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Full text of "Bulletin de la Station Biologique d'Arcachon"

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UNIVERSITÉ     DE     BORDEAUX 


SOCIÉTÉ  SCIENTIFIQUE 

D'ARCACHON 

STATION  BIOLOGIOUE 


TRAVAUX  DES  LABORATOIRES 


RECUEILLIS  ET  PUBLIES   PAR 


Le  W  F.  JOLYET 

DIRECTEUR  DES   LABORATOIRES  DE  LA  STATION 

PROFESSEUR  A  LA  FACULTÉ  DE  MÉDECINE 

DE  BORDEAUX 


Le  D'  F.  LALESQUE 

PRÉSIDENT   DE  LA  SOCIÉTÉ    SCIENTIFIQUE 

MtMBRE   CORRESPONDANT 

DE    l'académie   de  MÉDECINE 


LE  D**  B.  DE  NABIAS 

PROFESSEUR    A    LA    FACULTÉ    DE    MÉDECINE 
DÉLÉGUÉ  DE  l'UNIVERSITÉ  DE  BORDEAUX 


SIXIEME   ANNEE 
(1903) 


PARIS 

LIBRAIRIE   OCTAVE  DOIN,    ÉDITEUR 

8  —  Place   de  l'Odéon.  —  8 


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SOCIÉTÉ  SCIENTIFIQUE 

D'ARCACHON 

STATION  BIOLOGIQUE 


Présidents  d'honneur. 

M.  le  RECTEUR  de  l'Université  de  Bordeaux; 
M.  le  DOYEN  de  la  Faculté  des  Sci(mces  de  Bordeaux; 
M.  le  DOYEN  de  la  Faculté  de  Médecine  et  de  Pharmacie  de  Bordeaux; 
M.  le  PRÉFET  de  la  Gironde  ; 
M,  le  MAIRE  d'Arcachon  ; 

M.  le  professeur  PITRES,  doyen  honoraire  de  la  Faculté  de  Médecine 
de  Bordeaux. 

Président  honoraire  perpétuel. 
M.  le  D^  Gustave  HAMEAU  (Arcachon)  f. 

Bibliothécaire  et  Conservateur  honoraire  du  Musée. 
M.  PAULIN  FILLIOUX,  ancien  pharmacien  (La  Teste). 

Conseil  d'administration. 

Président:  D""  F.    LALESQUE,    membre   correspondant   de 

l'Académie  de  Médecine  (Arcachon). 

i  G.  SEMIAC,  pharmacien  (Arcachon)  ; 
Vice-Présidents  :      <  D""  de  NABI  AS,  professeur  à  la  Faculté  de  Méde- 

'        cine,  délégué  de  l'Université. 
Secrétaire  général  :  D'"  PAILLÉ  (Arcachon). 
Trésorier  :  D^  GAZABAN  (Arcachon). 

Bibliothécaire  et  Conservateur  du  Musée  :  D' A.  HAMEAU  (Arcachon). 

;  J.  SABY'^,  conducteur  principal  des  Ponts  et  Ghaus- 

1         sees  (Arcachon); 
A  ^i^.^-«,-D*,./i,f/,w^.c  .   )  ^'  BUSQUET,  entrep.  de  trav.  publics  (Arcachon)  ; 

(M.  ORMIÈRES,  ancien  élève  de  l'École  des  Beaux- 
Arts,  architecte  (Arcachon); 
E.  DURÈGNE,  ing-én.  des  télégraphes  (Bordeaux). 
Directeur  de   la  Station    :  D^'  JOLY'ET,   professeur  à  la  Faculté  de 

Médecine  de  Bordeaux  (Arcachon). 
Direteur-adjoint  :  B^  SELLIER,  chef  des  travaux  de  physiologie  à  la 
Faculté  de  Médecine  de  Bordeaux. 


IV  SOCIÉTÉ  SCIENTIFIQUE  D'aRCACHON 


EXTRAIT  DES  STATUTS 


Article  premier.  —  La  Société  Scientifique  d'Arcachon, 
fondée  en  i^&à,  a  pour  but  de  faciliter  l'étude,  l'avancement, 
la  vulgarisation  des  sciences  naturelles  et  des  procédés  d'aqui- 
culture marine  :  1"  par  l'organisation  et  l'entretien  d'un  Eta- 
blissement comprenant  un  Musée,  une  Bibliothèque  et  un 
Aquarium,  avec  des  Laboratoires  destinés  aux  recherches  et 
aux  études  biologiques;  2°  par  des  conférences  et  des  cours 
publics. 

Art.  23.  —  Les  membres  de  la  Société,  les  professeurs  et 
tous  les  attachés  à  l'enseignement  scientitique  dans  les  Facultés 
ou  autres  écoles  de  l'Etat,  les  élèves  des  Hautes-Etudes  ou  des 
Facultés,  munis  d'un  ceititicat  constatant  leur  mission  à  Arca- 
chon,  seront  admis  à  jouir  gratuitement  des  Laboratoires  et  de 
leurs  annexes.  Pour  les  autres  travailleurs,  il  sera  perçu  une 
rétribution  dont  le  taux  sera  fixé  chaque  année  par  l'Assem- 
blée générale. 


EXTRAIT  DU  Ii:  GLKME.XT  D::S  LABORATOlliES 


X.  —  Tous  les  travaux  commencés,  poursuivis  ou  com- 
plétés dans  les  laboratoires  libres  de  la  Station,  quel  que  soit 
leur  mode  de  publication  ultérieure,  devront  faire  mention 
spéciale  de  la  part  qui  revient  à  la  Station  d'Arcachon. 

En  outre,  chaque  travailleur,  à  son  départ,  est  tenu  de 
remettre  au  Directeur,  soit  une  note  résumée,  soit  un  mé- 
moire in  extenso  de  ses  travaux  à  la  Station,  pour  être  inséi'és, 
après  avis  de  la  Commission  spéciale  et  aux  frais  de  la  So- 
ciété, dans  le  fascicule  annuel  :  Travaux  des  Laboratoires  de 
la  Station  biologique  d'Arcachon. 

XL  —  Nul  ne  peut  engager  une  dépense  quelconque  au 
nom  de  la  Station,  sans  avis  préalable  du  Directeur  et  sans  un 
bon  muni  de  la  simature  de  ce  dernier. 


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N.  B.  —  La  Société  dispose,  annexées  à  ses  Laboratoires,  de  six 
chambres  dans  lesquelles  elle  peut  loger  gratuitement  les  travailleurs 
qui  en  font  la  demande. 


STATION   BIOLOGIQUE 


INDEX    BIBLIOGRAPHIQUE 

DES   TRAVAUX   SORTIS    DES 

LABORATOIRES    D'ARCACHON 

(1867-1  901) 


Paul  Bert.  —  Note  sur  la  présence  de  VAmphioxus  lanceolatus  dans 
le  bassin  d'Arcachon  et  sur  ses  spermatozoïdes  {Mém.  de  la  Soc. 
des  Se.  phys.  etnat.  de  Bordeaux,  i.  IV,  1867). 

—  Sur  la  mort  des  poissons  de  mer  dans  l'eau  douce  (Ihid.,  t.  IV 

et  V,  1867). 

—  Re[)rodaction  des  parties  enlevées  chez  les  Annélides  (Ihid..  t.  V), 

—  Sur  la  respiration  des  jeunes  Hippocampes  dans  Vœid  [Ibid.). 

—  Sur  les  appendices  dorsaux  des  Eolis  {Ibid.). 

—  Sur  le  sang  de  divers  Invertébrés  (Ihid.). 

—  Mémoire  sur  la  physiologie  de  la  Sèche  (Sepia  officinalis.  Lin.) 

{Ibid.,  t.  V.  Extrait  in  Comptes  rend,  de  l'Acad.  des  Se,  1867). 

—  Sur  l'Ainphioxus  (anatomie  et  physiologie)  {Comptes  rendus,  1867). 
Ghéron.  —  Des  conditions  anatomiques  de   la  production   des  actions 

réflexes  chez  les  Céphalopodes  {Comptes  rendus,  1868). 
Fischer  (P.).  —  Note  sur  un  Gétacé  {Grampus  griseiis)  échoué  sur  la 
côte  d'Arcachon  {Ann.  des  Se.  nat.,  1868). 

—  Mémoire  sur  les  Cétacés  du  genre  Ziphius,  Cuv.  {Nouv.  Ann.  du 

Muséum  d'Hist.  nat.  de  Paris,  t.  III). 

—  Observations  sur  quelques  points  de  Tliistoire  naturelle  des  Cépha- 

lopodes {Ann.  des  Se.  nat.,  t.  VIII). 

—  Recherches  sur  les  Actinies  des  côtes  océaniques  de  la  France 

(Nouv.  Ann.  du  Muséum,  t.  X), 

—  Faune  conchyliologique  du  département  de  la  Gironde  et  du  Sud- 

Ouest  {Actes  de  la  Société  Linnéenne,  t.  XXV,  XXVII,  XXIX), 

—  Bryozoaires,  Echinodermes  et  Foraminifères  du  département  de  la 
Gironde,  etc.  {Ibid.,  t.  XXVII). 

Fischer  (P.).  —  Crustacés  podophtalmaires  et  cirrhipèdes,  etc.  {Ibid., 
t.  XXVIII). 

—  Anthozoaires,  Synascidies,  etc.  {Ihid.,  t.  XXX). 


VI  SOCIETE    SCIENTIFIQUE  D  ARCACHON 

Charle<=;  des  Moulins.  —  Note  sur  une  forme  allonf^ée  du  Tapes  aurea, 
Ginel.  {Actes  de  la  Société  Linnéenne,  t,  XXVI,  1868). 

Alexandre  Lakont.  —  Note  pour  servir  à  la  faune  de  la  Gironde  conle- 
nant  la  liste  des  animaux  marins  dont  la  présence  a  été  constatée 
à  Arcachon  pendant  les  années  1867-68  {Actes  de  la  Société 
Linnéenne,  t.  XXVI). 

—  Note  sur  l'organisation  des  Pennatules  (Ihid.). 

—  Note  sur  les  organes  de  la  génération  de  V Ommastrephes  sagit- 

tatus  (Ibid.). 

—  Observations  sur  la  fécondation  des  Céphalopodes  (Ibid.  et  Ann. 

des  Se.  nat.,  t.  XI). 

—  Note  pour  servir  à  la  faune,  etc.,  années  1869-70  {Ibid.,  t.  XXVII). 

—  Observations  sur  l'Amphioxus,  sur  la  Torpille  {Ibid.). 

—  Observations  sur  les  Syngnathes  {Ibid.  et  Ac.  de  l'Acad.  de  Bord.). 

—  Journal  d'observatio)is  faites  sur  les  animaux  marins  du  bassin 

d' Arcachon  pendant  les  années  1866-67-68  (Bordeaux,  1870). 

—  Description  d'une  nouvelle  espèce  de  Raie  {R.  Brachyura)  {Ibid., 

t.  XXVII). 

—  Observations    sur   l'anatomie   des   Cétacés    captiu'és   à   Arcachon 

en  1867-68  [In  Fischer,  Cétacés  du  Sud-Ouest.  Ibid.,  t.  XXXV). 
MoREAU  (A.).  —  Recherches  pJiysiologiques  sur  la  vessie  natatoire. 

—  Recherches  physiologiques  sur  la  Torpille  électrique,  1869. 
MoREAU  (E.).  —  Note  sur  la  région  crânienne  de  l'Amphioxus,   etc. 

{Comptes  rendus,  1870). 

—  Poissons  de  France;  note  sur  quelques  espèces  nouvelles  des  côtes 

de  l'Océan  {Rev.  et  Man.  de  Zoologie  pure  et  appliquée,  1874). 

—  Histoire  naturelle  des  Poissons  de  la  France  (Faune  d'Arcachon 

étudiée  en  1869).  Paris,  Masson,  édit.,  1881. 

QuATREFAGES  (de).  —  Note  sur  quelques  animaux  i)ivertébrés  du  bas- 
si7i  d'Arcachon  (Association  française  pour  l'Avancement  des 
Sciences,  session  de  Bordeaux,  1872). 

Jobert.  —  Étude  d'anatomie  comparée  sur  les  organes  du  toucher 
chez  divers  Mammifères,  Oiseaux,  Poissons,  Insectes  (Th.  de 
la  Fac.  des  Se.  de  Paris,  1872). 

ViAULT.  —  Recherches  histologiques  sur  la  structure  des  centres  ner- 
veux des  Plagiostomes  (Th.  de  la  Fac.  des  Se.  de  Paris,  1877). 

Pérez.  —  Ovologie  des  Sacculines.  Sur  la  fécondation  de  l'Oursin 
{Comptes  rendus,  1877). 

Franck  (Fr.).  —  Observations  graphiques  des  effets  des  nerfs  sur  le 
cœur  des  Poissons.  —  Des  effets  de  l'asphyxie  graduelle  (^Tra- 
vaux inédits). 

KuNSTLER.  —  Histoire  naturelle  des  Infusoires  parasites  (description  de 
deux  espèces  nouvelles)  {Aiin.  des  Se.  nat.  de  Bordeaux  et  du 
Sud-Ouest,  Ire  série,  no  4). 

—  Dumontia  opheliarum,  type  nouveau  de  la  sous-classe  des  Sarco- 

dines  {Bull,  de  la  Soc.  Zoologique,  1885). 


STATION   BIOLOGIQUE  VII 

JoLYET.  —  Recherches  sur  la  Torpille  électrique  (Ann.  des  Se.  nat.  de 
Bordeaux  et  du  Sud-Ouest,  2^  série,  n»  2,  et  Mém.  de  la  Soc. 
des  Se.  phijs.  et  nat.  de  Bordeaux,  t.  V,  2^  série). 

DuRÈGNE  (E.)-  —  Sur  le  Chitonaelis  Bichardi,  Marion  (Aetes  de  la 
Société  Linnéenne  de  Bordeaux,  t.  XL,  p.  iv,  xxviii,  liv). 

—  Sur  le  Pleurophyllidia  lineata,  Otto  (Ibid.,  p.  xxvi,  xxxviii). 

—  Sur  VAdamsia  palliata,  Bohadsch  (Ibid.,  p.  xxviii). 
DuRÈGNE  (E.).  —  Sur  VEledone  octopodia,  Pennant  (Ibid.,  p.  xxxviii). 

—  Sur  le  Chenopus  pes  carbonis,  Brongn.  (Ibid.,  t.  XLI,  p.  xxix). 

—  Sur  les  dragages  en  eau  profonde  au  large  d'Arcachon  (Ibid., 

p.  xxxiii). 
GoTGH  (F.).  —  The  electromotive  properties  of  the  electrical  organ  of 

Torpedo  marmorata  (Phil.  Transactions  of  the  Boyal  Society 

of  London,  16  juin  1887). 
BouRY  (E.  de).  —  Observations  sur  la  faune  conchyliologiqne  marine 

des  côtes  de  la  Gironde  (Journal  d'Histoire  naturelle  de  Bor- 
deaux et  du  Sud-Ouest,  1888,  n»  9,  p.  99). 
Dl'Règne  (E.).  —  Sur  la  présence  du  Porania  pidvillus  dans  le  golfe 

de  Gascogne  (Actes  de  la  Société  Linnéenne  de  Bordeaux, 

t.  XLI,  p.  XLViii). 

—  Sur  la  présence  dans  le  bassin  d'Arcachon  du  Polycera  Lessoni  et 

de  VAlcyonium  palmatum  (Ibid.,  t.  XLII,  p.  xxv). 
Fischer  (P.).  —  Note  sur  la  présence  du  genre  Corambe  Bergh  dans  le 

bassin  d'Arcachon  (Bwif.  de  la  S.  Zool.  de  France,  t.  XIlI,p.2l5). 
GoTCH  (F.).  —  Further  observations  on  the  electromotive  properties  of 

the  electrical  organ  of  Torpedo  marmorata  (Phil.  Trans,  of  the 

Boyal  Society  of  London,  8  mars  1888,  t.  CLXXIX,  p.  329). 

—  Experiments  on  some  curarised  Torpedoes    (Proceedings  Phys- 

Soclety,  1888,  t.  II,  p.  v). 

Lagatu  (H.).  —  Anomalies  de  coloration  observées  chez  une  Sole  et  une 
Raie.  Poissons  rares  capturés  à  Arcachon  (Actes  de  la  Société 
Linnéenne  de  Bordeaux,  i.  XLI,  p.  lxxvi). 

Petit  (L.).  —  Effets  de  la  lésion  des  ganglions  sus-œsophagiens  chez  le 
Crabe  (Carcinus  msenas)  (Comptes  rendus  de  V Académie  des 
Sciences,  24  juillet,  et  Actes  de  la  Société  Linnéenne  de  Bor- 
deaux, t.  XLII,  p.  lxxxvi). 

Durègne  (E.).  —  Sur  un  maxillaire  de  Baleinoplère  trouvé  à  Arcachon 
au  siècle  dernier  (Actes  de  la  Société  Linnéenne  de  Bordeaux, 
t.  XVII,  p.  LXXI). 

—  Liste  des  espèces  marines  nouvelles  trouvées  à  Arcachon  depuis  le 

commencement  de  l'année  (Ibid.,  p.  lxxxvii). 

—  Note  sur  le  Chitonactis  Bichardi,  Marion  (Ibid.,  t.  XLIII,  p.  312). 
■ —  Sur  la  présence  de  la  Chama  griphoides  sur  les  côtes  océaniques 

d'Europe  (Ibid.,  p.  xl). 
Fischer  (H.).  —  Note  préliminaire  sur  le  Corambe  testudinaria  (Bull, 
de  la  Soc.  Zoologique  de  France,  t.  XIV,  p.  379). 


VIII  SOCIÉTÉ   SCIENTIFIQUE  D'ARCACHON 

Fischer  (P.).  —  Sur  la  disposition  des  tentacules  chez  les  Cérianthes 
{Bull,  de  la  Soc.  Zoologique  de  France,  t.  XIV,  p.  24). 

—  Note  sur  le  Pavonaria  quadrangular  is  et  sur  les  Pennatulides 

des  côtes  de  France  {Ibid.,  p.  34). 

—  Nouvelle  contribution  à  l'actinolotïie  française  {Actes  de  la  Société 

Linnéenne  de  Bordeaux,  t.  XLIII,  p.  351,  avec  1  pi.). 
KuNSTLER  et  DE  LusTRAC.  —  Sur  le  Dumontia  libera  nov.  sp.  {Bull. 

scient,  de  la  France  et  de  la  Belgique,  III,  2,  p.  293). 
Lagatu  (H.).  —  Caractères  distinctifs  de  l'espèce  et  du  sexe  dans  les 

coquilles  types  de  quatre  Sepias  {Actes  de  la  Société  Linnéenne 

de  Bordeaux,  t.  XLII,  p.  1U5,  avec  4  pi.). 
Ménégaux  (A).  —  Contribution   à   l'élude   de  la  turijescence  chez  les 

Bivalves  sipbonés  et  asiphonés  {Bull,  de  la  Soc.  Zoologique  de 

France,  t.  XIV,  p.  40). 

—  Sur  les  homologies  de  différents  organes  des  Tarets  {Ibid.,  p.  53). 
Bernard  (F.).  —  Becherches  sur  les  organes  palléaux  des  Gasléro- 

podcs  prosohra7iches {Th.  de  la  Fac.  des  Se.  de  Paris,  avril  1890). 
Bouvier.  —  Sur  un  cercle  circulaloiie  annexe  chez  les  Crustacés  déca- 
podes {Bull,  de  la  Soc.  Phil,  de  Paris,  8"  série,  t.  II,  p.  135). 

—  Variations  progressives  de  l'appareil  circulatoire  artériel  chez  les 

Crustacés  anonioures  {Ibid.,  p.  179). 
Durègne  (E.).  —  Animaux  nouveaux  pour  la  région,  recueillis  à  Arca- 

chon  {Actes  de  la  Société  Linnéenne  de  Bordeaux,  t.  XLIII, 

p.  X  et  Lxxv  ;  l.  XLIV,  p.  xix). 
Ménégaux.  —  Beclierclies  sur   la  circulation   des  Lamellibranches 

marins  (Th.  de  la  Fac.  des  Se.  de  P.iris,  30  juin  1890). 
Perrier  (B.).  —  Becherches  sur  l'anatomie  et  Vhistologie  du  rein  des 

Gastéropodes  prosobrancltes  (Th.  de  la  Fac.  des  Se.  de  Paris, 

28  mars  1890). 
ViALLANES  (H.).  —  Sur  quelques  points  de  l'histoire  du  développement 

embryonnaire  de  la  Mante  religieuse  {Mantis  reiigiosa)  {Bévue 

Biologique  du  Nord,  n»  12,  septembi  e  1890). 
•   —  NoLe  sur  la  ponte  d'une  Seiche  d'espèce  indéterminée  {Ibid.,  n°  3, 

décembre  1890). 

—  Sur  la  structure  des  centres  nerveux  du  Limule  {Limulus  polyphe- 

mus)  {Comptes  rendus  de  l'Acad.  des  Se,  i^^  décembre  1890). 
Fischer  (H.).  —  Sur  l'anatomie  du  Corambe  testudinaria  {Comptes 
rendus  de  VAcad.  des  Se,  2  lévrier  1891). 

—  Becherches  anatomiques  sur  un  Mollusque  nudibranche  appar- 

tenant au  genre  Corambe  {Bull,  scient,  de  la  France  et  delà 

Belgique,  1891,  t.  XXIII,  40  p.,  4  pi.). 
Phisalix  (C).  —  Sur  la  nature  des  mouvements  des  chromatophores 

des  Céphalopodes  {Comptes  rendus  de  V Académie  des  Sciences., 

19  octobre  1891). 
Faurot  (L.).  —  Sur  le  Cerianthus  membranactus  {Mém.  de  la  Sac. 

Zoologique  de  France,  1891,  10  p.,  1  fig.). 


STATION   BIOLOGIQUE  IX 

ZuNE  (A.-J.).  —  Traité  général  d'analyse  des  beurres  (2  vol.  in-S»  de 
400  p.  chacun.  Paris  et  Bruxelles,  1892j. 

Grehant  et  JoLYET  (F.).  —  De  la  formation  de  l'urée  par  la  décharge 
électrique  de  la  Torpille  (Société  de  Biologie,  1891). 

JoLYET  et  ViALLANES  (H.).  —  Recherches  sur  le  système  nerveux  accé- 
lérateur et  modérateur  du  cœur  des  Crustacés  (Comptes  rendus 
de  l'Acad.  des  Se,  25  janvier  1892). 

ViALLANES  (H.).  —  Sur  la  structure  de  l'œil  chez  les  Crustacés  macrou- 
res {Comptes  rendus  de  VAcad.  des  Se,  4  mai  1892). 

—  Sur  la  structure  de  la  lame  ganglionnaire  chez  les  Crustacés  déca- 

podes {Bull,  de  la  Soc.  Zoolog.  de  France,  1891,  9  p.,  3  flg.). 

—  Sur  quelques  points  de  l'histoire  du  développement  emljryonnaire 

de  la  Mante  religieuse  {Ann.  des  Se.  nat.  et  zoolog.,  7^  série, 
t.  XI,  1891,  45  p.,  2  pi.  doubles). 
RocHÉ  (G.).  —  Rapport  sur  une  mission  de  dragage  dans  le  golfe  de 
Gascogne  {Arch,  des  Missiojis  scient.). 

—  Le  chalutage  à  vapeur  dans  le  golfe  de  Gascogne  (Revue  des  Se. 

nat.  du  Sud-Ouest,  janvier  1892). 

Certes  (A.).  —  Sur  la  vitalité  des  germes  microscopiques  des  eaux 
douces  et  des  eaux  salées  {C.  R.  de  l'Acad.  des  Se.,  22fév.  1892). 

Fischer  (H.).  —  Recherches  sur  la  morphologie  du  foie  des  Gastéro- 
podes (Th.  de  Paris,  88  p.,  7  pi.,  et  Bull,  scieyit.,  t.  XXIV). 

Phisall\  (M.).  —  Structure  et  développement  des  chromatophores  chez 
les  Céphalopodes  {Arch,  de  Physiol.,  juillet  1892,  11  p.,  1  pi.). 

Bouvier  (E.-L.).  —  Sur  la  graisse  du  foie  des  Crustacés  décapodes  {Bull, 
de  la  Soc.  Philomathique,  8^  série,  t.  Ill,  n»  4,  5  p.). 

—  Observations  sur  l'anatomie  du  système  nerveux  de   la   Limule 

polyphème  {Bull,  de  la  Soc.  Phil.,  8^  série,  t.  III,  12  p.,  3  fig.)- 

Thoulet.  —  Recherches  d'océanographie  sur  le  bassin  d'Arcachon 
{Comptes  rendus  de  VAcad.  des  Se). 

Nabias  (de).  —  Recherches  sur  la  structure  du  système  nerveux  des 
Mollusques  (Association  française,  Congrès  de  Pau). 

ViALLANES  (H.).  —  Recherches  comparatives  sur  l'organisation  du  cer- 
veau dans  les  principaux  groupes  d'Arthropodes  {Comptes  rendus 
de  la  Soc.  de  BioL,  30  avril  1892). 

ViALLANES  (H.).  —  Recherches  sur  la  filtration  de  l'eau  par  les  Mol- 
lusques et  applications  à  l'ostréiculture  et  à  l'océanographie 
(Comptes  roidus  de  VAcad.,  7  juin  1892). 

—  Pœcherches  anatomiques  et  physiologiques  sur  l'œil  des  Arthro- 

podes {Ami.  des  Se.  nat.,  36  p.,  2  pi.). 

—  Contribution  à  l'histologie  du   système   nerveux  des  Invertébrés 

{An7i.  des  Se.  nat.,  15  p.,  1  pi.). 
RocHÉ  (G.).  —  La  pêche  au  grand  chalut  dans  le  golfe  de  Gascogne. 

Paris,  Masson. 
Phisalix.  —  Recherches    physiologiques    sur    les   chromatophores    des 

Céphalopodes  {Arch,  de  Physiol,  norm,  et  pathol.,  1893). 


X  SOCIÉTÉ   SCIENTIFIQUE  D'ARCACHON 

JoLYET.  —  Recherches  sur  la  respiration  des  Cétacés  (Arch,  de  Physiol. 

norm,  et  pathol.,  1893). 
Janssens  (Fr.).  —  Les  branchies  des  Acéphales  (Louvain), 
Nabias  (de).  —  Recherches  histologiques  et  org  analogiques  sur  les 

centres  nerveux  des  Gastéropodes  (Th.  de  la  Fac.  des  Se.  de 

Paris,  1894). 
JoBERT.  —  Recherches  pour  servir  à  l'histoire  du  parasitisme  {Comptes 

rendus  de  la  Soc.  de  Biol.,  1894). 
Sellier.  —  Influence  de  la  tension  de  Voxygëne  sur  V-héniatopoièse 

et  sur  les  combustions  respiratoires  (Th.  de  la  Fac.  de  Méd. 

de  Bordeaux,  1894). 
Sabrazès  et  GoLOMBOT.  —  Action  de  la  bactéridie  charbonneuse  sur  un 

poisson  marin,   l'hippocampe   {Annales  de  l'Institut  Pasteur, 

oct.  1894,  p.  696-706). 
JoLYET  et  ViALLANES  (H.).  —  Contribution  à  l'étude  du  sang  et  de  sa 

circulation  chez  les  Arthropodes  {Trav.  des  Laboi'atoires,  1895. 

0.  Doin). 
Rivière.  —  Étude   d'un    nouveau    Streptothrix    parasite   de   l'homme 

{Ibid.). 
Lalesque  et  Rivière.  —  La  prophylaxie  expérimentale  de  la  contagion 

dans  la  phtisie  pulmonaire  (Ibid,.). 

—  Analyse  bactériologique  de  l'air  de  la  ville  d'Arcachon  (Ibid.). 

—  Analyse  bactériologique  de  l'eau  du  lac  Cazeaux  et  de  la  ville  d'Ar- 

cachon (Ibid.). 

Pallas  et  Lalesque.  —  Recherches  expérimentales  sur  la  perméabilité 
de  l'Alios  {Ibid.). 

Jolyet  et  Rivière.  —  Simultanéilé  des  décharges  des  divers  départe- 
nienls  de  l'organe  électrique  de  la  Torpille  {Ibid.). 

Jobert  et  Jolyet.  —  Expérience  montrant  que  la  Torpille  reçoit  par- 
tiellement la  décharge  qu'elle  lance  {Ibid.). 

Sabrazès  et  Colombot.  —  Les  procédés  de  défense  des  vertébrés  infé- 
rieurs contre  les  microbes  {Revue  scientifique,  31  août  1895, 
p.  272-274). 

Hubert  (E.  d')  et  Boussus.  —  Note  sur  les  végétaux  panachés  {Trav. 
des  Laboratoires,  1896-97.  0.  Doin). 

Durègne  (E.).  —  Station  robenhausienne  d'Arcachon  (rive  Sud  des 
Passes)  {Ibid.). 

—  Les  dunes  primitives  des  environs  d'Arcachon  {Ibid.). 
Cannieu  (A.).  —  Contribution  à  l'étude  de  la  voûte  du  quatrième  ven- 
tricule du  Phoque.  Les  trous  de  Magendie  et  de  Luschka  (Ibid.). 

Jolyet  et  Rivière.  —  Du  retard  du  raccourcissement  du  muscle  sur  son 

gonflement  {Ibid.). 
Nabias  (de).  —  Sur  quelques  points  de  la   structure  du  cerveau  des 

Pulmonés  terrestres.  Symétrie  et  fixité  des  neurones  {Ibid.). 
Sellier.  —  De  l'action  du  système  nerveux  sur  la  circulation  veineuse 

du  foie  {Ibid.). 


STATION    BIOLOGIQUE  ÎSt- 

JOLYET  et  Sellier.  —  Contribution  à  l'élude  de  la  respiration  du  Phoque 
(Ibid.). 

Lalesque.  —  L'Huître  et  la  t'ièvre  typhoïde  (Conférence  annexée  aux 
Trav.  des  Laboratoires,  1896-97). 

Rivière.  —  Variations  électriques  et  travail  mécanique  du  muscle 
{Travaux  des  Laboratoires,  1898). 

Nabias  (de).  —  Recherches  sur  le  système  nerveux  des  Gastéi'opodes 
pulmonés  aquatiques.  Cerveau  des  Limnées  (Limnsea  stagnalis) 
[ibid.). 

PoLOUMORDwiNOFF.  —  Recherches  sur  les  terminaisons  nerveuses  sensi- 
tives dans  les  muscles  striés  volontaires  (Ibid.). 

Cannieu.  —  Recherches  sur  la  structure  des  ganglions  cérébro- 
spinaux et  leurs  prolongements  cylindraxiles  et  protoplasuii- 
ques  {Ibid.). 

Lafite-Dupont.  —  Note  sur  le  système  veineux  des  Sélaciens  (Ibid.). 

Cannieu  et  Lafite-Dupont.  —  Recherches  sur  l'appareil  musculaire  du 
gros  intestin  chez  le  phoque  et  quelques  autres  mamrtiileres 
(Ibid.). 

BoHN.  — Du  rôle  des  poils  dans  l'enfouissement  des  «  Atelecyclus  ». 
—  Des  adaptations  des  .pattes  thoraciques  chez  les  Homaridés  (/6id. 
et  Acad.  des  Se,  novembre  1898).  ! 

—  Des  migrations  saisonnières  dans  le  bassin  d'Arcachon.  Crustacés 

décapodes  (septembre  et  octobre  1898)  {Ibid.). 

Fischer.  —  Liste  des  mollusques  marins  recueillis  à  Guélhary  et  à  ' 
Saint-Jean-de-Luz  (Ibid.). 

Gruvel.  —  Excursion  zoologique  au  Laboratoire  d'Arcachon  (22  mai 
iS9S)  (Ibid.). 

Nabias  (de).  —  Nouvelles  recherches  sur  le  système  nerveux  des  Gas- 
téropodes pulmonés  aquatiques.  Cerveau  des  planorbes (^;p/a;îorbys 
corneus)  {Travaux  des  Laboratoires,  1899). 

Sabrazès  et  L.  Muratet.  —  Granulations  mobiles  dans  les  globules 
rouges  de  certains  poissons  (Ibid.). 

F.  Lalesque.  —  Les  ressources  de  la  Station  zoologique  d'Arcachon 
{Ibid.) 

A.  Gruvel.  —  Quelques  mots  à  propos  de  deux  excursions  à  la  Station 
zoologique  d'Arcachon  {Ibid.). 

R.  QuiNTON.  —  L'Invertébré  marin  fermé  anatomiquement  au  milieu 
extérieur  lui  est  ouvert  osmotiquement  (Ibid.). 

Nabias  (de).  —  Noyau  lobé  des  cellules  nerveuses  chez  les  Gastéro- 
podes pulmonés  aquatiques  (Lhnnsea  stagnalis  et  Pla)iorbis 
corneusj.  Action  des  anesthésiques  généraux  (chloroforme) 
{Ibid.). 

Lafite-Dupont.  —  Fibres  et  fibrilles  musculaires  striées  du  manteau 
de  Sepia  officinalis  {Ibid.). 

—  Remarques   sur   la   substance  fondamentale  du  cartilage  des  os 

jeunes  de  Triton  et  de  Crocodile  {Ibid.). 


XII  SOCIETL    SCIENTIFIQUE   D  ARCACHON 

F.  JoLYET  et  Sellier.  —  Contributions  à  l'étude  de  la  physiologie  com- 

parée de  la  contraction  musculaire  chez  les  animaux  invertébrés. 
{Ibid.).  ; 

J.  Sellier.  —  Recherches  sur  la  digestion  des  poissons  (Ibid.). 

E.  RoDiER.  —  Observations  et  expériences  comparatives  sur  l'eau  de 
mer,  le  sang  et  les  liquides  internes  des  animaux  marins  {Ibid.). 

J.  Chaîne.  —  Constitution  de  la  Matière  vivante  (Travaux  des  Labo- 
ratoires, 1900-1901). 

H.  DuPHiL.  —  Recherches  chimiques,  micrographiques  et  bactériolo- 
giques sur  l'air  marin  et  l'air  des  forêts  de  pin  maritime  (Ibid.).: 

J.  Sabrazès  et  MuRATET.  —  Le  sang  de  l'Hippocampe;  la  phagocytose- 
chez  ce  poisson  (Ibid.). 

A.  Gruvel.  —  Excursions  zoologiques  à  la  Station  d'Arcachon  et  à  son 
annexe  de  Guéthary  (Basses -Pyrénées)  pendant  l'année  scolaire 
1900-1901  (Ibid.). 

G.  BôuN.  —  Quelques  vues  nouvelles  sur  les  mécanismes  de  l'évolution 

{Ibid.). 
Mendelssohn.  —  Sur  les  courants  électrotoniques  extrapolaires  dans 

les  nerfs  sans  myéline  (Ibid.). 
J.  Sellier,  —  La  lipase  chez  quelques  groupes  d'animaux  inférieurs 

(Ibid.). 
GuÉNOT.  —  La  valeur  respiratoire  du  liquide  cavitaire  chez  quelques 

m  vertébrés  (Ibid.). 
Note  sur  un  cachalot  femelle  échoué  sur  le  littoral,  au  nord  du  Cap 

Ferret  (Ibid.) 
RoDiER.  —  Sur  la  coagulation  du  sang  des  poissons  (Ibid.) 
S.  Bergon.  —  Étude  sur  la  Flore  diatomique  du    Bassin  d'Arcachon 
{Ibid.). 


STATION   BIOLOGIQUE  i 

I 

CONTRIBUTIONS 

A  LA  FAUNE  DU  BASSIN  D'ARCACHON 


ECHIURIENS   ET   SIPUNCULIENS 


PAR 


L.  CUÉNOT 

Professeur  à  l'Univeisité  de  Nancy. 


INTRODUCTION 

Par  suite  de  circonstances  particulières,  la  Station  zoologique 
d'Arcaclîon  s'est  surtout  différenciée  dans  le  sens  physiologique, 
et  c'est  très  heureux,  car  parmi  les  nombreux,  trop  nombi-eux, 
laboratoires  de  nos  côtes,  il  n'y  a  guère  que  là  qu'on  puisse 
mener  à  bien  des  recherches  de  physiologie  sur  les  animaux 
marins;  mais  tout  en  gardant  cette  orientation,  qui  lui  donne 
son  originalité,  il  serait  très  désirable  de  poursuivre  l'inventaire 
de  la  faune  régionale,  sur  laquelle  on  ne  possède  encore  que 
des  documents  épars,  dont  quelques-uns  n'ont  qu'une  médiocre 
valeur. 

Le  bassin  d'Arcachon,  considéré  en  lui-même,  n'a  certaine- 
ment pas  la  riche  faune  de  Saint-Vaast,  Roscoff  ou  Concarneau, 
mais  il  n'en  présente  pas  moins  un  intérêt  biologique  particuher. 
Cette  petite  mer  intérieure  de  15,000  hectares,  aux  eaux  peu 
profondes,  chaudes  et  de  salure  variable,  paraît  constituer  un 
milieu  favorable  à  l'isolement  des  espèces;  certainement,  de  par 
la  disposition  même  du  bassin,  les  animaux  non  migrateurs 
qui  y  vivent  et  s'y  reproduisent  sont  tout  à  fait  isolés  de  leurs 
congénères  des  côtes   océaniques  voisines;  ils   accomplissent 

Société  se.  d'Arcachon  1 


2  SOCIÉTÉ   SCIENTIFIQUE   d'aRCACHON 

leur  cycle  vital  dans  un  milieu  particulier,  très  différent  de 
l'Océan,  toutes  circonstances  qui  semblent  favorables  soit  à  des 
changements  de  mœurs,  soit  à  la  fixation  d'espèces  ou  de  varié- 
tés nouvelles,  spéciales  au  bassin.  Jusqu'ici,  cependant,  on  ne 
connaît  que  très  peu  d'espèces  authentiques  localisées  à  Arca- 
chon  :  un  Mollusque,  Phyllaplysia  Lafonli  P-  Fischer,  et  un 
Annélide,  Phyllodoce  bruneo-viridis  de  Saint-Joseph;  pour  ma 
part,  j'ai  trouvé  deux  autres  formes  nouvelles,  un  Thalassemia 
et  un  Sipmiculus;  mais  je  crois  que  la  riche  population  des 
sables  vaseux,  en  particulier  les  Vers  et  les  Annélides,  doit 
renfermer  encore  bien  des  choses  intéressantes  (*). 

Enfin,  la  faune  des  eaux  saumâtres  du  fond  du  bassin  est  tout 
à  fait  inconnue,  aussi  bien  que  celle  des  lacs  d'eau  douce  des 
Landes,  tels  que  Cazaux;  s'il  est  vrai  qu'ils  ont  été  autrefois  en 
communication  avec  la  mer,  ils  renferment  peut-être  des  for- 
mes de  reliquat,  comme  certains  lacs  de  Suède  et  de  Russie. 

On  voit  qu'il  y  a  certainement  à  faire  à  Arcachon,  au  double 
point  de  vue  faunique  et  biologique,  et  je  souhaite  que  la  lecture 
de  ces  lignes  suggère  aux  zoologistes  régionaux  l'idée  d'entre- 
prendre de  semblables  recherches,  pour  lesquelles  la  Station 
offre  de  précieuses  faciUtés. 

(')  Si  je  ne  mentionne  pas  ici,  comme  espèces  spéciales  à  la  région  d'Arcachon, 
les  nombreuses  espèces  de  Céphalopodes  décrites  par  Lafont,  c'est  que  je  partage 
à  leur  t^ujet  l'opinion  de  Jatta;  ce  ne  sont  que  des  variations  individuelles  sans 
aucune  fixité  ou  peut-être  des  états  saisonniers  d'espèces  communes  :  les  Lnligo 
afl'inis,  macrophtalma  et  tvicrocephala  de  Laf.mt  sont  certainement  des  Lnligo 
vulgaris  Lam.;  le  Loligo  Moiilinsi  se  rapporte  à  LoUgo  Forhesi  Stp.;  les  Sepia 
Fischeri  et  FilUouxi  ne  sont  pas  différentes  de  la  commune  Sepia  officinalis  L. 
entin,  VOmmastrephes  crassus  est  probablement  un  Todarodes  sagittatus  (Lam. 
Stp. 

(Lafont.  Note  pour  servir  à  la  faune  de  la  Gironde,  Actes  de  la  Soc.  Linn.  de 
Bordeaux,  t.  XXVIII,  1871  ;  —  Jatta.  I  Cefalopodi,  XXIII«  Monographie,  Fauna  und 
Flora  des  Golfes  von  Neapel,  1896.) 

Parmi  les  Opisthobranches  signalés  comme  spéciaux  à  Arcachon,  la  plupart 
(Doris  biscaxjemis,  eubalia  et  seposita  de  P.  Fischer)  ont  été  décrits  d'une  façon 
insuffisante  et  la  validité  de  ces  espèces  reste  douteuse;  qumt  au  Corambe  testudi- 
naria  H.  Fischer,  il  est  considéré  comme  un  synonyme  du  C.  sargassicola  Bergh, 
trouvé  précédemment  dans  la  mer  des  Sargasses  (voir  Vayssière,  Étude  comparée 
des  Opistobranches  des  côtes  françaises,  Bull.  Se.  France  et  Belgique,  t.  XXXIV, 
1901,  p.  281). 


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STATION   BIOLOGIQUE 


I.  -  EGHIURIENS 

DESCRIPTION    DE    THALASSEMA    ARCASSOIVENSIS    NOV.    SP. 


Le  12  août  1901,  en  bêchant,  environ  à  50  centimètres  de 
profondeur,  dans  le  sable  vaseux  noirâtre  où  abondent  les  Sipun- 
culiis  nuclus  L.  et  les  Synapta  digitata  Mont.,  j'ai  mis  à  décou- 
vert un  bel  exemplaire  de  Thalassème  adulte;  la  zone  où  je  l'ai 
rencontré  est  un  peu  au-dessus  du  niveau  des  Zostères,  à 
200  mètres  environ  à  l'est  du  débarcadère  d'Eyrac,  et  découvre 
aux  marées  moyennes.  Malgré  d'autres  rech-^rches  au  même 
endroit  et  ailleurs,  je  n'ai  pas  trouvé  d'autres  échantillons,  et 
j'ai  dû  me  borner  à  l'étude  aussi  complète  que  possible  de  cet 
individu  unique. 

Extérieur.  —  Le  corps  est  allongé,  et,  suivant  l'expression  tri- 
viale mais  exacte  de  Jameson,  ressemble  à  une  saucisse,  cou- 
verte de  petites  papilles,  plus  serrées  aux  deux  extrémités  que 
dans  la  région  moyenne  du  corps;  la  teinte,  d'un  rouge  vineux 
sur  le  vivant,  a  disparu  dans  l'alcool,  comme  il  arrive  d'oi'di- 
naire  pour  les  pigments  des  Thalassèmes;  le  corps,  sans  la 
trompe,  mesurait  11  centimètres  de  long.  La  trompe,  longue  de 
2*^"', 2,  assez  étroite,  était  teintée  en  jaune  rosé  très  pâle;  la 
figure  i  en  dira  plus  long  sur  sa  forme  qu'une  description  : 
comme  on  le  voit,  l'extrémité  supérieure  n'est  pas  lobée,  et  se 
termine  à  peu  près  carrément.  Lorsque  j'ai  retiré  l'animal  du 
sable,  il  était  muni  de  sa  trompe  :  celle-ci  s'est  autotomisée  au 
ras  du  corps  pendant  que  je  manipulais  l'animal;  on  sait,  du 
reste,  que  cet  organe  se  détache  avec  la  plus  grande  facilité 


4  SOCIETE   SCIENTIFIQUE  D  ARGACHON 

chez  les  Thalassèmes,  à  un  tel  point  qu'on  ne  le  connaît  pas 
chez  plusieurs  espèces. 

Les  deux  crochets,  situés  à  â'^^S  de  l'extrémité  antérieure, 
sont  petits  et  peu  visibles  de  l'extérieur;  ils  sont  écartés  de 
1/2  à  3/4  de  millimètre. 

Téguments.  Système  nerveux.  —  Le  corps  est  recouvert  de 
papilles,  plus  grandes  et  très  serrées  les  unes  contre  les  autres 
aux  extrémités  antérieure  et  postérieure,  tandis  que  dans  le 
milieu  elles  sont  éparses  et  ne  se  touchent  pas;  on  voit  facile- 
ment qu'il  y  en  a  de  petites  et  de  grandes.  Les  papilles  renfer- 
ment comme  d'ordinaire  des  cellules  glandulaires,  probablement 
muqueuses,  dont  le  contenu  se  colore  avec  intensité  par  l'héma- 
toxyline.  Sur  une  coupe  transversale  du  corps,  on  distingue  les 
trois  couches  musculaires,  deux  circulaires  et  une  longitudinale, 
puis  une  zone  externe,  conjonctif  etépiderme,  dont  la  constitution 
m'a  rappelé  tout  à  fait  celle  que  j'ai  décrite  {^)  chez  quelques 
Holothuries  (Cucumaria),  par  le  mélange  des  éléments  épidermi- 
ques  et  des  travées  conjonctives.  La  musculature  longitudinale 
n'est  pas  divisée  en  faisceaux  séparés,  comme  chez  beaucoup 
de  Thalassèmes  :  c'est  une  couche  d'épaisseur  bien  uniforme. 

Le  cordon  nerveux  ventral  repose  directement  sur  la  face 
interne  du  corps;  il  n'y  a  pas  d'épaississement  musculaire 
supportant  le  cordon,  contrairement  à  ce  qui  existe  chez  Th. 
neptuni.  Le  cordon  renferme,  comme  chez  les  Echiures,  un  petit 
canal  dit  épendymaire  rempli  d'un  liquide  coagulable. 

Crochets.  —  Dans  mon  exemplaire,  il  y  avait  deux  crochets 
fonctionnel,  et  un  crochet  de  remplacement,  situé  un  peu  en 
dessous  du  vieux  crochet  gauche  (fig.  3,  a,  h).  Ces  crochets,  qui 
font  très  peu  saillie  à  l'extérieur,  sont  inclus  dans  une  gaine 
sur  laquelle  s'attachent  les  muscles  moteurs,  disposés  plus  o  : 
moins  en  éventail;  de  même  que  chez  Tli.  papillosum,  il  n'y  a 
pas  de  muscle  transverse  (interbasal)  reliant  les  crochets  des 
deux  côtés.  Le  crochet  fonctionnel  de  gauche  mesurait  4  milli- 
mètres de  long,  le  crochet  de  remplacement  3  millimètres;  ils 
sont  formés  l'un  et  l'autre  (fig.  ^)  d'une  région  courbe  terminée 
en  pointe  fine  et  d'une  région  rectiligne  plus  large,  comme  chez 
la  plupart  des  Thalassèmes;  ils  ont  un  vif  éclat  doré  ou  nacré 

[gtf  (1)  L.  CuÉNOT.  Études  morphologiques  sur  les  Échinodermes  (Archives  de  Bio- 
logie, t.  XI,  1891,  p.  349  et  pi.  XXIV,  fig.  4). 


STATION   BIOLOGIQUE  5 

et  présentent  au  microscope  de  fortes  stries  transverses  et  de 
fines  stries  longitudinales;  la  pointe  est  un  peu  brunâtre. 

Tube  digestif  (fig.  3).  —  La  bouche,  située  au  fond  de  la 
trompe,  s'ouvre  dans  un  pharynx  qui  est  suivi  par  un  œsophage 
de  moindre  diamètre  formant  cinq  tours  de  spire  rapprochés  les 
uns  des  autres;  cet  œsophage  se  continue  par  une  région  recti- 
ligne  qui  se  dilate  graduellement  et  aboutit  au  jabot.  Ce  dernier 
est  reconnaissable  aux  stries  claires  de  sa  surface,  qui  sont- 
dues,  paraît-il,  à  des  plissements  de  la  paroi  interne;  les  stries 
se  prolongent  un  peu  au  delà  de  la  poche,  sur  la  partie  ventrale 
de  l'intestin. 

Je  n'ai  pu  étudier  en  détail  l'intestin,  qui  forme  de  nom- 
breux replis  reliés  au  corps  par  des  brides  mésentériques;  je 
mentionnerai  seulement  l'existence  d'un  siphon  intestinal, 
comme  chez  les  autres  Echiuriens.  Le  rectum  (fig.  4)  présente 
un  très  petit  cœcum  rectal,  signalé  chez  beaucoup  de  Thalassè- 
mes,  et  deux  longues  poches  anales. 

Poches  anales  (fig.  4).  —  Les  poches  anales  sont  deux  tubes 
allongés,  mesurant  22  millimètres  de  long,  non  ramifiés,  à  la 
surface  desquels  s'ouvrent  de  très  nombreux  entonnoirs  vibra- 
tiles  à  pédoncule  assez  court.  Sur  les  poches  s'attachent  d'assez 
nombreuses  brides  mésentériques,  et  au  niveau  des  points  d'atta- 
che la  poche  anale  émet  souvent  une  petite  expansion  latérale, 
une  sorte  de  ramification  avortée.  A  l'intérieur,  les  poches 
anales  sont  tapissées  d'un  epithelium  excréteur  rempli  de  gra- 
nules jaunes- 

Néphridies  antérieures  (fig.  S).  —  Il  n'existe  qu'une  paire  de 
néphridies  antérieures  qui,  dans  mon  exemplaire,  étaient  bour- 
rées de  spermatozoïdes  qui  leur  donnaient  une  teinte  blanc 
laiteux  :  ce  sont  deux  longs  tubes,  de  33  millimètres  de  long 
environ,  présentant  des  renflements  dus,  je  suppose,  à  l'accu- 
mulation du  sperme;  le  pavillon  vibratile  est  très  grand  et 
s'étend  transversalement;  c'est  une  expansion  contournée  sur 
elle-même,  dont  je  n'ai  pas  bien  compris  la  forme,  mais  qui  n'a 
sûrement  pas  l'aspect  régulièrement  spirale  signalé  chez  beau- 
coup de  Thalassèmes. 

Appareil  vasculaire.  —  L'appareil  vasculaire  m'a  paru  iden- 
tique à  celui  des  autres  espèces,  bien  que  je  ne  l'aie  reconnu 
que  d'une  façon  fragmentaire;  sur  la  figure  3  on  voit  le  vaisseau 
dorsal  (h)  qui  quitte  l'intestin  au  niveau  du  jabot  pour  devenir 


6  SOCIÉTÉ   SCIENTIFIQUE   D'ARCACHON 

libre  et  monter  vers  la  trompe,  et  le  vaisseau  neuro-intestinal 
(i-j)  qui  quitte  le  vaisseau  ventral  un  peu  au-dessous  du  niveau 
des  orifices  néphridiens  pour  se  porter  vers  l'intestin,  qu'il 
atteint  très  loin  derrière  le  jabot.  Comme  il  n'y  a  pas  de  muscle 
interbasal  entre  les  crochets,  il  n'y  a  pas  non  plus  d'anneau  san- 
guin périmusculaire  à  ce  niveau,  particularité  présentée  aussi 
par  Th.  papillosum  (Jameson). 

Liquide  cœlomique;  péritoine.  —  Le  liquide  cœlomique  était 
d'un  rouge  foncé,  absolument  comme  du  sang  veineux  de  Mam- 
mifère; au  microscope,  on  trouve  dans  le  liquide  de  nombreux 
corpuscules  figurés  :  1°  beaucoup  de  spermatozoïdes  libres; 
2°  des  amibocytes,  qui  renferment  souvent  de  gros  granules  jau- 
nes et  réfringents,  qui  sont  sans  doute  un  produit  d'excrétion 
rejeté  dans  le  cœlome  et  phagocyté  par  ces  cellules;  3°  des  héma- 
ties (fig.  5),  qui  donnent  la  couleur  au  liquide  cœlomique,  et  qui 
sont  bien  probablement  chargées  d'hémoglobine  (i);  ces  hématies 
sont  des  cellules  à  contour  un  peu  irrégulier,  mais  plutôt  circu- 
laire ou  ovalaire,  à  membrane  bien  visible  dans  les  préparations 
fixées,  dont  le  contenu  a  la  teinte  jaune  particulière  à  l'hémoglo- 
bine vue  sous  une  faible  épaisseur;  on  y  voit  de  plus  un  granule 
noir,  qui  est  certainement  un  produit  d'excrétion,  comme  il 
en  existe  presque  toujours  dans  les  hématies  des  Invertébrés,  et 
un  petit  noyau,  presque  toujours  logé  à  la  périphérie.  Beaucoup 
d'hématies  ont  deux  noyaux,  mais  je  ne  crois  pas  que  cela  soit 
en  rapport  avec  une  division  future  de  la  cellule. 

La  présence  dans  le  cœlome  de  ces  hématies  à  hémoglobine  est 
un  caractère  intéressant,  que  l'on  connaît  déjà  chez  d'autres 
Echiuriens,  Bonellia  minor  Mar.,  Thalassema  neptuni  Gaert.  et 
erythrogrammon  Leuck.  Rûpp.,  Hamingia  arctica  Dan.  Kor. 
(Ray-Lankester,  Rietsch). 

Sur  la  paroi  péritonéale  et  les  viscères  s'attachent  de  très 
nombreuses  brides  mésentériques  dont  la  structure  est  assez 
curieuse;  elles  sont  formées  d'un  axe  conjonctif  avec  quelques 
fibres  musculaires,  recouvert  par  de  grosses  cellules  qui  m'ont 
paru  imbibées  d'hémoglobine,  comme  les  hématies  cœlomiques; 
Ray-Lankester  a,  du  reste,  décrit  quelque  chose  de  tout  à  fait 
semblable  pour  les  brides  mésentériques  de  Th.  neptuni;  il  est 

(')  Voir  à  rA^)peiidice  le  détail  des  recherches  pour  la  dét  rmination  de  1  hémo- 
glo.  lue. 


STATION   BIOLOGIQUE  7 

possible  que  ces  cellules  péritonéales  soient  l'origine  des  héma- 
ties flottantes  du  liquide  cœlomique. 

Organes  génitaux.  —  Mon  exemplaire  était  mâle,  comme  je 
l'ai  déjà  dit,  tout  prêt  à  rejeter  ses  spermatozoïdes.  Je  n'ai  pu 
trouver  que  des  traces  de  testicule  à  la  surface  du  cordon  ner- 
veux ventral. 

Détermination  de  V espèce.  —  La  détermination  des  Thalassè- 
mes  est  certes  l'une  des  plus  difficiles  qui  soit,  tant  par  la 
rareté  et  l'état  souvent  défectueux  des  échantillons  que  par  la 
grande  ressemblance  des  espèces  entre  elles  et  le  manque  de 
caractères  tranchés;  on  est  pour  ainsi  dire  forcé  de  faire  une 
monographie  anatomique  de  chaque  forme  pour  arriver  à  la  bien 
définir.  On  en  connaît  environ  vingt-quatre  espèces,  plus  ou 
moins  bien  décrites. 

Shipley,  qui  a  donné  dernièrement  une  revue  des  espèces 
d'Echiuriens,  classe  les  Thalassèmes,  à  l'exemple  de  Lampert. 
d'après  les  caractères  de  la  musculature  longitudinale  du  corps 
(divisée  en  faisceaux  ou  continue)  et  le  nombre  des  néphridies. 
Dans  la  première  catégorie,  à  laquelle  appartient  mon  échan- 
lillon  par  sa  musculature  continue  et  la  paire  unique  do  né- 
phridies, il  y  a  jusqu'à  présent  six  espèces  : 

Tli.  papillosum  (Délie  Ghiaje),  1841  (Naples,  30-40  mètres  de  pro- 
fondeur). 

Th.  gigas  Max  MûUer,  1852  (Trieste). 

Th.  faex  Selenka,  1885  (entre  l'Ecosse  et  les  îles  Faroe,  560  brasses). 

Th.  diaphanes  Sluiter,  1888  (baie  de  Batavia,  10-12  brasses;  île 
Pigeon,  New-Britain). 

Th.  Lankesteri  Herdman,  1897  (S.-O.  de  l'île  de  Man,  40-50  brasses). 

Th.  indivisum  Sluiter,  1900  (côte  nord  d'Espagne,  90  mètres). 

Le  Thalassème  d'Arcachon  diffère  très  notablement  de  gigas, 
faex  et  Lankesteri,  par  la  forme  des  poches  anales,  de  l'enton- 
noir des  néphridies  antérieures,  etc.;  ce  n'est  pas  non  plus 
diaphanes,  parce  que  cette  espèce  mesure  en  tout  6  centimètres, 
partagés  par  moitié  entre  la  trompe  et  le  corps,  ni  indiviswn, 
qui  mesure  en  tout  l'°',3.  Je  ne  parle  là  que  des  caractères  les 
plus  apparents,  mais  il  y  a  bien  d'autres  différences.  Par  contre, 
il  a  beaucoup  de  ressemblance  avec  papillosum,  dont  on  a 
recueilli  à  Naples  en  tout  trois  exemplaires,  y  compris  celui 


8  SOCIÉTÉ   SCIENTIFIQUE   D'aRCACHON 

qui  a  servi  à  Délie  Cliiaje  pour  faire  sa  description  :  la  taille 
(de  7  à  15  centimètres  chez  papillosum,  sans  la  trompe)  et  la 
couleur  sont  à  peu  près  les  mêmes;  il  n'y  a  pas  de  muscle  inter- 
basal  entre  les  crochets;  les  poches  anales  sont  aussi  des  tubes 
non  ramifiés;  malheureusement  les  trois  exemplaires  de  papillo- 
sum, étudiés  par  Délie  Chiaje  et  Jameson,  étaient  tous  dépour- 
vus de  trompe,  et  on  ne  sait  rien  du  liquide  cœlomique,  ce  qui 
retire  deux  sujets  de  comparaisons  bien  caractéristiques. 

Malgré  ces  lacunes,  il  est  très  vraisemblable  que  l'espèce 
d'Arcachon  n'est  pas  la  même  que  celle  de  Naples;  il  y  a  trop 
de  différences  dans  les  caractères  anatomiques  comparables 
pour  autoriser  l'identification  :  chez  papillosum,  l'œsophage 
n'est  pas  contourné  en  spire,  le  jabot  a  une  forme  différente  de 
celle  que  j'ai  décrite,  les  néphridies  antérieures  sont  des  sacs 
courts  de  8  à  10  millimètres  de  long,  tandis  qu'ils  sont  trois 
fois  plus  longs  chez  mon  espèce;  Jameson  dit  que  le  pavillon 
vibratile  des  néphridies  de  papillosum  ressemble  à  celui  de 
neptuni  et  de  gigas,  c'est-à-dire  qu'il  est  petit  et  simple,  tandis 
qu'il  est  très  développé  chez  le  Thalassème  d'Arcachon;  enfin, 
chez  ce  dernier,  il  y  a  un  petit  cœcum  à  la  fin  du  rectum, 
tandis  que  Jameson  n'en  a  pas  trouvé  chez  papillosum. 

L'espèce  d'Arcachon  paraît  donc  bien  être  nouvelle,  et  je 
propose  de  l'appeler  Thalassema  arcassonensis  pour  rappeler 
son  origine  (/);  jusqu'ici,  c'est  le  seul  représentant  du  groupe  des 
Echiuriens  pour  le  bassin  d'Arcachon  et  les  environs. A  la  vérité, 
Beltrémieux  cite,  sur  les  côtes  sablonneuses  de  la  Charente- 
Inférieure,  YEchiurus  Pallasi  Guérin-Méneville  (qu'il  appelle 
Thalassema  echiura  Pali.);  mais  comme  sa  citation  n'est  accom- 
pagnée d'aucune  référence  ni  description,  elle  ne  présente  pas 
de  garanties  d'authenticité;  il  est  très  probable,  néanmoins, 
qu'on  trouvera  YEchiurus  Pallasi  sur  la  côte  ouest  de  France, 
car  c'est  une  espèce  à  grande  répartition  géographique;  elle  est, 
en  effet,  signalée  dans  la  mer  du  Nord,  l'Atlantique  nord,  la 
Manche  et  sur  la  côte  américaine. 

Sur  les  côtes  de  France,  le  seul  Thalassème  signalé  jusqu'ici 
est  le  petit  Thalassema  neptuni  Gaertner,  qui  habite  dans  des 


(*)  Dans  les  anciennes  géographies,  la  région  d'Arcachon  est  désignée  comme 
Promontorium  Arcassonium;  Arcasson  vient,  paraît-il,  d'un  verbe  dorien  signifiant 
«  qui  protège  ». 


