont assez intéressantes;
son anatomic est très différente de celle des Siponcles européens,
côtiers ou abyssaux : S. nudus L., tesselaius Rafm., priapu-
loïdes Kor. Dan., norvégiens Kor. Dan., nitidus Sluiter. Par
contre, il ressemble singulièrement à des espèces du Pacifique,
les S. auslralis Kef. (Philippines, îles Fidji, Australie), et hoho-
lensis Semper (Philippines) : chez la première espèce, il y a de
nombreuses rangées de crochets sur l'introvert, de nombreux
tentacules, des rétracteurs dorsaux insérés bien au-dessus des
rétracteurs ventraux plus larges, un muscle de la spire qui
s'insère d'une part près de l'anus et d'autre part à l'extrémité
postérieure du corps, un unique canal de Poli; chez la seconde,
il y a un muscle de la spire dont les attaches sont disposées
identiquement comme chez areas sonensis, des villosités sur le
canal de Poli et des vésicules prénéphridiennes. Ce sont assuré-
ment de curieux rapprochements; mais, comme ils sont accom-
pagnés de quelques dissemblances, il me semble que ces carac-
tères communs sont plutôt des convergences que l'indice d'une
parenté réelle, bien difficile à admettre entre des espèces si
éloignées géographiquement.
Phascolion strombi Montagu.
Le Phascolion strombi est souvent rapporté par le chalut,
au large d'Arcachon, par 30 à 60 brasses de fond; il est logé
dans de vieilles coquilles de Nassa ou de Chenopus pes-pelecani
L., fréquemment recouvertes d'une Eponge arrondie et lisse
{Ficulina ficus Johnston); le Phascolion est du reste une espèce
fort répandue, depuis le Spitzberg, le long des côtes de Norwège,
jusqu'au Sund, en Irlande, sur les côtes anglaises, la Manche
(Roscoff), la côte ouest de France (le Croisic), le golfe de Gas-
cogne (63 mètres de fond, d'après Sluiter), la Méditerranée,
l'Adriatique, etc. On trouvera à son sujet de bons renseigne-
ments biolodques et anatomiques dans les monographies de
Théel et de Brumpt.
STATION BIOLOGIQUE 27
Commensaux et parasites. — L'orifice de la coquille est en
partie murée avec des particules terreuses, de façon à ménager
deux orifices, l'un assez grand pour l'introvert du Phascolion,
l'autre tout petit, par lequel sort un Syllidien commensal. Ce
Syllidien, dont le nom n'est pas encore bien fixé (i), paraît être
un compagnon fidèle du PhascoUon, au moins sur nos côtes; il
a été signalé déjà au Croisic (Chevreux) et à Roscoff (Brumpt);
je l'ai toujours rencontré dans les coquilles à Phascolion que
j'ai eues entre les mains.
Les Phascolion d'Arcachon hébergent fréquemment un autre
commensal, fixé cette fois sur les téguments; c'est un Bryozoaire
du genre Loxosoma, qui a été signalé en Norwège (Théel), à
Roscoff (Brumpt) et dans le golfe de Gascogne (Sluiter); ce
dernier auteur le désigne comme Loxosoma phascolosomatum
C. Vogt; mais il est probable que c'est une espèce différente,
qui est encore à décrire.
Nancy, 20 mai 1902.
INDEX BIBLIOGRAPHIQUE
Brumpt. — Quelques faits relatifs à l'histoire du Phascolion strombi
(Montagu) {Arch. zool. exp., (3), t. V, 1897, p. 483).
Chevreux. — Une excursion zoologique en baie du Croisic {Feuille
des jeunes nat., 16^ année, 1" mars 1886, voir p. 55).
GuÉNOT. — Le Phascolosome {Zool. descriptive de Boutait, t. I, 1900,
p. 386. Paris, Doin).
— La valeur respiratoire du liquide cavitaire chez quelques Inver-
tébrés {Travaux de la Soc. scietit. et Station zool. d'Arcachon,
1900-1901, p. 107).
Danielssen et Korex. — Gephyrea ( The Norwegian North -Atlantic
expedition. Christiania, 1881).
Hatschek. — Ueber Entwicklung von Sipunculus nudus {Arh. a. d.
zool. Inst. ^Men, Bd V, 1884, p. 61).
Lo Bianco. — Notizie biologiche riguardanti specialmente il periodo
(1) Chevrelx pense que c'est une variété de Tespèce méditerranéenne Stjllis sexo-
culaia Ehl , nom qui est considéré comme un synonyme de tî. cornuta Ratlike. Il
est douteux que cette assimilation soit justifiée.
28 SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE D'ARCACHON
di maturita sessuale degli animali del golfo di Napoli (Mitth. a. d.
zool. St. Neapel, Bd XIII, 18J9, voir p. 481).
Metalnikoff. — Sipunculus nudus {Zeit. fur wiss. Zool., Bd LXVIII,
1900, p. 26 J).
Selenka, de Man et BiiLOW. — Die Sipunculiden {Semper' s Reisen
im Archipel der Philippinen. Wiesbaden, 1883).
Sluiter. — Géphyriens (Sipunculides et Echiurides) provenant des
campagnes de V Hirondelle et de la Princesse-Alice {Campagnes
scientifiques du prince de Monaco, fasc. XV, 1900).
TiiÉEL. — Recherches sur le Phascolion strombi (Mont.) {Kongl. Sv. Vct.-
Akad. Handlingar, Bd XIV, Hft 1, 1875).
Ward. — On some points in the anatomy and histology of Sipunculus
nudus {Bull, of the mus. of comp. Zool. at Harvard College,
t. XXI, 1891, p. 143).
Explication de la Planche.
Toutes les figures se rapportent au Sipunculus arcassonensis nov. sp.)
FiG. 1. — Siponcle en complète extension, vu de profil, le côté dorsal étant à droite :
a, couronne tentaculaire; de a à b, région de l'uitrovert portant des cercles de
crochets; de 6 à c, tin de l'introvert avec sillons circulaires, mais sans crochets;
d, anus; e, oiifice de la néphridie gauche. Demi-grandeur naturelle.
FiG. 2. — Figure un peu schématique de Textreniite céphalique, vue du côté ventral;
la couronne tentaculaire est représentée seulement par la ligne d'insertion des
tentacules : a, bouche; b, orifice du tube cérébral; c, grand saillant ventral;
d, sillon radial; e, ceicles de crochets. X 6.
FiG. 3. — Un des rentrants de la couronne tentaculaire; les tentacules qui bordent
le sillon radial sont écartés à droite et à gauche, de façon à bien découvrir la
largeur du sillon : a, tentacules qui bordent les sillons voisins à droite et à
gauche.
FiG. 4. — 37" et 38« anneaux de l'introvert sur une préparation étalée et éclaircie au
baume de Canada: a, crochet vu de profil; b, corpuscule sensitif avec son
oritice central, X t20.
FiG. 5. — Siponcle ouvert suivant la ligne médio-dorsale, l'incision passant un peu
à gauche de l'anus pour ménager cet oritice; l'introvert est à demi dévaginé,
rinteslin a été rejeté vers la gauche : a, région renllée correspondant à la cou-
ronne tentaculaire invaginée; b, cerveau; c, cordon nerveux ventral; d, muscle
rétracteur dorsal; e, rétracteur ventral; f, œsophage; g, spire descendante de
l'intesliii; /*, spire ascendante; i, rectum; k, point précis où commence la
gouttière vibratile de l'intestin (spire descendante); 1, diverticiile (fin de la
goultiére); m, muscle de la spire; n, glande aborale; o, vésicules prénéphri-
diennes; p, pavillon vibratile de la néphridie; q, frange génitale; r, canal de
Poli (région à villosités). Grandeur naturelle.
Srpunculus arcassonensis iiov.sp.
STATION BIOLOGIQUE 29
II
EXCURSIONS ZOOLOGIQUES
A LA
STATION D'ARCACHON ET A SON ANNEXE DE GUÉTHARY (Basses-Pyrénées)
Pendant l'année scolaire t90I-IQ0S.
A. GRtIVEL
Maître de conférences à la Faculté des Sciences (Université de Bordeaux).
L'année dernière, je remerciais ici même la Société scienti-
fique d'Arcachon d'avoir bien voulu mettre à la disposition de
l'Université une somme de deux cents francs pour favoriser
le développement des excursions à la Station. Cette année, la
même Société a bien voulu renouveler son vote de l'année
dernière.
Si les mauvais exemples sont contagieux, les bons le sont
aussi quelquefois, et celui de la Société scientifique d'Arcachon
a été suivi par le Conseil de l'Université. Sur ma demande et
sur la proposition de notre dévoué Recteur, M. Bizos, le Con-
seil de l'Université a bien voulu vqter une somme de deux
cents francs pour les excursions scientifiques des Étudiants de
la Faculté des Sciences.
La Société des Amis de l'Université, pour s'intéresser à nos
eiforts et suivant l'exemple qui lui était donné, a mis à notre
disposition une somme de cinquante francs.
Enfin, M. le Professeur Pérez a aussi partagé aux Étudiants
une certaine somme, et réduit ainsi notablement leur cotisa-
tion personnelle.
Grâce à tous ces généreux concours, il nous a été possible
d'organiser de très belles excursions, les unes purement
30 SOCIETE SCIENTIFIQUE D ARCACHON
zoologiques, les autres à la fois zoologiques et botaniques, tout
en ne demandant à nos Étudiants qu'un léger sacrifice pécu-
nier.
C'était là le but vers lequel nous tendions depuis un certain
nombre d'années. Qu'il nous soit donc permis, au nom des
Étudiants de la Faculté des Sciences et en notre nom per-
sonnel, d'adresser nos plus sincères remerciements à la
Société scientifique d'Arcachon, initiatrice; au Conseil de
l'Université de Bordeaux et à la Société des Amis de l'Uni-
versité, pour le concours précieux qu'il nous ont fourni cette
année. Nous espérons rencontrer l'année prochaine le même
dévouement à l'œuvre que nous avons entreprise et dont nos
Étudiants ont pu, à plusieurs reprises, apprécier les heureux
résultats.
Le dimanche 13 avril avait lieu à Arcachon notre première
excursion de l'année ; elle a consisté en dragages dans le Bassin
le matin et en une visite de l'Aquarium et du Musée après le
déjeuner.
Le dimanche 1®^ juin nous retournions à Arcachon, où
nous travaillions à marée basse sur les crassats. Je n'in-
sisterai pas sur ces deux excursions, j'en ai déjà parlé ici.
La grande excursion de l'année devait avoir lieu au Labo-
ratoire Arago, à Banyuls-sur-Mer, où M. le Professeur Pruvot,
directeur du Laboratoire, et M. le D'"Racovitza, sous-directeur,
avaient bien voulu nous promettre l'hospitalité. Tout était
prêt, le programme arrêté et la plupart des inscriptions
reçues, lorsqu'une lettre est venue nous apprendre que la
chaudière du vapeur du Laboratoire le Roland était percée
et qu'elle ne pouvait pas être remise en place avant la fin de
juin.
Force nous a donc été de renoncer, pour cette année, à
cette excursion, qui promettait d'être fort intéressante. Nous
espérons bien que ce n'est que partie remise et que nous
pourrons, l'été prochain, reprendre le programme qui avait
été élaboré pour cette année.
La grande excursion a donc eu lieu à Guéthary, à l'Annexe de
la Société scientifique, que nous connaissions déjà depuis l'an-
née dernière, et où M. le D^ Lalesqne, le sympathique et toujours
dévoué président de la Société scientifique, et M. le D'" Sellier,
STATION BIOLOGIQUE 31
le savant sous-directeur de la Station, sont venus nous faire
les honneurs du petit Laboratoire, qu'il est question, paraît-il,
d'agrandir incessamment. C'est là une excellente idée qui fait
honneur à la Société ! La côte est fort riche à Guéthary, et il
serait heureux qu'un ou deux travailleurs puissent être
abrités et logés à l'Annexe de la Station d'Arcachon!
Comme l'année dernière, nous avons fait une marée à
Saint-Jean-de-Luz et une autre à Guéthary, et nous avons pu
recueillir et montrer aux Étudiants une soixantaine d'espèces
au moins de Mollusques, Crustacés, Vers, Échinodermes, etc.
Les Nudibranches, dont nous avions récolté l'année dernière
un certain nombre d'exemplaires très intéressants, ont un peu
manqué cette année, très probablement à cause du mauvais
temps froid qu'il n'avait cessé de faire et qu'il faisait même
lors de notre passage.
Les deux derniers jours ont été passés à Zarauz, petite ville
de la côte espagnole, à vingt-cinq kilomètres de Saint-Sébas-
tien. Nous avons pu y faire, le premier jour, une marée. La
plage, très large, est entièrement sableuse, et les espèces de
sable que nous espérions y récolter en abondance faisaient
presque absolument défaut, toujours probablement à cause de
la température, trop basse. Cette plage est limitée, de chaque
côté, par de gros blocs de rochers où nous avons recueilli quel-
ques espèces intéressantes que nous n'avions pas rencontrées
jusqu'ici, comme Pollicipes cornucopia, par exemple.
Le quatrième et dernier jour a été entièrement consacré, la
matinée à une excursion botanique le long de cette magnifique
corniche qui conduit de Zarauz à Guétaria, et l'après-midi au
retour par Saint- Sébastien.
Bien que nous ayons pu, pendant les trois marées, faire
une abondante récolte, beaucoup d'espèces plus délicates et
que nous avions rencontrées l'année dernière, n'ont pas été
trouvées cette fois. Cela tient à ce que, pendant les journées
des 7, 8, 9 et 40 mai, la température s'est tenue très basse
et qu'elle ne s'était encore pas élevée suffisamment de toute
l'année.
J'insisterai particulièrement ici sur les détails de la der-
nière excursion, faite les 23 et 24 juin, à bord de l'un
des meilleurs vapeurs de la Compagnie des « Pêcheries de
32 SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE d'aRCACHON
l'Océan i>, le Courlis, et je voudrais montrer quel précieux
avantage il y a pour la Station zoologique d'Arcachon de
pouvoir embarquer gratuitement ses travailleurs à bord des
bateaux de pêche grâce à la bienveillance de la « Société des
Pêcheries». Le nombre des espèces de poissons, crustacés,
mollusques, cœlentérés, etc., ramenées par les engins de
pêche est parfois considérable, et comme beaucoup sont en
excellent état en arrivant à bord, le parti qu'on en peut tirer
pour les recherches scientifiques est évidemment excellent.
Le lundi matin 23 juin nous embarquons donc, au nombre
de huit, sur le Courlis. Avec nous, suit tout un cortège de
literie, couvertures, provisions, engins, flacons, réactifs, etc.
Partis du débarcadère vers les six heures et demie, nous
atteignons les passes une heure après, et à huit heures nous
prenons la pleine mer, nous dirigeant d'abord vers le large,
puis vers le sud en suivant la côte, parallèlement, à une dizaine
ou douze milles au large par trente à trente-cinq brasses,
soit environ 50 à 60 mètres de fond.
La nature sableuse du fond étant reconnue par un sondage
préalable, l'engin, qui est cette fois le panneau, est mis à la
mer, et le bateau, sous petite vitesse, s'avance vers le sud.
A peine en mer, nous apercevons quelques marsouins qui
viennent nous escorter en jouant autour du navire, et nous
regrettons que la vitesse nous empêche d'en harponner un
au passage. A peine disparus, on signale à quelques mètres
de nous une sorte de grand aileron vertical qui se balance et
file lentement vers le large: c'est un môle (Orthagoriscus
mola) qui passe près du bateau et dont la haute nageoire
dorsale apparaît seule hors de l'eau. Les marins nous disent
qu'ils n'en voient que rarement dans le golfe.
L'engin avec lequel nous péchons, le panneau, diffère du
chalut en ce que les deux extrémités du filet, distantes d'envi-
ron 25 mètres, portent chacune un large panneau de bois qui,
par la vitesse du bateau, tend à s'écarter de plus en plus
du centre, et par conséquent tient la corde inférieure ou
bourrelet constamment tendue. On a ajouté à celui-ci une
chaîne qui, raclant le fond en avant de l'ouverture du filet,
soulève les poissons plats et les divers animaux fixés au fond.
Une fois soulevés, ils sont pris dans le fdet, qui rapidement
EXCURSION ZOOLOGIQUE DU 28 JUIN
Le "Courlis" pendcAnL la traîne clvi "panneau
i
t
EXCURSION ZOOLOGIQUE DU aS JUIN
RésTJ-ltat d'un coup de " pan nea
STATION BIOLOGIQUE 33
leur arrive dessus. Dans le chalut, au contraire, c'est une
longue barre qui maintient béante l'ouverture du filet.
Cette disposition des engins a son importance au point de
vue des recherches scientifiques. Avec le chalut, le fond est
plus fortement raclé; on peut, par conséquent, décrocher un
plus grand nombre d'animaux fixés au fond, mais ils arrivent
souvent en mauvais état à la surface. Avec le panneau, le
nombre des animaux récoltés est peut-être un peu moins
grand et ceux qui sont énergiquement fixés au fond ne sont
que difficilement entraînés, mais ils arrivent dans de bien
meilleures conditions, la plupart même, poissons ou autres,
parfaitement vivants.
Chacun des engins présente donc, au point de vue qui nous
intéresse, à la fois des avantages et des inconvénients.
Mais il y a cinq heures que l'appareil traîne sur le fond à
une vitesse de 4 à 5 nœuds, et on se dispose à le relever pour
la première fois.
Celui qui n'a jamais assisté à une de ces grandes pêches ne
peut pas se faire une idée exacte de l'aspect présenté par le
pont du navire, quand, le fond du filet étant ouvert brusque-
ment, la masse énorme d'animaux qu'il contient se répand
ainsi, de tous côtés, dans un frétillement intense. La photogra-
phie ci-jointe n'en peut donner qu'une faible idée ! Il y en a
chaque fois en moyenne de 350 à 500 kilos environ. C'est un
spectacle curieux, autant par la quantité que par la variété
des formes qui se trémoussent à vos pieds, et qui ne laisse
pas que d'étonner et d'enthousiasmer ceux des nôtres qui y
assistent pour la première fois !
D'un coup d'œil l'équipage se rend compte de la valeur
commerciale de son coup de filet, car il y est intéressé à
plusieurs points de vue!
Les poissons plats, surtout les soles, sont particulièrement,
recherchés. Il y en a de plusieurs espèces (Solea vulgaris,
S. melanochira et S. lascaris), puis d'autres moins appré-
ciées, que, dans leur langage pittoresque, les marins ont
baptisé du nom curieux de « langue d'avocat » (S. cuneata);
puis les «mères des soles», ainsi nommées probablement
parce qu'elles sont en général plus grandes que les soles vraies
f Pleur 07iectes megastoma).
SOCIÉTÉ d'Arcachon. 3
34 SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE D'aRCACHON
Cette espèce est bien moins délicate et, par conséquent,
moins recherchée par les pêcheurs, mais plus d'une per-
sonne en a acheté et mangé sous le nom de sole !
Quelques turbots (Rhombus maximus) et des barbues
(R. lœuis) qui se trouvent disséminés au milieu du tas sont
rapidement saisis par les crochets et placés dans des mannes
spéciales. Ce sont encore là de bonnes prises !
L'effort de la pêche est dirigé, en ce moment, contre ce
petit poisson, d'un goût fin et délicat, très apprécié, et par con-
séquent de valeur commerciale élevée, qu'on appelle le rouget
(Mullus barbatus).
Dans ce coup de filet il y en a peu, mais le nombre relati-
vement élevé des soles compense le manque de rougets. Quel-
ques raies de belle taille glissent sur le tas de poissons; ce
sont surtout : la raie bouclée (Raia clavataj et la raie à long
nez (R. macrorhynchus) . La raie ordinaire (R. bâtis) fait pour
ainsi dire défaut. La seconde espèce est énorme, mais d'une
vente assez difficile. On ne s'embarrasse pas de l'animal entier :
on coupe simplement les deux côtés, et la partie centrale est
rejetée à la mer.
La plus grande quantité de poisson est représentée par des
vives (Trachinus draco et T. viper a) dont les marins ont une
sainte peur. L'un des nôtres a été piqué par un de ces animaux
et a ressenti pendant plusieurs heures une vive douleur. Les
merlans sont aussi largement représentés (Merlangus vulgaris
et M. pollachius).
On choisit les plus beaux, car tout ce poisson ne donne pas
à la vente un rendement bien merveilleux.
Par-ci par-là on aperçoit quelques daurades fChrysophry-
surata), des grisets (Cantharus griseus) et un poisson voisin,
très curieux de forme, avec deux taches noires sur les côtés,
en arrière des ouïes, que les marins désignent sous le nom de
roses (Zeus faber). Il court une naïve légende à propos de ces
deux taches noires !
Quelques grondins, peu nombreux, se trouvent mélangés
aux autres poissons. Plusieurs espèces sont représentées {Tri-
gla Fini ou Rouget commun, qu'il ne faut pas confondre avec
le rouget dont nous avons parlé plus haut, T. gurnardus et
T. lyra). Des merlus (Merlucius vulgaris), petits et rares, com-
STATION BIOLOGIQUE 35
plètent la liste des espèces comestibles, et qui auront l'hon-
neur de rester à bord, tout au moins en ce qui concerne les
plus beaux échantillons. On y ajoute cependant certaines par-
ties d'une grande roussette {Scyllium canicula) qui a été
capturée, et d'une baudroie (Lophins piscatorius), dont il
existe un exemplaire, énorme et hideux, et quelques autres
petits, tout petits, qui ne tardent pas à mourir.
Tout le reste devient notre propriété, et chacun cherche ce
qui l'intéresse dans cet amas gluant d'animaux de toutes sortes.
Le marin de la Station commence par mettre de côté, dans des
bailles remplies d'eau fraîche, les torpilles (Torpedo marmo-
rata), petites ou grosses, que nous rencontrons en assez grande
quantité. On a dénommé ce poisson le « tremble » à cause
des secousses électriques qu'il donne lorsqu'on le touche en
certaines régions du corps. II y a également quelques petites
roussettes mortes (Scyllium catulus), une émissole (Mustelus
vulgaris) et une tère (Trygon vulgaris).
Tel est, à peu près, le bilan de notre premier coup de filet
en ce qui concerne seulement les Poissons.
Les Invertébrés ramenés du fond sont aussi assez nombreux,
et les groupes les mieux représentés sont: les Mollusques, les
Échinodermes, les Crustacés et les Cœlentérés.
Parmi les Mollusques, les Céphalopodes sont en plus grand
nombre, et nous avons pu recueillir des poulpes (Octopus
vulgaris) de taille vraiment respectable. Quelques seiches
(Sepia officinalis) et de très nombreux calmars (Loligo vul-
garis). Noire étonnement a été grand quand nous avons vu
recueillir tous les calmars dans une manne, comme pour le
meilleur poisson. Il paraît que tous ces animaux sont expédiés
sur le littoral méditerranéen, où ils servent à la consommation;
leur valeur commerciale est relativement élevée ! Beaucoup
d'autres mollusques : Cardium aculeatum et tuberculatum,
Pectunculus pilosus et P. glycimeris, de nombreux Sca-
phander lignarius, des Cassis saburon et surtout Buccinum
undatum.
Quelques turritelles (Turritella cornea) et une coquille toute
biscornue (Chenopus pespelicani), le plus souvent habitée par
un géphyrien.
Quelques anomies (Anomia ephippium) se rencontrent
36 SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE D'aRCACHON
accolées à certaines coquilles, ainsi que de grands pectens
(Pecten maximus), que les marins ont bien soin de mettre de
côté pour les trouver au bon moment!
De nombreuses avicules (Avicula tarentina) de toutes dimen-
sions sont fixées sur des touffes d'Hydraires ou des branches
de Gorgones, et l'engin rapporte parfois des coquilles vides de
jambonneaux (Pinna nobilis) de plusieurs variétés.
Ce sont là les espèces courantes que l'on est sûr, ou à peu
près, de ramener à chaque coup de filet, mais bien d'autres
sont capturées accidentellement. C'est ainsi qu'une Tethys
fimbriata fut prise dans une précédente excursion, et combien
d'autres!
Parmi les Crustacés on trouve de nombreuses araignées de
mer (Maïa squinado)^ quelques iourtecmx(Platycarcinus pagu-
rus). Presque toutes les coquilles vides sont habitées par des
Bernards l'Hermite (Pagurus hernardus et P. oculatusj. Quel-
ques autres espèces sont également représentées, en nombre
variable : Pisa tetraodon, Palinurus vulgaris (Langoustes),
rares et Scalpellum vulgare sur des touffes d'Hydraires ou sur
des Gorgones, etc.
Les Echinodermes les plus communs sont : Aster acanthion
ruhens, Astropecten aurantiacus et Ophiotryx fragilis, en
grande quantité.
Quelquefois, mais rarement, l'engin ramène de superbes
exemplaires, malheureusement vides pour la plupart, à! Echinus
acutus.
Plus communs sont les Spatangus (Spatangus purpureusj.
Quelques Synaptes sont aussi ramenées parfois, ainsi qu'une
magnifique liolothurie (Stichopus r eg alis), beaucoup plus rare
ici que dans la Méditerranée.
Les Coelentérés récoltés sont extrêmement intéressants pour
ceux qui les voient pour la première fois. Les Pennatules
(Pennalula rubra), les Vérétilles (Veretillum cynomorium)
très rarement V. pusillum, et les Alcyons (Alcyonum digi-
tatum) ne sont pas rares, et, mis aussitôt dans l'eau fraîche, ne
tardent pas à s'épanouir merveilleusement.
Plusieurs actinies fixées sur les coquilles se rencontrent
également à chaque coup de filet : Adamsia palliata, Sagartia
parasitica et Actinia mesembryantemum de toutes variétés.
STATION BIOLOGIQUE 37
Puis des Hydraires, des Éponges, des Bryozoaires divers, etc.
Par la nomenclature, évidemment très incomplète, des
espèces que l'on a toutes chances de ramener en plus ou
moins grande abondance, à chaque coup de lilet, on peut se
rendre compte de la merveilleuse leçon de choses que peu-
vent retirer de ces excursions les Étudiants de notre Faculté.
Le cadre particulier auquel ils ne sont pas habitués, la quan-
tité considérable d'espèces qu'ils connaissent pour la plupart
de nom, leur frappent l'imagination plus vivement, de sorte
qu'ils retiennent mieux, en même temps que les détails de
leur excursion, les types qu'on leur a montrés et pour beau-
coup desquels un mot a été dit signalant une particularité
biologique ou anatomique.
Une fois le triage terminé, le sabord est ouvert, et tout ce
qu'on a abandonné jeté impitoyablement à la mer pour servir
de pâture à d'autres animaux qui, bientôt peut-être, viendront
faire un tour sur le pont!
Les squales ne tardent pas à s'apercevoir de l'aubaine, et de
loin nous les voyons arriver, s'approcher du bateau et se livrer
à une chasse vertigineuse pour engloutir le plus de poissons
morts qu'ils peuvent. Ce sont des peaux-bleues (Carcharias
glaucusj qui se chargent ainsi du nettoyage. Ils ont de quoi
faire, du reste, car, et c'est là le seul moment attristant de
l'excursion, on rejette à la mer certainement plus de poissons
qu'on en garde à bord. Ce sont surtout les merlans, les vives,
les petits grondins, etc., et l'on songe alors avec tristesse à la
quantité de malheureux qui ne mourraient pas de faim avec
une petite partie de tout ce qui va disparaître dans l'immen-
sité des eaux !
A peu de choses près les coups de filet se ressemblent
tous. Chaque fois les quantités de poissons s'ajoutent dans
l'entrepont, et chaque fois nous augmentons nos réserves de
quelque échantillon nouveau !
Je ne veux pas terminer cette note sans dire tout le plaisir
que j'éprouve, et qu'éprouvent tous ceux qui y sont déjà venus,
à retourner au milieu de l'équipage du Courlis. Ce sont de
braves gens, toujours prêts à nous être agréables, et qui se
font une joie de nous recevoir à leur bord. Qu'ils accceptent
38 SOCIETE SCIENTIFIQUE D ARCACHON
tous, et particulièrement le capitaine, le chef et le second, nos
bien sincères remerciements!
Comme tous les ans, le dévoué Président de la Société scien-
tifique a fait tout et plus pour nous être agréables; nous le
remercierons en lui demandant longtemps l'hospitalité à la
Station, et quand je dis hospitalité, je n'exagère rien, puisque
nous avons pu, grâce aux nouvelles constructions, coucher
tous dans les chambres annexes des Laboratoires avant de
nous embarquer!
STATION J{IOLO<tIQUE 39
111
ÉTUDES
SUR LA
FIME DIAÏOMIQUE DU BASSIN D'ARGACHON
ET DES PARAGES DE L'ATLANTIQUE VOISINS DE CETTE STATION
PAR
P. BERGON
Dans ces dernières années, plusieurs savants allemands, au
piemier rang desquels il faut citer Karsten, Klebahn, Lauter-
born, Otto Mûller et Schùtt, plus récemment encore les savants
l'usses Mereschkowsky et Mitrophanow, se sont consacrés à
l'élude du contenu vivant de la cellule, ainsi que de la structure
intime de la carapace siliceuse chez les Diatomées, et ont fait
en ces matières les plus intéressantes découvertes. J'aurai sou-
vent, au cours de ce travail, l'occasion de les citer et de confir-
mer leurs observations et leurs théories.
Il est certain que cette orientation nouvelle donnée à la Dia-
tomologie conduira aux plus féconds résultats, et il est à sou-
haiter que les recherches en ce sens se multiplient et se géné-
ralisent. Ce n'est que lorsqu'on possédera la connaissance
approfondie des plus subtils détails de la membrane siliceuse
et des différents éléments constitutifs de la cellule vivante, ainsi
que des lois qui régissent ces éléments et des rapports qui exis-
tent entre eux, que l'on pourra en déduire des formules géné-
rales, qui serviront de base à une classification plus naturelle
des nombreux genres et espèces dont se compose l'importante
famille des Diatomées.
Je publierai, en une série d'études qui paraîtront sucees-
sivement dans le Bulletin de la Société scientifique d'Arcachon,
40 SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE D'ARCACHON
le résultat des recherches diatomiques que j'ai entreprises dans
cette Station depuis le mois de mai 1901.
Les documents que j'ai pu rassembler, tout en apportant
quelques faits nouveaux pour la connaissance des différents
phénomènes qui se manifestent chez ces organismes, sont bien
incomplets. J'espère être à même de les compléter par la suite,
heureux si j'ai contribué, pour une très faible part, à élucider
quelques-uns des passionnants problèmes ayant trait à la bio-
logie et à la morphologie des Diatomées.
Je décrirai d'abord les particularités observées par moi chez
les espèces qui vivent dans le bassin d'Arcachon, réservant
pour plus tard les considérations générales sur leur dispersion
et sur les lois qui régissent leur apparition et leur disparition
dans cette localité- On com,prend que ces lois ne puissent être
saisies au cours d'une seule année d'observations, et que de
nombreuses études comparatives, faites au moins durant deux
années complètes, soient nécessaires pour les formuler.
C'est pourquoi je n'ai pas indiqué, dans cette première partie
de mon ttravail, pour chaque espèce étudiée, les époques où on
la rencontre dans les pêches pélagiques. Je compte donner,
dans la dernière partie, une liste des Diatomées vivant dans le
bassin ou dans les parages de l'Atlantique voisins de cette
station, suivie d'un tableau des dates d'apparition et de dis-
parition de toutes les espèces.
Je veux maintenant, avant d'aborder le sujet de ces études,
exprimer mes remerciements le plus profondément sincères
au Président de la Société scientifique d'Arcachon et au Direc-
teur des Laboratoires pour la si précieuse hospitalité qu'ils
m'ont accordée dans cette Station, où j'ai toujours trouvé une
obligeance et un empressement absolus, qui m'ont facihté mes
recherches et permis d'entreprendre cet ouvrage de longue
haleine. Je leur suis vivement reconnaissant du si bienveillant
accueil qu'ils ont bien voulu lui réserver dans le présent Bulletin.
STATION lUO LOGIQUE 41
LES DIATOMÉES DE FOND ET LES DIATOMÉES PÉLAGIQUES
La très nombreuse famille des Diatomées se divise en deux
grandes classes, que séparent d'importantes différences biolo-
giques et morphologiques : les Diatomées de fond, qui habitent
le fond des eaux douces, marines ou saumâtres, et les Diato-
mées pélagiques, qui végètent, sinon à toutes les époques de
l'année, du moins pendant certaines périodes variant sui-
vant les espèces, dans les eaux de surface des lacs et des mers,
et dans l'es couches intermédiaires, où elles sont continuellement
véhiculées par les courants et ballottées par l'agitation de la
masse liquide.
Dans la mer, où l'on rencontre de très grandes profondeurs,
les Diatomées de fond n'existent que près des côtes, et elles s'ar-
rêtent à la limite de la zone de végétation des plantes marines en
général, c'est-à-dire à quelques centiaines de mètres. Les Dia-
tomées pélagiques, au contraire, sont répandues sur toute
l'étendue de l'Océan, à la surface duquel elles forment comme
une immense prairie, devenant moins dense dans les couches
plus profondes, pour cesser également d'exister à quelques
cent mètres de la surface.
J'ai dit plus haut que les Diatomées pélagiques n'habitaient
les couches supérieures des eaux que pendant des périodes
déterminées. En effet, on a déjà reconnu chez plusieurs espè-
ces cette particularité qu'à certaines époques, qui coïncident
pour elles avec un état de repos, elles se laissent tomber au
fond des eaux, où elles séjournent assez longtemps, pour
remonter ensuite à la surface et y recommencer une nouvelle
ère de végétation active. Ainsi qu'on le verra plus loin, j'ai pu,
chez une autre espèce encore, observer le même fait. Il est très
probable que des recherches ultérieures amèneront la consta-
tation de ces états de repos chez beaucoup d'espèces pélagiques,
car la plupart présentent ces phénomènes d'apparition et de dis-
parition successives et périodiques à la surface de la mer.
