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Full text of "Bulletin du Cercle archéologique, littéraire et artistique de Malines"

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PURCHASED FOR THE 


UNIVERSITY OF TORONTO LIBRARY 


FROM THE 
HUMANITIES RESEARCH COUNCIL 
SPECIAL GRANT 


FOR 
ARTS OF THE LOW COUNTRIES AND 
THE GERMANYS, 1600 - 1850 

















Cercle Archéologique 


= Bulletin-Tome XXI. 
| Malines 
1911 

Bibliotheek 


Prov. Gen. ,Linburg 








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BULLETIN 


DU 


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| Hrchéologique, Tättérairte & Artistique 


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TOME VINGT & UNIÈME 


1911 





MALINES 
L. € «A. GODENYNE, Imprimeurs-Editeurs 


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Le Cercle n'est pas responsable des opinions émises 
par ses Membres 









L1BRARY 
AUG 1 4 1991 
ere or 


Liste des Membres 


DU 


CERCLE ARCHÉOLOGIQUE DE MALINES 


Commission Administrative pour rg9g1Ix 


PRÉSIDENT 


M. Guillaume van CasTER, Chanoine, membre de la Commission 
Royale des Monuments, rue Notre-Dame, 125, Malines. 


Attributions : Direction générale de la Société. 


VICE-PRÉSIDENT 


M. Edmond MaGnus, Industriel, rue de la Station, 43, Malines. 


Attributions : Suppléant au Président. 


CONSEILLERS 


M. Hippolyte PRÉHERBU, Juge de Paix, rue de la Constitution, 15, 
Malines. 
M. Jules WirrmanN, Propriétaire, rue de l’A-B, 22, Malines. 


Attributions : Suppléants aux Président et Vice-Président. 


SECRÉTAIRE 


M. Hyacinthe-].-B. ConiNckx, Professeur à l'Académie des Beaux- 
Arts, rue du Ruisseau, 11, Malines. 


Attributions : Direction générale du Secrétariat; correspondance de la Société ; rédac- 
tion des procès-verbaux des séances et du rapport annuel; organisation des séances ; 
convocation aux séances, conférences, excursions, etc. 


TRÉSORIER 


M. Henri Cosra, Candidat notaire, rue de Decker, 12, Malines. . 


Attributions : Recouvrement des sommes dues à la Société, comptabilité générale 
et payement des dépenses effectuées. 





BIBLIOTHÉCAIRE-ARCHIVISTE 
M. Raymond VAN AERDE, rue d'Adeghem, 23, Malines. 


Attributions : Classement et garde des livres et objets appartenant au Cercle. 


I 





2 LISTE DES MEMBRES 





Comité des Finances 


MM. G. van CaSTER, Chanoinc, Président, rue Notre-Dame, 125, 
Malines. 
H. ConiINCKx, Secrétaire, ruc du Ruisseau, 11, Malines. 
H. CosTa, Trésorier, rue de Decker, 12, Malines. 
E. BuEDTs, Pharmacien, marché.au Bétail, 7, Malines. 
H. PRÉHERBU, Juge de Paix, rue de la Constitution, 15, 
Malines. 


Comité des Publications 


MM. G. van CasTER, Chanoine, Président, rue Notre-Dame, 125, 
Ma'ines. 


H. ConiNcCKx, Secrétaire, rue du Ruisseau, 11, Malines. 
À. REYDAMS, Géomeètre, rue Léopold, 31, Malines. 


G. VAN DoorsLarr, Docteur en Médecine, rue des Tanneurs, 
34, Malines. 

A. KEMPENEER, Chanoine, Professeur au Grand Séminaire, rue 
Fréderic de Merode, 18, Malines. 

J. DE WOUTERS DE BOUCHOUT, chevalier, avenue Van Beneden, 
28, Malines. 


Membres titulaires (:) 
M., M., 


ANDRIES, Raymond, Docteur en médecine, boulevard Henri Speeck, 
Malines (19 octobre 1900). 

BERLAGE, ].-A., Juge de Paix, Conseiller communal, marché aux 
Cuirs, 3, Malines (21 février 1908). 

BERGMANN, sénateur, Avocat, Lierre (21 octobre 1910). 


(1) Extrait du règlement. 

ART. 4. — Les Membres titulaires sont choisis parmi les personnes qui s’inté- 
ressent aux travaux du Cercle. Ils ont seuls le droit de vote, paient une cotisation 
annuelle de douze francs et reçoivent les publications. 


LISTE DES MEMBRES 3 








Bory, Emile, propriétaire, long fossé aux Poils, 83, Malines (10 juin 
1888). 

BOEYNAEMS-PONTUS, Henri, Notaire, Vieille route, 12, Berchem 
[Anvers] (30 avril 1909). 

BREDO, Hans, Médecin-vétérinaire agréé du Gouvernement, rue 
des Augustins, 13, Malines (30 décembre 1910). 

Buents, Edgar, Pharmacien, marché au Bétail, 7, Malines (18 dé- 
cembre 1902). 

CARPENTIERS, Gustave, Agent de la Caisse des Propriétaires, 2, rue 
de la Montagne, Malines (8 avril 1910). 


CHERMISET, Louis, Directeur de la Manufacture Royale de Tapis 
(Bracquegnies), rue St-Jean, Malines (21 octobre 1910). 


CLUYTENS-SUETENS, Alphonse, Peintre-décorateur, rue de la Chaus- 
sée, 54, Malines (19 janvier 1894). 


CoEMaxs, Charles, Agent principal de Compagnie d’Assurances, 
rue Conscience, 1, Malines (7 novembre 1902). 


COENE, Jean, Artiste-Peintre, Professeur à l’Académie des Beaux- 
Arts, rue des Augustins, 5, Malines (1°" août 1002). 
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ConiNckx, Hyacinthe-].-B., Dessinateur, Professeur à l'Académie 
des Beaux-Arts, Secrétaire du Cercle Archéologique, rue du 
Ruisseau, 11, Malines (24 mars 1886). 


COOLEN, Emmanuel, Avocat, rue de l'Empereur, 19, Malines 
(19 février 1904). 

CoRDEMANS, Henri, Libraire, Secrétaire honoraire du Cercle Archéo- 
logique, rue Albert de Latour, 30, Bruxelles (24 mars 1886). 

Cosra, Henri, Candidat notaire, Trésorier du Cercle, rue De Decker, 
12, Malines (3 avril 1903). 

CREMER, Edmond, boulevard des Arbalétriers, 16, Malines (31 mars 
1911). 

CREMER, Georges, boulevard des Arbalétriers, 16, Malines (17 mai 
1907). 

CUVELIER, Charles, Chanoïne, rue Louise, 29, Malines (3 août 
1898). 


DE BLauw, François, Directeur de ventes, rue de la Chaussée, 19, 
Malines (20 septembre 1895). 





4 LISTE DES MEMBRES 





DE BLAUW, Pierre, Agent d’affaires, rue de la Chaussée, 19, Malines 
(24 mai 1901). 


DE Coco-ZecH, Fritz, rue d'Hanswyck, 61, Malines (7 novembre 
1902). 


DE GHELLINCK-VAERNEWYCK, vicomte Amaury, rue de l'Indus- 
tric, 13, Bruxelles, et château d’Elseghem (par Peteghem) 
(24 mars 1893). 


DE GLas, Joseph, Avocat, Conseiller communal, Grand’ Place, 19, 
Malines (25 octobre 1901). 


DE LAET, Jean, attaché à la Bibliothèque royale à Bruxelles, rue du 
Canal, 6, Malines (24 décembre 1909). 


DELvAULX, Charles, Avocat, rue Louise, 31, Malines (17 septembre 
1897). 


DELvAULX, Louis, Avocat, rue d'Egmont, 13, Malines (3 mars 1909). 


DE MEESTER DE BETZENBROECK, Albert, château de Hollaecken, 
Rymenam (29 janvier 1909). 


DE MEESTER, Marcel, longue rue Neuve, 29, Anvers (28 mai 1904). 

DESSsAIN, Charles, Editeur, rue de la Blanchisserie, 7, Malines 
(9 juin 1889). 

Dessain, Charles, Bourgmestre de la ville de Malines, Boulevard 
du Sablon (janvier 1910). 


DE Ripper, Vicaire de l’église Ste-Gertrude, à Tirlemont (21 février 
1908). a 


DE Ripper, Emile, Négociant, Grand’ Place, 27, Malines (1e août 
1902). 


DE REES, Auguste, Instituteur, rue du Canal, 21, Malines (20 juillet 
1906). 


Devos, Isidore, Mélane, 12, Malines (19 février 1904). 


DE WarGNY,chevalier Auguste, Président du Tribunal de r'einstance, 
rue de la Blanchisserie, 2, Malines (24 novembre 1893). 


DE WOUTERS DE BOUCHOUT, chevalier Joseph, avenue Van Beneden, 
28, Malines (18 septembre 1896). 


DE WITTE, Edgar, Capitaine d’Artillerie, rue Léopold, 35, Malines 
(1° mars 1907). 


LISTE DES MEMBRES 5 





DIERCXSENS, Léon, Avocat, rue du Bruel, 76, Malines (21 février 
1908). 

DiericKx, Henri, Imprimeur-Libraire, rue de la Chaussée, 72, Malines 
(24 février 1899). 

DIEUDONNÉ, Henri, Docteur en médecine, rue Notre-Dame, 81, 
Malines (23 juin 1893). 


DonNET, Fernand, Administrateur de l'Académie Royale des Beaux- 
Arts, rue du Transvaal, 45, Anvers (20 mai 1904). 

DUJARDIN, Guillaume, Juge au Tribunal de re Instance, rue Con- 
science, 10, Malines (8 avril 1910). 

DU TRIEU DE TERDONCK, chevalier Joseph, long Fossé aux Poils, 
2, Malines (15 mars 1889). 

ERNST, Alexandre, Procureur du Roi, avenue Van Beneden, 32, 
Malines (12 juillet 1907). 

FESTRAETS, Pierre, Professeur à l’Académie des Beaux-Arts, rue de 
la Station, 18, Malines (24 novembre 1893). 

FRANS, Jean, Colonel Ct le 2e Régiment d’Artillerie, boulevard des 
Capucins, 180, Malines (30 décembre 1910). 

FRis, Hubert, Notaire, rue Frédéric de Mcrode, 51, Malines (17 sep- 
tembre 1897). 

FRis, Prosper, ruc Frédéric de Merode, Malines (27 août 1897). 

GENONCEAUX, Pedro, Avocat, place d'Egmont, 7, Malines (25 janvier 
1901). 

GEVELERS, Libert, Chanoine Prémontre, à Neerpclt (Limbourg) 
(27 septembre 1901). 

GODENNE, Léopold, Editeur, Grand’ Place, 30, Malines (28 avril 
1893). 

GoipTs, Gustave, Curé-Doyen de l’église Notre Dame au delà de 
la Dyle, cimetière Notre-Dame, 12, Malines (15 janvier 1904). 


HERTSENS, Alphonse, Entrepreneur, Tuileries, 7, Malines (17 sep- 
tembre 1897). 

ISERENTANT, Pierre, Professeur à l'Athénee Royal de Malines, rue du 
Bruul, 84, Malines (1er septembre 1888). 





6 LISTE DES MEMBRES 





JANSEN, Aloïs, Négociant, ruc de l'Ecole, 3, Malines (28 décembre 
1906). 

KEMPENEER, Albert, Chanoïine, Professeur au Grand Séminaire, rue 
Frédéric de Merode, 18, Malines (17 juin 1898). 

KEMPENEER, Edouard, Juge d'instruction, rue Frédéric de Merode, 
76, Malines (15 decembre 1908). 

KENNES DE LESSART, Edouard, Propriétaire, rue Haute, 18, Malines 
(17 septembre 1903). 

LE ConTE, Georges, rue Notre-Dame, 68, Malines (24 mai 
1901 ). 

LEMESLE, Edouard, Chanoine, Inspecteur diocésain, rue Leopold, 76, 
Malines (28 décembre 1900). 

LoNciN, Eugène, Docteur en médecine, rue Louise, 33, Malines 
(23 novembre 1900). 

Louveaux, Charles, Docteur en médecine, Echevin, rue d'Hanswyck, 
7, Malines (19 octobre 1906). 

LOUVEAUX, Paul, Ingénieur des mines, rue d'Hanswyck, 75 (31 mars 
1911). 

MaGnus, Edmond, Industriel, Vice-Président de la Societé Royale 
« La Réunion Lyrique », Vice-Président du Cercle,: rue de Ja 
Station, 43, Malines (2 décembre 1892). 


MERTENS, Désiré, Conseiller à la Cour d'appel de Bruxelles, Place 
d'Egmont, 1, Malines (24 novembre 1893). 


MEYNS, Henri, Architecte, Professeur à l’Académie des Beaux-Arts, 
longue rue des Bateaux, 59, Malines (23 avril 1893). 


MiErTs, Louis, Chanoine, Doyen du Chapitre Metropolitain, ave- 
nue Van Beneden, 24, Malines (23 novembre 1900). 


MOoELLER, Charles, Professeur à l'Université Catholique de Lou- 
vain, rue Notre-Dame, 87, Malines (23 novembre 1906). 


NoëELs, Jules, Avocat, Vieille rue de Bruxelles, 22, Malines (23 no- 
vembre 1900). 


NoëËL, Léon, Abbe, Professeur à l'Université Catholique de Louvain, 
rue de Tirlemont, 126, Louvain (25 septembre 1903). 


OCREMAN, Fernand, place d'Egmont, 8, Malines (25 juin 1909). 


LISTE DES MEMBRES 7 





OLBRECHTS, Alphonse, Imprimeur-éditeur, rue neuve des Beggards, 
35, Malines (1° août 1902). 

OP DE BEECK, Henri, Industriel, Conseiller provincial, rue Notre- 
Dame, 43, Malines (30 avril 1897). 

ORTEGAT, Jules, Représentant, rue Frédéric de Merode, 78, Malines 
(28 avril 1893). 

PHiziPpeN, Louis, Abbé, Vicaire de l’église Notre-Dame, à Tirle- 
mont (17 novembre 1905). 

Poureye, Camille, attache à l'Administration des Chemins de fer 
vicinaux, rue du Bruul, 54, Malines (13 janvier 1904). 

PRÉHERBU, Hippolyte, Juge de Paix, Conseiller du Cercle, rue de la 
Constitution, 13, Malines (253 mars 1904). 

Mne PRÉHERBU, 15, rue de la Constitution, Malines (21 octobre 1910). 

REYDAMS, Adolphe, Géormètre du cadastre, rue Léopold, 31, Malines 
(1er juillet 1892). 

Rooms, Joseph, Architecte, rue Herreyns, 127, Mâlines (1° août 
1902). 

ROSIER, Jean-Guillaume, Artiste-Peintre, Inspecteur des Académies 
et Ecoles de dessin du Royaume, Directeur de l’Académie des 
Beaux-Arts, rue Léopold, 44, Malines (27 janvier 1893). 

RYCKMANS, Alphonse, Avocat, Rosier, 23, Anvers (7 avril 1905). 

SCHEPPERS, Max., rue Frédéric de Merode, 80, Malines (28 décembre 
1906). 

SOMERS, Henri, Brasseur, rue de Neckerspoel (Pasbrug), 360, 
Malines (24 décembre 1909). 

TEuGELs. H.-E., archéologue-publiciste, Galerie du Parlement, 32, 
Bruxelles (11 novembre 1910). 


THÉODOR, Jean, Conducteur principal des Ponts et Chaussées, 
boulevard des Capucins, 131, Malines (21 juillet 1893). 


VAN ASBROECK, Joseph, Conseiller Communal, rue Neuve des 
Beggards, 36, Malines (28 décembre 1906). 

VAN AERDE, Raymond, Bibliothécaire-Archiviste du Cercle, rue 
d'Adeghem, 23, Malines (23 novembre 1906). 

VAN BALBERGHE, Emile, Giomètre, Marché-aux-Laines, 38, Malines 
(31 juillet 1908). 





8 LISTE DES MEMBRES 





VAN BOxMEER, Philippe, Architecte communal, rue Conscience, 7, 
Malines (24 mars 1886). 


VAN BREEDAM, Victor, brasseur, boulevard des Capucins, Malines 
(31 mars 1911). 


VAN CASTER, Guillaume, Chanoine, Président du Cercle, membre 
de la Commission Royale des Monuments, rue Notre-Dame, 125, 
Malines (21 février 1890). 


Van CRAEN, Eugène, Négociant, boulevard des Arbalétriers, 152, 
Malines (30 août 1901). 

VAN DEN KERCKHOVEN, Alexis, Propriétaire, château de Wayenesse, 
Rymenam [par Boortmeerbeek] (18 décembre 1903). 


VAN DER VOORDT, Alfred, Docteur en médecine, rue Notre-Dame, 
83, Malines (29 juillet 1904). 


VAN DE Ware, Victor, Notaire, Membre de la Chambre des Re- 
présentants, avenue Van Beneden, 69, Malines (26 novembre 
1886). 


VAN DOoRsSLAER, Georges, Docteur en médecine, rue des Tanneurs, 
34, Malines (13 mars 1891). 

Van EECKHOUDT, Jean, Sculpteur, ruc Notre-Dame, 118, Malines 
(25 juin 1909). 

VAN HOORENBEECK, Victor, Pharmacien, Echevin, vieille rue du 
Bruul, 11, Malines (5 août 1808). 


VAN LiPPELOO, Florimond, Pharmacien, rue du Bruul, 102, Malines 
(30 décembre 1910). 

VAN MELCKEBEKE, Alfred, Notaire, Marche-aux-Grains, 22, Malines 
(50 décembre 1910). 

VAN PELT, Aloïs, Conseiller communal, avenue Van Benedens 46, 
Malines (31 mars 1911). 


VAN THIELEN, Armand, Négociant, rue Notre-Dame, 27, Malines 
(27 novembre 1908). 

VAN VELSEN, Raymond, Imprimeur-Libraire, Bailles de Fer, 2, 
Malines (13 mars 1891). 


VRANCKEN, Chanoiïine, Secrétaire particulier de S. E. le Cardinal- 
Archevèque, rue Frédéric de Merode, 56, Malines (11 novembre 


1910). 


LISTE DES MEMBRES 1. 





VERHEYDEN, Prosper, Chef de bureau à l'Administration Com- 
munale d'Anvers, rue du Bélier, 53, Zurenborg [Anvers] (18 
décembre 1903). 

WiLLEMS, J.-F.-M.-]., Ingénieur provincial, courte rue Neuve, 1, 
Malines (27 août 1897). 

WITTMANN, Jules, Docteur en médecine, rue du Sac, 3, Malines 

__ (19 maï 1893). 

WITTMANN, Jules, Propriétaire, rue de l’A-B, 22, Malines (26 fevrier 
1892). 

ZEcH, Maurice, Abbé, Professeur à l'Institut Saint-Louis, rue du 
Marais, Bruxelles (11 mai 1894). 


Membres correspondants (1) 


BECQUET, Alfred, Vice-Président de la Société Archéologique de 
Namur, rue Grandgagnage, 8, Namur. 


CUMONT, Georges, Avocat, rue de l’Aqueduc, 19, Saint-Gilles 
(Bruxelles). 


DE BÉHAULT DE DORNON, Armand, attache à la direction du Com- 
merce et des Consulats au Ministère des Affaires Etrangères, rue 
d'Espagne, 92, Bruxelles. 


DE BRay, Architecte, Anvers. 


DE MARNEFFE, Edgar, Chef de Section aux Archives générales du 
Royaume, à Bruxelles, rue du Pélerin, 1, Louvain. 


DE MuNTER, Victor, Numismate, Agent de la Banque Nationale, Lei, 
15, Louvain. 


GAILLIARD, Edouard, Secrétaire de l’Académie Royale Flamande, 
Quai ter Plaeten, 24, Gand. 


GoovaERTs, Alphonse, Archiviste général du Royaume, rue des 
Platanes, 17, Bruxelles. 


HERMANS, Victor, Archiviste communal, rue Frédéric de Merode, 
29, Malines. 


(1) Extrait du Règlement : 

ART. 5. — Les Membres correspondants sont nommés parmi les personnes 
qui ont rendu des services au Cercle, ou dont le concours peut lui être utile. Is 
ne sont astreints à aucune cotisation. 





10 ÉCHANGE DES BULLETINS 





Many, Hippolyte, Bibliothécaire de la Société Archéologique de 
Bruxelles, rue de la Buanderie, 38, Bruxelles. 

OUVERLEAUX, Emile, Conservateur honoraire à la Bibliothèque 
Royale de Belgique, rue Cortambert, 13, Paris. 

STROOBANT, Louis, Directeur du Dépôt de mendicité de MÉtAE a 
Merxplas. 

VAN CROMPHOUT, Bourgmestre de Gacsbeck. 

VERHAEGEN, Paul, Conseiller à la Cour d'apocl de Bruxelles, rue 
de Toulouse, Bruxelles. 

VERVLIET, Jean-Baptiste, Littérateur, rue du Bien-Ëtre, 63, Anvers. 

WILLEMSEN, G., Président du Cercle Archéologique du Pays de 
Waes, rue de la Station, 13, St-Nicolas (Wacs). 


Membres d'honneur (1) 


CASATI DE CasaTIS, Charles, Consciller honoraire à la Cour de Paris, 
rue de Prony, 29, Paris. 

HILDEBRAND, Hans, Antiquaire du royaume de Suède, Secrétaire 
perpétuel de l'Académie royale des Belles-Lettres, d'Histoire ct 
des Antiquités de Stockholm, membre d'honneur de plusieurs 
sociétés savantes, à Stockholm. 


Sociét 5, Commissions & Publications avec lesquelles 
Le Cercle fait l'échange de ses Bulletins. 


BELGIQUE 


Alost. — Annales du Cercle Archéologique de la Ville et de l'ancien 
Pays d’'Alost. 


M. Oscar REYNTENS, Secrétaire, Place Impériale, 51, Alost. 


(1) Extrait de Règlement : 

Le titre de Membre d'honneur pourra être conféré à des personnes qui, par leur 
haute position sociale, puvent rendre des services au Cercle, ou qui ont contribué, 
par leurs œuvres, aux progrès des études qui font l’objet de ses travaux. 


ÉCHANGE DES BULLETINS FE 





Anvers. — Academie Royale d'Archeologie de Belgique. 
M. F. DonnET, Bibliothécaire, rue du Transvaal, 45, Anvers. 
Société Royale de Géographie d'Anvers. 
M. Ed. Janssens, Avocat, Vice-Président, Champ Vleminckx, 36, Anvers. 


La Presse Universelle, organe officiel du Cercle Presso-Philate- 
lique d'Anvers et des principaux Pressophiles de Belgique. 
M. J.-B. VERVLIET, rédacteur en chef, rue du Bien-Être, 61, Anvers. 


Arlon. — /nsfitui Archeologique du Luxembourg. 


Brecht. — Oudheid en Kunst. Tijdschrift van den Geschied- en 
Oudheidkundigen Kring van Brecht en omstreken. 
M. Frans WOUTERS, Gemeenteplaats, Brecht. 
Bruges. — Société d'Emulation pour l'étude de l'Histoire et des 
Antiquités de la Flandre. 


M. le Président de la Société d’'Emulation, rue Neuve, 18, Bruges. 


Bruxelles. — Académie Royale des Sciences, des Leitres et des 
Beaux-Arts. 
M. MarCHAL, Secrétaire perpétuel, Palais des Académies, Bruxelles. 


Bulletin des Commissions Royales d'Art et d'Archeologie. 
M. Massaux, Secrétaire, rue Montoyer, 22, Bruxelles. 


Bulletin de la Commission Royale d'Histoire. 
M. le Secrétaire, rue de Spa, 22, Bruxelles. 


Bulletin des Musées Royaux des Arts industriels et décoratifs. 
M. Van OvEerLoop, Conservateur en chef, Parc du Cinquantenaire, à Bru- 
xelles. 
Societe Royale de Numismatique de Belgique. 
M. A. DE WiTrTe, Bibliothécaire, rue du Trône, 49, Bruxelles. 


Société Royale Belge de Géographie. 
M. RaHIR, Secrétaire, Bruxelles. 
Société d'Archeologie. 
M. H. Many, rue de la Buanderie, 38, Bruxelles. 


Charleroi. — Societé Paleontologique et Archéologique de Char- 
lerot. 
M. le Secrétaire général, au Musée Archéologique, boulevard Jacques 
Bertrand, Charleroi. 





12 ÉCHANGE DES BULLETINS 





Courtrai. — Cercle Historique et Archéologique. 
M. l'abbé E. DE GRYSE, S.-T.-D., Président, à Courtrai. 


Enghien. — Cercle Archéologique d'Enghien. 
M. Ernest MATTHIEU, Avocat, Secrétaire, à Enghien. 
Gand. — Societe d'Histoire et d'Archéologie de Gand (Bibliothèque 
de l'Université), Fossé d'Othon, Gand. 


M. Georges BRuNIN, Bibliothécaire, rue Baudeloo, 34, Gand. 


Konmklijhe Vlaamsche Ahademie. 


M. Edw. GaiLziARD, Secrétaire, Gand. 
Revue de l'Art Chrétien. 


Hasselt. — L'ancien Pays de Loox. 


M. À. HaBers, Archiviste de la ville de Hasselt, boulevard Thonissen, 34, 
Hasselt. 


Societe litteraire des Mélophiles. 

M. GEERAERTS, Président, à Hasselt. 
Huy. — Cercle butois des Sciences et Beaux-Arts. 
M. Emile VIERSET, Bibliothécaire, rue Rioul, 11, Huy. 


Leodium. — Chronique mensuelle de la Societé d'Art et d'Histoire 
du diocese de Liege. 
M. l'abbé G. SimENou, Professeur de droit canon et d'histoire ecclésiastique, 
au Grand Séminaire de Liège, Secrétaire de Rédaction. 





Liège. Societé d'Art et d'Histoire du diocèse de Liège. 
M. Jos. BRASSINE, rue du Pont d'Avroy, 35, Liège. 
Archives Belges. Revue critique d’historiographie nationale. 
M. J. CLosow, Secrétaire, avenue Blonden, 6, Liège. 
Louvain. — Analectes pour servir a l'Histoire ecclésiastique de la 
Belgique. 
Bureau : M. Jos. Wirs, 30, rue de Bruxelles, Louvain. 
Malines. — Revue diocesaine. 


M. le chanoine LAENEN, Archiviste de l’Archevêché, boulevard des Arba- 
létriers, 140, Malines. 


Maredsous. — Revue Beneédictine. 
Abbaye de Mareasous, par Maredret (Namur), D. Raymond THiBAuT, Direc- 
teur. 


ÉCHANGE DES BULLETINS 13 











Archives de l'Etat, a Mons. 


M. Ed. PonceLET, Conservateur, Place du Parc, 23, Mons. 


Mons. 


Cercle Archéologique de Mons. 


M. Léon LossEAu, Avocat, Bibliothécaire, rue de Nimy. 37, Mons. 


Société des Sciences, des Arts et des Lettres du Hainaut. 
M. Léon Losseau, Avocat, Bibliothécaire, rue de Nimy, 37, Mons. 


Namur. — Société Archéologique de Namur. 
M. Adrien OGEr, Conservateur du Musée Archéologique de Namur. 


Nivelles. — Societé Archéologiqie de l'arrondissement de Nivelles. 
M. BUISSERET, Secrétaire, à Nivelles. 


Saint-Nicolas. — Annales du Cercle Archéologique du Pays de 
Waas. 


Local du Musée : Grand’ Place, Saint-Nicolas. 


Soignies. — Cercle Archéologique de l'arrondissement de Soignies. 
M. DEMEULDER, Président, à Soignies. 


Termonde. — Cercle Archeologique de la ville et de l'ancien pays 
de Termonde. 


Tournai. — Société Historique et Archéologique de Tournai. 
M. E. Soi, Secrétaire, rue Royale, 45, Tournai. 


Turnhout. — Annales de la Sociéte d'Histoire et d'Archeologie de 
la Campine. 
M. Jules DiErCcxSENS, Secrétaire, rue Léopold, 18, Turnhout. 


Verviers. — Societe Vervietoise à’ Archéologie ct d'Histoire. 
M. D.-J. LEJEAx, Bibliothécaire, rue Laoureux, 54, Verviers. 


ESPAGNE 


Madrid. — Revista de Archivos, Bibliotecas y Museos. 
Administracion : Paseo Recoletos, 20, Madrid. 


FRANCE 


Amiens. Societe des Antiquaires de Picardie. 
M. Oct. THOREN, Président, à Amiens, 





14 ÉCHANGE DES BULLETINS 





Caen. — Société française d'Archéologie. 
Lille. — Société d'Etudes de la province de Cambrai. 
M. Th. LEURIDAN, Président, 60, boulevard Vauban, Lille. 
Archives Departementales Communales et hospitalières du Nord. 
M. J. FINOT, Archiviste. 
Paris. — Sociète Nationale des Antiquaires de France. 
Societé Saint-Jean de Paris. 
M. Georges BaALLOT, Secrétaire, rue de Seine, 74, Paris (VIe). 
Répertoire d'Art et d'Archéologie. 
M. le Bibliothécaire, rue Spontini, 19, Paris. 
Societe Française d'Archéologie. 
M. E. LEFÈVRE-PONTALY, Président, 13, rue de Phalsbourg, Paris (XVID. 


Marches de l'Est. 
M. Georges DucRoCQ, rue de Vaugirard, Paris (6€ arr.). 


Roubaix. — Societé d'Etudes de la Province de Cambrai. 


M. le Président de la Société d'Etudes de la Province de Cambrai, 14, rue 
des Arts, Roubaix (Nord). 


Saint-Malo. — Societe Historique et Archéologique de l'Arrondis- 
sement de Saint-Malo. 
M. Etienne DuponrT, Juge, rue St-Philippe, 7, Saint-Malo. 


LUXEMBOURG (GRAND-DUCHE) 


Luxembourg. — /nstitut Grand-Ducal du Luxembourg. 
M. le Dr VAN WERVEKE, Secrétaire de l’Institut, à Luxembourg. 


PAYS-BAS 


Amsterdam. — Societe Royale d'Archéologie (De Noord Hollandsche 
oudheden). 
M. R.-W.-P. DE VRIES, Secrétaire, Singel, 146, Amsterdam. 
Leeuwarden. — Oud-Friesch Genootschap. 
M. le Secrétaire, au local du Musée, Leeuwarden. 


Leiden. — Nederlandsche Oudheidhundige Bond. 
M. S.-C. OVERVOORDE, Secrétaire, à Leiden. 


ÉCHANGE DES BULLETINS F5 





Middelbourg. — Zeeuwsch Genootschap der Wetenschappen. 
M. R. FRUN, Président, à Middelbourg. 


Ruremonde. — Limburg, Provinciaal Genootschap voor Geschied- 
kundige Wetenschappen, Taal en Kunst. 


M. VAN BUERDEN, Secrétaire, à Ruremonde. 
Utrecht. — Historisch Genootschap. 
M. Dr J.-W. Mueer, Iste Bibliothecaris, Plompetorengracht, 12, Utrecht. 


Taxandria. — 7Jiyadschrift voor Noordbrabantsche Geschiedenis. 
M. A.-C.-A. JUTEN, Kapelaan, Sas van Gent. 


’s Gravenhage. — Maandblad van het Genealogisch-beraldisch 
Genootschap De Nederlandsche Leeuw. 


W. Baron SNOUCKAERT-VAN SCHAUBURG, Bibliothécaire, 96, Jan van Nassau- 
straat, à La Haye. 


SUËDE ET NORVÈGE 


Stockholm. — Kongl. Vitterhets historie och antiquitets Akademien. 


M. le Professeur O. MonseuINs, Secrétaire de l’Académie des antiquités, 
Stockholm. 


SUISSE 


Genève. — Societe d'Histoire de Geneve. 


M. Victor vAN BERCHEM, Président, 1, rue de l’'Evêché, à Genève. 








à 
+ ER 


PF 


1 








RAPPORT 


SUR LES 


Travaux & la Situation du Cercle Archéologique de Malines 


PENDANT L'ANNÉE 41910 


présenté en séance du 12 décembre 1910 


Æxposition de Bruxelles — Æxposition du Grand Conseil 
Cougrès ZÆrchéologique — Divers 


M.M., 







ge 
Es 


4 
La £ 


ES 
QT de l'existence du Cercle Archéologique de 
S$ Malines seront accomplis; le vingt-cinquième 
, anniversaire de sa fondation ne sera plus 
qu'un souvenir et l’année jubilaire sera close. Celle-ci, 
memine l'aura distinguée de ses devancières. Je me 
trompe! Elle ne fut pas semblable aux autres, car elle 
eut son histoire — elle nous a amené, comme repoussoir 
à la prospérité constante du Cercle, quelque mauvaise 
fortune : une déconvenue ct une déception. Mais en 
revanche, elle a vu se produire de nombreux travaux, 
et combien intéressants! Elle nous a valu des activités 
juvéniles et du meilleur augure pour l'avenir. 


1) 





18 RAPPORT 





Ainsi, sur des horizons sereins s’est levé l’aube du 
cycle qui succède à celui qui marqua son existence de 
traces indélébiles et profondes. Au moment opportun, il 
fera bon y laisser errer ses regards; il sera consolant 
d'en faire monter la fleur du souvenir et de contempler 
avec une admiration bien justifiée la moisson abondante 
et de si magnifique venue. 

Pour le moment laissez-moi ne retenir, pour vous 
la narrer, que l’'odyssée de l’objet principal de nos 
préoccupations, un projet lamentablement arrêté ou 
paralysé dans son essor; vous le devinez aisément, 
M., M., il s’agit de l'Exposition du Grand Consal. 
Ensuite, je voudrais vous rappeler notre Parhcipation à 
l'Exposition de Bruxelles, qu'un désastre sans précédent 
anéantit en pleine apothéose. 

Notre PARTICIPATION A L'EXPOSITION DE BRUXELLES 
doit son origine à la très louable idée de contribuer, 
dans la mesure de notre influence, à faire connantre 
l'œuvre de l'achèvement de la Tour St-Rombaut, à 
Malines, l'ultime rêve de notre vénérable Président, 
M. le chanoine van CasTEr. En même temps envisagea- 
t-on le moyen de faire une réclame bien entendue au 
profit de la ville de Malines, de ses sites pittoresquement 
archaïques et de ses monuments. À notre projet furent 
intéressés par la suite : la Société « Malines-Attrac- 
tions » et le « Photo-Club Malinois ». De commun 
accord et sous le titre Collectivité de Cercles Malinors, on 
y alla de sa contribution à notre grande « Worlds fair » 
nationale. Un comité centralisa les efforts individuels; 
il était composé, pour le Cercle Archéologique : de MM. le 
chanoine van CaASTER, PRÉHERBU, MAGNUS, VAN DEN 
BErcx, BuEeprs et ConiNcxx; pour Malines-Attrachons : 
de MM. Op DE BÉECK, LAENEN, HUYGHEBAERT, PEE- 
TERS et Van DE Ware; pour le Photo-Club malinois : 
de MM. THéopor, FourpiN, VAN DURME, OCREMAN 


RAPPORT 10 





et Van PETEcHEM. M. le chanoine van Casrter en fut 
nommé le Président, M. Conincxx le Secrétaire et 
M. THéopor le Trésorier; M. le Bourgmestre en fut le 
Président d'honneur. 

La ville de Malines se chargea bien généreusement 
de nous indemniser du prix de notre emplacement; la 
Province fut de moins bonne composition. Sollicitée 
à deux reprises, elle crut ne pas devoir nous accorder 
son intervention, et ce nonobstant les instances de nos 
Conseillers provinciaux, et notamment de MM. ]. LaAE- 
NEN et H. OP pe BÉéecx. Enfin, le Syndicat des fabri- 
cants de meubles malinois promit son concours pour 
la décoration sculpturale de notre stand, et M. GEETs, 
fabricant de tapisseries, se montra disposé à occuper 
une grande paroi disponible, par une tapisserie sortant 
de ses ateliers, et qui avait été acquise pour la Tombola. 

Ces beaux projets furent malheureusement :illu- 
soires : le Syndicat fit savoir qu'il estimait les frais 
trop élevés et le profit à retirer de sa participation trop 
minime, et il renonça à nous seconder. M. GEETs, de 
même, se déroba lorsqu'il s'agit de s'exécuter, et s’en fut 
pendre son tapis ailleurs. Il ne nous restait donc qu’à 
nous fier à nous-mêmes, et c’est ce que nous fimes. Notre 
stand était admirablement situé, proche l'entrée principale 
du compartiment belge et à proximité du Salon royal. 
Il abrita deux maquettes de la Tour St-Rombaut 
la première représentait celle-ci dans son état actuel; 
la seconde dans son état d'achèvement complet. Ces 
maquettes nous furent fournies par leur auteur, M. DE 
MaARTELAERE, sculpteur à Schaerbeeck, et étaient posées 
sur des socles isolés formant armoires. Une table, des 
chaises, des colonnes et autres petits meubles anciens, 
gracieusement prêtés par M. Cu. WErKEKS, antiquaire 
à Malines, complétaient l'aménagement du stand. Aux 
parois s’accrochaient des photographies de sites et de 


20 RAPPORT 





monuments de Malines, formant la contribution du 
Photo-Club. Sur une grande pancarte, rédigée en quatre 
langues se lisait une invitation aux visiteurs à s'arrêter, 
et à consigner sur un registre ad hoc leurs réflexions et 
leurs impressions au sujet de l’achèvement de la Tour 
St-Rombaut. Une reproduction du plan exhumé par 
feu Renier Châlons, se dressait dans un des coins du 
stand. Une magnifique tapisserie, représentant /’Annon- 
ctahion, et sortant des ateliers de M. DE WiTtE, rue 
d’'Adeghem, occupait la place de la tapisserie défail- 
lante. Des brochurettes-réclames, dues à l'initiative de 
Malines-Attrachons, se trouvaient un peu partout à la 
disposition du public. Bref, quoique modeste, notre 
installation attirait les regards par son emplacement 
de premier choix d’abord, l'originalité de son objet 
ensuite. Le registre se couvrait d’autographes, de 
remarques, les unes judicieuses, les autres gamines ou 
folles; peu importe, on était retenu et sollicité à s’inté- 
resser à l’œuvre de l’achèvement de la Tour St-Rombaut; 
c’est ce qu’il nous fallait, et certes nous n'avions qu’à nous 
féliciter du résultat qui s’annonçait de jour en jour plus 
précis. Lorsque le dimanche, veille de l’Assomption, 
le feu se déclara dans le compartiment Belge, se propo- 
gea avec une incroyable rapidité et anéantit, en un temps 
très court — la durée d’un rêve — cette agglomération 
de richesses manufacturières, la quintescence de l'effort 
industriel et professionnel de deux pays : le nôtre et 
l'Angleterre, qu'un même toit abritait. 

De notre stand et de son contenu il ne resta que 
des cendres. Désastre moral s’il en fut! qui ne se doubla 
cependant pas pour nous d’un désastre matériel, les 
dégâts ayant été couverts par l'assurance; nous avons 
été indemnisés des pertes subies. 

C'est égal! il fait mal au cœur de songer qu'il a 
fallu tant d'efforts, — paralysés par l’exiguité des 


RAPPORT 21 





ressources — pour arriver à faire bonne figure quand 
même au milieu de nos co-exposants, qui pouvaient 
rivaliser de luxe et de réclame, et finalement se trouver 
confondu dans la ruine commune, mais sans espoir, au 
contraire des autres, de pouvoir réparer le dommage. 
Car tous nous y avions mis du nôtre et nous n'avions 
marchandé ni nos eftorts, ni notre temps. Déconvenue, 
il y eut, mais il ne faut s'en prendre qu'aux circonstan- 
ces, elles ont trahi nos intentions; celles-ci, le Jury de 
l'Exposition s’est empressé d’en reconnaître l'excellence, 
en nous octroyant la médaille d’or. C'est la seconde : à 
l'Exposition de St-Louis nous obtinrent la première. 

Autrement nous fut sensible une déception dont 
voici les rétroactes succinctement rapportés et fixés pour 
l'avenir. C’est désormais un point d'histoire. L'Exposi- 
TION DU GRAND ConsEïL, car c’est bien d'elle qu'il s’agit, 
devait, dans l'idée de ses promoteurs, commémorer 
dignement le vingt-cinquième anniversaire de la fonda- 
tion du Cercle Archéologique. Cette exposition aurait 
compris toute œuvre d'art, même tout objet qui avait 
quelque rapport avec l'institution dont elle aurait rap- 
pelé le souvenir. Comme extension possible et quasi 
décidée, le choix s'était arrêté sur un essai de recon- 
stitution de l’époque de Marguerite d'Autriche. La fon- 
derie et la batterie de cuivre, les cuirs dorés et les 
dentelles, représentés par leurs produits les plus renom- 
més, auraient constitué une deuxième et très importante 
extension, dont le principe était admis. L'exposition 
aurait présenté ainsi un caractère historico-artistique, 
tout autant qu'industriel et somptuaire. 

Le soin de vaquer aux travaux préliminaires et 
de pressentir les adhésions éventuelles fut confié aux 
Commissions réunies du Cercle. Il serait trop long 
de vous détailler par le menu les mille et une questions 
qui ont fait l’objet des délibérations de vos mandataires. 











22 RAPPORT 





Elles se résument comme suit : 

Des démarches avaient été faites pour obtenir 
comme locaux l'Hôtel des Postes, qui sera bientôt 
terminé, et le Tribunal de 1" Instance. Tout fait prévoir 
que ces démarches auraient obtenu le résultat désiré. 
L’appui financier du Gouvernement, de la Province et 
de la Ville avait été sollicité, officieusement d’abord, 
officiellement ensuite. Les déclarations de M. le Minis- 
tre des Sciences et des Arts ne furent, dès le début, que 
partiellement rassurantes. Elles ne le furent guère plus 
le jour où MM. les Sénateurs et Représentants, et parti- 
culièrement M. BERGMANN, de Lierre, vinrent le pres- 
sentir au sujet de ses intentions à notre égard. Appré- 
hendant un déficit pour l'exposition des Arts au xvij° 
siècle, M. le Ministre se refusa toujours à prendre un 
engagement quant au montant du subside à accorder 
éventuellement à l'Exposition du Grand Conseil. Il 
convient d'ajouter que l'accueil que fit M. le Ministre, 
aux délégués du Cercle n’en fut pas moins très encoura- 
geant. Mais celui que nous réserva M. le Gouverneur 
de la province d'Anvers le fut bien davantage. Non 
seulement ce haut fonctionnaire nous assura d’enthou- 
siasme de son concours personnel, mais il promit d’user 
de son influence pour que le Conseil provincial nous 
seconde généreusement. 

La ville de Malines même n’hésita pas à nous voter 
un premier subside de 500 francs, qu'ont absorbé les 
préliminaires de la mise en train de notre Exposition. 

À peu près rassuré sur la partie financière de notre 
entreprise, nous nous mimes à l'œuvre incontinent. 
Une circulaire fut envoyée aux archivistes, collection- 
neurs, familles, que nous pouvions supposer être en 
possession d’objets à exposer ou être à même de nous 
en signaler ailleurs l'existence. De bien précieuses in- 
dications avaient été fournies; des contributions non 


RAPPORT 23 





moins intéressantes nous furent acquises, des études 
même, se rapportant aux personnages ayant fait partie 
du Grand Conseil, ont vu le jour, rédigées à notre inten- 
tion. Dans cet ordre d'idées, je vous signale celles qui 
paraissent dans le tome XX de notre bulletin et qui 
sont relatives à Yacquelin et à Van Cutsem. En outre, 
notre Confrère, M. le Juge PRÉHERBU, a publié en 
brochurettes, qui vous ont été distribuées, la /s/e des 
membres du Grand Conseil et le résumé d’une communi- 
cation qu'il fit en séance du Cercle, et qui vous initia 
à l’origine, l’organisation, le but et la destination de 
la cour suprême par excellence des Pays-Bas sous 
l'ancien régime. 

Entretemps des demandes définitives de subsides 
avaient été introduites auprès de l'Administration Com- 
munale et auprès du Conseil provincial. Bref, nous 
avions agi de façon à être prêts à remettre ès mains 
de la Commission et du Comité exécutif les éléments 
d’une organisation où la part des aléa et des surprises 
aurait été réduite à sa plus simple expression. 

Mais voilà que de vagues rumeurs, se précisant 
chaque jour davantage, vinrent bientôt nous faire entre- 
voir que nous courions au-devant d’une déception. La 
confirmation ne s’en fit pas attendre. Les journaux nous 
apportèrent la nouvelle que la Province décidait de 
remettre à une date ultérieure l'examen de notre demande 
de subside, l'Exposition étant également remise à l’année 
1913! Faut-il vous dire, M., M., que nous tombâmes de 
notre haut en apprenant la raison qui faisait écarter mo- 
mentanément notre demande. Nous fûmes bien plus 
étonnés encore lorsque, dans une réponse tardive à notre 
requête, l’Administration Communale argua de conver- 
sations particulières pour décider que l'Exposition du 
Grand Conseil n'aurait lieu qu’en 1913. Et pour justifier, 
en outre, cette manière d'agir, pour le moins insolite à 





24, RAPPORT 





notre point de vue, il était invoqué que l’année susdite 
verrait les fêtes jubilaires de Notre-Dame d'Hanswyck, 
l'achèvement complet des travaux de reconstruction du 
Palais du Grand Conseil et de ceux de restauration de 
la partie restante des Halles. 

Quelle que fut l'excellence de ces raisons, elles 
étaient à discuter par les parties en cause. Il nous était 
lisible d'objecter 1%qu'en/ror3 le Palais du Grand 
Conseil serait aménagé depuis longtemps et utilisé à sa 
destination; par le fait même il aurait constitué pour 
l'Exposition un voisin dangereux au point de vue des 
risques d'incendie, et capable ainsi de faire reculer 
les détenteurs d'objets à nous confier; 2° qu’il n'aurait 
pas du tout été certain que notre Exposition eut trouvé 
à s'installer dans des locaux occupés pas d’autres ser- 
vices, s’il était donné suite au projet d'utiliser comme 
Hôtel de Ville le Palais reconstruit et une partie des 
Halles; 3° qu'il aurait été douteux que l’intellectualité 
de la foule accourue en spectatrice aux fêtes jubilaires 
de Notre-Dame d'Hanswyck, se serait accommodée d’une 
dépense quelconque, assez élevée en l'occurrence, pour 
s'intéresser par surcroît à une manifestation artistico- 
historique, d’où chiffre négligeable pour la recette; 4° 
qu'il y aurait eu coïncidence avec l'Exposition de Gand, 
éventualité fâcheuse qui ne nous vaudrait que des sub- 
sides peu importants de la part du Département Minis- 
téricl intéressé. 

Mais nous n'avons pu que nous incliner devant le 
fait accompli, et donner acte à l'Administration Com- 
munale de sa décision. Nous n'avons cependant pas 
manqué de lui faire part de nos objéctions : notre 
missive ne récolta qu'un haussement d’épaules et on ne 
l'estima qu’une « longue supplique », parceque peut-être 
trop courtoise. 

Un troisième projet vint solliciter notre activité et 


RAPPORT 25 





retenir notre attention. Il s’agit d’un CoNcrÈs D’ARCHÉO- 
LOGIE ET D'HISTOIRE, le 22° de la série, que nous avons 
accepté d'organiser en I9I1I. 

Déjà au lendemain du Congrès de Liège, nous 
fûmes pressentis au sujet de notre acceptation. Celle-ci 
fut plutôt négative à l'origine, parce qu'il aurait été 
impossible de faire marcher de pair l’organisation de 
ce Congrès avec celle de l'Exposition du Grand Conseil, 
déjà alors en pleine activité. Non sans appréhension 
non plus envisageait-on l'accueil qui aurait été fait à 
une modification qui venait d'être apportée à l’article 4 
des statuts de la Fédération, et intéressant le taux de 
la cotisation des membres des sociétés affiliées. Comme 
on avait décidé de remettre de deux en deux ans la 
tenue des Congrès, on estimait pouvoir doubler le chiffre 
de la cotisation et le porter à 10 francs. Avait-on bien 
tenu compte qu’en doublant la taxe on ne majorait 
pas les avantages auxquels avaient droit les souscrip- 
teurs ? 

Enfin, la question était à l’état latent, lorsque nous 
dûmes abandonner notre projet d'exposition. 

Un obstacle disparaissait, il ne nous appartiendrait, 
en dernière analyse, qu’à annihiler par nos efforts l’im- 
pression fàcheuse que pouvait faire le second, et nous 
nous y sommes résolus. Nous avons accepté d'organiser 
le Congres et voici en peu de mots ce qu'en furent les 
préliminaires. 

L’année 1911 sera année jubilaire pour notre Cercle 
et pour le Cercle Archéologique du Pays de Waes à 
St-Nicolas. C'est pourquoi nos Confrères ont voulu 
prendre à leur charge l'emploi d'une journée des cinq 
que durera le Congrès. C’est ainsi également, et surtout 
pour que la préhistoire, science dont les progrès marchent 
à pas de géant, soit dignement représentée à notre 
Congrès, que la co-Présidence du Comité organisateur 





20 RAPPORT 





dont la composition suit, a été offerte à M. G. Wir- 
LEMSEN, président du Cercle de St-Nicolas. 


Comité organisateur : 


Secrétaire-général, Présidents : 
H. CONINCKX, Chanoine G. van CASTER, 
Secrétaire du Cercle Archéologique Président du Cercle Archéologique 
de Malines; de Malines. 


GMMIELEMSEN, 
Président du Cercle Archéologique du 
Pays de Waes à St-Nicolas. 


Vice-Présidents : 


H. PRÉHERBU, 


Conseiller du Cercle Archéologique de Malines; 


E. MAGNUS, 


Vice-Président du Cercle Archéologique de Malines ; 


D' G. VAN DOORSLAER. 


Secrétaire-adjoint : Trésorier, 

R. VAN AERDE, HACO SAS 
Bibliothécaire-Archiviste du Cercle Trésorier et Bibliothécaire-Archiviste-adjoint 
Archéologique de Malines ; du Cercle Archéologique de Malines. 

Membres : 


MM. R. ANDRIES, Docteur en médecine. 

E. COOLEN, Avocat. 

Enc. DE WITTE, Capitaine au 2° régiment d’Artillerie, 

Le chev. J. dE WOUTERS. DE BOUCHOUT, 

J:‘pÜ TRIEU*XDE TERDONCRK, 

J. DIERXSENS, Avocat, 

H. DIEUDONNÉ, Docteur en médecine, 

V. HERMANS, Archiviste communal, 

P. ISERENTANT, Prof. à l’Athénée Royal, 

A. JANSEN, Négociant, 

Chanoine A. KEMPENEER, Professeur au Grand Séminaire, 

H. OP DE BEECK, Conseiller provincial, 

Cam. POUPEYE, Attaché à l'Administration des Chemins de 
Fer Vicinaux, 

AD. REYDAMS, Géomètre du Cadastre, 

J.-G. ROSIER, Directeur de l’Académie des Beaux-Arts, 
Inspecteur des Académies du Royaume, 


RAPPORT 27 





MM. L. STROOBANT, Directeur de la Colonie pénitentiaire de 
Merxplas, 
PH. VAN BOXMEER, Architecte communal, 
Pr. VERHEYDEN, Littérateur, 
J. WITTMANN, Docteur en droit. 


Il nous a semblé utile de placer le Congrès sous le 
patronage d’un Comité d'honneur, où trouveraient place 
les Autorités religieuses, civiles et militaires, les Députés 
et les Sénateurs habitant Malines ou membres du Cercle : 


Comité d'honneur : 
Présidents : 
S. Em. Mgr MERCIER, Cardinal-Archevêque de Malines; 
MM. BEERNAERT, Ministre d’État; 
VAN DEN HEUVEL, Ministre d’État; 
SCHOLLAERT, Ministre des Sciences et des Arts; 
HELLEPUTTE, Ministre de l'Agriculture et des Travaux 
Publics; 
DE LANTSHEÉERE, Ministre de la Justice; 
DucD'URSEL. À 


Membres : 


MM. WITTMANN, Sénateur; 
BERGMANN, » 
VAN DE WALLE, Membre de la Chambre des Représentants; 


ORTEGAT, » » » 
Comte DE BAILLIET-LATOUR, Gouverneur de la province 
d'Anvers; 


DESSAIN, Bourgmestre de. la ville de Malines; 
MALEVEZ, Général-Major Commandant la 2° Circonscription. 


Le Comité s'est occupé tout d’abord de la rédac- 
tion du programme, lequel, naturellement, selon les 
circonstances et les moyens, subirait les modifications 
nécessaires. 

Le soin d'organiser une exposition projetée a été 
confié à une sous-Commission, que préside M. le 
D' G. Van DoorsLaEr, assisté de MM. DE WouTERs, 





28 RAPPORT 


DU TRIEU, DE WITTE, JANSEN, Poupeye, Cosra, VAN 
AERDE, PRÉHERBU. 

Une deuxième Commission s'occupera de tout 
ce qui concerne les “excursions et les’, festivités. 0M: 
Macxus en est le Président. 

Ces dispositions prises, une circulaire annonçant le 
Congrès, avec Bulletin d'adhésion, a été lancée en 4000 
exemplaires environ. 

Elle nous valut un peu passé les 300 souscriptions. 

Un premier rappel, suivi de deux, trois autres, nous 
a fait arriver à un total d'environ 700 adhérents; nos 
concitoyens y figurent pour une bonne centaine, y 
compris les membres du Cercle. Nous escomptions 
mieux de leur part! mais passons. 

Pour ce qui concerne les travaux mêmes du Con- 
grès, vous n’ignorez pas qu’en séance les discussions ont 
pour objet les mémoires et les rapports publiés préalable- 
ment. Il ne s'agissait donc plus de dresser un question- 
naire, mais bien de solliciter le concours de savants 
collaborateurs, dont les travaux serviraient de base aux 
discussions C'est ce qui a été fait ‘Environ r29/1ettres 
ont été lancées dans cette intention. Nous aurions mau- 
vaise grâce de nous plaindre du résultat obtenu. 

La liste des travaux présentés trouvera place dans 
un rapport spécial ultérieur. 

Il se comprend que la partie financière ait dû, avant 
tout, solliciter et retenir toute notre attention. Si l'on 
songe qu’au budget du Congrès de Liège les publications 
figuraient pour 11,150 francs; les expositions, festi- 
vités, en plus des menus frais pour 6,800 francs; soit un 
total de 18,000 francs environ, et ensuite qu'il se solda 
par un déficit de 3,500 francs, il n'aura étonnné per- 
sonne de voir demander à la Ville un subside de 5,000 
francs; au Gouvernement, de 3,000 francs; et un troi- 
sième, à la Province, proportionnel aux deux premiers. 


RAPPORT 29 








En outre, fallait-il un nombre de souscriptions respec- 
table, pour que le Congrès de Malines ne déméritàt pas 
des précédents. Il vous appartenait, M.,M., de bien 
vous imprégner de cette idée et de vous y dévouer en 
conséquence. Votre activité, M.,M., était donc mise à 
contribution. Et elle s’exercerait, en outre, en faveur de 
la résolution d’un certain nombre de questions d'intérêt 
local, dont le texte vous a été distribué. Dans cet ordre 
d'idées j'annote, que M. PRÉHERBU a bien voulu se 
charger de la rédaction d’un guide à Malines, et M. 
WiLLEMSEN d’un guide à St-Nicolas et Hulst. 

Nous trouverons un précieux auxiliaire dans la 
Presse locale et étrangère, dont le concours nous est 
assuré. Dès maintenant déjà, nous lui devons de la recon- 
naissance pour la chaleur avec laquelle est plaidée la 
cause du Congrès et la réclame bien entendue qui se 
fait à l’intention de celui-ci. 


Pour ne pas déroger à mes habitudes, il me faut 
vous dire quelques mots des communications qui nous 
ont été faites dans le courant de l’année. La plupart 
sont publiées dans notre Bulletin, le XX° de la série, 
qui vous sera distribué sous peu. 

Voici d'abord l’importante contribution à l’histoire 
économique locale, intitulée : La grève des hsserands et 
des foulons en 1524-1525. M. WiLLEMSEN, président du 
Cercle Archéologique du Pays de Waes à St-Nicolas, en 
est l’auteur. Elle nous apprend que le fait d'aller en 
grève ne date pas que d’aujourd’hui; ensuite, que substi- 
tuer le travail mécanique au travail des bras, jadis comme 
aujourd’hui, ne s’accomplit sans de grandes difficultés; 
enfin, que la concurrence étrangère, jointe à la cherté de 
la main-d'œuvre — à laquelle on chercha en vain à obvier 
— et le manque de bras, par suite d’émigration, firent 





30 RAPPORT 





péricliter et disparaître une industrie qui connut des 
jours nombreux de prospérité à Malines. 

M. le chanoine A. KEMPENEER, nous entretint du 
Divorce de Napoléon I”. Il raconta les rétroactes de cet 
événement capital de la vie du grand Empereur, les cau- 
ses qui l’amenèrent, les conséquences, pour finir par 
examiner les raisons qui ont permis la rupture de ce 
premier mariage. 

M. le Docteur Van DooRrsLAER a continué ses 
études sur les fondeurs malinois. Un travail d'ensemble 
sur l’Ancienne industrie de la fonderie et de la batterie de 
cuivre, Son orgamsahion corporative et son développement 
industriel a servi d'introduction à une série de chapitres, 
dont le premier : Ancienne industrie de la fonderie de 
canons à Malines nous fait bien augurer des suivants. 

L'œuvre, dans son ensemble, sera la glorification 
d’une industrie d’art qui plaça jadis Malines au premier 
rang des cités où s'exerçaient en notre pays des indus- 
tries simulaires. 

Vous avez eu l’occasion d’applaudir M. PouPEYE, il 
y a une huitaine de jours, dans sa conférence, avec pro- 
jections lumineuses, sur les Peintres flamands du xv' siècle. 
Déjà, dans le courant de l’année, notre Confrère nous en 
avait entretenu et nous initiait à l’état des connaissances 
actuelles sur nos primitifs. Nous devons lui savoir gré 
decessrecherches. 

Dans ce qui précède, je vous ai déjà fait mention 
de la causerie que nous fit M. le Juge PRÉHERBU, sur le 
Grand Conseil de Malines. Il vous a été distribué un ré- 
sumé de cette communication qui vous a initié, avec 
toute la compétence qu'on reconnaît à son auteur, à 
l'origine, l’organisation intime, le développement et la 
dissolution finale de cette Cour suprème, en laissant de 
côté son histoire anecdotique, où il y a encore ample 
matière à travaux intéressants. 


RAPPORT Sr 





M. PRÉHERBU nous donna en outre une conférence, 
avec projections lumineuses, sur des Villes d'Espagne, 
conférence fort goùtée et religieusement écoutée par le 
public sélect qui s'était donné rendez-vous à cette occa- 
sion dans notre local. 

Notre Confrère, M. le notaire BOEYNAEMS, a entre- 
pris de dresser la généalogie de la famille De Boeye, et il 
nous a entretenu d’abord de l’origine et des armoiries, et 
dans une seconde communication, de l’Origine ct de la 
filiation des familles, dont le nom Bode et ses dérivés 
constituent le radical du nom de Bodenhals... Boeynaems, 
etc. À en croire l’auteur, ce nom ne serait autre que celui 
d'une tribu puissante, aux origines lointaines, contempo- 
raines même du déluge, qui se dissémina dans notre 
pays comme partout ailleurs et dans le monde entier. 

Il a fallu une somme colossale de recherches pour 
étayer les conclusions de M. BoEYNAEMS, qui n’en est 
encore qu'aux prémices de son vaste travail. 

M. Poupeye nous a fait faire connaissance plus 
intime avec le sculpteur malinois Nicolas Van der Vehen et 
son œuvre. En même temps que sont rectifiées des erreurs 
biographiques courantes, il est dressé un catalogue des 
œuvres nombreuses que l’on doit au ciseau de l'artiste, 
œuvres d’un ‘caractère tout spécial, où s’affirment lin- 
fluence de Rubens au début, et plus tard celle plus 
prépondérante de Van Dyck. Particularité curieuse, 
signalée tout à l'honneur du concept de Van der 
Veken, constitue le fait d’avoir animé la matière inerte 
en la polychromant — union intime de deux arts, 
que l'antiquité pratiqua, que le moyen âge remit en 
honneur et qui sembla, jusqu’en ces derniers temps, 
devoir constituer une incompatibilité de principe. Une 
copieuse illustration augmente davantage l'intérêt du 
travail de notre Confrère. 

Il=vous a été donné ensuite lecture des notes 


© 





32 RAPPORT 





rédigées à propos de l'Exposition du Grand Conseil, 
par M. Varar, Bibliothécaire-archiviste de la Société 
Eduenne à Autun, sur Yacquelin, maître des requêtes au 
dit Conseil; et par MM. Cuisert et CoLiN sur Van 
Cutsem, conserller. 

Ces notes vous les retrouverez dans le Bulletin du 
Gercle: 

Quelques menus faits vont compléter la nomen- 
clature, quisprécéde je, les cite auNcowrant de nos 
procès-verbaux 

Le Cercle à adhéré 1° au Congrès des Archivistes.et 
des Bibliothécaires, et s'y est fait représenter par M. le 
chanoine KEMPENEER; 2° au Congrès de numismatique, 
où il délégua M. le trésorier Van DEN BErGH. 

Le Cercle a été consulté par la Ville : 1° au sujet des 
1ioms à donner à des rues nouvelles tracées dans les 
faubourgs. Il a été tenu compte de nos desiderata. 2° 
quand il s’agit des personnages à statutifier et à placer 
dans les niches qui ornent les façades restaurées de 
l'Hôtel de ville. [ignore si cette fois 1l à été pris égard 
à notre avis; jincline plutôt à croire que non. 

À ce propos, épinglons qu’une démarche personnelle 
a été faite par nous auprès du Collège, pour plaider la 
cause de la conservation d’un coin pittoresque de la 
Ville, à l'endroit du pont de l’Ancre, menacé de dispari- 
tion par suite des travaux de voûtement des rivelets. 
Nous avons reçu tous nos apaisements à cet égard. 

Nous avons également demandé que fussent trans- 
portés au Musée, des débris de décoration architecturale 
provenant des travaux d'aménagement du local de la 
Bibliothèque communale. Une réponse favorable a été 
donnée à cette demande. 

Ici s'impose un souvenir aux choses disparues, 
nécrologe dont la liste s'allonge à faire pitié; c'est : la 


RAPPORT 33 





démolition d'une façade ancienne à la Grand’ Place, 
jadis Hôtel de la Coupe, que les nécessités de destination 
ne permettaient pas de maintenir — une photographie 
conserve heureusement l'ordonnance extérieure de l’en- 
semble; — la dispersion de la collection de numismatique 
malinoise de M. L. VAN DEN BErGx; l'acquisition par 
la ville d'Anvers; pour son musée des Arts industriels 
et décoratifs : 1° d’une collection de moulages de meubles 
anciens, formée par M. V. DE BRuYNE, collection très 
importante et de primordial intérêt pour nos ouvriers 
en meubles — des pourparlers avaient jadis été engagés 
en vue de les conserver à Malines —; 2° d'une tenture 
complète en cuir doré de la fin du xviij° siècle, spécimen 
unique garnissant une place de l’ancien Couvent des 
frères Cellites, rue Noker; l'acquisition par des Améri- 
cains d’une garniture en toile peinte (ramages, fleurs et 
oiseaux) garnissant une chambre de maison, rue du 
Serment. 

Un dernier fait est à vous signaler; 1l constitue 
une innovation importante : désormais les Dames seront 
admises à faire partie de notre Société. Nous avons eu 
le plaisir d'appliquer une première fois cette disposition 
nouvelle en accueillant parmi nous Madame PRÉHERBU, 
l'aimable compagne de notre dévoué Confrère. Puisse 
son exemple nous valoir d’autres adhésions et en grand 
nombre. 


Puisque me voilà au chapitre Personnel, j'en profite 
pour vous signaler qu’assez bien de défections se sont 
produites dans le courant de cette année. En revanche, 
12 membres nouveaux, y compris les Confrères admis 
aujourd’hui, ont comblé les vides. Le nembre de nos 
Membres oscille ainsi aux environs de la centaine, et 
même la dépasse. 

Depuis quelque temps déjà vous aurez remarqué 


3 





34 RAPPORT 





l'absence de notre trésorier, M. Léop. VAN DEN BERGH. 
Une cruelle maladie, dont l'issue, hélas! parait ne 
pas devoir être douteuse, le retient au lit depuis de 
longs mois. Nous l'avons vu assister à nos séances et à 
celles de la Commission aussi longtemps que ses forces 
le lui ont permis. Toujours courageux, il se raidissait 
contre le mal, et cela se comprend de sa part : membre 
fondateur du Cercle, assidu à ses réunions, il ne devait 
pas, sans un déchirement de cœur, constater lui-même 
combien, jour par jour, ses forces allaient le trahir et lui 
rendre impossible désormais de s'intéresser activement 
à la prospérité du Cercle, qu'il y a vingt-cinq ans 1l aida 
à fonder. Je suis certain d’être votre interprète, M.,M., 
en exprimant toutes nos sympathies pour notre infor- 
tuné Confrère (1). Nous avons donc dû songer à le 
remplacer provisoirement dans ses fonctions, et nous 
n'avons cru mieux faire qu’en demandant à M. H. Costa 
de s’en charger. Celui-ci a accepté ces fonctions et vous 
avez ratifié ce choix. Je’crois,, MANF, mais livous 
renseignera là-dessus mieux que moi tout à l’heure, 
qu’à titre de joyeuse entrée, 1l vous signalera une situa- 
tion financière telle que vous n'en reviendrez pas, 
habitué que vous êtes de voir clore notre bilan par rien 
moins qu'un boni. 

Ce n'est pas sans un moindre regret que je vous 
rappelle le décès récent d’un Confrère de la première 
heure, M. Ern. CoENE, attaché aux chemins de fer de 
l'Etat. Il s'était, parallèlement à d’autres, voué aux 
recherches sur les Kelderman. Une première contribu- 
tion à l'histoire de cette famille d'artistes a paru dans 


(1) Dans l'intervalle de la publication de ce rapport, ces prévisions 
pessimistes se sont malheureusement réalisées, et M. Van DEN BERGH 
est décédé le 19 janvier 1911. 

Une notice biographique lui sera consacrée dans le rapport de fin 
d'année. 


RAPPORT 35 





notre bulletin. Depuis de longues années notre Con- 
frère s’occupait de colliger les documents et les maté- 
riaux pour un travail plus complet et définitif. Espérons 
que ses recherches ne seront pas perdues et profiteront à 
d’autres. 

Dans un ordre d'idées moins mélancolique, :l 
convient de vous signaler ce qui a fait la joie ou le bon- 
heur de nos Confrères vivants. Retenons donc pour 
l'avenir, que M. le D° Van DoorsraER s’est vu nommer 
Chevalier de l’ordre de la Couronne. Nous l’en félicitons 
bien cordialement. Notre vénéré Président a commé- 
moré, il y a une huitaine de jours, le cinquantième anni- 
versaire de son ordination sacerdotale. Elle est bien 
douce au cœur du prêtre, et combien consolante, la mé- 
moire du jour où pour la première fois 1l se consacra à son 
saint ministère. L'’avoir exercé ensuite un demi-siècle 
durant, avec toute l’ardeur et l’enthousiasme de la plus 
sainte des vocations, ce témoignage M. le chanoine van 
CASTER a pu se le rendre et, certes, de toutes parts ne 
doivent pas lui avoir manqué l'expression des plus 
chaudes sympathies. Il nous permettra d'y joindre les 
nôtres, qui ne seront pas moins cordiales et bien 
senties. 

À titre individuel, nous avons participé à la manifes- 
tation V. HERMANS, et avec les nombreux amis de notre 
toujours actif et toujours également serviable Archiviste, 
nous avons fêté son quatre-vingt-dixième anniversaire et 
le quarantième de son entrée en fonctions. Notre Con- 
frère, M. le capitaine DE WiTrTe, le promoteur et l’orga- 
nisateur de cette fête toute intime qui fut un succès, a 
droit à des félicitations que nous ne lui mesurerons pas. 

Un triste souvenir s'attache désormais à cette mani- 
festation, car elle rappellera le décès inopiné de M. ]J. 
Wiccems, beau-frère du jubilaire, et l’auteur du buste 
en bronze qui fut offert à celui-ci. Jadis, en des jours 





36 RAPPORT 





difficiles, le défunt ne nous refusa pas son concours, et 
il consentit à prendre la direction de ‘notre Cercle, à 
la tête duquel il resta une dizaine d'années. Rappelons- 
nous que l'Exposition de ses œuvres fut le vent propice 
qui remit à flot notre Cercle qui sombrait sous l’indiffé- 
rence du début, et que de cc jour date une prospérité 
qui ne se démentit plus depuis lors. À ce titre, M.,M., 
il convient que le souvenir de feu Jef Wiccems, se 
conserve et reste en honneur parmi nous. 

Jértermine NI” Mtet/merésumes 

une participation à l'Exposition de Bruxelles ; les 
préliminaires d'une Exposition du Grand Conseil ; Îles 
débuts de l’organisation du 22° Congrès d'Archéologie et 
d'Histoire ; la publication du tome XX du Bulletin du 
Cercle; des séances mensuelles régulières; une situation 
financière brillante; tel est l'actif du Cercle l’année du 
vingt-cinquième anniversaire de sa fondation. 


a, 





IC ( “A TS ÿ FD2: . 








LES FÊTES DU 25" ANNIVERSAIRE 


DE LA 


Fondation du Cercle Archéologique 
Littéraire & Artistique de Malines 


Journée du 18 février 1911 






S'ANNÉE Jjubilaire expirait le 24 mars 1911. 
9 L, Quoique suratoutes les vièvres et a@toute 

#5 occasion se pressaient joyeux les rappels aux 
ÆR, souvenirs d'antan, qu'il y avait accord tacite 
pour que cet anniversaire marquât dans nos fastes et 
s'y rappelât, jusqu'alors nulle manifestation extérieure 
ne s'était organisée pour célébrer, comme il convint, la 
réjouissante échéance. 

Aussi fut-1l bien vif l'empressement à accueillir le 
projet de commémorer par des festivités publiques le 
jour déjà lointain où le Cercle prit contact, pour la 
première fois, avec les vicissitudes de l'existence. 

Le soin d'y pourvoir, confié ès mains de MM. 
Macnus et PRÉHERBU avec, comme acolytes, leurs Con- 
frères de la Commission administrative du Cercle, les 
fêtes projetées ne pouvaient être qu’un succès, et elles 
le furent. 





| 
| 


38 RAPPORT 








Mais, non content de se dévouer à l’organisation 
de ces fêtes, ces Messieurs n'en étaient pas moins 
soucieux du succès de solennités d'un caractère plus 
général, projetées dans un but analogue : le futur Con- 
grès Archéologique; ïils s'évertuèrent à faire béné- 
ficier celui-ci de la grande publicité qui serait don- 
née aux fêtes jubilaires. Aussi, et dans cette intention 
surtout, la Presse y fut-elle conviée; elle est de toutes 
les fêtes, et elle n’en aurait pas moins été l'hôte du 
Cercle en prévision de ce Congrès. D'une pierre on 
fit deux coups! Sage prévoyance autant que louable 
initiative. 

Après mûres délibérations, il fut décidé que le 
programme comporterait une séance solennelle au local 
duCercle,  anPÆôtelu de (ville “suivie d'unfbänduet 
folklorique à la Cour de Beffer. 

Le jour où on arrêta ces dispositions, une liste 
d'adhésion au banquet se couvrit incontinent de signa- 
tures, et elle s’allongea par la suite, jusqu’à comprendre 
une soixantaine de participants. 

En outre, songea-t-on à convier l'Administration 
Communale, en la personne du Collège Echevinal, à 
honorer ces fêtes de sa présence. Avec la Presse, ce fut 
la seule invitée. 

On prit jourrensuite : de samedis février: 

Dans l'intervalle on s’occupa activement des mille 
et un détails des apprêts : négociations avec l’hôtelier, 
composition et impression du menu, etc. 


Au jour dit, la séance s’ouvrit à 6 heures, à l'Hôtel 
de ville, sous la présidence le M. le chanoine van 
CASsTER, le vénérable président du Cercle, qui, relevant 
de maladie, avait fait provision de forces cependant, 
pour pouvoir se trouver à son poste à ce moment 
solennel. 











RAPPORT 39 





Aux premiers rangs de la très nombreuse assistance 
se remarquaient : MM. C. Dessain, bourgmestre de la 
Ville, V. VAN HOoRENBEECK, échevin des Finances, et G. 
HERTSENSs, échevin de l’Etat-civil (M. le D' Ch. Lou- 
vEAUXx, échevin de l’Instruction publique, que ses devoirs 
professionnels retenaient ailleurs, s'était excusé auprès 
du Président, par une lettre charmante). 

Des journaux invités, la très grande majorité se 
trouva représentée, dont : L’Etoule Belge, Le XX° Siècle, 
La Dermère Heure, Le Peuple, le Matin d'Anvers, Het 
Handelsblad, La Métropole, Het Laatste Nieuws, De 
Vlaamsche Gazct et la presse locale au grand complet : 
Het Mechelsch Bericht, Het Mechelsch Nieuws en Aankon- 
digingsblad, La Voix de Malines, Le Réveil, De Straal, De 
Gazet van Mechelen, conduite par son syndic, le très sym- 
pathique M. OLBrEcHTSs, imprimeur. 

Assistaient en outre à la séance : 

MM. STRooBaANT et DE MARNEFFE, anciens présidents 
du Cercle; WizLEMSEN, président du Cercle Archéolo- 
gique du Pays de Waes à St-Nicolas; la Commission 
du Cercle : MM. Macnus, vice-président, PRÉHERBU et 
WITTMANN, conseillers, ConiINckx, secrétaire, VAN 
AERDE, bibliothécaire, Cosra, trésorier; MM. Corde- 
mans, Van Boxmeer, avec M. Coninckx, #embres 
fondateurs; VAN DE WALLE, représentant, OP DE BEÉCK, 
conseiller provincial, Colonel Frans, Rosier, Van Lre- 
PELOO, D’ ANDRIES, REYDAMS, BOEYNAEMS, DU TRIEU 
DE TERDONCK, DE BLauw Pierre, DiEerickx-BEKE, 
OLBRECHTS, JANSEN, DE LaAET, Poupeye, D' VAN 
DoorsLAER, HERTSENS, VAN BALBERGHEN, Capitaine 
DE WITTE, BoEY, VAN ASBROECK, GODENNE, VAN CRAEN, 
VAN DEN EECKHOUT, BERLAGE, COENE et TEUGELS. 

À la tribune étaient exposés les portraits des 
Présidents successifs du Cercle. 

M. le chanoine van CasrTer, tout d’abord, souhaita 





40 RAPPORT 





la bienvenue aux représentants de l'Administration 
Communale et ensuite accorda la parole au Secrétaire, 
M. Conixcxx, qui lut l’historique de la Société et s’ex- 
prima en ces termes 


« MESSIEURS, 


» Les années se succèdent avec une effrayante 
lapiditél  EstcenNl'etetrde lâse, ou Manhevrendenne 
précipite-t-elle les heures? Le passé! c'était hier déjà. 
Le présent! on l’oublie pour le futur. Il n’est pas rare 
que la notion du temps nous échappe. Et voilà qu’un 
beau matin, en se réveillant, par un de ces brusques 
retours de la pensée, on se souvient, on se ressaisit! 
Des années ont passé; on a vieilli du jour au lendemain. 
L'individu s’y use; les collectivités y gagnent, car pour 
elles, un brevet d'âge c’est la bonne marque, c’est la 
réclame honnête et qui n’est point trompeuse. C'est 
donc avec une légitime fierté que le Cercle Archéologique, 
Littéraire et Artistique de Malines inscrit dans ses fastes 
le vingt-cinquième anniversaire de sa fondation, et se 
réjouit d'avoir été plus heureuxmlenmaceltmquennsses 
devanciers, dont l'existence fut éphémère (1). 


(1) Dans le Ÿournal d’Annonces de Malines, du 24 février 1850, on lit 
ce qui suit : 

« L’on vient de créer à Malines un cercle qui prendra la dénomina- 
tion de Société archéologique et littéraire. Son but est de s'occuper des 
nombreux matériaux que fournissent les archives pour publ er une histoire 
de notre Ville, qui a eu et qui possède encore son importance, tant sous le 
rapport historique que sous le rapport artistique. 

» Cette société, divisée en membres effectifs et correspondants, 
publiera des annales; elle aura trois sections : histoire locale, les beaux- 
arts et la littérature; ces sections feront l'objet du travail et des études de 
chacune d'elles. 

» Les bases de cette société ont été jetées dans une réunion quia 
eu lieu samedi dernier, à l'Hôtel de ville. Les membres fondateurs qu'on 
nous a cités sont : MM. pu TRIEU DE TERDONCK, sénateur; DE BROUWER 


RAPPORT AT 





» [Il a donc vécu, lui, il a prospéré : 1l s’est affirmé 
nécessaire et utile. 

» On m'a fait l'honneur de me demander de vous 
dire, en quelques mots, ce que fut ce quart de siècle 
de son existence. Je ne saurais m’y refuser; aussi bien 
mes deux Confrères et moi (1), les seuls des fondateurs 
ou vivants ou demeurés fidèles à l’œuvre de notre 
jeunesse, revivrons-nous ainsi ces quelques années dont 
le souvenir s'évoque, revêtu du charme des choses heu- 
reusement vécues. 

» Laissez-moi vous reproduire ici les premières 
lignes du premier rapport annuel écrit le 25 juin 1887 : 


» Il y a deux ans, trois jeunes gens (2) justement étonnés de 
ce qu'une ville de l'importance de Malines n'eut pas de cercle 
s'occupant activement d’art et de littérature, projetèrent d’en fonder 
un. Ils se réunirent à cet effet, ébauchèrent un règlement et firent 
appel aux jeunes gens qui, animés des mêmes intentions, étaient 
désireux de concourir à atteindre le but commun. Mais ces nou- 
veaux membres restèrent invisibles et introuvables. 

» Décidés à tout faire pour aboutir, ils résolurent de payer de 
leur personne. Ils se mirent en campagne, travaillant leurs amis, 
multipliant les démarches pressantes. Le succès couronna leurs 
efforts. Le 24 mars 1886, douze fondateurs (3) se réunirent pour la 


DE HOGENDORP, DE PERCEVAL et FÉLIX VAN DEN BRANDEN DE REETH, repré- 
sentants; Ep. PycKkEe, membre de la députation permanente; DE PaAuw, 
bourgmestre; Brozrs et FRis, échevins; DE CANNAERT, DE CRANE D'HEYSSE- 
LAER, D'AVOINE, Dr S. DELGEUR, DusarT, H. pu TRIEU, HENOT, MoRISsENSs, 
Corn. NEErrs, H. PEETERS, PLuYs, J. TUERLINCKX, VAN DoREN, archiviste, 
Is. VAN OvErSTRAETEN et AUG. VERMEULEN. Tous les jours il arrive de 
nouvelles adhésions. » 

Ce qu'il en advint, on l'’ignore. 

(1) MM. H. CorpEMmans, Ph. VAN BoxMEER et H. CoNINCKXx. 

(2) MM. Constant VERVLOET, Hyacinthe CoRDEMaxs, Léopold VAN 
DEN BERGH. 

(3) MM. Alexandre Arts, Willem AErts, Louis CaBuy, Hyacinthe 
Coxixckx, Hyacinthe Corpemaxs, Joseph HuyGnHEeBaERT, Philippe VAN 
BoxmEEr, Léopold Vax DEN BERGH, Emile VAN DER AUwERA, François 
VAN DER AUWERA, Charles VAN HaAEsENDoNCcKx, Constant VERVLOET. 





42 RAPPORT 





première fois et constituèrent un Cercle sous la dénomination : 
Kunstminnende kring « Van dit tot beter ». Un projet de règle- 
ment fut élaboré, une commission provisoire fut nommée. Fidèle 
à son titre, le Cercle, après trois mois de tâtonnements, se constitua 
définitivement. Le 2 juillet 1886, il arrêtait ses statuts, après les 
avoir soumis à une muüre discussion, et le 16 du même mois, une 
commission directrice fut acclamée. En même temps l'on adopta 
la raison sociale : Cercle Archeologique, Littéraire et Artistique de 
Malines. 


» Voilà, Messieurs, notre acte de naissance. 

» On ne se méprendra pas sur la portée de l’ap- 
pellation triple sous laquelle le Cercle fit son entrée 
dans la vie. Elle trahit les appréhensions du début où le 
succès apparaît problématique; la crainte de se montrer 
trop éclectique, trop exclusif d'éléments qui pourraient 
constituer des facteurs de prospérité et de succès. 