STATION   BIOLOGIQUE  9 

pierres  fendues  ou  perforées,  à  une  faible  profondeur  (Sain'.- 
Jean-du-Doigt,  Concarneau,  Piriac,  le  Croisic,  le  Pouligucn, 
Préfaille  près  Pornic,  golfe  de  Marseille)  {^). 

Nancy,  15  mai  1902. 


(1)  L.  Bdreac.  Coup  d'œil  sur  la  faune  du  département  de  la  Loire-Inférieure 
(in  Nantes  et  la  Loire-Inférieure,  volume  publié  à  l'occasion  du  Congrès  de  l'Asso- 
ciation française  pour  l'avancement  des  Sciences.  Nantes,  1898).  Bureau  cite,  d'après 
Giard,  le  I.  Neptuni,  perforant  les  rameaux  de  Lithothamnion  coralloîdes,  Pouli- 
giien,  draguages  (p.  54). 

Camds.  Note  sur  la  présence  de  Geophilus,  etc.,  et  de  quelques  autres  animaux 
marins  sur  la  côte  de  Préfaille,  près  Pornic  (Loire-Inférieure)  {Bulletin  Soc.  des  Se. 
naturelles  de  l'Ouest  de  la  France,  t.  II,  1892,  p.  21).  —  Voir  aussi  Rietsch,  1886. 
Les  localités  de  Saint-Jean-du'Doigt,  Piriac  et  le  Croisic  m'ont  été  obligeamment 
indiquées  par  M.  Fenonnière. 


10  SOCIÉTÉ   SCIENTIFIQUE  D'aRCACHON 


APPENDICE 


DÉTERMINATION    DE    l'hÉMOGLOBINE    DANS    LES    HÉMATIES 
CŒLOMIQUES    DU    THALASSÈME 


J'ai  recueilli  dans  un  verre  de  montre  une  certaine  quantité  de 
liquide  cœlomique,  d'un  rouge  foncé,  qui  s'est  desséché  spontanément, 
en  formant  un  dépôt  noirâtre,  renfermant  beaucoup  de  cubes  de  NaCl. 
Il  y  avait  probablement,  en  outre,  des  traces  de  carminate  d'ammo- 
niaque et  d'indiiïocarmin,  ayant  fait  antérieurement  une  injection  cœlo- 
mique dans  le  Thalasséme.  Ce  dépôt  solide  a  été  remis,  sept  mois  après 
la  prise,  à  M.  Maillard,  chef  des  travaux  chimiques  à  la  Faculté  de 
mé  lecine  de  Nancy,  qui  a  bien  voulu  y  rechercher  l'hémoglo' ine  sup- 
posée; voici  les  résultats  de  cet  examen,  pour  lequel  je  lui  adresse  mes 
plus  vifs  remerciements  : 

La  substance  contient  du  fer  :  en  effet,  projetée  dans  du  nitre  en 
fusion,  elle  brûle  en  laissant  un  petit  résidu  ocracé  d'oxyde  ferrique,  qui 
se  dissout  dans  HGl,  et  donne  alors  avec  le  sulfocyanale  d'ammonium  la 
coloration  rouge  caractéristique. 

Après  lavage  à  l'eau  distillée,  pour  enlever  l'excès  de  NaCl,  la  réaction 
de  Teichiiiann  est  essayée  :  elle  donne  un  résultat  positif,  bien  que 
gênée  par  les  impuretés;  après  de  nombreux  chauffages  avec  l'acide  acé- 
tique glacial,  on  obtient  de  très  fines  aiguilles  brun  noir  groupées  en 
houppes  (hématine). 

La  substance  est  insoluble  dans  l'eau;  elle  se  dissout  lentement  et 
incomplètement  dans  la  potasse  à  1/10,  en  donnant  une  solution  bru- 
nâtre dont  la  teinte  pourrait  bien  êlre  celle  de  la  méthémoglobine,  mais 
qui  ne  laisse  reconnaître  au J  spectroscope  aucune  bande  d'absorption 
limi  ée.  Leliquiile,  additionné  de  sulfure  d'ammonium  ou  d'ime  goutte 
d'hydrosuUite  de  sodium,  se  réduit  lentement  et  piésente  après  deux  ou 


STATION   BIOLOGIQUE  11 

trois  heures  une  leinte  rose  pourprée;  la  solution  montre  alors  une 
bande  parfaitemenl  nette  occupant  à  peu  près  la  position  moyenne  de  la 
bande  de  l'hémoglobine  réduite  de  Stokes,  mais  moins  large  et  mieux 
limitée;  cette  bande  va  exactement  de  a  =  0,565  [j.  à  a  =  0,553  jj».;  à 
droite,  on  voit  encore  une  légère  bande,  bien  plus  faible,  de  X  =  0,536  [x 
à  A  =  0,521  ;x.  Enfin,  à  partir  de  X  =:  0,510  [;.,  toute  la  partie  bleue 
violette  du  spectre  est  fortement  estompée. 

La  solution  réduite  par  l'hydrosulfite,  a.ïitée  à  l'air,  pâlit  et  devient 
jaune  verdàlrc,  mais  elle  ne  montre  aucunement  les  deux  bandes  clas- 
siques de  l'oxyhémoglobine,  même  sous  une  grande  épaisseur,  et  le 
spectre  finit  par  s'assombrir  totalement  sans  qu'on  ait  vu  aucune  bande. 

La  substance  ressemble  donc  aux  hémoglobines  des  Vertébrés  par  les 
caractères  suivants  : 

1°  C'est  une  protéide  ferrugineuse. 

2°  Chauffée  avec  l'acide  acétique  glacial  en  présence  de  traces  de 
NaCl,  elle  donne  des  cristaux  ressemblant  tout  à  fait  à  ceux  de  l'héma- 
tine. 

3°  Elle  donne  par  réduction,  dans  les  mêmes  circonstances  que  la 
méthémoglobine,  une  bande  d'absorption  dans  le  vert. 

Elle  en  diffère  par  les  caractères  suivants  : 

1°  Le  spectre  de  réduction  n'est  pas  exactement  le  même  que  celui  de 
l'hémoglobine. 

2°  On  n'a  pu  voir  le  spectre  de  l'oxyhémoglobine  ni  celui  de  la  méthé- 
moglobine, alors  que  la  grande  netteté  du  spectre  de  réduction  permet- 
tait de  les  attendre  vvec  certitude. 

L'échantillon  étant  un  produit  desséché  depuis  sept  mois  et  renfer- 
mant bien  probablement  diverses  impuretés,  il  est  impossible  de  dire, 
sans  un  nouvel  exauien  du  produit  frais,  s'il  s'agit  d'une  hémoglobine 
semblable  à  celle  des  Vertébrés,  ou  d'un  produit  certainement  voisin, 
mais  nettement  distinct. 


INDEX  BIBLIOGRAPHIQUE 

Beltrémikux.  —  Faunf  vivante  de  la  Charente-Inférieure  (extrait  des 

Annules  lie  la  Société  des  Sciences  natnndles).  La  Rochelle,  1884. 
Hkrdman.  —  Note  on  a  new  Echiuroid  Gephyrean,  with  remarks  on 

the  genera  Thalassema  and  Hamingia  {Quart.  Journ.  micr.  Se, 

t.  XL,  1837,  p.  367). 
Jameson  (Lyster).  —  Thalassema  papillosum  (Délie  Ghiaje),  a  forgotten 

EcJMuroid   G  phyrtau  (AJittk.  a.  s.  ZooL  Slat.  Neapel,   t.    XllI, 

18jy,  y.  433). 


12  SOCIÉTÉ   SCIENTIFIQUE  D'ARCACHON 

MiJLLER  (Max).  —  Ohsevvationes  anatomiese  de  Vennibns  quihusdam 

maritiinis.  Thèse  de  Berlin,  1852 
Ray-Lankester.  —  On  Thalassema  neptuni  Gaertner  {Zool.  Anzeiger, 

4Jahrg.,  1881,  p.  350). 
RiETSCH.  —  Étude  sur  les  Géphyriens  armés  ou  Echiuriens  {Rec.  Zool. 

Suisse,  t.  III,  1886,  p.  313). 
Selenka.  —  Report  on  the  Gephyrea  (Challenger's  Reports,  part  36, 

1885). 
Shipley.  —  On  a  collection  of  Echiurids  from  the  Loyalty  Islands,  New 

Britain  and  China  Straits,  with  an  attempt  to  revise  the  group  and 

to  determine  ils   geographical  range  (Willey  Zoological  Results, 

Part  III,  1899,  p.  335). 
Sluiter.  —  Géphyriens   (Sipunculides    et    Echiurides)    provenant  des 

campagnes  de  V Hirondelle  et  de  la  Princesse- Alice  {Campagnes 

scientifiiiues  du  prince  de  Monaco,  fasc.  XV,  1900). 


Explication  de  la  Planche 

FiG.  1.  —  Extrémité  antérieure  du  Thalassème  d'Arcachon,  vue  du  côté  ventral: 
a,  trompe;  h,  crochets.  X  2. 

FiG.  2.  —  Extrémité  libre  du  crochet  fonctionnel  gauche,  vue  de  profil.  X  21- 

FiG.  3.  —  Dissection  de  la  partie  antérieure  du  corps,  ouverte  sur  la  ligne  medio- 
dorsale  :  a,  ciochet  fonctionnel;  b,  crochet  de  remplacement;  c,  cordon  nerveux 

ventral;  d,  pharynx;  e,  œsophage;  /',  jabot;  gr,  intestin;  A,  vaisseau  do;  sal;  i,  point 
où  le  vaisseau  neuro-in'estinal  se  détache  du  vaisseau  ventral;  j,  point  où  le 
vaisseau  neuro-intestinal  aborde  l'intestin;  k,  entonnoir  vibiatile  de  la  néphridie; 
l,  néphridie  remplie  de  spermatozoïdes;  m,  brides  mésenteriques.  X  2. 

FiG.  4.  —  Poches  anales  :  a,  rectum  et  cœcum  rectal;  b,  brides  mésenteriques  s'atta- 
chant  sur  les  poches  anales.  X  2. 

FiG.  5.  —  Hématies  du  liquide  cœlomique  (fixation  sur  lame  au  sublimé,  coloration 
à  l'hématoxyline  et  à  l'éryth  .osine)  :  a,  contenu  de  l'hématie  coagulé  irréguliè- 
rement par  le  réactif  fixateur;  b,  vacuole  renfermant  un  nodule  d'excrétion; 
n,  noyaux.  X  l^^O- 


fiff  J 


Iig.2. 


i   I 

I  / 
%  I 

i 

u 

Fig.  i. 


lialasserna    arcassonensis  mv.  su. 


STATION   BIOLOGIQUE  43 


IL  -  SIPUNCULIENS 


DESCRIPTION    D  UNE    ESPECE    NOUVELLE    DE    «  SIPUNCULUS  » 


Dans  le  bassin  d'Arcachon,  je  n'ai  rencontré  jusqu'ici  que 
deux  Sipunculiens,  qui  vivent  dans  le  sable  vaseux  des  plages  : 
le  commun  Sipunculus  nudus  L.,  signalé  depuis  longtemps,  et 
une  espèce  nouvelle,  que  je  décris  plus  loin  sous  le  nom  de 
Sipunculus  arcassonensis.  De  plus,  on  apporte  parfois  à  la 
Station  des  Phascolion  strombi  Mont,  qui  proviennent  du  large. 
On  distinguera  facilement  ces  trois  espèces  par  les  caractères 
suivants  : 

1.  Introvert  sans  crochets;  cuticule  irisée;  quand  l'animal  est  con- 
tracté, il  est  rectiligne;  des  urnes  libres  dans  le  liquide  cœlomique 

Sipunculus  nudus  L. 

2.  Introvert  avec  nombreux  cercles  de  crochets;  cuticule  non  irisée; 
quand  l'animal  est  contracté,  il  est  courbé  en  arc;  pas  d'urnes  libres 
dans  le  liquide  cœlomique Sipunculus  arcasso7rensis  Guén. 

3.  Habite  dans  de  vieilles  coquilles  de  Gastropodes  ou  de  Dentales, 
dont  l'orifice  est  en  partie  muré Phascolion  stromhi  Mont. 

Sipunculus  nudus  Linné. 

Le  S.  nudus  est  une  espèce  qu'on  peut  appeler  classique,  car 
elle  a  été  l'objet  d'un  nombre  considérable  de  travaux;  la  mono- 
graphie la  plus  récente,  et  de  beaucoup  la  meilleure,  est  celle 
de  Metalnikoff,  dans  laquelle  on  trouvera  une  bibliographie 
suffisante.  Il  est  très  abondant  dans  le  bassin,  dans  les  sables 
vaseux  qui  sont  un  peu  au-dessus  du  niveau  des  Zostères,  et 
découvrent  aux  marées  moyennes. 


14  SOCIÉTÉ   SCIENTIFIQUE   D'AHCACHON 

La  ponte  doit  avoir  lieu  en  juin  ou  juillet,  si  j'en  juge  par 
la  quantité  et  l'état  de  maturité  des  produits  sexuels  aux  diffé- 
rents mois  où  j'ai  examiné  ce  Siponcle.  A  Naples  et  à  Messine, 
mers  plus  chaudes,  la  ponte  a  lieu  vers  le  mois  de  mai  ou  au 
début  de  juin,  d'après  Hatschek  et  Lo  Bianco;  le  développement 
larvaire  et  la  métamorphose  exigeant  environ  un  mois,  on  com- 
prend qu'à  Naples  on  trouve  des  jeunes,  longs* de  1  centimètre, 
durant  les  mois  de  juin-août.  A  Arcachon,  j'ai  aussi  trouvé  des 
jeunes  individus,  mesurant  de  1  à  3  centimètres,  provenant 
sûrement  de  la  ponte  de  l'année,  en  août-septembre;  au  mois 
de  mars  suivant,  les  plus  petits  individus,  âgés  sans  doute  de 
neuf  mois,  ont  de  5  à  6  centimètres  de  long,  ce  qui  indique  une 
croissance  assez  lente.  A  cet  âge,  il  y  a  sur  le  cerveau  deux 
petites  taches  oculaires  noires  qui  manquent  absolument  aux 
individus  adultes. 

Le  Sipunculus  nudus  est  une  espèce  à  grande  répartition 
géographique  et  bathymétrique  «jui  a  été  signalée  dans  la  mer 
du  Nord,  la  Manche,  la  côte  ouest  de  France,  la  côte  espagnole, 
la  Méditerranée,  l'Adriatique,  en  Amérique  (Floride),  aux  Phi- 
lippines, etc. 

Commensaux  et  parasites.  —  A  Arcachon,  ce  Siponcle  héberge 
quelques  commensaux  et  parasites  dont  voici  la  liste  : 

1°  Lajnellibranche  indéterminé.  —  En  septembre  1900,  des 
Siponcles  trouvés  à  la  plage  du  phare  portaient  sur  les  tégu- 
ments de  un  à  trois  petits  Lamellibranches  fixés  par  des  fila- 
ments de  byssus;  je  n'ai  pas  retrouvé  ce  commensal,  proba- 
blement accidentel,  les  années  suivantes.  Il  paraît  être  nouveau 
comme  espèce  et  peut-être  comme  genre,  et  sera  décrit  plus 
tard. 

2°  Grégarine  indéterminée.  —  Dans  la  spire  ascendante  de 
l'intestin  on  rencontre  souvent  des  Grégarines  allongées,  très 
■  mobiles,  à  corps  strié  longitudinalement  et  à  noyau  central.  En 
l'absence  de  kystes,  ces  formes  sont  indéterminables. 

3"  Urospora  sipunculi  KôUiker.  —  Cette  belle  Grégai*ine  esl 
assez  fréquente  dans  le  cœlome,  où  on  la  trouve,  à  l'état  adulte 
et  solitaire,  sous  forme  d'associations  et  enfin  de  kystes.  L'adulte 
solitaire,  d'un  blanc  de  lait,  a  près  d'un  millimètre  de  long,  et 
par  son  agilité  et  ses  mouvements  d'ondulation  ressemble  à  une 
Planaire  quand  il  nage  dans  le  liquide  cœlomique;  le  noyau 


STATION    BIOLOGIQUE  15 

sphérique  renferme  jusqu'à  une  vingtaine  de  nucléoles  vacuo- 
laires.  Les  associations  sont  allongées  et  mesurent  environ 
l'^^S  de  longueur;  les  deux  associés  sont  accolés  par  une 
région  voisine  de  celle  où  se  trouve  le  noyau;  le  couple  se  déplace 
avec  agilité  en  se  tordant  constamment  sur  lui-même.  Enfin, 
prélude  de  l'enkystemcnt  et  de  la  sporulation,  les  deux  Gréga- 
rines  s'accolent  étroitement  l'une  à  l'autre,  et  le  couple  prend 
l'aspect  d'une  sphère  immobile,  d'un  blanc  opaque,  qui  est  bien- 
tôt entourée  d'un  épais  manteau  de  phagocytes.  Il  arrive  sou- 
vent que  plusieurs  sphères  s'accolent  les  unes  aux  autres  pour 
former  des  amas  bien  visibles  à  l'œil  nu,  ce  qui  avait  fait  croire 
que  plusieurs  individus  se  réunissaient  pour  former  un  kyste; 
mais  ce  n'est  qu'un  accotement,  et  l'association  ne  comprend 
bien  que  deux  individus,  ainsi  qu'il  est  habituel  chez  les  Gré- 
garines. 

Les  kystes  mesurent  1  millimètre  de  diamètre  et  sont  souvent 
enfermés  dans  des  corps  bruns  (amas  de  phagocytes  et  de  pro- 
duits d'excrétion)  ou  bien  accolés  à  quelque  organe.  Les  sporo- 
kystes  parfaitement  développés  sont  ovoïdes,  à  pôles  dissem- 
blables :  l'un  des  pôles  porte  une  petite  collerette  évasée  formée 
par  l'endospore  (je  suppose  que  c'est  cette  collerette  que  Léger 
et  Mingazzini  interprètent  comme  une  aigrette);  au  pôle  opposé, 
l'endospore  se  prolonge  en  une  longue  queue,  figurée  déjà  par 
Kolliker;  répis[)ore  est  lâche,  mince,  difficile  à  voir  et  se  pro- 
longe sur  la  queue,  qu'elle  paraît  envelopper  jusqu'au  bout;  il  y 
a  huit  sporozoïtes  et  un  reliquat  sporal  formé  de  granules. 

Cette  Grégarine  cœlomique  existe  certainement  chez  les  Si- 
poncles  de  Naples  (Kolliker,  Ray-Lankester,  Mingazzini),  et  pro- 
bablement chez  ceux  de  la  baie  de  Douarnenez  (Léger). 

Bibliographie.  —  Labbé.  Sporozoa  du  Tierreich,  1899,  p.  44. 


SlPUNCULUS  ARCASSONENSIS  nOV.   sp. 

Habitat,  mœurs.  —  Le  nouveau  Siponcle  est  beaucoup  plus 
rare  que  le  Sipunculus  nudus,  car  on  n'en  a  trouvé  que  quatre 
individus  dans  l'espace  de  deux  mois  (août  à  octobre  1901),  san3 
le  rechercher  spécialement,  il  est  vrai;  il  vit  exactement  dans 


16  SOCIÉTÉ   SCIENTIFIQUE  D'ARCACHON 

les  mêmes  stations  que  son  congénère  et  Synapta  digitata  Mont., 
dans  des  sables  vaseux  qui  découvrent  aux  marées  moyennes, 
un  peu  au-dessus  du  niveau  des  Zostères;  les  quatre  individus 
ont  été  trouvés  dans  des  régions  très  éloignées  du  bassin,  deux 
près  du  débarcadère  d'Eyrac,  deux  à  la  plage  du  phare  du  cap 
Ferret.  Les  marins  chargés  de  récolter  des  animaux  pour  le 
laboratoire  le  confondaient  avec  le  Sipunculus  nudus;  mais,  une 
fois  leur  attention  attirée  sur  cette  espèce,  ils  l'ont  facilement 
reconnue  à  sa  teinte  plus  blanche,  son  diamètre  moindre  et 
surtout  à  la  raideur  particulière  de  l'animal  contracté. 

Quand  ce  Siponcle  est  contracté,  il  se  tient  presque  toujours 
courbé  en  arc  et  reste  très  longtemps  immobile  dans  cette  posi- 
tion; de  temps  en  temps  l'introvert  (trompe)  se  dévagine  avec  une 
grande  rapidité,  mais  toujours  incomplètement,  et  rentre  de 
même.  Placé  sur  une  couche  de  sable  fin,  il  s'y  enfonce  plus  len- 
tement qu'un  Sipunculus  nudus  de  même  taille,  en  refoulant  le 
sable  au  moyen  de  l'introvert;  quand  il  est  entièrement  enfoui, 
on  voit  de  temps  en  temps  affleurer  la  couronne  tentaculaire  à 
l'orifice  de  la  galerie  qu'il  s'est  creusée.  Ce  Siponcle  vit  très  bien 
dans  un  aquarium  à  fond  de  sable  recevant  un  jet  d'eau  aérée; 
j'en  ai  gardé  un  individu  plus  de  quinze  jours  en  parfaite  santé. 

Il  est  assez  difficile  de  fixer  des  individus  en  complète  exten- 
sion avec  l'introvert  dévagine;  j'y  suis  cependant  arrivé  en 
anesthésiant  l'animal  successivement  à  l'éther  et  à  l'acide  carbo- 
nique, et  en  le  plaçant  ensuite  dans  un  mélange  d'eau  de  mer 
et  d'eau  douce. 

Extérieur.  —  Le  plus  grand  exemplaire  que  j'ai  eu  entre  les 
mains  mesurait,  en  complète  extension,  36  centimètres  de  long, 
sur  lesquels  il  y  a  environ  10  à  11  centimètres  d'introvert;  un 
autre  individu,  plus  petit  et  contracté  au  maximum,  mesurait 
11  centimètres;  l'introvert  avait  au  moins  de  7  à  8  centimètres 
de  long. 

Quand  l'animal  sort  du  sable,  il  est  d'un  blanc  maf,  tandis  que 
le  Sipunculus  nudus  est  plutôt  rosé  avec  irisations;  mais  après 
quelques  minutes  de  séjour  dans  de  l'eau  aérée,  il  prend  une 
légère  teinte  rose  filas,  due  à  l'oxydation  de  l'hémérythrine 
renfermée  dans  les  hématies  cœlomiques;  les  téguments  sont  un 
peu  translucides  dans  la  région  antérieure;  pour  peu  que  l'ani- 
mal s'étende,  on  distingue  vaguement  les  néphridies  brunes  et 
l'intestin  rempU  de  sable. 


STATION    BIOLOGIQUE  17 

Le  Siponcle  est  parfaitement  cylindrique  (fig.  1),  le  corps 
ayant  un  diamètre  un  peu  supérieur  à  celui  de  l'introvert;  à  la 
loupe,  on  voit  très  bien  l'orifice  anal,  qui  a  une  situation  médio- 
dorsale,  et  qui  est  placé  (dans  le  grand  exemplaire  de  36  centi- 
mètres) à  42^"\5de  la  bouche;  à  droite  et  à  gauche  de  l'anus, 
mais  à  1  ou  2  millimètres  au-dessus,  on  distingue  les  deux 
orifices  néphridiens,  beaucoup  plus  petits  que  l'orifice  anal. 

La  peau,  examinée  à  la  loupe,  présente  trois  régions  diffé- 
rentes qui  passent  insensiblement  l'une  à  l'autre  :  1°  dans  toute 
rétendue  de  l'introvert  on  aperçoit  des  sillons  circulaires,  dis- 
posés tout  d'abord  très  régulièrement,  puis  devenant  de  plus 
en  plus  incomplets  à  mesure  qu'on  s'approche  de  l'anus;  ces 
sillons  déhmitent  des  anneaux  très  minces  qui  renferment  une 
rangée  simple  ou  double  de  corpuscules  sensitifs  dont  on  dis- 
tingue facilement  les  orifices  ({ig.  4).  Dans  la  région  antérieure 
de  l'introvert,  il  s'y  ajoute  des  cercles  de  crochets;  sur  un 
individu  j'ai  compté  130  cercles,  dont  les  dix  derniers  (les  plus 
rapprochés  de  l'anus)  ont  des  crochets  plus  petits  et  plus  espa- 
cés; sur  un  autre  exemplaire,  j'ai  compté  au  moins  140  cercles. 
Ce  caractère  ne  manque  pas  d'intérêt,  d'une  part  à  cause  de  sa 
rareté  dans  le  genre  Sipunculus,  dont  une  espèce  seulement 
(S.  australis  Kef.)  possède  des  crochets  (o5  à  60  rangées);  d'autre 
part,  parce  que  le  nombre  présenté  par  le  Siponcle  d'Arcachon 
est  le  plus  élevé  qu'on  connaisse  dans  le  groupe  {Physconosoma 
nigrescens  Kef.,  qui  vient  ensuite,  a  120  rangées  de  crochets). 
Les  crochets  sont  insérés  au  bord  supérieur  des  anneaux  (fig.  4), 
au-dessus  par  conséquent  de  la  rangée  de  corpuscules  sensitifs; 
ils  ont  la  forme  d'un  demi-cône  très  allongé,  qui,  de  profil, 
apparaît  comme  un  triangle  rectangle  à  base  très  longue,  adhé- 
rente au  corps,  et  dont  l'angle  saillant  est  à  l'extrémité  infé- 
rieure. 

2°  Dans  la  plus  grande  partie  du  corps  il  y  a  encore  dCvS 
sillons  circulaires  bien  réguliers  et  de  nombreuses  lignes  longi- 
tudinales; entre  les  bandes  longitudinales,  on  voit  très  nettement, 
par  transparence,  des  espaces  irréguliers  dans  lesquels  se  dé  - 
placent  vivement  les  globules  cœlomiques  :  ce  sont  des  canaux 
hypodermiques,  situés  sous  la  cuticule  et  l'épiderme.  De  place 
en  place  on  aperçoit  dans  l'épaisseur  de  la  peau  de  petiter. 
boules  jaunes,  qui  sont  sans  doute  des  glandes. 

3**  Enfin,   l'aspect  de  la  peau  change  encore  à  l'extrémité 

SOCIÉTÉ  d'Akcachon.  2 


18  SOCIÉTÉ   SCIENTIFIQUE    D'aRCACHON 

postérieure  du  corps;  elle  présente  un  carrelage  régulier  de 
petits  rectangles  ou  de  carrés  séparés  par  des  sillons  très 
nets;  on  y  revoit  encore  çà  et  là  les  boules  jaunes  signalées 
plus  haut. 

Musculature.  —  Quand  on  a  ouvert  le  Siponcle,  on  constate 
que  la  musculature  longitudinale  est  formée  de  cordons  séparés 
par  de  profonds  sillons,  caractère  des  genres  Sipunculus  et 
Physconosoma;  il  y  a  23  ou  24  cordons,  anastomosés  par 
places. 

Les  muscles  rétracteurs  de  l'introvert  (fig.  5j  sont  au  nombre 
de  deux  paires  :  les  deux  dorsaux,  assez  grêles,  s'insèrent  sur 
la  paroi  interne  du  corps  au  niveau  du  7""^  ou  8""^  cordon  longi- 
tudinal, en  comptant  à  partir  du  cordon  nerveux;  les  deux  ven- 
traux, beaucoup  plus  larges,  s'insèrent  sur  les  3""^  et  4""^  cor- 
dons, parfois  sur  les  3"^%  4°^"  et  5•°^ 

Corpuscules  de  la  peau.  —  Comme  chez  les  autres  Sipuncu- 
liens,  les  téguments  renferment  de  nombreux  corpuscules  glan- 
dulaires et  sensitifs,  dont  la  distribution  varie  suivant  les 
régions. 

Sur  l'introvert,  les  corpuscules  glandulaires  sont  rares  ou 
absents;  les  corpuscules  sensitifs  (fig.  4)  sont  de  grande  taille, 
très  nombreux  et  disposés  en  rangées  régulières;  ils  paraissent 
avoir  un  orifice  central,  qui  est  sans  doute  une  papille  récep- 
trice des  sensations. 

Dans  toute  la  région  qui  s'étend  de  l'anus  à  l'extrémité  infé- 
rieure on  distingue  à  la  loupe,  quand  l'animal  est  parfaitement 
étendu,  des  corpuscules  glandulaires  arrondis  disposés  en 
séries  longitudinales  plus  ou  moins  alignées,  deux  ou  trois  de 
ces  séries  correspondant  à  chaque  cordon  musculaire  longitu- 
dinal. Ces  corpuscules  sont  formés  de  nombreuses  cellules 
glandulaires  qui  renferment  des  spherules  d'une  substance 
inconnue;  ces  spherules,  grandes  et  petites,  se  colorent  électi- 
vement  par  l'érythrosine  et  la  fuchsine  acide,  et  ne  prennent 
pas  les  couleurs  basiques;  ce  n'est  donc  pas  de  la  mucine.  Le 
corpuscule  débouche  à  la  surface  de  la  cuticule  par  un  orifice 
assez  difficile  à  voir.  Chaque  corpuscule  reçoit  à  sa  base  un 
petit  filet  nerveux  qui  le  traverse  en  suivant  la  périphérie  et 
vient  se  terminer  au  contact  de  la  cuticule;  comme  on  voit  des 
noyaux  autour  des  fibrilles  nerveuses,  il  est  probable  qu'il  y  a 
là  un  petit  ganglion  intra-glandulaire,  qui  est  le  centre  réflexe 


STATION    BIOLOGIQUE  19 

de  la  sécrétion.  Ces  glandes  avec  ganglions  nerveux  sont,  du 
reste,  connues  chez  Sipunculus  nudus  et  les  Phascolosoma;  on  en 
rencontre  aussi  de  très  semblables  dans  la  peau  des  Synaptes. 

Les  corpuscules  sensitii's,  mélangés  très  irrégulièrement  aux 
corpuscules  glandulaires,  sont  beaucoup  plus  petits  que  ces 
derniers;  ils  sont  formés  d'un  amas  pyriforme  de  cellules  épi- 
dermiques,  à  la  base  duquel  entre  un  filet  nerveux. 

Canaux  hypodermiques.  —  Le  Siponcle  étant  au  maximum 
d'étalement,  on  voit  sur  la  face  interne,  entre  les  cordons  mus- 
culaires longitudinaux,  une  file  de  petits  orifices  espacés  très 
régulièrement  et  extrêmement  nombreux,  qui  sont  les  pores  de 
communication  entre  le  cœlome  et  les  canaux  hypodermiques; 
de  ces  pores  partent  des  canaux  qui  traversent  la  peau  perpen- 
diculairement à  son  épaisseur  et  arrivent  jusque  sous  l'épi- 
derme,  où.  ils  se  jettent  dans  de  larges  canaux  longitudinaux. 
Il  y  a  encore  des  cavités,  toujours  en  communication  avec  le 
cœlome,  qui  sont  placées  entre  la  couche  des  muscles  circulaires 
du  corps  et  les  cordons  longitudinaux,  de  sorte  que  les  tégu- 
ments sont  parcourus  par  un  système  assez  compliqué  de  cana- 
licules,  dont  le  trajet  exact  reste  à  décrire,  qui  jouent  un  rôle 
capital  dans  la  respiration  du  Siponcle.  La  teinte  rosée  que 
prend  l'animal  dans  l'eau  aérée  est  due  à  l'oxydation  de  l'hémé- 
rythrine  renfermée  dans  les  hématies  qui  errent  en  grand 
nombre  dans  les  canaux  hypodermiques. 

Couronne  tenlaculaire .  —  Chez  le  Siponcle  complètement  étalé 
(fig.  i  et  ^1  l'introvert  se  termine  en  avant  par  un  segment  de 
sphère  sur  lequel  est  insérée  la  couronne  tenlaculaire;  la  bouche 
est  perforée  au  centre  de  la  surface  supérieure  et  il  y  aboutit  un 
certain  nombre  de  sillons  vibratiles  disposés  radialement-  La 
forme  de  la  couronne  est  assez  compliquée  :  c'est  une  ligne 
extrêmement  ondulée,  qui  présente  douze  saillants  et  douze  ren- 
trants, très  accentués,  comme  le  montre  bien  la  figure  2;  les 
douze  saillants  s'avancent  vers  la  bouche,  mais  sans  l'atteindre, 
et  il  y  en  a  six  qui  sont  visiblement  plus  grands  que  les  autres; 
le  plan  sagittal  dorso-ventral  passe  par  deux  des  grands  sail- 
lants, qui  sont  peut-être  plus  accusés  encore  que  les  quatre 
autres;  entre  deux  saillants  successifs,  il  y  a  un  espace  que 
j'appelle  sillon  radial.  Les  tentacules,  au  nombre  de  deux  cent 
seize  environ,  sont  insérés  sur  les  bords  des  sillons  radiaux 
(fig.  S);  chacun  d'eux  a  la  forme  d'une  feuille  dont  les  bords 


20  SOCIÉTÉ   SCIENTIFIQUE  d'aRCACHON 

latéraux  sont  reployés  de  façon  à  ce  que  le  tout  constitue  une 
sorte  de  gouttière,  dont  la  concavité  regarde  du  côté  du  sillon 
radial. 

La  face  concave  des  tentacules  est  revêtue  d'un  bel  epithelium 
à  longs  cils  vibratiles,  tandis  que  sur  la  face  convexe  il  y  a  une 
(juantité  considérable  de  cellules  muqueuses,  fortement  colo- 
rables  par  l'hématoxyline;  ces  cellules  sont  logées  dans  le 
conjonctif  du  tentacule  et  leurs  canaux  excréteurs  traversent 
l'épithélium  de  revêtement. 

D'après  cette  disposition,  on  conçoit  facilement  la  physiologie 
(le  l'appareil;  les  petites  particules  solides  collectées  par  les 
cils  vibratiles  des  tentacules  sont  engluées  par  le  mucus  qu'ils 
sécrètent,  et  tombent  dans  Je  sillon  radial  correspondant;  comme 
ious  les  sillons  radiaux  convergent  vers  la  bouche,  les  particules 
sont  ainsi  transportées  jusque  dans  cet  orifice. 

Cette  disposition  singulière  de  la  couronne  tentaculaire  ne 
l'appelle  pas  du  tout  celle  du  Sipunculus  nuclus;  elle  est  iden- 
iique  à  celle  des  Phascolosoma,  si  mal  comprise  en  général  pai' 
les  auteurs  classiques,  à  l'exception  toutefois  de  Danielssen  et 
Koren  pour  Phascolosoma  Hanseni  Dan.  Kor.;  chez  cette  der- 
nière espèce  la  couronne  ne  présente  que  dix  saillants;  chez 
Phascolosoma  vulgare  Blainv.  l'identité  est  parfaite;  il  y  a, 
comme  dans  l'espèce  d'Arcachon,  douze  saillants  bordés  de 
nombreux  tentacules. 

Système  nerveux.  —  Il  existe  un  petit  cerveau  sans  taches 
oculaires  (fig.  5,  b);  le  cordon  ventral  est  bordé  comme  d'habi- 
tude par  deux  faisceaux  musculaires;  il  ne  présente  rien  de 
particulier  et  se  termine  en  pointe  juste  à  l'extrémité  du  corps 
Iflg.  5),  sans  présenter  le  renflement  terminal  connu  chez  Sipun- 
culus nudus. 

Tube  cérébral.  —  Le  Siponcle  d'Arcachon  possède  l'organe 
sensoriel  connu  sous  le  nom  de  tube  cérébral,  qui  a  été  étudié 
par  divers  auteurs  chez  les  Sipunculus  nudus  et  tesselatus.  Ce 
tube  débute  par  un  orifice  perforé  dans  le  grand  saillant  médio- 
(lorsal  de  la  couronne  tentaculaire  (fig.  5,  b),  c'est-à-dire  qu'il 
est  morphologiquement  en  dehors  de  celle-ci;  à  cet  orifice  fait 
suite  un  canal  assez  long  dont  la  lumière  a  en  section  la  forme 
d'un  T  ou  d'un  X;  il  est  revêtu  d'un  épithéhum  très  fortement 
vibratile  sur  la  face  qui  regarde  l'extérieur.  Le  canal  descend 
jusqu'au  contact  du  cerveau  et  se  termine  en  ceecum  en  s'étalant 


STATION   BIOLOGIQUE  21 

quelque  peu;  il  n'est  pas  douteux,  comme  Fa  bien  décrit  Metal- 
nikoffpour  Sipunculus  nudus,  que  cette  terminaison  du  canal 
cérébral  est  richement  innervée-  C'est  évidemment  un  organe 
sensoriel  qui  doit  apprécier  certaines  qualités  de  l'eau;  il  est 
possible,  comme  le  pense  Ward,  qu'il  soit  homologue  aux 
«  coussins  ciliés  »  des  Phascolosoma,  dont  j'ai  décrit  ailleurs  la 
structure  et  la  riche  innervation,  mais  ce  n'est  pas  certain  : 
les  coussins  ciliés  sont  une  formation  paire  qui  reçoit  deux 
gros  nerfs  du  cerveau,  tandis  que  le  tube  cérébral  est  nettement 
impair.  En  tout  cas,  ces  deux  organes  rappellent  beaucoup  les 
organes  nucaux  des  Némertiens  et  des  Annélides  Polychètes, 
auxquels  on  s'accorde  à  attribuer  une- fonction  olfactive. 

Tube  digestif  (fig.  5).  —  Le  tube  digestif  débute  par  un  œso- 
phage compris  d'abord  entre  les  quatre  rétracteurs  de  l'intro- 
vert  et  devenant  ensuite  libre;  puis  vient  l'intestin,  de  couleur 
différente,  qui  forme  une  spire  descendante  qui  va  jusqu'à 
l'extrémité  du  corps,  puis  se  recourbe  en  une  seconde  spire 
ascendante  dont  les  tours  sont  parallèles  et  accolés  à  ceux 
de  la  première.  A  partir  du  point  où  la  spire  ascendante 
croise  l'œsophage,  l'intestin  redevient  droit  (rectum)  et  aboutit 
à  l'anus  dorsal;  au  début  du  rectum  se  trouve  un  diverticule, 
petite  poche  saillante  et  pyriforme. 

Gouttière  vibratile.  —  La  gouttière  vibratile  de  l'intestin  rap- 
pelle celle  de  Sijjunculus  nudus;  elle  débute  au  commencement 
de  la  spire  descendante,  exactement  à  la  fin  de  l'œsophage 
(fig.  5,  k),  suit  tout  l'intestin  spiral  et  se  termine,  comme  d'ordi- 
naire, dans  le  diverticule  placé  au  début  du  rectum. 

Muscle  de  la  spire  et  brides  musculaires  (fig.  5j.  —  La  double 
spire  intestinale  a  comme  axe  un  cordon  musculaire  (muscle  de 
la  spire)  qui  s'attache  à  la  paroi  du  corps  à  ses  deux  extrémités  : 
antérieurement,  au  niveau  exact  du  diverticule  intestinal,  il  se 
divise  en  trois  branches  :  une  qui  longe  le  rectum  et  va  s'insérer 
juste  au-dessus  de  l'anus;  une  deuxième  qui  s'insère  un  peu 
au-dessus  de  l'attache  du  rétracteur  dorsal  droit,  et  une  troi- 
sième, plus  courte,  qui  rejoint  le  corps  un  peu  à  gauche  de 
l'attache  du  rétracteur  dorsal  gauche.  Postérieurement,  le  mus- 
cle sort  de  la  spire  et  va  s'attacher  à  la  paroi  du  corps,  à  droite 
du  cordon  nerveux,  puis  descend  le  long  de  ce  cordon,  en  émet- 
tant de  nombreuses  brides  latérales,  pour  se  terminer  un  peu 
au-dessus  de  l'extrémité  aborale. 


22  SOCIÉTÉ   SCIENTIFIQUE  D'aRCACHON 

Outre  le  muscle  de  la  spire  et  ses  branches,  j'ai  encore  vu 
une  petite  bride,  peut-être  inconstante,  qui  s'insère  d'une  part 
sur  l'œsophage,  d'autre  part  immédiatement  à  droite  du  cordon 
nerveux,  au  niveau  de  l'attache  du  rétracteur  dorsal  droit. 

Appareil  tentaculaire.  —  Les  tentacules  de  la  couronne  péri- 
buccale  sont  creusés  de  cavités  irrégulières  dans  lesquelles 
circulent  des  globules  sanguins;  ces  cavités  communiquent 
(outes  avec  un  réseau  annulaire  qui  fait  le  tour  de  la  face  orale; 
un  diverticule  de  cet  anneau  (sinus  péricérébral)  entoure  une 
grande  partie  du  cerveau.  Dorsalement,  il  sort  du  sinus  péricé- 
rébral un  long  caecum,  le  canal  de  Poli  ou  réservoir  tentaculaire, 
qui  court  sur  la  face  dorsale  de  l'œsophage  (fig.  5,  r),  et  se 
termine  juste  au  point  où  commence  l'intestin  descendant.  Le 
canal  de  Poli  est  d'abord  rectiligne  et  lisse,  puis  se  hérisse  de 
villosités  qui  persistent  jusqu'à  sa  terminaison;  au  microscope, 
ces  villosités  montrent  une  mince  paroi  revêtue  extérieurement 
de  l'épithélium  peritoneal,  constitué  ici  par  des  cellules  à  grands 
cils  vibratiles  et  des  cellules  chloragogènes,  et  intérieurement 
par  des  cellules  vibratiles,  éparses  çà  et  là,  qui  déterminent  un 
vif  mouvement  tourbillonnant  dans  les  globules  du  canal  de  Poli. 
Ces  villosités,  qui  n'existent  pas  chez  Sipunculus  nudus,  sont 
connues  chez  beaucoup  d'autres  Sipunculiens  des  genres  Phas- 
colosoma,  Phascolion  et  Physconosoma;  le  Sipunculus  boho- 
lensis  Semper  et  quelques  autres  en  présentent  de  toutes  sem- 
blables à  celles  du  Siponcle  d'Arcachon. 

Néphridies.  —  Les  néphridies  (fig.  5)  sont  deux  longs  tubes, 
de  couleur  jaune  brun,  attachés  à  la  paroi  du  corps  par  l'extré- 
mité antérieure  seulement,  oii  se  trouvent  très  près  l'un  de 
l'autre  le  pavillon  vibratile  et  l'orifice  externe.  Le  pavillon  vibra- 
tile  a  une  grande  lèvre  dorsale,  contournée  en  cornes  de  bélier, 
dont  le  milieu  est  lisse  et  les  deux  bords  frangés.  Dans  les  injec- 
tions physiologiques,  les  néphridies  éliminent  l'indigocarmin 
injecté  dans  le  cœlome,  comme  chez  Sipunculus  nudus,  Phasco- 
losoma,  Phascolion,  Aspidosiphon,  etc. 

Vésicules  prénéphridiennes  (fig.  5,  o).  —  En  avant  des  pavil- 
lons néphridiens  on  voit  sur  les  muscles  longitudinaux  un  cer- 
tain nombre  de  tubercules  transparents,  pyriformes,  disposés 
vaguement  en  série;  au  microscope,  ils  apparaissent  comme  des 
vésicules  limitées  par  une  mince  paroi  revêtue  extérieurement 
de  cellules  péritonéales,   dont  beaucoup  portent  de  longs  cils 


STATION   BIOLOGIQUE  23 

vibratiJes;  il  n'y  a  pas  d'épithélium  interne;  ils  renferment  un 
liquide,  qui  est  sans  doute  du  plasma  transsudé,  dans  lequel 
il  y  a  en  suspension  quelques  amibocytes  migrants  et  des 
paquets  d'aiguilles  cristallines  incolores.  J'ignore  tout  à  fait 
quelle  peut  être  la  signification  de  ces  vésicules,  qui  paraissent 
exister  aussi  chez  le  Sipunculus  boholensis  Semper;  dans  la 
monographie  classique  de  Selenka,  de  Man  et  Biilow,  il  est 
signalé  pour  cette  espèce  des  <(  excroissances  en  forme  de  villo- 
sités,  de  consistance  cartilagineuse,  qui  se  trouvent  sur  la  paroi 
interne  du  corps,  dans  un  champ  de  2  à  3  centimètres  carrés, 
immédiatement  avant  l'orifice  des  néphridies.  » 

Glandes  aborales  (fig.  5,  n).  —  L'extrémité  postérieure  du 
corps  se  termine  par  un  petit  cercle  résistant  dont  je  n'ai  pas 
étudié  la  structure,  sur  lequel!  s'insèrent  les  muscles  longitudi- 
naux. Dans  ce  cercle  débouchent  quatre  glandes  tubulaires 
d'environ  5  millimètres  de  long,  de  couleur  jaune  d'or,  qui  pen- 
dent librement  dans  le  cœlome.  Ces  glandes  sont  formées  de 
grosses  cellules  bourrées  de  boules  réfringentes,  qui  ne  se  colo- 
rent pas  par  l'acide  osmique.  Je  ne  sais  pas  quel  rôle  peuvent 
jouer  ces  glandes,  qui  n'ont  jamais  été  rencontrées  jusqu'ici 
chez  les  Sipunculiens. 

Revêtement  peritoneal.  —  Le  revêtement  peritoneal  est  très 
complexe,  comme  il  est  d'habitude  chez  les  Sipunculiens;  on  y 
rencontre  trois  sortes  de  cellules  ou  d'organites  :  1°  des  cellules 
plates  à  longs  cils  vibratiles,  remarquablement  actifs  (notam- 
ment sur  le  tube  digestif,  les  villosités  du  canal  de  Poli,  les  vési- 
cules prénéphridiennes,  dans  les  canaux  hypodermiques,  etc.); 
2°  des  cellules  excrétrices,  non  vibratiles,  qui  renferment  des 
granules  jaunes  ou  incolores;  ce  sont  des  chloragogènes  typi- 
ques, qui  prennent  généralement  le  carminate  dans  les  injections 
physiologiques,  comme  les  néphrocytes  homologues  de  Sipun- 
culus nudus,  Phascolosoma,  Physconnsoma,  Aspidosiphon;  on 
trouve  ces  cellules  sur  l'œsophage  et  la  spire  ascendante  de 
l'intestin  jusqu'au  rectum,  sur  les  villosités  du  canal  de  Poli,  et 
enfin  sur  les  vésicules  prénéphridiennes;  3°  des  urnes  fixes, 
qui  se  trouvent  exclusivement  sur  la  spire  ascendante  de  l'in- 
testin, mêlées  aux  cellules  vibratiles  et  aux  chloragogènes,  et 
sur  quelques  brides  mésentériques  attenantes  à  cette  partie  de 
l'intestin-  Ces  urnes  sont  absolument  identiques  à  celles  que 
j'ai  décrites  chez  Phascolosoma  vulgare,  à  la  même  place  :  ce 


2i.  SOCIÉTÉ   SCIENTIFIQUE  D'ARCACHON 

s(jiit  des  sortes  de  bonnets,  ouverts  plus  ou  moins  largement, 
qui  dépendent  du  conjonctif  intestinal;  le  bord  libre  du  bonnet 
est  garni  d'une  grande  cellule  en  fer  à  cheval,  à  noyau  médian, 
portant  des  cils  vibratiles  très  longs  et  très  actifs,  qui  semblent 
se  rabattre  sur  l'ouverture  du  bonnet.  Ces  urnes  possèdent  la 
même  propriété  agglutinante  que  j'ai  reconnue  à  celles  de  Phas- 
colosoma  vulgar e  et  capturent  l'encre  de  Chine  injectée  dans 
le  cœlome. 

Liquide  cœlomique.  —  La  cavité  cœlomique  est  remplie  d'un 
liquide  dont  la  teinte  varie  du  blanc  au  rouge  brun  très  foncé, 
suivant  son  degré  d'oxydation;  il  renferme  en  suspension  un 
grand  nombre  d'éléments  figurés,  qui  peuvent  se  classer  en 
quatre  catégories  :  hématies,  amibocytes  variés,  vésicules  énig- 
matiques,  produits  génitaux.  Les  urnes  libres,  si  curieuses,  du 
Sipunculus  nudus  n'existent  pas  chez  cette  espèce;  elles  sont 
remplacées  fonctionnellement  par  les  urnes  fixes  de  l'intestin. 

1°  Hématies.  —  Les  hématies  sont  des  cellules  plates,  de 
contour  circulaire  ou  ovalaire,  de  12  [x  environ  de  diamètre; 
leur  corps  cellulaire,  uniformément  teinté  en  rose,  renferme  un 
noyau  et  de  petites  vacuoles  excrétrices.  Ces  hématies,  comme 
chez  tous  les  Sipunculiens,  renferment  un  albuminoïde  riche 
en  fer,  l'hémérythrine,  auquel  sont  dus  les  changements  de 
couleur  du  liquide  cœlomique  exposé  à  l'air. 

2°  Amibocytes.  —  Les  amibocytes  revêtent  des  aspects  très 
variés,  qu'il  n'est  pas  toujours  facile  de  rattacher  les  uns  aux 
autres  :  1°  il  y  a  des  formes  jeunes,  douées  à  un  haut  degré  de  la 
propriété  phagocytaire,  dont  le  cytoplasme  est  hyalin  et  sans 
enclaves;  2"  des  globules  plus  évolués,  dont  le  cytoplasme  est 
rempli  de  grains  arrondis  ou  bien  fusiformes  (grains  acido- 
phils); leur  pouvoir  phagocytaire  est  diminué  ou  même  nul; 
3°  amibocytes  non  phagocytaires,  bourrés  de  gros  grains  peu 
réfringents  (grains  neutrophiles?). 

3°  Vésicules  énigmatiques.  —  Ces  singuliers  éléments,  très 
nombreux,  sont  d'énormes  vésicules  creuses  mesurant  jusqu'à 
400  [>.  de  diamètre;  leur  mince  paroi  n'est  pas  divisée  en  cellules 
polygonales,  comme  dans  les  vésicules  de  Sipunculus  nudus; 
elle  supporte  des  noyaux  épars,  accompagnés  chacun  d'une 
petite  masse  de  cytoplasme  dense  (archoplasme?)  qui  émet  des 
filaments  rayonnants;  il  n'y  a  pas  la  moindre  séparation  entre 
les  tei'ritoires  relevant  des  différents  noyaux;  par  ce  caractère, 


STATION    BIOLOGIQUE  25 

ces  vésicules  se  rapprochent  beaucoup  de  celles  de  Phascolo- 
soma  vulgare.  A  ma  grande  surprise,  j'ai  constaté  à  plusieurs 
reprises  que  certaines  vésicules,  peu  nombreuses  du  reste, 
portaient  des  cils  vibratiles,  émis  par  les  amas  cytoplasmiques 
dont  il  a  été  question  plus  haut;  il  m'a  paru  qu'il  n'y  avait  par 
vésicule  qu'un  petit  nombre  de  bouquets  de  cils,  qui  suffisent 
cependant  pour  faire  rouler  les  vésicules  dans  le  liquide  cœlo- 
mique. 

Comme  chez  les  autres  Sipunculiens,  les  vésicules  énigma- 
tiques,  dont  l'origine  première  est  inconnue,  grandissent  dans 
le  cœlome;  les  plus  petites  ont  la  valeur  d'une  cellule,  car  elles 
ne  possèdent  qu'un  noyau  entouré  de  cytoplasme  rayonnant;  ce 
noyau  se  multiplie  par  division  directe  pendant  que  la  vésicule 
grandit,  et  on  arrive  ainsi  aux  énormes  vésicules  plurinucléées. 
J'ai  vu  bien  souvent  des  vésicules  dont  les  noyaux  présentaient 
tous  les  stades  de  la  division  directe;  le  noyau  s'étrangle  et  se 
sépare  en  deux  noyaux-fils  qui  s'écartent  l'un  de  l'autre,  em- 
portant chacun  la  moitié  de  l'archoplasme. 

Organes  génitaux.  —  La  ponte  devait  avoir  eu  lieu  en  juin- 
juillet,  car  il  y  avait  peu  ou  point  de  produits  sexuels  flottant 
dans  le  liquide  cœlomique  des  individus  recueillis  au  mois 
d'août.  La  glande  génitale  est  une  belle  frange  ondulée,  qui 
longe  l'attache  des  deux  rétracteurs  ventraux  en  passant  sous 
le  cordon  nerveux  (fig.  5,  q). 

Affinités  et  i)lace  systématique  du  Siponcle  (VArcachon.  — 
Parmi  les  Sipunculiens,  il  n'y  a  que  deux  genres,  Sipunculus  et 
Physconosoma  (i),  qui  présentent  une  musculature  longitudi- 
nale divisée  en  cordons;  les  Physconosoma  ont  une  couronne 
tentaculaire  située  tout  entière  du  côté  dorsal  par  rapport  à 
la  bouche,  une  petite  taille  et  des  papilles  sur  le  corps,  ce  qui 
ne  permet  pas  d'y  faire  rentrer  mon  espèce.  Ses  caractères 
autorisent  à  la  placer  dans  le  genre  Sipunculus,  qui  est  du 
reste  assez  hétérogène  :  la  grande  taille,  l'absence  de  papilles 
sur  le  corps,  les  canaux  hypodermiques,  le  tube  cérébral,  sont 
les  points  principaux  de  ressemblance  avec  les  espèces  de  ce 
genre. 

On  connaît  actuellement  une  vingtaine  d'espèces  de  Sipun- 

(')  J'ai  adopté  ce  nom,  proposé  par  Bather  (Echinoderma  du  Zool.  Record  pour 
1900,  p.  77),  pour  remplacer  Phymosoma  ou  Physcosonia,  noms  qui  prêtaient  à 
confusion. 


26  SOCIÉTÉ   SCIENTIFIQUE   D'aRCACHON 

cuius,  plus  ou  moins  bien  décrites,  dont  une  seule  seulement 
{S.  auslralis  Kef.)  possède  des  anneaux  de  crochets  sur  l'intro- 
vert,  beaucoup  moins  nombreux  que  chez  l'espèce  d'/Vrcachon; 
celle-ci  est  donc  nouvelle,  et  je  propose  de  l'appeler  Sipunculus 
arcassonensis,  pour  rappeler  son  origine. 

Les  affinités  du  S.  arcassonensis  sont  assez  intéressantes; 
son  anatomic  est  très  différente  de  celle  des  Siponcles  européens, 
côtiers  ou  abyssaux  :  S.  nudus  L.,  tesselaius  Rafm.,  priapu- 
loïdes  Kor.  Dan.,  norvégiens  Kor.  Dan.,  nitidus  Sluiter.  Par 
contre,  il  ressemble  singulièrement  à  des  espèces  du  Pacifique, 
les  S.  auslralis  Kef.  (Philippines,  îles  Fidji,  Australie),  et  hoho- 
lensis  Semper  (Philippines)  :  chez  la  première  espèce,  il  y  a  de 
nombreuses  rangées  de  crochets  sur  l'introvert,  de  nombreux 
tentacules,  des  rétracteurs  dorsaux  insérés  bien  au-dessus  des 
rétracteurs  ventraux  plus  larges,  un  muscle  de  la  spire  qui 
s'insère  d'une  part  près  de  l'anus  et  d'autre  part  à  l'extrémité 
postérieure  du  corps,  un  unique  canal  de  Poli;  chez  la  seconde, 
il  y  a  un  muscle  de  la  spire  dont  les  attaches  sont  disposées 
identiquement  comme  chez  areas sonensis,  des  villosités  sur  le 
canal  de  Poli  et  des  vésicules  prénéphridiennes.  Ce  sont  assuré- 
ment de  curieux  rapprochements;  mais,  comme  ils  sont  accom- 
pagnés de  quelques  dissemblances,  il  me  semble  que  ces  carac- 
tères communs  sont  plutôt  des  convergences  que  l'indice  d'une 
parenté  réelle,  bien  difficile  à  admettre  entre  des  espèces  si 
éloignées  géographiquement. 

Phascolion  strombi  Montagu. 

Le  Phascolion  strombi  est  souvent  rapporté  par  le  chalut, 
au  large  d'Arcachon,  par  30  à  60  brasses  de  fond;  il  est  logé 
dans  de  vieilles  coquilles  de  Nassa  ou  de  Chenopus  pes-pelecani 
L.,  fréquemment  recouvertes  d'une  Eponge  arrondie  et  lisse 
{Ficulina  ficus  Johnston);  le  Phascolion  est  du  reste  une  espèce 
fort  répandue,  depuis  le  Spitzberg,  le  long  des  côtes  de  Norwège, 
jusqu'au  Sund,  en  Irlande,  sur  les  côtes  anglaises,  la  Manche 
(Roscoff),  la  côte  ouest  de  France  (le  Croisic),  le  golfe  de  Gas- 
cogne (63  mètres  de  fond,  d'après  Sluiter),  la  Méditerranée, 
l'Adriatique,  etc.  On  trouvera  à  son  sujet  de  bons  renseigne- 
ments biolodques  et  anatomiques  dans  les  monographies  de 
Théel  et  de  Brumpt. 


STATION   BIOLOGIQUE  27 

Commensaux  et  parasites.  —  L'orifice  de  la  coquille  est  en 
partie  murée  avec  des  particules  terreuses,  de  façon  à  ménager 
deux  orifices,  l'un  assez  grand  pour  l'introvert  du  Phascolion, 
l'autre  tout  petit,  par  lequel  sort  un  Syllidien  commensal.  Ce 
Syllidien,  dont  le  nom  n'est  pas  encore  bien  fixé  (i),  paraît  être 
un  compagnon  fidèle  du  PhascoUon,  au  moins  sur  nos  côtes;  il 
a  été  signalé  déjà  au  Croisic  (Chevreux)  et  à  Roscoff  (Brumpt); 
je  l'ai  toujours  rencontré  dans  les  coquilles  à  Phascolion  que 
j'ai  eues  entre  les  mains. 

Les  Phascolion  d'Arcachon  hébergent  fréquemment  un  autre 
commensal,  fixé  cette  fois  sur  les  téguments;  c'est  un  Bryozoaire 
du  genre  Loxosoma,  qui  a  été  signalé  en  Norwège  (Théel),  à 
Roscoff  (Brumpt)  et  dans  le  golfe  de  Gascogne  (Sluiter);  ce 
dernier  auteur  le  désigne  comme  Loxosoma  phascolosomatum 
C.  Vogt;  mais  il  est  probable  que  c'est  une  espèce  différente, 
qui  est  encore  à  décrire. 

Nancy,  20  mai  1902. 


INDEX  BIBLIOGRAPHIQUE 

Brumpt.  —  Quelques  faits  relatifs  à  l'histoire  du  Phascolion  strombi 
(Montagu)  {Arch.  zool.  exp.,  (3),  t.  V,  1897,  p.  483). 

Chevreux.  —  Une  excursion  zoologique  en  baie  du  Croisic  {Feuille 
des  jeunes  nat.,  16^  année,  1"  mars  1886,  voir  p.  55). 

GuÉNOT.  —  Le  Phascolosome  {Zool.  descriptive  de  Boutait,  t.  I,  1900, 
p.  386.  Paris,  Doin). 
—  La  valeur  respiratoire  du   liquide  cavitaire  chez  quelques  Inver- 
tébrés {Travaux  de  la  Soc.  scietit.  et  Station  zool.  d'Arcachon, 
1900-1901,  p.  107). 

Danielssen  et  Korex.  —  Gephyrea  (  The  Norwegian  North -Atlantic 
expedition.  Christiania,  1881). 

Hatschek.  —  Ueber  Entwicklung  von  Sipunculus  nudus  {Arh.   a.  d. 
zool.  Inst.  ^Men,  Bd  V,  1884,  p.  61). 

Lo  Bianco.  —  Notizie  biologiche   riguardanti   specialmente  il    periodo 

(1)  Chevrelx  pense  que  c'est  une  variété  de  Tespèce  méditerranéenne  Stjllis  sexo- 
culaia  Ehl  ,  nom  qui  est  considéré  comme  un  synonyme  de  tî.  cornuta  Ratlike.  Il 
est  douteux  que  cette  assimilation  soit  justifiée. 


