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Full text of "Bulletin du Cercle archéologique, littéraire et artistique de Malines"

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PURCHASED FOR THE 


UNIVERSITY OF TORONTO LIBRARY 


FROM THE 
HUMANITIES RESEARCH COUNCIL 
SPECIAL GRANT 


FOR 
ARTS OF THE LOW COUNTRIES AND 
THE GERMANYS, 1600 - 1850 








©: BULLETIN | 
+ Ÿ LÉO 6 e: 


RCLE ARCHÉOLOGIQUE 
LITTÉRAIRE & ARTISTIQUE nn 


DE MALINES. 


189$ 


















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en Oudheidk. Genootscha; | 
___ Afd. Roermond. 














BUHEICETIN 


DU 


ercle Archéologique 


LITTÉRAIRE & ARTISTIQUE 





de Malines 


1893 





MALINES 
Imprimerie L. 4 A. GODENNE, Editeurs 


28, Grand’ Place, 28 


1893 








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Le Cercle n’est pas responsable des 


Membres 


émises par ses 





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BESÈE 


DES 


COMMISSION ADMINISTRATIVE 


Messieurs : 


WILLEMS, Jos., Statuaire, Professeur à l’Académie des Beaux-Arts, 
square Léopold, Malines, President. 

VAN SEGVELT, Enm., Pharmacien et Conseiller communal, place 
Ragheno, Malines, Vice-presidènt… 

CONINCKX, Hyac., Professeur à l'Académie des Beaux-Arts, rue du 
Ruisseau, 21, Malines, Secrétaire: 5x: + 2e 

VAN DEN BERGH, Léor., attaché à l'Administration dés chemins de 
fer de l'Etat, rue des Nonnes, Malines, Trésorier. | 

REYDAMS, Av., Géomètre dm câdästre rue des Fanneurs, Malines, 


Bibliothécaire. 
MEMBRES HONORAIRES 
Messieurs : 
BOEY-CEULEMANS, Industriel, marché aux Grains, Malines. 


BROERS, Fkr., Bourgmestre et Membre de la Chambre des Représen- 


tants, vieille rue de Bruxelles. Malines. 


MS 
ST 


vj LISTE 





DE COSTER, Tu., Echevin et Conseiller provincial, rue des Vaches, 
Malines. 

DESSAIN, Cx., Echevin, rue de la Blanchisserie, Malines. 

DIEUDONNÉ, Médecin, rue Notre-Dame, Malines. 

DIERICKX-BEKE, Libraire, Baïilles de fer, Malines. * 

pu TRIEU pe TERDONCK, Propriétaire, Malines. 

GODENNE, Editeur, Grand’ Place, Malines. 

HIPPÉ. Directeur des bains St-Pierre, rue du Sac, Malines. 

KEMPENEER, J. Echevin, Avocat, rue des Vaches, Malines. 

LEBLUS, Médecin, longue rue des Bâteaux, Malines. 

LEEMANS, Juge de paix, rue du Bruel, Malines. 

MAGNUS, Vice-président de la Société royale la Réunion Lyrique, rue 
de la Station, Malines. 

MULS, H.. Rentier, rue de la Chaussée, Malines. 

NAGELS, Conservateur pensionné des hypothèques, rue des Beggards, 
Malines. 

ORTEGAT, Conseiller provincial, rue des Vaches, Malines. 

TERLINDEN, Lieutenant-colonel de cavalerie, en retraite, boulevard 
des Arbalétriers, Malines. 

THÉODOR, Conducteur des Ponts et Chaussées, boulevard des Capu- 
cins, Malines. 

VAN BALLAER, Chanoine, Directeur du Collège St-Rombaut, marché 
au Bétail, Malines. 

VAN DE WALLE, Notaire, square Léopold, Malines. 

VAN DEN BRANDEN pe REETH (Mer le baron), Evêque titulaire 
d’'Erythrée, Rome. 

VAN HORENBEECK, Vicaire à l'église Ste-Gertrude, Louvain. 

WITTMANN, Echevin, Docteur en médecine, rue du Sac, Malines. 


MEMBRES EFFECTIFS 
Messieurs : 


CORDEMANS, H., Libraire, Secrétaire honoraire du Cercle archéolo- 
gique de Malines, rue des Chevaliers, Malines. 

DE CANNART D'HAMALE, Léox, Major, boulevard Dolez, 21, Mons. 

DE GHELLINCK D'ELSEGHEM (comte Amaury), rue de l'Industrie, 
Bruxelles et château d'Elseghem (par Peteghem). 

DE MARNEFFE, Epc., attaché aux Archives générales du royaume, 
boulevard des Capucins, Malines. 1 


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DES MEMBRES DU CERCLE vi] 





DE NIJN, V., Avocat, rue d'Hanswyck, Malines. 

pe RAADT, J.-TH., 205, rue Gaucheret, Bruxelles. 

DUFORT, J., Capitaine quartier-maitre au 5° chasseurs, rue de la Con- 
stitution, Malines. 

ISERENTANT, Professeur à l'Athénée royal, rue du Bruel, Malines. 

FESTRAETS, P., Orfèvre, Professeur à l'Académie des Beaux-Arts, 
rue du Bruel, Malines. 

MEYNS, Architecte, rue des Bâteaux, Malines. 

RYCKMANS, P., Conseiller provincial, rue de la Chaussée, Malines. 

ROSIERS, P., Artiste-peintre, Directeur de l'Académie des Beaux-Arts, 
Malines. 

VAN CASTER, G., Chanoïne, Archéologue, marché aux Laines, Malines. 

VAN BOXMEER, Pu., Architecte communal, boulevard des Arbalé- 
triers, Malines. 

VAN CAMP. Directeur de l’école communale sud, rue des Chevaliers, 
Malines. 

VAN DOORSLAER, G., Docteur en médecine, marché au Bétail, Ma- 
lines. 

VAN HORENBEECK, F., Pharmacien, rue des Vaches, Malines. 

VAN VELSEN, R., Libraire, Baïlles de fer. Malines. 

WITTMANN, J. Docteur en droit, marché aux Laines, Malines. 


MEMBRES CORRESPONDANTS 
Messieurs : 


BECQUET, Azrren, Conservateur du Musée archéologique, Namur. 

BÉTHUNE (Mer le baron FErIx), Archéologue, Bruges. 

CUMONT, Gxorces, Avocat, rue de l Aqueduc, Bruxelles. 

be BEHAULT »E DORNON, ARMAND, rue de Turquie, Bruxelles. 

DE BRAY, Architecte, Anvers. 

DE BRUYN, Hyvac., Archéologue, Vlesenbeek. 

DELVIGNE, ApozrHEe, Chanoine, Archéologue, St-Josse-ten-Noode. 

DE MUNTER, Vicror, Numismate, Audenarde. 

DEVILLERS, Léor., Archiviste de l'Etat, Mons. 

DE WULEF, Architecte, Bruxelles. 

GILKIN, Iwax, Homme de lettres, Bruxelles. 

GILLE, Varère, Directeur de la Jeune-Belgique, Bruxelles. 

GOOVAERTS, Arr, Archiviste-adjoint du royaume, rue Juste-Lipse, 
Bruxelles. 


vii] LISTE DES MEMBRES DU CERCLE 








KEELHOFF, Cuarces, Abbé, Archéologue, Neerhaeren (Limbourg 
belge). 

HACHEZ, Féix, Archéologue, Bruxelles. 

HERMANS, Vicror, Archiviste communal, rue des Vaches, Malines. 

LAIREIN, Louis, Abbé, Archéologue, Mons. 

MAHY, Hirr., Homme de lettres, rue de Bodeghem, Bruxelles. 

OUVERLEAUX, Eux., Conservateur à la Bibliothèque royale, Bruxelles. 

PLISNIER, P., Trésorier de la Société archéologique de Bruxelles, à 
Bruxelles. 

PIOT, Cu. Archiviste général du royaume, Bruxelles. 

VAN EPEN, D.-E., Docteur, à La Haye. 

VAN EVEN, Eow., Archiviste communal, Louvain. 

VERHAEGEN, Pauz, Juge au tribunal de 1'° instance, rue de Toulouse, 
Bruxelles. 

VORSTERMAN-VAN OYEN, A.-A., Oosterwyck (Brab. sept.). 

WAUWERMANS, Lieutenant-général. Berchem. 

WAUTERS. Azrn., Archiviste communal, Membre de l’Académie de 
Belgique, Bruxelles. 

ZECH-DUBIEZ, Editeur, Braine-le-Comte. 


COMITÉ DES PUBLICATIONS 
Messieurs : 


CONINCKIX “AA CINTHE. 
CORDEMANS, HENRY. 

HERMANS, Vrcror. 

VAN CASTER, GuiLrAuME, Chanoine. 


COMMISSION DE LA PUBLICATION DES BIOGRAPHIES 
MALINOISES 


Messieurs : 


CONINCKX, Hyacinruer, 
CORDEMANS, HExRY. 

DE MARNEFFE, Epcar. 
HERMANS, Vicror. 

VAN CASTER, GuiczauME, Chanoine. 
VAN DOORSLAER, GE£EoRrGes. 





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RECHERCFES 


SURYVIEE 


Nom de Malines 


$ 1. — Classification et filiation des diverses 
formes du nom 


AE nom de Malines apparait dans les documents 
historiques dès la seconde moitié du neuvième 
wX siècle. 
Maalinas est la forme sous laquelle on le trouve dans 
l'acte par lequel Charles-le-Chauve et Louis-le-Germa- 
nique se partagèrent, en 870, les états de Lothaire II (1), 
et dans la reproduction de cet acte, donnée par les An- 
nales d'Hincmar (2). 

Cette forme a été considérée comme romane (3), et 1l 





(x) PERTZ, Monumenta Germaniae historica, Leges, t. I, p. 517. 

(2) IDE, ibid., Scriptores, t. I, p. 489. 

(3) GRANDGAGNAGE, Memoire sur les anciens noms de lieux dans la Belgique ovien- 
tale, p. 72. 


2 RECHERCHES 





semble que ce soit avec raison (1); mais peut-on affirmer, 
comme on l’a fait, qu'elle est aussi ancienne que Pacte 
où elle figure? Rien ne prouve qu’elle nait pas été rajeu- 
nie par les copistes (2). | He 


Il faut considérer comme thioises, abstraction faite, 
bien entendu, de la désinence latine, lorsqu'il y a lieu, 
les formes suivantes : 

Machlines en ‘1008 (3). La charte où cette forme figure, 
a été donnée à Trèves, et émane de la chancellerie im- 
périale. 

Machlinia en 1134 (4), vers 1150 (5), en “1248 (6), 1235 


(7), “1290 (8), *1303 (0), “1313 (10), “1338 (r1)ettdanste 


plupart des actes en langue latine. 


(1) On trouvera plus loin des formes romanes des treizième et quatorzième 
siècles, qui sont absolument semblables à celle-ci, à part la désinence. 

(2) Il est impossible de se fixer à cet égard : l'original de l’acte de partage 
semble perdu, et l'on ne connaît plus aucun manuscrit des Annales d’Hinc- 
mar. Quant au fait que ce nom est orthographié de la même façon dans les 
deux sources, il ne prouve rien; le texte que l’on a publié de l'acte, paraît 
être tiré des Annales. 

(3) LE GLay, Revue des opera diplomatica de Mireus, p. 12. 

(4) MiRÆUS, Opera diplomatica, t. IT, p. 964. 

(5) Ing, tbid., t. IV, p. 20. 

(6) Chartrier de l'abbaye de Rosendael, aux Archives du Royaume. 

(7) Wizcems, Codex diplomaticus, placé à la suite de son édition des Byra- 
bantsche Yeesten, t. 1, p. 654. 

(8) Chartrier de l'abbaye de Rosendael, cité. 

(9) Vax Casrer, Histoire des rues de Malines, p. 347. 

(10) IDE, tbid., p. 348. > 

(11) NIJHOFF, Gedenkwaardigheden tot de geschiedenis van Gelderland, t. 1, p. 384. 


À N. B. — Toutes les formes citées dans cette notice sont, sauf indica- 
ton contraire, tirées de chartes. L'astérisque placé devant le millésime 
signifie que la charte est originale, et la lettre R ou T, placée après, 


qu _ est romane ou thioise. À défaut de l’une de ces lettres, elle est 
en latin. 





SUR LE NOM DE MALINES 5 | 





Machele dans la chronique de Rodolphe, abbé de Saint- 
Trond, mort en 1138 (1). Ce prélat était natif de Mous- 
tier-sur-Sambre, et par conséquent wallon. 

Machlina en *1213 (2). 

Machilinya en *1220 (3). 

Megelne en *1283 T (4). 

Machgeline en ‘1284 T (5). 

Mecheine en 1200 1 (6), | 1208 T.(7),- 1503 T (8), 
Mxo (0) 2"1350 0 (ro). 

Maegheline en ‘1296 T (11) et “1301 T (r2). 

Machelne en “1297 T (13) et “1301 TL (14). 

Mechlene en ‘1207 T (15). 

Mechghelne en “1303 T (16). 

Mechhine en 15100 (T7) et 13556 T (18). | 

Machlyn et Machlin, dans le même document, en 
‘131017 (10): 

Maghelen en ‘1318 I (20). 





(1) Edition de M. le chevalier de Borman, t. I, p. 230. 

(2) Bormaxs, Cartulaire de l'église Saint-Lambert à Liège, t. T, p. 171. L'ori- 
ginal de ce document, retrouvé récemment aux Archives du Royaume, a 
été envoyé au dépôt des Archives de l'Etat, à Liège. 

(3) Chartrier de la commanderie de Pilzembourg, aux Archives du Royaume. 

(4) Analectes pour servir à l'histoire ecclésiastique de Belgique, t. XVI, p. 192. 

(5) Chartrier de la commanderie de Pitsembourg, cité. 

(6) Analectes, etc, cité. t. XVI, p. 166. 

(7) Chartrier de la commanderie de Pitzembourg, cité. 

(8) WiLLEus, Codex diplematicus, cité, t. I, p. 709. 

(9) Chartrier de l'abbaye de Rosenduael, cité. 

(ro) WizreMs, Codex diplomaticus, cité, t. Il, p. 503. 

(11) Chartrier de la commanderie de Pitzembourg, cité. 

(12) Ibid. 

(13) Chartrier de l'abbaye de Saint-Bernard, aux Archives du Royaume. 

(14) WiLLeMs, Codex diplomalicus, cité, t. I, pp. 693, 696 et 700. Cette forme 
s'y trouve répétée environ cinquante fois. 

(15), Analectes, elc., cité, t. XVI, p. 200. 

(16) WiLLEMs, Codex diplomaticus, cité, t. I, p. 707. 

(17) Ons V'olksleven, 4e année, p. 143. 

(18) WiLLEMs, Codex diplomaticus, cité, t. IT, p. 493. 

(19) NIJHOFF, Gedenkwaardisheden, etc., cité, t. I, pp. 175 et 176. 

(20) IDEM, ibid., t. I, p. 172. 





4 RECHERCHES 





Mechlen en ‘1330 TL (1), 1333 D), 550 440) 

Mecheline en ‘1358 T (4). 

Macheline en ‘1377 T (5). 

Mechelen en ‘1409 T (6). C’est le nom tel qu'il est en 
usage aujourd’hui en flamand. 

Les formes Machlinya, Machgcline, Macgheline et Ma- 
cheline sont tirées de documents relatifs à la Flandre, et 
appartiennent vraisemblablement aux dialectes de cette 
contrée; elles doivent être celles qui reflètent le “plus 
fidèlement le type primitif. Les autres ont été produites 
par la modification ou la chute d’une ou de plusieurs 
voyelles. 


Quant aux formes romanes, les plus anciennes sont : 
Maslinas vers 910 (7), en 1006 (8) et 1070 (9). 
Maslines en 960 (10), 1155 (11) et “1164 (12). 
Masclines en 1079 (13). 


Grandgagnage trouve ces deux espèces de formes dif- 
ficiles à concilier. « On doit » dit-il « les ranger sous ces 
deux types : roman Maslinas, flamand Machele; mais je 





(1) Chartrier de l'abbaye de Saint-Bernard, cité. 

(2) NijHorF, Gedenkwaardigheden, etc., cité, t. I, p. 300. 

(3) WiLLems, Codex diplomaticus, cité, t. II, p. 477. 

(4) GiLrioDTs, Inventaire des Archives de la ville de Bruges, t. II, ps 

(5) Ing, tbid. 

(6) Chartrier de la commanderie de Pitsembourg, cité. 

(7) BorMaxs, Cartulaire de l'église de Saint-Lambert, à Liège, t. 1, p. 17. 

(8) IDEM, bid., p. 26. Voyez la note 7 au bas de la page. 

(9) IDEM, tbid., p. 35. 

(10) IbE, ibid., p. 20. Cette forme est sans doute rajeunie par le copiste, 
comme cela arrive fréquemment. 

(1x1) IDE, ibid, pp. 75 et 78. 

(12) Chartrier de l'abbaye d'Heylissem, aux Archives du Royaume, ch. n° 15. 

(13) BorMaAxS, Cartulaire de l'éclise Saint-Lambert, à Tree tp: 42: 























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SUR LE NOM DE MALINES 5 





ne vois pas, » ajoute-t-1l, « lequel de ces deux types pour- 
rait avoir produit l’autre, car ch ne peut venir de s, qui 
est cependant plus ancien d’à peu près un siècle et demi, 


ni, à l'inverse, s de ch, surtout à cause du rapport des 
2 ? ? 


dates, qui est en sens contraire (1). » 

Ce raisonnement manque de justesse. De ce que la 
forme romane apparait la première dans les documents, 
il ne résulte pas nécessairement qu’elle soit la plus an- 
cienne, car, les deux formes appartenant à des idiomes 
différents, l'existence de l’une n'exclut pas celle de 
l’autre. La thioise peut très bien avoir été en usage en 
dehors des diplômes où l’on s'est servi de la romane (2), 
et être, comme nous en sommes convaincu, la plus an- 
cienne, ou du moins celle qui se rapproche le plus du 
type primitif. 

Il est, d'autre part, surprenant que Grandgagnage ait 
cru devoir se refuser à admettre une affinité entre ch et s, 
alors qu'il venait de constater, quelques pages plus haut, 
que « le s sifflant devient ck en dialecte namuroïs » et 
« se change en k aspiré dans le dialecte liégeois (3). » 

Il ne faut pas craindre d'affirmer que la réciproque est 
vraie aussi, et que Maslinas procède de Machlinas par le 
changement de ch en s. On peut citer plusieurs autres 
exemples où cette mutation s’est produite incontestable- 
ment. Il y a d'abord les noms tels que Tubise, Lombise 
et Jurbise, dans lesquels la désinence bise dérive d’un 
primitif bahya, bachya ou bacja, comme le prouvent les 
formes anciennes T'obacio, de 897 (4), et T'ubeca, de 1136 (5); 


(1) Mémoire, etc., cité, p. 73. 

(2) L'usage exclusif de la forme romane dans les diplômes du dixième et 
onzième siècle cités plus haut, s'explique par ce fait que tous émanent 
apparemment de scribes liégeois, auxquels cette forme était naturelle- 
ment seule familière. 

(3) Mémoire, etc., cité, p. 27. 

(4) MiRæus, Opera diplomatica, t. 1, p. 503. 

(5) IDE, ibid., p. 385. 


6 RECHELCCHES 








puis celui d'Astene, qui s'appelait Hachfnna en 967 (1), 
et Ahfine au onzième siècle (2); enfin le Furgalare de 
726 (3), où le g équivaut à un #, et qui est devenu 
Vorsselaer. | 

Cette mutation s'explique d’ailleurs facilement : k ou 
ch, primitivement aspiré, est devenu chuintant ; la même 
chose, à peu près, s'est produite dans les mots latins 
causa, arca, mica, devenus en français chose, arche, 
miche. La chuintante s’est ensuite transformée en sif- 
fante; c’est le phénomène qui se produit dans la bouche 
des personnes qui, au lieu de chercher, disent cercer. 


La forme Maslinas a produit, en subissant l'influence 
des dialectes, deux formes diverses, qui ont existé paral- 
lèlement. 

Le s de la syllabe Was, s'est, d’une part, changé par 
rhotacisme en 7, tout comme dans le vieux français vas- 
let, qui a donné varlet; de là sont résultées les formes 
suivantes : | 

Marlynes en “1173 (4), et 

Marlines en 1213 (5), “1233 KR (6), “1264 (7), ‘1280 R (8)! 
et 1326:R (0) 

Cette dernière forme, dont Jacques de Hemricourt se 
sert dans son Miroir 2 nobles de Hesbaye (ro), écrit à la 


(1) DE PorrEer en BROECKAERT, Geschiedenis van de gemeenten der provincie 
Oost-V laanderen, 1'° série, t. I, notice sur Astene, p. 1. 

(2) SERRURE, Cartulaire de Saint-Bavon, p. 18. 

(3) BrÉQuIGNXY et Parpessus, Diplomata, t. Il, p. 350. 

(4) Chartrier de l’abbaye d'Heylissem, cité, ch. n° 27. 

(5) Bormaxs, Cartulaire de l’église Saint-Lambert à Liege; T'AND.SPT0: 

(6) GacraARD, À nalectes belgiques, Pe57 

(7) Chartrier de l’abbaye de Soleilmont, aux Archives de l'Etat à Mons. 

(8) Tbid. 

(9) Chartrier des comtes de Namur, aux Archives du Royaume, ch. n9 806. 

(10) Edit. Salbray, p. 150. 








SUR LE NOM DE MALINES 4 








fin du quatorzième siècle, semble appartenir aux dia- 
lectes wallons des pays de Liège et de Namur. 
D'autre part, cet s s’est supprimé, tout comme dans 
les mots cosée, paste, évesque qui sont devenus côfe, pâte, 
évêque; de là est provenue la forme suivante, propre sans 
doute aux dialectes du Hainaut et du nord de la France, 
et qui est usitée actuellement encore en français : 

Malines en) r131 (1), 1207.R (2), 1287 R (3), ‘1298 R 
Mon) 19321R" (6) 1332 R (7), "1358 R (8), "1433 
R (9), ‘1475 R (10), “1489 R (r1). 

Cette suppression du s a, comme en français, produit 
l'allongement de la voyelle qui précède. C’est pour mar- 
quer cet allongement que l’a a été redoublé, ou addi- 
tionné d’un e, dans les formes qui suivent : 

Maaline dans la chronique de Philippe Mouskès, 
_écrite au treizième siècle KR. 

Maelines en “1273 KR (12), ‘1297 R (13) et au qua- 
torzième siècle R (14). 

Maalines en 1356 KR (15). 


* 
* * 


Il reste un dernier point concernant les formes à élu- 


(x) Chartrier de l’abbaye Saint-Facques à Liège, aux Archives de l'Etat à Liège. 

(2) Chartrier de l’abbaye de Saint-Bernard, cité. 

(3) Chartrier de l’abbaye de Rosendael, cité. 

(4) Chartrier de la commanderie de Pitzembours, cité. 

(5) WiLLEMS, Codex diplomaticus, cité, t. 1, p. 745. 

(6) Chartrier des comtes de Namur, cité, ch. n° 543. 

(7) WiLLems, Codex diplomaticus, t. X, P. 798. 

(8) Ipeu, ibid., t, II, p. 563. 

(o) Chartrier des comtes de Namur, cité, ch. n° 1374. 

(ro) Van Casrer, Histoire des rues de Malines, p. 362. 

(11) ÎDEM, ibid., p. 368. 

(12) Chartrier du prieuré de Val-Duchesse à Auderghem, aux Archives du 
Royaume. 

(13) Chartrier de la commanderie de Pitzembourg, cité. 

(14) HoExzBAuM, Hansisches Urhkundenbuch, t. I], p. 2. 

(15) WIiLLEMS, Codex diplomaticus, cité, t. IT, p. 480. 


8 RECHERCHES 





cider : celui de savoir ce que sont les désinences as et 
es du type roman. 

Les noms de lieux terminés en as dans les diplômes 
jusqu’au onzième siècle, prennent généralement à cette 
époque la désinence es. Aïnsi, tout comme WMaslinas est 
devenu Maslines, l'Angelgiagas de 844 (1) devient Engel- 
zeies au douzième siècle (2) et Enghozeies en 1337 (3); 
le Thiunas de 872 (4), Trienes en 1161 (5); le Turnimas 
de 080 (6), Turmnes en *1015 (7). 

Les deux espèces de désinences procèdent donc régu- 
lièrement l’une de l’autre par affaiblissement de l’a en e. 

Remarquons en passant que dans certains noms cet 
affaiblissement est allé même jusqu’à produire la dési- 
nence is : ainsi Thimas et Tienes sont devenus Thenis 
en 1248 et *1260 (8). | 

Quant à la nature de ces terminaisons as, es, is, “il est 
certain qu’elles n’ont rien de commun avec les désinences 
casuelles du latin; elles servent, en effet, aussi bien 
pour le nominatif que pour les cas obliques dans des di- 
plômes où, pour le reste du texte, les règles de la décli- 
naison latine sont parfaitement respectées. On trouve, 
par exemple : 27 villa Angelgiagas, en 844 (9), in castro 
Fnigisingas, en 757 (10), in villa Burias, en 842 (11), Actum 
T'umbas, palatio regio, en 845 (12), villa que vocatur Lineras, 


(1) LacomBLer, Urkundenbuch, t. A, p. 26. 

(2) ErNsT, Histoire du Limbourg, t. VI, p. 84. 

(3) GRANDGAGNAGE, Vocabulaire des anciens noms de lieux, p: 4 

(4) Bulletins de la Commission royale d'histoire, 4° série, t. IX, p. 374. On à 
imprimé T'huinas, mais cette leçon doit évidemment être corrigée comme 
nous l’avons fait. 

(5) Berz, Histoire de Tirlemont, t. IX, p. 208. 

(6) GRANDGAGNAGE, Mémoire, etc., cité P. 30. 

(7) Chartrier de l’abbaye de Saint- Jacques à Liège, cité. 

(8) Chartrier de l’abbaye d’Heylissem, cité, ch. n°: 149 Et r75. 

(o) Lacomezer, Urkundenbuch, t. Fpi20; 

(1x0) Roru, Oenlehhaen des Bisthumes Freising, Munich, 1856, p. 9. 

a Na Urkundenbuch, t. 1, p. 76. 

) IDEM, ibid, t. 1, p. 81. 


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SUR LE NOM DE MALINES 9 








vers 757 (1), 2% villa Hales, en *1146 (2), apud Thems, 
en 1248 et “1260 (3). 

Jamais non plus on ne voit dans les diplômes ces noms 
avec les terminaisons &, arum, 11m où 1bus. 

On ne peut, d'autre part, considérer ces formes comme 
des cas-régime romans dérivés d’un accusatif féminin 
pluriel, car, pour qu'il puisse en être ainsi, il faudrait 
que ces noms aient subi une latinisation préalable dans 
la langue vulgaire, ce qui est contraire à toute vraisem- 
blance pour des noms tels que Frigisingas et d’autres ap- 
partenant à des contrées absolument germaniques. 

Une seule explication parait admissible; c'est que la 


terminaison as est une désinence casuelle germanique. 


Voici certains faits qui semblent justifier ce système. 

On trouve souvent pour les noms en as, es et 1s des 
formes secondaires, terminées les unes en a ou e, et les 
autres en 0%, un ou en; ainsi Freising est appelé Frigi- 
smgas, Frigisinga et Frigisingun aux huitième et neuvième 


Fr 


siècles (4); Haelen, Xalon en “741 (5) et Hales en *1146 
(6); Léau, Lewis en 1139 (7), Lewe en *1213 (8) et Leeu- 
wen au quatorzième siècle (9); Buvingen, Bovingon au 
dixième siècle (10) et Buvingis en 1139 (11); Tirlemont, 
Thiunas en 872 (12) et T'henen au treizième siècle (13). 


(1) GRANDGAGNAGE, Mémoire, etc., cité, page 35. 

(2) Prior, Cartulaire de Saint-T rond, t. 1, p. 70. 

(3) Chartrier de l’abbaye d'Hevlissem, cité, ch. n° 140 et 175. 

(4) Rorux, Oertlichheiten des Bisthumes Freising, cité, passim. 

(5) Pror, Cartulaire de Saint-Trond, t. 1, p. 2. On a imprimé Halen, mais 
l'original porte Halon. 

(6) Ineu, ibid. t. I, p. 70. 

(7) Waurers, La Belgique ancienne et moderne, canton de Léau, p. 1. 

(8) Wizcems, Codex diplomaticus, cité, t. I, p. 618. 

(9) DE KLerk, Brabantsche Ycesten, v. 377 et 2338. 

(10) Prior, Cartulaire de Saint-T rond, t.T, p.6. Il v a dans l'original Bovingon, 
et non Bovingen, comme le porte le texte imprimé. 

(11) IDEM, tbid., t. I, p. 40. 

(12) Bulletins de la Commission royale d'histoire, 4° série, t. IX, p. 374. 

(13) VAN HEELu, Rymkronyk, v. 4557. 


IO RECHERCHES 





Or, ces trois désinences as, a et on sont précisément 
celles des cas pluriels des radicaux masculins en a dans 
les langues germaniques; en vieux-saxon, par exemple, 
ces désinences sont as pour le nominatif et l’accusatif, a 
pour le génitif et on pour le datif. 

On se demandera sans doute quelle raison 1l y a eu 
de donner à des noms de lieux une forme plurielle. Ce 
fait n'est pas inexplicable. 

Ces noms ne sont peut-être que des appellations, for- 
mées au moyen du radical des noms de lieux propremerit 
dits, qui ont servi à désigner la population, et qui ont 
fini par désigner les lieux eux-mêmes. 

Les noms de Tongres, Reims et Paris aussi ne sont 
en réalité que des noms de peuplades. 


$ 2. — Interprétation du nom 


Quand une chose n’a pas de nom propre, on la désigne 
par son nom commun, en y ajoutant, au besoin, l’indi- 
cation de l’un ou de l’autre de ses caractères distinctifs. 

Les premiers habitants d’une localité ont nécessaire- 
ment agi de même. 


Parfois ils ont trouvé suffisant de la désigner par sa. 


configuration naturelle, ou par sa destination, et lui ont 
donné des dénominations telles que la montagne, la plai- 
ne, le bois, le ruisseau, le marais, le lieu défriché, la cul- 
ture; de là des noms comme Berg, Beeck, Wavre, Rode. 

Mais d'ordinaire ils ont jugé convenable d'y mettre 
plus de précision ; à des dénominations de ce genre, tout 
comme aux termes exprimant l’idée générale de lieu, 
endroit, ils ont ajouté l'indication de certaines circon- 
stances particulières. Ils ont, par exemple, indiqué la 
nature du sol de la montagne ou de la plaine, l'essence 
qui dominait dans le bois, la végétation qui croissait 
sur le bord du cours d’eau ou dans le marais: ainsi ont 





" 


SUR LE NOM DE MALINES ji 








été formés des noms tels que Steenberg, Eeckhout, Roos- 
beek, Melsbroeck. 

Les noms de lieux ne sont donc au fond que des noms 
communs. Consacrés par l’usage et identifiés dans l’es- 
prit avec les lieux auxquels ils ont été appliqués, ils 
se sont perpétués sans que l’on s'inquiétat de leur signifi- 
cation primordiale. Si celle-ci nous échappe à présent, 
cela tient surtout à deux causes. 

D'abord, les lois de transformation qui régissent le 
langage humain, ont d'ordinaire enlevé à ces noms leur 
forme primitive, et parfois à tel point qu’au premier abord 
ils paraissent n'avoir rien de commun avec elle. 

Ensuite, les termes dont ils ont été formés, sont la 
plupart tombés en désuétude, ou ont pris dans les lan- 
gues actuelles une autre physionomie, absolument dif- 
férente. | 

La voie à suivre pour retrouver la signification d’un 
nom de lieu, est donc toute tracée. Avant tout, il importe 
de rechercher la forme primitive, en établissant, comme 
nous l’avons fait plus haut, l’ordre dans lequel ses formes 
successives procèdent l’une de l’autre. Cette forme re- 
trouvée, on tâche de démêler les éléments qu'elle ren- 
ferme et d’en déterminer le sens au moyen des lumières 
fournies par la linguistique, en tenant compte de l’ordre 
d'idées que les noms de cette espèce ont dù exprimer. 


Le radical du nom de Malines doit, d’après ce que 
l'on a vu plus haut, être Machi-lina. On y distingue deux 
éléments, qui se retrouvent ailleurs associés à d’autres. 

Le premier, Machi, s'aperçoit dans les formes anciennes 
de Metzeren, qui sont Mache-ra (1), Mece-rin et Mece- 


(x) Pror, Cartulaire de Saint-T rond, t. 1, p. 32. 


I2Z RECHERCHES 





res (1), dans celle de Metsenrode qui est Machen-rode (2), 
et dans divers noms de localités allemandes tels que 
Machmin, Machnitz, Mechnitz, Meckbach et Mecklar. 
L'autre élément, lina, se reconnait dans Wamb-limis (3), 
aujourd’hui Wemmel, dans Pel-lines et Pel-linis (4), formes 
anciennes de Pellaines, dans Herche-line (5), actuellement 
Erquelinnes, et dans Jamblinne. On le retrouve également 
dans plusieurs noms d'Allemagne, et notamment dans 
Berlin, Koeslin, Templin, Warlin, Zechlin et Zemlin. 


+ 
* * 

Le principal de ces deux éléments doit être lina, car il 
est de règle, dans les langues germaniques, que le terme 
ayant le sens le plus général, se place à la fin dans les 
mots composés. 

Cet élément, qui doit être un dérivé de la racine , 
dont l’idée est celle de couler, se répandre (6), et du suf- 
fixe démonstratif a, est, croyons-nous, un mot, aujour- 
d’hui perdu dans les langues germaniques, qui a servi à 
désigner d’abord les eaux qu’une rivière répand au mo- 
ment de ses débordements, et ensuite le terrain trans- 
formé par ces inondations en étang ou marécage. 

Deux faits viennent confirmer cette manière de voir. 

D'abord, les localités dont le nom contient cet élé- 
ment, sont toutes d’un sol bas et humide, et situées 
près de cours d’eau. 

Ensuite, on trouve dans divers idiomes, des mots évi- 


(1) Chronique de Saint-Trond, édition de M. le chevalier de Borman, t. I, 
pp. 148 et 158. 

(2) GaLEsLoOT, Le livre des feudataires de Fean III, p. 223. 

(3) Waurers, Histoire des environs de Bruxelles, t. II. p. 31. 

(4) Chartrier de l’abbaye d’Heylissem, cité, passim. 

(5) Duvivier, Recherches sur le Hainaut ancien, p. 607. 

(6) Cette racine se trouve dans les mots latins, A-quor, li-nere, li-mus, dans 
le lettique -/, pleuvoir, dans le russe Ati, verser, et dans une foule d'autres 
mots des langues indo-européennes. 








SUR LE NOM DE MALINES 13 





demment congénères, dont le sens fondamental est celui 
que nous attribuons à lina. Ce sont, en vieil anglais in, 
a pool or collection of water, a mere, a waterfall (1), en 
gaëlique lnne, palus, lacus, gurges, sinus, cataracta, en 
gallois /lyn, a pool, en vieux-saxon lin, deepwater, et 
en islandais /ynd, aqua scaturiens (2). La source où nous 
puisons ces indications, cite également un mot néerlan- 
dais lyn, qui aurait eu un sens analogue. 


x *% 


Quant au premier élément, Machi, il doit indiquer une 
circonstance spéciale, propre à un lieu du genre de celui 
que désigne lina. Quelle pourrait bien être cette cir- 
constance, quand 1l s’agit d’un endroit marécageux? Ce 
doit, nous semble-t-il, être le plus souvent la présence 
d’une plante qui croit dans des lieux de cette nature. 

Il y a une raison de croire que dans le cas présent il 
en est ainsi : c'est qu'on trouve #7ach associé à rode, 
comme on l’a vu plus haut, dans Wachenrode; or, dans 
les noms ayant pour suffixe rode, terme qui éveille l’idée 
d'un défrichement, le premier élément désigne d’ordi- 
naire la plante extirpée par la main de l’homme. 

Il s'agit ici, croyons-nous, de plantes à feuilles du 
type appelé ensiforme. Mach n’est autre que le gothique 
méhr (thème mäkja), le vieux-saxon #74 et l’anglo-saxon 
mêce où mêche (3); sa sigmificatfon propre est celle de 
glaive, mais il aura été employé ici métaphoriquement à 
cause de la ressemblance de forme qui existe entre le 
feuillage de ces plantes et le glaive. 

D'après ce qui précède, le nom de Malines signifierait 


(4) Nurrazz, The Standard dictionary, v° citato. 

(2) Dictionarium scoto-celticum, Edimburg et Londres, 1828, t. I, p. 576. 

(3) DIEFENBACH, Vergleichendes Woerterbuch der gothischen Sprache, t. T, p. 58. 
SCHADE, À ltdeutches Woerterbuch, t. I, p. 585. 


T4. RECHERCHES SUR LE NOM DE MALINES 








un endroit marécageux, voisin d’une rivière, une sorte 
d’estuaire, où croissent des iridées ou d’autres plantes 
ensiformes. 

L'état des lieux justifie-t-1l pleinement cette interpré- 
tation? On peut, nous semble-t-1l, répondre affirmative- 
ment. 

À une époque reculée, la partie du territoire de Malines 
située à droite de la Dyle, devait, au moment de la marée 
haute, se couvrir à divers endroits de larges nappes 
d’eau. Les nombreux rivelets qui la sillonnent en tous 
sens, et le nom de bruel (1), porté encore par certaines 
rues, sont là pour l’attester. 

Que des plantes du type que l’on vient d'indiquer 
aient cru dans ce sol sans cesse détrempé par les débor- 
dements de la rivière, 1l faut le regarder comme certain. 
Elles ont disparu du lit des cours d’eau en ville, mais 
aux alentours on les trouve encore en abondance : on y 
aperçoit des fypha lahfolia et angustifolia, des spargamium 
ramosum et simplex, des acorus calamus et des #is pseudo- 
acorus (2), toutes plantes dont le feuillage a la forme du 
glaive. 

Du sein de ces marais, tout couverts de verdure, émer- 
geait une faible éminence; c’est l'endroit où se trouvent 
aujourd’hui la cathédrale, la grand’ place et les halles. 
Là doit être placé le berceau de la ville, car cet emplace- 
ment, parfaitement défendu par la nature, aura tout 
naturellement été choisi par les premiers habitants pour 
y établir leurs demeures. 


Edg. DE MARNEFFE. 





Ga) Bruel est un forme contractée de brogil, brugil où breugel, marais. 

(2) M. VAx SEGVELT, à qui nous devons ces renseignements, nous a fait 
connaitre le fait suivant qu'il ne sera pas hors de propos de signaler ici: 
près de l'écluse récemment construite sur la Dyle, dans le nouveau lit 
creusé pour modifier le cours de la rivière, la première plante qui ait fait 
Son apparition, est un superbe #vpha latifolia. 


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Rechtbank van eersten aanleg 


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MARGARETA VAN OOSTENRYK 


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F 7 


©: | Rechtbank van eersten aanleg gebruikt worden, 
DA dienden, van 1616 tot 1794, voor de zittingen van 
den Grooten Raad; en een deel derzelve, eerst bewoond 
door de weduwe van Karel den Stouten, Margareta van 
York, werd, na merkelijke vergrootingen, de woning van 
de landvoogdes onzer Nederlanden, Margareta van Oos- 
tenri]k. 

Den lezer willen wij bijzonderlijk in het stoffelijke ge- 
bouw te huis helpen, en hem voor oogen leggen hoe, en 
op welke tijdstippen, de eerst zoo eenvoudige woning 
van Karels weduwe, vervolgens het paleis geworden is 
van die doorluchtige prinses, die, in haren tijd, aan het 
hoofd stond van Europa’s staatskunde, en van Mechelen 







16 DE GEBOUWEN 





eene gevolgde briefwisseling onderhield met vorsten en 
landbestuurders. 

Wij zullen ook zien hoe het gebouw aan den eersten 
Aartsbisschop van Mechelen, Antoon Perrenot, overging; 
en op welke wijze het later tot de zittingen van den 
Grooten Raad bestemd werd. Eindelijk zullen wij er 
een woord bijvoegen over de benuttiging der gebouwen 
sedert het einde der achtiende eeuw, en hunne laatste 
herstelling van 1876. 


Het oudste deel is dan de woning van Margareta van 
York. De weduwe van Karel den Stouten betrok dezelve 
in 1497. Te voren bewoonde zij het vroegere Hof van 
Kameriÿk, dat zij twintig jaren te voren gekocht had van 
Jan van Burgondië, voor 4000 Rhijnsche goudgulden. 

Na de dood van Karel den Stouten, waarvan zij de 
derde echtgenote was, had Margareta Mechelen als 
weduwengoed verkregén, en hierom kwam zij liever hier 
als elders de overige jaren van haar leven doorbrengen. : 
Het Magistraat der stad schonk haar 3000 Rhijngulden, 
als hulpgeld, om den aangekochten eigendom te her- 
stellen en in eene vorstelijke woning te veranderen. Het 
Hof van Kamerijk was gelegen in de Keizerstraat, op 
de plaats waar zich nu het O. L. V. Gasthuis bevindt. 

In 1478 werden er acht huizen aangekocht tot het op- 
trekken van eenen nieuwen bouw met verhoorzaal en 
andere ruime vertrekken (1). Al de hieraan bestede uit- 
gaven staan in stadsrekeningen van 1480-81-82 nauwkeu- 
rig aangestipt onder deze bijzondere aanduiding : Her 
naer volcht dwerk van Myvrouve la Duwargie, in haer Hof 


(1) Die bouw bestaat heden nog, en zijne binnenruimte dient voor stads- 
schouwburg. Dank aan de goede zorgen van het stadsbestuur, is men 


thans bezig met deszelfs voorgevel in zijnen oorspronkelijken staat te 
herstellen, ; 





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LI 7 


DER RECHTBANK TE MECHELEN F7 








gewracht. Timmer-, steen-, izer-, glaswerk en diesmeer, 
alles staat er zoo nauwkeurig geboekt, dat men bij de 
enkele lezing den bouw, om z00 te zesgen, ziet uit den 
grond komen, voltooïid en bewonderbaar worden. Antoon 
Keldermans maakt het bewerp, en bewaakt de uitvoe- 
ring; Jan De Vleeschouwer levert den steen, en is met 
het metselwerk gelast; Joris De Potter maakt de deuren 
en vensters; Jordaen de smid levert allerhande ijzer- 
werk, vensterbeslagen en traliën; Jacob Van de Wiele 
en Jacob Zeghers ontvangen 20 schellingen van den hosen 
en appelen te maken aen de torre; Boudewyn Van der Wyckt 
brengt eene rekening bi] van 4 ponden, 9 schellingen, 
voor het vergulden der appelen en vaantjes die de schou- 
wen en dakspillen bekronen. Zoodanig was de nieuwe 
bouw die men op ruim twee jaren tijds voor Margareta 


had in gereedheid gebracht. 


Intusschen was hare stiefdochter, Maria van Burgon- 
dië, door de dood weggerukt, den 27 Meert 1482, en 
hierdoor was de kleine Philips de Schoone, pas vier 
jaren oud, heer van Mechelen geworden. Zijn vader, 
aartshertog Maximiliaan, wien de Vlamingen de voogdi] 
zijner kinderen wilden ontkennen, had den jongen prins 
uit Gent weten te trekken; en in 1485 zond hi} hem in 
bewaarnis naar Mechelen, bij Margareta van York. Het 
Magistraat, met rede fier over het vertrouwen van den 
Aartshertog, kwam op het gedacht van het nieuw ge- 
bouwd paleis aan den jongen Philips aan te bieden, in 
hoop van dezen alzoo hier voor goed te kunnen behou- 
den. Margareta stemde daar in toe, en stond haren 
eigendom af voor de som van 12000 ponden Vlaamsch, 
van 40 grooten het pond. Zi] teekende op 10 February 
1486 eene voorloopige erkentenis van inwilliging, en de 
eigenlijke verkooping werd den 4 Augustus 1487 voor de 
Schepenen gedaan, met voorbehouding dat Margareta, 


> 


18 DE GEBOUWEN 








in rust en vrede, haar leven gedurende, in het hof zal 
mogen blijven. Edoch, tien jaren later, in 1497, zo0 wi] 
hooger zegden, verliet de oude prinses het paleis, dat 
voor haar met zooveel arbeid en onkost was opgeschikt 
geweest, om zich buiten het gewoel van het Hof, in eene 
eenvoudigere woning af te zonderen. 


Deze nieuwe woning had haren ingang in de Voocht- 
straat, en hare bijzonderste gebouwen stonden langs den 
kant van Sint-Peeters kerkhof, achter het koor der oude 
kerk. Men maakte over de straat eenen bedekten gang, 
die langs den Epistelkant op den grooten autaar uitzicht 
had. Daar was het dat de oude Margareta de goddelijke 
diensten harer parochiekerk bijwoonde. Zi] overleed in 
die nederige woning den 23 November 1503. 


Margareta’s lijkplechtigheid gebeurde in de oude Sint- 
Peeters en Pauwels kerk, maar haar lichaam werd vol- 
gens haren uitersten wil in de kerk der Minderbroeders 
begraven voor den ingang van het koor, onder het doxaal. 
De grafsteen bevatte eene koperen plaat met latijnsch 
opschrift, in het nederduitsch aldus luidend : 


« Onder ‘de plaat van den ingang dezer koor, heeft in god- 
vruchtige nederigheid haar lichaam doen begraven, de door- 
luchhige prinses Vrouxw Margarcta van Engeland, hertogin 
van Burgondiën, zuster der doorluchtige prinsen Edward en 
Richard, Roningen van Engeland, echtgenote, voor dezen, van 
roemriyker aandenken, Karel, hertog van Burgondiën en Bra- 
bant, graaf van Vlaanderen, Artois, enx., heer van Mechelen, 
godvruchtige 1everaarster van den Godsdienst. Zùÿ overleed 
de stad Mechelen, hare weduwgift, den 23" dag van Novem- 
ber, in hel jaar onzes Hecren 1503. Bidt voor haar. » 


Aan dit verzoek van voor de doorluchtige afgestorvene 


DER RECHTBANK TE MECHELEN 19 








te bidden, wordt heden nog voldaan, alhoewel het graf- 
schrift reeds sedert meer dan drij eeuwen verdwenen is. 
Ja, men doet dit nog : voor haar bidden. Jaarlijks im- 
mers wordt er in Sint-Rombauts kerk, op het einde van 
Meert of in het begin van April, een jaargetijde gedaan 
voor eenige der vroegere heeren van Mechelen, waaronder 
de weduwe van Karel den Stouten genoemd wordt (r). 


Na de dood van Margareta van York, bleef hare wo- 
ning vier jaren ledig. Bij brieven van 18 Meert 1507, 
werd Margareta van Oostenryk, weduwe van hertog 
Philibert van Savoye, door haren vader, keizer Maximi- 
liaan, aangesteld als landvoogdes onzer Nederlandsche 
provinciën. 

Zi was geboren te Brussel, den 10 Januari 1479 (2), 
en Werd reeds in drijjarigen ouderdom verloofd aan den 
oudsten zoon van Lodewi]k XI, koning van Frankrijk. 
In April 1483 naar Parijs gezonden, kreeg de jonge 
prinses aldaar, aan het hof, eene welbezorgde opvoe- 
_ding. Z1 deed er snellen voorgang in alle wetenschappen 
en kunsten, onder het geleide van voorname meesters, 
en zoo ontwikkelden zich die gegronde kennissen die 
haar later in menige moeilijke omstandigheden helpen 
zullen. | 

In 1493 wordt zij van het Fransche Hof wesgezonden, 
nadat Karel VIII, aan wien zij verloofd was geweest, 
met Anna van Brittanië in den echt getreden was, en 
komt te Namen verblijven. 

Vier jaren later doet z] ondertrouw met den zoon van 


(1) Ziehier hoe dit jaargetijde in de Kartabel van het bisdom aangetee- 
kend staat : «Ÿ 1x Ecclesia Metropolitana, À nuiversarium 3 cl. Domini Waltheri IV 
de Berthout, Domini Mechliniensis. Obiit ro Aprilis 1243. Dominae Margaretae 
Eboracensis, Ducissae Burgundiae. Obiit 23 Nov. 1503. Domini Caroli, Ducis, et 
Dominae Mariae Burgondiae ejus T'iliae. » 

(2) Volgens nieuwen stijl, ro January 1480. 


20 DE GEBOUWEN 





den Koning van Spanje. Het schip dat er haar moest 
henen brengen, was een oogenblik in gevaar van te ver- 
gaan. In dien akeligen toestand, maakte zij zich, z00 
men zegt, het volgende grafschrift dat zij in eene bus 
gesloten den oceaan in bewaarnis gaf : 


Cy gist Margot, la gente demoiselle, 
Qu'eust deux maris et si mourût pucelle. 
Hetgeen Willems in het Belgisch Museum aldus heeft 
overgezet : 
Hier ligt Margriet, een meisjen hupsch en rijk, 
Gestorven maagd in tweeden huwelijk. 
Eindelijk stilde het onweder, en Margareta kon geluk- 
kiglijk aanlanden in de haven van Sint-Andries, van 
waar zij met allen luister en pracht, door koning Ferdi- 
nand V zelve, naar Burgos geleid werd. , 
Daar had z1j nu het vooruitzicht van eens konigin van 
Spanje en Castilië te worden. Maar, eïlaas, zij scheen 
voor het geluk niet geboren, want den 14 October 1498 
verloor zi] den prins haren gemaal, en was nu waarlijk 
weduwe in den echten zin des woords. Zij verliet dan 
Spanje, en kwam naar de Nederlanden weder. Twee 
jaren later, in 1507, ging zij een nieuw huwelijk in met 
Philibert den Schoonen, hertog van Savoije, die in 1504, 
na een jachtvermaak, door eene borstvliesontsteking ten 
grave gesleept werd. Margareta had met hem omtrent 
vier aangename jaren doorgebracht, en dit overlijden 
deed haar eenen droevigen indruk dien zij naderhand 
gedurig behield. Hierom weigerde zij vervolgens de hand 
van Lodewijk van Hongariëé, van Hendrik VII, koning 
van Engeland, en van verscheidene andere prinsen. Zi] 
nam dan ook de zinspreuk aan : Fortune infortune fort 
une. În vrije-overzetting : de fortuin is mij zeer ongunstig. 


Drie jaren nadien, in 1507, zoo wi] hooger zegden, 
werd Margareta gelast met het bestuur der Nederlan- 





DER RECHTBANK TE MECHELEN 21 








den. Dien ten gevolge zou zij zich te Mechelen komen 
vestigen. Maar de kleine huizing met welke de oude 
Margareta zich had tevreden gehouden, was niet vol- 
doende om tot verblijf van eene keizers dochter te die- 
nen, en hierom bevool Maximiliaan al de aanpalende 
eigendommen aan te koopen. Deze eigendommen be- 
hoorden Ridder Jeroon Lauwerijn, die deze eenige jaren 
te voren (1) achtereenvolgens had aangekocht, waar- 
schijnlijk met eenig inzicht van ze later voor het vergroo- 
ten van het Hof te kunnen overlaten. 

Die Lauwerijn was algemeene schathbewaarder van den 
Aartshertog, en hij had die zaak der verkooping zijner 
huizen zoo wel bewerkt, dat de stad Mechelen er voor 
geene duit moest tusschen komen. Daarom ontving hi] 
van het Magistraat eenen wijnpot van vijftig gulden 
Brabants (2). 


Het jaar daarna koopt de stad nochtans drie kleine 
huizen gelegen achter Sint Pieters kerk, in de Korte 
Maagdenstraat, en nog een grooter huis dat op den hoek 
der Voochtstraat stond. Met der haast valt men aan het 
metsen en timmeren. Er wordt veel kareel- en witte 
steen geleverd, men maakt deuren en ramen, tafels, bed- 
dekoetsen, kommen, zetels en scabellen; en de bouw is 
in 1510 bewoonbaar. Hij is voorzien van meubelen, glas- 
ramen en muurschilderingen. Hij bevat, onder andere 
plaatsen, de camer van Myvrouwe, en hare Librariÿe of boe- 
kenzaal. Aan deze laatste maakte men een portaal met 
binnen en buitenwaartsche dubbeldeuren voorzien van 


(x) Die ridder Lauwerijn bezat reeds eenige eigendommen aldaar; toen 
hi] in 1501, 1503, en 1504, de nabijligwende nog aankocht. 

(2) Stadsrekening 1507-1508. Item ghegeve Leronimy Lauweriÿn, rider, lresorier 
ons ghenaedichs heere, voor zehkere diensten, der stad ghedaan, in ’t prectisseeren ende 
beleyen van den coepe van Myvrouxwe van Savoyen hove, als dat de Stad daaraf onbe- 
last bleef. Voor cen gratuyteyt. L. lib. brab. 


DE GEBOUWEN 


LS] 
Le) 





rendels en sloten. De boekenkasten, rondom tegen de 
muren geplaatst, waren beveiligd met ijzeren traliewerk. 
Men vond er zitbanken, staande lessenaars, en eene soort 
van gestoelte, met hoog rugpanneel en bovenhangend 
gehemelte, voor de aartshertogin zelve bestemd. Dat was 
het vertrek waar Margareta, omringd van geleerden en 
kunstenaars twintig jaren van haar leven heeft door- 
gebracht. In de boekenzaal stonden nog de witte mar- 
meren borstbeelden van Margareta en haren betreurden 
gemaal, hertog Philibert, wiens volledige wapenrusting 
daar ook prijkte (1) op eenen ijzeren vertinden schraag- 
voet (2). 


Maar het Hof is nog niet groot genoeg : den 4 Juny 
en den 19 September van hetzelfde jaar 1510, koopt de 
stad twee huizen : het eene in de Voochtstraat, het 
andere in de Keïizerstraat gelegen. In 1511 en 1512 werkt 
men dapper aan den bouw langs de Voochtstraat. Van 
1513 tot 1518 wordt het nog overige deel er van afge- 
maakt, en de meubelen verveerdigd. Verscheidene schil- 
ders zijn gelast met de versiering van het inwendige. 
Deuren en ramen worden langs binnen en buiten in het 
groen geverwd. Eenige zalen zijn in gelen, andere in 
blauwen damast geschilderd. Omtrent denzelfden tijd 
maakt men eene groote nieuwe s/ove of badkamer, en 
men hersteld de oude. 

. Twee vleugels van het Hof zijn nu voltrokken : de 
cene langs Sint-Peeters kerkhof, en de andere langs de 


(1) Naluid van het volgende uittreksel van den inventaris der voorwer- 
pen die zich in Margareta's woning bevonden : « Aultres pièces estant en la li- 
brairie, dont la declaration s'ensuvt : premier, la représentation de feu Monsieur de 
Savoie, que Dieu far doint, fête de marbre blanc, de la main de maître Conrat. — Son 
harnast complet. — La représentation de Madame, fête de méme main et marbre que le 
précédent. » 

(2) Stadsrekening 1522-1523. Item van cenen iÿzeren voete vertint, daer ‘t's her- 
loghs van Savoye hernasch op stat. üij s. 





: 





Mn M arc. 





OUD HOF VAN MARGARETA VAN OOSTENRIJK, TE MECHELEN 





Plaat I. — Gaanderi] van den grooten ingane. 


Bulleti ércle Arché : ee ; 
in du Cercle Arc 1eologique, Littéraire et Artistique de Malines, t. IV, p- 234 








LA Leon Pr 


DER RECHIBANK TE /MECHELEN 29 











Voochtstraat. In dezen laatsten nochtans ontbreekt nog. 
de groote eeretrap die eerst in 1520 zal afgemaakt 
worden. 


Reeds van in 1517 had men nog den voorbouw tegen 
de Keizerstraat begonnen aan te leggen. Het nieuwe 
gebouw werd in hervormingssti]l uitgevoerd; maar de 
middeleeuwschen invloed schijnt er nog in door. Het is 
waarlijk eën ouderwetsche bouw met nieuwerwetsche 
versierigen. 

Men weet niet wie erhet gedacht van heeft ingegeven. 
Misschien was het een kunstenaar die gereisd had in 
andere landen waar de hervorming in de bouwkunst 
reeds in voege was. Wat er ook van zijn moge, de uit- 
voering van het nieuwe werk werd toevertrouwd aan den 
stadsbouwmeester Rombaut Keldermans. Hi] maakte de 
bewerpen en de patronen volgens dewelke het steenwerk 
moest gekapt en geplaatst worden. En dit doet ons 
eenigszins verstaan hoe die nieuwe bouw, hoewel in her- 
vormingskleedingpracht uitgedoscht, nochtans in zijne 
bestanddeelen en ledematen zooveel van het middel- 
eeuwsch karakter behouden heeft. Dit is, voor het minst 
geoefend oog, zichtbaar aan de gaanderij van den grooten 
ingang, waar zich de trap tot de verhoorzaal bevindt. 
(Ze Plaat I). Twee van de vier bogen zijn nog spitsvor- 
mig, alhoewel hunne omlijsting den hervormingsstempel 
draagt. Wat meer is, eene der drij kolommen, op welke 
de bogen steunen, is derwijze uit een stuk arduin uitge- 
houwen dat zij van den buitenkant middeleeuwsch, en 
van den binnenkant hervormd voorkomt. 


In 1519-1520 werd de groote steenen trap voltrokken, 
met de twee ruime harnasvensters die er licht op geven. 
Eindelijk bouwt men, in 1525, de gaanderi] met den 
gang daarboven, tegen den vleugel der Voochtstraat. 


24. DE GEBOUWEN 





Men was voornemens eene dergelijke gaanderij te ma- 
ken tegen den bouw die zich langs den hof van het 
Passanten-gasthuis uitstrekt. Een bewijs daarvan vinden. 
wij in de verbindingsteenen die men aan den muur van 
hooger gemelden vleugel had laten uitsteken (1). Zoover 
stonden de gebouwen, na drij-en-twintig jaren arbeïd, 
toen Margareta stierf, den 30 November 1530. 


Het valt in ons bestek niet die wonderbare vrouw vol- 
komenlijk af te schilderen. Wij bepalen ons aan eenige 
trekken, om een gedacht te geven van de gegronde ken- 
nissen die zij in het bestuur onder Nederlanden aan den 
dag legde, en der schranderheid met dewelke z1] dezelve 
tegen den heblust onzer zuiderburen heeft weten te ver- 
dedigen. 

Hare gedurige onderhandelingen met de vernuftste 
staatsmannen van haren tijd, toonen dat zij, om zoo te 
zegcen, het al bestierde in Europa. De grootste moei- 
lijkheden heeft zij weten uit den weg te ruimen om haar 
vaderland, uit zoovele kleine staten gevormd, eensgezind 
te maken van binnen, en het van buiten door de andere 
natiën te doen eerbiedigen. 

De Kameryÿksche vrede van 10 December 1508, die voor 
eenigen ti]d Europa’s rust verzekerde, was haar werk. 
Z1 had het druk gehad om geen plekje gronds ‘door 
Frankrijk te laten inpalmen. Somtijds, gedurende de 
onderhandelingen, zoo schreef zij later aan de gezanten 
van Castilié te Londen, moest zij zoo fel worstelen tegen 
den verdediger van Frankrijks eischen, dat zij er hoofd- 
zweer van had, en dat zij beiden dachten elkander in 
het haar te vliegen (2). 








(1) Deze tweede gaanderij is eerst voltrokken geworden bij de laatste 
herstelling van het oude Hof, in 1876-1882. 
(2) Qu'elle en avait souvent mal à la teste, et qu’ils cuydoient se prendre au poil. 


DER  RECHTBANK TE MECHELEN 25 








In 1526 was zij naar Spanje vertrokken om aan het 
Vredeverdrag van Madrid mede te werken; en in 1529 
besloot zij namens den keizer, haren neef, die in hare 
| behendigheiïd het grootste betrouwen stelde, een akkoord 
met de moeder en de zuster van Frans I, koning van 
Frankrijk, welken deze princessen vertegenwoordigden. 
De onderhandelingen hadden drij weken geduurd en 
schenen zelfs, een oogenblik, gestaakt te moeten worden. 
Maar Margareta haalde het er wéer door, en Der Vrou- 
wen Vrede, zooals men hem noemt, werd door de belang- 
hebbende partijen goedgekeurd. Nederland was wederom 
begunstigd, en Frankrijk vernederd. 

Voor het bevorderen der kunsten en wetenschappen 
bleef zi] ook niet achteruit. Geleerden van allen aard 
waren bij haar te huis. Ondanks de groote en menigvul- 
dige kommernissen die haar als landvoogdes ten laste 
vielen, wist zi] bi] tiyds eenige ontspanninguren te ver- 
schaffen, om zich door muziek, dicht of letterkunde den 
geest te vermaken en op te beuren. 

In hare eigene dichtstukjes, allen van zachten treur- 
zin, jammeïrt zij op alle voozen; doch hare buitengewone 
zielskracht schijnt er immer door, hare geliefde zins- 
spreuk zweeft altoos voor haren geest, zi] erkent en 
bestatigt dat alles in het leven haar was tegen geslagen. 
Maar dit belet haar niet van somtijds vermaak te vinden 
in spuiterijen en schertsen die aan sommige freulen onzer 
dagen wellicht, voor het minste,ongepast schijnen zouden. 

Naar lichaams toestand leed Margareta jaren lang aan 
eene kwaal die zich, men weet niet wanneer, omtrent den 
linkervoet eene bestendige plaats gekozen had, en van 
tijd tot tijd eene wonde veroorzaakte. Reeds in 1520 
was er voor haar, op ’s stadskosten, een draagzetel (1) 





PAST Et 


en Lius. ten rm dde ME dd dE ENT PA ETS PEe 


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cet es ie ni bec re des cr ele Em t nn ét nf ET LR 


(x) Stadsrekening 1520-1521. Item betaelt Gheerden (Van der Veken) voerscrevé, 
van ÿ Wageschote boomen dienende totten scetéle daer Myvrouwe met gedraghen wort. 


Coste XV d. 





26 DE GEBOUWEN 





gemaakt geworden, omdat de gang haar soms zoo moei- 
lijk viel, of zelfs onmogelijk was. Hare laatste reis 


naar Kamerijk, in 1520, moet haren toestand verergerd 


hebben. Eindelijk, in 1530, klom de ontsteking in het 
linkerbeen omhoog, en men vond geraadzaam van de 
kwade vochten, langs de opengemaakte wonde, naar bui- 
ten te helpen. Dit verlichte de zieke wel een wermpg, 
maar alle vrees was niet verdwenen. Zoo schreef graaf de 
la Laing aan Keïizer Karel, den 28 November 1530 (x). 

Den 30 November laat Margareta zelve aan den kei- 
zer haren neef, weten dat het met haar welhaast gedaan 
zal zijn, zi] geeft hem hare laatste vermaningen en maakt 
hem haren eenigen erfgenaam. Die laatste brief van 
Margareta, in het Fransch geschreven, luid aldus in 
nauwe overzetting : 


«Miynheer, het uur is gekomen op hetwelk 1k u niet meer 
caigenhandig schrijven kan. Ik bevind mnj in zoodanige ontstel- 
tems, dat ik met twufel of mijn leven moct kort wezen. Ik ben 
verzeherd (2), en gerust in mijn geweten, en in alles bereid om 
le ontvangen wat het God behagen zal mi over Le senden; zon- 
der eemg spyt, mitgenomen de ontbeering van uwen persoon, en 
00k dat 1k u, voor mine dood, niet cens zien, nog met u spre- 
ken kan. Daarom, ter oorzake van bovengemelden twyfel, zal 
tk hierin trachten gedeeltelijk te voldoen door dezen minen 


brief, welken 1k vrees den laatsten te zijn dien giy van miÿ heb- 


ben zult. IR heb u aangesteld als miynen algemeenen erfgenaam, 
en voor het al, op lasten van min testament welkers uitvoering 
tk u aanbeveel. IR laat u de Nederlanden, die ik in uwe afwe- 
sigheid met alleen bewaard heb, gelijk gi ze mij bij uw vertrek 
locvertrouwdet, maar grootelijks vermeerderd; en gecf u, het 





(1) Ze : Gachard. Documents concernant l’histoire de la Belgique, I, 
P. 291. 
(2) Zooveel als : Zk heb de laatste HH. Sacramenten ontfangen. 








PROS 


DER RECAMBANRNADENMECHELEN 27 








bestuur derzelve weder, denkende my er wel van gehweten te 
hebben, en zoowel, dat 1k merover verhope goddelyke beloommsg, 
uwe tevredenheid, Muynheer, en voldoening uwer onderdanen. 
Th beveel u ook den vrede, byzonderlyk met de honingen van 
Frankrijk en Engeland. En eindelÿk, Mijnheer, smeek ik u 
dat de hefde die gy het arme lhichaam hebt willen tocdragen, 
muyner zele zaligheid gedenken zou, als ook der aanbeveling 
myner arme diensthboden. U het laaiste vaarwel zeggende, 
Minheer, smeck 1k God dat Hi u voorspoed en lang leve ver- 
gunne. 

Unt Mechelen, den laatsten dag Novembnis 1520. 


Uwe ootmoedige moer, MARGARETA. » 


Denzelfden dag schreef graaf de la Laing insgelijks 
aan den keizer om hem te melden dat zijne moei de 
laatste HH. Sacramenten had ontvangen, en dat er meer 
vrees dan hoop was voor haar leven (1). Er werd ook in 
de stad eene plechtige processie gedaan met het Aller- 
heiïligste Sacrament, om van den hemel de genezing der 
doorluchtige zieke af te smeeken. Maar God beschikte 
er anders over. Margareta stierf omtrent middernacht, 
in den ouderdom van 51 jaren, 10 maanden, 20 dagen. 

Zi had drij testamenten gemaakt, en al wat zij na 
hare dood wilde gedaan hebben, op het nauwkeurigste 
beschreven (2). Haar lichaam moest vervoerd worden 


(1) Zie : Gachard. Documents concernant l’histoire de la Belgique, I, 
P. 292. 

(2) In dit van 20 February 1508, zegt zy : « Nous élisons sepulture de nostre corfs 
en lesglise du couvent de saint Nycolas de Tolentin lez Bourg-en-Bresse, lequel avons 
fondé et faisons présentement édifier et construyre : Nous voulons et ordonnons que par 
les exécuteurs de nostre present testament, cy aprez nommés, soit achelté ung où deux 
dyapz, tels qu'ils adviseront, pour mectre sur nostre dit corps, et à chascungz quarré 
des dicts draps, ou draps, soyent mises nos aymes en bordure, et voulons estre inhumee 
auprés du corps de feu nostre très chier seigneur et mary, le duc Philibert de Savoye, 
que Dieu absoille, du cousté senestre: et au destre sera le corps de feu madame Margue- 
vite de Bourbon, sa mère; et le corps de mon dict seigneur et mary au milieu.» 

/ 


26 DE GEBOUWEN 





naar de kerk van Brou, die zij in voldoening eener be- 
lofte harer schoonmoeder had laten bouwen, om aldaar 
gezet te worden in den grafkelder onder het koor, waar 
de overblijfselen van haren voormaligen echtgenoot her- 
tog Philibert, en die harer schoonmoeder alreeds berust- 
ten. De ingewanden werden in de oude Sint-Peeters kerk 
ter aarde besteld, en haar hert had z1] aan de Annoncia- 
den van Brugge nagelaten. 

Buiten de begrafenis die in hare parochie-kerk van 
Sint-Pieter plaats had, werd er zes weken later een zeer 
plechtige lijkdienst gedaan in Sint-Rombauts. 

Den 22 Januari 1531, werd het lichaam, gezamenlijk 
met het hert, naar Brugge gebracht, in prachtigen lijk- 
stoet : viftig bedienden met brandende flambeeuwen 
omringden den lijkwagen. Het stoffelijk overschot der 
prinses werd aldaar in de kerk der Annonciaden voor- 
loopig begraven, en eerst den 21 April 1532, naar Brou 
overgevoerd. Het hert, eerst geplaatst in de grafstede 
van hare moeder, Maria van Burgondië, in de O. L. V. 
kerk, werd den 6 Februari 1531 aan de Annonciaden 
gegeven. Keizer Karel liet er eene kostelijke grafstede 
voor maken, die in 1578 door de geuzen gedeeltelijk 
vernield is geworden. 

In de oude Sint-Pieters kerk te Mechelen had voor- 
noemde keizer in 1550 een zwart marmeren praalgraf 
met beelden en versieringen van alabast doen oprichten. 
Eene kopere plaat droeg een latijnsch opschrift dat wi] 
hier overzetten : 


Ter eere van den almachtigen en zeer grooten God, Keizer 
Karel de Vuyfde heeft dit opgericht aan zijne moei de doorluch- 
hige Margareta, aartshertogin van Oostenryk, dochter van den 
onoverwinbaren keizer Maximiliaan, cerst weduwe van den 
prins van Spanje, daarna van den hertog van Savoye, land- 
voogdes dezer Nederlanden. » 








1k 


raf van Margareta van Oostenri] 


y 
D 


Praal. 


aate li 


: 


in de koor der kerk van Brou. 


Bulletin du Cercle Archéologique, Littéraire et Artistique de Malines, t. IV, p. 29: 





DER RECHTBANK TE MECHELEN 20 











In de koor der kerk van Brou had Margareta dri] 
 kostelijke praalgraven in marmer laten maken : een in 
het midden, voor het hoogaltaar, tot aandenken van 
haren diepbetreurden echtgenoot, een tweede, langs den 
Epistelkant, deels in den muur, tot nagedachtenis harer 
schoonmoedér, en een derde, langs den Evangeliekant, 
voor haar zelven. {Ze Plaat IT). Dit laatste is geplaatst 
onder den grooten boog die de koor van de H. Sacra- 
_mentskapel afscheid,zoodat het aan den hoofdkant alleen 
met het gebouw verbonden is. De drij andere zijden zijn 
zeer rijkelijk versierd met boogwerken, torentjes, beelden 
en loofbladeren, in den smaak van het laatste gothische 
tiydvak. Margareta is er tweemaal in liggende houding 
afsebeeld : eens levend in het bovendeel, eens dood in 
het onderste. Hier heeft de beeldhouwer de wonde van 
den linkervoet niet vergeten, die de oorzaak van Marga- 
rèta’s te vroegtidig afsterven geweest was (1). 


In de plaats zijner duurbare moei, zond de keizer zijne 
zuster Maria, om in zijnen naam de Nederlanden te be- 


(x) Het praalgraf van Margareta heeft geen opschrift; maar bij het openen 
van den grafkelder, den 1 December 1856, heeft men het volgende gevonden 
op eene koperen plaat, in letters van middeleeuwschen vorm, gesneden : 


Tic iacet corpus Domine Abargarete archiducisse Ælustrie 

Comitisse Hurgondic 
et quondam ÆMarimiliani Cesaris filie 
Caroli vero quinti imperatoris et Ferdinandi Romanorum regis 
fratrum 
amite 
Dbiliberti ducis Sabaudic vidue 
buius monasterii Sancti-Dycolai de Tolentino patrone ct fundatricis 
que kalendis Decembris in suo Abechliniensi oppido 
Cameracensis Dioccsis 
anno Domini millesimo quingentesimo tricesimo 
diem suam claugit extremam. Ænima cius in pace quiescat. 


30 DE GEBOUWEN 





stieren. Deze prinses werd te Mechelen ingehuldigd den 
26 September 1531. Edoch zij verbleef er zelden, en 
daarom zocht zij het Hof van Savoye aan de stad opte 
dringen. Het Magistraat nam het over, in 1546, voor de 
som van 7300 carolus gulden, volgens kwijting geteekend 
den 7 meert. De Keizer had zich zelf met die zaak be- 
moeid, en zoodra de koop gesloten was, schreef h1j aan 
den Voorzitter van den Grooten Raad, om dezen in het 
vorige paleis zijner moei over te brengen, z00 als zijne 
zuster, de nieuwe landvoogdes, reeds bevolen had. En 
nochtans, ondanks de bevelen der prinses Maria, en de 


bedreigingen van den Keizer, bleef de Groote Raad op , 


het Schepenhuis zetelen. 


Om die stijvigheid van het Magistraat van Mechelen : 


te verstaan, moet men weten dat er reeds sedert 1534, 
ook op ’s Keïzers aandringen, een nieuw gebouw van den 
Grooten Raad begonnen was op den hoek der Groote 
merkt en der Beffer straat. Maar de moeilijke tijdsom- 
standigheden hadden dit werk, nog maar half afsemaakt, 
doen onderbreken. De toestand van het land verergerde 
gedurig door den steeds aangroeïjenden woelgeest der 
nieuwsgezinden; en het Magistraat had geenen lust om 
zich nog verdere onkosten op den hals te trekken. 


In 1560 werd de bisschop van Atrecht, kardinaal An- 
toon Perrenot de Granvelle, eerste aartsbisschop van 
Mechelen benoemd!: Dit scheen aan de Heeren van het 
Magistraat eene kans om zich van de oude woning van 
Margareta te ontmaken, en zij lieten het den nieuwen 
aartsbisschop te koop aanbieden. Deze schreef den 3 mei 
1561 een inwilligend antwoord; en den 21 daaraanvol- 
gende werd de koop gesloten door eenen afgeveerdigden 
van den kardinaal, voor de dienstdoende schepenen. 

Met alzoo te handelen, had men de Costumen van 
Mechelen overtreden, mits volgens deze alle panden 





DER RECHTBANK TE MECHELEN SE 








_ openbaarlijk ter vierschare moesten te koop geveild 
worden. Er viel dus aan de landvoogdes te verzoeken 
van dien misslag voor dezen keer te willen heelen. Den 
24 July 1561, ontving het Magistraat eenen brief tot 
goedkeuring van den verkoop. 

Kardinaal de Granvelle kwam weinig te Mechelen. 
Hij was immers, met der daad, de opperbestierder van 
de Nederlanden, en hierom gedurig te Brussel gehou- 
den. Wellicht zag men hem hier maar alleenlijk als er 

de eene of de andere kerkplechtigheid te verrichten was. 
Hi verliet het land den 13 Meert 1564, en kwam er 
nimmer weder. Hij overleed te Madrid in 1586, en zijn 
eigendom te Mechelen ging over aan zijnen neef Frans : 
Thomas Perrenot, graaf van Cantecroy. 


De leden van Grooten Raad ziende dat het oude Hof 
van Margareta zonder bestemming bleef, en zich op het 
Schepenhuis waarli]k in het nauwe bevindende, begonnen 
er op aan te dringen om in het eerste te mogen overgaan. 
Nu liet zich het Magistraat gezeggen, en kwam in on- 
derhandelingen met den eigenaar. De koop werd geslo- 
ten den 12 September 1609, voor de som van 8500 gulden. 
Maar de stadskas was zoo slecht voorzien dat men de 
_Watermolens moest bepanden met eene rente van 4000 
gulden. Zekere Hendrik Moons leende daarbij nog aan 
de stad 2000 gulden, voor drij jaren, zonder interest 
daarvoor te eischen. Hierom schonk hem het Magistraat, 
als vrijwillige gift, eene halve aam Rhijnschen wijn, die 
4 gulden gekost had. 

De oude woning van Margareta van Oostenrijk bevatte 
menigvuldige plaatsen, maar niet eene groote, buiten die 
van den voorbouw in 1517 aangelegd. Er moest dus kost 
wat kost eene ruime verhoorzaal bij gemaakt worden. 
Door een dringend verzoek aan den Souverein gezonden, 
bekwam men oorlof om de te doene onkosten te mogen 


32 DE GEBOUWEN 





inschrijven in de begrooting van ’s stads uitgaven, en 
ook tot dit einde eenige bijzondere belastingen te mogen 
heffen. Dit gebeurde in 1612, en de Raad werd in 1616 
overgebracht naar het vroegere Hof van Savoye alwaar 
hij gestadig zetelde tot in 1794, wanneer hij voor het 
fransche geweld moest wijken. 


Na de vernietiging van den Grooten Raad werd het 
oude gebouw benuttigd voor de Vrerschare of Rechtbank 
van Schoutet en Schepenen. In de groote verhoorzaal 
had men den zetel van den Souverein weggebroken en 
vervangen door de beelden van de Wet, de Vrijheid en 
de Gelijkheid. Rondom aan de wanden hing men de 
afbeeldsels van Solon, Lycurgus, en andere heidensche 
wetgevers; en die belachelijke toestand nam eerst een 
einde na den val der Republiek. 


In 1804 werd eene nieuwe Rechtbank ingesteld, en 
deze bleef voordurend in dezelfde gebouwen gevestigd. 
Intusschen was het deel dat eertijds aan den Voorzitter 
van den Grooten Raad tot woning gediend had, in 1802, 
aan den nieuwen aartsbisschop, Joannes Armandus de 
Roquelaure, toegestaan geworden, en het behield zijne 
bestemming tot aan de dood van den Prins de Méan, 
die er den 15 January 1831 overleed. Later werd daar 
eene bewaarplaats gemaakt voor de militaire kleedings- 
stukken. 

In 1842, had men, onder voorwendsel van verbete- 
ringen, de grootste verknoeiïingen aan het oude gebouw 
der verhoorzaal doen ondergaan. De oude ramen met 
hunne kunstig beslagene luiken, de gebeeldhouwde tui- 
nen, tafels, zetels, banken, muren zelfs, alles werd uitge- 
broken en vernield of verkocht. Het ware te lang eene 


Lomé mo % +: 7 





DER RECHTBANK TE MECHELEN 33 





volledige beschrijving te geven van de verminkingen die 
men zoo wel aan het uitwendige als aan het inwendige 
toebracht. 


Tot in 1876 waren de gebouwen der Rechtbank de 
eisgendom gebleven der stad Mechelen. Den 18 Decem- 
ber van gemeld jaar werd de eene helft, op de Keïzer- 
straat uitgevende, verkocht aan het provinciaal bestuur, 
dat op 24 December van het volgende jaar ook eigenaar 
werd van de andere helft die langs de Voochtstraat haren 
ingang had. 

Door het toedoen der heeren Ed. Broers, lid der be- 
stendige Deputatie, en |. Kempeneer, provinciaal raads- 
lid, werd het volkomen herstellen van de gebouwen 
besloten en ondernomen. Het was een groot werk dat 
veel tijd en geld zou vorderen. 

Gaan wiy nu tot het midden van het jaar 1879. Dan 
werd er op eens in den provincieraad eenen uitval gedaan 
tegen de Deputatie, alsof zi] de penningen voor het her- 
stellen van de Rechtbank van Mechelen, langs deuren en 
vensters uitwierp. Doch die onbezonne en ongegronde 
aantijgingen zijn, in de daaropvolgende zitting op de 
schitterendste wijze wederlegd geworden door den heer 
J. Kempeneer, afgeveerdigde van Mechelen, die zonne- 
klaar heeft doen zien dat de handelwijze van de besten- 
dige Deputatie integendeel allen lof verdiende voor de 
zorg die zij toedroeg aan de herstelling van een gebouw 
dat onder alle opzicht de bewondering der kunstliefheb- 
bers verdient. En zoo viel geheel de ophef die men we- 
gens die zaak had zoeken te maken, gansch in duigen. 


De provinciale bouwmeester, L. Blomme, was gelast 
geweest met de herstelling van alle de deelen van het 
oude paleis, in hunnen oorspronkelijken vorm, en het 


bijmaken van den hoekbouw tegen de Keizerstraat. [n 
3 


34 DE GEBOUWEN DER RECHTBANK TE MECHELEN 


= 





die herstellingswerken is hij, zooals M. Kempeneer het 
zesde, allerbest gelukt, dank grootendeels aan de histo- 
rische aanteekeningen door Fr. Steurs, eerst als lezing in 
den Mechelschen Courant opgenomen, en daarna in een 
bundeltje van ruim honderd bladzijden in *t hicht gege- 
ven, onder den titel van : Het Keixershof en het Hof van 
Margareta van Oostenryk te Mechelen. 

Wij veroorloven ons nochtans de vrijheid eener voorbe- 
houding nopens den grooten trapgevel van den voorbouw, 
dien wi; liever in zijne oorspronkelijke eenvoudigheid 
hadden bewaard gezien. (Z1e Plaat ITT). 

Het is buiten twijfel dat er in de ingaande hoeken 
nooit aanvullingssieraden geweest zijn. De lijn der dak- 
helling bewijst het ten klaarste. Immers in alle gebouwen 
van dien aard is de insnede der geveltrappen volgens die 
lijn geregeld. Hadde de gevel vroeger bestaan zooals hi] 
nu bi] de herstelling gemaakt is, dan zou ook het dak 
eene andere hellinglijn géhad hebben, die alsdan achter 
de aanvullingssieraden had henen geloopen. Tot staving 
hiervan diene de puntgevel van den hoekbouw, langs de 
Korte Maagdenstraat, gansch nieuw door den bouw- 
meester ontworpen. Aan dezen gevel zin de aanvullings- 
sieraden op hunne plaats, omdat de daklijn hooger komt 
als de insnede der geveltrappen. De rede zegt dat een 
puntgevel dienen moet om de ruimte der zoldering te 
sluiten, en geenszins om verboven het dak uit te komen, 
en dan met ijzers aan den timmer vastgemaakt te wor- 
den om niet buiten de loodlijn te geraken. Buiten deze 
kleine beknibbeling, die wij gegrond achten, zijn wij het 
met M. Kempeneer eens om te bekennen dat de herstel- 
ling der gebouwen onzer Rechtbank wellicht de beste is 
die ooit in ons land gedaan werd. 


Willem van CASTER. 


OUD HOF VAN MARGARETA VAN OOSTENRIJK, TE MECHELEN 





PIANO 


Trapgevel van den voorbouw | Trapgevel van den voorbouw 
gelijk h1 was | celijk h1 is 


voor de herstelling sedert de herstelling 


Bulletin du Cercle Archéologique, Littérane et Artistique de Malines, t, IV, p. 34. 








Le Carillon et les Carillonneurs 


de [a Tour $St-Rombaut 


jEs carillons ont pris naissance en Belgique, cela 
n'est pas douteux; cependant la date de leur ori- 
gine, ne peut encore être établie avec certitude. 
Différents auteurs ont réclamé pour certaines lo- 
calités de notre pays la priorité d'existence, mais aucune 
de leurs assertions n'est fondée sur des documents au- 
thentiques. Au XI° siècle on se servait déjà des cloches 
pour faire de la musique. Les dessins de cette époque 
représentent un instrument, composé d’une série de pe- 
tites clochettes fixées le long d’une barre horizontale, et 
qu'on appelait Tintinnabulum (1). Toutefois, les carillons 
ont pour origine, la sonnerie qui précédait l'annonce 
de l'heure. Les horloges, placées dans les beffrois et les 
tours, se bornaient tout d’abord à frapper, au moyen 
d'un mécanisme plus ou moins compliqué, les coups cor- 
respondants à l’heure. Plus tard un tintement répété et 
alternatif de différentes petites cloches, le plus souvent 
au nombre de trois, avertissait les bourgeois que l'heure 
allait sonner. On désignait cette sonnerie par le mot 
voorslag, qu'on peut traduire par ceux-ci avant-coup (de 


l'heure). 





(1) DE CousseMaker. Mémoires sur Huebald. 


36 LE CARILLON ET LES CARILLONNEURS 





* 
* *% 


Les registres des comptes de la ville de Malines, qui 
commencent en 1311, font déjà mention d’une horloge à 
la tour de St-Rombaut, au milieu du XIV: siècle. A la fin 
de ce siècle, le mécanisme de l'horloge mettait en action 
un mannequin dont les bras articulés, munis d’un mar- 
teau, frappaient la cloche destinée à sonner l'heure. Mais 
aucune mention de petites cloches servant au voorslag, 
ne se rencontre encore dans les comptes. C’est en l’année 
I441, Croyons-nous, que ce voorslag primitif commença 
à fonctionner à Malines. Les registres de l’année 1440- 
1441 nous parlent en effet de nouvelles cloches qui ont 
été fondues dans le courant de cette année. Les nom- 
breux et importants travaux faits alors à l’ancienne tour 
St-Rombaut, ne concernent que les cloches de l'heure 
(Uuerclocken), et nous ne trouvons aucune citation d’un 
travail exécuté à d’autres cloches. Nous pouvons donc 
conclure que les cloches fondues alors étaient destinées 
à la sonnerie des heures et constituaient le voorslag pri- 
mitif. Ces travaux achevés, on nomma, en 1443, un hor- 
loger à salaire fixe, chargé spécialement de l'entretien 
des cloches de l'heure à la tour St-Rombaut et du ca- 
dran placé à l’hôtel de ville. La mention de cet horloger 
au service de la ville, reparait à partir d'alors, régulière- 
ment tous les ans dans leslivres des comptes (rt). 


1440-1441. — Item iij stop. wyns gepresent Michiel den clocmeester tot 
meestèr Dierix huyse doen de clocke gesoten waeren XXIX in junio XLI. 

Item ghegeven den kercmeester van St-Rom. te Mechlen te hulpen van 
de nuwe clocken die de selve hebben doer ghieten bi overdraghen van de 

Item meest. Jan Van Slaer van alderhande yser ende yserwerke gebe- 
sicht op ’t Scepenhuyse, aen de vuer clocke. enz. 

Item gheg. Jane de Dome met sine gheselle van de stellinghe te maken 
aen de vuerclocke comt op vi st. 





(1) Sreurs, dans son ouvrage De toren van S-Rombaut;:herk, 1877, dit que, 
avant l'année 1527, il nv eût pas d'horloger au service de la ville. que ce 
furent de simples artisans qui étaient, à l'occasion, chargés des réparations. 
Nous trouvons la preuve du contraire dans ce que l'horloger de la ville, 
Vranken Wauters, que nous trouvons déjà en fonctions ici en 1457, fut 
appelé à Alost en 1460, pour confectionner l'horloge de cette ville, 


+ 47 


DE LA TOUR ST-ROMBAUT 37 





Item gheg. Heïinric de Bock van 1j dagen die hi gewracht heeft aen 
d'uerclocke van St-Rom. elc daechs xij gl. 

Item Heinric de Pape van xiij & zauduer ghebesicht aen d uerclocke. 

1443-1444. — Item gheg. Heinric de Pape voer sine arbeyt ome dat hi de 
vuerclocke St-Rom. ende wyser-voer den beyaert verwaert heeft. 


Ce voorslag embryonnaire fut remplacé plus tard par 
un autre plus complet et plus harmonieux. Le mot voor- 
slag est conservé pour désigner cette nouvelle sonnerie (1). 


L'époque précise où ces petits orchestres campanaires 
ont pris naissance n’est pas encore établie. 

D’après une tradition généralement rérandue, le pre- 
mier voorslag musical aurait été confectionné en 1487, 
par un horloger d’Alost. Cette assertion est purement 
lécendaire et ne repose sur aucun fondement sérieux; 
aussi n'est-ce qu’en l’année 1537,que Medard Waghevens, 
le fondeur de cloches de Malines, fournit 7 cloches pour 
le voorslag d’Alost (2). 

Une chronique des Flandres (3) rapporte que ce fut vers 
1478 que l’on entendit à Dunkerque, dans la Flandre occi- 
dentale, le premier carillon qui modula ses sons en forme 
de chant, au grand plaisir et au grand étonnement de tout 
le monde. L ingénieux inventeur et facteur de cet instru- 
ment, était un Jeune homme, nommé Jean Van Beveren. 
Cette assertion est-elle plus fondée que la précédente? 

Une note qui nous parait plus sérieuse à cause de la 
date où elle fut écrite, nous ferait croire qu'il faut re- 
monter plus haut pour trouver la naissance du voorslag 
musical. 

Buscaius, dans une chronique intitulée Chremcon Win- 
desemense, et qui fut terminée en 764, dit qu’en l'an 7404 


(1) À Malines, le public fait encore aujourd'hui une distinction entre le 
carillon joué au moyen du clavier et le jeu automatique qui précède l'heure. 
Il désigne ce Voorslag par le mot Rammel, abréviation de gerammel. Ce mot 
exprime assez exactement ce déroulement automatique des notes. Actionné 
au moyen du clavier on désigne le jeu des cloches par le mot b:iaerd. 

(2) STEURS, De toren van St-Rombautskerk, P. 141. 

é Kyouyke van Vlaexderen, door N. D. et J. R. II° deel, bI. 562. 


38 LE CARILLON ET LES CARILLONNEURS 








Henri Loeder, depuis longtemps frère convers, composa 
un carillon qui, au moyen d’un cylindre et de marteaux, 
joua un chant pour éveiller les frères. Voici le texte : 
Vir erat robustus, fortis, Westphalus, et opere mechanicus. 
Officium sacristae post fratrem Gerlacum custodiendum susce- 
pit cymbalum septem notarum cum malleis suis et rota ferrea 
hos duos versus : SANCTI SPIRITUS ADSIT NOBIS GRATIA QUA 
CORDA NOSTRA SIBI FACIAT HABITACULUM, Circumeundo de- 
cantans pro suscitatione fratrum, fundens, fabricans ct coaptans 
super gradum dormitoru ante cellam custodis apte satis com- 
posuit (1). 

Cet extrait établirait assurément l'existence d’un cy- 
lindre faisant fonctionner des marteaux frappant des 
cloches. 

Dans une notice sur les carillons, E. GREGOIïR (2) avance 
qu'un religieux du nom de Franko, prélat du couvent 
de Egmond en Hollande, a placé dans ce monastère un 
jeu de cloches dans l'intervalle des années 1182 et 1206. 

Quoiqu'il en soit, ce n'est qu'au commencement du 
XVI: siècle que le voorslag, modulant des chants, prit de 
l'extension et fut placé sur nos tours et nos beffrois. 

La ville d'Audenarde paraît avoir été une des pre- 
mières à posséder cette musique aérienne, car dès l’année 
1504, on entendait régulièrement à toutes les heures, les 
motifs du Vem Sancte Spiritus et du verset Peccatores (3). 
Il se composait probablement des 8 cloches que Simon 
Waghevens de Malines fondit en 1502 (4). 

En 1520, la ville d'Ath possédait aussi un voorslag (5). 

La ville de Louvain se procura, en 1525, auprès de 
Pierre Waghevens de Malines, une série de 8 cloches, 
destinées au Voorslag (6). 

La ville de Leaujeut letsienten.r530 (7). 


) 


(1) Aunales de la Societé d'Emulation des Ilandres, tome III, 2° série, 1845. 

(2) Noovd en Zuid. Mei 1866. Het oudste klokkenspel van Nederland. 

(3) Edm. VAx DER STRAETEN, La musique au Pays-Bas, 1. V, p. 16. 

(4) Voir acte de cautionnement de Waghevens dans le registre d’adhéri- 
tance, 1502-1503, p. 61, v‘? Archives de Malines. 

(5) Em. FourniK, Le carillon de St-Fulien à Ath, p. 6. 

(6) VAN EVE, Louvain monumental, p. 195. 

7) Brabantsch Musewm, p. 130. Byzonderheden over de Beyacrden van T hiexen, 
door P.-V. BETs. < 





DE LA TOUR ST-ROMBAUT 39 











La ville d'Alost, en 1537. Il était composé de 7 cloches, 
livrées par Medard Waghevens de Malines (1). 

La commune d’'Oudenbourg, en Flandre eût, en 1530, 
un voorslag de 10 cloches, fondues par Pierre Van den 
Gheyn de Malines (2). 

En l’année 1541, la ville de Bruxelles possédait déjà 
9 différentes sonneries aux églises de St-Nicolas, Ste- 
Gudule, La Chapelle, N.-D. du Sablon, Ste-Marie-Ma- 
deleine,-St-Jean, N.-D. du Finistère, au Palais de la 
Cour et à la tour des Frais-Perdus (3). 

Anvers et Tongerloo en furent pouivues avant 1543 (4). 

En 1543, la ville de Gand s’en procura un de 16 cloches, 
fournies par Jacques Waghevens de Malines (5). 

Ypres acheta, en 1547, 16 cloches à Jacques Waghevens 
de Malines (6). 

La ville de Bruges le possédait avant 1552 (7). 

Et Tirlemont en acheta un de 6 cloches, à Medard 
Waghevens, en 1556 (8). 


#& * 


La ville de Malines ne tarda pas longtemps à emboiter 
la voie du progrès. En 1510, nos ancêtres, très soucieux 
d’une renommée artistique que sans aucun doute la pré- 
sence de la cour de Marguerite d'Autriche, cette grande 
protectrice des arts, a dù éveiller chez eux, songèrent dès 
l'apparition des premiers jeux de cloches à‘en doter la 
résidence de la souveraine. Le carillon de la tour de 
St-Rombaut dont nous voulons parler aujourd’hui, fut 
longtemps le seul que posséda la ville; mais 1l y en eùt 
plus tard encore deux de moindre importance, dont lun 
au couvent des Pères Dominicains, sonnait mécanique- 


(1) BROECKAERT, Geschiedenis van À elst. 

(2) VAN DER STRAETEN, ouvrage précité, tome I, p. 162. 
(3) Inn, ibid., tome III, p. 270. 

(4) IpeM, ibid., tome V, p. 571. 

(5) IpEu, ibid., tome V, p. 375. 

(6) Yfriana, Vax DEN PEEREBOOM, tome I, p. 57. 

(7) VAN DER STRAETEN, OUvr. préc., tome V, p. 18. 

(8) Brabantsch Museum, art. préc., p. 130. 


40 LE CARILLON ET LES CARILLONNEURS 





ment les heures et ses subdivisions, et dont l’autre, à la 
tour de N.-D. au-delà de la Dyle, très complet,;-était 
pourvu de plus d'un clavier manuel et de pédales. 
Nous espérons dans un prochain article, pouvoir donner 
quelques détails concernant ces derniers. 

Deux ouvrages ont déjà traité du carillon de la tour 
St-Rombaut. Le premier « Geschiedkundige wandeling of 
St. Rumoldustoren » par E. RayMAEKERS et F. E. DE LA 
Faizce, parut en 1863. Un second travail « De foren van 
St. Rombautskerk » par F. SrEurs, vit le jour en 1877. Il 
fut plus complet que le premier; mais malheureusement 
la partie de cet ouvrage, consacrée au carillon, est parse- 
mée de grandes erreurs, et présente en outre d'immenses 
lacunes que nous sommes heureux de pouvoir combler, 
wrâce à des recherches faites aux archives communales. 
Afin de ne pas laisser plus longtemps s’accréditer les er- 
reurs de STEURS, nous nous sommes empressés et efforcés 
d'achever ce chapitre qui doit faire partie d’un travail 
plus complet sur l’histoire de la musique à Malines. 


Voorslag 


À peine la construction de la nouvelle tour de St- 
Rombaut, commencée en 1452 fut-elle assez avancée pour 
recevoir l'installation de l'horloge, que le magistrat s’en- 
tendit en l’année 7570, avec l’horloger, Vrancken Wauters, 
et passa avec lui un contrat, malheureusement égaré, par 
lequel celui-ci fut chargé de la confection d’une nouvelle 
horloge. À en juger par le relevé des comptes que paya 
la ville et par la duréc du travail, la besogne devait ètre 
considérable. Depuis l’année 1510 jusqu’en 1527, la ville 
effectua de fréquents payements pour le travail fourni 
à l'horloge (1). 

Entretemps le magistrat se procura auprès de nos fon- 
deurs déjà nombreux et célèbres, des cloches destinées 
au v007slag. STEURS cite trois achats dont l’un en 1512,un 
second en 1514, et le troisième en 1522, et en conclut que 





(1) Voir STEURS, ouvrage précité, p. 138. 


Vite 


ÉTÉ Sup 


DE LA TOUR ST-ROMBAUT AT 





le Voorslag projeté devait se composer de ces 3 cloches 
à l'instar de ceux qu’on rencontre encore dans certaines 
localités. Ce ne fut qu’en 1557, dit-1l, que ce voorslag pri- 
mitif fut remplacé par un autre plus harmonieux, com- 
posé de 18 cloches. C’est là une grande erreur, qu’on ne 
peut attribuer qu’à d'imparfaites recherches. Nous es- 
sayerons de prouver non seulement que le voorslag exis- 
tait avant 1557, mais que, à peine né en 1528, il acquit 
bientôt une renommée incontestable. 

Une première preuve de cette erreur est l’acquisition 
par la ville, non pas de 3 mais de 4 cloches, destinées au 
voorslag. 


1512-1513. — It. betaelt Jooris Waghevens van een der huerclocken ghe- 
cocht ter stad behocef dienende totte voerslaghe van den nieuwen huer- 
wercke weghende vi: xxiij # elck pont vii] gr° comt op met ix gr° van 
waghenen ix % ix s. ij d. 

It. betaelt Jooris Waghevens van een der huerclocken ghecocht ter stad 
behoef dienende totten voerslaghe van den nieuwer huerwerke wegherde 
iije Ixi) & cost elck pont viij gr° comt op xiii] # viij s. ix d. 

1514-1515. — It. bet. Gielis Waghevens. LE eAS e van een der schellen 
gheghoten se tegen Le SET ter stad Dee nes totte v rocrslage 


t samen xxiij # xis. ii] x 

1522-1523. — Betaelt M' Jooris Waghevens van een der schellen jeghen 
hem gecocht tot stadt behoef dienende totte voerslagh van St-Roms we- 
ghende iijf xxx vi] pont cost elck pont ix d. comt op xij £ xüi] s. 


Voilà donc établie l'existence de 4 cloches d’un poids 
respectif de 623 livres, 462 livres, 754 livres et 338 livres. 
Mais 1l ne devait pas y avoir que 4 cloches servant au 
voorslag; 11 y a tout lieu de croire que notre jeu de 
cloches se composait, comme la plupart de ceux existant 
à cette époque, d’une série de 8 cloches. 

En effet, nous trouvons encore dans notre carillon ac- 
tuel, deux “cloches qui, selon toute probabilité, ont fait 
partie de ce premier voorslag. 

L'une donnant le do dièse de la seconde octave, porte 
le nom de « Yhesus » et fut fondue par Henri Waghevens 
en 7440. 

L'autre, donnant le si de la seconde octave, s'appelle 
« Michael » et est fondue en 7575, par Georges Waghe- 


42 LE CARILLON ET LES CARILLONNEURS 





vens (1). Les deux cloches, existant donc déjà avant l’achè- 
vement de l'horloge, il faut croire que les quatre nou- 
velles ont été acquises pour s'ajouter à celles-ci. 

Nous n'avons pas trouvé dans les régistres des comptes 
de la ville, la mention des cloches Y’hesus et Michael. Cette 
omission s'est présentée plus souvent; nous en trouvons 
encore la preuve dans l'ouvrage de STEURS, par un extrait 
de ces mêmes registres qui fait mention d’une certaine 
somme payée à Waghevens, pour la refonte d’une an- 
cienne cloche de l'horloge. 


1563-1564. — Betaelt meester Wagevens, clockgietere de partyen naer- 
volgende, te wetene : vant vergieten van eene oude clocke van d horologie 
weghende xijc Ixv lib. elc hondert ten pryse v]j lib. artz, Ixxv lib. xvj s: en 
daerenboven totte selve clocke geleverd ïije ïii] lib. nyeuwe stoffen ten 
pryse van ii scell. artz t pondt tz Ix lib. xvj scell. comende per ordon, 
ende quitan. ter somme van cxxxv} lib. x1] s. 


Quelle peut bien étre cette ancienne cloche de Phor- 
loge? Assurément une cloche, faisant partie du premier 
voorslag, et dont la mention a été négligée dans les 
comptes antérieurs, car son poids est de 1265 livres, chiffre 
que nous rencontrons pour la première fois. Serait-ce 
peut-être la cloche ayant servi à sonner la demi-heute 
et qui fut refondue alors? En admettant cette dernière 
hypothèse, nous arrivons, en comptant le bourdon de 
l'heure, appelé Charles, pesant 13992 livres et fondue en 
1524, par Medard Waghevens (2), au total de 8 cloches, 
faisant partie du voorslag. Il est incontestable que ce 
nombre de cloches fut suffisant pour l'exécution de cer- 
tains motifs; bien plus, ce nombre était déjà des plus 
considérables pour cette époque, car aucune autre ville 
n'en possédait d'avantage. 

La ville fit-elle encore l'acquisition d’autres cloches. 
avant 1557? Il est impossible de l’affirmer, mais déjà, en 
l’année 1543, notre jeu de cloches s'était acquis un renom 
et comptait parmi les meilleurs. Nous voyons, en effet, le 


(1) La description de ces cloches se trouve dans l'ouvrage de STEURS, 
P'791EU T0. 


(2) Voyez la description de cette cloche dans l'ouvrage de STEURS, p. Sr. 


bu 


DE LA TOUR ST-ROMBAUT 43 





magistrat de Gand, préoccupé de la valeur artistique du 
carillon qu'il‘fit construire en l’année 1543, envoyer à 
Malines, Tongerloo, Louvain et Anvers, des délégués et 
musiciens experts pour inspecter les carillons de ces 
différentes localités. 


Betaelt den zelven, metgaders M' Laurens De Vaddere, ende P. De 


noemden ontfanghere van den weercke uit laste van scepenen gherevyst 
ende ghevachiert hebben acht daghen in diverssche steden, te wetene : 
t’'Handwerpen, Mechelen, Tongherloo ende Leuvene, omme met M" 
Heïindric Van Bree, horologiemaeckere van Leuvene, zekere weercken te 
visiteerne ten synne van daeranne eenen patroon te nemene, omme ze- 
kere nieu weerc te maeckene op ‘t belfroidt, dienende ten voirslaghe van 
der voirscreven horologie, naer ‘’t verclaers van der ordonnantie üiij # 


gr (x). 


Si donc notre carillon n'avait pas plus de 8 cloches, au 
moins devait-1il posséder des qualités remarquables, pour 
jouir d’une réputation qui avait attiré l'attention du 
magistrat de Gand, alors que celui-ci négligea d'envoyer 
ses délégués à Bruxelles où 1l n’y avait pas moins de 
neuf différents carillons. Il faut croire que les carillons 
de Bruxelles, malgré leur nombre, r'offraient pas les 
qualités de ceux de Malines et des autres localités vi- 
sitées. 

La construction de la nouvelle horloge ne fut, comme 
nous l'avons déjà dit, achevée qu’en 1527; elle fut montée 
à la tour à la fin de cette année ou au commencement de 
1528. La mention du salaire payé aux ouvriers chargés 
de cette besogne se trouve dans les comptes des années 
927-1328: 

Item gescheven diverssche werckliens te drinckgelde als d orologie 
eset wert op Sinte-Rommonts torre ende oick totte ommegange van 
paesschen xve xxvit]. xviI] S. 

Le magistrat de Malines, après avoir doté la ville 
d’un orchestre aérien remarquable, n'épargna aucun sa- 
crifice pour en assurer l'entretien et en faire valoir les 
ressources. 


(1) Comptes de la ville de Gand du 10 mai 1543 au 10 mai 1544, extrait de 
VAX DER STR&ETEN, Musique au Pays-Bas, tome V, p. 372. 


44. LE CARILLON ET LES CARILLONNEURS 





L'année suivante, Jean Bonnevoix, chapelain du ma- 
gistrat à l’hôtel de ville, et sans aucun doute musicien 
d'un certain mérite, fut nommé directeur du carillon. Sa 
mission, à n'en pas douter, était une mission artistique 
consistant dans le renouv ellement des airs pointés sur le 
tambour de l'horloge. Nous trouvons la première mention 
de son salaire dans les comptes de 1528-1520. 


1528-1529. — Betaelt heer Janne Bonnevois van dat hy d uerwerck re- 
veert ende set. XX S. 
1529-1530. — Betaelt heer Janne Bonnevois van dat hy den voerslach 
stelt ende herstelt hem gevallen tot Paesschen xxx. IS: 
1530-1531. — Betaelt heer Janne Bonnevois voir dat hy den voerslach 
onderhouden ende gestelt heeft van een jaer gevallenu te Paesschen 
ROVER XX S, 
1543-1544. — Betaelt heer Janne Bonnevoix van de huerclocken oft 


voerslach te stellen bynnen desen jaere gevallen in april xv< xliin. xxxs. 


STEURS, ayant trouvé les mentions de ce salaire, semble 
ignorer les qualités de Bonnevoix et émet Pavis que les 
fonctions dont celui-ci était chargé consistaient unique- 
ment dans l’ajustage des fils reliant les marteaux frappant 
les cloches avec le mécanisme de lhorloge. Inutile de 
d'insister sur l'erreur de STEURS, car peut-on exiger d’une 
personne de distinction, comme létait Bonnevoix, les 
soins d’un simple travail manuel, alors que la ville avait 
à son service un maitre horloger, habile et experimenté 
comme l'était le constructeur de l'horloge. Celui-c1, en 
effet, était chargé du soin de l'horloge de la tour et du 
cadran de l'hôtel de ville et fut même aidé pendant sa 
vie par son fils ou neveu Adrien Wauters, qui lui suc- 
céda après sa mort. 


1528-1529. — Betaelt Vrancken Wauters, orologimakere van zynen loon 
van de vuurclôcken te stellen, van de wyser voor den bevyaert te bewaren 
van Remigy en Paesschen. 1] £ XV S. 

Betaelt Adriaen Wauters voer dat hij met M" Vrancken d orologie be- 
waert. ij lib. xvs, 

1531-1532. — Betaelt Adriaen Wauters, orlogimakere voer zynen loon 
van de vuerclocken te stellen ende van de wyser op den beyaert te bewae- 
ren van Remigy ende Paesschen. X EXVIS. 


La place qu’ occupa Jean Bonnevoix passa après sa 
mort, en 1544, à Jéan Van de Scriecke. Celui-ci resta en 





DE LA TOUR ST-ROMBAUT 45 








fonction jusqu'en 1557. Un autre abbé, Jacques Caluwaert, 
succéda à Van de Scriecke. Caluwaert fut déjà remplacé, 
en 1558, par Jean Hueltemans; mais'en 1560, cette fonc- 


* tion fut supprimée et passa dès lors dans les attributions 


de l’horloger de la ville, Jean Ingels. 


1544-1545. — Item betaelt Janne van de Scriecke van d huerclocken et 
stellen bynnen desen jaere gevallen in april xve xlv. XXX S. 

Item betaelt Adriaen Wauters, horologiemakere van d huerclocken op 
ten torre ende wyser op ten bevyaert te bestellen bynnen desen jaere 
V'ÉX S. 

1556-1557. — Betaelt Johannes Van den Scriecke van den voerslach van 
de huerclocken te stellen ende bewaeren een half jaer loons ende her 
Jacob Caluwaert als in zyn plaetse gecommiteert van een half jaer te 
wetene. In plaetse van vi £ s jaers xi £ hem by de wet geaccordeert tot 
heurlieden geliefte verschenen van een jaer in april xve lui. xi £. 

Betaelt Jan Walravens van de huerclocken op St-Rombouts torre ende 
wyser op ten beyaert te bestellen ende bewaren, verschenen van vvf qrtz 
Julio lviü d leste. _ XVI 

1558-1559. — Betaelt Jan Hueltemans in plaetse van wylen her Jacob 
Caluwaerts, voir zynen loon van de voirslach ende huerclocke te stellen, 
verschenen van ii] quartieren in april 1559. vil £ vs. 

Betaelt Jan Walravens..….. ut supra. 

1560-1561. — Betaelt Jannen Hueltemans van den voerslach ende huer- 
clocken te stellen voer zynen loon verschenen van eenen halven jaere in 
octobri xve 1x tzyvnde affschevyt. 


Carillon 


L'existence du voorslag dès 1524, est donc hors de doute. 
Ce jeu de cloches, primitivement utilisé pour annoncer 
les heures, ne resta pas longtemps dans cet état. A 
l’époque où la fabrication des clavecins avait atteint un 
degré de perfection considérable, 1l n’est pas étonnant 
qu'on ait songé à utiliser le clavier pour le carillon. Dès 
lors, cette musique aérienne, si monotone et si régu- 
lière, fut avantageusement rehaussée par des exécutions 
artistiques. En effet, l'artiste pouvant donner libre cours 
à ses talents, les refrains populaires résonnèrent bientôt 


joyeusement dans les airs. À peine, le clavier fut-1l connu 


ds dé a nn UCn =: 25 bis 


et admis (1) qu'encore une fois nos ancêtres, désireux de 


(1) Il existait à Gand en 1552. 


40 LE CARILLON ET LES CARILLONNEURS 





maintenir la réputation acquise à notre carillon, suivi- 
rent le progrès et adaptèrent à notre jeu de cloches le 
dernier perfectionnèment. 

De grandes modifications furent décidées en 1555; on 
construisit un nouveau beffroi (1) pour le payement du- 
quel la ville accorda une subside au trésorier de l’église 


St-Rombaut. 


1555-1556. — Betaelt Pieter Davidt van weghen ende als Rentm' van de 
kerken van St-Rombaut..……. de somme van hondert dry.en tachentich guld 
vierthien stuivers ende dat op Rekeninghe ende in minderinghe van.de 
sommen van iiij° £ arts, de zelve kercke by der wet geaccordeert tot behoef 
van der selve ende insgel. tot behulp van d bellefroy by hem binnen 
desen jaere van nyeuwe gedaen maeken. 

1556-1557. — Betaelt tot het nieuw bellefroy aen Pieter Davidt, Rentm” 


der kercke Rum..……. 1JAKVI SE VILS, 


Ce nouveau beffroi était, croyons-nous, celui servant 
aux grandes cloches, car celles-ci, destinées au service du 
culte, étaient la propriété de l’église, et la ville, en inter- 
venant dans le payement du beffroi ne le fit qu'à la 
requête du chapitre à cause des frais considérables qu’a- 
vaient entraînés Ces travaux: En l'année 1550/ome 
vailla au carillon même. C’est alors et non pas en l’année 
1583, comme le dit Sreurs que le mot « beyaert » figure 
pour la première fois dans les comptes de la ville. 

L'emploi de ce mot indique assurément une transfor- 
mation du jeu de cloches, d'autant plus qu'il se trouve 
précédé chaque fois du mot « mieuwen. » 

Ces travaux, qui étaient de menuiserie, devaient avoir 
une certaine importance, car nous rencontrons à plusieurs 
reprises les payements faits à différents artisans. 


1556-1557. — Betaelt Claes Loertyns der causen van sexer scrynwerk 
verbesicht op St-Romb. torren aen den nyeuwen beyaert p. ordon. ij £ xs. 

Betaelt van reparatië aen den nyeuwen beyaert op ten torren p. or- 
donn. xxvii s. 

3etaelt Jan Mecheler ende Thomaes Hasaerts scrynmaker van diversshe 
scrynwerk by hem voer de stadt gemaect zoo op ten bevaert, in de nieuwe 
camer, als oick in den torren, in ’t comptoir, enz. 





(1) Beffroi s'emploie aujourd'hui pour désigner les tours, c'est par exten- 
Sion Car on entend proprement par bfroi, la charpente dans laquelle on 
suspend les cloches. 





DE LA TOUR ST-ROMBAUT 47 





Il ne peut être question ici que du clavier, car nous 
voyons employer les mots « mieuwen beyaert » alors que 
jusqu'à ce moment on désignait le jeu de cloches exclusi- 
vement par le mot voorslag. De plus, l'indemnité pour 
frais de route, payée à un étranger venu à Malines, afin 
d'essayer le carillon, ne laisse aucun doute à cet égard. 