Il résulte de ce qui précède que ce groupe de Diatomées
possède la faculté de s'élever et de descendre à différents
niveaux, de façon à gagner les couches liquides les plus favo-
42 SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE d'aRCACHON
lables à leur mode de végélation. Lorsqu'elles sont en végéta-
Uon active, il est important pour elles qu'elles se maintiennent
dans les couches d'eau supérieures traversées par la lumière
et imprégnées d'acide carbonique et d'oxygène, car c'est tout
particulièrement de l'acide carbonique que, sous l'influence des
rayons solaires, elles tirent leur substance organique. Aussi la
constitution extérieure et intérieure des cellules de ces Diato-
mées, destinées à vivre dans d'autres conditions que les Diato-
mées de fond, est-elle en rapport avec ces conditions d'existence.
Schiitt a excellemment montré (III, p. 13 et suiv.) comment un
principe fondamental présidait à l'ordonnance des détails de
structure de leurs frustules, ainsi qui'au mode d'accolement
des frustules entre eux : l'augmentation, par tous les moyens
possi,bles, de leur faculté de planer dans les couches d'eau
supérieures et, par suite, l'accumulation de tous les obstacles
capables d'empêcher leur chute dans les couches profondes.
C'est pourquoi l'on rencontre chez ces espèces des dispositions
si mei*veilleusemeiit aptes à amener ce résultat, telles que la
multiplication des appareils de suspension sous la forme d'ailes
ou d'appendices longuement cornus, filamenteux ou épineux,
de pointes, de dards ou d'aiguilles de toute sorte, ou telles que
l'accolement des cellules en chaînes courbes ou spiralées, de
façon à obtenir le plus de résistance possijale à la descente
dans les profondeurs. Schûtt a exposé à ce sujet, dans l'ouvrage
cité plus haut, les plus justes et les plus ingénieuses considéra-
tions, dont je viens de résumer brièvement une partie, et a fait
remarquablement ressortir, dans ce même ouvrage, ainsi que
dans un autre plus récent (III, p. 6 à 26, et I, p. 86 à 90), les
différences qui séparent les Diatomées de fond des Diatomées
pélagiques. C'est à ces deux ouvrages que, pour plus de détails,
je renvoie le lecteur.
Je m'occuperai d'abo'rd, au cours des études successives que
je me propose de publier, des Diatomées pélagiques, leurs con-
ditions d'existence et leur mode de végétation et de reproduc-
tion, ainsi que leurs particulai'ités morphologiques, étant jus-
qu'ici très peu connues, et la situation absolument spéciale
du Laboratoire de la Société scientifique d'Arcachon m'ayant
permis de faire sur ce si intéressant sujet de nombreuses obser-
vations, continuées pendant près de deux années.
STATION BIOLOGIQUE 43
RÉCOLTE ET CONDITIONS d'ÉTUDE DES DIATOMÉES PÉLAGIQUES.
C'est un fait reconnu depuis longtemps que la carapace des
Diatomées pélagiques est très peu siliceuse, et l'on sait combien
leur consenation est difficile, sinon impossible, les frustules
se déformant {presque toujours par la dessiccation. Le peu de
résistance de ces Diatomées aux agents extérieurs est la cause
que peu de documents existent sur les phénomènes de dédupli-
cation et de sporulation chez ces espèces. Schùtt a décrit quel-
ques-uns de ces processus chez certains Chœtoceros et Rhizozo-
lenia, chez le Skeletonema costatum Greville, etc. (voir IV, V
et VI).
J'ai pu également suivre, chez plusieurs formes pélagiques
vivant dans le bassin d'Arcachon, une partie des phénomènes
de la division de la cellule. Avant de les décrire, il est néces-
saire que je dise quels procédés de récolte et quelles conditions
d'étude m'ont paru le plus favorables pour faire de telles obser-
vations.
Les Diatomées pélagi(}ues pêchées au filet de soie meurent
très vite, et, en très peu de temps, une récolte faite ainsi n'a
plus de valeur, le plasma interne étant contracté en boule. Le
transport sur la lamelle porte-objet les endommage bien plus
vite encore, et l'on ne peut observer fructueusement les frus-
tules vivants que pendant un temps très court, quelques minu-
tes seulement. On s'en rend facilement compte d'ailleurs en
constatant que les Diatomées, bien que tout nouvellement récol-
tées, se déposent presque aussitôt dans le fond du vase qui les
contient, et le fait même qu'on doit, pour les observer, les
recueillir avec la pipette au fond du récipient, — car une goutte
d'eau prise dans les régions supérieures en contiendrait trop
peu, — a pour conséquence qu'on n'étudie alors que des cellu-
les déjà nioins vivantes, puisque, dans leur état normal de
végétation, elles restent en suspension dans l'eau environnante
(à m(oins qu'elles ne soient dans leur période de repos, ce qui
ne peut être ici le cas)-
On comprend donc combien, dans ces conditions, sont déli-
cates et difficiles les recherches faites sur les cellules vivantes.
44 SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE D'aRCACHON
Que de fois l'on est eu présence de phénomènes du plus haut
intérêt, et, subitement, la diatomée meurt, laissant inachevée
lobservation si captivante! Il faut alors, patiemment, chercher
à retrouver d'autres exemplaires de la même espèce, pain^enus
exactement à la même phase du même processus, et s'efforcer
d'aller plus avant dans l'observation comm('encée. Ce n'est que
pas à pas qu'on peut paJrcourir toutes ces étapes, et grâce à
des recherches multipliées. On arrive ainsi à reconstituer tous
les chaînons de cette chaîne subtile, mais il faut se garder des
déductions trop hâtives et attendre, pour confirmer son juge-
ment, la constatation plusieurs fois répétée d'un même fait. 11
est vrai qu'on a la ressource de fixer les pêches aussitôt faites
avec les liquides fixateurs généralement employés. Ce moyen
n'est certainement pas à dédaigner, et j'en reparlerai plus loin.
Mais rien ne vaut, à mon avis, l'étude directe des sujets vivants,
sortis tout récemment du, milieu où ils végètent
n\
Je n'avais jusqu'ici rencontré, au cours de mes récoltes de
Diatomées pélagiques, aucune localité dont la situation se prê-
tât à une telle étude, lorsque je fus amené à travailler au Labo-
ratoire de la Société scientifique d'Arcachon, pendant un pre-
mier séjour que j'y fis au printemps de l'année 1901.
La configuration du bassin d'Arcachon se prête merveilleu-
sement à la végétation des Diatomées pélagiques.
Communiquant au Sud-Ouest avec l'Atlantique par une ouver-
ture très étroite relativement à sa grande superficie, et rece-
vant, par les courants de la marée montante, toutes les espèces
pélagiques venant de l'Océan, il forme une sorte de gigantesque
aquarium où ces espèces, une fois introduites, s'acclimatent
facilement dans des conditions biologiques essentiellement favo-
rables, se reproduisent et pullulent.
De plus, son entrée étant orientée de manière à faire face
directement, par delà l'Atlantique, aux côtes américaines, et le
Gulf-Stream qui, comme on le sait, vient du golfe du Mexique,
pénétrant dans le golfe de Gascogne et passant non loin de
(•) Il y aurait bien la culture, mais on n'est pas parvenu, que je sache, à cultiver
des espèces pélagiques telles qne les Rhizozolenia, Lauderia. Dactyliosolen, Tha-
lassiosira, etc. Y parviendrait-on, que robservation directe d'exemplaires fraîche-
ment récoltés serait, à mon sens, de beaucoup préférable, la culture devant néces-
sairement apporter des modifications dans les éléments de la cellule et dans la façon
dont s'accomplissent les différents phénomènes qui s'y manifestent.
STATION BIOLOGIQUE 45
cette entrée, des espèces lointaines peuvent fort bien être ame-
nées dans les eaux calmes des chenaux, y trouver, même en
hiver, une température exceptionnellement douce et une lumière
intense, et s'y fixer. On verra plus loin, lorsque je m'occuperai
des Diatomées de fond, que j'ai rencontré à Arcachon certaines
formes, originaires soit des fonds de l'Atlantique, soit d'Améri-
que, et certainement introduites par les courants.
Un autre avantage, qui résulte de la configuration du bassin,
est que l'état toujours a'elativement tranquille de ses eaux
permet, hiver comme été, une pêche journafière, en simple
barque, conditions que je n'avais pu jusqu'ici réahser nulle
part ailleurs.
Bien plus, la situation même du Laboratoire facilite l'étude
des récoltes fraîches de Diatomées pélagiques. Au bout de la
grande jetée qui s'avance dans la mer devant les bâtiments de
la Société scientifique, les pêches peuvent se faire à toute heure
de la journée oui de la nuit. Le courant très violent soil de la
mer montante, soit de la mer descendante permet de pêcher du
haut du ponton, suffisant à maintenir le filet dans la position
horizontale. Lorsque l'on désire récolter des Diatomées plus
pures et moins mélangées des détritus du fond soulevés par les
courants, il est préférable de faire les pêches en barque, avec
un marin ramant doucement, au large de la passerelle, au mo-
ment de la pleine mer, en l'absence de tout courant et par un
temps calme, autant que possible- C'est alors que la récolte est
la plus riche et la plus pure, les impuretés se déposant au fond
par une sorte de décantation qui se produit dès que le courant
cesse. Pour la simple étude des formes vivantes, les récoltes
du haut de la jetée suffisent.
Je faisais faire dans ces dernières conditions, pendant mes
heures d'étude, toutes les quinze ou vingt minutes, une pêche
au filet. De cette façon, j'avais des matériaux continuellement
frais, qui me rendaient possibles des observations sur le con-
tenu de la cellule vivante, absolument impossibles dans d'autres
conditions.
Une autre méthode consiste à travailler à bord d'une barque
un peu spacieuse, mais il va sans dire que l'étude au microscope
est bien moins facile ainsi, et il ne faut user de ce moyen que
lorsqu'on veut étudier fraîches des pêches faites au loin dans
46 SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE d'aRCACHON
le bassin ou en dehors du bassin, à l'entrée de la pleine mer.
Il est de toute nécessité, si l'on veut obtenir dans les récoltes
des Diatomées en aussi bon état que possible, que la barque se
déplace très lentement, que l'allure de la barque soit tout juste
assez vive pour empêcher le filet de tomber verticalement et
qu'il se tienne horizontal, sans qu'à l'entrée un remous de l'eau
se produise. L'important est que l'eau puisse filtrer au travers
et, par suite, se renouveler continuellement. Sans cela, une
fois entrée dans la poche du filet lorsqu'on l'immerge, compri-
mée contre ses parois internes par une trop forte pression due
à une marche trop rapide, elle ne peut plus s'échapper par les
mailles très fines du réseau de soie, et la pêche ne donne, en fm
de compte, quelque long temps qu'on la prolonge, que ce que
contient la première masse d'eau introduite.
Bien souvent la pauvreté d'une pêche pélagique n'a pas d'au-
tre cause, de même que le mauvais état de la récolte. En effet,
les Diatomées, dont une pression trop violente comprime les
frustules si délicats contre les parois internes du filet, en sor-
tent fortement endommagées, et leur plasma contracté en boule
rend toute étude ultérieure impossible.
Cette contraction en boule du contenu de la cellulte a été
déjà décrite dans tous ses détails par Schiitt sous le nom de
Reizplasmolyse (I, p. 93).
11 attribue cette toute particulière impressionnabilité du plas-
ma interne, que j'ai de mon côté maintes fois constatée chez
toutes les espèces pélagiques, à une sorte de choc en retour
que lui communique, par le moyen de nom'ibreux pores très fins
qu'on rencontre, chez beaucoup d'espèces pélagiques, traver-
sant l'épaisseur des parois frustulaires, le plasma extérieur
(Extramembranôses Plasma), dès qu'il est contracté ou "lésé
^ous l'influence d'une cause quelconque. Schiitt pense que cette
contraction en boule du plasma, qui cependant se termine
souvent par la mort de la cellule, est un simple état morbide,
lequel peut cesser, si les conditions ambiantes d'existence
s'améUorent, par le retour progressif à l'état normal, et je suis
absolument de son avis à cet égard. J'ai, pour ma part, plu-
sieurs fois observé ce fait que des récoltes pélagiques expé-
diées au loin et voyageant par une température fraîche, —
sans cela elles arrivent irrévocablement détériorées, — con-
STATION BIOLOGIQUE 4;?
tiennent, au bout de quelques heures de repos, beaucoup plus
de cellules bien vivantes et normalement endochromées qu'au
moment même de l'arrivée, où presque toutes les cellules sont
en état de pl'asmolyse morbide.
A ce propos, il est nécessaire que je dise quelques mots de
l'action très spéciale de l'eau douce sur les Diatomées péla-
giques. Elle leur est absolument fatale : la moindre quantité
d'eau douce ajoutée sur la lamelle porte-objet à une goutte
d'eau de mer contenant ces Diatomées les tue immédiatement.
Voici ce qui se passe chez les espèces les plus fragiles, telles
que Rhizozolenia delicatula Clevi:, Rhizozolenia {ragilissima
P. Bergon, Lauderia Schrôderi P. Bergon, etc. :
Le plasma interne quitte les extrémités des frustules, se
gonfle, et, forçant par la pression les connectifs à se désem-
boîter d'un côté, fait, par cette ouverture, hernie au dehors,
de telle façon que les deux moitiés de chaque frustule forment
un coude et se placent à angle plus ou moins obtus, tandis
que les frustules d'une même chaîne se séparent brusquement
les uns des autres. En m^ême temps les chromatophores com-
pris dans la masse plasmique se sont déformés. Puis la masse
plasmique globuleuse éclate, en séparant complètement les
deux moitiés de frustule.
Ce phénomène est dû à la brusque diminution de concentra-
tion qui se produit lorsqu'on ajoute de l'eau douce à de l'eau
de mer. Il était nécessaire de signaler cette action nocive de
l'eau douce sur les Diatomées pélagiques, car elle est la cause
de nombreux insuccès dans les recherches, insuccès qu'on ne
sait souvent à quoi attribuer au premier abord. En voici un
exemple instructif : Au commencement de mes études à la So-
ciété scientifique d'Arcachon, je fus constamment arrêté par
l'impossibilité de fixer d'une façon satisfaisante les Diatomées
pélagiques avec le mélange de Flemming. Certaines espèces rela-
tivement plus résistantes gardaient intacte ou presque intacte
la disposition des éléments internes de la cellule. Mais la plu-
part se détérioraient entièrement, malgré tout le soin que
j'apportais à fopération de fixage. M'étant rendu compte de
l'influence mortelle de l'eau douce sur ces organismes, j'eus
l'idée de faire substituer, dans la préparation du liquide fixa-
teur de Flemming. l'eau de mer filtrée à feau douce. Dès
48 SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE D'aRCACHON
lors, toutes mes récoltes furent remarquablement fixées et se
conservèrent admirablement pendant très longtemps.
Ces différents états morbides des Diatomées pélagiques, qui
se manifestent toujours par la contraction du plasma interne,
contraction qui peut revêtir plusieurs aspects très divers, est,
pour qui débute dans ces études si passionnantes mais si
délicates, une cause fréquente de trouble et d'erreur. Comme
le retrait du plasma a également lieu, pour beaucoup d'espèces,
et alors normalement, au cours des différents processus de
division et de sporulation, la différenciation d'un état normal
et d'un état morbide est chose très difficile dans les commen-
cements, d'autant plus que, les cellules observées sous le mi-
croscope perdant progressivement leur vitalité pour mourir
au bout de peu de temps, un état normal passe insensiblement
à un état moiibide, et il faut une longue expérience et une
somme de nombreuses observations pour pouvoir diagnostiquer
sûrement en ces subtiles matières.
Je terminerai ces considérations générales par quelques
explications nécessaires à la compréhension du texte qui va
suivre.
Le noyau est toujours très difficile à apercevoir chez les
espèces pélagiques. Le plus souvent il est invisible dans la
cellule vivante et il faut, pour le rendre visible, le colorer par
le moyen des solutions ordinairement employées, hématoxyline
de Delafield, bleu de méthylène, etc. Même par ces procédés, il
arrive assez fréquemment qu'on ne puisse le faire apparaître,
car maintes fois les chromatophores s'agglomèrent à l'entour,
le recouvrent et le cachent entièrement. Je signalerai sa pré-
sence, chez les espèces que je me propose d'étudier successi-
vement, chaque fois que j'aurai pu l'observer. Sinon, je parlerai
simplement de la masse plasmique qui l'enveloppe, et qui est
presque toujours très reconnaissable, même sans l'emjploi des
agents colorants. Je la désignerai sous le nom de masse plas-
mique périnucléaire.
J'indiquerai, dans mon texte, par le nom d'auteur et par un
simple chiffre romain, les ouvrages auxquels j'aurai à renvoyer
le lecteur, qui trouvera, en consultant l'index Bibliographique
joint à ce travail, toutes les indications relatives à ces ouvrages.
La première partie de ces études devait paraître en janvier
i
STATION BIOLÔOIQUE 49
1902 dans le Bulletin de la Société scientifique cVArcachon. x\yant
été obligé, pour cause de santé, d'en remettre à plus tard la
publication, j'ai donné néanmoins, avec leurs légendes, pour
prendre date, dans le Micrographe Préparateur (n° 1 de janvier-
février 1902, pi. III, IV), les deux planches qui devaient accom-
pagner le présent texte. Qu'on ne s'étonne pas de découvrir,
entre les planches parues dans le Micrographe Préparateur
et celles-ci, quelques différences de détail. De nouvelles et
nombreuses recherches, faites depuis janvier 1902, m'ont per-
mis de corriger et de compléter ces planches, préparées un
peu à la hâte. On devra donc s'en tenir définitivement aux
présentes planches et à leurs légendes, revues avec le plus
grand soin. J'ai d'ailleurs indiqué dans mon texte, chaque fois
qu'il a été nécessaire, les quelques légères modifications que
j'y ai apportées.
Rhizozolenia fragilissima nov. sp. P. Bergon = Leptocy lin-
drus danicus Schûtt non Gleve.
(SCHÛTT, II, p. 504, pi. XII, fig. 13 à 24, et 33).
Lorsque je rencontrai pour la première fois cette forme
dans une pêche pélagique faite par moi en Bretagne, dans la
baie de Douarnenez, au large de cette localité, le 15 septembre
1901, je crus tout d'abord reconnaître en elle le Rhizozolenia
delicatula Cleve (V, p. 28, flg. 11). Néanmoins, l'endochrome
était, comme forme et comme disposition des chromatophores,
si différent de celui, très spécial, de l'espèce de Cleve, que j'eus
bientôt des doutes à cet égard. N'ayant trouvé dans ma récolte
qu'une seule chaîne de frustules accolés de cette forme, je ne
pus en faire, à ce moment, une étude approfondie.
Je retrouvai depuis, dans mes pêches d'Arcachon, cette dia-
tomée, qui apparaît dans le bassin à certaines époques, où elle
n'est pas absolument rare, sans être jamais commune.
Je me convainquis alors que j'étais en présence d'une nou-
velle espèce bien typique.
Je vais d'abord la décrire et je la différencierai ensuite du
sociÉTK d'Akcachon , 4
50 SOCIÉTÉ SCIExNTlFlQUE D'aRCACHOX
Rhizozoleiiia delicatula Gleve, car ces deux espèces peuvent
être facilement prises l'une pour l'autre. Préparées à sec, elles
se déforment tellement toutes deux qu'il est impossible de ne
pas les confondre. De plus, examinées dans un liquide, elles peu-
vent prendre, dans une certaine position, un aspect presque
identique. C'est ce qui explique pounpioi ma nouvelle espèce,
qui a dû se rencontrer souvent dans les récoltes pélagiques,
est passée jusqu'ici inaperçue en tant qu'espèce nouvelle.
Les frustules en sont cylindriques, excessivement peu sili-
ceux, accolés en chaînes droites. Vu dans une certaine position,
le profil des valves est arrondi, les valves paraissant presque
hémisphériques et terminées par une épine ou dent courte et
aiguë, située au centre, à peu de chose près. Si l'on fait tour-
ner le frustule autour de l'axe longitudinal de la cellule, ou
axe pervalvaire d'Otto Millier (^), on aperçoit, de profil, à la base
de l'épine, laquelle paraît alors un peu courbe et oblique, une
petite bosse très typique, qui donne au mode d'accolement des
frustules entre eux un aspect très particulier. Chaque épine,
dirigée suivant les valves d'un côté ou de l'autre de l'axe perval-
vaire, mais toujours placée en regard de l'épine de la valve con-
tiguë, s'insère dans une petite cavité de cette valve, — sorte de
gaîne minuscule occupant le fond d'une dépression bien visible,
— de telle façon qu'entre les frustules accolés existe, dans
cette position spéciale, une excavation assez profonde, formée
par les dépressions de deux valves conjointes, et pouvant être
située, par rapport à l'observateur, soit d'un côté soit de l'au-
tre de l'axe pervalvaire (pi. I, fig. 10 a, b, c). Il ne m'a pas été
possible de découvrir la moindre trace d'anneaux d'imbrica-
tion. Valves et connectifs sans détails de structure visibles.
La cohérence des frustules semble manquer de stabilité. Au
moindre choc ou pour la moindre cause, les chaînes se parta-
gent en chaînes plus courtes, et celles-ci en cellules isolées.
Voici maintenant en (juoi diffèi-ent le Rhizozolenia delicaiidu
Gleve et le Rhizozolenia fragUlssima P. Bergon :
Outre que les valves du Rhiz. delicatula sont sensiblement
(») L'axe pervalvaire est une ligne qui, du point médian du plan de division, tra-
veise la chambre cellulaire dans les directions épithécale et hypothécale à égale
distance des points homologues de lenveloppe cellulaire et qui réunit les points cen-
traux des deux valves (Otto ^liiller, TI, p. 226 ; voir p. 226 ««t 227V
STATION BIOLOGIQUE 51
plus aplaties que celles du Hhlz. Iragilissbna, les épines du
Wm. delicatula, au lieu d'être placées au centre ou plus exac-
tement presfjue au centre des valves, sont situées latéralement,
sur leur bord extrême, tantôt à une extrémité, tantôt à l'extré-
mité opposée d'une ligne idéale traversant diamétralement la
surface valvaire.
D.
<^t_
FiG. 1.
A et B. Rhizozolenia fraqilisslnia n. sp. P. Bergon.
C et D. Rhizozolenia delicatula Cleve.
X200
C'est ce qu'indique la fig. ci-dessus 1 C, représentant le
Rhiz. delicatula, et où les épines, en a, b et b\ sont, par rapport
à l'observateur, situées sur le dessus des frustules, et celles en
c, c' et dj en-dessous, par conséquent vues en c et c' par trans-
parence au travers des parois siliceuses.
Dans la fig. 1 A, représentant le Hliiz. fragilùnma, les
épines sont, au contraire, centrales ou presque centrales, un
peu plus courtes d'ailleurs que chez le Rhiz. delicatula.
Lorsqu'on fait tourner les deux chaînes A et G dans le sens
des flèches, on obtient les deux fig. B et D, presque absolu-
ment identiques, et qui peuvent faire, à première vue, confon-
dre les deux espèces, car, dans toutes deux, les épines parais-
sent situées dans le prolongement les unes des autres. Toutefois,
en y regardant de plus près, on se rend compte que, dans la
fig. B, les épines, étant centrales ou presque centrales, sont
vraiment, ou peu s'en faut, dans le prolongement les unes des
autres, tandis que, dans la fig. D, les épines, en a, b et b' sont
situées sur le dessus des frustules, et en c, c' et d se trouvent
en-dessous.
Quant aux gaines, produites certainement, au moment de la
sécrétion des valves-filles par la pénétration de chacune des
deux épines, déjà achevées, dans la membrane de la future
valve-fille opposée, membrane molle encore et non entièrement
52 SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE D'aRCACHON
silicifiée (*j, elles existent également chez le Rhiz. delicatula
et chez le Rhiz. Jragilissima.
La disposition de l'endochrome, ainsi que Je lai dit plus
haut, est excessivement différente dans les deux espèces. Le
Rhiz. delicatula possède des chromatophores assez volumineux
et en petit nombre, le plus souvent quatre, six ou huit par
cellule, non radiants par rapport au noyau latéral, et disposés
sans ordre apparent contre les parois internes du frustule.
Ces chromatophores ont la forme de plaques assez grandes,
à peu près aussi larges que longues, à bords irrégulièrement
échancrés, souvent anguleux, et renferment chacun un assez
gros pyrénoïde très visible. J'en donnerai le dessin lorsque j'étu-
dierai le Rhiz. delicatula.
Chez le Rhiz. fragilissima, les chromatophores, assez nom-
breux, ont la forme de petites plaques allongées, environ
deux ou trois fois plus longues que larges, à bords irréguliers,
appliquées contre les parois internes du frustule, et reliées
entre elles par un fin réseau de fils plasmiques émanant de la
masse périnucléaire latérale. Cette masse périnucléaire, en
forme d'ampoule, est, avec le noyau qu'elle renferme, en quelque
sorte collée contre la paroi interne de l'anneau d'emboîtement
du connectif emboîté (2), le plus souvent à égale distance des
extrémités du frustule, et semble d'ordinaire se présenter de
profil lorsque les frustules sont tou>més de façon à montrer
(') Voir à ce sujet les remarquables recherches de Schùtt sur la croissance des
appendices chez plusieurs espèces pélagiques (II, pages 504-516), recherches que
mes observations personnelles ont absolument confirmées. Je traiterai beaucoup
plus longuement cette question importante lorsque je décrirai, dans une des pro-
chaines parties de mon travail, les didérents Bhizozolenia trouvés à Arcachon.
(5) Chez toutes ces espèces pélagiques, les parois des connectifs, en se recouvrant
partiellement l'une l'aulre par emboîtement, prennent, pour la partie emboîtée, l'as-
pect d'un anneau circulaire un peu plus foncé que les parties non emboîtées et pio-
venant justement de la double épaisseur de silice (pi. I, fig. 11, a et b en aa' bb').
Cet anneau est très difficile à apercevoir, la membrane de ces connectifs étant
excessivement hyaline. Je dirai plus loin comment on peut les voir plus nettement,
en colorant les frustules.
J'appellerai désormais, dans le texte qui va suivre :
1» Anneau dC emboîtemenl , les parties du connectif emboîtant et du connectif
emboîté qui se recouvrent l'une rautre.
2» Anneau d'emboîtement du connectif emboîtant, la partie de ce connectif
recouvrant le connectif emboîté.
3° Anneau d'emboîtement du connectif emboîté, la partie de ce connectif recou-
verte par le connectif emboîtant.
4" Zone d'emboîtement des connectifs, lout l'espace cellulaire limité par l'anneau
d'emboîtement.
STATION BIOLOCilQUE - 53
l'excavation interfrustulaire. Kile peut être située, pour cette
position des frustules, soit d'un côté soit de l'autre de l'axe
pervalvaire, suivant les cellules. J'ai cherché à me rendre
compte s'il n'y a pas corrélation plus intime entre la place
occupée par le noyau et celle qu'occupe l'excavation, mais je
n'ai pu, sur ce point, découvrir rien de précis.
Les chromatophores ont une tendance à être radiants par
rapport à la masse périnucléaire. Ils ont une disposition un
peu différente suivant la grandeur des cellules, dont les dimen-
sions sont très variables, ainsi qu'on le verra par les mesures
données plus loin. On comprendra que, dans les cellules de
diamètre très exigu, la disposition radiante des chromatopho-
res soit très peu sensible. Ils semblent alors être disposés
plutôt en lignes longitudinales, et le noyau latéral est, dans ce
cas, presque impossible à découvrir. Dans les plus grandes cel-
lules, ils sont tantôt disséminés sur toute la surface interne du
frustule, un peu plus nombreux autour de la masse péri-
nucléaire (pi. I, fig. 10 c) (^), tantôt formant autour de cette
masse une agglomération assez compacte, à tendances toujours
radiantes, et alors très peu nombreux dans les autres parties
de la cellule.
C'est ainsi que les a figurées Schiitt (II), dans la lig. 33 de sa
planche XII, figure qu'il a rapportée par erreur, ainsi que les
fig. 13 à 24, au Leptocylindrus danicus Cleve.
Il n'y a qu'à comparer ses, dessins et sa description (même
ouvrage, p. 504) avec les dessins et la description du Lepto-
cylindrus danicus, dans les ouvrages de Cleve (III, p. 2; IV,
p. 15, pi. II, fig. 4 et 5), pour se convaincre que les deux espèces
sont totalement différentes. Le Leptocylindrus danicus, que j'ai
d'ailleurs trouvé très fréquemment à Arcachon, est une espèce
beaucoup plus petite que celle dessinée par Schiitt. Les valves,
(») Dans les figures que je donne du Rhiz. fragilissima, aussi bien que dans les
autres figures de mes deux planches, je n'ai représenté, pour plus de clarté dans le
dessin, que les chromatophores situés d'un seul côté du frustule. A l'état naturel,
ceux qui sont placés sur les bords extrêmes des contours des frustules paraissent
être d'un Jaune beaucoup plus foncé que les autres. Cela tient à ce qu'étant vus
de profil et non à plat, par suite de la courbure des parois, la masse de matière
colorée est beaucoup plus dense, et par conséquent plus chargée de couleur.
Le même fait a lieu partout où les chromatophores sont massés, par exemple
autour des noyaux au moment de leur division et de la sécrétion des valves-filles. Ils
forment alors cette ligne de bâtonnets, cernant les deux masses plasmiques péri-
nucléaires réceinna«nt divisées, dessinées par Schùtl dans les fig. 13 à ?2(II, pi. XII).
54 SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE d'aRCACHON
qui ne sont munies d'aucune épine ni dent, sont entièrement pla-
tes à l'état vivant, et, dans les chaînes droites que forment les
cellules de cette espèce, les surfaces tout entières des deux val-
ves accolées de deux frustules conjoints sont en contact. Après
dessiccation, elles se contractent légèrement, paraissant alors
presque hémisphériques, mais restant néanmoins accolées deux
à deux, tandis que les connectifs, beaucoup moins siliceux, s'af-
faissent complètement et se déforment. Les chromatophores,
ovales-allongés, sont disposés plus ou moins en lignes parallè-
les à l'axe pervalvaire, mais n'ont jamais de tendance à être
radiants. On se rend parfaitement compte, d'ailleurs, en exami-
nant les figures de Schùtt, qu'il faut, à cause des épines termi-
nales et de leur mode d'emboîtement, rapporter cette forme à un
Rhizozolenia.
On verra de plus, en comparant ma description et mes des-
sins avec la description et les dessins de Schùtt, que l'on est
certainement en présence de la même espèce. J'aurais été heu-
reux de lui dédier cette espèce nouvelle, qu'il a découverte,
décrite et figurée le premier. Si je ne l'ai pas fait, c'est qu'en
janvier 1902, date à laquelle ont paru, dans le Micrographe
Préparateur, mes deux planches de Diatomées pélagiques où
était représenté mon Rhiz. fragilissima, je n'avais pas encore
connaissance de l'ouvrage de Schùtt contenant les figures qu'il
attribue au Leptocylindrus danicus.
Je réunis donc la forme dessinée par Schùtt à mon Rhiz.
fragilissima. Cleve, dans un récent opuscule (VI, p. 38), rap-
porte les figures de Schùtt au Rhiz. delicatula. J'ai indiqué plus
haut les très grandes différences qui séparent ces deux espèces
bien distinctes.
J'ai cherché à voir, chez le Rhiz- fragilissima, les différentes
phases de la division de la cellule, dont Schùtt donne les dessins
dans sa si remarquable et si intéressante série de figures
(II, pi. XII, fig. 13 à 22). Mes recherches n'ont pas été couron-
nées de succès. Je donne seulement planche I, fig. 10 b, le dessin
d'un frustule de Rhiz. fragilissima, dans lequel les masses péri-
nucléaires, contenant chacune l'un des deux noyaux récemment
formés par la division du noyau de la cellule-mère, sont encore
appliquées contre la paroi interne des valves-filles tout nouvelle-
ment sécrétées, au centre de ces valves. Je n'ai pas, pour plus
STATlOiN BIOLOGIQUE .JO
de clarté, figuré les nombreux chromalophores qui recouvrent
et cachent à ce moment les niasses périnucléaires et les noyaux.
Par contre, j'ai pu observer, chez le Rhiz. delicatula Cleve,
le retrait des surfaces plasmiques après la division du noyau,
puis leur rapprochement successif les mettant de nouveau en
contact, tandis que commençait la sécrétion des valves-filles.
Dans la seule observation que je pus faire de ces phases de
division chez cette espèce, au moment même du retrait des
surfaces plasmiques, elles restèrent un moment reliées entre
elles par un filament de plasma, lequel, s'amincissant de plus
en plus, finit par disparaître. Je ne sais si c'est là une des
phases normales de la division de la cellule chez cette espèce,
ne l'ayant observé qu'une fois. J'ai d'ailleurs constaté le même
fait, au moment du retrait des surfaces plasmiques, chez d'au-
tées diatomées pélagiques, telles que Giihuirdla llaccîda H. Pe-
RAGALLO et Stephanojjyccù tvrglda Greville. Je reviendrai plus
longuement sur ce point lorsque je m'occuperai de ces deux
espèces.