28  SOCIÉTÉ   SCIENTIFIQUE   D'ARCACHON 

di  maturita  sessuale  degli  animali  del  golfo  di  Napoli  (Mitth.  a.  d. 

zool.  St.  Neapel,  Bd  XIII,  18J9,  voir  p.  481). 
Metalnikoff.  —  Sipunculus  nudus  {Zeit.  fur  wiss.  Zool.,  Bd  LXVIII, 

1900,  p.  26 J). 
Selenka,  de  Man  et  BiiLOW.  —  Die  Sipunculiden   {Semper' s  Reisen 

im  Archipel  der  Philippinen.  Wiesbaden,  1883). 
Sluiter. —  Géphyriens  (Sipunculides   et    Echiurides)   provenant   des 

campagnes  de  V Hirondelle  et  de  la  Princesse-Alice  {Campagnes 

scientifiques  du  prince  de  Monaco,  fasc.  XV,  1900). 
TiiÉEL.  —  Recherches  sur  le  Phascolion  strombi  (Mont.)  {Kongl.  Sv.  Vct.- 

Akad.  Handlingar,  Bd  XIV,  Hft  1,  1875). 
Ward.  —  On  some  points  in  the  anatomy  and  histology  of  Sipunculus 

nudus  {Bull,  of  the  mus.  of  comp.  Zool.  at  Harvard  College, 

t.  XXI,  1891,  p.  143). 


Explication  de  la  Planche. 

Toutes  les  figures  se  rapportent  au  Sipunculus  arcassonensis  nov.  sp.) 


FiG.  1.  —  Siponcle  en  complète  extension,  vu  de  profil,  le  côté  dorsal  étant  à  droite  : 
a,  couronne  tentaculaire;  de  a  à  b,  région  de  l'uitrovert  portant  des  cercles  de 
crochets;  de  6  à  c,  tin  de  l'introvert  avec  sillons  circulaires,  mais  sans  crochets; 
d,  anus;  e,  oiifice  de  la  néphridie  gauche.  Demi-grandeur  naturelle. 

FiG.  2.  —  Figure  un  peu  schématique  de  Textreniite  céphalique,  vue  du  côté  ventral; 
la  couronne  tentaculaire  est  représentée  seulement  par  la  ligne  d'insertion  des 
tentacules  :  a,  bouche;  b,  orifice  du  tube  cérébral;  c,  grand  saillant  ventral; 
d,  sillon  radial;  e,  ceicles  de  crochets.  X  6. 

FiG.  3.  —  Un  des  rentrants  de  la  couronne  tentaculaire;  les  tentacules  qui  bordent 
le  sillon  radial  sont  écartés  à  droite  et  à  gauche,  de  façon  à  bien  découvrir  la 
largeur  du  sillon  :  a,  tentacules  qui  bordent  les  sillons  voisins  à  droite  et  à 
gauche. 

FiG.  4.  —  37"  et  38«  anneaux  de  l'introvert  sur  une  préparation  étalée  et  éclaircie  au 
baume  de  Canada:  a,  crochet  vu  de  profil;  b,  corpuscule  sensitif  avec  son 
oritice  central,  X  t20. 

FiG.  5.  —  Siponcle  ouvert  suivant  la  ligne  médio-dorsale,  l'incision  passant  un  peu 
à  gauche  de  l'anus  pour  ménager  cet  oritice;  l'introvert  est  à  demi  dévaginé, 
rinteslin  a  été  rejeté  vers  la  gauche  :  a,  région  renllée  correspondant  à  la  cou- 
ronne tentaculaire  invaginée;  b,  cerveau;  c,  cordon  nerveux  ventral;  d,  muscle 
rétracteur  dorsal;  e,  rétracteur  ventral;  f,  œsophage;  g,  spire  descendante  de 
l'intesliii;  /*,  spire  ascendante;  i,  rectum;  k,  point  précis  où  commence  la 
gouttière  vibratile  de  l'intestin  (spire  descendante);  1,  diverticiile  (fin  de  la 
goultiére);  m,  muscle  de  la  spire;  n,  glande  aborale;  o,  vésicules  prénéphri- 
diennes;  p,  pavillon  vibratile  de  la  néphridie;  q,  frange  génitale;  r,  canal  de 
Poli  (région  à  villosités).  Grandeur  naturelle. 


Srpunculus    arcassonensis    iiov.sp. 


STATION    BIOLOGIQUE  29 

II 

EXCURSIONS  ZOOLOGIQUES 

A    LA 

STATION  D'ARCACHON  ET  A  SON  ANNEXE  DE  GUÉTHARY  (Basses-Pyrénées) 
Pendant  l'année  scolaire   t90I-IQ0S. 


A.    GRtIVEL 

Maître  de  conférences  à  la  Faculté  des  Sciences  (Université  de  Bordeaux). 


L'année  dernière,  je  remerciais  ici  même  la  Société  scienti- 
fique d'Arcachon  d'avoir  bien  voulu  mettre  à  la  disposition  de 
l'Université  une  somme  de  deux  cents  francs  pour  favoriser 
le  développement  des  excursions  à  la  Station.  Cette  année,  la 
même  Société  a  bien  voulu  renouveler  son  vote  de  l'année 
dernière. 

Si  les  mauvais  exemples  sont  contagieux,  les  bons  le  sont 
aussi  quelquefois,  et  celui  de  la  Société  scientifique  d'Arcachon 
a  été  suivi  par  le  Conseil  de  l'Université.  Sur  ma  demande  et 
sur  la  proposition  de  notre  dévoué  Recteur,  M.  Bizos,  le  Con- 
seil de  l'Université  a  bien  voulu  vqter  une  somme  de  deux 
cents  francs  pour  les  excursions  scientifiques  des  Étudiants  de 
la  Faculté  des  Sciences. 

La  Société  des  Amis  de  l'Université,  pour  s'intéresser  à  nos 
eiforts  et  suivant  l'exemple  qui  lui  était  donné,  a  mis  à  notre 
disposition  une  somme  de  cinquante  francs. 

Enfin,  M.  le  Professeur  Pérez  a  aussi  partagé  aux  Étudiants 
une  certaine  somme,  et  réduit  ainsi  notablement  leur  cotisa- 
tion personnelle. 

Grâce  à  tous  ces  généreux  concours,  il  nous  a  été  possible 
d'organiser  de  très  belles   excursions,    les    unes    purement 


30  SOCIETE   SCIENTIFIQUE   D  ARCACHON 

zoologiques,  les  autres  à  la  fois  zoologiques  et  botaniques,  tout 
en  ne  demandant  à  nos  Étudiants  qu'un  léger  sacrifice  pécu- 
nier. 

C'était  là  le  but  vers  lequel  nous  tendions  depuis  un  certain 
nombre  d'années.  Qu'il  nous  soit  donc  permis,  au  nom  des 
Étudiants  de  la  Faculté  des  Sciences  et  en  notre  nom  per- 
sonnel, d'adresser  nos  plus  sincères  remerciements  à  la 
Société  scientifique  d'Arcachon,  initiatrice;  au  Conseil  de 
l'Université  de  Bordeaux  et  à  la  Société  des  Amis  de  l'Uni- 
versité, pour  le  concours  précieux  qu'il  nous  ont  fourni  cette 
année.  Nous  espérons  rencontrer  l'année  prochaine  le  même 
dévouement  à  l'œuvre  que  nous  avons  entreprise  et  dont  nos 
Étudiants  ont  pu,  à  plusieurs  reprises,  apprécier  les  heureux 
résultats. 

Le  dimanche  13  avril  avait  lieu  à  Arcachon  notre  première 
excursion  de  l'année  ;  elle  a  consisté  en  dragages  dans  le  Bassin 
le  matin  et  en  une  visite  de  l'Aquarium  et  du  Musée  après  le 
déjeuner. 

Le  dimanche  1®^  juin  nous  retournions  à  Arcachon,  où 
nous  travaillions  à  marée  basse  sur  les  crassats.  Je  n'in- 
sisterai pas  sur  ces  deux  excursions,  j'en  ai  déjà  parlé  ici. 

La  grande  excursion  de  l'année  devait  avoir  lieu  au  Labo- 
ratoire Arago,  à  Banyuls-sur-Mer,  où  M.  le  Professeur  Pruvot, 
directeur  du  Laboratoire,  et  M.  le  D'"Racovitza,  sous-directeur, 
avaient  bien  voulu  nous  promettre  l'hospitalité.  Tout  était 
prêt,  le  programme  arrêté  et  la  plupart  des  inscriptions 
reçues,  lorsqu'une  lettre  est  venue  nous  apprendre  que  la 
chaudière  du  vapeur  du  Laboratoire  le  Roland  était  percée 
et  qu'elle  ne  pouvait  pas  être  remise  en  place  avant  la  fin  de 
juin. 

Force  nous  a  donc  été  de  renoncer,  pour  cette  année,  à 
cette  excursion,  qui  promettait  d'être  fort  intéressante.  Nous 
espérons  bien  que  ce  n'est  que  partie  remise  et  que  nous 
pourrons,  l'été  prochain,  reprendre  le  programme  qui  avait 
été  élaboré  pour  cette  année. 

La  grande  excursion  a  donc  eu  lieu  à  Guéthary,  à  l'Annexe  de 
la  Société  scientifique,  que  nous  connaissions  déjà  depuis  l'an- 
née dernière,  et  où  M.  le  D^  Lalesqne,  le  sympathique  et  toujours 
dévoué  président  de  la  Société  scientifique,  et  M.  le  D'"  Sellier, 


STATION    BIOLOGIQUE  31 

le  savant  sous-directeur  de  la  Station,  sont  venus  nous  faire 
les  honneurs  du  petit  Laboratoire,  qu'il  est  question,  paraît-il, 
d'agrandir  incessamment.  C'est  là  une  excellente  idée  qui  fait 
honneur  à  la  Société  !  La  côte  est  fort  riche  à  Guéthary,  et  il 
serait  heureux  qu'un  ou  deux  travailleurs  puissent  être 
abrités  et  logés  à  l'Annexe  de  la  Station  d'Arcachon! 

Comme  l'année  dernière,  nous  avons  fait  une  marée  à 
Saint-Jean-de-Luz  et  une  autre  à  Guéthary,  et  nous  avons  pu 
recueillir  et  montrer  aux  Étudiants  une  soixantaine  d'espèces 
au  moins  de  Mollusques,  Crustacés,  Vers,  Échinodermes,  etc. 
Les  Nudibranches,  dont  nous  avions  récolté  l'année  dernière 
un  certain  nombre  d'exemplaires  très  intéressants,  ont  un  peu 
manqué  cette  année,  très  probablement  à  cause  du  mauvais 
temps  froid  qu'il  n'avait  cessé  de  faire  et  qu'il  faisait  même 
lors  de  notre  passage. 

Les  deux  derniers  jours  ont  été  passés  à  Zarauz,  petite  ville 
de  la  côte  espagnole,  à  vingt-cinq  kilomètres  de  Saint-Sébas- 
tien. Nous  avons  pu  y  faire,  le  premier  jour,  une  marée.  La 
plage,  très  large,  est  entièrement  sableuse,  et  les  espèces  de 
sable  que  nous  espérions  y  récolter  en  abondance  faisaient 
presque  absolument  défaut,  toujours  probablement  à  cause  de 
la  température,  trop  basse.  Cette  plage  est  limitée,  de  chaque 
côté,  par  de  gros  blocs  de  rochers  où  nous  avons  recueilli  quel- 
ques espèces  intéressantes  que  nous  n'avions  pas  rencontrées 
jusqu'ici,  comme  Pollicipes  cornucopia,  par  exemple. 

Le  quatrième  et  dernier  jour  a  été  entièrement  consacré,  la 
matinée  à  une  excursion  botanique  le  long  de  cette  magnifique 
corniche  qui  conduit  de  Zarauz  à  Guétaria,  et  l'après-midi  au 
retour  par  Saint- Sébastien. 

Bien  que  nous  ayons  pu,  pendant  les  trois  marées,  faire 
une  abondante  récolte,  beaucoup  d'espèces  plus  délicates  et 
que  nous  avions  rencontrées  l'année  dernière,  n'ont  pas  été 
trouvées  cette  fois.  Cela  tient  à  ce  que,  pendant  les  journées 
des  7,  8,  9  et  40  mai,  la  température  s'est  tenue  très  basse 
et  qu'elle  ne  s'était  encore  pas  élevée  suffisamment  de  toute 
l'année. 

J'insisterai  particulièrement  ici  sur  les  détails  de  la  der- 
nière excursion,  faite  les  23  et  24  juin,  à  bord  de  l'un 
des   meilleurs   vapeurs  de  la  Compagnie  des  «  Pêcheries  de 


32  SOCIÉTÉ   SCIENTIFIQUE  d'aRCACHON 

l'Océan  i>,  le  Courlis,  et  je  voudrais  montrer  quel  précieux 
avantage  il  y  a  pour  la  Station  zoologique  d'Arcachon  de 
pouvoir  embarquer  gratuitement  ses  travailleurs  à  bord  des 
bateaux  de  pêche  grâce  à  la  bienveillance  de  la  «  Société  des 
Pêcheries».  Le  nombre  des  espèces  de  poissons,  crustacés, 
mollusques,  cœlentérés,  etc.,  ramenées  par  les  engins  de 
pêche  est  parfois  considérable,  et  comme  beaucoup  sont  en 
excellent  état  en  arrivant  à  bord,  le  parti  qu'on  en  peut  tirer 
pour  les  recherches  scientifiques  est  évidemment  excellent. 

Le  lundi  matin  23  juin  nous  embarquons  donc,  au  nombre 
de  huit,  sur  le  Courlis.  Avec  nous,  suit  tout  un  cortège  de 
literie,  couvertures,  provisions,  engins,  flacons,  réactifs,  etc. 

Partis  du  débarcadère  vers  les  six  heures  et  demie,  nous 
atteignons  les  passes  une  heure  après,  et  à  huit  heures  nous 
prenons  la  pleine  mer,  nous  dirigeant  d'abord  vers  le  large, 
puis  vers  le  sud  en  suivant  la  côte,  parallèlement,  à  une  dizaine 
ou  douze  milles  au  large  par  trente  à  trente-cinq  brasses, 
soit  environ  50  à  60  mètres  de  fond. 

La  nature  sableuse  du  fond  étant  reconnue  par  un  sondage 
préalable,  l'engin,  qui  est  cette  fois  le  panneau,  est  mis  à  la 
mer,  et  le  bateau,  sous  petite  vitesse,  s'avance  vers  le  sud. 

A  peine  en  mer,  nous  apercevons  quelques  marsouins  qui 
viennent  nous  escorter  en  jouant  autour  du  navire,  et  nous 
regrettons  que  la  vitesse  nous  empêche  d'en  harponner  un 
au  passage.  A  peine  disparus,  on  signale  à  quelques  mètres 
de  nous  une  sorte  de  grand  aileron  vertical  qui  se  balance  et 
file  lentement  vers  le  large:  c'est  un  môle  (Orthagoriscus 
mola)  qui  passe  près  du  bateau  et  dont  la  haute  nageoire 
dorsale  apparaît  seule  hors  de  l'eau.  Les  marins  nous  disent 
qu'ils  n'en  voient  que  rarement  dans  le  golfe. 

L'engin  avec  lequel  nous  péchons,  le  panneau,  diffère  du 
chalut  en  ce  que  les  deux  extrémités  du  filet,  distantes  d'envi- 
ron 25  mètres,  portent  chacune  un  large  panneau  de  bois  qui, 
par  la  vitesse  du  bateau,  tend  à  s'écarter  de  plus  en  plus 
du  centre,  et  par  conséquent  tient  la  corde  inférieure  ou 
bourrelet  constamment  tendue.  On  a  ajouté  à  celui-ci  une 
chaîne  qui,  raclant  le  fond  en  avant  de  l'ouverture  du  filet, 
soulève  les  poissons  plats  et  les  divers  animaux  fixés  au  fond. 
Une  fois  soulevés,  ils  sont  pris  dans  le  fdet,  qui  rapidement 


EXCURSION   ZOOLOGIQUE   DU   28  JUIN 


Le   "Courlis"    pendcAnL    la    traîne   clvi   "panneau 


i 


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EXCURSION  ZOOLOGIQUE   DU   aS  JUIN 


RésTJ-ltat     d'un     coup     de     "  pan  nea 


STATION    BIOLOGIQUE  33 

leur  arrive  dessus.  Dans  le  chalut,  au  contraire,  c'est  une 
longue  barre  qui  maintient  béante  l'ouverture  du  filet. 

Cette  disposition  des  engins  a  son  importance  au  point  de 
vue  des  recherches  scientifiques.  Avec  le  chalut,  le  fond  est 
plus  fortement  raclé;  on  peut,  par  conséquent,  décrocher  un 
plus  grand  nombre  d'animaux  fixés  au  fond,  mais  ils  arrivent 
souvent  en  mauvais  état  à  la  surface.  Avec  le  panneau,  le 
nombre  des  animaux  récoltés  est  peut-être  un  peu  moins 
grand  et  ceux  qui  sont  énergiquement  fixés  au  fond  ne  sont 
que  difficilement  entraînés,  mais  ils  arrivent  dans  de  bien 
meilleures  conditions,  la  plupart  même,  poissons  ou  autres, 
parfaitement  vivants. 

Chacun  des  engins  présente  donc,  au  point  de  vue  qui  nous 
intéresse,  à  la  fois  des  avantages  et  des  inconvénients. 

Mais  il  y  a  cinq  heures  que  l'appareil  traîne  sur  le  fond  à 
une  vitesse  de  4  à  5  nœuds,  et  on  se  dispose  à  le  relever  pour 
la  première  fois. 

Celui  qui  n'a  jamais  assisté  à  une  de  ces  grandes  pêches  ne 
peut  pas  se  faire  une  idée  exacte  de  l'aspect  présenté  par  le 
pont  du  navire,  quand,  le  fond  du  filet  étant  ouvert  brusque- 
ment, la  masse  énorme  d'animaux  qu'il  contient  se  répand 
ainsi,  de  tous  côtés,  dans  un  frétillement  intense.  La  photogra- 
phie ci-jointe  n'en  peut  donner  qu'une  faible  idée  !  Il  y  en  a 
chaque  fois  en  moyenne  de  350  à  500  kilos  environ.  C'est  un 
spectacle  curieux,  autant  par  la  quantité  que  par  la  variété 
des  formes  qui  se  trémoussent  à  vos  pieds,  et  qui  ne  laisse 
pas  que  d'étonner  et  d'enthousiasmer  ceux  des  nôtres  qui  y 
assistent  pour  la  première  fois  ! 

D'un  coup  d'œil  l'équipage  se  rend  compte  de  la  valeur 
commerciale  de  son  coup  de  filet,  car  il  y  est  intéressé  à 
plusieurs  points  de  vue! 

Les  poissons  plats,  surtout  les  soles,  sont  particulièrement, 
recherchés.  Il  y  en  a  de  plusieurs  espèces  (Solea  vulgaris, 
S.  melanochira  et  S.  lascaris),  puis  d'autres  moins  appré- 
ciées, que,  dans  leur  langage  pittoresque,  les  marins  ont 
baptisé  du  nom  curieux  de  «  langue  d'avocat  »  (S.  cuneata); 
puis  les  «mères  des  soles»,  ainsi  nommées  probablement 
parce  qu'elles  sont  en  général  plus  grandes  que  les  soles  vraies 
f Pleur 07iectes  megastoma). 

SOCIÉTÉ  d'Arcachon.  3 


34  SOCIÉTÉ   SCIENTIFIQUE  D'aRCACHON 

Cette  espèce  est  bien  moins  délicate  et,  par  conséquent, 
moins  recherchée  par  les  pêcheurs,  mais  plus  d'une  per- 
sonne en  a  acheté  et  mangé  sous  le  nom  de  sole  ! 

Quelques  turbots  (Rhombus  maximus)  et  des  barbues 
(R.  lœuis)  qui  se  trouvent  disséminés  au  milieu  du  tas  sont 
rapidement  saisis  par  les  crochets  et  placés  dans  des  mannes 
spéciales.  Ce  sont  encore  là  de  bonnes  prises  ! 

L'effort  de  la  pêche  est  dirigé,  en  ce  moment,  contre  ce 
petit  poisson,  d'un  goût  fin  et  délicat,  très  apprécié,  et  par  con- 
séquent de  valeur  commerciale  élevée,  qu'on  appelle  le  rouget 
(Mullus  barbatus). 

Dans  ce  coup  de  filet  il  y  en  a  peu,  mais  le  nombre  relati- 
vement élevé  des  soles  compense  le  manque  de  rougets.  Quel- 
ques raies  de  belle  taille  glissent  sur  le  tas  de  poissons;  ce 
sont  surtout  :  la  raie  bouclée  (Raia  clavataj  et  la  raie  à  long 
nez  (R.  macrorhynchus) .  La  raie  ordinaire  (R.  bâtis)  fait  pour 
ainsi  dire  défaut.  La  seconde  espèce  est  énorme,  mais  d'une 
vente  assez  difficile.  On  ne  s'embarrasse  pas  de  l'animal  entier  : 
on  coupe  simplement  les  deux  côtés,  et  la  partie  centrale  est 
rejetée  à  la  mer. 

La  plus  grande  quantité  de  poisson  est  représentée  par  des 
vives  (Trachinus  draco  et  T.  viper  a)  dont  les  marins  ont  une 
sainte  peur.  L'un  des  nôtres  a  été  piqué  par  un  de  ces  animaux 
et  a  ressenti  pendant  plusieurs  heures  une  vive  douleur.  Les 
merlans  sont  aussi  largement  représentés  (Merlangus  vulgaris 
et  M.  pollachius). 

On  choisit  les  plus  beaux,  car  tout  ce  poisson  ne  donne  pas 
à  la  vente  un  rendement  bien  merveilleux. 

Par-ci  par-là  on  aperçoit  quelques  daurades  fChrysophry- 
surata),  des  grisets  (Cantharus  griseus)  et  un  poisson  voisin, 
très  curieux  de  forme,  avec  deux  taches  noires  sur  les  côtés, 
en  arrière  des  ouïes,  que  les  marins  désignent  sous  le  nom  de 
roses  (Zeus  faber).  Il  court  une  naïve  légende  à  propos  de  ces 
deux  taches  noires  ! 

Quelques  grondins,  peu  nombreux,  se  trouvent  mélangés 
aux  autres  poissons.  Plusieurs  espèces  sont  représentées  {Tri- 
gla  Fini  ou  Rouget  commun,  qu'il  ne  faut  pas  confondre  avec 
le  rouget  dont  nous  avons  parlé  plus  haut,  T.  gurnardus  et 
T.  lyra).  Des  merlus  (Merlucius  vulgaris),  petits  et  rares,  com- 


STATION    BIOLOGIQUE  35 

plètent  la  liste  des  espèces  comestibles,  et  qui  auront  l'hon- 
neur de  rester  à  bord,  tout  au  moins  en  ce  qui  concerne  les 
plus  beaux  échantillons.  On  y  ajoute  cependant  certaines  par- 
ties d'une  grande  roussette  {Scyllium  canicula)  qui  a  été 
capturée,  et  d'une  baudroie  (Lophins  piscatorius),  dont  il 
existe  un  exemplaire,  énorme  et  hideux,  et  quelques  autres 
petits,  tout  petits,  qui  ne  tardent  pas  à  mourir. 

Tout  le  reste  devient  notre  propriété,  et  chacun  cherche  ce 
qui  l'intéresse  dans  cet  amas  gluant  d'animaux  de  toutes  sortes. 
Le  marin  de  la  Station  commence  par  mettre  de  côté,  dans  des 
bailles  remplies  d'eau  fraîche,  les  torpilles  (Torpedo  marmo- 
rata),  petites  ou  grosses,  que  nous  rencontrons  en  assez  grande 
quantité.  On  a  dénommé  ce  poisson  le  «  tremble  »  à  cause 
des  secousses  électriques  qu'il  donne  lorsqu'on  le  touche  en 
certaines  régions  du  corps.  II  y  a  également  quelques  petites 
roussettes  mortes  (Scyllium  catulus),  une  émissole  (Mustelus 
vulgaris)  et  une  tère  (Trygon  vulgaris). 

Tel  est,  à  peu  près,  le  bilan  de  notre  premier  coup  de  filet 
en  ce  qui  concerne  seulement  les  Poissons. 

Les  Invertébrés  ramenés  du  fond  sont  aussi  assez  nombreux, 
et  les  groupes  les  mieux  représentés  sont:  les  Mollusques,  les 
Échinodermes,  les  Crustacés  et  les  Cœlentérés. 

Parmi  les  Mollusques,  les  Céphalopodes  sont  en  plus  grand 
nombre,  et  nous  avons  pu  recueillir  des  poulpes  (Octopus 
vulgaris)  de  taille  vraiment  respectable.  Quelques  seiches 
(Sepia  officinalis)  et  de  très  nombreux  calmars  (Loligo  vul- 
garis). Noire  étonnement  a  été  grand  quand  nous  avons  vu 
recueillir  tous  les  calmars  dans  une  manne,  comme  pour  le 
meilleur  poisson.  Il  paraît  que  tous  ces  animaux  sont  expédiés 
sur  le  littoral  méditerranéen,  où  ils  servent  à  la  consommation; 
leur  valeur  commerciale  est  relativement  élevée  !  Beaucoup 
d'autres  mollusques  :  Cardium  aculeatum  et  tuberculatum, 
Pectunculus  pilosus  et  P.  glycimeris,  de  nombreux  Sca- 
phander lignarius,  des  Cassis  saburon  et  surtout  Buccinum 
undatum. 

Quelques  turritelles  (Turritella  cornea)  et  une  coquille  toute 
biscornue  (Chenopus  pespelicani),  le  plus  souvent  habitée  par 
un  géphyrien. 

Quelques    anomies    (Anomia   ephippium)    se    rencontrent 


36  SOCIÉTÉ   SCIENTIFIQUE   D'aRCACHON 

accolées  à  certaines  coquilles,  ainsi  que  de  grands  pectens 
(Pecten  maximus),  que  les  marins  ont  bien  soin  de  mettre  de 
côté  pour  les  trouver  au  bon  moment! 

De  nombreuses  avicules  (Avicula  tarentina)  de  toutes  dimen- 
sions sont  fixées  sur  des  touffes  d'Hydraires  ou  des  branches 
de  Gorgones,  et  l'engin  rapporte  parfois  des  coquilles  vides  de 
jambonneaux  (Pinna  nobilis)  de  plusieurs  variétés. 

Ce  sont  là  les  espèces  courantes  que  l'on  est  sûr,  ou  à  peu 
près,  de  ramener  à  chaque  coup  de  filet,  mais  bien  d'autres 
sont  capturées  accidentellement.  C'est  ainsi  qu'une  Tethys 
fimbriata  fut  prise  dans  une  précédente  excursion,  et  combien 
d'autres! 

Parmi  les  Crustacés  on  trouve  de  nombreuses  araignées  de 
mer  (Maïa  squinado)^  quelques  iourtecmx(Platycarcinus  pagu- 
rus).  Presque  toutes  les  coquilles  vides  sont  habitées  par  des 
Bernards  l'Hermite  (Pagurus  hernardus  et  P.  oculatusj.  Quel- 
ques autres  espèces  sont  également  représentées,  en  nombre 
variable  :  Pisa  tetraodon,  Palinurus  vulgaris  (Langoustes), 
rares  et  Scalpellum  vulgare  sur  des  touffes  d'Hydraires  ou  sur 
des  Gorgones,  etc. 

Les  Echinodermes  les  plus  communs  sont  :  Aster acanthion 
ruhens,  Astropecten  aurantiacus  et  Ophiotryx  fragilis,  en 
grande  quantité. 

Quelquefois,  mais  rarement,  l'engin  ramène  de  superbes 
exemplaires,  malheureusement  vides  pour  la  plupart,  à! Echinus 
acutus. 

Plus  communs  sont  les  Spatangus  (Spatangus  purpureusj. 
Quelques  Synaptes  sont  aussi  ramenées  parfois,  ainsi  qu'une 
magnifique  liolothurie  (Stichopus  r eg alis),  beaucoup  plus  rare 
ici  que  dans  la  Méditerranée. 

Les  Coelentérés  récoltés  sont  extrêmement  intéressants  pour 
ceux  qui  les  voient  pour  la  première  fois.  Les  Pennatules 
(Pennalula  rubra),  les  Vérétilles  (Veretillum  cynomorium) 
très  rarement  V.  pusillum,  et  les  Alcyons  (Alcyonum  digi- 
tatum)  ne  sont  pas  rares,  et,  mis  aussitôt  dans  l'eau  fraîche,  ne 
tardent  pas  à  s'épanouir  merveilleusement. 

Plusieurs  actinies  fixées  sur  les  coquilles  se  rencontrent 
également  à  chaque  coup  de  filet  :  Adamsia palliata,  Sagartia 
parasitica  et  Actinia  mesembryantemum  de  toutes  variétés. 


STATION    BIOLOGIQUE  37 

Puis  des  Hydraires,  des  Éponges,  des  Bryozoaires  divers,  etc. 

Par  la  nomenclature,  évidemment  très  incomplète,  des 
espèces  que  l'on  a  toutes  chances  de  ramener  en  plus  ou 
moins  grande  abondance,  à  chaque  coup  de  lilet,  on  peut  se 
rendre  compte  de  la  merveilleuse  leçon  de  choses  que  peu- 
vent retirer  de  ces  excursions  les  Étudiants  de  notre  Faculté. 
Le  cadre  particulier  auquel  ils  ne  sont  pas  habitués,  la  quan- 
tité considérable  d'espèces  qu'ils  connaissent  pour  la  plupart 
de  nom,  leur  frappent  l'imagination  plus  vivement,  de  sorte 
qu'ils  retiennent  mieux,  en  même  temps  que  les  détails  de 
leur  excursion,  les  types  qu'on  leur  a  montrés  et  pour  beau- 
coup desquels  un  mot  a  été  dit  signalant  une  particularité 
biologique  ou  anatomique. 

Une  fois  le  triage  terminé,  le  sabord  est  ouvert,  et  tout  ce 
qu'on  a  abandonné  jeté  impitoyablement  à  la  mer  pour  servir 
de  pâture  à  d'autres  animaux  qui,  bientôt  peut-être,  viendront 
faire  un  tour  sur  le  pont! 

Les  squales  ne  tardent  pas  à  s'apercevoir  de  l'aubaine,  et  de 
loin  nous  les  voyons  arriver,  s'approcher  du  bateau  et  se  livrer 
à  une  chasse  vertigineuse  pour  engloutir  le  plus  de  poissons 
morts  qu'ils  peuvent.  Ce  sont  des  peaux-bleues  (Carcharias 
glaucusj  qui  se  chargent  ainsi  du  nettoyage.  Ils  ont  de  quoi 
faire,  du  reste,  car,  et  c'est  là  le  seul  moment  attristant  de 
l'excursion,  on  rejette  à  la  mer  certainement  plus  de  poissons 
qu'on  en  garde  à  bord.  Ce  sont  surtout  les  merlans,  les  vives, 
les  petits  grondins,  etc.,  et  l'on  songe  alors  avec  tristesse  à  la 
quantité  de  malheureux  qui  ne  mourraient  pas  de  faim  avec 
une  petite  partie  de  tout  ce  qui  va  disparaître  dans  l'immen- 
sité des  eaux  ! 

A  peu  de  choses  près  les  coups  de  filet  se  ressemblent 
tous.  Chaque  fois  les  quantités  de  poissons  s'ajoutent  dans 
l'entrepont,  et  chaque  fois  nous  augmentons  nos  réserves  de 
quelque  échantillon  nouveau  ! 

Je  ne  veux  pas  terminer  cette  note  sans  dire  tout  le  plaisir 
que  j'éprouve,  et  qu'éprouvent  tous  ceux  qui  y  sont  déjà  venus, 
à  retourner  au  milieu  de  l'équipage  du  Courlis.  Ce  sont  de 
braves  gens,  toujours  prêts  à  nous  être  agréables,  et  qui  se 
font  une  joie  de  nous  recevoir  à  leur  bord.  Qu'ils  accceptent 


38  SOCIETE    SCIENTIFIQUE   D  ARCACHON 

tous,  et  particulièrement  le  capitaine,  le  chef  et  le  second,  nos 
bien  sincères  remerciements! 

Comme  tous  les  ans,  le  dévoué  Président  de  la  Société  scien- 
tifique a  fait  tout  et  plus  pour  nous  être  agréables;  nous  le 
remercierons  en  lui  demandant  longtemps  l'hospitalité  à  la 
Station,  et  quand  je  dis  hospitalité,  je  n'exagère  rien,  puisque 
nous  avons  pu,  grâce  aux  nouvelles  constructions,  coucher 
tous  dans  les  chambres  annexes  des  Laboratoires  avant  de 
nous  embarquer! 


STATION    J{IOLO<tIQUE  39 

111 

ÉTUDES 

SUR   LA 

FIME  DIAÏOMIQUE  DU  BASSIN  D'ARGACHON 

ET  DES  PARAGES  DE  L'ATLANTIQUE  VOISINS  DE  CETTE  STATION 

PAR 

P.  BERGON 


Dans  ces  dernières  années,  plusieurs  savants  allemands,  au 
piemier  rang  desquels  il  faut  citer  Karsten,  Klebahn,  Lauter- 
born,  Otto  Mûller  et  Schùtt,  plus  récemment  encore  les  savants 
l'usses  Mereschkowsky  et  Mitrophanow,  se  sont  consacrés  à 
l'élude  du  contenu  vivant  de  la  cellule,  ainsi  que  de  la  structure 
intime  de  la  carapace  siliceuse  chez  les  Diatomées,  et  ont  fait 
en  ces  matières  les  plus  intéressantes  découvertes.  J'aurai  sou- 
vent, au  cours  de  ce  travail,  l'occasion  de  les  citer  et  de  confir- 
mer leurs  observations  et  leurs  théories. 

Il  est  certain  que  cette  orientation  nouvelle  donnée  à  la  Dia- 
tomologie  conduira  aux  plus  féconds  résultats,  et  il  est  à  sou- 
haiter que  les  recherches  en  ce  sens  se  multiplient  et  se  géné- 
ralisent. Ce  n'est  que  lorsqu'on  possédera  la  connaissance 
approfondie  des  plus  subtils  détails  de  la  membrane  siliceuse 
et  des  différents  éléments  constitutifs  de  la  cellule  vivante,  ainsi 
que  des  lois  qui  régissent  ces  éléments  et  des  rapports  qui  exis- 
tent entre  eux,  que  l'on  pourra  en  déduire  des  formules  géné- 
rales, qui  serviront  de  base  à  une  classification  plus  naturelle 
des  nombreux  genres  et  espèces  dont  se  compose  l'importante 
famille  des  Diatomées. 

Je  publierai,  en  une  série  d'études  qui  paraîtront  sucees- 
sivement  dans  le  Bulletin  de  la  Société  scientifique  d'Arcachon, 


40  SOCIÉTÉ   SCIENTIFIQUE    D'ARCACHON 

le  résultat  des  recherches  diatomiques  que  j'ai  entreprises  dans 
cette  Station  depuis  le  mois  de  mai  1901. 

Les  documents  que  j'ai  pu  rassembler,  tout  en  apportant 
quelques  faits  nouveaux  pour  la  connaissance  des  différents 
phénomènes  qui  se  manifestent  chez  ces  organismes,  sont  bien 
incomplets.  J'espère  être  à  même  de  les  compléter  par  la  suite, 
heureux  si  j'ai  contribué,  pour  une  très  faible  part,  à  élucider 
quelques-uns  des  passionnants  problèmes  ayant  trait  à  la  bio- 
logie et  à  la  morphologie  des  Diatomées. 

Je  décrirai  d'abord  les  particularités  observées  par  moi  chez 
les  espèces  qui  vivent  dans  le  bassin  d'Arcachon,  réservant 
pour  plus  tard  les  considérations  générales  sur  leur  dispersion 
et  sur  les  lois  qui  régissent  leur  apparition  et  leur  disparition 
dans  cette  localité-  On  com,prend  que  ces  lois  ne  puissent  être 
saisies  au  cours  d'une  seule  année  d'observations,  et  que  de 
nombreuses  études  comparatives,  faites  au  moins  durant  deux 
années  complètes,  soient  nécessaires  pour  les  formuler. 

C'est  pourquoi  je  n'ai  pas  indiqué,  dans  cette  première  partie 
de  mon  ttravail,  pour  chaque  espèce  étudiée,  les  époques  où  on 
la  rencontre  dans  les  pêches  pélagiques.  Je  compte  donner, 
dans  la  dernière  partie,  une  liste  des  Diatomées  vivant  dans  le 
bassin  ou  dans  les  parages  de  l'Atlantique  voisins  de  cette 
station,  suivie  d'un  tableau  des  dates  d'apparition  et  de  dis- 
parition de  toutes  les  espèces. 

Je  veux  maintenant,  avant  d'aborder  le  sujet  de  ces  études, 
exprimer  mes  remerciements  le  plus  profondément  sincères 
au  Président  de  la  Société  scientifique  d'Arcachon  et  au  Direc- 
teur des  Laboratoires  pour  la  si  précieuse  hospitalité  qu'ils 
m'ont  accordée  dans  cette  Station,  où  j'ai  toujours  trouvé  une 
obligeance  et  un  empressement  absolus,  qui  m'ont  facihté  mes 
recherches  et  permis  d'entreprendre  cet  ouvrage  de  longue 
haleine.  Je  leur  suis  vivement  reconnaissant  du  si  bienveillant 
accueil  qu'ils  ont  bien  voulu  lui  réserver  dans  le  présent  Bulletin. 


STATION    lUO LOGIQUE  41 


LES   DIATOMÉES   DE   FOND   ET   LES   DIATOMÉES   PÉLAGIQUES 

La  très  nombreuse  famille  des  Diatomées  se  divise  en  deux 
grandes  classes,  que  séparent  d'importantes  différences  biolo- 
giques et  morphologiques  :  les  Diatomées  de  fond,  qui  habitent 
le  fond  des  eaux  douces,  marines  ou  saumâtres,  et  les  Diato- 
mées pélagiques,  qui  végètent,  sinon  à  toutes  les  époques  de 
l'année,  du  moins  pendant  certaines  périodes  variant  sui- 
vant les  espèces,  dans  les  eaux  de  surface  des  lacs  et  des  mers, 
et  dans  l'es  couches  intermédiaires,  où  elles  sont  continuellement 
véhiculées  par  les  courants  et  ballottées  par  l'agitation  de  la 
masse  liquide. 

Dans  la  mer,  où  l'on  rencontre  de  très  grandes  profondeurs, 
les  Diatomées  de  fond  n'existent  que  près  des  côtes,  et  elles  s'ar- 
rêtent à  la  limite  de  la  zone  de  végétation  des  plantes  marines  en 
général,  c'est-à-dire  à  quelques  centiaines  de  mètres.  Les  Dia- 
tomées pélagiques,  au  contraire,  sont  répandues  sur  toute 
l'étendue  de  l'Océan,  à  la  surface  duquel  elles  forment  comme 
une  immense  prairie,  devenant  moins  dense  dans  les  couches 
plus  profondes,  pour  cesser  également  d'exister  à  quelques 
cent  mètres  de  la  surface. 

J'ai  dit  plus  haut  que  les  Diatomées  pélagiques  n'habitaient 
les  couches  supérieures  des  eaux  que  pendant  des  périodes 
déterminées.  En  effet,  on  a  déjà  reconnu  chez  plusieurs  espè- 
ces cette  particularité  qu'à  certaines  époques,  qui  coïncident 
pour  elles  avec  un  état  de  repos,  elles  se  laissent  tomber  au 
fond  des  eaux,  où  elles  séjournent  assez  longtemps,  pour 
remonter  ensuite  à  la  surface  et  y  recommencer  une  nouvelle 
ère  de  végétation  active.  Ainsi  qu'on  le  verra  plus  loin,  j'ai  pu, 
chez  une  autre  espèce  encore,  observer  le  même  fait.  Il  est  très 
probable  que  des  recherches  ultérieures  amèneront  la  consta- 
tation de  ces  états  de  repos  chez  beaucoup  d'espèces  pélagiques, 
car  la  plupart  présentent  ces  phénomènes  d'apparition  et  de  dis- 
parition successives  et  périodiques  à  la  surface  de  la  mer. 

Il  résulte  de  ce  qui  précède  que  ce  groupe  de  Diatomées 
possède  la  faculté  de  s'élever  et  de  descendre  à  différents 
niveaux,  de  façon  à  gagner  les  couches  liquides  les  plus  favo- 


42  SOCIÉTÉ    SCIENTIFIQUE    d'aRCACHON 

lables  à  leur  mode  de  végélation.  Lorsqu'elles  sont  en  végéta- 
Uon  active,  il  est  important  pour  elles  qu'elles  se  maintiennent 
dans  les  couches  d'eau  supérieures  traversées  par  la  lumière 
et  imprégnées  d'acide  carbonique  et  d'oxygène,  car  c'est  tout 
particulièrement  de  l'acide  carbonique  que,  sous  l'influence  des 
rayons  solaires,  elles  tirent  leur  substance  organique.  Aussi  la 
constitution  extérieure  et  intérieure  des  cellules  de  ces  Diato- 
mées, destinées  à  vivre  dans  d'autres  conditions  que  les  Diato- 
mées de  fond,  est-elle  en  rapport  avec  ces  conditions  d'existence. 
Schiitt  a  excellemment  montré  (III,  p.  13  et  suiv.)  comment  un 
principe  fondamental  présidait  à  l'ordonnance  des  détails  de 
structure  de  leurs  frustules,  ainsi  qui'au  mode  d'accolement 
des  frustules  entre  eux  :  l'augmentation,  par  tous  les  moyens 
possi,bles,  de  leur  faculté  de  planer  dans  les  couches  d'eau 
supérieures  et,  par  suite,  l'accumulation  de  tous  les  obstacles 
capables  d'empêcher  leur  chute  dans  les  couches  profondes. 
C'est  pourquoi  l'on  rencontre  chez  ces  espèces  des  dispositions 
si  mei*veilleusemeiit  aptes  à  amener  ce  résultat,  telles  que  la 
multiplication  des  appareils  de  suspension  sous  la  forme  d'ailes 
ou  d'appendices  longuement  cornus,  filamenteux  ou  épineux, 
de  pointes,  de  dards  ou  d'aiguilles  de  toute  sorte,  ou  telles  que 
l'accolement  des  cellules  en  chaînes  courbes  ou  spiralées,  de 
façon  à  obtenir  le  plus  de  résistance  possijale  à  la  descente 
dans  les  profondeurs.  Schûtt  a  exposé  à  ce  sujet,  dans  l'ouvrage 
cité  plus  haut,  les  plus  justes  et  les  plus  ingénieuses  considéra- 
tions, dont  je  viens  de  résumer  brièvement  une  partie,  et  a  fait 
remarquablement  ressortir,  dans  ce  même  ouvrage,  ainsi  que 
dans  un  autre  plus  récent  (III,  p.  6  à  26,  et  I,  p.  86  à  90),  les 
différences  qui  séparent  les  Diatomées  de  fond  des  Diatomées 
pélagiques.  C'est  à  ces  deux  ouvrages  que,  pour  plus  de  détails, 
je  renvoie  le  lecteur. 

Je  m'occuperai  d'abo'rd,  au  cours  des  études  successives  que 
je  me  propose  de  publier,  des  Diatomées  pélagiques,  leurs  con- 
ditions d'existence  et  leur  mode  de  végétation  et  de  reproduc- 
tion, ainsi  que  leurs  particulai'ités  morphologiques,  étant  jus- 
qu'ici très  peu  connues,  et  la  situation  absolument  spéciale 
du  Laboratoire  de  la  Société  scientifique  d'Arcachon  m'ayant 
permis  de  faire  sur  ce  si  intéressant  sujet  de  nombreuses  obser- 
vations, continuées  pendant  près  de  deux  années. 


STATION    BIOLOGIQUE  43 


RÉCOLTE  ET  CONDITIONS  d'ÉTUDE  DES  DIATOMÉES  PÉLAGIQUES. 

C'est  un  fait  reconnu  depuis  longtemps  que  la  carapace  des 
Diatomées  pélagiques  est  très  peu  siliceuse,  et  l'on  sait  combien 
leur  consenation  est  difficile,  sinon  impossible,  les  frustules 
se  déformant  {presque  toujours  par  la  dessiccation.  Le  peu  de 
résistance  de  ces  Diatomées  aux  agents  extérieurs  est  la  cause 
que  peu  de  documents  existent  sur  les  phénomènes  de  dédupli- 
cation et  de  sporulation  chez  ces  espèces.  Schùtt  a  décrit  quel- 
ques-uns de  ces  processus  chez  certains  Chœtoceros  et  Rhizozo- 
lenia,  chez  le  Skeletonema  costatum  Greville,  etc.  (voir  IV,  V 
et  VI). 

J'ai  pu  également  suivre,  chez  plusieurs  formes  pélagiques 
vivant  dans  le  bassin  d'Arcachon,  une  partie  des  phénomènes 
de  la  division  de  la  cellule.  Avant  de  les  décrire,  il  est  néces- 
saire que  je  dise  quels  procédés  de  récolte  et  quelles  conditions 
d'étude  m'ont  paru  le  plus  favorables  pour  faire  de  telles  obser- 
vations. 

Les  Diatomées  pélagi(}ues  pêchées  au  filet  de  soie  meurent 
très  vite,  et,  en  très  peu  de  temps,  une  récolte  faite  ainsi  n'a 
plus  de  valeur,  le  plasma  interne  étant  contracté  en  boule.  Le 
transport  sur  la  lamelle  porte-objet  les  endommage  bien  plus 
vite  encore,  et  l'on  ne  peut  observer  fructueusement  les  frus- 
tules vivants  que  pendant  un  temps  très  court,  quelques  minu- 
tes seulement.  On  s'en  rend  facilement  compte  d'ailleurs  en 
constatant  que  les  Diatomées,  bien  que  tout  nouvellement  récol- 
tées, se  déposent  presque  aussitôt  dans  le  fond  du  vase  qui  les 
contient,  et  le  fait  même  qu'on  doit,  pour  les  observer,  les 
recueillir  avec  la  pipette  au  fond  du  récipient,  —  car  une  goutte 
d'eau  prise  dans  les  régions  supérieures  en  contiendrait  trop 
peu,  —  a  pour  conséquence  qu'on  n'étudie  alors  que  des  cellu- 
les déjà  nioins  vivantes,  puisque,  dans  leur  état  normal  de 
végétation,  elles  restent  en  suspension  dans  l'eau  environnante 
(à  m(oins  qu'elles  ne  soient  dans  leur  période  de  repos,  ce  qui 
ne  peut  être  ici  le  cas)- 

On  comprend  donc  combien,  dans  ces  conditions,  sont  déli- 
cates et  difficiles  les  recherches  faites  sur  les  cellules  vivantes. 


44  SOCIÉTÉ   SCIENTIFIQUE   D'aRCACHON 

Que  de  fois  l'on  est  eu  présence  de  phénomènes  du  plus  haut 
intérêt,  et,  subitement,  la  diatomée  meurt,  laissant  inachevée 
lobservation  si  captivante!  Il  faut  alors,  patiemment,  chercher 
à  retrouver  d'autres  exemplaires  de  la  même  espèce,  pain^enus 
exactement  à  la  même  phase  du  même  processus,  et  s'efforcer 
d'aller  plus  avant  dans  l'observation  comm('encée.  Ce  n'est  que 
pas  à  pas  qu'on  peut  paJrcourir  toutes  ces  étapes,  et  grâce  à 
des  recherches  multipliées.  On  arrive  ainsi  à  reconstituer  tous 
les  chaînons  de  cette  chaîne  subtile,  mais  il  faut  se  garder  des 
déductions  trop  hâtives  et  attendre,  pour  confirmer  son  juge- 
ment, la  constatation  plusieurs  fois  répétée  d'un  même  fait.  11 
est  vrai  qu'on  a  la  ressource  de  fixer  les  pêches  aussitôt  faites 
avec  les  liquides  fixateurs  généralement  employés.  Ce  moyen 
n'est  certainement  pas  à  dédaigner,  et  j'en  reparlerai  plus  loin. 
Mais  rien  ne  vaut,  à  mon  avis,  l'étude  directe  des  sujets  vivants, 
sortis  tout  récemment  du,  milieu  où  ils  végètent 


n\ 


Je  n'avais  jusqu'ici  rencontré,  au  cours  de  mes  récoltes  de 
Diatomées  pélagiques,  aucune  localité  dont  la  situation  se  prê- 
tât à  une  telle  étude,  lorsque  je  fus  amené  à  travailler  au  Labo- 
ratoire de  la  Société  scientifique  d'Arcachon,  pendant  un  pre- 
mier séjour  que  j'y  fis  au  printemps  de  l'année  1901. 

La  configuration  du  bassin  d'Arcachon  se  prête  merveilleu- 
sement à  la  végétation  des  Diatomées  pélagiques. 

Communiquant  au  Sud-Ouest  avec  l'Atlantique  par  une  ouver- 
ture très  étroite  relativement  à  sa  grande  superficie,  et  rece- 
vant, par  les  courants  de  la  marée  montante,  toutes  les  espèces 
pélagiques  venant  de  l'Océan,  il  forme  une  sorte  de  gigantesque 
aquarium  où  ces  espèces,  une  fois  introduites,  s'acclimatent 
facilement  dans  des  conditions  biologiques  essentiellement  favo- 
rables, se  reproduisent  et  pullulent. 

De  plus,  son  entrée  étant  orientée  de  manière  à  faire  face 
directement,  par  delà  l'Atlantique,  aux  côtes  américaines,  et  le 
Gulf-Stream  qui,  comme  on  le  sait,  vient  du  golfe  du  Mexique, 
pénétrant  dans  le  golfe  de  Gascogne  et  passant  non  loin  de 

(•)  Il  y  aurait  bien  la  culture,  mais  on  n'est  pas  parvenu,  que  je  sache,  à  cultiver 
des  espèces  pélagiques  telles  qne  les  Rhizozolenia,  Lauderia.  Dactyliosolen,  Tha- 
lassiosira,  etc.  Y  parviendrait-on,  que  robservation  directe  d'exemplaires  fraîche- 
ment récoltés  serait,  à  mon  sens,  de  beaucoup  préférable,  la  culture  devant  néces- 
sairement apporter  des  modifications  dans  les  éléments  de  la  cellule  et  dans  la  façon 
dont  s'accomplissent  les  différents  phénomènes  qui  s'y  manifestent. 


STATION   BIOLOGIQUE  45 

cette  entrée,  des  espèces  lointaines  peuvent  fort  bien  être  ame- 
nées dans  les  eaux  calmes  des  chenaux,  y  trouver,  même  en 
hiver,  une  température  exceptionnellement  douce  et  une  lumière 
intense,  et  s'y  fixer.  On  verra  plus  loin,  lorsque  je  m'occuperai 
des  Diatomées  de  fond,  que  j'ai  rencontré  à  Arcachon  certaines 
formes,  originaires  soit  des  fonds  de  l'Atlantique,  soit  d'Améri- 
que, et  certainement  introduites  par  les  courants. 

Un  autre  avantage,  qui  résulte  de  la  configuration  du  bassin, 
est  que  l'état  toujours  a'elativement  tranquille  de  ses  eaux 
permet,  hiver  comme  été,  une  pêche  journafière,  en  simple 
barque,  conditions  que  je  n'avais  pu  jusqu'ici  réahser  nulle 
part  ailleurs. 

Bien  plus,  la  situation  même  du  Laboratoire  facilite  l'étude 
des  récoltes  fraîches  de  Diatomées  pélagiques.  Au  bout  de  la 
grande  jetée  qui  s'avance  dans  la  mer  devant  les  bâtiments  de 
la  Société  scientifique,  les  pêches  peuvent  se  faire  à  toute  heure 
de  la  journée  oui  de  la  nuit.  Le  courant  très  violent  soil  de  la 
mer  montante,  soit  de  la  mer  descendante  permet  de  pêcher  du 
haut  du  ponton,  suffisant  à  maintenir  le  filet  dans  la  position 
horizontale.  Lorsque  l'on  désire  récolter  des  Diatomées  plus 
pures  et  moins  mélangées  des  détritus  du  fond  soulevés  par  les 
courants,  il  est  préférable  de  faire  les  pêches  en  barque,  avec 
un  marin  ramant  doucement,  au  large  de  la  passerelle,  au  mo- 
ment de  la  pleine  mer,  en  l'absence  de  tout  courant  et  par  un 
temps  calme,  autant  que  possible-  C'est  alors  que  la  récolte  est 
la  plus  riche  et  la  plus  pure,  les  impuretés  se  déposant  au  fond 
par  une  sorte  de  décantation  qui  se  produit  dès  que  le  courant 
cesse.  Pour  la  simple  étude  des  formes  vivantes,  les  récoltes 
du  haut  de  la  jetée  suffisent. 

Je  faisais  faire  dans  ces  dernières  conditions,  pendant  mes 
heures  d'étude,  toutes  les  quinze  ou  vingt  minutes,  une  pêche 
au  filet.  De  cette  façon,  j'avais  des  matériaux  continuellement 
frais,  qui  me  rendaient  possibles  des  observations  sur  le  con- 
tenu de  la  cellule  vivante,  absolument  impossibles  dans  d'autres 
conditions. 

Une  autre  méthode  consiste  à  travailler  à  bord  d'une  barque 
un  peu  spacieuse,  mais  il  va  sans  dire  que  l'étude  au  microscope 
est  bien  moins  facile  ainsi,  et  il  ne  faut  user  de  ce  moyen  que 
lorsqu'on  veut  étudier  fraîches  des  pêches  faites  au  loin  dans 


46  SOCIÉTÉ   SCIENTIFIQUE  d'aRCACHON 

le  bassin  ou  en  dehors  du  bassin,  à  l'entrée  de  la  pleine  mer. 

Il  est  de  toute  nécessité,  si  l'on  veut  obtenir  dans  les  récoltes 
des  Diatomées  en  aussi  bon  état  que  possible,  que  la  barque  se 
déplace  très  lentement,  que  l'allure  de  la  barque  soit  tout  juste 
assez  vive  pour  empêcher  le  filet  de  tomber  verticalement  et 
qu'il  se  tienne  horizontal,  sans  qu'à  l'entrée  un  remous  de  l'eau 
se  produise.  L'important  est  que  l'eau  puisse  filtrer  au  travers 
et,  par  suite,  se  renouveler  continuellement.  Sans  cela,  une 
fois  entrée  dans  la  poche  du  filet  lorsqu'on  l'immerge,  compri- 
mée contre  ses  parois  internes  par  une  trop  forte  pression  due 
à  une  marche  trop  rapide,  elle  ne  peut  plus  s'échapper  par  les 
mailles  très  fines  du  réseau  de  soie,  et  la  pêche  ne  donne,  en  fm 
de  compte,  quelque  long  temps  qu'on  la  prolonge,  que  ce  que 
contient  la  première  masse  d'eau  introduite. 

Bien  souvent  la  pauvreté  d'une  pêche  pélagique  n'a  pas  d'au- 
tre cause,  de  même  que  le  mauvais  état  de  la  récolte.  En  effet, 
les  Diatomées,  dont  une  pression  trop  violente  comprime  les 
frustules  si  délicats  contre  les  parois  internes  du  filet,  en  sor- 
tent fortement  endommagées,  et  leur  plasma  contracté  en  boule 
rend  toute  étude  ultérieure  impossible. 

Cette  contraction  en  boule  du  contenu  de  la  cellulte  a  été 
déjà  décrite  dans  tous  ses  détails  par  Schiitt  sous  le  nom  de 
Reizplasmolyse  (I,  p.  93). 

11  attribue  cette  toute  particulière  impressionnabilité  du  plas- 
ma interne,  que  j'ai  de  mon  côté  maintes  fois  constatée  chez 
toutes  les  espèces  pélagiques,  à  une  sorte  de  choc  en  retour 
que  lui  communique,  par  le  moyen  de  nom'ibreux  pores  très  fins 
qu'on  rencontre,  chez  beaucoup  d'espèces  pélagiques,  traver- 
sant l'épaisseur  des  parois  frustulaires,  le  plasma  extérieur 
(Extramembranôses  Plasma),  dès  qu'il  est  contracté  ou  "lésé 
^ous  l'influence  d'une  cause  quelconque.  Schiitt  pense  que  cette 
contraction  en  boule  du  plasma,  qui  cependant  se  termine 
souvent  par  la  mort  de  la  cellule,  est  un  simple  état  morbide, 
lequel  peut  cesser,  si  les  conditions  ambiantes  d'existence 
s'améUorent,  par  le  retour  progressif  à  l'état  normal,  et  je  suis 
absolument  de  son  avis  à  cet  égard.  J'ai,  pour  ma  part,  plu- 
sieurs fois  observé  ce  fait  que  des  récoltes  pélagiques  expé- 
diées au  loin  et  voyageant  par  une  température  fraîche,  — 
sans  cela  elles  arrivent  irrévocablement  détériorées,  —  con- 


STATION    BIOLOGIQUE  4;? 

tiennent,  au  bout  de  quelques  heures  de  repos,  beaucoup  plus 
de  cellules  bien  vivantes  et  normalement  endochromées  qu'au 
moment  même  de  l'arrivée,  où  presque  toutes  les  cellules  sont 
en  état  de  pl'asmolyse  morbide. 

A  ce  propos,  il  est  nécessaire  que  je  dise  quelques  mots  de 
l'action  très  spéciale  de  l'eau  douce  sur  les  Diatomées  péla- 
giques. Elle  leur  est  absolument  fatale  :  la  moindre  quantité 
d'eau  douce  ajoutée  sur  la  lamelle  porte-objet  à  une  goutte 
d'eau  de  mer  contenant  ces  Diatomées  les  tue  immédiatement. 

Voici  ce  qui  se  passe  chez  les  espèces  les  plus  fragiles,  telles 
que  Rhizozolenia  delicatula  Clevi:,  Rhizozolenia  {ragilissima 
P.  Bergon,  Lauderia  Schrôderi  P.  Bergon,  etc.  : 

Le  plasma  interne  quitte  les  extrémités  des  frustules,  se 
gonfle,  et,  forçant  par  la  pression  les  connectifs  à  se  désem- 
boîter  d'un  côté,  fait,  par  cette  ouverture,  hernie  au  dehors, 
de  telle  façon  que  les  deux  moitiés  de  chaque  frustule  forment 
un  coude  et  se  placent  à  angle  plus  ou  moins  obtus,  tandis 
que  les  frustules  d'une  même  chaîne  se  séparent  brusquement 
les  uns  des  autres.  En  m^ême  temps  les  chromatophores  com- 
pris dans  la  masse  plasmique  se  sont  déformés.  Puis  la  masse 
plasmique  globuleuse  éclate,  en  séparant  complètement  les 
deux  moitiés  de  frustule. 

Ce  phénomène  est  dû  à  la  brusque  diminution  de  concentra- 
tion qui  se  produit  lorsqu'on  ajoute  de  l'eau  douce  à  de  l'eau 
de  mer.  Il  était  nécessaire  de  signaler  cette  action  nocive  de 
l'eau  douce  sur  les  Diatomées  pélagiques,  car  elle  est  la  cause 
de  nombreux  insuccès  dans  les  recherches,  insuccès  qu'on  ne 
sait  souvent  à  quoi  attribuer  au  premier  abord.  En  voici  un 
exemple  instructif  :  Au  commencement  de  mes  études  à  la  So- 
ciété scientifique  d'Arcachon,  je  fus  constamment  arrêté  par 
l'impossibilité  de  fixer  d'une  façon  satisfaisante  les  Diatomées 
pélagiques  avec  le  mélange  de  Flemming.  Certaines  espèces  rela- 
tivement plus  résistantes  gardaient  intacte  ou  presque  intacte 
la  disposition  des  éléments  internes  de  la  cellule.  Mais  la  plu- 
part se  détérioraient  entièrement,  malgré  tout  le  soin  que 
j'apportais  à  fopération  de  fixage.  M'étant  rendu  compte  de 
l'influence  mortelle  de  l'eau  douce  sur  ces  organismes,  j'eus 
l'idée  de  faire  substituer,  dans  la  préparation  du  liquide  fixa- 
teur de  Flemming.    l'eau  de  mer  filtrée   à   feau   douce.   Dès 


48  SOCIÉTÉ   SCIENTIFIQUE   D'aRCACHON 

lors,  toutes  mes  récoltes  furent  remarquablement  fixées  et  se 
conservèrent  admirablement  pendant  très  longtemps. 