1556-1557. — Betaelt zekeren persoon alhier gecomen omme den beyaert 
te proeven voir zyn verteerde costen. XVII S. 


Une dernière preuve de l'existence du clavier est la 
nômination par le magistrat d’un carillonneur à salaire 
fixe. L'artiste choisi fut CHrisropxe RimBour. Celui-ci 
entra en fonction au mois d'octobre 7.557. 


1557-1558. — Betaelt Christoffel Rimbout, bevaerdere op Sinte-Rombouts 
thorren voir zynen loon hem by der wet gheaccordeert innegaende in 
octobri lvi (1) alle quartz. ix £ alzoe hier van dry quartz verschenen in 
julio acht en vvyftigh. xxviI £. 


Le clavier fut achevé et utilisé quelque temps déjà 
avant l’arrivée de Rimbout, car nous trouvons la mention 
d’un payement, fait à François de Vriese, pour avoir joué 
du carillon en l'absence du titulaire. 


1557-1558. — Betaelt Francen de Vriese, heren wevere (?) van dat dezelve 
op den nieuwen beyaert gespelt heeft in plaetse en terwylen zekeren 
anderen mre dient gegunt cnde gegeven was p. ordon. iij £. 


Les fonctions de Rimbout furent indépendantes de 
toute autre mission, car l’horloger confectionna, à l'usage 
de Rimbout, deux clefs de la porte de la tour, sans doute 
pour lui permettre d'aller à son poste à toute heure de 
la journée. 

1557-1558. — Betaelt Jan den oroloziemaker als by hem gemaeckt i] 
sloetele totter deuren van den torren voir den beyaerdere per ordonn. 
VI S. 

Entretemps, le magistrat conclut en janvier 1557, un 
accord avec l’horloger Jean Ingels, pour la construction 
d’un nouveau tambour, et pour la fourniture des mar- 


(x) IL existe ici évidemment une erreur de scribe. Il faut lire lvij, car 
l'année, commençant au r* Septembre et finissant au 3r* Août, le mois 
d'Octobre mentionné dans ce registre ne peut être que celui de 1557. 


fi 2 À CPE 
4 17. 


48 LE CARILLON ET LES CARILLONNEURS 





teaux et autres accessoires, exigés par un voorslag de 18 
cloches. (On trouvera la teneur de ce contrat, dans lou- 
vrage de STEURS, p. 142.) Un beffroi fut construit pour 
recevoir les nouvelles cloches. Voici à ce sujet les anno- 
tations que nous trouvons dans les comptes. 


1558-1550. — Betaelt van scrynwerken aen t bellefroit ende ander werk 
dienende totten nieuwen voirslach.. van diverssche bouten totten nieuwen 
bellefroit. 

Betaelt m' Mattheus Heyns ter causen van sekeren nieuwen patroon by 
den zelven gemaeckt dienende totten nieuwen bellefroit op ten thorren 
per ordonn. en quittan. xx S. 

15<9-1560. -- Betaelt van timmerwerk op St-Rombouts thorren aen’t horo- 
logie. van yserwercken op St-Rombouts thorren aen ’t horologie ende 
bellefroit. 

1560-1861. — Betaelt van timmerwerck op St-Rombouts thorren aen 
d nieuw horologie. 

1562-1563. — Betaelt van timmerwerck 0}: St-Rombouts thorren aen de 
clocken. 


Il faut croire que ces travaux s'exécutèrent sans détri- 
ment pour le carillon et voorslag existants, car ceux-c1 con- 
tinuèrent à fonctionner régulièrement jusqu’en octobre 
1560. Les fonctions de Hueltemans, chargé du voorslag, 
lui furent retirées, et le carillonneur Rimbout fut ren- 
voyé. Ces mesures furent prises probablement par éco- 
nomie, Car ce fut à ce moment (novembre 1560), qu'on 
monta à la tour le nouveau tambour et qu'on commença 
le placement des nouvelies cloches. Cet ensemble de tra- 
vaux allait empêcher pendant un certain temps, l’exer 
cice de leurs fonctions. 


1559-1560. — Betaelt den horologiemakereyvoir cen gratuiteyt als myn- 
heeren zyn werck visiteerden als men ‘t selve in den thorren doen stellen 
zoude. XI) Se 

1560-1561. — Betaelt Jannen Hueltemans van den voirslach ende huer- 


clocken te stellen voir zynen looa verschenen van eenen halven jaere in 
octobri xve 60 ‘t zynde affscheyt. 

Betaelt Christoffel Rimbout, beyaerdere op St-Rombouts thorren, voir 
zynen laon verschenen van een quartz. jaers in octobri ‘t sestich als hy 
afgedanct es, alsoe hem de somme van ix £ In marge staet : Ende diten 
zal nyet meer in rekeninge comen. 

Betaelt Jacop Waghevens clockgietere van seekere pannen vergoten 
CR dienende totten diefclocke en speelraye oergeleyt comt te zamen 
xi lib: xvs. 


DE LA TOUR ST-ROMBAUT 49 








1562-1563. — Betaelt den horlogiestelder van Doornick voor d’accorderen 
van de clocken van de nyeuwen horologie alhier vi] guld en den metsers 
gewrocht hebbende aan tselve üj guld. 


Le nouveau carillon, composé de 18 cloches, ne put 
se faire entendre qu’en l’année 7563, après que tous les 
travaux furent terminés. L’horloger de Tournai avait 
été mandé à Malines, pour accorder les cloches du ca- 
rillon. 

Celles-ci furent livrées et arrangées par Jacques Wag- 
hevens. 


1557-1558. — Betaelt M' Jacop Waghevens clockgietere voir een reste 
hem competerende ter causen van den nieuwen voerslaghe by hem der 
stadt gelevert acte xiiij lviij. vij lib. x s. vi den. 


Le nombre des nouvelles cloches acquises par la ville 
ne fut que de dix. Cela paraît ressortir d’un extrait des 
comptes de 1563-1564. Deux autres furent achetées à 
Anvers, et les six dernières seraient celles ayant fait 
partie du premier voorslag. 


1558-1559. — Betaelt Jan Baeck ende Jan Buckmans sceppers voir de 
de scepvracht van twee clocken die zye alhier gebracht hebben dienende 
totten nieuwen voerslach. per ordonn. ij lib. vil] s. 

1561-:562. — Betaelt Jan Ingels horlogimakere ter causen en van dat de 
selve gehanghen heeft thien nyeuwe clockxkens dienende noch totten 
nieuwen huerwercke en voirslach by hem gemaeckt voir zyn loon en 
arbevt sulckx als hy met mynheeren tresoriers overcomen was de somme 
van xl] lib. 

1563-1564. — Betaelt Jannen Ingels horlogimaker van dat de selve ver- 
maect ende versien heeft de twelf hamers van de zes clocken van de voir- 
slach ende van boven gehangen gelvck de thiene cleyn clocxkens, de stee- 
len en de tumelaers gelinct mits gaders de kenvennen, dooghen vermaect 
en tot der derde clocke te hanghen gelevert xx ponden yzers ende ander- 
sins blyckende by twee ordon. beloopende xxx lib. 


Il est évident que les 6 cloches dont les comptes par- 
lent, doivent être celles de l’ancien voorslag, car les paye- 
ments ne concernent que les réparations effectuées aux 
marteaux et le travail de placement des cloches. Jean 
Ingels est payé spécialement pour ce travail, comme il le 
fut pour le placement des 10 nouvelles petites cloches, 
en 1561-1562. Nous pouvons donc conclure, croyons- 
nous, que la livraison de Waghevens ne concernait que 
ces dernières. 


50 LE CARILLON ET LES CARILLONNEURS 





Le nouveau carillon, plus remarquable que l’ancien, 
pour le nombre des cloches, n'avait rien perdu de sa 
réputation et de sa valeur artistiques. 

La ville d’Ypres nous en fournit une preuve, en l’année 
1575, lorsqu'elle songea à perfectionner le carillon de son 
beffroi. Après avoir fait visiter les carillons de Tournai et 
de Lille, on envoya à Malines, Gand et Alost, l’organiste 
et l’horloger d’Ypres, pour étudier les carillons de ces 
dernières villes. 

M. Jan Heins, organiste ende Joos Vaillant, oorloÿemakere van ghereist 
thebbene, by laste van mynheeren voocht ende scepenen, naar Ghend. Alst 


ende Mechelen, om inspectie thebbene van den oorlogen aldaer waerinne 
zy ghevaciert hebben elc xij daghen te x s.’s daechs compt. Ix lib (x). 


En 1583, le magistrat commanda à Pierre Van den 
Gheyn, la fonte de la ro"°"et de la or clochette 
rillon, en même temps qu'il fit refondre les 4 plus pe- 
tites cloches, qui étaient d’une fausse tonalité. L'année 
suivante, on travaillait au placement des nouvelles cloches 
et on paya l’horloger pour un nouveau travail effectué à 
l’horloge. La grande cloche du couvent d'Hanswyck fut 
transportée à la tour pour complèter le carillon, et on fit 
une construction destinée à abriter les cloches. 

Voici les extraits des comptes concernant ces travaux, 
depuis 1583 jusqu’en 1586. 


1583-1584. — Betaelt M' Pieter Van de Gheyne voer het maecken van de 
negenthienste en xxe cloxke in de voerslach van de uerwercke als reste en 
volle betaling per ordonn. en quitan. ix lib. 

zetaelt Peeter Van den Gheyne voer thergieten van de vier cleynste 
cloxkens wezende van valsche thoone totte voerslach dienende ende we- 
deromme te hangen ter plaetse daer die afgedaen zyn, in volle betalinge 
van Ix gul. alhiér de somme van xxx£. 

Betaelt M: Jan de horologimaker voer het yzerwerck dienende totte xix° 
en de xx° clocke dienende totte voirs. voerslach per ordonn. xij lib. 

1584-1585. — Betaelt Henrick Van den Bossche (timmerman) met zyn 
gesellen voer ettelycke dachueren, z00 op St-Rombouts torren int hangen 
van de clocken, enz. 





(1) Comptes de la ville d'Ypres, du 1 Avril 1575 au 31 Mars 1576. Extrait 
de VAN DER STRAETEN, Mas. aux Pays-Bas, tome II, p. 290. 





3 


DE LA. TOUR ST-ROMBAUT SE 





Betaelt Jan Ingels, horologiemacker in minderinge van j° xx lib. hem 
toecomende voer d aenneme van het nieuw werck hem bestaet te maeckene 
aend voerslach ende wyvsere in der kercke alles blyckende int contracte 
en ordon. by der weth aengegaen de somme van xcij lib. 

Betaelt aen seckere oncosten gedaen by M" Peeter Van den Gheyne, 
Jacques Snyers, M' Gheert Van den Nieuwenhuysen, Anthonis Noort, ais 
t samen geemployeert totte wercke van der orlogie op St-Rombouts torre, 
volgende twee distincte ordon. met quitan. bedragende xxxv lib. ij s. 

1585-1586. — Betaelt den arbeyders hebbende die clocke van Hanswvck 
in de kercke van St-Rombouts helpen halen ii £is 

Betaelt denselven Jan Ingels voor zeker buytenwerck aen die stadt- 
orlogie gedaen by ordinnan. van heeren communiemeest. volgens zyn 
billet by heere tresoriers onderteekent. j £vis 

1586-1587. — Betaelt van smedenwerken op St-Rombouts torre tot het 
hanghen ende preservatie van den clocken. 

1587-1588. — Betaelt van schrynwerken gemaect te hebben op St-Rom- 
bouts torre, zoo om die clocken te hanghe tot gerief van de beyaert als om 
aldaer een nieuw waeckhuys te maecken voor den trompetter. 


Il est regrettable que le contrat dont parlent ces 
extraits ne se retrouve plus, car il nous donnerait la 
solution du genre de travail effectué au carillon. STEURS 
présume que c’est alors que le clavier fut construit, mais 
nous avons réfuté déjà cette erreur. Nous nous deman- 
dons alors quelle peut être cette nouvelle modification 
apportée au carillon. 

Nous croyons qu'il s’agit ici de la construction des pé- 
dales. Nous trouvons à ce sujet différents arguments 
indirects. 

Tout d’abord les payements effectués à l’horloger 
Ingels, pour un travail spécial fait à l'horloge. 

Nous croyons pouvoir prendre également en faveur de 


“cette hypothèse, l'argument que SrEuRrs avance en fa- 


veur de la sienne. Un extrait des comptes de l’année 1585- 
1586 mentionne une gratification payée au maître de cha- 
pelle, Rombaut Van de Scriecke (1) pour une composition 
musicale, destinée au voorslag, et pour le dédommager 
des peines qu’il s'est données en montant et en descen- 
dant la tour afin de fixer les airs sur le tambour et 
de s'occuper d'autres travaux relatifs au carillon. 


(1) Rombaut Van de Scriecke fut nommé maître de chapelle de l’église 
St-Rombaut, vers 1558. Jean Van de Scriecke, directeur du voorslag, de 1544 
à 1557, était sans doute un membre de sa famille. 


52 LÉ CARILLON ET LES CARILLONNEURS 





1585-1586. — Betaelt Rombaut Van den Scriecke, sangm' en coster van 
St-Rommons kercke alhier, voor eene gratuiteyt ende recompense hem van 
der stadt weghen gegunt voor ’t groot debvoir by hem gedaen, z0o int 
accorderen van d clocke van Hanswyck, int werk van den voorslach en 
beyaert op Sinte Rombouts torren, als tot het stellen ende componeren 
van de musieque opt voirs werck, waer mede hy seer langhen tyt geoccu- 
peert es geweest ’t zynder groote moyten int op ende aff gane van de voers 
torre breeder blyckende by de requestie ordonnan. van de weth ende zyne 
quitancie hier mede geexhibeert compt hier vij lib. 


I1 faut en conclure, dit SreuRrs, que le jeu du carillon 
se faisait d'après un système nouveau, En effet, la diff- 
culté rencontrée par Van den Scriecke devait trouver 
sa cause dans une modification nouvelle; mais il est 
évident qu'il ne peut s'agir ici du clavier, vu qu'il exis- 
tait déjà depuis plusieurs années, et que la présence ou 
l'absence de celui-ci ne pouvait pas influencer une com- 
position musicale et la fixation des airs sur le tambour. 
Mais il est bien plus probable que l'addition des grandes 
cloches au carillon ait rendu plus compliquée une 
composition musicale et ait exigé des études spéciales 
pour la fixation des airs. C’est, sans doute, pour ce mo- 
tif, qu'on eût recours au maître de chapelle, alors que 
régulièrement, c'était le carillonneur qui en était chargé. 

Enfin, ce qui nous confirme d'avantage la construc- 
tion des pédales, c'est la nomination en l’année 1588, 
d'un carillonneur, nommé Philippe Le Forge, qui con- 
naissait certainement le jeu des pédales. 

En effet, l'existence des pédales est constatée et établie 
en 1601, par un extrait des comptes qui alloue à Augus- 
tn de St-Obert, une certaine somme, pour avoir réparé 
les pédales. 


1601-1602. — Betaelt Augustyn de St-Obert, voir dat hy syn treeden gere- 
pareert heeft, den beyaerd op St-Rombouts thoren om datter meer clocken 
soude connen mede gespelen. üj gul. 


Or, Philippe Le Forge, remplacé une première fois, re- 


prend sa fonction en 1603. Il nous semble donc probable 
que Le Forge, jouant des pédales en 1603, a pu les em- 
ployer aussi en 1588, d'où nous croyons pouvoir conclure 
vs construction des pédales s’est faite vers l’année 
1962: 


" 








DE LA TOUR ST-ROMBAUT 53 








Les modifications apportées depuis lors au jeu de 
cloches, présentent si peu d'intérêt que nous nous passe- 
rons d'en faire la description. 

Toutefois, 1l serait intéressant de connaitre le nom- 
bre des cloches qui constituaient notre carillon. Mais 
la solution de ce détail est impossible. Nous nous 
bornerons donc à énumérer dans l’ordre chronologique, 
les cloches que nous avons trouvé mentionnées dans les 
registres jusqu’en 1680, alors que la ville acheta à P. He- 
meny, d'Amsterdam, notre carillon actuel. 

Avant l’année 1557, il ne nous est pas possible de fixer 
au juste, le nombre des cloches. En cette année, la ville 
décida d'établir un voorslag de 18 cloches. Ce nombre 
sectansmenté,; en 1553, d'une 19" et d'une, 20% cloche, 
fondues par Pierre Van den Gheyn, et de la grande 
cloche du couvent d'Hanswyck. 

Dans notre carillon actuel figure encore une cloche, 
datée de 1564, appelée Gels, et fondue par Adrien Stey- 
laert. Les comptes de 1583-1584 semblent pourtant dire 
qu'aucune nouvelle acquisition ne fut faite avant cette 
année. Il se pourrait cependant que cette cloche Giels, 
fondue déjà en 1564, n'ait été acquise qu’en 1583. 

Au commencement du XVII: siècle, le carillon s’accrut 
encore d’une petite cloche du poids de 70 livres, prove- 
nant du couvent d'Hanswyck (tr). 

En 1617, on transporta de l’église Ste-Cathérine au 
carillon de St-Rombaut, une cloche d'environ 950 livres. 

Pierre Van den Gheyn fondit une petite cloche de 185 
livres en la même année (2). 

Huit nouvelles cloches furent fondues en 1644, par 
Pierre Van den Gheyn, avec la matière restée en excès 
lors de la refonte du bourdon, en 1638 (3). 


1643-1644. — Betaelt Mr Eloy de Bonnejonne, beyaerder, 1$ gls voor de 
groote moeyte gedaen int accorderen van de nieuwe clockken die gegoten 
syn binnen dit jaer totten selven bevaert van”t overschot van de spyse van 
de groote klocke. 

Betaelt diverssche meesters die met myneheerer geweest hebben op den 





(1) Voyez STEURS, ouvrage précité, p. 155. 
(2) IDE, ibid., p. 156. 
(3) L'’ouvr. de Sreurs ne fait aucune mention de ces huit nouvelles cloches. 


54 LE CARILLON ET LES CARILLONNEURS 





thoren totte visitatie van de selve nieuwe clockken en de opt accord van 


den thoon te adviseren. iii] £ xvis. 
1644-1645. — Betaelt Peeter Van de Gheyn, de somme van 141 ,, 12, 
waer op dat beloopt syne afrekeninghe van het gieten van acht nieuwe 
clocken in de beyaert op St-Rombouts thoren daer van de spyse is geproce- 
deert van ’t overschot van de groote klocke van St-Rombouts ende alsoo 
hem meerder spyse is gelevert als totte clocken voors. behoefde, is hem 
de selve in betalinge gegeven van svn gieten, ende alsoo compt als by de 
selve specificatie oft affrekeninghe. ic xvi £ xi] ss. 


Le magistrat, à la requête du carillonneur Eloy Bon- 
nejonne, résolut en 1664, la fonte de deux nouvelles 
cloches, donnant les demi-tons (1). 


Is in policye camer gheresolveert te doen gieten twee clocken om te 
dienen tot halve thoonen in den beyaert volghens de req'° van M' Eloy 
Bonnejonne, beyaerder (2). 


En l’année 1666, Bonnejonne obtint encore une nou- 
velle cloche pour son carillon (3). 

Enfin, en 1673, le magistrat acheta à Jean Van den 
Gheyn, encore une nouvelle cloche, pour compléter le 
carillon. 


1673-1674. — Gelevert door Jan Van den Gheyn een nieuwe clocke totten 
beyaerdt volgens syn billet van 1 augusti 1673. 


Voilà tout ce que nous avons pu recueillir dans les 
documents officiels de la ville, concernant l’ancien ca- 
rillon de la tour St-Rombaut. 


Il nous reste maintenant à parler d'une pièce bien 1n- 
téressante, reposant aux archives communales de Bru- 
xelles, et dont on trouve une analyse très détaillée dans 
l'ouvrage de M. VAN DER STRAETEN : La Musique au Pays- 
Bas, tome V, pp. 294 et suivantes. C’est un volume ma- 
nuscrit, in-folio, de l’année 1648, portant l'inscription : 
dienende tot den vorschlag en hora in St-Nicolaes. Ce ma- 
nuscrit est de la main de Théodore de Sany, carillonneur 
de l’église St-Nicolas, à Bruxelles, et a été concu dans 
le but de faire l'apologie de l'instrument qu'il dirigeait. 


(1) STEURS ne mentionne pas ces deux cloches. 

: - À 
(2) Resolutieboek, tome III, p. 43. Voyez Archives communales. 
(3) Voyez STEURS, ouvrage précité, P. 158. 


“ 


LES 


DE LA TOUR ST-ROMBAUT 55 





De Sany donne des détails sur les différents carillons 
existants alors, et qu'il compare tous à celui de St-Nico- 
las, afin de mieux faire ressortir la supériorité de celui-ci. 

Il met en regard les carillons de Bruxelles (St-Nicolas), 
de Louvain, d'Anvers (tour N.-D. et {our St-facques), de 
Gand, de Malines, de Mons, de Tournai, de Laulle (église 
St-Etienne et tour de St-Puerre), de Laerre, de Nivelles, de 
Montaigu, d’Afflighem, de Ninove, de St-Omer, de Liège, 
de Bois-le-Duc, de Valenciennes, de Cambrai, de Middel- 
bourg et d'Amsterdam. 

Dans une première partie de son travail, il fait la des- 
cription des tambours d'horloge et voici les détails, con- 
cernant celui de Malines. 


Mechelen 


Het speelwerk van d'orlogie der stadt van Mechelen, staende op St- 
Rombauts thoren, is in syn hooghde vyf voeten, vier duymen. 

t Selve speelwerck is in syn breede, dry voeten ende twee duymen. 

’t Selve speelwerck heeft in syn breede 36 gaeten. 

’t Selve speelwerck speelt voor d'ure 68 maeten. 

’t Selve speelt voor de halff ure 34 maeten. 

’t Selve speelt voor de twee quartieren 2 maeten. 


Suit alors la tablature des cloches de chacun de ces 
carillons. Ils sont présentés d’après l’ordre numérique 
des cloches et dans ce tableau, celui de Malines, avec un 
total de 26 cloches, occupe la 5" place après celur de 
Bruxelles, composé de 38 cloches. 





Nous donnerons aussi, à titre de curiosité, la reproduc- 
tion du tableau comparatif de ces différents carillons. 


56 LE CARILLON ET LES CARILLONNEURS 





Tableau comparatif 


des difiérents jeux de carillon des Pays-Bas, d’afrès le manuscrit de 1648, 


conservé aux archives communales de Bruxelles 









































| 3 Di à | | = 9 a 5 | + È | 2 — Ë 
NN Re . TE] SRE | es | 28 | Observa- 
» 4 = "y € == ET 2 A": AE 
GORTÉEONS 8.8 ce SANG oe| 82 | SLA CE tions 
ST hauteur n°|* EN) Z 2.5 = Æ 
TZ 22 | ds Es 
| | | pour chaque 
Bruxelles |38|8p°8 pces | 4 p° 9 pces | 56 | go m° | 4om$ | 50m, 4.5 m° 
(beffroi) 
Louvain ADS ED IST DT DU TS ONE ED | 2» 1 0 
(St-Pierre) 
Anvers ST SO 4 O2 2 0 le SGD M 2 TD) 2 » ED 
(N.-Dame) 
Anvers 5 » 402 SE D) 36| 68 » 34 » 2 » A) 
(St-Jacques) | 
Gand SSID ER) 42 I D 42 53 » 26 » | 2» A) 
(beffroi) 
Malines 26 | 5 » 4 D SDL E)) 36 . 68 » 34 » 2 » 12 
(St-Romb.) 
Mons 18 | 4 » 10 » 22 9 » 38 | 69 » 321 » 2 » 1 PR) 
(Château) 
Tournai 5 » 51/2» 2 D) IO » 34 50 » 26 » 2 » 139 
(beffroi) 
Lille 50920 00) 3:10. 68 » 36-010 4 » 2.» 
(St-Etienne) | 
Lille ADI) FD TO) 73 D RDA 4 » 2 D 
(St-Pierre) | 
Lierre GS 0) 49 O D 360, 86 201135.» 4 D | 2 
(St-Gomm.) 
Nivelles SDS 00) 21940 19 24 | 48 D |20 » 240) ET 
Montaigu |:3 | 
Afflighem |: 
(abbaye) 
Ninove 27 i 
(abbaye) 
Liège 26 
| 
Bois-le-duc |25 | 
Valenciennes | 19 











mt 


DE LA TOUR ST-ROMBAUT A7 





Examinons maintenant la valeur de ce manuscrit en le 
comparant avec les documents que nous avons trouvé 
dans nos archives, au sujet du carillon de St-Rombaut. 

Il est avéré qu'en 1648 les grosses cloches ne servaient 
plus seulement à l’usage du culte, mais qu’elles étaient 
utilisées aussi dans le carillon. Ce qui ne laisse aucun 
doute à ce sujet, c’est le règlement des sonneurs de cloches 
stipulant, sous peine d’une amende sévère, que, avant de 
pouvoir employer les cloches pour la sonnerie, on est 
obligé de décrocher les marteaux du jeu de carillon. 
Cette mesure fut prise à cause de la fêlure du bourdon, 
survenue à la suite de pareille négligence en l’année 
1629 (1). 

D'autres documents nous apprennent que le bourdon 
donnait primitivement le sol dièse du diapason de l'or- 
gue. Ainsi en témoigne le contrat de refonte de cette 
cloche en 1638, qui stipule que la cloche devra donner 
le même son qu'antérieurement (2). Or, avant 1776, 
aucune modification ne fut apportée à cette tonalité; 
le cardinal de Franckenberg fit alors, à ses frais, baisser 
le son du bourdon d’un demi-ton et on changea le sol 
dièse en so/, afin d'obtenir plus d'harmonie avec les 
autres cloches. D’ après toutes ces données, il paraît donc 
clair que depuis 1498, année de sa première fonte, jus- 
qu’en 1776, et partant aussi en 1648, alors que de Sany 
écrivit son manuscrit, le bourdon, utilisé dans le carillon, 
donnait le s0/ dièse. 

Mais d’après le manuscrit de Théodore de Sany, cette 
cloche aurait donné le /a. Comment concilier ces diffé- 
rentes versions? Le carillonneur de Bruxelles a-t-1l été 
mal renseigné ? ou n’a-t-il écrit le /a pour le carillon de 
Saint-Rombaut que parce que le carillon de St-Ni- 
colas à Bruxelles ne donnait que le /a? Nous ne re- 
trouvons du reste dans aucune des autres notes le son 
d’une de nos cloches. Ainsi la 4° cloche de la série n’a 
jamais été refondue et est toujours la même qu’en l’année 
1498, lorsqu'elle fut coulée par Simon Waghevens. Cette 
cloche donne le do dièse du diapason (#1 du carillon) et 


(1) Voyez STEURS, P. 64. 
(2) IDEM, p. 69. 


58 LE CARILLON ET LES CARILLONNEURS 








le manuscrit lui attribue le re. C’est à croire que De 
Sany à élevé toutes les notes d’un demi-ton. 

Les recherches que nous avons faites pour reconstituer 
les sons des cloches de l’ancien carillon, n’ont pu nous 
faire débrouiller ce chaos de renseignements vagues. 
Tout ce dont nous sommes certain, c’est que le bourdon 
donnait primitivement le so/ dièse et fut baissé au sol, 
et que la 4% cloche de la première octave, qui est tou- 
jours la même qu’en 14098, donne encore aujourd’hui le 
do dièse du diapason. 

STEURS donne un tableau tonique des cloches de l’an- 
cien carillon, mais il ne cite aucune source et nous n'avons. 
pu retrouver cette liste. Nous avons cherché à découvrir 
quelque citation des airs joués par l’ancien voorslag. 
Nous n'avons pas été heureux dans nos recherches. 

Telle est, basée sur des documents authentiques, l’his- 
toire de notre ancien carillon. 


* 
k + 


L'ancien carillon, comme nous lavons dit, fut remplacé 
en 1079, par un autre plus complet, plus harmonieux, 
sortant des ateliers de Pierre Hemony, à Amsterdam. 


S september 1679. — Is geresolveert te coopen eenen beyaert van S"' 
Hemony, binnen Amsterdam. (Resolutieboek III, p. 62, v*.) 


Cette acquisition fut faite en vue de la célébration du 
jubilé de St-Rombaut en 1680. Eloy Bonnejonne, qui fut 
carillonneur à cette époque, a dù contribuer largement 
à cette décision du magistrat (1). F 

STEURS est d'avis que ce carillon ne fut pas com- 
mandé par le magistrat et serait un des carillons, pré- 
parés d'avance par Hemony, et dont il parle dans ses 
lettres au prieur d'Eenaeme (2). 

Cette opinion de Sreurs semble très fondée et on peut 
admettre cette manière de voir. 

Ce fut au 17 Janvier 1680 que l’on entendit le nouveau 
carillon pour la première fois; il se composait alors des 





(1) Vovez plus loin au chapitre des carillonneurs. 
(2) Voyez STEURS, p. 163. 


DTA 


mi 


DE LA TOUR ST-ROMBAUT 29 


32 cloches de Hemony, d’une cloche donnant le 50/, 
d'une autre le s0/ dièse, l’ancienne cloche de la demi 
heure, «du,:57 de Georges Waghevens, du do dièse de 
Henri Waghevens et du st bémol de Adrien Steylaert, 
et des 6 grandes cloches, ce qui faisait un total de 4? 
cloches d’une harmonie et d’un accord remarquables, 
comme nous pouvons encore en juger tous les jours. Il 
est très intéressant d'entendre ce jeu de cloches et de 
juger de son harmonie. Les notes harmoniques surtout, 
dans les cloches d'Hemony, sont très nettes et d’un 
moëlleux remarquable. Faut-il s'étonner de ces qualités 
des cloches d'Hemony, après ce que tous les connaisseurs 
ont écrit au sujet des talents de cet habile fondeur? 

Ecoutez M. Epm. VAN DER STRAETEN, dans son ou- 
vrage sur La musique aux Pays-Bas, tome pr 272 

« Hemony était excellent musicien et on du plus 
» grand mérite, 1l possédait une pratique merveilleuse de l’ac- 
» cord des cloches. » 

Et le docteur BiLzLon, dans sa Notice sur les cloches et les 
sonneries : « Pierre Hemonv travaillait à Amsterdam, à titre 
» de pensionnaire de l'Etat. Comme Mersenne, 1l avait observé 
» que chaque cloche touchée en plusieurs endroits, rendait par- 
» tout un son différent. Après bien des essais, 1l parvint à faire 
» donner à la cloche, l'accord fondamental qu, comme le plus 
» fort, engloutit tous les autres et se trouve dans la zône de per- 
» cussion. Il avait aussi trouvé la herce, la quarte, la quinte, 
» dans les flancs et les parties supérieures de la cloche ; 1l avait 
» observé que chacun des tons dépend de la largeur du cercle, 
» de l'épaisseur du métal et de la connexion entre les diverses 
» parties, de même que dans une corde, le ton résulte de la lon- 
» gucur de la force et de la tension. 

» Chaque partie harmonique d'une cloche peut donc étre dé- 
» terminée d'après des proportions parfaitement exactes. He- 
» nony était arrivé à pouvoir fondre une cloche en harmome 
» parfaite dans toutes ses parties, et à retrouver le ton fonda- 
» mental fixé d'avance par ses calculs. De sorte que la cloche 
» répondait aussitôt à chaque instrument bien accordé. 

» On voit, par ce qui précède, qu'une bonne cloche n'est pas 
» l’œuvre du hasard, mais le résultat de combinaisons savantes, 
» ct qu'un chef-d'œuvre campanaire est aussi précieux qu'un 
violon de Stradivarius où qu'un orgue de Dom Bedos. » 


2 


S 


) 


2 


60 LE CARILLON ET LES CARILLONNEURS 





A côté de ces merveilleuses cloches de Hemony, le 
carillon possède une série de bourdons dont le plus gros, 
pesant 9000 kilos, constitue une basse dont les pareilles 
sont rares. Il n’est donc pas étonnant que notre carillon 
soit admiré par tous les étrangers qui passent par Ma- 
lines. On se souvient sans doute des vers que Victor 
Hugo, lors d’un séjour à Malines, écrivit de sa bague sur 
les vitres de son hôtel (La Grue, à la Grand’ Place), et qui 
proclament son admiration pour cette musique aérienne. 


« J'aime le carillon dans tes cités antiques, 

» O vieux pays, gardien de tes mœurs domestiques, 
» Noble Flandre. où le nord se réchauffe engourdi 

» Au soleil de Castille et s’accouple au midi! 

» Le carillon, c’est l'heure inattendue et folle 

» Que l'œil croit voir, vêtue en danseuse espagnole, 
» Apparaitre soudain par le trou vif et clair 

» Que ferait, en s’ouvrant, une porte de l'air; 

» Elle vient, secouant sur les toits léthargiques 

» Son tablier d'argent plein de notes magiques, 

» Réveillant sans pitié les dormeurs ennuyeux, 

» Sautant à petits pas comme un oiseau Joyeux, 

» Vibrant ainsi qu'un dard qui tremble dans la cible; 
» Par un frèle escalier de cristal invisible, 

» Effarée et dansante, elle descend des cieux; 

» Et l'esprit, ce veilleur fait d'oreilles et d'yeux. 

» Tandis qu'elle va, vient, monte et descend encore. 
» Entend de marche en marche errer son pied sonore! » 


La ville de Malines peut revendiquer à bon droit 
l'honneur d’avoir eu toujours un des meilleurs carillons. 
Nous avons vu le magistrat de Gand, en 1543, et celui 
d’Ypres, en 1575, reconnaitre ce titre à notre ancien ca- 
rillon, Pour notre carillon actuel, il n’est pas de doute 
qu'on doive le considérer comme le meiileur de ceux 
existant encore. Cette appréciation est unanime et depuis 
longtemps accordée. Nous avons encore sous les yeux 
une revue du 1° Aôut 1847. « Het brusselsch Tydschrift » 
dans laquelle se trouve un article sur l’origine du pre- 
mier carillon, et l’auteur, après avoir cité les meilleurs 
carillons tels que ceux de Dunkerke, d'Anvers, de Gand et 
de Bruges, finit l’article par ces mots : 


En die van Mechelen spant zekerlijk-de kroon. 


DE LA TOUR ST-ROMBAUT GI 








Les modifications apportées au carillon depuis 1680, 
sont de peu d'importance et consistent le plus souvent 
dans des réparations au mécanisme, et dans des amélio- 
rations aux cloches. 

L’agrandissement fait au carillon de St-Rombaut, en 
1682, par Melchior de Haze, dont parle M. Van der 
Straeten, dans le tome V, p. 343 de son ouvrage, La 
musique aux Pays-Bas, est certainement une erreur. Le 
savant musicologue a confondu ici le carillon de St- 
Rombaut avec celui de l’église Notre-Dame au-delà de 
la Dyle, où le maître Anversois travailla en cette année 
à l'amélioration du carillon que cette église avait repris 
de l’église St-Rombaut en 1680. 

Nous avons trouvé dans une liasse de papiers reposant 
aux archives communales, une copie du manuscrit de feu 
le carillonneur Colfs. Compte du 2 Avril 1763. Cet écrit 
contient le nombre de cloches existant en 1761, avec 
le son de celles-ci et le nombre des marteaux qui jouent 
| par le tambour sur chacune des cloches. 


Getallen der hamers op de klokken van den byaerd op St-Rombauts 
thoren, welke er waeren den 23 December 1761 : 


(Klank der klokken).. a (bb: h'c©1c* d ebrebfi fx, g,gx aybb h € cx 


D 

(Getal hamers). DA SANS NON SNA TARA A DR dAaUt Ar 575 
CMP Er due bn MESA Elle Le Joxta ‘D 
RME NS A NS M ANTON 40 ANA A2 402277 93 Zonder hamers. 
| Cette nomenclature ne comprend pas les grandes 

cloches qui étaient alors au nombre de 7. Ce qui fait“ 

un total de 45 cloches en 1761. 

Il existe encore un relevé identique daté de 1777. 


En 1777, 44 cloches, dont 41 ont des marteaux, qui jouent par le tambour. 
Voici la liste : 


CNE oo Ab VMC cridi ere fit grex a b}hv:eCx 
DR NE AI ON 2 a SN NS 2 LES ae 40 D ac Ar Daa PA rar St 4 
MORE ET MONET a hirettcs ndréee, € fee gxva tb. 

RP A MO A a Ad an EU SES 0913; 2 Sansmarteanx. 


Dans cette liste, les 6 premières appartiennent aux 
grandes cloches, mais le bourdon n’y est pas mentionné, 


62 LE CARILLON ET LES CARILLONNEURS 








Nous savons qu'à cette époque on s’occupait de modifier 
le son de cette cloche et de le porter de h en b. Le total 
est donc là aussi de 45 cloches. 

Lors de la révolution française, en 1702, l'existence de 
notre carillon courut un immense danger et, sans le ca- 
rillonneur Haverals, alors en fonctions, notre carillon 
eùt subi le sort de plusieurs de ses semblables. Mais 
Haverals avait su amadouer la fureur des autorités fran- 
çaises en leur persuadant que le carillon devait, par ses 
refrains, servir à célébrer la gloire de la république; 1l 
avait même obtenu de pouvoir transporter à la tour St- 
Rombaut, la grande cloche de l’église St-Jean, dont le 
ton faisait défaut dans le carillon. Cette cloche, sauvée 
du désastre, ne reçut jamais sa place dans le carillon. 
Gardée dans les Halles, elle fut retournée après les 
troubles, à l’église St-Jean. Le ton qui manquait dans 
notre carillon, le so/ dièse de la première octave, n’y à 
été ajouté qu'en 1873. Malheureusement, cette cloche 
est fausse. 

Notre carillon, tel qu'il existe aujourd’hui est composé 
de 45 cloches, formant 4 octaves. La dernière petite 
cloche, mentionnée dans les 2 relevés précédents, n’y 
figure plus aujourd’hui. 


Première octave 


1. Salvator, donne  Sib où B, pèse 8884 kilogr. (L.etS. V. Aerschot, 1844) 


2. Charles, D DO DAC MEN É000 ». (M. De Haze, 1696) 

3. Rombaut, » AAREROAD EPS » (S. Van Aerschot, 1861) 
4. Maria, DENT SE 000 » (Simon Waghevens, 1408) 
5. Madeleine, DR AD MT RE O0 » (M. De Haze, 1695) 

6. Libert, DALRAT D EEE 740 » (And. V.den Gheyn, 1766) 
7: D NSOMDN EC DES » (And. V. den Gheyn, 1777) 
8. »  Solï» G*, » 7120: » (A. L.]J.V. Aerschot, 1873) 


Deuxième octave 


9. Fondue en 1735, par Georges Dumery, donne La ou A. 
10. » 1564, » Adrien Steylaert, » Sir » B. (Gielis.) 
Te » 1515, » (Georges Waghevens, » Si » H.(Micha«l.) 
12, "» 1674, » P. Hemony, DLMDOREC 
19: » 1480, » Henri Waghevens, » Dox» Cx.(Yhesus) 
T4 » 1674, » P. Hemony DA RE ID 


15. » 1784, » André VandenGheyn, » Mit» Eb. 


PTT 








DE LA TOUR ST-ROMBAUT 63 
16. Fondue en 1674, par P. Hemonvy, donne Mi ou E. 
T7. » » » z » F » Fa » F. 
ES » » » » » Fax » Ex 
19. » 1784, » André Van den Ghein, » Sol» G. 
20. » 1674: 00 P° -Hemony, »  Solk» Gx. 


Troisième octave 


21. Fondue en 1674, par P. Hemony, donne La ou A. 
22 » » » » » Sjÿb, » B: 
23 » » » » » SUN CEE 
24 » » » » » DoeC: 

25 » » » » AMD UC x: 
26 » » » » » Rep; 
27 » » » » » Mib » Er. 
28 » » » » » Mi » E. 
29 » » » » » Faber 
30 » » » » » Fa* » Ex 
37 » » » » DES OL) Cr 

32 » » » » » Sol » Gx 


Quatrième octave 


33. Fondue en 1674, par P. Hemony. donne La ou A, 
34 » » » » » Sib » B. 
35: » » » » » SIT LETS 
230: » » » » » Dot: 
37: » » » » » Dox » Cx. 
38. » » » » » Rens: D: 
39. » » » » » Mib » Eb. 
40. » » » » » Mira: 
fe » » » » » IP OI 
2. » » » » » Fax » Ex. 
43. » Ra) » » » Sol » (CG: 
Aie » » » » » Solx » (Gx*. 
45. » » » » » Déaen AU 


Nous ne pouvons terminer cet article sans adresser 
nos plus sincères remerciments à Monsieur l'archiviste 
Hermans. C’est avec infiniment de bonne grâce et d’em- 
pressement qu'il a mis à notre disposition tous les re- 
gistres des archives communales, dont nous avions besoin 
pour réédifier l’histoire du carillon de St-Rombaut. 


64 LE CARILLON ET LES CARILLONNEURS 








Les Carillonneurs 


On a beaucoup discuté sur la signification du mot 
beiacrden, dont l'usage est déjà fort ancien. Nos re- 
cherches nous ont amené à conclure que beraerden, si- 
gnifait anciennement : frapper rapidement deux ou trois 
clochettes, au moyen de petits marteaux ou de baguettes 
de bois. 

Un manuscrit de la fin du XV: siècle, (époque à la- 
quelle le clavier du carillon n’était pas encore en usage), 
reposant aux archives de l’église Notre-Dame de cette 
ville, confirme cette opinion, par la citation d’un paye- 
ment fait pour avoir carillonné. 


Van de Scellekens te bevaerden üiij gr. 


Cette façon de carillonner n'avait rien d’artistique et 
n'exigeait aucun talent spécial. Aussi cet office était-il 
rempli tantôt par un modeste fonctionnaire, désigné à 
cet effet, tantôt par le sacristain. 


1373-1374. — It. Jan piet omme dat hi wale beyarde. 

1385-1386. — It. den costers van St. Romonds omme dat zy wale en siere 
luydden doen de gewareghe boodscap van de payse comen was. 

It. Jan pyet omme dat hy wale bevaerde. 


1430-1431. — Item den costeren van St-Rombouds omme dat si bevaerden 
doen de merc quam dat myne vrouwe van bourg’ ghelezhen was. 
1444-1445. — It. V elle lakens half blauw half roet voir den beyardere 


coste x. s. x den. 


It. ghegeve den costers en den beyaerden elc VI gelten wyns comt op 
xi] S. mech, 


It. ghegeve meester Janne Claes, surgyn omme dat hy den beyaerdere van 
de stad zynen vingher genezen heeft dat hy zyn vorste let af verlore heeft 


C'était vers le milieu du XVI° siècle, comme nous 
l'avons déjà dit, que le clavier fut adapté au carillon. 
Dès lors, le jeu des cloches exigeait une éducation ar- 
tistique, aussi voyons-nous dans la suite, la place de 
carillonneur occupée par des musiciens de talent. 

Mais avant de nous occuper de ceux-ci, disons quelques 
mots de la mission de ces fonctionnaires. 


DE LA TOUR ST-ROMBAUT 65 








Le carillonneur était salarié par le magistrat, à la 
condition, qu'il jouerait du carillon à certains Jours de la 
semaine, les dimanches et jours fériés. Le premier con- 
trat de ce genre, retrouvé dans nos archives, date de 
l’année 1592, et se trouve reproduit dans STEURS, p. 251. 

Il prescrit de carillonner à toutes les grandes fêtes, 
tous les dimanches, à toutes les veilles de fêtes, le soir, 
au moins une heure. Tous les samedis ou autres jours 
de marché, le matin et le soir, ensemble une heure. Tous 
les jeudis, à l'heure de la messe du S. Sacrement, et le 
soir au salut, chaque fois une demi-heure. 

Un second contrat, daté de 1617, aussi reproduit dans 
STEURS, stipule la 


« condicion que le dict Husseme Tison, natif de la ville de Mons, serat 
obiigé et tenu de tonner et bateler sur les cloches sur le grand tour de 
l’église de St-Rombout une demie heure durant entre unze et douze heures 
ou midy tous les jours dimenches et festes, samedys et tous les jours et 
veilles de recreacion, et comme la veille de l’an, la veille des Roys, aux 
trois jours dict vastelavont et jours semblables. Item tous les dimenches, 
jours de festes, samedy et jeudy au salue, et à toutes messes du venerable 
sainct sacrement et à toutes processions générales. Item sur les veilles et 
jours de festes solemnels, et tous les jours durant les semaines des decaces 
de cette ville, commençant à la veille au midy devant la decace, aux quelz 
jours, il fera extraordinaires debvoirs. 

« Item aux entrées de quelques grands seigneurs, triumphes. solemneles, 
assemblées de messieurs du magistrat de cette ville et à tout aultres temps 
quand il luy sera commandé de par la dicte ville sans y faire refus. » 


Les contrats de 1625 et de 1637 sont les mêmes que 
“lui dé TOY. 
En 1714, le règlement pour le carillonneur n'a pas 


encore subi de grandes modifications; remarquons ce- 


pendant, que dans ce contrat, le lundi figure comme Jour 
obligé pour le jeu du carillon, sans doute à l'occasion de 
la réunion du magistrat. 


« In den eersten moet hy spelen alle Sondaghen, ende alle Heylichdagen 
van half ure twelf tot half ure een, ende alle Maendaghen van half ure 
neghen tot half ure thien. 

Item Maendagh Deynsdagh, Woensdagh naer kermisse, alle merckt- 
daghen, dat is alle Saeterdaghen ende dat van half ure twelf tot half ure 
een, uytgenomen Saterdagh ende Sondagh van de Passie en de Palmen 
Sondagh ende Saterdagh te voren oock en mach men noint spelen gedu- 
rende de dinsten van alle begraeffenissen niet eerder voor de lichaemen ter 
aerden syn. 

5 


66 LE CARILLON ËT LES CARILLONNEURS 





Item hy sal moeten spelen allen die groote feestdaghen, gelyck hier is 
volgende ten minsten eene ure lanck. (V. STEURS, p. 290) | 


En dehors des jours de fête et de solennité, le carillon 
se fait encore entendre aujourd’hui régulièrement trois 
fois par semaine. Le lundi, de 11 1/2 heures à midi; le 
samedi, de 11 heures à 11 1/2 heures; le dimanche, de 
11 heures à midi. 

L'obligation de carillonner le lundi, remonte à une 
époque déjà ancienne. Elle avait sa cause dans las- 
semblée du magistrat. Le règlement du carillonneur, en 
faisait déjà mention en 1617. De nos Jours, le magistrat 
ne se réunit plus le lundi, mais l'habitude de jouer du 
carillon en ce jour nous est restée. Le carillon joue encore 
le samedi, à l’occasion du marché. Et le dimanche, on 
carillonne pour la réjouissance de tous les habitants. 

Un dicton populaire, encore assez connu aujourd’hui, 
expose les motifs de ces différentes séances musicales. 


*‘s Zaterdaags voor de boeren 
*s Manendaags voor de heeren 
En ’s Zondaags voor de hoeren 
Die met de heeren verkeeren. 


Depuis l'été dernier (1892), l'administration commu- 
nale a introduit une modification dont on peut la féli- 
citer. Pendant les mois de juin, d'août et de septembre, 
le carillonneur donne le lundi, de 7 à S heures du soir, 
une audition musicale, qui remplace celles du lundi et 
samedi matin, et à laquelle il apporte tous ses soins et 
ses talents. Nous sommes très heureux de cette innova- 
tion, car elle nous permet pendant les mois d'été, de jouir 
chaque semaine d’un artistique concert aérien, et nous 
donne l’occasion d'apprécier les qualités musicales de 
nos belles voix d’airain. Aussi ne saurions-nous suffi- 
samment engager les personnes qui n’ont jamais entendu 
jouer du carillon et tous les amateurs de musique de 
venir à Malines, le lundi soir, entendre cet orchestre 
campanaire. 

Nous exprimons ici le vœu de voir un jour l’adminis- 
tration communale, continuant dans la voie artistique 
où elle est entrée, décider l’organisation d’an concours 
pour carillonneurs. Cette joùte artistique ne manquera 


DE LA TOUR ST-ROMBAUT 67 





pas d’intéresser le public, et permettra à tous d'apprécier 
notre carillon et les talents des artistes concurrents. 

A propos de concours, disons que ceux-ci sont déjà 
anciens. En 1590, la place de carillonneur à la Tour St- 
Rombaut fut mise au concours. Trois concurrents se 
présentèrent. 

Adrien LE Pris, carillonneur de Mons, Jean Bras- 
SAERDT, Carillonneur de Mons, et un troisième carillon- 
neur venant de Dixmude. Ce fut Le Pris qui l’emporta. 

En 1714, un autre concours fut décidé pour ia place 
vacante. Un certain SCHEPER, carillonneur de Gand, se 
présenta, mais le concours n’eût pas lieu et la place fut 
donnée à Antoine Cozrs de Malines. 

Nous ne parlerons pas des difficultés qui ont marqué 
le concours de 1772. L'ouvrage de STEuRS et celui de 
Van Elewyck (Wattmas Van den Gheyn) s'en sont occupés 
très longuement. 

Parmi les inscrits on trouve un certain SCHEPERS; 
Jean LEEMaAxSs, carillonneur de Bruges, et MAGERMAN, 
également de Bruges. Après bien des péripéties on décida 
de ne pas faire de concours et d’accorder la place à celui 
qui aurait offert la plus forte caution. 

Les artistes qui soumissionnèrent furent : 

Jean Corneille STREITNER, de Malines; le fils de Mat- 
thias Van DEN GHEYN, de Louvain; DobELET,; et [.-B. 
Kieckexs. La place fut accordée à ce dernier. 

En 1788, à la mort de Kieckens, on fit de nouveau 
appel aux artistes, mais cette fois le concours fut sérieux. 
ViTzTHUMB, directeur de la Monnaie, KRAFFT, maître de 
chapelle à la cathédrale de Gand, SCHEPERS, organiste 
et carillonneur à Alost, furent demandés pour faire partie 
du jury. Ces deux derniers, empêchés, furent remplacés 
par Van HELMoNT, maître de chapelle à Ste-Gudule, et 
E. J. l'Œrzzer, organiste de la chapelle royale à Bru- 
xelles. Six concurrents étaient inscrits : Gerard-Gommaire 
HaAvERALSs, carillonneur à Lierre ; Antoine-[Joseph CEULE- 
MANS, habitant Lierre; François VAN HORENBEECK, de 
Wavre-Notre-Dame; François-Martin-Jos. DE Pris, de 
Louvain, carillonneur et organiste à l’abbaye de Ste-Ger- 
trude de cette ville: DEcKkERS, de Diest; LoRET, carillon- 


A 


neur et organiste à Dixmude. Le concours eût lieu le 


68 LE CARILLON ET LES CARILLONNEURS 





7 juillet 1788. DE Prins et LoRET ne se présentèrent point 
et HavERALs remporta la palme sur ses concurrents. 


Nous communiquons ici la liste complète des carillon- 
neurs qui se sont suivis depuis 1557, époque à laquelle 
on nomma le premier carillonneur à gages fixes. 


Christophe RimBouT (octobre 1557-octobre 1560) 


Jean SrryposcH ( 1570- 1572) 

Jean DE VRYERE ( 1580-juillet 1585) 

Philippe LE FORGE (1 mai  1588- ) 

Augustin DE ST-OBERT (14 novembre 1592-7 juin 1597) 

Philippe LE FoRGE (22 décembre 1597-25 septembre 
1599) 

Adrien LE Pris (20 novembre 1599- 1602) 

Augustin DE ST-OBERT ( 1602-23 août 1603) 

Philippe LE ForGr (15 novembre 1603-27 septembre 
1605) 

Gery LE FORGE (27 septembre 1605-2 mars 1617) 

Gerard VAN MUNTEN (mars 1617-juillet 1617) 

Gillis STERCK (22 juillet 1613-12 octobre 1617) 

Ursme THison (12 octobre 1617-15 juillet 1625) 

Jacques Du Buze (15 juillet 1625- 1625) 

Louis GLEIZE (19 décembre 1625-19 septembre 
10637) 

Eloy BoNNEJONNE (12 septembre 1637-18 octobre 
1686) 


Jean BONNEJONNE (18 octobre 1686-13 mars 1700) 
‘Jean-Baptiste Jacops (17 mars 1700-25 janvier 1713) 
Antoine CoLrFs (20 février 1713-11 mai 1720). 
Jean-Joseph Corrs (11 mai 1729-2 novembre 1771) 
Corneille STREITNER (4 novembre 1771-16 mai 1772) 
Jean-Baptiste KieckENS (16 mai 1772-12 janvier 1788) 
Gerard-G"“"* HaveraLs (12 juillet 1788-13 avril 1841) 
Louis WITTMANN (13 avril 1847-1 janvier 1849) 
Adolphe DENYx (x janvier 1851-1 janvier 1887) 
Joseph DExvx (1 Janvier 1887) 


AL 


DE LA TOUR ST-ROMBAUT 69 





Nous complèterons cette liste par quelques détails bio- 
craphiques, que nous avons pu rassembler sur chacun de 
ces artistes. 


Christophe Rimbout 


Il entra en fonctions au mois d'octobre 1557 (1) et non 
pas au mois de juillet 1559, comme le dit Sreurs. IH 
reçut un salaire de 36 florins par an. 

Nous savons que sa nomination correspond avec la 
confection du premier clavier manuel au carillon. 

Il était, sans doute, artiste d’un rare talent, car le 
magistrat le préféra à François de Vriese, habitant de la 
ville, facteur de clavecins. Celui-ci était lui-même excel- 
lent musicien, car il avait déjà joué du carillon avant 
l’arrivée de Rimbout (2). 


1568-1569. — Betaelt francen d: \'riese voor het stellen van de clavesim- 
ble van sekeren armen vondelinck alhier. IS 
1569-1570. — Betaelt francen de Vricese tot behulp van een nyeuwe clave- 


simble voor den blinden vondelinck in septembri Ixx xij S. 


Rimbout ne resta pas longtemps en fonctions, sa place 
fut supprimée au mois d'octobre 1560 (3), à cause des tra- 
vaux d’agrandissement qui se firent alors au carillon. 


Jean Strybosch 


JF était inconnu à Sreurs. Sa carrière a été courte. 
Depuis l’année où Rimbout fut renvoyé jusqu’en 1570, 
nous n'avons pas trouvé trace d’un carilonneur. Nous 
ne pouvons pas non plus affirmer que Strybosch, dont 
nous trouvons la mention en l’année 1570, n'a pas ‘caril- 
lonné antérieurement, car, à en juger par les annotations 
trouvées aux revistres des comptes, on pourrait croire 
qu'il n'avait pas de salaire fixe et qu'il ne carillonnait 
qu'à la demande expresse du magistrat. Nous perdons 


(1) Voyez plus haut, page 47. 
(2) Voyez plus haut, page 47. 
(3) Voyez plus haut, page 48. 


70 LE CARILLON ET LES CARILLONNEURS 








de nouveau sa trace, en 1572, sans doute à cause des 
troubles provoqués par l'invasion des Espagnols. 


1570-1571. — Betaelt Jannen Strybosch beyarder op Sinte Rommonts 
thorren van zesse maenden lanck des Sondaechs ende heylichdaechs op 
ten beyaert van Sinte-Rommonts thorren gebeyaert ende gespeelt theb- 
bene in januario 1571 v %. 

1571-1572. — Betaelt Jannen Strybosch, beyarder op Sinte Rommonts 
thorren voir een half jaere loons, verschenen Johannis Ixxij p. ord. v£. 


Jean de Vryere 


SrEurs ne le cite pas. Nous le rencontrons pour la 
première fois dans les comptes de 1580-1581. 

Les extraits des comptes ne nous permettent pas de 
conclure s’il a carillonné avant cette date. Nous y trou- 
vons mention de diverses livraisons de peaux de tam- 
bours, faites par le même de Vryere. 

Il est probable que de Vryere, tanneur de profession, 
fût bon musicien, et ait été demandé par le magistrat, 
pour jouer le carillon aux jours de fêtes. Il ne reçut pas 
de salaire fixe, car il est payé séparément pour chaque 
séance musicale. 


1580-1581. — Betaelt Jan de Vryere van dat hy tot diverssche reijsen ge- 
bevaert heeft op St-Rommonts thorren op de horologie, XXXi] S. 
1581-1582. — Betaelt Janne de Vryere, beyaerdere op St-Rommonts tho- 
ren voer zynen loon t sdaechs twee stuyvers beloopt voor xüj maenden 
begonst ierste augusti Ixxxi en geeynt leste septembris Ixxxii per vyff 
distincte ordinan. xxXxIix£ x iii] s. 
Betaelt den voern Jan de Vryere voer de leveringhe van xxxij vellen tot 
behoeve van de trommelslagers van de borgerve gelevert sedert xxi juny 
81 totte vi] : septembris 82, blyckende by een distencte ordinan. beloopen 
xvii] £ 
1584-1585. — Betaelt Jan de Vryere voer acht maenden luyenen ende 
beyardene op de clocken soo in der kerk van St-Rombout als tot onser 
Lieve vrouwen, verschenen, de leste in julio a° 1585 de somme van Ix £ xijs. 
ee ae gereijeert als niet betaelt volzens de bekentenisse van den 
tendant, 


Philippe Le Forge 


Cet artiste dont la mention reparaît dans les comptes 
aux années 1597 et 1603, h'est pas cité par STEURS, à 


Le 


DE LA TOUR ST-ROMBAUT PE 





l'année 7589, alors que déjà 1l se trouve au service de 
la ville. Admis le 1° mai 1588, à traitement fixe, il n’est 
plus mentionné en 1589. Il nous parait que Le Forge 
jouait des pédales alors, car ce fut probablement à cette 
époque qu'on les adapta au carillon. 

En 1592, il est remplacé par Augustin de St-Obert. 
Nous ignorons les motifs de son départ, mais la ville, 
ayant pu apprécier ses qualités d'artiste, s'adressa de nou- 
veau à lui en 1597. 

Il avait été entretemps carillonneur à Soignies. C'est 
là que le magistrat le fit chercher, pour venir à Malines 
jouer du carillon pendant les jours de kermesse. IT est 
probable qu'à cette occasion, le magistrat fit un accord 
avec lui pour le garder à Malines, car il figure de 
nouveau dans les comptes comme carillonneur, avec une 
augmentation de salaire. On lui paya de plus une indem- 
nité pour frais de transport de ses meubles venant de 
Soignies. 

Le Forge était un artiste peu fortuné, puisque le 
magistrat lui accorda un subside pour l'établissement 
d’un métier de tisserand, afin de lui procurer les moyens 
de subvenir aux soins de sa famille. Ce furent sans doute 
les difficultés pécuniaires qui le forcèrent d'abandonner 
de nouveau son poste le 25 septembre 1599, alors que 
cependant son salaire eut encore été augmenté de x den. 
En 1603, on le rappela une seconde fois. mais survinrent 
de nouvelles difficultés, et on manda de St-Obert. Ce 
n'est qu'après trois semaines qu'il reprit sa place, et son 

salaire fut encore majoré jusque 3 livres par semaine. 
Enfin, il quitta définitivement Malines le 27 septembre 
1605, et fut alors remplacé par son frère. 


1587-1588. — Bet. Phls Le Forge, beyaerGere op St-Rombouts torre voor 
den loon van dertich stuivers ter weke daer over de heeren tresoriers met 
hem overeen comen zyn dat hy t’allen behoorlyke tyden zyvn debvoir van 
bevaerden zouden coen, begonst zyn voorn loon den 1° mav 1588 ontfaen 
de elff weken geexpireert den 16 juli 1588. SALE STE 

1588-1589. — Betaelt Phls Le Forge, bevaerdere op Sinte Rombouts toren 
voer den loon van dertich stuivers ter weken volgende voergaende reke- 
ninghe voor neghen weken ordinaris gaigie tot dertien stuivers t:r weecke 
compt sestien gulden thien stuivers ende was de selven sculdich van de twaelf 
gulden die ick hem geleent hadde door ordinan van der wet dry gulden 
die myn heeren hem quyt gesconden hebben compt,te samen xvi£xs. 


72 LE CARILLON ET LES CARILLONNEURS 





1596-1597. — Hans Vrancx geweest tot Soigny in henegouwe aen den 
beyaerdere aldaer ten eynde hy hier comen soude om onse kermisse te 
vereeren met beyaerden volgens d'ordonn. van 5 july 1597. 

‘Betaelt Phls Le Forge, beyaerdere binnen de stadt van Soingny voor 

ses daegen by den sélven hier gevaceert ontboden wesende om te ker- 
misse hier te komen op de clocken spelen, 9 july 1597. 
__ 1597-1598. — Betaelt Phls Le Forge beyaerder op St-Rombouts toren 
alle weeken twee guld. eens volgende d'ordinantie van der weth. In date 
xxij december 1597 verschenen d’eerste weke den 27 derselve tot den ,xvii) 
july 1598 compt dertich weken t’ samen Ix guld. 

Betaelt Phls Le Forge, beyaerder thien guldens eens, den selven in twee 
‘reysen geordonneert te betaelen tot subsidie van syne reysen en het trans- 
porteren van syne familie tot hier comende van Soigny volgens ij ordon- 
nan. tt’ samen x guld. 

1508-1509. — Betaelt Phls Le Forge, beyaerder op Sinte Rombouts toren 
16 guls eens hem by mynheeren van de weth geschonken om opte rechten 
en te stellen, een getouw t’ synen woonhuyse, om te beter synen cost te 
mogen winnen volgens d'ordonnantie van ix novemb. 1598 en quittan. 
t’ zamen xvi guld. Dr. 

1599-1600. — Betaelt Phls Le Forge bevaerder op Sinte Rombouts thoren 
alle weecken twee gul voir vij weken ende daer naer geaugmenteert tot 
twee gul x st. comt t  zamen tot den xxv september 1599 xxi É X st. 

1603-1604. — Betaelt sekeren bevaerder hier gecomen om te spelen in 
absentie van Augustyn de St-Obert volgens d'ordonnantie van 28 october 
1603 ii guld. 

Betaelt Phls Le Forge vier guls eens, den selven gegund hier gecomen 
wesende en aanveerd als beyaerder op St-Rombauts thoren volgens d'or- 
donnanties t' zamen. it guld. 

1604-1605. — Betaelt Augustyn St-Obert. beyaerder voir dry weken gagie 
tot ij gul. x st. ter weken maken vij gul. x st. verschenen r4 augusti 1604 
d leste, in wiens plaetse gecomen es Phls Le Forge compt voer xlix weken 
tot dry gulden ter weken geexpireert xvi july xvie vyff compt hier voir hun 
beide t’ zamen. cliij gul. x st. 

1605-1606. — Betaelt Phls Le Forge, beyaerder, voer ix weken gagie tot 
dry guldens ter weken geexpireert den xvij september xvic vyff de somme 
van seven en twintich guldens. 





La place laissée vacante par le premier départ de Ph. 
Le Forge (1589), fut quelque temps sans titulaire. Entre- 
temps, aux jours de réjouissances publiques, la ville dut 
avoir recours à des artistes étrangers pour jouer du ca- 
rillon. C’est aïnsi qu'en 1592, on manda le carillonneur 
de l’église Ste-Elisabeth, de Mons, pour venir jouer à Ma- 


lines, pendant les jours de kermesse du mois de juillet. 
» 
1591-1592. — Betaelt den bevaerder van St-Lysbetten binnen Bergen in 
Henegouwe dertich stuivers eens van gebeyaert te hebben ter kermissen 
in Julio laestleden volgende ordinan.: | XXX: Stel 


DE LA TOUR ST-ROMBAUT 73 





Augustin de St-Obert 


Le magistrat fut sans doute en peine pour trouver un 
carillonneur en 1592. Il fit venir de Valenciennes les 
frères de St-Obert pour arranger et restaurer le carillon. 
Tous les deux étaient carillonneurs, mais Augustin, sans 
doute, meilleur artiste que son frère Philippe, fut accep- 
té par le magistrat comme carillonneur de St-Rombaut; 
quelques années plus tard nous le retrouvons aussi au 
même emploi dans la ville d'Ypres. Philippe, tout en 
étant carillonneur, était plus habile mécanicien. Ce 
fut à lui qu'on paya les frais de réparations. Jamais il 
n'est fait mention de lui comme carillonneur en titre, n1 
à Malines, ni à Ypres, où il se retrouve aussi avec son 
frère. Les de St-Obert étaient tisserands de profession, 
un extrait des comptes de la ville d’Ypres nous l’apprend; 
il y est fait mention d’un troisième frère du nom de 
Pierre: 

Augustin de St-Obert entra en fonctions à Malines, 
le 14 novembre 1592 (1) et quitta Malines le 7 juin 1597. 
Chose étrange, son salaire depuis 1592, ne lui fut remis 
qu’à son départ en 1597, ce qui nous ferait supposer qu’il 
ne manquait pas de ressources. Rappelé à Malines en 
1602, il quitta de nouveau son poste le 23 août 1603. 
Le magistrat fit probablement des instances pour qu'il 
revienne ici, mais il négligea sans doute de répondre, car 
quand il se fut décidé, il trouva Philippe Le Forge in- 
stallé à sa place. On le dédommagea alors pour ses frais 
de voyage. 

Rappelé quelques mois plus tard, à l’occasion des diffi- 
cultés qui avaient surgi entre le magistrat et Ph. Le 
Forge, il ne passa ici que trois semaines après lesquelles 
ce dernier rentra en fonction. En l’année 1608-1609, nous 
retrouvons la famille de St-Obert réunie à Ypres. 

Augustin était carillonneur, Philippe est mentionné 
pour une livraison de petites clochettes, et Pierre est:sub- 
ventionné ainsi que ses deux frères, pour avoir introduit 


(1) Voyez le contrat dans STEURS, p.251. 


74 LE CARILLON ET LES CARILLONNEURS 


à Ypres l’industrie du tissage de mouchoirs de Cambrai. 
En 1620, il figure de nouveau dans les comptes de 
Malines, pour avoir accordé les cloches du carillon de la 
tour St-Rombaut. 


1502-1593. — Betaelt Phls de St-Ober, beyaerder, dry gulden eens den 
selven geschoncken voir dat hy gecomen is van Valencyn in decembri 
1592. om te stellen en maecken het gene nootelyck is totten beyaert op 
St-Rombouts tore, tzame ü) guld. 

Betaelt in de herberge, In de Perse, alhier, dry gulden, thien stuyvers, 
tsynen huyse verteert by Augustyn St-Obert met synen broeder:in ’t aenne- 
men desselfs Augustyn om te wesen beyaerder dezer stadt, tzame ü] gulds 
xISte 

1596-1597. — Betaelt Augustin St-Obert, beyaerder aengenomen by myn- 
heeren van der weth op den xiij novemb. xv° xcij op de gagie van xxx st. 
ter weecken beloopen tot den 7° juny xve xcvii volgende d’ordonnantie 
tzamen je lviij guld. x st. 

1601-1602. — Betaelt Augustyn de St-Obert voor dat hy syn treeder gere- 
pareert heeft den beyaerd op St-Rombouts thoren, om datter meer clocken 
souden connen mede gespelen, üj guld. 

1603-1604. — Betaelt Augustyn St-Obert voir vyff weecken gagiën, tot twee 
guld. x st. ter weecken maecken xii guld. x st. verschenen die laetste 
weecke den 23 augusti 1603, in wiens plaetse gecomen es Phls Le Forge 
den 15 novemb. daer compt hier voir xxxv weecken verschenen 17 july 
1604 die laetste, seven en tachentig gul. x st. comt voir hun beyden € gul. 

Betaelt aen seekeren bevaerder hier gecomen om op de clocken op St- 
Rombouts thoren te spelen in absentie van Augustvn de St-Obert, volgens 
d'ordonnantie van 28 octob. 1603 ij gul. 

Betaelt Augustyn St-Obert, beyaerder, thien gul. x st. cens; tot avanche- 
ment van syne reyse, wesende hier gecomen van Valencyn, opt schryven 
van myne heeren, om te continueren int voirs officie by hem te voren be- 
dient, maer alsoo myneheeren hun middeler tydt versien hadden van eenen 
anderen bevaerder, is hem die selve som gegundt tot syn retour volgens 
d'ordonnantie, tzame x guL xt 

1604-1605. — Betaelt Augustyn St-Obert, beyaerder voir dry weken gagie 
tot 1j gul. x st. ter weken maken vij gul. x st. verschenen 14 augustus 1604 
dleste, in wiens plaetse secomen es Phls Le Forge, compt voer xlix weken 
tot dry gulden ter weken geexpireert xvi july xvi° vyff achtervolgens de 
notitie opt casseboek van d tresorye deser stede wekelyk getelt, compt hier 
voir hun beide, tzamen cliüj gul. x st. 

1620-1621. — Betaelt Augustyn de St-Obert, eertyden beyaerder op St- 
Rs thoren ses gul. voor ‘t accorderen van eenighe clockken op den 

eyaert. 


Comptes de la ville d’Ypres (1). 





(x) VAN DER STRAETEN, Musique aux Pays-Bas, t. IL, p. 306. 


DE LA TOUR ST-ROMBAUT 75 


1608-1609. — Augustyn de St-Obert, anghenomen omme te wesen clock- 
speelder binnen deser stede, tot vi lib. de weke, compt van xiij®" weken, 
beghonnende den 28 december 1608 ende hendende den 28 maerte 1600, 

Ixxvii] lib. 

Philips de St-Obert, clockspeelder over den coop ende leverynghe van 
twee appeelkens dienende tot het clockspelen op 't beelfroot deser stede, 
weghende ’t samen 1j pont tot 32 st. ‘t pont compt jiij *xj lib. xij st. 

Philippe, Pierre ende Augustyn de St-Obert, camerycx douckwevers, 
henlieden gheaccordeert by voorme van leeninghe, tot advancement van 
de voornoemde neerynghe eerst in dese stede ghebrocht, op belofte van 
der restitutie ’t henden ses jaeren, by twee ordonnantien, xije lib. 


Nous avons vu précédemment qu’au départ de Augustin 
de St-Obert, en 1597, le magistrat envoya à Soignies, 
chercher Philippe le Forge, | pour venir ici à Malines, 
jouer du carillon pendant les fêtes de la kermesse. A 
cette occasion on fit accord avec lui pour le réintégrer 
dans cet emploi. Après le départ de Le Forge, en 1599, 
il était sans doute très difficile de trouver les bons ca- 
rillonneurs, on mit la place au concours. STEURS ne cite 
que deux compétiteurs pour la place. Nous croyons toute- 
fois à la présence d’un troisième concurrent. 

Un extrait des comptes dit qu'il y eùt deux carillon- 
neurs de Mons et un de Dixmude. 


1599-1600. — Betaelt Hendrik Wuyts, twee gul. eens ‘t synen huyse ver- 
teert by de twee bevaerders van Bergen in Henegouwe ende van Dixmuyde 
metten sangm' van Sinte Rombouts alhier volgens d'ordonnantic,  ij £. 


Il ne peut y avoir de doute à ce sujet, car nous trou- 
vons dans les comptes les noms des deux carillonneurs 
de Mons; malheureusement le nom de celui de Dix- 
mude ne s’y trouve pas (1). 

L'un, Le Pris, est indemnisé pour les frais de transport 
de ses meubles, venant de Mons. 

L'autre, Brassaerdt, est subsidié pour ses frais de route 
de Mons à Malines et retour. 


1599-1600. — Betaelt Adriaen Du Pris, beyaerder alhier, vyfthien gul. 
eens hem toegesevt ende gejont tot subsidie van doncosten by hem ge- 
doocht in syne meubelen hem transporterende van Bergen in Henegouwe 
tot deser stede, volgens-d'ordonn. van xx° novemb. 1599, XV £ 


(x) Serait-ce Charies Le Dieu qui était carillonneur à Dixmude en 
1608-1609 ? 


76 LE CARILLON ET LES CARILLONNEURS 





Betaelt Jan Brassaerdt, beyaerder van Bergen in Henegouwe, thien gul- 
dens eens, over die verteerde costen by hem geleden int comen van 
Bergen hier ende uit wederkeeren derwaerts volgende d'ordonn. tsame x £. 


Adrien Le Pris 


Adrien Le Pris fut vainqueur dans cette lutte artis- 
tique. Il entra immédiatement en fonctions le 20 no- 
vembre 1599, à raison de 2 livres, x den. par semaine. 
La victoire qu'il obtint lui vaut assurément un titre de 
capacité. 

Son talent ne peut faire l’objet d'un doute, car # ville 
d’Ypres eùt recours à son habileté et à ses connaissances 
pour apporter des améliorations à son carillon. Le ma- 
gistrat de Malines je pria de quitter son poste en 1602, 
très probablement à cause de la négligence, résultant de 
ses fréquents voyages à Ypres. Il se rendit probablement 
à Ath, car en l’année 1603, la ville de Gand, qui l’accepta 
comme CariHonneur à son beffroi, lui paya une indemnité 
pour frais de route et de transport de son mobilier de 
Ath à Gand. En 1608, nous le retrouvons encore au tra- 
vail du carillon d’Ypres. L'année suivante, ce fut Augustin 
de St-Obert qui y était carillonneur. 


15C9-1600. — Betaelt Adriaen Le Pris, comende inde voirs Phls plaetse 
heeft gedient van xx° novembris 1599 tot den xxij july 1600, maecken xxxv]} 


weken tot twee gul. x st. teï weken, compt xG gul. 
1601-1602. — Betaelt Adriaen Le Pris, beyaerder, vy'thien gul. eens voer 


gelvcke soem daer vore mynheeren thresoriers met den selven overcomen 
syn affstant te doen van het beyaerden, ende syne meubelen daer mede te 
vervueren, in wiens plaetse aenveert wert als beyacrder, Augustyn de St- 
Obert, volsens d'ordonnäntie tsame xv gul. 


Comptes de la ville de Gand, 1603. 


Betaelt Adriaen 2 Prys, beyaerder op den belfort deser stede, de somme 
van twee ponden gr., hem by myne voornoemde heeren ten twee stonden 
ghejont, thulpen den oncost van het transporteren van zyne meubelen, 


Re EAN e ende kinderen van der stede van Aeth tot binnen deser stede, 
i] tb or. (x). 





(r) Voyez VAX DER STRAETEN, t. V, D. 302. 


“Le 


DE LA TOUR ST-ROMBAUT 77 





Comptes de la ville d’Ypres (1). 


1602-1603. — Adriaen De Prys, clockspeelder alhier, gecommen ter in- 
stantie van mvyn heeren vocht ende scepenen, omme met hem lieden te 
communiqueeren seker affairen rakende ‘t oorloge deser stede, over syn 
voyage ende ter kosten by hem gedaen, by ordonn. tzamen ix lib. 

1607-1608. — Andries De Prys, clockspeelder, ontboden geweest hebbende 
by der ghecommitteerde ter trezorie deser stede, om alhier te maken een 
instrument ten syne te spelen, accoordewys up de clocken van den beel- 


. froode deser stede. metgaders om diverssche clocken up elcanderen te 


accorderen ende te helpen hanghen, ende te stellen diverssche tumelaren 
met huerlieder coperdraet, al dienende om ‘t voernoemde clockspelen, 
heeft daertoe ghevachiert Ixv daghen daerinne begrepen ’t commen ende 
keeren naer huus te üij & sdaechs, metgaders viij # hem gejont voor eene 
eratuyteit die hy verteert had ter casselrie deser stede bedraghende tsamen 
volghende d’ordonnantie van die van der tresorie van den 19 april 1608, de 
somme van ie ii} lib. 


Gery Le Forge 


Sans doute le frère de Philippe, succéda immédiate- 


ment à celui-ci le 27 septembre 1605. D'abord admis à 


30 deniers par semaine, son salaire fut augmenté succes- 
sivement à 2 livres et plus tard à 3 livres par semaine. 


1605-1606. — Betaelt Gery de la Forge beyaerder voer xxvij weken gagie 
tot xxx st. ter weken verschenen t’ sedert den voirs xvij september xvie vvff 
tot op den rt" aprilis xvic ses ende noch voer xvj weken naer advenant van 
twee guldens ter weken, begonst den r°"aprilis tot op den xxijt" july xvic ses 
volgens de ordonnantien van myne Heeren wethouderen ende notitie dyen 
volgende int casseboeck van d tresorye alhier gehouden bedragende tzame 
de somme van xcix guld, x st. : 


Il quitta ses fonctions le 2 Mars 1617, et fut remplacé 
temporairement par Gielis Sterck, organiste à l’église de 
St-Rombaut. 


1616-1617. — Betaelt Grery de la Forge beyaerder op Ste-Rombouts thoren 
voir xxxiii] weken loon naer advenant van dry gulden ter weken waervan 
d laetste verschenen is op den ij®" meert xvi° seventhien, en daer naer be- 
taelt aen Gielis Sterck voir dat hy t selve officie bedient heeft tydens deser 
rekening, voir acht weken opde voirs- gagie waer van d laatste verschenen 
is xxij°® July 1617. Compt tzame xlij weken bedragende j° xxv) guld. 


(x) Voyez VAN DER STRAETEN, t. II, p. 300. 


78 LE CARILLON ET LES CARILLONNEURS 





Gielis Sterck 


Organiste à l’église St-Rombaut (1), 11 remplit la fonc- 
tion de carillonneur depuis le 2 mars jusqu’au 12 octobre 
1617. Entretemps, le magistrat avait engagé un carillon- 
neur, Gerard Van MUNTEN, mais cet engagement fut vite 
rompu, car Van Munten quittait son poste la même 
année, et partit pour Quesnoy. 


1617-1618. — Betaelt Gielis Sterck van gebeyaert te hebben op St Rom- 
bouts thoren voir den tydt van xij weecken ten advenant van dry guldens 
ter weecken ten tyde dat de voirs officie gevaceert heeft zedert den xxij®" 
July 1617 tot het aannemen van d tegenwoordigen beyaerder Ursme Tison 
volgens het casseboeck. xxxvi guld. 

1616-1617. — Betaelt Geeraerd van d munten bevaerder op St Rombouts 
thoren tot subsidie van syne gagie als voir sommige extraordinaire dingen 


per ordonantie ende quitancie. xx guld. 
Ontfaen van issuwe van Beyaerder van Munten van hier vertrocken 
naer Quesnoy en syne meubelen vercocht hebbende x £. 


Le carillonneur de Bruxelles (2) étant venu à Malines 
pendant cette vacature, pour faire des réparations au ca- 
rillon, avait proposé son fils pour la place de carillonneur 
à la tour St-Rombaut. Mais cette proposition ne fut pas 
acceptée. 


1616-1617. — Betaelt M' Jan Van den Eynden met den beyaerder van 
Brussel, van alhier geweest te hebben 500 op den r april xvi seventhien om 
t’ accorderen den beyaert op St-Rombouts thoren alhier, alsdat denselven 
bevaerder hier geweest heeft met syns soone op den 28 July lestleden om 
des voirs syns sone by myne heeren hier aenveert te worden als beyaerder 
per ij ordon. t’ same lj guld. 


Ursme Tison 


Au mois de septembre 1617, la ville manda de Mons 
le carillonneur Tison, habitant et né à Mons, afin de 


(1) Nommé organiste de St-Rombaut en 1614, il occupa ces fonctions 
jusqu'en 1647. Il est mort à Malines, le 15 avril 1647. 

(2) Probablement le carillonneur de l'église St-Nicolas, Fean de Sary, 
dont le fils Théodore est l’anteur du manuscrit dont nous avons parlé 
page 54 et qui succéda à son père. V. VAN DER STRAETEN, Musique au Pays- 
Bas, tome V, p. 294. 


Mi #7 


DE LA TOUR ST-ROMBAUT 79 








s'entendre avec lui au sujet de la place de carillonneur 
de St-Rombaut. Ces pourparlers aboutirent, car le 12 
octobre suivant, un contrat fut passé, la ville lui paya 
180 livres comme salaire annuel. Il fut de plus indemnisé 
pour les frais de son premier voyage. Il occupa sa place 
jusqu'au 15 juillet 1625. 

1617-1618. — Betaelt Ursme Tison bevaerder op St Rombauts thoren voir 
n2cen maenden gagie tegens een hondert en tachentich guldens tsjaers 
verschenen xve July xvi° en achthien j° xxxv. guld. 

Betaelt aen den tegenwoordigen beyaerder op St-Rombouts thoren, ten 
tyde als hy ontboden was van Bergen in Henegouwe om hier te comen ent 
sien oft men met hem soude accorderen om tot het selve ampt aenveert te 
worden per ordon. vand 18°" -ber 1617 viij guld. 

1624-1625. — Betaelt Ursme Tison beyaerder op St Rombouts thoren een 
jaer gagie verschenen xv° july xvic vijf en twintich per quitancie je Ixxx 
guld. 


Jacques De Buze 


On a du songer à remplacer Tison avant le départ de 
celui-ci, puisqu'on envoya un messager à De Buze, caril- 
lonneur à Menin, pour l’engager à venir ici exercer 
cette même fonction. Tison part le 15 juillet 1625; au 
même jour le contrat de De Buze est signé par lui. Le 
salaire fut augmenté à 300 livres par an et on l’indem- 


nisa pour ses "frais de route. Son engagement était de 


6 ans; néanmoins il partit d'ici dans le courant de la 
même année, pour des raisons qui nous sont inconnues. 


1624-1625. — Betaelt Crispyn De Meyer synen loon voir dat hy in Julio 
xvi xxv expresselyck gesonden geweest is naer Meenen om aldair eenen 
brief te bestellen aen Jacques De Buze, beyaerder aldaer, ten eynden den 
selven alhier soude komen om te wesen bevyaerder op St Rombouts thoren 
tsamen voir verteerde kosten van den voirscreven beyaerder en goids- 
penninck ten tyde als den selven vand heeren tresoriers aenveert geweest 
is per ordonnantie de somme van xix guld. 


Le contrat de son successeur Louis Gleize, fut signé 
le 19 décembre 1625. Mais entre le départ de De Buze 
et l’arrivée de Gleize, le carillonneur de Termonde fut 
à plusieurs reprises appelé à Malines, pour jouer du 
carillon aux jours de fêtes. 


1626-1627. — Letaelt aen den beyaerder van Denremonde, wesende alhier 
tot drye reysen gecommen op cenige feestdagen om te spelen op de clocken 
van St Romboutstoren. 


80 LE CARILLON ET LES CARILLONNEURS 





Louis Gleize 


_Natif de Châtelet (x), il entra en service le 19 décembre 
1625, au salaire de 250 livres par an. Il quitta Malines le 
19 septembre 1637, et alla probablement à Gand, où nous 
le trouvons en 1640 (2). Son talent y fut sans doute estimé, 
car on lui donna un adjoint, et lui-même ne se fit en- 
tendre qu'aux dimanches et aux jours de fêtes. 


1625-1626. — Betaelt aen den beyaerder van Denremonde wesende alhier 
tot dry distensche reysen gecomen op eenige feestdaghen om te spelen op 
die clocken op St Romboutsthoren mitsgaders aen Louys De Gleize bey- 
aerder tegenwoordich alhier tot subsidie van seyne reyse ten tyde als den- 
selven alhier is comen woonen per iij billetten de somme van xxxviij guld. 

1636-1637. — Betaelt Loys Gleize beyaerder op St-Rombouts thoren, twee 
hondert vyftich gul. voor een jaer gagie, en vyf en twintich guldens voir 
een jaer huyshuere beyde verschenen xix July xvi* sevenendertich, boven- 
dien noch sesse guldens voir de debvoiren by hem gedaen over het spelen 
op den beyaert gedurende de kermisdagen in Julio xvi* sevenendertich 
twee hondert seven en tachtig pont Artois. Ende alsoo den selven is comen 
te vertrekken, is hem opgeleyt ende betaelt tot op den xix septembris xvi° 
sevenendertich ten advenant, noch acht en sestich guls xv st. volgens syne 
quitancie bedraghe tzamen üij c xlix gul. xv st. 


Eloy Bonnejonne 


Élève de Gleize, il fut très habile carillonneur. Le 
magistrat fit avec lui, avant le départ même de Gleize, 
un contrat daté du 12 septembre 1637. Il était sans doute 
originaire de Châtelet, comme son maitre et comme son 
tuteur, car dans le contrat, par lequel 1l s'engage pour 
neuf ans consécutifs, « son oncle, fean Gaspar, bourgeois de 
» Chastelet-sur-Sambre, nommé tuteur ct mambour du dict 
» bateleur de cloches, s'oublige de maintenir son nepveu au dict 
» office des nœufs ans en suyvant l'un l'autre soubs condicions 
» reprens au contract de son dict maître Loys Gleize, témoins 
» leurs seing Cy mis. » 

Peu après, Bonnejonne maria Martine Franchoys, fille 
du célèbre peintre Lucas Franchoys le vieux. Il se fit 


V 


(1) Voyez STEURS, p. 263. 
(2) Voyez VAN DER STRAETEN, t. V, p. 396. 


DE LA TOUR ST-ROMBAUT ST 





aussi peintre et dessinateur, sous la direction de son 
beau-père, et entra dans la corporation des peintres en 
1650. En 1057, 1l eût lui-même un élève, nommé Guil- 
Jaume Van Hooi. Sa femme, morte le 25 mai 1653, lui 
laissa un fils et deux filles. Le 3 mai 1663, il se remaria 
à l’église St-Rombaut, à Elisabeth Claes, veuve de Gas- 
par Bessemers. En 1676, on lui accorda la direction de 
l'horloge. Il aima beaucoup son carillon et pendant sa 
longue carrière, 1l mit tout en œuvre pour le compléter. 
Nous avons vu précédemment que pendant qu'il occupa 
la place de carillonneur, la ville lui accorda plusieurs 
nouvelles cloches; c’est aussi grâce à lui, à son talent et à 
ses instances, que le magistrat acheta ëèn 1670, à Pierre 
Hemony, le merveilleux carillon que nous possédons 
encore aujourd'hui. C’est lui qui le fit résonner pour la 
première fois, en janvier 1680. Mais son âge ou ses infir- 
mités ne lui permirent plus de jouir longtemps dercette 
merveille, car le 18 octobre 1686, 1l céda sa place en 
faveur de son fils Jean, issu du premier lit (1). Il ne put 
cependant pas se séparer totalement de son clavier, car 
souvent encore 1l remontait à la tour, pour jouer quelques 
airs sur son instrument tant aimé. Il mourut à Malines, 


le 18 octobre 1695, dans la maison qu'il habitait, rue de 
Beffer. 


1637-1638. — Betaelt Eloy Bonnejonne, bevaerder op St Rombautstho- 
ren twee nondert vyftich guldens voir een jaer gagie ende vyfentwintich 
guldenen voir een jaer huyshuer beyde verschenen den xix septembris xvif 
achtendertich. Boven dyen noch sesse guldenen voir debvoiren by hem 
gedaen over het spelen op den beyaert gedurende de kermisdagen ver- 
schenen in julio xvi° achtendertich, per quittantie. 13° Ixxx] guld. 


20 octobri 1695 
Tennecandeleers 


Eligius Bonnejonne 
Befferstraet. 


Jean Bonnejonne 


Fils du précédent; il entra en fonctions le 18 octobre 
1686. L'acte par lequel le père transmet ses droits à son 


(1) Voyez STEURS, p. 268. 


82 LE CARILLON ET LES CARILLONNEURS 





fils, ne fut passé qu’au 10 février 1687 (1). Il mourut 
après une courte carrière, le 13 mars 1700. 


15 martil 
Tennekandeleerslyk 
Joannes Bonnejonne 

Onder den Toren 


Jean-Baptiste Jacobs 


Il succéda immédiatement à Jean Bonnejonne. Son 
contrat fut signé le 17 mars 1700 (2). À partir de cette 
époque un cautionnement fut exigé des titulaires. Jacobs 
remit à ce titre 300 livres au trésorier de la ville; son 
traitement fut le même que celui de Bonnejonne. Il est 
mort le 25 janvier 1713. 


Ontfaen in april r7co van M. Joannes Baptista Jacobs, als byaerder deser 
stad. 300 guld. 


Antoine Colfs 


À la mort de Jacobs, 1l ne se trouvait pas en ville un 
carillonneur capable d'occuper cette place. Antoine Colfs 
se présenta le 20 février 1713, à l'administration, pour 
obtenir l'autorisation de pouvoir jouer du carillon pen- 
dant un certain temps, afin de se rendre apte à participer 
au concours qu’on se proposait de faire. On lui accorda 
sept mois. Entretemps, un certain Scheper (3), carillon- 
neur de Gand, se présenta. Mais on lui répondit qu'aucune 
décision n’était encore prise. Colfs fit de rapides progrès 
et reçut bientôt la récompense méritée. 

Le 26 février 1714, le magistrat se déclara satisfait des 
talents de l'artiste et il fut décidé qu'il n’y aurait pas 
de concours et que la place de carillonneur serait donnée 





(1) Voyez STEURS, r. 268. 

(2) Voyez id., p. 270. 

(3) Probablement Franzois De Schepper, carillonneur à Gand, en 1696 et en 
1717. Voyez VAN DER STRAETEN, tome V, p. 307. 


DE LA TOUR ST-RÔMBAUT 83 





à Colfs. Son salaire fut fixé à 700 livres. Colfs entra en 
fonctions le 17 mars 1714. Il versa 300 livres de caution- 
nement. [1 fit plus tard des démarches pour rentrer en 
possession de cette somme, il n’y réussit pas; mais à la 
mort de l’organiste de l’église St-Rombaut, Berincex, on 
lui accorda le cumul de cette lacet] quitta son poste 
en faveur de son fils, le 11 mai 1729, et mourut le 11 juin 
suivant. 


1713-1714. — Ontfangen van Anthoon Colfs, als nieuwen beyaerder. 
300 guld. 
II JUnv 1719 
Antonius Colfs, organist. van dese 
metropolitane kercke. Befferstraet (kercklyk). 


Jean-Joseph Coifs 


Fils du précédent, fut reçu aux mêmes conditions que 
son père, le 11 mai 1729 (1 je 

Nous n'avons aucun renseignement sur ses talents et 
sa vie artistique. Mais 1l dût assurément posséder de nom- 
breuses qualités au bout d’une carrière de 42 ans. Il est 
mort le 2 novembre 1771. 


A l'occasion de cette vacature, on décida d'accorder 
séparément les fonctions de carillonneur d'organiste et 
de sonneur de cloches que Bonnejonne et Colfs avaient 
occupées toutes à la fois. L'élève de Colfs, Corneille Streit- 
mer, postula la place de carillonneur et fit valoir à cette 
occasion différents motifs pour obtenir satisfaction; il 
fit particulièrement ressortir que pendant les huit der- 
nières années de la vie de Colfs, il avait joué du carillon 
à la satisfaction de tous; mais on ne fit pas un accueil fa- 
Horable cette requête. C'est alors qu'eut lieu cette 
comédie au sujet du concours et de la place de carillon- 
neur, dont on trouvera des détails ailleurs (2). Disons que 
la place fut accordée au plus haut soumissionnaire, Jean- 
Baptiste Kieckens, le 16 mai 1772. 


7 


(1) Voyez STEURS, P. 273. 
(2) SrEurs, p. 275, et Vax ELEwyck, Matthias V'an den Gheyn. 


84 LE CARILLON ET LES CARILLONNEURS 





Jean-Baptiste Kieckens 


Vers l’année 1764, Kieckens était organiste-carillonneur 
à l'abbaye de Tongerloo (1). Il remplit ici en même temps 
les fonctions d’organiste et de carillonneur. Il est mort 
le 14 janvier 1788, en la paroisse St-Jean. Son acte de 
décès mentionne le nom de sa femme, Anne-Thérèse 
Van Bouckhout. 


Gérard-Gommaire Haverals 


C'était le carillonneur républicain. Nous avons vu pré- 
cédemment qu'il fut victorieux de ses concurrents dans le 
concours organisé par la ville en 1788. Nous savons aussi 
que c’est à lui que nous devons que notre carillon n'ait 
pas été brisé par les révolutionnaires en 1792. [l entra en 
fonctions le 12 juillet 1788. C'était un carillonneur de 
talent. Voici à son sujet l'opinion de Fetis (2). 

« Haverals fut dans son genre un artiste distingué. Bon 
harmoniste, 1l exécutait à trois parties, sur ses cloches, des 
pièces très difhciles, des sonates régulières, des fantaisies et des 
fugues. Il avait aussi un talent remarquable pour vmproviser 
des variations sur les mélodies populaires. » 

Ce fut précisément à cause de ces mélodies populaires 
d’un caractère nettement républicain, qu'il s’attira en 
1701, de la part du magistrat, une verte réprimande. Il 
est mort à Malines le 13 avril 1841, à l’âge de 79 ans. 


Louis Witimann 


Professeur de musique et habile musicien, succéda à 
Haverals en 1841. Dès l’année 1847, il fut remplacé par 
un de ses amis, Adolphe Denyn, qui devint plus tard son 


successeur. Au 1% janvier 1849, Wittmann donna sa dé- 
mission. 





(x) V. VAx DER STRAETEN, tome IV, p. 323. 
(2) Biographie universelle des musiciens. 


DE LA TOUR ST-ROMBAUT 85 





Adolphe Denyn 


L'autorité le nomma provisoirement le 1 janvier 1849, 
en remplacement de Wittmann. Musicien et d’un tem- 
pérament d'artiste, il arriva bientôt à un degré de virtuo- 
sité tel que la ville le nomma définitivement le 15 février 
1851. Ses progrès furent toujours croissants, et 1l devint, 
grâce à ses études, un artiste d’une perfection rare. IT est 
superflu, croyons-nous, d'insister sur les qualités de ce 
carillonneur que tous nous avons avec regret, vu quitter 
son poste au mois de décembre 1886, après une carrière 
de 40 années; il donna sa démission et fut remplacé par 
son fils. 


Jcseph Denyr 


A l'étude, sous la direction de son père, depuis l’année 
1881, il remplaça et seconda souvent celui-ci depuis cette 
époque. Il fit de rapides progrès; aussi la ville n’a-t-elle 
pas hésité à le nommer à la place de son père, le 1% jan- 
vier 1887. 

Il possède de réels talents qui en font un virtuose très 
méritant, et qui ont appelé sur lui l’attention des étrangers. 

Nous espérons que notre jeune artiste saura soutenir 
sa réputation et celle de notre carillon qu'il manie avec 
tant d’habileté. 

C’est sur son instance que la ville a fait exécuter l’année 
dernière (1892), une restauration et un perfectionnement 
complet du carillon. 

A différentes reprises, notre carillonneur a eu l’occasion 
d'organiser et d’arranger des jeux de cloches. C’est avec 
plaisir que nous voyons dans un grand nombre de lo- 
calités belges, ressusciter les carillons, et nous espérons 
que bientôt ces beaux orchestres campanaires retentiront 
comme jadis dans toutes les régions de notre pays. 


D' G. Van DoOORSLAER. 


Malines, mars 1803. 





AN AI AN A AN AN AN ATX 








Jan van Standonck 


EN ZHNCROLEEGIE; TE MÉCHELEN 


Levensschets van Jan van Standonck 






Vlan van Standonck werd van geringe ouders te 
NA Mechelen geboren, in 1443, en in Sinte-Kathe- 
D GA lyne kerk gedoopt. Daar zijn vader, die het 
AM ambt van schoenmaker uitoefende, vroectijdig 
overleed, moest de jongeling de lagere studiën, die hi] 
te Mechelen besonnen had, onderbreken en elders mid- 
delen zoeken om de zelve voort te kunnen zetten. 

Er bestond reeds sedert 1447, te Gouda, eene school 
der Collatiebroeders, waarbij eene bijzondere huizing was 
gevoegd, voor leerlingen van geringe afkomst. Van Stan- 
donck werd er in aangenomen, en voltrok er den eersten 
leergang. 

In 1450, staat van Standonck in den Naamregister der 
Hoogeschool van Leuven als leerling aangeteekend. La- 
ter werd hij, door aanbeveling van den Prelaat der Sint- 
Genoveva’s abdij te Parijs, in de Hoogeschoo!l aldaar als 
leerling aaveerd. Woon en kost ontving hij in de abdi] 
zelve, en moest hiervoor eenigen bepaalden huisdienst 
bewijzen. 

Nadat hij met lof den leergang der Wijsbegeerte geein- 


88 JAN VAN STANDONCK 





digd, en den graad van doktor artium of leeraar in de 
kunsten bekomen had, begon h1j zich op de Godgeleerd- 
heid toe te lesggen, en werd na korten tijd tot het bakka 
laureaat verheven. Den 24 december 1480, werd h1 Lid 
der Faculteit van de Sorbonne, en den 12 mei 1483 stelde 
het Metropolitaan kapittel hem aan als overste van het 
Montaigu kollegie. Hij werd tot het rektoraat der univer- 
siteit verheven den 16 december 1485, en bleef in deze 
bediening tot 16 meert 1486. In 1490 bekwam hi] den 
graad van leeraar of doktor in de H. Godgeleerdheïd. 


Toen van Standonck in 1483 als overste van het Mon- 
taigu kollegie was aangesteld geworden, bevond zich dit 
huis in eenen zeer gebrekkigen toestand. Er waren geene 
studenten meer, en de inkomsten beliepen de belachelijke 
som van 11 stuivers. Edoch de ieverige priester verloor 
den moed niet. Hij wist bemiddelde personen te vinden, 
van allen staat en rang, die hem ter hulpe kwamen. Zoo 
kon hij dan het vervallen kollegie herstellen en bewoon- 
baar maken. Zijn iever werd met den besten uitslag be- 
kroond, want korts daarna had hij 84 leerlingen, in 
Wijsbegeerte en Godgeleerdheid, onder zijn bestier. 

Het oogenblik scheen hem dan gunstig om zijn gedacht 
te verwezenlijken van een huis op te richten om behoef- 
tige doch begaafde jongelingen in het voortzetten hunner 
studiën te helpen. Hierom kocht hij, in 1491, eene nabi] 
zijn kollegie gelegene huizing, waarin hij uitsluitehjk 
arme studenten aanveerdde. 

Dikwils had hij met droefheid bestatigd dat de beur- 
zen, voor Jongelingen van geringen stand gesticht, aan 
welhebbende, en som zelfs aan rijkere vergund werden. 
Daarom stelde hij vast dat er in zijn nieuw gesticht 
slechts arme leerlingen zouden aanveerd worden. En om 
er gemakkelijker de rijken uit te houden, schreef hij aan 
zijne scholieren eene zeer strenge regeltucht voor. 

In den beginne zond hij ze dagelijks, om 11 uren, 
naar het Karthuizerklooster, om daar z00 als de andere 
armen het noenmaal om Gods wil te ontvangen; maar 
later vond hij middel om hen in het kollegie zelve hun 
middagmaal te bezorgen. Edock het waren daar zulke 
sobere maaltijden! Enkel brood, en groentens met eieren 


EN ZIJN KOLLEGIE TE MECHELEN 89 





of haring verstrekten den scholieren tot voedsel. Vleesch 
was er teenemaal onbekend. Het vasten werd er ten 
strengste onderhouden op alle de dagen door de kerke- 
like wetten voorgeschreven, in den Advent, op al de 
vrijdagen en eenige bijzondere vigiliedagen. 

De kleeding was zeer eenvoudig, en bestond enkel uit 
eenen tabbaart, met eene kapruin. 

De leerlingen waren ’s morgens vroeg te been, en alle 
maanden moesten zij op hunne beurt gedurende eene 
week te middernacht opstaan om de kleine getijden van 
O.-L.-V. te zingen. Te dien einde verdeelden z1j zich in 
vier groepen. Aan elken dezer viel alzoo, alle vier weken, 
het zingen van het nachtofficie te beurt. 

In huis moesten de scholieren ook het werk verrichten 
in keuken en refter, en alle de plaatsen van het gesticht 
kuisschen en rein houden. Van Standonck wilde alles in 
de grootste armoede en de diepste ootmoedigheid ver- 
richt hebben. Hierom deed hij ook den bestierder van 
het huis muimster of vader heeten; en verbood strengelijk 
van hem sneester of overste te noemen. Hij wilde ook dat 
die plaats van bestierder altijd zou bekleed worden door 
eenen oud-leerling van het gesticht, opdat deze, zigne 
studiën in armoedigen staat doorgebracht hebbende, uit 
eigene ondervinding zou geweten hebben hoe h1j anderen 
leiden moest. Aan dit ambt was geen inkomst of Jaar- 
wedde vastgehecht. Kost en kieeren in dit leven, en de 
hemelsche belooning in de eeuwigheid, moesten eene 
genoegzame vergelding wezen. Nochtans mochten de 
onkosten voor het nemen van akademische graden, ter 
uitzondering van het doktoraat, door het kollegie gedra- 
gen worden. 


De strenge levenswijze der leerlingen van het Mon- 
taigu kollegie is met eene laakbare bitterheid beknibbeld 
veweest door Erasmus, die er in 14096, bij voorspraak, 
was aanveerd geworden. 

In zijne elfde samenspraak, tusschen eenen vleesch- 
verkooper en eenen vischverkooper, doet hij dezen laat- 
sten, in zijgnen naam, onderanderen zeggen dat hi} uit 
het van Standonk’s kollegie niet heeft uilgedragen als cen 
hgchaem met kwade humeuren besmet, en eene overgroote 


go JAN VAN STANDONCK 





menigte van luizen. Van Standonck, gaat hi voort, had 
goeden wil maar geen oordeel. Huy heejt de zack aenge- 
vangen met zulke harde slacpstede, met zulke ruwe en sobere 
spyzen, met soo sware nachtwaken en arbeid, dat M binnen 
het jaer, van vele jonge lieden, sommugen heeft gedood, sommage 
blindheid, sommige razerny, en ook cennige lazery veroor- 
zackt heeft, wacrvan my cen deel bekend 1s. Wie verstaet met 
dat dit eene wrecdheid is tegen synen evennaesten? En Mer 
mede miet te vreden, heeft hy nog eenen mantel met eene kappe 
by gevoegd, en van vleesch teenemacel onthouden. Erasmus 
beklaagt zich nog dat hij daar ’s morgens maar enkel 
water en brood te eten kreeg. Wat zou die lekkere smul- 
baard dan wel gewild hebben? In Frankrijk, voorname- 
lijk in het zuiden, zijn de kosthuizen waar men des 
morgens de boter moet missen, en zich met brood ver- 
genoegen, heden nog in ‘*t grootste getal. Zou dan mis- 
schien de rotterdamsche hekelaar aan de Leidsche boter 
z00 zeer gewoon geweest zijn, dat het hem te Parijs zoo 
hard viel deze te moeten derven? 

Ook de woning zelve beviel Erasmus niet. H1j spreekt 
er van als van eenen moordkuil. Dacr waren, zegt hi}, 
cenige hamerkens van lage verdiching en verrotte plastering 
door de nabyheid der privact-huzen, ongezond van lucht, 
dewelke nooit iemand gcwoond heeft, of de dood, of cene doodc- 
lyke sickle is daer op gevolgd. Dan valt hij weer uit tegen de 
regeltucht : JR laet nu dacr de jammerlyke geesschingen zelfs 
van onschuldigen. Zoo zeggen zy dat men de weeldigheid te 
rugge keert. Zy noemen weeldigheid eene edele natuer welke zy 
met voordacht zocken te dempen, om hen tot het klooster 
bekwacm te maken. Wat cenc menigte van vuile cieren werden 
daer geëcten ? Hoeveel verschaclde win gedronken ? Deze dingen 
£yn nu misschien verbeterd : maer te lact voor degenen namelyk 
welke overleden zyn, of een ongezond lischaem daervan rontsom 
dragen. 

En na al zine walgelijke beknibbelingen over van 
Standoncks stichting uitswekraamd te hebben, eindigt hi 
met den volgenden schijnheiligen trek die den man vol- 
komen kennen leert : En dit verhaal ik niet uit ecnigen hact 
of wangunst tegen dit collegie, maar tot wacrschuwing, opdat de 
menschelijke wrcedheid onder schijn van Godsdienst de teere en 
onversochte jeugd niet verderve. Ik weet waarlijk niet met 





ENAZTINAROPPRONREMREMMECHELEN OI 





welke bepaling men die laffe handelwijze van Erasmus 
zou moeten schandvlekken, maar ben zeer geneigd om 
dien ondankbaren kweekeling onder het getal te rekenen 
van diegenen welke, van niet gekomen zijnde, hunnen 
oorsprong vergeten, en moeilik kunnen tevrede gesteld 
worden. In dien tijd ging het zoo als het nu nog gaat : 
Ik meen dat degenen die te huis niets gehad hebben, 
altijd de hevigste beknibbelaars zijn van het voedsel dat 
hun gratis gegeven wordt. 

Dat het in het van Standoncks kollegie, bizonderlijk 
in de eerste tijden, niet bont ging en het ruw om leven 
was, bekennen wi] volgeerne. Van Standonck zelve was 
hier van overtuigd ; en daarom heeft hi] later, als de mid- 
delen het hem toelieten, verscheidene veranderingen i in 
de levenswijze ziner scholieren toegebracht. Wat er ook 
zij van de strenge regeltucht der van Standonck’s stich- 
ting, de gezegden van Erasmus zijn tastbaar overdreven. 
Hierin komt “hij ons zoo veel te berispelijker voor, dat hij 
omtrent een geheel jaar bij meester van Standonck woon, 
kost en onderricht om Gods wil ontvangen had. 


Keeren wi] nu tot het kollesie weder. Alhoewel het in 
den beginne uitsluitelijk voor arme studenten was inge- 
richt, ging de stichter er nochtans later toe over, 00k 
eenige welhebbende jongelingen aan te nemen; maar 
deze moesten kost en woon betalen. De armen mochten 
met hen het minst mogelijk uitstaans hebben. Woning, 
refter, bidplaats, alles was afgezonderd. In de lessen 
alleen waren de twee soorten van leerlingen geli]k aan- 
wezig, maar de armen zaten er op de laagste plaats. 

De leervakken waren de Grammatica, de Wijsbegeerte 
en de Godgeleerdheid. Volgens van Standoncks voor- 
schriften Moesten de Meesters der twee eerste vakken 
tusschen de studenten in Godgeleerdheid genomen wor- 
den. Zij Waren verplicht den “huisregel natenleven,ren 
kregen kleeren en kost voor ane. arbeid. Voor ‘hen 
ook, zoo als voor den minister, nam het huis op zich al 
de onkosten door het voorstaan der theses veroorzaakt, 
om tot akademische graden te komen. De onkosten van 
het doktoraat alleen waren hier ook uitgezonderd. De 
stichter wilde volstrekt dat de He die zelf uit 


02 JAN VAN STANDONCK 





barmhertigheid in het huis waren opgevoed en onder- 
richt, zich insgelijks zouden met het noodzakelijke verge- 
noegen, en uit wederkeerige barmhertigheïd al het overige 
dat hen kon toe komen, ten profijte van ’t kollegie laten. 

Gebeurde het dat er tusschen de theologanten geene 
waren om lessen te geven aan de studenten der twee 
lagere leergangen, dan mocht men elders leeraars zoeken, 
en dezen was het toegelaten hunne jaarwedden te behou- 
den, en de tafel der betalende afdeeling te genieten. 

Den 12 juny 1490, stelde van Standonck zijne verorde- 
ningen voor aan het kapittel van O. L. V. kerk, waaraan,, 
zoo wi] hooger zeyden, het kollegie onderhoorig was, en 
bekwam derzelver goedkeuring. Hij legde ook zijn ambt 
af, en het kapittel gaf hem de macht van zich eenen op- 
volger aan te stellen, zoo nochtans dat hi] zelve het 
oppergezag des huizes behouden zou. 


Omtrent den tijd dat van Standonck zijne instelling 
voor arme studenten in orde had gebracht, hadden eenige 
kwaadwilligen uitgestrooïd, dat hi] een bastaard was. Zi 
wilden ongetwijfeld den godvruchtigen priester beletten 
van in zijn menschlievend werk der stichting van het 
Armen-kollegie te gelukken. Van Standonck gelastte aan- 
stonds den pastoor van O. L. V. kerk te Mechelen} Grlhis 
van den Bossche, met in zignen naam de noodige getui- 
gen op te zoeken, en van het Magistraat een voldoende 
getuigschrift te bekomen, waarmede hij de wettigheid 
zijner geboorte bestatigen zou. Na rip onderzoek, en 
verhoor van twee en twintig getuigen, 12 mannen en 10 
vrouwen (meest allen oude geburen, die bij bet huwelijk 
zZijner ouders ter kerke geweest waren), gaf het Magistraat 
van Mecheien, op 28 september 14098, eenen openbaren 
brief, waarvan de oorspronkelijke tekst nog op het stads- 
archief bewaard wordt (zie BewijssTukkEN, n° 1, bl. 102), 
en Waarin onder anderen deze eigenaardige bijzonderhe- 
den voorkomen : 

_Zekere Jan Boom, een buurman, zegt dat hij persoon- 
lHjk tegenwoordig was als getuige, bij het huwelijk der 
ouders. Katharina Skemmers, weduwe van Jan van den 
Dale, verklaart dat zij zich zoo wel herinnert de moeder 
van meéester van Standonck, genaamd Elisabeth van 


EN ZIJN KOLLEGIE TE MECHELEN 93 





Ysschot, gezien te hebben als bruid gekleed, nevens Cor- 
nelius van Standonck, ’s meesters vader , OP ‘den dag van 
bun huwelijk, in de Site Kathelijne kerk. Eene andere 
getuige, juffrouw Elisabeth van Vrylinchoven, alsdan 
tachtig ; jaren oud, verzekert, dat zij zelf meester Jan van 
Standonck bij zigne geboorte (terwi]l de ouders gehuwd 
waren, voorgevallen) op de doopvonte had gehouden, ge- 
“vu met zekeren Rombout Groote, burger dezer 
stad. Nog eene andere getuige, Katharina van "Beveren, 
die ook bi; den doop tegenwoordig was, verklaart dat zij 
nog zeer wel weet, gezien te hebben dat men den deur- 
klopper der woning van van Standoncks ouders, gedu- 
rende den ti]d dat zijne moeder gelegen was, met eenen 
witten dock had bewonden, als teeken zijner wettige 
geboorte, hetgene, zoo voegt z1] er bi], volgens Stads 
Costumen bi] de geboorte van onwettisge kinderen niet 
gcbeurde, noch mocht gebeuren. 

Het Magistraat van Mechelen, op deze én andere ge- 
tuigenissen steunende, en zich genoegzaam onderricht 
Achtende om de zaak te bcoordeelen, verklaarde alsdan 
dat meester Jan van Standonck waarlijk en zonder twijfel 
wettige zoon was van zaliger Cornelis van Standonck en 
Elisabeth van Ysschot, zijne wettige huisvrouw, welke 
beiden, toen zi] leefden, hoewel van geringen stand vol- 
gens de wereld, nochtans van deftigen handel waren 
gewcest, en hun leven lang tot het einde toe als goede 
Rristenen geacht door alle degenen die ze gekend hadden. 