Je donne, pi. I, fig. 9, le dessin d'un frustule de Rhiz. fragi-
lissima, que je crois être un mégafrustule sporangia!, c'est
à-dire le frustule sporangial du rétablissement de taille de l'es-
pèce. Les chromalophores sont peu nombreux, épars, légère-
ment radiants par rapport à la masse périnucléaire latérale,
qui est appliquée contre la paroi interne du frustule. Ce frus-
tule a une conformation très particulière. D'un côté, une très
petite valve avec son épine terminale et presque centrale, l'es
lianes de cette valve ou la partie connective adhérente à la
valve, — il m'a été impossible de voir plus nettement ces détails,
— s'élargissant graduellement et fortement. A l'autre extrémité
du frustule, une grande valve, terminée également par une épine
presque centrale et adhérente à un large connectif. Les obser-
vations sont tellement délicates et difficiles, chez ces diatomées
faiblement siliceuses, dont les parois sont excessivement min-
ces, que j'ai eu grand'peine à apercevoir la façon dont s'emboî-
tent les deux parties connectives, et je ne puis encore rien
préciser à cet égard.
L'axe longitudinal de la plus grande moitié de frustule était
oblique par rapport à l'axe longitudinal de la plus petite moitié,
formant avec lui un angle obtus. Cette particularité, qui a une
56
SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE D'ARCACHON
grande analogie avec le processus de rétablissement de taille
observé par Schûtt chez certains Rhizozolenia (VI), me confirme
dans l'idée qu'il y a là également rétablissement de taille.
Un autre fait très typique est l'aspect uin peu informe du
frustule dessiné, aspect qu'ont toujours les mégafrustules.
Néanmoins, comme un doute subsiste encore à cet égard, je fais
suivre d'un point d'interrogation la légende de la fig. 9, pi. 1.
J'ai rencontré plusieurs fois des frustules semblables, tou-
jours solitaires. Ces cellules étaient, sans le moindre doute,
animées d'un mouvement de va-et-vient lentement oscillatoire.
Cette observation vient confirmer ce que dit Schiitt (II, p. 505),
où il mentionne, sans l'affirmer avec certitude, un faible mou-
vement chez des fruslules isolés de cette même espèce. Ne
serait-ce pas également des mégafrustules sporangiauK? Cela se
pourrait, car je n'ai jamais vu, pour ma part, des frustules
ordinaires isolés se mouvoir, si peu que ce soit. Je dois ajouter,
à ce propos, que j'ai quelquefois rencontré des cellules solitaires
de forme très spéciales, devant être des spores, peut-être des
spores de repos ou statospores devenues libres, que je n'ai
pu attribuer à aucune espèce et qui, toujours, étaient animées de
mouvements d'oscillation peu accentués, mais très certains ce-
pendant. J'y reviendrai dans une partie ultérieure de mon
travail.
Voici, pour terminer, quelques mesures prises sur différents
frustules du Rhiz. fragilissima. Les cellules mesurées étaient,
pour la plupart, à l'état de repos. J'ai ajouté, à la fin de ce
tableau, quelques dimensions de cellules en voie de division.
Mesures de frustules de Rhizozolenia fragilissima n. sp. P. Bergon
Dans une même chaîne
LARGEUR
LONGUEUR
DES FRUSTULES
DES FRUSTULES
0[x,6
4|j.,6 Cellule
à l'état de repos
0|i,6
5(x.2
»
0tx,6
6jx,6
>
( 0ix,9
4,x,9
j>
le '. y>
5(1,9
»
' »
6|i,2
»
i(x,9
%,9
»
nel 2fx,6
6[x,6
■»
"®l «
7,1,2
»
STATION BIOLOGIQUE
57
LARGEUR
DES FRUSTULES
Dans une même chaîne
iv^A
lfx,9
LONGUEUR
BES FRUSTULES
Cellule en état de division, dans la-
quelle les noyaux sont encore ap-
pliqués contre la paroi interne des
valves-filles tout récemment for-
mées, au centre de ces valves. Le
frustule entier : 8|ji,2. Chaque cel-
lule-fille : 4ix,L
Deux cellules au repos, voisines. Cha-
cune : 8(x,2.
Une autre au repos : 8|i,,9.
Une autre en état de division, par
venue à la même phase que celle
ci-dessus. Le frustule entier : 9(i,8.
Chaque cellule-fille: 4^,9.
Rhizozolenia Stolterfothii H. Peragallo.
(H. Peragali.o, I, p. 108, pi. XIII. fig. 17-18.)
Les cellules cylindriques et arquées de cette espèce, que l'on
rencontre fréquemment dans le bassin, forment, par leurs dé-
duplications successives, d'élégantes spirales qui peuvent avoir
jusqu'à sept ou huit tours complets. Lorsque les frustules se
présentent en exemplaires solitaires, s'étant détachés des frus-
tules voisins par suite de la mort de la cellule ou par tout autre
cause, mais non déformés par la dessiccation ou par l'immer-
sion dans l'eau douce, par exemple baignant simplement dans
l'eau de mer ou dans l'eau de mer additionnée de quelques
gouttes d'une solution de formol à 40 %, ils se placent toujours,
en se déposant sur la lamelle par leur propre poids, comme
dans les fig. 1, 5 et 6 de ma planche I, montrant l'une de leurs
faces latérales.
Dans cette position, le profil des valves ou calyptres est tou-
jours anguleux,, leur forme étant celle d'une sorte de calotte en
tronc de cône, et la plate-forme terminale de la valve étant suré-
levée au-dessus des anneaux d'imbrication par un talus incliné,
dont les lignes ab et cd, a'6' et c'd' (pi. I,- fig. 5) figurent la
projection.
C'est au bord, à la crête même de ce talus, que sont insérées,
toujours du côté de la courbure convexe du pourtour extérieur
de la spirale et jamais du côté de la courbure concave du pour-
tour intérieur, les deux épines terminales, en b et b\
Lorsqu'on cherche à les mettre au point, on se rend compte
te;^
58 SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE D'aRCACHON
qu'elles sont situées, pour un même Irustule, sur deux plans
très dilîérents en pi-otondeur, l'une se trouvant du côté de la
paroi du frustule tournée vers l'observateur, l'autre étant tout
contre la lamelle porte-objet.
C'est ce que montre la fig. 8, pi. I, dans laquelle sont repré-
sentées deux calyntres accolées de deux frustules conjoints, vus
du côté de la face latérale. Les deux épines s'appuient chacune
sur la valve contiguë, épousant la pente du talus opposé. Mais
l'une est située sur le dessus, et l'autre en dessous des frustules.
Celle-ci, qui est vue au travers des parois, a été ligurée en
lignes pointillées.
Pour bien étudier leurs positions respectives, il faut, à l'aide
d'un poil emmanché, tourner le frustule de façon à ce qu'il
montre sa face dorsale ou sa face ventrale. On conçoit que
ces deux positions ne soient pas stables, car alors il n'est en
contact avec la lamelle que par le milieu de la courbure externe
convexe, s'il présente à l'observateur sa face ventrale, ou que
par les points d et tV (fig. 5), si c'est la face dorsale qu'on
aperçoit.
Dans 11 fig. 7 de la planche I, la partie supérieure de la
ligure montre l'agencement des épines et des calyptres de deux
l'rustules conjoints b et c, présentant à l'observateur leur face
ventrale, c'est-à-dire la paroi du frustule placée du côté de la
courbure interne concave, e et c' sont les deux épines termina-
les d'un même frustule dont je n'ai figuré que les extrémités,
a et b. en négligeant la partie médiane. On se rend bien compte
(jue les deux épines, quoique placées toutes deux, pour un
même frustule, du côté de la courbure convexe externe, sont
néanmoins alternées, c'est-à-dire situées, pour cette position
des frustules, l'une à droite, l'autre à gauche de l'axe perval-
vaire (i), ce qui explique la différence de mise au point dont j'ai
parlé plus haut.
Comme les épines, dans la fig. 7, se trouvent du côté de
la face dorsale et, par conséquent, sont aperçues par transpa-
rence au travers des frustules, elles ont été figurées en lignes
|)ointillées. On voit bien, dans la même figure, à l'extrémité des
calyptres, ^ — notamment en e et e\ — les mamelons très peu
(*) Voir plus haut. p. 50. la définition de l'axe pervalvaire
STATION BIOLOGIQUE 59
proéminents à la crête desquels les épines sont situées.
J'ai cherché à me rendre compte si, comme cela a lieu chez
beaucoup d'autres Rhizozolenia, chaque épine ne s'emboîtait
pas dans une sorte de gouttière de la valve contiguë. C'est à
peine si l'on aperçoit, à la surface des frustules solitaires,, à
l'endroit où s'appuyait l'épine du frustuie conjoint, une très
légère dépression, formée certainement, comme je l'ai déjà dit
plus haut à propos du Hhiz. fragilissima, au moment de la sé-
crétion des valves-lilles. pai- le contact de chacune des deux
épines, déjà achevées, avec la membrane molle encore de la
future valve-lllle opposée.
Il résulte de ce qui précède que le mode d'agencement des
frustules entre eux, chez le Rhiz. Stollerfolhii, est très analogue
à ce qu'on rencontre chez tous les Rhizozolenia. Ce qui donne,
à première vue. un aspect tout particulier à cette espèce, c'est
son frustuie arqué, qui se place latéralement par rapport à
l'observateur, montrant tout à fait exceptionnellement la face
dont j'ai dessiné, pi, I, lig. 7, les parties extrêmes.
Je dois ici faire remarquer que, dans la planche III, publiée
dans le Micrograplte Préparateur (n° de janvier-février 1902), la
fig. 4, correspondant à la fig. 7 de la planche I du présent
travail, n'était pas absolument exacte quant aux contours exté-
rieurs du frustuie. En effet, les fiustules du Rhiz. Stolterfothii
sont légèrement tordus dans toutes leurs parties. S'ils ne
l'étaient pas, ils ne pourraient, par leurs divisions successives,
former des spirales, et le frustuie terminal du premier tour
viendrait buter contre la valve libre du premier frustuie de la
série, fermant ainsi le cercle, tandis (jue la différence des plans,
en profondeur, entre le premier frustuie de la série et le frustuie
terminal du premier tour, est très sensible, rendant ainsi pos-
sible la formation des tours de spire successifs.
Pour ne pas nuire à la nette représentation de l'agencement
des calyptres entre elles, j'avais négligé à dessein, dans la
lig. 4 de la planche III, — me réservant de le signaler dans
mon texte, — cette légère torsion du frustuie, qui donne des
lignes d'un dessin très compliqué et très subtil. Dans la nou-
velle planche I jointe à ce travail, j'ai supprimé, pour plus
d'exactitude, la partie médiane du frustuie, entièrement figuré
dans l'ancienne planche, et je n'en ai dessiné que les extrémi-
HO SOCIÉTÉ scientifiqub: d'arcachon
tés, seules nécessaires pour faire comprendre la disposition
des épines et des calyptres opposées. On voudra donc bien,
pour la fig. 4 de l'ancienne planche III comme pour la flg. 7
de la nouvelle planche I, rétablir par la pensée cette légère
torsion du frustule.
Je passe maintenant à ce que j'ai pu observer du processus
de division de la cellule chez le Rhiz. S loiter fothii.
Chez cette espèce, lorsque ta cellule vivante n'est pas en
cours de déduplication, le noyau est placé latéralement, dans
la zone d'emboîtement des deux connectifs, contre la paroi
interne du connectif emboîté, du côté de la courbure intérieure
concave du frustule, le plus souvent au milieu de cette cour-
bure. Cette position du noyau était constante dans les très nom-
breuses cellules à l'état de repos que j'ai examinées, à une
exception près. Une seule fois j'ai rencontré un fragment de
spirale (trois quarts de tour environ), composé de six cellules,
dans lesquelles les noyaux étaient tous situés contre la paroi
interne de la courbure extérieure convexe des frustules, au
milieu de cette courbure dans les cellules à l'état de repos, et
non loin du milieu de cette courbure dans les cellules-filles divi-
sées depuis peu, oij les jeunes noyaux, formés par le dédou-
blement récent du noyau de la cellule-mère, étaient, conformé-
ment à la loi que je formule plus loin, en train de gagner
chacun, — la sécrétion des valves-filles une fois terminée, —
leur place respective, située, pour ce cas exceptionnel, non
plus au milieu de la courbure intérieure concave, mais au
milieu de la courbure extérieure convexe de chaque cellule-
fille. C'est là, je pense, une anomalie et non pas une des phases
d'un processus spécial, car je n'ai jamais retrouvé rien de
pareil.
Ce qu'il y a d'intéressant dans cette observation, c'est que
le noyau, placé tout à fait anormalement, paraît avoir suivi,
d'après l'indication fournie par les cellules en voie de dédupli-
cation, un processus de division absolument normal pour l'es-
pèce.
De profil, la masse périnucléaire semble former une sorte
d'ampoule renflée, recouverte de chromatophores, et à l'inté-
rieur de laquelle est situé le noyau, complètement invisible
lorsque la cellule est vivaute. Il est même très difficile de Faper-
STATION BIOLOGIQUE 61
cevoir en le colorant. Je l'indique en o, planche I, fig. 5, où
la masse périnucléaire se voit de profil, et en o également, au
centre de la masse périnucléaire, dans la fig. 4 (pi. I), repré-
sentant la partie médiane d'un frustule vu du côté de sa cour-
bure interne concave, et montrant la masse périnucléaire de
face, avec les chromatophores radiants autour du noyau.
Les chromatophores, assez nombreux, ont la forme de petites
plaques allongées, environ deux à trois fois plus longues que
larges, souvent un peu arquées, à bords irréguliers. Ils sont
appliqués contre les parois internes du frustule, et reliés entre
eux par des filaments plasmiques le plus souvent invisibles
dans les cellules vivantes. Pour apercevoir nettement ces fila-
ments, il faut fixer les cellules avec le mélange de Flemming et
les colorer ensuite, par exemple au moyen du bleu de méthy-
lène.
Les chromatophores ont toujours une tendance à être
radiants, — plus ou moins suivant les individus, — par rap-
port à la masse plasmiique entourant le noyau. Cela se conçoit,
car les filaments plasmiques qui les relient émanent tous de
cette masse, et, lorsque les chromatophores voyagent contre les
parois internes du frustule pour se masser autour du noyau,
comme cela a lieu notamment au moment de la division de la
cellule, ils doivent suivre ces fils conducteurs pour gagner la
masse périnucléaire. On verra, d'autre part, qu'après la for-
mation des valves-filles, lorsque chacun des deux noyaux pro-
venant de la division du noyau de la cellule-mère gagne, dans
chaque cellule-fille, sa place respective, les chromatophores se
déplacent également, de façon à garder toujours leur tendance
radiante par rapport à la masse périnucléaire. La fig. 4 et la
fig. 5 montrent ;la disposition des chromatophores chez le
Rhiz. Stolterfothii , avec le fin réseau des filaments plas-
miques qui les relient les uns aux autres. J'ai quelquefois
ai)erçu, dans certains frustules, un. deux ou trois petits points
brillants ou sombres suivant la mise au point, paraissant situés
sur la périphérie de chaque chromatophore. Sont-ce des phy-
, sodés? Je n'ai pu encore m'en assurer. Dans beaucoup de frus-
tules, on ne les rencontre pas. La flg. 2, planche I, montre quel-
ques chromatophores du Rhiz. Stolterfothii plus grossis, avec
ces petits corpuscules arrondis.
62 SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE D'ARCACHON
Processus de division du Rhizozolenia Stolterfothii
H. Peragallo. — Dans la planche 111 du numéro de janvier-
février d 902 du Micrographe Préparateur, j'ai donné une suite
de phases successives de la division de la cellule chez le Rhiz.
Stolterfothii. A cette époque, ainsi que je l'ai dit plus haut, je
n'avais pas encore connaissance de la deuxième partie de la
iemarqua:ble étude que Schûtt a publiée sur la croissance de
la membrane chez certaines Diatomées pélagiques (Schûtt, II).
Je n'en connaissais que la première partie (Schûtt, I). J'ai dit,
plus haut, dans le chapitre consacré au Rhiz. fragiUssima, que
Schûtt avait pu observer, pour cette espèce, toutes les phases du
processus de division, phases qu'il a ligurées dans cette seconde
partie (IL pi. XII, fig. 13 à 22). On y voit que le noyau, latéral
comme chez le Rhiz. StolterloLhii, se divise contre la paroi
interne du t'rustule, puis que les deux jeunes noyaux, formés
par la division de l'ancien, voyagent par un mouvement simul-
tané vers la partie centrale de la cellule.
Comme, sur les milliers d'exemplaires de Rhiz. Stolterfothii
que j'ai étudiés depuis plus de deux ans, je n'avais jamais vu
le noyau se diviser contre la paroi de la courbure interne con-
cave et que, d'autre pail j'avais rencontré ti'ès souvent des
frustules avec des noyaux divisés au centre de la cellule et
appliqués de part et d'autre contre la face interne des valves-
filles encore en voie de formation, j'en avais conclu que la divi-
sion s'opérait au centre de la cellule.
D'autre part, Schûtt a constaté chez Rhiz. fragilissima et
Guinardia baltica (Hensen) SchDtt, après la division du noyau
et le voyage des deux jeunes noyaux vers la partie centrale de
la cellule, le retrait du plasma entraînant les masses périnu-
cléaires et les noyaux en sens opposé, et laissant un vide au
milieu de la cellule-mère, lequel retrait est suivi du rappro-
chement des surfaces plasmiques au moment des premiers
symptômes de formation des valves-filles.
Ce retrait des deux noyaux divisés el des surfaces plas-
miques, immédiatement avant la sécrétion des valves-filles, je
l'avais déjà observé chez des espèces dont les frustules vivent
isolés (par exemple Ditylium BrightirelUi West), ou dont les
valves, les frustules étant réunis en chaînes, sont reliées,
d'un frustule à l'autre, par différentes sortes d'appendices
STATION BIOLOGIQUE 63
plus OU moins développés, et, par conséquent, sont placées, par
cela même, à une certaine distance l'une de l'autre (par exemple
Stephanopyjcis turgida Gheville). Mais, n'ayant pu découvrir
rien de semblable, malgré de longues et patientes recherches,
chez les espèces dont les frustules, réunis en chaînes, ont, d'un
frustule à l'autre, leurs valves contiguës, sans appendices inter-
médiaires (par exemple, Rhiz. StoUerfothii H. Peragallo et
Guinardia flaccida H. Peragallo), j'en avais conclu que les
valves étaient sécrétées au centre de la cellule, sans qu'il y eût
préalablement retrait, puis rapprochement du plasma. En effet,
je ne pouvais me douter, du moment que les valves-filles de-
vaient se trouver, une fois terminées, contiguës au centre de la
cellule et que je rencontrais toujours les jeunes noyaux égale-
ment au centre de la cellule, apphqués chacun contre la paroi
de l'une des deux nouvelles valves-fdles encore en voie de for-
mation, qu'il pouvait s'être produit auparavant le retrait, puis
le rapprochement des surfaces plasmiques divisées, ce qui pa-
raît, à première vue, un processus inutilement compliqué.
Lorsque j'eus connaissance de l'ouvrage de Schiitt, je recom-
mençai mes recherches, me demandant si ce processus n'exis-
tait pas également chez le RJiiz. Stolterfolhii.
Je pus observer le retrait et le rapprochement successifs
des surfaces plasmiques chez le Guinardia flaccida. et, ainsi
qu'on l'a vu plus haut, chez le Rhiz. deàcatula, le retrait seu-
lement chez le Cerataulina Bergonii H. Peragallo, mais il me
fut impossible de rien découvrir concernant le Rhiz. Sloltei-
fothii.
Cependant, comme un doute subsiste encore, que j'espère
pouvoir éclaircir par la suite, j'ai supprimé, dans ma nouvelle
planche I, les dessins b et c de l'ancienne fig. 3, et je donne,
dans ma nouvelle flg. 6, en a, b, c, d, e, f, les phases successi-
\es du voyage des deux jeunes noyaux tout récemment formés
par la division du noyau de la cellule-mère, gagnant chacun,
par un mouvement simultané, après la sécrétion des valves-
filles, leur place respective au milieu de la courbure intérieure
concave de chaque cellule-fille.
Comme on le voit par les fig. 6 a, b et c, les masses plas-
miques périnucléaires m' et m", avec les jeunes noyaux qu'elles
renferment, glissent simultanément le long des parois des
64 SOCIÉTÉ SCIENTIFQUE d'aRCACHON
valves tout nouvellement sécrétées, les chromatophores conser-
vant, par rapport à elles, leur tendance radiante {^). Elles attei-
gnent, dans la fig. 6 c, la courbure intérieure concave du frus-
tule. Arrivées à cet endroit, elles s'éloignent de plus en plus
l'une de l'autre, tandis que se forment les nouveaux anneaux
d'imbrication et les nouveaux connectifs à l'intérieur des anciens
connectifs, contre le bord libre, tout récemment sécrété, des
valves-filles et que, par suite de la croissance générale de tout
le contenu cellulaire des nouvelles cellules-filles, les valves-
filles sont poussées par glissement, avec la partie déjà sécrétée
des nouveaux anneaux d'imbrication et des nouveaux connec-
tifs y attenant, hors des anciens connectifs qui se désemboîtent,
puis s'écartent de plus en plus l'un de l'autre, les deux cellules-
filles augmentant progressivement de longueur (fig. 6d, e). Dans
lafig. Of, les nouveaux connectifs sont entièrement formés et les
masses plasmiques périnucléaires avec leurs noyaux sont main-
tenant parvenues au milieu de la courbure concave intérieure
des cellules-filles, elles sont appliquées contre la paroi interne
de l'anneau d'emboîtement que forme chacun des nouveaux con-
nectifs avec l'un des anciens et les cellules-filles ont acquis leur
longueur définitive, reproduisant la cellule-mère représentée
fig. 5(2).
Ce voyage des noyaux et des masses périnucléaires qui les
entourent, pour gagner, dans les nouvelles cellules, leur place
respective, semble se faire très lentement et parallèlement à
la sécrétion des nouveaux connectifs, parallèlement aussi au
désemboîtement, puis à l'écartement progressifs des anciens
connectifs. J'ai observé ce voyage chez toutes les Diatomées
pélagiques sans exception que j'ai étudiées à Arcachon. On
peut être certain, lorsqu'on rencontre, dans une chaîne de
Diatomées pélagiques, deux valves adjacentes de deux frustules
voisins renfermées encore à l'intérieur de connectifs non
désemboîtés, que ces valves sont très récemment formées,
et l'on trouve toujours, en ce cas, les noyaux soit appliqués
(*) Dans les fig. 6 a, b, c, d, e, f, pour plus de clarté dans le dessin, je n'ai pas
figuré les nombreux chromatophores qui, pendant toute la durée de ces différentes
phases, ne cessent de recouvrir les masses périnucléaires et les cachent presque com-
plètement.
(2) J'ai dessiné pi. I, fig. 1, d'après nature, un tour de spirale formé par les divi-
sions successives des cellules du Rhiz. StoUerfothii, montrant ces cellules dans
différentes phases de la division.
STATION BIOLOGIQUE 65
contre l'a paroi interne des jeunes valves, soit en train de
voyager pour gagner leur place respective dans les nouvelles
cellules-filles. Autrement dit, jamais l'on ne trouvera le noyau
situé à sa place de repos dans un frustule dont l'une ou l'autre
valve sera renfermée avec la valve contiguë, conjointe ou sim-
plement opposée du frustule voisin dans l'intérieur de connec-
tifs non désemboîtés.
Un autre fait également constant est celui-ci :
Dans tous les cas observés par moi, les deux jeunes noyaux
récemment formés et leurs masses plasmiques périnucléaires
sont toujours placés, au moment de la sécrétion des nouvelles
valves, le long de l'axe pervalvaire et par conséquent là où sera
la partie centrale de ces valves, le plus souvent au milieu de cet
axe, c'est-à-dire à égale distance des points centraux des deux
valves de la cellule-mère, toujours, en tout cas, dans la zone
d'emboîtement des anciens conneclifs, et le plus souvent au
centre de cette zone. C'est ce que montre, en m' et m", la
fig. 6 a.
Chez les espèces, telles que Rhiz. Stolterlothii, oili les valves
accolées de deux frustules conjoints se touchent immédiate-
ment sans être reliées par des appendices plus ou moins déve-
loppés, les parties emboîtées des anciens connectifs, — ce que
j'ai appelé l'anneau d'emboîtement, — se voient plus difficile-
ment que chez les autres espèces, où l'écartement relatif des
valves voisines les laisse mieux apercevoir. Elles trahissent
cependant toujours leur présence par ce fait très particulier
qu'on aperçoit, sur chacune des deux lignes parallèles que for-
ment les contours du frustule tourné du côté de la face connec-
tive, un trait plus marqué correspondant à l'anneau d'emboîte-
ment, trait qui paraît dû à un épaississement de silice et qui
provient de ce que, pour cette partie emboîtée seulement, il y a
à cet endroit l'épaisseur de deux parois et non plus d'une seule.
On peut constater facilement ce détail sur la plupart des
figures de mes deux planches. Quant aux deux lignes transver-
sales formées par les contours des bords libres, l'un interne,
l'autre externe, des connectifs emboîtés, elles sont extrêmement
délicates à découvrir. Un excellent moyen d'apercevoir plus
nettement, dans les cellules en voie de division, la présence
et le mode d'emboîtement de ces connectifs très hyalins, —
sociÉTii: d'Arcachon. 5
66 SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE D*ARGACHON'
que Schiitt appelle, pour cette phase spéciale du processus de
déduplicalion, Internodiale MembranJiôsclien, et qui donnent à
la cellule-mère tout récemment divisée un aspect si caractéris-
tique, ressemblant à des étuis fermés ou ouverts suivant le
degré de croissance des cellules-filles, — c'est, ainsi que je l'ai
dit plus haut et comme l'indique Schiitt (II, p. 495), de colorer
au moyen de Thématoxyline ou du bleu de méthylène le liquide
qui les contient et de les observer dans ce liquide même.
Ces connectifs prennent admirablement la couleur et deviennent
alors très visibles avec leurs détails.
Je viens de décrire ce que j'ai pu voir jusqu'ici du processus
de division chez le Rhiz. StolterfothiL J'espère pouvoir, en conti-
nuant mes observations sur ce point si intéressant, les com-
pléter peu à peu.
Si ce que j'ai exposé plus haut offre quelque intérêt, c'est
surtout en ceci que toutes mes recherches ont été faites sans
que j'eusse connaissance de celles de Schiitt sur le même sujet,
et qu'elles m'ont conduit, pour des espèces différentes, à des
constatations analogues aux siennes. Il est vrai que je n'ai pu
arriver à voir, aui moment de la division de la cellule, chez le
Rhiz. Stolterfothii, le retrait et le rapprochement successifs des
Surfaces plasmiques après le dédoublement du noyau de l'a cel-
lule-mère. Mais rien ne prouve que ces phénomènes n'existent
pas, et je vais faire sur ce point des recherches nouvelles.
On verra par la suite que, sur beaucoup d'autres points, mes
études personnelles ont confirmé la manière de voir de Schiitt,
toujours très judicieuse.
Il m'est arrivé de rencontrer dans mes pêches pélagiques, à
certaines époques, des agglomérations très typiques et très spé-
ciales de frustules de Rhiz. Slolterfothii. Ces frustules, tou-
jours de petites dimensions et très peu siliceux, sont réunis
bout à bout, le plus souvent par groupes de deux ou trois, de
façon à former des tronçons de spirale enchevêtrés et parais-
sant englobés dans une masse hyaline qui semble les faire
adhérer les uns aux autres. Je n'ai pu m'expliquer encore
cet état très particulier. N'y aurait-il pas là un phénomène
analogue à celui observé par Murray, notamment chez un
Coscinodiscus, et ces agglomérations ne seraient-elles pas de
même nature que celles dessinées par lui (I, pi. II, fig. 4-5),
STATION BIOLOGIQUE 67
c'est-à-dire très prqbablement issues par le mode de sporula-
tion spécial qu'il a découvert (I)? Je ne serais pas éloigné
de le supposer, car différents indices recueillis par moi au
cours de mes études sur les Diatomées pélagiques, me font
penser que le processus observé par Murray doit exister chez
beaucoup d'espèces, sinon chez toutes. C'est là une question du
plus haut intérêt, que j'espère pouvoir élucider par la suite.
Je donne, planche I, fig. 3, le dessin d'une de ces aggloméra-
tions de frustules de Rhiz. Stolterfothii. J'ai également trouvé
quelquefois des spirales de cette même espèce, composées de
frustules très peu siliceux, dont l'accolement formait des tours
de plus en plus petits, apphqués les uns sur les autres, et non
distants les uns des autres, comme c'est l'habitude, de telle
sorte que, de profil, les différents tours de spire d'une même
chaîne avaient à peu près la forme d'un tronc de cône. Tout
l'espace compris à l'intérieur des spirales, c'est-à-dire tout
l'intérieur du tronc de cône paraissait rempli d'une sorte
de substance hyaline qui semblait souder les frustules les uns
aux autres et se manifestait par la présence de corps étrangers
y adhérant et se déplaçant, lorsqu'on faisait mouvoir toute la
masse, en même temps qu'elle et d'un mouvement parallèle.
Y a-t-il corrélation entre cet état des frustules et l'état ci-
dessus décrit? Je ne sais. Je chercherai à éclaircir tous ces
points douteux encore.
Voici, pour terminer, quelques mesures prises sur des
cellules soit au repos, soit en état de division, et appartenant
à des spirales différentes. J'ai groupé sur une même ligne
les indications et les dimensions prises dans une même
spirale.
On remarquera, en consultant dans le tableau de la page
suivante les mesures des différentes cellules en voie de divi-
sion, que les cellules-filles récemment formées ont, deux à
deux, la même longueur (à une exception près). C'est là une
conséquence de ce fait que les valves-fîlles, ainsi que je le dis
plus haut page 65, sont sécrétées le plus souvent au milieu de
la cellure-mère, la divisant ainsi en deux parties égales. Il faut
ajouter que, par la suite, la croissance des cellules-filles ju-
melles semble se faire, d'ordinaire, dans d'égales proportions
de part et d'autre.
68
SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE D'aRCACHON
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STATION BIOLOGIQUE 69
Cette espèce n'est pas rare à Arcachon, où elle devient assez
abondante à certaines époques. Je l'ai trouvée également, le
4 septembre 1901, sur les côtes du Finistère, à Carantec, près
Morlaix, en immenses quantités et presque pure (à peine mé-
langée avec ÏAsterionella spathulifera Gleve et le Guinardia
[laccida H. Peragallo en longues chaînes). Elle a continué
pendant quelques jours à être excessivement abondante, puis
est devenue moins commune. Le 21 septembre 1901, date de
ma dernière pêche dans ceitte) localité, elle était beaucoup
moins abondante qu'au commencement du mois.
Lauderia Schrôderi n. sp. P. Bergon
=• Lauderia delicatula Schroder non Peragallo
(Schroder, I, p. 23, pi. I, fig. 9 a, 9 b.)
Frustules cylindriques, formant des chaînes droites. Valves
circulaires, munies d'une couronne marginale de bâtonnets
parallèles et d'une épine centrale.
Les bâtonnets sont bifurques à leur extrémité et alternés
entre les deux valves adjacentes de deux frustules voisins, de
telle façon que l'extrémité de chaque branche de fourche est en
contact avec l'extrémité de la branche de fourche non correspon-
dante d'un des bâtonnets de la valve opposée, chaque bâtonnet
de chaque vaJve aboutissant ainsi, par ses extrémités, à deux
bâtonnets de l'autre valVe (pi. I, partie inférieure de la fig. 11).
Ce mode de jonction des couronnes de bâtonnets est identi-
que à celui dessiné par Schiitt pour le Skeletonema costatum
Greville (II, pi. XII, fig. 8-9), à cette exception près que je
n'ai pu voir, chez le Lauderia Schr'ôderi, au point de jonction
des branches de fourche deux à deux, le petit épaississement
sphérique que Schûtt indique dans sa figure. Lorsque la cohé-
rence cesse entre deux valves adjacentes, la rupture des
bâtonnets se fait à leur point de jonction, qui est situé exacte-
ment à égale distance des deux valves, c'est-à-dire que chaque
bâtonnet dissocié porte à son extrémité la moitié des branches
de fourche qui le rehaient à deux bâtonnets de la valve opposée
70 SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE d'aRCACHON
(voir la valve terminale de la partie inférieure de la chaîne
représentée pi. I, fig. 11) (*).
Au centre de chaque valve existe une petite dépression en
forme d'entonnoir, au fond de laquelle est fichée une épine
droite qui, d'un côté, pénètre pour une certaine partie dans l'in-
térieur dui frustule et de l'autre se dresse hors de la cavité
centrale pour coïncider bout à bout avec l'épine centrale de
la valve opposée (pi. I, partie supérieure de la fig. 11) {^). Il y a
là, au point de jonction des épines centrales, comme à celui
des bâtonnets marginaux, un locus minoris resistanciœ, car
la cohésion des frustules entre eux est très peu stable
et, pour peu que le contenu vivant de la cellule s'al-
tère, les frustules se désassocient, se séparant aux endroits
de jonction des épines centrales et des bâtonnets marginaux.
Anneaux d'imbrication assez nombreux, à encoches bien visi-
bles, lorsque le frustule est tourné du côté des faces oiî elles
existent. Encoches à imibrication oblique, alternativement dis-
posées, d'un anneau à l'autre, sur un côté du frustule, puis
isur le côté opposé, de sorte que pour un même côté elles sont
visibles de deux en deux anneaux.
