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Full text of "Bulletin du Muséum d'histoire naturelle"

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BULLETIN 


DU 


MUSEUM D'HISTOIRE NATURELLE 


| MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE 
BULLETIN 
DU 
MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE 
TOME PREMIER 
1895 
PARIS 
IMPRIMERIE NATIONALE 
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Digitized by the Internet Archive 
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1" RÉUNION DES NATURALISTES DU MUSÉUM. 

Fe 20 JANVIER 1899. 
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PRÉSIDENCE DE M. MILNE ED WARDS.. 
DIRECTEUR DU MUSEUM. 


La séance est ouverte à 4 heures dans la salle des cours de la 
galerie de Zoologie. 


M. Mine Epwarps prononce l’allocution suivante : 


Messieurs , 


Je suis heureux de présider notre première réunion qui sera, je 
l'espère , suivie de beaucoup d'autres. Les professeurs du Muséum 
ont eu certainement raison en pensant qu'il y aurait pour notre 
établissement, un avantage incontestable à resserrer les liens qui 
rattachent les différents services et à multiplier les contacts entre 
les hommes qui, chacun dans leur spécialité, concourent à l’avan- 
cement de la science. 

Nous désirons que notre Muséum devienne comme une grande 
famille, où les aînés tracent aux jeunes la voie à suivre, leur don- 
nent d'utiles conseils et les encouragent dans un labeur souvent 
aride au début, où les jeunes se hâtent de rejoindre leurs devan- 
ciers afin de devenir bientôt aussi des maîtres. 

Nous voulons qu'il existe une union intime entre les professeurs, 
les assistants, les préparateurs, les élèves des laboratoires, nos sta- 


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glaires, nos boursiers, nos correspondants el les voyageurs qui 
nous aident, avec tant de dévouement à former nos belles collec- 
tions. 

En faisant ainsi converger vers un même but les efforts de tous, 
nous obliendrons un résultat considérable, et le travail accompli 
en commun deviendra, par l'émulation qui en sera la conséquence, 
plus aisé et plus fructueux. 

La meilleure méthode pour réaliser celte conception, c’est de 
convoquer tous les membres du Muséum à des réunions régulières 
et mensuelles où chacun, apportant son contingent, viendra entre- 
tenir lassemblée des recherches qu'il poursuit, des faits qu'il a 
observés, enfin de toutes les nouvelles qui peuvent intéresser notre 
établissement. 

Les voyageurs y feront connaître lilinéraire qu'ils ont parcouru, 
les conditions dans lesquelles 1ls ont recueilli leurs collections. Les 
naturalistes parleront ensuite de ces mêmes collections; ils en in- 
diqueront les espèces ct ils donneront, sur les objets récemment 
acquis, les détails zoologiques, botaniques ou géologiques néces- 
saires. 

Une large place sera également réservée aux questions d'ordre 
physiologique, chimique ou physique, et leur discussion, utile à 
tous, fera souvent naïître de nouveaux aperçus. 

Afin de conserver une trace de nos séances, il faudra consigner 
les résultats de nos travaux dans un Bulletin rapidement imprimé 
et distribué; ce sera le Bulletin du Muséum d'histowe naturelle. 

Cette feuille apprendra au public ce qui se fait dans notre éla - 
blissement; elle donnera la preuve de l'activité qui y règne; elle 
permettra de publier immédiatement les notes, lues 1c1, sur les 
découvertes réalisées; elle montrera aux personnes qui ont enrichi 
nos collections que leurs dons ne sont pas sans emploi et sont de 
suite utilisés; elle sera, en quelque sorte, la traduction de la vie 
scientifique du Muséum, vie des plus intenses, mais qui reste 
isnorée parce que, nulle part, on ne peut en prendre une vue 
d'ensemble. 

Je fais donc appel à tous ceux qui se préoccupent de la gloire 
et de la bonne renommée de notre Muséum, et je les prie instam- 
ment de me prêter une active collaboration , afin de donner à nos 
travaux une impulsion plus forte et une plus grande unité. 


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— 4) — 


À la suite de cette allocution, l'Assemblée procède à la désigna- 
tion des secrétaires. 


Sont nommés : 


TT OU M EOACUOn.. . ........6.,...,..,.. MM, Ousrazer. 
— pour la Zoologie et FAnatomie . ........ Bouvier. 
D Dour Dolanique.: ................. Porssox. 
— pour la Paléontologie, la Géologie et la Mi- 
er. 2, Bouce. 
—  pourlaPhysiologieetla Pathologiecomparée. PuisALixe. 
— pour la Physique et la Chimie. ......... VERNEULL. 


CORRESPONDANCE. 


M. German, commandant la flotülle du Bénin, à fait parvenir 
au Muséum deux peaux de Crocodile et un Hippocampe des envi- 
rons de Cotonou, ainsi que des Insectes provenant de lOuémé. 


M. le docteur Tocné, médecin de 2° classe de la marine à Libre- 
ville (Gabon-Congo) et M. Arcrarp, capitaine commandant la 
2° batterie d'artillerie de la marine à Dakar (Sénéoal), proposent 
leurs services pour recueillir des collections dans les régions où 1ls 
résident, 


M. Lagurarp, capitaine de frégate, commandant le Shamrock, 
informe le directeur que le bâtiment placé sous ses ordres doit 
servir d'hôpital à Madagascar, dans la rivière de Majunga, et il 
serait heureux que son concours püt contribuer à laccroissement 
des richesses de nos galeries. 


M. Decarosse, ancien boursier de voyage, a été nommé commis 
aux affaires indigènes à Konadiokofikrou (Baoulé); il donne des 
détails sur le pays où 1l réside et sur les récoltes qu'il se propose 
d'envoyer au Muséum. 


Le paquebot Oxus, courrier du Japon et de la Chine, arrivé à 
Marseille le 26 janvier, apporte la nouvelle de la mort du R. P. Bon, 
missionnaire apostolique, décédé le 10 décembre à Keben, dans 
la province de Tanh-Hoa. Depuis l'année 1890, le R. P. Bon était 


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un de; correspondants les plus acüifs du Muséum, auquel il faisait 
de nombreux envois de graines et de plantes du Tonkin et de 
l'Annam. 


COMMUNICATIONS. 


M. Dicurr rend compte en peu de mots du voyage qu'il vient 
d'effectuer en Basse-Californie; il indique sur une carte l'itiné- 
rare qu'il a suivi le long de la Sierra et des côtes du golfe de Cali- 
fornie; il les a explorées de préférence aux côtes du Pacifique en 
raison de la sécheresse qui régnait dans cette dernière région et 
qui était peu favorable aux récoltes d'histoire naturelle. Il à poussé 
néanmoins une pointe jusqu'à la Laguna et y a recueilli des objets 
d'ethnooraphie; mais ses collections plus importantes proviennent 
de la partie méridionale du golfe de Californie et de l'ile d'Espiritu - 
Santo. 

Le Directeur demande à M. Diguet de rédiger une courte note 
sur son voyage, qui sera insérée dans le prochain numéro du Bulletin. 

Quelques-unes des espèces rapportées par M. Diouet se trouvent 
décrites dans les Notes suivantes, dont il est donné lecture par 
leurs auteurs : 


ÉTUDE sur UN NOUVEAU TYPE DE Léporrné, Lxpus Enwarpst (nov. sp.), 


par M. Remy Sainr-Lour. 


J'ai pu examiner trois spécimens de Léporidés, rapportés par M. Léon 
Diguet de l'ile de d'Espiritu-Santo, qui sont intéressants en raison de leurs 
LÉ LEE d'aspect et de structure, réunissant à la fois des caractères du 
Lièvre et du Lapin. 


Descripriox. Le Lepus Edwards: est à peu près de la taille de nos Lièvres 
(Lepus timidus) moyens. Dans l’ensemble, vu à distance, le pelage est d'un 
noir brunâtre; de plus près, on voit que les flancs, la poitrine, les pattes 
de devant sont légèrement tiquetés de noir sur un fond jaune brun terne, 
et que ce crayonnage, devenant plus important dans les parties supérieures, 
donne une couleur plus noire au dos, au dessus de la croupe, au dessus 
de la face et du crâne. Le ventre est d’un jaune blanc sale, c’est-à-dire 
que la teinte janne brun qui est le fond du pelage devient 1c1 plus pâle et 
presque blanche. 

La coloration de la tête se distingue un peu, par sa tonalité générale, de 


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celle du corps; le pigment jaune y est moins abondant, et les pigments noirs 
mélangés aux poils blanes que l'on y trouve produisent un ensemble gri- 
sâtre. Les joues, le museau, les oreilles sont aussi de couleur grise. La 
face postérieure des oreilles est presque blanche , excepté à la pointe, qui 
porte une frange noir roux. Le bord interne postérieur est liseré d’une 
traînée de courts poils blanc jaunâtre; au bord antérieur la frange est 
grise. La queue est pareille à celle du Lepus californicus. Au-dessus des 
veux, dont les cils sont noirs, il existe une tache blanche nettement limitée 
par la teinte noire du pelage qui recouvre la région frontale. 

Dans l’ensemble, ce spécimen a les caractères de pelage d’un Lepus 

 californicus (Gray), chez qui toute la robe serait un peu plus foncée et le 
pigment noir plus abondant. 

Les poils de la région dorsale sont en général blancs à la base, noirs sur 
une certaine longueur, puis marqués d'un anneau Jaunâtre avant de de- 
venir de nouveau noirs à la pointe. Il y a quelques rares poils blancs semés 
çà et Là dans le pelage. 

Ces ressemblances avec un L. californicus dont la robe serait foncée 
m'ont conduit à examiner comparativement les spécimens d’Espiritu- 
Santo et ceux qui sont exactement conformes aux descriptions du L. cali- 
Jornicus de Gray (L. Richardsoni de Bachman), et j'étais d'autant plus 
porté à l'identification avec cette espèce, que, d’après les auteurs améri- 
cains, tels que Waterhouse, Coues et Allen, le L. cali'ornicus présente des 
variations de couleur dans le pelage. L'étude du crâne devait être particu- 
lièrement instrucüive sur ce point, et M. Mine Edwards m'a fait remettre 
un crâne qui était encore adhérent à la peau d’un L. californicus authen- 
tique. 


Dimensions Des crÂNES pu Lepus Epw4rpsi. 


Spécimens NÉ CRT 2e. NS. 


£ m. m. m. 
De la protubérance occipitale externe aux pariétaux. 14,5 16 15 
Longueur sagittale de la suture pariétale....... 24h 19 20 
Longueur de la suture frontale............... 33 F0 32 
Longueur de la suture des os nasaux.......... 34.5 34 31 
LONGUEUR CURVILIGNE TOTALE... ..... 103,0 102,9 98 
Largeur de la suture pariéto-frontale. . ........ 2h 23,9 24,5 
Largeur à ia base de l’apophyse sus-orbitaire. . . 13,2 13 13,D 
Largeur maxima des os nasaux......,........ 19 18,9 18,6 
SOMME DES LARGEURS FRONTALES. . ... 56,2 55,0 0 
Largeur de la fosse palaline. ................ 8,2 9,9 9,9 
Largeur de la fosse incisive.. ............ SA cu LCR 10,9 10,9 


SOMME DES LARGEURS PALATINES. , . ... 19,7 10,0 19:0 


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En faisant la comparaison avec les mesures prises sur le L. californicus , 
et qui seront relatées dans un travail plus étendu, on peut constater l’ac- 
centuation du type Lapin chez le L. Edwardsi. 

Bref, de l’ensemble des comparaisons, 1l résulte, tant au point de vuc 
des caractères crâniens qu'au point de vue des caractères extérieurs et des 
mœurs , que les Léporidés d’Espiritu-Santo sont une espèce zoologique dis- 
üncte du Lepus cahifornicus (Gray) et s’éloignent de ce type pour se rap- 
procher du type Lepus cuniculus. Je considère ces Léporidés insulaires aux- 
quels, d'accord avec M. Diguet, je donne le nom de Lepus Edwards, 
comme un exemple des modifications produites par la ségrégation dans 
une localité naturellement définie et fermée, modifications qui établissent 
le passage morphologique des Lièvres aux Lapins. 

Ces faits, tendant à établir l'insensible transition des espèces morpho- 
logiques dans le genre Lepus, me paraissent surtout importants en regard 
de a dualité spécifique physiologique qui sépare le Lepus timidus et le Lepus 
cuniculus. 


: 


SUR UNE COLLECTION DE CRUSTACÉS DÉCAPODES 
RECUEILLIS EN Basse-Cazirorniz Par M. Dicuer, 


par M. E.-L. Bouvier. 


Les Crustacés décapodes recueillis en Basse-Californie par M. Diguet 
sont intéressants à plus d'un titre : la plupart étaient complètement in- 
connus dans cette région et dans toute l'étendue du golfe de Californie, 
beaucoup n'avaient été signalés qu'une fois par Slimpson ou par Milne 
Edwards, principalement en des points très éloignés des côtes occidentales 
de l'Amérique du Nord; plusieurs enfin étaient restés inconnus des natu- 
ralistes et viennent enrichir leurs catalogues scientifiques. 

Parmi ces derniers, 31 y a lieu d'attirer surtout l'attention sur un 
Pagurien très remarquable appartenant au genre Petrochirus Simpson. 
Les Petrochirus comptent tous parmi les Paguriens de très grande taille; 
ils étaient représentés par deux espèces : le P. oranulatus (Olivier) qui 
s'étend depuis le golfe du Mexique jusqu'au Brésil et le P. pustulatus 
(Mine Edwards) qui habite la Sénégambie. Inconnus jusqu'ici dans l’im- 
mense étendue des mers indo-pacifiques, ils y sont en réalité représentés 
par l'espèce de M. Diguet, pour laquelle je propose le nom de P. cahfor- 
niensis. De même que le P. pustulutus représente dans l'Atlantique oriental 
le P. granulatus du golfe du Mexique, de même le P. californiensis est la 
forme représentative de celte dernière espèce dans les eaux américaines du 
Pacifique. Au reste, les trois espèces sont très voisines, et celle de M. Di- 
euet ‘ne diffère guère du Petrochirus des Antilles que par les doigts beau- 


UT er. 


coup p'us larges de ses palles ambulaloires et par les ornements de ses 
pinces qui sont formés de squames surmontés d'un gros tubercule médian. 
Les ressemblances étonnantes que présentent les trois espèces du genre 
nous permellent de penser que ces dernières n'en formaient qu'une seule 
à l'époque où l'Atlantique était moins profond qu'aujourd'hui et où l'isthme 
de Panama n'était pas encore formé, Isolés les uns des autres depuis cette 
époque et placés dans des milieux sensiblement différents, les descendants 
de celte espèce primitive ont varié peu à peu et ont finalement constitué 
les trois espèces actuelles. Si l’on songe que nous sommes séparés par des 
milliers d'années de l'époque où l'isthme de Panama s’est élevé du sein des 
eaux, on est frappé par la lenteur des variations auxquelles sont soumis 
ces Crustacés. 

Dans la collection de M. Diguet se trouvent plusieurs espèces déjà con- 
nues, mais assez rares, qui représentent dans le Pacifique oriental des 
espèces du golfe du Mexique. Le Clibanarius panamensis (Simpson) repré- 
sente le C. vittatus (Bosc), le Pericera fossata (Simpson) représente le P, tri- 
gona (Lamarck) et l'Ocypode occidentalis (Simpson), l'O. arenaria. Entre 
ces diverses formes représentatives, les différences ne sont pas plus orandes 
qu'entre les deux Petrochirus signalés plus haut. 

Outre le Petrochirus cali{orriensis, M. Diguet a resucilli les espèces nou- 
velles suivantes : 


1° Paguristes Diueti figuré et décrit dans le Bulletin de la Société 


plulomathique (1893). 


a° Paguristes Perrieri (dédié à mon maitre, M. Ed. Perrier) : se dis- 
tingue du P. seminudus (Slüimpson) par les épines situées sur le bord su- 
périeur du carpe et de la main des pattes antérieures, et par les tubercules, 
entourés d'une demi-couronne de poils courts, qui ornent la face extérieure 
des pinces. 


3° Eupagurus fusco-maculatus : se distingue de VE. albus (Benedict) par 
ses écailles ophtalmiques grandes, ovalaires et excavées en dessus, par ses 
acicules antennaires qui atteignent à peine le bord postérieur de l'œil, par 
les trois rangées longitudinales de denticules ou d'épines qui ornent la face 
externe du carpe des pattes antérieures, enfin par la crête saillante et dentée 
qui forme le bord inférieur de la pince droite. 


L° Callianassa Rochei (dédiée à mon ami, M. Roché) : présente la plu- 
part des caractères de la C. californiensis et de la C. unciniata (Milne Ed- 
wards), mais ressemble à la C. giras (Dana) par les doigts de la grande 
pince qui soul finement dentés et en contact sur toute leur longueur. 


9° Eiconaxius Vivesi (dédiée à M. Vivès, sur le désir de M. Diguet) : 
ressemble à l'Axis glyptocercus (von Martens) par son rostre , mais s2 dis- 


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tingue de toutes les espèces du genre par ses nombreuses épines qui forment 
une rangée sur le bord inférieur de l'ischiopodite des pattes antérieures, 
sur le bord supérieur du carpe et de la main, sur les deux bords du méro- 
podite et qui sont réparties en assez grand nombre sur la face inféro- 
-externe du carpe. 


6° Palinurus inflatus : se range parmi les Langoustes dont l’abdomen 
est dépourvu de sillons transversaux, mais s’en distingue facilement par sa 
carapace épaisse et renflée, par ses très longues paltes, par son anneau 
antennulaire long et orné de quatre épines subégales formant un carré au 
centre duquel se trouvent quelques spicules. Les pattes de cette espèce 
sont ornées de bandes longitudinales claires, et l'abdomen de bandes trans- 
versales dans sa partie antérieure, de petites taches arrondies dans sa 
partie postérieure. 


7° Gecarcinus Divueti : diffère du G. planatus (Simpson) par sa cara- 
pace plus large, par l'absence de granulations sur la région gastrique, par 
son front resserré entre les orbites et lépèrement dilaté vers son bord infé- 
rieur, enfin par ses mérognathes à bords latéraux arrondis. 


Les aut:es espèces recueillies par M. Diguet sont les suivantes : 


Le) 


1° Macroures. — Callianassa californiensis (Dana), des Alphœus et un 
certain nombre de Pontonia. 


2° AnomôuRes. — Calcinus obscurus (Stimpson), C. chilensis (Milne 
Edwards) (?), Clibanarius cruentatus (Milne Edwards), Pagurus sinistripes 
(Stimpson), Aniculus elegans (Simpson ), Cænobita compressa (Guérin) var. 
rugosa (Mine Edwards). — Petrolisthes armatus (Gibbes). — Hippa ana- 
loga (Simpson). 


3° Bracuyures. — [. Oxyrhynques : Tyche lumellifrons (Simpson), 
Anapthychus cornutus (Stimpson), Microphrys platysoma (Sümpson), Mi- 
thraculus denticulatus (Bell) et un Podonema peut-être d'espèce nouvelle. 


IL. Cancériens : Heteractæa lunata (Milne Edwards et Lucas), Eurypa- 
nopœus planissimus (Simpson), Ériphia squamata et une Micropanope pro- 
bablement d'espèce nouvelle. 


Y . 


[IT Portuniens : Cronius Edwardsi (Lockington). 


IV. Quadrilatères : Leptoprapsus crassipes (Randall), Uca una (Linné) 
el Gelasimus macrodactylus (Milue Edwards et Lucas). 


LT DE 


M. le professeur Gaupry donne quelques renseignements sur les 
travaux qui s'effectuent en ce moment dans son laboratoire, sous 
sa direction et sous celle de son assistant, M. Marcellin Boule, et 
qui ont pour objet la détermination, le classement et la prépara- 
tion des pièces destinées à prendre place dans les nouvelles galeries 
de Paléontologie, dont la construction est poussée avec une grande 
activité. Il présente quelques-unes des pièces préparées dans ce 
but, entre autres une tête de Paléoryx, une tête d'Ichthyosaure , une 
plaque avec empreinte de Batracten. 


M. Mine Enwaros, en son nom et au nom de M. Grandidier, 
fait la communication suivante : 


SUR DES OSSEMENTS D'ÜISEAUX 
PROVENANT DES TERRAINS RÉCENTS DE MaDpaGascar. 


Par A. Maine Enwaros ET ALFr. GRANDIDIER. 


L'un de nous a reçu récemment de M. Grevé des ossements trouvés sur 
la côte ouest de Madagascar dans un dépôt de sable limoneux et 1l les a 
offerts au Muséum d'histoire naturelle. Nous nous sommes réservé l'étude 
des Oiseaux, et M. le professeur Filbol s’est occupé de la détermination des 
Mammifères. 

Plusieurs fémurs de grands Æpyornis proviennent d’Ankevo, situé par 
20° 36’ de latitude. | 

A Bélo, par 20° 34" de latitude, M. Grevé a exhumé des os du pied du 
même Oiseau et les diverses parties du squeletie de la patte d’un jeune 
Æpyormis ; mais, dans ce gisement, ce sont surtout les Mullerornis qui 
abondent, associés à divers Mammifères et à des Tortues. L'étude de ces 
pièces permet de se rendre compte des caractères de ce genre d’'Oiseaux 
jusqu à présent incomplètement connu et de le comparer aux Æpyornis. 

Une tête osseuse admirablement conservée montre de grandes différences 
avec celle de ces derniers. La boîte crânienne est moins surbaissée et la 
voûte du frontal s'élève au voisinage des pariétaux de manière à former 
une bosse large et régulière qui n’a d’ailleurs aucune analogie avec le 
casque des Casuarius, mais correspond à la hauteur de la boîte encéphalique. 
Le suroccipital, au lieu d’être oblique, s'élève presque verticalement et il 
est limité en haut par une crête transversale mince et saillante. Le paroc- 
cipital forme latéralement une grande aile dirigée en dehors tandis que 
chez les Æpyornis elle se porte en bas et en arrière. Le condvle est court et 


sm TÙ 


à peine pédonculé, le basioccipital porte de chaque côté une forte saillie 
musculaire et il est séparé du sphénoïde par une crête transversale courbe 
très marquée; les apophyses sphéno-ptérygoïdiennes sont peu développées. 
L'apophyse mastoïde est large et lamelleuse et la fosse temporale qu'elle 
limite en arrière est profonde mais étroite; l'apophyse post-frontale est 
large à sa base, mais se Lermine par une extrémité apointie. Les voûtes 
orbitaires sont grandes, elles s'étendent beaucoup en dehors et elles se 
soudent à l'os lacrymal. Les os nasaux , séparés l’un de l’autre sur la ligne 
médiane par une profonde fissure , ont, dans leur ensemble, la figure d’un V 
et ils enchâssent le prolongement postérieur de l’intermaxillaire. Celui-ci 
est criblé à son extrémité de pertuis nombreux servant aux passage des 
nerfs et des vaisseaux; il est peu élargi et il forme sur la ligne médiane, 
en dessus, une carène arrondie. Le jugal est pourvu d’une apophyse mon- 
tante qui s'élève à la rencontre de l’apophyse post-occipitale. 

Les os du bee inférieur sont beaucoup moins solides et moins élargis 
que ceux des Æpyorns, et leur portion symphysaire est plus longue et plus 
comprimée; ils portent sur leur bord terminal de nombreux trous vasculaires 
et nerveux. Chez l’Æpyornis la portion symphysaire est large et profondé- 
ment creusée en cuiller. 

En résumé, la tête osseuse des Mullerornis ressemble beaucoup plus par 
ses caractères généraux à celle des Gasoars qu’à celle d’aucun autre Brévi- 
penne. 

Longueur totale de la tête : o m. 172.— Largeur maximum : o m. 72. 
— Largeur au-dessus des voûtes temporales : o m. 059. 

L'os tarso-métatarsien est à peu près de la même longueur que celui 
du Casoar à casque, mais il est plus gros et ses articulations sont plus 
robustes. L’extrémité supérieure est comprimée d'avant en arrière, la 
crête calcanéenne s'élève peu. Les trochlées digitales sont larges, surtout la 
médiane; l’interne descend plus bas que l’externe, contrairement à ce qui a 
lieu chez les Casoars; le canal destiné au passage de l’abducteur du doigt 
externe est complet. 

Les phalanges sont beaucoup plus fortes et plus larges que celles des 
Dromaius et des Casuarius ; elles indiquent une large base d'appui, en rap- 
port probablement avec le séjour de ces Oiseaux sur le sol mouvant du 
bord des lacs. — Il n'existe aucune trace d’un doigt postérieur ; — les 
phalanges unguéales ressemblent à celles des Dromaius, mais elles sont plus 
aplaties. 

Longueur totale d’un tarso-métatarsien : o m. 30. — Largeur de l’ex- 
trémité supérieure: o m. 072. — Largeur du corpsde l'os : o m. 080. — 
Largeur de l'extrémité inférieure : o m. 071. — Largeur de la trochlée 
digitale médiane : o m. 033. 

Le tibia ressemble beaucoup plus à celui des Casuarius qu'à celui des 
Dromaius , mais il est moins cylindrique et plus aplati d'avant en arrière: 


l'articulation supérieure est plus renflée et la crête rotulienne moins sail- 
lante; la surface correspondant au condyle interne du fémur est plus 
grande, Des trous pneumatiques, largement ouverts, existent en arrière ct 
au-dessous du bord articulaire. L'articulation inférieure est plus oblique 
et moins excavée que celle des Gasoars. Les fossettes destinées à l'attache 
des ligaments latéraux du pied sont très profondes. 

Longueur totale du tibia : om. 460.— Longueur depuis la surface ar- 
ticulaire fémorale : o m. 415. — Largeur du corps de l'os : o m. 035. — 
Largeur de l'extrémité inférieure : o m. 067. 

Le péroné s'étend dans les deux tiers de la longueur du tibia ; il est faible 
et se termine en forme de stylet grêle. 

Le fémur est court et moins aplali d'avant en arrière que celui des 
Æpyornis ; de grands trous pneumatiques existent dans la fosse poplitée, 
et en arrière entre le trochanter et la tête articulaire. 

Longueur totale de los : o m. 270. — Largeur de l'extrémité supé- 
rieure : o m. 097. Largeur de l'extrémité inférieure : o m. 10. 

Les fragments du bassin que nous possédons, ct en particulier le sa- 
crum, montrent de grandes ressemblances avec ceux de l’Æpyornis ; il en 
est de même des vertèbres remarquables par la puissance du système 
apophysaire et par la petitesse du canal servant à loger la moelle. 

Les côtes sont étroites; elles ne sont pas lamelleuses dans leur portion 
supérieure comme celles des Casoars. 

Dans le même gisement ont été trouvés des ossements d'Oiseaux ordi- 
naires, et entre autres un tarso-mélatarsien d’une espèce de Coua nota- 
blement plus grand que le Coua pigas ou le Cou Delalander. Cet os mesure 
o m. 084. de longueur, tandis que ses dimensions sont de o m. 070 chez 
le C. Delalandei, et de o m. 069 chez le Coua gigas. Nous désignerons 
cette espèce nouvelle sous le nom de Coua primæva. 

À Bélo, dans le sable limoneux grisälre où étaient conservés les osse- 
ments, M. Grevé à trouvé les restes d’une pince d’un Crabe terrestre de 
grande taille, le Cardisoma carnifex ; il en a extrait aussi un fragment de 
vase de terre, façonné au tour de potier, dont les formes et la pâte diffè- 
rent de celles ‘connues aujourd’hui à Madagascar. Nous ajouterons que 
plusieurs des ossements du Mullerornis portent des empreintes qui sem- 
blent faites par un instrument tranchant, et que, sur un tarso-métalarsien 
d’Æpyornis jeune, on remarque une incision très nette et profonde qui ne 

peut avoir été produite que par une lame acérée. Ces signes prouvent la 
contemporanéité de l’homme et de ces Oiseaux géants. 


SNS er 


Les Mammifères auxquels il est fait allusion dans la note précé- 
dente sont ensuite décrits par M. Fivou : 


OBSERVATIONS CONCERNANT LES MAMMIFÈRES CONTEMPORAINS 
DES /EPyornis À MapaGascar. | 


par M. H. Firuor. 


M. Grandidier a bien voulu me confier, pour en donner la description, 
les resies des divers Mammifères ayant vécu à Madagascar en même temps 
que les Æpyornis. Les observations que nous avons pu faire à leur sujet 
complètent d'une manière remarquable celles que nous devions à M. Forsyth 
Major, ainsi que celles que M. Grandidier et moi avions pu antérieurement 
faire connaître. 

Et dehors du Megaladapis et du Lémurien voisin des Hapalemur, signalés 
par M. Forsyth Major, la faune des Mammifères retrouvée dans les dépôts 
quaternaires de Madagascar comprend les différents genres et les diverses 
espèces suivants : 


LÉMURIENS. — G. Lewuvr. — Lemur insionis (H. F.), connu d’après 
un humérus, à arcade cubitale très élargie dans sa partie inférieure, me- 
surant o m. 129 de longueur. Largeur de l'extrémité inférieure : o m. 03 !"?. 
— Lemur intermedius (H.F), d'après un maxillaire inférieur et un humérus. 
Longueur de lhumérus : o m. 013. Longueur du maxillaire inférieur de la 
symphyse jusqu'au bord postérieur du condyle : o m. 082 ; hauteur en ar- 
rière de ja dernière molaire : o m. 012: étendue de la série des molaires 
et prémolaires : o m. 023 ©?. 


G. Divocemur (H. F.). — D. Grevei (H. F.), d’après un humérus et 
une portion inférieure dn fémur ®. Os de grande taille, pouvant, peut- 
être provenir d’une espèce de Meg'aladapis. Humérus presque entier, dont 
l'extrémité supérieure rappelle de la façon la plus remarquable celle de 
l'os correspondant des Propithèques. L’arcade cubitale s'ouvre à la face 
postérieure de los comme chez les Propithèques. Diamètre transversal de 
la tête humérale : o m. 036; diamètre antéro-postérieur de la tête humé- 
rale : o m. 034. La distance entre le sommet de l’arcade cubitale et la 
partie la plus élevée de la tête humérale est de o m. 161. Fémur modé- 
rément allongé, remarquable par son grand élargissement inférieur. Dia- 
mètre transversal de l'extrémité inférieure : o m. 038 ; diamètre transversal 
de la poulie : o m. 018. Calcanéum très remarquable, portant lalérale- 


(Trouvé à Bélo par M. Grevé. 
) Trouvé à Bélo par M. Grevé. 
(3) Bélo par au ras, 


&- 


Trouvé 


— 13 — 


lement une apophyse, comme l'os correspondant de certains Rongeurs, et 
semblant dévoiler une existence terrestre et non arboricole de l'animal dont 
il provient. Longueur : o m. 041. Largeur au niveau de Fapophyse 
0 M. 021. 


G. Prorrrugcus. — Propit. Verreauxi. — Un tibia ©. 


G. Tuaumasrozemur (H. F.). — Th. Grandidieri ®. — Animal de grande 
taille, comme le précédent, connu par lextrémité inférieure de son hu- 
mérus, caractérisé par des dépressions profondes, fortement striées, sur- 
montant à sa face antérieure la surface articulaire inférieure. Arcade cubi- 
tale s'ouvrant en haut sur la face latérale de l'os. Largeur de l'extrémité 


inférieure : o m. 058. 


G. Arcuæozeuur (H. F.) — Arch. Mapori (H. F.)®, d’après un hu- 
mérus et la partie supérieure du radius et du cubitus. L’humérus rappelle 
un peu celui des Hapalemur, el est caractérisé par une crête deltoïdéale très 
détachée. formant une lame osseuse tranchante. La face postérieure de 
l'extrémité inférieure est très creusée. Largeur de l'extrémité inférieure : 
o m. 032. 


G. Lopmocemcr (H. F.) — Loph. Edwardsi (H. F.), d'après deux maxil- 
laires inférieurs et plusieurs os du squelette. Dentition connue, trois pré- 
molaires, trois molaires. Espace occupé par ces dents : o m. 051 ou 
molaires : o m. 025 ; prémolaires : o m. 026. La première prémolaire est 
canimforme; les molaires possèdent une crête transversale à chaque lobe; 
la dernière, arrondie en arrière, n'a que deux lobes. Ce genre n’a d’ana- 
logies lointaines qu'avec les Hapalemur. Hauteur du maxillaire inférieur en 
arrière de la dernière molaire : o m. 025. 

Le bassin, dans sa portion iliaque, est très élargi et fortement recourbé 
en faux ‘”. 


IRARNAGSIERS. — G. Cererornocra. — Crypt. ferox, d'après divers 


os des membres ©. 


G. Canis. — D'après deux têtes et différents os des membres. Espèce 
semblable à celle qui vit actuellement à l’état sauvage à Madagascar. 
Grandes aflimités avec le Ghacal par ses os des membres. Pourrait être une 
race domestique de celui-ci, introduite par l'homme à Madagascar ”. 


0) M. Grandidier à Ambolisatra. 

@) M. Grandidier à Ambolisatra. 

6) M. Grevé à Bélo. 

4) Recueilii à Bélo par M. Grevé. 
(5) M. Grandidier à Ambolisatra. 

(6) M. Grevé à Bélo. 


HAT Rs 


PACHYDERMES. — G. Hirrororauus. — Hipp. Lemerlei (Grand.). — 
Hipp. leptorhynchus (Grand. et Fih.). — Une troisième espèce, atteignant 
presque la taille de celle vivant en Afrique, nous est révélée par une por- 
tion de fémur !”. 


RUMINANTS. — G. Bos. — Zébu représentant à l’état sauvage la race 
actuellement domestiquée à Madagastar . Surfaces articulaires des os des 
membres un peu moins élargies que chez cette dernière. 


ÉDENTÉS. — G. Presorverenopus (H. F.) — PJ. madagascariensis 
(H. F.). — Animal connu par une portion postérieure de tête indiquant les 
plus grandes affinités avec les Oryctéropes. Mèmes sutures cräniennes; 
mêmes sinus frontaux; mêmes condyles occipitaux. Arcades zygomatiques 
plus fortes. Distance du sommet antérieur du frontal au bord occipital su- 
périeur : o m. 071. Distance entre le bord supérieur du frontal et le bord 
occipital supérieur : o m. 036. Largeur maximum du crâne : o m. 057. 
Hauteur de la face postérieure de l'occipital : o m. 017 . L’apophyse zy- 
somatique est plus forte à son origine que chez les Oryctéropes, ce qui 
fait que nous présentons notre détermination avec réserves. 


M. Mune Epwarps annonce que M. J.-D. Pasteur, inspecteur des 
postes et télégraphes aux Indes néerlandaises, a offert au Muséum 
une très belle série d'Insectes, recueillis sur la côte ouest de Java, 
qui sont maintenant exposés dans une des salles du premier étage 
de la galerie de Zoologie. M. Ch. Brongniart parlera tout à l'heure 
des Coléoptères. Le Muséum doit aussi à M. Pasteur deux exem- 
plaires d’un petit Mammifère rongeur, Pithechewr melanurus, qui 
manquait à notre collection, bien qu'il eût été décrit en 1833 par 
Frédéric Guvier ®. Ce naturaliste ne le connaissait que par un 
dessin colorié qui lui avait élé envoyé des Indes par un voyageur 
français, Alfred Duvaucel, beau-fils de Georges Cuvier. Duvaucel 
mourut à Madras; les papiers et les notes où il avait consigné ses 
observations ne parvinrent jamais en France, et Fr. Guvier dut se 
borner à interpréter le dessin resté entre ses mains. 

Depuis cette époque, Salomon Müller se procura la peau de 


U}) M. Grevé à Bélo. 

®) M. Grandidier à Amboïsatra. 

5) M. Grevé à Bélo. 

® Fr. Cuvicr, Histoire naturelle des Mammifères. 


mes 25 


deux de ces animaux tués près de Batavia et à Padang, il en fit 
don au Musée de Leyde. Jusque dans ces dernières années, aucun 
autre Musée ne possédait d'exemplaires du Pithecheir, quand en 
1891 M. J.-D. Pasteur fut assez heureux pour découvrir cette 
espèce dans les forêts du mont Salak, à Java (1; il en envoya plu- 
sieurs sujets à Leyde ©), et il a bien voulu réserver pour notre Mu- 
séum deux femelles adultes conservées dans l'alcool; l’une d'elles a 
été préparée pour prendre place dans la galerie des Rongeurs, et 


l'étude anatomique en a été faite par M. de Pousargues. 
LL 


SUR QUELQUES PARTICULARITÉS 
DU TUBE DIGESTIF DU PITHECHEIR MELANURUS, 


par M. E. ne PousarGues. 


Grâce à la générosité de M. J.-D. Pasteur, inspecteur du service des 
postes hollandaises à Batavia, les collections du Muséum se sont enrichies 
de deux exemplaires d'une espèce de Mammifère excessivement rare, le 
Pithecheir melanurus. Ce type aberrant et presque oublié depuis Fr. Cuvier 
et Sal. Müller a été récemment l'objet de deux mémoires publiés par 
M. Jentink en 1890 et 1892. Ces recherches ont eu pour résultat de fixer 
définitivement le rang zoologique du Pithechetr dans la famille des Muridés, 
dont il a le crâne et la dentition. On n'observe, en effet, que de lévères 
différences dans la largeur des frontaux et de linterpariétal et dans le 
nombre des tubercules latéro-internes des molaires supérieures. 

I était intéressant de contrôler ces faits par l'examen des viscères, et je 
me suis assuré que la disposition du tube digestif confirmait en tous points 
les conclusions tirées du mode de dentition. L’estomac du Pithecherr se pré- 
sente comme une vaste poche à grand diamètre transversal, assez peu ren- 
flée dans sa portion moyenne correspondant au cardia, mais se dilatant de 
part et d'autre de cet orifice, et s'étendant latéralement pour former, à 
gauche un grand cul-de-sac remontant, à parois léoèrement boursouflées 
le long de son bord supérieur, à droite une anse profonde recourbée sur 
elle-même et aboutissant au duodénum par un large entonnoir. On ne 
trouve à la surface externe de l'estomac aucun étranglement semblable à 
ceux que l’on observe chez un grand nombre de Rongeurs et même chez 
des types très voisins du genre Mus proprement dit, tels que Cricetus, Cri- 
cetomys, Gerbillus, et cette poche est apparemment uniloculaire. Sa surface 
interne présente au contraire de grandes différences de structure qui per- 
mettent de reconnaître deux compartiments bien distincts et nettement cir- 


() Jentink, Notes from the Leyden Museum, t. XIV, p. 122. 
®) Proceedings of the Zoological Society of London, 1892, p. 2. 


LENS 


conscrits : l'un très vaste, dans lequel débouche l'œsophage, et se conti- 
nuant jusqu au fond du grand cul-de-sae, c’est la portion cardiaque; l’autre 
un peu moins volumineux constituant la portion pylorique. Les parois de 
la portion cardiaque sont épaisses el musculeuses ; # muqueuse , à peu près 
lisse au fond du grand eul-de-sac, ne tarde pas à se compliquer de nom- 
breux replis onduleux et festonnés, dessinant des lignes parallèles de che- 
vrons superposés suivant une direction annulaire perpendiculaire à l’axe 
de la poche stomacale. Ces festons sont plus développés, mais moins distincts 
autour de l'orifice cardiaque . où ils forment un épais revêtement tomentueux. 
Cette muqueuse festonnée s’avance de 1 centimètre au delà et à droite de 
l'orifice æsophagien où la dernière ligne de chevrons forme une crête annu- 
laire saillante et comme une sorte de diaphragme plissé, trop peu élevé 
pour mériter le nom de cloison, mais séparant neltement la portion car- 
diaque de la portion pylorique. Les parois de cette dernière sont minces et 
peu musculeuses; à son origine sa muqueuse présente de nombreux replis 
perpendiculaires à la crête limite de la portion cardiaque, par conséquent 
parallèles au grand axe stomacal. Ces replis, d’abord assez épais, ne tardent 
pas à se subdiviser, mais en même temps à s’atlénuer, puis à disparaître, et 
la muqueuse est complètement lisse au fond du cul-de-sac et jusqu'à la 
terminaison de l’entonnoir pylorique. Le cœcum est très développé et re- 
courbé en crosse à son extrémité. On observe à sa surface convexe et sur 
toute sa longueur une série d’étranglements qui lui donnent une forme 
bouillonnée. A ces étranglements .correspondent, à l’intérieur, des demi- 
cloisons qui subdivisent sa cavité en un grand nombre de loges. Le cæcum 
présente un diamètre assez considérable, mais n'excède pas sous ce rap- 
port la portion initiale du gros intestin avec laquelle il communique à plem 
canal, et dont il semble n'être que la prolongation. En comparant l’esto- 
mac et le cœcum du Pithecheir avec les mêmes organes du Surmulot, on 
constate entre ces deux types des différences assez accentuées. Chez le 
Surmulot, l'estomac relativement plus large, mais beaucoup moins long. 
se laisse également PE intérieurement en deux parties, cardiaque 
et pylorique, mais, ici, la portion cardiaque rejetée au fond du grand cul- 
de-sac est très En et les replis linéaires et non festonnés de sa mu- 
queuse sont parallèles à la ligne de grande courbure de l'estomac. D'autre 
part, la séparation des deux loges stomacales est plus complète, et la por- 
tion cardiaque ne communique avec la portion pylorique que par une 
goultière étroite, placée immédiatement à droite et au-dessous de l'orifice 
œsophagien. Mais si l’on étend la comparaison à d’autres représentants de 
la famille des Muridés, ces différences s’atténuent et perdent de leur valeur 
par linterposition de formes intermédiaires entre ces deux extrêmes. La 
configuration et le volume de l'estomac varient suivant les types génériques, 
les proportions et le mode de communication des loges cardiaque et pylo- 
rique suivant les types spécifiques , à tel point que, dans son récent travail 


Rd < 


AUTET 


sur les Muridés du Cameron, M. Tycho-Tullberg a pu utiliser ces carac- 
tères différentiels pour la diagnose des genres et des espèces. Il n’y a done 
pas lieu, je crois, d'attribuer aux particularités que présente l'estomac du 
Pithecheir une importance plus considérable. On doit en dire autant du 
cœcum, qui chez quelques Muridés est complètement identique à celui du 
Pithecheir, tandis que chez d’autres types, le Deomys par exemple, son vo- 
lume est bien inférieur, et ses rapports avec l'intestin tout différents. 
Comme dernière particularité intéressante , 11 me reste à signaler les di- 
mensions relatives des deux portions de l'intestin. Chez le Pithecheir, le 
gros intestin est excessivement développé, sa longueur est presque égale à 
celle de l'intestin grêle, et peut être exprimée par le rapport suivant : 
l 1 : , ENV 4 , 
=——,, tandis que pour le Surmulot nous aurions -—-. Mais l'on con- 
EC 2,9 #0 
naît la raison de ces différences qui sont sous l’étroite dépendance de la 
diversité des régimes. Le Pithecheir est exclusivement phytophage et, comme 
chez d’autres Rongeurs herbivores, tels que Lapin, Cochon d'Inde, Porc- 
épic, le cœcum et la portion post-cœcale de l'intestin présentent un grand 
développement. La portion pylorique de l'estomac renfermait un certain 
nombre d’Ascarides, malheureusement en trop mauvais état pour être dé- 
terminés, et dans l'intestin grêle se trouvait un Ténia que M. Lebrun a 
reconnu être une espèce voisine du Tœma pectinata. En résumé, le tube 
digestif du Pithecheir répond à sa dentition et présente dans ses grandes 
lignes le type Murien, et les particularités secondaires que l'on observe 
dans sa structure sont d'ordre exclusivement générique. Ce singulier Mam- 


Ed 


mifère n'est donc qu'un Rat aberrant à pouce postérieur opposable, et 
constitue le type d'une sous-famille des Muridés au même titre que les 
genres Gerbillus, Cricetus, Cricetomys, mais plus voisin du genre Mus pro- 
prement dit que les différentes formes que je viens de nommer. 


M. Ca. Broncnrart donne, dans la Note suivante, quelques ren- 
seignements sur la collection d'Insectes de M. Pasteur : 


Note sur QUELQUES COLÉOPTÈRES , PROVENANT DE LA CÔTE OUEST DE Java, 
DONNES Au Muséum par M. J.-D. Pasteur, 


Par M. CHarces BRONGNIART. 


La collection de Coléoptères de Java, donnée par M. J.-D. Pasteur, com- 
prend environ 700 espèces représentées par 4,400 individus. 

Les Longicornes, les Curculionides, les Brenthides et surtout les Luca- 
nides , dont s'occupe spécialement M. Pasteur, sont très abondants. 

Plusieurs espèces sont représentées par des séries d'individus de tailles 


Muséui. a 


ne 


différentes, et l'on remarquera que ce sont surtout les mâles qui offrent 
cette variation, tandis que les dimensions des femelles (sauf chez les Luca- 
nides et les Brenthides) restent sensiblement les mêmes. Mais, à mesure 
que la taille des individus mâles diminue, on constate chez plusieurs es- 
pèces la diminution ou même la disparition presque complète de certains 
appendices , tels que cornes céphaliques et thoraciques, ou même de parties 
plus importantes, lelles que les mandibules des Lucanides et des Bren- 
thides. Si nous considérons, par exemple, les Brenthides, Goléoptères très 
voisins des Cureulionides, nous ne constatons ouère qu'une différence de 
taille chez les mâles, et même chez les femelles. Il en est de même chez 
es Longicornes de la famille des Cérambyceides, tels que Rosala novem- 
punciata (Wesiwood), remarquable par sa couleur rouge et ses points 
noirs, et chez Xystrocera festiva (Thomson). 

Dans d’autres familles, les mâles portent des appendices en forme de 
cornes sur le thorax ou sur la tête, tandis que les femelles en sont dépour- 
vues ou bien n'en possèdent que des rudiments. Tel est le cas des Scara- 
bédes. 

La collection offerte au Muséum par M. J.-D. Pasteur contient des séries 
de Scarabéides permettant de suivre les variations individuelles très nom- 
breuses el très importantes que peut présenter une même espèce, et nous 
constatons dans les dimensions des mâles des différences telles qu'au pre- 
mier abord on ne les croirait pas possibles dans un même type spécifique. 
Au contraire les femelles sont toutes sensiblement de la même grandeur. 
Quant aux appendices céphaliques et thoraciques des mâles, 1ls diminuent 
de dimension suivant la taille de linsecte; il y a même des individus qui 
ne présentent que des cornes rudimentaires et ressemblent alors aux fe- 
melles. 

Nous citerons dans ce cas les espèces des genres Xylotrupes et Oryctes, 
et même le Chalcosoma atlas (Linné). 

Ces différences dans la dimension du corps, dans la taille des cornes, 
ont été signalées d’une façon générale, et Darwin a consacré à ce sujet un 
intéressant chapitre dans son livre intitulé La descendance de l’homme. Mais 
on a surtout cherché à connaître le but et le fonctionnement de ces protu- 
bérances. 

Leur rôle est évidemmeut important «mais leur variabilité excessive 
chez les mâles d’une même espèce, dit Darwin, permet de conclure que ce 
rôle ne doit pas avoir une nature définie». Ges cornes n'étant jamais usées 
ne servent assurément pas à exécuter un travail ; elles ne doivent pas servir 
d'arme défensive, car elles ne sont ni tranchantes n1 bien disposées pour 
cela. Il y a tout lieu de les regarder comme des ornements destinés à plaire 
aux femelles. | 

On est conduit tout naturellement à penser que ces différences exté- 
rieures chez les mâles peuvent déterminer des modificalions de la plus 


— 19 — 


haute importance dans la constitution des organes génitaux , ou, en d’autres 
termes, on peut se demander si les organes génilaux des mâles de pelite 


taille et pourvus de cornes rudimentaires sont normalement développés et 


si ces mâles peuvent féconder les femelles. C'est une question que je pose, 
et pour y répondre il faudrait examiner des sujets frais. Nous comptons, 
dans une saison favorable, poursuivre cette élude sur des espèces de notre 
pays, les Oryctes en particulier. 

Mais dès aujourd'hui nous dirons qu'il est permis de croire que, chez 
les Scarabéides par exemple, les petits mâles dépourvus de cornes frontales 
et thoraciques sont aptes à se reproduire comme les grands individus. 

J'ai pu en eflet disséquer des individus mâles de différentes tailles du 
génre Aylotrupes conservés dans l'alcool el constater que les pièces chiti- 
neuses de la verge sont presque aussi bien développées chez les petits que 
chez les grands spécimens ; en outre les lobes des testicules semblent nor- 
maux. Îl faudrait également savoir si des individus issus d’une même ponte 
présentent les mêmes caractères ou s'ils peuvent varier de taille. 

Il nous à semblé intéressant d'appeler lattention sur ces faits qui peu- 
vent offrir une certaine importance au point de vue de la sélection sexuelle 
et, par suite, de la variabilité de l’espèce. 


M. Ca. Accuau», chargé d’une Mission aux îles de océan Indien, 
en 1893, a donné lecture de la Note suivante : 


. COLÉOPTÈRES NOUVEAUX OU PEU CONNUS DE LA REGION MALGACHE UN), 


par M. Cu. Accuaun. 


SUR LE GENRE Manecassa Farm. (Car4BiDe.) 


Ayant eu l’occasion d'étudier les types de Glyphodactyla madaguscartensis 
Chaud. (coll. R. Oberthür) et de Madecassa Coquereli Fairm. (coll. Fair- 
maire}, 1l ne me reste aucun doute sur l'identité de ces deux espèces. 

Je crois inutile de reproduire ici les descriptions des deux auteurs et me 
contenterai de signaler que Chaudoir (Ann. Soc. Ent. Bclo., XIT, 1869, 
p. 122 ) constate que sa Glyphodactyla madagascariensis +ne se rapporte que 
très imparfaitement» au genre (rlyphodactyla créé pour une espèce de 
l'Afrique australe et qu'i ne l’y laisse que + provisoirement ». 

Fairmaire (Ann. Soc. Ent. Fr., 1868, p. 760) caractérise le genre 


6) Région pour laquelle f’adopte les limites proposées par Waïlace dans sdund 
life, p. 383 ei suivantes. 


SE 1 ç 


Madecassa en des termes qui le séparent nettement de Glyphodactyla. K n’y 
a donc aucune raison de conserver ce dernier nom pour l'espèce de Mada- 
gascar, dont la synonymie s'établit ainsi : 


Manecassa Fairm. 


madagascariensis Chaud. [ Glyphodactyla] Bull. Soc. Nat. Mosc., 1850, I, p. 376. 
Id. Ann. Soc. Ent. Belo., XII, 1869, p. 122. 
— madagascariensis Mots. [ Apotomus %)] Bull. Soc. Nat. Mosc., 1864, IX, p.195. 
— Coquereli Fairm. Ann. Soc. Ent. Fr., 1868, p. 760. 


Le type de Chaudoir porte simplement la mention « Madagascar»; celui 
de Fairmaire a été pris par Coquerel à l’île Marotte, baie d’Antongil. 
M. R. Oberthür a reçu cette espèce du pays des Antsianakas (Perrot). Le 
Muséum l’a reçue de l’Imerina, forêt d'Andrangoloaka (Sikora). 

J'ai pris, au cours de ma mission de 1893 (territoire de Diego Suarez), 
une autre espèce dont voici la description : 


MADEcassA MIRABILIS N. Sp. 


Caprte pone oculos strangulato ; nigro nitdo. 

Tuor4ce antice vix postice latiore; angulis anticis subrotundatis posticis 
acutis ; linea media parum profunda rugisque transversis tenuissimis instructo ; 
loto nigro nitido. 

Ecvreis late et profunde sulcatis , sulcis fortiter crenatis , interstitiis conveans ; 
obscure cæruleis. | 

ABDOMINE sublus piceo. 

ANTENNIS, PALPIS, FEMORIBUSQUE rufo teslaceis, TIBIIS TARSISQUE picets. 


Longueur : 7-9 millim. 


Fig. 1. Fig. 2. 


(Grossissement -- 4 fois 1/9 ). 


Cette jolie espèce est parfaitement distincte de M. madagascariensis par 


G) Cette synonymie est indiquée par Chaudoir, et l’on doit s'étonner avec lui 
que Motshulsky ait eu l'idée de mettre cet insecte dans le genre Apotomus. Cer- 
tains auteurs conlinnent à signaler cette prétendue espèce d’Apotomus de Mada- 
gascar comme un fait extraordinaire de distribution géographique. 


CS 


sa taille plus grande, ses élytres bleu foncé, el surtout par la forme de son 
thorax (fig. 1), à peine plus étroit en arrière qu'en avant, tandis qu'il est 
cordiforme chez madagascariensis (fig. 2), c’est-à-dire notablement plus 
large en avant qu'en arrière. 

La couleur rougeâtre des cuisses passe quelquefois au brun de poix chez 
mirabilis aussi bien que chez madagascariensis. 

La découpure du sommet des élytres, sans épine à l'angle sutural, est 
identique chez les deux espèces et rappelle le genre Coptodera. 

J'ai trouvé cette espèce, dont je dépose le type pour les collections du 
Muséum, sur la montagne d'Ambre (Madagascar-Nord), sous les pierres, 
dans les clairières de 1,000 à 1,200 mètres d'altitude, de mai à juillet 


1893. 


M. Ousrauer a appelé l'attention sur la magnifique série d'Oi- 
seaux qui vient d’être exposée dans une des salles de la galerie de 
Zoologie. Cette série, comprenant plus de 4,500 spécimens, ne 
constitue qu'une partie de la collection, d’une valeur considérable, 
que M. Adolphe Boucard, naturaliste français résidant en Anpgle- 
terre, donne généreusement au Muséum d'histoire naturelle, et qui 
renferme 25,000 spécimens se rapportant à tous les ordres de la 
classe des Oiseaux. 

Les spécimens actuellement exposés appartiennent aux familles 
suivantes : Psittacidés (Perroquets); Capitonidés et Bucconidés (Bar- 
bus); Picidés (Pics); Cuculidés (Coucous); Rhamphastidés (Toucans) ; 
Bucerotidés ( Calaos) ; Musophagidés (Touracos); Coraciadés (Rolliers ); 
Trogonidés (Couroucous); Galbulidés (Jacamars); Méropidés (Guè- 
piers); Alcédinidés (Martins-Pêcheurs); Momotidés (Momots ); Todidés 
(Todiers); Cotingidés (Cogqs de roche et Cotingas) ; Pithdés (Brèves); 
Phalépittidés (Philépittes de Madagascar); Paradiséidés (Oiseaux de 
paradis). 

Au milieu d'eux se trouvent des représentants ou même des 
types d’une soixantaine d'espèces qui ne faisaient pas encore partie 
de la collection, pourtant si riche, du Muséum d'histoire natu- 
relle. M. Oustalet a cité quelques-unes de ces espèces; entre 
autres : 


Neopsiltacus rubripileum, de Timor: Pyrrhura rhodocephala, du 
Vénézuéla, Pionus tumultuosus, de Bolivie; Barbatula Extoni, du 
Transwaal; Centurus terricolor, des Antilles; Andigena cucullatus, 


MR, De 


de Bolivie; Tanysiptera Danae, de la région sud-est de la Nouvelle 
Guinée; Semioptera Halmaheire , de Gilolo. 


L'exposition de la première partie de la collection Boucard res- 
tera ouverte du 29 janvier au 98 février. 


M. le professeur Barzcon a fait connaitre, en ces termes, des 
plantes très curieuses de Madagascar que M. À. Grandidier a reçues 
de M. Grevé et qui sont destinées au Muséum. 


Les Dipiera DE Mapacascar. 


par M. H. Baiccon. 


H y a une quinzaine d'années que M. Alfred Grandidier, mon ami et 
mon élève, et pour le grand ouvrage duquel j'étudie depuis longtemps 1a 
flore malgache, me fit voir des fragments de tige, des fleurs femelles et des 
fruits d'une sorte de Cactus géant, dont il avait observé de véritables 
champs dans les plaines arides qui se trouvent non loin de Tuléar, sur la 
côte anstro-occidentale de l'île. Qu'on se représente une grande tige dressée, 
qui a aussi le port et la consistance de certaines Euphorbes cactiformes, 
tige simple ou peu ramifiée, portant d'énormes épines espacées , groupées 
en petit nombre sur des mamelons disposés dans l'ordre spiral. Au lieu 
d’épines, ou avec elles, les coussinets peuvent portier : ou un groupe de 
feuilles alternes, rapprochées, linéaires, lisses; ou une masse de fleurs 
femelles, pendantes au sommet de pédicelles grêles dont le sommet se 
renfle en un réceptacle claviforme qui supporte le périanthe. Celui-ci est 
formé de trois paires décussées de folioles membraneuses et inégales. Les 
quatre intérieures s'insèrent en travers sur le réceptacle, tandis que les 
deux extérieures sont longuement décurrentes par leurs bords. Dans les 
fleurs femelles, il n'y avait que huit staminodes inépaux; et le gynécée 
libre était formé d’un ovaire à trois loges: deux d’entre elles stériles et 
vides. Le style columniforme a une grosse tôle stigmatifère à trois grands 
lobes étalés, corrugués, fimbriés. Le seul ovule dome phe ascendant, a le 
micropyle en dehors et en bas. Le fruit trigone, sec, indéhiscent, renferme 
une graine à gros embryon; la radicule descendante repliée en fer à cheval 
sur les cotylédons charnus. 

J'ai appelé cette plante Didierea madagascariensis, afin que ie nom de 
M. Grandidier demeure à jamais attaché à l'un des végétaux les plus carac- 
téristiques de cette flore à laquelle il a consacré tant de soins et d'efforts. 
Mais je me suis en vain demandé, pendant bien des années, à quelle famille 
naturelle pouvait bien appartenir le Didierea. Plusieurs botanistes ont songé 


aux Polygonacées, à cause de la forme du réceptacle floral, des staminodes 
au nombre de huit, de la consistance et de la configuration du péricarpe, 
Feu Douillot'qui, comme l'on sait, mourut à Madagascar au cours d'une 
expédition scientifique malheureuse, m'a aflirmé que l'examen anatomique 
des tiges l'avait conduit, lui et un de ses confrères, à la cerlitude que 
le Didierea est une Euphorbiacée; qu'il en possède les réservoirs latici- 
fères, ete, Je n’ai pu accepler cette assertion; car rien dans la constitution 
de la fleur et du fruit ne se rapporte à une Euphorbiacée; et si la structure 
histologique était celle des plantes de cette famille, le fait prouverait, 
une fois de plus, qu'il peut «n°y avoir aucun rapport entre les caractères 
anatomiques et les véritables aflinités naturelles des plantes ». 

C'est la botanique proprement dite qui devait trancher la question. Ce 
genre extraordinaire n’est déjà plus monotype. Le Muséum va posséder 
une deuxième espèce que nous nommerons D. mirabilis, et que notre ha- 
bile collecteur, M. Grevé, vient de trouver dans les plaines de Mouroundava , 
également dans le sud-ouest de Madagascar. Cette nouvelle plante est aussi 
surprenante à sa manière que le fut notre D. madagascariensis. C'est un 
arbre haut d'environ quatre mètres, à tronc trapu, large d'environ un 
demi-mètre et deux fois plus long, qui se partage à une faible distance du 
sol en longues branches à peu près horizontales, irrépulièrement ramifiées , 
sinueuses, longues elles-mêmes de deux à quatre mètres, et entièrement 
chargées de saillies; ce qui, de loin, doit faire ressembler la plante à un 
vaste Lycopode. Les pieds plus jeunes sont simples ou beaucoup moins ra- 
mifiés. Les coussinets, analogues à ceux du D. madagascariensis , portent 
plusieurs épines noirâtres, rigides, longuement coniques, et des feuilles 
linéaires, ou des cymes florales vraisemblablement dioïques. Quoique dé- 
colorées par l'alcool, les fleurs ont conservé une teinte verdâtre (on les dit 
roses dans l'espèce prototype). Les folioles du périanthe, inégales et au 
nombre de six, sont d’un tissu délicat et à nervures anastomosées. Le ré- 
ceptacle de la fleur femelle, un peu concave autour de la base du gynécée, 
porte à ce niveau jusqu’à huit staminodes fort inévaux. Le synécée est celui 
du D. madagascuriensis, mais de moitié plus petit, comme la fleur elle 
même; le sommet du style, bien dilaté et frangé, avec une forte dépression 
centrale; l'ovule, dirigé de même. 

Mais, ce qui est pour nous bien plus précieux , nous pouvons aussi ana- 
lyser les fleurs mâles dont l'iusertion et le périanthe sont les mêmes que 
dans les femelles. En dedans de la corolle se voit une cupule assez profonde 
vers le centre de laquelle s’insère un gynécée qui doit être stérile. Son 
ovaire est obtusément trigone, et son style est partagé en trois courtes 
branches obtuses, sans dilatation stigmatifère. L'ovule est dressé, mais 
étroit, fusiforme, apiculé. En dedans du périanthe, le rebord de la coupe 
est formé de huit côtes épaisses qui répondent chacune à la base d’une des 
huit étamines. Celles-ci sont longues, très inépales, à filet grêle, pubéru- 


RE 4. pere 


lent, à anthère introrse; les deux loges oblongues-fusiformes, indépen- 
dantes en haut et en bas, déhiscentes parfois très près des bords. 

Cette organisation florale est caractéristique. Malgré leur port si excep- 
tionnel, la consistance de leur tige, la forme simplifiée de leurs feuilles, 
caractères dus aux conditions de milieu dans lesquelles végètent ces singu- 
lières plantes, les Didierea, qu'il y aura lieu de comparer aux Attonia de 
l'Afrique australe, sont des Sapindacées parmi lesquelles elles vont repré- 
senter une série anormale. Dans les plaines de Madagascar, elles sont les 
analogues, quant aux affinités, des Marronniers d'Inde qui forment une des 
belles allées ombragées du Muséum. Le port est différent, de même que le 
feuillage et le péricarpe : l’organisationffondamentale des organes sexuels, 
de la graine et de l'embryon à radicule recourbée, est essentiellement la 
même. Quant aux deux espèces, elles sont extrêmement distinctes par les 
organes végétatifs; mais le sommet d’un des longs axes flagelliformes du 
D. murabilis représente en miniature une tige simple de D. madagasca- 
riensis. Et c’est encore, en somme, à l'initiative de M. Grandidier que nos 
collections nationales seront redevables de la nouvelle espèce du genre dont 
nous venons d’esquisser rapidement les caractères. 


BULLETIN 


DU 


MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE. 


——— 


ANNÉE 1895. — N° 2. 


> LC 


9" RÉUNION DES NATURALISTES DU MUSEUM. 


26 FÉVRIER 1809. 


PRÉSIDENCE DE M. MILNE EDWARDS, 


DIRECTEUR DU MUSEUM. 


Le Président dépose sur le bureau le premier fascicule du Bul- 
letin contenant les communications faites dans la séance précé- 
dente. 

Il annonce que les leçons destinées aux voyageurs naturalistes 
commenceront le mardi 23 avril, à 10 heures du matin, dans 
l’'amphithéätre de la Galerie de Zoologie. Le programme en est 
ainsi fixé : 


23 avril. M. Mrexe Enwarps...  Lecon d'ouverture. 
D Er... Anthropologie. 
97 — M. Verneau........ Ethnogrephie. 
30 — M. E. Ousrazer. . ... Mammifères. 
2 mai. M. E. Ousrarer..... Oiseaux. 
Don. ML. Varcranr . . . .. Reptiles et Poissons. 
7 — M. E. Perrier. ..... Mollusques. 
9 — M. Bernarn.. ,..... Vers et Zoophytes. 
11 — M. Cu. BroxcnrarT...  Însectes, Crustacés, etc. 
14 — M. H. Finor....... Anatomie comparée. 
16 — M. M. Corxu....... Plantes vivantes. 
18 — M. E. Bureau... .... Botanique ( Phanérogames ). 
21 — M. Moror......... Botanique ( Bois, Cryptogrames). 
29 — M. Sranisas Meunier.  Géolopie. 


Muséuu. 3 


ms DO: + 


26 emar. "M irons mo Minéralogie. 

80 — M. Gaupry........,1: Paléontolopte. 
d" quin. M Grémars Pre Hygiène des voyageurs. 
h — M. H.Bscoverez .... Météorologie. 
6 M. le commandant Der- 


\ 
Determination du point en voyage 
et Notions de géodésie et topo- 
graplue exæpédiées. 


FORGES, du service 
géographique de 
8 l’armée. 

11 — M. le colonel Lausse- 
DAT, directeur du 
Conservatoire des 
arts et métiers. ... 


Utilisation de la photographie 
dans la construction des cartes 
et plans. 


Dans des conférences pratiques, faites dans les laboratoires ou 
sur le terrain, les auditeurs seront initiés à la récolte ou à la pré- 
paration des collections, aux relevés photographiques et à la dé- 
termination du point en voyage. 


Le Directeur annonce que vers le 15 mars s'ouvrira, dans une 
des salles des Nouvelles Galeries de Zoologie, une exposition des 
photographies et collections ethnographiques recueillies par M. Louis 
Lapicque pendant le voyage du yacht Sémiramis sur les côtes de 
l'Abyssinie, aux îles Andaman, à la péninsule Malaise, à Florès et 


dans le golfe Persique. 


CORRESPONDANCE. 


M. ERRINGTON DE LA Croix, correspondant du Muséum, annonce 
son départ pour le Sud de l'Afrique (Transvaal et Matabéléland) ; 
il se met à la disposition des professeurs pour recueillir les objets 
utiles à leurs collections. 


M. Enuon» pe Ponans, au retour d’un voyage en Asie centrale, 
offre un herbier composé de oo échantillons se rapportant à 
150 ou 200 espèces recueillies au Pamir, à des altitudes variant de 
3,700 à b,200 mètres. 


M. le docteur Jousskaume, correspondant du Muséum, écrit 
d'Obock qu'il réunit des collections dont il fera prochainement 
l'envoi. 


: ms NT 


M. le baron von Muuwer, directeur du jardin de Melbourne , offre 
au Muséum une série de minéraux de Broken-Hill, un Dendrolagus 
Bennett, des œufs de vingt espèces d'oiseaux et un tronc de Nuytsia 
floribunda. 


M. E. Bonpacs, ancien préparateur de la chaire d’Entomologie, 
annonce qu'il est maintenant installé dans les fonctions de Conser- 
vateur du Musée de Saint-Denis à l'ile de la Réunion, et qu'il sera 
heureux de recevoir des instructions spéciales lui permettant de se 
rendre utile au Muséum de Paris. 


M. MixcemarQue, ancien conservateur du Musée de la ville des 
Eaux-Bonnes, informe le Directeur qu'il est arrivé à Porto-Novo 
(Dahomey) et qu'il prépare un envoi de Reptiles vivants et de di- 
verses collections destinées au Jardin des Plantes. 


M. le docteur Hamy annonce le retour en France de M. Grenard, 
le compagnon du malheureux Dutreuil de Rhins, et le départ de 
M. le docteur Maclaud pour Konakry. 


M. Hamy annonce également qu'il a trouvé dans les archives du 
Muséum un certain nombre de manuscrits intéressants, dont plu- 
sieurs sont inédits et ont pour auteurs les voyageurs André Mi- 
chaux, Leschenault de la Tour, Labillardière, Quoy, ete. Ces ma- 
nuscrits n'ayant pas le caractère de pièces d'archives, 1l a paru 
préférable de les faire entrer à la Bibliotheque. Ils ont donc été 
reliés et se trouvent, dès à présent, à la disposition des lecteurs. 


COMMUNICATIONS. 


Le R. P. Buzéonw, missionnaire au Gabon, donne quelques ren- 
seignements sur le voyage d'exploration qu'il se propose d'entre- 
prendre dans le pays des Echiras, situé sur la côte occidentale 
d'Afrique et formant un vaste plateau compris entre des prolonge- 
ments des montagres du Kameroun. Dans ce pays, il compte trou- 
ver de nombreux représentants de l’ordre des Quadrumanes. C'est 
du reste à la station de la mission du Fernand-Vaz, voisine du 
pays des Echiras, que M. Garner était venu s'installer dans l’inten- 
ton, disait-il, d'étudier le langage des Singes. Le P. Buléon, qui 
a eu l'occasion de voir M. Garner pendant le séjour assez long qu'il 

3. 


ss DR 


a fait à Fernand-Vaz, affirme cependant que le naturaliste amé- 
ricain n'avait avec lui aucun appareil phonographique et qu'il ne 
s'est Jamais trouvé ni dans la forêt n1 dans la brousse à même 
d'observer des Singes à l’état sauvage. Le Gorille et différentes es- 
pèces de Chimpanzés, tels que le Troplodytes kolokamba, qui habi- 
taient naguère les environs de la mission du Fernand-Vaz, se sont 
retirés maintenant du voisinage de la mer en raison du bruit et du 
mouvement occasionnés par le commerce européen; mais, dans le 
pays des Echiras, où la tranquillité est beaucoup plus complète, 
on rencontrera certainement encore beaucoup d’Anthropomorphes. 


Le Directeur remercie le R. P. Buléon de ses offres de services 
et l'engage à fréquenter les laboratoires du Muséum afin d'y acquérir 
les notions nécessaires pour la récolte et la préparation des ani- 
maux et des végétaux qu'il se propose d'envoyer au Jardin des 
Plantes. 


NOTE SUR UNE EXPLORATION DE LA B4SSE-CALIFORNIE 
PAR M. DIGUET, CHARGÉ D’UNE MISSION PAR LE MusEuw. 


En Basse-Californie, l'endroit le plus accessible aux voyageurs est incon- 
testablement Santa-Rosalia, ville fondée par la compagnie des mines fran- 
çaises de cuivre du Boléo. Les facilités pour l’approvisionnement et pour 
l'accès dans l'intérieur du pays s’y rencontrent. Aussi est-ce pour cette rai- 
son que je commençai mon voyage par ce point; de plus, ayant passé 
dans cette mine trois années, en qualité d’employé, j'étais heureux de me 
retrouver parmi d'anciens camarades, auprès desquels un concours très 
sympathique m'était assuré. 

Mon voyage devait être divisé en deux parties : descendre jusqu’au sud 
de la péninsule en m'arrêtant à La Paz, où Je comptais, grâce aux facilités 
que n'offraient les pêcheries de perles, étudier d’une façon suivie la faune 
marine et en recueillir de nombreuses collections : puis, de retour à Santa- 
Rosalia, entreprendre un autre voyage dans les régions plus au nord afin 
de voir une faune et une flore assez différentes de celles du sud et de ren- 
contrer les quelques représentants de la race d’'Indiens Cochimis qui sub- 
sistent encore, Mon parcours devait donc s’exécuter presque toujours au 
voisinage de la Sierra en traversant à certains endroits la péninsule d’un 
versant à l’autre, de facon à toucher alternativement les rivages du Paci- 
fique et ceux du golfe, aux points où l’on était certain de rencontrer en 
tout temps de l’eau douce. Après le temps nécessaire pour les approvision- 
nements et l'achat des animaux nécessaires à mon voyage, je quittai 


LU 


Santa-Rosalia pour me rendre à Mulege qui, par sa situation au bord du 
golfe de Californie, par sa proximité de la Sierra, par sa petite rivière et 
par la végétation relativement abondante qui s’y rencontre, était tout in- 
diqué pour une station et pour la récolte des premières collections. 

Un peu plus au sud et sur le penchant Pacifique se trouve le village de 
la Purissima, où un faible cours d’eau met le pays dans les mêmes condi- 
tions que Mulege; aussi est-ce le chemin adopté pour le voyage. 

Cet itinéraire permettait de se rendre un compte exact des régions du 
golfe de la Cordillière et de la région du Pacifique, très différentes entre 
elles au point de vue de la faune, de la flore, ainsi que de l'ethnographie. 
La Sierra offre, grâce à l’eau qui s’y rencontre à l'état permanent, des res- 
sources que l’on ne peut pas toujours espérer des régions côtières, où la 
sécheresse se fait sentir quelquefois pendant plusieurs années. 

De la Purissima, il est facile de regagner le golfe en passant par le vil- 
lage de Commondu d’où une route rend accessible le vaste massif volca- 
nique formant à cet endroit de la Sierra une sorte de plateau; là, quelques 
cratères, en grande partie comblés par les limons, retiennent, après les 
pluies, l’eau pendant quelque temps de manière à former des lagunes. Ce 
plateau vient aboutir sur le golfe au Cerro de la Giganta, au pied duquel 
se rencontrent les plaines conduisant à Loreto, ancienne capitale de la 
Basse-Californie au temps des missions, aujourd’hui presque entièrement 
détruite par les tremblements de terre. 

De Loreto, deux chemins s'offrent pour atteindre La Paz, l’un longeant en 

grande partie le bord du golfe, l’autre passant directement par l’intérieur, 
sur le penchant Pacifique, et donnant accès aux vastes plaines qui s'étendent 
de la Sierra jusqu'au Pacifique; c'est cette dernière route que je choisis, 
laissant la première pour le retour. 
Le séjour sur le golfe me permettait de recueillir nombre d'échantillons 
particuliers à ce pays. La Sierra non seulement m'offrait une faune et une 
flore qui peuvent se rencontrer en tous temps, vu la présence de l’eau 
et les rosées presque quotidiennes qui la mettent à l'abri de la sécheresse 
des régions avoisinantes, mais encore cette parlie montagneuse offre pour 
l'étude ethnographique de précieux vestiges. Telles sont les peintures que 
l'on rencontre soit sur les roches, soit dans l’intérieur des grottes, et dues 
à une race ayant séjourné dans la péninsule bien antérieurement à l’appa- 
rition des dernières races indiennes qui furent rencontrées par les mission- 
naires, races dont il ne reste aujourd’hui que fort peu de représentants; 
on peut être assuré que tous les endroits où se trouve de l’eau en abon- 
dance conservent les traces des villages de ces derniers. 

Les grandes plaines du Pacifique devaient également m'offrir de pré- 
cieux échantillons de la flore survenue à la suite des pluies. 

À La Paz, la capitale de la Basse-Californie, toutes les facilités peuvent 
se rencontrer pour l'étude de la faune marine, ainsi que l'accès des di- 


Sr 


verses Îles qui ferment la baie. Grâce à l’amabilité d’un Français, M. Gaston 
Vivès, administrateur des pêches de perles, j'ai pu parcourir les îles et y 
recueillir de précieuses collections anthropologiques et ethnographiques; 
faire une étude approfondie de l'Huître perlière et de la formation de la 
perle; enfin réunir, avec l’aide des scaphandriers, une collection impor- 
tante de la faune marine, que les fonds madréporiques empêchaient de 
recueillir à la drague. 

La région située au sud de La Paz est située sous le tropique; la flore, 
par conséquent, est absolument différente de celle que j'avais vue jusqu'à 
présent; malheureusement l’époque hivernale ne m'a pas permis de re- 
cueillir suflisarament d'échantillons. 

Traversant une autre fois la péninsule, j'ai fait un certain séjour sur les 
cimes de la Sierra, avant.d’aller jusqu’au Pacifique, au village de Todos 
Santos. 

La partie montagneuse de celte région est très boisée; la flore diffère de 
celle du reste de la péninsule et offre de grands arbres, tels que Chênes, Pins, 
Palmiers. ete. De Todos Santos, je comptais revenir au nord par les rivages 
du Pacifique, mais la sécheresse qui sévissait dans ces régions depuis emq 
années ne m'a pas permis de donner suite à ce projet; force me fut donc de 
revenir à La Paz et de regigner Santa-Rosalia, en partie par le chemun que 
J'avais précédemment parcouru, en partie par les plaines du golfe, com- 
mençant environ à une quarantaine de kilomètres au sud de Loreto. 

De Santa-Rosalia, une occasion me fut offerte d'aller, par mer, un peu 
au nord vers le 29° degré; je pus donc, pendant deux jours, faire des ré- 
coltes dans la vaste baie de Los Angeles, favorisé par des grandes marées 
qui avaient lieu à cet époque. Après cette excursion, j entrepris mon voyage 
dans les régions plus septentrionales en allant alternativement du Pacifique 
au golfe. 

C'est pendant ce voyage que j'ai pu étudier les derniers descendants de 
la race Cochimis, réduits aujourd'hui à quelques représentants ayant encore 
conservé la pureté de leur type. 

Après cette dernière expédition, mes collections étant suffisamment com- 
plètes, je considérai ma mission comme terminée et je quittai la Basse- 
Californie après un séjour de seize mois. 


SUR DEUX LORANTHACÉES RAPPORTÉES DE BASSE-CALIFORNIE 
par M. Dicuer. 


Nore DE M. Pa. van TieGnEn. 


Du récent voyage en Basse-Californie dont il nous a esquissé l’itiné- 
raire dans notre précédente réunion, M. Diguet à rapporté au Muséum 


31 — 


deux Loranthacées, deux .seulement, mais qui sont intéressantes à des 
degrés divers, une Viscoidée et une Loranthoïdée, 

La Viscoïdée croît en parasite sur les Chênes ( Quereus) el sur les Jatrophes 
(Jatropha) ; elle appartient au genre Phoradendre (Phoradendron), et dans 
ce genre elle fait partie du groupe d'espèces à feuilles glabres et à fleurs 
disposées en six rangées longitudinales sur chacun des entre-nœuds de 
l'épi. Elle se distingue des autres espèces du même groupe par divers ca- 
ractères, notamment par ses peliles feuilles cunéiformes, et paraît nou- 
velle : ce sera le Ph. de Diguet (Ph. Diguetianum). On sait que les espèces 
de ce groupe sont surtout répandues au Brésil et au Mexique, tandis 
qu'en Californie et dans les autres États du sud-ouest des États-Unis do- 
minent les espèces à feuilles velues et à fleurs disposées au moins en huit 
séries longitudinales sur chacun des entre-nœuds de lépi, Sous ce rapport 
aussi, la végétation de la Basse-Californie ressemble donc plus à celle du 
Mexique qu’à celle de la Californie. 

La Loranthoïdée offre un plus grand intérêt. Tout d'abord , cette plante, 
qui croît en parasite sur les Fouquières (Fouquiera) et aussi sur une Téré- 
binthacée (vulgairement Torote), diffère de toutes les Loranthacées amé- 
ricaines actuellement connues par ses feuilles, qui sont étroites, longues et 
cylindriques. 

On connaît déjà, il est vrai, plusieurs Loranthoïdées à feuilles cylin- 
driques, mais elles habitent toutes l'Australie, On sait aussi, par un travail 
récent ©), qu'elles appartiennent à des genres différents, et même à des 
tribus différentes de cette sous-famille, Ainsi, tandis que la plupart des 
Amyèmes ( Amyema), de la tribu des Loranthées, ont les feuilles plates, 
les À. Uinophylla, Preisst, gibberulosa, etc., les ont cylindriques. De 
même, les Lysianes (Lysiana), de la tribu des Elytranthées, ont, à côté 
d'espèces à feuilles plates, des espèces à feuilles cylindriques (L. Casua- 
rinæ, linearifolia, etc.). À ce propos, il s'est produit une méprise très 
singulière, et aussi très instructive. Trompés par cette similitude de forme 
et de port, Bentham et M. F. de Müller, les deux auteurs si éminents de la 
Flore d'Australie, ont réuni et confondu en une seule et même espèce, sous 
le nom de Loranthus hinophyllus, non seulement les Amyema lnophylla et 
Preissii, mais encore le Lysiana Casuarine , dont l'organisation florale est 
bien différente, et qui appartient à un autre genre dans une autre tribu. 
Nul exemple, à mon avis, ne montre plus clairement toute l'étendue des 
erreurs qu'on s'expose à commettre en s’obstinant, comme font encore 
quelques botanistes, à ne vouloir estimer les aflinités des plantes que 
d’après leur conformation extérieure. Mais laissons cela. Toujours est-il, 
puisque toutes les Loranthoïdées à feuilles cylindriques actuellement 


G@) Ph. van Tieghem : Bulletin de la Société botanique de France, séances du 
23 novembre 1894 et du 8 février 1895. 


PE: : Dee 


connues habitent l'Australie, qu'on aurait pu ne voir dans ce caractère 
qu'une des nombreuses singularités végétales propres à cette région. La 
plante de M. Diguet vient aujourd’hui nous donner la preuve que cette 
forme de feuilles est représentée aussi en Amérique, et qu’elle l’est dans 
un genre tout différent de ceux qui la possèdent en Australie. 

En effet, si, par son ovaire uniloculaire, cette plante se montre une Lo- 
ranthée, comme les Amyèmes, par son calice dialysépale et ses anthères 
oscillantes, elle se rattache à la sous-tribu des Struthanthées, tandis que 
les Amyèmes, ayant les anthères basifixes, font partie de la sous-tribu des 
Phœnicanthémées. Dans cette sous-tribu des Struthanthées, c’est des Phry- 
gilanthes (Phrygilanthus) qu'elle se rapproche le plus. Mais le genre Phry- 
gilanthe, créé par Eichler en 1866, est très hétérogène et doit être pro- 
fondément remanié. Bentham a commencé cette réforme en 1883; 1l est 
nécessaire aujourd’hui d’aller beaucoup plus loin. Ce n’est pas ici le lieu de 
traiter cette question. Bornons-nous à constater que la plante de M. Diguet 
ne rentre n1 dans le genre Phrygilanthe, ainsi restreint, ni dans aucun des 
groupes génériques qu'il y a lieu d’en séparer. Il faut donc bien constituer 
pour elle un genre distinct, qui sera nettement caractérisé par son inflo- 
rescence. 

Les fleurs y sont, en effet, disposées en une grappe terminale lâche, 
dont chaque pédicelle porte au sommet, en bas une bractée, qui est la 
bractée mère concrescente avec le pédicelle dans toute sa longueur, comme 
c’est le cas général chez les Loranthoïdées, et de chaque côté un pédicelle 
secondaire terminé par une fleur hexamère, sous laquelle se trouve latéra- 
lement la bractée mère concrescente de ce pédicelle. Mais ici la bractée 
mère du pédicelle primaire a la même couleur vert glauque , la même forme 
cylindrique et presque la même longueur que la feuille végétative. Au- 
dessous d'elle, le pédicelle, ayant aussi même couleur, même forme et même 
diamètre, semble la continuer jusqu’à l'insertion sur la tige. Il en résulte 
l'apparence d’une feuille végétative portant , en un point de sa face supérieure, 
deux pédicelles floraux, divergeant en forme de fourchette. Les bractées des 
pédicelles secondaires ont, au contraire , la forme écailleuse ordinaire. 

C’est, sans aucun doute, ce développement en une feuille verte et assi- 
milatrice de la bractée mère du pédicelle primaire qui explique, par un 
balancement nutritif, l'avortement complet de la fleur terminale de ce pédi- 
celle, placé immédiatement au-dessus d'elle. De sorte qu’il faut considérer 
linflorescence de cette plante comme étant une grappe terminale composée 
de triades à fleur médiane sessile, à fleurs latérales pédicellées, en un mot, 
une grappe terminale de cymules. Mais ici, et c'est lun des caractères 
propres de ce genre, il se passe constamment dans la cymule deux phéno- 
mènes simultanés et corrélatifs, savoir : le développement de la bractée 
mère concrescente en une feuille végétative, et l'avortement total de la fleur 
terminale superposée. 


. 


ms DS 


Pour exprimer ce caractère, pour dire d'un seul mot qu'ici chaque 
triade portée à l'extrémité d’un pédicelle primaire se compose d'une 
feuille et de deux pédicelles secondaires, on nommera ce genre Dipodo- 
phylle (Dipodophyllum), et l'espèce en question sera le D. de Diguet 
(D. Digueti). 

Il faut s'attendre à ce que de nouveaux voyages dans cette même région, 
encore si peu explorée, nous fassent connaître d’autres Dipodophylles, qui 
pourront fort bien avoir les feuilles plates et plus ou moins larges, avec 
des bractées foliacées de même forme, comme on a vu plus haut que c’est 
le cas pour les Amyèmes et les Lysianes d'Australie. Je me permets, en 
terminant, d'appeler spécialement sur ce point l'attention de M. Diguet, 
en le priant d'étendre aussi ses recherches et ses récoltes à toutes les autres 
Loranthacées qu'il pourra rencontrer, et d'en enrichir nos collections du 
Muséum. 


SUR LES OSSEMENTS HUMAINS RECUEILLIS PAR M. DIGuET 
DANS LA BASSE-CALIFORNIE, 


par M. J. Denixer. 


Quand M. Diguet partait pour le Mexique, j'avais attiré son attention 
sur l'intérêt que présenterait une collection d’ossements humains recueillis 
dans l'extrême sud de la presqu'’ile de Californie. 

C'est là, en effet, qu'en 188», le docteur Ten-Kate avait ramassé, dans 
les grottes, des crânes et des os longs des membres présentant des carac- 
tères particuliers que l'on ne retrouve point n1 sur le squelette des popu- 
lations actuelles de la Californie, ni sur celui des Indiens de l'Amérique en 
général. M. Ten-Kate avait rapproché la peuplade californienne, dont il a 
étudié les ossements, de la race dite de Lagoa Santa, établie par 
M. de Quatrefages, et dont les représentants vivaient au Brésil à l’époque 
protohistorique. Les similitudes que j'ai eu l’occasion de signaler, depuis, 
entre cette dernière race et les Botocudos, les Fuégiens et quelques autres 
peuplades de l'Amérique du Sud, similitudes confirmées par les récentes re- 
cherches de M. Ten-Kate sur les crânes des Indiens Pampas de la République 
Argentine, m'ont fait admettre l'existence d’une race palé-américaine , carac- 
térisée surtout par le crane allongé et la petitesse de sa taille, et dont on 
ne trouve aujourd'hui que quelques débris épars çà et là au sud du fleuve 
Amazone. 

L’habitat de cette race s'étendait-il plus loin au nord? C’est là une ques- 
tion qui mintéressait beaucoup, mais pour la résolution de laquelle on 
n'avait Jusqu'à présent que les indications du docteur Ten-Kate, basées sur 
l'étude de quatre cränes et de quelques os longs des membres. 


RENE lee 


La collection rapportée par M. Diguet fournit quelques éléments nou- 
veaux qui pourraient compléter les renseignements recueillis par le savant 
hollandais. Elle se compose d'une centaine d’ossements divers, dont j'ai 
fait l'étude au laboratoire d'anthropologie, grâce à l'obligeance du profes- 
seur Hamy. 

Les ossements ont été recueillis dans les îles Espiritu-Santo et Gerralbo, 
qui se trouvent sur la côte Est de l'extrémité méridionale de la presqu'ile 
Californienne. 

On rencontre dans ces îles de nombreux ravins, dont les parois, formées 
de lave basaltique, sont creusées de cavernes ou grottes naturelles ©), 

La plupart de ces grottes sont remplies d’ossements humains, ce qui 
a fait donner par les habitants le nom de Las Calaveritas, c’est-à-dire 
«petits cränes», à tout le ravin. 

Les os sont enfouis dans le sol à une faible profondeur ; tous sont 
peints en rouge, avec une couleur fournie, d'après M: Diguet, par la 
cendre volcanique. Les ossements recueillis par M. Ten-Kate étaient égale- 
ment peints en rouge avec de l’ocre, d’après l’analyse faite par M. Terreil. 

Sur une cinquantaine d'os longs des membres que renferme la collec- 
tion de M. Diguet, plus de la moitié (34) sont en bon état de conservation 
et, par conséquent, mesurables. 

Les fémurs sont forts, avec des empreintes musculaires bien accusées ; 
sauf une exception, ils présentent un troisième trochanter et une fosse hy- 
potrochantérienne plus ou moins développés. 

Sur dix humérus, deux seulement offrent une petite perforation de la 
fosse olécrânienne. 

La taille moyenne déduite de l’ensemble de vingt-six os masculins, re- 
présentant au moins quatre (quatre humérus droits), mais probablement 
un plus grand nombre d'individus, est de 1 m. 638 sur le cadavre, soit 
1 m. 62 sur le vivant. La taille moyenne déduite des huit os féminins 
(représentant au moins trois individus) est de 1 m. 542 sur le cadavre, 
soit 4 m. ba sur le vivant. ( Voir le tableau ci-après, p. 35.) 

Ainsi donc les ossements recueillis par M. Diguet appartenaient à une 
population de taille au-dessous de la moyenne, presque petite. Mes 
chiffres, pour la taille, diffèrent de o m. o3 de ceux qu'avait trouvés 
M. Ten-Kate (1 m. 65); mais il ne faut pas oublier que ce savant explo- 
rateur avait fait ses calculs d’après des formules moins exactes que celle 
dont je me suis servi. 

Je suis presque sûr qu'en appliquant cette dernière aux os de la collec- 
tion Ten-Kate, on obtiendra des résultats très rapprochés de ceux que je 
viens d’énoncer. 


@) Deux photographies dues à M. Diguet, représentant les ravins et les cavernes, 
ont été projetées sur le tableau dans le cours de la communication de M. Deniker. 


— 790 — 


Je ne puis pas décider si la population dont je viens de déterminer la 
taille, et dont les crânes sont dolichocéphales , d'après Ten-Kate, est iden- 
tique aux Indiens Periqués ou Pericous, que les premiers navigateurs et 
les missionnaires espagnols ont trouvés dans l'extrême sud de la presqu'ile 
Californienne, et dont il restait encore 300 individus vers le milieu du 
xvn® siècle, Aujourd'hui cette population a complètement disparu. Un 
crâne recueilli par M. Diguet près de la ville de La Paz, presque en face 
de l'ile Espiritu-Santo, et que ce voyageur croit appartenir à un Periqués, 
présente les arcades sourcilières très proéminentes , les mâchoires massives et 
la suture lombdoïde très compliquée. Son indice céphalique est de 70.74; son 
indice de hauteur-longueur est de 68.61. Il est donc aussi dolichocéphale, 
et aussi haut que les erânes recueillis dans les cavernes d’Espiritu-Santo par 
M. Ten-Kate. Ce fait est-il suffisant pour établir des aflinités entre les 
Periqués et les dolichocéphales de petite taille du sud de la Californie ? Je 
ne le crois pas, mais ce que je puis constater, c'est que les ossements rap- 
portés par M. Diguet ont contribué à éclaircir la question relative à la sta- 
ture des Californiens du Sud, et ont peut-être fourni un point d'appui 
nouveau à l'hypothèse de l'extension vers le nord de la race palé-américaine. 

Je donne ci-dessous les mesures des os longs et l'indication des tailles cor- 
respondantes que j'ai déterminées d’après la formule de M. Manouvrier © : 


LONGUEUR EN MILLIMÈTRES. 
A  —  — 
MOYENNE 


augmentée correspon- 
MAXIMUM. | MINIMUM. ds 


TAILLE 


moyenne 


AE dante. 
2 millimetres. 


Os MAscuLINSs. 


5 fémurs (3 droits et 2 gauches).. h28 1,634 
L tibias (1 droit et 3 gauches)..…. . | 348 1,628 
h péronés (2 droits et 2 gauches). 359 1,659 
6 humérus ( 4 droits et 2 gauches). 304 1,580 
a radius (1 droit el 1 gauche)... 243 1,666 
5 cubitus (1 droit et À gauches).. 271 1,698 


36 


Os FÉMININS. 


2 fémurs (1 droit et 1 gauche)... 9 392 
2 péronés (1 droit et 1 gauche).. 335 
h humérus (1 droit et 3 gauches). 296 


8 


(0) Masouvrier, Mémoire sur la détermination de la taille d’après les grands os 
longs des membres (Mémoire de la Société d'anthropologie de Paris, 1892, 2° série, 


t. IV, p. 347.) 


PARC 


Nore sur Es Moizusques recuerzcrs par M. Dieuer 
EN BASsE-CALIFORNIE, 


PAR LE D'A. T. ne Rocuezrune. 


À yant terminé l'examen des Mollusques provenant du voyage de M. Di- 
guet dans la Basse-Californie, je viens, tant en mon nom qu’en celui de 
mon sympathique collaborateur, M. J. Mabille, exposer brièvement les ré- 
sultats de cet examen. 

Les Mollusques recueillis, appartiennent à 77 genres et comprennent 
111 formes, représentées chacune par un nombre assez considérable de 
spécimens, nombre éminemment favorable pour établir les comparaisons 
utiles et affirmer nos différenciations. 

Sur ces 111 formes, nous en signalerons tout d’abord : 14 absolument 
nouvelles pour la science; elles sont réparties dans les genres Octopus, 
pour les Céphalopodes , dans les genres Pleurobranchus et Onchidoris, pour 
les Nudibranches, dans le groupe des Bulimide et des Cylindrella, pour les 
Pulmones, et dans les genres Plicatula, Pectunculus, Avicula, Perna, 
Anonyma et Ostrea pour les Lamellibranches. Les diagnoses en seront pro- 
chainement publiées; en attendant, nous insistons tout particulièrement 
sur le remarquable Octopus Divueti, Perr. et Rochbr., au sujet duquel 
notre savant maître, M. le professeur E. Perrier, a récemment fait une 
communication à l’Institut. 

Nous avons, en second lieu, constaté la présence de 7 formes déjà con- 
nues mais qui jusqu'ici manquaient à nos collections; ce sont les Solarium 
granulatum, Lamck.; Solarium quadriceps, Stendl.; Terebra albo-cincta , 
Carpent.; Conus brunneus, Wood. : Conus princeps, Gen.; Conus Mahogani, 
Reeve.; Oliva punctulata, Marr.; et Mitra lens, Wood. 

Enfin, 1l nous a été facile d'établir qu'il existe dans le golfe de Cali- 
fornie un mélange considérable de formes Cahiforniennes et Panamiques. 

Si, en effet, nous envisageons l’ensemble des 1 11 formes rapportées par 
M. Diguet, nous trouvons (abstraction faite de nos 14 nouvelles), 
53 formes spéciales au golfe de Californie, et 43 propres aux côtes de Pa- 
nama. ; 

Ce fait de distribution géographique, dont nous ne trouvons aucune 
trace dans les nombreuses listes des Mollusques californiens, jusqu'ici pu- 
bliées, nous paraît utile à signaler, et pourra, peut-être un jour, fournir 
de précieuses données aux voyageurs appelés à explorer ces mêmes pa- 
rages. 


— 31 — 


Nore sur pes Hyménorrères pu cevre PouisrTes RECUEILLIS 
par M. Dicusr ex Basse-Cazironnie, 


par M. Cuances BronGnranr. 


Dans le cours de son voyage en Basse-Californie, M. Diguet a souvent 
rencontré des nids de Guêpes suspendus aux parois de grottes peu pro- 
fondes ou fixés à des arbustes, et tellement serrés les uns contre les autres 
qu'il était diflicile de passer à côté de ces nids sans être immédiatement as- 
sailli par les insectes. 

Non seulement M. Diguet a eu soin d'en prendre des photographies), 
mais 1l a rapporté quelques-unes de ces constructions qui m'ont permis de 
faire les observations suivantes : 

Ces nids sont construits très simplement; ils ont chacun l'aspect d’un 
gâteau allongé sans enveloppe protectrice, et ils sont constitués par des 
cellules disposées sur un même plan. 

La partie supérieure du gâteau forme un angle aigu, puis les côtés sont 
parallèles si le nid est un peu grand; dans d’autres cas, le nid est en lo- 
sange. Le pédoncule, situé au sommet du nid, est très court et s’épate sur 
une branche d'arbre ou un rocher. 

Le gâteau est pendant, et les cellules, étagées presque horizontalement, 
ont leur ouverture inclinée lépèrement en bas. 

Les insectes qui édifient ces nids sont des Polistes (Polistes americanus, 
Fabr, var. À, de Sauss.), de la taille de nos Polistes européennes. Leur 
couleur est d’un jaune ochracé avec les parties sternales noirâtres, ainsi 
que la base de l'abdomen. Des taches ou des bandes d’un jaune vif ornent 
les côtés du thorax et l'extrémité du premier segment abdominal; les ailes 
sont enfumées et violacées. 

Les nids de ces Hyménoptères contiennent en tout temps des larves et 
des nymphes. Mais, en hiver seulement, les cellules qui occupent la partie 
médiane du nid sont remplies de miel d’un jaune clair et transparent. 

On savait déja que les Polistes faisaient des provisions de miel, et Le 
Peletier avait observé ce fait chez la Pobistes gailica. H considérait cette sub- 
stance comme étant destinée à l'accroissement des larves. 

Plusieurs gâteaux des Polistes californiennes contenaient encore du miel, 
el j'ai pu en remettre une petite quantité à M. Bertrand qui l’a étudié dans 
le laboratoire de M. Arnaud et qui nous en parlera tout à l'heure. 

Les indigènes ne se servent pas de ce miel qui cependant, au dire de 
M. Diguet, ne provoque pas d'intoxication. J’en ai mangé, et il ne m'a pas 
semblé désagréable au goût. 


4) Quelques-unes de ces photographies ont été projetées au tableau durant la 
communication de M. Ch. Brongniart. 


méme EE its 


On peut se demander où ces Polistes récoltent leur miel, puisque c’est 
en hiver seulement qu'elles en remplissent leurs cellules. 

Je terminerai en disant que la piqüre de ces insectes n’est, paraît-il, 
pas dangereuse. Elle ne provoque pas toujours d’enflure, et, en tout cas, 
elle disparaît assez vite. Elle détermine un engourdissement avec sensation 
de chaleur. | 


ÉxAMEN DU MIEL PRODUIT PAR UNE PozisrE DE B4ASsE-CALIFORNIE, 
par M. G. BERTRAND. 


Bien qu’un très grand nombre d’Abeilles possèdent la faculté d’accumu- 
ler des réserves sucrées, on ne connaît guère d'exemple analogue chez les 
Guëpes. Il ne faut pas croire cependant qu'une différence aussi absolue 
sépare les mœurs des Vespides de celles des Apides. Le cas d’Aug. Saint- 
Hilaire, qui faillit mourir empoisonné, dans un voyage au Brésil, après 
avoir pris deux cuillerées à café d’un miel recueilli par une Poliste, montre 
déjà que cette différence n'existe pas pour toutes les Guêpes. Plus récem- 
ment encore, M. Diguet a rencontré, en Basse-Californie, une autre espèce 
de Poliste qui fait aussi des provisions de miel et que M. Brongmiart vient 
de décrire. J'ai pu extraire 2 grammes de miel des alvéoles. Cette pe- 
üte opération n’a pas été aussi facile qu'on pourrait le croire au premier 
abord; le miel, en effet, était très concentré, et il adhérait fortement aux 
parois des cellules qu'il ne fallait pas briser; en outre, il n’y avait qu'une 
petite quantité de miel dans chaque cellule et une faible proportion seule- 
ment des cellules en était pourvue. 

Le miel de la Poliste de Basse-Galifornie offre des caractères assez parti- 
culiers. De couleur jaune brun, tout à fait transparent, il possède une sa- 
veur nettement sucrée et une odeur lépèrement aromatique. Sa consistance 
est telle qu’on peut l'étirer en fils de plusieurs décimètres de long. Enfin, 
et c’est le point intéressant, sa composition diffère de celle des miels ac- 
tuellement connus. 

On sait, qu’en général, la matière sucrée recueillie par les Abeilles est 
formée de saccharose presque pur. Ce sucre est ensuite dédoublé dans le 
jabot de l’insecte en un mélange de dextrose et de lévulose. C’est ce mé- 
lange, qu'on appelle quelquefois sucre interverui, accompagné d'un petit 
résidu de saccharose non attaqué, qui constitue le miel ordinaire. Il dévie 
à gauche le plan de la lumière polarisé. 

Le miel de Poliste, au contraire, dévie à droite, et parait formé exclusi- 
vement de dextrose et de saccharose, sans lévulose. En déterminant le pou- 
voir réducteur avant et après l'interversion, j'ai trouvé qu'il contenait 
43,3 p. 100 du premier sucre et 20,5 p. 100 du second. En calculant, 
d’après ces chiffres, la déviation polarimétrique que produirait la solution 


Dh de 


} | — 39 — 


de a grammes de miel dans 25 cent. e. d'eau, sous une épaisseur de 10 cen- 
timètres, on obtient + 2° 33" avant l'inversion et + 1°39/ après. J'ai ob- 
servé + 2°36/ et + 1°24", Comme on le voit, ces chiffres sont aussi concor- 
dants que possible; je dois ajouter cependant que le saccharose du miel 
de Poliste s’'intervertit moins vite que celui de la betterave. Peut-être a-t-on 
allaire à un sucre nouveau ? C’est un point qui ne pourra être complètement 
éclairei qu'avec une plus forte provision de matière première. 

Quoi qu'il en soit, le miel de la Poliste diffère de celui des Abeilles, et Pon 
peut supposer : ou bien que la Poliste n'élabore point le produit qu’elle 
recueille, ou bien qu'elle s'adresse à d’autres sources sucrées que les Abeilles. 
Cette dernière hypothèse est peut-être la plus exacte, car le miel que j'ai 
examiné avait été accumulé pendant l'hiver. 


SUR QUELQUES MINÉRAUX DES MINES DU BOLEO ( Basse-CaLirORNIE), 


par M. À. Lacroix. 


Notre collection minéralogique s’est enrichie depuis un an d’une remar- 
quable série de minéraux du Boléo. Nous la devons, en grande partie, à 
M. Cumenge, qui a poussé la générosité jusqu’à nous donner les échantil- 
lons les plus précieux et souvent uniques de sa collection. M. P. Mirabaud 
et enfin M. Léon Diguet ont complété cette intéressante série. 

Parmi les nombreuses espèces minérales du Boléo, j'appellerai votre 
attention sur celles du groupe de la cumengréite renvoyant pour plus 
de détails et pour l'historique au mémoire qui sera prochainement publié 
dans le Bulletin de la Société française de minéralogie. Je rappellerai seu- 
lement que les minéraux étudiés plus loin ont été découverts en 1891 par 
M. Cumenge et en partie décrits par lui et par Maliard. 

Le groupe de la cumengéite comporte deux sous-divisions. La première 
est formée par la cumengéite, la seconde par la pseudoboléite, la boleite et 
la percylite. 


Cumengreite. — La cumengéite a pour formule (PbCF.CuOH20), sa den- 
sité est de 4.71 : elle se présente en octaèdres quadratiques (pa*—121° 16", 
a:c—1:3.294), elle est uniaxe et négative : n, — 2,026. n, — 1,965; 
n,—1,=0,061 (Mallard). J'ai constaté que la cumengéite est nettement 
pléochroïque (bleu d'azur suivant »,, bleu verdâtre suivant n,); ce minéral 
chauffé légèrement dans un tube devient vert d’atacamite, puis redevient 
bleu par refroidissement. 


U) Ces minéraux sont placés dans la collection de Minéralogie. Armoire et vitrine 
M. 48. (dernière armoire de la première travée de gauche, près de la statue 


d’Hauy). 


se M0) 


Boléites. — MM. Mallard et Cumenge ont appelé Boléite des cubes d’un 
bleu foncé atteignant parfois 2 centimètres de plus grande dimension et pré- 
sentant plus rarement a’ et b'. Leur composition est représentée par la for- 
mule (PbGF.CuOH”0. 1/3 AgCT). L'examen d’une lame du clivage cubique 
permet de voir que la boléite est pseudocubique et que chaque cube est 
constitué par le groupement autour du centre de six pyramides quadra- 
tiques ayant respectivement pour base une des faces du cube. N = 2.07. 

J'ai pu constater que le minéral n’est pas pléochroïque, et qu'à la cha- 
leur, il se comporte comme la cumengéite; toutefois sa coloration devient 
à chaud d’un vert plus clair que celle de ce dernier minéral. 

On observe rarement des cubes dont les arêtes sont remplacées par des 
gouttières constituées par des faces octaédriques faisant avec la face cubique 
adjacente un angle de 116°16". Le minéral étant uniaxe népatif et moins 
biréfringent que la cumengéite, Mallard en a conclu qu’il était identique à 
la boléite; 11 représenterait, d’après lui, la forme élémentaire dont le grou- 
pement intime produit le cube de boléite : il proposa de désigner provi- 
soirement cette substance (elle n’a pas été analysée) sous la dénomination 
de percylite, nom déjà donné à un oxychlorure de plomb et de cuivre 
imparfaitement connu. 

Il résulte de mes premières mesures que ce minéral présente une biré- 
frngence de 0.038 environ et la boléite une biréfringence d’eviron 0.010; 
il est donc probable que ces deux minéraux sont distincts. La vérification de 
cette opinion ne peut être faite que d’une façon indirecte, le minéral qui 
nous occupe n’existant qu'à l'état de groupement intime sur la boléite. La 
densité d’un petit lot de ces cristaux groupés a été trouvée de 4.92 , nombre 
intermédiaire entre 5.08 (densité de la boléite) et 4.71 (densité de la cu- 
mengéite). Gette densité élimine la possibilité de l'identité de la percylite 
de Mallard et de la boléite et montre que ce minéral doit être intermédiaire 
entre la boléite et la cumengéite. Je propose d'appeler ce minéral pseudo- 
boléite, le nom de percylite ne peut en effet lui être conservé. 

En recourant aux mémoires originaux concernant la percylite, J'ai constaté 
que dans les analyses incomplètes qui en ont été données 1l existait toujours 
de l'argent, et que la formule (PbCF. CuOH”O) a été établie en supposant 
que l'argent ne s’y trouvait qu’à l’état d’impureté; de plus, tous les auteurs 
qui ont parlé de cette substance ont insisté sur sa monoréfringence, qui 
ne permet pas de l'identifier avec un minéral ayant une biréfringence de 
0.061. 

Or, parmi les cristaux du Boléo, j'ai trouvé des cuboctaèdres dont les 
faces octaédriques sont très développées et généralement irrégulières et 
concaves; ils sont monoréfringents ou plutôt ils possèdent une biréfrin- 
gence inférieure à 0.001, qui ne peut être constatée sur les cristaux ayant 
la taille de ceux de percylite connus jusqu'à ce jour. Ces propriétés sont 
partagées par de pelits cristaux cubiques de percylite que M. de La Bou- 


8. Bouérres. 


EN ET — 


glise ( à recueillis à la mine Buena Esperanza, district de Challacollo, 
province d’Atacama (Chili), et qu'il vient de donner au Muséum. Je dési- 
gnerai done sous le nom de percylite ce type extrêmement peu biréfrin- 
gent du sous-groupe de la boléite. La densité prise sur quelques cristaux 
du Boléo est de 5.254 : elle est plus grande que celle de la boléite et im- 
plique une teneur en argent plus élevée. 

Le tableau suivant résume les propriétés du groupe de la cumengéite, 
telles qu'elles résultent de mes premières recherches. 


GROUPE DE LA CUMENGÉITE. 


a, CumExcéITE. 


PARAMÈTRES ; : INDICES . 

COMPOSITION. aïe pe Fa Ny=p  pRincpaux.  PENSITÉ. 
0 q = 2.02 6 

(PbCP.Cu0OH0) 1: 3,994 0) 10654" 191016! obs. 0.061 } 7° me h.71 
Np = 1.909 

Pseudoboléite. . , n LE 1:92,096(% 116°167 obs. 134°16" 0.03 u 5.08 

PhCI®.CuOH?0 À Boléite.…..... n = +) na 0.010. N=2.07 5.08 

AeCl r x 1:2 : 135° = b très petite r FAT 

+ Agul. Percylite...... n>1\ du système ou nulle. ’ 


cubique. 


Il montre l'influence de l'introduction d’une quantité croissante de chlo- 
rure d'argent dans le composé (PbCI. GuOH*0) [cumengéite]. Quand on 
tient compte des propriétés du chlorure d'argent (cérargyrite) cubique 
(c'est-à-dire a:c—1:2,n,—",—0) ayant une densité de 5.552, on 
comprend qu'à mesure que les minéraux du groupe de la boléite sont plus 
argentifères, ils deviennent plus denses, plus réfringents, moins monoré- 
fringents, en même temps que leur pseudocubicité augmente par suite 
du raccourcissement de l’axe vertical qui finit par devenir rigoureusement 
égal à 2. 


Groupements des minéraux précédents entre eux. Tous les minéraux qui 
viennent d’être étudiés forment autour d’un cube de boléite les curieux 
groupements suivants : 

1° 6 octaèdres de cumengéite se groupent respectivement sur chacune 
des faces d’un cube de boléite, de telle sorte que leur axe quaternaire 
coïncide rigoureusement avec un axe quaternaire du cube (Mallard et 
Cumenge). 


1) Cette découverte de M. de La Bouglise est intéressante, car Raïmondi qui 
a signalé dans le district de Challacollo une percylite argentifère ne l’avait pas 
trouvée à l’état cristallisé. 

@) Pour mettre en évidence les affinités du groupe, j'ai doublé l’axe vertical 
donné par Mallard, a! devenant alors a?. 

6) IL existe probablement un autre minéral avec pal =113° obs. d’où 
a:c=1:2.8006 : je n'ai pu observer aucune autre de ses propriétés, c’est pour- 
quoi je ne le fais pas figurer sur ce tableau. 


Muséus. A 


Eure 


2° 6 octaèdres basés de pseudoboléite (percylite de Mallard) se groupent 
de la même façon sur un cube de boléite (Maliard et Cumenge). 

3° 6 prismes de pseudoboléite (avec ou sans faces octaédriques) se grou- 
pent autour d'un cube de percylite, ils sont eux-mêmes recouverts par 
6 octaèdres de cumengéite orientés suivant le mode 1°. [1 existe une très 
grande variété dans le développement relatif de la cuméngéite et de la 
pseudoboléite pour laquelle je renvoie aux figures de mon mémoire. Le 
plus gros cristal de ce groupement que j'ai observé a 1°°,5 suivant une 
arête cubique ©. 

4° 6 prismes de pseudoboleite sont groupés comme précédemment autour 
d'un petit cube de boléite, mais ils sont très allongés suivant l'axe vertical, 
et parfois enchevêtrés avec un ou plusieurs cristaux de eumengéite ayant 
toujours leur axe quaternaire dans la direction de l’un de ceux du cube 
central. 

La pseudoboléite de ce groupement est celle dont les paramètres ont été 
donnés dans la note 3 de la page précédente. Ils sont d’un bleu plus clair 
que la pseudoboléite des autres oroupements. L'édifice cristallin qu'ils 
constituent dépasse rarement 1 millimètre de plus grande dimension. 

Il est fort intéressant de voir que, dans ces associations régulières des 
minéraux du groupe de la cumengéite, les formes pseudocubiques n'existent 
jamais qu'à l’état de groupement à symétrie quaternaire se rapprochant 
d'autant plus, comme forme extérieure du cube, que la pseudocubicité de 
de leur réseau est plus parfaite. La cumengéite seule se rencontre isolée, 
bien que la pseudocubicité de son réseau se manifeste encore par des groupe- 
ments à axes rectangulaires autour d'un cube de boléite. 

Les minéraux du groupe de la cumengéite se rencontrent dans une argile 
d'un gris jaunâtre, dans du gypse fibreux transparent, plus rarement sur du 
quartz : ils sont implantés sur des cristaux de gypse, d'anglésite imprégnée 
de gypse (bouglisite de M. Cumenge), d'atacamite, de phosgémite. Ces 
diverses associations sont bien représentées dans notre collection. 


M. le Directeur adresse des remerçiements à M. Cumenge et à 
M. de La Bouglise qui assistent à la séance. 


G) N° 95.100 de la collection. Ce merveilleux cristal a été donné par M. Cu- 
menge : la pseudoboléite y domine, la cumengéite ne formant que le remplissage 
des gouttières; dans le beau groupement n° 95.101 implanté sur du gypse trans- 
parent, au contraire, la cumengéite domine et la pseuboléite n’est visible que 
sur la base des octaèdres de ce dernier minéral. 


DS RS ue 


ÉxunE DE QUELQUES ROGHES ÉRUPTIVES DE LA Bass£-CALIFORNIE, 
par Émenne Rrrren. 


Svemsalial DE MINÉRALOGIE ). 


Ces roches ont été rapportées par M. Diguet et proviennent de deux gi- 
sements différents. L'un appartient au groupe volcanique de «Las Tres 
Virgines »; l'autre se trouve un peu au sud de Loreto. Je les ai étudiées au 
laboratoire de M. Lacroix, que je tiens à remercier pour tous les excellents 
conseils qu'il m'a donnés. 

Toute une partie de la Basse-Californie a été le théâtre de phénomènes 
éruptifs importants à l’époque du pliocène et du pléistocène. Les roches 
que j'ai éludiées sont des laves qui paraissent dater du début du pléisto- 
cène. Ge sont des andésites dans lesquelles les deux stades de consolidation 
sont généralement bien marqués. Les andésites de «Las Tres Virgines» 
montrent au premier lemps : de rares et grands cristaux d’augite, vert 
très pâle, sans polychroïsme, du labrador-andésine et de l’andésine, dix 
fois plus nombreux, maclés selon les lois de l’albite et du péricline ; au second 
temps, des microlites d’augite et d’andésine; le tout est moulé par un verre 
amorphe, très chargé de matières ferrugineuses, d’octaèdres de magnélite. 
Les produits secondaires sont formés par un minéral vert, intermédiaire 
entre le xylotile et la bastite et par une chlorite rose crypto-cristalline appar- 
tenant au groupe de la delessite. La roche est criblée de géodes tapissées 
de zéolites, de quartz en sphérolites (de calcédoine et de quartzine), qui 
montrent les groupements étudiés par MM. Michel Lévy et Munier-Chalmas. 

Les andésites de Loreto présentent aussi de l’augite, du labrador et de 
l'andésine au premier temps de consolidation; au second temps, des micro- 
lites d’augite et d'andésine, noyés dans un verre ferrugineux. D’anciens 
cristaux de péridot ont été transformés en un minéral brun, formé d’une 
infinité de houppes fibreuses, et qu'on peut rapprocher de celui que M. Mi- 
chel Lévy a signalé dans les basaltes ophitiques du Mont-Dore. 

Les zéolites, très nombreuses, imprègnent toute la roche. On y recon- 
naît de la mésolite, de la scolésite, de l’analcime, de la heulandite et de 
la stilbite. 


PRINCIPAUX RÉSULTATS DE LA DERNIÈRE MISSION DE M. FourEAU 
DANS LE SAHARA, 


par M. E.-T. Hamvy. 


M. Foureau, rentré de son sixième voyage à travers le Sahara, a remis 
entre mes mains une collection considérable de documents ethnographiques 


L. 


dat ME 


qui m'ont paru offrir assez d'intérêt pour être 1c1 l’objet d’une courte com- 
munication. Chacune des trouvailles de M. Foureau a son certificat d’ori- 
gine, détaillé avec le plus grand soin; la première chose à faire, pour 
mettre-en bonne lumière ses découvertes, était donc de coordonner fort exac- 
tement les renseignements géographiques du voyageur, en reportant son 
itinéraire sur une carte générale, à échelle réduite, et marquant d’un 
signe particulier, tout le long de la route qu'il a tenue, les localités dans 
lesquelles il a signalé des particularités intéressantes. 

Ce travail, facilité d’une part par l'abondance des renseignements four- 
nis par M. Foureau, de l’autre par la clarté des grandes esquisses topogra- 
phiques publiées depuis son retour, se résume dans la pelite carte que j'ai 
l'honneur de mettre sous les yeux de l’assemblée, et qui donne, pour la 
première fois, la véritable physionomie de cette partie du désert que l’on 
appelle le grand Ers, avec ses dunes longuement vallonées et sa ceinture 
de rivières sans eau. Les principales pistes de caravanes sont indiquées et 
l'itinéraire de M. Foureau se suit aisément, jalonné de chiffres romains 
qui correspondent aux diverses stations de sa route. 

Presque toutes ces stations lui ont donné des ustensiles de pierre dont la 
description détaillée m'’entrainerait beaucoup trop loin. Ce sont, d’ailleurs, 
des types bien connus pour la plupart, et quand j'aurai fait savoir qu’en 
certains points, comme aux abords de Temassinine (à 700 kilomètres au 
sud de Biskra) on recueille des armes de pierre taillées, fort semblables à 
celles que l’on retire des alluvions anciennes de la Somme ou de la Ta- 
mise; quand j'aurai annoncé que M. Foureau a trouvé à Menkeb ben Ab- 
ban une pointe de lance en silex, de 16 centimètres de longueur, si bien 
façonnée qu'on la croirait sortie de la célèbre cachette de Volgu, en Bour- 
gogne, j'aurai dit à peu près l’essentiel de la collection d'instruments de 
pierre rapportées par le voyageur ©. 

Les fléchettes, fort élégantes, du Lype de Ouargla, les couteaux retou- 
chés à petits coups sur les bords, sont tout aussi nombreux, tout aussi 
parfaits que dans aucune autre série saharienne antérieure; ce sont choses 
connues et Je ne puis pas m'y arrêter. 