Eenige dagen nadat van Standonck ziyne stichting van 
Parijs in orde gebracht, en haar bestaan had verzekerd, 
werd hij uit Frankrijk gebannen door koning Lodewijk 
XII, om twee redenen die w 1] met eenige omstandigheid 
nos verhalen. 


Den 7 april 1498 was koning Karel VIII overleden, 
en zijn schoonbroeder Lodewijk XII volgde hem op. 
De nieuwe koning stelde zoo haast mogelijk de hand 
aan ‘t werk om de rechten der Hoogescholen in te krim- 
pen, en zijn huwelijk te doen nietig verklaren. In beide 
zaken stelde zich onze van Standonck tegen den koning. 
Voor hetgeen de rechten der Hoogescholen aangaat, was 


hij de ziel van den tegenstand die te Parigs zelve aan 


04 JAN VAN STANDONCK 





s konings nieuwe voorschriften geboden werd. Men wilde 
deze niet aannemen; en onder van Standonck’s invloed 
werd er vastgesteld van de lessen te stakén, en de 
geestelike voordrachten die de hoogleeraars in de kerken 
van Parijs gewoon waren te geven, insgelijks te doen 
ophouden, na heilig sacramentsdag, 30 mei 1499. Alle 
de predikanten hadden last van in hunne laatste aan- 
spraak het volk te verwittigen en tot bidden aan te 
manen, om van den allerhoogsten het behoud der rechten 
van de Hoogescholen te bekomen, bij gebrek van het 
welk er voortaan geene onderrichtingen meer zouden 
gedaan worden, tot dat het den Hemel zou believen hier 
in te voorzien. Dit besluit werd zelfs des anderen daags, 
31 mei 1400, in geheel Parijs door plakkaten aangekon- 
digd. Dit was de eerste reden van s’ konings misnoegd- 
heid tegen de Hoogeschool zelve, en in ’t bizonder tegen 
eenige der lecraars waaronder van Standonck gerekend 
Was. 

De tweede oorzaak der ontevredenheid van Lodewik 
tegen den rektor van het Montaigu kollegie, was dezes 
aanhoudende atkeuring van ’s konings gedrag in de 
zaak der vernietiging van zijn huwelijk met Johanna de 
Valois. 

Het behandelen van dit punt valt wel is waar buiten 
ons bestck, maar ingezien onze van Standonck er zoo 
nauw in gemengd is, wegens zijne strengere beoordeeling 
over de handelwiyze van Lodewijk XII, moeten way er 
een Woord van zegven. 

Lodewijk, hertog van Orleans, was den 28"“october 
1473 verloofd geweest aan Joanna, dochter van koning 
Lodewijk XI. Hij telde toen 11 jaren, en de prinses-g: 
Drij jaren later ontvingen zij de huwelijks inzegenine, 
den 8 september 1476. De bruidegom was alsdan 14 jaren 
3 maanden oud, en de bruid 12 jaren 7 maanden. 

Gedurende 22 jaren scheen er niets eenige oneenigheid 
tusschen de gehuwden te verraden. Edoch zij hadden 
geene kinderen. Toen nu de hertog van Orleans, na de 
dood van zijnen schoonbroeder Karel VIII, koning was 
uitgeroepen, werd hij den 27 mei 1498 te Reims gezalfd. 
Aanstonds begon hij dan ook luid op te verklaren dat hi} 
voornemens was zijn huvwelijk, als ongeldig, te doen 


sf 











EN ZIJN KOLLEGIE TE MECHELEN 93 





breken. Hij wendde zich tot den Paus die eene kom- 
missie deed instellen om de zaak ripelijk te onderzoe- 
ken. Lodewijk bracht vier redenen bij om de ontbinding 
te vragen : ten 1°* omdat Joanna zijne bloedverwant was 
in verboden graad, en er volgens hem geene klaarblij- 
kende ontslaging gegeven ceweest was; ten 2% omdat 
er tusschen beiden geestelijk maagschap bestond mits 
Joanna de dochter was van zijnen ue en dat 
geene dispensatie die dit beletsel had weg genomen; 
ten 3% omdat er dwang geweest was bij de cerste toe- 
stemming in zijn huwelijk; ten 4 omdat de lichamelike 
mismaaktheid der koningin als eene waarlijke onbe- 
kwaamheid moest aanzien worden. 

De koningin verklaarde onder eed dat er voor de twee 
eerste beletselen de noodige dispensatiën waren beko- 
men geweest; dat indien er in het begin dwang bestaan 
had, deze in alle geval niet zoodanig, nog zoo duurzaam 
gexveest was dat hi Lodewijks vrijheid aanhoudend 
beletten kon; en, eindelijk, dat men haar redelijker wijze 
niet als onmachtig beschouwen mocht. 

Daar beide partijen hunne gezegden staande hielden, 
moest men getuigen hooren, en een persoonlijk onder- 
zoek instellen. Veertig getuigen werden bijgebracht; maar 
de koningin wilde de vernedering van ‘t onderzoek niet 
doorstaan, en zi] besloot liever alle geding te staken, 
en zich te houden aan hetreennde koning desa angaande 
onder eed bevestigen zou. 

Langs zijnen kant bleef de koning ook bij zine gezeg- 
den; hi] hield staan dat de noodige dispensatiéen ont- 
braken, dat hi gedwongen geweest was Joanna inhuwelik 
te nemen, en dat deze inderdaad niet huwbaar was. 

Voor het punt der dispensatièen waren er doorslaande 
getuigenissen ten voordeele des konings aangebracht ; 
maar de stukken die tot proef dienen moesten, waren 
verloren geraakt, en niemand wist nog wat er eigenlijk 
van Was. 

De koningin kon niet nalaten van onder de gezegden 
der verschillige getuigen eenige tegensprekingen, on- 
nauw keurigheden, en zelfs valscheden te doen opmerken. 
Z1] had 32 punten aangestipt, welke de koning op eed 
moest beantwoorden. Lodewijk deed het; maar wat er 


90 JAN VAN STANDONCK 





nu van de rechtzinnigheid zijner bevestiging moge wezen, 
men mag houden staan dat hi] hert en memorie moest 
veloren hebben om onder eed te loochenen dat Joanna 
voor hem, door hare smeekingen en tranen, in 1491. de 
poorten hadden doen openen van de gevangenis Waarin 
hij sedert drij jaren geboeid lag. 

Na 400 jaren valt “het ons mocilijk deze zaak grondig 
te onderzoeken en wij moeten de beoordeeling er van aan 
God zeiven overlaten. 

Op 17 december 1498 werd dan openbaarlijk verklaard 
dat het huwelijk dat tusschen Lodewijk en Joanna ge- 
durende 22 jaren bestaan had, nietig was, en van geener 
weerde. 

Ondanks de beslissing door den H. Stoel genomen, 
bleef van Standonck en eenige anderen, bij hunne ge- 
dachte dat Lodewijks huwelij k niet had mogen vernietigd 
worden ; en zij aanzagen Om Z00 te zeggen d'en koning als 
eenen overspeler, toen deze korts daarna met Anna Van 
Bretagne, weduwe van Karel VIII, een nieuw huwelijk 
aanging. Van Standonck had onderanderen op den koning 
toepassing gedaan der berisping die eens de Heïlige 
Voorlooper aan Herodes toestuurde : Hetisu niet toegelaten 
de vrouw uws brocders te hebben. Dit was zeker benevens de 
waarheid, want Karel VIII was niet de broeder maar 
alleen de schoonbroeder van Lodewïjk, en in alle geval 
was hij overleden. Edoch, dusdanig was van Standonk’s 
karakter, altijd tot strengheid senegen, en wel somtijds 
boven mate, hicrin zooals in de regeltucht zijner eerste 
stichting. Het is dan niet te verwonderen dat hij wegens 
die aanhoudende tegenkanting en berisping van ‘’s  ko- 
nings gedrag, uit Frankrijk verbannen werd. 


Hij kwam natuurlijk op vaderlandschen bodem schuil- 
plaats zoeken. Hendrik de Berghes, bisschop van Ka- 
merijk, ontving den godvruchtigen banneling, en van 
Standonck bracht door zijne predicatiën, veel goeds te 
wege in geheel het bisdom. Hij stichtte ook vier huizen 
voor arme scholieren : te Kamerijk, te Valencyn, te 
Leuven en te Mechelen. 

Na omtrent twee jaren, werd van Standonck naar 


Parijs terug geroepen. Lodewyck XII schreef den 13 





EN ZIJN KOLLEGIE TÉ MECHELEN 97 





mei 1503 aan het Parlement, om te laten weten dat hi] 
den banbrief had ingetrokken. De eerbiedweerdige man 
keerde dan terug naar het Montaigu kollegie, waar hij 
reeds te voren zoo lange jaren verbleven had. Hij over- 
leed'er den;7 februari 1504, en werd volgens uitersten 
wil voor den ingang der kapel begraven. Op den zark, 
die zin stoffelik overschot dekte, las men deze woorden, 
die hi] zelve voor zijn grafschrift had vastgesteld : Pau- 
peris mementote Standonis. Weest den armen van Standonck 
gedachtio. 


II 


Van Standonck’s kollegie te Mechelen 


Wanneer juist de onderhandelingen tusschen van Stan- 
donck en het Magistraat der stad Mechelen begonnen, 
is mocihjk te bepalen. Dit moct, zoo wi] denken, in het 
begin van het jaar 1500 gebeurd zijn. Wellicht was de 
zaak aangeleed geworden ‘door den pastoor van O. IL. V. 
over de Dijle, Gillis van den Bossche, dien wij reeds te 
voren als van Standonck's gev olmachtigden zien optreden 
in de akte dezes geboortewettiging. Immers, reeds in de 
maand april, werd hem van stadswege den wijn aange- 
boden ten Scheperhuize, toen er over het nieuw gesticht 
wehandeld werd (1). Eerst op het einde der vo olgende 

maand mei, is van Standonck hier in persoon tegenwoor- 
dig, als blijkt uit de Stadsrekening (2). Den 11 juni van 
+ zelfde jaar, gaf hem het Magistraat van Mechelen volle 
bewilliging voor het instellen zijgner Armen-school. In 
die verordening, die men als fundatie akte aanzien mag 
wordt gezegd, dat de stad, op van Standoncks verzoek, 
een huis heeft gekocht in hetwelk de stichter, volgens 





(1) 9 april 1500. Item vi gelten wyns gepresenteert tot prochiaen van 
Onze Vrouwen, voer de Bonefanten van meester Janne van Standonck, 
gehaelt in Spaegnien; te ii] stuivers de gelte,ut supra,vi schellingen. Reg. 
n° 1166, fol. 172 vS0. 

(2) 1500, 30 mai. Item ij stoopen wyns gepresenteert meester Janne van 
Standonck, xxx may, gehaelt in den Blanchaert, ut supra, ii], schellingen 
(0 de zyde : in den Blanchaert xiii july.) Ibid. fol, 775. 

7 


4 


08 JAN VAN STANDONCK 





zijn gocddunken, arme jonge kinderen zal aannemen en 
opvoeden tot Gods glorie, tot eere der H. Kerk en tot de 
zaligheid des volks; dat h1j de leerlingen ook zal mogen 
wegzenden, en geheel het bestier der school schikken en 
regelen naar beliefte en om het beste, zonder iemand'’s 
wederzeggen (zie BEWIJSSTUKKEN, n° 2, bladz. 104). 

Hoe lang van Standonck in Mechelen bleef, is niet te 
achterhalen. Gedurende den tijd van zijn ballingschap 
was hij zoo wat hier en daar, om zijne stichten in orde 
te brengen, te prediken en de hervorming van sommige 
kloostergemeenten te bevorderen. In 1502 treffen wi] hem 
wederom in zijne geboortestad : eerst in juni, en eene 
tweede maal in september, zoo stad’s rekeningen ons 
getuigen (1). MR te 

Denkelijk is van Standonck nadien in zijne geboorte 
stad niet meer wedergekeerd. Den 17 april 1503, werd 
hij naar Parijs terug geroepen, en hi] overleed er tien 
maanden later, den 7 februari 1504. 

Hij had hier te Mechelen als vader of mumster van het 
nieuwe sticht aangesteld Joannes van den Sande, met 
wien het Magistraat, in 1504, eene overeenkomst aan- 
ging waaruit de volgende bijzondere punten dienen aan- 
gemerkt te worden : Indien het huis door de stad gegeven 
niet meer zou voldoende zijn voor het getal der leerlin- 
gen, zal men het mogen verkoopen, en met het geld er 
van voortkomende, erfelijke renten stellen ten profijte 
der behoeftigen. De stad zal ook hare wekelijksche gift 
vermeerderen. De zeven Heïlige Geest tafels der pa- 
rochien zullen jaarlijks zeven veertelen rogge schenken 
aan de school. Er zullen maar twaalf arme scholieren 
aangenomen worden, en deze moeten geboren zijn in 
eene der zeven parochien van Mechelen; en buiten deze 
twaalf armen, mogen er geene kostgangers ontvangen 
worden. De meesters zullen de vlaamsche taal moeten 





(1) 1502, 18 juny. Item vi gelten wyns gepresenteert meester Janne van 
Standonck, ende die gehaelt es, ut supra, (op de zyde : in Spagniën vi schel. 
ix den. Reg. 1168 fol. 168 uso. 

1502, 9 sept. Item v gelten wyns gepresenteert meester Janne van 
Standonck, ende die gehaelt es in den Draeck, ut supra. v schel. viii den, 
Ibid. fol, 169 vse, 


EN ZIJN KOLLÈGIÉ TE MECHELEN 00 


ET 


kennen om de kinderen beter kunnen te onderwijzen en 
latin te leeren. Einde!1k zal meester van den Zande de 
Proviseurs van het Scherpenheuvels kollegie te Parijs 
verzoeken dat zij aan het Magistraat van Mechelen zou- 
den willen de verzekering geven dat de scholieren van 
Mechelen, die men bekwaam zou oordeelen om te Parijs 
hunne studien te vervorderen, aldaar zeker plaats zouden 
vinden, en aan alle andere leerlingen zouden verkozen 
worden (zie BEWIJSSTUKKEN, n° 3, bladz. 105). 

Het van Standonck’s gesticht was gelescen in de Koei- 
straat, omtrent over de Lechel straat, later Schoolstraat 
genaamd, Men noemde het gemeenlijk Fratershus, en 
de scholieren werden Fraterkens en ook soms Bonefanten 
geheeten. 

De eerste benaming komt ongetwijfeld voort van het 
kleedsel dat de studenten droegen. Het bestond immers 
uit eenen tabbaart of kloosterhabijt met kap. En in dus- 
danige kleedij moesten de scholieren nagenoeg het voor- 
komen hebben van kloosterbroeders of fratres. Wat de 
naam van Boncfanten betreft, het is eenieder klaarblijkend 
dat hi] voortkomt van het fransche Bons- Enfants, zoo men 
de scholieren te Parijs heette. 

De benamingen van Fraters-huis, voor de woning, en 
Fraterkens, voor de leerlingen, hebben wellicht sommige 
schrijvers doen denken dat het van Standonck's gesticht 
te Mechelen bestierd was door de Broeders van het gemeen 
leven die in de Nederlanden verschillige scholen hadden. 

Zoo zegt Miraeus in zijn werk : ORIGO FRATRUM SEU 
CLERICORUM VITAE COMMUNIS, LIB. 1, CAP. 27, dat die 
broeders een huis te Mechelen hadden. — Stellig bedoelt 
hi} het huis van Standonck, want h1] eindigt met te zeg- 
gen dat dit huis der Fraters in Seminairie veranderd is. 

HELYOT HISTOIRE DES ORDRES MONASTIQUES ET RELI- 
GIEUX, 11 bladz. 343, 1 zigne levenschets van Geeraert 
de Groot, noemt ook een huis te Mechelen door die 
broeders bestierd. | 

VAN DEN EYNDE, in ziyn werk : MECHELEN OPGEHELDERT 
IN ZIJNE KERKEN, KLOOSTERS, etc., II, bladz. III, gaat nog 
verder, zeggende dat het huis der broeders te Mechelen 
door Geeraert de Groot zelve zou gesticht geweest zijn 
in 1379. Maar het eerste klooster dat die man in 1370, te 


IOO JAN VAN STANDONCK 





Deventer had opgericht, was een vrouwengesticht, en het 
is eerst na zijn dood, in 1384 voorgevallen, dat zijn 
opvolger, Floris Radewyns, de Broedergemeenten tot 
stand bracht. 

Wij hebben nu nog de HISTORIA EPISCOPATUS ULTRA- 
JECTENSIS, Waar in gezegd wordt dat het klooster der 
Broeders te Mechelen tegen de Dile lag en dat deze 
hetzelve verlieten in 1585. De missing is ook tastbaar. 
De schrijver bedoelt hier zekerlijk het huis van Stan- 
donck, maar hij plaatst deszelfs opschorsing, tien jaren 


te vroeg, mits deze maar in 1595 voorgevallen is, als het 


oO? 
Seminarie werd ingericht. 

Onnoodig is het voorzeker alle die onnauwkeurigheden 
en tegenstrijdigheden verder te bespreken en te wederleg- 
gen. Bemerken wi] slechts dat van Standonck zelve niet 
had behoeven naar Gouda te trekken indien er hier eene 
school van Broeders geweest was. 

De eerste Vader of rector van het Fratershuis was dan 
Jan van den Sande, door den stichter zelve aangesteld. 
Hi bleef er omtrent acht jaren. Onder zijnen opvolger, 
meester Eligius (de familienaam is onbekend) gaf het 
Kapittel toelating om aan de straat een kloksken te 
mogen hangen. 

In 1578 werd er eene nieuwe kapel gebouwd. De suf- 
fragaan Gislenus de Vroede, wijdde dezelve ter cere van 
den H. Aartsengel Michaël die van in het begin als 
patroon van het gesticht verkozen geweest was, en heden 
nog als beschermheilige van het Seminarie gevierd wordt. 

Deze kapel, in 1580, door de geuzen onteerd, werd 
eerst den 4 november 1589 herwijd door Jan Lesley, 
bisschop van Ross in Ierland, om het geloof uit zijn land 
verbannen, en intusschentijd te Leuven woonachtig. 

In April 1595, wordt het Fratershuis vergroot door het 
aankoopen van cene ruime erve die tot aan de Melane 
paalde (zie BEwWIJSSTUKKEN, n° 4, bladz. 107). : 

Op het einde van het zelfde jaar laat het Magistraat 
het van Standoncks gesticht op zeker voorwaarden over 
aan den aartsbisschop Matthias van den Hove (Hovius) 
om tot Seminarie geschikt te worden (zie BEWIJSSTUKKEN, 
n° 5, bladz. 109). 


EN ZIJN KOLLEGIE TE MECHELEN IOI 








RÉRERORSMNANCEEPEVAN, STANDONKS 
KOËERECGIE 


Joannes van DEN SANDE werd door den stichter zelve 
aangesteld in 1500, maar men weet niet hoe lang hi) 
zin ambt bekleedde. 

Ezicius (Vranckx?), was rektor in 1508. 

. Michaël Mevys. 

Martinus JAcoBs, in 1522. 

Arnoldus DE Fossa (Aerdt Van der Gracht), in 1531. 

Adrianus RoMPHEA (Adriaan Swecrds), werd rektor den 
4 april 1532. 

Martinus Duxcaxus {Merten Verdonck), van Kempen, be- 
stierde het huis gedurende vier jaren, en ging daarna 
als rektor naar het van Standonck’s kollegie te Leuven. 

Antonius Comiris (Antoon De Greef), volgde op den voor- 
gaande den 6 meert 1538, en overleed den 26 januari 
1540. 

Petrus DorDRACENUS, of DantrELis (Pieter Daneels), van 
Dordrecht, bestierde het huis gedurende meer dan 40 
jaren. 

Martinus Harcx, geboortig van O. L. V. Hal, werd rek- 
tor den 1 obtober 1588, en stond zijn ambt af in 1503. 
Hi] bekwam een beneficie van Zellaer in St-Rombauts, 
en overleed den 23 mei 1623. 

Michaël ScHamELaAERT, geboortig van Mechelen, werd 
Rektor in de plaats van den voorgaanden. Hij was 
Licentraat in de Godsgeleerdheid en, sedert 1587, had 
hij een beneficie van Zellaer in St-Rombauts, waar hi] 
ook het ambt van ceremonie-meester bekleedde. Onder 
zijn rektoraat werd het van Standonk’s kollegie in Se- 
minarie veranderd in 1505. 


Willem van CASTER. 


102 JAN VAN STANDONCK 


EEE EEE 


BEWIJSSTUKKEN 


Het Magistrarnt van Mechelen verklaart dat Fan van Standonck natuurlijke cn 
weltige zoon is van Cornelis, en Elisabeth van Ysschot (x). 


(29 September 1498) 


ULTIMA CERTIFICATIO. 

Universis presentes literas inspecturis et audituris, Magistri communi 
tatis, Scabini et Consules opidi Machlinensis Salutem in Domino. 

Insinuatione domini et magistri Egidii de Busco presbyvteri, curati eccle- 
sie perrochialis beate Marie eiusdem opidi, procuratoris seu negociorum 
gestoris preclari viri magistri Johannis de Standonck sacre pagine doc- 
toris eximii, ac alumni universitatis parisiensis, nuper ad nostrum per- 
venit auditum nonnullos Deum pre oculis, ut est verisimile, non habentes, 
palam dixisse ac in pleno iudicio, multis communiter astantibus, divul- 
casse dictum magistrum Johannem de Standonck fuisse ac esse ex non 
iustis nuptiis, aut alias, illecitime natum: in ipsius magistri Johannis gra- 
vem ignominiam et fame lesionem non modicam. Quamobrem requisivit 
a nobis idem dominus et magister Egidius, procurator, nomine procu- 
ratorio, ut veritati testimonium perhibentes, literas nostras testimoniales 
sciencie et cognicionis, quam vel quas de patris vel matris eiusdem ma- 
gistri Johannis de Standonck ac eius legitimo (2) origine habebamus et 
habemus, eidem concedere dignaremur et vellemus. 





(1) In den oorspronkelijken opstel van dit getuigschrift, op het Stadsarchief bewaard, 
zijn sommige woorden uitgeschrabt, sommige bijgeschreven. De eerste hebben wij tus- 
schen haken ( ) gezet, de laatste in italieke letters. 

(2) Lees Zrgitima. 








EN ZIJN KOLLEGIE TE MECHELEN 103 





Nos igitur scientes et attendentes equum esse et racioni consonum, 
testimonium reddere veritati, notum facimus per presentes quod nos, licet 
sufficienter certi, tam sciencia quam communi fama, de legitima prefati 
magistri Johannis de Standonck nativitate, ad certius tamen testimonium 
et maiorem veritatis cognicionem reddendum, more in talibus consueto, 
ad requestam pretacti domini procuratoris convocari fecimus quamplures 
utriusque sexus testes videlicet : dominum Johannem Sarens presbyterum 
etatem sexaginta trium, Johannem Zegers etatem sexaginta septem, Mar- 
tinum de Eykenvoorde etatem septuaginta, Gerardum vander Spreet eta- 
tem septuaginta duorum, Nycasium de Lange etatem sexaginta octo, Hen- 
ricum de Bennebeke etatem septuaginta quinque, Anthonium van der 
Bvest, etatem quinquaginta duorum, Andream Cleren etatem septuaginta 
sex, Johannem Wytte etatem quinquaginta duorum, Johannem Boom eta- 
tem sexaginta trium, Henricum Man etatem septuaginta duorum, Egidium 
Martens etatem sexaginta duorum, domicellam Elizabeth de Vrylinchoven 
etatem octuaginta, domicellam Ceciliam vander Stappen. etatem sexaginta, 
domicellam Elizabeth Doms, etatem quinquaginta octo, domicellam Ka- 
therinam Andries viduam quondam Rumoldi vander Berct, etatem sexa- 
ginta, Katherinam Skemmers viduam quondam Johannis van den Dale, 
etatem quinquaginta novem, Elizabeth van den Dycke, etatem septua- 
ginta, Beatricem Mast, etatem sexaginta unius, Elizabeth Lambrechts, 
etatem sexaginta septem, et Katherinam de Beverem, etatem quinqua- 
ginta novem annorum vel circiter habentes, nostros conburgenses, omnes 
illo tempore commorantes in locis convicinis habitacionis parentum pre- 
tacti magistri Johannis, honestas, probas ac fide dignas personas, plenio- 
rem scienciam seu certitudinem rei et noticiam eorumdem parentum ip- 
sius magistri Johannis habentes. 

Quorum quidem testium super legitima nativitate eiusdem magistri 
Johannis solempniter iuratorum deposicionibus, etsi ut supra tactum est 
sufficienter certi, sufficiencius tamen edocti et cerciorati, comperimus eum- 
dem magistrum Johannem de Standonck fuisse ac esse indubitatum filium 
naturalem et legitimum quondam Cornelii de Standonck et Elizabeth de 
Ysschot sue legitime uxoris, ex legitimo matrimonio, in facie ecclesie 
perrochialis sancte Katherine, predicti opidi solempnizato, procreatum. 
Quos (similiter) efiam comperimus dum agerent in humanis (fuisse hones- 
tissime) cési humilis condicionis quoad seculi vanitatem, Juisse tamen honeste con- 
versacionis, commendabilis vite, et homines (magne) singularis devocionis, 
et qui in diebus suis, ut sheratur, placuerunt Domino, prout hoc ex actibus eo- 
rum, (inter vicinos et) usque in fincm continuatis inter finiimos et omnes eOTum 
noticiim habentes, clarius (constare) potuit düiudicari. Cuius quidem matri- 
monii solempnizacioni personaliter astitit et interfuit prenominatus Jo- 
hannes Boom eorum vicinus. una cum certis aliis vicinis ad hoc invitatus 
et rogatus. Et prefata Katherina Skemmers, vidua, scivit et (audivit) vidit 
illo tunc pretactam quondam Elizabeth de (Standon) Ysschot, matrem pre- 
dicti magistri Johannis, ut et tamquam sponsam prelibati quondam Cor- 
nelii de Standonck, patris quidem eiusdem magistri Johannis, inceden- 
tem in apparatu nuptiali #f moris ext et (euntem versus) franseuntem dictam 
perrochialem ecclesiam sancte Katherine pro solempnisacione matrimonii 
huiusmodi celsbranda. Nec non et dicta domicella Elizabeth de Vrylinc- 


104 JAN VAN STANDONCK 





hoven personaliter etiam astitit et interfuit postmodum, rogata, ubi pre- 
nominatus magister Johannes de Standonck, pretacto matrimonio con- 
stante, ex aqua et Spiritu sancto in fonte baptismali sepedicte perrochialis 
ecclesie sancte Katherine extitit renatus; quia eumdem magistrum Johan- 
nem de sacro fonte huiusmodi, una cum quondam Rumoldo Groote nostro 
eciam burgensi (et aliis), levavit. Et similiter memorata Katherina de Be- 
veren interfuit baptismo dicti magistri Johannis, vocata; (etiam) preterea 
scivit, quia vidit, crotulum sive pulsato:em hostii (1) domus habitacionis 
predictorum quondam Cornelii et Elizabeth coniugum (post predicti ma- 
gistri Johannis partum) fostquam idem magister Fohannes ex prelibata quondam 
Elizabeth matre sua carnali extiterat natus, (tempore puerperii sue matris) 
duvante termino puerperü, circumvolutum linteo mundo, in signum sue legi- 
timc nativitatis: ad differenciam illegitimorum (circa quos talis) post quo- 
yum nativitatem solempnitas Auiusmodi iuxta (modum) loci consuetudinem sex- 
vari non potest xeque permittitur. Quorum quidem omuium et singulorum 
in prelibato opido Machlinensi, presertim in vicinio sepedictorum coniu- 
gum, extat publica vox et fama notoria. 

In quorum omnium et singulorum testimonium, sigillum ad Causas 
prefati opidi Machlinensis presentibus literis duximus appendendum. Et 
easdem per fidelem nostrum secretarium, magistrum Johannem Barbier, 
signo suo manuali consueto signari fecimus. Datis et confectis penultima 
die mensis Septembris, anno Domini millesimo quadringentesimo nonage- 
simo octavo. 


(Stadsarchef. Losse stukken, Doos n° r, stuk n° 2. 


IT 


Consent van ‘t Magistraat der stad Mechelen, gegeven aan mecster Fan van Standonck 
voor ‘tinstellen zvner Aymen-school. 


(11 Juny 1500) 


Also onlancx geleden, ten neerstiger versueke ende duegdelyke begheer- 
ten van den cerweerdigen heer, meester Janne van Standonck doctuere in 
der Godheyt, by mynenheeren commongemeesteren ende scepenen van 
Mechelen, in harer raedtcamere te samen vergadert wesende, den selven 
eerweerdigen heere geconsenteert, gesgunt ende gewillecoirt is geweest 
dat hy, vry en onbelet yemande, in ‘thuys dat van der stadt wegen, ter 
eeren Gods ende tot zynder liefden ende versueke, gecocht ende betaelt is 
geweest, sal moigen setten ende doen alsulken goeden armen jonge kin- 
deren also hem dat goetdunken ende gelieven sal; om die dair inne ge- 
houden ende opgevoedt te wordene 1er gloriën des almachtigen Gods, der 
heiliger kercke toecomender ceren. des gemeijns volcx salichevyt, ende der 





(1) Lees ostii. 








EN ZIJN KOLLEGIE TE MECHELEN 105 











policiën der stadt van Mechelen, by Gods hulpen nutscapen ende ver- 
meerderingen, op alsucken regulen ende insettingen also hem dat sal 
duncken, dienen ende behooren. Ende dat hy dair af van nu voirtane, oft 
deghene die hy dairtoe, na zynder geliefte ende wille, stellen ende ordi- 
neren sal, hebben ende behouden sal bewindt, regiment ende administratie ; 
ende deselve kinderen oft eenige van dien vuyt ende inne te stellene naer 
gelegentheyt van der saken ende der meyninge voirgenoemt; dair toe te 
ziene, die te visiterene ende die te beschickene ende voirt generalic ende 
specialic dair inne te moigen doene alle ’t gene dat hem dair toe goed- 
-duncken sal, sonder wederseggen van ijemande. 

So es noch eens van nieuws ten dage ende jare ondergenoempt, by den 
selven mynen heeren commoingemeestere ende scepenen van Mechelen, 
als boven vergadert wesende, den voorseiden eerweerdigen heere, tot 
synen neerstigen ende dueghdelyke versueke gegunt, geconsenteert ende 
gewillecoirt alle t’ gene dat boven gescreven staet; hem dair af gevende 
last ende volcomen macht, also verre het hen aengaen mach, om dair inne 
te doene ende voirt te kerene alle ‘’t gene dat synder eerwcerdicheyt ter 
eere Gods dairtoe goedduncken ende gelieven sal. 

Waeraf hy van den selven mynen heeren, voir den toecomenden tyt, hen 
begheerde acte gemaect ende geëxpediëért te wordene. Die hem geconsen- 
teert es geweest, op ten elfsten dach in jumo in ’t jair Ons Heeren duysent 
vyf hondert. 


(Ordon. polit. Reg, A., fol. 170, Vs). 


III 


Brief van den overste van ‘t hollegie van Montaigu te Parijs aan het Magistraat van 
Mechelen nopens het ontvangen der studenten dezer Stad. 


(4 Septembre 1509) 


IHESUS 


En si bonne équité régir et conduire vostre civile police que du ault 
et souverain Juge auquel avez de toutes administrations estroictement a 
rendre raison puissiez obtenir part en la couronne de justice que le 
benoist sainct Paoul attendoit pour certain a cause du loyal service 
quil faisoit au dict souverain nostre juge et retributeur. 


Très honorez saiges et vertueux seigneurs. Jai receu deux paires de lettres 
qu'il vous a pleu mescripre depuis nagueres; par la première desquelles 
respondez aux remonstrances que je vous ayoye faictes faire par messire 
Jehan du Sablon pour le bien et durée, comme il me sembloit, de la maison 
de voz douze pouvres, qui est veritablement pour ung petite trésor, une 
chose que doibvez chérir et aymer pour le bien de vostre ville et des envi- 
rons, comme chose moult agréable à Dieu le créateur, et qui peultestre grant 


106 JAN VAN ,STANDONCK 





ayde à maintenir prospérité spirituele et temporelle en vostre dicte police. 
Mais comme il apparoit par ce que avez escript, navez pas estimé les 
choses qui mavoient meu, suffisantes pour vouloir entendre à disposer de 
la dicte maison ainsi quil me sembloit, et encores semble, estre expédient 
pour la stabilité et durée dicelle. Et mesmement considéré la distance 
dicelle maison et de la nostre de Paris en laquelle se trouveront bien a tard 
maistres et directeurs qui vostre langue congnoissances ou habitudes ayent, 
à vous messieurs ou aultres du quartier, à moven de quoy peussent prouffi- 
ter à la dicte maison comme feroit ung superintendant du pays, et cogneu 
pose mesures que nostre dicte maison de Paris fust suffisamment rentée et 
pourveue, pour nourrir et entretenir le nombre des pouvres lequel institua 
nostre père de bonne recordation, vostre bon amy maistre Jehan Standonk, 
ce que nest pour présentement, Dieu soit loué, car nous navors esté dignes 
que Dieu le createur le nous prestast pour testre et consommer les pou- 
vres maisons que avoit commencé à ordir. Ce que facilement eust faict au 
moyen de ses saincts mérites et vertus qui luy avoient donné le groz crédit 
ou royaulme de France, et en vos régions. Si me semble il maintenant que 
s’il fust jusqres ycy demeuré, qu'il jugeroit avec nous quil est necessité 
pour la maintenue de vostre dicti maison des pouvres, et des aultres estars 
ès dites régions, y pourveoir de maistres superintendans de la langue et de 
cognoissance, et ainsi semble il de celle de Louvain a mon très honoré 
seigneur et maitre, monseigneur maistre Adrian du Tret, auquel pour ceste 
cause, comme a celluv que estime désirer le bien et persévérance de la dite 
maison de Louvain, et qui moult y peut, envoyons procuration expresse 
pour y commectre et en disposer ainsi quil verra estre expediant; car ainsi 
me semble, comme j'ai dit, estre necessaire. Car en tous ces six ans qui 
sont Ja presque passez depuis le trespas de mon dict feu père, quelque désir 
que J'eusse d'aller de par delà et de volontiers sil meust été possible y prouf- 
fiter, na parmis Dieu le createur pource que nav esté et ne suis digne de 
pourmouvoir si grand bien, et de presentement nya espérance que cela 
puisse faire. Car plus de quatre ans sont passez que je nay eu santé. Et de 
ceste heure à un an entier que nay peu aller ne a pied ne a cheval une lieue 
de chemin; et depuis Pasques ne bouge de la chambre. De quoy, comme 
de toutes choses, louée soit la divine Providence qui dispose des créatures 
à leur prouffict, si nest leur faulte. 

Très honorez seigneurs, et en Dieu le créateur chéritablement aymez, ne 
vueillez croire que je fuve ou vueille reculer à ayder a vostre dicte maison 
de pouvres: et Dieu le createur qui veoit au fond des cueurs cognoist la 
bonne volunté quil luy a pleu men donner, et que cest que beaucoup de 
foiz de jour je luy en demande et requiers en mes pouvres et inutiles mai- 
sons. Mais fault que entendez que pour la malice du monde, et que aux 
seigneurs et prélatz ne chault guëres des choses pitéables, il est bien difficile 
de ériger nouvelles fondations, mesmement en rovaulme de France ouquel 
on ne peult admortir héritages ou revenuz. Et nostre bon seigneur Dieu 
congnoist les procès, affaires et solicitudes quil fault que ayons pour cuyder, 
par nos petiz, parachever ce que mon bon dict père trèéspassé avoit encom- 
mencé. Et vous dy bien que toute nostre communauté de pouvres de Paris 
pour laquelle entretenir fault tous les ans plus de deux mil francs, sans les 
fraiz extraordinaires, et qui nen a pas de tous revenu huit cens livres, 


ERC 


ses 


EN ZIJN KOLLEGIE TE MECHELEN To7 





osté le fruict du collège qui n’est que casuel. Il nv na pas des dicts huit cens 
livres de rente quatre blancs admortiz. Je espère toutefoiz que cependant 
que en nostre maison Dieu sera servy, et que discipline et excercice en 
meurs et doctrines sera vigoureusement maintenu, que la dicte commu- 
naulté de pouvres se pourra entretenir et nourrir a lonneur de Dieu. 

Très honnorez seigneurs, par voz secondes lettres mavez envoyé deux 
pouvres que J'ai voluntiers receuz, combien que le cas qui est en lobliga- 
tion que je vous av faite, cest quant quelques places vacqueront en nostre 
dicte communaulté ne fust ne ne seroit enpiété, car tousiours y en a plus de 
quarente oultre le nombre institué par mon dict feu père. Auxquels vos 
deux pouvres on fera chéritablement ce que avez escript; et feray, si Dieu 
plaist, tant que jen auray la charge, a ceulx que parcy après envoirez, mais 
qu'ils soient capables; et si aultre empeschement ne survient. Et je vous 
supplie très humblement que entendez a establir vostre dicte maison de 
pouvres en manière que tousiours vos dicts pouvres y ayent consolation; et 
seroye dadvis, comme jai dict, que eussiez conseil entre vous, et que vous 
vous informassez, de ce que sera pour la maison de Louvain, mon dict 
seigneur, monseigneur le doyen. Car sur cela pourriez délibérer si ce seroit 
le bien de la vostre de ainsi en faire, afin que celluy ou ceulx qui seroient 
commis à diriger la dicte maison spirituelement, et avec vous temporele- 
ment, messeigneurs, eussiez regard à obliger les escolliers que nous en- 
voyez, de retourner servir en la direction de la dite maison, quant mestier, 
en seroit, après ce quilz auroient esté instruictz et aprins pour ce faire. Car 
je croy que quant vous y aurez pensé, et bien tout poisé, que vous jugerez 
que ainsi le vous fauldra faire. Pource que davoir aultre aide de nostre 
cousté que de recepvoir et nourrir voz escolliers, je ny veoy une seule 
espérance. 

Mes tres honnorez et saiges seigneurs, je pris a nostre tout bon Dieu 
quil vous doint ce que dessus. Escript en nostre maison de Montagu à 
Paris, ce quatriesme jour de septembre, lan mil cinq cens et neuf. 

Vostre humble frère, serviteur et orateur, Noel Beda, indigne maistre 
général du collège de Montagu. 

OPSCHRIFT : Mes très honnorez et saiges seigneurs, messeigneurs les 
Commaistres Eschevins et Conseil de la ville de Malines. 


(Volgens het oorspronkelijk handschrift, op ‘t stadsarchief 
benaard  LEWTRES MISSIVES. N° CCCCEXXV, 
Doos N' 92.) 


IV 


Aankoop van het huis staande in de Koeistraat, tusschen ‘’t huis der Fraterkens en 
de Melanc. 


(3 April 1595) 


J: CraAxENDoxCKk EN P. Huysmaxs. Meester Philips van der Rve, als 
totten ghenen naer beschreven onwederroepelyck gemachticht van jouf- 





106 JAN VAN STANDONCK 4 











frouwen Philippote ende Catherine van der Noot, dochter wylen heeren 
Ingelberts van der Noot, des ridders, daer moeder aff was vrouwe Mar- 
garite van den Daele; ende van jonckheer Anthonis van der Noot, als man 
ende momboir der selver juffrouw Philippote, by brieven van procuratiën « 
speciaele, in date den xiij®” february lestleden gepasseert tot Brussele» 
voor den notaris meester Guilliame Rykewaert ende zekere getuygen, 
daeraff ons volcomelyck gebleken is, heeft bekent dat hy in dyer qualitevt 
wel ende wettelyck vercocht heeft aen heeren ende meester Laurens « 
Nagelmaekér, penitencier, canonick ende plebaen der metropolitine kercke!” 
van Sinte-Rombout alhier, Mertten Roelants, tresorier, ende Pauwels van - 
Kerstynen, pensionaris deser stede, als Proviseurs, over ende tot behoeff “ 
van ‘t Collegie van Standonck, oft Fraters, alhier, een groot steynen huys« 
metter plaetsen, achterhuyse, hove, stallinge, gronde et pertinenciën, ge- 
meynelvck genoempt het huys vanden Daele, gestaen ende gelezen in de 
Cosstraete alhier, by de trecktange brugghe: de riviere ter eendere, ende 
’t voor genoemde Collegie van Standonck erve ter andere zyde. À Domino 
Mechliniensi Warandam op twee cappuynen achtien myten heeren chys, 
daer jaerelyck ende erffelyck vuytgzeade, zonder meer. Ende desen coop 
is geschiet overmidts de sommen van nezen hondert zeventich guldens, 
eens gereet, boven eene rente van vyfentzeventig gulden erffelyck die de 
voorschreve jouffrouwen Philippote ende Catherine van der Noot op de « 
voornoemde huysinge zullen blyven heffenen voor de boete. 


Éd 


(Goedeisboek N° 603, fol. 102. vso). 


Jibem. De voorschreve heeren Proviseurs hebben ter causen van den 
coope van den voorschreven huyse gegeven ende beweren den voorschre- « 
ven van der Rye, over ende tot behocff van joncker Anthonis van der 
Noot ende jouffrouwe Philippote van der Noot zyn huysvrouwe, mede 
ten behoeve van jouffrouwe Catharine van der Noot derselver juffrouwen 
Philippote zustere, beyde dochters wylen Ingelberts van der Noot, daer 
moeder af was de voernoemde vrouwe Margarite van den Daele, vyfent- ” 
zeventich Carolus guldens jaerlvcker ende erffelycker rente, elcken gulden « 
van dién tot veertich groote vlems gelts gerekent, te heffene altyt te halff 
meerte; waeraff deerste jaer van betalinge vallen ende verschynen zal te 
half meerte A° XV zessentneventich, op ende aen ’t voernoemd groot 
huys metter plaetsen, hove, stallinge, gronde et pertinenciën, gemeynelvck 
genoempt het huys vanden Daele, gestaen ende gelegen in de Coestraete 
als voore. À Domino Mechliniensi Warandam op twee cappuynen ende xvii] 
deniers Lovens, heeren chys, daer jaerelyck ende erffelyck voor vuytgaende. 
Ende is expresse conditie dat de voorschreve van der Noot, oft andere 
hujusmodi, actie naermaels hebbende, by faulte van betalinge der voor- 
schreve ierste Ixxv gulden erffelyck, dezelve betalinge zullen mogen ver- 
volgen rechtelyck by gewoonlycken beleyde ende vuytwinninge, zonder 
by pantneminge te moeten procederen, nyettegenstaende ’t voornoemd 
huys geestelycheyt competeerde, ende by dien van ‘t voorschreven Col- 
legie bewoond werde. 


(Ut supra). 


— 0e 


Dé: A 


EN ZIJN KOLLEGIE TE MECHELEN 100 





v 


Resolutie van het magistraat van Mechelen door de welke het T'ratershuis op zekere 
voorwaarden gegunt wordt aan den aartsbisschop, om voor seminarie te diencn (x). 


(7 November 1595) 


7 Nov. 1595. Is gheresolveert ende gheraempt dese naer bescreven acté : 

Ghehoort ’t rapport van commissarissen van weth, van der propositie 
ende versoeck ghedaen by mÿnen hoogweerdighen heer, heere Matthias 
Hovius, gheconfirmeert (2) aertsbiscop deser stadt Mechelen, aengaende 
d'oprichting van seker seminarium, met incorporatie van het Fraterhuys 
alhier ende d’incomen van diën, om aldaar zekere jonghe studenten ghe- 
leert ende gheinstrueert te worden in de principaele poincten raekende 
ons heylich Christen catholicq gheloove gheseyt cathechisticin, ende dat 
zoo verre dat die de heylighe kerke zouden mozhen dienen voor Pasteurs, 
sonder cost oft last voor de Stadt, met applicaet ende toevueghinghe van 
sommighe goederen daertoe by zyne hoochweerdicheit gheeyschend ende 
eens deels alreede zekerlyck toegheseyt, op conditie dat de selve syne 
hoogweerdigheit ende zyne naecomelinghe in digniteyt zouden hebben daer 
by het geheel bewin ende superintendentie; stellende daerover sulcke 
proviseurs ende regieerders als zynder vocrschreven hoochweerdicheden 
woetduncken zoude. Dat oyck die voorscreve studenten ende scholieren 
zouden vry syn van alle accysen ende inpositiën, als andere geestelycke 
 persoonen. Met verstande nochtans dat twee ghedeputeerden van der Weth zou- 
den altvts moghen hooren de rekeninghe van. voorschreven collegie. Ten andere, dat 
die Stadt becostighen ende doen maken zoude zekere huysinghe op den 
Pas. oft by Pasbrugzhe, in Brabant, oft by de Fonteine brugghe binnen 
_dese voorschreven stadt, opt ’t plaétsken aldaer onghecassyt, dat ghehau- 
den wortte wesen Brabant, ten fine in deselve huysinghe te houden ghe- 
dinghe ende exercitie van justicie van den gheestelycken hove des voor- 
schreven bisdoms. Dat daartoe den officiers van den selven gheestelycken 
hove als Assesseurs, Promoteurs, Greffier, Advocaten, Procureurs ende 
Appariteurs zouden gheaccordeert worden vrydom van accysen ende im- 
posten van bier ende wyn als jeghenwoonlycke ghenieten oft namaels min 
oft meer ghenieten zullen de supposten van den Grooten Raïide. Hier op, 
ende andere circonstancièn desen saecken aangaende, rypelyck in volle 
collegie vander Policye-camer ghelet synde, hebben mynheeren vander 
weth voorschreven, z00 veer als in hun is, sonder preiudicie van ’t recht 
der particulieren hebbende vuyt crachte van fundatie oft andersins uit 
voorschreven Fraterhuys eenige gheestelicheit van collatie van plaetsen 


(r) Wat in den oorspronkelijken text onderlijnd is, hebben wij in italieke letters doen 
zetten. 

(2) Matthias van den Hove, of Hovius, bisschop genoemd den 20 September 1595, 
werd maar gewijd den 18 Februari 1596. 


110 JAN VAN STANDONCK 





oft prouvene, gheconsenteert ende gheaccordeert, consenteeren ende accor- 
deeren by desen in de propositie ende.versoeck hier boven gheruert, 
behaudens dat de jonghes die in ’t voorschreven seminarium comen zullen, 
ghehauden worden te frequenteren die Grootschole, tot dat zy bequaem 
zullen zyn van tot het voorschreven swaerder studie van philosophie oft 
godheyt haer te begheven; wel verstaande oyck dat de voorschreve suppoosten 
ende officieren van voorschreven gheestelychen hove, ghenietende den voorschreven vrv- 
dom, niet en zullen vermoghen te logeren in heurlieden huvysen eenighe sollicitanten van 
et qualiteyt die zouden moghen zvn : ten ware eenen vrient voor eenen nacht 
oft twee, sonder ghelt oft ghelycke vergheldinghe daer af te nemen; off 
oyck commensalen te hauden, ten ware de selve vrij waren zoo wel als die voor- 
schreve suppoosten, oft alsulcke die zy zouden hauden om te leeren den 
styl van den voorschreven hove. Actum op den vij® Novembris 1595. 


(Resolutieboek, n° 74, fol. 68 use), 








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Les Scigneuries du pays de (Dalines 


ltecgem & ses Seigneurs 


PRÉFACE 


= présent travail constitue une partie intégrante 
(M d'une série de monographies portant le titre 
A général : les Seigneuries du pays de Malines. 

ee Les localités suivantes ont déjà été traitées : 
Putte, Schrieck et Grootloo (1), Duffel et Gheel (2), Niel, 
Berlaer, Keerber;a n, Wavre-Notre-Dame, Norderwijck 
ébSchellé (3). 

Nous comptons publier, ensuite, l’histoire de Rijme- 
nam, de Bonheyden, de Beersel (-op-den-Bosch), d'Aert- 
selaer, de Contich, etc. etc., et, enfin, dans une étude 
spéciale, nous nous proposons de retracer les annales de 
ce qui fut le pays de Malines, seigneurie — 1l convient de 
le rappeler, — qu'il ne faut confondre ni avec la seigneurie 
de Malines, ni avec la province de ce nom. 





(x) En un volume. 

(2) En un volume. 

(3) L'histoire de Schelle a été écrite avec la collaboration de M. J.-B, 
STOCKMANS, archiviste der Bogerhout. 


IT4 LES SEIGNEURIES 





Aucune des communes comprises dans le pays qui 
nous sert de champ d'exploration, n'avait tenté, avant 
nous, la plume d’un historien, et les notes que l'on trouve 
à leur sujet, disséminées dans quelques ouvrages, sont 
des plus incomplètes et, en partie, inexactes. 

Les actes authentiques ont été notre principale source. 

Nous les avons recherchés partout où 1l y avait quel- 
que chance de trouver des éléments pour nos études. Ils 
nous ont été fournis, principalement, — est-il besoin 
de le dire? — par les Archives générales du royaume 
et les dépôts des communes en cause. Celles-là, étant 
riches en données sur les familles seigneuriales, ceux- 
ci sont, en général, hélas! pauvres en documents rela- 
tifs aux faits dont les localités furent le théâtre. Et ces 
documents... 7ari nantes : un compte par-ci, un livre 
aux résolutions par-là.. ne remontent guère au-delà du 
AVIlTSSÈècle | 

De là, abondance de matière au point de vue de l’his- 
toire seigneuriale, pénurité de détails sur l’histoire com- 
munale proprement dite (1). 

Si donc il est possible de reconstituer, complet, le 
passé de la seigneurie, d’une part, 1l faut, d'autre part, se 
contenter de narrer, par bribes, les événements locaux, 


d’annoter et d’aligner — en quelque sorte comme simple 
chroniqueur, — les renseignements qui concernent le a/- 


lage même. 
Tout incomplètes qu’elles sont, par la force même des 
choses, ces monographies locales n'en présentent pas 


(1) Voici les principales de nos sources : 
Les registres de la cour féodale de Brabant (B.): 
les aveux et dénombrements remis à cette cour par les feudataires (.\.& D); 
les actes provenant des procès plaidées devant la même cour (P:B.;; 
les archives de la cour féodale de Malines (M.); 
les archives de l’abbaye de Roosendael, à Waelhem (R.); 
les archives de la commanderie de Pitzenbourg, à Malines (P.); 
la collection des Manuscrits et Cartulaires (M. & C.). 
Tous ces fonds sont déposés aux Archives générales du royaume, à 
Bruxelles. 
Les manuscrits de la Bibliothèque royale de cette ville (B. R.). 
En citant ces sources, nous les indiquerons par les abréviations placées 
ci-dessus entre parenthèses. 


DU PAYS DE MALINES JUS, 





moins, à notre humble avis, des matériaux importants 
pour l’histoire régionale, et même générale : les fastes 
de ces modestes communes rurales, pleins de surprises 
pour le penseur, fourmillent de faits intéressants que 
l'on chercherait en vain dans les archives politiques; ils 
contiennent, parfois, des détails inconnus sur les opéra- 
tions militaires, la marche des belligérants, et deviennent, 
ainsi, des appoints sérieux pour l'histoire des guerres 
qui se sont déroulées dans le pays et dont on n'avait 
qu'une connaissance sommaire, n’allant guère au-delà 
des grandes batailles, des sièges fameux qui ont fait 
époque dans l’histoire universelle. 

Toute nouvelle monographie locale accroit nécessaire- 
ment la somme des notions que l’on avait sur les com- 
munes voisines de celle qui en fait l’objet et sur la région 
qui les embrasse. 

De telles monographies se complètent donc les unes 
les autres. Chacune d’entre elles contribue à élucider des 
faits ignorés ou restés incertains. L'ensemble de ces écrits 
— qui, pris séparément, n'offrent, peut-être, qu'une im- 
portance relative — permettra à l’historien de l'avenir de 
retracer l’histoire complète et rigoureusement exacte du 
pays entier. 

C’est à ce point de vue que nous avons entrepris notre 
travail sur les seioneuries du pays de Malines, dont nous 
avons l’honneur de livrer au public la neuvième partie, 
la notice sur le joli village d’Itegem. 

Un mot encore. 

Que l’on ne nous reproche pas de surabonder en détails 
sur les familles seigneuriales. 

Aucun pays — peut-on dire sans risquer d’être taxé 
d’exagération — ne possède une littérature généalogique 
plus frelatée que celle de la Belgique ou, mieux dit, des 
anciens Pays-Bas. Marchant dans les traces des néfastes 
de Launay et, obéissant, en partie, aux mêmes mobiles 
qu'eux, les Le Carpentier, les Butkens, les Ferwerda, 
les Goethals, les Poplimont, et éufti quanti, y ont fait im- 
primer un tel nombre de volumes où le vrai est, plus ou 
moins habilement, marié au faux, que les renseigne- 
ments auth entiques que nous offrons — étayés d'indica- 
tions de sources — ne laisseront pas que d’être bien reçus 


116 LES SEIGNEURIES 





de tous ceux qui ont à cœur de voir purifiée lPhistoire 
généalogique. 

Nous ne flattons personne. 

Nous ne disons que la vérité. 

Entendue ainsi, la généalogie, de pair avec lhéral- 
dique, est appelée à rendre de réels services à l’histoire. 


Itegem au X° siècle 


Itegem est une des plus anciennes localités du pays. 

« Secundo lapide ab oppido Lirano, versus Herental- 
dum, situm est dominium Iteghem, quod Netha major 
interfluit. Pristini eius Domini nullam ibidem habita- 
tionem habuere, sed plerumque commorabantur in cas- 
tello Hameyde, non procul inde dissito, in dextra ripa 
praedicti fluvii, » dit le Baron Jacques LE Roy, dans sa 
Notitia Marchionatus S. R. 7. (1) 

Située dans la province d’/ de arrondissement de 
Malines, canton de Heyst-op-den-Berg, elle format, 
autrefois, une seigneurie mouvant du pays de Malines, 
nommé aussi le pays de Clèves ou d’Arkel. Elle était 
limitée à l’est par la seigneurie de Herenthals, au sud 
par Heyst-op-den-Berg, à l’ouest par Berlaer et au nord 
par la banlieue {byvang) de Lierre. 

Par diplôme du 14°" jour avant les calendes de février 
976, l'empereur Othon IT confirma à l’abbaye de Saint- 
Bavon, à Gand, ses possessions dans le pagus bragbatinsis 
(Brabant) et la réintégra dans celles qui lui avaient été 
enlevées dans les pagi de la Hesbaie, de Rijen et de la 
Toxandrie. Les biens situés dans la Toxandrie sont : 
NORTHREUUIC et IDINGEHEM, ou [tegem (2), cum ecclesns et 
ommbus adiacentis (3). 


(1) Dorénavant nous indiquerons cet ouvrage par l'abréviation March. 

(2) C'est à tort que quelques auteurs, par suite d'une mauvaise lecture 
(Edingehem) ont pris cette localité pour Edeghem, village qui n’était alors 
connu que sous le nom de Buyseghem et dont l’église n’a jamais appartenu 
à Saint-Bavon, mais à l'évêché de Cambrai. 

(3) SERRURE, Cartulaire de Saint-Bavon, n° 9. MirAEUs, Opera diplomatica, I, 
344. KLUIT, ve crilica comit. Holland. et Zeeland., IX, pars I, pp. 45-48. 








DU PAYS DE MALINES 141 





— — 


Deux ans avant, en 974, le même monarque avait 
déjà restitué à ladite abbaye certaines propriétés dont 
elle s'était vue privée injustement, pendant quelque 
temps (aliquandin imuste pereptis), notamment : IN PAGo 
TEssaNDRIE, NORTHREUUIC, cum ecclesia et ommbus ap- 
pendencus, et in pago bragbatinse Sethleca (Zellick).., 1N 
PAGO RIEN BuocHoLr, eque cum ecclesia ct reliquis appen- 
dencus (1). 

Au sens de l’auteur de la Nofice sur les limites de l’ancien 
diocèse de Liège, etc. (2), et d’un articulet dans les Ana- 
lectes pour servir à l'histoire ecclésiastique de la Belgique (V., 
460-461), c'est par erreur que les deux diplômes impé- 
riaux dont 1l est question, placent Itegem et Norderwijck 
dans la Toxandrie. Comme argument en faveur de sa 
thèse, 1l invoque une charte de 997 par laquelle Ansfrid, 
évêque d'Utrecht, donne aux églises de Notre-Dame et 
de Saint-Martin, à Utrecht, quelques biens, entre autres, 
Westerloo, Ouden (Oedo), Bouwel (Bolo), Meerbeek (Mi 
renbeche), Honbecke, Buronte, tous situés dans le comté de 
Rijen (infra comitatem Ryen) (3). Or, fait-il observer très 
judicieusement, toutes ces localités se trouvent plus rap- 
prochées de la Toxandrie que Norderwijck, et 1l est même 
impossible de passer de Norderwijck en Toxandrie, sans 
passer par ces localités. Quant à Itesem, ajoute le même 
écrivain, cet endroit se trouve de trois lieues plus éloigné 
de la Toxandrie que Westerloo, et, d'Itegem, on ne peut 
non plus avoir de communication avec ce pagus, qu'en 
traversant des localités du pagus de Rijen. 

Après avoir cité un diplôme du roi Henri II d’Alle- 
magne, de 1008, diplôme par lequel la forêt de Wavre 
(Waverwald), près d'Heyst-op-den-Berg, de Badfride (pro- 
bablement Befferen) et de Malines, entre les deux Nèthes 
et la Dyle, est indiquée dans le comté d’ Anvers, qui COr- 
respondait au pays de Rijen (in comitalu vero Gozilonis, 


(x) SERRURE, Op. cit., n° 7; MiRAEUS, op. cit., I, 49. Les originaux des deux 
diplômes de 974 et 976 se trouvent aux Archives de l'Etat, à Gand. 

(2) CH. BERTELS, pseudonyme de feu l'abbé C.-B. De Ridder; voyez 
Revue d'Instoire et d'archéologie, Bruxelles, 1859, 1, 313-314. 

(3) Voyez Guizz. HEDpA, Historia ere ultyajectensium, édition de 1612 
p. 268. 


118 LES SEIGNEURIES 





comitis, qui Antwerp dicitur) (1), il s’arrète devant cette 
alternative : ou bien le pays de Rijen n’était qu’une sub- 
division de la Toxandrie, ou bien la charte de l'empereur 
Othon n’est pas littéralement exacte, quant à la situation 
de Norderwijk et d’Itegem. Le fait que le diplôme de 
974 distingue parfaitement la Toxandrie du pagus de 
Rijen, lui fait rejeter la première de ces deux hypothèses 
et se prononcer pour la seconde. L'avis de cet écrivain 
est donc celui-ci : in pago Tessandrie doit être compris 
comme s'il y avait à proximité ou aux environs de la Toxan- 
dre. 

Dans son travail sur les pagi de la Belgique et leurs sub- 
divisions pendant le moyen-âge (2), M. Ch. P1o0T dit que les 
pagi mediocres de Rijen et de Strijen formaient, avec le 
pagus moyen de la Toxandrie, le grand pagus de la 
Toxandrie et que c’est à tort que quelques auteurs considèrent 
comme entièrement indépendant et ne relevant d'aucune autre 
division territoriale, le pagus de Ryen, ou comté d'Anvers. Les 
villages de Norderwijck, Itegem et Schelle, continue ce 
savant, quoique situés au milieu du pagus de Rijen, sont 
néanmoins indiqués, par des actes de 873 (3), 974 et 976, 
dans le grand pagus de la Toxandrie. « C'est la preuve la 
plus évidente que celui de Rijen formait une subdivision 
territoriale de la Toxandrie. Il devait en être ainsi : les 
territoires de ces deux pagt faisaient partie de l'Eburomie 
et ensuite de la Civitas Tungrorum.…. 11 n'y a donc pas de 


(1) L'auteur de la notice dont nous parlons, voit dans ce diplôme de 1008, 
une donation de tout le Waverwald. C'est une erreur. Le roi Henri II, grâce 
à l’intercession de l’évêque Héribert, de Cologne, donne, à Trèves, à Bal- 
deric, évêque de Liège, et à un comte, appelé aussi Balderic (Butkens le 
croit être Balderic, comte de Brabant, Louvain, Toxandrie, etc.), non pas le 
Waveriwald, mais la juridiction sur la chasse (bannuum nostrum bestiarum) dans 
cette forêt. 

(2) Mémoires couronnés et mémoires des savants étrangers, publiés par 
l'Académie royale, t. XXXIX. 

(3) Le document, de 873 (et non 837, comme le disent quelques auteurs; 
voyez, entre autres, MIRAEUS, op. cit., 1, p. 10-22) ne mentionne des trois 
localités en cause, que Schelle — Scelleburd. C'est le testament du comte 
Evrard et de sa femme Gisla, qui laissent à leur quatrième fils, Rodulphus, 
entre autres biens, quod in Scelleburd habere videmur… et omnes res nostras quaë 
coNiaCent IN COMITATU TassaxDrIO (comp. Alph. Wavuters, Table chronoloz. 
des chartes et diplômes imprimés, 1, p. 285). 





DU. PAYS DE MALINES 119 





contradiction entre les actes de 974 et 976, lorsque le ré- 
dacteur semble vouloir distinguer la Toxandrie du pays 
de Rijen ». M. Piot ajoute qu'après la lecture des susdits 
trois documents, il faut bien admettre que le pagus de 
Rijen faisait partie de la Toxandrie. 

Cette opinion n’est pas partagée par d’autres savants. 
On a tort, écrit M. VANDERKINDERE (1), de conclure qu'il 
y avait, à l’époque mérovingienne et carolingienne, de 
grands pagt auxquels étaient subordonnés de petits pagi 
et même, comme le veut M. Pror, à un degré intermé- 
diaire, des pagi mediocres. « Le seul pagus officiel est celui 
qua est ‘administré par le comte. Seulement, au VIII: siècle, 
des subdivisions s'opérèrent, et l’on trouva alors sur 
l'emplacement d’un ancien pagus plusieurs petits cantons 
dont l’un a souvent conservé le nom du canton primitif. 
C’est ce qui donne lieu aux mentions d’un pagus major 
et d’un pagus minor de désignation identique. » Mais 
dans ce cas, ajoute M. VANDERKINDERE, et son avis est 
partagé par M. Loncnon et des géographes allemands 
(2), le pagus major n'est plus une circonscriphion admims- 
trative. 

Dans la nomenclature qu'il dresse des pagr, cités dans 
les documents de l’époque mérovingienne, M. VANDER- 
KINDERE ne mentionne pas le pays de Rijen; il ne le 
nomme pas davantage dans l’'énumération des pagr qui 
sont venus s'ajouter à la première liste, à la fin du VIIT: 
siècle et dans la première moitié du IX* siècle. 

Il convient, toutefois, de faire remarquer que MirAEUS 
et d’autres ont publié deux documents, du commencement 
dun IISSiècle, qui parlent déjà du pays de Rijen ou 
pagus renensium. Par l'un de ces actes, incomplet et non 
daté, Rohingus — qualifié par MiRAEUS, dans son ana- 
lyse, de Anlverpiensium Princeps — et sa femme Bebeline, 
donnent à l'évêque Willibrord l'église construite dans 
le château d'Anvers, par l’évêque Amand, et d’autres 
biens Cettempièce est précédée, dans les Opera diplo- 





(x) L. VANDERKINDERE, lutroduction à l'histoire des institutions de la Belgique 
au moyen-âge, etc. (1800) ; J.-Tu. DE RaapT, Norderwijck en sijne heeren. 

(2) LoxcxoN, Atlas historique, texte et Etudes sur les pagi de la Gaule., cf. v. 
Amira, Recht, p. 105. 


120 LES SEIGNEURIES 





matica, par un autre acte de donation, des mêmes époux, 
également en faveur de Saint Willibrord et daté anno 
VI. regnante Theodorico Rege, c. à. d. de 725 ou 726. 

Cette charte ne parle pas du pagus de Rijen. 

Le second des deux actes auquel nous avons fait allu- 
sion comme mentionnant ce pagus, c'est le testament de 
Saint Willibrord, datant également de la sixième année 
du règne du roi Théodoric. Ce testament rappelle ainsi 
les donations dont il vient d’être question : Rohngus 
mihi condonavit vel tradidit Ecclesiam aliquam, quae est, 
constructa in Antverpo castello, super fluvio Scalde, in pago 
Renensium, cum apendencus suis, villas denominatas Ms 
nominibus, Bacwalde (Bouchout), Winnelincheime (Wijne- 
ghem) cf Furgalare (1) et in ipso Castello Antrerpo tertiam 
partem de 1llo telloneo. 

Ces documents viennent-1ls renverser les conclusions 
de M. VANDERKINDERE ? Aucunement, car, en vérité, l’au- 
thenticité de ces actes de donation et de ce testament est 
fort suspecte. Tel a été, à toute évidence, l'avis du savant 
professeur, puisque, tout en les connaissant —car M. P1oT 
les cite, sans, toutefois, révoquer en doute leur authenti- 
cité — 1l n’a pas cru devoir les mettre en ligne de compte 
pour l'établissement de la liste des pagi de l’époque mé- 
rovingienne, fidèle, en cela, à son système de ne se baser 
que sur des documents d’une authenticité bien établie. 

Il y a lieu d'ajouter que le plus ancien document qui 
mentionne le pagus de Rijen et dont l’authenticité puisse 
être admise, date de l’an 868. 

Itegem et Norderwijck faisaient partie de ce nouveau 
pagus. Si, néanmoins, les actes de 974 et 976 les indiquent 
dans la Toxandrie — le premier même en semblant dis- 
tünguer la Toxandrie du pagus de Rijen — c’est que proba- 
blement les chartes relatives à des donations antérieures 
de ces localités contenaient la même désignation géo- 
graphique. Pour éviter toute équivoque sur la situation 
précise et l’identité des localités, on aura tenu à repro- 





(x) MiRAEUS suppose que ce nom désigne Voghelaer, ager propre Antverpiam 
nous, versis Tuyrinum, mais, dans l'acte de donation de Rohingus, le même 
historien écrit Prepusdare (Opera diplomatica, X, 10, 11, 12). Notre savant con- 
irére, M. EpG. pe MArKEFFE, nous fait remarquer qu'il s’agit de Vorsselaer. 





DU PAYS DE MALINES I21I 





duire les termes exacts des actes primitifs, coutume qui, 
d’ailleurs, s’est maintenue à travers le moyen âge, Jus- 
qu'aux temps modernes. 

Résumons-nous. Itegem et Norderwijck étaient situés 
dans le pagus maior de la Toxandrie. Plus tard, ils furent 
attribués au pagus de Rijen, mentionné pour la première 
fois en 868, et celui-ci est un pagus indépendant, admi- 
-nistré par un comes spécial; 1l est un canton provenant 
du morcellement de l’ancien pagus maior de la Toxan- 
drie, dont le nom continua à être donné à une partie de 
son territoire, le pagus minor de la Toxandrie. 

Nous pensons que, lors de la subdivision des anciens 
grands pagi, les noms de ces derniers ont été conservés 
à ceux des nouveaux cantons dont les territoires compre- 
naient la résidence habituelle du comes ou graaf. 

Les pagi ou comtés étaient subdivisés en vicairies, ad- 
ministrées par des officiers dépendants du comte et qui 
exerçaient leur juridiction sur plusieurs villages, vi en 
latin, vics en wallon, wyken en flamand. Norderw 1jck est 
donc, fort probablement, le wicus du nord, le village situé 
à l'extrémité septentrionale d’une circonscription admi- 
nistrative. 


La seigneurie d’Itegem 


S1, pour le IX° et le X° siècle, les renseignements sur 
Itegem sont loin d’abonder, son histoire, aux deux siècles 
suivants, est complètement entourée de ténèbres. A défaut 
de documents sérieux, nous ne nous attarderons pas à 
émettre des conjectures sur le sort du village, durant cette 
période (x), ni à répéter ce que l’on sait sur l’histoire de 
la région. 

Pour le XIII: siècle, quelques rares pièces nous per- 
mettent d’entrevoir les vicissitudes par lesquelles la loca- 
lité passa à cette époque. Itegem appartenait alors à une 
branche cadette des dynastes de la maison des Berthout, 
seigneurs de Grimberghe et de Malines, dont la puissance 


L 


(x) Pour l’histoire ancienne de Malines et de ses environs, on peüt con- 
sulter J. Davin, Geschiedenis van de stad en de heerlij kheid van Mechelen. 


122 LES SEIGNEURIES 








fut telle qu'ils avaient tenu en échec, pendant de nom- 
breuses années, le duc de Brabant lui-même, avec son 
armée.Vaincus, enfin, en 1150, les Berthout s'étaient ré- 
conciliés avec le souverain et, d’ennemis, étaient devenus 
les plus fidèles alliés de ce prince et de ses successeurs, 
et, à leur tour, ceux-ci, leur témoignèrent la plus haute 
estime et les distinguèrent en toutes circonstances. Grâce 
à l'appui des ducs, les Berthout étendirent considérable- 
ment leurs domaines aux environs de Malines, seigneurie 
du chef de laquelle ils étaient tenus de reconnaître la su- 
zeraineté des évêques de Liège. En dépit de cet état de 
dépendance, plus apparente que réelle, ils parvinrent à 
se rendre maîtres de plus d’une propriété de ces derniers 
et à réunir en leur possession la plupart des localités 
voisines de Malines. Propriétaires du Waverwald, im- 
mense forêt qui formait la démarcation entre les diocèses 
de Liège et de Cambrai, ils augmentèrent leur influence 
par la création de plusieurs nouveaux villages. 





FIG TA lT)e 





(1) Fac-simile des armes du seigneur de Malines. d'après l’Armorial du 
roi d'armes GELRE (XIV: siècle), Ce seigneur, contemporain de GELRE, est 
Florent Berthout, mort en 1331. Ses armes sont : d'or, à trois pals de gueules, 
Casque couronné d’or; cimier : un écran, échancré, de l’écu, chacune des 
pointes ornée d’un plumail de sable : lambrequins : d'azur (!). 


IE PORTES 





















y 


\ & : 






PI. IT. (1) — TI. d’'Immerseel. II. d'Ovenbrugge. III. de Sompeke. IV. Tollins. 
V. de Lannoy. VI. van Dale. VII. de Grevenbroeck. VIII. de Berlo. 
IX. de Montmorency. X. Bollarte. XI. Frederickx. KIT. van Reynegom. 


(1) Nous devons le dessin de cette planche à notre aimable collègue, 
M. Louis Paris, bibliothécaire de la Société d'Archéologie de Bruxelles. 

Qu'il en reçoive nos meilleurs remerciements. 

Les armoiries sont exécutées dans le style du XIV: siècle. 





LE de 


LA 
DU PAYS DE MALINES 125 





De ces nombreuses terres, les chefs de la maison don- 
nèrent quelques-unes en apanage à leurs cadets, et ceux- 
c1 leur en devaient foi et hommage. C’est ainsi qu'Egide 
Berthout, dit à la Barbe, eut pour sa part Keerbergen, 
Berlaer et, en partie, Duffel et Gheel, qu'il transmit à 
ses descendants. Son petit-fils, Jean, un des héros de la 
sanglante journée de \Voeringen (Hiétauit ils detouis 
seigneur desdits lieux, et de Sophie de Gavre, dame de 
Grammines), est le premier de sa famille que les 
actes authentiques nous font connaître comme seigneur 
d'Itegem. 

Ayant retracé sa vie ailleurs (1), nous nous dispense- 
rons d'en parler plus longuement ici. Rappelons seule- 
ment qu'il fut aussi seigneur de Watre-Notre-Dame et 
qu'il se maria deux fois : d’abord, à Marie de Mortagne, 
fille d’Arnould, chevalier, seigneur de ce lieu et châtelain 
de Tournai, puis à Marie de Zubborch (Subborg, Seborg, 
etc.), qui figure comme sa veuve dans différents actes, 
jusqu’en 1343. 

Au mois d'avril 1279, Jean Berthout, se qualifiant de 
seigneur de Grammines, et sa femme, Marie (de Mor- 
tagne), vendirent au couvent de Rosendael, à Waelhem, 
certains biens ?# parochia de Ylenghecm, à savoir seize 
bonniers de terre, situés sur la Nethe, vers Malines, et 
dont une partie consistait en une métairie {domistadium), 
avec ses appendances, où les époux avaient autrefois leur 
habitation (2), l’autre partie en diverses terres de culture, 
prairies et bois. Ils cédèrent, ensuite, au même monas- 
tère, leurs biens dits {en Broche, avec une ferme, sis sur la 
rive opposée de la Nèthe, versus locum qui Bernum com- 
imumter appelatur (3). 


(x) Voir nos notices sur Berlaer, Keerbergen, Wavre-Notre-Dame, Duf- 
fel et Gheel. 

(2) … cuius terre quedam pars consistit in domistadio illo, in quo mansio nostra 
stare consueverat… Au milieu du XVIIIe siècle, Bernum, hameau de Heyst, 
dépendait spirituellement d’Itegem. 

(3) Analyse faite, par feu M. l'abbé C.-B. DE Ripper, d'un document con- 
servé aux Archives générales du royaume, dans le fonds de l’abbaye de 
Roosendael, carton I, et insérée dans un petit mémoire de deux feuillets sur 
le village d’Itegem. Ce mémoire nous a été communiqué très obligeamment 
par M. l'abbé Truyts, natif d’Itegem, qui, de même que M. Aug. Heylen, 


126 LES SEIGNEURIES 





Il est à remarquer que cette vente est conclue au nom 
de Jean Berthout et de sa femme. Faut-il inférer de ce 
fait que la terre d’'Itegem ait été apportée à ce personnage 
par cette dernière? Nous ne le pensons pas; nous sommes 
plutôt tenté de croire qu'il l'avait assurée à celle-ci à titre 
de douaire, ce qui expliquerait parfaitement l'intervention 
de cette dame dans l'acte dont on vient de lire l'analyse. 

A en croire une notice sur l’abbaye de Roosendael, la 
septième abbesse de ce monastère, Mabilia de Berlaer, qui 
est dite fille de Jean Berthout et de sa seconde femme, 
Marie de Sebourpg, et qui aurait été installée, sans solen- 
nité, le 9 septembre 1334, serait morte, accidentellement, 
pendant une visite dans ses propriétés à [tegem. La voi- 
ture dans laquelle elle se trouvait ayant versé, l’abbesse 
aurait été précipitée sur le chemin et n'aurait survécu que 
trois jours à sa chute (1). 


Jean Berthout, qui vivait encore en 1303, donna à son 
fils ainé, du même nom, procréé avec Marie de Mor- 
tagne, probablement en dot à son premier mariage, les 
seigneuries d’Itegem et de Neckerspoel et lui laissa les 
terres de Wavre-Notre-Dame, de Hameiden, à Gestel, 
etc., après l'avoir associé, de son vivant déjà, à l’adminis- 
tration de ses domaines. 

En 1297, le samedi après la Trinité, Jean II céda à 
l’abbaye de Roosendael, moyennant un cens annuel et 
sous réserve de la haute justice, tous les droits et la juri- 
diction sur les biens que ce couvent tenait de lui en fief à 


nous à fourni, en plus, un certain nombre de renseignements sur son lieu 
natal. Qu'il en reçoive l'expression de notre reconnaissance. Nous remer- 
cions également MM. le curé Van Reeth, Paul Notelteirs, fonctionnaire 
au Ministère de la Justice, et le D' Theys, bourgmestre de Boisschot, du 
précieux concours qu’ils ont bien voulu nous prêter pour le présent travail, 
par la communication de pièces relatives à Itegem. 

(x) Bulletin du Cercle archéologique, littéraire et artistique de Malines, t. 11, 189r. 
P. 249-270. L'abbaye du Val des Roses (Roosendael). 

D'après le livre du curé L. Janssens, sur ce monastère, Mabilia en aurait 
été la sixième abbesse et serait morte, en 1339, par suite d’un accident de 
voiture. 





NL 


4 








DUNPANYS DE" MALINES 127 








Itegem, et divers autres droits. L’acte relatif à cette ces- 
sion fut approuvé par le père du donateur, le chevalier 
Jccnr Berthout, dit de Berlaer, et le frère de celui-ci, 
Louis Berthout, seigneur de Keerbergen, etc., qui, au 
témoignage de JEAN van HEELU, avait été créé chevalier, 
par le duc Jean I“, le jour de la bataille de Woeringen. 

Ce document étant inédit, nous en donnons ici une 
copie : 


Nos, Foannes Berthaut, primogenitus domini Ÿoannis Berthaut, militis, dicti 
de Berlaer, notum facimus universis presentes litteras inspecturis, quod 
nos, de consensu nostro, dedimus et damus ac remittimus abbatisse et 
conventui ordinis cysterciensis Vallis rosarum omne ius et omne dominium, 
quod habebamus et habere poteramus, in omnibus bonis que dicta abba- 
tissa a nobis tenet et possidet hereditarie a nobis in villa et in parochia de 
Yetengheem, ubicunque consistunt et in quo loco sita sunt et quo nomine 
censeantur, videlicet in terris, pascuis, silvis, pratis, piscariis omnibus, 
sicut dicta abbatissa hucusque a nobis hereditarie tenuit, possidet et posse- 
dit. Damus etiam dicte abbatisse et conventui potestatem plenariam cum 
mansionariis suis heredandi, exheredandi quandocunque et quotienscunque 
sibi visum fuerit expedire et omnia iura ex hiis provenientia levandi et 
recipiendi et omnia faciendi, que nos facere solebamus vel facere potera- 
mus, de iure et consuetudine approbata; promisimus, promittimus et re- 
cognoscimus quod de bonis dicte abbatisse et conventus nichil amplius 
petere possumus, nec de suis mansionariis, qui sunt et qui erunt pro tem- 
pore. de bonis que tenent a dicta abbatissa et conventu, nisi censum 
nostrum annualem solummodo et nostras iusticias altas, nec petere possu- 
mus nec requirere de dictis bonis omnibus, mansionariis, factis et faciendis, 
de bonis antedictis, tallias, coorweidas, exactiones aliquas quas petere 
solebamus vel recipere de consuetudine in omnibus et singulis hucusque 
habitis et possessis; promittentes dictam abbatissam et conventum in dictis 
bonis omnibus tenere pacifice et quiete et ab omnibus iniuriis tueri et 
contra quoscunque defendere ac warandire. Et ad hec omnia et singula 
suprascripta facienda, nos nostrosque successores firmiter obligamus. Si 
vero, quod absit, nos vel nostri successores contra predicta aliquid attemp- 
taremus vel facere vellemus, de omnibus conventionibus antedictis, in 
toto vel in parte aliqua, rogamus dominuni nostrum superiorem, quicunque 
pro tempore fuerit, quod nos compellat, constringat, per nos et bona nostra, 
ad satisfactionem et ad observationem omnium premissorum, ita quod 
dicta abbatissa et conventus, mansionariique sui de dictis bonis gaudere 
poterint, pacifice et quiete. Renunciamus etiam omnibus cavillationibus, 
omni iure canonico et civili, omnibus exceptionibus doli, mali, barris et 
bodie, ac illo iuri quo cavetur, quod generalis renuntiatio non potest valere 
alicui nec debet, ac omnibus aliis exceptionibus et singulis que nobis pos- 
sent prodesse ad infringendum predicta omnia, in toto vel in parte, et dictis 
abbatisse et conventui ac suis mansionariis possent obesse; renunciamus 
quoque omnibus indulgentiis, datis et dandis, ac privilegiis crucis sampte vel 
sumende, ac nos nobismetipsis perpetuum silentium interponimus. Et ut 


128 LES SEGNEURIES 





omnia suprascripta et supradicta in presenti littera robur obtineant firmi- 
tatis et a nobis et a nostris successoribus inviolabiliter observentur, pre- 
sentes litteras munimine sigilli nostri corroboravimus et propter maiorem 
stabilitatem et securitatem rogamus predilectum dominum et patrem nostrum, 
dominum Fohannem Berthaut predictum, wostrum dilectum patruum, dominum 
Ludovicum Berthaut, ut, in consensum et assensum omnium premissorum, 
sigilla sua hiis presentibus una cum nostro sigillo apponant. Et nos, 
Foannes Berthaut, miles, et nos, Ludovicus Berthaut, ad preces et requestam 
ipsius Yohannis, filii nostri et nepotis, quia omnibus hiis interfuimus et re- 
cognoscimus rite et rationabiliter esse facta, consensum nostrum pariter 
et assensum hiis omnibus pactis adhibemus et promittimus, quantum in 
nobis est, vel esse poterit, inviolabiliter observare, et nos sigilla nostra 
una cum sigillo dicti Fohkannis hiis presentibus in testimonium omnium pre- 
missorum et munimen fecimus apponi. Datum anno domini M° CC* nona- 
gesimo septimo, sabbato post Trinitatem (x). 


Jean IT Berthout reçut la terre de Keerbergen, proba- 
blement à la mort de son oncle Louis. Nous n’avons, toute- 
fois, pas la preuve que celui-ci ait survécu à son frère Jean 
I. Le duc Jean III lui transporta le château et la ser: 








(1) Original sur parchemin, dans le carton I, du fonds de l’abbaye de 
Roosendael;: ies sceaux sont tombés (Archives générales du royaume). 
(2) Les Héverlé portaient : d'or au sautoir de gueules; cimier : une tête 








DU PAYS DE MALINES 120 











gneurie de Helmond, avec ses dépendances, ainsi que 
des rentes et des cens, dans cette ville et dans plusieurs 
localités voisines, en échange de certains revenus à Lierre 
et dans ses environs. 

Sa femme, Marguerite, dame d’'Héverlé, possesion à 
laquelle était rattachée la charge héréditaire de cham- 
bellan du duché de Brabant, rendit Jean Berthout père 
de deux filles. Il mourut avant 1338, ou, peut-être, en 
cette année. 

Son frère, Louis, lui succéda dans les terres de Hel- 
mond, de Keerbergen et de ter Hameiden. 

Itegem est cité parmi les villages appartenant au pays 
de Malines, dans le contrat de mariage, daté de Rure- 
monde, des sonnendages na dertienden dagh, 1310, de Sophie 
Berthout, fille unique de Florent Berthout, seigneur de 
Malines, avec Renaud IT, comte, et, depuis le 19 octobre 
1599; duc de Gueldre. 

Cette dame, étant venue à mourir avant son père, Ma- 


et col de chèvre d'argent, languée de gueules, barbée et accornée d’or, 
issant d’une sorte de tube évasé; lambrequins d’hermine. La fig. 2 représente 
le sceau, appendu à une charte de 1385, de Jean, s' d'Héverlé, chambellan 
héréditaire de Brabant (DE RaApr, Sceaux armoriés des Pays-Bas, manuscr.). Au 
dire du continuateur des Trophées, de BUTKENS (1724), et d'A. WauTERs, L& 
Belg. anc. et mod., ad vocem Ofplinter, Jean fut tué, en 1386, à Grave. Son frère 
Henri lui succéda. La fig. 3 donne, en fac-simile, son blason, d'après l’Ar- 
morial de son contemporain, le roi d'armes GELRE. Il est à remarquer que 
le sautoir y est chargé d'un écusson : d'argent à trois pals de gueules, qui 
est Berthout de Berlaer, mais qui n’a pas été rendu sur notre ciiché. Celui- 
ci nous a été prêté, avec sept autres, par M. Victor Bourox, à Paris, l’édi- 
teur et commentateur bien connu du précieux manuscrit de GELRre. Ils 
devront servir à une nouvelle édition de cet Armorial, et l’auteur a eu 
l'extrême obligeance de nous en donner la primeur, ce dont nous le remer- 
cions ici bien vivement. Dans ses publications, M. Bourox colorie, à la 
main, les armes des personnages de GELRE et y complète certains détails 
omis sur les clichés. C’est ce qui explique l'absence, sur la fig. 3, de l’écusson 
des Berthout. 

Quoique scellant des armes d'Héverlé, Jean et Henri n'étaient pas de 
véritables Héverlé. Ils étaient fils de Walter de Ponte, ou van der Bruggen, 
et de Marie de Berlaer qui, elle, avait pour parents Jean Berthout de Ber- 
laer, s' de Neckerspoel, et Marguerite, dame héritière d'Héverlé (voir 
notre monographie de Keerbergen). 

Chose curieuse! sur le sceau de Jean, s' de Héverlé (fig. 2), le cimier est 
accosté de deux JD dont la signification nous échappe. 

9 


130 LES SEIGNEURIES 





lines, avec le pays de Malines, passa à sa fille aînée, Mar- 
guerite, qui, enfant, fut fiancée, en 1333, à Gérard, fils de 
Guillaume V, comte de Juliers. Ce mariage resta à l’état 
de projet et, vers 1344, la princesse prit le voile. Le pays 
de Malines, dont la ville de Malines ne faisait, toutefois, 
plus partie depuis 1333, échut à sa sœur, Mathilde, qui 
épousa, successivement, Godefroid de Heinsberg, sei- 
gneur de Miilen et de Maeseyck, puis Jean, comte de 
Clèves (+ en 1368) et, enfin, Jean de Châtillon, qui de- 
vint, depuis, comte de Blois (1). 

Quant à Itegem, depuis la charte de 1297, nous ne 
trouvons plus de documents qui nous renseigne sur ses 
propriétaires. Jean IT Berthout aliéna-t-1l cette seigneurie, 
ou la transmit-il à son, ou à ses héritiers? Nous l'ignorons. 
Toujours est-il qu’un retrait du fief fut fait par le suzerain, 
car Mathilde de Gueldre en était la propriétaire dans la 
seconde moitié du XIV: siècle. 


Vers cette époque, Jean, seigneur de Bouchout, possé- 
dait dans le pays de Malines de grandes propriétés. Par 
son alliance avec Jeanne de Hellebeke, dame de Loen- 
hout et d'Ophem, il avait augmenté considérablement 
ses Liens. Enfin, en 1362, il acquit de Jean, seigneur de 
Pietershem, la châtellenie ou vicomté de Bruxelles. 

Jean de Bouchout était, alors, un des plus puissants 
seigneurs du Brabant. Il avait pour parents Egide, sei- 
gneur de Bouchout, et Béatrice Berthout, dite de Berlaer 
(2), et pour grand-père paternel Daniel de Crainhem, 
seigneur de Bouchout, drossard du Brabant. Il mourut le 
3 juillet 1391. Son corps fut inhumé à Grimherghe. 

Sa sœur, Marguerite, épousa Guillaume de Duven- 
voorde, chevalier, fils naturel de Guillaume, seigneur 
d'Oesterhout, Bautersem, etc., fondateur du couvent des 
Riches-Claires, à Bruxelles. 


(1) Comp. notre notice sur Putte, Schrieck et Grootloo et leurs seigneurs, notam- 
ment les À ddenda et Corrigenda ajoutés à ce travail. 
(2) Voir J.-Th. DE Raapr, Keerbergen et ses seigneurs. 


DU PAYS DE MALINES 131 








Par acte passé à Malines, en 1345, Waullelmus de Du- 
venvoirde, jumor, dominus de Donghene, miles, dota ce 
monastère des cens et autres revenus (reditus et census) 
qu'il possédait à Wavre-Notre-Dame, Putte, Beersel-op- 
den-Bosch, Jeteghem, Rijmenam et Zellaer et dont 1l s'était 
rendu acquéreur envers Jean de Bouchout, seigneur de 
Loenhout (2). 

Il avait été légitimé, le 11 août 1329, par l’empereur 
Louis de Bavière (3). Par lettres patentes, données à 
Anvers, à la Saint-Pierre, en hiver, 1339, Guillaume, 
comte de Hainaut et de Hollande, en considération des 


(1) Les fig. 4 et 5 représentent le sceau, appendu à une charte de 1385, 
par Jean, s' de Bouchout, vicomte de Bruxelles (DE RaADT, Sceaux armories 
des Pays-Bas; manuscr.), et le fac-simile de son blason, d’après l’Armorial 
de son contemporain GELRE : d'argent à la croix de gueules; cimier : un 
homme de carnation, issant de flammes, au naturel, vêtu de l’écu, bran- 
dissant une banderole, également de l'écu; lambrequins : d'argent. 

(2) MiraEUS et FoppExs, Opera diplomatica, T, p. 450. 

(3) Vax Mieris, Groot Charterboek der Graven van Holland, II, p. 486. 


132 LES SCIGNEURIES 








FIG. 61(x); 


services rendus à son père et à lui, par Guillaume, sei- 
gneur d'Oesterhout, leur fidèle chambellan (onzen trouwen 
camcrlinc), accorda que, dans le cas où son dévoué servi- 
teur viendrait à mourir sans laisser de postérité légitime, 
ces fiefs, situés à Capelleu, à Nieuwekerk sur l’'Ifssel et à 
Dordrecht, passassent à son fils naturel précité, Guil- 
laume de Duvenvoorde (2). 

Guillaume de Duvenvoorde, le père, cut pour femme 
Fedvige, Hlle de Sweder, seigneur deWiänen 16) Æn 


(1) La fig. 6 donne le fac-simile, d'après GELrr, des armes d'un Luenis 
van Bocchout, parent de Jean, s' de Bouchout, précité. Il brisait les armes de 
sa maison, d'argent à la croix de gueules, d’un bâton, en barre, de sinople, 
brochant, chargé, en chef, d’un losange d’or; cimier : un chapeau de tour- 
noi d'argent, retroussé de gueules, orné d'un vol d'argent et sommé d’un 
loup, en arrêt, de sable, lampassé de gueules; lambrequins d'argent. Nous 


n'avons pu établir la parenté de ce personnage avec le seigneur de Bouc- 
hout. 


(2) Van Mieris, of. cit., II, p. 615. 

(3) Pour plus de détails, voir Burkexs, Trophies du Brabant, éd. 1724, I, 
pr. 82 et 268, et À. WaurErs, Histoire des environs de Bruxelles, ad vocem 
Bouchout, IT, pp. 383, et suiv. On peut trouver des renseignements sur les 


DU PAYS DE MALINES 193 








1336, il se servit d'un sceau rond (de 30 "/, de diam.), 
portant, dans un encadrement en losange, un écu penché, 
à trois croissants, au filet en bande, brochant, le dit écu 
timbré d’un heaume cimé (!) et supporté par deux griffons; 
légende : $. Wilelmi : de : Duvenvoerde : ADilit’ (x). 

Il fut enterré à Bruxelles, dans le couvent fondé par 
lui, sous une pierre portant cette épitaphe : Hic jacct 
Wilhelmus de Duvenvoirde, Dominus de Oosterhout, qui obuit 


anno D" 1353 in die B. Clarae qu erat 12 Augusti (2). 


Cette tombe fut démolie par les inconoclastes. 

Jean de Bouchout et sa sœur Marguerite étant morts 
sans laisser d'enfants, Bouchout et la châtellenie de 
Bruxelles passèrent à la descendance de leur oncle, Jean, 
seigneur d'Humbeek. 


Par acte du 10 mars 1380-1381, Machtiudis, Dei gratia 
Ducissa Gclriee, Comitissa de Blois et Zutphen, Domina terrac 
Mechliniensis, fait connaitre avoir vendu à Charles d’Zm- 
mersele, seigneur de Hameide (3), et à sa femme, Margue- 
rite de Meldert, si/lam nostram de Ieteghem, avec toutes 
ses appendances, et que l'acheteur lui avait prêté le 
serment de fidélité en présence des feudataires Jean d’Im- 
merseel, chevalier, fils de Godefroi, Rombaut Bauwe, 
Henri van Mechelen, etc. La duchesse de Gueldre ter- 
mine ce document en priant la duchesse de Brabant, sa 
cousine et suzeraine (cognatam nostram, a qua dictum 





Crainhem. dans Wazruax van Srizgeeck, Het Hererthalsch klooster O.-L.-V. 
Beslotenhof. 

(1) G. DEMAY, Les sceaux de la I‘landre. 

(2) Grand Théatre Sacré, t. II, p. 284. 

(3) On trouve aussi Hcmeyée, ter Hameyden, ter Hamaide, Ramay, etc. Le 
nom actuel est Ramavyen. En 1203, cette terre appartenait à Jean II Bert- 
hout, dit de Berlaer, seigneur de Neckerspoel, etc. En 1329, le duc Jean III 
de Brabant la vendit, avec la seigneurie de Keerbergen, à Louis de Berlaer, 
seirneur de Helmond, frère de Jean II précité. Il appert de l'acte de trans- 
port que Hanciïe avait été confisqué à Waleran de Dittersbeke, pour cause 
de félonie. Le :1 nov. 1343, Thierry de Berlaer (fils de Louis et de Jeanne 
de Bentheim) figure dans un acte comme seigneur de Hameïide (voyez 
J.-Th. DE RaADT, Keerbergen et ses seigneurs). 


134 LES SEIGNEURIES 





pagum de Letegem et terram nostram Mechlinensem 1n feudum 
tenemus), de bien vouloir ratifier cette aliénation (1). 

Charles d’Immerseel, à qui Mathilde devait de fortes 
sommes, fut mis en possession du pays de Malines, par 
une sentence des échevins de Bruxelles, du r2 juillet de 
la même année, mais il ne conserva que peu de temps 
cette belle propriété, car, déjà le 16 octobre suivant, 1l la 
vendit à Jean van den Calsteren. 

La duchesse Mathilde, étant passée de vie à trépas en 
1382, sa succession échut à sa nièce Jeanne de Juliers, 
fille du duc Guillaume et de Marie de Gueldre, et femme 
de Jean, seigneur d’Arkel, qui, à titre de mari et d’acqué- 
reur, releva le pays de Malines en 1384. Le 2 décembre de 
la même année, Jean van den Calsteren renonça, en sa 
faveur, à tous ses droits sur cette terre. De son côté, 
Arkel s'engagea à rendre indemnes Immerseel, Rombaut 
Baen, Othon van der Poerten et van den Calsteren lui- 
même (2). 

Le castel de {er Hameyden avait constitué un bien allo- 
dial, jusqu’en 1380. Par acte du 30 décembre de cette 
année, le duc Wenceslas et sa femme, Jeanne, font con- 
naître que le chevalier Charles d’Zmmerssele leur a inféodé 
cet alleu (3), et déclarent avoir annexé à son nouveax 
fief (4) la haute seigneurie de Gestel (près de Berlaer), à 
l'exclusion de la partie ayant appartenu à feu dame 
Gertrude de Ghestele. 

À quelque temps de là, la duchesse de Brabant in- 
vestit Immerseel de la haute juridiction de tout le village 
de Gestel (5), en stipulant qu’elle formerait à l'avenir un 


(1) Cette charte est imprimée dans MiraEus, Nofitia ecclesiarum Belgi, p.686; 
Opera diplomatica, et dans J. LE Roy, Notitia March. S. R. I., p. 355. 

(2) Dans la notice sur la seigneurie du pays de Malines (voir la préface), 
nous comptons donner de plus amples détails sur les personnes que nous 
venons de mentionner et sur les faits que nous venons d’esquisser. En 
attendant, nous renvoyons le lecteur à l'introduction historique de l'Inveu- 
laire des archives de la Cour féodale de Malines, par le savant archiviste général 
du royaume, M. Charles Pior. 

(3) dat voiren syn eygendom was. ende daer aff ons man van leen worden is. 

(4) .…in beternissen desselfs leens. 

(5) …alsoo verre als dat voors. dorp van ons oft anders yemant in leen ruerende syn 


moghe, om de voors. heerlicheyt ende gerichte mitten huyse ter Hameyde in eenen gansen 
leen te houden, 


DU PAYS DE MALINES 135 








plein fief avec le château de fer Hameyden. La princesse 
énonce, comme motifs de cette nouvelle grâce, les services 
qui lui ont été rendus et à rendre encore par son fidèle 
conseiller, sire Charles, et l’inféodation dudit franc-alleu. 
La charte est datée de Bruxelles, 5 décembre 1384 (1). 

Immerseel semble avoir cédé la moitié de la justice 
d'Itegem à Henri d'Oyenbrugge, seigneur de Coolhem 
et d'Orsmael, qui se qualifiait également de seigneur 
d'Itegem. Celui-ci eut pour femme, dit-on, Marguerite 
van der Elst, fille du chevalier Gérard et d'Elisabeth 
van. den Wijngacrde. Il était, lui-même, fils du chevalier 
Baudouin d'Oyenbrugge, seigneur de Coolhem, et de 
Béatrice de Rotselaer. Sa mort arriva en 1392 (2). 

Cette division de la juridiction d'Itegem en deux par- 
ties fut cause que, depuis, — même quand les deux parties 
furent réunies sous un seul seigneur, — cette seigneurie 
constitua toujours deux fiefs. 

Charles d'Immerseel scellait des armes de la maison de 
Lierre, dont il descendait : d'argent à trois fleurs de lis, 
au pied coupé, de sable (voir PL. let): 

Avec son frère, Godefroid, il commanda les troupes 
lierroises qui combattirent à Bastweiler, sous le duc 
Wenceslas (22 août 1371) (3). Le 12 janvier 1385-6, il 
apposa son sceau à la charte dite het verbond van Brabant 
(4). Trois ans après, Charel de Ymerselle, seigneur de Le 
Hameyde, fut témoin, à Bruxelles, à l’acte par lequel la 
duchesse Jeanne reconnaît devoir à messire (Henri) Scaf- 
fard de Merode, seigneur de Heymersbach (Hemmersbach), 


(1) On peut lire ces deux documents dans Jacques LE Roy, Notitia Marchio- 
natus S. R. I., p. 260, voir aussi Cour féodale de Brabant, reg. n° 25, f 169. 

(2) Voir Aug. Van DEN EYNDE, Tableau chronologique des écoutètes, etc., de 
Malines. 

Henricus de Oyrbrugge et Arnoldus, frater eius, figurent comme témoins dans 
la charte du 24 mars 1418 (n. st.), par laquelle l'abbé Hascelon de Grim- 
berghe et Gérard (Berthout), seigneur de ce lieu, font un échange de biens. 
(Ce document est très intéressant pour l'histoire des Berthout : il établit que 
leur curia, à Grimberghe, s'étendait ab atrio Grimbergensi usque ad rivum qui 
dictur Strombeke, c.-à-d. à l'endroit où se trouve le centre du village, entre 
l'église et son cimetière et le ruisseau (A nalectes de diplomatique, par A. Wac- 
TERS, P, 45). 

(3) Comp. Ant. BERGMANX, Geschiederis der stad Lier. 

(4) SIMON Vax LEEUWEN, Baïavia IUustrata, p. 1088. 


136 LES SEIGNEURIES 





et à dame Marguerite de Mérode, dame de Grousselt (lisez 
Gronsfeld), sa sœur (veuve de Jean II de Gronsfeld, 
assassiné à Aix-la-Chapelle, le 25 août 1386), 15713 florins 
du Rhin, que ceux-ci avaient avancés à la souveraine pour 
sa dernière guerre contre les ducs de Juliers et de Gueldre 
(19 décembre 1388) (1). 

Par achat, Immerseel devint margrave d'Anvers. De 
sa femme précitée, qui était une fille de Jean de Meldert, 
il ne semble pas avoir laissé de progéniture. Le 23 
juillet 1306, il fonda, à Lierre, en l’église St-Gommaire, 
la chapellenie, dite Capellania S. Crucis de Tmmersele, dont 
il réserva la collation à sa famille. Sa femme en institua, 
le même jour, une autre, dénommée Capellania cantuariae 
B. Mariae Virgims de Coolhem, dont la collation appar- 
tenait, dès le commencement du XVI: siècle, à la famille 
de Mérode (2). 

Charles mourut peu de temps après cette fondation, 
car le 13 octobre 1306, la duchesse de Brabant donna à 
sa sœur, la duchesse Marie de Gueldre, l’usufruit de la 
garenne de Moll, die wilen her Karle van Ymersele, doen hy 
leefde, te houden plach (3). 

Il était fils de Jean de Lierre, dit d’'Immerseel, seigneur 
de ce lieu (4), de Wommelgem, propriétaire d’un manoir 
à Lierre (hraetorium vulgo dictum ’t hof van Liere) (5) et du 


(1) Œuvres de Froissart, publiées far le Baron KERVYN DE LETTENHOVE, 
XITE, 547: 

(2) Pour plus de détails, voyez, Erx. Masr, Geschiedhundig liersch dagbericht, 
196-197. 

(3) Brabantsche Yeesten, édition WicLEMs, codex diplomaticus, IL. 

(4) Le manoir d’Immerseel, ou «’#kof van Y mmersele», metten vynhove, d'une 
étendue d'environ 59 bonniers, formait un seul fief avec le village de 
Wommelgem {Woemelgem, etc.), situé entre les villages de Deurne, Ranst, 
Vremde et Borsbeek (B., reg. n° 25, f 243). Wommelgem, vetus et praeclarum 
dominium, fut donné en fief, en janvier 1287-1288, par le duc Jean I°r, dit le 
Victorieux, au chevalier Jean de Lyra, fils d'Ernould (BurKx., Troph., Preuves, 
IV, 109; O. D., II, 775; MarcCH., 478). In hoc dominio situm est castellum Immer- 
sele quod saeculo superiori vastatum fuit, hodieque in ruinis jacet, dit J. LE Roy 
(March., 205). Voyez une reproduction de ces ruines dans l'ouvrage du 
même auteur, intitulé : Castella et practoria nobilium Brabantiac. 

(5) Ce manoir, appelé indifféremment ‘# kof van Lier ou *{ hof van Immerseel, 
était situé dans là ville de Lierre, en face de l’église, entre la chapelle 
de Saint-Pierre et la Nëèthe, et touchait aux fortifications. Il y était attaché 





DU PAYS DE MALINES 167 








château de Meysse (1), près de Bruxelles, et de Catherine 
de Leefdael, dame de ter Elst, à Duffel. 
Ce Ÿehan d’Immerzeele figure, le 3 décembre 1330, 





FIG. 7. 





quatre dimes : fe wetene de groote thiende, die Alliersche (ou Oud-Liersche), die 
Schobbaertsche ende de Lachenssche thienden te Lyre, metter heerlicheyt van den zwaen- 
derien ende mansschapen mitten chynsen van Bouchout ende Lyre (MARCH., p. 499). 

(x) Voyez une monographie succincte de ce château dans ALP, WAUTERS, 
Histoire des environs de Bruxelles. 

(2) La fig. 7 donne le fac-simile du sceau, appendu à des chartes de 1326 
et 1331, de Rogerus de Levedale, castellanus bruxellensis, chevalier (DE RaabrT, 
Sceaux armories des Pays-Bas, manuscr.), et la fig. 8, une reproduction exacte 
des armes du seigneur de Leefdael, probablement le même Roger, d’après 
l'Armorial du roi d'armes Gelre. Ces armes sont : d’or à trois roses de 
gueules, boitonnées d'azur; au franc-quartier de gueules, chargé d’une aigle 
d'argent, becquée et membrée d'azur; cimier : deux demi-pattes de cheval, 
d'argent, aux sabots de sable, ferrés d'argent; lambrequins : de sable. 

On l'aura remarqué, dans les blasons des seigneurs de Malines (fig. 1) 
et d'Héverlé (fig. 3), les lambrequins sont d'un émail absolument étranger 
aux émaux de l’écu et du cimier. Dans les armoiries du seigneur de Lecfdacl, 
ils sont d’un émail qui est celui d’une infime partie du cimier. 

Pareilles constatations pourraient se faire pour bien d’autres blasons du 
moyen àge. Elles prouvent que les héraldistes modernes ont tort d'exiger 
l'observation rigoureuse des émaux de l’écu pour les lambrequins. 


138 LES SEIGNEURIES 





comme témoin, au traité du duc Henri de Brabant avec 
le comte de Flandre (r). Il assista, en 1345, avec Gérard 
de Duffel, seigneur de Rethy, à la donation de Guillaume 
de Duvenvoorde en faveur des Riches-Claires, à Bruxelles 
(voyez ci-dessus). 

Pendant les luttes sanglantes entre le Brabant et la 
Flandre qui marquèrent le milieu du XIV* siècle, Louis 
de Male réussit à se faire rendre hommage par un certain 
nombre de géntilshommes brabançons. Jean d’'Immerseel 
fut parmi eux; mais bientôt il s’en repentit et écrivit 
au comte la lettre bautaine que voici, datée Vriendaghs 
na octave van dertien daghe 1350 : Heere van Vlaenderen, Want 
ic ÿhan vam Imerseile van u ontvaen hebbe een leen, minen 
goeden ane ruerende, so zend ic u dat xelve leen over 1n alle der 
voughen dat ic van u ontfinc, en meyne ende beghecre dacrmede 
jeghen u bewaert te sine (2). | 

Nous lui connaissons cinq enfants, savoir, outre Charles, 
dont il a été question plus haut et qui semble avoir été 
l'aîné : 

1° Godefroid, dont nous allons nous occuper au cha- 
pitre suivant ; 

2° Jean, chevalier, seigneur de Meysse. Lorsque, par 
des lettres, données à Bruges, le 27 août 1356, le comte 
de Flandre enjoignit aux vassaux du duché de Brabant de 
lui prêter le serment de fidélité, Jean figura sur la liste 
de ceux-ci, ainsi que son père : Heer Yan van Y mmersele, 
Heer an, syn sone (3). I1 revendiqua de Jean van den 
Voorde le fief d'Ixelles que celui-ci avait acheté, comme 
on le verra plus loin, de son frère Godefroid d’'Immerseel, 
et le vendit ensuite, en 1370, à Marguerite, fille de Gilles 
s. Drivers, de Leefdael (4). Il-étaitimarié AŒaprees 
Trophées, à Elisabeth, dame d’Ouden, fille du chevalier 
Jean, et semble avoir laissé un bâtard, Henri, qui eut pour 
femme Yseux, fille naturelle de Constant de Berchem (5). 


1) Froissarr, édition Kervyn, t. XVIII, p. 105. 
2) Brabantsche Yeesten, t. IT, p. 510. 
3) Tbidem, t. II. 

ME 1B:, LE ED205: 

(5) Les Berchem possédèrent, au XIV-siècle, un manoir à Wommelgem. 
Voyez, dans les A nalectes pour servir à l’histoire ecclésiastique de la Belgique (XIV, 
445), un article intitulé : Documents relatifs à la paroisse de Wommelghem. 


( 
( 
( 


DU PAYS DE MALINES 139 





Le 20 janvier 1384-5, Heinryc van Immersele naturlic sone 
heren Fans van Tmmersele, ridders, wilen was ende joffrouwe 
Isande van Berchghem, Costyns dochter van Bercghem naturlec 
dochter was, des Heinrycs wittich wyf, reconnurent être rem- 
boursés par l'abbaye de Roosendael, à Waelhem, de 400 
moutons que celle-ci devait au défunt Constant de Ber- 
chem. Cette quittance fut passée devant Jean Putot et 
Baudouin Raet, échevins de Lierre (r). 

3° Walter ; 

4° Aleyde, femme de Gisbert de Doerne, dit de Sompeke, 
d’après un manoir situé à Lippeloo, sous la seigneurie de 
Wommelgem (2). 


Godefroid d’Immerseel, chevalier, seigneur de ce lieu, 
de Wommelgem (3), de Ter-Elst, acquit un manoir avec 
cinq bonniers de terre et une juridiction, entre la Goot- 
strate et le chemin dit Gruythoff, à Ixelles, et, de concert 
avec sa femme, Marie de Crainhem, le donna en location 
à Jean van den Voorde, de Bodeghem (5 juillet 1353), 
qui, plus tard, en devint le feudataire (4). De la duchesse 
Jeanne, qui le qualifie onsen getrouwen man Godevaert van 
Ymersele, il obtint des lettres, données à Bruxelles, le 25 
mars 1357, l’autorisant à vendre à l'abbé de Tongerloo 
le bien de Ter-Elst, à Duffel, daer die voerseyde abt syn 
man af 15 (5). 

Il fut fait prisonnier à la bataille de Bastweiler, en 
1371 (6). L'année suivante, 1l scella, à Cortenberg, avec 
ses frères, Jean et Charles, une charte du duc Wences- 
las (7). 

Il eut trois femmes : a) Marie de Crainhem, fille de 
Léon, seigneur de Wemmel, Grobbendonck, Ouden, 


(x). R:, carton I. 

(2) LE Roy, Nofitia Marchionatus S. R. ?., p. 207. 
(GB. reg. n°25, 43. 

CESR ENT, p: 205. 

(5) Brabantsche Yeesten, t. 1], p. 550. 

(6) BuTKENSs, Trophées, édition 1724. 

(7) MiraEus, Not. Eccl. Belg., p. 682. 


140 LES SEIGNEURIES 





mort en France, où il séjournait comme ambassadeur du 
duc Jean III (vers 1339), et petite-fille d'Arnould, seigneur 
de Crainhem, Grobbendonck, etc., tué, en 1302, à la 
bataille de Courtrai (1); b) Béatrice de Duffel, fille de 
Gérard Berthout, dit de Duffel, seigneur de Rethy (2), 
et c) Amelberge Wijts. 

De ces trois alliances, nous connaissons treize enfants : 


De la première : 


I. Jean, chevalier, seigneur d’Immerseel, Wommel- 
gem (3), ter Hameyden (4), Couwensteyn, sous EiHo, 
propriétaire du manoir de Lierre (5), margrave du pays 
de Rijen (6), gouverneur du Limbourg. IT assista à l’in- 
vestiture de son oncle Charles de la seigneurie d’Itezem 
et fut nommé écoutète de Malines, par lettres de Philippe 
le Hardi, données à Arras, le 5 juillet 13099 (7). fl prêta 
serment le 14 du mois suivant. Les comptes de la ville 
de Malines renseignent, à la date du 18 août, une dépense 
de huit florins, pour le vin offert à here ‘fanc van Ymersele, 
onse nuwe schouth (8). 

Immerseel vendit Couwensteyn à Gisbert de Coninck. 
Le 21 juillet 1402, il scella la charte par laquelle la du- 
chesse Jeanne exemptait les habitants de Diest de ton- 
lieux (9). 

Jehan, seigneur d’Immersclle, chevalier, avait prêté à la 
duchesse Jeanne 3359 francs, et la princesse lui avait pro- 
mis de le laisser en ses fonctions de margrave du pays 


(HICompME BEN pR257 

(2) On peut trouver des renseignements sur cette branche des Berthout 
dans notre travail sur les seigneuries de Duffel et de Gheel. D'après les 
Trophées (IT, 143), Béatrice aurait été une fille de Rasse de Duffel, seigneur 
en Putte, et d'Elisabeth van den Broecke. 

(3) B., reg. n° 25, f° 43; il y est nommé heer Fan van Ymmmerssele, soën wylen 
heren Godevuerts, heren Fansz. 

(4) Ibidem, f° 160. 

(5) LE Roy, op. cit., p. 490. 

(6) Le chevalier Jean d’'Immerseel fut margrave de Rijen, du 7 mai 1387 
jusqu’au 11 janvier 1395-06, du 11 juin 1397 à 1309 et de 1403 à 1405. Les res. 
C. 12900 et 12974 renferment les comptes qu'il rendit en cette qualité. 

(7) Cette pièce se trouve aux Archives de la ville de Malines. 

(8) À. vAN DEN EYNDE, Tableau chronologique des écoutiles de Malines. 

