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Full text of "Bulletin du Muséum national d'histoire naturelle. Série 3. Zoologie"

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BULLETIN 

du MUSÉUM NATIONAL 
d’HISTOIRE NATURELLE 


N° 66 


11111111111111111111 ! 11111111111111 

PUBLICATION BIMESTRIELLE 


JUILLET-AOUT 1972 




zoologie 

52 




















































































































































































































































































































BULLETIN 

du 

MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE 

57, rue Cuvier, 75005 Paris 


Directeur : P r M. Vachon. 

Comité directeur : P rs Y. Le Grand, C. Lévi, J. Dorst. 
Rédacteur général : Dr. M.-L. Bauchot. 

Secrétaire de rédaction : M me P. Dupérier. 

Conseiller pour l’illustration : Dr. N. Halle. 


Le Bulletin du Muséum national d’Histoire naturelle, revue bimestrielle, paraît depuis 
1895 et publie des travaux originaux relatifs aux diverses branches de la Science. 

Les tomes 1 à 34 (1895-1928), constituant la l re série, et les tomes 35 à 42 (1929-1970), 
constituant la 2 e série, étaient formés de fascicules regroupant des articles divers. 

A partir de 1971, le Bulletin 3 e série est divisé en six sections (Zoologie — Botanique — 
Sciences de la Terre — Sciences de l’Homme — Sciences physico-chimiques — Ecologie 
générale) et les articles paraissent, en principe, par fascicules séparés. 

S’adresser : 

— pour les échanges, à la Bibliothèque centrale du Muséum national d’His¬ 

toire naturelle, 38, rue Geoffroy-Saint-Hilaire, 75005 Paris (C.C.P., 

Paris 9062-62) ; 

— pour les abonnements et les achats au numéro, à la Librairie du Muséum 

36, rue Geoffroy-Saint-Hilaire, 75005 Paris (C.C.P., Paris 17591-12 — 

Crédit Lyonnais, agence Y-425) ; 

— pour tout ce qui concerne la rédaction, au Secrétariat du Bulletin, 57, rue 

Cuvier, 75005 Paris. 


Abonnements : 

Abonnement Général : France, 260 F ; Etranger, 286 F. 
Zoologie : France, 200 F ; Étranger, 220 F. 

Sciences de la Terre : France, 50 F ; Etranger, 55 F. 
Sciences de l’Homme : France, 45 F ; Étranger, 50 F. 
Botanique : France, 40 F ; Étranger, 44 F. 

Sciences Physico-Chimique : France, 15 F ; Étranger, 16 F. 



BULLETIN DU MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE 
3 e série, n° 66, juillet-août 1972, Zoologie 52 


Sur quelques Bopyridae (Crustacea, Isopoda) 
parasites de Galathéides 

par Roland Bourdon * 


Résumé. — Description d’un nouveau genre, cinq espèces ou sous-espèces nouvelles de Bopy¬ 
ridae parasites de Galathéides et complément de diagnose pour trois autres formes déjà connues, 
également inféodées à ces hôtes. 


Les Galathéides constituent un groupe de Décapodes particulièrement infesté par les 
Bopyridae. Une soixantaine d’espèces sont, en effet, connues sur ces hôtes. La présente 
note a d’ailleurs pour objet de signaler cinq nouvelles formes inféodées à ces Anomoures. 
Nous donnerons donc ci-dessous leur diagnose, ainsi que quelques informations complémen¬ 
taires au sujet de certains parasites antérieurement décrits. 


Parapleurocryptella minuta n.g., n.sp. 

Matériel examiné : 1 $ -j- q, sur Uroptychus gracilimanus Henderson, « Deutschen 
Tiefsee-Expedition 1898-99 » : Station 191, 0°39'S-98°52'E, côte ouest de Sumatra, 750 m 
(Zoologisches Muséum Berlin). Parasite signalé par Doflein et Balss (1913), transmis 
par le Dr. H. E. Gruner. 


Description 

Femelle (fig. 1) 

Mensuration. —- Longueur : 2,8 mm ; largeur au troisième segment thoracique : 2,3 mm ; 
longueur du pléon : 0,7 mm. Indice d’asymétrie : 10°. 

Céphalon transversalement ovalaire, non fissuré sur la face dorsale. Lame frontale 
large, rabattue et accolée à la tête. Yeux non figurés. Antennules et antennes (fig. 2, a) 
comprenant respectivement trois et cinq articles. Maxillipèdes (fig. 2, b) bordés de soies, 
avec palpe Inarticulé. Bord postérieur (fig. 2, c) pourvu d’une seule paire de lamelles lisses ; 
la partie médiane légèrement trilobée. 

Péréion. Bosses latérales allongées sur les quatre premiers somites. Plaques coxales 
plus étroites sur le côté non déformé des mêmes segments. Marsupium entrouvert au milieu. 
Premier oostégite (fig. 2, d) avec la partie inférieure régulièrement arrondie, plus courte 


Station biologique de Roscoff, 29211 Roscoff. 


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ROLAND BOURDON 


que la supérieure ; crête interne à peine lobulée. Les autres plaques marsupiales ornées 
de soies sur leur bord postérieur, lesquelles sont plus longues dans la cinquième paire ; pas 
de tubercules sur leur face externe. Péréiopodes de taille sensiblement égale, avec basi- 
podite et propode développés, sans bosse au premier article et recouverts de nombreuses 
écailles ciliées. 



