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HARVARD UNIVERSITY
LIBRARY
OF THE
MUSEUM OF COMPARATIVE ZOOLOGY
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BULLETINS
DE
L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES,
LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE.
BULLETINS
DE
L'ACADÉMIE ROYALE
DES
SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-AUTS
DE BELGIQUE.
TRENTE-SIXIÈME ANNÉE.— 2- SÉRIE, T. XXIV.
£ l
-I
BRUXELLES.
M. MAYEZ, IMPRIMEUR DE L 'ACADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE
1867
BULLETIN
DR
L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES,
DES
LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE
1867. — N° 7.
CLASSE DES SCIENCES.
Séance du 6 juillet tSGÏ .
M. le vicomte B. dl Bus, président de l'Académie et
directeur de la classe.
M. Ad. Quetelet, secrétaire perpétuel.
Sont présents : MM. d'Omalius d'Halloy, Wesmael, De
Koninck, Van Beneden, Edm.de Sel y s-Longchamps, Nyst,
Gluge, Nerenburger, Melsens, Liagre, Duprez, J.-B. Bras-
seur, Poelman, Dewalque, Ernest Quetelet, Spring, Eug.
Coemans, membres; Schwann, Aug. Kekulé, E. Catalan,
associés; Malaise, Ed. Dupont, correspondu»/*.
2me SÉRIE, TOME XXIV. 1
(2 )
CORRESPONDANCE.
M. le secrétaire perpétuel donne connaissance de la mort
de M. Rigouts-Yerbert, directeur du Jardin botanique
d'Anvers, qui depuis nombre d'années collaborait aux
observations des pbénomènes périodiques, pour les faits
observés à Anvers et insérés dans les recueils acadé-
miques.
L'Académie pontificale des Nouveaux Lyncées de Rome
remercie la Compagnie pour ses publications et fait par-
venir ses derniers travaux.
La Société malacologique, établie à Bruxelles, fait
bommage des premières feuilles du second volume de ses
publications et demande l'échange avec les travaux acadé-
miques. La classe accepte cet bommage et décide que
cette Société sera gratifiée des Bulletins et de Y Annuaire.
— M. Cavalier transmet le résultat de ses observations
météorologiques faites à Oslende pendant le mois de juin
de cette année.
— M. le docteur P. Maestri, directeur du bureau de
statistique* d'Italie, fait connaître que la sixième réunion
du congrès international de statistique aura lieu celte
année à Florence, à partir du 29 septembre prochain; il
communique, à cet effet, le rapport soumis à la junte
organisatrice.
— M. Spring, membre de la classe, fait hommage du
(3)
2me fascicule du lome Ier de son travail, intitulé : Sympto-
matologie ou traité des accidents morbides. Des remercî-
ments sont adressés à l'auteur.
— La classe reçoit les divers travaux manuscrits
suivants et désigne les commissaires chargés d'en faire
l'examen :
1° Théorie nouvelle du mouvement d'un corps solide,
5me partie, par M. F. Folie. (Commissaires : MM. Brasseur
et Steichen.)
2° Notice sur la synthèse de l'acide anisique, de l'acide
mélkyloxubenzoïque , d'un krésol nouveau et sur l'acide
parasadobenzoïque, par M. le docteur W. Kômer. (Com-
missaires : MM. Melsens et Kekulé.)
5° Notice préliminaire sur l'acide homotarlrique , par
M. H. Ronday. (Commissaire : M. A. Kekulé.)
4° Sur quelques transformations de l'acide formoben-
zoïque, par MM. Glâser et Uadziszewsky. (Commissaires :
MM. Kekulé et Stas.)
5° Recherches chimiques et physiologiques concernant
l'action des silicates alcalins sur Céconomie animale, par
M. Emile Husson. (Commissaires : MM. Schwann, Gluge
et Melsens.)
6° Exposé d'un nouveau système de cartes géogra-
phiques, par M. P. Drèze. (Commissaires : MM. E. Catalan
et Ernest Quetelet.)
( 4 )
RAPPORTS.
Sur la transformation spontanée d'un cylindre liquide en
sphères isolées, par M. Félix Plateau, docteur en sciences
naturelles.
Rapport de M. Onpt*ex.
« Dans la deuxième série de ses Recherches sur les
figures d'équilibre d'une masse liquide sans pesanteur,
notre savant confrère, M. J. Plateau, avait donné une théo-
rie de la constitution des veines liquides lancées par des
orifices circulaires, théorie qui est basée sur un principe
nouveau, celui de la transformation spontanée d'un cy-
lindre liquide en sphères isolées, et il avait démontré ce
principe par une suite d'expériences; seulement la réali-
sation de ces dernières exigeait l'emploi d'instruments
particuliers. La note que M. F. Plateau lîls soumet au-
jourd'hui à l'appréciation de l'Académie a pour hut de faire
connaître un procédé très-simple permettant de constater
ce même principe sans recourir à aucun appareil spécial :
dans ses expériences, l'auteur ne se sert que d'un (il ordi-
naire ou d'un fil métallique et du liquide auquel il veut ap-
pliquer son procédé. Ces expériences, décrites avec soin
dans la note, présentent de l'intérêt autant par leur ex-
Iréme simplicité que par l'importance du principe qu'elles
mettent si bien en évidence; elles sont un curieux complé-
ment des recherches mentionnées ci-dessus, et j'ai l'hon-
neur d'en proposer à la classe l'insertion dans ses Bulle-
tins. »
(S)
Rapport rfe M. Donuy.