Une autre suite d'objets donne à la collection Foureau un aspect très 
spécial et très intéressant. J'avais à plusieurs reprises insisté auprès du 
voyageur, pour qu'il voulut bien ramasser le plus possible de ces fragments 
de poteries signalées à diverses reprises dans les stations du Sahara. Il 
m'en a rapporté beaucoup, et j'ai pu constater que ces céramiques anciennes 
apparüennent à des types fort divers et qu'un bon nombre ont été exé- 
cutées à l’aide de procédés qu’on n'avait pas encore signalés en Afrique, 
mais qui sont en usage de temps immémorial au cœur du continent améri- 
cain. Les anciens pueblos du Colorado, par exemple, qui possédaient 


4) M. Hamy fait projeter sur le tableau une série de photographies. 


Un NU 


l'art du vannier et savaient faire de bons et solides paniers, poussaient 
leur terre préparée à l'intérieur de ces récipients, brülaïent la pièce ainsi 
remplie à un grand feu qui, du même coup, en cuisait plus ou moins les 
parois. Gette poterie, très spéciale (corrugated pottery), se retrouve fré- 
quemment dans les anciennes stations des Sahariens préhistoriques, telles 
que Ghassi-Touil, El-Biodh, etc., associés à des silex taillés, à des débris 
d'œufs d’Autruche plus ou moins travaillés, etc. J'ai essayé d'en repro- 
duire les dessins en poussant de la terre à modeler à l'intérieur des réci- 
pients de diverses tribus actuelles du Sahara ou des régions voisines que 
j'ai réunis au musée du Trocadéro. Aucune des empreintes obtenues ne 
ressemble, même de loin, à celles de la collection Foureau. Les anciens 
Sahariens ne se servaient certainement pas, pour pousser leurs poteries, 
de récipients analogues à ceux qu’on emploie aujourd’hui dans le Sahara 
central, dans le Sud Algérien, au Sénégal ou sur le Niger. Au contraire, 
les empreintes prises à l’intérieur des paniers du Çomal se rapprochent 
beaucoup de celles que portent les débris de vases des anciennes stations du 
grand Erg. On serait conduit, par suite, à supposer que les Sahariens 
primitifs pourraient bien être des Éthiopiens frères des Çomalis, qui se 
seraient, à une époque plus ou moins reculée, avancés bien loin dans l’ouest. 
Ge n'est pas la première fois que cette hypothèse d’une origine orientale 
des populations sahariennes se fait jour. La découverte de diverses coquilles 
de la mer des Indes ou de fragments de néphrite dans des stations antiques, 
comme Rhatmaia ou Cedrata, la présence, d'objets en pâte de verre co- 
loré fort semblables à ceux qu’on a jadis fabriqués sur les bords de la mer 
Rouge, ont été invoquées à l'appui d’une thèse qui a ie rare avantage de 
convenir aussi bien aux historiens qu'aux naturalistes. 

Je ne quitterai pas M. Foureau sans signaler le service qu’il a rendu à 
tous ceux qui s'occupent d’études sahariennes, en donnant un double ta- 
bleau des nomenclatures indigènes , appliquées à la topographie d’une part 
et de l’autre à la botanique. 


NOTE SUR DES PLEXUS THORACIQUES VEINEUX DU PHOQUE COMMUN 
(Paoca viTuzINA), 


par M. Bouzarr. 


Le service d’Anatomie comparée du Muséum a reçu en novembre 1894 
un Phoque commun adulte et, en janvier 1895, un jeune de cette espèce. 

J'ai constaté l'existence, chez ce Pinnipède, de plexus véineux thora- 
ciques qui me paraissent n'avoir pas été signalés. 

Deux de ces plexus, placés de chaque côté de la pointe du cœur, repo- 
sent en partie sur le diaphragme, en partie sur le péricarde. [ls se pré- 


2 8 


sentent comme deux pelotons veineux formés de nombreuses branches 
flexueuses, anastomosées, provenant en partie des veines diaphragma- 
tiques. Deux faisceaux veineux, ne comprenant qu'un petit nombre de vais- 
seaux, relient ces plexus à des réseaux qui recouvrent une partie de la 
crosse de l'aorte et se jettent dans la veine cave supérieure... 

La constatation de ce fait anatomique accroît nos connaissances relatives 
aux réservoirs dans lesquels peut s’accumuler le sang veineux chez les ani- 
maux que leur genre de vie entraîne à séjourner longtemps sous l'eau. Au 
sinus de la veine cave inférieure déjà connu, viennent s’ajouter les plexus 
thoraciques que nous signalons. Il se pourrait que ceux-c1 fussent d'autant 
plus développés chez les Phoques, que ces animaux sont plus avancés en 
âge, plus adaptés par conséquent à la vie aquatique. Les jeunes Phoques 
ne vont à la mer qu'à la suite d’un séjour assez prolongé à terre, et ce n'est 
qu'après une sorte d'entraînement organique qu'ils arrivent à pouvoir sé- 
journer longtemps sous l’eau. Chez le plus jeune des Phoques que nous 
avons observé, les plexus thoraciques étaient moins développés que sur 
celui qui était plus avancé en âge. Est-ce un fait venant à l'appui de la re- 
marque précédente? c’est ce qu’il nous est impossible d’aflirmer d'après une 
seule observation; mais, notre attention étant appelée sur cette question, 
nous espérons pouvoir en présenter la solution d'ici à quelque temps. Nous 
rechercherons de même si la disposition anatomique que nous trouvons sur 
le Phoca vitulina s’observe ou ne s’observe pas sur d’autres espèces ou d’autres 
venres de Pinnipèdes. 


SINUS VEINEUX INTRA-HÉPATIQUES Chez LE C4sror DU RHÔNE, 


par M. H. Nevvizze. 


J'ai eu l’occasion de disséquer deux Castors du Rhône (C. fiber), au 
Laboratoire d’Anatomie comparée. J'ai constaté qu’il existait chez ces ani- 
maux des sinus veineux intra-hépatiques dont je n’ai trouvé l'indication 
dans aucun des mémoires que j'ai consultés. 

Le foie offre la constitution la plus habituelle du foie des Rongeurs. On 
remarque surtout un grand sinus au point de jonction du lobe cystique et 
du lobe gauche, un autre, plus petit, à la partie droite du lobe cystique, 
et deux autres de tailles inégales dans le lobe droit. Ces sinus s'étendent 
chacun sur une assez courte longueur. À leur intérieur, les veines sus- 
hépatiques s'ouvrent par un grand nombre d’orifices de toutes dimensions ; 
les plus grandes peuvent recevoir le manche d’un porte-plume de grosseur 
ordinaire, d’autres admettent à peine une tête d'épingle. 

L'existence de ces sinus a été signalée par M. Bouvier dans le Dauphin, 
par Murie chez l'Otarie, et par M. Brissaud dans la Loutre. 


un. (OT da 


Sur ouszours Panapisiens remarouasres pe LA Nouvezize-Guinée, 


par M. E. Ousrazer. 


Le Muséum d'histoire naturelle vient d'acquérir d’un grand négociant 
hollandais, M. G. W. R. van Renesse von Duivenbode, trois Oiseaux de 
Paradis des plus remarquables qui manquaient à nos collections et dont 
deux constituent les types d'espèces décrites tout récemment sous les noms 
de Pteridophora Alberti et de Parotia Carolæ, tandis que le troisième est le 
mâle, inconnu jusqu’à ces derniers temps, de l'Amblyornis inornata Schleg. 


Si ces oiseaux étaient arrivés en France seulement quelques semaines plus 


tôt, nous aurions même eu la priorité de leur description. Celle-ci, en 


eflet, a été faite par M. le docteur A. B. Meyer, le savant directeur du 


Musée de Dresde, dans trois communications successives adressées au Club 
ornithologique anglais, le 21 novembre, le 19 décembre 1894 et le 
16 janvier 1895 et publiées dans les Bulletins du Club (Bulletins of the 
Bristish Ornithologist’s Club) en date du 30 novembre, du 29 décembre et 
du 29 janvier 1895, et c’est le 7 février que des oiseaux exactement sem- 
blables aux types de M. Meyer ont été offerts au Muséum d'histoire natu- 
relle de Paris. Mais si. dans cette circonstance, nous avons été devancés 
par M. le docteur Meyer qui a exploré lui-même, il y a quelques années, 
une partie de la Nouvelle-Guinée et qui, depuis lors, n’a cessé de recevoir 
de ce pays des spécimens zoologiques et ethnographiques, nous avons du 
moins la satisfaction de voir le Muséum d'histoire naturelle de Paris parta- 
ger avec le Musée de Dresde l'honneur de posséder les seuls spécimens 
connus de deux espèces qui, pendant longtemps encore, demeureront très 
rares dans les collections, et, grâce à M. Milne Edwards, j'ai, pour ma 
part, le plaisir de pouvoir ajouter quelques détails importants aux descrip- 
tions rapides et forcément succinctes qui ont été données du Pteridophora 


Alberii et du Parotia Carole. 


Le Pteridophora Alberti, dont je présente ici une reproduction aussi 
exacte que possible, porte un nom qui fait allusion au caractère le plus 
saillant de l'espèce, à la présence de deux très longues plumes, insérées de 
chaque côté de la tête, en arrière des yeux et rappelant vaguement par 
leur forme les feuilles de certaines Fougères. Ces plumes, d'un aspect tout 
à fait insolite et dont je n’ai pu trouver les analogues chez aucun autre oi- 
seau, appartiennent à la catégorie de plumes que mon ami Victor Fatio a 
nommées plumes émallées el qui sont caractérisées par la présence, à l’inté- 
rieur de leurs barbes, de grandes cellulles polygonales à noyau pigmenté 
qu'entoure une couche de cellules allongées verticalement, immédiatement 
au-dessous de l’épiderme incolore. Les plumes émaillées dont les Martins- 
Pêcheurs , les Jrena , les Brèves et certains Tangaras nous avaient déjà of- 
fert des exemples, n’ont pas de coloration propre, pas plus que les plumes 


s R —- 


dites optiques , et doivent leur teinte, généralement bleue ou verte, au jeu 
de la lumière sur la couche d’émail formée par les cellules sous-épider- 
miques. 


Prerinornora ALgerri (Meyer). 


1 [8 de grandeur naturelle. 


COS 


Ainsi les longues plumes du Pteridophora Albert, qui, dans leur posi- 
tion ordinaire, paraissent d'un blanc nacré, glacé de bleu d'azur, sont d’un 
brun de corne quand on les regarde par transparence où par leur face 
inférieure. Elles présentent en outre une structure très bizarre, les barbes 
étant complètement avortées d'un côté de la üige, sauf à l'extrémité, tandis 
que de l'autre côté elles se sont soudées de manière à constituer des lames 
quadrangulaires, séparées l’une de l'autre par des incisions régulièrement 
espacées qui se prolongent un peu le long de la tige. On a peine à imaginer 
le processus de formation de ces productions étranges qui sont l'exagération 
des expansions et des dilatations cornées des plumes de l’Anastomus lamel- 
liger, du Gallus Sonnerati, du Malcoha Cumingi, de V'Ampelis garrula, etc. 

Les plumes dont je viens d'essayer de donner une idée sont plus de deux 
fois aussi longues que loiseau qui est un peu plus petit qu'un Merle; 
aussi, en admettant même qu'elles soient léoèrement mobiles, comme les 
brins et les filets des autres Paradisiers, on peut supposer qu'elles consli- 
tuent une gêne, en même temps qu'un ornement pour le mäle dont elles 
sont certainement l'apanage exclusif. Toutefois, cette gêne n’est que tem- 
poraire, les longues plumes étant des parures de noces qui tombent après 
la saison des amours, laissant le mâle assez semblable, comme aspect, à la 
femelle, qui, à son tour, diffère probablement peu des femelles de Sifilets. 

Le Parotia Carolæ se distingue encore plus nettement du Parotia sex- 
pennis, ou Sifilet ordinaire, qu’on ne pourrait le croire d’après la diagnose 
succincte de M. A. B. Meyer. Dans cette diagnose, en effet, il n’est point 
fait mention d’une disposition très curieuse des plumes de la tête, disposi- 
tion qu’on ne retrouve pas chez le Parotia sexpennis et qui est très appa- 
rente chez le mâle que j'ai eu sous les yeux. Voici en quoi elle consiste. 
Les plumes des-côtés du front et des lores se relèvent de chaque côté en 
une double crête frangée de blanc d'argent et lévèrement infléchie en 
dedans à son bord supérieur. Ges crêtes, qui rappellent un peu les disques 
céphaliques du mâle de l’Astrapia nigra, forment, en se réunissant anté- 
rieurement, une sorte de coquille bivalve entrebaillée laissant apercevoir 
une plaque soyeuse et mordorée qui représente la plaque argentée du 
vertex du Parotia sexpennis. Au lieu de s'étendre seulement jusqu’au ni- 
veau du bord antérieur de l'œil, comme dans cette dernière espèce, cette 
plaque soyeuse se prolonge d’ailleurs chez le P. Carole jusqu'au delà de 
l'orbite, à la rencontre d’une plaque nuchale, à reflets métalliques, moins 
développée en revanche que chez le P. sexpennis. D'autre part, le plastron 
de plumes écailleuses qui couvre le devant de la poitrine offre des reflets 
aigue-marine , dorés et lilas, au lieu de reflets verts et dorés comme chez le 
P. sexpennis. Enfin, les filets qui ornent la tête, au nombre de trois de 
chaque côté, chez le P. Carolæ comme chez le P. sexpennis, sont relative- 
ment plus courts dans la première espèce; ils n'arrivent guère qu’à l’ex- 
trémité des couvertures alaires et se terminent non par un large disque, 


OR: 


mais par une très petite palelte ovale. Ils sont précédés de deux ou trois 
brins avortés. 

Les trois oiseaux cédés au Muséum par M. van Renesse van Duivenbode 
proviennent des monts Yaour, situés au sud-est de la baie Geelwinck qui 
s'ouvre dans la côte seplentrionale de la Nouvelle- Guinée. [ls sont origi- 
naires de la même région que le Pteridophora Alberti et le P. Carole dé- 
crits par M. Meyer, puisque mon savant collèoue et ami indique, comme 
lieu de provenance de ces Paradisiers, les montagnes voisines du fleuve 
Ambernon qui se jette dans la mer sur la côte orientale de la baie Geel- 
winck. 


SUR LE DÉVELOPPEMENT 
DE LA coqui£ze DES MoLLusques LAMELLIBRANCHES VW), 


par M. FÉécux BErnarn. 


Au début de recherches entreprises pour éclaircir la question, encore 
mal connue, de la phylogénie des Lamellibranches, j'ai constaté la néces- 
sité de procéder à une revision morphologique, fondée sur le développe- 
ment de la charnière de la coquille chez les Lamellibranches des types 
Hétérodonte et Desmodonte, qui forment pour les anatomistes l’ordre des 
Eulamellibranches. J'ai été précédé dans cette voie par M. Munier-Chalmas , 
et, dans la dernière séance de la Société géologique (18 février 1895 ), nous 
avons pu constater la concordance de recherches faites séparément et sur 
des types différents. 

Un point désormais acquis est que le ligrament commence par être interne 
et logé dans une fossette triangulaire. Les dents se développent, dans les 
cas de plus grande complication, aux dépens de quatre lamelles à chaque 
valve. Elles sont disposées par paires de chaque côté du ligament; j’appel- 
lerai, pour la valve gauche, À et C les lames antérieures, O et Q Tes lames 
postérieures; pour la valve droite, B et D les lames antérieures, P et R les 
lames postérieures. L'ordre des lettres indique leur disposition respective, 
les lamelles alternant d’une valve à l’autre, en partant du bord dorsal. 

Les lames postérieures ne franchissent presque jamais la fossette où est 
logée la portion interne, en voie d’accroissement, du ligament. (Excep- 
tions : Unionidés, Tridacnidés). En tous cas, elles ne se divisent jamais. 

Les lames antérieures, en se repliant et en se seomentant, donneront 
naissance aux dents latérales antérieures et aux dents cardmales. Tous les 
cas examinés, comprenant la presque totalité des familles, montrent en 


Le travail complet paraîtra prochainement dans le Bulletin de la Société géo- 
logique de France. 


principe le même mode de développement, mais avec des arrêts ou des 
accélérations permettant de les grouper sous trois types, reliés par des 
termes de transition et ne constituant pas des séries laxonomiques. 


Premier type (Astartidés, Carditidés, Lucinidés, Crassatellidés, etc. ). — 
La lame dorsale À donne naissance à la dent cardinale postérieure (A,) et 
la lame G,.qui vient rejoindre le sommet, se segmente à une dent cardi- 
nale antérieure (G,) et une dent latérale G,. À la valve droite, les deux 
dents cardinales (B, et B,) dérivent de la lame dorsale. 


Deuxième type (Gyrénidés, Vénéridés , ete.). — Le stade précédent est 
franchi, et la lame GC se recourbe vers le bas en donnant la dent cardinale 
médiane G,; en même temps, D envoie vers le haut un prolongement (P,) 
qui vient s'intercaler entre G, et G, et forme la dent cardinale médiane de 
la valve droite. Il y a alors trot dent cardinales à chaque valve. 


Troisième type (Tellinidés, Donacidés , Mésodesmatidés , etc. ). — Une dent 
cardinale avorte à chaque valve (B, et G,), et l'on retombe sur un type à 
deux dents cardinales; mais, à la valve droite, la dent postérieure D, n’est 
pas homologue de celle (B,) qui occupe la même place dans le premier 


type. 


Formes à ligrament interne. — Quand le ligament reste interne pendant 
toute la vie, il peut arriver qu'il envahisse plus ou moins complètement le 
plateau cardinal et arrête le développement de certaines dents, ou bien 
encore s'établisse sur une dent développée en cuilleron. Tous les cas de tran- 
sition existent entre le type réduit et les précédents; les formes à ligament 
interne se répartissent facilement parmi les autres et semblent en dériver 
par une sorte d'arrêt de développement dans le sens tangentiel. L'ordre 
des Desmodontes, de Neumayr, ne peut donc être maintenu. 

Il serait prématuré de fonder une classification sur les seules données de 
ces recherches; mais la comparaison de l’évolution de la charnière, faite au 
point de vue ontogénique et paléontologique, avec celle des organes in- 
ternes, permettra sans doute d’éclaireir bien des points encore obscurs. 


(GLANDES SALIVAIRES DES LiBELLULID&, 


par M. L. Borpas, 


DOCTEUR ÈS SCIENCES NATURELLES, STAGIAIRE AU MUSÉUM. 


Les glandes salivaires des LisezLuzinæ n’ont pas encore été l’objet d’une 
étude d'ensemble. Dufour ne soupçonne pas leur existence; Leuckart, 
Leydig , qui se sont occupés de l'anatomie des Insectes, gardent, de même, 


os 


le silence à ce sujet; seul, Poletajew, en 1880, dans une note présentée à 
l'Académie des sciences par M. Blanchard, décrit en quelques mots les 
glandes salivaires de certaines Æschnidæ : Æschna grandis, ete. (Voir 
CR. AcSe., t. XCT, ps 289.) à 

Dans notre étude, nous nous sommes occupé des glandes salivaires de 
huit espèces de Libellulidæ : Libellula depressa, L. pectorahs, L. cærules- 
cens, L. sanguinea, L. fulva, L. cancellata, L. erythræa, L. striolata ; mais, 
comme ces organes diffèrent peu d’une espèce à l’autre, nous ne décrirons 
que les glandes de la Labellula depressa. Chez cette espèce, l'appareil glan- 
dulaire comprend deux massifs : un #assif thoracique et un massif buccal. 

Les glandes thoraciques sont paires et disposées en deux groupes d’inépai 
volume : un groupe sus-œæsophagien et un groupe sous-æsophagien. 

Le premier, très réduit, est situé au-dessus de la première partie du 
tube digestif. Les grappes glandulaires qui le constituent présentent la 
forme d’une languette triangulaire recourbée, à base dirigée en avant, 
enveloppant les parois latérales et supérieures de l'œsophage. Elles sont 
unies aux grappes sous-æsophagiennes par un large pédicule vertical. Les 
groupes sous-æsophagiens sont pairs et chacun d’eux ne dépasse pas 1°",5 
de longueur sur 0"",35 de large. Cette portion glandulaire est composée de 
deux grappes à peu près semblables, symétriques par rapport à l’'œsophage 
et reposant sur le côté externe du premier ganglion thoracique. La face 
supérieure de la glande est sillonnée de dépressions comblées par du tissu 
musculaire et des fibres conjonctives. Le conduit excréteur de chaque glande 
est long, flexueux et cylindrique. Il traverse le thorax, pénètre dans la tête 
et se fusionne avec son congénère pour constituer un canal impair, très court, 
qui va déboucher vers l’origine de l'œsophage. Cette glande est disposée 
en grappe. Chaque ramuscule terminal s’abouche dans un lobule ou acinus 
sphérique, pluricellulaire et pourvu d’une cavité centrale ovoïde. Les cana- 
licules et les canaux excréteurs sont munis intérieurement d’épaississe- 
ments spiralés analogues à ceux des trachées. 

Les glandes buccales sont paires et reposent sur la ligne médiane de la 
face inférieure de la languette. Elles sont ovoides, à extrémité postérieure 
arrondie el possèdent une cavité centrale entourée de larges cellules poly- 
onales étroitement imbriquées entre elles. Les deux canaux efférents, très 
courts, débouchent à la face inférieure de la languette. 


Céronines DE Mapacascar. DESCRIPTIONS D'ESPÈCES NOUVELLES, 


par M. J. Küvwcexez n'Hercurais. 


Parmi les Insectes coléopières, les Cétonides sont richement représentées 
à Madagascar; elles ont une physionomie propre qui les distingue de leurs 


— 53 — 


congénères des autres régions du globe, et elles ne rentrent dans aucune 
des coupes génériques où sont rangées aussi bien les espèces africaines que 
celles de l'Inde, de l'Indo-Chine et de la Malaisie; à elles seules, elles im- 
primeut un caractère tout particulier à la faune de la grande île. Siles Bothro- 
rhina remplacent les Cerathorrhina, les Tmesorrhina, les Chordodera de 
l'Afrique intertropicale, les Heterrorrhina des régions intertropicales de 
l'Afrique et de l'Asie, les RhomborrhinadeT Asie méridionale , les genres Hete- 
rophana, Callipechis , Doryscelis, Ghromoptilia, Stenotarsia, Rhinotarsia, Lios- 
traca, Epixanthis, Euchalia, Parachilia, Anochilia, Bricoptis, Dirrhina, Pan- 
tolia , Coptomia , Pogonotassus , Euchræa , ele, sont exclusivement madécasses. 

C'est au voyageur Justin Goudot que nous sommes redevables des pre- 
mières et des plus belles récoltes qui sont venues, en 1834, enrichir le Mu- 
séum de Paris, celui de Berlin et nombre de collections particulières ; ce sont 
elles qui ont permis à Gory et Percheron, à Burmeister, à M. Em. Blanchard 
de créer la plupart des genres et de décrire une multitude d'espèces. Depuis 
lors, le D' Coquerel, M. A. Grandidier, MM. Pollen et Van Dam, le 
R. W. Deans Cowan, MM. Ebenau , Hildebrandt, Raffray, Humblot, Sikora, 
elc., pour ne citer que les principaux naturalistes, ont rapporté leur contin- 
gent d'espèces nouvelles de Gétonides, qui ont été étudiées successivement par 
Coquerel, MM. Van Heyden, Waterhouse, Janson, Fairmaire, Kraatz et 
nous-même. Dans l'Histoire physique et naturelle de Madagascar, publiée par 
M. À. Grandidier, nous avons représenté cent vingt espèces ou variétés de 
Cétonides ; à l’heure actuelle, on peut estimer qu'il existe encore à figurer 
plus de trente espèces, réparties dans les collections françaises et étran- 
gères, et les explorations futures feront, sans nul doute, connaître de nou- 
velles formes. 

Nous décrirons ici quelques espèces ou variétés nouvelles recueillies par 
M. Sikora sur le plateau de l’Imerine et qui font partie des collections du 
Muséum. Nous leur avons donné des noms qui rappellent le souvenir des 
premiers explorateurs de Madagascar. 


Anochilia flavipennis , Kraatz; var. nigra, n. var. 

Femelle. Corps, pattes et antennes d’un noir profond; face inférieure du 
corps et pattes à poils noirs; clypéus roux à la région antérieure, noir à la 
partie postérieure; la coloration rousse pénètre dans cette partie noire, 
dessinant une pointe médiane, alors que le noir tend à pénétrer dans la 
partie rousse en suivant les deux sillons profonds du clypéus; corselet noir 
à bordure latérale d’un roux flave, les deux teintes séparées par une ligne 
largement sinueuse; écusson noir, à tache centrale rousse; élytres flaves 
avec une large bande noire couvrant la moitié de leur étendue; entourant 
l'écusson, cette bande s’élargit en cercle à la hauteur de l’étranglement des 
élytres, se rétrécit ensuite et se termine en pointe en longeant la suture; 
une tache humérale noire; bande marginale noire ceinturant complètement 


D 7 DE 


les élytres et ne rejoignant pas la suture; pygidium et sternites abdomi- 
naux sans taches blanches. Longueur, 20 à 21 millim, 


Anochilia flavipennis , Kraatz; var. rufa, n. var. 
Femelle. Même description que pour la précédente, avec cette différence 
que la bande noire des élytres est interrompue sur le second quart de sa 


longueur par une large tache d’un beau rouge de Venise. Longueur, 20 à 
21 millim. 


Anochilia Flacourti, n. sp. 

Cette espèce se différencie de l'A. flavipenmis, Kraatz, surtout de la var. 
rufa, par des caractères fort nets. 

Mâle. Corps et pattes noirs; antennes d'un noir roussâtre, face infé- 
rieure du corps à poils roux; clypéus noir à extrémités roussâtres: tête 
noire densément ponctuée entre les yeux; corselet noir ponctué; écusson 
noir et lisse; élytres noires avec une large bande médiane et transversale 
d’un jaune roux, ainsi qu'une tache jaune à chaque épaule; chacune des 
élytres porte quatre lignes indéeises de points allongés etirréguliers; pygt- 
dium ponctué à quatre taches blanches; petites lignes blanches sur les 
deuxième, troisième et quatrième sternites de l’abdomen; points blancs sur 
les premier, deuxième et troisième sterniles de l'abdomen, à la hauteur des 
taches du pygidium. Longueur, 19 à 20 millim. 

Femelle. Elle diffère du mâle par la coloration et la ponctuation du cor- 
selet, dont les côtés sont, en outre, ornés d’une large tache rousse qui 
atteint les bords ; élytres sans tache humérale; taches blanches abdominales 
manquant en partie. Longueur, 18 à 20 millim. 


Anochilia Frobervillei, n. sp. 

Femelle. Coloration générale : rouge de Venise. Corselet orné de deux 
taches noires plus ou moins étendues et de deux points également noirs ; 
élytres à deux taches noires plus ou moins étendues. Dessous du corps 
passant, par place, au brun, ainsi que les trois dents du bord externe des 
tibias de la première paire de pattes: poils de ia face ventrale et des pattes 
roux clair à reflets dorés. Longueur, 19 millimètres. 


Coptomia Ellisi, n. sp. 

Femelle. Coloration générale vert brillant en dessous, avec parfois des 
reflets jaunâtres; vert olivâtre en dessous, ayant parfois des teintes d’un 
roux clair. Clypéus et tête d’un vert foncé, finement ponctués; corselet vert 
à ponctuation clairsemée; écusson vert, lisse; élytres vertes, ornées cha- 
cune d’une bande longitudinale jaune, contournant l'épaule et se prolon- 
geant jusqu’à l'extrémité sans l’atteindre; ces élytres portent chacune cinq 
stries formées de points alignés et distancés irrégulièrement ; pygidium 
vert foncé couvert de poils noirs. De tous les points de la tête du corselet 


CN (e 


et de ceux qui dessinent les stries des élytres se dressent des poils noirs 
qui donnent à tout linsecte un aspect villeux. Pointe sternale neltement 
accusée; face ventrale d’un vert olive; les pattes ont leurs cuisses vertolive 
foncé passant au brun et les jambes ainsi que les tarses bruns, Longueur, 
14 millim, 


Coptomia Olivert, n. sp. 

Mâle et femelle. Oblongo-ovalaire; entièrement brun olivâtre très bril- 
lant, glabre en dessus. Tête assez finement et peu régulièrement ponctuée ; 
clypéus profondément échancré en avant, à sillons latéraux bien marqués; 
covselet très faiblement sinué au bord postérieur, à ponctuation extrême- 
ment fine, surtout sur le disque; écusson pentagonal absolument lisse ; ély- 
tres non striées à ponctuation à peine visible, absolument glabre, à lex- 
ception de l'extrémité déclive des élytres qui porte quelques poils dressés ; 
cette partie déclive est finement vermiculée et surmontée d’une dent courte 
mais aiguë; pygidium densément vermiculé. Saillie mésosternale plus longue 
que large. Face inférieure de la tête et des cuisses des deux premières 
paires de pattes et face antérieure des hanches de la première paire de 
pattes et de la saillie mésosternale hérissées de longs crins noirs. Longueur, 
20 à 21 millimètres. 

Mâle. Abdomen très lévèrement déprimé longitudinalement en dessous; 
pattes moins robustes. 


NOUVELLES ESPÈCES DE PHALÆNIDÆ RECUEILLIES À MouPiIN 
PAR L'ABBE À. Davip, 


PAR M. G.-A. PourADE, PRÉPARATEUR D'ENTOMOLOGIE. 


1° Hyposidra Davidaria : Envergure, 57 millimètres. 
Ailes très oblongues, les supérieures fortement falquées à l’apex, d’un 
brun chocolat clair en dessus et en dessous, traversées par trois lignes dia- 


gonales nuageuses à peine distinctes; quelques mouchetures blanchâtres à 
leur base. 


Une femelle, 


> Drepanodes subferrugineata : Aïles oblongues d’un rose saumoné en 
dessus et orangées en dessous avec atomes pris; supérieures lévèrement 
falquées à l’apex avec une diagonale couleur de rouille et un point cellu- 
laire gris; cette ligne se continue sur les ailes inférieures parallèlement à 
une autre située presque au milieu. 

Une femelle. 


3° Heterolocha mediolimbata : Envergure, 36 millimètres. 
Couleur générale olivâtre clair aspergée de fines lignes d’une couleur 


Ro Sr 


violacée qui est plus étendue vers la base et aux bords externes des ailes. 
Les supérieures tridentées, traversées obliquement par une bande d’un 
ton olivâtre, chaud et brillant, lisérée extérieurement d’une ligne fine, 
nette et denticulée de couleur gris-perle. Cette bande se continue aux ailes 
inférieures, lesquelles sont anguleuses et denticulées aux nervures. A l’ex- 
trémité de la cellule des supérieures la teinte violette laisse un espace ar- 
rondi de la couleur du fond. 
Un mâle. 


4° Ellopia pseudomacariata : Aïles ayant une forte dent médiane, les 
supérieures falquées à l’apex; d’un jaune d’ocre clair piqueté de grisâtre. 
Ligne coudée, noiràtre, large à la côte, dentée extérieurement et se conti- 
nuant en grisätre sur l'aile inférieure; une tache costale, un trait apical et 
une partie des franges également de couleur noirâtre. 

Une femelle. : 


5° Hypochroma sinapiaria : Envergure, 60 millimètres. 

D'un vert de moutarde clair finement moucheté de brunâtre. Ailes à 
denticulations marquées entre les nervures par des lunules brunes. Cou- 
dée denticulée aux nervures, sinuée et suivie d’une ombre d’un noir léger; 
des taches d’un brun verdâtre représentent la subterminale; extra-basilaire 
fortement denticulée; abdomen à double rangée de toufles verdâtres. 

Une femelle. 


6° Xandroma xanthomelanaria : Envergure, 90 millimètres. 

Couleur générale brune vergetée perpendiculairement aux ailes supé- 
rieures de linéoles olivätres, ces ailes sont parlagées par un large espace 
d'ocre jaune clair, nuancé de brun olivâtre vers l'angle interne; ailes infé- 
rieures bordées d’ocre jaune vif. 

Un mâle. 


7° Gnophos lilliputata : Envergure, 16 millimètres. 

Aïles supérieures non dentées, inférieures à denticulations arrondies; 
fond d’un blanc terne vergeté perpendiculairement de cendré ombrant, la 
base et les espaces compris entre l’extra-basilaire et la coudée; ces ‘204 
nières, teintées d’olivâtre de même que le point cellulaire en forme d’an- 
neau et les taches garnissant les denticulations de la subterminale; franges 
blanches précédées de points internervuraux noirâtres. Antennes simples, 
plus fortes chez le mâle, tibias postérieurs élargis et renflés munis de 
quatre éperons. C’est la plus petite espèce du genre. 

Un mâle et une femelle. 


8° Hemithea flagellaria : Envergure, 32 millimètres. 
Couleur générale d’un roux lilas (peut-être vert clair lorsque insecte 


[L 


+ : Ve 


est frais), avec fines lignes perpendiculaires blanches, Ligne coudée se 
détachant en blane, à denticulations nervurales, et sinuée extérieurement, 
Ailes inférieures à denticulations arrondies formant une pelite queue vers 


le milieu. 


Antennes pectinées. 
Deux mâles. 


9° Acidalia roseolimbata : Envergure, 25 millimètres. 

Ton général, ocre jaune très pâle, les quatre ailes bordées de rose 
tendre limité par la coudée sur laquelle apparaît par taches la couleur du 
fond; points cellulaires noirs. 

: Deux spécimens. 


10° Maicromtia Thibetaria : Envergure, 29 millimètres. 

Oblongue, d’un blanc soyeux, la coudée représentée par une double 
hgne droite tremblée de même que la subterminale; elles sont obliques 
aux ailes supérieures. Une ligne simple borde les quatre ailes avant la 
frange. 

Antennes pectinées. 

Deux mâles. 


11° Erosia auroguttata : Corps et ailes blancs, les supérieures à trois 
lignes brunes droites; les deux médianes obliques, l’autre en bordure; 
ailes inférieures à deux pointes limitant une concavité bordée de brun; la 
dernière est suivie d’un fort point noir placé sur une demi-bande d’un 
jaune d'or; une ligne brisée inférieurement traverse ces ailes parallèle- 
ment au bord interne. 

Une femelle. 


12° EÉrosia? Mabillaria : Envergure, 26 millimètres. 

Ailes oblongues, blanches, les inférieures prolongées en queue. Ligne 
coudée brune, fine, irrégulièrement tremblée et sinuée, très pâle sur les 
ailes inférieures ; extra-basilaire indiquée par trois points. 

Antennes à pectination courte et serrée. 

Une mâle. 


13° Numeria lateritiaria : Envergure, 34 millimètres. 

À peu près de la forme d'Eurymene dolabraria; d'un jaune roux vif, 
brunissant aux bords externes, surtout aux ailes supérieures. La coudée est 
presque droite, oblique, de couleur gris-perle se continuant aux ailes infé- 
rieures ainsi que l'ombre médiane parallèle à celle-là. Une ombre formée 
de petits traits verticaux est à la place de l’extra-basilaire. Point cellulaire 
surmonté d’une ombre aux ailes supérieures. 


Un mâle. 


Muséum. D 


EUR “|. 


14° Eusarca subfalcata : Oblongue; ailes supérieures à apex aigu légè- 
rement falqué, de couleur ocre jaune pâle avec la coudée figurée par une 
ligne brune, oblique, légèrement sinuée, suivie de deux bandes fondues 
d'un roux clair dont l'intervalle forme une ligne claire parallèle à la coudée. 
Aïles inférieures d’un blanc terne. 

Une femelle. 


15° Sehdosema calotæniata : Envergure, 38 millimètres. 

Couleur générale : ocre jaune clair légèrement tiqueté. Ailes supé- 
rieures à bord externe sinué extérieurement, inférieures irrégulièrement 
denticulées prolongées en petite queue. Ombre médiane indiquée aux su- 
périeures par une tache costale violacée, et bien marquée aux inférieures 
par une bande violacée; ligne coudée figurée aux supérieures par des points 
nervuraux et se continuant plus accentuée aux inférieures où elle se réunit 
à l'ombre médiane vers le bord interne; la subterminale figurée aux ailes 
supérieures et inférieures par trois ou quatre taches dont la plus forte à 
l'angle interne. Franges entrecoupées de lunules violacées; antennes forte- 
ment pectinées. 

Un mâle. 


16° Pachyodes Daviduria : Envergure, 60 millimètres. 

Ailes supérieures d’un vert clair strié perpendiculairement et largement 
maculé de brun clair, point cellulaire représenté par un trait oblique d’un 
noir velouté, Aïles inférieures d’un jaune d’or avec la base d’un brun clair 
et quatre grosses taches d’un brun azuré dont une centrale et trois à la 
place de la coudée. Franges brunâtres précédées de lunules internervurales 
noirâtres. 

Une femelle. 


17° Pachyodes leucomelanaria : Envergure, 52 millimètre. 

Corps et ailes d’un blanc léger, ces dernières maculées perpendiculaire 
ment de noir tendre qui borde les supérieures jusqu'à la coudée; deux 
grosses taches aux inférieures : l’une à l’apex et l'autre vers l'angle anal 
qui est teinté de rouille. Collier roux très clair; antennes fortement pecti- 
nées jusqu'aux deux tiers. 

Un mâle. 


18° Terpna dorsocrislata : Envergure, 58 millimètres. 

D'un blanc terne finement aspergé d’atomes d’un brun verdâtre; eoudée 
en angle obtus figurée par des points nervuraux bruns; une tache trian- 
gulaire costale d’un noir bleuâtre à la place de l’extra-basilaire; subternu- 
nale indiquée par trois taches d’un noir bleuâtre plus fortes aux ailes supé- 
rieures. Points cellulaires en angles obtus. Abdomen ayant une ligne 
dorsale de poils en touffes frisées. 

Une femelle. 


ie DD à. 


19° Lobophora? nudariata : Envergure, 26 millimètres. 

Corps et ailes supérieures d’un blanc terne; la lignée coudée représentée 
par une série sinueuse de points noirs nervaraux et la subterminale par 
une série presque parallèle de points internervuraux plus gros; bord 
externe garni de points semblables contre la frange. Point cellulaire en- 
touré extérieurement d’une ombre branâtre; extra-basilaire figurée par trois 
points précédés de trois autres basilaires et internervuraux. Ailes infé- 
rieures d’un gris très elair plus foncé au bord externe avec une ombre mé- 
diane et le point cellulaire à peine indiqué, Antennes filiformes, 

Deux mâles, 


20° Cidaria Moupinata : Envergure, 42 millimètres. 

Ailes supérieures rousses, ardoisées à la base et au bord externe à 
partir de la coudée; celle-ci formée de quatre lignes sinueuses d’un brun 
vif à la côte et plus pâles inférieurement; subterminale en deux ou trois 
lignes parallèles à la coudée; apex marqué d’un triangle noirâätre. Basilaire 
et extra-basilaire droites formées de trois lignes tremblées d’un brun vif. 
Ailes inférieures gris pâle; la coudée est double et à peine indiquée. 

Une femelle. 


21° Polythrena Miegata : Envergure, 25 millimètres. 

Jaune de chrome clair avec de larges taches noires; aux ailes supé- 
rieures , une apicale échancrée intérieurement suivie de deux rondes quelque- 
fois réunies , une costale allongée sinuée, puis trois autres basilaires paral- 
lèles, quelquefois confondues; enfin une tache irrégulière au bord interne. 
Aux ailes inférieures la disposition des taches est à peu près la même. Ab- 
domen annelé de noir. 

Le dessous des ailes supérieures du mâle présente un faisceau de poils 
noirs, raides, partant de la partie inférieure de la base. 


22° Erateina discothyrata : Envergure, 23 millimères. 

Couleur générale : brun foncé légèrement mordoré; une bande blanche 
transparente arrondie aux extrémités partage l'aile supérieure, trois points 
ronds également vitrés occupent les ailes : aux supérieures un apical et 
deux basilaires, aux inférieures ils sont placés vers la côte. Le dessous est 
plus pâle et présente de petites taches irrégulières fauves qui apparaissent 
en peu en dessus. 

_ Un mâle. 


= a 


Sur uN DORSTENIA NOUVEAU DE L AFRIQUE CENTRALE 
( DoRsTENIA ScAPu1GERA ), 


par M. En. Bureau. 


M. Dybowski, dans son dernier voyage au Congo, après avoir remonté 
l'Oubangui, s’est engagé dans la rivière Kemo, affluent de la rive droite, 
et l’a remontée aussi jusque dans la partie supérieure de son cours, où 1 a 
établi un poste. De là, il est passé dans une région dont les eaux se dé- 
versent dans le lac Tchad. Du bassin du Tchad, 1 n’a pu rapporter d’her- 
bier, mais autour du poste du Haut-Kemo il a recueilli quelques plantes ; 
c’est jusqu'ici la localité la plus septentrionale de nos possessions du Congo 
français dont on ait reçu des échantillons. 

Parmi ces plantes se trouve un Dorstenia tout à fait remarquable par 
‘étrangeté de son inflorescence. 

C’est un petit arbuste, et par conséquent une plante ligneuse, ce qui 
est tout à fait exceptionnel dans le genre, mais qui se voit cependant dans 
quelques autres espèces africaines : ies Dorstenia kameroniana Engl. et elhip- 
tica Bur. par exemple. Les rameaux paraissent glabres à l'œil nu, mais, 
à la loupe, on voit que les plus jeunes sont parsemés de poils courts et 
défléchis. Les feuilles sont distiques et insérées sur le rameau à o m. 04- 
o m. 05 l’une de l'autre. Leur pétiole, de o m.005 à o m. 008 de long, 
est herbacé, pubescent, à poils ascendants, et étroitement canaliculé en 
dessus ; leur limbe est membraneux, très mince, de taille très variable, 
car sa longueur varie de o m. 055 à o m. 17, et sa largeur de o m. 025 
à o m. 080 (les feuilles mférieures des rameaux étant plus petites que les 
autres). Ce limbe est obovale-lliptique ou elliptique, obtus ou anguleux à 
la base, à bords entiers, cependant très lépèrement et irrégulièrement si- 
nueux , atténué au sommet en un acumen obtus, mais mucroné, à face su- 
périeure glabre, à face inférieure pubérulente sur les plus fortes nervures 
seulement. Les nervures secondaires sont au nombre de six à neuf, arquées- 
ascendantes, ou anastomosées en arc extérieurement, après avoir émis des 
nervures lerliaires très minces, qui s’anastomosent en un réseau fin et 
lâche, peu apparent. Les inflorescences sont axillaires, solitaires. Leur pé- 
doncule, très grêle, brièvement pubescent, à poils ascendants, long de 
0 m. 011 à Oo m. 014, élargi au sommet, supporte une sorte de nacelle 
pointue aux deux bouts, dont la forme rappelle tout à fait celle de ce genre 
de canot qui porte le nom de baleimére. Ce singulier organe est composé 
du réceptacle proprement dit et d'un bord membraneux qui ‘entoure. 
Le réceptacle, continuation et expansion du pédoncule, a la forme d’une 
lame longue et très étroite, dirigée transversalement et attachée par le mi- 
lieu de son bord inférieur ; cette lame forme la quille de la nacelle dont je 
viens de parler, et présente, à son bord supérieur, des fleurs qui occupent 


ei OR mu 


ainsi le fond intérieur de la petite barque et semblent en constituer le 
chargement. Ces fleurs sont les unes mâles et les autres femelles. Les fleurs 
femelles sont très profondément enfoncées dans le réceptacle, presque jus- 
qu'au bord inférieur de la lame , bord qui est longé par des faisceaux fibro- 
vasculaires partant du pédoncule. Les faisceaux du pédoneule, en effet. 
se répartissent en deux groupes : l'un suit le bord inférieur droit de la lame 
réceptaculaire, l'autre le bord inférieur gauche; il y a ainsi une bifurca- 
tion, et chacune des deux branches envoie des ramifications dans les fleurs, 
soit mâles, soit femelles, sous lesquelles elle est placée. L'ovaire, aplati, 
est libre dans une cavité du réceptacle, rétrécie à l'ouverture, qui est en- 
tourée d’un périgone rudimentaire, gamophylle et lobulé, IT n’y a qu'une 
seule loge contenant un ovule attaché latéralement, campulitrope, à 
raphé regardant la paroi de la loge, et à micropyle dirigé en haut. Le style, 
très court, passe à travers l'ouverture et se divise aussitôt en deux stig- 
males linéaires, divergents et recourbés en dehors. 

Les fleurs mâles sont superficiellement enfoncées dans le réceptacle. Le 
périgone , attaché sur le bord de cette petite cavité, est formé de deux sé- 
pales très petits, très courts et très obtus. Les étamines sont au nombre de 
deux, et placées devant chaque sépale; elles ont les filets incurvés avant 
l'épanouissement, et les anthères introrses, biloculaires, globuleuses. 

Dans l'inflorescence que j'ai examinée, 11 y a trois fleurs femelles, pla- 
cées dans la partie moyenne, et seize fleurs mâles, quelques-unes entre- 
mêlées aux fleurs femelles, les autres sur la partie des branches du récep- 
lacle plus éloignée du centre de linflorescence. Les trois fleurs femelles 
et la plupart des fleurs mâles sont sur une seule ligne et rangées dans le 
plan passant par les deux branches du réceptacle ; les deux stigmates des 
fleurs femelles, les deux pièces du périanthe et les deux étamines des fleurs 
mâles de la même rangée sont aussi dans ce plan ; mais il y a quelques 
fleurs mâles qui semblent insérées en dehors de cette ligne : elles ont leur 
périanihe et leurs étamines placés en sens inverse, c’est-à-dire dans un 
plan perpendiculaire au plus grand diamètre de l’inflorescence. 

Du bord supérieur de la lame réceptaculaire, qui a o m. 04 de long, 
part une membrane presque foliacée, une sorte de limbe de o m. 006 
de diamètre, formant les parois de la petite barque. Les parois, étalées 
à plat, auraient donc ensemble o m. 012 de diamètre; mais elles sont 
relevées et constituent la cavité au fond de laquelle sont rangées les 
fleurs. Le limbe est parcouru par des nervures nombreuses, qui figurent 
les membrures de la nacelle; elles sont irès fines, rameuses et anasto- 


mosées en arcades. Vers les extrémités du réceptacle, la membrane se ter- 


mine en pointe le long du prolongement nerviforme de cet organe, de 
sorte que chaque extrémité semble une partie supérieure de feuille avec sa 
nervure médiane. Le contour de cette membrane est entier, sauf un sinus 
large et peu profond au milieu de chaque bord externe, de sorte qu’on 


PS | nee 


pourrait aussi comparer l’ensemble à deux feuilles concaves très largement 
soudées par leurs bases. 

Je propose de donner à cette plante le nom de Dorstenia scaphigera , 
pour rappeler la forme singulière de son inflorescence. Parmi les ésphegt 
appartenant à ce genre, qui sont au nombre de près de soixante, c'est. du 
D. Psilurus Welw. et bicuspis Schweinf. qu'elle s'éloigne le moins. La 
première est d'Angola, la seconde du pays des Niamniams. Ses aflinités 
africaines ne sont donc pas contestables; mais ces deux espèces sont her- 
bacées , et si leur réceptacle est, comme celui de l'espèce nouvelle, divisé 
en deux cornes, ces cornes sont de longueur très inégale. Ce réceptacle est 
en outre complètement dépourvu de la membrane foliacée que le D. sca- 
phigera est seul à posséder, et qui pourrait engager à en faire un genre 
nouveau, si les fleurs n'étaient pas exactement semblables à celles des autres 
Dorstenia. 

Le D. scaphigera constitue une section nouvelle dans le genre. On peut 
en donner la diagnose suivante : 

D. scaphigera , caule lignoso, ramis junioribus puberulis pilis brevibus 
deflexis, foliis obovato-ellipticis v. elhpticis, membranaceis, acuminatis, 
acumine obtuso, apiculato, receplaculo gracillime pedunculato , lineari- 
complanato, transverse margine inferiore medio inserto, superiore flori- 
gero, floribus in lineam disposilis, femineis paucis in regione media recep- 
taculi insertis et immersis, masculis multo magis numerosis, aliquot 
femineis interpositis, cæleris in reglone terminali receptaculi crurium 
sparsis, sepalis staminibusque duobus. 


Petit arbuste. Poste de la mission, Haut-Kémo. 16 avril 1892. N° 716. 
Dybowski. 


SUR QUELQUES PLANTES DE LA CHINE OCCIDENTALE, 


PAR À. Francner. 


M. Delavay, dont les explorations dans la Chine occidentale ont enrichi 
l'herbier du Muséum de tant de précieux documents, a séjourné en 1894 
dans le district de Long-ki, situé par 27 degrés de latitude N., au point de 
contact des provinees de Yunnan, de Su-tchuen et de Kweïtchéon. C’est 
une région très montagneuse, sans toutefois que les plus grandes altitudes 
y dépassent 3,500 mètres, et qui occupe un des replis, ouvert au Sud, de 
la chaine des hautes montagnes du Yang-tsé-Kiang inférieur. Sa situation 
lui donne un climat tout particulier; les courants d'air chaud, venant du 
S. O., se condensent au contact des grands sommets qui leur opposent, au 


} Seapha, æ, barque; gerere, porter. 


AE PP 


N. E., une barrière infranchissable et s'y résolvent en pluies abondantes 
durant la plus grande partie de l’année, ne permettant au soleil que de 
rares apparitions, durant lesquelles son disque ne se montre que voilé 
par des brumes. 

Ces conditions sont d’ailleurs tout particulièrement propices à la végé- 
tation; la constance de la température, dont la moyenne est de + 20 degrés 
environ, fournit un nouvel élément plus spécialement favorable au déve- 
loppement des végétaux ligneux. Aussi M. Delavay écrit-il que la propor- 
tion des arbres et des arbrisseaux est si considérable qu'on peut l’évaluer 
à plus des deux tiers de l’ensemble de la végétation. Les forêts y sont for- 
mées d’essences très variées, que M. Delavay dit n'avoir vues nulle part 
ailleurs. Malade et isolé, il n’a pu malheureusement se procurer les fleurs 
ou les fruits que des arbrisseaux ou des plantes herbacées, dont il a néan- 
moins réussi à conserver environ 700 espèces, malgré les diflicultés de 
préparation résultant de l'extrême humidité du climat. 

Les collections de M. Delavay sont parvenues au Muséum au commence- 
ment de janvier de cette année; elles renferment beaucoup de types nou- 
veaux ; j'en ferai connaître ici quelques-uns. 


Ponopayzium Decavayt, sp. nov. — Folia tenuiter papyracea, centrice 
peltata, ambitu varie angulala, nunc subquadrata, antice palmatim 
329 loba, lobis ovatis denticulatis vel subintegris, postice late truncata vel 
leviter incurva, nunc grosse dentata; folia caulina bina subopposita, basi- 
lari conformia sed minora; pedunculus uniflorus, 15-20 mill. longus, 
recurvus, pilis strigosis hirtus; petala 6-7 rubescentia, lineari-oblonga, 
subacuta; stamina petalis isomera illisque dimidio breviora. 

Hab. in silvis circa Long-ki (Delavay, n° 5087). 

Diffère très nettement du P. Emodi et du P. peliatum par la forme 
étroite des pétales et par celle des feuilles. 


BERBERIS SUBTRIPLINERVIS, Sp. nOV. — ( WMahonia). Foliola 3-4 juga, co- 
riacea , subtus eximie pruinosa, late obovata, acuminata, e medio ad basin 
cuneata, intepra, superne dentato-spinulosa, terminali multo majore ; 
nervi 3-5 ,e basi limbi flabellatim orti, mox arcubus rotundatis anasto- 
mosantibus juncli, nervo medio nervis lateralibus vix crassiore; racemi 
plures inter perulas lanceolatas persistentes orti, laxiflori; pedicelli graciles 
flore triplo longiores; petala pallide lutea. 

Hab. in silvis regionis excelsæ cirea Tchen-fong-chan (Delavay, 
n° 50924). 

Se distingue du B. nepalensis par ses folioles beaucoup plus larges et 
surtout par sa nervalion triplinerviée ou quintuplinerviée, la nervure 
médiane étant à peine plus saillante que les autres. 


Rugus vreurnirozius, sp. nov. — Glabrescens, subinermis, aculeis 


PU 


minimis recurvis; ramul perulati, perulis persistentibus; folia breviter 
peliolata coriacea e basi rotundata lanceolata, acuminata, denticulata, mox 
etiam subtus glabra; stipulæ membranaceæ, fulvæ, lineari-lanceolatæ, 
petiolum æquantes; flores ramulos foliatos terminantes , laxe et simpliciter 
racemosi; pedunculi tomentelli bracteas stipulis conformes æquantes; 
sepala tomentella mox reflexa; petala parva alba; receptaculum longe 
pilosum ; achænia plurima, glabra. 


Hab. in silvis circa Tchen-fong-chan (Delavay). 

Port du À. acuminatus ; feuilles plus coriaces, moins acuminées; stipules 
et bractées membraneuses, beaucoup plus srandes que celles du À. acu- 
minalus , persistantes; pédicelle et calice blancs tomenteux. 


CARUM TRICHOMANIFOLIUM, Sp. nov. — Humile, glabrum; folia omnia ba- 
silaria, triternatisecta, laciniis tenuissimis »-3 mil. vix longis; caulis foliis 
2-3 plo longior, sæpius simplex, nunce bifidus; involucrum nullum; rad 
umbellæ 15-25, sub anthesi breves, mox elongati fere capillares valde 
inæquilongi; umbellulæ trifloræ, flore centrali triplo longius pedicellato; 
involucelli foliola 2 vel 3 subulata; sepala erecta, subulata, inæqualia, 
longioribus dimidium fructus fere æquantibus ; petala alba, oblonga, apice 
inflexo, intruso; styli elongati, stricte erecti, contigui; mericarpia anguste 
oblonga apice constricta; carpella obscure 5 costata. 

Hab. in silvis circa Long-ki (Delavay, n° 4909). 


AINSLIÆA NERVOSA, sp. nov. — Folia crasse coriacea, prima ætate subtus 
lanuginosa, mox glaberrima, inferiora longe petiolata anguste oblongo- 
lanceolata, acuta, inferne longiissime attenuata, margine subtiliter calloso- 
denticulata, nervis subtus crassis, omnibus elongatis, subparallelis, su- 
perne laxe anastomosantibus; inflorescentia (folia superans) e racemis 
compositis in paniculam angustam dispositis; capitula triflora; squamæ 
4 driseriatæ, interioribus lanceolatis exteriores ovatas 6 plo longioribus; 
achænia fusiformia, dense pilosa, pilis albidis erectis adpressis. 

Hab. in fissuris rupium secus rivulos prope Long-ki (Delavay). 

Diffère des seules espèces voisines, A. sutchuenensis, A. lancifolia et 
À. glabra, par la consistance coriace des feuilles et surtout par la disposi- 
tion des nervures très allongées parallèlement au limbe. 


PRIMULA GHARTACEA , sp. nov. — Folia longe petiolata, chartacea glabra, 
ovato-suborbiculata, basi leviter cordata, obscure crenato-dentata, subtus 
glauca, pinnatim sub 7 nervia, utraque facie crebre fusco puncticulata ; 
pedunculi sæpius plures, 2-3 flori; pedicelli tenuissime puberuli; calyx 
pedicello duplo brevior urceolatus, ad medium 5 fidus, lobis oblongis 
obtusis punetis rubris resinosis præsertim ad marginem conspersis; corolla 
roseo-lilacina, hypocraterimorpha, lobis obovatis bifidis; pedicelli post an- 


En, 


thesin inerassati, calyce vix accrescente; capsula sphærica tubum non 
superans. 

Hab. in bambusetis prope Long-ki et in rupibus adumbratis ad Tehen- 
fong-chan (Delavay, n° 4914). 

Appartient au groupe du Primula obconica, mais diffère de toutes les 
espèces qui le composent par la nature parcheminée des feuilles, par la 
forme du calice, dont le tube est urcéolé et les divisions profondes. 


PrimuLa sinuara, sp. nov. — Humilis, glabra; folia membranacea, 
oblongo elliptica, in petiolum longe attenuata, oblusa, margine sinuala ; 
peduneulus folus brevior 1-3 florus, bracteis pedicellos æquantes; calyx 
tubulosus, ad tertiam partem 5 lobus, lobis ovatis, obtusis; corolla alba 
vel rosea, longe tubulosa, limbo craterimorpho, lobis obovatis breviter 
bifidis. 

Hab. in silvis montanis prope Tchen-fong-chan. 

Les feuilles ressemblent tout à fait à celles du P. Watt King, mais la 
forme de la corolle et celle du calice sont très différentes dans les deux 
plantes. 


PRimuLA BREviscAPA , sp. nov. — Folia membranacea, ovato oblonga, in 
petiolum longum lanuginosum attenuata, secus nervos parce pilosa, cætte- 
rum glabra, margine crebre erosodentata; flores baud raro ante folia pro- 
deuntes, pedunculis 5-8 floris, lanuginosis, sub anthesi quam folia bre- 
vioribus, nunc etiam brevissimis; pedicelli piloso-elandulosi, sub anthesi 
bracteis vix longiores, demum elongati; calyx membranaceus, campanu- 
latus, ad medium Bfidus, lobis ovato-lanceolatis, acuminatis; corolla 
violacea ,hypocraterimorpha , lobis breviter bifidis; capsula globosa tubum 
calycis non superans. 

Hab. in rupibus madidis ad Tehen-fong-chan (Delavay ). 

Assez voisin du P. sonchifoha, 1 en différe par ses feuilles qui ne sont 
pas roncinées, par la présence d’une villosité laineuse et par la forme très 
aiguë des divisions du calice. 


ASARUM CARDIOPHYLLUN , Sp. nov. ( Enasarum). — Rhizoma longe radicans ; 
rami epigæl elongati erecti, uniflori; folia sæpius 4 per paria subopposita, 
vel inferiora duo alterna; petioli lanuginosi; limbus petiolo paulo brevior, 
exacte cordiformis, utraque facie (præsertim ad nervos) strigoso-pilosus ; 
flores inter folia duo suprema solitarii, peduneulo gracili hirto perianthium 
subæquante; perianthium (exeluso apiculo) 2 cent. longum, viridescens, 
extus sparse pilosum, paulo ultra medium trilobum , lobis ovato-lanceolatis, 
_caudiculatis, caudicula filiformi 1 cent. longo; stamina 19 circa apicem 
ovari inserta, filamentis 4 exterioribus extrorsum geniculatis ; anthera fila- 
mento vix brevior, connectivo parvo suborbiculato; ovarium fere totum 


mms (0 


immersum, superne attenuatum; styli erecti, elongati, breviter bilobi, apice 
recurvo parum incrassato stigmatifero. 
Hab. in silvis cirea Long-ki (Delavay, n° 4go1). 
Évidemment voisin de l'A. caudigerum Hance , dénomination s ous laquelle 
plusieurs espèces sont confondues, d’après M. Hooker; l'A. cardiophyllum 
s'en distingue facilement par ses tiges florifères allongées et grêles, portant 
k feuilles disposées en paires distantes. 


Asarum Decavayt, sp. nov. (Heterotropa). — Glaber ; caulis floriferus bre- 
vissimus, vix pollicaris; folia longe petiolata, prima æfate tenuiter mem- 
branacea, mox firmiter chartacea, quoad formam eximie polymorpha, 
constanter acuminata, ovato vel oyvato-lanceolata, sinu nune fere clauso, 
lobis margine interiore subparallelis contiguis, margine exteriore constrictis , 
sinu nunc plus minus aperto, lobis parum divergentibus; perianthium 
magnum (plus quan bipollicare), atropurpureum , trilobum , intus veluti- 
num, lobis late ovato-triangularibus sese invicem basi obtegentibus, 
marpgine ciolatis, venosis ; Lubus infra lobos constrictus , intus alte reticulato- 
corrugatus, ad faucem papillis crassis annulatus; stamina 12 subæqualia, 
filamentis brevissimis; connectivus late ovatus, parum conspicuus ; styli 
bifidi, lobis lanceolatis acuminatis erectis, apice reflexo stigmatosis. 

Hab. in silvis opacis prope Long-ki (Delavay, n° 5205). 

Les fleurs sont grandes comme celles de l'A. maximum Hemsl., mais la 
forme du périanthe est très différente, celui de l'A. maximum n'étant point 
resserré à la gorge et ne présentant ni anneau de papilles, ni réseau de 
rides, L’A. macranthum s'éloigne davantage. 


INFLUENCE DE LA SAISON SUR LA VIRULENCE DU VENIN DE VIPÈRE, 


par MM. C. Puisacix et G. BERTRAND. 


y a longtemps qu'on a remarqué combien sont variables les accidents 
consécutifs aux morsures de Vipères. Mais les explications qu'on en à 
données sont contradictoires. Pour les uns, ces différences tiennent unique- 
ment à la quantité et au mode de pénétration du venin; pour les autres, 
au contraire, elles résultent surtout des variations de toxicité de ce venin. 
H n’est pas douteux que la quantité de venin et son mode de pénétration 
influent sur la gravité de la morsure; quant à la varialion de virulence, 
rien jusqu'ici n’en démontre la réalité. C’est sans aucune preuve qu'on a 
admis cette variation, l’attribuant tour à tour à l'influence de la variété, de 
l'âge, du sexe, de la saison, etc. 

Déjà Ambroise Paré écrivait en parlant des Aspics (Œuvres, 6° édi- 
tion, 1607, p. 757) : «Outre ces choses, faut entendre que le lieu et le 


SU ea 


temps auquel les bêtes venimeuses sont nourries donnent plus où moins 
de vigueur à leur poison, car celles qui sont nourries aux montagnes et 
lieux secs sont plus dangereuses que celles qui sont nourries en lieux froids 
et marécageux. Aussi toutes morsures de bêtes venimeuses apportent plus 
de danger en été qu'en hiver. Davantage, celles qui sont affamées ou ont 
été irritées sont plus dangereuses que les autres, et leur venin est plus 
pernicieux à jeun qu'après qu'elles ont mangé. Pareillement, les jeunes et 
qui sont amoureuses, c'est-à-dire en rut, sont plus malignes que les 
vieilles et que celles qui ne sont pas en rut. Aussi on tient que le venin des 
femelles est plus dangereux que celui des mâles. » 

Les mêmes aflirmations ont été rééditées depuis par la plupart des 
auteurs. Nous les avons soumises au contrôle de l’ expérience, et nous avons 
reconnu que seules l'influence de la saison et de la localité étaient vraiment 
eflicaces. 

Pour mettre en lumière l'influence de la saison, nous avons essayé la 
toxicité du venin de Vipères provenant de la même localité, mais à des 
époques différentes. Il va sans dire que nous avons toujours procédé de la 
même manière, c'est-à-dire avec du venin desséché dans le vide, inoculé à 
des animaux de même poids. Nous sommes arrivés à ce résultat tout à fait 
général, que la virulence du venin augmente d’une manière continue du prin- 
temps jusqu'a l'automne. À ce moment, elle a plus que doublé. Nous avons 
cherché à expliquer ce fait et, bien que nous n’ayons pu faire d'expériences 
avec des Vipères capturées à la fin du repos hibernal, nous pensons que le 
venin, si actif à la fin de l’année (dernière expérience 2 décembre), pos- 
sède à ce moment sa virulence maximum. C’est seulement au printemps, 
au réveil des fonctions physiologiques, qu'une hypersécrétion rapide de 
venin riche en plasma inactif vient diuer la provision de substances 
toxiques accumulées dans la glande. L'équilibre se rétablit ensuite peu à 
peu. 


SUR L'ACTION PHYSIOLOGIQUE DE LA PEPTONE ET SUR L'INFLUENCE DES 
INJECTIONS INTRAVASCULAIRES DE CETTE SUBSTANCE SUR LA COAGUBILITÉ 
DU SANG CHEZ LE CHIEN, PAR CH. CONTEJEAN. 


(LABORATOIRE DE PATHOLOGIE COMPARÉE. ) 


Les expériences de A. Schmidt-Mülheim, P. Albertoni, G. Fano et 
À. Grosjean nous ont appris que la peplone injectée dans le torrent circula- 
toire chez le Chien suspend momentanément la coagubilité du sang, que 
cet effet est dû non à la peptone elle-même, mais probablement à un pro- 
duit de transformation de cette substance, enfin qu'un animal ayant recu 
dans les vaisseaux une injection de peptone ou de tryptone peut, dans les 


UE 


vingt-quatre heures qui suivent, supporter une injection de peptone sans 
que le sang perde alors la faculté de se coaguler. Il est momentanément 
immunisé contre l'effet anticoagulant. 

J'ai montré récemment : : 

1° Qu'un Chien ayant reçu dans les vaisseaux, quelques heures aupara- 
vant, une petite quantité de sang incoagulable d’un deuxième Chien intoxi- 
qué par la peptone, se trouve temporairement immunisé contre l’action 
anli-coagulante de cet albuminoïde ; 

2° Qu'on pouvait aussi obtenir ce résultat par injection intrapéritonéale 
du sérum de sang de Chien immunisé; 

3° Que limmunité temporaire est due non à l'imprégnation de l'orga- 
nisme par la peptone, mais à une réaction provoquée par la substance 
anticoagulante ; 

°° Que probablement la substance anticoagulante n’est pas de la pep- 
tone transformée comme on le croit, mais est secrétée par un organe sous 
l'influence de l’albuminoïde toxique ; 

5° Que cette substance anticoagulante ne se produit pas ou se produit 
en très faible quantité dans les muscles et les glandes vasculaires sanguines 
(thyroïde, pancréas, rein, etc. ); 

6° Que, au contraire, la substance en question se produit en quantité 
notable dans le foie ou dans la masse intestinale; 

7° Que les animaux immunisés, capables de recevoir dans les veines 
nne quantité énorme de peptone sans que leur sang perde la propriété de 
coaguler, sont très sensibles à l’action de la substance anticoagulante fabri- 
quée dans le corps d’un autre Chien; 

8° Que, par suite, l'organisme des Chiens immunisés, pendant la durée 
de la période réfractaire, ne secrète plus en quantité suflisante la substance 
anticoagulante, mais est incapable de la détruire plus vite que l’oroanisme 
du Chien normal, quand on lintroduit dans leurs vaisseaux. 

Les expériences m’autorisant à émettre ces conclusions et leur discussion 
sont déjà en partie publiées dans les Archives de physiolopie normale er patho- 
logique (1895 } et seront l’objet d’un nouveau mémoire dans le même re- 
cueil. 


RECHERCHES SUR LES ÉCHANGES GIZEUX DES MUSCLES ISOLÉES DU CORPS, 


par J. Tissor. 


(LABORATOIRE DE PATHOLOGIE COMPARÉE. ) 


On a cherché à étudier les phénomènes respiratoires des muscles en 
les isolant du corps et les plaçant dans air, puis en analysant la quantité 
de gaz absorbés ou dégagés. Valentin, Liebig, Matteucai , les premiers, ont 


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employé cette méthode. Matteucci a découvert que, pendant le travail mus- 
eulaire dans l'air, il y a augmentation de la quantité d'oxygène absorbée 
et de la quantité d'acide carbonique exhalée. Hermann à repris toute 
la question et conclut de ses expériences : 

«1° Que les échanges gazeux du muscle sont dus à la putréfaction qui 
se fait à sa surface ; 

«2° Qu'il n'y à aucun rapport entre l'absorption de l'oxygène et l'exha- 
lation d’acide carbonique; ce sont deux phénomènes indépendants; 

«3° L’oxygène de Pair n’a aucune action sur le muscle, et l'absorption 
de ce gaz n’est pas un phénomène vital, puisque le muscle mort en absorbe 
comme le muscle frais ; 

he L'augmentation de l'absorption d'oxygène pendant le travail est due 
à l'agitation du muscle, mettant sa surface en contact continuel avec de 
nouvelles couches d'air. Le muscle en repos, mais agité, présente le même 
phénomène. » 

J'ai repris toutes ces questions. J’ai démontré déjà, dans un mémoire 
antérieur (?, qu'en l'absence totale de microbes à la surface du muscle, 
celui-ci dégage de l'acide carbonique et absorbe de l'oxygène; que les ré- 
sultats discordants obtenus dans les expériences de ce genre étaient en 
partie dus à la putréfaction. 

Dans une nouvelle série d'expériences, j'ai démontré : 

1° Que l'absorption d'oxygène par le muscle est un phénomène essen- 
tiellement vital ; 

2° Que ce phénomène diminue d'intensité lorsque l’excitabilité du muscle 
diminue : 

3° Qu'il disparaît dans le muscle mort; 

4° Qu'il est favorisé par certaines conditions , notamment par une tem- 
pérature déterminée qui est optimum ; 

5° Que le travail l'amplifie. 

L'agitation pure et simple du muscle dans Fair, donnée par Hermann 
comme ayant le même résultat que le travail, ne produit aucune augmen- 
tation ni dans l'oxygène absorbé, ni dans l'acide carbonique produit, même 
si l’on a agité le muscle beaucoup plus qu'il ne l’est pendant le travail. 

Une autre série d'expériences m'a montré que les divergences qui existent 
dans les chiffres relatifs d'oxygène absorbé et d’acide carbonique produit 
ne sont qu'apparentes, et qu'au contraire il y a là des phénomènes con- 
stants ; j'ai vu qu'il ne faut pas considérer la totalité de l'oxygène exhalée 
par le muscle comme étant formée par lui. Dans les échanges gazeux d’un 
muscle avec l'atmosphère, il faut tenir compte de deux phénomènes diffé- 
renis : 

1° D'un phénomène purement physique : dégagement de l'acide car- 


® Recherches sur la respiration musculaire. (Arch. de physiologie, nov. 1893.) 


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bonique préformé et contenu dans les tissus à l’état de dissolution où de 
combinaison très instable; 

2° D'un phénomène physiologique de production d'acide carbonique dû 
à l’activité vitale du muscle, véritable phénomène de respiration musculaire 
avec absorption d'oxygène et production d'acide carbonique. 

La respiration propre du muscle peut être isolée de l'autre phénomène 
d'une manière très simple. On étudie comparativement les échanges gazeux 
du muscle dans l'air et ceux du muscle similaire du même animal dans 
une atmosphère privée d'oxygène, dans l'hydrogène ou lazote, par 
exemple. Dans ces deux gaz, le premier phénomène seul se produit, 


SUR LA DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE DES CRUSTACES 
DE LA SOUS-FAMILLE DES LITHODINÉS, 


par E.-L. Bouvier. 


En 1841, quand Milne-Edwards et Lucas écrivaient leur mémoire sur 
la Lithodes brevipes, la sous-famille des Lithodinés ne comptait pas plus 
de trois espèces, la Lithodes maia, la Lithodes camischatica et la P. brevipes, 
toutes trois localisées dans les mers les plus froides de l'hémisphère boréal. 
Les recherches effectuées plus tard au voisinage des deux pôles augmen- 
tèrent bientôt cette liste fort restreinte et, en 1881, avant la publication du 
résultat des premières grandes explorations sous-marines, le groupe des 
Lithodinés renfermait 23 espèces réparties dans 1 0 genres différents. À cette 
époque, on pouvait être frappé déjà par la distribution bizarre des Crusta- 
cés de cette sous-famille, car les 23 espèces de Lithodinés connues formaient 
deux sections parfaitement distinctes ; l’une, de 2 espèces seulement con- 
finée dans le voisinage de la Terre de Feu, l’autre de 21 espèces distri- 
buée toutes dans les mers froides de lhémisphère boréal. Parmi ces 
21 espèces, 20 appartenaient au Pacifique septentrional , et la Lithodes maia 
représentait seule le groupe dans les régions sub-polaires de Atlantique. 
Depuis cette époque, les recherches côtières et les dragages effectués au 
fond des océans nous ont fait connaître 26 autres espèces, dont les unes 
sont distribuées dans le Pacifique septentrional, les autres, pour la plu- 
part, dans divers points des mers chaudes, où elles paraissaient faire 
complètement défaut. Ayant eu l'occasion d'étudier au Muséum un grand 
nombre des espèces de la sous-famille, et connaissant d'autre part toutes 
celles décrites par les différents auteurs, j'ai pensé qu'il y avait quelque in- 
térêt à rechercher les causes de la distribution géographique des Lithodimés. 

La sous-famille des Lithodinés se trouvant actuellement représentée 
dans presque toutes les mers du globe, et, à peu près, sous toutes les lati- 


V_  « 


SE 


tudes, on est en droit de se demander si ses représentants n'ont pas évolué 
sur place ou s'ils sont issus d'une forme commune très localisée, dont les 
descendants se seraient progressivement répandus dans la plupart des 
mers. La pranière de ces hypothèses me parait inadmissible, pour les rai- 
sons suivantes : 1° la sous-famille est très homogène, les formes du pôle 
sud ne se distinguant des formes correspondantes du pôle Nord que par des 
caractères d'ordre purement spécilique; a° les espèces deviennent de plus 
en plus rares à mesure qu'on s'éloigne des mers arcliques, pour se rap- 
procher des mers antaretiques ; 3° les espèces primitives du groupe, celles 
qui montrent les caractères paguriens les plus accentués (tribu des Hapa- 
logastriques) , sont localisées aujourd'hui encore dans les mers boréales , d'où 
l'on peut conclure que la sous-famille a pris son origine dans ces mers, et 
qu'elle s’est ensuite répandue dans les autres océans. 

Avant d'étudier le mode suivant lequel s’est effectuée celte dissémination, 
il est nécessaire de rappeler que la sous-famille ne compte pas moins de 
38 représentants (sur 4g) dans le Pacifique septentrionai, et que loules ses 
formes primitives (Hapalogastriques) s'y trouvent, sans exception, absolu- 
ment localisées; on doit en déduire que celte région de l'Océan a servi de 
berceau à la sous-famille, et qu'elle reste encore actuellement son vrai 
centre d'émigralion. 

IL est diflicile de fixer exactement l’époque où a dû commencer celte 
émigration, mais sil’on songe que les premiers Crustacés anomoures n’ap- 
paraissent pas avant le milieu de la période jurassique et que les Eupagu- 
riens, qui sont les ancêtres certains des Lithodinés, comptent eux-mêmes 
parmi les Anomoures très modifiés, on est en droit de penser que les 
Lithodinés primitifs ne firent guère leur apparition avant le début de la 
période éocène. À cette époque, ils pouvaient envoyer des représentants 
vers le Sud, dans l’océan Pacifique déjà existant, mais ils ne pouvaient 
émigrer dans l'Atlantique septentrional qui n'était pas encore ouvert. Ce 
dernier océan se creusa vers la fin du miocène, mais 1] ne communiqua 
bien directement avec les mers arctiques qu'au milieu du pliocène, c’est-à- 
dire à une époque où la température ne différait pas sensiblement de celle 
d'aujourd'hui. Pendant que s’effectuaient ces phénomènes orogéniques, les 
Lithodinés continuaient leur évolution, les espèces primitives restant sub- 
littorales et groupées au sud de la mer de Behring, certaines espèces déri- 
vées, telles que les Lithodes, descendant à des profondeurs assez grandes 
et remontant beaucoup plus loin vers le pôle. Les espèces sublittorales, 
contrariées par les glaces, n’ont jamais pu s’aventurer dans les mers fran- 
chement polaires, mais les Lithodes, profitant des profondeurs moins gla- 
cées, ont pu s’y frayer un chemin et atteindre par cette voie l'Atlantique. 
C’est ainsi que la Lithodes maia à pu gagner le Groënland, la mer de 
Barentz et la mer du Nord où on la trouve encore aujourd’hui , et se dis- 
tinguer peu à peu de la L. Couesi et de la L. æquispina qui la représentent 


MR 


actuellement dans la mer de Behring; c’est vraisemblablement aussi par le 
même procédé que d’autres formes des mers profondes, la Rhnolithodes 
biscayensis, la Lithodes ferox, la L. tropicalis et les Neolithodes ont pu 
s’avancer vers les régions plus méridionales de Atlantique et jusqu'à sa 
zone subtropicale. L’émigration de ces formes par le détroit de Panama est 
peu probable, car on n’a jamais signalé, dans la mer des Antilles, malgré 
des investigations rigoureuses, un seul représentant de la sous-famille des 
Lithodinés. 

Dans le Pacifique, rien n’empêchait l'émigration de commencer beau- 
coup plus tôt, mais comme les Lithodinés recherchent avant tout les eaux 
tempérées ou même froides, leurs formes sublittorales (Hapalogastriciens 
Cryptolithodes , la plupart des Echidnocerus) ont dû commencer assez tard 
à s’avancer vers le sud et ne dépassent même pas aujourd’hui la côte mé- 
ridionale de la Californie, où de très rares espèces semblent s’accoutumer 
peu à peu aux chaleurs subtropicales. Quant aux formes d’eau profonde, 
trouvant toujours des régions sous-marines suffisamment froides, elles 
purent commencer leur émigration beaucoup plus tôt et s’avancer aussi 
loin que possible vers le pôle antarctique : elles peuplèrent les profondeurs 
du Pacifique tropical (Lithodes panamensis, Paralomis longipes , P. aspera, 
Rlhinolithodes  cristatipes, Echidnocerus diomedeæ), atteignirent le Chik 
(Neolithodes diomedeæ), redevinrent sublittorales dans les eaux glacées du 
détroit de Magellan (Paralomis verrucosa, Lithodes antarcticu) ou, restant 
abyssales, se dirigèrent dans l'Atlantique jusqu’au Rio de la Plata (Para- 
lomis formosa) et dans l'Océan austral jusqu’à l'ile du Prince-Edward 
(Lithodes Murrayi, Paralomis aculeata). Cette émigration continue sans 
doute aujourd'hui et atteint peut-être les profondeurs de la mer des Indes 
et les parages australiens, c’est-à-dire les deux régions du globe où les Ei- 
thodes paraissent faire complètement défaut ; elle n’a, du reste, nullement 
appauvri les mers boréales qui servirent de berceau à la sous-famille ; 
actuellement, en eflet, l'hémisphère septentrional compte 43 espèces sur 
ho connues et, dans ce nombre, 38 appartiennent au Pacifique et 29 au 
moins aux régions froides de cet océan. 


BULLETIN 


MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE. 


ANNÉE 1895. — N° 3. 


———Jhé— 


3° RÉUNION DES NATURALISTES DU MUSEUM. 
29 MARS 1899. 


ee 


PRÉSIDENCE DE M. MILNE EDWARDS, 


DIRECTEUR DU MUSÉUM. 


Le Président dépose sur le bureau le deuxième fascicule du Bul- 
letin parn le 19 mars et contenant les communications faites dans 
la séance précédente. 

fl annonce que l'Assemblée des Professeurs, afin de reconnaitre 
les services rendus à l'Établissement, a nommé Correspondants du 
Muséum : 


MM. Adolphe Boucarn ; 
Edouard Banc; 
J.-D. Pasreur, Inspecteur du service télégraphique et 
postal aux Indes Néerlandaises. 


? 


CORRESPONDANCE. 


M. Hamy annonce la mort de M. Henry Carrey, capitaine de fré- 
gate en retraite, qui a jadis contribué à nous faire connaître l’an- 
thropologie des îles Tuamotou, où 1l a recueilli pour le Muséum 


une intéressante collection. 


M. L. Gerra, dans une lettre datée de Tanga, rend compte du 
Muséux. 6 


Se UE 


voyage qu'il poursuit dans l'Afrique orientale, et pendant lequel il 
a recueilli des collections de Quadrupèdes, d'Oiseaux et d’Insectes 
destinées au Muséum et qu'il expédiera par la voie de Zanzibar. 


M. Mixcewarque écrit de Porto-Novo (Dahomey) qu'il envoie 
deux caisses contenant des Oiseaux et que par le courrier du mois 
de mars il fera parvenir au Muséum de nouvelles collections. L'état 
de sa santé ne lui permet pas de rester au Dahomey et il rentrera 
prochainement en France. 


M. Brussaux, ancien chef de station au Congo, actuellement 
élabli dans la République de l'Uruguay, se met à la disposition du 
Muséum pour l'envoi d'animaux et de plantes de cette contrée. 


Au nom de M. Brscnerezze, M. Ph. van Tixcnem fait hommage 
au Muséum, pour sa bibliothèque, d'un Mémoire récemment im- 
primé au tome XX des Annales des sciences naturelles, Botanique , sous 
le titre de Florule bryologique de Tahiti, Nukahiva et Mangareva, et 
s'exprime en ces termes : 


« M. Bescherelle est aujourd'hui, comme chacun sait, notre pre- 
mière autorité en Bryologie. Il a consacré beaucoup de temps et de 
soins, 11 y a quelques années, à la détermination et au classement 
de la collection des Muscinées du Muséum, collection qui est main- 
tenant rangée et mise à la disposition des travailleurs, comme nos 
autres collections cryptogamiques, dans les locaux de mon ancien 
laboratoire, rue de Buffon, 61, où elle est fréquemment consultée. 

« Appuyé sur cette base, et utilisant à mesure les envois faits au 
Muséum par nos voyageurs-naturalistes, 1l a publié bon nombre 
de mémoires sur les Mousses exotiques, notamment sur les Mousses 
de la Chine, sur les Mousses du Japon, et surtout sur les Mousses 
des colonies françaises : Antilles, Mayotte, la Réunion, Tonkin, etc. 
C'est à cette seconde série que se rattache la nouvelle publication 
que je présente aujourd'hui. 

« Je suis heureux de saisir cette occasion pour rappeler les ser- 
vices rendus par M. Bescherelle à la Science et au Muséum, dans 
l'ordre d’études dont la direction m'est confiée, et pour lui en 
adresser 161 des remerciements publics ». 


RE 


7 


NT mu 


COMMUNICATIONS. 


CE, 


SUR UNE COLLECTION DE PORTRAITS DES Proresseurs pu Mus£um, 
FORMÉE À LA BIBLIOTHÈQUE, 


par M. J. Deniker. 


Depuis deux années environ je m'occupe à former, à la Bibliothèque, 
une collection de portraits des anciens professeurs de notre établissement. 


Cette collection devra comprendre, d’après le programme que je me suis 


tracé, les portraits de tous les surintendants, intendants, professeurs, dé- 
monstrateurs, elc., de l’ancien Jardin du Roi, ainsi que les portraits de tous 
les professeurs du Muséum d'histoire naturelle, depuis ceux qui ont été 
nommés lors de sa fondation en 1793, jusqu'aux prédécesseurs immédiats 
des titulaires actuels des chaires. À l'heure qu'il est, la collection se compose 
d’une centaine de gravures, lithographies ou photogravures, dont soixante- 
trois sont encadrées et exposées dans la partie de la Bibliothèque inutilisable 
pour le placement de volumes, c’est-à-dire dans la rotonde de l'escalier qui 
fait communiquer le rez-de-chaussée avec le premier étage. 

La collection renferme des pièces intéressantes, non seulement à titre de 
souvenir historique, mais encore au point de vue de l'art. Je signalerai, 
entre autres, le portrait de Bernard de Jussieu, dessin à la sanguine et à 
la mine de plomb, malheureusement non signé; le portrait de Fourcroy, 
dessiné et hthographié par Dumont, élève de David, et un autre, du même 
chimiste, remarquable comme un des rares spécimens de bonne gravure au 
lavis ; le portrait d'Alexandre Brongniart, une belle eau-forte d'Henriquel, 
d’après le dessin du graveur; plusieurs gravures d'A. Tardieu, de Nicolas- 
Henri Tardieu, de es Roger, l’habile interprétateur de Prudhon , ete. 

À noter également un beau portrait d’ Étienne-François Geoffroy, doyen 


de la Faculté de médecine et professeur au Jardin de 1707 à 1712, gravure 
_ de Surugue d’après Largillière. Parmi une douzaine de portraits divers de 


Buffon qui se trouvent dans la collection, celui de Pujos, gravé par Van- 
gehsty, est certes le meilleur; il ya aussi quelques bonnes gravures parmi 
les dix portraits de Cuvier, etc. 

Mais la pièce la plus intéressante est incontestablement le portrait de 
Fagon , dernier surintendant du Jardin et professeur de botanique de 1672 
à 1683, gravure d'Edelinck, d’après Rigaud, qui se trouve en tête de la 
thèse soutenue par Tournefort devant la Faculté de médecine de Paris le 
29 novembre 1695, sous la présidence du D' André Enguehard (). 


% Les portraits de Geoffroy, de Buffon et de G. Cuvier ont été projetés sur le 


_ tableau pendant la communication de M. Deniker, qui a présenté évalement à l’as- 


semblée la thèse même de Tournefort, ornée du portrait de Fagon. 


D er 


Cette thèse, dédiée à Fagon, est imprimée, comme toutes celles du xvi° 
et du xvu‘ siècle, sur une grande feuille de papier; elle mesure 86 centi- 
mètres de hauteur sur 52 de largeur et contient la réponse, en cinq para- 
graphes, à la question «s'il y a des maladies provoquées par les irrégu- 
larités dans la circulation du sang ». ( An ab ex: lee sanguins circuitu , mor be?) 

Les thèses illustrées du xvrr° siècle sont assez rares; On n'en trouve que 
quelques exemplaires à la Bibliothèque de F École de médecine. Sans ajouter 
beaucoup à la gloire scientifique de Tournefort, la thèse en question est inté- 
ressante pars sa date; elle est en effet d’une année postérieure : à la publication 
de la première édition de l’œuvre capitale de Tournefort : Éléments de bo- 
lanique ou Méthode pour connaître les plantes ; postérieure aussi de quatre 
années à la nomination du célèbre botaniste à l’Académie des sciences. Le 
üitre de docteur en médecine a donc été probablement délivré à Tournefort, 
bachelier en médecine à 39 ans, surtout en reconnaissance de ses travaux 
scientifiques. - 

La plupart des professeurs du Jardin et du Muséum sont représentés 
dans notre collection par deux, quatre, six ou un plus grand nombre de 
portraits (jusqu’à 12); mais il en manque encore un assez grand nombre 
(une cinquantaine environ). Je fais donc appel à toutes les personnes de 
bonne volonté qui voudraient bien complèter cette collection en y apportant 
des documents nouveaux; elles contribueront ainsi à créer une véritable 
galerie de portraits des savants qui ont rendu célèbre et populaire le nom 
de notre établissement dans le monde entier. 


NOTE SUR LA THÈSE DE TOURNEFORT, 


par M. E.-T. Hay. 


La thèse de Tournefort, dont M. Deniker vient de nous présenter un bon 
exemplaire retrouvé dans les collections formées jadis par M. Desnoyers, 
est un des monuments iconographiques les plus intéressants de l’histoire 
de l’ancien Jardin du Roi. Cette grande feuille imprimée, avec portrait en 


U) Voici d’ailleurs la liste des professeurs, etc., dont il n'existe pas de portraits dans 
la collection : Archiac (D’), Audouin, Becquerel (A.-G.), Berger, Bertamboise, Bouley, 
Bourdelin, Baudineau, Bouvard, Brongniart (Ant.-Adolphe et Ant.-Louis), Boulduc 
(Simon et Gilles-F.), Charras (Moïse), Chirac, Cosme, Cureau de la Chambre 
(M. et Fr.), Danty D'Isnard, Decaisne, Deshayes, Delafosse, Du Fay de Cisternay, 
Dufrénoy, Duverney, Duvernoy, Flourens, Geoffroy Saint-Hilaire (Isid.), Gervais 
(P.), Glaser, Guy de La Brosse, Hunaud, Josson, Jonquet (D.), Jussieu (Ant. de 
el Adrien de), La Billarderie, Lapeyronie (De), Lafaveur, Lémery, Lemonnier, 
Morin, Mertrud (J.-C.), Orbigny (D’), Poirier, Poncelet, Portal, Saint-Yon, 
Vallot, Vicq d’Azir, Vautier. 


RTE di 


tête, ne constate pas seulement, en eflet, la soutenance de la thèse de Fil- 
lustre botaniste; elle rappelle, en outre et surtout, la glorification toute 
particulière de Fagon, à qui elle est dédiée, par la Faculté reconnaissante 
des importants services que lui a rendus le premier médecin du Roi. 

Guy-Crescent Fagon, docteur de Paris depuis plus de vingt-neuf ans, a 
supplanté auprès de Louis XIV, le + novembre 1693, Antoine d'Aquin, 
docteur de Montpellier, disgracié et exilé après vingt et une années de ser- 
vices. Ge dernier, particulièrement hostile à École de Paris, a constamment 
soutenu contre elle la Chambre Royale qu'il présidait, sorte de syndicat de 
médecins reçus en province et qui exerçaient dans la capitale en dépit des 
privilèges de la Faculté. 

A peine nommé premier médecin depuis quatre mois, Fagon emploie 
son influence nouvelle à obtenir une série d'ordonnances royales, dont la 
principale porte qu'aucune personne ne pourra «faire la fonction de mé- 
deein , ni pratiquer la médecine dans la ville et faubourgs de Paris, encore 
qu'il ait obtenu des grades dans les autres Universités du Royaume, qu'il 
ne se soit présenté en ladite faculté de Paris, pour y prendre de nouveaux 
degrés de bachelier, licencié ou docteur, après avoir fait les actes néces- 
saires et subi les examens.» Mais, en même temps, Fagon fait en sorte que 
la Faculté ouvre généreusement ses portes à ces médecins ainsi disqualifiés, 
dont quelques-uns sont des hommes éminents, en les admettant à une nou- 
velle licence, sous le nom de jubrié (jubilæum examen). 

«Après les deputations convenables et rémerciments à M. le Chancelier, 
aux Ministres ct aux premiers Magistrats, la Faculté ne pensa plus, écrit 
son historiographe Jacques-Albert Hazon ®, qu'à faire éclater sa recon- 
naissance envers son illustre bienfaiteur. 

«Pour perpétuer la mémoire du bienfait et de son auteur, elle ordonna 
que son portrait seroit peint, et elle le fit faire, assis, de grandeur natu- 
relle, par M. Rigaud, célèbre peintre, et le plaça dans le lieu le plus émi- 
nent de ses assemblées. 

«Elle ne se contenta pas de ce monument; de concert avec elle, M. Jo- 


 seph Piton de Tournefort, sorti de la Chambre Royale et admis au 7ubilé 


académique, dédia à M. Fagon sa première thèse, sous la présidence de 
M. André Enguehard. (An ab ex lege sanguinis circuitu, morbi?) La con- 
clusion aflirmative. 

« Elle fut soutenue d’une manière digne de celui à qui elle était dédiée : 
les Écoles étoient superbement décorées ; la Thèse (c’est celle que l’on nous 
présente), magnifiquement encadrée, étoit couverte d’un verre de Bohême, 


G) Notce sur les hommes les plus célèbres de la Faculté de médecine en l’Université 
de Paris, depuis 1110 jusqu’en 1700 (inclusivement) extraite (en plus grande 
partie ) du manuscrit de feu M. Thomas Bernard Bertrand... rédigée par M. Jacques- 
- di Hazon, Docteur Régent, etc. Paris, 1778, in-4°, p. 143-144. 


os 


et ornée de sculpture et de dorure : au frontispice paraissoit le portrait de 
lillustre premier Médecin, très bien gravé, et au bas on lisoit les vers 
suivans composés par le poëte Santeuil : 


Quem sibi Rex legit Medicis ex omnibus unum 
Jam per vota diù publica lectus erat : 

Quæ sortes ! quæ fata viro concedita ! Regni 
Dum venit a salvo Principe tuta salus. 


«M. l'abbé Bosquillon traduisit en vers françois les vers latins de San- 
teuil : 


Louis cachoit encore son choix, 
Que le public tout d’une voix 


Pour premier Médecin te nommoit par avance : 
Quel destin est commis à ta vaste science ! 

C’est à toi d'assurer le salut de la France, 

En conservant les jours du plus puissant des Rois. 


«M. Fagon, continue Hazon, répondit d’une manière digne de lui aux 
triomphes que lui avoit décernés la Faculté; il invita toute la Compagnie, 
au sortir de l’Acte, à un repas splendide qui fut servi au Jardin Royal. 

«Santeuil, qui avoit composé les vers en l'honneur de l’'illustre Protec- 
teur de la Médecine, y fut invité avec le Grand-Maître du Collège de Na- 
varre; ce poële fut le second ornement de la table». 


Après cette communication, M. Hamy annonce qu’il a présenté à 
la dernière Assemblée des Professeurs neuf portraits, gravés ou litho- 
oraphiés, de Buffon, Cuvier, Bose, Jacquemint, etc., qui manquaient 
à la collection de la Bibliothèque, et qu'il offre à cet établissement. 


NOTE SUR LA MISSION DU YACHT SÉMIRAMIS, 


par Louis LaPicQue, 
CHARGÉ D’UNE MISSION DU MINISTÈRE DE L’INSTRUCTION PUBLIQUE. 


Avant d'exposer brièvement les provenances des documents que j'ai 
rapportés de ma mission en Extrême-Orient, je dois dire quelques mots 
sur les conditions exceptionnelles dans lesquelles s’est accompli ce voyage. 
J'ai pu disposer pendant plus d’un an d’un navire à vapeur, ce qui m'a 
permis de visiter systématiquement quelques-unes des contrées les moins 
facilement accessibles et les moins connues de l'océan Indien et de la Ma- 


Ms. 


«2 


| — 79 — 


laisie, Ce navire, le yacht Sémiramis , avait été généreusement mis à ma 
disposition par M°° Jules Lebaudy, qui a subvenu à tous les frais de la 
campagne. Si donc les documents qui ont été recueillis dans ce voyage " 
offrent quelque intérêt (et je puis l'espérer après les bienveillants encou- 
ragements que j'ai reçus de maîtres tels que M. Milne Edwards et M. Hamy), 
le mérite en revient à M"° Lebaudy, qui a donné un rare exemple de dés- 
intéressement.et de zèle pour les recherches scientifiques ©. 

La question que je m'étais en première ligne proposé d'étudier est une 
question ethnographique ; c’est la question des Népritos telle que de Qua- 
trefages l’a exposée dans son livre les Pygmées. Ce livre a été, autant 
que j'ai pu, le programme de ma mussion. Mais au commencement du 
voyage les circonstances m'ont obligé à m'en écarter pour quelque temps. 
La Sémiramis, traversant la mer Rouge au mois de décembre 1892, pour 
se rendre dans l'océan Indien, rencontra une tempête qui l'obligea à battre 
en retraite. Sur ma demande, le capitaine choisit Massaouah comme port 
de refuge; il ne crut pas ensuite pouvoir en repartir avant le mois de 
février. J'ai fait de mon mieux pour que cette relâche ne fut pas du temps 
perdu. 

Massaouah, pour un anthropologiste, n’est qu'une porte de l’Abyssinie; 
la bienveillance des autorités italiennes m'a permis de faire diverses re- 
cherches sur la population abyssine; J'ai pu monter jusque sur le plateau, 
à Asmara ; d’ailleurs, on peut voir au port même un grand nombre d’Abys- 
sins, dont les caravanes vont et viennent constamment entre la mer et le 
haut pays. Ghinda, poste militaire et marché situé à mi-chemin, à 60 ki- 
lomètres environ de la mer et 1,000 mètres d'altitude, a été pour moi une 
station d'étude particulièrement favorable. 

J'ai pu récolter un certain nombre de crânes grâce aux circonstances 
suivantes : deux ou trois ans avant mon passage, la famine ravageait l’Abys- 
sinie ; les populations se transportaient vers les ports de la côte dans l'espoir 
d'y trouver la subsistance qui leur manquait; le choléra se répandit parmi 
ces affamés qui erraient sans domicile, les cadavres restèrent là où ils 
étaient tombés. J’ai trouvé ainsi des crânes épars à fleur de sol le long de 
la route des caravanes. Leur provenance ne peut donc être déterminée avec 
une précision parfaite, mais la plus grande partie doit provenir des popu- 
lations habitant le Tigré et les régions au nord de ce pays, c’est-à-dire les 
Bogos, les Habab et les Okule-Kusai; d’ailleurs la comparaison avec les 
56 individus vivants dont j'ai pris les mensurations et dont je connais les 


U) Les photographies et les collections sont exposées dans les galeries de Zoo- 
logie du Muséum, depuis le 16 de ce mois jusqu’au 15 avril. 

@) I est une chose que je regretterai toujours, c’est que plusieurs naturalistes 
n'aient pu profiter en même temps de cette croisière; les circonstances dans les- 
quelles s’est décidé le départ du yacht ont malheureusement rendu une telle com- 


binaison impossible. 


Ce 7 


provenances exactes permettra de vérifier cette attribution, si tant est 
qu'il existe des différences notables entre les diverses branches de la race 
éthiopique. 

L'hiver terminé, la Sémiramis se rendit aussi rapidement que possible 
aux îles Andaman; on le sait, cet archipel est l'asile du témoin le plus pur 
qui soit resté des Népritos. Ceux-ci ont été déjà bien étudiés par les Anglais ; 
mais la France possédait fort peu de documents andamanais. 

Je n'ai d'ailleurs rapporté aucune pièce anatomique, mais bien la col- 
lection ethnographique à peu près complète ©), avec une série de men- 
surations et des photographies; celles de ces dernières qui se rapportent 
à la Petite Andaman sont, je crois, des documents nouveaux pour la 
science. 

L’archipel Mergui, situé non loin dans l'Est des Andaman, sur le même 
parallèle, abrite dans ses détroits une population de pêcheurs nomades 
qui était restée jusqu'ici à peu près inconnue; j'ai pu prendre quelques 
mensurations et une série de photographies; il s’agit là d’une population 
mélangée, où l'élément malais domine ©. 

Dans la Péninsule Malaise, m’attachant uniquement à l'étude des popu- 
lations sauvages de l'intérieur, j'ai pu obtenir des séries entières, photo- 
graphies et mensurations, de populations dont on n'avait observé que des 
individus isolés; dans le nord de l'Etat de Perak, dans la chaîne de mon- 
tagnes couvertes de forêts vierges qui sépare le bassin du Krian de la haute 
vallée du Perak, j'ai examiné deux tribus dans lesquelles tous les individus 
ont les cheveux parfaitement crépus et la peau couleur du chocolat; les 
photographies et mensurations démontrent qu'il s’agit de Négritos presque 
purs et ces documents tranchent la question, contrairement aux conclusions 
de Mikluho-Maklay qui voulait attribuer aux Papous l’élément négroïde 
dont l'influence s’accuse, plus ou moins masquée par le métissage, chez 
tous les sauvages de la Péninsule. 

La série des Sakais du Batang-Padang montre un élément indonésien qui 
n'avait pas encore été signalé dans la Péninsule; enfin, j'ai obtenu, sur la 
rivière Saïong , une série de Jakouns; dans le détroit de Johore, une série 
d'Orang-Sletar, populations sur lesquelles on n'avait que des documents 
insuffisants. 

Malheureusement , je n’ai pas pu me procurer un seul crâne dans la 
Péninsule Malaise. 

J'ai été plus heureux à Florès, où j'ai pu en obtenir six; la région que 
j'ai cherché à étudier de ce côté est le pays où l’on parle la langue Sobor, 


G@ Voir L. Laricoue, Objets provenant des îles Andaman (Soc. d’anthrop. de 
Paris, 19 avril et 3 mai 1894). " 

@) Voir L. Laricque, Quelques observations anthropologiques et ethnographiques 
sur les habitants des îles Mergui (les Silon) [ Soc. d’anthrop. de Paris, 1° mars 
1894]. 


eus QD 


région ethnographique constituée par la partie orientale de Florès et les 
trois Îles d’Adonara, Solor et Lomblem; le port de Larantouka (Florès) en 
est le centre et la capitale; cinq des crânes proviennent des environs de 
Larantouka , le sixième de l’île d'Adonara. 

Je cherchais dans cette région la zone de contact entre Négritos et Papous. 

La population est très mélangée et l'étude en est fort difficile; j'ai pris 
un assez grand nombre d'observations sur le vivant, photographies et 
mensurations, mais je laisse à M. le professeur Hamy, si compétent sur 
ces questions, la tâche délicate de dire quels sont les éléments ethniques 
qu'on y rencontre, 

Après une courte excursion à Timor, la Sémiramis retraversa l'océan 
Indien et vint explorer les côtes du Beloutchistan et de la Perse. J'ai exa- 
miné la population sur divers points entre l'Indus et le fond du golfe 
Persique; j'ai reconnu partout l’introduetion d’un élément noir, facile à 
caractériser comme africain. 

À Tès, près de Teharbar (Mekran perse), j'ai rencontré les ruines assez 
étendues, d’une ville aujourd’hui complètement abandonnée. Au milieu de 
ces ruines, 1 y a un grand nombre de sculptures creusées dans le roc; en 
particulier je remarquai une butte gréseuse qui était percée de tombes aussi 
rapprochées les unes des autres que les alvéoles d’un nid de guêpes; les 
érosions atmosphériques avaient, depuis l’époque des ensevelissements, 
enlevé de ce grès, assez tendre il est vrai, une épaisseur qu'on peut évaluer 
à 1 mètre. Avec l’aide des matelots de la Sémiramis, je fouillai une tren- 
taine de ces tombes; je réussis à grand’peine à en retirer trois crânes. Il n°y 
avait aucun mobilier funéraire, bien que j'ai cru d’abord, à voir la gran- 
deur des érosions, avoir affaire à une époque plus ancienne; je pense que 
ces tombes sont musulmanes : en effet, les cadavres étaient couchés sur le 
flanc droit, la face regardant, aussi exactement que je pus le vérifier à la 
boussole, dans la direction de la Mecque. 

Dans la même vallée, peu en aval des ruines de Tès, se trouvait un 
pelit cimetière {out à fait récent, ayant dépendu sans doute du hameau dont 
les cabanes subsistaient encore près de là, et qui n’avait été abandonné que 
l'année précédente; ces tombes étaient creusées dans le sable. J’ai voulu 
profiter de l'absence totale d'habitants dans la vallée pour en ouvrir quel- 
ques-unes, et j'y ai pris deux crânes et un squelette entier; mais, inquiété 
par des indigènes du voisinage qui nous épiaient, j'ai dû interrompre les 
fouilles. Je suis heureux que ces diverses pièces anthropologiques aient pu 
venir compléter sur quelques points les belles collections du Muséum ©. 


U) Pendant cette communication M. Lapicque fait passer sous les yeux de l’au- 
ditoire de nombreuses photographies représentant les principaux types qu'il a pu 
observer durant son voyage. 


— 82 — 


NOTE SUR L'ANTHROPOLOGIE DES ÎLES FLORÈS ET ADON4RA, 


par M. E.-T. Hauwy. 


Au moment où J'ai rédigé la courte note sur l'anthropologie de Florès, 
imprimée à la page 271 des Crania ethnica, À n’y avait en Europe qu’une 
seule pièce anatomique recueillie dans cette île, et que l’on conservait au 
musée Senckenberg, à Francfort-sur-le-Mein. Ce crâne envoyé par le 
D' Docbel, de Batavia, était étiqueté Cannibale de l'ile Florès ® et prove- 
nait, par suite, très probablement de la tribu des Rakkas ou de celle des 
Endores de la côte sud, qui sont plus particulièrement adonnés à l’anthro- 
pophagie ©. 

Grâce à l'obligeance de Lucæ, je pus obtenir un moulage de cette pièce 
rare pour nos collections et, par suite, en déterminer, dans une certaine 
mesure, les aflinités ethniques. Il me sembla y reconnaître des traits em- 
pruntés à la fois au Papoua et à l’Indonésien, tels à peu près qu'ils con- 
viennent, par conséquent, à ce peuple fort mélangé dont Albert Bickmore 
a rapidement démêlé, 1l y a environ trente ans, l’ethnologie fort com- 
plexe”. 

Pour ce distingué voyageur, l’intérieur de Florès est, comme les portions 
montagneuses de Solor, de Pantar, de Lomblem et d'Ombaï, habité par un 
peuple aux cheveux frisés, issu vraisemblablement du croisement des Indo- 
nésiens avec les Papouas dont l'habitat commence un peu plus lon dans 
l'Est, Au-bord de la mer vivent des Malais et des Boughis. Enfin les baies 


4 Il a été figuré de profil, et de grandeur naturelle, dans la planche X de 
Zür orgamschen Formenlehre du D°J.-Ch.-G. Lucæ. Francf.a.M. 1845, in-4°. 
La planche est accompagnée d’une courte notice et de quelques mesures (p. 45). 

@ CF. Tijdschrift voor Neerland’s Indie. Megend Iabrg. 1847,2,1 47. — Journ. 
of the Ind. Arch. vol. IT, p. 174, 1848. — Albert S. Bickmore, Travels in the 
East Indian Archpelago, London, 1868, 8°, p. 111-113. — M. Ten Kate a vu 
un représentant de chacune de ces tribus qu’il nomme Rokas et Endenais à la 
prison d'État de Koupang (Timor). L’Endenais était mésaticéphale (79,8), le 
Roka brachycéphale (83,3). Ce dernier rapport s’expliquerait par l’intervention 
chez ces sauvages de forts mélanges de Boughis. Deux cränes Rokas rapportés par 
le voyageur ont les indices 77,9 et 78,2 | H. Ten Kate, Contributions à l’anthropo- 
logie de quelques peuples d’Océanie] (L’Anthropologie, 1893, t. IV, p. 281, 288). 

G) A.-S. Bickmore op. cit. — Cf. J. Beete Jukes, Narrative of the Surveying 
Voyage of H. M. S. Fly commanded by capt. P.-P. Blackwood, etc. London, 1847, 
voi. IT, p. 251. 

(1) Suivant M. Ten Kate, les montagnards de Hokor, nord-est de Sika dans l’île 
de Florès, seraient des Papouas de race pure (loc. cit., p. 290). Ils sont plus grands 
et plus foncés que tous les autres insulaires et présentent des indices hyperdolicho- 
céphales qui, sur le vivant, peuvent descendre à 70, 69 et même 67 (p. 286, 287, 
290, 294). 1 


+, D 


et les anses de la côte Nord, surtout vers le détroit de Mangerai, servent 
de repaires à des pirates venus de Bali, Sumbawa ou Célèbes. 

Les éléments ethniques, accumulés dans l’île, ont donc trois origines 
différentes : ils appartiennent aux races Papoua, Indonésienne et Malaise, 
que nous allons retrouver toutes trois représentées dans la petite collection 
anthropologique à laquelle cette courte note est consacrée. 

C'est dans la baie de Larantouka, au N. E. du détroit qui sépare Florès 
d'Adonara où Sabrao, que M. Lapicque a réuni les pièces que je vous pré- 
sente. L'un de ces erânes est de l’île d’Adonara; il provient vraisembla- 
blement d’un de ces Paggei ou Solorais dont parle M. Ten Kate ©. C’est un 
crâne d'homme adulte, de type indonésien très adouci. Comme il est plus 
dolichocéphale encore que celui du musée Senckenberg (74,4 ) et présente, 
quoique à un moindre degré (101,5) l'hypsisténocéphalie de ce dernier, 
on pourrait croire, au premier abord, qu'il est quelque peu nigrilisé. Mais 
ce dernier ue se rencontre assez fréquemment chez des Indonésiens 
demeurés en dehors de tout croisement papoua; sur douze crânes de 
Dayaks de Bornéo qu'il m'a été donné d’étudier, quatre étaient aussi dé- 
veloppés en hauteur qu’en largeur et la différence entre les deux diamètres 
élait assez considérable pour que l'indice moyen de hauteur-largeur at- 
teignit 104,4. D'ailleurs la face est indonésienne, avec des proportions 
fort analogues à celles des têtes dayaks; le squelette nasal est plutôt long 
et mince, et sensiblement relevé, les orbites sont mégasèmes, les molaires 
portées en avant et en dehors, les maxillaires supérieurs relativement longs 
et plats, le prognathisme est faible et exclusivement sous-nasal. La voüle 
palatine est d’ailleurs atrophiée par la chute de presque toutes les dents: 
une seule, la première prémolaire droite, est demeurée en place, profon- 
dément altérée par l'usage du bétel. 

Les cinq autres crânes de la collection ont été recueillis par M. Lapicque 
sur l’île de Florès, aux abords de Larantouka, où ils gisaient à la surface du 
sol. Quatre de ces crânes sont plus ou moins analogues à celui d’Adonara 
dont il vient d’être question; un peu plus élargis toutefois et prenant par 
suite un indice plus élevé qui les amène vers la limite supérieure de la 
dolichocéphalie ©. Mais ils deviennent en même temps platyrrhiniens (in- 
dice nasal 53,3) à la façon des Papouas d’Arrou. Deux de ces sujets ont 
conservé bien ouverte leur suture médio-frontale. J'avais déjà constaté cette 
particularité sur le crâne de Francfort, si bien que sur six crânes actuelle- 
ment connus de l’île de Florès trois sont métopiques suivant l'expression de 
Broca. Cette disproportion énorme des sujets métopiques à Florès, 50 p. 100 
au lieu de 8 à 9 que l’on trouve chez nous en moyenne, est à rapprocher 


%) Ten Kate, loc. cit., p. 281. 
@) [nd. céph. des crânes de Florès 76,1; 76,4; 97,8; 79,4 et enfin 89,8. Ce 4 
dernier est le gros crâne dont il est question plus loin. 


ENT | De 


de celle que j'ai constatée naguère chez les insulaires des îles Andaman 
(37 p. 100). Ge sont là deux séries de faits assurément trop courtes pour 
permettre de formuler des conclusions générales, mais qui du moins auto- 
risent à affirmer que le métopisme, survivance d’un état fœtal, n’est pas 
nécessairement en rapport avec une forme de cräne donnée, puisque les 
Andamanais et les gens de Florès, chez lesquels il se montre si fréquent, 
sont les uns des brachycéphales décidés, les autres des sous-dolichocéphales 
seulement. 

Un dernier crâne de la collection Lapicque est un véritable Malais, vo- 
lumineux (1755 centimètres cubes), hyperbrachycéphale (ind. céph. 89,8) 
avec la face large et courte (d.bizyg 148), et un peu de prognathisme mé- 
dian. Comme un très grand nombre de vrais Malais, ce dernier sujet a été 
légèrement aplati en arrière et à droite, mais sans que cela ait contribué 
à exagérer beaucoup l'indice céphalique fort élevé, qui est surtout dû au 
développement transversal fort considérable du crâne. 

On voit que l'analyse craniologique confirme, en ce qui concerne les in- 
sulaires de Florès, les descriptions des ethnographes fondées exclusivement 
sur les caractères extérieurs. Si restreinte qu'elle soit, la petite collection 
de M. Lapicque est, en effet, comme un résumé de toute l’anthropologie 
de la Sonde orientale (). 


NOTE SUR LA COLLECTION DES CRÂNES ABYSSINS, 
DE M. Louis LapicquE, 


PAR LE DOCTEUR R. VERNEAU. 


M. Lapicque vient de dire à la suite de quelles circonstances la Sémi- 
ramis s'était trouvée dans la nécessité de relâcher à Massaouah. Cette relâche 
forcée a eu d’heureuses conséquences pour l'anthropologie. Pendant lhi- 
vernage, en effet, M. Lapicque a consacré ses loisirs à étudier les popula- 
tions de l’Abyssinie, à recueillir sur elles des données tout à fait précises. 
Il a mesuré 66 individus vivants et 48 crânes qui lui avaient été commu- 
niqués; il a pu, en outre, se procurer pour le Muséum l’importante série 
de crânes dont je veux aujourd’hui vous dire quelques mots. 


0) M. Lapicque a mesuré à Larantouka, Livoléri, Waïbolo, 41 sujets; 7 forment 
un petit groupe sous-dolichocéphale (ind. 75-76); 28 constituent un second groupe 
allant de 78 à 83 sans discontinuité, avec un maximum 79; un troisième groupe 
de 7 sujets de 84 à 86 avec le maximum 86, et 5 sujets isolés, probablement dé- 
formés artificiellement, avec des indices 88,90, 91,92, complètent la série. La taille 
moyenne de 36 de ces insulaires, calculée par M. Lepicque, est de 1 m. 584, avec 
le minimum 149 et le maximum 171. 34 de ces tailles se massent sans disconti- 
nuité entre 152 et 166, avec deux maxima, l’un sur 155, l’autre sur 1509. 


— 85 


Jusqu'ici, nos collections anthropologiques ne renfermaient qu'un mou- 
lage en plâtre de crâne abyssin et quatre têtes offertes par M. Raffray. 
Lorsque parurent les Crania ethnica, ces quatre dernières pièces n'existaient 
pas encore dans nos galeries, el voici ce qui fut écrit au sujet de la pre- 
mière : « Le très pelit nombre de crânes abyssins que l’on possède dans les 
collections d'Europe offrent les mêmes tendances à se rapprocher des crânes 
nègres, Ainsi la tête féminine décrite par A. Retzius, et dont nous avons 
sous les yeux un fort bon moulage, se différencierait difficilement de celle 
d'une vraie négresse du Soudan». 

Grâce aux 29 nouveaux crânes d’Abyssinie que nous devons à M. La- 
picque, nous pouvons, à l'heure actuelle, reprendre cette étude et la com- 
pléter. Tous ces crânes ont été recueillis à Ghinda, localité située à peu 
près à mi-chemin entre Massaouah et les hauts-plateaux. Vous savez 
comment les individus dont proviennent nos têtes sont venus de l'intérieur 
pour mourir du choléra avant d'atteindre la côte. Il est, comme on vous la 
dit, impossible de préciser leur point d’origine; tout ce qu'il est permis de 
présumer, c’est que nos Abyssins vivaient dans la région septentrionale, 
car la plus méridionale des routes qui aboutissent à Ghinda n'arrive pas, 
dans le Sud, jusqu'au Tigré. 

Comme il était facile de le prévoir a priori, l'étude des cràänes démontre 
qu'il existe dans cette région plusieurs éléments ethniques. Un premier 
type rappelle entièrement l’un de ceux qui vivaient anciennement en Égypte, 
je veux parler du type à crâne surbaissé, sous-dolichocéphale, offrant un 
grand développement transversal au niveau des bosses pariétales, qui sont 
fortement accentuées et situées relativement très haut, ce qui imprime au 
crâne une forme pentagonale. La face est fine, avec un nez moyen et des 
orbites plutôt élevés. Les ressemblances sont des plus frappantes, et, pour 
s'en convaincre, il suffit de placer à côté d’un des cränes de M. Lapicque 
une tête égyptienne de la collection Mariette. Je dois ajouter que ce type 
n'est représenté que par trois des crânes de Ghinda. 

Un deuxième type, qui ne paraît pas plus fréquent, est le type franche- 
ment pégritique, à cràne allongé, à ossature massive, à nez large, à face 
projetée en avant. Contrairement à ce que pensait Retzius, cet élément for- 
merait à peine le dixième de la population d’Abyssinie. 

Si nous éliminons les deux éléments qui précèdent, et quelques indivi- 
dus qui sont incontestablement des métis, nous restons en présence de 
cranes qui nous représentent le véritable type abyssin. Ce sont des têtes 
dolichocéphales (indice céphalique — 79,78 chez les hommes ; 72:17 chez 
les femmes), dont l'indice transverso-vertical oscille dans les environs de 
100 (moyennne — 67.78). Par ces deux caractères, cet élément se rap- 
proche du type néoritique; mais il s’en différencie par la délicatesse de 
l'ossature et par les caractères faciaux. Le prognathisme, en effet, fait 
presque totalement défaut et le nez, au lieu de donner un indice de 57,76; 


+ Po 


ne dépasse pas en moyenne l'indice 46 ; sur un sujet, l'indice nasal descend 
même à 38,99. Le maxillaire supérieur est habituellement étroit, et n’offre 
ni la robusticité ni la projection en avant qu’on observe chez le Soudanais. 

La collection de têtes abyssines rapportée par M. Louis Lapicque va 
done permettre de préciser enfin les caractères céphaliques des Abyssins. 
Mais, en dehors de l'intérêt ethnique qu'elle présente, elle est encore inté- 
ressante au point de vue des anomalies osseuses qu’elle nous montre. Dans 
la moitié des cas environ (14 sur 29), on constate la présence d’un os 
wormien dans la fontanelle antéro-latérale. Sur quatre crânes, la suture 
sagittale est oblitérée, quand les autres sont largement ouvertes. Trois têtes 
présentent une suture médio-frontale, et ces trois têtes sont franchement 
dolichocéphales, ce qui démontre une fois de plus que le métopisme est 
loin d’être lié à la brachycéphalie, comme on l’a prétendu. 

À l'aide des mensuralions pratiquées par M. Lapicque, nous allons pou- 
voir compléter cette étude, et j'espère prochainement vous entretenir des 
autres caractères physiques des Abyssins. 


NoTE SUR LES GRÂNES TROUVÉES À TES (Perse) 
Par M. Louis LapPicque, 


par M. ce pocreur F. DELisce. 