Ces  différents  états  morbides  des  Diatomées  pélagiques,  qui 
se  manifestent  toujours  par  la  contraction  du  plasma  interne, 
contraction  qui  peut  revêtir  plusieurs  aspects  très  divers,  est, 
pour  qui  débute  dans  ces  études  si  passionnantes  mais  si 
délicates,  une  cause  fréquente  de  trouble  et  d'erreur.  Comme 
le  retrait  du  plasma  a  également  lieu,  pour  beaucoup  d'espèces, 
et  alors  normalement,  au  cours  des  différents  processus  de 
division  et  de  sporulation,  la  différenciation  d'un  état  normal 
et  d'un  état  morbide  est  chose  très  difficile  dans  les  commen- 
cements, d'autant  plus  que,  les  cellules  observées  sous  le  mi- 
croscope perdant  progressivement  leur  vitalité  pour  mourir 
au  bout  de  peu  de  temps,  un  état  normal  passe  insensiblement 
à  un  état  moiibide,  et  il  faut  une  longue  expérience  et  une 
somme  de  nombreuses  observations  pour  pouvoir  diagnostiquer 
sûrement  en  ces  subtiles  matières. 

Je  terminerai  ces  considérations  générales  par  quelques 
explications  nécessaires  à  la  compréhension  du  texte  qui  va 
suivre. 

Le  noyau  est  toujours  très  difficile  à  apercevoir  chez  les 
espèces  pélagiques.  Le  plus  souvent  il  est  invisible  dans  la 
cellule  vivante  et  il  faut,  pour  le  rendre  visible,  le  colorer  par 
le  moyen  des  solutions  ordinairement  employées,  hématoxyline 
de  Delafield,  bleu  de  méthylène,  etc.  Même  par  ces  procédés,  il 
arrive  assez  fréquemment  qu'on  ne  puisse  le  faire  apparaître, 
car  maintes  fois  les  chromatophores  s'agglomèrent  à  l'entour, 
le  recouvrent  et  le  cachent  entièrement.  Je  signalerai  sa  pré- 
sence, chez  les  espèces  que  je  me  propose  d'étudier  successi- 
vement, chaque  fois  que  j'aurai  pu  l'observer.  Sinon,  je  parlerai 
simplement  de  la  masse  plasmique  qui  l'enveloppe,  et  qui  est 
presque  toujours  très  reconnaissable,  même  sans  l'emjploi  des 
agents  colorants.  Je  la  désignerai  sous  le  nom  de  masse  plas- 
mique périnucléaire. 

J'indiquerai,  dans  mon  texte,  par  le  nom  d'auteur  et  par  un 

simple  chiffre  romain,  les  ouvrages  auxquels  j'aurai  à  renvoyer 

le  lecteur,  qui  trouvera,  en  consultant  l'index  Bibliographique 

joint  à  ce  travail,  toutes  les  indications  relatives  à  ces  ouvrages. 

La  première  partie  de  ces  études  devait  paraître  en  janvier 


i 


STATION   BIOLÔOIQUE  49 

1902  dans  le  Bulletin  de  la  Société  scientifique  cVArcachon.  x\yant 
été  obligé,  pour  cause  de  santé,  d'en  remettre  à  plus  tard  la 
publication,  j'ai  donné  néanmoins,  avec  leurs  légendes,  pour 
prendre  date,  dans  le  Micrographe  Préparateur  (n°  1  de  janvier- 
février  1902,  pi.  III,  IV),  les  deux  planches  qui  devaient  accom- 
pagner le  présent  texte.  Qu'on  ne  s'étonne  pas  de  découvrir, 
entre  les  planches  parues  dans  le  Micrographe  Préparateur 
et  celles-ci,  quelques  différences  de  détail.  De  nouvelles  et 
nombreuses  recherches,  faites  depuis  janvier  1902,  m'ont  per- 
mis de  corriger  et  de  compléter  ces  planches,  préparées  un 
peu  à  la  hâte.  On  devra  donc  s'en  tenir  définitivement  aux 
présentes  planches  et  à  leurs  légendes,  revues  avec  le  plus 
grand  soin.  J'ai  d'ailleurs  indiqué  dans  mon  texte,  chaque  fois 
qu'il  a  été  nécessaire,  les  quelques  légères  modifications  que 
j'y  ai  apportées. 


Rhizozolenia  fragilissima  nov.  sp.  P.  Bergon  =  Leptocy lin- 
drus  danicus  Schûtt  non  Gleve. 

(SCHÛTT,   II,  p.  504,  pi.  XII,  fig.  13  à  24,  et  33). 


Lorsque  je  rencontrai  pour  la  première  fois  cette  forme 
dans  une  pêche  pélagique  faite  par  moi  en  Bretagne,  dans  la 
baie  de  Douarnenez,  au  large  de  cette  localité,  le  15  septembre 
1901,  je  crus  tout  d'abord  reconnaître  en  elle  le  Rhizozolenia 
delicatula  Cleve  (V,  p.  28,  flg.  11).  Néanmoins,  l'endochrome 
était,  comme  forme  et  comme  disposition  des  chromatophores, 
si  différent  de  celui,  très  spécial,  de  l'espèce  de  Cleve,  que  j'eus 
bientôt  des  doutes  à  cet  égard.  N'ayant  trouvé  dans  ma  récolte 
qu'une  seule  chaîne  de  frustules  accolés  de  cette  forme,  je  ne 
pus  en  faire,  à  ce  moment,  une  étude  approfondie. 

Je  retrouvai  depuis,  dans  mes  pêches  d'Arcachon,  cette  dia- 
tomée,  qui  apparaît  dans  le  bassin  à  certaines  époques,  où  elle 
n'est  pas  absolument  rare,  sans  être  jamais  commune. 

Je  me  convainquis  alors  que  j'étais  en  présence  d'une  nou- 
velle espèce  bien  typique. 

Je  vais  d'abord  la  décrire  et  je  la  différencierai  ensuite  du 

sociÉTK  d'Akcachon  ,  4 


50  SOCIÉTÉ    SCIExNTlFlQUE    D'aRCACHOX 

Rhizozoleiiia  delicatula  Gleve,  car  ces  deux  espèces  peuvent 
être  facilement  prises  l'une  pour  l'autre.  Préparées  à  sec,  elles 
se  déforment  tellement  toutes  deux  qu'il  est  impossible  de  ne 
pas  les  confondre.  De  plus,  examinées  dans  un  liquide,  elles  peu- 
vent prendre,  dans  une  certaine  position,  un  aspect  presque 
identique.  C'est  ce  qui  explique  pounpioi  ma  nouvelle  espèce, 
qui  a  dû  se  rencontrer  souvent  dans  les  récoltes  pélagiques, 
est  passée  jusqu'ici  inaperçue  en  tant  qu'espèce  nouvelle. 

Les  frustules  en  sont  cylindriques,  excessivement  peu  sili- 
ceux, accolés  en  chaînes  droites.  Vu  dans  une  certaine  position, 
le  profil  des  valves  est  arrondi,  les  valves  paraissant  presque 
hémisphériques  et  terminées  par  une  épine  ou  dent  courte  et 
aiguë,  située  au  centre,  à  peu  de  chose  près.  Si  l'on  fait  tour- 
ner le  frustule  autour  de  l'axe  longitudinal  de  la  cellule,  ou 
axe  pervalvaire  d'Otto  Millier  (^),  on  aperçoit,  de  profil,  à  la  base 
de  l'épine,  laquelle  paraît  alors  un  peu  courbe  et  oblique,  une 
petite  bosse  très  typique,  qui  donne  au  mode  d'accolement  des 
frustules  entre  eux  un  aspect  très  particulier.  Chaque  épine, 
dirigée  suivant  les  valves  d'un  côté  ou  de  l'autre  de  l'axe  perval- 
vaire, mais  toujours  placée  en  regard  de  l'épine  de  la  valve  con- 
tiguë,  s'insère  dans  une  petite  cavité  de  cette  valve,  —  sorte  de 
gaîne  minuscule  occupant  le  fond  d'une  dépression  bien  visible, 
—  de  telle  façon  qu'entre  les  frustules  accolés  existe,  dans 
cette  position  spéciale,  une  excavation  assez  profonde,  formée 
par  les  dépressions  de  deux  valves  conjointes,  et  pouvant  être 
située,  par  rapport  à  l'observateur,  soit  d'un  côté  soit  de  l'au- 
tre de  l'axe  pervalvaire  (pi.  I,  fig.  10  a,  b,  c).  Il  ne  m'a  pas  été 
possible  de  découvrir  la  moindre  trace  d'anneaux  d'imbrica- 
tion. Valves  et  connectifs  sans  détails  de  structure  visibles. 

La  cohérence  des  frustules  semble  manquer  de  stabilité.  Au 
moindre  choc  ou  pour  la  moindre  cause,  les  chaînes  se  parta- 
gent en  chaînes  plus  courtes,   et  celles-ci  en  cellules  isolées. 

Voici  maintenant  en  (juoi  diffèi-ent  le  Rhizozolenia  delicaiidu 
Gleve  et  le  Rhizozolenia  fragUlssima  P.  Bergon  : 

Outre  que  les  valves  du  Rhiz.  delicatula  sont  sensiblement 

(»)  L'axe  pervalvaire  est  une  ligne  qui,  du  point  médian  du  plan  de  division,  tra- 
veise  la  chambre  cellulaire  dans  les  directions  épithécale  et  hypothécale  à  égale 
distance  des  points  homologues  de  lenveloppe  cellulaire  et  qui  réunit  les  points  cen- 
traux des  deux  valves  (Otto  ^liiller,  TI,  p.  226  ;  voir  p.  226  ««t  227V 


STATION    BIOLOGIQUE  51 

plus  aplaties  que  celles  du  Hhlz.  Iragilissbna,  les  épines  du 
Wm.  delicatula,  au  lieu  d'être  placées  au  centre  ou  plus  exac- 
tement presfjue  au  centre  des  valves,  sont  situées  latéralement, 
sur  leur  bord  extrême,  tantôt  à  une  extrémité,  tantôt  à  l'extré- 
mité opposée  d'une  ligne  idéale  traversant  diamétralement  la 
surface  valvaire. 


D. 


<^t_ 


FiG.    1. 

A  et  B.  Rhizozolenia  fraqilisslnia  n.  sp.  P.  Bergon. 
C  et  D.  Rhizozolenia  delicatula  Cleve. 

X200 


C'est  ce  qu'indique  la  fig.  ci-dessus  1  C,  représentant  le 
Rhiz.  delicatula,  et  où  les  épines,  en  a,  b  et  b\  sont,  par  rapport 
à  l'observateur,  situées  sur  le  dessus  des  frustules,  et  celles  en 
c,  c'  et  dj  en-dessous,  par  conséquent  vues  en  c  et  c'  par  trans- 
parence au  travers  des  parois  siliceuses. 

Dans  la  fig.  1  A,  représentant  le  Hliiz.  fragilùnma,  les 
épines  sont,  au  contraire,  centrales  ou  presque  centrales,  un 
peu  plus  courtes  d'ailleurs  que  chez  le  Rhiz.  delicatula. 

Lorsqu'on  fait  tourner  les  deux  chaînes  A  et  G  dans  le  sens 
des  flèches,  on  obtient  les  deux  fig.  B  et  D,  presque  absolu- 
ment identiques,  et  qui  peuvent  faire,  à  première  vue,  confon- 
dre les  deux  espèces,  car,  dans  toutes  deux,  les  épines  parais- 
sent situées  dans  le  prolongement  les  unes  des  autres.  Toutefois, 
en  y  regardant  de  plus  près,  on  se  rend  compte  que,  dans  la 
fig.  B,  les  épines,  étant  centrales  ou  presque  centrales,  sont 
vraiment,  ou  peu  s'en  faut,  dans  le  prolongement  les  unes  des 
autres,  tandis  que,  dans  la  fig.  D,  les  épines,  en  a,  b  et  b'  sont 
situées  sur  le  dessus  des  frustules,  et  en  c,  c'  et  d  se  trouvent 
en-dessous. 

Quant  aux  gaines,  produites  certainement,  au  moment  de  la 
sécrétion  des  valves-filles  par  la  pénétration  de  chacune  des 
deux  épines,  déjà  achevées,  dans  la  membrane  de  la  future 
valve-fille  opposée,  membrane  molle  encore  et  non  entièrement 


52  SOCIÉTÉ   SCIENTIFIQUE   D'aRCACHON 

silicifiée  (*j,  elles  existent  également  chez  le  Rhiz.  delicatula 
et  chez  le  Rhiz.  Jragilissima. 

La  disposition  de  l'endochrome,  ainsi  que  Je  lai  dit  plus 
haut,  est  excessivement  différente  dans  les  deux  espèces.  Le 
Rhiz.  delicatula  possède  des  chromatophores  assez  volumineux 
et  en  petit  nombre,  le  plus  souvent  quatre,  six  ou  huit  par 
cellule,  non  radiants  par  rapport  au  noyau  latéral,  et  disposés 
sans  ordre  apparent  contre  les  parois  internes  du  frustule. 
Ces  chromatophores  ont  la  forme  de  plaques  assez  grandes, 
à  peu  près  aussi  larges  que  longues,  à  bords  irrégulièrement 
échancrés,  souvent  anguleux,  et  renferment  chacun  un  assez 
gros  pyrénoïde  très  visible.  J'en  donnerai  le  dessin  lorsque  j'étu- 
dierai le  Rhiz.  delicatula. 

Chez  le  Rhiz.  fragilissima,  les  chromatophores,  assez  nom- 
breux, ont  la  forme  de  petites  plaques  allongées,  environ 
deux  ou  trois  fois  plus  longues  que  larges,  à  bords  irréguliers, 
appliquées  contre  les  parois  internes  du  frustule,  et  reliées 
entre  elles  par  un  fin  réseau  de  fils  plasmiques  émanant  de  la 
masse  périnucléaire  latérale.  Cette  masse  périnucléaire,  en 
forme  d'ampoule,  est,  avec  le  noyau  qu'elle  renferme,  en  quelque 
sorte  collée  contre  la  paroi  interne  de  l'anneau  d'emboîtement 
du  connectif  emboîté  (2),  le  plus  souvent  à  égale  distance  des 
extrémités  du  frustule,  et  semble  d'ordinaire  se  présenter  de 
profil  lorsque  les  frustules  sont  tou>més  de  façon  à  montrer 

(')  Voir  à  ce  sujet  les  remarquables  recherches  de  Schùtt  sur  la  croissance  des 
appendices  chez  plusieurs  espèces  pélagiques  (II,  pages  504-516),  recherches  que 
mes  observations  personnelles  ont  absolument  confirmées.  Je  traiterai  beaucoup 
plus  longuement  cette  question  importante  lorsque  je  décrirai,  dans  une  des  pro- 
chaines parties  de  mon  travail,  les  didérents  Bhizozolenia  trouvés  à  Arcachon. 

(5)  Chez  toutes  ces  espèces  pélagiques,  les  parois  des  connectifs,  en  se  recouvrant 
partiellement  l'une  l'aulre  par  emboîtement,  prennent,  pour  la  partie  emboîtée,  l'as- 
pect d'un  anneau  circulaire  un  peu  plus  foncé  que  les  parties  non  emboîtées  et  pio- 
venant  justement  de  la  double  épaisseur  de  silice  (pi.  I,  fig.  11,  a  et  b  en  aa'  bb'). 
Cet  anneau  est  très  difficile  à  apercevoir,  la  membrane  de  ces  connectifs  étant 
excessivement  hyaline.  Je  dirai  plus  loin  comment  on  peut  les  voir  plus  nettement, 
en  colorant  les  frustules. 

J'appellerai  désormais,  dans  le  texte  qui  va  suivre  : 

1»  Anneau  dC emboîtemenl ,  les  parties  du  connectif  emboîtant  et  du  connectif 
emboîté  qui  se  recouvrent  l'une  rautre. 

2»  Anneau  d'emboîtement  du  connectif  emboîtant,  la  partie  de  ce  connectif 
recouvrant  le  connectif  emboîté. 

3°  Anneau  d'emboîtement  du  connectif  emboîté,  la  partie  de  ce  connectif  recou- 
verte par  le  connectif  emboîtant. 

4"  Zone  d'emboîtement  des  connectifs,  lout  l'espace  cellulaire  limité  par  l'anneau 
d'emboîtement. 


STATION    BIOLOCilQUE  -  53 

l'excavation  interfrustulaire.  Kile  peut  être  située,  pour  cette 
position  des  frustules,  soit  d'un  côté  soit  de  l'autre  de  l'axe 
pervalvaire,  suivant  les  cellules.  J'ai  cherché  à  me  rendre 
compte  s'il  n'y  a  pas  corrélation  plus  intime  entre  la  place 
occupée  par  le  noyau  et  celle  qu'occupe  l'excavation,  mais  je 
n'ai  pu,  sur  ce  point,  découvrir  rien  de  précis. 

Les  chromatophores  ont  une  tendance  à  être  radiants  par 
rapport  à  la  masse  périnucléaire.  Ils  ont  une  disposition  un 
peu  différente  suivant  la  grandeur  des  cellules,  dont  les  dimen- 
sions sont  très  variables,  ainsi  qu'on  le  verra  par  les  mesures 
données  plus  loin.  On  comprendra  que,  dans  les  cellules  de 
diamètre  très  exigu,  la  disposition  radiante  des  chromatopho- 
res soit  très  peu  sensible.  Ils  semblent  alors  être  disposés 
plutôt  en  lignes  longitudinales,  et  le  noyau  latéral  est,  dans  ce 
cas,  presque  impossible  à  découvrir.  Dans  les  plus  grandes  cel- 
lules, ils  sont  tantôt  disséminés  sur  toute  la  surface  interne  du 
frustule,  un  peu  plus  nombreux  autour  de  la  masse  péri- 
nucléaire  (pi.  I,  fig.  10  c)  (^),  tantôt  formant  autour  de  cette 
masse  une  agglomération  assez  compacte,  à  tendances  toujours 
radiantes,  et  alors  très  peu  nombreux  dans  les  autres  parties 
de  la  cellule. 

C'est  ainsi  que  les  a  figurées  Schiitt  (II),  dans  la  lig.  33  de  sa 
planche  XII,  figure  qu'il  a  rapportée  par  erreur,  ainsi  que  les 
fig.  13  à  24,  au  Leptocylindrus  danicus  Cleve. 

Il  n'y  a  qu'à  comparer  ses, dessins  et  sa  description  (même 
ouvrage,  p.  504)  avec  les  dessins  et  la  description  du  Lepto- 
cylindrus danicus,  dans  les  ouvrages  de  Cleve  (III,  p.  2;  IV, 
p.  15,  pi.  II,  fig.  4  et  5),  pour  se  convaincre  que  les  deux  espèces 
sont  totalement  différentes.  Le  Leptocylindrus  danicus,  que  j'ai 
d'ailleurs  trouvé  très  fréquemment  à  Arcachon,  est  une  espèce 
beaucoup  plus  petite  que  celle  dessinée  par  Schiitt.  Les  valves, 

(»)  Dans  les  figures  que  je  donne  du  Rhiz.  fragilissima,  aussi  bien  que  dans  les 
autres  figures  de  mes  deux  planches,  je  n'ai  représenté,  pour  plus  de  clarté  dans  le 
dessin,  que  les  chromatophores  situés  d'un  seul  côté  du  frustule.  A  l'état  naturel, 
ceux  qui  sont  placés  sur  les  bords  extrêmes  des  contours  des  frustules  paraissent 
être  d'un  Jaune  beaucoup  plus  foncé  que  les  autres.  Cela  tient  à  ce  qu'étant  vus 
de  profil  et  non  à  plat,  par  suite  de  la  courbure  des  parois,  la  masse  de  matière 
colorée  est  beaucoup  plus  dense,  et  par  conséquent  plus  chargée  de  couleur. 
Le  même  fait  a  lieu  partout  où  les  chromatophores  sont  massés,  par  exemple 
autour  des  noyaux  au  moment  de  leur  division  et  de  la  sécrétion  des  valves-filles.  Ils 
forment  alors  cette  ligne  de  bâtonnets,  cernant  les  deux  masses  plasmiques  péri- 
nucléaires  réceinna«nt  divisées,  dessinées  par  Schùtl  dans  les  fig.  13  à  ?2(II,  pi.  XII). 


54  SOCIÉTÉ    SCIENTIFIQUE   d'aRCACHON 

qui  ne  sont  munies  d'aucune  épine  ni  dent,  sont  entièrement  pla- 
tes à  l'état  vivant,  et,  dans  les  chaînes  droites  que  forment  les 
cellules  de  cette  espèce,  les  surfaces  tout  entières  des  deux  val- 
ves accolées  de  deux  frustules  conjoints  sont  en  contact.  Après 
dessiccation,  elles  se  contractent  légèrement,  paraissant  alors 
presque  hémisphériques,  mais  restant  néanmoins  accolées  deux 
à  deux,  tandis  que  les  connectifs,  beaucoup  moins  siliceux,  s'af- 
faissent complètement  et  se  déforment.  Les  chromatophores, 
ovales-allongés,  sont  disposés  plus  ou  moins  en  lignes  parallè- 
les à  l'axe  pervalvaire,  mais  n'ont  jamais  de  tendance  à  être 
radiants.  On  se  rend  parfaitement  compte,  d'ailleurs,  en  exami- 
nant les  figures  de  Schùtt,  qu'il  faut,  à  cause  des  épines  termi- 
nales et  de  leur  mode  d'emboîtement,  rapporter  cette  forme  à  un 
Rhizozolenia. 

On  verra  de  plus,  en  comparant  ma  description  et  mes  des- 
sins avec  la  description  et  les  dessins  de  Schùtt,  que  l'on  est 
certainement  en  présence  de  la  même  espèce.  J'aurais  été  heu- 
reux de  lui  dédier  cette  espèce  nouvelle,  qu'il  a  découverte, 
décrite  et  figurée  le  premier.  Si  je  ne  l'ai  pas  fait,  c'est  qu'en 
janvier  1902,  date  à  laquelle  ont  paru,  dans  le  Micrographe 
Préparateur,  mes  deux  planches  de  Diatomées  pélagiques  où 
était  représenté  mon  Rhiz.  fragilissima,  je  n'avais  pas  encore 
connaissance  de  l'ouvrage  de  Schùtt  contenant  les  figures  qu'il 
attribue  au  Leptocylindrus  danicus. 

Je  réunis  donc  la  forme  dessinée  par  Schùtt  à  mon  Rhiz. 
fragilissima.  Cleve,  dans  un  récent  opuscule  (VI,  p.  38),  rap- 
porte les  figures  de  Schùtt  au  Rhiz.  delicatula.  J'ai  indiqué  plus 
haut  les  très  grandes  différences  qui  séparent  ces  deux  espèces 
bien  distinctes. 

J'ai  cherché  à  voir,  chez  le  Rhiz-  fragilissima,  les  différentes 
phases  de  la  division  de  la  cellule,  dont  Schùtt  donne  les  dessins 
dans  sa  si  remarquable  et  si  intéressante  série  de  figures 
(II,  pi.  XII,  fig.  13  à  22).  Mes  recherches  n'ont  pas  été  couron- 
nées de  succès.  Je  donne  seulement  planche  I,  fig.  10  b,  le  dessin 
d'un  frustule  de  Rhiz.  fragilissima,  dans  lequel  les  masses  péri- 
nucléaires,  contenant  chacune  l'un  des  deux  noyaux  récemment 
formés  par  la  division  du  noyau  de  la  cellule-mère,  sont  encore 
appliquées  contre  la  paroi  interne  des  valves-filles  tout  nouvelle- 
ment sécrétées,  au  centre  de  ces  valves.  Je  n'ai  pas,  pour  plus 


STATlOiN    BIOLOGIQUE  .JO 

de  clarté,  figuré  les  nombreux  chromalophores  qui  recouvrent 
et  cachent  à  ce  moment  les  niasses  périnucléaires  et  les  noyaux. 

Par  contre,  j'ai  pu  observer,  chez  le  Rhiz.  delicatula  Cleve, 
le  retrait  des  surfaces  plasmiques  après  la  division  du  noyau, 
puis  leur  rapprochement  successif  les  mettant  de  nouveau  en 
contact,  tandis  que  commençait  la  sécrétion  des  valves-filles. 
Dans  la  seule  observation  que  je  pus  faire  de  ces  phases  de 
division  chez  cette  espèce,  au  moment  même  du  retrait  des 
surfaces  plasmiques,  elles  restèrent  un  moment  reliées  entre 
elles  par  un  filament  de  plasma,  lequel,  s'amincissant  de  plus 
en  plus,  finit  par  disparaître.  Je  ne  sais  si  c'est  là  une  des 
phases  normales  de  la  division  de  la  cellule  chez  cette  espèce, 
ne  l'ayant  observé  qu'une  fois.  J'ai  d'ailleurs  constaté  le  même 
fait,  au  moment  du  retrait  des  surfaces  plasmiques,  chez  d'au- 
tées  diatomées  pélagiques,  telles  que  Giihuirdla  llaccîda  H.  Pe- 
RAGALLO  et  Stephanojjyccù  tvrglda  Greville.  Je  reviendrai  plus 
longuement  sur  ce  point  lorsque  je  m'occuperai  de  ces  deux 
espèces. 

Je  donne,  pi.  I,  fig.  9,  le  dessin  d'un  frustule  de  Rhiz.  fragi- 
lissima,  que  je  crois  être  un  mégafrustule  sporangia!,  c'est 
à-dire  le  frustule  sporangial  du  rétablissement  de  taille  de  l'es- 
pèce. Les  chromalophores  sont  peu  nombreux,  épars,  légère- 
ment radiants  par  rapport  à  la  masse  périnucléaire  latérale, 
qui  est  appliquée  contre  la  paroi  interne  du  frustule.  Ce  frus- 
tule a  une  conformation  très  particulière.  D'un  côté,  une  très 
petite  valve  avec  son  épine  terminale  et  presque  centrale,  l'es 
lianes  de  cette  valve  ou  la  partie  connective  adhérente  à  la 
valve,  —  il  m'a  été  impossible  de  voir  plus  nettement  ces  détails, 
—  s'élargissant  graduellement  et  fortement.  A  l'autre  extrémité 
du  frustule,  une  grande  valve,  terminée  également  par  une  épine 
presque  centrale  et  adhérente  à  un  large  connectif.  Les  obser- 
vations sont  tellement  délicates  et  difficiles,  chez  ces  diatomées 
faiblement  siliceuses,  dont  les  parois  sont  excessivement  min- 
ces, que  j'ai  eu  grand'peine  à  apercevoir  la  façon  dont  s'emboî- 
tent les  deux  parties  connectives,  et  je  ne  puis  encore  rien 
préciser  à  cet  égard. 

L'axe  longitudinal  de  la  plus  grande  moitié  de  frustule  était 
oblique  par  rapport  à  l'axe  longitudinal  de  la  plus  petite  moitié, 
formant  avec  lui  un  angle  obtus.  Cette  particularité,  qui  a  une 


56 


SOCIÉTÉ    SCIENTIFIQUE   D'ARCACHON 


grande  analogie  avec  le  processus  de  rétablissement  de  taille 
observé  par  Schûtt  chez  certains  Rhizozolenia  (VI),  me  confirme 
dans  l'idée  qu'il  y  a  là  également  rétablissement  de  taille. 
Un  autre  fait  très  typique  est  l'aspect  uin  peu  informe  du 
frustule  dessiné,  aspect  qu'ont  toujours  les  mégafrustules. 
Néanmoins,  comme  un  doute  subsiste  encore  à  cet  égard,  je  fais 
suivre  d'un  point  d'interrogation  la  légende  de  la  fig.  9,  pi.  1. 

J'ai  rencontré  plusieurs  fois  des  frustules  semblables,  tou- 
jours solitaires.  Ces  cellules  étaient,  sans  le  moindre  doute, 
animées  d'un  mouvement  de  va-et-vient  lentement  oscillatoire. 
Cette  observation  vient  confirmer  ce  que  dit  Schiitt  (II,  p.  505), 
où  il  mentionne,  sans  l'affirmer  avec  certitude,  un  faible  mou- 
vement chez  des  fruslules  isolés  de  cette  même  espèce.  Ne 
serait-ce  pas  également  des  mégafrustules  sporangiauK?  Cela  se 
pourrait,  car  je  n'ai  jamais  vu,  pour  ma  part,  des  frustules 
ordinaires  isolés  se  mouvoir,  si  peu  que  ce  soit.  Je  dois  ajouter, 
à  ce  propos,  que  j'ai  quelquefois  rencontré  des  cellules  solitaires 
de  forme  très  spéciales,  devant  être  des  spores,  peut-être  des 
spores  de  repos  ou  statospores  devenues  libres,  que  je  n'ai 
pu  attribuer  à  aucune  espèce  et  qui,  toujours,  étaient  animées  de 
mouvements  d'oscillation  peu  accentués,  mais  très  certains  ce- 
pendant. J'y  reviendrai  dans  une  partie  ultérieure  de  mon 
travail. 

Voici,  pour  terminer,  quelques  mesures  prises  sur  différents 
frustules  du  Rhiz.  fragilissima.  Les  cellules  mesurées  étaient, 
pour  la  plupart,  à  l'état  de  repos.  J'ai  ajouté,  à  la  fin  de  ce 
tableau,  quelques  dimensions  de  cellules  en  voie  de  division. 

Mesures  de  frustules  de  Rhizozolenia  fragilissima  n.  sp.  P.  Bergon 


Dans  une  même  chaîne 


LARGEUR 

LONGUEUR 

DES  FRUSTULES 

DES  FRUSTULES 

0[x,6 

4|j.,6  Cellule 

à  l'état  de  repos 

0|i,6 

5(x.2 

» 

0tx,6 

6jx,6 

> 

(    0ix,9 

4,x,9 

j> 

le  '.       y> 

5(1,9 

» 

'      » 

6|i,2 

» 

i(x,9 

%,9 

» 

nel    2fx,6 

6[x,6 

■» 

"®l       « 

7,1,2 

» 

STATION    BIOLOGIQUE 


57 


LARGEUR 
DES   FRUSTULES 


Dans  une  même  chaîne 


iv^A 


lfx,9 


LONGUEUR 
BES   FRUSTULES 

Cellule  en  état  de  division,  dans  la- 
quelle les  noyaux  sont  encore  ap- 
pliqués contre  la  paroi  interne  des 
valves-filles  tout  récemment  for- 
mées, au  centre  de  ces  valves.  Le 
frustule  entier  :  8|ji,2.  Chaque  cel- 
lule-fille :  4ix,L 

Deux  cellules  au  repos,  voisines.  Cha- 
cune :  8(x,2. 

Une  autre  au  repos  :  8|i,,9. 

Une  autre  en  état  de  division,  par 
venue  à  la  même  phase  que  celle 
ci-dessus.  Le  frustule  entier  :  9(i,8. 
Chaque  cellule-fille:  4^,9. 


Rhizozolenia  Stolterfothii  H.  Peragallo. 

(H.  Peragali.o,  I,  p.  108,  pi.  XIII.  fig.  17-18.) 

Les  cellules  cylindriques  et  arquées  de  cette  espèce,  que  l'on 
rencontre  fréquemment  dans  le  bassin,  forment,  par  leurs  dé- 
duplications successives,  d'élégantes  spirales  qui  peuvent  avoir 
jusqu'à  sept  ou  huit  tours  complets.  Lorsque  les  frustules  se 
présentent  en  exemplaires  solitaires,  s'étant  détachés  des  frus- 
tules voisins  par  suite  de  la  mort  de  la  cellule  ou  par  tout  autre 
cause,  mais  non  déformés  par  la  dessiccation  ou  par  l'immer- 
sion dans  l'eau  douce,  par  exemple  baignant  simplement  dans 
l'eau  de  mer  ou  dans  l'eau  de  mer  additionnée  de  quelques 
gouttes  d'une  solution  de  formol  à  40  %,  ils  se  placent  toujours, 
en  se  déposant  sur  la  lamelle  par  leur  propre  poids,  comme 
dans  les  fig.  1,  5  et  6  de  ma  planche  I,  montrant  l'une  de  leurs 
faces  latérales. 

Dans  cette  position,  le  profil  des  valves  ou  calyptres  est  tou- 
jours anguleux,,  leur  forme  étant  celle  d'une  sorte  de  calotte  en 
tronc  de  cône,  et  la  plate-forme  terminale  de  la  valve  étant  suré- 
levée au-dessus  des  anneaux  d'imbrication  par  un  talus  incliné, 
dont  les  lignes  ab  et  cd,  a'6'  et  c'd'  (pi.  I,-  fig.  5)  figurent  la 
projection. 

C'est  au  bord,  à  la  crête  même  de  ce  talus,  que  sont  insérées, 
toujours  du  côté  de  la  courbure  convexe  du  pourtour  extérieur 
de  la  spirale  et  jamais  du  côté  de  la  courbure  concave  du  pour- 
tour intérieur,  les  deux  épines  terminales,  en  b  et  b\ 

Lorsqu'on  cherche  à  les  mettre  au  point,  on  se  rend  compte 


te;^ 


58  SOCIÉTÉ    SCIENTIFIQUE    D'aRCACHON 

qu'elles  sont  situées,  pour  un  même  Irustule,  sur  deux  plans 
très  dilîérents  en  pi-otondeur,  l'une  se  trouvant  du  côté  de  la 
paroi  du  frustule  tournée  vers  l'observateur,  l'autre  étant  tout 
contre  la  lamelle  porte-objet. 

C'est  ce  que  montre  la  fig.  8,  pi.  I,  dans  laquelle  sont  repré- 
sentées deux  calyntres  accolées  de  deux  frustules  conjoints,  vus 
du  côté  de  la  face  latérale.  Les  deux  épines  s'appuient  chacune 
sur  la  valve  contiguë,  épousant  la  pente  du  talus  opposé.  Mais 
l'une  est  située  sur  le  dessus,  et  l'autre  en  dessous  des  frustules. 
Celle-ci,  qui  est  vue  au  travers  des  parois,  a  été  ligurée  en 
lignes  pointillées. 

Pour  bien  étudier  leurs  positions  respectives,  il  faut,  à  l'aide 
d'un  poil  emmanché,  tourner  le  frustule  de  façon  à  ce  qu'il 
montre  sa  face  dorsale  ou  sa  face  ventrale.  On  conçoit  que 
ces  deux  positions  ne  soient  pas  stables,  car  alors  il  n'est  en 
contact  avec  la  lamelle  que  par  le  milieu  de  la  courbure  externe 
convexe,  s'il  présente  à  l'observateur  sa  face  ventrale,  ou  que 
par  les  points  d  et  tV  (fig.  5),  si  c'est  la  face  dorsale  qu'on 
aperçoit. 

Dans  11  fig.  7  de  la  planche  I,  la  partie  supérieure  de  la 
ligure  montre  l'agencement  des  épines  et  des  calyptres  de  deux 
l'rustules  conjoints  b  et  c,  présentant  à  l'observateur  leur  face 
ventrale,  c'est-à-dire  la  paroi  du  frustule  placée  du  côté  de  la 
courbure  interne  concave,  e  et  c'  sont  les  deux  épines  termina- 
les d'un  même  frustule  dont  je  n'ai  figuré  que  les  extrémités, 
a  et  b.  en  négligeant  la  partie  médiane.  On  se  rend  bien  compte 
(jue  les  deux  épines,  quoique  placées  toutes  deux,  pour  un 
même  frustule,  du  côté  de  la  courbure  convexe  externe,  sont 
néanmoins  alternées,  c'est-à-dire  situées,  pour  cette  position 
des  frustules,  l'une  à  droite,  l'autre  à  gauche  de  l'axe  perval- 
vaire  (i),  ce  qui  explique  la  différence  de  mise  au  point  dont  j'ai 
parlé  plus  haut. 

Comme  les  épines,  dans  la  fig.  7,  se  trouvent  du  côté  de 
la  face  dorsale  et,  par  conséquent,  sont  aperçues  par  transpa- 
rence au  travers  des  frustules,  elles  ont  été  figurées  en  lignes 
|)ointillées.  On  voit  bien,  dans  la  même  figure,  à  l'extrémité  des 
calyptres,  ^ — notamment  en  e  et  e\ — les  mamelons  très  peu 

(*)  Voir  plus  haut.  p.  50.  la  définition  de  l'axe  pervalvaire 


STATION    BIOLOGIQUE  59 

proéminents    à    la   crête   desquels    les    épines   sont    situées. 

J'ai  cherché  à  me  rendre  compte  si,  comme  cela  a  lieu  chez 
beaucoup  d'autres  Rhizozolenia,  chaque  épine  ne  s'emboîtait 
pas  dans  une  sorte  de  gouttière  de  la  valve  contiguë.  C'est  à 
peine  si  l'on  aperçoit,  à  la  surface  des  frustules  solitaires,,  à 
l'endroit  où  s'appuyait  l'épine  du  frustuie  conjoint,  une  très 
légère  dépression,  formée  certainement,  comme  je  l'ai  déjà  dit 
plus  haut  à  propos  du  Hhiz.  fragilissima,  au  moment  de  la  sé- 
crétion des  valves-lilles.  pai-  le  contact  de  chacune  des  deux 
épines,  déjà  achevées,  avec  la  membrane  molle  encore  de  la 
future  valve-lllle  opposée. 

Il  résulte  de  ce  qui  précède  que  le  mode  d'agencement  des 
frustules  entre  eux,  chez  le  Rhiz.  Stollerfolhii,  est  très  analogue 
à  ce  qu'on  rencontre  chez  tous  les  Rhizozolenia.  Ce  qui  donne, 
à  première  vue.  un  aspect  tout  particulier  à  cette  espèce,  c'est 
son  frustuie  arqué,  qui  se  place  latéralement  par  rapport  à 
l'observateur,  montrant  tout  à  fait  exceptionnellement  la  face 
dont  j'ai  dessiné,  pi,  I,  lig.  7,  les  parties  extrêmes. 

Je  dois  ici  faire  remarquer  que,  dans  la  planche  III,  publiée 
dans  le  Micrograplte  Préparateur  (n°  de  janvier-février  1902),  la 
fig.  4,  correspondant  à  la  fig.  7  de  la  planche  I  du  présent 
travail,  n'était  pas  absolument  exacte  quant  aux  contours  exté- 
rieurs du  frustuie.  En  effet,  les  fiustules  du  Rhiz.  Stolterfothii 
sont  légèrement  tordus  dans  toutes  leurs  parties.  S'ils  ne 
l'étaient  pas,  ils  ne  pourraient,  par  leurs  divisions  successives, 
former  des  spirales,  et  le  frustuie  terminal  du  premier  tour 
viendrait  buter  contre  la  valve  libre  du  premier  frustuie  de  la 
série,  fermant  ainsi  le  cercle,  tandis  (jue  la  différence  des  plans, 
en  profondeur,  entre  le  premier  frustuie  de  la  série  et  le  frustuie 
terminal  du  premier  tour,  est  très  sensible,  rendant  ainsi  pos- 
sible la  formation  des  tours  de  spire  successifs. 

Pour  ne  pas  nuire  à  la  nette  représentation  de  l'agencement 
des  calyptres  entre  elles,  j'avais  négligé  à  dessein,  dans  la 
lig.  4  de  la  planche  III,  —  me  réservant  de  le  signaler  dans 
mon  texte,  —  cette  légère  torsion  du  frustuie,  qui  donne  des 
lignes  d'un  dessin  très  compliqué  et  très  subtil.  Dans  la  nou- 
velle planche  I  jointe  à  ce  travail,  j'ai  supprimé,  pour  plus 
d'exactitude,  la  partie  médiane  du  frustuie,  entièrement  figuré 
dans  l'ancienne  planche,  et  je  n'en  ai  dessiné  que  les  extrémi- 


HO  SOCIÉTÉ  scientifiqub:  d'arcachon 

tés,  seules  nécessaires  pour  faire  comprendre  la  disposition 
des  épines  et  des  calyptres  opposées.  On  voudra  donc  bien, 
pour  la  fig.  4  de  l'ancienne  planche  III  comme  pour  la  flg.  7 
de  la  nouvelle  planche  I,  rétablir  par  la  pensée  cette  légère 
torsion  du  frustule. 

Je  passe  maintenant  à  ce  que  j'ai  pu  observer  du  processus 
de  division  de  la  cellule  chez  le  Rhiz.  S  loiter  fothii. 

Chez  cette  espèce,  lorsque  ta  cellule  vivante  n'est  pas  en 
cours  de  déduplication,  le  noyau  est  placé  latéralement,  dans 
la  zone  d'emboîtement  des  deux  connectifs,  contre  la  paroi 
interne  du  connectif  emboîté,  du  côté  de  la  courbure  intérieure 
concave  du  frustule,  le  plus  souvent  au  milieu  de  cette  cour- 
bure. Cette  position  du  noyau  était  constante  dans  les  très  nom- 
breuses cellules  à  l'état  de  repos  que  j'ai  examinées,  à  une 
exception  près.  Une  seule  fois  j'ai  rencontré  un  fragment  de 
spirale  (trois  quarts  de  tour  environ),  composé  de  six  cellules, 
dans  lesquelles  les  noyaux  étaient  tous  situés  contre  la  paroi 
interne  de  la  courbure  extérieure  convexe  des  frustules,  au 
milieu  de  cette  courbure  dans  les  cellules  à  l'état  de  repos,  et 
non  loin  du  milieu  de  cette  courbure  dans  les  cellules-filles  divi- 
sées depuis  peu,  oij  les  jeunes  noyaux,  formés  par  le  dédou- 
blement récent  du  noyau  de  la  cellule-mère,  étaient,  conformé- 
ment à  la  loi  que  je  formule  plus  loin,  en  train  de  gagner 
chacun,  —  la  sécrétion  des  valves-filles  une  fois  terminée,  — 
leur  place  respective,  située,  pour  ce  cas  exceptionnel,  non 
plus  au  milieu  de  la  courbure  intérieure  concave,  mais  au 
milieu  de  la  courbure  extérieure  convexe  de  chaque  cellule- 
fille.  C'est  là,  je  pense,  une  anomalie  et  non  pas  une  des  phases 
d'un  processus  spécial,  car  je  n'ai  jamais  retrouvé  rien  de 
pareil. 

Ce  qu'il  y  a  d'intéressant  dans  cette  observation,  c'est  que 
le  noyau,  placé  tout  à  fait  anormalement,  paraît  avoir  suivi, 
d'après  l'indication  fournie  par  les  cellules  en  voie  de  dédupli- 
cation, un  processus  de  division  absolument  normal  pour  l'es- 
pèce. 

De  profil,  la  masse  périnucléaire  semble  former  une  sorte 
d'ampoule  renflée,  recouverte  de  chromatophores,  et  à  l'inté- 
rieur de  laquelle  est  situé  le  noyau,  complètement  invisible 
lorsque  la  cellule  est  vivaute.  Il  est  même  très  difficile  de  Faper- 


STATION    BIOLOGIQUE  61 

cevoir  en  le  colorant.  Je  l'indique  en  o,  planche  I,  fig.  5,  où 
la  masse  périnucléaire  se  voit  de  profil,  et  en  o  également,  au 
centre  de  la  masse  périnucléaire,  dans  la  fig.  4  (pi.  I),  repré- 
sentant la  partie  médiane  d'un  frustule  vu  du  côté  de  sa  cour- 
bure interne  concave,  et  montrant  la  masse  périnucléaire  de 
face,  avec  les  chromatophores  radiants  autour  du  noyau. 

Les  chromatophores,  assez  nombreux,  ont  la  forme  de  petites 
plaques  allongées,  environ  deux  à  trois  fois  plus  longues  que 
larges,  souvent  un  peu  arquées,  à  bords  irréguliers.  Ils  sont 
appliqués  contre  les  parois  internes  du  frustule,  et  reliés  entre 
eux  par  des  filaments  plasmiques  le  plus  souvent  invisibles 
dans  les  cellules  vivantes.  Pour  apercevoir  nettement  ces  fila- 
ments, il  faut  fixer  les  cellules  avec  le  mélange  de  Flemming  et 
les  colorer  ensuite,  par  exemple  au  moyen  du  bleu  de  méthy- 
lène. 

Les  chromatophores  ont  toujours  une  tendance  à  être 
radiants,  —  plus  ou  moins  suivant  les  individus,  —  par  rap- 
port à  la  masse  plasmiique  entourant  le  noyau.  Cela  se  conçoit, 
car  les  filaments  plasmiques  qui  les  relient  émanent  tous  de 
cette  masse,  et,  lorsque  les  chromatophores  voyagent  contre  les 
parois  internes  du  frustule  pour  se  masser  autour  du  noyau, 
comme  cela  a  lieu  notamment  au  moment  de  la  division  de  la 
cellule,  ils  doivent  suivre  ces  fils  conducteurs  pour  gagner  la 
masse  périnucléaire.  On  verra,  d'autre  part,  qu'après  la  for- 
mation des  valves-filles,  lorsque  chacun  des  deux  noyaux  pro- 
venant de  la  division  du  noyau  de  la  cellule-mère  gagne,  dans 
chaque  cellule-fille,  sa  place  respective,  les  chromatophores  se 
déplacent  également,  de  façon  à  garder  toujours  leur  tendance 
radiante  par  rapport  à  la  masse  périnucléaire.  La  fig.  4  et  la 
fig.  5  montrent  ;la  disposition  des  chromatophores  chez  le 
Rhiz.  Stolterfothii ,  avec  le  fin  réseau  des  filaments  plas- 
miques qui  les  relient  les  uns  aux  autres.  J'ai  quelquefois 
ai)erçu,  dans  certains  frustules,  un.  deux  ou  trois  petits  points 
brillants  ou  sombres  suivant  la  mise  au  point,  paraissant  situés 
sur  la  périphérie  de  chaque  chromatophore.  Sont-ce  des  phy- 
,  sodés?  Je  n'ai  pu  encore  m'en  assurer.  Dans  beaucoup  de  frus- 
tules, on  ne  les  rencontre  pas.  La  flg.  2,  planche  I,  montre  quel- 
ques chromatophores  du  Rhiz.  Stolterfothii  plus  grossis,  avec 
ces  petits  corpuscules  arrondis. 


62  SOCIÉTÉ    SCIENTIFIQUE   D'ARCACHON 

Processus  de  division  du  Rhizozolenia  Stolterfothii 
H.  Peragallo.  —  Dans  la  planche  111  du  numéro  de  janvier- 
février  d 902  du  Micrographe  Préparateur,  j'ai  donné  une  suite 
de  phases  successives  de  la  division  de  la  cellule  chez  le  Rhiz. 
Stolterfothii.  A  cette  époque,  ainsi  que  je  l'ai  dit  plus  haut,  je 
n'avais  pas  encore  connaissance  de  la  deuxième  partie  de  la 
iemarqua:ble  étude  que  Schûtt  a  publiée  sur  la  croissance  de 
la  membrane  chez  certaines  Diatomées  pélagiques  (Schûtt,  II). 
Je  n'en  connaissais  que  la  première  partie  (Schûtt,  I).  J'ai  dit, 
plus  haut,  dans  le  chapitre  consacré  au  Rhiz.  fragiUssima,  que 
Schûtt  avait  pu  observer,  pour  cette  espèce,  toutes  les  phases  du 
processus  de  division,  phases  qu'il  a  ligurées  dans  cette  seconde 
partie  (IL  pi.  XII,  fig.  13  à  22).  On  y  voit  que  le  noyau,  latéral 
comme  chez  le  Rhiz.  StolterloLhii,  se  divise  contre  la  paroi 
interne  du  t'rustule,  puis  que  les  deux  jeunes  noyaux,  formés 
par  la  division  de  l'ancien,  voyagent  par  un  mouvement  simul- 
tané vers  la  partie  centrale  de  la  cellule. 

Comme,  sur  les  milliers  d'exemplaires  de  Rhiz.  Stolterfothii 
que  j'ai  étudiés  depuis  plus  de  deux  ans,  je  n'avais  jamais  vu 
le  noyau  se  diviser  contre  la  paroi  de  la  courbure  interne  con- 
cave et  que,  d'autre  pail  j'avais  rencontré  ti'ès  souvent  des 
frustules  avec  des  noyaux  divisés  au  centre  de  la  cellule  et 
appliqués  de  part  et  d'autre  contre  la  face  interne  des  valves- 
filles  encore  en  voie  de  formation,  j'en  avais  conclu  que  la  divi- 
sion s'opérait  au  centre  de  la  cellule. 

D'autre  part,  Schûtt  a  constaté  chez  Rhiz.  fragilissima  et 
Guinardia  baltica  (Hensen)  SchDtt,  après  la  division  du  noyau 
et  le  voyage  des  deux  jeunes  noyaux  vers  la  partie  centrale  de 
la  cellule,  le  retrait  du  plasma  entraînant  les  masses  périnu- 
cléaires  et  les  noyaux  en  sens  opposé,  et  laissant  un  vide  au 
milieu  de  la  cellule-mère,  lequel  retrait  est  suivi  du  rappro- 
chement des  surfaces  plasmiques  au  moment  des  premiers 
symptômes  de  formation  des  valves-filles. 

Ce  retrait  des  deux  noyaux  divisés  el  des  surfaces  plas- 
miques, immédiatement  avant  la  sécrétion  des  valves-filles,  je 
l'avais  déjà  observé  chez  des  espèces  dont  les  frustules  vivent 
isolés  (par  exemple  Ditylium  BrightirelUi  West),  ou  dont  les 
valves,  les  frustules  étant  réunis  en  chaînes,  sont  reliées, 
d'un   frustule   à   l'autre,   par  différentes    sortes    d'appendices 


STATION   BIOLOGIQUE  63 

plus  OU  moins  développés,  et,  par  conséquent,  sont  placées,  par 
cela  même,  à  une  certaine  distance  l'une  de  l'autre  (par  exemple 
Stephanopyjcis  turgida  Gheville).  Mais,  n'ayant  pu  découvrir 
rien  de  semblable,  malgré  de  longues  et  patientes  recherches, 
chez  les  espèces  dont  les  frustules,  réunis  en  chaînes,  ont,  d'un 
frustule  à  l'autre,  leurs  valves  contiguës,  sans  appendices  inter- 
médiaires (par  exemple,  Rhiz.  StoUerfothii  H.  Peragallo  et 
Guinardia  flaccida  H.  Peragallo),  j'en  avais  conclu  que  les 
valves  étaient  sécrétées  au  centre  de  la  cellule,  sans  qu'il  y  eût 
préalablement  retrait,  puis  rapprochement  du  plasma.  En  effet, 
je  ne  pouvais  me  douter,  du  moment  que  les  valves-filles  de- 
vaient se  trouver,  une  fois  terminées,  contiguës  au  centre  de  la 
cellule  et  que  je  rencontrais  toujours  les  jeunes  noyaux  égale- 
ment au  centre  de  la  cellule,  apphqués  chacun  contre  la  paroi 
de  l'une  des  deux  nouvelles  valves-fdles  encore  en  voie  de  for- 
mation, qu'il  pouvait  s'être  produit  auparavant  le  retrait,  puis 
le  rapprochement  des  surfaces  plasmiques  divisées,  ce  qui  pa- 
raît, à  première  vue,  un  processus  inutilement  compliqué. 

Lorsque  j'eus  connaissance  de  l'ouvrage  de  Schiitt,  je  recom- 
mençai mes  recherches,  me  demandant  si  ce  processus  n'exis- 
tait pas  également  chez  le  RJiiz.  Stolterfolhii. 

Je  pus  observer  le  retrait  et  le  rapprochement  successifs 
des  surfaces  plasmiques  chez  le  Guinardia  flaccida.  et,  ainsi 
qu'on  l'a  vu  plus  haut,  chez  le  Rhiz.  deàcatula,  le  retrait  seu- 
lement chez  le  Cerataulina  Bergonii  H.  Peragallo,  mais  il  me 
fut  impossible  de  rien  découvrir  concernant  le  Rhiz.  Sloltei- 
fothii. 

Cependant,  comme  un  doute  subsiste  encore,  que  j'espère 
pouvoir  éclaircir  par  la  suite,  j'ai  supprimé,  dans  ma  nouvelle 
planche  I,  les  dessins  b  et  c  de  l'ancienne  fig.  3,  et  je  donne, 
dans  ma  nouvelle  flg.  6,  en  a,  b,  c,  d,  e,  f,  les  phases  successi- 
\es  du  voyage  des  deux  jeunes  noyaux  tout  récemment  formés 
par  la  division  du  noyau  de  la  cellule-mère,  gagnant  chacun, 
par  un  mouvement  simultané,  après  la  sécrétion  des  valves- 
filles,  leur  place  respective  au  milieu  de  la  courbure  intérieure 
concave  de  chaque  cellule-fille. 

Comme  on  le  voit  par  les  fig.  6  a,  b  et  c,  les  masses  plas- 
miques périnucléaires  m'  et  m",  avec  les  jeunes  noyaux  qu'elles 
renferment,    glissent   simultanément   le   long   des   parois  des 


64  SOCIÉTÉ   SCIENTIFQUE  d'aRCACHON 

valves  tout  nouvellement  sécrétées,  les  chromatophores  conser- 
vant, par  rapport  à  elles,  leur  tendance  radiante  {^).  Elles  attei- 
gnent, dans  la  fig.  6  c,  la  courbure  intérieure  concave  du  frus- 
tule.  Arrivées  à  cet  endroit,  elles  s'éloignent  de  plus  en  plus 
l'une  de  l'autre,  tandis  que  se  forment  les  nouveaux  anneaux 
d'imbrication  et  les  nouveaux  connectifs  à  l'intérieur  des  anciens 
connectifs,  contre  le  bord  libre,  tout  récemment  sécrété,  des 
valves-filles  et  que,  par  suite  de  la  croissance  générale  de  tout 
le  contenu  cellulaire  des  nouvelles  cellules-filles,    les  valves- 
filles  sont  poussées  par  glissement,  avec  la  partie  déjà  sécrétée 
des  nouveaux  anneaux  d'imbrication  et  des  nouveaux  connec- 
tifs y  attenant,  hors  des  anciens  connectifs  qui  se  désemboîtent, 
puis  s'écartent  de  plus  en  plus  l'un  de  l'autre,  les  deux  cellules- 
filles  augmentant  progressivement  de  longueur  (fig.  6d,  e).  Dans 
lafig.  Of,  les  nouveaux  connectifs  sont  entièrement  formés  et  les 
masses  plasmiques  périnucléaires  avec  leurs  noyaux  sont  main- 
tenant parvenues  au  milieu  de  la  courbure  concave  intérieure 
des  cellules-filles,  elles  sont  appliquées  contre  la  paroi  interne 
de  l'anneau  d'emboîtement  que  forme  chacun  des  nouveaux  con- 
nectifs avec  l'un  des  anciens  et  les  cellules-filles  ont  acquis  leur 
longueur  définitive,    reproduisant  la  cellule-mère  représentée 
fig.  5(2). 

Ce  voyage  des  noyaux  et  des  masses  périnucléaires  qui  les 
entourent,  pour  gagner,  dans  les  nouvelles  cellules,  leur  place 
respective,  semble  se  faire  très  lentement  et  parallèlement  à 
la  sécrétion  des  nouveaux  connectifs,  parallèlement  aussi  au 
désemboîtement,  puis  à  l'écartement  progressifs  des  anciens 
connectifs.  J'ai  observé  ce  voyage  chez  toutes  les  Diatomées 
pélagiques  sans  exception  que  j'ai  étudiées  à  Arcachon.  On 
peut  être  certain,  lorsqu'on  rencontre,  dans  une  chaîne  de 
Diatomées  pélagiques,  deux  valves  adjacentes  de  deux  frustules 
voisins  renfermées  encore  à  l'intérieur  de  connectifs  non 
désemboîtés,  que  ces  valves  sont  très  récemment  formées, 
et  l'on  trouve  toujours,  en  ce  cas,  les  noyaux  soit  appliqués 

(*)  Dans  les  fig.  6  a,  b,  c,  d,  e,  f,  pour  plus  de  clarté  dans  le  dessin,  je  n'ai  pas 
figuré  les  nombreux  chromatophores  qui,  pendant  toute  la  durée  de  ces  différentes 
phases,  ne  cessent  de  recouvrir  les  masses  périnucléaires  et  les  cachent  presque  com- 
plètement. 

(2)  J'ai  dessiné  pi.  I,  fig.  1,  d'après  nature,  un  tour  de  spirale  formé  par  les  divi- 
sions successives  des  cellules  du  Rhiz.  StoUerfothii,  montrant  ces  cellules  dans 
différentes  phases  de  la  division. 


STATION    BIOLOGIQUE  65 

contre  l'a  paroi  interne  des  jeunes  valves,  soit  en  train  de 
voyager  pour  gagner  leur  place  respective  dans  les  nouvelles 
cellules-filles.  Autrement  dit,  jamais  l'on  ne  trouvera  le  noyau 
situé  à  sa  place  de  repos  dans  un  frustule  dont  l'une  ou  l'autre 
valve  sera  renfermée  avec  la  valve  contiguë,  conjointe  ou  sim- 
plement opposée  du  frustule  voisin  dans  l'intérieur  de  connec- 
tifs  non  désemboîtés. 

Un  autre  fait  également  constant  est  celui-ci  : 

Dans  tous  les  cas  observés  par  moi,  les  deux  jeunes  noyaux 
récemment  formés  et  leurs  masses  plasmiques  périnucléaires 
sont  toujours  placés,  au  moment  de  la  sécrétion  des  nouvelles 
valves,  le  long  de  l'axe  pervalvaire  et  par  conséquent  là  où  sera 
la  partie  centrale  de  ces  valves,  le  plus  souvent  au  milieu  de  cet 
axe,  c'est-à-dire  à  égale  distance  des  points  centraux  des  deux 
valves  de  la  cellule-mère,  toujours,  en  tout  cas,  dans  la  zone 
d'emboîtement  des  anciens  conneclifs,  et  le  plus  souvent  au 
centre  de  cette  zone.  C'est  ce  que  montre,  en  m'  et  m",  la 
fig.  6  a. 

Chez  les  espèces,  telles  que  Rhiz.  Stolterlothii,  oili  les  valves 
accolées  de  deux  frustules  conjoints  se  touchent  immédiate- 
ment sans  être  reliées  par  des  appendices  plus  ou  moins  déve- 
loppés, les  parties  emboîtées  des  anciens  connectifs,  —  ce  que 
j'ai  appelé  l'anneau  d'emboîtement,  —  se  voient  plus  difficile- 
ment que  chez  les  autres  espèces,  où  l'écartement  relatif  des 
valves  voisines  les  laisse  mieux  apercevoir.  Elles  trahissent 
cependant  toujours  leur  présence  par  ce  fait  très  particulier 
qu'on  aperçoit,  sur  chacune  des  deux  lignes  parallèles  que  for- 
ment les  contours  du  frustule  tourné  du  côté  de  la  face  connec- 
tive, un  trait  plus  marqué  correspondant  à  l'anneau  d'emboîte- 
ment, trait  qui  paraît  dû  à  un  épaississement  de  silice  et  qui 
provient  de  ce  que,  pour  cette  partie  emboîtée  seulement,  il  y  a 
à  cet  endroit  l'épaisseur  de  deux  parois  et  non  plus  d'une  seule. 

On  peut  constater  facilement  ce  détail  sur  la  plupart  des 
figures  de  mes  deux  planches.  Quant  aux  deux  lignes  transver- 
sales formées  par  les  contours  des  bords  libres,  l'un  interne, 
l'autre  externe,  des  connectifs  emboîtés,  elles  sont  extrêmement 
délicates  à  découvrir.  Un  excellent  moyen  d'apercevoir  plus 
nettement,  dans  les  cellules  en  voie  de  division,  la  présence 
et  le  mode  d'emboîtement  de  ces  connectifs  très  hyalins,  — 

sociÉTii:  d'Arcachon.  5 


66  SOCIÉTÉ    SCIENTIFIQUE   D*ARGACHON' 

que  Schiitt  appelle,  pour  cette  phase  spéciale  du  processus  de 
déduplicalion,  Internodiale  MembranJiôsclien,  et  qui  donnent  à 
la  cellule-mère  tout  récemment  divisée  un  aspect  si  caractéris- 
tique, ressemblant  à  des  étuis  fermés  ou  ouverts  suivant  le 
degré  de  croissance  des  cellules-filles,  —  c'est,  ainsi  que  je  l'ai 
dit  plus  haut  et  comme  l'indique  Schiitt  (II,  p.  495),  de  colorer 
au  moyen  de  Thématoxyline  ou  du  bleu  de  méthylène  le  liquide 
qui  les  contient  et  de  les  observer  dans  ce  liquide  même. 
Ces  connectifs  prennent  admirablement  la  couleur  et  deviennent 
alors  très  visibles  avec  leurs  détails. 