Masse périnucléaire centrale, située dans la zone d'emboîte-
ment. Je n'ai pu jusqu'ici, malgré des essais répétés, y faire
apparaître le noyau. Chromatophores assez nombreux, étoiles,
à 3-6 rayons (le plus souvent 4, ou 5), appliqués contre la paroi
interne du frustule. Filaments plasmiques soit appliqués éga-
lement contre la oaroi interne, et alors formant un fin réseau
(1) Dans la planche III parue en janvier-février 1902 (n»l du Micrographe Prépa-
rateur), j'ai figuré les bâtonnets du Lauderia Schrôderi (auquel j'avais encore gardé
le nom de Lauderia delicatula) non fourchus à leurs extrémités et non alternés
entre deux valves adjacentes de deux frustules voisins. Il m'avait semblé à cette
époque les voir ainsi dans les frustules étudiés. Des observations minutieuses m'ont
convaincu depuis qu'ils étaient en réalité tels que je les figure dans ma nouvelle
planche I. Ces détails sont extraordinairement délicats à voir nettement et presque
impossibles à distinguer sur des exemplaires préparés dans un liquide, exemplaires
que j'avais eus seuls à ma disposition au commencement de l'année 1902.
Il se pourraitd'ailleurs qu'il se rencontrât, comme cela a lieu pour leSkelelonema
costatum (Schûtt, II, pi. XII, fig. 4 e, fig. 5 x, X et \i), des frustules dont les bâtonnets
ne fussent pas fourchus à leurs extrémités, étant alors reliés entr'eux deux à deux et
bout à bout, et que les premiers exemplaires que j'ai observés fussent dans ce cas.
{-) Pour bien montrer le mode d'insertion de l'épine centrale dans la cavité
centrale, et le mode de jonction de deux épines opposées, j'ai représenté, dans la
partie supérieure de la fig. Il, pi. I, seulement cette épine, en négligeant à dessein
les bâtonnets marginaux. La partie inférieure de la même figure montre la superpo-
sition des deux détails, qu'il faut deux mises au point différentes pour apercevoir.
STA'J'ION BIOLOGIE LK 71
qui joint les chromatophores entre eux, soit radiants vers la
masse plasmique périnucléaire, et alors reliant les chromato-
phores voisins de l'anneau d'emboîtement à cette masse péri-
nucléaire, la maintenant ainsi comme suspendue au centre de la
cellule.
Je n'ai pu me rendre compte encore si les bâtonnets mar-
ginaux et la fine épine centrale sont tubuleux. Il est possible
qu'à l'état vivant des fils plasmiques les traversent et fassent
ainsi communiquer entre elles les cellules d'une même chaîne.
Ce qui peut le faire supposer, c'est que, dès que les cellules
meurent, la cohésion cesse aux points de jonction des épines
centrales et des bâtonnets marginaux, sans même que le
moindre choc se soit produit. De plus, dans les cellules
vivantes, un filet plasmique très visible rejoint la masse péri-
nucléaire à l'extrémité interne de l'épine centrale de chaque
valve. On peut supposer que ce filet continue dans l'épine
tubuleuse et, traversant ensuite l'épine opposée, réunit ainsi
les masses périnucléaires des cellules composant une même
chaîne. Je compte faire, par la suite, de nouvelles recherches
sur ce point intéressant.
J'ai trouvé à Arcachon cette forme, que Schroder (I, p. 23,
pi. I, fig. 9 a, 9 5) décrit comme espèce pélagique rencontrée
par lui dans la baie de Naples, et qu'il rapporte au Lauderia
delicatula H. Peragallo.
J'ai pu me convaincre, en étudiant la préparation type qui
a servi à l'auteur de cette espèce pour le dessin de la fig. 13,
pi. I, de sa Monographie des Rhizozolenia, que la forme de
Schroder est une tout autre espèce. Cleve a d'ailleurs retrouvé
le Laud,ena delicatula, et le dessin qu'il en donne (I, pi. II,
fig. 21) concorde bien avec celui de Peragallo. Il n'y a donc
pas de doute que l'espèce très valable de Peragallo ne possède
qu'une couronne de fines épines marginales et pas de dépres-
sion ni d'épine centrales. Quant à la forme d'Arcachon, elle
me paraît identique à celle de Schroder, sauf que les frustules
sont un peu plus distants les uns des autres et que les bâton-
nets qui les joignent, par cela même, sont plus développés.
Schroder, il est vrai, parle, non pas de bâtonnets, mais de fines
dents alternées que l'on prendrait plutôt, sur des exemplaires
vivants, pour de délicates granulations. Il faudrait, pour dif-
72 SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE D'aRCACHON
férencier plus sûrement ces deux formes, pouvoir étudier celle
du golfe de Naples, ce qu'il m'a été impossible de faire. En tout
cas, je ne vois là que deux variétés d'une même espèce (i).
J'ai pensé d'abord que cette espèce pouvait être le Lauderia
condensata Cleye {II, p. 22, pi, VIII, fig. 12-13). Le dessin qu'il
donne de la face valvaire de cette espèce se rapproche beau-
coup de la fig. 12 de ma planche I. Cependant comme, dans
la figure de Cleve, les valves paraissent être reliées deux à deux
par un filament ininterrompu comme chez les Thalassiosira, et
non pas par les deux épines si typiques, dont chacune se pro-
longe, au travers de la dépression centrale de la valve à laquelle
elle appartient, jusque dans l'intérieur de la cellule, et, de l'au-
tre côté, rejoint par son extrémité l'extrémité de l'épine de la
valve opposée, leur point de jonction devenant le point de rup-
ture lorsque les frustules se séparent les uns des autres,
comme, d'autre part, les chaînes du Thalassiosira condensata
ne paraissent pas rigides comme celles de la forme d'Arcachon
et de Naples, je crois devoir faire de cette forme une nouvelle
espèce, que je propose d'appeler Lauderia Schrôderi^ Schroder
l'ayant découverte le premier. J'ai hésité à en faire un Thalas-
siosira. En fin de compte, je l'ai maintenue dans le genre
Lauderia, justement à cause du caractère de l'épine centrale,
qui n'est pas un filament continu d'un frustule à l'autre, et de
la couronne marginale de bâtonnets coïncidant par leurs extré-
mités, tandis que chez les Thalassiosira le filament central,
assez développé, rejoint seul les valves deux à deux. Cette
forme rentre aisément dans la définition du genre Lauderia
donnée par Peragallo (I, p. 105). II est certain toutefois que
'c'est là une forme de transition, qui passe d'un côté aux
Thalassiosira, par la présence de l'épine centrale des valves
reliant les frustules entre eux, et de l'autre aux Skeletonema par
le mode alterné de jonction des bâtonnets marginaux.
J'ai rencontré les endocystes ou spores de repos (statospores)
(*) La forme de Naples, d'après les mesures indiquées par Schroder (longueur : 8 à
10 jj.; largeur 2 (i, 2 à 2 ji, 8) est beaucoup plus longue, par rapport à sa largeur, que
la forme d'Arcachon (longueur: 3 |x, 3 à 4 jx; largeur; 1 |j., 6 à 3 jx). Cela n'a pas d'im-
portance d'ailleurs, car, chez toutes les espèces pélagiques que j'ai étudiées, on rca-
contre, suivant les localités, et, pour une même localité, suivant les époques, de
grandes différences de longueur par rapport à leur largeur. Je n'ai pu encore m'expli-
quer nettement la cause de ces différences. Je reviendrai sur ce sujet dans la suite
de mon trd\ail.
STATION BIOLOGIQUE 73
de cette espèce dans les intestins de Spatangus purpureus
MiiLLER pêcliés dans l'Atlantique, en dehors du bassin d'Arca-
chon, par 35 brasses, au large de Contis.
Je recommande ce moyen de récolter les endocystes des Dia-
tomées pélagiques reposant au fond de la mer. Les oursins
vivent essentiellement sur les fonds et s'y nourrissent, appli-
qués contre le sol sur lequel ils se meuvent par une sorte de
glissement. Ils absonbent ainsi tout ce qui s'y dépose et l'on
peut retrouver de cette façon, dans leurs intestins, les endo-
cystes des Diatomées pélagiques, pendant leur période de
repos.
Je donne le dessin d'un frustule avec endocyste, planche I,
fig. 14. Comme tous les endocystes, ceux du Lauderia Schrô'deri
sont beaucoup plus siliceux que les frustules qui les contien-
nent. En effet, ces frustules, vivant dans les eaux de surface,
n'ont pas à subir l'a forte pression à laquelle sont soumis les
endocystes, destinés à vivre dans les fonds.
Les spores de repos ou endocystes du Lauderia Schrô'deri
ont leurs valves bombées, en forme de calotte presque hémi-
sphérique et portent une couronne de courtes épines légèrement
distantes de la périphérie, plus robustes que les bâtonnets mar-
ginaux des valves ordinaires, et non bifurquées à leur extré-
mité. Au centre des valves se trouve également une dépression
en entonnoir, mais je n'ai pu apercevoir aucune épine centrale.
Il est possible, cependant, qu'il y ait, au fond de la cavité, un
embryon d'épine, car l'on voit sur la face valvaire (pi. I, fig. 15)
un point central qui doit être la projection de cette épine
embryonnaire. Quelques anneaux d'imbrication un peu défor-
més sont visibles sur la face connective, avec leurs encoches.
J'ai représenté, planche I, fig. 13, un demi-frustule conte-
nant deux valves internes, trouvé dans la récolte qui contenait
les endocystes du Lauderia Schrôderi. Je n'ai pu encore m'ex-
pliquer cette formation de plusieurs valves internes dans un
demi-frustule, fait que j'ai constaté plusieurs fois, dans cette
même récolte, pour Je Lauderia Schrô'deri, et dans des pêches
du bassin, pour d'autres Diatomées pélagiques, telles que Rhizo-
zolenia indica H. Peragallo et Stephanopyxis turgida Gre-
viLLE. Je me propose de faire des recherches à ce sujet, et j'y
reviendrai lorsque j'étudierai ces espèces.
74 socii'riK SCIENTIFIQUE d'arcaciion
La première récolte de Spatangus purpureus date du 7 mai
1901. J'ai fait pêcher ensuite, à plusieurs reprises, dans le cou-
rant de mai, des Spatangus dans la localité et dans les envi-
rons de la localité mentionnée plus haut. Tous contenaient
dans leurs intestins de nombreux frustules de Lauderia Schr'o-
deri, avec un endocyste à l'intérieur de chaque frustule.
Alors se produisit un fait intéressant :
A l'époque de ces premières récoltes, c'est-à-dire au com-
mencement de mai 1901, le Lauderia Schrôderi ne se rencon-
trait pas dans les pêches pélagiques du bassin. Les récoltes
ultérieures d'intestins de Spatangus de la même locahté, faites
au commencement de juin, continrent tout à coup beaucoup
moins de Lauderia. Peu après, vers le milieu de juin, l'espèce
apparut pour la première fois dans les pêches faites près de
l'entrée du .bassin, vers l'es bouées, en deçà des passes. Très
peu de temps après, le Lauderia était récolté au large de la
jetée du Laboratoire. A partir de ce moment les Spatangus,
recueillis toujours dans la même localité (au large de Contis,
par 35 brasses), ne continrent plus de Lauderia.
Cette espèce était donc, en mjai, à la fin de sa période de
repos, et ses spores couvraient en immenses quantités les
fonds de l'Océan au large de Contis. Elle remonta à la surface
au commencement de juin, pour entrer dans le bassin au miheu
de ce mois et s'y multiplier.
Au même moment oiî je faisais les premières récoltes d'in-
testins de Spatangus, j'opérai quelques sondages dans le bas-
sin, aux environs d'Arcachon, pour comparer les résultats.
Je ne trouvai, malgré des recherches minutieuses et multipliées,
qu'un seul frustule de Lauderia Schvô'deri, frustule avec endo-
cyste, dans un sondage fait près des crassats d'Arams. L'espèce
vint donc bien, par la suite, de l'Océan.
Il est certain que deux facteurs entrent dans les lois d'appa-
rition et de disparition des espèces pélagiques, pour les pêches
faites dans le bassin. Une même espèce peut ou y pénétrer
grâce aux courants venant de l'Océan aux marées montantes,
ou être acclimatée dans les fonds tranquilles du bassin, et, à
certaines époques, remonter à la surface. Ou bien encore ces
deux hypothèses peuvent être vraies, simultanément. Je ferai
de cette question, à la fin de ce travail, une étude approfondie.
HTATION BIO LOG IQ LE 75
Quant au Lauderia Schrffderi, son introduction dans le bassin,
au mois de juin 1901, par les courants qui l'amenaient des
parages situés au large de Gontis, ne fait pas le moindre doute.
L'observ^ation que je viens de relater est à rapprocher d'un
fait analogue observé par Schûtt pour les Chœtoceros (V, p. 7
et 8). II eut l'idée, à un moment où les Chœtoceros étaient
encore en active végétation à la surface de la mer, mais
où le commencement de la formation des statospores ou spores
de repos annonçait déjà la fin prochaine de cette période végé-
tative, de descendre un filet de line batiste au fond de la mer,
en le laissant suspendu librement à un ou deux décimètres
du fond. Tant que les Chœtoceros restèrent à la surface, le filet
fut trouvé complètement vide. Quelques jours après, les Chœ-
toceros ayant disparu de la surface, le contenu du filet présenta
une grande quantité de cellules de Chœtoceros, presque entiè-
rement contituées de statospores. Comme on le voit, l'obser-
vation que j'ai pu faire pour le Lauderia Schroderi est la
contre-partie exacte de celle que fit Schûtt pour les Chœto-
ceros.
Ici se place une obser\'ation intéressante relative à l'exis-
tence, chez le Lauderia Schroderi, ainsi que chez d'autres Dia-
tomées pélagiques, d'aiguilles fiHformes excessivement ténues,
disposées en couronne à branches divergentes entre elles sur
la périphérie des valves, à peu près comme les épines des
Corethron. En faisant glisser directement, sous le microscope
et sur la lamelle porte-objet, à l'aide d'un poil emmanché, une
chaîne de Lauderia Schroderi de l'a goutte d'eau de mer qui la
contient dans une minuscule goutte d'eau distillée placée à côté,
puis en la laissant sécher, les frustules se déforment et s'affais-
sent, de telle sorte qu'aux extrémités de chaque frustule les faces
valvaires se montrent le plus souvent à plat. On voit alors dis-
tinctement, autour des valves circulaires, des filaments semblant
émaner de la périphérie, affaissés et collés soit contre les parois
externes des frustules, soit contre la lamelle. Ils disparaissent
entièrement lorsqu'on les brûle sur une lame de platine.
J'ai reconnu également l'existence de ces filaments chez une
forme très analogue au Lauderia ammlata Cleve, que j'ai ren-
contrée dans le bassin d'Arcachon, et où ils sont très visibles à
sec.
76 SOCIÉTÉ SCENTIFIQUE D'ARCACHON
Le Lauderia annulata possède, d'après Otto Mûller, sur cha-
cune de ses valves un peu bomjbées, des épines alternant avec
les épines de la valve qui leur est opposée dans la suite de la
chaîne.
Chez les exemplaires trouvés par moi à Arcachon, les épines
l
FiG. 2.
Lauderia annulata Clevr (var. nov.?).
X600
ne semblent pas alternées et les valves paraissent rejointes par
des filaments continus. Peut-être y a-t-il là deux espèces dis-
tinctes, ou une espèce et une simple variété de cette espèce.
Je traiterai plus longuement ce point lorsque j'étudierai le Lau-
deria annulata. Quoi qu'il en soit, Miiller a reconnu (I, p. 203-
204, pi. IX, flg. 9) que les épines de ce Lauderia étaient de petits
tuyaux par lesquels devaient passer, à l'état vivant, des fils
plasmiques rejoignant la valve opposée, dans laquelle ils pénè-
trent, d'après lui, par de très petites tubulures situées entre
les épines. Sur les bords des valves, qui sont fortement en
pente, existent également de petites tubulures très courtes,
un peu courbes, canaliformes, se présentant de face sous l'as-
pect de pores très petits, et auxquels jMiiller, très judicieuse-
ment, suppose une fonction autre que celle des tuyaux à fils
plasmiques destinés à assurer la cohésion des frustules d'une
même chaîne et la communication plasmique d'un frustule à
l'autre.
Lorsqu'on a desséché des frustules de la forme d'Arcachon,
on aperçoit très distinctement de longs filaments émanant des
courtes tubulures latérales. Je donne ci -dessus, fig. 2, un
STATION BIOLOGIQUE 77
croquis de ces frustules avec les filaments tels qu'ils se pré-
sentent après dessiccation, appliqués les uns contre la lamelle
porte-objet, les autres contre les frustules.
Des observations plus récentes que j'ai pu faire sur des chaî-
nes de cette espèce, baignant dans l'eau de mer et colorées
au bleu de méthylène, m'ont fait apercevoir distinctement, quoi-
que difficilement, ces filaments, qui forment alors, à la péri-
phérie des valves, une couronne d'aiguilles droites, rigides et
divergentes entre elles, émanant des tubulures latérales et rap-
pelant beaucoup la couronne d'aiguilles siliceuses des Core-
thron.
Le fait qu'ils disparaissent lorsqu'on les brûle sur le cover
prouve qu'ils sont constitués par une substance bien faiblement
sinon nullement siliceuse. Ils ont certainement de l'analogie
avec les aiguilles divergentes entre elles et radiantes par rap-
port aux cellules que Schiitt a découvertes chez son Cyclotella
socialis (I, p. S4 ,pl. VII et VIII, fig. 23 à 35, et 37). Mais je ne
sais s'ils sont de même nature, car les aiguilles du Cyclotella
socialis se rencontrent, d'après Schûtt, sur toute la surface des
parois extérieures des frustules, tandis que, chez les Lauderia
Schroderi et annulata (var. nov.?), ils émanent seulement de la
périphérie des valves, et de plus, chez le Lauderia annulata
(var. nov.?), de tubulures canalif ormes très visibles.
J'ai constaté également l'existence de cette même couronne
de filaments chez plusieurs espèces de Thaldssiosira. Je revien-
drai sur cette question lorsque j'étudierai dans ses détails
chacune de ces espèces.
Je veux à ce propos, avant de terminer ce chapitre, signaler
un Cyclotella qui apparut pour la première fois dans mes pê-
ches en octobre 1902, et qui rappelle, par le mode de réunion
de ses cellules en agglomérations ou colonies plus ou moins
sphériques, le Cyclotella socialis Schûtt. Peut-être cette forme
m'avait-elle échappé jusqu'ici. Chaque cellule émet, chez cette
espèce comme chez le Cyclotella socialis, de très nombreuses
aiguilles droites et rigides dans l'eau, s'infléchissant souvent et
s'affaissant à sec, dirigées pour la plupart vers l'intérieur de
la sphère,, radiantes par rapport à la cellule, divergentes entre
elles par leurs extrémités, et assurant, par l'entremêïement de
ces extrémités, la cohérence des cellules d'une même colonie.
78 SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE D'aRCACHON
Ces aiguilles disparaissent en brûlant les i'rustules sur le cover.
Ce n'est certainement pas la même espèce que celle de Schiitt,
car les valves sont très différentes de celle représentée par lui
(I, pi. VIII, fig, 40). Dans la présente forme, elles portent une
couronne submarginale de fms appendices, et sont munies
d'une dépression centrale.
Cette remarquable espèce demande une étude approfondie,
que je n'ai pu faire encore. Je la publierai prochainement, me
contentant, pour le moment, de la mentionner.
Guinardia flaccida H. Peragallo.
(H. Peragallo, I, p. 107, pi. XIII, fig. 3-5.)
Les frustules cylindriques de cette espèce, dont on rencontre
assez fréquemment dans le bassin les longues chaînes droites,
se rapportent exactement à la description de Peragallo. L'entaille
marginale, à crête légèrement saillante, dont chaque valve est
munie, est bien visible, mais je n'ai jamais pu, chez les exem-
plaires observés, découvrir, au sommet de cette saillie, la
courte épine dont il a constaté la présence une fois seulement.
Les valves sont concaves et ne sont en contact, d'un frustule
à l'autre, que par leurs bords, les sailUes marginales de deux
valves accolées s'engrenant chacune dans l'entaille de la valve
opposée (pi. II, fig. 1).
Le noyau, à l'état de repos, est comme suspendu au centre
de la cellule, dans la zone d'emboîtement des connectifs, en-
touré d'une masse plasmique périnucléaire développée, laquelle
est rehée aux parois cellulaires par des lils plasmiques très
distincts, souvent divisés en deux branches, dont les extrémités
aboutissent chacune à un chromatophoi-e. Cette disposition
est surtout visible losqu'on parvient à observer le frustule
reposant sur l'une des deux faces valvaires, ainsi que le montre
la fig. 2, pi. II, où j'ai indiqué en o le noyau central.
Il importe de dire que les deux branches de chaque fourche
plasmique n'aboutissent pas au même niveau et qu'elles sont
vues dans ce dessin en projection, l'une des deux branches
étant dirigée vers le haut et l'autre vers le bas, de sorte que
les chromatophores auxquels elles aboutissent forment, contre
.STATION BIOLOGIQUE 79
les parois internes du frustule, non pas une, mais deux cou-
ronnes d'étoiles, situées de part et d'autre du noyau, ainsi
que je l'ai dessiné dans la fig. 1, pi. II, qui montre une
cellule de Guinardm flaccida à l'état de repos, avec sa masse
plasmique périnucléaire centrale. Cette double couronne est
plus ou moins nette, suivant que les rayons plasmiques sont
tous, ou quelques-uns seulement, bifurques. Il n'existe naturel-
lement qu'une seule couronne lorsque les rayons ne sont pas
divisés à leur extrémité.
Les chromatophores ont la forme d'étoiles à 3-6 rayons
sinueux (le plus souvent 4, ou 5), dont les extrémités
sont reliées entre elles, de chromatophore à chromatophore,
par un fin réseau de fils plasmiques, souvent anastomosés,
émanant radialement de la masse périnucléaire centrale.
J'ai pu suivre chez cette espèce, dans ces derniers temps,
le processus de division de la cellule, depuis la division du
noyau de la c^Ilule-mère en deux jeunes noyaux, jusqu'au
voyage qu'accomplissent ces deux noyaux pour gagner, les
deux valves-filles une fois sécrétées, leur place respective au
centre des nouvelles cellules-filles.
Le processus que je vais décrire est tout à fait analogue à
celui que Schûtt a décrit et figuré (II, pi. XII, fig. 11-12) pour
le Gu'umrdia baltica Hensen. Cleve (YI, p. 38) a rapporté cette
dernière espèce au GuinanUa flaccida H. Peragallo. Cepen-
dant Schûtt, dans la diagnose si détaillée qu'il donne du Gui-
nardia baltica, ne parle pas de l'entaille marginale si typique
des valves et l'es indi(Uie seulement comme étant concaves.
De plus, chez cette dernière espèce, les chames, et par consé-
quent les frustules, sont très nettement courbes, tandis qu'elles
sont droites, ainsi que les frustules, chez le Gainardia flaccida.
Pour ces deux raisons, l'identité des deux espèces me semble
douteuse, et jusqu'à nouvel ordre je les tiens pour dis-
tinctes.
Processus de division du Guinardia flaccida H. Pera-
gallo. — Après la division, au centre de la cellule, du noyau
et de la masse plasmique périnucléaire en deux noyaux, égale-
ment entourés chacun d'une masse plasmique périnucléaire, le
plasma de la cellule quitte les parois internes de l'anneau d'em-
80 SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE D'aRCACHON
boîtement du conneciif emboîté, formant une sorte d'étrangle-
ment ou de dépression circulaire qui figure par projection, tout
contre les lignes de contour du frustule, et de part et d'autre des
deux noyaux (et de leurs masses plasmiques), contigus encore
bien que divisés, deux espaces vides triangulaires, lesquels
s'aggrandissent peu à peu et s'allongent à la rencontre l'un
de l'autre jusqu'à se rejoindre au centre de la cellule en
séparant les deux masses plasmiques périnucléaires. La
fig. 3 a, pi. II, montre cette phase au moment qui précède
immédiatement la séparation des deux masses périnu-
cléaires.
Aussitôt que les deux surfaces plasmiques sont séparées,
elles s'éloignent Fune de l'autre et se retirent vers les extré-
mités de la cellule-mère, laissant entre elles un assez large
espace vide.
A cette phase précise du processus de division, j'ai plusieurs
fois constaté, — assez rarement, — la présence du fdament
plasmique rencontré une seule fois par Schûtt chez le Guinar-
dia baltica, reliant les surfaces plasmiques rétractées, immé-
diatement après leur retrait et disparaissant ensuite (Schûtt ,
II, p. 503, pi. XII, lig. 11 G D). Je reviendrai sur ce fait inté-
ressant à la fin de cette première partie de mon travail, à
propos du Stephanopyxis tiuxjida Greville.
J'ai représenté, fig. 3 b et c, les surfaces plasmiques rétrac-
tées reliées d'abord par un filament, ensuite complètement sépa-
rées l'une de l'autre, le filament ayant disparu.
Lorsqu'elles ont atteint la Umite de leur écartement, elles se
rapprochent de nouveau progressivement (fig. 3 d) jusqu'à se
mettre en contact par leurs surfaces restées toujours convexes.
Dès que le contact a eu lieu, de convexes qu'elles étaient, elles
deviennent concaves, commençant ainsi à prendre la forme que
revêtiront les futures valves-filles, lesquelles sont alors sécré-
tées (fig. 3 e). Je n'ai pu encore établir à quel moment précis
commençait la sécrétion de ces valves-filles, l'observation de
ces processus de division étant exceptionnellement délicate et
compliquée.
Lorsque la formation des valves est terminée, les masses
plasmiques périnucléaires, avec les jeunes noyaux qu'elles
renferment, quittent la partie centrale de la paroi interne des
STATION BIOLOGIQUE Si
nouvelles valves, contre laquelle elles étaient placées, pour
gagner, en s'éloignant progressivement l'une de l'autre, leur
place respective au centre des nouvelles cellules-filles. La
fig. 3 f les représente ayant déjà abandonné la partie centrale
des valves-filles et non encore parvenues au centre des cellules
nouvelles.
Tel est le processus de la division de la cellule chez le
Guinardia flaccida. Ces observations sont encore bien incom-
plètes, et de nombreuses lacunes subsistent, notamment la
connaissance des différentes phases de la sécrétion des con-
nectifs nouveaux et des anneaux d'imbrication intermédiaires
entre les valves et les connectifs proprement dits. J'espère que
de nouvelles recherches viendront combler ces lacunes.
Je n'ai pu prendre, pour cette espèce, un nombre suffisant
de mesures me permettant de dresser un tableau un peu com-
plet, donnant les dimensions des cellules à l'état de repos
et des cellules en voie de division. Voici, en attendant que je
puisse dresser ce tableau, l)e résultat de mesures prises sur un
certain nombre de cellules au repos :
Largeur, de 3 [x, 3 à 6 ijl, 6.
Longueur, de 6 f^, 6 à 18 [/..
Eucampia Zodiacus Ehrenberg.
(Van Heurck, I, pi. XCV bis, fig. 1-4.)
On trouve assez communément à certaines époques, dans
le bassin, ÏEucampia Zodiacus Ehrenberg, dont les frustules
accolés forment souvent de très longues spirales.
Le noyau de cette espèce est central, et les chromatophores
sont de petites plaques allongées, appliquées contre les parois
internes des frustules, ayant toujours une tendance à être
radiantes par rapport au noyau, souvent même très distincte-
ment rayonnantes. Un réseau de fils plasmiques, parfois assez
difficilement visibles, les reUe entre eux et au centre. A l'inté-
rieur des extrémités cornues des valves se trouve presque tou-
jours, à l'état vivant, une agglomération de petits granules très
fins et très réfringents. Je n'ai pu encore me rendre compte
SOCIÉTÉ d'Arcachon 6
82 SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE D'ARCACHON
exactement de leur véritable nature {^). J'ai constaté la présence
de ces granules également chez d'autres espèces pélagiques, et
j'y reviendrai par la suite, lorsque je m'occuperai de ces
espèces.
Il ne m'a pas été donné encore d'observer chez ïEucampia
Zodiacus le processus de la division de la cellule. Je représente
pi. II, fig. 4, un fragment de spirale appartenant à cette espèce
et montrant les chromatophores rayonnants autour du noyau
central indiqué en o. Les cellules terminales de ce fragment
sont en voie de déduplication, les noyaux c' et o" étant tout
nouvellement divisés et les valves-filles des cellules-filles a, b,
c, d, n'ayant pas encore précisé leur modelé définitif, et par
suite les espaces intercellulaires n'ayant pas encore pris leur
forme ovale. La fig. 5 m'ontre une disposition de l'endo-
chrome un peu différente, néanmoins toujours à tendance ra-
diante. Dans cette figure on voit en a l'es fins granules des cor-
nes terminales, granules que j'ai négligé à dessein de repro-
duire dans la flg. 4, pour plus de netteté dans. la représentation
des points de jonction des frustules entre euix. J'ai dessiné
(fig. 6), sous un plus fort grossissement, deux cornes conjointes
et leurs granules internes.
J'ai rencontré plusieurs fois des cellules d'Eucampia, qui
sont sans nul doute des frustules sporangiaux du rétablisse-
ment de taille de l'espèce. Je donne (pL II, fig. 7) le dessin de
l'un d'eux. Les deux valves du frustule sporangial primordial
étaient certainement les deux valves terminales de l'a courte
chaîne de deux frustules dessinée fig. 7, la plus petite valve
représentant la taille minima à laquelle l'es frustules d^Eucam-
pia devaient parvenir, par divisions successives, pour repro-
duire alors, par auxosporation, la taille primitive, c'est-à-dire
la taille de la plus grande valve. Une division de ce frustule
sporangial est ensuite intervenue, commençant à former la
(}) Ce ne sont certainement pas des globules huileux, car ils ne noircissent pas
lorsque les cellules ont été fixées avec le mélange de Flemming. En employant
d'abord comme fixateur fl'alcool iodé à 450 (suivant l'indication de Lauterborn,
I, p. 6-7), puis, comme agent colorant, l'Hématoxyline de Delafield, je n'ai obtenu
aucune coloration rouge. Cependant, en forçant de beaucoup la dose d'iode ajoutée
à l'alcool et en employant l'alcool absolu, j'ai vu apparaître la teinte rubis. carac-
téristique des granules ou globules de Biitschli. De nouvelles recherches sont
néanmoins nécessaires pour déterminer d'une façon définitive la véritable nature
de ces granules.
STATION BIOLOGIQUE 83
nouvelle spirale composée de frustules de grande taille. On
remarquera que la plus grande valve du frustule sporangia!
est convexe et non concave com'jne les valves ordinaires. De
plus, l'axe pervalvaire du frustule sporangial, chez cette
espèce, paraît être dans le prolongement de l'axe pervalvaire
spirale de la chaîne, à laquelle appartient le frustule de petites
dimensions qui est chargé de rétablir la taille, de sorte que, si
le frustule sporangial ne se détachait pas de la chaîne dont
il fait partie, les tours de la nouvelle spirale de grands frustu-
les continueraient la spirale primitive des frustules de petite
taille. Comme les deux cellules représentées fig. 7 sont très
récemment divisées, on voit, en o' et o", les deux jeunes noyaux
ayant quitté la partie centrale de la paroi interne des valves-
filles tout nouvellement formées et gagnant le centre des
cellules-filles.
Je n'ai pu malheureusement jusqu'ici suivre les différentes
phases du processus de rétablissement de. taille chez YEucam-
pia Zodiacus. J'espère que des recherches ultérieures me per-
mettront de l'observer.
Comme j'aurai certainement à revenir sur cette espèce dans
une partie prochaine de mon travail, je donnerai à ce moment
le tableau des mesures des frustules, mesures que je n'ai pu
prendre encore aussi comiplètes que je le désirerais.
Streptotheca Thamesis Shrubsole.
(Shrubsole, I, p. 259, pi. XIII, fig. 1 à 3. Van Heurck, II, p. 463.)
Cet organisme, dont pendant longtemps la véritable nature
est restée douteuse, doit être, à mon avis, classé parmi les
diatomées. Il est composé, en effet, de valyes et de connectifs,
lesquels s'emboîtent l'un dans l'autre. J'ai pu, en employant
la coloration au bleu de méthylène, découvrir sur la zone
connective des lignes transversales nombreuses et très rap-
prochées (distantes d'environ 0 \)., 76), indiquant probablement
la présence d'anneaux d'im,brication.
Je signale en passant cet excellent moyen d'apercevoir des
détails de structure excessivement délicats et invisibles autre-
ment. Voici, moins sommairement, en quoi il consiste :
84 SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE D'aRCACHON
On colore, par exemple au moyen du bleu de méthylène, le
liquide contenant la diatomée à observer. Puis, à l'aide d'un
poil emmanché, on transporte cette diatomée, en la faisant
glisser, de l'eau de mer où elle se trouve dans une très petite
goutte d'eau douce déposée tout à côté sur la même lame de
verre. L'important, lorsqu'il s'agit de diatomées très peu
sihceuses, est de ne pas laisser se dessécher, ne fût-ce
que pour un instant, le frustule ou la chaîne, pendant son
transport de la goutte d'eau de mer dans celle d'eau douce.
On y parviendra sans peine avec un peu d'habitude.
Le bleu de méthylène a pour effet, non seulement de colorer
les frustules, mais de les durcir ainsi que leur contenu, par
conséquent de diminuer très sensiblement les effets désastreux
produits, chez beaucoup de diatomées pélagiques, par l'im-
mersion brusque dans l'eau douce, et que j'ai indiqués dans
la première partie de ce travail. Lorsque l'eau douce s'éva-
pore ensuite,, la diatomée sèche en gardant sa forme, à très
peu de chose près, et le frustule coloré montre alors ses plus
fins detail's de structure.