Au cours des fouilles qu'il a faites sur l'emplacement de l’ancienne ville 
de Tès, en Perse, M. L. Lapicque a mis au jour un squelette humain com- 
plet, deux cränes avec leur face, et trois voütes cräniennes. Ces pièces ne 
sont pas toutes de la même époque, d’après leur état de conservation. Le 
squelette et les deux crânes sont récents, les voutes sont, au contraire, 
plus anciennes, mais pour aucune de ces pièces on ne peut évaluer, même 
approximativement, à quelles époques elles remontent. M. Lapicque, en 
pratiquant ses fouilles, n’a rien trouvé qui permit de les dater. 

Les trois voûtes sont de la même époque. L'une d’elles est brisée dans la 
région frontale, et nous n’avons pu prendre son diamètre antéro-postérieur 
pour établir son indice. Pour les deux autres, nous avons pu obtenir les 
diamètres autéro-postérieur et transverse. 

Sur l’une de ces pièces, la courbe frontale est régulière, mais la moitié 
postérieure de la courbe pariétale s’infléchit assez rapidement; on observe 
dans la région lambdoïde un aplatissement très net qui se rencontre fré- 
quemment sur des crânes normaux, Son indice céphalique de longueur- 
largeur est de 87,12. 

Les deux autres voûtes présentent un ensemble de caractères communs, 
La voûte paraît surbaissée, les parties postérieure du frontal et antérieure 
des pariétaux sont aplaties de telle façon qu'il y a tout lieu de penser que 


— 87 — 


les sujets ont été soumis à une déformation arlficielle, Ge qui vient nous 
confirmer dans cette opinion, c’est la dépression posthregmatique qui se 
trouve sur l’une des deux pièces. De plus, la région pariéto-occipitale est, 
elle aussi, aplatie et presque verticale; cette disposition a provoqué un vé- 
ritable raccoureissement, qui se traduit par un indice de 82,84. Cette 
déformation a quelque analogie avec celle qui est encore pratiquée par 
diverses populations asiatiques, Kurdes et Ausariès. 

Squelette. — 1 provient d’une femme âgée, ainsi que le dénote l’état 
des maxillaires. Il est, de plus, très remarquable à cause des nombreuses 
lésions d’origine syphilitique qu'il présente. Le crâne, les omoplates, les 
os longs du membre supérieur gauche, les fémurs et les tibias sont atteints 
sur des étendues très grandes. Le tibia droit a son tiers inférieur creusé de 
cavités et perforé de part en part. Les autres os du squelette ne présentent 
pas trace de lésions. 

Le crâne est petit, globuleux, brachycéphale, avec un indice de 85,71. 
Sa fragilité n’a pas permis de le cuber. La face petite et étroite, d'aspect 
grêle, par rapport à l’ensemble, paraît encore plus courte par suite de la 
résorption de l’arcade dentaire. La hauteur incisive est réduite à 8 milli- 
mètres, et l'indice facial est faible, 57,98. 

L'indice orbitaire est mésosème à 84,61; l'indice nasal est mésorrhinien, 
48,22. Le crâne, au point de vue du type céphalique, présente une très 
grande analogie avec un crâne féminin du Laristan, donné récemment au 
Muséum par M. le docteur Tholozan, médecin du Shah de Perse. Le maxil- 
laire inférieure est fort réduit, privé de dents, avec le menton projeté en 
avant. 

La taille de ce sujet, calculée d’après la longueur du fémur et de l'hu- 
mérus, devait être d'environ 1 m. 57. 

Les deux derniers crânes sont brachycéphales, indice céph., 84,97 et 
93,39; is sont très hauts, mais la base de l’un deux étant absente, nous 
n'avons pu prendre son diamètre vertical; l'indice de hauteur de l’autre est 
de 94,66, un peu plus élevé que celui du squelette qui atteint 94,20. 

Ce qui est particulièrement intéressant, c’est que sur ces deux crânes 
on observe une similitude de forme absolue. Ils présentent une déformation 
postérieure, pariéto-occipitale du côté droit, et qui n’est autre chose que 
de la plagiocéphalie, Par contre, la région pariéto-occipitale gauche est très 
saïllante. Ce n’est, croyons-nous, qu’une déformation imputable à un cou- 
chage défectueux. Du reste, il s’est produit un léger affaissement de la 
borne frontale gauche, tandis que la droite est un peu plus marquée. 

Les deux crânes étant l’un celui d’un homme, l’autre celui d’une femme, 
présentent quelques variations quant à l’accentuation des caractères géné- 
aux. 


Sur le crâne masculin, les arcades sourciières sont plus développées, et 


eu 


la glabelle est très proémimente. De plus, cette saillie est plus manifeste, à 
cause de la dépression du frontal qui se trouve au-dessus, parallèlement et 
sur le trajet du diamètre frontal minimum. C’est une véritable rigole qui 
se trouve entre les arcs sourciliers et les bornes frontales {rès dévelop- 
pées. | 

Toutes les sutures sont encore ouvertes et peu compliquées, sauf la 
lambdoïde, sur laquelle se sont développés de nombreux os wormiens. 

Si l’on compare entre eux les trois crânes récents de Tès.avec celui 
donné par le docteur Tholozan, on est conduit à les rattacher à la race 
Lar ou habitants du Laristan. La déformation qu’ils présentent est acciden- 
elle, tandis que celle des deux voûtes est due à l'application d'un coïffage 
spécial. | 


OBSERVATIONS CONCERNANT LA RESTAURATION D'UN SQUELETTE 
D'Hippoporamus LEMERLEI, 


par M. H. Firmor. 


Dans un travail paru l’année dernière ©), M. Grandidier et moi avons 
exposé les principaux caractères des différentes pièces du squelette du petit 
Hippopotame sub-fossile, Hippopotamus Lemerlei Grand., dont ce voyageur 
avait trouvé à Ambolisatra (Madagascar) les restes associés en grand nombre 
aux ossements des Æpyornis. Ces restes étaient dans un si parfait état de 
conservation que nous avions pensé qu'il serait peut-être possible d'arriver, 
avec des ossements de sujets différents, convenablement assortis, à recon- 
stituer un squelette complet. J'y suis parvenu en choisissant, parmi des 
centaines de pièces, provenant d’une cinquantaine de sujets, celles dont les 
surfaces articulaires s’adaptaient parfaitement entre elles, alors que, d’autre 
part, ces ossements devaient provenir de sujets sensiblement d’un même 
àge. Je crois que la restauration , que je présente aujourd’hui, se rapproche, 
autant qu'il était possible de le faire dans ces circonstances, de la réalité, 
et que les inexactitudes, qui forcément doivent exister, sont de bien faible 
importance. On jugera, d’ailleurs, de la préoccupation que j'ai eu de me 
rapprocher, autant que possible, de la vérité, en jetant les yeux sur la re- 
présentation que je donne du squelette de l'Hippopotamus Lemerler, d'après 
une épreuve photographique, dont les contours, suivis à l’encre de Chine, 
ont servi à constituer notre cliché. 

Il m'a paru intéressant de comparer le squelette de lHeppopotamus Le- 
merlei, ainsi reconstitué, avec celui de l’Hippopotamus amplubrus ainsi qu'avec 
celui du Chæropsis liberiensis. Le premier caractère qui frappe lorsque l’on 


U) Ann. Soc. Nat. Zool., 7° série, t. XVI. 


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établit ce parallèle est celui qui se rapporte à la grande différence de taille 
existant entre l'Aippopotamus amphibius et le Lemerlei. Ainsi l Heppopotamus 
amphibius, représenté par de Blainville dans son Traité d’ostéographie com- 
parée, mesure, de l'extrémite du museau à la portion la plus reculée du 
bassin, 3 m. 04, alors que l’Hippopotamus Lemerlei n'a que 2 m. 03. La 
bauteur de lHippopotamus amphibius évaluée verticalement à partir du som- 
met de la seconde vertèbre dorsale est de 1 m. 30 ; elle est de o m. 81 
chez l'Hippopotamus Lemerlei. Si Von recherche le rapport existant entre ces 
deux dimensions, le nombre correspondant à la seconde servant de diviseur, 
on trouve Hippopotamus amphibius : 2,33 ; Hippopotamus Lemerlei: 2,50. 

Le rapport entre le nombre correspondant à l’espace compris entre le 
sommet du museau et la partie la plus reculée du bassin et le nombre cor- 
respondant à la hauteur verticale mesurée au niveau de la partie la plus 
élevée de lihaque est de 2,53 sur l'Hippopotamus amphibius et de 2,67 sur 
l'Hippopotamus Lemerlei. 

Le rapport entre la longueur de la tête et celle de la colonne vertébrale, 
évaluée suivant sa face inférieure, en suivant ses diverses courbures est de 
3,70 sur l'Aippopotamus amphibius et de 3,87 sur l’Hippopotamus Lemerler. 
On remarquera combien ces nombres sont rapprochés. Mais lorsqu'on re- 
cherche le rapport existant entre la longueur de la colonne cervicale et le 
restant de la colonne vertébrale jusqu’au sommet du sacrum, on trouve 
des différences très accusées. Ainsi ce rapport est de 3,53 sur l'Hippopo- 
tamus amphibius et de 4,13 sur l'Hippopotamus Lemerler. 

La différence de grandeur que je signalais entre les deux espèces précé- 
dentes ne se retrouve pas quand on compare l'Hippopotamus Lemerlei au 
Chæropsis liberiensis. La longueur du premier, du sommet du museau à 11 
partie la plus reculée du bassin, est de 2 m. 03 et celle du second de 
1m. 54. Celui-ci est, par conséquent, de près d’un quart moins long. Le 
rapport entre la longueur que nous venons d'indiquer et la hauteur évaluée 
verticalement à partir du sommet de la deuxième vertèbre dorsale est de 
2,50 sur l'Hippopotamus Lemerlei et de 2,16 sur le Chæropsis hiberiensis. Ce 
dernier est donc plus haut par rapport à la longueur de la colonne verté- 
brale que ne l’est le précédent. 

La recherche du rapport existant entre la longueur de la tête et celle de 
la colonne vertébrale mesurée suivant sa face inférieure, en suivant les 
courbures , accuse les plus grandes différences. Ainsi, lorsque ce rapport est 
de 3,87 sur l'Hippopotame de Madagascar, il est de 3,76 sur l'Hippopo- 


lumus amphibius et de 3,30 seulement sur le Chæropsis liberiensis. Quant 


G) Le rapport entre la longueur de la colonne vertébrale jusqu’au sommet de 
sacrum et la hauteur, évaluée verticalement à partir du sommet de la deuxième 
dorsale, est de 1,63 sur l’Hippopotamus amphibius et de 1,87 et 1,97 sur l'Éip- 


popotamus Lemerlei et le Chæropsis liberiensis. * 


_ 91 


au rapport relatif entre la longueur de la colonne cervicale et celle du restant 
de la colonne vertébrale jusqu'à la partie la plus reculée du sacrum, 1l 
est de 4,13 sur l'Hippopotamus Lemerlei, de 3,80 sur le Chæropsis liberien- 
sis et de 3,53 sur l'Hippopotamus amphibius. 

En résumé, nous voyons que les trois espèces d'Hippopotamidæ , que nous 
mettons en parallèle, sont chacune caractérisées dans leurs proportions gé- 
nérales de la manière la plus nette et, d'autre part, que les particularités 
distinctives de l’Hippopotame de Madagascar portent sur l'allongement de 
sa tête eflilée en avant, sur le développement très remarquable de sa co- 
lonne vertébrale, non en rapport avec la hauteur des membres. Le Che- 
ropsis, au contraire, se fait remarquer par le volume de sa tête massive, 
beaucoup plus longue , comparée à l'étendue de la colonne vertébrale, qu'elle 
ne l’est sur les Hippopotamus amphibius et Lemerler. 

En un mot, l'Hippopotame de Madagascar est dans ses allures géné- 
rales plus Sus que ne le sont les autres espèces du groupe dont il fait 
partie. Il devrait être moins nageur. 

Le squelette d'Hippopotamus Lemerlei, dont je viens d'analyser, d’une 
manière générale, les caractères, a été monté par M. Brégeon, aidé de 
M. Marchand, de la façon la plus exacte, et j'ai été heureux dans cette cir- 
constance d’avoir le concours d'artistes aussi habiles. 


Sur LES REPTILES 
PROVENANT DES FOUILLES EXÉCUTÉES PAR M. GREVÉ 4 Mapacascar, 


par M. Léon VAILLANT. 


M. Grevé, dans des fouilles entreprises à Ankévo et Bélo, sur la côte oc- 
cidentale de Madagascar, a recueilli un certain nombre d’ossements de 
grosses Tortues terrestres et de Crocodiles; je laisse de côté pour le moment 
quelques autres débris, qu'il convient de considérer à part et dont 1l sera 
question à la fin de cette Note. 

Ces ossements présentent les plus grands rapports avec ceux recueillis 
autrefois par M. Grandidier, à Ambolisatra et Etséré, où ont été reconnus 
les Testudo Grandidieri, Vaillant, T. abrupta, Grandidier, Crocodilus ro- 
bustus, Vaillant et Grandidier. 

Une partie des os de Tortues appartiennent, suivant toute vraisemblance , 
à la première de ces espèces, en particulier un humérus gauche dans un 
parfait état de conservation et d’une taille gigantesque. Sa longueur est de 
o m. 33, c'est-à-dire très peu inférieure à celle de l'os correspondant chez 
le Colossochelys atlas, où , d’après Falconer, il mesure o m. 355; son vo- 
lume peut être estimé à 1,300 centimètres cubes; pour donner un terme 
de comparaison, chez un Testudo elephantina adulte, pesant 133 kilo- 


r + 
4 


ee Te 


grammes, dont la carapace mesure 1 mètre en ligne droite, l'os homo- 
logue est à peine long de o m. 25 et son volume environ de 416 cen- 
limètres cubes. Ge nouvel individu du Testudo Grandidieri devait être 
sensiblement plus gros que le type de l’espèce de ce dernier; on pos- 
sède, en effet, la portion gauche de la ceinture scapulaire et la cavité glé- 
noïde y est beaucoup trop petite pour admettre la tête de ce volumineux 
humérus. Cet os est remarquable par le développement des rugosités cor- 
respondant à l'insertion de différents muscles; elles indiquent un individu 
très âgé, chez lequel l'appareil musculaire avait une puissance propor- 
tionnée au poids d’un aussi gigantesque animal. 

Deux humérus du côté droit et de taille moindre (le plus petit n’a que 
o m. 126 de long) ont été trouvés avec le précédent à Ankévo, un autre 
du côté gauche, intermédiaire pour la taille (o m. 190), vient de Bélo. 
Nous avons donc des débris se rapportant à quatre individus, mais ce n'est 
certainement pas tout ce que contient l’envoi, car, si quatre fragments plus 
ou moins complets de ceintures scapulaires gauche et droite peuvent être 
à la rigueur rapprochés des humérus moyens et petits, un cubitus gauche, 
long seulement de o m. 037, et deux péronés mesurant respectivement 
o m. 063 et o m. 067 indiquent trois Tortues dont la taille ne dépassait 
pas celle de Testudo radiata, Shaw, de grosseur ordinaire. 

Cinq vertèbres dont trois.cervicales (1v°, v° et vn‘) plus deux caudales 
(vers les vi‘ et vi‘ rangs) viennent de Bélo; elles appartiennent, au moins 
les premières, à un même sujet de taille moyenne, c’est-à-dire du volume 
d’une Tortue éléphantine adulte. 

On n’a trouvé que peu de débris de Crocodiles : trois frontaux incom- 
plets, deux os en V de la région caudale, deux dents, une côte du flanc 
oauche dépendant de Ja 1x° ou x° vertèbre, un fémur droit (long de 
0 m. 109), trois os longs (métacarpiens ?). Ces débris ne permettent pas 
une détermination spécifique précise et confirment simplement l’ancienne 
existence dans ces régions des Crocodiles et des Tortues terrestres de grande 
taille. 
À ces ossements, et indiqués comme venant d’Ankévo, M. Grevé a joint 
quelques débris d’une grosse Tortue de mer; à savoir : la ceinture scapu- 
laire, représentée par les deux omo-cleidiens plus le coracoidien gauche, 
l’humérus de ce dernier côté, puis une pièce du plastron, le xiphisternum 
gauche; ces portions de squelette appartiennent à un même sujet. 

Enfin nous trouvons, mais, sans localité précise, les restes d’un Poisson, 
ce sont : un fragment d'os du crâne, un préoperculaire et une épine, sans 
doute, de la nageoire dorsale. Tout ce qu’on peut dire à ce sujet, c'est qu'il 
s’agit d’un Acanthoptérygien d'assez forte taille et plutôt marin, d’après 
nos connaissances actuelles de la faune ichthyologique de Madagascar et 
des mers qui lavoisinent. 

Pour ne rien négliger, J'ajouterai que l'envoi renferme une vertèbre 


At. PER 


k 


— 93 — 


d'Ophidien, qu'on doit, d'après la grosseur de l'os, attribuer au Pelophilus 
madagascariensis, Duméril et Bibron. 

La présence de ces derniers débris, au moins ceux de la Tortue de mer 
et du Poisson, ne peut guère s'expliquer que par le transport de main 
d'homme pour l'usage alimentaire. Il serait intéressant de savoir s'ils se 
trouvaient en superposition aux autres ossements ou mélangés avec eux. 


Les HomazosomAa, CARABIDES DE LA rriBu Des FÉRONINES. 
RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE DES ESPÈCES À Mapacascar £T EN OCÉANIE, 


par M. J. Künckez D'Hercurais. 


Dans une précédente communication, nous avons fait remarquer com- 
bien, à Madagascar, était grande la multiplicité des espèces de Célonides, 
et nous nous sommes attaché à faire ressortir qu’elles appartenaient pour 
la plupart à des genres nombreux exclusivement cantonnés dans la grande 
île. 7 | 

IL est un autre groupe, dont l'étude offre non moins d'intérêt, c’est celui 
des Homalosoma, grand genre de la famille des Carabides, apparenté à 
nos Féronies, notamment aux Percus. Ge genre a été fondé par Boisduval 
(Voyage de l’Astrolabe. Faune entomologique de l'océan Pacifique, 2° part., 
p.37), pour des espèces australiennes; depuis lors le nombre des espèces 
s’est accru notablement; Laporte de Castelnau et de Chaudoir, surtout, ont 
décrit une série d'espèces de la Nouvelle-Hollande et de la Nouvelle-Zélande. 

Dans leur catalogue des Coléoptères (Gatalogus Coleopterorum, 1. T, 
p. 329), Gemminger et de Harold ont énuméré les espèces connues; ils ont 
bien signalé une espèce décrite et figurée par Klug sous le nom d’Eudromus 
alternans , comme propre à Madagascar; mais il est évident qu’ils n'avaient 
qu'une médiocre conviction dans l'indication d’origine, car ils s'empressent 
d'indiquer deux autres espèces, les A. lævisolle et striatocolle décrites par 
Brullé (Audouin et Brullé, Histoire naturelle des Insectes, t. IV, p. 364; 


Ja femelle de la seconde est figurée pl. 14, fig. 3) comme ayant pour 


patrie la Nouvelle-Hollande. 

Les collections du Muséum possédant les types de Brullé, il est aisé, 
d’après leurs numéros d'inscription, de préciser les origines; les deux es- 
pèces, ainsi d’ailleurs qu'on l'avait mentionné, proviennent bien de Mada- 
gascar; la première a été rapportée par Bernier, la seconde par Goudot; 
en consultant la description de VA. alternans donnée par Klug, je me suis 
convaincu qu'il a été recueilli également par Goudot; il est bon de rappeler 
que les Musées de Paris et de Berlin se sont partagé les premiers choix des 
récoltes de ce naturaliste voyageur. 


ST Fo 


Dans l'Histoire physique, naturelle et politique de Madagascar, Coléo- 
plères, nous avons représenté, pl. 31, les types mêmes de Brullé : H. lœvi- 
colle femelle, fie. 7; H. striatocolle, mâle et femelle, fig. 8 et 9; nous avons 
ficuré également une espèce nouvelle, l'A. tricostatum que M. Fairmaire 
a nommé depuis subopacum. 

Ainsi donc, nous avons aujourd'hui la certitude que le genre Homalo- 
soma qui, particularité digne d’attention, est dépourvu d'ailes, a des re- 
présentants aussi bien en Océanie qu'a Madagascar ; il y a là un fait de dis- 
tribution géographique qui nous éclaire sur certains rapports qu'offrent 
les deux faunes. 

Nous avons réuni les Homalosoma de la collection du Muséum appar- 
tenant à ces deux régions du globe pour qu’on puisse juger de visu les ana- 
logies que les espèces présentent entre elles. 


Nore sur Les Homorrëres Du GENRE FLaroibes GuÉRIN, 


par M. Charles BRONGNIART. 


Les naturalistes savent que, par suite de certains phénomènes d’homo- 
chromie et de ressemblance, les Insectes peuvent se dérober à la vue de 
leurs ennemis. 

On en a signalé de très nombreux exemples et l'on peut distinguer deux 
procédés : certains Insectes présentent une ressemblance avec des animaux 
pourvus de moyens de défense plus puissants que ceux dont ils disposent ; 
il y en a d’autres dont les teintes s’harmonisent avec celles des milieux où 
ils vivent de telle sorte qu'il est presque impossible de les apercevoir. Dans 
le premier groupe nous pouvons citer les Volucelles, ces Diptères qui 
prennent l’aspecl et la couleur d’'Hyménoptères tels que les Bourdons et les 
Guëpes, et l’on réserve à ce cas le mot de memétisme. 

Dans le second groupe se rangent des Chenilles qui, par leur couleur, 
leur forme, leur atlüitude même, ressemblent à des brindilles de bois, puis, 
parmi les Orthoptères, les Bacilles que les Anglais nomment des Walking 
Sucks, les Phyllies qui ont l'apparence de feuilles, ete. 

Je signalerai aujourd’hui des Insectes qui, à cet égard, sont des plus 
intéressants. [ls appartiennent à l’ordre des Homoptères et au genre Fla- 
toides de Guérin. 

Jusqu'à présent les naturalistes n’en possédaient qu'un petit nombre. 

Une belle série de ces Insectes, provenant de Madagascar et cédée ré- 
cemment au Muséum par M. Sikora, m'a permis de m'’assurer que les phé- 
nomènes d'homochromie étaient très remarquables dans ce Lype et que les 
couleurs variaient d’un individu à l'autre. 


os 


C'est en 1838 que Guérin établit le genre Flatoides pour un Inseele de 
Madagascar qu'il désigna sous le nom de flatoides tortrix 

En 1843, Amyot et Audinet-Serville, dans leur Histoire naturelle des 
Hémiptères, créèrent le genre Phalænomorpha pour une espèce indiquée 
avec doute comme provenant de Saint-Domingue et qui devait rentrer dans 
le genre Flatoides Guérin. 

Depuis cette époque, Signoret ® en 1860, Stal® en 1866, firent con- 
vailre quelques espèces de ce genre. 

En 1881, Distant © publia la diagnose et la figure d'une espèce de 
Madagascar, et en 1892 parut une étude de Brancsik ® sur des Insectes 
de Nossibé où il décrit et figure trois nouvelles espèces. 

Ge sont là, à ma connaissance, les seuls travaux publiés sur ces curieux 
Insectes de Madagascar. 

Cependant on en a signalé quelques espèces provenant des Philippines 
et de la Nouvelle- née @, 

Il est regrettable que les auteurs qui ont fait connaître ces Insectes aient, 
dans leurs descriptions, attaché une grande importance à la coloration des 
organes du vol, sans insister sur la nervation, car la coloration n’a en gé- 
néral qu'un intérêt secondaire et, dans le cas présent, elle varie tellement 
d'un individu à l’autre qu'elle ne peut servir de base à une distinction 
spécifique. 

J'ai donc dü reprendre l'examen de ce genre. 

L'étude de la nervation des ailes des Insectes vivants à laquelle je me 
suis hivré pour classer les espèces fossiles du terrain houiller que j'ai fait 
connaître l’année dernière, m'a élé d’un très grand secours et j'ai pu arriver 
à un groupement sérieux des Ælatoides en étudiant la disposition des ner- 
vures des élytres. Il y a là des caractères importants et constants que les 
entomologistes négligent trop souvent. 

Or que sont les Insectes qui nous occupent? 

Les Flatoides ont le corps déprimé horizontalement; la tête est aplatie 
en dessous et pourvue, entre les yeux, d’un petit prolongement, comme 
cela se voit d’ailleurs chez la plupart des Fulgorides. Le rostre esl assez 


Q) Icon. Regn. Animal. 1838, p. 362. 

@) Histoire natur. Hémipt. 1843, p. 525, pl. 12, fig. 8 (se trouve dans la col- 
lection du Muséum). 

(1 Ann. Soc. Ent. Fr., 1860, 3° série, t. VIII, p. 199, pl. 5, fig. 7. 

4) Hemiptera Africana, 1866, t. IV, p. 248. 

G) Trans. Ent. Soc. London, 1881, p. 107, pl. mm, fig. 5, 5°. 

(6) Jahrb. der naturwissenschafilichen Vereines des Trencsiner Comitates, 1893, 
p. 294, pl. x, fig. 3, 4, 5. 

() Journ. Linn. Soc. Zool., vol. X, p. 82-193, pl. 3; 1868 et Stal. OEfo. ver. 
Akad. XXVIL, p. 605-776, pl. vri-ix. 

(9) Guérin, Voyage de la Coquille, p. 19°, — Atlas, Insectes, pl. 10, fig, 11, 


long; les yeux sont saillants et globuleux; les antennes sont courtes. Les 
pattes sont peu épineuses. L'abdomen est large et, chez les femelles, offre 
au dernier segment dorsal une lame plus ou moins développée, arrondie 
à l'extrémité, garnie généralement d’une masse légère et blanche formée 
de petits bâtonnets cireux très serrés les uns contre les autres. 

Je n’insisterai pas sur les autres caractères du corps qu ont été mieux 
étudiés par les auteurs. 

Les élytres, plus ou moins coriacés, sont amples, présentent un champ 
précostal assez large qui forme, en avant, des angles huméraux saillants. 

La nervure costale TL n’est pas nettement indiquée et , lorsqu'elle existe, 
c’est sous forme d’une ligne sinueuse et saillante. Les nervules qui relient 
cette nervure sinueuse au bord de l'aile sont ou bien régulières ou irrégu- 
lières. ” 

La nervure sous-costale IT est très enfoncée et gagne le bord de l'aile 
vers les deux tiers de la longueur de l’élytre. 

Le radius [IL est saillant et ne se divise qu’en arrivant au bord de l'aile. 
Vient ensuile la médiane V qui se divise en deux rameaux dont l’antérieur 
est simple tandis que le postérieur se subdivise. 

Le cubitus VIT se divise à peine. 

La nervure VIIT est droite, très profonde, reste simple et limite le 
champ anal. Il en est de même des nervures saillantes IX et XI, lévèrement 
incurvées, qui gagnent la nervure XIII formant le bord postérieur de l'aile, 
Les élytres ne se recouvrent pas; ils sont juxlaposés par leur bord posté- 
rieur sur la ligne médiane du corps. 

Souvent il existe sur les élytres de petites saillies groupées d’une façon 
révulière et recouvertes de matière cireuse; en outre on observe presque 
toujours à la face supérieure et plus encore à la face inférieure des élytres 
un dépôt cireux plus ou moins épais. 

Les ailes sont transparentes blanchätres et repliées sous les élytres. 

Pour distinguer les espèces nous avons dû écarter en partie les carac- 
tères éminemment variables trés de la coloration, et nous nous sommes 
appuyés sur ceux que nous fournissaient la nervation des élytres et la forme 
du prolongement frontal. 

Nous ne décrirons pas ici les espèces , cette étude devant paraître dans 
une autre publication, et nous nous contenterons de dire aujourd’hui que 
nous avons distingué, en plus de celles décrites par les auteurs cités plus 
haut, onze espèces, dont neuf provenant de l'envoi de M. Sikora et deux que 
le Muséum possédait grâce à MM. Grandidier et Gatat. 

Sur ce nombre une seule espèce était connue et décrite par Distant en 
1881 sous le nom de Flatoides dealbatus. 

Ces espèces ne sont pas toutes de la même dimension; les unes ont 
27 millimètres de longueur, d’autres n'ont que 25, 20, 16, 12, 11 mil- 
limètres. Les mâles sont un plus petits que les femelles. 


men 0 


J'ai dit que la coloration variait d’un individu à l'autre, On pourra s’en 
convaincre en examinant les échantillons que je mets sous les yeux de l’as- 
semblée. Mais il est bon d'indiquer dans quelles limites elle varie, 

Nous choisirons le Flatoides dealbatus Dist., qui est l'espèce la plus re- 
marquable par sa laille et les boursouflures de ses 
élytres. L'un des échantillons est gris verdâtre avec 
de nombreuses petites taches d’un blanc sale; un 
autre est brun avec des bandes d’un vert olive, 
des taches vertes plus claires et des lignes noires; 
un troisième est brun avec des taches vertes bor- 
dées de noir; un quatrième a des élytres d’un vert 
pâle et traversés par trois lignes noires ondulées. 

Dans une autre espèce, sur huit échantillons, 
pas un seul n’est semblable à l’autre et la colora- 
tion varie du vert d’eau au brun et au rose vif. 

En tout cas, ces taches, ces bandes colorées 
se répètent d’une façon symétrique sur les deux élytres. 

Je n’en finirais pas si je voulais décrire par le menu toutes ces différences 
qui n'offrent pour la distinction des espèces qu'un médiocre intérêt; mais 
ces colorations ont une importance considérable pour la vie de l’Insecte, car 
c’est grâce à elles qu'il pourra se dérober aux yeux de ses ennemis. 

À ce point de vue la collection cédée au Muséum par M. Sikora mérite 
l'attention. En effet ce naturaliste a eu le soin de nous envoyer, en même 
temps que les Insectes, des morceaux d’écorces avec mousses et lichens, 
sur lesquels il a capturé les Flatoides. Lorsque l’Insecte est posé sur ces 
morceaux il disparait à la vue se confondant avec l'écorce, les lichens ou 
la mousse ©), 

Comme on peut s’en convaincre, ces Homoptères sont très intéressants 
par tous les faits que je viens dénoncer; mais ils ne le sont pas moins par 
leur distribution séographique. 

En effet le plus grand nombre des espèces connues provient de Mada- 
gascar et des iles voisines, et elles semblent caractéristiques de cette région. 

On n’en rencontre pas en Afrique. 

Au contraire on en a signalé aux Philippines et à la Nouvelle-Guinée. La 
distribution géographique de ces Insectes vient par conséquent corroborer 
les notions que nous fournit l'étude des autres animaux, des végétaux et 
même de l’homme et montrer que si Madagascar n’a jamais eu de liens 
avec l’Afrique, elle en a eu plutôt avec le sud de PAsie, la Malaisie et la 
Mélanésie. | 


Flatoides dealbatus. 


(Un peu grossi.) 


Q) Des photographies de Flatoides de dimensions et de couleurs diverses et des 
fragments d’écorce portant des insectes ont été projetées pendant cette communi- 
cation. 


RU) 


SUR UNE COLLECTION DE MAMMIFÈRES 
PROVENANT DU VOYAGE DE M. Max Mosxowrrz au pays DE Kowc, 


PAR FE, DE PousarGues. 


M. Max Moskowitz est mort le 20 septembre 1894, enlevé par une at- 
taque de dysenterie au cours de son exploration au pays de Kong. Ce 
voyageur s’élait préparé dans les laboratoires du Muséum à la mission 
qu'il devait remplir, et il n’a pas manqué de recueillir dans ces régions peu 
connues un certain nombre de Mammifères intéressants qui viennent seu- 
lement de nous parvenir. Des divers genres qui composent cette collection, 
les Singes surtout doivent attirer notre attention, en raison des précieux 
renselonements qu'ils nous fournissent au sujet de leur mode de réparti- 
tion sur le continent africain. Îl est à remarquer, en ellet, qu'aucune des 
espèces dont je donne plus loin l'énuméralion n’a jamais été observée sur 
des points de l'Afrique autres que les côtes de la Guinée supérieure, même 
dans les contrées les plus voisines, le Cameron, le Gabon et le Congo, dont 
la faune simienne nous est cependant bien connue, grâce aux recherches des 
explorateurs français. Gette observation ne s'applique pas seulement aux 
cinq espèces de la collection Moskowitz, elle est plus p'énérale, et on doit 
l’étendre à tous les Quadrumanes, Colobes ou Guenons, Cercocèbes ou 
Cynocéphales, que l’on rencontre sur les côtes de Guinée, ou pour mieux 
dire, à l’ouest du Niger, où ils semblent avoir été comme parqués. À l’est 
de ce fleuve, ces mêmes genres comptent, disséminées sur le continent 
africain, des espèces représentatives mais distinctes, et 1l suflit de jeter un 
coup d'œil sur le tableau ci-contre, pour ètre frappé des affinités étroites et 
du parallélisme presque parfait de ces formes locales. 

Ces faits prouvent l'existence d'une véritable province zoologique simienne 
située à l’ouest du Niger, et ayant pour confins naturels, au Nord, le Sa- 
hara, à l'Ouest et au Sud, l'Atlantique. 

L'étude que j'ai faite de la collection Moskowitz me permet d'ajouter un 
certain nombre de faits nouveaux à ceux qui étaient déjà connus relative- 
ment au genre Golobe. 


LorxococoBus nov. subgen. 
1° Colobus verus (v. Ben.), nom indigène, Assébe. 


Un magnifique mâle adulte, à fortes canines, mesurant Go centimètres 
pour la tête et le corps, et 64 pour la queue. La tête osseuse, dont les di- 
mensions concordent à très peu près avec celles données par M. Jentink, 
présente un certain nombre de caractères qui éloignent cette espèce de la 
plupart de ses congénères, et dont l'importance me semble plus que spéci- 


“apergsne anbuyy 
“ofuor) ‘aturssÂqy 
“anbhiquezog ‘ieeuus; 


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| 
| 
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ct (ie) cup | 
| 
| 


om  ——— — 


"SNOILOHS "SATIINVA 


— 100 — 


fique ©. Pour ne citer que les plus saillants, je signalerai : sur le dessus du 
crâne, la présence d’une crête sagittale, impaire, médiane, commençant à 
une petite distance en arrière du bord postérieur des orbites; la direction à 
peine proclive des intermaxillaires et des incisives, formant entre les émi- 
nences alvéolaires des canines un plan presque vertical; le nombre des 
lubercules de la dernière molaire inférieure qui est de 6, el non 5 comme 
chez Îes autres Golobes. Il sera, d’ailleurs, facile de se rendre mieux compte 
des caractères qui distinguent le C. verus, en comparant les deux figures 
ci-contre, représentant le crâne et là dernière molaire inférieure, l’une (fig.1) 


Fig. 1. — LopnocoroBus venus. 


chez le C. verus, l'autre (fig. 2) chez le C. satanas. D'autres différences se re- 
marquent dans les proportions relatives des doigts aux membres postérieurs, 


Fig. 2. — CoroBus SaTanas. 


et si l’on y ajoute la particularité signalée par M. Jentink dans le nombre 
des vertèbres lombaires, on conviendra que le C. verus mérite d’être distin- 


G) Ces caractères seront indiqués avec détail dans un Mémoire qui sera inséré 
dans les Annales des sciences naturelles. 


ST 


éd. …- 


— 101 — 


gué de ses congénères, à plus juste litre que le Talapoin (Miopithecus) des 
Cercopithèques. Les caractères extérieurs ne font du reste qu'appuyer les 
données ostéologiques, c'est pourquoi je proposerai de placer le C. verus 
dans un sous-genre, sous le nom de Lophocolobus. 

Les autres spécimens de la collection Moskowitz, bien que précieux pour 
le Muséum, présentent moins d'intérêt; je ne ferai ici que les énumérer, 
Ce sont : 


2° Colobus fulig'inosus var. rufonis'er & (Og.), nom indigène, Ta-hié. 

3° Cercopithecus petaurista & (Schreb.), nom indigène, Adéré. 

h° Cercopithecus Campbell & (Waterh.), nom indigène, Komo. 

° Cercopitecus diana (L.), nom indigène, Kakoua. 

Cinq spécimens, dont deux adultes et trois jeunes. 

6° Vesperugo Stampflii (Jent.) [deux individus], nom indigène, Akuané. 

Crossarchus obscurus & (F. Cuv.), nom indigène, Aonseu. 

8° Sciurus rufobrachiatus (Waterh.), 4 exemplaires, nom indigène, 

Koukouba. 

9° Sciurus punctatus & (Tem.), 

Sciurus poensis & (A. Smith). 

11° Graphiurus Naptglasi? (Jent.) [1 très jeune spécimen |, nom indi- 
gène, Ayeusué. 

19° Une défense d'Éléphant portant les traces des incisives de Aulacodus 
Swinderenianus (Tem.). 


Norte sur LE PSsiTTEUTELES DIADEMA, 


par M. E. Ousrazer. 


En 1860, J. Verreaux et O. des Murs décrivirent (), sous le nom de 
Psiteuteles diadema , une petite Perruche, originaire de la Nouvelle-Calédo- 
nie, où, d'après les auteurs que je viens de citer, elle serait connue des 
indigènes sous le nom de Xinkin-Kunalu. Le type et l'unique représentant 
de cette espèce, qui faisait partie des collections du Musée des colonies, 
vient, sur la demande de M. Milne Edwards, d’être gracieusement cédé au 
Muséum d'histoire naturelle, et, en l'étudiant, j'ai pu me convaincre que, 
comme M. le comte Salvadori l'avait supposé, le Psitteuteles diadema ne peut 
être maintenu dans le genre où Verreaux et des Murs l'avaient placé: mais 
j'ai reconnu en même temps qu'il n'appartient pas au genre Glossopsittacus , 
dans lequel M. Salvadori l'avait rangé provisoirement ©, et qu'il offre plus 


G) Revue et Magasin de Zoologie, 1860, p. 360. 
@ Catalogue of the Bords of the British Museum, t. XX, Psittacidæ, 1891, 
p. 68. 


— 102 — 


d’analogie avec les Charmosyna de la Papouasie qu'avec tout autre groupe. 
On constate, en effet, chez le Psitteuteles diadema (ou mieux diadematus), 
un caractère auquel 11 avait déjà été fait allusion dans la description origi- 
nale , et qui se retrouve, très exagéré, chez la Charmosyna papuensis (fig. 1); 
je veux parler d’un brusque rétrécissement de la portion terminale des ré- 
miges (fig. 2). Ce caractère n’exisle ni chez les Hypocharmosyna, ni chez les 


Fig. 1. — Premières rémiges Fig. 2. — Premières rémiges 
de la Charmosyna papuensis. du Psuteuteles diadematus. 


Psitteuteles, et chez les Glossopsittacus les grandes pennes alaires diminuent 
beaucoup plus régulièrement de largeur vers l'extrémité. Le bec qui, d'après 
Verreaux et des Murs, était très arqué et pointu, se trouvait malheureuse 
ment brisé quand l’exemplaire a été remis au Muséum. Toutefois, sur la 
portion restante, j'ai cru voir que la mandibule supérieure offrait à la base, 
au lieu d’une carène tranchante, comme chez les Charmosyna, où un peu 
arrondie, comme chez les Glossopsittacus, une bande aplalie ou même un 
peu sillonnée, comme certains Conurus. 

Verreaux et des Murs considéraient l'oiseau qui a servi de type à leur des- 
cription comme une femelle très adulte, et ils supposaient, sans doute avec 
raison, que le plastron jaune qui, chez cetindividu , occupe les joues , le de- 
vant du cou etla poitrine, devait être remplacé chez le mäle, encore inconnu, 
par du rouge vif. Le mäle ressemblerait donc, sous ce rapport, au Vini 
australis des îles Samoa, que le Psitteuteles diademaius rappelle d’ailleurs 
par une tache rouge occupant le milieu de l'abdomen. Dans les deux es- 
pèces, une calotte bleue occupe le sommet de la tête, mais chez le Vous 
australis les plumes de cette calotte sont émaillées, tandis que chez le Psit- 
leuteles diadematus elles ont à peu près l'aspect normal. Chez ce dernier, la 
queue est d’ailleurs plus allongée et plus fortement élagée que chez le 
Vine australis, et par la disposition et la coloration des rectrices, marquées 
pour la plupart de taches rouges à leur base, le Psitteuteles diadematus imite 


— 103 — 


davantage le Glossopsittacus porphyreocephalus d'Australie, dont la tête est 
également ornée d'une bande bleue. Mais, chez celui-ci, la première rémige 
est à peu près égale à la seconde, tandis que chez le Psitteuteles diadematus , 
la première rémige est notablement plus courte que la seconde, et à peu 
près égale à la troisième penne. 

En résumé, le Psitteuteles diadematus offre des caractères mixtes, il ne 
rentre exéctement dans aucun des genres de la famille des Trichoglossidés , 
précédemment définis, et l'on devra peut-être le considérer comme le type 
d'un genre nouveau, qui viendra se placer entre les Glossopsittacus d’Aus- 
lralie et les Charmosyna de la Nouvelle-Guinée. Un savant naturaliste an- 
glais, M. Saint-George Mivart, qui prépare une monographie des Tricho- 
glossidés, fera du reste une étude particulière de cette espèce intéressante, 
qu'on ne saurait trop recommander à l'attention des voyageurs qui explore- 
ront la Nouvelle-Calédonie et les îles avoisinantes. 


SUR LE RÔLE DES CALCOSPHÉRITES DANS LA CALCIFICATION 
À L'ÉTAT PATHOLOGIQUE, 


par À. PerTrir. 


(LABORATOIRE D’ANATOMIE COMPARÉE.) 


Sur un Zèbre mort à la ménagerie du Muséum, nous avons pu, grâce à 
l'amabilité de M. Ie professeur Fiho!, recueillir un kyste rénal présentant 
une forme de calcilication peu connue chez les Mammifères. Nous devons, 
tout d'abord, insister sur Paltération profonde que présentaient à lau- 
topsie les tissus de cet animal, bien que la mort ne remontât qu’à quelques 
beures. La plupart des organes étaient nécrosés; le système urinaire sur- 
tout était attemt : le sommet antérieur du rein droit était occupé par un 
kyste volumineux, renfermant une masse gluante rappelant très exacle- 
ment, par sa consistance et par sa couleur, le mastic fraîchement préparé. 
Ge magma n'adhérait pas à la membrane du kyste; il en était séparé par 
une petite quantité de liquide séreux. La partie antérieure du kyste était 
hbre et proéminait dans la cavité abdominale; la partie postérieure, au 
contraire, élait intimement unie au Lissu rénal. Celui-ci présentait une né- 
crose profonde, surtout accusée au voisinage de la membrane kystique : les 
canalicules urinaires ne formaient plus qu'une masse irrégulière et frag- 
mentée, dépourvue de noyaux, et les glomérules étaient remplacés par des 
globes vitreux et réfringents; le tout était enserré dans du Uissu conjonctif 
de nouvelle formation, de sorte que le parenchyme rénal se transformait 
insensiblement en la membrane kystique; celle-ci, d’ailleurs, n’est inté- 
ressante que par son abondante vascularisation. Le contenu du kyste, au 


— 104 — 


contraire, mérite une description détaillée ; au microscope, il se résout en 
une infinité de formes cristallines, parmi lesquelles on reconnaît, à pre- 
mière vue, quelques cristaux d’oxalate de chaux. La majeure partie du 
magma, au contraire, est composée par des sphérolithes de forme et de vo- 
lume extraordinairement variables : on observe, d’ailleurs, une corrélation 
entre la taille et la complexité structurale de ces corpuscules ; les plus vo- 
lumineux (4o x) présentent une double striation concentrique et radiale ; 
celle-c1, très fine et assez régulière, est due à un grand nombre de stries 
rayonnant autour du centre de la sphère occupé par un espace libre. Au 
microscope polarisant, tous ces corps présentent les propriétés de la calcite; 
l'analyse chimique confirme cette indication : traités par l'acide sulfurique , 
ces cristaux abandonnent de l'acide carbonique et fournissent un précipité 
de sulfate de chaux; si lon répète cette opération sur la platine du micro- 
scope, on peut, en outre, constater l'existence d’un résidu organique, qui 
constitue la trame du sphérolithe; celle-ci est de nature albuminoïde : elle 
présente, en effet, les récutions de Millon et d’Adamkiewiez et fixe les 
teintures histologiques usuelles. 

Examinés en lumière polarisée !, ces calcosphérites présentent les phé- 
nomènes de la croix noire et des animaux concentriques. Il convient de 
faire remarquer qu’en faisant tourner la préparation sur la platine du mi- 
croscope, on constate que celle-ci ne cesse pas d’être brillante : il n’y a 
pas d'extinction, De plus, toutes les croix sont orientées de la même façon : 
ces images ne proviennent donc pas, ainsi que l’a fait observer M. le pro- 
fesseur Ranvier, à propos des lamelles osseuses, d’une structure particu- 
lière des calcosphérites en certains points. 

Par l’ensemble de ces caractères, nous sommes autorisés à identifier ces 
calcosphérites aux composés remarquables que Harting obtint artificielle- 
ment il y a une vingtaine d'années. En faisant agir des bases alcalino-ter- 
reuses sur l’albumine, la gélatine et la plupart des albuminoïdes, le pro- 
fesseur d'Amsterdam put réaliser un nombre considérable de formes 
cristallines régulières (calcosphérites de la coquille des Mollusques, ma- 
milles de la coque des œufs d'Oiseaux, sclérodermiles des Alcyonnaires, 
coccolithes, discolithes, cyatholithes, etc.) qu’on pouvait considérer comme 
le résultat de l’activité cellulaire animale. Dans un intéressant Mémoire pu- 
blié récemment, W. von Nathusius ® a repris l'étude de ces formations 
sous le nom de Corpuscules de Harting ; cette dénomination semble définiti- 
vement consacrée aujourd’hui ; cependant, sans méconnaître en aucune façon 
la haute valeur des travaux de Harting , nous ne pouvons pas ne pas rappeler 


G) M. le professeur Lacroix a bien voulu nous permettre de pratiquer cet 
examen dans son laboratoire. 

® Nous ne pouvons ici faire l'historique de la question: W. von Nathusius 
donne, d’ailleurs, une bibliographie très complète de celle-ci. 


106 — 


que, dès 1857, Robin indiquait nettement l'existence, dans l'organisme 
animal, de combinaisons albuminoïdes spéciales, de calco-globulines, pour 
employer l'expression du savant hollandais : «11 est, dit l'auteur du Traité 
de chimie anatomique, un autre fait très important à noter, parce qu'il est 
commun à la plupart des sels de chaux. . ... Ce fait est le suivant : c’est 
que ces cristaux, en se déposant dans des liquides qui contiennent même 
assez peu de substances organiques non cristallisables, en entraînent avec 
eux au moment de la cristallisation et se fixent à elles. » 

C’est à, semble-t-il, le processus qu’on est en droit d’invoquer dans le cas 
que nous avons observé : on peut admettre , en effet, qu’au sein de la poche 
kystique distendue par du liquide séreux, se sont déposés des calcosphé- 
rites dont les éléments minéraux étaient fournis par les nombreux vaisseaux 
qui parcourent la paroi de la tumeur; les albuminoïdes renfermés dans 
celle-ei en constituaient la trame organique: nous serions donc et en pré- 
sence d’une répélition éntra vilam de l'expérience de Harting. 


SUR LES ARACHNIDES RECUBILLIS EN BASSE - Cazirorni£ par M. Dicusr, 
PAR E. Simon. 


(LABORATOIRE D’ENTOMOLOGIE. ) 


M. Diguet a recueilli dans la Basse-Californie trente espèces d'Araignées 
proprement dites, sans compter un certain nombre de Scorpions et de 
Galéodes qui ne sont pas encore étudiés. 

Au point de vue faunique, ces trente espèces peuvent se répartir de la 
manière suivante : 

Quatre existent dans toute la zone tempéré ée de l'hémisphère nord aussi 
bien dans le Nouveau que dans l'Ancien Monde: Scytodes thoracica Latr., 
Loxosceles rufescens L. Duf., Misumena vatia Clerck, Menemerus sich 
gnathus Lucas. 

Six apparliennent à la faune de l'Amérique du Noïd où elles sont très 
répandues du Canada au golfe du Mexique: Linyphia communis Hentz, 
Larina directa Hentz, Tetragnatha elongata Walck., Agelena nævia Walck., 
Eustala anastera W. var. arr Mec Cook, Plilipes morsitans Walck. 

Huit sont connues du Sud des États-Unis (Arizona, New-Mexico, Texas) 
et du Mexique septentrional et central : Eurypelma Steindachneri Auss., 
Evagrus mexicanus Auss., Lithyphantes fulous Keyserl., Gasteracantha ellip- 
soides Walck., Misumena americana Keyserl., Thanatus rubicundus Keyserl., 
Selenops Aissa Walck., et Phidippus rimator Walck. 

Ginq sont répandues dans les régions précédentes et, de plus, dans une 

grande partie de l'Amérique du Sud : Araneus (Epeira) labyrintheus Hentz, 
Muséum. 8 


ee je 


Artema Atalanta Walck., Filistata capitata Hentz, Latrodectus mactans 
Fabr., Arpiope arpentata Fabr. 

Trois n'étaient connues que de la Haute-Californie : Olios fasciculatus 
E. S., Pardosa californica Keyserl. et Mævia californica Peckh. 

Une était déjà signalée de la Haute et de la Basse-Californie et, d’après 
Me Cook, des îles Galapagos : Araneus (EÉpeira) vertebrata Me Cook; enfin 
trois sont jusqu'ici propres à la Basse-Californie : Segestria canities Me 
Cook, Zorocrates pictus E. Sim. et Pæcilochroa concinna E. Sim. 

Les deux dernières sont nouvelles et j'en donnerai plus loin les diagnoses. 
Le genre Zorocrates ne ccmptait jusqu'ici qu'une seule espèce du Mexique 
central (Z. fuscus E. S.); le genre Pœcilochroa est nouveau pour l’'Amé- 
rique, les espèces qui lui ont été rapportées par les auteurs américains ne 
lui appartenant réellement pas. Mais la capture la plus intéressante faite 
par M. Diguet est celle du Sepestria canities, figuré récemment (mais 
non décrit) par Me Cook. Comme les figures publiées par cet auteur le 
faisaient pressentir, cette espèce n'appartient ni au genre Segestria, ni même 
à la famille des Dysderides, mais bien à celle des Sicarüdes et au petit 
groupe très anormal des Plectreurys dont les deux seuls représentants 
connus sont originaires de la Haute-Califormie. Elle doit constituer un 
genre nouveau que J'appellerai Diguetia, dont les caractères sont inter- 
médiaires à ceux des Plectreurys de Californie et des Periesops de Nouvelle- 
Zélande. 

En résumé la faune de la Basse-Californie se rattache intimement à 
celle des régions voisines, c’est-à-dire à celle de l’Arizona, du New-Mexico, 
du Texas et du Mexique; on peut y constater également la coexistence de 
types de la zone tempérée tels que Misumena vatia et Linyphia communs 
et de types de la zone tropicale tels que : Eurypelma et Gasteracantha ; mais 
elle possède aussi quelques représentants d'une faune restreinte, mais très 
spéciale, qui vient s'ajouter à la précédente sur la côte du Pacifique dans 
l'Amérique du Nord, ayant certains rapports inexpliqués avec l'Asie comme 
le prouvent les genres Hypochilus et Amphizoa (Goléoptère) qui ont des re- 
présentants en Chine et en Californie. Le Diouelia canities M. C. dont J'ai 
parlé plus haut et le Homalonychus selenopoides Marx, autre espèce très re- 
marquable que M. Diguet n’a pas eu la chance de rencontrer, semblent 
appartenir à cette faune occidentale. 


DIAGNOSES DES ESPÈCES NOUVELLES ET DU GENRE DIGUETIA. 


DicugriA nov. gen. a Periegopt cui afline est imprimis differt fronte 
angustiore, oculis majoribus et inter se minus distantibus, unguibus tar- 
sorum numerose sed uniseriatim pectinatis, chelarum sulco superiore la- 
mina magna apice truncata et angulosa sed non dentata munito, sulco 
inferiore, propre radicem unguis, minute et obtusissime tridentalo vel 


— 107 — 


lobato, À Plectreuri differt oculis sex (non octo) et tarsis articulo unguifero 
distineto munitis. 

Typus : D. (Sepestrin) canities Me Cook. 

Zonocrares pierus sp. nov. © long. o m. 010. — Cephalothorax lævis 
fulvo-rufescens, parte thoracica utrinque vitta lala obscuriore, leviter den- 
tata, notata. Abdomen oblongum, luteo-testaceum, parce et fere inordinate 
nigro-punetatum, sed antice lineis longitudinalibus binis, in medio vitta 
lransversa lata lunuliformi et postice arcubus transversis, utrinque am- 
pliatis 5-6 nigris, decoratum. Chelæ rufo-castaneæ, læves et nitidæ. Ster- 
num pedesque fulvo-rufescentia, libiis anticis subtus aculeis pronis 4-4 
instruclis. Plaga vulvæ nigro-nitida, ovato-transversa, fovea media angusta 
longitudinali (marginem posticum haud attingente) impressa. 


Poscizocuroa coxcaxna sp. nov. long. o m. 004. —- Cephalothorax niger 
nilidus, pilis albis longis et pronis vestitus. Oculorum linea postica evidenter 
recurva, oculi medii inter se quam a lateralibus remotiores, oculi antici 
inter se subæquales et subcontigui. Abdomen atrum, antice scutatum, ad 
marginem anticum macula magna, prope medium vitta transversa angusla , 
niveo-pilosis decoratum. Pedeslutei, coxis femoribusque nigTis, metatarsis 
poslicis infuscatis. Pedes antici mutici, postiei sat numerose aculeati. Pedes 
maxillares sat parvi, tibia brevi, extus, ad apicem , apophysi simpliei, antice 
directa, inslructa, tarso acummalo. 


SUR LES CRUSTACÉS PHYLLOPODES RECUEILLIS Par M. Dicusr 
DANS LA BAsSE- CALIFORNIE, 


par M. Juces Ricuarp. 


M. le professeur Mine Edwards a bien voulu me confier l'étude des 
Phyllopodes recueillis en Basse-Californie et déposés dans les collections du 
Muséum par M. Diguet, qui m'a donné, d'autre part, des renseignements 
utiles pour ce travail. 

Voici le résultat de mon examen. 

Jusqu'à présent le seul Phyllopode signalé, à ma connaissance, dans la 
presqu'ile de Californie est Apus lucasanus Packard du cap San Lucas. 

M. Diguet a recueilli dans cette contrée les quatre espèces suivantes qui 
représentent les trois grandes familles de Phyllopodes: Artemia gracilis 
Verrill, qui appartient aux Phyllopodes pisciformes; Apus æqualis Packard, 
qui fait partie des Phyllopodes cancriformes; enfin deux espèces d’un même 
genre: EÉstheria compleximanus Packard et Æ. Digueti n. sp. qui représentent 
la grande famille des Phyllopodes conchiformes. 

Parmi les espèces rapportées par M. Dipuet, une seule est nouvelle, 

_ Æ. Digueti. Les autres présentent de l'intérêt au point de vue de la distri- 


8. 


— 108 — 


bution géographique en montrant l'extension de certaines formes. C'est 
ainsi que Artemiu gracilis connu à New Haven et dans le grand lac salé de 
l'Utah s'étend jusque dans Pile San José (golfe de Californie) où M. Diguet 
en à pris un très grand nombre dans les salines. 

Apus æqualis a été trouvé par le même voyageur dans une flaque d’eau 
de l’île d'Espiritu Santo, située aussi dans le golfe de Californie. Ces exem- 
plaires montrent quelques particularités intéressantes qui indiquent chez 
certains d’entre eux des aflinités avec Apus Newberryi Packard. Apus æqualis 
se trouve aussi au Mexique et dans le sud des États-Unis (Texas, Kansas). 

Estheria compleximanus Packard n'était guère connu que dans le Kansas. 
Les spécimens recueillis par M. Diguet dans des mares laissées par l’arroyo 
de Ja Purissima, au centre de la presqu’ile, sont plus petits, quoique ovi- 
gères, que ceux dont Packard a donné les dimensions. 

Quant à Estheria Digueti, les trois exemplaires connus de celte espèce 
ont été trouvés parmi les £. compleximanus dont il vient d’être question. 

Par divers caractères, cette forme se rapproche d’E. Newcombi Baird, de 
la Californie. Mais, dans notre espèce, l’umbo où sommet est beaucoup plus 
sail'ant et objique, les stries d’accroissement sont, au contraire, moins 
saillantes. La coquille de E. Divueti est plus globuleuse et sa forme diffère 
aussi de celle de Æ. Newcombi telle que Pa figurée Baird. Cet auteur n'a 
du reste connu que la coquille de son espèce, tandis que les spécimens de 
M. Diguet, fort bien conservés dans l'alcool, ont permis l'étude du corps 
même de l'animal. 

E. Divuéti se distingue nettement des espèces connues jusqu'à présent 
dans l'Amérique du Nord. Ainsi E. cahifornica Packard a lumbo peu sail- 
lant, le bord dorsal convexe; la coquille est plus étroite en avant qu'en ar- 
rière, tandis que c'est le contraire chez E. Diruet. 

E. mexicana Claus a des soies au bord des valves et sur les lignes d’ac- 
croissement, tandis qu'il n’y en a point dans notre espèce. 

E, Morse, E. Belfragei, E. Jonesi ont lumbo presque central, landis 
que chez E. Divueti il est au niveau du premier quart antérieur de la lon- 
oueur de la coquille. Par l'aspect seul de celle-ci, £. Digueti ressemble assez 
à quelques espèces de Baird telles que Æ. mehtensrs (de Malte), E. brast- 
lensis et E. Dallas, etc., mais le nombre des stries ou d’autres particula- 
rités permettent de l’en distinguer. 

En terminant, remarquons qu'en Amérique les Phyllopodes ont les 
mêmes mœurs et se rencontrent dans les mêmes conditions qu'en Europe 
et sans doute que partout ailleurs. La, comme ici, les Aritemia vivent dans 
les eaux salées, mais jamais dans l'eau douce ou dans la mer. Tous les 
autres Phyllopodes habitent les eaux douces stagnantes el temporaires, telles 
que des flaques d'eau, de petites mares, elc. qui restent desséchées pen- 
dant une partie de l'année ou même pendant plusieurs années de suite. 


— 109 — 


Descriprion D'un COLÉOPTÈRE NOUVEAU DE LA FAMILLE 
L£ ARLA L L] 
pes TéNEBrioNtDEs (CGEnronus Beneut v. 8.), 


par P. LESNE. 


Pendant un séjour que je fis en Algérie en 1892-1893, M. le Directeur 
du Muséum avait bien voulu me charger de récolter des Arthropodes des- 
tinés aux Collections entomologiques. J'en profitai pour entreprendre quel- 
ques excursions dans le sud de notre possession africaine. Après avoir vi- 
sité, pendant l'hiver, les environs d'Alger, je gagna, dès la fin de mars, 
Laghount, puis Tilremt, dans le sud de la région des Dayas. J’explorai 
ensuite les parties situées entre Laghouat et Djelfa (Sidi Maklouf Tadmit, 
Takersan, Kef es Zebbech). Dés un second voyage, je visitai la région 
montagneuse des Ouled Messelem , au sud-est d’Aumale, puis je parcourus 
la plaine désertique du Hodna dans toute sa longueur (tribu des Oulad 
Sidi Brahim, M’ Sila, Aïn Baniou, Ced el Rabah, Bir el Hanat, Bou Hama- 
dou, Barika), enfin je remontai au nord vers Sétif en traversant le Djebel 
Bou Thaleb. En dernier lieu, Je fis une courte excursion en Grande Ka- 
bylie (Yakouren ). 

Malgré un regrettable accident arrivé à la fin de mon second voyage, 
les collections que j'ai pu réunir au cours de ces diverses excursions for- 
meront, je l'espère, lorsque le classement et la détermination en seront ter- 
minés, un ensemble présentant quelque intérêt. Elles renferment en effet 
un certain nombre de types rares ou nonveaux parmi lesquels l'espèce sui- 
vante appartenant à l’ordre des Goléoptères, famille des Ténébrionides. 

Centorus Bedeli n.sp. — Allongé, parallèle, d'un brun roussâtre très 
brillant. Tête, pronotum, élytres et dessous de 
l’abdomen couverts d’une ponctuation extrême- 
ment fine. Stries des élytres tout à fait superti- 
cielles, très finement ponctuées. Pronotum pré- 
sentant un rebord basilaire à peine distinct et 
des angles postérieurs marqués, mais fort peu 
saillants; de chaque côté de sa base existe une 
très petite fovéole contiguë au rebord basilaire 
mais distante de l'angle postérieur. Antennes 
assez épaisses, subnoueuses, à troisième article 
deux fois plus long que le précédent, celui-ci 
transversal. Long. 7 mill. 1/2. 

Œ Carènes limitant la face interne des cuisses 
antérieures finement denticulées. 

© Cuisses antérieures non denticulées en 
dessous. 

Celle espèce se distingue de ses congénères par l'aspect lisse et brillant 


— 110 — 


de son tégument el surtout par la forme épaisse de ses antennes dont les 
articles basilaires rappellent beaucoup plus, par leurs proportions, celles 
des Calcar que celles des Centorus. Chez le G' les caractères sexuels secon- 
daires sont uniquement fournis par les denticules de la face interne des 
cuisses antérieures. | 

J'ai récolté trois individus de cette espèce dans le sud du département 
d'Alger, l'un à Tilremt, les deux autres au nord de Laghouat (Daya Guerar 
el Hamra, entre Sidi Maklouf et l'auberge de Metlili). Tous trois ont été 
trouvés sous les pierres. 

M. le docteur Ch. Martin a aussi recueilli ce Gentorus à Tilremt ainsi 
qu'à Aïn el Ibel, au sud de Djelfa, et à Aïn Baniou, dans le Hodna. 

L’aire d'extension géographique du C. Bedeli, telle qu’elle est actuelle- 
ment connue, correspond donc aux parties méridionales des Hauts Plateaux 
algériens, au sud du Hodna et à la région des Dayas. 

En décrivant cette forme nouvelle, je suis heureux de la dédier à l’ento- 
mologiste qui possède une connaissance si approfondie de la faune coléop- 
térologique de l'Afrique septentrionale. 


ORIGINE ET FORMATION DES FAUX STIGMATES 
ouEz LES Nepinæ (HEurpTÈREs), 


PAR M. Joawvy Marin. 


Lorsqu'on examine la face ventrale de l'abdomen d’une Nèpe ou d’une 
Ranatre, on remarque, de chaque côté du corps, trois grandes taches plus 
où moins rosées sur les individus frais. Chacune d’elles ressemble à un 
énorme stigmate qui serait oblitéré par une sorte de membrane en écumoire. 

Léon Dufour (21), qui le premier décrivit l'appareil respiratoire de la 
Nèpe cendrée, pensait (33) que ces taches étaient simplement les stigmates 
oblitérés de linsecte, les vestiges de ceux-ci. Burmeister (39), Schiüdte 
(69), Locy (84) émirent également cette même opinion. 

Dans une note antérieure (93), j'ai montré que la larve de la Nèpe por- 
lait, sur chaque segment de l'abdomen, une paire de stigmates ouverts, 
logés dans une faible dépression, bordée de poils, qui court sur les côtés 
de l'abdomen. L'orifice de tous ces stigmates est petit, circulaire, à péri- 
-trème légèrement épaissi. Or il est difficile d'admettre que de semblables 
sliymales puissent donner naissance à ces grands stigmates que l’on voit 
chez l'adulte. 1 était tout naturel de penser que l'étude de leur développe- 
ment indiquerait ce mode de formation si particulier. 

En effet, en examinant soit une larve de Nèpe, soit une larve de Ranatre au 
sortir de l'œuf, on peut voir au microscope son appareil respiratoire tel que 
je l'ai décrit rapidement plus haut. Un peu plus tard, après la deuxième ou 


— AIT — 


troisième mue, on voit apparaître, à trois ou quatre des segments abdo- 
minaux, sur le bord externe du sillon stigmatifère, et près des stigmates 
eux-mêmes, une dépression du tégument, très faible, en forme de croissant, 
un onglet, qui contient déjà sept ou huit ponetuations plus claires, disposées 
en file, donnant ainsi l'image très réduite d’une membrane en écumoire. 
Mais ces taches ont pris naissance en dehors des ouvertures stigmatiques, et 
n’ont aueun rapport avec elles. Ces taches, au début, sont même si éloi- 
gnées des stigmates que l'œil armé d’une faible loupe en apprécie aisément 
la distance, Mais au fur et à mesure de la croissance de la larve, la tache 
perd sa forme de croissant, s’arrondit et, en s’agrandissant, donne alors une 
plaque eriblée, sorte d'écusson sculpté qui est, en petit, ce que les faux stig- 
mates sont chez l'adulte. À lavant-dernière mue notre plaque est assez 
erande pour atteindre le bord du stigmate encore ouvert. Enfin, dans le 
passage de la nymphe à l'état adulte, les stigmates abdominaux s'oblitèrent 
étroitement, sauf ceux du dernier segment. Il ne subsiste plus à extérieur 
que les taches, les faux stigmates de Dufour qui, à la dissection même, 
donnent si parfaitement l'illusion d'anciens stigmates oblitérés. 

Quant à la signification de ces taches d'apparence stigmatique, il est 
diflicile de leur en donner une. En tout cas, si elles ont eu, à une époque 
donnée, une certaine importance; actuellement, celle-ci doit être fort ré- 
duile, car ces formations sont en voie de régression. En effet, chez la larve 
de Nèpe, il apparaît réculièrement quatre de ces taches ; mais l’une d’elles, 
celle du deuxième segment abdominal, ne continue pas sa croissance et 
disparait loujours chez l'adulte, qui ne montre plus de taches que sur les 
troisième, quatrième et cinquième anneaux. 


39. Burmeisrer (Hermann). Handbuch der Entomolopie, 1. 1, 1839, 
P. 197. | 

21. Durour (Léon). Recherches anatomiques sur la RanarTra Livearts et Neps 

 GINEREA , Ann. génér. sc. phys. (Bruxelles), t. VIT, 1821, p.19/-213. 


33. Durour (Léon). Recherches anatomiques et physiologiques sur les Hémi- 


ptères, 1 vol., 333 p., 19 pl., Paris, 1833. 


84. Locr (William A.). Anatomy and physiolory of the family Nepidue, 
-  Amer Natur., 1884, p. 250-255 et 353-367. 


93. Martin (Joanny). Modifications de l'appareil respiratoire de la Népe 
cendrée pendant son développement. Bull. Soc. Philom., 8° série, {. V, 
n° 1, 1899, p. 97-00. 


69. Semiôore (J. G.\. Nogle nye hovedsaetninger af Rhynchoternes mor- 
phologri systematik. Naturh. Tidsskr., 3 Raek. t. VI, 1869-1870, 
p. 237-266; trad. in Ann. Mag. Nat. Hist., L° série, L. VI, 1870, 
p. 225-940. 


— 112 — 


SUR QUELQUES PLANTES REMARQUABLES DE BASSE-CALIFORNIE 
DU VOYAGE DE M. Dicuer, 


par M. J. Poisson. 


Les matériaux de botanique rapportés par M. Léon Diguet, de son récent 
voyage en Basse-Californie, consistent en plantes d’herbier, graines à semer, 
échantillons de bois et quelques plantes vivantes inédites. 

L'herbier comprend environ cent cinquante espèces, et p'usieurs d’entre 
elles ont un intérêt particulier, par leur rareté, et viennent combler des la- 
cunes dans les collections du Muséum. 

De nombreuses photographies ont été prises par M. Diguet, et celles qui 
ont trait à la botanique représentent des vues d'ensemble de végétaux de 
ces régions peu connues, des ports d'arbres et d’arbustes californiens, 
complément heureux des échantillons recueillis. 

Si l'on possède dans les herbiers les rameaux en divers états, ainsi que 
des spécimens de bois ou de fruits des végétaux ligneux on ignore grénéra- 
lement l'aspect de ces derniers, qui ne peuvent arriver jusqu'à nous que 
par les explorateurs ayant des nolions suffisantes de photographie. 

Nous nous bornerons, pour aujourd'hui, à énumérer les reproductions 
qui méritent plus particulièrement d'être signalées, à cause de la beauté 
des spécimens considérés ou de leur intérêt scienuifique. 

Torote est le nom vulgaire, en Basse-Californie, d'un arbre du genre 
Bursera. Quelques espèces, au Mexique, fournissent le bois de Linaloé, 
dont on utilise, dans le commerce, l'essence parfumée obtenue par distilla- 
tion : 

9° Le Lomboy est un Jatropha arborescent perdant ses feuilles, comme 
le Torote, pendant la saison sèche. L'un et l’autre ont leurs rameaux envahis 
par une Bromeliacée du genre Tillandsia, et montrent la végétation épi- 
phyte dans toute son ampleur; 

3° Un Cereus véritablement gigantesque (18 mètres environ), entre 
autres Cactées remarquables, a été pris par M. Diguet. Celte espèce est pro- 
bablement nouvelle et distinct: du C. giganteus ; son fruit est cemestible et, 
dans ces contrées, plusieurs de ses congénères sont de véritables arbres frui- 
liers. On donne le nom de Cardon : à ces grandes espèces. Le bois du tronc 
et . grosses branches sert à la construction et aussi de combustible ; 

h° Sous le nom de Visnaga les habitants du Mexique et de la Californie 
comprennent quelques espèces du genre Echinocactus. On peut en rencon- 
lrer, parfois, mesurant 3 mètres de haut sur 1 m. 30 de large (D' Weber). 
Le spécimen reproduit par M. Diguet a environ 2 mètres. Il doit être con- 
sidéré comme une espèce nouvelle, dont le docteur Weber donnera pro- 
chainement la description. L'emploi de ce végétal comme fourrage étonnerait 
bien si l’on ne savait que ce dernier fait presque défaut dans ces régions. 


— 113 — 


Ces volumineuses Cactées, dépouillées de leurs épines en hamecçons, sont 
taillées en tranches et mangées avec avidité par les animaux ; 

5° Le Datyl Cimarron (Yucca brevifolin Engelm?) (fig. 1) est le plus bel 
exemplaire que l’on puisse voir de cette Liliacée arborescente et probablement 
séculaire. Ce spécimen est situé sur les cendres volcaniques de la Laguna 
de Saint-Georges, par 28° lat. N., sur le penchant du Pacifique où cette es- 
pèce abonde. Les Vucca, + Palmiers du désert», comme on les désigne en 
Californie , ont été exploités dans les steppes arides de Mohave et localités 
analogues, pour leurs feuilles filamenteuses fournissant une excellente pâte 
à papier. Enfin les vieux troncs de Fucca, sous le nom d’Amole, sont em- 
ployés comme savon par les Mexicains ; 

6° Un bien étrange végétal est le Cirio (Idria columnaria Kell.). I se 
rencontre dans un espace restreint entre 28° et 29° N., en regard du Paci- 
fique. Les exemplaires de haute taille sont peu nombreux et celui repré- 
senté (fig. 2), ayant 15 à 18 mètres environ, est situé près des mines d'or 
de Calamohi. On ne rencontre cette plante que sur les schistes, suivant 
M. Diguet. Cette gigantesque Fouquiéracée était inconnue et absente des 
grandes collections d'Europe ; nous devons à ce jeune explorateur des échan- 
tillons d’herb:er, des sections de tige et deux pieds vivants du Ctrio. 

Dans aucun ouvrage générai on ne trouve signalée cette plante décrite 
cependant avec soin, dès 1859, dans une publication peu répandue !"), il 
est vrai. Il en est fait mention seulement en une courte note dans la Flore 
de Californie de MM. A. Gray, Brewer et S. Watson , qui ne virent pas la 
plante et qui pensent qu'il faut la considérer comme synonyme du Fou- 
quiera spinosa où très analogue : «Îs very similar species, but is described 
as without spines, with a shorter corolla, and short included style.» Elle 
n'aura pas manqué d'être comprise dans des ouvrages plus récents sur la 
Californie ©, 

La tige molle à l’état vert du Cirio peut être entamée facilement avec un 
instrument de métal. Elle est formée, au centre, d’une moelle abondante, 
à la périphérie de laquelle sont des faisceaux fibreux espacés et seulement 
compacls au voisinage de l'écorce. Gelle-ei est peu épaisse relativement; 
au-dessous d’un rhytidome mince et parcheminé se trouve une zone de sclé- 
renchyme à cellules prodigieusement épaissies et servant évidemment de 
support à cette tige élevée. 

Toat le long de l'axe conique sont des branches ténues, ligneuses, de 
0 m. 25 à om. 39, garnies d'épines alternes (feuilles avortées). A la saison 
humide, un faisceau de feuilles apparaît à leur aisselle et tombe à la saison 
sèche. 


(1) Proceedings of the Cahf. Acad. of nat. Sciences, I, 35. 
@) Geological Survey of California, Botany, Y, 59 (1876). 
® Voir E. Lee Greene, F1. Francisc. of Middle California, 1891-189°. 


YuccA BREVIFOLIA ENGEL. ? 


19. 1. 


Fig. 2. — Inrra cocumnaria Ke. - 


— 116 — 


L'inflorescence terminale ne se développe qu'au sommet de la tige, sur 
des rameaux ligneux et à courtes épines. La panicule porte des fleurs ses- 
siles, jaune paille ; pour le reste, les caractères de la fleur concordent avec 
celle des Fouquera, sauf pour la taille beaucoup plus réduite de la corolle 
et la couleur qui est différente. Le fruit de l’Idria ne semble pas être connu 
jusqu'alors. 

Un fait bien intéressant de géographie botanique est la localisation de 
trois Fouquiéracées en ce point de la Californie, car sur les photographies 
de M. Diguet on en peut voir deux et même trois réunies sur le même ter- 
rain. Îl n'est pas douteux que la quatrième espèce ne se retrouve également, 
c'est-à-dire la totalité des espèces connues de cette petite famille, dont la 
place dans la classification a donné lieu à bien des hésitations de la part 
des botanistes. 


Nore sur TRors RUBIACÉES NOUVELLES pu Towki\, 
par M. Drake Dec CASTILLO. 


| LABORATOIRE DE BOTANIQUE (GLASSIFIGATIONS ). | 


Les Rubi:cées envoyées du Tonkin par le regretté Balans: et que j'ai pu 
déterminer avec exactitude s'élèvent à près de 80 et, sur ce nombre, 
plus de 20 sont nouvelles. L'intérêt de cette collection semble donc assez 
grand; elle n'est cependant pas suffisamment importante pour que l’on 
puisse en lirer des conclusions générales sur les affinités de la flore du 
Tonkin avec celle des régions voisines. Tout ce que l'on peut dire. c'est 
que, sur le total de ces Rubiacées, une vingtaine se retrouvent dans la Chine 
méridionale, et une trentaine dans la Malaisie. Je ne donnerai pas ici la 
description de toutes les espèces nouvelles, j'insisterai seulement sur trois 
d’entre elles dont une m'a paru constituer un genre nouveau, et les deux 
autres semblent appartenir à un genre peu connu. 

La première, par la constitution de son ovaire, se place dans la série des 
genres groupés autour des Oldenlandia. Gomme chez ces derniers, en effet, 
on voit dans cet ovaire un placenta stipité naissant près de la base de 
chaque loge, et portant un assez grand nombre d'ovules. Notre Rubiacée 
se rapproche particulièrement des Veurocalyx et des Argostemma par son 
fruit qui est une capsule s’ouvrant au sommet, et par ses inflorescences 
qui sont des cymes dont le long pédoncule, les divisions raccourcies et les 
bractées rapprochées simulent un capitule; mais la corolle de la plante 
tonkinoiïise, au lieu d’être rotacée, comme dans les deux genres précé- 
dents, est tubuleuse-infundibuliforme, comme dans les Pentas qui en 
diffèrént par leur fruit se séparant en deux valves. J'ai donné à ce genre le 
nom de Leptomischus (du grec Xex76s, élancé, et mioxos, pédoneule). La 


NOR + 


— 117 — 


plante, avec sa tige courte, ses grandes feuilles molles el rapprochées, et 
sa longue hampe florale, ayant l'aspect d'un primevère, je l'ai appelée 
L. primuloides. 


Voici sa diagnose : 


Levromsenvs, gen. nov. — Calyx oblongus, laciniis 5 Tinearibus oblongis 
aculis. Corolla infundibularis, tubo elongato lobis 5 rotundatis. Stamina 
supra medium tubi corollæ inserta, filamentis brevibus, antheris linea- 
ribus. Diseus annularis erassus. Germen biloculare semi-superum; stylus 
gracilis ramis 2 linearibus. Ovula indefinita, placentæ crassiusculæ stipitatæ 
prope basin loculi aflixæ inserta. Capsula septis evanidis et columna basi- 
lari bilida seminifera relicta demum unilocularis , apice dehiscens. Semina 
obovata cunetformia reticulata squamulosa. — Herba stipulis integris intra- 
petiolaribus basi vaginantibus. Flores spurie capitati, cymæ axillaris longe 
pedunculatæ ramis abbreviatis, bracteis confertis. 


L. primuloides, sp. nov. — Suffruticosa, fere tota pilis mollibus con- 
spersa, intermixtis aliis brevibus asperulis. Caulis brevis (3-6 cent. longa), 
folüs confertis obovatis oblongis { 15-25 cent. longis, 6-7 latis) acutis lon- 
giuscule in petiolum attenuatis supra glabris. Cymæ folio breviores, brac- 
leis ovatis acuminatis. Corolla alba. Capsula obovata. 

Forêts sur la rive gauclie de la rivière Noire, à Cho-Bo (Bal. 2621!) 
et entre Cho-bo et Phuong-Lam (Bal. 4119!). 

Les deux autres espèces semblent appartenir au genre Keenamia décrit 
pour la première fois par Hooker dans le Flora of British India. Les carac- 
tères les plus importants donnés par cet auteur conviennent absolument à 
nos plantes, savoir : le mode d’inflorescence, le calice, le style, l'ovaire et 
la placentation. Le Keenania modesta Hook. a des étamines insérées à la 
base du tube de la corolle; ici elles sont insérées à la gorge de la corolle et 
longuement exsertes : cette différence n’a pas de valeur générique. L'auteur 
du Flora of British India ne parle pas des fruits du Keenana. Je n'ai pu en 
voir que dans une seule espèce et encore n’étaient-ils qu'incomplètement 
mûrs. Is semblent être des capsules membraneuses mucilagineuses à l’inté- 
rieur et se déchirant à maturité, Les graines sont anguleuses et ressemblent 
à celles des Ophiorrhiza. 


Voici les diagnoses de ces deux espèces : 


Keenania (?) ophiorrhizoides , sp. nov. — Perennis, repens, radicans, gla- 
berrima. Folia membranacea ova'a oblonga (8-12 cent. longa, 3-5 lata) 
acuta, basi consiricta, longe petiolata, subtus glauca, nervis 8-10, stipalis 
oblongis euspidatis. Gymæ capituliformes (2-3 cent. latæ) terminales vel 
in summis ramis axillares, interdum bicephalæ, nutantes, in sicco ru- 
bentes, bracteis externis ovatis acutis, internis obovatis-oblongis, bracteolis 
linearibus-oblongis. Calveis persistentis lubus ovoideus, laciniæ param 


— 118 — 


inæquales, oblongæ-lanceolatæ, tubo longiores. Corolla alba calyce vix lon- 
glor. Capsula ovoidea membranacea, intus subsuecosa , seminibus angulalis. 


Vallée de Langkok (Bal. 2693 Li 


K. (?) tonkinensis, sp. nov. — Differt a præcedente foliis et inflorescentiis 
minoribus, pedunculis ut videtur semper terminalibus, brevioribus et gra- 
cihoribus. Flores non nist in alabastro visi. Fructus ignoli. 


Vallée de Langkok (Bal. 2699 !). 


COMMELINAGEES ACQUISES AU MUSÉUM PAR LES EXPLORATIONS FRANÇAISES 
EN AFRIQUE TROPICALE, 


par M. Henri Hua. 


(LABORATOIRE DE BOTANIQUE ; CLASSIFICATIONS. ) 


Les récentes explorations faites dans l'Afrique tropicale par de nombreux 
voyageurs et missionnaires français , parmi lesquels on peut citer en première 
ligne MM. J. de Brazza et Thollon, Dybowski, les RR. PP. Duparquet et 
Sacleux, ont procuré au Muséum des collections considérables, dont l'étude 
est en cours. La grande quantité des matériaux accumulés ne permet pas 
de présenter avant longtemps un résultat d'ensemble. 

L’exposé sommaire des acquisitions faites , pour la seule famille des Gom- 
mélinacées, peut donner une idée de la valeur de ces collections. 


POLLIA. 
P. condensata G. B. CI, — Afrique orientale : Mhonda (Sacleux , n. 1831, 
ann, 1892 ). 


N'a élé signalé jusqu'ici que sur les côtes ct dans les îles du yolfe de Guinée. 


PALISOTA. 

P. Schweinfurthi G. B. CI. — Poste de Kémo (Dybowski, 16 avril 1892). 

P. thyrsiflora Benth. — Guinée française, endroits humides et ombragés 
près de Kouassa Khimbi (Paroisse, janvier-mai 1893). — Gabon (Dupar- 
quet.) 

P. Tholloni, n.sp., Hua in Bull. Soc. bot. de Fr. t. XLI, p. cr. — Congo : 
Brazzaville (Thollon, n. 537, novembre 1884); bois près de la côte (Le- 
comte, 1895). 

P. plagiocarpa, n. sp., Hua, L c., p. ur, — Brazzaville (J, de Brazza, 
n. 202, oct. 1884). 


— 119 — 


P. congolana, n. sp., Hua, {. 6, p. in. — Brazzaville (Dybowskt, 
30 juil. 1891); Kakomocka (IH. Lecomte, a oct. 1893). 


P. ambigua (P. B.) CG. B. CL — Congo : Kakomocka (IH. Lecomte, 
(e 6 \ 
3 déc. 1893). 
COMMELINA. 

C. nudiflora L. — Guinée française : Bramaya (Paroisse, n. 209). — 
Gabon : Nyanga, toute la côte, sous bois (Dybowski, 11, n. 14, 1894). — 
Congo : Njobé (Schwébisch et Thollon, avr. 1893); Brazzaville (Dybowski, 
30 Juill. 1891). 

Une grande glabrescence rapproche entre eux, et avec le n° 47 des plantes du 
Congo de Hens, tous ces exemplaires de la côte de Guinée. Ils diffèrent par là de 

ü P Il 
échantillon de l'île San-Thomé portant ce nom, sous le n° 112, dans la Flora 
africana exsiccata distribuée par l'Université de Coïmbre; échantillon qui, par sa 
villosité, est semblable à un exemplaire rapporté par Leprieur du Sénégal en 1829. 


— Les fruits et les graines sont d’ailleurs semblables; la distinction spécifique est 
donc impossible. 


C. africana L. — Guinée française : Bramaya (Paroisse. n. 196). 


Malgré le port général très analogue et les fleurs jaunes, labsence de fruits 
laisse un peu de doute sur cette identification d’un échantillon de Guinée avec 
une espèce signalée jusqu'ici seulement au sud de l'équateur et en Abyssinie. 


C. karooica, var. Barberæ G. B. CI. — Kalaheri : Maseking (Duparquet, 
n. 44., janv. 1887). 


C. barbata Lamk. var. véllosior. G. B. CI. — Zanzibar, bord des chemins 
à l'abri des manguiers (Sacleux, n. 219, 1141). 


Les fleurs, bleues dans le type, sont indiquées comme jaunes par le R. P. Sacleux, 


C, bracteosa Hassk. — Zanzibar, champs cultivés (Sacleux, n. 218, 
juin 1887). 


Nom indigène : Swahit Konowa. 


C. guineensis, n. sp. (Trithyrocarpus). — Radix fbrosa, Caulis a basi 
ramosus, ramis simplicibus, glabrescens. Vaginæ pilosiusculæ, ore subau- 
riculatæ ciliatæque. Folia sessilia, lanceolata, longiuscula. /nflorescentiu 
terminalis, sæpissime unica, pedunculata ; spatha cucullata, haud arcuata, 
striatula, puberula; cyma superior obsoleta, rarissime uniflora, altera 
9-6 flora. — Calicis sepalum exterius brevius, apice rotundatum , 3 nerve; 
sepala interiora alte connata. Corolle petalum exterius ellipticum vix ungui- 
culatum; 2 altera longe unguiculata. Stamina 3 anteriora perfecta : imparis 
difformis anthera incurva longior, parium antheræ rectæ ellipticæ, loculis 
basi liberis. Capsula subelobosa, 3 suleata, 3 loculis monospermis, semi- 
nibus lævibus. 


— 120 — 


Brazzaville (Thollon , n. 961 , avril 1888). — Guinée française. (Paroisse, 
h. 199, ann. 1893). 


Plus proche du C. wirginica L. que d’aucune autre espèce; n’en est peut-être 
qu'une forme africaine. Un petit échantillon non fructifié, récolté au Sénégal par 
le D Bayol, semble identique à un C. rirginica venant de la Martinique (Duper- 
rey, ann. 1825). L’altention des voyageurs doit être attirée sur ce fait d’une es- 
pèce très commune et très polymorphe en Amérique, dans tous les pays où l’escla- 


vage était usilé, et qui se retrouverait en Afrique, dans les régions d'où provenaient 
les esclaves. 


C. albescens Hassk. — Sénégil (D' Bellay, n. 573). 


Le Muséum n’en possédait jusqu'ici que d’Abyssinie ou du Cap-Vert. 


C. Vogel G. B. CI. — Sénéga. (D' Bellamy, n. 2). 


Très analogue par son port aux échantillons d'Heudelot (n. 176), considérés 
comme C. aspera Don.; il en diffère par ses capsules comprimées, situées au som- 
met, à deux loges contenant chacune une graine munie d’une petite expansion ali- 
lorme, d’un côté de laquelle se trouve le hile linéaire, l'embryostège arrondi, peu 
saillant, se trouvant de l’autre. C’est à cause de ce caractère de la graine que j'ai 
pu conslater sur un des exemplaires étiquetés C. Vogel par M. Clarke (Angola : 
Guingongue), que je rapporte l'échantillon du D' Bellamy à cette espèce. La dis- 
tinction fondée sur le nombre des loges de la capsule n’est pas suffisante, puisque 
j'ai trouvé sur un des échantillons du n° 176 d’Heudelot à la fois des capsules 3- 
loculaires et des capsules 2-loculaires; seulement les graines en étaient complète- 
ment lisses. 


ANEILEMA. 


A. sinicum Lindl. — Franceville (Thollon, n. 314, janv. 1884). — 
Brazzaville (Dybowski, 30 juill. 1891). — Bangui (Dyb., n. 525-529). — 
Pays des Ouaddas (Dyb. 26 B., 5 février 1892). — Zanzibar (Sacleux, 
n. LoG, janv. 1891). 


Parmi les exemplaires du Conyo, où cette espèce est très répandue, quelques- 
4 ® Al 4 ° e 4 . a! * 

uns, à panicule très réduite, sembleraient se rapporter à la var. simplex C. B. CI. 
(sp. pro Kunth); mais comme ils ont été récoltés côte à côle avec des exemplaires 
à panicule amplement développée, comme sont presque tous ceux provenant de la 
côte orientale, il ne paraît pas y avoir lieu d’attacher une bien grande importance à 
cetle apparence. Ici, pas plus qu'ailleurs, la réduction du type normal ne doit pas 
conduire à une distinction spécifique. 


A. æquinoctiale Kunth; Commelina æquinoctialis P. B. — Landana 
(Duparquet). — Brazzaville (Brazza, n: 313, janvier 1883; Thollon, 
0. 997, avril 1888; Dybowski, juillet 1891). 

Ces exemplaires appartiennent au type robuste, à poils recourbés au sommet, 


dont Kunth avait fait l'A. adhærens, réduit justement au rang de variété par 
M. Clarke. H n’y avait jusqu'ici de cette espèce, dans l’herbier du Muséum, que 


— 121 — 


à échantillons provenant du Cap (Drège, n. 4466) et de Zanzibar (Grandidier, 
n. 28). Quand aux nombreux échantillons abyssiniens étiquetés par M. Clarke 
comme représentant sa var. minor, 1ls diffèrent totalement de notre espèce : 1° par 
les fleurs plus petites, bleues, à sépales glabres et arrondis, dont l’élamine antérieure 
a un filet nettement uni par sa base très large aux filets des cinq autres organes 
slaminaux et une anthère incurvée, plus grande que les anthères des étamines laté- 
rales; 2° par les capsules plus petites, un peu stipitées; 3° par les longs poils épars 
à la face supérieure des feuilles, Je suis d'autant plus porté à réintégrer ces échantil- 
lons dans l'A. Taccazeanum Hochst, qu'une étiquette de la main d’'Hasskarl, re- 
trouvée dans l’herbier Richard, actuellement en possession de M. Drake del Cas- 
üillo, donne à cette forme le nom de Lamprodithyros Taccazeanus, considéré par 
M. Clarke même comme synonyme de Aneilema Taccazeanum Hochst. 


À. Sacleuxii, n. sp. — P.m. scandens. glabrescens. Folia ovato-lanceo- 
lata, acuta, haud acuminata, subtus vix puberula, supra sparsim pilosa, 
marginibus ciliatis, præsertim ad basim in pseudo-petiolo constrictam; in- 
feriora majora approximata; vaginæ puberulæ, ore obliquo ciliatæ. Pani- 
cula laxa, elongata, pedunculis pubescentibus, bracteis lanceolalis ; cymæ 
4-6 floræ pedunculatæ, interdum 2-3 approximatæ, bracteolis acutis ad 
basim ciliatis. — Sepala oblonga, pubescentia, exterius apice acutum. Pe- 
lala orbiculata, 1 subsessile, 2 unguiculata. Stamina filamentis basi vix 
monadelphis; fertilium 1 anthera incurva majore; sterilia 3 limbo bilobo 
lato. Ovarium puberulum, 3-loculare. Capsula stipilata, apice 2-angulata, 
a-valvis, puberula, loculis duobus 2-spermis, loculo tertio 1-Spermo sæplus 
casso. Semina matura non visa. 


« Herbe plus ou moins grimpante, de o m. 4o à 2 mètres, aux fleurs d’un bleu 
pâle» (Sacleux), se distinguant de l’A. Taccazeanum, très proche par la pubescence 
de linflorescence, la largeur des lobes des staminodes, et l'aspect des bractéoles 
aiguës, munies de quelques longs cils à la base. Ce dernier caractère, bien que 
d'ordre inférieur, peut servir à reconnaître immédiatement l'A. Sacleuxii parmi les 
formes voisines actuellement connues. 


À. beniniense Kunth. — Commelina benimensis P. B. — Gabon (Dupar- 
quet).— Franceville (J. de Brazza, 1883). — Congo: Bangui (Dybowski, 
n. 528, oct. 1891); cap Lopez (Dyb. IT, n. 172, 23 fév. 1894). 

Var. oxycarpa, var. nov. — Typo florum seminumque characteribus 
simillima, capsulis autem acutis. 


Gabon (Griffon du Bellay). 


A. ovato-oblongum P.B. — Ogooué (Thollon, n. 266 bis). Brazzaville 
(Dybowski, 30 juillet 1891). 

Les exemplaires du Congo se distinguent tous, de même que ceux du Gabon 
(Griffon du Bellay, Soyaux, n. 336) par leurs gaines chargées de longs poils rouges. 

À. lanceolatum Benth. — Brazzaville (Dybowski, 25 juin 1891). 


Muséun. 9 


— 122 — 


Cyanoris. 


C. Dybowski, n. sp. — Hirsuta. Caulis subsimplex , majusculus, erectus. 
Folia linearia, supra glabra, infra hirtella, marginibus scabriusculis roseis ; 
vaginæ longæ. Cymæ ad apicem caulis v. ramorum axillarium plures ap- 
proximatæ subsessiles. Bracteæ foliis consimiles, v. abbreviatæ; bracteolæ, 
usque ad 20, falcatæ, extus hirsutæ. — Sepala uninervia hirsuta, quorum 
2 interdum usque ad apicem coalita. Corollæ tubus calicem superans; lobi 
3 subæquales late ovati, cærulei. Stamina filamentis dense barbatis. Ovarium 
dense pilosum. Stylus sub stigmate 3-lobulato fusiforme incrassatus necnon 
pilosus. 

Poste de Kémo (Dybowski, n. 760, 30 mai 1892). 


Semble différer du C. djurensis C. B. CL, dont je connais seulement la descrip- 
tion, à la fois par son aspect hirsute et son style renflé sous le stigmate. Ce sont, 
d’ailleurs, deux plantes voisines provenant de deux régions, le Djur et le Haut- 
Kémo, dont les recherches ultérieures ne manqueront pas de montrer l’analogie. 


C. lanata Benth, — Sénégal (docteur Bellamy, n. 639, 665). 
Id. var. sublanata C. B. CI. — Sénégal (Bellamy, n. 8). — Dahomey 
(R. P. Ménager). 


FLoscopa. 


F. africana C. B. CI. — Aneilema africana P.B. — Ogooué, bois humides 
au bord du fleuve (Thollon, n. 240, 276, avril 1883). 


Nombreux et beaux échantillons comblant une lacune des collections du Mu- 
séum, 


F. rivularis C. B. CI. — Sénégal (Bellamy, n. 193); loc. nov. 


F. aquatica, n. sp. — Præter inflorescentiam parce glanduloso villosam , 
glaberrima; in aquis radicans. Folia ovata acuta, in aere patentes, inter- 
nodiüis vix longiora. Cymæ terminales, v. ex axilla suprema dichotomæ; 
bracteolis minimis sparsis, mox caducis. — Sepala oblonga, hirtella. Petalu 
vix majora, conformia, glabra. Stamina 6 fere æquilonga, filamentis com- 
planatis; 3 anteriora antheris ellipticis brevibus; posteriora 3 connectivo 
lato appendiculato, loculis basi divaricatis. Capsula junior longiuscule sti- 
pitata. 


Ayant un genre de vie analogue à celui de F. aæillaris C. B. CI., il se distingue 
par un port plus robuste et par ses inflorescences toujours reportées au sommet 
des rameaux et non groupées aux aisselles de plusieurs feuilles. 


MD, LENS"  ., LR RE 


— 123 — 


Rsuaroues SUR QUELQUES GENRES FOSSILES 
POUVANT SERVIR À RELIER CERTAINES CRYPTroGAMESs VASCULAIRES 


AUX GYMNOSPERMES, 


par M. Bervwarn RENAULT. 


Personne n’ignore qu'entre les Gryptogames les plus élevées en organi- 
sation et les Phanérogames les moins perfectionnées il existe de grandes 
lacunes. 

Les Lycopodiacées, par exemple, diffèrent des Gycadées par de nombreux 
caractères importants; d'un côté, les organes reproducteurs se composent 
de microspores et d'archégones contenus dans une macrospore; de l’autre, 
de grains de pollen et d’archégones renfermés dans un ovule. 

Chez les premières, sauf de très rares exceptions, les racines, les tiges, 
les cordons foliaires, ne présentent que du bois primaire centripète. Chez 
les secondes, au contraire, on trouve dans les mêmes organes du bois se- 
condaire centrifuge produit par une assise génératrice. 

Il y a bien d’autres différences que celles que je viens d'indiquer, mais 
celles-ci sont suflisantes pour établir une démarcation très nette entre les 
deux embranchements. 

Cette démarcation devient beaucoup moins sensible si l’on tient compte 
des nombreux genres fossiles qui sont actuellement connus. 

Entre la microspore et le grain de pollen viennent se placer les diffé- 
rentes formes de Prépollinies anciennes. 

Entre les tiges qui ne présentent que du bois de Cryptogames et celles 
qui n'offrent que du bois de Phanérogames, il en existe une foule d’autres 
dans lesquelles ces deux bois sont associés à différents degrés. 

Dans une communication succincte, il est impossible de traiter un sujet 
aussi vaste, et je me contenterai de citer quelques genres qui, par la con- 
stitution de leur système libéro-ligneux, peuvent servir de passage entre 
une classe de Cryptogame et une classe de Phanérogame. 

Les Lépidodendrons du Culm tels que L. Harcourti, L. rhodumnense, 
L. esnostense ne possèdent dans leur tige et leurs rameaux que du bois 
centripète ou cryplogamique. Le faisceau libéro-ligneux des feuilles ne con- 
tient également que du bois primaire sans trace de bois secondaire. 

Chez les Sigillaires à côtes, les plus anciennes, chez les Sphenophyllum , 
les Heterangium, on voit du bois secondaire s'ajouter au bois primaire cen- 
tripète de la tige, tandis que le cordon foliaire reste simple dans sa partie 
caulinaire et dans sa partie aérienne. 

Ces différents genres se rencontrent dans le Culm et le terrain houiiler 
moyen. 


9: 


Plantes se reprodui- 
sant au moyen 
d’archégones se 
développant sur 
un prothalle tan- 
tôt libre, tantôt 
renfermé dans 
une macrospore 
ou un ovule. . .- 


Plantes se reprodui- 
sant au moyen 
d’archégones se 
développant sur 
un prothalle tan- 
tôt libre, tantôt 
renfermé dans 
une macrospore 
ou un ovule. ... 


— 12 — 


LEPIDODENDRON, 
LYCOPODIUM. 
i 
Bois 
crypto- 
gamique. 


Bois 
phanéro- 
gamique. 


Cordon foliaire 


À 
aérien. 


Cordon foliaire 
caulinaire. 


Nana LAIBIMDIV 


I 


Bois de la tie. 


CALAMITE, ANNULARIA , 


ASTÉROPHYLLITE. 
1 
Bois Bois 
crypto- phanéro- 
gamique. gamique. 
Cordon foliaire À 
aérien. $ 
$ 


Cordon foliaire 
caulinaire. 


Bois de la tige. 


 HETERANGIUM, 
SIGILLAIRES GANNELÉES. 
2 

Bois 


crypto- 
gamique. 


Bois 
phanéro- 
gamique. 


Ve RAA RAR RIRE NS 


U//U12 


SPHENOPHYLLUM. 
2 
Bois Bois 
crypto-  phanéro- 
gamique. gamique. 
è 


IL — TI 


SIGILLAIRES LISSES 


3 


Bois 
crypto- 
gamique. 


RAR RIRE INS SR AAA) 


NS 
CI 


N 


[CH 


aus CYGADOXYLON , 
, MEDULLOSA , CYCADÉES, 
PTYCHOXYLON, CORDAÎTES. CONIFÈRES, 
5 7 8 
_— ——————."...——….….….…— | | | 
-— Bois Bois Bois Bois Bois Bois Bois 
phanéro- cry pto- phanéro- crypto-  phantro- eryplo-  phanéro- 


WALCHIA, CEDROXYLON, 


mique, amique, mique, ramilue, yamique. amitue, gamique, 
HA 4 FA j Î 


À À À 


BORNIA , ARTHROPITUS, 


MACROSTACHYA. GNETUM, EPHEDRA. 
CALAMODENDRON. à 
5 6 7 8 
ne = | 
Bois Bois Bois Bois 
cerypto-  phanéro- crypto-  phanéro- 
gamique,  gamique. gamique. gamique, 


À 
Aù 


D 
\ 
11, 


— 126 — 


Les Sigillaires lisses, fréquentes dans le terrain houïller supérieur, voient 
leur bois eryptogamique diminuer d’une manière très sensible; il n’est-plus 
représenté que par un petit nombre de faisceaux répartis sur la face interne 
du bois secondaire; ce dernier a pris un développement considérable. 

Dans l’intérieur de la tige, le cordon foliaire s'est doublé d’un boïs se- 
condaire, mais il est resté simple et de nature cryptogamique dans sa partie 
aérienne. 

Les rhizomes des Sigillaires (stigmarhizomes) possèdent quelquefois un 
double cylindre ligneux. Le cordon foliaire est également diploxylé dans 
l'intérieur et à l'extérieur du rhizome. 

Chez les Poroxylées, les faisceaux ligneux sont diploxylés à l'intérieur de 
la tige et sur toute la longueur du faisceau foliaire. 

Les Colpoxylons n’ont plus de bois centripète, mais seulement du bois 
secondaire; le cordon foliaire reste toutefois diploxylé dans la tige et les 
feuilles. 

Les Cordaïtes et les Gycadées ne montrent aucune trace de bois centri- 
pète ; dans leur tronc, seule la portion aérienne des cordons foliaires est 
diploxylée. 

Enfin les Conifères n’ont que du bois secondaire dans tous leurs organes 
vévétatifs aériens. 

De l’énumération fort incomplète des genres qui précèdent et de leur 
comparaison, 1l résulte : 1° que l’addition du bois secondaire au bois cen- 
ripète se fait d’abord dans les rhizomes, puis dans la tige, ensuite dans 
la partie éaulinaire du cordon foliaire, enfin dans sa partie aérienne; 
2° que la disparition du bois cryptogamique s'effectue en suivant la même 
marche. 

On pourrait établir d’autres séries parallèles de genres, conduisant d’une 
classe de Cryptogames à une autre classe de Phanérogames; 1l serait fort 
intéressant de vérifier si l'apparition du bois phanérogamique et la dispa- 
rition du bois cryptogamique s'effectuent toujours dans le même ordre que 
celui que J'ai signalé dans la série citée plus haut. 

J'ai résumé dans les tableaux précédents deux séries parallèles : lune 
contient un certain nombre de tiges non articulées; l'autre, au contraire, 
renferme quelques tiges articulées classées d’après cette méthode arüfi- 
cielle. 

Le bois cryptogamique est représenté par une flèche ondulée, le bois 
phanérogamique par une flèche rectiligne. 


— 127 — 


SUR L'INNERVATION DES VAISSEAUX LYMPHATIQUES, 


par M. E. Ge. 


On admet que la formation de la lymphe, aux origines du système 
lymphatique, est continue ou à peu près; par suite, le liquide doit être 
sans cesse poussé en avant par les molécules de nouvelle formation. Mais 
l'influence de cette vis a tergo ne peut suflire à rendre compte de tous les 
mouvements de la lymphe dans les canaux où elle circule; d’ailleurs, il est 
très diflicile d'évaluer sa valeur pratiquement, d’une façon positive; aussi 
a-t-on invoqué, comme causes adjuvantes de la circulation lymphatique 
chez les animaux supérieurs, l'influence de la respiration, des battements 
artériels, des mouvements des viscères abdominaux, etc. On indique aussi 
une cause plus importante, c’est la contractilité des vaisseaux 1ympha- 
tiques eux-mêmes. 

Ce fait, connu depuis longtemps déjà, n'est établi pourtant que sur 
un nombre assez restreint d'observations réalisées un peu au hasard et de 
visu; l'on sait, d’un autre côté, que les parois des vaisseaux lymphatiques 
sont en partie formées de fibres musculaires lisses. Mais le rôle exact de 
celte propriété inhérente aux vaisseaux, les conditions dans lesquelles elle 
s'exerce, son importance n'ont jamais été déterminés, parce que jusqu'à 
présent il n’a pas été possible de l’étudier d’une façon systématique; 
une telle étude exigeait l'emploi de la méthode graphique. 

J'ai pu, avec l’aide d’un collaborateur assidu, M. L. Camus, réaliser 
cette nouvelle application d’une méthode qui a rendu tant de services à la 
physiologie. Nous sommes parvenus à enregistrer, chez le Chien, d’une 
part, les mouvements de la citerne de Pecquet, en transformant ce réser- 
voir en une cavité close, remplie d’eau salée à 7 p. 1000, et communi- 
quant avec un manomètre à eau salée, muni d’un flotteur en bougie; et, 
d'autre part, les mouvements du canal thoracique, manifestés par les va- 
riations de l’écoulement d’un liquide (eau salée à 7 p. 1000), que l’on fait 
passer dans ce canal sous un niveau constant; 1l est clair que, si ce canal 
est contractile, l'écoulement sera ralenti ou accéléré, suivant que le conduit 
se resserrera ou s'élargira. 

Or nous avons montré, l’année dernière (Arch. de physiol. norm. et pathol. 
5° série, t. VI, p. 454, 1894), que l'excitation du bout inférieur du nerf 
splanchnique gauche détermine la dilatation de la citerne de Pecquet. 
Depuis, nous avons vu que, dans quelques cas, cette excitation peut 
provoquer, au contraire, le resserrement de la citerne. Ainsi le splanch- 
nique contient à la fois des filets dilatateurs et des filets constricteurs du 
grand réservoir lymphatique. Quant aux nerfs du canal thoracique, ils se 
trouvent dans le cordon sympathique du thorax; l'excitation de ce cordon, 


ESS 


au-dessous du premier ganglion, amène presque toujours la dilatation , 
rarement la constriction du canal. Nous nous sommes assurés, bien 
entendu , que toutes ces modifications sont indépendantes des variations de 
la pression du sang dans l'aorte ou dans la veine jugulaire, comme des 
mouvements du cœur ou de l’œsophage. 

Dans d’autres expériences, nous avons constaté que. lite de difté- 
rents nerfs sensitifs peut donner lieu à des variations de l'écoulement lym- 
phatique, de même qu'elle provoque des modifications de la pression 
sanguine, par action vaso-motrice réflexe. 

Enfin, nous avons reconnu que le canal thoracique se contracte sous 
l’influence du sang asphyxique ou de la pilocarpine, et qu’il se dilate par 
l'effet du curare et surtout de l’atropine. D’après tout ce que nous savons 
du mode d'action de ces substances, il est certain qu’elles modifient la 
contractilité des vaisseaux lymphatiques par l'intermédiaire du système 
nerveux. 

Cette contractilité, de même que celle des artères, est donc sous la dé- 
pendance du système nerveux. Îl est rationnel de penser que la plupart 
des vaisseaux lymphatiques, sinon tous, reçoivent, comme ceux que nous 
avons étudiés, des nerfs de deux fonctions. On est donc conduit à admettre 
qu'à l'état normal, non seulement le cours principal de la Iymphe peut, 
grâce à l'influence du système nerveux sur la citerne et sur le canal, se 
modifier suivant des conditions variées, mais aussi qu'il peut s’établir en 
des territoires organiques divers des circulations lymphatiques, spéciales à 
ces organes, et relativement indépendantes de la circulation lymphatique 
générale, comme il se fait des circulations locales sanguines. IT n’est peut- 
être pas sans intérêt de remarquer ici que les variations de l'écoulement 
dans le canal thoracique que paraît provoquer le plus aisément le système 
nerveux, soit par excitation directe, soit par action réflexe, sont celles 
de sens positif, les nerfs dilatateurs étant plus nombreux ou plus exci- 
tables que les constricteurs. Dans certains cas même, ainsi que nous avons 
vu quelquefois, quand les contractions du canal se produisent à intervalles 
à peu près réguliers, tendent à prendre un rythme , la circulation lym- 
phatique pourra être influencée par là, comme elle l'est, chez les Vertébrés 
inférieurs, par l'action des cœurs lymphatiques. 

Il nous semble, en définitive, que, à côté de la cause essentielle de la 
circulation lymphatique, la vis « tergo, force de propulsion agissant aux 
extrémités du système lymphatique, il convient de placer la contractilité 
des vaisseaux (force de progression pouvant agir en tous les points du 
système), régie par le système nerveux. 


129 — 


SUR QUELQUES PARTICULARITÉS RELATIVES AUX VENINS DE Virère 
ET DE COBR1, 


par MM. Paisauix er BEerrrAnp. 


Dans la dernière séance, nous avons établi l'influence générale des sai- 
sons sur l’activité du venin de Vipère , et nous sommes arrivés à cette con- 
clusion que la virulence augmente d’une manière continue du printemps 
jusqu'à l'automne. Ces variations ne sont pas les seules. Il en est d’autres, 
assez rares du reste, mais beaucoup plus importantes, et qui semblent dé- 
pendre de races particulières qu'on ne trouve que dans certaines localités. 
Faisons remarquer, toutefois, que ces races sont purement physiologiques , 
attendu qu'elles ne peuvent être distinguées extérieurement des autres. Ces 
variations portent, non plus sur l’activité du venin, mais sur la qualité de 
ses principes actifs. Gomme nous l'avons montré, les accidents locaux con- 
séeutifs à l’inoculation du venin de Vipère sont dus à l'échidnase, et les 
accidents généraux à l’échidnotoxine. Si, avant de l’inoculer, on a préalable- 
ment chauffé le venin dans certaines conditions , les accidents disparaissent, 
et il se forme dans le sang une quantité de substance anti-toxique telle 
que l'animal est immunisé contre le venin ordinaire. Nous avons attribué 
cette réaction vaccinale à une nouvelle substance que nous avons appelée 
échidno-vaccin. 

C'est du moins ce qui arrive en général avec le venin de Vipère. Nous 
avons cependant trouvé à cette règle deux exceptions remarquables. La pre- 
mière nous a été fournie exclusivement par les Vipères d’Arbois (Jura) cap- 
turées au printemps , et la seconde, par celles de Clermont-Ferrand. Tandis 
que les Vipères d’Arbois, prises de juin à novembre, fournissaient un venin 
possédant toutes les propriétés indiquées plus haut, celui des individus re- 
cus et étudiés au commencement de mai était dépourvu d'action locale. Au 
lieu d'un gonflement énorme de la région inoculée, avec coloration viola- 
cée de la peau, due à une suffusion hémerrhagique considérable, à peine 
observait-on, à l’autopsie, une légère infiltration incolore. Ce venin spé- 
cial, qui nous a été fourni par des Vipères de variétés bleues, rouges et 
noires et de sexes différents, n’est sécrété que pendant un temps très 
court. Il ne tarde pas à recouvrer ses propriétés ordinaires, et déjà, au 
mois de juin, l’échidnase y est abondante. On pouvait se demander si ce 
venin tout à fait exceptionnel, atténué dans les conditions que nous avons 
indiquées dans nos travaux sur la vaccination anti-vipérique, se transfor- 
merait en vaccin, comme c’est la règle pour le venin de Vipère. Nous avons 
consiaté qu'il en était ainsi. [l résulte de ces faits que l'échidnase n’est pas 
indispensable à la production de l’échidno-vaccin. Mais on pourrait suppo- 
ser que ce dernier dérive de l'échidnotoxine. Il ne semble pas en être ainsi, 


— 130 — 


d’après les expériences faites sur le venin des Vipères reçues de Clermont 
à la fin d'avril 1894. Ce venin détermine tous les symptômes habituels de 
intoxication vipérique avec la même intensité que celui des autres Vipères 
étudiées à la même époque; il s’atténue par la chaleur dans les conditions 
ordinaires, mais, ainsi modifié, 4 n’engendre pas la réaction vaccinale à la- 
quelle on pouvait s'attendre. 

Au point de vue de la composition du venin, les expériences que nous 
venons de résumer confirment ce que nous avions avancé relativement à 
l'indépendance de l’échidnase, de l’échidnotoxine et l'échidno-vaccin , quel 
que soit du reste le mécanisme par lequel celui-ci apparaît. 

I est intéressant de faire remarquer ici que les deux caractères excep- 
tionnels que nous avons trouvés sur des venins de Vipères différents se re- 
trouvent réunis dans un venin de Cobra, qui nous a été remis par M. le 
professeur Gautier. Ce venin, qui lui avait été envoyé il y a une dizaine 
d'années, et dont une partie avait servi à ses recherches si remarquables 
sur les ptomaïnes, était encore d’une activité considérable. C'est ainsi que 
nous avons pu tuer assez rapidement des Cobayes adultes avec des quantités 
inférieures à 1/20 de milligramme de ce venin sec. Mais, comme le venin 
d’Arbois, 1l ne produisait au point d’inoculation qu’une très légère infiltra- 
tion incolore , et, comme celui de Clermont-Ferrand, il était incapable de 
déterminer la moindre vaccination, après avoir été chauffé. 

Certains auteurs ont avancé que les venins de tous les Serpents étaient 
identiques et ne différaient que par la plus ou moins grande proportion de 
substances actives qu’ils renferment. Cette assertion ne repose assurément 
que sur des observations superficielles et incomplètes. Elle est en désaccord 
avec les faits que nous venons de rappeler. Mais il y a plus. Alors que le 
venin de Vipère perd rapidement toute son activité à des températures 
notablement inférieures à 100 degrés, celui du Cobra peut être porté à 
l’ébullition sans subir d'atténuation appréciable, 

Déjà M. le professeur Gautier avait remarqué que du venin de Cobra des- 
séché au bain-marie, puis à 140 degrés, était encore extrêmement actif. 
Nos expériences nous permettent d'affirmer qu’il en est réellement ainsi. 

Nos essais d'atténuation par le chauffage ont été faits à des températures 
variant de 80 à 150 degrés. [ls ne donnent de résultats sensibles qu’à par- 
tir de 120 degrés environ. C’est vers 150 degrés que l’atténuation devient 
très manifeste; toutefois le venin chauffé cinq minutes à cette température 
(en solution au ——) tue encore le Cobaye en moins de vingt-quatre 
heures à la dose de 2 milligrammes. 

Dans aucune des très nombreuses expériences que nous avons faites avec 
ce venin de Cobra, plus ou moins atténué, nous n'avons obtenu d'indice 
certain de vaccination. 

En résumé, le venin des Serpents diffère non seulement d’une espèce à 
l’autre, mais aussi chez la même espèce; c’est ainsi que, chez la Vipère, il 


nue de ia por es .. . nu 2 thptbabrs-dn. (4, à 
+ 


snins nl tt 


— 131 — 


contient plusieurs substances, dont l'une au moins peut manquer chez cer- 
tains individus et à certaines époques. Ces individus semblent appartenir 
à des races physiologiques que seuls les caractères morphologiques n'au- 
raient pu mettre en évidence. 


NOTE SUR LA PÉRIODE DE CROISSANCE CHEZ LYMNÆA STAGNALIS, 


PAR HENRY DE VARIGNY, DOCTEUR ÈS SCIENCES. 


Il est généralement admis que, pour chaque espèce animale, il y a une 
période de la vie où la croissance est le plus rapide. Pour chaque espèce il 
y à un âge, dont les limites varient d’ailleurs, où le développement se fait 
avec le plus d'intensité. Chez l'homme, par exemple, la croissance est con- 
sidérée comme cessant absolument à l'âge de 30 ans environ, mais cela ne 
veut point dire que la croissance s'opère de façon uniforme durant tout ce 
temps : il y a deux ou trois périodes durant l'enfance et l’adolescence où 
le développement somatique procède de façon très vive, et entre ces pé- 
riodes l'organisme semble se reposer; la croissance se ralentit beaucoup. 

Une fois la période de croissance passée, qu'il s'agisse de l’homme ou 
de l'animal, 1l est admis que l’accroissement du corps ne peut plus se faire: 
il ne peut plus y avoir, en particulier, d'allongement du squelette, ou de 
développement ultérieur, bien que, par l'exercice et l'entraînement mé- 
thodiques , on puisse espérer fortifier certaines parties. C’est là une loi gé- 
nérale. Toatefois, à l'exemple de beaucoup d’autres lois, celle-ci comporte 
des exceptions. Chez l'homme on en trouve un cas, entre autres, chez un 
nain qui est demeuré célèbre, chez Geoffrey Hudson. Ce nain, né en 1616 
de parents de taille normale, si ce n’est supérieure à la normale, avait à 
l'âge de 30 ans, 65 centimètres de hauteur. À cette époque, tout à coup, 
il présenta une poussée de croissance qui faillit causer sa ruine, car une 
taille normale ne lui eût jamais valu la sinécure que lui procura son na- 
nisme, et il atteignit en peu de temps la stature de 1 m. 12. Cet exemple 
montre donc que la croissance n'est pas nécessairement liée à une période 
donnée de la vie : elle peut s’opérer avec une certaine vitesse à une époque 
où, dans la grande majorité des cas, la croissance normale est terminée. 

_ Hen va de même chez certains animaux tout au moins, contrairement 
à l'affirmation des zoologistes. C’est ce que j'ai pu constater chez la Lym- 
næa stagnahs, au cours de recherches entreprises sur l'influence qu’exer- 
cent les conditions ambiantes sur la production de formes naines. Carl 
Semper, le regretté zoologiste de Wurtzhourg, dans un très intéressant 
ouvrage de biologie, peu connu en France, et qui est depuis plusieurs 
années traduit en anglais sous le titre d’Animal Life, a dit que, pendant les 


— 152 — 


trois premières semaines de l'existence de la Lymnée, la croissance est très 
lente. Puis vient une période de croissance rapide, de la troisième à la 
sixième semaine, suivie d’une période de croissance ralentie. Et Semper 
ajoute que, la période une fois passée, l'animal ne saurait se rattraper : si 
l’occasion de croissance rapide a été manquée, elle ne peut plus se pré- 
senter. Il en résulterait qu'une Lymnée tenue, pendant la période où sa 
croissance devrait être le plus rapide, dans un milieu de nature à entraver 
son développement, ne saurait, placée plus tard dans les conditions les 
plus favorables, acquérir le développement qu’elle était en droit d’attendre. 
Le fait ne me paraît pas absolument exact, à en juger par les résultats 
d’une expérience encore en cours. 