Je  viens  de  décrire  ce  que  j'ai  pu  voir  jusqu'ici  du  processus 
de  division  chez  le  Rhiz.  StolterfothiL  J'espère  pouvoir,  en  conti- 
nuant mes  observations  sur  ce  point  si  intéressant,  les  com- 
pléter peu  à  peu. 

Si  ce  que  j'ai  exposé  plus  haut  offre  quelque  intérêt,  c'est 
surtout  en  ceci  que  toutes  mes  recherches  ont  été  faites  sans 
que  j'eusse  connaissance  de  celles  de  Schiitt  sur  le  même  sujet, 
et  qu'elles  m'ont  conduit,  pour  des  espèces  différentes,  à  des 
constatations  analogues  aux  siennes.  Il  est  vrai  que  je  n'ai  pu 
arriver  à  voir,  aui  moment  de  la  division  de  la  cellule,  chez  le 
Rhiz.  Stolterfothii,  le  retrait  et  le  rapprochement  successifs  des 
Surfaces  plasmiques  après  le  dédoublement  du  noyau  de  l'a  cel- 
lule-mère. Mais  rien  ne  prouve  que  ces  phénomènes  n'existent 
pas,  et  je  vais  faire  sur  ce  point  des  recherches  nouvelles. 

On  verra  par  la  suite  que,  sur  beaucoup  d'autres  points,  mes 
études  personnelles  ont  confirmé  la  manière  de  voir  de  Schiitt, 
toujours  très  judicieuse. 

Il  m'est  arrivé  de  rencontrer  dans  mes  pêches  pélagiques,  à 
certaines  époques,  des  agglomérations  très  typiques  et  très  spé- 
ciales de  frustules  de  Rhiz.  Slolterfothii.  Ces  frustules,  tou- 
jours de  petites  dimensions  et  très  peu  siliceux,  sont  réunis 
bout  à  bout,  le  plus  souvent  par  groupes  de  deux  ou  trois,  de 
façon  à  former  des  tronçons  de  spirale  enchevêtrés  et  parais- 
sant englobés  dans  une  masse  hyaline  qui  semble  les  faire 
adhérer  les  uns  aux  autres.  Je  n'ai  pu  m'expliquer  encore 
cet  état  très  particulier.  N'y  aurait-il  pas  là  un  phénomène 
analogue  à  celui  observé  par  Murray,  notamment  chez  un 
Coscinodiscus,  et  ces  agglomérations  ne  seraient-elles  pas  de 
même  nature  que  celles  dessinées  par  lui  (I,  pi.  II,   fig.  4-5), 


STATION    BIOLOGIQUE  67 

c'est-à-dire  très  prqbablement  issues  par  le  mode  de  sporula- 
tion spécial  qu'il  a  découvert  (I)?  Je  ne  serais  pas  éloigné 
de  le  supposer,  car  différents  indices  recueillis  par  moi  au 
cours  de  mes  études  sur  les  Diatomées  pélagiques,  me  font 
penser  que  le  processus  observé  par  Murray  doit  exister  chez 
beaucoup  d'espèces,  sinon  chez  toutes.  C'est  là  une  question  du 
plus  haut  intérêt,  que  j'espère  pouvoir  élucider  par  la  suite. 
Je  donne,  planche  I,  fig.  3,  le  dessin  d'une  de  ces  aggloméra- 
tions de  frustules  de  Rhiz.  Stolterfothii.  J'ai  également  trouvé 
quelquefois  des  spirales  de  cette  même  espèce,  composées  de 
frustules  très  peu  siliceux,  dont  l'accolement  formait  des  tours 
de  plus  en  plus  petits,  apphqués  les  uns  sur  les  autres,  et  non 
distants  les  uns  des  autres,  comme  c'est  l'habitude,  de  telle 
sorte  que,  de  profil,  les  différents  tours  de  spire  d'une  même 
chaîne  avaient  à  peu  près  la  forme  d'un  tronc  de  cône.  Tout 
l'espace  compris  à  l'intérieur  des  spirales,  c'est-à-dire  tout 
l'intérieur  du  tronc  de  cône  paraissait  rempli  d'une  sorte 
de  substance  hyaline  qui  semblait  souder  les  frustules  les  uns 
aux  autres  et  se  manifestait  par  la  présence  de  corps  étrangers 
y  adhérant  et  se  déplaçant,  lorsqu'on  faisait  mouvoir  toute  la 
masse,  en  même  temps  qu'elle  et  d'un  mouvement  parallèle. 

Y  a-t-il  corrélation  entre  cet  état  des  frustules  et  l'état  ci- 
dessus  décrit?  Je  ne  sais.  Je  chercherai  à  éclaircir  tous  ces 
points  douteux  encore. 

Voici,  pour  terminer,  quelques  mesures  prises  sur  des 
cellules  soit  au  repos,  soit  en  état  de  division,  et  appartenant 
à  des  spirales  différentes.  J'ai  groupé  sur  une  même  ligne 
les  indications  et  les  dimensions  prises  dans  une  même 
spirale. 

On  remarquera,  en  consultant  dans  le  tableau  de  la  page 
suivante  les  mesures  des  différentes  cellules  en  voie  de  divi- 
sion, que  les  cellules-filles  récemment  formées  ont,  deux  à 
deux,  la  même  longueur  (à  une  exception  près).  C'est  là  une 
conséquence  de  ce  fait  que  les  valves-fîlles,  ainsi  que  je  le  dis 
plus  haut  page  65,  sont  sécrétées  le  plus  souvent  au  milieu  de 
la  cellure-mère,  la  divisant  ainsi  en  deux  parties  égales.  Il  faut 
ajouter  que,  par  la  suite,  la  croissance  des  cellules-filles  ju- 
melles semble  se  faire,  d'ordinaire,  dans  d'égales  proportions 
de  part  et  d'autre. 


68 


SOCIÉTÉ   SCIENTIFIQUE  D'aRCACHON 


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un,p  9,m9U9}ui  ajnqjnoo  ej 
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STATION   BIOLOGIQUE  69 

Cette  espèce  n'est  pas  rare  à  Arcachon,  où  elle  devient  assez 
abondante  à  certaines  époques.  Je  l'ai  trouvée  également,  le 
4  septembre  1901,  sur  les  côtes  du  Finistère,  à  Carantec,  près 
Morlaix,  en  immenses  quantités  et  presque  pure  (à  peine  mé- 
langée avec  ÏAsterionella  spathulifera  Gleve  et  le  Guinardia 
[laccida  H.  Peragallo  en  longues  chaînes).  Elle  a  continué 
pendant  quelques  jours  à  être  excessivement  abondante,  puis 
est  devenue  moins  commune.  Le  21  septembre  1901,  date  de 
ma  dernière  pêche  dans  ceitte)  localité,  elle  était  beaucoup 
moins  abondante  qu'au  commencement  du  mois. 


Lauderia  Schrôderi  n.  sp.  P.  Bergon 
=•  Lauderia  delicatula  Schroder  non  Peragallo 


(Schroder,  I,  p.  23,  pi.  I,  fig.  9  a,  9  b.) 


Frustules  cylindriques,  formant  des  chaînes  droites.  Valves 
circulaires,  munies  d'une  couronne  marginale  de  bâtonnets 
parallèles  et  d'une  épine  centrale. 

Les  bâtonnets  sont  bifurques  à  leur  extrémité  et  alternés 
entre  les  deux  valves  adjacentes  de  deux  frustules  voisins,  de 
telle  façon  que  l'extrémité  de  chaque  branche  de  fourche  est  en 
contact  avec  l'extrémité  de  la  branche  de  fourche  non  correspon- 
dante d'un  des  bâtonnets  de  la  valve  opposée,  chaque  bâtonnet 
de  chaque  vaJve  aboutissant  ainsi,  par  ses  extrémités,  à  deux 
bâtonnets  de  l'autre  valVe  (pi.  I,  partie  inférieure  de  la  fig.  11). 

Ce  mode  de  jonction  des  couronnes  de  bâtonnets  est  identi- 
que à  celui  dessiné  par  Schiitt  pour  le  Skeletonema  costatum 
Greville  (II,  pi.  XII,  fig.  8-9),  à  cette  exception  près  que  je 
n'ai  pu  voir,  chez  le  Lauderia  Schr'ôderi,  au  point  de  jonction 
des  branches  de  fourche  deux  à  deux,  le  petit  épaississement 
sphérique  que  Schûtt  indique  dans  sa  figure.  Lorsque  la  cohé- 
rence cesse  entre  deux  valves  adjacentes,  la  rupture  des 
bâtonnets  se  fait  à  leur  point  de  jonction,  qui  est  situé  exacte- 
ment à  égale  distance  des  deux  valves,  c'est-à-dire  que  chaque 
bâtonnet  dissocié  porte  à  son  extrémité  la  moitié  des  branches 
de  fourche  qui  le  rehaient  à  deux  bâtonnets  de  la  valve  opposée 


70  SOCIÉTÉ    SCIENTIFIQUE   d'aRCACHON 

(voir  la  valve  terminale  de  la  partie  inférieure  de  la  chaîne 
représentée  pi.  I,  fig.  11)  (*). 

Au  centre  de  chaque  valve  existe  une  petite  dépression  en 
forme  d'entonnoir,  au  fond  de  laquelle  est  fichée  une  épine 
droite  qui,  d'un  côté,  pénètre  pour  une  certaine  partie  dans  l'in- 
térieur dui  frustule  et  de  l'autre  se  dresse  hors  de  la  cavité 
centrale  pour  coïncider  bout  à  bout  avec  l'épine  centrale  de 
la  valve  opposée  (pi.  I,  partie  supérieure  de  la  fig.  11)  {^).  Il  y  a 
là,  au  point  de  jonction  des  épines  centrales,  comme  à  celui 
des  bâtonnets  marginaux,  un  locus  minoris  resistanciœ,  car 
la  cohésion  des  frustules  entre  eux  est  très  peu  stable 
et,  pour  peu  que  le  contenu  vivant  de  la  cellule  s'al- 
tère, les  frustules  se  désassocient,  se  séparant  aux  endroits 
de  jonction  des  épines  centrales  et  des  bâtonnets  marginaux. 

Anneaux  d'imbrication  assez  nombreux,  à  encoches  bien  visi- 
bles, lorsque  le  frustule  est  tourné  du  côté  des  faces  oiî  elles 
existent.  Encoches  à  imibrication  oblique,  alternativement  dis- 
posées, d'un  anneau  à  l'autre,  sur  un  côté  du  frustule,  puis 
isur  le  côté  opposé,  de  sorte  que  pour  un  même  côté  elles  sont 
visibles  de  deux  en  deux  anneaux. 

Masse  périnucléaire  centrale,  située  dans  la  zone  d'emboîte- 
ment. Je  n'ai  pu  jusqu'ici,  malgré  des  essais  répétés,  y  faire 
apparaître  le  noyau.  Chromatophores  assez  nombreux,  étoiles, 
à  3-6  rayons  (le  plus  souvent  4,  ou  5),  appliqués  contre  la  paroi 
interne  du  frustule.  Filaments  plasmiques  soit  appliqués  éga- 
lement contre  la  oaroi  interne,  et  alors  formant  un  fin  réseau 


(1)  Dans  la  planche  III  parue  en  janvier-février  1902  (n»l  du  Micrographe  Prépa- 
rateur), j'ai  figuré  les  bâtonnets  du  Lauderia  Schrôderi  (auquel  j'avais  encore  gardé 
le  nom  de  Lauderia  delicatula)  non  fourchus  à  leurs  extrémités  et  non  alternés 
entre  deux  valves  adjacentes  de  deux  frustules  voisins.  Il  m'avait  semblé  à  cette 
époque  les  voir  ainsi  dans  les  frustules  étudiés.  Des  observations  minutieuses  m'ont 
convaincu  depuis  qu'ils  étaient  en  réalité  tels  que  je  les  figure  dans  ma  nouvelle 
planche  I.  Ces  détails  sont  extraordinairement  délicats  à  voir  nettement  et  presque 
impossibles  à  distinguer  sur  des  exemplaires  préparés  dans  un  liquide,  exemplaires 
que  j'avais  eus  seuls  à  ma  disposition  au  commencement  de  l'année  1902. 

Il  se  pourraitd'ailleurs  qu'il  se  rencontrât,  comme  cela  a  lieu  pour  leSkelelonema 
costatum  (Schûtt,  II,  pi.  XII,  fig.  4  e,  fig.  5  x,  X  et  \i),  des  frustules  dont  les  bâtonnets 
ne  fussent  pas  fourchus  à  leurs  extrémités,  étant  alors  reliés  entr'eux  deux  à  deux  et 
bout  à  bout,  et  que  les  premiers  exemplaires  que  j'ai  observés  fussent  dans  ce  cas. 

{-)  Pour  bien  montrer  le  mode  d'insertion  de  l'épine  centrale  dans  la  cavité 
centrale,  et  le  mode  de  jonction  de  deux  épines  opposées,  j'ai  représenté,  dans  la 
partie  supérieure  de  la  fig.  Il,  pi.  I,  seulement  cette  épine,  en  négligeant  à  dessein 
les  bâtonnets  marginaux.  La  partie  inférieure  de  la  même  figure  montre  la  superpo- 
sition des  deux  détails,  qu'il  faut  deux  mises  au  point  différentes  pour  apercevoir. 


STA'J'ION    BIOLOGIE LK  71 

qui  joint  les  chromatophores  entre  eux,  soit  radiants  vers  la 
masse  plasmique  périnucléaire,  et  alors  reliant  les  chromato- 
phores voisins  de  l'anneau  d'emboîtement  à  cette  masse  péri- 
nucléaire,  la  maintenant  ainsi  comme  suspendue  au  centre  de  la 
cellule. 

Je  n'ai  pu  me  rendre  compte  encore  si  les  bâtonnets  mar- 
ginaux et  la  fine  épine  centrale  sont  tubuleux.  Il  est  possible 
qu'à  l'état  vivant  des  fils  plasmiques  les  traversent  et  fassent 
ainsi  communiquer  entre  elles  les  cellules  d'une  même  chaîne. 
Ce  qui  peut  le  faire  supposer,  c'est  que,  dès  que  les  cellules 
meurent,  la  cohésion  cesse  aux  points  de  jonction  des  épines 
centrales  et  des  bâtonnets  marginaux,  sans  même  que  le 
moindre  choc  se  soit  produit.  De  plus,  dans  les  cellules 
vivantes,  un  filet  plasmique  très  visible  rejoint  la  masse  péri- 
nucléaire  à  l'extrémité  interne  de  l'épine  centrale  de  chaque 
valve.  On  peut  supposer  que  ce  filet  continue  dans  l'épine 
tubuleuse  et,  traversant  ensuite  l'épine  opposée,  réunit  ainsi 
les  masses  périnucléaires  des  cellules  composant  une  même 
chaîne.  Je  compte  faire,  par  la  suite,  de  nouvelles  recherches 
sur  ce  point  intéressant. 

J'ai  trouvé  à  Arcachon  cette  forme,  que  Schroder  (I,  p.  23, 
pi.  I,  fig.  9  a,  9  5)  décrit  comme  espèce  pélagique  rencontrée 
par  lui  dans  la  baie  de  Naples,  et  qu'il  rapporte  au  Lauderia 
delicatula  H.  Peragallo. 

J'ai  pu  me  convaincre,  en  étudiant  la  préparation  type  qui 
a  servi  à  l'auteur  de  cette  espèce  pour  le  dessin  de  la  fig.  13, 
pi.  I,  de  sa  Monographie  des  Rhizozolenia,  que  la  forme  de 
Schroder  est  une  tout  autre  espèce.  Cleve  a  d'ailleurs  retrouvé 
le  Laud,ena  delicatula,  et  le  dessin  qu'il  en  donne  (I,  pi.  II, 
fig.  21)  concorde  bien  avec  celui  de  Peragallo.  Il  n'y  a  donc 
pas  de  doute  que  l'espèce  très  valable  de  Peragallo  ne  possède 
qu'une  couronne  de  fines  épines  marginales  et  pas  de  dépres- 
sion ni  d'épine  centrales.  Quant  à  la  forme  d'Arcachon,  elle 
me  paraît  identique  à  celle  de  Schroder,  sauf  que  les  frustules 
sont  un  peu  plus  distants  les  uns  des  autres  et  que  les  bâton- 
nets qui  les  joignent,  par  cela  même,  sont  plus  développés. 
Schroder,  il  est  vrai,  parle,  non  pas  de  bâtonnets,  mais  de  fines 
dents  alternées  que  l'on  prendrait  plutôt,  sur  des  exemplaires 
vivants,  pour  de  délicates  granulations.  Il  faudrait,  pour  dif- 


72  SOCIÉTÉ    SCIENTIFIQUE   D'aRCACHON 

férencier  plus  sûrement  ces  deux  formes,  pouvoir  étudier  celle 
du  golfe  de  Naples,  ce  qu'il  m'a  été  impossible  de  faire.  En  tout 
cas,  je  ne  vois  là  que  deux  variétés  d'une  même  espèce  (i). 

J'ai  pensé  d'abord  que  cette  espèce  pouvait  être  le  Lauderia 
condensata  Cleye  {II,  p.  22,  pi,  VIII,  fig.  12-13).  Le  dessin  qu'il 
donne  de  la  face  valvaire  de  cette  espèce  se  rapproche  beau- 
coup de  la  fig.  12  de  ma  planche  I.  Cependant  comme,  dans 
la  figure  de  Cleve,  les  valves  paraissent  être  reliées  deux  à  deux 
par  un  filament  ininterrompu  comme  chez  les  Thalassiosira,  et 
non  pas  par  les  deux  épines  si  typiques,  dont  chacune  se  pro- 
longe, au  travers  de  la  dépression  centrale  de  la  valve  à  laquelle 
elle  appartient,  jusque  dans  l'intérieur  de  la  cellule,  et,  de  l'au- 
tre côté,  rejoint  par  son  extrémité  l'extrémité  de  l'épine  de  la 
valve  opposée,  leur  point  de  jonction  devenant  le  point  de  rup- 
ture lorsque  les  frustules  se  séparent  les  uns  des  autres, 
comme,  d'autre  part,  les  chaînes  du  Thalassiosira  condensata 
ne  paraissent  pas  rigides  comme  celles  de  la  forme  d'Arcachon 
et  de  Naples,  je  crois  devoir  faire  de  cette  forme  une  nouvelle 
espèce,  que  je  propose  d'appeler  Lauderia  Schrôderi^  Schroder 
l'ayant  découverte  le  premier.  J'ai  hésité  à  en  faire  un  Thalas- 
siosira. En  fin  de  compte,  je  l'ai  maintenue  dans  le  genre 
Lauderia,  justement  à  cause  du  caractère  de  l'épine  centrale, 
qui  n'est  pas  un  filament  continu  d'un  frustule  à  l'autre,  et  de 
la  couronne  marginale  de  bâtonnets  coïncidant  par  leurs  extré- 
mités, tandis  que  chez  les  Thalassiosira  le  filament  central, 
assez  développé,  rejoint  seul  les  valves  deux  à  deux.  Cette 
forme  rentre  aisément  dans  la  définition  du  genre  Lauderia 
donnée  par  Peragallo  (I,  p.  105).  II  est  certain  toutefois  que 
'c'est  là  une  forme  de  transition,  qui  passe  d'un  côté  aux 
Thalassiosira,  par  la  présence  de  l'épine  centrale  des  valves 
reliant  les  frustules  entre  eux,  et  de  l'autre  aux  Skeletonema  par 
le  mode  alterné  de  jonction  des  bâtonnets  marginaux. 

J'ai  rencontré  les  endocystes  ou  spores  de  repos  (statospores) 

(*)  La  forme  de  Naples,  d'après  les  mesures  indiquées  par  Schroder  (longueur  :  8  à 
10  jj.;  largeur  2  (i,  2  à  2  ji,  8)  est  beaucoup  plus  longue,  par  rapport  à  sa  largeur,  que 
la  forme  d'Arcachon  (longueur:  3  |x,  3  à  4  jx;  largeur;  1  |j.,  6  à  3  jx). Cela  n'a  pas  d'im- 
portance d'ailleurs,  car,  chez  toutes  les  espèces  pélagiques  que  j'ai  étudiées,  on  rca- 
contre,  suivant  les  localités,  et,  pour  une  même  localité,  suivant  les  époques,  de 
grandes  différences  de  longueur  par  rapport  à  leur  largeur.  Je  n'ai  pu  encore  m'expli- 
quer  nettement  la  cause  de  ces  différences.  Je  reviendrai  sur  ce  sujet  dans  la  suite 
de  mon  trd\ail. 


STATION    BIOLOGIQUE  73 

de  cette  espèce  dans  les  intestins  de  Spatangus  purpureus 
MiiLLER  pêcliés  dans  l'Atlantique,  en  dehors  du  bassin  d'Arca- 
chon,  par  35  brasses,  au  large  de  Contis. 

Je  recommande  ce  moyen  de  récolter  les  endocystes  des  Dia- 
tomées pélagiques  reposant  au  fond  de  la  mer.  Les  oursins 
vivent  essentiellement  sur  les  fonds  et  s'y  nourrissent,  appli- 
qués contre  le  sol  sur  lequel  ils  se  meuvent  par  une  sorte  de 
glissement.  Ils  absonbent  ainsi  tout  ce  qui  s'y  dépose  et  l'on 
peut  retrouver  de  cette  façon,  dans  leurs  intestins,  les  endo- 
cystes des  Diatomées  pélagiques,  pendant  leur  période  de 
repos. 

Je  donne  le  dessin  d'un  frustule  avec  endocyste,  planche  I, 
fig.  14.  Comme  tous  les  endocystes,  ceux  du  Lauderia  Schrô'deri 
sont  beaucoup  plus  siliceux  que  les  frustules  qui  les  contien- 
nent. En  effet,  ces  frustules,  vivant  dans  les  eaux  de  surface, 
n'ont  pas  à  subir  l'a  forte  pression  à  laquelle  sont  soumis  les 
endocystes,  destinés  à  vivre  dans  les  fonds. 

Les  spores  de  repos  ou  endocystes  du  Lauderia  Schrô'deri 
ont  leurs  valves  bombées,  en  forme  de  calotte  presque  hémi- 
sphérique et  portent  une  couronne  de  courtes  épines  légèrement 
distantes  de  la  périphérie,  plus  robustes  que  les  bâtonnets  mar- 
ginaux des  valves  ordinaires,  et  non  bifurquées  à  leur  extré- 
mité. Au  centre  des  valves  se  trouve  également  une  dépression 
en  entonnoir,  mais  je  n'ai  pu  apercevoir  aucune  épine  centrale. 
Il  est  possible,  cependant,  qu'il  y  ait,  au  fond  de  la  cavité,  un 
embryon  d'épine,  car  l'on  voit  sur  la  face  valvaire  (pi.  I,  fig.  15) 
un  point  central  qui  doit  être  la  projection  de  cette  épine 
embryonnaire.  Quelques  anneaux  d'imbrication  un  peu  défor- 
més sont  visibles  sur  la  face  connective,  avec  leurs  encoches. 

J'ai  représenté,  planche  I,  fig.  13,  un  demi-frustule  conte- 
nant deux  valves  internes,  trouvé  dans  la  récolte  qui  contenait 
les  endocystes  du  Lauderia  Schrôderi.  Je  n'ai  pu  encore  m'ex- 
pliquer  cette  formation  de  plusieurs  valves  internes  dans  un 
demi-frustule,  fait  que  j'ai  constaté  plusieurs  fois,  dans  cette 
même  récolte,  pour  Je  Lauderia  Schrô'deri,  et  dans  des  pêches 
du  bassin,  pour  d'autres  Diatomées  pélagiques,  telles  que  Rhizo- 
zolenia  indica  H.  Peragallo  et  Stephanopyxis  turgida  Gre- 
viLLE.  Je  me  propose  de  faire  des  recherches  à  ce  sujet,  et  j'y 
reviendrai  lorsque  j'étudierai  ces  espèces. 


74  socii'riK  SCIENTIFIQUE  d'arcaciion 

La  première  récolte  de  Spatangus  purpureus  date  du  7  mai 
1901.  J'ai  fait  pêcher  ensuite,  à  plusieurs  reprises,  dans  le  cou- 
rant de  mai,  des  Spatangus  dans  la  localité  et  dans  les  envi- 
rons de  la  localité  mentionnée  plus  haut.  Tous  contenaient 
dans  leurs  intestins  de  nombreux  frustules  de  Lauderia  Schr'o- 
deri,  avec  un  endocyste  à  l'intérieur  de  chaque  frustule. 

Alors  se  produisit  un  fait  intéressant  : 

A  l'époque  de  ces  premières  récoltes,  c'est-à-dire  au  com- 
mencement de  mai  1901,  le  Lauderia  Schrôderi  ne  se  rencon- 
trait pas  dans  les  pêches  pélagiques  du  bassin.  Les  récoltes 
ultérieures  d'intestins  de  Spatangus  de  la  même  locahté,  faites 
au  commencement  de  juin,  continrent  tout  à  coup  beaucoup 
moins  de  Lauderia.  Peu  après,  vers  le  milieu  de  juin,  l'espèce 
apparut  pour  la  première  fois  dans  les  pêches  faites  près  de 
l'entrée  du  .bassin,  vers  l'es  bouées,  en  deçà  des  passes.  Très 
peu  de  temps  après,  le  Lauderia  était  récolté  au  large  de  la 
jetée  du  Laboratoire.  A  partir  de  ce  moment  les  Spatangus, 
recueillis  toujours  dans  la  même  localité  (au  large  de  Contis, 
par  35  brasses),  ne  continrent  plus  de  Lauderia. 

Cette  espèce  était  donc,  en  mjai,  à  la  fin  de  sa  période  de 
repos,  et  ses  spores  couvraient  en  immenses  quantités  les 
fonds  de  l'Océan  au  large  de  Contis.  Elle  remonta  à  la  surface 
au  commencement  de  juin,  pour  entrer  dans  le  bassin  au  miheu 
de  ce  mois  et  s'y  multiplier. 

Au  même  moment  oiî  je  faisais  les  premières  récoltes  d'in- 
testins de  Spatangus,  j'opérai  quelques  sondages  dans  le  bas- 
sin, aux  environs  d'Arcachon,  pour  comparer  les  résultats. 
Je  ne  trouvai,  malgré  des  recherches  minutieuses  et  multipliées, 
qu'un  seul  frustule  de  Lauderia  Schvô'deri,  frustule  avec  endo- 
cyste, dans  un  sondage  fait  près  des  crassats  d'Arams.  L'espèce 
vint  donc  bien,  par  la  suite,  de  l'Océan. 

Il  est  certain  que  deux  facteurs  entrent  dans  les  lois  d'appa- 
rition et  de  disparition  des  espèces  pélagiques,  pour  les  pêches 
faites  dans  le  bassin.  Une  même  espèce  peut  ou  y  pénétrer 
grâce  aux  courants  venant  de  l'Océan  aux  marées  montantes, 
ou  être  acclimatée  dans  les  fonds  tranquilles  du  bassin,  et,  à 
certaines  époques,  remonter  à  la  surface.  Ou  bien  encore  ces 
deux  hypothèses  peuvent  être  vraies,  simultanément.  Je  ferai 
de  cette  question,  à  la  fin  de  ce  travail,  une  étude  approfondie. 


HTATION    BIO  LOG  IQ  LE  75 

Quant  au  Lauderia  Schrffderi,  son  introduction  dans  le  bassin, 
au  mois  de  juin  1901,  par  les  courants  qui  l'amenaient  des 
parages  situés  au  large  de  Gontis,  ne  fait  pas  le  moindre  doute. 

L'observ^ation  que  je  viens  de  relater  est  à  rapprocher  d'un 
fait  analogue  observé  par  Schûtt  pour  les  Chœtoceros  (V,  p.  7 
et  8).  II  eut  l'idée,  à  un  moment  où  les  Chœtoceros  étaient 
encore  en  active  végétation  à  la  surface  de  la  mer,  mais 
où  le  commencement  de  la  formation  des  statospores  ou  spores 
de  repos  annonçait  déjà  la  fin  prochaine  de  cette  période  végé- 
tative, de  descendre  un  filet  de  line  batiste  au  fond  de  la  mer, 
en  le  laissant  suspendu  librement  à  un  ou  deux  décimètres 
du  fond.  Tant  que  les  Chœtoceros  restèrent  à  la  surface,  le  filet 
fut  trouvé  complètement  vide.  Quelques  jours  après,  les  Chœ- 
toceros ayant  disparu  de  la  surface,  le  contenu  du  filet  présenta 
une  grande  quantité  de  cellules  de  Chœtoceros,  presque  entiè- 
rement contituées  de  statospores.  Comme  on  le  voit,  l'obser- 
vation que  j'ai  pu  faire  pour  le  Lauderia  Schroderi  est  la 
contre-partie  exacte  de  celle  que  fit  Schûtt  pour  les  Chœto- 
ceros. 

Ici  se  place  une  obser\'ation  intéressante  relative  à  l'exis- 
tence, chez  le  Lauderia  Schroderi,  ainsi  que  chez  d'autres  Dia- 
tomées pélagiques,  d'aiguilles  fiHformes  excessivement  ténues, 
disposées  en  couronne  à  branches  divergentes  entre  elles  sur 
la  périphérie  des  valves,  à  peu  près  comme  les  épines  des 
Corethron.  En  faisant  glisser  directement,  sous  le  microscope 
et  sur  la  lamelle  porte-objet,  à  l'aide  d'un  poil  emmanché,  une 
chaîne  de  Lauderia  Schroderi  de  l'a  goutte  d'eau  de  mer  qui  la 
contient  dans  une  minuscule  goutte  d'eau  distillée  placée  à  côté, 
puis  en  la  laissant  sécher,  les  frustules  se  déforment  et  s'affais- 
sent, de  telle  sorte  qu'aux  extrémités  de  chaque  frustule  les  faces 
valvaires  se  montrent  le  plus  souvent  à  plat.  On  voit  alors  dis- 
tinctement, autour  des  valves  circulaires,  des  filaments  semblant 
émaner  de  la  périphérie,  affaissés  et  collés  soit  contre  les  parois 
externes  des  frustules,  soit  contre  la  lamelle.  Ils  disparaissent 
entièrement  lorsqu'on  les  brûle  sur  une  lame  de  platine. 

J'ai  reconnu  également  l'existence  de  ces  filaments  chez  une 
forme  très  analogue  au  Lauderia  ammlata  Cleve,  que  j'ai  ren- 
contrée dans  le  bassin  d'Arcachon,  et  où  ils  sont  très  visibles  à 
sec. 


76  SOCIÉTÉ    SCENTIFIQUE   D'ARCACHON 

Le  Lauderia  annulata  possède,  d'après  Otto  Mûller,  sur  cha- 
cune de  ses  valves  un  peu  bomjbées,  des  épines  alternant  avec 
les  épines  de  la  valve  qui  leur  est  opposée  dans  la  suite  de  la 
chaîne. 

Chez  les  exemplaires  trouvés  par  moi  à  Arcachon,  les  épines 


l 

FiG.  2. 

Lauderia  annulata  Clevr  (var.  nov.?). 

X600 

ne  semblent  pas  alternées  et  les  valves  paraissent  rejointes  par 
des  filaments  continus.  Peut-être  y  a-t-il  là  deux  espèces  dis- 
tinctes, ou  une  espèce  et  une  simple  variété  de  cette  espèce. 
Je  traiterai  plus  longuement  ce  point  lorsque  j'étudierai  le  Lau- 
deria annulata.  Quoi  qu'il  en  soit,  Miiller  a  reconnu  (I,  p.  203- 
204,  pi.  IX,  flg.  9)  que  les  épines  de  ce  Lauderia  étaient  de  petits 
tuyaux  par  lesquels  devaient  passer,  à  l'état  vivant,  des  fils 
plasmiques  rejoignant  la  valve  opposée,  dans  laquelle  ils  pénè- 
trent, d'après  lui,  par  de  très  petites  tubulures  situées  entre 
les  épines.  Sur  les  bords  des  valves,  qui  sont  fortement  en 
pente,  existent  également  de  petites  tubulures  très  courtes, 
un  peu  courbes,  canaliformes,  se  présentant  de  face  sous  l'as- 
pect de  pores  très  petits,  et  auxquels  jMiiller,  très  judicieuse- 
ment, suppose  une  fonction  autre  que  celle  des  tuyaux  à  fils 
plasmiques  destinés  à  assurer  la  cohésion  des  frustules  d'une 
même  chaîne  et  la  communication  plasmique  d'un  frustule  à 
l'autre. 

Lorsqu'on  a  desséché  des  frustules  de  la  forme  d'Arcachon, 
on  aperçoit  très  distinctement  de  longs  filaments  émanant  des 
courtes  tubulures  latérales.  Je  donne  ci -dessus,  fig.  2,  un 


STATION    BIOLOGIQUE  77 

croquis  de  ces  frustules  avec  les  filaments  tels  qu'ils  se  pré- 
sentent après  dessiccation,  appliqués  les  uns  contre  la  lamelle 
porte-objet,  les  autres  contre  les  frustules. 

Des  observations  plus  récentes  que  j'ai  pu  faire  sur  des  chaî- 
nes de  cette  espèce,  baignant  dans  l'eau  de  mer  et  colorées 
au  bleu  de  méthylène,  m'ont  fait  apercevoir  distinctement,  quoi- 
que difficilement,  ces  filaments,  qui  forment  alors,  à  la  péri- 
phérie des  valves,  une  couronne  d'aiguilles  droites,  rigides  et 
divergentes  entre  elles,  émanant  des  tubulures  latérales  et  rap- 
pelant beaucoup  la  couronne  d'aiguilles  siliceuses  des  Core- 
thron. 

Le  fait  qu'ils  disparaissent  lorsqu'on  les  brûle  sur  le  cover 
prouve  qu'ils  sont  constitués  par  une  substance  bien  faiblement 
sinon  nullement  siliceuse.  Ils  ont  certainement  de  l'analogie 
avec  les  aiguilles  divergentes  entre  elles  et  radiantes  par  rap- 
port aux  cellules  que  Schiitt  a  découvertes  chez  son  Cyclotella 
socialis  (I,  p.  S4  ,pl.  VII  et  VIII,  fig.  23  à  35,  et  37).  Mais  je  ne 
sais  s'ils  sont  de  même  nature,  car  les  aiguilles  du  Cyclotella 
socialis  se  rencontrent,  d'après  Schûtt,  sur  toute  la  surface  des 
parois  extérieures  des  frustules,  tandis  que,  chez  les  Lauderia 
Schroderi  et  annulata  (var.  nov.?),  ils  émanent  seulement  de  la 
périphérie  des  valves,  et  de  plus,  chez  le  Lauderia  annulata 
(var.  nov.?),  de  tubulures  canalif ormes  très  visibles. 

J'ai  constaté  également  l'existence  de  cette  même  couronne 
de  filaments  chez  plusieurs  espèces  de  Thaldssiosira.  Je  revien- 
drai sur  cette  question  lorsque  j'étudierai  dans  ses  détails 
chacune  de  ces  espèces. 

Je  veux  à  ce  propos,  avant  de  terminer  ce  chapitre,  signaler 
un  Cyclotella  qui  apparut  pour  la  première  fois  dans  mes  pê- 
ches en  octobre  1902,  et  qui  rappelle,  par  le  mode  de  réunion 
de  ses  cellules  en  agglomérations  ou  colonies  plus  ou  moins 
sphériques,  le  Cyclotella  socialis  Schûtt.  Peut-être  cette  forme 
m'avait-elle  échappé  jusqu'ici.  Chaque  cellule  émet,  chez  cette 
espèce  comme  chez  le  Cyclotella  socialis,  de  très  nombreuses 
aiguilles  droites  et  rigides  dans  l'eau,  s'infléchissant  souvent  et 
s'affaissant  à  sec,  dirigées  pour  la  plupart  vers  l'intérieur  de 
la  sphère,,  radiantes  par  rapport  à  la  cellule,  divergentes  entre 
elles  par  leurs  extrémités,  et  assurant,  par  l'entremêïement  de 
ces  extrémités,  la  cohérence  des  cellules  d'une  même  colonie. 


78  SOCIÉTÉ    SCIENTIFIQUE    D'aRCACHON 

Ces  aiguilles  disparaissent  en  brûlant  les  i'rustules  sur  le  cover. 
Ce  n'est  certainement  pas  la  même  espèce  que  celle  de  Schiitt, 
car  les  valves  sont  très  différentes  de  celle  représentée  par  lui 
(I,  pi.  VIII,  fig,  40).  Dans  la  présente  forme,  elles  portent  une 
couronne  submarginale  de  fms  appendices,  et  sont  munies 
d'une  dépression  centrale. 

Cette  remarquable  espèce  demande  une  étude  approfondie, 
que  je  n'ai  pu  faire  encore.  Je  la  publierai  prochainement,  me 
contentant,  pour  le  moment,  de  la  mentionner. 


Guinardia  flaccida  H.  Peragallo. 

(H.  Peragallo,  I,  p.  107,  pi.  XIII,  fig.  3-5.) 

Les  frustules  cylindriques  de  cette  espèce,  dont  on  rencontre 
assez  fréquemment  dans  le  bassin  les  longues  chaînes  droites, 
se  rapportent  exactement  à  la  description  de  Peragallo.  L'entaille 
marginale,  à  crête  légèrement  saillante,  dont  chaque  valve  est 
munie,  est  bien  visible, mais  je  n'ai  jamais  pu,  chez  les  exem- 
plaires observés,  découvrir,  au  sommet  de  cette  saillie,  la 
courte  épine  dont  il  a  constaté  la  présence  une  fois  seulement. 
Les  valves  sont  concaves  et  ne  sont  en  contact,  d'un  frustule 
à  l'autre,  que  par  leurs  bords,  les  sailUes  marginales  de  deux 
valves  accolées  s'engrenant  chacune  dans  l'entaille  de  la  valve 
opposée  (pi.  II,  fig.  1). 

Le  noyau,  à  l'état  de  repos,  est  comme  suspendu  au  centre 
de  la  cellule,  dans  la  zone  d'emboîtement  des  connectifs,  en- 
touré d'une  masse  plasmique  périnucléaire  développée,  laquelle 
est  rehée  aux  parois  cellulaires  par  des  lils  plasmiques  très 
distincts,  souvent  divisés  en  deux  branches,  dont  les  extrémités 
aboutissent  chacune  à  un  chromatophoi-e.  Cette  disposition 
est  surtout  visible  losqu'on  parvient  à  observer  le  frustule 
reposant  sur  l'une  des  deux  faces  valvaires,  ainsi  que  le  montre 
la  fig.  2,  pi.  II,  où  j'ai  indiqué  en  o  le  noyau  central. 
Il  importe  de  dire  que  les  deux  branches  de  chaque  fourche 
plasmique  n'aboutissent  pas  au  même  niveau  et  qu'elles  sont 
vues  dans  ce  dessin  en  projection,  l'une  des  deux  branches 
étant  dirigée  vers  le  haut  et  l'autre  vers  le  bas,  de  sorte  que 
les  chromatophores  auxquels  elles  aboutissent  forment,  contre 


.STATION    BIOLOGIQUE  79 

les  parois  internes  du  frustule,  non  pas  une,  mais  deux  cou- 
ronnes d'étoiles,  situées  de  part  et  d'autre  du  noyau,  ainsi 
que  je  l'ai  dessiné  dans  la  fig.  1,  pi.  II,  qui  montre  une 
cellule  de  Guinardm  flaccida  à  l'état  de  repos,  avec  sa  masse 
plasmique  périnucléaire  centrale.  Cette  double  couronne  est 
plus  ou  moins  nette,  suivant  que  les  rayons  plasmiques  sont 
tous,  ou  quelques-uns  seulement,  bifurques.  Il  n'existe  naturel- 
lement qu'une  seule  couronne  lorsque  les  rayons  ne  sont  pas 
divisés  à  leur  extrémité. 

Les  chromatophores  ont  la  forme  d'étoiles  à  3-6  rayons 
sinueux  (le  plus  souvent  4,  ou  5),  dont  les  extrémités 
sont  reliées  entre  elles,  de  chromatophore  à  chromatophore, 
par  un  fin  réseau  de  fils  plasmiques,  souvent  anastomosés, 
émanant  radialement  de  la  masse  périnucléaire  centrale. 

J'ai  pu  suivre  chez  cette  espèce,  dans  ces  derniers  temps, 
le  processus  de  division  de  la  cellule,  depuis  la  division  du 
noyau  de  la  c^Ilule-mère  en  deux  jeunes  noyaux,  jusqu'au 
voyage  qu'accomplissent  ces  deux  noyaux  pour  gagner,  les 
deux  valves-filles  une  fois  sécrétées,  leur  place  respective  au 
centre  des  nouvelles  cellules-filles. 

Le  processus  que  je  vais  décrire  est  tout  à  fait  analogue  à 
celui  que  Schûtt  a  décrit  et  figuré  (II,  pi.  XII,  fig.  11-12)  pour 
le  Gu'umrdia  baltica  Hensen.  Cleve  (YI,  p.  38)  a  rapporté  cette 
dernière  espèce  au  GuinanUa  flaccida  H.  Peragallo.  Cepen- 
dant Schûtt,  dans  la  diagnose  si  détaillée  qu'il  donne  du  Gui- 
nardia  baltica,  ne  parle  pas  de  l'entaille  marginale  si  typique 
des  valves  et  l'es  indi(Uie  seulement  comme  étant  concaves. 
De  plus,  chez  cette  dernière  espèce,  les  chames,  et  par  consé- 
quent les  frustules,  sont  très  nettement  courbes,  tandis  qu'elles 
sont  droites,  ainsi  que  les  frustules,  chez  le  Gainardia  flaccida. 
Pour  ces  deux  raisons,  l'identité  des  deux  espèces  me  semble 
douteuse,  et  jusqu'à  nouvel  ordre  je  les  tiens  pour  dis- 
tinctes. 

Processus  de  division  du  Guinardia  flaccida  H.  Pera- 
gallo. —  Après  la  division,  au  centre  de  la  cellule,  du  noyau 
et  de  la  masse  plasmique  périnucléaire  en  deux  noyaux,  égale- 
ment entourés  chacun  d'une  masse  plasmique  périnucléaire,  le 
plasma  de  la  cellule  quitte  les  parois  internes  de  l'anneau  d'em- 


80  SOCIÉTÉ    SCIENTIFIQUE    D'aRCACHON 

boîtement  du  conneciif  emboîté,  formant  une  sorte  d'étrangle- 
ment ou  de  dépression  circulaire  qui  figure  par  projection,  tout 
contre  les  lignes  de  contour  du  frustule,  et  de  part  et  d'autre  des 
deux  noyaux  (et  de  leurs  masses  plasmiques),  contigus  encore 
bien  que  divisés,  deux  espaces  vides  triangulaires,  lesquels 
s'aggrandissent  peu  à  peu  et  s'allongent  à  la  rencontre  l'un 
de  l'autre  jusqu'à  se  rejoindre  au  centre  de  la  cellule  en 
séparant  les  deux  masses  plasmiques  périnucléaires.  La 
fig.  3  a,  pi.  II,  montre  cette  phase  au  moment  qui  précède 
immédiatement  la  séparation  des  deux  masses  périnu- 
cléaires. 

Aussitôt  que  les  deux  surfaces  plasmiques  sont  séparées, 
elles  s'éloignent  Fune  de  l'autre  et  se  retirent  vers  les  extré- 
mités de  la  cellule-mère,  laissant  entre  elles  un  assez  large 
espace  vide. 

A  cette  phase  précise  du  processus  de  division,  j'ai  plusieurs 
fois  constaté, —  assez  rarement,  —  la  présence  du  fdament 
plasmique  rencontré  une  seule  fois  par  Schûtt  chez  le  Guinar- 
dia  baltica,  reliant  les  surfaces  plasmiques  rétractées,  immé- 
diatement après  leur  retrait  et  disparaissant  ensuite  (Schûtt  , 
II,  p.  503,  pi.  XII,  lig.  11  G  D).  Je  reviendrai  sur  ce  fait  inté- 
ressant à  la  fin  de  cette  première  partie  de  mon  travail,  à 
propos  du  Stephanopyxis  tiuxjida  Greville. 

J'ai  représenté,  fig.  3  b  et  c,  les  surfaces  plasmiques  rétrac- 
tées reliées  d'abord  par  un  filament,  ensuite  complètement  sépa- 
rées l'une  de  l'autre,  le  filament  ayant  disparu. 

Lorsqu'elles  ont  atteint  la  Umite  de  leur  écartement,  elles  se 
rapprochent  de  nouveau  progressivement  (fig.  3  d)  jusqu'à  se 
mettre  en  contact  par  leurs  surfaces  restées  toujours  convexes. 
Dès  que  le  contact  a  eu  lieu,  de  convexes  qu'elles  étaient,  elles 
deviennent  concaves,  commençant  ainsi  à  prendre  la  forme  que 
revêtiront  les  futures  valves-filles,  lesquelles  sont  alors  sécré- 
tées (fig.  3  e).  Je  n'ai  pu  encore  établir  à  quel  moment  précis 
commençait  la  sécrétion  de  ces  valves-filles,  l'observation  de 
ces  processus  de  division  étant  exceptionnellement  délicate  et 
compliquée. 

Lorsque  la  formation  des  valves  est  terminée,  les  masses 
plasmiques  périnucléaires,  avec  les  jeunes  noyaux  qu'elles 
renferment,  quittent  la  partie  centrale  de  la  paroi  interne  des 


STATION    BIOLOGIQUE  Si 

nouvelles  valves,  contre  laquelle  elles  étaient  placées,  pour 
gagner,  en  s'éloignant  progressivement  l'une  de  l'autre,  leur 
place  respective  au  centre  des  nouvelles  cellules-filles.  La 
fig.  3  f  les  représente  ayant  déjà  abandonné  la  partie  centrale 
des  valves-filles  et  non  encore  parvenues  au  centre  des  cellules 
nouvelles. 

Tel  est  le  processus  de  la  division  de  la  cellule  chez  le 
Guinardia  flaccida.  Ces  observations  sont  encore  bien  incom- 
plètes, et  de  nombreuses  lacunes  subsistent,  notamment  la 
connaissance  des  différentes  phases  de  la  sécrétion  des  con- 
nectifs  nouveaux  et  des  anneaux  d'imbrication  intermédiaires 
entre  les  valves  et  les  connectifs  proprement  dits.  J'espère  que 
de  nouvelles  recherches  viendront  combler  ces  lacunes. 

Je  n'ai  pu  prendre,  pour  cette  espèce,  un  nombre  suffisant 
de  mesures  me  permettant  de  dresser  un  tableau  un  peu  com- 
plet, donnant  les  dimensions  des  cellules  à  l'état  de  repos 
et  des  cellules  en  voie  de  division.  Voici,  en  attendant  que  je 
puisse  dresser  ce  tableau,  l)e  résultat  de  mesures  prises  sur  un 
certain  nombre  de  cellules  au  repos  : 

Largeur,  de  3  [x,  3  à  6  ijl,  6. 

Longueur,  de  6  f^,  6  à  18  [/.. 


Eucampia  Zodiacus  Ehrenberg. 

(Van  Heurck,  I,  pi.  XCV  bis,  fig.  1-4.) 

On  trouve  assez  communément  à  certaines  époques,  dans 
le  bassin,  ÏEucampia  Zodiacus  Ehrenberg,  dont  les  frustules 
accolés  forment  souvent  de  très  longues  spirales. 

Le  noyau  de  cette  espèce  est  central,  et  les  chromatophores 
sont  de  petites  plaques  allongées,  appliquées  contre  les  parois 
internes  des  frustules,  ayant  toujours  une  tendance  à  être 
radiantes  par  rapport  au  noyau,  souvent  même  très  distincte- 
ment rayonnantes.  Un  réseau  de  fils  plasmiques,  parfois  assez 
difficilement  visibles,  les  reUe  entre  eux  et  au  centre.  A  l'inté- 
rieur des  extrémités  cornues  des  valves  se  trouve  presque  tou- 
jours, à  l'état  vivant,  une  agglomération  de  petits  granules  très 
fins  et  très  réfringents.  Je  n'ai  pu  encore  me  rendre  compte 

SOCIÉTÉ  d'Arcachon  6 


82  SOCIÉTÉ    SCIENTIFIQUE   D'ARCACHON 

exactement  de  leur  véritable  nature  {^).  J'ai  constaté  la  présence 
de  ces  granules  également  chez  d'autres  espèces  pélagiques,  et 
j'y  reviendrai  par  la  suite,  lorsque  je  m'occuperai  de  ces 
espèces. 

Il  ne  m'a  pas  été  donné  encore  d'observer  chez  ïEucampia 
Zodiacus  le  processus  de  la  division  de  la  cellule.  Je  représente 
pi.  II,  fig.  4,  un  fragment  de  spirale  appartenant  à  cette  espèce 
et  montrant  les  chromatophores  rayonnants  autour  du  noyau 
central  indiqué  en  o.  Les  cellules  terminales  de  ce  fragment 
sont  en  voie  de  déduplication,  les  noyaux  c'  et  o"  étant  tout 
nouvellement  divisés  et  les  valves-filles  des  cellules-filles  a,  b, 
c,  d,  n'ayant  pas  encore  précisé  leur  modelé  définitif,  et  par 
suite  les  espaces  intercellulaires  n'ayant  pas  encore  pris  leur 
forme  ovale.  La  fig.  5  m'ontre  une  disposition  de  l'endo- 
chrome  un  peu  différente,  néanmoins  toujours  à  tendance  ra- 
diante. Dans  cette  figure  on  voit  en  a  l'es  fins  granules  des  cor- 
nes terminales,  granules  que  j'ai  négligé  à  dessein  de  repro- 
duire dans  la  flg.  4,  pour  plus  de  netteté  dans. la  représentation 
des  points  de  jonction  des  frustules  entre  euix.  J'ai  dessiné 
(fig.  6),  sous  un  plus  fort  grossissement,  deux  cornes  conjointes 
et  leurs  granules  internes. 

J'ai  rencontré  plusieurs  fois  des  cellules  d'Eucampia,  qui 
sont  sans  nul  doute  des  frustules  sporangiaux  du  rétablisse- 
ment de  taille  de  l'espèce.  Je  donne  (pL  II,  fig.  7)  le  dessin  de 
l'un  d'eux.  Les  deux  valves  du  frustule  sporangial  primordial 
étaient  certainement  les  deux  valves  terminales  de  l'a  courte 
chaîne  de  deux  frustules  dessinée  fig.  7,  la  plus  petite  valve 
représentant  la  taille  minima  à  laquelle  l'es  frustules  d^Eucam- 
pia  devaient  parvenir,  par  divisions  successives,  pour  repro- 
duire alors,  par  auxosporation,  la  taille  primitive,  c'est-à-dire 
la  taille  de  la  plus  grande  valve.  Une  division  de  ce  frustule 
sporangial  est  ensuite  intervenue,    commençant  à  former  la 


(})  Ce  ne  sont  certainement  pas  des  globules  huileux,  car  ils  ne  noircissent  pas 
lorsque  les  cellules  ont  été  fixées  avec  le  mélange  de  Flemming.  En  employant 
d'abord  comme  fixateur  fl'alcool  iodé  à  450  (suivant  l'indication  de  Lauterborn, 
I,  p.  6-7),  puis,  comme  agent  colorant,  l'Hématoxyline  de  Delafield,  je  n'ai  obtenu 
aucune  coloration  rouge.  Cependant,  en  forçant  de  beaucoup  la  dose  d'iode  ajoutée 
à  l'alcool  et  en  employant  l'alcool  absolu,  j'ai  vu  apparaître  la  teinte  rubis. carac- 
téristique des  granules  ou  globules  de  Biitschli.  De  nouvelles  recherches  sont 
néanmoins  nécessaires  pour  déterminer  d'une  façon  définitive  la  véritable  nature 
de  ces  granules. 


STATION    BIOLOGIQUE  83 

nouvelle  spirale  composée  de  frustules  de  grande  taille.  On 
remarquera  que  la  plus  grande  valve  du  frustule  sporangia! 
est  convexe  et  non  concave  com'jne  les  valves  ordinaires.  De 
plus,  l'axe  pervalvaire  du  frustule  sporangial,  chez  cette 
espèce,  paraît  être  dans  le  prolongement  de  l'axe  pervalvaire 
spirale  de  la  chaîne,  à  laquelle  appartient  le  frustule  de  petites 
dimensions  qui  est  chargé  de  rétablir  la  taille,  de  sorte  que,  si 
le  frustule  sporangial  ne  se  détachait  pas  de  la  chaîne  dont 
il  fait  partie,  les  tours  de  la  nouvelle  spirale  de  grands  frustu- 
les continueraient  la  spirale  primitive  des  frustules  de  petite 
taille.  Comme  les  deux  cellules  représentées  fig.  7  sont  très 
récemment  divisées,  on  voit,  en  o'  et  o",  les  deux  jeunes  noyaux 
ayant  quitté  la  partie  centrale  de  la  paroi  interne  des  valves- 
filles  tout  nouvellement  formées  et  gagnant  le  centre  des 
cellules-filles. 

Je  n'ai  pu  malheureusement  jusqu'ici  suivre  les  différentes 
phases  du  processus  de  rétablissement  de.  taille  chez  YEucam- 
pia  Zodiacus.  J'espère  que  des  recherches  ultérieures  me  per- 
mettront de  l'observer. 

Comme  j'aurai  certainement  à  revenir  sur  cette  espèce  dans 
une  partie  prochaine  de  mon  travail,  je  donnerai  à  ce  moment 
le  tableau  des  mesures  des  frustules,  mesures  que  je  n'ai  pu 
prendre  encore  aussi  comiplètes  que  je  le  désirerais. 


Streptotheca  Thamesis  Shrubsole. 

(Shrubsole,  I,  p.  259,  pi.  XIII,  fig.  1  à  3.  Van  Heurck,  II,  p.  463.) 

Cet  organisme,  dont  pendant  longtemps  la  véritable  nature 
est  restée  douteuse,  doit  être,  à  mon  avis,  classé  parmi  les 
diatomées.  Il  est  composé,  en  effet,  de  valyes  et  de  connectifs, 
lesquels  s'emboîtent  l'un  dans  l'autre.  J'ai  pu,  en  employant 
la  coloration  au  bleu  de  méthylène,  découvrir  sur  la  zone 
connective  des  lignes  transversales  nombreuses  et  très  rap- 
prochées (distantes  d'environ  0  \).,  76),  indiquant  probablement 
la  présence  d'anneaux  d'im,brication. 

Je  signale  en  passant  cet  excellent  moyen  d'apercevoir  des 
détails  de  structure  excessivement  délicats  et  invisibles  autre- 
ment. Voici,  moins  sommairement,  en  quoi  il  consiste  : 


84  SOCIÉTÉ   SCIENTIFIQUE   D'aRCACHON 

On  colore,  par  exemple  au  moyen  du  bleu  de  méthylène,  le 
liquide  contenant  la  diatomée  à  observer.  Puis,  à  l'aide  d'un 
poil  emmanché,  on  transporte  cette  diatomée,  en  la  faisant 
glisser,  de  l'eau  de  mer  où  elle  se  trouve  dans  une  très  petite 
goutte  d'eau  douce  déposée  tout  à  côté  sur  la  même  lame  de 
verre.  L'important,  lorsqu'il  s'agit  de  diatomées  très  peu 
sihceuses,  est  de  ne  pas  laisser  se  dessécher,  ne  fût-ce 
que  pour  un  instant,  le  frustule  ou  la  chaîne,  pendant  son 
transport  de  la  goutte  d'eau  de  mer  dans  celle  d'eau  douce. 
On  y  parviendra  sans  peine  avec  un  peu  d'habitude. 

Le  bleu  de  méthylène  a  pour  effet,  non  seulement  de  colorer 
les  frustules,  mais  de  les  durcir  ainsi  que  leur  contenu,  par 
conséquent  de  diminuer  très  sensiblement  les  effets  désastreux 
produits,  chez  beaucoup  de  diatomées  pélagiques,  par  l'im- 
mersion brusque  dans  l'eau  douce,  et  que  j'ai  indiqués  dans 
la  première  partie  de  ce  travail.  Lorsque  l'eau  douce  s'éva- 
pore ensuite,,  la  diatomée  sèche  en  gardant  sa  forme,  à  très 
peu  de  chose  près,  et  le  frustule  coloré  montre  alors  ses  plus 
fins  detail's  de  structure. 

A  ce  propos,  je  dois  mentionner  ce  fait  intéressant  que,  sous 
l'action  du  bleu  de  methylene,  certaines  diatomées  se  colorent 
intensément  en  violet  rougeâtre  foncé,  tandis  que  les  autres  ne 
prennent  qu'une  faible  teinte  bleue.  Ces  espèces,  très  sensi- 
bles au  bleu  de  méthylène,  sont,  en  première  ligne,  parmi  celles 
que  j'ai  étudiées,  le  Streptotheca  Thamesis  et  YAttheya  decora 
West  (1),  lesquels  instantanément,  dans  la  goutte  d'eau  de  mer 
additionnée  d'un  peu  de  solution  colorante,  attirent  le  regard 
par  leur  coloration  foncée,  alors  qu'auparavant  la  délicatesse  et 
le  peu  d'épaisseur  des  parois  les  rendaient  presque  invisibles 
(surtout  lorsqu'on  traite  des  récoltes  anciennes  où  les  frustules 
n'ont  plus  leur  endochrome).  C'est  également  par  ce  moyen 
que  j'ai  pu  voir,  dans  YAttheya  decora,  une  sorte  de  cloison 
ou  double  valve  interne,  que  je  compte  décrire  dans  une;  pro- 
chaine publication. 

Le  bleu  de  méthylènei  colore  aussi  avec  intensité,  mais  plus 
lentement,,  une  troisième  espèce  :  la  variété  à  deux  angles  du 

(«)  Cette  espèce  n'est  pas  pélagique.  Je  l'ai  rencontrée,  notamment  en  automne, 
sur  la  plage  mene  du  Moulleau,  vivant  sur  le  sable  et  y  formant  à  marée  basse,  mé- 
langée avec  beaucoup  d'autres  diatomées,  des  taches  et  des  traînées  d'un  brun  roux 
très  accentué. 


STATION    BIOLOGIQUE  85 

Bellerochea  malleus  Brightwell,  qu'on  rencontre  à  certaines 
époques  dans  les  pêches  pélagiques  faites  dans  le  bassin. 

Cette  action  colorante  spéciale  provient  sans  doute  de  ce  fait 
que  les  frustultes  de  ces  trois  espèces  sont  à  peine  siliceux. 
Certains  auteurs  prétendent  même  qu'ils  ne  le  sont  pas  chez  le 
Streptotheca.  Le  chauffage  au  rouge  sur  une  plaque  de  platine 
ne  le  détruit  cependant  pas  complètement. 

J'en  arrive  maintenant  à  la  description  détaillée  du  frustule 
chez  cette  espèce. 

Les  valves  montrent,  vues  de  profil,  une  série  d'ondulations 
assez  compHquées,  qufi  paraissent,  pour  les  deux  valves  acco- 
lées de  deux  frustuleg  conjoints,  s'engrener  en  quelque  sorte 
les  unes  dans  les  autres.  Ces  ondulations  se  voient  dans  'a 
fig.  8,  pi.  II,  notamment  dans  les  valves  terminales  de  la 
chaîne,  en  a.  J'ai  supprimé  dans  cette  planche  le  dessin  plus 
grossi  des  ondulations  que  j'ai  donné  dans  mon  ancienne  plan- 
che II,  parue  en  janvier-février  1902,  cette  figure,  d'ailleurs 
très  exacte,  ne  montrant  pas  la  courbe  habituelle  qu'ont  ces 
ondulations,  mais  une  courbe  particulière-  dessinée  d'après  un 
des  rares  frustul'es  que  j'avais  pu  observer  à  cette  époque. 
C'est  ce  dont  je  me  suis  aperçu  depuis  lors  en  étudiant  de 
nombreux  spécimens  que  j'eus  la  chance  de  rencontrer.  La 
fig.  8  de  ma  nouvelle  planche  II  montre,  très  suffisamment 
et  très  fidèlement  reproduites,  les  ondulations  telles  qu'elles 
se  présentent  d'ordinaire. 