» Dans l'intervalle des quatre premiers mois, le 
Président M. Constant VERVLOET, quittait Malines et 
démissionnait. Il fallut lui choisir un successeur, et le 
choix tomba, le 6 août 1886, sur feu M. P. PLISNIER, 
qui devint plus tard trésorier de la Société d’Archéo- 
logie de Bruxelles. 

» Nous voici encore à la période des démarches 
et des multiples efforts pour gagner des sympathies. 
Celles-ci furent plutôt négatives. Jeunes et sans expé- 
rience encore, nous ne pouvions éveiller que la méfiances 
autour de nous on se mettait en garde contre des 
enthousiasmes juvéniles qui, au fond, n'auraient pu 
être qu'un emballement que les premières rencontres 
auraient anéanties. 

» Bien suggestif est encore, à ce propos, le rapport 
cité plus haut 


» Des 17 personnes nommées membres honoraires (habitant 
donc la ville), 7 acceptèrent, 2 refusèrent, et 8 ne répondirent pas. 
Comme encouragement, c'est mince! 


RAPPORT 43 








» En effet ; et quand même on travaillait, en tâton- 
nant, il est vrai, à l’aveugle. Régulièrement on se 
réunissait; mais combien péniblement on parvenait à 
se trouver en nombre!! Il arriva même qu'on était là 
à se morfondre dans l'attente du conférencier qu’on ne 
voyait pas venir, gais malgré tout et bien en langue, et 
confiants dans l'avenir, attablés, devant soi la chope 
fréquemment renouvelée, où moussait la brune de 
Malines. 

» D'autres fois on mettait en loterie des livres, des 
gravures, dans l'espoir d'attirer par cet appât le membre 
indolent ou quelque peu réfractare aux sollicitations 
platoniques. 

» Mais une deuxième fois, le Cercle devenait veuf 
de son Président, et on existait à peine deux ans! Avril 
1888. Qui prendre? 

» Après müres réflexions, on crut pouvoir s’en ou- 
vrir à feu Jef Wizcems, statuaire. 

» Ouelques-uns des membres lui furent députés. 
Éloquents, ils le furent certes; et le succès couronna 
leur démarche. Le 3 mai suivant, ce choix fut confirmé 
par l'élection. 

» On reprit confiance. Un par un, des adhérents 
plus nombreux vinrent grossir la liste des membres. 
Ees séances furent mieux suivies. Le Cercle entrait 
dans une phase nouvelle et donnait enfin signe de 
vie. 

» Jef Wiccems était alors dans la pleine maturité 
de son talent et songeait à organiser une exposition de 
ses œuvres. Le Cercle n'hésita pas à en prendre l'initia- 
tive et à corser cette exposition d’une autre, consacrée 
a des œuvres d'art ancien. 

» Cette entreprise réussit en tous points : et le jour 
de l'ouverture, à laquelle fut invitée et assista la Société 


44 RAPPORT 








d'Archéologie de Bruxelles (1) qui venait de se fonder, 
feu M. l’'Echevin KEMPENEER, qui fut un des premiers à 
nous comprendre et à nous encourager, vint, au nom de 
l'Administration Communale, applaudir à notre effort 
et nous souhaiter prospérité et succès. 

» Le mauvais pas était franchi; mais il fallait per- 
sévérer. 

» Les ressources, représentées par les cotisations 
d'une vingtaine de membres, étaient modestes. On en 
vivait... bien bourgeoisement. L’extra paraissait plutôt 
chose lointaine à l'accès difficile sans appui de lexté- 
rieur, et 1l fallait autre chose que des paroles pour l’ob- 
tenir. Il fut donc résolu, après avoir réalisé quelques 
économies, de publier un Bulletin. 

» Bien plus modestement on avait débuté; qui ne 
se rappelle, avec reconnaissance certainement, un peu 
avec un sourire, la petite feuille chromographiée où 
notre Confrère CorDEMANS contait l’histoire de la Grue 


(1) Circulaire n° 9 de 1880, de la Société d'Archéologie de Bruxelles. 


EXCURSION DU DIMANCHE 19 MAI 1889. — Visite de l'Exposition d'Art ancien et 
des principaux monuments de la ville de Malines, 
A 7 h. 3/4. — Réunion : Gare du Nord, Bruxelles, salle d’attente de 1re classe. Distribution des 
coupons (2e classe) aux Membres inscrits (ces coupons seront pris par les soins du Comité). 
A 8 h. 17. — Départ pour Malines. 
A 8 h. 42. — Arrivée à Malines. 
Visite de : 
La Porte de Bruxelles {xive siècle); du local des Arbalétriers (xvie siècle); des maisons du 
quai de la Dyle (xvie siècle); du Grand Pont (xure siècle) et des Baïilles de fer (xvie siècle). 
A 10 heures. — Ouverture de l'Exposition d’art ancien organisée par le Cercle Archéologique, 
littéraire et artistique de Malines. 
11 h. 1/2. — Visite des Archives à l'Hôtel de Ville. 
12 h. 1/2. — Visite des Halles (xive siècle) et du Palais du Grand-Conseil (commencement 
du xvie siècle). 
1 heure. — Dîner à l'hôtel de la Grande Cigogne (rue Notre-Dame). 


> > 


À 

A 3 heures. — Visite du Musée de peinture (ancienne maison échevinale äu xive siècle). 
À 4 heures. — , de l'Hôtel de Busleyden (Mont-de-Piété, xvie siècle). 

A 4h. 1/2. — » de l’église St-Jean (xve siècle). 

A 5 heures. — , de la cathédrale St-Rombaut (du xine, xive et xve siècles). 

À 6 heures. - , de l’église St-Pierre (fin du xvne siècle). 

A 6h. 1/2. — , du Palais de Marguerite d'Autriche (xve et xvie siècles), 

A 7h. 15. — » des collections de Bruyn. 

A 8h. 13. — Départ de Malines. 

À 8 h. 57. — Arrivée à Bruxelles (Nord). 


RAPPORT 45 





du Quai aux Avoines, et qu'accompagnait la photogra- 
phie de la roue gigantesque en sa gangue de bois 
couverte d’ardoises, depuis longtemps démolie! 

» En 1889 parut donc le tome I du Bulletin du 
Cerele: 

» Eut-il du succès? Certes. Il y avait longtemps que 
l'histoire de Malines n'avait été à pareille fête, et les 
chroniqueurs et les historiens Malinois défunt : les Van 
den Eynde, les Schellens, les Schæffer, les Danis, les 
Steurs et tant d’autres durent en tressaillir d’aise dans 
leur tombe. Car seul, jusqu'alors, M. le chanoine van 
CasTEr avait continué leurs traditions. Celui-ci, nous 
parvinmes à l'intéresser à nos travaux et il y resta 
fidèle. 

» Notre publication nous donnait donc droit au par- 
tage de la manne budgétaire. Les dispensateurs ne s’en 
firent pas trop prier et depuis lors, quoiqu'à certains 
moments sérieusement ménacés, les subsides de la Ville, 
de la Province et du Gouvernement, successivement de 
500 frs, 300 frs et 400 frs, nous furent acquis. 

» L'expérience nous enhardissant, nous fimes pa- 
raître ensuite les tomes suivants de notre Bulletin. 
Celui-ci, en outre, gagnait en ampleur de texte et en 
richesse d'illustrations. Le 20° de la série vient de vous 
être distribué. 

» Sachez, M.,M., que les amateurs et les sociétés 
nombreuses avec lesquelles d'année en année les publi- 
cations s'échangèrent, se disputent les nôtres, qui jouis- 
sent, et avec raison, de la meilleure des réputations. 

» Au début, le Cercle avait établi ses pénates au 
café Le Globe, Marché au beurre. Plus tard, M. H1rPPé, 
notre confrère, hydropathe émérite, nous accorda 
gracieuse hospitalité dans une des salles de son établis- 
sement des Bains Saint-Pierre, rue du Sac. Un troi- 
sième déménagement nous mena en la petite salle des 





46 RAPPORT 





Fresques, à l'Hôtel Busleyden; pour les séances extra- 
ordinaires, on émigrait dans la grande salle voisine. 

» Mais il était écrit que le Cercle n'était pas au bout 
de ses pérégrinations. 

» Nos séances, où le feu de la discussion troublait, 
nous rapporta-t-on, la somnolence du léthargique voisi- 
nage, aurait gagné à un milieu plus adéquat. Comme 
plusieurs de nos Confrères étaient au mieux avec nos 
dirigeants, que même quelques-uns d’entre eux sié- 
geaient à l'Hôtel de ville, nous n’eûmes pas de peine à 
obtenir une salle du Musée communal. Au moins là, 
serions-nous à labri des rebuffades d’un cerbère trop 
féru de son repos. 

» Le nouveau local dut être aménagé à nos frais, 
mais il fut meublé aux dépens du Musée; l'accès, en 
revanche, en resta public. 

» Nous y vécûmes quelques bonnes séances, d’heu- 
reuses années, Jusqu'au jour où nous vinmes loger sous 
les combles à l'Hôtel de ville. Ne médisons pas trop 
de notre local actuel, M.,M., quoiqu'il nous rappelle une 
nouvelle saignée à notre caisse, lorsqu'il fallut l'aména- 
ger à notre usage. Jl a grande allure, vastes dimensions, 
apparence adéquate à sa destination, avec le chêne 
bruni de sa charpente, sa profondeur souvent noyée 
d'ombre. 

» Momentanément, nous en avons été éloignés tout 
le temps que dura la restauration de l'Hôtel de ville. 
Nous y voici revenus; puissions-nous de longtemps ne 
pas avoir à nous préoccuper de chercher un gîte ailleurs. 

» Il se comprend qu'au cours de ces cinq lustres se 
soit fait sentir le besoin de reviser les statuts du Cercle. 
Comme toutes choses ici-bas, ils n'étaient pas immuables! 

» Les modifications introduites successivement af- 
fectaient surtout la composition de la Commission et la 
durée des mandats de chacun de ses membres. Le 


RAPPORT 47 





secrétaire, le trésorier et le bibliothécaire seuls bénéfi- 
cièrent d’une pérennité relative. 

» À l'origine, les mandats étaient annuels et les 
membres sortants, sans distinction, rééligibles. En 1804, 
il fut décidé que le vice-président succéderait de droit 
au président sortant, qui ne pouvait être réélu dans la 
commission qu'après une année d'intervalle. Deux con- 
seillers furent adjoints en outre à la commission. Enfin, 
en 1904, les mandats furent décrétés bis-annuels et les 
titulaires sortants déclarés rééligibles. C'est le régime 
qui est actuellement encore en vigueur. 

» Une commission des finances fut également insti- 
tuée en 1894. 

» La distinction de membres effectifs et de mem- 
bres HE fut abolie à la même époque. Ces deux 
catégories n'en formèrent plus qu'une seule, sous le nom 
de « membres titulaires ». Les membres correspondants 
et les membres d'honneur continuèrent par être des 
éléments étrangers à la Ville ou, pour des raisons ma- 
jeures, à la Société. 

» Ces modifications successives ont amené à la pré- 
sidence de la Société 


» MM. Constant VERVLOET, jusqu’au mois de juillet 
1886 ; 
feu Pierre PLisNiER, du 16 juillet 1886 au 
29 août 1888; 
feu Jef Wiczems, du 3 mai 1888 au 24 jan- 
vier 18c6; 
et ensuite à tour de rôle 


MM. feu Jef Wizrems, 
Louis STROOBANT, 
Edgard DE MaARNEFFE, 
feu Jean KEMPENEER; 
Chanoine Guillaume van CasTer, Président 





48 RAPPORT 





pour la première fois en 1897, et d’une façon 
consécutive depuis 1902 jusqu’aujourd’hui. 


» Les secrétaires furent 


MM. H. CoRDEMANS, jusqu’au 20 août 1887; 
H. Coninckx depuis cette date jusqu’à ce jour. 


» Les trésoriers : 


MM. Em. VANDER AUWERA, la première année; 
L. Van DEN BERGH depuis lors jusqu’à son 
décès, au mois de janvier 1911. 


» Les bibliothécaires furent successivement 


MM. W. AERTS, 
CORDEMANS, 
HIPPÉ, 
REYDAMS, 
DE WAUTERS DE BoucHourT et 
VAN AÂERDE; 


pour ne citer que les membres du Bureau proprement 
dit. 

» À la fin de la première année sociale, le Cercle 
comptait 16 membres effectifs, 7 membres honoraires 
et 17 membres correspondants. 

» Nous en sommes arrivés, à ce jour, à avoir 
110 membres titulaires, 15 membres correspondants et 
2 membres d'honneur. 

» S'il fallait tenir compte des décès et des départs, 
nous pourrions nous prévaloir d’avoir vu dans nos rangs 
tous ceux qui, à un titre quelconque, pendant ces vingt- 
cinq années ont eu à s'occuper d'archéologie et d’histoire. 

» La même progression croissante se remarque dans 
le budget du Cercle. Au début, il était de 200 frs au 
chapitre des recettes; les dépenses étaient en consé- 
quence. Nos ressources sont aujourd'hui, bon an mal 


RAPPORT 49 





an, de 2400 frs; nos dépenses ont quelquefois dépassé 
ce chiffre : les publications seules nous coûtent en 
moyenne 2000 frs, et souvent ont coùté davantage. 

» Indépendamment de la publication régulière des 
travaux de ses membres, les actes de la Société com- 
prennent 

» Une action constante et sans répit pour que fut 
conservé à la Ville son aspect archéologiquement et 
artistiquement intéressant, qui en faisait la rivale des 
villes d’Art de la Belgique; 

» En outre, elle a lutté pour la restauration des 
monuments anciens et surtout pour leur conservation; 
pour éviter des actes de vandalisme qui compromet- 
taient l'endroit ou le site pittoresque, l’archaïsme si 
poétique en son charme vieillot, qui ravissait l'artiste 
en faisant rêver le poète; 

» Elle a cherché à faire rendre justice aux citoyens 
méritants du passé, aux grands noms de l'histoire de 
Malines. Une exposition de portraits en fut la principale 
manifestation ; 

» Elle a travaillé à retenir ici les objets d'art ou 
de curiosité rappelant Malines et son glorieux passé; 
ensuite à les faire valoir au mieux de leurs mérites. 
La réorganisation du Musée Communal et la création 
d'une Commission spéciale chargée de veiller à la con- 
servation et au classement des objets en fut la consé- 
quence; les Amis du Musée de Malines en sont en partie 
une émanation. 

» Enfin, elle a travaillé à dégager des brumes du 
passé, l’histoire administrative, économique et sociale 
de la Ville et de la Seigneurie, et elle a eu la bonne 
fortune de voir instituer à cette intention un prix 
spécial du à la générosité d'un de ses membres, Mgr le 
baron Victor-Marie vaN DEN BRANDEN DE REETH, Arche- 
vêque de Tyr, de vénérée mémoire. 





50 RAPPORT 





» En outre, ne voulant pas se confiner dans les li- 
mites étroites de l'atmosphère urbaine, le Cercle a orga- 
nisé à l'intention de ses membres, des excursions au delà 
de ce périmètre, participé aux manifestations de l’activité 
belge à l'étranger ou dans le pays même. La médaille 
d’or à l'Exposition Universelle de Saint-Louis de 1907 
et à l'Exposition de Bruxelles de 1910 fut sa récompense. 

» La Société fut pour quelques-uns d’entre nous le 
moyen de faire connaître plus libéralement les résultats 
de leurs investigations et de leurs recherches. Pour la 
plupart, elle fut l’occasion qui leur permit d'entrer 
en lice, d’emboîiter le pas aux aînés et acquérir ainsi 
la considération qui s'attache à celui qui fait œuvre 
intellectuelle, désintéressée et pour le bien commun. 

» Encore à ses débuts, le Cercle n’hésita pas à 
organiser le 12° Congrès de la Fédération Archéologique 
et Historique de Belgique en 1897. 

» Aujourd’hui, à la veille de clore la vingt-cinquième 
année de son existence, il a, à cette occasion, accepté une 
mission semblable et il en escompte un succès digne des 
efforts de tous ceux qu'il commit à l’organisation de ces 
assises solennelles, auxquelles le Cercle convie les savants 
et les spécialistes tant du pays que de Pétranger!! 


. . . . . . . . . . o 2 


C'était le moment de renseigner les auditeurs sur 
les préliminaires du Congrès et d’en conter les rétroactes. 
On a pu lire ces détails ailleurs. Inutile donc d’y revenir. 

La fin du rapport fut un appel au dévouement de 
Ja Presse. 


« Un des grands facteurs de succès sera assurément 
l'intervention dévouée et gracieuse de la Presse Belge. 
Nulle n'ignore qu'elle met au service de toute cause, 
qu'elle soit humanitaire ou utilitaire, qu'elle ait pour 
objet les Arts, les Lettres ou les Sciences, qu'elle soit 


RAPPORT 5r 





économique et politique, les talents si nombreux et si 
variés de ses éminents collaborateurs. 

» À la main habile, la Presse est un levier puissant. 
Nous en attendons beaucoup pour ne pas dire tout! 

» En répondant si nombreux à notre invitation, 
Messieurs les journalistes, vous avez tenu à nous donner 
l'assurance que votre concours précieux nous est assuré. 
Notre reconnaissance ne vous l’est pas moins. 

» Faites en sorte, Messieurs, que le Congrès de 
Malines puisse être le digne émule des Congrès anté- 
rieurs; digne du passé historique glorieux de la cité des 
Berthout et des Primats de Belgique; digne de ce qui 
lui reste encore de vestiges si appréciés de sa splendeur 
d'autrefois. » 


De vifs applaudissements saluèrent cette péroraison. 
M. le Président félicita le rapporteur et le remercia. 
Il rendit hommage aux fondateurs du Cercle, qui ont eu 
confiance dans l'avenir. Pour ce qui le regarde, il con- 
fesse qu’au début il ne voyait pas que la Société naissante 
put être viable — l'expérience le rendait méfiant; — il 
ne s’y intéressa donc que pour autant qu'on puisse 
s'intéresser à une nouveauté. Il en fait amende honorable 
aujourd’hui, tout en se rendant ce témoignage, qu’une 
fois acquis au Cercle, son dévouement ne connut plus 
de défaillance. D'unanimes applaudissements confirment 
ces dires et les corroborent. 

M. le chanoine van Caster leva alors la séance 
et il convia les assistants à se retrouver à 7 heures 
autour de la table du banquet. 

Après quelques minutes d’aimable causerie, d'à parte 
pour renouer connaissance et se rappeler des souvenirs 
communs, on quitta le local du Cercle. 

Au dehors, la pluie et le vent font rage. Arc-boutés 
contre la rafale, sous l'éclat fulgurant des globes 





52 RAPPORT 





électriques, on traverse le vaste forum Malinois; on 
s'engouffre sous la galerie couverte de l’ancien palais 
du Grand Conseil, pour gagner le lieu du festin. 

Là, tout est lumière, tout est à la joie. La table, 
en fer à cheval, remplit la vaste salle de ses non 
moins vastes dimensions. C'est jour de liesse, et le 
décor de la table, emprunté au folklore local, est d’un 
archaïsme charmant. Ici une branche de bouleau étend 
ses multiples ramures, chargés d'oiseaux en pâte de 
farine, à queue en plumes; deux cavaliers de plus 
grande dimension lui font cortège; là des petits bateaux 
en sucre blanc, à cargaison de dragées et ornés d’ori- 
flammes multicolores, des bonshommes et autres figu- 
rations en sucre rouge rappellent la mi-carême tradi- 
tionnelle. Des plats en étain supportent des « letteren, 
ringen en noten, mustacholen » et autres friandises 
locales, composant le dessert. Le mot « Mechelen » en 
« lettren » s'étale en face des convives de la table 
d'honneur. Celle-ci est occupée par MM. le chanoine 
vAN CastTER, MM. WiLLEMSEN, président du Cercle 
Archéologique du Pays de Waes à St-Nicolas;, M. le 
Bourgmestre Dessain; Echevins Van HoOokENBEECKx et 
HERTSENS ; DE MARNEFFE et STROOBANT, anciens Prési- 
dents du Cercle; WiTrMaAnNN, Sénateur; Van DE WALLE, 
représentant; OP DE BEÉCK, conseiller provincial; Colonel 
Frans; ]. Rosier, Directeur de l’Académie des Beaux- 
Arts; les représentants de la Presse de langue française 
y font suite d'un côté, entourant MM. Macnus et PRÉ- 
HERBU, qui leur font les honneurs du repas, et de la 
Presse de langue flamande de l'autre côté, avec MM. 
ConiNcxx et A. JANSEN, qui s'acquittent à leur égard 
de fonctions semblables. Les autres convives se placent 
à l’aventure et au hasard de leurs préférences. 

Près de chaque couvert, le classique « Schillekens 
Koek » remplace le pain habituel. De larges enveloppes, 


RAPPORT 53 








pliées à la mode ancienne, en papier non moins ancien, 
cèlent en leurs flancs le menu des mets variés que va 
nous faire servir le maître de céans « Dore uit het hof 
van Befferen en Uffra Jeannette », secondés par un 
personnel culinaire de choix. 

Sur un carré de papier ad hoc, on reproduit le 
numéro du menu pour, ce papier être ensuite remis au 
Secrétaire, qui le conservera précieusement, afin qu’un 
exemplaire, tombant en des mains profanes, le coupable 
n'échappe à la vindicte de ses confrères. Car ce menu 
deviendra chose précieuse, une rareté bibliographique, 
et dont la possession excitera maintes convoitises ; toutes 
précautions ne seront pas superflues pour empêcher 
qu'un non-souscripteur au banquet ne puisse se préva- 
loir de le posséder dans ses collections, sans en avoir 
largement payé la valeur. 

Ce menu, en effet, est une vraie trouvaille, que 
l'on doit à M. le chanoine van CastTer. Qu'on se figure 
une feuille in-folio de très vieux papier de Hollande, 
aux caractères non moins vieux, imprimé avec un reli- 
gieux souci de facture ancienne, repliée sur elle-même, 
un côté comprenant le texte flamand, l’autre le texte 
français. Toute la série des personnages légendaires 
malinois : Op-Signorken, les Géants, le cheval Bayard, 
etc., chevauche à l’entour du texte bilingue. Tel un 
arbitre aux reins puissants, la Tour Saint-Rombaut 
est fièrement campée entre les deux textes. Au-dessus, 
en un cartel, est inscrit le numéro de l’exemplaire du 
menu; au bas, l’auteur avait frappé son cachet. Au 
recto de la feuille, se lisait le libellé de l’objet de la 
fête, avec, comme épigraphe, un dicton de circonstance. 

A l'heure dite s'ouvre la partie gastronomique de 
la fête. Le service se poursuit régulièrement, au milieu 
de conversations animées et de l’entrain général. On 
arrive ainsi au moment fixé pour les toasts. 





54 RAPPORT 





M. le chançine van Casrer se lève; tous les con- 
vives l’imitent, et au milieu d’un silence général, pro- 
nonce les paroles suivantes : 


Domine salvum fac Regem! Dieu protège le Roi! 

C’est la prière de l'Eglise. C’est le vœu de tous les Belges, 
et en particulier celui de tous les Confrères réunis ici, pour fêter 
le 25m anniversaire de notre Cercle. Et pour ce, M.,M., je vous 
propose de boire à la santé du Roi Albert |, notre bien-aime 
souverain, de notre très gracieuse et non moins aimée Reine Elisa- 
beth et à celle de toute la famille royale! 


Un tonnerre d’applaudissements et un triple Hip! 
Hip! Houra! poussé à pleins poumons, soulignent les 
paroles du Président. 

Le télégramme suivant fut immédiatement adressé 
au Roi 


A Sa Majesté le Roi, Bruxelles, 


Le Cercle Archéologique de Malines, réuni pour fêter le 
25%e anniversaire de sa fondation, acclame Sa Majesté Albert, Roi 
des Belges, et associe à ces sentiments d’ardent loyalisme Sa 
Majesté la Reine Elisabeth et toute la famille Royale. 


Chanoïine G. vAN CASTER. 


Voici la réponse du Roi 


10-JI Etat. 


23 Monsieur le Chanoine van. CASTER, 
II rue Notre-Dame, Malines, 
19II déposé à Bruxelles, à 10/40, n° 4502. 


Le Roi a été très touché du télégramme que vous lui avez 
adressé au nom du Cercle Archéologique de Malines. Sa Majesté 
m'a chargé de vous transmettre, ainsi qu'à tous les membres de 
votre Société, ses remerciements et ceux de la Reine pour vos 
chaleureuses assurances de loyalisme. 


Le Ministre de la maison du Roi. 


RAPPORT 55 





Le silence s'étant rétabli, M. le Vice-Président, 
Edm. Macnus, propose de boire à la santé de M. le 
chanoine van CasTer et à celle de M. WizLEMSEN, le 
Président du Cercle Archéologique du Pays de Waes, 
et il le fait en des termes particulièrement heureux : 


Messieurs, 


Voici donc que nous fêtons, en ces agapes amicales, les 
25 années d'existence de notre Cercle, et voici 17 ans que notre 
Société est présidée par le Révérend M. vaN CASTER. 

Pendant ce laps de temps déjà long, M. le chanoine van 
CASTER conduisit notre Société avec le plus rare dévouement, avec 
le tact le plus parfait. Toujours le premier et le dernier à nos 
réunions, encourageant les uns, conseillant avec la plus grande 
compétence les autres, critiquant parfois, mais toujours respec- 
tueusement écouté de tous, il s’est fait notre conseiller et notre ami; 
il s’est en quelque sorte identifié avec le Cercle qu'il préside, et 
prononcer son nom, c'est évoquer celui du Cercle Archéologique de 
Malines. Connaissant à fond tout ce qui concerne l'archéologie de 
notre cité, admirateur profond de tout ce qui tient à l’art dans sa 
chère ville natale, il voudrait revoir à celle-ci toute sa splendeur 
d'antan, y relever ce grand nombre de façades et de monuments 
anciens qui caractérisent notre Malines, et assister au couronnement 
de ce grand œuvre par l'achèvement de la tour de St-Rombaut. 

Et, quand je parle du Président du Cercle, je vois immédiate- 
ment à côté de lui M. WILLEMSEN, le Président du Cercle archéo- 
logique du pays de Waes. Ce sont ces deux hommes qui seront 
à la tête de notre futur Congrès. 

Le Cercle que préside M. WILLEMSEN fêtera son cinquantenaire 
dans le courant de 1911 de façon magistrale et unique; car ce 
sera en inaugurant un nouveau musée pour la ville de St-Nicolas. 
Nous aurons alors l'occasion de le féliciter particulièrement et de 
lui dire combien hautement nous apprécions son travail et cette 
façon toute spéciale de fêter un glorieux anniversaire. 

Messieurs! Unis dans la présidence de notre futur Congrès, 
ces deux hommes doivent être unis dans nos hommages, et c'est à 
leur longue vie, à la continuation de leur dévouement à la science 
archéologique que je vous convie de vider vos coupes. A la santé 
de MM. van CASTER et WILLEMSEN ! 





56 RAPPORT 








Une nouvelle salve d’applaudissements salue et 
l'orateur et les Présidents. 

M. WiLLEMSEN, Président du Cercle Archéologique 
de St-Nicolas, en son nom et en celui de M. le chanoine 
VAN CASTER, répond d’une voix vibrante 


M.,M:; 


Je remercie bien sincèrement M. MaGnus des paroles trop 
élogieuses qu'il a bien voulu m'adresser. Et je le remercie d'autant 
plus que je me demande comment je pourrais bien les avoir 
méritées. Qu'est-il arrivé, en effet! Le Cercle Archéologique de 
Malines avait pris sur lui d'organiser la XXII: session de la Fédéra- 
tion Archéologique et Historique de Belgique. Il a cru que le Cercle 
Archéologique du Pays de Waes pouvait lui être utile dans cette 
conjoncture. Vous nous avez fait signe et aussitôt nous avons 
répondu à votre appel. Nous avons cru fairé acte de bonne con- 
fraternité et voilà tout notre mérite. 

Mais cette coïncidence me permet d'apporter ici, à l’occasion 
de votre vingt-cinquième anniversaire, le salut cordial de notre 
Cercle de Waes à votre vaillante Compagnie. 

Nous sommes vos aînés — nous comptons le double de 
votre âge — et par là mème nous avons pu suivre attentivement 
la marche de vos travaux. Leur caractère ne s'est jamais démenti 
et vos efforts ont toujours tendu à vous rapprocher de la vérité : 
scientifique. 

À qui le devez-vous? Evidemment à vos dirigeants actuels. 
Mais, à mon très humble avis, une grande part de mérite revient 
aux ouvriers de la première heure. Ils défrichèrent le terrain, l’en- 
semencèrent et le rendirent fertile. Hélas! leur nombre est restreint, 
il n'existe plus que deux anciens présidents de votre compagnie : 
MM. STROOBANT et DE MARNEFFE. 

Je vous propose de lever notre coupe en leur honneur. 


Les mêmes manifestations d'enthousiasme se repro- 
duisent. 

C'est alors au tour de M. Rosier, Directeur de 
l'Académie des Beaux-Arts, et celui-ci, s'adressant à 
l'Administration Communale, le fait avec l’éloquence 
et le charme dont il a le secret. 


RAPPORT 57 





Messieurs, 


Mes Collègues du Cercle Archéologique m'ont confié l’agré- 
able tâche de porter un toast à l'Administration Communale de 
Malines. Je me rends bien volontiers à ce désir, d'autant plus que, 
‘ce faisant, je n'aurai que des choses aimables à adresser à ces 
autorités. 

En effet, Messieurs, tous ceux qui connaissent notre tant 
pittoresque cité, avec sa splendide couronne de monuments que lui 
ont légués les siècles passés, doivent avoir remarqué le soin jaloux 
avec lequel nos autorités communales veillent à la conservation de 
cet inestimable trésor. 

Non seulement on s’évertue à défendre ces monuments contre 
les atteintes du temps, mais encore on s'applique, avec la prudence 
et l’intelligence nécessaires dans ces cas, à remettre dans leur état 
primitif ceux d’entr'eux qui, aux époques de décadence, ont eu à 
subir, de la part de l’homme, des outrages plus graves encore. 

C'est ainsi que, depuis une trentaine d'années, on a vu 
restaurer successivement et avec bonheur, le palais de Marguerite 
d'Autriche, celui de Marguerite d'York, l'hôtel Busleyden, l’église 
Ste-Catherine, le palais du Grand Conseil, etc., et bon nombre de 
façades de tous genres et de tous styles, et dont la plupart ne sont 
pas seulement un ornement pour notre ville, mais constituent 
encore de précieux documents pour l’étude de l'Architecture dans 
notre région. — En dernier lieu on a remis en état notre Hôtel 
de ville; et à peine ce beau travail est-il terminé, que l’on en projette 
déjà un autre plus important encore : celui de la restauration et de 
l'achèvement de nos Halles. 

Bref, notre Administration Communale a droit à nos hom- 
mages pour le soin avec lequel elle veille à conserver, à mettre en 
relief et à auzmenter notre magnifique patrimoine de monuments et 
de souvenirs du passé. Elle a encore droit à nos remerciments pour 
l'appui moral et matériel qu’elle n'a cessé d'accorder au Cercle 
Archéologique de Malines, rendant ainsi possible et facilitant les 
importants travaux de ce Cercle, et enfin, pour le vif intérêt que, 
très certainement, elle porte à notre prochain Congrès en cette 
ville. 

Ce Congrès promet d’avoir une importance extraordinaire. 
D'abord, Malines est incontestablement un des plus beaux cadres 
qu'on puisse rêver à ces sortes de réunions. Ensuite, des ques- 
tions du plus haut intérèt y seront traitées par des sommités 


58 RAPPORT 





dans le domaine de l'Art et de l’Archéologie; on organisera des 
festivités, concerts, excursions, etc., qui seront un vrai régal intel- 
lectuel. Enfin, on prépare une exposition folklorique qui promet 
d'être une des plus complètes qui se soient produites jusqu'ici. 

Dans cette exposition, on ne se bornera pas à l’exhibition de 
de ces objets simples, naïfs, et qui souvent n’ont d'autre valeur 
(d'ailleurs très appréciable) que celle du souvenir ému qui s'y 
rattache, mais on se propose d'y faire une large part à l'Art 
religieux, ainsi qu'aux industries d'Art autrefois si florissantes à 
Malines, telles que : la dinanderie, la dentelle, la tapisserie, le cuir 
doré, etc. 

Peut-être l'exposition d’Art religieux sera-t-elle le point de 
départ d’un musée spécial, si désirable, et dans lequel on pourra 
réunir, conserver et exposer convenablement les objets ayant 
servi au culte, objets dont pour l’une ou l’autre raison on ne se 
sert plus et qui, actuellement et malgré les prescriptions Gouver- 
nementales à ce sujet, se perdent souvent ou vont enrichir les 
collections et musées à l'étranger. 

Quant aux industries d'Art en question, quelques-unes d’en- 
tre elles existent encore en notre ville, maïs d’autres, et des plus 
importantes, ont disparu, et qui sait si cette exposition ne con- 
tribuera pas à les y faire revivre. 

Je sais bien, Messieurs, qu'en ce moment plus d’un d'entre 
vous se dira : Bon, voilà ce Monsieur qui s'égare. Parti pour un toast 
à l'Administration Communale et oubliant que les toasts les plus 
courts sont les meilleurs, il se croit sans doute déjà au Congrès 
et pour un rien risquerait une petite conférence, qui serait abso- 
lument hors de saison. 

Eh bien, Messieurs, permettez-moi de dire qu'il n’en est rien. 
Loin de m'être égaré, je suis au contraire plus que jamais dans mon 
sujet, car, en esquissant à grands traits l'importance de nos projets, 
j'ai par le fait mème mis en relief que l'exécution de ces projets 
n'est possible qu'avec le plus généreux appui des Autorités. 

Et puisque nous avons l'honneur et le plaisir d’avoir au 
milieu de nous M. le Bourgmestre de Malines, ainsi que plusieurs 
de nos Echevins, et parmi eux celui des Finances, il n’est peut-être 
pas très délicat, mais certainement natutel, je pense, que je profite 
de cette heureuse circonstance pour exprimer, au nom du Cercle 
Archéologique, l'espoir de voir notre Administration Communale 
seconder nos efforts de manière à nous permettre de faire grand, 
en un mot de faire digne de Malines. 


RAPPORT 59 





Et maintenant, Messieurs, je termine en rendant une fois de 
plus hommage à notre Administration Communale pour le vif intérèt 
qu'elle ne cesse de porter aux choses de l'Art et de l'Archéologie; 
en la remerciant de l'appui qu'elle a toujours accordé à notre 
Cercle et qui, nous en sommes persuadés, nous restera acquis 
dans l'avenir, et enfin, Messieurs, pour vous inviter à souligner 
mes paroles, en vous joignant à moi pour lever nos verres en 
son honneur. 


Les sentiments que venait d'exprimer M. Rosier 
étaient partagés par tous les convives; leurs applaudis- 
sements le prouvèrent d'abondance. 

M. le Bourgmestre CH. DeEssaiN y répondit en ces 
termes. : 


Je vous remercie, Messieurs, des paroles très aimables et très 
élogieuses qui viennent d’être prononcées à l'adresse de l’Admini- 
stration Communale. 

Louis Veuillot à dit quelque part, d’une Académie savante, 
que « c'est une société très considérée de savants hommes qui 
s'occupent entre eux de lire ce qui fut écrit en caractères effacés, 
dans une langue inconnue, sur les monuments détruits des peuples 
quironticessé-dètre ». 

Les archéologues malinois, par leur activité, corrigent ce que 
ces paroles pourraient laisser supposer de fine critique et confirment 
- ainsi que les exceptions sont le plus souvent la règle. Car, tout 
ce quart de siècle durant, ces Messieurs ont produit, entre eux, 
pour le plus grand bien de tous, une œuvre abondante, utile et 
durable, et nous leur en savons gré. Ils nous donnent une preuve 
nouvelle de leur activité expansive en organisant le prochain 
Congrès Archéologique et l'Exposition dont on nous fait pres- 
sentir toute l'importance. La ville de Malines est certainement 
très disposée à seconder ces efforts, mais n'oublions pas que ses 
ressources sont très restreintes. 

Rassurez-vous cependant, Messieurs, nous ne désespérons 
pas d'arriver à découvrir dans quelque coin de la caisse communale 
de quoi vous prêter un appui secourable, et nous le ferons d'autant 
plus volontiers que celui-ci contribuera surtout à vous permettre 
de mettre en valeur les beautés artistiques et les richesses 
archéologiques de notre chère cité. 





60 RAPPORT 





Non moins applaudies furent les paroles du premier 
Magistrat de la Ville. 

Mais la source d’éloquence était loin d’être tarie. 
La Presse, à son tour, allait s'entendre congratuler, et 
par le mieux en verve des Confrères du Cercle, M. le 
Juge PRÉHERBU. 


Mesdames et Messieurs, 


Je dis, Mesdames, parceque si nous ne voyons pas de nos 
yeux quelques échantillons de la plus belle moitié du genre 
humain, et si, de ce chef, cette assistance si distinguée paraît 
incomplète, nous comptons cependant quelques Dames parmi 
nous; je ne puis les oublier. 

D'abord, la principale, l’Archéologie, que nous représentons 
tous, à des titres divers; ensuite, la Tradition populaire, dont nous 
sommes les conservateurs, quelques-uns diront « trop -obstinés », 
quoique aujourd’hui mal venu serait sans doute celui qui s’avi- 
serait de blâmer notre banquet folklorique. Enfin, et surtout, celle 
à qui j'ai mission de boire, une très grande dame : la Presse! 

Après le Pouvoir exécutif, S. M. le Roi, le Pouvoir directeur 
de notre Société, le Président; après le Pouvoir Communal, ici 
représenté, pouvait-on omettre cet autre pouvoir, qui s’arroge le 
droit de les juger tous, et dont tous relèvent, quoiqu'ils en aient : 
l'Opinion publique et son organe universel, la Presse! 

Elles nous donne l'exemple de tout discuter, elle ne doit 
pas s'étonner d'être à son tour très discutée. On en dit parfois 
du mal : nous pourrions considérer que ceux qui s'en plaignent 
le plus sont les plus ardents à y recourir. Car, comme la lance 
d'Achille, elle peut guérir les blessures qu’elle fait, dit-on. La 
recette manque peut-être d'utilité pratique de nos jours, et plutôt 
qu'à la lance on pourrait songer à certaines lancettes chirurgicales, 
qui, après que l'opération est réussie dans toutes les règles de 
l’art, expédient le patient ad patres, ce qui est le moyen le plus 
sûr, évidemment, de couper court à des réclamations ultérieures. 

Vous dirai-je du bien de la Presse : si j’en dit trop, j'expose- 
rais la modestie de ces Messieurs à de trop cruelles épreuves, 
ou peut-être ces Messieurs croiraient-ils que nos louanges sont 
l'expression absolue de la vérité, et cette illusion pourrait nous 
rendre tous bien à plaindre. 


RAPPORT 6I 








Mais trève d’impertinences : nous sommes très heureux, 
Messieurs, de vous voir parmi nous. 

Dans la mission d'éducation sociale que vous remplissez, 
vous êtes pour nous de précieux collaborateurs. Vous pouvez 
défendre contre elles-mèmes des villes qui n’aspirent qu'à s’enlaidir, 
sans comprendre qu’elles s’appauvrissent dans la mème mesure. 
Je me hâte d'ajouter, et vous avez pu, Messieurs, vous en assurer 
de visu, que ce n'est pas le cas à Malines, et que les diverses 
administrations qui s’y sont succédé ont toutes, sans distinction 
d'opinion, eu à cœur de conserver le patrimoine artistique de la cité. 

Vous pouvez faire apprécier l’ytilité, je souligne le mot, 
l'utilité réelle et pratique de nos sociétés archéologiques, qui 
s'évertuent à sauvegarder les témoins d'un passé glorieux et à 
ménager le trésor esthétique où vient se former et s’épurer le goût 
artistique et industriel de nos générations futures. 


S'adressant ensuite aux représentants de la Presse 
flamande, M. PRÉHERBU continua en ces termes 


Heeren der Vaderlandsche Drukpers, 

want hoe zou ik U anders beter kunnen noemen, indien ik mi) 
niet blootstelde aan de verwijtingen, ‘t zij van degenen die U 
vlaamsche drukpers heeten, ‘t zij van diegenen welke U met den 
naam van Nederduitsche Drukpers bestempelen; ik wil mi niet 
tusschen een van beide rangen schikken; ik ben gelukkig dezen 
teug ter uwer gezondheid te ledigen. Hadden wij meer tijd ter onzer 
beschikking, zou ik U eenen onafmeetbaren langen toast voor- 
dragen : 

Eerste hoofdstuk : De groote eer die mij toekomt, ondanks 
mijne onbevoegdheid; maar te dien opzichte, kunt Gij allen beter 
redeneeren dan ik zelve, en wij zullen dat hoofdstuk maar overslaan. 

Tweede hoofdstuk : over het uitmuntend karakter der Vlaam- 
sche Pers en deszelfs vertegenwoordigers: maar de opsomming 
uwer bekwaamheden zou misschien al wat lang zijn, of misschien 
wat lang schijnen aan diegenen die met dezelfde hoedanigheden 
niet begaafd zijn, en dit hoofdstuk zullen wij nu ook maar over- 
slaan. 

Ik zal mij dus vergenoegen met eenen oproep te doen op uwe 
welwillendheid. Ons Mechelen is eene Vlaamsche stad, vläamsch van 
aard en vlaamsch van zeden; maar in ons Belgisch vaderland leven 
van alouds, nevens malkander, twee germaansche stammen, waar- 





62 RAPPORT 





van d’'eene, de frankische namentlijk — daar den dietschen tongval 
door den romeinschen invloed in de schaduw gebracht werd — 
het tot eene alomgekende en met volle recht geprezen wereldtaal 
gebracht heeft. 

Sedert de burgondische vorsten was Mechelen door fransch 
sprekende bewoond. Zetel van den Hoogen Raad, heeft zij er altijd 
de twee landstalen zien gebruiken, en ze altijd op gelijken voet 
zien gesteld. 

Wat onze Maatschappij betreft, volgaarne aanhooren wij in 
onze zittingen de werken onzer vlaamsche leden. Zij pronken 
tusschen de besten die wij in onze jaarlijksche verslagen mededee- 
len. En toch betreuren wij dat ze niet talrijker zijn. 

Aan U, Heeren, bevelen wij deze taak, van ons nieuwe aan- 
hangers bij te brengen: niet enkel leden voor de Maatschappij, 
inteekenaars voor het Oud- en Geschiedkundig Congres, maar ook 
en vooral werhkende leden, die den alouden schat onzer handvesten 
doorbladeren, en als naarstige bieën er ons den zoeten honing 
van voor zetten. 

Gij ziet vandaag, Heeren, dat wij onzen ouden oorsprong 
indachtig zijn, dat we de oude Mechelsche gebruiken zoeken te 


behouden en te verheerlijken. 
En ‘t is ook, volgens aloud vaderlandsch gebruik, dat ik 


mijne rede sluit door te drinken op uwe gezondheid. 


Faudra-t-1l répéter que des applaudissements nourris 
caluent la harangue bilingue de M. PRÉHERBU, qu'on 
ignorait posséder et manier la langue flamande avec 
pareille mæstria. 

La Presse ne voulut pas être en reste d’amabilité, 
et le!Syndic ‘dela Presse locale MVP Imprimeur 
OLBrREcHTS, se levant, remercia l'assemblée et le Cercle 
organisateur pour les mille attentions témoignées à ses 
Confrères, et promit ensuite le concours dévoué de tous 
au Congrès du mois d'août prochain. 

Il le fit en ces termes fort applaudis : 


Wij bedanken den geachten spreker voor de goede gevoelens 
welke hij komt uit te drukken ten opzichte der vertegenwoordigers 
der Drukpers. 


RAPPORT 63 





Hulde brengende aan het Comiteit van den Oudheidskundigen 
Kring, welke het grootsche gedacht heeft opgevat tijdens de aan- 
staande Oogstmaand een Congres met tentoonstelling en andere 
feestelijkheden ter stede in te richten, geven wij U de verzekering dat 
de Leden der Drukpers aan hunnen plicht niet zullen te kort komen, 
wanneer het ‘t algemeen welzijn betreft, zooals. hier het geval is. 
En inderdaad, Mijnheeren, het geldt hier door de Drukpers de 
feesten bekend te maken, die ter gelegenheid van het zilveren 
jubelfeest van den Oudheidskundigen Kring ter stede zullen plaats 
grijpen, ten einde zooveel mogelijk vreemde bezoekers naar hier te 
lokken tot groot voordeel van handel en nijverheïd. 

U dan nogmaals deze uitdrukkelijke verzekering aanbiedende, 
stellen wij een heildronk voor, op het welgelukken van het aan- 
staande Congres, van de tentoonstelling en andere feestelijkheden. 


Enfin, M. STRoOBANT, ancien président du Cercle 
Archéologique, clôtura la série des toasts par ces 
quelques paroles flatteuses adressées au Secrétaire 
général du Congrès, M. H. ConiNcxx, membre fonda- 
tenmetesecretaure du Cercle Archéologique, et à ses 
collaborateurs du Comité exécutif : 


Messieurs, 


Il nous reste à porter un toast. Je vous convie de boire à la 
santé de celui qui, avec un inlassable dévouement, est depuis 
bientôt un quart de siècle la cheville ouvrière de notre Société et 
qui vient d'assumer la très lourde charge de Secrétaire général du 
Congrès de 1911. 

M. ConiNCKx consacre tous ses loisirs à la prospérité du 
Cercle Archéologique; conjointement avec MM. Macnus et 
PRÉHERBU, il est l'organisateur de la fète folklorique si réussie de 
ce Soir. 

C'est là un gage de succès du futur Congrès, et je vous 
convie, Messieurs, de boire à la santé de M. ConiNckx et de ses 
collaborateurs (Applaudissements). 


M. ConiNcxx se leva à son tour et, après un bref 
remerciment à l'Assemblée, dit : « Messieurs, j'ai été 
aujourd'hui l’homme à tout faire, il ne me manquait 


Jam, 





64 RAPPORT 


= — 








plus que le rôle de régisseur. Puisqu'on m'y voue, je 
m'exécute, en vous annonçant que le fils très sympa- 
thique d'un de nos plus sympathiques Confrères du 
Cercle veut bien nous chanter quelques airs anciens et 
notamment des led d'amour, composés par Marguerite 
d'Autriche. La parole est donc à M. Tony Macnus ». 

Cet intermède musical fut un vrai régal. Artiste- 
ment accompagnées au piano par M. Durtieux, ces 
vieilles et naïves complaintes furent détaillées de façon 
ravissante; lorsque ensuite le classique « Kwezeltje 
wilde gij dansen » souligna définitivement l’archaïsme 
de la partie harmonique de la fête, la satisfaction de 
l'assistance se traduisit par des acclamations bruyantes 
et prolongées. 

La fête continua ensuite par battre son plein jus- 
qu'à une heure très avancée de la soirée. 

En se séparant, on se félicita du succès grand de 
la soirée, et unanimement on convint que le but espéré 
était atteint au delà de toute espérance : fêter le jubilé 
du Cercle et faire entrer le Congrès dans la phase 
d'organisation où le concours des Autorités, de la 
Presse, du Public, de toutes les bonnes volontés en un 
mot, lui est désormais assuré. 


H. ConNINCKx. 





Nicolas van der Veken 


SOUEPREUR [MABINOIS DU!XVTI STÈCLE 


Tout l’Olympe en délire, la ruée monstrueuse d’une 
race débridée, l’inextricable grappe de torses truculents, 
de carnations vermeilles, les ruisselantes clartés des 
gorges blanches, laiteuses, et des cambrures roses. 
L'ivresse éthérisée qui porte à la luxure, le paroxysme 
orgiaque des saturnales et le faste pompeux des cours. 
Les agonies livides des martyrs‘chrétiens, la hantise des 
corps suppliciés, aux chairs vergetées et pantelantes, la 
meurtrissure des yeux et celle cramoisie des lèvres, et 
par dessus tout, singulière antithèse, l'obsédante saveur 
païenne dans les légendes bibliques. Une création 
énorme qui regorge de sève, féerie de lignes et de 
couleurs, d'impétueux élans, de formes plantureuses, de 
blondes nudités, de manteaux écarlates et de simarres 
d’or. 

Voilà Rubens! 

L’étalage éclatant des marbres blancs et noirs, le 
galbe des colonnes qui montent avec essor, les corniches 
surplombant en de folles audaces et la silhouette pitto- 
resque des frontons. L’avalanche neigeuse des anges, 
génies païens, l’apothéose de saintes, grasses d’insou- 
ciante volupté, et le triomphe déclamatoire d'un Christ, 


5 





66 NICOLAS VAN DER VEKEN 





Jupiter florissant. Les groupements amoncelés, taillés 
au cœur des chènes, jetant pêle-mêle arbres, nuages, 
rochers; accumulations déconcertantes où se lamentent 
de lascives Madeleines, aux seins lourds, aux croupes 
rebondies, aux reins cambrés, où des anachorètes 
flamands, aux torses athlétiques, se meuvent dans le 
vent qui fouette, creuse et tord leurs manteaux en 
bouillonnants remous. Des nichées d'amours joufflus, 
dodus, pervers, avec des ailes d’anges, des guirlandes 
qui croulent sous le poids des lourds fruits automnaux, 
croustillants et bombés. 

Voilà l’église ! 

Les façades à pignons, ouvrées comme des joyaux, 
scintillantes comme des reliquaires, des arcs de triomphe 
emphatiques et faux, des oriflammes soyeuses et des 
festons et des amours. Le fastueux cortège où des 
chevaux fringants piaffent, se cabrent et caracolent, 
allumant mille feux dans leurs harnais dorés, où des 
chars pesants et pompeux geignent, crissent et cahottent 
sur l’inégal chemin. Les riches pourpoints de soie et de 
velours, les fulgurants reflets des étendards, des armes de 
parade, et la houle du flot humain, ses chants scandés, 
ses cors tonitruants et le soleil. 

C'est la rue! 

Le luxe tapageur des vaisselles de cuivre, des 
grands plats godronnés et des buires pansues, entassés 
rutilants sur des dressoirs somptueux, des meubles tout 
fouillés de redondants décors. Le fauve éclat des cuirs 
qui animent les murs, l'énorme cheminée où flambe un 
tronc entier, réveillant mille reflets aux lustres, aux 
tentures, aux rideaux. Et la table dressée, avec ses 
nappes blanches, ses grès et ses cristaux. Toute la 
godaille épique, les bouillonnants convives, l'ivresse 
libidineuse, le rire épais, le propos égrillard et toute la 
vie charnelle et la folle chanson. 


SCULPTEUR MALINOÏS DU XVII SIÈCLE 67 


Géstleoyer! 

Et cette évocation d'ensemble qui fascine et émer- 
veille, c'est la Renaissance flamande, non point dans 
l'essai timide et timoré des premiers italianisants, ni 
dans le pastiche discordant et froid, simplificateur et 
synthétique, des romanisants du xvi‘ siècle, mais dans 
sa splendeur virile, consécration admirable d’un lent et 
patient effort, le siècle de Rubens. 

Et pourtant à l'aurore du xvrr° siècle, le règne de la 
terreur, la furie espagnole vient à peine de s’apaiser. 
Les campagnes encore incultes sont plantées de gibets, 
les villages désertés ne se réveillent que sous le pas 
pesant des escadrons en marche, et les bruits perçants 
des métiers se sont tus dans les cités flamandes. Le 
calme peu à peu succède à la tourmente et le gouver- 
nement paisible déjà des archiducs Albert et Isabelle 
ramène en nos provinces une prospérité relative. Véri- 
table règne draconien, la domination espagnole, avec 
ses luttes religieuses, longues et ardentes, avait anéanti 
en notre pays, le plus riche du monde naguère, tout ce 
que la lente fermentation des siècles y avait produit 
dans les domaines de l’agriculture, du commerce et de 
l'industrie. 

Dès leur avènement, les archiducs s'étaient rendu 
compte de la dépression économique qui affligeait la 
région. Par tous les moyens ils cherchèrent à parer 
à la ruine qui s’'annonçait imminente. La découverte 
des colonies avait stimulé les initiatives nationales et 
favorisa étrangement la consolidation des états euro- 
peéns. L'esprit de rivalité économique fut exploité de 
manière fort adroite par nos archiducs, et soutint leurs 
efforts pour protéger, par des octrois et des privilèges, 
l'industrie nationale, en butte à l’âpre concurrence 
étrangère. 

Sans cesse préoccupés d'améliorer les métiers, tant 





68 NICOLAS VAN DER VEKEN 





anciens que nouveaux, de concilier les vieux privilèges 
corporatifs avec les progrès techniques qui s’imposaient, 
leur action fut très appréciable, au milieu des difficultés 
extrêmes, qui ne cessèrent de s'élever de toutes parts. 
Réalisant des travaux publics de première importance, 
fondant un système douanier fortement protectionniste, 
accordant des monopoles aux industries menacées, cette 
action eut été plus efficace si elle n'avait manqué 
d'unité, si elle n'avait égaré les plus généreux efforts en 
de vaines querelles sur le régime monétaire. 

S1 la honte d’un fanatisme farouche se complaisant 
aux autodafés des sorcières ternit encore le règne des 
archiducs, si la prospérité était plus apparente que 
réelle, une certaine accalmie pourtant avait succédé à 
la tempête, et l’homme, dans un bien-être inespéré, se 
réjouit de la fraîcheur dont toutes choses semblaient 
imprégnées, et les lettres et les arts se prirent à 
refleurir. 

Secondés puissamment par l'ordre des Jésuites, 
dont l’enseignement contribua, efficace, à l'éclosion 
d'une brillante renaissance en ces domaines, les archiducs 
se firent les protecteurs généreux des hommes de lettres 
et des artistes. Autour de Juste Lipse tout un essaim 
de poètes, parmi lesquels de nombreux membres de la 
compagnie de Jésus, cultivaient la muse. A défaut de 
véritable inspiration, ils imitèrent Ovide et Virgile, 
dont, avec érudition, ils exaltaient la beauté. Les 
épanchements idylliques, embaumés de bonheurs para- 
disiaques, s’impreignent de paganisme; une oppression 
mélancolique en altère la sérénité; mais quand éclate 
parfois la joie, quand se déchaîne l’exubérante ardeur, 
elle claironne, leur poésie, en accords impétueux, dont 
les ripailles de Jordaens ne sont que les transpositions 
colorées. La verve déclamatoire et redondante, le style 
grandiloquent et imagé des poètes latins de la décadence, 


SCULPTEUR MALINOIS DU XVII‘ SIÈCLE 69 





avec tout le boursouflage pédantesque qu'y introdui- 
sirent les humanistes des xv° et xvi° siècles italiens, 
furent les sources fécondes où nos lettres s’'abreuvèrent 
goulûment, absorbant à pleins gosiers cette mixture de 
paganisme vénéneux et grisant. 

La peinture dès lors, qui ne demandait qu’à fleurir, 
sera l'expression, non pas uniquement du milieu 
déprimé encore des provinces flamandes, mais princi- 
palement de cette culture littéraire païenne, dont les 
lettres hollandaises et flamandes, autant que françaises, 
distillaient le charme troublant. 

Rubens, la plus vigoureuse plante de ia floraison 
nouvelle, surgit en ce moment, et, durant un demi-siècle, 
soulagea son inépuisable fécondité en des créations 
grandioses qui éblouirent le monde. Nul mieux que lui 
ne représente cette époque, dont il engendra en quelque 
sorte le faste redondant, et c'est à travers ses œuvres 
qu'on la jugera toujours. Imbu de littérature latine, 
ayant absorbé par un travail d’assimilation formidable 
tout ce que l'Italie pouvait lui enseigner, professant en 
outre pour la Rome antique un culte enthousiaste, il 
était l’homme tout désigné pour servir les projets de ses 
souverains et de leurs zélés apôtres, les Jésuites. 

Défenseurs opiniâtres de la forteresse catholique du 
Nord, qu'était notre pays, soucieux d'éviter la réforme 
par un culte tolérant et rajeuni, et considérant l’art 
comme un des moyens de propagande les plus efficaces, 
les disciples de Loyola flairèrent en Rubens un allié 
puissant. Nul mieux que lui n'était capable de trans- 
poser en formes et couleurs leurs audacieux sermons, 
teintés de paganisme. En s’attachant l'artiste, ils con- 
quirent une école. Autour de lui, en effet, en son atelier, 
se meut une pléiade merveilleuse de praticiens, maîtres 
tous, mais éclipsés pourtant par le génie mondial du 
plus puissant des peintres. 


70 NICOLAS VAN DER VEKEN 





Non seulement la peinture, mais encore l’architec- 
ture, la sculpture et les arts décoratifs en général 
doivent plus que leur nom de style jésuite à l’ordre de 
Loyola. L'édification de multiples églises, influencées, 
en leur structure autant qu’en leur décor, du baroque 
italien, admirablement assimilé par le cerveau de 
Rubens, la belle envolée que prit la sculpture, sous 
l'impulsion du Bernin, le regain de vie dont témoignent 
la tapisserie, le mobilier et l’orfèvrerie, voilà le fruit de 
la munificence jésuitique. S1 le style pompeux et faux 
justifie en certains sens le dédain que le snobisme 
moderne professe à son égard, ce style bien flamand, 
dans son opulente splendeur, eut au moins l’incontestable 
mérite d’avoir atteint cette unité, cette physionomie 
harmonique, qui manquent totalement à notre siècle 
infatué et prétentieux. Ce fut la peinture toutefois qui 
prit la direction, et non l’art de bâtir, ainsi que le 
veulent généralement les grandes époques artistiques. 
Partant de là, l'architecture sera fictive et picturale, au 
lieu d’être sincère, son décor sera théâtral et trompeur, 
et la sculpture sera tumultueuse et pleine d’afféterie. 

Quel cadre merveilleux pourtant ces arts four- 
nissent aux rêves grandioses que Rubens fixa sur ses 
toiles immenses. Non seulement des peintres, mais 
encore des graveurs, des sculpteurs, des architectes 
s'attachèrent aux pas de l'illustre créateur. Et parmi 
eux, le sculpteur Luc Fayd’herbe de Malines semble 
avoir joui de la faveur toute spéciale du maître. Il 
contribua puissamment à propager son style, large, 
plein de hardiesse, de tumultueuse envolée, où se retrou- 
vera le caractère prédominant de tout l’art flamand du 
xvi1° siècle. 

Les troubles religieux, qui avaient dévasté nos 
provinces, n'avaient laissé que des monceaux de 
ruines. Le mobilier et la sculpture de nos églises, forte- 


SCULPTEUR MALINOIS DU XVII‘ SIÈCLE Pi 


ment endommagés par les iconoclastes, exigeaient des 
réparations urgentes. Sous l'influence des idées nou- 
velles, importées d'Italie par l'esprit encyclopédique 
de Rubens, les autels se surmontèrent de portiques 
imposants, empruntés aux arcs de triomphe antiques, 
et réservant l'hospitalité la plus bienveillante aux 
énormes tableaux du lyriste anversois; des chaiïres de 
vérité s'élevèrent, accumulations pittoresques de person- 
nages et d'animaux, de rochers et de feuillages, et les 
murs se recouvrirent, avec une fantaisie infinie et 
variée, de stalles, de boiseries et de confessionnaux, 
où la décoration sculpturale tenait une place prépon- 
dérante. 

À l'aurore du xvri° siècle, la ville de Malines, 
qui avait vu sombrer dans la furie espagnole son inou- 
bliable splendeur d'antan, respira plus librement, et 
retrouva dans le commerce et la manufacture une 
prospérité relative. La fondation, en 1620, du Mont-de- 
Piété, débarrassa les classes laborieuses de cette lèpre 
de l’économie, les Lombards et les tables de prêts. 
Si l'industrie drapière était perdue sans espoir, on 
chercha à introduire le tissage de la soierie avec le 
concours de tisserands français. La fabrication des cuirs 
dorés traversa une ère des plus florissantes. C'était 
l'époque des grandes cavalcades, des festivités pom- 
peuses, et le cortège de 1680, en célébration du jubilé 
de saint Rombaut, fut entouré d’un faste inoui. Les 
corporations vivaient leurs dernières années de splendeur 
et contribuaient, par leurs deniers et leurs personnes, 
au lustre des pompeux cortèges. 

Dans un tel milieu l’art devait incontestablement 
s'épanouir et jouer un grand rôle. Un homme de 
génie prit la tête du mouvement et entraîna à sa 
suite un essaim d’habiles artistes, rivalisant de zèle 
et d'invention, pour embellir la cité. Du sein de son 


72 NICOLAS VAN DER VEKEN 





noyau médiéval s'éleva une renaissance architecturale 
remarquable. L'église du Béguinage, le sanctuaire de 
Notre-Dame d'Hanswyck, la chapelle du prieuré de 
Leliëndael et l’église des Jésuites témoignent hautement 
des tendances artistiques nouvelles. Les ornementations 
fastueuses et la surcharge du style jésuite, confinant si 
aisément au mauvais goût, s’y étalent ostensiblement, 
plus encore peut-être dans leurs ameublements luxueux 
que dans leurs pompeuses façades de pierre blanche. 

Le nom de Luc Fayd’herbe s'attache indélébile à 
cette époque, comme celui des Kelderman aux siècles 
passés. van der Veken, Langhemans, Van der Steen, 
Boeckstuyns, Verhaegen et Valckx forment, avec lui, 
la plus incomparable des écoles de sculpture que 
connut notre pays. Décorateurs avant tout, les sculp- 
teurs flamands du xvri° siècle manquèrent très souvent 
de profondeur dans leurs productions hâtives; mais 
quelle richesse, encore que tapageuse et vulgaire parfois, 
mais quelle fantaisie opulente, quelle abondante variété. 

Leur rêve en général ne dépassa guère celui de 
transposer en marbre, ou plus souvent en bois peint, les 
compositions audacieuses du colosse anversois; mais si 
le raffinement manque, combien admirable est leur 
vigueur; si le bon goût leur fait défaut, combien débor- 
dant de suc est leur talent, quelle harmonie parfaite a 
présidé toujours aux réalisations audacieuses de leurs 
plus féériques visions. 

Le xvr° siècle pourtant ne s’acheva pas sans voir se 
propager, parallèlement à l'impulsion rubénienne, 
l'influence d’un art gracieux, plus séducteur sans doute, 
mais dégénérant parfois en une délicatesse exagérée. Ce 
courant, nouveau en Flandre, trouva son origine chez 
van Dyck. il en avait puisé le secret dans son âme raffinée 
d’abord, puis en Italie, dans les préciosités berninesques 
et les virtuosités bolonaises, mais surtout près de cette 


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Lambris et confessionnaux 


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74 NICOLAS VAN DER VEKEN 








belle aristocratie anglaise dont il devint à la fois le 
premier et le plus grand des portraitistes. 

Si l’école flamande demeura plutôt fidèle aux leçons 
impérieuses et subjuguantes de Rubens, la grâce allan- 
guie des anges et des femmes de van Dyck ne tarda pas 
à s'imposer dans tous les domaines. Cette grâce particu- 
lière fascina le génial sculpteur Pierre Puget, en France. 
Dans la sculpture belge, Nicolas van der Veken (1) en 
fut un des plus brillants interprètes; il en fut linitia- 
teur, à Malines, où cet art séduisant fleurira jusqu’en 
plein xvin‘ siècle, plante vivace qui ne s’étiolera que 
sous le souffle glacé du classicisme. 


JT 


Nicolas van der Veken vit le jour à Malines et y 
reçut l'onde baptismale en l’église Saint-Rombaut, le 
29 octobre 1637 (2). Sa famille nous est fort imparfaite- 


(1) La seule biographie de quelque importance, publiée sur Nicolas van 
der Veken, est celle que nous trouvons dans l'excellent travail de M. Emmanuel 
Neerrs, Histoire des sculpteurs malinois, 1876, pp. 212-219. 

Elle nous a servi de base à l’étude que nous avons faite de cet artiste. 

M. le Chr Edmond MarcHaL, La sculpture et les chefs-d’œuvre d’orfèvrerie 
belges, 1895, pp. 542 à 544, n’a fait que reprendre les données de M. Neeffs. 

(2) Voici l’extrait du Registre des naissances de l’église Saint-Rombaut, 
années 1631 à 1639. 


1637, 29 octobre. 

Parents : Henricus Van der Veken. 
Anna Claes. 

Enfant : Nicolaus. 

Parrains : Nicolaus Toussaint. 
Anna Matteys. 


Le parrain Nicolas Toussaint ou Tousyns était peintre et avait commencé 
son apprentissage chez Rombaut Michiels, en janvier 1588. 

Suivant cette inscription, Nicolas fut baptisé ie 29 et non le 20 octobre, 
ainsi que l’affirme Emm. Neeffs, op. cit., p. 213. 

Il ressort de la même inscription, que le père du sculpteur se nommait 


SCULPTEUR MALINOIS DU XVII‘ SIÈCLE 75 


ment connue. Henri van der Veken et Anne Claes, ses 
parents, avaient contracté mariage en l’église SS. Pierre 
et Paul, le 27 novembre 1632 (1). Quatre enfants naquirent 
de cette union : François, baptisé le 4 octobre 1633; Josse, 
le 31 mars 1636; Nicolas, le 29 octobre 1637; et Egide, 
le 15 juillet 1644. François n'était donc pas le demi-frère, 
mais le frère aîné de notre sculpteur, contrairement à la 
supposition émise par différents chroniqueurs et reprise 
par Emm. Neeffs. 

Le père était un modeste sculpteur, dont les comptes 
communaux de la Ville (1614-1615) mentionnent le nom, 
à propos des restaurations apportées au navire, figurant 
annuellement dans l'Ommegang malinois. Il n'était donc 
plus très jeune quand il épousa Anne Claes. La date de 
son décès est incertaine, plusieurs noms identiques 
figurant dans l'obituaire de l’église Saint-Rombaut; 
nous n'avons donc pu la déterminer exactement. De 
fortes présomptions toutefois portent à considérer la 
date du 16 octobre 1644 comme la plus probable. En 
effet, nous trouvons le jeune Nicolas, à peine âgé de 
10 ans, en apprentissage chez un autre sculpteur. Il est 


bien Henri et non Lambert, comme on le lit dans E.-J. SMEYERS et H.-D. VAN 
DEN NIEUWENHUYSEN, Korte levensbescryf van Groote mannen (Archiv. Malines DD. 
No XVI, p. 79), et dans le Wekelijksch Bericht van Mechelen, de 1783, p. 141 
(Konstminnende wandelinge). 
+ Erronément le Vereerlijkt Mechelen (1e partie, p. 374) nomme notre 
sculpteur Marcus au lieu de Nicolas. En effet, aucun Marcus van der Veken 


n'apparaît dans la liste des membres de la gilde des peintres de Malines (voir 
Mechelsch Bericht, 1786, op. cit. p. 659). 


(1) 27 novembre 1632 
Juncti sunt matrimonio 
Henricus van der Veken 


Anna Claes 
Registre matrimonial de l’église 


SS. Pierre et Paul, à Malines. 

Dans le registre de St-Rombaut, leur mariage est inscrit à la date du 20 

novembre même année; nous devons considérer cette inscription comme la publi- 
cation des bans de maître Henri, qui habitait cette paroisse. 


76 NICOLAS VAN DER VEKEN 





permis de supposer que, si son père avait vécu à cette 
époque, il aurait pris le soin d’initier personnellement 
son fils dans son propre atelier. 

De sa mère, nous ne connaissons que le nom. 
Nous nous la représentons bonne et pieuse et pouvons 
présumer que c’est auprès d'elle que notre artiste puisa 
les principes de droiïture, d’humilité et de probité, ainsi 
que les fermes croyances religieuses qu'il extériorisa 
au cours de sa carrière artistique. Une habitation avec 
jardin et dépendances, située « in den Huyvetters 
Ham », au quartier des Tanneurs, fut cédée aux parents 
de Nicolas, le 7 octobre 1643 (1). La veuve continua 
apparemment d’habiter cette maison avec ses enfants 
mineurs, car l’obituaire de l’église Saint-Rombaut nous 
apprend qu'elle mourut le 10 octobre 1667, rue de la 
Chapelle; or, cette rue est située en ce quartier. Nicolas 
habita probablement jusqu’à la fin de sa vie cette rue, 
où nous le trouvons avec certitude en 1680 (2). 

Le nom de van der Veken était fort répandu à 
Malines; nous ignorons toutefois quels furent les ancêtres 
de notre tailleur d'images. Un certain Jean van der Veken, 
peintre et sculpteur, habitait Anvers en 1574, mais 
acquit, le 17 octobre 1581, à Malines, sa ville natale, la 
franchise de son double métier. Le 19 juillet 1585 il 
rentra à Malines, d'où les troubles politiques l'avaient 
éloigné. Ce Jean van der Veken était-il le grand-père 
de Nicolas? Rien jusqu’à présent ne nous permet de 
l'affirmer, mais les traditions artistiques qui, en général, 
se transmettaient et se perpétuaient en une même 
famille, nous le font supposer. 


(1) Reg. Scab. 264. Ad. et Déshéritances, f° 164. Archives, Malines. 

(2) Voir E.-J. SmEvers, Aanteekeningen rakende onze schilders en beeld- 
houwers. Notices DD, XVII, Archives, Malines. 

« Nicolaes van der Veken, beelthouwer, in ’t ambacht gecomen nog jongman 
sijnde, 1 febr. 1662, woonde ten jaere 1680 in de Capelstraet. » 


SCULPTEUR MALINOIS DU XVII‘ SIÈCLE pi: 





La vocation du jeune Nicolas se dessina de bonne 
heure, car, comme nous l’avons vu, dès l’âge de dix ans, 
le 20 novembre 1647, il fit son entrée comme apprenti, 
dans l'atelier de Maximilien Labbé (1). Sculpteur 
médiocre, enlumineur indigent, maître Labbé avait 
épousé, le 7 janvier 1631, Cornélie Franchoys, veuve 
du peintre-sculpteur Henri Fayd'herbe, dont il reprit 
l'atelier. Il avait entrepris aussitôt l'éducation artistique 
de son beau-fils, Luc Fayd’herbe, qui ne tarda pas à se 
soustraire à cette direction peu assurée et passa, en 
1636, sous la tutelle péremptoire et enthousiaste de 
Rubens. 

Nicolas van der Veken ne séjourna sans doute que 
peu de temps chez Labbé, qui se contenta vraisembla- 
blement à rompre le jeune apprenti aux premières 
difficultés du métier. Nulle œuvre de Labbé n'étant 
conservée, nous ne pouvons rechercher les traces de 
l'influence qu'il put exercer sur le jeune artiste. C'est 
dans cet atelier de peintre, où la besogne était bien 
moins abondante que variée, que Nicolas doit avoir pris 
goût à la peinture. En ces siècles, où la pratique des 
arts était considérée comme une profession et non un 
sacerdoce, les ateliers étaient loin d'être ce qu’ils sont 
de nos jours. Des familles dans la grande famille corpo- 
rative, c'étaient parfois de véritables pépinières de jeunes 
talents, débutant comme apprentis, reçus maîtres plus 
tard, mais dont, même alors, l'ambition ne dépassait 
guère l'honneur de pouvoir exercer leur art aux côtés du 
patron. D’aucuns s'établissaient à leur tour, formaient un 
nouvel atelier; d’autres épousaient la fille du maître et 
continuaient sa tradition; mais toujours une intimité 
affectueuse et l'entente la plus cordiale régnaient entre 


(1) HYACINTHE ConINCKx, Le livre des apprentis de la Corporation des Peintres 
et des Sculpteurs à Malines, 1903, p. 58. 


78 NICOLAS VAN DER VEKEN 





le patron et ses disciples, ses enfants, ainsi que les 
chroniques les désignent parfois. 

Tel fut l'atelier de Rubens, tel celui de Luc 
Fayd’herbe, où Nicolas van der Veken acheva son appren- 
tissage. Nous ignorons la date à laquelle il débuta chez 
l'illustre sculpteur flamand. Il est toutetois certain qu'il 
était jeune encore, car dès 1662, âgé de 25 ans, Nicolas 
obtint la maîtrise. Il va donc sans dire qu'il est erroné 
de considérer ].-F. Boeckstuyns, et surtout F. Langhe- 
mans, comme ses compagnons d'atelier, ce dernier 
n'étant né qu’en 1661. L'atelier de Fayd'herbe, étant 
donné le nombre considérable d'œuvres qui en sortirent, 
fut des plus importants; des disciples nombreux y 
travaillaient pour le maître. Celui-ci, sous la puissante 
impulsion rubénienne, à laquelle il emprunta la vision 
large, les goûts pompeux et l'amour des vastes ordon- 
nances monumentales, eut pour mérites principaux une 
grande hardiesse et un esprit entreprenant, qui devaient 
le servir admirablement en cette époque unique pour le 
mobilier religieux et la sculpture de nos églises. 

Doué d’un esprit d’assimilation peu ordinaire, Luc 
Fayd’herbe excella à traduire en pierre et en marbre les 
compositions de Rubens. Après trois ans d’apprentis- 
sage, le célèbre peintre anversois lui avait délivré un 
certificat des plus élogieux, et Fayd’herbe, reçu franc- 
maître en sa ville natale, en 1640, n'avait pas tardé à 
récolter les fruits de sa brillante formation artistique. Il 
ne connut les chefs-d'œuvre de l'antiquité que par 
l'intermédiaire de Rubens, son mariage l'ayant empêché 
de donner suite au projet qu'il caressait d’effectuer le 
classique voyage d'Italie. Il en résulte dans ses com- 
positions une certaine lourdeur, un certain manque 
d'équilibre et une prédilection des formes tourmentées, 
convulsées, qui deviennent pour ainsi dire une caracté- 
ristique de son métier. C’est sans doute à travers ce 


SCULPTEUR MALINOIS DU XVII‘ SIÈCLE 70 





tempérament de statuaire que Nicolas van der Veken 
goûta la largeur du style rubénien, mais c’est ailleurs 
qu’il faut chercher l’origine de la grâce sentimentale et de 
la délicatesse expressive qui le caractérisent. Connut-il 
les productions de van Dyck? Sans doute. Il est certain 
toutefois que l'élégance séduisante, caractérisant l’art 
de van der Veken, est l'expression même de son âme 
originale et raffinée. 


En véritable héritier des traditions médiévales, 
maître Nicolas ne répudia jamais la couleur en tant que 
complément esthétique de ses images religieuses. Le 
dédain professé par Michel-Ange et par ses imitateurs 
pour cet artifice, fort légitime pourtant, de faire valoir 
la statue et le relief en général par l’enluminure, ne 
trouva pas grâce chez notre artiste et, à l'exemple des 
maîtres des deux grandes époques grecque et gothique, 
il avait l'habitude de communiquer à son travail, à 
l'aide du pinceau, ce suprême souffle de vie que le 
ciseau est incapable de lui donner. 

Soucieux de la vérité et de la perfection technique, 
il suivit pendant quelque temps les leçons du peintre 
Nicolas Smeyers (1), afin d’être à même de polychromer 
ses figurines de saints, sans avoir recours à d’autres 
artistes. Il s’en tira d’ailleurs toujours avec un réel talent 
et à son plus grand honneur. Après cet apprentissage 
consciencieux, le jeune artiste était armé pour se con- 
quérir une place fort en vue dans la glorieuse école d'art, 
dont s’enorgueillit, à juste titre d’ailleurs, le xvri° siècle 
flamand. 


Le 1° février 1662, Nicolas fut reçu maître et admis, 


(1) Dans la notice de Corneille Van GEstez, Viri illustres mechlinienses 
scriptis vel fama clari collectore Cornelio Van Gestel, 1740, f° 133 (Archives de 
Malines), nous trouvons le nom de Gillis Smeyers et non celui de Nicolas, 

Nous n’en avons pu découvrir la confirmation, 


80 NICOLAS VAN DER VEKEN 





en sa ville natale, à la franchise du métier; il versa de 
ce chef une rétribution de xl florins. Quitta-t-il en ce 
moment l'atelier de Luc Fayd’herbe? Nous l’ignorons. 
Toujours est-il que le 30 novembre 1663, nous lui voyons 
admettre un élève, Gilles van der Veken. Nous déduisons 
de ce fait la certitude qu'il travaillait pour son compte 
particulier. 

Le maître ne se maria point. On ne rencontre 
chez les chroniqueurs anciens, qui parlent de lui, aucune 
de ces jolies légendes dont ils avaient l’habitude de 
passementer leurs pittoresques récits. Dans sa demeure, 
rue de la Chapelle, il menait une existence calme, mais 
active. Membre de la sodalité des Pères Jésuites, il 
était fort pieux, plein de bon sens, d’une irréprochable 
droiture. C'était, de plus, un esprit fort original, que le 
milieu ambiant ravissait sans l’inspirer pourtant. Il se 
complaisait dans sa ville natale, qu’à notre connaissance 
il n’a jamais quittée, et qu'il était prêt à défendre sous 
la bannière du serment des escrimeurs. 

Travaillant presque uniquement pour les églises 
et les couvents malinoïs, la renommée artistique de 
van der Veken était exclusivement locale. Elle l’est 
demeurée jusqu’à ce jour. Une seule fois, en 1685-86, 
son nom figure dans les comptes communaux de sa ville 
pour des restaurations, peu importantes d’ailleurs, 
apportées au Christ, placé sur le pont de la Fontaine (1). 
Doyen de la corporation de Saint-Luc en 1680, 1683-84, 
1690 à 92 et 1694 (2), 1l signa encore, en 1702, un 


(1) « Betaelt aan Niclaes van der Veken, voor gerepareert te hebben ende 
geschildert den Lieven Heer hangende aan het cruys op de fonteyne brugge binnen 
deze stadt. per ordonnantie ende verificatie van den controlleur : 3 gulden. » (Comptes 
communaux de Malines 1685-1686, p. 179 vo). 

Les travaux exécutés par l'artiste étaient certainement de peu d'importance, 
étant donnée la modicité de la somme qu’il toucha de ce chef. 

(2) Voir H. ConiNCKX, op. cit., pp. 27-28. 


SCULPTEUR MALINOIS DU XVII‘ SIÈCLE BI 








manifeste adressé par cette gilde à l'autorité communale 
de Malines. . 

Un matin d'hiver, le 15 janvier de l’année 1700 (1), 
par un froid rigoureux, Nicolas van der Veken fut trouvé 
mort, assis dans son appartement, enveloppé d’un ample 
manteau et les pieds posés sur une chaufferette. Courbé 
et chenu, réduit sans doute à l’inaction par une vue 
affaiblie et des doigts gourds, le vieil artiste s’assoupit 
probablement à la suite d’une de ces longues méditations 
où la mélancolie l’accablait. Il succomba à l’asphyxie 
causée par les émanations d'oxyde de carbone que 
dégagea le petit réchaud (2). 

Nicolas van der Veken fut essentiellement un 
sculpteur sur bois; à titre exceptionnel, il travailla la 
pierre ou le marbre, et aucune œuvre en ces matières 
he parvint jusqu’à nous. Les seuls travaux en pierre 
qu'on cite de lui sont les décorations de la façade du 
local de la gilde des Merciers et celles du local des 
Graissiers (3). 


(1) Emm. NEEFFS, Op. cit., p. 214, à la suite de tous les chroniqueurs du 
xvue siècle, donne comme date du décès de Nicolas van der Veken l’année 1704. 

Le registre obituaire de l’église Saint-Rombaut mentionne sa mort à la date 
du 15 janvier 1709. 

(2) C. Van GESTEL (op. cit.) fait mourir dans ces circonstances, François 
van der Veken, durant un hiver rigoureux, l’année... (la date manque). Il y a ici 
confusion de noms, étant donné que ce François, le frère aîné de Nicolas, mourut 
le 17 août 1713. (Obituaire de l’église des SS. Pierre et Paul). 


(3) Le local réservé aux réunions de la Gilde des Merciers se composait de 
deux petites habitations, entre lesquelles était ménagé un passage donnant accès à 
une cour, au fond de laquelle se trouvait la chapelle de Saint-Martin. Ce local avait 
servi précédemment à la Petite Arbalète et fut abandonné par celle-ci en 1604. 
L'ensemble de bâtiments fut démoli en 1830 et occupait l'emplacement actuel des 
maisons n°S 19 et 21 aux Bailles de Fer (Voir De Namen en de korte geschiedenis 
der Huizen van Mechelen, par Ad. REyDAMs, p. 134). 

L’aquarelle N° 408 du recueil J. Schæffer, album VIII, conservé aux Archives 
de Malines, nous montre la façade de cette maison corporative. Un bas-relief 
représentant saint Martin partageant son manteau figure au-dessus de la porte; 
nous ne sommes pas parvenus à savoir si cette décoration est de la main de 
Nicolas van der Veken. 