Fig. 1. — Parapleurocryptella minuta n.g., n.sp. Ç, face dorsale x32. 


Pléon de six segments, le dernier pléonite encastré dans le précédent. Pléopodes 
(fig. 2, e) : cinq paires biramées, de longueur décroissante vers l’arrière, la cinquième minus¬ 
cule ; les deux rames égales. Uropodes simples, aussi petits que les derniers pléopodes. 

Mâle (fig. 2, f) 

Mensurations. — Longueur : 2,2 mm ; largeur au cinquième segment thoracique : 1,1 mm ; 
longueur du pléon : 0,6 mm. 

Céphalon étroit, aplati en avant et distinct du tliorax. Yeux absents. Antennules et 
antennes (fig. 2, g) respectivement composées de trois et cinq articles. Maxillipèdes (fig. 2, h) 
formés de deux segments, terminés par trois soies et atteignant l’extrémité distale du 
rostre buccal. 


BOPYRIDAE PARASITES DE GALATHEIDES 


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Péréion augmentant de largeur jusqu’au cinquième somite. Péréiopodes (fig. 2, i) 
égaux, avec propode robuste et dactyle non acéré. 

Pléon (fig. 2, j) de six segments, les bords latéraux repliés sur la face ventrale. Pléopodes 
simples, arrondis dans les paires antérieures, ovalaires dans les suivantes. Uropodes tuber- 
culiformes. 



Fig. 2. — Parapleurocryptella minuta n.g., n.sp. 

$ : a, antennule et antenne X 86 ; b, maxillipède X 54 ; c, bord postérieur du céphalon X 73 ; d, 1 er oosté- 
gite X 42; c, pléon, face ventrale x 39. 

cJ : f, face dorsale X 25 ; g, antennule et antenne X 143; h, maxillipède X 123; i, péréiopodes X 98; 
j, pléon, face ventrale X 75. 


Remarques 

Parmi les Bopyridae du groupe Pseudione à plaques coxales développées, un seul 
genre a des pléopodes ne dépassant pas les plaques latérales ; il s’agit de Pleurocryptella. 
Comme celui-ci, le parasite d’ Uroptychus gracilimanus possède aussi une particularité 
morphologique beaucoup plus importante : le palpe des maxillipèdes Inarticulé dans les 
deux sexes. A cette seconde analogie s’ajoutent encore le faciès de la femelle assez proche 
de celui de PL formosa Bonnier, 1900, et de PL wolffi Bourdon, 1972, et la forme particulière 
de l’abdomen du mâle, qui indiquent leur parenté manifeste avec le présent spécimen. 

M ais les vraies Pleurocryptella présentent une caractéristique très spéciale que n’a 






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ROLAND BOURDON 


pas ce dernier : la possession d’oostégites rudimentaires à la base des péréiopodes 6 et 7, 
qui les font considérer comme les formes les plus primitives de la famille des Bopyridae. 
Malgré ses similitudes morphologiques avec deux des trois espèces de ce genre, l’absence 
de ces organes vestigiels dans le parasite de la « Tiefsee-Expedition » traduit donc une évo¬ 
lution plus avancée et, en conséquence, il nous paraît logique d’attribuer à leur persistance 
ou à leur disparition une valeur générique, d’où la création du nouveau genre Parapleuro- 
cryptella ainsi défini : 

— Femelle. Tous les segments du corps distincts. Palpe des maxillipèdes bisegmenté. 
Lamelles céphaliques simples. Thorax avec quatre paires de bosses latérales et sept paires 
de plaques coxales, sans bosses médio-dorsales ni saillies tergales. Marsupium presque 
fermé. Première plaque incubatrice ne formant pas de lobe postérieur. Péréiopodes 6-7 
dépourvus d’oostégite. Cinq paires de pléopodes biramés et uropodes simples. 

— Mâle. Maxillipèdes biarticulés. Abdomen à métamérisation complète, les bords 
latéraux des pléonites rabattus sur la face ventrale, muni de cinq paires de pléopodes plus 
ou moins tuberculiformes et d’uropodes simples. 


Parapleurocryptella elasmonoti n. sp. 

Matériel examiné : 1 $ sans sur Elasmonotus squamosus A. Milne-Edwards, 
« Blake » : 1878-79. Station 210, au large de. la Martinique (Muséum Comparative Zoology, 
Harvard College). Spécimen transmis par le Dr. H. W. Levi. 


Description 

Femelle (fig. 3, a) 

Mensuration. — Longueur sans les uropodes : 2,1 mm ; largeur au troisième segment 
thoracique : 1,8 mm ; longueur du pléon : 0,6 mm. Indice d’asymétrie : 7°. 

Céphalon très large. Lame frontale bien développée et reployée sur la tète. Yeux non 
distincts. Antennules et antennes respectivement composées de trois et cinq segments. 
Maxillipèdes (fig. 3, b, c) avec palpe nettement biarticulé ; le bord externe orné de poils 
courts, l’interne de longues soies plumeuses d’un type différent de celui des Gigantione, 
seul autre genre de Bopyridae à posséder des soies plumeuses sur ces appendices. Bord 
postérieur (fig. 3, d) avec une seule paire de lamelles très courtes. 