La  face  valvaire  est  excessivement  difficile  à  observer,  à 
cause  de  la  torsion  en  spirale  des  chaînes  et,  par  conséquent, 
des  fi^ustules.  Elle  est,  par  suite  de  cette  torsion  même,  sig- 
moïde,  très  étroite,  les  frustules  étant  très  aplatis,  et  les  petites 
crêtes  ondulées  ne  paraissent  pas  traverser  la  valve  parallèle- 
ment à  son  petit  axe,  com,me,  par  exemple,  les  ondulations  des 
Cymatopleura,  mais  semblent  être  placées  plutôt  latéralement 
sur  les  bords  de  la  valve,  là  où  sont  les  carènes  chez  la 
plupart  des  Nitzschia.  Ces  détails  sont  extrêmement  difficiles 
à  apercevoir. 

La  disposition  de  l'endochrome,  chez  le  Streptotheca  Tha- 
mesis,  est  variable  suivant  les  phases  de  sa  végétation.  Cette 
diatomée  étant  excessivement  fragile,  il  est  très  rare  de  la  ren- 
contrer en  bon  état  dans  les  pêches  pélagiques.  Je  n'ai  jamais, 


86  SOCIÉTÉ    SCIENTIFIC^ LE    d'aKCACHOiN 

pour  ma  part,  observé  la  disposition  des  cliromatopiiores  en 
croix  à  huit  branches,  telle  que  la  dessine  Shrubsole  dans  sa 
planche  XIII.  Les  chromatophores  avaient,  chez  les  individus 
lîjien  viViants  que  j'aà  pu  observer,  la  forme  de  petites  plaques 
allongées,  radiantes  par  rapport  à  la  masse  plasmique  péri- 
nucléaire  centrale. 

Je  n'ai  pu  suivre,  chez  cette  espèce,  le  processus  de  division 
de  la  cellule.  J'ai  seulemlent  pu  constater  le  voyage  des  jeunes 
noyaux,  après  la  sécrétion  des  valves-filles. 

Je  donne  (fig.  8,  pi.  II)  le  dessin  d'une  chaîne  en  spirale,  dans 
laquelle  les  cellules  sont  nouvellement  divisées,  les  noyaux 
o'  et  o",  divisés  depuis  peu,  n'étant  déjà  plus  appliqués  contre 
la  paroi  interne  des  valves-filles  tout  récemment  formées,  et 
gagnant  leur  place  respective  au  centre  des  nouvelles  cellules- 
filles. 

Les  frustules  rencontrés  à  Arcachon  paraissent  être  de  di- 
mensions plus  grandes  que  ceux  trouvés  par  Shrubsole  à  l'em- 
bouchure de  la  Tamise.  Il  indique,  comme  largeur  moyenne,  4[a. 
La  largeur,  chez  les  exemplaires  du  bassin,  varie  entre  5  p.,  5 
et  8[x,  5.  Quant  à  la  longueur,  elle  change,  non  seulement  d'une 
chaîne  à  l'autre,  mais  pour  une  même  chaîne  et,  par  consé- 
quent, pour  une  même  largeur  (à  très  peu  de  chose  près),  sui- 
vant que  les  cellules  sont  au  repos,  ou  suivant  qu'elles  sont 
plus  ou  moins  récemment  divisées.  Les  frustules  sont  quelque- 
fois un  peu  moins  longs  que  larges,  le  plus  souvent  moins  larges 
que  longs  (largeur,  ordinairement  les  deux  tiers  de  la  lon- 
gueur environ),  dans  certains  cas,  beaucoup  moins  larges  que 
longs. 

Cerataulina  Bergonii  H.  Peragallo. 

(H.  Peragallo,  I,  p.  103,  pi.  XIII,  fig.  15-16.) 

Le  genre  Ceratmilina  a  été  proposé  par  Peragallo  dans  sa 
MonoQrmjhie  des  Rhizniolenia  (p.  103).  Certains  détails  d( 
structure,  très  particuliers,  récemment  découverts  par  Schiitt 
chez  le  Cerataulina  Bercjonil  confirment  entièrement  la  validité 
de  ce  genre.  Schutt  (II,  p.  508  à  510,  fig.  45  à  47,  pi.  XII), 
a  étudié  tout  spécialement  le  curieux  mode  d'emboîtement  des 
épines  filiformes  qui  tei-minent  les  deux  appendices  des  valVes, 


STATION    BIOLOGIQUE  87 

très  peu  proéminents.  Ces  sortes  de  fils  très  lins,  roides  et 
cependant  élastiques,  sont  insérés  ctiacun  dans  une  sorte  d'étui 
correspondant  de  la  valve  opposée  du  frustule  conjoint,  étui 
dont  Forifice  est  situé  à  la  base  même  de  chacune  des  deux 
épines  filiformes  de  cette  valve  (Schiitt,  II,  pi.  XII,  lig.  46). 
Il  résulte  de  cette  disposition,  ainsi  que  le  dit  Schïitt  excellem- 
ment, que  les  chaînes  de  cette  espèce,  dont  les  frustules  sont 
reliés  seulement  par  ces  jils  réciproquement  engaînés,  ont,  au 
lieu  d'être  absolument  rigides  comme  chez  les  autres  espèces, 
une  certaine  tlexibilité  qui  les  empêche  de  se  briser.  De  plus, 
grâce  à  l'élasticité  et  à  la  rigidité  à  la  fois  de  ces  épines  filifor- 
mes, les  frustules,  lorsque  la  chaîne  reçoit  un  choc  quelconque 
qui  la  fait  s'infléchir,  reprennent  imimédiatement  leur  disposi- 
tion en  droite  ligne,  à  la  suite  les  uns  des  autres. 

Les  chromatophores,  assez  nombreux,  sont  de  petites  pla- 
ques allongées,  deux  à  trois  fois  plus  longues  que  larges,  à 
bords  irréguliers,  appliquées  contre  les  paiois  internes  de  la 
cellule  et  reliées  entre  elles  par  des  filaments  plasmiques  exces- 
sivement déhcats,  très  souvent  invisibles,  si  on  ne  les  colore 
pas.  lis  ont  toujours  une  tendance  à  être  radiants,  l'étant  plus 
ou  moins  suivant  les  cellules. 

Le  noyau,  à  l'état  de  repos,  est  placé  latéralement,  la  plupart 
du  temps  à  égale  distance  des  deux  extrémités  du  frustule; 
mais  il  peut  occuper,  circulairement,  toutes  les  positions  pos- 
sibles contre  la  paroi  interne  de  l'anneau  d'emboîtement  du 
connectif  en^boîté. 

Dans  la  fig.  9  de  ma  planche  II,  les  noyaux  sont  placés 
sur  des  points  de  l'anneau  d'emboîtement  diamétralement  oppo- 
sés. Dans  une  même  chaîne  on  rencontre  également,  à  côté  de 
frustules  identiques  à  ceux  de  la  lig.  9,  d'autres  frustules 
où  le  noyau,  pour  une  même  position  de  la  chaîne,  est  placé  de 
face  (ainsi  qu'il  est  dessiné  fig.  10),  se  présentant  alors  à  l'ob- 
servateur soit  contre  la  paroi  supérieure,  soit  contre  la  paroi 
inférieure  dui  frustule,  ou  obliquemient,  etc.  J'ai  cherché  à  me 
rendre  comptei  s'il  y  avait  corrélation  entre  la  place  du  noyau 
et  l'orientation  des  protubérances.  Je  n',ai  pu  jusqu'ici  décou- 
vrir rien  de  fixe  :  la  corrélation  semble  ne  pas  exister. 

Dans  la  plupart  des  cellules  de  Cerataulina  Bergonii  se  trou- 
vent, chez  les  exemplaires  bien  vivants,  des  granules  assez  gro  , 


88  SOCIÉTÉ   SCIEiNTIFIQUE   d'aRCACHON 

aplatis  et  arrondis,  très  réfringents,  et  disposés  circulairement 
contre  les  parois  internes  des  frustules,  au  niveau  de  la  jonc- 
tion du  bord  des  valves  avec  la  zone  annelée  (pi.  II,  fig.  11 
a  et  b).  Souvent  la  ligne  circulaire  qu'ils  forment  s'infléchit  vers 
la  base  de  chaque  appendice  (pi,  II,  fig.  9).  J'ai  cherché  à  me 
rendre  compte  de  la  nature  de  ces  granules  sans  pouvoir  y 
parvenir  jusqu'ici.  J'y  reviendrai  dans  la  suite  de  ces  études. 

J'ai  observé  chez  le  Cerataulina  Bergomi  le  retrait  des  sur- 
faces plasmiques,  après  la  division  du  noyau  de  la  cellule-mère 
en  deux  jeunes  noyaux.  Malheureusement  je  n'ai  pu  suivre  ce 
processus  dans  son  ensemble. 

II  est  presque  certain  que  l'hypothèse  proposée  par  Schùtt 
pour  expliquer  l'emboîtement  des  épines  fdiformes  dans  leurs 
étuis  respectifs  est  fondée.  Ces  épines  seraient  sécrétées  tandis 
que  se  rapprocheraient,  après  leur  retrait,  les  surfaces  plas- 
miques non  encore  soHdifiées,  de  sorte  qu'elles  pénétreraient, 
déjà  terminées,  chacune  dans  le  plasma  encore  mou  de  l'appen- 
dice opposé,  plasma  qui,  en  se  revêtant  à  ce  moment  de  sa 
membrane,  formerait  ainsi  la  gaine  emboîtante. 

Cette  explication  me  paraît,  en  effet,  la  seule  satisfaisante 
et  en  parfait  accord  avec  ce  qui  se  passe  chez  d'autres  espèces 
dont  les  valves  possèdent  également  des  gaines  ou  des  gouttiè- 
res d'emboîtement.  (Voir  Schûtt,  II,  p.  504-510  et  542-516), 

J'ai  constaté  une  fois  seulement,  immédiatement  après  le 
retrait  des  surfaces  plasmiques,  l'existence  de  trois  fils  plas- 
miques, reliant,  l'un  les  deux  centres  de  ces  surfaces  entre 
euxj,  et  les  deux  autres,  les  points  opposés  des  surfaces  plas- 
miques correspondant  aux  places  occupées  par  les  bases  des 
appendices  futurs.  La  cellule  étant  morte  presque  aussitôt  sous 
le  microscope,  je  n'ai  pu  me  rendre  compte  si  les  filaments 
subsistaient  ou  disparaissaient  par  la  suite.  Est-ce  là  une  phase 
normale  du  processus  de  division?  Est-ce  un  fait  d'exception? 
Il  m'est  impossible  de  le  dire  encore,  n'ayant  pu  faire  jusqu'ici, 
sur  le  retrait  des  surfaces  plasmiques  chez  cette  espèce,  que 
des  observations  très  incomplètes.  Les  >alves  portent  en  leur 
centre  une  sorte  de  petite  dépression,  dessinée  par  Peragallo 
dans  ses  figures  (I,  pi.  XIII,  fig.  15-16),  Il  ne  serait  alors 
pas  impossible  qu'il  y  eût,  au  fond  de  cette  dépression,  un 
pore  central,  et  que,  dans  la  chaîne  de  cellules  vivantes,  un 


STATION    BIOLOGIQUE  89 

filament  existât,  reliant  les  centres  des  deux  valves  adjacentes 
de  deux  frustules  voisins,  dont  il  ferait  ainsi  communiquer 
entre  eux  les  contenus  cellulaires.  Ce  n'est  là,  d'ailleurs, 
qu'une  simple  hypothèse,  et  les  observations  précédentes  ont 
besoin  d'être  contrôlées.  ' 

Je  donne,  planche  II,  lig.  9,  un  fragment  de  chaîne  avec 
la  disposition  de  l'endochrome  et  la  position  des  noyaux,  vus 
de  profil.  La  fig.  10  montre,  en  a  et  b,  deux  masses  plasmiques 
périnucléaires,  avec  leur  noyau  central  et  les  chromatophores 
rayonnants. 

Dans  la  fig.  il  j'ai  dessiné  en  a  une  cellule  contenant  deux 
valves-filles  tout  récemment  formées,  encore  incluses  dans  les 
anciens  connectifs  emboîtés.  Les  jeunes  noyaux  divisés  depuis 
peu,  entourés  de  leurs  masses  pla§miques  périnucléaires  m', 
?7i",  sont  placés  encore  contre  la  partie  centrale  de  la  paroi 
interne  des  nouvelles  valves-filles,  et  n'ont  pas  commencé  à 
voyager  pour  gagner  leur  place  respective  latérale  contre  la 
paroi  interne  de  l'anneau  d'emboîtement  des  connectifs  emboî- 
tés des  nouvelles  cellules-filles.  Ces  connectifs,  dans  la  fig.  11  a, 
ne  sont  d'ailleurs  pas  encore  en  voie  de  formation,  les  valVes- 
filles  étant  seules  sécrétées  à  ce  moment. 

La  fig.  11  b  montre  une  phase  un  peu  plus  avancée  de  ce 
processus  de  division.  Les  jeunes  noyaux,  entourés  de  leurs 
masses  périnucléaires  m',  m",  commencent  à  voyager 
pour  gagner  leur  place  respective  dans  les  nouvelles  cellules- 
filles.  Seulement,  chez  cette  espèce,  oii  les  noyaux  peuvent 
occuper  beaucoup  de  places  différentes  contre  la  face  interne 
de  l'anneau  d'emboîtement  du  connectif  emboîté,  le  voyage 
des  deux  jeunes  noyaux  n'est  pas,  comme  chez  le  Rhizo- 
zolenia  Stolter[othii  par  exemple,  où  la  place  de  repos 
des  noyaux  est  toujours  la  même,  accompli  par  eux  simple- 
ment en  sens  inverse  l'un  de  l'autre.  Ici,  l'angle  qu'ils  font 
entre  eux  en  s'écartant  progressivement  l'un  de  l'autre,  est 
essentiellement  variable.  J'ai  cherché  à  me  rendre  compte  si 
une  loi  présidait,  —  et  cela  doit  être,  —  à  la  direction  et  à 
l'orientation  de  leur  voyage.  Je  n'ai  jusqu'ici  rien  pu  découvrir 
à  cet  égard.  Dans  la  fig.  11  b,  les  masses  plasmiques  périnu- 
cléaires m'  et  m"  semblent,  à  première  vue,  en  regard  l'une  de 
l'autre.  Elles  sont,  en  réalité,  placées,  l'une,  m\  contre  la  paroi 


90  SOCIÉTÉ   SCIENTIFIQUE   D'aHCACHON 

interne  supérieure  du  fruslule,  l'autre,  m",  contre  la  paroi 
interne  inférieure,  la  seconde  étant  alors  vue  par  transpa- 
rence au  travers  de  la  paroi  supérieure,  et,  pour  cette  raison, 
indiquée  en  lignes  pointillées.  On  remarquera,  dans  les  fig.  lia 
et  11  b  le  mouvement  accompli  également  par  les  chromatopho- 
res  qui  toujours,  dès  que  le  noyau  de  la  cellule  voyage,  conser- 
vent à  son  égard  une  tendance  radiante  plus  ou  moins  pro- 
noncée (1). 

Mesures  de  frustules  de  Ceratauli7ia  Bergonii 
H.  Peragallo. 


LARGEUR 

LONGUEUR 

DE    FRUSTULES 

AU   REPOS 

LONGUEUR   DE  FRUSTULES 

EN  VOIE 

DE    DIVISION 

3pL,y. 

4pL,3. 

à  deux  :  5u.,6.  Chacun  :  2[jl,8. 
»        5ij.,9.         ).        2jjL,9. 
»        6(i,G.         »        3(1,3. 

à  deux  :  15(i,8.  Chacun  :  l\i.,9. 



6,x,9. 



»         16(1,5.        »        8(1,2. 

considérations  sur  la  croissance  de  la  carapace  siliceuse 
et  de  ses  protubérances  chez  certaines  diatomées  péla- 
:jiques. 

Au  cours  de  mes  études  sur  les  diatomées  pélagiques  du 
bassin  d'Arcachon,  j'ai  fait  de  nombreuses  observatlions  sur 
la  croissance  de  la  carapace  siliceuse  et  de  ses  proitubérances 
chez  les  valves-fdles  en  voie  de  formation.  Toutes  ces  obser- 
vations seront  relatées  en  leur  lieu  et  place,  à  mesure  que 
j'étudierai  les  espèces  qui  me  les  ont  fournies.  J'ai  cependant, 
dès  à  présent,  quelques  considérations  à  présenter  à  ce  propos. 


(')  Ce  fait  est  vrai  pour  toutes  les  espèces  pélagiques  que  j'ai  observées.  On  en  com- 
prendra facilemant  la  raison,  si  Ton  se  souvient  que,  chez  ces  espèces,  les  chromato- 
pliores  sont  reliés  aux  masses  plasmiques  périnucléaires  par  le  réseau  des  iilaments 
plasmiques  qui  les  l'attachent  les  uns  aux  autres  et  leur  servent  en  quelque  sorte  de 
fils  conducteurs. 


STATION    BIOLOGIQUE        '  91 

Ainsi  que  je  l'ai  dit  plus  haut,  mes  recherches  m'ont  conduit, 
bien  que  je  n'eusse  pas  encore  connaissance,  à  l'époque  où  je 
les  faisais,  de  l'ouvrage  de  Schùtt  sur  la  croissance  et  l'épais- 
sissement  de  la  membrane,  à  des  constatations  analogues  aux 
siennes. 

Pour  le  Rhizozolenia  setigem  Brightwell,  dont  il  donne 
certaines  phases  de  la  division  de  la  cellule,  en  les  rapportant 
au  Rhiz.  Hensemi.{^),  j'ai  pu  observer  les  mêmes  phénomènes, 
et  je  suis  de  son  avis  à  ce  sujet. 

Un  fait  est  avant  tout  certain,  c'est  que  la  croissance  des  lon- 
gues épines  ou  soies  terminales  du  Rhiz.  setigera  est  déjà  com- 
mencée avant  la  complète  sécrétion  de  l'a  membrane  des  calyp: 
très  nouvelles,  que,  par  conséquent,  ces  épines  n'en  sont  pas 
des  épaississements  comme  elles  paraissent  l'être,  la  for- 
mation des  valves-filles  une  fois  définitivement  terminée,  et 
qu'elles  poussent,  sinon  avant  la  membrane  des  calyptres,  du 
moins  en  même  temps  qu'elle. 

En  void  d'ailleurs  la  preuve  : 

J'ai  souvent  observé  sous  le  microscope  des  valves-filles  de 
Rhiz.  setigera  en  voie  de  formation,  les  deux  épines  étant  déjà 
longues  et  ayant  presque  atteint  leur  complet  développement, 
néanmoins  toujours  renfermées  dans  l'espace  intercelluiaire 
(Intercellularraum)  foraié  par  les  anciens  connectifs  de  la  cel- 
lule-mère non  encore  désemboîtés. 

Ici  se  place,'  une  phase  non  dessinée  par  Schùtt,  et  intermé- 
diaire entre  les  fig.  26  et  27  de  sa  planche  XII  (II). 

Les  calyptres  sont  mieux  formées  que  dans  la  flg.  26,  le 
développement  étant  plus  avancé.  Elles  ont,  à  ce  moment,  à  peu 
près  la  forme  d'uni  cône  dont  le  cercle  de  base  n'atteint  pas 
encore  l'es  connectifs  anciens,  mais  est  relié  à  eux  par  du 
plasma  nu. 

Ce  qui  le  prouve,  d'ailleurs,  c'est  que,  lorsque  les  cellules 
meurent  dans  cet  état,  les  deux  masses  de  plasma  comprises 
entre  les  calyptres  nouvelles  et  les  deux  anciennes  valves  de  la 
cellule-mère  primitive,  se  rétractent  chacune  vers  l'une 
de  ces  valves,  c'est-à-dire  en  sens  inverse  l'une  de  l'autre, 
entraînant  avec  elles  l'épine  correspondante  et  la  partie  de 

(i)  Cleve,  dans  une  note  récente  (VI,  p.  38),  en  a  fait  la  juste  rectification. 


92  SOCIÉTÉ   SCIENTIFIQUE   D'aRCACHON 

calyptre  déjà  formée  y  attenant,  laquelle,  n'ayant  pas  encore 
atteint  son  diamètre  définitif  et  ayant  par  cela  même  trop  de 
jeu  à  l'intérieur  des  connectifs  anciens,  suit  ce  mouvement  de 
recul  en  s'inclinant  de  côté  ou  d'autre.  Souvent,  lorsque  le 
plasma  est  entièrement  rétracté  aux  deux  bouts  de  la  cellule- 
mère,  il  s'y  met  en  boule  (c'est  l'état  de  plasmolyse  morbide 
dont  j'ai  parlé  dans  la  première  partie  de  ce  travail),  chacune 
des  deux  sphères  étant  surmontée  d'une  calyptre  incomplète  en 
forme  de  cône,  qui  la  coiffe,  plus  ou  moins  obliquement,  comme 
d'un  chapeau  de  clown  terminé  par  une  longue  pointe. 

Il  est  donc  certain  qu'alors  que  les  valves  sont  lolin  d'être 
terminées,  les  épines  sont  déjà  très  longues  et  presque  entiè- 
rement sécrétée-s. 

Cette  observation  vient  à  l'appui  de  celle  mentionnée  par 
Schûtt  (II,  p.  512,  Hgne  5)  et  qui  prouve  de  plus  que,  même 
alors  que  la  croissance  des  épines  est  terminée,  la  membrane 
des  calyptres  n'est  pas  encore  complètement  sécrétée. 

Je  n'ai  pu  me  rendre  compte  si,  au  moment  précis  de  la 
phase  que  je  viens  de  décrire  plus  haut,  les  parties  des  calyp- 
tres incomplètes  en  forme  de  cône  étaient  définitivement  et 
entièrement  silicifiées,  ou  si  elles  étaient  molles  encore  et  dans 
un  état  transitoire.  Gela  est,  d'ailleurs,  très  difficile  à  constater 
chez  cette  espèce  qui,  même  parvenue  au  terme  définitif  de  sa 
qroissance,  est  excessivement  peu  siliceuse  et  se  déforme  par 
la  dessication. 

J'ai  cherché  à  observer  les  mêmes  faits  sur  des  exemplaires 
en  voie  de  divisiion  du  Bhizozolenia  rohusla  Norman,  dont  les 
calyptres  sont  un  peu  plus  résistantes. 

Chez  cette  espèce,  la  croissance  des  épines  terminales,  exces- 
sivement courtes,  semble  commencer  plus  tard  que  chez  Rhiz. 
se  tig  era. 

J'ai  étudié,  dans  des  matériaux  fixés  au  liquide  de  Flemming 
et  colorés  ensuite  au  bleu  de  méthylène,  une  cellule  venant 
de  se  diviser.  Une  partie  importante  des  calyptres-filles  était 
déjà  sécrétée  (un  peu  moins  de  la  moitié),  mais  n'avait  pas 
encore  acquis  sa  forme  définitive.  Ces  calyptres  incomplètes, 
beaucoup  moins  effilées  que  la  partie  correspondante  des  calyp- 
tres-mères  complètes,  avaient  l'apparence  de  sortes  de  cônes 
mal  dégrossis,  aux  sommets  opposés  et  juxtaposés.  Leur  base. 


STATION   BIOLOGIQUE  93 

c'est-à-dire  la  partie  le  plus  récemment  formée,  était  encore 
loin  d'avoir  rejoint  la  paroi  interne  des  connectifs  anciens,  — 
naturellement  encore  emboîtés,  -^  à  laquelle  ils  étaient  reliés 
par  du  plasma  nu.  En  desséchant  la  cellule,  les  masses  plas- 
miques  ne  se  rétractèrent  pas  vers  les  extrémités,  à  cause 
de  l'agent  fixateur  employé  auparavant.  Les  calyptres  nouvelles 
incomplètes  gardèrent  à  peu  près  leur  forme,  en  se  plissant 
néanmoins  légèrement.  En  brûlant  au  rouge  le  frustule,  elles 
subsistèrent.  Je  ne  pus  y  découvrir  la  moindre  trace  des  lignes 
longitudinales  spéciales  aux  calyptres  de  cette  espèce. 

Les  plissements  que  formèrent  en  se  desséchant  les  parties 
déjà  sécrétées  des  calyptres  nouvelles  indiquent  que  la  mem- 
brane en  était  plus  molle  que  la  membrane  des  calyptres  de  la 
cellule-mère,  lesquelles  se  desséchèrent  sans  plissements.  Il  est 
probable  qu'elle  était  même  encore  plus  molle  dans  la  cellule 
vivante,  car,  ainsi  que  je  l'ai  dit  plus  haut,  le  liquide  fixateur 
et  l'agent  colorant  avaient  dû  la  durcir  quelque  peu.  Il  fallait 
bien,  d'ailleurs,  qu'il  en  fût  ainsi,  puisque  les  calyptres  incom- 
plètes avaient  encore,  même  pour  la  partie  existant  déjà,  à 
préciser  leur  forme  et  à  parfaire  leur  modelé  et  leur  structure. 
Il  n'en  est  pas  moins  certain  que  leur  silification  était  déjà 
commencée,  puisque,  en  les  brûlant,  elle  ne  furent  pas  dé- 
truites. 

Or,  il  me  fut  impossible  d'apercevoir,  soit  dans  le  hquide,  soit 
à  sec,  la  moindre  épine  en  voie  de  formation  à  l'extrémité  des 
calyptres  nouvelles.  Au  point  d'insertion  des  épines  futures, 
apparaissait  seulement  comme  un  très  petit  bourgeon,  semblant 
sortir  d'une  petite  dépression  demi-circulaire.  C'était  évidem- 
ment l'embryon  de  l'ép^ine. 

Il  s'ensuit  que  la  croissance  de  l'épine  paraît  être  différente 
chez  Yihiz.  setigera  et  Rhiz.  robusta.  Chez  la  première  espèce, 
l'extrémité  de  l'épine,  d'après  ce  que  dit  Schùtt  (II,  p.  SU, 
lignes  14  et  suiv.),  serait  sécrétée  avant  sa  base,  tandis  que 
chez  Rhiz.  robusta  la  partie  de  la  calyptre  attenant  à  la  base 
de  l'épine  future  est,  sinon  entièrement  silicifiée,  du  moins 
déjà  formée,  à  un  moment  où  l'épine  n'a  pas  encore  commencé 
à  pousser. 

J'ai  pu  me  rendre  compte  par  la  suite  que  l'épine  commence 
néanmoins  à  pousser  alors  que  la  formation  de  la  calyptre  n'est 


Q4  SOCIÉTÉ   SCIENTIFIQUE  D'aRCACHON 

pas  encore  complètement  terminée.  Dans  une  autre  cellule,  où 
la  croissance  des  deux  calyptres  nouvelles  était  beaucoup  plus 
avancée  que  dans  la  première  cellule  oibservée,  mais  cependant 
encore  loin  d'être  achevée,  les  épines  étaient  déjà  en  formation 
et  parfaitement  vîsibles,  sans  toutefois  avoir  acquis  leur  lon- 
gueur définitive. 

Il  y  aurait  donc,  chez  Rhiz.  robusta  comme  chez  Hhiz.  seâ- 
gera,  croissance  simultanée  des  épines  et  des  calyptres,  mais 
alors  que,  pour  la  première  espèce,  ce  sont  les  calyptres  qui 
commencent  à  se  former  les  premières,  chez  Hhiz.  setigera 
ce  sont  les  épines. 

Il  est  une  troisième  espèce  pélagique  chez  laquelle  ces  deux 
modes  de  croissance  paraissent  se  rencontrer  à  la  fois.  Les 
valves  du  Ditylium  Brightwellii  West  sont  munies,  comme  l'on 
sait,  de  deux  sortes  de  protubérances.  Elles  possèdent  une  forte 
et  longue  épine  centrale  et^  de  plus,  une  couronne  marginale 
angulaire  simulant  une  sorte  de  frange  ou  de  collerette  et  for- 
mée d'assez  longues  épines  rapprochées  et  légèrement  cour- 
bées. 

J'ai  pu  voir  pendant  un  certain  temps  sous  le  microscope, 
dans  une  cellule  de  cette  espèce  étant  en  voie  de  division,  les 
épines  centrales  croître  dans  l'espace  vide  formé  au  milieu 
de  la  cellule-mère  par  le  retrait  des  surfaces  plasmiques,  après 
le  dédoublement  du  noyau  en  deux  jeunes  noyaux,  et  limité  par 
les  anciens  connectifs  emboîtés. 

Au  commencement  de  l'observation,  les  surfaces  plasmiques 
étaient  arrondies  et  convexes  et  avaiient  à  peine  commencé  à 
prendre  la  forme  des  futures  valves-filles.  Les  épines  cen- 
trales croissaient  très  visiblement,  en  regard  l'une  de  l'autre, 
mais  non  directement  opposées,  car  les  frustules  de  cette 
espèce,  une  fois  définitivement  formés,  ne  sont  pas  habituelle- 
ment joints  par  les  extrémités  de  leurs  épines  et  vivent  soh- 
taires,  sans  former  de  chaînes  (i).  Les  épines  centrales  augmen- 
tèrent de  plus  en  plus  de  longueur,  en  déviant  légèrement  et  en 
se  déjetant  un  peu  latéralement,  de  sorte  que  les  extrémités  se 
dépassèrent  l'une  l'autre  sans  se  rencontrer.  Pendant  ce  temps 

(1)  J'ai  cependant  rencontré,  mais  rarement,  des  groupes  de  deux  frustules  défini- 
tivement formés,  rejoints  par  les  extrémités  de  leurs  épines  centrales.  Est-ce  là  une 
anomalie?  Je  chercherai  à  vérifier  ce  fait  par  la  suite. 


STATION    BIOLOGIQUE  95 

ïe  contour  des  valves-filles  se  précisait,  tandis  que  les  chroma- 
tophores,  groupés  dès  le  commencement  de  l'observation  autour 
des  masses  périnucléaires,  formaient  à  cet  endroit  une  agglo- 
mération de  plus  en  plus  dense.  A  peine  les  extrémités  des  deux 
épines  centrales  se  furent-elles  dépassées  l'une  l'autre  que,  par 
malheur,  le  plasma  intérieur  se  contracta  en  état  de  plasmolyse 
morbide,  les  surfaces  plasmiques  entraînant  avec  elles,  vers 
les  extrémités  de  la  cellule-mère,  les  parties  déjà  formées  des 
ïiouvell'es  valves^fillès,  chacune  portant  son  épine  centrale. 
Le  fait  que  ces  valves  purent  suivre  le  mouvement  du  plasma 
en  ayant  du  jeu  à  l'intérieur  des  connectifs  anciens  et  en 
s'inclinant,  pendant  ce  retrait,  de  côté  et  d'autre,  prouve  bien, 
comme  pour  l'observation,  relatée  plus  haut,  concernant  le 
Rhiz.setigeray  qu'elles  étaient  encore  incomplètes.  Je  me  ren- 
dis compte  que  la  plateforme  angulaire  terminale  des  valves, 
bordée  chez  cette  espèce  par  la  collerette  ou  couronne  angulaire 
d'épines  marginales,  était  seule  sécrétée  à  ce  moment.  Je  ne 
pus  apercevoir,  malgré  les  recherches  les  plus  attentives, 
la  moindre  trace  de  cette  collerette,  d'ailleurs  excessivement 
hyaline.  Une  sorte  de  petite  crête  de  silice,  à  peine  reconnais- 
sable,  indiquait  seule  la  place  qu'elle  devait  occuper  par  la 
suite.  Il  est  certain  que,  si  elle  existait  déjà,  c'était  à  l'état 
absolument  embryonnaire.  Il  faut  ajouter  qu'au  moment  où 
s'est  arrêtée  l'observation,  les  épines  centrales  des  valves-filles 
avaient  atteint  un  peu  plus  de  la  moitié  de  la  longueur  de  celles 
des  valves-mères. 

Il  résulte  donc  de  ce  qui  précède  que  l'épine  terminale  cen- 
trale, chez  le  Ditylium  Bnghtwellu,  croît  simultanément  avec  la 
membrane  de  la  valve-fille.  Il  est  même  possible  que  l'épine 
apparaisse  la  première  hors  de  la  surface  plasmique  nue  et 
que  la  membrane  de  la  valve  ne  commence  à  se  former  que 
lorsque  l'épine  a  déjà  atteint  une  certaine  longueur. 

Gela,  il  m'est  impossible,  de  le  préciser  encore,  n'ayant  pu, 
malgré  mes  recherches,  assister  à  cette  phase  de  la  division 
de  la  cellule  chez  le  Ditylium  Brightwellii. 

Une  seconde  conséquence  de  l'observation  que  j'ai  relatée 
plus  haut  est  que  la  collerette  ou  frange  m'arginale  est  sécrétée 
seulement,  s'inon  après  le  complet  achèvement  de  l'épine  cen- 
trale et  de  la  membrane  de  la  valve,  du  moins  lorsqu'elles 
sont  déjà  en  partie  formées. 


96  SOCIÉTÉ    SCIENTIFIQUE   D'aRCACHON 

Je  trouve  une  autre  preuve  de  ce  fait  clans  la  fig.  7  de  la 
planche  XCVI  des  Diatomées  marines  de  France  d'H.  Peragallo, 
figure  qui  représente  une  ceilule-nnère  de  Ditijlium  Bright- 
wellii  contenant,  à  l'intérieur  des  anciens  connectifs  encore 
emboîtés,  les  deux  valves-filles  tout  nouvellement  sécrétées. 
Elles  sont  déjà  presque  entièrement  terminées,  quoique  parais- 
sant ne  pas  avoir  encore  revêtu  leur  forme  absolument  défini- 
tive et  n'être  pas  complètement  silicifiées,  et  les  nouvelles 
épines  centrales  ont  atteint  plus  de  la  moitié  de  la  longueur 
des  épines  centrales  des  valves-mères.  C'est  en  somme,  à  peu 
de  chose  près,  la  même  phase  du  processus  de  division  que 
celle  décrite  dans  l'observation  ci-dessus;  celle  représentée 
par  Peragallo  serait  même  peut-être  plus  avancée.  Et  pour- 
tant il  n'y  a  pas  encore,  sur  son  dessin,  trace  de  formation  de 
la  frange  d'épines  marginales. 

Il  est  donc  bien  certain  que,  pour  le  Ditijlium  Brightwellii, 
les  épines  centrales  et  la  membrane  des  valves-filles  croissent 
pendant  un  certain  temps  simultanément,  avant  qu'apparais- 
sent les  collerettes  angulaires  miarginales.  Des  recherches  ulté- 
rieures m'apprendront,  je  l'espère,  si  la  croissance  des  colle- 
rettes commence  alors  que  les  épines  centrales  et  la  membrane 
des  valves-filles  croissent  encore,  ce  que  semblerait  indiquer  la 
présence  de  la  petite  crête  siliceuse  mentionnée  plus  haut,  ou 
sS  les  collerettes  ne  se  forment  qui' après  la  complète  sécrétion 
des  épines  centrales  et  des  valves-filles. 

Les  trois  espèces  dont  je  viens  de  parler  ne  forment  pas  de 
chaînes  et  leurs  frustulesi  ne  sont  pas  reliés  entre  eux  par  des 
protubérances  ou  appendices  plus  ou  moins  développés,  par 
conséquent  vivent  solitaires. 

Je  vais  dire  quelques  mots  du  Stephanopyxis  turgi)da 
Greville  {Creswellia  turgida  Greville,  I,  pi.  VllI,  fig.  14),  dont 
on  rencontre  à  Arcachon,  dans  les  pêches  pélagiques,  les  frus- 
tules  accolés  en  longues  chaînes  droites,  et  dont  les  valves 
sont  reliées,  d'un  frustule  à  l'autre,  par  une  couronne  submar- 
ginale d'appendices  ou  bâtonnets  spiniformes  très  particuliers, 
joints  deux  à  deux  et  bo|ut  à  bout,  de  façon  à  simuler,  à  un 
faible  grossissement,  des  filaments  siliceux  réunissant  les  frus- 
tules,  entre  lesquels  ils  forment  une  sorte  d'anneau  ajouré.  Le 
mode  de  croissance  de  ces  appendices  constitue,  à  mon  avis,  un 


STATION    BIOLOGIQUE  97 

problème  des  plus  complexes  et  des  plus  suibtils.  J'ai  cherché  à 
m'en  rendre  compte  sans  parvenir  jusqu'ici  à  trouver  la  solu- 
tion de  ce  problème.  Je  vais  exposer  le  peu  de  documents  que 
j'ai  pu  rassembler  sur  ce  sujet. 

Les  appendices  d'une  autre  espèce  de  Stephanopyxù,  le 
Stephan.  Palmeriana  (Greville)  Grunow,  ont  été,  étudiés 
par  Otto  Millier,  oui  a  reconnu  leur  véritable  structure.  Il  a 
observé,  dans  certaines  conditions,  à  l'intérieur  de  ces  appen- 
dices, des  bulles  d'air  décelant  l'existence  d'un  très  étroit  canal 
interne.  Ce  sont  donc  de  petits  tuyaux  ou  bâtonnets  creux.  De 
plus,  chacun  d'eux  est  garni  extérieurement  de  trois  ou  quatre 
ailes  longitudinales  et  légèrement  tordues  en  spirale,  les  extré- 
mités de  deux  tuyaux  opposés  étant  étroitement  soudées  l'une 
à  l'autre,  ailes  contre  ailes,  orifice  contre  orifice.  Ils  partent 
de  points  situés  circulairement  sur  la  courbure  des  valves 
à  peu  près  hémisphériques,  points  formés  par  la  réunion  de 
plusieurs  cellules  polygonales  et  correspondant  à  des  pores 
(0.   Muller,  I,    p.   197,    pi.   IX,    fig.  1-4). 

Ces  détails  sont  identiques,  à  peu  de  chose  près,  chez  le 
StepJianopyxis  targida  Greville,  sauf  que  les  ailes  sont  peut- 
être  un  peu  moins  développées.  A  l'endroit  de  jonction  de  deux 
tuyaux  opposés  adhérents  l'un  à  l'autre  par  leurs  extrémités, 
endroit  qui  est  situé  le  plus  souvent,  —  mais  pas  toujours,  — 
à  égale  distance  des  deux  valves  voisines,  se  voit  très  distinc- 
tement une  sorte  de  trait  ou  sillon  allongé,  dirigé  obUquement 
dans  un  sens  ou  dans  l'autre,  suivant  les  paires  de  bâtonnets. 
Lorsqu'il  y  a  disjonction  des  bâtonnets  jumeaux,  et  non  bri- 
sure, c'est  suivant  cette  ligne  oblique  que  s'opère  la  sépara- 
tion, et  l'extrémité  libre  des  bâtonnets  se  montre  alors  comme 
taillée  obliquement  et  légèrement  épaissiie  à  l'endroit  de  l'en- 
taille. 

Otto  Muller  déduit  du  caractère  tubuleux  des  bâtonnets 
cette  conséquence  qu'à  l'état  vivant  un  filament  plasmique  doit 
les  traverser,  faisant  ainsi  communiquer  les  cellules  entre  elles, 
cette  communication  plasmique  entre  les  individus  unicellu- 
laires  d'une  même  chaîne  lui  donnant  le  caractère  d'un  orga- 
nisme plurioellulaire.  Je  le  crois  également,  car  les  faits  que 
j'ai  observés  semblent  justifier  cette  manière  de  voir. 

J'ai  assisté,  chez  le  Stephanopyxix  turgida,  après  la  division 

SOCIÉTÉ  d'Akcachon.  7 


98  SOCIÉTÉ   SCIENTIFIQUE  D'aRCACHON 

du  noyau  de  la  cellule-mère  en  deux  jeunes  noyaux,  au  retrait 
des  surfaces  plasmiques,  et  je  les  ai  vues,  à  ce  moment,  reliées 
entre  elles  par  le  filament  plasmique  central  dont  j'ai  déjà  parlé 
à  propos  du  Rhizozolenia  delicatula  et  du  Guinardia  flaccida. 
Ce  filament  montrait  en  son  milieu  une  sorte  de  trait  plus  foncé 
qu'il  me  fut  impossible  d'étudier  plus  longuement,  le  filament 
s'étant  aminci  progressivement,  puis  ayant  rapidement  dis- 
paru, scindé  subitement  par  le  milieu,  les  deux  moitiés  ayant 
été  immiédiatement  comme  absorbées  par  les  surfaces  plas- 
miques adjacentes. 

Il  est  presque  certain  que  ce  trait  était  de  même  nature  que 
celui  indiqué  par  Schùtt  à  propos  du  filament  identique,  qu'il 
dit  avoir  observé  une  seule  fois  entre  les  surfaces  plasmiques 
rétractées  chez  le  Guinardia  baltica  (II,  p.  503).  Schûtt  recon- 
naît très  judicieusement  dans  ce  trait,  qu'il  a  vu  obliquement 
allongé,  la  surface  de  division  du  filament,  chaque  moitié  du 
filament  appartenant  nettement,  dès  sa  formation,  à  la  masse 
plasmique  à  laquelle  elle  adhère  par  sa  base,  c'est-à-dii'e  à  l'une 
des  deux  nouvelles  cellules-filles  (i). 

Il  ne  m'a  mallieureusement  pas  été  donné  de  voir  les  phases 
immédiatement  consécutives.  Chaque  fois  que  j'ai  pu  observer 
le  retrait  du  plasma  chez  cette  espèce,  une  mauvaise  chance 
faisait  qu'aussitôt  après  les  cellules  mouraient  sous  le  micros- 
cope. 

Il  est  presque  certain  qu'ainsi  que  le  dit  Otto  Mûller(I,p.l201), 
au  moment  de  ce  retrait  des  surfaces  plasmiques,  des  fils  plas- 
miques excessivement  ténus  et  très  difficilement  visibles  subsis- 
tent, qui  relient  entre  eux,  sur  les  surfaces  nues  de  plasma  non 
encore  silicifié,  les  points  disposés  circulairement,  par  où  les 
futurs  bâtonnets  seront  en  contact  avec  les  valves. 

Ces  filaments  serviraient  ainsi  de  fils  conducteurs  à  la  for- 
mation de  la  membrane  des  bâtonnets  tubuleux  et  explique- 

(})  J'ai  d'ailleurs  représenté  pi.  II,  fig.  3  b,  chez  le  Guinardia  flaccida,  un  trait 
semblable  au  milieu  du  filament  qu'on  peut  y  rencontrer  également  quelquefois 
entre  les  surfaces  plasmiques,  immédiatement  après  leur  retrait. 

On  se  rend  compte  du  bien-fondé  de  l'explication  donnée  par  Schiitt  en  comparant, 
avec  la  fig.  3  6  de  ma  pi.  II,  la  fig.  3  a,  où  i'on  aperçoit,  entre  les  masses  plasmiques 
péri  nucléaires  non  encore  disjointes,  un  trait  de  séparation  bien  marqué  qui  corres- 
pond à  celui  du  filament  dessiné  fig.  3  h.  La  présence  de  ce  filament  plasmique  ne 
serait  donc  probablement  due  qu'à  une  séparation  un  peu  moins  brusque  et  moins 
immédiatement  définitive  des  masses  plasmiques  périnucléaires,  ce  qui  expliquerait 
pourquoi  ce  phénonrène  se  produit  seulement  quelquefois. 


STATION   BIOLOGIQUE  99 

raient  la  jonction  de  chaque  paire  de  tubes  jumeaux  bout  à 
bout,  jonction  bien  incompréhensible,  à  mon  avis,  si  l'on  ad- 
mettait la  croissance,  à  Fencontre  l'un  de  l'autre,  de  deux  tuyaux 
opposés,  sans  filament  reUant  leurs  extrémités.  Il  est,  en  effet, 
inadmissible  que,  dans  ces  dernières  conditions,  les  extrémités 
libres  des  tuyaux  puissent  se  rejoindre,  orifice  contre  orifice. 

Je  tiens  donc  pour  presque  certaine  l'existence  de  ces  fils 
plasmiques  intercellulaires,  d'autant  plus  que,  ainsi  qu'on  le 
verra  par  la  suite,  j'ai  cru  plusieurs  fois  les  apercevoir,  sans 
pouvoir  cependant  l'assurer  avec  certitude,  tant  ces  constata- 
tions sont  délicates,  à  cause  de  l'extraordinaire  ténuité  et  du 
peu  de  résistance  aux  actions  extérieures  que  doivent  posséder 
ces  filaments,  s'ils  existent. 

Nous  abordons  maintenant  le  problème  le  plus  sujbtil  :  expli- 
quer le  mode  de  croissance  des  tuyaux. 

J'ai  déjà  dit  que  je  n'avais  pu  encoî^e  le  résoudre.  J'ai 
cependant,  sur  cet  intéressant  sujet,  quelques  considérations  à 
exposer. 

La  constatation  que  j'ai  faite,  chez  le  Stephari.  turgida,  du 
retrait  rapide  des  surfaces  plasmiques  nues,  après  la  division 
du  noyau  de  la  cellule-mère  en  deux  jeunes  noyaux,  permet 
d'écarter,  ce  me  semble,  l'hypothèse  que  les  tuyaux,  commen- 
çant par  être  de  simples  ponts  plasmiques  très  courts  entre  les 
surfaces  plasmiques  presque  contiguës,  augmentent  peu  à  peu 
de  longueur  en  se  solidifiant  de  plus  en  plus,  éloignant  l'une  de 
l'autre,  par  leur  croissance,  l'es  valves-filles  en  voie  de  forma- 
tion. Il  faudrait  admettre  en  ce  cas  que  les  surfaces  plasmi- 
ques, après  leur  retrait,  se  rapprochent  de  nouveau,  se  mettent 
alors  en  contact  seulemient  par  les  points,  situés  circulaire- 
ment,  qui  deviendront  par  la  suite  les  points  d'adhérence  de 
la  base  des  tuyaux  aux  valves-filles,  puis  que  les  tuyaux  crois- 
sent en  longueur  de  la  manlière  indiquée  ci-dessus.  Un  tel  pro- 
cessus me  semible  bien  improbable.  On  devrait  d'ailleurs,  s'il 
existait,  rencoîntrer  dans  des  cellules  en  voie  de  division  appar- 
tenant à  une  même  chaîne,  à  l'intérieur  des  anciens  connectifs 
emboîtés,  des  valves-filles  en  formation  qui,  bien  que  toutes 
reliées  entre  elles  deux  à  deux  par  les  extrémités  des  tuyaux, 
beraienl  inégalement  distantes  lies  unes  des  autres  suivant 
les  cellutes  et  suivant  le  degré  de  croissance  des  bâtonnets, 


100  SOCIÉTÉ   SCIENTFIQUE   d'aRCACHON 

tantôt  presque  contiguës,  tantôt  plu3  ou  moins  rapprochées, 
mais  toujours  moins  éloignées  que,  dans  la  m;ême  chaîne,  deux 
valves  opposées  parvenues  à  la  limite  de  leur  croissance  et  hors 
des  ancâens  connectifs  depuis  longtemps  désemboîtés.  J'ai  cons- 
tamment trouvé,  au  contraire,  dans  une  même  chaîne,  les  dis- 
tances intercellulaires  pareilles  ou  presque  pareilles,  à  très 
peu  de  chose  près.  Et  souvent  même,  les  espaces  intercellu- 
laires séparant  deux  valves  tout  récemment  formées,  à  appen- 
dices rejoints  par  leurs  extrémités  et  incluses  encore  dans 
les  anciens  connectifs  eni|boîtés,  étaient  un  peu  plus  larges  que 
ceux  qui  séparaient,  dans  la  même  chaîne,  deux  valves  an- 
ciennes libres  de  tout  connectif. 

Je  crois  donc,  pour  le-  différentes  raisons  que  je  viens 
d'énoncer,  qu'on  peut  écarter  cette  première  explication  de  la 
croissance  des  appendices  chez  le  Stephan.  turgida.  Quant  aux 
très  légères  variations  de  dimensions  des  espaces  intercellu- 
laires, que  j'ai  rencontrées  aussi  bien  dans  une  même  chaîne 
que  d'une  chaîne  à  une  autre,  elles  doivent  être  des  variations 
individuelles  et  particulières  à  chaque  cellule,  ainsi  que  le  pense 
Schiitt  pour  le  Skeletonema  coslalum  Greville,  chez  lequel  il 
a  constaté  des  différences  de  dimensions  analogues  dans  les 
espaces  intercellul'aires. 

D'autres  observations  (pie  j'ai  faites  semblent  justifier  une 
seconde  hypothèse  pour  expliquer  la  croissance  des  appendices 
du  Stephan.  turgida.  Je  vais  exposer  d'abord  le  'résultat  de  ces 
observations. 

J'ai  pu  voir  plusieurs  fois,  dans  des  cellules  de  Stephan.  tur- 
gida en  voie  de  division,  les  surfaces  plasmiques  distantes  l'une 
de  l'autre,  immédiatement  après  leur  retrait.  Elles  étaient  déjà 
arrondies  et  commençaient  à  prendre  la  forme  des  valves 
futures,  sans  qu'il  y  eût  encore  la  moindre  trace  d'appendices 
en  couronne.  J'ai  rencontré  également  des  couronnes  d'appen- 
dices plus  ou  mois  développés,  non  rejointes  deux  à  deux  et 
laissant  un  vide  dans  l'espace  intercellutoire  entre  les  extré- 
mités des  tuyaux  opposés,  et  j'ai  pu  observer  tous  les  degrés 
de  croissance  des  tuyaux,  depuis  leur  apparition  sous  forme 
dune  couronne  de  petites  épines  à  peine  saillantes  hors  des 
surfaces  rétractées  jusqu'à  leur  presque  complet  rapproche- 
ment, les  extrémités  opposées  des  appendices  de  deux  valves- 


STATION    BIOLOGIQUE  101 

filles  voisines  étant  à  peine  distantes  les  unes  des  autres,  deux 
à  deux. 

Ces  constatations,  que  Schiittl  dit  avoir  vainement  cherchées 
chez  les  cellules  du  Skeletonema  (II,  p.  497),  paraîtraient  militer 
en  faveur  d'une  croissance  postérieure  des  tuyaux  [Succédané 
Ausbildiinçi  de  Schiitt)  par  l'apport  à  celle  de  la  membrane  des 
valVes,  si  Ton  n'admettait  pas  la  préexistence  des  fds  plasmi- 
ques.  Au  contraire,  si  les  fds  plasmiques  existent,  il  peut 
très  i)ien  se  produire  alors  un  sécrétion  simultanée  (Simultané 
Ausbildungj  de  la  membrane  des  tuyaux  par  les  fds  plasmiques 
et  de  la  membrane  des  valves  par  l'es  surfaces  de  plasma 
rétractées. 

Mes  recherches  sur  ce  point,  bien  qu'encore  incomplètes, 
semblent  indiquer  que  la  croissance  des  membranes  des  tuyaux 
et  des  valves  est,  au  moins  partiellement,  simultanée. 

J'ai  observé  notamment  deux  valves-fdles  incluses  dans  les 
anciens  connectifs  emboîtés,  portant  chacune  une  couronne  de 
tuyaux  à  extrémités  non  rejointes  et  séparées  par  un  espace 
vide. 

Ces  valves-fdles  n'étaient  sûrement  pas  encore  complètement 
silicifiées,  —  bien  qu'on  aperçût  déjà  les  alvéoles,  —  car,  en 
séchant  ensuite  la  chaîne  dont  elles  faisaient  partie,  elles  se 
rétractèrent  et  se  déformèrent  comiplètement,  les  deux  autres 
valves  des  mêmes  cellules-fdles  (ou  valves  de  l'ancienne  cellule- 
mère),  ainsi  que  les  valves  de  tous  les  autres  frustules,  conser- 
vant absolument  leur  consistance  et  paraissant  même  formées 
de  sihce  assez  robuste. 

Il  paraît  donc  y  avoir  là  croissance  simultanée,  d'autant  plus 
que  les  tuyaux  eux-mêmes,  non  seulement  n'étaient  pas  rejoints, 
mais  paraissaient,  pour  la  partie  déjà  vtisible,  non  entièrement 
silicifiés  et  très  peu  résistants. 

Les  nouvelles  recherches  que  je  compte  faire  sur  ce  sujet  pré- 
ciseront, je  l'espère,  la  solution  de  cette  très  intéressante  ques- 
tion. 

Chaque  fois  que  j'ai  vu,  dans  les  espaces  intercellulaires,  les 
tuyaux  non  rejoints,  chacun  d'eux  éta^t  placé  exactement  en 
face  du  tuyau  opposé,  de  sorte  que  le  contact  ultérieur  entre 
les  deux  extrémités  des  tuyaux  jumeaux,  croissant  à  rencontre 
l'un  de  l'autre,  semblait  nécessaire  et  inévitable. 


102  SOCIÉTÉ    SCIENTIFIQUE   D'ARCACHON 

Néanmoins,  comme  je  rencontrais  presque  toujours  les 
tuyaux  rejoints  entre  deux  valves-filles  opposées  encore  incluses 
dans  les  anciens  connectifs  em!l)oîtés,  je  recherchai  si,  lorsque 
les  tuyaux  ne  sont  pas  rejoints,  on  ne  serait  pas  en  présence 
d'un  processus  différent  de  celui  de  la  division  ordinaire  de  la 
cellule. 

En  effet,  il  pourrait  se  passer  pour  le  Stephan.  turgida  ce 
que  Schiitt  a  trouvé  pour  certains  Chœtoceros,  c'est-à-dire 
la  formation,  dans  une  cellule-mère,  au  bout  d'un  certain  nom- 
bre de  divisions  ordinaires,  de  deux  valves-filles  également 
produites  par  division  et  qui  auraient  des  appendices  non  re- 
joints par  leurs  extrémités,  ce  qui  permettrait  à  la  chaîne  de  se 
fractionner  à  cet  endroit,  les  anciens  connectifs  une  fois  désem- 
boîtés.  Ces  valves  deviendraient  ainsi  les  valves  terminales  de 
deux  nouvelles  chaînes,  qui  recommenceraient  à  se  diviser 
normalement  jusqu'à  ce  que  ces  chaînes  se  fractionnent  à  leur 
tour  par  la  formation  de  deux  valves  nouvelles  à  appendices 
non  rejoints. 

C'est  là  le  processus  que  Schiitt  a  décrit  pour  certains 
Chœtoceros  (V,  p.  5),  chez  lesquels  l'es  nouvelles  valves-filles 
différentes  des  vafves  }ordinaî;res  et  qui  djeviendront  valves 
terminales  de  deux  nouvelles  chaînes  nai-  suite  du  fractionne- 
ment de  la  chaîne  primordiale,  se  forment  au  milieu  de  cette 
chaîne,   naturellement  au   nombre  de  deux  seulement. 

Or,  il  ne  peut  en,  être  ainsi  pour  les  cas  observés  chez  le 
Stephan.  turgida,  car  j'ai  rencontré,  dans  une  même  chaîne, 
les  nouvelles  valves  à  appendices  non  rejoints  formées  dans 
plusiieurs  cellules-mères  contiguës.  Si  les  appendices  ne  de- 
vaient pas  se  rejoindre  par  une  croissance  ultérieure,  il  faudrait 
alors  admettre  la  séparation  de  la  chaîne  primitive  de  deux  en 
deux  cellules,  ce  qui  donnerait  une  série  de  petites  chaînes  com- 
posées chacune  de  deux  frustules. 

Si  l'es  choses  se  passaient  ainsi,  on  trouveralit  quelquefois 
des  chaînes  courtes  composées  seulement  de  deux  frustules,  les 
appendices  des  valves  terminales  de  ces  chaînes  ayant  leurs 
extrémités  nécessairement  un  peu  différentes  de  celles  des 
appendices  ordinaires,  puisque,  ces  extrémités  ayant  toujours 
été  libres,  il  n'y  aurait  pas  eu  d'abord  contact  entre  elles,  deux 
à  deux,  puis  rupture.  Je  n'ai  jamais  rien  vu  de  pareil  et,  à  mon 
avis,  rien  ne  vient  justifier  une  telle  hypothèse. 


STATION    BIOLOGIQUE  103 

Ces  valves-filles  à  appendices  non  rejoints  pourraient  être 
encore,  chacune,  l'une  des  deux  valves  de  spores  à  appendices 
libres,  dont  Tautrp  valve  ne  serait  pas  encore  formée.  Je  ne  le 
crois  pas,  car  ces  valves  à  appendices  non  rejoints  sont  déjà, 
ainsi  qu'on  l'a  vu  plus  haut,  presque  silicifiées  et  forment  avec 
les  vahes  anaiennes  de  la  cellule-mère  un  ensemble  d'aspect 
absolument  identique  à  celui  des  cellules-filles  faisant  partie 
de  la  même  chaîne  et  réunies  deux  à  deux,  dans  l'intérieur  des 
anciens  connectifs  encoi-e  emboîtés,  par  les  extrémités  de  leurs 
appendices  complètement  rejointes.  De  plus,  il'  semble  que,  si 
les  extrémités  des  appendices  non  rejoints  ne  devaient  pas  se 
rejoindre  par  la  suite,  elles  ne  seraient  pas,  ainsi  que  cela  a 
lieu,  exactement  et  rigouireusement  en  regard  les  unes  des  au- 
tres, deux  à  deux,  et  qu'on  ne  rencontrerait  pas  des  cas  oij 
elles  sont  séparées  par  un  espace  tellement  étroit  qu'elles  sem- 
blent presque  se  toucher. 

Néanmoins,  malgré  ces  considérations,  un  doute  subsiste  sur 
la  véritable  nature  de  ces  valves  à  appendices  non  rejoints. 
J'espère  pouvoir,  par  la  suite,  élucider  ce  point  déhcat. 

J'ai  cherché,  chaque  fois  que  j'ai  pu  observer  cette  non- 
jonction  des  appendices,  à  voir  s'il  n'existait  pas  entre  leurs 
extrémités  des  fils  plasmiques  reliant  chaque  paire  d'appen- 
dices opposés.  J'ai  dit  plus  haut  que  j'ai  cru  dans  plusieurs  cas 
les  apercevoir,  sans  pouvoir  toutefois  l'affirmer  avec  certitude. 
Comme,  s'ils  existent,  ils  doivent  être  très  transparents,  j'ai 
tenté  de  colorer  les  frustules  au  bleu  de  méthylène,  mais  sans 
résultat.  Il  se  pourrait  que  l'action  même  de  l'agent  colorant 
les  détruisit,  car  le  moindre  choc  ou  toute  autre  cause  exté- 
rieure (peut-être  même  seulement  le  contact  avec  les  parois  du 
filet,  au  moment  de  la  pêche)  produisant  immédiatement  une 
contraction  du  plasma  interne,  cette  contraction,  même  à  peine 
sensible,  peut  suffire  pour  tirer  en  sens  inverse,  dans  deux  cel- 
lules vQlisines,  ces  filaments  excessivement  ténus  et  par  con- 
séquent les  rompre.  Je  compte  faire  sur  ce  point  si  important 
de  nouvelles  recherches. 

11  se  pourrait,  d'ailleurs,  qu'il  n'y  eût  pas  de  filaments  plas- 
miques entre  les  appendices  non  rejoints,  si  cet  état  de  non- 
jonction  correspond  à  un  processus  de  formation  de  spores  à 
appendices  libres,  et  que  ces  filaments  existassent  néanmoins, 


104  SOCIÉTÉ   SCIENTIFIQUE  D'ARCACHON 

au  cours  du  processus  de  division  de  la  cellule,  entre  les  sur- 
faces plasmiques  au  moment  de  leur  retrait,  ce  quï,  nous  l'avons 
vu,  est  presque  certain. 

De  quelle  façon  se  ferait  alors  la  croissance  des  tuyaux? 
Très  prOibablement  les  fils  plasmiques  devraient  sécréter  tout 
autour'  d'eux  la  membrane  de  ces  tuyaux,  par  lesquels  ils 
feraient  communiquer  le  contenu  plasmique  des  différentes  cel- 
lules d'une  même  chaîne.  Mais  alors  cette  sécrétion  ne  serait 
pas  uniforme.  Sans  cela  comment  expliquer  les  lignes  obliques 
de  jonction  de  deux  tuyaux  jumeaux  opposés?  De  plus,  cette 
sécrétion  de  la  membrane  des  tuyaux  est-elle  antérieure,  simul- 
tanée ou  postérieure  par  rapport  à  celle  de  la  membrane  des 
valves? 

Autant  de  questions  non  résoluesi,  gue  je  traiterai  pLs  com- 
plètement lorsque  j'étudierai  le  Stephan.  turgida  et  sur  les- 
quelles j'espère  pouvoir  apporter  par  la  suite  des  documents 
plus  complets,  fournis  par  des  observations  ultérieures. 