82 . NICOLAS VAN DER VEKEN 








Le bois qu'il travailla de préférence suppose une 
technique particulière, tant dans le traitement du nu 
que dans celui de la draperie; il en est de même pour 
la conception esthétique. Cette matière, mieux que 
toute autre, se prête à la taille profonde des plis, pro- 
duisant ainsi des effets d'ombre et de lumière d’une 
intensité exceptionnelle; par sa nature fibreuse, elle 
autorise des hardiesses de mouvements inadmissibles 
chez les marbriers. 

Le fini du détail, souligné d'une polychromie 
brillante, a joui de tout temps de la faveur des sculp- 
teurs sur bois; aussi, continuant les traditions des ima- 
giers brabançons du moyen âge, Nicolas van der Veken 
enlumina souvent avec beaucoup de talent ses statues 
du Christ et de Saints. Plus généralement ses grandes 
figures décoratives demeurent non coloriées. 

Modelées avec une virtuosité technique remarqua- 
ble, conçues en un sentiment religieux que le xvri° siècle 
ignore en général, ces grandes figures, taillées dans le 
chêne, gardent de cette matière encore vivante un 
frémissement qui les rapprochent de la vraie chair, car, 
comme celle-ci, il a toute l’onctuosité de la peau humaine. 
La patine lustrée des siècles revête parfois ces figures, 
d'une moiteur fraiche qui, étrangement, en accentue 
encore la vie. Matière éminemment riche en reflets, elle 
est aussi pleine d’imprévu, et la rencontre d’une veine 


Nous tenons à faire remarquer d'autre part que le chroniqueur Corneille 
van Gestel (op. cit., 134) mentionne comme travail de van der Veken, la décoration 
sculpturale de la façade de l’Ancre, local des Graissiers, Baïilles de Fer. Cette 
ornementation comportait de petites scènes avec enfants, exécutant différents travaux 
ayant trait à ce métier. L’aquarelle N° 419 du recueil ci-dessus, album IX, représente 
cette façade. Nous y voyons, en effet, huit petits bas-reliefs en pierre, placés 
au-dessus des fenêtres. Sur chacun, deux petits amours travaillent. Les dimensions 
trop restreintes et l'interprétation ne’permettent pas de juger de cette œuvre. Dans 
une niche du pignon se trouvait une statue de saint. Cette façade est conservée, mais 
les décorations en ont disparu. 


SCULPTEUR MALINOIS DU XVII° SIÈCLE 83 





ligneuse, d'un nœud ondulant détourne le ciseau du 
modèle pétri en glaise et le promène capricieusement en 
des lignes nouvelles. C'est ici que se révèle le maître 
et qu’il se distingue de la pléiade d'artisans auxquels il a 
parfois recours. 


Nicolas van der Veken fut l’interprète de la grâce et 
n'eut point, comme Fayd’herbe, l’amour de la force et de 
la vie active. Son âme sensible et mélancolique eut des 
douceurs et des tristesses qu’ignora ce dernier. Les 
figures, toujours élégantes et fines, de proportions 
élancées, aux attitudes nobles, attestent un sentiment 
très délicat de la beauté. Sous des draperies souples, 
rarement tumultueuses, mais transparentes parfois, tant 
elles épousent étroitement les formes, les corps se 
devinent toujours solidement construits, les chairs déli- 
cieusement modelées. 

Partout la forme nue a précédé la figure drapée. Le 
modèle vivant et dévêtu a été scrupuleusement repro- 
duit d’abord, puis recouvert de draperies, collantes et 
finement plissées parfois, ou bien amples et s’accumulant 
en plis moelleux et lourds. Le sculpteur ne se contenta 
jamais de la science acquise à l’atelier d'un maître, en 
aucune circonstance il ne se fia à son habileté technique ; 
mais soucieux de vérité, constamment 1l tourna ses 
regards vers la nature. Telle petite vierge est une exquise 
villageoise heureuse de sa première maternité, telle 
figure de génie, un gracieux éphèbe aux traits ambigus, 
empreints de troublante féminité. Les visages ovales, 
encadrés de boucles épaisses, expriment avec éloquence 
la tendresse languissante, la tristesse soucieuse ou le 
bonheur serein. La gamme des sentiments chez van der 
Veken est peu étendue peut-être, mais il en fait vibrer 
toutes les notes en accords harmonieux, en suaves 
mélodies. Le modelé des nus est à la fois simple et 


84 NICOLAS VAN DER VEKEN 








délicat, produisant sur la rétine le même effet que la 
chair vivante sur les papilles des doigts. Les extrémités 
délicates révèlent un soin tout particulier, et les mains 
féminines, aux réseaux de veines à fleur de peau, sont 
d'une finesse exquise. 


L'œuvre de Nicolas van der Veken est uniquement 
religieux. Il traitait avec une prédilection marquée les 
sujets angéliques; aussi toutes les églises de Malines 
possédaient quelque échantillon de cet art charmant, 
interprète de la grâce mutine de l'enfance. Les statucs 
de saints et de saintes ont une expression suave, tout en 
étant frappantes de vérité et de vie. Parfois elles révèlent 
un sentiment douloureux plein d'éloquence et qui devient 
poignant dans ses belles représentations du « Dieu de 
pitié ». C'est toutefois dans ses figures aliégoriques et fémi- 
nines que l'expression devient étrangement troublante, par 
l'attrait du visage rêveur et alangui, la douceur des lèvres 
légèrement entr'ouvertes et la caresse des longs yeux 
humides et noyés d'ombre, où se reflète l'âme entière. 
S'il excelle dans le jet des draperies, où le jeu adouci 
du clair-obscur exclut toute sécheresse, par les demi- 
teintes et les gradations fondantes, il montre non moins 
de virtuosité dans l'exécution des décorations végétales 
et florales, des accessoires symboliques ou religieux. 
Dans son ensemble, l’œuvre de Nicolas van der Veken 
révèle un maître de second rang, préoccupé avant tout 
d'émouvoir par la grâce plus que par la grandeur. Avec 
sa sincérité parfaite et son amour du travail, il doit 
avoir donné tout ce qu'il avait en lui; on ne pouvait 
raisonnablement lui demander davantage. Sachons 
oublier les inévitables faiblesses afin de mieux goûter 
le charme de ses productions. Tel sa vie même, son art 
est calme, intime et religieux. 

Raffñiné sans jamais tomber dans la préciosité, 


SCULPTEUR MALINOIS DU XVII‘ SIÈCLE 85 





expressif sans mignardise et svelte sans mièvrerie, cet 
art n'eut pas de lendemain immédiat chez nous; ce 
sont, en effet, les ardentes formes rubéniennes, les 
draperies envolées, le mouvement plein de fougue de 
Luc Fayd’herbe, qui se perpétueront pendant tout le 
xvii siècle chez les travailleurs du bois de l’école 
malinoise. 

Nonobstant la pérennité de l'influence de Fayd’herbe, 
un art plus séduisant ne tarda pas à se greffer sur ce 
tronc vigoureux, un art gracile et élégant, d’une déli- 
catesse nerveuse parfois, plus proche de van Dyck. 


L'action du style rubénien sur l'art de van der 
Veken, exercée par l'intermédiaire de Luc Fayd’herbe, 
quoique fortement mitigée, est indéniable. La conception 
large et décorative des figures et la riche variété des 
draperies mouvantes lui viennent incontestablement de 
son second maître; mais la simplicité, la facilité et la 
grâce morbide qui distinguent ses œuvres sont plus 
proches de l’art de van Dyck que de celui de Rubens. 

Une prédilection marquée pour les attitudes calmes, 
traduisant par la nonchalance rythmique du corps le 
jeu mobile des lignes serpentines, donne à son œuvre 
une grâce plus souple, plus coulante que celle obser- 
vée chez les maîtres du mouvement. Chez ceux-ci 
l'effort vers la vie avorte, bien souvent, en une agitation 
outrée des membres, en une fougue intempestive des 
draperies. 

Quoique l’art de van der Veken n'eut pas à pro- 
prement parler d’imitateurs, il ne fut cependant pas 
sans exercer une influence locale parallèle à celle de 
Fayd'herbe, sur des maîtres qui, tels Théodore Ver- 
haegen et Pierre Valckx, perpétuèrent les bonnes tradi- 
tions de l’école malinoïise en plein xviri* siècle. 

Parmi les disciples de Nicolas, aucun, à notre 


86 NICOLAS VAN DER VEKEN 





connaissance, ne se distingua particulièrement. Plusieurs 
portent le nom patronymique du maître, appartenant 
sans doute à sa famille. Gilles van der Veken, peintre 
et sculpteur, qui devint franc-maître en 1680, travailla 
sous sa direction à partir du 30 novembre 1663; Corneille 
van der Veken fit son entrée à l'atelier de Nicolas le 15 
mars 1671, et un second Corneille le 18 septembre 1687. 
Il eut encore pour élèves :’ François de Leenher et 
François Delien, dont l'apprentissage commença le 
8 août 1684. Un nommé Jean van der Veken devint 
maître en 1670, et François van der Veken, frère de 
Nicolas, travailla aux figures décoratives du maître-autel 
de l’église Notre-Dame au delà de la Dyle, érigée en 
1690. 


III 


Nicolas van der Veken fut en quelque sorte un 
spécialiste des confessionnaux. À l'encontre des autres 
sculpteurs de son école, aucun autel monumental, de 
marbres noir et blanc, dont se pare le chœur de nos 
églises; nulle chaire de vérité en chêne, revêtant jusqu’à 
la voûte, de ses entassements pittoresques, le pilier qui 
la soutient; aucune de ces vastes ordonnances ne pro- 
clame le nom de notre artiste. Un grand nombre de 
confessionnaux, par contre, se réclame être de son ciseau 
délicat. 

L'histoire du confessionnal en Belgique ne com- 
mence pour ainsi dire que vers la fin du xvi‘ siècle, 
époque à laquelle s'introduisent les premiers de ces 
meubles, dans lesquels des grillages séparent le confes- 
seur du pénitent. Petit à petit se perd la mode ancienne 
où le prêtre entendait la confession assis en un fauteuil 
où. En une des#stalles#duïchœur, Aébpémtent étant 


SCULPTEUR MALINOIS DU XVII‘ SIÈCLE 87 





agenouillé devant lui. L'usage nouveau ne se généralisa 
toutefois qu’au xvr1° siècle, sous les prescriptions sévères 
des évêques. 

La disposition dès lors devient à peu près fixe; 
l'ornementation par contre varie abondamment. Le 
compartiment central pour le confesseur, muni de portes 
plus ou moins ornées, est accolé de figures emblémati- 
ques ou de colonnes; il est séparé des cases latérales, 
réservées aux pénitents, par des grillages ou des pan- 
neaux à rinceaux ajourés. Les côtés extérieurs, terminés 
généralement par des colonnes ou des pilastres, se lient 
aux boiseries qui lambrissent les murs. 


L’éghise Sainte-Catherine de Malines possède de Nico- 
las van der Veken quatre confessionnaux, dont deux, 
taillés en chêne, sont surtout remarquables (1). 

Celui de la chapelle Saint-Antoine (bas-côté méri- 
dional) mérite avec raison la première place dans notre 
examen. Chaque côté du compartiment central est décoré 
d'une figure de pénitente : d’une part Marie-Madeleine 
tenant un crane et un vase à baume, d’autre part Marie 
l'Egyptienne, embrassant avec ferveur le crucifix. Deux 
colonnes au chapiteau composite, au fût uni, coupé 
seulement d'une bague laurée, supportent la corniche; 
le frontispice en est orné d’un délicieux chérubin, 
portant la croix et montrant d’un doigt le ciel; deux 
têtes ailées de séraphins en garnissent les angles. Marie 
de Magdala est une figure particulièrement gracieuse. 
Son visage, d'un ovale délicat, empreint d’une douceur 
allanguie, se voile de gravité et de vague tristesse. 
Les cheveux qui l’encadrent ruissellent en souples ondu- 
lations sur sa poitrine découverte et en accompagnent 


(1) Ces deux confessionnaux proviennent de l’église du Petit Béguinage, Quand 
celle-ci fut désaffectée, l’église Sainte-Catherine fit l'acquisition de ces meubles. 





Phot. J. Fourdin Chène 
Confessionnal aux deux Madeleine 


Malines, église Sainte-Catherine) 


SCULPTEUR MALINOIS DU XVII‘ SIÈCLE 89 


les moindres palpitations. Les plis mouvants d’un ample 
manteau enveloppent son corps de jolie pécheresse. 
Chez Marie l’'Egyptienne transparaît, sous le visage 
émacié et extatique, une âme épurée d'érotisme, par 
les privations et les souffrances. Sous son bras amaigri, 
la prostituée répentante serre la verge et le fouet, cruels 
emblêmes de la pénitence. Anachorète farouche, se 
nourrissant de sauterelles, et expiant dans le désert ses 
égarements charnels, elle a gardé pourtant de sa beauté 
première un charme séducteur. En parfait analyste du 
sentiment, van der Veken a su envelopper ce corps 
décharné, tout perdu dans les plis moelleux du man- 
teau, d'une grâce étrangement troublante. Les mains 
et les pieds chez ces deux saintes sont taillés avec une 
délicatesse toute particulière. L’attouchement des géné- 
rations en a rendu la surface haliteuse et lénifié les 
contours, donnant ainsi l'illusion de la vraie chair. 
Le chérubin du fronton, aux boucles tire-bouchon- 
nantes, est un délicieux bambin grassouillet et vivant, 
comme Jordaens aimait à les peindre; les têtes de séra- 
phins ont toute la grâce juvénile des enfants de van Dyck. 


Le confessionnal qui occupe le fond de la chapelle 
du Saint-Sacrement (bas-côté septentrional) est une œuvre 
non moins gracieuse de notre artiste. Le compartiment 
central s'ouvre entre deux figures élancées : le Christ 
attendant le supplice et saint Pierre reniant le Sauveur. 
L'apôtre contemple son divin Maitre et verse des 
. larmes de repentir; celui-ci, les mains liées, se tient 
devant lui, rempli d'humaine émotion. Au fronton, entre 
de souples ornementations végétales, chante le coq 
dénonciateur. Le visage du Seigneur, d’un bel ovale 
allongé, est empreint d’une tristesse intérieure, se devi- 
nant bien plus qu’elle ne s'affirme. Les longs yeux 
mi-clos expriment une infinie tendresse, et les lèvres, d’un 


90 NICOLAS VAN DER VEKEN 








modelé fort délicat, légèrement entr'ouvertes, laissent 
échapper des paroles de miséricorde. 

Vêtues d’un lourd manteau de laine recouvrant en 
partie leur tunique, ces figures vivent par la riche variété 
des plis, profonds et fouillés, tout coupés d’ombres 
intenses, sous la lumière qui s’y arrête et les caresse. 
C'est dans des œuvres pareilles qu'apparaît vraiment 
évidente l'influence de la peinture sur la sculpture; elle 
se révèle par la recherche de la couleur sous l’action de 
la lumière et par le souci du pittoresque dans les dra- 
peries hardiment creusées. 


Les murs Nord et Sud du fransept de la même 
église sont revêtus de boiseries au milieu desquelles 
s'entrouvrent deux confessionnaux à peu près semblables. 
Les pilastres qui séparent et démarquent les compar- 
timents et les lambris sont décorés de gracieux bustes 
angéliques, émergeant d’une touffe de fleurs et de 
feuillages ou de fruits. La boiserie méridionale est 
couronnée du buste du Sauveur, soutenu par deux 
chérubins charmants; les têtes de saint Laurent et celle, 
adorable, de sainte Catherine, garnissent les milieux 
des panneaux. Du côté septentrional, un ciboire, porté 
par deux anges, surmonte le confessionnal. 

Suivant les usages de l'Eglise qui, de tout temps, 
fit voisiner les scènes de l'Ancien Testament avec celles 
du Nouveau, juxtaposant la Promesse avec l’Accom- 
plissement, van der Veken a orné le milieu des revête- 
ments, d’une part, du prêtre Melchisédech présentant 
les pains à Abraham et, d'autre part, du Christ brisant 
le pain bénit en présence des apôtres Pierre et Jean. 

Ces confessionnaux, quoique soignés, n’atteignent 
pas la haute perfection des deux précédents, exécutés 
par le sculpteur pour la même église. Ces boiseries du 
transept, taillées partiellement en bois blanc, ont été 


SCULPTEUR MALINOIS DU XVII‘ SIÈCLE OI 








enduites de couleur simulant le chêne. Emm. Neeffs le 
déplore, car il les croyait réellement de cette texture (1). 


Les transepts Nord et Sud de l’éghse Saint-Jean, à 
Malines, renferment deux .confessionnaux en chêne de la 
main du maître. 

Celui du côté méridional, datant de 1692, fut payé 
297 florins, et porte, à l'entrée des compartiments, les 
figures du Bon Pasteur et de saint Jean-Baptiste. La 
corniche qui le surmonte est décorée en son milieu du 
Saint-Esprit, sous forme d’une colombe, et porte à ses 
extrémités les bustes de saint Nicolas et de sainte Barbe. 
Ce dernier est remarquable par son expression suave 
et attendrie. | 

Le Bon Pasteur, légèrement courbé sous le poids 
de l’agneau, présente dans son attitude quelque peu 
forcée, une silhouette qui manque de noblesse et d’accent. 
Pour rendre plus éloquent le rythme du corps et pour 
donner libre cours à sa virtuosité dans le jeu mouvant 
de la draperie, l'artiste a plié la jambe gauche, en posant 
le pied sur un fragment de rocher. Le même parti-pris 
a trouvé une ressource de plus dans les bras levés, 
terminés par ces mains délicates, aux veines gonflées, 
qu'iiMexcellait rendre Eee #Précurseur, \vétu d'une 
tunique sauvage et velue, drapé d’un ample manteau, 
ébauche le geste annonciateur et porte sur l'épaule la 
croix de la rédemption. L'exécution de cette œuvre 
témoigne d’une haute maîtrise. 

Le confessionnal du transept septentrional, datant 
de 1703, trahit peut-être quelque fatigue dans certains 
détails, d’une préciosité exagérée. Les grandes figures 


(1) Ces confessionnaux semblent avoir été confectionnés avec les pièces 
provenant de la démolition des bancs d'œuvre qui se trouvaient dans cette église. 
De là, la présence de bois blancs dans ces confessionnaux. 


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Phot. J. Fourdin Chène 
Saint Augustin (détail d’un confessionnal) 


(Malines, église Saint-Jean) 


SCULPTEUR MALINOIS DU XVII‘ SIÈCLE 93 








restent bien belles pourtant et le visage fin de saint 
Augustin, s’'allongeant d’une barbe soyeuse et ondulante, 
est d’une indicible douceur. L'illustre évêque, crosse 
en main et mitre en tête, soulève son cœur percé d’une 
flèche. Les larges plis de sa lourde chape brodée sont 
traités avec beaucoup d'entente, la bande ornée en est 
fouillée avec soin. Saint Roch vêtu de l’ample manteau 
des pèlerins, porte le long bâton de voyage et le chapeau 
à coquille. Son visage, d’un ovale élargi, s’éclaire d’un 
rayon d'ineffable bonté. La corniche ici porte les bustes 
de saint Charles Borromée et de saint François de Sales; 
au fronton, un petit génie à balance symbolise Ja 
Justice. 


L'entreprise la plus importante de Nicolas van der 
Veken est sans contredit le /ambrissage des nefs latérales 
de l’église SS. Pierre et Paul, à Malines. Sur toute leur 
longueur, les murailles ont été revêtues d’une boiseric 
en chêne, richement décorée. Quatorze confessionnaux, 
sept dans chaque nef, souvrent dans ce revêtement, 
dont l'exécution artistique fut confiée à notre sculpteur. 
Chaque confessionnal est orné de deux génies emblé- 
matiques accolés au compartiment central et est terminé 
par deux colonnes au fût uni, coupé d’une bague laurée. 
Ces colonnes supportent la corniche, couronnée d’un 
frontispice différent pour chaque meuble. 

Si tous ces confessionnaux ont été conçus sur un 
même plan, l'artiste en a cependant varié à l'infini tous 
les détails de l’ornementation, aussi bien que l'attitude 
et les attributs des figures décoratives. Des lambris, aux 
panneaux somptueusement ornés et pourvus de bancs, 
relient entr'eux les différents confessionnaux, constituant 
ainsi un ensemble plein d'harmonie dans son opulente 
variété. Si le premier coup d’œil découvre l'unité de con- 
ception dans ce travail, un examen plus attentif démontre 


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SCULPTEUR MALINOIS DU XVII‘ SIÈCLE 99 





que, seul, le premier confessionnal dans chaque nef, 
vers le haut de l’église, est de la main du maître, et 
non les deux premiers, ainsi que l'affirme Emm. 
Neeffs. 

Ces deux confessionnaux sont d’une exécution tech- 
nique bien supérieure à tous les autres, et s’apparentent 
très étroitement aux ouvrages analogues de l'artiste. 
Les génies ailés, de proportions élancées, aux attitudes 
majestueuses, aux grâces androgynes, portent les attri- 
buts emblématiques de la justice et de la charité, de 
l'espérance et de la foi. Ils s'enveloppent de draperies 
légères et fines, mouvantes comme l'onde et la flamme, 
qui accusent les formes du corps bien plus qu’elles ne 
les masquent. Leurs visages, empreints d’une expression 
toute de grâce méditative et langoureuse, sont bien dans 
la même note du lyrisme sentimental caractérisant les 
figures de van der Veken, et contrastent avec ceux des 
autres génies, dont l'exécution fut confiée à quelque 
disciple moins talentueux. Dans les têtes féminines et 
séraphiques du maître, le travail du ciseau se résume à 
une caresse, les lèvres s’entr'ouvrent pour respirer et les 
yeux expriment éloquemment cette tendresse enjoleuse, 
qui est toute l’âme du vieux tailleur d'images. 

Ces boiseries, dont le prix fut sans doute fort élevé, 
furent vendues, en 1798, pour la modique somme de 
172 livres. Il est heureux que l’église soit rentrée en 
possession de ce lambrissage artistique, qui contribue 
largement à son embellissement. 

Nicolas van der Veken semble avoir exécuté un 
grand nombre de statues et de statuettes isolées. Taillées 
en bois de chêne, ces figures de saints furent toujours 
polychromées avec le plus grand soin; son apprentissage 
à l'atelier d’un peintre devait le servir admirablement 
afcebretier. 

L'œuvre la plus importante en ce genre est le beau 


RR— 
I PRE 
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Phot. J. Fourdin Chêne polychromé 
Dieu de pitié 


(Malines, église Saint Rombaut) 


SCULPTEUR MALINOIS DU XVII‘ SIÈCLE 97 





Christ conservé à l’église Saint-Rombaut, à Malines. Ce 
Dieu de piñé, haut de 1”40, fut exécuté en 1688. Il 
résume, avec une éloquence à laquelle le xvri° siècle 
ne nous a pas habitués, toute la souffrance physique, 
toute la douleur morale, endurées par Jésus durant sa 
vie terrestre. Assis sur un cube de maçonnerie, dépouillé 
de ses vêtements, couronné d’épines et le sceptre de 
roseau à la main, ce Christ est nommé erronément un 
Ecce Homo. 

La représentation dérive, sans aucun doute, du 
« Christ assis, attendant le supplice », au sommet du 
calvaire telhtèque laconcutle 1xv'rsièele. L'art du xvrr° 
siècle, toutefois, oubliant le sens original de cette image, 
lui ajouta un roseau et en fit un « Dieu de douleur », 
ayant la valeur d’un symbole, un véritable compendium 
de toute la Passion (1). 

Le torse, les bras, les jambes, sont d’un modelé 
tressaillant et plein de.vie, à la fois sobre et délicat; 
la recherche de l’élécance l'emporte sur l'expression de 
la vigueur trop habituelle dans les statues du xvrr° siècle. 
Le visage se penche douloureusement sur l'épaule droite. 
La bouche, entr'ouverte, se contracte sous la détresse 
morale, les paupières restent mi-closes dans l’insurmon- 
table lassitude, les traits expriment un affaissement 
général, accentué encore par les pommettes saillantes. 

N'y cherchez aucun de ces abus de draperies 
envolées, d'expressions exaltées, de gestes pathétiques, 
dont les influences nocives du Bernin, et aussi de la 
peinture rubénienne, avaient infesté notre sculpture du 
xvii‘ siècle. Malgré ses tendances profondément spiritua- 
listes, ce « Dieu de pitié » est d’un réalisme vivant. 


(1) Voir Emile Mare, L’art religieux de la fin du moyen âge en France. 
Paris, A. Colin, 1908, page 88. 


98 NICOLAS VAN DER VEKEN 








L'éclosion de pareille œuvre est le fruit d’une gestation 
naturaliste très modérée et qu'il ne faut pas confon- 
dre évidemment avec le matérialisme intentionnel et 
calculé dont nous accabla, en littérature surtout, le xix° 
siècle. 

L'humaine détresse transfigurée d'aussi suprême 
façon ne peut résulter que d’un réalisme sain et sincère, 
qui a recours à la nature, à la réalité des êtres et des 
choses, où l'artiste, pour autant qu’il est en son pouvoir, 
se réfère au modèle vivant, tout en retenant inconsciem- 
ment les conquêtes techniques du passé. Pour accentuer 
encore cette expression de vie intense, l'artiste a revêtu 
son Christ de couleurs, appliquées avec une sobriété, 
un à propos et un bon goût parfaits. 

Telle qu'elle nous apparaît, l’œuvre est vivante et 
la chair naturelle, à tel point que la reproduction 
elle-même semble plutôt la photographie d’un être 
animé que celle d’une statue de bois. La tête osseuse 
et pantelante déjà, la bouche crispée en un navrant 
sanglot et les yeux désespérés, brülés de larmes, fixant 
leur regard vitreux sur les détresses humaines, voilà 
les caractères dominants de ce portrait étrangement 
troublant et dont bien peu d'artistes ont dépassé la 
force émotive, le pouvoir d’obsession et la poignante 
douleur. 

A ce titre, ce Christ marque le point culminant dans 
la carrière du maître, dont elle constitue l’incontestable 
chef-d'œuvre. Si on admire ailleurs, ici on révère; 
l'analyse de l'esprit le cède à l'émotion du cœur,et, 
de toute la sculpture belge du xvr° siècle, bien peu 
d'œuvres l’emportent sur celle-ci comme sentiment 
religieux. 

Placée actuellement au fond de la troisième chapelle 
de la nef septentrionale de l’église Saint-Rombaut, elle 
occupait anciennement une niche sur l'autel, ferman 


SCULPTEUR MALINOIS DU XVII‘ SIÈCLE 99 








la baie droite du jubé de cette église, élevé en 1672 et 
relégué au fond de celle-ci en 1810 (1). 

Un Christ à peu près analogue, haut de 1"22, est 
conservé de temps immémorial dans la chapelle du 
couvent des religieuses Apostolines, à Malines (2). 

La même souplesse du modelé, une sincérité non 
moins grande dans l'attitude et une égale perfection 
dans le détail apparentent ces deux œuvres. Dans cette 
dernière, pourtant, l'artiste atteint une expression de la 
souffrance qu'il ne lui sera plus donné de dépasser. 

Ce « Dieu de pitié » est d’un réalisme encore plus 
vivant peut-être que le précédent; nous entendons par 
là que la douleur y est observée et rendue avec une 
intensité plus profondément humaine, plus tragique- 
ment vécue. Moins affaissé, 1l sanglote et clame sa 
détresse, alors que chez le Christ de Saint-Rombaut, 
plus minable, plus réduit, un ràle suprême semble 
s'exhaler de la bouche aux lèvres déjà figées. Malgré sa 

«haute perfection, ce dernier garde dans sa prostration, 
plus intérieure, son accablante tristesse. Celui des Apos- 
tolines est, dans sa souffrance, d’une éloquence plus 
communicative. Une polychromie sobre, appliquée par 


(1) La planche 81 de l’album 11 du recueil J. Schæffer, conservé aux 
Archives Communales de Malines, reproduit cette disposition ancienne. 

Corneille Van Gestel (op. cit., p. 133), parlant de cette statue, lui assigne 
cette place sous le Jubé, mais la date de 1672. Un autre peintre en aurait 
renouvelé la polychromie appliquée par Nicolas. 

Voir aussi Mechelsch Bericht, 1783, p. 80. 

« den autaer van de H. Catharina, gemeynelijk genaemt Ons Heere 
autaer, om dat op den Zzelven staet het beeld van den leydenden Christus, 
gekroont met doornen, houdende in de hand een riet ende sittende op eenen 
steen, door Nicolaus van der Veken ». 

(2) L’aquarelle 261 de l’album VI du recueil J. Schæffer (Archives de 
Malines), montre en effet l’œuvre occupant la même place contre le mur gauche 
de la chapelle. La communauté des Apostolines a été fondée en 1691 seulement. Si 
donc ce Christ a été commandé par cet Ordre — et cela semble probable, car il 
provient de l’ancien couvent — il ne peut être antérieur à cette date. Les Apostolines 
n’occupent le couvent actuel que depuis 1834. 


I0O NICÔLAS VAN DER VEREN 





van der Veken, bien conservée et délicieusement patinée 
par le temps, accentue encore le tressaillement de la 
chair, vergetée et meurtrie, le froissement mouvant du 
manteau, qui barre la poitrine et voile sa nudité. Les 
mains, délicatement taillées, les poignets, dont la peau 
est plissée sous les liens, les maigres pieds meurtris au 





Phot. J. Fourdin Chène polychromé 
Détail du “ Dieu de pitié , 


(Malines, Couvent des Apostolines) 

contact du sol caillouteux des déserts, tout révèle un 
souci raffiné de beauté, de vérité, et une dévotion 
exhubérante à la nature. 

Rien d'étonnant donc si le Cardinal de Francken- 
berg, qui savait discerner les qualités d'une œuvre, 
découvrit dans le Christ du maitre malinois une puis- 
sance suggestive qui incitait à la dévotion mieux que 
les livres saints, par la seule expression de son halluci- 
nante beauté. 


SCULPTEUR MALINOIS DU XVII‘ SIÈCLE IOI 





Inutile de dire que cette figuration de « Dieu de 
pitié » n’est nullement nouvelle. van der Veken suivit 
uniquement la tradition, conservée en de nombreux 
exemplaires produits par l’art flamand de l'époque. 
Sans sortir de Malines, nous pouvons citer semblable 
Christ, mais fruste encore, chez les Sœurs Maricolles, et 
un deuxième, beaucoup plus parfait déjà, à l'église 
Sainte-Catherine. Maitre Nicolas ne fit qu'y infuser 
la vie, y insuffler une âme douloureuse et compatis- 
sante, et, ce faisant, il se révéla un artiste de grand 
talent. 


Au réfectoire des Sœurs Maricolles de Malines est 
conservée une statue de la Sainte Vicrge, portant sur le 
bras l'Enfant Jésus. Haute de 0"47, elle est placée sur 
un petit socle à têtes d’anges et volutes. 

De proportions élancées, très gracieuse dans sa 
‘robe collante, dont l’étoffe laineuse moule le buste et 
dont les plis hardiment creusés dessinent la jambe, la 
jeune mère retient de la main droite l’envolée tumul- 
tueuse de son manteau. retombé sur les hanches. Belle 
de la gravité tendre et recueillie qui se concentre sur ses 
traits, élégante, souple et onduleuse dans son attitude 
légèrement déhanchée sous le poids du gros bambin, 
cette petite Vierge a perdu tout récemment, par les 
repeints,. une partie de son charme primitif. L’œil 
n'en suit pas moins avec plaisir la ligne coulante et 
flexueuse. 

Grâce à un souci de vérité remarquable, cette œuvre 
demeure étrangement moderne. Quoique empreinte 
d'un sentiment religieux intense, cette madone reste 
avant tout l’opulente incarnation d’une première ma- 
ternité palpitante de vie et rayonnante d’humaine 
beauté. Elle témoigne d'une remarquable recherche de 
style. 





Phot. J. Fourdin Chène repeint 74 
n , ——— 222 
La Vierge et l'Enfant 


(Malines, Couvent des Maricolles) 


l 
SCULPTEUR MALINOIS DU XVII‘ SIÈCLE 103 








Une Vierge en bois, de van der Veken, appartenant 
au curé Van Campenhout, de Hanswyck, fut exposée à 
Malines en 1863, sous le n° 6 du catalogue. 


Dans une niche vitrée, au fond du transept méri- 
dional de l’éghse Sainte-Catherine, se trouve une Sainte 
Famille jouissant d’une vénération particulière. Les 
trois figures de ce groupe sont habillées de vêtements 
en étoffes véritables, suivant un usage que la critique, 
à juste raison très cinglante pour cette mode ridicule, 
fait remonter au xvri‘ siècle et attribue à des influences 
espagnoles. En réalité, cette coutume d’affubler les statues 
de vêtements réels semble avoir été en usage, exception- 
nellement il est vrai, depuis le moyen âge. 

Nicolas van der Veken se contenta d'en ébaucher 
les corps, mais accorda un soin tout particulier au 
rendu des têtes et des mains, qu’il coloria avec talent. 
L'Enfant Jésus, joli bébé riant et rose, marche entre 
saint Joseph, qui le couve d’un regard chargé de pater- 
nelle sollicitude, et la Sainte Vierge, jeune flamande 
aux traits purs, à l'expression candide, qui lui donne 
la main. Le visage de cette dernière est d’une ressem- 
blance frappante avec celui de la sainte Catherine dont 
le buste décore un des panneaux du confessionnal 
voisin. 


Emm. Neeffs cite parmi les œuvres du maître, la 
statue de la Vrerge placée dans la chapelle du Saint 
Esprit, à l'église Saint-Fean à Malines. Cette madone 
avec l'Enfant, connue sous le nom de Notre-Dame des 
remèdes ou de la Miséricorde, porte des vêtements de 
soie, qui ne permettent de voir que les têtes et les mains. 
L'exécution de ces parties suffit toutefois pour éveiller 
nos doutes quant à l'attribution de l’œuvre. 

Les visages boursoufflés, sans finesse aucune, les 


104 NICOLAS VAN DER VEKEN 





traits mous manquant d’accent, n'ont aucune parenté 
avec l’art expressif et délicat de notre sculpteur. 

Deux esclaves chrétiens, prosternés aux côtés de cette 
Vierce, ct chargés de chaînes, accusent, malgré certaine 
mièvrerie, de manière irréfutable, sinon l'exécution, du 
moins le dessin de van der Veken. Ces deux figures sont 
peintes en blanc, à l’imitation de marbre, et datent de 
1680. Les comptes, en effet, nous apprennent que le 
paiement en eut lieu cette année. 


Un groupe important, taillé en chêne et richement 
polychromé, représentant la Sante Trinité, est conservé 
à la même église. Cette composition gracieuse, un des 
rares groupements que tailla le maître, qui donnait la 
préférence aux figures isolées, même dans ses travaux 
décoratifs, date de 1680. Elle représente à vrai dire la 
Vierge intercédant auprès de la Sainte Trinité, en 
faveur des esclaves chrétiens et des âmes du purga- 
toire. 

Sur un nuage, où flotte le globe terrestre, trône 
Dieu le Père, en tunique blanche et lourde chape dorée. 
Le Christ est assis à sa d'oite; un manteau rouge voile 
sa nudité. Entr'eux, dans une auréole d'or, plane la 
colombe blanche du Saint-Esprit. Aux pieds du groupe 
divin est agenouillée la Sainte Vierge, en robe d'azur 
étoilé. Un voile rouge flotte sur ses cheveux. Le regard 
attendri, le geste implorant, l'attitude même, expriment 
avec éloquence l’intercession maternelle. Deux esclaves 
chrétiens, chargés de chaînes, sont prosternés devant 
“elle, sollicitant son intervention. Au bas serpentent les 
flammes du purgatoire; une âme en détresse s’y tord, 
geint et tend des bras suppliants vers le Très Haut. 
Le Père éternel est un beau vieillard, au front dénudé, 
à la barbe fluviale, le regard pétillant de vie. Devant 
l'attitude compatissante de son Fils, ses traits s’éclairent 


SCULPTEUR MALINOIS DU XVII‘ SIÈCLE 105 








d'une ineffable douceur, et étendant sa main en un 
geste de divine clémence, il prévient la prière filiale. 

L'œuvre, d’une conservation parfaite, est placée 
sous un gracieux dais doré, et quatre angelots, perchés 
sur des feuillages, tendent au-dessus de l’auguste assem- | 
blée une lourde couronne d’or. Emm. Neeffs nous | 
apprend que, suivant les comptes, cet ensemble, accom- 
pagné de quatre tableaux destinés à garnir le socle, et 
de la Vierge des remèdes, dont nous venons de parler, 
fut payé la somme de 180 florins. Nul doute ne peut 
exister quant à l'attribution de cette œuvre à maître 
Nicolas; elle possède au plus haut point ce caractère 
gracieux, aimable, frisant la mièvrerie sans y tomber 
pourtant, et aussi ce sentiment religieux intense dont, 
plus que tous ses contemporains, notre sculpteur avait 
trouvé le secret. La taille fine, le modelé onctueux et 
savant, l'expression vivante et raffinée, l’eurythmie 
des gestes révèlent, si la date n'en était connue, une 
production de la meilleure époque du maître, de sa 
belle maturité. 





Nous avons eu déjà l'occasion de faire ressortir 
toute l'allure sémillante dont le maître savait envelopper 
ses figures angéliques. 

Un Enfant Fésus se trouvant au réfectoire du couvent 
des Sœurs Norres, à Malines, en offre un exemple nouveau, 
plus frappant encore (1). Entièrement nu et rehaussé 
de teintes naturelles, l'Enfant porte habituellement une 
robe de soie. Sans tomber dans l'abus commun des 
chairs potelées et du visage poupin, la statuette n’en 


(1) M. le CH. E. MaRCHAL (op. cit., p. 544), mentionne un Enfant Jésus 
placé au réfectoire de l’église du Grand Béguinage; il fait évidemment erreur 
ici et confond ce couvent avec celui des Sœurs Noires. 

Il en est de même pour les deux chérubins de l’église Saint-Jean, qu'il 
place à l’église Saint-Rombaut, et date de 1677 (op. cit., p. 542). 





Phot. |. Fourdin Chène polychromé 
Saint Yves 


(Malines, Musée Communal) 


SCULPTEUR MALINOIS DU XVII‘ SIÈCLE 107 








possède pas moins toute la grâce du premier âge. Des 
boucles abondantes encadrent le front; les petites mains 
sont d’un modelé délicat et la bouche s’arrondit déli- 
cieusement en un sourire. 


Deux chérubins, qui servent à orner en temps de fête 
le maître autel de l'église Saint-Fean, sont attribués 
également à notre sculpteur. Taillées en bois, les chairs 
et les ailes argentées et mates, les draperies capricieuse- 
ment plissées, toutes rutilantes d’or, ces figurines 
d’éphèbes ont la délicatesse morbide, l'élégance sinueuse 
dont maître Nicolas s'était fait une spécialité. Les traits 
cependant manquent de beauté, et les attitudes, pure- 
ment décoratives, sont dépourvues d'accent. Dans leur 
ensemble, ces figures sont indignes du magistral ciseau 
de van der Veken. 


Emm. Neeffs, dans son Histoire des sculpteurs 
Malinors, donne encore à van der Veken une statuette 
représentant sam Yves, le patron des avocats, conser- 
vée au Musée communal de Malines et provenant 
de l’ancienne Chambre des procureurs, au Grand 
Conseil. 

Revêtue d’une polychromie quelque peu ternie, cette 
jolie figurine, haute de 0"47, présente dans son attitude 
aisée et flexueuse, cette grâce si particulière qui caracté- 
rise notre maître. Une toge de velours rouge l'enveloppe 
de ses plis souples et variés. Le visage toutefois ne 
témoigne pas, d’une manière péremptoire, du bien fondé 
de cette attribution. Nous ne la contestons pas cepen- 
dant, ignorant les raisons déterminantes qui ont conduit 
Neeffs à cette affirmation. 


Une autre statuette de ce musée, figurant sant 





ee 2 


Rene 


Phot 


I 


ourdin 


(Malines, 


Saint Aubert 


Musée Communal) 





Chène polychromé 


SCULPTEUR MALINOIS DU XVII‘ SIÈCLE 109 








Aubert, patron des boulangers (1), présente, plus indé- 
niables, les caractères de l’art de maître Nicolas. Prove- 
nant de l’ancienne corporation dont ce saint évêque 
était le protecteur, cette figurine, haute de 0°58, est 
posée sur un gracieux socle, orné de petits génies à 
blasons et de volutes délicates. Elle à conservé son 
ancienne polychromie, fraîche et délicieusement patinée. 

Vêtu de la tunique blanche dont les petits plis verti- 
caux suivent avec souplesse les lignes du corps, couvert 
de la lourde chape rouge à riches broderies d’or, mitre 
en tête et crosse en main, l'évêque esquisse le geste lent 
des bénédictions. L'expression vivante et douce à la fois 
du visage, aux yeux parlants, aux lèvres vibrantes, le 
soin infini avec lequel sont taillés la volute fleurie de la 
crosse, les broderies et les mains, valent la signature du 
sculpteur, tant elles accusent irréfutablement sa manière 
et son habileté. Une petite mule, chargée de paniers de 
pain, n'est pas moins animée sur ses pattes nerveuses 
et graciles. 

S'il fallait un argument de plus en faveur de 
l'attribution, indubitable pourtant, de cette figurine à 
maitre Nicolas, le petit socle qui la porte, si étroitement 
apparenté à celui de la Vierge du couvent des Maricolles, 
nous le fournirait. Un examen quelque peu poussé 
d’ailleurs accuse des ressemblances frappantes entre 
cette figurine et la grande statue de saint Augustin, 
décorant le confessionnal du transept de l’église Saint- 
Jean. L’attitude, la draperie, la manière dont la tunique 
épouse le corps et touche le sol, tout cela affirme une 
parenté bien plus étroite que celle unissant les œuvres 
d'une même école. 





(1) La corporation des boulangers avait son autel dans la ire chapelle du 
chevet de l’église Saint-Rombaut, adjaçante à la salle capitulaire, et dédiée à 
saint Aubert (Voir Mechelsch Bericht, 1783, p. 65). 


… 


110 NICOLAS VAN DER VEKEN 





Le saint Augustin n'est qu’une variante du saint 
Aubert, mais une variante quelque peu affinée, douce- 
reuse, frisant le maniérisme, une œuvre de vieillesse 
(1703), où l'artiste s'est répété sans se diminuer pourtant. 
Le saint Aubert s'avère une œuvre virile de la plus 
belle époque du maître. S'il nous fallait la classer dans 
l’ordre chronologique, lui assigner une date, nous la 
placerions vers les années 1680 à 1690, entre le beau 
groupe de la Sainte Trinité et le « Dieu de Pitié » de 
Saint-Rombaut. 

Cette statuette de saint Aubert figura à l'Exposition 
d'antiquités malinoises de 1863, et appartenait alors à 
M. De Groof, habitant les Baïilles de Fer, à Malines. 
Celui-ci l'avait recueillie, lors de la dispersion des 
objets provenant de l’ancienne gilde des boulangers {1). 

Le couvent des Frères de N.-D. de Miséricorde possède 
une s/atuette de saint Rombaut, patron de Malines, dont 
nul ne songerait à contester l'attribution à van der 
Veken. Elle figura d’ailleurs au nom de ce maître sous le 
n° 84 du catalogue de l'Exposition de 1883, à Malines. 

Le premier coup d'œil perçoit de grandes analogies 
avec le saint Aubert du Musée Communal. Le saint 
évêque, de stature élancée, se distingue par la noblesse 
et la gravité. L’attitude calme, l'expression sérieuse du 
visage, la sobriété des gestes, tout contraste avec la pose 
combattive du saint Rombaut de Luc Fayd’herbe. Un 
souffle de bataille anime ici les traits, fait ondoyer la 
barbe et tord la chape en bouillonnants remous. Chez 
van der Veken, le martyr est un apôtre de paix, au 
regard grave et intelligent, à la fine tête aristocratique, 
et dont la parole persuasive devait entraîner les foules. 


(1) Les renseignements, quant à la provenance de cette statuette, nous 
furent communiqués par M. Hyacinthe ConiNcxx, secrétaire du Cercle Archéo- 
logique de Malines, et auteur de nombreuses études d’art local du plus haut 
intérêt. 


SCULPTEUR MALINOIS DU XVII‘ SIÈCLE LT 








Une main tient ouvert le lourd évangéliaire, l’autre 
serre la crosse épiscopale, mais sans nul geste de défi, 

Au bas du socle sont accroupis les deux meurtriers. 
Leur attitude contorsionnée et leurs traits convulsés 
expriment, avec un dramatisme outré peut-être, leur 
profond repentir. Ces figurines ne révèlent plus, au 
même degré que celle du saint évêque, la préoccupation 
de simplicité et de rythme par laquelle se distinguent 
les bonnes œuvres de maître Nicolas. Dans son ensemble 
pourtant, avec l’ancienne polychromie qu’y appliqua le 
sculpteur, le petit groupe accuse une expression de vie 
intense. Les plis majestueux de l’ample chape, dont la 
vive tonalité rouge s'harmonise délicieusement avec celle 
de la mitre et de la tunique blanches, tempèrent ce que 
le pittoresque du socle pourrait avoir d’exagéré. 


La statue de saint Laboire, placée contre le mur de 
la nef sud de l’église Sainte-Catherine, que van der Veken 
tailla en 1696, ne révèle pas une exécution aussi déli- 
cate. La polychromie, brillante encore, qu’y appliqua 
le sculpteur, atténue quelque peu cé défaut. Le saint 
évêque, invoqué contre les maladies d’yeux, est repré- 
senté armé de la crosse, coiffé de la mitre et vêtu d’une 
tunique bleue, sur laquelle retombe lourdement et sans 
plis l’ample chape dorée. Le visage manque d’individua- 
lité, l'attitude est sans accent, mais dans l’ensemble se 
retrouve pourtant le faire précis de notre sculpteur 
malinois. 


Une statuette en bois argenté, représentant sant 
Toseph, portant l'Enfant Jésus sur le bras, en laquelle 
Neeffs croit reconnaître la manière de Nicolas van der 
Veken, se trouvait naguère dans la sacristie de l’église 
Sainte-Catherine. Transportée il y a quelques années 
au presbytère, elle y décora le jardin et y reçut annuelle- 


II2 NICOLAS VAN DER VEKEN 








ment sa couche de peinture blanche. Ces applications 
multiples contribuèrent beaucoup à estomper la délica- 
tesse des traits et la souplesse du modelé. Récemment, 
elle fut donnée aux Sœurs Franciscaines, établies en 
l'ancien couvent des Frères Cellites à Malines. Elle y 
occupe une niche des galeries entourant le préau. La 
figurine a beaucoup souffert; elle est manifestement du 
début du xvir° siècle, mais la tête du Saint, qui manque 
d'expression, et les draperies tuyautées à l'excès, sans 
grande envolée pourtant, nous semblent présenter peu 
de traits communs avec l’art du maître. Quoiqu'il en soit, 
la statuette, posée sur un petit socle à guirlandes, est 
fort gracieuse et gagnerait certainement beaucoup à être 
débarrassée des couleurs qui l’encrassent. 


Si la plupart des statuettes ne sont sorties des 
mains de van der Veken que recouvertes d’une brillante 
polychromie, il en est cependant qu'il conserva natu- 
relles, non coloriées, et qu'il cisela alors avec un soin 
tout particulier. Ce que la couleur avait généralement 
pour mission de traduire, l'outil du ciseleur le fit ici avec 
amour. Pas une ride, pas un cheveu, pas une plissure 
n'échappera au burin, manié avec une délicatesse, une 
légèreté extrêmes. Dès lors, ces œuvrettes deviennent 
d'exquises miniatures dans l’art du sculpteur. 


Une délicieuse statuette en bois de poirier, repré- 
sentant saint Antoine de Padoue, et haute de o0"28, se 
trouve au réfectoire du couvent des Apostolines. Non 
polychromée, cette figurine est d'un fini incomparable. 
Vêtu de la rugueuse robe de bure à large pèlerine et le 
capuchon rabattu, le Saint, légèrement vouté par l’âge, 


SCULPTEUR MALINOIS DU XVII* SIÈCLE ra 





porte en sa main droite le livre sur lequel est assis un 
enfantelet sans grande beauté. 

Le visage ridé du Saint, ses joues creuses, son 
regard affectueux, qu'abritent de lourdes paupières, 
d'épais sourcils, ses lèvres fines, où s’esquisse le sourire, 
et ses oreilles si individuelles aux hélix fortement 
repliés, tout trahit l'étude du modèle vivant, le recours 
à la nature, dont van der Veken ne semble jamais s'être 
départi. L'Enfant Jésus, d’un faire minutieux, fouillé à 
l'extrême, qui tend vers le saint moine ses petits bras 
potelés et sa bouche arrondie, révèle les mêmes ten- 
dances à la vérité, la même conscience artistique. 

Combien volontiers on pardonne au sculpteur qui 
burina cette petite merveille l’anachronisme naïf faisant 
de ce Saint, mort à l’âge de trente-six ans, un petit 
vieillard imberbe. Elle arracha, cette œuvrette, un cri 
d'admiration aux amateurs, lors de l'Exposition d'art 
religieux de 1864, à Malines, où elle figurait au cata- 
logue sous le n° 122. 

Un petit saint Férôme en prière, sculpté en bois de 
buis et appartenant à M. Dusart, figura, sous le nom 
de Nicolas, à l'Exposition de 1863, n° 80. 


La seule œuvre de van der Veken, citée par les 
biographes (1) en dehors de celles conservées à Malines, 
est également dépourvue de toute polychromie. Elle 
surmonte l'autel de la nef méridionale de l’église de 
Lombeek-Notre-Dame. 

Taillé en bois de poirier, le petit groupe représente 


EEE, 





(1) « In de Parochie van O -L.-V.-Lombeek, in de kerk aldaer, den H. Hubet- 
tus, patroon tegen de razernye, uyt peerlaeren hout gesneden, sijnde hoog omtrent 
sesthien duymen, staende in eene Kas op den hoogen autaer, welk beeld de moeyte 
weerdig is om met aendagt besien te worden » (C. VAN GESTEL, Op. cit., fo 134), 


Ce) 


Re 00 € 


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| 





Poirier 


J. Fourdin 


Phot. 


Saint Antoine de Padoue 


, Couvent des Apostolines, 


alines 


(M 


SCULPTEUR MALINOIS DU XVII‘ SIÈCLE 115 





l'épisode capital de la légende de saint Hubert (2). La scène 
est prise sur le vif au moment où le cerf miraculeux a 
fait face au chasseur. Celui-ci s’est prosterné, les mains 
croisées sur la poitrine et le visage empreint de fervente 
adoration. La meute, harassée par la longue poursuite, 
s'est couchée haletante; un des chiens pourtant lève le 
museau, inquiet vaguement. Le tout est d’un fini remar- 
quable. La figurine du Saint, haute seulement d'environ 
0"40, au visage délicat, aux mains finement veinées, le 
délicieux angelot qui frôle les branches hautes d’un arbre 
et domine le groupe, les animaux très vivants et jusqu’au 
minuscule crucifix planté entre les bois du cerf, tout 
révèle un culte fervent voué à la nature et à la vérité. 

Malgré le soin méticuleux accordé aux plus petits 
détails, la composition d’une eurythmie parfaite garde 
toute sa noblesse et sa grandeur, et l’œuvre se range certes 
parmi les bonnes productions de notre artiste malinois. 


* 
RER 


Une seule sculpture en terre-cuite de maître van 
der Veken nous avait été conservée jusque récemment. 
Il est incontestable pourtant qu'il en exécuta un assez 
grand nombre, qu'il reporta ensuite, à grande échelle, 
dans -ses compositions décoratives en bois. 

Ce spécimen isolé, un petit buste de sainte Barbe, 
qui surmontait anciennement l'horloge du réfectoire au 
couvent des Maricolles, a passé, il y a peu d'années, dans 
la collection d’un amateur malinois, M. Terlinden. A la 
mort de ce dernier, cette collection fut dispersée en 


(2) La cage vitrée, haute d'environ 130, qui renferme ce petit groupe, est 
surmontée d’un crucifix en métal n’appartenant pas à l’ensemble. 

La chaire de vérité de la même église représente le même épisode de la vie 
de S. Hubert. Pour le Saint et un des chiens, l'artiste anonyme s’est contenté 
d'agrandir les figurines de van der Veken. 


116 NICOLAS VAN DER VEKEN 





partie au vent des enchères. Nous n'avons pu retrouver 
jusqu’à présent les traces de cette œuvrette en terre-cuite, 
qu'il serait intéressant, sans doute, d’opposer au buste 
de la même Sainte, surmontant la corniche d’un con- 
fessional de l’église Saint-Jean. Peut-être le petit buste 
perdu n'était-il que l'étude préalable, en vue de l’exécu- 
tion de celui en bois, dont nous avons souligné déjà 
le charme pénétrant. 


Le bas-relief, pour lequel certains maîtres du xvri° 
siècle témoignèrent une prédilection toute spéciale, ne 
fut traité qu’exceptionnellement par notre artiste. 

Nous ne lui connaissons, en effet, en ce genre 
délicat, que les deux compositions décorant le petit 
tabernacle, placé à la partie postérieure du maître-autel 
de Saint-Rombaut, immédiatement sous l'armoire de la 
châsse, contenant les reliques de ce Saint. 

Cette œuvre charmante occupait, avant la Révolu- 
tion française, le maître-autel de l’église du prieuré de 
Leliëndael. Taillé en bois, partie peint en blanc et doré, 
le petit tabernacle, d'une exécution remarquable, 
emprunte ses formes gracieuses à l’opulent style Louis 
XIV. Pivotant sur un axe vertical, 1l présente tour à tour 
ses deux faces ornées de petits bas-reliefs, qui sont de 
pures merveilles. Il est vraiment regrettable de voir 
cette œuvrette dérobée à l'admiration du visiteur. Sur 
l’une des faces, le sculpteur a représenté la Récolte de la 
manne au désert, sur l’autre la Dernière cène; « il a mis 
une rare finesse dans l’achèvement de ces sujets, qui 
paraissent plutôt faits au pinceau qu'au ciseau » 
(NEErFrs, Inventaire). 


Ceci nous amène à dire un mot des reproches 
habituels qui, depuis le xv° siècle déjà, pèsent sur le 
bas-relief pittoresque. L'usage de la perspective et des 


SCULPTEUR MALINOIS DU XVII‘ SIÈCLE LU 





plans superposés, lui donnent une sensation d’espace 
et de profondeur, qui en font le rival de la pein- 
ture. 

Est-il légitime, au nom de prétendues lois de l’art 
antique, que les anciens seraient d’ailleurs fort étonnés 
d'entendre formuler, d'enlever ainsi à l’art du bas-relief 
une de ses plus fécondes ressources? Les Egyptiens et 
les Assyriens, qui plaçaient dans des registres super- 
posés les personnages et les choses, se trouvant 
sensément’ côte à côte, aussi bien que les Grecs, qui, 
pour des raisons monumentales, proscrivaient du champ 
de leurs reliefs tous détails illisibles à distance, tous 
ignoraient les ressources du bas-relief pittoresque, 
requérant la perspective, se nourrissant de réalisme et 
dont les Alexandrins et les Romains ont été les premiers 
à tirer profit. Chez ces deux peuples, une importance 
considérable déjà est accordée à l'architecture et au 
paysage, mais la perspective y est fautive et les propor- 
tions enfantines. Ghiberti fut le véritable créateur du 
bas-relief pittoresque dans toute sa riche fantaisie, tel 
qu'on le comprend de nos jours, et du coup il atteignit la 
plus haute perfection, dans sa fameuse porte du 
Baptistère de Florence. Michel-Ange n’exagérait pas en 
la déclarant digne de servir de porte au Paradis. 

Depuis lors, de grands sculpteurs ont pratiqué cet 
art délicat et, célèbre entre tous, un malinois, Alexandre 
Colin, réalisa dans les vingt-quatre bas-reliefs du mauso- 
lée de l’empereur Maximilien, à Innsbruck, de véritables 
chefs-d'œuvre. Si le procédé constitue une hérésie, ce 
dont nous nous permettons de douter, les deux maîtres 
dont nous venons de parler font oublier leurs errements 
pañrleurmtalent  remarquable”et, la maîtrise de leur 
ciseau. Disons aussitôt que Nicolas van der Veken, par 
son essai isolé, mérite de prendre rang à la suite de ses 
deux brillants aînés. 





Bois doré 


Phot£]J. Fourdin 


un tabernacle) 


a Manne (Détail d 
(Malines, église Saint-Romb 


il 


a Récolte de 


L 


aut) 


SCULPTEUR MALINOIS DU XVII‘ SIÈCLE 119 





Dans la Récolte de la manne au désert, la composition, 
admirablement balancée d’un relief puissant à l’avant- 
plan, se réduit dans les lointains à un simple tracé, où 
la main s'est faite légère comme jadis pour le maniement 
du pinceau, et a promené l'outil du ciseleur avec une 
délicatesse surprenante. 

D'un ciseau ferme et nerveux, il fait saillir le torse 
puissant des hébreux et cambre avec amour l’onduleuse 
silhouette de la jeune mère, aux draperies mouvantes, 
à l'attitude gracieuse, à l'expression attendrie. Puis, 
passant au second plan avec le souci constant d’animer 
tout le champ du bas-relief, avec un sentiment raffiné 
de la « couleur », 1l multiplie les personnages et les 
détails pittoresques, dégradant jusqu'aux lointains, le 
profil aigu des tentes et les masses sombres des cèdres 
s'élevant jusqu’au ciel. Le type ethnique des hébreux est 
nettement caractérisé, et l'expression, malgré l’exiguité 
des figurines, est éloquente et variée. 


Si maintenant nous examinons l’autre face du 
tabernacle, nous découvrons la même aisance ingé- 
nieuse dans la composition, le même amour du pitto- 
resque et aussi la même eurythmie, ce don précieux des 
grecs. Avec un lyrisme délicieux, le sculpteur s’est 
amusé autour de ce thème de la Dernière Cène, que tant 
d'artistes avaient interprété avant lui. Mais quelle 
mesure, quelle sobriété, quelle pondération classique, 
pourrait-on dire, dans cette œuvre médullaire si réelle 
dans sa spiritualité. 

Le Christ, occupant le centre de la composition, le 
regard levé au ciel, bénit le pain et le vin, et les apôtres, 
rangés autour de la table, où git l'agneau pascal, 
révèlent, par les multiples expressions des visages et 
des mains, les différents états d'âme devant la gravité 
du moment. Judas, seul, demeure indifférent à l'émotion 


120 NICOLAS VAN DER VEKEN 








générale et rebelle à la ferveur. Dans toutes les figures, 
vivantes et animées, le geste est éloquent et l'attitude 
suspendue au bord de l’action. Celles de l’avant-plan, 
fouillées avec fougue et hardiesse, saillent en ronde 
bosse vigoureusement, alors qu’à l'arrière-plan, où le 
Christ est assis entre ses apôtres Pierre et Jean, le reliet 
se réduit considérablement, tout en conservant aux per- 
sonnages le modelé tressaillant des chairs et la beauté 
pittoresque des draperies. Ici encore, les types sémiti- 
ques sont nettement caractérisés, les détails burinés avec 
amour ; la couleur blanche qui recouvre totalement cette 
composition en a, toutefois, estompé quelque peu 
l'incomparable finesse. 

+ 

* * 

Si Nicolas van der Veken négligea entièrement 
l'édification des vastes ordonnances architecturales sur- 
montant les autels du xvri° siècle, 1l exécuta cependant 
des tabernacles, dont un exemplaire fort remarquable 
nous a été transmis notablement changé. Sans verser 
complètement dans l'erreur, qui prit modèle pour ses 
autels sur les arcs de triomphe romains, notre sculpteur 
inventa pour ce {abernacle un ensemble harmonieux et 
charmant, à l’aide d'éléments empruntés à l'architecture 
baroque. En 1866, ce petit monument subit quelques 
modifications et fut transformé en autel, sans que son 
caractère d'ensemble ait été altéré (x). 


(1) On peut se faire une idée, bien faible il est vrai, du tabernacle avant les 
transformations en autel, sur l’aquarelle qu’en exécuta De Noter (voir Recueil 
J. SCHÆFFER, album Il, pl. 72). La date de 1705, indiquée par le chronogramme 
ECCE DEVS HOMO, qui se lisait sur la banderole flottant au-dessus de la porte du 
tabernacle, a donné naissance, sans doute, à l'hypothèse d’après laquelle ce travail 
avait pour auteur le sculpteur Langemans; il a été, en effet, généralement admis 
jusqu’à ce jour, que maître Nicolas mourut en 1704. 

La véritable date de son décès étant postérieure de 5 ans, rien ne s'oppose 
plus à admettre l’opinion de J.-J. De Munck, qui attribue l’œuvre à van der Veken 
(voir Mechelsch Bericht, 1783, p. 141 et note 1). 


SCULPTEUR MALINOIS D XVII‘ SIÈCLE T21 











Il occupe le fond de la chapelle du Saint-Sacrement, 
dans la nef septentrionale de l'éghse Saint-Rombaut. 
L'œuvre est de la fin de la carrière du maître et date 
de 1705, ainsi que l’indiquait un chronogramme disparu 
depuis quelques années. 

Taillée en bois, peinte à l’imitation de marbre 
blanc, et dorée en partie, cette construction se compose, 
en bas d’une table d’autel soutenue à ses extrémités par 
deux gracieux séraphins, entre lesquels est étendu, sur 
le Livre aux sept sceaux, l'agneau pascal, et en haut, 
d'un tabernacle, avec quatre colonnes torses, qui sup- 
portent une corniche, surmontée d’un dôme élégamment 
découpé. La partie centrale du tabernacle consiste en une 
porte, ornée de gracieuses arabesques, surmontée d’un 
minuscule crucifix et de délicieuses têtes d’anges. Le 
buste de Dieu le Père, bénissant le monde, apparaît au 
bas du dôme; en-dessous de lui plane le Saint-Esprit, 
sous forme d’une colombe, entre deux mignons angelots 
tenant une banderole, où on lit ces mots Æcce Pams Ange- 
loruim. Dechaque côté de cette partiecentrale, qu’encadrent 
d’élégantes colonnes torses, un chérubin en adoration 
se prosterne sur la volute d’une console, au bord de 
laquelle se déroule une guirlande dorée de feuilles et 
de fruits. 

Les séraphins soutenant la table d’autel, malgré 
leur attitude quelque peu contournée, en leurs fonctions 
de caryatides, demeurent d’un charme extrême par la 
souplesse et l'harmonie des lignes. Les draperies envolées 
qui enveloppent leurs formes sapides et juvéniles les font 
valoir en les voilant. Une expression infiniment raffinée, 
d’une grâce caressante, d’un charme intense, baigne les 
visages étrangement féminins. Ce ne sont plus ici les 
amours joufflus, espiègles et mutins, mais non sans 
mièvrerie, qu'avec une naïveté puérile nos artistes se sont 
plu à placer un peu partout, depuis que les premiers 


122 NICOLAS VAN DER VEKEN 








italianisants en avaient emprunté la formule à l'antiquité 
grecque, par l'intermédiaire de leurs contemporains 
d'Italie. C’est une jeunesse en fleur, ne conservant de 
l'enfance que cette insouciance du sourire, avec déjà 
dans le regard, vide de pensée pourtant, quelque chose 
d’ambigu, de vaguement troublant et de pervers peut-être. 

Le modelé velouté des chairs, le frisson inquiétant 
d’un vêtement qui glisse, le rayonnement charmeur des 
bouches drues foisonnant autour du front, tout cela 
exprime chez van der Veken un talent délicat et raffiné, 
une intention timorée et persistante pourtant, en même 
temps qu’une connaissance profonde de l'âme humaine. 

En parfait psychologue, il sait en traduire les 
nuances les plus délicates en un regard songeur et 
caressant, dans une bouche où le sourire s’'esquisse 
avant de s'épanouir, en une pose langoureuse et trou- 
blante. Il s'affirme ici véritablement le maître de la grâce, 
sinon de la force, l'interprète de l’amour tendre et rêveur, 
sinon de la passion violente et emportée. 

Les deux chérubins, prosternés dans le plus profond 
recueillement, sont de la même race, du même type 
tendre et songeur; mais leur regard s'est tourné vers 
linvisible, sur la bouche le sourire s'est tempéré et le 
front bouclé reste courbé en une attitude de silencieuse 
adoration. Leurs draperies, qu’un léger souffle agite, leurs 
ailes déployées, courbées gracieusement, donnent à ces 
figures un aspect décoratif qui captive le regard par de 
ravissantes sinuosités. 

À l’état primitif, le tabernacle se présentait moins 
large, la tablette était découpée suivant la section du 
dôme, et les deux anges caryatides étaient plus rappro- 
chés. Il en était de même des chérubins adorateurs. La 
porte du tabernacle reposait directement sur la table et le 
dôme était couronné d’un ostensoir devant lequel se 
prosternaient deux anges, alors que deux autres, accolés 


SCULPTEUR MALINOIS DU XVII‘° SIÈCLE 123 











aux flancs de la coupole, proclamaient au son de la 
trompette la majesté divine. 

Ces différents accessoires, qui garnissaient le dôme, 
ont été enlevés depuis le déplacement du tabernacle 
transformé et se sont égarés. L’autel, toutefois, n’a rien 
perdu de sa beauté par ces récentes amputations; la 
silhouette s’accuse plus nette, et par sa sobriété rehausse 
étrangement l’ornementation essentielle du petit monu- 
ment. Ajoutons que ces modifications furent effectuées 
à grands frais par le sculpteur Tambuyser, qui tailla les 
décorations florales et l'agneau pascal, dépourvu absolu- 
ment de vérité. 


Emm. Neeffs cite également comme devant appar- 
tenir au ciseau de van der Veken, un Saint-Esprit entouré 
de rayons et de têtes angéliques, couronnant l'autel de 
la 2° chapelle de la même église Saint-Rombaut. Récem- 
ment, l’ancien autel fut détruit et remplacé par une 
production moderne. 

Le même auteur cite de notre sculpteur un pélican 
doré surmontant la corniche du maître-autel de l'église 
Notre-Dame au delà de la Dyle (1). Cette pièce lui 
aurait été payée 30 florins le 25 décembre 1689. D'autre 
part, il attribue à François van der Veken une part 
dans la décoration de cet autel, érigé en 1690 (2). 
N’a-t-on pas confondu les deux prénoms et ne faudrait-il 
pas considérer ce pélican comme une production du 
frère aîné de notre artiste? Faisons observer encore que 
dans son Jnventaire historique de Malines (3), Neeffs ne 
cite pas le nom de van der Veken parmi ceux des 
artistes ayant collaboré à l'édification du maïtre-autel. 


() Histoire des sculpteurs malinois, p. 218. 
(2) Histoire des sculpteurs malinois, p. 215. 
(3) Op. cit., p. 96. 


124 NICOLAS VAN DER VEKEN 





En raison de sa longue carrière, l’œuvre de notre 
tailleur de bois a été des plus vastes et a certes comporté 
des sculptures bien plus nombreuses que celles par- 
venues jusqu'à nous. 

Une grande partie est perdue sans laisser de traces. 
L'artiste ayant travaillé presqu’exclusivement pour les 
églises et les couvents, un inventaire scrupuleux amène- 
rait peut-être la découverte de quelques statues ou 
statuettes du maître. 

En attendant, il ne sera pas inutile de signaler ici 
quelques travaux dont l'existence nous est rapportée par 
les sources écrites, mais qui ont disparu depuis lors (r). 

Deux anges, peints en blanc, qui soutenaient le 
tableau de l’autel de Notre-Dame de la Concorde, à 
l'église Saint-Rombaut (2), ont disparu lors du déplace- 
ment de cette peinture, qui passa de cet autel du 
transept nord dans la troisième chapelle de la nef septen- 
trionale. Cette œuvre fort ancienne, représentant la Sainte 
Vierge peinte à mi-corps, sur panneau doré, a noirci à 
tel point, que la dévotion publique la désigne sous le 
vocable de Notre-Dame la Noire. Une adoration des 
Bergers, de Jean-Erasme Quellin, a pris sa place sur 
l'autel du transept, élevé en 1699 par le sculpteur 
François Langemans. 

Deux bancs d'œuvre (3), que nous aimons à nous 


(1) Corneille van GESTEL, op. cit., fo 133-134; et H.-D. VAN DEN NiEu- 
WENHUYSEN, Konstminnende wandelinge... MDCCLXX, manuscrit conservé à la 
Bibl. Royale de Bruxelles. 

(2) Mechelsch Bericht, 1783, p. 81. 

(3) « Van den zelven meester zijn ook gesneden de twee gestoeltens der 
Kerk-meesters, tegen de eerste pilaeren, in het kruys der kerke » (Mechelsch 
Bericht, 1786, p. 685). 


SCULPTEUR MALINOIS DU XVII‘ SIÈCLE 125 


représenter décorés de belles sculptures ornementales et 
de bas-reliefs, à la manière de ceux qu'exécutèrent plus 
tard Verhaegen et Valkx, pour l'église Saint-Jean, 
garnissaient l’église Sainte-Catherine, mais ont disparu 
en grande partie. Deux confessionnaux furent construits 
à l’aide des débris. Cette dénaturation est d'autant plus 
regrettable qu’elle nous prive d'une œuvre, fort inté- 
ressante sans doute, qui nous aurait permis d'étudier 
van der Veken par un deuxième exemple, en cet art 
délicat du bas-relief, où, nous l'avons constaté, il 
excellait. 

Une statue de saint Roch, enluminée par l'artiste, se 
trouvait à l’ancienne église des SS. Pierre et Paul; 
celle-ci fut démolie vers 1780, après que la paroïsse de 
ce nom fut transférée dans l’église de S. François Xa- 
vier, devenue libre par la suppression des Jésuites en 
1773. Cette dernière église contenait elle-même un rel- 
quatre de saint François Xavier, exécuté par van der Ve- 
ken, et dont on a perdu les traces. 

Les couvents de Malines, aussi bien que les églises, 
possédaient de multiples sculptures, parmi lesquelles les 
œuvres de van der Veken figuraient en bonne place. Un 
saint Foseph et une sainte Madeleine de Pazzi se trouvaient 
chez les Carmes chaussés ou Grands Carmes de Ma- 
lines; malheureusement, le mobilier de ce couvent fut 
vendu le 5 novembre 1797, et adjugé pour quelques sols 
à des brocanteurs. 

Pour les Ursulines, Nicolas avait exécuté un /rône, 
soutenu par des anges, sous lequel on exposait le Saint 
Sacrement. Cet ordre malinois, fondé en 1682, se fit bà- 
tir une habitation nouvelle, ainsi qu'une chapelle, bénie 
en 1699; mais il quitta ces bâtiments à la fin du xviri° 
siècle, pour prendre possession de Leliëndael, d’où les 
Norbertines avaient été expulsées. 

L'ancien couvent des Ursulines est devenu à présent 


126 NICOLAS VAN DER VEKEN 





l'Hospice Sainte-Hedwige; le trône a disparu à une 
époque indéterminée. 

Il nous reste à citer un petit autel avec figures déco- 
ratives, de maître van der Veken, qui ornait l’infirmerie 
du couvent des Frères Alexiens ou Cellites. Cette œuvre 
est également perdue, quoique cet ordre ait continué de 
résider jusque récemment dans l’ancien couvent. 

D'autres œuvres encore de notre sculpteur, dont 
même la mention nous échappe, doivent avoir joui d’une 
légitime admiration de la part de ses contemporains. 
L'étude comparative des trésors artistiques qui nous 
restent augmentera peut-être un jour le catalogue encore 
réduit du sculpteur. Puisse notre modeste étude faciliter 
quelque peu les travaux de ceux qui pousseront plus loin 
les explorations dans ce domaine presque insoupçonné 
de notre école de sculpture du xvri° siècle. 


IV 


À la suite de ces timides investigations dans le do- 
maine si injustement décrié de la sculpture baroque, la 
figure de Nicolas van der Veken apparaît comme celle 
d'un probe artiste, allant sans hésitation vers un idéal 
qui, pour n'être pas entièrement celui de son époque, ne 
témoigne que d’une personnalité plus originalement 
douée. Sans jamais se détourner de sa route, ni perdre 
son temps à de vaines spéculations sur un mysticisme 
éteint depuis le moyen âge, il fut peut-être l'artiste le 
plus sincèrement religieux de notre école de sculpture 
du xvrr° siècle. 

Interprète de la grâce mutine de l'enfance et du 
charme troublant de la femme, capable d'emprisonner 
en un regard toute l'inquiétude d’un siècle de luttes et 
d’ardeurs, amoureux de la ligne onduleuse et des formes 


SCULPTEUR MALINOIS DU XVII‘ SIÈCLE 127 





expressives, il fut le plus grand, le jour où, dans un em- 
portement fiévreux, 1l se mit à pétrir le « Dieu de pitié », 
auquel il infusa toute la souffrance morale, dont son 
âme compatissante soupçonnait l’incommensurable éten- 
due. D'autres ont donné au Christ une nature surhu- 
maine et divine, mais, d’être resté si purement, mais si 
âprement humain, van der Veken n’en est peut-être pas 
moins grand. 

À travers son œuvre, nous devinons en cet artiste, 
dont l’existence nous échappe encore en grande partie, 
un homme simple, un peu rude parfois et enclin à des 
accès de mélancolie. 

De condition modeste, ayant vécu sa jeunesse auprès 
d’une vieille mère, ne se souciant pas plus de gain que 
d’honneurs, Nicolas van der Veken semble avoir réservé 
tout son amour, toute sa gaîté, toutes ses éloquentes 
tristesses pour son art. La vie entière chez lui se subor- 
donnait à son travail, pour lequel il professait un culte 
exclusif et profond. Son art le tentait, en lui seul il 
avait foi. 

Extérioriser ses rêves et les immortaliser dans le 
chène, tel était le but de ce penseur solitaire, capable 
pourtant d'imaginations fécondes. Nulle trace d’une 
gestation douloureuse, ni d’une production pénible ne se 
relève dans l’œuvre de l'humble imagier. 

Servi à merveille par son étonnante technique, il 
réalisait ses visions idéales avec une déconcertante 
virtuosité. Uniquement épris des créatures 1llusoires 
enfantées par son cerveau et que ses doigts nerveux 
s'efforçaient de ‘pétrir, il professait un détachement 
complet des choses de ce monde. 

Son art demeura simple comme sa vie, qui s'écoula 
calme et effacée. Aucune œuvre chez lui ne témoigne de 
cette recherche d'effets tumultueux et n’est affectée de 
cette pompe théâtrale et pédantesque qui déparent 


128 NICOLAS VAN DER VEKEN 





souvent l’art religieux du xvrr° siècle, tant au Nord qu'en 
Italie. Nature douce et aimante, il sut imprégner ses 
figures féminines d’un frisson d'amour, d’une indicible 
tendresse. Le trouble d’un regard, l’ambiguité d’un 
sourire, la langueur d’une attitude même révèlent pour- 
tant chez le vieux célibataire un esprit subtil et raffiné, 
trahissent un psychologue transcendant, ayant scruté les 
émotions les plus intimes de l’âme humaine. 

Profondément religieux, enclin à la méditation, 
sœur de la tristesse, il a réservé ses plus déprimants 
accents pour les figures douloureuses du Säuveur. 

van der Veken ne put jamais se résoudre à séparer 
la forme et la couleur dont la Renaissance avait con- 
sommé le divorce; il polychroma avec un talent remar- 
quable ses statuettes de saints. 

Et les yeux tournés sans cesse vers le monde réel 
et vivant, auquel il rapportait tous ses efforts, ne faisant 
que parcimonieusement les concessions exigées par ses 
soucis spiritualistes et son amour du style, Nicolas van 
der Veken trouva les expressions éloquentes, les attitu- 
des harmonieuses et les gestes vrais qui ne se puisent 
qu'à la source même de la vie et ne s'empruntent qu’à la 
nature, toujours belle et inépuisablement féconde. 


CAMILLE POUPEE. 


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BIBLIOGRAPHIE 


Étant considéré le petit nombre des chroniqueurs qui ont 
parlé de van der Veken et celui encore plus restreint de ses 
biographes, l'énumération des ouvrages consultés sera forcément 
très limitée. Nous ne donnerons pas ici la liste des ouvrages ayant 
trait à l'histoire de l’art en général et à celle du xvue siècle en 
particulier. Ces ouvrages se trouvent dans toutes les bibliothèques. 
Nous nous bornerons à citer les quelques livres et manuscrits dont 
nous avons fait usage pour la présente étude et dont quelques-uns 
pourraient être moins connus. 


Emmanuel NEEFrs, Histoire des sculpteurs malinois. — Gand, 
Vanderhaeghen, 1876. 

Id., Anventaire historique des tableaux et des sculptures se 
trouvant dans les édifices religieux et civils et dans les rues de 
Malines. — Louvain, Fonteyn, père, 1860. 

Chevalier Edmond MarCHAL, La sculpture et les chefs-d'œuvre 
de l'orfévrerie belges. — Bruxelles, Hayez, 1895. 

Hyacinthe ConiNckx, Le livre des apprentis de la corporation 
des peintres et des sculpteurs a Malines (Bulletin du Cercle Archéolo- 
gique de Malines). Malines, L. & A. Godenne, 1903. 


Chanoine G. van CASTER, Histoire des rues de Malines. 


Léopold GODENNE, Malines jadis et aujourd’hui. Malines, 
L. & A. Godenne, 1908. 


Konstminnende wandelinge wezende een hort beschrigf van alle 
betgene dat binnen Mechelen in de publieke plaetsen te Sien 15, 
met een horte aenteeheninge van de principaelste werchen, enx. 
MDCCLXXX (Ms. Bibl. R. Bruxelles, n' 17252). 

Ce manuscrit de H.-D. VAN DEN NIEUWENHUYSEN à été publié 
dans le Wekelijksch Bericht van Mechelen, années 1783 et sui- 
vantes. 

Korte levens-bescryf van groote mannen gebortigt van Mechelen 
by een vergaedert ende opgemaeht uyt diversche scryvers, door 

9 





130 NICOLAS VAN DER VEKEN 





Egidius-Josephus SMEYERS, konstschilder, en door H. D: VEUNE 
(VAN DEN NIEUWENHUYSEN), priester (Ms. Arch. Malines, DDXVI). 


E.-J. SMEYERS, Aanteekeningen rakende onze Schilders en 
beeldhouwers (Ms. Arch. Malines, DDXVI. 

Viri illustres mechliniensis Scriptis vel fama clari collectore 
Cornelio van Gestel, 1740 (Ms. Arch. Malines, DDXV). 

Catalogue ofte naemlyst der Konstschilders ende beeldhouwers 
der stad Mechelen, met eenige aenteekeningen bun aengaende, byeen 
vergaedert uit de annotatièn van wylent .d'heer Greg. de Maeyer. 
(Arch. Malines), copie par Schellens, en la possession de M. Fr. 
De Blauw, à Malines. 

Albums d'aquarelles, collection J. Schæffer (Arch. Malines). 


TABLE DES MATIÈRES 





CHap. IL. — Le siècle de Rubens. — Le Règne des archiducs 
Albert et Isabelle. — Situation économique. — Courant reli- 
gieux. — Littérature et Arts. — Influences de Rubens. — 
Malines au xvije siècle. — Sculpteurs flamands. 


CHar. 11. — Naissance de Nicolas van der Veken. — Sa famille. — | 
Atelier de Maximilien Labbé. — Atelier de Luc Fayd’herbe. — | 
Application de la polychromie. — Vie et mort du sculpteur. | 
— Sculpteur sur bois. — Caractères de son art. — Sentiments 
religieux. — Influences subies et excercées. — Disciples. l 


CHap. II. — Confessionnaux. — Eglise Sainte-Catherine. — Eglise 
Saint-Jean. — Eglise SS. Pierre et Paul. — Statues polychromées : 
Dieuéde/Pitie,e Viersgeret#Enfant, Sainte Farnille,* Vierge de 
miséricorde et esclaves chrétiens, Sainte Trinité, Enfant Jésus, 
Chérubins, saint Yves, saint Aubert, saint Rombaut, saint Liboire, 


saint Joseph. — Statuettes non polychromées : saint Antoine, | 
saint Hubert. — Terre-cuite : sainte Barbe. — Bas-reliefs : La 

manne, La Cène. — Compositions décoratives. — (Œuvres 

perdues. 


CHap. IV. — Ce que fut l’homme. — Excellence de son art. 














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Les Ménestrels Communaux Malinois 
et joueurs d’instruments divers, établis ou de 
passage à Malines, de 1311 à 1790 


I. — Généralités 


En parcourant les premiers registres des Comptes com- 
munaux de Malines, nous trouvions régulièrement la mention 
du veilleur de la tour de l’église St-Rombaut. Recherchant 
tout ce qui concerne la musique, nous négligeimes l’humble 
veilleur, dont les fonctions nous semblaient peu en rapport avec 
celles d’un musicien instrumentiste. Mais la suite des comptes 
nous apprit que le forenwachter était joueur de trompe et que 
la Ville exigeait qu'il fut habile instrumentiste pour l’obten- 
tion de cet emploi. Cette curieuse constatation nous obligea 
à reprendre les registres dejà feuilletés et nous relevimes 
toutes les notes concernant les veilleurs. 