Ayant, en 1894, obtenu une ponte de L. stagnalis, vers le 15 mai, j'ai 
laissé se développer les animaux de cette ponte dans un flacon de petites 
dimensions, contenant 50 centimètres cubes d’eau au plus, et de super- 
ficie très restreinte. Ge sont là, comme je m'en suis assuré, d'excellentes 
conditions pour obtenir des formes naines. 

Au mois de novembre 189/, les Lymnées étaient fort petites : aucune 
d'elles n’atteignait 5 millimètres de longueur, alors que dans des conditions 
favorables elles auraient présenté 15 millimètres de longueur environ. A ce 
moment Jisolai une de celles-ci, la plaçant dans des conditions favorables 
à sa croissance, notamment dans un volume d’eau plus considérable, d’un 
litre, avec superficie circulaire de plus de 20 centimètres de diamètre. Au 
mois de mars 1895 , cette Lymnée présente une longueur de 21 millimètres, 
et une de ses sœurs isolée aussi en novembre, et placée dans un petit flacon 
de 75 centimètres cubes environ, n’a atteint que 8 millimètres. Malgré le 
froid de l'hiver, qui s’est fait sentir dans le laboratoire, et bien que l’âge 
de croissance rapide füt de beaucoup dépassé, la première Lymnée a pré- 
senté une excellente croissance, qui n’est pas sensiblement inférieure à 
celle qu’elle aurait eue si elle avait été de suite placée dans des conditions 
favorables à son développement. 

D’autres Lymnées de la même ponte seront plus tard enlevées du milieu 
défavorable où elles végètent actuellement pour voir si elles conservent la 
faculié de rattraper en quelque sorte le temps perdu : mais cette première 
expérience montre clairement que l'aptitude à la croissance n’est pas aussi 
limitée que le pensait Carl Semper, et que, comme l'homme, la Lymnée 
possède la faculté de croître de façon très appréciable, presque normale, 
en dehors de la période généralement réservée au plus grand effort de dé- 
veloppement. 


mie a ns | 


— 1933 — 


SUR LES ÉCIHANGES GAZEUX DES MUSCLES ISOLÉES DU CORPS 
À L'ÉTAT DE REPOS ET À L'ÉTAT DE TRAVAIL, NOTE DE M. J. Tissor. 


(LABORATOIRE DE PATHOLOGIE COMPARÉE. ) 


Dans des publications précédentes, j'ai montré : 


1° Quelle est la part respective que prennent les actions physiques et les 
actions physiologiques au dégagement d'acide carbonique par les muscles 
isolés du corps. 


9° Qu'il y a dans ces muscles un phénomène de respiration. J'ai analysé 
ce phénomène dans les muscles en état de repos et en état de travail. Mes 
expériences ont été faites par une méthode exposée déjà dans une note an- 
lérieure : Comparaison de la quantité d'acide carbonique dégagée par un 
muscle dans un gaz inerte pur avec la quantité dégagée par le muscle sini- 
laire placé dans l'air. 


Dans la même expérience, j'ai comparé les échanges gazeux : 


1° D'un muscle au repos dans l'air à ceux d’un muscle au repos dans 
un gaz inerte. 


2° D'un muscle en travail dans l'air à ceux d’un muscle en travail dans 
un gaz inerte. 


Voici les résultats auxquels je suis arrivé : 


1° À l'état de repos, le muscle dégage plus d'acide carbonique dans l'air 
que dans l'azote. 


2° À l'état de travail, il y a augmentation de la quantité d'acide carbo- 
nique produite par un muscle placé dans un gaz inerte. 


3° L'augmentation qui se produit, pendant le travail, dans la quantité 
d'acide carbonique exhalée est plus considérable dans l'air que dans un 
gaz inerte. 


h° La quantité d'oxygène absorbée par un muscle au repos dans Fair 
est plus considérable que la quantité d’acide carbonique produite et qui 


résulte de son activité. 
2 


9° À l'état de travail le rapport TT se rapproche de l'unité, mais il y 


a toujours beaucoup plus d'oxygène absorbé que d’acide carbonique pro- 
duit. Ce rapport, ayant dans mes expériences une valeur moyenne de 0,037 
à l'état de repos, monte à 0,60 à l’état de travail. 


— 134 — 


La LAQUE DU TONKIN ET 54 DIASTASE OXYDANTE, 


par M. G. BerTrann. 


Le latex de l'arbre à laque, qu’on appelle encore huile à laquer ou plus 
simplement laque, s'obtient en incisant le tronc de certains arbres de la fa- 
mille des Anacardiacées. Il n’a donc aucun rapport avec la gomme laque 
qui est secrétée par des Pucerons. 

Celui que j'ai étudié est originaire du Tonkin, où on le connaît sous le 
nom de So’n-mat-dâu. Extrait du Rhus succedanea Linné fils, il ressemble à 
de la crème épaisse. En flacons pleins et bien bouchés, il se conserve très 
longtemps, mais, dès qu’il reçoit le contact de l'air, il brunit et se recouvre 
d’une pellicule d’un noir intense, tout à fait insoluble dans les dissolvants 
usuels, résistant même aux liquides acides ou alcalins. 

Cest par suite de cette transformation que le latex donne, quand on 
l'applique sur le bois avec certaines précautions, ce magnifique vernis que 
tout le monde connaît. Les Chinois l'utilisent depuis plus de deux mille ans, 
et ce sont eux qui en ont appris l'emploi aux Japonais, puis aux Annamites. 

Parmi les précautions qu’on doit prendre en laquant, il en est une en 
apparence paradoxale, mais qu’on ne peut négliger. Dès qu’un objet quel- 
conque a reçu sa couche de latex, on doit le placer dans une atmosphère 
humide. Au Tonkin, on l'entoure de nattes mouillées, convenablement dis- 
tantes ; en Chine et au Japon, on le met dans une chambre dont les murs 
sont recouverts de terre fréquemment arrosée. C’est seulement dans ces 
conditions que la couche de laque opère rapidement sa dessiccation. Au con- 
traire, si on laisse l’objet simplement à l'air, surtout par un temps sec, la 
laque devient visqueuse et rougeûtre, l'opération est perdue. 

Cest en cherchant l'explication de ces curieuses réactions que J'ai été 
conduit à découvrir un nouveau type de ferment soluble, une diastase oxy- 
dante. Pour arriver à ce résultat, il faut d’abord vaincre l’altérabilité du 
latex, le fixer, pour ainsi dire, mais sans l’altérer, afin de pouvoir séparer 
ensuite ses éléments constitutifs. On y arrive en délayant le latex dans six 
à huit fois son volume d’alcool : la diastase se précipite et toute transfor- 
mation est aussitôt entravée. On verse le tout sur un filtre; on obtient ainsi 
un liquide limpide renfermant le laccol et un précipité où se trouve toute la 
laccase. 

Le liquide est distillé et son résidu repris par un mélange d’eau et 
d'éther; l’eau retient le glucose, les sels minéraux, etc., tandis que l’éther 
s'empare du laccol; on le décante et on l’évapore à l'abri de l'air. Le laccol 
qui reste à la fin de cette évaporation est un liquide épais, plus ou moins 
coloré, insoluble dans l’eau. H est assez altérable et se résinifie lente- 
ment à l'air. On ne doit le manier qu'avec les plus grandes précautions, 


fr le ns A RS OT À Os M mn D 2 


A 


— 135 — 


car des traces, même à l'état de vapeur, suflisent pour produire à la face, 
aux bras et sur les mains une rubéfaction intense bientôt suivie d’une érup- 
tion de petites vésicules ; les parties atteintes se tuméfient au moindre frot- 
tement , et l’on doit endurer une démangeaison si intense qu’elle prive sou- 
vent de sommeil. En Asie, certains ouvriers laqueurs ont le corps recouvert 
d'ulcérations érésypélateuses, mais la plupart en sont exempts; cela tient 
uniquement aux individus, et l'habitude ne confère aucune immunité, 

Ces propriétés malfaisantes rendent fort pénible l'étude du laccol, et j'ai 
dû l'interrompre en raison d’une extrême sensibilité individuelle. Je ne me 
prononcerai done pas encore sur la nature exacte du laccol; je dirai seu- 
lement que ce corps se rapproche, par l’ensemble de ses réactions, du 


groupe des polyphénols, groupe auquel appartiennent le pyrogallol et lhy- 


droquinone, si employés comme développateurs photographiques. 

Quant à la laccase, on l’obtient dans un état convenable pour les expé- 
riences qui vont suivre en reprenant par l’eau froide le précipité alcoolique 
du latex qui reste sur le filtre. Gomme les autres ferments solubles, la lac- 
case se dissout dans l’eau et la glycérine mais non dans l'alcool; elle pro- 
voque la transformation de quantités relativement énormes de matières, 
nullement en rapport avec la petitesse de son poids; enfin, son action est 
favorisée par une légère élévation de température, mais disparaît très vite 
au voisinage de 100 degrés. Par contre, la laccase diffère de ces mêmes 
ferments par la nature des réactions qu ‘elle détermine. La sucrase, qu'on 
trouve dans la levure de bière, la pepsine dans le suc gastrique, l’amylase 
dans l'orge germée et la salive, ete., dédoublent le sucre, les matières ai- 
buminoïdes ou l'amidon, en fixant sur eux une ou plusieurs molécules 
d’eau ; toutes les autres diastases dont l’action est bien connue déterminent 
des hydrolyses analogues. Il n’en est plus de même avec la laccase ; si lon 
ajoute un peu de ce ferment à la solution de certains polyphénols, en opé- 
rant au contact de l'air, de l’oxygène est absorbé peu à peu et il se produit 
des dérivés dont la couleur varie avec chaque polyphénol; quelques-uns 
même de ces dérivés cristallisent. C’est ainsi que l’hydroquinone donne un 
mélange de quinone et de quinhydrone, que le pyrogallol laisse déposer 
de la purpurogalline, etc. La laccase provoque donc des oxydations ana- 
logues à celles qu’on obtient par les réactifs ordinaires des laboratoires. 

Cest également par l'oxydation du laccol sous l’influence combinée de 
la laccase et de l’oxygène gazeux que s'opère la transformation du latex 
en vernis noir. Pour le montrer, on précipite une solution alcoolique de 


laccol, comparativement par l’eau et par une solution de laccase faite 4 


froid ; on obtient deux émulsions blanches, mais, tandis que la première 
se conserve sans altération apparente, la seconde brunit presque aussitôt 
et sa coloration passe rapidement au brun noir, surtout si l'on agite au 
contact de l'air. Avec une solution bouïllie de laccase ou en l'absence d’oxy- 
gène, 1l ne se produit aucune coloration. 


— 136 — 


Tous ces faits, complétés par l'examen microscopique du latex, expliquent 
pourquoi les laqueurs se servent de chambres humides pour assurer la 
formation de la laque. Le latex n’est autre chose, en effet, qu'une émul- 
sion naturelle de laccol dans une solution de laccase. Il est clair, d’après 
cela, qu'en étalant le latex en couche mince, on favorise la dessiccation de 
sa partie aqueuse. Dans une atmosphère sèche, cela ne manque pas d’ar- 
river rapidement ; la diastase mise à sec ne peut agir, et le laccol, envahis- 
sant tout à la façon d’une huile, ne subit plus qu’une oxydation lente et 
nullement comparable à celle qui s'effectue sous l'influence du ferment. 

Quand on étudie de près les oxydations provoquées par la laccase, on 
observe qu'une grande partie de l'oxygène disparu est remplacée par du 
gaz carbonique. Ainsi, en agitant dans un ballon à robinet une solution au 
centième de pyrogallol ou d’acide gallique, additionnée d’une trace de lac- 


case, on trouve : 
O absorbé. CO? dégagé. 
Après 6 heures, avec le pyrogallol. .......,....  . 16° A 
— ! — l'acide palique.,.:.,,.... 20m 8 8 


Il en est de même avec toute une série d’autres polyphénols, tels que 
l’hydroquinone, la pyrocatéchine, le tanin , etc., et cela, malgré des con- 
ditions d’aseptie rigoureuse. 

Ces réactions sont bien dignes de fixer l'attention des naturalistes. Elles 
ressemblent, en quelque sorte, à des respirations artificielles s’accomplis- 
sant en dehors de tout organisme vivant, mais à l’aide de substances issues 
de la vie et dont l’une d'elles, la laccase, en possède encore la fragilité. 

Je poursuis l'étude de la laccase et de ses réactions; J'ai déjà retrouvé 
le nouveau ferment dans plusieurs échantillons de gommes, dans une va- 
riété de carotte, dans les pommes, les poires, les coings, les marrons 
d'Inde, et chaque fois, sauf pour les sommes, à côté d’un tannin. Ges nou- 
velles recherches , que je communiquerai quand elles seront plus complètes, 
trouveront des applications intéressantes en physiologie végétale. 


BULLETIN 


DU 


MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE. 


ANNÉE 1895. — N° 4. 


———— © ——— — > Ge —————————— —_—_—_——————— 


h° RÉUNION DES NATUPRALISTES DU MUSÉUM. 
30 AVRIL 189. 


D ——— 


PRÉSIDENCE DE M. MILNE EDWARDS, 


DIRECTEUR DU MUSÉGM. 


Le Présinenr dépose sur le bureau le troisième faseicule du Bul- 
letin paru le 20 avril et contenant les communications faites dans 
la séance précédente. 


CORRESPONDANCE. 


M. Cuarransow, dans une lettre datée de Taschkent, le 17 mars, 
annonce qu'il a fait des fouilles pendant deux mois et demi à Sa- 
marcande ; il a réuni des collections archéologiques, ethnographiques - 
et ornithologiques qui sont maintenant en route pour la France. Il 
_a envoyé pour la Ménagerie, en profitant de l’obligeance de M. Du- 
bail, vice-consul à Bakou, quelques animaux vivants : un Chameau 
Kirghiz, des Moutons du Karakoul qui fournissent l'astrakan et des 
Moutons du Turkestan, dépourvus de queue, mais portant en ar- 
rière d'énormes bosses graisseuses Ü). M. Chaffanjon faisait ses der- 
niers préparatifs de départ pour la Mongolie; il a l'intention d'hi- 
verner à Irkoustk, puis de gagner Viadivostock. 


() Ces animaux sont arrivés dans le courant du mois d'avril. 


Muséus. 10 


— 138 — 


M. Édouard Foa, dans une lettre datée du Haut-Chiré, le 
9 mars, donne des détails sur sa mission dans l'Afrique centrale. 
Une inondation subite l'a privé d’une partie de ses collections; ce- 
pendant 1l a pu conserver divers animaux et des échantillons de 
roches recueillis entre 15 et 17 degrés de latitude S. et 34 et 
36 degrés de longitude Greenwich E. Ces objets ont été expédiés 
au Muséum. 


M. Gierra écrit de Tanga le 52 mars qu'il fait partir quatre 
caisses contenant des Mammifères, des Oiseaux, des Insectes, elc., 
recueillis dans les possessions allemandes de l'Afrique orientale et 
parmi lesquels le Muséum pourra choisir toutes les espèces qui se- 
raient utiles à ses collections. Ces objets sont arrivés 1l y a quelques 
jours et il en sera rendu compte dans une de nos prochaines réu- 
nions. 


M. Derarosse, chef de poste à Toumodi (Côte d'Ivoire), annonce 
le 25 février que l'état troublé du pays a été peu favorable à ses 
recherches d'histoire naturelle. Une caisse contenant ses clichés 
photographiques, ses collections et son matériel de préparation 
zoologique lui a été volée, avec d'autres bagages, au village de Po- 
kossyabo. La faune et la flore sont pauvres dans le Baoulé. Les 
Singes anthropomorphes n'y pénètrent pas; les Chimpanzés vivent 
seulement dans les forêts de la rive droite du Bandama et de ja 
rive gauche du Nzi. Quelques Colobes noirs se rencontrent à l’est 
de Tournodi. Il y a des Hippopotames sur le Bandama, mais le 
Chæropsis hberiensis y est inconnu, ainsi que dans toute la colonie 
de la Côte d'Ivoire. 


M. A. Grannidier annonce la mort de M. Grevé et donne les 
détails suivants sur ce triste événement : 


« Le 25 avril, une dépêche nous a apporté la triste nouvelle de la 
mort de M. Grevé qui, fait prisonnier par les Hova le 18 janvier, 
vient d'être fusillé à Mahabo, fort situé dans le Ménabé à une 
dizaine de lieues de l'embouchure du Morondava. 

« Vous vous rappelez certainement les intéressantes communica- 
tions qui ont été faites dans nos réunions des 29 janvier et 29 mars 
sur le dernier envoi que nous avons reçu de M. Grevé en no- 
vembre. M. Milne Edwards vous a parlé des ossements d'Æpyornis 


— 139 — 


et de Mullerornis; M. Filhol a donné la description de plusieurs 
Lémuriens et d’autres Mammifères, notamment d'un curieux Edenté; 
M. Vaillant vous a entretenus des débris de Reptiles gigantesques 
aujourd'hui disparus qui étaient associés aux Mammifères et aux 
Oiseaux; enfin le professeur Baillon à appelé votre attention sur 
une nouvelle plante appartenant au genre malgache si remarquable, 
le Didierea. 

«y a plus de vingt ans que M. Grevé faisait des collections pour 
moi, surtout des collections de plantes qui sont déposées au Mu- 
séum et qui sont d'un très grand intérêt. L'année dernière, à ma 
demande, il avait commencé des fouilles qui lui avaient fourni une 
ample moisson d’ossements fossiles très remarquables et, d'après sa 
lettre du 18 décembre, il se préparait à faire de nouvelles recherches 
qui eussent été certainement encore plus fructueuses que les pré- 
cédentes. La mort de M. Grevé est donc très regrettable à tous 
égards. 

«M. Grevé était créole de l'ile de la Réunion; fils du préparateur 
du musée de Saint-Denis, il avait passé toule sa jeunesse au milieu 
des collections d'histoire naturelle et avait appris de bonne heure la 
taxidermie. Aussi, quand les deux naturalistes hollandais, Pollen 
et Van Dam, vinrent en 1864 explorer le N. O0. de Madagascar, 
fut-1l choisi par eux pour les accompagner en qualité de prépara- 
teur. Après les avoir suivis dans leurs voyages à Mayotte, à Nosy Bé 
et sur la côte voisine, 1l s'établit à Morondava, sur la côte Ouest, 
épousa une Sakalava dont 1l eut plusieurs enfants et se livra à un 
petit commerce, fit quelques plantations, éleva des bœufs, tout en 
ne néoliseant pas de collectionner les animaux et les plantes qui lui 
paraissaient intéressants. 

« Lorsque , à la fin de l'année dernière, la guerre fut déclarée par 
la France au Gouvernement hova, le commandant de la station 
navale avisa M. Grevé, comme tous les Français habitant Mada- 
gascar, qu'il eût à regagner Nosy Bé. Un second avertissement lui 
fut donné en décembre. Quoique, suivant ce qu'il m'a écrit, il fût 
décidé à quitter son village qui était situé sur le bord de la baie 
Taolampia à deux lieues au sud de l'embouchure du Morondava, 1l 
différa son départ de jour en jour, d'autant plus imprudemment 
qu'à la suite de discussions d'intérêt et de provocations regrettables 
il était l'ennemi personnel du gouverneur de la province de Mé- 
nabé et, d'autre part, que ses relations amicales avec les Saka- 


10. 


— 140 — 


lava qui ne cessent de tuer et de piller les Hova depuis plusieurs 
mois pouvaient lui être imputées à crime. Dans sa dernière lettre, 
qui est datée du 18 décembre, il me disait, entre autres choses : 
« Les Hova ne sont pas à l'aise ici; un de leurs grands marchands 
«de bœufs et d'esclaves, le nommé Lahimanga, vient aujourd'hui 
«même d'être tué et pillé par les Sakalava aux portes mêmes d’An- 
«dakabé, petit fort qui est situé à deux lieues de mon village. 
« Cest le cinquième Hova qu'ils viennent de tuer. Il y a huit jours 
«ils avaient déjà enlevé beaucoup de bœufs aux officiers de ce 
«même fort.» 

«[l nest pas douteux que, dans de semblables conditions, 
M. Grevé devait s'attendre à être attaqué et la prudence la plus élé- 
mentaire lui commandait de quitter le Ménabé hova. Il n'en fit 
malheureusement rien, se fiant à tort à l'aide de ses amis les Saka- 
lava. Le 18 janvier, quelques soldats cernèrent son village; sur- 
pris, il voulut fuir et réussit à embarquer sa femme et ses enfants 
sur une première chaloupe, mais il ne put partir à bord de la se- 
conde et fut emmené prisonnier à Mahabo avec son gendre Joseph 
Philippe et un créole noir nommé Toussaint. Depuis ce moment, 
nous n'avons eu aucune nouvelle de lui, si ce n’est que le triste et 
laconique télésramme qui nous annonce sa mort. 

« La science perd en lui un habile et utile collectionneur qui nous 
a rendu de grands services et qui, s'il avait vécu, nous én eüt 
rendu de plus grands encore.» 


Le prince Henri »'OrLÉANs, dans deux lettres successives adres- 
sées à M. Milne Edwards et à M. Oustalet, donne quelques renser- 
gnements sur le voyage qu'il accomplit en ce moment et dans le- 
quel il se propose de suivre un itinéraire inverse de celui qu'il 
avait choisi dans le voyage effectué antérieurement avec M. Bon- 
valot. [1 se propose, en effet, après avoir parcouru une partie de 
l'Indo-Chine de passer par les provinces orientales de la Chine, de 
pénétrer dans le Tibet et de revenir par le Turkestan et les pro- 
vinces orientales de l'Empire russe. Dans la dernière lettre, datée 
de Mung-tzé, 19 février 1895, le prince H. d'Orléans annonce 
qu'il vient d'entrer sur le territoire chinois, qu'il a commencé à 
réunir des collections d'histoire naturelle et qu'il espère bien- 
tôt d'intéressantes découvertes. Il compte faire son premier envoi 
de Talifou au Muséum et il envoie à M. Oustalet la description 


SE 


d'un petit Grimpeur( qu'il a tué et qu'il n'a pas trouvé men- 
tionné dans les Oiseaux de la Chine de MM. A. David et E. Ous- 
talet. 


M. Fauvez fait hommage à la Bibliothèque du Muséum du livre 

,° LE LI 1 . . LI 
qu'il vient de publier sur les Séricigènes sauvages de la Chine et 
donne une analyse succincte de son travail. 


COMMUNICATIONS. 


——— 


Note SUR LES SOPULITS DE LA RIVIÈRE Penancan, Noro px Bornéo, 


PAR M. E.-T. Hamy. 


Le Muséum d'histoire naturelle recevait naguère de M. Tschudnowsky 
une précieuse collection, que ce hardi voyageur élait allé recueillir, au 
péril de ses jours, dans les vastes territoires presque inexplorés, désignés 
sous le nom de Sabah, qui constituent le domaine récemment cédé au Rajah 
Brooks par la British North Borneo Company ”. 

Le service de l'anthropologie eut, pour sa part, deux crânes sans mandi- 
bules. Ces cränes, marqués de taches d’un roux brun, noircis par la famée 
vers la base, portaient encore adhérents des fragments de tendons, d’apo- 
névroses et d’enveloppes cérébrales. Le premier crâne avait été-décapité 
d'un coup de sabre qui avait adroitement tranchéles condyles de l’occipital ; 
le bregma était percé d’un trou rond d’un demi-centimètre de diamètre. 
Une fracture de l'angle supérieur et antérieur du pariélal gauche agran- 
dissait un trou semblable pratiqué de même façon dans le bregma du 
second crâne. Bref, ces deux pièces étaient de ces hideux trophées des ter- 
ribles chasseurs de têtes (head-hunters), détachés, sans aucun doute, d’une 
des funèbres guirlandes qu'on voit suspendues à des cordes dans les fu- 
meuses habitations des vieux chefs dayaks ou dusuns. 

Elles portaient l’une et l’autre deux noms tracés à l'encre, un nom de 
heu, Penang'ah, un nom de tribu, Sopulit. 

La Penangah est une rivière de quelque importance, récemment apparue 


sur les cartes du nord de Bornéo. Elle dessine son cours tortueux au centre 


() Cet oiseau est certainement une Sittelle (Sirta). 

@) ,.. strange and unknown land Sabah, the territory of the British North 
Company... the least explored portion of this remarkable island (Joseph Haiton 
The New Ceylon, bang a Sketch of British North Borneo or Sabah, from officiul and 
other exclusive Sources of information. London. 1881, in-12, p. 84). 


— 112 — 


Jnême des territoires de Sabah; on la voit descendre du Sud au Nord, à 
travers un massif montagneux que domine le Gunong-Kinaraywan, puis 
confondre ses caux avec celles de Ia rivière Malikop (117°6 long. E. de 
Greenwich, 5° 19lat. N., altitude 500 mètres) pour former le fleuve Kinaba- 
tangan qui, après avoir couru plus de 200 milles de l'Ouest à l'Est, va se 
jeter dans la mer de Solo, un peu au sud du havre de Sandakan ©. 

Les Sopulits sont une des tribus sauvages cantonnées non loin des sources 
de celte rivière Penangah. Ils sont déjà mentionnés sous le nom de Sepulut 
dans les récits des reconnaissances faites vers ces parages par les agents de 
la Bristish North Borneo Company. Les premiers indigènes, très clairsemés 
d’ailleurs ©, que l’on rencontre sur le cours du Kinabatangan sont des Ting- 
gelums de la Quarmote, un affluent de droite, qui de temps en temps visi- 
tent les bords du cours d’eau principal, et des Tunbunwhas, adonnés encore, 
à l’occasion, à la chasse des têles humaines, et chez lesquels Witti a vu 
dans la maison d'un vieux chef des dépouilles qui semblaient toutes fraîches. 
Plus haut, sur le cours inférieur de la Penangah, vivent les Tungaras © à la 
peau foncée (dark: skèn), aux cheveux courts 4 tendant à friser (she hair, 
enclined 10 be frizzy), qui doivent peut-être ces modifications à des croi- 
sements avec les Négritos dont on a depuis longtemps signalé la présence 
dans le Nord de Bornéo !. 

Enfin les Sepulut, Sopulits de M. Tschudnowsky, sont à peu de distance 
desT PE sur le territoire desquels ils font parfois de sanglantes incur- 
sions ©. La rivière, encore inexplorée, de Siboku (Sebokong, Saumbakong, 
Simbokong) qui tomberait dans la baie du même nom, et plus particu- 
lièrement le confluent de ce cours d’eau avec le Rouhab, à cinq journées 
des sources de la Penangah, est le centre de leur domaine. 

À en juger par les deux pièces de la collection Tschudnowsky, un crâne 
masculin et un crâne féminin, les Sopulits différeraient à peine des Dayaks 
du Sud ct du Sud-Ouest qui nous sont connus par un certain nombre de 


@) Cf À Map of British North Borneo, compiled from the English Admiralty 
Charts and from the Surveys and Explorations of MM. F. X. Witu, W. B. Pryer, 
F. Hatton, H. J. Walker and D. D. Daly, in the service of the British North Borneo 
A Qi . published by Ed. Stanford, 1886, in-fol. » f. 

} On ne compte sur 300 milles de-rivière que trois villages, Malapa, Sce- 
ir. Terbilliong et une case Tongara (J. Hatten, The New Ceylon, etc, 
p- 149). 

®) North Bcrneo, Explorations and Adventures on the Equator by the late 
Frank Hatton... with biographical Sketch and Notes by Joseph Hatton and Pre- 
face by sir Walter Medhurst, 2° Ed. London 1886, in-8°, p. 271. 

&) C£ E. T. Hamy. Les népritos à Bornéo (Bull. Soc. d’Antlwop. de Paris, 2° sér., 
t. Ft p. 114-190, 1876). 

} North Borneo, p. 269-° 

 Jbid., p. 270-271. 


“4 sé de Sibuco s'appelle aussi baie de Sainte-Lucie, 


— 143 — 


documents précis. Is sont surtout moins volumineux ; leur capacité crânienne 
ne dépasse pas 1,470 centimètres cubes pour l’homme, 1,420 centimètres 
cubes pour la femme, et les circonférences atteignent seulement 501, 430 
et 498 millimètres chez le premier, 487, 424 et 4go millimètres chez la 
seconde. Mais les proportions générales du crâne sont presque identiques ; 
les diamètres égalant respectivement, l'antéro-postérieur 179 et 172 mil- 
imètres , le transverse 139 et 133, le basilo-bregmatique 137 et 133; les 
indices céphaliques se chiffrent par 77.6, 76.5 et 98.5 d'un côté et de 
l'autre par 77.3, 77.3 et 100. Les mêmes indices sur les onze Dayaks 
que j'ai mesurés sont représentés par 77.9, 79.8 el 97.8. 

Le frontal et l'occipital ont, de part et d'autre, à peu près les mêmes 
dimensions : le bizygomalique est en moyenne exactement semblable, mais 
la hauteur ophryo-alvéolaire est sensiblement moindre (85) chez le Sopulit 
que chez le vrai Dayak (92) et l'indice facial est plus faible de près de 
cinq éentièmes (65.4 au lieu de 70.7). Les proportions du nez (long. 49 
et 47, larg. 25) sont presque identiques; mais l'indice orbitaire offre de 
plus larges variations ; sur le premier sujet, en effet, l'orbite se dilate con- 
sidérablement en travers, et l'indice orbitaire s’abaisse à 82.5, de 88.8 
qu'il atteignait sur l'autre : l'indice orbitaire moyen des Dayaks égale 89.4. 
Les angles faciaux supérieur et moyen mesurent respectivement 71 et 64 de- 
orés chez l’homme, 77 et 64 degrés chez la femme, 

En résumé, à quelques nuances près, le type nouveau que M. Tschud- 
nowsky nous a envoyé du Nord de Bornéo rentre dans celui des Dayaks, 
et cette constatation vient s'ajouter à quelques autres, dues surtout aux 
ethnographes, pour resserrer les liens de parenté entre les habitants de 
Sabah et la plupart des autres indigènes de la grandè île. 


NOTES SUR L'ANATOMIE DU MaArA (Douicuoris PATAGONICA Des), 


par M. Remy Sainr-Lour U). 


Le Dolichotis patagonica appelé autrefois Lièvre des Pampas est un Ron- 
geur de grande taille dont l'anatomie a été fort peu étudiée jusqu'ici. Des- 
maret, à la suite d’une étude zoologique fort bien faite, pensa devoir rap- 
procher le Dolichotis des Agoutis, et très récemment M. Franck Beddard, 
prosecteur à la Société zoologique de Londres, exprima la même opinion 


dans un travail anatomique surtout relatif à la myologie. 


Grâce à l’obligeance de M. Pierre-Amédée Pichot, nous avons réuni d’utiles 
matériaux de recherche et ncus résumons ici les observations nouvelles. 


() L'étude anatomique comparalive paraîtra in extenso dans les Annales ‘des 
sctences naturelles. 


— 144 — 


Dents et crâne. — Les dents du Dohichotis nouveau-né ont une forme 
très différente de celle que ces organes présentent chez l'adulte, La cou- 
ronne se termine par deux ou trois pointes comme celle des dents carnas- 
sières et ce n'est que par l'usure que la face libre prend l'aspect d’une dent 
rasée comme on en voit chez les Caviens et chez les Équidés, par exemple. 
Au point de vue phylogénétique, le type herbivore Dolichotis semble donc 
avoir été précédé d’un type carnassier ou insectivore de la série marsu- 
pienne. 

En outre, les dispositions de l'organe adamantin sont telles qu’il ne peut 
à aucun âge exister dans l’ivoire des îlots d’émail caractéristiques chez beau- 
coup de Rongeurs fossiles européens. À part quelques variations dans les 
plissements de l'enveloppe externe d’émail, la dent des Dolichotis se rap- 
proche beaucoup de celle des Cobayes. Comme chez les Cobayes, on peut 
observer des dépôts de cément en dehors de la paroi externe d’émail. L'ordre 
d'apparition des quatre molaires est le suivant : Deuxième, troisième, pré- 
mière, quatrième; une petite molaire de lait existe à la naissance entre 
la première et la deuxième permanente et tombe au bout de quelques 
Jours. 

Le crâne du Dohchotis est très semblable dans l’ensemble à celui du 
Cobaye, les dimensions exceptées ; la fosse sousorbitaire est très grande, les 
ailes sphénoïdes sont remarquablement réduites tandis que les ptérigoïdes 
internes sont très importantes. On remarque dans la cavité orbitaire une 
forte saillie des alvéoles dentaires, et en arrière une dépression profonde 
qui est l'empreinte d'un muscle ptérigoidien puissant. En général l'ossature 
du crâne correspond à une très forte musculature agissant sur le maxil- 
laire inférieur. 


Voüte palatine. — Trois papilles à revêtement corné se voient sur la 
voûte palatine. La papille médiane est la plus intéressante; sa forme est 
variable suivant les individus, mais chez tous elle est creusée de cavités qui 
dépendent des fosses nasales, s'ouvrent d'autre part dans la bouche et me 
paraissent représenter l'organe de Jacobson et les canaux naso-palatins. 
Nous retrouvons des dispositions analogues chez le Cobaye tandis que chez 
les Léporidés, par exemple, le canal naso-palatin s'ouvre immédiatement 
contre les dents incisives. 


Tube digestif. — Mêmes dispositions générales que chez le Cochon 
d'Inde. Dans l'intestin post-cœæcal une double crête saillante, déjà signalée 
par Franck Beddard, est assez remarquable. 


Système circulatoire. — Chez les Dolichotis, les artères brachio-cépha- 
liques naissent sur l'aorte comme chez les Solipèdes et les Ruminants. Un 
seul vaisseau part de la crosse pour se diviser ensuite en brachiale droite, 
brachiale sauche et carotides. I devient difficile ie de considérer une carotide 


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—— 145 — 


interne et une caro:ide externe. En réalité une carotide principale se dirige 
jusqu'aux nasaux en fournissant la série ordinaire des artérioles pharyn- 
giennes, massétériennes et faciales, mais plusieurs artérioles se substi- 
tuent à une carotide interne proprement dite pour pénétrer par plusieurs 
passages dans la région cérébrale; l'une d'elles passe, comme chez le 
Cobaye, par le trou optique. Les intercostales superficielles naissent sur 
l'axillaire. L'irrigation réno-capsulaire est assez particulière. L'appareil 
veineux est remarquable par la persistance d'un système azygos du côté 
gauche. 


Organes génitaux. — Ces organes sont caractérisés par une très grande 
simplicité des régions externes, par la persistance d’une forme pour ainsi 
dire embryonnaire des organes femelles tandis que la complexité est remar- 
quable dans l'appareil reproducteur du mâle. Chez la femelle, les ovaires, 
les oviductes, la poche vaginale diffèrent peu des mêmes organes chez le 
Cobaye, mais la région externe est beaucoup moins semblable dans les deux 
types. Un bourrelet, analogue au bourrelet génital d’un embryon humain 
de quatre mois, entoure à la fois l'ouverture anale et l'ouverture vaginale. 
Il représente des grandes lèvres en possibilité. Le clitoris conique fortement 
saillant, soutenu par une petite lige osseuse, est perforé à son sommet pour 
l'ouverture du canal uréthral. Deux petites poches glandulaires sont à la 
marge postérieure externe de l'ouverture anale. Chez le Cobaye, les poches 
analogues sont périnéales. 

Chez le mâle on remarque des prostales assez semblables à celles du Co- 
baye, des vésicules séminales longues et ramifiées, deux diverticules im- 
portants dont le contenu se coagule par l'alcool et que je crois devoir const- 
dérer comme des utérus mâles (protémetra et non vésicules séminales). Les 
glandes de Cooper sont bien développées; il existe un os pénial, une 
grande gaine prépuliale et en outre une poche allongée très particulière, 
aboutissant près de l'ouverture terminale du canal de l'urèthre. 

En résumé l’ensemble de ces observations anatomiques, faisant ressortir 
Ja ressemblance avec les Caviens et les particularités de structure, permet 
de considérer les Dolichotis comme très voisins des Caviens, mais depuis 
longtemps segrégés dans la série; 1l ne reste plus de représentants vivants 
d'uné forme de passage. Si l'on voulait faire une hypothèse sur les liens 
phylogénétiques de ces animaux, il faudrait considérer les Gaviens actuels 
comme des formes naines dérivées avec les Dolichotis d’un type ancestral 
commun, et nous admettrions plus volontiers des différenciations tératolo- 
giques que des différenciations graduelles. Quelque traits de ressemblance 
avec les Solipèdes méritent aussi d'attirer l'attention. 

La parenté avec les Agoutis ne pourrait être acceptée qu'avec de grands 
changements dans les notions actuelles sur l'importance de l’'odontologie 
comparée. 


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Enfin les Dolichotis restent parfaitement américains au point de vue z00- 
logique; ils n'ont pas fait partie des faunes qui ont émigré de l’un des con- 
tinents sur l'autre; s'ils ont eu autrefois des ancêtres communs avec des 
Rongeurs fossiles d'Europe, nous n’en connaissons actuellement aucune 
preuve. 


NoTz sur UN BOIS DE CERF ANORMAL, 
par M. Il. Nevvizzs. 


(LABORATOIRE D'ANATOMIE COMPARÉE. ) 


Les cas de multiplicité des cornes sont assez fréquents chez les Ruminants. 
Mais, tandis que chez les Cavicornes on signale des anomalies provenant 
soit de la division des chevilles osseuses normales, soit de la présence de 
chevilles osseuses surnuméraires, on n'a, je crois, décrit jusqu'ici chez les 
Cervidés que des exemples de bois multiples résultant de la division des 
chevilles osseuses normales, ou têtes. 

Le bois de Cariacus mexicanus (?) que je présente à la réunion des natu- 
ralistes du Muséum offre une anomalie due à la présence d'une troisième 
cheville osseuse à la base du bois droit. Il est curieux de remarquer que la 
présence du bois supplémentaire né sur cette cheville n’a pas modifié la ré- 
partition normale des andouillers. En effet, le bois gauche est pourvu de 
cinq andouillers, le bois normal droit en porte trois, et le bois surnumé- 
raire qui lui est juxtaposé en porte deux; de telle sorte que le côté droit et 
le côté gauche présentent chacun , malgré l’anomalie, le même nombre 
d’andouillers. Peut-être n'est-ce à qu'un effet du hasard, la symétrie dans 
le nombre des andouillers étant toujours assez rare. 

Dans tous les cas, cette pièce montre que, chez les Cervidés, 1l peut 
exister comme chez les autres Ruminants des exemples, du reste fort peu 
fréquents, de multiplicité réelle des cornes. 


SUR LA CIRCULATION PÉRI-RÉNALE DE L HYPEROODON ROSTRATUS, 


par M. H.-P. Gervais. 


J'ai eu l’occasion de recueillir, il y a quelques années, à Saint-Waast-la- 
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Hougue deux Hyperoodon femelles qui venaient d’échouer sur le sable. 

Malgré l'état avancé de décomposition dans lequel se trouvaient ces animaux, 

j'ai pu prélever sur eux différents organes, entre autres un appareil uro- 

génital complet. Les observations que j'ai faites à celte époque et que j'ai 

pu compléter depuis sur d’autres Cétacés appartenant à une autre famille, 


— 147 — 


celle des Delphinidés, n'ont permis d'éclaireir certains points restés douteux 
concernant l'anatomie de ces animaux. 

La plupart des anatomistes qui ont étudié les Gétacés ne nous disent que 
peu de chose sur l'appareil urinaire. À peine donnent-ils quelques détails 
sur le volume ou les rapports des reins avec les organes voisins. 

Les premières indications présentant un réel intérêt scientifique sur celte 
question sont dues à MM. Beauregard et Boulart. Nos deux collègues ont 
étudié : 

1° Un rein de Balænoptera musculus que j'avais recueilli avec Fun d'eux 
à l'ile de Sein; 

_ 2° Un fœtus de Balænoptera Sibbaldii envoyé de Laponie au Muséum, 
fœtus que j'avais injecté pour en faire l'étude complète. 

MM. Beauregard et Boulart ont pu constater l'existence autour du rein 
des Balenoptères d'un riche plexus veineux, qu'ils disent ne pas avoir ren- 
contré chez les différents Gétodontes étudiés par eux à la même époque. 

L'appareil uro-génital d'Hyperoodon, que j'ai eu l'occasion de recueillir, 
plusieurs reins isolés de Delphinidés, malheureusement en mauvais état de 
conservation que j ai pu observer depuis et tout dernièrement un Delphinus 
delphis qui a été gracieusement mis à ma disposition par M. le professeur 
Filhol, dans le but de faciliter mes recherches, m'ont montré que les Cé- 
todontes étaient pourvus d’une circulation veineuse péri-rénale analogue à 
celle des Gélacés à fanons. Cette circulation est peu développée, il est vrai, chez 
les Delphinidés et en particulier chez le Delphinus delphis, beaucoup plus 
abondante au contraire chez l’'Hyperoodon rostratus , Ziphüdé chez lequel le 
plexus péri-rénal atteint un développement plus considérable que chez les 
Mysticètes où il est déjà connu. 

Dans l'Hyperoodon que j'ai étudié, les reins avaient à l’état frais une lon- 
gueur de o m. 50 environ, leur largeur était de o m. 25 , leur épaisseur de 
0 m.10, y compris le plexus veineux (fi. 1 ). 

Le péritoine une fois décollé et la capsule adipeuse très résistante enle- 
vée, j'ai mis à nu le réseau veineux sous-jacent pour l'injecter au suif. 

Les mailles de ce plexus m'ont apparu alors beaucoup plus nombreuses 
sur la face inférieure du rein ; elles y sont si serrées les unes contre les autres 
qu'on ne peut apercevoir aucun des lobules. Celles de la face supérieure 
sont au contraire moins rapprochées, moins nombreuses, mais par contre 
plus volumineuses ; les lobules se montrent à nu sur plusieurs points. 

Entre les deux reins très rapprochés l'un de l'autre, chemine la veine 
cave postérieure Ve p. dont le calibre est considérable. Ce vaisseau au ni- 
veau du tiers supérieur du rein reçoit les veines rénales V r., dont le dia- 
mètre est assez fort. L’artère rénale A r., que l'on ne peut apercevoir en 
regardant l'appareil urinaire par sa face inférieure, se trouve en arrière et 
au-dessus de la veine rénale. Ge vaisseau se bifarque bientôt après son ori- 
gine et fournit deux branches principales, l’une destinée à la portion supé- 


— 148 — 


rieure du rein, l'autre à la région inférieure, division pouvant faire sup- 
poser l'existence de deux artères rénales pour chaque rein, fait qui a été 
signalé quelquefois chez les Cétacés. 


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Fig. £, — Plexus péri-rénal de l’Hyperoodon rostratus. 


Le plexus veineux péri-rénal sur lequel j'insisterai seulement dans cette 
note se compose de trois ordres de vaisseaux : 

1° De vaisseaux afférents; 2° de vaisseaux efférents ; 3° de vaisseaux pro- 
fonds ou vaisseaux de communication avec les origines de la veine rénale. 

Les premiers de ces vaisseaux Va abordent le rein, les uns par son ex- 
trémité postérieure, les autres par le bord externe, d’autres enfin par la face 
dorsale. Les premiers PI g. ne sont que la continuation du plexus génital, 
les seconds PI p. viennent du plexus du psoas; les derniers tirent leur ori- 
gine de la région lombaire, 

Les vaisseaux efférents Ve se jettent dans la veine cave postérieure sur 
différents points de son trajet, quelques-uns ont un calibre fort restreint, 
les autres au contraire, tels que ceux qui se jettent dans ce vaisseau au- 


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— 149 — 


dessus des veines rénales sont plus volumineux. Une grande veine margi- 
nale ramène directement dans la veine cave, au niveau du bord inférieur 
de la capsule surrénale, une partie du sang du réseau veineux du psoas qui 
ue passe pas par le plexus rénal. 

Entre les vaisseaux afférents et les vaisseaux efférents, interposés entre 
les lobules ou rampant dans le voisinage de leur surface, se trouve le plexus 
veineux proprement dit dont les mailles plus ou moins serrées s’anasto- 
mosent fréquemment entre elles. Ces branches envoient aussi, d'après ce 
que j'ai cru constater, de fins rameaux de communication aux branches 
d’origine de la veine rénale sur un point très rapproché du hile du lobule. 

La partie du plexus en rapport avec la face supérieure du rein (fig. 2) 
mérite une mention toute particulière. 


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Fig. 2. — Rein gauche vu par sa face supérieure. 


Le sang venant de la région des lombes est déversé dans le plexus péri- 
rénal par 7 troncs principaux dont j'ai indiqué les orifices par les lettres V 1. 
Trois de ces vaisseaux se rendent au tiers supérieur du rein, ils sont situés 
dans le voisinage du hile; trois branches gagnent le tiers moyen de l'organe 
dans sa région postérieure. Ces derniers sont les plus petits. 


— 150 — 


Ce qu'il y a de singulier à noter, c'est que ces gros troncs possèdent des 
valvules ; aussi l'injection pratiquée par d'autres points du plexus s’arrête- 
t-elle brusquement dans ces vaisseaux. J'ai constaté l'existence de sem- 
blables valvules sur quelques-uns des rameaux venant du plexus génital. 

La présence de valvules sur différents points de ce système circulatoire 
a ici son importance, car nous pouvons dire quel est le trajet suivi par le 
sang. Ge liquide, qu'il vienne de la révion génitale, de celle du psoas ou 
de la région lombaire, est forcé de traverser les mailles du plexus qu’il par- 
court en tous sens avant d'aller se jeter par les veines efférentes dans la 
veine cave, Mais les rameaux de communication situés entre le plexus et 
l'origme des veinules des lobules en reçoivent une partie qui forcément 
alors doit s'écouler par la veine rénale. Je n’oserais aflirmer qu'une partie 
du sang veineux du plexus pénètre dans le lobule rénal lui-même; je me 
propose d’élucider bientôt cette supposition qui, si elle était confirmée, se- 
rait du plus haut intérêt, puisque nous aurions alors chez les Cétacés la 
certitude de l'existence d’une circulation porte-rénale comme l'avaient pres- 
senti Serres et Gratiolet. 

J'ai dit plus haut que l'Hyperoodon rostratus n’était pas le seul Gétodonte 
présentant une circulation veineuse péri-rénale. Un Delphinus delphis mis 
à ma disposition par M. le professeur Filhol m'a permis en effet de con- 
stater que le rein de cet animal reçoit à sa surface comme celui de l’'Hype- 
roodon des veines provenant du plexus génital, du plexus du psoas et des 
parois externes de la région lombaire. 

Ces veines situées au-dessous de la capsule se distribuent autour des lo- 
bules du rein à peu près de la même façon que chez le Phoque. Après avoir 
parcouru ce réseau interlobulaire, ces veines se réunissent de nouveau pour 
se jeter dans la veine cave par quelques troncs espacés les uns des autres. 
Le sang de la région antérieure du rein est recueilli par un tronc un peu 
volumineux gagnant la capsule surrénale contre laquelle il s'applique pour 
se jeter enfin dans la veine cave. Les veines de ce plexus qui ont un calibre 
très réduit sont accompagnées de fins rameaux artériels. 


Nore sur LA coLLEecTION DES UROPELTIDÆ, TYPES DU coLoNELz BEDDoME, 


par M. F. Mocaquarn. 


Le Laboratoire d'herpétologie a récemment acquis d’un négociant anglais , 
M. Edw. Gerrard, une collection de Reptiles intéressante à plus d'un titre. 
On sait que le naturaliste colonel Beddome , pendant le long séjour qu'il 
fit dans les Indes, s’appliqua spécialement à l'étude de ces Ophidiens 
dégradés et fouisseurs qui composent la famille des Uropeltidæ , et qui ne 
se rencontrent que dans l'Inde et à Ceylan. Dans des notes successives, 1} 


| 
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| 


—. EDS — 


déerivit, de 1863 à 1880 , une série d'espèces nouvelles et enfin, en 1886, 
il publia un travail d'ensemble où loutes les espèces alors connues d'Uro- 
pellidæ sont décrites et classées. Or c'est précisément la collection parti- 
culière du colonel Beddome, celle qui a dû surtout lui servir pour ce 
derniér Mémoire, que vient d'acquérir le Laboratoire d'herpétologie. 

Elle se compose de 80 spécimens. répartis en 35 espèces, dont 28, sur 
une quarantaine que comprend actuellement la famille entière, sont nou- 
velles pour le Muséum ; et, parmi ces 28 espèces, 23 ont des représentants 
qui peuvent être considérés comme des lypes ou co-lypes des espèces éla- 
blies par le colonel Beddome et reconnues valides. 

Outre l'intérêt scientifique que présente cette acquisition , on voit qu'elle 
a encore le mérite de faire disparaître des collections du Muséum une 
importante lacune qui ne semblait pas devoir être comblée de sitôt. 


SUR LES PROPRIÉTÉS TOXIQUES DU SPONDYLUS AMERICANUS, LAMCK, 


PAR LE DOCTEUR À.-T. pe RocuEBRuNE. 


Parmi les Mollusques recueillis par M. Diguet en Basse-Californie, le 
Spondylus americanus Lamck., Lamellibranche de la famille des Spondylidæ, 
mérite tout particulièrement d'attirer attention, non parce que son enve- 
loppe calcaire en fait un des plus beaux spécimens d’un groupe de coquilles 
remarquables par leur ornementation et la richesse de leur coloris, mais à 
cause des propriétés dont jouissent ses parties molles, propriétés rares, du 
reste, chez les divers représentants de la classe à laquelle il appartient. 

Les Lamellibranches, personne ne l'ignore, ont de tout temps contribué 
dans une assez large mesure à la nourriture des populations échelonnées 
sur les rivages où ces Mollusques vivent; en Basse-Californie, 1ls sont au- 
jourd'hui recherchés par les pêcheurs de perles, d'origine mexicaine, 
comme ils l’étaient naguère par les Indiens Péricues, Guyacuras et Cochimis, 
ainsi que l'ont démontré les fouilles de leurs Æyôkkenmôddings, derniers 
vestiges de ces races disparues; seul peut-être entre tous, le Spondylus 
americanus est et a toujours été dédaigné, car il passe pour vénéneux et, 
ne le füt-il pas, l'odeur repoussante d'hydrogène phosphoré qu'il dégage à 
sa sortie de l’eau, nous dit M. Diguet, sufhirait pour le rendre tout au 
moins suspect et absolument impropre à un usage alimentaire quelconque. 

Désireux de savoir ce qu'il pourrait y avoir de vrai dans cette allégation, 
nous avons soumis à une minutieuse étude les échantillons conservés dans 
l'alcool, qui nous étaient parvenus; les résultats de cette étude nous per- 
mettent d'affirmer d'ores et déjà que le Spondylus americanus est réelle- 
ment toxique et que sa toxicité est due à un alcaloide normalement formé 
dans ses tissus vivants. 


— 152 — 


On sait que M. le P' À. Gautier fit le premier connaître, en 1873, l'exis-. 
tence des alcaloïdes cadavériques, auxquels Selmi de Bologne imposa 
en 1878 le nom de ptomaines ; que ces alcaloïdes, pour la plupart véné- 
neux, retirés des matières albuminoïdes soumises à la putréfaction, ne sont 
identiques à aucun des alcaloïdes végétaux connus, bien qu’on puisse, au 
premier abord, les confondre avec quelques-uns d’entre eux; on sait éga- 
lement, par les travaux de M. le P° À. Gautier, que des substances alcaloï- 
diques se forment normalement dans l’économie, au cours des phénomènes 
physico-chimiques dont les tissus sont le siège pendant la vie, qu’elles 
font partie intégrante de certaines secrétions très actives, qu'en un mot, 
les organes les plus divers produisent à l'état normal des composés très 
vénéneux ou inoffensifs, désignés sous le nom de leucomaïnes; on sait en- 
core que ces plomaïnes et ces leucomaïnes, qu'il est impossible de diffé- 
rencier en réalité d’une facon absolue, car on passe par des transitions 
insensibles de la plus simple ptomaïne à la leucomaïne la plus complexe, 
possèdent des réactions qui, tout en offrant parfois une certaine analogie 
avec quelques alcaloïdes végétaux, sont cependant, dans la majorité des 

, fondamentalement caractéristiques; on sait enfin qu'on doit à notre 
savant maître M. le D’ Brouardel, et au D' Boutmy, la découverte, en 1880, 
de réactifs permettant de distinguer nettement ces produits, fait d’une 
importance capitale dans les expertises médico-égales. 

Prenant pour base de nos recherches ces données générales, et nous 
attachant à suivre scrupuleusement la méthode de Stass, modifiée par Otto, 
Selmi et M. le P' A. Gautier, méthode connue de tous les toxicologistes, 
nous sommes parvenu à isoler le principe que nous supposions exister 
dans le Spondylus americanus. 

La liqueur alcoolique d’une conservation parfaite, dans laquelle les Mol- 
lusques étaient depuis longtemps en macération, possédait toutes les qua- 
lités d'ordinaire requises pour mener à bonne fin une analyse confirmative 
de nos prévisions Après l'avoir acidifiée à l'aide de l'acide sulfurique et 
avoir obtenu par évaporation au bain-marie une quantité relativement 
considérable d'extrait (o gr. 5o pour 100 grammes de liquide), il nous 
fallait successivement épuiser cet extrait, préalablement mélangé de baryte 
récemment éteinte et d'oxyde de barium, par l’éther, le chloroforme et 
l'alcool amylique; le premier dissolvant, l'éther, nous ayant donné une 
base nettement toxique, nous nous sommes abstenu de le feprendre par 
le chloroforme et l'alcool amylique, remettant ce complément d’études à 
une époque ultérieure. 

L'extrait au bain-marie se présente sous l’aspect d’une masse emplas- 
tique molle, d’un vert olive, onctueuse au toucher, exhalant une odeur 
acre rappelant celle du Hareng saur en voie de décomposition; sa saveur 
d’abord huïleuse devient rapidement amère , la pointe de la langue éprouve 
une sensation de brülure et d’engourdissement, l'amertume s’accentue, 


ss 11093 


gagne Loute la muqueuse buccale et provoque une violente sialorrhée, à 
laquelle succède la sécheresse et la constriction de la gorge; il brûle avec 
une flamme vive, jaunâtre, en laissant un charbon spongieux et très léger. 

1 milligramme de cet extrait, introduit sous la peau de la cuisse d'une 
Grenouille du poids de 25 grammes, a provoqué les phénomènes suivants : 
dilatation pupillaire suivie au bout d'un temps très court d’un rétrécisse- 
ment persistant; tremblements convulsifs, puis abolition des mouvements 
musculaires et flaccidité de tous les museles; ralentissement progressif des 
battements cardiaques; cessation complète de la déglutition respiratoire ; 
insensibilité cutanée absolue; perte de la contractibilité musculaire, même 
sous l'influence de l'excitation galvanique; mort en 12 minutes avec arrêt 
complet du cœur en systole. 

3 milligrammes du même extrait sous la peau du dos d’un Cobaye, du 
poids de 438 grammes, ont provoqué les mêmes phénomènes, avec injec- 
tion des vaisseaux de la conque de l'oreille par paralysie des vaso-moteurs, 
et l'arrêt du cœur en systole, le tout en 25 minutes. 

Le liquide provenant de l'extrait traité par l’éther, abandonné à l’évapo- 
ration spontanée, après avoir élé filtré, dépose un résidu épais, jaunâtre, 
brunissant à l'air, sans odeur appréciable; sa réaction est alcaline, car le 
papier rouge de tournesol , placé au-dessus de la capsule le contenant, passe 
rapidement au bleu; aucune vapeur cependant ne se dégage à l'approche 
d’une baguette de verre trempée dans l'acide chlorhydrique; il est soluble 
dans l’eau, celle-ci étant préalablement acidifiée par l'acide sulfurique; 
celte dernière solution, évaporée au bain-marie, puis abandonnée à elle- 
même , laisse déposer des cristaux disposés, à un très faible grossissement, 
en barbes de plume, ou en feuilles de Fougères; mais, vus à un grossisse- 
ment de 200 diamètres, ils sont constitués par des sortes de bâtonnets 
noueux, soudés à angle droit, ayant l'aspect d’un réseau à larges mailles; 


Fig. 1. 


des lamelles minces, quadrilatères, de dimensions variables, sont éparses 
au milieu des mailles du réseau. (Fig. 1.) 


Muséuw. 11 


"MONS 


Les effets physiologiques, en tout semblables à ceux de l'extrait mou, se 
manifestent toutefois par une rapidité et une intensité plus grandes. 

Les principales réactions oblenues sont les suivantes : 

L'acide picrique produit un léger trouble, puis laisse déposer un préei- 
pité caséeux, couleur jaune päle, donnant à l’'évaporation spontanée des 
cristaux en aiguilles irrégulières, d’un beau jaune, enchevétrées les unes dans 
les autres et simulant un élégant feutrage. (Fig. 2. Grossissement 80 fois.) 

Le bichlorure de mercure précipite en blanc et dépose des cristaux en 
fines aiguilles blanches, transparentes, de longueurs inégales, rayonnant 
autour d’un centre commun. (Fig. 3. Grossissement 6o fois.) 


Fig. 3. 


Le chlorure de platine donne un précipité couleur cannelle, avec cristaux 
en longues aiguilles, d’un blanc métallique. 

Le chlorure d’or fournit un précipité de même couleur; ses cristaux sont 
en longues et larges aiguilles d’un jaune brunâtre. (Fig. 4. Grossissement 
Lo fois.) 

L’acide azotique colore en jaune pâle le résidu de l’évaporation, au mi- 


Fig. 4. Fig. 5. 


lieu duquel on reconnaît des cristaux du type clinorhombique. (Fig. 5. 
Grossissement 135 fois.) 


Er | 


4 . . L1 . ‘ . . . 
acide iodhydrique ioduré provoque un abondant précipité rouge brique , 
L préci] ge briq 
avec cristaux du système du prisme droit à base carrée, et rose pâle. (Fig. 6. 
Grossissement 135 fois.) 


Fig. 6. 


L'acide chlorhydrique et V'acide sulfurique, en contact à froid, ne pro- 
duisent aucune coloration; la chaleur fait apparaître une tache rouge vio- 
lacé, persistante. 

Sous l’action de l'acide sulfurique saturé de bicarbonate de soude, on ne 
tarde pas à constaler une odeur aromatique fugace, rappelant celle du foin 
récemment coupé. 

Par le ferrocyanure de potassium , additionné d’une goutte de perchlorure 
de fer, il se forme instantanément un riche et abondant dépôt bleu de 
Prusse. 

Enfin des signes tracés sur le papier photosraphique au bromure d’ar- 
gent, mis à l'abri de la lumière, puis lavé à l’hyposulfite de soude et à l’eau, 
ressortent en noir, par suite de la réduction du bromure d'argent en ar- 
gent métallique. | 

Nous insistons sur ces deux dernières réactions de la plus haute impor- 
tance, dues aux recherches de M. le D' Brouardel et du D’ Boutmy. 

Il ressort clairement de tout ce qui précède, qu'abstraction faite de 
quelques caractères particuliers, la matière alcaloïdique dont nous venons de 
tracer l’histoire se comporte exactement par ses propriétés réductrices et 
par son action sur l'organisme animal comme ies alcaloïdes dérivées des 
substances protéiques. 

En présence de ces résultats chimiques et physiologiques, nous nous 
croyons donc en droit de conclure : 


1° Que le principe, obtenu par l’éther, des parties molles du Spondylus 
americanus, produit normal résultant de la désassimilation des tissus vi- 
vanis du Mollusque, est un alcaloïde comparable aux ptomaïnes et leuco- 
maïnes jusqu'ici étudiées ; 

2° Qu'il présente des caractères propres à le différencier d'avec plusieurs 


11. 


— 156 — 


de ces dernières, caractères consistant plus particulièrement dans l'odeur 
qu'il dégage et dans la nature des cristaux de certaines de ses réactions ; 

3° Qu'il possède ainsi que ses divers sels une énergie toxique considé- 
rable; 

L°° Que par tous ses effets il se relie étroitement à la muscarine C*H'*AzO?, 
alcaloïde de l'Ammanita muscaria, Hall. ; 

5° Qu'il appartient au groupe des ln oxygénées ; 

6° Qu'enfin, pour établir sa place parmi des congénères, nous propo- 
sons de l'inserire sous le nom de Spondylotoxine. 


CLAVICORNES DES ÎLES DE LA SONDE ET DE L'ÜCEANIE RÉCOLTÉS PAR 
M. Rarrray. DESCRIPTIONS D'ESPÈCES NOUVELLES DE LA COLLECTION 


pu MusEu», 
PAR M. À. GROUVELLE. 


Cocypnnz. 


Lascotonus, n. g. Antennæ 1 1-articulatæ ; clava tri-articulata. Sulei anten- 
narum integri, convergentes. Caveæ coxarum anticarum occlusæ. Tibiæ ad 
apicem spinose. 

Nouveau genre du groupe des Ditomini Reïtter; voisin du Genre Lasco- 
nolus. 


. L. eylindricus, n. sp. Elongatus, subcylindricus, selosus, rufo Juscus, 
a: elytro transversim fusco tri-maculato; capite prothoraceque granosis ; 
thorace elongato, antice posticeque marginato, lateribus crenulatis; elytris 
lineato punctatis. Long. 3 mill. 1/2 à 4 millimètres. Sumatra : Collection 
Grouvelle. Ternate : Collection du Muséum. 

L’exemplaire du Muséum a les antennes plus épaisses et les angles an- 
térieurs du prothorax plus dilatés et plus saillants en avant. 


2. Chorites frater, n. sp. Elhpticus, niger, flavo-griseo fuscoque squa- 
mosus ; prothorace transverso, antice angustato, apice profonde lateque emar- 
ginato , stria marginali basis fortiter impressa, utrinque abbreviata ; margi- 
nibus lateralibus reflexis. Long. 5 à 6 millimètres. 

Java : Collections du Muséum et Grouvelle. Très voisin de C. oblongus 
Pasc.; mais moins allongé, plus rétréci en arrière et plus gibbeux. Élytres 
plus distinctement striés près de la suture; squamules plus courtes. 


3. Metopiestes vicinus, n. sp. Niger, vix nitidus, subcylindricus ; antenmis 
fuscis; fronie haud tomentosa ; prothorace dense punctato ; elytris quadri-cos- 
tatis, intervallis erregulariter punctatis, costis ad apicem magrs elevats. 
Long. 6 à 7 millimètres. | 

Dorey : Collection du Muséum. 


UT — 


Voisine comme taille et comme forme de M. hirtifrons Vase. également 
de Dorey : s’en distingue par le front sans pubescence et par la ponctuation 
des intervalles des carènes des élytres irrégulière, mais nette et profonde. 


h. Petalophora Raffrayi, n. sp. Nigra, subnitida, prothorace præcipue 
versus apicem fortiter et sat dense rugoso-punctato, haud canaliculato; elytris 
lineato-punctatis , intervallis alternis elevahs. Long. 10 millimètres. 

Dorey : Collection du Muséum. 


5. Emmaglœus Raffrayi, n. sp. Nigro-brumeus, squamis sordito-albidis 
dense indutus; margine antico prothoracis medio in duobus lobis producto, 
elytris in longiludinem bi-carinatis, carinis fasciculaus. Long. 5 à 7 milli- 
mètres. 

Dorey : Collection du Muséum. 


Ruysoninx. 


6. Rhysodes parvus, n. sp. Fuscus, nilidus; capile triangulari, anpulis 
pos!icis rotundatis ; spalio inter sulcos frontales relrorsum producto, basin ca- 
pitis superante; prothorace elongato, costis sat latis, subconvexrs ; elytris 
septem punctato-striatis. Long. 4 mill. 1/2. 

Dorey : Collection du Muséum. 


7. Rhysodes humeralis , n. sp. Nigro-piceus, nitidus ; capite triangularr, 
angulis posticis rotundatis, spatio inter sulcos frontales elongato, postice ab- 
breviato, antice vix foveolato; prothorace elongato, costis sat latis, subcon- 
vexis , sulco intermedio medio constricto ; elytris septem punctato-striatis. Long. 
5 mill. 1/2. 

Célèbes : Collection du Muséum. 


8. Rhysodes gracilicornis, n. sp. Fuseo-castaneus, nitidus ; capile elon- 
gato, angulis posticis rotundatis, spatio 1nter sulcos frontales depresso, satis 
lato, poshce abbreviato, apice foveolato ; oculis ovatis, prothorace elongato, 
costis sat lalis, subconvexis, sulco discoidal basin versus fere occluso; elytris 
septem punctato-strialis. Long. 4 mill. 1/2. 

Dorey : Collection du Muséum. 


9. Rhysodes vicinus, n. sp. Nigro-piceus, nitidus ; capite subtriangulart, 
subelongato , angulis posticis rotundatis ; spatio inter sulco frontales postice ab- 
brevialo, antice constricto, apice foveolalo, oculis angulosis ; costis prothoracis 
sat latis, subconvexis, sulco discoidali lateralibus angustiore: elytris sepiem 
punctato-siratis. Long. 6 millimètres. 

Dorey : Collection du Muséum. 


10. Rhysodes capito, n. sp. Niger, nitidus ; capite subtriangulart, angulis 
posticis lobo productis, spato inter sulcos frontales elongato, antice haud fo- 


— 158 — 


veolato; oculis angulosis; costis prothoracis latis, subconveæis; sulco discoi- 
dali medio constricto ; elytris septem punctato-striatis. Long. 7 millimètres. 
Dorey : Collection du Muséum. 


Pour mieux définir les caractères distinctifs des cinq espèces de Rhysodes 
que nous venons de décrire, nous les avons groupées dans le tableau suivant : 


1. Sillons longitudinaux de la tête entièrement séparés, 
renfermant une partie saïllante s’avançant en arrière 
_à da base de la tête en un lobe saillant, intervalles des 


stries pas plus larges que 166 SÉMRSSE TS TER 2 parvus Grouv. 
Sillons longiludimaux de la tête réunis en un court 
sillon -ocetDridi: ex cle e ss RON ESRI 2 


2. Angles postérieurs de la tête fortement saillants en ar- 
rière ; intervalles des élytres plus larges que les stries.  capito Grouv. 


Angles postérieurs de la tête arromthdondl 0 00 3 
3. Intervalles des élytres plus larges que les stries. ..... humeralis Grouv. 
Intervalles pas plus larges que les “ete ARS ER ER h 
h. Tête notablement plus longue que large; sillon médian 
dit protHorax ere à a Dase. se gracilicornis Grouv. 
Tête à peine plus longue que large, sillon médian du 
prothorax fermé à le base... .,....:%. 02... vicinus Grouv. 


Rhyzodiastes Raffrayi, n. sp. Nigro-piceus, nitidus, capite subelongato, 
subquadrato, in longitudinem profunde sulcato, sulco antice bifurcato, spatium 
élongatum et antice foveolatum includente ; prothorace oblongo , in longitudinem 
tri-sulcato, sulcis externis juxta marginem lateralem incrassatum , discoidal 
inteprum , intervallis concavis ; singulo elytro tri-carinalo, carina interna an- 
tice posticeque abbreviata, humerali integra, laterali apicem attingente. Long. 
5 millimètres, 

Célèbes : Collection du Muséum. 


Cucusinx. 


Læmophlœus insolens, n. sp. Ovatus, convexus, nilidus , glaber, testaceus ; 
antennis elongatis apice haud incrassatis, articulis 2 et 3 subæqualibus ; capite 
transverso, marpine anlico sinuato , lateribus elevatis ; prothorace subtransverso, 
cordaio , utrinque unistriato ; scutello transverso ; elytris ovatis, prothorace la- 
tioribus, ad apicem separatim subacuminatis, laleribus explanatis, stria su- 
turali ad apicem et humerali basin versus impressis. Long. 2 mill. 1/2. 

Dorey : Collection du Muséum. 


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À ms 400 — 


Sur LES PALÉMONS RECUEILLIS DANS LES EAUX DOUCES 
DE LA Dassg-Cacironnie rar M. Dicuzr, 


par M. E.-L. Bouvier. 


Parmi les Crustacés d’eau douce recueillis en Basse-Californie par M. Di: 
guet se trouvent de nombreux Palémons qui proviennent de la rivière Mu- 
lege et des canaux d'irrigation issus de cette rivière. Ges Crustacés appar- 
tiennent à Lrois espèces dont une seulement est nouvelle; mais ils sont tous 
intéressants parce qu'ils jettent quelque lumière sur la variabilité et la dis- 


tribution géographique des Décapodes fluviatiles. 


1° Palemon Digueti, sp. nov. Getle espèce est extrêmement voisine du 


Fig. 1. — Patie antéricure du P. spinimanus , face interne. 


P. spinimanus M. Edw., mais son rostre est plus long et armé en dessus 
d'un plus grand nombre d’épinies (14 à 16), sa grande pince (fg. 2 ) est plus 


HT 


Fig. 2. — Patte antérieure de P. Diguet, face interne. 


courte, plus large et complètement dépourvue de longues soies raides entre 
les doigts béants, enfin on n’observe pas de longs poils duveteux sur la face 
externe de cette pince et les épines de la face interne sont moins nom- 
breuses que dans le P. spinimanus (fig. 1) et plus irrégulièrement disposées. 


— 160 — 


— Dimexsions d'un mäle de grande taille : longueur de la carapace y compris 
le rostre 39 nullimètres; longueur de la saillie rostrale 11 millim. 2 ; lon- 
gueur du chélipède droit 81 millimètres; longueur de la pince 38 milli- 
mètres; largeur maximum 16 millimètres; longueur du doigt mobile 
22 millimètres. 

Le P. Divueti représente, dans les cours d’eau de la Basse-Californie, le 
P. spinimanus qui habite les affluents américains de l’Allantique tropical, 
et aussi, comme j'ai pu m'en convaincre en étudiant deux exemplaires de 
l'ile San Thomé, les cours d’eau africains qui se déversent dans l’Alan- 
tique (collection du commandant Parfait). 

2° Palemon forceps, M. Edw. Jusqu'ici, on croyait cet‘e espèce propre 
aux affluents américains de l'Atlantique, mais elle existe aussi dans les 
cours d’eau du versant opposé, car M. Dicuet en a recueilli de très nom- 
breux spécimens dans la rivière Mulege. Le P. longipes Lockington, qui 
provient de la même localité, ne diffère en rien de cette espèce; il en se- 
rail de même, d’après Kingsley, du P. dasydactylus Streets qui vit dans 
l'intérieur d'un affluent du golfe du Mexique, le Rio Couatzacoulos. 

Le P. forceps est représenté dans les cours d’eau de l'Afrique occidentale 
par le P. macrobrachion Herklots, dont le Muséum possède plusieurs exem- 
plaires recueillis au Congo par M. Pobéouin. Geite espèce se distingue sur- 
tout du P. forceps par les doigts de ses pinces qui sont droits, pileux plutôt 
que duvelés, et beaucoup plus courts que la portion palmaire; le rostre est 
un peu plus court que celui du P. forceps et le doigt fixe des pinces est 
armé d'une petite dent dont on ne trouve pas trace dans cette dernière espèce. 

3° Palemon jamaicensis, Herbst. Ce magnifique Grustacé est représenté 
dans la collection de M. Diguet par six exemplaires des deux sexes, dont 
un grand mâle qui mesu e près de 6o centimètres de longueur, les pinces 
étendues. C'est la première fois, à ma connaissance, qu'on l’a trouvé dans 
les affluents du Pacifique, mais il est depuis longtemps connu dans les 
cours d’eau de l'Amérique tropicale qui se déversent dans l'Atlantique. 

Signalé avec doute dans les rivières du Congo par M. Benedict (1893), 
il se trouve, en réalité, fort répandu dans les rivières de l'Afrique occiden- 
tale : les collections du Muséum en renferment de nombreux spécimens qui 
proviennent les uns des îles du Cap Vert, les autres d’Assinie et de la 
Côte d'Or (M. Chaper), la plupart du Gabon (M. Thollon), de l'Ogooué 
(M. Marche), de la rivière Kouilou (M. Lecomte) et de diverses autres 
parties du Congo (M. Pobéouin, M. Dybowski). C'est grâce aux exem- 
plaires de grande taille rapportés par M. Lecomite et par M. Chaper que 
j'ai pu établir l'identité des Palémons africains avec le P. jamarcensis, mais 
comme ces Crustacés ont le rostre un peu plus long que les représentants 
américains de l'espèce, comme leurs grandes patles sont plus inégales et les 
doigts de leurs pinces un peu plus courts, on peut former pour eux une variété 
spéciale pour laquelle je proposerai le nom de P. jamacensis , var. africanus. 


IGL — 


Il résulte de ce qui précède que les Palémons des eaux douces califor- 
niennes sont les mêmes que ceux des affluents américains et africains de l’Atlan- 
tique ou qu'ils représentent ces formes dans les affluents du Pacifique : le P. ja- 
maicensis habite la Californie aussi bien que les deux rives de l'Atlantique; 
le P. spinimanus, qui peuple ces dernières régions, est représenté dans la 
rivière Mulege par le P. Digueti; enfin le P, forceps, qui est propre aux 
deux versants de l'Amérique, se trouve représenté dans l'Afrique occiden- 
tale par le P. macrobrachion. 

Pour interpréter ces faits, on ne saurait recourir à l'hypothèse d'une dis- 
sémination par les Mammifères ou les Oiseaux aquatiques; on comprend 
que des Sangsues ou des Entomostracés puissent être transportés ainsi à 
des distances extrêmement grandes, mais il n’en saurait être de même pour 
les P:lémons, c’est-à-dire pour des Crustacés de grande taille dont les larves 
sont peu résislantes et qui fixent fortement leurs œufs aux fausses pattes 
de leur abdomen. — II faut renoncer également à à l'hypothèse d'une émi- 
gration par l'intermédiaire de cours d’eau qui communiqueraient entre eux 
à l’époque des pluies violentes; si cette explicalion peut s'appliquer aux 
espèces des régions largenient irriguées de l'Amérique, elle ne peut con- 
venir à une contrée abruple et desséchée comme la Basse-Californie, et, 
dans lous les cas, ne rend nullement compte de la présence des mêmes 
espèces sur les deux rives de l'Atlantique. 

On se trouve dès lors conduit à admettre que les Palémons californiens 
ont eu des ancêtres marins qui formaient trois espèces largement répandues 
dans le Pacifique et dans Atlantique, à l’époque où ces deux mers com- 
muniquaient entre elles par le détroit de Panama. Ces espèces se tenaient 
vraisemblablement au voisinage du continent on des îles qui réunissaient 
le nouveau continent à l'ancien pendant la première moitié de l’époque 
tertiaire; elles se sont progressivement adaptées à la vie dans les eaux 
douces en fréquentant les estuaires et sont ensuite remontées dans les cours 
d'eau où on les trouve aujourd'hui. Cette hypothèse, que M. Lockington 
avait déjà formulée à propos du P. forceps, ne permet pas de fixer exac- 
tement l’époque à laquelle remonte l'exode des Palémons dans les eaux 
douces; mais si l’on songe que les trois espèces californiennes ont aujour- 
d'hui complètement abandonné la mer, on est en droit de penser que leur 
émigralion dans les eaux douces a précédé ou suivi de bien peu la forma- 
tion de l'isthme de Panama, c’est-à-dire la période pliocène ou le début 
du pléisiocène. 
= La vaste extension des Palémons de Californie contraste étrangement 
avec la localisation des autres Décapodes fluviatiles ; les Atya et les Caridina 
ne paraissent pas présenter d'espèces dont la distribution géographique 
soit très élendue; — les Astaciens (Écrevisses) de l'hémisphère nord 
(Potamobudés) n'apparliennent pas à la même tribu que ceux de l'hémi- 
sphère sud (Parastacidés) et leurs espèces de l'hémisphère nord se rangent 


— 162 — 


dans des genres différents suivant qu’elles habitent les affluents du Paci- 
fique (Astacus) ou ceux de l’Atlantique occidental (Cambarus); — les 
Crabes fluviatiles, enfin, n’ont pas une localisation moins étroite, ceux de 
l'Afrique et des Indes orientales appartenant au groupe des Thelphusiens 
(Thelphusa, Deckenia, etc.), et ceux de l'Amérique au groupe assez différent 
des Bosciens (Boscia, Trichodactylus , ete. ). 

Ges faits trouvent leur explication non pas dans la variabilité plus ou 
moins grande des divers Crustacés décapodes, mais dans leur adaptation 
plus ou moins prolongée à la vie dans les eaux douces. Les formes fluvia- 
tiles les plus localisées, Crabes d'eau douce et Astaciens, sont depuis si 
longtemps adaptées à leur nouveau milieu, qu'elles ont d’une manière 
complète disparu des océans; les Crabes d’eau douce étaient déjà fluviatiles 
à l'époque du miocène (Thelphusa Quenstedti Zittel) et les Astaciens durant 
la première partie de la période tertiaire (Astacus Edwardsi Munier-Chal- 
mas, du travertin de Sézanne; Cambarus primævus Packard, du Wyoming 
occidental). Les Palémons, au contraire, sont encore représentés dans les 
mers par des formes assez nombreuses, et comme leurs espèces fluviatiles 
sont restées jusqu'ici inconnues à l'état fossile, il y a lieu de croire que 
leurs ancêtres n’ont pas commencé leur émigration dans les eaux douces 
avant la fin du pliocène ou le début du pléistocène. C’est alors, sans doute, 
que les Palémons californiens sont remontés dans la rivière Mulege, rendue 
permanente par un excès de précipitations atmosphériques; depuis cette 
époque, les pluies sont devenues très rares dans la région; la rivière s’est 
desséchée, mais ses sources ont continué à donner asile aux Palémons émi- 
grés. Quand les Jésuites, il y a environ un siècle, captèrent les sources par 
un barrage et rendirent à la rivière son débit régulier, les Palémons aban- 
donnèrent l’espace étroit où ils avaient été longtemps confinés ; ils suivirent 
le courant de l’eau et se répandirent dans la rivière et dans les canaux 
d'irrigation où on les trouve aujourd'hui. 


LIQUIDE SUCRÉ FORMOLE POUR LA CONSERVATION EN COLLECTION 
DES ANIMAUX COLORES, 


par M. FaBre-DOMERGUE, ANGLEN srAGraiRE pu Muséuw. 


Les solutions sucrées additionnées d'alcool méthylique conservent admi- 
rablement les couleurs des animaux qui y sont immergés ainsi que J'ai eu 
l'occasion de ie faire connaître par une note à la Société de biologie en 
1889. Malheureusement elles ne confèrent pas aux tissus la consistance né- 
cessaire et ne s'opposent point à la diffusion des liquides de l'organisme 
qui viennent se mélanger au véhicule sucré en altérant son pouvoir con- 
servateur. 


Grâce à la découverte récente des propriétés durcissantes de l'aldéhyde 
formique ou formol, résultant de la distillation sur la tournure de cuivre 
portée au rouge des vapeurs d'alcool méthylique, j'ai pu corriger ce défaut 
des solutions sucrées et leur conférer par l'addition d’une très faible pro- 
portion de ce corps le pouvoir durcissant qui leur manquait. J'ai donc com- 
posé le liquide suivant : 


CO 2 kilogrammes ) faire dissoudre 
RU DIU. ........... FA h litres à froid. 
OT CPP ET IDC ... 60 grammes. 

Re nn sous o 4 à saturalion. 


S'assurer de la neutralité du mélange et neutraliser au besoin par un 
peu de soude ou de potasse caustiques. 

Ce liquide ne doit pas s'employer pur pour commencer; on le dilue 
d'autant plus largement d’eau que les animaux que l’on désire y conserver 
sont plus contractiles, et l’on fait successivement passer ceux-ci pendant 
12-48 heures par des mélanges à 25, 50, 75 p. 100, avant de les plonger 
dans la liqueur pure. On évite ainsi d’une part la contraction des tissus et 
d'autre part on réalise une économie de liquide. Il importe en effet que 
celui-ci soit neuf, incolore et surtout parfaitement neutre. Lorsque les 
animaux sont bien pénétrés, ils présentent la transparence de la vie et ont 
acquis la consistance du caoutchouc durci. On peut alors les entasser dans 
une faible quantité de liquide sans craindre de les voir s’altérer. 

La formule que je donne ci-dessus est évidemment perfectible; elle ne 
s'applique pas avec un égal succès à toutes les espèces animales; elle ne 
convient pas non plus à la conservation des pièces anatomiques de Vertébrés 
à sang chaud, mais constitue déjà un notable progrès sur l'alcool en ce qui 
concerne la conservation des Poissons; des Vers, des Crustacés, des Échi- 
nodermes, des Cœlentérés. Son prix de revient est d'environ o fr. 50 le 
litre. 

Qu'il me soit permis, en terminant, de faire observer que les solutions 
aqueuses de formol à 5-10 p. 100, préconisées comme succédané de 
V’alcool, sont loin de posséder au même degré que la solution sucrée for- 
molée le pouvoir conservateur des couleurs. Dans cette dernière le sucre 
est l’élément essentiel du liquide conservateur; le formol qui s’y trouve à 
raison de 1 p.100 environ en est l'agent durcissant, et le pouvoir conser- 
vateur du liquide augmente en raison directe de sa teneur en sucre et non 
de sa teneur en formol. 


= AO 


M. Lecoure, chargé d'une mission au Congo, rend compte du 
voyage qu'il a effectué en 1894 et fait projeter au tableau un cer- 
tain nombre de photographies des arbres indigènes ou importés 
les plus remarquables croissant dans les pays qu'il a traversés. 


SUR QUELQUES PLANTES RAPPORTÉES DU CoNco PAR M. H. LECOMTE. 


Nore DE M. Pau. van Tiecuew. 


Parmi les plantes qu'il a récoltées au Congo en 1894, au cours du voyage 
dont il vient de nous retracer l'itinéraire, M. Lecomte m'en a remis quatre 
dès qu'il a su qu’elles pouvaient intéresser les recherches que je poursuis 
actuellement : trois Loranthacées, qui sont des espèces nouvelles dans autant 
de genres récemment établis, et une Olacacée, depuis longtemps étudiée 
et décrite sous le nom de Coula edulis par M. Baillon, mais qui offre plu- 
sieurs caractères intéressants, non encore signalés et de nature à modifier 
un peu l'opinion qu’on a de ses affinités. Quelques mots sur chacune de ces 
deux sortes de plantes. 


1. Sur trois Loranthacées nouvelles. — Ayant en commun un calcule, 
un ovaire uniloculaire à loge de bonne heure oblitérée, un calice gamosé- 
pale et des anthères basifixes, les Loranthacées de M. Lecomte appartiennent 
toutes les trois à la sous-famille des Loranthoïdées, à la tribu des Loran- 
thées et à la sous-tribu des Dendrophthoées. On sait d’ailleurs que la très 
grande majorité des Loranthoïdées d'Afrique font partie de cette sous-tribu 
des Dendrophthoées; un petit nombre seulement, constituant les trois 
genres Sycophila, Acrostachys et Plicosepalus , se rangent dans la sous-tribu 
des Phénicanthémées; quant à la sous-tribu des Struthanthées, elle n’a en 
Afrique aucun représentant, non plus que les trois autres tribus de cette 
sous-famille : Psittacanthées, Elytranthées et Gaïadendrées. 

Il y a peu de temps, M. Engler a considérablement étendu nos connais- 
sances sur les Dendrophthoées d’Afrique en en décrivant d’un seul coup 
soixante-quatorze espèces nouvelles . Ce sont toutes pour lui des Loran- 
thus, qu'il range la plupart dans les deux sections anciennement admises 
Dendrophthoe et Tapinanthus , quelques-unes dans une section nouvelle Isch- 
nanthus. 

Tout récemment, j'ai essayé de grouper en genres l’ensemble, ainsi no- 
tablement accru, des espèces qui composent la sous-tribu des Dendroph- 
thoées et qui sont abondamment répandues, comme on sait, non seulement 
en Afrique, mais encore en Asie et en Océanie. Pour y arriver, il m'a fallu 
déjà y établir pas moins de trente-deux coupes génériques, sans avoir en- 


(M Engler, Loranthaceæ africanæ (Bot. Jahrbücher, XX, p. 77, 1894). 


AT OD. 


core épuisé ce difficile sujet (”, Les plantes de M, Lecomte viennent prendre 
place dans trois de ces genres nouveaux, à côté d'espèces décrites par 
M. Engler. 

Dans l’une (n° 4o), les fleurs sont tétramères; dans une autre (n° 96), 
elles sont pentamères, comme c’est le cas le plus habituel; dans la troisième 
(n° 39), elles sont hexamères. 

La plante à fleurs tétramères serait classée par M. Engler dans sa section 
Ischnanthus, où elle prendrait place tout à côté du L. grabonensis Engler, 
récolté par M. Soyaux au Gabon en 1881 et distribué sous le n° 305. Or, 
en érigeant récemment cette section à l’état de genre distinct, j'en ai séparé 
précisément le L. gabonensis, à cause d'une conformation spéciale de l’ex- 
trémité du calice, qui est couronnée dans le bouton, et j'en ai fait le type 
d'un genre nouveau sous le nom de Stephaniscus ”. C'est donc dans ce 
genre que vient se ranger la plante de M. Lecomte, à côté du Sc gabo- 

.nensis (Engl.), dont elle diffère notamment par des ombelles à pédoncule 
plus long, portant souvent plusieurs bractées stériles sur ses flancs, et par 
des fleurs d’un tiers plus petites : ce sera le Stephasniscus Lecomteë. Il a été 
récolté au cap Lopez en mars 1894. 

Créé par Blume en 1830 , mais très incomplètement défini à cette époque, 
le genre Tapinanthus n'a pas été admis comme tel, bien que tous les auteurs 
qui ont suivi, notamment Endlicher, Bentham et Hooker, et M. Engler, 
aient conservé ce groupe comme seclion du genre Loranthus. En le réta- 
blissant récemment comme genre autonome, je l'ai limité aux espèces, au 
nombre d’une trentaine environ, qui, ayant le calice renflé à la base, les 
étamines munies sous l’anthère d’une dent remontante et le style rétréci 
sous le stigmate en forme de quille à jouer, ont en même temps le sommet 
du calice arrondi dans le bouton. J'en ai séparé, pour en faire un genre 
distinct sous le nom de Acrostephanus ©, les espèces, au nombre de sept, 
décrites par M. Engler qui, avec les trois premiers caractères, ont le sommet 
du calice couronné dans le bouton (4. Buchneri, syringifolius, truncatus, 
tschinschochensis, Pogger, dependens, ogowensis). En sorte que les Acroste- 
phanus sont aux Tapinanthus exactement ce que les Stephaniseus sont aux 
Tschnanthus. Dans les six premières espèces, la couronne n’est qu'un anneau 
et le calice n’est que tronqué; dans la septième, le phénomène s’exagérant 
et chaque sépale portant une corne, elle a cinq fleurons bien marqués. 
C’est dans ce genre Acrostephanus que vient se placer la Dendrophthoée 
pentamère de M. Lecomte, et précisément à côté de l'A. ogowensis (Engl.), 


%) Ph. van Tieghem, Sur le groupement des espèces en genres dans les Loranthées 
à calice gamosépale et anthères basifixes ou Dendrophthoées (Bull. de la Soc. bot., 
séance du 22 mars 1895). 

@) De o7e@avlouos, pelite couronne. 

G) De &xpor, sommet, et o7é@avos, couronne. 


— 166 — 


dont elle diffère notamment par ses grandes feuilles sessiles et embrassantes, 
un peu plus larges que longues, mesurant o m.10 à o m.1°2 en largeur 
sur 0 m.09 à om. 10 en longueur, par ses fleurs à calice rouge tacheté de 
blanc, mesurant o m.07 à om.08 de long, et par sa couronne à cinq 
larges fleurons divergents : ce sera l’Acrostephanus coronatus. H a été récolté 
à Niounvou, vallée du Kouilou, en janvier 1894. 

On voit que d’après la forme et le développement de la couronne, les 
Acrostephanus peuvent être groupés en deux sections : les Fruncati (A. Buch- 
neri, truncatus, etc.) et les Coronati ( A. ogowensis, coronatus). 

Enfin, la plante à fleurs hexamères se place tout à côté du L. Soyauxu 
Engler, trouvé d’abord au Gabon en 1882 par M. Soyaux (n° 386), puis 
retrouvé au Kameroun en 1891 par les voyageurs allemands Buchholz, 
Dinklage et Preuss. M. Engler en a fait le type d’une sous-section Lepidoti 
dans la section Dendrophthoe de son genre Loranthus. En élevant récem- 
ment cetle sous-section au rang de genre, j'ai appelé l'attention sur la con-. 
formation toute particulière du fruit de ces plantes, qui est piriforme et se 
développe tout entier aux dépens du tiers inférieur de l’ovaire infère, dont 
les deux autres tiers forment à son sommet un mamelon couvert de poils à 
étoiles superposées, conformation unique dans la famille et d’où j'ai tiré 
pour ce genre le nom de Thelecarpus ®. Des autres Thelecarpus et en par- 
ticulier du Th. Soyauxit (Engl.), la plante de M. Lecomte diffère notam- 
ment par ses feuilles plus petites, par sa bractée plus courte que l'ovaire 
et surtout par l'hexamérie habituelle de sa fleur, qui est pentamère dans les 
autres espèces du genre. Cette différence dans le type floral n’est ici qu'un 
caractère spécifique, comme chez nos Loranthus, par exemple, où la fleur, 
ordinairement hexamère, devient pentamère dans le L. Lambertianus. Ge 
sera donc le Thelecarpus hexasepalus. 1 a été récolté à Mambi, près de la 
lagune de Mayomba, en mars 1894. 

C'est ici le lieu d'ajouter que, parmi les Loranthacées rapportées du 
Congo par M. Thoïlon et données par lui au Muséum, j'en ai trouvé une 
(n°754) qui appartient à ce même genre Thelecarpus ; elle diffère des autres 
espèces notamment par son calice très mince et transparent : ce sera le 
Th. Tholloni. H a été trouvé au bord de l’Ogooué, à Kong obumba, en fé- 
vrier 1887. 


2. Sur le Goula edulis Baëllon. — C’est M. Aubry Lecomte qui a dé- 
couvert au Gabon, en 1845, cet arbre remarquable, nommé #’coula par 
les habitants, qui en mangent la graine, comestible par son volumineux 
albumen. Après un demi-siècle écoulé, c’est aujourd’hui M. Henry Lecomte, 
les noms ont leur destin, qui le retrouve à Fernan Vaz, au Congo. Il faut 
dire que, dans l'intervalle, il a été revu deux fois au Gabon, par le P. Du- 
parquet et par M. Griffon du Bellay. 


@) De SnAy, mamelon et xapros, fruit. 


— 167 — 


Les échantillons rapportés par M. Aubry Lecomte ont été étudiés en 
1862 par M. Baillon qui a fait de celle plante, sous le nom de Coula 
edulis "), le type d'un genre nouveau classé, à côté des Ximenia et des 
Heisteria, parmi les Olacacées, place qui lui a été conservée par les auteurs 
qui ont suivi, notamment par MM. Bentham et Hooker ”, et par M. En- 
gler ©, 

L'examen de ces mêmes échantillons m'ayant amené, il y a deux ans, à 
quelques résultats nouveaux, demeurés inédits, j'ai mis à profit les maté- 
riaux récemment récoltés par M. H. Lecomle pour répéter et confirmer 
mes observations, dont je résume ici les points essentiels. 

La tige renferme dans son écorce des poches sécrétrices, bordées de cel- 
lules spéciales sécrétant une résine jaune brun qu'elles déversent dans la 
lacune, où elle forme une masse de couleur foncée, presque noire; elle n’en 
a pas dans sa moelle, qui est hétérogène. L'écorce de la feuille, dont l'assise 
supérieure est fortement palissadique et qui est lacuneuse dans le reste de 
son épaisseur, offre aussi, çà et là sous l’assise palissadique, de pareilles 
poches sécrétrices. Enfin, ces poches à résine se retrouvent dans les di- 
verses parlies de la fleur, notamment dans la paroi de l'ovaire et plus tard 
dans le péricarpe du fruit. Dans l'ovaire, la résine prend une couleur bleue 
foncée. 

Les fleurs, disposées en grappe axillaire simple, ont un calice court et 
cupuliforme, à bord entier, qui reçoit du pédicelle cinq faisceaux libéro- 
ligneux et doit, en conséquence, être regardé comme formé de cinq sépales 
concrescents dans toute leur faible longueur. La corolle a cinq pétales libres, 
valvaires, alternes avec les sépales. L’androcée a vingt étamines en trois 
verticilles : cinq plus grandes alternes aux pétales, dix moyennes super- 
posées aux pétales deux par deux de part et d’autre de la ligne médiane, 
et cinq plus petites superposées aux pétales sur la ligne médiane. Le pistil 
est formé de trois carpelles , fermés et concrescents dans toute leur longueur 
en un ovaire triloculaire à placentation axile, ayant dans chaque loge, 
attaché au sommet et dans l’angle interne, un ovule pendant anatrope à 
raphé externe. 

‘L'ovaire est surmonté d’un style conique court, non renflé à l’extré- 
mité, creusé d’un canal trilobé dont chaque lobe prolonge une loge ova- 
rienne. 

Le fruit est une drupe à une seule graine, pourvu d’un petit embryon 
étranglé au milieu et d’un abondant albumen amylacé, creusé au centre 
d’une cavité irrégulière. 


1 Baillon, Deuxième mémoire sur les Loranthacées (Adansonia, III, p. 61, 
18632). 

@) Bentham et Hooker, Genera plantarum, 1, p. 995, 1867. 

() Engler, Nat. Pflanzenfamilien, WI, 1, p. 238, 1889. 


— 168 — 


Ainsi conformé, le Goula edulis peut-il être maintenu dans la famille des 
Olacacées ? C'est la question qu'il nous reste à examiner ). 

Quatre caractères l'éloignent de toutes les autres Olacacées : 1° les 
poches sécrétrices de la tige et des feuilles ; aucune autre Olacacée ne pos- 
sède un tel appareil sécréteur; 2° la conformation de l’androcée, qui, avec 
ses vingt étamines en trois verticilles, ressemble à celui des Rosacées; les 
autres Olacacées ont ou bien cinq étamines seulement, épipétales (Schæpfa, 
Anacolosa, Cathedra, ete.), où bien dix étamines, cinq épisépales et cinq 
épipétales (Aimenia, Heisteria, Olax, etc.); 3° la placentation axile; chez 
toutes les autres Olacacées, l'ovaire, divisé il est vrai dans sa région infé- 
rieure par des cloisons plus ou moins hautes, est toujours uniloculaire dans 
sa région supérieure, où les ovules s’attachent au sommet d’un placente 
central libre; 4° enfin la nature amylacée de l’albumen, qui est oléagineux 
dans les autres Olacacées. 

Ces différences sont telles qu'elles exigeraient tout au moins l’établisse- 
ment dan; la famille d’une tribu distincte pour le Coula edulis. Mais peut- 
être convient-il d'aller plus loin, de retirer décidément cette plante de la 
famille des Olacacées et de constituer pour elle une famille autonome sous 
le nom de Coulacées. On y trouverait, entre autres, cet avantage de pouvoir 
continuer à caractériser les Olacacées par la placentalion centrale libre, ce 
qui cesse désormais d’être possible si l’on y laisse le genre Coula. 


SUR QUELQUES BACTÉRIES DES TEMPS PRIMAIRES, 


par M. B. ReEnauLr. 


Les premières bactéries que j'ai rencontrées se trouvaient dans un co- 
prolithe du terrain PSE d'Igornay. Elles ont été décrites sous le nom 
de Bacillus permiensis ?. Mais, dès 1879, M. van Tieghem avait signalé 
leur présence dans Îes pin de Grand'Croix, qui appartiennent au terrain 
houiller supérieur. L'examen des silex de Combes (Loire), d'Esnost (Saône- 
et-Loire), qui datent du Culm, a révélé l'existence d’un grand nombre de 
ces organismes, et je ne doute pas que lorsqu'on étudiera, à ce point de 
vue , les plantes silicifiées du Dévonien et du Silurien , on n'arrive au même 


résultat. 


G) Il va sans dire qu'on entend ici la famille des Olacacées dans le sens restreint 
qu'il est nécessaire de lui donner aujourd’hui, c’est-à-dire défalcation faite des 
Phytocrénées, Gpiliées et [cacinées, naguère comprises dans ce groupe, maintenant 
érigées en autant de familles distinctes. 

© @) Séance de la Société d'histoire naturelle d’Autun, tenue le 24 avril 1892. 
— B. Renault et C.-K: Bertrand, Comptes rendus de l’Académe des Sciences, 


6 août 1894. 


— (109 — 
Les bactéries peuvent s'observer dans des milieux divers, tels que : 


1° Les coprolithes recueillis dans les schistes permiens de Saint-Hilaire, 
de-Buxières (Allier); d'Igornay, Saint-Léger-du-Bois, Lally, Cordesse, 
le Ruet, les Thelots, c'est-à-dire dans toute l'épaisseur de la Formation 
permienne d’Autun ; 


2° Dans les schistes houillers de Montceau-les-Mines, de Commentry; à 
l'intérieur des ossements et des écailles disséminés dans les schistes houil- 
lers ou permiens des localités citées ci-dessus; dans les silex de Grand’Croix 
et des environs d’Autun ; 


3° Enfin, au milieu des débris de plantes silicifiées appartenant au ter- 
rain anthracifère des environs de Régny, de Combres et d'Esnost. 

Tantôt elles ont été conservées par le phosphate de chaux, tantôt au 
moyen de la silice. 

À toutes les époques, leur rôle semble avoir été le même; elles se sont 
attaquées aux débris des végétaux et des animaux, il est vraisemblable 
même qu'elles ne les ont pas épargnés pendant leur vie. 

Aujourd’hui Je signalerai seulement quelques espèces que j'ai rencontrées 
au milieu de restes de plantes. 

Les végétaux d'Esnost, de Combres ont été détruits par le Bacillus vorax 
(fig. 1), bacille long de 12 à 15 x, se reproduisant au moyen de cinq à 


Fig. 1.— Bacillas vorax (Culm). 


-six spores sphériques larges de 1 x; par le Micrococcus priscus, dont le 
diamètre est de ou 6 à ou7, et par le M. esnostensis, atteignant 3 à 4 x 
de largeur. 

Les végétaux houillers en décomposition renferment le M. Gusonarde 


Muséus. 12 


=. db = 


(fig. 2), qui mesure 2 1 2 de diamètre; le M. hymenophagus , large seule- 
ment de 07 à om9. 

En plus de ces deux espèces, j'ai rencontré dans un Arthropitus d’Autun 
un bacille qui se rapproche du Bacillus amylobacter ; je le désignerai sous 
le nom de B. Tiephemi (). 

I'est à remarquer que les fragments de plantes au milieu desquelles se 
trouvent ces bactéries en renferment toujours plusieurs espèces qui parais- 
sent avoir eu des fonctions différentes ; c’est ainsi que les végétaux d’Esnost 


Fig. 2. — Tissu attaqué par le Micrococcus Guignard. 


contiennent le Bacillus vorax , le Micrococcus priscus et le M. esnostensis. Le 
premier de ces microcoques s’attaquait à la membrane moyenne et le second 
dissolvait les couches d’épaississement. 

A Saint-Étienne et à Autun, c'étaient les M. hymenophagus et M. Gui- 
gnardi qui respectivement accomplissaient les mêmes fonctions. 

Le Bacillus Tieghemi et le B. vorax se rencontrent dans les régions 
complètement désorganisées. 

Sur la figure 3 on peut voir à gauche une portion de tissu dont les cel- 
lules sont encore adhérentes les unes aux autres. 

Plus à droite, les cellules sont désunies, dissociées , et sur les préparations 
on distingue entre elles le M. hymenophagus ; les couches d’épaississement, 
attaquées à leur tour par le M. Guignardi, laissent le protoplasma sous la 
forme de masses sombres plus ou moins irrégulières, qui, à une petite 
distance , s’éclaireissent, se fondent et finissent par disparaître, en laissant à 
leur place quelques microcoques qui ont achevé la destruction. 

Les tissus végétaux ne disparaissent pas tous avec la même facilité, ceux 


4) Van Tieghem, De la fermentation butyrique à l’époque de la houwille (Comptes 
rendus de l’Académie des Sciences, t. CXXXIX , p. 1102, 1879). 


— 171 — 


formés de cellales parenchymateuses à parois peu épaissies étaient d'abord 
détruits; puis c'était le tour des faisceaux ligneux, du suber et de l'épi- 
derme, etc. 


Fig. 3. — ‘Tissu en partie désorganisé par le M. Guigrardi 
et le M. hymenophagus. 


La figure 4 montre une section transversale de racine remplie de micro- 
coques; le microscope n’y fait reconnaître qu'un fragment de vaisseau rayé; 


Fig. A. 


Racine envahie par le Micrococcus Guignardi 


et le M. hymenophagus. 


tous les autres tissus ont complètement disparu, la cuticule seule à été 
épargnée et est représentée par une ligne circulaire festonnée. 

Dans certains cas, la cuticule elle-même était dissoute, la figure 1, qui est 
également une section transversale de racine, n'en montre plus aucune trace. 


— 172 — 


Les conclusions que l'on pourrait tirer du résumé qui précède sont : 

1° Les Bactéries paraissent s'être montrées sur le globe en même temps 
que les premières plantes. 
° D'après les recherches faites jusqu'ici, elles ont été presque aussi 
nombreuses et aussi répandues que de nos jours. 

3° Leur rôle vis-à-vis des plantes semble avoir été le même que celui des 
Bactéries actuelles. 


2 


PTÉRODACTYLES ACQUIS PAR LE LABORATOIRE DE PALÉONTOLOGIE, 


par M. Marcezuinx Bouc. 


Les objets que j'ai honneur de présenter à celte assemblée comblent 
une lacune importante dans Îles collections du Muséum d'histoire naturelle. 
Jusqu'à ce Jour, en elfet, les Ptérodactyles, ces curieux Reptiles volants de 
l'ère secondaire, ne figuraient dans nos vitrines que sous forme de mauvais 
débris où de moulages de pièces célèbres. M. le professeur Gaudry a pu 
acquérir celle -année un exemplaire de Ptérodactyle d’Eichstadt, compa- 
rable par sa beauté et sa conservation aux plus beaux spécimens du musée 
de Munich. 

On trouve plusieurs espèces de Pterodactylus dans les calcaires schisteux 
de Solenhofen. Ces espèces diffèrent entre elles par les dimensions, la forme 
de la tête, la disposition des dents, les rapports de longueur des divers os 
des membres. Notre exemplaire se rapproche plus du Pterodactylus elegrans 
Wagner, que de toute autre espèce. Pourtant 1l peut être utile de signaler 
que, dans notre échantillon, le métacarpe est aussi long que l’avant-bras, 
tandis que dans les exemplaires de Pteroductylus elesans du musée de Mu- 
nich décrits par M. Zittel ”, le mélacarpe est un peu plus petit que l'avant- 
bras. Notre animal est aussi plus grand d’un cinquième environ. Je ne 
crois pas que ces différences puissent suflire à créer un nouveau nom d'espèce. 

Malgré sa conservation parfaite, notre exemplaire de Pterodactylus ele- 
gans, lun des plus beaux et des plus complets qui soient connus, ne 
donne pas à première vue l'aspect que devaient avoir les Ptérodactyles : 
cela tent à ce que le doigt des ailes s’est replié sous le corps de l'animal. 

J'ai lhonneur de vous présenter un Ptérodactyle d’une autre espèce 
(Pterodactylus spectabilis H. v. Meyer) où l'aile est, au contraire, bien 
étalée. Nous n'avions que la moitié droite de l'empreinte. J'ai pensé qu'il 
serait intéressant de reconstituer la seconde moitié. et c'est l'échantillon 
ainsi restauré qui est placé sous vos veux. Îl donne bien l'aspect des Plé- 
rodactyles quand ils avaient leurs ailes étendues. 


D Palæontographica, XXIX (1883), p. 77. 


— 173 — 


SUR UN ENVOI DE FOSSILES DU SauaniEN Fair Pan M. Mayen-Evuan 


DE ZURICH , 


par M. AnmanD Tuévenix. 


Le Laboratoire de paléontologie a reçu de M. Mayer-Eymar, le savant 
professeur au Polytechnieum de Zurich, un fort intéressant envoi de fos- 
siles. Ces fossiles montrent, en effet, qu'il a existé à une époque peu éloi- 
gnée, postérieurement au dépôt des couches siciliennes les plus récentes, 
une mer saharienne en communication avec 11 Méditerranée. 

La question de la mer saharienne, qui avait vivement préoccupé les es- 
prits il y a quelques années, semblait définitivement tranchée après les 
travaux de Tournouër et de M. Pomel : la création d'une mer dans la ré- 
gion des chotts ne rétablissait pas un état de chose ancien. 

M. Zittel dans son bel ouvrage sur le Sahara? avait prévu que la Médi- 
terranée avait pu, du moins, couvrir une partie de l'Égypte. C'est ce que 
prouvent les découvertes de M. Mayer-Eymar; 1l a trouvé dans la région 
du Ouadi-el-Meleah au sud des grandes pyramides, dans des dépôts su- 
perficiels et intacts, une faune qui est celle de la Méditerranée actuelle ; 
l’énuméralion de celte faune serait longue et sans intérêt dans celte assem- 
blée. 

Mon illustre et excellent maître, M. Gaudry, à présenté à l'Académie des 
sciences une première note de M. Mayer-Eymar sur ces importantes dé- 
couvertes intitulée : Defense du Saharien comme nom du dernier étage géolo- 
gique ©. 

Les échantillons (appartenant à 35 espèces) qui ont élé envoyés au La- 
boratoire présentent une particularité remarquable et caractéristique de 
cette faune saharienne, c’est leur petite taille comparativement aux indi- 
vidus actuels ou fossiles des mêmes espèces. On peut expliquer cette exi- 
guité par la courte durée de l'invasion de la Méditerranée où par la fré- 
quence des ondées de sable arrivant des parties du désert alors émergées; 
les Gastropodes vivant sur les rochers sont d’une taille normale. 

Quant à savoir si la mer, après le sicilien, a surmonté le seuil de Gabès 
et s’est étendue à l'Ouest, c'est là une autre question que M. Mayer-Eymar 
tend à résoudre par laflirmative; on ne peut qu'attendre les résultats 
des nouvelles recherches de ce savant qui a bien voulu enrichir les collec- 
tions du Muséum d'échantillons aussi intéressants et qui ne figurent dans 
aucune autre collection française. 


@) K. Zittel, Die Sahara, 1883. 


®) Compte rendus, séance du 5 novembre 1894. 


SUR LES PRODUITS DE COMBUSTION DES CUARBONS DE L’ARC ÉLECTRIQUE ; 
VENTILATION PAR LE GAZ, # 


par M. N. GRéuanNT. 


Le procédé de dosage de loxyde de carbone dans l'air que j'emploie 
depuis plusieurs années est basé sur la loi d'absorption de oxyde de ear- 
bone par le sang d’un animal vivant que j'ai découverte et qui peut se ré- 
sumer de la manière suivante : 


Si l’on fait respirer à un chien pendant une demi-heure un mélange 
d'oxyde de carbone et d'air à un millième composé dans un gazomètre du 
D'de Saint-Martin, on trouve, en extrayant les gaz du sang à l’aide de la 
pompe à mercure, après addition d’acide acétique, que 100 centimètres 
cubes de sang ont absorbé 5 cent. cub. 5 d'oxyde de carbone; si le même 
animal ou si un autre animal de la même espèce respire un mélange à un 
dix-millième, le même volume de sang, au bout d’une demi-heure, con- 
lient seulement o cent. cub. 55 d'oxyde de carbone; #! y a donc proportion- 
nalité exacte enh'e le volume d’oxyde de carbone absorbe par le sang et le vo- 
lume de ce gaz qui existe dans l'air. 

Pour doser avec la plus grande exactitude le gaz combustible retiré du 
sang, Jemploie le grisoumètre de Coquillion que j'ai perfectionné et qui 
permet pour un centimètre cube d'oxyde de carbone d'obtenir une réduc- 
üon ou diminution de volume de 7,6 divisions; c’est à l'aide de cet instru- 
ment qui est un eudiomètre sensibilisé que j'ai trouvé dans le sang normal 
une trace de gaz combustible, hydrogène mélangé à une très petite quantité 
d'hydrogène carboné. 

J'ai cherché tout récemment quels sont les gaz que les charbons portés 
à l'incandescence par l'arc électrique répandent dans l'air ambiant. 

Mes premières expériences que j'ai communiquées à l’Académie des 
sciences ont été faites dans des conditions telles que les produits de la com- 
buslion ont été recueillis dans ün espace très limité; une lampe électrique 
dont les charbons donnaient une lumière très vive et constante a été intro- 
duite dans une caisse de bois d'une capacité de 75 litres fermée presque 
complètement par un couvercle traversé par le corps cylindrique de la 
lampe. À l’aide d’ajutages fixés sur deux parois opposées de la caisse, per- 
mettant l'entrée de l'air extérieur et la sortie du mélange de l'air avec les 
produits de la combustion des charbons, j'ai fait circuler par des soupapes 
hydrauliques dans les poumons d'un chien les gaz contenus dans la caisse ; 
l'analyse des gaz de 42 centimètres cubes de sang normal pris avant l'ex- 
périence a donné au grisoumètre une réduction égale à 0,9 division, tandis 
que le même volume de sang après une demi-heure de respiration a donné 
au grisoumèlre une réduction de 6,8 divisions; 6,8—0,9=—9,9, réduction 


= 


— 175 — 


réelle due à l'oxyde de carbone dégagé par les charbons, ce qui correspondait 
à 1 centimètre eube d'oxyde de carbone dans 100 centimètres cubes de sang. 
Cette pere indiquait que l'air qui avait cireulé dans les poumons 


renfermail 3— — d'oxyde de carbone; le dosage de l'acide carbonique par 


m,6 NL 2 . 
l'eau de Th dans le gaz de la caisse a donné Le; si l'on réduit les deux 


D. : 126 , A nominateur rs DÉ- 2 
fractions ÿos ©l <= au méme dénominaleur, on trouve gcc CL gs OU 


53 fois plus d'acide carbonique que d'oxyde de carbone, Je Par de mes 
recherches que Pare électrique dégage une faible proportion d'oxyde de 
carbone et j'ai dû déterminer la proportion de ce gaz qui peut se trouver 
dans une salle éclairée par une lampe à arc. 

J'ai maintenu pendant quatre heures l'arc électrique dans une chambre 
de mon laboratoire qui est d’une capacité de 50 mètres cubes et dont les 
ouvertures principales avaient été fermées. Le dosage de l'acide carbonique 


6./ 
pris auprès du plafond a donné -?7- et dans un coin de la chambre —" 
10000 10 


000 


nombre très voisin du premier; admettons la moyenne Te, retranchons 


k 
+ proportion d'acide carbonique contenue dans Pair pur, il reste — 


10000 10000 


ea de la combustion des charbons pendant quatre heures; le résultat 
de l'expérience précédente ayant montré que dans le mélange gazeux que 
dégage la combustion la proportion d'oxyde de carbone était 5 3 fois moindre 


+. : ] 
que celle de l'acide carbonique, il ne devait y avoir que TES ES TETE 


ou ——— d'oxyde de earbone, proportion tout à fait négligeable, ce qui doit 


rassurer complètement les personnes qui s’éclairent avec un arc électrique. 

Je ferai remarquer, à ce propos, qu'il n’existe aucune contradiction entre 
mes résultats, car la différence tient à ce que j'ai fait deux déterminations 
quantitatives d'une faible quantité d'oxyde de carbone qui a été mélangée 
d’abord avec un petit volume d'air, celui de la caisse de bois ou 75 litres, 
puis avec un grand volume d'air, celui de la chambre ou 5o mètres cubes, 
volume 666 fois plus grand. 

Il existe une grande analogie entre ces expériences comparatives et celles 
que j'ai faites l’année dernière en recueillant les produits de la combustion 
d'un bec Bengel et d'un bec Auer. 

Si l’on aspire à l’aide de la pompe à mercure et d’un tube de verre re- 
courbé en forme de siphon les gaz pris à 4 ou 5 centimètres au-dessus de 
la flamme, dans l’axe du cylindre de verre d’un bec Bengel, et si l’on fait 
l'analyse de ces gaz, on trouve qu'ils renferment en centièmes : 


D OMR ut. Se IL ONE au. k,5 
1-2 CAMÉCELRRRETEE Rare Sr PRE 2 ral 1059 
M  . - DUT RPC OE FE See EE 85,3 


La combustion du gaz produit beaucoup d'acide carbonique, et l'air qui 


— 176 — 


a fourni l'oxygène nécessaire à la combustion a perdu un volume d'oxygène 
égal à deux fois et demie le volume d'acide carbonique. Aussi éprouve-t-on 
une sensation de chaleur et d'oppression quand on respire les one de 
combustion du gaz. . 

Il en est de même pour le bec Auer qui donne un éclat très vif et très 
apprécié. Quoique ce dernier bec produise un peu d'oxyde de carbone, le 
volume de ce dernier gaz répandu au bout de 7 heures de ras 
dans une salle de 50 mètres cubes de capacité a été trouvé égal à =, Per 
portion négligeable. 

I n'est pas moins vrai qu'il y aurait au point de vue de lhygiène un 
orand avantage à faire dégager complètement au dehors les produits de 
combustion du gaz employé pour le chauffage ou pour l'éclairage; en ce 
qui concerne le bec Auer, voici un dispositif que je propose, qui fonctionne 
bien et qui pourrait servir de modèle aux constructeurs qui voudraient 
l'appliquer : j'ai fait poser le bec Auer sur un pied métallique circulaire 
ayant 12 centimèlres de diamètre percé de 6 trous disposés en cercle et 
équidistants : un large manchon de cristal reposant sur le cercle, enveloppe 
complètement le bec et le verre; l'ouverture supérieure de ce cylindre est 
fermée par un couvercle métallique, auquel on a fixé un tuyau étroit qui 
s'élève verticalement et qui se rend au dehors comme un tuyau de poêle : 
on introduit à travers l’un des trous de la base une éponge imbibée d’alcool 
allumé portée par un long fil de fer, on ouvre le robinet de gaz, on obtient 
une belle surface incandescente, et l’on a réalisé ainsi l'éclairage, le chauf- 
fage et la ventilation. 


BULLETIN 


MUSEUM D'HISTOIRE NATURELLE. 


ANNÉE 1895. — N° 5. 


—————— - —_—_———————————————— ————ÿD fu ——— ———— - —— ——— 


5° RÉUNION DES NATURALISTES DU MUSEUM. 
20 MAI 1090. 


et D 


PRÉSIDENCE DE M. MILNE EDWARDS, 


DIRECTEUR DU MUSÉUM. 


Le Présinexr dépose sur le bureau le quatrième fascicule du 
Bulletin paru le 27 mai et contenant les communications faites dans 
la séance précédente. | 

Il annonce que l'assemblée des Professeurs, afin de reconnaitre 
les services rendus à l'établissement par M. Charles Maunoir, se- 
_crétaire général de la Société de géographie, l'a nommé Corres- 
pondant du Muséum. 


CORRESPONDANCE. 


M. Miccemarque, obligé par l'état de sa santé de quitter le 
Dahomey, est rentré en France ; 1l annonce qu'il a observé dans 
cette partie de l'Afrique quelques-uns des Oiseaux de la faune de 
notre pays : la Pie-orièche rousse, la Bergeronnette printanière, le 
Tarier ordinaire, la Guignette, le Héron pourpré, le Milan noir et 
l'Hirondelle rustique. Le 24 février, après une violente tornade (la 
grande saison des pluies commençait), 1l a vu les Hirondelles se 
réunir en grandes bandes, comme chez nous en septembre ou 
octobre, et tous ces Oiseaux avaient disparu le 1° mars. 


Muséun. 13 


— 178 — 


Le R. P. Désran, missionnaire au Thibet, écrit de Ta-tsien- 
lou, le 24 octobre 1894, que, d'après les instructions qu'il a 
reçues de M5 Biet, vicaire apostolique, 1l a envoyé au Muséum 
trois caisses contenant des Mammifères et des Oiseaux. Ces collec- 
tions sont arrivées à Paris et 11 en sera rendu compte dans une de 
nos prochaines réunions. 


M. Adolphe Boucarp a fait parvenir au Muséum une nouvelle 
série d'Oiseaux faisant suite à ceux qui ont été exposés dans le 
courant de l'été. Ils sont au nombre de plus de h,ooo spécimens 
et comprennent divers genres de Paradiseide , les Tanagride , Fringil- 
hide, Ploceide, Icteride, Cœrebide, Alaudide, Artamide, Sturnide , 
Vulturide, Falconidæ, Bubonidæ et Strivide. 