Péréion. Bosses latérales au nombre de quatre paires peu distinctes sur les péréionites 
antérieurs. Plaques coxales bien développées sur tous les segments. Marsupium incomplète¬ 
ment fermé. Première paire d’oostégites (fig. 3, e) sans lobe à la partie inférieure qui est 
arrondie ; la crête interne lisse. Péréiopodes de taille semblable, ne présentant pas de 
bosse au bord supérieur du basipodite ; P6-P7 sans oostégite rudimentaire. 

Pléon (fig. 3, f) de six segments, le dernier somite assez volumineux et régulièrement 
arrondi sur son bord postérieur. Pléopodes biramés, les deux rames égales et diminuant 
progressivement de longueur. Uropodes uniramés. 






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ROLAND BOURDON 


Remarques 

Malgré l’absence du mâle, le palpe des maxillipèdes bisegmenté (caractère archaïque) 
joint à la forme presque identique de la plupart des autres appendices de la femelle, notam¬ 
ment celle de la lame frontale, permet, semble-t-il, de placer le parasite d’ Elasmonotus 
squamosus dans le nouveau genre Parapleurocryptella. Le corps plus allongé, les pléopodes 
et les uropodes partiellement visibles en vue dorsale, constituent des différences assez 
nettes pour le distinguer de P. minuta n.g., n. sp. 


Parionella notexocha. n. sp. 

Matériel examiné : 1 $ -f- sur Eumunida balssi Gordon (K. Baba det.), Cable 
sliip « Shangaï » : 32°26'N-128°37'E, 250 m, 1933 (Universitetets Zoologiske Muséum, 
Kpbenhavn). Spécimen transmis par le Dr. T. Wolff. 


Description 

Femelle (fîg. 4) 

Mensurations. — Longueur sans les uropodes : 7,4 mm ; largeur au troisième segment 
thoracique : 4,4 mm ; longueur du pléon : 1,5 mm. Indice d’asymétrie : 8°. 

Céphalon aplati. Lame frontale assez large, avec les bords latéraux échancrés. Yeux 
non figurés. Antennules et antennes triarticulées, les deux appendices sensiblement égaux 
et leur article basilaire très volumineux. Maxillipèdes (fig. 5, a) sans palpe défini, l’angle 
antéro-externe formant seulement une petite pointe obtuse. Bord postérieur (fig. 5, b) 
pourvu de deux paires de lamelles lisses de même longueur, l’externe insérée plus haut 
que l’interne ; partie médiane avec un tubercule au milieu. 

Péréion. Bosses latérales allongées sur les quatre premiers somites. Plaques coxales 
bien développées sur tous les segments. Une saillie tergale (tubercule latéro-postérieur) 
sur les deux premiers thoracomères. Marsupium légèrement entrouvert au centre. Premier 
oostégite (fig. 5, c) avec la crête interne à peine tuberculée et le lobe postéro-distal peu 
accusé. Les autres plaques marsupiales rectangulaires, bordées de poils rares et minuscules, 
sauf la cinquième paire munie d’une frange de longues soies. Péréiopodes augmentant 
de taille jusqu’à P3, tous avec bosse au basipodite. 

Pléon (fig. 5, d) de six segments. Plaques latérales courtes, arrondies, laissant visibles 
les pléopodes. Ces derniers biramés ; les exopodites de même longueur dans tous les pléonites 
et beaucoup plus grands que les endopodites qui diminuent de taille vers l’arrière. Uropodes 
simples, de même dimension que les pléopodes. Les appendices pléaux sont entièrement 
lisses. 



BOPYRIDAE PARASITES DE GALATHEIDES 


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Fig. 4. — Parionella notexocha n.sp. Ç, face dorsale X 13. 


Mâle (fïg. 5, e) 

Mensurations. — Longueur : 2,4 mm ; largeur au troisième segment thoracique : 
0,9 mm ; longueur du pléon : 0,6 mm. 

Céphalon séparé du thorax. Yeux absents. Antennules et antennes (fig. 5, f) triarticulées 
et égales. Maxillipèdes arrondis comme les maxilles. 

Péréion à bords presque parallèles. Péréiopodes (fig. 5, g, h) un peu plus longs dans 
les trois dernières paires, le dactyle de P1-P2 étant plus développé que dans les autres 
pattes. Un tubercule médio-ventral sur chacun des sept tboracomères et sur le premier 
pléonite. 

Pléon composé de cinq segments latéralement bien délimités, mais dont la séparation 
sur la face dorsale n’est bien distincte que sur les deux somites antérieurs. Ni pléopodes 
ni uropodes. 




Fig. 5. — Parionella notexocha n.sp. 

$, : a, maxillipède X 30 ; b, bord postérieur du céphalon X 34 ; c, 1 er oostégite X 28 ; d, pléon, face 
ventrale X 25. : e, face dorsale X 28 ; f, antennule et antenne X 62 ; g-h, péréiopodes 2 et 7 X 51. 


Remarques 

Plaques coxales larges et lamelleuses, lames pleurales peu développées, uropodes simples 
chez la femelle et pléon du mâle à cinq segments, caractérisent le spécimen comme étant 
une Parionella, genre comprenant trois espèces (P. elegans, richardsonae et decidens ) décrites 
par Nierstrasz et BnENnER-À-BRANnis (1923, 1929). Il se distingue, toutefois, immédiate- 






BOPYRIDAE PARASITES DE GALATHEIDES 


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ment de ces dernières par la présence de saillies tergales sur les deux premiers segments 
thoraciques de la femelle. Cette sorte de tubercules étant rarement observée chez les Bopy- 
ridae (seulement dans certains Munidion ou Pleurocrypta ) et, quand ils existent dans une 
espèce donnée, se montrant alors remarquablement constants, nous pouvons donc considérer 
le parasite d ’Eumunida balssi comme une forme nouvelle. 