(o) Brabantsche Yeesten, t. II. 


 d 


DU PAŸS DÉ MALINES T4 





de Rijen, jusqu'au remboursement complet des sommes. 
Depuis, il fit à sa souveraine une nouvelle avance de 
1191 francs et reçut, de ce chef, une rente de huit setiers de 
blé qui fut hypothéquée sur les moulins de Lierre. Pour 
l'indemniser de ses versements, Antoine de Bourgogne, 
duc de Limbourg et gouverneur de Brabant, nomma 
Fehan châtelain perpétuel du château et de la forteresse 
de Turnhout, avec une pension annuelle de 250 francs 
sur les revenus de Turnhout ou d’'Herenthals. Il lui ac- 
corda, en outre, cent cinquante lapins, par an, le chauf- 
fage gratuit et les corvées nécessaires pour la fourniture 
du bois à brûler. Immerscel était obligé de tenir à ses 
frais, au château, deux concierges et un jardinier, d’en- 
tretenir en bon état es huys et jenestrages et de livrer du 
foin au duc de Limbourg, pendant ses séjours dans cette 
résidence, où le prince s'était réservé le droit de mettre 
une garnison. Par acte du 8 janvier 1404-5, Immerseel 
confirma cette convention et renonça au margraviat de 
Rijen. Ce document nous apprend que le chätelain pré- 
cédent avait été Henri de Ranst, et qu'après la mort d’Im- 
merseel, sa femme, Aleyde, devait jouir d’une rente via- 
gère de 100 francs par an (n). 

Nous rencontrons Jean d’Immerseel, en qualité de 
témoin, dans une charte du 11 mars de ‘la même année 
par laquelle la duchesse Jeanne autorise Jean, scigneur 
de Rotselaer, à charger ses biens de plusieurs rentes au 
profit de quelques couvents. A cette occasion, il prend le 
titre de maitre d'hôtel de la souveraine (2). Le 20 juillet 
1406, 1l fut nommé maïeur de Tirlemont (3). Les Archives 
générales du royaume possèdent les compies, rendus par 
lui, en cette qualité, du 9 septembre de cette année jus- 
qu'au 7 mars 1408-0. 

Quelques habitants de Bruxelles ayant, en 1405, pro- 
voqué une émeute à Lierre, une guerre entre les deux 
villes semblait inévitable. À cette nouvelle, Jean accourut 
à Lierre et déclara aux bourgeois sa volonté de combattre 
et de mourir avec eux. De part et d'autre, on se prépara 


()}C:, "rep. n°9137. © 9 vo. 
(2) A. et D., n° 6415. Cette charte est donnée à Bruxelles. 
(3) C., registre aux commissions. 


142 LES SEIGNEURIES 





pour la lutte. Les Lierrois firent des achats considérables 
d'armes et de munitions. Mais on réussit à réconcilier 
les adversaires avant l'ouverture des hostilités (1). 

Messire Jean d’Ymmersele assista aux cérémonies fu- 
nèbres qui eurent lieu après la mort du duc Antoine de 
Brabant, tué, le 25 octobre 1415, à la bataille d’Azincourt. 
Le corps de ce prince arriva à Bruxelles le 2 du mois 
suivant et fut inhumé le lendemain à Tervueren (2). 

À en croire les Trophées, Jean se maria deux fois; sa 
première femme fut Aleyde de Cock, veuve de Gérard de 
Cuyck; la seconde Marie de Muysen. 

Du premier lit, il eut une fille : 

Catherine, dame d’Immerseel et de Wommelgem, qui 
épousa Wynand de Rode, seigneur de Wynandsrode (3), 
au pays de Fauquemont (4). 

II. Arnould d’Immerseel devint chevalier, seigneur 
d’'Immerseel et de Wommelgem, par achat de sa nièce 
Catherine précitée (5). Il possédait aussi les manoirs 
de ter Hameyden et de Lierre (6). Il était à la tête des 
troupes lierroises, envoyées en 1397, par le duchesse 
Jeanne, pour défendre Bois-le-Duc contre le duc Guil- 
laume de Gueldre (7). Dans une charte de 1414, le che- 
valier Arnould de Crayenhem, seigneur de Grobbendonck, 
et sa femme Jeanne de Steynvoirt, le nomment leur neveu 
(nepos) (8). La ville d'Anvers le compte parmi ses premiers 
magistrats. Il remplit les fonctions de bourgmestre du 


dehors, dans les années 1413 et 1419, et de bourgmestre 
du dedans, en 1417 (9). 





(1) Comp. ANT. BERGMANN, 0h. cit. 

(2) Itinéraire d'Antoine, duc de Brabant, du 127 mai 1407 au 25 octobre 1415. Col- 
lection des voyages des souverains des Pays-Bas, publiée par MM. Gacxarp et 
Pior; Navorscher, 1888, Pp. 14-16. 

(3) On peut consulter à son sujet FAHNE, Geschichte der coelnischen, jülichschen, 


etc, Geschlechter. (La plus grande circonspection s'impose à l'égard de cet 
auteur). 


(4) B., reg. n° 25, # 243. 

(5}B;;reg.n°25, 10 243. 

(6) March., p. 499. 

(7) ANT. BER&GMANN, op. cit. 

(8) B. R., reg. n° 21757; Arnould de Crainhem scelle d'une croix et d'une 
merlette au premier canton. 

(9) Antw. Archievenblad, t. XIV, p. 106. 


DU PAYS DE MALINES 143 


Le 15 novembre 1415, Aynoldus, Dominus de Immersele 
et Hamaiden, appendit son scel au traité intervenu entre 
le Brabant et le Limburg (r). Il mourut en 1434. 

I1 eut deux femmes savoir : 

a) Elisabeth de Kets (marié en 1414?), qui reçut de son 
beau-frère, Jean d’Immerseel, la seigneurie de ter Ha- 
meyden, qu'elle céda, devant les échevins de Louvain, à 
son gendre Jean de Witthem (2), b) Catherine de Som- 
peke; de concert avec celle-ci, d’edele heere heer Arnoult van 
Ymmerseele, crysman, heere van de heerlychkheydt van Wom- 
melgem, fonda, par des actes, donnés le 10 novembre 1431, 
respectivement à Anvers et au château de Wommelgem, 
une chapellenie dans l’église de cette seigneurie (3). 

Il eut un bâtard, nommé Arnould. En 1448, sonen 
daghe l’eingaende meerte, Aert van Ymmerzcele, natuerlic sone 
heren Aert 's van Ymmerzeele, ridders, comme usufruitier, et 
ses enfants légitimes, Jean et Catherine, et le mari de cette 
dernière, Jean van Blaersuelt, comme nu-propriétaires, 
transportèrent, devant l’écoutète d’Itegem, au couvent de 
Roosendael et aux villages d’'Itegem et d'Herenthout, leur 
droit de faire moudre, en été, au moulin à eau fot Hillen- 
brugge, à Itegem (4). 

De ces deux mariages, nous connaissons à Arnould 
d'Immerseel trois enfants, savoir : 


Du premier : 


1° Catherine, dame de ter Hameyden et propriétaire 
d'une rente hypothéquée sur le bien d’'Hulingrode, à 
Wommelgem (5). Elle épousa Jean de Witthem, seigneur 


(1) Miraeus, Not. Eccl. Belgii, p. 688. 

(2) B., reg. n° 25, f° 169; March., p. 259. 

(3) Analectes pour servir à l'histoire ecclésiastique, t. XIV, p. 47c. 

(4) R., carton II. 

(5) Hulingrode, Hulincrode, Hylincrode (1183), Gulikenrode ; Ya maison de cam- 
pagne construite à la place de l'ancien château, appartenait en 1868, à la 
famille de T’ Serclaes (Anal. p. serv. à l'hist. eccl. XIV, 357). Le 22 mai 1576, 
 damoiseau Charles d'Assa, fils du damoiseau Michel et de Reine Turchi, 
releva, par achat des damoiseaux Ferdinand et Adrien Dassa (sic!) le fief 
d’'Hullingrode, d'une étendue de 23 bonniers (B., reg. n° 361, f 394). Le 
6 février 1677, damoiseau Nicolas Rockox, dit Heetvelde, fut investi, par 
suite de la mort de sa mère, Adrienne d'Heetvelde, du hof te Hulingrode 


144 LES SEIGNEURIÉS 





de Bautersem, Butsele et autres lieux, ambassadeur 
du duc Philippe de Saint-Pol et qui convola en se- 
condes noces avec Catherine d’Ordinghen, dame d'Hul- 
denberg. Il était fils de Henri, seigneur de Bautersem 
et de Gestel, près d'Oesterhout, et de Marguerite de 
Meldert (1). De sa belle-mère, Elisabeth de Kets7a 
reçut le manoir de ter Hameyden, qu’à son tour il 
céda, le 7 décembre 1445, à son beau-frère Arnould 
d'Immerseel (2). 
Du second : 


2° Arnould, qui était déjà mort le 11 février 1450-51. 
En 1447, al étudiait à Paris (3). Il devint seigneur d’Im- 
merseel, de Wommelgem et du çhäteau de ré ierre, dont 
il fut investi, en 1434, étant encore en bas âge (4). Ainsi 
qu'on vient de le voir, il reçut ter Hameyden en 1445. Il 
possédait aussi le château de Meysse. 

En sa qualité de tuteur, Henri d’Immerseel présenta, 
le 29 mai 1440, à la Cour féodale de Brabant, la spécif- 
cation des fiefs du jeune Arnould. Ces fiefs étaient : le 
village de Wommelgem, avec la métairie dite Tuylhckrode, 
d’une étendue de vingt-quatre bonniers; un tiers de la 
grande dime de Wommelgem et une cour censale, avec 
douze oo entre autres la ferme de fe Schoten, 
dont Jean de Lierre était, alors, le feudataire. Ils se 
trouvaient grevés de plusieurs rentes : nous en relevons : 
une de deux livres de vieux STOS, que messire Godefroid 
d’'Immerseel, de l’aveu de son fils Jean, avait donnée à 
Arnould d'Immerseel : une redevance annuelle de huit 


(24 bonniers), y compris la part qui avait appartenu, autrefois, à Barbe 
Rockox, veuve de damoiseau Ferdinand Dassa, le vieux, et à demoiseaux 
Ferdinand et Adrien Dassa, fils de celui-ci. Après avoir été divisé en 
plusieurs parties, le bien d'Hulingrode fut reconstitué en un seul fief, 
par un acte du collège des finances, du 12 mai 1623 (B., reg. n° 377, 
10 424). 

(x) Comp. Arr. Waurers, La Belgique ancienne et moderne, ad vocem 
Bautersem. 

(2) B., reg. n° 1r, f 258. LE Roy, op. cif p. 259. 

(3) E. B. 

(4) B., reg. n° 25, f 243, et Le Roy, op. cit, p. 490. 


el 


DU PAYS DE MALÎNES 149 





setiers de seigle que Daniel d’Immerseel avait, autrefois, 
éclissée de la dîime de Wommelgem; une autre redevance 
annuelle de 10 setiers de seigle et de 5 couronnes de 
France, dont François d'Immerseel avait doté son bâtard 
du même nom (1). 

3° Elisabeth, née à Lierre,en 1433. Par suite de la mort 
de son frère Arnould, elle releva, le 11 février 1450-1, 
Immerseel, Wommelgem, Meysse, ter Hameyden, la 
ferme de Schote-Bevert et le château de Lierre (2). Son 
cousin Henri fut son homme servant (besetman). Elle eut 
pour époux Godefroid Vilain (3), chevalier, seigneur de 
Borcht, Swigndrecht, Huysse, Sempe, etc., fils de Jean, 
chevalier, seigneur des mêmes lieux, et de Gudule Raes, 
dame de Pamele (fille de Godefroid, chancelier de Bra- 
bant, et de Mabilia Vijt, qui avait pour père Nicolas, 
chevalier, seigneur de Pamele). Le 17 mars 1466-7, Eli- 
sabeth et son mari transportèrent à Jean d’Immerseel (4), 
fils de Jean — qui était un bâtard du chevalier Arnould 


— le bien d'Hulingrode (5). 


GB res. n08; M755. 

(2) B., reg. n° 341, À 67. 

(3) Le 8 avril 146r, Christophe Vilain, seigneur d'Huisen, Borcht et Swijn- 
drecht, Godefroid Vilain, seigneur de Wommelghem et d'Ameyden, Jean de 
Montmorency, seigneur de Nevele, au nom de sa femme Gudule Vilain, et 
le chevalier Adrien de Cruninghen, vicomte de Zélande, au nom de ses 
enfants, procréés avec Marguerite Vilain, tous héritiers de Messire Vilain et 
de Gudule Raes, fondèrent à Beveren, au pays de Waes, l'hôpital et le cou- 
vent de Saint-Guillaume (O. D., t. IT, p. 203). 

(4) Après la mort de ce Jean d'I., son fils Hector releva Hulingrode 
(12 mai 1474), et celui-ci le céda, de concert avec Servais d’Immerseel, le 
19 octobre 1494, à Jean de Bailleul (van Belle) et à sa femme Christine 
d’Immerseel. Ceux-ci furent investis le 30 mai 1495 (B. 25 246; A.et D., 2529). 

(5) B., reg. n°S 343 et 25, Ÿ 246. Les époux possédaient une Cour féodale, 
ou censale, s'étendant sous Beverle, Nijlen et Kessel, et ayant nom Beken- 
hoven; ils la donnaient à fief à Marguerite de Sompeke, femme de Roland 
Roeloffs (A. et D., n° 1548). En 1472, Elisabeth vendit au magistrat d'Anvers 
un moulin à eau, situé sur le Schijn, à peu de distance du château d’Im- 
merseel. La ville y fit construire une écluse, destinée à déverser dans le 
nouveau canal d'Anvers à Herenthals les eaux du Schijn, grossies de celles 
de deux ruisseaux, nommés de Breede Beck et de Weselsche Beck (Aug. THrys, 
Historique des vues et des places publiques d'Anvers). Une Elisabeth d’Immerseel, 
vivant vers le milieu du XV: siècle, eut de Jean de Bourgogne, évêque 
de Cambrai, une fille naturelle, nommée aussi Elisabeth (B., n° 121, f° 276 


et suiv.). 
10 


146 LES SEIGNEURIES 





En 1475, Elisabeth et son époux donnèrent à l’église 
St-Gommaire une verrière, peinte par Rombaut Kelder- 
mans et représentant St-Gommaire, St-Rombaut et leurs 
propres portraits. L'artiste reçut pour son œuvre 12 florins. 
Cette verrière fut restaurée, en 1863, par Capronier (1). 

Godefroid Vilain mourut le 28 février 1482-83. II fut 
enterré au béguinage, à Malines. 

En avril de l’année suivante, sa veuve fit don aux pau- 
vres de Lierre, pour le salut de l’âme de son frère Arnould 
et de son (grand-)oncle, messire Charles d’Immerseel, de 
dimes à Lierre et de son maroir dans cette ville; ces 
biens furent relevés, le 26 septembre, par Jean de Brecht, 
pour la mense du Saint-Esprit (2). 


Elle survécut à son époux lusqu’au 15 août 1510; elle. 
È , 


mourut à un âge très avancé et fut inhumée à Malines, 
dans le couvent des Pauvres-Claires, fondé par elle et où 
elle avait pris le voile, en 1506. 


Par testament, passé le 17 juillet 1481, devant le no- 


taire Pierre de Manso, elle avait fondé, avec son mari, 
en souvenir de Notre Seigneur agonisant au Jardin des 
Olives, l'Hospice des Oliveten, dans cette ville, où l’on 
érigea des monuments avec des inscriptions à la mémoire 
des donateurs (3). 

La famille d'Immerseel avait vu avec déplaisir passer 
entre les mains de roturiers le château. de \Piérretou 
avait été son apanage depuis des siècles. Aussi, après 
la mort d'Elisabeth, protesta-t-elle contre la donation 
qu'elle en avait faite. La sentence fut de nature à sa- 
tisfaire l’amour-propre des demandeurs. Elle ordonna 
la vente de la propriété et le remploi des fonds en rentes 
au profit des donataires. Ce fut Antoine de Lalaing, 
comte de Hoogstraeten, qui se rendit acquéreur du ma- 
noir (26 octobre 1519), et, depuis, celui-ci fut nommé 
£ Hof van Hoogstracten. Les de Lalaing le conservèrent 
jusqu'au XVIII: siècle (4). 


(x) Voyez AxT. BERGMANX et, surtout, ErNEsr Masr, op. cit. 

(2) B., n° 125, # 201; March., p. 490. 

(3) Prouincie, stad ende district van Mechelen, 1. Comp. G. Vax CasrEer, His- 
toire des vues de Malines, etc., p. 205. 

(4) Après la mort d'Antoine, Eléonore de Montmorency, comtesse-douai- 


°xé 


LR a; 


DÜ PAYS DE MALINES 147 








IIT. Elisabeth. Elle épousa le chevalier Walter de 
 Sompeke. 

IV. Marie, alus Marguerite. Elle devint la femme de 
Gérard de Coeckelberghe (1410), chevalier, écuyer du 
duc Antoine de Brabant, et «qui se dépouilla entièrement 
de ses biens pour le service de son maître auquel il était 
attaché avec tout le zèle possible ». Il reçut en fief, de ce 
prince, un droit de péage à Rumpst. Ses parents étaient 
Jean de Coeckelberghe, seigneur de Schreyberghe, sous 
Leefdael, et Catherine de Pottere. Il mourut amman de 
>ruxelles, sans laisser d'enfants (r). 

V. Daniel. 

VENON”/qui s'alha à Jean de Pape. 


De Godefroid et de Béatrice de Duffel : 


VII. Henri, dont il sera question plus loin. 

VIII. Catherine, qui épousa Henri van Mechelen, fils 
de Florent et de Catherine de Redinghen. 

IX. Walter, propriétaire du manoir de Meysse (1407) et 
d'un fief à Strombeek; il eut un fils naturel, Guillaume, 
qui devint père de Walter d’'Immerseel (BUTKExNS, Tro- 
phées, éd. 1724). 

X. Agnès, qui est dite avoir épousé, successivement, 
Pierre de Wechelen et Guillaume de Sompeke. 

XI. Béatrice (2) et XII. Marguerite, toutes deux reli- 
gieuses au couvent de Roosendael, à Waelhem. 


De Godefroid et d’Amelberge Wijts : 


XIII. Henri; il semble être ce Henric van Ymersele, qui 
fut, en 1440, tuteur d’Arnould, fils du chevalier Arnould 
d’'Immerseel (voir plus haut). 


rière d'Hoogstraeten, fit relever, pour le fils du défunt, Guillaume, le chà- 
teau d'Immerseel, à Lierre, le 25 avril 1578 (B., reg. n° 367, f° 467). Cet im- 
meuble était situé entre la chapelle de Saint-Pierre et het Belletjestraetje. Le 
vieux castel est démoli depuis longtemps (comp. ANT. BERGMANN, of. cit. 
e} C.-J. AvoxprTroopT, Hoogstraeten, Brabandsch Museum). 

(1) Annales de l’Académie d’archéologique de Belgique, t. I, p. 292. 

(2) Une Béatrice d'Immerseel est citée, en 1500, comme prieure du cou- 


148 LES SEIGNEURIES 





Henri d'Immerseel, fils du second mariage de Gode- 
froid, devint chevalier, propriétaire du château de Meysse 
et, par la mort de son oncle Charles, seigneur de la 
moitié d’'Itegem. 

En 1308, {’ angaende oegxt, Her Heinric van Ymerchele, 
myns heren her Godevarts zon van Ymerchele, céda, devant 
les échevins de Duffel, un cens de huit et demi écus 
(schilde) d'Anvers, sur deux bonniers de prairies, au Ver- 
namen-broec, redevance qu'il avait achetée de (son parent 
maternel) Yonchere ‘anne van Duffle, myns heren Henricx 
zone van Duffle, die men het van Schocten (1). 

De son temps, Henri d'Oyenbrugge (2), chevalier, 
seigneur de Coolhem et d'Orsmael, communemestre de 
Malines, en 1414 (+ le 26 décembre 1432, fils d'Henri et 
de Marguerite van der Elst précités), possédait la seconde 
moitié d'Itegem. Ce seigneur s’allia, successivement, à 
Jeanne de Meldert, fille de Guillaume, seigneur de Mel- 
dert, et de Letia Zwaef, et à Béatrice van der Aa (fille 
de Gossuin, chevalier, et d’Elisabeth d’'Hofstade), qui 
était veuve de Guillaume, seigneur de Duras, et de 
Charles d’'Immerseel (3). 

Henri d’Immerseel épousa, à en croire les généalogies, 
d'abord, une de Bellegem (4), fille d'Egide et de Cathe- 


rine van Bogaerde, et, ensuite, Marguerite de Wesele, 


vent des freize filles pauvres, au grand béguinage, à Malines. Ce couvent 
devait aussi son existence aux libéralités d’'Elisabeth d'Immerseel, douai- 
rière Vilaiïn (B., reg. n° 348, f° 123). 

(REC Ar TON MEET. 

(2) Les d'Ovenbrugge portaient, primitivement : fascé d'or et de sinople 
(voir pl. IT, fig. Il); plus tard, ils chargeaient leur écu d’un franc-quartier 
de Duras : de sable semé de fleurs de lis d'or. Henri de Colem scella le 15. 
novembre 1415, le traité entre le Brabant et le Limbourg (MiRAEUS. Not. 
Eccl. Belg., 688). Le 21 mai 1422, Henri de Coelhem, fils du chevalier Henri et 
de Jeanne de Meldert, fut investi, par suite de la mort de sa mère, de biens 
à Steen et à Orsmael et de vingt bonniers de terre entre Orsmael et Dormael. 
(Bi;reg. n°8096, Pr). 

(3) AUG. VAN DEN EYNDE, Tableau chronologique des écoutètes de Malines. 

(4) de Beringhen? Voir l'épitaphe de Henri d’Immerseel, plus loin. 


DU PAYS DE MATINES 149 





dite de Sompeke (voir PI. IT, fig. IIT), qui convola en 
secondes noces avec Walter Bauw. 

Immerseel mourut le 10 janvier 1420-21. Il fut enterré, 
à Malines, en l’église Sainte-Catherine, sous une pierre, 
ornée de ses armes : les trois fleurs de lis au pied coupé, 
chargé en cœur d’un écusson palé (sic! Berthout-Duffel, 
famille à laquelle appartenait sa mère). On y lisait cette 
épitaphe : 


Ticr Icct Tb. TDeinric van 
Mmerscle vid. bec. in AMecis en. tot Fteghecm 
stertft int jacr Æiiij en, XE, <oach 
Godcuacrt va lmersele bec. tot Ulomelghecm 
Hidt vocr àC siclc… 
Van fcringhe die stert int jaer AMCCC 
COLE EZ. Ua crssocaes © (I). 


D’après un manuscrit du chanoine Hellin (2), il aurait 
existé, à Malines, au couvent des carmes déchaussés, une 
pierre, décorée des armes d’Immerseel (avec Berthout 
en cœur) et de Sompeke — sommées d'un seul casque, 
au cimier de cette première maison — et portant cette 
Inscription 


Cy gist messire Tbenry de Fmmersecle, chevalier sgr. 
en partye dc SGtegem ct dc AMcvs qui trepassa l'an 
MCCCC.EE ct sa femme dame fbargucrite fille de mes= 
site chan dc Sompeckhe qui trepassa… 


À Henri d'Immerseel, nous connaissons cinq enfants, 
mais nous ignorons de quelle mère ils sont nés (3). Voici 
leur noms : 

1° Arnould ; il releva, en 1426, par achat de Nicolas 


(x) B:R:, C. Gr, reg. n° 15rr, Ile partie, {° 4. D’après E. Marruieu, Nofice 
sur un Manuscrit intitulé Descente de la maison d'Enghien (p. 13), une Jeanne de 
Lierre aurait épousé Josse de Beringhien, qui est, peut-être, ce personnage 
mentionné dans l'épitaphe ci-dessus. 

CEA CAE noEr660 

(3) Une Elisabeth van Ymmersele, fille naturelle de sire Henri, fut auto- 
risée à tester, le 3 février 1466. 


150 LES SEIGNEURÎES 





de Kersmaker, fils de Godefroid, à Louvain, une habi- 
tation avec appendances, à Lierre, un cens, à charge de 
six ou sept maisons, sises en face de cette habitation (et 
rapportant par an 149 vieux gros et deux poules), et six 
journaux de terre, dans la même ville (1). Il reçut Wom:- 
melgem, ter Hameyden et une partie des biens d’Itegem. 
Sa mort eut lieu en 1450. Il fut enterré au couvent des 
carmes chaussés à Malines. Sa tombe, ornée de ses 
armes, portait cette épitaphe 


Dicr lept begraven Hcrt van TLicre, die men bect van 
mmerscele, becr van lommelgem van Der Ælmeypen 
en in Ftegem, sterft AMOCCC.L (2). 


2° Henri, dont il sera question plus loin; 

3° Guillaume ou Walter (à moins que ce ne soient deux 
personnages distincts); ; 

4° Jean, qui fut investi, le 4 mai 1422, comme héritier 
de son père, d'une rente de 14 setiers de seigle sur les 
biens de Jean van Gageldonc, à Zundert, et d’une autre 
rente de 5 setiers sur la dime de cette localité. Il mourut 
avant le 26 février 1426-7, jour où son frère Henri releva 
ces deux fiefs (3). 

5° Catherine, femme du chevalier Arnould de Berchem 
(fils de Jean et de Jeanne d’'Herbais), propriétaire du 
château de Bosschesteyn, à Broechem (4), et qui épousa, 
ensuite, Alice de Zevenbergen. 


* 
* * 


Henri d’Immerseel, fils de Henri, hérita de la moitié 
de la seigneurie d’Itegem, et en acheta l’autre moitié de 
Henri d'Oyenbrugge, dit de Colem (Coclhem); il releva 
celle-ci le 29 juillet 1453. Pour la dégrever d’une hypo- 
thèque de 800 pecters, il accorda au vendeur un délai de 


(1) B;, reg. n° 396, f 1471 ve. 

(2) B.R.; C. G., n° 1669. 

(3) B., reg. n° 396, fe 50 et 141. 

(4) Voir notre notice sur ce château. 


+ 


* 4 


DU PAYS DE MALINES OT 





trois années, commençant à la Noël 1453 (1). Henri de 
Coolhem avait possédé sa part à lindivision avec ses 
frères, Josse et Jean, depuis la mort de leur père, Henri. 
“a vente fut ratifiée par les deux autres frères. En ga- 

antie de l'accomplissement des conditions stipulées, 
Fosse, l’ainé, engagea à Henri d’Immerseel sa seigneurie 
d'Orsmael. Cet engagement fut confirmé par Philippe le 
Bon, par acte du 13 août suivant, À cette époque, Îtegem 
relevait du chevalier Guillaume, seigneur d'Egmont et 
du pays de Malines, et qui, en sa qualité de frère du 
duc de Gueldre, prend dans ses actes le qualificatif de 
brocder tot Gelre.(2 (2 ). 

Environ un an et demi après, Ilenri d’Immerseel ré- 
trocéda à Henri d'Oyenbrugge, die men heel van Colem, 
la part de la seigneurie d’ Itegem, alsce hy die t anderen 
tyden tiegen den vois. Henric van Colem wettelic gecocht ende 
gecregen hadde, et celui-ci en fut de nouveau investi, le 
3 janvier 1455-56. À cette occasion, Immerscel donna 
décharge à Josse de Colem, frère de l'acquéreur, de tous 
les engagements que celui-ci avait pris envers lui. 

Le 28 mai 1458, Henri de Coolhem transporta, devant 
la Cour féodale de Malines, au chevalier Frédéric de 
Mengresrewt, seigneur de Cruybeke (Waes), sa moitié 
de la seigneurie d’Itegem, avec haute, moyenne et basse 
juridiction, chynsen, renten, kueren, ponthenningen, mants- 
capen, wateren, “wisscheryen, vogelr) en, waranden, opcomimigen, 
vervallen ende allen añderen sinèn loebehoirten. Le contrat 
de cette vente semble avoir été passé le 12 du même 
mois, car, d'après une inscription sur le registre féodal, 
Menigersrewt accorda au vendeur un délai de quatre ans, 


(1) M, n° r, 2° partie, f 5. Le 18 avril 1437, Henri d'Oyenbrugge, dit de 
Coclhem, seigueur d'Itegem, dote l'abbaye de St- Bernard, à Hemixem, d'une 
prairie (Chartes de St-Bernard, liasse n° 1106). En 1460-1461, nous voyons ces 
frères Josse et Henri de Coolhem, en compagnie de Philippe Kerman et 
d'autres, attraits devant l’'écoutète de Malines pour s'être méportes, nuitam- 
ment, ex plusieurs impaisibilitez et oultrageuses manières. Peu de temps après, les 
mêmes et d'autres enlevèrent we damoiselle, pour lors demourant sur le beghinage 
de Malines, et durent payer de ce chef une forte amende (Compte de l'écou- 
tète; Ch. des Comptes, 15664). 

(2): B:,'reg.n° 121, À 254. 


152 LES SEIGNEURIES 





à commencer au 12 mai, pour dégrever le fief d’une hy- 
pothèque de 1100 peeters (1). 

L'acheteur appartenait à une famille illustre. Son père, 
Thierry de Mengersrewt, chevalier, figure comme pane- 
tier de Philippe le Bon, en 1431, comme membre du 
conseil de Brabant, en 1433, et comme écuyer du duc 





FIG. 10 (3). 





FIG. 9 (2). 


(1) M., reg. n° r, 5 30 et 56. 

(2) Le blason des Mengersrewt — au meuble étrange : un licou, d'argent, 
au sens de M. V. Bourox, sur champ de gueules; ne serait-ce pas plutôt une 
volée, munie de ses deux palonniers ? — figure trois fois dans le Wapenboeck 
de GELRE, du XIV siècle, mais ces trois peintures ne sont pas l'œuvre du 
roi d'armes GELRE; comme tant d’autres armoiries, contenues dans ce codex 
héraldique, elles ont été ajoutées après coup. Le même blason, avec un 
cimier différent, se trouve dans le Vierx Siebmacher. La famille y est dite 
bavaroise. Le continuateur de GELRE cite Thierry et Frédéric von M. dans 
la suite du burgrave de Nuremberg. 

Il leur donne pour cimier : un bâton d'argent, sommé d’un plumail de 
sable, entre deux cornes de taureau du même, chacune sommée d'un plu- 
mail d'argent; lambrequins de gueules. Le troisième blason de cette fa- 
mille, contenu dans ledit manuscrit, et qu'aucun nom n’accompagne, est 
cimé d'un croissant, coupé de gueules et de sable, sommé, au milieu, d’un 
plumail de gueules, sur un bâton d'argent, et, à chacune des deux pointes, 
d'un plumail d'argent; lambrequins : de gueules (fig. 9). 

(3) La fig. 10 constitue un fac-simile du bouclier du seigneur de Rotselaer, 
ancêtre de Jacqueline. Les Rotselaer, sénéchaux héréditaires du duché, 
blasonnaient : d'argent à trois fleurs de lis, au pied coupé, de gueules. 


* PPT 


DUMPAYSADEMALINES 153 





en 1428 et 1437 (1). Lui-même était conseiller et cham- 
bellan de Philippe le Bon et marié à Jacqueline de 
Rotselaer, dame de Wissekercke, veuve de Guy de 
Bourgogne, seigneur de Cruybeke. Plus tard, cette dame 
contracta une troisième alliance. Elle eut pour parents 
Antoine de Rotselaer, seigneur de Roost, Stade, Wisse- 
kercke, et Louise de Moerkercke (2). 

Après la mort de son époux, vrouwe Faquemine van Rot- 
selair, wedue wylen heren Fredericx van Menigersrewt, ridders, 
here van Cruybeke ende van Yetegem, doen hy leefde, déclara, 
devant les hommes de fief du pays de Malines, hoe die 
votrs, wylen here Frederick, haer man, een wyle tyts geleden 
gestorven ware, hair latende bevrucht ende groot met kinde, 
alsoe sy aen Gode hoept, et sollicita d’être investie, pour 
elle-même et pour l'enfant, daf sy hoepte by der grafien Goids 
le dragen, de la moitié de la seigneurie, avec haute, 
moyenne et basse juridiction, telle que son défunt mari 
l'avait tenue en fief du seigneur d'Egmont. La cour fit 
droit à cette demande, le 19 décembre 1468 (3). 

Plus tard, ce fief retourna à Henri d’Immerseel, ainsi 
qu'on le verra plus loin par un acte de 1473. 

Jacqueline de Rotselaer donna la vie à un fils (4), qui 
fut nommé Josse et devint seigneur de Wissekercke, grand- 


(1) Thierry de Meingersreuwt, magister curie du duc, fut chargé, en 1428, 
d'une mission, par Philippe de Saint-Pol (Epu. DE DYNTER, Chronique des 
ducs de Brabant). 

(2) C. et M., reg. n° 88r, A. Nous trouvons des Mengersreut, appelés 
aussi Mengersruyt, Mingelfruit, etc., les quartiers suivants : Mengersruyt, 
Holloff, Rotselaer, Moerkerke, Wijmerselle, Briaerde, Veise, Veise (B. R., 
C. G., n°$ 1537, f° 68; comp. ibidem, n° 222). 

(3) M. x, 62 v°. 

(4) Elle avait déjà eu un autre:fils, également appelé Josse, qui fut investi, 
le 19 avril 1466, d’une rente sur la baronnie de Rotselaer, rente dont la mère 
devait avoir l’usufruit. L'acte le nomme fils mineur du chevalier Frédéric 
de Meynigersruyt et de Jacqueline de Rotselaer I (B. 123, p. 262). Il est 
évident que ce Josse-ci ne vivait plus en 1468, car, sinon, c’est pour lui et 
non pas pour un enfant à naître que la mère aurait réclamé l'investiture. 
Le 19 juillet 1521, Arnould de Berchem vend, pour Jean, Isabelle, Jeanne 
et Laurent de Mengersruyt, à Gérard Bombelli, marchand, une maison, 
avec remise, etc., à Anvers, que leur père, le chevalier Josse de Men- 
gersruyt, avait reçue, le 8 août 1506, de maitre Antoine Ysebrant (Archives 
d'Anvers). 


mi 


124 LES SEIGNEURIES 





bailli et haut-échevin du pays de Waes (1). Le 11 janvier 
1508-0, il releva, par suite de la mort d'Antoine de Rotse- 
laer, un bois près de Lierre et des bruyères à Contich, 
qu'il céda, en 1516, à Jeanne Groz, dame de Maigny, 
veuve du fameux chancelier Thomas de Plaines qui, sur 
sa tombe, à Malines, est qualifié de tuteur de Charies- 
Quint (2). 

Henri d'Immerseel épousa, en 1444, Helvige de Ber- 
chem (3), fille de Jean, seigneur d'Oostmalle, et de Théo- 
dora de Cock de Brueckom, Breuckom ou Bruickem, 
dame de ce lieu, par relief de 1420, et de Maesaecker. 

Le 3 septembre 1458, il fit, par achat des frères Guil- : 
laume, chevalier, Walter et Antoine de Lierre, le relief : 
d'une seigneurie à Vorsselaer (4). Le 8 avril 1467, il re- 
nouvela le serment de fidélité du chef de ses dimes de 
Zundert, au pays de Breda (5). 

Dans la collection des Aveux ct dénombrements de la Cour 
féodale de Brabant se trouve (sub n° 198) la spécifica- 
tion des fiefs que Henri d’Immerseel, seigneur en Meysse 
et d'Itegem, possédait à Beersse : Dit syn alsulcken leene 
als de mannen van Bcerse te leene houden ende over geven 1" 
gescrifte den Edelen geboirtegen cerbaren wysen Henrichken van 
Ymmersele, here in Meys ende van Yeteghem, hueren even 
getruwen leenhere. T1 y a en tout 23 fiefs. Ce document 
porte la souscription : Dewm time et mandata cius obscrva. 
Initium sapientiae timor Donuni. I] résulte de cette pièce 
curieuse qu'à cette époque on avait requis de tous les 
feudataires la présentation d’une liste exacte de leurs 
fiefs, afin de procurer au duc, par l'imposition de nou- 
veaux droits féodaux ou le retrait de certains fiefs, des 
fonds pour une expédition en France. 

Dans le registre des fiefs du pays de Malines, qui fut 
établi en 1473, par les soins de Jean van Voorspoel, 
nous lisons ce qui suit : 


(1) C. et M. Loco cit. 

(2) B. 25, fol. 76 ve. 

(3) Ses frères, Guillaume, Jean et Constant de Berchem, firent un partage 
devant les échevins d'Anvers, en 1440. 

(4) B. 347, fol. 2xx. 

(5) B. 343, fol. 7. 


DU PAYS DE MALINES is) 


Ut 








« Henric van Ymmersele hout te leene die heerlychevt metten 
dorpen van Yetegheem, met hoogen ende leegen, met beempden, 
eusele, watere, metter visscherye, vogelrie ende allen andere 
synen 0 in chynsen, chueren, reynten, pachten, 
pontghelden ende Giler anderen vervallen, jacrlycx ghetaxcert 
synde boven den commer ter somme van xvi ponden, vu) stun- 
vers, 11 demters grooten. Item Lysbeth Verstraten (ou van 
der Straten), weffige huysvrouwe wilen Yan van Immersele, 
(x) es jaerlycs heffende op deze voerscreven goeden lyftocht, 
reynte vj lb. x st. grooten (2). 

Avaient, alors, des arrière-fiefs ressortissant à la Cour 
féodale d’Itegem : Pierre Fijen, le prêtre Martin van 
Lancom, Jean Claus, Elisabeth Zeghers, Hector Reyns, 
Elisabeth Smeedts, Gilles van den Dycke et Godefroid 
de Meyere (3). 

Il appert de l’acte relatif à l'investiture de Philippe, 
arrière petit-fils de Henri d’Immerseel, que, du temps de 
ce dernier, la moitié d’Itegem retourna de nouveau à 
Henri de Coolhem. 

Henri d’Immerseel mourut peu de temps après la con- 
fection de cette pièce. Il eut de sa femme au moins 
quatre enfants 

1° Jean, qui suivra après ses frères et sa sœur; 

201Henri, qui releva, le 22 mai 1474, par suite de la 
mort de son père, pour lui-même et ses cohéritiers, le 
fief dit ’{ hof van Doerne, à Lierre, au sujet duquel Josse 
de Doerne prêta le serment de fidélité (2 Æ1Pirecutiles 
biens de Nuwenhowe, sous Degerzele, et d'Hagenbroeck, 
sous Bouchout. Par lettres-patentes, données à Bois-le- 


(x) Ce Jean était un bâtard d’un autre Jean d’Immerseel. Par achat de 
Henri d'Oyenbrugge, alias de Colem, fils du chevalier Henri, il avait relevé, 
le 19 mars 1455-6, pour lui-même et sa femme Elisabeth van der Straten, la 
rente viagère susmentionnée, qui fut hypothéquée sur la part que Coolhem 
avait dans les seigneuries d’Itegem et :le Berlaer (M., n° 1, f° 33 vo), Un 
bâtard, Yan van Y mmersele, plattyn maker, devint bourgeois de Lierre en 1480 
(compte de l’écoutète Jacques van der Borch; C. n° 2962). Un autre Jean van 
Immerseel prêta, le 23 mars 1583, serment comme receveur de la ville de 
PFierrel(E..MAsr,/op.'cit., p.74). 

(2) M., n° 45, f° 66. 

(3) Ibidem. 

(4) B., n° 344, f° 82. 


136 LES SEIGNEURIES 





Duc, le 3 févr. 1479-80, l’archiduc Maximilien, duc de 
Bourgogne, de Lotharingie et de Brabant, nomma onse 
lieve ende getruwe vassalen Henrick van Ymmerscle, écoutète 
de Lierre, en remplacement de Jacques van der Borch. 
Cette nomination fut motivée par les services rendus par 
le titulaire, ses frères, Jean et Charles, et d’autres membres 
de sa famille, à Charles le Téméraire, à sa fille Marie et 
à son époux, Maximilien, lui-même. Le duc enjoignit à 
Henri de prêter serment entre les mains du chancelier, 
Geldolphe van der Noot, et de déposer un cautionne- 
ment à la Chambre des comptes (1). 

Henri semble être mort en 1507 ou en 1508. 

3° Charles, qui figure comme propriétaire de Meysse, 
dans une pièce de 1474. Il devint drossard de Brabant et 
fut armé chevalier. En qualité d’héritier de son père, 1l 
reçut, le 22 mai 1474, les deux dimes de Zundert (2). Le 
9 mai 1504, Charles d’Immerseel, chevalier, Walter 
d’'Immerseel, receveur d'Anvers, et Philippe Tollinck 
posèrent un acte comme tuteurs des enfants de Jean 
d'Immerseel, vicomte d’Alost (3). 

Charles eut deux femmes; la première en fut Jeanne 
van der List, mariée par contrat du 5 février 1490-r (fille 
d'Arnould, échevin d'Anvers, et de Catherine van de 
Werve, et petite-fille du chevalier Jean van der List et 
de Catherine van der Noot); elle fut investie, le 6 sep- 
tembre 1402, de l’aveu du chevalier Charles d'Immerseel, 
son mari, et comme héritière de son père, Arnould, des 
biens dits van der List ou ter List (4), situés au quartier 
d'Anvers et mesurant dix-sept bonniers (5). Cette dame 


(1) C., reg. n° 135, f 93, et C., reg. 12962. Dans ce dernier volume; on 
trouve les comptes, rendus par Henri d'Immerseel, en sa qualité d’écoutète 
de Lierre, de 1480 à 1507. 

(2) B., reg. n° 344, 1 82. 

(3) Renseignement dù à M. le baron C. de Borrekens, à Anvers. 

(4) B., reg. n° 346, f° 202. 

(5) B., reg. n° 25, f 13. Le premier feudataire du manoir de #r List, c'est 
Walter van der List. Il eut pour successeur son fils Jean. Après la mort de 
celui-ci, son fils, du même nom, releva la terre le 7 août 1444. A ce dernier, 
succéda son fils Arnould (relief du 24 octobre 1468), père de Jeanne précitée. 
La famille van der List porte : écartelé d'or et de gueules. Le bien de ter 
List était situé sur le territoire d'Anvers, entre les portes Saint-Georges et 


LA AR 


DU PAYS DE MALINES C7 





mourut avant le 31 mai 1494, car, ce jour, sa parente, 
Elisabeth van der List, veuve d'Olivier de Pape, fit le 
relhef de ce'fef; elle le céda, le 13 janvier 1496-97, au 
chevalier Charles d’'Immerseel (1). 

Celui-c1 contracta une seconde alliance avec Henriette 
de Ranst, fille d'Henri, chevalier, seigneur de Ranst, 
Edesem, Mortsel, Cantecrode, Boxtel, Kessel, etc., et 
d'Henriette de Haeften (fille de Waleran, seigneur de 
Haeften, Herwynen et Gameren, et d'Henriette de Va- 
rick) et petite-fille d'Henri de Ranst et d'Isabelle de 
Meerhem, dame de Boxtel et de Kessel (2). 

Le 19 septembre 1501, Henriette de Ranst fut investie, 
de concert avec son mari et tuteur, Charles d'Immerseel, 
chevalier, par cession de son père, des seigneuries d'Ede- 
sem, de Mortsel et du château de Cantecrode, biens 
qu'Henri avait hérités de son cousin Jaen de Ranst. Ce 
transport eut lieu sous la condition expresse que, si Hen- 
riette venait à mourir sans laisser d'enfants, les fiefs 
retourneraient à ses parents, ou à sa sœur Adrienne, 
femme de Jean de Hornes, seigneur de Baucigny, ou 
bien aux héritiers de cette dame (3). 


de Kipdorp, presque au pied des remparts. Dans son Bulletin de la propriete, 
M. Auc. THys consacre une notice succincte à ce fief (11 janvier 1891). 

(1) B., reg. n° 347, fS 16 et 168. Cette cession était le résultat d’un partage 
opéré le 28 juin 1496, entre Charles d’'Immerseel, alors sous-drossard de 
Brabant, et la veuve de Pape. Celle-ci reçut, entres autres, een vergulden 
croes, verwapent metter wapenen van Maldegeem ende van der Noot, 2es silveren scalen, 
elck van zes oncen, etc. Charles eut le restant du mobilier, le château de Ter- 
List, avec fermes, terres, prairies et bois, colombier, et la maison ‘# koff ter 
List, longue rue Neuve, à Anvers. 

Cette dernière propriété fut vendue, le 18 février 1528 (n. st.), par Guil- 
laume, les enfants de Jean et de Charles d'I., conjointement avec Jacques 
d'Herbais, écuyer-tranchant de Charles-Quint et fils de Pierre et d'Henriette 
d'I., et les enfants de Rasse van de Werve. 

Trois ans après, cet immeuble fut approprié pour la Bourse de Commerce 
(Aug. Tuys, Bulletin de la propriété). 

(2) Arthur, Charles, Adam et Zugele van Y mmersele, enfants naturels du feu 
chevalier Charles, furent autorisés à tester de leurs biens, par lettres-pa- 
tentes du 6 juin 15rr (C., reg. n° 163, f° 242). 

(3) B. n° 348, f 183. Le 7 août 1456, Henriette de Haefften releva Kessel, par 
cession d'Henri de Ranst (B. 341, p.176). Celui-ci fut investi, le 6 mars 1459-60, 
comme héritier de sa mère Elisabeth de Meerhem, des villages de Boxtel 
et de Lijempde, que cette dame avait reçus, en 1439, par suite de la mort de 


158 LÉS SEIGNEURIÉS 





Charles d’'Immerseel trépassa avant le 25 septembre 
1505, jour où sa veuve fit renouveler le serment de fidé- 
lité du chef de ses fiefs (1). Elle se remaria deux fois; 
d'abord, à Jean de Grimberghe, dit d’Assche, qui mourut 
le 13 octobre 1511, et, ên dernier lieu, au chevalier Jean 
de Berchem. 

Elle lui survécut jusqu’au 2 décembre 1526 et fut en- 
terrée, à Anvers, au couvent du Val-Sainte-Anne, sous 
cette épitaphe : 


bier rust vrouwe Denriche van Ranst dochbter tot HBor- 
tel, vrouwe van Cantichrodce fbortsele en. van ÆEdecgem 
sterf Ho. 1526 de 2 decebr, en joncher 3an van Grimber- 
gben alias van Assche bacr twecde man sterf Ao. 1511 
den 13 Octobris. En. Theer Fan van Berchem Ridder baer 
derde man (2). 


4° Thierrette, qui, par son alliance avec Jean, seigneur 
de Haeften et de Herwijnen, frère d'Henriette précitée, 
devint la tante de son frère Charles. Le 22 mai 1474, 
Josse de Doerne releva pour elle la seigneurie à Vorsse- 
laer et à Beersse, avec des terres, des prairies, des rentes, 
des cens, des hommages et des tenanciers, telle que son 
père l’avait achetée de la famille de Lierre. Elle céda ce 
fief, le 10 juillet 1513, à sa fille Catherine de Haeften, 
femme de Paul de Nassau (3). 


Jean de Meerhem (B., 25, f 176). Les époux furent enterrés dans l’église de 
Boxtel, sous une plaque en cuivre, ornée de leurs portraits et de leurs quar- 
tiers et portant cette épitaphe : ut jaar 1497 den 12° dag mey s00 heeft Hendrik 
van Raust, Ridder, heer te Boxel (!), Kessel, Bannérheer en vrouwe Hendrina van 
Haften, mijn gezellin dezen zavk doen leggen : bid voor de ziel (Dietsche Warande, 1°° 
sér., Nasleclen en Abdijen gelegen ir het arrondissement *s Hertogenbosch ; rapport 
présenté en septembre1810,au maire de Bois-le-Duc, par messire Jean-Henri 
van der Does, alors membre du conseil municipal de cette ville). Adrienne 
de Ranst, susmentionnée, femme de Jean de Hornes, fut investie de 
Boxtel et de Kessel, après la mort de son père, Henri, le 12 août 1505 (B. 
348, f° 280). 

(1) B. 348, f° 207. 

(2) 1. F., VI!, p. 130. Le chevalier Jean de Berchem, écoutète de Sant- 
hoven, puis de Turnhout, chambellan de Charles-Quint, propriétaire du 
château de Bosschesteyn, à Broechem, survécut à sa femme et convola, 
plus tard, avec Elisabeth van Mechelen (voir notre notice intitulée le manoir 
de Bosschesteyn, à Broechem). 

(3) B., n° 25, 3872. 





DU PAYS DE MALINES 159 








k 
* * 


Jean d’Immerseel, fils ainé d'Henri et d’'Helvige de 
Berchem, joua un rôle important. Il devint chevalier, 
avant 1474, seigneur d’Immerseel, Wommelgem, ter 
Hameyden, Itegem, en partie, et racheta d'Henri de 
Coolhem la part que celui-ci possédait de ce village (1). 
Il fut conseiller et chambellan de Philippe-le-Beau et de 
l'archiduc Maximilien (2), et se distingua par sa bravoure 
sur le champ de bataille. Dans les lettres-patentes de 
1479, nommant Henri d’Immerseel écoutète de Lierre, 
l'archiduc qualifie Jean : onze lieve ende getruwe ridder, 
raid ende kamerlinck, her Fan van Ymmersele. Parmi les 
services rendus au pays par la famille, ce prince men- 
tionne particulièrement la conduite courageuse dont 
Jean avait fait preuve, lors de la défense de St-Ghislain, 
en qualité de capitaine de cette ville (3). 

En 1470, Immerseel conduisit les troupes lierroises en 
France contre Louis XI. Pour cette expédition, la ville 
lui avait offert un cheval dont le prix avait été de 16 
florins. 

Il semble avoir assisté à la prise du château de Nesle 
et participé à d'autres campagnes de Charles le Témé- 
raire (4). 

Par son mariage avec Jossine Tollins, dame de Bau- 
dries (Bauldry) et d'Eechaute (voir PI. II, fig. IV), Jean 
reçut la vicomté ou châtellenie d’Alost, que la famille de 
sa femme avait possédée pendant environ un siècle. Cette 
dame était fille de Jean Tollins, vicomte d’Alost, seigneur 
de Popperode, Impe et Hofstade, etc. (5), et d'Elisabeth 
Sloefs (Sloofs ou Sloeve). 





(1) Voyez l'acte de relief de son petit-fils Philippe, de 1548. 

(2) Comp. C. et M. n° 887, B. 

(3) Besunder die voers. heer Fan in ’t bescudden ende verwaren van onser stadt van 
Sinte Ghilains, hem capitaine synde van de selver stad. Le 22 mai 1474, il releva, 
comme héritier de son père, une prairie à Kessel et un cens de 14 setiers de 
seigle sur (ragelbeek et Zundert (B. 344; fol. 82). 

(4) ANT. BERGMANN, 0. cit. ' 

(5) Ce Jean Tollins (Tollin, Tollinx, Tollinckx, etc.) avait une fille na- 
turelle, Elisabeth, religieuse à l’abbaye de 4e Rozen. — Le vicomte d’Alost 


160 LES SEIGNEURIES 





ean d’'Immerseel obtint la charge d’écoutète ou mar- 
grave d'Anvers (1). Le 5 juin 1482, il assista, à Anvers, 
au mariage de Jean de Rotselaer et de Clémence de 
Bouchout. Dix ans plus tard, on le rencontre comme 
tuteur des enfants mineurs du feu chevalier Jean de 
Berchem. 

Le 26 février 1485 (n. st.), il écrit au magistrat de Ma- 
lines que les Flamands avaient tenté une descente à 
Bornhem et dans les environs et qu'ils s'étaient déci- 
dés à renouveler leur première tentative et à s'emparer 
du château de Bornhem, dépourvu de défenseurs. En 
conséquence, il prie le magistrat d’obliger ceux des habi- 
tants de cet endroit qui s'étaient retirés à Malines, à re- 
tourner chez eux ou à se faire remplacer pour la défense 
dudit château (2). 

Le 31 mai 1404, il fit pour Elisabeth van der List, 
veuve d'Olivier de Pape, le relief du manoir de ter List 
(3). En sa qualité de margrave d'Anvers, il fut investi, le 
28 août 1490, pour Englebert, comte de Nassau et de 
Vianen, seigneur de Breda, en vertu d’un contrat inter- 
venu entre celui-ci et le duc Guillaume de Juliers et de 
Berg, du château et de la ville de Sichem, du tonlieu et 
du péage de Diest, de la vicomté d'Anvers, de la moitié 
des villages de Meerhout, de Vorst, du village de Hoelede 
et de terres à Wolmersom (4). 

En commun avec un de ses frères, Jean possédait une 
rente de 15 livres de Flandre sur la seigneurie de Nor- 
derwijck, du temps où le chevalier Walter de Lierre en 


portait la bannière de la ville; il possédait 1/3 du péage vers Gand et une 
grande partie des péages et tonlieux d’Alost, la ferme de Hamme, unerente 
de 21 deniers parisis sur des terres à Haaltert,; une part dans un moulin à 
Alost et la montagne d'A lost (berg van Aelst), où s'élevait, autrefois, un château- 
fort. Les bateaux de pêche qui passaient sur la Dendre, entre le moulin 
précité et la commune de Herdersem, devaient payer au vicomte une rede- 
vance hebdomadaire de 4 deniers parisis (DE PorrErR et BROECKAERT, Ge- 
sehiedenis der stad A elst). 

(1) Il fut écoutète du 2 septembre 1494 au 4 novembre 1499 et du 15 août 
1500 au 18 février 1504-5. Les Archives générales du royaume conservent tous 
les comptes qu'il rendit en cette qualité (C., reg. n° 12904). 

(2) Original aux archives de Malines. Inventaire t. IV, p. 13. 

(GB n°2547. H%r6: 

(4) B., n° 127, f° 126, et n° 348, f° 68. 


DU PAYS DE MALINES 161 





était le feudataire (1). Il fut bourgmestre du dehors de la 
ville d'Anvers en 1484, 86, 89 et 93 (2). 

Son superbe hôtel à Anvers, dans la longue rue Neuve, 
a donné le nom à la rue Margrave. 11 l'avait fait bâtir, 
vers 1496, d’après les dessins de Dominique de Waghe- 
makere. « C'était alors une des plus somptueuses habitations de 
la ville, une véritable résidence sergneuriale. IT n'en existe plus 
aujourd'hui qu'une partie, faisant dépendance de la maison n° 
31, appartenant à la fanulle Dhams» (3). A l’occasion du 
mariage de Philippe le Beau avec Jeanne de Castille, 
dite la Folle (1497), Immerseel fit construire dans sa 
maison l’admirable chapelle, connue sous le nom de 
Chapelle de Bourgogne (4). 

Il mourut le 18 février 1503-4; sa femme l'avait pré- 
cédé dans la tombe le 20 décembre de cette année. Les 
époux furent enterrés, à Anvers, dans la cathédrale, sous 
une belle pierre, avec cette épitaphe : 


Ticr Icgct begraven Tber Fan van Lijere die men bict 

van 3mmetsclle Riddcr Tbecre van Detcgbem HBorchgrave 

* van Flcist in sijnder tit marcgrave van Antwerpen ende 

vrouwe 3osijne Collins 3ijne wettighe gescllinne HBorch= 

gravinne van Zclst vrouwe va, Popperodc 3ij sticrf anno 

xv° en Drie, xx dagke decembris Eif stiert anno xv° en drie 
den xviij en februarii. 


Dans la partie supérieure de la pierre, on voyait les 
armes d'Immerseel, aux trois fleurs de lis, au pied coupé; 
cimier : deux pieds de cheval, les fers en haut, chacun 
chargé d’un écusson aux armes de la famille. — Dans 
les coins étaient placés les quatre blasons suivants : 

IMMERSEEL (comme ci-dessus); BERCHEM (d'argent à 
trois pals de gueules); Tocrins : de sable à la face d’ar- 
gent, surmontée de trois merlettes du même; en cœur un 
écusson d'azur au lion d'or, ledit écusson à la bordure 





(Mn 45, fur. 

(2) Antaw. Archievenblad, XIV, } 

(3) AUG. THYS, Aistorique de A D d'Anvers ; 1873 à Anvers. 
(4) Voyez la monographie de cette chapelle par le Baron Jolly; Vienne, 


1858. 
II 


102 LES SEIGNEURIES 





componée d'argent et de gueules; SLOEvE : d’or à la 
bande de gueules, semée de croisettes d'argent (1). 

Les époux eurent 7 enfants, savoir : 

reed, dont nous parlerons plus tard. 

20 Henriette (+ en 1523), qui épousa Pierre d'Herbais, 
chevalier, seigneur d'Herbais, de Golart et de Duyst, 
maire héréditaire de Pépingen, fils de Pierre, chevalier, 
seigneur d'Herbais et de Duyst, maire de Pépingen, 
gentilhomme de la chambre de l’archiduc Maximilien, 
et de Catherine van Huffelen (fille de Jean et de Catherine 
Bauw), et petit-fils de Simon, chevalier, seigneur d'Her- 
bais, Morkhoven, etc., et de Catherine de Hertoghe (2). 

3° Adrienne, dame du château de Meysse, qui se maria 
deux fois. Son premier mari fut le chevalier Arnould van 
de Werve. Il déclara, le 18 février 1530-1, tenir en fief 
du duché, pour sa femme et ses deux enfants, deux dimes 
à Zundert (l’une au lieu dit Weert, l’autre au lieu dit 
Achtmale), valant 32 setiers de seigle, dimes que sa 
femme avait héritées de son frère Charles, mais dont la 
veuve de celui-ci, Marguerite Scheyffs, avait l’usufruit (3). 
Arnould van de Werve fut bourgmestre d'Anvers. Après 
sa mort, Adrienne contracta une seconde alliance avec le 
chevalier Nicolas van der Meeren. Le 7 octobre 1542, ces 
époux cédèrent définitivement au chevalier de Spangen 
tous leurs droits sur les biens de ter List, que celui-ci 
avait achetés d’Adrienne et consorts, et lui garantirent 
de le rendre indemne si le margrave Guillaume van de 


4 me D , = 
Werve et sa femme Marguerite Scheyff opéraient le 


retrait lignager de ce fief (4). 
4° Elisabeth, chanoinesse à Maubeuge. 
5° Guillaume, qui devint seigneur de Baudries et eut 
pour femme Marie Draeck, veuve de Louis de Borssele. 


(x) JF. I, 10; March. 356; C. G., n° 1511, p. 111 ; C. & M... n° 88r.B.,p-429. 

(2) Voyez le comte Pauz pu CHastEz DE LA Howarpries, Nof. généal. 
lournaisiennes. 

(92530 074. 

(4) Actes scabinaux, à Anvers, reg. sub Wesenbeek et Grapheus, n° 2, f 343. 
Le 25 septembre 1536, Adrienne d’Immerseel, veuve du chevalier Arnould 
van de Werve, fit un accord avec le damoiseau Guillaume et Marie van de 
Werve, enfant du premier (?) mariage de son époux avec Jeanne Colibrants 
(ibidem, reg. sub Ryt et Halle, f° 266). 





DU PAYS DE MALINES 103 





On la dit fille du chevalier Guillaume Draeck, docteur 
en droit, seigneur de Merxem, bourgmestre d'Anvers (en 
BIOBNT Cn 1525) et d'Anne de Borssele (1 1). Guillaume 
al nee brisa ses armes d’un lambel. 

Il fut bourgmestre d'Anvers en 1509. Il habitait la 
vaste propriété où fut créé, en 1547, le marché du Ven- 
dredi. De la succession de son oncle, Henri, il reçut le 
bien de Nuwenhove, avec la seigneurie et ses dépen- 
dances (2), et une prairie à Kessel. Il transporta cette 
dernière, le 20 janvier 1508-09, à Jean van den Steene, 
chanoine à Saint-Gommaire, à Lierre (3). Nuwenhove fut 
vendu, devant les échevins d'Anvers, à Jean Mois, en 
dépit de l'ordonnance du 13 novembre 1446, qui presci- 
vait que la vente de fiefs devait se faire devant la cour 
féodale. Par suite du partage des biens paternels, devant 
le même magistrat, 1l releva, le 5 avril 1514-5, une rente 
de 100 florins du Rhin sur la seigneurie de Rijckevorsel 
(4), rente qu’il céda, le 14 janvier suivant, à Madeleine de 
Culembourg (5). Le 25 mai 1526, il fit, pour sa femme, 
Marie Draecx, par le trépas du père de celle-ci, messire 
Guillaume, le relief de 1/12 du tonlieu et du poids public 
de la ville d'Anvers (6). Le 15 juin de l’année 1533, il 
fut investi, par achat de feu Arnould van de Werve, de 
la part que celui-ci avait eue dans les biens d'Hovorst, 
dont le chevalier Gérard van de Werve possédait une 
autre part (7). Deux jours après, il céda à Guillaume van 
de Werve, une terre de 36 bonniers, située sur les terri- 
toires de Santhoven et de V’oirschote. Il avait acheté cette 
rene ler dévmer 1533" (n. st.) du:père de celui-ci,.le 
chevalier Arnould, mais Guillaume en avait fait le retrait 





(1) D’après d’autres, Marie aurait été fille d'un premier mariage de Guil- 
laume, avec Adrienne Colensone. 

G)EB;, n°35610247. 

(8)2B;;n°349 ©1260. 

(MB; n0°%550, f109. 

(HR ns 40272) 

(O)Nb: n°55210 30: 

(7) B., 353, # 240. Les van de Werve et Draeck comptent parmi les plus 
antiques familles d'Anvers. Wihelmus de Werf et Wühelmus Draeck, éche- 
vins de cette ville, figurent dans un acte de mars 1233 (n. st.) {Cartul. de l'ab- 
baye de Saint-Michel, IT, f° 205). 


104 LES SEIGNEURIES 





lignager, devant le magistrat d'Anvers, le 20 février 
159371). 

Marie Draeck mourut avant le 25 octobre 1536. Ce 
jour, son fils Jean fut investi du fief qu'elle avait reçu en 
1526 (2). 

Elle laissa trois enfants : 

a) Jean, chevalier, seigneur de Baudries, margrave du 
pays de Rijen (1554-1574). Il s’allia à Anne, fille natu- 
relle du marquis de Bergen-op-Zoom, dont il n'eut pas 
de postérité. Il fit un procès à André et Pierre de Haze, 
héritiers de Jean Mois, en revendication de Nuwenhove, 
procès qui pendait en 1561 (3). Le 27 février 1 561, il posa 
avec Godefroid Sterck, et les deux bourgmestres, la pre- 
mière pierre de l’hôtel-de-ville d'Anvers (4). « 17 passait 
pour fort apathique en ce qui concerne la poursuite des hérétiques, 
ct Granvelle croyait que ses liaisons avec le marquis de Berghes 
contribuaient peut-être à le maintenir dans ses dispositions d'es- 
prit. En 1564, le Roi aurait voulu qu'on déposât d’Immerscel. 
La duchesse était dans les mêmes sentiments, mais, comme la 
déposition ne pouvait se faire que par voie de jushce, 1l pensait 
qu'il fallait tâcher de l'amener à donner lui-même sa démsion. 
Un peu plus tard, la duchesse écrivit au Roi, qu'il montrait 
meilleur zèle » (5). 

b) Guillaume, époux d'Hélène Ruygrok van de Werve. 

c) Marie, dame de Baudries, depuis 1529 femme du 
chevalier Corneille de Spangen, seigneur de Spangen, 
Berckel, Nagtegael, ter List, etc., baïlli de Rotterdam, 
conseiller à La Haye, bourgmestre et gouverneur d’An- 
vers. Ces époux testèrent, dans cette ville, le 24 octobre 


(x) B:, n°353, f 356. 

(2) Tb., © r8r. 

(GG) PB; n0723-855. 

(4) Chronique de Brabant et de T'landre, publiées par Cr. P10T, 1879, p. 140. 

(5) Cu. Prior, Corresp. du cardinal de Granvelle, I, 568. Ce Jean d’Immerseel 
possédait une part dans les cens et revenus de la seigneurie de ’s Graven- 
wezel, part qui formait un fief spécial, nommé Zuumerscels chyns. Il vendit ce 
fief le 18 février 1563, moyennant 105 livres de gros, monnaie de Flandre. à 
messire (Gérard Gramaye, qui le céda à Anne Tucher, veuve du cheva- 
lier Robert Haller. Les héritiers de celle-ci, messires Lazare et Jacques 
Haller d'Hallersteyn, le transportèrent, le 10 octobre 1620, devant les éche- 
vins d'Anvers, à Gabriel Stevdlin, licencié en droit (B., 148, f° 205). 








pi 


DUMPANSNDE MALINES 165 





1546. Marie mourut le 19 du mois suivant; son époux la 
suivit dans la tombe le 31 mai 1550. Il finit ses jours au 
château de Ter List. Ses parents furent Philippe de 
Spangen et Anne de Glymes-Berghes. D'après le tom- 
beau de Corneille de Spangen, les quartiers de Marie 
étaient : 

Immerseel, Tollinchkx, Berchem, Sloeve; Draeck, van de 
Werve, Borssele, Racphorst (1). 

Si l'ordonnance des quartiers maternels est bonne, la 
mère de Marie Draeck aurait été van de Werve, et non 
pas Borssele. 

6° Charles d’Immerseel, qui reçut le château de Meys- 
se et épousa Marguerite Scheyfve, fille de Pierre, appré- 
tèur de drap, en 1494, et, ensuite, receveur communaf à 
Anvers etide.sa 3° femme Marie van der Merwede (2). 
Elle vendit, de concert avec sa nièce Marguerite van de 
Werve, les biens de Meysse à Jean van der Ee, seigneur 
de Woluwe-Saint- Etienne, et à sa femme Anna ‘de Bouc- 
hout (rel. du 30 juin 1556). Après la mort de Charles, sa 
veuve contracta une seconde alliance avec Guillaume van 
de Werve, écoutète-margrave d'Anvers et seigneur de 
Vremdyck, qui devint aussi seigneur d’Immerseel. Cette 
terre resta dans la famille van de Werve. Marie-Anne, 
fille d'un autre Guillaume van de Werve (petit-fils du 
précédent) et d'Anne van de Werve, dame de Giessenou- 
dekercke, apporta Immerseel à son époux Augustin van 
de Werve. Leur fils ainé, Raymond-H y acinthe, capitaine 
d'une compagnie de 300 hommes, le transmit à son fils 
Guillaume-Raymond (procréé avec Florence van Meche- 
len), en faveur de qui le roi Charles II d'Espagne érigea 
Immerseel en vicomté, le 31 décembre 1686. Il eut deux 
femmes : 1° Barbe-Marie van der Linden, 2° Marie- 
Isabelle Boot, fille de Charles-François, seigneur de 
Sombeeck et Velthem, etc. Celle-ci, vicomtesse-douairière 
d'Immerseel, testa, le 17 janvier 1718, devant le notaire 
Jean- Baptiste Aerts, à Bruxelles, qui, après la mort de 
cette dame, inventoria, le 9 juin de la même année, les 
papiers et les valeurs mobilières de la défunte, et ce 





(x) pe CANTILLON, Délices du Brabant, II, 125. 
(2) Auc. Tays, Bulletin de la Propriété, 1887, p. 68. 


166 LES SEIGNEURIES 








à la réquisition de messire Charles-François Boot, 
seigneur de Velthem, Ophem, Somseeck, etc., et de 
Marie-Gaspardine van der Gote, douairière de Florent- 
François Boot, seigneur de Sombeeck, etc., en qualité de 
tutrice de ses enfants (1). 

Charles d’Immerseel eut deux filles naturelles : Pé- 
tronille (Payne) et Henriette (Hendrine), qui furent légi- 
timées, à Bruxelles, le 24 mai 1539 (2): 

7° Marguerite, religieuse à Amsterdam. 

Voici les 8 quartiers de. ces enfants : 

Immerseel, Berchem, de Wesele, dit Sompeke, de 
Cock; Tollins, Sloeve, Vilain, Liedekerke. 

Le tableau de la page suivante en donnera la clef. 


Jean d’'Immerseel, l’ainé des 7 enfants qui précèdent, 
devint chevalier, seigneur d’Immerseel, Wommelgem, 
Itegem, Meysse, ter Hameyden, vicomte d’Alost, proprié- 
taire du palais d'Immerseel, à Anvers. 

Par lettres, données à Lille, le 22 février 1501 (na) 
Philippe le Feau le nomma margrave d'Anvers, à la 
place de son père, mort quelques jours avant. A cette 
époque, Jean était encore écuyer {schldcnap) (3). 

Il fut aussi conseiller et chambellan de Charles-Quint, 
qui le nommait cher et féal cousin. 

L’investiture d’Itegem eut lieu le 24 octobre 1504 : 


Van Jannen van Ymmerseele, mercgreve van Antwerpen, die ontfaen 
heeft opten xxiiij dach octobris voirscreven (1504), voir stadhoudere ende 
mannen van leene, te wetene Gheert van der Weerve (!) ende Gielys van 
Berchem, het dorp ende heerlicheyt van Yefeghem mit allen hueren toebe- 
hoirten, als hem verstorven is by der doot van her Janne van Ymmersele, 
synen vader, eude dat voer fwee volle leenen, dair voer ontfaen xx ryders, qui 
valent in munten dese rekeninge vij £ x sch. grooten (4). 


(1) Minute aux Arch. générales du Royaume. 

():C;, 164, fr 77 et 176. 

(3) Jean fut écoutète pendant plus de seize ans. Les Archives générales 
du royaume possèdent les comptes rendus par lui, en cette qualité, du 19 
février 1505 (n. st.), jusqu'à li Noël 1520 (C., reg. n° 12904). 

(DCS MES Nir;s87 


/ 





Marguerite de 
Wesele, dite 
de Sompeke, 
qui épousa en 
2ts noces Wal- 
ter Bauw; 


Henri d’Im- 
merseel, seign” 
d'Itegem et en 

Meysse, + 10 
janvier 1420-1; 
——— I UN = 
Henri d'Immerseel, seigneur 

d'Itegem, en Beersse, 
Vorsselaer, etc. 


—— oo —— — 


Jean d’Immerseel, chevalier 


Jean de Ber- 
chem, seigneur 
d'Oostmalle 
(fils de Guil- 
laume — alibi 
Jean — et de sa 
prem't femme 
Isabelle 
d'Haemstede); 


Théodora de 
Cock, dite 
de Brueckom, 
damedecelieu, 
de Maesacker 
et d'Oostmalle 
(fille de Gérard 
de Cie 51 
de Kerkwijk, 
etc.. et d'Elisa- 
beth de Neder- 
veen de Pen- 
drecht, veuve 
d'Adrien de 
Fauquemont(1) 


v A — 
Helvige de Berchem. 


ne 


, vicomte d’Alost, margrave 


d'Anvers, seigneur d’Itegem, Immerseel, Wommelgem, ter Ha- 


D 


meyden, conseiller et chambellan de 
et de l’archiduc Maximilien; 





Jean d’'Immerse 





(x) Théodora était petite-fille du che 
colas et d'Engleberte de Cock de Delwijnen (@ 
(2) Jeanne de Pape était fille du chevalier Simon de Pape et de Marie van de 
de Ninove et d'une de Poppenrode, vicomtesse Nos AR ICiG nas ans 
qui nomme, à tort, Jean Tollins fils de ses 


(3) Inscriptions funéraires de la Flandre Orientale. 


(4) Fan Tollin, 


ruddere, borchgrave van Aclst ende hecre 


tyns, heere van Reseghem ende van Sente Fans te Steene 


bn à RE 


-alier Jean de Cock 
ollection du bar 


Philippe le Beau 

+ le 18 février 1503-4; 
ES = 
el, chevalier, vicomte d'Alost, 


grands-parents. 


margrave d'Anvers, 


de Brueckom (13ao) et de Béatrice 
on de Spaen, au ministere € 


van Poppenrode, relève une r 
(Le CHEVALIER DE SCHOUTIIEETE, 


Philippe Tol- Marguerite 
lins, vicomte  Vilain, fille du 
d'Alost, seign' seigneur de 
de Poppenrode  S'Janssteen; 
(fils de Josse, 
victe d'Alost, 
etc., commis en 
1421, a creer la 
loy à Gand, et de 
Jeanne de 
Pape) (2); 
3 a 
Jean Tollins,che ralier, vicomte 
d'Alost, seigneur de Poppen- 
rode, Eechaute, etc., châtelain 
de Ninove, + le 8 novembre 
1488; enterré à Alost (4). 
Jossine Tollins, vicomtesse 


ne — 


SohierouSeger 
Sloeve, seign' 
de Baudries, 
+ le 29 décemb. 
1441, enterré à 
Gand, dans 
l'église St-Mi- 
chel (fils de 
Jean, seigneur 
de Baudries, 
et de Marie 
Sersanders) (3); 


a 


Avezoete de 
Liedekerke, 
+ le 5 octobre 
1422, enterrée 
avec son ÉpOUX 
sous une pierre 
portant ces 
quartiers : 
Sloeve, Sersan- 
ders, Liede- 
kercke. Kimpe 
(fille d'Etienne 
et de Marie 
Kimpe) (3); 


nn 


Elisabeth Sloeve, dame de 
Baudries; 





héréditaire d’Alost, dame de 


Baudries, Poppenrode, Eechaute, +]e 20 décembre 1503, enterrée 


avec son époux, à Anvers, en lé 


2 


seigneur d'Itegem, etc., etc. 


glise de Nctre-Dame; 





an der Dussen, qui était fille de Ni- 
le la Justice, à La Haye). 
Moere. Philippe Tollins était fils de N., châtelain 
du prieur Henri Butkens; ibid., n° 737, ms. Voeët; 


ente comme tuteur d'Adrienne Vilain, filia Mer Mer- 
les feudataires du fays de Waes, p. 1122) 





108 LES SEIGNEURIES 





Le 9 mai1508, Jean releva : 1° de la succession de son 
père une rente de 100 fi. sur la seigneurie de Rijckevorsel, 
rente achetée par celui-ci de Gaspard, seigneur de Cu- 
lembourg (1); 2° des biens de son oncle Henri, les terres 
de Nuwenhove et d'Hagenbroeck, celle-ci avec les deux 
fermes y attachées (environs 32 bonniers), terre, qu'après 
le partage, son frère Guillaume releva le 21 février 1516-7 
(2); 3° en qualité d’héritier de son oncle Charles, la part 
de celui-ci dons les dimes de Zundert et le manoir de 
Doerne, à Lierre (3). En 1525, il'est mentionné comme 
propriétaire de la cour de tenanciers {/aethof) de Cauwen- 
dale, à Zomergem. L'année suivante, il donna en location 
sa ferme de Poppenrode, moyennant 25 livres de gros, 
4 stcenen de lin, 100 livres de beurre, à 7 blank la livre, etc. 
(4). Le 15 janvier 1509-10, il céda, par l'organe de Philippe 
Tollin et de Jean de Spliter, devant le magistrat d’Alost, 
au métier des tisserands, la chapelle de Saint-Jean-Bap- 
tiste, en l’église Saint-Martin de cette ville. Il se réserva, 
entre autres, pour lui et ses hoirs, le droit de se faire 
enterrer dans cette chapelle et d’y faire placer leurs 
armes (5). 

Par suite de la mort de sa parenté Elisabeth d’Immer- 
seel, veuve Vilain, Jean fut investi, le 19 mars 1510-r, de 
Wommelgem, d’Immerseel, de ter Hameyden, du bien 
de {en Schoete-Bevert et d'une dime y attachée (6). 

Il épousa, en 1508, Marie de Lannoy, fille de Pierre, 
seigneur de Fresnoy, chevalier, conseiller et chambellan, 
et de Jossine de Glimes, fille de Philippe, seigneur de 
Grimberghe, et d'Anne d'Hamal, et portant : d'argent à 
trois lions de sinople, armés et lampassés de gueules, cou- 
ronnés d’or ; brisé, en cœur, d’un croissant de gueules (7). 
Il lui assigna pour douaire l’usufruit de ses biens, dont 


(3) B:, 349, f°:80. 

(4) DE Porter et BROECKA\ERT, op. cit.. IL, 16, 35r. 

(3) Cette intéressante pièce a été publiée en entier par MM. DE Porter ct 
BROECKAERT. 

(6) B., 349. Ê° 260. 

GONB AR 19208, LeDANVON PATES NE 


DU PAYS DE MALINES 169 





7 


{ 


elle fit faire le relief, en la même année, par son père, 
Pierre de Lannoy (x). 

Une longue maladie ayant rendu Immerseel incapable 
de vaquer à son office d’écoutète d'Anvers et margrave 
du pays de Rijen, le souverain lui donna, le 28 sep- 
tembre 1520, pour successeur le chevalier Nicolas de 
Pierres): 

Marie de [Lannoy était déjà veuve le 2 janvier 1527, 
jour où elle vendit, avec ses enfants, l’hôtel d’'Immerseel 
à Anvers, à Georges Muytinck et à Gilbert van Schoon- 
Lee Metpérende lilustrennpenieur (3). Le r°° juillet 
suivant, Pierre van Wesenbeke releva, en vertu d’une 
procuration passée, devant les échevins de Bréda, le 
26 juin, pour Marie de Lannoy, en qualité d’usufruitière, 
et pour les fils de celle-ci, François et Charles, nu-pro- 
priétaires, Wommelgem, avec le château d’Immerseel, 
de ter Hameyden et le manoir de Doerne, à Lierre (4). 
ét Seprembre 128 rite relier d'Itésem: 


Van Meester Peter van Wesenbeke, die als gemachticht vanden sterf- 
huyse wylen heren Jan’s van Ymmerseele, opten yersten dach van Septem- 
ber anno xv'xxvii], als besetman ende tot behoef van joncheren franchois, 
als sterfman, ende Kaerlen van Ymmerssel, desselfs wylen heren Jan's kin- 
deren, aen den voirs. stadthoudere ende mannen van leene. te wetene 
Jaspar ende Gielis van den Dorpe, ontfaen heeft de heerlicheyt van den 
dorpe van Yeteghem, met hooge middele ende lege, chysen, kueren, bruec- 
ken, pontpenningen, vogelrye, visscherye ende warande van conynen, ende 
allen anderen hueren toebehorten, also men die tot {xee volle leenen hou- 
dende es. Ontfaen voir beyde de heergeweden xx ryders, die maken. 

v. @. x sch. 

Van denselven Meester Peter, die als besetman ende tot behoef van 
vrouwen Marien van Lannoy, wedue des voirs. wylen heren Jan’s, ten 
jare ende voir de selve mannen, ontfaen heeft huere tocht inde voirs. 


(1) Ce relief ne comprenait que les fiefs mouvants du duché de Brabant, 
non pas Itegem, qui ressortissait alors à la cour féodale de Malines (B., 
349, 0 81). ; 

(2) Celui-ci fut nommé à la place de ouse lieve getrouwe schiltknape, Fan, heere 
van Ynersele, bourcherave van Aelst, onse schouthet van Antwerpen ende marcgrave 
ous lants van Ryen,…… overmits zvne cranckheyt ende debilitacie van zynen persoen, 
procederende uut diversse lange ziecten ende accidencien, daermede hv langen tyt gequel, 
ende getravcilleert geweest ende noch is. (C., reg. n° 12905). 

(3) A. Tiys, op. cit. 

FORD 352; rar. 


170 LES SEIGNEURIES 





heerlicheyt van Yeteghem, ontfaen voir ‘t heergewede x ryders, vide- 
licet. ii #. xv sch. (x). 


En la même année, Marie de Lannoy afferma une 
terre de 14 bonniers à Zomergem, dépendance de Cau- 
wendale, moyennant 16 livres ‘de gros (2). 

Le 13 juin 1531, Marie van Lannoy, wethige gesellinne 
wylen heren Fans van Ymmerseel, ridders, vrouwe van Y mmer- 
ele, Leteghem, Ameyden, W ommelghem, borchgravinne van 
Aelst, etc., en qualité d'usufruitière, et son fils, François, 
nu-propriétaire, déclarèrent tenir à titre de fief du duché 
de Brabant les biens suivants 

I. Les château, village et seigneurie de Wommelgem, 
le bien de £en Schote-Beve ert, une dime à Schocte et à Bevert, 
metten hoeve van Y mmerzele ende den winhove e (59 bonniers), 
avec des cens et des arrière-fiefs. Les feudataires de ces 
derniers étaient : 1° Jean de Lierre, du chef du manoir 
de {en Schoten, à Santhoven; 2° Catherine van Wingaer- 
den, veuve de messire Jan van de W erve, tenant le bien 
de fer Bevacrt, à Oeleghem ; 30 Corneille Pot, pour une 
ferme de 26 bonniers à W ommelgem; 4° ledit Jean de 
Ferre, duvcheñid'unteens ide 6 vieux écus (schilde), 
6 chapons et de 4 livres de cire et de ecnen hooghen acrt, 
situé devant le manoir de Lippeloo; 5° Jean Racdt, 
tenant un demi-bonnier de prairie dans la banlieue 
(byvanck) de Lierre; 6° Gaspard Verbeke, une maison 
avec jardin, à Wommelgem, fief grevé d’une redevance 
de deux rasières de seigle à la mense du Saint-Esprit de 
ce village. 

IT. Le bien de fer Hameyden, avec sa basse-cour (neder- 
hof), mesurant environ 27 bonniers, avec la seigneurie et 
les appendances, savoir le château avec ses Jardins et 
des terres, d’une étendue d'environ 22 1/4 bonniers. L’acte 
établit d’une façon précise la situation de cette propriété : 
elle était limitée, au sud par Berlaer, à l’est par Itegem, 
à l'ouest par Gestel et au nord par la ‘banlieue de Lierre. 
Elle comprenait encore une parcelle de terre, dite ’{ Mo- 





RC r:835$; 
2) DE Porter et BROECKAERT, IL, 352. 


de 


DUPAYS DE MALINES IYT 





lenveld, de 2 bonniers, et d’autres terres de moindre 
importance (1). 

Le 3 octobre 1531, Marie de Lannoy fut investie, en 
présence de son tuteur ad hoc, messire Antoine van der 
Baren, seigneur de Moshkeron, d'une rente achetée de 
Henri, comte de Nassau, et constituée à elle par le fils 
de ce dernier, René de Nassau, prince d'Orange, respec- 
tivement par le tuteur de celui- -c1, Henri de Witthem, 
seigneur de Beersel. Cette rente, ‘d'une importance de 
200 florins du Rhin, était hy pothéquée sur les baronnies 
de Bréda et de Grimberghe (2). 

Marie de Lannoy mourut avant le 6 juin 1349 (3). 

Nous lui connaissons sept enfants (4), savoir : 

1° Guillaume, qui était apparemment déjà mort en 
120) 

2° François, investi, le 1 septembre 1528, d'Itegem, 
par indivis avec son frère Charles. Il releva, le 10 juillet 
1507, de concert avec ce dernier, Wommelgem, Immer- 
seel et ter Hameyden (5). Son union avec Marguer ite de 
Mengersrewt, chanoinesse à Maubeupge, fille ‘de Josse, 
seigneur de Cruybeke, etiide Marguerite de Winnezeele 
(ou Wijmerseele), dame de Baescle, semble être restée 
stérile. Toujours est-1l qu'aucun enfant ne lui survécut. 
Sa veuve se remaria à Ferry de Noyelles (6). 

3° Charles, qui mourut, sans lignée, avant le 15 mai 
1548. Il avait été investi d'Itegem avec son frère François 
ÉHEleva Ie Srtoctobre 1533, |pan suite de la mortide 
celui-ci, la totalité de cette seigneurie : 


Van Joncker Charles van Ymmersele, heren Jan’s zone, die opten lesten 
dage van octobre anno xv° xxxiij aen den voirs. stadthoudere ende mannen 


(GB %30; 7133: 

(2) B., 353, £ 4 

MB 657, ua: 

(4) Les enfants de Jean et de Marie de Lannoy possédaient un quart du 
Hof van der List, sis dans la lange Nyeustrate, à Anvers. Un autre quart en 
appartenait au chevalier Guillaume d’Immerseel, le troisième aux enfants 
de Charies d’I., et le dernier quart aux enfants d'Erasme van de Werve. 
Cet immeuble, sur lequel fut érigée plus tard la Bourse, fut vendu le 18 
février 1527-8 à Jean de Berchem, fils de Guillaume, et à trois autres. 

(SINB 25 1 1601et 243. 

(GWB:UR., n°21757, {0.24. 


172 PES SEIGNEURTES 





van leene, te weten Rombout Boeyenhals ende Jean Kerman, ontfaen 
heeft na dode Joncker Franchois, zvns broeders, tot {xc volle leenen, de 
heerlycheyt van Yeteghem, hoozhe, middel ende leghe, met alle hare toe- 
behoorten, al na wtwvysen des leenboecks daeraf synde, ontfaen voer de 
heergeweden vij # x sch. (1) 


Le 25 juin de la même année, il avait reçu, par suite 
de la mort de son frère François : Wommelgem, Immer- 
seel, ter Hameyden, le manoir de Doerne, à [rerreset 
et les biens de Schoete et de Bevert (2). Il greva ces biens, 
le 24 décembre 1539, en faveur du chevalier Louis de 
Schora, docteur en droit, membre du conseil d'Etat, etc., 
et de la femme de celui-ci, Anne van der Noot, d'une 
rente de 100 florins Carolus (3). Il fut aussi vicomte 
d’Alost et figura fréquemment parmi les hommes de fief 
du Brabant (4). Les Archives générales du Royaume 
contiennent une déclaration de Frédéric-van Cuvct, con- 
statant qu'il tenait de Charles d’'Immerseel, écuyer, vicomte 
d’Alost, {’'Hof den Zuaneneste, à Baerdeghem (5). 

Le livre féodal, établi en 1538, par Jean de Diest, 
lieutenant de la cour de Malines, nous apprend que la 
seigneurie d’Itegem, appartenant à Charles, rapportait 
annuellement 200 couronnes, et que celui-ci possédait à 
Berlaer un manoir (ridderlyke hoeve), avec bedryve van 
mamssen, van meyer ende lacten, etc. 

4° Philippe, dont il sera question plus tard. 

5° Claudine, chanoinesse à Mons. 

6° Philippote, chanoinesse à Nivelles. 

7e Philiberte, qui épousa Thierry de Grevenbroeck, 
seigneur de Loon- -op-Zand, fils de Robert (investi, le 17 
avril 1901, par la mort de son père Adrien de 2/3 du vil- 
lage et seigneurie de Mierlo) (6), et de Marie de Haes- 
tricht, dame de Loon- -op-Zand. 

Thierry avait été investi de cette seigneurie le 2 avril 


1535-6, en qualité d’héritier de sa mère (B., 20, 282) 


356, "fo 590. 
(5) ee etD;, n°4408. 
(6) B:,:348, fr58. 


Sc 


nt 


DU PAYS DE MALINES r75 





Après sa mort, Philiberte la releva, le 4 novembre 
1573 (1). (Voyez plus loin). 


Philippe d’'Immerseel, précité, devint seigneur de 
Wommelgem, Immerseel, ter Hameyden, Mevysse, Ite- 
sem, vicomte d'Alost, etc. IL releva Itegem le 28 dé- 
cembre 1548 : 


Van Joncker Philips van Ymmerssele, die opten xxviij dach van decem- 
bri anno xv'xLviij aen den voirs. stadthoudere ende mannen van leene, te 
wetene van Meesters Jan Vercammen, Jacob van Caestere ende Jan van 
Beeringen, nae doode van Jonckher Caerlen van Immerssele, zynen brue- 
der, ontfaen heeft tot {ve volle leenen die hooghe heerlicheit van den 
dorpe van Yeteghem, met hooghe ende leeghe, met heerlycke chysen, 
keuren ende breuken, etc., ende allen anderen vervallen daer onder sorte- 
rende, welcke heerlicheit van Yteschem hier voirtyts gespleten es geweest, 
vuyt dien eene helft van den voirs. heerlicheit plach toe te behoirene hee- 
ren Henricke van Coclkem, Riddere, ende des voirs. Jonckher Philips van 
Ymmerssele grootvadere, ende d’ ander helft vercreghen heeft gehadt by 
coope tegen den voirs. heere Henricke van Coelhem (!) gedaen, ergo mitter 
splytinge van dien blyft dese hcerlicheyt twee volleu (!) ende alsoe ontfaen 
dobbele heerzewede vij #. v sch. (2) 


Le 15 mai précédent, Philippe avait été investi, par 
la mort de son frère Charles, du manoir de Doerne, à 
Lierre, de Wommelgem, d’Immerseel et de ter Hameyden 
CAP intro40, 1ltrecut, commethénitier de samère, 
la rente sur Brédaet Grimberghe et la céda, le même jour, 
à maitre Pierre Vereycken, premier secrétaire et audien- 
cier de l'empereur (4). 


(1) B., 361, { 226. Marie de Haestricht et son mari avaient relevé Loon- 
op-Zand, le 21 décembre 1492. La sœur de cette dame, Thierrette, en avait 
été investie précédemment par la mort de son père, Thierry van Haestricht, 
et ce dernier en avait fait le relief, le 26 août 1473, comme héritier de son 
frère Paul (B., 20, {° 235). En 1810, cette seigneurie appartenait à Constan- 
tin-Alexandre, prince de Salm-Anbholt, duc d'Hoogstraeten. — En 1269, le: 
duc Jean I‘ transféra à Guillaume, sire de Hornes, chevalier, à titre gratuit, 
la villa de Loon, où Veuloon (BUTrKENS, I, p. 103). 

(2): C117838; M. n° 46, f° 4o et n° 48, { 86. 

(3) B., 356, f 5go. 

(4) B., 357; f 44. 


174 MESASEIGNEURTES 





Il s’allia, à Bruxelles, le 21 juillet 1545 (1), à Marie van 
(ou van den) Dale, dame de Wilre (Wilder), à Campen- 
hout (voir PI. II, fig. VI), fille du chevalier Englebert, 
seigneur de la baronnie de Leefdael (que Jean, seigneur- 
banneret de Merode, lui avait cédée le 13 octobre 1540), 
de la cour censale de Wilder et de Coelhem, membre 
du grand conseil de Malines (par lettres-patentes du 17 
janvier 1512-3), et, ensuite, chancelier de Brabant (+ le 21 
décbr. 1556, âgé de 60 ans, enterré à Bruxelles, dans 
l'église Sainte-Gudule, avec huit quartiers), et de Marie 
Ruffault (+ en 1532), fille du chevalier Jean, seigneur de 
Vieufville, Mouvaux, Lambersart, conseiller et trésorier 
général du conseil des finances, et de Marie Carlin, fille 
de messire Pierre, à Arras. 

Son père, Englebert van Daie, épousa, en 2% noces, en 
1534, Françoise le Sauvage (+ le 28 janvier 1572-3, enter- 
rée à Bruxelles, dans l'église Sainte-Gudule), fille de Jean 
seigneur de Sterrebeek, etc.,, membre du conserln@e 
. Flandre et d’Antoinette d’Oignies (2). 

Le monument funéraire d’'Englebert fut orné de ces 
8 écussons, qui représentent les quatre quartiers respec- 
tifs de ce personnage et de sa seconde femme précitée : 
VAN DEN DAELE, KETS, vAN DEN BRroECK, WIJNGAERDEN; 
SAUVAGE, BOULOGNE, OGNIES, HERINES (3). 

De son grand-père, Jean Ruffault, Marie van Dale 
hérita la seigneurie, dite ’# hof te Schiplacken (rel. du 
3 avril 1545). Elle reçut, ‘le 3 avril 1556-7, le netdieres 
ten Docrne, avec une cour féodale et une cour censale. 

Par acte, passé à Bruxelles, devant les hommes de fief 


(1) Le mariage fut béni par un prêtre de l'église Sainte-Gudule, ir cauce- 
lavia Brabantie. Le marié est qualifié honestus domicellus Philippus van Immer- 
zeele, Axtwerpiensis (Archives de l'église). 

(2) Pour les van Dale, on peut consulter AuG. vAN.DEN EYNDE, Tableau 
chronol. des écoutètes de Malines, 70, 77, 86. — Pierre v. D., échevin de Malines, 
brisa d’une croisette au haut de la bande. Gérard v. D. fut enterré avec ces 
quartiers : van den Dale, van Hofstade, Sbunden, Leck; Kets, Borsele 
(Bausel)? Schoof, Schoonejans, (v. DEN EYNDE, op cit., et Prou., stad ende distr. 
van Mechelen T, 112) Ruffault porte : d'or à trois coqs de sables à la tête de 
bouc de gueules, et membres de même. — Un Henricus de Valle, échevin de 
Malines, en 1276, scella de trois croissants (P). 

(3) BUTKENS, Tr. 








DU" PAYS DE MATINES E°7 


(x: 





du duc de Brabant, le 5 janvier 1547-8, Jean de Renesse 
fit transporter (en vertu d’une procuration, donnée, de- 
vant le magistrat de Bréda, le 19 décembre 1546) à 
Philippe d’Immerseel, pour la femme de celui-ci, Marie 
van den Dale, une rente de 150 florins Carolus, partie 
d'une rente que René de Chälon, prince d’ Orange, comte 
de Nassau, seigneur de Bréda, etc. (1), avait constituée 
à Renesse, sur sa terre de Bréda. 

Philippe mourutavant le 8 avril1551-2, jour où sa veuve 
iMPSnMestendencette rente (2) Le 22 juin 1552, la cour 
féodale de Malines sanctionna son droit d'usufruit sur la 
seigneurie d’'Itegem (voyez plus loin). 

Par son testament, Philippe d’Immerseel ordonna que 
les dettes de son frère Charles, dettes qu'en qualité d’hé- 
ritier universel 1l avait dù prendre à sa charge, fussent 
promptement amorties. À cette fin, on vendit publique- 
menmietnarnoude Doerne, 4 Pierre, comme étant de 
mince rapport (dair luttel profivts af quaeme), etrquinse 
trouvait dans un état assez délabré. Thierry Sommel 
s’en rendit acquéreur. Le 13 juillet 1552, Marie van den 
Dale, en qualité de tutrice de son fils Englebert et accom- 
pagnée de son père, Englebert van den Daele, chevalier, 
chancelier de Brabant, seigneur de Leefdael et de Wilder, 
lui céda cette propriété, devant la cour féodale de Bra- 
bant (3). Le 15 juin 1557, elle transporta à sa belle-mère, 
Françoise le Sauvage, une rente de 200 florins du Rhin 
sur la baronnie de Gaesbeek, etc., rente que Jacqueline 
de Bolouige, veuve du chevalier Jean le Sauvage, chan- 
celier de Bourgogne, avait acquise autrefois, ainsi qu’une 
rente sur Bréda et Grimberghe (4). Le 7 décembre 1557, 
elle releva la baronnie de Leefdael et la céda, le même 
jour, à Henri, seigneur de Merode, Petershem, Wester- 
loo, Perwez, etc. Sa belle-mère avait renoncé, préalable- 
ment, à l’usufruit qui lui avait été assuré de cette terre 
(5). Le 10 janvier 1567-8, Marie van den Dale remboursa à 


(1) Le duc de Brabant, au nom de qui la charte est donnée, le qualifie : 
onze lieve getruiven neve her René de Chalon, etc. (B., n° 135, 1° 445 et n° 356, f° 553). 

CB #5357 00253; 

(SE "357, 1267. 

(4) B., 358, £ 53. 

(5) B., n° 358, f° 230. 


170 LES  SEIGNEURIES 





Philippote van der Noot, veuve de Nicolas de Busleyden, 
membre du conseil de Brabant, le capital de la rente 
constituée, autrefois, par son beau-frère Charles d’Im- 
merseel à la famille de Schora (1). 

Marie van Dale posséda à Malines une maison (2) qui 
passa, plus tard, à sa fille Marie. Celle-ci reçut aussi 
Popperode et Wilder. Elle semble avoir été dame d’hon- 
neur de la reine de France, Marie de Medicis, et se 
maria, successivement, trois fois. Son premier époux fut 
Othon d’Arkel, seigneur d'Heukelom, Leyenborg, etc. 
(fils de Waleran, chevalier, seigneur desdits lieux de 
Waardenburg, Amerzode, etc., et de Catherine,hlle 
bâtarde de Charles de Gueldre) qui mourut, en 1567, 
accidentellement. Il fit, à Herwignen, en Betuwe, une 
chute d’une voiture et tomba si malheureusement que sa 
rapière lui entra par l'oreille (3). 

Les archives de la ville de Malines possèdent une 
pièce intéressante, intitulée : Zuventaris van de meublen, 
gocden, bevonden ten huyze van vrouwe Maria van den Dale, 
weduwe wylen Heeren Philippus, Heere van Ymmerselle, toe- 
behorrt hebbende wylen Heeren Otto van Arkel, Hecre tot 
[Huecklem, Leyenborch, etc., gemaect ten ernstigen versoecke 
van de Edele Youffrouwe Maria van Ymmerselle, desselfs 
Heercn Otto van Arkel achtergebleven weduwe, opten xxvy 
octobris xv° zeven entzeshich, present foncheere Bapthsta Keire- 
man ende Heer Augustyn Weyns, schepenen, ende my Charles 
Slaes, secretaris deser Stede van Mechelen. Parmi les 56 
livres imprimés ou manuscrits mentionnés dans ledit 
inventaire, on remarque les particularités suivantes 
1° De Croniche van Arckele; 2° Diversche geschreven stam- 
boeken: 3° Eenen latynschen franchynen brieff van den Heere 


(DB n08359, 10102. 

(2) Cette maison paraît être identique à celle nommée ‘? Lof van Tmmerseele, 
sise dans la rue de la Blanchisserie, et qui devint, en 1593, la propriété des 
Chartreux (Histoire des vues de Malines et de leurs monuments, par l'abbé G. VAN 
CASTER). 

(3) Voyez SIMOX vax LEEUWEX, Batavia Illustrata, 851. — Otto ab Arkel et 
son frère Charles (qui épousa Claudine Hannaert, fille de Charles, barpn de 
Liedekerke, seigneur de Niel, etc.; voir notre notice sur la seigneurie de 
Niel) furent immatriculés à l'université de Louvain, en mars 1557-8 (matric. 
aux Arch. génér. du royaume). 





DU PAYS DE MALINES D77 





van Arckel, gegeven int jaer 1305, donnmica ante Assensio- 
nein, bezegelt met eenen uythangenden zegele in groenen wasse 
acngaende de heerlyvkheyt van Hueckelem. 

Sa fille unique, Marie d’Arkel, dame d'Heukelom, 
Waardenburg, etc., étant morte, en 1595, à Arras, les 
biens de la famille passèrent à Elisabeth, sœur d’Othon. 

En secondes noces, Marie d’'Immerseel convola avec 
François, ou Jacques, de Licques, seigneur de Cresson- 
nière (Artois). Après la mort de celui-ci, elle contracta 
une troisième alliance avec Adrien de Noyelles, seigneur 
de Marles, gouverneur d'Arras. 


Englebert d'Immerseel, fils unique de Philippe et de 
Marie van Dale, reçut toutes les seigneuries de ses pa- 
rents et la vicomté d'Alost. Il releva W ommelgem, 
Immerseel et ter Hameyden, le 8 avril 1552 (n. st.) et 
Itegem le 22 juin suivant : 


« Joncker Ingelbert van Ymmerseele, sone wylen heren Philips, ridder, 
heeft ontfaen na doode zyns heren vaders tot fee volle leenen het dorp en- 
de heerlycheyt van Yeteghem met hooge ende lege ende alle andere zynen 
toebehoorten, met Janne van Brabant als besetman, behoudelyk vrouwe Marie 
van den Dale, des voirs. Jonckers Ingelbert moedere, in alle huer recht... 
xxij juny xv° li » (1). 


Comme héritier de sa mère, il releva, le 7 août 1574, 
’E hof ten Docrne, la seigneurie de Wilder et * hof te Schp- 
lacken. Il transporta ce dernier fief, le 9 avril 1507, à 
Pierre de Ranst, maitre de la chambre des comptes. 

Englebert se maria deux fois. En premières noces, il 
épousa, en 1570, Jossine de Grevenbroeck, dame de Bok- 
hoven et d'Olmen. A cette occasion, sa mère renonça en 
sa faveur à l'usufruit d’Immerseel et de W ommelgem (2). 

Le 26 février 1571-2, il releva pour sa femme la sei- 
gneurie de Bokhoven, dont le tuteur de cette dame, son 
grand-père, Thierry de Grevenbroeck, avait rendu foi et 


(1) M.,n2,f9 
(2) B. n° 367, f 71. 
17 


178 LES SEIGNEURIES 





hommage le 2 août 15671 (1). Elle était fille de Florent 
et de Cornélie d'Harff, dame de Bokhoven (2), et portait : 
d'Arkel (qui est : d'argent à deux fasces bretessées et con- 
tre-bretessées de gueules) brisé d’une bordure componée 
d'onetdesable (PM 0e VI) 

Par cette alliance, la maison d’Immerseel acquit des 
droits sur la seigneurie de Loon-op-Zand, qui ne tarda 
pas à lui échoir. 

Au sujet du château de Bokhoven, on trouve des ren- 
seignements très intéressants dans le rapport susmen- 
tionné que J.-H. van der Does adressa, en 1810, au 
maire de Bois-le-Duc. Ce personnage infère de l’examen 
des ruines, qui en subsistaient de son temps, que l’an- 
cien châtéau était de haute antiquité et avait servi de 
place forte. Il rapporte qu’on l’a fait sauter en 1672, et 
que, seules, les dépendances et la porte en ont été pré- 
servées de la destruction. Ces parties avaient été, depuis, 
transformées en habitation pour le comte. (En effet, ainsi 
qu'on le verra plus loin, la seigneurie de Bokhoven avait 
été érigée en comté, en 1640.) — Dans les années de 
1794 et 1795, les gueurres et les inondations avaient 
fortement endommagé le castel, et la pioche du démolis- 
seur avait continué l’œuvre de destruction. Du temps 
de van der Does, il n’existait plus, du manoir, que l’an- 
cienne porte, et, au premier étage, une petite salle qui 
servait de lieu de réunion aux officiers du comte, deux 
tourelles et les fossés. Le tout se trouvait entouré d'une 
muraille. 


(1) SraxISLAS BorMaxs, Les seigneuries féodales du Pays de Liège, comp. l'acte 
de relief relatif à la seigneurie d'Olmen, acte qui établit que Jossine de 
Grevenbroeck était fille du damoiseau Florent et de Cornélie de Herve, dame 
d'Olmen, et petite-fille du damoiseau Thierry de Grevenbroeck (B., n° 358, 
fo 336). 

(2) Avant Jossine, Anne d'Harff, veuve de Guillaume de Rossem, cheva- 
lier, seigneur de Suelen, et Thierry van den Boetzelaer, drossard de Clèves, 
époux d'Alice d'Harff, avaient relevé Bokhoven, comme héritiers de leur 
oncle, Jean van der Aa (S. Bormaxs, op. cit.). Les Grevenbroeck, qui por- 
tent le nom d’un château près d'Hamont, sont dits être une branche bâ- 
tarde des d’Arkel (DE MaasGouw, I, 124; Heraldichke Bibliotheek, 1876, 267, et, 
surtout, la collection de Spaen, au Ministère de la Justice, à La Haye, le 
ms., intitulé, Genealogien, IX). Le nom de la mère de Jossine a donné du fil 


DU PAYS DE MALINES 170 





Le manuscrit n° 1512 de la Bibliothèque royale (C. 
G.) contient, à la page 73, avec le millésime 1573, ces 
armoiries, qui représentent les quartiers d’'Englebert I“ 
et de sa première femme : 

Immersele, Lannoy van den Daele, Ruffault ; 

Grevenbroec, Immerseel, van ÆHorst (i. e. Harff), van 
Sintzich. 

L'écu van den Daele est ici écartelé de sable au lion 
déhbentuar Suwzich-técartelé: aux 1° et 4°, d'or à trois 
merlettes de pueules aux 2°°et15% de gueules à la croix 
d'argent. Le baron de Spaen (1) donne l’'écartelure en 
sens inverse. Ces quartiers reposent sur la filiation établie 
aux pages 160 et I81. 

Le 4 novembre 1573, Englebert releva pour sa femme, 
de la succession du grand- père paternel de celle-ci, des 
terres à Druinen (2). sr 1 juillet suivant, il fut investi, 
de la succession de sa mère, Marie van den Dale, de la 
renterde 190 {sur Bréda (3). 

Après la mort de Jossine, 1l convola en secondes noces 
avec Marie de Berlo (+ le 26 mars 1601), d’une antique 
maison, originaire de la terre allodiale de Berloz, au 
pays de Liège (PI. IT, fig. VIII). Les quartiers de cette 
dame étaient : 

Berlo, Cortenbach, Duras, Schoofs; Merode, Cors- 
warem, Bau, Boulant. 

Le tableau, qui suit trois pages plus loin, fournit la 
filiation représentée par ces quartiers. 

Le 18 mai 1595, messire Englebert d’?mmerzeele, che- 
valier, vicomte d’Alost, seigneur de Wommelgem, d'Ite- 
gem, etc, releva pour sa femme, Marie de Berlo, par 
ue de la mort de la sœur de celle- -Ci, Elisabeth, une 
rente de 200 f., hypothéquée sur le manoir d'Opstalle 
(sous Rijmenam), appartenant alors aux héritiers d’Alex- 


à retordre aux généalozgistes. Ils en ont fait : Herftt, Herst, Horst, Hers, 
etc. C'est Harff ou Harf qu’il faut lire. Cette famille porte : coupé de 
gueules et d'argent, le champ supérieur chargé d’un lambel d'argent ou 
d'azur. On trouve aussi un chef, au lieu du coupe. Les Harff portent le nom 
d'une terre près de Bergheim (Aux. de l’Acad. d'Archeol. de Belg., XIV, 407). 

(1) Ms Genealogien xi. 

(2) B., n° 361, f° 226. 

(3) Ibid., fe 258. 











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Godscalc Jeanne d’Hoe- Jean de Re- Cornélie de Hubert, sei- Sophie de Nes- Guillaume de Jeanne van der 














d'Harff (fils de men, dame nesse, seigneur  Bockhoven. gneur de selrode (fille de Merode, avoué Aa de Rande- 
Jean et d’Alve- d’Alsdorf(fille de Rijnouwen, (Gertzen et Guillaume, de Duffel, rode, dame de 
rade de Birgel). de Jean et de Hellenburg, Sintzich (fils de seigneur de seigneur de Fologne, vi- 
Jutta d'Hüls). Oudegein, Ÿ le Wyrich et Stalberg, et de Rummen, Sie- comtesse de 
CR Le mer — = 251MAlrH12NEN Marguerite de Marguerite de  vernich, Pe- Poor le 7 
Godard, seigneur d'Harff et de terréà Utrecht. Burscheidt). Merode,dite de tershem (en juillet 1404. 
rusten, qui convola, en 1521, I —= Frankenberg). partie), Pelli- 
en secondes noces, avec Jeanne Cornélie de Renesse, fille a -— nes, Puchey, # 
de Gertzen, dite de Sintzich (fille unique. Guillaume de Gertzen, seigneur le 25 DOMERLE 
de Guillaume et de Béatrice de de Sintzich. 102 
Merode). = En 
> — Béatrice de Merode (1). 
Jacques d'Harff, chevalier, dit Z Fort, seigneur d'Harff et de Re 
Rijnouwen. Elisabeth de Gertzen, dite de Sintzich. 











"+ UE 


Cornélie d'Harff, veuve en premières noces de Godefroid Turck, dame de Bokhoven et d'Olmen, biens qu'elle reçut de son 
parent Jean van der Aa; après la mort de son second mari, Florent de Grevenbroeck., elle contracta une troisième 
alliance avec Gaspard van der Lip, dit Hoen, seigneur de Blijenbeek et d'Afferden; elle était déjà morte en 1565. Elle figure comme 
veuve de Grevenbroeck dans un acte du 27 janvier 1559-60 (2). 





(1) Pour Béatrice de Mérode et ses ancêtres, on peut consulter le remarquable ouvrage intitulé : Geschichte der Familie Merode, 
par E. RicitarpsoN, pseudonyme du comte de Mirbach-Harff (Prague, 1881), et Jos. Daris, l'antique Borchgracht de Looz. Béatrice 
et son mari affermèrent, le 11 novembre 1498, le bien de Wolkenburg, entre Linzenich cet Loevenich, aux époux Reinhard et 
Mettel Kleinermann, moyennant une redevance annuelle de 8 maldres de seigle (RicrrARbsOx, II, 241). 

(2) Archives du Genootschap van Kunsten en Wetenschappen voor Noord-Brabant. 





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DU\PAYS DE’: MALINES 183 


andre Oudart (1). Le 26 du même mois, il releva une 
autre rente de 300 fl, Carolus sur la terre de Fologne (2). 
Après le décès de Marie, son frère, Jean de Berlo, comte 
d'Hozémont, seigneur de Fologne, vicomte héréditaire 
de Looz, etc., fit le relief de la moitié de la rente sur 
Opstalle, le 2 janvier 1604, mais la transporta, le même 
jour, à son beau-frère Immerseel. Le mandataire de ce 
dernier (avec procuration passée devant le magistrat de 
Bois-le-Duc, le 12 novbr. 1603), déclara, ensuite, au 
nom du edelen heere, heere Engelbert van Tmmersele, Borch- 


grave van Aelst, heer van Rameyen, (ter Hameyden) Bouchove, 


enz., que maître Nicolas Oudart, docteur en droit et 
official de larchevèché de Malines, et messire Hugues le 
Cocq, seigneur de Lyons, tuteurs des enfants de feu mes- 
sire Charles Oudart, seigneur de Rijmenam, lui ont rem- 
boursé le capital de cette rente (SG) 

Le second mariage d’Englebert semble être resté sté- 
rile. Du premier, il eut, outre un fils, dont il sera ques- 
tion plus loin, une fille, Philiberte ou Philippote, qui 
épousa, d'abord (4), Waleran, seigneur de Haeften et 
de Herwinen, et, ensuite, Thierry ‘de Bronkhost-Baten- 
burg, libre seigneur d'Anholt, fils de Jacques et de 
Gertrude de Mirlaer, fille héréditaire dé Thierry, sei- 
gneur de Milendonk, Drachenfels, Meiderich, Wolken- 
burg, Kônigswinter, vicomte de l’archevèché de Cologne, 
et de Théodora de Bronkhorst (5). 


* 
*X x 


Thierry d’'Immerseel, fils unique d’Englebert IT, naquit 
à Anvers et y fut baptisé, en l’église Notre-Dame, le 6 


(Nan? 2% partie, {77 

(2) B., n° 365, f° 383. 

(3) M., 3, f 6r. 

(4) D’après Faxxe, Coelnische, etc., Geschlechter (ad vocem Haeften), ce pre- 
mier mariage aurait été conclu en 1594. Waleran aurait été investi de Haef- 
ten le 17 avril 1577 et serait mort, en 1608, sans laisser de postérité, après 
avoir institué sa sœur, Théodora, pour héritière de ses biens. Tous deux 
auraient été enfants de Jean de Haeften et d'Anne de Spangen, fille de Cor- 
neille et de Marie d’'Immerseel (voyez plus haut). 

(5) FAHXE, Sabn-Reifferschaid. 