M. le D' Jousseaume est de retour du voyage qu'il a fait à Obock; 
il a rapporté diverses collections de Mollusques, de Crustacés, etc., 
qu'il a offertes au Muséum. 


La Ménagerie a reçu de M. Jean Cossery, de Damiette, plusieurs 
Pélicans onocrotales et des Flamants ordinaires; elle a fait l'acqui- 
silion de trois Kamichis (Palamedea cornuta), de deux Cariamas (Ca- 
riama cristata) et de trois Tinamous roux du Brésil. 


/ 


COMMUNICATIONS. 


SUR LES TERRAINS SÉDIMENTAIRES DE MADAG4scar, 


par M. E. Gaurier. 


C'est surtout au sujet des terrains sédimentaires à Madagascar que Je dé- 
sire faire une brève communication. Ces terrains se trouvent, à l'Ouest, de 
l'ile de Diepo-Suarez au cap Sainte-Marie, c’est-à-dire sur toute la lon- 
oueur de Madagascar. Leur largeur, moindre dans l'extrême Nord, s’élar- 
git, à partir du parallèle de Majunga, en allant vers le Sud jusqu’à 150 et 
200 kilomètres. 

En ce qui concerne le N. O., il a déjà été publié par le Révérend Baron 
deux cartes géologiques très sérieuses, auxquels je n'ai pour ainsi dire pas 
d’addition à faire. Des quelques mollusques fossiles que j'ai trouvés dans 
cetie région, les seuls qui aient pu être identifiés proviennent d'un plateau 


— 179 — 


calcaire de 200 mètres d'altitude, séparant le golfe de Betsiboka et le 
golfe du Mahajamba, entaillé par la rivière Mahamavo et ses affluents. Ni 
les espèces auxquelles appartiennent ces fossiles, n1 leur lieu de prove- 
nance ne sont de nature à nous apprendre quoi que ce soit de nouveau. 
MM. Catat et Baron ont déjà trouvé les mêmes fossiles à peu près dans la 
même région. 

D'autres fossiles provenant, les uns du Tac d’Andranomena (au sud 
d'Antsohihi}, les autres de Belalitra, à une centaine de kilomètres déjà dans 
l'intérieur des terres, n'ont d'intérêt qu'en ce qu'ils déterminent ou reculent 
à l'Est la ligne de démarcation entre les lerrainsgsédimentaires et cristal- 
lins, ligne que M. Catat avait une tendance à rapprocher beaucoup trop 
de la côte. 

Je tiens à signaler seulement une lacune dans la plus ancienne des deux 
. cartes publiées par le Révérend Baron. Les points marqués sur cette carte 
Beseva (au sud du Betsiboka) et Belalitra (au sud du fleuve Sophia) sont 
réunis en réalité par une série d'épanchements basaltiques, qui coupent en 
écharpe toute la plane et dont M. Baron n'a vu el marqué sur sa carte que 
l'extrémité méridionale à Beseva. 

J'ai beaucoup plus à dire sur l'ouest et le sud-ouest de Madagascar, 
que J'ai coupé quatre fois par quatre ilinéraires différents. Je mentionne, 
par souci d’exactitude, quelques Rhynchonelles provenant du Bemaraha et 
quelques Bélemnites provenant de Begidro au point où le Tsyribchina sort 
des gorges du même Bemaraha. Ces quelques coquilles paraîtront sans 
doute peu significatives. 

Mais en trois points différents éloignés les uns des autres, j'ai trouvé des 
Ammonites et d’autres fossiles assez nombreux. Ces trois gisements sont en 
allant du Nord au Sud : 

Soromaraina dans le Menabe indépendant, à mi-chemin entre le Bema- 
raha et le canal de Mozambique. 

Un point inhabité de la route qui va de Mahabo à Malaimbandy, à l'Est 
et au pied des premières pentes du Tsyandava. M. Grandidier avait déjà 
rapporté quelques fossiles de ce gisement. 

La vallée moyenne de l’Isakondry, dans le tout petit royaume Tsyoman- 
balala de Zeimaiki. 

Déjà le Révérend Richardson avait rapporté d’Aborano , à une vingtaine de 
kilomètres plus au Nord, quelques fossiles, et en particulier une Ammonite. 

Si j'ajoute que M. Grandidier a rapporté de Tulléar des fossiles tertiaires, 
j'aurai donné une liste complète, je crois, des gisements connus de fossiles 
dans l’ouest et le sul-ouest de Madagascar. 

Cinq gisements, dont deux de fossiles jurassiques, deux de fossiles cré- 
tacés et un de fossiles tertiaires. C'est peu, trop peu, il me semble, pour 
dresser une carte géologique, füt-elle schématique de cette partie de l'île, 
avec les seules indications de la paléontologie. 


13: 


ee oe 


Aussi, pour dresser celle que j'ai l'honneur de vous soumettre, je me suis 
servi surtout des indications de la stratigraphie. 

Partout dans l'Ouest et le Sud-Ouest, où J'ai passé la ligne de démarca- 
tion entre les terrains sédimentaires el les terrains cristallophylliens , à Anka- 
vandra, à Manandaza, à Malaimbandy, à Ranohoïa, j'ai trouvé immédiate- 
ment superppsées aux gneiss des couches d'aspect identique. Ge sont des grès 
rouges violacés à gros grains, très durs, qui deviennent parfois de véritables 
poudingues de même couleur, et qui sont mêlés parfois de couches inter- 
calécs de schistes jaunâtres ou grisâtres très fissiles. 

Ces grès rouges, à mesure qu'on s’avance vers le Nord, sont recouverts 
de formations plus récentes; c'e:t dans le Sad surtout qu'ils prennent un 
grand développement à la surface du sol. Is constituent toute la masse de 
l'Isalo, de Tsyandara, et on les aperçoit encore au Menabe indépendant 
affleurant au fond de la vallée de Polypoly. J'ai rapporté deux échantil- 
ions, l'un de l'Isalo, et l’autre du Tsyandava. 

Au-dessus, on rencontre des grès à grain très fin, friables, décolorés , et qui 
peu à peu cèdent la place à des couches énormes de calcaire franc très dur. 

J'ai tenu à marquer sur la carte ces deux formations si différentes, entre 
lesquelles toute confusion me paraît impossible, quel que puisse être d'ail- 
leurs leur àge exact. 

J'ai appelé les grès rouges lerrain jurassique , les calcaires terrain crétacé. 
Je n'ignore pas que nos connaissances paléontologiques sont encore insufli- 
santes pour justilier cette appellation. Mais il m'a paru utile de distinguer 
netlement deux formations, sur la différence et même l’âge relatif des- 
quelles je ne crois pas m'êlre trompé. 

Ce premier fait établi, je voudrais attirer votre attention sur un second. 

Entre les pentes occidentales du Bongo Lava (1,000 mètres) et les pentes 
orientales du Bemaraha (4oo mètres) ou du Tsyandava (300 mètres), se 
creuse un sillon N.-., dont l'altitude moyenne est de 1 Fo mètres seulement 
au-dessus du niveau de la mer. Ce fond de vallée est recouvert de couches 
épaisses d’argiles multicolores à tons vifs, mêlées de cailloux roulés, qu'il 
est impossible de confondre avec les formations gréseuses ou calcaires dont 
J'ai déjà parlé, et que j'ai bien vues surtout à l'ouest d’Ankavandra. 

Depuis longtemps on avait sionalé la présence de lacs ou de sources bi- 
tumineuses dans l’ouest de Madagascar, sans en connaître l’emplacement 
exact. J'ai trouvé une source de poix, dont échantillon a été rapporté 1a, 
précisément dans ces argiles à 60 kilomètres au nord-ouest d’Ankavan- 
dra, au point appelé Ambohitsalika. Je sais à n’en pas douter qu'il en existe 
beaucoup d’autres à proximité. 

Si Je rappelle que des sources de poix existent dans la Limagne d’Au- 
vergne et en Alsace, c'est-à-dire dans des régions dont la configuration géo- 
logique et l'aspect du sol rappellent la vallée d’Ankavandra, j'aurai donné 
les raisons qui m'ont fait considérer la vallée d’Ankavandra comme un an- 


ES — 


cien lac tertiaire. N'y ayant pas trouvé de fossiles, je n'ignore pas tout ce 
qu'a d'hypothétique l'usage du mot tertiaire, Mais je me réfère derechef à 
la nécessité de distinguer les terrains en indiquant leur âge relatif. 

Pour lout ce qui concerne cell: succession de formatioss sédimentaires 
dans le sud-ouest de Madagascar, je me permets de renvoyer à une série 
de coupes géologiques que j'ai publiées dans les Annales de géographie. 

Des basaltes apparaissent aux sources de l'Isakondry etle Tebermana roule 
des cailloux de basalte. 

En terminant, je voudrais ajouter un mot sur 1 géologie de l'extrême 
Sud, du pays Anlandra. 

Je signale parmi les gneiss qui en forment le sol la présence de cipolins, 
que M. Lacroix à bien voulu examiner et qui proviennent de Helakelaka, 
au pied de la chaine côtière orientale. 

Je signale surtout la présence d’un énorme massif basaltique ou trachy- 
tique de 60 à 70 kilomètres de diamètre, livohitsombe. Des échantillons 
ont été rapportés 1c1. 

Enfin, au sud de l'Onclahy, aux sources de l'Hinla et du Menarandra, à 
Goo mètres d’allitude, s'étend un véritable plateau de gneiss absolument 
plat eltrès étendu, dans un pays, je veux dire Madagascar, où partout 
ailleurs la composition gneissique du sol est concomilante avec l'aspect bou- 
leversé de l'orographie. 


NoTE SUR LES FOSSILES RAPPORTÉS DE Mapacascar par M. E. GauTiER, 


par M. Marcezun Boue. 


Les fossiles rapportés de Madagascar par M. E. Gautier, et dont l'étude 
a été faite au laboratoire de Paléontologie du Muséum, ont été recueillis 
dans trois révions différentes, toutes siluées sur le versant occidental de 
l'ile : la région septentrionale, la région centrale et la région méridio- 
nale. 

1° Récion septentrionale. 

Cette région est celle sur laquelle nous avons le plus de renseionements 
géologiques et paléontologiques, grâce surtout aux travaux de MM. Baron 
et R.-B. Newlon!”. Voici, ordonnée par gisements, la liste des fossiles de 
M. Gautier : 

ANTSOHIHI. 
Localité située au nord-est de Majunga, sur la rivière Antsisonmoron. 
Moules indéterminables de Gastéropode et de Lamellibranche dans un calcaire 


(0) Quaterly Jour.:al of Geoclopical Society, 1889, p. 305 et suiv.; 1895, p. 97 


et suiv. 


— 182 — 


compact, jaunâtre. l’un de ces échantillons offre beaucoup de ressemblance avec 
Corbula Grandidieri; espèce nouvelle figurée par Newton dans son dernier mé- 
moire ® et provenant de la même région, mais je n’oserais aflirmer l'identité à 
cause du mauvais état de conservation de notre spécimen. 


BELALITRA. 


Localité située à l’ouest de Majunga, non loin de la bordure cristalline. 


Calcaire jaunâtre, lumachelle de Lamellibranches, parmi lesquels des coquilles 
Echantillon déjà décrit par M. Stanislas Meunier ©). 


du genre Astarte. 


Ces deux localités paraissent appartenir à l'Oolite. 


Mauauovo (PLareau pu). 
Entre Androi-Bé et la rivière de Mahamovo. 


Gastéropode (Moule de). 

Ostrea (Gryphea), cf. proboscidea, d’Arch. Trois échantillons peuvent être attri- 
bués à cette espèce, qui n’est pas sans rapports avec PO. vesicularis, mais qui en 
diffère par plusieurs caractères : l'épaisseur des valves, la profondeur de limpres- 
sion musculaire, etc. Un de ces échantillons a élé signalé. et figuré par M. Stamislas 
Meunier sous la dénomination d’Ostrea columba. L’Ostrea proboscidea , comme 
d’ailleurs l'O. vesicularis, caractérise le Sénonien. Ces deux espèces, très voisines 
l'une de l’autre, se trouvent non seulement en Europe (France, Angleterre, Suède , 
Allemagne, Bohême, Russie, Espagne, etc.), mais encore en Afrique, en Asie et 
en Amérique. Stoliczkal(" a figuré, sous le nom d’O. vesicularis, des échantillons 
paraissant identiques à ceux de Madagascar et provenant du Crétacé du sud de 
l'Inde (Arrialoor group). 

Ostrea cf. biauriculata, Lamk. Échantillons offrant la plupart des caractères de 
celle espèce (oreiïllettes bien développées), mais avec empreinte musculaire plutôt 
latérale que centrale. Ge dernier caractère, joint à la coexistence, avec cet échan- 
üllon, d'espèces nettement sénoniennes, peut faire penser qu'il s’agit d’une variélé 
se rapprochant de PO. vesicularis. 

Ostrea (Alectryoria) Deshayesi, Fisch. ( O. santonensis, d'Orb.). Cette espèce 
a déjà été signalée par Newton parmi les fossiles rapportés d'Ambohitrombikely. 
Elle a une grande extension géographique (Europe, Algérie, Tripoli, Inde). 

Ostrea ( Alectryonia) ungulata, Schlot. Nombreux spécimens de grandeurs et de 
formes très variables. Plusieurs pourraient être rapprochés, les uns d’O. carinata, 
lcs autres d’O. macroptera, qui n’occupent pas la même position péologique que 
VO. ungulata; mais les échantillons de M. Gauti2r en diffèrent lous par la présence 
d’un méplat lisse sur la région dorsale des valves, caractère commun aux nom- 
breuses formes de PO. ungulata. 


( Quat. Journal, lévrier 1895, p. 8h. 

® Le Naturaliste, 1° août 1893. 

(3) Loc. ait. 

4) Palæontologia indica. Cretaceous Pelecypoda, pl. XLIT, 


— 183 — 


Newton a figuré sous ce nom des exemplaires provenant des environs d'Ambo- 
hitrombikely. L'O. ungulata est cosmopolite (Europe, Asie, Afrique, Amérique du 
Nord). Dans l'Inde, elle caractérise l'Arrialoor group. 


2° Région centrale. 


Bemanrana. , 
Gastéropode (Moule de). 


Rhynchonella cf. lacunosa, Schlot. Oxfordien. 
Rhynchonella ef. concinna, Sow. Bathonien. 


BErsaponrr. 


Localité située sur le versant oriental du Tsiandava, route de Mahabo à 
Malaimbandvy. Les fossiles se trouvent dans un calcaire marneux jaunâtre. 
J 


Belemnites sulcatus, Mill. Un échantillon identique à ceux de la collection d’Or- 
bigny provenant des argiles de Dives (Calvados), de Russie et désignés sous le nom 
de B. Aldtorfensis, BI. Callovien.e 

Belemnites sp. Un certain nombre de fragments de rostres, dépourvus de sillons, 
dénotant des formes de la section des Acuari de d’Orbigny et pouvant appartenir 
aussi bien au Lias qu'à l'Oohthe. L'état trop fragmentaire de ces échantillons ne 
permel pas d'arriver à une détermination précise. 

Phylloceras Puschi, Oppel (= Amm. tatricus, d'Orb. p. p.). Espèce cosmopolite. 
Très répandue dans le Callovien et l’Oxfordien de toute l'Europe, elle se retrouve 
dans l'Inde, où Waagen a décrit plusieurs formes voisines : le Phylloceras disputa- 
bile, Zitt.; le P. Benacense, Catullo; le P. Lodaiense, Waagen. 

Phylloceras, du groupe de lheterophyllum. Ce groupe comprend de nombreuses 
espèces allant du Lias au Crétacé supérieur et très difficiles à distinguer si l’on n'a 
pas des échantillons en parfait état de conservation. M. Haug m'a dit avoir vu dans 
la collection Jaubert (Faculté des sciences de Grenoble) des Phylloceras lrès sem- 
blables à ceux de Madagascar et provenant du Callovien supérieur des Hautes-Alpes. 

Stephanoceras (Macrocephalites) macrocephalum, Schiot. Plusieurs exemplaires, 
dont un, très bien conservé, est identique à l'espèce du Callovien d'Europe. Le 
S. macrocephalum se retrouve dans le nord de la Russie , dans l'Alaska, dans l’Amé- 
rique du Sud (Chili, Bolivie), dans le sud de lAfrique et jusqu’en Australie. C’est 
un des fossiles les plus communs du Jurassique de l'Inde où, d’après Waagen 0), il 
se trouve associé, comme à Madagascar, avec des formes alliées au Phylloceras Puschi. 
R.-B. Newton a déterminé S. macrocephaluin parmi les fossiles recueillis par Baron 
à Andranosamonto, vers l'extrémité nord de l'ile de Madagascar. 

Cosmoceras sp. Espèce voisine du Cosm. calloviense signalée par Newton dans 
le nord de Madagascar, à 5 ou 6 milles au sud d’Ankaramy. Notre échantillon 
diffère de l'espèce de Sowerby par labsence de méplat dans la région ventrale, la- 
quelle est parfaitement arrondie. Il à d’ailleurs la même forme générale et le 
même mode d’ornementation. 


1 Palæontologia 1. dica. Jurassie fauna of Kutch, vol. 1, 4, p. 109. 
2) Quaterly Journal, 1889, p. 334. 


— 184 — 


Alaria ? Trois échantillons trop mutilés pour permettre une détermination pré- 
cise. si 

Nucula ovalis, Ziet. Espèce déjà signalée à Morondava par P. Fischer. 

Monthvaltia cf. Delabechei, M. Edw. et Haime. Plusieurs échantillons se rappro- 
chant beaucoup de celle espèce par leur forme cylindrique, courte, leur base 
plane, leur épithèque fortement sillonnée et la forme du calice, bien que ceui-ci 
déborde un peu moins que dans les types figurés par Milne Edwards et Haime 0), 
Le Montlivaltia Delabechei se trouve en France et en Angleterre dans l’Oolithe 
inférieure. Dans le Callovien de France, M. regularis, d'Orb. est une forme voisine, 
mais à base convexe. ER 

Isastrea sp. 

Thamnastrea sp. 

Astrocænia ? 

SOROMARAÏNA. 


Sur une ondulation qui précède le Tsiandava, entre la mer et le Bema- 
raha. 


Desmoceras (Puzosia) planulatum, Sow. sp. Un échantillon montrant la moitié 
des tours d’une Ammonile qui offre les caractères des Desmoceras appartenant à la - 
seclion élevée au rang de genre par Bayle et M. de Grossouvre ©) sous le nom de 
Puzosia. Le D. planulatum, Sow. se trouve dans le Gault. Schlüter a fait con- 
naître deux formes voisines, l’une dans le Cénomanien (D. subplanulatum), l’autre 
dans le Turonien (D. Hernense). M. de Grossouvre a décrit Puzosia corbarica, 
provenant du Santonien de l'Aude. Ces formes et quelques autres se ressemblent 
beaucoup, et quand on consulte les travaux de Sowerby, d’Orbigny, Stoliczka, 
Sharpe, Ziltel, Schlüter, de Grossouvre, etc., on voit combien il est difficile de 
rapporter un échantillon donné à l’une de ces espèces plutôt qu'à une autre. Nous 
inscrivons l’exemplaire de Madagascar sous le nom de Desmoceras planulatum , Sow., 
en comprenant l'espèce d’une manière large, comme l’a comprise et discutée 
Stoliczka ®), et parce que notre échantillon offre tous les caractères des échantillons 
de l'Inde. 

Le Desmoceras planulatum est une espèce très fréquente en France, en Angle- 
terre, en Allemagne, en Hongrie, dans les Carpathes, dans le Caucase (Daghestan), 
dans les Andes du Vénézuéla. Elle est très répandue dans les couches crélacées de 
l'Inde. 


3° Région méridionale. 
IsakonDry. 
Localité située dans la région sud de Madagascar à l’est de Tulléar. 


Belemnites. . . fragments indéterminables. 
Acanthoceras Rotomagense, Defr. Deux beaux exemplaires reproduisant tous Îes 


® British Fossil Corals, p. 132, pl. XXVI, fig. 5. 

@ De Grossouvre. Ammoniies de la Craie supérieure (Mémoires de la Carte 
géolop. détaillée de la France), p. 171. 

G) Palæontologia indica, Cephalopoda of Cretaceous rocks, p. 13/. 


-—— 185 — 


caractères des individus de la craie de Rouen, Appartiennent à la variété à côtes 
serrées. Le plus grand de ces exemplaires est identique à l'échantillon figuré par 
Stoliezka ( et provenant du Crélacé de l'Inde (Ootatour group). Celle espèce est, 
en ellet, une des plus répandues dans le monde entier, On la trouve non seule- 
ment dans toute l'Europe (France, Angleterre, Allemagne, Bohème, Lombardie), 
mais encore au Caucase, en Afrique et dans P Amérique du Sud, Elle est enfin très 
répandue dans le Crétacé de l'Inde. Elle n'avait pas encore été signalée à Madagase ar, 

Pachydiscus ? Échantillon roulé, ne permettant pas de délerminalion précise, 
ni comime espèce, ni comme genre, présentant la forme générale et le mode d'orne- 
menlalion des Pachydiscus. 

Holcodiseus ? Fragment de tour d’Ammonile paraissant dénoter la présence d’une 
forme appartenant an genre Holcodiscus, Uhl. Stoliczka a signalé dans 1 Crélacé 
de l'Inde plusieurs espèces de ce groupe (Am. Theobaldianus, etc.), lequel rappelle 
par beaucoup de caractères les Perisphinctes jurassiques. 

Turrilites cf. tuberculatus, Bosc. Le moulage de l'intérieur d’an rognon de grès 
siliceux nous a permis d'obtenir la reproduction d’une coquille de Turrilites se rap- 
prochant du T. tuberculatus par son mode d’ornementation comprenant trois rangs 
de tubercules. Notre échantillon présente pourtant quelques caractères différen- 
liels. C’est ainsi que les tubercules de la dernière rangée sont presque aussi nom- 
breux que ceux de la seconde rangée et de dimensions à peu près semblables, ce 
qui n’est pas le cas pour le Turrihtes tuberculatus type. De plus Fangle de spire 
beaucoup plus élevé (30 à 35 degrés) rapproche notre échantillon du T. Graserianus , 
d'Orb. dont les ornements sont aussi légèrements différents. Mais quand on consulte 
les travaux de d’Orbigny, Pictet et Campiche, Stoliczka, Schlüter, ete., on voit 
que le T. tuberculatus présente, comme toutes les espèces paléontolowiques, une 
somme assez grande d’élasticité. Pour cette raison, et aussi pour ne pas dissimuler, 
sous une dénominalion nouvelie, l'intérêt du rapprochement offert par le gisement 
d'Isakondry et les gisements analogues d'Europe, je préfère laisser à notre fossile 
le nom de Turrilites tuberculatus. Cette espèce, très répandue en Europe (France, 
Angleterre, Allemagne, Italie) se trouve également dans le Crétacé de l'Inde 
( Ootatoor group). 

Baculites baculoides, Mantell. J'ai dégagé l'échantillon que je rapporte à cette 
espèce de la gangue qui entourait un des exemplaires d'Acanthcceras Rotomagense. 
Les deux espèces sont donc associées à Madagascar comme en Europe. 


Gasrénorones. — Nombreuses empreintes de fossiles de cette classe dans la gangne 
entourant les deux spécimens d’Ammonites Rotomagensis. La richesse du gisement 
d’Isakondry, d’où proviennent ces fossiles, est à signaler aux recherches des explo- 
rateurs futurs : 

Pleurotomaria ; plusieurs espèces. 

Fusus. cf. Renauxianus, d'Orb. 

Rostellaria , sp. 

Cerithium, sp. 


LamELLIBRANCHES. — J'ai dégagé de la même gangue deux exemplaires d’Inoce- 
ramus se rapprochant beaucoup plus de l’/noceramus concentricüs, Sow. du Gault 


Palæontologia indica. Cephalopoda of the Cretaceous rocks, pl. XXXVE, fig. 1. 


— 186 — 


de l’Europe, que de l’Inoceramus striatus du Cénomanien. L’I. concentricus se ren- 
contre dans le Crétacé de l’ouest de l'Inde (Bagh). 
Sur un autre échantillon : Astarte (grande espèce) et Modiolu, sp. 


TuzLéar. 


Ostrea pelecydion, P. Fisch. Éocène. 

Ostrea Grandidieri, P. Fisch. Éocène. 

Ces deux espèces ont été créées en 1871 par P. Fischer ® sur des échanhillons 
rapportés de la même localité par M. Grandidier. 


Au résumé, tandis que les documents rapportés par M. Gautier de Ja 
région septentrionale de Madagascar ne font que confirmer les données 
acquises à la science par les soins de MM. Baron et Newton, il en est au- 
trement de la région centrale, sur laquelle nous n'avions d’autres docu- 
ments que ceux rapportés par M. Grandidier des environs de Morondava 
et étudiés par P. Fischer ®. Ces documents dénotaient la présence de 
plusieurs niveaux Jurassiques. Les recherches de M. Gautier nous permet- 
tent d'augmenter et de préciser nos connaissances à cet égard. 

Le gisement de Betsabori nous a fourni, en effet, une petite faune cal- 
lovienne comprenant des espèces de Céphalopodes qui se retrouvent pres- 
que dans le monde entier à ce niveau ou à des niveaux très voisins. Une 
faune analogue avec Stephanoceras macrocephalum a été décrite par Baron et 
Newton dans la région septentrionale de l'ile, à Andranosamonta. 

Le Desmoceras planulatum recueilli à Soromaraïna nous indique la pré- 
sence du Crétacé moyen dans une partie de Fîle où 1l n'avait jamais été 
signalé. 

Nous n’avions jusqu'à présent, sur la région méridionale de l'ile , que les 
renseignements fournis par M. Grandidier et Fischer © d’un côté, et par 
Richardson et Newton” d'un autre côté. P. Fischer a décrit de Tulléar 
des fossiles jurassiques et aussi des fossiles éocènes, notamment plusieurs 
espèces d'Huitres que M. Gautier a retrouvées. Les fossiles rapportés par 
Fichardson des environs d’Aborano et déterminés par Newton (Stephano- 
ceras Herveyt, Siomechinus bisranularis, ete.) sont de l'Oolithe inférieure. 

Le gisement d'Isakondry nous permet de signaler pour la première fois à 
Madagascar les traces de la grande transgression cénomanienne. La faunule 
d'Isakondry comprend des espèces identiques ou très voisines de celles qui 
occupent le même niveau dans le Crétacé de l'Europe. Elle offre également 
des rapports remarquables avec celle du groupe inférieur (Ootatoor group) 


(1) Comptes rendus, Acad. des sciences, 1871, p. 1392. 
(@ Comptes rendus, Acad. des sciences, 1873, p. 111. 

G}° Loe. cit, | 

@) Loc. cit. 


— 187 — 


de l'Inde, laquelle est très voisine de celle du Natal décrite par Griesbach © 
Les sédiments cénomaniens d'Isakondry ont, comme ceux de l'Inde, un 
cachet détritique très prononcé, Si nous ajoultons que les Ostracées du 
Crétacé supérieur de Mahavomo se retrouvent dans le groupe supérieur 
(d’Aryaloor) de linde, nous devons conclure, avec Oldham ”, qu'une 
connexion terrestre a dû exister pendant le Crétacé supérieur entre le 
continent africain, Madagascar et l'Hindoustan. On sait d'ailleurs que les 
premières indications d'un continent indo-africain, occupant une large 
partie du Pacifique actuel, nous sont fournies par les similitudes des flores 
fossiles du Trias du sud de PAfrique et de l'Inde ®. Pour le Jurassique, le 
fait a été mis en lumière par Neumayr, et nous devons dire que les docu- 
ments fournis par les études récentes sur Madagascar viennent à l'appui 
des hypothèses du savant autrichien, Les dépôts jurassiques de l'Afrique 
orientale et de la côte occidentale. de Madagascar paraissent bien s'être 
formés dans une grande mer intérieure, une Méditerrante éthiopique qui 
restait séparée du Pacifique par une presqu’ile indo-malrache. 


NorTe SUR L'ITINÉRAIRE SUIVI PAR LA MISSION Dorrevrz DE RnINs, 


par M. GRENARD. 


Chargé par le Ministère de l'instruction publique et l’Académie des in- 
scriptions et belles-lettres d’une mission scientilique dans la haute Asie, 
Dutreuil de Rhins, accompagné par moi, quitta Paris le 19 février 1891. 
Comme je ne suis revenu ici que le 22 février 1899, vous voyez que la 
durée totale du voyage a été de quatre ans et trois jours. Mais je ne vous 
parlerai ici que des deux premières années au cours desquelles ont été re- 
cueillies les modestes collections dont M. Franchet et M. Stanislas Meunier 
doivent vous entretenir ; car les collections réunies en 1893 et 1894 ne 
nous sont pas encore parvenues. Je ne vous dirai rien de notre voyage 
jusqu'à la ville de Khotan dans le Turkestan chinois, car jusque-là, le pays 
étant relativement très connu des Européens, nous n'avons point fait d’ex- 
ploration proprement dite. Après un séjour de quatre semaines à Khotan 
pour achever nos préparalifs, nous en partimes le 3 août 1891. Dans cette 
première expédition, Dutreuil de Rhins se proposait d'explorer une partie 
des montagnes qui s'élèvent dans le sud de Khotan et de rechercher les 
traces d'une route, qui, d'après certains documents chinois, devait con- 
duire directement de Khotan à Lhassa dans les temps anciens où Khotan. 


Quat. Journ., 1871, p. 6o. 
® Geology of India, »° édit. 


3) OLpnam, loc. cit., p. 210. 


— 188 — 


aujourd'hui ville musulmane, était encore bouddhique. Quant à filer droit 
sur Lhassa dès cette première année, 11 n’y songeait pas, car il n'avait pas 
les ressources suffisantes. De Khotan, nous nous dirigeâmes au Sud-Est à 
travers les districts montagneux de Tehakar, Noura et Saïbagh sur les pentes 
seplentrionales de TAltyn-Tagh et parvinmes à Polour, petit village de pas- 
leurs situé presque au confluent de la rivière de Kéria et du torrent du 
Kourab. Ce village est déjà assez avancé dans la montagne pour mesurer 
1,210 mètres d'altitude de plus que Khotan (2,580 au lieu de 1,370). C’est 
le dernier point qui soit habité toute l'année. Nous nous y arrétâmes 
quelques jours pour nous enquérir d’un chemin qui nous conduisit au 
sommet de ce vaste plateau de l’Asie centrale dont l’Aliyn-Tagh forme le 
rebord septentrional et dont le rebord méridional est constitué par l'Hima- 
laya. Dans le sud de Polour, le long de la vallée du Kourab, il y a une 
route; mais comme elle avait été suivie auparavant par deux Européens, 
Carey et Grumbtchevsky, Dutreuil de Rhins en chercha une autre. Nous 
fimes avec deux hommes une reconnaissance vers l'Est, remontämes la 
vallée étroite de Loutch, mais, ayant atteint l'altitude de 4,750 mètres, 
nous nous trouvämes en face d’un glacier majestueux qui ne laissait point 
d'espoir. Revenus à Polour, nous primes la route du Kourab. Cette route 
est fort diflicile, tantôt suivant le torrent rapide et encombré de roches 
énormes, tantôt escaladant le flanc des montagnes par un sentier raide, 
presque à pic, si étroit que le moindre faux pas du cheval, le moindre 
mouvement de son bät le précipite au fond d'un ravin de plusieurs cen- 
taines de pieds. Nous en fümes quittes pour deux chevaux. Jusqu'à 
h,ooo mètres d'altitude, l'herbe est encore assez abondante; au-dessus le 
sol devient stérile. Î n’y a d'arbres nulle part depuis Polour où lon voit 
encore quelques peupliers et saules plantés de main d'homme. En revanche 
on trouve de l'or soit roulé par le torrent, soit en filons dans les flanes de 
la montagne; mais les moyens d'exploitation prinutifs dont se servent les 
indigènes ne leur permettent pas d'en tirer grand profit. Le 22 septembre 
nous passâmes le col dit Kyzyl-Davan, haut de 5,150 mètres; la chaine de 
l'Allyn-Tagh était franchie. De l'autre côté s'étend un plateau d'une altitude 
d'environ 4,800 mètres séparant l'Altyn-Tagh d’une autre chaine plus élevée, 
plus abondante en glaciers, mais aussi moins abrupte, aux formes plus ar- 
rondies, que les indigènes appellent Oustoun-Tagh, c'est-à-dire la montagne 
d'en haut par opposition à Altyn-Tagh qui signilie la montagne d'en bas. 
Au pied septentrional des premières pentes de l'Oustoun-Tagh se trouvent 
les petits lacs de Saryz koul et d’Atchik koul. Près de ce dernier il y a des 
gisements de soufre que les Turcs exploitaient activement lors de la guerre 
soutenue par eux contre les Chinois sous Yakoub-bek; mais, depuis, lexploi- 
tation en a été abandonnée. Ge lieu appelé Gougourilouk est le point ex- 
trême atteint par M. Grumbichevsky. De là nous nous engageämes dans le 
massif de l'Oustoun-Tagh, remontämes la vallée de la petite rivière Aksou 


— 189 — 


qui cireule entre d'énormes pics neigeux et, franchissant le col dit Kouk- 
Couyang, haut de 5,800 mètres, nous descendimes sur le bord de la ri- 
vière de Kéria que nous remontämes jusqu'à deux petits lacs à Faltitude 
de 5,500 mètres ; trompés par l'aspect du lerrain, nous crûmes être arrivés 
à la source de la rivière. I n'entrait pas dans le programme de Dutreuil de 
Rhins de descendre plus au Sud; du reste la quantité de vivres que nous 
avions avec nous ne nous permellail pas de nous enfoncer plus avant dans 
ces solitudes montagneuses. Tout ce pays en effet est d’une stérilité presque 
absolue , c’est à peine si l'on rencontre à de longs intervalles un peu d'herbe 
jaune, courte et dure qui suflit aux rares animaux sauvages, Yaks, Anti- 
lopes, Hémiones et Lièvres qui parcourent ces régions; mais nos chevaux 
n'y touchaient que d’une dent dédaigneuse ; aussi commençaient-ils à périr, 
épuisés par linsuflisance de la nourriture jointe à la fatigue provenant de 
l'altitude extrême où nous nous trouvions depuis le Kyzyl-Davan. Dutreuil 
de Rhins redescendit donc la rivière de Kéria, toujours préoccupé de re- 
trouver les traces de l'ancienne route dont j'ai parlé plus haut, et s2 pro- 
posant de retraverser PAltyn-Tagh du côté de Kara-Say, à environ 2 de- 
grés de longitude à l'est de Polour. Gette partie du voyage est entièrement 
nouvelle, 

Jusqu'au 30 septembre, nous suivimes la rivière de Kéria, qui coule 
tantôt dans une vallée étroite et abrupte, tantôt dans un véritable cañon. 
Puis la laissant remonter au Nord, nous contimuâmes notre route au Nord- 
Est, au picd de montagnes couvertes de glaciers à notre droite, à travers 
un terrain aride, raviné, encombré de moraines de pierres, parfois couvert 
de neige. Il y eut quelques'jours très durs. Le froid, le vent, la grêle, la 
neige, le mal de montagne, la mauvaise nourriture et la mauvaise eau 
avaient mis nos hommes sur le flanc; outre Dutreuil Rhins et moi, il 
n y avait plus que trois hommes valides. Nos animaux étaient moins heu- 
reux encore; nous en perdions plusieurs chaque jour; nous dümes leur 
laisser tout ce que nous avions de pain et de riz et abandonner tous les 
bagages qui n'étaient pas strictement nécessaires. Le 6 octobre, nous esca- 
ladämes une crête de montagnes, faisant partie de l’Altyn-Taoh, et attei- 
gnimes le défilé de Saryk touz qui avait élé suivi auparavant par M. Bog- 
danovitch, où coule un torrent, source de la Tolan-Khodja. Le 8, nous 
trouvämes de l'herbe à l'altitude de 4,590 mètres, et, le 10, nous rencon- 
trames des hommes envoyés à notre rencontre avec des provisions par le 
sous-préfet de Kéria. Le surlendemain, nous arrivämes à Kara-Say où 
vivent quelques familles de bergers; quoique l'altitude de ce lieu soit en- 
core de 3,140 mètres, on peut déjà le considérer comme hors des mon- 
tagnes ; 1l n'y a plus au Nord que quelques chaînons sans importance qui 
vont se perdre dans le désert de Gobi. Kara-Say est, par rapport à l’'Altyn- 
Tagh, dans la même situation que Polour. Je ne vous parlerai pas de notre 
voyage jusqu’à Khotan où nous rentrâmes à la fin de novembre. Dans cette 


lie 


expédition de 1891, Dutreuil de Rhins, à la vérité, n'avait pas trouvé trace 
de la route qu'il cherchait; mais en somme son programme avait été 
rempli. L'année suivante, il voulait, franchissant l'Oustoun-Tagh, vers la 
source de Ja rivière de Kéria, se diriger vers Lhassa par la route la plus 
directe possible. Malheureusement l'argent qu'il attendait ne vint que tar 
et en quantité insuffisante. La caravane, qu'il dut organiser en réduisant 
tout au strict minimun, ne pouvait lui permettre d'atteindre son but que 
si toutes les circonstances étaient favorables. Elles ne le furent pas. Partis 
de Polour au milieu d'août, nous trouvâmes sur le haut plateau le terrain 
encore détrempé per les abondantes neiges de l'été au point que les vallées 
el les pentes accessibles des montagnes étaient transformées en une vaste 
fondrière où les animaux enfonçaient d’un pied, quelquefois jusqu’au 
ventre. Cette circonstance augmentat la fatigue de la caravane autant 
qu'elle diminuait la rapidité de sa marche. Cependant le 22 août nous at- 
teignimes la source vraie de la rivière de Kéria, et le lendemain nous fran- 
chissions le colle plus méridional de l'Oustoun-Tagh, haut de 5,600 mètres. 
Ayant constaté que du côté de l'Est le sol était extrêmement montagneux 
et raviné, Dutreuil de Rhins prit la direction du Sud-Ouest pour chercher 
dans les régions habitées les plus proches les ressources indispensables et 
les renseignements qui lui permettraient d'aller à son but par une route 
plus praticable. Passant par une série de bassins lacustres de 5,100 à 
5,hoo mètres d'altitude, qui s'étendent entre l'Oustoun-Tagh au Nord et 
une autre chaine de montagnes aussi élevée et parsemée de glaciers au Sud, 
et que nous appellerons, si vous voulez, la troisième chaîne, nous contour- 
nâmes le lac Soum-dji-tso, descendimes au Sud jusqu'au lieu dit Mang-rizé 
où nous trouvàmes des pasteurs tibétains, mais nous ne pümes pas nous 
procurer de provisions suffisantes. Cependant , sous la conduite d’un indi- 
gène, nous nous dirigeàämes vers l'Est par une très large vallée aride 
de 5,300 à 5,400 mètres d'altitude qui longe le pied septentrional de la 
troisième chaine. Nous arrivämes ainsi sur le bord d'un grand lac salé, le 
Rgayé-Horba-tso. Il n’y avait toujours pas d'herbe, nous perdions deux 
chevaux par jour, les montagnes de neige et les glaciers qui se dressaient 
devant nous n'étaient pas engageants, et Dutreuil de Rhins malade ne pou- 
vait plus se tenir à cheval. Nous rebroussämes chemin pour gagner le 
Ladak. Nous repassämes le long du Soum-dji-tso, suivimes pendant 
deux jours encore la route faite auparavant par Carey, puis nous nous en- 
gaseàmes dans l'épaisseur de la troisième chaîne par la vallée du lac Koné- 
iso entre deux liones de glaciers magnifiques. Depuis là, quoique l'herbe 
soit bien peu abondante, nous vimes de loin en loin quelques tentes de pas- 
teurs libétains jusqu'au lac Pangong. Le 20 septembre, nous franchimes la 
frontière anglaise, puis, descendant par un délilé étroit et profond, nous 
trouvämes le 21 au soir, au lieu dit Viagdzou, un laillis d’arbustes rabou- 
gris, qu'on appelle en tibétain Ounbou, comme on en trouve beaucoup en 


gi] 


— 191 — 


Kachgarie où on les appelle Malghoun. Nous n'étions plus qu'à 4,720 metres 
d'altitude. Encore deux jours de marche et deux cols de 5,700 el 
5,100 mètres d'altitude, et nous étions sur les bords du lac Pangong en- 
serré entre de hautes montagnes rocheuses, presque à pic. À Loukong 
(a7 septembre) nous trouvâmes les premières maisons et les premiers 
champs d'orge (4,400 mètres). Le a octobre, nous entrâmes dans la pe- 
tite ville de Leh où Dutreuil de Rhins put se reposer quelques semaines 
avant de prendre la route du Karakoram pour rentrer à Khotan. Je ne vous 
parlerai pas de ce voyage en pays connu depuis longtemps. Je me bornerai 
à signaler l'aspect particulier des montagnes très différent de ce que nous 
avions vu depuis l’Allyn-Tagh jusqu'au lac Pangong. Au lieu des plateaux, 
des vastes vallées à haute altitude, des montagnes aux croupes largement 
arrondies, nous avons, du lac Pangong à Leh et de Leh au Karakoram, des 
vallées étroites, profondément entaillées dans des montagnes rocheuses, 
très découpées et abruptes. Le seul point commun c'est universelle stéri- 
lité de ces régions; les rares cultures du Ladak sont d’une maigreur déso- 
lante: point d'arbres poussant naturellement, presque point d'herbe. 

Du col de Karakoram au col de Souguet, nous retrouvons les larges et 
hautes vallées, les montagnes arrondies caractéristiques de l'Oustoun-Tagh ; 
au delà du col de Souguet, nous avons de nouveau les vallées profondes, les 
pentes abruptes et les cimes découpées de l'Altyn-Tagh. 

Dans toute cetle région montagneuse comprise en latitude entre le 57° 
et le 34° degré, en longitude entre le 75° et le 82° degré, la neige est 
comparativement peu abondante; la limite des neiges perpétuelles ne des- 
cend guère au-dessous de 5,500 inètres au sud du 36° degré, ni au- 
dessous de 5,000 mètres entre le 36° et le 37° degré de latitude Nord. 


OBSERVATIONS SUR LES PLANTES RAPPORTÉES DU THIBET 
PAR LA MISSION DUTREUIL DE RHINS, 


par M. A. FRANCHET. 


La collection botanique provenant de la mission Dutreuil de Rhins a été 
faite au voisinage du lac Pangong, situé sur le revers oriental de l'Hima- 
laya occidental, et sur toute l'étendue de la route qui conduit de Ladak à 
Kéria, par 79 degrés longitude, et à Kara Say, par 81°,5 longitude, entre 
le 34° et le 36° degré latitude Nord. 

Le trait caractéristique de la végétation de la région du lac Pangong, 
qui est le point le plus occidental du Thibet, c'est la présence de certains 
types de plantes que l’on croyait jusqu'ici spéciaux au Thibet oriental et 
qui se rencontrent à Pangong, et dans quelques autres stations, en mé- 
lange avec des espèces considérées comme appartenant en propre à la flore 


— 192 — 


des plus hautes régions de l'Himalaya occidental et du Kashmir. C’est le 
cas, entre autres, de la curieuse Borraginée que Maximowicz a nommée 
Tretocarya pratensis, et qui paraît exister sur toute l'étendue de ce qui 
conslitue les États thibétains, tout au moins sur une ligne allant de PEst 
à l'Ouest"). La plante y véoète en compagnie de ces curieux Saussurea 
nains, que l'on ne connaît guère que dans l'Himalaya occidental et le 
Thibet oriental et qui sont bien l’un des éléments les plus singuliers de 
cette intéressante flore. Leur tige est si raccourcie que les capitules semblent 
émerger directement du sol, formant des tapis serrés qui semblent destinés 
à leur faire gagner en largeur ce qu'elles perdent en hauteur. Ces humbles 
végétaux, à fleurs d’ailleurs souvent brillantes, sont prémunis contre les 
froids intenses de ces régions élevées, soit par leur mode même de vépéla- 
tion, soit par la laine abondante qui revêt certains d’entre eux. Ges Saus- 
surea sont, outre deux espèces inédites : S. Thompsoni C.-B. Clarke, S. su- 
bulata G.-B. Clarke, S. Thoroldi Hemsley, S. sorocephala Schkr., ce dernier 
sous des formes multiples, avec une extension géographiqne d’ailleurs plus 
larges que des congénères. 

Outre les Saussurea, l'herbier de la mission Dutreuil de Rhins renferme 
un certain nombre d'Oxytropis, d'Astragalus, de Primula, d'Androsace, de 
Gentiana, de Tanacelum, de Senecio, soit au total 153 espèces. Dans toute 
autre région ce chiffre paraitrait fable; mais 1l ne faut pas oublier qu'au 
Thibet, non seulement les espèces sont peu nombreuses, mais les individus 
eux-mêmes se montrent rares, surtout dans les hautes régions, c’est-à-dire 
les seules qui fournissent des types intéressants. 

En résumé, cet herbier a procuré aux collections botaniques du Muséum, 
outre 8 types tout à fait nouveaux, 14 espèces qui ne s’y trouvaient pas 
jusqu'ici représentées 


NOTE PRÉLIMINAIRE SUR LES ROCHES RECUEILLIES AU COURS DE LA MISSION 
Dorrguiz DE RHINS DANS LE T'URKESTAN CHINOIS, 


par M. Sraniscas Meunier. 


En résumant ici très succinctement une étude sur les roches provenant 
des voyages de Dutreuil de Rhins et de M. Grenard dans le Turkestan chi- 


G) Dans le courant de l’année 1892, le major Bower a fait, dans le Thibet, une 
expédition dont le point de départ a été Ladak et le terme la ville de Lhassa. Le 
docteur Thorold, botaniste de l'expédition, a récolté un certain nombre de plantes, 
dont la liste a été récemment publiée par M. W. Botting Hemsley. Je trouve citées 
dans cette liste plusieurs des espèces rapportées par la mission Dutreuil de Rhins. 
Malheureusement , beaucoup des plantes du voyageur anglais ne sont accompagnées 
d'aucune mention de localité. 


— 193 — 


nois, je dois d'abord exprimer le regret que les échantillons n'aient pas 
été recueillis dans des conditions plus favorables, Ce sont, pour la très 
grande majorité, des galets ramassés dans le lit des rivières ou des pierrailles 
trouvées sur le sol, sans aucune indication de leur gisement originel, 
Beaucoup d’entre eux peuvent avoir subi des transports, par charriage 
aqueux ou autrement, à des distances très considérables. Il résulte évidem- 
ment de ces circonstances un grand vague sur les conclusions à tirer de 
l'examen de ces spécimens quant à la structure géologique de la région, 
et c’est une occasion de rappeler que des règles pour la récolte des roches 
sont résumées dans le volume que M. Filhol a rédigé à l'intention des 
voyageurs naturalistes. 

Ainsi que M. Grenard le rappelait il y a un moment, la région par- 
courue comprend trois chaînes montagneuses sensiblement parallèles, cou- 
rant de l'Ouest vers l'Est, et qui sont successivement désignées sous les noms 
d'Altyn- Tagh (c'est la plus septentrionale), d'Oustoun-Tagh et de Grande 
Chaîne neigeuse. J'ai groupé séparément les fragments dé’ chacune de ces 
régions ainsi que ceux qui viennent des plaines situées au nord de l’Altyn- 
Tagh et ceux qui concernent un plateau remarquable compris entre les 
deux premières chaines. 


Alyn-Tagh. — Un coup d'œil général sur les échantillons provenant 
de l’Altyn-Tagh y indique un grand développement des roches cristallines. 
Quelques fragments sont granitiques, mais les plus nombreux consistent en 
roches vertes à amphibole, à épidote, dont plusieurs rappellent à s'y mé- 
prendre des types lithologiques très fréquents dans les Alpes bernoises. 
Avec ces masses, qu'on peut considérer comme représentant une crête 
granitique recoupée de filons de quartz et de roches dioritiques el flanquées 
de marges schisteuses cristallines, sont des calcaires, abondants en beau- 
coup de points, d'après M. Grenard, et dont la collection contient un 
échantillon provenant de Sandjon-Davan, tout à fait à l’ouest de la région 
explorée. C’est un marbre blanc très compact el présentant des surfaces 
frotiées, mais dans lequel aucun vestige fossile ne permet la moindre sup- 
putation d'âge. Peut-être appartient-il au prolongement des bandes dé- 
voniennes signalées plus à l'Est par M. Bogdanowitch , mais il est impossible 
de formuler une conclusion à cet évard. Des schistes bariolés, verts et 
rouges, paraissent jouer un grand rôle dans la constitution du pays, mais 
la même prudence est imposée à leur égard. 

Parmi les roches recueillies aux environs immédiats de Polour figure une 
scorie très vacuolaire, riche en péridot, et qui doit être considérée comme 
témoignant de l'ancienne activité volcanique de la région. Nous en aurons 
d’autres preuves tout à l'heure, et c’est un contraste remarquable du pays 
qui nous occupe avec lapartie orientale de celte même chaine d’Altyn- 
Tagh qui paraît ne pas renfermer de traces de formations analogues, 

Muséun. ; 1 


— 194 — 


au moins d'après le mémoire du géologue russe que nous venons de 
citer 0). 


Oustoun-Tagh. — Cette chaîne, parallèle à la précédente et s’infléchis- 
sant comme elle vers le Nord-Est après avoir couru de l'Ouest à l'Est, est 
représentée dans la collection par une suite de très petits échantillons où 
le calcaire manque complètement. À sa place se montrent des schistes ar- 
gileux fréquemment réduits par retrait en baguettes et en petits polyèdres 
pseudo-réguliers dont les surfaces naturelles sont ordinairement chargées 
de dendrites. Avec ces schistes très elairs et peu consistants, sont de vrais 
phyllades , analogues pour l'aspect à ceux d'Angers, mais dont l’âge ne peut 
être préjugé à ce caractère. Beaucoup de quartzites noirâtres à veine de 
quartz blanc sont à mentionner encore dans ce massif, qui contraste net- 
tement, commé’on voit, avec le précédent. 


Plateau entre les deux premières chaïnes. — Entre l’Altyn-Tagh et l'Ou- 
stoun-Tagh, MM. Dutreuil de Rhins et Grenard ont traversé un plateau 
où se présentent, autour du lac Sariskoul, des gisements sulfurifères ex- 
ploités dans de véritables solfatares ainsi que des épanchements de roches 
volcaniques. La présence de ces roches, à une semblable distance des ri- 
vages, mérite d'être signalée, et je les ai taillées en lames minces pour les 
soumettre ultérieurement à une étude complète. Le sol du plateau est 
généralement formé de matériaux très pulvérulents, fins, parfois sulfureux, 
et qui méritent un examen. De la même région proviennent quelques in- 
crustations calcaires sur des tiges de végétaux et provenant de sources 
actuellement taries. 


Grande chaîne neigeuse. — L'itinéraire de MM. Dutreuil de Rhins et 
Grenard a intéressé une troisième chaîne parallèle à lAltyn-Tagh et à 
l'Oustoun-Tagh , mais située plus au Sud. Elle est désignée par ces voya- 
geurs sous le nom de «Grande Chaine neigeuse ». 

Les échantillons, très peu abondants , que nous en possédons, permettent 
d'y constater le rôle considérable joué par les schistes cristallins qui, vers 
Tang-Si, sont de véritables gneiss, et par les roches feuilletées de nature 
phylladienne courant le long de la rivière Long-Kong et jusqu'à Rgayé- 
Horpa-Tso vers l'Est. 

Les calcaires ne manquent cependant pas dans cette région, et beaucoup 
de schistes eux-mêmes sont imprégnés de matières elfervescentes aux 
acides. 


Région au nord de PAltyn-Tagh. — Pour compléter cette note préli- 


minaire, je mentionnerai une petite série d'échantillons provenant d’une 


GW Étude géologique sur le Turkestan, par Bogdanowitch, in-4°. Saint-Péters- 
bourg, 1892 (en russe; publication du Comité impérial géologique ). 


195 


région située au nord de PAltyn-Tagh et principalement des environs de 
Khotan. Ce sont des fragments roulés pris spécialement entre Nya et 
Khotan et dont plus d’un peuvent avoir été arrachés à l'Altyn-Tagh par 
les agents de dénudation. 

On y distingue spécialement des fragments recueillis sur l'emplacement 
de l'ancienne ville de Yurong-Kash. Citons des gabbros, des basaltes à 
péridot et des sortes d’euritines ou grès feldspathiques avec une trace plus 
ou moins cylindroïde peut-être dérivée d’un corps organisé. 


M. Haux présente à l'assemblée une suite de dessins inédits, 
provenant du voyage de d'Entrecasteaux et dus au crayon habile 
de Piron, dessinateur de cette expédition. Ces dessins, obtenus 
par échange de M. Giglioli, de Florence, sont offerts au Muséum 
par M. Hamy, qui résume les renseignements très sommaires qu'il 
a pu se procurer, à propos de cette partie de l'œuvre de Piron, sur 
l'artiste et sur l’ensemble de ses travaux sauvés par La Billardière, 
et utilisés soit dans L'Album du voyage à la recherche de La Pérouse, 
soit dans la planche de l'Atlas hydrographique de Beautemps-Beau- 
pré U). 


Le PREMIER PLAN DU JARDIN DES PLANTES 
(PEINTURE SUR VÉLIN DE 1036), 


par J. DENIKER. 


J'ai l’honneur de présenter à la réunion un bel exemplaire peint sur 
vélin du premier plan de notre Jardin, dit le plan de 16036. I était Joint à 
un volume, dont j'ai fait récemment l'acquisition, pour la Bibliothèque, à 
la vente Destailleur. L'ouvrage en question est connu probablement de vous 
tous ; c’est la description du Jardin par son fondateur Guy de la Brosse. 
Notre Bibliothèque possédait déjà un exemplaire de cet ouvrage, mais très 
ordinaire, broché, n'ayant qu'une couverture de parchemin, et le plan tiré 
en noir sur papier; en outre, l’exemplaire était un peu fatigué. Gelui que je 
viens d'acquérir est, au contraire, en parfait état de conservation et offre 

lusi ticularités intér ( ê dehors du plan ©. Relié 
plusieurs particularités intéressantes, même en dehors du plan ©. Relié en 


U) Le travail que cette note résume paraîtra 2x extenso dans F'Anthrepolopie. 
® Voici d’ailleurs le titre complet et la description du volume : « Description | 
du iardin royal | des plantes medecinales | estably par le Roy Loris le luste, | à 
Paris. | Contenant le Catalogue des plantes qui y sont de present | cultivées , en- 


14, 


— 196 — 


maroquin plein, le volume porte le timbre et l'ex-libris du marquis Le 
Tellier de Courtanvaux, duc de Doudeauville, membre de l’Académie des 
sciences (1718-1781). De plus, on y voit une grande étiquette ornée, in- 
diquant que lexemplaire avait fait partie de la fameuse bibliothèque de 
Hamilton Palace (collection de Beckford) et qu'il fut acquis en 1882 par 
le libraire londonien très connu, B. Quaritch. Ce volume nous revient donc 
de l’autre côté de la Manche, et j'espère que cette fois-ci il ne quittera plus 
la France. 

Mais c'est surtout le plan annexé au volume qui doit nous occuper 1ci. 
J'ai cru de mon devoir de le détacher et de le faire encadrer, avec toutes 
les précautions nécessaires en pareil cas. 

Le plan en question mesure o m. 71 de longueur sur o m. 53 de hau- 
teur. Îl est tiré sur vélin très fort et peint à la main en miniature à l'imi- 
tation d’un dessin original. C'est l'œuvre de Federic Scarser@e (?, dont la 
la signature, recouverte presque entièrement par la peinture, se trouve en 
bas, dans le coin gauche du tableau. La partie supérieure du plan, à 
gauche, porte les armes peintes de Claude ne Buruiow, sieur de Bonelles, 
surintendant des finances et ministre du roi Louis XIIT: c'était le person- 
nage important de l’époque, auquel Guy de la Brosse avait dédié sa Descrip- 
lion. Au bas du tableau, dans l'angle droit, on voit les armes très fine- 
ment peintes de Guy de la Brosse lui-même, avec cette noble devise : «De 
bien en mieux.» 

Quant au plan, c’est plutôt une vue perspective du Jardin dans laquelle 
cependant les proportions sont assez bien gardées. Comme disposition des 
diverses parties celte vue diffère peu du véritable plan dressé en 1641 par 
Bosse ©. + 

Les dissemblances sont dues probablement aux remaniements qui ont eu 
lieu sur le terrain même. Ainsi l’rallée plantée de charmes et de tilleux » 
de notre plan, qui part en droite ligne de la porte d'entrée, pour aboutir 
au pavillon du bord de la Bièvre, est tracée sur le plan de 1641 en zigzag 
et correspond à la deuxième allée de tilleuls actuelle (en comptant de Ia rue 
de Buffon) et au commencement de l'allée de marronniers. D'autre part, 


semble le Plan du lardin. | Par Guy de la Brosse, Médecin ordinaire | du Roy, et 
Intendant dudit Tardin. | À Paris, | m pc xxxvi. | In-4° réglé de 107 + 1 pages, 
avec 1 pelit plan sur papier et 1 grand plan du Jardin par F. Scalberge, tiré sur 
vélin et peint à la main. Rel. anc. pl. maroq. rouge, dos orné, double rangée de 
fl., tr. dor.; Ex-libris et cachet de Courtanvaux; Éliquette de Quaritch.» 

(0 Voici le titre exact du plan : « Jardin du Roy paur la culture des plantes me- 
decinales. À Paris, 1636. — Federic Scalberge pict., sculp. et fe. Anno 1636.» 

@) La Perspective Horizontale du lardin Royal | des Plantes Medecinales Es- 
tably a Paris par Louis | le Juste Roy de France et de Navarre. — Dédié a Haut 
et Pviss" Seign' M Claude Bovthilier. . ... — Désigné et gravé par Bosse en 
l'an 1641. 1 f. 


cos ANT 


«la montaigne auec sa croupe esleuée de trois toises, nommée belle veue» 
(le labyrinthe actuel) marquée par la lettre N sur notre plan est représentée 
sur le plan de 1641 avec un prolongement vers le Nord telle qu'elle existe 
encore aujourd'hui. 

Quoi qu'il en soit, le plan de 1636 représente à peu près le quart de 
l'étendue actuelle du Jardin (16,200 toises carrées d'après Guy de la 
Brosse, c’est-à-dire un peu plus de 6 hectares), pris dans sa partie ouest. 
On peut tracer approximativement les limites de ce plan en nous servant 
des points de repère actuels, ainsi qu'il suit : à Ouest, la rue Geoffroy- 
Saint-Hilaire; au Sud, la façade sud de la nouvelle Galerie de zoologie, 
puis la façade de la Galerie de géologie tournée vers le Jardin et enfin la 
rue de Buffon jusqu'à la porte désignée sous le n° 4 depuis quelques mois; 
au Nord, le labyrinthe, la colline qui lui fait suite et le commencement de 
l'allée des marronniers; enfin, à l'Est, la deuxième allée transversale (en 
allant vers la Seine) depuis la porte marquée n° 4 jusqu’à l'École de bota- 
nique, dont la partie ouest seulement est comprise dans les limites du plan. 
D'ailleurs, la frontière Est du Jardin est nettement marquée par la «riuière 
de Bieure» ou «riuière des Gobelins» qui passait au pied de la terrasse for- 
mant la clôture du Jardin de ce côté ©), 

À en juger d’après la couleur d'azur dont est peinte cette rivière sur le 
plan, 1 faut croire qu’au xvu‘ siècle ses eaux ne ressemblaient guère à ce 
qu’elles sont aujourd'hui. 

D'après la délimitation que nous venons d'indiquer, on peut se rendre 
comple que le «prés avec son eau vive» du plan ne correspond point au 
«carré creux» que l’on a comblé il y a deux ans. Ge prés humide «fait en 
sorte qu'il ressemble a un grand plat où il y a un peu d’eau», dit Guy de 
la Brosse ©?, a été destiné à recevoir les plantes aquatiques «qui chérissent 
un pareil solage»; il se trouvait de l’autre côté de l'allée qui limitait le 
«carré creux» à l'Ouest. On sait d’ailleurs que ce dernier a été établi seu- 
lement en 1783 sur l'ordre de Buffon ©. 

On voit nettement sur le plan les deux portes principales du Jardin, 
«ioutes deux de pierre de taille d’agréable structure», comme le dit Guy 
de la Brosse; la maison achetée par le roi aux héritiers de Daniel Voisin 


G C’est le bras septentrional de la rivière, creusé artificiellement au xn° siècle 
et qui débouchait dans la Seine à l’endroit où se trouve aujourd’hui le pont de la 
Tournelle. On l'appelle «canal de Bièvre» sur le plan de Paris de 1180 à 1223. Le 
bras méridional qui prolongeait le cours de la rivière débouchait un peu en amont 
de l’emplacement actuel du pont d’Austerlitz. Sur le plan de Paris de Jacques 
Gomboust (1652), les deux bras portent le nom de «rivière de Gobelins». On ne 
retrouve plus le bras septentrional sur le plan de Paris de 1672. 

@ Description, ete., p. 22. 

G Voir Hamy, Le bassin carré ou carré creux (La Nature, 1893, 1 


p. 86). 


er 


sem. , 


— 198 — 


en 1633; le parterre des «plantes vivaces, tant à fleurs plaisantes qu'autres» ; 
le pavillon où demeura plus tard Winslow, etc. 

Les exemplaires du plan de 1636 tirés sur vélin et peints sont très rares; 
on a dû en exécuter un nombre très restreint à l’époque pour un petit 
nombre de personnages de marque. Actuellement, il n’en existe qu’un à ma 
connaissance en dehors de celui que je vous présente : il se trouve à la Bi- 
bliothèque de l'Arsenal ®. Mais cet exemplaire est beaucoup moins soigné 
que le nôtre et très sobrement colorié par un artiste inhabiïle; les armoiries 
surtout sont loin d’égaler en richesse de couleurs celles de notre plan. D’ail- 
leurs, l’exemplaire de la Bibliothèque de Arsenal est mal conservé, le 
vélin est fripé, les couleurs très pâles et, en général, il n’a pas l'aspect 
imposant du tableau que je vous ai présenté et qui va orner la salle de lec- 
ture de notre Bibliothèque. 


M. Haray félicite M. Deniker d’une acquisition qui assure à la 
bibliothèque du Muséum la possession d’une fort belle pièce, 
d'une réelle valeur arlistique, et qui appartient à la période de 
début, encore si mal connue, de lhistoire de l’ancien Jardin du 
Roi. Comme les autres plans et vues publiés du vivant de Guy de 
la Brosse, cette pièce, de 1636, est plutôt le projet d'un établis- 
sement à faire, qu'une représentation de l'établissement lui-même, 
que l’on voit encore inachevé dans des documents d'un caractère ab- 
solument officiel, postérieurs à la mort de Guy de la Brosse. M. Hamy 
reviendra sur cette interprétation dans le cours d’une prochaine 
séance. Il finit sa communication en signalant d’autres pièces fort 
remarquables de la collection Destailleur, qui sont allés enrichir 
les portefeuilles de la Bibliothèque nationale; ce sont de délicates 
miniatures de B. Hillaire représentant, sous ses divers aspects, le 
Muséum d'histoire naturelle pendant la Révolution. 


Nore sur Les Mois B4-Hwars, 


PAR LE D'R. VEerNwEau. 


On rencontre dans l’Indo-Chine une foule de petites tribus, qui vivent 
de préférence sur les plateaux élevés et qui sont désignées sous les noms 


(@) I est mentionné sous le n° 7389 dans le Catalogue des manuscrits de la 
Bibliothèque de Arsenal, par Henri Martin; t. VI, Paris, 1892, in-8°, p. 4o3. 
(Volume de la collection : Catalogue général des Manuscrits des Bibliothèques pu- 
bliques de France). 


— 199 — 


de Khds par les Cambodgiens, de Penongs par les Siamois, et de Mois par 
les Annamites. Ces trois mots, empruntés à trois langues différentes, ont 
d'ailleurs la même signification ; nous pouvons les traduire très exactement 
par sauvages. 

Depuis un petit nombre d'années, nous avons reçu des renseignements, 
trop sommaires presque toujours, sur quelques sauvages indo -chinois ; 
mais nous devons avouer que la plupart d’entre eux nous sont encore au- 
jourd'hui à peu près complètement inconnus. Les Ba-Hnars étaient dans ce 
cas, lorsque le docteur Yersin pénétra chez eux et réussit à y recueillir 
les objets dont je veux vous dire quelques mots. On connaissait toutefois 
l'existence de ces Moïs ; on savait qu'ils constituaient une population d’en- 
viron 22,000 individus répartis en une centaine de villages occupant la ré- 
gion montagneuse qui s'étend entre 13 degrés et 16 degrés de latitude 
Nord, entre 105 degrés et 106 degrés de longitude Est. Dès l'année 1849, 
des missionnaires avaient même pu pénétrer chez eux et avaient entrepris 
de les catéchiser. Deux de ces missionnaires, l'abbé Dourisboure et l'abbé 
Combes, avaient bien donné quelques détails sur les mœurs et les coutumes 
des Ba-Hnars ?, mais ils nous avaient si peu renseignés sur leurs caractères 
physiques que nous n'avions aucune idée de leurs affinités ethniques. 

C'est, je le répète, au docteur Yersin que nous sommes redevables des 
premières pièces anatomiques et ethnographiques concernant les sauvages 
dont il s’agit. Notre correspondant, ancien élève de l'Institut Pasteur, an- 
cien médecin des Messageries maritimes, est bien connu chez nous depuis 
les remarquables découvertes bactériologiques qu'il a faites en Extrème- 
Orient. Mais ses recherches spéciales ne lui ont pas fait oublier qu'il par- 
courait des régions nouvelles pour l'ethnologie ; 1l a recueilli pour le Mu- 
séum six crânes, dont un d'enfant, cinq échantillons de cheveux ayant 
appartenu aux mêmes sujets que les cränes, et une série d'instruments en 
pierre, le tout provenant des Moïs Ba-Hnars. 

Les cinq cränes d'adultes n’offrent pas un type absolument homogène ; 
tous se ressemblent cependant dans la grande longueur relative de la têle, 
l'indice céphalique horizontal oscillant entre 68,10 et 76,40. Un autre 
caractère les rapproche encore les uns des autres : c’est la hauteur consi- 
dérable de la boîte crânienne qui, sur quatre de nos pièces, est plus grande 
que la largeur, ce qui fait monter leur indice transverso-vertical à 101,52 
pour le moins élevé, et à 104,54 pour le plus développé en hauteur. La 
tête, qui n’est pas hypsisténocéphale, offre encore un indice vertical de 
99,45. Mais ces crânes, longs, hauts et étroits, sont accompagnés d’une 
face tantôt longue, tantôt basse et large. Il y a donc lieu de distinguer deux 
types dans notre petite série. 


@) Abbé P. Dourisboure, Les sauvages Ba-Hnars. (En appendice : Lettre de 
M. Combes sur les mœurs et coutumes des Ba-Hnars.) Paris, 1875, in-12. 


— 200 — 


Le type à crâne allongé et à face haute présente une belle capacité cé- 
rébrale (moyenne de deux hommes — 1 450 centimètres cubes; une femme= 
1965 centimètres cubes). La tête, vue d’en haut, montre une forme régu- 
lièrement elliptique, sans saillie notable des bosses pariétales. L'indice 
facial, mésosème, n'oscille que dans des limites très restreintes (minimum : 
66,14; maximum : 68,84). Les orbites, relativement élevés, donnent des 
indices qui ne dépassent pas néanmoins 86,84. Le nez, platyrrhinien chez 
nos trois sujets, n'offre pas cependant une largeur bien exagérée, puisque 
l'indice le plus fort n'est que de 57,29. Malgré son élargissement relatif 
en bas, le nez est étroit à sa partie supérieure, et les orbites sont sé- 
parés l'un de l’autre par un faible intervalle. Je signalerai un progna- 
thisme sous-nasal nettement indiqué. 

Le type à face basse se distingue surtout du précédent par une capacité 
cérébrale plus petite (1375 centimètres cubes chez l’homme; 1285 centi- 
mètres cubes chez la femme), par un indice facial mégasème (71,43 dans 
les deux sexes), par des orbites microsèmes (indice : 82,05 chez l’un et 
l'autre de nos sujets), et par un nez franchement platyrrhinien (indice : 
57,29 pour la femme et pour l'homme). Je dois ajouter que l'espace 
interorbitaire est très grand, principalement chez la femme, et que le 
prognathisme sous-nasal est à peu près aussi accentué que dans l’autre 
type. 

Les cheveux sont peu différents dans chacun des types dont je viens 
d’esquisser les caractères céphaliques. Dans le premier, la coupe en est 
presque exactement circulaire (indice : 95,24 et 100); dans le deuxième, 
la coupe est lécèrement elliptique (indice : 84,21 et 90 ). Jene puis omettre 
de noter que, neire chez cinq de nos sujets (en y comprenant l'enfant), 
la chevelure est d’un blond châtain chez la femme à face basse. 

Le type dolichocéphale à face relativement peu élevée présente les ana- 
logies les plus frappantes avec les Dayaks de Bornéo; l’un surtout des 
crânes envoyés par le docteur Yersin peut se comparer sous tous les rap- 
ports à une des têtes de Dayaks que possède le Muséum. Bien mieux que 
les Khäs d’Attopeu, qu'on a cependant rapprochés des habitants de Bornéo, 
les Ba-Hnars offrent les caractères céphaliques des Indonésiens. Il est à re- 
marquer que chez presque tous les sauvages de l’Indo - Chine sur lesquels 
nous avons quelques renseignements anthropologiques, nous rencontrons 
cet élément indonésien; c’est lui qui paraît relier les uns aux autres tous 
les groupes disséminés dans les montagnes. Il faut en conclure que cet 
élément ethnique a joué jadis un rôle important sur le continent asiatique 
lorsque les Moïs, Khâs ou Penongs n'avaient pas encore été refoulés dans 
les montagnes. 

L'autre type qui se rencontre chez les Ba-Hnars pourrait faire songer 
aux Chinois du Sud par la longueur de sa face; mais en l’examinant avec 
plus d'attention, on renonce à ce rapprochement que ne justifie ni la forme 


TR 


des orbites, ni celle du nez ou de la pommette, ni la conformation du bas 
du visage. Les cheveux, tout en donnant parfois une coupe entièrement cir- 
culaire, diffèrent aussi des cheveux de Chinois par leur diamètre, qui est 
d'environ un quart plus petit que chez ces derniers. 

C'est sans doute aux crânes dolichocéphales trouvés par M. Jammes dans 
les amas de coquilles situés sur les bords du lac Tonlé-Sap qu'il faut com- 
parer le type à face étroite du pays des Ba-Hnars. Malheureusement, nous 
ne connaissons les vieux crânes de cet explorateur que par une deserip- 
lion {rop sommaire pour permettre une comparaison rigoureuse. Tou- 
telois, les analogies paraissent bien grandes, et des arguments d’un autre 
ordre pourraient être invoqués en faveur du rapprochement que nous pro- 
posons. 

En effet, parmi les instruments en pierre que nous avons reçus de 
M. Yersin, il en est que l'on croirait provenir des stations lacustres du 
Tonlé-Sap. Je citerai, notamment, une hache polie, à talon, qu'il serait 
bien difficile de distinguer de celles que M. Jammes nous a mises sous les 
yeux au Congrès international d'anthropologieet d'archéologie préhistoriques 
de 1889. L'industrie des Ba-Hnars, aussi bien que leurs caractères phy- 
siques, autorisent donc à penser que certains d’entre eux se rattachent 
aux habitants préhistoriques du Cambodge, tandis que les autres se relient 
intimement aux Indonésiens, qui ont certainement été représentés jadis sur 
le continent par une nombreuse population, dont presque toutes les tribus 
de sauvages modernes renferment des descendants. 

Les quelques lignes qui précèdent suflisent à montrer toute l’impor- 
tance de l'envoi du docteur Yersin, à qui le Muséum est redevable des 
premiers documents sérieux parvenus en Europe sur l'intéressante popu- 
lafion dont je viens de vous entretenir. 


NoTe Sur LA voraciTÉ DES HyENEes 4 Nioro 
(SouDAN FRANGAIS), 


PAR M. O. SuaRD, MÉDECIN DE PREMIÈRE CLASSE DE LA Marine. 


Pendant mon séjour au Soudan, 1892-1894, j'ai eu l’occasion de con- 
staler plusieurs lésions faites par les Hyènes, tant sur des hommes que sur 
des animaux vivants. 

Ï m'a paru intéressant de consigner ces faits, surtout les deux sui- 
vants : 


1° Dans la nuit du 3 au 4 mai 1894, un indigène de Nioro, endormi 
sur la place du marché, est à moitié dévoré par une Hyène. Le membre 


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supérieur gauche et le membre inférieur du même côté sont presque tota- 
lement dépouillés des parties molles. Mort quatre heures après. 

2° Devant le poste, sur une vaste place, campent des caravanes de 
Maures venant du Sahel. Ces Maures couchent à l'air libre, au milieu de 
leurs Chameaux et sur des peaux de boucs remplies de produits divers. 
Le 5 mai, vers 1 heure du matin, je suis réveillé par des vociférations 
poussées par ces Maures, je sors du poste et j'apprends que c’est encore 
une victime de la voracité des Hyènes. Un Maure a la jambe gauche 
dilacérée par un coup de patte d'Hyène. 

L'Hyène ne s'attaque donc pas seulement au cadavre, mais encore à 
l’homme vivant, et cela sans aucune provocation; à Nioro et dans les en- 
virons où les Hyènes abondent, j'ai vu maintes fois des Anes vivants présen- 
tant de vastes lésions de l'arrière-main produites par des morsures de ces 
fauves, qui venaient les attaquer la nuit dans les cours des habitations. 
Très souvent des Moutons et des Ghèvres vivants sont également enlevés, la 
nuit, par les Hyènes. 

Voiei le moyen qu'emploie l'indigène pour tuer l'Hyène. Il amarre un 
fusil à deux piquets, l'un au niveau de la sous-garde, à ce piquet se fixe 
également la gächette avec un lien quelconque; l’autre, au niveau du mi- 
lieu du canon. Cet amarrage se fait solidement, mais de manière que le 
fusil ait assez de jeu pour permettre à la gàchette de se déclencher par 
une légère traction. L’extrémité du canon est plongée, dans une étendue 
d'environ 20 centimètres, dans un morceau de viande qui y est solidement 
maintenu. L'Hyène arrive, saisit le morceau de viande, tire à elle, la 
gächette joue, l’animal reçoit la charge du fusil dans la gueule et est tué 
sur le coup. 

J'ai vu des Hyènes tuées de la sorte. L'espèce la plus fréquente à Nioro 
est l’Hyène tachetée; elle acquiert des dimensions énormes et est la plus 
dangereuse. 


NoTE SUR L'ANOA MINDORENSIS STEERE, 


pAR M. E. Ousrazer. 


Un de mes collègues, M. Baer, deuxième secrétaire de la Société ento- 
mologique de France, qui a séjourné pendant quelque temps aux Philip- 
pines et qui a recueilli de nombreuses collections, collections dont j'ai dé- 
terminé une partie, m'a envoyé aujourd'hui même deux dépouilles avec les 
crânes d’une espèce de Ruminant de l'île Mindoro, qu'il me charge d'offrir 
en son nom au Muséum d'histoire naturelle, Cette espèce, qui manquait 
aux collections du Muséum et qui est encore très mal connue, est l'Anoa 


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ou Probubalus mindorensis, découvert par Steere en 1888 dans l'ile de 
Mindoro. La description donnée par Steere dans les Procedings de la Société 
zoologique de Londres (1888, p. 413) convient parfaitement aux deux 
spécimens offerts par M. Baer, qui indique du reste, comme nom local de 
l'espèce, Tamarao, presque identique au nom de Tamaron, indiqué par 
Sleere. 

J'ajouterai que M. Lydekker, dans sa Royal Naturel History, place l'espèce 
des Philippines dans le genre Bos, sous le nom de Bos mindorensis, tout en 
reconnaissant qu'elle établit le passage des Buflles asiatiques à l’Anoa de- 
pressicornis de Célèbes, qui à son tour est une forme de transition entre 
les Bovidés et les Antilopidés. Il est certain que par ses cornes massives, 
par la teinte foncée de son pelage très clairsemé, le Tamarao offre beau- 
coup d'analogies avec les Bulles. 

Je ferai remarquer que la découverte faite par M. Steere présente un 
double intérêt. Elle prouve d’abord , une fois de plus, que la ligne de Wal- 
luace n’a pas, en ce qui concerne les Vertébrés supérieurs, l'importance 
qu'on lui avait attribuée, puisque nous voyons ici deux espèces très vol- 
sines, l'Anoa, Bos où Probubalus mindorensis et V'Anoa depressicornis , se 
trouver de part et d'autre de cette ligne, l’une à Mindoro, dans les Philip- 
pines, l’autre à CGélèbes; la première, dans la région indo-malaise, la se- 
conde, dans la région austro-malaise de Wallace. Elle confirme, d'autre 
part, les relations signalées par M. R.-B. Sharpe entre les faunes de l'Inde 
septentrionale et de la région himalayennes et celle de Bornéo, des Philip- 
pines, et probablement aussi de Gélèbes. M. Lydekker a fait observer, en 
effet, que certains Bovidés fossiles, dont les restes ont été trouvés dans les 
gisements célèbres des monts Sivalik, offrent dans la conformation de leurs 
cornes, dans la structure de leurs crânes et dans leurs dimensions, des 
analogies avec le Tamarao des Philippines et l’Anca des Gélèbes. D'ailleurs, 
maintenant encore, 1l existe dans la région himalayenne des Ruminants, 
les Budorcas, qui, sans pouvoir être comparés plus étroitement aux Anoas, 
élablissent comme eux une transition entre les Bovidés et les Antilopidés. 


NOTE SUR LE NERF INTESTINAL DES (OISEAUX, 


par M. V. THÉBauLT. 


Remak ® est le premier auteur qui ait signalé chez les Oiseaux (Pha- 
sianus gallus ) l'existence d’un nerf intestinal. 


G) Remak, Üeber ein selbständiges Darmnervensystem, Berlin, 1847. 


— 204 — 


Marage ” étendait plus tard le champ de nos connaissances , et y ajoutait 
l'histologie du travail par lui étudié ©. 

Reprenant après cet auteur l'étude du système sympathique des Oiseaux, 
il m'a été permis de voir chez quelques Corvidés (Corvus monedula) la dis- 
position suivante du nerf intestinal : 

Né d’un filet médian venu du sympathique vertébral, ce filet se porte 
sur l'intestin au niveau de la partie supérieure du cloaque, se renfle en 


Nerf intestinal du Choucas (Corvus monedula ). 


un gros ganglion et envoie deux filets : le premier, inférieur, descend sur 
le cloaque, et, renforcé par des filets nerveux venus de l’uretère, de l'ovi- 
ducte et des artères environnantes, forme le pleæus pericloacal. Le second 
remonte entre l'intestin, l'artère et la veine collatérales de cet organe (Re- 
mak, Marage), en donnant çà et là des ganglions: c’est le tronc principal 
du nerf intestinal. 

Les ganglions sont toujours situés au point où l'artère envoie un vaisseau 
court à l'intestin. 

Au point de croisement de l’ileon et de l'artère mésenterique, se ren- 
contre un gros ganglion, duquel partent des filets de plusieurs ordres : 

1° L'un continue le tronc du nerf intestinal: 

9° D’autres se rendent directement à l'intestin ; 

3° Des filets vont s’anastomoser avec le plexus mésenterique, formé par 
les fibres nerveuses satellites de l'artère de même nom; 


© OR. Marage, Sympathique thorac. et abdom. des Oiseaux. Th. médecine, Paris, 
1887. | 

@) R. Marage, Anat. descript. du sympath. chez les Oiseaux. Ann. sc. nat., 
zool., 1889. 


— 205 — 


4° D'autres vont s'anastomoser avec des filets issus des ganglions envi- 
ronnants. 

Le nerf intestinal pénètre ensuite à l'intérieur du plexus mésenterique 
où il présente un gros ganglion fusiforme suivi d’un autre presque sphé- 
rique d'où partent des filets qui innervent toute la partie spiralée de l'in- 
testin de l'animal, simultanément au plexus mésenterique que l'on décrit 
habituellement. 

De ce point, le nerf caché par la graisse suit l'intestin. Je l'ai perdu de 
vue au niveau du pancréas. 


Conclusions : 


Le nerf intestinal, outre la description donnée par Remak et Marage, 
présente : 

1° Un plexus péricloacal ; 

2° Deux plexus mésenteriques qui n'avaient pas encore été signalés jus- 
qu'ici. 


Nore sur LES ReprTiLes ET BATRACIENS DE LA FAUNE SOUTERRAINE DES 
RÉGIONS INTERTROPICALES , MANIÈRÉ DE CONSERVER CES ANIMAUX POUR 
LES COLLECTIONS, 


par M. LÉON VAILLANT. 


Dans les pays intertropicaux, où l'humidité du terrain favorise un actif 
développement de la végétation, une faune souterraine très intéressante 
et peu connue habite constamment le sous-sol. Bien que tous les animaux 
trouvés dans ces circonstances méritent d’être recueillis, je signalerai d’une 
façon particulière des Reptiles ayant l'apparence de très gros Vers de terre 
(longs souvent de o m. 60 et plus) et d'ordinaire confondus soit avec 
ceux-ci, soit avec les Serpents, se distinguant des premiers par la présence 
de mâchoires armées de dents, des seconds par l'absence d’écailles. 

Ces Reptiles sont de deux sortes. Les uns, de couleurs généralement 
claires, blancs ou roses, couverts comme d’une marqueterie formée de 
petits quadriatères régulièrement placés les uns à côté des autres en ran- 
gées transversales, sont réunis sous la désignation commune d’Amphisbènes. 
Les autres, moins bien connus et, par suite, encore plus dignes d'attention, 
ont le corps partagé en anneaux plus ou moins distincts; leur peau est nue, 
gluante, rappelant, sous ce rapport, celle de la Grenouille et autres Ba- 
traciens; on les a désignés sous le nom de Cœcilies , parce que leurs yeux, 
peu apparents ou cachés, les font regarder comme aveugles; ils sont tou- 
jours de teintes sombres, parfois annelés de jaune. 

Ces Amphisbènes et ces Cæcihes habitent, à la manière des Vers de terre, de 


— 206 — 


longues galeries tubuleuses, du diamètre, à peu près, de leur corps, dans 
lesquelles ils se meuvent avec une rapidité surprenante , et comme ces galeries 
peuvent avoir plusieurs mètres de profondeur, ce n’est qu'avec de grandes 
diflicultés, accidentellement en quelque sorte, qu'il est possible de s’en 
emparer. 

La nature des travaux entrepris à l’isthme de Panama fournirait une oc- 
casion, peut-être unique, de récolter en abondance ces animaux , et je crois 
devoir attirer sur ce point l'attention de toutes les personnes de bonne vo- 
lonté, qui, en s’occupant de les recueillir, enrichiraient sans aucun doute, 
dans des proportions inespérées, nos collections nationales. 

Les soins à prendre pour la conservation de ces animaux sont des plus 
simples. On les plongera dans de l'alcool un peu faible, environ 65 degrés 
centésimaux (24 degrés Cartier), puis, lorsqu'ils y auront été laissés deun 
à trois jours, selon que la température sera plus ou moins élevée, on les 
mettra dans un alcool plus fort, sans dépasser toutefois 75 degrés centé- 
simaux (28 à 29 degrés Cartier); ils y resteront jusqu’au moment de l'envoi. 
Dans le cas où l’on n'aurait à sa disposition que des alcools déjà affaiblis, 
tafñas, etc., il serait possible de s’en servir, à condition qu'ils fussent le 
moins colorés possible et de changer, non pas deux, mais plusieurs fois le 
liquide conservateur à quelques jours d'intervalle. 

Chaque individu, ou groupe d'individus pris dans les mêmes circon- 
stances, devra porter une étiquette ou un numéro d'ordre répondant à un 
catalogue, qui accompagnerait l'envoi, pour indiquer la date de la capture, 
la localité où l'animal a été pris; on y joindra, s’il est possible, tous les dé- 
tails que le collectionneur jugerait à propos d'ajouter, particulièrement sur 
les mœurs, la couleur à l'état de vie (laquelle s’alière plus où moins dans 
les liquides conservateurs), le nom vulgaire, les idées que peuvent avoir les 
habitants du pays sur ces espèces, leur emploi économique, etc. 

Il sera bon, pour l'expédition définitive, d’envelopper chaque individu 
dans un morceau de mousseline, de linge doux, pour empêcher qu'ils ne 
se frottent les uns aux autres pendant le trajet. Le meilleur mode d’embal- 
lage consiste à placer les animaux dans des récipients en fer-blanc ou en 
zinc, semblables aux boîtes à conserves; ces dernières, qu’on se procure en 
général facilement, peuvent très bien servir, après avoir été convenable- 
ment nettoyées. Les objets y seront mis à côté les uns des autres et, pour 
empêcher tout ballottement, les vides seront comblés avec des étoupes, du 
coton ou autres substances analogues, imbibés d'alcool, liquide dont on 
achèvera de remplir le récipient. Le couvercle sera ensuite soigneusement 
soudé; si dans cette dernière opération on craignait d'être gêné par Fal- 
cool, on ménagera au centre du couvercle un trou, par lequel, une fois la 
soudure faite, on introduira après coup le liquide conservateur; ce trou 
étant de petite dimension, il sera facile de le fermer ensuite en faisant 
tomber directement dessus quelques gouttes de soudure. 


— 207 — 


Je erois devoir faire remarquer en terminant que les Amphisbènes et 
les Cœcilies ne sont nullement dangereux, en ce sens qu'ils n'ont pas de 
venin. 


Les envois devront être adressés impersonnellement à : 


Monsieur Le Dinecreur du Muséum d'histoire naturelle 
à Paris (Franc). 


Muséum d'histoire naturelle, le 1° mai 1899. 


Liste DES ÉCHINIDES RECUEILLIS PENDANT LES CROISIÈRES 
Du TRAVAILLEUR ET DU TALISMAN, 


Par M. F, Bervarn. 


L'examen des Échinides recueillis de 1881 à 1883 par les expéditions 
du Travailleur et du Talisman m'a permis de reconnaître 29 espèces, 
dont une seule nouvelle. Ce nombre paraît au premier abord peu considé- 
rable, et l’on peut d'autre part s'étonner que, parmi les exemplaires si 
nombreux, un seul consiitue une forme nouvelle. Il est facile de se rendre 
compte des causes de ces particularités. 

il convient de se rappeler tout d’abord que les savants, peu nombreux 
en réalité, qu se sont occupés depuis une vingtaine d'années des Échinides 
vivants, ont été amenés à envisager les caractères spécifiques dans un sens 
assez large; c'est ainsi qu'Agassiz, le savant dont la compétence en la ma- 
üère est la plus indiscutable, n'a pas hésité à diverses reprises à réunir sous 
une même dénomination spécifique des formes qu'il avait lui-même au 
début considérées comme distinctes, dès le moment où il eut entre les mains 
des séries suffisamment nombreuses pour lui montrer les passages. De 
même, en examinant les {rès nombreux exemplaires d’Asthenosoma hystrix 
recueillis par le Talisman et le Travailleur, j'ai pu trouver deux formes ex- 
trêmes dont je n'aurais pas hésité à constituer deux espèces si les intermé- 
diaires n'avaient élé recueillis. 

En second lieu, des dragages ont été réalisés à plusieurs reprises dans les 
fonds explorés par le Talisman et le Travailleur ; les expéditions françaises 
ont retrouvé toutes les formes obtenues par leurs devanciers, à l'exception 
de sept, si l'on s’en tient aux formes abyssales. Si la liste des Échinides des 
côtes de l'Europe et de l'Afrique esthien plus étendue, c’est qu'elle ren- 
ferme aussi les formes côtières, bien plus nombreuses, et l’on se souvient 


— 208 — 


que les savants français n'ont guère dragué à une profondeur moindre de 
100 mètres. 

Enfin la répartition géographique et bathymétrique des Échinides est 
très étendue; ainsi, sur les 29 espèces dénommées ci-dessous, un grand 
nombre se retrouvent sur les côtes d'Amérique, où elles ont élé draguées 
par le Blake et les expéditions de Pourtalès. 


PROFONDEURS MAXIMA EN MÈTRES W. 


ÉCHINIDES RÉGULIERS. 


Dorocidaris papillata Leske.......... 1860 À. 
Cidaris tribuloides Lk..........,..:. ho A. 
Porocidaris purpurata W. Th........ 1439 P. 
Salenia hastigera Ag NU Deus v Ed 2638 
Salenia varispina Ag Ne D a 1900 A. 
Aspidodiadema microtuberculatum Ag. . 2000 À. 
Diadema setosum Gray.....,....... Littoral A. 
Arbacia pustulosa Gray............. 100 A. 
Phormosoma placenta W. Th........ 2000 A. P; 
Phormosoma uranus W. Th..... FRET 1550 À. 
Asthenosoma hystrix W.Th.......... 1550 À. P. 
Echinometra subangularis Desm...... Littoral À. 
Echhnur, acutus Ko s vis 850 A. 
Echinus esculentus Rumph.......... 717 
Echinns melo LT MR oo: - hoo P. 
Echinus norvegicus Düb. et K....... 3030 A. P. 
Strongylocentrotus lividus Lk......... 30 

ÉCHINIDES IRRÉGULIERS. 
Echinocyamus pusillus Müll......... :. à 
Echinolampas Heller Val. ........... 1970-1617 
Spatangus purpureus Mull.......... A. P. 
Spatangus Raschi Lov.............. 920-1090 P. 
Neolampas rostellata Ag..,......... hoo À: Ps 
Brissopsis lyrifera Forb............. 39300 À Pe 
Rhabdobrissus Perrieri n. sp......... 840-640 
Hemiaster expergitus Lov........... 3200 A. 
Pourtalesia miranda Ag............. 1617 À. 
Pourtalesia sp. tdol Mai-$ rt Agde 2392 / 
Aceste bidioné _ AL AURA LION »7 QI 1590 
Calymie rehcta Ait SOEUR MER 3018 


(1) Les lettres À ei P indiquent respectivement que les espèces indiquées ont élé 
recueillies soit en Amérique (A) par le Blake, le Challenger, etc., soit dans les 
mers du Nord par le Porcupine (P). Lesghiffres indiquent les profondeurs les plus 
grandes où les diverses espèces ont été recueillies par le Travailleur et le Talisman. 


-— 209 
G. Rhabdobrissus Cotteau (Bull. Soc. 0ol. de France, 1889, p. 15). 


lihabdobrissus Perrieri sp. n., individu dragué de 840 à 640 mètres par 
le T'alisman, le 8 juillet 1883, sur les côtes du Sahara. 


Espèce différant de À. Jullieni, espèce unique décrite par Gotteau, par 


les caractères suivants : 


Forme plus régulièrement elliptique, plus raccourcie , Diain aug: s. 
I ü jé md , Diam. latéral 31 


au lieu den. région périproctale plus élevée (21 cent. au lieu de 17 chez 
R. Jullieni, pour des individus sensiblement de même tail»), 

Zone ambulacraire antérieure non déprimée. 

Tubercules primaires peu saillants, moins larges (2 mm. 1/2 au lieu de 4), 
radioles courtes ne dépassant pas 1 centimètre (au lieu de 2 ). 

Périprocte large, plan (6 centimètres de diamètre au lieu de 4). 

Fasciole péripétale très élroit, comprenant un tubercule ou deux au plus 
seulement par rangée transversale. (Dans À. Jullien, le fasciole atteint cinq 
tubercules au moins.) 

A la face inférieure, la zone interambulacraire médiane est saillante, la 
lèvre très proéminente. 

Cette espèce est intéressante surtout par la réduction extrême du fasciole 
péripétale, qui n’est plus composé que d’un seul tubercule. C'est un ache- 
minement à la disparition complète de cet appareil, qui est réalisée chez 
les Spatangues. 


SUR LE DÉVELOPPEMENT DU FAISCEAU LIBÉRIEN 
DE LA RACINE DES (WRAMINÉES, 


par M. G. Cuauveaun. 


Dans une précédente note"), j'ai montré que les premiers tubes criblés 
qui apparaissent dans la Vigne se développent directement aux dépens de 
leur cellule mère. Ce caractère était jusqu'alors réservé aux tubes criblés des 
Cryptogames vasculaires et des Gymnospermes, tandis que chez les An- 
glospermes, croyait-on, la cellule mère se divisait toujours longitudinale- 
ment en deux cellules filles dont l’une seulement devenait le tube criblé, 
l'autre formant ce que l’on a appelé la cellule compagne. 

Depuis lors j'ai entrepris une série de recherches sur le développement 
des tubes criblés chez les Angiospermes et je viens vous présenter aujour- 
d'hui les résultats fournis par l'étude d’une grande famille, celle des Gra- 


(1) Sur le développement des tubes criblés chez les Angiospermes. ( Comptes rendus, 
Ac. des sc., janvier 1895.) 


= 


Muséum. ‘ 19 


— 210 — 


minées, dans laquelle j'ai pu suivre ce développement pour la racine des 
plantes suivantes : 


Sorghum saccharatum ; Calamagrostis Epigeios ; 
Oryza sativa; Avena pubescens; 
Hierochloa borealis ; Poa fertilis ; 

Phalaris Canariensis ; Glyceria aquatica ; 
Baldingera arundinacea ; Briza media ; 

Zea Mays; Melica nutans; à 
Coix Lachryma ; Molinia cærulea ; 

Phleum pratense; KϾleria setacea ; 
Alopecurus nigricans ; Diarrhena americana; 
Agrostis alpina; Hordeum murinum ; 
Lasiagrostis splendens ; Triticum vulgare ; 

Slipa allaïca ; Agropyrum repens ; 
Deyeuxia varia ; Brachypodium pinnatum. 


Toutes ces plantes présentent le même mode de formation de leurs tubes 
criblés. Ge mode de formation que j'ai signalé pour le BI£ dans la note 
précédente est le suivant. 

Très près de l'extrémité de la racine apparaissent des cellules plus 
grandes que leurs voisines, situées contre la face interne du péricycle en 
des points équidistants. Chacun de ces points est le lien du futur faisceau 
libérien et chacune de ces grandes cellules est la cellule mère d’un tube 
criblé. Cette cellule mère se divise de très bonne heure par une cloison lon- 
gttudimale oblique en deux cellules filles dont l’externe va évoluer en tube 
criblé tandis que l'interne sera, par définition, sa cellule compagne. Ce 
tube criblé se modifie rapidement; il s’allonge beaucoup, sa membrane 
s’épaissit en prenant sur ses faces longitudinales des ponctuations scalari- 
formes très peu marquées, tandis que se forment sur ses faces transversales 
des poncluations criblées très nettes. En se développant ainsi, 1l s'intercale 
vers l'extérieur entre deux cellules pérycliques et vers l'intérieur entre sa 
cellule compagne et une autre cellule voisine, de telle sorte qu’il prend en 
coupe transversale une forme losangique tout à fait caractéristique. 

Les deux cellules qui l'emboîtent complètement vers l’intérieur sont 
devenues tellement semblables par leur situation, leur forme, leur grandeur 
_et les propriétés de leur contenu, qu'on ne saurait désormais distinguer 
entre elles quelle est la sœur du tube criblé, par conséquent quelle est 
celle qui mérite réellement le nom de cellule compagne. Pour cette raison 
je les désignerai simplement sous le nom de cellules hbériennes. 

En dedans de ces deux cellules libériennes on rencontre un quatrième 
élément qui complète le faisceau et se différencie plus tard en tube criblé. 
Mais ce tube criblé, à l'inverse du premier, se développe directement aux 
dépens de sa cellule mère qui est tout entière employée à le former. Nous 
trouvons donc réunis côte à côte dans le même faisceau deux types de tube 


— 211 — 


ciblé, dont chacun était regardé comme caractéristique de l'an des deux 
groupes de plantes vasculaires. 

Ce fait nous montre bien quelle valeur on doit accorder à la distinction an- 
cienne. Cette étude a donné encore un autre résultat. Elle nous a permisen effet 
de préciser la nature exacte des divers éléments qui entrent dans lg compo- 
sition du faisceau libérien des Graminées. On ne connaissait dans ces plantes 
que le tube eriblé qui se développe tardivement à la face interne du fais- 
ceau; quant au tube criblé externe, celui qui se développe de très bonne 
heure, il avait été complètement méconnu comme tel, et confondu jusqu'ici 
avec les deux cellules libériennes sous le nom de cellules ou fibres du proto- 
phloème. 

Tel est le mode de formation du faisceau libérien qui se rencontre avec 
cette simplicité et cette régularité presque schématique dans toutes les 
. plantes ci-dessus indiquées. À peine convient-il de signaler les principaux 
changements qui peuvent se rencontrer, car ils ne modifient en rien les 
conclusions précédentes. | 

Tout d’abord, il peut arriver que la eloison longitudinale qui divise la 

cellule mère du premier tube criblé en deux echoiès filles soit orientée 
non plus obliquement mais tangenliellement, et que le tube criblé ainsi dé- 
taché demeure accolé contre la face externe de sa cellule sœur, au lieu de 
s'insinuer entre elle et l’autre cellule hbérienne. Dans ce cas le tube criblé 
prend en coupe transversale une forme pentagonale, son angle interne étant 
remplacé par une face plane, il est toujours facile alors de reconnaitre sa 
cellule sœur qui est superposée à cette face du côté interne. 

LL arrive aussi parfois que la cellule mère du tube criblé interne se dé- 
double à l’origine par une cloison longitudinale en deux cellules filles, mais 
alors ces deux cellules filles évoluent pareïllement et l’on a plus tard deux 
tubes criblés côte à côte sans production d'aucune cellule compagne. Le 
nombre de ces tubes criblés internes peut même être supérieur à deux 
comme cela se voit d'ordinaire dans le Maïs. 

Enfin les cellules libériennes peuvent aussi se cloisonner longitudinale- 
ment et élever ainsi leur nombre jusqu’à six, mais le cas est rare et ce n’est 
pas ici le lieu d’insister sur tous ces détails. : 


‘ 


Sur queiques RuEum Nouveaux DU THIBET ORIENTAL ET DU VUNNAM, 


PAR À. FRANCHET. 


À mesure que s'accroît le nombre des espèces d’un genre, il arrive sou- 
vent que l’ensemble des caractères sur lesquels ce genre a été originaire- 
ment établi se modifie sensiblement ; il est aussi à remarquer que cette modi- 
fication se manifeste presque toujours dans le sens d’une diminution 


19: 


— 212 — 


d'importance. C’est le cas du genre Rheum. Établi par Linné pour des plantes 
dont les fleurs avaient neuf étamines et un périanthe à six segments, cette 
caractéristique ne saurait aujourd'hui lui être appliquée, puisque l’on con- 
naît au moins deux Rhubarbes, Rheum nobile et R. Alexandræ , qui sont 
normalement hexandres et chez lesquelles le nombre des étamines et celui 
des segments du périanthe peuvent être occasionnellement réduits à quatre 
ou à cinq. Il est également à remarquer que, dans les fleurs de ces deux 
espèces, on ne trouve assez souvent que deux styles et un fruit diptère, très 
comprimé, comme dans les Oxyria. 

En somme, on ne peut plus maintenant attribuer aux Rheum que deux 
caractères permettant d'en séparer les Oxyria : c’est, chez les Rheum, la 
direction des segments du périanthe qui restent toujours dressés, et le stig- 
mate entier sur ses bords, alors que dans les Oxyria les deux divisions ex- 
térieures du périanthe sont réfléchies et les stigmates fimbriés. 

Les dimensions et l'aspect général pouvaient autrefois servir à différen- 
cier les deux genres; mais, depuis la découverte des Rhubarbes naines si- 
gnalées par Maximowiez, et de celles qui sont décrites dans cette note, ce 
moyen de différenciation ne peut plus être utilisé. 

Une observation générale applicable au moins à quatre des Rhubarbes 
naines, aujourd'hui connues (je n'ai pas vu les fleurs du À. uninerve 
Maxim.), c’est une tendance marquée à la variabilité dans le nombre des 
étamines et des segments du périanthe; on trouve fréquemment dans leurs 
inflorescences des fleurs à 6-8 étamines, nouvelle preuve du peu de fixité 
de ce caractère, si longtemps considéré comme fondamental. 


R. KIALENSE, sp. nova. 

Caulis semipedalis vel sesquipedalis, scabridus, simplex, nudus vel 
1-2 phyllus; folia À. acuminati Hook. et Th. sed triplo minora, subtus pilis 
strigosis cinerascentia; inflorescentia aphylla, gracilis, depauperata, parum 
composita, angusla; flores parvi (vix 2 mill.), rubescentes vel virescentes, 
segmentis omnibus æqualibus ; stamina 9 (vix constanter, nunc tantum 7-8), 
scilicet 6 (lobis opposita) longiora, 3 duplo breviora; achænia e bast cor- 
data late ovata, triptera, rarius diptera, rubro fusca, 6-7 mill. longa, alis 
undulatis disco granulato angustioribus , nervo a margine remoto. 

Hab. China, in Su-tchuen occid., cirea Ta-tsien-lou (Soulié, n° 498) et 
in silvis ad Tche-to-chan (:d., n° 698). 

Petite espèce voisine du À. acuminatum, mais à tige grêle simple, à in- 
florescence étroite, allongée, formée d’un très petit nombre de rameaux; à 
feuilles grisâtres en dessous, couvertes sur les nervures d’une pubescence 

serrée, formée de poils raides et courts. 


R. Decavayi, sp. nova. 
Caulis semipedalis vel vix pedalis, scabridus, foliatus, simplex; folia 
carnulosa, basilaria plurima, limbo e basi cordata ovato, apice rotundato, 


— 213 — 


subtilité crenato, 3-6 cent, longo, 3-4 cent. lato ; folia ad basin ramorum 
inflorescentiæ (nisi superne) perfecte evoluta, ovalo-lanceolata vel lanceo- 
Jata, obtusa vel acuta; nervatio pinnata, nervo primario secundartis mullo 
crassiore ; inflorescentia e medio caulis orla, anguste oblonga, ramis secus 
caulem erectis vel adpressis; flores purpurei, perianthii segmentis breviter 
ovatis; stamina 9 (vel 5-8) inclusa; achænia rubescentia, 6-8 mull. lata et 
longa, nune ad maturitatem paulo latiora quam longa, subquadrata , apice 
nullo modo angustata; alæ obscure erosæ, tenuiter membranaceæ, disco 
granulalo latiores, nervo e margine remoto. 

Hab. China, in prov. Yunnan, ad Likiang, alt. 4000". (Delavay, 
n. 220); Yen-{ze-hay (id., n° 3381, 3098, 3985 ). 

Assez voisin du À. pumilum Maxim., qui existe aussi à Ta-tsien-lou (R. p 
Soulié); les feuilles du À. Delavayi sont plus grandes, plus nettement cor- 
diformes ; la forme des fruits est surtout très différente, l'aile beaucoup plus 
large que le disque et très mince. 


R. srRICTUM, sp. nova. 

Caulis pedalis vel sesquipedalis ; folia omnia basilaria parva, carnulosa, 
e basi subcordata rotundato ovata vel ovato-lanceolata, obtusa, subtus ad 
nervos eximie purpureo tincla; nervalio pinnala ut in specie præcedente; 
inflorescentia e medio vel nunec fere e basi caulis orta, strictissima , linearis, 
ramis omnibus adpressis, inferioribus tantum bractea parva fultis; flores 
R. Delavayi ; achænia intense rubentia , e basi lata subcordala late subtrian- 
gularia , apicem versus angustala, alis disco granulato angustioribus , eximie 
eroso dentatis, nervo proprio deslitulis. 

Hab. China, in Su-tchuen occ., circa Ta-tsien-lou (R. P. Soulié, n. 539). 

Fruits plus petits que ceux du À. Delavayi, atténués dans leur portion 
supérieure; ailes dépourvues de nervure propre, cetle nervure étant con- 
fluente avec le bord du disque. 


La plante du Kansu, et aussi du Su-tchuen oceid. (R. P. Soulié), distri- 
buée par le Musée de Saint-Pétersbourg sous le nom inédit de Rheum hir- 
sutum Maxim. , est le Polygonum acaule Hook et Thomps, dont la deserip- 
tion devra être modifiée. Ainsi les étamines sont normalement au nombre 
de dix, dont cinq placées sur le bord d’un disque très saillant et cinq, alter- 
nant avec les divisions du périanthe, insérées en dehors et très au-dessous ; 
les stigmates sont légèrement coniques, nullement capités. C'est en réalité 
un Polygonum très anormal. Les achaines ont une sorte de déhiscence val- 
vaire qui se produit le long des angles. Ce fait de déhiscence s'observe aussi 
parfois chez le Rheum Alexandre et mérite d’être étudié avec soin. 


— 214 — 


NOTE PRÉLIMINAIRE SUR DES MINÉRAUX RECUEILLIS 
DANS LES MINES DE OAINT-Prerre-p'A1rEevarp (Isère), 


PAR M. Pauz GaAuRERT. 


L'année dernière, M. Lacroix a bien voulu me confier une mission pour 
visiter différents gisements de minéraux , et en particulier celui de Saint- 
Pierre-d’Allevard. Les principaux minéraux de cette dernière localité sont 
le quartz, la sidérose, la dolomie, la calcite, la mésitine, la blende, la 
galène, le tétraédrite, la pyrite de fer, etc. 


Quartz. — Les cristaux de quartz, très fréquents dans la mine, sont 
assez beaux. [ls présentent généralement la forme p e° e”. 

Dans cette localité, j'ai rencontré la macle du quartz dite de la 
Gardette ; cette macle est excessivement rare, on compte les échantillons 
connus et le Muséum d'histoire naturelle n’en possédait qu'un seul exem- 
plaire, aussi il est intéressant de signaler un nouveau gisement. 

Je veux seulement appeler l'attention sur les cristaux qui sont terminés à 
une extrémité par une pyramide et à l’autre par un très grand nombre de 
pelits cristaux ayant l'orientation du gros échantillon. Ces petits cristaux ont 
dus probablement leur naissance à la cause suivante : des cristaux de quartz 
ont été brisés et détachés du corps qui les supportait sous l'influence d’une 
action mécanique quelconque ;-sur la surface irrégulière provenant de la 
rupture, il s’est formé un grand nombre de petits cristaux qui ont pris 
évidemment l'orientation des éléments eristallins qui leur ont servi de 
noyau et qui est celle du gros cristal. En effet, les cristaux présentant ce 
mode de terminaison sont libres de toute adhérence avec les corps étrangers, 
ce quine peut avoir eu lieu primitivement. Sur des cristaux artificiels j'ai 
fait beaucoup d'expériences montrant qu’une face de rupture donne d’abord 
naissance à un grand nombre de cristaux, orientés comme le gros cristal. 
Les premiers disparaissent si l'accroissement continue. 


Siderose. — La sidérose est le minerai exploité. Elle se présente en 
rhomboèdres non modifiés ou portant les facettes d’. 


Dolomie. — La dolomie se présente en beaux cristaux qui ont aussi la 
forme du rhomboèdre primitif. 

J'ai fait l'analyse de la sidérose et de la dolomie. Le premier minéral 
avait déjà été analysé par Berthier, le second n'avait pas encore été l’objet 
d'aucune recherche. La dolomie renferme une grande quantité de fer et 
-par conséquent est une ankérite. Elle a une constitution identique à celle 
de Ville. | 

Je ne donne pas ici le résultat de mes analyses, le réservant pour un 
travail d'ensemble sur les carbonates de cette série. 


— 215 — 


Tétraédrite, — Les cristaux de cette substance sont associés à la pyrite, 
à la blende et à la galène. Ils présentent les formes, ad, pb. omme la 
tétraédrite est hémièdre, les faces des deux formes he et inverse ont 
un éclat très différent. 


Blende. — La blende a une couleur verdâtre et présente des anomalies 
opliques assez nettes. 
La galène et la pyrile ne pr Mont rien de parliculier. 


REcuERCHES PHYSIOLOGIQUES ET CHIMIQUES 
sur LES Dinrerea, À. BN. pe Mapacascar, 


PAR LE DOCTEUR À.-T. DE ROCHEBRUNE. 


Depuis quatre années consécutives, nous nous livrons (out à fait en de- 
hors de notre service du Muséum) à une longue et difficile étude sur les 
végétaux loxiques et suspects, propres au continent africain et aux îles 
adjacentes; celte étude complexe, car elle embrasse les questions de bola- 
nique pure, d'ethnographie, de critique historique, de chimie, de phy- 
siologie, de thérapeutique, de posologie, etc., relatives à tout ou partie 
des végétaux examinés, est loin d'être terminée; aussi nous proposons- 
nous de faire connaître les résultats de quelques-unes de nos recherches, 
lorsqu'elles nous paraîtront présenter un certain intérêt; ce sera comme une 
prise de date pour l'ouvrage, dont nous comptons publier avant peu les 
premiers fascicules. 

Aujourd'hui, nous examinerons un produit de la grande île indo-afri- 
caine, où flottent à l'heure actuelle, depuis quelques jours à peine, les plis 
de notre drapeau national. 

Le 29 janvier dernier, notre savant maître à l’École de médecine de 
Paris, M. le professeur H. Baillon, signalait, ici, un groupe de plantes des 
plus remarquables, localisées dans la région sud-ouest de Madagascar, 
plantes qu'il a qualifiées du nom de Didierea, voulant par cette appellation 
générique consacrer le nom du savant qui a si puissamment contribué à 
faire connaître la faune et la flore malgaches, M. Alfred Grandidier. 

Sans vouloir revenir sur la magistrale description qui a été donnée de 
ces végétaux étranges rà l'aspect cactiforme», ou simulant «de vastes 
Lycopodes» dont nous reproduisons les figures d'ensemble ®, nous rap- 


4) La figure du D. Madagascariensis, tirée du grand ouvrage de M. Grandi- 
dier, Histoire physique, naturelle et politique de Madagascar, est la reproduction 
réduite de la pl. 261, de la partie botanique par M. le professeur Baiïllon (vo- 
lume XXXIV, t. V, atlas IT, 1°° partie, 35° fascicule). M. le professeur Baïllon nous 


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Fig, 1. — Didierea Madagasco 


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pellerons que l'étude de leur organisation florale a permis de les classer 
dans la famille des Sapindacees, comme types d’une série anormale; or 
nous inspirant de nos travaux antérieurs, et sachant que les Sapindacées 
possèdent des représentants vénéneux ou suspects, il nous a paru intéres- 
sant d'examiner si, à ce point de vue, les Didierea se comportaient à 
légal de certains membres de la famille. 

Les Didierea sont-ils toxiques? En cas d’affirmative, comment se traduit 
cette toxicité? Telles sont les questions que nous avons à résoudre; mais 
avant de formuler les réponses, il est nécessaire de résumer succinctement 
les propriétés générales des Sapindacees. 

Dans cette famille, à côté de produits alimentaires tirés des parties de 
la fructification, on trouve des principes dangereux et éminemment toxi- 
ques, contenus dans ces mêmes parties, plus rarement dans les autres or- 
ganes, et offrant, suivant les séries auxquelles appartiennent les végétaux 
dont ils sont extraits, des différences manifestement tranchées. 

Dans la série des Pancoviées, entre autres, dont nous prendrons pour 
type le Paullinia sorbilis, Mart., la guaranine, C'H"Az'0O, HO, qu'on 
l'envisage avec les uns comme un alcaloïde particulier, ou, avec d’autres, 
comme identique à la caféine, C'H'°Az'O*, la guaranine, disons-nous, 
produit l’exaltation de l'excitabilité reflexe, suivie de tétanisme, plus tard 
de paralysie générale, les pupilles sont contractées, les pulsations devien- 
nent arythmiques, et la pression vasculaire diminue jusqu'à l'arrêt du 
cœur en systole. 

Dans la série des Sapindées, le Sapindus Senegalensis, Poir., au con- 
traire, par la saponine, C*’H°*O'$, contenue dans ses graines, provoque 
de l'agitation, des vertiges, la mydriase; à l'excitation psychique, succè- 
dent l'abattement, la somnolence, les troubles de la sensibilité et de la 
motricité, l'augmentation des battements cardiaques et de la pression ar- 
térielle, bientôt suivis du ralentissement de la circulation, de congestions 
passives, et de l'arrêt du cœur en diastole. 

Ces deux exemples, qu'il serait facile de multiplier, suffisent pour 
montrer que bon nombre de Sapindacées rentrent les unes dans la caté- 
gorie des poisons tétanisants , les autres dans celle des narcotiques. 

Cherchons maintenant à déterminer l'action des Didierea sur l'orga- 
nisme, mais avant tout, häâtons-nous de le dire : c’est grâce à la bienveil- 
lante obligeance de MM. les professeurs H. Baïllon et Van Tieghem qu'il 
nous a été donné de pouvoir effectuer ces recherches; ils nous ont géné- 
reusement fourni de précieux matériaux d'étude; qu'ils veuillent bien 


"a gracieusement autorisé à donner cette figure ainsi que celle encore inédite du 
D. mirabilis, devant paraitre dans le 36° fascicule du même ouvrage; nous ne 
saurions trop remercier notre savant maître de la faveur insigne qu'il nous a faite, 
et nous le prions d’agréer l'expression de notre profonde reconnaissance. 


— 9219 — 


recevoir ici, avec nos remerciements, le témoignage public de notre gra- 
üitude. 

Les Didierea comprennent, comme on le sait, deux formes : le Didierea 
Madagascariensis, H. Bn, et le Didierea mirabilis, H. Ba; l'un et l'autre 
ont servi à nos expériences. 

L'émulsion filtrée des graines du Didierea mirabilis (dues à M. le pro- 
fesseur Baillon) fournit un liquide opalin, légèrement rosé, d’une odeur 
faiblement poivrée; elle ne mousse pas lorsqu'on l’agite, sa saveur d'abord 
savonneuse devient rapidement styptique, puis franchement amère, l'amer- 
tume est lente à disparaître, car après deux heures cette sensation est encore 
appréciable, 

Après l'injection de 1 centimètre cube d’émulsion sous la peau de la cuisse 
d'une forte Grenouille du poids de 38 grammes, l'animal présente d'abord 
une période d’excitation; la sensibilité reflexe est violemment exaltée, au 
moindre attouchement répondent des tressaillements, des cris, des spasmes 
tétaniques , le corps se courbe en opisthotonos, la pupille est contractée, la 
respiration tout à l'heure accélérée, se ralentit, devient pénible, intermit- 
tente, les battements du cœur sont de plus en plus lents, puis on voit se 
succéder des symptômes de paralysie, commençant par le train postérieur, 
pour bientôt se généraliser, paralysie dans laquelle survient la mort, avec 
arrêt du cœur en systole. 

Les mêmes phénomènes se montrent chez le Cobaye, le Lapin, le Pigeon, 
et prouvent incontestablement la toxicité des graines du Didierea mirabilis. 

Ce fait démontré, nous avons dû chercher à isoler la substance, cause 
directe de cette nocivité. 

Dans une forte décoction de graines, précipitée par le sous-acétate de 
plomb, et additionnée d’une faible quantité d’ammoniaque, nous avons 
fait passer, après filtrage, un courant de 
gaz sulfhydrique ; après un second filtrage 
et une évaporation lente, nous avons 
obtenu par refroidissement des cristaux 
en fines aiguilles prismatiques, brillantes 
ayant une frappante analogie avec les 
cristaux de caféine , et présentant en outre 
les mêmes réactions. Seul le chlorhydrate 
nous a paru différer: les cristaux de 
chlorhydrate de caféine, en effet, se dé- 
posent d'après Blasius, en prismes or- 
thorhombiques. Ceux que nous avons 

Chlorhydrate de Didiéréine. obtenus, vus à un grossissement de 

160 diamètres, se montrent sous plu- 
sieurs formes (fo. 3) : les uns s représentent de longues flèches finement et 
élégamment barbelées, les autres sont claviformes, quelques-uns enfin sont 


— 220 — 


en aiguilles prismatiques; de petits cristaux orthorhombiques sont bien, il est 
vrai, épars au milieu des autres, mais une minutieuse attention démontre 
qu'ils ne sont autre chose que les sommets brisés des cristaux claviformes 
et barbelées. 