A ce propos, je dois mentionner ce fait intéressant que, sous
l'action du bleu de methylene, certaines diatomées se colorent
intensément en violet rougeâtre foncé, tandis que les autres ne
prennent qu'une faible teinte bleue. Ces espèces, très sensi-
bles au bleu de méthylène, sont, en première ligne, parmi celles
que j'ai étudiées, le Streptotheca Thamesis et YAttheya decora
West (1), lesquels instantanément, dans la goutte d'eau de mer
additionnée d'un peu de solution colorante, attirent le regard
par leur coloration foncée, alors qu'auparavant la délicatesse et
le peu d'épaisseur des parois les rendaient presque invisibles
(surtout lorsqu'on traite des récoltes anciennes où les frustules
n'ont plus leur endochrome). C'est également par ce moyen
que j'ai pu voir, dans YAttheya decora, une sorte de cloison
ou double valve interne, que je compte décrire dans une; pro-
chaine publication.
Le bleu de méthylènei colore aussi avec intensité, mais plus
lentement,, une troisième espèce : la variété à deux angles du
(«) Cette espèce n'est pas pélagique. Je l'ai rencontrée, notamment en automne,
sur la plage mene du Moulleau, vivant sur le sable et y formant à marée basse, mé-
langée avec beaucoup d'autres diatomées, des taches et des traînées d'un brun roux
très accentué.
STATION BIOLOGIQUE 85
Bellerochea malleus Brightwell, qu'on rencontre à certaines
époques dans les pêches pélagiques faites dans le bassin.
Cette action colorante spéciale provient sans doute de ce fait
que les frustultes de ces trois espèces sont à peine siliceux.
Certains auteurs prétendent même qu'ils ne le sont pas chez le
Streptotheca. Le chauffage au rouge sur une plaque de platine
ne le détruit cependant pas complètement.
J'en arrive maintenant à la description détaillée du frustule
chez cette espèce.
Les valves montrent, vues de profil, une série d'ondulations
assez compHquées, qufi paraissent, pour les deux valves acco-
lées de deux frustuleg conjoints, s'engrener en quelque sorte
les unes dans les autres. Ces ondulations se voient dans 'a
fig. 8, pi. II, notamment dans les valves terminales de la
chaîne, en a. J'ai supprimé dans cette planche le dessin plus
grossi des ondulations que j'ai donné dans mon ancienne plan-
che II, parue en janvier-février 1902, cette figure, d'ailleurs
très exacte, ne montrant pas la courbe habituelle qu'ont ces
ondulations, mais une courbe particulière- dessinée d'après un
des rares frustul'es que j'avais pu observer à cette époque.
C'est ce dont je me suis aperçu depuis lors en étudiant de
nombreux spécimens que j'eus la chance de rencontrer. La
fig. 8 de ma nouvelle planche II montre, très suffisamment
et très fidèlement reproduites, les ondulations telles qu'elles
se présentent d'ordinaire.
La face valvaire est excessivement difficile à observer, à
cause de la torsion en spirale des chaînes et, par conséquent,
des fi^ustules. Elle est, par suite de cette torsion même, sig-
moïde, très étroite, les frustules étant très aplatis, et les petites
crêtes ondulées ne paraissent pas traverser la valve parallèle-
ment à son petit axe, com,me, par exemple, les ondulations des
Cymatopleura, mais semblent être placées plutôt latéralement
sur les bords de la valve, là où sont les carènes chez la
plupart des Nitzschia. Ces détails sont extrêmement difficiles
à apercevoir.
La disposition de l'endochrome, chez le Streptotheca Tha-
mesis, est variable suivant les phases de sa végétation. Cette
diatomée étant excessivement fragile, il est très rare de la ren-
contrer en bon état dans les pêches pélagiques. Je n'ai jamais,
86 SOCIÉTÉ SCIENTIFIC^ LE d'aKCACHOiN
pour ma part, observé la disposition des cliromatopiiores en
croix à huit branches, telle que la dessine Shrubsole dans sa
planche XIII. Les chromatophores avaient, chez les individus
lîjien viViants que j'aà pu observer, la forme de petites plaques
allongées, radiantes par rapport à la masse plasmique péri-
nucléaire centrale.
Je n'ai pu suivre, chez cette espèce, le processus de division
de la cellule. J'ai seulemlent pu constater le voyage des jeunes
noyaux, après la sécrétion des valves-filles.
Je donne (fig. 8, pi. II) le dessin d'une chaîne en spirale, dans
laquelle les cellules sont nouvellement divisées, les noyaux
o' et o", divisés depuis peu, n'étant déjà plus appliqués contre
la paroi interne des valves-filles tout récemment formées, et
gagnant leur place respective au centre des nouvelles cellules-
filles.
Les frustules rencontrés à Arcachon paraissent être de di-
mensions plus grandes que ceux trouvés par Shrubsole à l'em-
bouchure de la Tamise. Il indique, comme largeur moyenne, 4[a.
La largeur, chez les exemplaires du bassin, varie entre 5 p., 5
et 8[x, 5. Quant à la longueur, elle change, non seulement d'une
chaîne à l'autre, mais pour une même chaîne et, par consé-
quent, pour une même largeur (à très peu de chose près), sui-
vant que les cellules sont au repos, ou suivant qu'elles sont
plus ou moins récemment divisées. Les frustules sont quelque-
fois un peu moins longs que larges, le plus souvent moins larges
que longs (largeur, ordinairement les deux tiers de la lon-
gueur environ), dans certains cas, beaucoup moins larges que
longs.
Cerataulina Bergonii H. Peragallo.
(H. Peragallo, I, p. 103, pi. XIII, fig. 15-16.)
Le genre Ceratmilina a été proposé par Peragallo dans sa
MonoQrmjhie des Rhizniolenia (p. 103). Certains détails d(
structure, très particuliers, récemment découverts par Schiitt
chez le Cerataulina Bercjonil confirment entièrement la validité
de ce genre. Schutt (II, p. 508 à 510, fig. 45 à 47, pi. XII),
a étudié tout spécialement le curieux mode d'emboîtement des
épines filiformes qui tei-minent les deux appendices des valVes,
STATION BIOLOGIQUE 87
très peu proéminents. Ces sortes de fils très lins, roides et
cependant élastiques, sont insérés ctiacun dans une sorte d'étui
correspondant de la valve opposée du frustule conjoint, étui
dont Forifice est situé à la base même de chacune des deux
épines filiformes de cette valve (Schiitt, II, pi. XII, lig. 46).
Il résulte de cette disposition, ainsi que le dit Schïitt excellem-
ment, que les chaînes de cette espèce, dont les frustules sont
reliés seulement par ces jils réciproquement engaînés, ont, au
lieu d'être absolument rigides comme chez les autres espèces,
une certaine tlexibilité qui les empêche de se briser. De plus,
grâce à l'élasticité et à la rigidité à la fois de ces épines filifor-
mes, les frustules, lorsque la chaîne reçoit un choc quelconque
qui la fait s'infléchir, reprennent imimédiatement leur disposi-
tion en droite ligne, à la suite les uns des autres.
Les chromatophores, assez nombreux, sont de petites pla-
ques allongées, deux à trois fois plus longues que larges, à
bords irréguliers, appliquées contre les paiois internes de la
cellule et reliées entre elles par des filaments plasmiques exces-
sivement déhcats, très souvent invisibles, si on ne les colore
pas. lis ont toujours une tendance à être radiants, l'étant plus
ou moins suivant les cellules.
Le noyau, à l'état de repos, est placé latéralement, la plupart
du temps à égale distance des deux extrémités du frustule;
mais il peut occuper, circulairement, toutes les positions pos-
sibles contre la paroi interne de l'anneau d'emboîtement du
connectif en^boîté.
Dans la fig. 9 de ma planche II, les noyaux sont placés
sur des points de l'anneau d'emboîtement diamétralement oppo-
sés. Dans une même chaîne on rencontre également, à côté de
frustules identiques à ceux de la lig. 9, d'autres frustules
où le noyau, pour une même position de la chaîne, est placé de
face (ainsi qu'il est dessiné fig. 10), se présentant alors à l'ob-
servateur soit contre la paroi supérieure, soit contre la paroi
inférieure dui frustule, ou obliquemient, etc. J'ai cherché à me
rendre comptei s'il y avait corrélation entre la place du noyau
et l'orientation des protubérances. Je n',ai pu jusqu'ici décou-
vrir rien de fixe : la corrélation semble ne pas exister.
Dans la plupart des cellules de Cerataulina Bergonii se trou-
vent, chez les exemplaires bien vivants, des granules assez gro ,
88 SOCIÉTÉ SCIEiNTIFIQUE d'aRCACHON
aplatis et arrondis, très réfringents, et disposés circulairement
contre les parois internes des frustules, au niveau de la jonc-
tion du bord des valves avec la zone annelée (pi. II, fig. 11
a et b). Souvent la ligne circulaire qu'ils forment s'infléchit vers
la base de chaque appendice (pi, II, fig. 9). J'ai cherché à me
rendre compte de la nature de ces granules sans pouvoir y
parvenir jusqu'ici. J'y reviendrai dans la suite de ces études.
J'ai observé chez le Cerataulina Bergomi le retrait des sur-
faces plasmiques, après la division du noyau de la cellule-mère
en deux jeunes noyaux. Malheureusement je n'ai pu suivre ce
processus dans son ensemble.
II est presque certain que l'hypothèse proposée par Schùtt
pour expliquer l'emboîtement des épines fdiformes dans leurs
étuis respectifs est fondée. Ces épines seraient sécrétées tandis
que se rapprocheraient, après leur retrait, les surfaces plas-
miques non encore soHdifiées, de sorte qu'elles pénétreraient,
déjà terminées, chacune dans le plasma encore mou de l'appen-
dice opposé, plasma qui, en se revêtant à ce moment de sa
membrane, formerait ainsi la gaine emboîtante.
Cette explication me paraît, en effet, la seule satisfaisante
et en parfait accord avec ce qui se passe chez d'autres espèces
dont les valves possèdent également des gaines ou des gouttiè-
res d'emboîtement. (Voir Schûtt, II, p. 504-510 et 542-516),
J'ai constaté une fois seulement, immédiatement après le
retrait des surfaces plasmiques, l'existence de trois fils plas-
miques, reliant, l'un les deux centres de ces surfaces entre
euxj, et les deux autres, les points opposés des surfaces plas-
miques correspondant aux places occupées par les bases des
appendices futurs. La cellule étant morte presque aussitôt sous
le microscope, je n'ai pu me rendre compte si les filaments
subsistaient ou disparaissaient par la suite. Est-ce là une phase
normale du processus de division? Est-ce un fait d'exception?
Il m'est impossible de le dire encore, n'ayant pu faire jusqu'ici,
sur le retrait des surfaces plasmiques chez cette espèce, que
des observations très incomplètes. Les >alves portent en leur
centre une sorte de petite dépression, dessinée par Peragallo
dans ses figures (I, pi. XIII, fig. 15-16), Il ne serait alors
pas impossible qu'il y eût, au fond de cette dépression, un
pore central, et que, dans la chaîne de cellules vivantes, un
STATION BIOLOGIQUE 89
filament existât, reliant les centres des deux valves adjacentes
de deux frustules voisins, dont il ferait ainsi communiquer
entre eux les contenus cellulaires. Ce n'est là, d'ailleurs,
qu'une simple hypothèse, et les observations précédentes ont
besoin d'être contrôlées. '
Je donne, planche II, lig. 9, un fragment de chaîne avec
la disposition de l'endochrome et la position des noyaux, vus
de profil. La fig. 10 montre, en a et b, deux masses plasmiques
périnucléaires, avec leur noyau central et les chromatophores
rayonnants.
Dans la fig. il j'ai dessiné en a une cellule contenant deux
valves-filles tout récemment formées, encore incluses dans les
anciens connectifs emboîtés. Les jeunes noyaux divisés depuis
peu, entourés de leurs masses pla§miques périnucléaires m',
?7i", sont placés encore contre la partie centrale de la paroi
interne des nouvelles valves-filles, et n'ont pas commencé à
voyager pour gagner leur place respective latérale contre la
paroi interne de l'anneau d'emboîtement des connectifs emboî-
tés des nouvelles cellules-filles. Ces connectifs, dans la fig. 11 a,
ne sont d'ailleurs pas encore en voie de formation, les valVes-
filles étant seules sécrétées à ce moment.
La fig. 11 b montre une phase un peu plus avancée de ce
processus de division. Les jeunes noyaux, entourés de leurs
masses périnucléaires m', m", commencent à voyager
pour gagner leur place respective dans les nouvelles cellules-
filles. Seulement, chez cette espèce, oii les noyaux peuvent
occuper beaucoup de places différentes contre la face interne
de l'anneau d'emboîtement du connectif emboîté, le voyage
des deux jeunes noyaux n'est pas, comme chez le Rhizo-
zolenia Stolter[othii par exemple, où la place de repos
des noyaux est toujours la même, accompli par eux simple-
ment en sens inverse l'un de l'autre. Ici, l'angle qu'ils font
entre eux en s'écartant progressivement l'un de l'autre, est
essentiellement variable. J'ai cherché à me rendre compte si
une loi présidait, — et cela doit être, — à la direction et à
l'orientation de leur voyage. Je n'ai jusqu'ici rien pu découvrir
à cet égard. Dans la fig. 11 b, les masses plasmiques périnu-
cléaires m' et m" semblent, à première vue, en regard l'une de
l'autre. Elles sont, en réalité, placées, l'une, m\ contre la paroi
90 SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE D'aHCACHON
interne supérieure du fruslule, l'autre, m", contre la paroi
interne inférieure, la seconde étant alors vue par transpa-
rence au travers de la paroi supérieure, et, pour cette raison,
indiquée en lignes pointillées. On remarquera, dans les fig. lia
et 11 b le mouvement accompli également par les chromatopho-
res qui toujours, dès que le noyau de la cellule voyage, conser-
vent à son égard une tendance radiante plus ou moins pro-
noncée (1).
Mesures de frustules de Ceratauli7ia Bergonii
H. Peragallo.
LARGEUR
LONGUEUR
DE FRUSTULES
AU REPOS
LONGUEUR DE FRUSTULES
EN VOIE
DE DIVISION
3pL,y.
4pL,3.
à deux : 5u.,6. Chacun : 2[jl,8.
» 5ij.,9. ). 2jjL,9.
» 6(i,G. » 3(1,3.
à deux : 15(i,8. Chacun : l\i.,9.
6,x,9.
» 16(1,5. » 8(1,2.
considérations sur la croissance de la carapace siliceuse
et de ses protubérances chez certaines diatomées péla-
:jiques.
Au cours de mes études sur les diatomées pélagiques du
bassin d'Arcachon, j'ai fait de nombreuses observatlions sur
la croissance de la carapace siliceuse et de ses proitubérances
chez les valves-fdles en voie de formation. Toutes ces obser-
vations seront relatées en leur lieu et place, à mesure que
j'étudierai les espèces qui me les ont fournies. J'ai cependant,
dès à présent, quelques considérations à présenter à ce propos.
(') Ce fait est vrai pour toutes les espèces pélagiques que j'ai observées. On en com-
prendra facilemant la raison, si Ton se souvient que, chez ces espèces, les chromato-
pliores sont reliés aux masses plasmiques périnucléaires par le réseau des iilaments
plasmiques qui les l'attachent les uns aux autres et leur servent en quelque sorte de
fils conducteurs.
STATION BIOLOGIQUE ' 91
Ainsi que je l'ai dit plus haut, mes recherches m'ont conduit,
bien que je n'eusse pas encore connaissance, à l'époque où je
les faisais, de l'ouvrage de Schùtt sur la croissance et l'épais-
sissement de la membrane, à des constatations analogues aux
siennes.
Pour le Rhizozolenia setigem Brightwell, dont il donne
certaines phases de la division de la cellule, en les rapportant
au Rhiz. Hensemi.{^), j'ai pu observer les mêmes phénomènes,
et je suis de son avis à ce sujet.
Un fait est avant tout certain, c'est que la croissance des lon-
gues épines ou soies terminales du Rhiz. setigera est déjà com-
mencée avant la complète sécrétion de l'a membrane des calyp:
très nouvelles, que, par conséquent, ces épines n'en sont pas
des épaississements comme elles paraissent l'être, la for-
mation des valves-filles une fois définitivement terminée, et
qu'elles poussent, sinon avant la membrane des calyptres, du
moins en même temps qu'elle.
En void d'ailleurs la preuve :
J'ai souvent observé sous le microscope des valves-filles de
Rhiz. setigera en voie de formation, les deux épines étant déjà
longues et ayant presque atteint leur complet développement,
néanmoins toujours renfermées dans l'espace intercelluiaire
(Intercellularraum) foraié par les anciens connectifs de la cel-
lule-mère non encore désemboîtés.
Ici se place,' une phase non dessinée par Schùtt, et intermé-
diaire entre les fig. 26 et 27 de sa planche XII (II).
Les calyptres sont mieux formées que dans la flg. 26, le
développement étant plus avancé. Elles ont, à ce moment, à peu
près la forme d'uni cône dont le cercle de base n'atteint pas
encore l'es connectifs anciens, mais est relié à eux par du
plasma nu.
Ce qui le prouve, d'ailleurs, c'est que, lorsque les cellules
meurent dans cet état, les deux masses de plasma comprises
entre les calyptres nouvelles et les deux anciennes valves de la
cellule-mère primitive, se rétractent chacune vers l'une
de ces valves, c'est-à-dire en sens inverse l'une de l'autre,
entraînant avec elles l'épine correspondante et la partie de
(i) Cleve, dans une note récente (VI, p. 38), en a fait la juste rectification.
92 SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE D'aRCACHON
calyptre déjà formée y attenant, laquelle, n'ayant pas encore
atteint son diamètre définitif et ayant par cela même trop de
jeu à l'intérieur des connectifs anciens, suit ce mouvement de
recul en s'inclinant de côté ou d'autre. Souvent, lorsque le
plasma est entièrement rétracté aux deux bouts de la cellule-
mère, il s'y met en boule (c'est l'état de plasmolyse morbide
dont j'ai parlé dans la première partie de ce travail), chacune
des deux sphères étant surmontée d'une calyptre incomplète en
forme de cône, qui la coiffe, plus ou moins obliquement, comme
d'un chapeau de clown terminé par une longue pointe.
Il est donc certain qu'alors que les valves sont lolin d'être
terminées, les épines sont déjà très longues et presque entiè-
rement sécrétée-s.
Cette observation vient à l'appui de celle mentionnée par
Schûtt (II, p. 512, Hgne 5) et qui prouve de plus que, même
alors que la croissance des épines est terminée, la membrane
des calyptres n'est pas encore complètement sécrétée.
Je n'ai pu me rendre compte si, au moment précis de la
phase que je viens de décrire plus haut, les parties des calyp-
tres incomplètes en forme de cône étaient définitivement et
entièrement silicifiées, ou si elles étaient molles encore et dans
un état transitoire. Gela est, d'ailleurs, très difficile à constater
chez cette espèce qui, même parvenue au terme définitif de sa
qroissance, est excessivement peu siliceuse et se déforme par
la dessication.
J'ai cherché à observer les mêmes faits sur des exemplaires
en voie de divisiion du Bhizozolenia rohusla Norman, dont les
calyptres sont un peu plus résistantes.
Chez cette espèce, la croissance des épines terminales, exces-
sivement courtes, semble commencer plus tard que chez Rhiz.
se tig era.
J'ai étudié, dans des matériaux fixés au liquide de Flemming
et colorés ensuite au bleu de méthylène, une cellule venant
de se diviser. Une partie importante des calyptres-filles était
déjà sécrétée (un peu moins de la moitié), mais n'avait pas
encore acquis sa forme définitive. Ces calyptres incomplètes,
beaucoup moins effilées que la partie correspondante des calyp-
tres-mères complètes, avaient l'apparence de sortes de cônes
mal dégrossis, aux sommets opposés et juxtaposés. Leur base.
STATION BIOLOGIQUE 93
c'est-à-dire la partie le plus récemment formée, était encore
loin d'avoir rejoint la paroi interne des connectifs anciens, —
naturellement encore emboîtés, -^ à laquelle ils étaient reliés
par du plasma nu. En desséchant la cellule, les masses plas-
miques ne se rétractèrent pas vers les extrémités, à cause
de l'agent fixateur employé auparavant. Les calyptres nouvelles
incomplètes gardèrent à peu près leur forme, en se plissant
néanmoins légèrement. En brûlant au rouge le frustule, elles
subsistèrent. Je ne pus y découvrir la moindre trace des lignes
longitudinales spéciales aux calyptres de cette espèce.
Les plissements que formèrent en se desséchant les parties
déjà sécrétées des calyptres nouvelles indiquent que la mem-
brane en était plus molle que la membrane des calyptres de la
cellule-mère, lesquelles se desséchèrent sans plissements. Il est
probable qu'elle était même encore plus molle dans la cellule
vivante, car, ainsi que je l'ai dit plus haut, le liquide fixateur
et l'agent colorant avaient dû la durcir quelque peu. Il fallait
bien, d'ailleurs, qu'il en fût ainsi, puisque les calyptres incom-
plètes avaient encore, même pour la partie existant déjà, à
préciser leur forme et à parfaire leur modelé et leur structure.
Il n'en est pas moins certain que leur silification était déjà
commencée, puisque, en les brûlant, elle ne furent pas dé-
truites.
Or, il me fut impossible d'apercevoir, soit dans le hquide, soit
à sec, la moindre épine en voie de formation à l'extrémité des
calyptres nouvelles. Au point d'insertion des épines futures,
apparaissait seulement comme un très petit bourgeon, semblant
sortir d'une petite dépression demi-circulaire. C'était évidem-
ment l'embryon de l'ép^ine.
Il s'ensuit que la croissance de l'épine paraît être différente
chez Yihiz. setigera et Rhiz. robusta. Chez la première espèce,
l'extrémité de l'épine, d'après ce que dit Schùtt (II, p. SU,
lignes 14 et suiv.), serait sécrétée avant sa base, tandis que
chez Rhiz. robusta la partie de la calyptre attenant à la base
de l'épine future est, sinon entièrement silicifiée, du moins
déjà formée, à un moment où l'épine n'a pas encore commencé
à pousser.
J'ai pu me rendre compte par la suite que l'épine commence
néanmoins à pousser alors que la formation de la calyptre n'est
Q4 SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE D'aRCACHON
pas encore complètement terminée. Dans une autre cellule, où
la croissance des deux calyptres nouvelles était beaucoup plus
avancée que dans la première cellule oibservée, mais cependant
encore loin d'être achevée, les épines étaient déjà en formation
et parfaitement vîsibles, sans toutefois avoir acquis leur lon-
gueur définitive.
Il y aurait donc, chez Rhiz. robusta comme chez Hhiz. seâ-
gera, croissance simultanée des épines et des calyptres, mais
alors que, pour la première espèce, ce sont les calyptres qui
commencent à se former les premières, chez Hhiz. setigera
ce sont les épines.
Il est une troisième espèce pélagique chez laquelle ces deux
modes de croissance paraissent se rencontrer à la fois. Les
valves du Ditylium Brightwellii West sont munies, comme l'on
sait, de deux sortes de protubérances. Elles possèdent une forte
et longue épine centrale et^ de plus, une couronne marginale
angulaire simulant une sorte de frange ou de collerette et for-
mée d'assez longues épines rapprochées et légèrement cour-
bées.
J'ai pu voir pendant un certain temps sous le microscope,
dans une cellule de cette espèce étant en voie de division, les
épines centrales croître dans l'espace vide formé au milieu
de la cellule-mère par le retrait des surfaces plasmiques, après
le dédoublement du noyau en deux jeunes noyaux, et limité par
les anciens connectifs emboîtés.
Au commencement de l'observation, les surfaces plasmiques
étaient arrondies et convexes et avaiient à peine commencé à
prendre la forme des futures valves-filles. Les épines cen-
trales croissaient très visiblement, en regard l'une de l'autre,
mais non directement opposées, car les frustules de cette
espèce, une fois définitivement formés, ne sont pas habituelle-
ment joints par les extrémités de leurs épines et vivent soh-
taires, sans former de chaînes (i). Les épines centrales augmen-
tèrent de plus en plus de longueur, en déviant légèrement et en
se déjetant un peu latéralement, de sorte que les extrémités se
dépassèrent l'une l'autre sans se rencontrer. Pendant ce temps
(1) J'ai cependant rencontré, mais rarement, des groupes de deux frustules défini-
tivement formés, rejoints par les extrémités de leurs épines centrales. Est-ce là une
anomalie? Je chercherai à vérifier ce fait par la suite.
STATION BIOLOGIQUE 95
ïe contour des valves-filles se précisait, tandis que les chroma-
tophores, groupés dès le commencement de l'observation autour
des masses périnucléaires, formaient à cet endroit une agglo-
mération de plus en plus dense. A peine les extrémités des deux
épines centrales se furent-elles dépassées l'une l'autre que, par
malheur, le plasma intérieur se contracta en état de plasmolyse
morbide, les surfaces plasmiques entraînant avec elles, vers
les extrémités de la cellule-mère, les parties déjà formées des
ïiouvell'es valves^fillès, chacune portant son épine centrale.
Le fait que ces valves purent suivre le mouvement du plasma
en ayant du jeu à l'intérieur des connectifs anciens et en
s'inclinant, pendant ce retrait, de côté et d'autre, prouve bien,
comme pour l'observation, relatée plus haut, concernant le
Rhiz.setigeray qu'elles étaient encore incomplètes. Je me ren-
dis compte que la plateforme angulaire terminale des valves,
bordée chez cette espèce par la collerette ou couronne angulaire
d'épines marginales, était seule sécrétée à ce moment. Je ne
pus apercevoir, malgré les recherches les plus attentives,
la moindre trace de cette collerette, d'ailleurs excessivement
hyaline. Une sorte de petite crête de silice, à peine reconnais-
sable, indiquait seule la place qu'elle devait occuper par la
suite. Il est certain que, si elle existait déjà, c'était à l'état
absolument embryonnaire. Il faut ajouter qu'au moment où
s'est arrêtée l'observation, les épines centrales des valves-filles
avaient atteint un peu plus de la moitié de la longueur de celles
des valves-mères.
Il résulte donc de ce qui précède que l'épine terminale cen-
trale, chez le Ditylium Bnghtwellu, croît simultanément avec la
membrane de la valve-fille. Il est même possible que l'épine
apparaisse la première hors de la surface plasmique nue et
que la membrane de la valve ne commence à se former que
lorsque l'épine a déjà atteint une certaine longueur.
Gela, il m'est impossible, de le préciser encore, n'ayant pu,
malgré mes recherches, assister à cette phase de la division
de la cellule chez le Ditylium Brightwellii.
Une seconde conséquence de l'observation que j'ai relatée
plus haut est que la collerette ou frange m'arginale est sécrétée
seulement, s'inon après le complet achèvement de l'épine cen-
trale et de la membrane de la valve, du moins lorsqu'elles
sont déjà en partie formées.
96 SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE D'aRCACHON
Je trouve une autre preuve de ce fait clans la fig. 7 de la
planche XCVI des Diatomées marines de France d'H. Peragallo,
figure qui représente une ceilule-nnère de Ditijlium Bright-
wellii contenant, à l'intérieur des anciens connectifs encore
emboîtés, les deux valves-filles tout nouvellement sécrétées.
Elles sont déjà presque entièrement terminées, quoique parais-
sant ne pas avoir encore revêtu leur forme absolument défini-
tive et n'être pas complètement silicifiées, et les nouvelles
épines centrales ont atteint plus de la moitié de la longueur
des épines centrales des valves-mères. C'est en somme, à peu
de chose près, la même phase du processus de division que
celle décrite dans l'observation ci-dessus; celle représentée
par Peragallo serait même peut-être plus avancée. Et pour-
tant il n'y a pas encore, sur son dessin, trace de formation de
la frange d'épines marginales.
Il est donc bien certain que, pour le Ditijlium Brightwellii,
les épines centrales et la membrane des valves-filles croissent
pendant un certain temps simultanément, avant qu'apparais-
sent les collerettes angulaires miarginales. Des recherches ulté-
rieures m'apprendront, je l'espère, si la croissance des colle-
rettes commence alors que les épines centrales et la membrane
des valves-filles croissent encore, ce que semblerait indiquer la
présence de la petite crête siliceuse mentionnée plus haut, ou
sS les collerettes ne se forment qui' après la complète sécrétion
des épines centrales et des valves-filles.
Les trois espèces dont je viens de parler ne forment pas de
chaînes et leurs frustulesi ne sont pas reliés entre eux par des
protubérances ou appendices plus ou moins développés, par
conséquent vivent solitaires.
Je vais dire quelques mots du Stephanopyxis turgi)da
Greville {Creswellia turgida Greville, I, pi. VllI, fig. 14), dont
on rencontre à Arcachon, dans les pêches pélagiques, les frus-
tules accolés en longues chaînes droites, et dont les valves
sont reliées, d'un frustule à l'autre, par une couronne submar-
ginale d'appendices ou bâtonnets spiniformes très particuliers,
joints deux à deux et bo|ut à bout, de façon à simuler, à un
faible grossissement, des filaments siliceux réunissant les frus-
tules, entre lesquels ils forment une sorte d'anneau ajouré. Le
mode de croissance de ces appendices constitue, à mon avis, un
STATION BIOLOGIQUE 97
problème des plus complexes et des plus suibtils. J'ai cherché à
m'en rendre compte sans parvenir jusqu'ici à trouver la solu-
tion de ce problème. Je vais exposer le peu de documents que
j'ai pu rassembler sur ce sujet.
Les appendices d'une autre espèce de Stephanopyxù, le
Stephan. Palmeriana (Greville) Grunow, ont été, étudiés
par Otto Millier, oui a reconnu leur véritable structure. Il a
observé, dans certaines conditions, à l'intérieur de ces appen-
dices, des bulles d'air décelant l'existence d'un très étroit canal
interne. Ce sont donc de petits tuyaux ou bâtonnets creux. De
plus, chacun d'eux est garni extérieurement de trois ou quatre
ailes longitudinales et légèrement tordues en spirale, les extré-
mités de deux tuyaux opposés étant étroitement soudées l'une
à l'autre, ailes contre ailes, orifice contre orifice. Ils partent
de points situés circulairement sur la courbure des valves
à peu près hémisphériques, points formés par la réunion de
plusieurs cellules polygonales et correspondant à des pores
(0. Muller, I, p. 197, pi. IX, fig. 1-4).
Ces détails sont identiques, à peu de chose près, chez le
StepJianopyxis targida Greville, sauf que les ailes sont peut-
être un peu moins développées. A l'endroit de jonction de deux
tuyaux opposés adhérents l'un à l'autre par leurs extrémités,
endroit qui est situé le plus souvent, — mais pas toujours, —
à égale distance des deux valves voisines, se voit très distinc-
tement une sorte de trait ou sillon allongé, dirigé obUquement
dans un sens ou dans l'autre, suivant les paires de bâtonnets.
Lorsqu'il y a disjonction des bâtonnets jumeaux, et non bri-
sure, c'est suivant cette ligne oblique que s'opère la sépara-
tion, et l'extrémité libre des bâtonnets se montre alors comme
taillée obliquement et légèrement épaissiie à l'endroit de l'en-
taille.
Otto Muller déduit du caractère tubuleux des bâtonnets
cette conséquence qu'à l'état vivant un filament plasmique doit
les traverser, faisant ainsi communiquer les cellules entre elles,
cette communication plasmique entre les individus unicellu-
laires d'une même chaîne lui donnant le caractère d'un orga-
nisme plurioellulaire. Je le crois également, car les faits que
j'ai observés semblent justifier cette manière de voir.
J'ai assisté, chez le Stephanopyxix turgida, après la division
SOCIÉTÉ d'Akcachon. 7
98 SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE D'aRCACHON
du noyau de la cellule-mère en deux jeunes noyaux, au retrait
des surfaces plasmiques, et je les ai vues, à ce moment, reliées
entre elles par le filament plasmique central dont j'ai déjà parlé
à propos du Rhizozolenia delicatula et du Guinardia flaccida.
Ce filament montrait en son milieu une sorte de trait plus foncé
qu'il me fut impossible d'étudier plus longuement, le filament
s'étant aminci progressivement, puis ayant rapidement dis-
paru, scindé subitement par le milieu, les deux moitiés ayant
été immiédiatement comme absorbées par les surfaces plas-
miques adjacentes.
Il est presque certain que ce trait était de même nature que
celui indiqué par Schùtt à propos du filament identique, qu'il
dit avoir observé une seule fois entre les surfaces plasmiques
rétractées chez le Guinardia baltica (II, p. 503). Schûtt recon-
naît très judicieusement dans ce trait, qu'il a vu obliquement
allongé, la surface de division du filament, chaque moitié du
filament appartenant nettement, dès sa formation, à la masse
plasmique à laquelle elle adhère par sa base, c'est-à-dii'e à l'une
des deux nouvelles cellules-filles (i).
Il ne m'a mallieureusement pas été donné de voir les phases
immédiatement consécutives. Chaque fois que j'ai pu observer
le retrait du plasma chez cette espèce, une mauvaise chance
faisait qu'aussitôt après les cellules mouraient sous le micros-
cope.
Il est presque certain qu'ainsi que le dit Otto Mûller(I,p.l201),
au moment de ce retrait des surfaces plasmiques, des fils plas-
miques excessivement ténus et très difficilement visibles subsis-
tent, qui relient entre eux, sur les surfaces nues de plasma non
encore silicifié, les points disposés circulairement, par où les
futurs bâtonnets seront en contact avec les valves.