184 LES SEIGNEURIES 








novembre 1572. Sa naissance semble avoir coùté la vie 
à sa mère. Toujours est-1l que cette dame mourut avant 
le 10 mars 1573. Ce jour, son époux releva pour son fils, 
pour suite du décès de Jossine de Grevenbroeck, dame 
libre de Bokhoven et dame foncière (grontvrouwe) d'OI- 
men, { goet van Olmen, avec des terres arables, prairies, 
bois, rentes, cens, seigneuries d’hommages et de tenan- 
ciers, le droit d’adhériter et de déshériter et toutes les 
autres ap- et dépendances, ainsi que des terres à Drui- 
nen (1). 

Thierry céda la seigneurie d’Olmen, le 18 décembre 
1596, à Nicolas Damant, chevalier, seigneur de Boon- 
dael, Ottignies, etc., conseiller d'Etat, chancelier de 
Brabant (2). 

Le 20 décembre 1574, il fut investi de la terre de Bok- 
hoven (3). 

A son mariage avec Marie de Renesse, dame d'Ha- 
veluy (en Hainaut), sœur de René, comte de Warfusée, 
son père semble l'avoir doté du château d’Immerseel, 
avec la juridiction de Wommelgem. Cette union fut con- 
clue avant le 5 août 1603, car, ce jour, Thierry prenait 
le titre de seigneur de Venloon, Wommelgem, Haveluy, 
etc., en faisant, comme héritier de Philiberte d'Immer- 
seel, grand’ mère paternelle de sa mère, le relief de la 
seigneurie de Loon-op-Zand, nommée aussi Venloon (4). 

Voici la description de cet important fief : 


Dat dorp van Venloen, met hooghe, middel ende neder heerlicheyden, 
mit manschapen, waranden, voghelrien, visscherien, houtscat. heymaet, 
statghelt, fourfaicten, mitten slote tot Venloen, mit moeren, wildernissen, 
gemeynten,fmolenen, thienden, chynsen, assisen ende gruytgelde, mitter 
hoeven in Udenhout, ’t spongelt van den tornen op te vaert, mit twee hoe- 
ven neven t voirs. slot geleghen. Een hoeve op ’t Craenven, eene hoeve op 
te vaert ende eenenvyftich buenderen moers onder Donghen gelegen, mit 


(1) B. reg. n° 361, À 246- 

(2) B., reg. 371, f° 424. Damant testa, le 14 mai 1614, devant le notaire 
Philippe le Flameng. En septembre 1616, son gendre, Henri de Varick, 
margrave d'Anvers, etc., releva Olmen pour sa femme, Anne Damant (B., 
reg. n° 371, f° 424; comp. notre notice intitulée : Episodes inédits de la chronique 
bruxelloise. 

(3) SraN. Bormaxs, op. cit. 

(4) B., reg. n° 367, f 574. 


DU PAYS DE MALINES 185 





allen arnderen toebehoirten, welcke heerlicheyt is gelegen tusschen dit 
bosch van' Udenhout ende grondeloosen meercken ende den dyck die 
leeght achter Wailwyck ende Baerdwyck totter straten toe, die legt tus- 
schen Tilborch ende Venloen (r). 





FIG LT (2)e 


Le baron Jacques LE Roy donne, dans quelques-uns 
de ses ouvrages, une gravure, du château de Loon- Op- 
Zand. On y voit figurer dans les coins supérieurs, les 
armes d’Immerseel et de Mortmorency (plein). 

Loon-op-Zand est situé à environ quatre lieues de 
Bois-le-Duc. Le 24 juin 1587, les troupes hollandaises 
en attaquèrent le château et s’en rendirent maîtres après 
un siège acharné et un bombardement par cinq bouches 


(HEB regn020,10 235, 

(2) Fac-simile du blason d’un sire Jean de Renesse, au XIVe siècle, 
d'après l’Armorial de son contemporain, le roi d'armes GELRE : de gueules 
au léopard lionné d'or, armé d'argent et d'azur, lampassé d'azur, denté 
d'argent, et un semé de billettes d’or: casque couronné de gueules ; cimier : 
une tête et col de taureau d'argent, languée et accornée de gueules ; lam- 
brequins : d'argent. 

Notre héraut d'armes introduit dans l'écu l'émail du cimier, en repré- 
sentant‘le léopard lionné denté d'argent et armé d'argent et d'azur, ce qui est 
très original. 


4 


186 LESMSEIGNEURTES 





de feu. Mais deux mois après, le comte de Mansfeld 
réussit à reprendre ce château. Au XVIII siècle,le 
manoir, menaçant ruines, fut démoli, à l'exception de la 
tour. Plus tardivcette tour fut utilisée pour la construc- 
tion d’une nouvelle demeure seigneuriale. Celle-ci était 
habitée, en 1810, par le conseiller d'Etat V erheyen, grand 
croix de l’ordre de l'Union (x). 

Thierry d’Immerseel mourut du vivant de son père, 
avant le 4 septembre 1610. Il ne fut pas seigneur d’Itegem. 
Le 12 février 1619, Englebert I‘ releva, en qualité de 
tuteur des enfants de son fils, la seigneurie de Bokhoven, 
pour son petit-fils Englebert TI (2). 

Marie de Renesse eut l’usufruit des biens principaux 
de son époux. Le 4 septembre 1610, elle fit relever pan 
son châtelain Jérôme Benedictus, ses droits sur Loon- 
op-Zand (3), et la nu-propriété de la moitié van alle die 
diepe moeren, lanthoofden ende moerdellen gelegen in de voors. 
heerlyckheidt van Loon opt Zandt (4). 

Cette dame décéda à Utrecht, en août 1622. Sa dé- 
pouille mortelle fut enterrée le 19, au son des cloches de 
de la cathédrale. 

Dans les comptes de cette église, relatifs aux recettes du 
chef de la sonnerie des cloches, on lit : XIX Aug (1622) 
in ob. nob. et generosae Dnae. Mariac de Renesse, viduae de 
Loon, Vomelgen, Haveluy, Ameyde, lhiberac dominae de Bock- 
oven, vice-comtis. de Aelst, etc. (5). Ses quartiers étaient : 

Renesse, Nassau, Hamal, Schoendonck; Rubempré, 
Orley, Bousies, Baden. 

Le tableau de la page suivante fera connaître la filia- 
tion représentée par ces armoiries. 

Nous connaissons à Thierry et à Marie de Renesse 
cinq enfants, savoir : 

1° Englebert, à qui nous allons consacrer le chapitre 
suivant. 

2° Marie, qui devint femme de son oncle Thierry.de 


(x) Rapport précité de van der Does. 
(2) S. BorMans. op. cit. 

(3) B., n° 369, f 1100. 

(4)B:, n°120, 10235. 

(5) De Navorscher, XXXNI, p. 573. 





Anne d'Hamal, dame 

de Westmaiie, ’s Hec- 

ren-Elderen, Warfu- 
sée, Masnuy, etc. 


Frédéric de Rencsse, 
seigneur de Grim- 
merstein, Piershill, 

Oostmalle, etc., dros- 

sard dé Brëéda,conseil- 

ler de Charles V, + le 
19 mai 1538. 
LS E es 

Jean de Renesse d’Elderen, chevalier, seigneur 
de ’s Heer-en-Elderen, Oost- en Westmalle, 

Warfusée, Masnuy, Roucourt, Wasnes, Herne, 
Schalckhoven, Piershill, etc., + en 1549, re- 

marié en secondes noces à Catherine de 

Bronkhors:-Batenburg. 


mm RL ET 


Catherine de Schoen- 
donck, célibataire à la 
naissance de sa fille 
ci-dessous. 


Henri, comte de 
Nassau, seigneur de 


Bréda. 


TT, © — 
gitimée en mai 


Ysabau de Nassau, lég 
1549, par Charles-Quint (5); le 23 août 1544, 
son mari relève pour elleunerente quelui avait 
laissée René de Chalon, prince d'Orange, 
comte de Nassau, seigneur de Bréda, etc. 
(B., n° 356, fo 346). 


Guillaume de Renesse, seigneur de ?s Heeren-Elderen, Warfusée, vicomte de Montenaken 
(marié en 1581); le 26 janvier 1587, il releva pour sa femme, en qualité d’héritière de sa mère, 





les seigneuries de Scailmont et du Bois (B., 363, f' 294). 


©" 


Charles de Rubempré, 
chevalier, seigneur de 
Resves, Bièvres; le 4 
mars 1498-9, il releva, 
accompagné de son 
père et tuteur,Charles, 
chevalier, seigneur de 
Bièvres, par suite de la 
mort de sa mère, Marie 
de Montenaken, une 
seigneurie à Eversberg 
etles villages de 
Luttre et de Busey 


(B., 348, Ê° 4o) (1. 


Jeanne de Bousies, 
dame de Feluy, Gos- 
selies ; elle releva, le 

14 novembre 1545, 
comme héritière de sa 
mère, Marie de Hu- 
mière, le château et la 
seigneurie de Gosse- 
lies; son père Eustache 

de B., chevalier de 
la Toison d’or, et ma- 
réchal des armées de 
Charles V, renonca à 
l’usufruit de ces biens 

(B.,356, {9 423) (2). 


Philippe d’'Orley, 
grand-bailli du Bra- 
bant waïlon, seigneur 
de Seneffe, Tubize, l: 
Folie, Ecaussines, 
Smeyersberge, Scail- 
mont (fils de Bernard 
et d'Isabelle de 
Witthem) (3). 


Ursule de Bade, fille 
naturelle du marquis 
Christophe de LS 
nostre trés cher el très 
ame cousin, et de Da- 
moiselle Agnès de 
Keïdenick, fut léoiti- 
mée par Charles- 
Quint, en mai 1522 (4). 


Françoise d’Orley, dame de Seneffe, Tubize, 
Petit-Rœulx, Écaussines, etc., le 24 janvier 


1538-9, son père lui donna en dot une rente de 
400 fi. et la seigneurie de Petit-Rœulx (B., 354; 
436) le 14 juin 1561, son fils Charles prêta le 


serment de fidélité pour eile du chef de Scail- 
Charles de Rubempré, chevalier, vicomte de mont (B., 358, f° 311). 
Montenaken, etc., colonel, grand-baiili de Ni- 
velles et du Brabant walion, seignr de Resves, 
Bièvres, Gestel; le 24 janvier 1538-9, son père lui 
céda, en vertu de son contrat de mariage avec 
F. d'Orley, une rente de 1000 f., la seigneurie 
de Luttéal et le village de Luttre; (B., 354, 
436); le 14 juin 1561, par sa mort, son fils 
Charles releva Luttéal, Luttre et Busey 
(B., 358, f° 511). 


To SR 





Anne de Rubempré, vicomtesse de Montenaken, veuve en premières noces de Pontus de 
Noyelles, seigneur de Bours, gouverneur de Malines (6); après la mort de son second mari, elle 
convola avec le capitaine écossais Patton. Le 31 janvier 1587, elle fut investie, comme héritière 
d’Adrien de Rubemzré, de Gosselies et, par la mort de sa mère, de Petit-Rœulx (B., 363, f° 301). 





Marie de Renesse, dame d’Haveluy, femme de Thierry d’Immerseel, seigneur de Bokhoven, Loon-op-/and, Wommelgem, Immerseel, ter Hameyden. 





(1) Le 8 juillet 1508, ii céda à André de Succre, la seigneurie d’Eversberg. Jeanne de Bousies renonça à une‘rente hypothéquée sur cette terre en sa faveur. De son côté, de Succre 


et sa femme, Marguerite de Montenaken, transportèrent à 


Le 


2) Jeanne de Bousies vendit Gosselies à Marie d’Elderen, dite d’Hamel (ibid.). 
3; Philippe d’Orley transporta à Marie de Rubempré, dame de Noircarmes, veuve d:: Jean de Suinte-Aldegonde, chevalier, une rente féodaie (R., 356, f° 14). 


(4) GC, reg. n°1163, #9 333. 
(51 C., reg. n° 164, fo 250. 


Charles la seigneurie de Luttre, dont celui-ci fit don à sa femme (B., 349, f° 93). 


(6) On peut voir sur lui beaucoup de particularités dans AzEvEDO, Chronyck van Mechelen, 1, 45, 51, etc. : 





188 LES SEIGNEURIES 











Bronkhorst-Batenburg, libre seigneur d’Anholt (veuf de 
Philiberte d’'Immerseel). De sa fille, Marie-Anne, et de 
Léopold-Philippe-Charles, comte Sauvage et du Rhin, 
naquit, entre autres : Marie-Christine, comtesse Sauvage 
et du Rhin, princesse de Salm et du S. E."R;,"néeren 
1655, qui dans son testament, du 27 juin 1744, prend 
aussi les titres de comtesse d’Immersecl ct de Bokhoven (1). 
Elle mourut en la même année. 

3° Anne (-Philiberte); elle fut investie, le 4 septembre 
1610, en vertu du testament de son père, de la ferme 
d Udenhout, d’un cens, dit chyns van Reylaer, à Tilborg, 
d'un cens de 5 muids et de 8 tonnes (vaten) de seigle, le 
tout étant une éclisse de la seigneurie de Loon-op-Zand 
(2). Sept ans après, elle releva un cens, de 5 1/2 muids de 
seigle, sur une terre à Gotrle (3). 

Elle épousa, par contrat passé au château de Rumbeke, 
le 4 avril 1626, Charles de Bryas, chevalier, comte-de 
Bryas- Nédonchel, marquis de Molinghem, baron de Mo- 
riamé, seigneur de Bryas, Bristel et beaucoup d’autres 
lieux, premier pair de Liège, commandant d’un corps 
d'armée au service d’ Espagne, ‘du conseil de guerre, gou- 
verneur de Mariembourg. Ces époux testèrent, conjointe- 
ment, à Mariembourpg, le 6 février 1635. Anne-Philiberte 
d'Immerseel mourut en 1637, son mari, à Moramel 
Cn099) 

Englebert d'Immerseel, comte de Bokhoven, et Claude 
de Milendonck, baron de Pesche, furent les tuteurs de 
leurs enfants (4). Voici, d’après le comte de SainT-GENOIS 
(5), les huit quartiers de ceux-ci : 

Brias, Nédonchel, Bressonière, Biez de Fontaine, Im- 
merseel, Renesse, Gravenbroucq, Rubempré (6). 


(1) Ce testament a été publié dans les Annales de l'Académie d’Archéol. de 
Belgique, t. XV, p. 104. 

(2) B., reg. n° 20, f 235. 

(3) Ibidem, reg. n° 372, f° 63 ve. 

(4) Voir M. Lai, Archives généalogiques et historiques de la noblesse de France 
(Paris, 1844), T. IX, ad vocem Bryas, pp. 23 à 25; on y peut trouver beaucoup 
de détails biographiques sur Charles de Bryas. 

(5) Monuments anciens, 1, p. 148. 

6) Le 9 février 1636, le fils ainé, Charles de Bryas, releva, comme héritier 
de sa mère, la cense d'Udenhout (B., reg. n° 374, f° 32). 


pus 
+ 


DU PAYS DE MALINES 189 





4° Marie-Philiberte. 

5° Frédéric, qui devint, en vertu du testament de son 
grand-père, seigneur d’ Itegem et de ter Hameyden. Le 
relief de ce dernier fief eut lieu le 19 février 1628. Frédé- 
ric fut, sous le nom de Laurent-de-Jesu-Marie, carme 
déchaussé, au couvent de Charenton, près de Paris. Par 
son testament, passé à Paris, le 13 aout 1630, devant les 
notaires Boucq et de Troyes, 1] institua son frère Eng- 
lebert IT, héritier de ses deux seigneuries (1). 


Englebert II d'Immerseel reçut Itescem, en vertu du 
testament de son frère Frédéric, carme déchaussé. Bien 
que les généalogies mentionnent ce dernier comme lainé, 
nous le tenons pour le cadet des deux frères. Un acte 
du 6 août 1624, investissant Frédéric de la seigneurie 
d'Itegem et d'un manoir à Berlaer, établit qu'il était, 
alors, àgé de 14 ans (2). Or, son père étant cité comme 
mort dans un document de septembre 1610, Frédéric 
devait être le plus jeune de ses enfants (3). Nous n'avons 
pas découvert l'acte de relief d'Englebert II, relatif à 
Îtecem. C’est par inadvertance, probablement, que l’en- 
Mpistrement de cette pièce n'a pas eu lieu. Dans les 
dénombrements de la Cour féodale de Malines, on a rayé 
le nom de Frédéric et remplacé entre les lignes, par 
lui de son frère (4). Englebert II fut investi de ter 
Hameyden le 11 avril 1631 (B. 373, f 856). C'est vers la 
même époque qu'il doit avoir reçu Iteghem. — A la mort 
de son père, on avait déjà porté en son nom la seigneurie 
de Loon-op-Zand (5), et, peu de temps après (12 avril 
1612), son grand-père lui avait cédé, devant le magistrat 





(x) B., reg. 373,  S56. 

(2) C'est à tort que cet acte nomme Frédéric f#/s d'Englebert; il en était 
le petit-fils. 

BN res. n° 5, { 150. 

(4) M, n° 48, f 86. 

(5) B. n° 369, f° 1100. 


190 LES SEIGNEURIES 





d'Anvers, le château d’Immerseel et le village de Wom- 
melgem (1). Quant à Bokhoven, nous avons vu que 
Englebert I‘ en avait fait le relief pour son petit-fils en 
1619. À la mort de son grand-père, Englebert IT avait 
recu les autres biens de sa maison, parmi lesquels la 
vicomté d’Alost. Mais, malheureusement, ce patrimoine 
était grevé de fortes dettes. Déjà le 6 août 1630, le comte 
de Warfusée, tuteur d’Englebert, avait été autorisé à 
emprunter 45000 fl. et à donner, à concurrence de cette 
somme, une hypothèque sur Immerseel et les biens que 
son pupille possédait à Wolverthem (2). Le 9, respective- 
ment le ro mai 1631, messire Englebert d'Immerseel, vicomte 
d'Alost, libre seigneur de Bokhoven, seigneur de Loon, Wom- 
melgem, Haveluy, Rameyen, Itegem, Immerseel, etc., fit con- 
stituer à Jacques Roelants, chevalier, maître des re- 
quêtes du grand conseil de Malines, et à Jacques de 
Caluart, greffier du même conseil, pour un capital de 
16000 f., à 6 1/4 2h, une rente annuelle de 1000 fl. Elle 
fut hypothéquée sur les biens suivants : le château de ter 
Hameyden, avec les appendances (3); Itegem avec sa 
juridiction; un cens, appelé Heychyns, consistant en une 
redevance de deux rasières d'avoine, dù par chaque mé- 
nage ayant un ou plusieurs chevaux, et d’une rasière, par 
chaque ménage ne possédant pas de chevaux; deux livres 
censaux, comprenant des cens, l’un à Iteghem, l’autre à 
Berlaer ; une cour féodale, avec environ 80 arrière-fefs; 
le droit de lever à Itegem le vingtième denier sur les 
marchands ambulants {by wandel coop), un moulin à vent 
dans la bruyère d’Itegem; un péage sur la Nèthe, ap- 
pelé le péage d'Hillebrugge — il se levait sur les che- 
vaux, le bétail, les oies, etc. — ainsi que tous les autres 
privilèges de la seigneurie d’Itecem, tels que pêcheries, 
oiselleries, amendes, etc. (4). 

Englebert II constitua une autre rente de 1000 fi. à 
Adrien d’'Immerseel, chanoine à Notre-Dame à Tournai, 


(1) March. 

CIE NB: 

(3) B., n° 373, fo 858. 
(4) M., n° 6, fe 88, vo. 


DU PAYS DENMAETNES TO 








qui lui avait également avancé 16000 fi. (1). Ces deux 


rentes ne subsistèrent pas longtemps. Le 16 septembre 
1632, Roelants et Caluart, alors tous deux conseillers et 
maîtres des requêtes au grand conseil, firent savoir, 
devant la cour féodale de Malines, que Englebert d’Im- 
merseel leur avait fait rembourser leurs fonds. Cet acte 
établit que ce dernier était alors revêtu de la dignité de 
chevalier (2). Le 13 avril, respectivement le 7 mars 1635, 
le chanoine d’Immerseel donna une déclaration analogue 
(3). Pour dégrever ses biens, Englebert avait dü aliéner 
le château de ter Hameyden, qui avait été l'apanage de 
sa maison, pendant plus de deux siècles et demi. Les 
acquéreurs furent messire Baudouin le Cocq, seigneur de 
Wulvergem, etc., et sa femme Françoise van Laethem 
(relief du 7 mai 1635) (4). 


(x) Ibid., f or. Cet Adrien d’Immerseel était fils d’un Jean d’Immerseel, 
mort à Anvers en 1612, IIX (!) kalendas Martü, et d'Agnès Fasse. La pierre 
funéraire de ces époux était ornée de leurs deux quartiers respectifs, 
SavOIr : 

Immerseele, Fasse; de Smidt, van Cruningen. L’écu des Immerseel était 
brisé, en cœur, d’un ce de gueules (J. F. VI!, 199). Ce Jean était fils 
de François d’Immerseel et d'Anne, fille de V incent de Smidt. De quelle 
façon cette branche descendait-elle des seigneurs d’Immerseel? Nous ne 
sommes pas à même de répondre à la question, mais nous croyons que le 
rattachement remonte, au moins, au 15° siècle. C’est aux archives de la 
ville d'Anvers à donner la solution de ce problème. Quoiqu'on en ait dit, 
nous ne saurions admettre a priori que cette branche soit issue de la souche 
principale par batardise. 

Du temps d'Englebert IT, un frère du susdit Adrien, Guillaume d’Immer- 
seel, gentilhomme de la maison royale, conseiller et receveur général des 
domaines au quartier d'Anvers, s'adressa au roi Philippe de Castille et ex- 
posa qu’il était descendant d’une famille d’ancienne noblesse, dont le chef 
actuel était Englebert, vicomte d'Alost, baron de Bokhoven, et qui portait 
depuis plus de. 500 ans (sic!) : d'argent à trois fleurs de lis de sable, et pour 
cimier : deux demies jambes de sable, les fers d'argent, les clous de sable, chacune 
chargée d’un écusson aux armes de l’écu. Il sollicita du roi, pour lui- 
même, et ses frères, le chanoine Adrien, Chrysostome, Vincent, et leurs 
descendants, la permission de faire supporter leurs armes par deux gros 
chiens ou levriers d'argent, jacquez de sable et garnis d’or, comme s’use à la chasse des 
sangliers. Le roi fit droit à cette requête et octroya aux frères, en outre, une 
couronne d’or à la place du bourrelet; 22 sept. 1629 (C. G., Portef. 622; cop.). 

DAME 6, 2156, DB: 374, 1° 16: 

EN, 160: v°. 

(4) March., p. 250. Le 19 avril 1636, B. le Cocq fit payer par son frère, 


FRET ES 


192 LES SEIGNEURIES 


p2 





Pour récompenser les bons services rendus par Engle- 
bert II d’'Immerseel, pendant les guerres contre la Suède 
et la France, l’empereur Ferdinand IIT érigea en comté 
sa seigneurie de Bokhoven, par lettres patentes du r2 
ou 17 février 1640 (1). 

Un des principaux arrière-fiefs, relevant du seigneur 
d'Itegem, était un chyns- ende keurbocck, betreckende binnen 
den dorpe ende heerlyckheid van Yttegem. Par achat de 
Martin d'Astrel, seigneur de Beauquesne, messire Nico- 
las Rubens, seigneur de Rameyen, en fut investi le 14 
septembre 1643. 

Le prix de vente était de 500 florins Carolus (2). 

Englebert II eut pour femme Hélène de Montmorency 


messire Ferdinand le Cocq, seigneur de La Motte, Bruynaert, etc., à Cor- 
neille Eywerven, 10652 fl. 2 1/2 sols, capital et arrérages d'une rente de 510 
f. du Rhin (B. 374, f 36). Baudouin le Cocq vendit ter Hameyden (Ramayen, 
Ramay), en 1643, à Nicolas Rubens (fils du grand peintre) et à sa femme 
Constance Helman (rel. 28 mai 1643). Par la mort de Nicolas, son fils, mes- 
sire Albert-Marie, en fit le relief le «6 octobre 1670 (March., 259). Le 30 juil- 
let 1672, ce dernier feudataire étant passé de vie à trépas, les enfants de 
feu Nicolas Rubens relevèrent Ramayen par indivis, en faisant inscrire 
pour homme-mortuaire du fief Philippe Rubens (B. n° 377, f° 292). Pour 
l'histoire postérieure de ter Hameyden, on peut consulter notre notice sur 
la seigneurie de Berlaer. 

(1) J. Le Roy, Erection de toutes les terres, 25; BUTKENS, I, Suppl., 365. Le 
30 juillet 1648, le pasteur de Bokhoven attesta que cette seigneurie ressor- 
tissait à la cour féodale de Liége (S. BorMaNxs, op. cit). 

(2) Dans la seconde moitié du XVII: siècle, Jean-François de T’ Serclaes, 
s' de Norderwijck, se qualifiait aussi, parfois, mais à tort, de seigneur 
d'Itegem. Il y possédait : eenen chyns- ende leenboeck van den heerlycken lacthove 
van Nodderwych, resorterende onder den dorpe van Iteghem, met het recht van stellen 
van meyer, greffier, cxde lacthen, mitsgaeders de ponthenningen, chynsen, goedenissen 
ende relieven der leenen, genaemt het laethof van Nodderwyck, bestaende in 58 items. 

Ii vendit ce fief, le 11 juillet 1679, devant le notaire Vrancex, à Lierre, à 
Agathe Breedhoeck (relief du 21 octobre 1679). 

Plus tard, le bien appartenait à François Kersselaers. Par suite de la 
mort de celui-ci, il fut relevé, le 21 mars 1772, pour ses filles dont l’aînée, 
Jeanne-Dimphne, fut inscrite comme femme mortuaire. Attribué au partage à 
sa sœur Marie-Catherine, qui était morte, sur ces entrefaites, la fille de 
celle-ci, Thérèse-Bernardine Mutsaerts, femme de François-Jean van Eeck- 
hoven, pharmacien à Lierre, en fut investie le 4 avril 1772. Celle-ci était 
alors, âgée de 36 ans {Cour féodale de Malines, passim). 





DU PAYS DE MALINES 193 





IP me IX), quimourutile x3yuillet,1648 (x). Il lui 
survécut jusqu'au 26 septembre 1652. Les époux furent 
inhumés dans l’église de Bokhoven, sous une superhe 
tombe, en marbre blanc, rouge et noir, sculptée par Artus 
Quellijn. Cette tombe est, encore de nos jours, un des plus 
beaux ornements de ce temple. D’après la Notitia Mar- 
chionatus S. R. I., elle porte l'inscription que voici : 


D. O. M. Et perpetuae Memoriae Monumentum Illustrissimi Domini 
Engelberti d'Immerselle. Comitis de Bockhove et S. KR. I., Vicecomitis 
Alostani, Toparchae de Immerselle, Wommelgem, Itegem, Loon, Have- 
luy, Eeckhout, etc., qui obiit xxvi. Sep. MDC.LII. 

Et Illustrissimae Dominae Helenae de Montmorency fil. natu maximae 
Iilustrissimi Joannis de Montmorency, Principis de Robecq, Comitissae 
de Bockhovre et S. R. I. Vicecomitissae Alostanae, etc., quae obiit XIII. 
Julii anno MDC. XLVIII. 


Les archives que nous avons pu consulter, nous ont 
fait connaitre sept enfants de ces époux, savoir : 

1° Théodore, qui reçut plusieurs biens en 1653, et mou- 
rut le 23 mai 1654. On voyait à l’église de Bokhoven son 
obit, portant les quartiers : IMMERSELLE, RENESSE, 
MoNTMORENCY, LENS. 

2° Thomas-Ienace, dont nous parlerons plus loin. 

3° Isabelle-Marie, qui devint la femme de Jean de 
Wassenaer, libre seigneur de Warmont, Hazerswoude, 
Druinen, Gansoyen, etc., veuf d’Isabelle-Marie d’'Haes- 
tricht, dame héritière, de Druinen et Gansoyen. Il était 
fils de Jacques, seigneur de Warmont, et de Jacqueline 
de Matenesse, fille de Nicolas, seigneur d'Hazerswoude. 

Les quartiers de Jean de Wassenaer se posent ainsi : 

Duvenvoorde-Wassenaer, Vaikenaer, Egmont, Botber- 
gen; Matenesse, Lockhorst, Bronkhorst. 

4° Marie-Philiberte-de-Saint-Joseph, carmélite dé- 
chaussée, à Lille. 

5° Jeanne-Ursule, chanoinesse à Maubeuge, en 1648, 


(1) Elle fonda un anniversaire dans l'église d’Itegem. Le 19 octobre 1653, le 
receveur du village paie, de ce chef, 100 fi. à l’église. A son tour, Englebert 
d'Immerseel fonda, le 29 août 1652 (probablement par son testament), dans 
l’église d’Itegem, une chapellenie à laquelle il assigna plusieurs biens situés 
dans ce village. Ils furent confisqués sous le régime français et, en 1824, 


revendiqués par le curé (Manuale, à la cure d’Itegem). 
1 


194 LES SEIGNEURIES 





qui épousa, avec dispense du 2 août 1671, Antoine-Ignace, 
comte de T'Serclaes de Tilly, sénéchal héréditaire du 
comté de Namur. 

6° Balthasar-Eugène, immatriculé à l’université de 
Louvain, le 15 novembre 1661, comme « perillustris 
Dominus Eugenius d'Ymmersel et S. R. I. comes de 
Bouckhoven » (1). 

7° Maître Ignace, jésuite. 

Les quartiers de ces enfants sont : Zmmerseel, Renesse, 
Grevenbroeck, Rubempré, Dale, Nassau, Harf, Orlev, Mont- 
morency, Lens, Saint-Omer, Noyelles, Vilain, Habart, Ye, 
Lille. 

Le tableau de la page 195 donne la filiation représentée 
par les huit quartiers maternels. 


Englebert IT étant décédé, son fils Thomas fit relever 
— en vertu du testament de ses parents, du 18 juin 
1048 (2) — le 12 février 1652, la seigneurie d’Itegem, 
avec ces ap- et dépendances. Maitre Jean Wijelems, pen- 
sionnaire d’Alost, administrateur des biens laissés par le 
défunt vicomte d’Alost, se constitua son homme-servant 
(besetman) (3). 

Le comté de Bokkhoven et la vicomté d’Alost échurent, 
d’abord, à l’ainé, Théodore, qui releva aussi, le 1° dé- 
cembre 1653, le château d’Immerseel avec le village de 
Wommelgem et les appendances, les biens de Schote- 
Bevert, etc. (4). Théodore étant mort peu après, son frère 
puiné, Thomas, fut investi, le 21 août 1654, d'Immerseel, 
de Wommelgem, etc. (5), le 8 août 1657, et le 22 février 
1658, du comté de Bokhoven (6). 


(à) Matricule de cette université, aux Archives générales du royaume. 

(2) Ce testament, sous forme mystique, avait été endossé, le même jour, 
par les échevins de Loon, et ouvert, devant le secrétaire du même village, 
le 25 août suivant. 

(3) M., reg. n° 10, f° 134 vo. 

(4) B., reg. n° 375, { 126. 

(5) Ibidem, 149 vo. 

(6) SraN. BoRMANS, of, cit. 


François de 
Montmorency, 
seig” de Was- 
tine, Berzée, 
etc.; depuis la 
mort du comte 

de Hornes 
(1570), chef de 
la maison, co- 
lonel d’un régi- 
ment wallon, 
commandant 

de Lille, de 
Douai et d’Or- 
chies,ïen:1504. 


Hélène Vilain, 
mariée en 1550; 
dame d’hon- 
neur dela reine 
de Hongrie 
(fille d’Adrien, 
seigneur de 
Rassenghien, 
vice-amiral des 


Pays-Bas). 


I, "| 


Jean de Saint- 
Omer, cheva- 
lier, vicomte et 
gouverneur 
d’Aire, seig' de 
Morbecque, de 
Dranoutreetde 
Blessv,gouver- 
neur, Capitaine 
et souverain- 
bailli du chà- 
teau de la 
Motte-au-Bois 
(fils de Fran- 
çois, seig' de 
Morbecque et 
d'Antoinettede 


Jacqueline 
d'Yve.damede 
Robecque (Ar- 
tois), de Souve- 

rain-Moulin 
(fille de Louis, 
seig' de Serry 

et de Rune- 
schuere, et de 

Marguerite 
de Halewyn, 

dame de Ro- 
becque, etc.). 


Louis de Montmorency, seig' 
de Beuvry, lieutenant-colonel 
au régiment de son père; il prit 
Ostende, en 1585, et y fut tué le 
30 mars de la mème année, à 
l’âge de 3r ans. 


+ 


Bailleul). 
Te ER 
Jeanne de Saint-Omer, mariée 

par contrat du 31 juillet 1577. 


TE 


Jean de Montmorency, premier prince de Robecque, comte 
d'Éstaire et de Morbecque, vicomte d’Aire, baron d'Haveskercke 
et de Wastine, seigneur de Berzée, Boche, etc., chevalier de 
l’ordre de la Toison d’or; ambassadeur, en Espagne, en 1630; 
+ à Malines, en 1631. 





Bonne de 
Habart, baron- 
ne d'Aubigny. 


Gilles de Lens, 

seigneur d'Aix 

(fils de Gilles, 

seigneur d'Aix, 

et d'Antoinette 
de Guy). 


TT, 


Gilles de Lens, baron des deux 
Aubigny, seigneur de Habart, 
Warlus, colonel de dix com- 
pagnies wallonnes; veuf en 
premières noces de Marie de 
Douvrin. 


Adrien de 
Noyelles, seigr 
de Croix et de 

Maretz, Ÿ en 
1578 (fils de Phi- 
lippe et d’Isa- 

belle de Lu- 
xembourpg). 


I 


Françoise de 
Lille, Ÿ en 
1589 (fille de 
Jacques, seigr 
d’Aisrel et de 
Jacqueline de 
Ligne). 


——" 


Jossine de Noyelles, chanoi- 
nesse à Nivelles, veuve en pre- 
mières noces d'Antoine de 
Witthem, seigneur d’IJssche. 


Madeleine de Lens. 


I 


SP — —" " "" 





Hélène de Montmorency, femme d'Englebert II d'Immerseel, comte de Bokhoven, vicomte d'Alost, seigneur d'Immerseel, 
Wommelsem, Itegem, etc. (1). 








(x) Ce tableau a été dressé à l’aide des ouvrages français et de certains manuscrits de la Bibliothèque royale. 


196 LES SEIGNEURIES 





En vertu d’une dispense du 1* août 1660, Thomas- 
Ignace s’allia à Madeleine-Fançoise de T’Serclaes de 
Tilly, chanoinesse de Nivelles, fille de Jean-Werner, 
comte de T'Serclaes, de Tilly et du S. E. R:, baron 





















































de Marbais, seigneur de Templour, Balâtre, Bossières, 
Hollers, Golzinnes, Boves, Viefville, des deux Isnes, de 
Montigny-sur-Sambre, Heeswi]k, Dinter, Berlicum, etc., 
et de Marie-Françoise de Montmorency, dame de Bou- 
Chelem, Maniféry, etc. (sœur. d'Hélène précitée}/#er 
petite-fille du comte Jacques de T’Serclaes, etc., et de 
Dorothée, comtesse d'Ost-Frise. Ce comte Jacques était 
un frère du célèbre général de la guerre de Trente 
ans (1). 


(1) Le blason des T’Serclaes, que nous donnons ci-dessus, est la repro- 
duction, réduite, d'une gravure de Jacques Harrewijn, graveur à Bruxelles, 
au XVII® siècle. Il représente, en écartelure, les armes des Montmorency, 


DU PAYS DE MALINES 197 





Le contrat de mariage fut signé au château de Tilly, le 
11 septembre 1660, par devant le notaire Em. du Ry. 
Le futur époux apporte au mariage : le château et le 
comté de Bokhoven, avec ses bois, et environ 151 #arc- 
ques de prairie; le château et la seigneurie de Loon-op- 
Zand, avec un moulin, des droits d’ écluse et cinq censes, 
situées dans ce village : la seigneurie d'Haveluy, avec 
haute et basse justice: la vicomté d’ Alost, estant fieff de 
Flandre, avec le moulin à eau, motte et prairie, sciltuez dans 
ladite ville, avec touttes les jurisdictions et préminences; les 
seigneuries d'Immerseel et de Wommelgem; la cense de 
Somergem, près d’Alost, avec 50 bonniers de forêt (eue 
droit censal sous Boom, avec 140 bonniers de bois, nommés 
le bois de Steyl; 51 bonniers de marécage (mours), 
sous Dongen (baronnie de Bréda), relevant du prince 
d'Orange; une rente de 2000 |. (rachetable par 40,000 f1.), 
à charge d Eugène de Montmorency,prince de Robecque; 
une part dans un capital d'environ 30,000 f., hypothéqué 
sur Heeze et Leende et provenant de la succession de 
René de Renesse, comte de Warfusée; la . 
d'Itegem, avec le moulin et les biens d'Hillebrugge : 
cense de Calenberge, avec des bois et des bruyères, et un 
moulin à vent à Nilen. 

L'apport de la future consiste en une rente de 2000 fi. 
monnaie d'Emden, à charge du prince d’Ost-Frise, rente 
dont l'époux aura l'usufruit dans le cas où sa femme 
viendrait à mourir avant lui, sans laisser de postérité. 
Dans cette éventualité, cette rente écherra, après la mort 
du mari, au frère de la fiancée, le comte Maximilien de 


Ost-Frise, Lalaing et Autriche,avec, sur le tout, l'écu des T'Serclaes, dont le 
lion est chargé, sur l'épaule, d’un écusson, aux emblèmes des Bigard. Doro- 
thée d'Ost-Frise était. en effet, la fille du comte Maximilien d'Ost-Frise, 
chevalier de la Toison d'or, et de Barbe de Lalaing, et petite-fille du comte 
Jean d’Ostfrise, également chevalier de la Toison d'or, et de Dorothée 
d'Autriche. Celle-ci était une fille légitimée de l’empereur Maximilien I. 

Notre aimable collègue, M. le comte de Ghellinck d’Elseghem, à qui 
nous avions demandé des renseignements sur les armoiries de cette branche 
des T'Serclaes, auxquels il est allié lui-même, a bien voulu nous offrir cette 
intéressante gravure. 

(1) D'après le testament des époux, cette forêt était dénommée le bois 
d'Immerseel, 


198 LES SEIGNEURIES 





T'Serclaes, ou à un autre enfant des parents de celle-ci, 
suivant leur testament. | 

Pour douaire, Thomas-[gnace d’Immerseel assure à 
sa future, une rente annuelle de 6000 f., qu’il y ait des 
enfants on non, et un capital de 10,000 f., pour sa chambre 
estouffée, que luy appartiendront franchement. 

Il lui assigne, ensuite, pour résidence de veuve, son 
château de Bokhoven, avec jouissance de la basse-cour et 
des jardins. Après le décès de son époux, elle pourra 
demeurer, avec tous ses gens, pendant six semaines, 
dans la mortuaire, aux dépens des héritiers, et sera libre 
de reprendre sa rente, ses habits, linges, bagues et joyaulx.… 
et une carosse attellée de six chevaulx (1). 

Les jeunes époux passèrent leur lune de miel au chà-. 
teau de Loon-op-Zand. 

En date du 25 octobre de la même année (1660), leur 
contrat fut enregistré à la Cour féodale de Brabant (2). 

Peu de temps avant son mariage, Thomas avait pris 
des arrangements avec ses frères et sœurs, au sujet de la 
succession de ses parents, et leur avait constitué, par 1n- 
divis, une rente fidéicommissaire de 7200 f1., qui fut hy- 
pothéquée sur le comté de Bokhoven, la vicomté d’Alost, 
ses seigneuries et d’autres biens. Le 18 août, messire 
Balthasar-Eugène d’Immerseel fut inscrit comme homme 
mortuaire (sterfman) de cette rente (3). 

Thomas-I[gnace eut un procès avec Thomas-Waleran, 
baron d’Arkel, seigneur d’Amerzode et Well, au sujet de 
la pêche dans la Meuse. Le 6 juin 1670, son adversaire 
reçut une confirmation de son droit de pêcher dans ce 
fleuve, le long de ses propres seigneuries précitées, de 
Hedel, à Nederhemert, et le long de Bokhoven. Le 20 du 
même mois, Immerseel fut condamné pour avoir établi 
des bâtardeaux sur le territoire de Bokhoven et s'être 
approprié des alluvions à Amerzode. Le jugement portait 
qu'il aurait à démolir les digues créées par lui dans cette 
dernière localité (4). 


(1) B., reg. n° 150, f° 146. 

(2) Ibidem, reg. n° 375, f° 323; comp. Srax. BoRMANS, op. cit. 

(3) M., m° xx, 186. 

(4) Wegens het uitsteken van kribben in de Maas, van het vasteland van Boekhoven 


DU PAYS DE MALINES 199 








Le 12 avril 1672, le hoochgeboren ende doorluchtighe heere, 
heere Thomas d'I mmerselle, comte de Bokhoven et du 5. 
FE: R.; etc., etc., vendit, moyennant 58000 fi. , payables 
le jour de la mise en possession, à Jean Gansacker, les 
biens suivants : la seigneurie et le village d’Itevem, avec 
toutes leurs ap- et dépendances, livres censaux et féo- 
daux, le droit de pontpenningen; un livre censal streckende 
op die panden onder de heerlycheyt Ballaer (Berlaer) ; le mou- 
lin à vent à Itegem, la ferme et les remises (1) à Hille- 
brugge, avec des terres et le péage, le tout formant deux 
amples fiefs du pays de Malines; une ferme, dite Calen- 
berchhocve, mesurant environ 24 bonniers, avec le moulin 
de Calenberch, et environ 70 bonniers de bruyère, dite de 
Coelsche- où Ketsche-Heye, et des bois sous Bevel et Nijlen. 
Ces derniers quatre biens relevaient du comté d'Hoog- 
straten (2). 

Le 2 mars 1672, noble ct illustre seigneur Thomas-Ignace, 
comte d’Immerselle, de Bokhoven et du S. E. R. et son 
beau-frère, Antoine-[onace, comte de T’Serclaes, de Tilly 
Étiduis ER. (65), :prirent, en présence de: Marie-Fran- 
çoise de Montmorency, comtesse-douairière de Tillv, un 
arrangement au sujet de rentes, provenant de la succes- 
sion de leur mère et belle-mère respective et de la succes- 
sion de Balthasar-Eugène d’Immerseel. Celui-ci avait 
testé à Saint-Omer, le 23 août 1669. Le 23 avril, Jeanne- 
Ursule d’Immerseel, née comtesse de Bokhoven, comtesse 
de Tilly, ratifñia cet arrangement, devant le maïeur de 
Marbais, et renonça, ensuite, à sa part dans la rente hy- 
pothéquée sur Itechem. Le 2 du mois suivant, le recteur 
du collèsce des Jésuites de Malines et maitre Ignace 
d’ Immerseel, Snieconnurent idevantile notaire de 
Villers, avoir reçu de Thomas- Ignace, comte de Bokho- 
ven, la somme de 10000 fl. , part légitime dudit Ignace, 
et consentirent à la purge de la rente sur Itegem. Moy en- 


legen de oude inlage, in het afbreken van het schoor en de schoordyken van À merzode 
(Navorscher, XXVIII, 336). 

(1) Huysinghe ende vuytspanninghe. 

BEN nor, 10334 

(3) IL était fils de Jean-Werner de T'Serclaes et de Marie-Françoise de 
Montmorency, précités. 


200 LES SEIGNEURIES 





nant le paiement d'une somme de 6000 f., Sœur Marie- 
Philiberte de-Saint-Joseph, nommée, autrefois, Marie- 
Philiberte d’'Immerseel, accompagnée de la prieure, de 
la sous-prieure et d’une simple religieuse du couvent des 
carmélites déchaussées, de Lille, donne une déclaration 
analogue, devant le notaire Desmadril de cette ville. 
Enfin, le 8 mai, Isabelle-Marie d’Immerseel, née com- 
tesse de Dokhoven, renonça, de l’aveu de son époux, 
Hooch edelgeboren Heere, Heer chan van Wassenaer, Vry- 
heere van Warmondt, Hazerswoude, Druynen, Gansoyen, ctc., 
par acte passé devant le baïlli de la seigneurie libre de 
Warmont, à sa part dans l’hypothèque sur Itegem, sous 
réserve de ses droits. En conséquence, Denis Kempenaers 
fit casser cette hypothèque, le 25 juin, de sorte que le 
nouveau maître d’Itegem possédait cette seigneurie libre 
de toutes charges (1). 
Thomas-Ignace et Madeleine de T’Serclaes firent leur 
testament devant le notaire [Jean-Baptiste Desmaretz, à 
3ruxelles, le 21 juin 1672. Les testateurs expriment le 
désir d'être enterrés dans l’église de Bokhoven, dans la 
tombe du père et du frère aîné du comte. Ils lèguent à 
leur fils, Ferdinand-Albert : Bokhoven, Loon-op-Zand, 
Immerseel, Wommelgem, Haveluy, la vicomté d’Alost, 
la cense de Somergem, avec le bois, dit d’Immerseel, qui 
y est attaché, les bois près de Boom (ne représentant 
plus, alors, qu'environ 96 bonniers), les marécages de 
Dongen; une rente de 1000 florins, due par le prince 
de Robecque, et une autre rente, de même import, que 
celui-ci devra leur servir à partir du décès de sa mère; 
la rente de 2000 f. apportée au mariage par la testatrice; 
la cense d’Heuringhen, achetée par Thomas, dans l’année 
suivant celle de son mariage; la cense d'Udenhout, que 
le défunt comte Théodore avait achetée après la mort de 
son père; la part des testateurs dans la succession du 
comte Alexandre de Warfusée et, enfin, tous biens et 
rentes qu'ils pourraient acquérir par la suite. Les trois 
filles, Isabelle, Jeanne et Marie, auront, chacune, une 
rente annuelle de 800 fl. que leur frère devra leur servir. 


(x) M°;trep."n° 13/0340. 


DU*PANSM DEMMATLINES 201 





Ces rentes retourneront à celui-ci dans le cas où les ren- 
tières viendront à mourir sans lignée. Il sera, toutefois, 
loisible, à chacune des trois sœurs, de disposer d’une 
somme de 5000 fl. sur le capital de sa rente. — Le 
document que nous analysons nous apprend que la 
comtesse de Bokhoven se trouve dans une position inté- 
ressante. En cas que Dieu luy faise la grace d'accoucher, et que 
ce soit un fils, celui-ci aura, pour sa part, la seigneurie 
d'Eechaute, en Flandre, et une rente de 1200 florins. Si 
l'enfant à naître est une fille, elle aura une rente de 
800 f., dans les mêmes conditions que les trois sœurs 
précitées. Le seigneurie d'Eechaute sera sujette à fidéi- 
commis, au profit du comte Ferdinand-Albert. Dans le 
cas où ce dernier passerait de vie à trépas, sans laisser 
de postérité mâle, les biens à lui légués écherront à un 
_de ses frères, par ordre de primogéniture. En tout état 
de cause, l'héritier aura à payer à chacune des filles 
légitimes de son ou de ses frères une rente de 800 fi. 
Toutes ces rentes ressortiront au fidéicommis; elles 
retourneront, le cas échéant, à l'héritier de la maison. A 
l'extinction de la branche masculine, les biens seront 
attribués à l’ainée des filles des testateurs, sous la con- 
dition expresse qu’en cas de mariage l'époux et les des- 
cendants prendraient le nom et les armes d’Immerseel, 
à peine d’estre descheue de ceste substitution. L'héritière fidéi- 
commissaire sera tenue de verser, à chacune de ses sœurs, 
un capital de 15000 fl. À la mort de la dernière repré- 
sentante des testateurs, le plus proche parent, qui vou- 
dyat accomplir lesdites conditions, recueillira les biens de 
la famille. 

Les fils, les filles, ou leurs descendants, qui entreraient 
en religion, devront se contenter d’un capital de 5000 f|. 
Le comte dé Bokhoven exprime le désir que sa femme 
se charge de la garde-noble des enfants, avec le concours 
de l'avocat Paffenrode. Elle aura, en cas d'acceptation, 
l'usufruit des biens, jusqu'à la majorité du fils aîné, et 
la jouissance des rentes, jusqu’à la majorité des filles ou 
jusqu’à leur mariage. Si elle refuse d'accepter la tutelle, 
elle aura pour douaire une rente de 6000 fl. et un ca- 
pital de 10,000 f., pour chambre estoffée, conformément 
aux stipulations du contrat de mariage. Pour la cas où 


202 LES SEIGNEURIES 





elle aurait eu l’usufruit de la succession, pendant trois 
années, le capital de 10000 fl. serait supprimé. Si la 
comtesse venait à contracter une nouvelle alliance, le 
Seigneur Baron de Warmont (Wassenaer) devrait prendre 
la tutelle des enfants. — Les époux signent : TL. D’Y- 
merselle comte de Bouchove, et M. f. tserclaes de tilly 
comtesse de Bouchove. 


Le comte Thomas-Ignace mourut avant le 22 juillet 
1677. Ce jour, son fils aîné, Fcrdinand-A lbcrt HYACINTHE, 
qui devint comte de Bokhoven, vicomte d’Alost, etc., 
releva le château d’Immerseel avec la seigneurie de 
5 Sn et les autres biens y attachés (B., reo te 

He 438). Le 5 du mois suivant, Madeleine-Françoise 
on detlaily,eterrete ubiny estie de Bokhoven (1). 
Son fils précité mourut, sans descendance mâle, à la fleur 
degiäve, Be /0oût 1606, son frère Charles lui succéda 
dans la possession d'Immerseel (2), etc.,,.et recueille 
vers la même époque, les autres domaines de son aîné. 
Eugène, un autre frère, se distingua dans la carrière 
militaire. Il devint maréchal-de- -camp, général comman- 
dant et gouverneur de Cadix ( en 1716) et s'allia à Maric- 
Thérèse Coloma, marquise de Canales, fille unique 
d'Emmanuel et de Maximilienne-Dorothée T'Serclaes. 
Ces époux ne laissèrent pas d'enfants. 

Les quartiers des trois frères étaient : 

Immerseel, Montmorency, Renesse, Lens, Greven- 
broeck, Saint-Omer, Rubempré, Noyelles; T’Serclaes, 
Montmorency, Ost-Frise, Lens, Schierstaedt, Saint- 
Omer, Lalaing, Noyelles. 

Les énormes biens des maisons d’'Immerseel et de 
T'Serclaes excitèrent la cconvoitise des agnats/nectees 
procès ne tardèrent pas à surgir, après la mort de Made- 
leine-Françoise. Anne-Louis-Alexandre de Montmorency, 
prince de Robecque, premier baron chrétien de France, 


(1) Sr. BorMaxSs, op. cit. Cette dame mourut le 1°" mai 1684. Son obit fut 
suspendu dans l'église de Bokhoven. 
(2) B., n° 379, f 290. 


DU PAYS DE MALINES 203 





marquis de Morbecque, comte d’Estaire, etc., chevalier 
de la Toison d’or, lieutenant-général au service du roi de 
France, se disant héritier, sous bénéfice d'inventaire, de 
Françoise de T’Serclaes, princesse de Tilly, femme de 
Thomas d’Immerseel, revendiqua, de Charles-Emmanuel- 
Joseph, prince de Gavre, marquis d’Ayseau, chambellan 
de l’empereur, grand échanson héréditaire de Flandre, 
tuteur d'Eugène de Lierre d'Immerseel, comte de Bokho- 
ven, etc., la principauté de Tilly et la seigneurie d'Hol- 
lers. De concert avec Anonyme de Montmorency, mar- 
quis de Morbecque et de Rèves, le prince de Robecque fit 
un procès à Jean-Baptiste-Joseph Minet, seigneur de 
Louverval, conseiller au bailliage souverain de Namur, 
cessionnaire des droits de Marie-[osèphe Ruiz de Castro 
sur les biens des T'Serclaes. Il s'agissait des terres de 
My Meolers /eMarbais ce Rèves, Laüttéal, etc}, laissés 
par le comte Charles d’Immerseel et de Bokhoven. Cette 
affaire peut se ranger parmi les causes célèbres du XVITI® 
siècle (1). Après la mort de Charles d’'Immerseel, comte 
de Bokhoven, l'antique berceau de sa race (ayant, alors, 
comme il y a 350 ans auparavant, une étendue de 59 bon- 
niers, y compris le vignoble fwynhove); 55 bonniers en 
étaient situés entre le Conbeke et le Rollebeke; les autres 
4 bonniers avaient nom de WMolenbroeck) (2), avec le village 





(x) Procès plaides devant la cour feod. de Br., n°$ 897-2899 et 905-2952. 

(2) Le 14 mai 1751, Immerseel et le village de Wommelgem furent rele- 
vés, en vertu du testament d’Albertine de Dongelberghe, marquise de 
Rèves, par Louis-Anne-Alexandre de Montmorency, prince de Robecque, 
Grand d'Espagne de 1° classe, colonel du régiment Limousin (B., n° 386, f° 
285), qui, de concert avec Anonyme de Montmorency, précité, engagea, le 
20 mai 1758, pour un capital de 5000 f., la baronnie de Luttéal à Antoine 
Stallaert, chirurgien du corps de S. À. R. le duc Charles de Lorraine, gou- 
verneur des Pays-Bas autrichiens'(Ibid., n° 387, f° 342). 

Le 17 mai 1765, le prince C.-E.-J. de Gavre, marquis d'Ayseau, comte de 
Peer, s' d'Immerseel et de Wommelgem, engage ces deux dernières possessions 
à messire Charles-Joseph Roose, sergeant-major de la ville d'Anvers et à 
Isabelle-Lucie Emtinck, béguine (Ibid., n° 389, f° 36). Le 12 août 1767, il 
transporta 5 bonniers de bois et de prairies, à Wommelgem, à Jacques 
Cornelissen, avocat, à Anvers. L'acte y relatif qualifie le prince, entre 
autres, maréchal de la cour de S. A. R. le duc de Lorraine et de Bar 
(Ibid., n° 389, f 104). 

En 1788, damoiseau Simon-Joseph-Charles de Neuf, seigneur de Hooghe- 
lande et d’Aissche, figurecomme seigneur de Wommelgem (Ibid., n° 394, f°18). 


204. LES SEIGNEURIES 





de Wommelgem, fut relevé, le 17 janvier 1742, par 
Charles-Emmanuel-[oseph, prince de Gavre, marquis 
d'Ayséau 'comtedu'S E."R\dePeerthrenre Beaurieu, 
Gomignies et Castel-Nuovo, vicomte du Ouesnoy, baron 
et seigneur du Monceau, d’ Ugies, Aversein, Buissonville, 
Frouville et V érenne, chambellan de Sa Majesté, gouver- 
neur, Capitaine-g général et souverain-bailli de ] Namur, 
porte- étendard héréditaire de Flandre (nr). 

Le 4 septembre 1734, Anonyme de Montmorency, mar- 
quis de Morbecque, Rèves, etc., colonel du régiment Z/e-de- 
France, se déclara vassal ‘du duché de Brabant, du chef 
de la seigneurie et baronnie de Luttéal, sous Rèves. Il 
possédait cette terre en vertu du testament de ses parents, 
Anne-Auguste de Montmorency, prince de Robecque, et 
d'Albertine- -Jeanne-[osèphe d’ Tmmersecl, comtesse de Bocho- 
ven, née de Donghelberghe, marquise de Rèves (2). 


* 


x # 


Les Immerseel — on l’a vu, — ont joué un rôle im- 
portant dans l’histoire du Brabant et de la Flandre. 

Il est établi, d’une façon certaine, que cette belle 
famille forme une branche de l’antique maison de Lierre, 
dont le nom est un des plus brillants du Brabant. Bien 
que le souvenir de cette descendance semble être tou- 
jours resté vivace, à partir du XIV: siècle, les Immerseel 
ne prennent plus, dans leurs chartes, le nom de leurs 
ancêtres. En effet, de leurs nombreux documents qui 
nous ont passé sous les yeux, pas un ne rappelle le nom 
de Lierre. Seules, les pierres tombales d'Arnould, sei- 
gneur de \Wommelsem, mort en 1450, et de Jean, vicomte 
d’Alost, mort en 1503-4,en font mention(3). Ce n’est qu’au 





(DB n° 38500275: 

(2) Ce testament fut passé, le 4 sept. 1743, devant les baïilli et échevins 
du Pont d'Estaires, châtellenie de Waïrneton, en Flandre (B., n° 388, f 22). 

(3) Nous ne mettons pas en ligne de compte une inscription commémo- 
rative qui existait, autrefois, au couvent des Pauvres-Claires, à Malines, et 
rappelait la fondation de ce monastère par Godefroid van Vilain (sic!) et sa 
femme Elisabeth van Liere, vrouwe van Y mmerseel ende Wommelgem, etc., enter- 
rée le 15 août 1520 (!). Cette inscription a été, sans aucun doute, placée 
après coup. 


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USE 


DU PAYS DE MALINES 207 





XVIII: siècle, époque de vanité par excellence, où, à la 
place des simples et beaux boucliers des aïeux, on se 
composa des écus qui sont de véritables cartes géogra- 
phiques, et où les noms et les titres s’accumulèrent 
comme par enchantement, que le nom de Lierre repa- 
rait, — non pour redevenir le nom principal de la 
famille, mais pour allonger la liste des titres. 


* 
x * 


Jean Gansacker, le nouveau seigneur d’Itegem, ap- 
partenait à une famille anversoise. Il était fils d’un autre 
Jean et de Sara van de Walle, fille d'Abraham et de 
Marie de Calonne. Il fut baptisé le 14 avril 1620, et 
épousa, dans l’église Saint-Jacques, le 17 février 1664, 
ChrémennetAelst “ou.var Alst, née en 1642, fe de 
Chrétien et d’'Elisabeth Wouters. Il mourut dans sa ville 
natale, le 6 février 1677, après avoir testé, devant le 
notaire Lodewijcx, le 18 du mois précédent. Il fut en- 
terré dans l’église Saint-Jacques. Sa veuve convola en 
secondes noces, avec Pierre de Thosse, colonel au ser- 
vice d'Espagne et gouverneur du fort Philippe. Elle testa, 
devant le notaire de Vos, le 16 mai 1687. 

Les armes de la famille Gansacker sont : de sable au 
léopard lionné et au semé de fleurs de lis, le tout d’or; 
cimier : une fleur de lis de l’écu. 


x 


# *X 


En vertu du testament de son frère, Jacques Gansac- 
ker fit relever Itegem, le 18 septembre 1677, par Jean- 
Baptiste Verhaeghen (1). 

Surintendant et dijkgrave général du roi pour la 
Flandre et le Brabant, Jacques avait été investi, le 29 
août 1671, par achat de Jacques, baron de Suys, sei- 
gneur de Lare, etc., de la haute, moyenne et basse 
juridiction du village de Schelle, sur la rive droite de 
l’'Escaut, village où il possédait déjà antérieurement le 


(x) M, n° 14, 0 83 vo 


208 LES SEIGNEURIES 





manoir de Ter-Veken (voir pl. IV), entièrement recon- 
struit par ses soins (1). Les hypothèques, dont la seigneu- 
rie de Schelle avait été grevée, par les anciens proprié- 
taires, furent promptement remboursées par le nouveau 
maître. La purge eut lieu devant la cour féodale de Ma- 
lines, le 7 avril 1674 (2). 

Jacques avait vu le jour à Anvers, en 1631,et y avait été 
baptisé, à l'église de Notre-Dame-Sud, le 23 avril. Après 
la mort de sa première femme, Marguerite Vincke, 1l 
contracta une seconde alliance avec Marie-Marthe Bol- 
laert, ou Bollarte (P1. II, fig. X), fille de Jean (3), riche 
névociant d'Anvers et qui fut aussi grand-aumônier de 
cette ville. Le 22 janvier 1649, Bollarte acheta du fisc la 
haute, moyenne et basse juridiction de Neder- et Over- 
Heembeek (relief du 5 mai). Le roi Philippe de Castille 
lui dépêcha des lettres de noblesse, datées du 1” octobre 
1659. Au témoignage de ce document, le nouveau gentil- 
homme était né d’honnêtes parents et comptait parmi les 
principaux négociants de la ville. Il avait avancé au roi 
des sommes considérables. Pendant la campagne de 1641, 
Bollarte entretint à ses frais dix mercenaires. En 1646, 
il fit des sacrifices d'argent pour l'équipement de 2800 
volontaires anversois et, neuf ans après, il donna une 
nouvelle somme pour l’armée. En l’église Saint-Jacques 
d'Anvers, il fonda une chapellenie, avec des messes per- 
pétuelles, et un canonicat (4). Ses armes étaient : de 
gueules à la fasce d'argent, accompagnée en chef d’une 
main gantée d'argent, brandissant une épée, entre deux 
lions affrontés d’or, tenant chacun un besant d'argent. 
La mère de Marie-Marthe Bollarte était Susanne de 
San-Estevan, mariée le 1r août 1037, 1 hllenden}eam 
(5), receveur des Penas du roi en la chancellerie de 





(1) M., n° 13, f° 309. On peut voir des reproductions des manoirs de Lare 
et de Ter-Veken dans les beaux ouvrages de J. LE Roy (Notilia Marchionatus, 
Castella et Praetoria, etc., etc.) 

(CU its ee EC 

(3) Fils de Jacques. 

(4) C., n° 147, # 0. 

(5) Jean de San-Estevan et sa femme, Suzanne Speckhouwer, relevèrent, 
le 28 juin 1627, une rente féodale, qu'ils avaient achetée du damoiseau La- 
zare Halder (Haller) (B., 373, f 667). 


DU PAYS DE MALINES 209 





Valladolid, et de Suzanne Speckhouwer (fille de Chris- 
tophe et d’Elisabeth de Brecht), et petite-fille de Gabriel, 
pagador général des finances aux Pays-Bas. Par testament 
du 5 novembre 1667, Jean Bollarte institua sa femme 
pour son héritière universelle, à condition de donner à 
chacun de ses trois enfants célibataires, 50000 fl., somme 
qu'avait reçue également chacun des enfants mariés (r). 
Il mourut peu de temps après. 

Le 1“ Juin 1676, damoiseau Jean-Jacques Bollaert, 
Jacques Gansacker, seigneur de Schelle, sa femme Marie- 
Marthe Pollaert, Suzanne- Catherine Bollaert, veuve de 
Gerard van Uffels, receveur général au quartier de 
Malines, Anne-Marie Bollaert, veuve du conseiller et 
commis van Uffels, et le damoiseau François Gonzales de 
Saldaigne s'engagèrent, mutuellement, devant les éche- 
vins d'Anvers, tous leurs biens, en garantie d’un capital 
de 54000 fi. Carolus. L'acte Y relatif fut enregistré, à la 
cour souveraine de Brabant, le 29 décembre 1681. Du 
chef de Jean-Jacques Bollaert, on affecta alors à la garan- 
tie la seigneurie d'Over-Hembeek (2). 

Jacques Gansacker, seigneur de Schelle, Itegem, etc. 
fut gratifié, par le roi Charles de Castille, de lettres de 
noblesse, en date du 7 février 1678. Le 22 janvier de 
l'année suivante, 1l reçut une augmentation d’armoiries; 
une couronne, au lieu de bourrelet, des supports, orne- 
ments indispensables au blason d’un gentilhomme, d'a- 
près le goût faussé de l’époque. 

Le document de 1678 nous fait connaitre des détails 
biographiques intéressants. Le fait que cette pièce ne 
nomme Jacques seigneur que de Schelle et de Ter Veken, 
et non pas aussi d’ Ttegem, prouve que notre personnage 
avait sollicité le titre de noblesse avant le mois de février 
1677, c'est-à-dire avant la mort de son frère. 

Lorsque, en 1666, les Français envahirent inopiné- 
ment les Pays-Bas, Gansacker avança au fisc les fonds 
pour lever un régiment d'infanterie de dix-sept com- 
pagnies et entretint, en outre, six mercenaires à ses 


CNE, 
(2) B., reg., n° 378, fe 50, 


210 LES SEIGNEURIES 













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propres frais. Il n'avait pas encore été indemnisé de ses 
débours en 1678. Dans les années 1670 et 1671, il fit au 
gouvernement de nouvelles avances, sur lesquelles 1l lui 
revenait, lors de l’expédition des lettres de noblesse, un 
solde de 67799 écus (2). Le seigneur d’Itegem était donc 
un des plus grands financiers de la métropole commer- 
ciale. 

Il possédait de nombreux châteaux, tels que : de Hooghe 
Poort (villa), à Hemixem, Ten Essche (castellum), à Schelle 
(voir PI, TITI) et Ter-Borcht(3) (avec seigneurie), à Iteghem, 
(Voir PlPDE 

Il testa, avec sa seconde femme, le 23 octobre 1606. 
Cette dernière fit un codicille en octobre 1724. 

Après la mort de Jacques, survenue le 26 octobre 1606, 
sa veuve fit relever Schelle le 15, et Itegem le 23 decembre 


(1) Fac-simile, d’après la Noditia Marchionatus S. R. I., du sceau des 
échevins de Schelle, du temps de Jacques Gansacker. Le dessinateur du 
baron le Roy — pensons-nous — à mis quelque fantaisie en copiant l'écu 
de ce personnage. L'original n’était probablement pas muni d'une bordure, 
et le léopard lionné se trouvait tout bonnement entouré d'un semé de fleurs 
de lis. 

2} En 148, fo PAUVO, 

(3) Des gravures de ces châteaux se trouvent dans les ouvrages de J. LE 
Roy. Elles sont ornées des armes de Gansacker et de Bollarte, ces der- 
nières parties de San-Estevan. Dans son ouvrage intitulé Castella et Praeto- 
ria, le même auteur donne aussi une gravure du château de Pul, à ’s Gra- 
venwezel. Les armes des Gansacker qui y figurent, démontrent que celui-ci 
a également appartenu à cette famille. 



























































































































































—, 4 





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PI. IV. — D'après une gravure du XVIT° siècle. 





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Les deux blasons qui ornent cette planclie sont ceux des familles Gansacker et Bollarte (parti de San-Estevan), 





Sani 


DU PAYS DE MALINES 213 








suivant. Georges van den Driessche prêta le serment de 
fidélité pour elle (1). 

Les époux furent enterrés à Anvers, dans l’église Saint- 
Jacques, sous une pierre aux armes de Gansacker et de 
Bollaerte (parti de San-Estevan), sommées d'un casque 
couronné, au Cimier du mari. Voici leur épitaphe : 


D. O. M. 
MoxuuexruM NogiLis viri JACOBI GANSACKER DOMINI DE SCHELLE ET ÎTEGEM 
DickGRAVII GENERALIS BRABANTIAE ET FLANDRIAE OBIIT 26 OCTS A9 1C96 UXORIS 


MarRiaE-MarrHaz BOLARTE oBuT 30 gbris 1724 ET SUORUM. 


RARE E): 


x * 


Par suite de la mort de Marie-Marthe Bollarte, da- 


moiseau Charles-Rodolphe-Michel d'Erp, seigneur de 


Mingelfruyt (3), (près de: Contich), releva, le 23 dé- 
cembre 1724, Itegem pour le fils de cette dame, damoi- 
seau Jacques-Ferdinand Gansacker, et, le 8 du mois 
suivant, Schelle pour damoiseau Jacques-[oseph, frère de 
celui-ci (4). 

Jacques-[oseph eut pour femme Isabelle-Facqueline- 
Gonzales de Saldaigne (fille de François-Corneille et de 
Marie-Thérèse Bollarte). Nous ne leur connaissons qu’une 
fille, Marie-[sabelle-]acqueline, qui épousa, le 2 novembre 
1730, ledit seigneur de Mingelfruyt. Plus tard, celui-ci 
contracta une seconde alliance. 

Le nouveau seigneur d’Itegem, Jacques-Ferdinand 
Gansacker, avait été baptisé, à Anvers, dans l’église 
Saint-Georges, le 12 mai 1670. Il s'était marié, le 12 juin 
1722, à Marie-T hérèse . Fredericx, native d’Anvers, bap- 
tisée à l’église Notre-Dame-Nord, le 20 mars 1692. Elle 
avait pour parents Jacques-]oseph Fredericx (fils de Henri 


(NL En° T7: À 

(2) Inscr. funeraires de la province d'Anvers, Il, 138. 

(3) Elle doit son nom à la famille de Mengersrewt, Mengersruyt, etc. 
(voir pp. 151 à 154). 

ON n°255 569 et 172. 


214 LES SEIGNEURTES 





et de Christine de San-Estevan) et Marie van der Scharen, 
fille de Joseph, receveur d'Anvers, et d'Isabelle van 
der Goes. 

La famille Fredericx est originaire de Haarlem, qu’elle 
avait quitté pour cause de religion. Etablie à Anvers, 
elle s’allia à plusieurs famiiles marquantes et y rem- 
plit des fonctions publiques. Plusieurs de ses membres 
instituèrent des fondations pieuses. C'était là plus qu'il 
n’en fallait pour pouvoir aspirer à la faveur d’un titre de 
noblesse. Au surplus, la famille se réclamait de la con- 
sidération nobiliaire dont avaient joui ses ancêtres. La 
preuve de cette assertion semble, toutefois, n'avoir pas 
été fournie. On allégua que les archives de la famille 
avaient été détruites ou égarées, lors du pillage de la ville 
de Haarlem. Par lettres du 24 mars 1662, Gérbraen 
Fredericx fut honoré du titre nobiliaire (1), et plus tard, 
(11 septembre 1679), [Jacques Fredericx, licencié en droit, 
fils d'Henri et de Christine de San-Estevan (cette der- 
nière appartenant, au dire du diplôme, à une famille 
d’ancienne noblesse de Valladolid), reçut pareille dis- 
tinction (2). 

Fredericx porte : d'argent au lion de sable, armé 
lampassé et couronné d’or, l’épaule chargée d’une étoile 
deméme (Pre 260) 

Jacques-Ferdinand Gansacker et sa femme testèrent, 
à berlaer, devant le notaire Pierre van Wesenbeeck, le 
10 mai 1723. Veuve, celle-ci fit un nouveau testament, à 
Lierre, devant le notaire Berckmans, le 8 novembre 1734. 

Le mari mourut à Iteghem, le 11 janvier 1729; il fut 
enterré, à Anvers, dans l’église Saint-Jacques. Sa femme 
le suivit dans la tombe, le 20 novembre 1734. 


La seigneurie d’Itegem, avec ses appendances, échut au 
fils ainé de ce mariage, damoiseau Joseph-[acques-Fer- 
dinand IT Gansacker, âgé alors de cinq ans. Damoiseau 





(NC T5 22 rave) 


(2) BAR) CAC, Portet. n°658. 


UL 


DUPPAYSDEMNMENEINES Di 





François-Charles Fredericex, oncle (1) de l'enfant, se con- 
stitua homme servant du fief (2). 

Jacques-Ferdinand IT mourut jeune, âgé d'environ 18 
ans. Voici ses huit quartiers : 

Gansacker, Bollarte, van de Walle, San-Estevan; Fre- 
dericx, van der Scharen, San-Estevan, van der Goes. 


Le 6 octobre 1742, Dominique-[oseph van Dyck releva 
Itegem pour damoiseau Joseph-Jacques-Gerbrand Gans- 
acker, frère du défunt (3). 

Le nouveau maitre d’Itegem, que les actes nomment 
généralement Jacques- Joseph- Gerbrand, était né à [tegem 
et y avait été baptisé le 10 octobre 17 OMS aa 
Bruxelles, dans l'église Notre-Dame du Finisterre, le 23 
lets 7, a à Marie-T hérèse- -Jeanne-[osèphe van Rey ne- 
gom (PI. II, fig. XII) (4), d'une famille originaire de 
Hollande, gratifiée;, en 1668, du titre de chevalier, 
incorporée, à Bruxelles, au lignage de Roodenbeke et 
portant : d'azur à trois fleurs de lis, au pied coupé, d'or. 
Cette dame avait les 8 quartiers que voici : 

van Reynesgom, Maillaert, Mechelman, de Letter; van 
Voorspoel, du Bois, Graet, de Vriese. 

Ces quartiers correspondent au tableau généalogique 
de la page 216. 


LS 


x * 


Une seule fille survécut à ces époux : 
Isabelle-Thérèse-[eanne Gansacker, née le 15 janvier 


(1) I était carmé déchaussé. 

()IM, reg. n°25, f0 607. 

(3) M.,27,f°22r. Le 23 décembre 1763, Corneille Vermeiren, maïeur d’Itegem, 
paya, du chef de ce relief, pour supplément des droits, 34 fl. 2 sols (M., n°31, 
f° 49). Après la mort de van Dyck, François-Joseph, baron de Zinzerling, 
renouvela le serment de fidélité, le 26 avril 1788 (M. n° 38). 

(4) Elle avait entre autres, un frère Norbert-Philippe-Maximilien Joseph 
van Reïijnegom de Coensbourg qui releva, le 12 décembre 1771, après la mort 
de son frère Théodore-Georges-Jacques-Joseph, les seigneuries de Herent- 
hout, Herlaëer et Buzet (B.. n° 391, f° 74). 


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DU PAYS DE MALINES 217 





1761, qui épousa, d’abord, Lambert-[oseph-Ghislain van 
Reynegom, seigneur d’Impel, échevin de Bruxelles, né, 
dans cette ville, le 21 février 1744, et décédé le 1" août 1784 
(enterré à Molenbeek-Saint-[ean), fils de Jean-André- 
Joseph-Ghislain, baron van Reynegom, seigneur d'Heet- 
velde, et de Marie-Caroline-Isabelle- Gasparine- - Joséphine 
Charliers, dame d’Impel. 

Isabelle-Thérèse-Jeanne Gansacker hérita de la sei- 
wneurie d’Itegem. Elle la fit relever, le 30 novembre 17093, 
par Jean-Antoine van Ravels, secrétaire d’ Itegem (1). 

Plus tard, elle convola en secondes noces, avec Jean- 
Joseph- Ghislain-Maximilien van Reynegom, né le 17 
janvier 1770 (fils de Ferdinand- Jean- Baptiste- Ghislain, 
seigneur de Stakenborg, et de Thérèse-[eanne- -Tosèphe- 
Ghislaine de V illegas de Clercamp). 

Ce personnage fat le dernier seigneur d’'Itegem. Il en 
ajoutait le nom à son nom patron y mique. Sa mort eut 


lieu, à Bruxelles, le 16 janvier 1812. 


Les barons van Reynegom somment leur écu d'une 
couronne baronale et le font supporter par deux léopards 
lionnés d’or, tenant chacun une bannière, celle de dextre 
aux armes de van Reynegom, celle de senestre à celles de 
Mechelman : écartelé, aux 1‘ et 4° de gueules au lévrier 
d'argent; aux 2° et 3°, d’or à trois fers de moulin d'azur. 


J.- TH. DE Raapr. 
(A suivre). 





(x) M. 37; 704. 


























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ÉTUDES SUR L'ORIGINE 


DU 


Nom de Malines 


$ 1. — Progrès des études toponymiques 


Es études toponymiques offrent pour notre pays 
| encore bien des mystères et bien des incertitudes. 
| Cependant on peut s'attendre bientôt à un sen- 
® sible progrès, à la suite de trois publications, qui 
ne tarderont pas à voir le jour et auxquelles, dès à pré- 
sent, nous souhaitons la bienvenue. 

Nous visons tout d’abord le mémoire couronné par 
l'Académie royale et dù à la plume savante de M. KÜRTH, 
professeur à l'Université de Liège — sur la ligne de démar- 
cation à travers les âges des populations flamandes et wallonnes ; 
puis le rapport de M. CoopManN — sur les fravaux de la 
commission officielle pour la révision de l'orthographe des noms 
de lieux, rapport auquel le secrétaire de cette commission 
a su donner une importance scientifique, quoique dans 
l'intention du gouvernement, sa tache fut purement admi- 
nistrative; enfin le volume XIII des /nscriptiones latinae 
de M. ZANGEMEISTER, publié pour compte de l’Académie 





220 ÉTUDES SUR L'ORIGINE 





de Berlin et contenant tous les textes épigraphiques des 
trois Gaules (Belgique, Celtique et Aquitaine), œuvre 
colossale et précieuse entre toutes, pour l’époque la plus 
ancienne. 


Les origines locales présentent, surtout pour la Bel- 
vique flamande, des difficultés considérables, parce que 
bien souvent on ne sait pas au juste si on se trouve 
devant un nom de lieu originairement romain ou germa- 
nique, et s’il faut interprète le mot par le gallo-romain 
ou par l’ancien thyois. 

Cette difficulté grandit par l'embarras que l’on éprouve : 
déjà pour décider s'il faut retrouver dans le thème étudié 
un nom de personne, celui du fondateur, du premier 
propriétaire où bien une désignation empruntée à la 
situation du lieu, à l’hydrographie, à la végétation, etc. 

I yaun quart de siècle, des essais ont été tentés pour 
remplacer les explications toutes fantaisistes d'autrefois 
par des interprétations méthodiques procédant de vues 
d'ensemble. On peut dire qu'il se forma alors deux écoles. 
D'un côté, Chotin, qui avait généralement la tendance à 
chercher une solution dans les situations locales, d'autre 
part Pernaerts, qui ne voyait partout que des noms 
d'hommes, c'est ce qu'il fait aussi pour Malines. Voyez 
ses Etudes élymologiques (Annales de l’Acad. d’archéol. 
d'Anvers, 1882, t. XL). Ceux-ci ont dû en réalité jouer un 
grand role dans l’onomastique, surtout à l’époque gallo- 
romaine et à l’époque franque; mais Bernaerts, qui est 
mort avant d’avoir pu achever son œuvre, n'avait pas 
recueilli les connaissances voulues en épigraphie TO- 
maine et 1l a commis de nombreux anachronismes, en 
cherchant à éclaircir des désignations topographiques 
de l’époque gallo-romaine par des noms d'hommes ger- 
maniques du haut moyen-àge. 

Pour faire œuvre méritoire et durable sur le terrain 
toponymique, il importe de bien connaître les variantes 
que peut présenter l'orthographe d’un nom de lieu dans 
les sources anciennes, et, d'autre part, de savoir comment 
le nom est prononcé dans la bouche du peuple ; 1l importe 
aussi de ne pas confondre les noms latins primitifs avec 
les relatinisations du moven-àge et de toujours bien pou- 


2 


DU NOM DE MALINES DO 





voir distinguer le radical du mot des suffixes qui sont 
venus s’y greffer. 

Nous avons eu dernièrement l’occasion d'attirer l’atten- 
tion des membres du Cercle Archéologique de Malines, 
sur les fundi gallo-romains, peu nombreux il est vrai, 
dans la province d'Anvers, disons même peu perceptibles, 
mais qui abondent dans certaines régions de la Belgique 
wallonne. 

Depuis, M. DE MarxerrEe vient de publier, dans les 
mémoires de la Société, un travail spécial sur le nom de 
Malines et les différentes orthographes qu'il a présentées 
à travers les siècles. Dans notre conférence du 28 avril, 
nous ne nous étions pas occupé du nom de Malines, 
parce que nous n'avons jamais considéré Malines comme 
devant ses commencements à l’une de ces riches villas du 
1% au 3° siècle de notre ère, dont on retrouve si souvent 
des vestiges. dans le Hainaut et la province de Namur; 
nous réparerons aujourd'hui cette lacune. 


$ 2. — Les désignations toponymiques de Malines 
depuis 870 jusqu’à nos jours 


M.DE MARNEFFE a rendu service à la science, en recueil- 
lant d’une façon critique et diplomatique les différentes 
leçons orthographiques de Malines et en indiquant 
chaque fois soigneusement la langue dans laquelle est 
rédigé l’acte. Son œuvre d’archiviste est irréprochable, 
l’auteur ayant vérifié par lui-même toutes les citations 
qu'il donne et ne se contentant pas, comme d’autres, à 
renvoyer à Miraeus, souvent inexact. Nous désirerions 
seulement, pour les chartes latines antérieures au XIIT° 
siècle, de voir mettre entre parenthèses la préposition qui 
précède le nom. Cela peut parfois avoir son importance 
quand le nom de lieu est dans un latin barbare. 

On trouvait déjà réunies, au sujet de Malines, les formes 
suivantes dans KREGLINGER (Bulletin de la commission de 
statistique, Bruxelles, 1847, pp. 222-225) : 


870. Malinas (sic). Mirazus, I, p. 31. Partage de Charles-le-Chauve et de 
Louis-le-Germanique. 
PErTz a depuis rectifié cette lecture de MirAEus par Maalinas, 


222 ÉTUDES SUR L'ORIGINE 





910. Maslinas. MiraŒus, Il, p. 805. Donation de Charles-le-Simple. 

980. Maslines. MirAEUs, I, p. 50. Donation de l’empereur Otton II. 

1006. Malinas. Miraeus, III, p. 11. Donation de l'empereur Henri II. 

1008. Maclinas (sic). MiRAEUS, I, p. 52. Charte de l’empereur Henri II. 

1127. Malina. Miraecus, IV, p. 512. Donation de Guillaume de Normandie, 
comte de Flandre. 

1134. Machlinia. MiraEus, Il, p. 964. Donation du chapitre de Cambray. 

1155. Maslines. MiraEus, II, p. 826. Charte de l’empereur Frédéric I Bar- 
berousse. 

1213. Marlinas. Cartulaire des chartes de Flandres, n° 9. Accord entre 
l'évêque de Liège et le sire de Malines, de la maison de Berthout. 

1281. Maghlinia. Cartulaire de l’abbaye St-Michel, 51 v*. Testament d’un 
ecclésiastique. 

1284. Maline. DiErCxSExS, I, p. 316. Charte du duc Jean I. 

1301. Macheline. Clericus I, n° 90. Convention du duc Jean II avec 
le sire de Malines de la maison Berthout. 

1383. Malines. Cartulaire de l’abbaye de St-Michel, n° 90. Acte français de 
Wauthier Berthout. 


M.DpE MaRNEFFE, en reproduisant une partie de ces 
mentions (celles qu'il a pu vérifier), en a redressé deux et, 
tout d’abord, la première : Maalinas, remontant à 870 et 
que Miraeus avait transformée arbitrairement en Malmas. 

À ces thèmes, extraits des diplômes, s'ajoutent encore 
quelques leçons d’anciens auteurs données par BorMaANs, 
Verslag over de taalk.-frysvraag. Gent, 1841, p. 3809. 

Nous passerons ‘1C1 en revue les différentés formes 
fournies par M. pe MaRrNEFFrE, pour en tirer les conclu- 
sions philologiques que cette étude nous suggère. | 


Ma(g)alinas {forme la plus ancicnne, supposée 
gallo-romaine) 


Maalinas est la forme sous laquelle le nom se présente 
la première fois, dans l'acte par lequel Charles-le-Chauve 
et Louis-le- Germanique se partagérent, en 870, les états 
de Lothaire IT (Perrz, Monumenta Gcrmaniac hist.; scripto- 
res t-1-5:#60): 

Cette forme présuppose nécessairement une leçon anté- 
rieure, Magalinas. 

GRANDGAGNAGE (Mémoire sur les anciens noms de lieux 
dans la Belgioue orientale, p. 72) la considère comme ro- 
mane, c’est-à-dire comme étant déjà en latin altéré. C’est 
donc la grammaire romane qu’il faut consulter 1ci. 





n 
D 
Yo 


DU NOM DE MALINES 





La rencontre de deux a ne peut s'expliquer que par la 
chute d’une consonne médiane (BRACHET, Grammaire Ms- 
torique de la langue française, 24° édition, pp. 137-138). La 
chute de la gutturale s'opère pour le c dans flcäre (plier), 
jocäre (jouer), vocälis (voyelle), delicätus (délié), precdre 
(prier); pour le g dans segure (nier), gigantem (géant), 
augustus (août). On constate aussi la chute d’une dentale 
le d dans : crudélhs (cruel), denudatus (dénué). 

Dans la légende de St-Brandan (publiée par Fran- 
cisque MicneL, Paris, 1878), 1l est dit aux premiers vers : 


Donna Aalix la reine 
por les armes Henri lu rei. 


Il s'agit d'Alix de Brabant, fille du duc Godefroid T, et 
épouse de Henri I, roi d'Angleterre. Le poème fut écrit 
Vers. Ti 30! 

Aalix figure 1à comme forme secondaire de : Adalaïs, 
Adelaïs (Adèle). 

En germanique, une consonne médiane disparait sans 
que l'accent doive tomber sur la vovyelle, qui la suit 
sldgen fait slacn, aujourd'hui slaan; mais la règle de la 
place de l'accent est invariable pour la romanisation du 
latin. 

Le fait que l'accent tonique tombe sur le second a de 
Maälinas prouve par là même qu'il ne saurait porter sur 
li de /i avant la romanisation parfaite, c.-à-d. avant qu’on 
ne se trouve en présence du français moderne. Dans cette 
dernière langue, l'accent tonique tombe sur la dernière 
syllabe ou sur la pénultième, si la dernière offre un e 
muet. 


Méchelen {forme gcrmanique) 


La forme germanique du mot déplace l'accent tonique 
sur la première syllabe du mot; les deux autres syllabes 
sont naturellement brèves; si en vers flamands la 3° syl- 
labe du mot a un demi-ton et peut dès lors servir de 
longue, c'est par une règle propre à la versification; cette 
longueur, toute relative, tient uniquement à la place que 
la syllabe occupe dans le mot, C'est ainsi que Van Duyse, 


224 ÉTUDES SUR L'ORIGINE 





qui connaissait la métrique plus que tout autre, donne 
le demi-ton nécessaire à des syllabes consistant en un 
simple e muet. Il écrira donc, dans son Orlando di Lasso, 
(en commençant le vers), au sujet de la harpe de David : 


de kommersussendé 


On voit dès lors qu’on ne peut tirer aucun argument 
de ce demi-ton de Méchelen, figurant dans un vers, 
comme serait le suivant : 


van Mechelen hij kwâm, naar Méchelén hi] kéerde 


Dans Mechelen, la 3° syllabe est brève comme la 2° et, 
ce qui le prouve, c'est l'existence, au moyen-âge, des deux 
formes Mecheln et Mechlen; le de la seconde syllabe 
s'élide parfois, mais il en est de même de celui de la 
troisième. Ceci est tellement vrai qu’au XVI: sièclexly 
avait une forme Wachel en haut-allemand (].-B. GRAMAYE, 
Historia urbis Mechliniensis, Brux., 1607). On voit par là 
qu'il serait complètement inexplicable, que dans un mot 
composé supposé Maga-linas (ou Machi-lina, selon M. 
DE MARNEFFE), une syllabe « Jin », qui comprendrait le 
sens principal du mot (toujours selon Îles Recherches), 
puisse se réduire à In, et même à 1; car, notons le bien, 
pour l’auteur, le mot, est d’origine germanique et n'a pu 
par conséquent subir un retranchement inconscient comme 
le subissent parfois en germanique des mots empruntés 
à d’autres langues. 


Voici les différentes formes de la leçon flamande que 
M. DE MARNEFFE a pu recueillir; nous les divisons ici en 
trois groupes : | 


groupe (à trois syllabes pour le radical suffixe com- 

Eu Machelin-e (1284); Mechelin-e (1358); Mechelen (1409 

jusqu’à nos jours); Maeghelin-e 1296-1307, (l'allongement 
de l’a par e). 

Machlin-ya (1220), relatinisation, où la syllabe lin 

est il est vrai accentuée, mais uniquement par Îe principe 


LS) 
[es 
Ur 


DU NOM DE MALINES 





qu'en latin l'accent tonique ne peut jamais tomber au- 
delà de l’antépénultième. 


2 groupe (à deux syllabes pour le radical suffixe com- 
pris), élision de la voyelle de la 3° syllabe : WMegeln-e 
(1284); Macheln-e (1297, 1301); Mecheln-e (1290, 1298, 
1303, 1356), Mecheln-e (1303). 


3° groupe (à deux syllabes pour le radical suffixe com- 
pris) élision de la voyelle de Ja 2° syllabe. Machlyn, 
Machlin (dans le même acte 1318); Mechlen (1320, 1333, 
1356). Machlin-a (1213) relatinisation. 

Nous considérons comme spécialement remarquable 
la forme Machgeline (1284); elle semblerait prouver que 
le ch n’est qu'un succédané d’un g primitif, qui fait ici sa 
réapparition; c'est un argument pour l’antériorité de 
Magalinas à Mechelen, du thème gallo-romain au thême 
germanique. 


Maslines {romamsation du germanique) 
Masclin-es (1019); Maslin-as (910, 1006, 1070), Maslin- 
es (980, 1151, 1164) (toutes ces formes se rencontrent 
dans des textes latins antérieurs à l'emploi dans les actes, 
de la langue vulgaire). 


Formes romancs secondaires 


A) (rhotacisme) Marlyn-es (1173); Marlin-es (1213), 
1233, 1264, 1288, 1356. (Ces quatre dernières chartes 


ne sont plus en latin). Le rhotacisme ou changement de 


s en r est ici, comme l’a du reste fait remarquer l’auteur 
des Recherches, le mème que celui constaté dans vaslet, se 
transformant en varlet. 

B) M. px MarNerre admet, avec la généralité des au- 
teurs, que Maslines a formé Malines, comme Nemausus à 
donné Nîmes. 

Nous ferons remarquer que si on se trouve ici en pré- 
sence d’un cas de suppression de ls devant une liquide, 


il faudrait écrire Mälines et non Malines; mais nous 
15 


2206 ÉTUDES SUR L'ORIGINE 





verrons que ce dernier thème trouve sa justification dans 
une romanisation directe, ne passant pas par le germa- 
nique. 


Maalines (romamsation directe) 


Les deux a du latin se confondent en roman en un seul 
a long. « C’est pour marquer un allongement que l’a a été 
redoublé ou additionné d’un e » M. pE MARNEFFE l’a con- 
staté avant nous; mais cet allongement dérive ici direc- 
tement du thème latin, tout au moins quand il se 
manifeste par aa; car la forme avec ae peut être attribuée 
à une influence flamande (nous avons vu plus haut Mae- 
ghelin-e (1296, 1301). 

Maalin-e dans Ja chronique de Philippe Mouskes, au 
XIIIe siècle, en français, WMaalin-es (1356), en français. 

Maelin-es (1273, 1297, et autre XIV* siècle), toujours 
en français. 

Malin-es 1131 (en latin); puis en français : (1281, 1287, 
1208, 1307, 1332, 13394, 1990,/1409 04/2 


$ 3. — Des terminaisons employées dans les plus 
anciennes leçons du nom de Malines 


De même que M.pE MArNEFFE, nous croyons qu’on doit 
isoler la question des terminaisons. Nous reproduisons 
ici à ce sujet une observation que nous avons déjà faite 
dans notre Grammaire gauloise (p. 21). 

Un savant bien connu, M. d'ArBois DE JUBAINVILLE, a 
publié, en 1872, une remarquable étude sur la déclinaison 
latine en Gaule, à l’époque mérovingienne. En examinant 
ce travail basé sur les diplômes et les écrits des VIF et 
VIT siècles, on parvient à classer en trois catégories bien 
nettement distinctes les barbarismes qui y foisonnent pour 
les déclinaisons. On voit : 1° les formes gauloises qui y 
reparaissent; 2° la suppression des cas obliques, achemi- 
nement vers le roman du moyen-âge (qui ne connait que 
le cas sujet et le cas régime); 3° il y a une confusion que 
rien ne justifie et qui est la conséquence de l'ignorance des 
vainqueurs germains voulant parler latin sans l'avoir 


DU NOM DE MALINES 227 





appris et faisant un horrible mélange des cas et des 
distinctions grammaticales. 

M. DE MARNEFFE suppose que certaines terminaisons 
franques et anglo-saxonnes ont passé dans le latin barbare 
de cette époque et ont même laissé des vestiges plus 
tard. Cette thèse mériterait un très sérieux examen, mais 
son étude nous éloignerait ici trop de notre but et de 
notre sujet. Disons toutefois que les paroles de M. d’Ar- 
BOIS DE JUBAINVILLE : « Une confusion que ricn ne justifie » 
ne nous donnent pas nos apaisements, et, qu’au contraire, 
tout en philologie a sa cause rationnelle. La confusion 
peut donc avoir été double : mélange de formes latines 
entre elles; mélanges de formes latines et de formes 
germaniques. M. pr MarNFFFE peut avoir raison sur ce 
point important. 


$ 4. — Quelques considérations sur les origines 
diverses des noms de l‘eux. — 
Du rôle des suffixes : acum, anum où num, et ctum, 
dans leur formation 


Nous avons rendu au travail de M. DE MarNEFFE toute 
justice pour la partie qui regarde à proprement parler, le 
domaine des Archives; nous avons constaté quelques 
excursions heureuses sur le champ de la philologie, on 
nous permettra dès lors de ne pas tout louer indistinc- 
tement. 

À partir du bas de la page 13, rous ferons donc toutes 
nos réserves. Lorsque l’auteur dit « Le radical du nom 
de Malines doit, d’après ce que l’on à vu plus haut, 
être Machi-lina », nous devons déclarer ici que nulle 
part M. DE MaRNerrt, dans les pages précédentes de son 
travail, ne justifie qu'il faudrait couper : Maalinas, ou la 
leçon supposée, Machilina par le milieu, en y trouvant 
deux mots de deux syllabes. Nous arrêtons l’auteur à ses 
prémisses pour cette question d'interprétation du nom, et 
dès lors nous pouvons nous abstenir d'examiner la thèse 
en elle-même, thèse qui en tout cas nous parait trop 
savante, puisque pour la justifier, on a besoin d’un dic- 
tionnaire polyglotte, et qu'on ne sait pas prouver l’exis- 


228 ÉTUDES SUR L'ORIGINE 





tence réelle, dans une langue jadis parlée à Malines, des 
mots qui doivent servir à l'interprétation. 

Nous croyons à notre tour (et nos lecteurs auront vu 
plus haut pourquoi) que la leçon primitive indiquée 
par le Maalinas de 870 est Magalin-as. Dès lors (puis- 
qu'on laisse la terminaison hors de cause), le thème à 
discuter est Magahn-. Or ce radical, soit qu’on le coupe 
après 774-, après 7ag- où après magal, nous semble ren- 
fermer en dehors de la racine, tout au moins un suffixe 
latin : -in-1m, que l’on retrouve dans Taur-#um (Turin), 
Arp-#um (ville des Volskes), etc. Des savants de grand 
mérite, en Italie, l'illustre Flecchia, en France, MM: 
Otieheratiet®d Aebbis de Jubainville, en Allemagne, 
MM. Esser et Alfred Holder, en Belgique, MM. Van der 
Kinderen, Kürth, Zanardelli, etc., admettent le rôle im- 
portant du suffixe dans la toponymie; c’est ce rôle que 
M. DE MarNErrE semble méconnaitre. 

Il n'emploie mème pas, sous ce rapport, la terminologie 
aujourd'hui généralement admise, préférant celle de quel- 
ques grammaires grecques, puisque pour lui rode est un 
suffixe dans Machenrode et non pas le second membre 
d'un mot composé ou us Il peut paraitre mé- 
ticuleux de relever ce point, mais la philologie n’est pas 
une science si attrayante pour le grand nombre qu'on 
puisse négliger de se mettre d'accord sur la valeur des 
termes. En omettant de ce faire, on placerait le lecteur 
non-spécialiste dans l'impossibilité de suivre la discus- 
sion. Disons-le donc une fois pour toutes, nous entendons 
par suffixe, la partie d’un mot, qui ne forme par elle-même 
un mot ni une racine de mot, mais qui vient se placer 
avant la terminaison pour modifier le sens du thème, 
tout en conservant l’idée principale. ExempleW:#osa, 
rosetum, 7osarium, 7o0saretum, (une roseraie, en gallo-ro- 
main); #1les, militia, militaris; rex, regius, regalis. 

La langue latine est riche en suffixes et en fait grand 
emploi; elle est, sous ce rapport, d’une logique admirable. 
Le suffixe joue encore un grand rôle dans les langues 
romanes, dans les langues néo-celtiques et aussi dans les 
langues germaniques, quoique ces dernières fassent, tout 
comme le grec, un plus grand usage du mot composé, 
dont c'est le cas pour les désignations en -hem, -sele, etc. 





DUANOM DE MATINES 229 





Après cette digression nécessaire pour éviter tout mal- 
entendu, nous dirons qu'avant l'époque franque, le mot 
à sufhxe est la règle parmi les désignations toponymiques, 
que les désignations asyntactiques, que l’on retrouve du 
temps des Romains, remontent le plus généralement à 
l’époque gauloise. Sous les Romains, quand on n’est pas 
en présence d’un mot à suffixe, on doit s'attendre à re- 
trouver dans les noms de lieux, deux mots, le second 
au génitif : Templum ÿovis (Templeuve), Fanum Martis 
(Famars). 

Dans un partie de notre pays, surtout dans la province 
du Hainaut, on retrouve dans les noms de lieux beau- 
coup de domaines de riches propriétaires de l’époque 
romaine. Ces domaines sur lesquels était bâti générale- 
ment une villa, gardaient le nom du possesseur primitif 
tout en passant en d’autres mains. 

D'ARBOIS DE JUBAINVILLE, dans son étude sur l’histoire 
de la propriété en France, Revue celtique, 1887-88, cite quel- 
ques fundi gallo-romains dans la Belgique actuelle, la 
plupart formés avec le suffixe acum, quelques-uns avec 
le suffixe anwm. C’est, comme nous l’avons déjà dit, la 
province du Hainaut qui présente le contingent le plus 
considérable. 

 Antomus : Antoing; Amucius : Amougies; Blanduis 
Blangy; Fanmus : Faigny; Flavius : Flavion (Namur); 
Florius : Klorennes (Namur); Gemellius : Gembloux (Na- 
mur); Genanus : Gemenich (Limbourg); Gimmée (Namur); 
Harmonius : Harmignies; Licimus : Lessines; Lupimus : 
Loupoigne (Brabant); Louvegnée (Liège); Mallius : Maïl- 
lien (Namur); Micerius : Micheroux; Montamus où Mon- 
dimus : Montigny; Montenaken (Limbourg), etc., etc. 
Nivellius : Nivelles (Brabant); Rulius : Roly (Brabant); 
Sepulius : Cipli; Sihius. : Silly; Severius : Sivry. 

Auxquels nous ajouterons encore : Acilius où Ascilius : 
Asquillies; Ambillius : Ambly (Namur); Bellicuus : Bliquy 
(autrefois Belchi); Cossilius : Gosselies; Frontius : Fronty 
(Namur); Marcius : Marchiennes; Maewus : Mesvin; 


: Papinius : Papignies; Tatunus : Taintignies; Vertorius : 


Vertrijk (Brabant); Bertry (Luxembourg), Bertrée (Liège). 
M. le professeur Kürrx, qui livre en ce moment à l’im- 
pression son superbe ouvrage couronné par l’Académie, 


230 ÉTUDES SUR L'ORIGINE 





sur les variations à travers les âges, de limites entre 
flamands et wallons, nous écrivait, à la date du 10 mai 
dernier, au sujet des fundi gallo-romains : 


« Il n'est pas nécessaire, je pense, que je vous expose longuement mes 
» idées sur cette matière, puisque j'ai pu me convaincre, par les conversa- 
» tions que j'eus avec vous il y a quelques années, qu'elles correspondaient 
» à peu près à tout point aux vôtres. Elles peuvent se résumer en quelques 
» propositions que voici : 

» z° Les noms de lieux, datant de l'époque gallo-romaine, sont très nom- 
» breux, et se trouvent répandus dans toute la Gaule-Belgique, jusqu'au 
» Rhin. Les listes qui en ont été dressées par D'ARBoOIs,. pour la France, et 
» par Esser, pour la Prusse cis-rhénane, sont tout-à-fait concluantes; celles 
» que je publierai pour la Belgique, le grand duché de Luxembourg et les 
» parties méridionales des Pays-Bas, complètent la démonstration. 

» 20 L'immense majorité de ces noms est composé d'un suffixe acum, qui 
» est celtique et désigne une propriété ou résidence, et d’un radical qui est 
» d'ordinaire un gentilice {nomen où cognome) latin. La plupart des noms de 
» personnes, qui nous sont fournis ainsi par l'analyse des noms de lieux, 
» désignent des indigènes, ayant adopté la civilisation romaine et jusqu’à 
» un nom romain, comme nous voyons par les monuments historiques, que 
» cela se fit en effet dès le premier siècle de notre ère. Les résultats de cette 
» analyse sont tellement certains que la plupart des vocables dégagés par 
» le procédé toponomique se trouvent dans les tables onomastiques du 
» Corpus Inscriptionam, et nous pouvons hardiment considérer tous ceux qui 
» n'y figurent pas comme constituant un utile supplément de celles-ci. 

» 32 De ces constatations, que l’on doit considérer comme acquises à la 
» science, il se déduit des conséquences importantes au point de vue de 
» l'histoire générale. La profondeur de la romanisation de notre pays, le progrès 
» de la propriété privée, et en général les vastes proportions du mouvement 
» économique déterminés par la conquête romaine en ressortent avec une 
» grande netteté. » (1) 


(1) M. ScHUERMAXS (Bulletin des commissions royales d’art e' d'archéologie, X, 
Brux., 1871) partant de l'idée que les déesses Mahlinehae sont des divinités 
topiques et constatant que dans les environs de Cologne il n'y a aucune 
localité dont le nom puisse être rapproché de cette appellation, dit «les 
» savants allemands, en désespoir de cause, ont jeté les veux sur les nom- 
» breux Machelen, Mechelen (en latin Machlinia, en français Malines, Martinne), 
» que contient notre pays, noms dont l’analogie avec Mahlinehae est en 
» effet des plus caractérisées, et comme pour leur donner raison, les anciens 
» documents présentent même indifféremment les formes Mahlen et Maghlen 
» pour une même commune (charte d'Othon de Thuringe, rapportée dans 
» un diplôme de l'an 1062 et dans un autre de 1282. Ch. be Bora, loc. 
» citato, pp. 12 et 19), tandis qu’une autre charte de 1170 porte formellement 
» le nom de Mallinehem pour Maldeghem, [au témoignage de M. Ar. 
» WAUTERS] (Revue trimestrielle, janvier 1867, II° sér., XIII, p. 29). » 





DU NOM DE MALINES 231 





Si la profondeur de la romamisation de notre pays a pro- 
duit, même dans la partie flamande, un certain nombre 
de désignations toponymiques empruntées à des noms 
d'hommes, d’autres, en nombre tout aussi considérable, 
ont duù résulter de l’état ou de l'affectation des lieux ou 
des constructions qui y étaient élevées; et nous croyons 
pouvoir relever dans la Belgique flamande, outre les lo- 
calités qui empruntent leur nom à un camp romain, 
Caster, Castren, etc., encore les suivantes : 


Rumpst (Anvers). Romanorum statio. (Station de la flotte 
de la 2° Germanie) (où l’on a trouvé une tuile romaine 
se rapportant à une station de cette flotte.) 

Thielt (Flandre Occ.) Tiletum, endroit où croissent des 


tilleuls. 
Helmet (Brabant). Ulmetum, endroit où croissent des 


aulnes. 


M. Schuermans ajoute encore : 

« Il existe plusieurs Machelen, Mechelen, Marlinne dans la Flandre, la pro- 
» vince d'Anvers et le Limbourg : Mechelen-sur-Mcuse s'appelle Mahler, dans 
» une charte du 21 septembre 1062 » (Compte-rendu des séances de la commission 
royale d'histoire, III° série, IX, p. 8) et Magelncis, dans une charte du 3r mars 
1159. Mechelen près Wittem se dit Michele dans une charte de l'an 1215, 
(Erxsr, Histoire du Limbourg, VI, p. 184) et Mechelen dans une charte de 1264 
(ibid., p. 264). Quaed Mechelen (français Maslinne) est nommé Mechlen dans une 
charte de 1219 (ManreLiUs, Historia Lossersis, p. 176). Un autre Mechelen est 
appelé Machlinia dans une charte de 1396 (Chev. DE BorMaAx, Compte-rendu, 
cité, IIIe série, IX, p. 78), etc. 

Nous devons dire un mot d'une étymologie proposée déjà au XVII® 
siècle. WENDELINUS dans ses Leges Salicae. Antverpiae, 1649, dit : MacHaLuM 
(titul. XX) : si quis spicarium aut macholum cum annona incenderet, gloss : 
Macholum : horreum sine tecto. Machau Inde per Toxandriam tot loca quibus 
nomen istud impositum est : Mechelen, etc. 

DucAxGE reproduit au mot MiAcHAcEe, Machalum, le sens de horreum sine 
tecto nostris scilicet campanis : « #achau »: mais l’auteur du Glossaire 
ajoute : Machale vero mihi idem videtur,quod moles acervus,cumulus, gallice 
meule ; et il cite des chartes où wache présente en français du moyen-àge le 
le sens de meule et d’autres où l’on trouve w#aquet (en latin #achotum) comme 
diminutif du même mot. 

Nous n'acceptons pas l'explication de WEXDELINUS, parce qu'il re nous 
parait guère probable que des localités aient emprunté leur nom à une 
meule de blé. Il n’est, en France, aucune localité portant la désignation de 
mache, machau où maquet. 


232 ÉTUDES SUR L'ORIGINE 





Rooborst (Flandre Or.) Roboretum, endroit où croissent 
des rouvres (espèce de chêne). 

Tichelt (frontière hollandaise, près de la prov. d'Anvers). 
Tegulae ou Teguletum, endroit où l’on fabrique des 
tuiles (on y a retrouvé l'autel de la déesse topique 
Sandraudiga). 

Moll (Anvers). Mola, moulin; Molae locus (d'accord avec 
M. Reypaws, l'historien de Moll). 

Haren, Herent (Brabant). Arenae, arenetum; endroit où 
l’on trouve des sables. 


Pour ces désignations de lieux qui ne sont pas em- 
pruntées à des noms d'hommes, on remarquera le rôle 
important de suffixe substantif de localisation : eéum. 


$ 5. — Examen de l’étymologie de Malines 
par « magalia » (maisons 
rustiques); autel des matronae Mahlinehiae 


Magala signifie des maisons rustiques, les construc- 
tions peu luxueuses d’une ville naissante. 

C'est ainsi que l’on trouve dans l’Enéide de Virgile 
(livre I, vers 1421), au sujet de Carthage : 


Miratur molem Aeneas magalia quondam 


Et Servius, le commentateur du poète, dit : « Magalia. 
Est autem antistichon pro magaria. Magar enim lingua 
punica « villa » significat. Opera Virgiliana cum decem 
commentariis a Servio, etc. Lugduni, 1529, p. LX). » 

Mais ce n’est pas seulement à Carthage qu’on applique 
le mot de magalia. Le voici employé à propos d’Autun, 
dans la vie de S. Cassien (Fontaninus, de antiquitatibus 
Hortae, colomae Etruscorum, Romae. 1723). 


Ut vero sacris tetegit magalia plantis 
ardua Francigenum, quae dicitur urbs Eduorum. 


On trouve encore ce mot avec le même sens dans la 


DU NOM DE MALINES 233 





vie de Ste-Ide (voyez la collection des Bollandistes, 
septembre, t4lp. 266). 

Une expression considérée comme synonyme de #1a- 
galia, est celle de mapalia ; on la rencontre dans les Géor- 
giques de Virgile (livre III, vers 340). 


Et raris habitata mapalia tectis 


ss même mot se rencontre dans Salluste : 
« Ex oppidis et mapalibus profecti regis obvii proce- 
Pbant $ 46, 5 de son [ugurtha. » 


Cet auteur en donne même la définition : « aedificia 
» Numidarum agrestium, quae mapalia illi vocant, ob- 
» longa, incurvis lateribus tecta, quasi navium carenae 
» sunt $ 18, 8. » 

Le mot figurait aussi dans le Poenus, une des comédies 
de Plaute, où 1l s'applique aux constructions d’un fau- 
bourg de Carthage. 

Caton, dans son livre IV des origines, dit : « mapalia, 
casae punicae appellantur. » 

Festus définit : #apalia vocantur ubi habitant, ea 
quasi cohortes rotundae sunt(Festus, édition Mal., p.146, 
P. 1473). 

Enfin le même mot se rencontre au singulier dans la 
forme non-adjective de #apalum : 

« Coït e sparso concita #7apalh- agrestum manus. » 
(Valerius Flaccus, livre IT, vers 460.) 

Que la racine #ag ou #ap est d’origine Carthaginoise, 
nous l’admettons très volontiers, mais le mot #7agala nous 
semble, tout aussi bien que le mot #7apalia, contenir un 
suffixe parfaitement latin -a/a. 

Dans le dictionnaire latin de Freund (traduit par Theïl), 
il est dit, à la rubrique #agala : autre leçon : #agaria, 
c'est, comme nous l’avons vu, un écho de Servius. 

Or, DücancE nous traduit #ageria par « praedium rus- 
ticum. » Du moment que mag-aria doit être mis en rap- 
port avec mag-ala, et que la racine mag se dégage, on 
peut se demander si ce n'est pas le magus ou magum 
gaulois qu’on retrouve dans Noviomagus, Cesaromagus, 
Blatomagus. BaxTEr, dans son Glossarium Antiquitatum 


234 ÉTUDES SUR L'ORIGINE 





Britannicarum, p. 184, croit que Machelen est équivalent 
de magiolinum et doit être dérivé de magus. 

D'un autre côté, près de la Moochkerheide, on a trouvé, 
à une demi-lieue de Nimègue (Noviomagum), un autel : 
MATRIBUS MOPATIBUS, érigé par un nervien, né- 
gociant en grains, du nom de M. Liberius Victor, qualifié 
de civis Nervius, (pE War, de mocdergodinnen, Leyden, 
1846, CLVII; ScHUERMANS, dans le Bullet. des comm. 
d'art, t. VI; C.-A. SERRURE, Les scaences auxil. de l'mst. 
de.Belg.,\ pu 31): 

Au milieu d’un conflit d'opinions diverses, nous sommes 
porté à croire que ces mères #29pales, étaient les bonnes 
déesses occupant et protégeant les habitations agrestes 
(car entre 7»20h-âtes, c'est-à-dire la racine #160p- suivie d’un 
suffixe de localisation personnelle et #1ap-ala, c'est-à-dire 
la racine #7ap- suivie d’un suffixe d'appartenance, 1l y a, 
nous paraît-il, un incontestable rapport. Ce rapport de- 
vint plus probable jorsqu'on rapproche du nom AGE- 
DOMOPATIS, figurant sur une inscription de Saintes 
(capitale des Santones) la lésende AGEDOMAPATIS 
d’une monnaie gauloise. ArrMER, Revue épigraphique du 
Midi de la France, 18838, pp. 341 et 308; 1889, p 095% 
CuMoONT, Bulletin de la société suisse de numismatique 1891 
(les progrès de la numismatique gauloise depuis Lelewel). 