Le nombre restreint de graines que nous possédions nous a fourni 
néanmoins une quantité relativement forte d’alcaloïde, ce qui permettrait 
de supposer qu'à l'exemple du Paullinia sorbihs, cet alcaloïde entre pour 
une large proportion dans la composition de ces graines; le Paullinia sor- 
bilis, d'après Stenhouse, donne 4.3 à 5.7 p. 100 de guaranine (caféine); 
ce chiffre doit être égal, sinon supérieur, chez le Didierea mirabilis. 

L’aclion d’une faible dose de notre alcaloïde, en solution aqueuse, sur les 
Grenouilles (2 milligrammes), comme sur les Cobayes (1 centigramme), 
est identique à celle de l’émulsion précédemment citée ; 1l amène la mort en 
3o minutes chez les unes, en 5o ou 60 minutes chez iles autres: son ca- 
ractère le plus important est le tétanisme, se manifestant avec une énergie 
semblable chez le Rana esculenta, Lin., comme chez le Rana temporaria, 
Lin., contrairement à la caféine qui, selon Schmiedeberg, provoquerait 
immédiatement le tétanisme chez le Rana esculenta , tandis que chez le Rana 
temporaria , la rigidité musculaire se propagerait lentement et progressi- 
vement du point d'application de l'alcaloïde, centre d'action, à la péri- 
phérie. 

On voit que, malgré son identité presque complète avec la caféine, l’al- 
caloïde des graines de Didierea mirabilis offre cependant quelques diffé- 
rences; ne pourrait-il pas, dans ce cas, être désigné, au moins provisoire- 
ment, sous le nom de ddiéréine, de façon à préciser sa place parmi les 
alcaloïdes du groupe des Gaféiques de Bouchardat, tels que la théine, 
C'H'°Az"0?, HO, la théoromine, C'H°Az"0?, la guaranine, C'H'°Az'0, H0, ete., 
qui, tout en étant réunies aujourd'hui sous le nom générique de caféine 
C*H"Az'0*, se différencient cependant par des propriétés particulières , 
plus ou moins accusées ? 

Conjointement avec l’alcaloïde, nous avons trouvé un acide tannique 
qui, comme l'acide paullinitannique de Green, se distingue de l'acide cafétan- 
nique par ses réactions; il donne, en effet, un précipité verdâtre virant au 
brun avec les sels ferriques, blanc avec les sels de baryte, et précipite la 
gélatine de ses solutions. 

L'étude du Didierea Madagascariensis a été faite à l'aide de l'alcool dans 
lequel des tiges de la plante macéraient depuis trois ans, et que nous a fait 
remettre M. le P' Van Tieohem; malheureusement, ce liquide ne pouvait 
contenir qu'une faible proportion de matières utilisables, ia majeure partie 
de ces matières ayant dû disparaître avec l'alcool d’une première macéra- 
tion, perdu dans un accident; néanmoins, il en recélait encore assez pour 
caractériser les propriétés de la plante. 

Pour obtenir la partie active, nous avons dû procéder comme pour une 


expertise médico-légale, c'est-à-dire traiter l'extrait obtenu de l'alcool par 
la méthode de Stass. Get extrait aqueux, d'abord expérimenté, nous a 
donné les mêmes résultats que lalcaloïde des graines du Didierea mira- 
bilis ; son action, toutefois, a été plus longue à se produire (1 heure pour 
les Grenouilles, 2 heures, 2 heures 50 minutes pour les Cobayes), Quant à 
l’alealoïde lui-même, obtenu par précipitation à l'aide de l'acide phospho- 
molybdique, il s'est montré physiologiquement et chimiquement semblable 
au premier. 

Les Didierea de Madagascar, à l'exemple de plusieurs autres Sapinda- 
cées, contiennent donc, dans leurs divers organes de végétation et de fruc- 
ülication , un alcaloïde qui, tout en possédant quelques particularités propres, 
doit être, malgré cela, assimilé à la caféine. Il est susceptible des mêmes 
réactions; ses effets physiologiques sont semblables; sans nul doute, ses 
propriétés thérapeutiques doivent être certainement les mêmes. 


SUR L'EMPLOI ET LE MODE D'ACTION DU CHLORURE DE CHAUX 
CONTRE LA MORSURE DES SERPENTS, 


par MM. Puisauix ET G. BERTRAND. 


Nous avons montré antérieurement ( Archives de Physiologie, 1894 ) com- 
bien le venin des Serpents se rapprochait, à tous les points de vue, des 
diastases et des toxines microbiennes, et c'est en poursuivant cette étude 
que nous avons établi les bases d’une méthode sérothérapique contre la 
morsure des Serpents. On se rappelle le principe de cette méthode. Du venin 
de Vipère, par exemple, est atténué par un chauffage convenable, soit à 
+ 80 degrés pendant 5 minutes, puis inoculé au Cobaye. Ainsi modifié, il 
a perdu presque toute sa toxicité, mais il réagit sur un des principes du 
sang et détermine la production d’une substance antivenimeuse. Après 
A8 heures, la réaction est déjà si avancée qu’une dose de venin capable de 
tuer deux ou trois Cobayes normaux reste sans effet sur le Cobaye vacciné. 
En outre, le sérum de celui-ci immunise immédiatement les animaux aux- 
quels on linjecte, de sorte qu'il permet de neutraliser les effets d’une ino- 
culalion récente de venin. 

Cette méthode est très sûre; néanmoins il y aurait, en pratique, le plus 
grand avantage à connaître un composé chimique de même action que le 
sérum antivenimeux. Or, parmi les très nombreux antidoles qui ont été 
proposés contre les venins, il en est un certain nombre, se rattachant au 
même groupe, qui paraissent dignes de quelque intérêt; ce sont le chlore, 
le brome et l’iode, et certaines de leurs combinaisons, comme le trichlorure 
d’iode et les hypochlorites. Ces derniers surtout, dont on avait déjà signalé 


— 222 — 


l'action destructive sur différents virus voisins des venins, ceux de la morve 
(Peuch), du tétanos et de la diphtérie (Roux), etc., ont été conseillés tout 
récemment encore par M. Calmette, qui leur attribue, en dehors de leurs 
propriétés thérapeutiques, celle de produire la même réaction vaccinale que 
le venin chauffé. 

Si l'on tient compte, d’une part, de ce que nous savons et surtout de ce 
que nous ignorons relativemeut à la nature des venins et des férments dias- 
{asiques, d'autre part, de la variabilité et de l’altérabilité de ces mêmes 
substances, on comprendra quelle valeur théorique et pratique aurait la 
découverte de M. Calmette, si elle était confirmée. Malheureusement, les 
recherches que nous avons entreprises dans ce but conduisent à des con- 
clusions opposées. 

Avant de les résumer, nous ferons remarquer qu’en traitant le chlorure 
de chaux du commerce par l’eau distillée, on obtient en solution un mé- 
lange de chlorure, d’hydrate et d'hypochlorite de calcium. Nous avons donc 
étudié l’action séparée de ces trois corps, d’abord sur le venin, puis sur l'or- 
ganisme. 

Tout d'abord, nous avons reconnu l'inefficacité du chlorure de calcium. 
Ce sel ne détruit pas le venin. De plus, son injection sous-cutanée ne re- 
tarde nullement la mort par envenimation, à moins qu'elle soit faite avec 
une solution très concentrée et en mélange avec le venin. Dans ce cas, en 
effet, elle produit une plasmolyse énergique des tissus qu’elle atteint et re- 
tarde ainsi l'absorption du toxique. Si l’on injecte le venin et la solution 
concentrée de chlorure de calcium séparément, en deux points du corps, 
la mort arrive aussi vite qu'avec du venin seul. Il est bien évident que, 
dans toutes ces expériences, la dose de venin employée était toujours la même. 

Pas plus que le chlorure de calcium, l’eau de chaux n’a d'action chi- 
mique manifeste sur le venin. Si, après un contact d’une demi-heure, on 
sature exactement par l'acide chlorhydrique un mélange d’eau de chaux et 
de venin, il n’y a aucune atténuation. Au contraire, le même mélange, 
dans lequel la chaux n’est pas saturée, agit beaucoup moins que le venin 
seul. [ei encore, c’est une action caustique due à la chaux qui retarde Tab- 
sorption. Deux Cobayes ont reçu 5 centimètres cubes d’eau de chaux en trois 
piqures disséminées du côté gauche. Après 24 heures, on leur a inoculé une 
même dose de venin, à l’un du côté gauche, à l’autre du côté droit. Le pre- 
mier Cobaye a résisté 24 heures, tandis que le second est mort en 7 heures, 
aussi vite qu'un Cobaye témoin, non traité par l'eau de chaux. 

Le rôle du chlorure de calcium et de la chaux étant établi, on a pu abor- 
der celui de lhypochlorite. On s’est servi pour cela d’une solution de chlo- 
rure de chaux dans 12 parties d’eau, et, au moment de l'emploi, on l’éten- 
-dait d'environ 5 à 6 volumes d’eau distillée, de manière à l’amener exactement 
au titre de 850 centimètres cubes de chlore actif par litre de solution, ainsi 
que cela avait été indiqué par l’auteur cité plus haut. 


— 223 — 


Lorsqu'on voulait annuler l'influence de la chaux contenue dans la solu- 
tion, on saturait très exactement par l'acide chlorhydrique, de sorte qu'il 
ne restait plus que du chlorure de calcium inactif avec lhypochlorite. De 
même, pour détruire l’activité de l'hypochlorite , on ajoutait un peu d'hypo- 
sulfite de sodium, sel dépourvu de propriété préservatrice contre le venin. 

Voici, en résumé, les plus importantes de ces dernières expériences : 

Un mélange de 5 centimètres cubes de solution étendue de chlorure de 
chaux et d’une dose mortelle de venin de Vipère, neutralisé après 10 mi- 
nutes de contact par l'hyposulfite et l'acide chlorhydrique, reste sans effet 
sur le Cobaye, tandis que le même mélange, dans lequel le venm a été 
ajouté après neutralisation du réactif, détermine la mort aussi vite que le 
venin seul. Autrement dit, l'hypochlorite détruit le venin, ce qu'il était 
facile de prévoir. | 
D'autre part, si l’on injecte des Cobayes avec de l'hypochlorite de calcium 
et qu'après un ou deux Jours on leur inocule du venin, on ne constate de 
survie que dans le cas où le venin est inoculé au même point que l'hypo- 
chlorite. Ceci démontre bien, contrairement à ce qui est avancé par M. Cal- 
mette, que l'hypochlorite de calcium ne protège pas l’organisme en y pro- 
voquant la formation d'une substance antivenimeuse, ni, non plus, comme 
cet auteur en a émis l'invraisemblable hypothèse, en pénétrant dans la cir- 
eulation et y persistant, pour y détruire le venin comme il le ferait dans un 
verre à expériences. Néanmoins, en raison de l'importance dé l'assertion de 
M. Calmette, nous avons tenu à répéter l'expérience sur laquelle 1l s’ap- 
puie. Or, malgré tout le soin que nous avons apporté à nous mettre exac- 
tement dans les mêmes conditions que l'auteur, nous n’avons pu constater 
la moindre propriété antitoxique du sérum des animaux traités par le chlo- 
rure de chaux. Un Lapin de 1700 grammes a reçu pendant cinq jours con- 
sécutifs une dose quotidienne de 1 centimètre cube de solution de chlorure 
de chaux. Le sixième jour, l'animal a été sacrifié pour en extraire le sérum. 
1 5 centimètres cubes de ce sérum, mélangés avec un milligramme de venin 
de Cobra, ont été inoculés le 25 mai à 10 heures 10 du matin à un Lapin de 
2 kg. 110. Le même jour, à 10 heures, on a inoculé un autre Lapin de 
même poids avec la même dose de venin additionnée de 11 centimètres 
cubes de sérum d’un Lapin qui n'avait pas reçu de chiorure de chaux. Ces 
deux Lapins sont morts dans le même temps, le premier à 1 heure 20 et 
le second à 1 heure 25. 

En outre, nous avons fait une expérience semblable, en opérant, non 
plus sur le Lapin, mais sur le Cobaye, et en nous servant de venin de 
Vipère, au lieu de venin de Cobra. Et, pour rendre plus sensible la ma- 
mfestalion des propriétés antitoxiques qui auraient pu apparaître dans le 
sérum, nous avons employé une dose de venin assez faible pour n’entrainer 
la mort qu'après un temps relativement long (36 heures). Le résultat a été 
tout aussi négatif que dans l'expérience précédente. 


— 294 — 


Eu résumé, si nos recherches n'ont point confirmé les espérances que 
nous avions au début, elles donnent lieu, du moins, à une conclusion pra- 
tique, pour le cas où l’on voudrail expérimenter les injections de chlorure 
de chaux contre la morsure d’un Serpent venimeux. C’est que ces injections, 
faites en d’autres points que celui de la morsure, n’ont aucune action im- 
munisante et doivent être évitées, contrairement à la théorie et aux indic2- 
tions de M. Calmette. Il faudra même les faire plutôt en profondeur que 
sous la peau, dans les ouvertures dues à 11 pénétration des crochets. 


El) 


EXPOSITION ZOOLOGIQUE, BOTANIQUE ET GÉOLOGIQUE 


DE MADAGASCAR. 


Le Directeur annonce que l'exposition préparée par les soins 
des Professeurs sera inaugurée le 6 juin à 2 heures 1/2, dans les 
salles de la galerie de Zoologie, sous la présidence de M. le Ministre 
de lInstruction publique. 

Les visiteurs y auront accès tous les jours de 1 heure à 4 heures, 
excepté le lundi et le mercredi. 


BULLETIN 


DU 


MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE. 


a ————— 


ANNÉE 1895. — N° 6. 


— 2 E ——————.  — 


6" RÉUNION DES NATURALISTES DU MUSEUM. 


25 JuIN 1899. 


PRÉSIDENCE DE M. MILNE EDWARDS, 


DIRECTEUR DU MUSÉUM. 


Le Présinenr dépose sur le bureau le 5° fascicule du Bulletin 
paru le 24 juin et contenant les communications faites dans la 
séance précédente. 


CORRESPONDANCE. 


M. J. M. Bec, dans une lettre datée de Bangkok (Siam) le » mai, 
annonce qu'il vient de terminer la mission dont il avait été chargé 
à Siam et qu'il apporte au Muséum un jeune Tigre, un grand SingeU), 
des Perdrix et une Tortue ©). Ces animaux sont offerts à la Ména- 
gerie par M°° J. M. Bec. D’autres collections (plantes vivantes, 
animaux dans l'alcool) seront ultérieurement remises au Muséum. 

Ces animaux sont arrivés en bon état à l'exception des Oiseaux 
qui sont morts pendant le voyage. 


M. M. Carr, correspondant du Muséum , a rapporté deux Tor- 
tues du Cayor ® et un jeune Paille-en-queue (Phaeton candidus) pris 


( Macacus arctoides. — () Terrapene amboinensis. — %) Testudo calcarata. 


Muséuw. 16 


— 226 — 


dans 1e nid , aux îles Madeleine, près du Cap Vert. Get oiseau, âgé 
d'environ 20 Jours, est encore couvert de duvet et il doit être nourri, 
à la main, de petits Poissons. 


M. le docteur Macraun écrit le 31 mai de Konakry qu'il envoie 
une Jeune Antilope vivante et qu'il élève un Gypaète qu'il destine à 
la Ménagerie. 


M. Le GOUVERNEUR DE LA GUINÉE FRANÇAISE a offert quatre Grues 
couronnées, deux Cigognes épiscopales et un Serpent 0). 


M. Le Gouverneur pu Soupan Français annonce que M. Boxnerain, 
directeur des affaires indigènes du Soudan, ramène avec lui pour 
le Muséum une grande Antilope kob, deux Biches (Antilopes fe- 
melles), un Ghat-Tipre, cinq Singes et une Tortue. 


M. George Paroisse envoie de Franceville un herbier recueilli 
dans la Guinée française. 


M. le docteur René CoPpin, médecin de la marine, a offert à la 
Ménagerie un Singe Patas, variété albine, et deux Pintades blanches. 


M. Henri Loew, ingénieur à Johannesburg (Transvaal), se met à 
la disposition des professeurs du Muséum pour les recherches qu'ils 
croiront utile de faire dans la région où 1l réside et où sont exploités 
de riches gisements aurifères. 


M. Louis Bréaupar, pharmacien du corps de santé des Colonies, au 
moment de partir pour le Tonkin, offre ses services pour faire dès 
son arrivée dans le pays les études d'histoire naturelle qui lui se- 


ront indiquées. 


M. Bzaise, commandant l’aviso la Cigogne, au Congo français, a 
donné à la Ménagerie plusieurs Singes (dont un Mandril et uné 
Guenon Ascagne), une Mangouste et un Faucon. 


D Python repius. 


= 20 — 


COMMUNICATIONS. 


NoTE SUR UNE MISSION EN OGÉANIE, 


par M. Pu. Francois, pocreur Ès sciences, 
MAÎTRE DE CONFÉRENCES À LA FacuLTÉ DES SCIENCES DE RENNES. 


Je viens pour la seconde fois de parcourir pendant près de deux années 
les archipels de l'Océanie situés au Nord de notre colonie néo-calédo- 
mienne, Nouvelles-Hébrides, îles Banks, Torrès, Santa-Cruz et enfin Tu- 
kopia. 

Bien que la mission dont j'étais chargé dans ces régions ne füt pas d'ordre 
scientifique, j'ai pu faire quelques observations et recueillir un certain 
nombre de collections d'histoire naturelle. 

Le peu de temps qui s’est écoulé depuis mon retour ne m'a pas encore 
permis de préparer, classer et déterminer ces collections, mais j'espère, 
aussitôt que ces différents travaux seront terminés, vous faire à leur sujet 
quelques communications intéressantes. 

Je voudrais seulement aujourd’hui, par un exposé très suceincet et rapide, 
vous donner une idée de la région peu connue dans laquelle ces collections 
ont été recueillies. 

Les Nouvelles-Hébrides sont un archipel composé de 11 grandes îles et 
d'un nombre beaucoup plus considérable de petites situées à peu près par 
la même longitude que la Nouvelle-Calédonie, c’est-à-dire entre le 166° et 
le 170° degré de longitude orientale, et entre 15 et 20 degrés de latitude 
australe. 

Au Nord et très près de ce groupe, on en rencontre deux autres de 
moindre importance, les Banks et les Torrès, entre 13 et 14 degrés de lati- 
tude. 

Enfin, plus au Nord encore, se trouvent les Santa-Cruz par 11 degrés en- 
viron. 

D'après leur situation géographique, toutes ces îles sont en pleine zone 
tropicale; c'est définir leur climat. Elles jouissent du climat tropical océa- 
nique : chaleur intense, humidité constante. 

I! y a deux saisons distinctes : une saison chaude pendant laquelle les 
pluies sont plus particulièrement abondantes, les orages fréquents, de dé- 
cembre à avril. Pendant cette saison , la région des Nouvelles-Hébrides est 
assez fréquerament visitée par des cyclones, tandis que plus au Nord, celle 
des Santa-Cruz est sujette à des coups de vent plus fréquents, plus con- 
stants, mais de moindre violence. 

La température, pendant la saison chaude, oscille entre 39 et 38 degrés 

16. 


centigrades dans la journée, 28 à 30 degrés pendant la nuit. Pendant la 
saison fraîche, d'avril à novembre, les vents alizés soufflent assez régulière- 
ment du $. E. ou de l'Est ; la température est notablement plus fraîche et 
très supportable : dans la journée, de 26 à 30 degrés ; pendant la nuit, 
de 20 à 25 degrés. 

Toutes ces observations s'appliquent à la région basse, aux côtes ; l’inté- 
rieur de ces îles n’est pas fréquenté par les Européens, et, dans un grand 
nombre d'entre elles, peu accessible à cause des populations sauvages qui 
l'habitent. 

Ce climat chaud, l'humidité constante engendrée d’une part par les pluies 
fréquentes et d'autre part par Îles nombreux ruisseaux ou même rivières 
qui descendent des montagnes, constituent les conditions les plus favorables 
à la végétation, et expliquent la vigueur, la luxuriance de la flore dont je 
pourrai tout à l'heure vous montrer en photographie quelques spécimens. 

La constitution géologique de ces îles est celle de la plupart des archi- 
pels de l'Océanie : volcanique et corallienne dans la plupart des îles ; unique- 
ment volcanique dans certaines d’entre elles; seulement corallienne dens 
d’autres, les petites surtout. Quelques-unes enfin possèdent une ossature 
de roches éruptives anciennes et peut-être même de terrains anciens ana- 
logues à ce que l'on a pu mieux étudier en Nouvelle-Calédonie. 

I est très facile à première vue, lorsqu'on est un peu habitué à ces ré- 
gions, de reconnaître, avant même d'aborder à une île, quelle est sa con- 
stitution géologique. 

Les petites îles de corail et les terrains coralliens des grandes se présentent 
toujours sous l'aspect de plateaux horizontaux, en général parfaitement 
parallèles à la surface de la mer, formant la plupart du temps des étages ou 
gradins très réguliers. 

On constate loujours quatre de ces étages de gradins. [ls peuvent être 
d’une amplitude variable, mais sont toujours bien nettement reconnais- 
sables. 

J'ai, du reste, constaté ces mêmes traces de quatre soulèvements aux îles 
Loyalty qui sont situées entre la Calédonie et les Hébrides, et en Calédonie 
même, sur la côte Est et à l’île des Pins. Mais, dans ces dernières régions, 
il semble que-les soulèvements aient une bien moins grande amplitude, 
tandis qu'ils en ont une de plus en plus considérable à mesure qu’on s'élève 
vers le Nord. 

Aux Nouvelles-Hébrides, en effet, il n’est pas rare de rencontrer des pla- 
teaux de corail à plusieurs centaines de mètres d'altitude. Dans l’île de Vaté 
ou Sandwich, il en exisle jusqu'à plus de 500 mètres, et la roche qui les 
forme est constituée par les mêmes espèces de corail et de coquilles que 
celles vivant encore actuellement à la côte. 

Les îles volcaniques ne sont pas moins faciles à reconnaître à leur aspect 
dentelé, aux pitons aigus qui les dominent. 


990 


1: 


Plusieurs possèdent encore des cratères en activité; ce sont: Tanna, 
Lopévi, Ambrym, aux Nouvelles-Hébrides ; à Vanna-Lava, archipel des 
Banks, se trouvent des sources chaudes et des geysers; Pile de Tinakula 
aux Santa-Cruz est un immense cône de scories d’une régularité parfaite, 
presque constamment en éruption. 

À Tanna, le cratère peu éloigné de la mer, et à 300 mètres environ 
d'altitude, est assez facilement accessible. Lopévi, par contre, atteint 
1,500 mètres d'altitude. C'est le sommet le plus élevé de la région; ses 
pentes sont inaccessibles. Après lui, l'île la plus haute est Aoba dont le dôme 
supérieur, ancien cratère occupé actuellement par un lac, est à 1,200 mètres. 
Les montagnes de la plupart des autres îles, sauf Vaté et Espiritu-Santo, 
n'atteignent généralement pas 1,000 mètres. 

Pour compléter cet exposé, certainement beaucoup trop rapide et trop 
résumé, Je vais faire passer sous vos yeux des photographies qui, mieux que 
toutes descriptions, pourront vous faire apprécier l'aspect enchanteur de ces 
iles et la physionomie de leurs habitants 


NotTE SUR UN MEÉDAILLON DE J.-B. Tuey 
REPRÉSENTANT LE PORTRAIT DE M. CUREAU DE LA CHauBre, 
DÉMONSTRATEUR AU JarpIN Royar (1635-1669), 


par M. E.-T. Hay. 


La petite collection spéciale que j'ai commencée depuis fort longtemps 
déjà au laboratoire d'anthropologie vient de s'enrichir d’un monument 
intéressant dont je me propose de donner un bref commentaire dans les 
lignes qui suivent. 

C’est le moulage en plâtre En fort beau médaillon de marbre blane du 
Musée de Versailles qui représente, vu de trois quarts, le buste du pre- 
mier titulaire de la vieille chaire d'anatomie du Jardin du Roi, transformée 
naguère en chaire d'anthropologie. Marin Cureau de la Chambre, né à 
Saint-Jean-d’Assi, non loin du Mans ©”, vers 1596, nommé l’un des trois 
démonstrateurs et opérateurs pharmaceutiques institués au Jardin Royal des 
plantes médicinales en mai 1635, fut chargé des démonstrations de chi- 
rurgle introduites par un second édit du mois suivant dans le nouvel en- 


() Ces photographies ont été projetées sur le tableau à la fin de la communi- 
cation de M. François. 

® Cf. R. Kerviler, Marin et Pierre Cureau de la Chambre (1596-1693); étude 
sur leur we et leurs écrits. Le Mans, 1877, br. in-8°, p. 4-5. 


— 230 — 


seignement, et demeura titulaire de cet emploi jnsqu’à sa mort survenue 
à la fin de 1669 *”, c'est-à-dire pendant plus de trente-quatre années. 

Marin Cureau de la Ghambre avait été inhumé à Saint-Eustache, au pied 
d'un des piliers de la chapelle de la Vierge, et ses enfants avaient élevé sur 
sa tombe un monument fort remarquable qui subsistait encore intact en 
1792. Ce monument, dont le célèbre cavalier Bernin avait composé le 
dessin pour son ami, l'abbé Pierre de la Chambre, fils cadet du défunt, 
était l'œuvre d’un sculpteur italien, Jean-Baptiste Tuby ou Tubi ©?, dit Le 
Romain, qui travaillait en France depuis sept ans ou environ. Désigné par 
un des agents que Colbert entretenait à Rome comme «un sujet capable de 
rendre de bons services au Roi dans ses bâtiments», 1l avait été appelé à 
Paris avant 1662, nommé pensionnaire aux Gobelins, et attaché aux tra- 
vaux des Tuileries et du Louvre, de Saint-Germain et de Versailles F). 

Bapüste, ainsi qu’on le nommait familièrement, travaillait avec la même 
adresse et le même succès le bois, la pierre et les métaux, et les Comptes 
des bätiments nous le montrent, dès 1664, occupé des travaux les plus 
variés, sculptant des scabelleaux de bois de chêne, façonnant des modèles 
de targettes pour l'appartement royal aux Tuileries, modelant des vases 
pour Versailles ou taillant des figures de pierre pour Fontainebleau. 

Au moment de la mort du vieux la Chambre, il exécute en plomb et en 
étain les sculptures de la porte du petit appartement du roi à Saint-Ger- 
main , et il vient de livrer un Apollon, des tritons et des sirènes pour deux 
des bassins de Versailles. 

Son monument de Saint-Eustache fut fort admiré, comme ses dernières 
œuvres de Versailles, et l'on citait encore cette œuvre, à la veille de la Révo- 
lution, comme un précieux morceau de sculpture. 

«Il se compose, disent Hurtaut et Magny, les derniers qui l'aient encore vu 
en place, d’un bas-relief de marbre blanc sur un fond noir, médaillon d’une 


\ 


| Jal assigne à cet événement la date du 29 décembre 1669. ( Duet. critq. , 
2° éd. 1862, p. 719). L'acte d’inhumation qu'il avait vu dans les registres de 
Saint-Eustache et dont je retrouve une copie dans les fiches Rochebilière à la Bi- 
bliothèque nationale (Ane. État civil de Paris, 1. Il, n° 2h87, ms. fr., nouv. acq. 
n° 3616 )cst ainsi formulé : «Le samedy trente uniesme decembre 1669, deffunct 
Messire Marin Cureau de la Chambre, conseiller du Roy et 1° conseiller d’Estat, 
medecin ordinaire de Sa Majesté et de Monseigneur le Chancelier, de la Grande 
Chancellerie de France, demeurant rue de Grenelle, a esté inhumé dans nostre 
Eglise, décédé le vingt neuviesme du present mois. Signé : La Chambre, Pierre 
Cureau de la Chambre, cet B. Hallé de Fretteville.» 

} L'acte d'inhumation de Tubi, publié par Jal (Duct. eritiq., 2° éd., p. 1208, 
1209) est du 10 août 1700; il était mort la veille, dit cette pièce, âgé de 65 ans. 
” Sa naissance remontait donc à 1635, ct : avait 35 ans quand ïl sculpta le médaillon 
y il est ici question. 

 Jal, Dact. critiq. 


231 — 


grande beauté, que l'lmmortalité lient dans ses mains el qui représente 
Marin Cureau de la Chambre, médecin ordinaire du Roi, et lun des qua- 
rante de l’Académie française. On lit dans un cartouche au-dessus : 


Spes illorum immortalitate plena est. 
Et plus bas : 
Martinus de la Chambre, Archiater, obiit 1669 ætaus 75" 


Ou plus exactement Mamnus pe La Caamere, AncuiaTer, oBuT 1069, 
&T. 70. | 

L'ensemble mesure 1 m. 60; il reposait sans doute sur une base où l'on 
avait gravé jadis l'épitaphe, rélablie dans la chapelle après sa réparation eñ 
1858, et ainsi rectiliée : lai repose | LE corps de Messire Mann | Cuneau 
pe LA Cuausre | mépecn onpinaRe DE S. M. | DE monseiGNeur SEeGUIER | 
CHANCELIER DE FRANGE | ET DE LA GRANDE CHANCGELLERIE | QUI DÉCÉDA | LE 29 
NovemBre © 1669 | ÂGé pe 74 ans 1/2. À Prez Dieu pour son Âue (. 

Le médaillon, haut de o m. 69, large de o m. 53, représente en fort 
relief le bonhomme la Chambre, comme lappelait Guy Patin, tel que 
Masson l'avait gravé quatre ans avant sa mort (1665) d’après un tableau 
de Mignard, aujourd'hui perdu. La tête, tournée à gauche, est vue de trois 
quarts, le visage est large, le nez fort, le menton lourd; la bouche serrée 
est ombragée d'une fine moustache, et une mouche légère dessine au-des- 
sous de la lèvre inférieure une saillie arrondie. Le médecin ordinaire du 
Roi a la perruque bouclée, la calotte ronde, le large rabat, la soutane à 
petits boutons et la robe à manches flottantes des gens de sa profession. 
L'ensemble porte bien l'empreinte de cette rentré que Guy Patin, 
dans sa lettre du 24 novembre 1669, attribuait à Cureau. «C'est un grand 
homme mélancolique, qui a beaucoup écrit et principalement des carac- 
lères des passions. » 

La gravure de Masson dont je vous présente, en même lemps que le 
médaillon de Tuby, un bel exemplaire appartenant aussi à la collection de 
notre laboratoire, a été, je le répète, le modèle dont s’est inspiré le sculp- 
teur romain. \ 

L'attitude des deux figures est absolument la même, les délails du cos- 


U) Hurtaut et Magny, Duct. lust. de la ville de Paris et de ses environs, &. IT, 
P+ 779» 1779, in-8°. 

® Cette correction du nom du mois, proposée déjà par Rochebilière dans une 
de ses fiches (n° 2486), a été adoptée par MM. Chardon et Kerviler. Elle résulte 
de la comparaison de deux lettres de Guy Patin, l’une da 23 novembre 1669, an- 
nonçant la mort imminente de la Chambre, Craie du 13 décembre suivant, con- 
tenant son oraison funebre. 

8) L'architecte de 1858 a ajouté au-dessous, en la modifiant un peu, l’ancienne 
inscription du cartouche supérieur. 


— 232 — 


tume sont identiques; toutefois l’expression du visage a quelque chose de 
plus dur et de plus sec chez Masson. 

Cette gravure mesure o m. 286 de haut sur o m. 227 de large. Le 
buste est encadré d’un ovale plat, en faible saillie. On lit dans l'angle infé- 
rieur gauche P. Mionard Romanus Pinæit, dans l'angle droit Ant. Masson 
sculpebat 1665, et au bas de la planche : 


MARIN : CVRÆVS À CAMERA CENOMAN.REGI 
A SANCTIOR.CONSIL.ET MED.ORDIN.Ætat. 70 


Cette gravure de Masson n’est pas la seule que l’on connaisse, représentant 
Cureau de Ja Chambre. Il avait, bien des années plus tôt, fait exécuter par 
Robert Nanteuil un dessin dont M. Georges Duplessis possède l'original 
et dont le célèbre graveur avait tiré une superbe planche. 

Cette pièce, dont nous possédons en très belle épreuve un premier état 
que je place aussi sous vos yeux, mesure o m. 25 de hauteur et o m.19 de 
largeur. Elle montre le buste de la Chambre entouré d’un cadre ovale à 
double moulure plate, avec l'inscription suivante courant de haut en bas et 
de gauche à droite entre les moulures : MARIN.CVRÆVS DE LA 
CHAMBRE REGI À SANCT.CONSIL.ET MEDICVS OR- 
DINARIVS,. Les armes de la Chambre, timbrées d’un casque de chevalier, 
supportent le médaillon, et l'on peut lire sur la plinthe du bas : R. Nan- 
teurl ad vivum delineabat et sculpebat. 

Ce portrait, qui ne diffère de celui de Masson que par la jeunesse relative 
du personnage et certains détails du costume plus élégant et plus soigné, 
a joui dès son apparition d’une réputation particulière. Ainsi Michel Bégon, 
le célèbre intendant de la Rochelle, en parle dans une lettre à Cabaret de 
Vil'ermont du 8 février 1689. «J'ai, dit-il, le portrait de feu M. de la 
Chambre gravé par Nanteuil, qui est très beau et à une belle épreuve.» 
Et 11 semble résulter d’autres passages de la même correspondance que le 
célèbre collectionneur en ait voulu faire le type de la galerie des Hommes il- 
lustres dont il a inspiré la publication et à laquelle Perrault a attaché son 
nom (). 

Je mentionnerai seulement, en finissant , un dernier portrait fort médiocre 
de Cureau de la Chambre, qui n’est autre que celui de Nanteuil retourné , 
et réduit, et qui fait partie d’une collection éditée plus tard par Desroches. 


MG. Duplessis, Un curieux du xvri° siècle : Michel Begon de la Rochelle; cor- 
respondance et documents inédits. Paris, Aubry, 1874, in-19, p. 25, 29-41. — 


CF. Jal, Dict. critiq. de biographie et d'histoire, v° Begon, 2° éd. 1872, p. 478. 


— 1233 — 


NOTE SUR ON EXEMPLAIRE MÂLE ADULTE 
DE MAcAGUS ARCTOIDES (1. Gzorr.) 


par E. pe Pousanques. 


Ainsi qu'il a été dit plus haut (page 225), M" Bel a récemment fait 
don à la ménagerie du Muséum d'un superbe Macaque adulte provenant 
de Siam et se rapportant à l'espèce désignée par L Geoffroy Saint-Hilaire 
sous le nom de Macacus arctoides. Ce spécimen parfaitement adulte permet 
d'établir des comparaisons fort utiles avec ceux que possédait déjà le Mu- 
séum et fournit des renseignements intéressants sur les limites de cette 
espèce encore mal connue. 

C’est en 1833 qu'ils. Geoffroy décrivit un Singe mâle adulte rapporté 

_de Cochinchine par Diard, et en donna une figure dans le Magasin de 
zoologie. Get exemplaire est resté pendant très longtemps unique dans nos 
collections. En 1884, M. Harmand, alors ministre de France au Siam, fit 
don au Muséum d’un très bel exemplaire vivant de ce même Singe, mais 
de couleur beaucoup plus foncée, et rapporta en même temps des dé- 
pouilles d'individus plus jeunes. Le Macaque que nous devons à M"° Bel 
est encore plus grand et plus fort; il est impossible, toutefois, de le sépa- 
rer du précédent, bien que ses teintes ne soient pas identiques. Tous ces 
animaux appartiennent évidemment au même type spécifique, mais 1l 
existe entre le spécimen de Diard, celui de M. Harmand et celui de 
M”° Bel des différences qui méritent d’être signalées et qui indiquent des 
races fort distinctes. 

Le M. arctoides peut être séparé du M. tibetanus (A. M. Edw.) et du 
M. speciosus (F. Cuv.) par la disposition particulière des poils du dessus de 
la tête qui, comme une coiffure séparée sur la ligne médiane, retombent 
de chaque côté formant des bandeaux qui cachent le bord supérieur des 
oreilles; le menton est garni d’une forte barbiche, et la queue, d’une 
brièveté extrême, est aplatie et presque glabre. Chez les Macacus tibelanus 
et les M. speciosus , les poils de la tête sont dirigés d’avant en arrière, les 
favoris sont très développés et la queue, quoique courte, est bien poilue. 
Cet appendice est beaucoup plus développé chez le M. vestitus (A. M. 
Edw.) qui est, en réalité, une sorte de Rhesus. 

La coloration de la face du M. arctoides est remarquable, car, le museau 
restant noir, le tour des yeux, les sourcils et la partie des joues qui con- 
fine aux pommettes est d’un rouge carminé d'autant plus intense que l'ani- 
mal est mieux portant et plus excité. Les poils des arcades sourcilières et 
de la portion médiane du front sont rares et courts. En arrière, les peaux 
nues ischiatiques et le scrotum sont lésèrement carminés. 

La robe du M. arctoides type de Diard est de teinte claire et formée de 
“longs poils plusieurs fois annelés de brun et de roux clair»; celle du spé- 


— 231 — 


cimen de M. Harmand est tout à fait sombre et d’un brun faligineux tirant 
sur le noir, sans aucune trace d’annulations. L’exemplaire de M"* Bel pré- 
sente par places cette dernière coloration, mais il a la barbiche et presque 
tous les poils des flancs d’une teinte qui rappelle celle du M. arctoides type. 
De grandes différences se remarquent également dans les dimensions du 
crâne el dans le développement du système dentaire; on peut s’en convaincre 
en examinant les mesures suivantes, prises sur la tête osseuse du M. arc- 
toides type et sur celle de l’exemplaire donné par M. Harmand. 


MESURES EN MILLIMÈTRES. 


à ADULTE. 
Type.  Harmand, 

Longueur maximum du crâne en ligne droite... 136 145 
Largeur maxinum aux arcades... ... A 91 96 
Distance entre la suture naso-frontale et l'entémnité 

des prématiaiees "ee RER 6! 70 
Longueur totale de la voûte palatine.......... 57 61 
Largeur de la voûte palatine en dehors des pre- 

MIÈTES DFÉMOlAIEES à à 4e 06 en: = RENE 3) h1,9 
Largeur de la voûte palatine en dehors des pre- 

thières Mmoldires. 228. LT Mes ENTRE EE Lo ll 
Largeur de la voûte palatine en dehors des der- 

niéees linalaires.s. Lis Scédfuatees LES : 38 33 
Écart entre la face interne des der es molaires … 2 16 
Longueur de la série des molaires supérieur PS... 08 ho 
Longueur de la dernière molaire supérieure. . sf 8 10 
Largeur de la dernière molaire supérieure. . . . 8 10 
Longueur de la série des molaires inférieures... 41 L9 
Longueur de la dernière molaire inférieure... .. 10,9 13 
Largeur de la dernière molaire inférieure. ..... 7 9 
Écart entre la face interne des dernières molaires 

inférieures. ...,.. SIMS TIRANT ET ER / 23 16 


Ces quelques mesures suflisent pour montrer que le crâne du M. are- 
loides type le cède notablement comme force à celui du spécimen de 
M. Harmand. La région masticatrice et la dentiion ont chez ce dernier une 
puissance remarquable; la longueur de la série des molaires dépasse de près 
d'un centimètre la même mesure chez l’autre, ce qui indique pour chaque 
dent un excès sensible. Les différences dans les largeurs des dents sont 
dans les mêmes proportions. De plus, on peut remarquer que leur ligne 
d'implantation présente pour chacun d'eux une courbe bien dissemblable, 
Pour les deux individus, le maximum de largeur de la voute palatine ré- 
pond aux premières molaires, mais le minimum se troave, pour le spécimen 
type, en dehors des premières prémolaires, pour l'exemplaire de M. Har- 
mand, en dehors des dernières molaires, ce qui indique que chez ce der- 
nier les dents convergent fortement en arrière et d’une manière si accentuée 
que les dernières molaires ne laissent entre elles qu'un écart de 16 mulii- 


— 235 — 


mètres, alors que celle distance est de 24 chez le premier. Il en est de 
même à la mâchoire inférieure. Le palais est relativement plus long chez 
le M. arctoides type et dépasse notablement en arrière les dernières mo- 
laires, Landis qu'il est à peine de niveau avec elles chez Pautre individu. 
Enfin les régions mastoïdiennes sont aplaties et rugueuses chez l'exemplaire 
de M. Harmand; elles sont, au contraire, globuleuses et fortement renflées 
chez le spécimen de Diard. 


SUR LES VARIATIONS DE PELAGE 
pu Purorius AuRIVENTER (Hopcson) pu Sup DE LA Cuins, 


par M. KE. Trougssarr. 


On sait que la Belette et l'Hermine d'Europe deviennent, pendant lhi- 
ver, la première entièrement blanche, la seconde blanche en conservant 
l'extrémité de la queue noire. Les petites espèces du genre Putorius (Guvier) 
qui remplacent ces deux espèces dans les régions montagneuses du Sud- 
Est de l'Asie, et qui s'élèvent, dans la chaîne de l'Himalaya, jusqu'à la 
limite des neiges éternelles, ne semblent pas subir un changement de pe- 
lage aussi marqué. Cependant elles présentent, dans leurs teintes, des va- 
riations considérables et qui pourraient induire en erreur, en faisant croire 
à l’existence de plusieurs espèces. 

Tel est le cas notamment pour le Putorius auriventer (vel «cathia») 
d’'Hodgson , espèce du Nord de FInde, à laquelle je rapporte des exemplaires 
reçus par le Muséum , en 1874, de l'abbé Armand David, et qui proviennent 
du Fou-Kien (Chine S.-E.), et d’autres spécimens envoyés plus récemment 
par M5 Biet de Ta-tsien-lou, dans le Setchouen (Chine S.-0.). 

Les premiers, qui correspondent bien à la description du Putorius auri- 
venter d'Hodgson (P. cathia, Blanford), présentent les caractères suivants : 


1. Taille d’une petite Hermine. Dessus d’un brun marron uniforme 
s'étendant sur les deux faces de la queue. Dessous du corps d’un jaune 
orangé, celte teinte neltement séparée de la couleur foncée du dos. La partie 
externe des pattes jusqu'aux doigts est de la couleur foncée du dos. La lèvre 
supérieure et la mâchoire inférieure sont blanches. La queue est assez louf- 
fue, unicolore. — Les deux spécimens que possède le Muséum présentent 
les dimensions suivantes : tête et corps, 270 et 290 millimètres; queue 
(sans la touffe terminale), 130 et 160 millimètres; pied postérieur (sans 
les ongles), 45 millimètres. 

Habitat : Koaten, dans le Fou-Kien occidental (A. David, 1874). 

Je considère ces deux exemplaires eomme représentant le pelage d’été de 
l'espèce. — Le pelage que je vais décrire, d’après les spécimens du Set- 
chouen, représenterait au contraire le pelage d'hiver, que J'avais considéré 


— 236 — 


d’abord comme assez distinct pour caractériser une espèce ou race particu- 


lière (P. dorsalis) : 


2. Taille un peu supérieure à celle de la Belette. Dessus brun clair pas- 
sant au gris fauve sur les flancs avec une ligne dorsale étroite (de 5 milli- 
mètres environ) d’un brun foncé, s’étalant sur le museau qu’elle recouvre 
en enter. Dessous d’un jaune orangé, plus vif à la gorge. Ces teintes se 
Jondent insensiblement de manière qu’il n’y a pas de démarcation bien nette 
entre le brun du dos et le gris des flancs, pas plus qu'entre ce gris et le 
jaune du ventre. Les lèvres et les pattes sont grises avec les doigts blancs ; 
la partie externe des quatre membres est d’un gris foncé. La queue est peu 
touffue, unicolore. — Tête et corps, 230 millimètres; queue, 120 milli- 
mètres ; pied postérieur, 30 millimètres. — Habitat : Ta-tsien-lou (Set- 
chouen). 


Des trois exemplaires envoyés par ME Biet, un seul correspond à la des- 
cription qui précède. Le second se rapproche déjà plus du Putorius auri- 
venter : le dos est d’un brun uniforme sans ligne dorsale distincte, mais les 
pieds sont blancs, la taille est un peu plus forte. Le troisième, qui est un 
jeune, ressemble au second par la couleur du dos, mais présente un peu de 
jaune sur la face externe des pattes. Ces deux derniers spécimens ne per- 
mettent pas de séparer le premier du P. auriventer type, dont la taille est 
assez variable (Blanford ). 

Ces changements de pelage, si différents de ceux qui caractérisent les 
Belettes et les Hermines de notre pays, rappellent ceux que présentent les 
Écureuils sud- -asiatiques, notamment les Sciurus caniceps et Sc. Prevostu, 
variations sur lesquelles M. À. Milne Edwards a appelé précédemment 
l'attention des naturalistes ”, et qui avaient fait multiplier outre mesure 
le nombre des espèces de la sous-région Indo-Chinoise, appartenant au 
genre Scturus. 

Relativement à la distribution géographique du Putorius auriventer 
(Hodgs), on voit que cette espèce s'étend vers l'Est beaucoup plus loin qu'on 
ne l’a supposé jusqu'ici. Hodgson la donne comme habitant le Népaul et le 
Boutan. Blanford (Mammals of British India) dit qu'elle habite toute la 
chaîne des monts Himalaya, s'étendant à l'Ouest jusqu'à Mussoorie ; on la 
trouve aussi dans l’Assam et les monts Khasiah. MF° Biet l'a trouvée dans 
le Setchouen , à l'est des monts Yun-Ling, et l'abbé A. David beaucoup plus 
à l’est encore, dans les hautes montagnes du Fou-Kien, province maritime 
de la Chine orientale, en face de Formose. On peut s'attendre à la retrouver 
dans le massif montagneux qui occupe le centre de cette grande île. 


) À. Mune Énuans, Note sur l’Écureuil Jerrugineux (Bull. Soc. Phil, 1877, 
p. ei et Recherches sur les Mammifères (1868-1872). 


Sur LiNcuBATION DES Casoars Emeus 4 La Ménacenie ou Muséum 


par M. À. Mune Enwanps. 


Les Émeus de la Ménagerie ont commencé leur ponte au mois de janvier, 
et c'est le 23 du même mois que le mâle, après avoir disposé son nid dans 
une cabane toujours ouverte, s'est occupé des soins de lincubation ©, A 
partir de ce moment, la température s’est maintenue très basse et, pendant 
le mois de février, la gelée a été continuelle, le thermomètre est descendu 
plusieurs fois au-dessous de 13 degrés. Le commencement de mars n'a pas 
élé plus chaud et, malgré ces conditions anormales , l'Émeu n’a pas quitté 
ses œufs, ne prenant presque aucune nourriture et gardant une immobilité à 
peu près complète, Néanmoins l’éclosion s’est faite dans les délais ordinaires 
el quatre jeunes ont brisé leur coquille du 19 au 23 mars ©. Le mâle en a 
pris le plus grand soin, ne les laissant sortir de ses plumes que quand la 
température s’adoucissail . Cette éducation faite dans des conditions 
aussi défavorables montre quelle est la force de résistance de ces grands 
oiseaux australiens. 

Au même moment, trois jeunes Émeus nés en 1894 sont restés sans abri 
et, souvent le matin, leur dos était couvert de neige ; ils aimaïent coucher 
en plein air sur le sol, et il a été impossible de les contraindre à rentrer le 
soir dans leur cabane ; ils n’ont cependant pas souffert du froid et aucun 
d'eux n’a été malade ; ils ont aujourd’hui la taille des Émeus adultes. 


SUR LE NERF DE LA VOIX CHEZ LES OISEAUX, 


par M. V. THÉBauLr. 


Depuis les travaux de Longet et de Claude Bernard, on admet que le 
larynx est innervé par le nerf récurrent. Ce fait, démontré chez les Mammi- 
fères, a été mis en doute chez les Oiseaux par Couvreur en 1892. 

De même que cet auteur, il nous a été permis de voir sur deux Choucas 
(Corvus monedula) que le syrinx reçoit ses nerfs du grand hypoglosse par 
l'intermédiaire ae deux filets, dont l’un, supérieur, descend le long du 
muscle long trachéal et se rend à un ganglion situé un peu au-dessus du 
syrinx. L'autre, qui se détache du nerf de la xn° paire au moment où il 
croise le pneumogastrique, se porte sur le côté de ce tronc nerveux, vers 
le milieu du cou, s'en détache et rejoint le ganglion syringien, duquel 


() Cet Oiseau est né à la Ménagerie en 1870, il est facilement reconnaissable à 
l'un de ses doigts luxé de naissance. 

@) Deux œufs étaient clairs. 

6) Des photographies projetées au tableau permettent de suivre les progrès ra- 
pides du développement de ces jeunes Émeus. 


— 938 — 


partent des filets qui s’'anatomosent en plexus dans l'épaisseur des muscles sy- 
ringiens. Le grand hypoglosse se renfle au moment où il croise le vague et 
reçoit de ce dernier un filet nerveux qui naît au niveau du ganglion plexiforme. 

Des dispositions analogues ont été observées chez Sturnus vulraris et 
Gallinula chloropus. Quelle est la part du spinal dans cette disposition ? C’est 
ce que montreront les recherches ultérieures. Le nerf recurrent remonte se 
jeter dans la 1x° paire. | 


On peut à l'heure actuelle conclure que chez les Oiseaux : : 


1° Le syrinx n’est jamais innerve par le nerf récurrent, mais par le grand 
hypoglosse qui s’y rend par deux voies : supérieure el inferieure, qui se réu- 
nissent à un même ganghon duquel se détache un plexus (n. inférieur, gan- 
glion et plexus syringiens que nous signalons pour la première fois). 

2° Le nerf spinal — sauf réserve — ne prend pas part à la formation de 
la voix ; | 


3° Le nerf récurrent est une branche anastomotique du olossopharyngien. 


Sur un Luvarus impERrALIS, RAFINESQUE, 
VENANT DES CÔTES DU FINISTÈRE. 


PAR M. L. VaiLLanr. 


Ce curieux Scombéroïde , d’après les renseignements fournis par M" Dey- 
rolle-Guillou , à la générosité de laquelle nous sommes redevables de cet 
objet précieux, a élé pris dans des filets tramails très près de la côte, aux 
environs de Concarneau. [l mesure 1 m. 13 de longueur totale, sur o m. 35 
de large et om. 20 d'épaisseur. La couleur était grise et bleuâlre ardoisé 


Luvarus imperialis, Rafinesque. 


(D'après une photographie communiquée par M”*° Deyrolle-Guillou.) 


sur le dos, argentée sur les flanes et le ventre, avec quelques teintes rosées 
sur la tête et les opercules; la caudale et les pectorales d’un rouge brillant. 

Bien que des eaux françaises, ce Poisson est une espèce des plus rares 
et n'est signalé que dans un très petit nombre de collections. Le Muséum ne 


— 239 — 


lé possédait pas encore; dans le Catalogue de M. Günther, il n'est pas indiqué 
comme existant au British Museum , et c'est à Gênes que M. E, Moreau , lors 
de la publication de son ouvrage sur les Poissons de France, a dû se rendre 
pour en étudier un spécimen. 

La localité de ce nouvel exemplaire est également intéressante à noter. 
- Signalé en premier lieu de Sicile par Rafinesque, indiqué par Risso de 
Nice, le Luvarus imperialis est avant tout un Poisson méditerranéen; les 
rapports connus entre les faunes font comprendre que Lowe l'ait trouvé 
à Madère, mais il devient plus étonnant de le voir dans le golfe de Gas- 
cogne. Déjà, en 1826, on en avait capturé à l’île de Ré un individu long de 
k pieds et demi (1 m.46), pesant 130 livres, dont un nommé Journal 
Rouquet, employé des douanes de cette île, envoya à Valenciennes une 
excellente description, qui ne laisse aucun doute sur identité spécifique. 
Depuis il ne paraissait pas avoir été de nouveau signalé dans ces régions. 
Comment expliquer cette rareté singulière sur tous les points où la pré- 
sence du Luvarus a été signalée ? Le facies de ce Scombéroïde, le développe- 
ment de ses nageoires pectorales et caudale, qui indiquent un puissant 
nageur, ne portent guère à penser que ce soit un poisson des grands fonds. 
Il a plutôt l'aspect pélagique et l’on peut admettre qu'habitant la haute mer. 
c’est par accident qu'il se rapproche des rivages. 


Dracwoses DE MoLLusQuES Nouveaux , 
PROVENANT Du voyAGe DE M. Dicuer EN Basse-CaztroRNIE, 


PAR LE DOCTEUR À.-T. DE ROCHEBRUNE. 


Le 26 mars dernier, en venant communiquer le résultat de notre étude 
sur les Moflusques rapportés par M. Diguet de son voyage en Basse-Cali- 
fornie , nous signalions quatorze formes nouvelles; depuis cette époque, un 
dernier envoi de M. Diguet et un nouvel examen de ses collections nous 
ont fourni un nombre de nouveautés plus considérable que celui précé- 
demment énoncé; M. J. Mabille et moi, nous étant partagé le travail, nous 
fui laissons le soin de publier un mémoire d'ensemble, nous bornant à don- 
ner aujourd'hui les diagnoses des Mollusques nus et de quelques-uns des 
Lamellibranches qui nous ont paru les plus intéressants. 


NUDIBRANCHES. 
Doris umbrella. 


D. — Corpus depressum, evatum, tenué; pallio latissimo, ovato, coriaceo, 
tenuissimo, marginibus undulalis, complanatis, antice posticeque emarginato ; 
undique minutissime tuberculato, tuberculis irregularibus, granulatis; pede an- 


f 


a | 


gustato, marginatim undulato; ostio tentaculorum, branchiarumque, substel- 
lato; superne griseo luteum, violaceo maculatum, maculis nebulosis regulariter 
dispositis; inferne albo, puncticulis violaceis ornato. 


Long. 0,037 mm. — Latit. 0,024 mm. — Crass. 0,007 mm. — Hab. Mopote, 
Baie de la Paz. 


Voisin du Doris punctuolata d'Orb. (Voy. Am. Mer. Moll., pl. XVLI, fig. 4, 
5, 6),1l s'en distingue : par son corps aplati et non épais ; par les bords de 
son manteau droits et non ondulés ; par ses petits tubercules de grosseurs 
diverses, finement granulés, et non égaux, arrondis et lisses; par son pied 
étroit et non élarp1, et par son mode de coloration. 


Pleurobranchus Digueti. 


P. — Corpus rotundato ovatum, lurgidum; pallio ovato, antice subtruncato, 
marginibus undatis, latis; pede subanguslo, circulariter crenulato; regione buc- 
cali proboscidea; tentaculis duobus, rotundatis canaliculalis; branchïis subabscon- 
ditis; superne miniaceum; inferne albo luteum. 


Long. 0,023 mm. — Latit. 0,016 mm. — Crass. 0,013 mm. — Hab. Mogote, 
Baie de la Paz. 


Diffère du Pleurobranchus Patagonicus d'Orb. (Voy. Am. Mer. Moll., 
pl. XVIL, fig. 4 et 5) par son corps ovale, arrondi, et non quadrilatère; 
par son pied étroit, ne dépassant pas les autres parties du corps; par sa 
tête proboscidiforme et non arrondie ; par ses tentacules ronds, non apla- 
tis; par ses branchies en partie cachées, ne dépassant pas les bords du 
manteau, et par sa coloration. 


LAMELLIBRANCHES. 


Avicula Vivesi. > 


À. — Testa oblique ovato rotundata, solida ; auriculis inæqualibus, antica ab- 
breviata contorla, postica subelongata, lata: valvis inæqualibus, concentrice la- 
mellosis, lamellis imbricalis, laciniatis; umbonibus crassis, postice inversis; extus 
sordide viridula, fusco nigroque marmorata; intus nitidissima, cœruleo purpu- 
reoque iridescente; passim margaritifera. 

Long. 0,142 mm. Latit. 0,123 mm. — Crass. 0,059 mm. — Hab. Presque 
uniquement dans la partie Nord du golfe, à partir de 27 degrés. 


D’après M. Diguet (Bull. Soc. cent. agr. de France, t. VIT, s° série, n° 1 
et2, 1895, p. 3 et 5), «cette Avicule se rencontrait autrefois en vastes 
bancs; depuis nombre d'années, on ne la rencontre plus qu'à l'état isolé». 

À la prière de M. Diguet, nous dédions cette forme à M. Gaston Vives, 
qui s'occupe avec succès de la culture des coquilles perhières, notamment 
dans les lagunes de l’île de San Jose un peu au Nord de la Baie de la 


Paz. 


Ce CET mé 


Elle nous paraît différer complètement de toutes les Avicules avec les- 
quelles nous l'avons comparée. 


Ostren Jacobon. 


O. — Testa sublibera, apice inferiori tantummodo adherens; crassiuscula sub- 
rotundata, complanata, ad marginem plicalo crenata; umbonibus reclis, abbre- 
viatis, pyramidatis; ligamento elongato, subangustalo, longe arcuato; valvis sub- 
æqualibus, transverse nodoso undulatis et radialim late plicalo costatis, plicis 
irregularibus, obscure squamatis, obtusis, interruplis; impressione subcentrali, 
rotundate evato; extus violacea et sordide luteo tincta; intus albonitida, vel cereo 
subpurpureoque peruncta; fuscoviolaceo late marginata. 

Long. 0.176 mm. — Latit. 0,168 mm. — Grass. 0,04 omm. — Hab. Îles de la 
Baie de la Paz. 


Cette forme semble se rapprocher au premier abord de l'Ostra Sinensis 
Gmel. (Rev. Conchol., pl. IL, fig. 5), mais elle s’en différencie : par ses 
valves presque semblables et non inégales, comme dans l'O. Sinensis, chez 
laquelle la valve inférieure lamelleuse est largement auriculée; par la pré- 
sence de larges côtes rayonnantes, à dos obtus et irrégulièrement mame- 
lonné; par la disposition de ses sommets; par la longueur du ligament, et 
sa coloration générale. 


Ostrea Lucasiana. 


O. — Testa solilaria, crassissima, ovala vel ovato rotundata, ad marginem un- 
dulata; umbonibus arcuatis, prominentibus, transverse sulcatis; ligamento lato, 
sinualo; valvis inæqualibus; valva inferiore plana, undique adherens, planulatim 
longitudinaliter foliacea, ponderosa; valva superiore crassa, concentrice foliaceo 
laminata, laminis latis, imbricatis, marginibus striatis; extus griseo violacea, intus 
nitida ; impressione subreniformi purpureo; marginibus lateralibus, utrinque prope 
umbonibus, denticulis conicis, crassis, subdistantibus, armalis. 

Long. 0,199 mm. — Lalit. 0,102 mm. — Crass. 0,063 mm. — Hab. à 25 mè- 
tres de profondeur entre le Cap Palmo et le Cap San-Lucas. 


Cette Huître pourrait être comparée à certains spécimens de l'Ostrea 
edulis Lin. : elle s’en distingue cependant fondamentalement : par son en- 
semble général, mais surtout par la présence de crénelures internes, dis- 
posées sur les bords antérieurs des deux valves. 


Ostrea Angelica. 


O. — Testa agprepata, plerumque irregulariter ovoideo rotundata, apice plus 
minusve altenuata, ad marginem undulato dentala; umbonibus arcuatis, ligamento 
obliquo ; valvis inæqualibus; valva inferiore here intense adherens, cir- 
culariter radiatim costata; costis crassis subangulosis; valva superiore plana, cen- 
traliter corrugata, circulariter radiatim costata, costis irregularibus, obtusis plicalis, 
plicis imbricatis latis; extus albo viridula, intus albo nitida virescente ; impressione 


Muséum. 17 


— 22 — 


subcentrali albo, trapezoïideo ; marginibus lateralibus prope umbonibus, minutissime 
denticulatis. 

Long. 0,080 mm. — Latit. 0,055 mm. — Crass. 0,023 mm. — Hab. Baie de 
Los Angeles, où elle forme des bancs d’une étendue considérable. 


Elle présente quelques rapports avec l’Ostrea auriculata Sow. (Rev... 
Conch., pl. XXV, fig. 60 c), mais s’en différencie : par ses valves non écail- 
leuses, par la disposition des côtes obtuses à plis imbriqués et non ornés 
çà et là de tubercules épineux. 


Ostrea Turturina. 


O. — Tesla aggregata, ovato elliptica, ad marginem undulata; umbonibus 
subarcualis, latis ; ligamento abbreviato, valva inferiore intense affixa, subprofunda , 
concentrice late squamala; valva superiore subplana, centraliter corrugata, cireu- 
lariter radiatim costata, costis brevibus, laminatis, laminis quadratis, imbricatis, 
fragilissimis ; extus nigro violacea; intus albo cærulea ; marginibus fascia lata, vio- 
laceo cærulea tinctis, et denticulis quadrato rotundatis, prominentibus, numerosis- 
simis, circulariter armatis; impressione lateraliter disposito. 

Long. 0,129 mm. — Latit. 0,076 mm. — Crass. 0,038 mm. —— Hab. Baie des 
iles Spiritu-Santo. 


Semble se rapprocher de l'Ostrea vitrefacta Sow (Rev. Conch., pl. XXXT, 
fig. 80, b, c), mais en diffère : par ses valves égales et non dissemblables, 
par les denticulations réparties sur toute l'étendue des bords des deux 
valves, et non sur la valve supérieure seulement, aussi par sa coloration 
d’un violet noir foncé et non jaune laminé de pourpre. 


Plicatula spondylopsis. 


P. — Testa transverse ovato rotundata, crassissima, aflixa ; valvis radiatim costato 
sulcalis, costis squamis imbricatis ornatis; marginibus intense dentatis; extus sor- 
dide lilacina, intus alba. 

Long. 0,044 mm. — Latit. 0,051 mm. — Crass. 0,026 mm. — Hab. Lagunes 
des îles de San-Jose. 


Ne peut être comparée à aucune des formes connues du même genre. 


Plicatula ostreivaga. 


P. — Testa ovata, antice anguslata, postice rotundata, depressa subfragilis; 
valvis radiatim minute costatis, squamato subtubulosis, squamis divaricatis, latera- 
literque bipartitis; marginibus irregulariter dentatis; extus pallide fusca, rufo 
rubroque passim punctato striata, intus albido cærulea. 

Long. 0,030 mm. — Latit. 0,024 mm. — Crass. 0,007 mm. — Hab. sur les 
valves de l’Ostrea Lucasiana, précédemment décrite, entre le Cap Palmo et le Cap 
San-Lucas. 


Diffère de toutes ses congénères. 


HR |. ee 


Chaman Digucti. 


C. — Testa aggregala , oblique triangularis, valva inferiore late aflixa, profunda, 
squamis brevibus imbricatis, lalis, tecta; valva superiore squamis minutis, confer. 
tissime dispositis, ornala, ad marginem crassioribus, distantibus, tubulosis, passim 
spinescentibus; albo lutea, iongitudivaliter radialim fusco roseo striolala. 

Long. 0,035 mm, — Latit. 0,017 mm. —- Crass, 0,024 mm. — {ab. Lagunes 


de l'ile de San-Jose. 


Voisine du Chama fibula (Rev. Conch., pl. V, fig. 27); en diffère princi- 
palement par la disposition des squames et son ensemble général. 


Chama parasitica. 


C. — Testa oblique rotundata, lamellosa; valva inferiore adherens, profunda, 
lamellis latis, foliaceis, divergentibus, distantibusque, quinconcialiter dispositis ; 
valva .superiore, lamellis plus minusve elongalis, divaricatis, sublubulosis, longi- 
tudinaliter striatis; extus alba, læte roseo tincta, intus albida, marginibus striolatis. 

Long. 0,052 mm. — Latit. 0,056 mm. — Grass. 0,029 mm. — Hab. Lagunes de 
Vile San-Jose, invariablement fixée sur les rameaux submergés des Rhyzophora 
mangle, Lin. 


Malgré son analogie avec le Chama macrophylla Chem. (Rev. Conch., 
pl. VIT, fig. 65), elle s’en distingue : par ses lamelles disposées en quin- 
conces , espacées et non imbriquées, par celles de la valve inférieure lisses, 
et celles de la valve supérieure striées longitudinalement. 


SUR QUELQUES ANIMAUX HABITANT LES CAVERNES DU JURA, 


par M. ArmanwD Viré. 


À la suite d’une exploration de quelques cavernes du Jura, j'ai pu me 
procurer quelques espèces caveruicoles se divisant en deux catégories : 
animaux terrestres et animaux aquatiques. 

Ces derniers sont des Crustacés, des Niphargus, je crois, et les mêmes 
sans doute qui ont été sionalés à Adelsberg en Autriche, et dans la Mam- 
moth’s Cave aux États-Unis, sous le nom de Niphargus Stygius. Vous pour- 
rez d’ailleurs voir ces échantillons, que j'ai l'honneur d'offrir au Muséum. 

Ils sont intéressants en ce sens que parmi eux on trouve différents de- 
grés d'évolution. Les uns sont complètement dépigmentés, blanchâtres, 
translucides ; d’autres sont plus opaques et présentent une teinte rosée. 

Chez les uns, l'organe visuel est encore presque normal, quoique sa cou- 
leur ait passé du noir au rouge; chez les autres, il ne consiste plus qu’en 


17: 


— 244 — 


un petit croissant rougeätre; chez d’autres enfin il est tout à fait déco- 
loré et non apparent. 

Il est évident que ces modifications ne sont pas sans amener des chan- 
œements dans la texture intime de l'œil et du nerf ophtalmique. Mais 
l'étude histologique que j'en ai entreprise n’est pas encore assez avancée 
pour que je vous en donne ici des résultats sérieux. 

Une expérience qui m'a paru bonne à faire, c’est d’essayer d’amener 
‘évolution contraire à celle qui a eu lieu dans la caverne, c’est-à-dire le 
retour au type normal. 

J'ai donc fait deux lots des Crustacés que j'ai rapportés; l’un placé à 
l'obscurité me sert de témoin et reste tel qu'il était dans la grotte. 

Quant à l’autre Je l’ai placé le 7 juin dans un bac d’eau courante, près 
d’une fenêtre où le soleil donne une partie de la journée. 

J'ai mis là des spécimens aux yeux complètement décolorés, et des spé- 
cimens aux yeux moyennement et fortement colorés. 

Dès le 22 juin, je pouvais voir apparaître des points fortement noirs au 
bout des parties amputées par accident et en voie de réparation (bouts 
des antennes et des pattes) et aussi sur quelques articles d'antennes nor- 
males. | 

Enfin le 24 juin dans l'après-midi, j'ai constaté nettement la présence de 
points noirs, fins et irréguliers sur diverses parties de la carapace. 

Ainsi donc il a sufli de quinze jours au plus pour faire réapparaître une 
partie des pigments. 

Contrairement à l'opinion admise, ces animaux ne paraissent pas avoir 
l’ouïe extrêmement développée, car je pouvais faire grand bruit autour des 
lacs où ils habitaient sans les faire fuir le moins du monde. 

Leur odorat au contraire semble beaucoup plus affiné, car ils accouraient 
de tous les points presque aussitôt que j'avais déposé dans mes filets un 
appât de viande corrompue. 

Les animaux terrestres consistent surtout en Staphylins, en Thysa- 
noures, en Cloportes décolorés, etc. 

Les Staphylins sont les plus curieux. Chez eux, plus de trace extérieure 
d'un organe visuel quelconque. Mais par contre , l'organe du tac, l'antenne, 
a acquis des dimensions anormales. Comparée à l'antenne de l'espèce nor- 
male qui vit à l’entrée de la caverne et dont la taille est double , elles sont, 
toutes proportions gardées, cinq ou six fois aussi longues et beaucoup plus 
solides, les anneaux en étant moins étranglés. 

Les poils tactiles qui les garnissent et qui garnissent aussi le corps sont 
devenus un peu plus longs et surtout plus nombreux. 

L'étude histologique n’en est pas encore commencée, mais là aussi 
certainement nous trouverons des faits dignes d'intérêt. 

BR y aurait beaucoup d'espèces encore à trouver; il y aurait surtout à 
examiner quel est le mode d'alimentation de ces animaux; quelle est la 


280 — 


faune microscopique de ces eaux, où aucune plante de grande taille ne se 
rencontre, 

C'est là une entreprise considérable, mais qu'il est possible de mener à 
bien, entreprise urgente d’ailleurs, car il ne faut pas nous dissimuler que 
si la France a tenu jadis la tête de cette science particulière avec Lucante, 
de Sauley, Abeille de Perrin et tant d’autres, nous avons depuis été large- 
ment dépassés par les naturalistes autrichiens el américains 


: 


SUR LES GLANDES SALIVAIRES DES LocusribÆ , 


par L. Borpas. 


Les glandes salivaires des Locusrinx ont été décrites en quelques lignes, 
en 1834, par Léon Dufour, qui a pris pour type de sa description l'£phip- 
pigera diurna. Les glandes de cette espèce , dit-il, sont composées de sa- 
chets blancs, ovalaires, pour la plupart agglomérés d’une manière sessile 
en très pelits paquets. Depuis cette époque, aucune étude n’a été faite sur 
les organes glandulaires de ces Insectes. 

Dans cette note, nous résumons les résultats de nos observations sur 
l'anatomie et l’histologie des glandes salivaires de quatre espèces apparte- 
nant à la famille des Locusrinæ, à savoir : Locusta viridissima, Decticus 
verruciwvorus, D. albifrons et D. apterus. — Les glandes salivaires des Locus- 
r1DÆ et principalement celles du Decticus verrucivorus sont très volumi- 
neuses, disposées en deux grappes situées dans les deux premiers seg- 
ments thoraciques et constituées par des follicules ou acini pluricellulaires 
donnant à l'organe l'aspect d’un massif compact, mamelonné et granu- 
leux. 

La région postérieure de l'organe est constituée par deux grappes dispo- 
sées symétriquement par rapport au tube digestif et situées sur les parois 
latéro-antérieures du mésothorax. Elles présentent la forme d’une petite 
masse lamelleuse mesurant de 1 millimètre à 1 mm. 5 en tous sens, à sur- 
face supérieure lévèrement concave et à bords latéraux irréguliers et par- 
fois denticulés. Les faces internes reposent sur la partie supérieure du se- 
cond ganglion thoracique. — De chaque follicule glandulaire part un 
mince canalicule excréteur cylindrique, généralement fort court, qui s’unit 
à plusieurs de ses congénères pour former un canal de second ordre, Ces 
divers canaux, en se concentrant, finissent par ne former que trois ou 


() La communication de M. Viré a été accompagnée d’une série de projections 
représentant l'entrée ou les chambres intérieures des cavernes explorées et quel- 
ques-uns des animaux qui y ont été découverts. 


— 216 — 


quatre tubes, lesquels constituent le conduit efférent de la grappe. Après 
un trajet de 3 à 5 millimètres, le canal commun arrive aux coins postéro- 
externes de la grappe antérieure ou prothoraco-céphalique , ainsi nommée à 
cause de son léver empiètement dans la région postérieure de la tête. Le 
conduit traverse la grappe sans se diviser et ne fait que recevoir des ra- 
meaux émanés latéralement des divers follicules. 

La grappe prothoraco-céphalique est de beaucoup la plus volumineuse et 
forme, à elle seule, les trois quarts de l'organe glandulaire. Elle repose, 
par sa face inférieure, sur les connectifs et le premier ganglion thoracique, 
mais elle supporte, à sa face supérieure, la portion œsophagienne du tube 
digestif. Latéralement, elle émet deux prolongements glandulaires, inter- 
posés entre les faisceaux musculaires moteurs des appendices. La face supé- 
rieure de la grappe est plane dans ses deux tiers antérieurs , mais présente 
en arrière un profond sillon qui semble la diviser en deux parties et sépare 
un appendice prismatique peu volumineux. En avant des expansions laté- 
rales existe un léger rebord recourbé, s’atténuant peu à peu et finissant 
par disparaître vers la ligne médiane. La face antérieure est arquée sur les 
côtés, plane en avant et pourvue d’un lécer sillon médian; la postérieure 
est peu étendue, rectangulaire et irrégulière. Les faces latérales sont légè- 
rement incurvées vers le bas; elles s'appuient sur de gros faisceaux muscu- 
laires etémettent deux prolongements irréguliers et cunéiformes interposés 
entre la musculature, prolongements qu'on peut considérer comme deux 
grappes secondaires latérales simplement accolées à la grappe médiane. En 
arrière, nous avons constaté l'existence d’une profonde échancrure séparant 
la grappe antérieure d’un petit massif glandulaire polygonal de la face 
antérieure duquel partent deux conduits excréteurs qui vont s'ouvrir obli- 
quement dans le canal efférent de la grappe mésothoracique. 

Les conduits afférents des glandes salivaires prennent naissance un peu en 
arrière de la région céphalique et proviennent de la fusion d’un nombre 
variable de canalicules, cinq ordinairement, dont trois proviennent du massif 
antérieur et les deux autres de la grappe mésothoracique. Ces conduits ex- 
créteurs cheminent parallèlement au-dessus des réservoirs glandulaires et 
sur le côté externe des connectifs nerveux. Ils passent au-dessous d'un arc 
chitineux, aplati dans sa partie médiane, mais bifide en avant et provenant 
d'un prolongement issu de la base des mandibules; de là, ils s'engagent 
sous les ganglions sous-æsophagiens pour pénétrer ensuite dans la muscu- 
lature du menton et dans celle de la base du labium ou lèvre inférieure. 
Arrivés en ce point, ils vont s'ouvrir, après un très court trajet, à la face 
inférieure du réservoir commun. C’est de ce dernier que partent deux longs 
appendices latéraux, réservoirs salivaires, de formes et de dimensions va- 
- riables suivant chaque espèce, mais s’écartant peu d’une forme type initiale. 
Chez le Decticus verrucivorus , ces réservoirs sont pairs, cylindriques et plus 
ou moins flexueux. Leur longueur atteint parfois 15 millimètres et chacun 


247 


d'eux s'étend, au-dessous de la museulature thoracique et du massif glan- 
* dulaire, jusque dans le mésothorax. Arrivés dans la partie antérieure de la 
tête, les deux appendices glandulaires se rapprochent l'un de l'autre et vont 
s'ouvrir dans un réservoir commun situé au-dessous de la languette, Chaque 
vésieule salivaire est cylindrique en arrière, plissée en avant, du côté in- 
terne et légèrement flexueuse. À la face inférieure du réceptacle impair mé- 
dian, viennent s'ouvrir les canaux excréteurs des glandes salivaires. Enfin , 
le réceptacle impair s’amincit et va s'ouvrir, non dans le tube digestif, mais 
à la base et au-dessous de la languette, par un orifice circulaire , en avant 
duquel existe un léger sillon longitudinal. 
Les glandes salivaires du Decticus albifrons, du D. apterus , de la Locusta 
viridissima , ete., quoique un peu différentes au point de vue morphologique 
de celles du Decticus verrucivorus, présentent néanmoins les mêmes parties. 
En résumé, les Decticus verrucivorus, comme du reste toutes les Locus- 

tidæ , sont pourvus de glandes salivaires comprenant deux grappes prinei- 
_ pales : une grappe prothoraco-céphalique très volumineuse et une grappe 
mésothoracique. Ces glandes sont composées de gros follicules ou acini ovoïdes 
et pluricellulaires. Les canaux eflérents sont pairs, parallèles et vont s'ou- 
vrir à la face inférieure d’un réceptacle commun. De ce dernier, partent la- 
téralement, dirigés en arrière, deux réservoirs cylindriques à parois parfois 
plissées. Le canal excréteur impair de la glande est très court et ne dé- 
bouche pas dans le tube digestif, mais bien à son origine. 


SUR QUELQUES BACTÉRIES ANCIENNES, 


par M. B. REwauLr. 


Bauzcus Tiecaeur. — Le Bacillus Tieghemi se rencontre dans la moelle 
de l’Arthropitus lineata , dans les tissus parenchymateux des épis d’Annularia 
stellata, contenus dans les silex d’Autun; il est assez rare et presque tou- 
Jours isolé. 

Il affecte généralement la forme de bâtonnets cylindriques arrondis aux 
deux extrémités; le contour est très net et la membrane qui le limite me- 
sure © g. ». L'intérieur du bacille est clair et l’on ne distingue aucune trace 
de protoplasma. Ses dimensions varient de 6 à 10 y en longueur, et de 2 
à 3 g. 8 en largeur. Quelquelois deux bâtonnets sont réunis côte à côte et 
paraissent comme soudés. Nous n’en avons pas rencontré qui fussent réunis 
par leurs extrémités. 

L'un des caractères importants de ce bacille est de contenir une spore 
placée vers son milieu a large de 2 a; cette spore germe, fait hernie au 
dehors et se développe en bâtonnet a’, a’ perpendiculaire au premier. Sur 


— 218 — 


un bacille dont la spore s’élait développée en bâtonnet nous avons relevé 
les mesures suivantes : longueur du baaille, 6 u. 3; largeur, 3 1; diamètre 


Fig. 1. 


A: b 


BACILLUS TIEGHEMI. 


a. Bacille contenant une spore. 
a’, a’. Bacilles plus âgés dans lesquels la spore a germé; le bâtonnet qui en 
résulte est plus ou moins développé. 
b, b'. Micrococcus Guignardi associé à une autre variété plus grande. 
ce, Membranes des cellules en partie détruites par les Bactéries. 


de la spore, 9 g; longueur du bâtonnet émis par la spore, 4 u; largeur, 2 pe. 
Ce Bacille se rencontre dans les régions complètement désorganisées. 


BACTÉRIES ANALOGUES À CELLES QUI PROVOQUENT LA CARIE DENTAIRE. 


Maicrococcus lepidophagus , B. Renault et A. Roche. 


Les Coprolithes renferment souvent des fragments d’écailles ou de plaques 
osseuses éburnées qui contiennent un nombre considérable de Bactéries, 
logées dans les canalicules de l'ivoire. Nous distinguerons par leur gran- 


deur et leur groupement les quatre variétés suivantes : 


Macrococcus lepidophagus, var. a. 
Globules sphériques, mesurant 0 u. 4, difficiles à voir et formant des 
amas nuageux ou des chaînettes linéaires. 


— 219 


M. lepidophagus, var. g. 
Globules sphériques, de couleur foncée, groupés en ligne droite par à 
ou 3, mesurant o . 8 de diamètre. 


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FRAGMENT DE PLAQUE ÉBURNÉE COUPÉE. PARALLÈLEMENT AUX CELLULES DE L'IVOIRE. 


a. Canalicules occupés par la variété a. 
b. Canalicules renfermant les variétés b et p. 
c. Canalicules envahis par la variété c. 


M. lepidophagus, var. b. 
Globules sphériques, non disposés en chaïînettes, mesurant 1 s.2 de 
diamètre. 


M. lepidophagus, var. c. 


Globules sphériques, contenu transparent sans granulation, non dis- 
posés en chaïînettes, mesurant 3 . 2. Ces Microcoques n’agissaient que suc- 
cessivement, les petits pénétraient d’abord dans les canalicules , les autres y 
entraient ensuile quand la cavité était suffisamment agrandie. 

Sur la figure 3 on voit des fragments d’écailles, a, a, coupés dans leur 
épaisseur ; la figure 4 en montre un plus grossi dans lequel on distingue des 
sortes de canaux dirigés suivant le contour de lécaille &, b, remplis d’un 
nombre considérable de Microcoques et de Bacilles. 

Les microcoques mesurent suivant leur diamètre 3 1. 3,1u.5etou.5, 


_ par conséquent peuvent être rapportés à trois des variétés de M. lepido- 


Phagus cités, les variétés c, b et a. Les canalicules de l’ivoire ayant été 
largement agrandis, les trois variétés s’y trouvent réunies; mais on y ren- 


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De): 


FRAGMENTS D'ÉCAILLES CONTENUS DANS UN COPROLITHE D'IGORNAY. 


a. Sillons creusés par les Microcoques. 


Fig. 4. 


PorTION DE LA FIGURE PRÉCÉDENTE PLUS GROSSIE. 


a, b. Sillons dans lesquels on voit des Microcoques et des Bacilles réunis. 


contre en outre un grand nombre de Bacilles, qui se présentent sous la 
forme de bâtonnets rectilignes, cylindriques, arrondis aux extrémités, longs 


“ 


de 4 x. a à 5 y. 2; leur diamètre varie de 0 y. 7 à 1 pm; on ne voit aucune 
division à l'intérieur ; ils sont isolés, rarement on en trouve qui soient réunis 
par deux. On remarque, en outre, des bactéries longues de 4 y et larges de 
3 p, que l'on pourrait être tenté de prendre pour des Bacilles presque aussi 
larges que longs , mais que nous pensons être plutôt des Microcoques de 
la variété e ayant pris une forme ellipsoïdale avant de se diviser. Nous avons 
désigné le Bacille précédent sous le nom de Bacillus lepidophagus. 

 L'altération présentée par les plaques osseuses est très variable dans le 
même coprolithe ; tantôt on y distingue encore les ostéoplastes , les cellules 
de l’ivoire qui les recouvre; tantôt toute organisation a disparu. La masse 


FRAGMENT DE PLAQUE OSSEUSE ENVAHIE PAR LES BacTÉRiss. 


a. Cavités ayant contenu des vaisseaux sanguins ramifiés. 
b. Un canal sanguin. 
c, d. Régions désorganisées remplies de bactéries. 


plus ou moins homogène qui s’est formée fig. 5 ne laisse voir que la place 
occupée par les vaisseaux sanguins et fortement colorée en noir. C’est dans 
les régions désorganisées qu'outre les Bactéries citées précédemment, 
nous avons rencontré le B. lepidophagus arcuatus. C'est un Bacille qui me- 
sure À p environ entre ses deux extrémités; la flèche de la courbure est de 
2 ., el son diamètre atteint à peine 1 p. 4. Quelquefois deux articles restent 
soudés, et, comme les courbures sont de sens contraire, ils simulent un 
Bacille de longueur double recourbé en S, e, fig. 6, ou en spirille. 

Müller a décrit, comme causant la carie des dents, trois Microcoques et 
deux Bacilles, dont l’un en virgule. 


— 252 — 


MM. Galippe et Vignal y ont rencontré cinq Bacilles de tailles diverses 
et un Microcoque. 
Fig. 6. 


PorTiON DE LA FIGURE PRÉCÉDENTE PLUS GROSSIE. 


a. Micrococcus lepidophagus divers. 

b. Microcoque en voie de division. 

ce. Bacillus lepidophagus. 

d. B. lepidophagus arcuatus. 

e. Forme en spirille ou en S du même. 


I serait facile de trouver, parmi les espèces décrites par ces auteurs, des 
Bactéries se rapprochant par la taille et la forme des Bactéries fossiles 
. signalées plus haut, mais, comme :il serait impossible d'établir l'identité 
d'espèces qui ont vécu à des époques aussi éloignées les unes des autres, 
nous nous bornerons à constater ce fait curieux : que la destruction des os, 
des plaques d'ivoire et des dents, aux temps primaires, s’effectuait par le 
travail de Microcoques et de Bacilles, dont la forme et les dimensions se 
rapprochent d’une facon remarquable de celles des Bactéries qui, de nos 
Jours, sont la cause de la carie des os et des dents. 


LE nouveau monTace Du MEGATRERIUM, 
par M. ALBERT GaAupry. 
J'ai l'honneur de prévenir ceux d’entre vous qui s'intéressent à l'étude 
P 


du vieux monde que nous venons d'achever le nouveau montage du squelette 
du Mepatherium Cuvieri. Ge squelette est une de nos plus belles pièces du 


Si US 2 


Muséum. I a été monté, il y a plusieurs années, par le savant docteur Sé- 
néchal avec des os que Seguin a recueillis dans les pampas de la province 
de Santa-Fé. L'animal a été posé sur ses quatre pattes. Cet Édenté gigan- 
tesque devait avoir une allure singulière, comme les Fourmiliers actuels; il 
marchait sur le bord externe de ses pattes, ployant obliquement ses pha- 
langes, de manière à appuyer le dessus de ses ongles énormes sur le sol. 
Cette disposition est favorable non pour marcher, mais pour grimper. Nul 
ne supposera que le Megatherium montât dans les arbres; quels arbres 
auraient été capables de porter une si pesante créature ! Mais il est naturel 
de croire que souvent il prenait ses points d'appui sur son puissant {rain 
de derrière, et se dressait contre les arbres, les embrassant avec ses paltes 
de devant pour dévorer leurs fruits et leur feuillage. Nous avons pensé qu'il 
serait curieux de représenter notre Mégatherium ainsi dressé sur ses pattes 
de derrière, s'appuyant sur un arbre. Sa bouche est à 3 m. 15 au-dessus 
du sol ; elle pouvait facilement atteindre à 3 m. 50 de hauteur. 

Ce nouveau montage a coûté beaucoup de peine à mes habiles et dévoués 
collaborateurs; nos os fossiles sont parfois tellement lourds et à la fois si 
fragiles que leur montage offre des difficultés dont il est impossible de se 
rendre compte, si l’on ne les a pas maniés soi-même. Nous espérons que 
notre Mégatherium sera d'un grand effet dans la future galerie de paléon- 
tologie, et nous serons très charmés de vous le montrer dès maintenant, si 
vous voulez lui faire une visite. 


SUR L'INJECTION D ALCOOL ÉTHYLIQUE 
DANS L’ESTOMAC ET DANS LE SANG VEINEUX, 


PAR M. N. GRÉHANT. 


Je me suis proposé d’abord de doser l'alcool dans le sang artériel après 
l'introduction dans l'estomac d’un volume donné d'alcool et de rechercher 
comment varie dans les heures successives la proportion de l’alcool dans le 
sang. 


1° Chez un Chien du poids de 7 kilog. 5 J'ai introduit, à l’aide d’une 
sonde œsophagienne et d’un entonnoir, 29 centimètres cubes d’alcool absolu 
mélangé avec de l’eau pour faire 200 centimètres cubes de liquide. Ce vo- 
lume d’alcool représente en poids à peu près 1/25 du poids du sang de 
l'animal, qui, d’après les résultats que j'ai obtenus autrefois avec mon re- 
gretté collaborateur Quinquaud, s'élève à 1/13 du poids du corps. Une 
heure après l'injection, j'ai aspiré dans l'artère carotide 30 centimètres 
cubes de sang artériel qui a été distillé dans le vide à l’aide de la pompe à 
mercure; en une demi- heure environ le sang maintenu à une température 
de 6o degrés est presque desséché ; la densité du liquide distillé prise par 


— 254 — 


rapport à l'eau pure à la même température a été trouvée égale à 0,9987 ; 
deux heures après, une seconde prise de sang a donné 0,9985; trois heures 
après, on a trouvé 0,9987. Ges nombres oblenus par la méthode du flacon 
sont identiques et démontrent qu'après l'injection dans l'estomac d’un vo- 
lume assez considérable d'alcool, qui a déterminé une ivresse profonde, la 
proportion de ce corps dans le sang reste petite et constante. 


2° Une autre série d'expériences a consisté à injecter l'alcool non pas 
dans l'estomac mais directement dans la veine jugulaire ou dans le sang; 
l'injection doit être faite très lentement à l’aide d’une pipette graduée mu- 
nie d’un robinet supérieur et d’un caoutchouc servant à fixer un ajutage 
qui est uni à la canule fixée dans la veine; une pince de Mohr placée sur le 
caoutchouc permet l'injection du liquide qui peut durer une heure. 

Chez un Chien du poids de 16 kilogrammes, j'ai injecté 300 centimètres 
cubes de liquide renfermant 62,4 d'alcool absolu : 

L'artère carotide ayant été isolée et un tube métallique ayant été fixé 
dans ce vaisseau, j'ai fait une série de prises -de sang qui ont été distillées 
dans le vide et qui ont fourni les résultats suivants : 


DENSITÉS. 
5 ,miputes après l'isjectiqu. 0 se Lite EE SE 0,9989 
1 heure ue PCR de de DNS CAES 0,9989 
k heures A Re re « 0,9986 
5 heures Se 0 Le Nate PES ed RENE CEE 0,9987 
6 heures Go 2/00 LA OU no da PERRET MOMEMERN ES 0,9988 
7 heures = ete oh Leurs ae 0,9987 
8 heures RE PR LATE EEE RE RS, à 0,9988 


On voit donc, et c’est un résultat qu'il aurait été impossible de prévoir, 
que l'alcool injécté dans le sang va se fixer dans les tissus au moins pen- 
dant un certain temps; le milieu intérieur conserve seulement une propor- 
tion fixe et constante qui est bien inférieure à celle que le sang contiendrait 
s'il conservait tout entier le liquide injecté. 

C’est un fait d'observation que les alcooliques éliminent par les poumons 
de l'alcool en vapeur; Perrin, Lallemand et Duroy ont démontré l’élimi- 
nation cutanée et pulmonaire chez le Chien. Il est très facile de renouveler 
cette démonstration par l'emploi du réactif chromique, solution d'une pe- 
tite quantité de bichromate de potasse dans l'acide sulfurique monohydraté; 
l'addition d’une solution même très étendue d’alcool dans l’eau verdit ce 
réactif. 

On place l’animal alcoolisé sous la cloche d'un gazomètre de zine qui se 
compose de deux parties : une base à rainure remplie d’eau et une cloche 
cylindrique munie de robinets; la base présente une plaque métallique 
percée d’un trou qui repose sur un bocal dans lequel on peut recueillir 
l’'urme excrétée. 


—— (20) 


A l'aide d’une trompe soufllante de Francis Gréhant, on fait circuler au- 
tour de l'animal un courant d'air continu qui entraine tous les produits ga- 
zeux de l’exhalation pulmonaire et cutanée et les conduit dans un barbo- 
teur de Gloez contenant le réactif chromique qui verdit en quelques minutes. 

Vingt-quatre heures après l'injection intra -veineuse d'alcool , on n'obtient 
plus cette réaction , et la distillation du sang ne donne que de l’eau distillée 
ne renfermant plus la moindre trace d'alcool, 


SUR L'INJECTION DE GLYCOSE DANS LE SANG VEINEUX, 
par M. N. Grénanr. 


M. le D' Butte, ancien chef du laboratoire du D' Quinquaud , a fait une 


série d'expériences d'injection de glycose dans le sang chez le Chien ; en 


injectant 4 gramme de glycose ou un poids moindre par kilogramme 
d'animal, on reconnaît que le sucre ne passe pas dans l'urine, lorsque l’in- 
jection est faite lentement, en 20 minutes par exemple. 

Mais si l’on fait pénétrer dans le sang 1 gr. 62 de glycose par kilo- 
gramme, 1 y a glycosurie, on trouve o gr. 37 de sucre éliminé par les 


‘urines ; l'injection de 2 grammes par kilogramme est suivie de l'élimination 
de ogr. 5 par les reins; enfin, si l’on injecte 10 grammes par kilogramme, 


on retrouve 4 gr. 7, près de la moitié du sucre, dans les urines. 

Ces résultats du D' Butte ont servi de base à mes recherches, dans les- 
quelles je me suis attaché surtout à doser la glycose dans le sang pendant les 
heures successives qui ont suivi l'injection d’un poids de glycose correspon- 
dant au poids d'alcool que j'avais injecté dans des expériences précédentes. 

J'ai décrit, dans le volume intitulé: Les gaz du sang (Encyclopédie des 
Aide-Mémoire de M. Léauté, membre de l'Institut), le procédé de dosage 
de la glycose par fermentation dans le vide que nous avons établi, Quin- 
quaud et moi, qui consiste à faire un extrait alcoolique du sang et à obtenir 
la fermentation du résidu repris par l'eau à l’aide de la levure de grains 
dans le vide; nous avons trouvé que 5 centigrammes de glycose pure 
donnent 11 centimètres cubes d’acide carbonique. 

88 grammes d'alcool étant à peu près Île résultat de la fermentation de 
180 grammes de glycose, j'ai injecté dans la veine jugulaire d’un chien du 
poids de 6 kilogrammes 37 gr. 6 de glycose dissoute dans 1192 centimètres 
cubes d’eau distillée ; l'injection ayant duré 43 minutes, j'ai fait dans l'ar- 
tère carotide, 5 minutes après, une première prise de 20 centimètres cubes 
de sang qui ont été introduits dans un flacon renfermant 4o centimètres 


cubes d’alcool. 


Deux autres prises de sang ont été faites 1 heure et 9 heures après la 
première. 


— 9256 — 


Les résidus des extraits alcooliques ont été introduits successivement 
dans le vide avec 60 centimètres cubes d’eau distillée et 2 grammes de 
levure ; le récipient étant immergé dans un bain d’eau maintenu à 4o de- 
ovrés par un régulateur de d’Arsonval ou de Roux, les volumes d’acide ear- 
bonique obtenus ont été très différents; ils correspondaient aux poids de 
olycose suivants : 

5 minutes après l'injection, 8 gr. 6 de glycose pour 1000 centimètres 
cubes de sang; 1 heure après, 1 gr. 85 ; 2 heures après, o gr. 36, nombres 
qui sont entre eux dans le même rapport que 24, 5,et1. 

On voit donc qu'après l'injection de glycose on n'obtient pas d'emblée 
comme avec l'alcool une proportion faible et constante dans le sang, mais 
on constate une diminution rapide de la plycose; c'est par les reins que 
ce sucre est éliminé, comme l’a démontré le D’ Butte et comme on le recon- 
naît en chauffant l'urine excrétée avec la liqueur de Fehling qui donne un 
précipité très abondant d’oxydule de cuivre. 

Je tiens à rappeler ici une expérience remarquable et classique de Claude 
Bernard qui, ayant injecté dans le sang d’un Chien une solution aqueuse de 
saccharose ou sucre de betterave, a constaté le passage constant de ce sucre 
dans l'urine; chauffée directement avec la liqueur bleue, urine ne réduit 
pas, mais on obtient une forte réduction, quand le sucre a été interverti par 
l’ébullition avec un acide ; Claude Bernard injecla chez un autre Chien une 
solution de glycose, et il n’observa point le passage dans l'urine de ce sucre 
qui est le véritable sucre alimentaire. Mais, pour réussir cette démonstra- 
tion contredite par les résultats que je viens de communiquer, 1l faut em- 
ployer des doses faibles de saccharose et de glycose ; les doses élevées que 
nous avons injectées, M. Butte et moi, sont toujours suivies d’une élimina- 
tion de la glycose par les reins, et le sang, qui est un milieu vivant, jouit de 
la propriété remarquable de maintenir et de conserver sa composition 
chimique. 


M. Pourane adresse la rectification suivante : 


Lobophora? nudariata Pouj. (Bull. Mus. Hist. Nat. 1895, n° 2) a été 
primitivement figurée dans : {llustr. of typical specimens of Lep. Het. Brit. 
Mus. 1886 sous le nom de Argidava punctata (Butl. Ann. and Mag. Nat. His- 
tory, ser. b, 1880), puis décrite et figurée à nouveau d’une façon plus 
exacte par Hampson, The fauna of British India; Moths, vol. IT, p. 335, 
f. 164 (1895) qui l'a mise dans le genre Naxia Hamps. 


En conséquence, cette espèce devra être nommée : 


Naxidia punctata Butl. = Lobophora? nudariata Pou]. 


BULLETIN 


DU 


MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE 


———— 


ANNÉE 1895. — N° 7. 


De 


7" RÉUNION DES NATURALISTES DU MUSEUM. 


26 NOVEMBRE 1899. 


PRÉSIDENCE DE M. MILNE EDWARDS, 


DIRECTEUR DU MUSÉUM. 


M. Le Présinenr dépose sur le bureau le 6° fascicule du Bulletin 
paru le 30 juillet et contenant les communications faites dans la 
séance précédente. 


Il annonce que l’Assemblée des Professeurs, afin de reconnaitre 
les services rendus au Muséum par M. E. Cuuexce, ingénieur en 
chef des mines, l'a nommé Correspondant du Muséum. 


M. E. L. Bouvier, sous-directeur du Laboratoire de Zoologie 
anatomique à l'École Pratique des Hautes Études a été nommé 
Professeur d'Entomologie, par décret du 27 juin 1895, en rem- 
placement de M. E. Mu admis à faire valoir ses droits à 
la retraite. 


Une cage extérieure, destinée aux Tigres, a été construite 
dans la Ménagerie et elle est occupée par ces animaux depuis le 


1h juillet. 


L'Exposition zoologique, botanique et géologique de Madagascar 
a été inaugurée le 6 juin sous la présidence de M. le Ministre de 
l'instruction publique, des Beaux-arts et des Cultes. Elle est restée 


Muséuw. 18 


— 258 — 


ouverte au public depuis cette époque et elle a déjà été visitée par 
120,000 personnes. 


Des conférences spéciales sur l'histoire naturelle de Madagascar 
ont été faites dans le grand amphithéätre, afin de servir de com- 
plément à cette exposition; elles ont eu lieu dans l’ordre suivant : 


Le dimanche 30 juin... Les animaux, par M. À. Mu Enwarns. 

Le jeudi 4 juillet...... Les races humaines, par M. E. Hamry. 

Le dimanche 7 juillet... Le sol et ses richesses minérales, par M. Stanislas 
Meunrer. 

Le jeudi 11 juillet... ... Les plantes, par M. E. Bureau. 


M. Mozrent a bien voulu se charger de l’organisation des pro- 
jections photographiques € à la lumière électrique. 1,200 personnes 
assislaient à chacune de ces conférences. 


M. ze Présinenr signale la présence, à la Réunion des Naturalistes 
du Muséum, de MM. Gosselet, doyen de la Faculté des sciences de 
Lille; Fauque, Lapicque, Diguet, Alluaud, voyageurs naturalistes ; 
Metchnikoff, chef de travaux à l’Institut Pasteur; Earle, attaché au 
Muséum d'histoire naturelle de Washington; le D' Lemoine, pro- 
fesseur honoraire à l'École de AA de EU Weber, baron 
J. de Guerne, secrétaire général de la Société d'ac 


CORRESPONDANCE. 


M. À. Pavie, ancien ministre de France à Siam, exprime ses 
regrets de ne pouvoir assister à la séance. 


M. Evouarp Branc écrit de Yakatout (Khanat de Boukhara), en 
date du 5 novembre, qu'il a expédié au Muséum plusieurs caisses 
contenant des objets d'histoire naturelle. 


M. E. Foa a envoyé de l’Afrique centrale (région des Lacs) des 
collections entomologiques et en particulier des Mouches Tzétsés 
desséchées à l'air libre et au soleil, afin de permettre de faire des 
essais d'inoculations sur les animaux domestiques. 


M. AnwanD Viré informe le Directeur qu'il a exploré plusieurs 


959 


cavernes du Doubs et du Jura et qu'il a trouvé une quinzaine d’es- 
pèces dont les organes visuels sont à divers stades de modification; 
ce sont : b espèces de Crustacés (2 Crevetlines et 3 Oniscides), 
a Thysanoures, 2 Arachnides, 1 Acarien, 1 Mollusque Gastéro- 
pode, 1 Ver nématode, 1 Lombricien qui vit nombreux à Baume, 
à 1/2 kilomètre de l'entrée, 2 Mouches dont les larves sont abon- 
dantes dans le guano de Ghauves-Souris. 


M. L. Buse, lieutenant de vaisseau, commandant laviso «la 
Cigogne» annonce de Libreville l'envoi d'une Guenon Mandrill 
(Enege en Pahouin), d'un grand Rat, Cricetomys, gambianus (N'Tore 
en Gabonais, Au en Pahouin) et d'un Crocodile de vase (Ogrombé 


en Gabonais et N° Kom en Pahouin). Le Cricetomys qui atteint la 


taille d’un Chat, est friand de noix de Palmes; ce qui l'a fait dé- 
signer dans le pays sous le nom de Rat palmiste, il mange aussi 
volontiers le Manioc, l’Arachide, tous les fruits et même la viande. 
Il creuse dans le sol à environ 60 centimètres de profondeur une 
galerie d’une longueur de 3 mètres qui aboutit à un carrefour; sur 
ce carrefour s'ouvrent plusieurs galeries sans issue dans lesquelles 
il se lient pendant la journée, car 1l est nocturne. Il n'habite 
jamais deux jours de suite le même gite, mais, en démolissant le 
terrier, le chasseur sait exactement où le trouver, le cul-de-sac qu'il 
habite étant fermé par les résidus des fruits qu'il a mangés ou même 
par des cailloux, sur une épaisseur de près de 10 centimètres. Ce 
Rongeur est bon à manger et s'apprivoise facilement. 


M. Jauss PLÉ, capitaine au 6° régiment d'infanterie de marine, 
chargé de la délimitation du Dahomey, offre de recueillir pendant 
son voyage des collections pour le Muséum. 


Le Prince Henri D'OrLÉANS, dans une lettre datée de Tali-fou, 
2 juin 1899, donne les détails suivants : 


Vous verrez dans une lettre que jai éerite à M. Maunoir un compte 
rendu de notre voyage jusqu'ici. Nous avons assez bien rempli le but que 
nous nous proposions. Un arrêt à Tali pour nous reposer et engager de 
nouveaux hommes me permet d'envoyer les quelques collections que J al 
faites jusqu'ici. Au point de vue de Fhistoire naturelle, je n’ai pas réuni 
tout ce que j'aurais désiré. Les régions que nous avons parcourues n’ont 
pas une faune très riche. J'espère être plus heureux du côté de Tsékow, où 


18. 


— 260 — 


se trouve, dit-on, le fameux Singe blanc et noir dont nous a parlé MF: Biet. 
Comme Mammifères 22 peaux, la plupart plates, comprenant une dou- 
zaine d'espèces. Bien que J'ai mis souvent les pièges, je n'ai pris, en fait 
de petits Rongeurs et d’Insectivores, que quelques Rats et une Musaraigne. 
Parmi les peaux vous verrez une dépouille de Panthère noire. Elle vient de 
Muong-Lé, où ces animaux ne sont pas rares. Les Chinois déclarent que ce 
n’est pas une Panthère, mais bien un Tigre. Je ne savais pas que la variété 
Felis melas se trouvât si loin vers le Nord. À Muong-Lé (nord de la fron- 
tière du Tonkin), j'ai également vu le devant du cràne d'un Rhinocéros 
bicorne, provenant des environs. Son possesseur ne voulait me le céder qu’à 
un prix tellement exorbilant que j'ai dû renoncer à l'acheter. Dans la vallée 
du Mékong, à la hauteur de Ssemao, j'ai entendu parler d’un Mulet de 
montagne. Les cornes que j'ai vues m'ont fait penser que c'était un Nemor- 
hedus. Malheureusement 11 n’y a pas de chasseurs dans cette région. Pour 
avoir la chance bien problématique d'obtenir une dépouille de cette espèce, 
il eüt fallu attendre huit jours. Nous n'avions pas le temps de faire un 
arrêt aussi considérable. | 

Autour de Tali, des Civettes, des Loups, des Lynx, des Ailurus. Gomme 
Oiseaux, nous avons 165 exemplaires comprenant 98 espèces. Quelques- 
uns, dans les petits, me semblent intéressants. Parmi ceux que nous n'avons 
pas voulu ou pu rapporter, je signalerai : le Paon, confiné dans la vallée 
du Mékong, dans laquelle il monte assez haut, non loin de Tali; le Faisan 
ordinaire, ressemblant à celui qu'on élève chez nous; le Faisan de lady 
Ambherst, le Corbeau noir et le Corbeau à collier blanc. la Pie, le Moineau, 
trois espèces de Tourterelles, les Aigrettes, de petits Hérons et des Butors. 
Excessivement peu d'Oiseaux de proie. 

Six espèces de Poissons; une Tortue d'eau; un Serpent et un Caméléon. 

J'ai rapporté 1 19 espèces de Plantes, bien qu'après les travaux du Père 
Delavay j je n'ai guère l'espoir de rien découvrir. La flore non plus n'est 
guère variée. 

29 roches. Je n’ai rencontré des fossiles qu’une fois. ...... LIRE 

Nous nous portons bien et nous nous préparons à repartir dans une 
dizaine de jours. J'espère pouvoir, dans un mois et demi, vous envoyer un 
mot de nouvelles. 


Dans une prochaine séance, il sera rendu compte des résultats 
fournis par l'étude de la première collection qui a été envoyée par le 
prince H. d'Orléans et qui est parvenue heureusement au Muséum. 


— 261 — 


M. Cuarrawson annonce l'envoi de diverses collections sur les- 
quelles il donne les indications suivantes : 


Viorny, le 3/15 juin 189. 

J'ai l'honneur de porter à votre connaissance l’ilinéraire que la mission 
scientifique a suivi, les résultats obtenus depuis Samarkande, et la route que 
je me propose de prendre pour gagner [rkoustk et la région du Baïkal. 

De Samarkande nous avons atteint Taschkent par les steppes, et de 
même nous avons continué jusqu'à Tokmak, en recueillant tous les échan- 
lillons d'histoire naturelle pouvant être utiles à nos établissements scienti- 
liques. J'ai ensuite pénétré dans la chaîne montagneuse de lAlataou par 
la vallée du Tchou, jusque sur les bords du lac Is ik-koul, que j'ai exploré 
et d'où j'ai rapporté de nombreuses collections zoologiques et botaniques. 


Du lac Iss:k-koul jai gagné Vierny en traversant les contreforts et le prin- 


cipal massif de Kango-Ala-taou. Une abondante récolte de plantes des 
hautes montagnes est le résultat de cette excursion. 

Les collections recueillies pendant ces deux mois d'exploration, et ce, 
dans la partie la plus pauvre, comprennent 5 Moutons sauvages « Argali», 
3 Bouquelins, 2 Chevreuils, 1 Loup, des Lièvres et autres Rongeurs, Car- 
nassiers, etc. .., 260 Oiseaux, des collections d'œufs, Poissons, Reptiles, 
Insectes, ete... ; un herbier comprenant plus de 5oo espèces de plantes 
et plus de 3,000 pieds ou échantillons; en outre un crâne de Bœuf gigan- 
tesque trouvé dans les alluvions d’Aoulié-Ata. 

Je pars demain pour Kuldja, et de là par les lacs Saïram-Noor et Ebi- 
Noor, je me dirigerai sur Kolda, Alasoutoï, les bords de la rivière Salengo, 
pour terminer à Urga, où je pense arriver fin septembre. D'Urga je ga- 
gnerai [rkoustk où nous irons hiverner et d’où j'aurai l'honneur de vour 
adrescer mes collections et mon rapport sur cette partie du voyage. 


Kobdo (Chine), le 23 septembre 1895. 


J'ai l'honneur de vous annoncer que je viens de terminer heureusement 
la traversée de la chaine de l’Altaï et d’arriver à Kobdo. 

Parti de Douroulboudjine le 16 juillet, j'ai d'abord gagné les grandes 
steppes de Bouloun-Tokoï, Ouest du désert de Gobi, où existent le Chameau 
sauvage et le Cheval sauvage, ce dernier annoncé par l'explorateur russe 
le général Prjevalski. 

Malgré tous mes efforts, il m'a été impossible de voir un seul Ghameau ; 
des traces incontestées se rencontrent partout dans la région, mais, en 


cette saison, il est retiré en plein désert, au milieu des sables, à de très 


grandes distances, et il est impossible de le chasser à cette époque, à moins 
de passer des semaines à sa recherche, quelquefois sans résultat. C’est 
pendant liver que le Chameau se rapproche du lac Oulioum-Gour, où il 


— 262 — 


vit au milieu des Saxahouls (arbustes des steppes asiatiques). Les Mongols 
Kara-Kalmouks et les Kirghiz-Kelmouks le tuent à cette époque et 
mangent sa chair, qu'ils trouvent, paraît-il, bien supérieure à celle du 
Mouton, du Bœuf et du Cheval. 

Sur les bords de l’Irtich vivent quelques bandes de Chevaux sauvages, que 
j'ai vus, et dont j'ai pu recueillir 4 crânes (2 adultes et 2 jeunes) amsi 
qu'une partie du squelette, pieds de devant et un de derrière. Le Cheval 
sauvage que les Kalmouks nomment Sourtaké vit par bandes de 7, 8 jusqu’à 
15 el se tient toujours éloigné de lOnagre, qui vit dans la même région, 
mais par bandes plus nombreuses. Le Sourtaké a la tête grosse, sa taille 
est plutôt petite. le corps court, le cou également avec une forte encolure, 
la robe bai clair, la crinière de longueur moyenne et hérissée, avec un fort 
toupet sur le front, la queue longue et très fournie, des zébrures rouge- 
brunâtre aux jointures des pattes et une bande de 3 à 4 centimètres de la 
même couleur sur le dos joignant la crinière à la queue. On ne peut le 
chasser que l'hiver dans les Saxahouls du nord du lac Oulioum-Gour, ou 
dans les collines de Narin-Kara, qui protègent le lac des vents du Nord. 
L'été, il vit dans les steppes découverts, et part à de grandes distances 
du chasseur. J'expédie aujourd'hui de Kobdo mon meilleur chasseur, un 
Kirghiz-Kalmouk qui a déjà tué plusieurs de ces animaux; 1l passera l'hiver 
aux environs du lac Oulioum-Gour, chassera et préparera les peaux comme 
elles doivent l'être pour les collections et les remeltra à M. le Consul russe 
de Tchougoutchak, qui veut bien se charger de vous les faire parvenir. Ge 
Kirgluz est un homme très habile et très honnête; je compte qu’il me pro- 
curera certainement une ou plusieurs pièces de chaque espèce. Depuis Tar- 
bagataï, avec l'aide de mes deux compagnons, MM. Gay et Mangin, j'ai re- 
cueilli de nombreuses col'ections d'histoire naturelle (Mammifères, Oiseaux, 
Poissons); plus de 6oo plantes de l’Altaï, que j'aurai l'honneur de vous 
expédier d'Ürga par voie de Pékin. 

Je continue mon voyage vers Urga en pou’suivant mes études géogra- 
phiques et le relevé de la carie géologique. Maloré les grandes diflicultés 
que j'ai rencontrées dans l'Altaï, froids rigoureux, mauvais chemins qui 
ont mis hors de service la plupart de mes chameaux, tout va bien. Mes 
compagnons sont en bonne santé el pleins d’entrain. J'espère que la fin du 
voyage de cette année sera aussi fructueuse que la première. 


M. Le Baron De Müccer, qui avait fait déjà parvenir au Muséum 
d'importantes séries d'œufs d'Oiseaux d'Australie, vient d'envoyer en- 
-core une nouvelle collection oologique et un exemplaire d’une espèce 
rare de Mammifére australien, le Tarsipes rostratus Gerv. et Verr. 


— 203 — 


M. Boucan» a continué à adresser au Muséum des lots de la 
magnifique collection qu'il a offerte généreusement à cet établisse- 
ment. Ces lots, de plusieurs milliers de spécimens, comprennent les 
Oiseaux des familles suivantes : Vireonide, Certhüdæ, Süttidæ, Pa- 
ridæ, Regulidæ, Loxüde, Timeliide, Campophagide, Muscicapide , 
Hirundinidæ, Diceide, Cypselide , Caprimuloide, Podargide, Stra- 
tornithadæ, Upupide, Irrisoridæ, Columbæ. Le même naturaliste à 
fait don au Muséum d'un certain nombre de Mammifères provenant 


de la Côte d'Or (Afrique occidentale). 


Le Muséum a obtenu, par voie d'échange, du Musée de Berlin 
et de la Société zoologique de Londres, trois espèces d'Oiseaux 
extrêmement rares, savoir : 

1° Le Gymnoschizorhis Leopoldi Shell., Musophage découvert, il y 
a une quinzaine d'années, dans l'Afrique orientale allemande; 
2° l’Anthocephalus Berlepschi Salv., espèce d'Oiseau-Mouche de Co- 
lombie décrite l'an dernier; 3° le Cyanorhamphus unicolor Vig., Per- 
ruche qui habite les îles Antipodes, situées par A9°89° lat. S. et 
176°91 92° long. E., dans l'hémisphère austral. 


Il a reçu également, en don, de M. Duvercrer, de Bruges (Gi- 
ronde), à qui M. Oustalet avait communiqué divers renseignements, 
un exemplaire de la Carpophaga (Globicera) Auroræ, Pigeon de lile 
Mehetia, archipel de la Société, qui ne figurait pas encore dans 
nos Galeries. 


COMMUNICATIONS. 


———— 


Dix vuEs Du JARDIN DES PLANTES PEINTES EN 1794, 
PAR JEeAan-BapristEe HILAIRE, 


PRÉSENTÉES ET COMMENTÉES PAR M. E. T. Haur. 


M. Hamy a déjà fait allusion à cette collection de peintures provenant 
du cabinet Destailleurs (voir plus haut, p. 198) récemment entrées au 
cabinet des estampes de la Bibliothèque nationale. Il les à fait photo- 
typer à l’aide de plaques isochromatiques, qui ont laissé leur valeur 


— 264 — 


relative aux couleurs employées par l'artiste, et avant de les publier avec 
un commentaire détaillé, dans un album qui va prochainement paraître, 
il a voulu les montrer à l'assemblée dans une série de projections qu'il ac- 
compagne de quelques renseignements généraux. 

« Le peintre charmant, dit-il, dont l’habile pinceau reproduisait, il y a 
juste cent ans, les vues du vieux Jardin des Plantes que Je vous montre 
aujourd'hui, est presque un inconnu dans l’histoire de l’art, où son talent 
si délicat aurait dû cependant, semble-t-il, lui assurer une place distinguée. 
Le Louvre a récemment donné asile à deux toiles remarquables, exécutées 
par lui pour le château de Compiègne en 1781, et les savants conser- 
vateurs de nos collections nationales en sont réduits , faute de renseigne- 
ments, à inscrire au-dessous des cadres auxquels ils ont fait les honneurs 
de la cimaise, au centre de la salle française du xvr° siècle, ces indications 
vagues : 

Jeax-Bapriste HiLaiRe, VERS 1781. 


«Quelques lignes de Nagler mentionnant, d'après des sources anciennes, 
d’autres œuvres maintenant disparues, sont d’ailleurs tout ce qu'on a 
écrit sur cet arliste si injustement oublié "). 

«Ces minialures, comme les deux tableaux de Compiègne qu’elles rap- 
pellent à bien des égards, se distinguent par une exécution fort délicate, 
un coloris discret, une surprenante habileté à composer les groupes qui 
les animent. Elles se recommandent, en outre, — et c'est sur ce point qu'il 
convient d'insister plus spécialement ici, — par l'extrême fidélité des détails. 
Toul ce qui a survécu des paysages peints par Hilaire en 1794 est là 
devant nos yeux, tel qu'il en a fait jadis l’exacte copie, et nous sommes 
ainsi assurés que les choses disparues depuis lors avaient bien l'aspect sous 
lequel nous les montrent les miniatures de notre consciencieux artiste. » 

Après ce préambule, M. Hamy présente et commente les dix peintures 
de Hilaire, représentant : [. Le cabinet d’histoire naturelle, les anciens par- 
terres et le grand bassin; W. Le carré creux; UE, IV et V. L’orangerie et 
les serres de Dufay; VI. L'école de botanique; VIT. Le jardin des semis ; 
VELL et IX. Le labyrinthe ; X. Le grand amphithéätre. 

Toutes ces vues sont peuplées de groupes de promeneurs heureux et 
pacifiques, et l’on ne se douterait guère en les voyant qu'ils circulent au 
beau milieu de la farouche section des Sans-Culottes en l’année terrible de 


1794. 


G) T1 yavait à Paris en 1769 un certain P. Hilaire, graveur, élève de Le Prince, 
et l’on pourrait se demander si ce n’était pas le père de Jean-Baptiste (Cf. Mar- 
rielte Abecedario. Ed. Chennevières et Montaiglon, Paris, Dumoulin, 1853-1894, 
in-8°). 


— 265 — 


Nore sun Les Mauuirènes 
PROVENANT DE L'EXPÉDITION DE M, CHAFFANJON DANS L'ASIE CENTRALE, 


par E. pe Pousareurs. 


Les collections rassemblées par M. Chaffanjon, dont l'envoi est annoncé 
dans la Correspondance (p. 261), sont parvenues au Muséum à la date du 
28 octobre. Les spécimens mammalogiques que j'ai examinés se rapportent 
à douze espèces diflérentes, la plupart intéressantes, rares ou non encore 
représentées dans nos Galeries et dont l'énuméra‘ion suit : 


1. Rhanolophus ferrum-equinum (Schreb.), | spécimen en alcool |. 
2. Vesperugo pipistrellus (Schreb.), [ spécimen en alcool. | 


3. Erinaceus albulus (Stol.). Suivant Dobson, cette espèce et le Æ. me- 
galotis (Blyth.) de l'Afghanistan ne seraient probablement que des variétés 
locales du E. Grayi (Benn.) du nord-ouest de l'Inde, 


h. Canis lupus (L.), variété pâle répondant pour la coloration aux 
espèces décrites sous les noms de C. laniger (Hodgs.) et C. chanco (Gr.). 