Le fait de confier la vigie d'un château ou d’une ville à 
un fonctionnaire spécial semble devoir remonter à la plus 
haute antiquité. Nous savons, en effet, qu'avant l'établisse- 
ment des communes, le seigneur avait, dans le personnel 
attaché à son service, un gwetteur, qui montait la garde du 
haut des murs crénelés ou du donjon de son castel. Ce 
personnage devait jouir d'une grande popularité, puisque son 
souvenir fut éternisé par la chanson des troubadours, des 
trouvères et des #innesinger. Instrumentiste et chanteur à la 
fois, il devait annoncer à haute voix les heures de la nuit, 
il sonnait de la trompe et débitait le Wachterlied où Chanson 
d’Aube, pour saluer le lever äu jour. Florimond Van Duyse (1) 
a recueilli une douzaine de ces wachtersliederen. Pierre 


(1) Florimond VAN DuUYsE, Het oude Nederlandsche lied, tome 1, pp. 326 
et suivantes. 
10 





AS 


134 LES MÉNESTRELS ET INSTRUMENTISTES A MALINES 








Aubry(1}nous explique très bien la donnée de ce genre de mélo- 
die des trouvères. Il est à remarquer que le fond de ces chansons 
est le même tant en France, en Allemagne qu'aux Pays-Bas. 

« Il fait nuit et deux amants sont ensemble. Leur bonheur 
est si grand, que le jour, sans qu'ils s’en doutent, va paraître 
et qu'il faut le chant d'un oiseau, l'appel d’un ami, la 
vigilance d'un guetteur pour les avertir. Il y a donc trois 
personnages : l’amante, l'amant et le tiers, chargé d'annoncer 
le lever du jour. » 

Le texte de ces wachtersliederen et de ces chansons d'aube 
prouve que le guetteur sonnait de la trompe et chantait : 


« … De wachter opter tinnen lach 
hi hief op een lied hi sanchk... » (2). 


« … die wachter blaest sinen horen.…. » {3). 


… Le guetteur (jouant de la trompe et faisant sa ronde) : 


« Hu et Hu et Hu et Hu! 
je l’ai veu 
La jus soz la coudroie, 
Hu et hu et hu et hu 
A bien près l’occirro'e... » (4). 


Lors de l'établissement des communes, les veilleurs 
s'établirent, très tôt, sur les tours d'’églises, les beffrois et 
les portes des villes. Ils furent rétribués par les soins des 
magistrats pour surveiller l'approche de l'ennemi, prévenir 
les incendies, sonner les heures du travail et du repos au son 
de la trompe ou de la cloche. Nous les retrouvons partout : 
on les nomme Weltes à Lille dès l’année 1301-1302 (5); Türner 


(1) Pierre AuBry, Trouvères et Troubadours, p. 85. 

(2) FI. VAN DUYSE, I. c., tome I, n° 64. 

(3) Ip., tome I, n° 69. 

(4) Pierre AuBry, /eu de guetteur, 1. c., p. 90. 

(5) L. LEFEBVRE, Les ménestrels et joueurs d'instruments assermentés du 
xivé au xviiie siècle. — Notes pour servir à l’histoire de la musique à Lille. 


DE 1311 A 1790 135 





ou Hausleuten à Leipzig (1); à Dublin, ils sont désignés par 
le nom de Waits (2). 

Ils devaient être musiciens : 

« À. Brehon Maillet, wmenestrel de la trompette, son salaire 
d’avoir esté wettier au cloquier St-Estevene pour manifester 
les inconvéniens des feus de meschief xv mois commencés 
à St-Jean (1433) et fini à St-Remy (1434), xxv fl. 5 (3). 

« Die Türner waren..…….. immer swusikanten, sie mussten 
blasen kônnen.… » (4). 

Dans nos contrées, on les appelait forenwechters, wachters, 
trompers, etc. 

Dès l'année 1311-12, nous trouvons la mention du 
veilleur de tour à Malines. Le compte communal 1313-14 
révèle l'existence d’un veilleur sur la tour de l’église St-Rom- 
baut et un autre sur celle de l'église Notre-Dame. Depuis 
cette date, nous les trouvons régulièrement jusqu'à la fin 
du xvuie siècle. Le nombre des guetteurs varie : au début 
du xve siècle, ils sont deux pour le service de la tour de 
l’église St-Rombaut: en 1433-34, il y en a trois: puis, plus 
tard, nous en comptons quatre. L'un est désigné du nom 
de tromper, joueur de trompe; les autres sont dits : pipers, 
piper où pijper, en allemand, Pfeiffer. Piper était un nom gé- 
nérique qui s’appliquait aux musiciens en général: il dési- 
gnait plus particulièrement les instrumentistes des flûtes ou 
instruments similaires, tels que schalmeien (précurseurs du 
hautbois), cromornes, cornets a bouquin, etc. (5). 


(1) G. WUSTMANN, Zür frühesten musikgeschichte Leipzigs, dans la 
revue Die Musik-Woche, 1902, p. 222. 

(2) W.-H. GRATTAN FLoop, Dublin city-music, from 1456 to 1786. — 
Recueil de la Soc. intern. de musique, 1910-11, livre 1, pp. 33 et ss. 

(3) L. LEFEBVRE, Ouvrage cité, p. 1. 

(4) G. WusTMANN, loco citato. 

(5) Voici les noms donnés aux instrumentistes par Îles rédacteurs des 
comptes communaux de Malines : 

xive siècle : 

Trompeneer, tromper, joueur de trompe. Pipers, pypers, pypters, 

joueurs de flûte, Ministrelen, mistrelen, menestrelen, Speelieden, ménestrels, 


136 LES MÉNESTRELS ET INSTRUMENTISTES A MALINES 





Pour pouvoir prétendre au poste de veilleur, il ne suffi- 
sait pas d’avoir bon œil, il fallait, en outre, donner des preuves 
d'un réel talent d'instrumentiste. Plusieurs compétiteurs se 
présentent à Malines, en 1433-34; pour éviter des froissements, 
l'Administration communale décida de les soumettre à un exa- 
men. Le candidat fut obligé de se faire entendre devant un 
jury qui siégeait à la cour du couvent des Frères-Mineurs (1). 
Les examinateurs bénéficièrent de rasades de vin durant la 
séance (2). L'artiste primé fut félicité et convié à un régal que 
la Ville lui offrit, ainsi qu'à ses compagnons les veilleurs. 
Le candidat qui n'avait pu satisfaire ne quitta cependant pas 
les mains vides; touché de commisération, le Magistrat le gra- 
tifia de deux écus Philippi pour le dédommager de ses peines 
et frais (3). 

Il résulte de ces annotations, que les veilleurs malinois 
étaient d’habiles musiciens: ce qui le prouve davantage, c'est 
qu'à dater de 1453-54, les comptes communaux les désignent 
du qualificatif de sfadspipers, c'est-à-dire ménestrels de la 
Ville. Remarquez toutefois que deux fonctionnaires sont main- 


xve siècle : 
Trompers, trompet, trompet slaeger, pipers-pipen, pijffers (1485-86), 
heeren pipen, biscops pipen, stadts pijpers (1487-88). 
Coning van de pipers van Bruessel (1449-50), snaerspeelders (1495-96), 
luyters (1494-95), ministreerders, ministrelen, Speelluyden. 


xvie siècle : 
Trompers, stadt-Speellieden, stadts pypers, stads Speelluyden, scalmey 


pypers (1501-2), trommel slaeghers (1577-78), een trommelijn die de bomme 
slaegt (1505-6), snaerspeelders van de stad (1539-40). 


xvie et xvie siècles : 
Speellieden, benden van de haut-boiën ende bassons. 
(1) Situé à proximité de la tour de St-Rombaut. 
(2) It. bet. van dat men verteerde.. doen men den jonghen wachter 


hoirde pipen ter mijnder bruederen. Compt op iiij s. 
It. geg. iij potten wijns ghedroncke te mijnder bruedere doen men een 
nuwe wachter proefde. C. c. 1433-1434. 


(3) It. gheg. 1 piper die hier ontboden wert ome onthouden te sine 
bi de stad en niet abel ghenoech bevonden en wert hem gegeve voir sijn 
moeyenisse ij scelde phi. C::c.11433-34 


DE 1311 A 1790 137 





tenus en qualité de veilleur; l’un sur la tour St-Rombaut, 
l’autre sur la tour Notre-Dame. 

Nous pouvons donc fixer l'origine des musiciens com- 
munaux à Malines depuis l’année 1433-34. Ils sont régulière- 
ment cités jusqu'en 1459-1460; à partir de cette année, il y a 
une lacune qui s'étend jusqu’à l’année 1463, époque durant 
laquelle le receveur de la Ville ne les inscrit plus parmi le 
personnel salarié. 

De 1468-69 à 1473-74, nouvelle lacune. Enfin, à partir de 
1473-74, nous trouvons les musiciens établis définitivement 
jusqu’en 1572-73, sur la liste des employés communaux tou- 
chant des gages fixes. Depuis l’année 1573, l'Administration 
de la Ville ne paie plus de gages annuels aux musiciens, 
mais leur accorde un cachet pour chaque service. Les anciens 
fonctionnaires continuent néanmoins à figurer dans les comptes, 
sous le nom de sfadsspeellieden. Ms officient deux jours, à 
l'occasion de la procession de St-Rombaut, recevant, pour ces 
jours, une somme de 6 florins, soit un peu plus d’un florin 
chacun. L'un des ménestrels communaux venant à mourir, 
vers 1574, un candidat, Nicolas Coquil, sheelman, presente 
ses services et adresse une requête aux fins d'obtenir la place 
vacante. Les magistrats apostillent favorablement cette sup- 
plique, tout en faisant la restriction suivante : « dat Ssijne 
gagièn niet loopen en sullen », c'est-à-dire aux conditions or- 
dinaires, sans gages courants (1). 

Il est évident que ce régime peu rémunérateur ne satisfit 
pas des artistes en renom, tels que les Van Ranst. Plusieurs 
d’entreux désertèrent probablement Malines, pour se présenter 
à la cour de Bruxelles. Nous rencontrons, en effet, Philippe 
van Ranst, Joris Volchaert et Coquil au service de la chapelle 
royale de Bruxelles. Ces speellieden ayant quitté la ville, le 
service musical passa en d’autres mains. Nous avons annoté, 
parmi ces nouvelles recrues, les noms de Corneille van Aken, 


(1) Voir annexe n° 1, 





138 LES MÉNESTRELS ET INSTRUMENTISTES A MALINES 


Jean Op de Beeckhe, Jean Regard (1), Hans Wiemes, Aerdt ou 
Artus de Borger, Hans de Wael, Sebastien de Boviyn ou 
Bruynboyen. 

A l'avènement des archiducs Albert et Isabelle, Malines 
reprit une partie de sa splendeur déchue. Les arts, l’industrie 
et le commerce refleurirent sous le bienfaisant gouvernement 
de ces princes aimés. Les musiciens voyant prospérer leur 
ville natale, essayèrent de se faire accepter en qualité de 
musicien officiel à gages fixes et annuels. Pour atteindre ce 
but, ils firent parvenir aux magistrats une requête, où ils 
exposent leurs projets. En voici la teneur (2) : 

« Les soussignés : Chrétien Daems, Hans Wiemes; Aerdt 
de Borger, Hans de Wael et Sébastien de Bovyn, fous ménestrels 
et bourgeois de Malines, font humblement connaître aux hono- 
rables magistrats que, depuis environ 15 ans, certains d’entr’- 
eux ont servi régulièrement dans toutes les fêtes et réunions 
solennelles et publiques tenues à Malines. Ce service musical 
fut malheureusement détectueux, en ce sens que bien souvent, 
faute d'éléments, on ne parvenait pas à composer un accord 
complet; de plus, les musiciens, engagés au hasard, étant 
de valeur très inégale, l’ensemble devait en souffrir neces- 
sairement. Pour remédier à cette situation malheureuse, 
les soussignés promettent de s'entendre et de s'exercer, 
afin de composer un groupe de musiciens formant un 
bon accord. — A l'exemple des cités voisines, Malines 
posséderait ainsi des fonctionnaires-musiciens, prèts au jour 
fixé, pour escorter honorablement les processions générales 
et autres fêtes patronnées par l'Administration communale... 
C'est pourquoi les soussignés se permettent de vous demander 
de bien vouloir les accepter pour le service de la Ville, vous 
abandonnant le soin de déterminer la valeur du salaire d’après 
leur talent et leur dévoüment. 


(1) 1585-86. Ces chiffres, sans autres indications, signifient : compte 
communal de l’année 1585-86. 
(2) Voyez annexe n° 2, texte intégral de cette supplique. 


DE 1311 À 1790 130 








Comme l'usage veut que les instrumentistes aux gages 
des cités soient vêtus d'un fabbaert, ils espèrent bien que les 
Magistrats leur accorderont la livrée officielle, n'importe la 
couleur de celle-ci, pour le plus grand honneur de la commune 
qu'ils administrent (1). 

Cette pièce, renvoyée aux trésoriers et receveurs, pour 
prendre connaissance du texte de la requête et en faire rapport, 
fut apostillée par ces derniers, le 30 janvier 1606. 

Le rapport, lu et approuvé en séance du conseil, donna 
lieu aux conclusions qui suivent : « Les 5 requérants sont 
acceptés en qualité de sfadsspeellieden, aux gages annuels de 
36 florins chacun. L'engagement prend cours à dater de 
Pâques, 28 mars 1606; pour le reste, ils auront à se confor- 
mer à un règlement que rédigeront et leur communiqueront 
les trésoriers de la Ville ». 

Ces décisions furent ratifiées par un actum du 20 février 
1606, signé du principal : J. PAEFFENRODE. 

Trois mois après, le 22 mai 1606, parut une ordonnance 
« ordonnantie voor de Speellieden bij mijne Heere van der 
Weth..…. ». Cette pièce très intéressante contient divers points, 
entr'autres les fonctions que le ménestrel de la Ville avait à 
remplir. Nous analyserons cette pièce plus loin, au chapitre 
des fonctions des musiciens (2). 

Malheureusement, le règne des sfadsspeellieden fut éphe- 
mère ; installés en mars 1606, on les révoque déjà en 1621. 

Le nombre des musiciens fonctionnant simultanément 
varie. En 1453-54, ils sont à trois; puis ils sont quatre jusques 
vers la fin du xvme siècle. Durant le xvime siècle, le chiffre 
officiel est cinq. Lors de la reprise des ménestrels communaux, 
au début du xvire siècle, le chiffre est plus variable; en 1606, 
nous en trouvons cinq; l’année suivante, six; puis sept; en 
1620 et 1621, ils atteignent le nombre de huit. L'un d’eux était 
nomme zntendant des menestrels ; 11 avait dans ses attributions 


(1) Voir ‘annexe n° 2. 
(2) Voir annexe n° 11. 


140 LES MÉNESTRELS ET INSTRUMENTISTES A MALINES 





le soin de régler et de diriger les concerts. C'était en somme 
celui que l’on nommerait de nos jours, chef de musique, ou 
chef d'orchestre. 

Nous pouvons attribuer la première suppression des 
sladsspeellieden aux circonstances fatales amenées par les 
troubles religieux qui sévirent à la fin du xvie siècle. Ces 
guerres malheureuses ruinèrent la ville et l’obligèrent à se 
priver de la musique officielle, luxe bien inutile dans ces 
moments difficiles (1). 

Mais nous ignorons le motif de la deuxième suppression 
des musiciens. Nous avons vainement cherché, en marge du 
registre des comptes, une de ces apostilles révélatrices qui 
donnent quelquefois la clef d'un mystère. Il nous faut recourir 
à l'hypothèse, seul moyen d'explication possible. De l’ensem- 
ble des notes compulsées dans les registres des comptes de 
ces années (1° quart du xvie siècle), il résulte que les musi- 
ciens établis à Malines devaient être nombreux au xvie siècle. 
Ces musiciens formaient des bandes (benden) de joueurs de 
flûtes, schalmeien, bassons, cornets, etc., qui se joignaient 
aux bandes des trompettes, pour former ainsi de véritables 
sociétés d'harmonie (2). En présence de ces nombreux prati- 
ciens, la musique officielle devenait une superfétation; pour- 
quoi payer un traitement à ces 5 instrumentistes, alors qu'il 
était si facile de les engager lorsque les circonstances les 
réclamaient? Il y avait là aussi une mesure d'économie à 
prendre, on payait annuellement 288 florins et plus pour 5 
musiciens dont les services ne pouvaient suffir dans les grandes 
fêtes, car la Ville était obligée d'en engager une masse d’autres. 
Ces considérations auront décidé probablement l'Administra- 
tion Communale à supprimer les artistes à gages fixes et 
à ne plus payer que des gagistes jouant au cachet. Il vasans 


(1) Voyez les preuves de ceci au paragraphe des gages. 

(2) Ces bandes se composaient de 4, 5, 6, 8, 10 et même 15 musi- 
ciens, d’après les circonstances. Pour les représentations théâtrales, p. ex., 
nous avons rencontré la mention d’un orchestre de 15 musiciens. 


DE 1311 A 1790 141 





dire que cette mesure ne se prit pas sans susciter de vives 
récriminations de la part des musiciens congédiés. Nous en 
avons trouvé la preuve indirecte dans le registre des comptes 
de l’année 1625-26, où nous notons que la Ville inscrivait une 
pension en faveur du speelman maître Hans Wiemes. Cette 
mesure transactionnelle fut prise à la suite d’une requête 
adressée par l'intéressé à l'Administration communale, requête 
que celle-ci voulut bien apostiller favorablement. Maître Hans 
Wiemes devait être, en quelque sorte, un i#{lendant de la 
musique communale, dont le rôle se réduisait au soin de 
convoquer ou de recruter des musiciens ou des bandes pour 
former des accords jouant dans les festivités publiques. Le 11 
novembre 1638, le Magistrat cassa (sic) Hans Wiemes. Malgré 
son renvoi, l’ex-sfadsspeelman continue à figurer dans les 
papiers officiels comme gagiste. Il était alors, selon toute 
apparence, le chef d’une bande (bende) de speellieden, comme 
il devait en exister plusieurs, dont les chefs nous sont connus 
grâce à la signature qu'ils apposaient au bas de la quittance 
qu'ils remettaient au receveur communal. Les clercs, en 
transcrivant ces noms dans leurs registres, nous ont heureuse- 
ment permis de connaître quelques-uns d’entr'eux. Nous don- 
nerons leurs noms dans la liste qui termine cette étude. 

À partir de 1681, ce sont les trompettes-veilleurs, seuls 
musiciens officiels, qui organisèrent les concerts publics. Les 
Brias commandaient une bande de timbaliers et trompettes, 
qui jouaient pour toutes les circonstances où la musique fut 
requise. 

Parmi les ménestrels attachés au service de la Ville, il y 
avait des instrumentistes très habiles ayant reçu une éducation 
musicale très soignée. Celle-ci débutait quelquefois aux mai- 
trises des églises, véritables écoles de musique de l’époque, 
où le musicien en herbe recevait les premières notions du 
chant et de la notation. A l’époque de la mue, le jeune musi- 
cien pouvait apprendre à jouer des instruments. Nous savons 
qu'un règlement des #inos de la chapelle musicale des princes 
à Madrid disait entr'autres, que les en fants de chœur, en 





142 LES MÉNESTRELS ET INSTRUMENTISTES A MALINES 





réformation de leur voix étaient autorisés à apprendre l'orgue, 
le basson, la saquebute, la chirimia, la viole, le violon, la 
harpe et autres instruments (1). 

Au début du xvire siècle, un musicien du nom de Fride- 
ricus Helvigius, offrait au chapitre de la cathédrale d'Anvers 
d'enseigner aux choraux à jouer, en peu de temps, du basson, 
de la bombarde, du trombone et du cor (2). 

D'ailleurs il était logique de commencer par l'étude du 
chant, puisque, d'après Agricola (3) et Virdung (4), les in- 
strumentistes, pour bien apprendre à jouer des instruments, 
devaient connaître le chant (5). Mais il n’était pas nécessaire 
de passer par l’école des jubés; les instrumentistes se for- 
maient aussi sous la conduite des praticiens eux-mêmes. 
Ceux-ci, en échange de leurs leçons, réclamaient les services 
de leur élève pour les aider dans les vacations aux noces, 
bals et autres fêtes. Ces sortes d'associations se faisaient quel- 
quefois par un acte, un contrat, passé par devant notaire. En 
1561, un contrat de cette nature fut passé à Utrecht, entre la 
veuve Ghijsbert-Aerts, de cette ville, fille d’un musicien (tam- 
bourijn), et maître Nicasius, virtuose sur la harpe et autres 
instruments, qui pendant dix ans se chargerait de soigner 
l'instruction musicale du jeune Ghijsbert-Aerts et lui ensei- 
gner, en particulier le violon, le cromorne, la schalmer, la 
flûte à mains, la flûte allemande, la harpe et le synchen. 

Nicasius s'engageait, en même temps, à nourrir et à 
loger l'élève, ce dernier fit l'engagement de suivre son 
maître et de jouer avec lui aux messes, aux kermesses, aux 
processions, etc., enfin partout où Nicasius serait demandé (6). 


(1) Cfr. VANDER STRAETEN, Musique aux Pays-Bas, tome 8, p. 189. 

(2) Cfr. DE BurBuRrE, Deux virtuoses Français à Anvers. 

(3) Dans son ouvrage Musica Instrumentalis. 

(4) Dans son ouvrage Musico getutscht. 

(5) Cfr. W.-J. Von WasiELEWSKI, Geschichte der instrumentalmusik 
in XVI jahrhondert. 

(6) Cfr. GRÉGoiR, Notice historique sur les sociétés et écoles de mu- 
sique à Anvers, p. 15. 


DE 1311 A 1790 143 





Pour conquérir le titre de waitre, il fallait passer devant 
le jury d’une ménestrendie de grande ville; pareilles gildes 
existaient à Bruges, Anvers et Bruxelles. Toutefois, n’était 
admis à pouvoir se présenter à l'examen des chefs-homme 
d'une gilde, que le candidat devenu bourgeois de la cité où 
siégeait la ménestrendie, ayant suivi les cours durant deux 
ans. Cet examen exigeait, d’après les KXeuren de la gilde 
d'Anvers, que : « Tout récipiendaire fera, dans un lieu qui 
lui sera indique par les chefs-homme et doyen, preuve de 
son savoir; il présentera, bien accordé, l'instrument duquel 
ii désire jouer, au chef-homme ou au doyen, qui le désaccordera 
et le rendra en cet etat au postulant. Celui-ci devra l’accorder 
immédiatement, de manière à pouvoir accompagner les con- 
frères; il jouera d’abord quelques airs de danses ordinaires, 
puis devra tenir sa partie dans trois motets ou autres morceaux 
de musique » (1). 

La qualité de maître équivalait à un diplôme de capacité, 
dont le titulaire usait pour l'obtention d’une fonction quel- 
conque, soit à une cour princière, chez un seigneur, un 
évêque ou une ville. 

Quant aux mœurs, les menestrels, surtout au xve siècle, 
avaient l'humeur vagabonde; une simple augmentation de 
gages les fesaient déserter leur poste. Ils tenaient cela proba- 
blement de leurs ancètres les jongleurs, histrions, ménétriers 
et autres fabrende Leute, qui vivaient au jour le jour, du 
produit de leurs sérénades organisées dans les villes et 
villages, où ils affluaient les jours de kermesse et d'ommegang. 
Il n’y a donc pas lieu de s'étonner que tout en gardant Îles 
habitudes vagabondes de ces derniers, les ménestrels des 
villes aient aussi conservé leur insouciance et leur prodigalité. 
En marge des comptes communaux, nous lisons que la 
Ville faisait des avances d'argent sur le traitement des musi- 
ciens; très probablement pour les aider à acquitter des dettes 


(1) Cf. D. Van DE CASTEELE, Préludes historiques sur la gilde des 
ménestrels de Bruges, p. 1, tiré à part. 


144 LES MÉNESTRELS ET INSTRUMENTISTES A MALINES 





de jeu et de boisson. Pour faire face aux dépenses trop 
copieuses, nos s/adspijpers recouraient quelquefois à des 
moyens blâmables : ainsi, le jeune trompette Jean Gillots 
dépose, en 1440-41, le collier d'argent qu'il tenait de la Ville, 
chez les lombards: il touchait en échange une somme d'ar- 
gent; le même fait se reproduit en 1468-69. Pour retirer son 
bijou de la main des spéculateurs, la Ville se vit obligée de 
payer intérêt et principal (1). Comme il est aisé de le voir, 
la reconnaissance n'était pas toujours la qualité dominante 
de nos musiciens. Cette situation dut créer des difficultés 
quant au recrutement des remplaçants. Aussi voyons-nous 
la Ville redoubler de sollicitude pour les nouveaux-venus, 
en leur accordant des régals ou des présents de bienvenue (2). 

Deux ménestrels, partis de Cleves, viennent s'établir dans 
la patrie des Berthout ; ils élisent domicile provisoire à l'hôtel- 
lerie De Swaene, chez le patron Adame. La Ville leur paie les 
frais de bouche et de logement jusqu'au jour où ils furent 
inscrits dans le cadre des fonctionnaires communaux (3). 

On comprend aussi que les villes se jalousaient un bon 
ménestrel, et que tel piber, de Louvain, fut l'objet d’une 
réception sympathique, parce qu'il avait bien voulu s'établir 
à Malines (4). 

L'inverse se produisait aussi, Nous verrons plus loin 
que la ville de Termonde se mit en frais pour attirer le 
schalmeijer van Kincom de Malines. 

Nous avons encore relevé que trois ménestrels de Bruges 
et quatre autres musiciens étrangers présentèrent leurs 
services au magistrat de Malines (5). 

Mais l'humeur vagabonde n'était pas de règle générale. 


(1) Betaelt den lombaerde van Mechelen, van eene broke die Jan Gilots, 
tromper, aldaer gheset hadde comt op xxv g. C. c. 1468-69. 

(2) C. c. 1440-41 et autres. 

(3) 1447-48. — Pour éviter les redites, nous indiquerons le registre des 
comptes communaux par les chiffres seuls; ceux-ci expriment l’année. 

(4) 1452-53. 

(5) 1463-64. 


DE. 1311 À:1700 145 





Parmi les speellieden malinois, on compte bon nombre de fi- 
dèles et dévoués serviteurs, quiusèrent leur vie au service de la 
Ville, et dont la veuve fut l'objet d'un subside, de la part de 
la Ville reconnaissante. Certains d’entr'eux furent mème des 
industriels, artisans ou commerçants. Tout en pratiquant le 
métier de musicien, ils augmentaient leurs revenus en 
exerçant un métier ou un commerce souvent important. 
Ainsi Thielman Susato d'Anvers fut copiste et calligraphe 
musical; en 1531, il fut admis au nombre des musiciens 
communaux. Nous savons que vers la même époque il installa 
un atelier de typographie musicale, dont l'importance fut 
très notable (1). 

Thomas Dusart, trompctte de la ville d'Utrecht, en 1628, 
était en même temps orfèvre. 

Nous n'avons parlé jusqu'ici que des instrumentistes à 
gages fixes, payés par la Ville. Il est évident qu’à part ceux-là, 
Malines comptait bien d’autres praticiens de la musique 
instrumentale, vivant des ressources que leur procuraient 
noces, banquets, bals, fêtes de corporations et de familles, 
processions, etc. Nous apprenons, dans des circonstances très 
curieuses, que déjà au xive siècle, il y avait de nombreux 
joueurs de vielle à arçon (vedeleers) dans notre Ville. Les 
comptes communaux des années 1328-29 et 1365-66 men- 
tionnent l'octroi d’une prime par courtoisie (in hbovescheiden) 
accordée aux maîtres de violes qui tinrent école passagère à 
Malines. 


It. dat men den vedeleren gaf te hulpe te haere scole, doen 
hi de vedelerscole was C.C. 1328-29. 


Allen de vedeleren, in hovescheiden, doe si te Mechelen; hore 
scole quamen houde c.c. 1365-66. 


On peut conclure de ces extraits des comptes que les rois 
des confréries de menestrels, soit du Brabant, des Flandres ou 





(1) Cfr. GoovaErTs, Histoire de la typographie musicale aux Pays- 
Bas. 





146 LES MÉNESTRELS ET INSTRUMENTISTES A MALINES 








du Hainaut organisèrent, à des époques déterminées (ordinaire- 
ment durant le carème, époque où la musique faisait trêve), 
des cours théoriques et pratiques de musique. Dans ces con- 
servatoires populaires, jongleurs et ménestrels renouvelaient 
le répertoire épuisé, ils y apprenaient des chansons nouvelles 
et les mélodies à la mode du jour ; ils recevaient aussi quel- 
ques rudiments du jeu de la vielle à arçon et des autres 
instruments. C’est peut-être à l’occasion de ces écoles de 
ménestrendies que les contrats de compagnonnage, dont nous 
avons parlé plus haut, se formaient. 

Au xvie siècle les suaerspeelders (joueurs d'instruments à 
cordes) accompagnent les processions. On les désigne du nom 
de suaerspeelders der stad (1). 

Voici quelques noms de ces artistes: Jean Malpene, Fryon, 
Liekerke (2), Heynd, meester Jan, meester Jacob (3). 

Ces musiciens jouissaient des étrennes de nouvel an 
présentées par la Ville (4); ils recevaient un régal à l’occasion 
de la fête de Ste Cécile, avantage qui ne fut généralement 
accordé qu'aux maître de chant, chantres et organiste de la 
maîtrise de St-Rombaut (5). 

Vers la fin du xvie siècle l’usage du tambour prédomine. 
Les batteurs de tambours étaient attachés au service des 
gildes armées, chaque quartier (wijk) avait son tambour (6). 
On les utilisait pour marquer le pas de la garde bourgeoise, 
qui avait à faire dans ces moments de troubles, pour protéger 
la ville contre les invasions des troupes sanguinaires de la 
furie espagnole. Le tambour faisait aussi l'office de trompette 
pour proclamer les ordonnances du Magistrat; on lui confiait 


(1) C. c. 1540-41 et suivants. 

(2) 1546-47. 

(3) 1549-50. 

(4) 1549-50. 

(5) Nous avons trouvé mention de ces fêtes en l'honneur de Ste Cécile 
à partir de 1516; le traditionnel banquet, offert ce jour, fut servi jusqu’au 
milieu du xvine siècle. 

(6) 1578-79, depuis 1571 on les trouve aux gages de la ville. 


DÉ 1311 À 1700 147 





des missions intercommunales. Le jour du lundi perdu [ver- 
sworen maendag] (1) et de la St-André, c'était fête pour les 
: tambours : l'Administration communale les régalait ces jours-là 
par des rasades de bière. Ils recevaient leurs tambours et 
accessoires de la ville. Nous avons annoté plusieurs achats 
de ces instruments à percussion vers les années 1580-81. 
Généralement, ce furent les tanneurs qui livrèrent les peaux. 

Tous ces musiciens ne formaient pas une gilde ou cor- 
poration spéciale, comme ce fut le cas pour d’autres villes. 
Nous n'avons trouve, du moins jusqu'ici, aucune trace de 
pareille institution. Il est possible qu'ils s’affiliaient à d’autres 
corporations, afin de jouir des avantages de l'association. 

Après les veilleurs, les s/adsspeellieden et les tambours, 
c'est le règne des bandes de hautbois et basson; ces groupes, 
véritables harmonies, étaient composés d’un nombre variable 
de musiciens. Nous avons rencontré des bandes de 6 musiciens, 
d’autres de 8, de 9, de 12 et mème de 15. 

Ces bandes caractérisent tout le xvime et le xvime siècle. 
C’est en eux qu'il faut chercher l'embryon de nos modernes 
sociétés d'harmonie et de fanfare, dont l'origine ne remonte 
pas plus haut qu à la fin du xvime'et au début du xix®e siècle. 

Pour les bandes de hautbois, nous n'avons pas beaucoup 
de renseignements; il n'en est pas de même pour les sfads- 
speellieden, dont la première incarnation se trouve dans 
l'humble forenwachter. Les veilleurs et les musiciens com- 
munaux se confondent; les uns comme les autres sont 
instrumentistes; 1ls jouissent tous deux des gages et habits 
accordés par la Ville; leurs fonctions sont souvent les mêmes, 
puisque dans les festivités le /rompette-veilleur descendait de 
la tour, pour s'associer aux autres musiciens. Nous n'avons 
donc pu les séparer dans cette notice, qui essaie de les situer 
- dans le milieu social où ils évoluèrent. 

Voyons maintenant les bénéfices dont jouirent ces 


(1) 1576-77. 


148 LES MÉNESTRELS ET INSTRUMENTISTES A MALINES 





amuseurs publics, leurs fonctions, leurs devoirs. La logique 
nous impose d'établir en premier lieu les gages auxquels 
ils avaient droit. 


Il. — Veilleurs de Tour 
et ménestrels communaux aux gages de la ville de Malines 


A. — TRAITEMENT 


Le traitement accordé au veilleur de la tour St-Rombaut 
n'est pas déterminé d’une manière régulière. Nous avons 
remarqué que ce salaire variait souvent. Aïnsi en 1363, le 
veilleur recevait 26 escalins monnaie de gros; en 1385, il est 
payé à raison de 30 escalins même monnaie. Le trompette 
Jean Gillots recevait, en 1436, un salaire annuel de 2 livres un 
escalin. Durant la deuxième moitié du xve siècle, la même 
somme est maintenue. 

En 1543, le veilleur touchait 23 sous pour un service de 
30 jours; en 1582, dix florins dix sous pour deux mois; en 
1586, 2 florins 10 sous par semaine (voir annexe, n° 9). 
Depuis l’année 1603, le tarif est invariable jusqu’à la fin du 
xviIe siècle. 

Durant cette longue période, le receveur inscrit une 
somme de 312 florins par an, à l'actif du veilleur. Ces gages 
étaient comptés à raison de six florins par semaine. Outre ce 
traitement, le trompette -veilleur bénéficiait de nombreux 
cachets supplémentaires, qui lui furent payés pour des services 
extraordinaires, tels que publications des édits, etc. Il rece- 
vait aussi 20 florins pour son chauffage. Le poste de veilleur 
devenait de cette manière assez lucratif; la pension, avec les 
extras, s'élevait quelquefois à la somme de 400 florins par 
an. De plus, il jouissait d’une habitation, dont la ville lui 
payait, dès 1544, le montant du loyer. Celle-ci devait se 
trouver bien sûrement à proximite de la tour, où il fonction- 
nait. Or, nous savons que la maison n° 6, sous la tour, fut 


DE 1311 A 1700 149 





baptisée du nom de Zzilvere frompet, probablement en sou- 
venir de l'occupant (1). 

Le salaire des musiciens communaux est non moins 
variable avant 1474-75. Ainsi, en 1438-39, ils reçoivent 25 
peters par semestre. En 1455-54, on leur paie 20 couronnes 
par an. L'année suivante, ils touchent 26 couronnes, valant 
six livres monnaie de gros. En 1464-65, trois Zivres monnaie 
de gros; l'année qui suit, 25 florins; en 1466-67, vingt-cinq 
couronnes d'or. Deux livres 16 escalins 2 deniers en 1475-76. 

De 1478 à 1522, le taux du salaire est quasi invariable, 
les ménestrels reçoivent un gage annuel de cinq /ivres 13 
escalins monnaie de gros. Cette somme est portée à 12 livres 
cinq escalins pour deux musiciens dont la valeur aura dépassé 
le niveau ordinaire du talent des instrumentistes communaux. 
Ces artistes privilégiés furent maître Hans Naeghel, qui 
bénéficie de ce traitement supérieur dès 1513, et Jean Van 
Kincom, qui tout en ne touchant que la somme ordinaire 
de 5 livres 13 escalins, reçoit un supplément de 3 livres 8 
escalins, pour l'aider à payer les droits d'accise, et cela 
dès 1516. 

Ce favoritisme est supprimé en 1525; désormais les 
musiciens sont uniformément taxés aux gages annuels de 
5 florins 13 sous. En 1537, ils sont cotés à raison de neuf 
florins. Enfin, ils reçoivent 27 florins d'Arthois, pour trois 
trimestres de l’année 1550, et 36 florins, mème monnaie, en 
1551. Les paiements se fesaient par trimestre, dont l'échéance 
tombait aux mois d'octobre, janvier, avril et juillet. 

Il arrive assez fréquemment que les instrumentistes de 
la ville ne reçoivent que les gages de deux ou trois trimestres 
par an; cela se rencontre surtout vers les années de 1565 à 
1569. Nous savons que les troubles religieux de cette période 
étaient très funestes pour les finances de la ville; il n'y a 
donc pas lieu de s'étonner que le Magistrat chercha tous les 





(1) Cfr. Revpams, De namen en de korte geschiedenis der huizen van 
Mechelen. Bulletin du Cercle Archéologique de Malines, tome V, 1894. 


IL 





150 LES MÉNESTRELS ET INSTRUMENTISTES A MALINES 





moyens d'économie possible. Les musiciens furent les pre- 
mières victimes de la parcimonie communale. Nous lisons, 
en effet, dans les comptes de l’année 1568-69, l'apostille 
suivante : Passe (transeat) pour cette année, mais dorénavant 
le receveur n'inscrira plus qu'un gage annuel de 20 florins 
par ménestrel. 

Cette décision fut désastreuse pour les musiciens; ceux-ci 
voyant leurs ressources diminuer d'année en année, propo- 
sèrent au commune-maître de réduire le nombre des sfads- 
speellieden; leur collègue Mathieu De Brakeleer venant de 
mourir, ils demandèrent de ne plus le remplacer à condition 
de leur rendre le traitement dont ils jouissaient antérieure- 
ment, alors qu'ils furent cinq. D'après la pièce, que nous 
donnons en annexe (1), il semble que leur requête fut favo- 
rablement reçue; mais cette mesure ne fit pas long feu. 
Bientôt nous assistons à la débâcle de la musique communale. 
Déjà en 1572, les malheureux Philippe Van Ranst et Georges 
V’olchaert ne touchent plus que les gages d’un trimestre. Puis 
en 1373, c'est fini, il n’est plus question de s/adsspeellieden. 


Lorsque l'Administration communale reprit des musiciens 
à sa solde, en 1606, il fut décidé qu'on leur allouerait un 
traitement annuel de 36 florins, payable par trimestre, dont 
le dernier expirait vers le r°r juillet. Bien souvent les musiciens 
recevaient des sommes supplémentaires, dites adjuda de Costa, 
en compensation des services extraordinaires. Ainsi, le 30 
avril 1610, le conseil de la ville vote un adjuda de 10 florins 
en leur faveur. Il arrivait aussi que l’un d’entr'eux était 
particulièrement favorisé en considération de son talent ou 
de son dévoüment; parmi ces derniers, nous devons citer 
Nicolas Janssone où Janssens, joueur de cornet; maître Hans 
Wiemes et Englebert Bogaerts. Outre ces gages, la Ville ‘ne 
leur accordait plus rien, ni vêtements, ni colliers d’argent, 
ni instruments de musique. 


(1) Voir annexe n° 3. 


DE 1311 A 1700 151 





En 1621, les ménestrels de la ville ne sont plus payés que 
pour le service d’un mois, soit 3 florins chacun. Ce fut la 
dernière quittance qu'ils remirent au receveur par l'intermeé- 
diaire de leur confrère Hans Wiemes. 

La caisse communale continue à payer un traitement à 
maître Hans Wiemes seul; il touchait une pension annuelle 
de 36 florins jusqu’au 11 novembre 1638, jour et date où il 
fut révoqué. Depuis ce moment, la ville ne prit plus de 
musiciens à gages fixes; elle se contenta d'engager des bandes 
de musiciens, qu'elle payait au cachet. 


Le traitement n’était pas le seul avantage auquel le s/ads- 
pijper pouvait prétendre; véritable enfant gâté, la ville tenait 
à l’habiller aux frais des deniers publics. 


B. — HABITS 


Les veilleurs jouissaient du droit de robe. Chaque année, 
à Pâques, ils recevaient du drap ou de l'argent pour se 
procurer un fabbart. La couleur de ce vêtement variait; en 
1386-87, ils recevaient 6 aunes de drap couleur orange et 20 
aunes de velours (strijptelaken); en 1478-79 du drap vert. Pour 
l'hiver, on leur donnait des vêtements plus épais (1). Vers le 
mois d'octobre, les veilleurs furent dotés d’une peau de 
mouton, qui devait les garantir contre les rigueurs des froids 
nocturnes. Depuis l’année 1432-33, ils reçoivent des lits, des 
matelas et des couvertures. Nous relevons plusieurs fournitu- 
res de cette espèce dans les comptes ultérieurs (2); on 
mentionne même des livraisons de bois et de charbon (3). 

Les musiciens communaux bénéficiaient des mêmes 
avantages. Une ordonnance du Magistrat, signée en 1445, dit : 





(1) 1486-87. 
(2) 1433-34; 1436-37; 1437-38, etc. 
(3) 1465-66. 





152 LES MÉNESTRELS ET INSTRUMENTISTES A MALINES 








Item vor een trompet iüiij piperen, üij boden, ïïüij vierroepers, 
dese xiij zullen hebben alle jaere elc v ellen lakens (ordonnances 
du Magistrat, série 3, n° 1, fol. 9 vo). 


Leur fabbaert était confectionné avec des draps de couleur 
variable. Nous avons annoté entr'autres du drap bleu (1), du 
drap rouge (2); du drap châtain (3). Ces habits servaient pour 
les grandes circonstances, telles que processions, cortèges, 
etc. Lors de la joyeuse entrée de Philippe Il (1549), les uni- 
formes des ménestrels furent renouvelés : ils reçurent cette 
année des tuniques (colders); des casaques, des bas, des 
chapeaux et des pennons, avec cordelière et floches, pour 
suspendre à leurs instruments (4). Ce dernier ornement faisait 
l'objet d’un soin tout particulier; il se composait d’un carré 
de soie rouge, jaune ou verte, bordé de franges en fil d'or. 
Le centre de cette pièce était décoré aux armoiries de la ville, 
peintes par des maîtres, tels que /an de Hollander (5), 
Chrétien de Bruyne (6), Jan Verbuyck (7). Aux xvie et xviie 
siècles, on désigne le pennon du nom de banderole; celle-ci 
était confectionnée de soie rouge cramoisie, bordée de franges 
en fil d’or, également ornée de l’écusson de Malines (8). On 
suspendait ces pennons à la trompette du musicien officiel, 
qui représentait l'autorité communale. 


Les musiciens jouirent du droit de robe jusqu'en 1552. 
À partir de cette année, ils se virent obligés d'officier sans 
livrée. Cette situation düt froisser l’amour-propre de nos 
braves instrumentistes; désormais l'étranger pouvait les 
confondre avec les ménétriers vulgaires, espèce de jongleurs 
qui pululaient en ville, à l'occasion des processions ou sorties 


(1) 1482-83. 

(2) 1483-84. 

G) 1511-12. 

(4) 1548-49. 

(5) 1446-47, 1467-68. 
(6) 1560-61. 

(7) 1679-80. 

(8) 1604-5; 1708-9. 


DE 1311 A 1790 153 





d’ommegang, et cela les peinait beaucoup. C’est pourquoi ils 
envoyèrent une requête au Magistrat, à l'effet d'obtenir de 
nouveau le tabbart, qu'on leur avait toujours accordé, et que 
depuis sept ans ils n'avaient plus reçu (1). 

Mais rien n’y fit; les communes-maîtres se contentèrent 
de mettre en marge de leur pétition le petit mot significatif 
Nibil, c'est-à-dire refusé. 


C. — COLLIERS 


Au xve siècle, le port du tabbart était agrémenté d’un 
collier d'argent finement ouvré, que le ménestrel portait les 
jours de grand apparat. L'orfèvre Matheus fournit quatre 
colliers pour les musiciens, en 1434-35. Nous trouvons la 
note assez intéressante pour la reproduire in extenso (2). 
Ces colliers furent enjolivés par l'addition d’un pendentif 
représentant un ange (emblème de la vigilance) d’argent aux 
ailes d’or, dû au ciseau de /ean Van Hansbeke (3). Ainsi 
complétée, cette pièce d'orfèvrerie devenait un véritable bijou, 
dont la valeur était assez notable. Nous avons déjà dit que 
certains ménestrels en profitèrent pour se créer des ressources 
pécuniaires. | 

Déjà en 1442-43, des réparations s'imposent pour les 
colliers : l’orfèvre Daniel Van Yeteghem est payé pour la 
réparation de l’un de ces bijoux. Deux ans plus tard, le 
mème artiste confectionne un nouveau brook (4); deux autres 
exemplaires sont livrés en 1447-48. Enfin, le même Daniel 
Van Yeteghem restaure et refait la dorure d’un collier en 
1451-52. 

Zeghere Van Steijnemolen en répare quatre (5). Lors du 


(1) Voir annexe n° 4. 

(2) Voir annexe n° 5. 

(3) 1437-38. 

(4) 1446-47. 

(5) 1479-80, 1487-88, 1497-98. 


154 LES MÉNESTRELS ET INSTRUMENTISTES A MALINES 





décès de ce dernier, les héritiers réclamèrent à l'Administration 
communale un paiement de cinq livres, monnaie de Brabant, 
pour frais de réparation aux quatre pijpersbroken, y compris 
la main-d'œuvre et l'emploi de 4 onces de nouvel argent (1). 
De temps en temps, la ville se vit obligée de renouveler 
ces insignes, soit que l'usure trop grande les mit hors d'usage, 
soit que le nombre des musiciens officiels s’accrut. Un nouveau 
collier fut exécuté par Zeghere Van Sleijnemolen en 1465-66. 
Jean van Ophem en fournit un du poids de 12 onces environ, 
coûtant la somme de 7 livres, 2 éscalins 9 deniers (2); le 
mème orfèvre refait la dorure des colliers en 1522 ou 1523. 
Après un usage de go ans, la ville jugea bon d'échanger 
les vieux colliers contre de nouveaux. Le modéle de ces 
nouveaux bijoux fut exécuté par Jean van Steijnemolen, qui 
reçut pour ses peines une somme de trois sous (3). 
Ensuite, la commande fut passée à maître Thibaut 
Henry (4) qui utilisa les anciens broken, pour la confection 
des nouveaux (5). 
L'Administration communale commanda cinq étuis de 
cuir au cordonnier Hubrecht, pour y déposer les bijoux (6). 
Les musiciens portaient encore une plaque en argent 
doré marquée aux armes de Malines (7). 


D. — INSTRUMENTS 


Nous venons d’équiper nos ménestrels; il nous reste à 
leur confier les moyens d'expression pour la pratique de 
leur art. 


() 1507-08. 

(2) 1513-14. 

(3) 1540-41. 

(4) I est probablement question ici de meester Thibault Henricx, 
goutsmet; nous savons que cet orfèvre fit l'acquisition d’une maison sise 
opte ledicheyt, en date du 20 février 1542-43 (Cfr. Actes scabinaux de 
Malines, registre 544, fo 30 verso). 

(5). Voir annexe n° 6. 

(6) 1540-41. 

(7) 1550-51. 


DE 1311 A 1790 155 





L'instrument ordinaire utilisé par le veilleur était la trompe 
et la trompette; il est très probable que cet instrumentiste se 
servait concurremment d’autres engins sonores en métal, 
comme la Saquebute, précurseur du trombone, et plus tard 
le cor. Vers le xvie siècle, il se servait aussi de timbales 
(Brias). Le veilleur-trompette se joignait aux musiciens com- 
munaux pour l’organisation des concerts publics. 

Les ménestrels de la ville exerçaient leur talent sur des 
instruments divers; ils jouaient sur des flûtes, des schalmeiën, 
des cromornes, des cornets à bouquin et des saquebutes. 
Chacun de ces types se composait d'un accord complet, qui 
comprenait les subdivisions que l'on a usage d'établir pour 
distinguer les registres des voix humaines. 
Ainsi il y a le discant ou soprano, l’alto, 
le ténor et la basse de flûte ou de schalmei 
ou de cromorne, etc. Ces instruments for- 
maient ainsi des ensembles, capables d’in- 
terpréter des polyphonies semblables à 
celles chantées au xvi® siècle. | 

Pour les expéditions guerrières, on uti- 
lisait les trompettes et les prpers (flütistes). 











LES FLÔTES (1) 








Pype, fluyt, pipe, flûte, pfeif. 

















Les flûtes les plus usitées au xvie siècle 
sont celles désignées du nom de flûtes à 
bec ou flûtes douces. Le Germanisches Mu- 
seum de Nurenberg possède un jeu authen- 











(1) M. C.-V. Mahillon, le savant conservateur du 
musée instrumental du Conservatoire de Bruxelles, 
nous a très obligeamment permis d'utiliser les clichés 
de son excellent catalogue, pour illustrer cette notice. 
Nous sommes heureux de pouvoir l’en remercier, ain- 
si que son aimable collègue, M. Ernest Closson, con- 
servateur-adjoint du même établissement. 











156 LES MÉNESTRELS ET INSTRUMENTISTES A MALINES 





tique et complet de ces flûtes, avec leur étui original. Le 
musée du Conservatoire de Bruxelles en a fait confectionner 
un très beau fac-similé, dont nous reprendrons la description 
au savant catalogue de M. V. Mahillon, conservateur de ce 
musée intéressant (1). 

Ce jeu comprend : 
1° une flûte sopranino en so/; 
2° deux flûtes sopranos en ré à 
la quinte inférieure de la pré- 
cédente; 3° deux flûtes altos en 
sol, à l’octave de la première; 4° deux flûtes ténor en ré, à 
l’octave inférieure des deuxièmes; 5° une flûte basse en so/, 
à une clef, à l’octave inférieure des troisièmes. 

Ces flûtes étaient enfermées dans un étui de longueur 
totale de o"96, et large de om23 (largeur maximä). Il se 
compose de tuyaux cylindriques, fermés à leur extrémité 
inférieure et dont les longueurs et les diamètres inférieurs 
sont établis de façon à contenir exactement l'instrument 
auquel ils se rapportent. Ces tuyaux sont réunis et collés l’un 
à l’autre par deux surfaces planes ménagées longitudinalement 
sur leur circonférence extérieure. La réunion ou la superpo- 
sition des tuyaux est faite de telle façon que les flûtes 
occupent dans l’étui l'ordre suivant : la flûte basse, les deux 
flûtes ténors, les deux flûtes altos, les deux flûtes sopranos. 
La flûte sopranino remplit l'espace resté vacant entre les 
circonférences des tuyaux qui renferment les deux flûtes 
téenors et les deux flûtes altos. L'ouverture supérieure des 
tuyaux est fermée par un couvercle à charnière, dont la forme 
extérieure suit le contour formé par la réunion des sept 


Il est évident que ces étuis n'étaient pas tous de même, 
il y en avait qui ne contenaient que six ou quatre flûtes et 





(ACTE: C.-V. MamiLcoN, Catalogue descriptif et analytique du musée 
instrumental du Conservatoire de Bruxelles, tome 2, page 290. 


DE 1311 A 1790 157 





peut-être moins aussi; mais l’exemple ci-avant donne une 
idée très exacte de ce que furent ces Cokers met fluyten. 


SAQUEBUÜTE 


Trombone, Posaune 


Instrument à vent, précurseur du trombone, dont il avait 
la forme, se fabriquait en cuivre ou en argent; il était muni 
de coulisses, clefs et moulures dorées. 

Il formait un accord que Praetorius (1) divisait en (2) 

10 alt. Posaune ou trombone alto en re; 

z° trombone ordinaire en /a; 

3° Quint Posaune en #1, à la quarte inférieure du 
précédent ; 

4 Octave Posaune ex Ja. 

En 1607, Monteverde utilise pour son opéra Orfeo, cinq 
trombones, dont deux altos, deux ténors et une basse. 

Ces instruments avaient la forme du trombone moderne: 
leur usage remonte à une haute antiquité. Le nom de 
saquebute provient de sambuca, ou bien du composé saquer, 
bouter, c'est-à-dire : saquer, vieux mot français signifiant tirer 
dehors; et bouter, qui a le sens de pousser, exprimant ainsi 
le mouvement continuel de va-et-vient que le joueur imprime 
aux deux tuyaux engagés l’un dans l'autre (3). 


SCHALMEI 
Scalmei, chalémie, pijpe 


Cet instrument formait une famille complète qui se 
divisait en Æleine ou schalmei suraigue; discant schalmei 
(figure À) ou soprano; l’alto de schalmei, nommée aussi alto- 


(1) MICHEL PRAETORIUS, Theatrum instrumentorum. 

(2) Cfr. MAHILLON, Catalogue du musée instrumental de Bruxelles, 
tome 1, p. 305. 

(3) Cfr. VANDER STRAETEN, I. C., t. 7, p. 273. 


158 LES MÉNESTRELS ET INSTRUMENTISTES A MALINES 





pommer (fig. B.); la schalmei-ténor ou Bassot ou bombarde; 





Fig. 











IOFTES. 


CROMORNE 


Incrura buccina, Kromme hoorn 


Instrument à vent à anche double, en 
forme de crosse. Il se composait d’un tuyau 
de bois muni d’une anche, enfermée 
dans une boîte forée au milieu, comme 
celle de certains chalumeaux. Le cro- 
morne formait un accord complet, se À 
divisant en supérius, alto, ténor et Ban Me Goo ne 


la basse de schalmei ou bas-pommer; enfin 
la grande basse de schalmei, ou grande 
bombarde (doppelquint bombarde), qui me- 
surait environ trois mètres. Les Schalmeiëèn 
étaient des instruments à souffle et à 
anches, pour la fabrication desquels la 
Flandre s'était acquise, dès les temps les 
plus reculés, une grande réputation. On 
sait, en effet, que Courtrai, Malines au xive 
siècle, Bruges au xv° siècle, en fournissaient 
de nombreux échantillons, 











Au xvime siècle, le 
hautbois remplaçait la schal- 
mei, et le basson la bom- 
barde. 

Dans les exécutions 
d'ensemble, la schalmei te- 
nait lieu de basse aux violes 
aux flûtes, aux cornets: on 
les associait aussi aux Cro- 














QUUTEPT TL EE EEE EI TETET ETES PET EET EE LEE TE EEE E ET EEE EEE TETE EEE EE PTE E EEE E EEE TETE EEE TE, 


basse. On les enfermait aussi dans des étuis. La figure ci- 


dessus représente une basse de cromorne. 


Le cromorne tenait lieu de basse aux schalmeiëèn ou 


DE 1311 A 1700 159 





flûtes; tout comme le basson sert encore aujourd’hui de 
pivot harmonique pour le quatuor des bois. 

Le cromorne servait aussi à accompagner le chant 
d'église; il fut en cela le précurseur du basson, du serpent 
et de l’ophicleïde. 





Dale 





B. — Ténor de Cornet à bouquin 


CORNET A BOUQUIN 


(lat.) : Buccina; (ital.) : Cornetto; (all.) : Zincke: 
(flam.) : Sinckhorenke : petit cor 


Dérive de l’olifant du moyen âge; il se fabriquait en 
ivoire, en bois et en métal. 

Il présentait la forme d’un cornet en bois courbé et percé 
de trous; les plus grands avaient la forme ondulée (fig. A). 

Le nom de bouquin provient de ce que l'embouchure 
était formée d’une petite pièce mobile, d’où bouquin (petit- 
bout). 

On associait le Zinche à la trompette; mais il servait 
aussi simultanément avec les schalmeiën, les flûtes, la saque- 
bute et le violon, « der zink war, vor der violine, das 
wichtigste melodie-fuhrende instrument der instrumental 


7 





160 LES MÉNESTRELS ET INSTRUMENTISTES A MALINES 








ensembles » (1). On préférait le cornet mème aux violes. 
Voici ce que nous trouvons à ce sujet, pour l'Allemagne : 
« Nicht ohne interesse ist die bemerkung das nur bei 
Hochzeiten von standespersonen Znhen und Posaunen, Bei 
Schlechten und gemeinen, dagegen allein Geigen und anderes 
Saitenspiel in Anwendung kommen sollten » (2). 


Les musiciens malinoiïs étaient souvent propriétaires des 
instruments; ainsi la ville rachète un étui de flûtes à la 
veuve de Thomas Van Luijpeghem, ménestrel décédé (3). 

L'Administration communale possédait aussi des instru- 
ments pour l'usage de ses fonctionnaires; clle commissionnait 
généralement les « stadspijpers » pour faire les achats de 
cette nature. 

Laissons aux comptes communaux le soin de nous 
renseigner sur la série d'instruments acquis aux frais de la 
ville : 

Pour l'expédition de Walkenboreh, en 1406-7, la ville 
acheta deux cors : boxhorens, valant 25 escalins 11 deniers 
gt vlem. 

En 1432-33, nous trouvons ce qui suit : 

« Ghegeven Peteren den haze omme dat hi der stad haer 
piperen vercreghen heeft van coste ij ph. scilde maken 

» viij { vj d ge.» 

En juillet 1435, les veilleurs reçoivent 20 escalins mon- 
naie de gros pour l'achat de trois nouveaux instruments drien 
nuwe pipen (4). Le 11 avril 1453, Henri Janssone et Mathieu 
Van Malle se rendent à Bruges, pour y chercher trois instru- 
ments de la dernière façon : drien nuwe pipen van den nieuwen 
faetsoene (5). 


(1) E. NAUMANN, Musikgeschichte, p. 243. 

(2) Bopp, A., Beitrage zur geschichte der stuttgarter Stiftmusik..……. 
Krit. Bucherschau du bulletin mensuel de la I. M. G., liv. 8, 9; 12e année, 
1911 p.253: 

(3) 1501-1502. 

(4) 1435-36. 

(5) 1453-54. Ce sont probablement des schalmeien. 


DE Ï311 A 1790 161 





1508-09. Le receveur communal rembourse à Jean Cools les 
frais de réparation de six flûtes appartenant à la ville. 


1510-11. Hans Naegbhel reçoit 3 livres 17 escalins pour acqué- 
rir un étui contenant diverses flûtes. 


1527-28. Simon Tuti (1) fournit un étui de cromornes renfer- 
mant 4 exemplaires de cet instrument. 


1529-30. La caisse communale verse, en faveur du ménestrel 
Hubert Van den Broecke le jeune, une somme de 21 sous, 
montant de trois cornets à bouquin. 


La même année (1529-30), les deux Van den Broecke, 
le vieux et le jeune, fournissent à la ville un accord de quatre 
« sincken ». Ces instruments étaient estimés au prix de 
7 sous la pièce. 

Enfin, la série des cornets à bouquin fut complétée par 
deux autres exemplaires acquis en 1530-31. Ce qui fait que 
la ville en possédait neuf. 


« Betaelt van twee cincquen voor de stadt spelicden, en 
alzoo zijnder ix cincquen al tsamen bijdie stadt gecocht die 
welcke gelaten zijn aen den Jonghen Hubrecht van den 
Broecke, om daer af bescheit en rekening te doene alst den 
heeren believen zal. Costen die ij cincquen ‘’t stuck v f 
compt met zeckere oncosten. xiij {. » 

(Compte comm. 1530-31.) 


Pour les protéger contre l’humidité ct la poussière, les 
ménestrels reçurent des étuis peints aux frais des deniers 
publics. 

En 1533-34, maître Pierre Alamier cède un étui de flûtes 
et deux schalmeiën (2). 

Une nouvelle schalmei s'ajoute à la collection commu- 


(1) Serait-ce un facteur ? 

(2) Serait-il question ici du calligraphe musical, auteur du livre de 
messes de Marguerite d'Autriche, que la bibliothèqu2 malinoise est fière de 
posséder. Le nom s’écrit de la même man ère. Tout en écrivant des livres 
de musique, Alamir peut très bien s'être occupé de vendre ou même de 
fabriquer des instruments. 


162 LES MÉNESTRELS ET INSTRUMENTISTES A MALINES 





nale, en 1538-39. Vingt ans plus tard (en 1558-59), Mathieu 
de Brakeleer touche 6 florins 10 sous pour l'acquisition d’un 
exemplaire du mème instrument. La ville paye 4 florins pour 
l'achat de 7 cromornes avec des custodes (1543-44). 


1560-61. Quatre schalmeiën et une trompette sont fournies par 
le marchand anversois Pierre Lupo (De Wolf?); il reçut 
pour lesdits instruments une somme de 54 florins (1). 


Nous avons vu plus haut que les premiers instruments 
furent achetés à Bruges; cette localité constituait, au xve siècle, 
un centre important pour la lutherie. Malines ne fut cependant 
pas dépourvue de facteurs d'instruments, puisque les ménes- 
trels de Jean Il de Châtillon venaient de la Hollande, pour se 
fournir de cromornes et de schalmeiën dans la cité des Ber- 
thout (2); mais les comptes de la ville sont muets à ce sujet. 
Qui sait combien de facteurs, luthiers sont cachés sous le 
nom de vulgaires chaudronniers, batteurs de cuivre, menui- 
siers, orfèvres (3)? Nous avons cependant rencontré le nom 
d'un fabricant de trompettes : & heur. vander Moer, gheelgieter, 
van dat hij verwisselt heeft der stad oude horen op een 
nuwe » (4), et un fabricant de flûtes du nom d'Antoine van 
den Brande (5). . 

Lorsque le commerce péréclita à Bruges, Anvers tint le 
record pour la facture des instruments aux Pays-Bas. Cela 
n'empêchait pas les concurrents étrangers de se présenter 


(1) Petro Lupo était un marchand d'instruments de toutes natures; 
nous savons que l'Administration communale d'Utrecht envoya son trom- 
pette Pieter Weïjborch à Anvers, en 1559, « om aldaer te koopen bij Pietro 
Lupo, 5 violen voor 72 £ en een bombarde voor 32 £ (Cfr. Bouwsteenen voor 
Noord-Nederlandsch Muziekgeschiedenis, 2e boekdeel). 

(2) Edm. VANDER STRAETEN, Musique aux Pays-Bas, tome 4, p. 25. 

(3) Pour vous donner une idée de cela, voici ce que nous trouvons 
dans les comptes de Christophe Godin, receveur de Philippe II, en 1593 : 

« 12 livres à maître Jean Peeters, ouvrier des ouvrages de trompettes 
et appartenances de guerre du vivant du feu duc de Parme, en don pour 
Dieu et Aulmosne » (Archives de Lille, t. 5). 

(4) C. C. 1447-48. 

(5) 1505-06. 


DE 1311 A 1700 163 








dans nos communes flamandes. Nous en avons la preuve 
sous les yeux. Malines accorde un pourboire de six sous à 
un marchand venu d'Allemagne, pour présenter un étui de 
flûtes et autres instruments (1). 

Poursuivons l'inventaire du dépôt d'instruments de la 
ville de Malines. Après les bois, viennent les cuivres: nous 
avons annoté divers achats de trompettes. 


1462-63. Jean Gillots est commissionné pour l'achat de deux 
trompes pour les veilleurs; il les paie à raison de 24 livres. 

1519-20. Le veilleur de la tour Notre-Dame reçoit trois escalins 
de Brabant pour faire l'acquisition d'un cor d'alarme [brand- 
horen|. 


Celui de la tour St-Rombaut est doté d'une nouvelle 
trompette en 1547-48. Henri Cruijemers se procure une 
trompette de guerre [velt-trompet] en 1528-29. 

La même année, Pierre van born2n donne quittance 
de 3 florins 10 sous, Somme due pour la livraison d'une 
trompette à coulisse (schouff-trompet) ou saquebute. 

L'Administration communale fournissait aussi les acces- 
soires, tels que étuis en cuir, anches, monture ou garnitures 
en métal pour orner les cromornes, flûtes, schalmeiëen, etc 
embouchures de cornets et trompettes (2). 


°3 


Certains veilleurs usaient de trompettes en argent. 
Simonis, entr'autres, reçoit une somine de 16 florins 10 sous 
pour une nouvelle embouchure d'argent (3). Joseph de Cort 
ou de Cart se servait d’un instrument du mème metal. Les 
Brias en possédaient également. Il est évident que ces trom- 
pettes d'argent ne servaient que pour les jours de fête; pour 
le service journalier, le veilleur sonnait dans un instrument 
de métal moins coûteux. 


(1) 1534-35. 
(2) Plusieurs années en font mention : 1534-35, 1537-38, etc., etc. 
(3) 1613-14, 





164 LES MÉNESTRELS ET INSTRUMENTISTES À MALINES 





Le mème Simoms, dont nous avons parlé plus haut, 
reçoit une trompe en laiton, pour donner l'alarme en cas 
d'incendie; on ia paya 14 florins (1). 

En 1604-05, le facteur anversois, Jean Lechien ou Hans 
de Hont, expédie une trompette du prix de 14 florins 15 
sous, port compris. 

De tous ces instruments, Malines ne possède plus que la 
trompe signée Jean Lechien; nous en donnons une reproduc- 
tion ci-après. Cette trompe mesure 54 centimètres, longueur 
diagonale prise du pavillon A à l'embouchure B. Le tube 
déroulé mesure 1"20. Ce dernier est de perce conique; 1l se 
termine par un pavillon légèrement évasé, dont le diamètre 
est de 10 centimètres. L’embouchure, curviligne, ne semble 
pas être la pièce originale, elle est semblable à celle du trom- 
bone; mais un peu plus petite (diamètre 35 "/" parois com- 
prises. 

Une inscription contourne le bord extérieur du pavillon; 
on y lit : 


FAICT x EN x ANVERS x PAR X IAN x 
LE x CHIEN x (| 


Ces lettres mesurent 16 m/m, 
La trompe du veilleur donne Iles cinq harmoniques 
suivantes (d’après le diapason de 870 vibrations). 





Toutefois, M., V. Mahillon le distingué conservateur du 
Musée d'instruments à Bruxelles, fait remarquer qu'en tenant 
compte de l'élévation progressive du diapason qui s'opéra 


(1) 1602-03. 








12 


i66 LES MÉNESTRÈELS ET INSTRUMENTISTES A MALINES 





depuis le début du xvuie siècle, la trompe de Le chien pourrait 
bien avoir donné le ut accordé à l’ancien diapason de l'orgue, 
de manière à fournir les sons réels. 





Le timbre de cet instrument peut être comparé à celui 
du clairon d'infanterie (1). 

D'après Vander Straeten (2), le collectionneur C. Snoeck 
avait acquis, pour son musée, deux trompettes ayant appar- 
tenu à la ville de Malines. Ce qui est certain, c'est que 
M. Van Hoey, père de l’ancien directeur de l'Académie de 
musique de Malines, vendit à C. Snoeck, deux trompettes 
qu'il avait trouvées chez un antiquaire de la rue Ste-Catherine. 
Quant à affirmer que les dits instruments proviennent de la 
ville, nous n’oserions le faire, n'ayant trouvé trace de pareilles 
trompettes dans les comptes communaux. Quoiqu'il en soit, 
les instruments en question sont de forme élégante, leur 
pavillon, peu évasé, est orné d’une couronne de jolies figu- 
rines (têtes d’anges) en relief, l'inscription porte le nom de 
Jean-Guillaume Haas de Nurenberg. | 


MACHT. IOHAN. WILHELM. HAAS. 
IN. NURMB. 


' 
suivi d'un lièvre, comme emblème parlant. 

Ces instruments sont munis de deux rondelles et de 
deux viroles. Le tube développé mesure 2m10. Ils datent 
de la fin du xvie siècle. 


(1) Nous devons ces renseignements à l’obligeance de M. Henri Dubois, 
professeur de cor à l’Académie de musique de Malines. Ce sympathique et 
dévoué artiste a bien voulu faire l’essai de l'instrument. Nous l'en remer- 
cions vivement. 

(2) Ouvrage cité. 


DE 1311 A 1790 167 








4 


Nous aurions bien voulu donner une reproduction de 
ces trompettes; malheureusement, elles ont été vendues au 
musée berlinois d'instruments de la Hochschule für musik (1). 

Il résulte de l’ensemble de ces notes, que du temps des 
ménestrels officiels, Malines possédait un ensemble d’instru- 
ments très complet. Il n'y a cependant pas lieu de s'étonner 
du grand nombre d'instruments achetés pour l'usage des 
cinq musiciens, en considérant que ces artistes étaient aptes 
à jouer tous les instruments (2); ils savaient manier aussi 
bien le dessus que la basse d’un même type, tout comme ils 
savaient faire chanter des instruments appartenant à des 
familles différentes (3). 

Le ménestrel malinois Engelbert Bougaerts s’exerçait sur 
plusieurs instruments (voir annexe n° 7); Friedrich Werner, 
de la chapelle de Dresde, « war verpplichtet auffl. allerhand 
sowohl. blasenden als besaitenden instrumenten.. thâtig zu 
erwesen » (WASIELEWSKI, |. c.). 

Il n'est pas rare de rencontrer dans les comptes le nom 
d’un même meénestrel qualifié de #romper et pijper à la fois, 
c'est-à-dire joueur de trompe et joueur de flûte ou instrument 
similaire (4). 

Ils ne jouaient pas toujours sur des instruments d’une 
même espèce; mais, selon toute apparence, ils formaient des 
combinaisons de timbres differents. Nous savons, en effet, 
qu'à Gand, en 1540, deux trombones accompagnaient deux 
dessus de schalmeien et deux ténors du même instrument. 


(1) M. Snoeck, père, étant mort, la collection fut vendue, en partie, au 
musée de Berlin; l’autre partie (la collection néerlandaise), fut acquise par le 
musée de Bruxelles, en 1909, grâce à l'intervention de M. Mahillon, et à la 
générosité de M. Louis Cavens. 

(2) Un ménestrel d’Utrecht, Nicasius, cité en 1561, jouait sur la viole, 
la harpe, la flûte à main, la flûte allemande, le cromorne, la schalmei 
et le cornet à bouquin (Cfr. BOUWSTEENEN, tome 2). 

(3) Voir annexe n° 7. 

(4) « Bet. Adriaen Cools, pijper van de stad van frupene ter incomste 
van onsen genad. heere als hij vuyt Spanje quam x nov. 

» Janne Conijn pijper van der stad van frompene.… c. c. 1503-04, » 





168 LES MÉNESTRELS ÉT INSTRUMENTISTES A MALINES 








À Louvain, en 1594; la trompette s'associait à trois schal- 
meyen; à Audenarde, en 1558, les cromornes tenaient lieu de 
basse aux flûtes. 

À Anvers (1616), la musique communale se composait 
d'un basson, un pommer alto, un cornet ordinaire, un dessus 
de schalmei où hautbois (discant schalmei), un second pommer 
alto et un trombone (1). Les saquebutes s’associaient aux 
trompettes et schalmeyen. 

On peut se faire une idée de l'effet bizarre produit en 
accouplant ces divers instruments aux timbres particuliers, 
dans nos fêtes et ommegangen. La musique qui devait s’en 
dégager dut impressionner vivement la foule, par ce je ne sais 
quoi d’original et d'étrange qui résultait de l’ensemble de ces 
éléments hétéroclites. 

Le répertoire de ces musiciens nous est inconnu; nous 
nous imaginons qu'ils exécutaient des motets, des mélodies 
populaires, des Souterliedekens, des airs de danses, du plain- 
chant, etc. 

Vers le milieu du xvie siècle, la musique vocale prévalait, 
et les pièces de musique instrumentale n'étaient pour la 
plupart que des transcriptions d'œuvres vocales. Les compo- 
sitions imprimées alors portent presque toujours pour titre : 

« Chansons à quatre, cinq, six... parties, convenables 
tant à la voix comme aux instrumens. » 

« Liedekens.. zeer lustich om singen en spelen op alle 
musicale instrumenten. » 

« Madigali accomodati per sonar d’'ogni sorti d'instru- 
mento. » 

Nos typographes musicaux belges, notamment Thielman 
Susato, d'Anvers, imprimaient, depuis 1543, plusieurs recueils 
de chansons, madrigaux et motets dûs aux maîtres les plus 
fameux des écoles néerlandaise et autres. Nous y rencontrons 
des noms tels que Cyprien de Rore, Corneille Canis, Thomas 


(1) Cfr. V. MauiLLoN, Catalogue cité, tome 2, p. 25. 


DE 1311 À 1790 169 … À 





Crécquillon, Nicolas Gombert, Jean Lupi, etc. Ces musiques 

étaient écrites à 3, 4, 5 et 8 parties (1). | 
Outre les recueils de chants transcrits pour instruments, 

il y avait aussi des albums de danses, à plusieurs parties 

(ordinairement à 4 voix). A titre de curiosité, nous donnons 

la table des matières contenues dans un des recueils de danses 

imprimés par Susato (2). 


Susato 1551 


Die taeffel des derden boexken van danseryen. 


BASSE DANSSEN I. ALLEMAIGNE. 


( Bergerette Dout vient cela. Recoupe. 
l Reprise. 2. Allemaigne. 

Bergerette sans roch. 3: » 
| Reprise. 4. » 
| Reprise aliud. 5. » 

Reprise, C’est vue dure départie. 6. » 
Bergerette. 7e » 
La Mourisque. 8. » + Recoupe + | 
Bergerette. Les grands douleurs. Recoupe aliud (den Tenor 
Entre du fol. voer den discont). Tact € + | 
Danse du roy. C3 1C"3: | 
Le ioly bois. PAVANEN | 
Mon desir, Basse danse. 1. Pavane. Mille Regretz. 
Reprise : Le cueur est bon. 2 » La Dona. 
Reprise : C’est à grant soit. 3. » mille ducas. 

RONDEN 4. » si par souffrir. 

Ronde. Pour quoy. La bataille. 
2. Ronde. Mon amy. Passe et medio. 
3. Ronde. Reprinse le pigne. 
4. Ronde. 1. Gaillarde. 
5. Ronde. 2! » 


(1) Cf. GoovaErTs, Histoire et bibliographie de la typographie musicale 
aux Pays-Bas. 

(2) Extrait de REINHARD OPpeL, Einige feststellungen zu den franzôüsi- | 
schen Tanzen des 16 Johrhonderts. (Bulletin 8-9 de la I. M. G., année 1911, | 
p. 213). 


1770 LES MÉNESTRELS ET INSTRUMENTISTES A MALINES 





6. Ronde. 3 » 
7. Ronde. Il estait une fillette. 4 » 
8. Ronde. Mille ducas en vestre bource. 5 » Ghequest bin ich. 
9. Ronde. 6. » 
Salterelle. 7 » 
Quatre branles. 8. » la dona. 
Fagot. é 9. » 
Den tobaecken dans. 10. » mille ducas. 
De post (zweimal in € en € 3). LE j 
De madrigale. Es Ex le é 
Dans de Hercules oft maticine. . À 
15: » Le tout. 


Ces danses et mélodies, graves ou enjouées, vibraient 
selon les circonstances. Nous allons tâcher de reconstituer 
quelques milieux où les ménestrels, ces amuseurs publics, 
avaient à faire preuve de leur gai savoir. 


E. — FONCTIONS 


Le veilleur était charge de surveiller l'approche de 
l'ennemi; il prévenait les cas d'incendie au son de la cloche 
ou de la trompe. 

Durant le xive siècle, nous ne relevons pas grand chose 
si ce n'est qu'il était commis au paiement des ménestrels 
qui avaient officié durant la procession de Pâques (1). Nous 
pouvons déduire de là que le veilleur était lui-même instru- 
mentiste et qu'il engageait les musiciens qui devaient jouer 
lorsque les circonstances l’exigeaient. 

En 1357-58, il y avait quatre veilleurs sur la tour de 
l'église St-Rombaut. Ceux-ci étaient chargés de sonner les 
cloches du travail (werckklok), de l'alarme (storm-clocke) 
et autres (2). 

Le veilleur de la tour de l’église Notre-Dame, Coentse, 


(1) 1320-21. 
(2) Cité jusqu’en 1441-42. 


DE 1311 A 1790 171 





est payé supplémentairement à son traitement ordinaire, pour 
avoir veillé durant 62 nuits sur la maison échevinale. Il devait 
suppléer de sa trompette (met sine trôpette) à la sonnerie 
de la cloche (raet-clocke), brisée probablement à la suite de 


l'incendie qui éclata le 22 novembre 1383 (1). Ces quelques 


renseignements résument les fonctions du veilleur; pour le 
reste, on peut les ramener à celles du ménestrel communal. 

Avant l'année 1606, il nous est impossible de déter- 
miner la nature des services ordinaires auxquels le ménestrel 
communal était astreint en tant que fonctionnaire de la ville. 
Payé par trimestre, le clerc se contentait de consigner 
dans son registre le nom du fonctionnaire, suivi de la 
somme à laquelle il avait droit. Nous sommes portés à 
croire que le ménestrel communal devait se conformer à 
un règlement spécial, qui lui prescrivait le jour, l'heure, 
l'endroit et la durée de ses exercices. Malheureusement, jusqu’à 
l'heure présente, nous n'avons pu mettre la main sur une 
pièce de cette nature, au moins pour l’époque qui précède 
1606. Si l’on s’en réfère aux coutumes en usage ailleurs, les 
ménestrels malinois étaient tenus de jouer tous les jours, 
de 11 1/2 heures à midi, devant la maison communale (2), 
et le soir devant la madone qui surmontait l'entrée principale 
des halles (3), à la Grand’ Place. Ce qui est certain, c’est 
qu'avant 1568, les musiciens de la ville étaient tenus de jouer 
au moins deux fois la semaine et peut-être tous les jours. 
À dater de 1568-69, l'Administration communale décharge 
les musiciens des exercices journaliers. Nous tenons ce 
renseignement de la note apocryphe qui se trouve en marge 
du registre des comptes de l’année précitée. Il y est dit 
entr'autres, que dans la suite les musiciens n'auront plus à 
jouer, si ce n'est les dimanches, jours de fêtes, et la veille 
des réjouissances publiques. 


(1) 1383-84. 
(2) Comme à Utrecht (Cfr. GRÉGoIr, Documents historiques, t. 4, p. 95). 
(3) A Bruges de même. 


172 LES MÉNESTRELS ET INSTRUMENTISTES A MALINES 





Transeat hier, voor dit jaer ende voor den jaere en den tijd en 
sal deze ontfangher, deze vijff spelluyden niet meer tekenen dan de 
xx gulden sjaers, die zullen dezelve speluyde ontlast worden van des (hetgene 
sÿ dagelijks krijgen) voorzijden meer te spelen dan alleenlijhk des sondags, 
heilige dagen ende blijavonden. 1563-69. c. c. 


Nous pouvons établir d'une manière très précise les 
services que la ville imposait aux speellieden lors de la reprise 
de ceux-ci en 1606. Une pièce d'archives très intéressante, 
que nous donnons en annexe (1), constitue, sous forme d’or- 
donnance du Magistrat, un véritable règlement pour la mu- 
sique communale. Voici l'analyse de cette ordonnance : 

« 1, Les musiciens de la ville joueront sur les cornets et 
autres instruments durant les messes célébrées par ordre et à 
charge des commune-maîitres. 

» 2. Les mêmes musiciens organiseront des concerts de 
schalmeyen, trompettes et autres instruments, en l'honneur 
de la cité. Ces exécutions musicales auront lieu tous les 
dimanches, samedis et jours de fête; la veille des réjouissances 
publiques, tels que fête de St-Martin, la veille ou le soir du 
nouvel an, à la fête de l’Epiphanie et au Carnaval. Les concerts 
cités plus haut dureront une demi-heure, c’est-à-dire de 11 
à 11 1/2 heures du matin. Les musiciens seront tenus de se 
faire entendre, sous peine d’une amende de 10 sous pour 
chaque absence, à moins que celle-ci ne soit justifiée par une 
permission émanant de messieurs les trésoriers ou receveurs, 
ou tout au moins de l’infendant des stadsspeellieden. 

» 3. Afin de constituer un bon ensemble, #n accord, de 
force homogène, pour l'exécution des concerts publics, les 
ménestrels s’engageront à obéir et à se conformer aux ordres 
de l’intendant que la ville désignera à cet effet. Cette inten- 
dance est accordée à Chrétien Daems. » 

(En marge se trouve la note suivante : janvier 1609; 
Engelbert Bogaerts remplace Daems en qualité d'intendant de 
la musique communale.) 


(1) Annexe n° 11, 


DE 1311 A 1790 173 


Se — 





« 4. Outre les dispositions précitées, les ménestrels 
seront tenus de se réunir au moins deux fois la semaine, à 
l'effet de s’instruire sur les progrès de l’art musical (probable- 
ment aussi pour répéter et renouveler les pièces de leur 
répertoire). 

» 5. Il sera loisible aux magistrats de la ville d'exiger le 
concours des musiciens officiels pour recréer les convives aux 
banquets officiels ou ceux approuvés par la ville. Dans ce cas, 
les speellieden seront tenus de jouer sur tels instruments que 
les édiles choisiront, soit les instruments à cordes, les flûtes 
ou autres. 