Au  moment  où  allait  paraître  ce  travail,  le  Stephan.  turgida  s'étant 
tout  à  coup  rencontré  en  assez  grande  abondance  dans  les  pêches  péla- 
giques du  bassin,  je  pus  faire  quelques  observations  nouvelles  et  inté- 
ressantes. Je  vais  en  dire  quelques  mots,  me  réservant  d'y  revenir  dans 
une  publication  ultérieure. 

Ayant  pu  récolter  des  chaînes  de  cette  espèce  en  excellent  état,  j'es- 
sayai de  nouveau  de  les  colorer,  directement  dans  l'eau  de  mer,  avec  du 
bleu  de  méthylène.  Je  constatai  alors  avec  surprise,  en  les  observant 
dans  le  liquide  même,  que  tous  les  tuyaux  que  l'on  rencontrait  rejoints 
bout  à  bout  étaient  reliés  entre  eux  par  une  membrane  devenue  bleuâtre 
par  la  coloration  et  qui  formait  une  sorte  de  tube  d'un  frustule  à  l'autre, 
transformant  ainsi  l'anneau  ajouré,  dont  j'ai  parlé  plus  haut,  en  un 
anneau  plein.  Cette  membrane  paraît  plus  épaisse  dans  les  espaces  inter- 
cellulaires séparant  des  valves  formées  depuis  un  certain  temps  et  hors 
des  anciens  connectifs  désemboîtés  que  dans  les  espaces  intercellulaires 
séparant  des  valves  récentes,  encore  incluses  dans  les  anciens  connectifs 
emboîtés.  Elle  semble  ne  pas  exister  dans  les  espaces  intercellulaires  où 
les  extrémités  des  appendices  ne  sont  pas  rejointes.  Elle  est  très 
apparente  entre  les  appendices  à  extrémités  libres  des  valves  termi- 
nales d'une  chaîne  colorée  au  bleu  de  méthylène  et  toujours  observée 
dans  le  liquide  même.  Elle  se  montre  alors  comme  une  pellicule 
bleuâtre  reliant  entre  eux  ces  appendices,  pellicule  dont  les  bords  libres 
se  creusent  et  forment  une  courbure  concave  de  l'extrémité  de  chacun 
des  appendices  à  l'extrémité  de  l'appendice  voisin,  de  façon  à  simuler, 


STATION    BIOLOGIQUE  105 

dans  son  ensemble,  une  sorte  de  collerette  festonnée  terminant  les 
valves. 

Le  fait  suivant  confirme  encore  son  existence  :  on  observe  quelque- 
fois, dans  les  interstices  qui  séparent  les  tuyaux  non  renfermés  à  l'inté- 
rieur des  anciens  connectils,  des  corps  étrangers  très  fins,  se  déplaçant, 
lorsqu'on  fait  pivoter  la  chaîne  autour  de  son  axe  pervalvaiie,d'un  mou- 
vement identique  et  parallèle.  C'est  là  une  preuve  certaine  qu'ils  sont 
adhérents  à  une  membrane  reliant  les  tuyaux. 

Cette  membrane  est  très  visible  d'ailleurs  lorsqu'on  laisse  se  dessé- 
cher les  chaînes  et  qu'on  suit  sous  le  microscope  les  progrès  de  la  dessic- 
cation. On  la  voit  alors,  à  un  certain  moment,  se  fendre  dans  les 
interstices  situés  entre  les  tuyaux,  puis,  dans  chaque  interstice,  se  recro- 
queviller et  se  rétracter  vers  les  parois  des  tuyaux,  de  façon  à  disparaître 
presque  complètement  et  à  laisser  seulement  contre  ces  parois,  par 
places  et  surtout  vers  les  bases  des  tuyaux,  quelques  lambeaux  simulant 
des  sortes  d'ailes  ou  de  carènes.  Les  ailes  observées  par  Otto  Mùller  chez 
les  appendices  du  Stephan.  Palmeriana  (I,  p.  197,  pi.  IX,  fig.  3  et  4) 
n'auraient-elles  pas  une  origine  analogue? 

11  est  très  compréhensible  que  cette  membrane  ait  passé  jusqu'ici 
inaperçue,  car  elle  est  complètement  invisible  lorsqu'elle  n'est  pas  colorée, 
et  à  ce  point  délicate  qu'elle  est  détruite  dès  que  les  cellules  ne  sont  plus 
absolument  vivantes.  Le  fixateur  de  Flemming  la  fait  également  dispa- 
raître et  il  est  impossible  d'en  découvrir  la  moindre  trace  chez  des 
exemplaires  préparés  de  cette  façon. 

Une  étude  plus  attentive  et  plus  approfondie  de  la  nature  et  du  mode 
de  croissance  de  cette  membrane  montrera  quelles  relations  existent 
entre  cette  croissance  et  celle  des  tuyaux.  Pour  le  moment,  je  ne  fais  que 
constater  sa  présence  indiscutable. 

J'ai  encore  à  relater  une  autre  observation,  toute  récente,  concernant 
la  forme  très  voisine  du  Lauderia  annulata  Cleve,  dont  j'ai  déjà  parlé 
à  propos  du  Lauderia  Schrôderi. 

J'ai  pu  voir  chez  cette  forme,  dont  mes  récoltes  m'ont  procuré,  ces 
temps  derniers,  d'assez  fréquents  exemplaires,  dans  une  cellule  en  voie 
de  division,  les  surfaces  plasmiques  se  rétracter  après  le  dédoublement 
du  noyau  de  la  cellule-mère  en  deux  jeunes  noyaux  et  rester  reliées 
l'une  à  l'autre  par  des  fils  plasmiques  très  nets  disposés  circulairement, 
leur  nombre  et  leur  disposition  correspondant  exactement  au  nombre  et 
à  la  disposition  des  bâtonnets  siliceux  tubulaires  qui  relient  les  frustules 
entre  eux  chez  cette  espèce. 

Cette  observation  est  d'une  grande  importance,  car  elle  prouve  l'exis- 
tence de  fils  plasmiques  reliant  les  surfaces  de  plasma  rétractées  et  qui 
sont  comme  le  premier  état  des  futurs  bâtonnets  tubulaires,  existence 
supposée  chez  certaines  espèces  par  quelques  auteurs,  mais  jamais 
encore  constatée  jusqu'ici  chez  aucune.  L'observation  ci-dessus  semble 
en  outre,  par  voie  d'analogie,  fortifier  l'hypothèse  que  ces  mêmes  fila- 
ments peuvent  se  rencontrer  également  chez  le  Stephanopyxis  turgida, 
au  moment  du  retrait  des  surfaces  plasmiques.  Néanmoins,  comme  les 


'<è^/^ 


106  SOCIÉTÉ   SCIENTIFIQUE  D'ARCACHON 

tuyaux  du  Stephanopyxis  sont  assez  différents  de  ceux  du  Lauderia 
d'Arcachon,  chez  lequel  ils  semblent  continus  d'un  fruslule  à  l'autre  et 
sans  trait  de  jonction  en  un  point  de  leur  parcours,  comme  de  plus  ils 
ne  paraissent  pas  situés  sur  un  même  plan  circulaire  en  anneau,  mais 
disposés  plutôt  sur  les  valves,  bien  que  circulairement,  à  différentes 
distances  du  bord,  et  d'après  mes  essais  de  coloration  au  bleu  de  méthy- 
lène, ne  doivent  pas  être  reliés  entre  eux  par  une  membrane,  pour 
toutes  ces  raisons,  il  serait  hasardeux  de  conclure  à  l'existence  certaine 
de  ces  filaments  chez  le  Stephan.  turgida,  puisque  je  n'ai  pu  les  y  aper- 
cevoir d'une  façon  absolument  sûre,  et  la  solution  de  cette  question  reste 
encore  douteuse. 

Au  cours  de  mes  observations,  j'ai  constaté  de  nouveau,  chez  tous  les 
exemplaires  du  Lauderia,  la  présence,  à  la  périphérie  des  valves,  des 
aiguilles  filiformes  rigides,  formant  aigrette  circulaire  terminale,  diver- 
gentes et  dirigées  en  dehors,  que  j'ai  signalées  chez  cette  forme  dans 
l'étude  consacrée  au  Lauderia  Schrôderi  et  dont  la  disposition  et 
l'orientation,  —  mais  non  la  nature,  —  sont  analogues  à  celles  des 
aiguilles,  celles-ci  complètement  siliceuses,  d'une  espèce  de  Corethron 
représentée  par  Schûtt  (II,  pi.  XII,  fig.  37.) 

Il  serait  bien  intéressant  de  rechercher  comment  se  fait  la  croissance 
de  ces  aiguilles,  Schûtt  fait  remarquer  avec  beaucoup  de  justesse,  à 
propos  des  Corethron  (II,  p.  518  et  suivantes),  que  les  aiguilles  termi- 
nales ne  peuvent  pousser  à  l'intérieur  des  anciens  connectifs  encore 
emboîtés  a\  ec  leur  disposition  divergente  et  que  leur  complète  formation 
n'est  certainement  pas  achevée  tant  que  les  valves-filles  sont  encore  con- 
tenues dans  les  connectifs.  Il  a  pu  établir  que  les  aiguilles  naissent,  puis 
poussent,  légèrement  convergentes  par  leurs  extrémités,  à  l'intérieur  de 
ces  connectifs  emboîtés,  dans  l'espace  intercellulaire  formé  par  la  divi- 
sion de  la  cellule.  Puis,  par  suite  de  la  croissance  générale  de  tout  le 
contenu  cellulaire,  le  désemboîtement  des  anciens  connectifs  se  produit, 
venant  dissocier  les  nouvelles  cellules-filles,  et  les  valves-filles  sont 
poussées  vers  le  dehors,  glissant  à  l'intérieur  de  ces  connectifs  le  long 
de  leur  paroi  interne  et  entraînant  avec  elles  les  nouveaux  connectifs  en 
voie  de  formation. 

C'est  seulement  lorsque  la  base  des  aiguilles  parvient  au  niveau  du 
bord  libre  des  anciens  connectifs  que,  n'étant  plus  arrêtées  par  leurs 
parois,  les  aiguilles  changent  de  direction  et  s'épanouissent  en  quelque 
sorte,  en  s'écartant  vers  le  dehors  et  en  devenant  divergentes  par  leurs 
extrémités,  de  convergentes  qu'elles  étaient. 

Pour  le  Gossleriella  tropica  Schûtt,  dont  les  valves  plates  sont  mu- 
nies, à  leur  extrême  bord,  d'une  couronne  de  longues  épines  alternées 
avec  de  plus  courtes,  —  toutes  étant  orientées  de  telle  manière  qu'elles 
sont  contenues,  ainsi  que  la  surface  des  valves,  dans  un  même  plan,  — 
Schûtt  pense  judicieusement,  en  se  basant  sur  l'observation  de  la  valve 
figurée  par  lui  (II,  pi.  XII,  fig,  40),  que  les  épines  doivent  naître, 
puis  pousser  à  l'intérieur  des  anciens  connectifs  encore  emboîtés,  dans 
l'espace  intercellulaire,  assez  étroit,  formé  par  la  division  de  la  cellulcj 


STATION    BIOLOGIQUE  107 

en  étant  à  ce  moment  rabattues  sur  la  surface  des  valves  en  formation. 
Puis,  ainsi  que  pour  les  Corethron^  les  cellules-tilles  se  dissocieraient 
par  le  désemboîtement  des  ancien?  connectifs  et  les  valves-filles  seraient 
poussées  peu  à  peu  vers  le  dehors,  se  dégageant  progressivement  de 
l'enveloppement  de  ces  connectifs.  Ce  serait  seulement  lorsque  l'extrême 
bord  des  valves-filles  aurait  atteint  le  bord  libre  des  anciens  connectifs 
que  les  épines  changeraient  de  direction,  décriraient  un  arc  de  cercle  de 
180°  et  prendraient  l'orientation  particulière  à  l'espèce. 

Dans  les  deux  cas  que  je  viens  d'exposer,  la  croissance  des  appendices 
en  forme  d'aiguilles  ou  de  longues  épines  est  rendue  possible  à  l'inté- 
rieur des  anciens  connectifs  emboîtés,  par  ce  fait  que  les  cellules  vivant 
solitaires  et  non  rejointes  par  des  appendices,  l'espace  intercellulaire 
est,  au  moment  de  la  formation  des  valves-filles,  absolument  libre  et 
qu'alors  rien  ne  vient  gêner  le  développement  de  ces  aiguilles  ou  épines 
et  empêcher  leur  changement  de  direction  au  moment  où  les  valves- 
filles  sont  poussées  hors  des  anciens  connectifs. 

Il  n'en  est  pas  de  même  du  Lauderia  trouvé  à  Arcachon  et  chez 
lequel  la  présence  de  bâtonnets  tubuleux  reliant  entre  eux  les  frustules 
semble  être  un  obstacle  à  la  croissance,  dans  l'espace  intercellulaire,  à 
l'intérieur  des  anciens  connectifs  encore  emboîtés,  des  assez  longues 
aiguilles  terminales  divergentes,  émanant  des  courtes  tubulures  laté- 
rales des  valves.  Il  paraîtrait  alors  que,  chez  cette  forme,  les  aiguilles 
commencent  à  croître  seulement  lorsque  le  pourtour  des  valves-filles 
a  atteint  le  bord  libre  des  anciens  connectifs  et  lorsque  par  suite  les 
extrémités  des  tubulures  latérales  obliques  et  légèrement  courbées  sont 
hors  des  parois  de  ces  connectifs,  dont  la  proximité  les  empêchait 
jusque-là  d'émettre  leurs  prolongements  en  forme  d'aigrettes,  tandis 
que  les  tubulures  peuvent  fort  bien  s'être  formées  dans  l'intérieur  des 
connectifs  emboîtés  (i). 

De  nouvelles  recherches  sont  nécessaires  pour  résoudre  définitivement 
cette  intéressante  question. 

Un  fait  à  noter  est  que  ces  aiguilles  émanent  de  tubulures  beaucoup 
plus  siliceuses  qu'elles  et  qui  subsistent  sans  la  moindre  détérioration, 
même  après  chauffage  au  rouge.  Elles  paraissent  être  roides  et  en 
même  temps  élastiques,  résistantes  et  fragiles  à  la  fois,  car  on  les  voit, 
très  rarement  se  briser  en  deux  ou  plusieurs  tronçons,  tandis  qu'elles  se 
détachent,  au  moindre  choc,  par  leur  base  en  contact  avec  les  tubulures. 
On  ne  peut  les  apercevoir  que  lorsque  les  matériaux  viennent  d'être 
récoltés;  au  bout  de  très  peu  de  temps  eiles  ont  disparu,  et  les  tubulures 
seules  restent  visibles.  C'est  ce  qui  explique  pourquoi  ces  aiguilles 
sont  jusqu'ici  passées  inaperçues. 

(1)  Le  cas  de  ce  Lauderia  est  à  rapprocher  de  celui  du  Botellus  marinus  ScHUTT 
(II,  p.  517,  pi.  XII,  fig.  41  et  44),  dont  les  frustules,  réunis  en  longues  chaînes, 
adhèrent  les  uns  aux  autres  par  toute  la  surface  de  la  plateforme  valvaire  et  dont, 
par  conséquent,  les  épines  marginales  des  valves  ne  peuvent  non  plus  croître  à 
l'intérieur  des  anciens  connectifs  emboîtés. 


108  SOCIÉTÉ   SCIENTIFIQUE   D'aRCACHON 

Quel  est,  à  l'état  vivant,  le  mode  d'agencement  des  aiguilles  et  des 
tubulures?  N'y  aurait-il  pas  là  une  disposition  analogue  à  celle  des 
épines  d'oursins,  dont  la  base  est  reliée  également  à  de  petites  protu- 
bérances porifères  de  la  carapace  et  qui  se  tiennent  dressées  pendant  la 
vie,  tandis  qu'après  la  mort  elles  sont  comme  repliées  et  appliquées 
contre  la  carapace,  absolument  comme  les  aiguilles  du  Lauderia  que 
j'ai  dessinées  page  76,  fig.  2.  Ces  détails  sont  bien  difficiles  à  élucider, 
à  cause  de  leur  extraordinaire  ténuité.  Je  compte  faire  à  ce  sujet  de 
nouvelles  et  patientes  recherches. 


INDEX    BIBLIOGRAPHIQUE 


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Heurck  (H.  van).  —  I.  Synopsis  des  Diatomées  de  Belgique.  Anvers, 
1880-81. 

—  II.  Traité  des  Diatomées,  1899.  Publié  par  l'Auteur. 
Lauterborn  (R.).  —  I.  Untersuchungen  xiher  Eau,  Kernteilung  und 

Bewegung  der  Diatomeen.  Leipzig,  1896. 
MiJLLER  (0.).  —  I.  Kammern  undPoren  in  der  Zellwand  der  Bacilla- 
riaceen.  IV.  Sonderabd.  aus  den  Bericht.  der  Deutsch.   Bot. 
Ges.,  Jahrg.  1901,  Bd.  XIX,  Heft  III.  Berlin. 

—  IL  Ueher  Achsen,   Orientirungs-  und  Symmetric -Ehenen   hei 

den  Bacillariaceen.  Sonderabd.  aus  den  Bericht.  der  Deutsch. 
Bot.  Ges.,  Jahrg.  1895,  Bd.  XIII,  Heft  5.  Berlin. 
Murray  (G.).  —  I.  On  the   reproduction  of  some   marine  Diatoms 
{Proceed,  of  Roy.  Soc.  of  Edinburgh,  Sess.  1896-97). 


STATION   BIOLOGIQUE  109 

Peragallo  (H.).  —  I.  Monographie  du  genre  Rhizozolenia  et  de  quel- 
ques genres  voisins  {Le  Diatomiste,  n°^  8-9,  1892). 

—  et  Peragallo  (M.).  —  II.  Les  Diatomées  marines  de  France, 
publiées  par  M.  J.  Tempère,  à  Grez-sur-Loing  (Seine-et-Marne). 

Schroder  (B.).  —  I.  Das  Phytoplankton  des  Golfes  von  Neapel,  etc. 

(Mittheilu7igen  aus  der  zool.    Station  zu  Neapel,  Bd.  XIV, 

Hefte  1  et  2,  1900). 
ScHiJTT  (F.).  —  I.  Centrifugales  Dickenwachsthum  der  Memhran  und 

extramemhranôses  Plasma.  Sonderabd.  ausden  Jahrb.  f.  wiss. 

Bot.,  Bd.  XXXIII,  Heft  4,  1899.  Berlin. 
— •  II.  Centrifugale  und  simulta^ie  Membranverdickungen  {Jahrb. 

f.  xjoiss.  Bot.,  Bd.,  XXXV,  Heft  3,  1900).  Leipzig. 

—  III.  Das  Pflanzenlehen  der  Hochsee,  1893. 

—  IV.  CJeber  Auxosporenbildung  der  Gattung   Chœtoceros.  Son- 

derabd. aus  den  Bericht.  der  Deutsch.  Bot.  Ges.,  Jahrg.  1889, 
Bd.  VII.  Berlin. 

—  V.  Ueber  die  Diatotnaceengattung  Chœtoceros.  In  Botan.  Zei- 

tiing,  1888,  nos  H  et  12. 

—  VI.  Wechselbeziehungen     ztvischen      Morphologie,      Biologie, 

Entwickelungsgeschichte    vnd    Systematik    der    Diatomeen. 
Sonderabd.    aus   den  Bericht.    der  Deutsch.  Bot.  Ges.,  Jahrg. 
1893,  Bd.  XI,  Heft  10.  Berlin. 
Shrubsole  (W.  h.).  —  I.  On  a  new  Diatom  in  the  Estuarg  of  the 
Thames  {Journal  Queck.  Mikr.  Club,  1890,  p.  259). 


SOCIÉTÉ    SCIENTIFIQUE   D'aRCACHON  110 

Planche  I. 

Figure  1.  —  Tour  de  spirale  formé  par  les  divisions  successives  des  cellules  du  Rhi- 
zozolenia  Stolterfothil  H.  Peragallo,  montrant  ces  cellules  dans  diffé- 
rentes phases  de  la  division.  X  200. 

FiG.  2.  —  Chromatophores  du  Rhizozolenia  Stolterfothii,  plus  grossis.  X  800. 

FiG.  3.  —  Frustules  très  peu  siliceux  de  Rhizozolenia  Stolterfothii  formant  des  agglo- 
mérations enchevêtrées.  X  100- 

FiG.  4.  —  Partie  médiane  d'une  cellule  de  Rhizozolenia  Stolterfothii  à  l'état  de  repos, 
présentant  son  côté  ventral  et  montrant  la  disposition  des  chromatophores 
reliés  entre  eux  par  des  filaments  plasmiques,  et  radiants  par  rapport  à  la 
masse  périnucléaire  et  au  noyau  o,  vus  de  face.  X  ^0- 

FiG.  5.  —  Cellule  de  Rhizozolenia  Stolterfothii  à  l'état  de  repos,  présentant  sa  face 
latérale  et  montrant  la  disposition  des  chromatophores  reliés  entre  eux  par 
des  filaments  plasmiques,  et  radiants  par  rapport  à  la  masse  périnucléaire  et 
au  noyau  o,  vus  de  profil.  X^OO. 

FiG.  6.  —  Processus  de  la  division  de  la  cellule  chez  le  Rhizozolenia  Stolterfothii 
H.  Peragallo  :  voyage  des  deux  jeunes  noyaux,  formés  par  la  division 
récente  du  noyau  de  la  cellule-mère,  pour  gagner  leur  place  respective  au 
milieu  de  la  courbure  intérieure  concave  des  nouvelles  cellules-filles.  X  '400. 

a.  Les  masses  plasmiques  périnucléaires  m'  et  m',  ainsi  que  les  jeunes  noyaux 
quelles  renferment,  sont  encore  appliquées  chacune  contre  la  paroi  interne 
de  la  partie  médiane  de  chaque  valve-fille,  tout  récemment  sécrétée. 

b.  Elles  glissent  simultanément  contre  la  paroi  interne  des  valves-filles,  en  se 
dirigeant  vers  la  courbure  intérieure  concave  des  nouvelles  cellules-filles. 

c.  Elles  atteignent  cette  courbure  intérieure  concave. 

d.  Elles  s'éloignent  alors  progressivement  l'une  de  l'autre,  tandis  que  la  crois- 
sance de  tout  le  contenu  cellulaire  des  cellules-filles  commence  à  faire  se 
désemboiter  les  anciens  connectifs,  dont  l'anneau  d'emboîtement  diminue  de 
largeur. 

e.  Suite  du  même  mouvement  des  masses  plasmiques  périnucléaires  et  des  jeunes 
noyaux.  Les  anciens  connectifs  sont  maintenant  tout  à  fait  désemboités. 

f.  Par  suite  de  la  croissance  progressive  de  tout  le  contenu  cellulaire  des   nou- 

velles cellules-filles,  les  nouveaux  connectifs,  à  mesure  qu'ils  étaient  sécrétés, 
ont  été  poussés  hors  des  anciens,  lesquels  se  sont  écartés  par  glissement  de 
plus  en  plus  l'un  de  l'autre.  Dans  la  fig.  f,  les  deux  nouvelles  cellules-filles 
ont  acquis  lem's  dimensions  définitives  et  les  masses  plasmiques  périnu- 
cléaires m'  et  m',  avec  les  jeunes  noyaux  qu'elles  renferment,  ont  gagné 
chacune,  au  milieu  de  la  courbure  intérieure  concave  de  chaque  nouvelle 
cellule,  leur  place  respective. 

FiG.  7.  —  a,  b.  Parties  terminales  d'un  frustule  de  Rhizozolenia  Stolterfothii  vu 
du  côté  de  sa  face  ventrale  et  dont  la  partie  médiane  n'a  pas  été  dessinée, 
b,  c.  Deux  calyptres  opposées  de  deux  frustules  voisins  montrant,  vus  du  côté 
de  la  face  ventrale,  leur  mode  d'accolement  et  l'agencement  des  épines.  X  500. 

FiG.  8.  —  Deux  calyptres  opposées  de  deux  frustules  voisins  montrant,  vus  du  côté  de 
la  face  latérale,  leur  mode  d'accolement  et  l'agencement  des  épines.  X  500. 

FiG.  9.  —  Auxospore  de  Rhizozolenia  fragilissima  n.  sp.  P.  Bergon  (frustule  spo- 
rangia! du  rétablissement  de  taille  de  l'espèce)?  X  530. 

FiG.  10.  —  Rhizozolenia  fragilissima  n.  sp.  P.  Bergon.  a.  Frustule  sans  contenu 
cellulaire,  montrant  l'emboîtement  des  connectifs.  b.  Cellule  en  voie  de  divi- 
sion. Phase  analogue,  pour  cette  espèce,  à  celle  de  la  fig.  6  a,  pour  le  Rhiz. 
Stolterfothii.  c.  Autre  cellule  montrant  la  disposition  radiante  des  chromato- 
phores par  rapport  à  la  masse  plasmique  périnucléaire  latérale.  X  *00. 

FiG.  11.  —  Lauderia  Schrôderi  n.  sp.  P.  Bergon.  Les  épines  bifurguées  n'ont  pas  été 
dessinées  dans  la  partie  supérieure  de  la  figure,  de  façon  à  bien  montrer  le 
mode  d'insertion  de  l'épine  centrale  dans  la  dépression  centrale  de  la  valve 
et  le  mode  de  jonction  de  deux  épines  centrales  opposées.  X  600. 

Fig.  1'2,  —  Valvedu  LaMrferiaScftrôden.e.Pointd'insertiondel'épinecentrale.X^OO. 

FiG.  13.  —  Moitié  d'un  frustule  de  Lauderta  Schrôderi,  montrant  en  o  et  b  deux 
valves  internes.  X  530. 

FiG.  i  i,  —  Frustule  de  Lauderia  Schrôderi,  renfermant  un  endocyste  ou  statospore 
(spore  de  repos),  e.  Épine  centrale  de  l'une  des  valves  du  frustule.  d.  Dépres- 
sion centrale  de  l'une  des  valves  de  la  spore  de  repos.  X  530. 

Fig.  15.  —  Valve  de  spore  de  repos  de  Lauderia  Schrôderi.  d.  Point  d'insertion 
d'un  embryon  d'épine  (?)  situé  au  fond  de  la  dépression  centrale.  X  530. 


Flore  diatomique  du  Bassin  d'ArcacliorL^P.  Bergon 


Pl.T 


P  Bergoa  ,  del . 


Imp  -  Atcnrûctf ,  à  Taris 


112  SOCIÉTÉ   SCIENTIFIQUE   D'aRCACHON 


Planche  II. 

Figure  1.  —  Cellule  du  Guinardia  flaccida  H.  Peragallo  à  l'état  de  repos,  avec  les 
chromatophores  étoiles  et  la  masse  perinuclenire  centrale  m.  La  partie  infé- 
rieure de  la  figure  montre  le  mode  d'accolement  de  deux  valves  conjointes 
de  deux  frustules  voisins.  Les  deux  valves,  en  réalité  contiguës,  ont  été  repré- 
sentées légèrement  distantes  l'une  de  l'autre,  pour  faire  mieux  comprendre 
leur  mode  d'accolement.  X  300. 

FiG.  2.  —  Disposition  de  la  masse  périnucléaire  centrale  dans  une  cellule  de  Gui- 
iiardia  flaccida  présentant  le  côté  de  la  face  valvaire  à  l'observateur.  On 
voit  en  o  le  noyau,  englobé  dans  la  masse  périnucléaire,  dont  les  prolonge- 
ments bifurques  aboutissent  chacun  sur  la  face  interne  du  frustule  à  un  chro- 
matophore.  X  300. 

FiG.  3.  —  Processus  de  la  division  de  la  cellule  chez  le  Guinardia  flaccida 
H.  Peragallo.  X  300. 

a.  Le  noyau  de  la  cellule-mère  s'est  divisé  récemment  en  deux  jeunes  noyaux 
et  le  plasma  s'est  divisé  également  en  deux  corps  plasmiques  qui  se  sont 
retirés  de  la  paroi  de  l'anneau  d'emboîtement  du  connectif  emboîté,  en  s'écar- 
tant  de  plus  en  plus  l'un  de  l'autre  et  en  formant,  par  leur  écartement  et  leur 
i-etrait  progressifs,  une  dépression  circulaire  de  plus  en  plus  profonde  qui 
finira  par  séparer  complètement  les  jeunes  noyaux  et  les  masses  plasmiques 
périnucléaires,  encore  adjacentes  dans  la  fig.  a. 

b.  Immédiatement  après  cette  séparation,  a  lieu  le  retrait  des  surfaces  plasmi- 
ques rejointes  encore  par  un  filament  de  plasma. 

c.  Le  filament  de  plasma,  après  s'être  aminci  progressivement,  a  disparu. 

d.  Les  surfaces  plasmiques  se  rapprochent  de  nouveau. 

e  Elles  se  mettent  en  contact,  et,  aussitôt  après,  de  convexes  qu'elles  étaient, 
deviennent  concaves,  commençant  à  prendre  la  forme  des  futures  valves-filles, 
lesquelles  sont  alors  sécrétées, 
f.  Les  jeunes  noyaux,  avec  les  masses  plasmiques  qui  les  entourent,  ont  quitté 
leur  position  contre  la  paroi  interne  de  la  partie  médiane  des  valves-filles  et 
commencent  à  gagner  simultanément,  en  s'éloignant  de  plus  en  plus  l'un 
de   l'autre,  leur  place  respective  au  centre  de  chaque  nouvelle  cellule-fille. 

Fig.  4.  —  Fra;^ment  de  chaîne  en  spirale  de  VEucanipia  Zodiacus  Ehrenberg,  les 
cellules  montrant  la  disposition  des  chromatophores  radiants  par  rapport 
au  noyau  central  o.  Les  cellules  a  et  b,  c  et  d,  sont  récemment  divisées,  et 
les  deux  jeunes  noyaux  o'  et  o"  sont  encore  appliqués  contre  la  paroi  interne 
de  la  paitie  médiane  des  valves-filles  non  entièrement  formées.  X  500. 

Fig.  5  et  6.  —  Disposition  des  granules  (globules  rouges  de  Bûtschli?)  groupés  en  a 
aux  extrémités  des  appendices  chez  VEucanipia  Zodiacus.  Fig.  6,  deux 
appendices  plus  grossis  avec  les  granules.  Fig.  5,  X  500.  Fig.  6,  X  1000. 

Fig.  7.  —  Auxospore  en  voie  de  division  d'Jiucampia  Zodiacus  (frustule  sporangial 
du  rétablissement  de  taille). 

Fig.  8.  —  Streptotheca  Thamesis  Cleve,  montrant  la  disposition  des  chromato- 
phores radiants  par  rapport  au  noyau.  Les  cellules  a  et  b,  c  et  d,  e  et  f  sont 
divisées  depuis  peu,  et  les  noyaux  o'  et  o",  les  nouvelles  valves-filles  ayant 
été  sécrétées,  sont  en  train  de  gagner  chacun  leur  position  respective  au 
centre  des  nouvelles  cellules-filles.  X  250. 

Fui.  y.  —  Fragment  de  chaîne  du  Cerataulina  Bergonii  H.  Peragallo,  les  cellules 
(à  l'état  de  repos)  montrant  la  disposition  des  chromatophores  radiants  par 
rapport  à  la  masse  périnucléaire  latérale,  et  les  granules  aplatis  et  arrondis 
disposés  circulairement  sur  le  pourtour  des  valves.  X  ^00. 

Fig.  10.  —  a  et  b.  Masse  plasmique  périnucléaire  et  noyau  du  Cerataulina  Ber- 
gonii, vus  de  face,  avec  la  disposition  des  chromatophores,  les  uns  en  cercle 
autour  de  la  masse,  les  autres  radiants.  X  400. 

FiG.  11.  —  Cellule  de  Cerataulina  Bergonii  en  voie  de  division,  a.  Cellule  montrant 
les  deux  masses  périnucléaires  m'  et  m' tout  récemment  divisées,  ainsi  que 
les  jeunes  noyaux  qu'elles  renferment,  et  appliquées  contre  la  partie  médiane 
de  la  paroi  interne  des  nouvelles  valves-filles  en  voie  de  formation,  b.  Même 
cellule,  montrant  les  deux  masses  périnucléaires  m'  et  m'  qui  commencent 
à  voyager,  avec  les  jeunes  noyaux  qu'elles  renferment,  les  valves-filles  une 
fois  sécrétées,  pour  gagner  leur  position  respective  latérale  dans  les  nou- 
velles cellules-filles.  X  400. 


Flore   diatomique  duBassm  d'Arcaclion  _P.  Bergon 


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STATION   BIOLOGIQUE  113 

IV 

(nov.  gen.,  >ov.  spec.) 
CÉCIDOMYIDE  NOUVELLE 

PAR 

J.  KUXSTLER        et        J.  CHAINE. 


Peu  de  familles  de  l'ordre  des  Diptères  ont  été  l'objet  de  tra- 
vaux aussi  nombreux  que  celle  des  Cécidomyidés;  c'est  ce  qui 
ressort,  du  reste,  de  la  bibliographie  fort  complète  qu'en  a 
donnée  l'abbé  Kieffer  dans  sa  Monographie  des  Gécidomyies 
d'Europe  et  d'Algérie  (^),  et  sur  laquelle  nous  n'avons  pas  à 
l'evenir  ici.  Depuis  cette  époque,  la  littérature  scientifique  s'est 
encore  enrichie  d'un  assez  grand  nombre  de  publications.  Néan- 
moins, malgré  toutes  ces  observations  et  ces  recherches,  beau- 
coup d'espèces  sont  encore  inconnues,  et  il  arrive  fréquemment 
que  des  formes  nouvelles  soient  découvertes  et  décrites  par  des 
naturalistes.  C'est  ainsi  que»  récemment  l'un  de  nous  a  recueilli, 
fcur  des  rameaux  fructifères  de  bananiers,  une  Cécidomyide 
nouveau  genre,  le  nom  de  Kiefferia  musas,  le  dédiant  à  l'abbé 
courte  notice  (2).  Nous  proposons  pour  cet  organisme,  type  d'un 
nouveau  genre,  le  nom  de  Kiefferia  musœ^  la  dédiant  à  l'abbé 
Kieffer.  La  dénomination  de  Kiefferia  existe  déjà,  mais  seule- 
ment à  l'état  de  synonyme  de  Schizomyia,  qui  lui  a  été  préféré; 
nous  estimons  donc  que  ce  nom  est  libre  et  que  nous  pouvons 
l'attribuer  à  un  genre  nouveau. 

Le  Kiefferia  musœ  est  un  très  petit  moucheron,  dont  la  taille 

(1)  J.-.T.  Kieffer.  —  Monographie  des  Gécidomyies  d'Europe  et  d'Algérie  (4 n«. 
de  la  Soc.  d'En.oni.  de  France,  vol  LXIX). 

(•)  J.  KuNsTLER  et  .1  Chaîne.  —  Notice  sur  une  Cécidomyide  nouvelle  (Compte 
rpndu  de  la  Soc.  de  Biologie  Réunion  biologique  de  Bordeaux,  mai  1902). 

socrtTÉ  o'Arcachon.  8 


114  SOCIÉTÉ   SCIENTIFIQUE   D'aRCACHON 

est  d'environ  1  millimètre  et  demi  à  2  millimètres.  La  tête  est 
assez  gi'osse,  sa  largeur  est  à  peu  près  égale  à  celle  du  corps; 
vue  par  devant,  elle  est  subtriangulaire.  Le  bas  de  la  face  est 
peu  proéminent;  la  bouche  ne  fait  pas  saillie  en  forme  de.  trompe 
et  les  pièces  buccales  ne  sont  presque  pas  apparentes,  de  sorte 
que  le  bas  de  la  face  semble  être  arrondi  entre  les  palpes 
labiaux.  La  lèvre  inférieure  présente  à  sa  base,  de  chaque  côté, 
un  palpe  labial  de  quatre  articles;  le  dernier  article  est  arrondi 
en  massue.  Les  palpes  sont  recouverts  d'une  pubescence 
fine,  disposée  sans  ordre  et  entremêlée  de  poils  épars  longs  et 
rigides. 

Comme  chez  toutes  les  Cécidomyidés,  les  antennes  sont  très 
gracieuses  :  l'animal  les  porte  relevées  et  arquées  en  arrière; 
elles  sont  insérées  vers  le  milieu  de  la  tête.  Chaque  antenne  est 
constituée  par  deux  articles  basaux  et  un  funicule  moniliforme. 
A  son  extrémité  proximale,  le  premier  article  du  funicule  pré- 
sente un  pédicule  assez  distinct,  ce  qui  n'a  pas  lieu  pour  les 
articles  suivants;  ce  pédicule  s'emboîte  dans  une  excavation 
assez  peu  profonde  que  présente,  à  son  extrémité  supérieure, 
le  deuxième  article  basai.  Les  articles  du  funicule  sont  cylindri- 
ques, ;bien  que  présentant  un  diamètre  un  peu  plus  grand  à  leur 
extrémité  inférieure  qu'à  leur  extrémité  supérieure.  Les  anten- 
nes sont  très  fragiles  et  se  brisent  facilement  au  niveau  des 
articulations.  Outre  la  pubescence  Ihie  qui  l'es  recouvre,  les 
articles  des  antennes  portent  des  soies  assez  allongées,  toutes 
de  même  longueur,  obliques  par  rapport  au  grand  axe  de  l'ar- 
ticle et  disposées  en  verticilles  plus  ou  moins  réguliers. 

Les  yeux  sont  grands,  très  saillants,  situés  sur  les  parties 
latérales  de  la  tête.  Il  n'y  a  pas  d'ocelles. 

Les  ailes  sont  grandes  et  larges;  leur  extrémité  postérieure 
est  arrondie  et  leur  base  se  rétrécit  brusquement,  presque  à 
angle  droit.  La  surface  alaire  est  recouverte  d'une  pilosité  dres- 
;sée,  très  fine  et  très  serrée;  le  long  des  nervures  sont  implantés 
des  poils  longs  et  dressés.  Le  bord  supérieur  et  l'extrémité 
postérieure  de  l'aile  sont  munis  de  poils  longs  et  dressés. 
analogues  à  ceux  que  portent  les  nervui'es.  Des  poils  sem- 
blables à  ces  derniers,  et  au  nombre  d'une  quinzaine  environ, 
sont  i-angés,  suivant  une  ligne  courbe,  le  long  du  bord  inférieur, 
près  de  l'extrémité  antérieure.  Comme  chez  toutes  les  Cécido- 


STATION   BIOLOGIQUE  115 

myidés,  la  deuxième  nervure  de  l'aile  manque.  La  première 
nervure,  nervure  subcostale  {^),  est  bien  développée  et  suit  le 
bord  supérieur!  de  l'aile,  sans  en  atteindre  tout  à  fait  l'extré- 


mité. La  troisième  nervuie,  nervure  cubitale,  se  détache  de  la 
première  vers  son  milieu  environ  et  se  dirige,  presque  parallè- 
lement à  la  première,  vers  l'extémité  postérieure;  elle  atteint 
presque  le  bord  de  l'aile.  De  la  partie  inférieure  de  cette  der- 
nière nervure  s'en  détache  une  quatrième,  très  courte,  que  des 
auteurs  considèrent  comme  un  rameau  inférieur  de  la  nervure 

(*)  Nous  empruntons  cette  terminologie  des  nervures  à  Schiner  et  à  Kieffer. 


116  SOCIÉTÉ   SCIENTIFIQUE  D'ARCACHON 

cubitale,  qui  serait  alors  ramifiée,  tandis  que  d'autres,  comme 
Kieffer  et  Schiner,  la  décrivent  comme  ne  nervure  spéciale 
qu'ils  appellent  nervure  discoïdale.  La  dernière  nervure,  ner- 
vure posiicale  de  Schiner,  est  ici  bien  développée  et  sort  de  la 
base  de  l'aile,  comme  la  première;  vers  le  milieu  de  sa  longueur 
elle  se  bifurque  en  deux  branches,  dont  une  seule,  la  plus  lon- 
gue, atteint  l'extrémité  de  l'aile.  Il  n'existe  qu'une  seule  nervure 
transversale,  très  courte,  qui  relie  la  nervure  cubitale  à  la  cin- 
quième. L'aile  possède  aussi  un  pli  caractéristique  des  Gécido- 
myidés;  ce  pli  est  parallèle  à  la  dernière  nervure  et  a  même 
toute  l'apparence  d'une  nervure  longitudinale. 

Les  pattes  sont  recouvertes  de  poils  courts,  serrés,  appli- 
qués contre  le  membre  et  entremêlés  de  poils  plus  longs,  épars 
et  dressés.  Le  tarse  ne  comprend  que  deux  articles,  dont  le 
premier  est  \e  plus  long;  le  dernier  article  du  tarse  porte,  à  son 
extrémité  libre,  deux  crochets  simples  et  recourbés. 

L'abdomen  est  allongé,  assez  large  vers  sa  partie  moyenne, 
aminci  à  son  extrémité  postérieure;  il  est  revêtu  de  poils  courts, 
appliqués  contre  le  corps,  et  de  poils  longs  et  dressés,  mais  plus 
rares.  Il  se  compose  de  neuf  anneaux,  dont  les  huit  premiers 
sont  munis  d'une  paire  de  stigmates;  le  dernier,  dans  les  deux 
sexes,  porte  l'armure  génitale. 

Les  larves  vivent  sur  les  parties  des  rameaux  fructifères  des 
bananiers  entrant  eni  décomposition. 

Pour  classer  le  Kiefferia  musw  dans  la  famille  des  Cécido- 
myidés,  nous  adopterons  la  classification  de  l'abbé  Kieffer  (i), 
à  l'exclusion  de  celles  de  Rondani,  Lœw,  Schiner,  etc.,  cette 
classification  paraissant,  en  effet,  beaucoup  plus  rationnelle  que 
toutes  les  autres.  La  classification  de  l'abbé  Kieffer  reproduit  en 
partie  celle  de  Schiner  avec  certaines  corrections,  surtout  en 
ce  qui  concerne  les  Hétéropézines. 

L'être  que  nous  venons  de  décrire  ne  peut  être  rangé  dans 
aucune  des  trois  sous-familles  des  Gécidomyidés  établies  par 
Kieffer.  Les  deux  premières  sous-familles,  en  effet,  celles  des 
Cécidomyines  et  celle  des  Lestrémines,  entre  autres  caractères, 
possèdent  toujours  des  tarses  à  cinq  articles;  le  Kieffena  musae 
n'a  que  deux  articles  à  ses  tarses.  De  même,  l'organisme  que 

(»)  J.-J.  Kieffer.  —  Synopse  des  Cécidomyies  d'Europe  et  d'Algérie  décrites 
jusqu'à  ce  jour  {BM.  de  la  Soc.  d'hisl.  nat.  de  Metz,  2Û«  cahier,  2«  série,  t.  VIII). 


STATION    BIOLOGIQUE  117 

nous  étudions  ne  peut  être  classé  parmi  les  Hétéropézines  dont 
il  diffère  par  la  nervation  alaire. 

La  nervation  de  l'aile  du  Kiefferia  musœ  est  semblable  à 
celle  des  Gampylomiyzides,  premier  groupe  des  Lestrémines, 
dans  la  classification  de  Kieffer;  d'autre  part,  la  pilosité  de 
l'aile,  le  nombre  des  articles  du  tarse,  etc.,  appartiennent  aux 
Hétérouézines.  [Le  Kiefferia  musse  doit  donc  être  considéré 
comme  un  genre  nouveau  établissant  une  forme  de  passage 
.entre  la  sous-famille  des  Hétéropézines  et  celle  des  Lestrémines. 

Jusqu'ici,  il  n'avait  pas  été  signalé  de  forme  de  passage  entre 
ces  deux  sous-familles,  tandis  qu'il  en  existait  entre  les  autres. 
C'est  ainsi  que  le  passage  des  Cécidomyines  aux  Lestrémines  a 
lieu  par  le  genre  Diallactes,  Kieff.,  classé  par  Kieffer  dans  les 
Cécidomyines;  tandis  que  les  genres  Brachyneura,  Rond.  (Hété- 
ropézine),  'EolonewuSy  Kieff.  (Cécidomyine),  etc.  relicht  les 
Cécidomyines  aux  Hétéropézines. 

Ce  n'est  que  rarement  que  l'on  a  décrit  des  cas  de  dimor- 
phisme  chez  les  Diptères,  qui  se  présentent  tantôt  chez  un  sexe, 
tantôt  chez  l'autre  et  quelquefois  chez  les  deux  à  la  fois. 

Le  Kiefferia  musœ  vient  augmenter  la  série  des  cas  observés 
en  nous  offrant  un  nouvel  exemple  de  dimorphisme. 

L'être  anormal  diffère  très  peu  du  type  ordinaire,  si  ce  n'est 
par  l'atrophie  des  ailes. 

Il  y  a  cependant  à  noter  que  la  tète  est  plus  grosse,  plus  large 
et  surtout  plus  arrondie;  que  l'abdomen  est  plus  volumineux  et 
plus  renflé,  principalement  dans  sa  partie  moyenne.  Les  ailes 
sont  de  simples  miniatures,  qui  ont  toutefois  une  forme  assez 
semblabe  à  celles  de  l'individu  normal  et  dont  la  distribution  des 
nervures  est  sensiblement  modifiée.  Les  ailes  ne  s'étendent  qu'à 
la  moitié  de  la  longueur  de  l'abdomen,  tandis  que,  ordinaire- 
ment, celui-ci  est  nettement  dépassé;  elles  ne  se  rejoignent  pas 
sur  la  ligne  médiane  du  dos,  de  telle  sorte  que  la  région  abdo- 
minale est  nue  sur  une  vaste  étendue.  On  y  voit  le  fin  revête- 
ment pubescent  ordinaire  et  les  nervures  ainsi  que  le  bord  supé- 
rieur de  l'aile  présentent  leur  série  de  longs  poils. 

Jusqu'ici,  on  n'a  signalé  que  deux  cas  de  dimorphisme  chez 
les  Cécidomyides  portant  tous  deux  sur  les  deux  sexes  et  chez 
lesquels  les  deux  formes,   normale  et  anormale,   ont  été  dé- 


118  SOCIÉTÉ   SCIENTIFIQUE  D'aRCACHON 

crites(i).  L'un  a  été  décrit  chez  Monardia  van-der-Wulpi,  de 
Meij.,  par  dei  Meijere  et  l'autre  chez  Monardia  dimorphogtjna, 
Rbs.,  par  Rûbsaamen.  Certains  individus  ont  les  ailes  et  les 
.balanciers  très  atrophiés  et  montrent  certaines  variations  dans 
]ù  développement  des  nervures.  Chez  la  femelle  le  phénomène 
peut  être  poussé  bien  plus  loin  que  chez  le  mâle,  et  leur  ailes 
être  plus  réduites  et  dépourvues  de  nervures.  11  est  à  remarquer 
que  les  deux  espèces  qui  présentent  ces  phénomèns  de  dimor- 
phisme  font  partie  de  la  sous-famille  des  Lestrémines  de  Kieffer. 
dont  notre  organisme  est  proche  voisin,  par  exemple  par  sa 
nervation  alaire,  à  tel  point  que  nous  avons  dû  admettre  que 
c'était  là  une  véritable  forme  de  passage  entre  les  deux  sous- 
familles  des  Hétéropézines  et  des  Lestrémines. 

(1)  Il  est  à  rappeler  ici  qu'en  1898  l'abbé  Kieffer  a  décrit  une  Cécidomyie  aptère 
chez  laquelle  les  deux  ailes  étaient  remplacées  par  un  appendice  opaque,  charnu  et 
rouge  comme  le  thorax,  que  l'on  pouvait  aussi,  à  cause  de  son  insertion,  considérer 
comme  tenant  lieu  de  balancier,  dont  il  n'y  avait  pas  de  vestiges.  Le  mâle  de  cette 
espèce  est  demeuré  inconnu  à  l'abbé  Kieffer. 


STATION    BIOLOGIQUE  119 

V 

TRYPANOSOME  DE  L'ANGUILLE 

PAR 

J.    SABRAZÈS  et  L.   MURATET 

(de  Bordeaux) 


Le  sang  d' Any  ailla  vulgam  contient  un  trypanosome  que  nous 
observons  depuis  trois  ans  et  dont  nous  avons  signalé  l'exis- 
tence à  la  Société  linéenne  de  Bordeaux  le  18  décembre  1901. 
Ce  parasite,  que  nous  avons  découvert,  a  été  décrit  par  nous 
et  figuré  dans  diverses  communications  cà  la  même  Société  (mars 
et  2  juillet  1902)  et  dans  un  travail  publié  le  3  août  1902  par 
la  Gazette  hebdomadaire  des  Sciences  médicales  de  Bordeaux. 
La  vitalité  de  l'anguille  ne  paraît  pas  du  reste  être  influencée 
par  la  présence  de  ces  trypanosomes,  ainsi  que  le  démontre  le 
fait  suivant  : 

Une  anguille,  longue  de  21  centimètres,  fut  placée,  le 
21  mars  1900,  dans  un  cristallisoir  contenant  deux  litiges  d'eau 
de  la  Ville  et  recouvert  d'une  lame  de  verre.  Le  sang  de  cette 
anguille  montrait  des  trypanosomes.  Cette  anguille  a,  depuis 
cette  époque,  servi  à  diverses  expériences  :  on  lui  a  fait  des 
injections  sous-cutanées  et  intra-cardiaques  de  solutions 
aqueuses  d'acétate  de  plomb;  elle  a  eu  une  eschare  de  1  cen- 
timètre et  demi  de  largeur  disposée  en  anneau  autour  du  corps, 
eschare  déterminée  par  le  sel  de  plomb;  la  plaie  n'a  pas  tardé 
à  se  cicatriser.  A  plusieurs  reprises  on  a  prélevé  du  sang 
dans  le  cœur  de  cette  anguille,  ainsi  qu'au  niveau  des  ouïes. 
L'eau  du  bocal  n'a  systématiquement  jamais  été  renouvelée 
depuis  cette  date;  aussi,  hé,bcrgeait-elle  de  nombreux  micro- 
organismes,  bactéries,  algues  vertes,  infusoires  ciliées:  cette 
eau  restait  toutefois  limpide. 


120  SOCIÉTÉ   SCIENTIFIQUE  d'AHCACHON 

Le  11  novembre  1900,  l'anguille  mesurait  28  centimètres  de 
long;  le  8  mai  1901,  31  centimètres.  A  cette  date,  l'animal  mord 
quand  on  veut  le  saisir.  Son  accroissement  en  longueur  con- 
traste avec  sa  grosseur  qui  est  restée  stationnaire.  Les  tégu- 
ments de  l'anguille  ont  viré  du  noir  au  gris  clair. 

Le  23  octobre  1901,  la  longueur  était  de  31  centimètres  et 
demi.  Les  trypanosomes,  extrêmement  mobiles,  ont  été  trouvés 
à  chaque  examen  du  sang,  depuis  le  début  de  l'expérience 
(mars  1900)  jusqu'à  la  fin  (décembre  1901  •). 

Les  anguilles  adultes,  d'une  longueur  de  25  à  30  centimètres 
et  de  4  à  5  centimètres  de  circonférence,  capturées  pendant  les 
divers  mois  de  l'année  (1900-1901)  à  Portets,  dans  la  Garonne 
et  dans  les  ruisseaux  où  se  déversent  les  eaux  d'un  puits 
artésien,  ont  toutes,  sans  exception,  des  trypanosomes  dans 
le  sang.  Par  contre,  on  n'en  voit  pas  dans  le  sang  d'anguilles 
de  même  provenance,  mais  beaucoup  plus  petites  (de  6  à 
16  centimètres  de  longueur  et  de  0,04  à  2  centimètres  fi  de 
circonférence). 

Au  mois  d'août  1902,  toutes  les  anguilles  de  11  à  33  centi- 
mètres de  longueur  prise  à  Villandraut,  dans  le  Giron  (affluent 
de  la  Garonne,  qui  se  jette  dans  ce  fleuve  à  15  kilomètres  envi- 
ron en  amont  de  Portets)  et  dans  un  étang  se  déversant  dans 
le  Giron,  mais  de  telle  manière  que  les  anguilles  ne  peuvent 
remonter  du  Giron  dans  l'étang,  contenaient  des  trypanosomes 
dans  leur  sang.  Nous  n'avons  pas  réussi  à  en  trouver  dans 
le  sang  .d'anguilles  adultes,  de  28  à  30  centimètres  de  longueur 
et  de  4  à  5  centimètres  de  circonférence,  vivant  en  liberté  ou 
conservées  pendant  plusieurs  mois  dans  des  bocaux,  pêchées 
dans  le  bassin  d'Arcachon  ou  aux  environs  de  Lesparre,  dans 
une  jalle. 

Des  anguilles  de  gros  volume  examinées  à  la  station  zoolo- 
gique d'Arcachon,  en  août  1902,  ne  montraient  pas  non  plus 
de  trypanosomes. 

Pendant  le  mois  de  septembre,  onze  anguilles  pêchées  dans 
l'Océan  et  dans  la  Seudre,  à  La  Tremblade,  ne  contenaient  pas 
de  trypanosomes  dans  leur  sang.  Des  recherches  faites  sur 

(1)  Ou  peut  conserver  iiidéfiiiiment  une  anguille  vivante  dans  un  cristallisoir, 
même  sans  j  inf\;iis  renouveler  Feau,  si  Tanguilie  y  est  seule.  Il  n'en  est  plus  ainsi 
quand  elle  sy  trouve  avec  d'autres  animaux  de  même  espèce.  Cela  est  important 
à  savoir  pour  une  étude  prolongée. 


STATION    BIOLOGIQUE  121 

notre  demande  par  M.  Coulongeat,  préparateur  au  laboratoire 
de  M.  Schneider,  sur  le  sang  d'anguilles  prises  soit  dans  les 
environs  de  Poitiers  —  et  originaires  du  Clain  ou  de  la 
Vienne  —  jusqu'à  Chàtellerault,  soit  à  côté  d'Angers,  et  pêchées 
dans  la  Loire  depuis  janvier  jusqu'à  la  fin  du  mois  de  juin  1902, 
n'ont  pas  montré  un  seul  trypanosome. 

Pour  savoir  si  une  anguille  est  parasitée,  il  suffit  de  faire 
sourdre  par  pression  une  goutte  de  sang  des  branchies  et  de 
l'examiner  séance  tenante,  entre  lame  et  lamelle,  avec  un  gros- 
sissement de  200  à  300  diamètres. 

En  puisant  dans  le  sang  du  cœur,  sur  l'animal  vivant,  on 
peut  faire  des  préparations  persistantes.  Le  sang  d'anguilles 
mortes  depuis  vingt-quatre  heures  environ  sera  utilisé  aussi 
pour  les  frottis.  Le  sang  d'anguille  vivante  se  coagule  très  vite 
dès  qu'il  vient  sourdre  à  travers  le  petit  orifice  fait  au  myo- 
carde; l'obtention  de  préparations  sèches  très  favorables  exige 
une  assez  grande  dextérité.  Plusieurs  heures  après  la  mort, 
le  sang  prélevé  dans  le  cœur  a  moins  de  tendance  à  se  coaguler 
instantanément  au  contact  des  autres  tissus;  les  trypanosomes,- 
très  vivaces,  sont  étalés  sur  lames  avec  la  goutte  de  sang  et 
fournissent  un  excellent  matériel  d'étude. 

A  l'état  frais,  sur  des  préparations  bordées  de  paraffine,  on 
reconnaît  d'emblée  ces  trypanosomes  à  leur  mouvement  de 
fouet  ultra-rapides,  en  spirale  dentelée,  qui  les  plient  et  replient 
alternativement  dans  un  sens  puis  dans  l'autre,  avec  de  très 
brèves  détentes.  En  outre  de  la  rotation  alternante  sur  place, 
on  saisit  parfois  une  velléité  de  propulsion  par  reptation,  le 
flagellum  en  avant,  dans  les  formes  longues. 

On  es  tfrappé  par  l'inégalité  de  volume  de  ces  trypanosomes, 
qui  va  du  simple  au  triple  et  au-dessus. 

Leur  nomJ)re  varie  beaucoup;  souvent  très  élevé  chez  les 
grosses  anguilles  (parfois  5  à  6  par  champ  microscopique),  il 
peut  être  très  minime  chez  les  petites. 

Dans  ces  conditions,  bien  que  ces  try^panosomes  restent 
vivaces  pendant  plusieurs  heures,  et  malgré  l'amoindrissement 
progressif  de  leur  agiUté,  qui  rend  leur  observation  plus  facile, 
il  serait  impossible  de  se  rende  compte  de  leur  structure.  Adres- 
sons-nous à  d'autres  méthodes  d'examen.  Des  frottis  bien 
étalés,  séchés  par  agitation  rapide  à  l'air  libre,  fixés  immédia- 


122  SOCIÉTÉ    SCIENTIFIQUE   D'ARCACHON 

temeiil  par  le  Fleniiniiija;  et  colorés  par  îa  phéno-safranine  à 
chaud,  donnent  une  image  nette  des  parasites,  figés  pour  ainsi 
dire  dans  leur  forme,  à  diverses  phases  de  leurs  mouvements. 
Le  corps  protoplasmique  en  fuseau  allongé,  contourné  suivant 
le  grand  axe,  incurvé  dans  divers  sens,  est  bordé  sur  un  côté 
par  une  membrane  claire,  d'aspect  godronné,  qui  s'étend  à 
partir  d'une  extrémité  munie  d'un  long  flagelle  (avec  lequel  elle 
paraît  être  en  continuité)  vers  l'autre  extrémité  sans  l'atteindre; 
elle  se  termine  là,  au  voisinage  d'une  granulation  très  chroma- 
tique, située  toujours  au  même  niveau,  dont  la  constance  et  la 
llxité  décèlent  l'importance  morphologique.  Un  peu  au-dessus 
de  cette  granulation  — que  par  analogie  avec  les  descriptions 
de  parasites  analogues  mais  d'espèces  différentes,  faites  si  ma- 
gistralement (14  et  18  octobre  1901)  par  MM.  Laveran  et  Mesnil 
nous  désignerons  du  nom  de  centrosome —  le  corps  du  para- 
site se  termine  en  pointe  assez  aiguë,  sans  qu'il  y  ait  à  ce 
niveau  trace  de  flagelle.  Au  milieu  enivron  du  corps  protoplas- 
mique apparaît  une  lacune  presque  incolore,  sorte  de  logette 
ovale  qui  semble  vide  et  qui  correspond  au  noyau,  ainsi  que 
nous  le  verrons  plus  loin.  Ces  préparations  mettent  surtout 
bien  en  évidence  le  flagelle  très  long  infléchi  et  quelquefois 
contourné  en  anse  ([ig.  1).  On  pouri'ait  méconnaître  la  longueur 
considérable  de  ce  flagelle  — qui  peut  excéder  le  tiers  de  la 
longueur  totale  ^ —  sur  des  préparations  insufflsamm,ent  fixées. 

D'autres  procédés  mettent  en  évidence  les  granulations  pro- 
loplasmiques  nom,b reuses  et  serrées  (fig.  9);  citons,  après 
lixation  par  l'alcool  absolu,  le  phénate  de  thionine,  la  fuschine 
diluée,  les  mélanges  d'éosine  bleu  de  méthylène- —  acétone, 
acétal,  méthylal,  créosote  (avec  différenciation  par  le  tarmin- 
'uchsine-orange);  mais  le  noyau  n'apparaît  pas. 

En  recourant  à  des  colorants  plus  énergiques,  tels  que  la 
vuchsine  phéniquée,  et  en  mordançant  par  un  acide,  nous 
uvons  réussi  à  mettre  en  évidence  le  noyau  :  c'est  un  amas  de 
chromatine  assez  homogène  parfois  avec  un  point  plus  dense, 
sans  membrane,  occupant  la  logette  signalée  plus  haut  et  qui 
pst  un  peu  plus  rapprochée  de  la  ba^^e  du  flagefle  que  du  cen- 
ti-osome.  Les  divers  réactifs  de  la  chromatine  du  noyau  des 
protozoaires,  réactif  dérivés  de  la  méthode  de  Romanowski 
(combinaisons  d'éosine  et  de  bleu  de  méthylène),  nous  ont 
permis  également  d'obtenir-,  sur  le  fond  bleu  violacé  du  corps 


STATION    BIOLOGIQUE  i23 

pi'otoplasmique ,  une  coloration  ruse  violacé  du  noyau  et  rtu 
centrosome  et  une  teinte  rougeàtre  du  flagelle  et  de  la  mem- 
brane (fig.  5). 