Pseudione confusa maxillipedis n. ssp. 

Matériel examiné : 1 Ç -f- <$, sur Mutiida stimpsoni A. Milne-Edwards, « Atlantis » : 
Station 3319, 22°13'N-81 o 10'30"W, Bahia de Cochinos, Cuba, 125-215 fms, 4. IV. 1939 ; 
2ÇÇ -f- (JçJ, même hôte et expédition : Station 3416, 22°50'N-78°55'W, au large de Punta 
alegre, Cuba, 200 fms, 30. IV.1939 (Muséum Comparative Zoologv, Harvard College, 
n° 11483-84, 11506). Spécimens transmis par le Dr. H. W. Levi. 


Remarques 

Cette forme (fîg. 6, a) appartient au complexe des Pseudione « crénelés », petit groupe 
comportant quatre espèces très voisines 1 : Ps. confusa (Norman, 1886), Ps. crenulata 
G. O. Sars, 1899, Ps. subcrenulata Nz. et Br. Br., 1923, et Ps. minimo-crenulata Nz. et 
Br. Br., 1931, et qui est caractérisé, chez la femelle, par la présence de crénulations et de 
digitations plus ou moins nombreuses sur la lame frontale, les plaques coxales et le bord 
postéro-latéral des segments thoraciques. Par leur faible crénulation, les digitations des 
plaques coxales du côté déformé, l'extrême réduction du nombre des tubercules de la crête 
interne du premier oostégite, les lamelles céphaliques, plaques latérales et pléopodes lisses, 
les parasites de Munida stimpsoni ressemblent tant à certains individus de Ps. confusa 
que l’on ne peut douter qu’ils appartiennent à cette espèce. 

Néanmoins, deux caractères les en distinguent : 

1. Le premier se rapporte aux maxillipèdes (fig. 6, b, c). Dans la forme typique, ainsi 
que le décrit et figure Pire (1953) et que nous l’avons également constaté pour dix spécimens 
provenant de Galathea dispersa (Bâte) de l’Atlantique-Nord et chez un exemplaire infes¬ 
tant une Munida squamosa (Henderson) de Mélanésie (Bourdon, 1967a, 1968), le bord 
antéro-externe de ces appendices, identiques à ceux de Ps. crenulata, s’avance seulement 
en une simple pointe émoussée toujours inerme, et qui peut d’ailleurs souvent manquer. 
Dans les trois parasites de F « Atlantis », les deux maxillipèdes ont. au contraire, un palpe 
bien défini bordé d’une dizaine de grandes soies. 

2. De même, le pléotelson de ces derniers est petit, presque losangique et acuminé, 
tandis que chez les autres Ps. confusa, celui-ci est nettement plus large que long et son 
bord postérieur échancré. 

Ces différences, surtout la première qui intéresse une chétotaxie peu susceptible de 
variation, paraissent suffisantes pour faire des Pseudione de M. stimpsoni une sous-espèce 

1 . Ps. fibriata Richardson est également crénelé, mais le développement des plaques latérales le classe 
dans un tout autre groupe de Pseudione. 



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ROLAND BOURDON 


distincte. Comme ce sont les seules divergences relevées, comparativement à la diagnose 
que nous avons récemment donnée des Ps. confusa typiques, il n’est donc pas utile de la 
décrire en détail et nous nous bornerons à signaler les légères variations que présentent 
avec le spécimen figuré les deux autres exemplaires. Elles concernent d’ailleurs uniquement 
les digitations des plaques coxales. Chez la seconde femelle (6,2 mm), il y en a une sur les 
cinq dernières plaques ; chez la troisième (6,8 mm), seule la première plaque en est dépourvue, 
les deuxième et quatrième possédant chacune deux digitations. 





Fig. 6. — Pseudione confusa maxillipedis n.ssp. 

$ : face dorsale X 15 ; b, maxillipède X 42 ; c, palpe du même X 106. 

Ajoutons que deux des Pseudione de A'I. stimpsoni étaient eux-mêmes parasités. Sur 
l’une des femelles se trouvaient des Rhizocéphales grégaires appartenant au genre très 
rare des Duplorbis 1 . L’autre, bien qu’ovigère, contenait dans sa cavité incubatrice un 
gros Copépode particulièrement régressé ; il s’agit là du premier cas d’hyperparasitisme 
certain d’un Épicaride par ce groupe de Crustacés. 

1. Leur examen nous a d’ailleurs fourni une indication des plus intéressantes sur la biologie de ces 
curieux Cirripèdes, à savoir que l’éclosion des larves a lieu au stade cypris. 



BOPYRIDAE PARASITES DE GALATHEIDES 


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Munidion parvum cubensis n. ssp. 

Matériel examiné : 1 $ -f- <$, sur Munida stimpsoni A. Milne-Edwards, « Atlantis » : 
Station 3319, 22°13'N-81°10'30"W, Bahia de Cochinos, Cuba, 125-215 fms, 4.IV.1939 
(Muséum Comparative Zoology, Harvard College, n° 11506). Spécimen transmis par le 
Dr. H. W. Levi. 