» 6. Les commune-maîtres se réservent le droit de révo- 
quer et de remplacer, par n'importe quel instrumentiste de 
leur choix, celui qui se sera rendu indigne du poste officiel 
qu'il occupe; ces mesures se prendront entr'autres pour ceux 
dont les services ne sont pas remplis spontanément, ceux qui 
sont inhabiles, les querelleurs, etc. 

» 7. En dehors de leur service ordinaire, les ménestrels 
communaux seront tenus d’être prêts en tous temps pour 
jouer sur leurs instruments lorsque les chefs de la ville le leur 
commanderont. Ils ne pourront opposer le moindre refus à cet 
ordre, étant donné qu'ifs seront gratifiés, pour ces cas spéciaux, 
d'un salaire raisonnable. 

» Fait le 22 mai 1606, en séance de la chambre de police. 
Signé, le secrétaire Paeffenrode. » 

En dehors de ces exercices obligatoires, le musicien 
communal trouvait mille occasions pour se produire. Son 
titre de ménestrel de ville équivalait à un diplôme de capacité, 
qui lui ouvrait large la porte du Seigneur et du bourgeois, 
chez qui il était reçu pour égayer les convives réunis à sa table. 
Il savait bien que la main est plus généreuse dans le bonheur 
que dans la tristesse. C’est pourquoi le ménestrel s’associait 
volontiers aux cérémonies joyeuses de ses contemporains, 
et, sans scrupules, s’invitait aux fêtes privées. Ainsi dès qu'il 
eut vent d'une noce, il accourait; plus les époux étaient 
fortunés, plus grand aussi fut le nombre de musiciens et plus 





174 LES MÉNESTRELS ET INSTRUMENTISTES A MALINES 





sonore fut la fète. Le sfadsspeelman jouait encore aux banquets, 
bals, anniversaires et autres fêtes de famille; il pénétrait 
mème dans les communautés religieuses, pour y rehausser 
l'éclat des solennités au son de ses instruments. Il va sans 
dire que ces multiples circonstances rendaient. le métier de 
stadspigper très lucratif; on ne s’étonnera donc pas que, 
malgré la pension relativement mince, les candidats tenaient 
beaucoup à se voir conférer le titre honorifique de ménestrel 
communal. 

Dans la vie publique, les occasions pour se produire 
ne furent pas moins nombreuses. Ces services extraordinaires 
étaient récompensés par des cachets qui se payaient au 
comptant. Nous classons les fêtes qui réclamaient le concours 
des musiciens en deux catégories : les fêtes religieuses et 
les fêtes civiles. 

Aux fêtes religieuses se rattachent les processions, dont 
la plus importante fut celle de Pâques, aussi connue sous le 
nom de Peys-processie, procession de la Paix. Cet ommeganurg, 
sortant chaque année le mercredi qui suivait la fête de Pâques, 
constituait la fète la plus brillante de l’année. De nombreux 
étrangers, venus de toutes les provinces, encombraient, dès 
la veille, les hôtelleries et les tavernes malinoises. Ménestrels, 
ménétriers, jongleurs de tous étages affluaient en troupes 
bruyantes et joyeuses, pour présenter leurs services en ce 
jour de liesse. Le mardi soir, veille du grand cortège, les 
musiciens, veilleurs de la ville, secondés par des confrères des 
villes voisines, organisaient des sérénades du haut de la tour 
de St-Rombaut, saluant de leurs gais refrains les nombreux 
étrangers établis dans la ville (1). Les instrumentistes qui se 
produisaient à ces concerts aériens étaient en nombre variable 
de six a douze, se répartissant en joueurs de trompe (de 2 à 4) 
et en pipers (de 4 à 6): quelquefois des instruments à percus- 
sion, des nacquaires, s’ajoutaient aux autres instruments (2). 

À partir de 1410, des concerts de tour s'organisent en deux 


(1) Ces sérénades du haut de la tour sont citées dès l’année 1368-69. 
(2) De 1377 à 1380. 


DE 1311 A 1790 175 





endroits différents : sur la tour de l’église Notre-Dame et sur 
celle de Sf-Rombaut. Vers 1550, les musiciens officiaient sur #rois 
tours, celle de l'église St-Pierre, s’ajoutait aux précédentes. 

Cette coutume persista jusqu'à la fin du xvie siècle. Au 
xviie siècle elle n’est plus usitée, si ce n’est pour des circon- 
stances extraordinaires, telles que naissance d’un prince, 
joyeuse entrée, etc. 

Le lendemain, jour de la procession, il y avait un concours 
énorme de musiciens, jouant des instruments les plus variés. 
Avant 1359, les comptes communaux ne mentionnent que des 
joueurs de trompe (trompers). Deux ans plus tard, nous 
relevons des joueurs de vielles ou violes (vedelers) et de 
flûtes (pipers). Puis le nombre et la variété des instruments 
augmentent d'année en année. Ce sont des guiternes (1368), 
des luths (1371), des bombardes, des maquaires, des schal- 
meien (1373), des douxaynes (1372), des cornemuses (1375), 
des cornets dits rzethornen et des bommen [tambours] (1377), 
des rebecs (1380), des bonghen (1381). Au xve siècle, le scribe 
communal se contente de mentionner le nombre des frompers 
et snaerspeelders, comprenant sous ces termes génériques les 
instruments à souffle et à cordes de toutes natures. 

Les ménestrels accocraient de tous les points du pays : 
Seigneurs, ducs, comtes, évêques, magistrats des villes se 
fesaient un honneur d'envoyer leurs musiciens à la fête 
malinoise. Citons au hasard les ménestrels du duc de Hainaut 
(1333); les instrumentistes de Bruges (1370); ceux du Seigneur 
de Wesemael (1374); du Seigneur de Boechout (Boeghout), 
(1374); de Bruxelles (1374); les ménestrels de la duchesse de 
Brabant (1419); ceux de Termonde (1427), etc. 

Durant la période comprise entre les années 1550 et 1574, 
les registres de la comptabilité malinoise mentionnent les 
localités d'où venaient les trompettes qui précédaient les cor- 


porations dans le cortège (1). Les musiciens officiels des : 


(1) Nous donnerons le nom de ces localités dans la liste des musiciens 
de passage à Malines, qui termine ces notes. 


bn a LOST 


% 


176 LES MÉNESTRELS ET INSTRUMENTISTES A MALINES 


villes de Bruxelles, Alost, Louvain, Termonde et Anvers font 
de fréquentes apparitions dans l'ommegang de St-Rombaut. 

Avant la sortie du cortège, les trompettes recevaient de 
l'Administration Communale, des pennons (1) aux armes de la 
ville, pour les suspendre à leurs instruments (2). Ces petits 
ornements, faits de velours ou de soie jaune, rouge, orange, 
bordés de franges, étaient décorés par des maîtres-peintres, 
tels que Van Battel (1420-21 — 1423-24); Jan de Vysschere 
(1428-29) et autres. Outre ces pennons, la ville distribuait des 
gants aux ménestrels (1374 et ss.). 

Pour vous donner une idée du nombre de musiciens 
engagés pour ce jour, nous citons entr'autres, pour l’année 
1407-08 : dix-huit trompettes, cinquante ménestrels (snaer- 
speelders); soixante autres musiciens et quarante instrumen- 
tistes non engagés, soit en tout un concours de 168 individus. 

Chrétien van Woeringhen livra, cette année, 15 pennons 
pour les trompettes. 

Onze ans plus tard (1418-19), nous comptons 24 trompettes, 
72 flûtistes (pijpers), 61 joueurs d'instruments à cordes (snaer- 
speelders) et 58 autres ménestrels, en tout 275 musiciens (3). 


(1) Voici comment s’indiquait le mot pennon dans les comptes com. 
1323. ponsetten-penseelen. 
1355. pincceele. 
1397. pinnechelen, etc. 
(2) Dès 1323-24. 
(3) Voici quelques autres extraits des comptes, qui prouveront l’impor- 
tance de la musique à la procession malinoise. 
1385-86 : 
13 trompers, 38 menistrelen onthouden, 46 niet onthouden. 
1391-92 : 
7 trompers, 60 menestrelen onthouden, 55 niet onthouden. 
1400-1 : 
12 trompers, 42 andere menestrelen, 28 snaerspeelders, 40 menestrelen 
niet onthouden. 
1414-15 : 
_ 24 trompers, 58 pipers, 69 snaerspeelders allen onthouden, 51 menestrelen 
niet onthouden. 
1428-29 : 
24 trompers, 35 pipers, 64 snaerspeelders, allen onthouden, 24 niet ont- 
houden. ; 


DE 1311 A 17090 177 








Les commune-maîtres, effrayés probablement par cette 
affluence considérable de speellieden, décidèrent de dresser 
une liste de ceux qui voulaient participer à la procession (1). 
Un employé de l'hôtel de ville était chargé d'inscrire Îles 
musiciens au fur et à mesure qu'ils se présentaient. Une 
nouvelle mesure d'ordre fut mise en vigueur en 1550 : un 
employé fut chargé de remettre, avant la sortie du cortège, 
une marque en plomb, en échange de laquelle l'artiste recevait 
quatre sous à l'issue de la cérémonie. Les comptes suivants 
nous apprennent que la réforme fut bonne, l'élément vagabond 
semble avoir cédé la place à des musiciens de villes et de 
villages. 

Outre une récompense en espèces sonnantes, les ménes- 
trels étaient régalés par la Ville : des tavernes, spécialement 
désignées, leur versaient des rasades de vin ou de bière. 

Malheureusement, nous savons très peu sur le rôle de 
ces musiciens durant la cérémonie. Les papiers officiels ne 
nous renseignent pas à ce sujet. Nous devons supposer que 
les instruments à cordes accompagnaient les chants exécutés 
en l'honneur de S. Rombaut. Les ménestrels précédaient aussi 
les chars, qui représentaient des épisodes de la Bible et de la 
vie des Saints. Nous savons que les trompettes marchaient en 
tête des groupes de métiers ou corporations. Ils montaient 
quelquefois à cheval : 


« bet. aen de trompetters deser stadt waekende op St-. 


Romboutsthoren twaelf guldens voir dat zij gereden hebben 
te peerde voir den ommegange in 1643, daer inne begrepen is 
de hure van henlieder peerden per ordon..……. XII t. » 


(C. C. 1643-44.) 


1446-47 : 
4 clarette, 10 trompers, 38 pipers, 25 snaerspeelders, 18 sotten met bommen, 
1445-46 : 
11 trompers, 21 pipen, 26 van den snaere, 10 sotten met hunne bommen 
en stijven; den coning der aranden, etc. 
(1) Compte communal, 1438-39, 


178 LES MENESTRELS ET INSTRUMENTISTES A MALINES 








Les saintes reliques du Patron de la ville exigeaient à 
coup sûr une nombreuse escorte de musiciens. Au xviie siècle, 
l'ommegang s'enrichit de nombreux chars; parmi ces derniers, 
les speellieden montaient sur le char du festin de Balthasar. 
Ils amusaient, de leurs gais retrains, le roi et ses convives, 
attablés devant eux sur le 1e" plan du char (1626-27). 

La musique jouait aussi sur le char des 17 provinces des 
Pays-Bas (1617-18). Les instrumentistes accompagnaient les 
élèves des Jésuites, des Oratoriens et du Séminaire, qui 
chantaient des carmina et des refrains sur le parcours du 
brillant cortège. 

Après la partie religieuse suivaient les groupes historiques; 
la calvacade se terminait par le cortège des géants. Ceux-ci 
exigeaient une musique particulière. Ainsi la cornemuse 
précédait invariablement le cheval Bayard; les fifres et les 
flûtes fesaient danser les géants. Il semble qu'au xvie siècle 
les cornemuseux devenaient rares. Nous lisons, en effet, à 
l’année 1737-38, que la ville se vit obligée de dépêcher 
Nicolas Imbrechts à Bouchout, Contich. Ariselaer, lteghem 
et Berlaer, pour chercher un praticien de l'instrument cher au 
cheval Bayard. La participation de la musique à la procession 
de St-Rombaut perdura jusqu'en 1786. Cette année-là un édit 
de l’empereur Joseph Il, daté du 10 mai, défendit entr'autres : 


« art. Il... ook en zullen de Processien niet mogen 
vergeselt worden van geenerlijc musiek. » (Cfr. Wekelijks 
Bericht, 1786, p. 301). 


Une procession semblable à celle dont nous venons de 


parler circulait dans les rues de Malines, le jour de la Kermesse, 
vers le 1° juillet. Au moment de la descente de la châsse de 
S. Rombaut, qui accompagnait dans le cortège, les trompettes 
exécutaient des sonneries du haut du jubé de la métropole. 
Nous avons rencontré la première mention de cet usage en 
1551-52. Aux xvire et xviie siècles, cette pratique était courante, 


DE 1311 A 1790 179 








La même fanfare sonnait pour la remise en place des saintes 
reliques. L'Ommegang de juillet ne le cédait en rien pour 
l'importance de l'élément musicien, surtout vers le milieu du 
xvie siècle. Ce jour-là, des ménétriers de tous rangs et de 
tous âges inondaient les rues de la ville en fête. Cette mar- 
maille se faufilait dans les rangs de la procession: il y en 
avaient même qui, pou rretirer double avantage, amenaient 
des enfants sachant à peine bégayer quelques notes sur leur 
instrument. Tout ce petit monde venait toucher sa solde 
après la rentrée du cortège. Pour couper court à ces abus, les 
trésoriers donnèrent des instructions sévères aux commis de 
la ville, leur défendant de donner des marques ou plombs, si 
ce n'est à des ménestrels honnètes, et d'exclure les v:gabonds 
et les jeunes enfants, dont les services inutiles déshonorent 
la procession et donnent lieu à la risée des spectateurs. Cette 
note curieuse figure en*‘marge des comptes des années 
1554-55 et 1555-56 (1). 

Il est superflu d'ajouter que les musiciens de la ville 
prenaient part à ces Ommegangen; leur place étant tout 
indiquée devant leurs chefs immediats, les édiles communaux. 


Outre les processions de Pâques et de juillet, il y en 
avait encore une autre, qui s'organisait en l'honneur du Saint 
Sacrement. Les ménestrels étaient aussi très nombreux pour 
célébrer eette fête. Déjà en 1334, les joueurs de trompes et 
les ménestrels de la vielle reçoivent des présents en vin et 
des gants, pour avoir officié à la sainte cérémonie. L'élément 
prédominant fut le suaerspel' on y comptait quelquefois 
jusque 20 joueurs de vielles, guiternes, luths et autres instru- 


(1) De Tresoriers sullen yemandt comiteren nyemant geen loot te geven 
dan eerlycke speeluyden sonder den rabauwen oft Jonghe kinderen meer 
maken detisie dan eere oft dienst. 

(Compte comm. 1554-55, fo 288 vo en marge). 

Dit zal men voorthaen observeren met teekenen op dat geen scudden 
oft rappanijen en speelen in de ommegang. 

(Compte comm. 1555-56, en marge). 


180 LES MÉNESTRELS ET INSTRUMENTISTES A MALINES 








ments à cordes. Au moment du passage de Ja procession 
devant la maison échevinale, les musiciens officiels, installés 
sur le perron, honoraient le Saint Sacrement par des airs 
de musique (1). 

Les mêmes ménestrels communaux jouaient journelle- 
ment durant l’octave de la fête du Saint Sacrement (2). Ces 
concerts s’organisaient probablement après le salut. 

Il v avait encore une quantité de processions votives et 
autres qui réclamaient la participation de la musique. Ainsi 
celle qui se rendait à Battel était accompagnée des musiciens 
de la ville et des suaerspeelders ; de mème pour la procession 
de l’Assomption de la Vierge. 

Les musiciens malinois se rendaient aussi dans d’autres 
villes, pour participer aux ommegangen. D'après les comptes 
communaux de Bruges, le trompette malinois Thomas Van 
Lupeghem avait assisté à la procession du St-Sang de l’année 


1481 (3). 


« Item betaelt Thomas van Hutghem (4) van Mechelen, 
van dat hij met zinen trompetten speilde metten menestruelen 
van dese stede voor ‘t weerde heilighe bloed upden voors. 
dach van den ommegang, iiij £. » | 


La ville de Termonde reçut de fréquentes visites des 
ménestrels malinois, notamment en 1403 (Coens van Meche- 
len), en 1470, 1477 (5), 1522 (6), 1531, etc. Nous avons déjà 
eu l’occasion de dire que ces excursions constituaient un 


(1) Compte communal, 1437-38. 

(2) Cité depuis 1495. 

(3) Cfr. VAN DEN CASTEELE, La gilde des ménestrels à Bruges. 

(4) Van Hutghem est fautif, c’est bien Van Lupeghem, qu'il faut lire, 
puisque cette année il n’y avait qu’un seul musicien du nom de Thomas 
à Malines, et ce dernier se nommait Thomas Van Lupeghem. Hutghem 
sera l’abréviation Lupghem. 

(5) Ce furent 4 schalmeien van Mechelen. 

(6) Adrien Cools, Cornelis Mathys, Anthonis Van Kincom et Robbrecht 
Van den Broecke. 


DE 1311 À 1790 181 





danger pour la conservation des bons instrumentistes, en ce 
sens que les villes essayaient d'attirer les musiciens en leur 
promettant des salaires plus élevés. Le cas s’est présenté 
pour Anthonis Van Kincom, qui reçut, en 1531, de la part de 
l'Administration communale de Termonde’ une somme, afin 
de le décider à accepter du service : « betaelt aen Anthonis 
van Kincom, schalmeyere, om dat hi in de stadt sou comen 
woonen ». (Comptes de Termonde, 1531 (1). 

Les musiciens malinois se rendaient probablement aussi 
aux ommegangen de Bruxelles, Anvers, Louvain et Alost, 
puisque ces villes, par un échange de bons procédés, nous 
envoyaient leurs ménestrels le jour de la fête de S. Rom- 
baut. 

Les Processions solennelles dont nous venons de faire 
mention, étaient précédées d’une messe, qui se chantait dans 
la métropole. Dès l’année 1550, les sfadsspeellieden étaient 
engagés pour se joindre aux chantres et organiste, soit pour 
accompagner le chant, soit pour exécuter des morceaux de 
musique pure. Leur participation dans les services de l’église 
se remarque surtout aux xviie et xviie siècles, époques où ils 
jouent pendant les messes, saluts et Te Deum. 


À part ces fêtes religieuses, la musique communale se 
faisait entendre dans quantité de fêtes civiles. 

Lors de l'inauguration des foires, qui furent accordées 
par lettres patentes du duc Jean de Bourgogne, en avril 1409, 
les veilleurs-musiciens furent requis pour égayer les marchands 
durant leurs opérations mercantiles. Ces marchés, qui avaient 
lieu à la Pentecôte et à la St-Bavon, duraient plusieurs jours. 
: Le trompette communal sonnait l’ouverture de la foire, après 
quoi il se joignait aux musiciens officiels postés devant la 
maison échevinale, pour exécuter les pièces choisies de leur 


(1) Cité par WEyTsman, Chants populaires de Termonde (Annales du 
Cercle Archéolog. de Termonde). 


19 


182 LES MÉNESTRELS ET INSTRUMENTISTES A MALINES 








répertoire. Cette coutume fut pratiquée jusqu’au 1° quart du 
xvie siècle. 

Chaque année, les édiles communaux se réunissaient à 
la maison communale, le jour de la Chandeleur, afin d'y 
célébrer, par un copieux banquet, le renouvellement du 
 Magistrat. Ces agapes officielles furent agrémentées par des 
concerts, dont l'exécution était confiée aux ménestrels com- 
munaux (1), aux chantres et organiste de St-Rombaut. 

Vers la fin du xvi° siècle, les confrères des chambres de 
Rhétorique y débitaient aussi des jeux fafelspelen, à la plus 
grande joie de nos braves administrateurs. 


L'ouverture de la belle saison fut encore une occasion 
pour faire entendre les airs joyeux de la musique communale. 

Cette tradition remonte bien loin. Déjà les troubadours et 
les trouvères chantaient, en ces jours du renouveau, des 
chansons de danse. On allait au bois quérir le mai, on 
s’habillait de feuillage, on rapportait des fleurs à brassées, 
on ornait de fleurs les portes des maisons; mais c'était le 
moment où, sur la prairie verdoyante, les jeunes filles et 
les jeunes femmes menaient des rondes pour ainsi dire 
rituelles (2). 

Successeurs immédiats des trouvères, les ménestrels com- 
munaux célébraient aussi l’arbre de mai. Ce jour-là ils accom- 
pagnaient les Rhétoriciens de la Peoene et de la Lisbloem 
au son d'une joyeuse fanfare, et tandis que les Rhétoriciens 
s’adonnaient à cœur-joie aux chants (meiliederen) et aux jeux 
les plus divertissants, on plantait solennellement le traditionnel 
mai (3). Les gildes armées fêtaient aussi le #ai, qu'ils plantèrent 
la nuit devant la maison du chef-homme de leur compagnie. 
Cette tradition, de fèter le 1°" mai par des sérénades et des 
concerts, survécut au xixe siècle. Nous avons appris que la 


(1) Depuis 1482. 
(2) Pierre AuBry, Trouvères et Troubadours, p. 49. 
(3) Cité en 1526-27. 


DE 1311 À 1700 183 





veille de ce mois fleuri, les chanteurs de la société des Ama- 
teurs de musique (1839) parcouraient les rues de Malines, 
régalant les notables de la ville par de petits chœurs, chantés 
devant leur porte. 


Les musiciens officiels recevaient des étrennes à l’occasion 
du nouvel an. Cette coutume date de l’année 1486. La veille 
du jour de l’an, ils exécutaient des sérénades devant la porte 
des principaux habitants de la ville. 

Cet usage existait en beaucoup d’endroits; il se pratiquait 
à Malines aussi, puisque nous savons que des musiciens 
étrangers furent rétribués pour l’organisation de pareils con- 
certs. En 1471, la ville accorde une prime à quelques ménes- 
trels venus du dehors, pour jouer durant la nuit de l'an. Les 
trompettes de Bruges et six de Gand jouent à la même occasion, 
en 1474-75 (Bruges), et en 1493-94 (Gand). 

La ville accordait aussi des étrennes de nouvel an à 
d’autres musiciens, tels que les suaerspeelders [vielleurs ou 
joueurs de vioie] (1539-40); de même aux musiciens de la 
cour de Marguerite d'Autriche et à ceux des Princes et grands 
Seigneurs qui séjournaient quelque temps à Malines. 


Le Jour des Rois, les artistes officiels donnaient des con- 
certs devant la maison communale. Pareils concerts avaient 
encore lieu les jours de Carnaval; à la fête de St-Martin et 
et à plusieurs autres occasions (1). 


Les représentations dramatiques exigeaient aussi le con- 
cours des musiciens. Le rôle de ceux-ci se résumait à jouer 
des interludes (poosen); ils soutenaient les voix des chanteurs, 
en composant des accompagnements; mais surtout ils 
marquaient le pas de la danse, sorte de ballet, qui inter- 
venait dans l’action exhibée; ces jeux de personnages S'orga- 





() Voir annexe n° 11. 





184 LES MÉNESTRÉLS ET INSTRUMENTISTÉS A MALINES 








nisaient ordinairement à l’occasion de l’ommegang de Pâques. 
Une scène sur tréteaux, dressée devant le Beyaerd, faisait 
office de théâtre. Dès l’année 1453, un joueur de trompe 
accompagne le jeu de Notre-Dame; il devait sonner devant 
les personnages qui figuraient les Juifs. L'année suivante, un 
organiste est requis pour jouer durant la. mème pièce. En 
1493, les confrères de la Rhétorique exécutent le drame de 
Notre-Dame des sept douleurs, agrémenté par le jeu de la 
trompette. Puis viennent les jeux de Sie Godelive (1516), le 
jeu de S. Rombaut (1514). 

Ce dernier fut exécuté en juillet 1558. Pour augmenter 
l'attrait de la pièce, les organisateurs intercalèrent dans l’action 
un ballet, composé de danses #morisques, pour l'exécution 
desquelles le musicien Philippe Van Ranst toucha un cachet 
de 27 sous (1). 

La danse morisque (moresche, moresca) est d'origine 
mauresque… introduite en Espagne; cette dernière l'importa 
dans nos contrées. D’après de Meénil (2), Za morisque est une 
ancienne danse guerrière; elle fut d’abord exécutée par de 
jeunes garçons grimés en nègres, avec des sonnettes aux 
genoux, sur une musique jouée par des trompettes et des 
instruments guerriers. On la fait remonter à l’occupation des 
Maures en Espagne. Les Portugais y excellaient. En France 
et dans les Flandres, c'était une danse qui s’exécutait avec 
l’armure dans les circonstances solennelles, comme l’arrivée 
d'un ambassadeur ou l'entrée d’un roi dans une ville. 

On chantait aussi la moresque, cette danse chantée 
affectait la forme strophique. On la cite en 1562. 

D'après H. RiEmMANN (3), la morisque se dansait comme 
la saltarelle et la gigue, dans un mouvement vif. Les premiers 
drames musicaux usaient aussi de la danse dont nous venons 
de tracer l’origine. Emilio DEL CAVALLIERI, dans son Keppresen- 


(1)1C/C21557-58; 
2) Histoire de la danse. 
(3) Dictionnaire de musique. 


DE 1311 À 1790 185 





lacione d'anima et di corpo (1600), intercale une morisque. 
L'Orfeo (1607), de Monteverde, se termine par un intermède 
dansé dit « morisque » woresca. 


MORESCÇA 
extrait de l’Orfeo (1608) de CI. Monteverde 


. Transcription de Deldevez 





: 


i 
Ill 
fi 





Quoiqu'il en soit, on la dansait à Malines dès l’année 
1509 : 


« Gegheven den gesellen van den, Pyoene, over zeker 
diensten der stad gedaen in battementen en moryssche dansen 


186 LES MÉNESTRELS ET INSTRUMENTISTES A MALINES 





te dansenne in ‘t hoff van mijne vrouwe Eleonora met hare 

susteren comt. met ïij sch. van oncosten als fruyt en 

trofede (1). » A1] SV) A. 
(EC T1500) 


On la dansait avec des sonnettes : & bt. van x dossijne 
bellen ghehuert om mede te dansen » (2). 

Et ce sont des enfants qui les exécutent : « betaelt aen 
sekere jongens, borgers kinderen, dertich stuvers voor dat sy 
naer het publiceren van den pijs van Vranckrijk, in de nieuwe 
camere in de presentie van sommighe heeren van ’t magistraet 
hebben comen eenighe genuchten doen met te dansen den 
Moriskens dans... XXX S. compte COM. 1597-08 (3). 

Les musiciens communaux jouaient aussi à la fête du roi 
des Rhétoriciens. Cette solennité bouffonne se célébrait au 
carnaval, dans leut local De Fellen Noord [1517-18] (4). 

Il se fesait aussi que les speellieden Voyageaient avec les 
rhétoriciens pour se rendre aux Landjuweelen et Haagspelen. 

En 1560, ils assistent, avec les confrères du Peoene, à 
l’haagspel de Vilvorde. L'année après, au landjuweel d'Anvers. 
Les musiciens s'absentèrent cinq semaines, sans autre profit, 
disent-ils, que celui de sauvegarder l'honneur et la renommée 
de ceux de Malines. Ils s’en plaignirent aux communes- 
maîtres, échevins, doyens et trésoriers de la ville, demandant 
de bien vouloir les dédommager des pertes de noces et autres 
fètes célébrées pendant leur absence, par l'octroi d’une 
récompense en égard des services rendus (5). 


Aux xviie et xviie siècles, le nombre de représentations 
théâtrales augmente considérablement. Outre les jeux men- 


(1) Compte communal, 1509-10. 

(2) Compte communal, 1517-18. 

(3) Compte communal, 1598-99. 

(4) De Fellen Noord était situé au Grand Pont. Cette hôtellerie a servi 
de salle de fête durant deux siècles depuis 1424 (cfr. REyDAMS, I. c.), 

(6) Voir annexe n° 8, 


DE 1311 A 1790 187 








suels des Rhétoriciens, il y avait de fréquentes exhibitions 
de drames et comédies chez les Jésuites, les Séminaristes et 
les Oratoriens. Ces spectacles, donnés par les élèves de ces 
collèges, se rénouvelaient chaque année vers juillet, août 
ou septembre. Le chant et les danses prenaient une large 
part dans ces actions, qui réclamaient le concours d'un 
orchestre assez complet. À côté des trompettes, dirigés par 
le trompette-veilleur de la tour de St-Rombaut, venaient s’ajou- 
ter des bandes de hautbois, flûtes, bassons. 

Pour vous donner une idée de ces orchestres primitifs 
de théâtre, le collège de l'Oratoire commandait pour sa repré- 
sentation de l’année 1660, une harmonie composée de cinq 
schalmeièn et six trompettes. Le 12 septembre 1707, Rombaut 
Vasseur et ses consorts (1) reçoivent 21 florins pour avoir 
joué avec des basses de viole, des violons, des hautbois, 
flûtes et bassons, durant la comédie des élèves de l’'Oratoire. 

À certaines époques, les représentations sont plus nom- 
breuses : Maitre Hans Wiemes remet une quittance de 63 
florins pour solde de ses vacations aux représentations des 
10 septembre 1638, 30 janvier, 1°" février, 28 avril et 5 juillet 
1639. 

Comme pour les exécutions des pièces de Rhétorique, 
les musiciens se bornaient à exécuter des interludes entre 
chaque acte, à soutenir la voix des chanteurs, à jouer les 
danses du ballet. Ce dernier agrément intervenait quasi dans 
chaque pièce. Nous avons sous les yeux une pièce intitulée 
Baasa, qui fut représentée chez les Jésuites, les 31 août et 
1°" septembre 1770; c'est une scène biblique ayant les allures 
d’un drame. Elle fut suivie par une comédie, dont voici la 
thèse : 


(1) Nous lisons souvent le mot consorts pour désigner lès partenaires 
d’une bande de musiciens. Nous avons aussi remarqué les désignations 
suivantes : 

« met sijne consoirten, met sijne knechten, met sijne compagnons, 
met andere speellieden, met sijne bende, cum suis, etc., etc, » 


188 LES MÉNESTRELS ET INSTRUMENTISTES A MALINES 


« Een al te strengen Heer werd van zijn knecht geplaagt ; 
waer door zijn strengigheijd ten laesten hem mishaegt ». 


C'est, au fond, une comédie à ariettes, dans laquelle 
Apollon, Calliope et Euterpe se mettent bravement à chanter, 
tandis que le corps de ballet, composé de 18 jeunes gens, 
figurait les cinq sens : l’ouie, la vue, le toucher, l'odorat et le 


gout. 


Les gildes armées avaient leurs fifres et leurs tambours, 
dont les fonctions consistaient à marquer le pas des hommes 
d'armes; les mêmes musiciens avaient dans leurs attributions 
le soin de conduire la garde montante, qui s’en allait patrouil- 
ler aux portes de la ville et ramener la garde descendante. 
Seulement, cet élément musical ne suffisait pas pour rehausser 
les fêtes que les gildes organisaient de temps à autre. 
Comme les Rhétoriciens, ils avaient recours aux musiciens 
communaux. Le tir à l'oiseau était une occasion pour 
engager la musique communale. Celle-ci jouait entr'autres 
à Pâques 1514, lorsque Charles-Quint fut proclamé roi 
du tir à l'arc. Le jour de la St-Sébastien, la partie musicale 
tenait une part importante dans la fête; il arrivait même que, 
pour augmenter l'éclat de cette fête, des musiciens étrangers 
furent engagés pour divertir les confrères (1). 

La musique officielle prenait aussi part à l'infstallation et 
à la réception du chef-homme. Les concours de tir réclamaient 
encore les services des musiciens. Ces derniers jouaient pen- 
dant les assauts d'arme. Le règlement des escrimeurs disait : 
« De trompetters, fluyten, en trommels sullen bun lustig laeten 
booren om corasie te maecken en te gheven. » 


Durant la semaine de la kermesse, cing où six musiciens 
organisaient des concerts devant l'hôtel de ville, pour recréer, 
disent les comptes, les étrangers accourus à la ducasse 


(1) Compte communal, 1522-23, 


DE 1311 A 1700 189 





malinoise. Cette série de concerts débutait par une sérénade, 
qui se jouait la veille de la Kermesse. Les cinq jours suivants, 
ces exécutions musicales avaient lieu vers midi, sur le même 
emplacement. Cette habitude prit cours dès l’année 1635-36. 
Les mêmes artistes s'installaient quelquefois dans l’une ou 
l'autre taverne de la Grand’ Place, régalant de leurs airs 
entraînants les consommateurs de la bière malinoise. 

Comme on peut le remarquer, les bars musicaux ne sont 
pas si moderne-style que l’on croit, puisque déjà en 1670 
nous en trouvons un à Malines : | 


« Betaelt aen Joseph de Cart, trompetter deser stadt, 
twee gulden thien stuijvers voir dat den selven ’s maendags 
naar de groote kermisse in julio xvic tseventich, door order 
van de heere schoutete ende communiemeester der selve 
stadt, op de trompette heeft gespeelt met andere liefhebbers 
in de herberg den Roesegaert tot recreatie van de kermies- 
lieden (1). » 


Les musiciens officiels prenaient encore part à une 
quantité de fêtes extraordinaires, telles que : Joyeuses entrées 
des princes, gouverneurs, évêques; tournois, chasse au cerf; 
ils organisaient des sérénades devant les maisons où logeaient 
des personnes de marque descendues à Malines; entr'autres 
devant celle où logeait l’archevèque de Cambrai, en 1510-11; 
en un mot, les musiciens étaient indispensables pour l’orga- 
nisation des fêtes publiques et privées de nos pères. Le 
trompette-veilleur s’associait volontiers à eux pour l'exécution 
des concerts publics. Ce dernier fonctionnaire-musicien rendait 
de multiples services à la ville. Le commune-maître lui 
confiait quelquefois des missions à remplir dans l’une ou 
l’autre commune avoisinante (2), soit pour annoncer une 





(1) Compte communal, 1670-71, fol. 174 recto. La taverne de Rozegaert 


était située rue de la Chaussée, n° 28, près de la Grand’ Place (Cfr. Rey- 


DAMS, |. C.). 
(2) 1431-32. 


+ - bi 


lité d 
sb ns. 27 à 


190 LES MÉNESTRELS ET INSTRUMENTISTES A MALINES 








grande nouvelle, une fète importante, un événement poli- 
tique, etc. 

Le veilleur, était de garde sur la tour, la nuit et, à 
certaines époques, le jour aussi. La Ville lui confiait la clef de 
la tour; il pouvait y laisser monter les personnes de qualité, 
désireuses de faire l'ascension de la tour, moyennant une légère 
rétribution (1). Cela se pratique encore de nos jours. 

Le veilleur-trompette sonnait aussi les proclamations, 
édits, ordonnances dans les quartiers de la ville. Il annonçait 
la sortie des processions, l’arrivée d'un prince, évêque ou 
Seigneur; convoquait les gildes armées et les corporations 
pour les jours de parade, c'était en somme le porte-voix de 
l'Administration communale, journal ambulant qui mettait la 
population au courant des événements les plus marquants. 


A la fin du xvue siècle, le veilleur-trompette était le seul 
instrumentiste rétribué par la ville. Ses services furent très 
précieux dans les moments de troubles. On lui adjoignait 
même, dans ces moments difficiles, un assistant, pour faire le 
guet de jour et de nuit. Ainsi pour la période qui s’etend du 
13 décembre 1573 au 3 janvier 1575 inclus, le veilleur était 
commis à la surveillance de toutes les voitures, chars, bateaux, 
chevaux et passants qui s’approchaient de Malines. Ce supplé- 
ment de vigilance fut récompensé par un cachet de 8 sous 
par jour en sus du traitement ordinaire (2). 

Une ordonnance, signée du gouverneur Yan Provene et 
datée de 1589, commande au veilleur de monter la garde de 
jour et de nuit sur la tour de St-Rombaut. Il lui fut imposé de 
signaler, au son de la trompette, l'approche des piétons, 
cavaliers étrangers. Cette ordonnance prit cours à partir du 
10 septembre 1589. On gratifia le veilleur d’une somme de 
deux florins par semaine, en sus de son traitement (3). 


(1) Voir annexe n° 13. 
(2) Compte communal, 1574-75. 
(3) Compte communal, 1589-90. 


DE 1311 A 1790 191 





Le veilleur avait à sa disposition deux drapeaux de soie 
pour signaler la direction de l’ennemi (1). 

L'année suivante, la même ordonnance est en vigueur; on 
. commande, en plus, de sonner de la trompette à chaque heure 
de la nuit (2). Cette coutume était fort ancienne, puisque déjà 
en 1586, on disait & £00 men van oude figden gewoonlich 1s 
geweest te doene ». Elle remonte peut-être à l'origine des veil- 
leurs elle-même (3). 

Dès l’année 1680-81, le service de veilleur fut confie à 
certain Brias, dont les descendants de cinq générations occu- 
pèrent successivement ces fonctions jusqu’au milieu du xix° 
siècle. 

Les Brias étaient des musiciens distingués; nous les 
retrouvons partout en tête des exécutions musicales. Ils jouent 
aux diverses représentations organisées par les élèves du 
collège des Jésuites, Séminaire et Oratoire, où ils se joignent 
aux bandes du hautbois et basson, pour former de véritables 
harmonies. Brias et ses confrères organisent des concerts à 
l'hôtel de ville, à l’occasion de la Kermesse; ils escortent 
les Primus de l'Université de Louvain au son d’une joyeuse 
fanfare (4). Brias joue, avec ses confrères le timbalier et les 


(1) Betaelt Francken mommaerts van een bourgoens laken om de 
vendels af te maken daer men teekenen mede doet op den toren en Vuyt- 
steke naer de plaetse oft gewest van waer eenich volck, dese stadt appro- 
cheert. (c. c. 1590-91.) 

Bet. twee sayën vendels voor de wachter op S. Rombouts thoren om 
daer mede te thoonen van waer eenich volck is comende naer dese stadt. 

(C. c. 1589-90). 

(2) Compte communal, 1590-91. 

(3) Voir annexe n° 9. 

(4) Voici une description de l’un de ces cortèges : 

« Inhalinge van den seer geleerden Heer Joannes Baptista van Namen, 
geboortig van Niel, eersten van Loven, door de leer-zugtige jonckheid der 
publieke scholen van Mechelen, onder de bestieringe des priesters van 
t Oratorie, den 24 november 1738. 

» De inhaling wordt verdeeld in drij togten : 

» 1° Verbeeld de wetenschappen der publieke scholen; 

» 20 Verbeeld de wetenschappen der philosophie; 

» 3° Verbeeld de zegenprael over den « Eersten », 





192 LES MÉNESTRELS ET INSTRUMENTISTES A MALINES 


trompettes (1), à l’occasion de la distribution des prix aux 
élèves de l’Académie royale des Beaux-Arts. Enfin, le veilleur, 
successeur du sfadsspeelman, était l'élément indispensable 
pour l’organisation des concerts publics. Les Brias étaient, 
selon toute apparence, les chefs d’une bande de musiciens à 
peu près similaire à nos modernes sociétés de fanfares et 
harmonies, dont l'origine date de la fin du xvnre siècle. Ce 
qui semble concorder avec l'hypothèse que nous venons 
d'émettre, c'est que les Brias étaient propriétaires de nom- 
breux instruments de musique, destinés, sans doute, à mettre 
entre les mains des gagistes. Au décès de la veuve d'Augustin 
Brias, les héritiers présentèrent en vente publique une série 
d'instruments divers, provenant du veilleur décédé. Le journal 
de l’époque (2), annonce la vente de timbales, une trompette 
en argent, des trompettes en cuivre, des cors, un clavecin, 
un violon, des flûtes à bec, etc. Cette vente eut lieu le 17 
janvier 1780. 

Malgré l’époque troublée de la fin du xvur siècle, le 
veilleur continue à fonctionner; il est vrai que certaines 
ordonnances lui défendaient de sonner de la trompette; mais 
il n’en continuait pas moins ses tournées nocturnes sur la 
promenade de la tour. Enfin, le 21 janvier 1799, Brias put de 
nouveau sonner les heures de la nuit. 

Nous savons que beaucoup d'usages ultra séculaires 
disparurent à la suite des bouleversements sociaux qui mar- 
quèrent la séparation des deux régimes. Le veilleur malinois, 
cependant, tint bon; au milieu du désastre des traditions 
anciennes, il continua à rester fidèle aux usages du siècle 


» 1ste TOGT : 
» Word geopent met ketel, trommels en trompetten..…. 
» 2de TOGT : 
» Werd begonst met muzikale instrumenten..…. 
» 3de TOGT : 
» Werd geopent mei musikale instrumenten...… » 
(1) Ordinairement, ils étaient à quatre : 3 trompettes et un timbalier. 
(2) Wekelyks Beright, année 1780, p. 29. 


DE 1311 À 1790 193 





précédent et remplit ses fonctions à la manière de ses aïeux, 
ou mieux de ses pères. 

Chaque année, le jour de la procession de juillet, Brias, 
dirigeait ses confrères les trompettes et timbaliers, jouant 
devant le perron de l’hôtel de ville, pour saluer le passage des 
bourgmestre ct échevins qui accompagnaient le cortège reli- 
gieux. Cette pratique persista jusqu'en juillet 1834. Cette 
année-là, Brias remit sa dernière quittance au receveur com- 
munal (1). 


« Woor gespeelt te bebben met de timallen en trompetten 
op Kermisdag, naer oude gewoonte, de Somme van 15 guldens. 
» Mechelen, july 1834. 
SUNE-TBrias'». 


La publication des ordonnances se fit aussi au son de la 
trompette, devant le perron de l'hôtel de ville. Cette coutume 
n'a disparu que depuis une trentaine d'années. 

Pour annoncer les incendies, la vicille trompette de 
De Hont sert encore quelquefois pour sonner l'alarme. Une 
ordonnance de 1784 prescrivait les fonctions du veilleur en 
cas de sinistre : 


« In den eersten, dat den trompetter van den toren, soo 
haest hij eenigen brandt gewaer wordt, sal moeten blaesen 
met den brandt-horen naer de vier quartieren van de stadt, 
beginnende van de zijde van den brandt, alwaer hij bij daege 
sal uytsteken een roodt vaandel, ende bij nachte eenen lanteern 
ende daer naer cleppen met de clocke daer toe te designeren. » 


Le 22 mai 1807, le règlement s’énonce de la manière 
suivante : 


(1) Cfr. SCHELLENS, Chronique. 


+ 


194 LES MÉNESTRELS ET INSTRUMENTISTES A MALINES 








Li 


« Brand Reglement. 


» Art. 1. Zoo haast er eenen brand ontstaet, zal den 
trompetter-toren wagter deser stad, den horen, ten dien ge- 
bruyken geschikt, aen de vier hoeken van den toren blaezen, 
namenlijk langs het gewest alwaer hij het vuur ontdekt, en 
in geval den brand met den nagt voervalt, zal hij buyten den 
toren aen eene lange sparre eene onsteeke lanteerne hangen: 
in den dag zal hij het rood vaendel uytsteken, altijd langs 
den Kant van den brand. » 


Cet usage est devenu inutile depuis la réorganisation du 
corps des pompiers et l'installation des signaux électriques. 


Du temps de Brias, les fonctions de veilleur étaient consi- 
dérées comme un poste honorifique, en ce sens que le titulaire 
n'officiait pas en personne, mais se faisait remplacer par un 
tiers, qu'il payait de sa poche. C'est ainsi que Jacques-François 
Brias payait un nommé Spruyt, pour faire le service nocturne 
sur la tour. Nous savons le malheureux accident qui survint 
à Spruyt durant la nuit du 1 au 2 septembre 1834. Le 
malheureux gagiste, pris de boisson, monta la tour pour se 
rendre à son poste. À peine arrivé au haut de la tour, il 
eut le malheur de se pencher en dehors du parapet, perdit 
l'équilibre et vint se tuer en tombant sur la voüte de la niche 
qui se trouve au pied de la tour du côté de la rue Ste-Cathe- 
rine. Brias reprit un nouveau gagiste, du nom de Dubin. 
Plus prudent que son prédécesseur, Dubin, effrayé par le 
vacarme d'une tempête, jugea bon de quitter sa loge solitaire 
et descendit de la tour pour aller se réfugier au corps de garde 
du bureau de police (1). À la suite de ces abus, l'Adminis- 
tration communale décida d’obliger dorénavant le titulaire à 
officier personnellement sur la tour. Cet ordre entraîna la 


(1) Chronique SCHE LLENS. 


DE 1311 À 1700 195 





démission du dernier Brias. Avec lui disparut la série des 
veilleurs-musiciens,. 

Le nom de Brias fut très populaire au début du xix® siècle. 
Cette popularité se prolongea grâce à une chanson dont la 
vogue se maintint jusqu’au milieu du siècle dernier. Le com- 
positeur Tuerlinckx, fils du célèbre luthier de ce nom, nous 
a conservé la musique de cette chanson, en l’utilisant dans 
un de ses pot-pourris pour harmonie. 





Ze). 


Brias die blaast op zijnen horen, 

Brias die blaast op zijn trompet,. 
terrentetterrestet 

Brias die blaast van op den toren. 

Brias die blaast van in zijn bed. 


Le veilleur actuel est un simple ouvrier, ne possédant 
aucune connaissance technique de la trompette dont il use, 


rot 


196 LES MÉNESTRELS ET INSTRUMENTISTES A MALINES 


Son rôle n'exige d’ailleurs aucune qualité d’instrumentiste ; 
il se réduit à monter la garde sur la tour depuis 11 1/4 heures 
du soir jusqu’à 4 heures du matin. Le veilleur prouve sa 
vigilance en sonnant d'heure en heure une monotone ritour- 
nelle, qu'il répète aux quatre côtés de la galerie : cette son- 
nerie de trompette (1) traduit, d’après ce qu'il nous a confié 
lui-même, la petite phrase : Rust allen in vrede. 





Ce Requiescant in pace, que l’on peut entendre chaque 
nuit, est, croyons-nous, la tradition la plus ancienne qui soit 
parvenue jusqu'à nous. Elle date, en effet, depuis le xive siècle 
et peut-être avant. 


Nous concluons de ces notes, que de tous temps la 
musique joua un rôle important dans la vie intime, religieuse 
et publique de nos aïeux. Il est aisé de suivre entre les lignes 
de l’histoire musicale populaire de la ville de Malines les des- 
tinées de la cité des Berthout. Semblable à un baromètre, la 
musique nous indique, de manière précise, les jours de gloire 
et de décadence, les hauts et les bas de la destinée de nos 
pères. Riche et belle au xve siècle, véritable capitale au xvie 
siècle, sous le règne de la gouvernante Marguerite d'Autriche, 
Malines subit, au déclin de ce mème siècle, le triste sort 
des autres villes dévastées par l’incursion des troupes espa- 
gnoles. À l'aurore du xvire siècle, il y a un revirement mani- 
feste : Albert et Isabelle rendirent à Malines une partie de sa 
gloire d'antan. Le commerce, l’industrie, les sciences et les 
arts refleurirent et amenèrent un bien-être matériel, qui permit 


() La trompette dont le veilleur se sert pour ce service quotidien est 
moderne. Elle fut livrée par M. Van den Eynden, facteur d'instruments de 
musique à Malines, rue de Beffer, dont la firme existe encore à l'heure 
actuelle, 





DE 1311 A 1700 197 








aux administrateurs communaux de se payer de luxe d’une 
musique officielle. 

Les musiciens, devenant de plus en plus nombreux aux 
xvire et xviie siècles, assurèrent à la ville un concours musical 
suffisant pour ne plus devoir rétribuer des fonctionnaires in- 
strumentistes. Ces troupes ou bandes de musiciens préparèrent 
l'avènement de nos sociétés d'harmonie actuelles. 


Les pages que nous venons de lire retracent à grands 
traits l’histoire populaire des musiciens et de la musique à 
Malines; nous ne nous sommes attachés ici qu'aux faits 
généraux, réservant certaines particularités, exceptions ou 
circonstances pour des monographies ultérieures. Ces notices 
plus développées seront accompagnées des textes d'archives, 
qui ont servi de base pour la rédaction du présent travail. 

Nous terminons ces notes par la liste des veilleurs, 
ménestrels officiels, ménestrels libres et musiciens étrangers 
qui séjournèrent définitivement ou passagèrement à Malines. 
Tous ces amis de la muse contribuèrent à répandre et à 
perfectionner le goût de la musique au sein de notre popula- 
tion qui, jusqu’à l’heure présente, manifeste une prédilection, 
une aptitude particulière pour la culture de l’art enchanteur 
d'Orphée. 

Nous ne pourrions terminer cette notice sans adresser 
nos plus vifs remerciments à M. V. HERMANS, le distingué 
archiviste communal de Malines, à qui nous devons maints 
renseignements utiles pour le présent travail et qui a bien 
voulu nous permettre d’user de son riche dépôt d'archives. 


RAYMOND VAN AERDE. 


tà 





198 


LES MENESTRELS ET INSTRUMENTISTES A MALINES 





Il — Liste des veilleurs et ménestrels aux gages 


de la ville de Malines 


A. — Veilleurs de la Tour St-Rombaut 


1311-12 (1). Le veilleur de St-Rombaut, de wachter van St-Rommond. 


1313-14, 
1315-16. 
1317-18. 
1325-26. 
1348-49. 
1351-52. 
1357-58. 


1362-63. 
1364-65. 


1373-74. 


1407-8. 
1414-15. 


1420-21. 
1423-24. 
1432-33. 


1433-34. 


1433-34. 


Jacob de wechter — Jan Van Calkene — Willem de Camme. 

Jacob de wechter —— Willeken, nommé à ce poste depuis la 
St-Jean 1316. 

Janne de wachter, cité aussi l’année suivante. 

Willeme due. 

Tijs de wachter. 

Willem Croene, tromper cité jusqu’en 1353-54. 

Remi de wachter, cité jusqu’en 1361-62. 
Son nom s'écrit : Remere, Reyne, Remi. 

Jan Van Laten ou Laten, cité jusqu’en 1364. 

Hendrick Musscen, cité jusqu’en 1373-74; 
Henne Musche et son fils, engagés à Anvers, pour une 
festivité en novembre 1401; jouaient sur des schalmeien. 
(Cfr. GréGoir, Notice hist. sur les sociélés de musique à 
Anvers, p. 15). 

Hendrick van Overyssche; on le note jusque vers 1420-21. 





Hendrick Van Overyssche le jeune, cité jusqu’en 1420-21. 

Les deux Van Overyssche, le vieux et le jeune, fonction- 
nent jusqu'en 1420-21. 

Jan Van Herenthals, mentionné jusqu'en 1423-24; 

Hendrik Van Overyssche, cité encore en 1423-24; puis il est 
nommé veilleur de la tour de l’église Notre-Dame. 

Lauwer ou Lauken Biels, au service de la ville jusqu’à 
sa mort, venue en 1432 OU 1433. 

Gheert, quitte un mois après Pâques 1433; — Giellis. 

Pieraert Tzamen, ne fonctionne que peu de temps; Geert 
grilkaer, est remplacé l’année suivante par Griellet Gril- 
kaer. 

Thomas Francoys, quitte après dix semaines; 

Jaquemyn Boveyne, wachter en piper, cité jusqu’en 1440-41; 
puis reprend du service en 1443-44. Il disparaît définitive- 
ment en 1446-47. Son nom subit de nombreuses transfor- 
mations : Jaquemyn boryne, de bomeyne, Jageumaer de 
bourreyne, de bourrayne. 


(1) Ces chiffres indiquent l’année correspondante au registre des comptes com- 


munaux. 


DE 1311 A 1700 | 199 





1434-35. À partir de cette année, les veilleurs se momiment pipers ou joueurs 
de flûte, en même temps que wachter, veilleur. 

Giellet Grilkaer, wachter et piper; cité jusqu'en 1443-44, 
sous les noms de : gielletgielkaert, grellit gilkaerd : gielet 
grelkart. 

1436-37. Jan Gillots, trompette, cité jusqu’en 1452-53. 

1437-38. J. de wale, cité une année. 

1439-40. Jac. ou Jacqumijn Maghet ou Maget, disparait en 
1445-46. 

1441-42. Gielet de lafosse, quitte en 1442. 

1444-45. Giellet Galrant, cité une année. 


deviennent veilleurs à N.-D. l’année 
1445-16. Jan van den Damme, 





suivante, 3 
CE puis reviennent à St-Rombaut, en - : 
« Peter van den Damme, 1448-40. 


1446 47. Giellet de Troye, veilleur et piper, cité une année 
1452-53. Henri Janssone. nommé ménestrel de la ville en 1453-54; 
Gielys van den Damme, nommé ménestrel de la ville en 
1453-54; . 

1454-55. Willem de wachter fonctionne deux ans. 

1455-56. Adriaen Spapen. 

1456-57. Peter van de Putte, cité jusqu’en 1460. 

1460-61. Adriaen de Piper, cité jusqu'en 1465. 

1465-66. lacune. 

1478-79. Jan Van Kinkom fils. 

1481-82. Josen Lippens. 

1486-87. Lanseloot fonctionne jusqu'en 1495. 

1488-89. Fransen, cité jusqu’en 1500. 

1500. On ne cite pas de nom. 

novembre 1543. Jan van Slypen, trompette -et veilleur jusques 
vers 1571. | 

1571-1572. Floris Wiers, cité jusqu’en 1582. 

17 Juin 1581. Nicolas van den Slijpen ou Van Slijpen. La ville lui 

‘ donne sa démission. Le 14 avril 1583 il est repris; on le 
révoque une 2e fois; il est réintégré dans ses fonctions 
le 19 mars 1586 (1), et fonctionne jusqu’à sa mort, arrivée 
entre 1601 et 1602. 

1598-99. L. De Grève. 

1602-03. Antoine Simonis, trompette et veilleur, cité jusque vers 
1645; il fut membre de la gilde des escrimeurs; il donna 
un cadeau à cette gilde le 8 septembre 1628, consistant 
en 2 coupes d'argent. 

1603-04. Peter De Gréve. 

1645-46. Andries de Pastoraen ou Pesteraen, trompette, en fonction 
jusqu’à sa mort, survenue en 1659. 

1659. 17 novembre, Paulus Van Noten (1). 


(1) Voir annexe nos 9 et 12, 
(2) Voir annexe no 13. 


200 LES MEÉNESTRELS ET INSTRUMENTISTES A MALINES 








1670-71. Joseph de Cart ou de Cort, trompette; son frère, Romain 
de Cart, était trompette de la ville d'Anvers. Il est cité 
jusqu’en 1680. 

1680-81. Peter Brias, fonctionne jusqu'au mois d'août 1698: son fils 
Guillaume, lui succède. 

1698, août. Guillaume Brias, en fonction jusqu'à sa mort, venue 
le 2 novembre 1747. 

1747. Augustin Brias (né le 6 avril 1719), mort le 5 mai 1;75. 

1775. Jaques-Emmanueél Brias, fils du précédent, remplit les 
fonctions le veilleur jusqu’à sa mort, le 13 octobre 1820; . 
son fils lui succède. Il était aussi artificier; il tire entr’au- 
tres un feu d’artifice le 2 juillet 1797. 

1820. Jaques-François Brias (né le 15 novembre 1790), donna sa 
démission en 1836. 

1836, 8 mars. Gommaire Van Camp; en 1871, il demande sa 
pension : celle-ci lui fut accordée le : décembre 1871. 

1871. Neutjens, reçoit sa pension en 1892. 





VANDAMME 


Neutjens, veilleur de la tour St-Rombaut, en uniforme 


1892 (Goeyers entre en fonction le 15 février 1892; c'est le 
veilleur actuel (1911). 


B. — Veilleurs de la Tour de l'Eglise Notre-Dame 


1313-14. Jan de Wachter. C’est peut-être le même que l’on désigne 
du nom de Jan van den cheze. 

1318-19. Janne Van den cheze ou chece. 

1348-49. Clause. 

1354-55. Hanse. 


DE 1311 A 1790 201 





1361-62. Jan Van den driest, ou Van den driese, ou Van den 
driesche; on le cite jusqu’en 1365-66. 

1366-67. Hendrick Van Overyssce ou Van Overysc'he; débute le 
12 mai 1367; fonctionne jusqu'en 1372. 


1373-74. Coense ou Coensse, ou Coentse, ou Coenche, piper; en 


fonction jusqu’en 1406 où 1407. 
1413-14. Lauwer Biels, cité jusqu’en 1415. 
1415-16. Van Werbeke. 


Ici il y a une lacune. 


1420-21. Lauw. Biels. 

1423-24. Hendrick Van Overyssche, cité jusqu’en 1446. 
1447-48. Jan van den Damme: — Peter van den Damme. 
1449-50. Jan Mendeken, fait un intérim de cinq semaines. 
Août 1450. Piper Jan, mentionné jusqu’en 1465. 

1465-66. Adriaen de Piper effectue un service d’une année. 
1466 67. Jorys Van Ghend. 

1483-84. Lanseloot. 

1488-89. Jacob, etc. (1). 


C. — Menestrels communaux 


1453.  Hendrik Janssone, cité la première fois en 1452-53; il quitte 
son service le 27 septembre 1458; en déposant le collier 
qu'il avait porté durant ses années de service, la ville 
lui octroie une gratification supplémentaire. Cet Hendrick 
Janssone ne serait-il pas le frère de Jean Jansonne, 
trompette des ménestrels de Philippe le Bon à Bruges, 
qui est cité en cette qualité en 1452? (2) 


Nous savons aussi qu’un Jaques Janssone fut trompette 
de Charles le Téméraire, vers 1468. Un Jan Janssone 
fut ménestrel du duc de Brabant en 1424-25. 

1453. Gielys van den Damme, piper. Il est déjà cité depuis 1452-53; 
il joue encore en 1467-68, à l’occasion d’un tournoi 
d’archers. 

1453. Matheus van Malle, piper, est aussi cité dès 1453-54 et fonc- 
tionnne encore en 1467-68, à l’occasion d’un tournoi des 
archers. Un homonyme, et peut-être un parent, Jan Van 
Mallen, figure comme speelman à Utrecht, en 1518 
(voyez BOUWSTEENER, t. 2). 

1454. Diederik ou Frederik Erkeneer, van Oubray, tromper, entre 
en fonction vers le mois de juillet 1454, en qualité de 
trompette de la ville; il est cité encore en 1467-68, à 
l'occasion du tournoi des archers. 


(1) A partir de 1500, nous avons négligé d’annoter les veilleurs de la Tour 
Notre-Dame. ; 
(2) Cfr. VANDER STRAETEN, IV, p. 115. 





202 


1464. 


1464. 


1464. 


1464. 


1466. 


1467. 


1474. 


1474. 


1477. 


LES MÉNESTRELS ET INSTRUMENTISTES A MALINES 





Jan Gillots, tromper ou trompette. 

Les Gillots devaient être malinois. Déjà en 1426, on cite 
un Jan Gillots, qui est payé pour avoir enchässé une 
pierre dans le bois d’autel de la chapelle de la maison 
échevinale. L'année suivante, on mentionne un Jan 
Gillots, trompette, pour avoir sonné de la trompette 
durant le marché de la St-Bavon, année 1428; en 1430-31, 
on cité Jan Gillots le Jeune, probablement fils du 
premier. À partir de 1434-35, Jan Gillots est payé 
comme trompette de la ville jusqu’en 1452-53. Dix ans 
après (1462-63), le même nom reparait; on lui commande 
de faire l'achat de deux trompettes pour les veilleurs. 
Puis il reprend le service de trompette officiel en 1464-65. 
Nous savons déjà l'aventure dont il fut le héros en 
1468-69, lorsqu'il s'était permis d'échanger son collier 
d'argent, appartement à la ville, auprès des Lombards. 
Cet acte malveillant dut être puni par l'exclusion des 
Gillots dans les fonctions publiques. On ne les retrouve 
plus dans les comptes suivants. Il y eut un abbé, du 
nom de Jean-François Gillot, né vers 1670, à Namur, 
et qui séjourna la plus ‘grande partie de sa vie au 
couvent de Leliendael. à Malines. Ce fut un musicien 
qui composa beaucoup de motets et de messes; il mourut 
à Malines le 18 juin 1743. sl 

Jan Meenssone, piper, entré en fonction depuis Pâques 
1465; il n’est plus cité en 1467-68. 

Jan Van Kynkom, piper commence à fonctionner depuis 
Pâques 1465! à l'année 1467-68; puis il disparaît jusqu’en 
l’année 1474-75; à partir de cette dernière année, il est 
nommé régulièrement jusqu'en 1481. 

Joris de Cuper, piper, débute avant la Pentecôte de l'année 
1465 et fonctionne jusqu’en 1470. 

Peter van den Velde, piper, ne reçoit pour tout salaire qu’un 
terme de 9 mois, c’est à dire de juillet ou août 1466 à 
avril 1467. 

Cornelys Vijn, piper, ne fonctionne, aux gages de la ville, 
que durant une période de cinq mois de 1467-1468. 

Thomas van Lupeghem ou van Luypeghem, trompette. Il est 
fait mention de lui depuis Pâques de l’année 1475; il resta 
de service jusqu’à sa mort, qui survint en l’année 1499 
OU 1500. 

Gielys de piper van Brussel, débute en août 1475; on ne le 
cite plus en 1479-80. 


Merten Cools, trompette, reçoit un traitement de 9 mois 
durant l’année 1477-78; en 1481, il disparaît de la liste 
des salariés communaux. Nous connaissons plusieurs 
ménestrels du nom de Cools. Un Gilles Cools était 
trompette de la ville de Bruges; il démissionna vers 
1482 (VANDER STRAETEN, t. P. 17) 


1479. 


1482. 
1482. 


1483. 
1486. 


1486. 


1491. 
1493. 


1500, 


\ 


DE 1311 A 1790 203 








Martin Cools, qui n’est autre que celui qui fonctionna à 
Malines, se trouvait à Alost en 1475; les comptes de 
cette dernière ville le cient en compagnie de Jean Van 
der schueren et Liévin Merenzone. jouant devant l'hôtel 
de ville, à l'occasion de la conclusion d'un traité de 
paix; il portait le surnom de « Marten den trompet » 
(VANDER STRAETEN, t. 4, p. 164). C’est bien de lui qu'il 
s’agit lorsqu’en 1477-78, Van Rynkom fut chargé de 
quérir un compagnon à Alost : 

betaelt Jan Van kinckom, pipere, die ghesonden was om 
eene nuwe gheselle tot Aelst, 5 g ». (C. c. 1477-78). 

Joos Van Kinkom. 11 débuta comme veilleur-adjoint en 1478 
Ou 1479, puis il fut nommé musicien de la ville en 1479-80; 
il disparait en 14*1. 

Jacob Goddec, pyper, cité de 1482 à 1487. 

Andries Polet, pyper, nommé musicien communal en 1482; 
il resta au service de la ville jusqu’à sa mort, qui sur- 
vint entre 1493 et 1494. 

Jacob Ranetier, pyper, fonctionne de 1483 à 1487 et de 1403-94 

à 1501. 

Vrancke Kemel, pyper, commence son service en juillet 1487; 

n’est plus cité en 1490. 

Adrien Cools, trompette, fils de Joos Cools, de Grammont, 
commence son service à la St-Remy 1487. Il est inscrit 
dans la liste des bourgeois de la ville, le 20 avril 1496. 
Cet instrumentiste resta, durant quarante ans, au service 
de la ville; il est cité régulièrement au registre jusque 
l’année 1528-29 inclus. En 1516-17 nous lisons : « geg. 
Adriaen Cools pyper van de stad tot behulp van der 
bruloft van zijne s. 1 ph. NT Si d.» 

Jan Fauset, piper, cité de 1491-2 à 1493. 

Cornelis Mathys, fonctionne de 1493 à 1526. Un Jan Mathys 
est cité, en 1568, comme joueur de scalmeye, au service 
de la ville de Gand. Il y eut un Cornelius Mathys, ténor, 
à la maîtrise de St-Rombaut, vers 1571. Un Cornelis 
Mathys est encore cité en 1562-63; peut-être un fils du 
précédent; il était cordonnier (schoenlapper). Un speel- 
man à Utrecht, en 1518, s'appelait également Mathys. 

En 1514, Maximilien Ier, empereur, et Charles, prince d’Es- 
pagne, accordent une lettre de rémission ou rappel de ban 
à Cornélis Mathys : « joueur de musicque que l’on appelle 
stadtpippre, demeurant à Malines » (1). 

Jan Conijn, inscrit dans la liste des fonctionnaires commu- 
naux, depuis 1500-1501 à 1515-16 inclus. En 1522, nous 
trouvons trois speellieden d'Anvers, du nom de Jean. 
Gilles et France Coniin; Jan Conijn se sera donc engagé 
au service de la ville d'Anvers en quittant Malines. 


” 
= 


(1) Arcmives départementales de Lille, tome 3, 


204 LES MÉNESTRELS ET INSTRUMENTISTES A MALINES 








1501. Jan Boeghen, cité de 15o1-2 à 1502-3. 

1503.  Gillis Conijn, sans doute le frère de Jan Conijn, mentionné 
de 1503-4 à 1509. Nous savons qu'il se trouve à Anvers, 
en compagnie de Jan et France, en l’année 1522. 

1508,  Meester Hans Naegel, ou Naechel, ou Nagel, Naghele. On. 
le cite déjà en 1508 ou 1509, pour certains services qu'il 
rend à la ville; il entre définitivement en fonction en 
1509-1510. On ne le cite plus en 1518-19. I1 fut toujours 
qualifié du nom de meester ou maître, probablement par 
suite de son passage devant le jury d’une ménestrendie 

quelconque. Son nom s'écrit tantôt Hans Naegel, Nagel, 

Naeghel ou Janne Naezgel. 

Hans Nagel est une figure très curieuse, au sujet de laquelle 
nous avons pu trouver quelques renseignements. Nous le 
rencontrons d’abord à Leipzig, où il est accepté, le ro juillet 
1479, en qualité de Spielman. Nous tenons ce renseignement 
de G. WusTMANN (1). « Am 10 juli 1479 nahm der Rat, zu 
Ehren der stadt und allen buürgern zu nutz und frommen, 
meister Hans Nagel und seine beiden sôhne zu spielleute 
auf ». Il paraît qu’il ne se contentait pas de sa solde, car 
malgré l'augmentation de salaire que le conseil de Leipzig 
voulut lui accorder, Hans quitta son emploi en 1483. Nous 
trouvons après un Hans Naghele, au service d'Henri VII, 
roi d'Angleterre; il jouait de la saquebute (instrument qui 
fut le précurseur du trombone). En 15o1r, il se fit entendre, 
en société de Hans Broen, devant Philippe le Beau, qui 
lui accorde une gratification et qui l’engagea pour sa 
chapelle musicale; il figure dans la liste du personnel 
en 1506. Trois ans plus tard, en 1500, il fait partie de la 
musique de Charles V (2). L 

1511. Jan van den Winckele fut admis, le 20 juin 1512, aux gages 
exceptionnels de douze livres dix escalins; il n'est plus 
mentionné en 1516-17. N'y aurait-il pas quelque lien de 
parenté entre Jean van den Winckele et John van 
Winkel, qui fut nommé bassoniste à la chapelle royale 
de Londres, en avril 1516? 

Johan van der Vincle ne serait-il pas le même que Jean van 
den Winckele? Ce premier (van den Vincle) est cité en 
1506, comme instrumentiste de Philippe le Beau, en com- 
pagnie de Hans Nagbhel. Les mêmes musiciens figurent 
sur la liste du personnel de la chapelle de Charles V, et, 
chose curieuse, leurs noms sont associés (3) : « Hans 
Naghele et Jehan van Vincle, joueurs d'instruments... la 
somme de. pour officier continuellement devers mondit 
Sr, en sadite chapelle en chantant et jouant journellement 
en discant les heures de service divin. 


(1) Zur Frühesten Musikgeschichte. Leipzigs (Cfr. Musik-woche, 1902, p. 222). 
(2) VANDER STRAETEN, Ouvrage cité, t. 7. 
(3) Cfr. VANDER STRAETEN, t. c., tome 7, p. 269, , 


1532. 


1543. 


1547. 


1547. 


1549. 


1550. 


: DE 1311 A 1790 205 





Hubrecht van den Broecke, le vieux, cité de 1516-17 à 1532-33 
inclus. 

Hubrecht van den Broecke, le jeune (Adrien), cité de 1526-27 
à 1561-62 inclus. L'année de son entrée en service, la ville 
lui accorde 30 sous de gratuité, à l'occasion du mariage de 
sa fille. 

Hendrik Cruyemers, nommé en 1527; il fonctionne jusqu'en 
1546-47 inclus. 

Jan van Kinkom, peut-être le fils de Jan van Kynkom précité, 
fut musicien de la ville, de 1516-17 à 1519-20 inclus. 

Anthonis van Kinkom, fils ou frère du précédent, est cité de 
1520-21 à 1525-26. 

Jan de Brissere, trompette de 1528-20 à 1530-31. 

Marck Gheylens, fonctionne d’abord de 1531-32 à 1564-65 inclus. 
Puis on ne le cite plus. En 1566-67 il reparait comme 
trompet et stadsspeelman. On lui paie un arriéré de sept 
mois et il continue à toucher régulièrement ses gages jus- 
qu'en l’année 1567-68. On le cite encore en janvier 1560. 
En 1870-71 il est cité de nouveau. Il mourut avant le mois 
d'octobre 1572. On paie à son héritier Jacques Gheylens 
un arriéré de 11 trimestres de gages. 

Cruyemers, le jeune, frère ou fils d'Henri déjà nommé, 
débute comme musicien de la ville en 1532-33; il disparait 
avec Herri, son père ou son frère, en 1546-47. 

Jan Tamborijn ou Hooghstraete, nommé de 1544-45 à 1552-53 
inclus. 

Hendrik Oliviers, le vieux, fait d’abord un terme de 1547-48 
à 1549-50 inclus; puis reprend son service en 1551-52. Il 
disparait en 1570-71. 

Hendrick Oliviers, le jeune, cité de 1547-48 à 1554-55 inclus; 
il reparait en 1556-57, et sert la ville jusqu'à sa mort, 
survenue vers le mois d'avril 1559. van Ranst lui succède. 

Rogier de Notere, débute en 1549-50 et reçoit ses gages 
annuels jusqu’en 1550-51. Puis on ne le paie plus que pour 
266 jours de l’année 1551-52, en qualité de musicien ordi- 
naire (speelman); l’année suivante, il est retribué pour un 
service de 273 jours. Il devient de nouveau musicien officiel, 
de 1553 à 1555. Il est mort vers le mois de février 1557. 
Hesrud le remplace la même année. Un Etienne de 
Notere, joueur de cornet, entra au service du duc d’Albe 
à Bruxelles, en 1572. On écrivait son nom de différentes 
façons : de Notere, Denooter. 

Jan de bleeckere, alias van Liekerke, touche les salaires de 
266 jours durant l'année 1550-51; il n’est nommé qu'en 
qualité de « speelman », musicien ordinaire. L'année sui- 
vante, il fonctionne durant 270 jours (1552-53). Il n’est plus 
cité en 1556-57. Un Jan Bleecker, Bleeckere, Bleekere, 
chantre à la chapelle royale, en Espagne, vers 1556, y 
mourut le 27 juin 1562. 





z06 LES MÉNESTRELS ET INSTRUMENTISTES À MALINES 





1555. Richard de Hesrud, stadsspeelman, remplace Roger de 
Notere en 1555-56. L'année suivante, il ne touche qu'un 
trimestre ; il est remplacé par Jacop de Wale, en avril 
1557. Nous savons qu'il y avait à Mons un Nicolas de 
Hestrud, maitre joueur d'instrument de la confrérie de 
Ste-Cécile, qui présidait à l'examen des instrumentistes : 
Germain et Jan Ségault frères, Jan de Hesrud et Jan 
Monyssile, tous quatre passés maîtres le 14 mai 1588. 

1556-57. Jacop de Wale remplace Richard de Hesrud, ou de Notere, 
comme on le veut. La ville le nomme en avril 1557; il fonc- 
tionne jusqu'au moment de la suppression des ménestrels 
communaux, en 1573-74. 

1556. Reymondt Goubet alias Moppuy, débute au mois d'octobre 
1556; il fonctionne durant 182 jours, pendant la période 
qui part du 8 octobre 1556 au 8 avril 1557; il reçut un 
salaire d'un sou par jour. Il disparait déjà en 1557. 

1558. Philippe van Ranst était déjà mentionné en juillet 1558, 
pour avoir joué les danses mauresques durant ia représen- 
tation du jeu de St-Rombaut. Vers le mois de mai 
1559, il est admis pour succéder à Henri Oliviers le 
jeune, décédé la même année. En 1572-73, il ne touche 
plus que les gages d’un trimestre; l’année suivante, la 
ville supprime les musiciens engagés à sa solde. 

Le nom de Van Ranst fourmille dans les papiers offi- 
ciels de Malines. Déjà en 1351-52 et 1355-56, il est 
question d’un Peter van Ranst. Au XVme siècle, le nom 
de Peter van Ranst persiste. Enfin en 1560, Rombaut van 
Ranst meurt dans la paroisse de St-Rombaut. Celui-ci 
pourrait bien être le père de nos musiciens du même 
nom. Plus nous avançons dans les comptes et plus 
nous rencontrons le nom qui nous intéresse. Nous 
avons eu entre les mains l’acte de décès de 15 van Ranst 
au XVIIe siècle, neuf décédés au XVIIIme siècle. Nous 
pouvons conclure de là que les van Ranst, ménestrels, 
sont très probablement natifs de Malines. Malgré la 
suppression de la qualité de ménestrel communal à 
Malines, van Ranst Philippe ne quitte pas de suite sa 
ville natale (?). Ainsi on le cite en 1575-76, pour avoir 
joué avec ses confrères pendant la messe solennelle du 15 
janvier 1576, à l’occasion de la publication du jubilé. 
Selon toute apparence, il dirigeait à cette époque les 
autres musiciens (gesellen), qu'il engageait pour les 
circonstances extraordinaires. Mais à partir de 1576-77, 
les comptes ne font plus mention de lui. 

De 1582 à 1607, on mentionne Philippe van Ranst comme 
instrumentiste à la cour du gouverneur des Pays-Bas à 
Bruxelles, où il fut généreusement rétribué. D'abord il 
reçoit 15 écus par mois, puis on lui donne, à partir du 
13 janvier 1605, une pension annuelle de 150 florins sur 
la recette générale des finances. Or, voici encore un 


1558. 


DE 1311 A 1790 207 





4 

article qui nous semble militer en faveur de son origine 
malinoise. À dater du 6 avril 1617, la pension annuelle 
qui lui fut octroyée 12 ans avant fut prise sur les recettes 
de Malines. Outre ce gage annuel, il reçut, par un décret 
de Son Altesse, daté du 25 août 1613, six solz de crue et 
augmentation par jour, qui furent aussi transférés après 
sur la recette de Malines, et cela par considération pour 
ses bons services. Cette dernière augmentation de gage 
lui fut supprimée en 1619; il n’avait alors pour toute 
ressource, pour lui et sa femme. que la pension de 150 
florins. Il s’en plaignit dans une requête adressée à 
l'archiduc Albert dans laquelle il dit entr'autre, que sa 
pension avec la crue des six solz par iour, dont il avait 
joui, n'équivalait pas même à son traitement initial. Or, 
son grand âge (environ 68 ans) ne lui permettait plus de 
gagner par son métier; de plus, il était dénué de 
ressources. Il prie donc Son Altesse d'augmenter la crue 
de 6 à 12 solz par jour, toute sa vie durante, ainsi que celle 
de sa femme Anna van Gorsvienter (?, qui a dépassé 
74 ans. 


En 1628, il touche un adjuda de costa de 240 livres à la 
caisse de l’état, et cette même année, sa veuve touche une 
partie de sa pension, ce qui laisse supposer qu’il mou- 
rut en 1628, presque octogénaire. Il résulte de cette 
requête (de 1619), que van Ranst, alors âgé de 68 ans, 
serait né vers l'année 1551. Or, nous le voyons déjà 
fonctionner à Malines en 1558; il n'avait donc alors que 
7 ans? C'est assez jeune pour débuter dans une fonction 
officielle. Cependant, on lui paie sa pension sur la 
recette de Malines: il débuta à Bruxelles au moment où 
nous ne le rencontrons plus ici, le nom s'écrit de la 
même façon. Tout cela nous engage à croire qu'il fut bien 
le même qui servit à Malines, apparemment son lieu 
d'origine, en qualité de music‘en communal. Philippe 
van Ranst fut un musicien instrumentiste très habile, 
qui, le premier, introduisit l'usage du basson dans nos 
provinces (1). 

Philippe et Rombaut van Ranst étaient membres de la 
gilde des arbalétiers en 1556. 

D'après Vander Straeten, Ph. van Ranst fut déjà attaché 
à la cour de Bruxelles dès l’année 1578. 


Matheus de brakelere ou de brakeleer, débute vers le mois 
de mai 1559, et continue ses services jusqu’à sa mort, 
qui échut vers le mois d'octobre 1570. 

Aert. van Ranst, frère ou fils du précédent, entre en 
service au mois d'octobre 1570. Il ne touche plus qu’un 


(1) Cfr. Vander Straeten,"1. c., t. 4, 


208 LES MÉNESTRELS ET INSTRUMENTISTES A MALINES 








trimestre en 1572-73. Il disparaît lors de la suppression 
de la musique communale. 

Les van Ranst formaient une famille de musiciens, dont 
les membres occupaient des emplois, soit d’instrumen- 
tistes, soit de chantre ou maître de chant à la cour 
de Bruxelles, et cela durant tout le XVIIme siècle, 

Parmi les instrumentistes, nommons, outre Philippe van 
Ranst, Gaspar van Ranst, qui est peut-être Aert ven 
Ranst que nous venons de citer; il fonctionne à la cour 
de Bruxelles en 1611; on le cite encore en 1641. 

Nicolas van Ranst, aussi instrumentiste à Bruxelles, de 
1611 à 1618. 

Parmi les chantres du même nom, Nicolas van Ranst fut 
chantre à Bruxelles, en 1641; il devient vice-maître de 
chapelle en 1685; il meurt en 1695. Aurélien van Ranst, 
aussi chantre, est cité dans la liste du personnel de la 
cour de Bruxelles, en 1641; on le cite encore en 1673. 

Jean-Baptiste van Ranst, cité en 1673 et en 1685. 

1570. Joris Volckaert débute au mois de novembre 1570: ne 
touche plus que trois mois de gages en 1572-73; L'année 
suivante, il est cassé avec les autres musiciens. 

Un Voickaert fut instrumentiste à la chapelle royale de 
Bruxelles, de 1611 à 1618; on le nomme aussi Jean 
Volckaert. De plus, il figure sur la même liste, en 
compagnie de Nicolas van Ranst, Philippe van Ranst. 
Gaspar van Ranst et Jean Cocquiel; ces derniers ont 
aussi servi à Malines (1). 

Christiaen Daems, stadsspeelman, entre au servie de la ville 
le 28 mars 1606, en qualité d'intendant des musiciens com- 
munaux; nous ignorons la date de son départ, nous savons 
qu'il dut céder l’intendance des stadtsspeellieden à Engel- 
bert Bogaerts, en janvier 1609. 

Hans de Wael, stadsspeelman, entre en fonction le 28 mars 
1606; il quitte son service en octobre 1608, puis il n'est 
plus cité (Voir annexe n° 2). 

Artus ou Aerdt de Borgher, saquebutiste et tbassoniste, 
nommé stadsspeelman, le 28 mars 1606. 

Hans Wiemes, stadsspeelman, cité depuis le mois de mars 
1606; il reçoit de nombreux gages supplémentaires pour 
des services extraordinaires. 

Sébastien de bonijn ou bovijn, stadsspeelman, entre au service 
de la ville le 28 mars 1606; la date de son départ nous est 
inconnue. 

Nicolas Janssone ou Janssens, sheelman mette cornette, fut admis 
aux gages dé la ville à partir du 28 mars 1607; il reçoit 
de nombreux suppléments de traitement pour services 
extraordinaires. Il touche son dernier trimestre le 28 mars 


(1) VANDER STRAETEN, t. 2, pp. 9, 10, 11. 





IV. 


1325-26. 
1329-30. 


1371-72. 
1371-72. 
197172. 
: 1373-74. 
1374-75. 
1359-80. 
1379-80. 


1411-12. 
1412-13. 
1315-15. 
1433-34. 


1436-37. 
1444-45. 


DE 1311 A 1700 209 





1610, Anna van den Broecke donne quittance pour ce 
dernier paiement (celle-ci fut probablement une créan- 
cière). La même année, la ville lui accorde un subside 
de 6 florins pour le secourir dans sa misère. 


Engelbert Bougaerts ou Bogaerts vint s'établir à Malines en 
1606. Dans une requête adressée à l'administration com- 
munale, en 1607, il se dit musicien s’exerçant journellement 
sur plusieurs instruments. Il ajoute que depuis qu'il est à 
Malines, il se joint aux musiciens communaux pour les 
services, ce qu'il voudrait pouvoir continuer à titre offi- 
ciel en qualité de surnuméraire : sa requête fut acceptée 
favorablement (1). 