Ces filaments serviraient ainsi de fils conducteurs à la for-
mation de la membrane des bâtonnets tubuleux et explique-
(}) J'ai d'ailleurs représenté pi. II, fig. 3 b, chez le Guinardia flaccida, un trait
semblable au milieu du filament qu'on peut y rencontrer également quelquefois
entre les surfaces plasmiques, immédiatement après leur retrait.
On se rend compte du bien-fondé de l'explication donnée par Schiitt en comparant,
avec la fig. 3 6 de ma pi. II, la fig. 3 a, où i'on aperçoit, entre les masses plasmiques
péri nucléaires non encore disjointes, un trait de séparation bien marqué qui corres-
pond à celui du filament dessiné fig. 3 h. La présence de ce filament plasmique ne
serait donc probablement due qu'à une séparation un peu moins brusque et moins
immédiatement définitive des masses plasmiques périnucléaires, ce qui expliquerait
pourquoi ce phénonrène se produit seulement quelquefois.
STATION BIOLOGIQUE 99
raient la jonction de chaque paire de tubes jumeaux bout à
bout, jonction bien incompréhensible, à mon avis, si l'on ad-
mettait la croissance, à Fencontre l'un de l'autre, de deux tuyaux
opposés, sans filament reUant leurs extrémités. Il est, en effet,
inadmissible que, dans ces dernières conditions, les extrémités
libres des tuyaux puissent se rejoindre, orifice contre orifice.
Je tiens donc pour presque certaine l'existence de ces fils
plasmiques intercellulaires, d'autant plus que, ainsi qu'on le
verra par la suite, j'ai cru plusieurs fois les apercevoir, sans
pouvoir cependant l'assurer avec certitude, tant ces constata-
tions sont délicates, à cause de l'extraordinaire ténuité et du
peu de résistance aux actions extérieures que doivent posséder
ces filaments, s'ils existent.
Nous abordons maintenant le problème le plus sujbtil : expli-
quer le mode de croissance des tuyaux.
J'ai déjà dit que je n'avais pu encoî^e le résoudre. J'ai
cependant, sur cet intéressant sujet, quelques considérations à
exposer.
La constatation que j'ai faite, chez le Stephari. turgida, du
retrait rapide des surfaces plasmiques nues, après la division
du noyau de la cellule-mère en deux jeunes noyaux, permet
d'écarter, ce me semble, l'hypothèse que les tuyaux, commen-
çant par être de simples ponts plasmiques très courts entre les
surfaces plasmiques presque contiguës, augmentent peu à peu
de longueur en se solidifiant de plus en plus, éloignant l'une de
l'autre, par leur croissance, l'es valves-filles en voie de forma-
tion. Il faudrait admettre en ce cas que les surfaces plasmi-
ques, après leur retrait, se rapprochent de nouveau, se mettent
alors en contact seulemient par les points, situés circulaire-
ment, qui deviendront par la suite les points d'adhérence de
la base des tuyaux aux valves-filles, puis que les tuyaux crois-
sent en longueur de la manlière indiquée ci-dessus. Un tel pro-
cessus me semible bien improbable. On devrait d'ailleurs, s'il
existait, rencoîntrer dans des cellules en voie de division appar-
tenant à une même chaîne, à l'intérieur des anciens connectifs
emboîtés, des valves-filles en formation qui, bien que toutes
reliées entre elles deux à deux par les extrémités des tuyaux,
beraienl inégalement distantes lies unes des autres suivant
les cellutes et suivant le degré de croissance des bâtonnets,
100 SOCIÉTÉ SCIENTFIQUE d'aRCACHON
tantôt presque contiguës, tantôt plu3 ou moins rapprochées,
mais toujours moins éloignées que, dans la m;ême chaîne, deux
valves opposées parvenues à la limite de leur croissance et hors
des ancâens connectifs depuis longtemps désemboîtés. J'ai cons-
tamment trouvé, au contraire, dans une même chaîne, les dis-
tances intercellulaires pareilles ou presque pareilles, à très
peu de chose près. Et souvent même, les espaces intercellu-
laires séparant deux valves tout récemment formées, à appen-
dices rejoints par leurs extrémités et incluses encore dans
les anciens connectifs eni|boîtés, étaient un peu plus larges que
ceux qui séparaient, dans la même chaîne, deux valves an-
ciennes libres de tout connectif.
Je crois donc, pour le- différentes raisons que je viens
d'énoncer, qu'on peut écarter cette première explication de la
croissance des appendices chez le Stephan. turgida. Quant aux
très légères variations de dimensions des espaces intercellu-
laires, que j'ai rencontrées aussi bien dans une même chaîne
que d'une chaîne à une autre, elles doivent être des variations
individuelles et particulières à chaque cellule, ainsi que le pense
Schiitt pour le Skeletonema coslalum Greville, chez lequel il
a constaté des différences de dimensions analogues dans les
espaces intercellul'aires.
D'autres observations (pie j'ai faites semblent justifier une
seconde hypothèse pour expliquer la croissance des appendices
du Stephan. turgida. Je vais exposer d'abord le 'résultat de ces
observations.
J'ai pu voir plusieurs fois, dans des cellules de Stephan. tur-
gida en voie de division, les surfaces plasmiques distantes l'une
de l'autre, immédiatement après leur retrait. Elles étaient déjà
arrondies et commençaient à prendre la forme des valves
futures, sans qu'il y eût encore la moindre trace d'appendices
en couronne. J'ai rencontré également des couronnes d'appen-
dices plus ou mois développés, non rejointes deux à deux et
laissant un vide dans l'espace intercellutoire entre les extré-
mités des tuyaux opposés, et j'ai pu observer tous les degrés
de croissance des tuyaux, depuis leur apparition sous forme
dune couronne de petites épines à peine saillantes hors des
surfaces rétractées jusqu'à leur presque complet rapproche-
ment, les extrémités opposées des appendices de deux valves-
STATION BIOLOGIQUE 101
filles voisines étant à peine distantes les unes des autres, deux
à deux.
Ces constatations, que Schiittl dit avoir vainement cherchées
chez les cellules du Skeletonema (II, p. 497), paraîtraient militer
en faveur d'une croissance postérieure des tuyaux [Succédané
Ausbildiinçi de Schiitt) par l'apport à celle de la membrane des
valVes, si Ton n'admettait pas la préexistence des fds plasmi-
ques. Au contraire, si les fds plasmiques existent, il peut
très i)ien se produire alors un sécrétion simultanée (Simultané
Ausbildungj de la membrane des tuyaux par les fds plasmiques
et de la membrane des valves par l'es surfaces de plasma
rétractées.
Mes recherches sur ce point, bien qu'encore incomplètes,
semblent indiquer que la croissance des membranes des tuyaux
et des valves est, au moins partiellement, simultanée.
J'ai observé notamment deux valves-fdles incluses dans les
anciens connectifs emboîtés, portant chacune une couronne de
tuyaux à extrémités non rejointes et séparées par un espace
vide.
Ces valves-fdles n'étaient sûrement pas encore complètement
silicifiées, — bien qu'on aperçût déjà les alvéoles, — car, en
séchant ensuite la chaîne dont elles faisaient partie, elles se
rétractèrent et se déformèrent comiplètement, les deux autres
valves des mêmes cellules-fdles (ou valves de l'ancienne cellule-
mère), ainsi que les valves de tous les autres frustules, conser-
vant absolument leur consistance et paraissant même formées
de sihce assez robuste.
Il paraît donc y avoir là croissance simultanée, d'autant plus
que les tuyaux eux-mêmes, non seulement n'étaient pas rejoints,
mais paraissaient, pour la partie déjà vtisible, non entièrement
silicifiés et très peu résistants.
Les nouvelles recherches que je compte faire sur ce sujet pré-
ciseront, je l'espère, la solution de cette très intéressante ques-
tion.
Chaque fois que j'ai vu, dans les espaces intercellulaires, les
tuyaux non rejoints, chacun d'eux éta^t placé exactement en
face du tuyau opposé, de sorte que le contact ultérieur entre
les deux extrémités des tuyaux jumeaux, croissant à rencontre
l'un de l'autre, semblait nécessaire et inévitable.
102 SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE D'ARCACHON
Néanmoins, comme je rencontrais presque toujours les
tuyaux rejoints entre deux valves-filles opposées encore incluses
dans les anciens connectifs em!l)oîtés, je recherchai si, lorsque
les tuyaux ne sont pas rejoints, on ne serait pas en présence
d'un processus différent de celui de la division ordinaire de la
cellule.
En effet, il pourrait se passer pour le Stephan. turgida ce
que Schiitt a trouvé pour certains Chœtoceros, c'est-à-dire
la formation, dans une cellule-mère, au bout d'un certain nom-
bre de divisions ordinaires, de deux valves-filles également
produites par division et qui auraient des appendices non re-
joints par leurs extrémités, ce qui permettrait à la chaîne de se
fractionner à cet endroit, les anciens connectifs une fois désem-
boîtés. Ces valves deviendraient ainsi les valves terminales de
deux nouvelles chaînes, qui recommenceraient à se diviser
normalement jusqu'à ce que ces chaînes se fractionnent à leur
tour par la formation de deux valves nouvelles à appendices
non rejoints.
C'est là le processus que Schiitt a décrit pour certains
Chœtoceros (V, p. 5), chez lesquels l'es nouvelles valves-filles
différentes des vafves }ordinaî;res et qui djeviendront valves
terminales de deux nouvelles chaînes nai- suite du fractionne-
ment de la chaîne primordiale, se forment au milieu de cette
chaîne, naturellement au nombre de deux seulement.
Or, il ne peut en, être ainsi pour les cas observés chez le
Stephan. turgida, car j'ai rencontré, dans une même chaîne,
les nouvelles valves à appendices non rejoints formées dans
plusiieurs cellules-mères contiguës. Si les appendices ne de-
vaient pas se rejoindre par une croissance ultérieure, il faudrait
alors admettre la séparation de la chaîne primitive de deux en
deux cellules, ce qui donnerait une série de petites chaînes com-
posées chacune de deux frustules.
Si l'es choses se passaient ainsi, on trouveralit quelquefois
des chaînes courtes composées seulement de deux frustules, les
appendices des valves terminales de ces chaînes ayant leurs
extrémités nécessairement un peu différentes de celles des
appendices ordinaires, puisque, ces extrémités ayant toujours
été libres, il n'y aurait pas eu d'abord contact entre elles, deux
à deux, puis rupture. Je n'ai jamais rien vu de pareil et, à mon
avis, rien ne vient justifier une telle hypothèse.
STATION BIOLOGIQUE 103
Ces valves-filles à appendices non rejoints pourraient être
encore, chacune, l'une des deux valves de spores à appendices
libres, dont Tautrp valve ne serait pas encore formée. Je ne le
crois pas, car ces valves à appendices non rejoints sont déjà,
ainsi qu'on l'a vu plus haut, presque silicifiées et forment avec
les vahes anaiennes de la cellule-mère un ensemble d'aspect
absolument identique à celui des cellules-filles faisant partie
de la même chaîne et réunies deux à deux, dans l'intérieur des
anciens connectifs encoi-e emboîtés, par les extrémités de leurs
appendices complètement rejointes. De plus, il' semble que, si
les extrémités des appendices non rejoints ne devaient pas se
rejoindre par la suite, elles ne seraient pas, ainsi que cela a
lieu, exactement et rigouireusement en regard les unes des au-
tres, deux à deux, et qu'on ne rencontrerait pas des cas oij
elles sont séparées par un espace tellement étroit qu'elles sem-
blent presque se toucher.
Néanmoins, malgré ces considérations, un doute subsiste sur
la véritable nature de ces valves à appendices non rejoints.
J'espère pouvoir, par la suite, élucider ce point déhcat.
J'ai cherché, chaque fois que j'ai pu observer cette non-
jonction des appendices, à voir s'il n'existait pas entre leurs
extrémités des fils plasmiques reliant chaque paire d'appen-
dices opposés. J'ai dit plus haut que j'ai cru dans plusieurs cas
les apercevoir, sans pouvoir toutefois l'affirmer avec certitude.
Comme, s'ils existent, ils doivent être très transparents, j'ai
tenté de colorer les frustules au bleu de méthylène, mais sans
résultat. Il se pourrait que l'action même de l'agent colorant
les détruisit, car le moindre choc ou toute autre cause exté-
rieure (peut-être même seulement le contact avec les parois du
filet, au moment de la pêche) produisant immédiatement une
contraction du plasma interne, cette contraction, même à peine
sensible, peut suffire pour tirer en sens inverse, dans deux cel-
lules vQlisines, ces filaments excessivement ténus et par con-
séquent les rompre. Je compte faire sur ce point si important
de nouvelles recherches.
11 se pourrait, d'ailleurs, qu'il n'y eût pas de filaments plas-
miques entre les appendices non rejoints, si cet état de non-
jonction correspond à un processus de formation de spores à
appendices libres, et que ces filaments existassent néanmoins,
104 SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE D'ARCACHON
au cours du processus de division de la cellule, entre les sur-
faces plasmiques au moment de leur retrait, ce quï, nous l'avons
vu, est presque certain.
De quelle façon se ferait alors la croissance des tuyaux?
Très prOibablement les fils plasmiques devraient sécréter tout
autour' d'eux la membrane de ces tuyaux, par lesquels ils
feraient communiquer le contenu plasmique des différentes cel-
lules d'une même chaîne. Mais alors cette sécrétion ne serait
pas uniforme. Sans cela comment expliquer les lignes obliques
de jonction de deux tuyaux jumeaux opposés? De plus, cette
sécrétion de la membrane des tuyaux est-elle antérieure, simul-
tanée ou postérieure par rapport à celle de la membrane des
valves?
Autant de questions non résoluesi, gue je traiterai pLs com-
plètement lorsque j'étudierai le Stephan. turgida et sur les-
quelles j'espère pouvoir apporter par la suite des documents
plus complets, fournis par des observations ultérieures.
Au moment où allait paraître ce travail, le Stephan. turgida s'étant
tout à coup rencontré en assez grande abondance dans les pêches péla-
giques du bassin, je pus faire quelques observations nouvelles et inté-
ressantes. Je vais en dire quelques mots, me réservant d'y revenir dans
une publication ultérieure.
Ayant pu récolter des chaînes de cette espèce en excellent état, j'es-
sayai de nouveau de les colorer, directement dans l'eau de mer, avec du
bleu de méthylène. Je constatai alors avec surprise, en les observant
dans le liquide même, que tous les tuyaux que l'on rencontrait rejoints
bout à bout étaient reliés entre eux par une membrane devenue bleuâtre
par la coloration et qui formait une sorte de tube d'un frustule à l'autre,
transformant ainsi l'anneau ajouré, dont j'ai parlé plus haut, en un
anneau plein. Cette membrane paraît plus épaisse dans les espaces inter-
cellulaires séparant des valves formées depuis un certain temps et hors
des anciens connectifs désemboîtés que dans les espaces intercellulaires
séparant des valves récentes, encore incluses dans les anciens connectifs
emboîtés. Elle semble ne pas exister dans les espaces intercellulaires où
les extrémités des appendices ne sont pas rejointes. Elle est très
apparente entre les appendices à extrémités libres des valves termi-
nales d'une chaîne colorée au bleu de méthylène et toujours observée
dans le liquide même. Elle se montre alors comme une pellicule
bleuâtre reliant entre eux ces appendices, pellicule dont les bords libres
se creusent et forment une courbure concave de l'extrémité de chacun
des appendices à l'extrémité de l'appendice voisin, de façon à simuler,
STATION BIOLOGIQUE 105
dans son ensemble, une sorte de collerette festonnée terminant les
valves.
Le fait suivant confirme encore son existence : on observe quelque-
fois, dans les interstices qui séparent les tuyaux non renfermés à l'inté-
rieur des anciens connectils, des corps étrangers très fins, se déplaçant,
lorsqu'on fait pivoter la chaîne autour de son axe pervalvaiie,d'un mou-
vement identique et parallèle. C'est là une preuve certaine qu'ils sont
adhérents à une membrane reliant les tuyaux.
Cette membrane est très visible d'ailleurs lorsqu'on laisse se dessé-
cher les chaînes et qu'on suit sous le microscope les progrès de la dessic-
cation. On la voit alors, à un certain moment, se fendre dans les
interstices situés entre les tuyaux, puis, dans chaque interstice, se recro-
queviller et se rétracter vers les parois des tuyaux, de façon à disparaître
presque complètement et à laisser seulement contre ces parois, par
places et surtout vers les bases des tuyaux, quelques lambeaux simulant
des sortes d'ailes ou de carènes. Les ailes observées par Otto Mùller chez
les appendices du Stephan. Palmeriana (I, p. 197, pi. IX, fig. 3 et 4)
n'auraient-elles pas une origine analogue?
11 est très compréhensible que cette membrane ait passé jusqu'ici
inaperçue, car elle est complètement invisible lorsqu'elle n'est pas colorée,
et à ce point délicate qu'elle est détruite dès que les cellules ne sont plus
absolument vivantes. Le fixateur de Flemming la fait également dispa-
raître et il est impossible d'en découvrir la moindre trace chez des
exemplaires préparés de cette façon.
Une étude plus attentive et plus approfondie de la nature et du mode
de croissance de cette membrane montrera quelles relations existent
entre cette croissance et celle des tuyaux. Pour le moment, je ne fais que
constater sa présence indiscutable.
J'ai encore à relater une autre observation, toute récente, concernant
la forme très voisine du Lauderia annulata Cleve, dont j'ai déjà parlé
à propos du Lauderia Schrôderi.
J'ai pu voir chez cette forme, dont mes récoltes m'ont procuré, ces
temps derniers, d'assez fréquents exemplaires, dans une cellule en voie
de division, les surfaces plasmiques se rétracter après le dédoublement
du noyau de la cellule-mère en deux jeunes noyaux et rester reliées
l'une à l'autre par des fils plasmiques très nets disposés circulairement,
leur nombre et leur disposition correspondant exactement au nombre et
à la disposition des bâtonnets siliceux tubulaires qui relient les frustules
entre eux chez cette espèce.
Cette observation est d'une grande importance, car elle prouve l'exis-
tence de fils plasmiques reliant les surfaces de plasma rétractées et qui
sont comme le premier état des futurs bâtonnets tubulaires, existence
supposée chez certaines espèces par quelques auteurs, mais jamais
encore constatée jusqu'ici chez aucune. L'observation ci-dessus semble
en outre, par voie d'analogie, fortifier l'hypothèse que ces mêmes fila-
ments peuvent se rencontrer également chez le Stephanopyxis turgida,
au moment du retrait des surfaces plasmiques. Néanmoins, comme les
'<è^/^
106 SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE D'ARCACHON
tuyaux du Stephanopyxis sont assez différents de ceux du Lauderia
d'Arcachon, chez lequel ils semblent continus d'un fruslule à l'autre et
sans trait de jonction en un point de leur parcours, comme de plus ils
ne paraissent pas situés sur un même plan circulaire en anneau, mais
disposés plutôt sur les valves, bien que circulairement, à différentes
distances du bord, et d'après mes essais de coloration au bleu de méthy-
lène, ne doivent pas être reliés entre eux par une membrane, pour
toutes ces raisons, il serait hasardeux de conclure à l'existence certaine
de ces filaments chez le Stephan. turgida, puisque je n'ai pu les y aper-
cevoir d'une façon absolument sûre, et la solution de cette question reste
encore douteuse.
Au cours de mes observations, j'ai constaté de nouveau, chez tous les
exemplaires du Lauderia, la présence, à la périphérie des valves, des
aiguilles filiformes rigides, formant aigrette circulaire terminale, diver-
gentes et dirigées en dehors, que j'ai signalées chez cette forme dans
l'étude consacrée au Lauderia Schrôderi et dont la disposition et
l'orientation, — mais non la nature, — sont analogues à celles des
aiguilles, celles-ci complètement siliceuses, d'une espèce de Corethron
représentée par Schûtt (II, pi. XII, fig. 37.)
Il serait bien intéressant de rechercher comment se fait la croissance
de ces aiguilles, Schûtt fait remarquer avec beaucoup de justesse, à
propos des Corethron (II, p. 518 et suivantes), que les aiguilles termi-
nales ne peuvent pousser à l'intérieur des anciens connectifs encore
emboîtés a\ ec leur disposition divergente et que leur complète formation
n'est certainement pas achevée tant que les valves-filles sont encore con-
tenues dans les connectifs. Il a pu établir que les aiguilles naissent, puis
poussent, légèrement convergentes par leurs extrémités, à l'intérieur de
ces connectifs emboîtés, dans l'espace intercellulaire formé par la divi-
sion de la cellule. Puis, par suite de la croissance générale de tout le
contenu cellulaire, le désemboîtement des anciens connectifs se produit,
venant dissocier les nouvelles cellules-filles, et les valves-filles sont
poussées vers le dehors, glissant à l'intérieur de ces connectifs le long
de leur paroi interne et entraînant avec elles les nouveaux connectifs en
voie de formation.
C'est seulement lorsque la base des aiguilles parvient au niveau du
bord libre des anciens connectifs que, n'étant plus arrêtées par leurs
parois, les aiguilles changent de direction et s'épanouissent en quelque
sorte, en s'écartant vers le dehors et en devenant divergentes par leurs
extrémités, de convergentes qu'elles étaient.
Pour le Gossleriella tropica Schûtt, dont les valves plates sont mu-
nies, à leur extrême bord, d'une couronne de longues épines alternées
avec de plus courtes, — toutes étant orientées de telle manière qu'elles
sont contenues, ainsi que la surface des valves, dans un même plan, —
Schûtt pense judicieusement, en se basant sur l'observation de la valve
figurée par lui (II, pi. XII, fig, 40), que les épines doivent naître,
puis pousser à l'intérieur des anciens connectifs encore emboîtés, dans
l'espace intercellulaire, assez étroit, formé par la division de la cellulcj
STATION BIOLOGIQUE 107
en étant à ce moment rabattues sur la surface des valves en formation.
Puis, ainsi que pour les Corethron^ les cellules-tilles se dissocieraient
par le désemboîtement des ancien? connectifs et les valves-filles seraient
poussées peu à peu vers le dehors, se dégageant progressivement de
l'enveloppement de ces connectifs. Ce serait seulement lorsque l'extrême
bord des valves-filles aurait atteint le bord libre des anciens connectifs
que les épines changeraient de direction, décriraient un arc de cercle de
180° et prendraient l'orientation particulière à l'espèce.
Dans les deux cas que je viens d'exposer, la croissance des appendices
en forme d'aiguilles ou de longues épines est rendue possible à l'inté-
rieur des anciens connectifs emboîtés, par ce fait que les cellules vivant
solitaires et non rejointes par des appendices, l'espace intercellulaire
est, au moment de la formation des valves-filles, absolument libre et
qu'alors rien ne vient gêner le développement de ces aiguilles ou épines
et empêcher leur changement de direction au moment où les valves-
filles sont poussées hors des anciens connectifs.
Il n'en est pas de même du Lauderia trouvé à Arcachon et chez
lequel la présence de bâtonnets tubuleux reliant entre eux les frustules
semble être un obstacle à la croissance, dans l'espace intercellulaire, à
l'intérieur des anciens connectifs encore emboîtés, des assez longues
aiguilles terminales divergentes, émanant des courtes tubulures laté-
rales des valves. Il paraîtrait alors que, chez cette forme, les aiguilles
commencent à croître seulement lorsque le pourtour des valves-filles
a atteint le bord libre des anciens connectifs et lorsque par suite les
extrémités des tubulures latérales obliques et légèrement courbées sont
hors des parois de ces connectifs, dont la proximité les empêchait
jusque-là d'émettre leurs prolongements en forme d'aigrettes, tandis
que les tubulures peuvent fort bien s'être formées dans l'intérieur des
connectifs emboîtés (i).
De nouvelles recherches sont nécessaires pour résoudre définitivement
cette intéressante question.
Un fait à noter est que ces aiguilles émanent de tubulures beaucoup
plus siliceuses qu'elles et qui subsistent sans la moindre détérioration,
même après chauffage au rouge. Elles paraissent être roides et en
même temps élastiques, résistantes et fragiles à la fois, car on les voit,
très rarement se briser en deux ou plusieurs tronçons, tandis qu'elles se
détachent, au moindre choc, par leur base en contact avec les tubulures.
On ne peut les apercevoir que lorsque les matériaux viennent d'être
récoltés; au bout de très peu de temps eiles ont disparu, et les tubulures
seules restent visibles. C'est ce qui explique pourquoi ces aiguilles
sont jusqu'ici passées inaperçues.
(1) Le cas de ce Lauderia est à rapprocher de celui du Botellus marinus ScHUTT
(II, p. 517, pi. XII, fig. 41 et 44), dont les frustules, réunis en longues chaînes,
adhèrent les uns aux autres par toute la surface de la plateforme valvaire et dont,
par conséquent, les épines marginales des valves ne peuvent non plus croître à
l'intérieur des anciens connectifs emboîtés.
108 SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE D'aRCACHON
Quel est, à l'état vivant, le mode d'agencement des aiguilles et des
tubulures? N'y aurait-il pas là une disposition analogue à celle des
épines d'oursins, dont la base est reliée également à de petites protu-
bérances porifères de la carapace et qui se tiennent dressées pendant la
vie, tandis qu'après la mort elles sont comme repliées et appliquées
contre la carapace, absolument comme les aiguilles du Lauderia que
j'ai dessinées page 76, fig. 2. Ces détails sont bien difficiles à élucider,
à cause de leur extraordinaire ténuité. Je compte faire à ce sujet de
nouvelles et patientes recherches.
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SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE D'aRCACHON 110
Planche I.
Figure 1. — Tour de spirale formé par les divisions successives des cellules du Rhi-
zozolenia Stolterfothil H. Peragallo, montrant ces cellules dans diffé-
rentes phases de la division. X 200.
FiG. 2. — Chromatophores du Rhizozolenia Stolterfothii, plus grossis. X 800.
FiG. 3. — Frustules très peu siliceux de Rhizozolenia Stolterfothii formant des agglo-
mérations enchevêtrées. X 100-
FiG. 4. — Partie médiane d'une cellule de Rhizozolenia Stolterfothii à l'état de repos,
présentant son côté ventral et montrant la disposition des chromatophores
reliés entre eux par des filaments plasmiques, et radiants par rapport à la
masse périnucléaire et au noyau o, vus de face. X ^0-
FiG. 5. — Cellule de Rhizozolenia Stolterfothii à l'état de repos, présentant sa face
latérale et montrant la disposition des chromatophores reliés entre eux par
des filaments plasmiques, et radiants par rapport à la masse périnucléaire et
au noyau o, vus de profil. X^OO.
FiG. 6. — Processus de la division de la cellule chez le Rhizozolenia Stolterfothii
H. Peragallo : voyage des deux jeunes noyaux, formés par la division
récente du noyau de la cellule-mère, pour gagner leur place respective au
milieu de la courbure intérieure concave des nouvelles cellules-filles. X '400.
a. Les masses plasmiques périnucléaires m' et m', ainsi que les jeunes noyaux
quelles renferment, sont encore appliquées chacune contre la paroi interne
de la partie médiane de chaque valve-fille, tout récemment sécrétée.
b. Elles glissent simultanément contre la paroi interne des valves-filles, en se
dirigeant vers la courbure intérieure concave des nouvelles cellules-filles.
c. Elles atteignent cette courbure intérieure concave.
d. Elles s'éloignent alors progressivement l'une de l'autre, tandis que la crois-
sance de tout le contenu cellulaire des cellules-filles commence à faire se
désemboiter les anciens connectifs, dont l'anneau d'emboîtement diminue de
largeur.
e. Suite du même mouvement des masses plasmiques périnucléaires et des jeunes
noyaux. Les anciens connectifs sont maintenant tout à fait désemboités.
f. Par suite de la croissance progressive de tout le contenu cellulaire des nou-
velles cellules-filles, les nouveaux connectifs, à mesure qu'ils étaient sécrétés,
ont été poussés hors des anciens, lesquels se sont écartés par glissement de
plus en plus l'un de l'autre. Dans la fig. f, les deux nouvelles cellules-filles
ont acquis lem's dimensions définitives et les masses plasmiques périnu-
cléaires m' et m', avec les jeunes noyaux qu'elles renferment, ont gagné
chacune, au milieu de la courbure intérieure concave de chaque nouvelle
cellule, leur place respective.
FiG. 7. — a, b. Parties terminales d'un frustule de Rhizozolenia Stolterfothii vu
du côté de sa face ventrale et dont la partie médiane n'a pas été dessinée,
b, c. Deux calyptres opposées de deux frustules voisins montrant, vus du côté
de la face ventrale, leur mode d'accolement et l'agencement des épines. X 500.
FiG. 8. — Deux calyptres opposées de deux frustules voisins montrant, vus du côté de
la face latérale, leur mode d'accolement et l'agencement des épines. X 500.
FiG. 9. — Auxospore de Rhizozolenia fragilissima n. sp. P. Bergon (frustule spo-
rangia! du rétablissement de taille de l'espèce)? X 530.
FiG. 10. — Rhizozolenia fragilissima n. sp. P. Bergon. a. Frustule sans contenu
cellulaire, montrant l'emboîtement des connectifs. b. Cellule en voie de divi-
sion. Phase analogue, pour cette espèce, à celle de la fig. 6 a, pour le Rhiz.
Stolterfothii. c. Autre cellule montrant la disposition radiante des chromato-
phores par rapport à la masse plasmique périnucléaire latérale. X *00.
FiG. 11. — Lauderia Schrôderi n. sp. P. Bergon. Les épines bifurguées n'ont pas été
dessinées dans la partie supérieure de la figure, de façon à bien montrer le
mode d'insertion de l'épine centrale dans la dépression centrale de la valve
et le mode de jonction de deux épines centrales opposées. X 600.
Fig. 1'2, — Valvedu LaMrferiaScftrôden.e.Pointd'insertiondel'épinecentrale.X^OO.
FiG. 13. — Moitié d'un frustule de Lauderta Schrôderi, montrant en o et b deux
valves internes. X 530.
FiG. i i, — Frustule de Lauderia Schrôderi, renfermant un endocyste ou statospore
(spore de repos), e. Épine centrale de l'une des valves du frustule. d. Dépres-
sion centrale de l'une des valves de la spore de repos. X 530.
Fig. 15. — Valve de spore de repos de Lauderia Schrôderi. d. Point d'insertion
d'un embryon d'épine (?) situé au fond de la dépression centrale. X 530.
Flore diatomique du Bassin d'ArcacliorL^P. Bergon
Pl.T
P Bergoa , del .
Imp - Atcnrûctf , à Taris
112 SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE D'aRCACHON
Planche II.
Figure 1. — Cellule du Guinardia flaccida H. Peragallo à l'état de repos, avec les
chromatophores étoiles et la masse perinuclenire centrale m. La partie infé-
rieure de la figure montre le mode d'accolement de deux valves conjointes
de deux frustules voisins. Les deux valves, en réalité contiguës, ont été repré-
sentées légèrement distantes l'une de l'autre, pour faire mieux comprendre
leur mode d'accolement. X 300.
FiG. 2. — Disposition de la masse périnucléaire centrale dans une cellule de Gui-
iiardia flaccida présentant le côté de la face valvaire à l'observateur. On
voit en o le noyau, englobé dans la masse périnucléaire, dont les prolonge-
ments bifurques aboutissent chacun sur la face interne du frustule à un chro-
matophore. X 300.
FiG. 3. — Processus de la division de la cellule chez le Guinardia flaccida
H. Peragallo. X 300.
a. Le noyau de la cellule-mère s'est divisé récemment en deux jeunes noyaux
et le plasma s'est divisé également en deux corps plasmiques qui se sont
retirés de la paroi de l'anneau d'emboîtement du connectif emboîté, en s'écar-
tant de plus en plus l'un de l'autre et en formant, par leur écartement et leur
i-etrait progressifs, une dépression circulaire de plus en plus profonde qui
finira par séparer complètement les jeunes noyaux et les masses plasmiques
périnucléaires, encore adjacentes dans la fig. a.
b. Immédiatement après cette séparation, a lieu le retrait des surfaces plasmi-
ques rejointes encore par un filament de plasma.
c. Le filament de plasma, après s'être aminci progressivement, a disparu.
d. Les surfaces plasmiques se rapprochent de nouveau.
e Elles se mettent en contact, et, aussitôt après, de convexes qu'elles étaient,
deviennent concaves, commençant à prendre la forme des futures valves-filles,
lesquelles sont alors sécrétées,
f. Les jeunes noyaux, avec les masses plasmiques qui les entourent, ont quitté
leur position contre la paroi interne de la partie médiane des valves-filles et
commencent à gagner simultanément, en s'éloignant de plus en plus l'un
de l'autre, leur place respective au centre de chaque nouvelle cellule-fille.
Fig. 4. — Fra;^ment de chaîne en spirale de VEucanipia Zodiacus Ehrenberg, les
cellules montrant la disposition des chromatophores radiants par rapport
au noyau central o. Les cellules a et b, c et d, sont récemment divisées, et
les deux jeunes noyaux o' et o" sont encore appliqués contre la paroi interne
de la paitie médiane des valves-filles non entièrement formées. X 500.
Fig. 5 et 6. — Disposition des granules (globules rouges de Bûtschli?) groupés en a
aux extrémités des appendices chez VEucanipia Zodiacus. Fig. 6, deux
appendices plus grossis avec les granules. Fig. 5, X 500. Fig. 6, X 1000.
Fig. 7. — Auxospore en voie de division d'Jiucampia Zodiacus (frustule sporangial
du rétablissement de taille).