Description 

Femelle (fig. 7) 

Mensurations. —- Longueur sans les uropodes : 7,5 mm ; largeur au troisième segment 
thoracique : 4,4 mm ; longueur du pléon : 1,6 mm. Indice d’asymétrie : 8°. 



Fig. 7. — Munidion parvum cubensis n. ssp. $, face dorsale X 15. 






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ROLAND BOURDON 


Céphalon à peine fissuré. Lame frontale assez large et légèrement acuminée latérale¬ 
ment. Yeux non visibles. Antennules et antennes (fig. 8, a) biarticulées, le segment basi¬ 
laire important, surtout dans les seconds appendices. Maxillipèdes (fig. 8, b) sans palpe 
ni soies, l’un avec une petite échancrure antéro-externe sans doute consécutive à un trau¬ 
matisme. Bord postérieur (fig. 8, c) pourvu de deux paires de lamelles lisses, distalement 
effilées et renflées près de leur base ; la partie médiane tuberculée avec une protubérance 
plus grosse au milieu. 

Péréion. Bosses latérales allongées et saillantes sur les quatre segments antérieurs. 
Plaques coxales au nombre de sept paires, larges et foliacées, faisant presque toute la 
longueur des somites. Saillies tergales très développées sur chacun des thoracomères du 
côté déformé, se transformant en digitations dans les quatre derniers ; sur l’autre côté 
(à gauche), ces tubercules ne sont représentés que sur les deux premiers segments. Marsu¬ 
pium clos. Premier oostégite (fig. 8, d) avec la moitié supérieure nettement plus large que 
l’inférieure qui forme un grand lobe ; la crête interne digitée. Les autres plaques incuba- 
trices sont légèrement granuleuses. Péréiopodes de taille croissante, munis d’une forte 
bosse au bord supérieur du basipodite. 

Pléon (fig. 8, e) de six segments, le pléotelson en forme de tube. Plaques latérales 
diminuant de longueur vers l’arrière. Pléopodes dépassant ces dernières et s’amincissant 
graduellement ; l’exopodite est un peu plus développé que l’endopodite. Uropodes doubles, 
les deux rames inégales. 


Mâle (fig. 8, f) 

Mensurations. — Longueur : 2,0 mm ; largeur au troisième segment thoracique : 0,7 mm ; 
longueur du pléon : 0,4 mm. 

Céphalon soudé au thorax. Yeux absents. Antennules et antennes (fig. 8, g) triarti- 
culées, le segment distal terminé par un bouquet de poils bien fourni. 

Péréion à bords presque parallèles. Péréiopodes (fig. 8, h-i) avec propode de même 
grosseur dans toutes les paires, mais le dactyle, aigu dans P1-P3, devient émoussé dans 
les suivantes. Un tubercule médio-ventral sur chaque péréionite et sur la partie antérieure 
de l’abdomen. 

Pléon fusionné, triangulaire, se terminant en pointe et sans appendices. 


Remarques 

La présence de saillies tergales, caractéristique des genres Pleurocrypta et Munidion, 
confirme l’appartenance du second parasite de Munida stimpsoni à l’un de ces deux genres 
qui se reconnaissent des autres Bopyridae du groupe Pseudione par l’abdomen à six segments, 
le développement des plaques coxales et des pléopodes chez la femelle, le pléon entièrement 
soudé chez le mâle. Mais, avec Codreanu (1968), nous avons déjà souligné (Bourdon, 
1968, 1971) les étroites affinités existant entre ces derniers dont la séparation sur la base 
des uropodes simples ou doubles ne peut plus être, à présent, retenue par suite de la grande 
variation du nombre de ces appendices chez PL longibranchiata et PL strigosa. 




Fig. 8. — Munidion parvum cubensis n.ssp. 

9 : a, antennule et antenne X 37 ; b, maxillipède X 24 ; c, bord postérieur du céphalon X 38 ; d, 1 er 
oostégite X 39 ; e, pléon, face ventrale X 24. 


cJ : f, face dorsale X 35 ; g, antennule et antenne x 125 ; h-i, péréiopodes 1 et 7 X 146. 


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ROLAND BOURDON 


Après avoir vu les holotypes de trois espèces de Munidion \ nous les pensons cependant 
distincts, car la présence de tubercules médio-ventraux chez le mâle paraît constituer un 
caractère suffisant pour admettre leur validité. D’autre part, les maxillipèdes de la femelle 
sont dépourvus de palpe, alors que celui-ci est presque toujours très développé et ne manque 
qu’accidentellement dans l’un des deux appendices chez les Pleurocrypta. A l’exception 
de M. latérale Richardson, 1910, pour lequel il serait d’ailleurs bien pratique d’établir un 
nouveau genre, les autres Munidion possèdent également, dans ce sexe, une particularité 
fort intéressante qui les distingue immédiatement des Pleurocrypta : c’est la forme diffé¬ 
rente de leur pléotelson. Au lieu d’être court et triangulaire, celui-ci se présente, en effet, 
comme un petit tube assez long plus ou moins étranglé près de la base, conformation tout 
à fait exceptionnelle chez les Bopyridae. 

Les tubercules ventraux du mâle et la structure du sixième pléonite de la femelle 
amènent donc à classer le présent spécimen dans Munidion. Il s’écarte nettement de M. prin- 
ceps Hansen, 1897, bien typique par ses saillies tergales hypertrophiées et le développement 
considérable des pléopodes antérieurs, et ressemble beaucoup à M. parvum Richardson, 
1904, et à M. irritans Boone, 1928, les appendices pléaux plus minces et le pléotelson plus 
renflé du second parasite étant les seuls caractères distinctifs que l’on puisse relever, vu 
l’insuffisance de sa description. 