5. Spermophilus leptodactylus (Licht.). D’après Radde et Walter, ce 
Spermophile remplace dans l’intérieur du Turkestan le S. fulous (Licht.) 
des steppes de l'Oural et du nord-est de la Caspienne. 


6. Arctomys dichrous. (And.) Un jeune spécimen chez lequel l'extré- 
milé du museau est furtement marquée de blanc argenté. Le reste du pelage 
répond à celui de l'individu n° 3 figuré par Büchner (Mamm. Przew., 


pl. IL.) 


7. Arvicola Guentheri (Alst.) La brièveté de la queue, le nombre et 
la disposition des tubercules qui garnissent la plante des pattes postérieures 
fortement velue jusqu’à la racine des doigts, enfin la conformalion des 
molaires, ne laissent aucun doute sur l'identité de celte espèce. Comme 
l'avaient soupçonné Radde et Walter, VA. Guentheri, signalé d'abord en 
Asie Mineure, s'étend donc assez loin vers l'Est, puisqu'on le retrouve 
jusque dans le Tian-Chan et le Semiretchie. 


8. Lepus Lehmanni (Sev.). Quatre individus adultes, des deux sexes, et 
un jeune. 


9. Capra sibirica (Mey.). Trois individus, jeunes, en robe d'hiver, 
capturés, l'un près de Przewalski, les deux autres dans le Tengri sur les 
frontières chinoises. Le pelage teinté de brun-jaunâtre pâle sur le dos est 
entièrement blanc sur le dessous du corps et les quatre membres. 

Crâne d’un mâle semi-adulte et cornes d’un vieux mâle mesurant 1 m. 20 
suivant la courbure. 


— 266 — 
10. Ovis Poli (Blyth.). Ginq individus encore jeunes, en pelage d’hi- 


ver, dont trois femelles et deux mâles, pris sur les plateaux à l’ouest du 
Tengri. Chez le plus fort des deux mâles, les cornes dessinent à peu près 
un demi-cercle; son âge, d’après les données de Severtzoff, serait done de 
deux ans. Comme l'a parfaitement démontré Blanford, l'O. Karelini (Sev.) 
ne saurait être distingué spécifiquement de l'O. Poh. 


TTL. Cervus eustephanus (Blanf.). Une magnifique ramure encore atte- 
nante au crane, et répondant exactement, par sa forme et ses dimensions, 
à la figure et à la description données par Blanford (). J'ai relevé sur ces 
cornes les mesures suivantes : 


Longueur de laxe principal en suivant la courbure. ...... 1206 cent. 
CE du 2 "andoiller. 20272 ET AO 34 
— | dus andouillés, 4,5... LR IN SRE ER 32 
+ ‘ai 9 endoutler, 4 ae, an EAN EE 29 
_ du E°andoniter, 2 VE REC COTES TEE 6 
+ + ADO ANNEE Le CUT ee Mr RAR | 27 
= du-6°.-ndouilier. EURE EE CCR IE NONEE 7 
> de la pointe terminale: Lot e LICE 5 
P 
Circonférence au-dessus des meules. ......,...... bLS ME 29 
cart minimum entre lés meules. 2......6. 1. 0000 6 
— maximum au niveau de l'origine des 4°** andouillers. 107 
— entre les deux pointes extrêmes. ..... NRA le ne 10/4 
Poids itotal de la comtes 22 22 Los ONE Lo, SAS 8 kilogr. 


A partir du quatrième andouiller, qui dépasse de beaucoup tous les autres 
en longueur comme en puissance, on observe une tendance manifeste à la 
palmature; l'axe principal s’aplatit et s’élargit visiblement, surtout à la 
naissance des trois andouillers de la couronne. L'identité de cette espèce 
avec le C. maral (Sev. nec Og.) est évidente; j'ai cru cependant devoir 
adopter pour ce Cerf ie nom de eustephanus, proposé postérieurement par 
Blanford , plutôt que de le considérer, avec Severtzoff ©), comme une variété 
asiatique du Cerf wapitt de l'Amérique du Nord. C’est indubitablement 
avec ce dernier type que l'espèce qui nous occupe présente les affinités les plus 
prochaines, mais il existe dans la conformation des bois des différences 
d’une valeur spécifique réelle. Chez le C. eustephanus, les trois andouillers 
de base sont relativement faibles, les deux premiers très rapprochés l’un de 
l'autre et séparés du troisième par un intervalle considérable; les mesures 
précédentes montrent que les longueurs vont en décroissant régulièrement 
pour ces trois andouillers du premier au troisième. 

Chez le Wapiti, ces mêmes andouillers sont plus développés; le second 


M Blanford. Proc. zoo. Soc. Lond. p. 637, 1875. 
@) Severtzoff. Turkestanskie Jevotnie, p. 105, 18793, traduit dans Ann. and Mag. 
Nat. Hist., L° série, t. XVIII, p. 377, 1876. 


— 2067 — 


s’écarte davantage du premier, et, d'ordinaire, les longueurs vont, au con- 
traire, en croissant, du premier le plus court, au troisième le plus long; ou 
bien le premier se développe autant que le royal, au détriment du second. 
On chercherait vainement, dans la couronne du Wapiti, la moindre ten- 
dance à la palmature et, sur les plus vieux spécimens de cette espèce, je n'a 
complé que six pointes principales, y compris la pointé terminale de l'axe; 
le sixième andouiller paraît donc manquer constamment. Enfin il n’est pas 
rare de trouver des bifurcations dans le quatrième et le cinquième andouil- 
lers chez le Cerf du Canada. 


12. Capreolus pygargus (Pall.). Deux peaux de femelles semi-adultes, 
en changement de pelage, et dépouillant leur robe d'hiver, capturées à 
Issik-koul, près de Przewalski, dans les montagnes, et trois ramures de 
mâles adultes. Deux de ces ramures, encore recouvertes de leur velours, 
présentent pour chacun de leurs bois les trois andouillers typiques et in- 
divis du genre Capreolus, et ne diffèrent de celles du Ghevreuil d'Europe 
‘que par leurs plus fortes dimensions, leurs rugosités plus accentuées, la 
faible saillie et l’écartement des meules basales. La troisième, tout à fait 
muüre, débarrassée de son étui velouté, mais encore attenante au crâne, 
mérile particulièrement de fixer l'attention, en ce qu'elle montre le maxi- 
mum de complexité auquel peuvent atteindre les coraes chez le type 
Capreolus. L’axe principal de chaque bois, largement aplati en arrière, 
caréné en avant, s'élève du crâne en divergeant léorement, mais révuliè- 
rement, en dehors et en arrière, et, à la hauteur de quatorze centimètres, 
émet en avant son premier andouïller assez grêle. Jusque-là, rien ne dis- 
tingue ces bois de ceux du C. capræa, que leur forme trigone et leur 
grande longueur. Au-dessus du premier andouiller, la corne se divise 
bientôt, comme d'ordinaire, en deux branches, l’une montante, continuant 
l'axe basal en direction, l’autre pointant en arrière et en dedans; mais ces 
deux branches, à leur tour, émettent, dans l'angle qu'elles forment, et vers 
le milieu de leur longueur, chacune un andouiller, de telle sorte que 
chaque bois présente à son sommet une double fourche, résultant de la 
bifurcation des deux andouillers terminaux typiques du genre Capreolus. 
De plus, ces quatre pointes sont réunies et enveloppées à leur base dans 
une large palmature qui masque complètement leurs points d’origine, et la 
branche montante présente en avant une large surface légèrement concave 
limitée en dedans et en dehors par une arête vive extrêmement saillante. 
La parfaite symétrie de la ramure que je viens de décrire ne permet pas 
de la considérer comme anormale; on peut seulement induire de la rareté 
du fait que les bois ne présentent ce degré de complexité chez le C. py- 
gargus que dans l'extrême vieillesse. 


— 268 — 


NOTE SUR LA FAUNE ORNITHOLOGIQUE DU SETCHUAN, 


PAR M. E. Ousrazer. 


Tous ceux qui ont lu les intéressantes relations du voyage effectué en 
1889 par M. Bonvalot et le Prince Henri d'Orléans à travers l'Asie centrale 
et méridionale, savent qu’à leur passage dans le Setchuanf, les voyageurs, 
épuisés par des fatigues et des privations de toutes sortes, trouvèrent l’ac- 
cueil le plus empressé, l'hospitalité la plus cordiale auprès des mission- 
naires de Tatsien-lou et de M5° Biet, évêque de Diana. Non contents de 
mettre à la disposition de leurs compatriotes toutes les ressources dont ils 
pouvaient disposer, les prêtres de la Mission leur fournirent les moyens de 
faire autour de Tatsien-lou des chasses fructueuses, aux produits desquelles 
ils voulurent joindre un certain nombre de spécimens recueillis par eux et 
par leurs élèves. Bientôt après le retour en France du prince d'Orléans, 
ME° Biet fit parvenir au Muséum une nouvelle série de dépouilles de Mam- 
mifères et d'Oiseaux, et, même lorsque l’état de sa santé l’eut coniraint 
de revenir en Europe, 1l continua, gräce aux relalions qu’il avait conser- 
vées avec les missions du Tibet, à enrichir nos collections nationales. Pour 
donner une idée de l'importance des envois que nous devons à ce prélat, si 
zélé pour l’histoire naturelle, et aux missionnaires de Tatsien-lou, nous 
dirons que, grâce à MF Biet, la Ménagerie du Jardin des Plantes a possédé 
pour la première fois plusieurs Faisans orcillards blancs (Crossoptilon tibe- 
lanum) et que par ses soins et par ceux de M. Mussot, de M. Soulié et de 
M. L. Dejean (”, les collections du Muséum se sont accrues, de 1892 à 
1895, de 190 dépouilles de Mamnufères et de 1,150 peaux d’Oiseaux en 
chiffres ronds. 

Les Oiseaux dont j'ai déjà signalé quelques-uns dans mon Catalogue des 
collections rapportées par M. Bonvalot et par le Prince H. d'Orléans, se rap- 
portent à 173 espèces environ. À ce chiffre il convient d'ajouter, pour 
donner une idée plus complète de la faune ornithologique de Setchuan, 
67 espèces environ que mon savant collaborateur, l'abbé À. David, avait 
recueillis précédemment sur d’autres points de la même province, en se 
rendant en 1869 dans la principauté de Moupin, où il devait faire de st 
admirables découvertes. Nous arrivons ainsi à un total de 240 espèces. Or, 
d'après mes calculs récents, le nombre des espèces actuellement connues de 
la Chine entière s'élève à 840 environ; c’est donc environ les 2/7 de la po- 
pulation ornithologique du Céleste-Empire qui habite le Setchuan. Cette 


G) C’est par les soins de M. Dejean, missionnaire au Tibet, qu'ont été recueillies, 
préparées et envoyées les importantes séries de Mammifères et d’Oiseaux reçues 
dernièrement par le Muséum d'histoire naturelle et comprenant, à elles seules, 
plus de 850 exemplaires. 


LE 08 — 


proportion si élevée s'explique aisément quand on tient compte de la na- 
ture du pays. Le Setchuan (ou Se-tchouan) est, en ellet, une contrée des 
plus accidentées, avec de hautes montagnes, couvertes d'épaisses forêts, 
des plateaux revêtus d’une maigre végétation, d'imposants glaciers, des 
gorges sauvages el des vallées fertiles arrosées par le Yang-tsé-Kiang et ses 
afluents. Par sa situation retirée sur les confins du Tibet, ce pays offre un 
asile presque inviolé à une foule d'Oiseaux, qui y nichent plus en sûreté 
que dans les provinces orientales et méridionales de la Chine. Par l'examen 
des collections de M5 Biet qui renferment des nids, des œufs et des jeunes 
de diverses espèces, J'ai pu m'assurer qu'autour de Tatsien-lou se repro- 
duisent régulièrement le Coucou chanteur (Cuculus canorus L.), le 
Merle de Gould (Merula Gouldi Prz.), plusieurs Becs-fins (Auticilla 
schisticeps Hodgs., Chimarrhornis leucocephale Vig., Hodgsonius phoenicu- 
roides Hodgs., Grandala cælicolor Hodgs., Tarsiger chrysœus Hodgs., Herbi- 
vocula affinis Tick.; de grands Timéliidés (Janthocincla maxima J. V., Babax 
lanceolatus J. V., Trochalopteron Elliot J. V.), une Mésange ( Parus minor T. 
et Schl.), la Pie-grièche à dos roux (Lanius tephronotus Vig.), le Drongo 
noir (Buchanga atra Herm.), deux Roselins (Carpodacus dubius Prz. et C. 
pulcherrimus Hodgs.), le Lerwa des neiges (Lerwa nivicola Hodgs.), le 
Crossoptilon blanc (Crossoptilon tibetanum Hodgs.), etc. 

Les chaines de montagnes du Setchuan se dirigent d’abord du N.-0. au 
S.-E. en prolongement de la grande chaîne de l'Himalaya, ensuite directe- 
ment au Sud, en comprenant entre elles de longues vallées qui continuent 
plus ou moins celles de la Haute-Birmanie, du Yunnan et du Tonkin. Cette 
disposition orographique nous fait comprendre immédiatement pourquoi 
la faune ornithologique du Setchuan renferme une large proportion d'es- 
pèces himalayennes associées à un contingent respectable d'espèces indo- 
chinoises, remontant le cours de Salouen et du Mékong. 

Je n'ai pas l'intention de passer ici en revue les espèces contenues dans 
les derniers envois de Tatsien-lou. Je constaterai seulement que les Merles, 
les Rubiettes, les Fauvettes, les Traquets, les Accenteurs, les Mésanges, les 
Timélüidés y tiennent, une large place indiquant le développement et la 
variété de la faune entomologique du Setchuan. Dans cette catégorie de 
Passereaux, certaines espèces, réputées jusqu'ici extrêmement rares, sont re- 
présentées par dix, vingt, trente ou quarante individus d’äges et de sexes 
différents. C’est le cas pour la magnifique Grandala cœælicolor, dont les 
mâles portent une livrée d’un bleu d’outremer admirable, pour le Trocha- 
lopetron Ellioti, le Babax lanceolatus, la Lunthocincla maxima, Y'Alcippe 
Bietti, V'Hetoromorpha unicolor. À propos de cette dernière espèce, je dirai 
en passant qu’elle me semble mieux placée dans le genre où elle avait été 

classée par Hodgson, avec les H. gularis Guy et ruficeps BL. , que dans le 
genre Suthora où elle a été mise récemment par Sharpe, et je constaterai 
que les individus du Setchuan offrent de très légères différences de colora- 


ds CD. 


lions avec ceux de l'Himalaya, le front et les oreilles étant nuancés de gris, 
les côtés de la tête marqués d’une raie noire très nette chez certains indi- 
vidus. Parmi les Suthora , qui sont de plus petite taille que les Heteromorpha, 
mais qui ont des mœurs analogues, je signalerai trois spécimens de la Su- 
thora alphonsiana, dont M. l'abbé A. David n’avait pu se procurer qu'un 
seul individu , le seul, si je ne me trompe, qui existât jusqu’à ces derniers 
temps dans les musées de l’Europe. Les Rosclins ou Carpodacus, dont j'ai 
compté au Setchuan einq ou six espèces, représentées chacune par de 
nombreux individus, sont {ous remarquables par la vivacité des couleurs 
de la livrée des mâles; ainsi ceux que je rapporte provisoirement à une 
variété locale du Carpodacus erythrinus de Pallas (CG. erythrinus var. Bueti) 
offrent une teinte rouge carmin tellement intense chez les mâles, une teinte 
verdâtre et des stries si marquées chez les femelles que l’on serait @ priori 
disposé à les considérer comme les représentants d’une nouvelle espèce. Et 
puisque je suis amené à parler des Roselins, je ne dois pas omettre de rap- 
peler que ces Oiseaux offrent, dans leur distribution géographique, une 
particularité analogue à celles que, dans d’autres circonstances, j'ai signa- 
lées pour certains Mammifères, Mouflons, Chèvres et Antilopes; le genre 
Carpodacus , qui est si largement répandu dans l'Asie centrale et orientale 
et dans le nord de l’Europe, compte, en eflet, dans l'Amérique septen- 
trionale, principalement le long de la côte du Pacifique, un représentant, 
le Carpodacus frontalis Say, qui se rattache par les liens les plus mtimes aux 
faunes sibérienne et asiatique. 


En résumé, les envois d'Oiseaux faits par les missionnaires de Tatsien- 
lou ont permis de constater la présence au Setchuan d’une centaine d’es- 
pèces qui n'avaient été signalées que dans la principauté de Moupm ou 
même dans des provinces de la Chine beaucoup moins rapprochées du 
Setchuan, et elles ont enrichi la liste des Oiseaux du Céleste-Empire d'au 
moins dix espèces, dont quelques-unes étaient nouvelles. Parmi celles-ci, 
la plus remarquable, assurément, est la Tetraogallus Henrici, magnifique 
Gallinacé qui vit dans le voisinage du glacier de Tatsienou, à plus de 
k,ooo mètres d'altitude, et dont le dernier envoi renfermait encore deux 
spécimens. 


NERFS CARDIAQUES SYMPATHIQUES DES OISEAUX, 


par M. V. Tuépauzr. 


Contrairement à l'avis de Marage qui prétend que les deux nerfs modé- 
rateurs et accélérateurs sont confondus chez les Oiseaux, 1l nous a été 
permis de voir, chez des types très différents les uns des autres, que, outre 
le fet modérateur issu du Vague, le Sympathique, aussi bien à droite qu’à 


gauche, envoie au cœur un filet qui chemine le long de l'artère pulmo- 
naire sur laquelle il forme un plexus très net et va se perdre dans les sillons 
auriculo-ventriculaires. 

Ce filet nerveux lire toujours son origine du plexus brachial, tantôt du 
premier nerf, tantôt du dernier, où d’un autre intermédiaire, Son origine 
sympathique est hors de doute, ainsi que la dissection fine permet de s’en 
assurer. 

Ces faits ont été observés chez la Poule d’eau (Gallinula Sports chez 
des Corvidés (Corvus corax, Corvus monedula) chez le Linot (Lanaria 
cannabina), le Pinson (Æringilla cœlebs), V'Étourneau (Sturnus vulgaris). 


SUR LES HABITUDES TERRICOLES D'UN SILUROÏDE AFRICAIN 
CLariAs LAZERA, Guvier ET VALENCIENNES), 


par M. Léon VaiLLanr. 


M. le docteur Suard, médecin de la marine, attaché à la colonne expé- 
ditionnaire qui se rendait de nos possessions sénégalaises à Nioro , eut loc- 
casion de faire dans cette localité quelques remarques pleines d'intérêt sur 
les mœurs de certains Poissons, auxquels on pourrait appliquer l’épithète, 
peu habituelle dans ce groupe, de terrestres. 

Ce sont des Harmouths ou Clarias, que j'assimile, au moins provisoire- 
ment, au Clarius lazera , Cuvier et Valenciennes; ils présentent bon nombre 
des caractères de ce Siluroïde, notamment les dents vomériennes hémi- 
sphériques, granuleuses, mais, suivant la remarque de Peters, il est assez 
difficile aujourd’hui de distinguer les espèces de ce genre, vu les nom- 
breuses variations que l’on peut reconnaitre dans un même type. Ces ani- 
maux, bien connus des habitants, sont désignés sous le nom de Méghé par 
les Bambaras, sous celui de Liddi par les Toucouleurs. 

Nioro se trouve, on le sait, au nord du Soudan français, à environ 
800 kilomètres de la côte. La saison pluvieuse y dure à peu près deux 
mois et pas une goutte d’eau ne tombe durant le reste de l'année; aussi les 
mares et marigots, où se rencontrent ces Poissons, se dessèchent pendant 
la plus grande partie de cette longue période. Les Harmouths s’enfoncent 
alors dans la vase, comme les Protoptères, mais pour s’y comporter d’une 
manière différente, car, au lieu de s’envelopper dans un cocon et d'y 
passer une estivation passive, leur retraite leur sert simplement, en quelque 
sorte, de terrier pour se mettre à l'abri de la trop grande chaleur du jour; 
ils sortent le soir ou la nuit, rampant alors sur le sol en quête de leur 
nourrilure, qui consiste en graines de millet, plante cultivée par les natu- 
rels du pays pour leur propre alimentation. 

M. le docteur Suard a pu conserver plusieurs de ces Poissons en captivité 


— 272 — 


pendant son séjour à Nioro. I les avait installés dans une grande caisse de 
fer-blanc à biscuits, et les nourrissait en leur donnant de temps à autre 
quelques poignées de mil. Une précaution importante à prendre était de 
clore très exactement la boîte; sans cela, aussitôt Ja nuit venue, les Har- 
mouths sortaient très agilement de leur prison pour gagner la campagne. 

Après des peines et des soins, dont on peut se faire une idée en songeant 
aux difficultés d'un semblable trajet, notre zélé voyageur était parvenu à 
rapporter jusqu’au port d'embarquement, dans les conditions mêmes où il 
les avait conservés à Nioro, quelques-uns de ces Clarias en excellent état, 
très vivaces, lorsque, par une négligence inexplicable, ils furent mala- 
droitement placés à bord près des chaudières du bâtiment, où la trop 
grande chaleur les tua. M. le docteur Suard dut les mettre dans l’alcool 
pour nous les rapporter, On ne saurait trop regretter cette fâcheuse cir- 
constance, qui nous a privé sans doute de voir, ici même, à l’état de vie 
ces curieux animaux et en un instant a rendu vains les efforts accomplis 
pour atteindre un résultat si intéressant au point de vue scientifique. 

On sait, depuis les recherches d’Ét. Geoffroy Saint-Hilaire, que les 
Clarias sont munis, comme les Heterobranchus , d'appareils ramifiés, d’une 
orande complication, placés au-dessus de leurs branchies. Cet éminent z00- 
logiste avait aussi reconnu, pour l'espèce du Nil, que ce Silure peut vivre 
plusieurs jours hors de l’eau sans en souffrir. Les observations de M. le 
docteur Suard complètent et étendent ces notions, en faisant voir que 
l'existence de ces appareils est liée à des conditions biologiques naturelles 
dans lesquelles peuvent normalement se trouver ces singuliers Poissons, 
obligés à certains moments de suppléer à leur respiration aquatique par une 
respiralion aérienne prolongée. Elles nous font connaître également un 
régime granivore inhabituel dans les êtres de cette classe, et l’on peut se 
demander si cette particularité n’est pas en rapport avec la forme des dents 
vomériennes. [1 serait intéressant de constater, sur les espèces où ces or— 
ganes sont villiformes, le même mode d'alimentation; par malheur les au- 
teurs ne nous fournissent aucun renseignement à ce sujet. Valenciennes, 
sur l'individu qu'il a eu l’occasion d'examiner, a trouvé l'estomac vide. 


Écainipes RECUEILLIS PAR L’EXPÉDITION DU Cap Horn (1882-1683), 


par M. Fécix BEerNanp. 


La mission du Cap Horn à recueilli un grand nombre d'Oursins , rap- 
portés dans l'alcool, et dans un état de conservation remarquable. Ils se 
répartissent en huit espèces : 


Goniocidaris canaliculata À. Agassiz. 


2. Arbacia Dufresnt (de Blainville). 


eus RS -n 


3. Echinus margaritaceus Lamarck. 
4. Echinus magellanicus Philippi. 

5. Strongylocentralus albus (Molina). 
. Schizaster Moseleyi À. Agassiz (”, 
7. Schizaster Philippii (Gray). 


8. Tripylus cavernosus Philippi. 


x 


[7 


* 


Toutes ces espèces ot clé draguées entre zéro et 540 mèlres, 


G. canaliculata. — ha individus variant de s mul, 5 à 31 millimètres de 
diamètre; le plus jeune est à un stade correspondant à celui qui a été ré- 
cemment figuré par Lovén® : il a une plaque centro-dorsale que n'at- 
teignent pas les plaques ocellaires. Dans les individus de divers âges, l'ap- 
pareil apical subit une évolution lente, les plaques anales se glissant entre 
les génitales pour atteindre les ocellaires; dans tous les individus de très 
grande taille (31 millimètres), les cinq ocellaires sont intercalées entre les 
génitales. Pour les individus plus jeunes, le processus est plus ou moins 
indiqué, et peut commencer soit par une plaque, soit par plusieurs; 1l se 
produit plus où moins tard, et des individus de même taille peuvent être 
plus ou moins avancés à ce point de vue. Le principal des caractères sur 
sur lesquels Studer © a fondé les espèces G. membranipora et G. vivipara 
de Kerguelen est donc un caractère de sénilité qui peut se produire 
à des époques différentes. Je pense donc, avec Agassiz, que ces deux 
espèces rentrent dans G. canaliculata, d'autant plus que la longueur des 
radioles offre aussi des variations qui ne sont pas liées aux précédentes. 
Quoique G. canaliculata soit signalé comme vivipare, je n’ai pu constater 
aucun jeune sur le corps des adultes. Tous les individus ont les pores gé- 
nitaux petits, à l'angle de leur plaque. 


Arbacia Dufresnii. — La plupart des échantillons du Cap Horn rentre- 
raient mieux dans l’espèce dénommée A.' alternans par Troschel ® : les 
tubercules primaires sont alternativement grands et petits. Mais les autres 
caractères distinctifs de cette espèce (forme conique, hauteur égalant la 
moitié du diamètre, etc.) ne varient pas en corrélation avec la précédente. 
De plus, les types décrits par de Blainville se rapprochent bien plus de la 
forme alternans que de celle que Troschel et Studer appellent Dufresni. 
D'ailleurs les variations des tubercules d’un type à l’autre sont insensibles. 
À. Dufresni est incubateur ; J'ai trouvé sur un exemplaire de moyenne taille 


(1) Dans cette note, les espèces marquées d’une astérisque sont ceiles qui ne 
figuraient pas encore dans les collections du Muséum. 

@) Lovén, Echinologica, Bih. Ull K. Svensk, Akad. Handl., XVIIL, 1892. 

6) Studer, Monatsb. Berl. Akad, t. XLI, 1876. 

&) Troschel. Wiegm. Arch. f. Naturg., 1873. 


Muséuu. 19) 


— 274 


un jeune Oursin de 6 millimètres logé dans un enfoncement de la mem- 
brane buccale ; les cinq zones ambulacraires étaient enfoncées de même. 
Mais cet Échinide ne paraît pas vivipare, car j'ai trouvé des œufs parmi les 
piquants d’un autre individu. 


Echinus margaritaceus. — ÆE, diadema Studer rentre dans ctie espèce. 
Les individus du Cap Horn ne manifestent aucune tendance à l’arrangement 
en lignes des tubercules secondaires (sauf à la face ventrale). 


Tripylus cavernosus. — Je réunis sous cette dénomination, avec Agassiz, 
les formes connues sous le nom d'Hemiaster cavernosus Ag., Hemiaster 
australs, Abatus Phulippii Lovén, et de plus Tripylus excavatus Phil. Dans 
les types du Cap Horn, les formes jeunes, adultes et séniles diffèrent beau- 
coup, mais la transition peut être suivie (voir Agassiz Challenger). De 
‘plus les formes à fasciole sub-anal (Tripylus excavatus) reproduisent très 
exactement la série des formes ou manque ce fasciole (IT. cavernosus). Je 
n'ai pas trouvé les formes de transition à fasciole rudimentaire, mais elles 
ont été vues par Agassiz. L'appareil apical est celui d’un Schizaster ; le 
nom d'Hemiaster ne peut donc être substitué à celui de Tripylus, que je 
crois devoir conserver, avec cette espèce unique. Des jeunes ont été trouvés 
en grand nombre au fond des aires ambulacraires très déprimées, dans 
les formes avec ou sans fasciole sub-anal. Dans un grand individu à fas- 
ciole, ces jeunes sont remplacés par un Acéphale commensal que j'ai 
décrit sous le nom de Scioberetia australis. De plus, sur la membrane buc- 
cale d’un autre individu j'ai rencontré un autre Acéphale, également à 
coquille interne et représenté par un seul exemplaire très différent du 
précédent et que je décrirai ultérieurement. 


L'expédition du Cap Horn a recueilli, à part une exception”, toutes les 
espèces d'Échinides de mer peu profonde trouvées préalablement au sud 
du détroit de Magellan. H manque naturellement à la collection les espèces 
draguées à une profondeur qui dépasse 1,000 mètres. Deux espèces de mer 
peu profonde, Strongylocentralus gibbosus Ag., et Echinus lorridus Ag., si- 
gnalées dans le détroit de Magellan ou plus au Nord, ne se rencontrent pas 
non plus dans les dragages de la mission. 


Ÿ Arbacia nigra, déjà abondante dans nos collections. 


4 


Sur QUELQUES STADES DU DÉVELOPPEMENT DU SCIOBERETIA AUSTRALIS 
NOB., Laurziiprancue À CooQuiLLe INTERNE , 


par M. Fécix Benvanp. 


Dans une note récente !?, j'ai donné une description anatomique d'un 
type nouveau de Lamellibranche à coquille interne, que j'ai dénommé Scio- 
beretia australis. Ce Mollusque a été trouvé dans les zones ambulacraires 
très déprimées d'un Échinide du cap Horn, Tripylus excavatus, forme que 
je considère comme entrant dans la même espèce que Tripylus cavernosus 
(voir la note ci-dessus). J'ai indiqué dans cette note que Scioberetia était 
hermaphrodite. En réalité je n'ai trouvé, avec certitude, des œufs sur 
aucun individu; les quatre exemplaires que j'ai disséqués et celui que j'ai 
étudié par coupes m'ont paru ne contenir que des spermatozoïdes, Cependant 
plusieurs de ces individus contenaient, dans leur cavité palléale, des jeunes 
qui occasionnent des dépressions bien marquées sur la masse viscérale contre 
laquelle ils sont appliqués. Il me paraît naturel de supposer qu'ils ont pour 
mère l'individu même qui les protège ainsi dans une cavité presque exac- 
tement fermée en avant par la branchie comme par une grille. À la vérité, 
les Lamellibranches hermaphrodites sont en général protandres, mais il 
est possible que chez certaines huîtres, par exemple, les sexes alternent 
plusieurs fois. 

Tous les embryons recueillis ont de o mil. 48 à o mil. 52 de long; 
néanmoins ils ne sont pas exactement au même stade chez tous; la coquille 
présente des crénelures perpendiculaires à la charnière sur lesquelles j'ai 
déjà appelé l'attention. Des doutes ont été soulevés sur linterprétation de 
ces crénelures dans les lypes où elles avaient été perçues; chez les fossiles, 
par exemple, on pouvait se demander si elles alternent d’une valve à l’autre 
ou bien si elles sont en regard, délimitant ainsi des fossettes où pourraient 
se loger des parties du ligament. Ici l’on voit facilement que ce sont de vé- 
ritables dents embryonnaires; le ligament semi-circulaire est dans une 
fossette où les dents s’interrompent. 

Au stade le plus jeune que j'ai recueilli, l'animal a deux muscles ad- 
ducteurs de la coquille bien développés et, de plus, deux paires de muscles 
moteurs du pied (une paire de protracteurs et une paire de rétracteurs). Je 
crois pouvoir indiquer la présence d’une aire épaissie aux environs de la 
bouclie, représentant le velum; mais il n’y a pas de lobe saillant; de plus, 
les cils vibratiles n’élant pas conservés, la configuration de cette aire ne 
_peut être précisée. Le manteau a ses deux bords libres sur toute son étendue; 
les individus étant contractés, 1l est assez fortement en retrait sur les bords 


U) CG, R. Acad. Se. 21 octobre 1895. 
19. 


— 276 — 


de la coquille. La bouche ventrale donne accès par un très court æsophage 
qui se porte dorsalement et s'ouvre dans un vaste estomac qui occupe 
presque toute la région dorsale, surtout en avant : cet estomac contient 


Sciobcretia australis, grossi 13 fois. 


A, vu de dos. — B, vu par le côté droit, le manteau et la coquille enlevés suivant la 
ligne b, b,. — C, l'animal entier vu parle côté droit; la coquille est vue par trans- 
parence. — D, face ventrale. 


a, siphon anal; — b, branchie; db, b, b, , ‘igne d'insertion de la branchie sur le manteau ; 
b, b,, lobe du manteau en continuité avec la branchic; en b,, les deux branchies 
se rejoignent sur la ligne médiane. — C, bord de la coquille; c, coquille embryon- 
naire. — €, repli buccal du manteau ou siphon incomplet. — p, lobe antérieur du 
pied; — p', son lobe postérieur. — s, sommet de la coquille; — », masse viscérale. 


-des matières que je crois être des oranulations vitellines. Le rectum est 
court et s’ouvre à l'extrémité postérieure de la charnière rectilione. En ar- 
rière de cet estomac est une cavité incomplètement divisée en deux par une 


2717 
cloison médiane : c'est Le péricarde où serpentent deux tubes très transpa- 
rents et flexueux (reins primitifs). Le pied est encore court, triangulaire, 
et s'étend peu en avant. Le système nerveux est formé de masses cellu- 
lires très volumineuses, absorbant fortement les réactifs colorants et en 
continuité pur avec l'ectoderme. On distingue de forts ganglions céré- 
broides, en arrière et au-dessous du muscle adducteur antérieur et entre 
lesquels s'ouvre la bouche; plus loin les ganglions pédieux, les plus volu- 
mineux, entre l'estomac et le pied; enfin les viscéraux au-dessous et en 
avant du musele postérieur. 

Le stade le plus âgé offre un perfectionnement notable des organes, avec 
une taille sensiblement égale, L'æsophage s’est allongé et arrive jusqu’à li 
charnière. Le rectum court le long du bord postérieur jusqu'au niveau du 
muscle postérieur et s'ouvre en arrière de celui-ci. Le foie s'est développé 
. sur les côtés de l'estomac. Le pied se prolonge en avant et les cellules qu'il 
renferme (futurs muscles )sont bien plus nombreuses. Les connectifs cérébro- 
pédieux et cerébraux-viscéraux apparaissent comme des trainées cellulaires 
en contact avec l’ecloderme. Le manteau présente déjà une courte soudure 
médiane en arrière, délimitant ainsi le siphon anal. Enfin la branchie est 
représentée de chaque côté par deux ou trois filaments libres orientés d'ar- 
rière en avant, au voisinage des ganglions viscéraux. Ce mode de dévelop- 
pement a un certain intérêt si on le rapproche du mode de croissance de 
la branchie de l'adulte. où des fenêtres se forment dans une membrane 
continue. On sait que des divergences règnent parmi les auteurs sur le mode 
de développement de cet organe : chez Teredo et Cyclas on a décrit des 
fentes à travers une lamelle, fandis que chez les Filibranches et les Naïadés 
apparaîtraient des filaments isolés. Cette étude présente un intérêt capital 
pour la classification phylogénétique du groupe et mérite d’être reprise sur 
le plus grand nombre possible de types. Peut-être des aspects identiques 
ont-ils été interprétés différemment par divers auteurs. 

La forme embryonnaire que je viens de décrire représente, à part la 
soudure précoce des deux lobes du manteau, une forme typique, schéma- 
tique de Lamellibranche jeune; elle a avec les embryons décrits antérieu- 
rement chez Cyclas, Mytilus, Ostrea les plus grandes analogies, et il est 
vraisemblable que, lorsque l'embryogénie sera connue chez un plus grand 
nombre de types, il sera facile de retrouver un type général d’embryon 
d’où les formes les plus éloignées dériveront facilement par de simples 
phénomènes de croissance, d’avortement ou de rotation; c’est ainsi qu'on 
pourra reconstituer avec quelque précision la phylogénie du groupe. L'étude 
des formes post-embryonnaires a déjà donné entre les mains de Jackson 
des résultats qui font bien augurer du succès final. 


— 278 — 


NOTE SUR LE DÉVELOPPEMENT DES ÉPINES DE L'IDRIA COLUMNARIA , 


par M. Poisson. 


L'origine des organes vulnérants des plantes phanérogames et des eryp- 
logames vascul.ires est un des points les mieux connus de la morphologie 
végélale. Pour ce qui concerne les épines, on sait que ce sont des rameaux 
arrèêlés dans leur développement et terminés en pointe; ou bien ce sont des 
feuilles réduites à leur nervure médiane ou aux nervures latérales: enfin 
des stipules indurées qui souvent sont redoutables. 

Les épines de lIdria sont d'origine foliaire, mais le mécanisme de leur 
formation est particulier et mérite d’être signalé. 

Sur les ramilles ou rameaux vépétalifs qui se développent au sommet ou 
le long de la tige cactiforme de lIdria, on peut voir, pendant la période 
d'évolution , des feuilles disposées suivant la spire 2/5 passant parfois à la 
spire 3/8. Ces feuilles, un peu charnues, sont composées d’un pétiole rigide , 
qui indique déjà une structure particulière ; puis d’un limbe lancéolé ayant, 
en longueur, les deux cinquièmes de la totalité de la feuille qui est environ 
de 3 centimètres. Celle-ci représente assez une pagaie en miniature. Les 
deux surfaces glabres ont un épiderme d’un seul rang de cellules, renforcées 
à la face externe, puis des stomates en petits groupes à la face inférieure 
et rares sur la face opposée. 

La coupe du pétiole, en son milieu, a la forme d’un trapèze renversé. 
Au centre est un faisceau fibro-vasculaire à concavité supérieure, entouré 
de parenchyme chlorophyllien, sauf du côté dorsal. Là se trouve un tissu 
clair, à paroi cellulaire épaissie et constituant déjà un massif de scléren- 
chyme qui se différencie promptement du reste en un faux faisceau. En se 
rapprochant peu à peu du limbe, la différenciation s'accuse de plus en 
plus et, finalement, ce petit organe terminé en pointe aiguë vient percer 
l'épiderme inférieur de la feuille un peu au-dessus de l’origine du limbe. 
C'est la partie de la feuille qui persiste et formera l’extrémité de l’épine. 

La coupe du limbe, au delà de la sortie de l’épine, a une structure de 
feuille normale, avec la répartition à droite et à gauche de la chlorophylle. 
Mais là le faisceau est en Vouvert et, au-dessus comme au-dessous de lui, on 
ne voit que le tissu clair sclérenchymateux, mais qui n'épaissit pas la paroi 
de ses cellules, comme dans le pétiole, le rôle de ce tissu étant tout autre. 

Enfin si l'on pralique une coupe du pétiole à 1 ou 2 nullimètres de son 
attache au rameau, on voit que la base du pétiole est presque entièrement 
composée de tissu sclérenchymateux et sans cellules à chlorophylle. Le 
faisceau fibro-vasculaire est refoulé à la partie supérieure et comme inclus 
dans ce tissu tout d’abord, mais, finalement, en est éliminé, tandis que, 
dans la portion du pétiole située plus haut, le faisceau continue jusque 
dans la feuille tant qu'elle persistera et ne se séparera pas de l'épine. 


Las. 
" 


= TT — 


À l’aisselle de chaque feuille, on constate la présence d'un, rarement 
deux bourgeons. Ce serait en ce point qu'apparaîtraient , à la saison nouvelle, 
les feuilles en rosette que l’on remarque sur les autres espèces de Fouquie- 
racées, lesquelles ont des épines d’une autre nature. Les épines d'Astra- 
gales, qui sont également pétiolaires, n'ont rien de commun avec celles de 


l’Idria. 


SUR UN ÉCHANTILLON REMARQUABLE , RÉCEMMENT ACQUIS 
POUR LA COLLECTION DE MÉTÉORITES, 


pan M. Sraniscas Meunier. 


J'ai l'honneur de mettre sous vos yeux un échantillon dont vient de s’en- 


_richir la Collection de géologie et qui paraît mériter un instant votre atten- 


tion. C’est une plaque de plus de 6 kilogrammes qui a été sciée au travers 
de l’une de ces masses fameuses de fer météorique qui, au nombre de trente 
au moins, représentant ensemble plus de 1,000 kilogrammes, ont été dé- 
couvertes en 1891 dans le Cañon Diablo (Arizona), et où M. Kænig (de 
Philadelphie) a signalé la présence du diamant. 

Le métal est très compact et prend admirablement le poli; l’analyse 
chimique y décèle une propor‘ion sensible de nickel et quelques autres 
substances én fab'e quantité. 

Mais ce qui fait l'intérêt principal de l'échantillon actuel, c’est la présence 
au travers de sa substance générale, — formée avant tout de l’alliage bien 
défini appelé kamacite, associé au phosphure multiple qu'on nomme schrei- 
bersue, — de gros amas cylindroïdes de minéraux tout à fait différents. 

La plaque présente d’un côté trois, et de l’autre côté deux de ces amas, 
qui, sur la section plane, affectent la forme de taches plus où moins cir- 
culaires. Îls sont fort compliqués et l'on y trouve un mélange de minéraux 
dont la coexistence est éminemment instruclive quant à la nature des 
réactions d’où dérive la météorite. 

L'un de ces amas, des plus simples, mesure 4 centimètres de diamètre 
et est constitué presque entièrement par une variété de fer sulfuré appelé 
troihte et qui tranche sur le blanc d’acier du fer par sa couleur bronzée. La 
troïlite est cependant séparée du fer métallique qui l'entoure de toutes 
parts par un fin liséré d'une matière noire formée avant tout de graphite 
et constituant comme la gangue du diamant dans les points où celui-ci se 
présente. Cette robe charbonneuse du rognon su'furé est elle-même enve- 
loppée d’une couche un peu irrégulière très cristalline, d'un éclat très 
spécial et d’où il est facile de retirer des grains de schreibersite et aussi des 
grains de cohénite ou carbure de fer et de nickel. 

À peu de distance, un autre nodule à peine moins gros que le précédent, 
montre, avec une composition minéralogique tout à fait analogue, une dis- 


No 


position tout autre de ses principes constituants : le graphite et la troïlite 
y sont enchevétrés d’une manière extrêmement capricieuse et dessinent des 
vermiculures des plus compliquées; le tout est enveloppé de la zone des 
cristaux carburés et phosphurés qui se prolonge parfois dans le fer jusqu'à 
5 ou 6 millimètres du nodule. 

Deux rognons de 26 et de 19 millimètres de diamètre moyen se signalent 
par la grande épaisseur de leur chemise graphiteuse, atteignant par place 
et dépassant même 3 millimètres. 

Le plus singulier de tous ces amas est sans doute celui qui, de section 
elhptique et mesurant 30 millimètres sur 20 millimètres, offre au regard 
une surface divisée en deux parties un peu inégales par une ligne presque 
droite, parallèle au petit diamètre, et dont l’une est formée de graphite 
pendant que l'autre est de troïlite sensiblement pure; le tout est d’ailleurs 
enrobé comme précédemment. 

Quand on réfléchit aux propriétés paysiques et chimiques si diverses 
(densité, fusibilité, volatilité, solubilité, ete.) du graphite, de la kamacite, 
de la schreibersite, de la troïlite et de la cohénite, il semble impossible 
ce comprendre la distribution qu'affectent ces minéraux dans la masse qui 
les contient, en supposant, comme on l’a fait quelquefois, que celle-ci. 
résulte de la simp'e solidification par refroidissement d’un mélange préala- 
blement fondu , d'autant plus que le fer, même au voisinage sé rognons, 
n'est ni carburé ni sulfuré. 

Au contrure, la structure compliquée qui vient d’être décrite se concilie 
avec l'hypothèse d'une genèse par réactions mutuelles de vapeurs, c’est-à- 
dire suivant un mécanisme fort analogue à à celui d'où proviennent les roches 
filoniennes terrestres où l’on rencontre à chaque pas des associations tout 
aussi étranges au premier abord. C’est une opinion que déjà, pour bien 
d'autres météorites, j'ai soutenue depuis de longues années, que de 
nombreuses expériences synthétiques sont venues confirmer et à laquelie 
M. Daubrée et M. Friedel se sont ralliés. 

La présence du diamant dans le fer de Gañon Diablo avec des caractères 
reproduits par le diamant arüficiel de M. Moissan ne prouve qu'une chose, 
à savoir : le développement au moment de la cristallisation d’une pression 
énergique qui, pour êcre aussi considérable que eelle qui prend naissance 
dans un culot de fonte en voie de solidification, peut cependant dériver 
d’une tout : utre cause. 

Des faits du genre de ceux que présente léchantillon que nous avons 
sous les yeux concourent à démontrer que les météorites résultent d’une 
succession de phénomènes dont la superposition suppose, dans le milieu 
d'origine, une complexité comparable à celle que présente à nos études la 
croûte solidifiée de notre propre globe. 


— 281 — 


Di L'ACTIVITÉ CORALLIENNE 
DANS LES MES JURASSIQUES DU BASSIN DE L'AQUITAINE, 
par Pu. GLixGraun. 

Dans mes études sur le Jurassique du bassin de l'Aquitaine, j'ai eu l’oc- 
casion d'observer, en de nombreux points, des calcaires à Polypiers et de 
véritables récifs. 

C'est à l'époque (Bajocien inférieur) où s’élablissent les deux grands 
facies que l’on observe dans le Jurass:que du bassin de l'Aquitaine qu'arri- 
vent les Polypiers. 

Dans le nord du bassin (Vendée, Charente-Inférieure, Deux-Sèvres, 
nord du département de la Gharente) se déposent des sédiments détritiques 
| (argiles, marnes, calcaires). Immédiatement à l’ouest du Plateau central, 

dans le sud du département de la Charente, dans la Dordogne, une partie 
du Lot, les sédiments chimiques (calcaires oolitiques) et zoogènes (calcaires 
à Polypiers) tiennent au contraire une large place dans les dépôts juras- 
siques. 

À ces différences pétrographiques correspondent des différences paléon- 
toiogiques. Dans les arpiles, les marnes et les calcaires du nord du bassin, 
on trouve de nombreuses Ammonites caractérisant toutes les zones classiques 

! des étages. Dans les calcaires oolitiques, crayeux, compacts de l'ouest du 
Plateau central, on ne trouve plus de Céphalopodes. En revanche, ces cal- 
caires renferment de nombreux Gastéropodes (Werinea, Cylindrites, Pseudo- 
nelania, Patella), des Lamellibranches (Pecten, Lima, Tancrediu, Trigonia), 
des Brachiopodes, des Échinides, associés fréquemment à des Polypiers. 

Les Polypiers forment à plusieurs niveaux du Bajocien moyen ét supé- 
rieur : 1° des calcaires à Polypiers; 2° des flots réciformes; 5° enfin, on 
les trouve dans des couches de charriage, roulés avec de nombreux fossiles ; 
ils proviennent peut-être, dans ce cas, du démantèlement de récifs par les 
vagues. 

Ces formations coralliennes sont à paralléliser avec celles qui ont été 
observées à l’est du bassin de Paris et dans le Jura. 

Les Polypiers sont absents dans les lagunes saumälres qui existent au 
Bathonien inférieur sur une étendue de plus de 200 kilomètres, à l'ouest du 
Plateau central, mais ils reparaissent isolés au Bathonien superieur dans des 
calcaires crayeux et oclitiques. 

: On n'en trouve que de rares exemplaires dans le Callovien. 

Ce n’est que dans les mers oxfordiennes que se montrent pour la première 
fois de véritables récifs avec tous les termes qui accompagnent, en général, 
une pareille formation. J'ai vu plusieurs fois le passage très net des calcaires 
coralliens à des calcaires à encrines et à des calcaires à silex (la Rochefou- 


des D RDE = 


cauld, Saint-Angeau, Charente). C'est à celte époque (Oxfordien supé- 
rieur) qu'apparait le groupe des Diceras. 

Les récifs oxfordiens de la Charente peuvent se paralléliser avec les 
calcaires coralliens âes Ardennes, le coral-rag de la Meuse, les récifs de 
Chatel-Censoir (Yonne). 

Les vases argileuses et argilo-calcaires continuent à se déposer dans les 
mers rauracienne el séquanienne depuis l'Océan Atlantique jusqu’à Saint- 
Angeau (Charente). Mais à partir de Saint-Angeau, les Polypiers forment, 
à l’ouest du Plateau central, une série de récifs peu élevés bordant immé- 
diatement le rivage (récifs frangeants). ai observé trois séries saperposées 
de ces récifs dans le Rauracien et le Séquanien. 

I s’est produit dans les mers oxfordienne, rauracienne et séquanienne 
du bassin de l'Aquitaine un recul des récifs vers le Sud. Ce recul est vraisem- 
blablement du à l'avancée progressive vers le Sud de vases argileuses et ar- 
glo-calcaires, à partir de l'Oxfordien. 

Dans les mers kimmeridoiennes, c’est dans la Charente-Inférieure, vers 
la Rochelle, que s’est, au contraire, manifestée l’activité coralhienñe; ainsi 
que d Orbigny l'avait indiqué un des premiers. 


SUR LA COLORATION ARTIFICIELLE DES CRISTAUX , 


par M. P. GauBerr. 


La plupart des cristaux naturels présentent des colorations qui sont 
propres à la substance même (minéraux de cuivre, de cobalt, de nickel) 
ou qui sont dues à des inclusions de matières étrangères. En effet, beau- 
coup de minéraux, qui devraient être incolores et qui le sont quand ils sont 
purs, offrent les colorations les plus variées; on peut citer comme exemple 
le quartz; les recherches de de Senarmont ont aussi montré que plusieurs 
substances artificielles pouvaient, en cristallisant, retenir certaines ma- 
üères colorantes dissoutes dans l’eau mère à l'exclusion des autres : tout 
récemment, Ambronn, O. Lehmann, Retgers, etc. , ont coloré artificielle- 
ment des cristaux par le procédé de de Senarmont. La coloration des sub- 
stances cristallisées n’offrirait pas un grand intérêt scientifique par elle- 
même. si elle ne fournissait pas les moyens d’élucider diverses questions. 
Parmi ces dernières, celle qui consiste à déterminer les conditions dans 
lesquelles les molécules cristallines peuvent tolérer que les particules d’une 
substance étrangère viennent se placer entre elles, a été l’objet de travaux 
récents. J'ai repris l'étude de cette question et voici quelques-uns des 
résultats auxquels je suis arrivé. 


Séries isomorphes. — Les dissolutions de divers sels ont été colorées 


ds MS 


par la même quantité de substance, et les cristaux se sont formés dans 
des conditions identiques. Je me suis adressé à des séries isomorphes. 
L'une d'elles est celle des azotates de baryte, de plomb et de strontiane 
anhydre. Ces substances se colorent par le bleu de méthylène. Les observa- 


tions étant faites dans des conditions comparables, on constate : 


1° Que dans des conditions identiques la coloralion est d'autant plus fa- 
cile que le volume moléculaire du sel est plas grand. En effet, l'azotate de 
baryte se colore mieux que l'azotate de plomb qui lui-même se colore bien 
, . : d 
plus que l’azotate de strontiane auhydre. Ge dernier a, en effet, un volume 
moléculaire beaucoup plus petit que les deux autres ; 


2° Les mélanges isomorphes facilitent la coloration. Les cristaux mixtes 
d'azotate de plomb et d’azotate de baryte se colorent dans des cas où les 
deux sels isolés se forment presque inco'ores. De même, tandis que les 
aluns se colorent peu par l'hématoxyline, la fuchsine , ete., le mélange de 
l’alun de potasse et de l'alun d’ammoniaque est beaucoup plus coloré que 
chacun des deux sels isolés. 


Action des liquides ajoutés à l’eau mère. — Un liquide ajouté à l'eau 
mère peut empêcher ou du moins diminuer la facilité de coloration. L’acide 
azotique et l'alcool ajoutés à une solution d'azotate de baryte ou de plomb 
diminuent la faculté d'absorption de la matière colorante. Certains sels dis- 
sous dans l’eau mère peuvent l'augmenter. 


Influence de la matière colorante sur la forme cristalline. — Dans les cas 
qui précèdent, la matière colorante n’influence pas la forme cristalline. II 
n'en est pas toujours ainsi. l’azotate d’urée est orthorhombique, mais 
quand les cristaux se forment dans une eau mère contenant du bleu de 
méthylène, ils sont monocliniques. La liqueur se décolore et il se dépose 
des cristaux allongés suivant l’arête »m m et ne présentent aucune modifi- 
cation. I est probable qu'il y a une combinaison entre l’afotate d’urée et 
le bleu de méthylène, mais, ce qui est particulièrement intéressant, c’est 
que ces cristaux, continuant à s’accroître dans l’azotate d’urée, conservent 
la même forme, mais il se développe les faces 2° et k'. En outre, le cristal 
ne s'accroît plus ou, du moins, fort peu suivant l'axe principal, de telle 
façon qu'il présente à son centre daus toute sa longueur un prisme bleu 
non modifié. 


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DoS4GE DE L'ACÉTYLÈNE DANS LE SANG 
APRÈS UN EMPOISONNEMENT PARTIEL, 


par M. N. Gréuanr. 


M. Berthelot, qui a obtenu l'acétylène en combinant directement le 
charbon avec l'hydrogène à la température de l’arc électrique, a fait, il y 
a trente ans, avec Claude Bernard quelques expériences sur la toxicité de 
l'acétylène. En opérant avec de l'air mélangé de quelques centièmes d'acé- 
tylène pur, ils ont observé que les Moineaux sur lesquels ils opéraient ne 
paraissaient pas en souffrir d’une manière notable. 

J'ai repris ces expériences en augmentant beaucoup les doses; grâce à 
l'obligeance de M. Moissan, qui a bien voulu mettre à ma disposition plu- 
sieurs kilogrammes de carbure de calcium préparé par son procédé du 
four électrique, j'ai pu obtenir des centaines de litres d’acétylène. 

J'ai communiqué à l’Académie des sciences les résultats de mes pre- 
mières recherches. 

Un mélange d’acétylène, 7a p. 100, et d’exygène, 21 p. 100, a déler- 
miné la mort d’un Chien en 27 minutes. 

Un mélange d’acétylène, 4o p. 100, d'air et d'oxygène, renfermant en 
tout 20,8 p. 100 d'oxygène, a élé toxique pour un Ghien au bout de 
51 minutes. 

L’acétylène est à peu près aussi so‘uble dans l’eau que lacide carbo- 
nique. Pour le doser dans mon grisoumètre, J'emploie un tube de verre 
oradué muni à la partie supérieure d’un robinet de verre; dans ce tube 
plein de mercure, je fais arriver 2 centimètres cubes d’acétylène pur et 
j'ajoute 20 centimètres cubes d’air. Le mélange est introduit dans le gri- 
soumètre avec de Fair de manière à remplir lampoule et le long tube 
oradué. 

Au premier “passage du courant qui rougit la spirale de platine, on 
aperçoit une flamme et il se produit une lévère détonation. On fait passer 
le courant 4oo fois, et l’on observe une réduction de 22,8 divisions pour 
1 centimètre cube d’acétylène, tandis que 1 centimètre cube d'oxyde de 
carbone donne une réduction de 7,6 divisions, c’est-à-dire trois fois 
moindre. Le grisoumètre, eudiomètre sensibilisé, est done trois fois plus 
sensible pour l’acétylène que pour l’oxyde de carbone. 


Mélange à 20 p. 100 d’acétylène. — J'ai fait respirer à un Chien un mé- 
lange d’acétylène, d'air et d'oxygène renfermant 20 p. 100 d'acétylène et 
.20,8 p. 100 d'oxvoène. Au bout de 35 minutes, j'ai fait une prise de sang 
égale à 4a centimètres cubes dans l'artère carotide. L’extraction des gaz 


du sang additionné d'acide acétique à 8 degrés a donné 29*5 de gaz, 


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et, après addition de potasse, j'ai obtenu un résidu de 11 centimètres eubes 
qui a été introduit dans le grisoumètre et a donné une réduction de 
82,4 divisions correspondant à 8° 6 d'acétylène pour 100 centimètres cubes 
de sang. 


Empoisonnement partiel mixte par un mélange d'acétylène et d'oxyde de 
carbone. — J'ai fait composer dans le gazomètre de laiton un mélange de 
20 p. 100 d'acétylène et d'air contenant 20,8 p. 100 d'oxygène au- 
quel j'ai fait ajouter 1/500° d'oxyde de carbone pur. On fait respirer ce 
mélange à un Chien. Au bout de 30 minutes, l'animal ayant fait cireuler 
dans ses poumons 70 litres de gaz, on fait une prise de sang artériel de 
20 centimètres cubes qui est injecté dans un récipient vide, à 37 degrés, 
ne contenant pas d'acide acétique. 

On obtient 16° 4 de gaz et après la potasse un résidu de 6% 4 qui est 
introduit dans le grisoumèlre. Cet instrument indique que 100 centimètres 
cubes de sang renferment 8* 6 d’acétylène, exactement le même nombre 
qu'a donné l'expérience précédente. 

Le sang, privé d’acétylène, contenu dans le récipient était encore d’un 
beau rouge vif; c'était du sang oxycarboné; en ellet, par le traitement que 
j'ai fait connaître, il y a longtemps, par l'acide acétique, à la température 
de l'eau bouillante, on a obtenu 3 centimètres cubes de gaz qui, dans le 
grisoumètre, ont donné une réduction de 13,7 divisions correspondant à 
Q centimètres cubes d'oxyde de carbone. 

Voici donc un procédé qui permet de séparer exactement les deux gaz 
qui étaient contenus dans le sang et de reconnaître qu'au bout d'une 
demi-heure 100° de sang renfermaient plus d'oxyde de carbone (9°°) fixé 
par l’hémoglobine que d’acétylène , qui était, selon toute probabilité, simple- 
ment dissous dans le plasma en quantité égale à 86. Cependant 1: rap- 
port de l'acétylène à l'oxyde de carbone était ss — 100; il y avait donc 
dans le mélange 100 fois plus d’acétylène que d'oxyde de carbone. du 


Application à l'hygiène. — On sait qu'un bec de gaz de Bunsen qui 
brüle par en bas dégage de l'acétylène et de l’oxyde de carbone; il est très 
dangereux de respirer le mélange, ainsi que le démontre Fexpérience sui- 
vante : 

Au-dessus d’un bec Bunsen brülant par en bas, J'ai placé une cloche 
cylindrique en fer galvanisé communiquant avec un grand réfrigérant de 
laiton muni d’une soupape hydraulique permettant l'aspiration. Un Chien, 
portant une muselière de caoutchouc, a été astreint à respirer les produits 
de la combustion incomplète du gaz mélangés avec l'air entraîné par les 
mouvements respiratoires. 

Entre la cinqnième et la sixième minute, après une période d’agitation 
et d’arrêts respiratoires, il-y eut arrêt définitif. l'animal mourut. 


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20% de sang, pris dans l’artère fémorale, alors que le cœur battait en- 
core, ont été injectés dans le récipient vide à 4o°. En appliquant le procédé 
qui a été décrit précédemment, j'ai trouvé que 100% de sang contenaient 
13 d’acétylène et 198 d'oxyde de carbone, quantité considérable, qui 
explique la mort rapide de l’animal. 


SUR LES EFFETS DE LA THYROÏDECTOMIE CHEZ LA CHÈVRE, 


par M. E. GLery. 


Avant mes recherches, dont j'ai commencé de faire connaître les résul- 
lats 11 y a quatre ans déjà !”, sur les effets de ia thyroïdectomie chez le 
Lapin, on considérait celte opération comme n'étant suivie d'accidents 
mortels que chez le Chien, le Chat et le Singe; et, pour cette raison, 
plusieurs physiologistes avaient été amenés à prétendre qu'elle est inof- 
fensive pour les herbivores; d'après eux, le mode d'alimentation si différent 
chez ces animaux et chez les carnivores donne sans doute lieu à des pro- 
duits différents qui, loxiques d'un côté et retenus dans le sang après la 
thyroïdectomie, déterminent la mort et qui, d'un autre côté, ne sont pas 
toxiques ou le sont très peu. Cette théorie était même en train de faire for- 
tune, quand mes expériences vinrent montrer © que l'extirpation de la 
glande thyroïde est, dans la plupart des cas, mortelle pour le Lapin comme 
pour le Chien, à condition qu’elle soit totale, c’est-à-dire que l’on enlève, 
outre la glande proprement dite, les petits organes que j'ai appelés glan- 
dules thyroïdiennes , dont le rôle était complètement inconnu, et dont l'exis- 
tence anatomique même, révélée en 1880 par [var Sandstrôm, était ou- 
bliée. Ainsi la fonction thyroïdienne apparaissait comme élant très générale. 
Aussi bien, un an après, H. Cristiani (de Genève) établissait que les Rats, 
pas plus que les Lapins, ne résistent à la thyroïdectomie complète. 

Il y avait intérêt à rechercher si d'autres herbivores que les Rongeurs, 
comme on pouvait le supposer, présenteraient des accidents analogues à la 
suite de la thyroïdectomie. Malheureusement, pour diverses raisons, dont 
les principales sont leur prix élevé et les difficultés de leur entretien dans 
nos laboratoires, il n’était pas aisé d'entreprendre une série d'expériences 
sur des Ruminants. J'ai pu cependant me procurer trois Ghèvres; j'ai, avec 
les précautions antiseptiques d'usage, bien entendu, pratiqué la thyroïdec- 
lomie sur ces animaux. Et voici résumés les phénomènes que j'ai observés. 


() Comptes rendus Soc. de Biologie, 1891, et Arch. de physiol., 1892. 

@) Elles ont été confirmées par de Quervain (Inaug. Dissert., Berne, 1893), 
Hofmeister (Fortsch. der Med., 1892 et Beiträge zur klin. Chir., 1894), Verstræten 
et Vanderlinden {Mém. de l’Acad. de med. de Belgique, 189h), Walter Edmunds 
(Journ. of Physiol., 1895), Rouxeau (Soc. de Biol. , 1895). 


1907 — 


Un Boue blanc, âgé de 1 1 à 19 mois, pesant 33 kilogrammes, présenta, 
dès le deuxième jour après l'opération, des mouvements convulsifs et de 
l'agitation; le troisième et le quatrième jour, il se montra très abattu, 
restant constamment étendu sur le flanc: il ne pouvait se tenir debout sur 
ses paltes ; de plus, la respiration était dyspnéique; enfin, il ne mangea 
pas; le matin du cinquième jour, il fut trouvé mort, — A l'autopsie, 
poumons et rate asphyxiques; congestion intense de l'écorce du cerveau 
el du cervelet; quelques pelits points rouges aussi dans la substance 
blanche. 

Une Chèvre, noire et blanche, opérée à l’âge de 6 mois, présenta, 
quinze jours après el pendant une dizaine de jours, des secousses convul- 
sives dans les muscles des cuisses et du gonflement abdominal; ce dernier 
phénomène ainsi que la perte de l'appétit et un certain degré d'abatte- 
ment furent observés pendant plus d’un mois; puis elle se remit et passa 
tout un hiver et un été bien portante, augmentant progressivement de 
poids. — Elle pesait 4o kilogr. 300, quand on lui fit subir une deuxième 
opéralion, pour voir s'il ne lui restait pas quelque fragment de la glande. 
On trouva effectivement un morceau de corps thyroïde qui pesait, frais, 
1 gr. 090. Six jours après l’extirpalion de ce morceau, l'animal eut, par 
moments, pendant un mois, des secousses dans les muscles des cuisses, du 
cou et, plus rarement, dans les muscles des membres antérieurs; et il sur- 
vint du gonflement abdominal. Puis ces phénomènes disparurent. — Un 
nouvel hiver commença, au milieu duquel on fit une troisième opération, 
pour explorer systématiquement la région cervicale antérieure, du larynx 
jusqu'à la base, afin de s'assurer qu'il ne restait aucun organe thyroïdien ; 
celle recherche fut infructueuse. Dix jours après, la plaie étant cicatrisée et 
l'animal paraissant bien portant, on le sacrifia. — A l’autopsie on ne trouva, 
à la base du cou, le long du tronc brachio-céphalique, ou près de l'aorte, 
aucun organe d'apparence thyroïdienne; il est vrai que celte exploration fut 
assez difficile à cause de l’abondance de la graisse. 

Une autre Ghèvre, noire et blanche, fut également opérée à l’âge de six 
mois. Un mois après on constata le ballonnement du ventre. Sa santé géné- 
rale restait bonne; cependant elle ne grossit pas. En même temps que cet 
arrêt de développement, on remarqua que son poil devint dur et hérissé et 
qu'elle avait la peau très sèche; la peau des oreilles, épaissie et durcie, 
était très froide; puis les poils tombèrent. Gct état, caractérisé par des 
altérations trophiques, l'arrêt de développement et quelques troubles diges- 
tifs, dura plus d’une année. I se produisit alors de l'amélioration. Mais, dix- 
huit mois après l'opération, l'animal fut atteint d'accidents nerveux aigus, 
convulsions, puis paralysie, tout à fait analogues à ceux que l’on observe 
chez les Chiens et chez les Lapins thyroïdectomisés. La paralysie complète ne 
dura qu'un mois et demi; puis il se remit peu à peu. À partir de ce mo- 
ment, l'état général s’améliora aussi progressivement; les troubles trophiques 


288 — 


cutanés eux-mêmes s'amendèrent. Cinq mois après, comme elle pa- 
raissait très bien portante, on la sacrifia. — À l’autopsie, on trouva à la 
base du cou, du côté droit, un organe glanduliire offrant l'aspect d’un lobe 
de thyroïde de chien. L'examen histologique permit de reconnaître qu'il 
s'agissait bien d'ône glande thyroïde, parfaitement développée, avec de 
très larges vésicules remplies de substance colloïde. 

AM sur ces trois animaux, un à succombé en quelques jours, comme 
c’est la règle pour les Lapins et surtout pour les Chiens. Un autre a présenté 
les signes de la maladie chronique, de la cachexie consécutive à la sup- 
pression de la glande thyroïde chez l'Homme, dont j'ai observé quelques 
cas chez le Chien et chez le Lapin, et que plusieurs expérimentateurs ont 
observée depuis chez le Lapin, le Mou'on, le Cochon. Enfin le troisième 
n'a eu que quelques troubles nerveux, de nature convulsive, et de légers 
troubles digestifs; c’est donc là un de ces cas de résistance à la thyroïdec- 
tomie, analogues à ceux qne l’on constate parfois chez le Lapin et excep- 
tionnellement chez le Chien. 

Ces expériences évidemment devraient être multipliées. Il me semble 
néanmoins que l'on en peut conclure, d’une façon générale, que le rôle de 
la glande thyroïde est sans doute presque aussi important chez les rumi- 
nants, surtout chez les jeunes, que dans les autres espèces animales. 


[NFLUENCE DU FOIE ET DU SYSTÈME NERVEUX SUR L'ACTION ANTI- 
COAGULANTE DES INJECTIONS INTRA-VASCULAIRES DE PEPTONE CHEZ 
LE CHIEN, 

PAR CH. CONTEJEAN. 


Dans des communications antérieures ( Voir Soc. de Biol., 189h et 1895. 
Bulletin du Muséum, 1895, et Arch. de Physiolonie, 1895), j'ai démontré 
que, sous l'influence des injections intraveineuses de peptone, il se produit 
dans l'organisme du Chien une substance qui rend le sang incoagulab'e. 
Mes expériences m'ont conduit à attribuer au foie et à la masse intestinale 
une action prépondérante dans la sécrétion de cette substance capable de 
conférer limmunité contre une injection ultérieure de peptone. J'ai cru de- 
voir cependant reconnaître aussi aux autres cellules de l'organisme un rôle 
secondaire dans l'élaboration de ce produit, car le protoplasma de tout élé- 
ment vivant jouit en somme des mêmes propriétés physico-chimiques et ré- 
agit plus ou moins de la même manière contre l'invasion d’une substance 
étrangère. Mes expériences d’ailleurs montraient qu'après l'isolement vas- 
culaire du foie et de la masse intestinale, la substance anticoagulante se 
produit encore en petite quantité. J'ai reconnu depuis qu’elle se produit 
d'une façon absolument manifeste et peut entraîner un relard énorme 


nan TEE 


— 289 — 


dans la coagulation, parfois même incomplète, après la section entre deux 
ligatures de tous les organes pénétrant dans le hile du foie (artère hépa- 
tique, veine porte, canal cholédoque, lymphatiques du foie se rendant au 
pancréas d’Aselli) et La ligature élastique du foie tout contre le ligament sus- 
penseur. Cette expérience me semble démontrer le bien fondé de ma ma- 
nière de voir, combaltue récemment par MM. Gley et Pachon. 

Dans des expériences nouvelles, j'ai étudié l'action du système nerveux 
sur la sécrétion de la substance anticoagulante. Toute vivisection pratiquée 
sur l'axe cérébro-spinal ne m'a jamais paru entraver d’une façon manifeste 
l’action des injections de peptone. La section de la moelle, entre l’occipital 
et l’atlas, dans la région cervicale, dans la région dorsale, ou la piqûre 
restent sans effet. Il en est de même de l’assommement, de la ligature des 
quatre artères de la tête, et de celle de l'aorte abdominale au-dessous des 
reins. Tous ces faits montrent en outre qu'une vivisection grave est inca- 
pable d'empêcher la peptone de produire son action spécifique par choc 
nerveux ou par tout autre procédé. Je me suis assuré aussi que le refroi- 
dissement d’un animal jusqu'à ce que la température rectale s’abaisse à 34° 
ne peut aussi empêcher la peptone d'agir. Je n'ai vu qu’une seule fois ap- 
paraître quelques filaments très rares de fibrine et se redissolvant aussitôt 
par agitation dans le sang d’un Chien ayant subi la section du bulbe, dont 
la poitrine et l'abdomen avaient été largement ouverts et les intestins étalés 
sur la table, et remis en place quelque temps après. Cet animal, comme 
tous les autres, avait reçu un demi-gramme de peptone de Witte par ki- 
logramme d'animal, dose injectée en un trait dans une veine. 

En revanche, j'ai constaté que l’extirpation des deux ganglions cœlia- 
ques entrave considérablement l’action de la peptone. Les premières prises 
de sang faites quelques minutes après l'injection présentent toujours un 
début de coagulation, et les prises faites un quart d'heure environ après 
l'injection se coagulent rapidement et en totalité. L’extirpation des deux 
ganglions accompagnant la grande mésentérique n'empêche pas l’action 
anticoagulante de la peptone de se produire; elle diminue seulement la 
durée du phénomène, le sang n'étant totalement incoagulable que pendant 
une vingtaine de minutes (après injection d'un demi-gramme de substance 
par kilogramme d'animal). L'extirpation d’un ganglion cœliaque et d’un 
ganglion de la grande mésentérique n’a pas non plus empêché l'incoagula- 
bilité du sang de se produire pendant près d’un quart d'heure. La dissec- 
tion des organes du hile du foie en évitant de léser les nerfs, voire même 
la ligature en masse de la veine porte du cholédoque et de quelques 
lymphatiques, l'artère et les nerfs étant hors de la ligature, n'ont pas 
entravé non plus l’action de la peptone. La section des splanchniques dans 
le thorax ou dans l'abdomen, la section des vagues sont aussi sans effet. 
Donc, l'intégrité des nerfs du foie de lintestin à partir des ganglions 
cœliaques est nécessaire et suffisante pour qu’une injection intraveineuse 


Muséum. 20 


— 290 — 


de peptone détermine énergiquement la sécrétion de la substance anticoa- 
gulante. 

Je n'ai pas essayé l’action de la peptone sur un (ion ayant subi l’extir- 
pation des ganglions cœliaques et complètement guéri. Il est probable alors 
qu’elle produirait son effet habituel. Nous savons, en eflet, que le foie et 
l'intestin reprennent vite leurs fonctions après l’énervement. Je crois devoir 
attribuer l'effet que j'ai observé à l'irritation passagère des nerfs du foie 
consécutive à leur section. Les protocoles détaillés de mes expériences el 
leur discussion feront l'objet d’un prochain mémoire. 


(Travail du laboratoire de M. Cuavveau.) 


SUR L’ÉNERVATION SENSITIVE DES MUSCLES 
ET SUR L'EXCITABILITÉ DES RACINES POSTÉRIEURES RACHIDIENNES, 


par MM. J. Tissot er Cu. ConTesran. 


Nos expériences sur l’énervation sensitive des muscles ont porté jusqu'ici 
(chez le Chien) sur les muscles du chanfrein (section du nerf sous-orbitaire 
et du nerf auriculo-temporal) et sur ceux du membre postérieur (section 
des racines postérieures des 5 dernières lombaires (ou 4) et des 2 pre- 
mières sacrées. Nous avons constaté les faits suivants : disparition de la 
tonicité dans les muscles intéressés, ataxie de la contraction volontaire, et 
faiblesse de cette contraction. Dans un cas même, nous avons observé une 
paralysie totale d'un membre postérieur à la suite de l'opération décrite 
plus haut et malgré l'intégrité absolue des racines antérieures. Nous avons 

aussi conservé longtemps et parfaitement guéri, et montré à la Société de 

biologie, un animal ayant subi l’extirpation des ganglions intervertébraux 
des 4 dernières lombaires et des 2 premières sacrées. Ce Chien, contraire- 
ment à ce qui a été vu jusqu'ici, exécutait quelques mouvements coordonnés 
avec le membre opéré. [l se grattait fort bien avec ce membre, et l’on pou- 
vait provoquer pour cette patte le «Kratzreflex » en chatouillant la peau de 
l'encolure ou celle du ventre. Ge Chien levait aussi celte patte pour pisser. 
Or les Chiens mâles ayant subi l’extirpation de la région dite «motrice» du 
cerveau sont incapables de le faire; ils urinent en s’accroupissant comme 
les femelles. Ceci nous montre que les troubles moteurs consécutifs à une 
lésion cérébrale ne sauraient être interprétés par la perte de la sensibilité 
tactile (Schiff) ou de la sensibilité musculaire (Nothnagel) dans le membre 
correspondant à la région extirpée du cerveau. 

Dans des expériences relatives à l'excitabilité de la racine sensitive, nous 
avons constaté que cetle excitabilité (appréciée par la contraction du muscle 
auquel se rend la racine motrice correspondante) au niveau du ganglion, 


ube Le …. ds 


291 — 


ou de ce qu' on peut isoler du nerf sensitif au-dessous du ganglion, est tou- 
jours moindre que l'excitabilité de la portion radicale siluée entre le gan- 
glion et la moelle, Ces expériences ont élé faites sur les racines du nerf 
seiatique sur des sujets immobilisés par la section de la moelle, 


(Travail du laboratoire de M. Cuauveau.) x 


OBs&RvATIONS SUR LA FERMENTATION PECTIQUE, 


par G. BerrranD Er À. Macièvre. 


Malgré léur importance considérable au point de vue physiologique, les 
diastases sont encore très peu connues quant à leur nature et à leurs pro- 
priétés. Aussi les expériences susceptibles d'étendre nos connaissances sur 
ce sujet ne sont-elles pas sans intérêt pour la biologie, quelle que soit du 
reste l’origine des diastases étudiées. 

Nous avons pensé dès lors qu'il pouvait y avoir quelque utilité à re- 
prendre l'étude, encore inachevée, de la pectase, ferment non figuré qui 
détermine ce qu'on a appellé la «fermentation pectique», c'est-à-dire la 
coagulation des sucs végétaux riches en pectine. 

La pectase a été découverte par Frémy en 18/40 à une époque où l'étude 
des diastases était à peine ébauchée. Aussi le savant chimiste du Muséum 
n'a-t-il laissé sur elle que fort peu de renseignements. D’après lui, la pectase 
existerait sous la forme soluble dans les racines de carottes et de betteraves , 
et sous la forme insoluble dans les pommes et les fruits acides. En préeipi- 
tant du jus de carottes nouvelles par l'alcool, la pectase, qui d'abord était 
soluble, deviendrait insoluble dans l’eau, sans perdre cependant la propriété 
caractéristique de transformer la pectine en acide pectique. 

Nous avons publié ©, il y a déjà quelque temps, les premiers résultats 
de nos recherches sur la pectase. Nous reconnaissions tout d’abord 
que le coagulum gélatineux obtenu en faisant réagir une dissolution de 
pectase (suc de carottes) sur une dissolution de pectine n'était pas, 
comme on l'avait cru jusqu'alors , de l'acide pectique, mais bien du pectate 
de calcium. Ce premier point établi nous conduisait naturellement à re- 
chercher si les sels de calcium ne jouaient pas un rôle important dans la 
fermentation pectique. Ce rôle, nous l'avons mis en évidence en montrant 
qu’en l'absence de toute trace d’un sel soluble de calcium la pectase deve- 
nait incapable de déterminer la coagulation de la pectine. Getle coagulation 
ne s'opère, sous l’action de la pectase, qu'en présence d’un sel soluble de 
caleium , qui peut d'ailleurs être remplacé par le sel d’une autre base alca- 


(0) Comptes rendus, t. CXIX , p. 1012 et t. CXX, p. 110. 


292 — 


lino-terreuse : baryte ou strontiane, Dans chacun de ces cas, il y a formation 
du pectate correspondant de calcium, de baryum ou de strontium. 

I ne faudrait pas cependant conclure de là que la pectine se transforme 
en pectate chaque fois qu’elle subit le contact simultané de la pectase et 
d’un sel alcalino-terreux. La transformation n’a lieu au contraire que si le 
milieu est sensiblement neutre. L'influence des acides libres sur la fermen- 
tation pectique est en effet considérable. Les acides organiques comme les 
acides minéraux, à party d’une certaine dose, paralysent complètement 
l'action de la pectase. Au-dessous de cette dose, ils exercent une action re- 
tardatrice manifeste. La dose paralysante varie d’ailleurs avec la quantité 
de diastase contenue dans le suc végétal examiné : elle est d'autant plus 
élevée que la quantité de diastase est elle-même plus forte. Cette action des 
acides sur la fermentation pectique est digne de remarque, car beaucoup 
de fruits contiennent, à côté du ferment, une proportion d'acide qui, à cer- 
taine époque de leur développement, dépasse de beaucoup les doses né- 
cessaires pour suspendre l’activité de la pectase, autrement dit pour 
masquer la présence de ce ferment soluble. Il suffit dans ces cas de neutra- 
liser le suc de ces fruits pour rendre à la pectase son activité et pour en 
déceler la présence. 

En somme, nous avons établi par nos recherches Ant que la fer- 
mentation pectique dépend des proportions relatives de ferment, de sels 
alcalino-terreux et d'acides libres. La connaissance de ces conditions d’acti- 
vité de la pectase nous permettait, en outre, de prouver qu’il n'existait 
pas de pectase insoluble, au sens où l’entendait M. Frémy. 

Aujourd'hui nous complétons ces recherches en montrant que la pectase 
n'existe pas seulement dans les racines et dans les fruits, mais qu’elle doit 
être regardée comme universellement répandue chez les plantes vertes. Bien 
plus, son abondance est telle dans certains organes que nous avons pu 
l'isoler et la préparer à la manière des autres ferments solubles, ce qu'on 
n'avait pas réussi à faire jusqu à présent. 

C'est ainsi que nous avons recherché la pectase dans quarante espèces 
bien différentes de plantes à chlorophylle dont cinq appartiennent au 
groupe des Cryptogames, et, dans toutes ces plantes, à l'exception du 
Pinus laricio, nous l’avons mise sûrement en évidence. Encore cette excep- 
tion unique n’est peut-être due qu’à une extrême pauvreté du suc cellulaire 
en ferment. 

La pectase peut se rencontrer dans tous les organes : les racines et les 
tiges, les feuilles, les fleurs et les fruits. Nous avons avons évalué l’activité 
de la pectase dans des sucs cellulaires d'origines diverses. Pour cela, nous 
aJoutions à ces sucs leur volume d’une solution de pectine à 2 p. 100 et 
nous notions le temps nécessaire à la prise en gelée des mélanges. Il est 
facile de constater ainsi que d’une espèce à l’antre l'activité du ferment 
pectique peut varier dans de très grandes limites. Cette activité peut 


— 293 — 


même être telle que dans certains cas elle se manifeste presque instantané- 
ment, 

C'est notamment ce qui se produit pour les feuilles de pommes de terre, 
de trèfle, de luzerne, de plantain, de ray-grass, ete. Par contre, il y a 
d’autres cas où l’action de la pectase est très lente : ainsi le suc du fruit 
mûr de la tomate ne coagule la pectine qu'au bout de quarante-huit heures. 
Parfois même l'organe (racine de betterave, abricots, feuilles de vigne, etc.) 
est si pauvre en peclase qu'il faut, pour favoriser la fermentation pectique, 
neutraliser exactement le mélange de suc cellulaire et de pectine et y ajouter 
un peu de calcium conformément aux indications que nous avons publiées 
antérieurement et rappelées plus haut. 

L'activité du ferment pectique peut varier non seulement suivant les es- 
pèces que l’on examine , mais encore dans la même espèce suivant les organes. 
C'est ainsi que, chez le potiron, nous avons constaté la prise en gelée du 
. mélange à parties égales de suc cellulaire et de solution de pectine à 
3 p.100 : 


Four la ge (base). ...:.....,. ae NE après 20 minules. 
Pour la tige (sommet) ............. Pet eh d à + 53 :19 
Pour le pétiole (de feuilles ayant 25 centimètres de large). 8 
Pour la feuille (linrbe de 25 centimètres de large) . . .... 1 
Pour la feuille (limbe de 7 à 9 centimètres de large). .... 3 
Pour la feuille (limbe de 1 à 5 centimètres)........... sou 9 
Pantone (fleurs mâles)... ...:.4.....4:.,,.: 45 
Pour le fruit très jeune (diamètre : 4 centimètres ) . . ..... 30 


D'une façon générale, ce sont les feuilles, surtout des plantes à crois- 
sance rapide, qui fournissent le suc cellulaire le plus riche en pectase. C'est 
donc en utilisant ces feuilles qu’on peut préparer le plus facilement le fer- 
ment pectique. Ainsi, avec la luzerne et le trèfle, nous avons obtenu, pour 
1 litre de suc filtré, de 5 à 8 grammes d’une substance blanche, non hy- 
groscopique, très soluble dans l’eau et qui jouit à un haut degré du pouvoir 
de déterminer la fermentation pectique. Par exemple, une solution de 
pectine à 1 p. 100 se coagulait encore en quarante-buit heures par addi- 
tion de 1/1,000 de son poids de pectase de la luzerne ou de 1/1,600 de 
pectase du trèfle. 


(Travail du laboratoire de chimie organique du Muséum.) 


— 294 — 


Couuevr LE HERISSON RÉSISTE AUX MORSURES DE LA VIPèRz, 


par MM. C. Puisauix gr G. Bertrann. 


Le Hérisson étant, comme on sait, un actif destructeur de Vipères, on 
doit admettre qu'il possède un moyen de protection contre les morsures 
de ses dangereuses victimes. Les uns pensent que c'est en saississant la Vi- 
père avec agihté et en s’enroulant aussitôt dans sa cuirasse épineuse; il 
attendrait alors, avant de se dérouler et de dévorer sa proie, que celle-ci 
ait épuisé inutilement son venin contre les épines. Cette opinion a été sou- 
tenue notamment par M. Kaufmann. D’autres, au contraire, attribuent 
encore au Hérisson une véritable immunité contre le venin. C’est ainsi que 
MM. Milne-Edwards et Vaillant ont constaté, à diverses reprises, que le 
Hérisson résiste aux morsures de la Vipère, même quand ces morsures sont 
faites au museau et à la face. 

M. l'abbé Chabiraud , qui nous a généreusement envoyé un très grand 
nombre de Vipères vivantes (), nous a communiqué une observation ana- 
logue. Il a placé dans une caisse un jeune Hérisson avec trois Vipères: ce 
petit mammifère a été mordu au museau et près de l'œil, et bien que ces 
morsures fussent assez profondes pour laisser écouler du sang, il n’a paru 
éprouver aucun malaise et ses plaies se sont rapidement cicatrisées. Les 
partisans de la première explication pouvaient objecter à ces faits que le venin 
avait peut-être mal pénétré dans les plaies ou que les Vipères employées 
n’en possédaient peut-être plus dans leurs glandes. Il arrive, en effet, qu’on 
trouve des Vipères dont les glandes sont presque vides. Aussi avons-nous 
repris l'étude méthodique de cette question. 

Nos expériences nous ont montré que le Hérisson évite avec beaucoup 
d'adresse les attaques de la Vipère, mais cependant qu'il ne les craint pas. 
Il possède, en effet, une immunité si considérable contre le venin qu'il 
peut braver impunément plusieurs morsures. 

La résistance de cet animal pour le venin de Vipère, est, à poids égal, 
35 à 4o fois plus grande que celle du Cobaye. C'est ainsi que pour tuer un 
Hérisson de 445 grammes, en douze heures nous avons dû lui inoculer sous 
la peau 20 milligrammes de venin sec. Or, d’après les nombreuses déter- 
minations que nous avons faites, il est rare de trouver une proportion 
aussi élevée de principes actifs dans les deux glandes réunies de la Vipère; 
en outre, celle-ci n’inocule jamais tout son venin en une seule fois. 

Parmi les hypothèses que l’on peut émettre pour expliquer cette immu- 
nité naturelle du Hérisson, il en est une qui se présente tout d’abord à 


) Nous remercions également M. A. de Livonmière pour les envois qu'il nous a 
obligeamment adressés. 


l'esprit : celle de la présence dans le sang d’une substance capable de 
neutraliser les effets toxiques du venin. 

S'il en était ainsi, on pourrait, par exemple, inoculer au Cobaye un mé- 
lange de venin de Vipère et de sang de Hérisson sans déterminer d'accident. 
Mais une difliculté s'oppose à cette vérification. Le sang du Hérisson est par 
lui-même toxique pour le Cobaye : à la dose de 9 à 3 centimètres cubes 
injectés dans l'abdomen , il détermine la mort de l'animal en quinze à vingt 
heures. Il en est de même pour le sérum, quoique à un degré un peu plus 
faible. 

En conséquence , nous avons dû employer dans nos essais des doses de 
sang ou de sérum inférieure à 2 centimètres cubes. Mais, malgré le nombre 
et la variété de ces essais, nous n'avons pu obtenir un indice manifeste 
. d’immunisation. C’est alors que nous avons pensé à détruire les substances 

toxiques contenues dans le sérum, en respectant les substances immuni- 
_santes que nous supposions y exister en même temps. Nous y sommes ar- 
rivés de la manière suivante : 

En chauffant le sang défibriné ou le sérum à 58° pendant un quart 
d'heure, on détruit complètement la substance toxique qu’ils renferment 
mais sans enlever à ces liquides leurs propriétés immunisantes. 

Un Cobaye qui a reçu dans l'abdomen 8 centimètres cubes de sérum 
ainsi préparé supporte immédiatement linoculation dans la cuisse d’une 
dose deux fois mortelle de venin de Vipère : il conserve toute sa vivacité, et 
c'est à peine si, dans quelques cas, sa température s’abaisse passagère- 
ment d’un degré environ. Ajoutons que cette immunisation est de courte 
durée et disparaît après quelques jours. 

Ces expériences sont extrêmement nettes et faciles à reproduire; elles 
tendent à démontrer que l’immunité naturelle du Hérisson contre le venin 
de la Vipère est due à la présence dans son sang d’une substance immuni- 
sante. 

C'est à dessein que nous employons ici l'expression générale de sub- 
stance immunisante ne pouvant encore affirmer s’il s’agit d’une substance 
antitoxique ou vaccinante, ou même d’un mélange des deux. Disons seule- 
ment que, d'après nos expériences, limmunisation va en augmentant 
progressivement , et qu’elle atteint son maximum vingt-quatre heures en- 
viron après l'injection du sérum. 

Cette substance immunisante est-elle spéciale au Hérisson ? , ne le 
pensons pas. Bien au contraire, les expériences que nous poursuivons in- 
diquent qu'il n’y a là que l’exagération d’un fait général, à savoir la pré- 
sence en quantité variable, dans le sang d’un grand nombre d'animaux, 
de substances capables de neutraliser les effets du venin. et de certaines 
toxines. Peut-être qu'en s'adressant à des espèces plus réfractaires que le 
Hérisson, comme la Mangouste, obtiendrait-on du sérum d’une activité 
assez grande pour être utilisé comme moyen thérapeutique. C'est ce que 


— 296 — 


nous espérons pouvoir vérifier par l'expérience, aussitôt que les circon- 
stances nous le permettront (, En attendant, il y a là au moins l'indication 
d'une voie nouvelle à exploiter, non seulement à à l'égard du venin, mais 
encore de beaucoup d’autres poisons. 


GO) Il y a déjà longtemps que nous avons reconnu que la Mangouste (Herpestes 
ichneumon) résiste, à poids égal, à une dose de venin de Cobra 150 à 200 fois 
plus forte que celle nécessaire à tuer le Gobaye. Nous attendions pour publier ces 
faits d’en avoir trouvé l'explication. Nous n'avons pas encore pu nous procurer de 
nouvelles Mangoustes. En attendant que des naturalistes bienveillants nous aient 
facilité cette acquisition, nous nous sommes adressés au Hérisson. 11 est vraisem- 
blable que le mécanisme de l’immunité est le même chez la Mangouste, mais il 
serait intéressant d’en avoir la preuve. 


BULLETIN 


DU 


MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE 


—————— 


‘ANNÉE 1895. — N° 8. 


> fps Ce — 


nee — À 


8" RÉUNION DES NATURALISTES DU MUSÉUM. 
94 DÉCEMBRE 180. 


—— ——— 


PRÉSIDENCE DE M. MILNE EDWARDS, 


DIRECTEUR DU MUSÉUM. 


M. ze Présinenr dépose sur le bureau le 7° fascicule du Bulletin 
paru le 22 décembre et contenant les communications faites dans 
la séance précédente. 


CORRESPONDANCE. 


M. J.-D. Pasreur, Inspecteur du service des Postes et Télé- 
graphes à Java et Correspondant du Muséum, annonce, dans une 
lettre datée de Batavia le 27 octobre, l'envoi de deux mâles adultes 
de Pithecheir melanurus, d'un Pteromys nitidus, d'un grand Muride, 
ainsi que de quelques Do. rares, parmi HR une femelle 
d'Eumegalodon ensifer et un Acridium gallnaceum. Ces objets ont été 
recueillis au village de Fouquou, à 56 lieues de Batavia, sur la 
pente septentrionale du mont Gedeh, à 1,300 mètres d'altitude; 
ils sont arrivés en bonne condition. 


. M. le docteur Maczaup a fait parvenir au Muséum une collection 
de erànes humains, de dépouilles d'animaux et un herbier prove- 
nant des environs de Conakry (Guinée française). Dans un Cata- 


Muséus. 21 


— 298 — 


logue joint à cet envoi, M. Maclaud donne les noms indigènes des 
espèces, et il mentionne certains délails de mœurs dont il sera 
rendu compte quand la détermination spécifique des animaux sera 
faite. 


M. le docteur E. Cour, médecin aide-major de 1" classe au 
1 escadron de spahis soudanais à Yélimané, se met à la disposi- 
tion des Professeurs du Muséum pour étudier l’histoire naturelle du 
pays situé entre Bakel et Tombouctou, au Nord-Ouest de Nioro. 


Au nom de la Société d'histoire naturelle d’Autun, M. Renauzr 
dépose le 7° Bulletin renfermant les publications de cette Société 
pour 189/h4. Parmi les mémoires qui y sont insérés, nous cilerons : 


1° Les poissons du terrain permien d’Autun, par M. H.-E. Sauvage, 
avec 9 planches ; 


2° Sur un poisson Ganoïde de genre nouveau du Lias de Vassy, par 
M. H.-E. Sauvage, avec 1 planche; 


3° Note sur une dent de Mammouth provenant d'un Joyer ou d’une 
habitation préhistorique, par M. Francis Pérot ; 
h° Revision des Lithosidérites de la collection du Muséum d'histoire 


naturelle, par M. Stanislas Meunier, avec 17 clichés intercalés dans 
le texte; 


° Flore nouvelle de la chaine jurassique et de la Haute-Saône, par 
M. Paul Parmentier; 


6° Communication de M. B. Renault Sur quelques bactéries des 
temps primaires, avec 20 clichés intercalés dans le texte. 


M. A. Lacroix dépose sur le bureau le premier exemplaire d'un 
guide-catalopue de la collection de Minéralogie, et donne lecture de 
la préface : 


La collection minéralogique du Muséum vient d'être complètement re- 
maniée, 

Le but de cette réorganisation a été non seulement de mettre la col- 
lection au courant des dernières recherches, mais encore d’en faciliter, 
dans la plus large mesure possible, l'étude-aux visiteurs. À cet effet, une 


CR. "ie, 


— 299 — 


classilication nouvelle a été adoptée ®, des étiquettes pouvant servir de 
memento ont été placées en tête de chaque espèce, un catalogue par fiches 
a été mis à la disposition du publie, enlin des séries spéciales (minéraux 
de la France, gisements des minéraux) ont été adjointes à la collection 
générale, elle-même plus largement développée et enrichie de nombreuses 
espèces el variétés. 

Il m'a paru utile de compléter ces perfectionnements par la publication 
d'un catalogue sommaire de toutes les espèces et variétés contenues dans 
la collection, énumérées dans leur ordre de classification, d’une part, et 
par ordre alphabétique, d’une autre, avec le numéro de la vitrine qu'elles 
occupent. Le visiteur pourra ainsi sans peine trouver immédiatement les 
minéraux qui l'intéressent. 

Tel est le but de cette brochure, qui sera tenue au courant des autres 
perfectionnements en voie de préparation. 


En 1793, quand fut organisé le Muséum d'histoire naturelle, tes miné- 
raux contenus dans le Cabinet du Jardin du ro, et en grande partie réunis 
par Buffon, servirent de noyau à la collection actuelle, qui, depuis lors, 
s’est accrue par l'acquisition de plusieurs grandes collections particulières ©, 
par les envois des voyageurs du Muséum, par des achats, fort restreints, 
d'ailleurs, par suite de la modicité du crédit annuel, et enfin par des dons 

Ne pouvant donner ici la longue liste des donateurs depuis l’origine de 
la collection (leurs noms sont, du reste, inscrits sur chaque étiquette). 
je me contenterai de rappeler les noms de ceux qui, dans les dix dernières 
années, ont contribué à enrichir-nos galeries : 

MM. Albertini, Ancarani, Antoine, Bertrand (E.), Bertolio, Biny, Bis- 
choffsheim (R.), Bombicei, Bouglise (de la), Bouhard, Braly, Bretonnel, 
Broche, Castillo (D. del), Catat, Césaro, Chapuis, Cornu (M.), Cumenge, 
Damour, Daubrée, Dereims, Delessert (E.), Des Cloizeaux, Diguet, Drion, 
Fgleston, Filhol, Fouqué, Franchet, Frémy, Fribourg, Gaubert, Gau- 
tier (A.). Gautier (P.), Gentil, Géruzet, Goguel, Gonnard , Gonnel, Gorceix, 
Gorgeu, Gourdon, Grandidier, Guyot de Grandmaison, Hanks, Haute- 


4) On peut trouver l'état de la collection à diverses époques dans les publica- 
lions suivantes : 1813, Tableau méthodique des espèces minérales, par À.-H. Lucas; 
— 18595, Galerie de nanéralogie et de géologie, par J.-A. Hugard. D'autre part, 
M. Jannettaz a donné une liste alphabétique des espèces contenues dans la collection 
en 1878, dans le Guide du géologue à l'Exposition universelle publié par M. Hébert. 

@) Les plus importantes sont les suivantes : Collection de Chantilly (1793), 
Coll. Weiss (1802), Coll. Brongniart (1822), Cabinet de la Monnaie (Coll. Sage 
[1825]), Coll. Gillet de Laumont , comprenant la collection Romé de l'Isle (1835), 
Coll. Haüy (1848), Coll. de l’Académie des Sciences (1855), Goll. Dusgate (1874), 
Coll. de Bischoffsheim (1881). Toutes ces collections, sauf celles d’Haüy et de 
M. Bischoffsheim (diamants), ont été fondues dans la collection générale. 


21: 


— 300 — 


feuille, Huet, Hussak, Jannettaz, Jecker, Kunz, Lacroix (A.), Latteux, Law- 
son, Leleu, Leriche, Limur (De), Lovisato, Martin (J.), Meunier (Stan.), 
Michel (L.), Milne-Edwards (A.), Mirabaud, Morineau, Müller (B* de), 
Munier-CGhalmas, Nordenskiôld (B°* A.-E.), Puolti, Rabot, Ramond, Ram- 
say, Ransome, Rolland (J.-B.), Schmalz, Schneider, Scopis, Suberbie, 
Szabo, Taub, Thollon, Traverso, Ussing, Verbeck, Wolf, Yersin. 


En remerciant ces généreux donateurs, je fais, avec la certitude d’être 
entendu, un chaleureux appel à tous ceux qu'intéressent la minéralogie et 
l'avenir de notre grande collection nationale. 


M. Hauy a recueilli de nouveaux renseisnements sur l'auteur 
des dix vues du Jardin des Plantes en 1794, qu'il a présentées à 
la dernière réunion. [ en résulte que l'artiste, Jean-Baptiste Hi- 
lair, et non Hilaire, fut le principal collaborateur de Choiseul- 
Gouflier pour les planches qui accompagnent le célèbre Voyage 
pittoresque en Grèce. I n’y a pas moins de cinquante-cinq gravures, 
dont quelques-unes de grandes dimensions, signées de J.-B. Hi- 
lair, dans le premier volume de ce magnifique ouyrage, paru en 
1782, et le deuxième volume, publié en 1809 et 1822, en contient 
encore un certain nombre d’autres. 

Le livret du salon de 1796 mentionne deux de ses œuvres et 
donne le nom de son maître et son adresse, comme le font encore 
les livrets actuels; c’est bien lui et non pas un autre qui est élève 
de Le Prince; il demeurait maison Cézérac, rue neuve Sainte-Geneviève, 
et c’est ce qui explique qu'il soit venu en voisin peindre notre vieux 
Jardin, comme il a fait, vers le même temps, le Panthéon (voir sur 
l'œuvre parisienne de Hilair : Bibliothèque nationale, Département des 
Estampes. Inventaire de la collection de dessins sur Paris formée par 
M. H, Destailleur et acquise par la Bibliothèque nationale. Paris, 1891, 
in-8°, t. IT, n° 415; t. VI, n° 935, 737, 7ho-746, 1045). 


Une magnifique collection d’Insectes qui vient d'être généreuse- 
ment offerte au Muséum par les petits-fils de feu M. Jules Fallou, 
membre de la Société entomologique de France et de la Société 
d’acclimatation, est exposée sur le bureau, et M. E.-L. Bouvier, 


CE 


Path 


— 301 — 


Professeur au Muséum, donne au sujet de ce don les détails sui- 
vants : 


Je suis heureux d'annoncer aux enlomologistes, et à tous les amis des 
sciences naturelles, que la Collection de Lépidoptères de M. Jules Farrov 
vient d'être donnée au Muséum. Nous devons ce riche et inestimable 
présent à la générosité des petits-fils du regretté spécialiste; avec un 
désintéressement et une piété filiale qui les honorent, ces Messieurs ont 
libéralement abandonné à la science les trésors que leur grand-père avait 
passionnément rassemblés, et ils ont réalisé le plus cher de ses vœux en les 
ouvrant le plus largement possible aux recherches des naturalistes. 

La collection de Lépidoptères de M. Jules Fallou renferme à peu près 
tous les Papillons connus de France et des pays circonvoisins. Elle est re- 
marquable par son bel arrangement, par l'irréprochable état de tous les 
spécimens qui la constituent (de 25,000 à 30,000), par le choix de ces 
derniers, qui représentent tous des variations spécifiques intéressantes, enfin 
par le soin minutieux avec lequel sont préparées les chenilles qui accom- 
pagnent la plupart des espèces. Beaucoup de ces spécimens ont été obtenus 
par Jules Fallou à partir de la chenille ou de la chrysalide, et cette qualité, 
qui est fort rare, n’est pas une des moindres de la collection qu'avait réunie 
le savant et consciencieux entomologiste. 

Je tiens à vous mettre sous les yeux quelques-unes des nombreuses 
raretés dont les donateurs viennent d'enrichir le Muséum. Voici des varia- 
tions fort curieuses : celle du Thais medicastes ab. Honorati où le rouge 
envahit les ailes postérieures, celle d’Apatura iris ab, Beroe où les bandes 
blanches disparaissent, une aberration presque noire du Limenitis sybilla, 
enfin toute une série de types de la Chelomia Cervini, découverte par 
J. Fallou , et de la Ch. Quenselü. Je vous prie d'examiner attentivement les 
séries de ces deux dernières espèces; elles vous prouveront que les ento- 
mologistes sérieux ne méritent guère le reproche, qu'on leur fait souvent, 
de multiplier sans raisons le nombre des espèces. Voici maintenant des 
spécimens plus rares et parfois uniques : des hermaphrodites d’Agha Tau, 
d’Argynnis Paphia, de Cleogene lutearia ; la plupart sont mâles d’un côté, 
femelles de l’autre, et tous présentent avec une netteté frappante les ca- 
ractères de l'hermaphrodisme. Voici enfin, pour vous donner un exemple 
des jolies choses qui fourmillent dans la collection, une belle série de Noc- 
tuelles du genre Plusia; vous l'admirerez certainement, mais les autres 
cartons ne-sont pas moins intéressants, et 1l n’y en a guère moins de 200. 

Au reste, là ne s’est pas bornée la libéralité des petits-fils de Jules 
Fallou. Je vous présente quelques boîtes de la Collection d’Insectes utiles et 
nuisibles que le distingué entomologiste avait réunie et qui a élé présentée 
au public,son sait avec quel succès, dans plusieurs expositions récentes. 
Cette collection nous a été évalement donnée, et, comme elle est d’un très 


— 302 — 


grand intérêt au point de vue des applications de la science, je me pro- 
pose de l'installer dans quelques vitrines spéciales de nos grandes galeries. 
Examinez cette boîte qui renferme les parasites du chou, cette autre qui 
réunit les innombrables parasites du rosier, et vous aurez quelque idée de 
la richesse de cette collection et du talent d’observateur que Jules Fallou a 
dû dépenser pour la rendre si parfaite. 

Enfin, pour mettre le comble à leurs largesses, les généreux donateurs 
ont également offert au Muséum la Collechion d’Hémiptères français et exo- 
tiques de leur père Gustave Farcou. Cette collection ne compte guère 
moins de 250 cartons et, comme vous pouvez en juger d’après cette boîte 
de Fulsorides, elle ne le cède en rien, pour la conservation et le bon choix 
des spécimens, à la collection de Papillons. Le fils avait hérité des qualités 
entomologiques du père, et c'est à lui que le Muséum devra de voir en 
partie comblée une lacune fâcheuse de ses collections d’Insectes. 

Je tiens à exprimer 1ci mes vifs remerciements aux généreux donateurs ; 
s'ils ne sont pas entomologistes comme l’étaient leurs parents, ils aiment 
comme eux la science et, comme eux aussi, 1ls savent utilement la servir. 
Qu'il me soit évalement permis de présenter mes vifs sentiments de recon- 
naissance à M. le professeur Laboulbène, qui a bien voulu servir d'inter- 
médiaire, dans cette circonstance, entre Le Muséum qu'il affectionne tant, 
et les petits-fils de ses deux regrettés amis. 

À tous les naturalistes qui désireront connaître et étudier ces collections, 
le laboratoire d’entomologie du Muséum sera largement ouvert; toutes les 
richesses qu'on y conserve ont été déposées là pour eux, et ils ne sauront 
mieux honorer la mémoire des deux Fallou qu'en venant étudier, dans cel 
établissement, les précieux matériaux qu'on a bien voulu nous confier. 


COMMUNICATIONS 


e—— 


NOTE SUR UN VOYAGE D'EXPLORATION DANS LA HAUTE ISANGHA 
ET LES REGIONS AVOISINANTES, 


par M. EF. J. CLozez, Anuinisrrareur DES COLONIEs. 


Les collections recueillies par la mission et remises au Muséum et au 
Musée d’ethnographie proviennent de la région comprise entre le confluent 
de la Kadéï et de la Mambéré par 3° 30’ de latitude Nord, dans le bassin 
de la haute Sangha et la rive droite de la rivière Wôm par 6° 15° de lati- 
tude Nord, dans le bassin du Tchad. En longitude, le pays exploré s'étend 
du 13° au 15° Est de Paris, 


iles 


— 303 — 


Les insectes et les objets ethnographiques proviennent de cette région, 
sauf le premier envoi de Coléoptères, fait de Loango sur la côte de l'Atlan- 
tique. 

Les échantillons géologiques ont été recueillis avec cotes barométriques 
de Tendira à la Wôm et retour de la Wôm à Tendira. 

Les crânes rapportés sont ceux de Bayas du clan des Bougandous établis 
sur la haute Mambéré par environ 5° de latitude Nord. 

Un crâne et un bassin appartenant à une ferme Babinga ont été re- 
cueillis à Bayanga, rive gauche de la moyenne Sangha par environ 3° 
de latitude. Les Babingas sont, sur la moyenne Sangha , les représentants de 
ces nains habitant les forêts et chasseurs vus dans l'Afrique intertropicale 
depuis le cap Lopez, sur la côte Ouest, jusque dans la vallée du Nil blanc, 
par Schweinfurth, Stanley, Crampel, Dybowski, ete. 

Quand j'aurai ajouté à ces renseignements sommaires quelques notes 
ethnographiques et linguistiques recueillies pendant un séjour de huit mois 
chez les peuplades Bayas, j'aurai donné tout ce que mon manque de con- 
naissances spéciales m'a permis de recueillir. 

La majeure partie du triangle ayant pour sommet, au Sud, Nola, si- 
tuée sur le confluent de la Kadëï et de a Mambéré, et pour angle Nord-Est 
la vallée de la Wôm, dans le bassin du Tchad, aux environs de 8° de 
latitude Nord, me paraît appartenir au domaine ethnographique de la race 
Baya ou Ndéree. Lalangue, comme la race, est une, à quelques différences 
dialectales près ; les hommes sans être de très grande taille sont forts et bien 
musclés. Le prognathisme est moindre que chez beaucoup d’autres popu- 
lations nègres; la peau, généralement noire, présente, surtout dans les 
familles appartenant aux classes supérieures, des teintes d’un rouge cuivré. 

Les Bayas sont, au point de vue intellectuel et moral, supérieurs à la 
majorité des tribus du littoral et du bassin moyen du Congo. Tout en ad- 
mettant la polygamie, ils ont conservé des mœurs assez pures dans leur 
brutalité primitive. Comme tous leurs voisins, ils sont anthropophages, 
mais , ainsi que l’a remarqué Schweinfurth à propos des Mombouttous, l'an- 
thropophagie s'allie très bien à une culture et à une moralité qu'on ne 
retrouve pas chez beaucoup de tribus qui manifestent la plus vertueuse 
horreur pour la chair humaine. 

Ïls ne forment pas de crosses asolomérations, mais des hameaux de 
quelques cases. Gelles-e1 sont rondes avec un toit conique en chaume sup- 
porté par une muraille d'argile haute d’un mètre environ. Leur seule ou- 
verture est la porte, jamais plus haute que la muraille et protégée par un 
auvent en chaume qui l’abaisse encore, d'où l'obligation pour les habitants 
de rentrer chez eux à quatre pattes. Le foyer, formé par trois pierres, est 
au milieu; le mobilier, fort simple, se compose de deux lits faits d’une 
claie de bambous ou de bois, reposant sur quatre pieds assez bas, et d'une 
série de grandes cruches en terre assez harmonieuses de formes et cou- 


— 9304 — 


vertes de dessins réguliers, qui, empilées les unes sur les autres au fond 
de la case, servent à la fois d'armoire, de cave et de garde-manger; à deux 
mètres au-dessus du sol, un faux plancher en branchages sert de grenier (. 

Plusieurs hameaux obéissent à un même chef; ces petits chefs :obéissent 
à leur tour à un chef principal et constituent ainsi un clan. Plusieurs clans 
forment la tribu. Mais celle-ci, bien que les indigènes aient conscience de 
son existence, n'existe point comme corps politique; le clan seul demeure 
organisé d’une façon permanente. On a vu cependant dans diverses Cir- 
constances un chef de clan influent grouper autour de lui la tribu entière; 
le fait s’est produit chez les Bayandas lorsqu'il s'est agi de repousser les 
invasions foulbées. 

Le pouvoir du chef est héréditaire avec cette règle, qui m'a paru primer 
toutes les autres, que l'héritier soit d'âge à combattre et à commander. Le 
chef de clan a pour le seconder son héritier, quand celui-ci est parvenu à 
l'âge d'homme; il prend alors le titre d’Jrma, lieutenant, vicaire, cor- 
ruption du mot haoussa erima, qui a le même sens; un ou plusieurs 
Kaïsama, chefs de guerre, corruption probable du mot bornouan ghalu- 
dima; un Dopah, intendant, orateur, interprète; ce nom de. dignité est, 
comme les autres, emprunté aux Foulbés, qui, lors de la rapide extension 
de leur empire, l'ont pris eux-mêmes aux Haoussas et aux Bornouans. 

Les dignités de Derbaki, conseiller, de Djetao, chambellan, sont égale- 
ment connues des indigènes, mais Je n'ai jamais vu personne en remplir 
les fonctions, alors que les mots qui les désignent sont fréquemment em- 
ployés comme noms propres d'hommes et même de femmes. 

Tous les noms de dignités sont empruntés aux musulmans soudanais; 
comme titre vraiment baya, je ne vois guère que celui de Ouan, chef. 
Enfin, dans certains clans importants de la tribu des Bayandas, les chefs 
portent toujours le même nom, qui devient ainsi une sorte de nom propre 
héréditaire, comme ceux d’Auguste ou de Gésar (s parva licet componere 
magnis). C’est ainsi que le chef du clan des Bouhans s'appelle Bafo, ceux 
des clans des Bougundous et des Boubaras se nomment toujours Boudoul. 
L'héritier présomptif prend ce nom en même temps que le pouvoir alors 
qu'avant son avènement il en portait un autre. 

La puissance effective de tous ces chefs varie, du reste, avec le prestige 
personnel qu’ils ont su acquérir par leur force, leur adresse ou par leur 
générosité, Rien de grave ne se décide sans des palabres auxquels tous les 
hommes libres prennent part, tous ceux au moins qui en ont fini avec les 
épreuves de l’imtiation. | 

Celle-ci dure environ deux ans, ou plus exactement peut-être deux sai- 
sons sèches, car je crois que pendant les pluies les enfants sont renvoyés 


Q) M. Clozel fait passer sous les yeux des auditeurs de nombreuses photogra- 
phies projetées sur le tableau. 


— 305 — 


dans leurs familles. Pendant ces épreuves, les jeunes gens portent le 
nom de labis. Leur initiation commence lorsqu'ils ont de 19 à 16 ans et 
peut avoir une durée de trois ou quatre ans. Cette limite d'âge est presque 
toujours abaissée en faveur des fils de chefs ou de personnages influents, 
pour eux aussi la durée des études est presque toujours réduite, 

Les eselaves sont peu nombreux, les prisonnniers de guerre étant géné- 
ralement mangés par leurs vainqueurs. 

Les labis vivent enfermés dans une cour clôturée d’une haie de roseaux 
très serrée; la case, d’une forme spéciale, qui leur sert de logement occupe 
une des faces de la cour, Le mobilier se compose de quelques tambours de 
dimensions variées au son desquels dansent les labis, après s'être attaché 
à la ceinture, aux bras, aux genoux des coquilles sèches remplaçant les 
castagneltes. Leur danse me parait correspondre, comme résultat, aux exer- 
cices d’assouplissements qui précèdent chez nous l’école du soldat, On leur 
enseigne aussi des chants qu'ils répètent en chœur. 

* Les danses et les chansons ne constituent qu'une partie de l'initiation. 
Les jeunes gens doivent subir une série de mutilations ethniques en usage 
dans la tribu : perforations des lobes de l'oreille, des narines et de la lèvre 
supérieure. Les plaies , alors qu'elles sont fraîches, forment des boursouflures 
qui défigurent les enfants jusqu'à ce que leur complète guérison ait rendu 
au visage ses lignes naturelles. C'est peut-être à qu'il faut chercher l'ori- 
gine de la coutume obligeant les labis à se cacher derrière des claies d’osier 
de forme rectangulaire qu'ils portent devant eux lorsqu'ils sortent de leur 
collège. 

La dernière mutilation subie par les labis est la circoncision. 

Les jeunes circoncis, les cheveux teints en rouge, le corps frotté d'huile 
de palme ou de sésame, le front ceint de bandelettes, couverts de colliers 
et de bracelets, se promènent dans les hameaux des environs, où chacun 
leur fait fête; ce sont désormais des hommes et des citoyens. 

Les hommes faits ont des danses de guerre et de chasse avec déguise- 
ments d'animaux. 


Notes sur uN CACHALOT, 


PAR S. À. S. LE PRINCE ALBERT DE Monaco. 


La Princesse-Alce est rentrée au mois d'août dernier d’une campagne 
scientifique poursuivie dans la région des Açores avec tout le succès dési- 
rable. 

Pourvu de chaluts, de nasses, de filets pélagiques et d'appareils bathy- 
pélagiques, avec 28,000 mètres de cäbles d'acier pour les manœuvrer; de 
filets, de harpons, de lignes, en un mot de tout le matériel propre aux 


— 306 — ; 


recherches zoologiques; de câbles et de fils de sondage, avec tous les instru 
ments destinés à locéanographie proprement dite, ce navire est désormais 
équipé dans des conditions parfaites pour les recherches les plus difficiles 
de la zoologie marine. 

Ces efforts ont amené la découverte de très nombreuses espèces nouvelles 
dans la plupart des groupes de la zoologie, mais cette fois je m'arrêterai à 
la description de fails auxquels jamais une personne occupée de cette 
science n'avait encore assisté; 1l s’agit de la capture et du dépècement d’un 
Cachalot. 

Le Cachalot est, parmi les Gétodontes, l'un des plus intéressants à ob- 
server parce que bien des particularités concernant son anatomie et sa 
physiologie sont encore peu connues; notamment la sécrétion du sperma- 
celt, la dentition, les viscères et les parties molles qui n’ont pu arriver en. 
général dans des conditions favorables aux mains d’un homme de science. 

Ce n'est donc pas sans porter une vigilante attention sur les Cachalots 
que j'ai fait mes campagnes scientifiques aux Acores, une des régions fré- 
quentées par ces animaux; et deux fois déjà 1l m'a élé donné de fournir à 
leur histoire des documents et des matériaux utiles : en 1881, un cerveau 
que M. le professeur Pouchet a pu extraire d’un CGachalot pris le jour même 
de mon arrivée à Fayal; en 1888, des photographies de la tête d’un Ga- 
chalot pris également lors d'un autre séjour à ce mouillage. 

Le 18 juillet de la présente année, vers 9 heures (a. m.), je travaillais 
au sud de l’île de Terceira, quand j'aperçus deux embarcations qui s’éloi- 
onaient à la voile de la côte, puis, une demi-heure plus tard, deux autres 
qui partaient de plus lon pour prendre la même direction. I ne s'agissait 
point pour elles de pêche ordinaire, car aux Acores le plateau continental 
cesse toujours à quelques centaines de mètres du rivage et d'inaccessibles 
profondeurs commencent aussitôt; je compris que c'étaient de ces balei- 
nières indigènes armées pour la chasse des Cachalots et qui se lancent 
après eux quand des vigies, postées sur certaines hauteurs, annoncent la 
présence de ces animaux. Pressentant quelqu'une de ces occasions uniques 
dans la vie des chercheurs, je cessai mon travail aussitôt pour me diriger 
vers le point de l'horizon où deux baleinières se voyaient encore. 

Vers 11 heures, je vis à 2 milles de distance le souffle d’un Cétacé dont 
une baleinière, toutes voiles amenées, s'était beaucoup approchée; pour ne 
pas compromettre le succès de la chasse, je me tins à 1 mille de la scène 
el je suivis à la loronette ce qui se passait. L’un des officiers, debout à l’ar- 
rière du canot, gouvernait avec un long aviron installé ad hoc ; l'autre, de- 
bout à l'avant, était prêt à harponner, et je le vis distinctement frapper 

_presqu'en même temps que le Cachalot souflla une de ses colonnes d’eau 
vaporisée. 

Aussitôt je m’avançai à toute vitesse, tandis que les autrés baleinières 
s’éloignaient derrière la troupe des Cachalots qui fuyaient, et. quand je fus 


307 — 


à quelques centaines de mètres de la prise, elle avait déjà donné son plus 
grand effort en trainant sur un long parcours la baleinière, qui lui était 
attachée par le harpon et par toute la longueur de la ligne; lembareation 
avait rentré cette dernière et le harponneur, jugeant l'animal assez fatigué 
pour que son approche ne fût plus dangereuse, avait déjà plongé dans 
quelque région vulnérable de celui-ci une lance acérée , qui sert pour achever 
les Cachalots harponnés. Peu après, l'eau vaporisée que rejetait l'évent pre- 
nait une teinte rosée pour devenir ensuite tout à fait rouge. D'autre part, 
une flaque sanglante s’étendait sur la mer! 