Fig. 8. — Streptotheca Thamesis Cleve, montrant la disposition des chromato-
phores radiants par rapport au noyau. Les cellules a et b, c et d, e et f sont
divisées depuis peu, et les noyaux o' et o", les nouvelles valves-filles ayant
été sécrétées, sont en train de gagner chacun leur position respective au
centre des nouvelles cellules-filles. X 250.
Fui. y. — Fragment de chaîne du Cerataulina Bergonii H. Peragallo, les cellules
(à l'état de repos) montrant la disposition des chromatophores radiants par
rapport à la masse périnucléaire latérale, et les granules aplatis et arrondis
disposés circulairement sur le pourtour des valves. X ^00.
Fig. 10. — a et b. Masse plasmique périnucléaire et noyau du Cerataulina Ber-
gonii, vus de face, avec la disposition des chromatophores, les uns en cercle
autour de la masse, les autres radiants. X 400.
FiG. 11. — Cellule de Cerataulina Bergonii en voie de division, a. Cellule montrant
les deux masses périnucléaires m' et m' tout récemment divisées, ainsi que
les jeunes noyaux qu'elles renferment, et appliquées contre la partie médiane
de la paroi interne des nouvelles valves-filles en voie de formation, b. Même
cellule, montrant les deux masses périnucléaires m' et m' qui commencent
à voyager, avec les jeunes noyaux qu'elles renferment, les valves-filles une
fois sécrétées, pour gagner leur position respective latérale dans les nou-
velles cellules-filles. X 400.
Flore diatomique duBassm d'Arcaclion _P. Bergon
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STATION BIOLOGIQUE 113
IV
(nov. gen., >ov. spec.)
CÉCIDOMYIDE NOUVELLE
PAR
J. KUXSTLER et J. CHAINE.
Peu de familles de l'ordre des Diptères ont été l'objet de tra-
vaux aussi nombreux que celle des Cécidomyidés; c'est ce qui
ressort, du reste, de la bibliographie fort complète qu'en a
donnée l'abbé Kieffer dans sa Monographie des Gécidomyies
d'Europe et d'Algérie (^), et sur laquelle nous n'avons pas à
l'evenir ici. Depuis cette époque, la littérature scientifique s'est
encore enrichie d'un assez grand nombre de publications. Néan-
moins, malgré toutes ces observations et ces recherches, beau-
coup d'espèces sont encore inconnues, et il arrive fréquemment
que des formes nouvelles soient découvertes et décrites par des
naturalistes. C'est ainsi que» récemment l'un de nous a recueilli,
fcur des rameaux fructifères de bananiers, une Cécidomyide
nouveau genre, le nom de Kiefferia musas, le dédiant à l'abbé
courte notice (2). Nous proposons pour cet organisme, type d'un
nouveau genre, le nom de Kiefferia musœ^ la dédiant à l'abbé
Kieffer. La dénomination de Kiefferia existe déjà, mais seule-
ment à l'état de synonyme de Schizomyia, qui lui a été préféré;
nous estimons donc que ce nom est libre et que nous pouvons
l'attribuer à un genre nouveau.
Le Kiefferia musœ est un très petit moucheron, dont la taille
(1) J.-.T. Kieffer. — Monographie des Gécidomyies d'Europe et d'Algérie (4 n«.
de la Soc. d'En.oni. de France, vol LXIX).
(•) J. KuNsTLER et .1 Chaîne. — Notice sur une Cécidomyide nouvelle (Compte
rpndu de la Soc. de Biologie Réunion biologique de Bordeaux, mai 1902).
socrtTÉ o'Arcachon. 8
114 SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE D'aRCACHON
est d'environ 1 millimètre et demi à 2 millimètres. La tête est
assez gi'osse, sa largeur est à peu près égale à celle du corps;
vue par devant, elle est subtriangulaire. Le bas de la face est
peu proéminent; la bouche ne fait pas saillie en forme de. trompe
et les pièces buccales ne sont presque pas apparentes, de sorte
que le bas de la face semble être arrondi entre les palpes
labiaux. La lèvre inférieure présente à sa base, de chaque côté,
un palpe labial de quatre articles; le dernier article est arrondi
en massue. Les palpes sont recouverts d'une pubescence
fine, disposée sans ordre et entremêlée de poils épars longs et
rigides.
Comme chez toutes les Cécidomyidés, les antennes sont très
gracieuses : l'animal les porte relevées et arquées en arrière;
elles sont insérées vers le milieu de la tête. Chaque antenne est
constituée par deux articles basaux et un funicule moniliforme.
A son extrémité proximale, le premier article du funicule pré-
sente un pédicule assez distinct, ce qui n'a pas lieu pour les
articles suivants; ce pédicule s'emboîte dans une excavation
assez peu profonde que présente, à son extrémité supérieure,
le deuxième article basai. Les articles du funicule sont cylindri-
ques, ;bien que présentant un diamètre un peu plus grand à leur
extrémité inférieure qu'à leur extrémité supérieure. Les anten-
nes sont très fragiles et se brisent facilement au niveau des
articulations. Outre la pubescence Ihie qui l'es recouvre, les
articles des antennes portent des soies assez allongées, toutes
de même longueur, obliques par rapport au grand axe de l'ar-
ticle et disposées en verticilles plus ou moins réguliers.
Les yeux sont grands, très saillants, situés sur les parties
latérales de la tête. Il n'y a pas d'ocelles.
Les ailes sont grandes et larges; leur extrémité postérieure
est arrondie et leur base se rétrécit brusquement, presque à
angle droit. La surface alaire est recouverte d'une pilosité dres-
;sée, très fine et très serrée; le long des nervures sont implantés
des poils longs et dressés. Le bord supérieur et l'extrémité
postérieure de l'aile sont munis de poils longs et dressés.
analogues à ceux que portent les nervui'es. Des poils sem-
blables à ces derniers, et au nombre d'une quinzaine environ,
sont i-angés, suivant une ligne courbe, le long du bord inférieur,
près de l'extrémité antérieure. Comme chez toutes les Cécido-
STATION BIOLOGIQUE 115
myidés, la deuxième nervure de l'aile manque. La première
nervure, nervure subcostale {^), est bien développée et suit le
bord supérieur! de l'aile, sans en atteindre tout à fait l'extré-
mité. La troisième nervuie, nervure cubitale, se détache de la
première vers son milieu environ et se dirige, presque parallè-
lement à la première, vers l'extémité postérieure; elle atteint
presque le bord de l'aile. De la partie inférieure de cette der-
nière nervure s'en détache une quatrième, très courte, que des
auteurs considèrent comme un rameau inférieur de la nervure
(*) Nous empruntons cette terminologie des nervures à Schiner et à Kieffer.
116 SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE D'ARCACHON
cubitale, qui serait alors ramifiée, tandis que d'autres, comme
Kieffer et Schiner, la décrivent comme ne nervure spéciale
qu'ils appellent nervure discoïdale. La dernière nervure, ner-
vure posiicale de Schiner, est ici bien développée et sort de la
base de l'aile, comme la première; vers le milieu de sa longueur
elle se bifurque en deux branches, dont une seule, la plus lon-
gue, atteint l'extrémité de l'aile. Il n'existe qu'une seule nervure
transversale, très courte, qui relie la nervure cubitale à la cin-
quième. L'aile possède aussi un pli caractéristique des Gécido-
myidés; ce pli est parallèle à la dernière nervure et a même
toute l'apparence d'une nervure longitudinale.
Les pattes sont recouvertes de poils courts, serrés, appli-
qués contre le membre et entremêlés de poils plus longs, épars
et dressés. Le tarse ne comprend que deux articles, dont le
premier est \e plus long; le dernier article du tarse porte, à son
extrémité libre, deux crochets simples et recourbés.
L'abdomen est allongé, assez large vers sa partie moyenne,
aminci à son extrémité postérieure; il est revêtu de poils courts,
appliqués contre le corps, et de poils longs et dressés, mais plus
rares. Il se compose de neuf anneaux, dont les huit premiers
sont munis d'une paire de stigmates; le dernier, dans les deux
sexes, porte l'armure génitale.
Les larves vivent sur les parties des rameaux fructifères des
bananiers entrant eni décomposition.
Pour classer le Kiefferia musw dans la famille des Cécido-
myidés, nous adopterons la classification de l'abbé Kieffer (i),
à l'exclusion de celles de Rondani, Lœw, Schiner, etc., cette
classification paraissant, en effet, beaucoup plus rationnelle que
toutes les autres. La classification de l'abbé Kieffer reproduit en
partie celle de Schiner avec certaines corrections, surtout en
ce qui concerne les Hétéropézines.
L'être que nous venons de décrire ne peut être rangé dans
aucune des trois sous-familles des Gécidomyidés établies par
Kieffer. Les deux premières sous-familles, en effet, celles des
Cécidomyines et celle des Lestrémines, entre autres caractères,
possèdent toujours des tarses à cinq articles; le Kieffena musae
n'a que deux articles à ses tarses. De même, l'organisme que
(») J.-J. Kieffer. — Synopse des Cécidomyies d'Europe et d'Algérie décrites
jusqu'à ce jour {BM. de la Soc. d'hisl. nat. de Metz, 2Û« cahier, 2« série, t. VIII).
STATION BIOLOGIQUE 117
nous étudions ne peut être classé parmi les Hétéropézines dont
il diffère par la nervation alaire.
La nervation de l'aile du Kiefferia musœ est semblable à
celle des Gampylomiyzides, premier groupe des Lestrémines,
dans la classification de Kieffer; d'autre part, la pilosité de
l'aile, le nombre des articles du tarse, etc., appartiennent aux
Hétérouézines. [Le Kiefferia musse doit donc être considéré
comme un genre nouveau établissant une forme de passage
.entre la sous-famille des Hétéropézines et celle des Lestrémines.
Jusqu'ici, il n'avait pas été signalé de forme de passage entre
ces deux sous-familles, tandis qu'il en existait entre les autres.
C'est ainsi que le passage des Cécidomyines aux Lestrémines a
lieu par le genre Diallactes, Kieff., classé par Kieffer dans les
Cécidomyines; tandis que les genres Brachyneura, Rond. (Hété-
ropézine), 'EolonewuSy Kieff. (Cécidomyine), etc. relicht les
Cécidomyines aux Hétéropézines.
Ce n'est que rarement que l'on a décrit des cas de dimor-
phisme chez les Diptères, qui se présentent tantôt chez un sexe,
tantôt chez l'autre et quelquefois chez les deux à la fois.
Le Kiefferia musœ vient augmenter la série des cas observés
en nous offrant un nouvel exemple de dimorphisme.
L'être anormal diffère très peu du type ordinaire, si ce n'est
par l'atrophie des ailes.
Il y a cependant à noter que la tète est plus grosse, plus large
et surtout plus arrondie; que l'abdomen est plus volumineux et
plus renflé, principalement dans sa partie moyenne. Les ailes
sont de simples miniatures, qui ont toutefois une forme assez
semblabe à celles de l'individu normal et dont la distribution des
nervures est sensiblement modifiée. Les ailes ne s'étendent qu'à
la moitié de la longueur de l'abdomen, tandis que, ordinaire-
ment, celui-ci est nettement dépassé; elles ne se rejoignent pas
sur la ligne médiane du dos, de telle sorte que la région abdo-
minale est nue sur une vaste étendue. On y voit le fin revête-
ment pubescent ordinaire et les nervures ainsi que le bord supé-
rieur de l'aile présentent leur série de longs poils.
Jusqu'ici, on n'a signalé que deux cas de dimorphisme chez
les Cécidomyides portant tous deux sur les deux sexes et chez
lesquels les deux formes, normale et anormale, ont été dé-
118 SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE D'aRCACHON
crites(i). L'un a été décrit chez Monardia van-der-Wulpi, de
Meij., par dei Meijere et l'autre chez Monardia dimorphogtjna,
Rbs., par Rûbsaamen. Certains individus ont les ailes et les
.balanciers très atrophiés et montrent certaines variations dans
]ù développement des nervures. Chez la femelle le phénomène
peut être poussé bien plus loin que chez le mâle, et leur ailes
être plus réduites et dépourvues de nervures. 11 est à remarquer
que les deux espèces qui présentent ces phénomèns de dimor-
phisme font partie de la sous-famille des Lestrémines de Kieffer.
dont notre organisme est proche voisin, par exemple par sa
nervation alaire, à tel point que nous avons dû admettre que
c'était là une véritable forme de passage entre les deux sous-
familles des Hétéropézines et des Lestrémines.
(1) Il est à rappeler ici qu'en 1898 l'abbé Kieffer a décrit une Cécidomyie aptère
chez laquelle les deux ailes étaient remplacées par un appendice opaque, charnu et
rouge comme le thorax, que l'on pouvait aussi, à cause de son insertion, considérer
comme tenant lieu de balancier, dont il n'y avait pas de vestiges. Le mâle de cette
espèce est demeuré inconnu à l'abbé Kieffer.
STATION BIOLOGIQUE 119
V
TRYPANOSOME DE L'ANGUILLE
PAR
J. SABRAZÈS et L. MURATET
(de Bordeaux)
Le sang d' Any ailla vulgam contient un trypanosome que nous
observons depuis trois ans et dont nous avons signalé l'exis-
tence à la Société linéenne de Bordeaux le 18 décembre 1901.
Ce parasite, que nous avons découvert, a été décrit par nous
et figuré dans diverses communications cà la même Société (mars
et 2 juillet 1902) et dans un travail publié le 3 août 1902 par
la Gazette hebdomadaire des Sciences médicales de Bordeaux.
La vitalité de l'anguille ne paraît pas du reste être influencée
par la présence de ces trypanosomes, ainsi que le démontre le
fait suivant :
Une anguille, longue de 21 centimètres, fut placée, le
21 mars 1900, dans un cristallisoir contenant deux litiges d'eau
de la Ville et recouvert d'une lame de verre. Le sang de cette
anguille montrait des trypanosomes. Cette anguille a, depuis
cette époque, servi à diverses expériences : on lui a fait des
injections sous-cutanées et intra-cardiaques de solutions
aqueuses d'acétate de plomb; elle a eu une eschare de 1 cen-
timètre et demi de largeur disposée en anneau autour du corps,
eschare déterminée par le sel de plomb; la plaie n'a pas tardé
à se cicatriser. A plusieurs reprises on a prélevé du sang
dans le cœur de cette anguille, ainsi qu'au niveau des ouïes.
L'eau du bocal n'a systématiquement jamais été renouvelée
depuis cette date; aussi, hé,bcrgeait-elle de nombreux micro-
organismes, bactéries, algues vertes, infusoires ciliées: cette
eau restait toutefois limpide.
120 SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE d'AHCACHON
Le 11 novembre 1900, l'anguille mesurait 28 centimètres de
long; le 8 mai 1901, 31 centimètres. A cette date, l'animal mord
quand on veut le saisir. Son accroissement en longueur con-
traste avec sa grosseur qui est restée stationnaire. Les tégu-
ments de l'anguille ont viré du noir au gris clair.
Le 23 octobre 1901, la longueur était de 31 centimètres et
demi. Les trypanosomes, extrêmement mobiles, ont été trouvés
à chaque examen du sang, depuis le début de l'expérience
(mars 1900) jusqu'à la fin (décembre 1901 •).
Les anguilles adultes, d'une longueur de 25 à 30 centimètres
et de 4 à 5 centimètres de circonférence, capturées pendant les
divers mois de l'année (1900-1901) à Portets, dans la Garonne
et dans les ruisseaux où se déversent les eaux d'un puits
artésien, ont toutes, sans exception, des trypanosomes dans
le sang. Par contre, on n'en voit pas dans le sang d'anguilles
de même provenance, mais beaucoup plus petites (de 6 à
16 centimètres de longueur et de 0,04 à 2 centimètres fi de
circonférence).
Au mois d'août 1902, toutes les anguilles de 11 à 33 centi-
mètres de longueur prise à Villandraut, dans le Giron (affluent
de la Garonne, qui se jette dans ce fleuve à 15 kilomètres envi-
ron en amont de Portets) et dans un étang se déversant dans
le Giron, mais de telle manière que les anguilles ne peuvent
remonter du Giron dans l'étang, contenaient des trypanosomes
dans leur sang. Nous n'avons pas réussi à en trouver dans
le sang .d'anguilles adultes, de 28 à 30 centimètres de longueur
et de 4 à 5 centimètres de circonférence, vivant en liberté ou
conservées pendant plusieurs mois dans des bocaux, pêchées
dans le bassin d'Arcachon ou aux environs de Lesparre, dans
une jalle.
Des anguilles de gros volume examinées à la station zoolo-
gique d'Arcachon, en août 1902, ne montraient pas non plus
de trypanosomes.
Pendant le mois de septembre, onze anguilles pêchées dans
l'Océan et dans la Seudre, à La Tremblade, ne contenaient pas
de trypanosomes dans leur sang. Des recherches faites sur
(1) Ou peut conserver iiidéfiiiiment une anguille vivante dans un cristallisoir,
même sans j inf\;iis renouveler Feau, si Tanguilie y est seule. Il n'en est plus ainsi
quand elle sy trouve avec d'autres animaux de même espèce. Cela est important
à savoir pour une étude prolongée.
STATION BIOLOGIQUE 121
notre demande par M. Coulongeat, préparateur au laboratoire
de M. Schneider, sur le sang d'anguilles prises soit dans les
environs de Poitiers — et originaires du Clain ou de la
Vienne — jusqu'à Chàtellerault, soit à côté d'Angers, et pêchées
dans la Loire depuis janvier jusqu'à la fin du mois de juin 1902,
n'ont pas montré un seul trypanosome.
Pour savoir si une anguille est parasitée, il suffit de faire
sourdre par pression une goutte de sang des branchies et de
l'examiner séance tenante, entre lame et lamelle, avec un gros-
sissement de 200 à 300 diamètres.
En puisant dans le sang du cœur, sur l'animal vivant, on
peut faire des préparations persistantes. Le sang d'anguilles
mortes depuis vingt-quatre heures environ sera utilisé aussi
pour les frottis. Le sang d'anguille vivante se coagule très vite
dès qu'il vient sourdre à travers le petit orifice fait au myo-
carde; l'obtention de préparations sèches très favorables exige
une assez grande dextérité. Plusieurs heures après la mort,
le sang prélevé dans le cœur a moins de tendance à se coaguler
instantanément au contact des autres tissus; les trypanosomes,-
très vivaces, sont étalés sur lames avec la goutte de sang et
fournissent un excellent matériel d'étude.
A l'état frais, sur des préparations bordées de paraffine, on
reconnaît d'emblée ces trypanosomes à leur mouvement de
fouet ultra-rapides, en spirale dentelée, qui les plient et replient
alternativement dans un sens puis dans l'autre, avec de très
brèves détentes. En outre de la rotation alternante sur place,
on saisit parfois une velléité de propulsion par reptation, le
flagellum en avant, dans les formes longues.
On es tfrappé par l'inégalité de volume de ces trypanosomes,
qui va du simple au triple et au-dessus.
Leur nomJ)re varie beaucoup; souvent très élevé chez les
grosses anguilles (parfois 5 à 6 par champ microscopique), il
peut être très minime chez les petites.
Dans ces conditions, bien que ces try^panosomes restent
vivaces pendant plusieurs heures, et malgré l'amoindrissement
progressif de leur agiUté, qui rend leur observation plus facile,
il serait impossible de se rende compte de leur structure. Adres-
sons-nous à d'autres méthodes d'examen. Des frottis bien
étalés, séchés par agitation rapide à l'air libre, fixés immédia-
122 SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE D'ARCACHON
temeiil par le Fleniiniiija; et colorés par îa phéno-safranine à
chaud, donnent une image nette des parasites, figés pour ainsi
dire dans leur forme, à diverses phases de leurs mouvements.
Le corps protoplasmique en fuseau allongé, contourné suivant
le grand axe, incurvé dans divers sens, est bordé sur un côté
par une membrane claire, d'aspect godronné, qui s'étend à
partir d'une extrémité munie d'un long flagelle (avec lequel elle
paraît être en continuité) vers l'autre extrémité sans l'atteindre;
elle se termine là, au voisinage d'une granulation très chroma-
tique, située toujours au même niveau, dont la constance et la
llxité décèlent l'importance morphologique. Un peu au-dessus
de cette granulation — que par analogie avec les descriptions
de parasites analogues mais d'espèces différentes, faites si ma-
gistralement (14 et 18 octobre 1901) par MM. Laveran et Mesnil
nous désignerons du nom de centrosome — le corps du para-
site se termine en pointe assez aiguë, sans qu'il y ait à ce
niveau trace de flagelle. Au milieu enivron du corps protoplas-
mique apparaît une lacune presque incolore, sorte de logette
ovale qui semble vide et qui correspond au noyau, ainsi que
nous le verrons plus loin. Ces préparations mettent surtout
bien en évidence le flagelle très long infléchi et quelquefois
contourné en anse ([ig. 1). On pouri'ait méconnaître la longueur
considérable de ce flagelle — qui peut excéder le tiers de la
longueur totale ^ — sur des préparations insufflsamm,ent fixées.
D'autres procédés mettent en évidence les granulations pro-
loplasmiques nom,b reuses et serrées (fig. 9); citons, après
lixation par l'alcool absolu, le phénate de thionine, la fuschine
diluée, les mélanges d'éosine bleu de méthylène- — acétone,
acétal, méthylal, créosote (avec différenciation par le tarmin-
'uchsine-orange); mais le noyau n'apparaît pas.
En recourant à des colorants plus énergiques, tels que la
vuchsine phéniquée, et en mordançant par un acide, nous
uvons réussi à mettre en évidence le noyau : c'est un amas de
chromatine assez homogène parfois avec un point plus dense,
sans membrane, occupant la logette signalée plus haut et qui
pst un peu plus rapprochée de la ba^^e du flagefle que du cen-
ti-osome. Les divers réactifs de la chromatine du noyau des
protozoaires, réactif dérivés de la méthode de Romanowski
(combinaisons d'éosine et de bleu de méthylène), nous ont
permis également d'obtenir-, sur le fond bleu violacé du corps
STATION BIOLOGIQUE i23
pi'otoplasmique , une coloration ruse violacé du noyau et rtu
centrosome et une teinte rougeàtre du flagelle et de la mem-
brane (fig. 5).
Il existe des différences assez notables entre les petits et
les grands trypanosomes(i); ces différences s'accusent sur les
préparations traitées par la fuchsine phéniquée. Les petits
(15 ;a sur 0[x87 environ) ont un très long flagelle, une mem-
brane ondulante mince, un noyau compact sans lacune autour,
un centrosome très apparent (fig. 3). Les grands (30 à 41 ;x
sur 2 ix 6) se caractérisent par l'exubérance de la membrane
ondulante et par le volume et la pâleur (parfois extrême) de
leur noyau irrégulièrement rond ou ovale ou un peu étranglé
(fig. 4), inclus dans une cavité protoplasmique à la façon d'une
amande dans sa coque. Mais, entre ces deux modalités de taille
et d'aspect, on trouve tous les intermédiaires: ITja, 20 |x,
34 [j., 40 [X (fig. 6), ce qui nous permet de penser qu'il ne
saurait s'agir ici que d'une seule espèce de trypanosome à
divers degrés d'évolution.
Comment se multiplie ce trypanosome que nous avons décou-
vert et décrit? Nous ajournons la réponse à cette question,
n'ayant pas réussi à voir des ligures de division démonstra-
tives; les seules formes anormales que nous ayons constatées
et qui représentent peut-être un début de segmentation longitu-
dinale sont figurées ici sans commentaires (fig. 7, S, 9).
Nous réservons aussi l'étude de l'inoculation de ce parasite
aux anguilles de mer, ainsi que tout ce qui i-attache au mode
d'infestation spontanée.
Nos recherches sur le trypanosome de l'anguille avaient
été publiées lorsque a paru un travail de MM. Laveran et Mesnil
sur les Trypanosomes des poissons, travail dans lequel ces
auteurs décrivent un trypanosome rencontré par eux dans le
sang d'une anguille provenant de la rivière Sarthe. Ils ont
vainement recherché ce parasite dans le sang des anguilles des
étangs de Garches (Seine-et-Oise) et de celles achetées sur
le marché de Paris. MM. Laveran et Mesnil ont noté, comme
nous l'inégalité de taille de ces trypanosomes et leur état
grossièrement granuleux; si bien que, n'ayant pas encore eu
(1) Dans les mensurations suivantes n'est pas comprise la longueur du llagellum,
qui, nous le répétons, peut excéder le tiers de la longueur totale du trypanosome.
124 SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE D'aRCACHON
connaissance de notre travail, ils avaient proposé dans leur
manuscrit, adressé le 10 juillet à ÏArchiv fur Protistenkunde,
le nom de Trypanosoma granulosum. Depuis lors, MM- Laveran
et Mesnil ont fait de nouvelles recherches sur le Trypanosome
de l'anguille, et voici comment ils s'expriment sur ce point :
<* Le 12 juillet, nous avons reçu de Sablé (Sarthe), par les
soins du conducteur des ponts et chaussées, 5 anguilles. Elles
nous sont parvenues en parlait état; l'une d'elles était
encore vivante. Toutes renfermaient dans leur sang le îrypa-
nosoma gramilosum: il y était ou assez rare ou même non
rare. Nous avons pu vérifier les détails de structure décrits
dans le paragraphe III de notre mémoire. Nous n'avons pas vu
de formes de multiplication.
» Une anguille, n'ayant jamais montré de trypanosomes, est
inoculée, dans le péritoine, avec du sang de l'anguille encore
vivante mélangé à de l'eau physiologique citratée. Le sang
de l'anguille inoculée, examiné douze et dix-sept jours après,
a montré des trypanosomes, mais ils étaient extrêmement
rares.
» Sur neuf anguilles examinées à Roscoff (Finistère), dans
la première quinzaine d'août, une seule a montré des trypa-
nosomes très rares.
» La première description du Trypanosoma granulosum. est
due à Sabrazès et Muratet, de Bordeaux. Les anguilles para-
sitées avaient été pêchées dans la Garonne, à Portets, et mesu-
raient de 25 à 30 centimètres de longueur. Des anguilles de
même taille pêchées en divers autres points de l'ouest de la
France n'avaient pas de trypanosomes.
» La description de Saibrazès et Muratet, très détaillée et
très précise, concorde avec la nôtre; les chiffres donnés pour
la longueur du parasite et qui ne concernent sans doute que
le corps proprement dit, sont seulement un peu plus faibles
que les nôtres.
» Les auteurs ne donnent pas de nom à leur trypanosome )-
En réalité, nous avons toujours désigné ce parasite du nom
de « trypanosome de l'anguille » par analogie avec les néno-
minations de parasites du même ordre, tels que trypanosome
TRYPAflOSOlVIE DE Li'A[4GUlLiljE
(j. SABRAZÈS & L. MURATET)
Fiô. 1
Cs3
Fi<f>. 2
■a-
V . J
^
(,-
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Fià.3
'■^■
Fi6.4
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Fu|.5
F^.
C^
^
^
F^.7
Fi^B
Fi<!>.9
Dr I.. MURATKT, pinx
<-irossisKenient = 19<M> 1>
STATION BIOLOGIQUE 125
de la sole, du brochet, etc., et nous croyons cette dénomina-
tion suffisante, d'autant plus que le trypanosome de l'anguille
ne nous a pas paru beaucoup plus granuleux que ceux des
autres poissons.
Légende.
Figure 1. — Fixation par le Flcmming, coloration par la phéno-safranine à chaud.
FiG. II et FiG. III b. — Fixation par l'alcool absolu, coloration par le phénate de
thionine.
FiG. Ill a et FiG. IV. — Fixation par l'alcool absolu, coloration pai- la fuchsine phé-
niquée et mordançage par un acide.
FiG. V. — Fixation par l'alcool absolu, coloration par l'éosine, bleu de méthylène,
borax.
FiG. VI, VII, VIII et IX. — Fixation par l'alcool absolu, coloration par divers mé-
langes qui donnent sensiblement les mêmes résultats et dont quelques-uns
nous sont personnels : éosine, bleu de méthylène, méthylal, acétone, acétal,
créosote.
STATION BIOLOGIQUE 127
VI
NOTE SUR UN MODE DE SPORULATION
OBSERYÉ CHEZ LE Biddulphia moMUensis Bailey
P. BERGON.
J'exposerai sommairement dans cette note, rédigée au
moment même où va paraître le Bulletin de la Société scien-
tifique d'Arcachon, un mode de sporulation très intéressant
que j'ai observé tout récemment chez le Biddulphia mohi-
liensis Bailey, et qui a une grande analogie avec celui que
Murray a décrit (I) chez un Coscinodiscus et chez plusieurs
espèces de Chœtoceros{^}. Je me réserve d'y revenir dans une
publication prochaine, lorsque j'aurai pu compléter mes
recherches, et de traiter alors ce sujet dans tous ses détails.
J'ai pu suivre déjà un certain nombre de phases de ce pro-
cessus et je suis convaincu qu'il n'y a pas là, comme on aurait
peut-être été tenté de le supposer, quelque état de contraction
maladive du plasma de la cellule ou plasmolyse morbide,
mais bien un mode de sporulation absolument normal et pro-
bablement, sinon général, du moins très répandu chez beau-
coup d'espèces de diatomées.
Voici la série des faits observés jusqu'ici :
Ayant opéré vers le miUeu de novembre 1902 (10 novembre)
quelques sondages devant la plage du Moulleau et au pied des
(1) Pour les indications relatives au titre de l'ouvrage de Murray que je cite,
«onsulter l'Index bibliographique joint à mon travail sur les Diatomées du Bassin
d' Arcachon publié dans le présent Bulletin,
128 SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE D'ARCACHON
Grandes Dunes, je rencontrai dans ces récoltes une immense
quantité de cellules parfaitement endochromées de Biddulphia
mobiliensis, à l'exclusion presque de toute autre espèce. Ayant
renouvelé ces sondages à ditîérentes profondeurs et de l'autre
côté du Bassin, vers la pointe du Cap (à la hauteur du séma-
phore et du phare), je pus me convaincre que tous les fonds
du Bassin d'Arcachon, compris entre les Grandes Dunes et le
Moulleau d'une part, et la presqu'île du cap Ferret aux envi-
rons du phare et du sémaphore d'autre part, étaient littérale-
ment recouverts d'une couche d'innombrables cellules de ce
Biddulphia. Toutes ces cellules étaient parfaitement vivantes
et normalement endochromées. Je n'y ai pas constaté la pré-
sence de spores de repos.
Un fait intéressant à noter est que cette même espèce était,
sinon absolument, du moins presque totalement absente des
pêches pélagiques faites à cette époque dans le Bassin.
Peu de jours après le Biddulphia commença à se montrer
moins rare dans les récoltes pélagiques, il y devint en très peu
de temps beaucoup plus fréquent, et, le 20 novembre, il y
était déjà abondant. Il ne cessa alors de se multiplier et se
rencontra bientôt en très grandes quantités.
Je fis, dans les localités déjà explorées précédemment, de
nouveaux sondages fin novembre et au commencement de
décembre. Je rencontrai dans ces récoltes à peine quelques
frustules de Biddulphia. Toutes les cellules de cette
espèce qui, au commencement de novembre, se trouvaient
dans les fonds, paraissant travei-ser une période de repos,
étaient montées dans les couches d'eau supérieures, très
probablement pour entrer dans une ère de végétation plus
active.
C'est en ellet ce qu'ont démontré les observations ulté-
rieures.
Pendant le mois de décembre, les récoltes continrent un
très grand nombre de cellules de Biddulphia, à l'élat de
pureté presque absolue. Pendant tout ce temps, ces cellules
ne cessèrent de se multiplier par des divisions incessantes.
C est dans une pêche du 25 décembre que je vis apparaître
pour la première fois (de nouvelles recherches me firent retrou-
ver, mais rarement, le même processus dans les récoltes des
STATION BIOLOGIQUE 129
deux OU trois jours précédents) le mode de sporulation dont la
description, bien incomplète encore, fait l'objet de cette
note.
Dans beaucoup de cellules de Biddulphia mobiliensis de
dimensions moyennes, plutôt petites, je constatai la présence
certaine de spores absolument analogues à celles dessinées
par Murray (I, pi. II, fig. 2 a, 2 b et 3; pi. III, fig. 1-2), les-
quelles appartiennent au Coscinodiscus concmnus et au Chœ-
toceros horealis. J'aperçus également, dans la récolte, quelques
cellules de Chœtoceros, dans un état absolument identique à
celui représenté par Murray, pi. III, fig. 2.
Les cellules de Biddulphia contenant ces spores avaient
toutes les connectas beaucoup plus développés qu'à l'ordi-
naire. Cet allongement des connectifs a évidemment pour but
de laisser plus de place pour la formation des nombreuses
spores futures.
Je ne puis dire encore si, au commencement du processus
de sporulation, un retrait des surfaces plasmiques intervient,
comme cela a lieu pour le processus ordinaire de division de
la cellule. Ce que je puis affirmer, cest que le noyau se
divise, ainsi que la masse plasmique périnucle'aire, et
que deux membranes spéciales, à peine visibles, sont sécré-
tées, qui partagent la cellule-mère en deux cellules-filles et
dont les surfaces externes bombées sont en contact par la
partie supérieure des courbures convexes, simulant deux
valves-filles en contact. Ces membranes sont-elles vraiment
des valves- filles très peu siliceuses destinées à protéger les
spores pendant leur formation, ou seulement les parois d'une
sorte de poche qui entourerait et renfermerait les groupes de
spores en épousant, à l'exception d'un côté, la face interne des
frustules, c'est là un point que des recherches ultérieures me
permettront, je l'espère, d'élucider.