Disons seulement que la racine #1ag, map, si elle est 
d'origine carthaginoise (et la variante même ferait con- 
jecturer une dérivation d'un mot étranger, difficile à 
rendre dans la prononciation), a pu passer de bonne heure 
en latin, en Gaulois et en germanique; mais nous 
croyons qu'il ne faudrait pas en tirer la conclusion de la 
conformation identique de ces habitations agrestes en 
Afrique, en Italie et dans le Nord des Gaules. C’est du 
reste l’avis de FREUND, puisque son dictionnaire traduit 
mapalia par « tente, baraque, hutte, cabane, maison 
basse, réunion de maisons de cette espèce, hameaux, 
villages ». 

En rapportant le thème Maalinas de 870 et les noms 
modernes de Mechelen et de Malines à cette double 
racine et en leur donnant l: même sens originaire que 
mavalia, mapalia, on reste dans un ordre d'idée raison- 
nable et rationnel. Car on l’a dit avant nous, pour qu’une 


DU NOM DE MALINES 235 





étymologie puisse être considérée comme réelle, il faut 
qu'elle soit philologiquement possible ; mais cela ne suf- 
fit pas. Ici 1l n'est pas oiseux de se demander si les anti- 
quités romaines que l’on croit avoir été retrouvées à 
Malines, ne répondent pas précisément à l’idée des traces 
qu'a pu laisser un ensemble de demeures, modestes, for- 
mant cette petite agglomération que l’on a pu qualifier de 
magalia, mapalia. 

Pour étayer notre supposition de l’antériorité du thème 
gallo-romain au thème germanique, nous pouvons pro- 
duire un argument qui aura une portée considérable aux 
yeux des archéologues. 

Il existe au Musée de Cologne, un autel, trouvé en cette 
ville, en 1844, et dédié aux déesses ManHLiNEHAE. (Revue 
celtique, III, 1876-78, p. 300, liste de noms supposés 
gaulois, par CREULy); carnets déposés au musée de St- 
Germain (VIII, p. 17). Cet autel, qui date, selon toute 
apparence, du premier siècle de note ère, est décrit dans 
le Corpus Inscriptionum rhenarüm de BramBacn (Elbertel- 
HA 1697); D. 09, n° 407. 


Il figure trois matrones sous lesquelles l’inscription : 


MATRONIS 
MAHLINEHIS 
PIB ACLAVDEVS 

TATICENVS 

VASE: ME 


La dernière ligne signifie vofum solvit libens merito. 
BramBacx renvoie à ses devanciers : LErscH, B. ]. V, 
VI, p. 315, 93; DE Wa, De mocdergodinnen, Leyden, 1846, 
CLXXXI ; SreiNER, 1092. Orelli (Heinzen) 5930. 

M. D'ARBoIS DE JUBAINVILLE (Revue celtique, IT, 1873-75, 
Pp. 155,) parlant des déesses Mahlinehis, fait le rapproche- 
ment avec Malines : 

« De Mahlin, aujourd'hui Mechelen, en français Ma- 
» lines, se forme : Mahlineh (Malinois); féminin : Mabli- 
» nehia au Mahlinehi (Malinoise); et 1l ajoute : «1l y a 
» beaucoup de lieux du nom de Mahlin (Mechelen) en 


236 ÉTUDES SUR L'ORIGINE 





» Hollande, en Belgique et, si je ne me trompe, dans la 
» Prusse rhénane. » 

M. D'ARBOIS DE JUBAINVILLE, en admettant que le thème 
original est Mechelen, croit que le second h est sorti de 
la transformation du j ou du K; nous n’y voyons qu'une 
aspiration inconsciente de la terminaison latine is; mais 
pour le premier h, nous le considérons comme répondant 
à la fois au ch germanique actuel et au g gallo-romain. 

Dans un milieu germanique, nous trouvons un exemple 
de changement de g en h vers 1120. Une charte, accordée 
par Godebold, évêque d'Utrecht, à l’abbaye de St-Bavon 
de Gand (C.-P. SrrruRrE, Cartulaire de St-Bavon, p. 25), 
donne les deux variantes de Pagindrecht et de Pahmndrecht 
pour la localité actuelle de Puyendrecht; quant à la dis- 
parition de la lettre h elle-même, on en a un exemple en 
comparant l'allemand s/ehen et gehen au flamand sfaen 
et gaen. 


$ 6. — Les homonymes ou quasi-homonymes 
de Malines en topographie 


Un complément indispensable à l'étude publiée par 
M.DE MARNEFFE, est la nomenclature des homonymes ou 
quasi- -homonymes de la ville de Malines. En attendant 
qu'on en dresse soigneusement la liste, nous INR 
ici les noms suivants : 


Machelen, près de Deynze (Flandre Orientale). 

Machelgem, dépendance de Rooborst (Flandre Orientale). 

Quacd Mechelen, près de Tongres. 

Mechelhey (Lebbekc). 

Mechelhof (Leffinghe). 

Mechelbosch, près de Mechelen. 

Marline, près de Tongres. 

Malonne, près de Namur (le même nom est donné au 
ruisseau, qui traverse le village). : 

Maulenne, dépendance de Floreffe. 

Malonne, ‘dépendance de Moignelée (Namur). 

Marlagne, dépendance de St- Ger (Namur). 





7) 


DU NOM DE MALINES 237 





Maguelonne, près de Montpellier (Hérault), localité très 
connue au moyen-âge comme ville épiscopale. 

Malons (Gard). 

Mahalon (Finistère). 


On trouve encore des thèmes qui se rapprochent plus 
ou moins de ceux que nous avons passé en revue dans 
LacoMBLeT, Urkundenbuch fur die Geschichte der Nieder- 
heins, 1840-58. Nous en citerons quelques-uns : 


Mechluns (de curte), village du duché de Luxembourg, I, 
Dés. 

Mahelenbeke, T, p. 413. 

Mechernich, 1IT, p. 621. 

Mechenheim, TITI, p. 327. 

Mechetenheim, III, pp. 189, 195, 220, 348, 358. 

Mechermch, IV, p. 215. 

Mecklenbeck (hof), IV, p. 643. 

Mechkenherm, IV, p. 364. 


Toute cette liste improvisée devrait être complètée et 
étudiée de plus près. Aucun des noms cités ne peut être 
accepté que sous bénéfice d'inventaire. 

L'épithète de Ouaed, portée par Mechelen, près de 
Tongres, signifierait localité de peu d'importance, mais, se- 
lon d’autres, aurait été donnée à l’époque de propagation 
du christianisme, à cause des résistances payennes qu’on 
y éprouvait; de même disait-on au moyen-âge et encore 
au XVI*siècle (Heidensch Tongeren (Tongres la payenne) 
C.-P. SErRURE, Vaderlandsch museum, t. 11). Ce premier 
sens de quaed cadrerait mieux avec magalia qu'avec l'idée 
de mekel (grand, fort). 

Le nom de Malonne, porté par un ruisseau, n’a rien 
d'étonnant, un cours d’eau peut emprunter sa désignation 
du village où il prend sa source ou qu'il traverse. 

La désignation de Machelgem n'a pas nécessairement 
sa raison d'être dans le « hem » d’un personnage de 
l'époque franque. À une époque secondaire, peut-être déjà 
sous les rois mérovingiens, on trouve des localités où le 
« hem » postposé s'applique à autre chose qu’à un nom 


238 ÉTUDES SUR L'ORIGINE 





d'homme : Daelhem, Molhem, Kerckhem, la demeure 
de la vallée, du moulin, à côté de l’église. 

La différence de Malima à Malonne peut trouver sa 
cause dans le changement de i bref latin en oi français : 
pirum, poire; pilus, poil; niger, noir; fides, foi, et une 
transformation plus récente de omne en onne, ayant sa 
cause dans le dialecte local. 

Marlagne n'est pas plus éloigné de Marlines, que Pel- 
lines, Pellinis, cités par M. pe MARNEFFE ne le sont de la 
forme actuelle : Pellaines. Marlagne correspond au latin 
Marlama. 


K 7._— Les éléments d’un thème supposé Machi-lina 
s’expliquent autrement 


M. px MarNErFE constate que le premier élément 
Machi s'aperçoit dans les formes anciennes Metzeren 
(Limbourg), qui sont Machera, Mecerin et Meceres, et dans 
elle de Metsenrode, qui est Machenrode. Pour Machera, 
nous renvoyons à ce que nous avons .dit plus haut au 
sujet de magaria; quant à Machenrode, on pourrait sup- 
poser une leçon primitive Machelnrode. On comprend 
l'existence d’une « rode », c’est-à-dire d’un bois défriché 
à côté d'habitations rustiques (magaha); mais en don- 
nant à « machi » le sens d’ «iris », plante qui croit le 
long des rivières et des fossés), on ne saisit pas l’idée 
d’un défrichement. 

M. DE MARNEFFE invoque, comme point de comparai- 
son, les noms des localités allemandes : Machmin, Mach- 
nitz, Mechnitz, Meckbach et Mecklar; cependant 1l ne 
nous renseigne pas sur les désignations primitives de ces 
localités. Peut-être celles-ci offrent-elles des variantes, qui 
apporteraient quelque lumière. L'auteur des Recherches 
ne nous Cite pas non plus Mecklenburg, qu'on fait dériver 
de mekel grand, mais qui pourrait à la rigueur provenir 
de magaha, et qui dans son système se décomposerait en 
Meck-lenburg. 

Quant au second élément supposé dans « Machi-lina », 
« 1l se reconnait, dit M. DE MARNEFFE, dans Wamb-lims, 
» aujourd’hui Wemmel, dans Pel-linis et Pel-lines, formes 


de 


DU NOM DE MALINES 239 





» anciennes de Pellaines, dans Herche-line actuellement 
» Erquelines et dans Jamblinne. On le retrouve égale- 
» ment dans plusieurs noms d'Allemagne et notamment 
» dans Berlin, Koeslin, Templin, Warlin, Zechlin et 
» Zemlin. » 

Pour ce qui regarde les localités de l’est de la Prusse 
actuelle, nous les mettrons hors du débat. On devrait 
d'abord nous établir qu’elles ont été originairement alle- 
mandes et non pas lettes ou slaves; car il yaun siècle à 
peine on parlait encore le lettique presqu’aux portes de 
Berlin. Pour être complet et logique, M. DE MARNEFFE 
eut dù comprendre dans son énumération le Kremlin de 
Moscou. 

Wemmel, latinisé en Wamblinis, semble originaire- 
ment germanique comme toutes ces localités de la Cam- 
pine, que nous trouvons terminées en le ou en 1. Nous 
n’oserions dès lors l’assimiler à Jamblines, quoiqu'il n'y 
ait cependant pas d'impossibilité philologique à opposer 
sous ce rapport (w et g permuttant dans Waltherus et 
Gauthier; et mb et mm dans amb- qu et omme Fo 
manique). 

Quant à Pellinis et Pellines, formes anciennes de Pell 
laines (Liége);, Herchehne, forme ancienne d'Erquelines 
(Hainaut) et Jambline (Namur), on peut y retrouver sans 
grand effort : 

Apollinum ou Apollanum par apherèse de l'a initial 
comme pour Apulia, La Pouille (comparez Polanen en 
Hollande). 

Herculinuim (équivalant d'Hérculanum). CHoOTIN, p. 357, 
cite une variante du nom d’Erquelines : Hercliacum (961), 
(comparez Erkelens, en latin Herculeum, (Prusse rhé- 
nane) et les localités du nom d’'Heukelom en Hollande. 

Cambulinum, devenu Camblinum, Gamblinum, Yambli- 
num, Jambline. Ce seraient donc des localités vouées, la 
première à Apollon, la seconde à Hercule (dont le culte 
était très répandu à l’époque de Postume); la troisième 
à Mercure gaulois, c'est-à-dire à Cambulos, qui a laissé 
plus d'un souvenir dans la toponymie de notre pays. 
Citons seulement le Kemmelberg près d'Ypres, où l’on 
trouve si souvent des monnaies romaines. 


240 ÉTUDES SUR L'ORIGINE 





ÿ 8. Ce qui reste à faire pour compléter 
cette étude toponymique 


Il existe, au sujet du nom de Malines, une demi-dou- 
zaine de devinettes tellement bizarres qu’elles ne mé- 
ritent pas même d’être mentionnées dans une étude 
sérieuse, Au XVI: siècle, on considérait ces étymologies 
plutôt comme un jeu d esprit que comme une conjecture 
historique. Quand on disait que Malines signifiait 
« Marée haute » et Lierre « Marée basse », on n’a pu 
parler sérieusement. Un savant hollandais, qui écrivait 
pendant la première moitié de ce siècle, Hozurer {Taal- 
kundige aanmerkingen, 1815, p. 80), croyait pouvoir inter- 
prêter Malines, par mahl, mallum, et le traduire par 
« petite réunion de l’époque franque. » 

Cette explication qui, toute question philologique à 
part, semblait entrer dans le domaine du possible, se 
trouve écartée, pensons-nous, définitivement, par la con- 
statation faite par M. DE MARNEFFE du thème Maälinas 
de 870, qui conduit, comme nous l’avons vu, à la leçon 
Magalinas très éloignée de Mallum. 

Mais malgré le travail de M. pe MaRNEFFE et le mien, 
il reste à établir si Malines ou plutôt Mechelen dérive 
ou ne dérive pas de s#ekel où mikel, grand, que l’on trouve 
avec ce sens dans nos écrits du moyen-àge et du XVI 
siècle; 

C’est ainsi que dans le fragment de la traduction des 
Nibelungen, décrivant les funérailles de Siegfried, 1l est 
dit que son tombeau fut forgé de fer et d’or et qu'il était : 


mekel ende starc 
On en a encore, du même mot, un exemple dans le 
Spieghel Historiael de Van MAERLANT, t. II, p. 21 (pre- 
mière édition) : 
Daer was een mikel geschal. 


L'expression se rencontre également dans Van VEL- 
THEM, Spieghel Historiael, livre IV, 33 et passim. On avait 





D'OUMNOMMDIEMNAUINES 24TI 


"1 





mycele dans le même sens en anglo-saxon. CLIGNETT s’oc- 
cupe de ce thème dans ses annotations sur le Spieghel his- 
toriael, IT, br. 87-89. GrIGNy, dans ses Recherches étymolo- 
giques sur les origines des noms des villes de la Gaule Belgique 
(voyez : Magasin encyclopédique de Mirrix, VI‘ année, 
1800, t. [, p. 203), fait dériver le nom de Malines de ce 
mekel, en lui donnant la signification de Mechelheim (de- 
venue par abréviation Mechelen). 

« Les grecs, dit-il, ont wegalaos; les goths makcls 
» (Evang. Goth. (d'Ulphilas), Matheus 7, 27); les anglo- 
» saxons kel (LvE, Dict. Saxon); les francs et les anciens 
» allemands #uchl, mihil, mihhl (Scnrrzius, Gloss. Germ. 
» med aeri)... 11 y a plusieurs villages appelés Mechelen, 
» Machelen, Mechelen, Meckel, Makelbeke, Mechelbeek, 
» Michelbach (grand ruisseau), et Mechelenborg (Mega- 
» lopolis), ville autrefois très florissante, détruite en 1164, 
» qui n’est aujourd'hui qu'un petit village, mais dont le 
» nom est resté au duché. On trouve dans le recueil des 
» historiens de France, que Louis-le- Débonnaire donne 
» à Eginhard, une ferme nommée Wichlenstat (Hist. Gal. 
» script., t. V, p. 84). Michlenstat était situé entre le Mein 
»'et le Necker. » 

Un savant hollandais, Ypxy, auteur d’une histoire de 
langue néerlandaise encore estimée aujourd’hui, quoi- 
qu'écrite au commencement du siècle, maintient l’étymo- 
logie de mekel pour Malines, dans ses Verouderde woorden 
in den Staaten Bybel, et cette interprétation mériterait un 
très sérieux examen. YŸPEy invoque le mot mésogothique 
mikilata, employé par ULPHiLas dans le sens de « élevé ». 
Mehelhcm, grande habitation, nous transporterait à une 
période secondaire de l'époque franque, et formerait une 
désignation dans le genre de Quaedhem. 

Cependant la question est complexe, car Magalinas 
pourrait dériver d'un nom d'homme se rattachant à cette 
racine : znchkel. 

Magalos est le nom d’un roi des Boïens, peuple de la 
gaule transpadane qui, en 218 avant J.-C. s’allia avec 
Annibal (Tite-Live, livre XXI, chap. 29). En 1849, un 
petit vase, apparemment du 3% siècle de notre ère et con- 
tenant le viaticum (c.-.à-d. l’eau et le pain), qu'on mettait 
parfois dans les sépultures, fut déterré dans un ancien 

16 


242 ÉTUDES SUR L'ORIGINE 





# 


cimetière gallo-romain, à Sérancourt-lez-Bourges; 1l por- 
tait en graffito l'inscription : Busclla sosio lega sitim alixie 
magalu (en latin correct Bucella sosio lega sitim alesce « ma- 
galu). Cette légende est une recommandation adressée au 
vase même, comme on en trouve plus d’un exemple 
« D'une bouchée au compagnon allèges la soi, nourris le bien, » 
ou « sois nourissante pour Magalos. » Telles sont les deux 
traductions possibles de ce texte. M. DE LONGPÉRIER a 
cru reconnaitre dans #agalu un adverbe ayant le sens du 
latin valde, c'est-à-dire grandement, fortement. (Voyez 
C.-A. SERRURE, Etudes gauloises; l’épigrapme, p. 64; D'AR- 
BOIS DE JUBAINVILLE, sur le mot magalos, dans les mémoires 
de la société des antiquaires de France, 2° trimestre 1881 ; DE 
LonGPÉRIER, Revue archéologique, 1849, t. VI, p. 554). 

Ajoutons qu'on retrouve en épigraphie romaine les 
noms propres de Magulus (près de Vérone) et de Maguho 
(Revue celtique, t. TIT, p. 300). 

D'un autre côté magalos, supposé nom commun gaulois, 
a été considéré comme identique avec le grec 7egas, 
génitif megalou et avec le germanique #ekel. 

Il s'agissait donc encore, avant de conclure au profit de 
notre explication par #agalia, habitation rustique, d’exa- 
miner toutes les hypothèses qui peuvent surgir du côté 
de mekel, oui ou non identifié avec magalos. Il s’agit de 
relever tous les noms d'hommes qui peuvent être en 
rapport apparent avec Magalinas où Mechelen; 11 s'agit 
d'examiner par exemple, si à Gand le nom de Magelin- 
ou Majolhinstrate (aujourd'hui arbitrairement traduit par 
rue des Marjolaines) renferme un nom d’homme, comme 
l'afirme Diericx (Mém. sur Gand, t. II, 1815, IF, p.72); 
et le suppose Fr. DE Porter, Geschied. der stad Gent, t. 
V, p. 126, d'examiner quelle est l’origine du nom de 
famille Mechelinck, usité à Gand (et à ne pas confondre 
avec Mergelinck, d’Ypres), etc., etc. Il s'agit derne 
négliger aucun semblant, ni même aucun faux-semblant, 
et quand on aura réuni tous ces atomes, on parviendra 
à une masse solide. 

M.DE MarKNEFFE a incontestablement fait faire un pas 
à la question, nous croyons avoir contribué de notre côté 
pour quelque part à la précision du problème. Nous 
avons poursuivi l'étude de la forme romane et nous pen- 





DU NOM DE MALINES 249 





sons avoir démontré que cette forme suppose un thème 
primitif Magalinas au-delà duquel nous avons cru entre- 
voir #agaha. La transformation de #1agaha en Mechelen 
ou WMechelhem dénoterait une influence franque ; les Francs 
Saliens étaient haut-allemands. Il faut se rappeler ici de 
sa 2° loi phonétique établie par Grimm : 


Grec; latin, G DE 
Gothique; bas allemand, K ARE 
Haut-allemand, CEMEZAUE (ph) 


Mais nous ne chercherons pas à conclure au-delà du 
thème primitif roman ou plutôt gallo-romain de Wagäli- 
nas. Nous l’avouerons en toute franchise, nous avons fait 
une étude spéciale du latin épigraphique pour y retrouver 
des vestiges du gaulois; mais nous avons rarement pous- 
sé nos recherches du côté des langues germaniques an- 
ciennes, et nous préférons ne pas nous avancer téméraire- 
ment sur ce terrain, qui nous est moins familier. 

Cet article n’a pas la prétention de clore l'enquête sur 
l'origine de Malines, mais de préciser le débat. Pour 


qu’une solution soit complète et concluante, il faut trois 


choses : 1° elle doit être philologiquement correcte; 2° 
elle doit paraître logiquement, physuement et histori- 
quement possible; 3° être la seule qui se présente dans 
ces conditions. L'interprétation par #1agalia (ayant formé 
magalium où machel-hem et peut-être l’un et l’autre à la 
fois), satisfait, pensons-nous, aux deux premières exi- 
gences. Nous laissons à d’autres le soin d'examiner, si elle 
répond à la troisième condition et si elle est préférable 
à l'explication de Grieny et D'YPEy, que M. DE Mar- 
NEFFE a écartée sans donner les motifs de cette exclusion. 

En attendant que lumière complète se fasse, nous 
reproduisons ici les sages paroles de notre éminent épi- 
graphiste, M. le président SCHUERMANS : « Une étymo- 
» logie possible n'est pas toujours une éty mologie pro- 
» bable. Les étymologistes doivent aujourd’ hui quitter 
» le domaine de l'imagination pour obtenir une science 
» exacte. » (Bulletin de la Société d'anthropologie de Bruxelles, 
VI p.352). 

C.-A. SERRURE. 








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s pe . 





Wapers der Yier  Grordhecren : 


Bocholtk  Aonshrorrk  Renesse: * Jsendoorr. 
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Bulletin du Cercle Archéologique, Littiraire et Artistique de Malines, t. IV, 1893. 





EÉenige blad3ijden uit de geschiedenis 


DER 


VRIJHEID EN VOOGDIJ VAN 


Moll, Baelen en Desschel 


ZIJNDE 


1° de Grondheerlijkheid; 2° de Hooge heerlijkheid 
3° de Grenspalen; 4° de Sterf- of Koopkeur; 5° de Leen- en Laathoven 
6° de Schansen in de XVI‘: eeuw; 7° de drij Schuttersgilden 
8° het Testament van Albert van Renesse en het Proces der tiende 
9° V. H. Dillen; 10° de Franschen te Moll, in 1794 
11° de Deken van Dongen en de Besloten tijd 
12° de Boerenkrijg in 1798; 13° de Familie van Praet 
en 14° het Wapenschild der gemeente 


I 


De becren der voogdii 


Grondheerlijkheid 







mx coR de opkomst van het leenroerig tijdvak was 
À de Frankische vt/la, waaruit de dorpen Moll, 
Baelen en Desschelontstaan zijn, reeds het eigen- 
dom der abdij van Corbie, in Picardië. 
Deze was er van in bezit gekomen ten jare 774 (1), 
wanneer de H. Adelaard, neef van Karel-den-Groote, in 


(1) Analectes, deel 9. Daris, Notice sur la ville de Beeringen. 


246 GESCHIEDENIS 





dit toen reeds vermaard Benedictijnenklooster trad, dat 
in 657 door de koningin Bathilda en haren zoon Clota- 
rius III, koning van Neustrië, was gesticht geweest. 

De abdij van Corbie. werd tijdens de middeleeuwen 
een der machtigste gestichten van westelijk Europa, 
hare gemijterde abten namen in de IX‘ eeuw den titel 
van graaf, waren heeren der stad Corbie en hadden het 
recht geld te slaan. 

Deze abdij bezat, onder den naam van erfgoed van 
St-Adelaard, uitgestrekte goederen in ons vaderland. 

Eene onuitgegeven kronijk van Corbie, waarvan de 
handschriften nu grootendeels in de nationale bibliotheek 
te Parijs bewaard worden, zegt, dat de Noormannen, 
in 882, gansch St-Adelaards erfsoed verwoestten en ver- 
brandden, te weten : Beeringen, Montenaeken, Gompel, 
Moll met al de omliggende burchten (cum adjacentis 
castellis) (1). 

Volgens Grammey en de latere schrijvers, werd Moll, 
slechts rond 896, door Zwentibold, koning van Lotrik, 
zoon van keizer Arnold, overwinnaar der Noormannen, 
aan de’g#enoemde Fransche Benedictijnen gegeven. Doch, 
daar de aanhalingen van dezen geschiedschrijver niet 
altijd nauwkeurig zijn, een bewijs daarvan is, dat hi] de 
gift van de H. Adelaard niet gekend heeft en het charter 
van Zwentibold niet mededeelt, zou het wel mogelijk 
kunnen zijn, dat deze koning het oud allodiaal goed in 
cen leen veranderde, vermits hij hetzelfde jaar nog zulke 
herschepping te weeg bracht, namelijk in de abdij van 
Moyen-Moutier, in Lotharingen (2). 

De hertogen van Braband hebben de Benedictijnen 
van Corbie, die vreemd en verwijderd waren, langza- 
merhand van hun gezag te Moll beroofd « want het ts 
notoir, zeggen de gemeente archieven, dat de abt, van Cor- 
bie 1s geweest heer der voogdij van Moll ende dat hy die ge- 
transportecrt hecft aen de hertogen van Brabant.» 

De hooge heerlijkheid, met de benoeming der zeven 
schepenen, behoorde reeds aan deze vorsten, voér de 


CAL 





(1) MABiLLon, Acta Sanctorum ovd. Sancti Benedicti, Saecul. NV, païrs-r, P. 307. 
(2) Azpx. WaAUTERS,. Les libertés communales en Belgique, deel 1, bl.:197. 








VAN MOLL, BAELEN EN DESSCHEL 247 





XIV® eeuw. De monniken geen rechtsgebied door hen 
zelven mogende uitoefenen, benoemden eenen beschermer 
voogd (advocatus) genaamd, welke hunne belangen moest 
handhaven. Van daar de benaming van voogdy, tot bij de 
Fransche omwenteling in stand gebleven, alhoewel er 
geerne schermvoogden meer voorkomen na 1248. De 
namen van driy dezer kloostervertegenwoordigers zijn 
gekend : Hendrik in 1173, Symon in 1223 en Willem in 
1248; de twee laatste schijnen door den Hertog van 
Braband te zijn aangesteld. De opvolger van Willem 
was wellicit Renier, Kastelein (casteilani) van Moll (x). 

De abdi trok betrekkelijk weinig profit uit hare goe- 
deren in België, welke in beslag werden genomen telken 
male ons land met Frankrijk in oorlog was, namelijk in 
1521 (2). Om ze niet geheel te verliezen en misschien uit 
vrees van inlijving bi] een der nieuwe bisdommen, welke 
Filips II in de Nederlanden kwam te verkrijgen, ver- 
kocht de abt-commendataris, kardinaal van Bourbon, op 
10 november 1559, voor den spotprijs van 12.000 pond 
Vlaamsch en eene rente van 1000 pond, het eeuwigdurend 
vruchtgebruik van gansch St-Adelaards erfgoed, waarvan 
het inkomen op 25.000 pond geschat was. 


BOCHOEFZ 


De kooper was Godfried van Bocholtz, ridder, heer 
van Grevenbroeck en Amstenrade, zijn broeder Rein- 
hard was toen de 55% abt van Nieuw Corbie of Corvey, 
in Saxen, en overleed in die hoedanigheid op 25 mei 
1585) (3): 

Vele gedingen zijn begonnen geweest in den souverei- 
nen raad van Braband en in den grooten raad van Me- 
chelen ten jaren 1577en1612,0om dezen koopte verijdelen, 
doch hebben nooit gevolg gehad (4). 

Van toen af bezat Godfried van Bocholtz de grond- en 


(1) GaLEsLoor, Le livre de 2500 fendataires du duc de Brabant Fean IIT, en 1372, 
Dire 

(2) Azpx. WaureRrs, Histoire des environs de Bruxelles, deel IIT, b1. 426. 

(3) FAHXE, Die dynasten, freiherren und jetzigen grafen von Bocholtz, bl. 178. 

(4) Dom CocquELix, Historiae regalis abbatiae Corbeiensis, b1. 66-67. 


245 GESCHIEDENIS 





gedeeltelijk de middelbare heerlijkeid van Moll, het goed 
van Gompel, het jus-patronatus der kerk, de tienden, 
cigncen, renten, enz., in een woord, alles wat nog in 1559 
aan de abdij van Corbie behoorde. 

Zijne lasten waren het onderhoud van de beuken der 
kerk, van het bovenste gedeelte des torens tot 17 voet 
boven het dak der kerk, het plaatsen eener tiende- of 
banklok en het voeden van eenen beer, welke kosteloos 
ter beschikking der varkens zijn moest (1). Godfried van 
Bocholtz was gehuwd met Alexandrina van Wittenhorst, 
dochter van Jan en van judoca van Wees. Deze echte- 
lieden waren in 1607 overleden en den 26 april van het 
zelfde jaar werden deze goederen en rechten openbaar 
geveild en ingekocht voor 47.050 carolus guldens, boven 
de renten, die ze bezwaarden, door Arnold van Huyn, 
heer van Amstenrade en Geleen, en zijne echtgenoote 
Margareta van Bocholtz, dochter van Godfried. 


HOENSBROECK 


In gevolge der deeling van 31 Maart 1607, had Her- 
man van Hoensbroeck, heer van Oostham, Beverloo en 
Quaedmechelen, welke den 14 mei 1585 in huwelyk was 
getreden met Anna van Bocholtz, ook dochter van ridder 
Godfried, en die in 1601 overleden was, de keus de be- 
zittingen van Moll te behouden, in naam zijner minder- 
jarige kinderen. Herman van Hoensbroeck bekwam toen 
ook de heerlijkheden Beeringen, Heusden, enz., en be- 
woonde het kasteel van Oostham, waar hi] den 27 februari 
1627 stierf. 

In den verkoop van 26 april 1607 zijn deze baten 
beschreven als volgt : 

De heerlijkheid, middele en lagere, van Moll, Baelen 
en Desschel, met al de gerechtigheden, heerlijke cijnsen, 
tienden, vervallen van leenen, keuren en andere inkom- 
sten, toebehooren en aanhoorigheden, welke heerlik- 
heden bestaan in : 

1° De heerlijke cijnsen, die jaarlijks omtrent 50 gulden 
opbrengen. 


(1) Gemeente-archief, 





VAN" MOLL, BAELEN MEN DESSCHEL 249 





2° Onder Baelen, een cijns van 3 1/2 veertelen gerst en 
6 hoenderen. 

3° De lammeren- en ganzentiende zooals die van oude 
tiyden geweest zijn. 

4° Het recht van keuren, wanneer personen komen te 
sterven goed hebbende onder deze heerlijkheïd, cijps- 
goed genaamd, hetwelk de erfgenamen aan den heer 
moeten komen verheffen, welk dan geschat en van wier 
schâtting en waarde de heer, den 80% penning behoort, 

5° Het recht van koopkeur. 

6° Onder de drij dorpen zijn gelegen zoo weiland, 
zaailand en eussels, omtrent 36 bunders en 3 landhuizen, 
leengoed wezende, waarvan de heer een jaar vruchten 
toekomt zoo dikwijls deze versterft, verkocht of verpand 
worden en een achterleen onder Meerhout van welk de 
leenheer 12 gulden trekt bi] elken eigendomsovergang. 

7° De schoone hoeve van Gompel : met aanhorigheden, 
groot 98 bunders 50 roeden, verhuurd aan 100 guld en 20 
mudden koren (1). 

8° De tiende van Moll en Desschel (maar niet onder 
Baelen, deze behoorde de abdij van Averbode). Deze 
eerste Was toen verpacht voor 230 mudden rogge en de 
tweede voor 746 gulden. 

g° De tiende van Rethy, St-Peeters tiende genoemd, 
welke 27 veertelen koren afwierp (2). 

Ulrik van Hoensbroeck, oudste zoon der voorgaanden, 
volgde zijne ouders op. Hi; was geboren in 1587, werd 
domheer van St-Lambertus te Luik, aartsdiaken van 
Haspegouw, enz., en overleed 28 october 1642. Gedu- 
rende zijn bezit vestigde zijn jongere broeder Willem 
zich te Moll, ten huize van den schouteth Erasmus van 
Ranst, ten einde de bezittingen zigner familie, in die 
onrustige tiden, gade te slaan en dezes onderzaten tegen 
_. _krijgsgeweld te verdedigen en te beschermen. 

Na de dood van Ulrik kwam de heerlijkheid aan zijnen 
broeder Arnold van Hoensbroeck, ook domheer van 
Luik, proost van Hildesheim en Tongeren. 


(1) Het mud koren was toen geschat op 12 guld. 
(2) Gemeente-archief, nu in ’s Rijksarchief te Brussel. 


250 GESCHIEDENIS 








Het kapittel van St-Lambertus te Luik, waarvan deze 
tee Heeren kanunniken waren, was een der doorluch- 
tigste der Christenheid. 

Hare leden, ten getalle van 60, droegen den naam van 
domheeren (tréfonciers), vormden den eersten staat des 
lands (l’état primaire), kozen den prinsbisschop, en er is 
een ti]d geweest, zegt Jean d'Outremeuse, dat 9 konings- 
zonen, 14 zonen van hertogen, 29 zonen van graven en 
7 baronszonen dit kapittel uitmaakten. 

Bij testament, op datum van 28 februari 1665, stelde 
Arnold van Hoensbroeck zijne zuster Anna tot erfgename 
aan zigner heerlijkheid en goederen van Moll en bij dee- 
ling van 1 februari 1666, bleef zij er van in bezit. 


BOCHOLTZ 


Anna van Hoensbroeck was gehuwd den 2 februari 
1627 met Hans Willem, baron van Bocholtz, heer van 
Aldenborgh, voorzitter van het leenhof en stadhouder 
van bet ridderorder van Luik, slotvoogd van Greven- 
broeck, geboren 21 october 1599, overleden 12 september 
1679, zoon van Godert, heer van Oreye en van Margareta 
van Groesbeeck. Zijne uitvaart werd te Moll den 27 
september gedaan. 

Deze echtgenooten gaven, in 1670, een geschilderd 
venster, met hunne wapens versierd, aan het klooster 
(1), hetwelk de uit Holland verjaagde Karmelietersen, 
zeven jaren te voren in onze gemeente hadden gesticht 
en Waaraan zi] den naam van Roozenberg gaven. 

Anna van Hoensbroeck stierf den 24 augusti 1679; 
hare uitvaart had vier dagen daarna te Moll plaats. 

Bij akt van 18 mei 1663, lieten zij het vruchtgebruik 
hunner inkomsten in de voogdij aan hunne dochter 
Cecilia, kanunnikes te Susteren. 

De deeling der goederen dezer edellieden gebeurde op 
24 jui 1682, en de grondheerlijkheid van Moll, tienden 
en landgoed van Gompel bevielen aan : 


(1) Leroy, Nofitia marchionatus S. Imp., bl. 274. 





” 


VAN MOLL, BAELEN EN DESSCHEL 


Le) 
UT 
_— 








RENESSE (1) 


Anna-Margareta, hunne dochter, geboren den 25 mei 
1628, overleden te Luik den 27 maart 1692, was gehuwd 
met Joris-Frederik van Renesse, baron en heer van s’ Hee- 
ren-Elderen, Masnuy, Cortessem, Assendelft, Oostmalle, 
Hern, Schalckhoven, Wintershoven, Dessener, Wasmes, 
Roucourt, Lewarde, Wesignon, Vireux-Molhain, enz., 
slotvoogd der stad en kasteel van Stockhem, hetwelk hi} 
dapper verdedigde, maar dat toch door de Franschen 
werd ingenomen den 22 januari 1679. Ook was hij com- 
missaris van den prins van Luik te ’s Gravenhage en over- 
leed den 3 november 1681. 

Op 14 october 1687, stichtten deze echtelieden, bij ge- 
zamentlijk testament, het majoraat van het Huis van 
Renesse van Elderen. 

Dit dokument spreekt niet van de goederen te Mall, 
maar het bijzonder testament van 1 februari 1656 luidt 
als volgt : 


Wij, Anna-Margareta, baronnes van Bocholtz, enz. En rakende mijne 
goederen, zoo roerende als onroerende, van de welke ik machtig ben en 
die in het testament van wijlen mijnen beminden man niet begrepen zijn, 
wil en gebied ik dat mijne dochters, te weten : de kanunnikes van Nivel, 
de kannunikes van Maubeuge en onze jongste dochter Lambertina (2) 
zullen hebben en bezitten, hun leven gedurende, onze tienden van Moll, 
en dat onze jongste nog jaarlijks honderd kronen buitenpaart uit de 
tiende trekke. : 


(1) Tavs, Les seigneurs de s Hecren-Eldersn. — Het doorluchtig Huis van 
Renesse stamt af van Diederik VI, graaf van Holland in 1163 en van 
Sophia, paltsgravinne van den Rhijn. 

(2) Lambertina van Renesse werd abdis van Munsterbilsen, die den titel 
van prinses van het H. Roomsch rijk droeg en Vrouwe van verschillende 
dorpen was. De domijuffers of kanunnikessen der kapittels van Nyvel, 
Maubeuge, Munsterbilsen, enz., bewoonden een afzonderlijk huis, waren 
alleenlijk gehouden tot tijdelijke belofte, zoolang zi] hunne prove genoten, 
moesten den koordienst en de mis bijwonen, maar geene andere regels 
onderhouden. 

Te Nyvel en elders nam men geene dan adellijke kannunikessen aan, die 
acht kwartieren bezaten. Met hunne kanunniksdij te bedanken konden z1] 
terug in de wereld gaan en in het huwelijk treden (Danris, Histoire du diocese 
et de la principauté de Liège, deel T, bI. 617-619). 


252  GESCHIEDENIS 





Willende ook dat onze jongste zoon Frans-Hyacinth, honderd kronen 
hebbe uit de renten, die wij op de gemeente Moll bezitten (r). 


Maximiliaan-Hendrik, graaf van Renesse, sedert het 
uitsterven van den tak Renesse-Warfusée in 1668, was 
te Elderen den 10 juli 1655 geboren; hi} erfde al de heer- 
likheden zijner ouders, door het recht van eerstgeboorte, 
en huwde 1° Magdalena-Sophia, baronnes van Wasse- 
naer en 2° Margareta-Elisabeth van Stepraedt, overleden 
in 1726. Maximiliaan van Renesse stierf den 2 juli 1716. 
Zijn zerkstèen met zestien kwartieren van edeldom ver- 
sierd, ligt nog in de kerk van Elderen. 

Hi] bezat eene rente van 19500 guld. wissel op de 
gemeente Moll, welke hem gedeeltelijk in 1696 werd 
afselesd en voor de overige 9500 guld. gingen de sche- 
penen een verdrag aan den 13 juli 1712 van 380 guld. 
jaarlijksch intrest te betalen. 

Bi de dood van Maximiliaan van Renesse, waren zijne 
kinderen nog minderjarig, Margareta van Stepraedt, de 
gravin douairière, hunne moeder, bestuurde de goederen 
tot bij de meerderjarigheid van haren oudsten zoon 
Hendrik, die den 5 februari 1701 in den ouderdom van 
24 jaren ongehuwd overleed. Zijne broeders, Ferdinand 
en Albert, die hem beurtelings opvolgden, waren beide 
domheeren van Luik en stierven in 1728. Ferdinand van 
Renesse was verplicht geweest eene nieuwe tiendeklok te 
doen maken in 1727, deze smolt in den torenbrand van 
1765. Albert, de langslevende, stelde bij zijn testament 
van 12 september 1728 tot algemeene erfsename aan zijne 
zuster Anna-Margareta. 

De goederen en rechten der grondheeren bestonden 
toen nog nagenoeg zooals ze in de akte van 1607 zijn 
beschreven, doch het goed van Gompel was aan het 
majoraat van het Huis van Elderen onderworpen en 
bleef aan de familie van Renesse tot in 1800, wanneer 
graaf Clemens-Wenceslaus het verkocht of overgaf aan 
den advokaat Jans, later vrederechter te Moll (2). 


(1) Bibliothèque royale héraldique à Bruxelles, n° 234. — Mémoire pour Fran- 
çois-Hvyacinthe de Renesse, contre Jean-Henri d’Isendoorn, à Blois. 
(2) P.-J. Jans, in 1760, te Oostham geboren, was zoon van den meier der 


VAN MOLL, BAELEN EN DESSCHEL 253 





ISENDOORN 


Anna-Margareta, gravin van Renesse, geboren te El- 
deren, 15 maart 1703, erfde dus al de andere rechten in 
de voogdi;; ziy huwde Jan-Frederik, graaf van Isendoorn 
tot Blois, heer van Cannenburg, welk kasteel in Gelder- 
land gelegen, deze familie bewoonde. 

Na den grooten torenbrand van 1765, waarin al de 
klokken smolten, was de grondheergedwongen de tiende- 
klok te doen hergieten. Deze klok, nog bestaande, is het 
jaar daarna vervaardigd geweest te Moll, door A.-]. Van 
den Gheym, van Leuven; zi] weegt 4000 pond en draagt 
de namen en de wapens van Isendoorn en Renesse. 

De gravin van Isendoorn overleed in 1777 en had tot 
opvolger haren zoon Jan-Hendrik, graaf van Isendoorn 
tot Blois, heer van Cannenburg, Cortessem, Wintersho- 
ven, Dessener, Oreye, Grandville, Beeringen, Oostham, 
Ravenberg, grondheer van Moll, Baelen en Desschel. 
Hij huwde reeds oud zijnde Charlotta van Venningen. 
Uit dezen echt, welke zeer ongelukkig was, werden twee 
zonen geboren : Frederik-Karel-Theodoor en Rijndert- 
Albrecht-Lodewi]k. Beide overleden kinderloos over een 
dertigtal jaren en waren de laatsten van hunnen door- 
luchtigen stam. 


grondheeren van Moll, en een hunner advokaten tijdens het langdurig 
proces met de familie van Renesse. Hij bewoonde te Luik het huis der 
graven van Cannenburg, in de rue Haute-Sauvenière, welk hem werd 
afgestaan als eereloon voor genoemd proces, en later het bekende gasthof: 
« de Twee Fonteinen » werd. Het schijnt dat hij ook het goed van Gompel, 
voor bewezene diensten, verkreeg ; dit hebben wij echter nog niet kunnen 
ontdekken. Het klooster, waarvan in onze Geschiedenis van Moll een volledig 
artikel zal medegedeeld worden, was reeds in 1702 door de Karmelieterssen 
verlaten, die het in 1730 aan den baron van Leefdael verkochten. Meer- 
maals vervreemd, kwam dit eigendom aan de graven van Isendoorn en 
dan aan den meier van Praet, welke hem den advokaat Jans, in het begin 
dezer eeuw, verkocht. Ondanks vele moeite zijn deze drij laatste akten nog 
niet gevonden. 

Jans, in 1825, vrederechter te Moll geworden, bewoonde het klooster en 
overleed in dit schoon Heerenhuis den 3 mei 1837. 


GESCHIEDENIS 


[de 
Ut 
+ 





IT 
Hooge heerlijkheid 


Zooals gezegd is, behoorde de hooge heerlijkheid der 


voogdi] reeds véér de 14% eeuw aan de hertogen van: 


Braband. | the 

Ten jare 1331, « des goensdaeghs na onser vrouwen dach te 
Assumptien », staat hertog Jan IIT aan de inwoners der 
voogdi; al de gemeente vroenten of heiden af. 


De hertogen Wenceslaus en Johanna schonken in 1377 


de waterloopen aan de ingezetenen, mits behoud van de 
rivier de Neeth, waarop hun watermolen gebouwd was. 

Deze molen, pars integra der heerlijkheid, was in 1223 
in erfpacht gegeven geweest door de kerk van Corbie, 
aan den schermvoogd Symon (1), zoodat de overgang 
der hooge heerlijkheid tot de hertogen van Brahand heeft 
plaats gehad tusschen de jaren 1223 en 1331. 

Gezegde molen is zeer oud en bestond ongetwijfeld 
reeds toen de H. Adelaard zijn erfgoed aan Corsie gaf. 
Zijne aloudheid moet zoo verwonderlijk niet schijnen, 
daar de Romeinen de eerste watermolens hier ten lande 
hebben ingebracht, en van den watermolen van Kiever- 
mont, onder Gheel, wordt reeds ten jare 680 gewag 
wemaakt (2). 


Hierin ook moet men de naamsafleiding van Moll 


zoeken (3). Het middeleeuwsch latijn w10/a, molima, be- 
teekent molen; men schreef den naam van ons dorp 
Molas in ’t latijn ten jare 882. 

De groote en zeer oude watermolen te Lier, onlangs 
afsebroken, droeg den naam van de WMo/.Onder Sroechem 
was vroeger een watermolen op de Kleine-Neeth; de 
plaats heet nog Mol of Molen-ter-Neeth en het nabij gele- 
gen gehucht Mollent, zooveel als Moleneinde. Indien er 
te Mechelen eertijds een #10/ of molen nabij de tegen- 
woordige vischmarkt, waar de Melane zich in de Düijle 


(1) Gemeente-archief. 
(2) KuYyL, Gheel vermaard door de H. Dimfhna, b1. 11. 
(3) Dit is ook het gedacht van den geleerden heer SERRURE, 


De 


LE 


VAN MOLL, BAELEN EN DESSCHEL 299 





werpt, bestaan heeft, dan was hij reeds vo6r 1379 ver- 
dwenen. 

De watermolen van Moll heeft aan de Kroon behoord 
tot in 17806, wanneer keizer Jozef II hem met de twee 
andere banmolens verkocht voor de somme van 44.928 
br. guldens. 

Doch de hooge heerlijkheid was den 25 augusti 1626 
verpand geweest (1). 

De geschiedenis leert ons, dat de langdurige oorlogen 
der XVI'* eeuw, Spanje, waartoe ons vaderland behoorde, 
verarmd en ontzenuwd hadden. 

Koning Pilips IV, om de groote kosten van den krijg 
te dekken, was gedwongen vele heerlijkheden in zijn 
hertogdom Braband te beleenen en te verpanden. 

Onder deze bevond zich de heerlijkheid der voogdij 
van Moll, welke volgens de akte van beleening bestond 
in : 
Hoog-, middelbaar- en lager gerecht, zonder eenig 
inkomen, met de jacht, vogel- en vischvangst, amenden 
van lijfstraffen en burgeriijke misdaden, verbeurdverkla- 
ringen van openstaande- en bastaardgoederen, gevonden 
biezwermen, toezicht der openbare wegen, uitvoering van 
calengiering, recht van boomen op de straten te planten, 
van de gals, kaak en schandpaal (2) en andere teekens 
van gerechtigheid en rechtsban te mogen oprichten, ook 
de benoeming van schouteth, schepenen en andere rechts- 
dienaars; maar er bleef den koning voorbehouden het 
luiden der banklok, accijnzen, geldheffingen, leenver- 
heffingen en leenplichten, onderhoorigheid, kwijtschel- 
ding van verouderde wetsovertredingen, vergunningen 
tot oprichting van wind- en watermolens, verbeuringen 
van goederen uit rede van oorlog of van die met den 
vijand hielden en voor misdaden van hoogverraad tegen 
de goddelijke en koninklijke majesteit (3). 


(x) Leroy, L’érectlion de toutes terres, seigneuries et familles titrées du Brabant. 
(2) De kaak of schandpaal bestaat nog. Het is een rond gekapte arduin- 
steen, ongeveer een el hoog en breed; hij ligt tegen den noord-oosthoek 


“van het gemeentehuis onder den neuzendrop, zooals men te Moll zegt 


doch is sedert eenige jaren in den grond gegraven. 
(3) Gemeente-archief, — Charter n° 38. 


250 GESCHIEDENIS 





De heerlijkheid werd dan verpand voor de somme van 
10.700 guld. aan : 


DE MOL 


René de Mol, heer van Esschenbeek, en aan zijne zuster 
dona Maria, weduwe van don Juan de Mancicidor, secre- 
taris van Pilips IV, wier ouders waren Willem de Mol 
en Anna le Sauvage. 

René schijnt de rechten zijner zuster te hebben afge- 
kocht; deze had slechts twee dochters, die kloosterlingen 
waren. Hij droeg met twee andere edellieden den stan- 
daard van Styrië, bij de begrafenis van aartshertog Albert, 
den 3 juli 1621(1). Dezeeerste pandheer had voor opvolger, 
zijgnen broeder Antoon de Mol, ridder, heer van Rol- 
lant-Sterrebeeck, welke den 9 december 1632 huwde met 
Maria Triest, vrouwe van Rudderhove, Lovendeghem 
en Belleghem, geboren in 1608, dochter van [oost Triest, 
edelheer van den huize van aartshertog Albert, schepen 
van den Keure te Gent en van Barbara Dammant, vrouwe 
van Overacker. Hij kocht op 23 juni 1632 het recht van 
den vond der verloren beesten in de voogdij, van het gast- 
huis van Turnhout, overleed in 1652 en werd in de 
Minderbroederskerk te Brussel begraven. Zijn opvolger 
Was : | 
René de Mol, heer van Rollant-Sterrebeeck, Rudders- 
hove en Lovendeghem, lid van den adelstand van Bra- 
band, baron van Herent, te zijnen voordeele tot baronnie 
verheven door Pilips IV den 17 augusti 1658 (2). 

Hi huwde Diana Digby, dochter van eenen engelschen 


(1) BUTKEXS, Trophées du Brabant, deel IV, bI. 84. 

(2) IpEM, ibid., deel III, 130. 

Bij het ter pers leggen, lazen wij in het : Kempisch Museum (Turnhout), 
3% jaargang : Eenige aanteekeningen op Moll, Baelen en Desschel b1. 69 tot 88, 
door M. Tu. ]. pe Raapr, de gekende geslachtkundige, hetwelk ons belette 
eenen misslag te begaan, daar wij dachten, dat deze twee René’s een en 
dezelfde persoon waren, ook in dit artikelhierop verbeterd. 

Wij hebben den lijst der Heeren nog uitgegeven in het A nnoncenblad van 
Mol, van 6 april 1878, en onder den naam van : Beknopt dagboek der voogdÿ, in 
de twee weekbladen dier gemeente, gedurende het jaar 1892. 





VAN MOLTSPAEPENMENMDESSCNET 


D 
Ur 
NI 





edelman, Joris, graaf van Bristol, ridder van den Hoos- 
band, raadsheer van Karel I, en die gedurende zijne 
ballingschap het katholiek geloof omhelsde en van Anna 
Russel, dochter van den graaf van Bedford. 

René de Mol liet twee kinderen na : Anna-Maria en 
Jan-Baptist, graaf van Bristol, kapitein der lijfwacht van 
koning Jacob IT, die later in Ierland vermoord werd. 

Terwijl René in bézit der heerlijke rechten was, werden 
de costumen uitgegeven, en zijn blazoen, zonder kleuren 
echter, op het titelblad gedrukt. Dit is de reden, waarom 
men, in 1846, dit wapen heeft aangenomen, wat onge- 
lukkiglijk een misslag 1s. 

Op 20 november 1657 verkocht Filips IV de heerlijk- 
heid en zij werd door de inwoners ingekocht voor de 
somme van 24.000 guld. boven de verpanding (1). 

Er valt te twijfelen of de familie de Mol ooit in volle 
bezit der hooge heerlikheid geweest is, dat is te zeggen, 
of de inwoners haar hunnen koop hebben overgelaten; 
zij is echter eigenares geworden van de warande en van 
den vond der beesten. 

René de Mol, baron van Herent, overleed in 1691. 
In de maand mei 1650, eene somme geld geleend heb- 
bende aan Jacob Bouton, verkocht hij hem alle zijne 
heerlijke rechten te Moll den 10 december 1660. 


BOUTON 


Jacob Bouton, heer van Stalle, Capelle-op-den-Bosch 
en Ramsdonck, raadsheer en advokaat-fiskaal van den 
raad van Braband, griffier der staten van Braband, werd 
in 1666 door koning Karel II ridder geslagen. 

Hij huwde Maria-Christina van den Eede, dochter 
van Hendrik, raadsheer in den raad van Braband en 
van Maria Foscius. Deze heer behield Moll niet lang 
en om zijne heerlijkheden, Capelle-op-den-Bosch en 
Ramsdonck, te kunnen betalen, verkocht hij de hooge 
heerlijkheid in december 1666 aan 


(1) Gemeente-archief, — Privilegieboek. 


258 GESCHIEDENIS . 





ROELANTS 


Alexander-Balthazar Roelants, heer van Eynthout, 
Pautersem, enz., erfridder van het H. Roomsch rik, 
doctor in beide rechten, apostolisch protonotaris, deken 
van het kapittel van den H. Gommarus te Lier, sedert 
1674, in die stad geboren en er overleden den 31 januari 
1696 (1). 

Bij akte van 25 maart 1681, had hij den naakten eigen- 
dom zijner rechten in de voogdij gegeven aan zijnen 
neef [acob-Alexander-]ozef Roelants, welke voôr den oem 
stierf. 

De verkoop door Bouton gedaan, moet niet zeer re- 
gelmatig geschied zijn, want zijne kinderen deden den 
kooper een proces aan. 

Bij vonnis van den souvereinen raad van Braband, van 
22 october 1688, was de koordeken Roelants verplicht 
afstand te doen van de noorderlijke helft der voogdi]. 
Andere gedingen volgden hieruit en in 1695 beweerde 
Roelants wederom, dat de gansche heerlijkheid hem 
behoorde. Hij overleed korts daarna. | 

Deze heer moet te Moll tijdelijk gewoond hebben en 
had er den 20 maart 1692 een huis aangekocht : 


Sekere huvsinghe mette schuere ende stallinghe, app. en dep. van dyen, 
gestaen en gelegen aen de plaetse alhier, by de kerk. reenende oost de 
erfg. Laureys Verachten, suyd de Merkt, west Elisabeth Conen, noord 
den loop. 


Ook bezat hi] den eigendom « de Groote en Kleine 
Boeretang », te Desschel, en de « Brauselhoeve », te 
Rethy, volgens den akt van 1698 aldus aangeduid : 


De hoeve ende landeryen daer annex gelegen tot Desschel, geheeten de 
Boeretanghe, jaarlyks renderende 160 guld. mitsgr. den oliemolen renderen 
100 guld. Item den vyver 24 guld., alsmede de Clyn Boeretanghe, met de 
landeryen annex uytgedruckt ter somme van 66 guld., oock den bempt 
17 guld., den chynsboeck uytgedruckt te renderen 12 guld., daerenbove 
seeckere hoeve ende landeryen gelegen binnen den dorpe van Rethy, 
genoempt de Brauselhoeve, jaarlycx renderende 54 guld. 


(1) Er. Masr, Geschiedkundig Liersch dagbericht, b1. 173. 


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VAN MOLL, BAELEN EN DESSCHEL 2 


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De rechtstreeksche erfgenamen van den kapitteldeken 
Roelants, waren de kinderen zijner zusters : Joanna- 
Clara, echtgenoote van Nicolaas-]ozef van Halmale en 
Isabella in huwelijk met Jan-Frans Carenna. 

Doch bij gift onder levenden, had hij zijn huis te Moll, 
de drij hoeven en den cijnsboek vermaakt aan Alexander 
van Eynthout en aan dezes vrouw, Maria-Theresia Meul- 
ders, welke Moll bewoonden en er wellicht nog afstam- 
melingen tellen. 

Voorschreven betwisting over den eigendom der hooge 
heerlijkheid bleef voortduren, tusschen de erfgenamen 
Roelants en Bouton, alhoewel de eersten, door akte voor 
den notaris De Vos, te Antwerpen, op 21 augusti 1698, 
nogmaals afstand gedaan hadden van de helft. 


CARENNA 


Alexander Carenna, heer van Zwyndrecht, Pluysegem, 
Bautersem en Eeckelen, was zijn oom Alexander Roe- 
lants voor de onbetwiste helft der heerlijkheid opgevolgd; 
hi] overleed in 1690. 

Paulo, zijn broeder, verhief de heerlijkheid den 13 
juni 1699. Deze heer moet in slechte zaken geweest zijn 
en zijne schuldeischers besloten, met toestemming der 
familie Bouton, den 10 maart 1708, de hooge heerlijk- 
heid der voogdi] openbaar te verkoopen. Dit besluit, om 
uit den harrewar te geraken, is niet verwezenlijkt. 

In 1714 ziet men Jacob de Itterietta, zoon van Isabella 
Bouton en Bernard Perrin, man van Maria Sautin, 
weduwe en erfgename van Jacob-Arnold Bouton, z00 in 
hunnen eigen naam, als door volmacht der andere erfge- 
namen van Maria-Christina van den Eede, hunne moe- 
der en grootmoeder, als heeren der helft der voogdi] er 
van bezit nemen. Deze plechtigheid geschiedde te Moll 
den 1 October, twee dagen daarna te Baelen, en des 
anderendags te Desschel, in tegenwoordigheid van schou- 
teth, schepenen en secretaris. 

De twee heeren deden er de wapens van Maria-Chris- 
tina van den Eede slaan en zijn van het einde der 
dorpen tot aan de respectieve kerken ingeleid geweest 
met vendel, trommel en fluitengespeel, onder het lossen 


260 GESCHIEDENIS 





van haken en musquetterie en de pastoors hebben, met 
alle teekens van eer, volgens oud gebruik, de Heeren in 
de kerk geleid, onder het gelui der klokken, het spelen 
des beïaards en het zingen van het Te Deum. 

Daar zij ook de wet bedankten en nieuwe schepenen 
kozen, werd er protest gedaan door den schouteth, Hen- 
drik Janssens, vermits er over het rechtsgebied proces was 
in den soevereinen raad van Braband. 

De schepenenkamer was toen gevestigd in de Lee, 
huis toehoorende aan de weduwe Geeraard Rosa, op de 


Merkt (1). De verschillende deelhebbers der hooge heer- - 


lijkheid verkochten ze in 1715 aan hunne medestaanders 
Ignatius-Josef Carenna en Michaël van Cano voor 24.000 
guld., dezelfde somme, waarvoor zi] in 1657 was ver- 
vreemd geweest, en verhieven ze den 16 juli 1715. 

Men ziet in eenen brief van den Markies van Prié, 
landvoogd der Oostenrijksche Nederlanden, in datum 
van 3 juli 1719, dat deze twee Heeren verzochten om 
wederom, als vorens, de heerlijkheid in een leen te 
vereenigen. à 

De uitvaart van Ignatius Carenna werd te Moll gedaan 
den 20 januari 1739 (2). 

De begraafplaats dezer familie bevond zich in St. 


Jacobskerk te Antwerpen. Men bemerkt er nog (1893) 


in de kapel van St-Carolus-Borromeus, in den omgang, 
boven het altaar, ter linkerzijde van eene schilderij van 
Jordaens, het lijkblazoen van Michaël van Cano en 
Catharina Carenna en ter rechterzijde, dat van hare 
moeder Isabella Roelants, echtgenoote van Jan-Frans 
Carenna, met het jaartal 1678. Tusschen de vensters 
bevindt zich een wit marmeren meesterstukje, van Artus 
Quellin den jonge, zijnde de wapens, met engelenkoppen 
versierd, dezer twee laatstgenoemde edellieden (3). 


CANO 


Stephaan-Michaël van Cano, schildknaap, heer van 





(1) Nu bewoond door M. G. Cools. 
(2) Doodresgister. 
(3) Inscriptions funéraires de la province d'Anvers. 


VAN MOLL, BAELEN EN DESSCHEL 261 


Bolinnes, eerste schepen der stad Brussel, aldaar gebo- 
ren den 2 september 1653, was afgevaardigde dier stad 
bij de inhuldiging van keizer Karel VI, op 11 october 
rPremoverleed den Tr Juli r720. 

Hij huwde Catharina Carenna, te Antwerpen, op 26 
augusti 1692 geboren. Deze had de helft der heerlijkheid 
van haren broeder Ignatius geërfd, terwijl de andere 
helft, in 1715, door haren man was ingekocht geweest. 
Zij verhief deze leenen den 25 mei 1730. 

De familiewapens dezer echtgenooten ziet men op een 
zilveren kelk in de kerk van Moll, welke zij waarschijnlijk 
bij hunne intrede vereerden, doch zijn door dagelijksch 
sebruik zeer afgesleten. 

Alexander-Michaël-]ozef van Cano, heer van Bolinnes, 
Bautersem, Pluysegem, enz., burgemeester van Brussel 
in1737,verkreeg den titel van baron van Cano en Megem, 
door opene brieven van keizer Karel VI, den 25 februari 
1730, volgde zijne ouders op, en overleed te Brussel den 
27 september 1752; zijne uitvaart werd te Moll gedaan 
den 17 october daarna. 

Hij was gehuwd, den 27 november 1728, met Theresia- 
Catharina-Ferdinanda de Lasso de la Vega, wier uitvaart 
te Moll geschiedde den 28 augusti 1747. 

Zij hadden voor opvolger, hunnen broeder Filips- 
Jozef van Cano, heer van Bautersem, Pluyseghem, enz. 
Koordeken van O. L. V. kerk te Antwerpen; deze had 
de heerlijkheid den 13 october 1753 verheven, en over- 
leed te Antwerpen. Zijne uitvaart had te Moll plaats den 
11 October 1758. Na hem kwam de hooge heerlijkheïd 
aan zijne nicht Maria-Theresia-[ozefa, baronnes van 
Cano en Megem, geboren te Brussel, den 19 januari 
1731, eenige dochter van Alexander-Michaël. Zij huwde 
te Antwerpen, den 1 juli 1755, met Jan-Karel-Adriaan 
della Faille, baron van Nevele, te Gent in 1732 geboren. 
Deze echtgenooten verhieven de heerlijkheid den 15 
october 1759 en lieten geene kinderen na. 

Maria van Cano overleed te Nevele den 10 october 
1784. Na hare dood rees er een proces op over de hooge 
heerlijkheid van Moll tusschen de bestuurders der Geest- 
tafel van St-Gudula te Brussel en den nagenoemden 


baron de Wal. 


GESCHIEDENIS 


1 
O 
tÙ 





DE WAL 


Josef-Alexander-Albrecht-[an-Nepomucenus baron de 
Wal, burggraaf van Anthisnes en Ouhart, heer van 
Tavier, enz., verhief deze leenen den 1 Augusti 1787, 
alhoewel zijn proces twee jaar daarna nog niet geëindigd 
Was. 

De baron de Wal was de laatste heer van Moll waar 
hij nooit geweest was en er geen goed bezat, zelfs de 
jacht niet. Hij was gehuwd met Maria-Philippina de 
Haultepenne. Hun zoon, Eugeen-]ozef, geboren te Luik, 
in 1787, trad in echt met Elisabeth-Eugenia de Secus, 
en deze echtgenooten lieten eene eenige dochter na, welke 
trouwde met Leo-[ozef, baron van der Linden d'Hoogh- 
vorst, te Brussel, in 1812 geboren. 


III 


De Grenspalen 


De gift der vroenten, waardoor men verstaan moet de 
gemeene heigronden, gebroekten en andere vage gronden, 
waarop al de ingezetenen vrij gewei hadden door hertog 
Jan IIT, in 1331 gedaan, heeft later vele twisten doen 
ontstaan, met de omliggende plaatsen, bijzonder met 
Gheel. 

De dorpen door groote heiden, gemeenlijk aart ge- 
naamd, van elkander gescheiden, kenden geene juiste 
grenzen. Er bestaan drij vonnissen over de grenspalen 
tusschen Moll en Gheel, het oudste werd door Filips 
den Schoone, den 7 Mei 1463 geveld. 

Door het tweede van 12 Maart 1519, bekrachtigt keizer 
Karel V het proces-verbaal van grensafpaling. Dit perka- 
ment berust nu. op ’s Rijks archief te Brussel, en is 5 
metérs lang en 65 centimeters breed. 

Het derde vonnis, door Albert en Isabella, den 24 
November 1614 gegeven, beval het plaatsen der grens- 
palen. Deze zijn groote keien of silexsteenen, allen 
gemerkt met de ingekapte letters M (oll) en G (heel). Zi] 





VAN MOLL, BAELEN EN DESSCHEL 263 








werden den 16 en 28 november 1620 geplant; eenige zijn 
in 1757 vernieuwd geworden. 

Vele dezer grenssteenen bestaan nog ten huidigen dage. 
De uitroeping der 28 bijzonderste palen der voogdij had 
plaats op de voogd- en vrije marktdagen; zij droegen de 
volgende namen, die nu aan eenieder vreemd en onbe- 
kend voorkomen : 

1° Het Crydt, alwair de voighden Mmelden heuren geweldighen 
camp tegens de Hecren van Grimbergen om heur eyghen erfve 
te behoudene ; 2° den ouden Herrgracht; 3° Ghein Reysen-cruvs ; 
4° den ouden Colch; 5° Ghein Raïidt-voirdt ; 6° d’oude vorrdt ; 
7° Desselder vondere; 8 d’oude Putten; 9 Schouwfelberch ; 
10° Gheerairdtsputh (tegen Postel); 11° Schoingars (nu den 
Blauwenkei) 12° Luftel, achter Bornberge (1); 13° Hemclai- 
ren-Put ; 14° Leeuwsbergh over den Bruyenhorst; 15° Alyten- 
Heester ; 16° Huyweghen euzel ; 17° Uutersten Balender grave; 
18° Eyckenen rysbosch; 19° Heppenairen schoir ; 20° Den 
Trop; 21° Borsvoirt ; 22° Stonckvoirt; 23° Houls op ten raye; 


24° Middelste Halmeye tot Merirhoudt; 25° Haichdoren tot 


Lille; 26° De Lynde tot Belle; 27° Bcldervoordt al den stroom 
op; en 28° Den roiden Wael en z00 wederom op ‘t Crydt. 

De eerste paal het Crydt heeft een geschiedkundig 
belang. De voogden van Moll streden aldaar tegen de 
heeren van Grimbergen, zeggen de archieven, op twintig 
plaatsen. 

Die slag of schermutseling moet v66r het jaar 1300 
zijn geleverd geweest, want de laatste bekende scherm- 
voogd van Moll is Willem van Casterle, in 1248 en het 
schijnt dat dit ambt alhier is afgeschaft onder hertog 
Jan I, tijdens den oorlog, die met den slag van Woe- 
ringen in 1288 eindigde. 

De laatste heer van Gheel, uit den stam van Grimber- 





(1) Bornberge staat op de oude kaarten aangeduid, namelijk op die van 
KERIUS (1617) en van DANKERT (1655), als zijnde eene plaats tusschen Postel 
en Lommel, bij de bron van eenen tak der Kleine Neeth, welke broms 
toen Springput heette. De loop dezer rivier is sedert de aanlegging der 
wateringen veranderd. Springput is op de kaart der Oostenrijksche-Neder- 
landen, in 1777, en op die van het kadaster van 1810 aangeduid. Eene 
aanteekening in het gemeente-archief meldt, dat er in 1803 drij heesters 
geplant wierden aan het vermaard Springput, in de heïde, 


204 GESCHIEDENIS 





gen, was Hendrik V Berthout, welke in 1366 overleed en 
wiens eenige dochter Catharina met Dirk van Hoorn- 
Perwys huwde en de heerlijkheid Gheel in dit geslacht 
overbracht (1). 

De hedendaagsche benoeming van het Crydt is Ros- 
berg; dit raadsel hebben w 1j in ‘de akte van 1757 gevon- 
den. De Rosberg is een lage zandheuvel, welke zich 
bevindt boven het gehucht de Hessie, tegen de oude 
baan op Gheel. Men ziet er nog den paal in 1620 geplant. 
Het is op den Rosberg, dat de galg of gerecht van Gheel 
gestaan heeft; men heeft er ook over een dertigtal jaren 
lijkurnen gevonden. 


IV 
De Sterf. of Koopkeur 


Het heerlikrecht in de verkoopakte van 26 april 1607 
onder art. 5 aangeduid (zie bl. 249) was een overblijfsel van 
het recht van doode hand, eene der zwaarste dienstplich- 
tigheden, die het leenroerig stelsel had voortgebracht. 
Door deze hatelijke belasting, étide de Heer, bi het 
overlijden van den huisvader, al zijne meubels : doch 
bijna alle schrijvers verw erpen als eene onwaarheid het 
afhakken der hand van den overledene, indien deze 
haveloos gestorven was (2). 

Later is de doode hand in « de keus van ‘’t beste pand 
veranderd. » 

Deze diensthaarheden noemen de oude schrijvers ‘t 
recht van ‘’t beste decl, beste catheel, cuermede, afluf en but- 
heid, in het middeleeuwsch latijn jus manus mortuae, Jus 
catalli, curmediae, in het Fransch wrortemain en in het 
Hoogduitsch budeil. Het woord cuermede is een dietsch 
koppelwoord, uit mede en cur of ceur, dat is te zeg- 
gen : verkiezing, samengesteld. De bisschop van Luik, 


(1) KuyL, Gheel vermaard door de H. Dimphna, b1. 16. 
(2) Azpr. WaAUTERS, Histoire des libertés communales en Belgique, en HEYLEN, 
Historische verhandelinsen over de Kempen, DI. 67. 








Qt 


VAN MOLE, BAELEN" EN DESSCHEL 26 





Albero I schafte het bese catheel af omtrent het jaar 1123, 
voor de heerlijkheden, die hem rechtstreeks behoorden 
en de edelmoedige hertog van Braband Hendrik II 
volgde zijn voorbeeld in 1247. 

De bisschop had gezegd : Indien de vader sterft, is er 
reeds droefheid genceg in het huisgezin, zonder dat men 
er het beste pand uitneme (r). 

Gemeld leenrecht was in *t sticht van Utrecht als 
besmettelik beschouwd; de personen, die er zich van 
vrikochten, konden wel priester, maar geene domheeren 
van Utrecht worden (2). 

De Cuermede bestond in ’t noorden van Duitschland 
nog in ‘t begin dezer eeuw en werd met de andere leen- 
roerige rechten, door decreet van Napoleon I, den 9 
december 1811 afgeschaft (3). 

In de bezittingen der Benedictignen van Corbie, buiten 

onze voogdij, uit de dorpen Neer- en Over-Yssche, Lom- 

beek en Huldenberg, in Braband bestaande, was de 
doode hand in 1211, door hertog Hendrik 1, veranderd 
geweest in eene rente van 12 pond Leuvens, dit noemde 
men de s{erf- of koopkeur. Te Beeringen, ook aan het oude 
klooster van Corbie behoorende, gaf graaf Arnold van 
Loon, met toelating van den abt Hugo, de vrijheid aan 
de ingezetenen in 1239, doch met behoud van ‘’£ beste 
cathecel ; deze dienstbaarheid is later ook aldaar in eene 
rente veranderd (4). 

Overblijfsels van gezegd leenrecht hebben hiér ten 
lande tot op het laatste der verledene eeuw bestaan, 
doch waren sedert onheuglijke tijden in verval geraakt 
of in eene soms onbeduidende rente veranderd. 

Te Moll, waar deze leenplicht dezelfde herschepping 
zal gehad hebben, als in de andere heerlijkheden van 
St-Adelaard’s erfpoed, beviel de sferfheur, met de overige 


. (x) Daris, Histoire du diocèse ct de la principaut: de Liège, deel I, bI. 478. 

(2) Vax Loon, À loxde regecringswijs van Holland, deel III, bl. 96. 

(3) Recueil des lois de l'empire Français, tome XIV, p. 86 : l'éodalité abolition 
des droits féodaux, chap. II, $ 8. Tout servage est supprimé sans indemnité, 
sont réputés actes de servage : le droit sur une portion héréditaire du colon 
ou de sa femme, appelé droit mortuaire (Sterbfall, betthaupt, curmede). 

(4) WauTERS, Histoire des libertes communales, deel IT, bI. 749. 


206 GESCHIEDENIS 





goederen en rechten, door deeling van 31 maart 1607 
aan de kinderen van Herman van Hoensbroeck en van 
Anna van Bocholtz. Zich in verlegenheid van geld be- 
vindende, verkocht Hoensbroeck de sterf- of koopkeur, 
aan de inwoners van Moll en Baelen. 

Dit dokument, zeer merkwaardig onder‘geschiedkun- 
dig opzicht, bevindt zich nu ook op ’s Rijks archief te 
Brussel. 

Hierbij een letterlijk afschrift van het charter : 





Copve an den contracte d'welk die Gedeputeerde van Moll ende Balen hebben gemaeckt 
met mynen Heere van den lande van Oisthamme, Beringhen ende Grontheer deser 
voigdyen van Mol, Balen ende Dessele, rurende de redempftie ende aficoopen van den 
COOP ENDE STERFFCEUR daer nele de voers. toogdve was belast. 


Op heden den elfsten junii 1607 syn op ‘t Huys van Hamme in eygene . 
persoonen gecompareert ende erschenen d’iersame persoonen ende gecom- . 
mitteerde van Mol ende Balen te kennen gevende ende seggende verstaen. 
te hebben die voighdye van Mol verkocht te syn by decrete van den Hove, 
nochtans onder restrictie van den coopere dat die Heere van Ham in naem 
zvnder kinderen syne optie is gereserveert om die voers. Heerlicheyt te 
moghen behalden, etc. Soe erst dat de voers. gedeputeerde met namen 
Geeraert Lauwreys, schepenen tot Mol, Jan Smaers, borzemeester, Aert 
Goris, schepenen tot Balen, ende Andries van den Eynde, borgemeester 
tot Balen, soo voer hen der ganscher gemeynten ende successeurs van 
dyen, naedemael de voers. Heere van Ham verclaerden de voers. Heerli- 
cheyt van der Voigdyen van Mol, Balen ende Dessele gherne soüde 
hebben geconserveert om redenen ten profyt zynder kinderen nochtans in 
’t gereet qualich versien van prompte penninghen, s0o eerst dat de voers. 
gedeputeerden metten voers. Heere van Ham in naem synre kinderen syn 
veraccordeert aangaende sekere servituden van s#rff ende-coop-cuer, dinsel- 
ven Heere in der voigdyen competerende, mits alleenelyck gevende tot 
lossinghe ende incoopinghe van desen stuck ende coope der voers. voig- 
dyen van Mol ten behoeve als voer, voer ende omne de somme van twee 
duysent vyffhondert rynsguldens Brabants gelts eens, tot aflossinghe ende 
quytinghe der voers. ceuren (die leenen blyven ongedenatureert) te betalen 
ende dat tusschen dit ende drye weken naestcomende waer toe de Heere 
van Ham als vader synder kinderen door hem selven oft syne geconsti- 
tucerde met constitutie van de mombaren voer de weth gerechtelvcke acte 
van ratificatie ter assurantien van den onderdanen sal doen passeren ende 
indyen die van Dessele hen aenpaert van desen overmits henne absentie 
nyet en begeren te draghen sullen die van Mol ende Balen moghen gestaen 
mits voldoende henne contingent prorata ende tot vestinghe van desen 
hebben parthyen hinc inde dit aldus laten beschryven ende eygentlyck 
geteeckent. Datum ut supra. Ende is gecaveert dat parthyen dit voers. 
contract sullen mogen lauderen, oft ratificeren oft retracteren tusschen dit 








221 


VAN MOLL, BAELEN EN DESSCHEL 267 








ende vrydach naestcomende. Ende sal dese afquytinghe der cueren hennen 
inganck nemen St-Jan-Bapt., dach naestcomende. 

Ende was onderteekent : Herman van Hoensbroeck, Jan t Smaers, 
Geert Lauwreys, Andries van den Eynde, mede voer Aert Goris. 

Op den rugge van den selven contracte stont aldus : 

Op ten 16 juny 1607 is meester Jan Loovens, secretaris der voigdyen van 
Mol, uut specialen last van de gedeputeerde der voers. voigdyen gecom- 
pareert op ‘t Huys van Ham, verclaerende datter swaricheyt gemoveert 
werde nopende de redemptie des ceurs aen de ander zyde gespecifieert dat 
deselve irst soude cours nemen op St-Jansdach naestcomende. Ende omdat 
myn Heere geinclineert ende geaffectionneert is om die gemevnte te 
accomplaceren, verclaert te vreden te syn dat allen ’t gene van den voers. 


ceuren onbetaelt ende nyet overgedraghen synde, dat deselve vervallen 


ende onbetaelde ceuren van Pi lestleden verschenen met dit con- 
tract sullen comen totten acquisiteurs van desen, ’t profyt van den meyer 
hem in desen competerende gereserveert ende nyet affgenomen. Ende ter 
bevestinghe van desen heeft syne Edht., dit onderschreven ende gesub- 
signeert. Ende was geteekent : Herman van Hoensbroeck. 


Dese copre geschreven uut den originalen contract geschreven 
metter hant van Peeter Bevens, schoutert van Oistham ende metter 
eygene hant van den Heere van Ham onderteeckent is daermede 
bevonden t'accordere by my deser voigdyen secret : Joh. Loovens. 


Copve van der opdracht, quytschildinghe des voers. Heeren van Ham met insertie der 
procuratien van den mombaer der kinderen des voers. Heeren van Ham. 


Wy, heer Herman van Hoensbroeck, heere van den Lande van Oist- 
hamme, stede van Beringhen ende grontheer der voigdyen van Mol, Balen 
ende Dessele, soo in mynen eygene naeme als oyck wten naem van de 
mombaer van myne kinderen verweckt by myne overledene huysvrouwe, 
vrouwe Anna van Bocholtz volgende seker procuratie my van de nabe- 
schreven daeraff geseven, daeraff den teneur hiernae volgt : 

Wy. Arnold van Bocholtz, domproost tzu Heldishem, derselver munster 
ende tzu Ludich domheer, archidiaken van Haspengouwe, heere tzu 
Bocholtz ende Cortessem, enz. Alle ende eenen igelycken die dese onsse 
opene brieven van attestatien, authorisatien ende volmacht sullen sien Of 
hooren leesen saluyt. Doen te wetene hoe dat ick in den naem ende als 
veeligeert mombaer ende curateur van den weeskinderen van den eedelen 
ende eerenphesten heere, heere Herman van Hoensbroeck, heere des 
lants van Oisthamme, Beringhen, Mol, enz., by hem behalde van de eedele 
erentrycke vrouwe Anna van Bocholtz zaliger memorien in haren leven 
vrouwe des lants voersch. geconstitueert ende gemechticht hebben, alsoe 
ick mitz desen constituere ende geve volmacht, den edelen heere heer 
Herman van Hoensbroeck voers. onsen lieven vetter ende vader der 
voers. weeskinderen om in persoon oft doer andere syne gesubstitueerd te 
compareren voer de justicie oft wethouderen der voers. voigdy en van Mol 
of daer sulcx noodich wesen mochte oft behoorde te geschieden ende 
aldaer in naem der voers. kinderen te éederen, quiteren oft transporteren, 


208 GESCHIEDENIS 





alle alsulcke gerechticheyt ende servituten van sérffcuer, alshem in naem 
svnder kinderen inde voers. voigdye van Mol syn competerende alles naer 
luyt van seker accordt ende contract by de voergenoempdte heer van Ham 
mette gedeputeerden der voers. voigdyen gemackt anno 1607, den 10° Juny 
lestleden, tot oirbaer van den inwoenderen der selver in deel oft geheel om 
merckelycke redenen dat de selve voigdye ende heerlicheyt van Mol bv 
d'lichten van den segele in den raede van Brabant is verkoght, ende ten 
profyt van den voers. weesen is ingekocht den selven coop metten pennin- 
ghen hier van procederende te voldoen ende effectueren cm potestate sub- 
stituendi ende met clausule van ratificatie prout in meliori et ampliori forma. 

Aldus gedaen ende gegeven binne de stadt van Hasselt opten 4% Juli 
anno 1607 onder onse eygene hant ende aengelerene pitchier. Ende was 
onderteekent : A. Bocholtz. 

Ende daerop gedruckt een cachet in rooden wasch. 

Kenne ende lyde mitz desen dat ick voer sekere somme van penningen 
die my int gereet tot mynen volcomen contentement in permissien gelde 
vetelt syn te wetene den silveren Philippus daelder tot twee ghulden 
thienstuyvers, den gouden dobbelen Albertus tot vyff gulden ende alle 
andere goude ende silvere penningen in Brabant cours hebbende naer 
advenant in erffelycken recht, getransporteert, gecedeert ende overgegeven 
hebben, alsoe ick cedere, transportere, ende gheve over mitz desen Jannen 
Smaers ende Lodewyck Ghyben, borgemeesteren tot Mol, Jannen Dignen 
ende Andriessen van Evnde, borgemeesteren tot Balen, alhier present 
synde ende accepterende ende dat in naem ende tot behoeff van den 
gemeynen ingesetenen van Mol ende Balen voers. alle alsulcken gerech- 
tigheden van gesach metten profvten ende emolumenten van dyen als my 
ende den voers. myne kinderen binnen denselven dorpen van Mol ende 
Balen voers. is competerende genoempt den sterff- ende coopceur, daermede 
de voers. dorpen ende ingesetene derselve van allen ouden tvden ende 
boven memorie van menschen synu belast geweest, bekennende wel ex- 
presselyck soe voer myn selven als uuten naem van myne kinderen voers. 
daer aen egeen recht meer te behoudene maer allen © selve den voers. 
persoonen in den naem ende tot behoeff van den voers. dorpen transpor- 
terende, bekenne my daer aff volcomelyk gecontenteert ende genoch 
gedaen te zyn, schillende daer aff in redemptie van den voers. coop- ende 
sterficeur ende ’t gene daeraff soude moge dependeren, quyt nu ende ten 
euwighen daghen met renuntiatie van alle reliment ende andere beneficien 
desen contrarierende onder het verbont van myne ende der voers. myne 
kinderen, persoonen ende goedens present ende toecomende, tot wat 
plaetschen ’t waere binnen oft buyten Brabant bevonden wordden, my 
submitterende onder alle gerichten daer dat van wegen die voers. dorpen 
van Mol ende Balen by tyden versocht soude moghen worden. Ende alsoo 
dese penninghen by ons van de voers. van Mol ende Balen ontfanghen 
syn in onsen noot geemployeert tot behoeff ende profyt van myne voers. 
kinderen in de betalinghe van den rhente als andersins daermede die 
grontheerlicheyt der voers. voigdven is belast ende den voers. sterff- ende 
coopceur metten profyten ende emolumenten van dyen oyck mede als hy- 
poteque staet verbonden aen diversche crediteuren die op te voers. gront- 
heerlicheyt van Mol ende Balen ende Dessele erffrhenten syn treckende. 





à 
3 
i 





VAN MOLL, BAELEN EN DESSCHEL 209 





Ende oft gebeurde dat by tyden eenige schade mochte overcomen den 
voers. van Mol ende Balen van de voers. rhenten als andersins nyet tegen- 
staende de voers. redemptie ende aflossinghe van den selven stef ende 
coofceur, s00 hebben wy belooft ende beloven mits desen ter goeden trou- 
wen soe voer ons als in den naem van den Mombaer van myne voers. 
kinderen, dat wy de voers. ingesetene van Mol ende Balen voers. nu svnde 
ende naemaels comende ende elck van hun van alsulcke schade sullen 
indemneren Costeloos ende schadeloos houden onder gelycke verbinte- 
nisse als boven, al sonder erch oft list. 

Ende tot meerder vasticheyt ende ter versekeringhe van den selven van 
Mol ende Balen voers. heeft de voers. Heere deselve dese steyff- ende coof- 
ceur opgedraghen ende daeraff ter manisse verthegen in presentie van 
Jannen van Hemel ende Jan Bouwens, schepenen der voers. voigdyen. 

In oirconde heeft de voers. heere van den lande van Oisthamme, die met 
syn eigene hand onderteeckent ende met synen cachette bevesticht desen 
14e dach Julii anno 1607. 

Ende was onderteeckent : Herman van Hoensbroeck. 

Ende ter syden bevestigd met eenen cachette naer roode wasch. 


Deze copye gecollationneert metten originalen is daermede be- 
vonden concorderende by my der voigdyen van Mol, Balen ende 
Dessel, secrets Joh. Loovens. 


Ende a!soo die gedeputeerde van den dorpe van Dessel hadden gerufu- 
seert pro rato van hare contingent desen sterff- ende coofceur te voldoen, 
hebben Jeromino Joos ende Jan Loovens, respective stadthoudere ende 
secretaris deser voigdyen desen geaccepteert ende dyen volgende den 
Heere van Ham daervoer betaelt de somme van 500 guld. op alle conditien 
met dyen. van Mol ende Balen aengencmen daeraff die quitantie hier na 
volsende : 

Wy, Heer Herman van Hoensbroeck, Heere van den lande van Oist- 
hamme, stede van Beringhen, voigdye van Mol, enz., kenne ende lyde 
mits desen ontfangen te hebben uut handen van Jeronimo Joos ende Joes 
Loovens, respective schouteth ende secret. der voers. voigdyen de somme 
van 500 carolus guld. den Philippus-daelder tot twee guld., thien stuyv. 
ende alle andere gelt naer advenant ende dat in redemptie ende vercoop 
van den sterff- ende coopceur metten vervallen van den selven, luyt den 
accorde mette gedeputeerde van Mol ende Balen daer aff gemaeckt die my 
ende myne kinderen binnen die dorpe van Dessel is competerende, be- 
kennende van den selven vercoop te volle gecontenteert te syn, ende 
belove den voers. cooperen t haren versuecke soe van mynen als die 
mombaren van myne kinderen weghen autenticque bescheet onder mÿynen 
naem ende segele daer aff te leveren, onder het verbont van mynen persoon 
ende goedens present ende toecomende. 

In oirkonde hebbe dit met myne eyghen hant onderteekeent op onse 
huys ter Oistham, desen 225tt dach July 1607. 

Ende was onderteekent : Herman van Hoensbroeck. 


270 GESCHIEDENIS 





Ende ter zyden met eene cachet in rooden wasch bevesticht. R 
Gecollationneert metten originalen beschede, is daermede le- 
vonden t'accorderen by my ter voigdyen van Mol, secret ende 

nots openbaer. (get.) Joes Loovens, secretaris, 


À 
De Leen- en Laathoven 


Het leenhof van ’s Hertogenland was, denken wi], in 
het Mollschveld gelegen, west den steenweg naar Desschel 
en noord den ijzeren weg, ter streke nog op het kadaster 
onder den naam van Leenhof bekend. 

*s Hertogenland was een volle leen, met lager gerecht, 
bedrijve en manschappen, en bestond uit 31 perceelen 
land, samen 40 zillen en 15 roeden uitmakende, en 
hierbij waren 8 mudden rogge, jaarlijks op die verschil- 
lende perceelen uitgaande. 

De namen der leenheeren, met de jaren van het verhef 
voor het opperleenhof van Braband, zijn de volgende : 


1420. — Het klooster van Corssendonck. 
1503. — Gielis van de Wouwere. 


1596. — Jan Trudonius. 
1624. — Wouter Trudonius. 
1754. — Lodewyck-Ignatius van Couwegom, heer van 


Westmeerbeeck en Oosterwyck. 
1706-1789. — Isabella-Catharina Ooms, te Gheel (1). 


Deze vier laatste leenheeren en leenvrouwe bezaten 
ook het leengoed van Casterle onder Meerhout-Gestel. 

De adellijke familie de Roye telt ze onder hare voor- 
zaten, want Coletta-Parbara Ooms, vrouwe van Ooster- 
wi]k-Houtvenne, huwde Hubert-[acob-[ozef Montens, en 
hunne dochter Maria-Anna trad in echt met Marten- 
Jan de Roye de Wichen. 

De oudste schepenregister van 1562 en de latere 
maken gewag van de vijf volgende laathoven, waarvan 


(1) Archives de la cour féodale du Brabant, n° 6984. 








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Fe 4 
“. 


T4 


VANSMOEL  BAELENWENVDESSCHEL A7 





de drij eestre waarschijnlijk de namen hunner vroegere 
bezitters dragen. Van deze laathoven blijft er in de plaat- 
selijke benamingen niet het minste spoor over. 

1° Het laathof van Sombeeck. 

Hiervan zijn meier geweest : 


1563. — Jan Cornelis. 

1564. — Jan Ooms. 

1671. — Laurens Buyens. 

1720. — ].-F. Van Gompel. 

1748. — J.-A.-F. Theunissens, notaris. 
1774. — D. De Wolf. 


2° Het laathof van Batenborgh. 

Wij denken, dat dit het laathof is hetwelk in 1406 
behoorde aan Jan IV Berthout, heer van Berlaer, Hel- 
mond en Keerbergen en welken BuTkexs (1) heer van 
Moll noemt. | 

Het zal den naam van Batenborgh verkregen hebben, 
wanneer het eigendom van dit doorluchtig geslacht 1s 
geworden. De geschiedenis leert, dat de twee gebroeders 
Gijsbrecht en Diederik van Batenborgh, het beroemd 
verbond der Edelen teekenden, onder bevel van Brede- 
rode streden, te Harlingen met hunne vrienden Sjoert 
Beyema en Hartman Galama krijgsgevangen werden 
genomen en den 1 juli 1568 met deze en nog 14 andere 
edellieden, te Brussel, door bevel van Alva, onthoofd 
zijn geweest (2). 

Zelfde laathof, toen waarschijnlijk met de andere 
Batenborghsche goederen in beslag genomen, werd den 
9 maart 1604 door Jan van Berlo, heer van Hozemont, 
Keerbergen, enz., vermaakt aan Karel van Berlo en aan 
zigne echtgenoote Agatha van Merode (3). 

Het laathof van Batenborgh behoorde in 1720 aan 
Clara Lovens te Moll. 

3° Het laathof van Enthout, 


(1) BurTkexs, Trophées sacrées et profanes du Brabant, deel I, bI. 59-181. 
(2) WaGExaaR, Vaderlandsche historie, deel VI, bI. 277. 
(3) J.-Tx. DE Raapr, Keerbergen et ses seigneurs, bI. 89. 


GESCHIEDENIS 


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Isabella van Enthout in huwelijk met Andries van 
de Mortel, verkoopt aan Margareta Pauwels het laatboek, 
genaamd het hof van Enthout, voor 198 guldens, in 1720. 

4° Het laathof van Millegem, voor het gehucht van 
dien naam, hetwelk van de vrijheid van Gheel deel- 
maakte en een ingesloten grond in de voogdij van Mall 
vormde. 

5° Het laathof van Postel, oorspronkelijk aan deze 
abdij behoorende, welke het hof van Wezelo en andere 
voederen onder Moll en Baelen bezat. 

Dit ciynsboek werd in 1660 vernieuwd door den notaris 
Michael Lovens en bevat de goedenissen van 1660 tot 
1098. 

Het laathof van Postel behoorde in 1756 aan Frans 
Rosa, wiens voorzaten het verkregen hadden van de 
familiën Roelants en Carenna, welke het op hurne beurt 
hadden aangekocht van de abdij van Postel. 

Het hof van Wezelo bestond uit de volgende goederen : 

1° Groot Wezel, onder Moll, dat in 1712 in twee 
hoeven is gesplist, te weten Oud- of Groot-Wezel en de 
Nieuwe hoef of Nieuw-Wezel. Op deze gronden is in 
1726 een derde hoeve gebouwd genaamd : de Boerenbril. 

2° Klein-Wezel of de hoeve van Gryn, onder Baelen, 
welke altijd eene afzonderlijke winning geweest 1s. 

De prelaat van Postel was grondheer van het hof van 
Wezelo, oefende er het lager gerecht uit, had het recht 
van schutters te stellen, trok het biegeld, plaatste sluizen 
op de waterloopen en was meester van de Neeth, tot aan 
den dijk van Rysbergen (r). 


NAT 
De Schansen 


De gedurige oorlogen, welke de Nederlanden van in 
het begin der XVI‘ eeuw teisterden, hadden keizer 
Maximiliaan, als voogd van zignen kleinzoon Karel V 





(:) Archief van Jonkheer Paul de Roye de Wichen, te Meerhout, 





VAN MOLL, BAELEN EN DESSCHEL 273 


bewogen, om den 21 januari 1513, het privilegie (1) « aan 
» die van Moll te geven, waarbij zij vrij en ontslagen 
» worden aan de vesten van Herenthals te moeten helpen 
» graven, aangezien de voogdij op de uiterste palen en 
» grenzen van Braband gelegen, en alzoo de bijzonderste 
» doorgang was der landen van Luik en Gelre en dat de 
» vijand langs daar kon binnen komen, zoodat zij in 
» hunne vrijheid moesten dijken en sterkten maken, zich 
» fortifieren dag en nacht, draaiboomen, sluizen en dijken 
» in goeden staat onderhouden. » 

Geheel deze eeuw was voor onze voorouders eene aan- 
eenschakeling van rampen en ellende. Reeds in de laatste 


jaren der voorgaande eeuw, had de Kempen haar deel 


gehad in de onlusten, die het land van Luik teisterden. 

Willem van der Marck, bijgenaamd het Everzwijn der 
Ardennen, bezat de nabijgelegene heerlijkheden Peer en 
Lummen, en was een gevaarlijk gebuur. Hij vermoordde, 
zooals men weet, de prins-bisschop Lodewyk van Bour- 
bon, in 1482, en werd, drij jaar daarna, onder dezes 
opvolger, Jan van Hoorn, te Maestricht onthalst. Zijne 
bloedverwanten, die zeer machtig waren, namen weder- 
wraak en verwoestten de grensstreken van Braband, daar 
Maximiliaan het met Jan van Hoorn hield. 

Willem's broeder, Éverard van der Marck, plunderde 
en verbrandde grootendeels het dorp Baelen, den 28 
october 1488, nam meer dan honderd inwoners gevangen 
en perste deze plaats 13.000 rijnsguldens af (2). 

Toen Maximiliaan, eenige jaren later, het hertogdom 
van Gelderland aan Karel van Egmond betwistte, kwam 
deze in 1506 uit Holland afgezakt; zijn leger was door 
400 Fransche ruiters en 2000 voetknechten versterkt, 
onder gebied van Robrecht van der Marck, neef van het 
Everzwijn. Deze, na de Meierij van ’s Hertogenbosch ge- 
plunderd te hebben, verscheen den 7 october te Lommel, 
welke plaats gedeeltelijk gebrandschat werd ; voorts legde 


(1) Gemeente-archief. — Privilegieboek. — Charter n° 10. 

(2) Gemeente archief.— Privilegieboek.— Octrooi van keizer Maximiliaan 
(20 november 1489) aan die van Baelen om 200 bunders grond te mogen 
verkoopen, ten einde deze schatting te kunnen betalen. — Het oorspronke- 
lijk charter is nu op ’s Rijksarchief, te Brussel. 

18 


274 GESCHIEDENIS 








hij de dorpen Desschel en Rethy, en al de hoeven van 
Postel in assche (1). 

De Fransche hulpbenden behandelden de inwoners 
der Kempen op de wreedste wijze : Gheel werd”op 
12.000 rijnsseuldens, Moll en Baelen, ieder op 4000 gul- 
dens gebrandschat {8 januari 1510), terwijl Turnhout, na 
geplunderd te zijn, g000 rijnsguldens moest betalen en 
nog werden er verscheidene vrouwen mede naar Roer- 
mond gevoerd en slechts tegen zwaar rantsoen gelost (2). 

De burgers van Mechelen, voor hunne stad vreezende, 
en geholpen door de graven Adolf van Nassau en Flois 
van Egmond, zonden 200 voetknechten naar Gheel en 
Moll, onder bevel van Jan van der Aa en Jan de Eleelt, 
hoofdman der Kolveniersgilde, die de schutterij tot Moll 
voerden (3). Bij hunne aankomst waren de Gelderschen : 
naar Diest afsezakt. Doch deze stad, door graaf Jan van 
Nassau goed verdedigd, hebben zi] Thienen i ingenomen, 
de omliggende dorpen geplunderd en zijn eenigen tijd 
later, in "Ardennen, door de boeren en het krijgsvolk van 
Namen, verslagen geworden. 

Doch eenige jaren later kwam een ander veldoverste 
van Karel van Gelderland te voorschijn, welke van der 
Marck in wreedheid nog overtrof. De gedachtenis van 
deze heillooze man is nog eene legende in deze streken, 
wi] bedoelen den beruchten Marten van Rossem, « Zw arte 
Marten » genoemd. 

In 1528, na eene nederlaag in Overyssel, viel hij met 
zijne roov ersbenden in de Meieri; en in de Kempen. 

De inwoners van ’s Hertogenbosch, geholpen door 
de bezettingen van Helmond, Eindhoven, Moll en het 
krijgsvolk in den Peel, onder bevel van Floris van 
Batenborgh, vielen, nabij de dorpen Heeze en Leende, 
de benden van den Zwarten Marten zoo onverhoeds aan, 
dat z1] tot aan de Maas vervoled, gedood of verstrooiïd 
werden en hun heil in de vlucht moëesten zoeken (4). 

Marten van Rossem bleef echter nog lang de schrik 





u Vax Heuru, Historie van ’s Bosch, deel I, b1. 413. 
2) BERGMANX, Geschiedenis van Lier, b1. 167. 
« AZEVEDO, Cronycke van Mechelen, jaer 1607. 
(4) PAPE, Levensgeschiedenis van Marten van Rossem, D. 51. 





VAN MOLL, BAELEN EN DESSCHEL 275 








der landelijke bevolking; hij kwam in 1542 wederom 
met zijne vrijbuiters in de Kempen en het is niet onmo- 
gelijk dat h1}, in 1546, den grooten brand stichtte, die 
een gedeelte van Moll vernielde en waarvan de archieven 
zoo dikwijls spreken. 

AI dit wee was nog niet vergeten, toen de ketteri] 
begon op te komen; de strenge plakkaten van Keizer 
Karel had ze in den beginne wel wat beteugeld, doch 
een ellendevol tijdstip brak aan. 

Deze rampzalige Godsdiensttwist, zeggen de geschied- 
schrijvers, deed zooveel bloed vergicten, dat er een oor- 
logschip op vlotten kon, en hiertusschen was het bloed 
onzer kempische voorouders met beken gemengd. 

Wat al gruwelen en verwoestingen ons vaderland door 
de baldadigheden der Spanjaards en door de wederwraak 
der Geuzen, gedurende eene reeks van bijna tachtig 
jaren tel betreuren had, zal' niemand naar behooren 
kunnen beschrijven. De voogdi], die op de grenzen lag, 
had gedurig invallen te onderstaan. 

Wij weten niet of de beeldstormerij te Moll plaats 
had, alhoewel er niet aan te twijfelen valt, daar men te 
Gheel de beide kerken plunderde (1). 

Het was na het vertrek van Alva dat deze streken het 
meest te lijden hadden. Tusschen zijne veldoversten, in 
de Nederlanden gebleven, bevond zich Juliano Romero; 
deze was met zijnen meester, in 1567, uit Spanje ge- 
komen als saëstro del Campo van 10 vendels of 1620 
krijgslieden. 

‘Loen de ongelukkige graven van Egmond en Hoorn 
het schavot beklommen, had Romero het bevel over de 
3000 soldaten, die de straten van Brussel bezetten. 

In 1572 nam hij het stadje Naarden, bij Amsterdam, 
in; de wreedheden, die aldaar onder zijn bevel gebeur- 
den, doen de haren ten berge rijzen. Hetzelfde jaar, 
in september, richtten de Staatschen te Moll en elders 
veel schade en rooveri] aan (2). 

De muiterij der Spaansche soldaten, welke slecht en 
nooit op tijd betaald wierden, moest onvermijdelijk 


"4 
(1) KuyL, Gheel vermaard door de H. Dimphna, b1. 224. 
(2) Gemeente archief, — Schepenenregister 1568-1574, fol. 219. 


276 GESCHIEDENIS 








worden; zij begon na de overgaaf van Vlissingen, in 
1570. en was weldra alsemeen. De oproerlingen trokken, 
al roovende en VerWoestende, Braband in. Men ontmoet 
ze in de Kempen véor den 5 meert van dit jaar; zi] 
wilden overal gediend zijn met kiekens, patrijzen, fezan- 
ten, enz., twee soorten van wijn, hunne honden moesten 
wit brood eten en eenigen deden de voeten hunner 
paarden met wijn wasschen. Zi werden te Moll door 
Juliano Romero gesteld met belofte eener goede somme 
gelds (1). 

Deze belofte zal niet ten uitvoer gebracht geweest zijn; 
de oproerlingen namen Aelst in den 25 juli, Romero 
versloeg de Geuzen te Waelhem, bezette Lier en bij de 
Antwerpsche furie, viel hij met zijne zwarte ruiters, den 
4 november, in deze rijke stad, welke h1j hielp plunderen. 

Men kan becrijpen wat het platte land reeds geleden 
had en hoe dikwijls de dorpelingen met huisraad en vee 
op de schansen vluchtten; de twee jaren 1578 en 1570, 
brachten den genadeslas aan de Kempen toe. Nu werd 
het dorp door twee partijen geplunderd. De soldaten 
van het Staten-leser, te Rymenam liggende, waar een 
groote slag gelev erd vas, hadden te Baelen vele beesten 
gestolen, zi] werden door de inwoners, geholpen door 
mannen van Moll, Desschel en Arendonck, achterhaald 
te Raevels, den 24 augusti, maar de burgers kregen de 
nederlaag en lieten 23 dooden. 

De 16 september werd het dorp Baelen, deszelfs kerk 
en het huis van Gompel, door het Spaansch garnizoen 
van Diest afsebrand, vele inwoners sneuvelden waar- 
onder 11 van Moll, die hunne geburen waren komen 
bijstand bieden. De 22 januari van het volgende Jjaar 
kwamen 6 vendelen Duitschers des legers van prins 
Casimir te Moll, zij werden er weldra handgemeen 
met de Spanjaards, vele Duitsche soldaten kwamen om, 
andere gevangen genomen, de overige op de vlucht 
gedreven. Door dit gevecht brandde de Markt langs de 
noordzijde af. 


Op Sinxendag namen de Spanjaards en Duitschers (de 





(1) Vax METEREN, Nederlandsche oorlogen, b1. 113. 





VAN MOLL, BAELEN EN DESSCHEL 2 








roovers hadden zich toen vereenigd) de kerk in. De 
inwoners hadden zich op den toren verschanst, welke 
gelukkig in bezit der belegerden bleef. De priesters, die 
ook op den toren gevlucht waren, trachtten de soldaten 
met goede woorden te paaien, maar toch durfden de 
inwoners hunne schuilplaats niet verlaten uit vrees van 
als pionniers te worden medegevoerd (r). 

Voor deze troebelen waren er te Moll 1700 parochianen 
of communicanten, waarvan er maar 1175 overbleven, 
zoodat ruim een derde der bevolking was omgekomen, 
ook zijn er toen verwoest, vergaan, afgebrand en niet 
meer opgebouwd 135 huizen, waarvan 42 in de straat of 
dorp, 23 te Ginderbuiten, 21 te Achterbosch, 6 te Ezaert, 
14 op ‘t Stokt en 18 op ‘t Sluis. 

Dit relaas geeft de namen der eigenaars van de afge- 
brande huizen en 1s opgesteld door den pastoor Joachim 
T” Sjongers, den secretaris Johan Lovens en de gezwo- 
renen der 6 gehuchten, op 15 september 15093 (2). 

Te Desschel waren maar 40 inwoners overgebleven 
terwijl vroeger er 56 huizen bestonden. En nog was de 
ellende niet ten einde, de oorlog bleef voortwoeden; 
prins Maurits van Nassau won op 24 januari 1597 den 
slag op de Thielenheide. 

De 28 januari 1600 vertoonden zich vier of vijf benden 
vrijbuiters, met 250 man der bezetting van Breda, op de 
hoeve van Gompel, toen pas herbouwd, z1] bleven er 
vier uren stil, deden veel schade en roofden wat er te 
vinden was. Zi] zullen ongetwijfeld ook het dorp bezocht 
hebben. 

Het jaar daarna ontstond er eene muiterij tusschen 
het garnizoen van Hamont, 600 man sterk. Deze woeste 
soldaten deden verschillende uitvallen in de omstreken 


en dreigden Moll en Baelen tot in den grond te verwoes 


ten, indien deze twee plaatsen niet dadelijk eene brand- 
schatting van 8000 guldens betaalden. 

Deze somme kon onmogelijk door onze ongelukkige 
voorouders bijeenverzameld worden; de puinhoopen 


(1) Doopregister 1577-1625, bl. 4 en 7. 
(2) Stadsarchief van Antwerpen. — Toestand der dorpen van het mark- 
graafschap in 1593. 


Ê 


278 GESCHIEDENIS 





lagen nog, in de twintig Jaar te voren, bijna gansch 
afwestookte dorpen. 

Wat aanvangen? de benauwde inwoners zonden den 
1 augusti 1601, Frans Noels, metier der grondheeren, en 
Jan Dignen, burgemeester te Baelen, naar Hamont, om 
met de Vrijbuiters te onderhandelen. Bi hunne aankomst 
dachten de Spanjaards reeds het geld in handen te 
krijgen, doch daar onze afgevaardigden hunnen nood 
klaagden, zijn er eene menigte ruiters uit de vesting 
gereden, hebbende elk eene wijp stroo aan het geweer 
om dadelijk de bedreigde dorpen in asch te gaan legcen. 

De twee ambtenaars hadden nooit zulke razerni] ge- 
zien en zouden gaarne het losgeld betaald hebben, ware 
het eenigzings mogelijk gewecst. Bi] den krijsraad 
gebracht, zegde Jan Dignen, die een weinig Spaansch 
en Fransch sprak, dat die somme te groot was voor de 
verarmde plaatsen en zelfs, met alle geweld, aan den 
eisch niet kon voldaan worden. Hierop antwoordde de 
penningmeester, die eenige woorden Vlaamsch verstond : 
« Wij beginnen irst te mutineren, die soldaten rasen 
» ende sign sonder gelt, ghi] moet u uuterste nu doen, 
» men sal naederhandt dat al verlijcken, ghij en sult 
» nijet meer geven als u contingent ende bedraecht » (1). 

Gelukkiglijk kreeg Francisco de Mendoza, admirant 
van Arragon, welke na de inneming der stad Grave, 
door prins Maurits, tot Thorn op de Maas gekomen 
was, kennis van de muiteri] der bezetting van Hamont. 
Hij trok er naar toe met 4 stukken geschut en daar de 
soldaten van geene onderhandeling wilden hooren, deed 
de admirant het stadje beschieten en vernielde eenige 
huizen. Hierop ner de ruiteri en het voetvolk 
gaf zich over. Mendoza zond alsdan een gedeelte zijner 
soldaten de vluchtelingen achterna, maar deze hadden 
twee uren voor, en W etende dat zij van zin waren Diest 
initesnemen, trok hi] vooruit de omliggende plaatsen, 
waarschuwend op hunne hoede te zijn, © De vrijbuiters 
ziende dat hun aanslag gemist was, meenden Beeringen 
te bemachtigen, welk ook niet selukte : zij togen dan 





(1) Gemeente archief. — Schepenregister 1599 tot 1603, fol. 25 en 104. 


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VAN MOLL, BAELEN EN DESSCHEL 279 


PA] 





naar Breda af en maakten zich onderweg, bij verrassing, 
meester van het sterk kasteel van Hoogstraeten. Daar 
werden zij door andere muiters vervoesd, zoodat zi] 
hunne voorposten tot op het slot van Grobbendonck 
stelden. Alsdan besonnen zij Braband en het land van 
Luik af te loopen, sloegen de Kempen met geregelde 
brandschattingen, z1] vergden niet alleen geld, eetwa- 
ren, paarden, enz., maar zelfs manschappen om hen te 
Hoogstraeten en te Grobbendonck te verschansen. Het 
is niet gebleken of Moll en Baelen de brandschatting 
van 8000 gulden geheel of gedeeltelijk betaald hebben. 

Aartshertog Albert stelde graaf Frederik van den 
Berghe, broeder van den heer van Gheel, aan het hoofd 
van 3000 ruiters en 7000 voetgangers; deze trok in den 
zomer van 16003 tegen de vrijbuiters ten strijde, toen de 
oproerlingen bi de Hollanders gingen hulp zoeken, 
welke hunnen dienst met vreugde aannamen. Prins 
Maurits begaf zich alsdan naar Hoogstraeten om de 
opstandelingen bij te staan; het kasteel was reeds door 
Frederik van den Berghe belegerd, welke zich niet sterk 
genoeg gevoelende, het beles opbrak en naar Herenthals 
week. De muiters, welke een nieuw beleg vreesden, ont- 
ruimden Hoogsstraeten en vervoegden zich bij Maurits 
leger. 

Een ander gedeelte dezer Spanjaards was in onder- 
handeling met Albert getreden, werd bij zijne soldaten 
ingeljfd en diende den aartshertog bij het merkwaardig 
beleg van Oostende (1). 

Doch ten jare 1606, na de overgaaf van Rynsberg 
eene stad bij Keulen, welks langdurig beleg aan Markies 
van Spinola, de overwinnaar van Oostende, véelreer 
bijdroeg, doch ook veel geld kostte, begonnen zijne 
huurlingen hunne achterstellige soldi] te eischen en deze 
niet bekomende, sloegen ‘1] wederom tot muiteri] over. 

Ten getalle van 200, welke hoop spoedig vergrootte, 
zetten zij de Maas over en kwamen den 12 october 1606, 
langs de Postelsche heide te Baelen aan, waar zij ver- 
nachtten. Des anderen daags vertrokken zij naar Moll; 


(2) Vax MEERBEECK, Chronücke van de gantssche werelt ende sonderlinghe van de 
seventhien Nederlanden, D1. 998-999. 


280 GESCHIEDENIS 





hier schaarden zich nog 50 Spanjaards bij de vrijbuiters. 
Te midden der Markt, onder den Lindenboom, hielden 
zij vergadering en kozen eenen algemeenen aanleider of 
Electo, verders eenen Afferes of vaandeldrager en andere 
officieren. Zij vertoefden gelukkiglijk niet lang in ons 
dorp en richtten zich den volgenden dag over Lommel 
naar de vesting van Hamont (1). 

Spinola zond tegen hen een zijner kapiteins, Pompeo 
Guisteniano en de aartshertog, de colonel Luna. De 
oproerlingen namen voor naar Breda te trekken en ont- 
moetten de Heer van Nortor met het garnizoen van 
*s Bosch nabij het klooster van Postel. Deze wilde hen, 
volgens bevel van Albert, met zachtheid overhalen, zi] 
beloofden gehoorzaamheid, doch hielden geen woord, 
gingen zich te Hoogstraeten en te Eindhoven verster- 
ken, en begonnen wederom rechts en links te rooven en 
te plunderen. Ziïj eischtten van de ongelukkige land- 
lieden ongehoorde brandschattingen. Priesters en bur- 
gerlijke overheden namen ze gevangen en lieten hun niet 
los dan tegen zwaar rantsoen. Moll moest eene brand- 
schatting van 3000 guldens betalen. 

Hun getal was tot ruim 2000 gerezen, meest allen 
ruiters, toen het Spinola gelukte eene overeenkomst met 
de opstandelingen aan te gaan, belovende de vervalle 
soldi] te betalen en hun tot waarborg gevende de vier 
steden : Diest, Herenthals, Weert en Roermond.De 
1% zondag van den Advent 1606, trokken zij langs 
Baelen naar Diest. 

De aartshertog zag korts daarna dat er met dit volkje 
geen einde te maken was en gaf in november 1607 een 
edikt uit waarbij hij ze in den ban des rijks sloeg, 500 
kronen op het hoofd hunner ÆElecto’s uitloofde en hun op 
doodstraf beval het land te verlaten. 