Les Cachalots harponnés sont quelquefois redoutables, surtout les vieux 
mâles, et de nombreuses baleinières ont été broyées par leurs mâchoires; 
plusieurs navires baleiniers ont même été coulés par leurs coups de tête 
répétés. C'est pourquoi j'éprouvai uné certaine anxiété quand je vis le 
mien, qui ne se trouvait pas alors à plus de 100 mètres de la Princesse- 
Ace, reprendre de la vigueur, rt pesamment sur son énorme masse, 
puis donner des coups de queue formidables qui lançaient des gerbes d’eau 
à 10 ou 19 mètres de hauteur et qui produisaient de vastes tourbillons, 
enfin se diriger droit vers mon navire avec une vitesse de 10 à 12 nœuds. 
Mais , au moment où le choc devait se produire, le Cachalot plongea, passa 
sous la quille et reparut de l’autre côté en pleine agonie. 

Sa tête était venue se placer à 15 mètres par le travers du gouvernail de 
mon navire lorsque les mâchoires s'ouvrirent et laissèrent échapper, dans 
un vomissement, des objets considérables que je reconnus aussitôt pour 
être des Céphalopodes. Mais, malgré la rapidité avec laquelle une embar- 
cation fut lancée à la mer, ces animaux, dont je pressentais l’inestimable 
valeur zoologique, coulaient assez vite pour faire craindre qu'ils fussent 
perdus, lorsque je commandai quelques tours d’hélice en arrière très dou- 
cement, afin de provoquer des tourbillons ascendants; les Céphalopodes 
tournoyèrent en effet quelques instants et Fembarcation put en saisir cinq 
très bien conservés. 

Les baleiniers acceptèrent avec empressement l'offre que je leurs fis de 
remorquer la prise jusqu'à la crique du Negrito, où 1ls avaient leurs instal- 
lations pour le dépecage des Cachalots et pour la fabrication de l'huile : 
cela devait leur épargner les peines et la lenteur d’une remorque à l'aviron 
sur un parcours de 5 milles, ainsi que le risque de perdre le Cachalot si 
un vent frais et contraire survenait: cela devait aussi les rendre favorables 
aux recherches que je désirais faire sur le cadavre. 

Is fixèrent à la tête de l'animal un câble que la Princesse-Alice leur fila, 
et celle-ci quitta le lieu où elle flottait alors dans une flaque de sang d’un 
hectare environ. Le remorquage fut difficile à cause des mouvements en 
lacet que la large queue du Cachalot donnait à son corps et qui atteignaient 
une amplitude de trente mètres, jet l'on profita de ce que, dans un de ces 
mouvements, la remorque cassa, pour prendre l’animal par la queue, La 


— 308 — 


Princesse-A lice atteignit la crique du Negrito vers la fin du jour, après avoir 
laissé derrière elle un sillage ensanglanté de plusieurs milies ©. 

Le personnel du laboratoire, MM. Jules Richard, Borrel et Lallier furent 
débarqués et installés dans le voisinage avec le matériel nécessaire pour la 
conservation des pièces intéressantes que le Cachalot pouvait fournir au 
cours de son dépècement, tandis que la Princesse-Alice attendait au mouil- 
lage d'Angra. 

Voici les principales observations recueillies par M. Richard pendant les 
quatre journées que ce travail occupa sous un soleil brülant. 

L'animal avait une longueur de 13 ©. 70, qui le classait dans une taille 
un peu au-dessous de la moyenne. 

En fait de parasites, il avait dans son estomac un nombre considérable 
de Vers ressemblant à des Nématoïdes, et dans son tube digestif plusieurs 
Helminthes ; quelques Cysticerques dans l'épaisseur de son lard et des 
Cyames sur certains points de son épiderme. 

Ses lèvres portaient des empreintes rondes, que M. Richard eut bientôt 
identiliées avec la trace des ventouses de grands Céphalopodes ; ces ani- 
maux, saisis par les mâchoires du Cachalot, se retiennent à celles-ci de 
toute la force de leurs bras contre les efforts de la déglutition, et c'est sans 
doute pour cela que les Géphalopodes recueillis par nous dans les vomis- 
sements étaient en deux morceaux : le corps et la masse tentaculaire, séparés 
par ces efforts. Ses dents, qui percent seulement à la mâchoire inférieure, 
s'encastrent parfaitement dans des loges correspondantes situées à la mà- 
choire supérieure, ce qui établit nettement la fonction d’un appareil dentaire 
formé par l'habitude d’accrocher et de retenir des corps mous, gélatineux 
et glissants. 

L’estomac contenait environ cent kilogrammes d’une purée de Céphalo- 
podes semée de becs et de globes oculaires qui s’y étaient accumulés et 
dont l'appareil se débarrasse sans doute périodiquement. Il s’y trouvait 
pourtant encore un Céphalopode suffisamment conservé pour la détermi- 
nation et qui n'avait pas été rejeté avec les autres. 

Malheureusement, le cerveau n’a pu être obtenu ; il avait fallu plusieurs 
jours pour enlever le spermaceti logé dans des cavités spéciales au-dessus 
de lui, puis pour pratiquer à coups de hache une ouverture dans les os du 
crâne. Get organe fut trouvé alors dans un état de décomposition avancé. 

Si des observations plus nombreuses et plus complètes n’ont pas eu lieu, 
c'est parce que la situation de ce Cachalot, échoué dans une crique dé- 
pourvue de toute commodité pour la manœuvre de poids aussi consi- 
dérables, rendait le travail fort difhcile , et que, d’autre part, la chaleur ne 
laissait pas le temps d’étudiér les organes auxquels on pouvait parvenir. 


(1) Des photographies instantanées des diverses épisodes de la pêche et du dépe- 
çage du Cachalot ont été projetés sur le tableau. 


— 309 — 


Quand la totalité du lard fut empilée dans de grands compartiments en 
maçonnerie, la chaudière fut allumée, des hommes s’installèrent devant des 
couperels sous lesquels d’autres hommes, munis de erochets, firent passer 
les tranches l’une après l'autre. Celles-ci, taillées en petits morceaux, étaient 
transmises au capitaine des baleinières lui-même, qui réglait leur intro- 
duction dans la chaudière à mesure que l'huile faite et s’écoulant par un 
trop plein dans des réservoirs adjacents laissait de la place libre. Le com- 
bustible employé était simplement le résidu des opérations précédentes, 
des copeaux de lard desséché par l'extraction de l'huile. Notre Cachalot 
était supposé devoir fournir une quarantaine de barriques de ce dernier 
produit, en dehors du spermaceti, tandis que les grands individus en four- 
nissent Jusqu'à cent vingt. 

Il ne restait plus alors dans la baie qu'une carcasse de couleur vineuse 
. Qui répandait une odeur nauséabonde; d’après les règlements de la police 
locale, plusieurs baleinières s’attellent à ce débris pour le remorquer au 
large et débarrasser le pays d’une infection redoutable ; mais parfois la mer 
et les. vents ramènent cette épave sur quelque point de la côte, d'où les 
baleiniers sont encore sommés de la faire partir. 


M. le professeur Joubin, qui décrit les Céphalopodes de mes campagnes 
scientifiques, vient de me communiquer le résultat de ses premières obser- 
vations sur le groupe de ces animaux fourni par le Cachalot en question. 
On en compte sept individus dont l’état de conservation permet de dire 
qu'ils sont du plus haut intérêt, mais dont plusieurs ne se présentent pas 
dans un état complet permettant une description utile. 

M. Joubin a surtout remarqué lun d'eux, qu'il déclare impossible de 
faire.entrer dans aucune espèce, genre ou famille de cet ordre, et qu'il a 
nommé Lepidoteuthis Grimaldi. Le sac viscéral, même.après un séjour de 
quatre mois dans les liquides conservateurs, mesure encore o m. go de 
long ; l'animal vivant devait donc dépasser deux mètres. Le corps a la 
forme d’un cornet et porte une volumineuse nageoire ronde. La surface du 
sac est couverte de grosses écailles rhomboïdales, saïllantes, imbriquées, 
solides et disposées en files spirales depuis la pointe jusqu'au bord palléal. 
Les écailles, dont le nombre dépasse plusieurs milliers, constituent une 
véritable cuirasse rappelant, la carapace de quelques fossiles ; aucun autre 
Céphalopode ne présente rien de semblable. 

Une énorme couronne lentaculaire appartenant à un individu dont le 
corps n’a pu être retrouvé, porte des bras musculeux dont chacun, bien 
- que conservé, est gros maintenant encore comme le bras d’un homme et 
porte de grandes ventouses armées d’une griffe acérée aussi puissante que 
celles des grands carnassiers. I] reste près d’une centaine de ces ventouses 
encore adhérentes au bras. | 

Il y avait encore dans l'estomac du Gachalot une bouillie de Céphalo- 


— 310 — 


podes à demi digérés, dont M. Joubin estime le poids vivant à une centaine 
de kilogrammes et qui était parsemée de becs et de globes oculaires. 

Tous ces Céphalopodes sont pélagiques, puissants nageurs, et ïls ne 
paraissent sans doute jamais à la surface, de même qu'ils ne touchent 
jamais le fond. 


Nore Sur QUELQUES REPTILES pu cap BLANC, 


par M. F. Mocquanp. 


Le laboratoire d’herpétologie a récemment reçu de M. de comte de Dal- 
mas quelques Reptiles qu'il a lui-même recueillis au cap Blanc, sur la 
lisière occidentale du Sahara. Ces Reptiles appartiennent à deux espèces, 
dont l’une est anciennement connue, l’autre nouvelle. 

La première, représentée par trois spécimens adultes, se range dans la 
famille des Lacertidés et est connue sous le nom d’Acanthodactylus scutella- 
lus, Audouin. On la rencontre non seulement au Sénégal, mais en Algérie, 
en Tunisie, en Égypte et même en Syrie. «Ce Lézard, m'écrivait, 1 y a 
quelques jours, M. de Dalmas, a été pris courant sur le sable, dont les 
buttes surmontées de quelques brindilles de plantes sous-frutescentes (seule 
végétation de la contrée) lui servaient de refuge. En quatre jours de chasse 
et d’excursion, j'en ai vu trois exemplaires non loin de la mer. Ils sont 
très difficiles à apercevoir, car ils ont, vivants, absolument la couleur du 
sol et du sable.» 

La seconde espèce non seulement est nouvelle, mais doit être consi- 
dérée comme le type d'un genre nouveau, Geckoma, voisin du genre 
Tarentola ®, de la famille des Geckonidés. Suivant le désir exprimé par 
M. de Dalmas, elle portera le nom spécifique de Chazaliæ, du nom de son 
yacht Chazahe. 


() I diffère du genre Tarentola par les particularités suivantes : 
1° Les doigts ne présentent pas d’élargissement terminal; ils sont denticulés 
latéralement, et le cinquième orteil s’écarte beaucoup plus des autres ; 


2° La paupière circulaire que l’on observe chez toutes les espèces de Tarentola 
est absente, ou du moins n’est représentée que par un court repli en avant et en 
arrière de l'œil ; 

3° La narine ne touche ni à la rostrale, ni à la première supéro-labiale ; 


4° La mentonnière est plus large que longue et ne sépare pas les sous-maxil- 
laires. 


Je ne fais pas entrer en ligne de compte un singulier repli occipital, qui pourrait 
n’étre qu'un caraclère spécifique, mais qui, jusqu'ici, n’a été observé chez aucun 
Geckonidé. 


— 311 — 


Geckonu n. ge. 


Le genre Geckonia offre les caractères suivants : 

Corps déprimé; tête triangulaire; doigts libres, également dilatés sur 
toute leur longueur, denticulés latéralement, pourvus en dessus, à leur 
extrémité, d’une large écaille en forme d'ongle et garnis inférieurement de 
lamelles entières échancrées au milieu de leur bord distal, le troisième el 
le quatrième doigt, aux membres antérieurs comme aux membres posté- 
rieurs, élant seuls munis d’une grille; œil à pupille verticale, sans paupière 
circulaire; narine entourée d’un cercle complet d'écailles, ne touchant ni à 
la rostrale, ni à la première supéro-labiale ; les sous-mäxillaires en contact 
en arrière de la mentonnière, qui est courte. Membres grêles et allongés, 
le cinquième orteil très écarté des autres. Pas de pores préanaux ni de pores 
fémoraux; deux fentes post-anales. 


Geckonia Chazaliæ n. sp. 


Tête large et triangulaire, non concave en dessus; museau anguleux, 
arrondi à son extrémité, égal en longueur à la distance de l'œil à l’orifice 
auditif, une lame osseuse sus-orbitaire ; rostrale très basse, non plus élevée 
que les supéro-labiales, près de quatre fois plus large que haute, avec une 
trace de scissure au milieu de son bord supérieur ; narine ouverte un peu 
en arrière de l'extrémité antérieure de la première supéro-labiale, entre 
quatre petits boucliers, dont l'antérieur est le plus grand; neuf labiales 
supérieures et autant d'inférieures; mentonnière plus large que longue, 
pentagonale, anguleuse en arrière; une seule paire de sous-maxillaires, en 
contact sur la ligne médiane derrière la mentonnière, accompagnées, en 
arrière et sur les côtés, de scutelles plus petites et disposées sans ordre, 
qui passent graduellement aux très petites écailles de la région gulaire. 
L'orilice auditif est une large fente oblique en haut et en arrière, sans den- 
ticules sur son bord antérieur. Membres longs et orêles : l’antérieur dirigé 
en avant dépasse l'extrémité du museau de toute la longueur de la main; 
le postérieur atteint l'épaule. 

Les doigts et les orteils, denticulés latéralement et dilatés sur toute leur 
longueur, ne s’élargissent pas à leur extrémité et sont garnis inférieurement 
de lamelles transversales entières; mais il n’y a que les trois ou quatre der- 
nières, échancrées au milieu de leur bord distal, qui en occupent toute la 
largeur; les autres, plus étroites, décroissent rapidement et se confondent 
bientôt avec les écailles voisines. 

La’ tête est couverte en dessus d’écailles polygonales subégales, grandes, 
surtout les suroculaires, adhérentes au crâne et relevées de petites arêtes si- 
nueuses dirigées dans tous les sens ; elle est bordée en arrière par un épais 
repli en arc de cercle qui part, de chaque côté, immédiatement au-dessus 


— 312 — 


de l’orifice auditif, un peu en arrière de la commissure des lèvres, et dont 
le bord libre est garni de gros tubercules courts et coniques ; quelques 
tubercules semblables s’observent au-dessous de cette même commissure. 
Écailles du dos et des flancs la plupart circulaires, imégales, les plus grandes 
plus ou moins tuberculeuses, entremêlées d’écailles plus petites sans forme 
déterminée ; pas de tubercules sur les côtés du cou, ni sur les membres 
antérieurs, qui sont recouverts d'écailles lisses; duelques tubercules sur 
la face supérieure des cuisses. Écailles ventrales petites, lisses, polygonales 
et juxtaposées, agrandies entre la racine des membres postérieurs. La queue 
est mutilée et en voie de reproduction; mais sa base porte en dessus des 
écailles analogues à celles du dos, les tubercules devenant seulement plus 
saillants sur les côtés. | 

Gris clair en dessus, presque blanc en dessous, sans aucune tache. 

Un seul spécimen, qui me paraît être un mâle, a été capturé. I mesure 
57 millimètres de l'extrémité du museau à l’anus, la distance de cette 
même extrémité au milieu du bord postérieur du repli occipital étant égale 
à 21 millimètres. La longueur de la droite qui joint les deux extrémités 
de ce repli est de 15 millimètres. 

«Ce Gecko, m'écrit M. de Dalmas dans sa lettre déja mentionnée, a été 
trouvé sous une pierre, à vingt kilomètres à l'intérieur dans le désert (la 
contrée est inhabitable; 11 n’y a pas de végétation, pas d’eau, seulement des 
pierres et du sable). C’est le seul exemplaire que j'aie vu, et J'ai soulevé 
plus de deux cents grosses pierres.» Ainsi qu'on le voit par ces renseigne- 
ments, l'espèce qui vient d'être décrite paraît fort rare; il est probable 
aussi qu'elle est tout à fait désertique. 


NOTE SUR UN RÉCENT VOYAGE EN GUINÉE ET AU CONGO, 


par M. J. DyBowsxi. 


Chargé cette année d’une nouvelle mission à la côte occidentale d'Afrique 
en vue d'étudier des questions d'ordre agricole, je me suis cependant 0C- 
cupé de compléter les collections d'histoire naturelle que j'avais déjà pu 
faire lors de mes deux précédents voyages dans les mêmes régions. 

Je ne parlerai aujourd’hui que de quelques résultats d'ordre botanique, 
me réservant de revenir plus tard sur les faits se rapportant à la zoologie. 

Je désire attirer l'attention, non sur les collections botaniques elles-mêmes, 
que d’autres, plus autorisés, veulent bien se charger d'étudier et de décrire, 
* mais plutôt sur quelques faits d’un ordre général qu'il peut être utile de 
signaler aux voyageurs qui parcourent des régions nouvelles. C’est ainsi 
que je veux attirer l'attention sur la nécessité de stationner en un endroit 


— 313 — 


déterminé pour arriver à faire des récoltes complètes; les meilleures collec- 
tions que j'ai pu faire proviennent de séjours prolongés dans une même 
localité. Des excursions répétées autour d'un même point permettent de 
découvrir une foule de choses et de faits qui auraient échappé à une prospec- 
lion trop rapide. 

Ayant pu séjourner quelque temps dans le Bas-Ogoué, je me suis attaché 
à retrouver diverses plantes dont on possédait quelques fragments trop 
incomplets pour pouvoir être décrits. C'est ainsi qu'il existait dans la col- 
lection du Muséum un certain nombre de fruits ou de graines connus de- 
puis les voyages d'Aubry-Lecomte, c'est-à-dire depuis 1854, et qui n’a- 
vaient pu être encore déterminés. Pour un certain nombre d'espèces, cette 
détermination sera prochainement résolue par l'examen que fait M. Hua 
des échantillons que j'ai rapportés. 

Lorsqu'il s’agit de végétaux de grande taille et dont les feuilles sont trop 
volumineuses pour pouvoir être conservées entières, le voyageur doit, par 
des photographies et des croquis, par des observations et des notes, aider 
le travail du botaniste descripteur. Ces observations deviennent indispen- 
sables lorsqu'il s'agit de végétaux tels que les Palmiers. C’est ainsi qu'en 
Ctudiant des spécimens de cette famille, j'ai pu recueillir des renseignements 
complets sur les représentants de deux genres qui n'étaient jusque-là 
connus que par une seule espèce africaine. Je veux parler du genre Podoc- 
cocus et du genre Eleis. Le premier s’est montré à nous sous deux aspects 
très nettement distincts par les caractères végétalifs et qui correspondent 
à des caractères non moins tranchés de l'ordre botanique. Cependant des 
représentants des deux espèces existaient vraisemblablement dans les her- 
biers, mais l’on avait omis de noter que, tandis que, par exemple, le P. 
Barteri est muni d’un stipe de 1 mètre à 1 m. 5o de haut, l’autre est acaule: 
que, tandis que chez les premiers les inflorescences sont réfléchies, elles 
sont dressées dans la seconde espèce, etc. Ce sont donc là autant de points 
qu'il importe de noter sur le vif, car l’examen des fragments seuls ne 
pourra les laisser pressentir. 

Je signalerai encore à l'attention des voyageurs qui se proposent de 
parcourir les régions africaines tout l'intérêt qui se rapporte à l'étude des 
Bambous de ce continent. On y trouve, en effet, des espèces de grandes 
dimensions qui n’ont pu encore être décrites faute d'échantillons complets. 
En effet, la floraison des Bambous n’a lieu qu’à de très grands intervalles, 
et 1l est difficile de se trouver au moment précis où la floraison a lieu. Lors 
d'un précédent voyage, J'ai eu à traverser une vérilable petite forêt de 
Bambous dans la révion comprise entre Yabanda et Makorou , c’est-à-dire en 
me dirigeant des bords de l'Oubangui vers El Kouti par la vallée du Chari. 
Pas un de ces Bambous n'était en fleur, et les échantillons de chaumes et 
de feuilles, bien qu'ayant été examinés par M. Franchet, dont la compétence 
en semblable matière est connue de tout le monde, n’ont pu être rapportés 


Mcséuu. 29 


— 314 — 


à aucune espèce connue. Îl importera dans l'avenir de recueillir des fleurs 
de celle espèce afin qu’il soit possible de la déterminer. 

Il en est de même d’une autre espèce que j'ai rencontrée cette année aux 
environs de Dubreka en Guinée francaise. 

Il convient de ne pas négliger non plus les récoltes de Cryptogames, 
car souvent elles fournissent des renseignements précieux sur la géographie 
botanique. C'est ainsi que j'ai retrouvé cette année dans notre hémisphère 
deux espèces qui n'étaient connues que dans l'hémisphère sud à une dis- 
tance à peu près égale de l'équateur. J'ai pu récolter en effet, en Guinée 
française, des exemplaires du Podaxon mossamedensis et de l'Hypoxylon sub- 
orbiculare, qui n'avaient été trouvés jusque-là que dans l’Angola (. 


Les DERNIÈRES cozzecrions DE M. Drsowski; 
QUELQUES ESPÈCES RARES OU NOUVELLES, 


PAR Henri Hua. 


De son dernier voyage dans nos possessions de l'Afrique tropicale occi- 
dentale, M. Dybowski a rapporté deux collections botaniques comprenant 
chacune environ 80 espèces en herbier, intéressantes pour la plupart et 
dont plusieurs sont entièrement nouvelles, La valeur de ces collections est 
augmentée par l’adjonction de nombreux matériaux (fruits ou fleurs) dans 
l'alcool, se rapportant presque tous aux échantillons d'herbier. 

En ce qui concerne la première collection faite à Konakry (Guinée fran- 
çaise) et aux environs, je dirai seulement qu'elle est particulièrement riche 
en Ficus, et j'indiquerai l'existence d'une Capparidacée intéressante ap- 
pelée Euadenia major et dont j'ai donné la description au Bulletin de la 
Société philomatique, 8° série, t. VII, p. 82, à la suite d’une étude publiée 
sur ce genre. 

La deuxième collection, provenant du Bas-Ogoué et surtout de la loca- 
lité d’Achouka, nous arrêtera un peu plus, bien qu'aujourd'hui je doive 
me borner à mentionner quelques raretés. 


1. Plusieurs fruits de Swietenia angolensis Welw. 


2. Un autre fruit intéressant est le Gore des indigènes, dont les noyaux 
seuls, contenant un albumen riche en huile purgative drastique, étaient 
jusqu'ici arrivés en Europe. L’étude des échantillons d’herbier folüfères et 
florifères joints aux fruits mûrs m’a permis d'y voir une nouvelle espèce 
d'Aptandra (fam. des Olacinées). 


4) Cette communication a été accompagnée de nombreuses projections photo- 
graphiques faites au tableau. 


— 31 — 
L 
Aptandra Gore n. sp., loliis coriaceis; paniculis quam folia longioribus (8- 
12 cm, longis), calice accreto fructum immalurum mox omnino involvente, demum 


irregulariter fisso; drupis subglobosis (circa em. 2,50 altis, 4 latis), glaberrimis, 
mesocarpio carnoso, endocarpio lignoso; seminibus globosis (+ cm. diam.) tegu- 
mento tenuissimo, albumine carnoso copioso. 


3. Sclerosperma Mannii Wendl., Trans. of the Linn. Soc., XXIV, p. hay. 
— M. Drude, dans sa récente É ide sur les Palmiers de l'Afri ique tropicale 
(Engl. bot. Jahrb., XXT, p. 136, 28 mai 1895), dit qu'on n’en connait, 
en Europe, aucun exemplaire en dehors des types de Mann. Grâce à 
MM. Dybowski et Thollon, le Muséum en possède aujourd'hui de très 
beaux spécimens de feuilles, fleurs et fruits provenant du mont Bouët, près 
Libreville. 


- 4. Podococcus acaulis n. sp., foliis majoribus, petiolo ad 75 em. longo, rachi 
45-50; foliolis subtus brunneo pilosis; axi florifero et fructifero recto, quam in 
P. Barteri paulo crassiore; fructu ellipsoideo, nec basi geniculato. 

Dybowski (1894) n. 44 ; (1895) n. 136 : forêt du bord du lac Awanga, Bas- 
Ogoué, et jusqu’au Fernand-Vaz. 


L'existence de cetle espèce avait été affirmée déjà plusieurs fois par les 
voyageurs venant de la côte du Congo, notamment par MM. Thollon et 
Lecomte, et M. Drude l'avait pressentie d'après des fruits joints au n° 95 
de Soyaux. Les échantillons récemment rapportés par M. Dybowski lèvent 
tous les doutes. Nous nous demandons maintenant si une partie des échan- 
lillons de Soyaux, étudiés par M. Drude, n’appartiendraient pas à notre 
espèce. Cela expliquerait les différences constatées entre ces échantillons et 
la description originale de Wendland et Mann (/. c., p. 426), les P. Bar- 
teri du Muséum se rapportant exactement à cette description. 

D’après les renseignements de MM. Dybowski et Lecomte, le P. acaulis 
pousse dans des stations relativement sèches, tandis que le P. Barteri forme 
dans les forêts humides de larges touftes. 


9. Elueis Dybowsktü n. sp., foliis amplis (ultra » m. long.) oblique penniner- 
vis ac plicatis, non dectis, aculeis basilaribus brevioribus haud decurrentibus ; 
fructu subgloboso (4 em. longo, 3 lato); putamine osseo, fere semper 2- , inter- 
dum 3-loculare. Stipes quam in E. Guineensi brevior (8-10 m. alt., nec unquam 
30-29 ). 

Dybowski : n. 71, Libreville, route de M. Bouët. 


Rien que les feuilles non découpées suffisent à donner à ce Palmier un 
aspect tout particulier ne permettant de le confondre avec aucun autre. 


32. 


— 316 — 


Les CacrEss DE LA B4ssg-CaLiFoRNis, 


par LE D' WEger. 


Cette communication a pour objet l'étude des Cactées de la Péninsule 
californienne, d'après les renseignements, dessins, photographies et échan- 
tillons rapportés par M. Léon Diguet en 1894, et par M. Cumenge en 
1895. La plupart de ces documents ont été recueillis aux environs de 
27° latitude Nord. 

Les Cactées californiennes étaient à peu près inconnues avant les beaux 
travaux du D' Engelmann, de Saint-Louis (Missouri). Grâce aux nombreux 
documents fournis par les commissions d'exploration de la frontière mexi- 
caine el des régions adjacentes , il a pu décrire magistralement un assez grand 
nombre d'espèces, dont quelques-unes se retrouvent en Basse-Californie. 

Celles que MM. Diguet et Cumenge nous font connaître, et dont je vais 
vous montrer les principales sous forme de projections photographiques, 
sont au nombre de 12, dont 8 Cereus, 1 Echinocactus, 1 Mamillaria et 
2 Opuntia. 


1. Cereus Privée: Watson..— Voici le séant de la Basse-Californie, 
le Cardon des indigènes ©, qui rivalise au point de vue des dimensions avec 
le Giant de lArizona, décrit dès 1848 par Engelmann sous le nom de 
Cereus giganteus. Ge botaniste connaissait vaguement l'espèce californienne, 
mais il la croyait identique avec son Cereus giganteus. Ge n’est que depuis 
les explorations de Pringle qu'elle fut décrite par S. Watson (en 1885), 
comme espèce dis'incte sous le nom de Cereus Pringlei. — Gelui que nous 
montre la photographie de M. Diguet mesure 18 mètres, comme vous 
pouvez en juger en comparant sa hauteur à celle du cavalier qui se tient 
au pied du colosse. Mais généralement le Cardon n’atteint que 6 à 8 mètres, 
quelquefois 10 ou 12 mètres. | 

La belle aquarelle de M. Cumenge, qui représente le sommet d'un 
Cardon avec fleur et fruit, nous démontre que le Géant de la Péninsule 
forme bien une espèce distincte du Cereus giganteus de Arizona. Voici, en 
résumé, les caractères spécifiques du Cereus Pringlet : 

Tige élevée, peu rameuse; rameaux s’élevant verticalement; 12 à 
13 côles; aréoles rapprochées, tomenteuses, très allongées, confluentes; 
aiguillons gris, longs de 2 à 3 centimètres, extérieurs 12, intérieurs 6, 
dont 4 centraux plus forts; sommet florifère complètement inerme. Fleurs 
courtes, trapues; ovaire couvert d’une laine épaisse; pétales nombreux, 
étroits, lancéolés, blancs. Fruit velu, laineux, s’ouvrant à la maturité en 


%) Le nom de Cardon est donné, au Mexique et mênie dans l'Amérique du Sud, 
à plusieurs zufres Cereus arborescents de grande taille. 


— 317 — 


| d 


plusieurs valves qui laissent voir la pulpe cramoisie. Les graines sont obo- 
vées, lisses, luisantes, longues de plus de 3 millimètres; elles sont deux 
fois plus grosses que celles du Cereus giganteus.— Le fruit est comestible; 
sa pulpe sucrée sert à faire des confitures ou des sirops. 

La deuxième projection vous montre encore un Gereus Pringlei, de taille 
moins exceptionnelle, en compagnie d’une autre espèce dont je vais vous 
entretenir maintenant. 


2, Cereus Taonserr Engelm. (Photographie et aquarelle de M. Cu- 
menge). — Désigné par les indigènes sous le nom de Pitaya dulce. Son 
fruit rouge, gros comme une orange, d’un poids moyen de 50 grammes 
(Diguet), est très recherché pour sa saveur exquise; il s’en fait une grande 
consommation, et l’on en fait des confitures excellentes. Engelmann en a 
donné une description complète; il me suflira de rappeler qu'il diffère du 
Cardon par son tronc moins gros, moins élevé (A à 5 mètres), se divisant 
dès la base en rameaux ascendants; par sa fleur courte, tubuleuse, rouge 
en dehors, blanche en dedans; par son gros fruit rouge; par ses graines à 
peine longues de 2 millimètres, noires, finement chagrinées. 


Le nom de Pitaya est donné à divers Cereus arborescents à fruits comestibles. Le 
Cer. Thurberi est appelé Pitaya dulce; deux autres Cereus californiens portent : 
l'un le nom de Pitaya agria, l'autre le nom de Pitaya barbona. Dans l’intérieur du 
Mexique, on donne le nom de Pitaya à plusieurs espèces, mais plus spécialement au 
Cer. pruinosus Salm, dont les fruits rouges se vendent au printemps sur les mar- 
chés. Il ne faut pas confondre le nom de Pitaya avec celui de Pitahaya, qui est ré- 
servé aux Cereus rampants ou grimpants. 


La quatrième projection, d'après un cliché pris dans l’île de la Tortuga, 
en face de Guaymas, représente un groupe formé par un Cereus, que je ne 
puis pas déterminer, en l'absence d'échantillons botaniques. Ï] paraît voisin 
du Cereus Thurberi, mais ses tiges sont beauçoup plus grosses, et son fruit 
est blanc, d’après M. Diguet. C’est peut-être une espèce distincte. 


3. GEREUS CumENGEr n. sp. — Cette projection nous montre un Cereus 
d'un aspect tout différent. Au lieu d’être arborescent, 11 reste bas, fru- 
tescent; ses rameaux diffus et rigides, hérissés de pointes acérées, forment 
un fourré inextricable de 1 à 2 mètres de hauteur. C’est le Pitaya agria 
des indigènes, ainsi nommé à cause de la saveur aigrelette, extrêmement 
agréable, de son fruit. Cette espèce n’a encore été décrite nulle part, que 
nous sachions, ni en Europe, ni en Amérique. Nous devons donc la consi- 
dérer comme inédite, et je propose de la nommer Cereus Cumengei, en 
l'honneur de M. Cumenge, auteur des magnifiques dessins que vous avez 


_sous les yeux. 


IL est vrai qu'on trouve dans quelques collections un Cereus gummosus, qui est 
resté inédit, et qui pourrait être le même; mais j'ai lieu de croire , d’après ma 


 — 318 — 


correspondance personnelle avec Engelmann, que ce botaniste (mort depuis 1884) 
désignait sous le nom de Cereus gummosus une autre espèce, à tige molle, p. 
a. d. gommeuse, rampant dans les dunes, espèce sur laquelle M. Diguet nous a 
donné quelques renseignements, malheureusement incomplets. 


Voici les caractères distinctifs du Cereus Cumengei : rameaux rigides, 
diffus, étalés, épais de 6 centimètres; épiderme vert foncé; 7 à 9 côtes 
obtuses, sinuées; aréoles distantes de 3 centimètres; aiguillons forts, ri- 
oides, acérés, noirs, aplatis, pugioniformes; les extérieurs 10 à 12, 
rayonnants, longs de 1 à 2 centimètres; les intérieurs 4, dont l’inférieur 
deux fois plus fort et plus long. — Fleur nocturne, grande, 25 centi- 
mètres long. sur 10 centimètres diam. , rose vif en dehors, blanche en de- 
dans; ovaire vert, épineux; tube inerme, rose carmin; squames {ubaires 
lancéolées, décurrentes ; sépales lancéolés, étalés , roses ; pétales nombreux, 
étroits, blancs à pointe rose. Fruit globuleux, de 5 à 6 centimètres diam. , 
couvert d’aiguillons caducs; chair rouge, d’une acidité très agréable. 
Graines longues de 1 mil. 5 à 2 millimètres, obovées, d’un noir mat, 
rugueuses. 


k. Cereus (Pilocereus) Scnorrn Engelm. — Cette curieuse espèce, 
déjà trouvée dans la Sonora par Schott, a été parfaitement décrite par 
Engelinann. Les photographies et la belle aquarelle de M. Cumenge mon- 
trent qu'elle appartient à la section Pilocereus, parce que les aiguillons, 
d’abord courts, subulés, noirs, se transforment, au sommet des tiges flo- 
rifères, en crins flexibles, grisätres, longs de plusieurs centimètres, 
formant une espèce de cephalium. — Les fleurs sont petites, tubuleuses, 
rosées; les fruits inermes, écariates, en forme d'olives, et comestibles. 
Graines noires, luisantes, obovées, 2 millimètres long, carénées sur la face 
dorsale. 


Cette espèce se trouve aussi dans quelques collections sous le nom inédit de Ce- 
reus Palmeri. On a récemment décrit en Amérique, sous le nom de Pilocereus Sar- 
genhanus, une espèce que je crois identique ou au moins extrêmement voisine, et 
qui a été trouvée à Saint-Quintin, dans le Nord de la Péninsule. 

Le Cereus Schott est appelé dans le pays Pitaya barbona, c’est-à-dire barbe grise. 
ll porte aussi lie nom de Carambullo (pron. Carambouyo). Ge dernier nom est 
aussi donné au Mexique à une espèce très différente, le Cereus geometrisans Mart., 
dont les petits fruits noirs, pareils à des myrtilles, se vendent sur les marchés. 


5. Cereus PecTEN ABorIGNuM Engelm. — M. Diguet a pris cette photo- 
graphie à Guaymas (Sonora), 27° latitude; mais il a trouvé la même espèce 
à Mazatlan, 23° latitude, et dans la Péninsule au sud de La Paz, 24° la- 
titude. — Ge Cereus, communément appelé Hetcho, est remarquable par 
ses fruits ressemblant à d'énormes châtaignes, hérissées de erins flexibles 
jaunes; les indigènes les emploient comme brosses à cheveux; de là le nom 


— 319 — 


si caractéristique de pecten aboriginum (peigne des aborigènes) qu'Engel- 
mann Jui a donné. 

IL s'élève à 6 ou 8 mètres, et se divise en rameaux vigoureux, sub-ver- 
ticaux, d'un vert foncé; 10 côtes; aiguillons droits, rigides, gris à pointe 
noire. Fleurs petites, imparfaitement connues. Fruit gros comme le poing. 
Graine remarquable par sa grosseur, longue de 4 millimètres, large de 
a millimètres 1/2, noire, luisante, ne pouvant être confondue avec celle 
des espèces connues. 


6. Cereus Dicueri n, sp. — Ce Cereus, que les indigènes nomment 
Jaca Matraka, est nouveau et très distinct. Je propose de l'appeler Cereus 
Digueti, en l'honneur de l'explorateur zélé dont le nom est si souvent pro- 
noncé dans vos réunions. 

I] croît dans le sable des dunes, dans lequel il enfonce ses racines tubé- 
reuses , longues de 30 à Lo centimètres, charnues, s’accroissant à leur ex- 
trémité conique, et semblables à une touffe de racines de Dahlia, De cette 
touffe de tubercules naît une tige unique, grêle, rameuse, d'apparence 
sèche, ressemblant à des ramilles de bois mort, de couleur prisâtre ; les 
jeunes pousses sont d’un vert pâle, Ces rameaux ont 8 côtes obtuses, apla- 
nies sur le dos, séparées par des sillons étroits; la section transversale des 
côles est presque cunéiforme, c'est-à-dire plus large sur le dos que sur les 
les côtés. Aréoles distantes de 10 à 12 millimètres. Aiguillons, dont 10 ex- 
térieurs et 2 intérieurs, noirs, courts et apprimés, longs de 1 à 2 milli- 
mètres, D’après M. Diguet, les fleurs sont nocturnes, blanches, longues 
d'environ 15 centimètres; fruit rouge, peu épineux, allongé comme un pi- 
ment; pulpe rouge, un peu acidule, 


On connaît déjà deux autres espèces de Cereus à racines tubéreuses. Le premier, 
Cer. tuberosus Poselg., appartient à la section Echinocereus, et croît sur la frontière 
du Texas et du Mexique. Le second, Cer. Greggü Engelm., dont notre espèce se 
rapproche le plus, est répandu dans les provinces de Chihuahua et de Sonora, et 
a été trouvé jusqu'à Mazatlan, d’où MM. Vilmorin ont reçu un exemplaire qui 
existe encore au Muséum, 


7. Cereus serpenrinus Lagasca, — Vieille espèce mexicaine, cultivée en 
Californie eten Sonora, sous le nom de Reina de la Noche (Reine de la nuit), 
à cause de ses magnifiques fleurs nocturnes, blanches, longues de 25 cen- 
timètres sur 15 centimètres de diamètre 0, Sa tige, cylindrique et rampante, 
ressemble à un gros serpent; de là son nom de serpentinus. Son gros fruit, 
rouge, hérissé d’aiguillons caducs, passe à Mexico pour un des meilleurs 
des Cactées, Ses graines sont les plus grosses de toutes les graines de Cereus ; 


G) Sur le littoral oriental du Mexique et aux Antilles, le nom de Reina de la 
Noche est donné aux Cereus grandiflorus et nycticalus. 


eo 


elles sont noires, luisantes, ovoïdes, et ont 6 millimètres de longueur sur 
k millimètres de diamètre; le hile est grand, ovale, oblique, blanc. 


8. CEREUS TRIANGULARIS Haw. — Vieille espèce, cultivée en Basse-Cah- 
fornie , ainsi que dans toute l'Amérique chaude , pour son magnifique fruit, 
rouge carmin, à chair blanche, qui atteint le volume d’un petit ananas. 
Fleur énorme, longue de 30 à 35 centimètres sur 20 à 25 centimètres de 
diamètre, blanche, nocturne. Désigné partout, au Mexique, sous le nom de 


Pitahaya. 


9. Ecmnocacrus Pexinsuzæ n. sp. — La huitième projection (photogra- 
phie de M. Diguet), nous montre un énorme EÉchinocactus, haut de 2 mètres 
sur o m.: bo de diamètre, connu dans la Péninsule sous le nom de Vis- 
naga ®. T appartient évidemment au groupe composé des Ech. Wislizeni 
Eng., Ech. Lecontei Eng., Ech. Emoryi Eng., Ech. californicus Mon. ; mais 
il ne peut être rapporté à aucune de ces quatre espèces. D'accord avec feu 
Engelmann (in litteris), je le considère comme une espèce distincte, que je 
propose d'appeler Ech. Peninsule. 

Voici ses caractères essentiels : Tige simple, d’abord ovoïde, plus tard cla- 
viforme. Côtes 12 à 15, plus tard 20. Sillons larges et profonds. Aréoles 
distantes de 4 centimètres, plus rapprochées dans l’âge adulte. Aiguillons 
rougeätres, à pointe jaune; extérieurs 11, rayonnants, droits, .cylindri- 
ques, plus ou moins annelés ; parmi eux Îles quatre inférieurs sont plus 
forts et plus colorés; aiguillons intérieurs 4, annelés, disposés en croix, 
les trois du haut droits et cylindriques, celui du bas deux fois plus long, 
aplati, crochu, étendu horizontalement; ce dernier est long de 5 à 7 cen- 
timètres, tous les autres ont environ 3 centimètres. Les fleurs sont, dit-on, 
rougeâtres en dehors, jaunes en dedans. Le fruit et les graines sont encore 
inconnus. 


10. Mawircaria Gooprinen Scheer. — Espèce bien décrite par Engel- 
mann, commune dans la Péninsule et dans les îles de la côte du Pacifique. 
Voisine des M. Schelhasii Pr. et Grahami Eng., se distingue par sa taille 
plus forte, ses aisselles sétifères, 15 aiguillons extérieurs blancs, 3 à 4 inté- 
rieurs bruns, dont l’inférieur plus long et unciné. 


11. Opunria Cuozca n. sp. — Cylindropuntia , désigné par les indigènes 
sous le nom de Cholla (pron. Choya.) Voisin de l'Op. prohfera. Tige cylin- 
drique, verte, rameuse, frutescente, haute d'environ 1 mètre. Tubercules 


() Le nom de Visnaga est donné, au Mexique, à tous les Echinocactus, princi- 
palement aux espèces de grande taille, comme par exemple l'Ech. ingens Zucc. 
(Ech. Visnaga Hook.), qui atteint jusqu’à 3 mètres de hauteur, sur 1 mètre de 
diamètre, 


— 321 — 


allongés, peu saillants. Aiguillons longs de 1 centimètre, rayonnants, 
étoilés, avec un ou plusieurs centraux; tous couverts d'une gaine jaunâtre, 
lèche et ample; à la partie supérieure de l'aréole, il y a un pinceau d’ai- 
guillons sétiformes jaunâtres. — Fleur rose, 4 centimètres de diamètre; 
pétales lancéolés; fruit tuberculé, peu épineux; graine de 3 millimètres de 
diamètre; hile ventral, pointu, raphé étroit, La graine de l'Op. prohfera 
est deux fois plus grande. 


12. Opunria Accaues n. sp. — Cylindropuntia du nom indigène d’Al- 
cahes. Plus trapu que le précédent. Envahit les champs non cultivés (Di- 
guet). Tige cylindrique, vert jaunâtre, très rameuse; tubercules allongés, 
saillants, subconfluents en 7 côtes spirales. Aiguillons fins, longs de 1 à 
a centimètres; 7 à 8 extérieurs, 4 intérieurs, tous revêtus d’une gaine 

étroite, jaune; à la partie supérieure de l’aréole, il y a un pinceau de sétules 
jaunâtres. — Fleurs jaune verdâtre (Diguet.) Fruit sabglobuleux , épineux ; 
ombilic profond. 


LC’ \ 1 X 
ARBRE À PRIERES DE GoumBoux, 


par M. Epouarp Banc. 


Parmi les points particuliers pouvant intéresser les naturalistes et qu'il 
m'a été donné d'étudier dans les deux voyages que je viens de faire cette 
année, je signalerai aujourd’hui une curiosité botanique dont quelques 
explorateurs ont déjà parlé ;-les uns, autrefois, d’après les traditions chi- 
noises , et quelques-uns, plus récemment, de visu. Je veux parler du fameux 
arbre qui croît dans un monastère bouddhiste, au nord du Thibet, et qui 
produit des lettres, des mots, des prières el autres formules religieuses, 
le plus souvent tracées sur son écorce et sur ses feuilles. 

Ce singulier fait botanique, traité d’abord de fable tant qu'il ne s’agis- 
sait que d’une tradition affirmée par les indigènes, a pris plus de poids et 
est devenu un problème sérieux pour les botanistes depuis que des voya- 
geurs européens, M. Potanine et M. Grenard entre autres, ont apporté le 
témoignage de leur observation directe. Plusieurs hypothèses ont été émises 
pour l'expliquer. On a d’abord supposé qu’il s'agissait soit de taches pig- 
mentaires, soit de saillies épidermiques naturelles, reproduisant fortuite- 
ment des caractères alphabétiques. C’est ce qui a lieu par exemple pour la 
plante que les anciens appelaient Adonis , ou encore pour celle dont la fleur 
porte tracé le mot AIAZ ou AÏAI. Les Grecs ont bâti sur ce fait les lé- 
gendes classiques de la métamorphose d’Ajax et d’Adonis en fleurs. 

Une seconde hypothèse, qui a été mise en avant jusqu’à ce jour, consistait 
à attribuer l’apparition des caractères dont il s’agit au travail de certains 
insecles et notamment à des chenilles du genre Tortriæ; on sait en effet 


— 329 — 


que, même dans nos pays, certaines larves et certaines chenilles creusent 
dans l'épaisseur du parenchyme des feuilles de diverses plantes, dans les 
feuilles de Rosier par exemple, des galeries qui laissent ensuite sur lépi- 
derme des traces blanchätres ou transparentes. Ces galeries, sinueuses et 
irrégulières, peuvent reproduire accidentellement la forme de lettres. 

On sait aussi que d’autres insectes creusent dans l'épaisseur de l'écorce 
des végétaux des galeries régulières diversement conformées : c’est le cas 
pour plusieurs Coléoptères de la famille des Buprestes et pour les très 
nombreuses espèces qui forment la famille des Scolytides ; la plupart d’entre 
elles, qui habitent l’Europe, ont reçu des noms faisant allusion à l'appa- 
rence de leur travail : tels sont les Bostriches qui portent les noms de B. 
typographus , B. chalcographus, B. xylographus, ete. Gette explication, assez 
satisfaisante à première vue, a été admise provisoirement par beaucoup de 
naturalistes à partir du moment où le fait lui-même est devenu incontestable. 

Enfin une troisième théorie est celle qui consiste à admettre une super- 
cherie quelconque des lamas, lesquels tirent naturellement un grand profit 
de lexploitation du phénomène qu'ils font passer pour miraculeux. Mais, 
dans ce cas, il est intéressant de savoir en quoi consisle cette supercherie 
et comment elle s'exerce. 

Je viens d’avoir entre les mains, moi-même, il y a déjà quelques mois, 
plusieurs échantillons du précieux végétal. Je les ai examinés avec soin et 
j'ai tâché de me rendre compte de la vérité. L'arbre, ou plutôt les arbres 
dont il s’agit, car il y en a tout un groupe, croissent dans le monastère de 
Goumboum , à 35 kilomètres au sud de Si-Ning, dans la partie centrale de 
l'empire chinois. C’est à que se rendent en grand nombre des pèlerins aux- 
quels les lamas permettent, moyennant une honnête offrande, de contem- 
pler l'arbre auquel leur piété a valu cet éclatant témoignage de la faveur 
divine, et même quelquefois , mais très exceptionnellement, moyennant une 
offrande beaucoup plus grosse, d'en emporter de petits morceaux. J'ai pu, 
à deux reprises, en recevoir et en examiner de gros morceaux, l'un consis- 
tant en une branche et l’autre en un assez gros tronçon du tronc lui-même. 
J'ai dû cette faveur à l'entremise d’un lama thibétain avec lequel j'ai eu 
l'honneur d’être mis en relations. Tout d’abord, je commencerai par dire 
que le phénomène est véritable : il existe réellement, et j'ai vu des caractères 
thibétains très nettement tracés sur les branches de l'arbre en question. Ces 
caractères sont bien formés, nombreux et variés; ce fait suflit déjà pour 
faire écarter les deux premières hypothèses formulées ci-dessus : en effet, 
dans la première, les mots figurés seraient toujours les mêmes, et, dans la 
seconde, les caractères ne seraient évidemment ni réguliers ni distincts, 

et ils seraient mêlés de figures informes. J'ai d’ailleurs constaté physiologi- 
quement qu’il ne s’agit pas du travail d’un insecte. 

La manière dont se montrent ces caractères est assez curieuse. Ils appa- 
raissent tantôt sur les très jeunes branches, tantôt sur le tronc ou sur les 


323 — 


branches déjà fortes. L'arbre paraît appartenir à la famille des Phytolacca- 
cées ou à une famille analogue ; son bois est mou, spongieux et très léger; 
dans les branches déjà grosses, aucune trace d'accroissement annuel n'est 
visible sur la coupe transversale, Ce fait, joint à l'apparence lisse et vive 
de l'écorce, permet de conclure que la croissance doit être très rapide ; 
l'écorce très mince, de couleur grise et opaque, recouvre un liber également 
mince, formé de quatre ou cinq feuillets superposés, plus ou moins trans- 
parents et semblables à de la pelure d’oignon. L’écorce extérieure, d’un gris 
mat, est absolument opaque; elle est finement rugueuse et parsemée de 
lenticelles subéreuses, assez nombreuses et régulièrement espacées ". Si 
l’on regarde une branche intacte, on n’y voit aucune trace d'écriture ; mais 
si l’on considère une branche sur laquelle la lame extérieure a commencé 
à s'exfolier, on voit apparaître sur les lames sous-jacentes, qui sont d’un 
brun rougeâtre, des caractères tracés en blanc : ces caractères sont légère- 
ment en saillie et sont dus à un décollement des lames du liber ©. Ceux 
que j'ai observés figuraient des mots, des formules pieuses et, quelquefois 
même, des prières entières ; ils n'élaient pas mélangés de traits irréguliers 
sans signification. Dans ces conditions, il est bien évident que l’hypothèse 
de l’œuvre d’un insecte doit être écartée. D'ailleurs, J'ai remarqué que ces 
galeries, assez analogues, à première vue, aux tunnels que creusent cer- 
taines chenilles, n'avaient souvent ni commencement n1 fin et figuraient 
des circuits fermés, disposition assez fréquente dans l'alphabet thibétain. 
D’autres présentaient des points de bifurcation ou des points multiples 
d'ordre impair. On n’y observe ni trou d'entrée n1 trou de sortie. On n'y 
trouve pas de débris de larvés. Enfin, le calibre des traits est constant, ce 
qui n'a pas lieu en général dans les galeries creusées par des larves d’in- 
sectes, dont le corps subit un grossissement continu, d'où augmentation 
constante du calibre de la galerie. 

Ils agit donc, à n'en pas douter, d’un travail fait de main d’homme et 
de la main des prêtres. 

Une hypothèse formulée à la Société de géographie de NT 
et dont nous aurons sans doute bientôt connaissance, car il a dû en être 
question dans la séance que cette Société a tenue cette semaine, consiste à 
attribuer lapparition de ces caractères à l’apposition d’un cliché à jour, en 


(® Ces productions épidermiques, sur une branche de 5 à 6 centimètres de dia- 
mètre, sont espacées entre elles de 1 cent. 5 environ; elles ont environ 2 millimè- 
tres dans leur plus grand diamètre et 1 millimètre de saillie; elles sont elliptiques 
et coupées en deux par un sillon transversal; le bois est d’un blanc grisâtre, très 
spongieux. 

@) La dimension de ces caractères est variable; la plapart de ceux que nous 
avons vus mesuraient 2 centimètres de hauteur; la grosseur du trail était uniforme 
et d'environ 1 millimètre; cette dernière dimension concorderait avec le calibre des 
trous que creusent généralement les insectes. 


— 324 — 


papier, par exemple, et dont certaines parties interceptent la lumière. 
M. Grigorieff, le savant secrétaire général de la Société de géographie de 
Saint-Pétersbourg , émet cette hypothèse et fait observer qu'en plaçant des 
patrons opaques, découpés dans du papier, sur des pommes en voie d’ac- 
croissement , ou en général sur des organes végétaux à épiderme lisse eten 
cours de végélation, on y fait apparaître des figures ou des caractères 
tracés en clair : celte observation est juste, mais nous ne croyons pas que 
tel soit ici le cas. L’opacité de la couche externe de l'écorce et l'absence de 
toute empreinte visible à sa surface nous empêchent d'admettre cette expli- 
cation. En outre, il est probable que la fraude se fait la nuit. Nous pensons 
qu'on doit la pratiquer de Ja façon suivante. 

Des caractères en métal fortement chauffés peuvent être approchés de 
l'écorce des branches encore vertes et être maintenus quelque temps dans 
son voisinage; il ne doit pas y avoir contact, car il n’y a pas de brülure 
apparente, mais il y a gonflement des sucs {rès abondants qui existent 
dans les couches internes du liber, et des décollements s’y produisent ; la 
partie des feuillets libériens qui correspond aux caractères se soulève, 
meurt et devient transparente, le reste gardant son aspect naturel. Ce qui 
est particulier, c’est que la couche protectrice formée par le feuillet épi- 
dermique dissimule la marche du phénomène et permet aux prêtres de le 
faire apparaître ensuite quand bon leur semble, sous les yeux mêmes des 
fidèles. Une compression exercée dans de certaines conditions pourrait pro- 
duire le même effet. Enfin, peut-être les prêtres ont-ils inventé des appa- 
reils spéciaux pour pratiquer l'opération dont il s'agit : telle serait, par 
exemple, une lanterne dont la paroi faite d’une matière mauvaise conduc- 
trice de la chaleur recevrait des caractères collés ou peints et formés d’une 
substance échauffable : ou inversement une lanterne ou un réchaud dont la 
partie métallique entièrement échauffable serait protégée dans certaines de 
ses parties par une grille à jour ou recevrait une couche d’un enduit pro- 
lecteur sur lequel on tracerait les caractères. 

Quoi qu'il en soit des détails du procédé, son principe nous paraît indis- 
scutable. J'aurais désiré apporter un échantillon de ce végétal énigmatique ; 
les circonstances ont fait que les deux échantillons que j'ai pu examiner 
sont restés à Saint-Pétersbourg; je ne désespère pas de pouvoir prochai- 
nement en présenter un. 


SUR LES CUTICULES DE BOTHRODENDRON RECUEILLIES À TOVARKOVO, 
par M. Bernarn RENAULT. 
Dans Îes mines de Tovarkovo et de Malovka, situées dans le Gouverne- 


ment de Toula (Russie) et qui appartiennent au Culm inférieur, on a signalé 
l'existence d’une couche de combustible de plus de 20 centimètres d'épais- 


seur, s'étendant sur une surface de plusieurs kilomètres carrés, composée 
uniquement, comme M. Zeiller l'a reconnu, de cuticules de Bothrodendron 
(Lycopodiacée très commune à cette époque). 

Les membranes végétales superposées sont séparées par une substance 
noire, friable qui forme, en certains endroits, près des 4/5 de la masse, et 
qui n'est autre chose que de l'acide ulmique. 

Souvent, les cuticules se présentent sous la forme d’un anneau complet, 
toute trace de tissu ayant disparu à l'intérieur ; l'acide ulmique est déposé 
au dehors et semble avoir été produit par des portions de végétaux autres 
que celles qui étaient recouvertes par les cuticules. 

La face externe des membranes est unie et luisante, la face interne, au 
contraire, est mate et finement chagrinée à cause des empreintes en creux 
laissées par les cellules épidermiques. 

La face interne des cuticules, après un traitement prolongé par l'am- 
moniaque, offre souvent l'aspect représenté fig. 1. La membrane semble 


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Fig. 1. — Cuticule de Bothrodendron, face interne grossie 3ov fois. 


a, b, régions où la membrane a été diversement corrodée par les bactéries. — c, miero- 
coques restés adhérents à la membrane. — d, réseau cuticulaire qui pénétrait entre 
les cellules de l’épiderme. 


amincie et comme rongée dans un grand nombre de mailles; les espaces 
plus clairs qui résultent de cet amincissement ont des formes très irrégu- 
hères ; 11 arrive quelquefois que la cuticule est complètement perforée. 
Dans toutes les régions qui ont été entamées, on remarque un nombre 
plus ou moins grand de granulations a, c, tantôt isolées, tantôt disposées 
par deux où par trois; souvent, quand elles sont placées sur une portion 
de la membrane qui ne paraît pas corrodée, elles occupent cependant une 
cavité creusée dans son épaisseur. 
- Le diamètre de ces granulations varie entre 04,5 et ok,7 el entre 14 et 


— 326 — 


14,3. Nous pensons que ces granulations sont des microcoques qui ont 
gardé leur forme et ont été conservés par un procédé différent de celui de 
la houillification ordinaire, mais semblable à celui qui a conservé les cuti- 
cules. 

À l'œil ou à la loupe, la face extérieure des cuticules paraît plus lisse et 
plus unie, comme nous l'avons dit, que la face interne; cependant, au 
microscope, elle se montre parsemée d’un grand nombre de granulations 


à 
Fig. 2. — Cuticule de Bothrodendron, vue par le côté’externe. 
a, microcoques réunis par trois en chainette. — b, microcoques réunis par deux. — 


c, microcoques simulant un bacille. 


semblables à celles qui recouvrent certaines régions de la face interne; 
tantôt les microcoques sont isolés; tantôt ils sont groupés par deux, b, 
fig. 2, tantôt par trois, simulant un bacille divisé en trois articles, 4. 

Il arrive quelquefois que les lignes de séparation des microcoques ran- 
gés en chaînette ne sont plus visibles: il en résulte, pour l’ensemble, l’as- 
pect d’un bâtonnet c, qui a pour longueur la somme des diamètres des mi- 
crocoques 

Dans bien des cas, on distingue autour des microcoques, quel que soit 
leur mode de groupement, un espace circulaire ou elliptique «, b, fig. 4, 
plus clair, où la membrane paraît avoir subi une altération due à leur 
présence; celte altération s'étend non seulement en largeur mais encore 
en profondeur, de telle sorte que les cocci paraissent, pour la plupart, en- 
foncés dans la membrane, les uns au fond d’une sorte d’entonnoir, les 
autres groupés par deux ou par trois, dans une cavité dont la forme est en 
rapport avec leur nembre et leur disposition. 

Lorsque l’on traite les cuticules par l'acide chlorhydrique chaud ou 
l'acide azotique étendu froid, les microcoques sont entraînés ou détruits, 


— 327 — 


la membrane parait comme trouée à la place qu'ils occupaient. Là où 11 y 
avait un seul microcoque, le fond de la cavité est représenté par un cercle 


Fig. 3. —- Portion de cuticule traitée à froid par HCI, grossie 850 fois. 


a, cavité conique au fond de laquelle on voit un microcoque. — a’, la même plus 
grossie. — b, cavité elliptique contenant deux microcoques. — c, d, microcoques 
réunis en colonies. 


plus lumineux; s’il y en avait deux, le fond est elleptique; dans le cas où 
ils étaient réunis en chainettes, on remarque une bande claire plus ou 
moins allongée. 

Nous avons donné à ces microcoques le nom de Micrococcus Zeilleri et 
créé deux variétés, la variété a pour les cocci mesurant o#, 5, et la va- 
riété b pour ceux qui atteignent ou dépassent 14. 

Ce sont les bactéries les plus anciennes que l’on connaisse. Les cuticules 
de Tovarkovo ne sont pas transformées en houille et cependant elles ont 
résisté à une longue série de siècles en conservant leur souplesse, la pro- 
priété de se distendre dans l’eau, la glycérine étendue, etc. 

M. Gabriel Bertrand a bien voulu en fare l'analyse; il a trouvé pour 
leur composition : 


 . 8,77 
74,69 de G 
# à 9,79 de H 
La matière organique contient ............. PRE 
0,97 de Az 


Cette composition se rapproche beaucoup de celle des cuticules des 
feuilles d'Agave et de Lierre. 


— 328 — 


‘état de conservation de ces cuticules est absolument différent des 
plantes houillifiées et tel qu'il ne semble pas que les propriétés physiques 
ct chimiques initiales aient subi de grands changements. 

Il est certain que, si l'action microbienne n'avait pas été arrêtée, les 
membranes auraient complètement disparu. 

On peut se demander si ce travail de destruction n'aurait pas été sus- 
pendu par lirruption d'eaux brunes chargées de principes ulmiques dans 
les marais où s'étaient accumulés les troncs et les rameaux de Bothroden- 
drons et où s’effectuait la macéralion bactérienne. L’acide uimique que 
l'on rencontre entre les membranes aurait non seulement tué les micro- 
coques, mais conféré aux cuticules cette résistance extraordinaire à la des- 
truction. 


TABLE DES MATIÈRES 
CONTENUES DANS CE VOLUME. 


LA 


md Q——  — 


TABLE ALPHABÉTIQUE 
DES AUTEURS ET DES PERSONNES CITÉS. 


AcLarD (Capilaine). Propositions de service à Dakar (Sénégal).,..,.,. , 3 
Auzuaup (Ch,). Coléoptères nouveaux ou peu connus de la région malgache. 19 


Baizcon (H.). Les Didierea de Madagascar, ,.,.,. Dons Do dirsee viré < 22 
Bez (J.-M.) [Collections rapportées du Siam par].........,.,.., 22D, 233 
Beryarp (Félix). Sur le développement de la Coquille des Mollusques lamel- 
NE le RP ET TT di las ele 63 50 
— Liste des Échinides recueillis pendant les croisières du Travailleur et du 
drone ss s déni ali cale pa s » 307 
— Échinides recueillis par l'expédition du cap Horn.,,..,..,........ 279 
— Sur quelques stades de développement du Scioberetia australis , lamelli- 
branche à coquille interne.,,.,,.,.,,.. de Lo dite di 4 105 ve: + 879 
Berrraxp (G.). Examen du Miel produit par une Poliste de Basse- 
NP EE 39 
— La Laque du Tonkin et sa diastase oxydante, .,.,,.....,.,..,... 13/4 
Berrrano et Mazrèvre. Observations sur la fermentation peclique.. . .... + 29) 


Berrranp et Paisazix. Influence de la saison sur la virulence du venin de 


_ Sur l'emploi et le mode d’action du Chlorure de chaux contre la mor- 


sure des Serpents. ....,.... Mn nes daredest «ie. aus 291 
Bescaereze. Offre d’un mémoire sur la Florule bryologique de Tahiti.... 74 
Bier (M£'). Envoi de Collections du Thibet......,...,..... sésin #7 068 
Base (L.), Envoi d’Animaux vivants, ,... PPEPTPPEET TE ht à » 226, 259 
Bzanc (Édouard). Nommé correspondant, . ....., radank sua taux «Lx: 
— Envoi de Collections. .....,.... dus abs évier dla eu Gdisiaie ut 258 
— L’Arbre à prières de Goumboum..............,..,...,.,.. LUS aa 
Box (Le R. Père). Correspondant du Muséum. Nouvelle de sa mort......, 3 
Ponarais (Coltections faites par M), 2,444, sers ssservsoensuns 220 


A 
Borpace. Nommé conservateur du Musée de Saint-Denis (Île de la Réunion). 27 


Muséun. 23 


— 330 — 


Borpas (L.) Glandes salivaires des Labellulidæ....................... 91 
— Sur les Glandes salivaires des Locustides. ................,...... 245 
Boucar» (A.). Collection ornithologique offerte au Muséum. . ... 21, 178, 263 
— Nommé correspondant. ”. 4.6 40e COTON 7h 


Bourarr. Note sur les plexus thoraciques veineux du Phoque ( Phoca vitulina). 45 
Bouze (M.). Nommé secrétaire pour la Paléontologie, la Géologie et la Mi- 


néralagie .: . 4. secs te vase conte CCS 3 
— Plérodactyles acquis par le laboratoire de Paléontologie. . . ... HE tER 172 
— Note sur les fossiles rapportés de Madagascar par M. E. Gautier... .... 181 
Bouvier (E.-L.). Nommé secrélaire pour la Zoologie et l'Analomie. ...... 3 
— Nommé Professeur d’Entomologie. ..............,.4% 2 500 257 
— Sur une Collection de Crustacés décapodes recueillis en Basse-Californie 

par M. Dipuels.. kiss 00e: RE 6 
— Sur la distribution géographique des Crustacés de la S. famille des Li- 

thodinés. . . 4 cumin. à Sr al ARR RRORS ER 70 
— Sur les Palæmons recueillis dans les eaux douces de la Basse-Californie 

par M. Diguet.....,.....4..s.e ste 0 199 
— Sur les Collections entomologiques Jules et Gustave Fallou. ......... 300 
Bréaupar (L.). Offre ses services au Tonkin. ....................... 226 
Bronéxrart (Ch.). Notes sur quelques Coléoptères provenant de la Côte ouest 

de Java, donnés au Muséum par M. J.-D. Pasteur............. ë 17 
— Note sur des Hyménoptères du genre Polistes, recueillis en Basse -Cali- 

fornie par M, Diguet, . 7... 0e SON 37 
— Note sur les Homoptères du genre Flatoides..................... où 
Brussaux. Offre ses Services dans l'Urugüay: 224. 04,4 2008 000 74 
Buzéon. Communication relative au Fernand Vaz..................... 27 
Burgau (Ed.). Sur un Dorstenia nouveau de l'Afrique Centrale. ......... 60 
Garner (Henri). Nouvelle de sa mort. 43.454004 84 2 HR MONS 7h 
Cnarranion. Détails sur son voyage dans l’Asie Centrale ............... 137 
— Lettres ‘de l'Asie Centrale .4 72 Site 04 PR. DENON 261 
— Mammifères de l'Asie Centrale (note de M. de Pousargues).......... 265 
Cuarer (Collections rapportées du Sénégal par)...................... 329 
CuauveauD. Sur le développement du Res libérien de la racine des re 

minéessais k 2 RU Le AUUEL EN SUR NO RRARE MORE 209 
Guozez (F.-J.) Note sur le voyage d’Exploration dans la Haute-Sangha a les 

régions avoisinantes . s «4 à + 2 8 2 à 0 ee RON RUUOUER POSER 302 


Conresean (Ch.). Sur l’action physiologique de la Peptone et sur l'influence 
des injections intravasculaires de cette substance sur la Coagulabilité 


dusane chez le Chien... MON RTE “41h 
— Influence du Foie et du Système nerveux sur l’action anticoagulante des 
injections intravasculaires de Peplone chez le Chien ............. 388 


Coppix (R.).Envoiide collections. 21342400 0 0068 DER RNET. ARTE 236 


—— 331 — 

Cosseny. Envoi de Flamants et de Pélicans...........:............. 178 
Cour (D'.). Propose ses services au Soudan........................ 2098 
Cumence (E.). Nommé correspondant au Muséum.................... 297 
— Cactées recueillies en Basse-Califormie.. ..,...,.,.,..,...,..,.,.,,,,.. 316 
— Minéraux des Mines de Boléo........,.........,..,.,.,..,,... 39 
DR 08 LE Cninnas (Portrait de). .:..,...4,,, 4440 44 dés daté aie olelote 299 
Daumas (px). Collections faites au cap Blanc........................ 310 
Davi (abbé Armand). Phalenidæ recueillis à Moupin............,.... 55 
Déssan. Envoi de collections du Thibet ....................... 178, 268 
Decarosse. Renseignements sur la Côte d'Ivoire. ................ 3, 138 
Deusce. Note sur les crânes trouvés à Tès (Perse) par M. Lapicque. . .... 86 

Denxer. Sur les ossements humains recueillis par M. Diguet dans la Basse- 
M NE A die ah 4 cuis à 33 

— Sur une Collection de portraits de Professeurs du Muséum formée à la 
Bibliothèque . ........ ah ae Rp del Eh 75 
— Le premier plan du Jardin des Plantes (Peinture sur vélin de 1636)... 195 
Dicugr. Détails sur son voyage en Basse-Californie ................... li 
— Note sur une exploration de la Basse-Californie.. ................. 38 

— (Collections faites en Basse-Californie. . .... h, 6, 30, 36, 37, 43, 
103, 112, 209, 316 
Drake pez Casrizo. Note sur trois Rubiacées nouvelles du Tonkin....... 116 
Durneuiz pe Rums (Mission de).................,....... 187, 191, 192 
Duverçier. Envoi d’un Carpophaga Auroræ ........................ 363 
Dysowskt (J.). Note sur un récent voyage en Guinée et au Congo........ 313 
— Collections de Plantes décrites par M. H. Hua.................... 31/ 
Errinçron pe LA Croix. Départ pour l’Afrique....................... 26 


Fasre - Domercus. Liquide sucré formolé pour la conservation en collection 


ag. gg die ge OP agogs 162 
Fazrou ( Jules et Gustave). Collections entomologiques offertes au Muséum. 300 
Fauvez. Offre un livre intitulé Séricigènes sauvages de la Chine ......... 1h41 
Finnoz (H.) Observations concernant les Mammifères contemporains des 

Te me nue sans once se stone 11 
— Observations concernant la restauration d’un Squelette d’Hippopotamus 

RL, BA SE Ch unis. 80 Faure 83 
Foa (Édouard), Envoi de collections. ....,............... “es. 138, 258 
Foureau. Mission au Sahara par M. Hamy......................... 43 
Fraxcuer. Sur quelques Plantes de la Chine occidentale... ............: 62 
— Observations sur les Plantes rapportées du Thibet par la Mission Du- 

D ES pe ago ao sant ue 191 


— Sur quelques Rhieum nouveaux du Thibet oriental et du Yunnam...,, 911 


Gi 
2). 


— 332 — 


François (Ph.). Note sur une Mission en Océanie.................... 227 
Garver. Langage des Singes. ...,,........... ces eu Mit s SR 27 
Gauserr (Paul). Note préliminaire sur des Minéraux recueillis dans les mines 

de S'-Pierre-d'Allevard. .............. se ou sée es  t06e DIEOIONS 214 
— Sur la Coloration artificielle des Cristaux...........,,.......... 282 
Gaupry (A.). Donne des détails sur l’organisation des frais galeries de 

Paléontologie. ,..........,,%:.,. vendus es date ss de Dalsie qe 9 
— Le nouveau Montage du Megatherium..................,....... 252 
Gaurier (E.). Sur les lerrains sédimentaires de Madagascar... .......... 178 
— Fossiles rapportés de Madagascar... .... ds dd stére SES ITS RP 0 
Gerwain. Envoi de collections de Cotonou.......,............ sa WU 3 
Gervais (H.-P.). Sur la Circulation périrénale de l’Hyperoodon rostratus... 148 
Gerra (L.). Détails sur son voyage dans l'Afrique orientale... ...... 74, 138 
GLancraup (P.). De l’activité corallienne dans les mers jurassiques du bassin 

de l'Aquitaine... .., 44e sets ere UE 
Gzex (E.). Sur l’innervation des Vaisseaux lymphatiques............... 127 
— Sur les effets de la Thyroïdectomie chez la Chèvre................. 286 
GranDinier (A.). Collections offertes au Muséum................ 0, 13, 29 
— À propos de a mort de M. Grevé..…. ss bus 540 ST M 138 
Granpinier et Micne Enwarps. Sur les ossements d’Oiseaux provenant des 

terrains récents de Madagascar... , 444, 444406 6.200000 9 
Grénanrt (N.). Sur les produits de combustion de l’Arc électrique. Ventilation 

par. legar., su. oise eee En de QT SENS 173 
— Sur l'injection d’Alcool éthylique dans l'estomac et dans le sang veineux. 253 
— Sur l'injection du Glucose dans le sang veineux................... 295 
— Dosage de l’Acétylène dans le sang après un empoisonnement partiel. .. 284 
Grenarn. Son retour en France.......,...... sun CRT TERRE 27 
— Note sur l'itinéraire suivi par la mission Dutreuil de Rhins.......... 187 
Grevé. Collections faites à Madagascar . . ..., + seven set 9, 12, 91 
— (Annonce de sa mort) par M. Grandidier........,.......,...... 138 


GrouveLce. Clavicornes des îles de la Sonde et de l'Océanie récoltés par 
M. Raffray. Description d’espèces nouvelles de la collection du Mu- 


sÉamn, «sv 6 rx NES CU EMONNE 4e ornés steel Dec... 406 

Hauy (E.-T.). Manuscrits d'anciens voyageurs. . ......,..... ss te 27 
— Principaux résultats de la dernière mission de M. cd dans le 

Saharasannsas se 8 see un ee SUN ssssssusese 43 

— Note sur la thèse de Tournefort.......,...,...,... de 4 Je 76 

- — Sur l'anthropologie des îles Florès et Adonara.....,.............. 82 

— Note sur les Sopulits de la rivière Penangah, nord de Bornéo........ 141 


— Présentation de dessins faits par Piron, dessinateur du voyage de d’En- 
trecastenat ss dde te sde 40.500.000: + 199 


— 339 — 


Hawy (E.-T.). Note sur un médaillon de J.-B. Tuby, représentant le portrait 
de Cureau de la Chambre, démonstrateur au Jardin royal (1635- 


CREER EEE NE EEE ET TETE ECETET sssss 999 
— Dix vues du Jardin des Plantes, peintes en 1794, par Jean-Baptiste 
NN EE EE PT LT dede ete 263 
— Renseignements complémentaires. ...................,...,.... 300 
Hiva (Jean-Baptiste). Dix vues du Jardin des Plantes (note de M. Hamy). 963 
— Renseignements complémentaires. ..,...,.,...:.....,......... 300 
Hua (Henri). Commélinacées acquises au Muséum par les explorations fran- 
çaises en Afrique tropicale. ..,..,....,,,.,.,.,,,,.,..,,,..,. 118 
— Les dernières collections de M. Dybowski. Quelques espèces rares ou 
I TE 314 
Jousseauue. Voyage à Obock........,.,....,.,... mn es de 36, 178 
Künexez »'Hencuzais. Cétonides de Madagascar, ,.,,..........,...,.. 59 
+ Les Homalosoma, Carabides de la famille des Féronines. Répartition géo- 
graphique des espèces à Madagascar et en Océanie............... 93 


Lacroix. Sur quelques Minéraux des mines de Boléo (Basse-Californie).... 39 
Lacroix (A.). Présentation du Guide-Catalogue de la collection de Minéra- 


TOR TEE OC EE ET EE EE TENTE 208 
Lapicque (Louis). Note sur la mission du yacht Sémiramis.... 78,82, 8h, 86 
Lecomre. Plantes rapportées du Congo............................ 164 
Lesne (P.). Description d'un Coléoptère nouveau de la famille des Ténébrio- 

moe (Centorue Bedeli), «à ous ssscssscscscsescssscessuses 109 
LieurarD (Capitaine de frégate). Propositions de service à Madagascar... .. 3 
Low (H.). Propositions de service au Transvaal . .............,...... 226 
Macau» (Docteur). Départ pour Konakry.................... PER 27 
— Envoi de collections de ia Guinée française.. .....,.......... 226, 297 


Marzèvre et Benrnan. Voir BerrranD et Macrèvre. 
Marrin (Joanny). Origine et formation des faux stigmates chez les Nepidæ. 110 


Maunorr (Ch.), nommé correspondant du Muséum. .................. 177 
Meuxier (Stanislas). Note préliminaire sur les roches recueillies au cours de 

la mission Dutreuil de Rhins dans le Turkestan chinois. .......... 192 
— Sur un échantillon remarquable, récemment acquis pour la collection 

RE PP SN RÉ NE NE Pi Ad 279 
Mrecemarque. Voyage au Dahomey....,...,............... 27, 74,177 
Muxe Enwarps. Allocution prononcée à l'ouverture des Réunions des natu- 

Eh D ns PA an RE on due 1 
— Pithecheir et Insectes donnés par M. J.-D. Pasteur. ..:............ 14 


— Sur l’incubation des Casoars Emeus à la ménagerie du Muséum. . .... 237 


— 334 — 


Mie Enwarps et A. GrannipiEr. Sur des ossements d'Oiseaux provenant 


des terrains récents de Madagascar... .,..,.............., 1. 9 
MocouarD (F.). Note sur la collection des Üropeltidæ, types du colonel 

Beddome. ...... ARE cit DONNE RARE GAE sibwisutees ‘ 150 
— Note sur quelques Reptiles du cap Blanc............. se 0 0 PAROI + 910 
Monaco (S. A. S. le prince Albert pe). Notes sur un Cachalot. ......:... 309 
Mosxowirz.: Voyage au :pays de Kong. «su. .d.cus.nel. oil -. 98 
Mäüzzer (Baron pe). Envoi de collections. ...........:.......... 27, 262 
Neuvie. Sinus veineux intra-hépatiques chez le Castor du Rhône. ...... 46 
— Note.surun boisde Cerf-anormal:: 4442 400 06 ee OR 
OnrLéans (Prince Henri »°). Détails sur son voyage en Indo-Chine........ 140 
+ +Lettre de Tali-fou., ..,,...,:.....sesesreeet et ES 259 
Ousracer (E.), nommé secrélaire de la rédaction. ................... 3 
— Sur la collection d’Oiseaux offerte par M. A. Boucard.............. 21 
— Note sur le Psitteuteles diadema........ re A 101 
— Sur quelques Paradisiers remarquables de la Nouvelle-Guinée. ....... h7 
— Note-sur l’Ansa Dindorensis ue cotes. 135 SCC NES 309 
— Note sur la faune ornithologique du Setchuan.................... 268 
Panoisse (G.). Envoi d'un hechier.........:...t "ms 226 
Pasreue (J.-D.). Don-de collechions..:...:.1, 4:41: 4 06 MR 14,17, 297 
— Nommé correspondant... . "4... .... ent 0e 6iR)etiet CNNSRRES 7h 
Perrir. Sur le rôle des Calcosphérites dans la Calcification à l’état patho- 

one dE bof ut sels de és 109 
Paisazix, nommé secrétaire pour la Physiologie et la Pathologie. ........ 3 
Parsauix et Berrrann. Influence de la saison sur la virulence du venin de 

Nipère... 2120 ARTS EN ns eu ou 0 4 de st ce CC OUNEREE 66 
— Sur quelques particularités relatives aux venins de la Vipère et du 

Cobra... vs cosrer etant dual 5 CR EN RIENPSRRS 129 
— Sur l'emploi et le mode d'action du chlorure de chaux contre la mor- 

sure des Sérpenlsn tan 2 20 ik mit sde El NME 291 
— Comment le Hérisson résiste aux morsures de la Vipère............. 29h 
Prrox. Dessins inédits présentés par M. Hamy........... 6. L'pldetiee 199 
PLé (James). Offres de services au Dahomey....................... 259 
Poisson (J.). Nommé secrétaire pour la Botanique. ............... ne 3 
— Note sur le développement des Épines de l'{dria Columnaria.. ....... 278 
— Plantes remarquables de Basse-Californie du voyage de M. Diguet..... 119 
Poncins (E. »e). Don d’un Herbier de l'Asie centrale........:......... - 26 
Pousape. Nouvelles espèces de Phalenidæ recueillies à Moupin par M. l'abbé 

À. David. 4: 0, 3 Led OMS éunloetanel SNS . 55 


— .Rectifications à la note précédente... . me dot Les certe Lite Rs 256 


— 330 — 


Pousaneugs (De). Sur une collection de Mammifères provenant du voyage de 
ls qu Paya de Kong... ..... sos cos s #0 
— Sur quelques particularités du tube digestif du Pithecheir melanurus … . 
— Note sur un exemplaire mâle adulte de Macacus Arctoides. .......... 
— Notes sur les Mammifères provenant de l'expédition de M, Chaffanjon 
nd de matin Île nid cine art 


Renauzr (B.). Sur quelques Bactéries des temps primaires. ....,.,,..,. 
— Sur quelques Bactéries anciennes... .................,......... 
— Remarques sur quelques genres fossiles pouvant servir à relier certaines 
Cryptogames vasculaires aux Gymnospermes................... 
—- Sur les Cuticules de Bothrodendron recueillies à Tovarkovo.......... 
— Présentation du tome 7 du Bulletin de la Société d'histoire naturelle 
ed ete le onde té 
Ricuaro (Jules). Sur les Crustacés Phyllopodes recueillis par M. Diguet dans 
EE 5 memeudr cu 
Rurrer. Étude de quelques roches éruptives de la Basse-Californie. . . ..... 
Rocnesrune (De). Note sur les Mollusques recueillis par M. Diguet en Basse- 
-.. LA, à EU NS UE DS. MEL PL 
— Diagnose de Mollusques nouveaux provenant du voyage de M. Diguet en 
ie cena de RTS RE Le 
— Sur les propriétés toxiques du Spondylus Americanus. ............. 
— Recherches physiologiques et chimiques sur les Didierea.. . . ....... 


Sawr-Lour (Remy). Étude sur un nouveau lype de Léporidé (Lepus 

LR M Te 
— Note sur l’Anatomie du Mara (Dolichotis patagonica)........ AT 
Simon (E.). Sur les Arachnides recueillis en Basse-Californie par M. Diguet. 
SuarD (0.). Note sur la voracité des Hyènes à Nioro (Soudan français). ... 
ame... ...........,.,,... eus. 


Taésaucr (V.). Sur le nerf intestinal des Oiseaux. ................... 
— Nerfs cardiaques sympathiques des Oiseaux. ..................... 
_— Sur le nerf de la voix chez les Oiseaux. .... Re Lu Mt 
Taévenx (A.). Sur un envoi de fossiles du Sbarien fait par M. Mayer- 

OL RE TS PARA NE RRE D Ode BU. 
Tissor. Recherches sur les échanges gazeux des muscles isolés du Corps... 
— Sur les échanges gazeux des muscles isolés du Corps à l’état de repos et 


ANA... us ocociee PR PRE TITRE 
Tissor et Ch. Conreseax. Sur l’énervation sensitive des muscles et sur l’exci- 
labilité des racines postérieures rachidiennes................... 
Tocué (Doct'). Propositions de services à Libreville. ........... CP Ha 


Tourwerorr (Note sur la thèse de), par M. Hamy.................... 


36 


239 
191 
219 


— 336 — 
Trousssarr (E.). Sur les variations de pelage du Putorins auriventer (Hodgson) 
du Sud de la Chine....... RTL UE dos ss SOS 


Vaiccanr (L.). Sur les Reptiles provenant des fouilles exécutées par M. Grevé 
à Madagascar. ......... 14, L'RDSENPES Ds Sa ii TT 
— Note sur les Reptiles et Batraciens de la faune souterraine des régions 
intertropicales, manière de conserver ces animaux pour les collec- 


— Sur un Luvarus imperialis venant des côtes du Finistère. ........... 
— Sur les habitudes terricoles d’un Siluroïde africain Clarias lazera. .. 


— Sur deux Loranthacées de Basse-Californie rapportées par M. Diguet. . 
Varieny (H. de). Note sur la période d’accroissement chez Lymnæa stag- 

NOR SANTE NT NC EEE Te PIS mer PER sos TC INR 
Venneau (R. . Note sur la collection des crânes abyssins de M. L. Lapicque. 
2% Note sur les Mois BéHnars. 0, 2 et OT ONE 
Verneuiz. Nommé secrétaire pour la Physique et la Chimie. ........... 
Viré (Armand). Exploration des cavernes du Doubs et du Jura.......... 


Weser (D'). Les Cactées de la Basse-Californie. .................... 


Y£nsix. Collections frites etIndo-Cliihe : 4000 2, ONE re 


230 | 


91 


— 9397 - 


TABLE PAR ORDRE MÉTHODIQUE. 


ACTES ET HISTOIRE DU MUSEUM. 


Pages. 
Professeur d'Entomologie (M. E.-L. Bouvier est nommé).............. 257 
Correspondants du Muséum. — Sont nommés : 
I D CPAM Te os. 7h 
to ad ER PP PRINT 177 
do EN OO ONE DONNER EE RSE . 997 
ON IP DO. .0.,........,..., 3 
Allocution prononcée à la séance d’ouverture par M. Milne Edwards. . .... 1 
Nomination des Secrétaires de la Réunion des Naturalistes, ..:......... 3 
Conférences sur l’histoire naturelle de Madagascar. .................. 398 
D OEUFS naluralistes 5. 4, 0. so. 25 
Exposition de la collection d'Oiseaux offerte par M. A. Boucard.......... 21 
Exposition des collections d’Insectes de Java offertes par MM. J.-D. Pas- 

UE 6 M CPP NE si Es À, 
Exposition des collections de M. Louis Lapicque. .................... 26 
Exposition zoologique, botanique el géologique de Madagascar . .... 254, 257 
Présentation des collections entomologiques Jules et Gustave Fallou, par 

Pr EN EP PE 300 
Présentation du tome VII du Bulletin de la Société d’histoire naturelle d’Au- 

ni... ” 298 
Le premier plan du Jardin des Plantes (peinture sur vélin de 1636), par 

NN M IN 199 
Dix vues du Jardin des Plantes peintes, en 1594, par J.-B. Hilaire, par 

NN M CR I EP 263 

Renseignements complémentaires. ......................... 300 
Dessins inédits de Piron provenant du voyage de d’Entrecasteaux, présentés 
ER 199 


Portraits de Professeurs et de Voyageurs du Muséum, par M. E.-T. Hamy. 76, 78 
Note sur un Médaïllon de J.-B. Tuby représentant le portrait de Cureau 
de Ja Chambre, démonstrateur au Jardin Royal, 1635-1669, par 


RE EN EEE 320 
Manuscrits d'anciens Voyageurs, par M. Hamy...................... 27 
Thèse de Tournefort. (Note de M. Hamy)......................... 76 


Organisation des nouvelles galeries de Paléontologie, par M. Gaudry...... 9 


— 338 — 


ANTHROPOLOGIE ET ZOOLOGIE. 


Anthropologie des îles Florès et Adonara, par M. Harmy.…. ... 12786008 89 
Crânes abyssins de M. Louis Lapicque, par M. Verneau................ 8 
Crânes trouvés à Tès (Perse), par M. L. Lapicque, par M. le docteur De- 

lisle, jus use es de ne ee JO SR S 86 
Note sur les Moïs Ba-Hnars, par M. Verneau. ............... “has 198 
Note sur les Sopulits de la rivière Penangah (Nord de Bornéo), par 

M. Hamy.. Re RTS I RS 1/1 
Ossements humains de la Basse-Californie, par M. Deniker............. 33 
Liquide sucré formolé pour la conservation en collection des animaux colorés, 

par M. Fabie Domerége. 2 00 7200 LPO 1 ITS 162 
Mammifères provenant du voyage de M. Moskowilz au pays de Kong, par 

M. de Pousargues..., 44000 2000 8 98 
Mammifères provenant de lexpédition de M. Chaffanjon dans l'Asie centrale, 

par M. E. de Pousargües. hé 48442 sent ce 265 
Observations concernant les Mammifères contemporains de l’Æpyornis à Ma- 

dagascar, par M: fl. Filhol, : 444405 45e 00 OL CR 11 
Singes (Langage des) d’après Garner, par le R. Buléon. ............... 27 
Note sur un exemplaire mâle adulte de Macacus arctoides, par M. E. de 

Pousarmués.. à. pete de eds ee E 2e e R PRESSE 333. 
Étude sur un nouveau lype de Léporidé, par M. Remy Saint-Loup ....... li 
Sur les variations du pelage du Putorius auriventer (Hodgson), du sud de 

la Chine, par M. E. Trouessart. 5.034046 LORS 235 
Note sur la voracité des Hyènes à Nioro (Soudan français), par M. O. Suard. 201 
Hippopotamus Lemerlei, restauration du squelette, par M. H. Filhol...... 88 
Note sur l’Anoa Mindorensis, par M. Oustalet....................... 202 
Note sur un bois de Cerf anormal, par M. H. Neuville................ 146 
Notes sur un Cachalot, par S. À. S. le prince de Monaco.............. 309 
Note sur la faune ornithologique du Setchuan, par M. E. Oustalet....... 268 
Sur des ossements d’Oiseaux provenant des terrains récents de Madagascar, 

par MM. Milne Edwards et Grandidier. ....................... 9 
Paradisiers remarquables de la Nouvelle-Guinée, par M. Ousta'et........ 45 
Sur l'incubation des Casoars Emeus à la Ménagerie du Muséum, par 

M. À: Mine Edward. suis at chute NS RAR 237 
Oiseaux (Sur le nerf intestinal des), par M. Thébault................. 202 
Oiseaux (Nerf de la voix des), par M. Théhaulté . suce 2e CCR 237 
Oiseaux (Nerfs cardiaques sympathiques des), par M. V. Thébault. ...... 270 


Note sur les Reptiles et Batraciens de la faune sonterraine des régions tro- 
picales, manière de conserver ces animaux pour les collections, par 
M, LL. Wanlant..:.45.uue8s inde et ENS Sd 209 
Reptiles provenant des fouilles de M. Grevé à Madagascar, par M. Vaillant. 91 


— 339 — 


Note sur quelques reptiles du cap Blanc, par M. F. Mocquard........... 310 
Note sur la collection des Uropeltidæ Lypes du colonel Beddome, par M. Moc- 
les ni nue nl oo nocamesénoonseosee 150 
Serpents (Morsures des), par MM. Phisalix et Bertrand. .............. 191 
Vipère (Virulence du venin), par MM. Phisalix et Bertrand......,..... 66 
Ptérodactyles acquis par le laboratoire de Paléontologie... ............. 172 
Sur un Luvarus imperialis venant des côtes du Finistère, par M. L, Vail- 
TE ON PP I NE CP PT 938 
Sur les habitudes terricoles d’un Siluroïde africain, Clarias Lazera, par 
td sa na cn dame dan ue no à ee 0 € LE 
Sur quelques animaux habitant les cavernes du Jura, par M. A. Viré..... 943 
Notes sur quelques Coléoptères provenant de la Côte Ouest de Java, donnés 
au Muséum par M. J.-D. Pasteur, par M. Ch. Brongniart. ........... 17 
Coléoptères nouveaux ou peu connus de la région malgache, par M. Ch. Al- 
TN IN PEN IV PP PE ET PET EE ETES 19 
Cétonides de Madagascar, par M. Kunckel d’'Herculais................. 59 
Coléoptères nouveaux de la famille des Ténébrionides (Centorus Bedeli), par 
OT MR TOP I IR I IP PTE 109 
Clavicornes des îles de la Sonde et de l'Océanie, descriptions d'espèces nou- 
D EL Nan aa do dse 156 
Locustides, glandes salivaires, par M. L. Bordas. .................... 215 
Hyménoptères de Basse-Californie, par M. Ch. Brongniart. ............ 37 
Homoptères du genre Flatoides, par M. Ch. Brongniart .............. gl 
Hémiptères, don de la collection Gustave Fallou..................... 300 
Lépidoptères, don de la collection Jules Fallou...................... 300 
Phalénides de Moupin, par M. Poujade. . . ... OT TT PT PE PILE 55 
Arachnides recueiïllis en Basse-Californie, par M. Diguet............... 109 
Sur une collection de Crustacés Décapodes recueillis en Basse-Cahfornie par 
D BL BonNier sl 4 nan anis den dec ae 6 
Sur la distribution géographique des Crustacés de la S. famille des Litho- 
dinés, par M. E.-L. Bouvier............. Re CO RE Et À 70 
Sur les Palœmons recueillis dans les eaux douces de la Basse-Californie, par 
0 Le obada vi 159 
Crustacés Phyllopodes recueillis par M. Diguet dans la Basse-Cahifornie, par 
nm de de a se meute à 107 
Mollusques nouveaux provenant du voyage de M. Diguet en Basse-Californie, 
CO EE 33, 239 
Note sur la période d’accroissement chez Lymnæa stagnahs, par M. H. de 
Varigny..... RP RAP PE TETE PRÉ EN RE COS DORE insu DOS 
Mollusques lameilibranches (Développement de la coquille), par M. F. Ber- 
dd nd ed de ee de oo 0e à 50 


— 310 — 


Liste des Échinides recueillis pendant les croisières du Travailleur et du Ta- 
Hisman, par M. F° Bernard... 0.4, po em ARTE Vi 
Échinides recueillis par l’expédition du cap Horn, par M. F. Bernard. ... 


ANATOMIE ANIMALE. 


Sur l’innervation des vaisseaux lymphatiques, par M. Gley............. 
Calcosphérites, leur rôle dans la calcification, par M. Pettit....…. rot 
Notes sur l'anatomie du Mara (Dolichotis patagonica), par M. Remy Saint- 

Loup. ss see verres oo sors re sers ot sure eo eee Ne 4 
Sur quelques particularités du tube digestif du Pithecheir melanurus, par 

M. E. de Pousargues., .,,..,..,.,., DÉLITS LT DORE ET CUT 
Sinus veineux intra-hépatique du Castor, par M. Neuville.............. 
Plexus thoracique veineux du Phoque, par M. Boulart..........,..... . 
Sur la circulation périrénale de l’Hyperoodon rostratus, par M. H.-P, Ger- 


Sur le nerf intestinal des Oiseaux, par M. Thébault, sers de AN 
Sur le nerf de la voix chez les Oiseaux, par M. V. Thébault............ 
Nerfs cardiaques sympathiques des Oiseaux, par M. V. Thébault......... 
Glandes salivaires des Locustides, par M. L. Bordas. ...,.........,... 
Glandes salivaires des Labellulide, par M. Bordas. .................., 
Origine ei formation des faux sligmates chez les Nepidæ, par M. J. Martin. 


PHYSIOLOGIE. 


Sur l’énervation sensitive des muscles et sur l’excitabilité des racines posté- 

rieures rachidiennes, par MM. Tissot et Contejean................. 
Sur les effets de la Thyroïdectomie chez la Chèvre, par M. Gley......... 
Recherches sur les échanges gazeux des muscles isolés du Corps, par M. Tissot. 
Sur les échanges gazeux des muscles isolés du Corps à l’élat de repos et à 


l'état de travail, par M Tissok.. 00 OUR PVR 
Sur les produits de combustion de l'Arc électrique. — Ventilatign par le gaz 
par MEN." Gréhant . 7205 ts 
Dosage de l’Acétylène dans le sang après un empoisonnement partiel, par 
M. N'Gréhant? 24500 RENE SUR RSR à 
Sur l'injection de l’Alcool éthylique dans l'estomac et dans le sang veineux, 
par M. N: Gréhant.s fist ttse cs cites NONPENRRS 
Sur l'injection du Glucose dans le sang veineux, par M. N. Gréhant...... 


Action physiologique de la Peptone et influence des injections intravascu- 
laires de cette substance sur la coagulabilité du sang chez le Chien, par 
ML" Conte an... RE A NE SC RS TE 

Influence du foie et du système nerveux sur l’action anticoagulante des in- 
jections intravasculaires de Peptone chez le Chien, par M. Contejean.... 


307 
272 


127 


103 


143 


15 


- 6 


45 


146 
202 
237 
270 
25 

51 
110 


290 
286 
68 


28/4 
253 
255 

67 


288 


— 341 — 


Recherches physiologiques et chimiques sur les Didierea, par A.-T, de Ro- 
OR annees so couronné snoeesvoccovseene 
Sur les propriétés toxiques du Siés americanus, par M. A.-E. de Ro- 
chebrune. . ... ep ee 6 5 ge ee dan dédèvese re 
Sur quelques particularités relatives aux venins de la Vipère et du Cobra, 
par MM: Phisalix et Bertrand......,..............,.,.....,.... 
Sur l'emploi et le mode d'action du Chlorure de chaux contre la morsure 
des Serpents, par MM. C. Phisalix et G. Bertrand.,,....,...,,..... 
Influence de la saison sur la virulence du venin de Vipère, par MM. Phisalix 
et Bertrand. ..... D ane ls dérs cmorméléoe naiss dax a da ve 
Comment le Hérisson résiste aux morsures de la Vipère, par MM. C. Phisalix 
CAT "NTI ENT INTEL TI ELEC TE TETE PESTE EE LEEETEIELE 


BOTANIQUE. 


Sur quelques plantes rapportées du Congo par M. H. Lecomte, par M. Van 
D ne 0e co datn dans dabiore e 06 en 010 0 


On Rs sn a nana non a sde ae 0e 
— Recherches sur les Didierea, par M. de Rochebrune, ............. 
Les dernières collections de M. Dybowski. Quelques espèces de plantes rares 

ou nouvelles, par M. H. Hua................ vdi Siles de à 0 
Plantes de la Chine occidentale, par M. Franchet,...........,,...... ” 


Observations sur les plantes rapportées du Thibet par la mission Dutreuil 
A ON CT EE ET EE 
L’Arbre à prières de Goumboum, par M. E. Blanc................... 
Plantes remarquables de Basse-Californie du Voyage de M. Diguet, par 
A és mao Da aa D 0 1 50 € 4 


Loranthacées de Basse-Californie, par M. Van Tieghem,.........,..., 
Rubiacées nouvelles du Tonkin, par M. Drake del Castillo. ,.,,,... d.6s 

- Sur quelques Rheum nouveaux du Thibet oriental et du Yunnam, par 
Pet. ss... san 24 0 à de ete hs ss ese hein je de Le 
Commelinacées de l'Afrique tropicale, par M. H. Hua..,..,.,,,,,,.,.,. 
Les Didierea de Madagascar, par M. Baillon. ....,..,,.. Lédub soon 


Note sur le développement des épines de V/dria columnaria, par 
NME I EE EE 


Sur le développement du faisceau liberien de la racine des Graminées, par 


1 Listes cé e 
Les Cactées de la Basse-Californie, par M. le D' Weber......... CE Te 


 Florule bryologique de Tahiti par M. Bescherelle, présentée par M. Van 


ose Drame an ae mes de à me 0 0 


Sur les Cuticules de Botk rodendron recueillies à Tovarkovo, par M. B. Re- 


219 


— 342 — 


Sur quelques Bactéries anciennes, par M. B. Renault........... AE Ur 
Remarques sur quelques genres fossiles pouvant relier certaines Cryptogames 
vasculaires aux Gymnospermes, par M. B. Renault................. 


GÉOLOGIE ET MINÉRALOGIE. 


Sur les fossiles rapportés de Madagascar par M. E. Gautier. — Note de 


Note sur les Roches recueillies au cours de la mission Dutreuil de Rhins dans 
le Turkestan chinois, par M. St. Meunier........... se COR 60 
Sur un envoi de Fossiles du Saharien fait par M. Mayer-Eymer, de Zurich. 
De l’activité corallienne dans les mers jurassiques du bassin de l’Aquitaine, 
par M: Glangeaud.…. . ...,..4 45 54e" CORRE 
Sur un échantillon remarquable récemment acquis pour la collection de Mé- 
téorites, par M. St: Meunier. . : 11,4 2% 00, 00e 
Présentalion du Guide-Catalogue de la collection de Minéralogie, par 
M. Ashanti am tn Re a ee de POS OR MERE 
Sur quelques minéraux des mines du Boléo, par M. Lacroix. ........... 
Roches éruptives de la Basse-Californie par M. Ritter.................. 
Minéraux recueillis dans les mines de Saint-Pierre-d’Allevard , par P. Gau- 


CHIMIE. 


Examen du Miel produit par une Poliste de la Basse-Californie, par G. Ber- 


La Laque du Tonkin et sa Diastase oxydante, par M. G. Bertrand... ...... 
Observations sur la fermentation pectique, par MM. Bertrand et Mallèvre. 
Recherches physiologiques et chimiques sur les Didierea , par M. de Roche- 

brunes de se das toctereen PL SRG RE ST SR ES 
Sur les produits de combustion de l'Arc électrique, par M. Gréhant....... 
Dosage de l’Acétylène dans le sang, par M. Gréhant.................. 


= 048 — 


TABLE PAR ORDRE GÉOGRAPHIQUE. 


Pages. 
Açores (Campagne de la Princesse-Alice dans la région des). ....... ES 
Samara. Mission de M. Foureau, par M. Hamy. .................,.. h3 
— Fossiles provenant du voyage de M. Mayer-Eymer, par M. Thevenin... 173 
Sénécaz. Envoi d’Animaux par M. le docteur Goppin...,............. 296 
— Voyage de M. le capitaine Allard à Dakar.............. ........ 3 
PDA ONE Me PO 299 
De 00:00 M Donnelain: (0m 47,00, 00... 296 
— Habitudes terricoles d'un Siluroïde, par M. Vaillant. ......,....., 271 
Not der Hiènes/ipar M.Suard, . :. .:.,....,1::.,.,....0... 201 
— Offres de services de M. le docteur Coup. ...........,......,... 208 
Côre p’Ivoure er Baouzé. Renseignements, par M. Delafosse. ...,.... o, 138 
Guinée FRANÇAISE. Envoi d’Animaux par le gouverneur. ............... 396 
— (Collections de M. le docteur Maclaud, à Konakry. ........ 27, 226, 297 
Konc. Mammifères du voyage de Moskowitz, par M. de Pousargues.. .... 93 
Damomer. Voyage de M. Miégemarque..................... 27 704 197 
ON NN I CT EE EE 259 
Coroxou. Collections faites par M.-Germain........................ 3 
Gunée et Conco. Voyage de M. J. Dybowski.................,..... 312 
Cowco. Voyage de M. le docteur Toché, à Libreville. ... ............. 3 
— Herbier envoyé de Franceville, par M. Paroisse. ....,.....,...... 296 
— Voyage de M. F.-J. Clozel, à la Haute-Sangha..............,.... 302 
D d'Amimaux par M. Blaise: ...::...:.....,:.......1, 220, 299 
AFRIQUE CENTRALE. Sur un Dorstenia nouveau, par M. E. Bureau......... Go 
ar Noyenerdu R. PiBuléon:...1.,..,.......1.... 70. 27 
Arrique rRopicace. Commelinacées nouvelles, par M. Hua.............. 118 
Agyssinie. Sur les Crânes provenant du voyage de M. Lapicque, par M. Ver- 
M . 8h 
D al Jouseatimes.. ML, NN IE US, 36 
AFRIQUE ORIENTALE. Voyage de M. Gierra....................... 74,138 
Prmour cencease. Voyage de: ME. Foa...........,.......... 138, 298 
D un Départ de: M°'E: de la Croix... . 0... 26 
La Réunion. Nomination de M. Bordage, comme Conservateur du Musée... 37 
Maniçascar. Voyage de M. Lieutard, capitaine de vaisseau. ............ 3 
— Exposition Zoologique, Botanique et Géologique.........,... 24, 257 
— Conférences sur l’histoire naturelle. ..........,.,......,...,... 258 


— 944 — 


Mapacascar. Collections provenant de divers voyages. . ... 9: 12,18, 
29,-D9, 91, 98 
— Mammifères contemporains de l’Æpyornis, par M. H. Filhol........ 11 
— Ossements d’Oiseaux, par M. Milne Edwards et Grandidier. .,..,,.,. 9 
— Homoptères du genre Flatoides, par M. Ch. Brongniart.... ...... 94 
— Géologie, par M. E. Gautier: :..,24 2 SCO 178 
— Fossiles, par M. Boule. :.44.4.4..2eut 40 EURE 181 
Perse. Crânes trouvés à Tès, par M. Lapicque....,...... Hs TE 86 
Aste ceNTRALE. Envoi de collections, par E. Blanc. ,......,. + LB St 
-— Lettres de M,-Ghaffanjon.. .:ts4its 464: 25e ce rs 1437: 261 
— Mammifères envoyés par M. Chaffanjon, par M. de Pousarguéh. sien 265 
— Voyage de M. de Poncins. .....4444% « dues note RE 
— Voyage de Dutreuil de Rhins et Grenard.....,...,..,,.... 0) 032 87 
Turxesrax. Roches provenant de la mission Dutreuil de Rhins, par 
M. St. Meunier. ..... ré Vds nt Cats PAT 7 à 192 
Tuiger. Plantes provenant de la mission Dutreuil de Rhins, par M, Fran 
Che bu una ce re ee Ne deb ei D OURS cale 191 
— Collections de M£° Biet et du R. P. Déjean PP CE 178, 268 
Movrix (Thibet). Phalenidæe, par M. Poujade....,..,..,,.... ENT 6H) 
Taiser orrenraz et Yunwam. Quelques Rheum nouveaux, par M. Franchet.. 911 
Sercauan. Faune ornithologique, par M. Oustalet.,....,....,....., . 268 
Cine mÉripionaze. Variations du Putorius auriventer, par M. E, Troues- 
Barbe an datcn eh assauts 2e cote NT SES x 239 
Cine occinenTaLe. Plantes, par | M. Franchet. 2.1 «45 00308 ASRSSRRSS 62 
Cmine. Les Séricigènes, par M. Fauvel.,,,:,,.:.,4..,. mnt us 3 É OS 
Tazi-Fov. Lettre du prince H. d'Orléans... saivel 24800000 259 
Tonkin. Rubiacées nouvelles, par M. Drake del Caslillo....,,,.,,...,. 110 
—Noyare de M. Bréaudal... su sad aimeidé, ide rade à 54 lib o0e 296 
SH, Collections. de M. T-M. Bel... at LS 299-233 
Ixpo-Cmixe. Voyage du prince Henri d’Orléans.....,.,,...,.,....... 140 
— Collections du docteur Yersin, par M. Verneau.........,.... + ut AR 


Ines. Collection de Serpents du capitaine Beddome, par M, Mocquard,, ,. 150 


Java. Collections faites par M. J.-D. Pasteur.......,..... 1h, 15, 17, 297 
Bornéo. Note sur les Sopulits de la rivière Penangah, par M. Hamv., .... 1/1 
Minporo. Sur l’'Anoa Mindorensis, par M. Oustalet,.....,,...,,.,,,.. 212 
FLores et Apoxara. Sur l’Anthropolooie, par M. Hamy,....,..,..,,,... 82 
ÎLes De La Sonpe et Océani£. Clavicornes , par M. Grouvelle..,......,... 196 
NouveuLe-Guinée. Paradisiers remarquables, par M. Oustalet....,...... L7 
Taurri, Noukamiva, Maxçareva. Florule bryologique, par M. Bescherelle.. 74 
Oééanre. Mission de M, Francois, bi cent nee D 227 


Ausrrauie. Collections de M. le baron de Müller............,.... 27, 2h49 


VAR A La Le w+ à 


‘e. Voyage de M. Diguet...... 4, 6, 39, 28, 30, 33, 
“at = 36,37, 43, 105, 107, 112, 151, 239, 816 
des mir Hell Lbali A tel era aa € Di 
CARO RAT ET PR ER 7h 
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#, par M. F. Bernard... .................... 275 


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— 316 — 


TABLE ALPHABÉTIQUE DES ESPÈCES. 


Acanthodactylus scutellatus. . . 
Acidalia roseolimbata....... 
Acridium gallinaceum.. ..... 
Acrostephanus coronatus . ... 
FÉNOLDIE Re eee tte er 
Ainsliæa nervosa:.:....:.ù 
Amblyornis inornata. ....... 
Anaptychus cornutus........ 
Andigena cucullatus. ....... 
AIDCTERIAR UE SU CUIR NUE 
Aniculus felepans..". .......1 
Anoa Mindorensis . ........ 
Anochilia Flacourti. ........ 
Anochilia flavipennis, var. nigra 
Anochilia flavipennis, var. rufa. 
Anochilia Frobervillei. ...... 
Anthocephalus Berlepschi.... 
Aptandra Gore. 2. ent 
Arbacia Dufresni. ......... 
Archæolemur Grandidieri.... 
Arctomysdichrous - 2: 4: 
Arvicola Guentheri......... 
Asarum cardiophyllum ...... 
Asarum Delavayi........... 
Avrieula VIN OL ER 


Bacillus Tieghemi.......... 
Barbatula: Extom.ss.... 1 
Berberis subtriplinervis. . . . .. 
Poléitesaee ee eNenR ee 
Bos de Madagascar. ........ 

Bothrodendron............ 


263 
315 
273 
13 
269 
265 
65 
65 
2110 


CGachalot. .. 25 0e 
Calcinus chïlensis. ......... 
Calcinus obscurus.......... 
Callianassa californiensis. . . .. 
Callianassa Roche... ....... 
Canis (de Madagascar)... ... 
Canis lupus. :. . 5220 
Capra sibirica. . 4480 
Capreolus pygargus......... 
Cardisoma carnifex. ......." 
Carpodacus  erythrinus (var. 
Carpophaga Auroræ......... 
Carum trichomanifolium. . . .. 
Casoar Emeu..:.2207 
Castor (Sinus veineux). ..... 
Centorus Bedeli. .......... 
Centurus terricolor. ........ 
Cereus Cumengei.......... 
Gereus Digueti. 0 
Cereus Pecten aboriginum . . . 
Cereus Prinplei.…. ....... 
Cereus Scholtn.ï ::56000 
Cereus serpentinus. ........ 
Cereus Thurberi........... 
Cereus triangularis. . ....... 
Cervus eustephanus......... 
Chalcosoma atlas... . 22 
Chama Digueti............ 
Chama parasilica,. ......... 
Chlorites frater.-.5+.:<#"208 
Cidaria moupinata......... 


® Ne figurent dans cette liste que les espèces nouvelles ou celles sur lesquelles ïl est 
donné quelques détails dans le corps du volume. 


— 347 — 


Clarias Lagera.. ......,,0: 271 
Clibanarius cruentatus....... 8 
Clibanarius panamensis. PAPE 6 
Cobra. .... SEPT 129 
Cœnobita compressa var. ru- 

GOBA. soso sssosss. 8 
Colobns satanas............ 100 
Colobus verus............. 100 
CO 118 
Coptomia Ellisii............ b4 
Coptomia Oliveri........... 54 
Coua primæva ............ 11 
Coula edulis, Baïllon........ 166 
Cronius Edwardsi.......... 8 
Cryptoprocta ferox.......... 13 
Damengeile. scoot 39 
Cyanorhamphus unicolor.. . .. 263 
1 APE 120 
RE , 215 
Didierea madagascariensis.. 22, 216 
Didierea mirabilis. ...... 23, 217 
Diguetia n.g. d’Arachnide. 106, 107 
Dinolemur Grevei.......... 12 
Dipodophyllum Digueti...... -33 
Dolichotis patagonica.,...... 143 
Dons umbrella. -.......... 239 
Dorstenia scaphigera ........ 60 


Drepanodes subferrugineata. de 5 


Echinocactus Peninsulæ..... 320 
Echinus margaritaceus. . . ... 27/1 
Eiconaxius Vivesi .......... 6 
Elaeis Dybowskii. . ......... 319 
Ellopia pseudomacariata . . ... 56 
LAN TRER Set aie 237 
Emmapglæus Raffrayi. ....... 157 
Erateina discothyrata.. ...... 59 
Erinaceus albulus...... APE NE. 
Eriphia squamala.......... 8 
Erosia auroguttata.. ........ 07 
Erosia ? Mabillaria.. ........ 97 


Estheria Digueti........... 107 


Eumegalodon ensifer, . ....,. 297 
Eupagurus fusco-maculatus. . 6 
Eurypanopœus planissimus. . 8 
Eusarca-subfalcata.. ...,.... 58 
Matoldes.: smash sie 82 ok 
Hloscopa... .sussnpossovse 120 
Gecarcinus Digueti......... 8 
Geckonia Chazaliæ...,...... 311 
Gelasimus macrodactylus.. ... 8 
Gnophos lilliputata......... 56 


Goniocidaris canaliculata.. ... 273 
Gymnoschizorhis Leopoldi.... 263 


Henuthea flagellaria. . ...... 56 
Heteractæa lunata.......... 8: 
Heterolocha mediolimbata. . .. 55 
Hippa analoga Tu dos 8 
Hippopotamus Lemerleï.. . ... 14 
Hippopotamus leptorhynchus. . 14 
Matnaioso 5... 4. 93 
Hyperoodon rostratus........ 146 
Hypochroma sinapiaria. . .... 56 
Hyposidra davidaria.. ....... 55 
Idria columnaria. ..... 1195, 278 


Keenania ophiorrhizoïdes .... 116 


Keenania Tonkinensis. ...... 116 
sono 2 ad ane 156 
Lascotonus cylindricus....... 196 
Lemur insignis. ........... 12 
Lemur intermedius. ........ 12 


Lepidotheuthis Grimaldni..... 309 


Leplograpsus crassipes... .... 8 
Leptomischus primuloides.... 116 
Lepus: Edwards. : .. .... A 
Lepus Lehmanni........... 265 
Lobophora ? nudariata.. ..... 58 
Lœmophlæus insolens. ...... 198 
Lophiolemur Edwardsi. . .... 13 


Lophocolobus: ; 4 24.762000 
Luvarus imperialis. ........ 
Lymnæa stagnalis. ......... 


Macacus Arctoides......,... 
Madecassa madagascariensis. . 
Madecassa mirabilis.. ....... 
Mamillaria Goodbridgn. . . ... 
Mara (Dolichots patagonica). . 
Megatherium (Nouveau mon- 


Micrococcus lepidophagus. . .. 
Micromia Thibetaria........ 
Macropannpe.: 2. HaUtne 
Microphrys platysoma....... 
Mithraculus denticulatus. . . .. 
Mulleronmis. 7e 0e Un 


Neopsittacus rubripileum. . .. 


Nepite OUR LRO 


Ocypode occidentalis. . ...... 
Opuntia alcahes........... 
Opuntia Cholla.: 1... 
Ostréa' angelieg.., 4.400, 
Ostrea jatobæa. : "reset 
Dsires casino net 
Oétrea turtarina 52 An 


Os POLE LE LEA En 


Pachyodes davidaria. ....... 
Pachyodes leucomelanaria. . . 
Paguristes Digueti ......... 
Papguristes Perriert. ...... 
Pagurus sinistripes. ........ 
Palinurus inflatus. . ......°. 
Poioin sf Less Des OR REURE 
PalemonDigueti. : 0000 
Palæmon forceps.. . . 7. .:.... 
Palæmon jamaicensis ....... 
Paroba' Carole 4740 IE 


— 348 — 


98 
238 
131 


Pericera fossata. : : ; 2: 2100008 6 
Percylites : : : : ACER Lo 
Petalophora Raffrayi. . ...... 197 
Petrochirus californiensis. . . .. 6 
Petrolisthes armatus......1.. 8 
Phoque.: :::::::#1 20000 L5 
Phoradendron Diguetianum. 31 
Pionus tumultuosus. . ....... 21 
Pithecheir melanurus. 14, 15, 297 
Plesiorycteropus  madagasca- 
riensis : : : 9. NON 1h 
Plicatula ostreivaga......... 219 
Plicatula spondylopsis. ...... 202 
Pleurobranchus Digueti.. . . .. 240 
Podococcus acaulis......... 319 
Podonema. . . : : : 41-6500 8 
Podophyllum Delavayi....... 63 
Pœcilochroa concinna. ...... 107 
Polistes americanus...... 37; 38 
Polythrena miepata. ........ 58. 
Primula breviscapa. ........ 64 
Primula chartacea: 7000000 65 
Primula sinuata. CONS * 65 
Propithecus Verreauxi....... 12 
Pséudoboleite. . .........: 39 
Psitteuteles diadema.. ..... 101 
Pteridophora Alberti. . ...... L7 
Pteromys nitidus .......... 297 
Putorius auriventer. ........ 239 
Pyrrhura rhodocephala. . .... 21 
Rhabdobrissus Perrieri. ..... 209 
Rheum Delavayi. .......... 212 
Rheum Kialense........... 212 
Rheum strictum....,...... 212 
Rhinolophus ferrum-equinum. 265 
Rhysodes capito.......:... 197 
Rhysodes gracilicornis. . . . ... 197 
Rhysodes humeralis ........ 157 
Rhysodes parvus. . ... +: 100087 
Rhysodes vicinus........... 1957 
Rhyziodastes Raffrayi. . . . .... 158 


Rosalia novem punctata . .... 18 


Rubus viburnifolius. . ....... 


Scioberelia australis. ....... 
Sclerosperma Mannii........ 
Selidosema calotæniala, . .... 
Semioplera Halmaheiræ . . . . . 
Spermophilus leptodactylus. . . 
Spondylus americanus . . .... 
Stephaniscus Lecomtei. ..... 
Swietenia angolensis . ...... 


Tanypsiplera Danae. ....... 
Terpna dorsocristata .. ...... 
Tetraogallus Henrici. ....... 
Thaumastolemur Grandidieri. . 
Thelecarpus hexasepalus. . . .. 


— 349 — 


63 


279 
915 


Thelecarpus Tholloni , ...... 
Tyche lamellifrons. ........ 


CLEA OP A PE 


Vesperugo pipistrellus, . . .... 
Vipère (Venin de la)......., 


Xandroma xanthomelanaria. . . 
Xystrocera fesliva. ..,..,... 


Yucca brevifolia, .....,..... 


— 350 — 


ERRATA. 


Page 71. Au lieu de mer de Barentz, lisez mer de Berendt. 


Page 155, ligne 10. Au lieu de ferrocyanure de potassium, lisez ferricyanure de 
potassium. 


Page 156, ligne 1. Au lieu de ces dernières, lisez ses congénères. 


Page 269, ligne 13. Au lieu de Chimarrhornis leucocephale, lisez Chimarrhornis 
leucocephala. 


— ligne 38. Au lieu de Trochalopetron Ellioti, lisez Trochalopteron Elloti. 


Page 273, ligne 3. Au lieu de Strongylocentralus , lisez Strongylocentrotus. 


HISTOIRE NATURELLE 


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