Comparativement à M. parvum, la femelle du Bopyridae cubain a les plaques latérales 
moins aiguës, les pléopodes dépassant moins ces dernières et le sixième pléonite plus aminci 
à son extrémité distale. Mais, la différence, sinon la plus importante, du moins la plus 
apparente, réside dans la présence de deux saillies tergales seulement au lieu de sept paires, 
comme c’est le cas pour le parasite de Richardson. La variation observée dans le nombre 
de ces tubercules chez Pleurocrypta galatheae Hesse et PL longibranchiata G. O. Sars ne 
permet pas de savoir si cette divergence est réellement spécifique, sa valeur comme telle 
ne pouvant être révélée que par une étude statistique. Néanmoins, comme cette différence 
s’associe à une localisation géographique bien séparée de celle où fut récolté l’exemplaire 
de M. parvum (Straits of Fuca, océan Pacifique), il paraît plus prudent de désigner provi¬ 
soirement le parasite de M. stimpsoni sous une appellation distincte en attendant qu’un 
matériel suffisant permette de fixer, de façon définitive, son statut taxonomique. 


Anuropodione senegalensis Bourdon 

Matériel examiné : 6 spécimens, sur Munida speciosa von Martens, au large de Pointe 
Noire, Congo, 300 m, 13.1.64 (A. Crosnier coll.) ; 3 spécimens, même hôte, Fosse de Cayar, 
Sénégal, 200 m, 23.VI.64 (A. Mayrat coll.). 

Variation 

Depuis que nous avons établi le genre Anuropodione d’après un exemplaire unique 
(Bourdon, 1967b), une dizaine d’individus supplémentaires nous ont été remis. A l’excep¬ 
tion d’une femelle juste adulte et sans œufs, toutes les autres sont des ovigères de grande 

1. Transmis par les Dr. T. E. Bowman (Smithsonian Institution) et H. W. Levi (Harvard College). 



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taille (9,9 à 13,0 mm de longueur céphalothoracique). L’examen de ce nouveau matériel 
ayant permis de constater une variation individuelle importante dans les deux sexes, nous 
préciserons donc cette dernière qui porte sur le développement des plaques latérales et la 
présence occasionnelle d’uropodes rudimentaires chez la femelle, la segmentation fréquente 
de l’abdomen chez le mâle. 



Fig. 9. — Anuropodione senegalensis Bourdon. Extrémité postérieure du pléon des ÇÇ. 


Plaques latérales (fig. 9). Les trois premières paires peuvent être égales, diminuer ou 
augmenter légèrement de longueur vers l’arrière et leurs dimensions différer selon le côté 
du pléon ; parfois, l’une de ces lames est nettement plus petite ou plus grande que les autres. 
La quatrième paire est toujours plus courte que la précédente. Quant à la cinquième, elle 
se montre beaucoup plus réduite que chez l’holotype, n’étant même bien conformée que 
chez quatre individus ; chez les autres spécimens, elle se présente sous forme de saillies 
anguleuses et fait même complètement défaut chez une des femelles. 

Uropodes (fig. 9). Le genre Anuropodione a été créé, comme son nom l’indique, à cause 
de l’absence d’uropodes dans le spécimen-type. C’est le cas également pour six des neuf 
nouveaux individus dont le sixième segment abdominal n’en présente aucune trace. Mais, 
dans les trois dernières femelles, le pléotelson possède, toutefois, des rudiments d’appen¬ 
dices pouvant être considérés comme des ébauches d’uropodes. Chez deux exemplaires, 
ceux-ci sont simplement représentés par deux protubérances postlatérales plus ou moins 
renflées et mal définies ; dans un autre, par une petite lamelle falciforme sur le côté gauche. 

Il ne s’agit donc pas d’uropodes bien constitués et la forte proportion d’individus 





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qui en sont totalement dépourvus confirme, par conséquent, la valeur du critère générique 
qui, pour s’être révélé moins absolu que présumé, n’en traduit pas moins, chez A. senega- 
lensis, une tendance manifeste à ne pas acquérir (ou à perdre) ces appendices. 

Pléon du mâle (fig. 10). Bien que leur conspécificité ne puisse être mise en doute puis¬ 
qu’ils étaient fixés sur des femelles appartenant indubitablement à la même espèce, les 
dix mâles d’A. senegalensis jusqu’ici réunis se répartissent en deux groupes numériquement 
égaux et bien distincts : 

— 5 (3,3 à 4,5 mm) avec pléon soudé 

— 5 (2,2 à 6,0 mm) avec pléon segmenté 



Fig. 10. — Anuropodione senegalensis Bourdon. 

En haut : $$ de type Pseudione ; en bas : de type Pleurocrypta, un des spécimens et pléon des 

trois autres (tous X 12). 