Dit zijn de laatste onheiïlen van deze, in de geschiede- 
nis met bloedige letters aangeteekende XVI° eeuw, de 


(1) Verschillende opzoekingen in de Schepenregisters te Moll, waren 
gedaan geweest door den abdijheer van Averbode, wijle J. Joris, voor 
zijne ontworpene « Geschiedenis vau Baelen » en zijn ons welwillend 
medegedeeld geworden door M. de kanunnik Van Olmen, secretaris van 
’t Aartsbisdom, welke wij hiervoor oprecht-bedanken. 





di 





VAN MOLL, BAELEN EN DESSCHEL 281 








6 april 1609 werd het twaalfjarig bestand, met de Ver- 
eenigde Provincien, geteekend en stelde een einde aan 
den tachtigjarigen oorlog. 

De/zachte reveering der aartshertogen, Albert en 
Isabella, deden deze rampen langzaam vergeten. 

De oprichting der schansen, welke men in alle dorpen 
aantrof, waren in de voogdij van Moll begonnen geweest, 
in uitvoering van het privilegie van keizer Maximiliaan 
van 21 januari 1513, waarover in het begin van dit artikel 
gesproken is. 

Meer dan vier uren van alle vérsterkte  steden en 
kasteelen verwiderd, die toch ook dikwils door den 
vijand bezet waren, begonnen de inwoners van elke 
wijk deze kleine sterkten aan te leggen, welke hen z00 
menigmaal tegen de vrijbuiters beschermden, die ge- 
woonlijk maar weinig in getal waren, wanneer zij het 
platte land afliepen. [In onze voogdi] bestonden, buiten 
de versterkte hoeven van Gompel, Wezel en wellicht de 
Boeretang, de schansen van Desschel, Ginderbroek, 
Stokt, Ginderbuiten, Sluis, Overlaer, Rosselaer, Schoor, 
Ongelberg, enz: | deze laatste in 1597 opgegraven. 

Alle, behalve de eerste, die nog omringd van haren 
corspronkelijken gracht, nu eene boerenwinning is, Zi]n 
spoorloos verdwenen en het heeft ons moeite gekost om 
de plaats er van terug te vinden. 

De vest der schans van Overlaer, welke nabij de hui- 
zing « het Rond » was gelegen, bestond nog gedeeltelijk 
over een dertigtal jaren. 

De inrichting dezer verschansing, in het gemeente 
archief gevonden, zonder dagteekening, is naar het 
geschrift te oordeelen, van het begin der XVI° eeuw. 

Wij deelen ze hier letterlijk mede : 


Ordonnantie gemaeckt by de savelm(eeste)rs van 

Overlaer met advoy ende consent van (de) 

Principaelste ingeseten(en) aldaer, raecken(de) 
de Schanse. 





In den j‘ alsoo hoochnoodich gevonden is tot defensie van den inlansche 
oirloyhe mitz de distantie ende veyr gelegentheyt van (de) steden, onder 
dese dorpe te maecken forten ende schansen waarinne de huyslieden hun 
in tyde van noode soude mogen retireren ende opdat aldaer goeden regel 


282 GESCHIEDENIS 





ende policye soude mogen gehouden worden, tot conservatie van een ider 
persoon ende syne opgevluchte goederen, hebben tsamenderhant gemaect 
ende gesloten dese naervolgen(de) poincten ende articlen : 

r) In de j$te : dat neymant op dese schanse en mach plaetse hebben oft 
coopen sonder dat hy heeft syne residentie ende wooninghe onder desen 
savele, te waere met generaal advov ende consent van (den) geheelen 
savele ende dat het waer een alsulcken pelrisoon die men vont niet te 
wesen ende proufijtelyke voor de voers(chreven) schanse. 

2) Item : soo vemant vertreckt vuvt den savel hebben(d)e daer op de 
schans geene vaste huysinghe oft kove gemaect, verliest syne plaetse, 
maer 500 hy d(aer) oj: heeft gebout, mach svn(en) leeffdaghe lanck deselve 
cebruycken ende daernaer syn(en) d’erffgenaemen by aldi(en) zy wederom 
onder dit savel coemen woonén ende ondersintz nyet mitz helpen(de) 
deselve schanse onderhouden ende daertoe contribuerende gel(yck) andere 
van (den) savele, maer mogen wel vercoopen aen yemand en(de) aen 
degene die onder dit savel woonen maer nyet de plaetse aen andere. 

3) Item : soo wie compt te sterven d’erffgenaemen v(er)lieren hun onbe- 
bouwde plaetse maer mach een van (de) kinderen ende anders nyemant 
deselve plaetse behouden mitz gevende eens aen ’t voers(chreven) savel 
dry guld(en) of een halff ton biers ter optien van (den) saevelm(eester) mitz 
hy woont oft lyft woonen in (‘t) savel ende heeft altyt de preferentie den- 
genen die het vaderswoonhuys heeft beerft, ten waere het onder hun anders 
worde gecavelt ende geconditionneert. 

4) Item : soo yemant syn huysen oft koyen affkochte aen yemant buyten 
den savel woonen(de) om op ande schanse geseth te worden mogen die 
van den savele denselve coop calengieren ende v(er)naerderen mitz vol- 
doen(de) den coop (en)de allen tyene doer inne cooper gehouden is. 

5) Item : degene die dobbel plaetsen hebben moeten in alle lasten dobbel 
contribueren en(de) met twee pler)soonen savelen, dan die met gespan 
coemen sullen met hun gespan ende voerman volstaen al hebben sy dobbel 
oft meer plaetsen. 

De savelm(eester) mach compareren 0p’t savel alst geboden is, sonderte 
wercken, mitz houden(de) policye onder de werckluyden als casse anant. 

6) Item : dat nyemant en sal moghen op de schansche vier stoecken oft 
vier brenghen als in tyde van noode. 

-) Item : dat men sal maecken tot bewaernisse van (de) selve schansche 
een huysken om yemant van goeden name ende fame daerinne te mogen 
woonen om de schansche en(de) goederen gaede te slaen tot opbouinge 
van welcke huyse een ider sal contribueren naer raet en(de) groote synder 
plaetsen soome(n) dat vuyt den savel nyet en can vinden. 

$) Item : dat men tot gelycken cost in tselve huys sal stellen eenen hoven, 
ende sal ider coemen backen in den selven hoven gehouden wesen(de) te 
geven aen den wachter voor ‘’t gaede slaen van (den) vuer twee blancken 
eer hy ‘t vuer in (den) hoven oft d’ meel in ‘t huys mach brenghen. 

9) Item : dat ider plaetse aen den selven wachter jaerlycx sal moeten 
geven dry stuyvers op prempte parate en(de) reele executie. 

10) Item : datten selven wachter gehouden sal wesen alle morgen de 
schansche te openen des v(er)socht synde ende tsaevontz metter sonnen 
onderganck te sluyten en(de) deselve altyt t’ openene als noot is. 





LS / Es ee 


4 








VAN MOIL, BAELEN EN DESSCHEL 283 





11) Dat den selven wachter gehouden is syn huysken te onderhouden 
van wanden en(de) dacke maer mach het vitsel halen op ‘t saevel. 

12) Item : datten selven wachter gehouden is te wercken voer aen (de) 
poort op dat hy sien can wie daer in en(de) vuvt gaet, in en(de) vuyt wort 
gedraegen. 

13) Item : datten nyemant van (den) savel en sal in tyde van legers onder 
deselve moge sostelen oft yet vercoopen op de schanse gevlucht syn(de) 
oft eenighe soldaeten daer op brengen oft laten coemen op pene van... 

14) Item : wie ’t goet, Beesten oft oock de meesters of Baracken wyst aen 
(de) soldaeten op de schanse coemen(de) vragende naer hunne poltroms oft 
hunne goederen, v(er)beurt die j‘®" keere..….. en(de) voer den ij"* keer het 
dobbel ende voer den derden keere syn plaetse en(de) dobbelen pene. 

15) Item : neymant en mag met keyren oft wagen, beesten oft ander ge- 
tuych de straten besetten in tyde van vluchtinge, maer moeten die alsdan 
los ende vry syn, ende wie contrarie dede sal t elcken v(er)beuren.. 

16) Item : wie bevonden wort d’ een den anderen yet te nemen oft te 
stelen oft oock vet van de plaetse van yemande yet te draghen onder 
pretext van leeninghe, sonder kennisse van (den) evgenaer oft twee van 
(den) gebueren v(er)beurt syne plaetse en(de) blyft gebannen van (de) 
schanée, latende voerts de correctie aen (den) officier. 

17) Geboden synde te wercken op seeker ure ende met seeker gespan of 
geweer, wie een quartier compt naer den clockslach v(er)beurt x St 

1$) Item : soo wie den savelm(eeste)r nyet aen en staet op dwerck coe- 
mende can heyschen eenen sterckeren sal moeten comen oft valt in de 


pene. 
19) Item : wie den savelm(eeste)r qualyck toespreeckt oft injurieert ‘t syn 
in ‘t calengieren oft andersintz sal t elckcen v(er)beuren St 


20) Item : soo yemant gecalengiert synde nyet en betaelde sal denselven 
datel(yck) synen pene moeten opleggen andersintz sal d(aer)voer geexecu- 
teert worden, ende sal de pene d’executie dryven(de) hebben voer syne 
moitte 2 st. ende daervoer oock denselve pene goët doen. 

21) Item : wie eenighe ingangen maect in (de) veste om water te ras 
oft beesten te drencken verbeurt t’ elcken..…. st. ende moet op synen cost 
ende last ’t selve gat wederom op maecken. 

22) Item : nyemant en vermach over de vesten te gaen oft te climmen oft 
eenich goet van achter aff worpen over de veste op pene van... 

23) Item : nyemant en vermach in de voors(chreven) vesten roiten vlas oft 
kemp, noch hout op verbeurte van ’t goet, maer sal gelaten ende verhuert 
wordden voer een vry viswaeter tot profyt van (den) savel. 

24) Item : soo wie in den voors(chreven) vesten bevonden wort te vissen, 
dese nyet gehuert hebben(de), sal v(er)beuren thien guld(en) ende tot dien 
staen tot correctie van (den) officier als een vischdieff. 

25) Nyvemant en vermach eenich graen te wassen in (de) vesten ten ware 
in tvde van noot op pene van... 

26) Item : wie bevonden wort eenich hout aff te houden dat op de wallen 
geplant is die sal verbeuren vi guld ende tot dyen moeten opleggen ende 
betalen de dubbel werde van (den) hout en(de) noch staen ter correctie van 
(den) officier. 

27) Item : soo doer yemantz quaede toesicht aen huysinghe van yemanden, 


284 GESCHIEDENIS 








aen den gemeynen puth, brugge oft ketens iet wordden gebrecken sal 
alsulcken delinquant tselve synen cost moet opmaecken. 

26) Item : nyemant en sal moghen eenighe vuyle stincken(de) putten te 
maecken, vuyle handwercken d(aer) op t escerceren en(de) die alreede 
daarop gemaect syn sullen moeten gestopt en(de) vuytgebrocken wordden. 


VII 
De drij schuttersgilden 


De gilden, waarvan de vaderlansche geschiedenis tij- 
dens het gemeentetijdvak zooveel ophef maakt, en die 
voôr de inrichting der regelmatige legers, niet alleen de 
burgerwacht der steden en dorpen uitmaakten, maar 
met vorst of heer ten oorlog trokken, waren in de voogdi} 
ten getalle van dri]. | 

Ze zijn hier ook de voornaamste beveïling geweest 
tegen de vrijbuiters der XVI“ eeuw, want volgens hunne 
cacrte of reglement, moesten de gildebroers de inwoners 
in tid van oorlog beschermen en ze voor de aanslagen 
van dieven en kwaaddoeners behoeden, die bijzonderlijk 
bij nacht en ontijden uit de landen van Luik en Gelre 
kwamen. 

EIlk gilde vormde een vendel, 60 man sterk, onder 
bevel van eenen koning, hoofdman, deken, kapitein en 
verdere officiers. 

Van in de XVII“ eeuw hadden de gilden hun oor- 
spronkelijk doel verloren en bleven maar verlustigings 
gezelschappen meer. 

Het Kruisboog- of St-Forisgilde telde nog over eene eeuw 
de bijzonderste burgers onder hare leden. De overblif- 
sels zijner wip of schietboom, ter wijke Ginderbroek, in 
1807 vernieuwd, ten koste van 103 guldens 15 stuivers, 
waren over twintig jaren nog zichtbaar. 

Dit gilde bezat een altaar in de oude kerk, waar het 
in 1777, eene schilderij deed plaatsen, (den PIRE 
voorstellende en welke 35 gulden kostte. Dit tafereeltje 
bevindt zich nu in de noorderkruisbeuk. 

Wij zijn in bezit der caerte van gezegd genoodschap, 
doch zij is door vochtigheid en nalatigheid onleesbaar 





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Builetih du Cercie Aréhéologique, Littéraire et Artistique de Malines, t. IV, 1 





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VAN MOLL, BAELEN EN DESSCHEL 285 





geworden, de zilveren vogel met plaat, is ook nog in 
weezen. 

St-Jorisgilde bestaat nog enkelijk bij naam. 

Het Handboog- of St-Scbastiaansgerlde, welk ook een altaar 
had, bezit nog zine oude sieraden. Deze bestaan in eene 
ronde zilveren plaat van 10 centimeters doorsnede, de 
vergulden beelden van O. L.Vrouw en van St-Sebastiaan 
in verheven beeldwerk, bedekken het midden, hiernevens 
een passer en winkelhaak, rond de spreuk : Voecht laet 
vrueten den mol 1607 en onder een rebus. 

Deze spreuk is waarschijnlijk eene zinspeling en betee- 
kend, dat de oude voogden van Moll, de inwoners met 
vrede moesten laten. Aan deze eerepenning hangt een 
prachtige zilveren pagegaai. 

Het Kolvemers- of S° Barbaragilde is onder geschied- 
kundig opzicht het belangrijkste der drij schuttersgilden, 
en bestond reeds sedert eeuwen, toen Filips II het in 
1568 de caerte of reglement gaf. De schepenbank der 
voogdij liet, op 9 januari 1570, aan hare leden toe, de 
veldduiven te schieten aangezien zij veel kwaad aan de 
vruchten deden. De gildebroers waren verplicht buiten 
_ hun geweer, toen handbus of stok geheeten, een half 
pond poeder en een pond gesmolten lood in huis te 
hebben. 

Toen hét Kolveniersgilde van Antwerpen zijn hoffelijk 
schietspel gaf in 1530, zien wij onze St-Barbaragilde, met 
die van Herenthals, Gheel, Diest, Thienen, Zout-Leeuw, 
Nijvel, Leuven, Brussel, Lier, Mechelen, ‘s Bosch en 
Bergen-op-Zoom aan dit feest deelnemen. 

Hoe moet men de trommels geroerd, de bazuinen en 
klokken doen galmen hebben, toen die machtige burger- 
scharen, met blinkende spiesen, geweer en fladderend 
vaandel, zij, die hun bloed veil hadden voor eigen aard 
en vrijheid, de rijke Scheldestad binnentogen. 

Het was wellicht ook voor zulke plechtigheid, dat de 
Mollsche hoofdman, voor de eerste maal, de prachtige 
platen en den gekroonden papegaai op de koene borst 
droeg. 

Deze braak, in 1614 gemaakt, nog in wezen en waar- 
van nevensstaande print een atbeeldsel is, bestaat uit 
vijf borstplaten. De twee buitenste voeren : de eene : een 


280 GESCHIEDENIS 








getinde balkstrecp, welk blazoen men op het schepenzegel 
terugvindt en de andere de wapens der aartshertogen 
Albert en Isabella, van de ordeketen der Vliesridders 
omringd; op de middenplaat ziet men het beeld der 
patrones. Deze braak van verguld zilver, in den Renaïis- 
sance stijl en verheven beeldwerk gedreven, weegt 400 
grammen, De cacrte van dit gilde werd op 15 september 
1601 door de aartshertogen vernieuwd en ruim eene 
eeuw. later, door keizer Karel VI de r9 juli 1735: | 

Het S'-Barbaragilde heeft deze twee charters bewaard, 
ze zijn door ons uitgegeven geweest in het Xempisch 
Museum (Turnhout), 2% jaargang, bl. 4 tot 54. 





VIII 


Testament van Albert van Renesse en het 
proces oyertde tiende 


Dit testament luidt na overzetting uit de Fransche 
taal : 


Het jaar zeventienhonderd acht-en-twintir, de twaalfde dag van septem- 
ber, verscheen voor mij, openbare notaris onderteekend en ir bijzijn der 
onder genaamde getuigen, zeer edelen en hooggeboren heer, jonkheer 
Albert-Octaaf-Jozef-Ernest graaf van Renesse en Masny, baron van Elde- 
ren, Hern, Schalckhoven, Dessener, Cortessem., Wintershoven, enz., 
kanunnik der metropolitaan van Keulen en der hoofdkerk van Luik, welke 
vezond van zinnen, geheugen en oordeel, aanziende de zekerhe:d der dood 
en de onzekerheid van het uur derzelve, deze verganklijke eeuw niet 
willende verlaten, zonder over de tijdelijke goederen beschikt te hebben, 
die het den Heere behaagd heeft hem te verleenen, en gebruik makende 
der bevoegde macht, zoo door het testament en bijvoegsel van den zeer 
edelen en hooggeboren Ferdinand-Karel, zijn zeer geachte broeder, als 
door de verleening hem gesgeven door Z. D. H. Joris-Lodewyk, onzen 
doorluchtigen prins-bisschop, ons zijnen wil en laatste beschikking ver- 
klaard heeft : ten eerste, na zijne ziel, wanneer zij van zijn lichaam scheiden 
zal, aan den almachtigen God, zijnen schepper, aan de Heilige Maagd 
Maria, aan zijne roemrijke patronen en aan het geheel hemelsch hof, 
aanbevolen te hebben, verkiest hij zijne becraafplaats, naast zijne voor- 
zaten, in de kerk van Elderen, willende dat onmiddelijk na zijne dood er 
vier duizend missen gelezen worden, tot lafenis zijner ziel en dat men den 
dag zijns lijkdienst vier zakken brood uitdeele aan de armen van Elderen, 
willende ook dat men eenen zerksteen plaatse in de kerk van Elderen, 








VAN MOLL, BAELEN EN DESSCHEL 287 


OMC... 


gelijkvormig aan dien van wijlen zijnen heer vader, en met zijne wapens 
en die zijner twee broeders; ten tweede, laat hij aan de hoofdkerk van 
St-Lambert, een gouden soeverein eens, en aan de kerk van Elderen ook 
zooveel; ten derde, laat hij voor zijn gezongen eeuwigdurend jaargetijde 
in de kerk van Elderen, vijftig Brabandsche guldens rente, welke rente 
door zijnen erfgenaam tegen den penning 25 zal kunhen afgelesd worden: 
ten vierde, willende de goede diensten beloonen der lieden, die hem en 
zijne familie verkleefd geweest zijn} vermaakt hij aan den heer Paul 
Tournay, griffier van Oreye, twee honderd kronen eens en honderd kronen 
lijfrente, ook laat hij aan den heer Groutars, die hem naar Rome vergezeld 
heeft, honderd kronen eens, dezelfde somme aan den heer Groutars, 
kanunnik te Cortessem, hij laat aan Jozef, kamerknecht van wijlen zijnen 
broeder, en aan Lambert, zijn kamerknecht, buiten de kleederen hunner 
meesters, ieder vijftig kronen eens, en aan alle andere dienstboden een 
pistool eens, buiten en boven hunnen loon, aan Renier, zijnen koetsier, 


.eene lijfrente van tien kronen uit menschlievendheïd; ten vijfde, laat ki] 


aan Monseigneur de Selys, deken der hoofdkerk, voor een gedenkenis, een 
halssnoer van veertig zeer fijne oostersche paarlen en een diamanten ring 
in vorm van hart; ten zesde, aan mijnheer Duchateau, oud burgemeester 
van Luik, eene som van duizend kronen, boven den verdienden loon met 
zijn Huis te dienen, bovendien laat hij aan den heer Herman Groutars, 


_rechtsseleerde te Luik, een klein verguld zilveren servies, zijnen ring en 


de gouden snuifdoos van mevrouw zijne moeder, ook laat hij aan den 
raadsheer d'Hanauts, te Douay, twee zilveren opschikdoozen met de 
wapens van Renesse versierd, afkomende van zijne moei, de abdis-prinses 
van Munsterbilsem; ook laat hij aan den heer Deliwaide, drossaard van 
Boilland, een theepot met komfoor in zilver, voor gedenkenis en belooning 
der diensten aan zijne familie bewezen, ter gelegenheid der verzoening der 
erfgenamen van wijle jonkvrouwe van Bocholtz, kanunnikes van Muns- 
terbilsen; ook uit gedachtenis der goede diensten hem bewezen door den 
heer Gilman Lieutenant, heer van den bijvang van Trembleur, voor den 
aankoop van de drij deelen der heerlijkheden Oreye en Grandville, laat 
hij hem twee zilveren opschikdoozen met de wapens van Stepraedt ver- 
sierd; ook aan Geeraard Wilsens, die zijn kamerknecht geweest is, laat hi] 
tachtis kronen eens; ten zevende, laat en legateerd hij aan den wel-edelen 
en hooggeboren heer graaf van Hamal, en aan zijne echtgenoote, mevrouw 
de gravin, testateurs beminde zuster, de somme van twee duizend kronen 
eens, en daar er tusschen gezezde heer graaf van Hamal en wijle de zeer 
geachte Karel, een proces bestaat voor den heer Offciaal, nopens het 
testament zijner welbeminde moeder, in beroep hangend voor Zijne ge- 
zalfde Majesteit, of zijnen hoogen raad, wil hij dat gezegde heer graaf van 
Hamal, aan dit geding verzake, zoo niet, breekt hij van nu af zijn legaat. 
Ten laatste benoemd hij tot algemeene erfgenaam van al de goederen 
waarover hij vrije beschikking heeft, zoo roerende als onroerende, leen- 
roerige, allodiale, grondcijnsen en renten, van welken aard zij zijn mogen, 
zonder eenig voorbehoud of uitzondering, de weledele en hooggeboren 
heer Jan-Frederik, graaf van Isendoorn tot Blois, heer van Cannenburg, 
en de weledele vrouwe, mevrouw Anna-Margareta van Renesse, zijne 
echtgenoote, testamenteurs beminde zuster, om er van te genieten, mits 


288 GESCHIEDENIS 








boven genoemde legaten te betalen, willende nochtans dat de onroerende 
goederen, waarin begrepen zijn ’t kanunnikshuis te Luik, na hunne dood 
aan hunnen eerstseboren zoon toehooren, met uitsluiting der anderen, en 
indien de oudste zoon zonder telgen kwam te overlijden, dan de tweede en 
zoo achtereenvolgend, zoolang er afstammelingen van den mannelijken 
tak bestaan, doch in geval er eenen van gezegden tak een persoon van 
minderen stand of van eenen anderen godsdienst huwde, dan onttrekt de 
testateur hem geheel zijne erfenis, om ze aan éenen anderen mannelijken 
tels te laten, en ind'en de mannelijke tak kwam uit te sterven, dan moeten 
de goederen tusschen de dochters verdeeld worden. Verklarende, dat 
zijnen wil is dat zijn testament onmiddelijk na zijne dood en voôr zijne 
begrafenis gelezen worde. 
Gedaan, verleden en bedongen in de groote zaal van het kasteel van 
Elderen, jaar, maand en dag als boven. 
(get.) Albert-Octaai-Josef-Ernest, graaf van Renesse en Masny, enz. 
G. W. Vinckebosch en Willem Cours, getuigen. 


Dit testament gaf oorzaak tot een belangrijk proces, 
welk 77 jaar duurde en bijna oorlog in het prinsdom van 
Luik deed ontstaan. 

Graaf Albert was de 3% bezitter van het majoraat in 
1681 door zijne grootouders [oris-Frederik van Renesse 
en Anna-Margareta van Bocholtz gesticht en had dus 
slechts vrije beschikking over de goederen, die niet in 
het fidei-commis begrepen waren. 

Het majoraat ging over aan Frans-Hyacinth van 
Renesse, baron van Oostmalle, oom van den domheer 
Albert, doch zijne erfgenamen, de graaf en gravin van 
Isendoorn eischten de teruggave der afselegde renten, 
verbeteringen, enz., welke deze voederen “sedert den oor- 
sprong van het fidei-commis ondergaan hadden. 

Frans Hyacinth, deze sommen, meer dan 200.000 gul- 
den, niet kunnende verschieten, trof eene overeenkomst 
met zijne nicht en verpande haar de heerlijkheden en 
eigendommen van Cortessem, Dessener, Wintershoven, 
enz., in het graafschap van Loon gelegen. 

De breede tiende van Moll bevond zich onder de 
goederen die graaf Albert aan zijne zuster achterliet. 

Haar man, de graaf van Isendoorn, deed de tiende, 
volgens oud gebruik, Op-7 julier720 openbaar voor de 
schepenbank “der vrijheid verpachten. Doch de baron 
van Oostmalle wilde den 17" derzelfde maand ook deze 
verpachting doen. Jan-Frederik van Isendoorn, in zijn 





VAN MOLL, BAELEN EN DESSCHEL 209 





bezit bedreigd, wendde zich tot den souvereinen raad 
van Brabant, die na een proces van vijf jaren, hem de 
tiende toewees. Het vonnis was op art. 16 van het eeuwig 
edikt der aarthertogen Albert en [Isabella gesteund, vol- 
gens hetwelk alle fidei-commis in het hertogdom van 
vrije beschikking zijn in handen van den derden bezitter, 
zooals hier het geval was. 

De baron Frans Hyacinth van Oostmalle stierf in 
1740, nog altijd mei de familie van Isendoorn in onmin 
zijnde, nopens de overeenkomst van 1728. 

Zijn zoon en opvolger, graaf Frans-Lambert van 
Renesse, had reeds twee jaren te voren de verpande 
heerlijkheden heimelijk voor de leenzaal van Curingen, 
opperleenhof des graafschaps van Loon verheven, en na 
den dood zijns vaders, trad hi] bij middel dezer verhef- 
fing in ‘*t bezit dier domeingoederen en verkreeg eene 
verordening van handhaving tegen den baron van Isen- 
doorn. Deze wederstond het vonnis en beriep zich bi 
bi den offciaal van Luik, die de gewone rechtsmacht 
in gansch het prinsdom bezat en geene rechters boven 
hem kende dan de keurvorsten van het Duitsche rik. 
De officiaal wees de betwiste goederen aan de familie 
van Isendoorn toe. Graaf Frans-Lambert van Renesse 
intusschen overleden zijnde, vervolgde zijne weduwe, 
geboren Carolina-Ludovica van Breidbach-Beuresheim, 
het geding en kwam van de uitspraak in beroep bij de 
Keizerlijke Kamer van Wetzlar. 

Niettescenstaande het vonnis van den officiaal van 
Luik, beval de edele leenzaal van Curingen aan Jan- 
Frederik van Isendoorn op zijne verordening van hand- 
having te antwoorden. De graaf beriep zich hierop ook 
bij de Kamer van Wetzlar, die eerst het beroep door 
gravin van Renesse gedaan, verwierp, toen deze over de 
herziening der overeenkomst van 1728 begon te pleiten. 
Door eene tweede uitspraak in 1744 gedaan, bevestigde 
de Keïizerlijke Kamer de heerlijkheden Cortessem, Win- 
tershoven en Dessener aan de familie van Isendoorn. Het 
beroep door Jan-Frederik van Isendoorn van het vonnis 
der leenzaal van Curingen gedaan, bleef echter zonder 
gevolg. 

De familie van Renesse van Elderen liet toen den 

19 


290 GESCHIEDENIS 


moed zakken en die van Isendoorn nam ook geene acht : : 


meer op * geding, dat nog lange jaren hangende bleet. 

De gravin-douairière van Renesse had twee broeders, 
waarvan de eene tot de waardigheid van Keurvorst van 
Mainz verheven werd en de andere erootkamerheer werd 
van den keurvorst van Trier. Deze hooge betrekkingen 
en de invloed die zij er door op de Kamer van Wetzlar 
verkregen, deden het huis van Elderen besluiten om het 
oud proces tegen dat van Isendoorn te herbeginnen. 

Vier en twintig jaar na hare andere vonnissen, in 1768, 
deed de Keizerlijke kamer uitspraak, verbrak de over- 
eenkomst van 1728 en gaf niet alleen de betwiste heer- 
lijkheden, maar zelfs de tiende van Moll aan de graven 
van Renesse. Rakende de breede tiende was dit vonnis 
nietig, vermits de Kamer van Wetzlar geene rechtsmacht 
in Drabant bezat; nopens de andere “goederen was de 
uitspraak van nul en geener waarde, daar de voorrechten 
van het land van Luik zegden, dat het niet toegelaten 
was bij eenen vreemden rechter van een vonnis in beroep 
te komen dan van zaken in eersten aanleg, door eene 
rechtbank des prinsdom geveld. 

De onwettige doenwijze van die Wetzlar bracht ver- 
slagenheid in "de familie van Isendoorn en verontwaar- 
digde de Luikenaren; de drie staten van het bisdom 
besloten hunne miskende rechten gewapenderhand te 
verdedigen. Niet eene rechtbank wilde het vonnis uit- 
voeren, toen eindelijk de leenzaal van Curingen zich 
met deze onvaderlandsche taak gelastte; en daar de 
baron van Isendoorn zulks trachtte te beletten, legde de 
Keizerlijke kamer op zijne goederen in het land van 
Luik en in het graafschap van Loon beslag. 

De souvereinenraad van Brabant van die feiten onder- 
richt, bevestigde voor de tweede maal de tiende van Moll 
aan den wettigen eigenaar, bracht zijn besluit ter kennis 
van de edele leenzaal van Curingen en van den groot- 
rechter van Wetzlar en ziende dat zijne rechtsmacht Pwerd 
miskend, nam de Brabantsche goederen der raadsheeren 
van Curingen i in beslag, als00k die van graaf Jan-Lode- 
wijk van Renesse- Breibach, die zijne ouders was opge- 
volgd. Onder deze bevonden zich de heerlijkheid van 
Oostmalle en het vrijgoed van Gompel, 





r 


VAN MOLE, BABLENVEN DESSCHEL 291 





De leden der leenzaal van Curingen, door deze beslis- 
sing in hunne belangen getroffen, weigerden insgelijks 
aan de uitspraak van Wetzlar te gehoorzamen. 

De Keizerlijke Kamer gaf dan haar vonnis in handen 
van de drie bestuurders van den kreits van Westfalen, 
nameli]k den koning van Pruisen, als hertog van Kleef; 
den keurvorst van den Palts, als hertog van Gulik, en 
den aartsbisschop van Keulen, als prins-bisschop van 
Munster. Deze bevalen aan de leenzaal van Curingen de 
zaak door te drijven, onder bedreiging hunne legers naar 
het land van Luik te zenden. De oorlog scheen onver- 
mijdelijk, toen de Luiksche prins-bisschop, Frans-Karel 
van Velbruck, hiertoe door het huis van Elderen aan- 
zocht, als bemiddelaar tusschen de twee partijen optrad. 
Hi; bewoog den graaf van Renesse om redelijke voor- 
stellen aan zijne tecenstrevers te doen. 

an-Frederik van Isendoorn was intusschen overleden. 
Zin broeder Karel als voogd over Jan-Frederik’'s wees- 
kinderen, nam de voorwaarden gedeeltelijk aan; maar 
vermits de kamer van Wetzlar over het aanslagen der 
goederen van Curingen in Brabant, zeer gestoord was, 
beging hij de onvoorzichtigheid, de vernietiging dezer 
besluiten te Brussel te vragen. Hi] verkreeg ze. De prins 
van Luik stelde voor, op een bepaalden dag in zijn 
paleis te vergaderen, doch daar men tot geene verzoe- 
ning komen kon, was hij verplicht de Isendoorn’s aan 
hun lot over te laten. Deze verzochten opnieuw de inbe- 
slagneming der goederen der leenheeren van Curingen, 
doch te vergeefs. 

Anna-Margareta van Renesse, douairière van Isendoorn 
à Blois, stierf in 1777 op het kasteel van Cannenburg. 
Haar oudste zoon, Jan-Hendrik, om de aangeslagen goe- 
deren zijgner ouders weer te bekomen, verzocht te Wetzlar 
de herziening der uitspraak van 1798. Na nog twee on- 
gunstige vonnissen bepleitte hij echter zijne zaak z00 
goed, dat de Keïzerlijke Kamer eindelijk, in 1785, den 
officiaal van Luik aanstelde om de partijen te verzoenen, 
en door diens verslagen het onrecht gevoelende dat zi] 
begaan had, met de tiende van Moll en de andere do- 
meinen aan het huis van Elderen toe te wijzen, gelastte 
zij den prins van Luik het geding nader te onderzoeken. 


D 
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D 


GESCHIEDENIS 








Deze opmaking welke duurde en bleef duren, schatte 
de inkomsten der breede tiende van Moll, van 1729 tot 
en met 1786, op 142.618 Brabantsche guldens en de 
kleine belastingen die niet meer geïnd werden op 2635 
gulden; de jaarlijksche opbrengst rekende men op 2458 
en het evenwaardige op 74.000, dus alles te zamen op 
216.618 gulden. 

Voordat het onderzoek geëindigd was, werd ons vader- 
land door de Franschen veroverd. De tienden, gelijk 
alle rechten uit het leenroerige tijdvak gingen te niet, 
echter door vonnis van 26 december 1805 werd het bedrag 
der vervallen tiende aan de famillie van Isendoorn toe- 
gekend. De erfgenamen dezes uitgestorven stam, voor de 
goederen in België, waren de twee laatste gravinnen van 
Berlo-Suys, die beide over eenige jaren op het kasteel 
van Wezel, onder Mall, ov erleden zijn en waarvan de 
eene gehuwd was met wvijlen jonkheer van der Gracht 
van Rommerswael en Vremde. 


IX 


V. H. Dillen 


Vincent-Hendrik Dillen, werd te Moll, den 11 decem- 
ber 1758, in het huis den Kleinen Sleutel, geboren (x). 

ot zijne familie, van ’t geslacht Colibrant afkomend, 
dat sedert 1435 bekend is, behooren Jan van Wachten- 
donck, aartsbisschop van Mechelen èn Rombaut Coli- 
brant, 1** prelaat van Postel. 

Na de Latijnsche klassen in het college zijner geboor- 
teplaats gedaan te hebben, vervolgde hi] zijne studiën te 
Leuven, bekwam er de zesde plaats der tweede linie in 
de wijsbegeerte, werd lector in het college Viglius in 
1778 en priester gewijd te Antwerpen den 10 december 
1782. 

Het was in dien tijd dat keizer Jozef II zigne hervor- 
mingen in ’s lands wetten en instellingen begonnen had. 


(1) Nu bewoond door Me de wed, Vennekens, 





24 


VAN MOLL, BAELEN EN DESSCHEL 293 





De oude Universiteit, in 1425 door paus Marten V en 
Jan IV hertog van Brabant gesticht, moest op eenen 
nieuwen voet opgericht worden. 

Dillen deelde in de politiek des keizers en werd in de 
maand februari 1788 gelast met het onderwijs der Griek- 
sche taal, in het Seminarie Generaal, hetwelk Jozef bi; 
de Hoogeschool had ingericht, en den 30 juni den graad 
van doctor in de godsgeleerdheid bekomen hebbende, 
werd hi] met dezen leergang belast en tot regent van het 
college der H. Drievuldigheid benoemd. 

De instelling van het Seminarie Generaal was eene 
dwaling en kan, denken wij, niet toegeschreven worden 
dan aan keizer Jozef II s’ neigingen om alles te veran- 
deren. Er waren in ons land vele misbruiken, vele 
versletene wetten, die hem tegen het hoofd hadden 
gestoten; doch de eerste onzer vorsten, die, sedert twee 
honderd jaar, de Nederlandsche bodem betrad, kende 
de gehechtheid van ’t Brabandsch volk aan zijne instel- 
lingen niet. 

De oprichting van dit gesticht werd nog heviger dan 
de andere hervormingen bestreden; de schimp- en vlug- 
schriften waren toen bijna zoo talrijk als heden de dag- 
bladen. 

Om het verzet te doen ophouden besloot de keizer de 
leer van het Seminarie door den aartsbisschop van Me- 
chelen te doen onderzoeken. 

Kardinaal van Franckenberg kwam te Leuven aan den 
8 maart 1789; hi] was vergezeld van den kanunnik Van 
Rymenant ; beiden stapten in de St-Gertrudis-abdij af. 

Des anderendaags stelde de prelaat aan het leeraars- 
korps de volgende vragen : 

1.« Hebben de bisschoppen krachtens goddelijke macht 
» het recht te onderwijzen door hen zelven of door an- 
» deren, niet alleen door te catechiseeren en prediken, 
» maar door de godsgeleerdheid te onderwijzen aan hen 
» die zich tot den geestelijken staat voorbereiden? » 

2.:« Kan dat recht door de wereldlijke macht verboden 
» of beperkt worden ? » 

Hierop antwoordde de hoogleeraar Dillen : 

« Het is waar dat de bisschoppen de macht hebben in 
» de eerste vraag uitgedrukt maar het is ook waar dat 


« &! 


204 GESCHIEDENIS 





de godsgeleerde faculteit van Leuven volkomen dezelf- 
» de macht bezit, uit kracht eener delegatie gegeven door 
» den H. Stoel. 

« Wat de tweede vraag betreft, deze is te algemeen, 
» vermits het hedendaagsch stelsel deze macht niet wil 
» verhinderen of beperken, maar leerlingen van gelijke 
» geleerdheid wil vormen voor de pastorijen waar de 
» bisschoppen de grootste macht hebben behouden die 
» de kardinaal-aartsbisschop vergen kan. Want hij heeft 
» die leer der hoogeschool te beoordeelen, om te ca- 
» thechiseeren, te prediken, de theologie te verklaren, 
» €enZz. » (ri 

Dit onzerzoek bracht zoomin als ’s kardinaals verkla- 
ring van 16 juni, de gemoederen, die reeds in volle 
gisting Waren, tot bedaring. 

Zeker behoorde onze dorpsgenoot tot de parti] der 
Keizerlijken, doch hieruit besluiten, dat alhoewel een 
leeraarszetel te Leuven bekleeddende, hij tot het /ebro- 
msmus overhelde, word gelogenstraft door de waardig- 
heden, waarmede de Paus hem daarna vereerde. 

De Brabandsche omwenteling was intusschen uitge- 
broken, de slag van Turnhout gewonnen en gansch het 
land in opstand. 

De Mollsche Patriotten hadden tot aanvoerders den 
advokaat Theeuws en den secretaris Van Praet; doch 
het waren vreemden, die de pastori] en de woning (2) 
des vaders van professor Dillen plunderden. 

Deze was naar Frankrijk geweken en, zijne balling- 
schap ten nutte makend, verkreeg hi] er den graad van 
licentiaat in de rechten bi] de Hoogeschoo! van Rheims 
(3). Jozef IT stierf op 20: februari 1790 en leopelsnr 
zijn broeder en opvolger, herstelde de Universiteit van 
Leuven en den regeeringsvorm op den ouden voet. De 
nieuwe keizer benoemde, den 25 januari 1702, onzn 
inboorling tot gegradueerden kanunnik en deken van 


) 


Ÿ 


Ÿ 


(1) Rapepius DE BERG, Mémoires pour servir à l’histoire de la révolution bra- 
bançonne, t. II, b1. 147-148. 

(2) Thans bewoond door M. Van Eynde, notaris. 

(3) Axalectes pour servir à l’histoire ecclésiastique, deel XVI, bl. 295. 








pd aes 


Ut 


VAN MOLE, BAELEN EN DESSCHEL 29 





* kapittel der kathedraal van St-Christoffel te Roermond, 
wat aldaar de voornaamste waardigheid na den bisschop 
was en recht gaf op het borstkruis met ketting en her- 
derlijken ring (1). 

Toen deze zetel het jaar daarna, door de dood van 
Damiaan van Hoensbroeck openviel, werd Dillen tot 
zijnen opvolger, door het keïizerlijk bestuur aangeduid, 
en hi] was op het punt bisschop van Roermond te 
worden, toen ons vaderland door den noodlottigen slag 
van Fleurus, onder de klauw der Franschen viel. De 
koordeken Dillen volgde de Oostenrijkers; op de lijst 
der uitwikelingen van 14 thermidor, jaar IV (1 augustus 
1796), wordt hij aangeduid als afwezig sedert de inkomst 
der Franschen : « absent depuis l'entrée des Français » en 
de archieven van ’t kapittel zeogen : « Decanus absens in 
Austria. » 

De prelaat, die de beste betrekkingen met het hof der 
Habsburgers behouden had, was naar Oostenrijk geto- 
gen, Waar hi] den 18 november 1796 door kardinaal 
Migazzi, aartsbisschop van Weenen (2), van wege Pius 
VI in het openbaar vereerd werd met het kruis van 
grootridder der Christusorde van Rome en Portugaal. 
Keïizer Karel II, de opvolger van Leopold, gelastte 
onzen medeburger met eene zending voor den H. Vader, 
welke hem te Rome tot apostolischen protonotarius be- 
noemde, eene waardigheid, die recht geeft op het pur- 
perkleed. 

De tijdsomstandigheden deden Dillen in Oostenrijk 
verblijven. Hij vestigde zich te Weenen en vervolgens 
te Krems, eene kleine stad aan den Donau, op 15 milen 
van de hoofdstad. 

Op zine reizen naar Moll deed hij vele pogingen om 
er het Latijnsch kollegie in stand te houden. 

In de geschiedenis der stad Krems leest men : « De 
» kerk van Weinzierl (voorstad van Krems) zeer vervallen 


(1) HagBers, Geschiedenis van ‘t Bisdom van Roermond (nog niet in druk 


: verschenen). 


(2) De aartsbisschop van Weenen was in ons land goed bekend, daar hi} 
te Mechelen coadjutor geweest was van den kardinaal Thomas-Filips van 
den Elzas (CLAESSENS, Histoire des archevèques de Malines, deel IT, bL 130). 


206 GESCHIÉDENIS 





» zijnde, toen de bisschop van St-Pôlten er zijn herder- 
» lijk bezoek in 1838 bracht, drukte hi] het verlangen 
» uit, dat de kerk zou hersteld worden. Die wensch werd 
» volbracht door eenen inwoner van Krems, den eerw. 
» doctor utriusque juris, deken van het kapittel van Roer- 
» mond, apostolischen protonotaris, ridder van de pon- 
» tificale Christusorde, Vincent-Hendrik Dillen. Deze 
» herstichtte de prebende door eene gift van 6500 guld., 
» waarvan hij de eerste beneficiant was » (1). 

Hij deed ook verschillende giften aan het gasthuis en 
het armbestuur, vermaakte aan dezelfde kerk zijne prach- 
tige misgewaden en herderlijke juweelen, alsook zijn 
groot portret, waarvan wij eene afteekening mededeelen, 
en de portretten zijner ouders welke in 1892 door de 
familie werden teruggekocht. 

De domdeken Dillen overleed te Krems, den 15 april 
1845, bijna 88 jaren oud, en werd in de kerk van 
Weinzierl zonder grafschrift begraven. Zijne gedachte- 
nis is nog levendig in die verwigderde plaatsen. 

De marmeren godslamp, in 1808 door zijne moeder 
aan de kerk van Moll geseven en op het koor gesteld, 
draagt hunne namen en de beginletters der voornamen 
hunner twaalf kinderen; zij is sedert 1890 met een zil- 
veren hoofdstuk versierd. 

Men leest in een werk over de hofbouwkunde, Ge- 
schiedenis der peer, doyen Dillen : « De moederplant, 
» waaruit deze soort ontstaan is, werd door Van Mons 
» in 1827 te Leuven gezaaid. De naam dien ze draagt is 
» die van den deken Dillen, welken de zonen van Van 
» Mons er aan gaven uit eerbied voor de gedachtenis 
» van hunnen bloedverwant (2). 

De grafkelder dezer familie bevond zich op het oud 
kerkhof, langs de noorderzijde; de zerksteen die er den 
ingang van sloot is sedert het herbouwen der kerk, in 
1852, in den buitenmuur, achter het hoogaltaar gemet- 
seld; het opschrift luidt als volgt : 


(1) ANTON KERSCHBAUMER, Geschichte der stadt Krems, bl. 175, 176 en JOZEF 
Kinzz, Chronik von Krems, b1. 412. 
(2) ANDRÉ LEROY, Dictionnaire de pomologie, deel IT, bl. 52. 





Né EL DICEEN 


Für die Echtheit der vorliegendex Portraits des 
Domdechants von Ruremonde in Belgien, Herrn Vin- 
cent Henri Dillen. Stadtgemeinde vorstehung,. 

Krems am 14 Oktober 1890. 


(Zegel der stad Krems.) 


Bulletin du Cercle Archéologique, Littéraire et Artistique de Malines, t. ÎV, 1893. 





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VAN, MOLE, BAELEN EN DESSCHEL 2907 








PSOAM: 


BEGRAEFPLAETS VAN 
PETRUS SNOECKX 
GEBOREN 14 MEERT 1701 
STÉRET DEN 28 xBRIS r775 
ENDE 
Maria-ANNA VAN DEN EYNDE 
SYNE HUYSVROUWE 
GEBOREN 27 S8EKS 17O1I 
STERFT DEN 8 8BRS 1782 
JUBILARISSE IN HOUWELYCK 
JoAnnEs-FRANCISCUS DILLEN 
STERFT DEN 23 JULI 1805 
MaRrA-ELISABETH SNOECKX 
SYNE HUYSVROUWE 
STERET DEN 2 xXFRIS 1809 
OOCK 
JUBILARISSEN IN HOUWELYCK 


Bip VOOR DE ZIELEN. 
X 
De Franschen te Moll in 1794 


Het was den 21 augustus 1794 (4 fructidor, jaar IT), 
rond den middag, dat een Fransch leger van meer dan 
90.000 man, meest voetvolk, uit Boom, Antwerpen, Lier 
en omstreken, te Moll en in de omliggende dorpen 
aankwam. 

De bevelhebbers waren de divisie-ceneraals Souham 
(1) en Boneaud en de brigade-generaals Macdonald (2), 
Noyel, Dewinter (3) en Jardon (4). De ruiteri] was 


(1) Souham, een der beste luitenanten van Pichegru, nam deel aan den 
veldtocht in Spanje, streed te Lutzen en te Leipzig en overleed in 1832. 

(2) Macdonald veroverde het koninkrijk Napels, was een der grootste 
veldheeren van Napoleon en werd te Wagram tot maarschalk en hertog 
van Tarente bevorderd. Overl. 1840. 

(3) Dewinter nam deel aan de veldtochten van België en Holland, werd 
maarschalk van Holland, onder-admiraal en opperbevelhebber der land- 
en zeemacht, onder Lodewijk Bonaparte. Overl. 18r2. 

(4) Jardon, geb. te Verviers, vluchtte naar Frankrijk, bij de wederkomst 


208 GESCHIEDENIS 





aangevoerd door de divisie-generaal Legrand en de 
brigade-generaals Lebleux en Depauw. Hunne verschil- 
lende kampen strekten zich uit van Stokt, Millegem en 
Ezaert door de beemden en heïde tot Gerhees, Rosselaer 
en Baelen en langs de andere zijde van Hofstede tot aan 
de huizen van Moll. 

Dit uitgestekte kamp bestond uit strooien veldhutten, 
tusschen welke de artillerieparken en de trosswagens 
waren geschaard. 

Het gros van t leger besloeg de geheele uitgestrektheid 
van af ‘* zoogenaamde Peerdskerkhof tot aan de tuinen 
van Ginderbroek, met de Veldstraat tusschen beide. 

Vele generaals, met den staf en dat er van afhing, het 
veldhospitaal, de kommissariaten, de inrichters of be- 
schikkers van den oorlog en der levensmiddelen enz. 
namen te Moll bij de burgers hun intrek. 

De véérwacht onder Jardon, legerde te Sluis. 

Den 24 augustus (7 fructidor), om drij ure ’s morgens, 
braken de Franschen weer op en vertrokken over Cor- 
sendonk, Kinschot, en Turnhout naar Breda. 

Generaal Pichegru (1) met den generalen staf, bevond 
zich toen te Herenthals. 

Den dag zelfs van ’t vertrek der Franschen kwam, rond 
den middag, eene nieuwe brigade, van generaal Compere 
(2): omtrent 4000 man sterk, te Moll Jegeren. Den 29, 
ten 5 ure ’s morgens, vertrok ze insgelijks in de richting 
van Breda. 

En eindelijk, den 19 september (3 Sans-Cullotides), 
trok de afdeeling van generaal Moreau (3), komende van 
van den prins-bisschop van Luik, en werd brigade-generaal onder 
Dumouriez. 

Wij vinden hem later terug, oorlog voerende tegen de Kempenaars, tot 
bevestiging der Fransche dwingelandij. Hij vocht tegen hen te Diest en 
hielp onze ongelukkige boeren verpletteren. 

Jardon ww sl in 1809, te Negrelos, in Portugaal. gedood. 

(1) Pichegru, bevelhebber van het Noorderleger, overweldigde België 
en Holland, nam deel aan eene samenzwering in 1804 tegen de Republiek. 
Hi] werd aangehouden en verwurgde zich, zegt men, in de gevangenis. 

(2) Compere sneuvelde in den slag der Moscowa, 7 September 1812. 

(3) Moreau volgde, als opperbevelhebber van het Noorderleger, Pichegru 
op, nam deel aan al de groote veldslagen van Napoleon. Hij verpletterde 
de Oostenrijkers te Hohenlinden: keerde zich later tegen Frankrijk en 
werd door eenen Franschen kanonbal gedood in 1813. 





FIRE 


VANEMORT RBAEEEN ENDDESSCHEI 299 





Sluis in Zeeuwsch-Vlaanderen, welke stad zij na een 
beleg van 22 dagen had ingenomen, op hare beurt door 
Moll. Deze afdeeling, sterk 12 of 13.000 man, ging te 
Lommel legeren en zette vervolgens haren weg voort 
naar Hollandsch en Pruisisch Gelderland. 

Het waren de Fransche legers welke gedurende den 
strengen winter van 1794-05, in min dan twee maanden 
gansch Holland veroverden. 

Dit verslag werd opgemaakt door een ooggetuige, de 
secretaris van Praet. É 


XI 


De deken van Dongen en de besloten 
tijd 


Cornelis van Dongen werd den 21 februari 1729 te 
Dongen, bij Breda, geboren en huwde aldaar den 14 
november 1751 met Dimpna-Maria Raesen, welke na 
veertien maanden echt stierf. Van Dongen voelde zich 
alsdan tot den priesterlijken staat geroepen, begon den 
24 februari 1753 zijne humaniora te Casterle, voltrok ze 
te Meerhout, deed de wijsbegeerte te Leuven en de 
godgeleerdheid in het groot seminarie te Antwerpen, 
alwaar hij priester werd gewijd den 20 september 1760, 
en onderpastoor te Moll benoemd den 4 juni 1762. 
Vier jaar daarna werd hij door den grondheer, graaf 
Frederik van Isendoorn, die het begevingsrecht der 
kerk bezat, tot pastoor voorgedragen, en den 7 october 
1773 benoemde de bisschop van Antwerpen, in zine 
hoedanigheid van apostolisch vicaris van ’t bisdom van 
‘s Hertogenbosch, van Dongen landdeken van het deka- 
naat Gheel. 

Deze deken heeft veel bijgedragen tot « den lister van 


_Gods huis ; » hij deed, in 1770, de schilderij van Herreyns, 


een der beste vlaamsche schilders van dien tiidiunrhet 
hoogaltaar plaatsen, en hiervan zegt hij in het kerk- 
archief : 


300 GESCHIEDENIS 





Den 11 may 1770, is in den hoogen autaer gestelt de schilderye verbeel- 
dende den H. Apostel Petrus, als doopende de H. Maget ende martelaresse 
Prisca, welk stuk geschildert is van den heer G. Herreyns, eenen zeer 
vermaerden schilder, geboortig van Antwerpen, maer wonende te Mechelen. 
Ik en zoude dat stuk niet gekregen hebben immers voor dien prys (want 
hy kreeg voor diergelyke stukken eens z00 veel) ten zy door recommendatie 
van den eerw. heer Lalemant, onderpastoor tot Geel ende den swager van 
den voorschreven Herreyns. De redens, waerom deze heer Lalemant voor 
my syn swager zoo sterk gerecommandeert, geengageert en eyndelyk 
geobtineert, om dit stuk voor onze kerk te schilderen, omdat ik aen den 
voorschreven heer Lalemant in verscheydene voorvallen, grooten dienst 
en plezier gedaen had. En ten anderen, omdat hy wenschte, dat den naem 
van syn swager door dit autaersstuk ook in de Kempen zouden vermaerd 
en onsterffelyk worden, reden, dewelke sonder twyfel hem Herreyns ook 
mede beweegt heeft om ’t selve voor onse kerk te maken (1). 


Deze schilderi}, bij het afbreken des altaars in 18917, 
van plaats veranderd, hangt nu in den noorderzijbeuk 
en heeft dringende herstellingen noodig. 

Drij jaar na zigne kerk met dit kunststuk verrijkt te 
hebben, deed de deken de groote remonstrantie drijven 
en met een krans van 186 diamanten versieren. 

Den 15 augusti 1786 vertrok hij naar Parijs om er 
eene reliquie van den H. Vincentius à Paulo te halen, 
welke feestdag hi] te Moll instelde. 

Cornelis van Dongen behoorde tot de partij der zoo- 
genaamde Vygen; h1j werd hevig in sommige schimp- 
schriften aangerand (2). Een Josephistboek zegt dat hi] 
een voorbeeldig priester was (3). 

De Patriotten plunderden zijne pastorij in den nacht 
van 17 augusti 1789, en deden er voor meer dan 600 
guld. schade. 

Nauwelijks waren de Oostenrijksche Nederlanden, na 
den dood van Jozef II, onder hunne wettige vorsten 
teruggekeerd, die nu wederom volgens de oude instel- 
lingen regeerden, toen de Fransche republikeinen, met 
het onschuldig koningsbloed van Lodewyk XVI bezoe- 
deld, den slag van Fleurus wonnen en ons vaderland in 
bezit namen. 





(1) WELvAaaARTSs, Geschiedkurdige bijdrage over de voogdij van Moll, b1. 16. 
(2) Brieven van Keuremenne over het seminarie generaal, deel II, bl. 76. 
(3) SPANOGHE, Het verlost Nederland, b1. 237, 238. 





se 


VAN MOLL, BAELEN EN DESSCHEL 301 





De deken, beducht voor hunne plunderingen, vluchtte 
de bijzonderste archieven der kerk en deed ze in eene 
schuur, op het gehucht ’t Stokt, onder eenen korentas 
verbergen. Ongelukkiglijk kwamen de soldaten het graan 
weghalen, ontdekten de drij kisten met papieren en 
roofden en verscheurden er het grootste gedcelte van. 
Onder deze waren waarschijnlijk de doopregisters van 
1626 tot 1660, en de doodregisters 1621 tot 1677 en van 
1702 1001709. 

Sedert de wet van 5 januari 1797 was de vervolging 
tegen de priesters veel heviger geworden. 

Den 27 november 1797 werd ailen dienst in de kerk 
van Moll verboden, daar van Dongen, de gekende eed 
van haat aan het koningdom, met’ veel waardigheïd, 
had geweigerd. En den 14 november werd het plak- 
kaat afgelezen waarbij kerk, pastorij en kerkelijke 
eigendommen als nationaal goed werden verklaard. 
Hierop begonnen de burgers de meubels uit kerk en 
pastori] te vluchten, zoodat deze gebouwen op eenige 
uren bijna geheel ledig waren. Onder andere werd de 
groote remonstrantie geborgen in het huis der erven 
Putmans (1), en de zes schilderijen, welke in de koor, 
boven het gestoelte hangen, in het huis van Corn. Jos. 
Knaeps (2). 

Den 16 december word de pastori] openbaar verhuurd, 
doch er was zeker tegenkanting gedaan geweest door den 
eigenaar, graaf van Isendoorn, die deze, in 1755, had 
gebouwd. Ook wordt de verpachting in zijnen naam 
gedaan, de burger Pieter-Frans Jans, ingezetene der 
stad Luik, in hoedanigheid van gevolmachtigde van den 
burger Henri d’Isendoorn, geeft in huur aan den burger 
Cornelis van Dongen : 


Sekeren huyse met stalle, hoff, gronde en toebehoorten, gelezen binnen 
dese gemeynte, op het Laer, regenotente oost Maria Luyckx en J.-B. 
Vanhoof, zuyt de Nethe, west Jus. De Cart en noort de straet, voor dry 
jaer aen 50 guld. ’s jaers (3). 


(1) Nu bewoond door Mn wed. Jos. Van Eynde. 
(2) Thans toehoorende aan de kinderen doctor Helsen, 
(3) Provinciaal archief,. 


302 GESCHIEDÉENIS 


Deze poging, welke de deken gedaan had om zich met 
het bestuur in regel te stellen hielp weinig. De 2 januari 
1798 werden de parochie- registers door den bijzonderen 
commissaris Yernaux opgeëischt en den dag daarna 
maakte deze met den Franschen notaris den inventaris 
der pastori], welk slechts de beschrijving der vertrekken 
geeft, de meubels gevlucht zijnde. Dezelfde dag, deden 
deze twee republikeinen de z;eelen der twee klokken, 
die nog in den toren hingen, afsnijden en de raders 
breken. 

Intusschen werd de ballingschap naar Cayenna, van 
den ex-deken van Dongen, door het uitvoerend Directo- 
rium, bij besluit van 17 Nivose, jaar VI (6 januari 1708) 
uitgesproken. 

Twaalf dagen daarna, kwam de openbare macht, in 
gevolg de vordering van burger Bruslé, en onder bevel 
der gendarmen Grela en Lelong der brigade van Gheel, 
om den ouden priester aan te houden. 

Hier volgen zijne eigene woorden nopens dit feit : 


19 januari 1798. Zyn ’s morgens om half seven, eenige fransche gen- 
darmen, die van Gheel gezonden waeren, met eenige commisen, alle wel 
gewapende mannen, naer de pastory gekomen om my te vangen en mede 
weg te voeren. maer door Gods voorzienigheid, werd ik een moment te 
voren gewaerschout, en ben gelukkig uit de handen van degene, die 
kwamen om my te vangen, ontvlugt naer Lommel en van daer tot Dongen, 
en er aengekomen den 26 dito. 


De gendarmen konden dus de hand op den deken niet 
leggen, maar zij vatten eenen witheer Jan-Frans Broo- 
mans, geboortig van Antwerpen, die na uit zijn klooster 
verjaagd te zijn, in het huis zijner zuster, jJufvrouw 
Opdebeeck (1), was komen wonen. Deze werd in het 
kasteel van Antwerpen opgesloten, maar lijdend en zie- 
keljk zijnde, kon h1j, dank aan het municipaal bestuur, 
weinige ti]4d daarna, naar Moll wederkeeren (2). 


(1) Nu bewoond door M. G. Cools. 

(2) DE Rinper, Annuaire ecclésiastique (1864). Documents concernant la 
persécution religieuse dans le département de la Dyle et des deux Nethès 
pendant la révolution française, 





Eh! 
LE. tre 


LU PES 


VAN MOLL, BAELEN EN DESSCHEL 303 





Alhoewel de kapel van Ezaert op 20 januari verzegeld 
werd, was de parochiekerk nog niet gesloten. 

De volgende brief, welke wij in den oorspronkelijken 
schrifstijl en spelkunst mededeelen, geeft er de uitleg- 
ging van : 


Moll, ce 2 Frimaire, an VI de la Republique 
française une et indivisible. 


Le commissaire du directoire exécutif près de l'administration 
municipale du canton de Moll. 


Citoyens, 


Je pris tous les mesure possible pour fair execute La Loi du 7 Vende- 
miaire, ce qu’il concerne La commune de Moll. Nous avons, un recollet 
qui a fait son serment suivant cet teneur. Le citoyen Pierre Schillemans 
Natif et habitant de La commune de Moll ci-devant recollet au couvent 
de Weert à preté serment requis par la loi Devant la Municipalité de la 
Commune de Maestricht Le treizième Vendimiaire, sixième année de la 
Republique, dont il nous a visionné acte lequel a été enregistré au registre 
de cette Municipalité, en si notre Eglise est occupé et je le ouvri pour 
laissé faire Le service. Mais dans les autres commune de Notre canton on 
est bien tranquille, et on a publié Les lois, mais suivant Le raport des 
agents tout Les Eglise son pillicé, et comme à la commune de Vorst le 
curé à vendu tout, ce fait lui a partien ou nous, et je fait demander leur 
resolution et il a repondu qant on fait le serment à Anvers qu'il suiveron 
et qu'il faitct encore concerter ensemble je prevenu les agents de notre 
canton de faire connaitre tout leur bien de chacque commune pour faire 
les etat et le envoye; je crois que ces Mesieurs de Tongerloo et d'Euver- 
bode feron rien et decamperon tout, pour La séance prochaine je vous 
faire un raport plus ample, mais je crois avoir besoin de force armé pour 
faire restutuer les eftet qu'on a vollé Dans tout les Egliss et dans le cure, 
et mais Notre commune tres grande, et comme il y a beaucoup de Drapiers 
et filleurs on demandez pour laisser sonné le Matin et le Midi pour savoir 
le temps de Leurs ouvrage sur laquelle je voudrez bien votre reponse. 


Salut et fraternité (x). 


De kerk van Moll was dus nog open en de beëe- 
digde priester Schillemans oefende er zijne droevige 
diensten uit, welke echter door niemand gevolgd wer- 
den, want zoodra hij zijne mis begon, verliet eenieder de 


kerk. 


(1) Provinciaal archief, 


304 GESCHIE DENTS 


Op 25 januari 1798 werd er den gevluchte deken voor- 
gesteld de pastorij wederom te mogen betrekken, op 
Voorwaarde, pater Schillemans gratis kost en inwoon te 
verleenen; doch deze zal in dit aanbod geen betrouwen 
gehad hebben; hi] vestigde zich te Lommel, dorp welk 
toen onder Holland behoorde, ten huize van Petrus 
Jansen, ten einde 200 kort mogelijk bij zijne parochianen 
te zijn, welke hem daar in menigte kwamen vinden; den 
26 april gaf h1, te Reusel, de eerste communie aan dertig 
kinderen van Moll, den 10 mei,te Lommel, aan zestig, en 
den 24, nogmaals in dit laatste dorp, aan vijf-en-dertig 
kinderen zijner parochie (1). 

Intusschen was Schillemans zijn ambt moede gewor- 
den; cen verslag van den municipalenraad van 5 sep- 
tember, zegt dat hi] dienst gedaan had tot 29 juli, toen 
hi ‘s avonds ten 9 ure, dronken zijnde, de volgende 
verklaring teekende : 


Ick ondergeteekende bekenne te cesseren van myne privilegie van het 
openhouden der kercke der vrijheyd oft anders geseyt het canton van Moll, 
sullende voortaen wy houdene als borger voor den exterenden tyd. 


(redaen te Moll den 30 Julii, ouden stiel, 
Pier SCHILLEMANS (2). 


De deken van Dongen kwam soms heimelijk te Moll 
en werd aldaar bijzonder bijgestaan door zijnen: neef, 
de ae Raesen, welke minder gekend ea dus 
minder vervolgd, de parochie niet verlaten had. Z1] lazen, 
in stilte, de mis in bijzondere plaatsen, onderanderen in 
de achterkamer van het huis van Theresia Willocx (5}; 
en op de kelderkamer van het huis van den agent-muni- 
cipaal Smeulders (4), en doopten de kinderen aldaar of 
des nachts in de geboortehuizen zelve 


(1) Deze bijzonderheden door Cornelis van DoxGEx zelf opgeboekt, zijn 
ons uit Dongen medegedeelt door den Hoogw. heer VAN DEN CoRPUT, 
vicaris-generaal van ’t bisdom Breda. 

(2) Provinciaal archief. — Pater SCcHILLEMANS nd te Moll den 
3 maart 1801. 

(3) Nu bewoond door M. G. Helsen. 

(4) Laast bewoond door M. Ed. van Praet, 





PET 


VAN MOLL, BAËLEN EN DESSCHEL 30 


Ut 





De kerk werd bepaald door de gendarmen gesloten, 
den 18 augusti 1708, zes dagen daarna het kruis van den 
toren weggenomen (1) en de klokken er uitgehaald; eene 
dezer werd verbrijzeld en in Fransche sous gesmolten, de 
anderen naar S“-Dimpnakerk te Gheel vervoerd, welke 
tot stapelplaats diende. Deze zijn na het Concordaat te 
Moll wedergebracht. 

Cornelis van Dongen, door al deze gruwelen uitgeput 
en te neer geslagen, vluchtte korts daarna naar zijne 
geboorteplaats; zigne laatste aanteekening in den doop- 
register, waarschi]nlijk te Lommel ingeschreven, is van 
29 december. Hij overleefde deze onheïlen niet lang en 
stierf te Dongen, den 13 februari 1700. 

Joannes Raesen, die de onderpastorij sedert 1785 be- 
diende, Jong en moedig, bleef te Moll en heeft de 
parochieregisters in die hachelijke dagen altijd met zorg 
wehouden. De lijst van overlijdens van 1708 begint hi] 
met deze woorden : Doodregister der parochale herk van 
Moll, de namen inhoudende van die in den td van vervoleing 
overleden zn, en hi] eindigt het jaar 1800 aldus : Ernde 
en tk verwacht beterschap. 

Den 22 september van dat jaar werdt de eerste uit- 
vaart gedaan sedert 10 december 1708, en de onder- 
pastoor Raesen las de cerste lijkdienst, in de sacristi] 
den 13 februari 1801. 

Hij overleed te Moll, den 4 maart 1816. 


XII 
De Boerenkrijg in 1798 


De oorzaken van den opstand der Kempenaars tegen 
het machtig en zegevierend Republiek, waren de sluiting 
der kerken, de verbanning der priesters, en bijzonder de 


(r) Toen het kruis beneden was, deed de agent-municipaal er de armen 
afbreken, bewaarde het tot in 1802, wanneer, na hersteld te zijn, het kruis 
wederom op den toren werd geplaatst en er zich nog bevindt. 

20 


300 GESCHIEDENIS 





verfoeide conscriptie, welke de jongelingen in de repu- 
blikeinsche legers inlijfde, om te helpen vernielen wat 
hun van kindsbeen af als heïlig en eerbiedwaardig was 
aangeleerd. 

Het leger der Boeren, door de Franschen Brigands ge- 
noemd, had op 8 october 1798, te Herenthals, eene 
bloedige nederlaag ondergaan, doch gaf geenen moed 
verloren. 

Kleine benden doorliepen de Kempen en streden in 
verschillende schermmutselingen. Te Meerhout had er 
eene ontmoeting plaats op 5 november; kapitein Van 
Ganzen en officier Grietens verdreven de Sansculotten; 
doch deze kwamen zes dagen later terug, en door hunne 
brandstichtingen verloren zestien inwoners het leven. 

Intusschen was het bijzonderste leger der Boeren er 
in gelukt de versterkte stad Diest te bemachtigen, met 
de hoop in deze vesting de hulp der Luxemburgers, die 
ook manhaftig tegen de Franschen streden, af te wachten. 

Doch de republikeinsche kolonnen sloten de Demer- 
stad nauw in, en beroemden zich, er van het graf der 
Brigands te maken. Gelukkig konden deze er uit ont- 
snappen en de Kempen intrekken, in den nacht van 14 
tot 15 november, geleid door den dapperen Albert Meule- 
mans, zonder dat hunne vijanden het gewaar wierden (1). 

Het gros van de legermacht der Boeren, tusschen de 
4000 à 5000 man sterk (2), was eenige dagen later rond 
Moll verzameld, waar het den 22 november door de 
Republikeinen achterhaald werd. Een bloedig gevecht 
had plaats. 

Eene vliegende kolom uit Antwerpen getogen, onder 
bevel van generaal Beguinot, ontmoette te Moll de 
verdedigers + van Diest, terw 11 versche benden uit Noord- 
Braband over Hoogstraeten aangerukt, de Ste 
Patriotten onverhoeds in den rug aanvielen (se 

De strijd was hardnekkig en langdurig, daar het dorp 
tot viermaal toe, door de Boeren werd veroverd (4). 


(1) F. D1 MARTINELLI, De aftocht der 4000. 
(2) Gemeente archief. 

(3) L. Marnor, De tyoebele tijd in België. 
(4) Gemeente archief, 








VAN MOLL, BAELEN EN DESSCHEL 307 





Doch het getal was niet bestand tegen wel afgerichte 
en goedgewapende soldaten. Hunne voornaamste aan- 
leiders, Corbeels en Albert Meulemans, werden krijgs- 
gevangen genomen, en na eene gevangenis van zeven 
maanden, te Doornik door den kop geschoten. 

De strijd had gedeeltelijk plaats gehad in een bosch, 
nabi] de tegenwoordige statie van Wezel, nu nog Pa- 
triottenbosch of Brigandzenbosch genoemd. Eenige Bri- 
gands, in de hoogstammige boomen gevlucht, werden er 
door hunne wreede vijanden als de kraaien uitgeschoten. 

Het zijn deze ongelukkigen, die in strooi gewonden, 
op het oud kerkhof te Moll begraven werden, v66r de 
deur der oude latijnscheschoo!l, en de overlijdensregister 
van 1798 zegt hiervan : 


Den 22 november, in een krijgshaftig gevecht fcouflictu bellicoso) tegen de 
Franschen zijn hier gesneuveld een tiental onbekende jongmannen, die 
gezamentlijk op ons kerkhof begraven zijn. Onder de dooden is bevonden 
Jan-Baptist Broeckx, van Moll, man van Catharina Huis, die den 24 novem- 
ber zonder lijkdienst is begraven. 


(Deze Broeckx was geboren den 8 december 1770, 
gehucht Feynend, zoon van Jan en van Dimpna Leys). 

Ook in het dorp, bi] de Schans van Overlaer, was er 
gevochten geweest, alwaar een priester, die zich in het 
leger der Kempenaars bevond, sneuvelde. Ouderlingen, 
die deze daadzaak over ettelijke jaren verhaalden, had- 
den zijn lijk in het water der vest zier liggen. 

Te Hulsen was een Fransch colonel dood geschoten 
geweest door een jongeling van 16 jaar, geboortig van 
Bceringen, welke zich door de vlucht redde. De wraak 


der Republikeinen is aldaar verschrikkelijk geweest; al 


de Brigands, die zich te Hulsen bevonden, zijn omgeko- 
men, eenigen op eenen hooischelf verscholen, ontdekt 
zijnde, werden er met de bajonnetten afgesteken. 

Het is moeilijk te weten hoeveel dooden er op die 
merkwaardige dagen bleven. 

Door brief van 3 Frimaire, jaar VII (23 november), 
dus den dag na den slag van Moll, schrijft Surger 
L'Eveque, uit Gheel, aan generaal Alexander Latour, 
te Antwerpen : 


308 GESCHIEDENIS 





Onze kolonnen hebben de Brigands te Moll ontmoet, waar zij zich 
opnieuw, in groot getal vereenigd hadden, wij hebben er meer dan twee 
tot drij honderd gedood. De overigen hebben zich verspreid gedeeltelijk 
langs den kant van Hechtel (1). 


Het officieel bericht door den bevelhebber Mutel, te 
Mechelen aangeplakt, den 26 november, luid als volgt : 


500 opstandelingen zijn gesneuveld op de plaatsen van Gheel, Mall, 
Meerhout en Holmes (Olmen). Men heeft hun twee wagens met tien tonnen 
poeder geladen ontnomen, die hun uit Holland gekomen waren. De 
anderen zijn allen op de vlucht gegaan. 


Deze opgave kan niet juist zijn; de Franschen in 
hunne gemeene en opgeblazene schrijfwijze van dien 
tijd, overdrijven alles om zich te doen gelden; sommige 
schrijvers hebben dit getal aangenomen en Zzelfs tot 600 
gebracht. | 

De bijzonderheden van de laatste jaren der verledene 
eeuw in de Kempen, zijn nog zeer duister; de dagen 
waren te woelig om eenige schriften hierover te vinden, 
en de overleveringen zijn dikwijls vermengd met daad- 
zaken der Brabandsche omwenteling, der oorlogen van 
Napoleon, des smokkeltijds tidens het blocus-continental 
en zelfs der omwenteling van 1830; doch alle geschied- 
kundigen zijn het eens om hunne bewondering en mede- 
liden over onze streekgenoten uit te drukken. 

De schrijver van den Boerenkrijg zegt : 


Het uur der offérande was geslagen. Wij kunnen niet zonder eene diepe 
ontroering, de zelfs verloochenden moed, de belanglooze vaderlandsliefde 
beschouwen van deze vergetene Kempenaars, die gaan sterven, voor 
vaderland, vrijheid en geloof en die zelfs niet zullen denken om hunne 
namen te doen kennen, ter herinnering van die hen moeten overleven. 

Voor deze martelaars bestaat noch roem, noch nageslacht. Zij ver- 
wachten niets van deze aarde, hun doel is hooger. Geene machteloosheid 
zal dit verhevenst oogenblik bezoedelen. Men kan, het hoofd recht opge- 
heven, van onze dappere Boeren zeggen, hetgene Châteaubriand van het 





(1) Provinciaal archief. 








VAN MOLL, BAELEN EN DESSCHEL 309 








zieltogend Vendee schreef : de verhevenheid van hun onheil zonder 
verwondering omhelzend, wilden zij hunnen ramspoed niet verraden (x). 


En een ander : 


Aan de rechters soms medelijdend, verklaarden deze ongelukkigen zich 
plichtig met eene wilde fierheid : Uwe wapens waren niet met kogels 
geladen! » zegde generaal Renaud aan de beschuldigden. « Zij waren 
geladen, » antwoordden dezen. « Maar gij had ze afgeschoten op het wild 
in het bosch! » « Dat is niet waar, wij hebben op de Franschen geschoten. » 
« Onvrijwillig dan? » « Neen vrijwillig » (2). 


Zoo antwoordden de koene Kempenaars, getrouw tot 
ter dood aan het bemind vaderland, zeker edeler in 
hunnen eenvoudigen heldenmoed dan de stedeling, die 
toen bedaard het hoofd onder het vreemde juk bukte. 

Volgens overlevering werden er ter nagedachtenis der 
gesneuvelden, twaalf houten kruiskens in het Patriotten- 
bosch geplant. 

Deze zijn reeds viftig jaar verdwenen; het oud kerkhof 
ontvangt sedert tachtig jaar geene dooden meer, en niet 
een van het tegenwoordig geslacht, bloedverwanten of 
medeburgers, heeft het stichtend gevonden, een zerk- 
steentje, hoe klein en nederig ook, op het graf dezer 
martelaars te plaatsen. 

Na zoo lang vergeten te zijn, zal het eeuwfeest van 
den Brigandzenoorlog toch herdacht worden, en het is 
te hopen dat er te Moll, een der bijzonderste midden- 
punten'‘van den opstand, een merkwaardig gedenkteeken 
zal worden opgericht, ter nagedachtenis dezer heldhaftige 
en ongelukkige Kempenaars, die geen geloofsdwang, 
geene slavernij in naam van vrijheid duldden en streden 
en stierven voor God en Vaderland. 





(1) Au. Orrs, La guerre des Paysans. 

(2) PERGAMINI, Dix ans d'histoire de Belgique. 

Vele zeldzame werken en schriften zijn ons bezorgd geweest door M. K. 
Van ReusEL, professor bij de Middelbare school te Mechelen, die ons 00k 
in ’t verbeteren der proeven eene behulpzame hand leende, wij getuigen 
hem onzen hartelijken dank. 


310 GESCHIEDENIS 





XIII 
De familie van Praet 


De familie van Praet, uit Vlaanderen herkomstig, 1s 
in vroeger eeuwen dikwijls onder den naam van Moer- 
kercke aangeduid geweest, omdat z1j die heerlijkñeïd, 
bij Brugge gelegen, bezat. 

De eerste, waarvan de geschiedenis spreekt, 1s Gervaas 
van Praet, schildknaap aan het hof van Karel-den-Goede 
Du 7 

Baudewijn van Praet was getuige in een verbond tus- 
schen Hendrik I, hertog van Braband, en Baudewin 
van Constantinopel. 

Jan van Praet werd ridder geslagen na den slag van 
Zierickzee, in 1425, door Filips-den-Goede, met Hendrik 
van Borssele en Jan van Egmond. 

Dit geslacht bezat ook de heerlijkheid van de Mer- 
wede, bij Dortrecht, van 1424 tot 1575; Damelsvan 
Praet van Moerkercke, ridder, heer van de Merwede, 
was raadsheer van Karel-den-Stoute, in 1475, en baljuw 
van Zuid-Holland. Maximiliaan van Praet, overleden in 
1639, werd in de kerk der Predikheeren te Brugge be- 
graven onder eenen zerksteen met zijne wapens en 
kwartieren van edeldom versierd. Een harer takken 
vestigde zich te Antwerpen en gaf zich aan den handel 
over, wWaardoor de adel gekrenkt was. Hij heeft zijne 
herstelling bekomen, door opene brieven van keizer 
Karel VI, gegeven den 19 mei 1734, aan Jacob-Andreas 
van Praet, groot almoezenier der stad Antwerpen. 

Dit charter luidt als volet : 


Dat Jacob van Praet afkomstig is van het edel en oude Huis van Praet, 
uit het graafschap Vlaanderen; dat zijne voorzaten er met de bijzonderste 
ambten zijn bekleed geweest, zooals die van burgemeesters van Brugge en 
Dendermonde tot in den tijd der Nederlandsche oorlogen, gedurende de 
welke de familie van Praet het grootste gedeelte harer goederen verloor, 
uit rede van gehechtheid aan het katholiek geloof en getrouwheid aan hare 
vorsten, en dat uit die oo:zaak, het voorbeeld van andere edele familièn 
volgend, zij zich te Antwerpen kwam vestigen, waar zij toch altijd met 
zekere luister leefde, | 








4 


ŒTa 


VAN MOLL, BAELEN EN DESSCHEL ST 





De familie van Praet, van Antwerpen, is door koning 
Willem I, in den adel des rijks erkend geweest, in 1825, 
en door Leopold I, in 1857. 

Haar wapenschild is : drÿ klaverbladeren van sinopel op 
een zulveren veld. 


fa 2 Praet 


LA 
Tr 


Jacob-Andreas van Praet, welke zijne adelherstelling 
van keizer Karel VI bekwam, was geboren den 14 octo- 
ber 1668, hi] overleed te Antwerpen den 14 mei 1744, 
en werd er met zijne tweede vrouw, Anna de Vivario, 
(geboren in 1684, overleden 8 october 1738) in O.-L.-V. 
kerk hegraven. 

Deze edellieden lieten verschillende kinderen na, 
waarvan er vier huwelijken aangingen met de adellijke 
Antwerpsche familiën Geelhand, de Pret, de Waepenaert 
d'Erpe en de Man. 

Hun tweede zoon Jacob-Ignatius, schildknaap, majoor 
bij het regiment van Los-Rios, huwde te Leuven met 


Martina Lowet, en vestigde zich te Moll in 1755, waar 


hij den 28 augustus 1793 overleed. 

Hij kocht er het jaar zijner aankomst, het huis van 
den secretaris van Zurpele, die het geërft had van de 
familie Lovens. Deze eigendom, sedert 1878 het gesticht 
der Broeders van Liefde, die Moll komen te verlaten, 
zal kortelings door den Staat tot weldadigheidshuis in- 
gericht worden. 

De echtgenoten van Praet hadden vijf zonen en eene 
dochter. 





312 GESCHIEDENIS 


Hun tweede zoon, Marten-[acob-Raphael, trad als 
cadet in het regiment van Murray, en deed den veld- 
tocht in Bohemen en Silesie. In 1786 kwam hi] te Moll 
weder, en werd twee jaar later tot secretaris der voogdij 
aangesteld. 

Hierbij de akt van benoeming : 


Nous Joseph-Alexandre-Albert-Jean-Népomucène Baron de Wal, vi- 


comte d’'Anthisnes et Ouhart, seigneur de Tavier, Sart, Mollin, Poulseur, 
Tassigny, Sapogne, Sommalle, Moll, Baelen et Desschel, Wez, Sart, 
Chanteleux, haut-voué d'Anthisnes et Hody, gentilhomme de l'Etat de la 
Noblesse du Pays de Liège et comte de Looz, Haut-Drossart et Souverain 
Officier de Herstal, sur le bon rapport qui nous a été fait de la capacité et 
honnêteté du sieur Martin van Praet, nous déclarons de l'établir, comme 
nous l’établisssons par cette, sécrétaire de notre terre et seigneurie de Moll, 
Baelen et Desschel, aux émoluments et prééminences y attachés avec 
ordonnance à notre écoutète, gens de loy et sujets de notre dite seigneurie 
de le reconnoitre pour tel à charge cependant que le dit sieur van Praet 
prêtera le serment à ce requis ès mains de notre écoutète susdit et nous 
servira gratis; ordonnons en conséquence d'enregistrer ces présentes pour 
lui servir de commission, en foy de quoi nous avons signé ces présentes et 
munies du cachet ordinaire de nos armes. 

En notre château de Tassignv, le 16 Octobre 1789. 

Le Baron de Wal. 


Tijdens de Brabantsche omwenteling was de secreta- 
ris van Praet, vervolgens kapitein, majoor en lieutenant- 
colonel der Patriotten. In 1795, na de Fransche verove- 
ring, werd hij vrederechter van het nieuw opgericht 
kanton, doch gaf korts daarna zijn ontslag. 

Den 11 Messidor, jaar VIII (30 juni 1800), noemde de 
eerste consul Marten van Praet, meier der gemeente 
Moll, en notaris aldaar den 9 Brumaire, jaar X (30 
october 1801). Eenigen tijd daarna werd de meier, voor- 


zitter der kiesvergadering van het kanton, en in die 


hoedanigheid woonde hi], den 18 Brumaire, jaar XIII 
(9 november 1804), te Parijs, in de kapel der Invaliden, 
den eed van Napoleon I bij. 

Na 1815, was Marten van Praet lid der Staten, ga 
zijn ontslag van meier in 1818, en overleed te Moll, den 
1 september 1822 (1). 





(1) In het huis laatst bewoond geweest door zijne dochter Mme wed. Van 
Hove. 


ONE 





VAN MOLL, BAELEN EN DESSCHEL 313 





Hij werd als burgemeester opgevolgd 1° door zijnen 
broeder Jan-Filips-Antoon, 1818-1830, en ten 2° door 
zijnen zoon Karel-Jozef, ook notaris, 1833-1847 (1). 


XIV 
Wapenschild der gemeente 


Sedert het koninklijk besluit van 20 december 1846, 
gebruikt de gemeente Moll het volgend wapen : Een 
schld van goud, met vyf aancengesloten ruiten van kheel, 
kruislings gerangschikt, gehantonneerd van twintig zelfkleurige 
blokjes. 

De vergunning van dit wapenbord is in een geschied- 
kundig opzicht een misslag, en de kleuren hebben geene 
betrekking op de gemeente, die het sinds bijna viftig 


jaar als haar zegel gebruikt. 


Ziehier hoe de heer Marchal, destijds bewaarder van 
handschriften der bibliotheek van Burgonje te Brussel, 
en het Mollsch gemeentebestuur in dwaling geraakt zijn : 
het groot werk van Crisriyn, Costumen van Braband, 
geeft in het 2% deel, te beginnen van bl. 1245, de 
Costumen ende oude observantien der vooghdye van Moll, in 
1653 opgesteld. Op het titelblad ziet men een wapen 
zonder kleuren : Vyf aaneengesloten ruiten, kruislings gc- 
rangschikt, gekantonneerd van twintig blokjes. Dit schild 
werd door het gemeentebestuur aangeduid als zijnde het 
oude zegel der vrijheid, en de heer Marchal dacht de 
kleuren gevonden te hebben in het Nobiiarre des Pays- 
Bas (Leuven, 1760), waar men op bl. 624 de brieven 
van adeldom ziet van Bertrand de Molle, van Charleroy, 
in 1705. Die persoon heeft nooit de minste betrekking 
met het dorp Moll gehad. 

Het wapenbord van : vif ZILVEREN krmselings gerang- 


(x) Bronnen : VANDERHEYDEN, Nobiliaire de Belgique, deel 1, bl.135 tot 140. — 
GoETHALS, Dictionnaire généalogique, art. van Praet. — DE HERCKENRODE, No- 
biliaire. — pe Voocp, Geslachtlijst der heeren van de Merwede. — Gemeente en 
bijzondere archieven. 


314 GESCHIEDENIS 





schikte rinten en twintig GOUDEN blokjes op een veld van KEEL, 
is het wapen der familie de Mol. Men vind dat schild in 
vele wapenboeken, zooals in BuTkens : Trophées tant 
sacrés que profanes du duché de Brabant, op eenen grafzerk 
in het museum van oudheidskunde, en het is zesmaal 
op de ruiten van het stadhuis te Brussel geschilderd. 

En met reden; de familie de Mol is in de hoofdstad 
sedert de XIV: eeuw in aanzien geweest en men telt 
verscheidene Brusselsche burgemeesters onder hare le- 
den; haar naam beteekent echter eenvoudig de Mol (la 
taupe). 

Toen René de Mol de hooge heerlijkheid, in 1626, 
pande, was zeer waarschijnlijk zijn doel, zijn burgerlijke 
naam de Mol te doen doorgaan voor den adellijken titel 

van heer van Moll. Het was toenmaals nog al de gewoonte 
zich een verhevener oorsprong dan de wezenlijke toe te 
eigenen (1). Zijn neef, ook René geheeten, verkocht de 
heerlijkheid in 1660; ook vindt men zijn wapen op miet 
één enkel stuk in het gemeente archief van Mall. 

Al de chaïrters, zooals het relaas over de verwoesting 
der dorpen, van 1593, den aankoop der séerfheur, in 
1607, en bijzondere oorkonden, van vo6r honderden 
jaren, welke het wapen der voogdij vergden, zijn be- 
krachtigd met een zegel voorstellend : Een rechtstaande 
St-Pecter met eenen sleutel in de rechter hand en cen Loegevouwen 
bock onder den linker arm, gehantonneerd van twee lelietakhen. 
Deze stempel, waarvan de vorm nog ten gemeentehuize 
aanwezig is en waarop het bestuur de hand maar te 
leggen had, is het echte zegel der koninklijke abdij van 
Corbie, welke reeds ten jare 774, in bezit van Moll, 
Baelen en Desschel kwam. Men vindt er onder andere 
eene afbeelding van, met het jaar 11:88, in het werk : 
Inventaire des sceaux de la Flandre, nr 6731, sceau de l'abbaye 
de St-Pierre, de Corbie. 

Het is jammer dat de overheid van 1846 in deze zaak 
zoo onkundig gehandeld heeft en dat het eerwaardig en 


(1) Inlichting gegeven, den ro maart 1891, door M. ALroxs WAUTERS, 
archivist der stad Brussel, waarvoor wij den doorluchtigen geschied- 
schrijver innig bedanken. 





s' 4 


VAN MOLL, BAELEN EN DESSCHEL 9e 





eeuwenoud zegel van Corbie, den patroon van dat 
klooster en van Moll, wiens naam men tot in de 
12° eeuw schreef : St. Peeters Moll (villarum de Moll 
sancti Petri) is vervangen door een wapen, waarvan de 
kleuren valsch, en het schild daarbi] zoo weinig betrek- 
king op de oude voogdij heeft gehad. 


A. REYDAMSs. 








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La ville & le district 


DE MALINES 


érigés en comté, en 1490, par l'empereur Frédéric II 


— Malines et les ducs de Bourgogne 


Es Malinois rendirent toujours de signalés ser- 
| vices à leurs souverains de Ja maison de Bour- 
gogne. Ceux-ci s'en montrèrent très reconnais- 
sants. Les bons rapports entre les habitants de 
Malines et leurs seigneurs bourguignons datent de 1369, 
année du maïiage de Philippe le Hardi avec Marguerite 
de Male, fille du feu comte de Flandre, Louis de Male. 
Ce mariage eut lieu à Gand, le 19 juin de cette année 
Malines y fut représentée par un de ses communemaitres 
et par deux échevins. Cette députation coùta à la ville 
quatre-vingt moutons, probablement d’or (1). 

Le 21 mars 1384, P hilippe le Hardi et Marguerite de 
Male firent leur entrée à Malines, prirent possession de 
la seigneurie et jurèrent d'observer les privilèges accordés 
à leurs sujets malinois (2). 





(x) J. Davip, Geschiedenis van de stad en de heerlijkheid van Mechelen, p. 229. 
(2) P.-J. van DoRrEN, l{nventaire des archives de la ville de Malines, t. T, p. 75. 


318 ÉRECTION DE MALINES 





Pendant les longs démêlés que Malines eut avec An- 
vers, au sujet des étapes de sel, de poisson et d'avoine, le 
duc de Bourgogne se montra favorable aux Malinois. Le 
22 juin 1387, il ordonna à l’écoutête d'Anvers de faire 
exécuter le jugement arbitral rendu par le comte Louis 
de Male, en vertu duquel les Anversois ne pouvaient 
retenir qu'un tiers des denrées susdites, les deux autres 
tiers devant être mis en vente à Malines (1). 

Voulant marquer lintérèt qu'il portait au commerce 
malinois, Philippe le Hardi accorda en 1393, des règle- 
ments et de grands privilèges aux marchands de la 
Hanse Teutonique qui feraient le commerce avec Ma: 
lines (2). 

Les Malinois s’en montrèrent reconnaissants en prêtant 
une somme de deux mille nobles au fils ainé du duc, 
quand le futur Jean sans Peur partit pour son voyage en 
Hongrie. Ils ne furent pas moins généreux quand leur 
futur souverain fut fait prisonnier en Turquie: alors, ils 
lui accordèrent, pour l'aider à payer sa rançon, deux mille 
nobles et dix mille six cents francs (3). 

Jean sans Peur devint seigneur de Malines en 1404. Il 
fit son entrée le 23 avril 1405, et jura de maintenir tous 
les privilèges des Malinois (4). 

Cinq ans après, fort satisfait de leur fidélité et des 
services qu'ils ne cessaient de lui rendre, « ob grata fide- 
» litatis obsequia, que dilecti nostri Magistri Communi- 
» tatis, Scabini, Consules et tota Communitas ville nostre 
» Machlinensis nobis et predecessoribus npstris, eorum 
» Dominis, pluries, promptis animis et liberaliter, 1m- 
» penderunt et impendere non desistunt, » le duc de 
Bourgogne, par une charte datée de Paris, 15 avril 1400, 
accorda à la ville de Malines deux franches foires an- 
nuelles de huit jours (5). 


(1) P.-J. van DorEx, Inventaire des archives de la ville de Madines, t. 1, p. 75. 

(2) Ibid., p. 76. 

(3) Ibid., p. 70. 

(4) Ibid., p. 80. 

(5) Ibid., p. 815 — G. vax Casrer, Histoire des vues de Malines et de leurs 
monuments, P. 355. | 








EN COMTÉ 319 





En 1410, les Malinois envoyèrent à son secours des 
troupes commandées par des échevins de la ville (r). 

Deux ans après, son fils Philippe, comte de Charolais, 
prenant fait et cause pour les Malinois contre les Anver- 
sois, défendit aux habitants de la Flandre de se rendre à 
la franche foire d'Anvers (2). 

L'année suivante, Jean sans Peur permit à ceux de 
Malines de tendre la chaîne au village de Heffen (3), afin 
d'obliger les bâteliers à payer le droit d'étape. Il ordonna 
l'arrestation, avec confiscation de leurs biens, des Anver- 
sois qui avaient enlevé des laines aux Malinois (4). 

Le 26 août 1416, il confirma l’exemption accordée 
jadis aux Malinois, par Louis de Male, des droits de 
tonlieu qui se payaient à l’Ecluse (5). 

À Jean sans Peur succéda, en 1419, Philippe le Pon. 
Celui-ci fut inauguré à Malines, le 8 octobre de cette 
année (6). Depuis ce moment, la seigneurie de Malines 
eut le même souverain que la Flandre, le Brabant et le 
marquisat d'Anvers. 

Les Malinois aidèrent le bon duc dans sa guerre contre 
l'Angleterre. Ils lui fournirent de l'argent et des hommes. 
Ils lui envoyèrent, entre autres, six de ces coulevriniers 
où artilleurs malinois, si réputés pour la justesse de leur 
tir (7). 

Cinq cents cavaliers malinois, commandés par Jean 
van den Dale, qui portait l’oriflamme de la ville, prirent 
part au siège de Calais, en 1436. Il y avait parmi eux 
plusieurs membres du Magistrat, des communemaitres, 
des échevins, des conseillers (8) et un des secrétaires (9). 
Le duc leur fit l'accueil le plus flatteur (10). 





(1) P.-J. van DorEN, Inventaire des archives de la ville de Malines, t. III, p. 15. 

(2) Mème publication, t. I, p. 88. 

(3) Ibid., p. 89. 

(4) Ibid., p. 90. 

(5) Ibid., p. 92. 

(6) DE AZEVEDo, Korte Chronvcke van Mechelen: — J. Davin, ouvr. cité, p.237. 
— P.-J. van Dore, public. citée, t. I, p. 94. 

(7) P.-J. van DorEx, public. citée, t. IV, p. 61. 

(8) Mème public., t. III, p. 56. 

(9) Ibid., p. 57. 

(10) Ibid., p. 59. 


320 ERECTION DE MALINES 





Quand, plus tard, il eut fort à faire contre ses sujets de 
la Flandre, les Malinois restèrent en dehors de ces 
conflits. Lui aussi s’occupa à différentes reprises, en 
faveur des Malinois, du droit d'étape, ainsi que du droit 
de tonlieu perçu à Rumpst (1). 

Philippe le Bon, par une charte datée de Gand, 24 
mars 1445, confirma celle de 1409, donnée par Jean sans 
Peur; 1l changea, à la demande des Malinois, l’époque 
des deux foires franches octroyées par son père. Dans 
cette nouvelle charte, le duc rappela la fidélité des Ma- 
linois à sa dynastie et les services qu'ils avaient rendus 
à ses prédécesseurs et à lui-même, dans les mêmes termes 
employés par son père trente-six ans auparavant (2). Le 
chanoine Davip remarque avec infiniment de raison que 
sous le règne de Philippe le Bon, les Malinois furent très 
heureux (3). Les relations entre Malines et le duc de 
Bourgogne furent cordiales. Aux archives de la ville, on 
conserve plusieurs lettres de Nicolas Rolin, seigneur 
d’'Anthume, chancelier de Bourgogne, et d'Antoine de 
Croy, comte de Porcien, premièr chambellan de Mon- 
seigneur, informant continuellement le Magistrat de 
Malines de l’état de santé du duc et de la duchesse (4). 

En 1461, les Malinois prêtèrent au duc quatre mille 
huit cents livres parisis, pour son voyage en France (5). 

Dès 1464, Philippe le Bon établit à demeure fixe, à 
Malines, son Grand Conseil, jusqu'alors ambulatoire (6). 

Quand Charles le Téméraire succéda à Philippe le 
Bon, en 1467, les Malinois organisèrent de grandes fêtes 
en son honneur et le reçurent de la manière la plus 
brillante. Philippe le Bon était mort le 15 juin et déjà 
le 3 juillet son successeur se rendait à Malines, pour 
prendre possession de sa seigneurie et prêter serment de 
maintenir les privilèges des Malinois (7). Ceux-ci se 


(1) Même publication, t. I, passim. 

(2) G. vaAN CASTER, ouvr. cité, p. 358. 

(3). J. DAvib, ouvr. cité, p.234. 

(4) P.-J. vax DorEx, public. citée, t. IILet IV, passim. 

(5) Même publication, t. I, p. 144. 

(6) Juzes Frepericus, Le Grand Conseil ambulatoire des ducs de Bourgogne et 
des archiducs d'Autriche (1446-1504), p. 29. 

(7) P.-J. vaN Dore, public. citée, t. I, p. 140. 








16 


ENT 


ÈN COMTÉ S21T 





-mirent en grands frais. La réception fut splendide. On 


en trouve une description très détaillée dans l’histoire 
de Malines par le chanoine Davip (1). 

Deux mois après, une émeute ayant éclaté à Malines, 
Charles le Téméraire dut user de sévérité. Il modifia sen- 
siblement les privilèges de la ville (2); mais, le même 
jour, en considération des grands services rendus par les 
Malinois à sa dynastie, il fit grâce à cent quarante-six 
habitants de Malines condamnés au bannissement (3). 
C'était le 16 octobre 1467. Le 24 janvier suivant, mû par 
les mêmes considérations, il autorisa le rétablissement, 
pour vingt ans, des droits d’accises qui se percevaient à 
Malines avant la sédition (4). 

En 1468, Charles le Téméraire assura comme douaire 
à sa seconde femme, Marguerite d’York, la ville et sei- 
gneurie de Malines, en même temps que les villes d’Au- 
denarde et de Termonde. Marguerite fut reçue en 
grande pompe à Malines, le 24 avril 1470. 

En 1473, Charles le Téméraire choisit Malines comme 
siège du nouveau Parlement qu'il venait d’instituer, 
Parlement qui n'eut qu'une durée fort éphémère, maïs qui 
devint plus tard le second Grand Conseil dont Malines 
resta le siège jusqu’à la fin de l’ancien régime. Les Mali- 
nois lui en furent reconnaissants et l’aidèrent dans ses 
nombreuses entreprises guerrières. Les artilleurs de 
Malines, devenant de plus en plus célèbres, le duc en 
demandait continuellement au Magistrat (5). Un grand 
nombre d’entre eux combattirent sous ses drapeaux. 

Quand Charles entreprit le siège de la ville de Neuss, 
Malines lui fournit, aux frais de la ville, un fort contin- 
gent d’archers, d'arbalétriers et de coulevriniers. 

Le grand service que Malines rendit là au duc de 
Bourgogne, ne resta pas sans récompense. Pendant le 
siège même, Charles le Téméraire data du camp devant 


(x) J. Davin, ouvr. cité, pp. 234-244. 

GP VAN DOREN, public. citée, t. I, p. 150. 
GINDId:, p: 157. 

Ibid: p.152: é 

(5) Même public, t. IIT, passim. 


322 ÉRECTION DE MALINES 





Neuss, en juin 1475, une charte par laquelle il affranchit. 
de tous droits de tonlieu et de passage les biens et 
marchandises appartenant aux bourgeois de Malines (1), 
« en récompense de ce que les Malinois avoient toujours 
» servi ses précédesseurs et lui-même de toute leur puis- 
» sance, quant requis en ont esté, en quoi ils se sont si 
» honorablement conduits et portez, que jamais n’en ont 
» eu reproche, et mêmement, en continuant et persévé- 
» rant en leur bonne loyauté, nous ont fait servir en 
» nostre présent siège devant la ville de Nuysse, par 
» certain grand nombre de gens de guerre qu’à leurs 
» gages et "soldées ils ont continuellement entretenu dès 
» le commencement de nostre ditte siège jusques à la 
» fin, aux très grands frais et despens de nostre ditte 
» ville » (2). Le duc de Bourgogne appréciait fort la 
valeur des Malinois, qu'il dit, "dans la même charte 
« gens de fait, preux et vaillans, lesquels ont vigoureu- 
» sement exploicté la guerre, Jour et nuict, en nos tran- 
» chis et bastillons, à l'encontre de nos ennemis, sans 
» oncques estre de en nostre ditte siège » (3). 

Charles le Téméraire mourut un an et demi après avoir 
cctroyé cette charte. On peut dire qu'il avait beaucoup 
aimé sa ville de Malines. Du vivant de son père, quand 
il n'était encore que comte de Charolais, il y était venu 
en 1459 et en 1460. Lors de son inauguration, en 1407, 
si luxueusement fêtée par les Malinois, il y resta pendant 
toute une semaine. Il y revint en 1469 et en 1473. Pendant 
l'été de 1474, il y séjourna pendant dix jours. Aussitôt 
après le long siège de Neuss, il y vint se reposer pendant 
quatre jours du mois de juillet 1475 (4). C'est la dernière 
fois que les Malinois virent leur seigneur, qui devait être 
tué, près de Nancy, le 5 janvier 1477. 

Dix mois après sa mort, Marguerite d'York, sa veuve, 
fit acheter, à Malines, l'hôtel dit Hof van Camerijcke, 
qui avait appartenu à Jean de Bourgogne, évêque de 


(1) P.-J. van CorEx, public. citée, t. I, p. 160. 

(2) G. vax CASTER, ouvr. cité, p. 362. 

(3) Ibid. 

(4) E. DE MARNEFFE, Jtinéraire de Charles le Hardi, comte de Charolais, puis duc 
de Bourgogne, passim. 








= 4 


EN COMTÉ 523 





Cambrai (1). Cette acquisition se fit le 17 novembre 
‘1477. « Le Magistrat de Malines, dit M. le chanoine 
» VAN CASTER, s'empressa d’allouer des subsides à cette 
» princesse, pour lui permettre d'agrandir la propriété 
» et d'en faire un palais convenable, » 

Ce n'était pas la première fois que les Malinois ve- 
naient en aide à Marguerite d’York. Déjà en 1474, ils 
lui avaient accordé six cents livres de Flandre, pour la 
dédommager des pertes qu’elle avait subies par suite de 
l'incendie du château de Male (2). 

Marguerite d'Vork, qui avait pris les Malinois en affec- 
tion, obtint que son frère, le roi Edouard IV d'Angleterre, 
accordat aux bourgeois de Malines des privilèges iden- 
tiques à ceux dont jouissaient en Angleterre les mar- 
chands de la Hanse Teutonique et ce pour toute la 
durée de la vie de sa sœur (3). 

Marguerite d’York passa à Malines les vingt-six der- 
nières années de sa vie. C’est là que la duchesse-douai- 
rière de Bourgogne, sœur de deux rois d'Angleterre, 
mourut le 23 novembre 1503. Elle fut inhumée dans le 
chœur de l’église des Récollets {4). 

Charles le Téméraire étant mort le 5 janvier 1477, sa 
fille unique, Marie de Bourgogne, qu’il avait eue d’Isa- 
belle de Bourbon, sa première femme, confirma, en mars, 
les privilèges de la ville et révoqua l'ordonnance du 16 
octobre 1467, par laquelle son père les avait modifiés (5). 
Elle fit sa joyeuse entrée à Malines le 25 juin suivant. 

Le 18 août, cette gracieuse princesse épousa Maximi- 
HémdAutriche, hls de l'empereur” Frédéric III. Les 
jeunes époux furent inaugurés à Malines, le 9 janvier 
1478. Leur séjour n'y fut pas long, Maximilien ayant 
été appelé aussitôt en Flandre, pour poursuivre la guerre 
contre la France. 

Mais, bientôt, Maximilien eut à combattre ses propres 
sujets de la Flandre et du Brabant. Toutes les villes 


(tr) Gr. vaN CASTER, ouvr. cité, p. 156. 

(2) P.-J. van Dore, Inventaire des archives de la ville de Malines, t. TI, p. 71. 
(3) Même public., t. I, p. 166. 

(4) G. van CASTER, ouvr. Cité, p. 193. 

(5) P.-J. vax DorEx, public. citée, t. I, p. 164. 


324 ÉRECTION DE MALINES 





se soulevèrent contre lui, excepté Anvers et Malines, qui 
lui restèrent fidèles. Malines surtout, qui ambitionnait: 
de devenir la capitale des états des ducs de Bourgogne, 

aida puissamment Maximilien et lui envoya à différentes 
reprises des secours en argent, de la poudre, des tentes 
et pavillons et, surtout, des hommes d'armes, « gens 
» raides, puissans et bien en point » (1). En 1470, le 
Magistrat lui envoya deux cents piétons et quelque 
cavalerie. Cette troupe reçut la mission de secourir la 
ville du Quesnoy (2). Plus tard, uñ corps d'infanterie, 

composé exclusivement de Malinois, fut placé sous les 
erdres du lieutenant-général Albert de Saxe (3). 

À peine marié depuis cinq ans, linfortuné prince eut, 
en 1482, la douleur de perdre sa jeune épouse, qui 
mourut à Bruges, des suites d’une chute de cheval, faite 
pendant une partie de chasse. Alors, Maximilien dut 
revendiquer, les armes à la main, contre la Flandre et 

contre Louis XI, qui encourageait et soutenait les Fla- 
mands, la tutelle de son fils, le futur Philippe le Beau, 
et la régence de la Flandre pendant la minorité de ce 
jeune prince. Maximilien fut emprisonné à Bruges, mais 
il avait eu la précaution d'envoyer ses deux enfants à 
Malines, près de Marguerite d'York, leur grand-mère. Il 
les avait fait enlever de Gand, en secret, ne les sentant 
en sureté qu'à Malines. 

Les Malinois se conduisirent très chevaleresquement 
envers le jeune Philippe le Beau. En 1486, le Magistrat 
racheta le palais de Marguerite d’York, pour l'offrir à 
son petit fils (4). Il fit réparer les fortifications, en con: 
truisit de nouvelles et mit la ville en complet état de 
défense, 2e que le futur seigneur de Malines fut bien 
gardé : « Ten desenityde, dit le chanoine AZEVEDO, 
» den die van Mechelen verscheyde Fortificatien 
» ende Block-huysen gemaeckt rondom de stadt, daer 
» sy stercke wachten hielden, ende die van Mechelen 


(1} P.-J. vax Dorex, public. citée, t. III, passim. 
(2) Ibid., p. 279. 

(3) Même public.,t. IV, p. 33. 

(4) Même public. t. I, p. 156, 








EN COMTÉ 325 





» bewaerden den Prinse seer sorghvuldelyck, ende soo 
» wel, dat den Prince het selve noynt en kan verge- 
AMÉENAAAT). 

En effet, Philippe le Beau et son père n’oublièrent pas 
le dévouement des Malinois à leur cause. Le 24 novembre 
1488, Maximilien, en récompense des services rendus à 
son fils, conféra aux Malinois le tiers du droit d'étape sur 
le sel, le poisson et les avoines, tiers dont avaient tou- 
jours joui les Bruxellois, et déclara ces derniers déchus de 
ce droit, parce qu'ils tenaient le parti de ses ennemis (2). 

Ensemble, par une charte du mois d'octobre 1480, 
datée de Linz, Maximilien et Philippe déclarèrent les 
bourgeois de Malines exempts pour toujours de toutes 
tailles et impositions quelconques, pour les biens qu'ils 
pourraient posséder hors la franchise de la ville (3). Par 
deux chartes données le même mois, ils accordèrent aux 
Malinois franchise du tonlieu de Ruppelmonde (4) et de 
celui de Gravelines (5). 

On le voit, c'était entre la ville de Malines et ses sei- 
gneurs bourguignons un échange continuel de bons procé- 
dés, qui firent que les relations devinrent toujours plus 
cordiales et plus intimes. 

Dans le préambule de la grande charte de 1480, 
Maximilien et Philippe rappelèrent « les grans, loyaulx 
et continuelz services » que les Malinois leur rendirent 
de tout temps, « mesmement à leur urgent besoin et 
» nécessité; » puis, continuant pour ce qui le regardait 
personnellement, Maximilien dit combien ceux de Ma- 
lines l'avaient aidé dans ses démêlés avec les Brugeois, «à 
» mettre hors des mains de ceulx de nostre ville de 
» Bruges, dit-il, la personne de Nous Roy (6), laquelle 
» par eulx à esté arrestée et, en grande irrévérence, 
» longue espace de temps détenue en prison, en tant que, 
» moyennant l’'ayde de Nostre-Seigneur, avons à force et 





G) Korte Chronvyche van Mechelen. 

(2) P.-J. van Doren, public. citée, t. I, p. 179. 

(3) Ibid., p. 180; — G. van CASTER, ouvr. cité, p. 368. 

(4) P.-J. vax DorEN, public. citée, t. I, p. 180. 

(5) Ibid., p. 181. 

(6) Maximilien avait alors le titre de « Roi des Romains. » 


326 ÉRECTION DE MALINES 





» puissance d'armes esté mis à délivrance, et afin de nous 
» oster et préserver du danger ouquel nous ainsi détenu 
» avons esté, d’estre mis à mort, par prison ou autrement, 
» ou aumoins délivré et mis ès mains des François ou 
» d’autres nos ennemis. » 

Plus loin, Maximilien et Philippe rappelèrent que pour 
l'élargissement de leurs serviteurs, détenus à Gand, lés 
Malinois « avoient mis et employé non seulement leurs 
» corps, mais aussi leurs biens, sans rien espargnier » et 
qu'ils avaient pris soin de Philippe, quand son père l'avait 
fait emmener en secret de Gand à Malines, « et avec ce, 
» dont il sont moult à recommander, ont gardé à grand 
» cure, soing et dilligence la personne de Nous Archiduc, 
» tellement que aucun mal, dangier et inconvénient n’y 
» avons eu, et Nous ont rendu en bonne santé et dispo- 
» sicion, » Puis, ils rappelèrent encore tout ce que les 
Malinois avaient fait pour ceux qui leur étaient restés 
fidèles, pour les troupes allemandes envoyées à leur se- 
cours et même pour l’empereur Frédéric et pour les 
princes électeurs. Cette constatation officielle et solen- 
nelle des grands services rendus à toutes circonstances 
par les Malinois à Maximilien est trop belle pour que 
nous l’omettions 1c1 : 

« Aient enoultre, lisons-nous dans la charte, receu 
» traictié et soustenu en nostre dite ville en toute doul- 
cheur et amitié, comme encoires font jornelement à tous 
» noz bons et loyaulx serviteurs et subgetz qui y sont 
» venu et vueillent venir, tant durant les présentes divi- 
sions comme celles qui ont esté parcidevant, et les ont 
gardé et préservé de foules, oppressions et molesta- 
» tions si avant que possible leur a esté. Et pardessus 
» ces choses, à toutes heures, sans contredit ou difficulté, 
» aient ouvert et ouvrent jornelement les portes de nostre 
» dite ville à touts gens de guerre, qui tant des pays 
» d’Alemaigne comme d’autres pays de par delà sont 
» venu Nous servir et secourir à l'encontre de nos dits 
» rebelles et désobéissans subgetz de Gand et de Bruges 
» et leurs dits adhérens. Et mesmement y aient mis et 
» très honnourablement receu nostre dit seigneur et père 
» avec les princes électeurs du saint empire et autres 
» seigneurs ses parens, amis, alyez et subgetz et les 


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EN COMTÉ 327 





» nostres qu'il a amené avec lui en très grande puissance 
» de gens de guerre, à cheval et à piet, lesquelz y ont 
» esté si bien serviz et pourveuz que grandement ilz s’en 
» Jouent et contentent. » 

En vérité, c’est un beau certificat de fidélité et de 
loyalisme que cette charte de 1489! Comment, après 
lavoir décernée, Maximilien aurait-il jamais pu refuser 
des faveurs aux Malinois, ses meilleurs amis des mau- 
vais jours? Aussi, ne s’en tint-il pas là dans l'expression 
de sa reconnaissance et proposa-t-il à son père d’ériger 
la seigneurie de Malines en comté. 