Le 28 décembre 1607, Bougaerts entra en fonction. En 
janvier 1609, il fut nommé intendant des musiciens; il 
jouissait de nombreux gages supplémentaires pour des 
services extraordinaires. 


— Musiciens-instrumentistes établis à Malines 


sans gages fixes 


XIVme SIÈCLE 


Willeme Due, joueur de trompe. 

Willem Croon, » » Un Willem Croenkene, 
de Bruxelles, était joueur de naquaires (Cfr. pE BURBURE). 

Diederic de pyper, joueur de flûte. 

Langhe Aerd, joueur de guiterne. 

Les deux frères Drayer, luthistes. 

Ghe(raerd) Meynke, joueur de trompe. 

Voske, joueur de guiterne. 

Rom. Kiete, pyper, joueur de flûte. 

Le fils de Coens ou Coense, joueur de flûte. 


XVme SIÈCLE 


Seynke, joueur de trompe et de flûte. 

Rommond de tromper, le joueur de trompe. 

’: Zeynken ou ’t seynken, joueur de trompe. 

Justyn de piper van de bombarde, fut invité à se présen- 
ter pour le service de la ville. Nous ne croyons par 
qu’il fut accepté, puisque nous ne trouvons plus men- 

‘ tion de lui aux années suivantes. 

Van Tricht, trompette, se rend au sièse de Calais, 

Jan Van Delft, piper. 





(1) 


Voir annexe no 7, 





210 LES MÉNESTRELS ET INSTRUMENTISTES A MALINES 








1446-47. Jan Mendeken, tromper en pyper, trompette et joueur de 
flûte. 

Jan Van herenthals, tromper. 

1447-48. Gillis Rumelant, trompette. 
1457-58. Gabriels, le joueur de flûte. 

Jan van den Damme, joueur de flûte. 
1460-61. Aerd. de Roest, instrumentiste. 
1468-69. Zeendeke, instrumentiste. 

Geerd de Reeze, instrumentiste. 
1476-77. Boytke, instrumentiste. 

1485-86. Gysbrecht, le luthiste. 


XVIme SIÈCLE 


1514-15. Jan de Bleeckere, Coning der speellieden ? 
1518-19. Joos Robbyns, trompette. 
Van Lent, speelman, ménestrel. 
Romond Jans, joueur de flûte. 
Ph. Van Pamele, joueur de cornet. 
1527-28. Jan de Brissere, trompette. 
1533-34. Pirke. piper. 
1535-36. Jan Van der Beke, tambourin. 
1546-47. Jan Malpene, snaerspeelder, joueur d'instrument à cordes. 


H. Fryon, » » » » » 
Liekercke, » » » » » 
Meester Jan, » » » » » 
Meester Jacob » » » » » 


1547-48. Hendrick Croys, piper; se marie en 1547-48 et reçoit un 
subside de la ville; décédé vers 1558. 
1568-69. Sébastien Vreedman, compositeur pour cithare (V. annexe 


n° 10). 
1579-80. Francken Quintens, tambour. 
Jan Quintens, NU) 
Baptist Van Diest, » 


1598-09. Bartholomeus Persoons, trompette. 


XVIIme SIÈCLE 


1608. Nicolas Coquil ou Cocquille, ménestrel. 
1609. Jacques Cocquil, ménestrel. 

1622-23. Jan van Oudenhoven, bassoniste. 
1622-23. Sebastiaen, speelman. 

1623-24. Jan de Wael, instrumentiste. 
1630-31. Philibert de Bricquegny, bassoniste. 
1631-32. Léonard Colffs, bassoniste. 

1631-32. Jan Loenes, speelman. 

1641-42. Hans Henrich, cornettiste. 

1642-43. Anthoni Van Loon, cornettiste. 
1647-48. Volckaert, timbalier. 

1670-71. Melchior Smets, hauboïste. 

1672-73. Ambroise Carlier, musicien. 


DE 1311 A 1700 211 








. 


1673. Nicolas Cakelaer, speelman. 
» Andries Fasseur, » 
1679-80. J.-B. Schippers, instrumentiste. 
1691. Philippe Raoux, chef d’une bande de schalmeiers. 
1692. N. Regaert, joueur de viole. 
1694. R. Vossein, chef d'une bande de hautbois. 
1696. Carolus van Vlieberghen, schalmeier. 
H. Smets, schalmeier. 
1697. Gaspar Cassier 


1698. Rombaut Vasseur chef des hautbois. 


. XVIIIme SIÈCLE 


1700. Daniel Colffs, bassoniste. 

J. Cassier, chef d’une bande de hautbois. 

1704. Jacques Vermeulen, chef d'une bande de hautbois. 

17c6. Charles-Walderinus van Vlieberghen, hautboïste. 

1716. Judocus Vlieberghen, chef d'une bande de hautboïstes. 

1720. Arnold Van den Broecke, » » » » 

1737. J.-B. Van den Eynde } 
Judocus Versluysen À 
Nicolas Imbrechts ) 8: 
Joannes Cuveus \ flûtistes. 
Franc. Van Ens ) 
Joseph Van Ens 

1742. François Streittner, chef des hautbois et bassons. 

1745. L. G. Vermeren, instrumentiste. 

27460. PJ. De’ Wolff, » 

1747. Jacques Coselinus, chef des hautbois. 

1748. Jérémie Van Engelen, chef des hautbos. 

1751. C. F. Thomas, instrumentiste. 

1753. Jacques Streittner, hautboiste. 

Nicolas Amerechts, flütiste. 
Joseph Pra, flûtiste. 

1754. Gerard Raps, hautboïste. 

1755. Pierre Streitnner, hautboiïste (1). 

1759. Frans Cantrijn, chef d’une bande de musiciens. 


joueurs de hautbois et basson. 


tambours. 


» Gommaire Kennis, chef d’une bande de musiciens. 
1774. Corneille van Ovorst, instrumentiste. 
» F. Starck, instrumentiste. 


(1) Petrus Streitner, mort en 1787. Voici ce que nous lisons à propos de ce 
musicien : “ Dynsdag den 19 junii 1787, naer-middag, ten twee uren, zai 
men publiekelijk verkoopen, binnen Mechelen, ten sterfhuize van Mr Petrus 
Stritner (?), eene schoone collectie van musiek van differente fameuse 
meesters, in differente koopen, volgens eene geschreven catalogue daer 
van zijnde. Item alle soorten van musicaele instrumenten als basson, 
violen, clarinetten, flûte-travers (sic), ver koppelen walthorens, trompetten, 
arpen, etc., item eene schoene staende horlogie met eene gesnede kasse 
van beeldhouwerij, figuren, schilderijen (Wekelijks Bericht 1787, p. 409). 


2 


212 LES MÉNESTRELS ET INSTRUMENTISTES A MALINES 





1778. Georges Esschenbach, bassoniste-serpentiste. 
1786. P. Mertens, chef de musiciens. 
1786. J. Cantrijn, instrumentiste. 
1789. G. Mertens, chef d’une bande de 6 musiciens. 
1790. - F. Cantrijn, instrumentiste. 

Th. Sterck, » 


V. — Musiciens de passage à Malines 


1317-18. L’évêque de Liège vient avec ses ménestrels, le jour de 
SS. Pierre et Paul. 

1333-34. Ménestrels du duc de Hainaut. 

1368-69. Jan die vedel coninc van mijns Heer hove van vlaendre. 

1340. Herman de Boughere, ménestrel, originaire de stockhem, 
comté de Looz, accompagne les malinois au siège 
de Tournai. 

1370-71. 2 trompencren en de 1 pyper die van « Brugghe hier 
quamen. 

2 ménestrels de l'évêque de Cologne viennent à Malines, 
le 28 juillet 1371, pour annoncer la nomination ‘du 
nouvel évêque. 

1374-75. Deux ménestrels du seigneur de Wezemael. 

Les pipers du Seigneur de Boeghout, — Ménestrels de 
Bruges. 

On cherche des ménestrels à Bruxelles pour la procession. 

1376-77. Six ménestrels du comte de Flandre reçoivent des 
vêtements de la part de la ville. 

1379-80. Meester Willem van Cruninghen. 

» Jan van Bruseghem. 

Wouter breeme oec ministreele enrôlés pour une expédition 
de guerre. 

Meester Mathys, ménestrel. 

19 mai 138c. Les ménestrels du comte de Flandre. 

7 février 1384. Un joueur de trompe du maréchal de Bourgogne. 

1406. Ménestrels du duc de Bourgogne. E 

1 avril 1407. Les ménestreis de la duchesse de Bourgogne 
apportent des nouvelles à la ville de Malines. 

14 Juillet 1410-11. Les trompettes et pipers du duc de Bourgogne 
accompagnent leur maître à Malines. Ce dernier logeait 
au couvent des Frères-Mineurs. 

1412-13. Rommond, le trompette du duc de Clèves, séjourne quel- 
que temps à Malines; l'année suivante, il reçoit un 
présent en espèces pour qu'il veuille bien s'établir 
définitivement à Malines. 

1417-18. Les méaestrels (pipers) du duc de Clèves à Malines. 

1418-19. Joyeuse entrée de Philippe le Bon, le 8 octobre 1r419. 
Les ménestrels accompagnent leur Seigneur. 

H. Thort, le joueur de trompe de Bruxelles. 


+ 


DE 1311 A 1790 213 





» 


1419-20. Ménestrels de la duchesse de Brabant. 

1427-28. Musiciens de Termonde. 

1431. Les ménestrels de l’évêque de Cologne viennent à Malines, 
accompagnant leur maître. 

21 décembre 1431. Les musiciens (pipers) de l'évêque de Liège 
viennent à Malines; nous les rencontrons encore venant 
à Malines, les années 1432-33; le 29 mars 1434; le 30 
janvier 1435, le 11 octobre 1437 et en 1443-44. 

1433-34. La ville présente un_ pot de vin au roi des ménestrels 
(conig van de pipen) de Bruxelles. 

Justin, joueur de Bombarde, est invité par la ville pour 
vouloir accepter du service. 

Les joueurs de flûte (pipers) du Seigneur de Mortaengien, 
de l’Angleterre. 

19 juin 1436. Les Malinois se rendent à Calais, pour assièger la 
ville; ils sont accompagnés des musiciens suivants : un 
trompette du jeune seigneur de Nassau, engagé le 3 mai 
1436, venu de Breda; un autre de Tricht. Jan boydens, 
fut chargé de chercher des trompettes de guerre à 
Louvain, Liège, Tricht et Valkenborg. 

1443-44. Diederic, le joueur de flûte de la ville de Biuxelles. 

1 août 1444. Les musiciens de l'évêque d’Utrecht. 

1444-1445. Les pipers de la ville de Bruxelles. 

1447-1448. Deux pipers de Clèves viennent s'établir à Malines. 

1457, 9 août. Hans, le trompette, ainsi que celui de Lubecq 
et de Brême, passent par Malines pour aller à la 
rencontre des marchands venant de Bruges. 

3 août 1462. Les ménestrels du Seigneur de Trève, 

1462-63. Trois pipers de Bruges se présentent à la ville pour 
faire des offres de service. 

3 juillet 1467. Joyeuse entrée de Charles le Téméraire; ses 
ménestrels l'accompagnent. Six clairons, appartenant à 
la ville de Gand, jouent du haut de la porte d'Adeghem 
au moment de l'entrée du Souverain dans la ville de 
Malines. 

1473-74. 6 trompettes du Seigneur de Voerkout et 7 trompettes du 
bâtard servirent aussi à l’occasion de la joyeuse entrée 
du 3 juillet 1467. 

1476-77. Joyeuse entrée de Marie de Bourgogne; ses ménestrels 
l'accompagnent. 

9 janvier 1477. Joyeuse entrée de Maximilien d'Autriche. 

La ville charge Pierre De Cock de chercher 6 joueurs 
de clairon au pays de Waes, ceux-ci logèrent à Malines 
durant 1: Jours. 

1477-78. Clairons du pays de Waes. 

5 août 1477. Quatre ménestrels du duc de Clèves. 

1482-83. La ville donne des étrennes à Bernart ou Lenaert, le 
tambourin du Duc d'Autriche. 

1484-85. Arrivée: en cette ville des ménestrels du Marcgrave de 
Bade. 


15 





214 LES MÉNESTRELS ET INSTRUMENTISTÉS A MALINÉS 





1485-86. Les trompettes et pipres de l'Empereur. 

1488-89. Le luthiste du duc Saxe. Les luthistes du roi des 
Romains. 

1489-90. Les trompettes du duc de Saxe reçoivent des étrennes 
au nouvel an. 

Deux pipers de l’évêque de Liège. 

1490-91. Le luthiste du duc Philippe (1491-92). Le tambourin du 
duc Philippe (1491-92). 

Maitre Jean le poète, id., id. 

1491-92. Les trompettes du duc de Saxe. 

Le luthiste du duc Philippe. 

1492-93. Portier, tambourin du duc Philippe, reçoit un fabbaert. 

1493-94. 6 trompettes de la ville de Gand donnent une’ sérénade 
au Duc. 

Les luthistes, schalmeyers et tambourins du roi et de la 
reine, les ménestrels du duc de Gulck. 

27 mai 1494. Joyeuse entrée de Philippe d'Autriche; il est accom- 
pagné de ses musiciens, 6 trompettes, le tambourinaire, 
le luthiste. 

25 août 1494. Arrivée de la reine des romains, accompagnée de 
ses joueurs de luth. Elle est saluée par des concerts 
donnés par les trompettes et les schalmeyers du roi 
des Romains. 

1495-96. Le tambourin de Marguerite d'Autriche reçoit une plaque 
d'argent aux armes de la ville et des habillements de 
velours. 

1496-97. Arrivée des ducs Albert et Georges de Saxe, avec leurs 
ménestrels. Albert de Saxe achète en 1496, une maison 
sise près de l’église St-Rombaut, nommée cour de Saxe. 
En 1519, spaensch gasthuys, actuellement l'Ecole Normale. 

1498-99. Les trompettes des ducs de Baden. 

Poertghinder, tambourin du duc Philippe. 
Le luthiste et les trompettes, id. id. 
Presque chaque année on retrouve les trompettes du duc de Saxe. 

1499-1500. Charlis, le tambourin de la princesse. 

1500-01. Divers joueurs de viole (snaerspeelders) venus de France. 

Lenaerde, le luthiste, et ses confrères ménestrels du 
Souverain. 
1501-02. Michelet, tambourin du duc Charles, reçoit un tambourin 
d'argent de la part de la ville de Malines. 
Les ménestrels du lantgrave de Hesse. 
Le tambourin du seignenr de Nassau. 
Les trompettes et les schalmeyers du roi des romains. 

1502-03. Lenaert, luthiste et huissiers du duc Charles. 

13 avril 1504. Huit trompettes du duc Georges de Saxe. 

1504-05. Lenaerdt, luthiste. 

Charlon, tambourin du roi. 

Maitre Auguste, chantre du roi. 

Durant le séjour de Marguerite d'Autriche à Malines 
(1506-1530), de nombreux musiciens, accourus de partout, 


1507-08. 


1508-09. 
1511-12. 


1512-13. 


1513-14. 


1514-15. 
1515-16. 
1516-17. 


1518-10. 


DE 1311 A 1700 215 











venaient honorer la gouvernante des Pays-Bas, par de 
joyeux concerts. Amie des arts et musicienne elle- 
même, elle fut généreuse pour les artistes. Voici, d’après 
les comptes de J. de Marnix (1527), quelques preuves 
à ce sujet : 

Bons et récompenses extraordinaires : 

Etrennes délivrées le 1° janvier... aux joueurs de viole et 
de tambourin, joueurs de marionnettes, joueurs de haut- 
bois et « sachottes », joueurs de harpe, rebecs et tam- 
bourins du comte de Hooghstraeten, trompettes de 
l'Empereur attachés à messieurs de Ravestein et de 
Gaire. 

7 Philippus à 6 joueurs de hautbois et de sachottes, trois 
de la ville de Gand et trois venant d’'Ecosse, qui sont 
venu jouer de leurs instruments devant madame à 
son diner. 

2 Philippus à 3 joueurs de fifre, 4 Philippus à Rémond 
Fabry, qui est venu jouer du fifre et du tambourin 
d'Allemagne, le dit jour de la Saint André, etc. (Invent. 
des archives du département du nord, Lille). 

Les 4 pipers de l’empereur. 

Les trompettes et le tambourin du duc Charles. 

Maître Augustyn, le luthiste de l'Empereur. 

Maitre Lenaert, id. id. 

Maître Michelet, tambourin. 

Le tambourin de madame de Savoie. 

Un joueur de cornemuse joue devant le duc Charles. 

Les trompettes du duc Charles sont exempts du droit 
d’accise. 

De speellieden vuyt den Duytsche landen metten dooven 
Fluyten. 

Consteneers vuyt Duitsche lande. 

6 trompettes du duc de Brunswyck. 

Serviteurs du duc Charles : 

Trompette, le tambour et ses confrères; Michelet, tambourin, 
Poortghinder, tambourin; les ménestrels allemands jouant 
des flûtes douces? (doove fluyten); Lenaert le luthiste ; 
Charli, tambourin de madame de Savoie; 4 ménestrels 
de Hongrie. 

Tambours de l’Allemagne. 

Trompette du duc de Brunswick. 


Présent de bienvenue donné aux ménestrels du marc- 
grave de Brandebourg. Les serviteurs du roi de Castille; r2 
trompettes-musiciens jouant des flûtes douces (doofne) 
Lenaert, le luthiste. 

Le trompette du duc de Clèves. Un speelman de l'Allemagne. 
Les serviteurs de madame de Savoie; Michelet, tambou- 
rin, Lenaert, luthiste; 2 tambourins et un joueur de 
veille (lière). 





MAD EE, Fc. 


4 dtétilé 


510 LES MÈNESTRELS ET INSTRUMENTISTES A MALINES 








1519-20. Les musiciens de la chambre de Réthorique de Lille 
viennent jouer au carnaval de 1519. 

Maitre Auguste de l'Allemagne, joueur de cornet (horeke). 
1520-21. Pychot, tambourin de don Fernando. 


1522-23. Serviteurs de Marguerite d'Autriche; deux tambourins; les 
joueurs de violes; Poirhier et Michelet, tambourins. 


1524 25. Musiciens de Marguerite d'Autriche; les joueurs de viole; 
un joueur de grande viole (groote viole); tambourins et 
autres ménestrels. 


1529-30. Peryno, tambourin de Marguerite d'Autriche, reçoit de 
la ville un subside pour étoffer (stofferen) d'argent son 
tambourin. 

Après la paix de Cambrai, François I envoie ses musiciens 
à la Cour de Malines. 


de 1550-51 à 1570-71. Les comptes communaux nous donnent en 
détail les divers musiciens qui participèrent à la proces- 
sion de Pâques et de juillet. Nous ferons une seule mention 
pour chaque localité qui nous envoya ses ménestrels, afin 
de ne pas étendre cette liste outre mesure. 


1550-51. Trompettes : 4 de Hal, 4 de Grammont, 4 de Stekene, 
4 de Bruges, r de Vilvorde, 2 de Lippeloo, 6 de Ste- 
kene, 4 de Ertvelde, 10 autres de Ertvelde. 

Schalmeyers : 6 de Bruxelles, 5 de Louvain, 4 de Termonde, 
1 de Mons, 5 de Malines. 
9 joueurs d'instruments à cordes. 


1552-53, Nous ne marquerons plus que les localités non citées 
jusqu'ici, parce qu’il y en a qui reparaissent annuellement. 
Trompettes : 6 de Gand, 4 de Tamise, 4 de Eeclo. 
Les schalmeyers de la gilde de St-Georges de Bruxelles; 
les musiciens communaux de Louvain et Malines. 


1557-58. 4 Trompettes de Hulst. 


1559-60. 4 id. de Eyghem ou Oughem. 
1560-61. 4 id. de Steenhuyse. 
1561-62. 4 id. de Everghem. 
1563-64. 2 id. d'Anvers. 
4 ménestrels communaux d'Alost. 
5 id. id. de Bruxelles. 
4 id. id. de Louvain. 
4 id. id. de Termonde. 


1564-65. 4 trompettes de s' Oriaens; 4 trompettes de Grumeghem. 

1565-66. 4 trompettes de Zèle. 

1575. D’après Choron et Fayolle (1), certain Heywood ou Hewoud, 
musicien et poète anglais, né à Londres, serait mort à 


Malines en 1575; il dut fuir sa patrie pour cause de 
religion. 


(1) Dictionnaire historique des musiciens. 


DE 1311 A 1790 217 





1580. Joncker Mathys, trompette de la compagnie du sieur 
Famaro, gouverneur. 


_ 26 mars 1584. Trompettes de la ville de Gand. 


1589. Le tambour-major et les tambours de la compagnie espagnole 
du régiment de Don Juan Mauricque de Lara; en garni- 
son à Malines. 


1593. Les trompettes de l’archiduc Ernest d'Autriche. 
1597-98. Tambours de l’armée espagnole. 


1608-09. Sekeren jonckman van Brussel sijnde expresselijck met 
twee keteltrommels gecomen om in den ommegang te 
spelen. 


16c9-10. Quatre ménestrels anglais reçoivent une gratuité de 7 livres. 
1611-12. Le trompette de Don Lois de Velasco. 


1612-13. Le trompette de Don Rodrigo Caldron, ambassadeur du 
Roi d'Espagne. 

1513-14 Sekere trompetters alhier van buyten gekomen sijnde 
hebben op de groote merkt alhier ten tijde van de 
ommegang gespeelt op hunne trompetten. 

1646-47. Le trompette du comte de Garzias; les trompettes du duc 
de Lorraine. 


1648-49. « Voir loon van eenen speelman die een extraordinaris 
ende nog noyt gehoord spel heeft gespeelt op de actie 
bij de studenten van ‘t Oratorie. XII £ » 


1717-18. Six hautboïstes étrangers sous la direction de Reinkast, 
viennent à Malines pour la joyeuse entrée de Charles VI. 


15 mai 1746. Les trompettes de Louis XV reçoivent 24 pots de vin 
de Bourgogne. 


28 Juillet 1791. Les timbaliers et trompettes de Joseph II. 


Dimanche 5 décembre 1773. Le sieur Pocornij organise un grand 
concert au local des fripiers, marché au beurre. On y 
entendra 3 cors; et du chant, voici l'annonce : 

D'heer Pocornij sal op sondagh den 54e deser op de oude- 
kleerkoopers kamer op de botermarkt alhier, geven een 
groot concert, met drij waltorens, in welek concert, sijne 
twee dochters, sullen, differente fransche en de italiaen- 
sche arietten singhen, involghende elek-kanderen, met 
den waltoren, ende sullen dansen verscheyde Allemandes, 
den prijs is twee schellingen; den geseyde Heer Pocornij 
sal de allemande \eeren op den tijdt van thien lessen aen 
de persoonen die het selve versoeken. 

: 1773 —0 WW. B!(r) p.482 N. 

1778. Le sieur Rakeman aura l'honneur de donner lundi prochain 
le 18 de May 1778, un grand concert vocal et instrumen- 


(1) W. B, — Wekelijks Bericht, journal d'annonces de Malines, 





A EE 


nie 


218 


1779. 


1782. 


1783. 


1784. 


LES MÉNESTRELS ET INSTRUMENTISTES A MALINES 


tal, dans lequel il exécutera plusieurs pièces de violon- 
celle de sa composition. 
On payera deux escalins. On commencera à cinq heures 
et demi. C’est à la salle ordinaire au marché au beurre. 
1778. WVSNB. p. 232: 
Donderdag wesende den 16 december 1779, sal d’Heer 
Dussik (sic) komende van Duytschland, om in dese 
landen sijne konst te doen blijken, d’eere hebben van 
met toelatinge van den Heere schouteth op de oude 
kleerkoopers kamer, gestaen op de Boter-merkt alhier, te 
geven een groot concert instrumental, in het welcke hij 
sal uytwerken op de clavercimbel, verscheyde sonates 
van sijne compositie, waer door hij verhoopt te verkrij- 
gen, de toejuyginge van een ieder, den ingang is twee 
schellingen. Men zal precies beginnen om ses uren des 
avonds. 1779. — W B. p. 507. 


2 mars, concert du célèbre harpiste Hochbrucker. 

Heden den 2de Meert 1782, zal'd'Heer Hochbrucker, ver- 
maerden ende reeds binnen dese stadt bekenden harp- 
speelder, d’eer hebben, van te geven, op de saele van 
de commanderye van Pitzenbourg, een groot concert 
vocal et instrumental waar in hij verscheyde sonates op 
de harpe zal uytvoeren ende d’heer Secburger zal hetzelve 
vereeren met verscheyde concertos op den waldt-horen. 
Men betaelt voor den ingang 2 schellingen en men zal 
beginnen om ses uren precies. 

1782. — W. B. p. 122. 


Le sieur Michel Esser aura l'honneur de donner, mardi le 
11 mars 1783, un grand concert dans lequel il exécutera 
les pièces suivans (sic). 

1. une sinfonie. — 2. un concert de violon. — 3. un air 
Harmonicq, sur le violon. — 4. une sonate sur la viole 
d'amour. — 5. l’imitation de la Harpe, zalterio et Harmo- 
nica sur la viole d'amour. — 6. les quatre nations, sur 
la viole d'amour. — 7. des airs variés sur le violon et 
viole d'amour. — 8. La Fée Urgelle de 60, 80, 100 ans. 

Le billet d'entrée est 2 escalins, on commencera à 5 
heures et demie précises. C’est à la salle de la comman- 
derie (Pitzenbourg). 

1783. — W. B. p. 147. 

Concert de Messieurs Brunetti et Polack. 

Sondag den 14 Meert 1784, zullen Srs Brunetti ende Polack, 
die d’eere gehad hebben van den 5de deser een concert 
te geven op de saele der commanderye van Pitzenborg, 
tot vergenoeginge ende verwonderinge van de aenhoor- 
ders, op het versoek van de voornaemste persoonen deser 
stadt, voor de laetstemael nog een conrert geven, waerin 
si} concertos ende solos soo op de viole als op den walthoren 
zullen uytwerken waer over zij hun durven vlijen het 


DE 1311 A 1790 219 


voorgaende concert maer een schetse te zullen zijn. 
Men zal beginnen om half zes uren precies. Men betaelt 


voor den ingang 2 schellingen op de saele der comman- 
derye van Pitzenborg. 

Dezelfde Brunetti en Polack geven concert op 14 Meert 
1784, Op versoek van de voornaemste persoonen deser 
stadt. 


1784. — W. B. p. 141 et 140. 





ANNEXES 





Annexe n° I 


Apostille gestelt opte requeste van Nicolas Cocquil 
speelman. 


Mynen heeren hebben desen suppliant gegunt en ge- 
geven de plaetse van den overledenen stadsspeelman behou- 
delick ende wel verstaende wesende, dat syn gagiën niet 
loopen en sullen, ter tyt toe dat hij met andere speeiluyden 
ende ordinarselicken spelen sullen. 

Actum 19 juillet 1574. 

Fol. 29 recto. (Correspondance du Magistrat, série 8, 
ne) 


Annexe n° 2 
Stadtspeelluy den. 


Aen myne Eerw. Heeren Borgemeester en Schepen ende 
Commoingmeesteren der stadt Mechelen. 


Geven oetmoedelyk te kennen, Christiaen daems, Hans 
Wiemes, Aerdt de borger, Hans de wael ende Sebastiaen 
Bruynhoyen (?) speelieden ende alte samen borgers ende in- 
gesetenen deser stadt Mechelen, datter sommigen onder hun 
lieden syn die bynaest de stadt xv jaeren hebben gedient 
in alle publycke ende sollemnele vergaderinghen ende dat 
niet zoo wel als sywel hadden verdient, door dyen dat nu 
den eenen oft den anderen op malcanderen niet gepast 
zynde, genootsaeckt zyn geweest zoo te spelen gelyck si) 
consten het accordt by een brengen. Waeromme hebbende 
middele gevonden om met een goet accordt de stadt te 
mogen dienen mits zy haer werck daer aff zouden maecken, 
ende altoos bereet zyn z00 in generale processiën als anders, 
waer zy van de stadt wegen zouden worden geemployert 


DE 1311 A 1790 221 





zou alst ’t gebruyck is inde omliggende steden, die welcke 
daer doer zoo veel te beeter zyn gedient mits dat die speel- 
lieden op malcanderen gepast zyn, ende gehouder hunlieden 
samen te vinden op zulcke dagen. Soo eest dat sij Ue. Eerw. 
Heeren oetmoedelick zyn biddende hun te willen accepteren 
inde stadts dienste, mits hueren loon die sy tot de stadts 
discretie laten, verhoepende dat hunen arbeyt ende subjectien 
zal worden ingesien; ende voorts dat totter stadts meeder ver- 
heeringe, soo als de mannier is, hun sullen alsulcken tabbaerts 
gegeven worden van die couleure die myn heeren sal 
believen. Dwelck doende etc... | inde marge stont gesien : zy 
gestelt in handen van den heeren tresoriers ende rentmeester 
deser stede ten eynde zy luyden hun informeren opden 
inhouden dese requeste ende daer aff rapport doen om 
t selvs gehoort voorts geordonneert te worden naer be- 
hooren. | actum xxx january 1606. onderteekent Paeffenroede. 
Onder stont noch gescreven etc. | gehoort rapport van den 
heeren van den weth onser stadt Mechelen in policye camer 
vergaederd zynde, hebben geaccepteert ende accepteren 
mits desen den supplianten in deser voors. stadt dienst als 
derselve stadt speeluyden op de gagien van xxxvi ghulden 
t jaers voor elcken van hunlieden te beginne te loopen te 
paeschen naestcomende, dies, zullen zy luyden, gehouden 
wesen hun int verseyde amt wel ende loffelyk te quyten 
volgende de reglementen hun te geven by gescrifte by den 
heeren tresoriers deser stede. Actum xx february 1606 my 
present onderteekent Paeffenroede. 
accordeert met den principaele 
J. Paeffenroede. 


(Correspondance du Magistrat, série IX, n° 2, fol. 92 
recto). 


Annexe n° 3 


Alsoe. Myn heeren deser wett. overmits der benouwtheyt 
des tyds in meyninghen zyn en geresolveert hebben van een 





222 LES MÉNESTRELS ET INSTRUMENTISTES A MALINES 


voirtane nyet meer dan vier stads speelluyden te gaigeren, 
soe eest dat de selve wett geaccordeert en getransporteert 
heeft byde deese suppl‘, de welcke onder hen nyet meer 
gagien hebben noch trecken en zullen dan wylen Matthies 
Braekeleer bynen syn leven alleene gehadt heeft. totter tyt 
en wylen datter ijemanden van stadt speellieden sal comen 
te failleren oft afflevich te worden en ijemandt van selven 
gestorven oft ghefailleert zynde zoe zullen deze supplie 
hebben en trecken alde volle en geheele gagie zoo als zij, 
d’andere speelluyden hebben indien datter alsdan maer 
vier stadsspeelide wesen en zullen. 


Annexe n° 4 


Aen de Borgmeesters, Tresoriers en Gemeyd’raet deser 
stadt. 


Gheven te kennen de stadt speelluyden hoe zyluyden 
ander tyt jaerlycs hebben gehadt een tabbaert laeken van 
der stadt als van hunluyde offijcie oft dienst weghe dwelck 
is gescorest en opghehouden is geweest eenen tyt van 
zeven jaren en de nu gemerckt dat sijluyde gesien hebben 
dat myn Eer. Heeren eenighe andere van der stadt officieren 
tabbaert laken ontfanghen hebben van myn Eer. heeren, 
soe eest dat syluijden oyck al nu versoeken der gelycker 
laken te hebben int myne Eer. heere goedt duucken. Want 
gemerckt als syluyden ghaen spelende voor eenighe ghulde 
oft andere dienst doende der stadt, dat alsdan eenighe buyte 
luyden sien, niet en weten oft wy van buyten syn oft van 
elders gehuert syn. Oft niet gemerckt wy gaen sonder abyt 
oft cleeringhe van dese stadt. Alzoe believe myne Eer. 
Heeren, ende uwer Eer heyt goet duencken begeeren de 
cleeringhe al noch te draeghen alsoo syluyd, eertyds hebben 
gedaen dat doende (1). 


(1) Année 1560. 


DE 1311 À 1790 223 





Annexe n° 5 


Ghegeven van iiij broken die de stad pipers draghen 
en de stad toebehoird die Matheus de silversmet ghemaect 
heeft; daer de stad toe ghegeven heeft, in zilver aen i scale 
aen ij goublette en aen i poeder pere, ij maerck en ij oncen 
xix ingl. zelvde marc, iiij & ix $ ij ingh. En in ghelde voir 
faetsoen om dat zy meer woghen vi & xi / xi / valet tsamen. 

x @ xii [ viii / det ij° sc. 

(Compte communal 1434-35). 


Annexe n° 6 


Betaelt M' Thibout henry, zilversmet van vyf broken te 
maken voor de spelieden vander stadt wegen tsamen x! ve 
afgetrocken de oude broken wegende vj! ve blyft iiij * cost 
elck marck iij £ waer van elcken stucke van faitsoene xxxv / 
compt met vij £ xviii / van een onche xv’ ingelsche fyn goud 
daer mede de voors. broken vergult zyn. Coste elck onche 
iiij £ x / comt tsamen op XXVIIj £ Xiti /. 

(Compte 1539-40, folio 223 recto). 


Annexe n° 7 


Engelbert bougaerts stadt speelman. 


Aen myne h. Heeren Borgemeesteren ende Commoing- 
meesters deser stadt. 


Verthoont ontmoedelyk Engelbert bougaerts als dat hy 
tsedert een jaer herrewaert alhier tot Mechelen is woon- 
achtich ende gecosen vaste domicilie hem occuperende ende 
exercerende daghelycx int gebruyckt ende usantie van ver- 
scheyden instrumenten tot dyen eynde hem dickels voegende 
met de speelieden der selver stadt in dienst der selver 
synde, het welck hy gheerne soude continueren ende tot 
dyen eynde by die gevoecht syn ende begrepen worden by 
myn h. heeren ende contentement verhopende soo int 





224 LES MÉNESTRELS ET INSTRUMENTISTES A MALINES 





particulier als in publieken diensten volle contentement 
te gheven. Biddende tot dyen effecte dat myne h. Heeren 
gelieve by appostille op dese hem supernumerael in de selve 
compagnie te willen admitteren onder ende mits huerlieden 
loon als myn h. Heeren discretie duncken sal syne conste 
te meriteren dwelck doende etc. 

Inde marge stont gesc. Myne heeren vandcr weth deser 
stadt Mechelen in policye camere vergadert synde om reden 
hen monerende aanveerden den suppliant als stadt speelman 
op dordinaris gagie daer toestaende sonder nochtans tselve 
te moghen trecken in consequentie ende inde verstande 
dat dierste plaetse die sal comen te vaceren, door 
aflyvich vertreck oft andersints van eenighe der stadt 
speeluyden, sal blyven gesupprimeert. 

Actum lesten decemb anno 1607 en was onderteekent 
Paeffenrode. | 

(Correspondance du Magistrat, série 9, n° 1, fol. 126 R.). 


Annexe n° 8 


Aen Mynheeren Comoinmrs scepenen en dekens, treso- 
riers ende raede des stede van Mechelen. 


Vertooge zeer oitmoedelyk met eerbiedinghe Marus, 
Jacques, Phls. ende Matheeus (1), speellieden deser stede, 
hoe sy supplianten des geleden ontrent onderhalf jaer, gelyck 
myneheeren wel Kennelyk ende indachtig is, met de Pioenen 
deser stede zyn gereyst van hier naer Vilvoirden ten haech- 
spele-ende aldaer gevaceert xi of xij dagen tot heure grooten 
coste ende verlette, ende nu onlancx geleden wederomme 
t'Antwerpen ten lantjuweele, ende aldaer bat dan dry weken 
gevaceert alomme myn heeren ende der gulden van de 
Pioenen eere bewaren alzoo hen supplianten lest moevelick 


() Ce sont les prénoms de : Marck Gheylens, Jacques de Wale, 
Philippe van Ranst et Matheus de Brakelere, 


DE {311 À 1790 225 





is geweest van welcke twee reysen zy suppleanten lutte 
of vele geprofiteert en hebben maer daerby groot verlet 
ende schade gehad hebben, terwylen zy te Vifvoirden ende 
Antwerpen gelegen hebben, van de bruyloften ende andere 
feesten te spelen alhier binnen Mechelen die zy om de zelve 
feesten ende stadt eere te bewaren hebben tot heuren groote 
schade ende achterdeele die gèl mynheeren wel te weten 
hen wyf en kinderen daer op t’huys den cost moeten geven, 
bittende daer oe myn Eer. heeren hen supplianten te doen 
eenighe recompense, regard nemende op de selve haere 
groote diensten en verletten die zy gedaen ende gehad 
hebben en zult wel doen. 

(Archives de Malines, repris par M. Van Melckebeke, dans 
sa Monographie sur la Chambre de Rhétorique De Peoene). 


Annexe n° 9 
Trompetter van der stadt 


Opten XIX maerte XV° sessentachentich soo syn de 
voorn, heeren tresoriers en rentmeesters veraccordeert en 
overcommen met Nicolaes Van den slype, trompetter, te 
weten dat de voofn. Van den slype van dacghe dat men 
voors. tot renoncerens toe zal houden de nachtwacht op 
Sinte Rombouts toren, zoo men van ouden tijden gewoen- 
lich is geweest te doene. Stekende oft blaesende alle uren 
de trompette en doende voorts alle andere debvoiren die 
een goede en getrouwen wachthouder schuldich is te doene, 
wWaer vooren den voors. heere van weghen deser stadt hem 
wekelicken belooft hebben te betaelen de somme van 
twee gulden thien stuivers, midts welcken loon cesseren 
sal zijn loon van publicatie te doene en andere emolu- 
menten bij zijne voors. salaris hem genoten, als van 
huyshuere, brant en etc. Actum. 

(Actes du Magistrat, série 2, n° 1, fol. 8 Recto). 





220 LES MÉNESTRELS ET INSTRUMENTISTES A MALINES 





Annexe n° 10 


Nova longeque elegantissima cithara ludenda carmina, 
cum gallica tum etiam germanica, Fantasiæ item, Passomezi 
Gailliarde, Branles, Almandes, etc. Nunc primum ex musica 
in usum citharæ traducta per Sebastianum Vreedman, 
Mechliniensem. His accessit luculenta quædam et perutilis 
institutio qua quisque citra alicujus subsidium artem 
chitarisandi facillime persipiet. — Lovanii excudebat Petrus 
Phalesius, typographus juratus, anno 1569, in 4° 

Carmina quæ Cythara pulsantur Liber secundus, in 
quo selectissima quæque et jucunda carmina continentur. 
ut Passomezi; Gaillardes, Bransles, Alemandes, et alia ejus 
generis permulta quæ sua dulcedine auditorum animos mire 
oblectant. Nunc prinum summa qua fieri potuit facilitate in 
tyronum suum per Sebastiænum Vreedman, Mechliniensem, 
composita — Lovanii, excudebat Petrus Phalesius, typo- 
graphus juratus. Anno 1569, in 4°. 

(A. GoovaERTS, #ist. de la typ. musicale). 


Annexe n° il 


Ordonnantie voor de speellieden bij mijne heeren van 
der weth. bij provisie geaccepteert op de gagien van XXXVI 
gulden ’s jaers, en dienst van der stadt speellieden voor 
elcken van henlieden ingaende den XXVIIT sten Martii 1606. 


lerst sullen alle de seive speellieden gehouden wesen 
mette cornetten ende andere diergelijcke instrumenten te 
spelen, onder de musicke, in alle solemnele missen dewelcke 
doer laste van mijnen heeren van de weth binnen dese stadt 
sullen gecelebreert wordden. 

Sullen oock gehouden wesen all ’t samen te spelen opt 
stadthuys met schalmijen, trompetten ende andere instru- 
menten daartoe dienende, ter meeste vereeringhe deser 
stede, alle sondaghe, heilichdaghen, saterdaghen, op alle 


DE 1311 À 1700 227 





blijde avonden, als Mertens misse, nieuwe jaers avondt, 
derthienavond ende vastenavont, telcken een halve ure 
geduerende, beginende van elff uren tot halff twelff uren op 
de noene; op pene van thien stuyvers telcker rijse te ver- 
beuren bij den defaillant, ten ware hij daar van consent had 
van den Heeren tresoriers oft rentmeesters oft ten minsten 
van den superintendent van de selve spelieden. 

Ende opdat int spelen van der musicke goed accord 
gehouden wordde sullen dezelve speellieden gehouden wesen, 
in ’t spel der stadt aengaende, te obedieren, ende hen te 
reguleren volgens d’ordre van den genen, den welcken mijne 
Heeren tot der superintendentie van dijen sullen commiteren, 
waer toe de selve Heeren bij provisie mits desen commiteren, 
Christiaen Daens. 

De post is in januario 1609 bij mijne heeren gecommi- 
teert tot der superintendentie Engelbert Bougaerts in plaetse 
van Christiaen Daems (1). 

Sullen oock alle de selve speellieden gehouden wesen 
ten minste twee reysen ter weken samen te vergaderen, 
ende alsoo gesameder handt instructie te nemen opde 
veranderinghe van der musicke. 

Item oft mijne Heeren beliefde (tot recreatie van 
eenighe maeltijd diemen collegialiter van deser stadts- 
weghen soude moghen houden) te hebben musicke, sullen 
alsdan gehouden wesen aldaer te komen spelen, tsij op 
snaerspel, fluyten oft andere instrumenten, ter begeerte van 
Mijnen heeren. 

Ende oft Mijne Heeren om eenighe redenen (tzij van 
onWillighen oft kwaeden dienst, twiste oft andere oirzaeken) 
beliefde eenighe van hun te licentieren, sullen te selve ver- 
mogen te doene, ende andere in hunne plaetse stellen naer 
hunne goede geliefde. 

Ende sullen voorts zonder eenigh refus ofte weyghe- 


(1) Se trouve en marge dans la pièce officielle. 


ER =: 








228 LES MÉNESTRELS ET INSTRUMENTISTES A MALINES 








ringhe gehouden wesen op redelijcken salaris op alle andere 
tijden hun gereed te houden, om met hunne instrumenten te 
spelen, telcken alst hun van weghe Mijne Heeren van de 
weth deser stadt Mechelen geordoneert sal worden. 

Onder stondt geschreven bij de handt van den 
sekretaris Paeffenrode : | 

Actum in policye kamer der stadt Mechelen desen 
XXIIen Maïe XVI: ses. 

(Archives : Actes du Magistrat, série Il, n° 1, fol. 132 R.) 


Annexe n° 12 


Opten XIVden Aprilis vyfthien hondert drij en tachetich 
soe hebben Heer Andries Couthals ende Heer Ph!s van den 
Kerckhove van nieuws aanveerd als stadstrompetter Niclaes 
van den Slijpen, te voren gecasseerd hebbende, bij consente 
van den selven van den Slijpen, alsulcken voirgaende contract 
daer op schoutheyt ende de voirgaende tresoriers, opten 
XVII juny LXXXI met hem overnemen waren, ende dat 
bij redene van misverstande in ’t selve contract gebruyckt 
als breeder in dorso van denselve contracte onder den 
voorseyde van den Slijpen berustende vermeldt wordt. 

(Actes du Magistrat, registre, série I, n° 4, fol. 88 V, 
Malines). 


Annexe n° 13 


Conditiie waerop gejond is aen Pauwel van Noten als 
wachter van Sinte Rombouts thoren als nachtwachter. 

Overmidts de aflijvigheyt van Andries de Pastorana is 
alsoo bij het consent van de Heeren tresoriers in policije 
camere gejont trompettersschap var den nachtwachter van 
Sint Rombouts thoren aen Pauwels van Noten opden XVIJden 
november XVI: negen en vijftigh, soo hebben de voorseyde 
Heeren tresoriers Jo‘ Jan van der Hoeven ende Jo® Jan 
Anthoni des Mares aen hem in handen gestelt den sleutel 


DE 1311 A 1790 229 





van den voorseyden thooren boven aen de derde croon, om 
daer op te laeten alle lieden van conditie opde emolumenten 
daer van dependeerende, mits hij hen verobligeeren alle de 
wecken boven in zulcken staat te onderhouden, soo van 
ijserwerck, schaliën, etc. als die sullen bevonden wesen 
gelevert te worden den vyfthienden julij toecomenden. 

Actum den derden july. XVI° tsestich onderteekent : 
Van de Wiele. 

(Actes du Magistrat, registre série Il, n° 2, fol. 76 R.) 











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P\ABEE ONONASTIQUE 


M. C. — ménestrel communal. 
M. = ménestrel. 
Les mots en italiques sont des roms de localités (1). 


PRET Ole FT 


A 


Aerts, Ghysbrecht, m., 142. 

Aertselaer, 178. 

Agricola, musicol., 142. 

Aken, Corneille van, m., 137. 
Alamier, Pierre, calligr., 161. : À | 
Albert, duc de Saxe, 214. 1 
Albert, archiduc, 138. ? 
Allemagne, musiciens d’, 215. 

Alost, 176, 181, 216. 

Amerechts, Nicolas, m., 211. | 
Anglais, m., 217. | 
Angleterre, 213. 

Anvers, 142, 143, 145, 164, 176, 181, 186, 216. 

Aubry, Pierre, musicol., 2, 50, 134, 182. 

Audenarde, 168. 

Auguste (maître), chantre, 214. 

Auguste (maître), cornettiste, 216. 

Augustin (maître), luthiste, 215. 

Autriche, Eléonore (d’). 186. 

Autriche, Marguerite (d’), 161, 183, 196, 214, 216. 


B 


Bade, Marckgrave de, 213. 

Baden, duc de, 214. 

Battel, 180. 

Battel, van, peintre, 176. 

Beke, Jan van der, tambour, 210. 

Berlaer, 178. 

Biels, Lauwer ou Lauke, veilleur, 198, 2o1. 
Bleeckere, Jan de, alias Liekercke, ménest. comm., 205, 210. 
Boeghen, Jan, m. c., 204. 

Boeghout, seigneur de, 2r2. 

Borgher ou Borger, Aerdt, artus, m. C., 138, 208, 220. 








(1) Nous avons omis de mentionner Malines, le nom de cette localité revenant 
presqu'à chaque page. (0 


Il LES MÉNESTRELS ET INSTRUMENTISTES A MALINES 





Bouchout, seigneur de, 172, 175. 

Bougaerts ou Bogaerts, Englebert, m. c., 18, 35, 40, 91, 95, 150, 167, 
172, 200, 223, 1227. 

Boughere, Herman de, ménestrel, 212. 

Bourgogne, duc Jean de, 181. 

Bourgogne, duc de, 212. 

Bourgogne, maréchal de, 2r2. 

Bourgogne, duchesse Marie de, 213. 

Bovijn, Sébastien de, m. c., 138, 208. 

Boveyne ou Boreyne, Jacquemaer, m. C., 198. 

Boytke, ménestrel, 210. 

Brabant, 145. 

Brabant, duchesse de, 175, 213. 

Braekeleer, Mathias de, m. c., 150, 162, 207, 222, 224. 

Brandebourg, Marckgr. de, 215. 

Brande, Antoine van den, facteur d'instruments, 162. 

Breda, 213. 

Brême, trompette de, 213. 

Breeme, Wouter, ménestrel, 212. 

Brehon Maillet, ménestrel, 135. 

Brias, veilleur tromp., 141, 155, 163, 191, 192, 193, 194, 195. 

Brias, Augustin, veilleur tromp., 192, 200. 

Brias, Guillaume, tromp. veill., 200. 

Brias, Jac.-Em., tromp. veill., 193. 200. 

Brias, Jac.-Franc.. tromp. veill., 200. 

Brias, Pierre, tromp. veill., 200. 

Bricquegnvy, Philibert de, basson, 210. 

Brissere, Jan de, trompette, 205, 210. 

Broecke, Arnold van den, hautboïste, 211. 

Broecke, Hubert van den, m. c., 161, 205. 

Broecke, R. van den, ménest., 180. 

Bruges, 143, 144, 158, 160, 162, 175, 180, 183, 212, 213, 216. 

Brunswick, duc de, 215. 

Brunetti, musicien, 218. 

Bruseghem, Jan van, ménestrel, 212. 

Brussel, Joris de piper van, m. c. 

Bruxelles, 137, 143, 156, 175, 176, 177, 181, 212, 213, 216. 

Bruyne, Chrétien de, peintre, 152. 

Bruynhoven, Sébastien, m. c., 220. 

Burbure, L. de, musicol., 142. 


C 


Calais, 213. 

Caldron, don Rodrigo de, 217. 
Calkene, Jan van, veill. tromp., 108. 
Cambrai, 189, 216. 

Camp, Gommaire van, veilleur, 200. 
Camme, Willem de, veill. tromp., 198. 
Cakelaer, Nicolas, ménestrel, 211. 


DE 1311 A 1790 


IT 








Cantrijp, Franz, musicien, 211, 212. 
Cantrijn, J., instrumentiste, 212. 
Canis, Corneille, composit., 168. 

Cart ou Cort, Romaïin de, tromp., 200. 


Cart ou Cort, Joseph de, tromp. veill., :63, 189, 200. 


Carlier, Ambroise, music., 210. 
Casteele, D. vande, musicologue, 143. 
Castille, roi de, 215. 

Cassier, J., music. 211. 

Cassier, Gaspard, mus., 211. 
Cavallieri, Emilio del, compos., 184. 
Charles-Quint, 188, 215. 

Charli ou Charlon, tambourin, 214. 
Chatillon, Jean II de, 162. 

Cheze ou Chece, Jan van den, veilleur, 200. 
Chien, le, 166. 

Clause, veilleur, 200. 

Cléves T44, 212; 213, 215- 


Cocquil ou Coquil, Nicolas, ménestrel, 137, 210, 220. 


Cocquil, Jacques, ménestrel, 210. 
Coens, ménestrel, 180, 209. 

Coentse ou Coense, veilleur, 170, 201. 
Colffs, Daniel, basson, 211. 

Colffs, Léonard, basson, 210. 

Cologne, évêque de, 212, 213. 

Contich, 178. 

Conijn, Gilles, m. c., 204. 

Contin, Jan, m.c:, 167, 203. 

Cools, Adrien, m. c., 167, 180, 203. 
Cools, Jean, m. c., 161. 

Cools, Martin, m. c., 202. 

Coselinus, Jan, chef des hautbois, 211. 
Courtrai, 158. 

Crécquillon, Thomas, compos., 169. 
Croen, Willem, trompette, 198, 209. 
Croys, Hendrick, ménestrel, 210. 
Cruninghen (maitre), Willem van, ménestrel, 272. 
Cruyemers, Hendrick, m. c., 163, 205. 
Cuper, Joris de, m. c., 202. 

Cuveus, Jean, ménestrel, 211. 


D 


Daems, Chrétien, m. c., 138, 172, 208, 220, 227. 
Damme, Gillis van den, 199, 21. 

Damme, Jan van den, ménestrel, 199, 201, 210. 
Damme, Peter van den, veilleur, 199, 2o1. 
Delft, Jan van, ménestrel, 200. 

Diederic, ménestrel bruxellois, 213. 

Diest, Baptist van, tambour, 210. 


| 





IV LES MÉNESTRELS ET INSTRUMENTISTES A MALINES 





Drayer, les frères, luthistes, 209. 

Dresde, 167. 

Driest, Driese ou Driessche, Jan van den, veilleur, 207. 
Dublin, veilleur 194. 

Dublin, 135. 

Due, Willem, tromp., 198, 209. 

Dusart, Thomas, trompette, 145. 

Dussek, pianiste compos., 218. 

Duyse, Flor. van, musicologue, 133. 


E 


Eeclo0, 216. 

Ecosse, 215. 

Engelen, Jérémie van, hautbois, 211. 

Ens, Joscph, van, tambour, 211. 

Ens, Franc. van, tambour, 211. 

Erkeneer, Diederic ou Vrederic, trompette, 2ot. 
Ernest, archiduc, 217. 

Ertvelde, 216. 

Essenbach, Georges, basson, serpent., 212. 
Esser, Michel, musicien, 218. 

Espagne, 184. 

Everghem, 216. 

Eyghem, 216. 

Eynde, J.-B. van den, basson, 211. 


F 


Famaro, gouverneur, 217. 
Fasseur, Andries, mus., 211. 
Fabry, Remond, tambourin, 215. 
Fausset, Jan m. c., 203. 
Fernando, don, 216. 

Flandre, 145, 212. 

Flood, W.-H. Grattan, musicol., 135. 
France, 214. 

François Ier, 216. 

Françoys, Thomaes, veilleur, 198. 
Fransen, veilleur, 199. 

. Fryon, H., ménestrel, 146, 210. 


G 


Gaire, monsieur de, 215. 

Gabriels, ménestrel, 7°. 

Galrant, Giellet, ménestrel, 190. 
Gand, 167, 183. 213, 214,215, 216, 217. 
Garzias, comte de, 217. 

Georges, duc de Saxe, 214. 

Gheert, veilleur, 198. 

Ghend, Jorys van, veilleur, 201. 


DE 1311 A 1790 











Gheylens, Marck, m. c., 205, 214. 
Ghysbrecht, luthiste, 210. 

Giellis, veilleur, 198. 

Gielys de piper van Brussel, m. c., 202. 
Gillots, Jan, trompette, 144, 148, 163, 199, 202. 
Goddec, Jacob, m. c., 203. 

Gombert, Nicolas, compos., 160. 

Goovaerts, Alph., musicologue, 145. 

Goubet, Reymondt, alias Moppuy, m. c., 206. 
Goyers, 200. 

Grammont, 216. 

Grégoir, Ed., musicologue, 142. 

Grève, Peter de, veilleur, 190. 

Grève, L. de, veilleur, 190. 

Grilkaer, Geert, veilleur, 108. 

Grilkaer, Griellet, veilleur, 198, 199. 
Grumeghem, 216. 

Gulck, duc de, 214. 


Hainaut, duc d’, 146, 175, 212. 

Haas, Jean-Guill., facteur d’'instr., 166. 
Hal, 216. 

Hans, trompette, 213. 

Hansbeke, Jan van, orfèvre, 153. 
Haze, Peter den, facteur d’instr., 160. 
Helvigius, Fredericus, musicien, 142. 
Henrich, Hans, cornettiste, 210. 
Henry } Thibout, } 

Henricx Ÿ Thibault, ÿ orfèvre, 154, 223. 
Herenthals, Jan van, tromp., 198, 210. 
Hesrud, Richard de, m. c., 206. 

Hesse, landgrave de, 214. 

Heywoot ou Heywood, music., 216. 
Heynd, ménestrel, 146. 

Hochbrucker, harpiste, 218. 
Hollander, Jan de, peintre, 152. 

Hont, Hans de, facteur d'instruments, 164. 
Hongrie, 215. 

Hooghstraeten, comte de, 215. 
Hooghstraete, Jan, tambourin, 205. 
Hornen, Pierre van, facteur d'instruments, 163. 
Hubrecht, cordonnier, 154. 

Hulst, 216. 


I 


Imbrechts, Nicolas, ménestrel, 139, 172, 211. 
Isabelle, archiduchesse, 138. 
Iteghem, 178. 





VI LES MÉNESTRELS ET INSTRUMENTISTES A MALINES 





J 


Jan, vedel, Koning, 2r2. 

Jan (meester), ménestrel, 146, 210. 

Janne, de wachter, veilleur, 198. 

Jacob (meester), ménestrel, 146, 210. 

Janssone, Hend., m. c., 160, 199, 2o1. 

Janssone ou Janssens, Nicolas, ménestrel, 150, 208. 
Jans, Rommond, ménestrel, 210. 

Jacob de Wachter, veilleur, 198. 

Joseph II, 178, 217. 

Justin, joueur de bombarde, 209, 213. 


K 


Kemel, Vrancke, m. c., 203. 

Kennis, Gommaire, musicien, 271. 

Kiete, Rom., flûte, 209. 

Kincom ou Kynkom, Jan van, m. C., 149, 199, 202, 205. 
» » » Anthonis van, m. C., 180, 181, 205. 

Kinkom, Joos van, m. c., 203. 


s F 


Lafosse, Gielet, veilleur, 190. 

Langhe, Aerdt, joueur de guiterne, 209. 
Lanseloot, veilleur, 199, 2o1. 

Lara, don Juan Mauricque de, 217. 
Laten, Jan van, veilleur, 198. 

Lechien, Jean, facteur d'instruments, 164. 
Lefebvre, musicologue, 134. 

Leipzig, 135. 

Lenaert, luthiste, 214, 215. 

Lenaert, tambourin, 213. 

Lent, van, ménestrel, 210. 

LICDE, 212 0213; 214. 

Liekercke, ménestrel, 146, 205, 210. 
Lieckerke, Jan van, alias de Bleeckere, ménestrel, 205. 
Lille 134,0216. 

Lippens, Josen, veilleur, 199. 

Lippelno, 216. 

Loenes, Jan, ménestrel, 210. 

Londres, 216. 

Loon, Anthonis van, cornettiste, 210. 
Lorraine, 217. 

Louis XV, 217. 

Louvain, 144, 168, 176, 181, 191, 213, 216. 
Lupeghem ou Luypeghem, Thamas van, m. C., 160, 180, 202. 
Lubec, 213. 

Lupi, Jan, 160. 

Lupo, Petro, facteur, d'instruments, 162. 


DE 1311 A 1770 VII 





M 


Maghet ou Maget, Jac., veilleur, 199. 

Madrid, 141. 

Malle, Matheus van, m. C., 160, 161, 201. 
Malpene, Jan, ménestrel, 146, 210. 

Matheus. orfrèvre, 153, 223. 

Mathijs, Joncker, trompette, 217. 

Mathijs (meester), ménestrel, 212. 

Mathijs, Cornelis, m. c., 180, 203. 
Meenssone, Jan, m. c., 202. 

Mendeke, Jan, veilleur, 201, 210. 

Ménil, de, 184. 

Mertens, G., musicien, 212. 

Mertens, P., musicien, 212. 

Meynke, Gheraerd, trompette, 209. 

Michelet, tambourin, 214, 215, 216. 

Moer, Henr. van der, facteur d'instruments, 162. 
Mommaerts, Francken, 191. 

Mons, 216. 

Monteverde, compositeur, 157, 185. 

Moppuy, Reymondt, alias Goubet, m. c., 206. 
Mortaengien, seigneur de, 213. 

Mussce ou Mussche, Hendrick ou Henne, veilleur, 198. 


N 


Naegel, Naeghel, Naghele (meester Hans), m. C., 149, 161, 204. 
Nassau, prince de, 213, 214. 

Namen, J.-B. van, 191. 

Neutjens, veilleur, 200. 

Nicasius (maître), ménestrel, 142. 

Noten, Paulus van, veilleur, 199, 223, 228. 

Notere, Roger de, m. c., 205. 

Nurenberg, 155. 


Oliviers, Hendrick, m. c., 205. 

Op de Beecke, Jean, m., 138. 

Ophem, Jan vau, orfèvre, 154. 

Oriaen, St, 216. 

Overyssche, Hendrick van, veilleur, 198, 2o1. 
Ovorst, Corneille van, instrumentiste, 211. 
Oudenhoven, Jan van, basson, 210. 


P 


Paeffenrode, 139, 174. 

Pamele, Ph. van, cornettiste, 210. 

Pastoraen ou Pestoraen, Andries, veilleur, 199, 228. 
Peeters (maître Jean), facteur d'instruments, 162. 


VIN LES MÉNESTRELS ET INSTRUMENTISTES A MALINES 








Persoons, Bartholomé, trompette, 210. 
Peryno, tambour, 216. 

Phalèse, Pierre, typogr. mus., 226. 
Philippe le Bon, 212, 214. 
Philippe II, 152. 

Pichot, tambourin, 216. 

Piper, Adr. de, ménestrel, 199, 201. 
Piper, Jan, veilleur, 201. 

Piper, Justyn de, bombarde, 209. 
Pirke, ménestrel, 210. 

Pocorny, musicien, 217. 

Poirhie, tambourin, 216. 

Polack, musicien, 218. 

Polet, Andries, ménestrel, 203. 
Poortghinder, tambourin, 214. 
Portier, tambourin, 214. 

Pra, Jos., flûtiste, 211. 

Prætorius, musicologue, 157. 
Provene, van, gouverneur, 190. 
Putte, Peter van de, 199. 

Pyper, Diederic de, ménestrel, 209. 


Q 


Quintens, Jan, tambour, 210. 
Quintens, Franc., tambour, 210. 


Ranetier, Jacop, m. c., 203. 

Ranst, Aert, van, m. C., 207. 

Ranst, Philippe, van, m. C., 137, 150, 184, 206, 224. 
Raoux, Philippe, musicien, 211. 
Rakeman, mus. compos., 217. 

Raps, Ger., hautbois, 211. 

Ravestein, monsieur de, 215. 

Reeze, Geerd de, music., 210. 

Regaert, V., joueur de viole, 211. 

Regard, Jean, music., 138. 

Reinkast, chef de musiciens, 217. 

Remi ou Remere, veilleur, 198. 

Rieman, H., musicologue, 184. 

Robbijns, Joos, trompette, 210. 

Roest, Aerd de, ménestrel, 210. 

Rommond de tromper, 209. 

Romains, roi des, 214. 

Rore, Cypr. de, compos., 168. 

Rumelant, Gillis, trompette, 210. 


S 


Savoie, duchesse de, 215. 
Saxe, duc de, 214. 


DE 1311 A 1790 





Gheylens, Marck, m. c., 205, 214. 
Ghysbrecht, luthiste, 210. 

Giellis, veilleur, 198. 

Gielys de piper van Brussel, m. c., 202. 
Gillots, Jan, trompette, 144, 148, 163, 199, 202. 
Goddec, Jacob, m. c., 203. 

Gombert, Nicolas, compos., 169. 

Goovaerts, Alph., musicologue, 145. 

Goubet, Reymondt, alias Moppuy, m. c., 206. 
Goyers, 200. 

Grammont, 216. 

Grégoir, Ed., musicologue, 142. 

Grève, Peter de, veilleur, 199. 

Grève, L. de, veilleur, 190. 

Grilkaer, Geert, veilleur, 198. 

Grilkaer, Griellet, veilleur, 198, 190. 
Grumeghem, 216. 

Gulck, duc de, 214. 


Hainaut, duc d', 146, 175, 212. 

Haas, Jean-Guill., facteur d’instr., 166. 
Hal, 216. 

Hans, trompette, 213. 

Hansbeke, Jan van, orfèvre, 153. 
Haze, Peter den, facteur d’instr., 160. 
Helvigius, Fredericus, musicien, 142. 
Henrich, Hans, cornettiste, 210. 
Henry }) Thibout, } : 

Henricx À Thibault, j 0rfèvre, 154, 223. 
Herenthals, Jan van, tromp., 198, 210. 
Hesrud, Richard de, m. c., 206. 

Hesse, landgrave de, 214. 

Heywoot ou Heywood, music., 216. 
Heynd, ménestrel, 146. 

Hochbrucker, harpiste, 218. 
Hollander, Jan de, peintre, 152. 

Hont, Hans de, facteur d'instruments, 164. 
Hongrie, 215. 

Hooghstraeten, comte de, 215. 
Hooghstraete, Jan, tambourin, 205. 
Hornen, Pierre van, facteur d'instruments, 163. 
Hubrecht, cordonnier, 154. 

Hulst, 216. 


I 


Imbrechts, Nicolas, ménestrel, 139, 172, 211. 
Isabelle, archiduchesse, 138. 
iteghem, 178. 


VI LES MÉNESTRELS ET INSTRUMENTISTES A MALINES 





J 


Jan, vedel, Koning, 212. 

Jan (meester), ménestrel, 146, 210. 

Janne, de wachter, veilleur, 198. 

Jacob (meester), ménestrel, 146, 210. 

Janssone, Hend., m. c., 160, 199, 2o1. 

Janssone ou Janssens, Nicolas, ménestrel, 150, 208. 
Jans, Rommond, ménestrel, 210. 

Jacob de Wachter, veilleur, 198. 

Joseph II, 178, 217. 

Justin, joueur de bombarde, 209, 213. 


K 


Kemel, Vrancke, m. c., 203. 

Kennis, Gommaire, musicien, 211. 

Kiete, Rom., flûte, 209. 

Kincom ou Kynkom, Jan van, m. C., 149, 199, 202, 205. 
» » » Anthonis van, m. C., 180, 181, 205. 

Kinkom, Joos van, m. c., 203. 


L 


Lafosse, Gielet, veilleur, 190. 

Langhe, Aerdt, joueur de guiterne, 209. 
Lanseloot, veilleur, 199, 2or. 

Lara, don Juan Mauricque de, 217. 
Laten, Jan van, veilleur, 198. 

Lechien, Jean, facteur d’instruments, 164. 
Lefebvre, musicologue, 134. 

Leipzig, 135. 

Lenaert, luthiste, 214, 215. 

Lenaert, tambourin, 213. 

Lent, van, ménestrel, 210. 

Liège, 212, 213, 214. 

Liekercke, ménestrel, 146, 205, 210. 
Lieckerke, Jan van, alias de Bleeckere, ménestrel, 205. 
Lille, 134, -21:6. 

Lippens, Josen, veilleur, 190. 

Lippelno, 216. 

Loenes, Jan, ménestrel, 210. 

Londres, 216. 

Loon, Anthonis van, cornettiste, 210. 
Lorraine, 217. 

Louis XV, 217. 

Louvain, 144, 168, 176, 181, 191, 213, 216. 
Lupeghem ou Luypeghem, Thamas van, m. c., 160, 180, 202. 
Lubec,V213. 

Lupi, Jan, 169. 

Lupo, Petro, facteur, d'instruments, 162. 


DE 1311 A 1770 VII 


M 


Maghet ou Maget, Jac., veilleur, 199. 

Madrid, 141. 

Malle, Matheus van, m. C., 160, 161, 2o1. 
Malpene, Jan, ménestrel, 146, 210. 

Matheus, orfrèvre, 153, 223. 

Mathijs, Joncker, trompette, 217. 

Mathijs (meester), ménestrel, 2172. 

Mathijs, Cornelis, m. c., 180, 203. 
Meenssone, Jan, m. C., 202. 

Mendeke, Jan, veilleur, 2071, 210. 

Ménil, de, 184. 

Mertens, G., musicien, 212. 

Mertens, P., musicien, 212. 

Meynke, Gheraerd, trompette, 209. 

Michelet, tambourin, 214, 215, 216. 

Moer, Henr. van der, facteur d'instruments, 162. 
Mommaerts, Francken, 191. 

Mons, 216. 

Monteverde, compositeur, 157, 185. 

Moppuy, Reymondt, alias Goubet, m. c., 206. 
Mortaengien, seigneur de, 213. 

Mussce ou Mussche, Hendrick ou Henne, veilleur, 198. 


N 


Naegel, Naeghel, Naghele (meester Hans), m. C., 149, 161, 204. 
Nassau, prince de, 213, 214. 

Namen, J.-B. van, 191. 

Neutjens, veilleur, 200. 

Nicasius (maître), ménestrel, 142. 

Noten, Paulus van, veilleur, 199, 223, 228. 

Notere, Roger de, m. c., 205. 

Nurenberg, 155. 


Oo 


Oliviers, Hendrick, m. c., 205. 

Op de Beecke, Jean, m., 138. 

Ophem, Jan van, orfèvre, 154. 

Oriaen, St, 216. 

Overyssche, Hendrick van, veilleur, 198, 2ot. 
Ovorst, Corneille van, instrumentiste, 211. 
Oudenhoven, Jan van, basson, 210. 


P 


Paeffenrode, 139, 174. 

Pamele, Ph. van, cornettiste, 210. 

Pastoraen ou Pestoraen, Andries, veilleur, 199, 228. 
Peeters (maître Jean), facteur d'instruments, 162. 


VII LES MÉNESTRELS ET INSTRUMENTISTES A MALINES 





Persoons, Bartholomé, trompette, 210. 
Peryno, tambour, 216. 

Phalèse, Pierre, typogr. mus., 226. 
Philippe le Bon, 212, 214. 
Philippe Il, 152. 

Pichot, tambourin, 216. 

Piper, Adr. de, ménestrel, 199, 201. 
Piper, Jan, veilleur, 201. 

Piper, Justyn de, bombarde, 200. 
Pirke, ménestrel, 210. 

Pocorny, musicien, 217. 

Poirhie, tambourin, 216. 

Polack, musicien, 218. 

Polet, Andries, ménestrel, 203. 
Poortghinder, tambourin, 214. 
Portier, tambourin, 214. 

Pra, Jos., flütiste, 211. 

Prætorius, musicologue, 157. 
Provene, van, gouverneur, 190. 
Putte, Peter van de, 109. 

Pyper, Diederic de, ménestrel, 209. 


Q 


Quintens, Jan, tambour, 210. 


et 
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Quintens, Franc., tambour, 210. 
R 


Ranetier, Jacop, m. c., 203. 
Ranst, Aert, van, m. C., 207. 
Ranst, Philippe, van, m. c., 137, 150, 184, 206, 224. 
Raoux, Philippe, musicien, 211. 
Rakeman, mus. compos., 217. 
Raps, Ger., hautbois, 211. 
Ravestein, monsieur de, 215. 
Reeze, Geerd de, music., 210. 
Regaert, V., joueur de viole, 211. 
Regard, Jean, music., 138. 
Reinkast, chef de musiciens, 217. 
Remi ou Remere, veilleur, 198. 
Rieman, H., musicologue, 184. 
Robbijns, Joos, trompette, 210. 
Roest, Aerd de, ménestrel, 210. 
Rommond de tromper, 209. 
Romains, roi des, 214. 

Rore, Cypr. de, compos., 168. 
Rumelant, Gillis, trompette, 210. 


S 


Savoie, duchesse de, 215. 
Saxe, duc de, 214. 


DE 1311 A 1790 





Schellens, chroniqueur, 193. 
Scheppers, J.-B., musicien, 211. 
Sebastiaen, ménestrel, 210. 

Seynke, tromp., 209. 

Simonis, tromp.-veilleur, 163, 164, 1909. 


Slijpen, Nicolas van, tromp.-veilleur, 199, 225, 228. 


Slijpen, Jan van, tromp.-veilleur, 199. 
Smets, H., ménestrel, 211. 

Smets, Melchior, hautbois, 210. 
Spaepen, Adrien, veilleur-tromp., 199. 
Spruyt, veilleur, 194. 

Starck ou Sterck, Franc., musicien, 211. 
Sterck, Th., musicien, 2r2. 

Steenhuyse, 216. 

Stekene, 216. 

Steynemolen, Jan van, orfèvre, 154. 
Steynemolen, Zeghere van, orfèvre, 153, 154. 
Straeten, Edm. van der, 142, 157. 
Streittner, Jac., hautb., 2r1. 

Streittner, Franc., hautb., 211. 
Streittner, Pierre, hautb., 211. 

Susato, typ. mus., 145, 168, 169. 


T 


Tamise, 216. 

Thomas, C.-F., instrumentiste, 211. 
Thort, H., trompette, 212. 

Termonde, 144, 175, 176, 177, 180, 181, 213, 216. 
Trèves, 213. 

Tricht, van, trompette, 200. 

Troye, Giellet de, veilleur, 190. 
Tsamen, Pierrard, veilleur, 198. 
Tuerlinckx, compos. 195. 

Tuti, Simon, facteur (2), 161. 

Tijs, veilleur, 198. 

Tzeynken ou Seynken, trompette, 200. 


U 
Utrecht, 142, 145, 213. 
v 


Valkenborgh, 160, 213. 

Vasseur, Rombout, musicien, 187. 211. 
Velasco, don Louis de, 217. 

Velde, Peter van den, m. ©, 202. 
Verhuyck, Jan, peintre, 152. 
Vermeulen, Jac., hautbois, 211. 
Vermeren, L.-G., music., 211. 
Versluysen, Judocus, hautbois, 211. 


X LES MÉNESTRELS ET INSTRUMENTISTES A MALINES 





Vilvorde, 186, 216. 

Virdung, musiCOgr., 142. 

Vlieberghen, Charles van, hautbois, 202, 2r1. 
Vreedman, Sébastien, ménestrel, 210, 226. 
Volckaert, timbalier, 210. 

Volckaert, Joris, m. c., 137, 150, 208. 
Voorhout, seigneur de, 213. 

Voske, joueur de guiterne, 209. 

Vossein, R., musicien, 211. 

Vijn, Cornelis, m. c., 202. 

Vysschere, Jan de, peintre, 176. 


ww 


Wael, Hans de, m. c., 138, 208, 220. 

Wael, Jan de, ménestrel, 210. 

Waes, pays de, 213. 

Wale, Jacop de, m. c., 199, 206, 224. 
Wasielewski, W.-J. von, musicologue, 142, 167. 
Werner, Friederich, music., 167. 

Werbeke, van, veilleur, 2o1. 

Wesemael, seigneur de, 175, 212. 

Weyborch, Peter, trompette, 162. 

Wiemes, Hans (meester), m. c., 138, 141, 150, 151, 187, 198, 208, 220. 
Wiers, Floris, tromp.-veilleur, 199. 

Willem, de wachter, 199. 

Winckele, Jan van den, m. c., 204. 
Woeringhe, Chrétien van, 176. 

Wolff, P.-J. de, music., 211. 

Wustmann, G., musicologue, 135. 


Y 
Yeteghem, Daniel van, orfèvre, 153. 
Z 


Zeendeke, ménestrel, 210. 
Zele, 216. 
Zeynken (t), trompette, 209. 





TABLE DES MATIÈRES 





Pages 
Cap. |. — Généralités . à : : ; ; ; : RSS 
CHar. II. — Veilleurs de Tour et ménestrels communaux, 
aux gages de la ville de Malines. 
A. Traitement . , : , ; ; ; .."TAS 
B- Habits: ; ; : ; 2 à L OTOT 
G'Colliers … Ë : : : : s : MES) 
D. Instruments . : : : : é . 10 
E. Fonctions : : : ; L : : . 170 
Cap. III. — Listes des veilleurs et ménestrels communaux, 
aux gages de la ville de Malines. 
A. Veilleurs de St-Rombaut . ; : ; . 198 
B. » » Notre-Dame . 3 ë . 200 
C. Ménestrels communaux ; : 3 : 207 
Cuar. IV. — Musiciens-instrumentistes établis à Malines sans 
gages fixes : x ; : : : : : : . 209 
Cap. V. — Musiciens de passage à Malines . : ; . “212 
Annexes . ï : : ; : : ! ; L - -" 220 


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Fig. 1. — Henri vAN DEN BROECK, L’Adoration des Mages (Pérouse, Pinacothèque). 
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Der Maler Heinrich van den Broeck 
AUS MECHELN 


VON WALTER BOMBE, PRIVATDOZENT AN DER UNIVERSITÂT 


ZU MÜNCHEN (WESTPHALIEN) 


Le peintre Henri van den Broeck de Malines 


(Traduction sommaire avec note additionnelle) 


Me Es œuvres d'artistes flamands étaient tenues 
j en grande estime en Italie, au xv° siècle. 
Toutefois ne connaît-on que Roger van der 
à Weydenet Juste de Gand, qui aient séjournés 
alors un certain temps dans ces contrées. Au siècle 
suivant, l'exode d'artistes du Nord gagna en importance 
tout en étant plus fréquent. Travaillés qu'ils étaient 
par l'esprit d'aventures régnant, non moins que par le 
désir de voir d’autres horizons et plus lumineux, ces épris 
d'art s'amenèrent en théories nombreuses dans le Midi; 
là les attendaient une hospitalité facile à exercer, du 
travail et par conséquent des ressources pour vivre. Au 
sujet de l’un d'eux, Arrigo Fiammingo, il a paru un 
compendium de renseignements, qui furent recueillis par 
Orbaan et publiés par lui dans la Revue « Oud Holland », 
de l’année 1904. Cet auteur citait comme références : 





232 LE PEINTRE HENRI VAN DEN BROECK 


Titi, Baglione, Bertallotti, Vasari et Gaye, en outre 
des recherches personnelles faites dans les registres de la 
confrérie de Ste-Barbe, à Florence, dans lesquels il 
trouva qu'un Arrigo Fiammaungo entra dans la confrérie 
au 2 février 1572; un nom identique s’y trouvait inscrit 
à l’année 1580. Orbaan estime toutefois qu’on ne peut 
confondre le premier avec le second, qui séjournait à 
Rome, au dire de Titi et de Baglione; il suppose 
qu'il faut l'identifier avec un Henri in de Croon, dont 
parle Van Mander et dont nous ne savons pas davantage. 

En connexion avec les recherches précédentes, 
l'auteur du présent travail s’est efforcé, par voie d’ar- 
chives, de se renseigner davantage au sujet du maître 
et de rédiger aussi complètement que possible la biblio- 
graphie qui s'y rapporte. 

Deux passages du travail de L. GuiccrARDINi, 
Descrittione di tutti à Paesi bassi, ont servi de point de 
départ aux recherches subséquentes. La première de ces 
citations se trouve à la page 99 de la première édition 
italienne, et concerne « Crispiano et Henrico Palidano »; 
celui-ci est dit être de l’école de Frans Floris. Il doit 
avoir travaillé à la Cour du duc Cosimo de Toscane à 
Florence, et plus tard à Rome. 

À la page 1or du même ouvrage, on lit que le 
sculpteur Guillaume Paludanus et Henri cité sont frères. 

Crispiano est le peintre et graveur bien connu; 
Guillaume l'est tout autant, et Henri, le peintre, se 
trouve définitivement ainsi connu et classé. Des recher- 
ches faites il résulte, que ce dernier séjourna- une 
trentaine d'années durant en Italie, et notamment à 
Florence, Orvieto, Pérouse, Mongiovino, Naples et 
Rome. En outre, nombre de ses œuvres ont été révélées ; 
l’auteur lui-même en reproduit quelques-unes, jointes ici. 

L’année de la naissance de l'artiste n’est pas connue. 
On peut toutefois la placer vers 1530. Guicciardini, nous 


L F4 d. : 


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Se 





Fig. 2. 





— Henri van DEN BROECK, Verrière du Dôme de Pérouse. 


DE MALINES 233 





l'avons vu, dit qu'il fut élève de Frans Floris. Vers le 
milieu du xvi° siècle, il vint à Florence, et là le jeune 
artiste travailla, peut-être sous la direction de Vasari et 
de Salviati, à la décoration des appartements du duc 
Cosimo I et de sa femme Eléonore de Tolède, au 
Palais Vieux. 

En 1561, les archives le renseignent à Orvieto. On 
lui commanda, le 1° octobre, après qu'il eut donné des 
preuves de savoir-faire, des peintures représentant des 
Miracles du Christ, pour la chapelle « della gratia », 
voisine de celle du St-Sacrement au Dôme. On l'y 
retrouve le 15 mai 1562, après un court séjour à Pérouse, 
sollicitant la remise au mois de novembre suivant de 
l'exécution de la commande. Il semble qu’il ne lui tint 
guère à cœur de s’en acquitter, car il s’en déchargea 
plus tard sur son ami Pomarantio, qui travaillait au 
même endroit à la décoration des stucs. Il n’exécuta pas 
même un tableau d’autel que ses commanditaires espé- 
raient au moins obtenir de sa main. 

On l’attendit donc en vain à Orvieto, et pendant 
ce temps 1l se trouva à Pérouse, c’est-à-dire jusqu’en 
1565. 

Le 26 janvier 1562, le patricien Adriano Monteme- 
lini l'avait chargé de peindre, pour la chapelle de sa 
famille, à St-François, à Pérouse, un tableau d’autel 
représentant l'Adoration des Mages, actuellement exposé 
dans la Pinacothèque municipale (salle des décadents 
n° 4, fig. 1). Vasari se montre sévère dans l’appréciation 
de cette œuvre quil avait vue à Pérouse : « Sarebbe 
assai bella, se non fusse alquanto confusa e troppo 
carica di colori che s’azzuffano insieme, e non la fanno 
sfuggire ». 

Ce tableau est signé et daté 


des HENRICUS MALINIS FACIEBAT 1564. 


234 LE PEINTRE HENRI VAN DEN BROECK 








À la révolution française, il prit la place, au dôme, 
dans la chapelle de S. Bernardin, de la Descente de 
croix de Barocci, qui en avait été enlevée et transportée 
à Paris par les Français. Plus tard, il fut relégué dans 
la sacristie de l’église St-François, pour enfin de là 
être transporté à l'endroit où il se trouve actuellement. 

Le 29 décembre, l'artiste conclut à Pérouse, un acte 
d'association avec son ami Pomarantio, pour l'exécution 
en commun d'œuvres de peinture et de sculpture. 