Aucun individu de forme intermédiaire n’ayant été trouvé, il semble donc que les 
mâles de ce Bopyridae soient de deux types et ne passent pas de l’un à l’autre, éventualité 
que paraît exclure le fait que les mâles possédant un abdomen segmenté, et qui atteignent 
les dimensions les plus grandes, ont déjà le pléon ainsi conformé quand ils sont encore très 
jeunes. Par contre, la métamérisation doit être progressive au cours de la croissance sans, 
apparemment, devenir complète et s’étendre jusqu’au sixième pléonite. Ajoutons qu’aucun 
de ces mâles ne présente de pléopodes permettant de penser à une féminisation, comme la 




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présence occasionnelle et la forme de ces appendices le laissent supposer pour ceux des Pieu - 
rocrypta porcellanae Hesse de type Pseudione (Bourdon, 1963, 1965, 1968). 

On ne peut manquer de rapprocher la présente observation de celle faite par Delye 
(1955) à propos d’un parasite (non encore décrit à notre connaissance) des Munida iris 
rutlanti Zariquiey. Dans ce cas, également, les femelles sont accompagnées de mâles de 
l'un ou l’autre type. Etant donné que les hôtes sont extrêmement voisins du point de vue 
systématique, on peut même se demander s’il ne s’agirait pas du même Bopyridae. 

Les neuf A. senegalensis examinés correspondent, par ailleurs, à la diagnose antérieu¬ 
rement donnée pour la forme générale du corps et des appendices, à part quelques 
détails qui méritent cependant d’être relevés ; la constance des caractères propres à l’espèce 
doit être soulignée. 

Ainsi, chez une des femelles, les deux paires de lamelles céphaliques sont inégales, 
mais la petite apophyse médiane du rebord postérieur de la tête est toujours présente. 
Les bords latéraux de la lame frontale se montrent ordinairement plus acuminés et les 
pléonites tuberculés sur leur face ventrale. Les deux premières paires de plaques coxales 
s’étendent souvent sur le somite suivant. Si le premier oostégite a toujours sa partie supé¬ 
rieure nettement plus longue que l’inférieure, le lobe distal terminant cette dernière peut 
être moins accusé et la crête interne manquer de tubercules. Les maxillipèdes ne possèdent 
pas de palpe et les pléopodes, très développés et invariablement au nombre de cinq paires 
biramées, dépassent largement les lames pleurales. Le pléotelson est toujours globuleux, 
le plus souvent allongé, quelquefois transversalement ovalaire. 

En ce qui concerne le mâle, l’absence des yeux et de tubercules médio-ventraux se 
voit confirmée. Les antennes comprennent de quatre à cinq articles et les maxillipèdes 
n’ont qu’un seul segment. Comme représentée sur la figure 9, la forme du pléotelson, dans 
les spécimens où celui-ci est fusionné, peut être plus ou moins renflée et le premier somite 
parfois indiqué latéralement. Particularité éthologique relative à ce sexe, intéressante à 
noter : la femelle adulte n’ayant pas encore pondu (7,0 mm) portait deux mâles de type 
Pseudione (3,2 et 2,2 mm), l’un placé entre ses pléopodes, l’autre dans le marsupium. 


Anuropodione dubius (Nz. et Br. Br.) 

Matériel examiné : les spécimens-types, transmis par le Dr. T. Wolff (Zoologisk 
Muséum, Copenhague). 


Description 

La diagnose originale donnée par Nierstrasz et Brender-à-Brandis (1929), peut 
être complétée des indications suivantes. 

Femelle 

Lame frontale à bords latéraux plus acuminés que représentés. Les deux premiers 
thoracomères avec une paire de saillies tergales. Bord postérieur du céphalon possédant 
deux paires de lamelles courtes, inégales, lisses et aiguës ; la partie médiane sans tubercules. 



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Maxillipèdes (fig. 11, a) dépourvus de palpe, seulement ornés de trois soies à l’angle antéro- 
externe. Marsupium complètement fermé. Crête interne du premier oostégite (fig. 11, b) 
lisse, la moitié inférieure de l’appendice beaucoup moins développée que l’antérieure, le 
lobe postéro-distal peu proéminent. Péréiopodes (fig. 11, c) avec bosse au bord supérieur 
du basipodite. 



Fig. 11. — Anuropodione dubius (Nz. et Br. Br.). 

Ç : a, maxillipède X 55 ; b, 1 er oostégite X 55 ; c, péréiopode X 111. 

: d, antennule, antenne et maxillipède X 269 ; e, péréiopode 1 X 111 ; f, dernier segment thora¬ 
cique et pléon X 103. 


Mâle 

Antennules et antennes (fig. 11, d) triarticulées. Maxillipèdes effilés, terminés par une 
soie. Péréiopodes 1-3 (fig. 11, e) munis d’un dactyle plus fort que dans les pattes suivantes 
où cet article est émoussé. Un tubercule médio-ventral sur chacun des péréionites et sur 
les deux premiers segments du pléon. 

Le deuxième mâle mentionné par Nierstrasz et Brender-à-Brandis, mais non 
décrit, est à peu près de même taille, mais son abdomen (fig. 11, f) est anormal. Quatre 
segments sont, en effet, distingués sur le côté gauche, trois seulement sur le côté droit, 
les faces ventrale et dorsale étant fusionnées. 