II. — Érection de la seigneurie de Malines 
en comté 


C’est au moment où Maximilien allait voir terminer 
les difficultés que lui avaient suscitées les Gantois, les 
Brugeois et le roi de France, qu’il demanda à l’empereur 
Frédéric III, son père, d’honorer Malines du titre de 
comté. L'empereur, aussi reconnaissant que le roi des 
Romains de tout ce que les Malinois avaient fait pour 
celui-ci, s'empressa d’obtempérer au désir exprimé par 
son fils. Le 10 janvier 1400, il signa à Linz un diplôme 
par lequel 1l élevait la ville et le district de Malines au 
rang de comté et permettait d'ajouter aux armoiries de la 
ville l'aigle noire éployée, emblème héraldique des rois 
des Romains. 

Ce document important est conservé dans le dépôt des 
archives de la ville de Malines. Il a, dit M. DE Raapr, 
« une grande valeur archéologique et artistique : la lettre 
» initiale du nom impérial constitue une superbe minia- 
» ture, composée de fleurs, de feuillages et de fraises, qui 
» décèle la main d’un enlumineur de marque » (1). Nous 
ne sommes pas de cet avis. Le diplôme de 1490 est un 
beau document; la calligraphie en est très soignée, mais 
la partie enluminée est assez ordinaire. Il a été publié 


(1) J.- TH. DE RaapT, Les armoiries des Berthout et de Malines, p. 18. 


328 ÉRECTION DE MALINES 





par Sollerius, dans les Acta Sancti Romualdi; mais le texte 
de Sollerius, qui n’est que la reproduction d’une copie 
fautive de Cuvrers, grefher de la ville de Malines au dix- 
huitième siècle (1), est, par là même, très incorrect (2). 
M. le chanoine van Casrer donna du diplôme un texte 
plus correct (3). Quoique publié plusieurs fois déjà, nous 
le reproduisons ici, d’après l'original, parce qu'il constitue 
évidemment le document le plus important du fait qui 
est l’objet de ce travail. Le voici : 


« FRIDERICUS, divina favente clemencia Romanorum 
» Imperator semper Augustus, Hungarie, Dalmacie, 
» Croacie, etc. Rex. ac Austrie, Stirie, Karinthiewet 
» Corniole Dux, Dominus Marchiesclavonice ac Portus- 
» naonis, Comes in Habspurg, Tirolis Phirretis et in 
» Kiburg, Marchio Burgovie et Landtgravius Alsacie, 
» ad perpetuam rei memoriam. Et si Imperatorie Maies- 
» tatis nostre benignitas ex innata sibi clemencia qui- 
» buscumque sacro Romano [mperio subiectis libertatum 
» et graciarum premia reddere consueverit idque ex cre- 
diti nobis officii ministerio prosequi teneamur. Illos 
» tamen in primis precipuis donis afficere et singularibus 
» honoribus, dignitatibus et preheminencijs extollere de- 
» bere dignos censemus ymo eosdem in gremio nostre 
» celsitudinis singulariter fovendos fore summo studio 
» incendimur quos immote fidei constancia nullus no- 
» vercantis fortune impetus a fide et observancia sacri 
» Romani Imperij removere aut aliquantisper aliorsum 
» flectere valuit. Sane fidem inviolatam et obsequia inde- 


) 


© 


(1) Messire DANIEL Cuvyrers, docteur en droit, seigneur de Rymenam, 
Opstalle, Muvyselwijk, etc., greffier et garde-chartes de Malines. M: DE 
Raapr lui consacra une note à la page 20 de sa notice intitulée : Les 
armoiries des Berthout et de Malines, et parle plus longuement de ce per- 
sonnage dans son histoire de Rymenam. 

(2) Une autre copie, collationnée et signée par CuyPERs, est conservée aux 
Archives Générales du Royaume, dans le carton n° 251 du fonds du Con- 
seil d'Etat. Cette copie porte : Collatio facta cum s::0 originali existente in capsa 
pendula signata D, et notato ittera G. No cxviÿ, per Grapheum infrascriptum 

D.-F. CUYPERS, 1722. 

Cette copie est également fautive. 

(3) Histoire des vues de Malines et de leurs monuments, p. 375. 








» 


2 
2 


EN COMTÉ 329 





fessa quibus Opidum et totus sacri Imperij Districtus 
Mechliniensis ac nostra tempestate sese Sacro Imperio 
gratissimum exhibuit cum id solum Serenissimi Prin- 
cipis domint Maximiliani, Romanorum Regis semper 
Augusti ac Archiducis Austrie, Ducis Burgondie, Bra- 
bancie, Gelrie, etc. Comitis Flandrie et Tirolis etc. 
Flandriam et totam fere Brabanciam potentissimos 
sue Serenitatis hostes sustinuerit et vitam et bona in 
eilus statum et honorem servandum liberali vultu et 
animo expendere non dubitavit. Non immerito pen- 
santes ac tantam 1llius Opidi et Districtus fidem per- 
petuitati commendare cupientes, quo plane omnis etas 
usque in consummacionem seculi videat et agnoscat 
quantum sit quantumque honoris et fame immortalis 
pariat, Principis sui fidem servasse inviolatam et in- 
concussam. Nos, non per errorem aut improvide, sed 
animo deliberato sanoque nostrorum ac sacri Imperti 
Principum, Comitum, Baronum et aliorum fidelium 
et Subditorum nostrorum accedente consilio, ex certa 
sciencia nostra et plenitudine Imperialis potestatis, 
prefatum Opidum Mechliniense et eius Districtum a 
certis temporibus usque in hanc diem, solo Domini] 
titulo gaudentem, in Nobilem et perpetuum Comitatum 
de novo creavimus, extulimus, sublimavimus, ac pre- 
sencium tenore creamus, efferimus et sublimamus, hoc 
Imperiali edicto decernentes, ut idem Maximilianus 
Romanorum Rex, simul et Illustris Philippus Archi- 
dux Austrie, Dux Burgundie, Brabancie, Gelrie, etc. 
Comes Flandrie, Tirolis, etc. nepos noster carissimus 
et omnes et singuli eorum heredes et descendentes, ad 
quos legittimo successionis aut alio jure ipse Districtus, 
una cum Opido Mechliniense pervenerint, hinc, in 
antea futuris temporibus ab omnibus, Comites Mech- 
linienses reputari, appelari, teneri et honorari, et 1psi 
seipsos Comites Mechlinienses existimare, scribere et 
reputare. Ipse similiter ac ipsum Opidum Mechliniense 
omnibus dignitatibus, honoribus, titulis, juribus, pre- 
heminenciis, et consuetudinibus gaudere et frui de- 
beant quibus ceteri sacri Imperij Comites et eorum 
subditi freti sunt hactenus et cottidie pociuntur et 
fruuntur, legibus, statutis municipalibus, consuetudi- 


330 ÉRECTION DE MALINES 





nibus et alijs in contrarium facientibus non obstantibus 
quibuscumque. Quo vero dictum Opidum Mechliniense 
caput districtus prefati pro meritorum suorum erga 
Nos et sacrum Romanum Imperium magnitudine beni- 
volenciam nostre Cesaree celsitudinis magis agnoscat 
eius solita insignia videlicet Scutum divisionibus Ci- 
trinis et Rubeis secundum longum intersectum melio- 
rare constituimus, adjicientes eidem integram Aquilam 
nigram nulla sui parte minutam sed cum extensis alis 
tanquam ad volatum paratis figuratam, omni modo et 
forma quo eadem Romanorum Reges uti consueverunt. 
Ita ut Ipsi Mechlinienses eodem Scuto Aquila prefata 
in medio eius collocata, in Sigillis, Annulis, Clenodijs 
ac omnibus publicis et privatis actibus uti antea facere 
consueverunt uti et frui potuerunt, contradiccione et 
impedimento cessante quorumcumque. Nulli ergo om- 
nino hominum liceat hanc nostre creacionis, sublima- 
cionis, ereccionis, melioracionis Armorum decreti et 
derogacionis paginam infringere aut ei quovis ausu 
temerario contraire sub pena nostre indignacionis gra- 
vissima et Mille Marcarum auri puri, quas contrafa- 
cientes tociens quociens contrafactum fuerit, 1pso facto 
se noverint irremissibiliter incursuros. Quarum medie- 
tatem Imperialis fisci sive Erarij Residuam vero par- 
tem injuriam passorum usibus decernimus applicari 
Presencium sub nostri Imperialis Maiïestatis Sigilli 
appensionis testimonio litterarum. Datum in Opido 
nostro Lynntz, die Decima Mensis Januarij, Anno 
domini Millesimo Ouadringentesimo Nonagesimo, Re- 
gnorum nostrorum Romani Quinquagesimo Impert 
Tricesimo Octavo, Hungarie vero Tricesimo primo. Ad 
mandatum domini Imperatoris [Johannes Dorffner (1). » 


Nous venons de lire que l’empereur Frédéric, en éri- 


geant la seigneurie de Malines en comté, ordonnait que 
son fils Maximilien, roi des Romains, son petit-fils 
Philippe, archiduc d'Autriche, duc de Bourgogne, de 
Brabant, de Gueldre, comte de Flandre, du T yrol, etc., 


(1) Archives de la ville de Malines. Charte n° 203. 


EN COMTÉ 331 





ainsi que tous leurs descendants, porteraient désormais 
le titre de comte de Malines; que le nouveau comté jouirait 
des mêmes honneurs, droits, prééminences et coutumes 
dont Jouissaient les autres comtés du Saint Empire 
Romain; que la ville de Malines aurait désormais dans 
ses armoiries un écusson en cœur, d’or à l'aigle éployée 
de sable. Eh bien, en dehors de cette dernière stipulation, 
le diplôme impérial resta lettre morte. Pourquoi? Nous 
allons le voir. 

Malgré le paragraphe dernier du diplôme, par lequel 
l'empereur menaçait de son indignation et d’une amende 
de mille marcs d’or pur ceux qui auraient agi à l’en- 
contre de sa volonté, le chancelier de Bourgogne s'opposa 
immédiatement à l'érection de Malines en comté. 

Le chancelier de Bourgogne était alors Guillaume pE 
VERGY, 4° du nom, baron de Bourbon-Lancy, seigneur de 
Vergy, Champvant, Sorre, Rigney, Saint-Dizier, Autrey, 
Fonvens, Champlite, etc., chevalier de l’ordre de Savoie, 
sénéchal de Bourgogne etc., etc. C’est lui qui éleva 
la maison de Vergy au plus haut point de sa splendeur 
et de sa gloire. Il avait servi Charles le Téméraire et 
Marie de Bourgogne. Emprisonné par les Français, 
Louis XI se l'était attaché et l'avait nommé conseiller 
et chambellan. Rentré au service de Maximilien, il fut 
chancelier de Bourgogne et capitaine-général des pays 
de Gueldre et de Zutphen. Créé chevalier de l’ordre de 
l'Annonciade, Guillaume pE VERGY mourut en 1520. 

Nous ne connaissons pas les raisons que le chancelier 
invoqua pour ne pas inscrire celui de comte de Malines 
parmi les nombreux titres de Maximilien et de Philippe 
le Beau; mais nous connaissons l'opposition qu'il fit aux 
volontés de son maitre, par une lettre du roi des Ro- 
mains, par laquelle Maximilien ordonna à son chancelier, 
« toutes excuses censans et postposées, » d'inscrire Ma- 
lines au nombre de ses comtés. 

Moicnle texte de cette.lettre : 


« De par le Roi 


» Très chier et féal Chancellier, pour ce qu'il a puis 
» nagaires pleu à nostre très redoubté seigneur et Père 


332 ÉRECTION DE MALINES 





Monseigneur l'Empereur, de Sa Majesté Impérialle, 
en faveur des grans services, amour et loijaulté, que 
ceux de noz ville, terre et seigneurie de Malines 
avoient parcidevant faiz et par effect démonstrez à lui, 
à nous, et aux Princes de l’Empire, érigier et "créer 
icelle nostre seigneurie en Conté, et aussi que c'est 
l’augmentacion, bien et honneur de nostre très chier 
et très amé filz Phelippe, par quoi] désirons de tout 
nostre cœur, que doresenavant nostre dict Conté de 
Malines, en ensuivant le bon plaisir de mondit Seigneur 
l'Empereur, soit mise, inscripte, tenue et réputée ou 
nombre de noz autres Contez; Nous escripvons présen- 
tement par devers vous, et voulons, vous mandons, et 
expressément enjoingnons et commandons, que toutes 
excuses cessans et postposées, vous intitulez et 1ns- 
cripvez, ou faites intituler et inscripre en toutes nos 
lettres closes et patentes, et en tous lieux ou mestier 
sera nostre dit Conté de Malines ou nombre des noz 
autres Contez, sans le plus inscripre ou nombre de noz 
seigneuries, en le maintenant, entretenant et gardant, 
et faisant maintenir, entretenir et garder de par nous 
en tous les droiz, haulteurs, honneurs et prérogatives à 
ce servans; Avec aussi que le notiffiez et sigmifñiez en 
toutes noz Chambres, Sièges et Consaulx de nos Païs 
de par delà, en leur expressément mandant, et enjoin- 
gnant de par Nous, que ainsi le facent doresenavant 
sans difficulté. Et en ce ne faites faulte, sur tant que 
nous désirez complaire. Car tel est nostre plaisir. Très 
chier et féal Chancellier, nostre Seigneur soit garde de 
vous. Donné en nostre ville de Ifsbrouch (1), le xvij® 
jour de Mars anno xiij° iij* et neuf (2), et de nostre 
Règne le cincquiesme. Plus bas estoit escript : Per 
Regem. Signé : de Gondebault. La superscription estoit : 
À nostre très chier et féal Chevalier et Chancellier le 
Seigneur de Champvans et de Sorre » (3). 





(1) Inspruck. 
(2) 1490 (nouveau style). 
(3) L'original de cette lettre-missive est conservé aux Archives de Malines 


(P.-J. vax Dorex, public. citée, t. IV, p. 35). Une copie s’en trouve aux 
Archives générales du Royaume, dans le carton n° 251 du fonds du 





EN COMTÉ 333 





Cet ordre, quoiqu'assez impérieux, ne fut pas exécuté 
davantage. Le roi des Romains eut beau écrire à son 
choncehenmAc Eten ce ne faites faulte, sur tant que 
» nous désirez complaire »; il eut beau lui commander 
de notifier l’élevation de Malines à la dignité de comté 
aux Chambres des Comptes et aux Conseils: rien n’y fit 
et Malines resta une seigneurie. Il faut croire que les 
raisons qui s'opposaient à la mise à exécution du di- 
plôme impérial étaient graves, car dans aucun document 
Malines ne fut nommé comté, pas même dans ceux qui 
émanaient de Maximilien lui-même et de son fils 
Philippe le Beau. Quand ce dernier fut solennellement 
inauguré, le 27 mars 1494, c’est comme seigneur qu'il le 
fut et non pas comme comte de Malines. Il en fut de 
même de ses successeurs. 

Cependant, le Magistrat fit graver, immédiatement 
après avoir recu la concession impériale, un nouveau 
sceau, en argent, portant l’écu à trois pals de Malines, 
chargé en cœur, en vertu de la concession de l’empereur 
Frédéric, d’un écusson à l'aigle éployée. Ce sceau, par- 
faitement gravé, est conservé aux archives de la ville de 
Malines. Nous venons de 1 y revoir; il porte la légende : 
Sigillum Magnum Conntatus et Opidi Machlimensis et le 
millésime : 7790. Malines y est donc qualifiée de comté, 
ainsi que sur un autre sceau de la même époque, qui 
porte : Srgillum Comitatus ét Oprdi Machlinien. ad vitales 
pensiones. Ces sceaux ont-ils servi? Les a-t-on employés 
pour sceller des documents? Notre excellent confrère 
de Malines, M. l’archiviste HErMaANSs, nous a répondu 
affirmativement (1). 

À peu près un siècle après la concession impériale, 
en 1274, on fit encore graver un sceau nouveau, qualifiant 
Malines de comté. Sa légende dit : Sigillum Comatatus et 





Conseil d'État. C’est une copie portant au bas : « Collation faite avec son 
» original reposant à la Trésorie, au Tiroir D, marqué q.q. N° cxvj, par le grefher 
» soubsigné D. F. CuYPERS, 1722. » 

(1) Les deux sceaux de 1490 se trouvent reproduits dans l'ouvrage 
d'AUGUSTE VAN DEN EYNDE, Tableau chronologique des écoutètes, des bourgmestres 
et des échevins, depuis 1236 jusqu'à nos jours, ainsi que les sceaux des fremiers 
Seigneurs de la ville de Malines, planche V. 


Er 
“ 
à. 
ss 


334 ÉRECTION DE MALINES 





Oppidi Mechlimensis. Ce sceau, également en argent, est 
aussi conservé aux archives de Malines et porte le mil- 
lésime : 7574. Le Magistrat, dans une représentation 
dont nous parlerons plus loin, affirma en 1722, que de 
ce sceau «toutes les anciennes lettres de constitution 
» de rentes se trouvent scellées. » 

Comme nous l'avons déjà dit, l'augmentation des ar- 
moiries de la ville, chargées en cœur, depuis 1490, d'un 
écusson à l'aigle éployée de sable, constitue le seul profit 
que Malines tira de la belle concession que l’empereur 
Frédéric lui avait faite. Au lieu de devenir un comté, 
Malines resta toujours une simple seigneurie. Nous allons 
voir qu'on ne lui permit pas même de surmonter ses 
armoiries d’une couronne comtale. 


III. — Les armoiries de Malines surmontées 
de la couronne comtale 


Nous sommes en 1722. Depuis quelque temps déjà, la 
ville de Malines avait une grande envie de surmonter ses 
armoiries de la couronne comtale. Quelques tentatives, 
assez timides, avait réussi. 

Le premier essai datait de 1697. Une cloche, fondue 
par maître Simon WAGHEVENS, en 1498, pour la métro- 
pole de Saint-Rombaut, dut être refondue en 1697 (1). 
Elle portait les armoiries de la ville, avec le petit écus- 
son en cœur, concédé par l’empereur Frédéric, mais 
sans couronne. On la confia à Melchior DE FAZE, 
fondeur à Anvers (2), qui y mit les armoiries dela 


(1) Simon WAGnEvExs, célèbre fondeur de cloches à Malines, fit quatre 
cloches pour la métropole de Saint-Rombaut, pendant les années 1498 et 
1499. 

(2) Melchior pE HAZr, célèbre fondeur anversois, naquit à Anvers et y 
fut baptisé, à Notre-Dame-Nord, le 5 juin 1632. Il était fils de Pierre et non 
pas de Guillaume pe HAZE, grand aumônier de la ville d'Anvers, comme 
l'a cru M. Edmond vax DER STRAETEN {La Musique aux Pays-Bas avant le 
XIXe siecle, t. 5, p. 340). Melchior pe HA, fils de Guillaume, mourut en 
1660 et ne fut pas fondeur de cloches (A. Goovarrrs. Geénéologie de la famille 
de Hase, encore en manuscrit), tandis que le fondeur vécut jusque dans les 





EN COMTHI 335 








ville, timbrées d’un casque couronné, cimé d’un dragon 
issant (1). 

En 1716, le Magistrat avait fait mettre la couronne 
comtale sur les armoiries de Ja ville qui ornaient le pont 
d'Eppeghem. Il espérait que le fait aurait passé inaperçu. 
Il n'en fut pas ainsi. Le héraut d'armes du titre de 
Brabant interpella le Magistrat»et lui enjoignit de faire 
enlever la couronne, mais on lui exhiba le diplôme de 
1490 et 1l garda le silence. 

Jusque là, tout allait donc à souhait. On continua à 
agir avec prudence. On laissa sans couronne les armoi- 
ries de la ville placées dans les monuments très fréquen- 
“estels que le Grand’ Conseil, l'hôtel de vilé et les 
églises, de peur de manquer le but en y allant trop vite. 

En 1722, un nouvel essai, cependant aussi timide que 
les deux premiers, ne réussit pas aussi bien. 

On allait construire un nouveau pont à la porte de 
Bruxelles. Un plan fut dressé et on fit peindre sur ce plan 
les armoiries de la ville, surmontées de la couronne com- 
tale. Malheureusement, le plan devait ètre approuvé par 
le Conseil d'Etat. On espérait à Malines que les graves 
conseillers du Conseil d'Etat et leurs secrétaires, qui, en 
somme, n'étaient pas des héraldistes, n’y auraient vu que 
durettimais cet espoir dut décuet, le. 3, mars 1722, le 
chevalier Jean-Baptiste pr HxEms (2), secrétaire du 
Conseil d'État depuis 1712 et qui, depuis 1718, avait dans 
ses attributions les affaires d'Etat, de justice et de police, 
écrivit au magistrat de Malines que le conseil lavait 
chargé « de l’advertir qu'il ne luy compétait pas de 
» mettre la couronne comtaie sur les armes de ladite 
» ville, » : 

Cet avertissement, qui renversait tous ses plans, mit 


premières années du 18° siècle. Il est vrai qu'à la page 361 du même volume 
M. van DER STRAETEN dit que le fondeur a eu apparemment pour père un 
autre Melchior, qui fut aussi grand aumônier d'Anvers. C’est également 
inexact. Il s’agit là précisement du Melchior, fils de Guillaume, qui n’est 
pas le fondeur de cloches. 

(x) Inscriptions funéraires et monumentales de la province d'Anvers, Ville de Malines, 
Église Métropolitaine, p. 202. 

(2) Jean-Baptiste de Heems fut créé baron du Saint-Empire par diplome 
du 24 avril 1733; il mourut à Bruxelles le 4 octobre 1734. 


330 ÉRECTION DE MALINES 





le Magistrat en grand émoi. Il sentit que l'affaire était 
perdue s'il ne frappait un grand coup. On rechercha donc 
tout ce qui pouvait aider à prouver les droits de Malines 
à la couronne comtale et l’on élabora une représentation 
à l'Empereur lui-même, suppliant Sa Majesté « d'y faire 
bénigne réflexion. » 

Voici le texte de cette représentation : 





« Sire, 
» Ceux du Magistrat de la ville et province de Malines 
» ont l'honneur de représenter à Vostre Majesté, qu'aijant 2 
» reçeu une lettre du Chevalier deFleems dussdeses | 
» mois de Mars 1722, par laquelle il leur marque d’avoir + 


» en charge d’advertir les Remonstrants qu'il ne leur 
» compèteroit pas de mettre la couronne comtale sur les 
» armes de ladite ville, ils ont cru être de leur devoir 
» informer Vostre Majesté des titres en vertu des quels 
» ledit droit leur compète. Il est que l'Empereur Frédéric 
» a en l’an 1489 condécoré la ville de Malines du titre 
» de comté, leur en aïjant dépéché des lettres patentes, 

» en 1490, comme paroit de la pièce cij-jointe, sub A, 

» en Copie autentique (1), l'original reposant dans les ar- 
» chives de la ditte ville, où il est énoncé entre autre : 
» Prefatum opidum Mechlimense in nobilem et perpetuum 
» Conitalum de novo creavimus et extulimus, et un peu plus | 

» bas : cé 1psa se 1psos Comates Mechlinienses se existumare, 

» scribere et reputare, luij accordant toutes les dignitéz, 

» honneurs et prééminences dont jouissent les comtés 

» du St-Empire : 1s2 sumiliter ac ipsum oppidum Mechl- 

» niense omnibus dignitatibus, honoribus, titulis, juribus, 

» preeminentus et consuetudimbus gaudere et frui debeant, 

» quibus cœteri sacri Imperii comites. Ledit Empereur y 

» déclare qu'il a été invité et exité à ladite concession 

» par les services éclatans et infatigables, et le zêle 

» ardent des Bourgeois de Malines envers leurs souve- 


PrJO 


(1) I sagit ici de la copie du greffier CuypErs, conservée dans le carton 
N° 251 du fonds du Conseil d'Etat, aux Archives générales du Royaume, 





Li 


d' 


EN COMTÉ 537 





rains, Maximilien, Empereur des Romains, duc de 
Brabant, comte de Flandres, seigneur de Malines, 
etciva confirmé cette concession entre autres par acte 
du 17° de mars 1489 (1), cij-joint, sub B, par copie 
autentique (2), l'original reposant aussi ès archives de 
ladite ville, déclarant entre autres en termes : que dores- 
enavant notre dit Comté de Malines soit muse, inscrite, tenue 
et reputée au nombre de nos autres comtéz, et un peu plus 
bas : en le maintenant, entretenant et gardant en tous les 
droits, hauteurs, honneurs et prérogatives à ce servans. Or 
il est notoir qu’en vertu de cette concession Ceux de 
Malines ont peu mettre sur leurs armes la couronne 
comtale qui est une suitte nécessaire des droits, hau- 
teurs, honneurs, et prérogatives servans a ladite con- 
cession, de quoi l'élite des autheurs aïjant escrit sur 
les armoiries conviennent, comme il est établi sça- 
vamment dans le traité intitulé : Observationes Euge- 
malogicæ et Heroicæ, Lib. 2, cap. 14 (3), dont il conste, 
que les couronnes comtales peuvent estre mises sur 
les armes par les Provinces et territoires condécoréz 
du titre de comté, ce.qui est conforme à l’édit des 
Sérénissimes Archiducs Albert et Isabelle de l’an 1616, 
article 7, où il est interdit à tous de porter à leurs 
armes des bannières, supports, couronnes et semblables 
condécorations, sinon qu'ils pussent faire conster par 
documens autentiques, que les seigneuries, ou terri- 
toirs qu'ils possèdent ont été condécoréz de tel titre 
d'honneur. Ceux de ladite ville de Malines, loing 
d'avoir perdu cette concession (qui est un bienfait et 
privilège du Prince en récompense de leurs services) 
par un prétendu nonusage, se sont au contraire servi 


(1) 1490 (nouveau style). 

(2) Cette copie se trouve également dans le carton n° 251 du Conseil 
Etat. 

(3) Observationes Eugenialogice et Heroice, sive materiam nobilitatis gentilitie, jus 


insienium et heraldicum complectentes, rerum in curia Brabantie judicatarum 

excmplis, edictis regiis et interpretationibus confirmate, ouvrage de JEAN-BAPTISTE 

CurisTyN, le très savant chancelier de Brabant, sur le droit édictal et la 
jurisprudence en matière héraldique et généalogique suivie en Brabant, 
publié à Cologne, en 1678. 


29 
4 4 


338 ÉRECTION DE MALINES 





» 





de ladite concession, mettant hic el nunc la couronne 
comtale sur les armes de ladite ville, exposées au 
public : ce que plus est, ils ont mis à cet effet sur 
quelques sceaux publics ‘de ladite ville, dont elle se 
servoit à seller les instrumens et dépèches publiques, 
pour devise ces termes : Sigulum Comntatus et Oppidi 
Mechlimensis, du quel sceau toutes les anciennes lettres 
de constitution de rentes se trouvent séellées, comme 
Vostre Majesté peut connoitre de l'empreinte d'un 
semblable sceau cij-jointe en cire rouge, lequel sceau 
fabriqué d'argent repose à la secrétairie de ladite ville, 
portant la date de l'an 1574. Ceux de ladite ville de 
Malines ont aussi porté dans leurs armes un aigle en 
vertu desdites concessions des empereurs Frédéric et 
Maximilien, et ce depuis la date desdites concessions 
jusques à ce Jourd'huy, et les Remonstrants ont encore 
mis la couronne comtale passé 5 à 6 ans au pont de 
Eppegem, si avant que le Héraut d'armes de Vostre 
Majesté du département de Brabant aïjant interpellé 
les Remonstrants à ôter ladite couronne ils lui] ont fait 
voir lesdits titres, depuis quel tems il a gardé le silence 
sans inquiéter les Remonstrants. Après cela l’archiduc 
Philippe, fils dudit Maximilien, a approuvé dans son 
inauguration tous les privilèges, droits et prééminences 
concédéz à ladite ville de Malines tant par l'Empereur 
Maximilien, son père, qu'autres Souverains de ces 
pays, entre lesquels ladite concession est manifeste- 
ment comprise, ce qui a aussi été fait par les successifs 
Souverains de ladite ville, et encore en dernier lieu par 
Vostre Majesté dans sa solemnelle inauguration, telle- 
ment que ladite ville est munie en ce regard de titre 
spécial, d’une possession immémorialle, paisible, au 
veu et sçeu d’un chacun, mesme du Grand Conseil;*ét 
Fiscaux de sa Majesté, étans sur les lieux, et finale- 
ment d’une confirmation successive des glorieux pré- 
décesseurs de Vostre Majesté. Il ij a plusieurs villes et 
territoirs, qui portent sur leurs armes des couronnes 
et semblabes condécorations sans en porter le titre et 
sans pouvoir avancer autre titre que la possesion 
immémorialle, laquelle en matière de noblesse a force 
de privilège et concession spéciale du prince comme 





EN COMTÉ 339 





enseigne T yraquellus, De Nobilitate, Tom. 1, cap. 14 (x), 
citant Bartolum, Baldum, Aretinum, Alexandrum, 
Decium, Felicium et plusieurs autres autheurs : d'où 
lon doit conclure qu’à plus forte raison il compète à 
la ville de Malines le droit de mettre la couronne 
comtale sur ses armes, aux batimens et endroits pu- 
blics, attendu qu'elle n’est pas seulement munie en ce 
regard d’une possession immémorialle, mais aussi de 
titre du Prince confirmé tant de fois dans les respec- 
tives inaugurations en vertu du quel titre il luij est, 
soubs très humble correction, permis de se servir Aic 
et nunc en mettant selon qu’on le juge convenir tantot 
les condécorations des anciennes armes comme elles 
étoint avant l’an 1489, ensuitte des concessions et 
privilèges des souverains de ces tems et tantot les 
condécorations des armes ensuitte de laditte concession 
de 1489, pour retenir la jouissance de ladite conces- 
sion, et faire éclater en même tems les respectifs 
privilèges et bienfaits des Princes en faveur de la ville 
de Malines, accordéz pour des grands services envers 
ses souverains, recours aux éloges dont lesdits Empe- 
reurs Frédéric et Maximilien se servent dans lesdits 
actes; contre tout quoi l’on ne peut objecter le prétendu 
défaut d’enregitrement desdits actes, attendu que 
lors de ladite concession d’iceux 1l n’y avoit aucun 
placcard ou édit enjoignant ledit enregitrement qui 
na été ordonné que par des placcards postérieurs, 
outre qu'un si long laps de tems supplée toutes les 
formalités d'enregitrement, ou autres comme en- 
seignent tous les Docteurs. À quoi les Remonstrants 
supplient Vostre Majesté de faire bénigne réflexion. 
Ce faisant, etc. 
» B. A. VAN DEN ZIJPE » (2). 


Cette représentation, assez faible d'argumentation en 


plusieurs endroits, fut remise au Conseil d'Etat, qui 


(1) ANDREAE TiraoueLzit, De Nobilitate el jure primigeniorum. Bel ouvrage, 


publié à Paris en 1540. 


(2) Archives générales du Royaume, à Bruxelles. Carton n° 251 du 
À à 


fonds du Conseil d'Etat, 


340 ÉRECTION DE MALINES 





l'envoya, le 18 mars 1722, aux conseillers fiscaux du 
Grand Conseil de Malines, pour avis. Les conseillers 
fiscaux Jean-Alphonse, comte de Coroma (1) et Jean- 
Ferdinand K£yaERTs (2) furent chargés d'étudier l'affaire. 
Ils eurent beau jeu, car la représentation du Magistrat de 
Malines contenait plusieurs affirmations gratuites, des 
contre-vérités que Messieurs les Fiscaux qualifièrent de 
« faits abusifs » et de « fausses 1llations. » Il n'était pas 
exact, par exemple, que le Magistrat avait, depuis 1490, 
« fait mettre hic et nunc la couronne comtale sur les armes 
» de ladite ville exposées au public. » Jamais, il ne l'avait 
fait nulle part, pas même sur les cloches fondues en 1498 
et 1499, par maitre Simon WAGHEVENS, pour la métro- 
pole de Saint-Rombaut. Ces cloches portent parfaitement 
les nouvelles armoiries de la ville, avec l’écüusson en cœur, 
à l’aigle éployée, mais sans la couronne comtale (3). Le 
gros bourdon, nommé Sa/vator, fondu par WAGHEVENS, 
en 1498, ne reçut, sous ce rapport, aucune modification, 
lors de sa refonte par Pierre VAN DEN GHEYN et Pierre 
DE CLERCK, en 1638. Nous avons vu que ce n'est qu’en 
1697, qu'une de ces cloches de WAGHEvENS, de 1498, 
reçut des armoiries timbrées d’un casque couronné, dans 
la fonderie de maître Melchior DE HAZE, à Anvers. 

Contre les auteurs héraldiques invoqués par le Magis- 
trat de Malines, les conseillers fiscaux en invoquèrent 
d’autres et, finalement, ils conclurent contre les préten- 
tions de la ville. 

Voici le texte de l'avis des conseillers Coroma et 
KEYAERTS, adressé à l'Empereur, le 9 juin 1722 : 


«SITE, 
» Ceux du Magistrat de Malines viennent de présenter 





(1) Jean-Alphonse, comte pe CoLomA, était conseiller et maitre aux requêtes 
du Grand Conseil depuis 1711. En 1720, il avait obtenu la place d’avocat 
fiscal. En 1725, il devint conseiller suprème des Pays-Bas, à Vienne, d’où 
il revint en 1732, comme chef-président du Conseil Privé. Né à Bruxelles, 
en 1676, il y mourut en 1730. 

(2) Jean-Ferdinand KEyaErTs devint conseiller procureur-général au 
Grand Conseil, en 1716, et remplit cette charge jusqu’à sa mort, en 1743. 

. (3) Zuscriptlions funéraires et monumentales de la province d'Anvers. Ville de Malines. 
Eglise Métropolitaine, p. 202. 





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EN COMTÉ 341 





requeste à Vostre Majesté, à l'effet qu'il leur soit 
permis de mettre la couronne comtale audessus de 
l'escu des armes de Malines sans casques. Ils se fondent 
sur les lettres patentes d’érection de la seigneurie de 
Malines en Comté, de l’an 1400, et sur un ordre donné 
par Maximilien, Roi] des Romains, à son Chancelier, 
le 17 mars 1489 (1), afin que foutes excuses cessantes et post 
posées, le comté de Malines soit inscrit au nombre de 
ses autres comtéz, sans le plus inscrire au nombre de ses 
seigneuries. 

» D'où ils concluent qu'ils peuvent mettre une cou- 
ronne comtale sur les armes de Malines, puisque cet 
ornement ne seroit qu’une suite nécessaire des droits, 
hauteurs, honneurs et prérogatives servans à laditte 
concession, conformément à la doctrine des auteurs 
etablie dans le traité qui a pour titre : Observationes Eu- 
gemalogicæ, b. 2, cap. 14, et à l’édit des archiducs de 
l'an 1616, art. 7, à quoy ils ajoutent encore, qu'ils 
auroient fait mettre ic el munc la couronne comtale sur 
les armes de la ditte ville exposées en public, pour ne 
point perdre cette concession par un prétendu non 
usage, comme ils ont encore mis la couronne comtale 
passé cincq à six ans au pont d'Eppeghem, si avant 
que le Héraut d'armes à titre de Brabant aïjant inter- 
pellé les remonstrants à ôter laditte couronne, ils lui] 
auroient fait voir lesdits titres, depuis quel tems il 
auroit gardé le silence. Ils emploijent aussi aux mes- 
mes fins un sçeau fabriqué d'argent l’an 1574, reposant 
à la secrétairie de la ville duquel ils joignent à leur 
requeste l'empreinte en cire rouge, qui contient cette 
legende : Sigillum Comitatus et Oppidi Mechlimensis, ils 
se fondent en outre sur les actes des inaugurations de 
l’archiduc Philippe, fils du dit Maximilien, et de tous 
les successifs souverains de la ville de Malines jusques 
à la dernière inclusivement, prise par Vostre Majesté, 
pour autant que ces actes contiendroient une approba- 
tion de tous les privilèges, droits et prééminences 
concédéz à la ville de Malines, entre lesquels droits 


(1) 14go (nouveau style). 


342 ÉRECTION DE MALINES 


laditte concession seroit manifestement comprise, tellement 
que laditte ville seroit munie en ce regard de titre 
special et d’une possession immémorialle et paisible 
au veu et sçeu d’un chacun, mesme du Grand Conseil et 
Fiscaux de Sa Majesté étans sur le lieu; de tout quoi] 
ils tirent cette conséquence, qu'il seroit permis à leur 
ville de se servir hic et nunc dudit titre en mettant selon 
qu'on le juge convenir, tantôt les condécorations des 
anciennes armes comme elles étoient avant l’an 1480, et 
tantôt les condécorations des armes ensuite de la con- 
cession de 1489, pour retenir la jouissance de laditte 
concession. 

» Cette requeste avec les pièces annexées ci-rejointe, 
fut envoyé à nostre avis par lettres du 18 mars dernier, 
et pour 1j satisfaire nous avons l’honneur de dire à 
Vostre Majesté, que cette requeste est remplie de faits 
abusifs et de fausses illations. Nous ne contestons pas 
l'existence des lettres patentes d’érection de la seigneu- 
rie de Malines en comté, ce diplôme se trouve imprimé 
à la fin des actes de Saint Rombaut compiléz par le 
Père Sollerius (1); maïs ce sçavant Jésuite remarque 
que les successeurs de Maximilien n° ij ont pris aucun 
esguard : cur autem (dit-il fol. 127, col. 2), secuti Belgarum 
Principes, non Comaites se, sed Dominos dumtaxat Mechli- 
menses dixerint, problema est. 11 semble que l’on peut 
pour donner solution à ce problème, tirer quelque 
lumière du contenu de l’ordre donné par Maximilien, 
Roi] des Romains, à son Chancelier, pour autant que 
l’on 1] découvre, que ledit Chancelier continuoit d’ins- 
crire la ville et province de Malines au nombre des 
autres seigneuries de lArchiduc Philippe, et s’excusoit 
de l’inscrire au nombre des autres Comtéz. Il ij a appa- 
rence que ledit Chancelier à du depuis persisté dans 
son refus, et que les raisons de son opposition ont été 
trouvé assez fortes pour faire cesser ledit ordre. 

» Nous fondons cette conjecture sur ce que ledit ordre 
n'a jamais esté exécuté, car cette Seigneurie n’a jamais 


(x) Acta Sancti Romualdi episcopi et martyris, apostoli et patroni Mechliniensium, 


ouvrage publié à Anvers en 1718. 





» 
| 





EN COMITÉ 343 





» esté mise au nombre des Comtez, non pas mesme en 
» tems de l’Archiduc Philippe et de l'Empereur Charles 
» V, son fils, suivant les remarques de Gramaye en son 
» histoire de la ditte province : (r) étant de notoriété pu- 
» blique que ces princes et leurs successeurs se sont tous- 
» jours intituléz Seigneurs de Malines, ainsi que Vostre 
» Majesté s'intitule encore présentement, par où viennent 
» à crouler toutes les fausses inductions que les supplians 
» veulent tirer des inaugurations, puisque les souverains 
» de Malines ne se sont jamais fait inaugurer comme 
» Comtes, mais seulement comme Seigneur de Malines. 

» Mais supposons pour un moment et contre la vérité, 
» que la province de Malines seroit à tenir pour comté, 
» c'est encore une fausse illation que les supplians pré- 
» tendent d’en tirer qu'ils pourroient mettre une couronne 
» comtale audessus de l’écu des armes de Malines sans 
» casque. Ni l’'édit de l’an 1616, art. 7, ni l’auteur qu'ils 
» citent pour établir cette illation, peuvent estre enten- 
» dus des diplômes antérieurs à l’année 1500. 

» Pour mettre cette vérité dans son plein jour, 1l suffit 
» de rapporter un passage tiré du traité intitulé : Origine 
» des armoiries et des surnoms en France, inséré dans Île 
» journal des Sçcavans du mois de mars 1721, fol. 313, 314 
» et 318. Voici le passage : 17 y a environ 400 ans que l'on a 
» commencé à mettre des casques audessus des écus d'armotries : 
» ls se mettoient avec moins de façon qu'aujourd'hui. IT est 
» vrai que ceux des Rois avoient plus d'ornements. Ils se trou- 
» vent couronnez depuis le règne du Roi fean, et à leur tmita- 
» tion la noblesse mit parcillement des couronnes audessus de 
» durs casques, ct quelque fois dans le col du casque; mais 
» l'usage de mettre des couronnes directement audessus des écus 
» d'armoiries, où tl n'y avoit point de casque n'a été commencé 
» par nos souverains, que sous le règne du Roi Charles 6 et les 
» ducs et comtes n'ont pris cet ornement audessus de leurs armes 
» que depuis l'an 1500. 

» Ce qui se dit ici pour la France, est aussi véritable 
» pour les Pays-Bas. Le seul exemple de Jean van Hout- 


(x) Historie et Antiquitatum urbis ét provincie Mechliniensis libri III, publié à 
Bruxelles en 1607. 


344 ÉRECTION DE MALINES 





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2 
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hem suffit pour vérifier ce fait. L'Empereur Frédéric, 
par son diplôme du 2 septembre 1488, lui permit de 
mettre audessus de l’écu de ses armoiries un casque 
couronné de la couronne Imperiale et par autre diplôme 
de Maximilien, Roi des Romains, du mois de décembre 
1489, fut créé baron en Brabant, à l'effet d’y pouvoir 
déservir la charge de Chancelier; c'est la première 
érection en baronnie dans la ditte province; lesquels 
deux diplômes se trouvent 1n Jurisprudentia Heroica, parte 
1, fol. 206 et 374 (1), dont l’auteur, qui a aussi composé 
le traité intitulé : Observañones Eugenialogice, remarque 
que ce premier baron a tousjours continué de mettre 
le casque audessus de l’écu de ses armes et non le bon- 
net de baron sans casque, quod ille ornatus om esset 
INCOgntuUs. 
» Le propre sceau de la ville fabriqué l’an 1574, du- 
quel les supplians ont joint une empreinte en cire 
rouge, achève de les confondre, car quoi qu'il soit fait 
mention du prétendu comté dans la légende, cepen- 
dant l’on ne s’est pas emancipé d'y mettre la couronne 
comtale. Etant très abusif qu'ils auroient fait mettre 
hic et nunc cette couronne sur les armes de Malines 
exposées en public au veu et sçeu d’un chacun, mesme 
du Grand Conseil et Fiscaux de sa Majesté étans sur 
le lieu, puisqu'il n’en reste pas le moindre vestige dans 
la mesme ville, quoy qu'on ait pris grand soin d’y pla- 
cer ces armes, tant au plafond de la chambre du Con- 
seil à l’hôtel de ville, dans les églises et ailleurs, mais 
tousjours avec casque et jamais avec couronne sans 
casque. Ce qui nous fait présumer qu'ils se sont eman- 
cipé pour la première fois de mettre la couronne com- 
tale passé cinc à six ans au pont d'Eppegem, et que 
pour avoir trouvé moyen d’amuser l’Héraut d'armes, 
qui les avoit interpellé à ôter cette couronne il se sont 
avisé de mettre la mesme couronne audessus les armes 
qu’ils ont fait peindre sur le plan du nouveau pont à la 
porte de Bruxelles, dans l'espoir que Vostre Majesté 


(x) Furisprudentia Heroica, sive de jure Belgarum circa nobilitatem et insignia, 


bel ouvrage dù également à la plume savante et féconde du chancelier 
CHrisryx et publié à Bruxelles en 1689. 





) 


2 


) 


2 


) 


V2 


EN COMTÉ 345 





auroit aggréé ledit plan sans faire attention à cette 
nouvauté, et dans la vue que ce décret leur auroit pu 
servir de titre dans la suite du tems contre les Fiscaux 
de Vostre Majesté et ses Hérauts d'armes. 
» Partant nous sommes de sentiment que Vostre 
Majesté pourroit estre servie de déclarer qu'il ne 
compèête pas aux suppliants de mettre la couronne 
comtale sur les armes de la ville, et de faire remettre 
un double de son décret à ses conseillers Fiscaux avec 
ordre d’y tenir la main. 
» Nous croijons aussi qu'il est de nostre devoir d’in- 
former à cette occasion Vostre Majesté, que l’abus 
d’usurper des couronnes, par ceux qui n’en ont point 
de droit, est à présent monté à un tel excès qu'il n’y a 
plus de distinction. Le manteau et la couronne ducale 
a passé à des personnes qui prétendent au rang de 
princes sans estre ducs n1 princes ; celle des marquis est 
portée par les comtes et celle de baron n’est presque 
plus en usage. 
» Auxquels abus l’on pourroit mieux remédier si l’on 
accordoit un peu plus d'appui aux Hérauts d'armes, 
qui rencontrent presque tousjours des obstacles, toutes 
les fois qu'ils agissent contre les personnes de quelque 
rang ou authorité, ce qui fait qu'ils ne s'amusent plus 
qu’à la bagatelle. 
» Nous sommes avec le plus profond respect, 
SITE, 
» De Vostre Majesté, 
» Les très humbles et très obéissants sujets 
» et serviteurs ses Conseillers Fiscaux, 
» J.-A. CoLoMa. PURE YAERTS. 

» Malines, le 9 juin 1722 » (1). 


La ville de Malines n'obtint donc pas ce qu’elle 


désirait si ardemment. Elle n'insista pas et au Conseil 
d'Etat on inscrivit sur la représentation du Magistrat à 
l'Empereur, le mot : Cesse. Le combat cessa faute de com- 


(1) Archives générales du Royaume, à Bruxelles. Carton n° 251, du fonds 


du Conseil d'Etat. 


346 ÉRECTION DE MALINES 





battants! Mais ce que la ville de Malines se vit refuser 
au dix-huitième siècle, elle l’obtint au dix-neuvième. 

Après avoir vu modifier ses armoiries sous l’ère napo- 
léonienne et sous le gouvernement du Royaume des 
Pays-Bas, Malines reçut la couronne comtale par arrêté 
royal du 18 décembre 1841. Le roi Léopold I-pareet 
arrêté, autorisa la ville de Malines à porter : d’or à trois 
pals de gueules, sur le tout, d’or à l'aigle éployée de sable, 
languée, becquée, meimbrée et diadémée de gueules ; l’écu Limbré 
d'un casque laré de front, surmonté d'une couronne comtale ; 
Crmier : un dragon naissant d’or langué et allumé de gueules ; 
Supports : deux griffons d'or, armés ct langués de gueules; 
Lambrequins d’or et de geueules; le tout reposant sur un cordon 
d'or portant pour devise, cn lettres de sable : IN FIDE coN- 
STANS (2). 

Malines porte donc aujourd’hui la couronne comtale 
qu'on lui avait refusée au dix-huitième siècle. 


Alphonse GOOvAERTS. 





(2) J.-TH. ne Raapr, Les armoiries des Berthout et de Malines, p. 24. 








Bo LTIONS 


DC Toponpmic 


Encore le nom de Malines 


$ 1. — La toponymie et les faits historiques 


AN matière d'étymologie de noms de lieux, « pour 
» qu'une solution soit complète et concluante, il 
» faut trois choses : 

» 1° Elle doit être philologiquement correcte. 

» 2° Elle doit paraître logiquement, physiquement et 
» historiquement possible. 

» 3° Etre la seule qui se présente dans ces conditions. » 

Tels sont les principes formulés par M. SERRURE, dans 
l'article intitulé : Etudes sur l'origine du nom de Malines 
qu'il a publié dans le tome IV du Bulletin du Cercle Ar- 
chéologique, Littéraire et Artistique de Malines. 

La solution de l'énigme qu'offre ce nom, proposée dans 
notre notice parue dans ce même recueil, remplit-elle 
ces diverses conditions? Aucune, d’après M. SERRURE ; 
mais l'explication fournie par lui satisfait pleinement, 
assure-t-il, aux deux premières. è 





348 QUESTIONS 





Malines, dit M. SErRURE, dérive du mot carthaginoiïs 
magalia, qui signifie maisons rustiques, et dont l'usage a 
été introduit en Gaule par les Romains. 


. 
AN” 


Avant d'examiner ce que valent les arguments invo- 
qués par l’auteur des Etudes à l'appui de ses assertions, 
il importe de faire ressortir et d'apprécier l'esprit qui l'a 
suidé dans son travail. 

M. SErRURE appartient à une école historique dont la 
doctrine peut se résumer de la manière suivante : 

L'Empire romain a, durant plusieurs siècles, exercé 
dans toute la Gaule une action civilisatrice que rien n’est 
venu troubler. Pendant ce temps tout a été profondé- 
ment romanisé, depuis le Rhin jusqu’à l'Océan ; partout 
la propriété du sol a été organisée par l'introduction du 
système des fundi; les propriétaires de ceux-ci, qui 
n'étaient autres que des indigènes, ont adopté les mœurs 
et les usages des vainqueurs, et se sont même affublés 
de noms qu'ils leur ont empruntés. Quant aux appella- 
tions données aux fundi, elles sont formées à l’aide des 
noms romains adoptés par les premiers propriétaires, et 
de certains suffixes; beaucoup d’autres lieux ont été dési- 
gnés au moyen de termes tirés de l’idiome des Gallo-Ro- 
mains, indiquant des circonstances locales. 

L'établissement des Barbares sur le sol de la Gaule 
n'a guère modifié l’état de choses que les Romains y 
avaient introduit, sauf dans les parties septentrionales, 
où se parle actuellement l’idiome germanique. Mais, en 
y regardant de près, là encore s’aperçoivent des traces 
manifestes de romanisation : on y a découvert une 
grande quantité d’antiquités, et il y a beaucoup de noms 
de lieux d’origine gallo-romaine, dont quelques-uns 
même rappellent l'existence d'anciens fundi. 

Un pareil système porte naturellement à essayer de 
rattacher indistinctement tous les noms de lieux de la 
Gaule à lidiome des Gallo-Romains, même ceux de 
localités situées au sein des régions de langue germa- 
nique. 

. C'est la tendance à laquelle M. SERRURE a obéi lors- 














DE TOPONYMIE 349 





qu'il a tâché de renverser l'explication du nom de Malines 
proposée par nous, et d'en faire accepter une plus con- 
forme à la manière de voir de l’école dont le système 
vient d’être exposé. j 


Disons-le sans ambages, il y a dans ce système beau- 
coup d’inexactitudes et d’exagérations. 

Il est notamment inadmissible que dans les contrées 
formant actuellement la partie méridionale de la Hol- 
lande, les deux Flandres, la province d'Anvers et les par- 
ties septentrionales du Brabant et du Limbourg, la 
langue, les usages et le mode d’existence des Romains 
aient jamais été adoptés, et que l'influence des Barbares 
y ait ensuite repris le dessus. 

Il y a, au contraire, tout lieu de croire que ces con- 
trées sont toujours restées en dehors du cercle où s’est 
exercée l’action civilisatrice des vainqueurs de la Gaule. 
SCHAYES en a donné d’excellentes raisons dans son ou- 
vrage La Belgique et les Pays-Bas avant et pendant la domi- 
nation romaine, auquel nous nous bornerons à renvoyer le 
lecteur (1). 

Nous y ajouterons cette considération que la civilisa- 
tion romaine laisse là où elle a exercé une influence mar- 
quante, des traces pour ainsi dire impérissables. 

Il y a, par exemple, les pays de Tongres, de Maes- 
tricht, de Trèves et d’Arlon qui, après avoir été roma- 
nisés, sont redevenus germaniques : on y aperçoit les 
restes de ces grandes voies militaires qui les mettaient en 
mdondirecte avecile centreide l’Empire; on y re- 
trouve des monuments, des substructions de villas, des 
sépultures, des inscriptions, des travaux d'art et de 
défense dont le nombre et l'importance sont en raison 
directe du degré que la civilisation romaine y a atteint 
autrefois. 

Or, rien de semblable ne s’est retrouvé dans les con- 
trées citées plus haut, et ne s’y retrouvera Jamais. 


G}Vov.t. IT, pp. 160 et suiv. 


350 QUESTIONS 





On y a fait, il est vrai, des découvertes de monnaies, 
de poteries et d’autres antiquités romaines; mais 1l n’y a 
aucun argument sérieux à tirer de la présence de ces 
menus objets en faveur d’une romanisation disparue. 
Ces trouvailles prouvent qu'il a existé certains rapports 
commerciaux entre les indigènes et les producteurs de 
ces objets, et rien de plus. 

Il n'y a donc aucun motif de chercher systématique- 
ment, comme le fait M. SERRURE, à rattacher les noms 
de lieux de ces contrées à la langue des Gallo-Romains. 


C'est même une profonde erreur de vouloir trouver 
exclusivement dans cette langue l'explication des noms 
de lieux des contrées romanes du nord de la Gaule. 

GRANDGAGNAGE a reconnu, avec infiniment de raison, 
qu’ «il existe un élément tudesque dans la population 
» wallonne » et même qu’ «il er existe un dans toutes 
» les populations romanes » (tr). 

Les traces de cet élément ne se manifestent pas seule- 
ment dans les dialectes de ces populations, mais aussi 
dans les noms de lieux des contrées qu’elles habitent. 

L'origine germanique de quelques-uns de ces noms est 
mème si évidente, qu’elle ne demande pas à être démon- 
trée. Il y a, par exemple, pour/n'en’ citer qu'une 
nombre, un Wierde près de Namur, anciennement 
Werde (2), un Marbaix, dans le département du Nord, non 
loin d’Avesnes, un Orbais et un Rebaïs, un peu à l’est de 
Meaux. Tous ces noms sont bien certainement, au fond, 
des homonymes des Weerde, des Meerbeek, des Oirbeek 
et des Roosbeek des contrées thioises. 

Un grand nombre d’autres de ces noms romans a une 
origine semblable sans qu’elle soit aussi manifeste. Ce- 
pendant une étude attentive la ferait bientôt reconnaitre, 
si malheureusement on ne se laissait égarer par des simili- 


(1) Annales de la Societé Archéologique de Namur, t. III, p. 108. 
(2) Au treizième siècle. Voy. BarBier, Histoire de l'abbaye de Floreffe, t. I, 
p.71. 





DE TOPONYMIE SONT 





tudes qui prêtent à confusion, et par l'esprit de Sys- 
tème. 

C'est, par exemple, une erreur de poser en règle abso- 
lue que tout nom dont la désinence ressemble plus ou 
moins au suffixe acus ou acum, est nécessairement d’ori- 
gine gallo-romaine, et formé d'un nom de personne au- 
quel on a joint ce sufñxe. 

Le suffixe indo-européen ko, qui a produit acus, ne se 
retrouve pas seulement dans les langues italo-celtes; il 
existe également dans les langues germaniques, et y est 
même très productif. Il a servi à former une foule de 
mots de ces langues, et notamment : 

1° Des substantifs à thème en uho (primitif #-ko) : anglo- 
saxon bulluc, jeune bœuf; mettoc, espèce de ciseau (1). 

2° Des adjectifs à thème en aho (primitif a-ko) : goth. 
ainahs, v. haut all. einag, cinac, unicus; v. haut all. horag, 
korac, miser; v. haut all. heilag, heilac, sanctus (2). 

30 Des noms collectifs à thème en ahja (primitif a-k(o)- 
J0) : v. haut all. rorahi, rorach, arundinetum; dornal, 
dornach, Spinetum ; #trtalahi, mirtalach, myrtetum (3). 


On reconnait ces suffixes germaniques dans divers 
noms de lieux romans. 

Le suffixe uho a servi à former le nom de Namur, dont 
les formes anciennes sont Nam-uco, au septième siècle (4), 
Nam-ugo, dans la Continuation de Frédégaire (5), et Nam- 
ucum, latinisation qui est devenue traditionnelle. 

Ce nom a pour radical #am-, dont le sens doit être 
celui de faire saillie. Comparez les mots nordiques #ema, 
prominere, et #æmr, penetrans, acutus (6). 

Le suffixe aho s'aperçoit dans NAMÈCHE, qui a pour 


(1) KiuGE, Nominale Stammbildungslehre, $S 61. 
(2) InE, ibid, S 67 j 

(3) IpEu, tbia., SS 202-207. 

(4) Monnaies mérovingiennes. 

Chap: 4. 

(6) HALDoRSENS, Lexicon islandico-latino-danicum. 


350 QUESTIONS 





formes anciennes Nam-eka en 1149 (1) et Nam-ecca en 
1228 (2). 

Le radical de ce nom est le même que celui de 
Namur. 

C’est au moyen du suffixe aho ou du suffixe ahja qu'est 
formé Tournai. Ce nom se trouve sous la forme T'horn-aco 
dans Grégoire de Tours (3), et sous celle de Thornoa 
dans Frédégaire (4). Il a pour radical /horn-, terme qui 
signifie proprement épine, et, par métaphore, montagne. 
C’est dans cette dernière acception que ce mot est 
pris dans la glose malbergique ‘hornechales (5), que 
l'on doit traduire par chose cachée (chales, rac. indo- 
europ. kal, v. haut all. häl, hâle, caché) dans un tertre 
({horne), c'est-à-dire dans un tombeau; il s’agit, dans le 
texte où figure cette glose, de la violation des sépultures. 
C'est de fhorn- encore qu'il faut faire dériver les mots 
wallons ferne, tierne, tiène et fiér, montagne. 

Le suffixe ahja est apparemment celui qui entre dans 
la composition du nom de Cximar. Les formes latinisées 
Cim-acum de *1190 (6) et Cym-acum de *1195 (7) indiquent 
une intermédiaire Cîm-ac. Ce nom, dans lequel le c initial 
avait primitivement la valeur d’une sifflante, comme le 
prouve la forme Simai de 1065 (8), a pour radical sÿw-, 
terme qui correspond au vieux-saxon s#n0, lien, et qui 
signifie, par métaphore, jonc. Il s’est conservé avec cette 
dernière signification en moyen bas-allemand, sous les 
formes sém, seem et seym (9). 


Ce qui précède, faisons-le remarquer en passant, 


prouve que M. SERRURE nous a fait à tort le reproche 
de méconnaitre le rôle des suffixes dans la toponymie 
(p. 228). Nous aurons plus loin l’occasion de faire voir 


(1) Amplissima collectio, t. II, col. 362. 

(2) BARBIER. Histoire du monastère de Géronsart, p. 229. 

(3) Historia Francorum, édit. des Monumenta Germaniae historica, in-4°, liv. 
IVStchap:57r. 

(4) Liv. III, chap. 7r. 

(5) Lex Salica, édit. Behrend, chap. LV,S 1, nov. 1. 

(6) Chartrier des comtes de Namur, aux Archives du Royaume, ch. n° 12. 

(7) Duvivier, Le Hainaut ancien, p. 664. 

(8) IDEM, ibid, Pp. 406. 

(9) SCHILLER UND LUEBBEX, Mittelniederdeutsches Woerterbuch, t. IV, p. 186. 





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DE TOPONYMIE 355 





que nous en admettons encore d’autres que ceux dont il 
vient d’être question. 


La tendance à voir partout des composés au moyen du 
suffixe gallo-romain acus, est encore la cause d’une autre 
méprise : elle fait prendre pour ce suffixe des groupes de 
lettres désinentielles qui font partie intégrante d'un élé- 
ment d’une autre nature. 

Ainsi dans Sfabula(chus et Gembla(cus, où Gembla(c)os, 
il n’y a pas de suffixe acus, mais un élément /a/chus, qui se 
retrouve, sous une forme également réduite par la chute 
de la gutturale, dans des noms de lieux de la Toxandrie 
cités dans des diplômes de l’abbaye d’Echternach du 
huitième siècle, et notamment dans Levet-laus (1), Haes- 
laos (2) et Bac-laos (3). 

Oue Siabulaus et Gemblaus ne sont pas des latinisations, 
mais des formes appartenant à la langue vulgaire, cela 
résulte de leur invariabilité dans les diplômes. Dans un 
document de 825, on trouve : ad monasterium Stabulaus 
et 22 monasterio Stabulaus (4); et dans un autre, de 842 : 
abbati et congregahionibus ejus Stabulaus et Malmundari (5). 
Il y a, d'autre part, dans un diplôme de 946 (6) trois fois 
Gemblaus avec la préposition 27, tandis que le nom de 
Wahpertus, qui est latinisé, y figure presque à tous les 
cas, avec la désinence propre à chacun d’eux. 

Nous considérons cet élément Za{c}us comme un mot 
germanique, identique au vieux-saxon lagu, et à l’anglo- 
saxon /ago, dont le sens est celui de bas-fonds, lieu 
humide. Les nominatifs de ces mots doivent avoir été 
primitivement /agus ou lagos; leur correspondant nor- 


(r) BréQuIGNY et ParDESSsUuSs, Diplomata, t. IT, p. 291. 

(2) Ines, 1bidem, p. 289. 

(3) Publications de la Société pour la recherche et la conservation des monuments 
historiques dans le Grand-Duché de Luxembourg, t. NONRIMIDEES 

(4) Rirz, Urkundenbuch, p. 8. 

(5) IpEM, ibidem, p. 10. 

(6) PerTz, Monumenta Germanie historica, Scriptores, t. VIIT, p. 526. 


a 


29 


354 QUESTIONS 





dique lügr (gén. lagas), dont le 7 final procède régulière- 
ment d’un s ancien, en fournit la preuve. 


Après avoir constaté la trace d’un élément tudesque 
dans les contrées romanes, GRANDGAGNAGE se demande 
quel est cet élément, et 1l émet avec raison l'opinion que 
c'est la race franke (1). 

Cette race a été introduite dans ces contrées par les 
repeuplements qui sy sont faits sous la domination 
romaine. [L'Empire colonisa des Franks, au troisième 
siècle, dans les terres incultes du Hainaut, de la Picardie, 
du Beauvoisis, de la Champagne et du Bassigny (2). 

La Nofhha digmtatum, qui donne à ces Germains im- 
migrés le nom de /æf (3), en indique encore d’autres 
établissements, notamment dans la cité de Tongres, dans 
le Chartrain, dans la Normandie, dans la Bretagne et 
dans l’Auvergne (4). 

Ces populations, à peine fixées dans leurs nouvelles 
résidences, se sont trouvées dans la nécessité de désigner 
par des noms les divers endroits des contrées désertes (5) 
qu’elles étaient venues occuper, et se sont naturellement 
servies, pour les former, de mots tirés de l’idiome qu’elles 
parlaient. Cet idiome, insensiblement remplacé par la 
langue en usage chez les Gallo-Romains, a fini par se 
perdre, tandis que les dénominations locales auxquelles 
il donna naissance, se sont conservées, à part les trans- 
formations phonétiques qu’elles ont subies par la suite. 


(1) Annales de la Société Archéologique de Namur, t. NII, p. 109. 

(2) Sicut tuo, Maximiane Auguste, nutu Nerviorum et Trevirorum arva 
jacentia.… acceptus in leges Francus excoluit, ita nunc per victorias tuas, 
Constanti Cæsar invicte, quidquid infrequéns A mbiano et Bellavaco, Tricassino 
solo Lirgoricoque restabat, barbaro cultore revirescit. EUMÈNE, Panegyricus 
Constantio Cesari, chap. 2r. 

(3) Partes Occidentis, chap. XL, $ IV. 

(4) Tbidem, ibidem. 

(5) Quid loquar rursus intimas Franciæ nationes... a propriis ex origine 
suis sedibus... avulsas, ut x desertis Gallie regionibus collocatae, et pacem Ro- 
mani imperii cultu juvarent, et arma dilectu ? EUMÈKE, Panegvricus Constan- 
tino Augusto, Chap. 6. 





DE TOPONYMIE 359 








Ainsi s'explique la présence de noms de lieux d'origine 
germanique dans les contrées romanes. 


Ÿ 2. — Examen de quelques interprétations 
de noms de lieux 


« Pour faire œuvre méritoire et durable sur le terrain 
» toponymique, dit M. SERRURE, il importe de bien con- 
» naître l'orthographe d'un nom de lieu dans les sources 
» anciennes (P. 220) ». 

On ne saurait formuler un principe plus sage (1), 
malheureusement, ni M. SERRURE, ni l’école dont il est 
l'adepte, ne s’en souviennent quand il faut le mettre en 
pratique. Entièrement convaincus que l'origine de tout 
nom de lieu de la Gaule doit être gallo-romaine, ils se 
contentent d’une similitude plus ou moins grande entre 
le nom à expliquer et un nom de personne, ou un mot 
latin, pour affirmer que l’un procède de l'autre, sans exa- 
miner s1 les formes anciennes justifient leur explication. 





%* 
K. 1% 


No allons reproduire quelques-unes des étymologies 
citées par M. Serrure dans son article; les observations 
dont nous les ferons suivre, feront voir combien un pareil 
“système est peu sérieux. 


(1) Voici une des curieuses méprises auxquelles a donné lieu l'igno- 
rance des vieilles formes : On a répété à l’envi que les Béthases ont occupé 
la partie de la Hesbaye comprise entre Tirlemont et Waremme, parce qu'il 
existe dans cette contrée deux villages du nom de BErz : GEets-Berz et 
Wazs-BErz. Jamais pareille assertion n'aurait été avancée, si l'on avait 
considéré que ces deux localités s’appelaient autrefois Beche (Voy. GRaND- 
GAGNAGE, Vocabulaire des anciens noms de lieux de la Belgigue orientale, pp. 85 et 
86). Ces noms ne sont autre chose que le mot thiois beche où beek, dans 
lequel ch ou kX est devenu #. Cette transformation, dont il existe des 
exemples dans le frison, qui dit {zake pour kake, tzerke pour kerke et fzise pour 
kise, est très commune dans tout le pays thiois situé entre Aerschot et 
1 Maestricht : Rotselaer s'appelait anciennement Rochelar ; Neer-Butzel, 

* Buchel: Wetsingen, dépendance aujourd'hui disparue de Neerheylissem, 
Wachenges ; Ketzingen, près de Genoels-Elderen, Kachingen ; Betsingen, 
en roman Bassenge, Bacenges et Bachenges. 


3306 QUESTIONS 





AMOUGIES proviendrait du nom de personne Amucus 
(p.229). ne | 

Dans les comptes du bailli d’'Alost ce nom est orthogra- 
phié Amelgiis, en 1394 (1), et dans le pouillé du diocèse 
de Cambrai, du quatorzième siècle, publié par LE GLay 
dans le Cameracum Christianum, 11 revêt la forme Amolgus. 
La diphtongue ou provient donc de el. 

Il n'existe, d'autre part, aucun exemple d’un c latin de- 
vant 7, qui soit devenu £ en roman. 

L’explication par Amucus doit donc être rejetée. 

GrmBLoux dériverait de Gemellius (p. 229). 

On a vu plus haut comment ce nom doit s'expliquer. 
Nous nous bornerons à ajouter que le premier élément de 
ce nom, qui est gem, se retrouve sous sa forme primitive 
dans Gem-appes et dans Geme-reth, et avec changement 
de g en 7, dans Jambes, anciennement Yam-neda (2), dans 
Jem-eppe et dans Jam(b)-linne. La mutation du g germa- 
nique initial en 7 roman est de règle : à Gelmen corres- 
pond Jamine, à Geldenaken, Jodoigne. 

LESsiNES serait formé du nom de personne Licimus 
(p. 229). 

Cette localité s'appelle, dans un document de 946, Laet- 
zums (3), et dans un autre de 1065, Laefsines (4). Son nom 
est composé de deux éléments, dont le premier se trouve 
dans Laiet- beka, en *1003 (5), aujourd’hui Lebbeke, et le 
second dans Mel- cines (6), dans Gole- sines (7) et ailleurs. 

Rumpsr devrait s'interprêter par Romanorum statio 
(p23%) 

Il n’est pas admissible que Rum soit la réduction des 
quatre syllabes de Romanorum. : 

La plus ancienne forme connue de ce nom est Awmesta, 


(1) Chambre des comptes, reg. n° 13546, aux Archives du Royaume. 

(2) GRANDGAGNAGE, Vocabulaire des anciens noms de lieux de la Belgique ovien- 
tale, P. ‘147. 

(3) IDE, ibid., p. 148. 

(4) Düvivier, Le Hainaut ancien, p. 407. 

(5) SERRURE, Cartulaire de Saint-Bavon, p. 14. 

(6) DE Porrer en BROECKAERT, Geschiedenis van de gemeenten der frovincie 
Oost-V laanderen, 1'° série, t. IV, notice sur Melsen, p. r. 

(7) BARBIER, Histoire du monastère de Géronsart, p. 260. 





DE TOPONYMIE 357 





en 1150 (1). Il est composé d’un élément rm qui se trouve 
dans Rum-beke, dans Rums-dorp, dans Rum-men, dans 
Rom-sée, et d’un suffixe germanique ost dont l'existence 
se démontre par le mot dienst, vieux saxon {hion-ost ; le ra- 
dical de ce mot est bien dien-(fhon-), qui a servi à for- 
mer le verbe dien-en, vieux saxon /hion-on. 

Au moyen de ce même suffixe ont été formés les noms 
d’Alost et de Riempst, qui ont respectivement pour for- 
mes anciennes A/-ost, en *1096 (1), et Rim-ost, au quator- 
zième siècle (2). Remarquons que le nom d’Aelst près de 
Saint- I rond, qui est aussi A-osf en 1:07 (3), s'écrit Alesta 
dans la chronique de Saint-Trond (4); c’est un argument 
à faire valoir en faveur de la dérivation de Rumesta d'une 
forme plus ancienne Rumost. 

THiELT ne serait autre chose que le latin #/etum (p. 





É 237). 

2: Ce nom s'écrivait au neuvième siècle Trolofh (5) et doit 
mu se décomposer de la manière suivante : T{h)rol-oth. 

ee . On retrouve l'élément fol dans Thiel-en, dans Thil- 
É donck, dans Thiel-rode, dans Tinlot, anciennement 
ë Til-nou (6), et dans Thil-aire (dépendance d'Hastière). 
+ La désinence ofh, est un suffixe (7) qui s'aperçoit dans 


‘ Ros-uth en 1098 (8), dans Els-uth en 977 (9), dans Farn- 
| oth vers 830 (10) et dans Hasn-oth en 837 (11). Ces for- 
‘4 mes anciennes sont celles des noms de Roost (en roman 
D Rosoux), Elst, Vaerent et Assent. 


(8) Mirævs, Opera diplomatica, t. IV, p. 20. 

É (1) Chartrier de l'abbaye d'Afighem, aux Archives du Royaume. 
(2) GRANDGAGNAGE, Vocabulaire, cité, p. 174. , 

(3) Pror, Cartulaire de Saiut-T rond, t. T, p. 30. 


& (4) GRANDGAGNAGE, Mémoire sur les anciens noms de lieux de la Belgique ovien- 
| tale, p. 83. 

# (5) Van LokerEx, Chartes et documents de l’abbaye de Saint-Pierre au Mont- 
à Blandin, t. I, p. 11. 


(6) GRANDGAGNAGE, Vocabulaire, cité, p. 68. 
(7) Voy. KzucE, Nominale Slarimbildungslehre, S 134. | 
(8) Analectes pour servir à l'histoire ecclésiastique de Belgique, t. TPE D 287: 


ni (9) Vax LokerEN, Chartes et documents, etc., cité, t. I, p. 48. 
à (ro) IDEM, tbid., p. 17. OS 
r à (11) Pror, Cartulaire de Saint-Trond, t. 1, p. 5. — Chronique de Saint-T rond, 


édit. de M. le chevalier de Borman, t. IT, p. 113. 





358 QUESTIONS 








Les éléments que l’on voit unis, dans ces divers com- 
posés, tant à tol qu'au suffixe oth, et notamment donck, 
éminence au sein d'un marais, rode, défrichement, rôs 
(goth. raus), roseau, els (neerl. els), aune, et farn (neerl. 
varen), fougère, sont tous incontestablement germaniques. 
IL est dès lors rationnel d'attribuer à Thielt plutôt une 
origine germanique que gallo-romaine. 

Hecuer dériverait d'umetum et désignerait un lieu 
planté d’aunes (p. 231). 

C'est d’ormes qu'il eût fallu dire, car wmetum vient 
d’ulmus et non d'alnus. 

Nous reconnaissons que le sens de ce nom peut être 
celui de lieu planté d’ormes, mais nous repoussons néan-° 
moins l’étymologie proposée. Ce nom est un composé 
d’elm (v. haut all. #1», anglo-saxon el) qui signifie orme, 
et de et, forme affaiblie du suffixe ofh, dont il vient d’être 
question à propos de Thielt. 

On trouve encore d’autres noms de lieux d’origine 
germanique, formés au moyen de noms d'arbres et du 
suffixe ofh; notamment Bockt (dépendance de Perck), 
anciennement Bok-cth (1), Berquit, nom d’une forêt située 
entre Dion-le-Val et Grez, appelée autrefois Beerk-ut (2), 
Assels, dépendance d’Afsné, désigné sous le nom de 
Hasl-od dans un diplôme de ‘966 G). Les radicaux de ces 
noms sont bok-, hêtre, beerk-, bouleau, et Las(a)l-, coudrier. 

Roororsr serait le latin roboretum (p:7232): 

Cet endroit porte, tant dans le pouillé de Cambrai, cité 
plus haut à propos d'Amougies, que dans les chartes de 
Saint-Pierre au Mont-Blandin et dans les comptes des 
baillis d’Alost, le nom de Bost. « Bost vulgo Roobost » dit 
van GEsTEL. Le préfixe Roo n’a été ajouté qu'à une époque 
relativement récente, pour éviter la confusion avec un 
autre endroit du même nom, situé également dans l’an- 
cien baillage d’Alost. : 

L'interprétation par roboretum est donc insoutenable. 


(1) Cartulaire de l’abbaye de Saint-Michel d° A nvers, aux Archives du Royaume, 
fol. 69. 

(2) Cour féodale de Brabant, Stootbock, aux Archives du Royaume, fol. 65 v°. 

(3) Analectes, etc, cité, t. XXIV, p. 178. 








DE TOPONYMIE 359 





HaAREN et H&uRENT viendraient tous deux d’arenctum 
(be92). 

Cette explication n'est pas seulement une pure conjec- 
ture, mais elle suppose un mot latin qui n'existe pas, et 
dont l'existence n’est même pas possible. Le suffixe latin 
etum ne se joint qu'à des noms d'êtres ayant le caractère 
de lindividualité, et sert à former des mots désignant des 
réunions de ces êtres, tels que alnetum, ulmetum. On 
conçoit une réunion d’aunes ou d’ormes, mais non de 
sables. 

La forme la plus ancienne que l’on trouve pour Ha- 
ren, est HJaren, au onzième siècle (1). Ce nom paraît être 
formé du radical hari-, har-, que l’on remarque dans 
Herstal, Hari-stallio en 779 (2), dans Hermalle, Hari-mala 
en 779.3), dans Herlaer, Har-laer en 1326 (4), et dans 
Herbais, Here-bach au douzième siècle (5). Le suffixe qui 
y est Joint, est 770 ou Jon. 

Il est possible aussi que ce nom soit formé au moyen du 
radical haru-, dont il va être question; le groupe 7# placé 
entre deux voyelles se réduit souvent à un simple r. 

Pour Herent, on trouve Æcrenth en “1140 (6) et Harent 
en *1180 (7). La première de ces formes indique une plus 
ancienne Harn-oth, contemporaine des types /Zasn-ofh et 
Farn-oth, cités plus haut à propos de Thielt. Le radical 
de ce nom, harn-, n’est autre chose que le nom du charme, 
appelé dans certains dialectes thiois heren-feer où haren- 
leer, et en anglais horn-beam. 





(x) Waurers, Histoire des environs de Bruxelles, t. VIT, p.74, n. 1. 

(2) LacomgLerT, Urkundenbuch, t. X, p. 2. 

(3) Ipeu, tbidem, p. 1. 

(4) Chartrier de l’abbaye d'Hevlissem, aux Archives du Royaume, ch: n° 393. 

(5) Chronique de l'abbaye de Saint-Trond, édit. cit., t. Ip: r54 

(6) Chartrier de l'abbaye d’Afilighem, cité. 

(7) Duvivier, Le Hainaut ancien, P. 623. Cet auteur a pris erronément le # 
final pour un c:; cette confusion se produit fréquemment, à cause de la 
grande ressemblance de ces deux lettres dans l'écriture du moyen-àge. 


360 QUESTIONS 








$ 3. — Critique de l’explication du nom de Malines 
par « magalia » 


Pour qu'un mot puisse avoir donné naissance au nom 
d'une localité, 1l faut nécessairement que ce mot ait été 
un jour employé dans la langue vulgaire du pays où la 
localité est située. Convaincu de cette vérité, M. SER- 
RURE essaie de prouver que le terme magalia, originaire 
d'Afrique, a été en usage dans la langue des Gallo-Ro- 
mains. À cette fin il cite d'abord (p. 232) un passage 
d'une vie de saint Cassien d'Alexandrie, en disant : « ce 
n’est pas seulement à Carthage qu'on applique le mot 
de magalia. Le voici employé à propos d'Autun. 


Ut vero sacris tetigit magalia plantis, 
Ardua Francigenum, quæ dicitur urbs Eduorum. » 


I] fait ensuite remarquer que ce mot se trouve encore 
avec le même sens dans un passage de la vie de sainte 
Ide, morte à Herzfeld au commencement du neuvième 
siècle. 

M. SERRURE se trompe absolument sur la valeur des 
preuves qu'il allègue. 

Le texte de la vie de saint Cassien démontre une seule 
chose, c'est que l’auteur de cette vie a suivi l'exemple de 
Grégoire de Tours et d’autres écrivains du haut moyen- 
age, qui ne se faisaient pas de scrupule d'emprunter des 
expressions et même des morceaux de phrases entiers 
aux œuvres littéraires de l'antiquité classique. On lit, en 
effet, dans Virgile (1), au quatrième livre de l'Enéide;le 
vers suivant : 

Ut primum alatis tetigit magalia plantis (v. 259). 


Ce vers est bien le premier des deux cités par M. SEr- 
RURE, à part certaines modifications que les circonstances 
du sujet rendaient indispensables. 


(1) Ce poète est l’auteur dont les œuvres semblent avoir été mises le plus 
à contribution pour ces emprunts. M. Kurrx a publié, à la p. 586 du t. 
XXIV de la Revue des questions historiques, un intéressant article dans lequel 
il donne une vingtaine de citations tirées de Grégoire de Tours, qui sont 
autant de reproductions de passages de l’Enéide. 





CR Ans LD LR 








DE TOPONYMIE | 361 





Quant à la vie de sainte Ide, il y a lieu de faire remar- 
quer que cette œuvre, due à la plume d’Uffing, religieux 
bénédictin de l’abbaye de Werden en Westphalie, n’a 
été écrite qu'au dixième siècle. On ne peut sérieusement 
invoquer le fait qu'un moine saxon de cette époque a 
employé un terme latin appartenant à la langue clas- 
sique, comme une preuve que ce terme a fait partie du 
vocabulaire de la langue populaire de la Gaule romaine. 


M. SERRURE s'efforce ensuite (pp. 233 et suivante) d'éta- 
blir la probabilité d'une communauté d’origine entre le 
mot MOPATIBUS, qui figure dans une inscription 
trouvée près de Nimègue, et le terme agalia, que lon 
trouve aussi orthographié mapalia. Il considère ce der- 
nier comme formé d’une racine #ap et d'un suffixe a/ia ; 
cette racine "ap aurait servi à former le mot MOPATI- 
BUS au moyen d’un suffixe afes. 

Huéblrestile but de cette dissertation De prouver 
encore, supposons-nous, bien que nous ne voyions pas 
comment que le mot wagaha a reçu un jour droit de 
cité en Gaule. 

Quoi qu'il en soit, il suffira d'une simple remarque 
pour renverser tout cet échaffaudage élevé à grands frais 
d'imagination. 

Le carthaginois qui se rattache au phénicien, appar- 
tient au rameau des langues sémitiques. Cette famille de 
langues possède un système de racines absolument diffé- 
rent de celui des langues indo-européennes; ses racines, 
que l’on appelle frilitères, sont toutes formées de trois 
consonnes. L'hypothèse d’une racine #”1ap est donc in- 
soutenable. 


* 
EUX 


Examinons maintenant les raisons de phonétique 
invoquées par M. SERRURE pour justifier son expli- 
cation. ce 

La forme Maalinas « présuppose nécessairement, dit-il, 


362 QUESTIONS 








une leçon antérieure Magalinas (p. 222)... La rencontre 
de deux a ne peut s'expliquer que par la chute d’une 
consonne médiane (p. 223). » 

Nous sommes parfaitement d'accord sur le dernier 
point avec M. Serrure. Mais comment peut-il dire que 
Magalinas est « nécessairement » la forme dont procède 
Maalinas? En d’autres termes, quelle raison a-t-il d’affr- 
mer que la lettre disparue entre les deux 4, doit être un 
g, et non une autre consonne? C’est ce que notre contra- 
dicteur a négligé de nous apprendre. 

Pour nous, nous n’hésitons pas un instant à déclarer la 
forme supposée Magalinas inadmissible : elle ne peut se 
concilier avec les formes romanes Waslinas et Mashnes des 
dixième, onzième et douzième siècles. Le s de la syllabe 
Mas, qui représente évidemment la consonne tombée 
entre les deux a de Maalinas(r), ne peut procéder d’un g la- 
tin. Cette consonne à l’état franc, c'est-à-dire entre deux 
voyelles simples, comme c’est le cas dans Magalinas, ne 
peut, en roman, que se vocaliser ou disparaître; sa trans- 
formation en sifflante est impossible (2). 

L'explication par #“agalia ne rendant pas compte de 
toutes les lettres contenues dans les diverses formes dé- 
rivées, n’est pas « philologiquement correcte, » et doit 
par conséquent être repoussée. 


4. — Examen des objections faites contre 
notre explication. 


2° 


M. SERRURE n'admet pas que Machlina puisse être 
un composé de Machi et de ina. S'il en était ainsi, la 
syllable lin, qui renfermerait le sens principal du mot, 
ne pourrait, d'après lui, se réduire, comme cela arrive 
dans certaines formes dérivées, à /n et à / (p. 224). 


(1) On sera peut-être surpris de ce que nous nous exprimons ainsi apres 
les réserves que nous avons faites au sujet de la forme Maalinas dans notre 
premier article. Nous nous expliquerons à cet égard dans une note que 
l’on trouvera à la fin de cet article. 

(2) Voyez ScHELER, Exposé des lois qui régissent la transformation française 
des mots latins, $ 98. 








DE TOPONYMIE 363 





Cet argument n’a aucune valeur, vu qu'il n’est absolu- 
ment pas vrai que dans les mots composés germaniques 
l'accent tonique doive se trouver sur le membre éveillant 
l'idée la plus générale. Ce n'est pas le cas, par exempie, 
dans véder-land, kôning-dom. 

La syllable /#, tout en exprimant l'idée principale, 
peut donc parfaitement être atone dans Mächilina, et s'af- 
faiblir dans les dérivés au point d'y devenir /n et /. Une 
altération de cette nature se produit d'autant plus faci- 
lement dans les noms de lieux, que leur sens primordial 
s'est perdu de vue. 


* 
SEE 


Il nous est fait ensuite un grief d'avoir coupé Machlina 
en deux mots de deux syllabes, au moment où nous 
disions que tel doit être le radical de ce nom d’après 
l'examen des formes anciennes. Nulle part dans les pages 
précédentes, fait observer M. SERRURE, une pareille 
décomposition n’a été justifiée (p. 227). 

Nous en convenons volontiers, mais nous ferons re- 
marquer que la raison que nous avions de scinder ainsi ce 
nom, n’a guère tardé à être produite. On distingue dans 
ce radical, avons-nous ajouté, deux éléments, Mach et 
lina, qui se retrouvent ailleurs associés à d’autres, affir- 
mation qui a été corroborée par des exemples. 


* 
*x * 


Mais M. Serrure conteste la valeur de ces exemples; 
il prétend que les noms où nous croyons reconnaitre ces 
éléments, ne les contiennent pas, et qu'ils doivent s’ex- 
pliquer d’une autre façon. Nous allons reprendre ces 
_ noms et montrer que M. SERRURE a tort. 


* 
*x *X 


Nous avons cité, pour prouver l'existence d’un élément 
Machi-, les noms suivants : 

1° Machera, Mecerin et Mecerces, formes anciennes de 
Metzeren. 


304 QUESTIONS 





Pour expliquer ce nom, M. SERRURE se borne à ren- 
voyer à #agaria, variante de #agalia (p. 238). 

Ce nom que l’on trouve aussi orthographié Mecheren (1), 
est bien certainement un composé de Mach(i)- et du suf- 
fixe germanique arja (2). Ce suffixe a servi à former une 
multitude de noms de lieux, les uns thiois, en eren ou elen 
(primitif arjon), et les autres romans, en sères (primitif 
arjas). Voici quelques-uns de ces noms : Runck-elen, 
autrefois Runck-eren en thios, et Runch-1rs en roman (3); 
Ronqu-ières, anciennement Runk-1rs (4). Ces deux noms 
s'expliquent par le goth. hrugga, virga. Ros-ières, qui 
s'écrivait jadis Ros-erias, Ros-ertis et Ros-tris (5), et dont le 
radical r6s, a, comme nous l'avons dit plus haut, la signi- 
fication de roseau. Wez-eren, dont l'orthographe ancienne 
est Wes-ere, où Wiss-erin qui est une romanisation tardive 
de la forme thioise (6). Ce nom a un radical commun 
avec Wis-hem ou Wes-heym, actuellement Wessem (7), 
avec Wis-male, aujourd’hui Wesemael (8), et avec Wes-ef, 
forme thioise du nom de Visé (9). 

Les nombreux Mazières, Mézières ou Maisières, qui 
peuvent très bien dériver d’une forme primitive Mach- 
arjas, par le changement de ck en s (10), nous paraissent 
ètre des formes romanes correspondant à Metzeren. 

20 Machenrode, forme ancienne de Metzenrode. 

M. SERRURE n’admet pas que ce nom soit formé au 
moyen d’un élément #machen-; il l'explique par magalia, en 
supposant une leçon primitive WMachelnrode (p. 238). 

Le système des suppositions gratuites est très com- : 
mode ; 1l permet à celui qui s’en sert, de tout expliquer 
selon sa manière de voir. Le seul tort de ce système est 
de ne pas être sérieux. 





(1) GRANDGAGNAGE, Vocabulaire, etc, cité. DOS 
(2) KzuGE, Nominale Stammbildunseslehre, SS 8-+2. 
(3) GRANDGAGNAGE, Vocabulaire, etc, cité, p. 177. 
(4) IDEM, 1bid., p. 177. 

(5) IDEM, ibid, p. 176. 

(6) IDEM, tbid., p. 198. 

(7) IDE, ibid., p. 198. 

(8) IbEM, tbid., p. 198. 

(9) IbEM, ibid, p. 71. 

(10) Voyez notre premier article. 





n En: 


DE TOPONYMIE 365 








Nous ferons remarquer que la forme supposée WMacheln- 
rode aurait donné Machelrode, et non Machenrode. Le 
groupe /n se réduit à // ou /, jamais à #. Molnhem devient 
Molhem, et non Monhem; l'anglo-saxon milner devient 
l'anglais aller, et non miner. 

Machenrode indique une forme plus ancienne Machin- 
rode, qui, pour le premier membre, est à comparer à 
Machin-loh, nom de lieu cité dans un diplôme de *918 (x). 
Machn- est un véritable adjectif formé du radical Hach(i)- 
et du suffixe 170 (2). On trouve une foule de noms de 
lieux composés, tant romans que thiois, dans lesquels le 
premier membre possède ce suffixe, et notamment : Hal- 
en-tina, Haltinnes (3), Erm-en-ton, Hermeton (4) Haim-en- 
hinis, Hemptinne (5), Hasp-in-gow, Hespengauw, nom 
thiois de la Hesbaye (6), Hos-en-mont, Hozémont (7), 
Herk-en-rode, Herckenrode (8). 

M. SkRkURE ajoute encore qu’il ne peut admettre dans 
Machenrode l'existence d’un élément #achi avec le sens 
que nous lui attribuons, parce qu'il ne conçoit pas que 
l'idée de défrichement, contenue dans rode, puisse ‘être 
appliquée à des plantes telles que liris, qui croissent 
« le long des rivières et des fossés » (p. 238). 

Si de nos jours on ne voit généralement plus ces 
plantes que dans ces endroits, on peut être sûr qu'il n’en 
a pas toujours été ainsi. 

Ces vastes prairies, par exemple, qui se trouvent dans 
le voisinage des cours d’eau, ont du en être peuplées au- 
trefois, et il a bien fallu que la main de l’homme les en 
arrachât avant de pouvoir tirer quelque utilité du sol. 

À propos des noms de localités allemandes Machmin, 
Machnitz et autres que nous avons cités, M. SERRURE se 


(1) Urkundenbuch der deutschen Künige und Kaiser, dans les Monumerta Ger 
maniae historica, in-4°, t. I, p. 33. 

(2) KzuGE, Nominale Stammbildungslehre, S 198. 

(3) GRANDGAGNAGE, Vocabulaire, etc., cité, p. 31. 

(4) IDEM, ibid, p. 35. 

(5) IDE, ibid., p. 126. 

(6) InEu, ibid., p. 130. 

(7) IDEM, ibid., p. 136. : 

(8) Wozrers, Notice sur l’abbaye de Herchkenrode, passim. 


366 QUESTIONS 





montre à notre égard d’une sévérité dont il oublie d’user 


envers lui-même : il leur dénie toute valeur comme point 
de comparaison, parce que nous n'en donnons pas les 
vieilles formes (p. 238). N'ayant pas les documents où 
elles sont à retrouver, nous ne pouvons les produire. Nous 
y suppléerons en signalant la très ancienne orthographe 
d'un autre nom de lieu allemand, fort intéressante au 
point de vue qui nous occupe : c'est Makkie-sstidi on Mak- 
kye-ssteti, qui figure dans un diplôme de *946 (1). Le radi- 
cal de ce nom reproduit assez parfaitement le thème pri- 
mitif de #achi, qui est, comme nous l'avons dit dans 
notre premier article, mâkja. Quant à la finale ss#di ou 
sstedi, que l'on trouve dans un grand nombre d’autres 
noms, c’est l'allemand sfatt, ayant le sens général de lieu, 
endroit (2). 


* 


x * 


Voici maintenant les noms que nous avons cités pour 
démontrer l'existence d’un élément na : 

1° Wambluus, actuellement Wemmel. 

M. SERRURE considère ce nom comme latinisé par ad- 
jection d’une désinence us (p. 239). C’est à tort, comme 
le prouve la forme Wamblen de ‘1140 (3), qui est bien 
certainement formée au moyen d’un élément leu. 

2° Pellims et Pellines, formes anciennes de Pellaines. 

M. SErRURE fait dériver ce nom d'Appollinum ou Appo- 
lanum, par aphèrèse de l’a initial (p. 239). 

À cette supposition, absolument gratuite, nous sommes 
en droit d'en opposer une autre. I] n'est pas impossible 
que Pellines procède d’une forme plus ancienne Pen-linas ; 
on trouvera un peu plus loin, à propos de Welden, un 
exemple du changement de nl en il, qui est d'ailleurs fré- 
quent. 

Ce nom contiendrait ainsi un élément pen- que l’on 





(1) Urkunden der deutschen Kônige und Kaiser, cité, t. 1, p. 154. 


(2) Voyez pour ce mot KLuGr, Etymologisches Woerterbuch der deutschen 
Sprache, v° statt, 


(3) Chartrier de l'abbaye d°A flighem, cité. 





DE TOPONYMIE 367 





trouve dans Penne-poel et dans Penne-beke, nom primitif 
de l'endroit où fut érigée l’abbaye de la Cambre (r). 

Faisons cependant remarquer que la mention d’un 
Wallelmus de Peleka, dans un document de *1237 (2), dé- 
montre l'existence d’un élément pel-. 


3° Herchelime, aujourd’hui Erquelinnes. 

Ce nom, qui pour M. SERRURE est dérivé d'Herculinum, 
doit, d’après nous, se décomposer ainsi : Herch-e(—in?)- 
line. 

Le radical herch-, qui est à rapprocher du latin carex 
(thème caric-) et du lithuanien karklas, saule, se rencon- 
tre fréquemment. 

Voici quelques noms anciens, que nous faisons suivre 
de leur forme actuelle, dans lesquels il entre en compo- 
sition avec d’autres éléments que /ira : 

IHerk-a (pour Herk-aha), (3) la Herck, rivière, Herk-en-tel, 
Argenteau (4), /{erk-en-rode, (5), Herk-ena, Archennes-sur- 
Dyle (6), Æerch-ancih, Erquenne (7), et Yerc-liacum, (8), 
qui est le nom d’Herly, localité du Laonnais (9), et non 
d'Erquelinnes, comme l'ont dit erronément M. SERRURE 
et d’autres. 


4° Jamblinne. Pour ce nom, que M. SERRURE expli- 
que au moyen du nom d'une divinité gauloise, nous ren- 
voyons à ce que nous avons dit plus haut à propos de 
Gembloux. 

Les noms allemands tels que Berlin, Koeslin et autres, 
M.SrrruRrE les met hors du débat, parce qu'il les regarde 
comme d’origine slave. Au lieu de nous attacher à réfuter 
cette objection, ce qui nôus mènerait trop loin, nous cite- 


(x) Chartrier de l’abbaye de la Cambre, aux Archives du Royaume, ch. de 
1202 et de 1217. 

(2) Ibidem. 

(3) GRANDGAGNAGE, Vocabulaire, etc, cité, p. 128. 

(4) IDEM, tbid., p. 5. 

(5) Wozrers, Notice sur l’abbaye de Herkenrode, passim. 

(6) TarLier et Waurers, La Belgique ancienne et moderne, canton de Wavre, 
P. 158. 

(7) Duvivier, Le Haïnaut ancien, p. 495. 

(8) GRANDGAGNAGE, Vocabulaire, etc., cité, p. 132. 

(9) Voy. Duvivier, Le Hainaut ancien, p. 315. 


368 QUESTIONS 





rons quelques nouveaux noms de lieux belges, prouvant 
l'existence de l'élément la. Ce sont Welden, Wichelen 
et Verlaine. 

Welden a pour formes anciennes Wen-lines en 1110, 
1115 et 1148 (1), Wen-lin vers 1130 (2), et Wew-hinc'en 
1197 (3). Ce nom devient, par changement de #/ en /}, 
Wel-lines en 1181, et ne s’orthographie plus autrement 
jusques vers le milieu de la seconde moitié du treizième 
siècle (4). Le changement de // en /d produit alors la 
forme Weldines, qui apparait pour la première fois en 
“1278 R (5); de là procède la forme actuelle. 

Ce nom contient incontestablement deux éléments : 
Wen- qui se trouve dans Win-ethe, aujourd’hui Winden 
(Neer- et Over-) (6), et lines. 

Quand à Wichelen, 1l s'orthographiait anciennement 
Waisch-linne en *1306 KR (7), Wich-line, et Wych-line en 
“1393 KR (8). 

Là encore se reconnaissent distinctement deux élé- 
ments : Wich- et line. Le premier, qui sert de radical 
dans le moyen bas allemand wichel, saule (9), et dans 
l'anglais wicker, osier, doit avoir la signification de l’un 
de ces deux mots. Il entre dans la composition de WzgH- 
male, Wih-male où Wich-male (r0), anciennes formes des 
noms de Wygmael, dépendance de Herent, et de Wych- 
mael dans la Campine limbourgeoise. 

Enfin, pour le nom de Verlaine, on trouve Ver-lines en 
OI1 (11), Wer-leines en *1184, et Ver-lenes en 1305 (12); le 


(x) Prior, Cartulaire d'Eename, pp. 13, 17 et 38. 

(2) IDEM, tbid., p. 26. 

(3) IDEu, tbid., p. 85. 

(4) IDEM, ibid, pp. 56, 109, 214 et 231. - 

(5) IDE, ibid, p. 293. 

(6) SERRURE, Cartulaire de Saint-Bavon, DAX 

(7) Chambre des Comptes, aux Archives du Royaume, compte en rouleau 
n° 1058. 

(8) Tbidem, reg. n° 13546. 

(9) ScHiILLER UND LUEBBEN, Miftelniederdeutsches Woerterbuch, t. Vrp.703, 

(ro) Chartrier de l'abbaye de Parc-les-Dames, aux Archives du Royaume. — 
Bargier, Histoire de l’abbaye de Floreffe, t. II, p. 119. Le texte imprimé porte 
Wihinale. C’est une erreur résultant de ce que l’on a pris » pour fn. 

(11) GRANDGAGNAGE, Mémoire, etc. Cité, p. 29: 

(12) IDEM, Vocabulaire, etc, cité, D: Tor 





DE TOPONYMIE 369 





second élément est bien lines, car on retrouve le premier 
ailleurs, et notamment dans Ver-lée. 


x 
* * 


Quant à l'interprétation des éléments qui, d’après 
nous, entrent dans la composition du nom de Malines, 
M. SERRURE juge inutile de s’en occuper, puisqu'il n’ad- 
met pas l'existence de ces éléments. Il ajoute toutefois 
que cette explication lui paraît trop savante, parce que 
pour la justifier «on a besoin d'un dictionnaire poly- 
glotte, et qu'on ne sait pas prouver lexistence réelle, 
dans une langue jadis parlée à Malines, des mots qui 
doivent servir à l'interprétation » (p. 227). 

Notre manière de voir en ce qui concerne l'explication 
du sens des noms de lieux diffère absolument de celle de 
M. Serrure. Nous n’admettons pas qu'il ne faille accep- 
ter pour les interprêter que des mots reconnus comme 
ayant appartenu à lidiome parlé jadis dans la contrée 
où ces lieux sont si:ués. Avec un pareil système il faut 
renoncer à jamais découvrir le sens d’une foule de déno- 
minations toponymiques, car beaucoup sont formées de 
mots que les monuments littéraires de cet idiome ne 
nous ont pas conservés, et dont l'usage s’est perdu de- 
puis longtemps. 

La présence d’un élément dans un nom de lieu est au 
contraire la preuve qu’il a fait un jour partie de la langue 
de la contrée à laquelle ce nom appartient, et c’est à 
déterminer sa signification que consiste le problème. 

La solution de ce problème s'obtient par des rappro- 
chements que l’on étend, au besoin, en tenant compte, 
bien entendu, des lois de la phonétique, à toutes les 
langues indo-européennes, et même à leurs racines com- 
munes. Ces rapprochements sont à même de faire dé- 
couvrir la signification d’un mot, parce que, perdu dans 
une branche de cette famille de langues, 1l s’est d’or- 
dinaire conservé avec un sens plus ou moins analogue 
dans une ou plusieurs autres branches. 

Ainsi le goth. hawms, vieil haut allemand Aemm, se re- 
trouve avec la même signification en lithuanien, sous la 
forme Æaimas. Si le mot heim, qui déjà en vieil haut 

24 


370 QUESTIONS 





allemand ne s'emploie plus que dans des locutions ad- 
verbiales, s'était totalement perdu dans les langues ger- 
maniques, le lithuanien aurait permis de déterminer le 
sens qu’il a dans les noms de lieux. 

C'est par ce procédé que nous sommes parvenus à con- 
naître la signification de l'élément skender, qui se trouve 
dans Skendre-male, Xhendremael, dans Skendre-lach, Xhen- 
delesse, et dans Schendel-beke. Nous avons vainement 
cherché dans les glossaires des langues germaniques un 
mot qui lui ressemble de loin ou de près, mais nous 
l'avons retrouvé en lithuanien, sous la forme szvendrai, 
avec la signification de roseau, signification qui convient 
parfaitement. 

Ce serait toutefois une grave erreur de se contenter 
d'une simple ressemblance entre un mot et l'élément à 
expliquer, pour attribuer à celui-ci la signification de 
ce mot. 

Il faut encore voir si cette signification s'accorde avec 
celle des divers autres éléments auxquels l'élément en 
question se trouve associé dans d’autres noms. 

S1 cet accord existe, on peut considérer l'interprétation 
comme exacte. 

Tel est le système, fort rationnel d’ailleurs, semble-t- 
il, que nous avons appliqué à l'interprétation du nom de 
Malines. 


$ 6. — Conclusion 


Nous avons démontré dans ce qui précède que l’expli- 
cation du nom de Malines, donnée par M. SERRURE, ne 
rend pas compte de toutes les lettres contenues dans les 
diverses formes, et que par conséquent elle est à rejeter 
en vertu du premier des principes formulés par M. Ser- 
RURE lui-même. 

Notre manière de voir est, croyons-nous, suffisam- 
ment justifiée pour se trouver à l'abri d’un semblable 
reproche. 

En ce qui concerne le point de savoir laquelle des deux 
explications est « logiquement, physiquement et histori- 
quement possible », il n’est pas nécessaire de discuter 





DE TOPONYMIE Sy 





celle de M. SERRURE, puisqu'elle ne satisfait pas à la 
première condition qui est indispensable. 

Il suffira d’autre part, nous semble-t-il, que le lecteur 
relise la fin de notre premier article, pour se convaincre 
que notre explication remplit parfaitement cette deu- 
xième condition. 

Nous croyons donc être en droit de demander la pré- 
férence pour la solution que nous avons proposée, en 
attendant une meilleure. Si l’on peut en trouver une, 
nous serons le premier à l’accepter, car notre seul désir 
est de découvrir la vérité. 


Edg. DE MARNEFFE. 


372 QUESTIONS 





NOTES COMPLÉMENTAIRES 


La forme « Maalinas » 


Au commencement de notre premier article, nous avons 
dit, en note, qu'il n'existait plus aucun manuscrit des 
Annales d'Hincmar, et qu'il était par conséquent impos- 
sible de savoir si la forme WMaalinas remontait au 
neuvième siècle. Nous nous sommes exprimé ainsi sur la 
foi de PERTZ, qui dit dans la préface de son édition des 
Annales : « Quum et codicibus manuscriptis careamus, 
maiore cum sollicitudine ad editiones anteriores re- 
CLEO) 

Nous faisions erreur, il existe, à la Bibliothèque de la 
ville de Saint-Omer, un manuscrit de ces Annales, qui, 
d’après le catalogue de MicHELANT, date du onzième 
siècle. 

M. DE LAUWEREYNS DE RoSENDAEL, conservateur de 
cette bibliothèque, a bien voulu, à notre demande, véri- 
fier comment le nom de Malines s’y trouve écrit, et s’est 
empressé, avec la meilleure grâce, de nous faire savoir 
que là aussi se trouve Maalinas. 

L'unanimité de ce manuscrit et des textes imprimés 
qui semblent ne pas en procéder, à employer cette forme, 
cest une raison de croire qu’elle est bien celle dont s’est 
servi Hincmar. 

On nous demandera sans doute comment Maalinas 


peut se concilier avec les autres formes. La chose n’est 
pas difficile. 


(1) Monumenta Geymaniae historica, Scriptoves, t. I, D'A421- 





DE TOPONYMIE 573 





Comme l’a très bien dit M. SERRURE, il y a entre les 
deux a une consonne qui a été sacrifiée. Cette consonne, 
qui est représentée dans les formes dérivées germaniques 
par un ch et dans les romanes par uns, ne peut être qu’un 
h. Mahalinas est donc le type d'où procède Maalinas. 

De Maha- à mâkja qui est, ainsi que nous l'avons dit, le 
thème de #acln, il n’y a pas loin. 


La désinence « as » dans les anciennes formes 
de noms de lieux 


L'opinion émise dans notre premier article que les ter- 
minaisons as, a et on dans les noms de lieux sont des 
désinences casuelles germaniquess, se trouve corroborée 
par les faits suivants. 

Deux diplômes latins originaux, émanant de rois 
d'Angleterre, l’un de 790 et l’autre de 960, bien antérieurs 
par conséquent à l’époque où linfluence normande s’est 
fait sentir dans ce pays, portent respectivement //ashingas 
et Hastengas avec la préposition #4 (1). 

On trouve, d'autre part, dans la Chronique anglo- 
saxOnne : 


1° œt Haæstinga (2). Dans ce texte, qui doit se traduire : 
au port de Hastings, Hæstinga est nécessairement un 
génitif. 


2° œ@t Hastingan et to Haæstingan (3). Ce sont deux da- 
tifs (4), car les prépositions æf et fo régissent ce cas en 
anglo-saxon. 


(x) TarDir, Monuments historiques, Cartons des rois, pp. 68 et 146. 

(2) The Anglo-Saxon chronicle, publié par Thorpe, Londres 1861, t. I, p. 338. 

(3) Ibidem, pp. 337 et 339. 

(4) La désinence ax est un affaiblissement de ox, qui mi-même procède 
d'un primitif mn, 


374 QUESTIONS DE TOTONYMIE 





Enfin, dans la chronique de Robert de Glocester (1), 
écrite au treizième siècle, on lit : 


to Hastinges was icome (v. 7398) 


On voit donc qu’en vieil anglais, où les divers cas de 
l’anglo-saxon n'existent plus, a prévalu la forme Hastingas 
(es) dont procède directement l'actuelle, Hastings. Il faut 
en attribuer la cause à l'influence normande, car c’est 
aux formes ayant cette désinence que les dialectes ro- 
mans accordent toujours la préférence. 





———_—_—_—_—_—_— 


(5) The Chronicle of Robert of Gloucester, publié par Wright, Londres 1887. 





Xsk Se sh de Se sk se sh Se SR sh se de sh Se Se sh 











PUS YP WT WP YP WP WP UP A AP WP WP WP WP UP US UT WP A TR 











ENCORE UNMOT A PROPOS 


DE 


Peerken uit ‘t Boekweitstroo 


axgaxs le tome III de ce Bulletin, M. le docteur 
Van DooRrSLAER a cru devoir insérer, sous le 
titre : À propos de Peerken mnt t Bochkwertstroo, 
( une critique de ma notice intitulée : Wavwre- 
Notre-Dame. — Peerken uit ‘t Bockweïtstroo, célèbre médi- 
castre, sa condamnation, 1803. 

Pour combattre les conclusions de ce petit travail, 
M. Van DooRsrAER s'appuie sur un extrait de la Wechel- 
sche Chronyche, par ScHELLENs. Le texte reproduit se 
résume ainsi : 

En 1793, des paysans de Meerbeek avaient brûlé une 
femme, prétendûment accusée de jettatorisme par den 
PBoer van Bochweystrooy. 

M. Van DoorsLaER arrête la citation par la phrase 
suivante : 

« De pastoor die ondertusschen aldaer was gekomen 
» en hun verzekerde dat die vrouw een eerlijk mensch 
» was, moest weg vlugten. » 






À 


570 ENCORE UN MOT A PROPOS 





Nous avons voulu voir par nous-même le document 
emprunté à la Chronique de Malines. 

Chose curieuse, la partie essentielle de la relation de 
SCHELLENS a été laissée de côté par M. Van Doors- 
LAER, car, loin de lancer à charge du susdit Boer une 
accusation, le chroniqueur malinois en fait plutôt l’apo- 
logie. En effet, voici comment 1l finit son récit : 


« Men beschuldigde het boerken van Boekwey strooy, 
» maer die beschuldiging was valsch en hy wierd tot 
» Brussel los gelaeten ». 


Ceci veut dire en bon français : 


« On accusait ce paysan, mais cette accusation était 
» fausse, et il fut relaxé à Bruxelles ». 


Enfin, pour en avoir le cœur net, nous avons poussé 
nos recherches plus loin. Nous nous sommes rendu aux 
Archives générales du royaume, à Bruxelles, et là, nous 
avons eu communication de documents portant pour 
suscription : 

Crimainele Rolle van Bortmeerbeck, begonst 1772 tot 1794. 
Greffes scabinaux, arrondissement de Louvain. 

[Il résulte de l'examen «des pièces relatives ace 
affaire, que la Wechelsche Chronycke ne relate à différentes 
pages (315 à 319), que des contre-vérités, en ce qui con- 
cerne het Boerken van Bockwystroo. 

L'instruction du crime de Boortmeerbeek avait relevé, 
comme seuls coupables, les individus dont voici les 
noms: 11° Henri Baudewijns; 200 CécilemSchepper 
épouse Baudewijns ; 3° [.-B. Plotteau, leur domestique; 
4° Jean Vercammen; 5° Philippe De Vroe. 

Tous les cinq étaient fugitifs ou latitants. Les investi- 
gations de la justice eurent lieu du 8 avril 1793 au 12 
juillet 1794, c'est-à-dire jusqu’au moment de l'invasion 
française qui entraina la suppression des bancs scabi- 
naux. De là probablement que l'affaire sera demeurée 
sans suite. 

Le paysan de Bockwystroo n'avait pas été mis en cause. 
Aucune information judiciaire n'eut même lieu à son 
endroit. 


LE ER 


DE PEERKEN UIT T BOEKWEITSTROO Sr 








Ainsi s'écroule déjà par la base l’un des arguments sur 
lesquels M. le docteur VAN DoorsLaER a tablé pour 
donner libre cours à l'expansion de toute l’horreur qu'il 
éprouve à l'égard de notre guérisseur. 

Quand on veut faire de la belle indignation, il faut 
tout au moins qu'elle ne soit pas factice, qu’elle ne se 
laisse pas prendre au trébuchet. 

Pour ce qui regarde les autres parties de l'écrit de 
mon honorable contradicteur, je me vois obligé d'y ré- 
pondre ailleurs. 


P! NOTELTEIRS. 





L 2 2e “ 


. 


: ; res ie "+ ee , CL PERS f 
à A ES DR NT PPS TT ES MR», CA re 








ERRATUM 


= 


ligne 2, lisez 


de contre-hermine, au lieu 








+ 2 4 
ie M S 








Table des Matières 


Liste des Membres du Cercle : s : : à 
Comité des publications . 


Commission de la publication des biographies Malinoises  . : 
Epc. DE MARNEFFE. — Recherches sur le nom de Malines . 
NVILLEM VAN CASTER. — De gebouwen der Rechtbank van eersten 
aanleg, oud hof van Margareta van Oostenrijk, te Mechelen 
D' G. Vax DoorsLarr. — Le Carillon et les Carillonneurs de la 
Tour St-Rombaut. : à : 
WILLEM VAN CaASTER. — Jan van Standonck en zijn kollegie, te 
Mechelen à s ; : ë : : : e i : 
J.-Tu. DE Raapr. — Les Seigneuries du pays de Malines. — Ite- 
gem et ses Seigneurs . ‘ : LIRE : : . : 
C.-A. SERRURE. — Etudes sur l'origine du nom de Malines . : 
A. Reypaus. — Eenige bladzijden uit de geschiedenis van Mall, 
Baelen en Desschel . à : : : % : d 
ALPHONSE GoovaAERTSs. — La ville et le district de Malines érigés 
en comté, en 1490, par l’empereur Frédéric III . : - c 


EpnG. DE MARNEFFE. — Questions de Toponymie. — Encore le nom 
de Malines . : ; Ê : : : 5 

P! Norecreirs. — Encore un mot à propos de Peerken uit ’t Boek- 
weitstroo. . c . - : : . - - . . . 

Erratum. . - ; - : : : . - - : . 5 


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: Un supplément est joint à ce bulletin. 





Imp. L. & A. Godenne, Grand’ Place, 28, Malines, 





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