Ée 21 janvier, 1565, Fenri se trouve derechetna 
Orvieto, où 1l était toujours en reste d'exécution de la 
commande d’autre part. C'est alors qu'on voit inter- 
venir Pomarantio, qui reprend la commande en sous- 
œuvre le 31 juillet et qui la mène à bonne fin. 

Ce fut dans le courant de cette année que Henri 
fournit, pour ie Dôme de Pérouse, le carton du magni- 
fique vitrail signé de son nom, et qui représente la 
Prédcation de S. Bernardin. Dans l'exécution de ce vitrail 
il fut secondé par Gostantino di Rosato di Spalletta. 
Cette: verrière (fig. 2), une des œuvres Mes"plussbelles 
dans ce genre en Italie, est superbe et resplendit 
d'une gamme de couleurs aux riches reflets argentés. 
Elle a été restaurée par Francesco Moretti et Eliseo 
Fattorini. L'ensemble trahit l'influence de Vasari et de 
Guillaume de Marcillat. 

Au bas figure la signature suivante : 


FAX 
D + MALINIS 


1-5-6-5. 


Les lettres R et G sont les initiales du peintre 
verrier Rosati Gostantino; les deux H, l'A et le B 
doivent se lire : 


Henricus Henrici a Broëeck 





Fig. 3. — Henri van DEN BroEck, Le Christ et S. André (Pérouse, SI- Augustin). 


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DE MALINES 235 





Le 24 janvier 1567, un Errico de Errico de Malines, 
que nous n’hésitons pas à identifier avec notre maître, 
s'engage à exécuter des peintures à la détrempe pour 
l'église de S. Gaudioso à Naples; en la circonstance, 
il s'inspire du dessin d’une frise, qui eut pour auteur 
Giov. Bern. Lama. 

Comme on l’a vu plus haut, Orbaan trouva dans les 
registres de la Confrérie de Ste-Barbe à Florence, — 
association religieuse constituée d’allemands et de 
flamands — le nom d’un Arrigo Fiammingo, qui y entra 
le 2 février 1572 et dont le nom s’y retrouve une seconde 
fois en 1580. Si les deux titulaires du nom ne sont qu’un 
seul et même personnage et à confondre avec le Henri 
dont nous nous occupons, celui-ci doit avoir quitté la 
ville de Florence dans l'intervalle des deux dates, car 
il est signalé comme devenant bourgeois de Pérouse 
letz4#séptembre 1570. 

Crispolti, Lancelotti et Siepi, trois historiens du 
terroir, rapportent qu'il peignit pour la famille Meniconi, 
à St-Dominique, une Résurrechon du Christ, qui fut 
détruite plus tard pat un incendie. Ce fut probablement 
vers 1578 qu'il exécuta ce tableau, car ce fut alors que 
la famille en question obtint la concession de la 
chapelle. | 

En 1581, Henri peignit, pour la chapelle de la 
famille Sozi à St-Augustin, un tableau représentant le 
Christ et l’apôtre S. André (fig. 3). Dans l’acte notarié y 
relatif, le peintre est dit se nommer : Dominus Arrigus 
Paludanus. 

En 1582, le 13 décembre, il exécuta une statue à 
placer vis-à-vis du maître-autel, près de l'entrée de 
l'église de Mongiovino, près de Citta della Fieve en 
Ombrie. L'endroit où la statue se trouvait jadis est 
actuellement occupé par les orgues, et l’œuvre a disparu. 

Pour cette même église, l’artiste exécuta, en 1585, 


236 LE PEINTRE HENRI VAN DEN BROECK 








un tableau représentant le Christ et les douze Apôtres. Ce 
fut peut-être en collaboration de son élève Hans Wraghe 
d'Anvers, auteur d’une Nassance de la Vierge plaçée au 
même endroit. 

Dans le courant de cette année Henri y peignit 
encore une Sante Famille. 

Enfin, trois ans plus tard, en 1588, il décora, en 
même temps que son élève Hans Wraghe, la chapelle 
de la Madone de cette église. 

Il existe encore des fragments d'un vitrail représen- 
tant l’Annonciahon. 

Pour en revenir à l’œuvre de la chapelle de la 
Madone, il convient de remarquer qu’elle fut repeinte 
par un Antoine Castelletti, et de façon telle, que l’or- 
ginal à été entièrement recouvert. La série de ces com- 
positions commence à l'endroit de l'autel, par la Fmte 
en Egypte. La scène, de caractère idyllique, est rendue 
de façon charmante, toute familiale, et fait ressortir 
davantage le côté dramatique, saisissant, de l’œuvre 
suivante qui représente la mort de la Vierge. Y fait suite, 
le Christ en croix, accompagné de la Vierge et de Jean, 
le disciple de prédilection. 

Les fresques du chœur reproduisent des sujets 
empruntés à l’histoire du sanctuaire, c’est-à-dire, des 
miracles obtenus à l’intercession de la Madone. 

Dans la chapelle du Rosaire, Henri exécuta une 
grande fresque, qui représente la Descente de Croix. Le 
coloris rappelle par sa vigueur le faire d’une Barocci, 
et le dessin, les formes chères à Michel-Ange, notam- 
ment dans la chapelle Sixtine. 

À droite et à gauche de l'orgue, se voient /a Résur- 
rechon et l’Ascension. 

Toutes ces œuvres ont été repeintes. 

La part prise par notre artiste à la décoration de 
la chapelle ne peut toutefois être déterminée avec certi- 





t- Augustin). 


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DE MALINES 237 





tude, étant donné qu'il fut secondé par son associé 
Pomarantio, son élève Jean Wraghe et, le 1° juillet 1588, 
par Giambattista Lombardelli. D'un autre côté, l'acte 
notarié y relatif est perdu. 

Des fresques exécutées an Pérouse: par Élenri, il 
convient de retenir une Crucifixion pour l'autel de la 
chapelle des Prieurs à l'Hôtel de ville. Quant aux pein- 
tures à l’huile, citons un tableau d’autel de la chapelle 
de Ste-Catherine d'Alexandrie à St-Augustin, et repré- 
sentant le Martyre de la Sante (fig. 4). Comme style, ce 
tableau se rapproche le mieux de /’Adoration des Rois 
Mages de la Pinacothèque d’Arona. On en ignore la date 
d'exécution, qui paraît cependant pouvoir se placer 
vers 1560. 


Henri van den Broeck, pas plus que ses autres 
confrères en art émigrés dans le Midi, n’échappa à 
l'influence de l’art italien. Son art à lui fut un mélange 
de traditions du pays d’origine, du style en honneur 
de son temps à Pérouse et de celui des maniéristes 
florentins, de celui surtout de Orazio Alfani. Une fresque 
de la chapelle Sixtine à Rome, qui représente La Résur- 
rechion du Christ, et où l’on peut reconnaître la main 
de l’Arrigo Fiammingo de Pérouse, offre, tout autant 
que l’Adorañon des Mages de 1564 et le vitrail de Saint- 
Bernardin, des réminiscences du style de Vasari et des 
rappels de formes Michelangelesques. 

Les archives vaticanes, et notamment les comptes 
des pontificats de Grégoire XIII, Sixte V et Clément VIII 
seules révéleraient, avec certitude, que l'artiste qui tra- 
vailla à Orvieto, Pérouse, Mongiovino, Florence et 
Naples est le même que celui qui travailla à Rome. En 


a 


238 LE PEINTRE HENRI VAN DEN BROECK 








outre, permettraient-elles de déterminer l’ordre chrono- 
logique dans lequel ces œuvres se sont succédées sous 
le pinceau du maître. Tant que ces archives n'auront 
pas livré leurs secrets, on ne pourra ajouter foi, que sous 
certaines réserves, aux dires de Vasari et des auteurs 
venus après lui. Cet artiste historien exécuta des travaux 
dans la salle royale du Vatican, et, à ce propos, écrivant 
à Vincenso Borghini le 5 février 1573, il cita ses colla- 
borateurs, et parmi ceux-ci Arrigo Fiammingo, le même 
peut-être qui celui qui nous occupe et que celui que Van 
Mander appelle Henri uit de Croon. 

Baglione rapporte de cet Arrigo, qu'il vint à Rome, 
sous le pontificat de Grégoire XIII (1572-1585), et qu'il 
exécuta, sous Sixte V (1585-1590), des fresques à la 
Bibliothèque du Vatican; une de celles-ci représente un 
Concile et lui fut l’occasion de reproduire de nom- 
breux portraits de cardinaux, d’évêques et d’autres 
dignitaires de la Cour pontificale. 

Cette mention de Baglione est à opposer à celle de 
Guicciardini, dans son travail qui parut en 1567, et où 
il parle déjà du séjour de Arrigo à Rome, donc à une 
date antérieure à celle citée par le premier. 

Titi et Baglione relèvent en outre d'autres œuvres 
d'Arrigo dans les églises suivantes de Rome : 

À Ste-Marie Majeure et sans doute dans la chapelle 
Sixtine, où le Pape s'était érigé un mausolée grandiose 
dont les peintures en général présentent un caractère 
uniforme, de façon que la main d’Arrigo n’y est plus à 
distinguer de celle des autres; dans l’église de S. Marie 
in Campo Santo, depuis lors entièrement repeinte à 
neuf; à S. Marie degli Angeli, une No/i me tangere encore 
existante, au baptistère de S. Laurent in Lucina et la 
fresque en question de la bibliothèque vaticane. 

Enfin, Bertollotti dit : qu'Enrico Pallud fut admis, 
en 1580, dans l’Académie de St-Luc, et Orbaan suppose 


DE MALINES 239 








qu'il s’agit de « l’Henri uit de Croon » de Karel van 
Mander. 

S'il faut en croire Baglione, le peintre mourut sous 
letpontihicatide Clément MIT, donc entre 1502 et 1605. 

Malgré son activité plus qu'ordinaire, le maître 
trépassa dans le plus complet dénuement. 

Sa vie fut celle .de la plupart des peintres du 
Nord, l’odyssée de ceux qui, travaillés par une ardeur 
exubérante, n’hésitèrent pas à traverser les Alpes pour 
recueillir au delà des monts, gloire et fortune. Loin 
du pays natal, auquel ils deviennent étrangers et qui les 
ignore ensuite, ils finissent leurs jours dans la misère, 
n'ayant pu qu'entrevoir un mirage décevant et trompeur 
des richesses espérées. 





BIBLIOGRAPHIE 


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DE MALINES 2AI 





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NOTE DU TRADUCTEUR 


Quoique ce qui précède rende la physionomie 
générale du mémoire de M. le Professeur Walter 
Bombe, l'original seul permet de se rendre compte du 
très grand intérêt qu'il présente, non seulement au point 
de vue Malinois, mais au point de vue de l'art en 
général. C'est, en effet, une page très suggestive de 
l’action de nos artistes nationaux à l'étranger aux siècles 
passés. 

Il ne nous est pas possible d'ajouter quoique ce soit 
aux renseignements précis, puisés à des sources sures, 
et utilisés par l'auteur pour dégager la personnalité de 
notre concitoyen des brumes de l'ignorance où on était 
des étapes de sa vie, qui paraît avoir été errante, et 
de sa fin digne de commisération et de pitié. 

Nous ne nous permettrons que d’ajouter quelques 
détails d'ordre civil, lesquels, rapprochés de ceux déjà 
fournis, projèteront la lumière sur la biographie et en 
préciseront davantage certains contours. 

De tout temps, et déjà à partir d’une époque assez 
reculée, les van den Broeck-Paludanus — pullulaient à 
Malines. Leur nom, tout aussi bien que celui des Vander 
Beke ou Verbeke, non moins répandu, ne rappelle-t-il 
pas quelque peu les marais ancestraux où la cité plon- 
geait les racines les plus profondes de son origine? 
Aussi n'est-il pas étonnant de les trouver, ouvrant dans 
tous les métiers, exerçant dans toutes les carrières. Celle 
des arts est la seule en cause ici : elle évoque, entre 
tous, le souvenir de Cyprien Van den Broeck, peintre 
réputé, originaire de Malines et allant mourir à Anvers, 
où il avait loué, en 1558, la maison que Henri Goltzius 
abandonnait pour aller habiter Bruges; celui de Guil- 
liaume, sculpteur, qui s’en fut également mourir à Anvers ; 


DE MALINES 243 





et ce ne furent pas les seuls artistes de ce nom. Au 
xvi° siècle, de leur temps donc, le livre des apprentis 
de la corporation renseigne comme maîtres, non seule- 
ment Cyprien, mais Pierre in de Croone, alias van den 
Broecke Pierre; et comme élèves : Helyas chez Pierre 
van den Broecke, le 20 octobre 1579; Pierre, sculpteur 
chez Nicolas Cael, le 18 avril 1582; Georges, chez 
Nicaise Lambrecht, le 20 février 1585; Theuken ou 
Antoine chez son oncle Pierre, le 15 août 1503. 

Au siècle suivant, on trouve comme maitre, Guil- 
laume, et comme élèves, celui-ci, peintre, chez François 
Bisschop en 1608; Philippe, chez Corneille Verhaeyck 
le 1* janvier 1611; Philippe, sculpteur, chez Maximilien 
Labbé, le 10 août 1661; Philippe, chez Van den Steen, 
en 1670; Jean, sculpteur, chez François Boeckstuyns, 
le 12 mars 1606. 

Quant à établir une filiation quelconque entre tous 
ces personnages, la chose n’est guère aisée. De plus, elle 
n'est pas de circonstance et mènerait trop loin. L'objet 
de l'étude à laquelle ces quelques lignes servent 
d'addenda, embrasse deux noms et deux personnalités 
qui sont à distinguer l’une de l’autre ou à fondre en une 
seule : Henri, fils d'Henri dit Frammingo, et Henri uit 
de Croon. 

Il nous est permis, au moyen des actes officiels, de 
faire des rapprochements qui amènent, croyons-nous, 
une solution définitive et permettent d'identifier le ou les 
artistes en question. 

Une branche des van den Broeck, celle où l'on 
rencontre les alias Paludanus, avait des propriétés sises 
au Eembempt à Malines, et entre autres une maison 
appelée « De Kroon ». Ainsi il s’est fait que d’aucuns 
des membres de cette branche ont été dits « uit de 
Kroon ». Henri uit de Croon, cité par Van Mander, en 
est donc originaire. C’est également dans cette branche 


244 LE PEINTRE HENRI VAN DEN BROECK 





que se sont trouvés le plus grand nombre d'artistes, se 
succédant pour ainsi de père en fils, d'oncle à neveu. 
Un acte scabinal du 28 janvier 1597 (1) peut servir de 
base à l'établissement d’une filiation assez étendue. Cet 
acte constitue l’aliénation de l'immeuble « de Kroon », 
qui est acquis par Jean Ysermans, meunier. Il n’est pas 
impossible que cet Ysermans soit parent, sinon frère de 
François Ysermans, qu'un acte de 1588, du notaire de 
Munter (2) qualifie de beau-frère de Pierre, un des 
vendeurs. 

Les vendeurs ci-après y interviennent chacun pour 
une cinquième part 

Fons ou Georges; 

Pierre, peintre, décédé, représenté par sa veuve 
Jeanne Van der Aa, ayant encore 3 enfants mineurs ; 

Guillaume, dit Paludanus, sculpteur, également 
décédé, pour la part duquel interviennent Raphaël son 
fils, sculpteur, et cinq enfants mineurs, parmi lesquels : 
Regina, la fille, mariée à Vincent Carlanx, et deux 
autres : Sibylle et Emerantia. Ce Guillaume avait eu 
pour épouse Sybille Van Smare ou Van der Mare. 

Catherine, veuve de Gilles van Hollaert, dont elle a 
un fils, Charles. 

François Ysermans, peintre, dont question ci-dessus. 

Remontant le cours des ans, il arrive de rencontrer 
en 1583 (3) le Raphaël (4) cité ci-dessus dans un acte par 
lequel il est autorisé à hypothéquer d’une rente de 
24 florins 70 sous, la maison appartenant à lui et aux 
autres enfants de Guillaume van den Broeck, située à 


(1) Registre scabinal aux archives de Malines, n° 219, p. 85 r°. 

(2) Protocoles aux Archives provinciales d'Anvers. 

(3) R: S.n9/206,%p. 125 vo. 

(4) Reçu franc-maître à Anvers, comme fils de maître, en 1585. Il 
décéda en 1599 (De Liggeren enz. der Antwerpsche Sint-Lucasgilde…. door Ph. 
Rougouts en Th. Van LeERrIus, advokaat, I, bl. 295). 


QUI 


DE MALINES 24 





Anvers, « op de wappere », et nommée « de Liefde ». 
Cet emprunt lui est consenti pour l'aider dans ses 
besoins. Sa situation ne devait donc pas être bien 
brillante. 

Son père Guillaume est mentionné dans les Lig- 
geren de la corporation St-Luc à Anvers, sous le nom 
de Guillaume van den Broeck, dit Paludanus de Malines, 
sculpteur, fils de Henri. Il fut franc-maître en 1557 et 
il devint bourgeois d'Anvers en 1559. Il est dit s'être 
construit la maison « De Liefde » (1). 

Puisque Guicciardini dit que Guillaume Paludanus 
et Arrigo Fiamingo sont frères, celui-ci fut, de son 
vivant, un des co-propriétaires de la maison de Croon, 
et doit avoir été décédé au moment de la vente de 
l'immeuble, en 1597. Sa part d’héritage fut peut-être 
dévolue aux enfants de son frère. 

Guillaume étant fils d'Henri, Arrigo l'est également 
comme frère de Guillaume, et ainsi se vérifie le quali- 
ficatif qu'il ajoute à sa signature sous le vitrail de 
Pérouse. Le père des vendeurs de la maison « De 
Croon » était donc « Henri van den Broeck ». 

Oralserfait qu'en 1552, 1e 13 septembre (2), Henri 
van den Broeck et Catherine van Woluwe, sa femme, 
donnent en héritage à Guillaume van Hollaert et 
Catherine van den Broeck, sa femme, citée ci-dessus, 
une maison située rue Eembempt, moyennant une rente 
annuelle de quatre florins carolus. N'est-ce pas le père 
qui donne en usage à sa fille une de ses propriétés, 
voisine de celle que lui-même occupe? Et celui-ci, 
dans un acte de 1536, 22 juin (3), est dit à son tour être 
fils d'Henri. Ce qui précède permettrait donc d’esquisser 


(1) Liggeren, énz., bl. 201. 
()°R. S., n° 175, p. 6r-70:; 
GR SS NO 16, D. 142 V9. 


246 LE PEINTRE HENRI VAN DEN BROECK 








le crayon généalogique suivant, intéressant Guillaume 
Paludanus et Arrigo Fiammingo 


Georges van den Broeck. 


Pierre, peintre. 
Jeanne van der Aa. 


Guillaume Paludanus, 
sculpteur. 
Sébille van Smare ou 


( Hunri van den Broeck 
van der Mare. 


Henri van den Broeck } Catherine van Woluwe 


Ayrigo Fiammingo ou 
Henri van den Broeck, 
peintre. 


Gilles van Hollaert. 


| Catherine van den 
|  Broeck. 


François Ysermans, peintre. 


Puisque Guillaume le sculpteur et Arrigo le peintre 
sont tous les deux originaires de la maison « de Croon » 
à Malines, on peut sans témérité en conclure qu’Arrigo 
Fiammingo, de la confrérie de Ste-Barbe de Florence, 
et Henri « uit de Croon », de Karel van Mander, admis 
en 1580 dans l’Académie de St-Luc à Rome, sont un 
seul et même personnage. 

Pour plus de certitude, on trouvera reproduits ci-des- 
sous les extraits des actes qui identifient les différents 
personnages cités, ainsi que les propriétaires de la 
maison « de Croon », et l'acte entier de vente de cet 
immeuble. 


BIBLIOGRAPHIE 


H. CoxiNcxx, Le livre des apprentis de la cor{oration des peintres et des 
sculpteurs à Malines. 

Ph. Romgourts en Th. Van Lerius, advokaat, De Liggeren en andere 
Historische Archieven der Antwerpsche Sint-Lucasgilde, onder zinspreuk « Wi 
Fonste Versaemt ». 

Archives de Malines. Registres Scabinaux. 


ANNEXES 


Registres Scabinaux, n° 175, p. 61 r°. 

1552415 Sept 

Henrick van den broecke ende Kathelyne van wouluwe zijn 
huysvrouwe hebben derve gegeven Gelise van hoollaert tot zijnen 
ende Kathelyne van den broecke zijnen huysvrouwe behoef een 
huis metten hove gronden gestaeninden eembempt alhier. Tusschen 
van clemmens erve aen deen zyde ende thuys dlam geheeten 
aen dander zyde. A. d. w. om dat erffelyck te besittene op eenen 
jaerlycken ende erffelycken chijs van vier karolus guldens van 
x] groote vlems tstuck.. ende voerts op twaerscap ende voerchys 
van twee franssche stuvers den carmelyten alhier duer jaerlycx 
voer vuytgaende. Ende dit mits der somme van tweenvyftich 
karolus gulden eens gereet voer de bate. 


De Liggeren en andere Historische Archieven der Antwerpsche 
Sint-Lucasgilde onder zinspreuk « Wt Jonste Versaemt » afge- 
schreven en bewerkt door Ph. Rombouts en Th. Van Lerius, 
Advokaat. 

PF bl:201. 

Lb Dit zijn haer vrijmeesters die zij ontfangen hebben (1557). 

Na Giliaeme vanden Broeke, beeltsnider, alias Paludanus. 
« Guilliaem van den Broecke, Henricx sone, geboren te Mechelen, 
beeltsnydere » werd poorter dezer stad (Antwerpen) op vrijdag 
15" december. 1559. 

« Item, betaelt meester Willem de Palude, van de drie beelden 
te maken, staende onder den balck van den cruce, sonder den 
steen xv £ Rekening van ©. L. Vrouwekerk van Kersmis 1566-1567. 

Willem van den Broeck, alias Paludanus, bouwde, in 1567, 
in de Vaertstraet, later de Rubensstraet, een huis genaemd De 
Liefde, gemerkt ww. 3, n° 1447. Het werd in 1832 afgebroken. 
Graf- en gedenkschriften der provincie Antwerpen, openbare ge- 
bouwen, 40. 

Willem Paludanus, vermaerde beeldsnyder, geboren, volgens 
zijn grafschrift, in of omtrent 1529, overleed den 2 meert 1579, oud 
omtrent 50 jaren, en werd inS. Jacobskerk,te Antwerpen, begraven. 
Graf- en gedenkschriften, enz., I, 197. 





240 LE PETNMRE FTENIRIVAN DEN BROECEK 





RS n° 206 D 25 NP: 

1583, 

Jooris ende Pietere van den broecke als met Raphael 
Paludanus oft van den broecke, momboirs overe de vyff minder- 
jarige kinderen van wylen Guillam paludanus ende Sibille 
vansmare, hebben om den voirss. Raphael der voors. minderjae- 
rigen broedere, in zynen noode handel ofte neyringe behelpich te 
wesen, geconsenteert ende hem speciaelyck ende onwederroe- 
pelyck geconstitueert als tot zyn eygen saeke om te mogen 
belasten oft vercoopen de rente van vierentwintich gulden zeventich 
stuyvers tsjaers erff. die penning zesthiene, ende dezelve rente 
hypotequeren ende bepanden op zyne ende der voorss minder- 
jaerigen twee huysen met gronde…. genaempt de Lieffde, gestaen 
ende gelegen t’ Antwerpen opde wappere…. 


RS An 27 D t69 Nr. 

1595; MOSApril. 

Anthone Verstraeten backere heeft vercocht aen Pieter van 
den broecke schildere ende lohanna van der Aa zyne huysvrouwe 
drye carolus guldens tstuck van dyen tot veertich groote vlaems 
gelts gerekent..…. op ende aen een huys.…. gestaen ende gelegen 
in den eembempt tusschen derffgenaemen pelgrine Van heffene 
ter eendere ende der Kercke van Sinte Catherine erve ter 
andere zijde streckende achterwaerts tot op de volders her- 


RS ne 210 #D2R85 00 

1597, 28 Januari. 

loris van den broecke soo voor hem selven ende voor een 
vijfde paert, als inden naeme ende hem sterck makende over 
Charle van holaer daer moeder aff was Catherine van den broecke 
syn sustere was die gelycke vyffde paert competerende. Item 
lohanna van der Aa weduwe pieters van den broecke cum tutore 
extramo voor haer selven ende voor so vele hair raect ende 
aengaet de voorschreven loris oick als wettich momboir ende 
inden naeme van de drye minderjarige kinderen desselfs wylen 
pieters ende der voorschreven lohanna in hen vervangende 
franchois ysermans syne mede momboir voer gelycke vyfde paert 
ende voor twee vyffde deelen van ’t vyffde paert dwelcke gecompe- 
teert heeft Guillaume van den broecke. Item Vincent Carlanx, als 


DE MALINES 249 





getrouwt hebbende Regina van den Broecke desselfs Guillaume 
dochtere, de selve Vincent oick als gemachticht soo van Raphael 
vanden Broecke, beeltsnydere voor hem selven, ende als met Elias 
paludanus momboiren ende inden naeme vande minderjarige 
Sibilla ende Emerantia paludanus, alias vandenbroecke henne 
onbejaerde susters, als van de voorscreven Regina syne huys- 
vrouwe, by letteren van procuratien in date den xxj° deser loopende 
maent January, gepasseert tot Antwerpen voor den notaris 
hendrick Van Cantelbeke ende zekere getuygen ons gebleken, 
tsaemen voor gelijcke vijffde paert ende voor de drij vyffde deelen 
van het vyffde part den voorscreven Guillaume gecompeteert 
hebbende, de voorscreven Joris int regardt van de voorscreven 
kinderen van Catherine van den Broecke totten nair volgende 
consent hebbende van de heeren weesmeesteren deser stede, ons 
gebleken by acte dair op geexpedieert in date den dryentwin- 
tichste deser loopender maent January onderteekent G. de Ophem. 
Ende de voorn. momboirs der voorschrevenen minderjarige Sebilla 
ende Emerantiana paludanus, consent hebbende van de opper- 
voochden der stadt Antwerpen op requeste gestelt in date den 
lesten decembris anno xv° sessent negentich onderteekent Lam- 
brechts, ons oick gebleken, hebbenin dyer qualiteyt achtervolgende 
der viersschairen bouck deser stede, vercocht Jan ysermans maldere 
tot synen ende Anna claes syne huysvrouwen behoeve een huys 
metten hove gronde ende toebehoorten oick met het gebruyck 
van de water trappen des huyse ende zekeren anderen huyse 
gemeyn, de Croone genaemt gestaen ende gelegen inden eembeempt 
tusschen Pieter Rigouts erve ter eendere ende Jacob gheerart 
lynenwever erve ter andere syde A. d. m. Waran. op vierentwintich 
stuivers den huyze van pitsemborch, dair jairlyck ende erffelyck 
vuytgaende. Ende desen coop is geschiet overmits der sommen 
van tweehondert dertich guldenen eens, de hondert Ixv guldenen 
twelff stuivers dair af geset, ende de resterende vierentzestich 
guldenen acht stuivers te voldoene met bewyse van Rente aen 
ende tot behoeff van de voorschrevenen Iohanna ende haire 
Kinderen. 


H. ConNINCKx. 


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Mechelsche Folklore 


(3 Reeks) 





Gebruiken, Spreek- en Zegwoorden 







EG FAN vroeger verschenen bladzijden werden oude 
Did SC gebruiken en gewoonten opgenomen, welke 
fr: Ne ontleend waren aan onuitgegeven archieven 





en kronijken. Wat daar hedendaags nog van overblijft 
of gekend is maakte het onderwerp van een daarop- 
volgende overzicht. Echter is die stof nog verre van 
uitgeput: maar er is niet altijd op dat terrein iets te 
oogsten dat mede te deelen is. Zonder dan daarvan af 
te wijken volgt men andere sporen, en zoo wagen 
we een uitstapje op een uitgestrekter gebied, in de 
wereld van volksgezegden of uitdrukkingen, waar men, 
eventwel niet zonder moeite, eenen oogst eigenaardig, 
karakteristiek en tevens rijk kan opdoen. 

Wanneer men met vele deskundigen aanneemt 
dat door het woord Folklore moet verstaan worden wat 
het volk gelooft en zegt, is dit woord ook het juiste en 
beteekenisvolle dat op die verzameling van feiten, daden 
en gebaren kan toegepast worden. Gelooven, en handel 
en wandel schikken naar hetgene men gelooft, is de 
syntesis van gebruiken, gewoonten en wat daarmede 
onder het geschapene of het gemaakte in verband staat. 


252 MECHELSCHE GEBRUIKEN 


Al het overige stoffelijke behoort tot kunst- of nijver- 
heidgeschiedenis of tot alles wat men maar wil, behalve 
tot zeden en gewoonten. Zeggen, is de manier waarop 
het volk zich uitdrukt, de taal van het volk; het 
engelsch woord /ore verstaat daardoor iets dat zich 
onderscheid door eene bijzondere kleur, iets dat buiten- 
gewoon is, onbedacht. Is die volkstaal dan soms ruw, 
ongekunsteld, wel eens kwetsend in het oor, dat de 
lezer ze daarvoor echter, uit kieschheid of welgevoeg- 
lijkheïd, niet afstootelijk vinde; want hi] vergete niet 
dat ze ontstond in een midden waar men doorgaans niet 
gewoon is er dockshens om te doen of te hangen, en men, 
integendeel, z66 maar kortweg het kind noemt met xynen 
naam. Zoo men dan den zoeker niet ten kwade duidt dat 
er niet uitsluitend peerlen in zijnen voorraad te vinden 
zijn, Zal hij met minder schroom oogsten, en des te rijker 
en eigenaardiger ook zal deze oogst kunnen opgedaan 
worden. Doch, zal men wel eens zeggen, waarom zich 
nu juist met die vodden en prullen bezighouden of daar- 
medetinzitlen? want, zoo men over een veertigtal jaren was 
komen spreken van volksgebruiken, volksoverleveringen 
of volksuitdrukkingen, zoude men op een minachtend 
schouderophalen onthaald geweest zijn. Aan niemand 
zoude althans het gedacht zijn opgekomen dat er, in die 
schijnnietige en steeds misprezen grondstoffen, veel 
steekt, en van *t grootste belang voor geschied- en oud- 
heidskunde. [Immérs 

wat men aan de kinderen vertelde! het buitenge- 
wone, het wonderlijke dat hunne aandacht boeide en 
de oogen van gretigheid en weetgierigheid flikkeren 
deed, blijkt, hoe verbasterd ook, de naklank te wezen 
van sagas of geloofsbegrippen in de verste verte gekend 
of nageleefd ; 

wat de kinderen speelden! was slechts eene naäping 
van hetgene voor beiaarden, ernstige en belangrijke 


SPREEK- EN ZEGWOORDEN 253 





handelingen van het dagelijks leven waren ; want : z00 
d'ouden zongen z00 piepen de jongen ; 

wat men zong !/ was lief of leed, le vogel zingt 1mmers 
goowel van ermoei als van weelde ; 

wat men zegde! was de taal van het ongeleerde en 
in zekeren zin weinig beschaafde volk, dat toch ook 
gevoelde, leed en streef, zoowel als anderen door 
fortuin of rang begunstigd. Het volk las eventwel niet 
en daarom ontleende het zijne beeldspraak aan de 
onmiddellijke omgeving of aan wat het meest in ’t oog 
of onder de zinnen valt, en het best kan toegepast 
worden op zaken of toestanden welke men meer kracht 
wil bijzetten of schilderachtiger wil bestempelen. Doch 
heden leest het volk boeken en nieuwsbladen; met 
het woord en met de pen, dient men hem dagelijks 
het verhaal op van het voorgevallene en tevens wvat hem 
op den weg van beschaving en onderwijs moet vooruit- 
helpen. Daarom wordt die taal van lieverlede minder 
ruw en meer geschaaft; doch verliest zij tevens die 
eigenaardige uitdrukkingen die toch eenen niet te mis- 
prigzen, zelfs kostbaren taalschat vormen. 

Het volgende weze dit ons aandeel in het verzame- 
len van Mechelsche spreek- en Zzegwoorden, daar 
anderen (1) reeds, zich onledig hielden met plaatselijke 
kinderspelen en volksliederen. 

Niet zonder moeite gelukt men er in, wanneer men 
het alledaagsche reeds aangeteekend heeft, iets nieuws 
op te pikken. Men rekene daarvoor niet op het jonge 
geslacht; dit heeft zijne zinnen op wat anders te zetten; 
dit droomt niet als van sport en spel en bekreunt zich 
weinig of niet om het overige. Bij bejaarde menschen 
is men nog het beste gediend, en vindt men de beste 





(1) DELA FAILLE. 


254 MECHELSCHE GEBRUIKEN 





bron voor inlichtingen. Echter vermijdde men, ze daar 
over met opzet te ondervragen, want dan weten ze niets 
meer; men ga ze integendeel na in hunnen dagelijkschen 
handel en dan ontvalt hun onbewust wat men met gretig- 
heid aanteekent. Zoo wordt men dan eindelijk beloond 
voor dagenlang geduld, onvermoeibare aandacht en 
dikwerf vergeefsche verwachting. Men late echter niets 
verloren gaan, en verstoote niet hetgene schijnt van 
weinig belang te wezen; men vergete niet dat, wien 
l hkleintje me begeert is het groot ook nie weerdt. 

Bi allen die we met ons inzicht bekend maakten, 
troflen wij de meeste bereidwilligheid aan om ons in te 
lichten. Doch vooral vonden wij ze, buiten onze onmid- 
delijke omgeving, bij onzen achtbaren voorzitter Kan. 
VAN CasTER. Het was hem steeds eene vreugde, wan- 
neer hem ïets in ‘t geheugen kwam of dat hij iets 
gehoord had, hetzelve aan te teekenen en het ons bij de 
eerste de beste gelegenheid in de hand te stoppen. Z66 
ook den Heer doktor R. ANDRIES, die ons nen ruime 
voorraad volksuitdrukkingen mededeelde. Aan beiden en 
aan allen, nabestaanden, vrienden en kennissen die ons 
daar in hielpen weten wij dank. 

De volgende plaatselijke zegwoorden zijn van 
tweederlei aard. Vooreerst de geschiedkundige of op 
grond van overleveringen rustende; de tweede zijn al 
deze welke in de eerste afdeeling niet begrepen zijn, 
en de eigenlijke beeldspraak vormen. 

Het zal onnoodig wezen te docn opmerken dat, 
wanneer ze in persoonlijken zin worden toegcpast, die 
spreuken onverschillig ook op welk geslacht gebruikt 
worden, met alleenlijk van lidwoord te veranderen. Ten 
ware de zin het anders vereischte, vindde men hier het 
mannelijk gebezigd of het onzijdig. 

De aangenomen verdeeling is de volgende : 

een handsvol oude gebruiken; 


SPREEK- EN ZEGWOORDEN 255 





geschiedkundige of op overlevering rustende spreek- 
en zegwoorden; 

andere volksuitdrukkingen, betreffende : geesten- 
wereld en elementen ; de mensch met liefde en huwelijk, 
het kind en zijne spelen, het voedsel ; zedebegrippen; 
zedeschetsen; goede en slechte hoedanigheden; toe- 
standen naar geest en lichaam, enz.; kortom alles wat 
den mensch aangaat in zijn wezen, handel en wandel, 
wat ieder van ons een persoonlijk iets maakt onder het 
menigvuldige dat voortdurend onder de zon krioelt en 
zich onverpoosd voortzet. 


Oude gebruiken 


Bi den doop van een zevenste xoon 


Reeds van vroeger bestond het gebruik dat vorst 
of koning peter was bij het doopen van den laatsten van 
zeven achtereenvolgende zonen. Zoo men zegt, dagtee- 
kent dit gebruik van de regeering van Karel den Vijfde 
wien men, bij, ik weet niet welke huldiging, eenen 
vader voorstelde met zijne twaalf zonen, welke allen 
ofwel geweest waren, ofwel zouden in dienst van den 
keizer gegaan zijn. Uit erkentenis wou de keizer voor- 
taan peter zijn van den zevensten zoon. Wat er ook 
van weze mogen, ziehier een uittreksel van den doop- 
register der metropolitane kerk van den H. Rumoldus, 
op het stadhuis berustende, waaruit men iets verneemt 
aangaande de gebruiken bij dusdanige gelegenheïd. 


(1) Op den 4° Octobris 1615 soe es kerste ghedaen den seven- 
sten sone van meester Jacus de Costere ende het kint hect Albertus 


(1) Chrenologische Aanwiser, 1615, bl. 57. 


256 MECHELSCHE GEBRUIKEN 





van den hertoch van Brabant: ende daer wierde voor het kint 
gedragen 11 witte flambeeuwen ende seve witte mede wasse 
(maeghde wasse) kersse, ende daer was eenen gewapende man die 
het kint naer de kercke droegh ende oock naer huys; ende wij 
behanden (behangden) de vunt rontomme met tappijte, het welck 
hier noynt by smans gedinckenisse cn esse gesien geweest. 

m) Jouff. Barbara Kimps. 

S. Dns. Ludovicus Kimps canonicus Lic. 

Jouff. Anna Kimps. 


Peper Érwten 


(Pepererwten huiske op O.-L.-Vrouwen Kerkhof) 


« Ten jare 1580, den 17 January op Sint-Anthoniusdag wird 
wegens het broederschap van het Sint-Anthonis binnen de kerck 
van Sint-Jans, uitgedeeld aan de broeders en zusters van denzelven 
broederschappe, de jaersche gewoonlijke peper erwten (a). Voor 
een aardigheid, om te kennen de ingredienten de welke tot het 
maken van deze gebruikt werden, ende hunne quantitijd, heeft men 
goed gevonden te geven ‘t volgende extract uyt de Rekeningge die 
Christiaen Van den Bossche met Urbaen Van Laere als proviseurs 
van den broederschap van St-Anthonis in St-Janskercke (opmaakte) 
0e beginnende te Kerssmisse 1579 en eindende Passchen anno 


(a) Geen broederschap oft vergadering zoo geestelijk als wereldlijk 
was er ofte op den dag van hunnen Patroon, deelde het aen de broeders 
(en susters indien er waren) peper erwten uyt (1) blykens alle de reke- 
ningen van dien tijle, maer gedurende de jaren 1582 tot 1585, toen de 
rebellen de stad overweldigd hadden zijn de peper erwten, processien, 
ommegangen enz. opgeschorst geworden. 


(1) Inde rekeninge van de viscoopers binnen Mechelen sedert Augusty 1579 tot 1580 
21 May waarvan de origineele op hunne kamer berusten, wird op verloren Maendag (19 January) 
aen een veertel erten 8 gulden (uitgegeven). 

In de rekeningen van de viscoopers binnen Mechelen 1580 21 May tot 21 Augusty 
1581 staet er op verloren maendag aen een veertel erten 4 gulden 15 stuivers, zoodat ten jare 
1580 in Januari binnen Mechelen men een veertel erten betaelde 8 guldens, alwaer men dezelfde 
in Januari 1581 voor 4 guldens konde bekomen. Nochtans moet men bekennen dat het 
broederschap van Sint-Anthonis maer 5 guldens 3 stuivers hadden betaelt. 


SPREEK- EN ZEGWOORDEN 297 





ierst een viertele erte ds op St-Anthonis 


daCHMESONMEME:. : ue s : gulden 3 stuiv. 
item dryve quaert pepers, ecn Once soffracn 

tsamen _Mrulden oO sStEUv: 
item drye Pont Boter! I Pen 6 ne ; 18 Stuiv. 
iemeenvnhalfquarteelizoutsie "21", 1. 83 stuiv. 
lremtysthalff houts teen mutsaert ee … «1% 23 stuiv. 
llemiSEEON)s(C) M0. ET MC De 10 stuiv. 
item de cock met sijn hélper pe TT CUS 16 stuiv. 
item aen broot en bier tsamen . . . . LIMSEUIV: 
lemdenbclemanne Ave NL 7 2 stuiv. 


Uit het voorgaande kan men opmaken, dat het 
uitdeelen van pepererwlten, eigenlijk eene uitdeeling was 
van erwtensoep welke op eene bijzondere wijze was 
gereedgemaakt. Het pepererwten hiske dat stond in de 
nabijheid van O.-L--Vrouwen kerkhof, was dan misschien 
de plaats waar die soep bereid werd. Aangezien het groot 
getal leden welke van broederschappen of zoo iets derge- 
lijks deel maakten — want er zullen weinige of geene 
uitzonderingen bestaan hebben —behoefde er een keuken- 
materiaal van tamelijk aanzienlijke groote en hoeveel- 
heid om dic klanten kunnen te bedienen. Geen wonder 
dan dat er daarvoor een huis werd in beslag genomen, 
dat dan ook aan die omstandigheid zijnen naam ontleende. 

Desaangaande zegt de Z. E. H. Kanunnik van 
CastTer het volgende in zijne Geschedents der straten 
van Mechelen, bl. 206 


Aan het westeinde van O.-L.-V. kerkhof, op den hoek van 
de Ziekeliedenstraat, stond, tot in 1882, een klein gebouw, vroeger 
bekend onder den naam van Peper en eerten buisje. Verbeeld u 





(b) Eerst laet men de erten heel van een sieden, sommige doen ze 
door eenen temst ofte doeck; andere gebruvken de erwten met pellen en 
al. Waerna men er de ingredienten in do*:t ende ges... laet koken. 

(c) Volgens de rekeningen van 1577-78 was dit de naem van den kok 
die de erten gereet maekte. 


258 MECHELSCHE GEBRUIKEN 





eene plaats omtrent tien of vijftien voeten vierkant, met grooten 
schoorsteen, waaronder koperen ketels aan kunstig gesmede 
schakelhaken over de gloeiende kolen van een houtvuur te koken 
hangen. Zulkdanige moest de keet of keuken zijn waar men den 
processiebrei bereidde voor de leden van het broederschap van 
‘t Heilig Sakrament, des Zondags na den uitgang. Volgens de 
rekening van 1549 beliep de onkost 14 gulden 12 stuivers, waarin 
begrepen 1 stuiver voor het dragen der gekookte spijs naar den hof 
der Ouden booggilde, waar de maaltijd moest plaats hebben. 


Later volledigde de achtbare schrijver mondelings 
het voorgaande met te zeggen, dat iedere persoon daar 
nog een broodje van ’n oord op den hoop toe bijkreeg. 


Papen vasten avond 


Men zegt dat de Zondag voor Aschwoensdag, Papen 
vasten avond, genoemd werd. Zoo het schijnt zou paus 
Telesphorus aan alle geestelijken bevolen hebben van 
den Vasten te beginnen des Maandags voor Aschdag. 
De dag te voren, wezende Zondag genaamd « Quin- 
quagesima », was dan wel voor deze personen vasten 
avond en van daar Papen vasten avond. 


De Vasten witkloppen. 


1737. 15 April. Is verboden aan de straetjongens den vasten 


, 


uyl le kloppen, alzoo dezelve gewoon waeren van ’s woensdags 
voor Paesschen tot Zaterdags met haemers te kloppen langs de 
stad op deuren en vensters der borgers, op boete van 3 gulden. 


Volgens Reinsberg-Duringsfeld (bl. 238) deden de 
koorknapen in de kerken iets dergelijks des Zaterdags 
voor Paschen met het rouwgewaad uit te kloppen 
waarvan de priesters zich ontdeden vooraleer de 
« Gloria » aan te heffen. Is het misschien eene naäping 
van het gedommel dat, met het afloopen der « donkere 
metten » van ’s woensdags af, werd veroorzaakt door het 


SPREEK- EN ZEGWOORDEN 259 





geruchtmakende toeslaan der zangboeken of het laten 
neervallen der zitbanken, om het einde van ‘*t officie 
aan te kondigen? 


Scorsel woensdag 


Ten jare 1514, den 4 April (op scorsel goensdach) is overleden 
Mathys de Meyere kerkmeester der parochiale kerke van Sint-Jans 
binnen Mechelen; hem volgde in deze bediening Rombout Smets.….. 

Nota : Scorsen woensdag valt jaerlijks wocnsdag in de goede 
week. (Chr. Aanw). 


Sprekende van het beleg van Mechelen van 1302, 
geeft De Munck in zijne Gedenkschriftcn enz., bl. 171, 
een uittreksel van de Oude Legende van den H. Rumol- 
dus, waarin te lezen stond, dat de relikwiëen van dezen 
beschermheilige rond de stad werden gedragen en dat 
daarna de stad ontzet werd «.... dit mirakel geschiede op 
ten SCORSEL Wocnsdag, dacr God in dr ceuwicheyt af 
moet geloe]t zyn. » 


Footiën of drinkevld 


Menigvuldig zijn de wijzen waarop men, wien het 
aangaat, denken doet aan het geven van fooi of drinkgeld. 
Terloops halen wij hier het volsende daarover aan : 

Wanneer een in opbouw zijnde huis in ’t droog is, 
dat wil zeggen, onder dak staat, steekt men vaandels op 
de kruin van ’t dak; vroeger was het ’ne mei- of boomtak 
met vaantjes van klatergoud en gekleurd papier versierd. 
Dat is eene welgekende uitnoodiging aan den eigenaar 
om de werklieden te vergasten of te trakteeren. Soms 
ook wanneer hij voor de eerste maal den drempel van 
zijn huis overschreed — of wanneer hi] of iemand die 
hem eigen is, voor de eerste maal in eenen werkwinkel 
of op eene werkplaats komt, wordt hun met het zelfde 
inzicht de schoenen geveegd. Ook nog bij huwelijken, 


260 MECHELSCHE GEBRUIKEN 


wanneer de jonge getrouwden huiswaarts keeren, spreiden 
de dienstboden of eenen witten doek, of wat anders, 
voor de voeten uit der aankomenden die, er over gaande, 
alzoo het huis binnentreden. Meermalen strooit men 
zand op den weg dien zij volgen moeten of gesneden 
papierkens. 


Geschiedkundige, of op overlevering rustende 


spreek- en zegwoorden 


Str.….. van mieuwen heering is te Mechelen verschen visch 
(wordt spotsgewijze gezegd 
wanneer iemand aan ’t zwetsen is of aan ‘t grootspreken) 


De haringhandel was te Mechelen, in vroegere 
eeuwen, eene belangrijke bron van winstgevende komer- 
schappen; in andere woorden werd op groote schaal 
gedreven, en wel zoodanig dat nog in de xvi‘ eeuw de 
spraak ging dat de haring te Mechelen z00 overvloedig 
was als de « aubergines » te Tolede en de straat- 
schuimers te Sevilla. (Les harengs à Malines, sont 
comme les aubergines à Tolède et les malandrins à 
Séville). | 

In ambtelijke oorkonden treft men menigvuldige 
bewijzen aan van dien hedendaagsch gansch verloopen 
vischhandel. In de vroegste schepenboeken zoowel als 
in losse stukken waar er spraak is van koopen, verkoopen, 
verhuren, enz., van vaste goederen, treft men niet zelden 
melding aan van « pendicula » gezegd « haringhangen »; 
deze waren dus aanzien als eene inrichting, eene bijhoo- 
righeid, belangrijk genoeg om in het beschrijf van 
de goederen plaats te vinden. Ons dunkens waren 
het afzonderlijke gebouwen, waarin houten toestellen 


SPREEK- EN ZEGWOORDEN 2061 





geplaatst waren, voorzien van horizontaalliggende ronde 
latten of dunne stokken, haringspetjes genaamd, waar 
de visch langs de wangen werd aangeregen en 200 
gedroogd. Meest allen waren gelegen op beide oevers 
van de Dijle : in de omstreken van de O,-L.-Vrouwstraat 
van den eenen, IJzeren Leën, Nauvwstraat, enz., van 
den anderen kant. 

Te Aalst en omstreken vindt men nog haringrook- 
kerijen. 

Dat er onder het volk eene uitdrukking kiwvam en 
bestaan bleef die aan dien tak van vroegeren welstand 
te Mechelen herinnerde, zal dan niet al te vreemd 
schijnen. Des te meer nog, dat er in bovengemelde 
stukken, wanneer er eene verbintenis moest aan- 
gegaan worden, voor eenen gestelden tijd, of iets 
in dien aard, er ook wel eens spraak was van « eenen 
natten haring tijd » (1374, dus gebruikt zooveel als 
Paaschtijd, kriekentijd, enz.; een bewijs te meer van de 
belangrijkheid van dien handel, dat dan ook niet kan in 
twijfel getrokken worden. 

Dat de haring te Mechelen geschiedkundig befaamd 
was, bewijst het volsende. In eene kronijk van Nicolaas 
Steylaert, zegt De Muxcx (Gedenkschriften, enz., bl. 173) 
waar er gesproken wordt over het beleg van Mechelen 
van 1302, leest men 


De Lovenaers werden gejaecht tot in de Lipse, dewelcke in het 
vluchten twee voederen Boxharinck verlieten, waer af de Mechelaers 
het eene aen haer wedersonden, op datse eten souden, het ander 
voeder dat brachten ze mede tot Mechelen in de stadt, ende gaven 
elck daer af te eten, ende alle degene die daer af aten, die waren 
vrij poorter. 





Om balf acht trokken de boeren de wacbt, 
Om balf negen hwam 1h er eenen tegen, 
En om balf tien was er geen eenen meer le Zien. 
18 


262 MECHELSCHE GEBRUIKEN 


Men vraagt zich af of hier niet wordt gezinspeeld 
op den inval der boeren te Mechelen in 1798. De uren 
schijnen overeen te stemmen met de uren van dezen 
oploop. Men weet dat het de boeren waren van den 
omtrek, die te Mechelen de fransche soldaten over- 
vielen: dat ze echter welhaast moesten zwichten voor 
het groot opkomende getal hunner vijanden, en er, 
buiten de dooden en gekwetsten, 41 boeren gevat werden 
en daags daarna, op Sint-Romboutskerkhof, door den 
kop geschoten. Dit voorval, dat zich op menige andere 
plaatsen ook voordeed, wekte groote opschudding, en 
bleef lang in het geheugen der bevolking. Wanneer men 
over eenige jaren alom het eeuwfeest dier gebeurtenissen 
vierde, werd te Mechelen de omgebrachte boeren, ter 
herinnering, een groot metalen kruis opgericht, op de 
plek waar de strafuitvoering had plaats gehad. 


Ende dat is het out seggen : 
Als die van Mechelen in den Vasten noodt badden van Spiyse, 
sprack men van peise (AZEVEDO, Chronvche van Mechelen). 


Deurckens toe, de Mechelaers komen (Remerus VALERIUS, d.). 


Deze twee gezegden hebben betrekking op het beleg 
van Mechelen in 1302. 

Spottender wijze kan men het eerste gebruiken 
wanneer men wil te verstaan geven dat de nood dwingt. 
Daar het juist in den Vastentijd voorviel dat de stad 
omsingeld was, waren de Mechelaars wel verplicht den 
vasten streng te onderhouden, wilden zij, ten lange 
laatste, geen broodgebrek hebben. Het is ook omdat 
ze daaraan leden, dat ze in de Goede Week peis vroegen 
en niettegenstaande eenige dagen later uitvallen waagden 
met goed gevolg bekroond ; onder andere overvielen ze 


SPREEK- EN ZEGWOORDEN 263 





duchtig de Brabanders en joegen ze op de vlucht. Dit gaf 
oorzaak aan het ontstaan van het tweede gezegde, dat 
de onverwachte komst der Mechelaren herdenken doet. 





In ‘t jaer 1259 zijn de Beggijnen gaen woonen buyten de stadt, 
omtrent Sie Cathelijne poorte, welcke daer soo vermenigvuldigd 
zijn, dat aldaer ten tijde van Merten van Rossum 1800 beggijnen 
waeren, sonder de jonge maegdekens, dle daer in groot getal ter 
schole lagen. Daer was in dien tijdt van het Beggijnhof dit spreek- 
woordt : 


Op het Beggijnhof weet men al wat in de stadt geschiet : 
Maer in de stadt van het Beggijnhof het minste niet. 
(Remerus VALERIUS, op. cit., bl. ro). 


Het voorgaande beteekent zooveel als wilde men 
zinspelen op geheimhouding of op die soort van men- 
schen die een ander uithooren en over hunne eigene 
zaken zwijgen. Voor het laatste geval kan het doorgaans 
het best gebruikt worden. 

Wanneer men uitdrukken wil dat men eene eerste 
maal slecht gevaren is, en daarom het geenen tweeden 
keer graag beproeven wil, werd er gezegd : 

’T was als begginen vocren : het was haer lieder eerst, 
tmocht wel haer lactste zijn, omdat die beggijnen, ondanks 
de waarschuwingen van haren pastoor, hadden willen 
deel nemen, met de andere geestelijke ordens van de 
stad, aan de plechtig: intrede te Mechelen van Karel 
de Stoute; daar het dien dag stikkend heet was, waren 
er velen van die beggijntjes onpasselijk geworden, en 
moesten naar huis gedragen worden; zoo werd de lust 
haar benomen om nog eene andere maal het spel te 
wagen. (Men zie de eerste reeks onzer Mechelsche zeden 
en gebruiken, bl. 31). 


264 MECHELSCHE GEBRUIKEN 








Eene beggine daghuur 


Om in het oud Beggijnhof aangenomen te worden, 
moest men door handwerk zijn leven kunnen onder- 
houden, of een inkomen genieten van 100 franken. Om 
de nietigheid van dien eisch te doen uitschijnen, zeide 
men en zegt men nog heden, als iemand eene spel vindt : 
« hij heeft ’n beggijne daghuur gewonnen ». 


Half acht is d'uur daer 1k naer wacht, zei het beogyntje, 
en ze liep het hof af. Wordt doorgaans gezegd wanneér 
iemand alles laat staan wat staat en zich spoedig weg 
maakt zonder zich nog om iets te bekreunen. 


Ge kunt zien aan ’t strooisel welke processie dat witgaat 


Er waren tot op het einde der xvirl® eeuw te 
Mechelen twee processiën ter vereering van den H. 
Rumoldus : De eerste, in 1303 vastgesteld op den 
Woensdag in de Goede Week, later verschoven op 
den derden Paaschdag, werd in 1757 tot den derden 
daarop volgenden Zondag verzet, en eindelijk op den 
4 Zondag in 1874, onder Z. E. Cardinaal Sterckx, 
zaliger, wanneer de feestdag van de Bescherming van 
den H. Joseph, tot de gansche H. Kerk uitgebreid, 
op den 3“ Zondag den voorrang bekwam. Zij diende 
ter herinnering van den heldenmoed onzer voorvaderen 
in den strijd tegen Braband. Men noemde ze Peys- 
Processie. De tweede was van ouds in gebruik tot nage- 
dachtenis der martelie van onzen heiligen stadspatroon. 

De omgang begon aan de kerk, en van daar volgde 
men den Steenweg, de IfJzeren Leen, de Grootbrug, 
de Guldestraat, de Koornmerkt en de Hoogstraat, om 
van dààr, rechts de Vestbergen op te gaan en dezelve 
rond de stad te volgen tot de overste poort. Dan trok 


SPREEK- EN ZEGWOORDEN 265 


men weder de stad binnen langs dezelfde straten hier 
voor genoemd, naar de kerk terug. 

Op de vestbergen, die niet bewoond waren, kon er 
geene kwestie zijn van den grond met groen en bloemen 
te bestrooien; maar in de straten was dit gemakkelijk 
te doen. Nochtans dient hier het onderscheid gemaakt, 
waardoor zoo wi] denken het hierbovenstaande spreek- 
woord ontstaan is. 

Voor de Peys-processie, die in het véérjaar, omtrent 
Paschen plaats had, was aan bloemen strooïen niet te 
denken, vermits men alsdan in sommige jaren zelfs aan 
eenvoudig loofstrooisel gebrek hebben kon. Ook bepaalde 
men zich in dergelijke gevallen met lisch of spaansche 
haag op den doortocht der processie te werpen. 

Maar in de maand July was er voor de Kermis- 
Processie geen verkort. Alle planten hadden hun loof, 
alle bloemen waren ontloken, en dan kon men gemak- 
kelijk den bodem der straten langs dewelke men de 
Heilige Relikwiën van Mechelen’s beschermheilige om- 
droeg, met een veelkleurig en welriekend bloemen- 
tapijt bedekken. 

Tebeginnen van 1636 is het Allerheïligste Sacrament 
in de Omgang-Processièn niet meer gedragen geworden. 
Van dan af ook werd er in deze laatsten geen licht 
meer gedragen en waarschijnlijk niet meer gestrooiïd; 
dit wijzigde wellicht eenigzins de vroegere beteekenis 
van het spreekwoord, dat in menigvuldige gevallen 
kan toegepast worden. 





Nen Titus zetten 
(Wil zeggen afwezig zijn zonder zich te doen vervangen 


of verontschuldigen) 


Die spreuk ontstond in het Groot Seminarie te 
Mechelen op de volgende wijze. Ten jare 1855 vierde 


260 MÉCHELSCHE GEBRUIKEN 





men de uitspraak der Onbevlekte Ontvangenis der H. 
Maagd, op eenen Zondag in Meert. De leerlingen van het 
Groot Seminarie die op den binnenpand uitzicht hadden, 
hadden de vensters hunner cellen verlicht en met trans- 
paranten en verzen versierd. 

De Seminarist Verheyden, bijgenaamd Titus (1), 
wilde van op zijne kamer door de opgelichte gordijnen 
eens in ‘t genipt nazien wat de andere makkers z00 al 
sedaan hadden. Die van beneden riepen hem toe 
« Titus, alleman ziet u staan; stopt u »; En h1] ant- 
woordde in zijne gouwspraak : Ze hkinne me me zen. 

Den volgende Zondag als de Seminaristen naar de 
Hoofdkerk gingen om den dienst bij te wonen, ontbrak 
er een, en diens plaats in het gestoelte bleef dus ledig. 

Na den dienst verweet men hem zijne afwezigheid. 
En hij antwoorde : « Ik heb me doen vervangen door 
Titus en dien hebt ge waarschijnlijk nie kunnen zien ». 

Vandaar het gebruik van in de Koordiensten eene 
opengeblevene plaats met benaming Tius te bestem- 
pelen. 


"E Is den duvel met %'n mociër (moeder) 


Wordt gezegd van iets dat groot, of kostbaar, of 
wonderlijk schijnt te zijn, en eigentlijk, op den keper 
beschouwd, veel van zijne waarde verliest. 

In het relaas dat Nicolaes Steylaert gaf van het 
springen der Zandpoort, gebeurd op 7 Augusti 1546, 
leest men daaromtrent het volgende 


In t jaer 1548 soo loste men in den may te Mechelen alle het 


groot geschut van Saxen, ende van Hessen, welcke waeren 110 
stucken, onder de welcke waeren drij mortieren, ende twee geheele 


(1) Geboortig van Willebroeck, overleden 17 Januari 1876. 


SPREEK- EN ZEGWOORDEN 207 








groote stucken, gehecten den duyvel ende syn moer, dewelcke alle 
gegoten waeren van clocken; ende twee bussen waren der gegoten 
van de minne broeders clocken, waer op gefigureert stonden veele 
schampen tegen de geestelijckheyt: dese stucken die te Mechelen 
gecomen waeren en Was maer een derde paert, waer aff het tweede 
paert was bij den Roomschen Conink,ende het derde paertin Spaniëén. 
In hetselve jaer, soo quamen te Mechelen uyt Engelant te 
coope veel kerckelijke dingen, gelijck als houte ende steene belden, 
ende sepulturen, die aldaer in Engelant uitgeworpen waeren. 


Zoo bovengenoemd zegwoord zijn ontstaan niet 
dankt aan de hier aangehaalde omstandigheid, dan heeft 
men hier toch het bewijs dat het, zooals men zegt, z00 
oud is als de straat, hetgeen toch niet te misprijzen is. 


Volksuitdrukkingen 


Den Duivel 


Hij was als van den duvel geslagen, sprakeloos. 

T gaat er gelijk den duvel in Noorwegen, ruzie, hevig gekiff. 

’n duvel houdt er de kcers, in ‘’n huishouden waar er nogal 
eens ruzie gemaañt wordt. 

Als men van den duvel spreekt ziet men zenen steert, a/s men 
van iemand spreehkt khomt deze dikwijls onverwacht aangegaan. 

‘n huis zonder kruis is ’n duvelshuis, eene zinspelling voor- 
eker op het gebruik bieronder breedvoeriger besproken. 

Loopen ofdat men den duvel gezien had, haasfig verdwignen. 

Hoe meer dat den duvel heeft hoe meer dat hij hebben wilt, 
begeerlijhheid. 

Hij slaagt er op gelijk den duvel op Geeraard, 1emand ferm 
aframmelen. 

Den duvel veur zenen nieuwjaar krijgen, bekeven worden. 

Een keersken veur den duvel branden, v/eten, toegeven. 

t Trekt hier gelijk in ’n hellegat, wz#d-tro8. 

Lupt naar den duvel, verwensching. 

lemand den duvel aandoen — op ‘t lijf jagen, Awaad maken. 

Bij den duvel te biechten gaan, £1ch vertrouwen aan eenen 
vijand. 

Duvelsbrood, kampernoelién. 


268 MECHELSCHE GEBRUIKEN 





Tegen ’nen hoogdag of groote feestdag gebeuren er veel 
maleuren, omdat den duvel dan rond loopt om de menschen tot 
kwaad te stoken of kwaad te doen. 


Op den buiten wordt er nog boven de staldeuren 
en ook boven andere deuren of welkdanige openingen 
van huis of schuur, met witte kalk een kruis gemaakt 
om te beletten dat de duivel langs daar zoude binnen 
komen. 

Een typisch voorbeeld daarvan vinde men in neven- 
staande figuur, voorstellende « ’t Prinsenhof », eene 
tamelijk groote hoef, toebehoorende aan den hertog van 
Arenberg, en gelegen bezijden den ïijzerenweg van 
Mechelen naar Antwerpen, op het grondgebied der ge- 
meente Duffel. Men ziet dat er weinige openingen zijn 
of er is bovenaan een kruis gewit. 

Dit godvruchtig gebruik word steeds zeldzamer 
onderhouden. Van jaar tot jaar vergeet of verwaarloost 
men soortselijke kruisen ecene nieuwe laag witsel te 
geven. De aluitwisschende hand van den tijd doet ze 
van lieverlede verdwijnen, zoo ze niet overschilderd 
worden door die reusachtige reklamen, met in ’*t oog 
springende klcuren, die den voorbijganger herinneren 
aan moderne firma’s, aan uitheemsche bad- of speel- 
plaatsen, en meer dergelijke. 


Wien zal het verwonderen, dat er te Mechelen en 
omstreken onder het volk sporen te vinden waren of nog 
zijn van geestesverschijningen, spookvertellingen, enz. 
Wij hebben persoonlijk weinig of niets daarover kunnen 
opdoen, alleen het volgende : dat het soms voorviel dat 
de eene of andere nachtraaf, bij het naar huis toe keeren, 
wel cens aan ’t dolen geraakte en zich de gansche nacht 
afmatte om te vergeefs zijn huis te vinden. Met het 





. te Duffel 


“ ’{ Prinsenhof 





SPREEK- EN ZEGWOORDEN 269 





krieken van den dag bevond de sukkelaar zich op eene 
eenzame en verlatene plaats, of in het midden van een 
moeras, vanwaar hij dan, gansch uitgeput, den weg naar 
huis vragen moest. Was het ’ne kwelgeest die hem daar 
gebracht had, of eene afwezigheid van geest veroorzaakt 
door den « Mechelschen Bruinen die hem bij den kop 
had gepakt » ? dat zullen we God en de meulder laten schecën. 
In de nagelaten handschriften van wijlen M. Ed. 
De la Faille, vonden wi] desaangaande het volgende, 
waarvan wij het oorspronkelijke opstel eerbiedigen. 


Kleudde met z'ne bellen 


Kleudde met z'ne bellen was geen dwerg noch reus. 
Hij was een wel gespierde kerel van middelmatige 
gestalte, die door allerhande poetsen, zoowel de ouder- 
lingen als jonkheden den schrik op ‘t lijf joeg. Zelden 
vertoonde hij zich zichtbaar. In de nabijheid van de 
rivier de Dijle en derzelver afloopen hield hij zich 
inzonderheid op en het was in die waters dat hi] menige 
burgers insleepte en weinige er maar door belofte aan 
eene gewisse dood konden ontsnappen. Veel hield hi] 
van kaart spelen. Zoo speelde hij eens met de kaarten 
in eene herberg op Nieuwendijk, en liet al de spelers de 
winst opstrijken. Opgeruimd verlieten zij de herberg en 
wenschten een goeden nacht aan den verliezer. Zi] wisten 
niet dat hunnen speelgezel Kleudde geweest was. 
Nauwelijks hadden zij de Vrouwvliet bereikt, alwaar 
destijds nog geene brug lag, of Kleudde stond te midden 
van t water om hun den doorgang te beletten. In een 
omzien had hij zijne drij speelmakkers bij het lijf en 
gaf hun eene dopping die nooït een waterhond onder- 
vonden heeft. Het op hulp roepen was ijdele moeite. 
De Hellebardiërs die in ’t Schrans de wacht hielden, 
hadden bij het erkennen van Kleudde hunnen post 


270 MECHELSCHE GEBRUIKEN 








verlaten en de vlucht naar de stad genomen. Al wat de 
kaartspelers wisten te vertellen na den nacht daar 
doorgebracht dat ze geen denier op zak meer 
hadden. 


Stallichten 


Rond den poel, op Neckerspoel, welke in den zomer 
van 1874, gevuld werd, vereenigden zich des nachts 
honderde en honderde stallichten (1). Wee den voorbij- 
ganger die aan deze lichtjes zegde : « Ik doop u in den 
naam des Vaders, des Zoons, en des heiligen Geestes. 
Amen », mits h1j dan van een zoo overgroot getal lichtjes 
omringd werd, welke allen verlangden om gedoopt te 
worden, dat hij zich in de onmogelijkheid bevond aan 
het verlangen te voldoen en dan door de stallichten 
medegesleept werd tot in den poel, waarin hij onge- 
nadiglijk moest verdrinken. 


Nachtmuziek 


In de uitgestrekte weiden en bouwlanden, gelegen 
tusschen Eleweyt (2) en Mechelen, konden de voorbij- 
gangers alle nachten een lieflijke vrouwenzang, begeleid 
van een zoetluidend muziek, hooren. Niemand heeft nooit 
het gezelschap van zangeressen en muziekanten kunnen 
naderen, want telkens men er zich heen begaf, verwij- 
derde het zich in het uitvoeren van de aangenaamste 
melodijen. 


(1) Stallichten zijn volgens het bijgeloof kinderen die geen doopsel 
ontvangen hebben. 

(2) Te Elewevt wordt nog steeds gesproken van een « goùwe 
Mahomet » of eenen, sinds onheugelijke tijden, daar verborgen schat. 


SPREEK- EN ZEGWOORDEN 271 





Het wit schaap 


Alwie des nachts over Neckerspoel ging mocht ver- 
zekert wezen van door een wit schaap voorafgegaan te 
zijn dat door niemand kon aangeraakt worden. Wanneer 
het een inwoner van de stad was, zag deze het dier 
verdwijnen met door de Neckerspoelpoort te springen 
vooraleer dezelve géopend werd. Een gehuchtbewoner, 
hi zelf heeft het mij gezegd, zag eens, wanneer hij van 
Pasbrug huiswaarts keerde, het van hem verwijderen, 
na door hagen, ja zelfs door boomen en door zijne huis- 
deur gesprongen te zijn, zonder hagen, noch boomen, 
noch de huisdeur beschadigd te hebben. 


Een enkele bemerking weze over het voorgaande 
gemaakt. Op de plaatsen waar zulke sprookjes ontstaan 
zijn mag men doorgaans zeker zijn dat er bij opgra- 
vingen iets of wat aan onheugelijke tijden herinnerende, 
zal gevonden worden. Het zijn als zoovele aanduidingen 
die den zoeker geleiden naar ontdekkingen van het 
grootste belang op voorouderlijk of voorhistorisch gebied. 
Daaromtrent herinnere men zich de opgravingen met 
dergelijk gevolg in de weiden van Neckerspoel bij de 
Dijle, alsmede te Hofstade, dicht bij Mechelen. Ettelijke 
voorbeelden elders komen die meening staven. 


Wéérhkunde, wéérvoorzeggingen, enz. 


t Zal gaan ratten spâwen, hevige regenvlaag op banden. 

Als de katten Zich wasschen tot achter d’ ooren, is ’t teeken 
van regen. 

Regen voor acht uren, blijft nie duren. 

Als ‘t regent is ‘t weer gezegend. 

Somervlagen duren geen dagen. 

t Is kermis in d'hel, wanneer de £on schijnt en het terxelf- 
dertijd regent. 


272 MECHELSCHE GEBRUIKEN 





Als ‘’t zoet riekt is ‘t teeken van regen. 

De merel is ‘ne watervogel. Als bij fluit is ‘t teeken van regen. 

Als ‘t dondert op naakte boomen zal ‘t ne wecke zomer zijn. 

Als ‘t blaaskens regent, duur ‘’t nie lang. 

In de meert is ’n vloei er zeven weerd. 

Als ‘t kinneke is geboren hebben de raapkens hunne smaak 
verloren, Xerstmis. 


De zon en de maan 

En de neus van Ariaen, 
En de pot en de pan 

En bel neuzengespan ; \ 
En j00 voeren wi den wagen | 
Den wagen dat 1s 

Maar daar 1s de vis 

Die bedrieglijh 15. 


Zodiak? 


Liefde en huwelyh 


Hij vliegt met strooi, verliefd. 

Die ‘t onderste van ‘n flesch drinkt en onder ‘’nen balk zit 
trouwt in ‘t jaar. 

Die uit een gescheurd glas drinkt trouwt met ’n weëf. 

Hij of zij geraakt nie van de merkt, set getrouxd. 

Lij zal op heur hemd blijven zitten, niet getrouwd geraken. 

Vruchten voor hunnen tijd zijn ‘n bruid of ’n lijk. 

Op ieder potteke past ’n scheeltje, als antwoord aan 1emand 
die wanboopt van eens te trouwen, of van iemand die men nooît dacht 
getrouwd te geraken. 

De beste koeiën blijven op stal, ‘? £ijn niet alfijd diegene 
die men het meest op Straat ziet, die de beste buistrouwen zijn 
voor later. 

Met den avond zijn alle kattekens grijs, 27 den donker of in 
 genipt £iel men niet nauw. 

tIs nog veër van lachen zei de bruid en ze greès, de uithomst 
1S nog ongeher. 

Zoo dun als de liefde, klein, nietig. 


SPREEK- EN ZEGWOORDEN 273 





Waar iemand trouwt of sterft wordt er altijd geklapt. 

Daar kan nog ne zwerte met ne witte tusschen komen, <oo/ang 
als ‘t buwelijh niet voltrohhen is kan bet nog uitbranden. 

De speelman zit nog op ’t dak, eerste dagen van het buwelijk. 


Moeder staat me kappeke fijn (bts) 

Me lief zal ‘t avond komen, 

Met een rood kazaksken aan, stroof op de wigze van 
En een hoedje naar de mode. ‘+ reuzenlied. 

Keert u eens om, reuzke, reuzke! 

Keert u eens om, reuzegom. 


Een keersken veur Antoon, 
En daar meë is ‘t geflikt; | 
’t Is immers de patroon 

Die tegen de jonkheïd knikt. 


, ten dienste van verliefden. 


Keersken in de lanteern 

Den domp die vliegt er uit 
En de meiskes gaan z00 geern 
Met haar kaprisken uit. 


Ne gooïië man, nen braven man, 

Ne man van complaisance : 

Hij wiegt het kind, goedaardige echteling. 

Hij roert de pap 

En hij leut zen vrouwke dansen. 

t Kind heeft suiker gek.kt, wordt gezegd van de suiker die 
met den doop door peter, meter of ouders, aan familie en hennissen 
wordt uitgedeeld. 


Om het kind de tong los te maken doet men het 
herhaalde malen zeggen : 

De kat die krabt de krollen van den trap, 
Of: 

Wit peerd, zwert peerd, 
of iets dergelijks. 

Om de kinderen de vingeren te leeren kennen, of 
tellen, of er mede te spelen, zegt men, achtereenvolgens 
elken vinger tusschen duim en vinger nemende : 


274 MECHELSCHE GEBRUIKEN 








Dien heeft de koei gekocht, 

Dien heeft ze thuis gebrocht, 

Dien heeft ze geslagen, 

Dien heeft ze geeëten, 

En klein Patierteke heeft ze uitgescheten. 


Nog slaagt men lichtelijk het kind in *t plat van de 
hand en men zegt 


Plek naar de merkt, 
Koopt een koei, 
Een beetje lever toc, 
Een beetje pens, 
Veur de zieke mens, 
Krem, krem, krem, 
en men kittelt het in palm van d'hand. 


Wanneer een kind den oùman (niet goed opwilt) 
heeft, gaat men met het hemd ervan naar Strombeek (r), 
waar men dit dompelt in eene daarvoor welgekende 
beek of bron. Blijft het hemd boven drijven, dan zal het 
kind genezen; gaat het onder, dan sterft het kind. 

Ons wetens wordt dit gebruik heden nog onder- 


houden. 


Pas op, want als ‘t klokske van Rome luidt blijft uw gezicht 
ZOO Staan, £egt men aan kinderen wanneer %e een Schéef gezicht 
trekken. 

Als is ‘n moeder nog zoo arm ze dekt zoo warm. 

Eentje dood is eentje in de schoot, wordt gezegd bij het over- 
lijden van een jongjarig kind. 

Haagweëf, vrouw die van baren man verlaten is. 

Als ‘’n oùw schuur in brand geraakt is er geen blusschen 
aan, overjarige liefde; wordt gezegd van een bejaarde persoon die 
verliefd 15 en gaan trouwen wil. 

Met ‘©t fluitje gewonnen en met ‘t trommeltje verteert, over- 
vloedig en gemañkelijh gewonnen en nog gemakkelijker opgedaan. 





(1) Tegen Laeken, Jette, enz. 


SPREEK- EN ZEGWOORDEN 275 





Die den zot trouwt voor den pot, verliest den pot en houdt 
den zot; die het wijf trouwt om het lijf, verliest het lijf en houdt 
het wijf, wordt gezegd van diegenen die trouwen alleen om uiterlijke 
of stoffelijke hoedanigheden of voordeelen. 

Uit ‘t bed klapt men niet, men Alapt niet aan vreemden van 
buiseligkhe zaken. 

’n Zatte vrouw is nen engel in ‘t bed. 

Alle vrijers zen geen beddeleiers. 

Als de peerden niet gelijk trekken kan het niet gaan, 2/s man 
en vrouw niet zamen werken, gaat het niet vooruit in ‘t buishouden. 

’n Kinderhand is gauw gevuld, de Jeugd is met weinig tevreden, 
of kriggt voldoening met weinig. 

Loopen met vliegende vaandel, met het bemd uit de broek; 
metter haast ievers naartoe willen. 


Kinderliekens — Telliwkens 


Hanske van Cappellen, 

Gink een eilje pellen, 

Het eitje viel in d'assche, 

Hij ging er henen tasschen. 

Hij verbrande zenen kleinen vinger, 
Hij gink er een liehen op xzingen. 
Een lieke van Sinte Cathelijne, 
Leut het zonneke schijnen, 

Leut den regen overgaan, 

Dat de hinderkens schole gaan. 
Wie zal ze leeren? 

Onze lieven Heeren, 

Wie zal ze hoiwen ? 

Onze lieve Vrouwe, 

Wie zal ze l'eten geven? 

Sinte Peeter de goote man, 

Met zen sleutels 1n zen band. 
Hij liet zen sleutels klinken, 
Op ‘’n glasen pintje, 

Op ‘'n glasen vat, 

Daar den beiligen Engel ob zat. 
H. Engel Sinte Machiel, 


276 MECHELSCHE GEBRUIKEN 





Ik beveel u men lif en ziel; 

Men xiel is in den Hemel, 

Hooger als ne kemel, 

Hooger als nen blonten kop. 

Blonten kop van Speunje, 

Appelen van Oreunje, 

Peren van den hoogen boom, 

AT die ‘1 leste speleken steekt, 

Die heeft de gäwe zilveren kroon. 

De kroon die staa gespannen, 

Met zeven igzeren bannen, 

En al de hinderen die stât zen 

Worden daar aan g'hangen. 

Zemelen in, jemelen tit, 

Smet (naam van het kind dat moet weggaan) de venster uit. 
Een lieken, 
Van appelen, peeren, hriehen, 
Den boer beeft in zen bem gek.kt 
En leut jen vrouwke rieken. 


Sinte Merten kan niet k.kken, 
Want zen g.1 is toe gebakken, 
Trek maar aan, trek maar aan, 
En zen g.f zal open gaan. 





Buy ‘t spelen met de haarten 


’t Valt gelijk klokspijs, de froeven of xekere kaart valt 
regelmatig. 

Allo is ‘t ‘n kaart of ne mutsaard! ”iet le lang dralen. 

Hebt g'et? ’k Heb noch nie veur ne vos te biechten (Limburg). 





Eten en drinken 


Wat door den roeper kan, gaat door den poeper, door de keel 
kan door het 9... 

Rapen doet het g..… gapen, en weutelen (wortelen) doet het 
g... spreutelen. 

Vandaag gemalen, morgen gebrouwd en overmorgen uitge- 
pist (bier). 


SPREEK- EN ZEGWOORDEN 277 





Kleermakersgebraad. Zoo heet men te Mechelen heel 
gebakken appelen, zooals men ze bij winterdag bij 
wijlen rondleurd. Die appelen werden vroeger, naar het 
schijnt, grootendeels verbruikt door de kleermakers, die 
wegens hun aanhoudend zitten geene zware spijzen 
verteeren konden. Daarom Zzei men ook dat zij maar 
een darm hadden en deswegens geen ander voedsel in 
de maag dulden. De kleermakers, zooals men weet, 
zitten niet op stoelen maar op verhevene wijde tafels, 
waarop ziy de stoffen, die zi] bewerken, goed kunnen 
openspreiden zonder ze den grond te laten raken, en 
zoo bewaren zij dezelve tegen alle bezoedelingen. Daar 
die tafels veel gelijken aan eene soort van schavot of 
verhoog, geeft men te Mechelen aan den kleermaker 
den naam van schavotspringer. 


Bitter in den mond maakt ’t hert gezond, gezegd bij ‘Ÿ nutten 
van bittere Spiyzen. 

Hij kan géen pap meer zeggen, goed gevuld. 

Buiksken vol, herteken rust, verzadigd naar lichaam en dan 
LeFUSÉ. 

’K kan nie meer speèken (spuwen), dorstig zijn. 

’K zien ze vliegen, honger bebben. 


Ne keer duimen, van een glas de weerde drinken van eenen duim. 
In de herbergen was het vroeger de gewoonte van 


te zeggcen aan de of den patroon die het glas bier 


aanbracht : « drinkt eéns mée », of « doet eens mée ». 
Zelden of nooit werd zulks geweigerd : weigeren werd 
zelf als eene beleediging aanzien. 


Hij heeft ‘nen droogen lever, drinht veel. 

t Is ’nen herberg pileer, veel in de herberg zitten. 

Ne pater gaat nooit alleen op termijn of men kan niet op een 
been loopen, om 1emand aaït te zetten ets eene tweede maal le ge- 
bruiken. 

Bier op wijn is venijn; wijn op bier is plezier. 

Eieren bij petersellie gekookt barsten altijd. 


19 


278 MECHELSCHE GEBRUIKEN 





Vrien tap 


{in de Groenstraat boven de deur van de oude herberg 


van de Handbooggilde) 





Dit opschrift, heden nog bestaande, doet denken 
aan de vergunning bij onze Noorderburen nog in zwang. 
Het gelde hier eertijds ook de toelating van drank te 
verkoopen. 


Den bliwen veusschoot uithangen, vergasten ; van de afwezig- 
beid van iemand gebruik maken om zich eens aan eten en drinken 
wel le doen. 

Waar den brâwer leeft kan äen bekker nie veul te doen 
hebben, die te veel drinkt kan niet veel eten. 

Op rabot gaan, op de lappen gaan, it drinken gaan, de 
berbergen afloopen. 

Als g'in zenen neus nept speut de genevel er uit. 

Hij krijgt kaken gelijk nen dons, heiligen Blaserus bidt voor 
ons, aan ‘nen drinker. 


SPREEK- EN ZEGWOORDEN 279 





Zoo vet als Bacchus op de ton, van ‘1 drinken. 

lets veur op eenen tand t'eten, zefs lekkers, iets fijn in kleine 
hoeveelhbeid ; wordt 00h figuurlijh gezegd. 

lets naar zenen tand, fefs dat smaakt. 

Ne wolventand, gulzigheid of gretigheid. 

Eten met lange tanden, fonder Smaak of zeer langzaam, tegen 
goesting. 

lets voor zenen wolventand, voor ne gulzigaard, 

Nen hollen tand hebben, gulzig zijn. 

lets van achter den boterpot, wifgezocht, bijzonder lekkers of 
smaheli]k. 

t Is van paters veutje, lehkers. 