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Remarques 

Tout en soulignant la concordance d’habitus frappante avec leurs Parionella decidens 
et Parionina pacifica parasites de Galatheidae, Nierstrasz et Brender-à-Bkandis (1929) 
ont néanmoins placé cette forme trouvée sur deux Galathea sp. dans le genre Probopyrus, 
exclusivement inféodé à des Crevettes d’eaux douces. Le principal argument avancé par 
les auteurs pour justifier cette détermination générique était que la femelle des deux spéci¬ 
mens étudiés par eux ne possède pas d’uropodes. Ce point de vue n’a pas été partagé par 
Chopra (1930) qui estime que P. dubius doit appartenir à un autre genre. Après avoir vu 
les spécimens-types, il nous paraît également impossible de maintenir cette espèce dans 
Probopyrus et ceci pour deux raisons, autres qu’éthologiques. La première est que les 
oostégites forment un marsupium complètement clos, ce qui ne se réalise jamais dans le 
groupe Bopyrus ; la seconde, que le mâle choisi comme holotype a un pléon segmenté alors 
que chez les Bopyres proprement dit, hormis Urobopyrus et Parabopyrus de faciès très 
différent, celui-ci est toujours plus ou moins fusionné. Il s’agit donc bien d’un Pseudioninae. 
L’absence d’uropodes chez la femelle le place évidemment aux côtés de Pcirioninella obovata 
Shiino, 1958, et d’ Anuropodione senegalensis Bourdon, 1967, seuls représentants de la sous- 
famille avec Bopyrissa magellicana Nz. et Br. Br., 1931, à ne pas en avoir, mais dans cette 
dernière espèce, parasite d’un Pagure, les plaques coxales sont rudimentaires et les pléopodes 
plus courts que les lames pleurales. Par le mâle, il se montre cependant plus proche d’A. 
senegalensis que de P. obovata : son corps est plus élancé et, chez l’individu normal, le 
pléon a une forme identique à celui des mâles de type Pseudione. 

Cette ressemblance nous amène à classer Probopyrus dubius dans le genre Anuropo¬ 
dione, mais non sans une certaine réticence, à cause des tubercules médio-ventraux du 
mâle dont on ignore s’ils constituent un simple caractère spécifique ou, au contraire, géné¬ 
rique. Barnard (1920) considère ces derniers comme génériques et ils permettent effecti¬ 
vement de distinguer les Munidion des Pleurocrypta. Néanmoins, dans certains genres, 
ils peuvent être ou non représentés selon les espèces. Sans parler de Pseudione, trop hété¬ 
rogène, tel est le cas pour divers Céponiens, pour Pleurocryptella et Urocryptella. 


Paragigantione papillosa Barnard 

Matériel examiné : le spécimen-type transmis par le Dr. J. R. Grindley (South 
African Muséum, Cape-Town). 


Description 

A la diagnose originale de Barnard (1920) peuvent être ajoutées les particularités 
suivantes. 

Femelle (fig. 12, a) 

Lame frontale assez large et régulière. Bord postérieur de la tête pourvu d’une seule 
paire de lamelles falciformes. Bosses latérales effectivement indistinctes. Plaques coxales 



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sur les sept péréionites, toutes plus ou moins rabattues sur la face dorsale du thorax. Marsu¬ 
pium ouvert, les plaques incubatrices 2 à 4 étroites, dirigées vers l’arrière et non perpendi¬ 
culairement à l’axe du corps. Premier oostégite (fig. 12, b) avec la partie inférieure plus 
importante que la moitié supérieure et régulièrement arrondie ; crête interne lisse. Péréio- 
podes sans bosse au basipodite. Pléopodes non tuberculés, loin de recouvrir toute la face 
ventrale du pléon, diminuant de taille vers l’arrière, la dernière paire trois fois plus petite 
que la première. 




b 


Fig. 12. — Paragigantione papillosa Barnard. 

: a, face dorsale X 14 ; b, 1 er oostégite X 25. 


Remarques 

Trouvé sur une Munida sanctipauli Henderson d’Afrique du Sud, ce Bopyridae a été 
considéré avec raison par Barnard (1920) comme représentant un genre à part, à cause 
des maxillipèdes et des uropodes de la femelle qui rappellent ceux des Gigantione. Il est 
également pourvu d’un caractère très important : son marsupium de type Bopyrus. Cette 
conformation particulière n’a pas échappé à Barnard, mais celui-ci pensait que le spécimen 







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n’était pas complètement développé. Les ovaires occupant toute la place disponible, et 
constitués de gros oocytes, semblent cependant indiquer qu’il s’agit d’une femelle adulte. 
De toutes façons, même si ce spécimen n’était pas encore parvenu à la maturité sexuelle, 
ses plaques marsupiales sont différentes, à la fois par leur forme et leur direction, de celles que 
présentent alors les autres Pseudioninae. 

La seule espèce de la sous-famille dans laquelle cette particularité morphologique 
soit également connue est Bonnieria indica Nz. et Br. Br., 1923, parasite aussi d’une Munida. 
Seconde analogie des plus intéressantes : cette forme a, dans les deux sexes, des uropodes 
semblables à ceux de P. papillosa. Son appartenance à Paragigantione ne paraît donc pas, 
de ce fait, impossible ; mais, bien entendu, seul un nouvel examen de l’holotype permettra 
d’en décider et de savoir s’il faut mettre les deux genres en synonymie. 


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Achevé d’imprimer le 30 décembre 1972. 




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Les références bibliographiques apparaîtront selon les modèles suivants : 

Bauchot, M.-L., J. Daget, J.-C. Hureau et Th. Monod, 1970. — Le problème des 
« auteurs secondaires » en taxionomie. Bull. Mus. Hist. nat., Paris, 2 e sér., 42 (2) : 301-304. 

Tinbergen, N., 1952. — The study of instinct. Oxford, Clarendon Press, 228 p. 

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