Il  existe  des  différences  assez  notables  entre  les  petits  et 
les  grands  trypanosomes(i);  ces  différences  s'accusent  sur  les 
préparations  traitées  par  la  fuchsine  phéniquée.  Les  petits 
(15  ;a  sur  0[x87  environ)  ont  un  très  long  flagelle,  une  mem- 
brane ondulante  mince,  un  noyau  compact  sans  lacune  autour, 
un  centrosome  très  apparent  (fig.  3).  Les  grands  (30  à  41  ;x 
sur  2  ix  6)  se  caractérisent  par  l'exubérance  de  la  membrane 
ondulante  et  par  le  volume  et  la  pâleur  (parfois  extrême)  de 
leur  noyau  irrégulièrement  rond  ou  ovale  ou  un  peu  étranglé 
(fig.  4),  inclus  dans  une  cavité  protoplasmique  à  la  façon  d'une 
amande  dans  sa  coque.  Mais,  entre  ces  deux  modalités  de  taille 
et  d'aspect,  on  trouve  tous  les  intermédiaires:  ITja,  20  |x, 
34  [j.,  40  [X  (fig.  6),  ce  qui  nous  permet  de  penser  qu'il  ne 
saurait  s'agir  ici  que  d'une  seule  espèce  de  trypanosome  à 
divers  degrés  d'évolution. 

Comment  se  multiplie  ce  trypanosome  que  nous  avons  décou- 
vert et  décrit?  Nous  ajournons  la  réponse  à  cette  question, 
n'ayant  pas  réussi  à  voir  des  ligures  de  division  démonstra- 
tives; les  seules  formes  anormales  que  nous  ayons  constatées 
et  qui  représentent  peut-être  un  début  de  segmentation  longitu- 
dinale sont  figurées  ici  sans  commentaires  (fig.  7,  S,  9). 

Nous  réservons  aussi  l'étude  de  l'inoculation  de  ce  parasite 
aux  anguilles  de  mer,  ainsi  que  tout  ce  qui  i-attache  au  mode 
d'infestation  spontanée. 

Nos  recherches  sur  le  trypanosome  de  l'anguille  avaient 
été  publiées  lorsque  a  paru  un  travail  de  MM.  Laveran  et  Mesnil 
sur  les  Trypanosomes  des  poissons,  travail  dans  lequel  ces 
auteurs  décrivent  un  trypanosome  rencontré  par  eux  dans  le 
sang  d'une  anguille  provenant  de  la  rivière  Sarthe.  Ils  ont 
vainement  recherché  ce  parasite  dans  le  sang  des  anguilles  des 
étangs  de  Garches  (Seine-et-Oise)  et  de  celles  achetées  sur 
le  marché  de  Paris.  MM.  Laveran  et  Mesnil  ont  noté,  comme 
nous  l'inégalité  de  taille  de  ces  trypanosomes  et  leur  état 
grossièrement  granuleux;  si  bien  que,  n'ayant  pas  encore  eu 

(1)  Dans  les  mensurations  suivantes  n'est  pas  comprise  la  longueur  du  llagellum, 
qui,  nous  le  répétons,  peut  excéder  le  tiers  de  la  longueur  totale  du  trypanosome. 


124  SOCIÉTÉ    SCIENTIFIQUE   D'aRCACHON 

connaissance  de  notre  travail,  ils  avaient  proposé  dans  leur 
manuscrit,  adressé  le  10  juillet  à  ÏArchiv  fur  Protistenkunde, 
le  nom  de  Trypanosoma  granulosum.  Depuis  lors,  MM-  Laveran 
et  Mesnil  ont  fait  de  nouvelles  recherches  sur  le  Trypanosome 
de  l'anguille,  et  voici  comment  ils  s'expriment  sur  ce  point  : 

<*  Le  12  juillet,  nous  avons  reçu  de  Sablé  (Sarthe),  par  les 
soins  du  conducteur  des  ponts  et  chaussées,  5  anguilles.  Elles 
nous  sont  parvenues  en  parlait  état;  l'une  d'elles  était 
encore  vivante.  Toutes  renfermaient  dans  leur  sang  le  îrypa- 
nosoma  gramilosum:  il  y  était  ou  assez  rare  ou  même  non 
rare.  Nous  avons  pu  vérifier  les  détails  de  structure  décrits 
dans  le  paragraphe  III  de  notre  mémoire.  Nous  n'avons  pas  vu 
de  formes  de  multiplication. 

»  Une  anguille,  n'ayant  jamais  montré  de  trypanosomes,  est 
inoculée,  dans  le  péritoine,  avec  du  sang  de  l'anguille  encore 
vivante  mélangé  à  de  l'eau  physiologique  citratée.  Le  sang 
de  l'anguille  inoculée,  examiné  douze  et  dix-sept  jours  après, 
a  montré  des  trypanosomes,  mais  ils  étaient  extrêmement 
rares. 

»  Sur  neuf  anguilles  examinées  à  Roscoff  (Finistère),  dans 
la  première  quinzaine  d'août,  une  seule  a  montré  des  trypa- 
nosomes très  rares. 

»  La  première  description  du  Trypanosoma  granulosum.  est 
due  à  Sabrazès  et  Muratet,  de  Bordeaux.  Les  anguilles  para- 
sitées avaient  été  pêchées  dans  la  Garonne,  à  Portets,  et  mesu- 
raient de  25  à  30  centimètres  de  longueur.  Des  anguilles  de 
même  taille  pêchées  en  divers  autres  points  de  l'ouest  de  la 
France  n'avaient  pas  de  trypanosomes. 

»  La  description  de  Saibrazès  et  Muratet,  très  détaillée  et 
très  précise,  concorde  avec  la  nôtre;  les  chiffres  donnés  pour 
la  longueur  du  parasite  et  qui  ne  concernent  sans  doute  que 
le  corps  proprement  dit,  sont  seulement  un  peu  plus  faibles 
que  les  nôtres. 

»  Les  auteurs  ne  donnent  pas  de  nom  à  leur  trypanosome  )- 

En  réalité,  nous  avons  toujours  désigné  ce  parasite  du  nom 
de  «  trypanosome  de  l'anguille  »  par  analogie  avec  les  néno- 
minations  de  parasites  du  même  ordre,  tels  que  trypanosome 


TRYPAflOSOlVIE  DE  Li'A[4GUlLiljE 

(j.  SABRAZÈS    &    L.    MURATET) 


Fiô.  1 

Cs3 


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Dr      I..    MURATKT,  pinx 


<-irossisKenient  =  19<M>  1> 


STATION   BIOLOGIQUE  125 

de  la  sole,  du  brochet,  etc.,  et  nous  croyons  cette  dénomina- 
tion suffisante,  d'autant  plus  que  le  trypanosome  de  l'anguille 
ne  nous  a  pas  paru  beaucoup  plus  granuleux  que  ceux  des 
autres  poissons. 


Légende. 

Figure  1.  —  Fixation  par  le  Flcmming,  coloration  par  la  phéno-safranine  à  chaud. 

FiG.  II  et  FiG.  III  b.  —  Fixation  par  l'alcool  absolu,  coloration  par  le  phénate  de 
thionine. 

FiG.  Ill  a  et  FiG.  IV.  —  Fixation  par  l'alcool  absolu,  coloration  pai-  la  fuchsine  phé- 
niquée  et  mordançage  par  un  acide. 

FiG.  V.  —  Fixation  par  l'alcool  absolu,  coloration  par  l'éosine,  bleu  de  méthylène, 
borax. 

FiG.  VI,  VII,  VIII  et  IX.  —  Fixation  par  l'alcool  absolu,  coloration  par  divers  mé- 
langes qui  donnent  sensiblement  les  mêmes  résultats  et  dont  quelques-uns 
nous  sont  personnels  :  éosine,  bleu  de  méthylène,  méthylal,  acétone,  acétal, 
créosote. 


STATION    BIOLOGIQUE  127 


VI 


NOTE  SUR  UN  MODE  DE  SPORULATION 

OBSERYÉ  CHEZ  LE  Biddulphia  moMUensis  Bailey 


P.  BERGON. 


J'exposerai  sommairement  dans  cette  note,  rédigée  au 
moment  même  où  va  paraître  le  Bulletin  de  la  Société  scien- 
tifique d'Arcachon,  un  mode  de  sporulation  très  intéressant 
que  j'ai  observé  tout  récemment  chez  le  Biddulphia  mohi- 
liensis  Bailey,  et  qui  a  une  grande  analogie  avec  celui  que 
Murray  a  décrit  (I)  chez  un  Coscinodiscus  et  chez  plusieurs 
espèces  de  Chœtoceros{^}.  Je  me  réserve  d'y  revenir  dans  une 
publication  prochaine,  lorsque  j'aurai  pu  compléter  mes 
recherches,  et  de  traiter  alors  ce  sujet  dans  tous  ses  détails. 
J'ai  pu  suivre  déjà  un  certain  nombre  de  phases  de  ce  pro- 
cessus et  je  suis  convaincu  qu'il  n'y  a  pas  là,  comme  on  aurait 
peut-être  été  tenté  de  le  supposer,  quelque  état  de  contraction 
maladive  du  plasma  de  la  cellule  ou  plasmolyse  morbide, 
mais  bien  un  mode  de  sporulation  absolument  normal  et  pro- 
bablement, sinon  général,  du  moins  très  répandu  chez  beau- 
coup d'espèces  de  diatomées. 

Voici  la  série  des  faits  observés  jusqu'ici  : 

Ayant  opéré  vers  le  miUeu  de  novembre  1902  (10  novembre) 
quelques  sondages  devant  la  plage  du  Moulleau  et  au  pied  des 


(1)  Pour  les  indications  relatives  au  titre  de  l'ouvrage  de  Murray  que  je  cite, 
«onsulter  l'Index  bibliographique  joint  à  mon  travail  sur  les  Diatomées  du  Bassin 
d' Arcachon  publié  dans  le  présent  Bulletin, 


128  SOCIÉTÉ   SCIENTIFIQUE  D'ARCACHON 

Grandes  Dunes,  je  rencontrai  dans  ces  récoltes  une  immense 
quantité  de  cellules  parfaitement  endochromées  de  Biddulphia 
mobiliensis,  à  l'exclusion  presque  de  toute  autre  espèce.  Ayant 
renouvelé  ces  sondages  à  ditîérentes  profondeurs  et  de  l'autre 
côté  du  Bassin,  vers  la  pointe  du  Cap  (à  la  hauteur  du  séma- 
phore et  du  phare),  je  pus  me  convaincre  que  tous  les  fonds 
du  Bassin  d'Arcachon,  compris  entre  les  Grandes  Dunes  et  le 
Moulleau  d'une  part,  et  la  presqu'île  du  cap  Ferret  aux  envi- 
rons du  phare  et  du  sémaphore  d'autre  part,  étaient  littérale- 
ment recouverts  d'une  couche  d'innombrables  cellules  de  ce 
Biddulphia.  Toutes  ces  cellules  étaient  parfaitement  vivantes 
et  normalement  endochromées.  Je  n'y  ai  pas  constaté  la  pré- 
sence de  spores  de  repos. 

Un  fait  intéressant  à  noter  est  que  cette  même  espèce  était, 
sinon  absolument,  du  moins  presque  totalement  absente  des 
pêches  pélagiques  faites  à  cette  époque  dans  le  Bassin. 

Peu  de  jours  après  le  Biddulphia  commença  à  se  montrer 
moins  rare  dans  les  récoltes  pélagiques,  il  y  devint  en  très  peu 
de  temps  beaucoup  plus  fréquent,  et,  le  20  novembre,  il  y 
était  déjà  abondant.  Il  ne  cessa  alors  de  se  multiplier  et  se 
rencontra  bientôt  en  très  grandes  quantités. 

Je  fis,  dans  les  localités  déjà  explorées  précédemment,  de 
nouveaux  sondages  fin  novembre  et  au  commencement  de 
décembre.  Je  rencontrai  dans  ces  récoltes  à  peine  quelques 
frustules  de  Biddulphia.  Toutes  les  cellules  de  cette 
espèce  qui,  au  commencement  de  novembre,  se  trouvaient 
dans  les  fonds,  paraissant  travei-ser  une  période  de  repos, 
étaient  montées  dans  les  couches  d'eau  supérieures,  très 
probablement  pour  entrer  dans  une  ère  de  végétation  plus 
active. 

C'est  en  ellet  ce  qu'ont  démontré  les  observations  ulté- 
rieures. 

Pendant  le  mois  de  décembre,  les  récoltes  continrent  un 
très  grand  nombre  de  cellules  de  Biddulphia,  à  l'élat  de 
pureté  presque  absolue.  Pendant  tout  ce  temps,  ces  cellules 
ne  cessèrent  de  se  multiplier  par  des  divisions  incessantes. 

C  est  dans  une  pêche  du  25  décembre  que  je  vis  apparaître 
pour  la  première  fois  (de  nouvelles  recherches  me  firent  retrou- 
ver, mais  rarement,  le  même  processus  dans  les  récoltes  des 


STATION    BIOLOGIQUE  129 

deux  OU  trois  jours  précédents)  le  mode  de  sporulation  dont  la 
description,  bien  incomplète  encore,  fait  l'objet  de  cette 
note. 

Dans  beaucoup  de  cellules  de  Biddulphia  mobiliensis  de 
dimensions  moyennes,  plutôt  petites,  je  constatai  la  présence 
certaine  de  spores  absolument  analogues  à  celles  dessinées 
par  Murray  (I,  pi.  II,  fig.  2  a,  2  b  et  3;  pi.  III,  fig.  1-2),  les- 
quelles appartiennent  au  Coscinodiscus  concmnus  et  au  Chœ- 
toceros  horealis.  J'aperçus  également,  dans  la  récolte,  quelques 
cellules  de  Chœtoceros,  dans  un  état  absolument  identique  à 
celui  représenté  par  Murray,  pi.  III,  fig.  2. 

Les  cellules  de  Biddulphia  contenant  ces  spores  avaient 
toutes  les  connectas  beaucoup  plus  développés  qu'à  l'ordi- 
naire. Cet  allongement  des  connectifs  a  évidemment  pour  but 
de  laisser  plus  de  place  pour  la  formation  des  nombreuses 
spores  futures. 

Je  ne  puis  dire  encore  si,  au  commencement  du  processus 
de  sporulation,  un  retrait  des  surfaces  plasmiques  intervient, 
comme  cela  a  lieu  pour  le  processus  ordinaire  de  division  de 
la  cellule.  Ce  que  je  puis  affirmer,  cest  que  le  noyau  se 
divise,  ainsi  que  la  masse  plasmique  périnucle'aire,  et 
que  deux  membranes  spéciales,  à  peine  visibles,  sont  sécré- 
tées, qui  partagent  la  cellule-mère  en  deux  cellules-filles  et 
dont  les  surfaces  externes  bombées  sont  en  contact  par  la 
partie  supérieure  des  courbures  convexes,  simulant  deux 
valves-filles  en  contact.  Ces  membranes  sont-elles  vraiment 
des  valves- filles  très  peu  siliceuses  destinées  à  protéger  les 
spores  pendant  leur  formation,  ou  seulement  les  parois  d'une 
sorte  de  poche  qui  entourerait  et  renfermerait  les  groupes  de 
spores  en  épousant,  à  l'exception  d'un  côté,  la  face  interne  des 
frustules,  c'est  là  un  point  que  des  recherches  ultérieures  me 
permettront,  je  l'espère,  d'élucider. 

Ces  deux  parois  membraneuses  une  fois  formées,  les  jeunes 
noyaux  se  divisent  et  le  contenu  cellulaire  de  chaque  cellule- 
fille  se  partage  en  deux  parts  arrondies  subglobuleuses,  cha- 
cune contenant  sa  masse  périnucléaire  avec  noyau  inclus.  Des 
divisions  successives  ont  ensuite  lieu  dans  chaque  moitié  de  la 
cellule-mère  primitive,  portant  le  nombre  des  spores  pour 
chaque  moitié,  d'abord  de  2  à  4,  puis  de  4  à  8,  puis  de  8  à  16, 

Société  se.  d'Arcachon.  9 


130  SOCIÉTÉ    SCIENTIFIQUE   d'aRCACHON 

chaque  spore  se  divisant  en  deux  autres  spores,  chacune  de 
ces  spores  contenant  une  masse  périnucléaire  avec  noyau 
inclus.  Au  fur  et  à  mesure  des  divisions  successives,  les  spores 
deviennent  naturellement  de  plus  en  plus  petites  et  de  plus  en 
plus  exactement  sphériques.  Je  n'ai  pu,  jusqu'ici,  pousser  plus 
loin  les  observations.  Il  est  possible  que  l'on  puisse  rencontrer 
32  spores  par  moitié  de  cellule  ou  peut-être  même  davan- 
tage. 

Que  deviennent  ces  spores  une  fois  formées?  Il  ne  m'a 
pas  été  possible  encore  de  m'en  rendre  compte  d'une  façon 
définitive.  Cependant  la  manifestation  de  certains  phénomè- 
nes, que  j'ai  constatés  depuis  longtemps  chez  d'autres  espèces, 
sans  avoir  pu,  jusqu'à  ce  moment,  en  découvrir  l'explication, 
et  que  Murray  a  également  observés  au  cours  de  ses  recher- 
ches, permet  de  formuler,  à  ce  sujet,  une  hypothèse  très  vrai- 
semblable. 

A  certaines  époques,  j'ai  rencontré,  notamment  chez  le 
Bhizozolenia  Stolterfothii,  des  agglomérations  de  frustules 
comme  englobés  dans  une  masse  hyaline.  Ces  frustules  sont 
d'assez  petites  dimensions,  très  peu  siliceux,  souvent  vides 
de  leur  contenu  cellulaire,  ordinairement  accolés  bout  à  bout 
par  courtes  chaînes  courbes  et  légèrement  spiralées  de  deux 
ou  trois  frustules,  ces  chaînes  étant  emmêlées  et  enchevêtrées. 
J'ai  dessiné,  dans  la  fig.  3  de  la  pi.  I  qui  accompagne  mon 
travail  sur  les  Diatomées  du  Bassin  d'Arcachon  publié  dans 
ce  même  Bulletin,  une  de  ces  agglomérations  que  j'ai  obser- 
vées aussi  bien  à  Arcachon  qu'à  Garantec  (Finistère),  où  j'ai 
récolté  en  septembre  1901  le  Rhiz.  Stolterfothii  en  grande 
abondance. 

J'ai  trouvé  également  des  agglomérations  de  très  petits  Chœ- 
toceros  et,  tout  récemment  encore,  d' Asterionella  spathuli- 
fera  Gleve,  ces  dernières  formant  comme  de  petits  paquets 
compacts  de  frustules  pressés  les  uns  contre  les  autres,  et 
paraissant  entourées  d'une  sorte  d'enveloppe  membra- 
neuse. 

A  ce  propos,  j'ai  pu  constater  une  particularité  très 
frappante.  Ges  agglomérations  à' Asterionella  ont  toutes  une 
forme  identique.  Elles  sont,  en  beaucoup  plus  grand, 
comme  le  moulage  provenant  d'un  moule  qui  aurait  la  forme 


STATION    BIOLOGIQUE  131 

de  la  partie  élargie  et  spatulée  des  frustules  de  cet  Asterio- 
nella. 

La  disposition  des  petits  frustules  contenus  dans  ces  masses 
est  très  spéciale.  Us  sont  tous  placés  et  serrés  côte  à  côte,  et 
orientés  de  la  même  façon,  toutes  les  spatules  se  trouvant 
dans  la  partie  élargie  de  la  masse  et  les  tiges  de  ces  spatules 
convergeant  par  leurs  extrémités,  de  façon  à  donner  à  l'en- 
semble lui-même  un  aspect  de  spatule  ou  de  raquette  sans 
manche,  les  frustules  situés  sur  la  périphérie  étant  arqués 
dans  leur  longueur,  comme  si,  pendant  leur  croissance,  ils 
avaient  épousé  la  courbure  des  contours  de  l'enveloppe  mem- 
braneuse. 

Cette  disposition  si  typique  des  frustules  agglomérés  donne- 
rait à  supposer  que  ces  masses,  contenues  à  l'origine,  sous 
forme  d'une  très  petite  agglomération  de  spores,  dans  des 
cellules  d'Asierionella,  en  seraient  sorties  par  la  suite,  et 
auraient  commencé  à  croître,  tandis  que  les  spores  incluses, 
croissant  concurremment,  seraient  devenues  les  frustules 
réunis  en  groupes  compacts  rencontrés  dans  mes  récoltes.  La 
forme  de  spatule  que  revêtent  ces  agglomérations  s'expli- 
querait alors  par  ce  fait  que,  dans  les  cellules  où  elles  pren- 
nent naissance,  elles  n'en  occuperaient  que  la  partie  élargie, 
le  reste  de  la  cellule,  presque  linéaire,  étant  beaucoup  trop 
étroit  pour  pouvoir  contenir  des  spores. 

De  quelle  façon  aurait  lieu  la  croissance  de  ces  spores  et  la 
formation  des  frustules?  De  nouvelles  recherches  permet- 
tront seules  de  résoudre  ces  intéressantes  questions. 

Ce  qui,  pour  l'instant,  paraît  très  vraisemblable,  et,  même, 
à  mon  sens,  presque  certain,  c'est  la  connexion  qui  existe 
entre  le  mode  de  sporulation  observé  par  Murray  et  par  moi, 
et  la  formation  des  paquets  de  frustules  agglomérés.  C'est 
d'ailleurs  à  la  même  conclusion  qu'aboutit  Murray,  qui  a  ren- 
contré et  dessiné  (I,  pi.  II,  fig.  4-5)  des  agglomérations  ana- 
logues de  petits  Coscinodiscus  concinnus,  et  les  différentes 
observations  qu'il  a  pu  faire  et  dont  je  reparlerai  lors- 
que je  traiterai,  dans  une  publication  prochaine,  ce  sujet 
d'une  façon  plus  détaillée,  viennent  encore  confirmer  cette 
manière  de  voir.  Je  compte  rechercher  si  mes  récoltes  conte- 
nant le  Biddulphia  mobiliensis  en  voie  de  sporulation  ou  si 


132  SOCIÉTÉ   SCIENTIFIQUE   D'aRCACHON 

mes  pêches  subséquentes  ne  renferment  pas  des  aggloméra- 
tions semblables  de  frustules  de  cette  espèce,  agglomérations 
dont  l'existence  me  paraît  très  probable  ('). 

Une  question  se  pose  ensuite.  Que  deviennent  ces  frustules 
agglomérés? 

La  récolte  du  25  décembre  1902,  dans  laquelle  se  trouvaient 
en  grande  quantité  les  cellules  de  Biddulphia  mobiliensis  en 
état  de  sporulation,  contenait  également  de  nombreux  frus- 
tules de  la  même  espèce,  montrant  toutes  les  phases  du  pro- 
cessus de  rétablissement  de  taille.  La  coïncidence  des  deux 
processus  dans  une  même  récolte  était-elle  fortuite  ou  n'indi- 
quait-elle pas  plutôt  qu'il  pouvait  y  avoir  un  lien  entre  les 
deux  processus?  Ces  petits  frustules  agglomérés,  qui  semblent 
issus  par  un  processus  de  sporulation,  formeraient-ils  à  leur 
tour  des  auxospores  amenant  un  rétablissement  de  taille?  Je 
n'ai  pu  encore  approfondir  et  étudier  en  détail  toutes  ces 
importantes  questions.  Mais  j'ai  gardé  et  fixé,  à  l'aide  du 
mélange  de  Flemming,  plusieurs  pêches  faites  le  25  décembre 
ainsi  que  les  jours  suivants,  et  j'espère  être  à  même,  grâce  à 
des  recherches  ultérieures,  d'élucider  ces  différents  pro- 
blèmes. 


(1)  De  nouvelles  i  echerches  sont  également  nécessaires  pour  déterminer  avec  certi- 
tude si  les  agglomérations  observées  par  Murray  et  par  moi  chez  les  différentes 
espèces  mentionnées  ci-dessus  sont  toutes  de  même  nature,  car  il  importe  de  ne'pas 
confondre  les  paquets  de  cellules,  dont  les  figures  4  et  5  de  Murray  (I,  pi.  II)  repré- 
sentent le  type,  avec  certains  frustules  plus  ou  moins  déformés,  que  l'on  rencontre 
parfois  dans  les  récoltes,  soit  solitaires,  soit  réunis  en  plus  ou  moins  grand  nombre 
et  comme  soudés  ensemble,  et  qui  sont,  ainsi  que  l'ont  très  judicieusement  remarqué 
certains  auteurs,  le  résidu  siliceux  de  diatomées  ingérées  par  de  très  petits  animaux 
marins,  qui  se  nourrissent  du  contenu  vivant  des  cellules  et  rejettent  ensuite  les 
carapaces.  J'ai  été  longtemps  intrigué  notamment  par  d^s  frustules  de  plusieurs 
espèces  de  Rhiznzolenia,  que  je  rencontrais  légèrement  plies  et  plissés,  souvent 
comme  soudés  côte  à  côte  et  coudés  en  différents  endroits,  de  façon  à  former,  dans 
leur  ensemble,  une  figure  polygonale.  La  découverte  que  je  fis,  à  l'intérieur  de  nom- 
breux exemplaires  de  noctiluques  abondants  dans  les  pêches  d'alors,  de  frustules 
identiquement  déformés,  me  donna  l'explication  de  ce  fait. 

Comme  les  agglomérations  de  Coscinodiscus  coticinnus  que  IMurray  a  observées 
renfermaient  de  petites  cellules  paiaissant  bien  vivantes  et  réunies  par  paquets  de 
4,  8  ou  16  contenus  dans  une  fine  membrane,  comme  d'autre  part  les  frustules  agglo- 
mérés à\isterionella  que  j'ai  étudiés  avaient  tous  l'orientation  si  spéciale  décrite 
plus  haut,  pour  cps  différentes  raisons  il  semble  certain  que  ces  agglomérations  sont 
de  tout  autre  nature  que  les  amas  de  frustules  digéi-és  et  rejetés  par  les  animaux 
marins.  Le  cas  est  plus  douteux  pour  les  agglomérations  de  Rhizozolania  Stolter- 
fothii  et  de  Chœtoceros  que  j'ai  renconti  ées.  le  reviendrai  sur  ce  sujet  dans  ma  pro* 
chaîne  publication. 


STATION    BIOLOGIQUE  133 

Ces  processus  de  sporulation  et  de  rétablissement  de  taille, 
qui  eurent  lieu  partout  en  même  temps  dans  le  Bassin  d'Ar- 
cachon,  se  produisirent  pendant  quelques  jours.  Puis,  au 
courant  de  janvier  1903,  je  rencontrai  dans  mes  récoltes  de 
très  grands  frustules  sporangiaux  issus  par  rétablissement  de 
taille,  lesquels  commençaient  à  se  diviser  et  à  se  multiplier. 
Au  bout  de  peu  de  temps,  la  quantité  de  frustules  de  Biddul- 
phia  récoltée  devint  prodigieuse.  Cette  abondance  ne  se 
démentit  pas  jusque  vers  le  25  janvier,  époque  à  laquelle 
intervint  de  nouveau  le  processus  de  rétablissement  de  taille, 
qui  se  manifesta  encore  pendant  quelques  jours.  Il  ne  fut  pas 
suivi,  comme  la  première  fois,  d'une  recrudescence  dans  la 
quantité  des  frustules  de  Biddulphia  récoltés.  Au  contraire, 
en  ce  moment  (commencement  de  février),  cette  espèce  est  en 
décroissance,  une  autre  espèce  apparue  déjà  depuis  longtemps, 
mais  jusqu'alors  peu  abondante,  étant  soudain  entrée  en 
végétation  active  et  ayant  comme  étouffé  le  Biddiilphia:  VAs- 
terionella  spathuUfera  Cleve,  dont  les  chaînes  ténues,  dispo- 
sées en  élégantes  spirales,  ont  envahi  le  Bassin  en  innombra  ble 
quantités. 

Tels  sont  les  faits  que  j'ai  pu  observer  jusqu'ici. 
Il  est  intéressant  d'en  rapprocher  tout  un  autre  ordre  de 
phénomènes  concernant  également  le  Biddulphia  mohiliensis, 
et  que  Murray  a  relatés  dans  la  publication  déjà  citée  (I,  p.  212- 
213). 

Il  dit  avoir  rencontré,  dans  une  pêche  faite  en  avril  1896, 
au  large  de  Gigha  (Ecosse),  et  qui  contenait  cette  espèce  en 
grande  quantité,  certaines  cellules  renfermant  un  petit  frus- 
tule  très  peu  siliceux,  de  forme  assez  différente  de  celle  des 
frustules  ordinaires.  Il  donne  (I,  pi.  I,  fig.  2-3)  deux  phases 
successives  de  ce  processus  de  formation  d'un  frustule  interne 
qui  ne  doit  être,  à  mon  avis,  pas  autre  chose  qu'une  statospore 
ou  spore  de  repos. 

En  août  de  cette  même  année,  il  retrouva  en  grande  abon- 
dance, sur  les  côtes  ouest  d'Ecosse,  ces  endocystes  libres  et 
se  reproduisant  par  division,  sans  qu'il  y  eût,  dans  cette 
récolte,  la  moindre  cellule  de  la  forme  ordinaire  du  Bidd. 
mohiliensis. 

En  décembre  1896,  la  forme  caractéristique  de  cette  espèce 


134  SOCIÉTÉ   SCIENTIFIQUE  D'aRCACHON 

était,  par  contre,  commune  sur  ces  côtes,  sans  qu'alors  on  put 
rencontrer  la  forme  sporangiale. 

Murray  a  également  constaté  la  présence  d'endocystes  ana- 
logues dans  des  cellules  de  Cosciyiodiscus  concinnus.  On  en 
trouvera  la  description  et  les  figures  dans  l'ouvrage  cité  plus 
haut,  p.  213-214,  pi.  I,  fig.  7  et  pi.  II,  fig.  1  a-1  b.  J'ai  rencontré, 
pour  ma  part,  une  seule  fois,  un  pareil  endocyste  contenu  dans 
la  cellule  d'un  Coscinodiscus,  que  je  n'ai  pu  déterminer  exac- 
tement. 

Il  résulte  de  l'ensemble  de  ces  observations  multiples  que 
la  vie  des  différentes  espèces  de  diatomées  mentionnées  dans 
cette  note  semble  se  décomposer  en  cycles  comprenant  toute 
une  série  de  phénomènes  successifs  complexes,  phénomènes 
qui  paraissent  identiques,  ou  du  moins  très  analogues  pour 
toutes  ces  espèces. 

Il  est  très  probable  que  le  processus  de  formation  d'endo- 
cystes correspond  à  une  période  de  repos  (avril  en  Ecosse 
pour  le  Bidd.  mohiliensis),  laquelle  prend  fm  par  l'entrée  en 
végétation  active  de  ces  endocystes  (août  en  Ecosse  pour  le 
Bidd.  mobiliensis). 

C'est  ici  que  viennent  s'ajouter  les  observations  que  j'ai  pu 
faire  dernièrement  dans  le  Bassin  d'Arcachon.  Ainsi  que  je 
l'ai  dit  plus  haut,  je  n'ai  pu  rencontrer  d'endocystes  chez  les 
cellules  de  Biddulphia  récoltées  dans  les  sondages  des  fonds 
du  Bassin,  en  novembre  1902,  normalement  endochromées  et 
absolument  identiques  aux  cellules  ordinaires  de  l'espèce.  Je 
n'ai  également  trouvé,  dans  les  pêches  de  surface  qui  ont  pré- 
cédé celles  faites  fm  novembre,  lesquelles  contenaient  les  mêmes 
cellules  ordinaires  de  l'espèce  et  normalement  endochromées, 
rien  de  pareil  aux  endocystes  en  voie  de  division  trouvés  par 
Murray  au  mois  d'août  sur  les  côtes  d'Ecosse.  Il  y  a  là,  évi- 
demment, un  point  obscur,  que  des  recherches  ultérieures 
viendront  sans  doute  éclaircir,  permettant  de  reconstituer  ce 
chaînon,  manquant  à  la  chaîne  complexe  que  forment  les  dif- 
férentes phases  de  ce  cycle  végétatif  si  curieux. 

Quoi  qu'il  en  soit,  le  commencement  du  mois  de  décembre, 
en  Ecosse  comme  à  Arcachon,  semble  coïncider,  pour  ce  Bid- 
dulphia, avec  la  présence,  dans  les  eaux  de  surface,  d'une 
grande  quantité  de  cellules  de  la  forme  achevée,  caractéris- 


STATION    BIOLOGIQUE  135 

tique  de  l'espèce,  les  détails  de  structure  et  le  relief  des  frus- 
tules  s'étant,  pour  les  exemplaires  récoltés  en  Ecosse,  comme 
précisés  et  perfectionnés  (par  suite  de  quel  processus?)  du 
mois  d'août  au  mois  de  décembre  (voir  Murray,  I,  p.  213). 
Puis  se  produit  (fin  de  décembre  à  Arcachon,  pour  le  Bidd. 
mohiliensis),  un  mode  de  sporulation  spécial,  accroissant 
dans  des  proportions  prodigieuses  la  quantité  déjà  considé- 
rable des  cellules  de  l'espèce,  un  processus  de  rétablissement 
de  taille  intervenant  également,  qui  paraît  être  simultané  ou 
immédiatement  consécutif. 

C'est  à  cette  époque  que  se  place  certainement,  au  moins 
pour  le  Bassin  d'Arcachon,  le  maximum  de  l'activité  végéta- 
tive du  Biddulphia  mobiliensis.  On  le  voit  ensuite,  après  avoir, 
en  immenses  quantités,  envahi  pendant  une  quinzaine  de 
jours  les  eaux  de  surface,  suivre  une  seconde  fois  (25  janvier, 
dans  le  Bassin  d'Arcachon)  les  différentes  phases  du  rétablis- 
sement de  taille,  puis  décroître  peu  à  peu,  et  disparaître  (com- 
mencement de  février,  dans  le  Bassin  d'Arcachon). 

Il  serait  du  plus  grand  intérêt  de  se  rendre  compte,  mainte- 
nant, si  le  cycle  végétatif  de  ce  Biddulphia  est  terminé  après 
la  manifestation  de  ces  derniers  phénomènes  et  si,  ensuite, 
un  pareil  cycle  recommence,  caractérisé  à  son  début  par  la 
formation  de  nouveaux  endocystes  ou  spores  de  repos. 

Ce  sont  là  les  études  que  je  vais  poursuivre,  cherchant 
à  reconstituer  toutes  les  phases  multiples  de  cette  végétation 
si  complexe  et,  pour  les  phases  déjà  observées,  à  en  déter- 
miner et  à  en  préciser  les  étapes  consécutives.  Dès  que  j'aurai, 
sur  ce  sujet,  complété  mes  recherches,  j'en  publierai  une 
description  détaillée,  avec  des  planches  représentant  les  pro- 
cessus de  sporulation  et  de  rétablissement  de  taille. 

Avant  de  terminer  cette  note,  je  veux  dire  un  mot  d'une 
observation  toute  récente  faite  sur  des  exemplaires  du  nouveau 
Cyclotella  marin  analogue  au  Cyclotella  socialis  de  Schûtt, 
Cyclotella  que  je  mentionne  dans  mon  travail  sur  les  Diato- 
mées du  Bassin  d'Arcachon,  et  qui  devint,  dans  le  courant  du 
mois  de  janvier,  assez  abondant  dans  mes  pêches  pélagiques. 

J'ai  rencontré,  dans  ces  récoltes,  des  colonies  sphériques  de 
cette  curieuse  espèce,  contenant,  au  centre  même  de  la  sphère, 
à  côté  de  quelques  frustules  vides  de  grandeur  égale  à  celle 


136  SOCÉTÉ   SCIENTIFIQUE   d'aRCACHON 

des  frustules  de  la  périphérie,  une  quantité  de  tout  petits  frus- 
tules  (plus  petits  environ  de  moitié)  parfaitement  endochromés 
et  certainement,  à  mon  avis,  issus  d'un  processus  de  sporula- 
tation  analogue  à  celui  du  Biddulphia  mobiliensis. 

J'ai  trouvé  également  d'autres  colonies  sphériques  de  ce 
même  Cydotella  contenant,  à  la  périphérie  de  la  sphère,  de 
petits  frustules  bien  endochromés  et,  au  centre,  de  plus  gros 
frustules  parfaitement  vivants,  mélangés  avec  quelques  rares 
frustules  vides,  pareils  comme  grandeur  soit  à  ceux  de  la  péri- 
phérie soit  à  ceux  du  centre. 

C'était  là,  très  probablement,  le  processus  de  rétabhssement 
de  taille  de  l'espèce. 

Un  fait  curieux  à  noter,  c'est  que  ces  différents  processus 
paraissent  se  passer,  chez  ce  Cydotella,  au  centre  même  de  la 
colonie,  c'est-à-dire  dans  un  espace  libre  et  restreint,  circons- 
crit de  tous  côtés  par  les  extrémités  aiguës  des  aiguilles  diver- 
gentes émanant  des  cellules  de  la  périphérie. 

Je  donnerai  également,  dans  la  prochaine  étude  que  je 
publierai,  le  résultat  de  mes  recherches  au  sujet  de  cette  nou- 
velle et  très  particuhère  espèce. 


STATION    HIOLOKIQIE  137 

VII 

SUR  QUELQUES 

COUTIONS  DE  L'AD.\PTATli  DES  lIAMllIFlRES  CÉTACÉS 

A  LA  VIE  CONSTANTE  AQUATIQUE 

PAR 

F.  JOLIET 


Les  conditions  de  l'adaptation  des  Cétacés  à  la  vie  aquatique, 
en  dehors  de  celles  quï  ont  amené  les  modifications  du  corps 
qui  revêt  la  forme  extérieure  des  poissons,  doivent  être  recher- 
chées dans  la  nécessité  qu'il  y  a  pour  ces  animaux,  d'une  respi- 
ration normale  rare  (une  ,à  trois  par  minutes),  pouvant  même 
demeurer  longtemps  suspendue  (dix,  quinze  minutes  et  plus) 
dans  l'acte  de  plonger. 

Or,  ces  mammifères  cétacés  (et  je  parle  ici  plus  spécialement 
des  Dauphins  qui  m'ont  surtout  occupé),  bien  que  plongés  dans 
un  milieu  de  température  très  inférieure  à  la  leur,  et  qui 
absorbe  la  chaleur,  conservent  une  température  propre  interne 
de  37  degrés. 

D'un  autre  côté,  les  Cétacés  sont  doués  d'une  puissance 
musculaire  et  d'une  agilité  extraordinaires,  qui  constituent  leurs 
moyens  de  défense  et  de  lutte  pour  la  vie.  Il  doit  donc  se  trouver 
dans  leur  sang,  à  tous  les  moments,  avec  une  respiration  rare 
ou  même  plus  ou  moins  longtemps  suspendue,  une  quantité 
d'oxygène  suffisante  pour  l'entretien  des  combustions  intra- 
organiques  particulièrement  actives  chez  ces  animaux,  pour 
maintenir  leur  température  propre  et  subvenir  au  travail  mus- 
culaire accompli. 

Dans  mes  premières  «  recherches  sur  la  respiration  des  Céta- 
cés »,  j'ai  fait  connaître,  pour  un  Dauphin  (Tiirsinps  tursinj  de 


138  SOCIÉTÉ   SCIENTIFIQUE   D'aRCACHON 

156  kilogrammes,  l'actSivité  de  ces  combustions.  Cet  animal,  à 
l'état  de  repos  absolu,  avec  un  rythme  respiratoire  de  trois 
par  minute,  absorbait  par  heure  61  lit.  500  d'oxygène.  Cette 
quantité  double  et  triple  dans  l'état  d'activité  de  l'animal.  Cette 
dépense  courante  d'oxygène,  les  tissus  doivent  l'a  trouver  tou- 
jours disponible  dans  le  sang,  sans  diminutSon  notable  de  la 
quantité  d'oxygène  qui  doit  y  rester,  et  qui  ne  pourrait  être 
entamée  sans  troubles  fonctionnels  sérieux  d'asphyxie. 

L'oxygène  de  dépense  est  assurée  dans  le  sang  des  Cétacés, 
grâce  à  la  quantité  de  ce  sang,  à  sa  richesse  en  globules  et  en 
hémoglobine,  ainsi  que  par  le  mode  de  respiration  spécial  à 
ces  animaux. 

Hunter,  Cuvier,  Meckel,  Carus,  etc.,  ont  insisté  sur  la  grande 
capacité  du  système  vasculaire  des  Cétacés,  sur  le  volume  et 
la  multiphcité  des  vaisseaux,  sur  les  dilatations  particulières 
qu'on  y  observe,  sur  les  riches  et  énormes  plexus  qui  se  trou- 
vent sur  les  côtés  de  la  colonne  vertébrale  et  autour  de  la 
moelle  épinière,  tous  faits  qui  dénotent  la  quantité  extraordi- 
naire du  sang  chez  ces  anlimaïux,  que  Hunter  avait  présumé  plus 
riche  aussi  en  globules. 

D'un  autre  côté,  les  dimensions  énormes  des  poumons,  qui 
se  prolongent  très  loin  en  arrière,  font  présumer  une  capacité 
pulmonaire  considérable,  et  la  présence  d'un  diaphragme  entiè- 
rement charnu  indique  l'énergie  de  sa  contraction  pendant  l'ins- 
piration qu'il  est  chargé  presque  à  lui  seul  d'opérer. 

Dans  niion  mémoire  antérieur  sur  la  respiration  des  Cétacés, 
j'ai  suffisamment  insisté  sur  le  mode  spécial  de  la  respiration 
des  soufllewrs,  en  même  temps  que  sur  le  grand  volume  d'air 
expiré  et  inspiré  à  chaque  mouvement  respiratoire  (4  litres  pour 
une  respiration  calme  chez  mon  Tursiops,  mais  quii  pourrait 
doubler  et  au  delà  pour  un  mouvement  respiratoire  ample 
et  large). 

En  produisant  le  maximum  de  renouvellement  de  l'air  dans 
le  poumon,  et  son  utilisation  aussi  complète  que  possible  pour 
l'hématose,  ce  mode  spéci.al  de  respiration,  et  la  quantité 
énorme  de  sang  en  circulation,  sont  les  conditions  essentielles 
de  l'adaptation  des  mammifères  cétacés  à  la  vie  aquatique. 

Ayant  eu  l'occasion,  ces  temps  derniers,  à  la  Station  biologi- 
que d'Arcachon,  d'expérimenter  sur  un  deuxième  Dauphin  vi- 


STATION    BIOLOGIQUE  139 

vaut  (Tursiops  tursio),  j'ai  pu  faire  de  nouvelles  observations, 
qui  viennent  compléter  et  confirmer  les  faits  et  les  déductions 
ci-dessus  énoncés,  en  ce  qui  concerne  en  partliculier  le  sang. 

Elles  démontrent  : 

1°  La  richesse  globulaire  du  sang  :  6,893,000  globules  par 
millimètre  cube  de  sang  (détern^lination  faite  avec  l'hémati- 
mètre  capillaire  de  Malassez); 

2°  Le  volume  élevé  des  globules  humides,  par  rapport  au 
plasma  :  517  :  483  (détermination  par  la  méthode  Ch.  Bou- 
chard); 

3"  La  richesse  en  hémoglobine  du  sang  déterminée  : 

a)  Par  la  méthode  colorimétrique,  33  c.  c.  4  d'oxygène 
absorbé  pour  100  de  sang; 

h)  Par  la  pompe  à  mercure,  30  c.  c.  6  d'oxygène  absorbé; 

r)  Par  le  dosage  du  fer  du  sang.  0  gr.  0661  de  fer  pour 
100  grammes  de  sang. 

Si  on  adrnet  avec  la  plupart  des  analystes  aujourd'hui  (et  je 
suis  porté  à  le  faire  d'après  mes  propres  expériences)  que 
100  grammes  d'hémogloibine  quelconque  renferment  0  gr.  33 
de  fer,  les  0  gr.  0661  de  fer  contenus  dans  100  grammes  de  sang 
correspondront  à  20  gr.  03  d'hémoglobine  contenue  dans  ce 
sang. 

Comme  d'un  autre  côté  1  gramme  d'hémoglobine  absorbe 
1  c.  c.  59  d'oxygène,  la  capacité  respiratoire  du  sang  déter- 
minée par  le  dosage  du  fer  serait  donc  20,03  x  1,59  =  31  c.  c.  8. 
au  lieu  de  33,4  par  le  colorimètre,  et  30,8  par  la  pompe. 

C'est-à-dire  que  les  chiffres  d'hémoglobine  et  de  capacité 
respiratoire  du  sang  de  Dauphin  sont  notablement  supérieurs 
à  ceux  trouvés  communément  pour  le  sang  des  mammifères 
ordinaires  {^). 

CRYOSCOPIE   DES  LIQUEURS  ORGANIQUES 

du  Tursiops.  du  chien. 

Liquide  péricardique à^  —  0«80 

Sérum  sanguin A  =  —  QoSS        A  =  —  0«605 

Liquide  céphalo-rachidien    .     .     .     A  =  —  0«8l        A  =  —  O^SSS 

La  densité  du  sang  du  Tursiops  était  :  1,0765, 

(•)  Un  dosage  du  fer  du  sang  du  Cachalot  (Physeter  macrocephalus  '  m'a  donné 
pour  100  grammes  de  sang  0  gr.  061  de  fer,  répondant  à  18  gr.  3  d'hémoglobine  et 
ù  une  capacité  respiratoire  de  2!)  c.  c.  09  d'oxygène  absorbé. 


"•^0  SOCIÉTÉ   SCIENTIFIQUE   D'aRCACHON 

La  teneur  en  chloru.res  était  de  8  gi\  4  pour  le  liquide  péri- 
cardique;  8  gr.  6  pour  le  sérum  sanguin. 

La  teneur  en  urée  du  sang  était  de  il  centigr.  4  0/0  de 
sang. 


STATION    BIOLOGIQUE  141 

VIII 

SUR  LE  REIN  DU  DAUPHIN 

PAR 

MM.  CWALIÉ  et  JOLYET 


Le  rein  du  dauphin  est  enveloppé  par  une  capsule  membra- 
neuse mince,  à  laquelle  il  est  uni  par  des  tractus  conjonctifs 
lâches.   Il  n'y  a  pas  d'atmosphère  graisseuse  périrénale. 

Le  rein,  comme  on  le  sait,  est  formé  d'un  grand  nombre  de 
petits  grains  ou  lobules  composés  qui  donnent  à  cet  organe 
l'aspect  d'une  grappe  de  raisin.  Ces  grains  ou  lobules  com- 
posés sont  décomposables  en  trois,  quatre  ou  cinq  grains  par- 
tiellement soudés. 

Il  y  a  deux  hiles  opposito-polaires  pour  chacun  des  deux 
reins  : 

Un  hile  antérieur  vasculaire; 
Un  hile  postérieur  urinaire. 

Nous  avons  injecté  l'artère  rénale  et  l'uretère,  celui  ci  avec 
une  masse  de  paraffine  et  carmin,  celle-là  avec  de  la  gélatine 
et  du  bleu  de  Prusse. 

Les  injections  terminées,  nous  avons  placé  les  reins  dans 
l'eau  glacée,  pour  les  disséquer. 

1°  Artère  rénale.  —  L'artère  rénale,  accompagnée  d'une  veine 
rénale  d'un  diamètre  assez  considérable,  aborde  le  rein  par 
son  extrémité  antérieure  et  interne  (i).  Elle  s'enfonce  entre  les 
lobes  (13  à  14),  auxquels  elle  fournit  à  chacun  une  branche 
lobaire. 

Chaque  artère  lobaire  se  divise  en  artères  lobulaires  (le  nom- 

(^)  L'animal  est  supposé  horizontal. 


U*2  SOCIÉTÉ   SCIENTIFIQUE   D'ARCACHON 

bre  des  lobules  ou  grains  composés  est  variable  par  lobe, 
entre  6  et  40).  Chaque  artère  lobulaire  donne  des  rameaux  qui 
cheminent  entre  les  grains  élémentaires. 

L'artère  rénale,  avant  de  pénétrer  dans  le  rein,  envoie  des 
branches  périrénales  qui  cheminent  sous  la  capsule,  s'anas- 
totmosent  sur  la  ligne  médiane  entre  les  deux  reins,  avec  les 
artères  périrénales  venues  du  côté  opposé. 

Ces  artères  périrénales  envoient,  en  outre,  à  la  surface  des 
lobules  ou  grains,  des  rameaux  qui  s'anastomosent  avec  le  sys- 
tème artériel  intra-rénal  (artères  lobulaires  et  leurs  rameaux). 

Il  en  est  probablement!  de  même  pour  les  veines  périrénales 
qui  accompagnent  les  artères. 

2°  L'uretère.  —  L'uretère  quitte  le  rein  par  son  extrémité 
postérieure.  II  fait  suite  à  un  bassinet  intra-rénal,  à  grand  axe 
diiiigé  d'avant  en  arrière,  et  parallèle  à  celui  du  rein.  Ce  bas- 
sinet reçoit  les  13  ou  14  uretères  lobulaires,  un  par  lobe. 

Le  uretères  lobulaires  cheminent  côte  à  côte  avec  l'artère  et 
la  veine  lobulaires. 

Dans  un  lobe,  la  disposition  des  voies  urinaires  est  la  sui- 
vante :  chaque  grain  alimentaire  d'un  lo.bule  comprend  une 
substance  médullaire  conique,  dont  la  base  est  encapuchonnée 
par  un  mince  chapeau  de  susbtanôe  corticale,  et  dont  le  som- 
met est  enveloppé  par  un  calice. 

x\u  calice  fait  sut  tel  le  conduit  ureteral  du  grain. 

Les  conduits  uretéraux  des  grains  se  réunissent  pour  former 
le  canal  ureteral  du  lobule  composé,  qui  s'ouvre  dans  l'uretère 
lobuilaire. 

La  dissociation  des  vaisseaux  et  des  conduits  urinaires  se 
fait  donc  seulement  pour  la  sortie  du  rein;  les  troncs  de  l'artère 
et  de  la  veine  rénale  se  trouvent  à  l'extrémité  antérieure;  l'ure- 
tère est  à  l'extrémité  postérieure. 


CONCLUSIONS 

1°  Le  rein  du  dauphin  a  deux  hiles  opposito-polaires 
Un  hile  antérieur  vascuïaire; 
Un  hile  postérieur  urinaire. 


STATION    BIOLOGIQUE  14o 

2°  II  y  a  deux  oirculations  artérielles  : 

Une  circulation  intra-rénale  (artères  lobaires  et  interlo- 

bulaires); 
Une  ciirulation  i)éi'ii'énale  anastomotique  avec  la  pre- 
mière. 
3"  L'uretère  est  l'entlé  en  un  bassinet  dans  l'intérieur  du  rein. 
Ce  bassinet  reçoit  les  uretères  lobulaires. 


^: 


144  SOCIÉTÉ   SCIENTIFIQUE  D'aRCACHON 


IX 


DE  L'ACTION  FAVORISANTE  DU  SUC  INTESTINAL 

SUR  LA 

i  PÂIiCllii\TIOi  DES  llATllRIS  ALbuun 


CHEZ  LES  POISSONS  ClAllïILAGINEUX 

PAR 

M.  J.   SELLIKR 


On  sait  depuis  les  travaux  de  Pavloff  et  de  Ghepowalnikoff, 
confirmés  par  les  recherches  récentes  de  Delezenne,  que  le 
suc  entérique  du  chien  possède  la  propriété  d'augmenter  l'acti- 
vité des  ferments  pancréatiques.  Cette  action  activante  connue 
et  particulièrement  manifeste  sur  le  ferment  protéolytique  du 
pancréas  devait  suggérer  l'idée  de  faire  des  recherches  analo- 
gues chez  les  poissons  cartilagineux  où  rien,  à  ma  connais- 
sance, n'avait  été  fait  dans  ce  sens. 

Les  travaux  contradictoires  de  Krukenberg  et  de  Ch.  Richet 
sur  l'existence  de  la  trypsine  dans  la  glande  pancréatique  des 
squales  (i),  les  recherches  de  Emile  Yung  (2)  attribuant  à  la 
rate  de  ces  animaux  une  active  fonction  trypsinogène,  légiti- 
maient une  pareille  étude. 

L'appareil  digestif  des  poissons  cartilagineux  est  fort  simple. 

Les  proies  habituellement  volumineuses  dont  ils  se  nourris- 
sent et  qui  sont  avalées  sans  être  mâchées,  s'accumulent  dans 
l'estomac   où   elles  sont  ramollies,    transformées  en   masse 

(1)  Ch.  Richet.  De  Quelques  faits  relatifs  à  la  digestion  des  poissons  (Archives  de 
Physiologie,  1882). 

(')  Emile  YuNG.  Sur  les  fonctions  du  pancréas  chez  les  Squales  (Académie  des 
Sciences,  4  juillet  1898). 


STATION   BIOLOGIQUE  145 

difttuente,  et  peptonisées  en  partie  (i).  Elles  traversent  ensuite 
un  conduit  rétréci  (détroit  pylorique),  plus  ou  moins  long 
selon  les  espèces,  qui  s'élargit  à  sa  partie  inférieure  et  dé- 
bouche dans  un  intestin  beaucoup  plus  large.  Ce  dernier  est 
relativement  court  et  présente  un  repli  de  la  membrane 
muqueuse  en  général  enroulée  en  hélice,  valvule  spirale,  qui 
retarde  beaucoup  le  passage  des  substances  alimentaires  dans 
leur  chemin  vers  l'anus  et  augmente  considérablement  la  sur- 
face absorbante 

Le  pancréas,  <jui  existe  chez  ces  êtres  sous  forme  de  masse 
glandulaire,  comme  chez  les  animaux  supérieurs,  a  un  conduit 
qui  aboutit  à  l'origine  de  l'intestin. 

Pour  faire  l'étude  de  la  digestion  pancréatique  et  intestinale, 
on  doit  recourir  à  la  méthode  des  macérations  en  milieu  asep- 
tique, car  il  n'est  point  possible  ici  d'obtenir  des  sucs  à  l'état 
de  pureté. 

Les  expériences  très  nombreuses  que  j'ai  pratiquées  m'ont 
toujours  fourni  des  résultats  identiques.  Les  extraits  fluorés 
de  glande  (obtenus  par  macération  pendant  trois  heures  à  40*^ 
d'une  partie  de  pancréas  pour  cinq  de  solution  de  fluorure  de 
sodium  neutre  à  2  p.  100)  possèdent  une  action  dissolvante 
faible,  mais  manifeste  sur  la  fibrine. 

D'autre  part,  l'extrait  de  muqueuse  intestinale  (valvule  spi- 
rale) dans  l'eau  toluénée  n'a  aucune  action  sur  la  fibrine, 
mais  confère  une  grande  activité  protéolytique  à  l'extrait  de 
pancréas. 

Expérience.  —  A  Vétuve  à  40  degrés. 

15  c.  c.  d'Extr.  P.  +  2  gr.  de  fibrine fibrine  dissoute  en  7  heures. 

15  c.  c.  dExtr.  P.  -J-  5  c.  c.  dExtr.  I  +2gr.  de  fibrine,     fibrine  dissoute  en  1  heure. 
15  c.  c.  d'Extr.  P.  -|-  5  c.  c.  d'H*0  toluénée  -f  2  gr.  de 

fibrine fibrine  dissoute  en  7  heures, 

15  c.  c.  d'Exlr.  I.  -f  2  gr.  de  fibrine fibrine  intacte  (même  après 

24  heures). 

L'extrait  intestinal  perd  sa  propriété  activante  quand  on  le 
porte  à  l'ébuUition  ou  même  quand  on  le  maintient  une  heure 
au  bain-marie  à  70".  Son  action  s'exerce  sur  des  extraits  pan- 
créatiques d'espèces  différentes,  quel  que  soit  l'état  de  jeûne 

(1)  J.  Sellier.  Recherches  sur  la  digestion  des  poissons  {Bulletin  de  la  Station 
zoologique  d'Arcachon,i^J). 


146  STATION    BIOLOGIQUE 

OU  de  digestion  des  animaux  chez  lesquels  on  a  recueilli  les 
glandes.  Ces  derniers  faits,  qui  sont  en  concordance  avec  les 
résultats  de  Delezenne  {^),  me  paraissent  devoir  être  expliqués 
par  un  mécanisme  d'action  identique,  le  ferment  intestinal 
(entérokinase  de  Pavloff),  toujours  le  même,  quelle  que  soit 
l'espèce  étudiée  agissant  sur  le  proferment  du  suc  pancréa- 
tique semblable  chez  tous. 

L'extrait  de  rate  préparé  de  la  même  façon  que  l'extrait 
intestinal,  ne  m'a  pas  paru  avoir  une  action  activante  appré- 
ciable. 

Les  essais  ont  été  pratiqués  avec  des  organes  recueillis 
chez  Scyllium  catulus,  Scyllium  canicula,  Torpedo  galvanii, 
Raia  oryrhynchus,  Trigon  pastinaca,  Myliobates  aquila, 
Squaiina  angélus,  Galeus  canis. 

(*)  Société  de  Biologie,  28  décembre  1901. 


TABLE   DES  MATIÈRES 


Page» 

Conseil    d'administration    de   la   Société   scientifique    d'Arcachon 

(Station  biologique) m 

Extrait  des  Statuts iv 

Index  bibliographique  des  travaux  sortis  des  laboratoires  d'Arca- 
chon (1867-1901)    V 


Travaux  de  1902. 

I.  L.  GuÉNOT.  —  Contributions  à  la  faune  du  bassin  d'Arca- 
chon. Échiuriens  et  sipunculiens 1 

II.  A.  Gruvel.  —  Excursions  zoologiques  à  la  Station  d'Arca- 
chon et  à  son  annexe  de  Guéthary  (Basses-Pyrénées)  pen- 
dant l'année  scolaire  1902-1903) 29 

III.  P.  Bergon.  —  Études  sur  la  flore  diatomique  du  bassin  d'Ar- 

cachon et  des  parages  de  l'Atlantique  voisins  de  cette  sta- 
tion        39 

IV.  J.  KuNSTLERet  J.  Chaîne.  —  Kiefferia  musae  (nov.  gen.,  nov. 

spec).  Cécidomyide  nouvelle 113 

V.  J.  Sabrazès  et  L.  Muratet.  —  Trypanosome  de  l'anguille.    .     119 

VI.  P.  Bergon.  —  Note  sur  un  mode  de  sporulation  observé  chez 

le  Biddulphia  mohilieiisis  Bailey 127 

VII.  F.  JoLiET.  —  Sur  quelques  conditions  de    l'adaptation    des 

mammifères  cétacés  à  la  vie  constante  aquatique 137 

VIII.  Cavalié  et  JoLYET.  —  Sur  le  rein  du  Dauphin 141 

IX,  J.  Sellier.  —  De  l'action  favorisante  d»  suc  intestinal  sur 
la  digestion  pancréatique  des  matières  albuminoïdes  chez 
les  poissons  cartilagineux 144 


Buideaux  —  Imp.  G.  Goirtociteou,  rue  Guiraud«,  li 


SOCIÉTÉ  SCIENTIFIQUE  D'ARGACHOiN 
STATION    BIOLOGIQUE 


TRAVAUX  DES  LABORATOIRES 


UNIVERSITE     DE    BORDEMJX 


fi 


SOCIÉTÉ  SCIENTIFIQUE 


D'ARCACHON 


STATION  BIOLOGIQUE 


TRAVAUX  DES  LABORATOIRES 


RECUEILLIS   ET  PUBLIES   PAR 


Le  W  F.  JOLYET 

aiRKCTEUR  DES  LABORATOmES  DE  LA   STATION 

PHOfESSEUR  A  LA  FACULTÉ  DE  MÉDECINE 

DE  BORDEACX 


LeDT  lalesque 

PRÉSIDENT   DE   LA   SOCIÉTÉ   SCIENTIFIQUE 

MEMBRE   CORRESPONDANT 

DE    l'académie   de  MÉDECINE 


LE  D**  B.  OE  NABIAS 

PROFESSEUR    A    La    FACULTÉ    DE    MÉDECINE 
DÉLÉGUÉ  DE  I.'UNIVERSITÉ  DE  BORDEAUX 


SIXIEME   ANNEE 
(1902) 


PARIS 

LIBRAIRIE   OCTAVE  DOIN,    ÉDITEUR 

8  —  Place   de  l'Odéon  —  8 


aJH    ITYX    / 


1-^