Een avouske, om op de gezondheid te drinken. 

Aan iemand bescheed doen, oh iemand Zjijne gezondheid 
drinken. 

’t Gaat er in gelijk klokspijs La ailes 

t Gaat er in gelijk d’avokaten in d'h:1 \ ie Art A 

t Gaat er in onder de neus en boven de kin, smakelijk eten 
of drinken. 

Omleggen, dik worden door eten, drinken of gerustheid van 
geest. 

Er is nie meer, ge kunt uwen buik overeen speten met ’n 
knopspel, wanneer eene Spijs op 15. 

Hij is geestelijk verheugd, 

Hij heeft een stuk in zenen kraag, 

Hij is in den wijngaard des heeren 

Hij heeft een stuk in zen botten 

Hij heeft een krolleken aan, 

Hij is door zenen neus geboord, 


 weinig bedronken. 


Hij zeilt gelijk een oorlogschip, 

Hij heeft te diep in ‘t glas gezien, 

Hij heeft tegen den toren geloopen, 

Hij heeft den reus gezien, ) bedronken zijn. 
Hiphecitieen ste in zen 0". 

Hij is zoo zat als ‘nn kanon, 

De straten zen hem te smal. 


In de kriekentijd is het bier slecht. 


280 MECHELSCHE GEBRUIKEN 





Huishoudelyhe zaken 


Op ne versche kerf beginnen (koopen, enz.) 


Kerfstokken zijn bewijsmiddelen waarvan de klein- 
handel vroeger (op enkele plaats en nu nog) gebruik 
maakte voor personen die niet konden lezen of schrijven, 
tot het constateren van leverantiën. Z1] bestaan in twee bij 
elkander behoorende, vroeger vereenigde en thans door 
kloving gescheiden houtjes, waarvan een leverancier het 
eene en de andere parti] het andere onder zich houüt, 
en die bij elke levering bijeengebracht worden, om 
met een mes daarin, tot aanduiding der leverantiën, 
kerven te maken, wier overeenstemming een waarborg 
voor haar juistheid opleveren. Zi] hebben bewijskracht 
in rechten en verdienen daar volle geloof onder deze 
beide voorwaarden : 1° dat partijen gewoon zijn de leve- 
rantiën, welke zij in het klein doen, op dusdanige 
manier te bewijzen, en 2° dat zij met hun dubbel overeen- 
stemmen (1). 


Op de plek koopen. afhalen, enx., zonder geld. 
levers in ‘t krijt staan, schuld hebben. 
Bescheten profijt., 
Loeken waar ‘©t nie verloren is | misplaatst of nutteloos 
Ne solfersteek in vieren en ’n glas | profisé. 
bier in eenen keer uit, | 
De gierigheid bedriegt de wijsheid, overdreven Spaarzaambeid. 
Hij zou ne cent in twee bijten, 
Als hij ne cent uitgeeft is hij blauw genepen 
Als hij ‘n stuk geld uitgceft staat er de 
prent van zenen duim in, 


Len centen zen nie blauw genepen, verkwister. 


gierigaard. 


(1) WiNKLER PRINS, Geillustreerde Encyclopætie (In de verzameling van 
M. Frans De Blauw bevindt zich de kerf van het Beenhouwersambacht, 
1835). 


SPREEK- EN ZEGWOORDEN 281 





Hij is ver van ‘t mes, bijna uitgegeven,; verhkwister. 

Hij smijt het geld langs deuren en vensters, 14. 

Hij zal ‘t er wel door krijgen, 14. 

Hij bezit eenige bunderen maneschijn, geene vaste goederen. 

Vele kleintjes maken ’n groot, vele haren maken ‘’nen borstel, 
spaarzaambeid brengt tot welstand. 

Boter bij de vis, met gereed geld betalen. 

Betalen met potscherven, geen geld bezitten om ets te betalen. 


Zedebegrippen 


Men ziet wel ‘t einde van zenen vinger, maar niet ‘t einde van 
zen leven. 

Tusschen de hoop en de vrees wordt ne mensch zalig. 

Kermis is een nat g... weerd, £1ch niet behommeren om tegen- 
slag wanneer men genot najaagt. 

Men hangt dat niet aan ‘’n andermans neus, zijne eigen zaken 
met aan een ander vertrouwen. 

Voor gedaan is nageleerd. 

Dat zit op ne stoel, daf is waar. 

Men weet niet hoe een dubbeltje rollen kan, ‘{ 1s moeilijk 1ets 
Le vOor£ien. 

Het geld dat stom is maakt recht wat krom is. 

Als de kinderen geld hebben heeft de kremer neering. 

Wat doet het dat de koeï vesl melk geeft als z'altijd den eemer 
omjakt, wordt gezegd van 1emand die maar verkwist al wat bem 
loegestohen wordt. 

Men mag zich niet uitkleèren veur dat men slapen gaat, zijn 
goed niet uildeelen vooraleer men sterft. 

Het hemd is nader dan den rok. Eerst oomke en dan zijn 
kinderen, miel te vrijgevig zijn voor anderen; eerst voor zichçelven 
orge. 

Uit ne zatte mond weet men ne nuchtere grond. 

Men kan een kei het vel niet afdoen, 

Waar niets is verliest de Kkeïzer | gebrek aan baaf en goed. 
zen recht, 

Al te haastig vangt niet. 

Haastigen spoed zelden goed. 

t Zijn goei geesten die weëêr komen, wanneer iemand eene 
tweede maal op dezelfde plaats terug homt. 


282 MECHELSCHE GEBRUIKEN 





Aanzien doet gedenken. 

t Is kluchtig te sch... en ‘t op een ander ie wijten, onbe- 
schaamdbeid. 

Kwäà kruid vergaat niet. 

Veel te goed is half zot. 

Ge kent geen weerd of ge moet er meë zitten aan den heerd, 
men kent niemand of men moet er mede omgaan. 

Die bij den hond slaapt krijgt zijn vloeién, met wien men 
verheerd wordt men vereerd. 

Een gegeven peerd mag men in zijn bakkes nie zien, miet 
le nauw gien wanneer men iets tot geschenk hrijgt. 

Str.… van nieuwen heëring is te Mechelen verschen vis, zich 
in iets illusie maken. (Men zie hiervoren blad. 36). 

Nooit zandeken verheven op zen landeken, #7en wordt nooit 
gewaardeerd in £ign eigen land. 

De vogelen die te vroeg zingen worden van de katten geëten, 
le vroeg ontvoogden is gevaarlijh; vroeg plezier 1s laat verdriet. 

Te vroeg in de weiïde, fe joug in de wereld. 

Beter nen dief aan de klink dan ’n luistervink. 

Bitter in den mond, maakt het hert gezond, eene berisping 
is niet aangenaam maar Spoort aan om Zich te beteren. 

Hoovaardij lijdt pijn. 

Vrüg in de wei is vrüg vet, 

De morgenstond heeft goud in den mond. \ 

Moeten is dwang en prijzen is kindergezang, aan iemand die 
tels aan een ander wilt opdringen. 

Eens gestolen is altijd dief. 

Eens wel is altijd geen ermoei. 

Wie leeft er van ‘t verlies? ne spellemaker (Mechelen was 
certijds een midden voor speldenmakerij; deze nijverheid is 
uitgestorven). 

leder ‘t zijn dan heeft de kwade niets. 

Beter ne verloren loop, als ne slechte koop. 

Komerschap zonder verstand is schà voor d’hand. 

Affaire gaat veur smeren, | = 

K... gaat veur bakken, al was den: PéŸ AWitige gaal voor 
oven heet. | alles. 

Men kan nie luien en met de processie gaan, alles moet op 
liyd gebeuren. 

Beter een luis in de soep als geen vet, befer iets dan niets. 


neerstigheid. 


SPREEK- EN ZEGWOORDEN 283 





Rijmen en dichten zonder zen g.. op te lichten. 

Hoe dichter bij Romen hoe slechter kristenen. 

Lang en smal dat gaat nogal, kort en dik is geenc schik. 

De gierigheid bedriegt de wijsheid. 

Als m'in weelde is, heeft men vrienden; als ‘t kwalijk gaat, 
zijn er geenc te vinden. 

Vijgen na Paschen zen vruchten naar hunnen tijd. 

’t Kind moet ne naam hebben, rede Zoeken. 

Als de klaveren uit ‘t veld zijn, #ooif. 

Als den haver achter ‘t peerd loopt is ‘t üjd dat hij geëten 
wordt, bi] tijd 1ets verrichten. 

Men moet het ijzer smeden terwijl het warm is, 14. 

D'uur is veur de zotten gemaakt, aan iemand die naar de uur 
vraagt en deze antwoord : maar de wijzen hebben hunnen tijd. 

De uren zen voor de post gemaakt en we zen aan de 
klok geen duit schuldig, werd gezegd wanneer men 1evers le lang 
of te laat zitten bleef, en men er geen homaf van maakle om aan 
le gaan. 

M:n wordt nie bekeuzeld als deur ne vuilen pot, die van een 
ander kwaad zegt deugt gewoonlijh xelf niet. 

Welkom hier wanncer gaat g'aan, 2n petto gegegd bij een 
ontijdig bezoek. 

Ros blocd zelden goed. 

Men leert nie als met schà of met schand. 

Gekrold haar, gekrolde zinnen. 

Gcen rozen zonder doornen. 

Men kan ‘’nen oûwen aap geen bakkesen lecren maken. 

Tegen geweld is geen recht. 

Vriendschap en liefde langs éenen kant, duurt nie lang. 

Al lachende zegt de zot zen meening. 

Ne kwà pennink is overal bekend. 

Na ne vergecrder ne vertccrder. 

Ne spaarder heeft iets, ne verkwister hecft nicts. 

De klager hecft geen nood, gceeft ne stoeffer een stuk brood. 

Durenis een schoonc stad, maar blijven duren is nog schooncr, 
wordt geçegd van iets overdreven dat al ne £ekeren tijd duurt, en 
van aard 1s van niet bligven te duren. 

Die zijn g... verbrand moet op de blijnen zitten, #1e1 moetl de 
gevolgen dragen van jijne daden. 

Stout gesproken is half gewonnen. 


284 MECHELSCHE GEBRUIKEN 





} aan temand die maar 
praat van ‘t gene bij 
meende le doer. 


Mandekens zijn geen keurfkens. 
Mijnen doct men op de vischmerkt. | 


Naar de val gaat het al, 71ch schikken naar de omstandigheden ; 
wordt 00h nog op ontmoedigende wijze gebrurht. 


Onder andere vertelde men het volgende : Grootmoeder was 
aan ‘t koekebakken beslaan, en ze vroeg aan haren kleinzoon of 
hij bleef om er meë van t'eten. Maar ze had ‘nen drupneus en. 
juist hing er eene lek aan. De kleine had het gezien en antwoordde : 
« naar de val gaat het al ». De drup die viel nu juist in de spijs. 
« 'k Trek er van deur », zei de kleinen. 


Den eenen zen dood is den anderen zen brood. 

Die op een erfdeel steunt, steunt op ‘ne gebroken stok. 

Woorden zijn winden, schriften verbinden. 

Die den haver verdient krijgt hem niet, die belooning ver- 
dient krijgt je doorgaans niet. 

Zoo gaat het in de wereld, 

Den ceñen bescheten en den anderen bepereld, zznspeling op 
bet verschil van standen in de maatschappi]. 
Loontje Kkomt veur zen boontje, de gevolgen van eene daad doen 
ich op. 

Op het einde van de merkt, als ‘t al bescheten uitkomt, 
wanneer men er £gich eindelijh toe besluit iets te behennen of te 
doen. 

Alle scheuten zijn geen eendvogels, alle ondernemingen Iukken 
niet. 

Tusschen ja en neën is er ne groote strijd, als 1eder aan £ijn 
gedacht blijft is er geen verstaan mogelijk. 

De lijkbidders en de apothekers, 

Die bidden daar ook voor, d'as 
zeker. 

En de koster en de dokter bidden 
daar ook voor, 

En als deze vier mannen bidden 
voor hun brood, 

Bidden er twee voor de zieken en 
twee voor de dood. 


ieder bidt voor £ijn dage- 
l13kS brood. 


SPREEK- EN ZEGWOORDEN 285 





Volhsgenceskunde, lhchaamsgebreken, zickten, vooroordeelen, 
bygeloof, enz. 


Voor de kwà oogen draagt men ringen in d'ooren. 

Tegen de vallende ziekte : 

de man van de mol dood slagen of nijpen en hem dan de 
voorste pootjes afsnijden en deze vrijven in zijn bloed: dan ze 
kruisgewijze naaien op een doekje dat men gedurig op zich draagt. 
Alle jaren te vernieuwen. 

Tegen kinderstuipjes : 

eene jonge duif het g... plukken en dat duwen op de keel of 
het g... van het kind totdat de duif dood is. 

De waterzuchtige wordt dikker of dunder met de nieuwe of 
de volle maan. 

Als er iemand ’s Zondags sterft, sterven er nog zeven kort 
achtcreen in dezelfde familie. 

Om de roos kunnen af te nemen laat men ne mol in zen 
hand sterven. 

Om pijn in de keel (angine) te genezen, snijdt men eene 
duif open en men legt ze op de keel. Of ook nog een zakske met 
pieren. Als deze er droog afvallen is de ziekte over. 

Om van de Koorts bevrijd te zijn, drage men op zich een 
zakske met verkensbeesten. 


Heilig sint Janneke, wanneer men een tand Rwijt 
Geeft mij een tandeke, À geraakt; men Smijt bem 
Geen van steen, achter den rug terwijl men 
Maar cen van been. een kruisken maañt. 


Wanneer bij iemand de lippen zijn uitgeloopen, zegt men dat 
hij of zij ne waai heeft gekust. 

Eene wond likken om zete genczen. 

De kern van de nokkenoot, is nen nagel waar Ons Heer meë 
aan het kruis is genageld. 

In godvruchtige huishoudens onderhoudt men nog de ge- 
woonte met het mes een kruis op de platte Kkant van ‘t brood te 
maken dat men versch begint. 

De witte plekskens op de nagelen zijn als zooveel leugens 
die men begaan heeft. 

Ste Maria-Magdalena is nen ongelukkigen dag (225st° Juli). Bij 
de Kordewagenaars niet! want dan is het hunnen feestdag en dan 
leren ze. 


286 MECHELSCHE GEBRUIKEN 





De ezel heeft een kruis op den rug, omdat hij Ons Heer gevoerd 
heeft bij zijn blijde inkomst te Jerusalem. 

Toovenaars lof, gezongen, zegt men, in Sint-Jans op 24 Juni. 

Een wit peerd, ’s morgens ontmoet bij het uitgaan, voorspelt 
geluk. 

Ne versche pecrdenstr… ’s morgens voor de deur, bij het 
uitgaan gevonden, voorspelt ook geluk of geld. 

Als de rechte hand juikt komt er geld. 

Als de linker hand juikt komen er slagen. 

Als uw linker oor fluit of de stoof ronkt, wordt er kwaad 
van u vertelt. 

Als het rechteroor fluit spreekt men goed van u. 

Als de neus juikt komt er nieuws. 

Als ‘’t g... juikt is ‘t een goed boterjaar. 

Loo stijf als nen otter. 


Karakterschetsen, goede en slechte hocdamighcden, 
locstanden, enz. 


(Oppervlakkig en stil. Inschikkelijk, vreedzaam. Welvaart 
en welstand. Gelaten ook zwak. Onverschillig) 


Hij zet er den boer met zen g... tegen, ) aan alles onver- 
Daar op gesch... en ‘t mest verkocht. \  schillig zijn. 
Ge moet dat wat in ’t huisken doen, inschikkelijk wezen, pro- 
fijtelijk aanleggen ; men noemt buisken de naald van de wecgschaal. 
Hij slaapt (of ligt) er gelijk de muizen in ‘t meel, rustig en wel 
Buiksken vol, herteken rust, goed verzadigd en wel tevreden. 
Ruzie doct geen zcer, slagen duurt nie 
lang en schreeuwen is kKindergezang, 
tIs ne zochte gezouten, 
Hij is goed in God en cet geerne vlaaien, 
God schept den dag en hij gaat er door. 
Hij leeft gelijk God in Frankrijk. 


Leven gelijk God op den kouter. } onverschillighetd. 
In tijd van nood eet men keusten van 
pasteien 


Den tijd nemen gelijk hij komt. 

Klinkt het niet, zoo botst het toch. 

Op goed valle het uit. | 
Gods water over Gods dijk laten loopen. 


SPREEK- EN ZEGWOORDEN 287 





Hij maakt zich nie dik, #1et kwaad maken; zich in niets storen. 

t Niet aan zen hert laten komen, onverschillig blijven. 

Hij zal zen oogen nog met zout (of ziltig) water wasschen, 
gwak tegenover kinderen of onderhoorigen. 

Hij geeft de pijp aan Merten, Jafen varen, van afzien, onver- 
schillig worden. 

Hij speelt den boer in de klucht, onverschillig, laten dat men 
van nets Weet OM £00 van een ander wat le vernemen. 

levers geene graten in vinden, geen kwaad inzien. 

Hij veègt er zen broek aan, ouverschillig. 

Hij kan lijden dat de zon in ‘t water schijnt, verdraag- 
zaambeid. 


Onthouden van twaalf uren tot hoog noen, /ichf van ont- 
houden. 


A2 " 
Lui, traag — lang verwijlen 


‘tIs ne gooie om de dood ‘t halen, weinig haastig. 

Langzamerhand gelijk de boeren wakker worden. 

Tijd genoeg laat koren in ‘*t veld. 

Vuil en vies. lekker en lui en geerne frui (fraai). 

Hij paleërt ze, ) 

Hij hangt er wat aan, | /7gdradie. 

+ Pijltje met den langen steert trekken, langdradig, langdurig. 

Werken is zalig, zei het beggijntje, maar ze deed het nie 
geerne. 

Er is lijm of pek aan den grond, of aan den stoel, evers 1iet 
weg geraken. 

+ Is een plekplaaster, bligven zitten. 

Hij telt de steenen, fraag. 

Na de koffie kluintjes geven, fe laat. 

tIs ne lemimelul, fraag, 

‘t Gaat vooruit gelijk de rijpe gerst, fraagzaam. 

#t Plafond’ van den Hemel witten, } .. 

De vaart op flesschen trekken, | Jui gun. 

Staan schilderen, wachten, verwiglen. 

Hij is te lui dat he ziet. 

Liever lui als müg. 

Lui menschen zijn gauw gezeten. 

Lui zweet is gauw gereed. 


288 MECHELSCHE GEBRUIKEN 








Tegen den avond en tegen de noen, beginnen de luiaards wat 
te doen. 

Hij is verdronken op ne windmeulen, lang verwijlen, weg- 
blijven, uitblijven. 





Onhandig, onzeker, lichtgeloovig, zorgeloos, klein, nietig, 
onwetend, alles in eenen slechten zin genomen. 


Kortzinnig of zinneloos; teleurstelling, schade lijden. 


tIs maar ne sch... in een flesch, Alein, nietig. 
tIs nen bluts tegen nen buil, } 
‘Is ‘n ruit uit ’n glas. j <onder belang. 


tIs ‘n handsvod die er wat af doet ) klein, nietig, zonder be- 

t Sop is de koolen nie weerdt. \ lang. 

Hij is om zeep, verloren, reddeloos. 

Veur ’nen appel en ‘n ei zou z'het verkletsen, jets voor eene 
mietigheid doen mislukken. 

Nen aap op ‘n stoksken, | 

Str… op ’n stoksken. | <onder aanbelang. 

Loopen gelijk ‘’n zot kieken, gelijk ‘n kieken zonder kop, 
lichtzinnig. 

t Is ‘ne wiche-weuze. Wies-wa, bijnaam van de kievit die 
zijnen nest hangt aan drij rieten. De wind wiegeld gestadig met den 
nest ; van daar den bijnaam. Bij drooge zomers hangt de nest hoog; 
bij nen natten hangt hij leèg. 

tIs ‘ne wulle water, zelfde beteekenis. 

Hij scheurt er zen broek aan, schade door lijden. 

Van de brug in ‘t water vallen, #11slukken. 

Het (huis) blijft aan zen broek, bef blijft bem voor rekening; 
wordt hct meest gezegd bij de veiling van onroerende goederen, 
wanneer iemand opbod doet om er profijt uit te trekken, ne « ver- 
dierenpikker » die zich te ver waagt en Zoo van iets tegen wil en 
dank eigenaar wordt. 

Slaat over, zei meester Moll, ‘t is latijn, 1e/s niet kennen, 
onwetend zijn; zinspeling op ‘’nen ouden Mechelsche schoolmeester, 
dien men nog al dikwijls met vragen in ‘t nauw bracht. 

En de rest was in ‘t fransch, he overige 15 verzwegen. 

lets op den balk schrijven, eene rekening of iets dergelijks, 
seker zign dat men niet zal vergoed worden. 


SPREEK- EN ZEGWOORDEN 289 





‘LS gesche." 

Het spel is naar de kl... 

lemand kl... teleurstelling, schade 

lemand bij de grenadiers, of op doen, enx. 
stoopen trekken. 

Dat is maar kl...temanswinkel. 

Hij heeft er blauwe schenen geloopen, feleurstelling. 

Hij is er met rôo kaken van afgekomen, met beschaamdbheid, 

Van de hand Gods geslagen, verslagen staan. 

Met zenen mond vol tanden staan, #ieis kunnen <eggen. 

Lap schieten, bosman zijn, feleurstelling in Spel of priyskhamp; 
onverrichler zjahe terughomen. 

Hij zit in nesten, moeilijhheden. 

Eujizitimet cen ein Ant... 

Hij zit dik. schrik. 

Hij zit met de poepers. \ 

Loo stom als een kieken, niet slim. 

Zoo stom als ne visch, w1ets £egven. 

Zoo zwart als ne potafer (pot en fer). 

Hij heeft str... aan zijn handen. } 

Hij heeft in zijn handen gesch... \ 

Hij heeft str.…. in zijn oogen, #iets bemerken. 

Hij komt van Lokeren, hij weet van niets, wordt ook gezegd 
van ne man die nen breeden hemdsband om den hals heeft. 

tIs ’n hondsvot, een zorgeloofe. 

t Is ’n annekont, 

t'Is nen anneklaas, ( 

Er zijn veel sterren in de lucht en er zijn ook vcel annekonten 
in de wereld. 

Hij is zoo slim als ’t peerd van Christus, | 

Le schoten al met ‘t kanon als hij op de wereldk wam, | slom. 

Hij heeft ‘t poeiër nie uitgevonden, 

‘t Is ne kakkeman, ) 

t Is ne voddevent, ( 

‘t Is een ouw doos, onde vrouw, een weinig hindsch. 

tIs ne snul, onnooZele man. 

*t Is ’n tut, weinig verstand, niet slim. 

Hij weet noch van toeten noch blazen, onwetend. 

Hij heeft ne slag van den molen gekregen, gebrek aan verstand. 

Hij heeft ne slag van den hamer gekregen, gebrek aan verstand, 
ginneloos, zinspeling op den bamer van den god Thor. 


onbandie. 


( stom, onbebendig. 


onbebendig. 


D 


90 MECHELSCHE GEBRUIKEN 





lemand doen gelooven dat Juzeken op nen appeleer zit, emand 
lets wi]s maken. 

lemand voor den peerelaar houden. 

lemand om den tuin leiden. 

Hij is door nen ezel over ’n onderdeur gesch..., s{om, gebrek 
aan verstland. 

Hij heeft geen haar in zen boter, geene middelen, noch naar 
geest, noch naar lichaam. 

Klein garen, klein werk, Aleine middelen, niets doelmatig. 

Ne wijde steck goed gelegd, ‘tis een hondsvot die er wat op 
zegt, sorgeloos, afgestompd werk. 

Hij zit op ne schipstoel, ouxeker, niet bestendig. 

tIs tusschen ‘t hangen en ‘t wurgen, onZeker. 

?t Gcelis noch nie van achter zen 
ooren. 

‘t Geel is noch nie van zen g…. 

Hij is nog nat achter zen ooren. 

Op de vod bijten, feleurgesteld zijn. 

Hij heeft zich laten in de kleëren steken, laten bedriegen. 

Dat is hem onder de neus geveègd, feleurstelling, misloopen. 

Hij heeft ze zien vliegen, leleurgesteld. 

Hij springt er over, eleurstelling. 

Van zen gezicht staan, rerwonderd, teleurgesteld. 


gebrek aan ondervindins. 


Hij maakt ’nen bessem (of ’n roei) 

voor zen eIgen 9... ich xelven schade berok- 
Hij slaagt zen eigen ruiten in. kenen. 
Hij lapt zich in de pot. 


Hij is geschoren zonder zeep. 


l ner 
Hij springt barecl. ( teleurstelling. 


Wijsheid, verstand, vast van karakter, behendig, slim, 
verstandhouding, eigenbewustzijn, zelfhandeling, 
overdrijven, waarheiïd. 


Hij klapt gelijk nen boek met zilveren sloten, wet veel verstand. 

Twee boeren kennen ‘’n musch en drij ne geëlaard, goede 
verstandhouding. 

Geen kat in ‘ne zak koopen, uit zijn oogen zien, zich niet laten 
bedriegen. 


SPREEK- EN ZEGWOORDEN 201 


Hij is oud en groot genoeg om te weten wat hij docn en laten 
moet, wordt van iemand gezegd die ten slotte naar geen goeden raud 
meer wil luisteren. 

Hij heeft er de zekerheid van aan ze hemilip hangen, 
spottender wijze gezegd van iemand die iets Staande boudf. 

Voet bij 4 houden, aanbouden. 

Hij is Zoo stom nict als dat zen mutsken staat. 

Maakt dat aan de ganzen wijs 

Hij laat zich geene blauwe blocim- 
kens op de mouw speten niet lichtgeloovig, 

Hij lait zich geene beëlckens op 
de mouw speten 

Hij doet er nen bol bij, overdrigten. 

Hij hceft er een handje van weg, bebendig. 

Hij heeft letteren geëcten, terstandig. 

Hij heeft veuss:stjèrten geéeten 

Hij heeît ze geëeten | 

Hij heeft er binnen met stjérten 

Hij heeft er binnen 

Hij zit met slenders, slim, in slechlen &in. 

Daar steekt kruim in, duur<çaant, ver sLindis. 

’k Heb ‘tin ‘t snuitje, 1efs voor jten. 

Alleen stelen en alleen hangen. 

t Lag in mijn leè, voorgetoel. 

Hij peist dat hij ‘nen haas afgeschoten hceft, daf bij iets slim 
verricht of gezegd heeft. 

Hij is fijn van haar, slim uilgeslapen. 

Dat veègt den boom à outegensprekelijhe  waar- 

Dat veêgt zijn g... zonder papier Ç heid. 

lemand den baard afdoen, 

lemand dicht nemen, 

Len schaapkens staan in ‘t droog. welstand. 

Op zen korenten leven, zonder 1eis te doen. 

lemand de moien of de weurmen uit de neus halen, weefgierig. 

IWISnevos, 

Laat hem maar los, 

Een mes hebben dat langs twee kanten snijdt, verschillige 
winstoevende beroepen. 

Mcenen dat men de vogcl heeft afgeschoten, daf men teis 
slims begaan heeft. 


slim. 


Ç slimmer dan een ander. 


/ slim. 
> 


292 MECHELSCHE GEBRUIKEN 





Meenen dat men de vogel bij de kop heeft, dat men slim 
gebandeld heeft. 

Hij is op alle merkten thuis 

Hij is van alle merkten weërge- 
komen, 

Gekend zijn gelijk ne slechte pen- } slim, bebendig. 
nink, 

Hij is uitgeslapen, 

Hij is uitgesmoord, 

‘k Ben er vijftien voorbij, 

‘k Ben van gisteren niet geboren, 

‘k Ben onder geen hin gebroeiïd, 

Le zullen hem geen ooren aannoien ! . 
of aanknoopen. » met bedrogen worden. 

Hij is doortrokken gelijk ne smoutpot. 

Hij zal zich geene appelen voor citroe- 
nen laten verkoopen. 

Hij zal den kaas van zen brood niet laten eten. 

Hij zal hem nog den baard afdoen, bij zal een ander te slim zijn. 

Hij heeft haar op zen tanden, krachtdadig. 

Le zal met geen koû hand aan heur g... laten Komen, Zelfver- 
dediging. 

Hij is op zen tong nie gevallen, welsprehend. 

‘tIs gedaan met kalotten hij draagt zen haar zelf, bekwaam om 
te bandelen zjonder bulp van een ander. 

Hij vliegt met zen eigen vleugelen. 


Bedriegen, in ’t nauw zitten, liegen, versleten zijn, afwi]- 
zen, verantwoordelijkheid. 


Hij zit in zen klein schoentjes, 27 ‘{ nauw zitten. 

Hij staat met zenen mond vol tanden, niet welen wat zeggen. 

Leep aan den buik strijken, afwiren. 

lemand in de kleëren steken, bedriegen. 

Met de nevelkar opsteken, er van door trekken met baaf en 
goed en zijne Schulden in pand laten. 

Lupt naar de maan, ; 

Lupt naar den bliksem, ne 

Lupt naar de weerlicht, f 4/%1/<en. 

Lupt naar den duevel, 


SPREEK- EN ZEGWOORDEN 203 





’n Bot bescheed krijgen, afgewezen worden. 

Hij is van den tand, | 

Hij heeft zenen tijd gehad gelijk | 
de suikerpeëkens, : versleten, verouderd. 

‘’tIs leelijk, zei den uil, en hij be- 
Zag zen jong, | 

Aaneen hangen met haken en oogen, gedokhen, onrechlzinnio. 

Antoon paleëren en Frederik kl.…., emand le naar komen 
zonder er Schijn van te hebben. 

Hij schiet met spek, liegen. 

Appels voor citroenen verkoopen, bedriegen. 

‘t Is gebeurd in ‘t land dat wegwaait, leugenen vertellen. 

ledere kremer staat veur zen berë, 1eder is verantwoordelijk 
voor £ijne daden. 

lemand de prang op de neus zetten, dwingen. 

Blauwe bloemkens verkoopen, 

lemand ooren aannaaiïen of aan- liegen. 
knoopen., 

Hij begint zen pluimen te verliezen, oud worden. 

Hij hceft lange vingeren, s/elen. 

Aaneen harigen gelijk gekapt strooi, ets ongerijmd vertellen, 
dat niet al te waar 1. 

Van den os op den ezel vallen, in ‘? gespreh van ‘1 eene op 
‘l andere onderwerp vallen. 

Met dubbel krijt schrijven, bedriegen. 

levers met de deur in d’hand ont- 
vangen worden, 

lemand buiten zWwieren, afwijzen of  afgewezen 

Gij kunt gestolen worden, worden. 

lemand het g... van den timmer- 
man Wwijzen, 

lemand bedriegen dat zen oogen loopen of met open oogen, 
lerwil bij er bij staat. 

lemand op stoopen trekken — voor den tuin houden, belache- 
lijk maken. 

Ne kemel schieten, #71sdoen. 

Lap schieten, 2x ets mislukken; in echten zin : in de blinden 
schieten van eene schuttersinrichting, naast den doel schieten. 

lets op z'n hand laten loopen, sfelen. 

Hij zal den bot schudden, verantwoordelijh zijn, slecht 
wedervaren. 


20 


294 MECHELSCHE GEBRUIKEN 





Hij is in den aap gelogeert, 

Hij zal van een kaal reis Komen, } s/echt wedervaren. 
Hij zal er kaal van af komen, 

Hij is in ’t g.. genepen, in ‘{ nauw Zitlen. 

Hij zit er meë in ‘t g..., bekommerd. 

Hij zit met de poepers, 14. 


Overdrijven, grootspreken, praatziek, enz. 


Razen gelijk ’n blaas met boketten, eene bohet jwas een gebal- 
ken Steenen ronden bol zonder glasuur, bijzonderlijh gebezigd om 
met eene mik te Schieten. 

t Is eene raasboket. 

‘s Avonds zijn ‘t groote mannen en 
gelhjk nen annen, grootsprekers. 

Lijn bakkes rijdt per koëets, Alapziek. 

Stoeffen en in zen broek sch.., grootspreker. 

Hij is van den spanaard (spanader) gesneden, £1e bl. 32. 

Hij is op zen tong niet gevallen, rap van tong, klapachtig. 

Daar Koopt men de wereld nie veur ...met grootspreker1]. 

lets aan ‘©t klokzeel hangen, of uitbellen, aan iedereen 
vertellen. 

Vodden uitkramen, tels vertellen dat niels beteekent; onder 
het volk wordt het woord todden gebruikt voor de maandregelen. 

Een kloksken hooren luiden en nie weten waar de klepel 
hangt, van tets klappen zonder kennis van zaken. 

Redeneeren gelijk ’n kerstekind, jonder verstand. 

Er maar boven op klappen. 

Er henen slagen gelijk nen blinde naar ’n ei. 


L 


s morgens klappen ze 





Hoeveerdig, verwaand, koppig, lastig, stijfhoofdig, 


geluksvogel, enz. 


Hij meent dat keizer Karel’skat zen nicht is, | 

Al is ‘t al besch.. is er noch niks vuil ge- 
maakt, 

Veel gescheër en luttel wol, 


veel pretentie. 


SPREEK- EN ZEGWOORDEN 295 





Het zoù al moeten geschoteld zijn, | | 
Men zoû ‘t hem op ‘n schoteltje ! bei zoude geene moeite 
moeten t'huis brengen, | moeien kosten. 
Hij wilt verder gapen als zijn mond wijd is, 
Hij wilt hooger k...kk... als zijn g... staat, 
Hij wilt loopen eer hij kan gaan, 
Hij wilt den wagen voor de peerden spannen, | 
Hij wilt met zen handen aan de lucht Komen. 
Vieze mannen hebben vieze baarden, en | 
vieze kleermakers naaien met vies garen, 
Vieze mannen komt men overal tegen : in } Jastige menschen, 
den winter op ‘tijs en in den zomer op Lou 
kriekenboom, 
leder leeft met zenen zot. 
Als hij iets in zene kop heeft, heeft hij ‘t niet in zen g..., Aoppig. 
t Deugt hier niet of te Gheel, overal slecht. 


Uit een anders leêr riemen snijen, z2ch tooien met de verdiensten 
van een ander. 


Hoe grooter geest, hoe grooter beest. 
t Is gelijk ’t dweerswijf van Muyzen. Hoe was da 
wijf dan? Wel ze verdronk in de Deel en ze dreëf tegen 
stroom op, : 
Gcen eene man op ‘t land, of hij hceft ne wolven- { X0DPI£- 
tand. Staat hij niet in zijnen mond, dan staat hij zeker 
in zijn k... 
‘ts nersrûne, 
‘t [Is ne peesewever, 
’t IS ne Zeevereër, 
’t Is ne hertfretter, 
Daar is hij nie veur in de wieg gelegd, 
Hij hangt de jan uit, 
Hij stinkt zeven uren boven de wind, 
t Is ’n groote lanteern met ‘’n klein lichtje, boeveerdig. 
Veel ambras en weinig in de kas, ; 
Leège vaten klinken het meest, 
Als niet komt tot iet, kent iet zenzelven niet, 
Is ne flierefluiter, 
t Is ne stinker, 
‘tIs ne kale menheer, | stoeffer. 
’t Is ’n flaas, 
‘t Is ’n flauw beës, | 


ver waand. 


/ 


lastig en vies. 


206 MECHELSCHE GEBRUIKEN 





Hij is goed veur in een glazen kasken te zetten, feer, niet te 
raken, verwaand. L 

tIs naar Mechelsche zin, ’n groot pak met Wweiïnig in, groot 
of gwaar in Schijn. 

Hij is rap op zijnen teen getrapt, geer gevoelig in nadeeligen zin. 

Nog veur geen vijffranken, } 

Nog veur geene hesp, 

t Is ‘n kraam, ‘tIs ne leelijken rakker, ‘t Is ne sloeber, slecht 
van gedrag. 

‘t Is ’nen rakker, )'R 

‘t Is ‘ne schobejak, { ##/deugd. 

‘t Is ‘nen ravotter, verkwister, bijsonderlijh weinig spaarçaam 
op hleederen. 

Trektwn haar”uit zen g.:-"enttuzalht 
nog klinken, 

Als hij in zen hand sch... is ‘t nog 
n wafel, 

Hij is met zen g... in de boter 
gevallen, 

Hij is met den helm geboren, 

Hij rolt door de wereld, 


niet willen. 


overmaat van geluk. 


alle voordeel bebben. 





Bekijven, ruzie, geschil, rumoer, slechte verstand- 
houdirg, slagen, rekening vragen. 


Nen hond zal er geen brood van willen, om van eene bevige ruxzie 
of uitschelding te Spreken. 

ts ruzie in ‘t ambacht, gekijf ondereen. 

n Leven maken gelijk in ’t laatste oordeel, groot rumoer. 

Le verstaan malkanderen gelijk kat en hond, 

Le zouden elkaûr in ‘t haar vliegen, . 

Le zouden malkanderen van liefde ‘t hert in } TY41dschap. 


stampen, 
Hij zal er gestaan hebben met zen zweet- 

voeten, | k Le 
Hij Zal in zen h... krijgen, ) TUE hrijgen. 
De roei zal in de pis liggen, | 


lemand ’n mert geven, s/agen. 
lemand ’n pert bakken, femand uit lachlust schade berokken. 


SPREEK- EN ZEGWOORDEN 207 





ken, 


zijn, 


’n Eike met iemand te pellen hebben, rekening vragen, 
Pen en ink schreeuwen, klagen. 

Hij zal er ’n K..t (nen annen) van kwee- 
Hij zal er ‘n pijp van smoren, aardig wedervaren. 
Hij zal er gestaan hebben, 

Hij kreeg zen bakkes vol, ruzie. 
‘t Zal van geen strooi zijn, 

t Zal van geen klein bier » ; al er met weinig stuiven. 


Vechten dat de pluimen stoven. 

Vechten gelijk d’hanen. 

Vechten gelijk twee honden voor ’n been. 

Hij zal van ’n kaal reis komen, #ef schade van af khomen. 

Er met vuile voeten doorgaan, brutale tusschenkomst door de 


omstandigheden genoodzaañt. 


Foert, weg. 

Trek op } 

Rijdt op ( gaat aan. 

lemand door de mand trekken, voor den zot houden. 

Hij heeft zenen kassaart gekregen, | 

Hij is met geël papieren van den trap teleurgesteld. 


gekomen, 


t Zal ‘n harde noot om kraken zijn, met veel moeilijkheid 


gepaard. 


Hij heeft t'er moeten hooren, 

Hij kreeg ‘t op zen brood, 

En dat in uwe cafe! 

Hij kreeg ‘t op zen nuchter maag, 
Het zal er stinken — opzitten — stuiven — rooken, ruxzie zign. 
Malkander in ’t haar zitten, ruzie maken, 

Hij heeft in zen rapen gesch..., bij heeft zich ne vijand gemaakt. 
Hij krijgt op zen broek, ruxgie. 

Hij krijgt troef, s/cgen. 

lemand wat meê geven — over de rek halen — zen zaligheïd 


> verwiyt. 


geven — een kolleken passen — met zenen neus in de str... duwen, 
met de ooren trekken — de neus tusschen twee ooren zetten — iets 
tusschen vier oogen zeggen, ruxzie geven. 


lemand met ’n scheël oog bezien, vijandig bezien. 
lemand ’n manneke minder maken, dooden. 
lemand in den neus bijten, beschimpen, toebijten. 


298 MECHELSCHE GEBRUIKEN 





lemand van ‘t zelve laken ’n broek geven, tets aan een ander 
doen wat deze aan 1 gedaan beeft. 

De kat gaat de koord op, ruzie hrijgen. 

lemand toebijten gelijk ‘nen schepershond — ‘’nen raastigen 
hond, ’n raastige kat, bof aansprehen. 

lemand zen bocksken uiteendoen, zeggen wat dat hij geduan 
heeft. 

lemand naar zen conscientie tasten, berispen, bekigven. 

Hoor en dul worden, half zinneloos door lawvat. 


Gierighad, matigheid, spaarzaamheid, geldgebrek. 


Hij zit op z'n tesch, gierig. 


De schappraai hangt er hoog, | 
De dienstboden zouden er geene maag | 
mogen hebben, > Le hort aan vocdsel. 


De muizen liggen er dood voor de schap- 
praai, 

Waar de verkens dik loopen is de spüling dun. 

Hij kan er op de vot bijten. 

De gierigheid bedricgt de wijsheid. 

Bescheten profijt, 

Ne solverstek in vier en ’n 
glas bier in eene keer uit, 

Het profijt in ‘n hondsnest |} pyofijt zocken in hleinigheden. 
zocken, 

Zoeken waar ‘t nie verlo- 
ren 15, 

Peizen dat ’t geld op iemands rug wast, gedurig vragen naar 
geld. 

‘t Is naar Antwerpsche zin, ne groote pot met weinig in, 
schaarsch, weinig. 

tIs maar ’n Mechelsche reis, 

‘tIs maar ‘’n becnhouwersreis, 

Wordt gezegd wanneer men weinig of niets bekomt voor alle de 
moeite die men zich voor 1ets gegeven heeft. Het eerste wordt het meest 
gebruiht wanneer men uit stad gegaan 1$ om eene erfenis te deelen, 
en dat de behomene paart de moeile niet waard was dat men zich 
verplaatste. Het tweede zinspeelt op de beenhouwers, die naar den 


SPREEK- EN ZEGWOORDEN 299 





buiten gaan beesten koopen, en soms zooveel als onverrichter zahe terug 
komen. 

Er liggen papieren balken, een buis 15 belast. 

t Is ’nen êtenteller, gierigaard. 


Onstandvastig, onzeker, twijfelachtig, te vergeefs. 


Als g’het mè krijt op tafel schrijft dan kan ik het met de 
kaken van mijn g... opnemen, van îets ongeher <ijr. 

Als Paschen op ne goeie Vrijdag valt, zal nooiït gebeuren. 

’k Wou dat ik ’t zag, ze den blinde, dat mijne 
kinderen dansten, 

’t Is veèr gekomen, zé den blinde, ’n peerd 
onder ne preëkstoel, 

Daar liggen geene balken onder, on£eker. 

Tusschen ja en neen is er ne langen strijd, daarom zal ik 
zwijgen, {e vergeefs tot akhoord geraken. 

Meêgaan met de wagen van Jan blijft thuis, huis blijven. 
wordt gezegd aan hkinderen die altijd ouders of andere prangen om xe 
le vergezellen. 

Noch visch, noch vleesch, #och ‘t een noch ‘1 ander. 

Er is nog ’n ditje en ’n datje tusschen, og niet gansch zeker. 

‘t Is al boter aan de galg gesmeert, 

‘t Is al boter tegen den balk gekletst, | N 

Er is geene zalf aan te strijken, vergeefsche moeite. 

‘tIs een plaaster op een houten been, 

Dat kunt ge aan den balk schrijven, zal niet gebeuren. 


tu felachtig. 





Gelijkenis, verstandhouding 


Hij is van ‘’t zelve sop overgoten. 

‘t Is aarke naar ‘’t vaarke. 

Hij heeft den aard naar geen vreemden. 
De pijl blijft bij den boog. 

Voor gedaan is naar geleerd. 

t Wilt al muizen dat van katten komt. 
Zoo d’ouwkens zongen piepen de jongen. 
Le zen op eene leest geschoeïd. 


300 MECHELSCHE GEBRUIKEN 





Le zen op eenen kam geschoren. 

t Zen vier handen op eenen buik. 

Soort zockt soort, zè den duvel, en hij pakte de meulder 
bij den Kkop. 

Elke vogel zingt zooals hij gebekt is. 

Le zien door een gat. 

Le sch... door een gat. 

‘t Staat hem gelijk ’n tang op ‘n verken, msplaalst. 

tIs saus naar ‘t kommeke. 

‘t Is koekoek eene zang, £inspeling op de zang van dien vogel 
die altijd hetzelve gevolg van noten witgalmt. 

Aan een zeel trekken, vers{andhouding. 

Onder ons, zei Bournons, en hij sloeg zijn wijf af, ondereen 
afwerhen, betijen, enx., jonder tusschenkomst van anderen. 

Da’s niks, Betteke, ‘t zal onzen toer ook eens worden! Een 
genaamde Buskens, ‘nen gehabitueerde van hoopdagen, placht dit aan 
cijne vrouw le jeggen, wanneer er bun wat veel onder den neus gevaagd 
werd. Wordt doorgaans gezegd om iemand verduldigheid aan te preken. 


Stoffelijk of zedelijk gevaar, verlies 


In de Keers vliegen, $ich in ‘? verderf storten, naar aanleiding 
van de vlieg of ander soortgelijh gevleugeld dier dat door het licht 
wordt aangetrokken en er in verbrand. Vroeger was de keers algemeen 
gebruikt als verlichtingsmiddel. 

Hij zal wel eens in de keers vliegen, 14. 
Hij zal er van zen pluimen bij laten, verlies. 
Men leert niet als met schà of met schand. 


Ziekte, lichamelijke gebreken, enz. 


Hij is naar ‘t pierenland, dood. 

Is maar ‘’n ruit uit 'n glas, bij iemands dood, wanneer er nie- 
mand els aan verliest. 

Er uitzien gelijk het heilig jeèr (aarde), bleek. 

Weër korenhert zijn, {erug gezond. 

Hij hangt de manken annen uit, £iex of onpasselitÆ. 

De roei is van ‘t g..., genezen £ijn. 


SPREEK- EN ZEGWOORDEN 301 





Hij is te leelijk veur dood te doen. 
Hij is te leelijk veur helpen te donderen. 
lemand de dood aanjagen, schrik aandoen. 
Hij heeft een gezicht gelijk ’nen koekenbak — ’n elf uren lijk, 
bleeh zijn. 
In een natten poel is ‘t haast gere- 
gend, 
Hij heeft nie veul op zen kar te 
zetten, 
In de lapmand zijn, £tek. 


weeh van aard, ziehelijk. 





Vleien, bevallen, lieveling zijn, uitverkorene, geveinsd. 


Hij is er ‘t vingerke neust den duim, 
Hij kan geen kwaad in zen oogen doen, 
Bij iemand op den over liggen, 
‘tIs katje naar de maan, lieveling. 
(Men zegt algemeen dat de beste katten 
met de nieuw maan geboren worden) 
Hij ligt er in de bovenste schuif, 
lemand in ’t g... kruipen, v/eien. 
Bij iemand zen boontjes op de wijk : 
zetten, 
Bij iemand zen sloef zetten, 
Bij iemand de witte voeten spelen, 
Bij iemand schoon steen spelen, 
Ge zoudt hem ons Heer geven zonder biechten, geveinsd 
van aard. 


trachten in de goeie gratie 
| van iemand te Staan. 





Vinnig, werkzaam 


Het nie hebben onder de merkt, niet sonder moeite. 

Veur vijf oorden jet voort geven, zich haasten. 

Op den tijd dat den duvel zen ooren geschud heeft, kort- 
stondig. 

Hij is de gaten üit, weggeloopen. 

t Heeft wat aan, ’{ kost moeite. 

Hij loopt de beenen uit zen gat, haastig. 

Met zeven haasten, onmiddellijk. 


302 MECHELSCHE GEBRUIKEN 





Hij geeft van de bcenen — katoen. Hij is ribedebie — de plaat 
gepoetst — gaan vliegen — opgestoken, haastig verdwenen. 

Hij speelt schampavie, schamp af hier (in den zak wijçende) 
rooven, stelen. 

Hij heeft kwik in zen beenen, hij kan niet shil staan. 

Men kan de wagen nie veur de 


peerden spannen, 
Men kan nie luiden en met de 


processie gaan, 
Hoofd over gat werken, werken zonder omzien, £onder adem 


Le scheppen. 


niet te haastig te werk gaan. 


Gulzig, gretig, verkwisten. Bevallen 


Boonen bij kant als ‘tu belieft, set te gulzig £ijn, wat voor een 
ander laten. 

De weelde steekt, wisbruik maken van welstand. 

Naar jets geéloogen, 

Dat steekt zen oogen uit, { 

‘t Is naar Zenen tand, bevallen. 

tIs iets voor zenen hollen tand, gauw verkwist of verdwenen. 

Hij heeft nen hollen tand, ) 

Hij heeft ne wolventand, 

Met ‘t fluitje gewonnen, met ’t trommeltje ver- | 
teerd, verhwisten. 

Hij laat ze bollen, of rollen, 

Naar iets zen noten op de wijk leggen, #aar 1ets begeren. 

lemand in ‘t zak vreten, op iemands kap of beurs leven. 

Hij zal wel zorgen dat hij er zenen oost opdoet, r#imschoots 
gorgen voor Zichgelven. 

Leder snijden uit een andermans vel, gebruik maken van een 
andermans verdiensten. 

Met zen eigen vet gesmeerd worden, met £ijn eigen geld betaalt 
of vergast worden. 

Zenen buik per koets met twee 
peerden laten rijden, 

levers de voeten onder tafel zetten, 


Met een andermans centen schoon weèr spelen. 


begeeren. 


gulzig. 


sich goed doen aan eten 
} E . 
| en drinhen. 


SPREEK- EN ZEGWOORDEN 303 





Tegenslag 


Hij rolt den berg af, {en onder gaan. 
Veel zwarten sneeuw zien vliegen, veel fegenslag. 
‘t Zal niet heutten, niel lukhen, niets gehort. 


Allerlei 


lemand kennen van haar noch pluim. 

Zoo dun als pompwater. 

Zoo oud als de straat. 

Zoo arm als ’n luis. 

Zoo arm als Job. 

Zoo dood als ne pier. 

Zoo nat als mest. 

Zoo zot als ‘n musch, 

Zoo hard als sinte Niklaas zen knie. 

Zoo klaar als twee druppelen water. 

Zoo vrij als ’n luis op ne kam, onafhankelijk. 

Zoo bloot als ne pier, } 

Nen blooten flikker, ÿ #44/f. 

Loo stijf als nen otter, 

Is ’t kruintje geschoren, dan is ’t wijntje geboren. 

Als de pastoors ophouden van vragen en wij van klagen, dan 
vergaat de wereld. 

Ge kunt zien aan ‘t strooisel welke processie uitgaat, aan de 
gevolgen kent men de oorçaak. (Lie hiervoren blad. 80). 

Lien wat dat er geslagen is, overfuigd zijn, bewust £ijn. 

Lwijgen gelijk ’n graf. 

Dat ziet ge van hier! denkt ge daar aan! 

Als hij u beslecht of als hij u slecht, als bij uw karakter had. 

tIs gelijk boter, #alsch. 

tIs gelijk klokspijs, goed, deugdelijk. 

k Zien er geen g... deur, onoplosbaar, £onder withomst. 

‘’k Zal er een spel voor speten, beletten. 

Achteruit gaan gelijk de zeeldraaiers. 

Half acht is d'uur daar ik naar wacht, zei het beggijntje, en ze 
liep het hof af. 

Er zijn latten aan ‘t huis : 


304 MECHELSCHE GEBRUIKEN 





pe, miets Le weten. Vroeger jaren, ten 
tijde van de pest, en wanneer er iemand van de ziekte 
stierf, gingen de Cellebroeders en de Zwerte zusters 
het besmette huis kuisschen en reinigen. Deze perso- 
nen moesten dan natuurlijk buiten het klooster blij- 
ven. Wanneer het huis gereinigd was, werden er op 
de ingangen latten geslagen, soms kruisgewijze over de 
deur, om den ingang te beletten en tevens de voorbij- 
gangers te waarschuwen om die plaats te vermijden. Van 
daar ook, of ten minste met hetzelfde inzicht, laat men 
een houten kruis, gevormd door twec overeengeslagen 
ruwe latten, aan eene koord en van ’t dak van t'huis neëêr 
hangen, wanneer men daarop aan ’t werken 1s; of aan 
stellingen geplaatst vo6r in opbouwzijnde huizen, enz., 
dit alles om die plaatsen als gevaarlijk aan den wandelaar 
aan te duiden. Die uitdrukking wordt dan gebezigd 
wanneer men beteekenen wil dat men te vergeefs over 
het eene of het ander van iemand kan inlichtingen 
bekomen. 


Geheimhoudine 


Nu komt het er uit hoe dat Jan aan zen dood gekomen is, 
eindelijh 1ets vernemen. 

lemand voor den aap houden, belachelijh maken. 

De aap komt uit de mouw, z1ch toonen gelijk men bestaat. 

Hij slaagt er henen gelijk nen blinde naar ’n ei, ets door 
omwegen trachten te vernemen (naar aanleiding van bet kinderspel 
van dien naam). 

t Verken is deur de neus geboord, op voorband verwittigd. 

Den hond heeft gemoeft, ne sch.. gelaten. 

Naar Portugal gaan, naar ‘1 9... gaan. 

Lang gedacht, nooït verwacht: lang gezwegen, toch ver- 
kregen, voldoening bekomen. 

Beter in de wijde wereld als in nen hollen buik, gezegd van 
ne Sch..…. 

Waar ne Waal sch.…. grocit geen gras. 

Nog een die heur moeiër besch..…. heeft, al spottend gezegd 
aan eene aanhomende. 


SPREEK- EN ZEGWOORDEN 305 





’ne Vuile hooper 


Zoo noemde men te Mechelen de kooper van onroe- 
rend goed en die het niet betalen kon. Men zegt heden 
ook : het is hem aan zen been of aan zen brock gebleven. 
Het goed wordt dan opnieuw geveild, en zoo het dan 
aan lageren prijs verkocht wordt, moet hij het verschil 
betalen. 

Dit gebeurde dikwijls tijdens de Fransche omwen- 
teling, bij het verkoopen der kloostergoederen, die dan 
opnieuw voorgesteld werden : pour folles enchères. 


in verhoopingen bet aanbod opjagen zon- 
der inzicht van te willen koopen, en 

Ne strooie vent. alleen om bet verschil in geld op te 

Ne verdierenpikker. | sirijhen. Sinds eel1geN ti1d is bet ver- 

| dieren zetten met dusdanig gevolg 
te Mechelen afgeschaft. 

’n Huis koopen met den sleutel op de deur, waar unies 1n 
ontbreekt. 

Als ‘’t ievers brand, zijn er drij soorten van menschen : 
gapers, helpers en dieven. 

Hij zou Christus van ‘’t kruis bidden, 

Ne lijkbidder, : veel in de kerk tebuïs. 

Ne pileerbijter, | 

Heilige vaten met verdoemde reëpen, Awegel of kwexelaar. 

Als ‘t spek af is, hangt de visch, zznspeling op den vasten. 

Bloknobelen, klein volk, gepeupel. 

’tIs maar pinnekendun, hef 1$ er maar arm, 

‘t Zen bloemen zonder reuk, schoon 11 d'o0g. 

Komt maar binnen, mijnheer Peeters, van zijnen toestand of 
rang misbruik maken om stoffelijhe voordeelen te genieten. Zinspeling 
op een openbaar ambtenaar onder de Fransche overheersching die z1ich 
schaamteloos aangeslagen voorwerpen toeeigende. 

Lupt naar den drijpikkel, verwensching. 

D'harmonie van Lier is daar, eene kudde schapen. 

Ne pillekensdraaier, apotheker. 

Het veuntje naar de wind draaien, ch gedragen volgens de 
omstandigheden. 


306 MECHELSCHE GEBRUIKEN 





Een slot op den mond hebben, s/lzwijgen. 

Gekleed gelijk eene van de gul, de spraak ging eertijds dat 
degenen welke het eerst aan de herkdeur kwamen om de guldemis te 
hooren ne gulde hregen. Het waren gewoonlijh geene welbebbende of 
goedgehleede die dit trachten te bekomen ; van daar het zegwoord. 

Die van de gul zen daar, bedelaars. 

Lij is gekleed gelijk madame van ’t rad, de fortuin op ‘t rad 
van avonturen, die daar weinig gehleed op voorhkomt. 

Op zene vrijdag gaan, bedelen; de Vrijdag 15 daarvocr gesteld 
te Mechelen. 

De nagel op de kop slaan, de waarbeid raden. 

lemand den pennink jonnen, <{ijn brood laten verdienen. 

‘t Rolt op wieltjes, gemakhkelijh aan. 

Uit de lucht vallen, van niels weten. 

‘t Staat op zen pooten, 21 regel. 

Hij heeft zijn processicjas aan, goed gehkleed. 

n Kat in den donker vangen, tefs doen £onder dat iemand het ztet. 

’n Kat in den zak koopen, ets doen jonder goed te welen wat 
men doet. 

Veur iemand deur ‘n vier loopen, £1ch voor iemand ten beste 
geven. 

Met de kiekens slapen gaan, troeg. 

Nen uil vangen, ‘’n uiltje vangen, s/apen. 

Lwijg luizeknikker! man van nets! 

lemand in de doos steken — buiten Kocipoort zetten — naar 
het pensionnaat — naar zen buitengocd zenden, gevangen £etten. 

Loopen met God en klein Machieltje, met iedereen omgaan. 

In zijn leèr schieten, befalen. 

t Zet geen bloed, gaat niet vooruit. 


Ziedaar dan wat het ons gelukt is, betreffende 
Mechelsche gebruiken, spreek- en zegwoorden te ver- 
zamelen en aan te teekenen. 

Het grootste gedeelte daarvan vraagt geen ver- 
deren uitleg daar het figuurlijke genoegzaam door zich 
zelven spreekt. In het andere komt het niet zelden vôér 
dat de aangehaalde vergelijkenis niets zegt, en alleen 
ingeroepen wordt omdat het te gebruiken woord op het 


SPREEK- EN ZEGWOORDEN 307 








andere rijmt. Eindelijk zijn er uitdrukkingen, weinig in 
getal, die misschien zouden winnen aan ecne min of 
meer ontwikkelde verklaring. 

Voorzeker zou er eene vergelijkende studie kunnen 
gedaan worden, met: elders gelijksoortige bestaande 
uitdrukkingen. Wij zelven, of misschien beter anderen, 
zullen daar wel eens de gelegenheid toe vinden, of zich 
eens geneigd gevoelen, van deze opname gebruik te 
maken, om de ntamelijk rijken inhoud ervan te benutti- 
gen, te bewerken en te kneden tot een meer filosophisch 


geheel. 





Bijlagen 
Kapellekenshermis (zie bl. 35) 


De Zondag volgende op den feestdag van O.-L.-V. 
Boodschap, wanneer dien feestdag niet in de Goede week 
valt, is het Kapellekenskermis. Desgevalle wordt deze 
kermis uitgesteld tot ’s Zondags na Beloken Paschen. 

Zoo men zich een gedacht vormen wil van het 
uiterlijke, het kenmerk van deze kermis, die bij het 
Mechelsche volk zoo in hooge gunst staat, verbeelde 
men Zzich eene felle drukte reeds van korts na den 
middag en wanneer het weer meëê valt, wat heden- 
daags slechts zelden het geval is, wandelaars met 
hoopen, gansche huisgezinnen, ouders en kinderen, en 
jonge lui in meerderheid. Immers wie zou kunnen onge- 
voelig blijven aan de eerste schoone lentedagen ? En wie 
neemt niet graag ’nen zonnigen dag te baat om een paar 
genoegelijke uren in het opkomende lentegroen door te 
brengen ? 

« Is het weêr dan met den kermis » dan krioelt 
het, het woord is niet misplaatst, van Neckerspoel af, 
van « La Bergère », voorbij « ’t Nieuwhuis », «’*t Slijk- 


308 MECHELSCHE GEBRUIKEN 





bosch », « ‘t Kruisken », « ’t Schrans », den bareel en 
verder den steenweg op. In alle herbergen wordt er 
menige smakelijke pint Mechelschen bruinen gepakt, of 
in sommige of ook onder tenten ne ferme flikker afgelegd. 

De keel wordt dan, meer dan noodig is, versch ge- 
houden, doch de maag verliest er niets bij en krijgt ook 
haar aandeel in den kermiskost. 

Kremers, doch meest vlaaienverkoopers, maken er 
uitstekende zaken. Niet zonder moeite wel is waar, want 
ze schreeuwen zich de keel uit om den wandelaar ’ne 
klinkende « wie speelt er meëê naar de vlaaien » toe te 
roepen. En dan rollen de teerlingen, en de speler volgt 
ze met angstisen blik, wanneer hi] er vijf centen op 
sewaasd heeft om een pakske liersche vlaaien te winnen. 
Gewone mechelsche vlaaien (taartjes met strepen in 
pastei) verkoopt men er ook, doch de eerste worden wijd 
uit boven de andere verkozen. Machtig veel volk stroomt 
er dan met Kapellekenskermis, allerbeste nering maken 
er herbergen ‘’t spel en dans, en vlaaienverkoopers doch 
op ‘t laat van den dag ontstaan er bras- en vechtpar- 
tijen. Zoo kan men zich doorgaans Kapellekenskermis 
voorstellen en zoo ook kennen hem de Mechelaren van 
over jaren. 

Doch daarbij bepaalt het zich niet, of beter gezegd 
de kermis zelf ontstond door het vieren van den feestdag 
en het doen eener begankenis naar een kapelleken daar- 
voor opgericht. 

Een tweehonderdtal meters over de Vrouwvliet, 
maakt de steenweg ’nen grooten bocht of kromming, 
en dan wat verder, gekomen aan twee reusachtige 
en statige lindenboomen, aan « De Kroon », splitst 
zich de wes in twee. De kassei voert naar Sinte- 
Cathelijne-Waver; ’ne breeden aardweg leid naar het 
kapelleke van Borgersteyn, dat zijn naam ontleende 
aan een dicht bijgelegen thans geslopen steen, aldaar 








Op de weg van ’t Kapelleke 
Herberg “ de Kroon , 





SPREEK- EN ZEGWOORDEN 309 





door ’nen mechelschen burger op het einde der middel- 
eeuwen opgericht. 

Het kapelleke dagteekent slechts van de achttiende 
eeuw (1749) en is toegewijd aan O.-L.-V. Boodschap. 
Misschien was daar vroeger slechts een lieve vrouwen 
beeldjen tegen nen boom opgehangen, en noch vroeger 
slechts ’nen boom of eene met boomen beplante plaats, 
waar deze vereerd werden omdat men ze eene genees- 
kracht toeschreef; want opmerkenswaardig is het daar in 
de ronde wel vier of vijf lieve vrouwenbeeldjes te ont- 
moeten. 

Men gaat naar ’t kapelleke om te beêwegen tesen de 
koorts. Het kleine gebouw, niet onaangenaam van vorm, 
met halfrond achtereinde waarin de koor, en een klein 
spits klokketorenke daar boven uitstekende, is gestaan 
bezijden den weg. Een smal pad tusschen eene dubbele 
ri] hoogopgeschoten boomen voert er naartoe. De grootste 
toeloop is natuurlijk ter gelegenheid van den feestdag 
van O.-L.-V. Boodschap. Feestdag en kermis zijn dan 
nauw verbonden, want « daar den boog niet altijd kan 
gespannen staan », zoo kermist men d’een uur waar men 
d’andere gebeden heeft. Het gewoel echter sterft weg 
reeds lang voor dat men ter plaatse is. Er zijn dan, in 
de nabijheïd, geene herbergen, dus geene gelegenheïd om 
te drinken en er spel te maken. Zelfs de vlaaienver- 
koopers wagen het niet zoo verre; al het drukke en het 
bedrijvige lokaliseert zich op den steenweg. 

Op gewone dagen staat het kapelleke daar eenzaam 
en verlaten. De deur is gesloten. Door eene getraliede 
kleine opening tuurt men naar binnen of steekt soms, 
de eene of de andere godvruchtige wandelaar, ’ne cent 
in den offerblok, die daar aan het ondergedeelte langs 
binnen is vastsgemaakt. 

Gebeurd er dan dat ’ne koortslijder, door zijne kwaal 
ongedurig, daarheen toevlucht nemen wil, stoot hij zich 


21 


310 MECHELSCHE GEBRUIKEN 





doorgaans aan eene gesloten deur. Niet zelden dan en 
ten einde raad, bindt hij zijnen kousenband aan eenen 
der boomen, en dan kiest hij het hazenpad, « z00 rap als 
de blâren waaien », om, zoo gezegd wordt, de koorts af 
te loopen. 

Vreemd schijnt het voorzeker, dat deze bijgeloovige 
behandeling der kwaal steeds bestaan bleef. Laat het 
niet veronderstellen dat daar aan boomen of gewassen 
eeredienst gepleegd werd, en men zich waarschijnhjk 
bevindt op eene bevoorrechte plaats aan vroegeren 
godendienst gewijd, eene plek, waar van lieverlede, 
christen eeredienst den voorgaanden wegcijferde. 

In de wandeling wordt er gezegd : met Kapellehens- 
kermis gaan de bareelen voor ’t vrouwvolk open. Het scheen 
ons dat die volksspreuk slechts in figuurlijken zin 
gebezigd werd, en dat men daardoor beteekenen wilde 
dat in ‘t vieren van dien kermis de vrouwen aan spel 
en dans deel namen meer als toegelaten was, in een 
woord te veel uitgelaten waren. Men wordt daarover 
béter ingelicht door SCHELLENS, in zijne Xronyÿk van 
Mechelen, waarin het volgende te lezen staat 


Een oud gebruik albier in Mechelen, April 1850 


Elke stad zijne gewoontens. Alzoo plagt het van over veel 
jaren alhier het gebruyk te zijn dat de Juffrouwen wel opgebragt 
noynt buyten de stad dirven gaen wandelen alzoo dit tegen de eer 
was en niet gedaen wird als door het gemeyn volk, maer wel met 
den kermis van het Capelleken van Borgensteyn, hetgeen alsdan den 
halven bareel genaemd wird nogtans dat deezen nog niet en diende 
als voor wandelingen langst de vesten of res buyten de stad, maer 
met de opvolgenden Zwarte zusters kermis ging den heelen Bareel 
open en dan ging elk wandelen naer zijn genoegen. Deesen laesten 
kermis komt in April en nu dees jaer den 21 deser. Dees oud 
gebruik is van over eenige jaeren allengskens beginnen te vermin- 
deren en nu byna geheel opgeschorst en men hoort er byna niet 
meer van spreken als voor een oud spreekwoord. Ik eigen dit het 
meest toe aan het opkomen der eyzere weegen. 


UA9]S198104 UBA 9Y9[[2deM 1, 


XNEAIE/ u83/)17 








SPREEK- EN ZEGWOORDEN STE 





Men vestige eenen oogenblik zijne aandacht op deze 
drij bijzonderheden : den feestdag, de kermis en de 
vlaaiën, en daaromtrent een kort onderzoek doende, zal 
men weldra bemerken dat ze niet enkel aan Mechelen 
eigen zijn, maar dat ze zich op vele plaatsen, in België 
en elders, voordoen, en zelfs van ouds voordeden. 

Wat de feestdäg betreft, deze is steeds in hoog 
aanzien in de H. Kerk geweest. Alhoewel hij heden 
slechts ’nen afgezetten heiligdag is, was hij, véor de 
Fransche omwenteling, met ‘’nen Zondag gelijkgesteld 
en als dusdanig onderhouden. Zooals doorgaans de 
gewoonte was bij het plechtig vieren der mysteriën van 
den H. Godsdienst, had er dien dag in de kerk eene 
vertooning van *t herinnerde feit plaats. Langs boven, 
uit het gewelf, liet men een kind neëêrzakken, dat den 
Engel Gabriël verbeelde welke aan Maria het geheim 
der menschwording kwam verkondigen. Te Leuven, in 
Sint Pieterskerk, stond een lieve vrouwenbeeld op het 
hoogzaal en daarachter een koorknaap (ne kriaal op zijn 
mechelsch) die het woord deed voor Maria wanneer 
deze door den Engel aangesproken en begroet werd. 
Beneden in de kerk stond het volk, in meerderheid 
kinderen, die met opengespalkte oogen het schouwspel 
nazagen. Vader of moeder maakte van deze gelegenheid 
gebruik om in den schoot der kleinen, taartjes of ander 
gebak te laten vallen, die dan, zoo gezegd, door den 
Engel Gabriël waren meêgebracht. 

Nu gebeurde het wel eens dat de koord brak en het 
kind verongelukte. Het spel scheen dan te gevaarlijk en 
het werd afgeschaft tot groot spijt van de kinderen, die 
er altijd het best meëê voeren. 

Te Brugge gingen jongeling en jonge dochter, 
welke Maria en den Engel verbeeld hadden, langs de 
straten den Ave Maria zingend terwijl ze eene rond- 
haling deden. Ofwel wanneer er dien dag eene processie 


312 MECHELSCHE GEBRUIKEN 








plaats greep, voerde men daarachter nen geketende gevan- 
wene die den duivel voorstelde. + Was miseschien vroeger 
de verpersoonlijking van den Winter. 

Te Aalst viert men dien dag O.-L.-V. van den 
Wijngaart, omdat, volgens de overlevering, bij eene over- 
strooming van den Dender, een lieve vrouwenbeeld op 
eenen wijngaardtak op het water aangedreven kwam, en 
de rivier terug in hare bedding trok op het oogenblik 
dat het beeld aan wal werd gebracht. 

Te Attenbeke bij Geeraardsbergen, te Bonne-Espé- 
rance in Henegouwen, te Kortrijk, te Liedekerke, enz., 
wordt die feestdag onder verschillige benamingen, dus 
verschillig ook van oorsprong, met den grootsten luister 
gevierd. 

Te Bergen is het ’nen heelen kermis, gekend onder 
den naam van « Kermesse de Messines ». Men gaat er 
ook beêwegen naar « N.-D. de Messines », en te dier 
gelegenheid is het er foor. Men verkoopt er, vooral 
heden, bloemknollen, speelgoed, waaronder fluitjes met 
water gevuld om den zang van den nachtegaal na te 
bootsen; meulekens van speelkaarten gemaakt; en dan 
ook vlaaiën of taarten die men noemt « vlans de 
Messines ». Is het weêr gunstig, dan gaat men wardelen 
naar Bertémont. Jong en oud, arm en riJk, gaat uit om 
te zien of gezien te worden. De herbergen zijn steeds 
proppensvol; dans en spel is er overal. Kortom, het is 
er ’nen echten Kapellekenskermis, met dees verschil dat 
er alles rustig afloopt, en er niet gevochten wordt zooals 
te Mechelen. 

Bi; den akkerman gaat het, dat alles wat op dien 
dag geplant wordt, goed komt; dat het ’*t geschikste 
oogenblik is om boomen te verplanten, te enten of te 
criffelen. 

In Bohemen, waar de oude gebruiken eene z00 
treffende overeenkomst hebben met de Belgische, speelt 


SPREEK- EN ZEGWOORDEN 3I3 





de Berkeboom dien dag den grootsten rol. Het sap 
daarvan heeft bijzondere eigenschappen. Met zekere 
voorzorgen afgetapt, wordt het door *t jonge vrouwvolk 
gebruikt als schoonheidsmiddel of om rosse plekken 
van het vel weg te wrijven; andere drinken het tegen 
onvruchtbaarheid. Op zekere plaatsen gaan jonge lui, van 
beide geslachten, naar het Berkebosch. ’t Mannenvolk 
tapt het berkesap, en ’t vrouwvolk zaait krakelingen, 
welke men, samen in ’t gras gezeten, lustig opsmult. 

Daar, zoowel als hier, is de Berkeboom het zinne- 
beeld van een rein en zuiver gemoed, van een onbe- 
rispelijk gedrag. Immers was het niet de Berketwi]g die 
voor het raam der limburgsche meikoningin door de 
dorpsjeugd feestelijk geplant werd? 

Moeilijk zoude het vallen alles aan te stippen wat 
er op dien dag aan eigenaardige gebruiken kan opge- 
merkt worden. Bepalen wij ons tot eenige algemeene 
beschouwingen. 

Onbetwistbaar is het dat de 25° Meert van zeer oud, 
en ook overal is gevierd geweest. De Winter is gevloden 
en de Lente is daar. De natuur ontwaakt en alles wat 
sluimerde verheft het hoofd en herleeft. Den mensch 
stroomt het bloed sneller door de aderen, en doet hem 
snakken naar ruimte, versche en verfrisschende lucht, 
rijkhalzen naar ontspanning. Voor sterkgebouwde of 
jonge gestellen is het een tijd, eene maand vol levenslust ; 
voor zwakke of bejaarden is die maand doorgaans 
gevaarlijk. Weert zal heur meë nemen, wordt er gezegd en 
ook, niet zonder reden dan, van vo6r Meert ’ne stoel te 
getten of, in andere woorden, van zich die maand, om 
haren wisselvalligen en soms nadeeligen invloed, gunstig 
te maken. 

Geen wonder dus dat het jonge volk kermis viert, 
dat het de lente met luit en fluit verwelkomt, want 
deze heeft den winter overwonnen. Met aan Maria de 


314 MECHELSCHE GEBRUIKEN 





Menschwording te boodschappen, kondigt de Engel ook 
eenen verlosser aan, die de machten der duisternissen 
overwinnen zal. Geen wonder dan ook dat men dien 
feestdag met de eerste lentedagen liet samenvallen. 

Is het dan niet meer dan waarschijnlhijk dat, waar 
iets bijzonders op dien dag gevierd wordt ; waar ’t gods- 
dienstig feest, door wereldlijk vermaak of gepaard of 
gevolgd is, er wat onder schuilt dat zijne wortels tot 
in *t diepste der geschiedkundige tijden schiet, eene 
onbewuste herninnering aan begrippen van voorheen 
die voor ‘t Kristendom moesten wijken? 

En wanneer dan, zooals te Mechelen, nog gebruiken 
bestaan die met godsdienst of christelijkheid niets ge- 
meens hebben, rust dan die gissing niet op vasteren 
grond? (1). 

Kapellekenskermis is dan geen feest alleen aan 
Mechelen eigen. Hij is een gedeelteijk iets van het groote 
Lentefeest dat zoo treffend is door zijne algemeenheïid, 
en niet minder door de uitbundige vreugde die het overal 
kenmerkt. 





« Mustacholen » van Mechelen 


Men noemt alzoo eene lekkernij, een pasteigebak, ovaalvormig, 
ter groote van eene handpalm, weinig dik en rooskleurig of geelwit, 
fel gesuikerd. Vanouds is Mechelen vermaard voor zijne musta- 
cholen, want in zeer oude rekeningen wordt er van gewag gemaakt. 
Le schijnen uit Italié erkomstig. Immers, verhaald men van den 
H. Franciscus, dat hij, eenige dagen voor zijne dood, naar eene 
zekere dame, Jacqueline de Settesoli genaamd, schrijven liet, haar 
verzoekende naar Portioncula te komen met het noodige om den 
heiligen te begraven, alsmede swiker, amandelen en hommng, tot het 
bereiden van zekeren koek die den H. Franciscus goed gesmaakt 


— 


(x) Daar in de nabijheid vond ik ook nog busselen stroo, onder een 
kapelleke gelegd aan ne kruisweg, en waarvan spraak DL 31. 


SPREEK- EN ZEGWOORDEN ST 








had zekeren dag dat hij daarmede door die dame te Rome was 
vergast geweest. 

Men kent dus de samenstelling van de mustacholen ; Hoe geraak- 
ten ze dan te Mechelen gekend? Doodeenvoudig misschien! Men 
weet, door de kronijk vanAzevedo, dat in 1232 twec discipelen van 
den H. Franciscus te Mechelen aanlandden, dus een Zzestal jaren 
voor dezes dood, met hen medebrengende twee aarde kommekens, 
waar den Heiligen uit gedronken had. Een van die kommekens 
verdween, het andere werd bij de Minderbroeders bewaard tot aan 
de Fransche omwenteling, en alsdan in bezit gelaten van zekere 
Mejuffer Coninckx, wWaar eenige verjaagde Kkloosterlingen zich 
hadden schuil gehouden. Heden is het bewaard in de abdij van 
Postel. Het is dan meer dan waarschijnlijk dat het recept van de 
mustacholen in het geheugen van die eerste kloosterlingen gebleven 
was, en dat ze alzoo eene specialiteit in den handel brachten, 
waarvoor Mechelen stilaan.vermaard werd en gebleven is. 





Broodie van den H. Nicolaas van Tolentinen 


Het brood komt meermalen voor in kerkelijke of geestelijke 
zaken. De reden? misschien is wel de bijzonderste, dat het herinnert 
aan het brood dat van gedaante verandert door de woorden van 
den priester in het H. Misoffer. 

Zoo wordt nog hier en daar onder de mis gewijd brood den 
geloovigen aangeboden. 

Met den feestdag van den H. Hubertus wordt er hier, in al 
de kerken, brood gewijd dat de menschen nutten tegen de razernij 


316 MECHELSCHE GEBRUIKEN 





en dat ook aan de dieren, met hetzelfde inzicht, wordt te eten 
gegeven. 

Eindelijk met den feestdag van den H. Nicolaas van Tolentinen 
deelt men in de kerk van de HH. Pieter en Paulus kleine ronde 
broodjes uit, waarvan hieronder een afbeeldsel gedrukt is. Deze 
Heilige word aanroepen tegen koorts en besmettelijke ziekten. De 
oorsprong van het broederschap in dezelfde kerk bestaande, is 
misschien wel te danken aan een Augustijnenklooster, vroeger 
gelegen in deze parochie, in de Augustijnenstraat. Ten ware men 
er eene herinnering in zocke aan Margareta van Oostenrijk, wiens 
gemaal, Philibert van Savoye, eene bijzondere godsvrucht had voor 
dezen heiligen, uit welke rede ook zijne hoogst edele gemalin 
de kerk van Brou, welke de grafsteden van Philibert, Marguerite 
de Bourbon Zzijne moeder, en Margareta zijne vrouw, overscha- 
duwde, aan den H. Nicolaas van Tolentinen, toewijden liet. 


H. CONINCKX. 








Table des Matières 


Liste des Membres. 


Sociétés, Commissions et Publications avec lesquelles le Cercle 
fait l'échange de ses Bulletins 

H. CoxiNcxx. — Rapport sur les travaux et la situation du Cercle 
pendant l’année 1910. 

In. — Les Fêtes du 25° anniversaire de la fondation du Cercle 
Archéologique, Littéraire et Artistique de Malines 

Camizze Poupeye. — Nicolas van der Veken, sculpteur malinois 
du xvije siècle 

RaymMoxp VAN AERDE. — Les Ménestrels Communaux Malinois et 
joueurs d'instruments divers, établis ou de passage à Malines, 
de 1311 à 17co 

H. Conixcxx. — Der Maler Heinrich van den Broeck aus Mecheln, 
von Walter Bombe. — Le peintre Henri van den Broeck de 
Malines (traduction sommaire avec note additionnelle) 


[b. — Mechelsche Folklore (3de reeks) 





Table des Planches 


Les portraits des Présidents successifs du Cerle 

Lambris et confessionnaux (église des SS. Pierre et Paul 
Confessionnal aux deux Madeleine (église Ste-Catherine) 

Saint Augustin (détail d’un confessionnal, église St-Jean) 
Confessionnal (église SS. Pierre et Paul) 

Dieu de pitié (église St-Rombaut) 


Détail du « Dieu de pitié » (Couvent des Apostolines) 


Pages 


10 


17 


133 


318 TABLE DES MATIÈRES 





La Vierge et l'Enfant (Couvent des Maricolles) : Ë s 3 102 
Saint Yves (Musée Communal) . ; - : 5 ; : é 106 
Saint Aubert (Musée Communal) . = : ; : : : Ë 103 
Saint Antoine de Padoue (Couvent des Apostolines) ; ; : 114 
La Récolte de la Manne (Détail d'un tabernacle, église St Rom- 118. 

baut) . : ; ; : ; ; : : ; ; 2 : 118 


L'Adoration des Mages (Pérouse, Pinacothèque) . : : . 232-233 


La Prédication de S. Bernardin (Verrière du Dôme de Pérouse). 234-235 


Le Christ et S. André (Pérouse, St-Augustin). ; : ; . 236-237 
Martyre de sainte Catherine (Pérouse, St-Augustin)  . ; . 238-239 
« ’t Prinsenhof » te Duffel . ad : , : : ; ‘ . 268-269 
Op de weg van ‘t Kapelleke, herberg « de Kroon » . : . 303-329 
’t Kapelleke van Borgersteyn . ; , à ; ; : . 310-311 


Vignettes intercalées dans [le terte 


Etui de flûtes . : : À à 1 . : : : : É 155 
Fac-similé de deux Schalmei . : ; 3 : : à : 158 
Id. de Basse de Cromorne . ; : ; : : : 158 
Id. de Grand ténor de Cornet à bouquin . à ; : 159 
Id. de ténor de Cornet à bouquin. : : ; k : 159 
Id. de trompe de veilleur, exécutée par Jean Le Chien . 165 
Neutjens, veilleur de la tour St-Rombaut, en uniforme. ; : 200 


Opschrift « Vrijen tap », in de Groenstraat, boven de deur van 
de oude herb-rg van de Handbooggilde . ; £ $ ; 278 


Broodje van den H. Nicolaas van Tolentinen. ' : E : 315 


Eng 








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