Ces deux parois membraneuses une fois formées, les jeunes
noyaux se divisent et le contenu cellulaire de chaque cellule-
fille se partage en deux parts arrondies subglobuleuses, cha-
cune contenant sa masse périnucléaire avec noyau inclus. Des
divisions successives ont ensuite lieu dans chaque moitié de la
cellule-mère primitive, portant le nombre des spores pour
chaque moitié, d'abord de 2 à 4, puis de 4 à 8, puis de 8 à 16,
Société se. d'Arcachon. 9
130 SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE d'aRCACHON
chaque spore se divisant en deux autres spores, chacune de
ces spores contenant une masse périnucléaire avec noyau
inclus. Au fur et à mesure des divisions successives, les spores
deviennent naturellement de plus en plus petites et de plus en
plus exactement sphériques. Je n'ai pu, jusqu'ici, pousser plus
loin les observations. Il est possible que l'on puisse rencontrer
32 spores par moitié de cellule ou peut-être même davan-
tage.
Que deviennent ces spores une fois formées? Il ne m'a
pas été possible encore de m'en rendre compte d'une façon
définitive. Cependant la manifestation de certains phénomè-
nes, que j'ai constatés depuis longtemps chez d'autres espèces,
sans avoir pu, jusqu'à ce moment, en découvrir l'explication,
et que Murray a également observés au cours de ses recher-
ches, permet de formuler, à ce sujet, une hypothèse très vrai-
semblable.
A certaines époques, j'ai rencontré, notamment chez le
Bhizozolenia Stolterfothii, des agglomérations de frustules
comme englobés dans une masse hyaline. Ces frustules sont
d'assez petites dimensions, très peu siliceux, souvent vides
de leur contenu cellulaire, ordinairement accolés bout à bout
par courtes chaînes courbes et légèrement spiralées de deux
ou trois frustules, ces chaînes étant emmêlées et enchevêtrées.
J'ai dessiné, dans la fig. 3 de la pi. I qui accompagne mon
travail sur les Diatomées du Bassin d'Arcachon publié dans
ce même Bulletin, une de ces agglomérations que j'ai obser-
vées aussi bien à Arcachon qu'à Garantec (Finistère), où j'ai
récolté en septembre 1901 le Rhiz. Stolterfothii en grande
abondance.
J'ai trouvé également des agglomérations de très petits Chœ-
toceros et, tout récemment encore, d' Asterionella spathuli-
fera Gleve, ces dernières formant comme de petits paquets
compacts de frustules pressés les uns contre les autres, et
paraissant entourées d'une sorte d'enveloppe membra-
neuse.
A ce propos, j'ai pu constater une particularité très
frappante. Ges agglomérations à' Asterionella ont toutes une
forme identique. Elles sont, en beaucoup plus grand,
comme le moulage provenant d'un moule qui aurait la forme
STATION BIOLOGIQUE 131
de la partie élargie et spatulée des frustules de cet Asterio-
nella.
La disposition des petits frustules contenus dans ces masses
est très spéciale. Us sont tous placés et serrés côte à côte, et
orientés de la même façon, toutes les spatules se trouvant
dans la partie élargie de la masse et les tiges de ces spatules
convergeant par leurs extrémités, de façon à donner à l'en-
semble lui-même un aspect de spatule ou de raquette sans
manche, les frustules situés sur la périphérie étant arqués
dans leur longueur, comme si, pendant leur croissance, ils
avaient épousé la courbure des contours de l'enveloppe mem-
braneuse.
Cette disposition si typique des frustules agglomérés donne-
rait à supposer que ces masses, contenues à l'origine, sous
forme d'une très petite agglomération de spores, dans des
cellules d'Asierionella, en seraient sorties par la suite, et
auraient commencé à croître, tandis que les spores incluses,
croissant concurremment, seraient devenues les frustules
réunis en groupes compacts rencontrés dans mes récoltes. La
forme de spatule que revêtent ces agglomérations s'expli-
querait alors par ce fait que, dans les cellules où elles pren-
nent naissance, elles n'en occuperaient que la partie élargie,
le reste de la cellule, presque linéaire, étant beaucoup trop
étroit pour pouvoir contenir des spores.
De quelle façon aurait lieu la croissance de ces spores et la
formation des frustules? De nouvelles recherches permet-
tront seules de résoudre ces intéressantes questions.
Ce qui, pour l'instant, paraît très vraisemblable, et, même,
à mon sens, presque certain, c'est la connexion qui existe
entre le mode de sporulation observé par Murray et par moi,
et la formation des paquets de frustules agglomérés. C'est
d'ailleurs à la même conclusion qu'aboutit Murray, qui a ren-
contré et dessiné (I, pi. II, fig. 4-5) des agglomérations ana-
logues de petits Coscinodiscus concinnus, et les différentes
observations qu'il a pu faire et dont je reparlerai lors-
que je traiterai, dans une publication prochaine, ce sujet
d'une façon plus détaillée, viennent encore confirmer cette
manière de voir. Je compte rechercher si mes récoltes conte-
nant le Biddulphia mobiliensis en voie de sporulation ou si
132 SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE D'aRCACHON
mes pêches subséquentes ne renferment pas des aggloméra-
tions semblables de frustules de cette espèce, agglomérations
dont l'existence me paraît très probable (').
Une question se pose ensuite. Que deviennent ces frustules
agglomérés?
La récolte du 25 décembre 1902, dans laquelle se trouvaient
en grande quantité les cellules de Biddulphia mobiliensis en
état de sporulation, contenait également de nombreux frus-
tules de la même espèce, montrant toutes les phases du pro-
cessus de rétablissement de taille. La coïncidence des deux
processus dans une même récolte était-elle fortuite ou n'indi-
quait-elle pas plutôt qu'il pouvait y avoir un lien entre les
deux processus? Ces petits frustules agglomérés, qui semblent
issus par un processus de sporulation, formeraient-ils à leur
tour des auxospores amenant un rétablissement de taille? Je
n'ai pu encore approfondir et étudier en détail toutes ces
importantes questions. Mais j'ai gardé et fixé, à l'aide du
mélange de Flemming, plusieurs pêches faites le 25 décembre
ainsi que les jours suivants, et j'espère être à même, grâce à
des recherches ultérieures, d'élucider ces différents pro-
blèmes.
(1) De nouvelles i echerches sont également nécessaires pour déterminer avec certi-
tude si les agglomérations observées par Murray et par moi chez les différentes
espèces mentionnées ci-dessus sont toutes de même nature, car il importe de ne'pas
confondre les paquets de cellules, dont les figures 4 et 5 de Murray (I, pi. II) repré-
sentent le type, avec certains frustules plus ou moins déformés, que l'on rencontre
parfois dans les récoltes, soit solitaires, soit réunis en plus ou moins grand nombre
et comme soudés ensemble, et qui sont, ainsi que l'ont très judicieusement remarqué
certains auteurs, le résidu siliceux de diatomées ingérées par de très petits animaux
marins, qui se nourrissent du contenu vivant des cellules et rejettent ensuite les
carapaces. J'ai été longtemps intrigué notamment par d^s frustules de plusieurs
espèces de Rhiznzolenia, que je rencontrais légèrement plies et plissés, souvent
comme soudés côte à côte et coudés en différents endroits, de façon à former, dans
leur ensemble, une figure polygonale. La découverte que je fis, à l'intérieur de nom-
breux exemplaires de noctiluques abondants dans les pêches d'alors, de frustules
identiquement déformés, me donna l'explication de ce fait.
Comme les agglomérations de Coscinodiscus coticinnus que IMurray a observées
renfermaient de petites cellules paiaissant bien vivantes et réunies par paquets de
4, 8 ou 16 contenus dans une fine membrane, comme d'autre part les frustules agglo-
mérés à\isterionella que j'ai étudiés avaient tous l'orientation si spéciale décrite
plus haut, pour cps différentes raisons il semble certain que ces agglomérations sont
de tout autre nature que les amas de frustules digéi-és et rejetés par les animaux
marins. Le cas est plus douteux pour les agglomérations de Rhizozolania Stolter-
fothii et de Chœtoceros que j'ai renconti ées. le reviendrai sur ce sujet dans ma pro*
chaîne publication.
STATION BIOLOGIQUE 133
Ces processus de sporulation et de rétablissement de taille,
qui eurent lieu partout en même temps dans le Bassin d'Ar-
cachon, se produisirent pendant quelques jours. Puis, au
courant de janvier 1903, je rencontrai dans mes récoltes de
très grands frustules sporangiaux issus par rétablissement de
taille, lesquels commençaient à se diviser et à se multiplier.
Au bout de peu de temps, la quantité de frustules de Biddul-
phia récoltée devint prodigieuse. Cette abondance ne se
démentit pas jusque vers le 25 janvier, époque à laquelle
intervint de nouveau le processus de rétablissement de taille,
qui se manifesta encore pendant quelques jours. Il ne fut pas
suivi, comme la première fois, d'une recrudescence dans la
quantité des frustules de Biddulphia récoltés. Au contraire,
en ce moment (commencement de février), cette espèce est en
décroissance, une autre espèce apparue déjà depuis longtemps,
mais jusqu'alors peu abondante, étant soudain entrée en
végétation active et ayant comme étouffé le Biddiilphia: VAs-
terionella spathuUfera Cleve, dont les chaînes ténues, dispo-
sées en élégantes spirales, ont envahi le Bassin en innombra ble
quantités.
Tels sont les faits que j'ai pu observer jusqu'ici.
Il est intéressant d'en rapprocher tout un autre ordre de
phénomènes concernant également le Biddulphia mohiliensis,
et que Murray a relatés dans la publication déjà citée (I, p. 212-
213).
Il dit avoir rencontré, dans une pêche faite en avril 1896,
au large de Gigha (Ecosse), et qui contenait cette espèce en
grande quantité, certaines cellules renfermant un petit frus-
tule très peu siliceux, de forme assez différente de celle des
frustules ordinaires. Il donne (I, pi. I, fig. 2-3) deux phases
successives de ce processus de formation d'un frustule interne
qui ne doit être, à mon avis, pas autre chose qu'une statospore
ou spore de repos.
En août de cette même année, il retrouva en grande abon-
dance, sur les côtes ouest d'Ecosse, ces endocystes libres et
se reproduisant par division, sans qu'il y eût, dans cette
récolte, la moindre cellule de la forme ordinaire du Bidd.
mohiliensis.
En décembre 1896, la forme caractéristique de cette espèce
134 SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE D'aRCACHON
était, par contre, commune sur ces côtes, sans qu'alors on put
rencontrer la forme sporangiale.
Murray a également constaté la présence d'endocystes ana-
logues dans des cellules de Cosciyiodiscus concinnus. On en
trouvera la description et les figures dans l'ouvrage cité plus
haut, p. 213-214, pi. I, fig. 7 et pi. II, fig. 1 a-1 b. J'ai rencontré,
pour ma part, une seule fois, un pareil endocyste contenu dans
la cellule d'un Coscinodiscus, que je n'ai pu déterminer exac-
tement.
Il résulte de l'ensemble de ces observations multiples que
la vie des différentes espèces de diatomées mentionnées dans
cette note semble se décomposer en cycles comprenant toute
une série de phénomènes successifs complexes, phénomènes
qui paraissent identiques, ou du moins très analogues pour
toutes ces espèces.
Il est très probable que le processus de formation d'endo-
cystes correspond à une période de repos (avril en Ecosse
pour le Bidd. mohiliensis), laquelle prend fm par l'entrée en
végétation active de ces endocystes (août en Ecosse pour le
Bidd. mobiliensis).
C'est ici que viennent s'ajouter les observations que j'ai pu
faire dernièrement dans le Bassin d'Arcachon. Ainsi que je
l'ai dit plus haut, je n'ai pu rencontrer d'endocystes chez les
cellules de Biddulphia récoltées dans les sondages des fonds
du Bassin, en novembre 1902, normalement endochromées et
absolument identiques aux cellules ordinaires de l'espèce. Je
n'ai également trouvé, dans les pêches de surface qui ont pré-
cédé celles faites fm novembre, lesquelles contenaient les mêmes
cellules ordinaires de l'espèce et normalement endochromées,
rien de pareil aux endocystes en voie de division trouvés par
Murray au mois d'août sur les côtes d'Ecosse. Il y a là, évi-
demment, un point obscur, que des recherches ultérieures
viendront sans doute éclaircir, permettant de reconstituer ce
chaînon, manquant à la chaîne complexe que forment les dif-
férentes phases de ce cycle végétatif si curieux.
Quoi qu'il en soit, le commencement du mois de décembre,
en Ecosse comme à Arcachon, semble coïncider, pour ce Bid-
dulphia, avec la présence, dans les eaux de surface, d'une
grande quantité de cellules de la forme achevée, caractéris-
STATION BIOLOGIQUE 135
tique de l'espèce, les détails de structure et le relief des frus-
tules s'étant, pour les exemplaires récoltés en Ecosse, comme
précisés et perfectionnés (par suite de quel processus?) du
mois d'août au mois de décembre (voir Murray, I, p. 213).
Puis se produit (fin de décembre à Arcachon, pour le Bidd.
mohiliensis), un mode de sporulation spécial, accroissant
dans des proportions prodigieuses la quantité déjà considé-
rable des cellules de l'espèce, un processus de rétablissement
de taille intervenant également, qui paraît être simultané ou
immédiatement consécutif.
C'est à cette époque que se place certainement, au moins
pour le Bassin d'Arcachon, le maximum de l'activité végéta-
tive du Biddulphia mobiliensis. On le voit ensuite, après avoir,
en immenses quantités, envahi pendant une quinzaine de
jours les eaux de surface, suivre une seconde fois (25 janvier,
dans le Bassin d'Arcachon) les différentes phases du rétablis-
sement de taille, puis décroître peu à peu, et disparaître (com-
mencement de février, dans le Bassin d'Arcachon).
Il serait du plus grand intérêt de se rendre compte, mainte-
nant, si le cycle végétatif de ce Biddulphia est terminé après
la manifestation de ces derniers phénomènes et si, ensuite,
un pareil cycle recommence, caractérisé à son début par la
formation de nouveaux endocystes ou spores de repos.
Ce sont là les études que je vais poursuivre, cherchant
à reconstituer toutes les phases multiples de cette végétation
si complexe et, pour les phases déjà observées, à en déter-
miner et à en préciser les étapes consécutives. Dès que j'aurai,
sur ce sujet, complété mes recherches, j'en publierai une
description détaillée, avec des planches représentant les pro-
cessus de sporulation et de rétablissement de taille.
Avant de terminer cette note, je veux dire un mot d'une
observation toute récente faite sur des exemplaires du nouveau
Cyclotella marin analogue au Cyclotella socialis de Schûtt,
Cyclotella que je mentionne dans mon travail sur les Diato-
mées du Bassin d'Arcachon, et qui devint, dans le courant du
mois de janvier, assez abondant dans mes pêches pélagiques.
J'ai rencontré, dans ces récoltes, des colonies sphériques de
cette curieuse espèce, contenant, au centre même de la sphère,
à côté de quelques frustules vides de grandeur égale à celle
136 SOCÉTÉ SCIENTIFIQUE d'aRCACHON
des frustules de la périphérie, une quantité de tout petits frus-
tules (plus petits environ de moitié) parfaitement endochromés
et certainement, à mon avis, issus d'un processus de sporula-
tation analogue à celui du Biddulphia mobiliensis.
J'ai trouvé également d'autres colonies sphériques de ce
même Cydotella contenant, à la périphérie de la sphère, de
petits frustules bien endochromés et, au centre, de plus gros
frustules parfaitement vivants, mélangés avec quelques rares
frustules vides, pareils comme grandeur soit à ceux de la péri-
phérie soit à ceux du centre.
C'était là, très probablement, le processus de rétabhssement
de taille de l'espèce.
Un fait curieux à noter, c'est que ces différents processus
paraissent se passer, chez ce Cydotella, au centre même de la
colonie, c'est-à-dire dans un espace libre et restreint, circons-
crit de tous côtés par les extrémités aiguës des aiguilles diver-
gentes émanant des cellules de la périphérie.
Je donnerai également, dans la prochaine étude que je
publierai, le résultat de mes recherches au sujet de cette nou-
velle et très particuhère espèce.
STATION HIOLOKIQIE 137
VII
SUR QUELQUES
COUTIONS DE L'AD.\PTATli DES lIAMllIFlRES CÉTACÉS
A LA VIE CONSTANTE AQUATIQUE
PAR
F. JOLIET
Les conditions de l'adaptation des Cétacés à la vie aquatique,
en dehors de celles quï ont amené les modifications du corps
qui revêt la forme extérieure des poissons, doivent être recher-
chées dans la nécessité qu'il y a pour ces animaux, d'une respi-
ration normale rare (une ,à trois par minutes), pouvant même
demeurer longtemps suspendue (dix, quinze minutes et plus)
dans l'acte de plonger.
Or, ces mammifères cétacés (et je parle ici plus spécialement
des Dauphins qui m'ont surtout occupé), bien que plongés dans
un milieu de température très inférieure à la leur, et qui
absorbe la chaleur, conservent une température propre interne
de 37 degrés.
D'un autre côté, les Cétacés sont doués d'une puissance
musculaire et d'une agilité extraordinaires, qui constituent leurs
moyens de défense et de lutte pour la vie. Il doit donc se trouver
dans leur sang, à tous les moments, avec une respiration rare
ou même plus ou moins longtemps suspendue, une quantité
d'oxygène suffisante pour l'entretien des combustions intra-
organiques particulièrement actives chez ces animaux, pour
maintenir leur température propre et subvenir au travail mus-
culaire accompli.
Dans mes premières « recherches sur la respiration des Céta-
cés », j'ai fait connaître, pour un Dauphin (Tiirsinps tursinj de
138 SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE D'aRCACHON
156 kilogrammes, l'actSivité de ces combustions. Cet animal, à
l'état de repos absolu, avec un rythme respiratoire de trois
par minute, absorbait par heure 61 lit. 500 d'oxygène. Cette
quantité double et triple dans l'état d'activité de l'animal. Cette
dépense courante d'oxygène, les tissus doivent l'a trouver tou-
jours disponible dans le sang, sans diminutSon notable de la
quantité d'oxygène qui doit y rester, et qui ne pourrait être
entamée sans troubles fonctionnels sérieux d'asphyxie.
L'oxygène de dépense est assurée dans le sang des Cétacés,
grâce à la quantité de ce sang, à sa richesse en globules et en
hémoglobine, ainsi que par le mode de respiration spécial à
ces animaux.
Hunter, Cuvier, Meckel, Carus, etc., ont insisté sur la grande
capacité du système vasculaire des Cétacés, sur le volume et
la multiphcité des vaisseaux, sur les dilatations particulières
qu'on y observe, sur les riches et énormes plexus qui se trou-
vent sur les côtés de la colonne vertébrale et autour de la
moelle épinière, tous faits qui dénotent la quantité extraordi-
naire du sang chez ces anlimaïux, que Hunter avait présumé plus
riche aussi en globules.
D'un autre côté, les dimensions énormes des poumons, qui
se prolongent très loin en arrière, font présumer une capacité
pulmonaire considérable, et la présence d'un diaphragme entiè-
rement charnu indique l'énergie de sa contraction pendant l'ins-
piration qu'il est chargé presque à lui seul d'opérer.
Dans niion mémoire antérieur sur la respiration des Cétacés,
j'ai suffisamment insisté sur le mode spécial de la respiration
des soufllewrs, en même temps que sur le grand volume d'air
expiré et inspiré à chaque mouvement respiratoire (4 litres pour
une respiration calme chez mon Tursiops, mais quii pourrait
doubler et au delà pour un mouvement respiratoire ample
et large).
En produisant le maximum de renouvellement de l'air dans
le poumon, et son utilisation aussi complète que possible pour
l'hématose, ce mode spéci.al de respiration, et la quantité
énorme de sang en circulation, sont les conditions essentielles
de l'adaptation des mammifères cétacés à la vie aquatique.
Ayant eu l'occasion, ces temps derniers, à la Station biologi-
que d'Arcachon, d'expérimenter sur un deuxième Dauphin vi-
STATION BIOLOGIQUE 139
vaut (Tursiops tursio), j'ai pu faire de nouvelles observations,
qui viennent compléter et confirmer les faits et les déductions
ci-dessus énoncés, en ce qui concerne en partliculier le sang.
Elles démontrent :
1° La richesse globulaire du sang : 6,893,000 globules par
millimètre cube de sang (détern^lination faite avec l'hémati-
mètre capillaire de Malassez);
2° Le volume élevé des globules humides, par rapport au
plasma : 517 : 483 (détermination par la méthode Ch. Bou-
chard);
3" La richesse en hémoglobine du sang déterminée :
a) Par la méthode colorimétrique, 33 c. c. 4 d'oxygène
absorbé pour 100 de sang;
h) Par la pompe à mercure, 30 c. c. 6 d'oxygène absorbé;
r) Par le dosage du fer du sang. 0 gr. 0661 de fer pour
100 grammes de sang.
Si on adrnet avec la plupart des analystes aujourd'hui (et je
suis porté à le faire d'après mes propres expériences) que
100 grammes d'hémogloibine quelconque renferment 0 gr. 33
de fer, les 0 gr. 0661 de fer contenus dans 100 grammes de sang
correspondront à 20 gr. 03 d'hémoglobine contenue dans ce
sang.
Comme d'un autre côté 1 gramme d'hémoglobine absorbe
1 c. c. 59 d'oxygène, la capacité respiratoire du sang déter-
minée par le dosage du fer serait donc 20,03 x 1,59 = 31 c. c. 8.
au lieu de 33,4 par le colorimètre, et 30,8 par la pompe.
C'est-à-dire que les chiffres d'hémoglobine et de capacité
respiratoire du sang de Dauphin sont notablement supérieurs
à ceux trouvés communément pour le sang des mammifères
ordinaires {^).
CRYOSCOPIE DES LIQUEURS ORGANIQUES
du Tursiops. du chien.
Liquide péricardique à^ — 0«80
Sérum sanguin A = — QoSS A = — 0«605
Liquide céphalo-rachidien . . . A = — 0«8l A = — O^SSS
La densité du sang du Tursiops était : 1,0765,
(•) Un dosage du fer du sang du Cachalot (Physeter macrocephalus ' m'a donné
pour 100 grammes de sang 0 gr. 061 de fer, répondant à 18 gr. 3 d'hémoglobine et
ù une capacité respiratoire de 2!) c. c. 09 d'oxygène absorbé.
"•^0 SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE D'aRCACHON
La teneur en chloru.res était de 8 gi\ 4 pour le liquide péri-
cardique; 8 gr. 6 pour le sérum sanguin.
La teneur en urée du sang était de il centigr. 4 0/0 de
sang.
STATION BIOLOGIQUE 141
VIII
SUR LE REIN DU DAUPHIN
PAR
MM. CWALIÉ et JOLYET
Le rein du dauphin est enveloppé par une capsule membra-
neuse mince, à laquelle il est uni par des tractus conjonctifs
lâches. Il n'y a pas d'atmosphère graisseuse périrénale.
Le rein, comme on le sait, est formé d'un grand nombre de
petits grains ou lobules composés qui donnent à cet organe
l'aspect d'une grappe de raisin. Ces grains ou lobules com-
posés sont décomposables en trois, quatre ou cinq grains par-
tiellement soudés.
Il y a deux hiles opposito-polaires pour chacun des deux
reins :
Un hile antérieur vasculaire;
Un hile postérieur urinaire.
Nous avons injecté l'artère rénale et l'uretère, celui ci avec
une masse de paraffine et carmin, celle-là avec de la gélatine
et du bleu de Prusse.
Les injections terminées, nous avons placé les reins dans
l'eau glacée, pour les disséquer.
1° Artère rénale. — L'artère rénale, accompagnée d'une veine
rénale d'un diamètre assez considérable, aborde le rein par
son extrémité antérieure et interne (i). Elle s'enfonce entre les
lobes (13 à 14), auxquels elle fournit à chacun une branche
lobaire.
Chaque artère lobaire se divise en artères lobulaires (le nom-
(^) L'animal est supposé horizontal.
U*2 SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE D'ARCACHON
bre des lobules ou grains composés est variable par lobe,
entre 6 et 40). Chaque artère lobulaire donne des rameaux qui
cheminent entre les grains élémentaires.
L'artère rénale, avant de pénétrer dans le rein, envoie des
branches périrénales qui cheminent sous la capsule, s'anas-
totmosent sur la ligne médiane entre les deux reins, avec les
artères périrénales venues du côté opposé.
Ces artères périrénales envoient, en outre, à la surface des
lobules ou grains, des rameaux qui s'anastomosent avec le sys-
tème artériel intra-rénal (artères lobulaires et leurs rameaux).
Il en est probablement! de même pour les veines périrénales
qui accompagnent les artères.
2° L'uretère. — L'uretère quitte le rein par son extrémité
postérieure. II fait suite à un bassinet intra-rénal, à grand axe
diiiigé d'avant en arrière, et parallèle à celui du rein. Ce bas-
sinet reçoit les 13 ou 14 uretères lobulaires, un par lobe.
Le uretères lobulaires cheminent côte à côte avec l'artère et
la veine lobulaires.
Dans un lobe, la disposition des voies urinaires est la sui-
vante : chaque grain alimentaire d'un lo.bule comprend une
substance médullaire conique, dont la base est encapuchonnée
par un mince chapeau de susbtanôe corticale, et dont le som-
met est enveloppé par un calice.
x\u calice fait sut tel le conduit ureteral du grain.
Les conduits uretéraux des grains se réunissent pour former
le canal ureteral du lobule composé, qui s'ouvre dans l'uretère
lobuilaire.
La dissociation des vaisseaux et des conduits urinaires se
fait donc seulement pour la sortie du rein; les troncs de l'artère
et de la veine rénale se trouvent à l'extrémité antérieure; l'ure-
tère est à l'extrémité postérieure.
CONCLUSIONS
1° Le rein du dauphin a deux hiles opposito-polaires
Un hile antérieur vascuïaire;
Un hile postérieur urinaire.
STATION BIOLOGIQUE 14o
2° II y a deux oirculations artérielles :
Une circulation intra-rénale (artères lobaires et interlo-
bulaires);
Une ciirulation i)éi'ii'énale anastomotique avec la pre-
mière.
3" L'uretère est l'entlé en un bassinet dans l'intérieur du rein.
Ce bassinet reçoit les uretères lobulaires.
^:
144 SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE D'aRCACHON
IX
DE L'ACTION FAVORISANTE DU SUC INTESTINAL
SUR LA
i PÂIiCllii\TIOi DES llATllRIS ALbuun
CHEZ LES POISSONS ClAllïILAGINEUX
PAR
M. J. SELLIKR
On sait depuis les travaux de Pavloff et de Ghepowalnikoff,
confirmés par les recherches récentes de Delezenne, que le
suc entérique du chien possède la propriété d'augmenter l'acti-
vité des ferments pancréatiques. Cette action activante connue
et particulièrement manifeste sur le ferment protéolytique du
pancréas devait suggérer l'idée de faire des recherches analo-
gues chez les poissons cartilagineux où rien, à ma connais-
sance, n'avait été fait dans ce sens.
Les travaux contradictoires de Krukenberg et de Ch. Richet
sur l'existence de la trypsine dans la glande pancréatique des
squales (i), les recherches de Emile Yung (2) attribuant à la
rate de ces animaux une active fonction trypsinogène, légiti-
maient une pareille étude.
L'appareil digestif des poissons cartilagineux est fort simple.
Les proies habituellement volumineuses dont ils se nourris-
sent et qui sont avalées sans être mâchées, s'accumulent dans
l'estomac où elles sont ramollies, transformées en masse
(1) Ch. Richet. De Quelques faits relatifs à la digestion des poissons (Archives de
Physiologie, 1882).
(') Emile YuNG. Sur les fonctions du pancréas chez les Squales (Académie des
Sciences, 4 juillet 1898).
STATION BIOLOGIQUE 145
difttuente, et peptonisées en partie (i). Elles traversent ensuite
un conduit rétréci (détroit pylorique), plus ou moins long
selon les espèces, qui s'élargit à sa partie inférieure et dé-
bouche dans un intestin beaucoup plus large. Ce dernier est
relativement court et présente un repli de la membrane
muqueuse en général enroulée en hélice, valvule spirale, qui
retarde beaucoup le passage des substances alimentaires dans
leur chemin vers l'anus et augmente considérablement la sur-
face absorbante
Le pancréas, <jui existe chez ces êtres sous forme de masse
glandulaire, comme chez les animaux supérieurs, a un conduit
qui aboutit à l'origine de l'intestin.
Pour faire l'étude de la digestion pancréatique et intestinale,
on doit recourir à la méthode des macérations en milieu asep-
tique, car il n'est point possible ici d'obtenir des sucs à l'état
de pureté.
Les expériences très nombreuses que j'ai pratiquées m'ont
toujours fourni des résultats identiques. Les extraits fluorés
de glande (obtenus par macération pendant trois heures à 40*^
d'une partie de pancréas pour cinq de solution de fluorure de
sodium neutre à 2 p. 100) possèdent une action dissolvante
faible, mais manifeste sur la fibrine.
D'autre part, l'extrait de muqueuse intestinale (valvule spi-
rale) dans l'eau toluénée n'a aucune action sur la fibrine,
mais confère une grande activité protéolytique à l'extrait de
pancréas.
Expérience. — A Vétuve à 40 degrés.
15 c. c. d'Extr. P. + 2 gr. de fibrine fibrine dissoute en 7 heures.
15 c. c. dExtr. P. -J- 5 c. c. dExtr. I +2gr. de fibrine, fibrine dissoute en 1 heure.
15 c. c. d'Extr. P. -|- 5 c. c. d'H*0 toluénée -f 2 gr. de
fibrine fibrine dissoute en 7 heures,
15 c. c. d'Exlr. I. -f 2 gr. de fibrine fibrine intacte (même après
24 heures).
L'extrait intestinal perd sa propriété activante quand on le
porte à l'ébuUition ou même quand on le maintient une heure
au bain-marie à 70". Son action s'exerce sur des extraits pan-
créatiques d'espèces différentes, quel que soit l'état de jeûne
(1) J. Sellier. Recherches sur la digestion des poissons {Bulletin de la Station
zoologique d'Arcachon,i^J).
146 STATION BIOLOGIQUE
OU de digestion des animaux chez lesquels on a recueilli les
glandes. Ces derniers faits, qui sont en concordance avec les
résultats de Delezenne {^), me paraissent devoir être expliqués
par un mécanisme d'action identique, le ferment intestinal
(entérokinase de Pavloff), toujours le même, quelle que soit
l'espèce étudiée agissant sur le proferment du suc pancréa-
tique semblable chez tous.
L'extrait de rate préparé de la même façon que l'extrait
intestinal, ne m'a pas paru avoir une action activante appré-
ciable.
Les essais ont été pratiqués avec des organes recueillis
chez Scyllium catulus, Scyllium canicula, Torpedo galvanii,
Raia oryrhynchus, Trigon pastinaca, Myliobates aquila,
Squaiina angélus, Galeus canis.
(*) Société de Biologie, 28 décembre 1901.
TABLE DES MATIÈRES
Page»
Conseil d'administration de la Société scientifique d'Arcachon
(Station biologique) m
Extrait des Statuts iv
Index bibliographique des travaux sortis des laboratoires d'Arca-
chon (1867-1901) V
Travaux de 1902.
I. L. GuÉNOT. — Contributions à la faune du bassin d'Arca-
chon. Échiuriens et sipunculiens 1
II. A. Gruvel. — Excursions zoologiques à la Station d'Arca-
chon et à son annexe de Guéthary (Basses-Pyrénées) pen-
dant l'année scolaire 1902-1903) 29
III. P. Bergon. — Études sur la flore diatomique du bassin d'Ar-
cachon et des parages de l'Atlantique voisins de cette sta-
tion 39
IV. J. KuNSTLERet J. Chaîne. — Kiefferia musae (nov. gen., nov.
spec). Cécidomyide nouvelle 113
V. J. Sabrazès et L. Muratet. — Trypanosome de l'anguille. . 119
VI. P. Bergon. — Note sur un mode de sporulation observé chez
le Biddulphia mohilieiisis Bailey 127
VII. F. JoLiET. — Sur quelques conditions de l'adaptation des
mammifères cétacés à la vie constante aquatique 137
VIII. Cavalié et JoLYET. — Sur le rein du Dauphin 141
IX, J. Sellier. — De l'action favorisante d» suc intestinal sur
la digestion pancréatique des matières albuminoïdes chez
les poissons cartilagineux 144
Buideaux — Imp. G. Goirtociteou, rue Guiraud«, li
SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE D'ARGACHOiN
STATION BIOLOGIQUE
TRAVAUX DES LABORATOIRES
UNIVERSITE DE BORDEMJX
fi
SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE
D'ARCACHON
STATION BIOLOGIQUE
TRAVAUX DES LABORATOIRES
RECUEILLIS ET PUBLIES PAR
Le W F. JOLYET
aiRKCTEUR DES LABORATOmES DE LA STATION
PHOfESSEUR A LA FACULTÉ DE MÉDECINE
DE BORDEACX
LeDT lalesque
PRÉSIDENT DE LA SOCIÉTÉ SCIENTIFIQUE
MEMBRE CORRESPONDANT
DE l'académie de MÉDECINE
LE D** B. OE NABIAS
PROFESSEUR A La FACULTÉ DE MÉDECINE
DÉLÉGUÉ DE I.'UNIVERSITÉ DE BORDEAUX
SIXIEME ANNEE
(1902)
PARIS
LIBRAIRIE OCTAVE DOIN, ÉDITEUR
8 — Place de l'Odéon — 8
aJH ITYX /
1-^