« Je me juins à mon savant confrère pour demander
l'impression de la noie intéressante de M. Félix Pla-
teau. »
La classe, conformément aux conclusions des rappor-
teurs, décide l'impression de la note de M. Félix Plateau
dans le recueil des Bulletins.
Elude sur les carêmes du bois de Foy, à Monlaigle, par
M. Edouard Dupont, correspondant de l'Académie.
Rapport tte fi. tVO»natius.
« M. Dupont, qui continue l'exploration de nos cavernes
dont il a été chargé par le Ministre de l'intérieur, soumet
maintenant à l'Académie le résultat de ses recherches dans
les cavernes de Montaiglc, canton de Dînant.
Outre qu'il est toujours intéressant pour la science de
posséder le plus de renseignements possible sur les dé-
pôts qui se trouvent dans les cavernes, les observations
laites dans celles de Monlaigle ont l'avantage de confirmer
la découverte que M. Dupont avait faite à Walzin et qui
annonçait que l'homme avait habité dans nos contrées à
l'époque dite du mammouth. Elles ont aussi permis à l'au-
teur de donner desdélails sur l'industrie et l'alimentation
des hommes de celte époque ainsi que de ceux de I âge
( 6)
du renne qui ont fréquenté les cavernes de Montaigle après
ceux de Tàge du mammouth.
Le mémoire est accompagné de quatre planches; l'une
donne la vue extérieure des cavernes, la seconde contient
des coupes géologiques et les deux: autres représentent les
principaux instruments dont se servaient les hommes de
l'âge du mammouth, lesquels sont différents de ceux de
l'âge du renne.
J'ai l'honneur de proposer à la classe d'ordonner l'im-
pression dans le Bulletin du mémoire et des planches qui
l'ont le sujet du présent rapport. »
Mtapport de M. Tan Mie nette h.
« Je partage complètement l'avis de notre illustre con-
frère, M. d'Omalius,de proposera la classe d'ordonner
l'impression du mémoire et des planches de M. E. Dupont.
Je ferai seulement observer que je ne trouve pas du tout,
dans les faits que l'auteur expose, la preuve que le renne
et le cheval vivaient à l'état sauvage. Jusqu'à présent rien
ne prouve que ces espèces aient eu leur berceau dans nos
régions tempérées; comme tous les autres solipèdes sont
asiatiques ou africains , nous ne doutons pas que le che-
val ne soit originaire des régions où il conserve encore au-
jourd'hui toute sa beauté primitive. Il est probable que ces
animaux étaient abattus, quand on ne pouvait plus en tirer
aucun profit comme hèles de somme ou comme bètes de
trait, et que ces hommes des grottes apportaient dans leur
retraite, non le cadavre entier, mais les parties qu'ils pou-
vaient utiliser. On ne doit pas supposer qu'ils abattaient
(7)
les animaux dans leur repaire, mais qu'ils y portaient la
chair et les abattis comme pour les animaux tués à la
chasse.
J'ai à faire une autre remarque. La faune de la couche
10 comprend des restes tVUrsus spelaeus et ô'Hyaena spe-
laea et les silex sont taillés en forme de couteau. Ces silex
en couteau sont ceux que l'on trouve à une époque posté-
rieure à l'extinction de l'ours et de l'hyène. J'aurais désiré
que M. Dupont consacrât quelques lignes à cet apparent
anachronisme et qu'il nous eût fait connaître si les cail-
loux qui accompagnent ces restes sont ou anguleux ou ar-
rondis.
Je lui demanderai enfin d'examiner si la ligure J ,
planche IV, n'est pas plutôt une navette qu'une pointe de
(lèche, navette pareille à celle que la mode a mise de nou-
veau entre les mains des dames. »
Le second commissaire, M. Van Beneden, ayant for-
mulé les mêmes conclusions, la classe vote l'impression
du travail de M. Ed. Dupont et charge M. le secrétaire per-
pétuel de lui soumettre, à une prochaine séance, un devis
estimatif pour l'exécution des planches qui s'y trouvent
jointes.
( 8)
Sur les dérivés par addition du l'acide i laconique et de ses
isomères (2,m! partie); par M. Swarts.
Rapport de MM. Hrlinlf.
« La noie que M. Swarts vient de présenter à la classe
est une continuation du beau travail que le même auteur
a communiqué à l'Académie en mai 1866, et qui a été im-
primé dans les Bulletins.
En poursuivant ses recherches sur les dérivés pyro-
génés de l'acide citrique, l'habile chimiste est parvenu à
échanger le chlore des acides chlorés qu'il avait préparés
par l'action de l'acide chlorhydrique sur les acides itaco-
nique, citraconique et mesaconique, contre le reste H-EK
provenant de l'eau. Il a obtenu ainsi des acides homo-
logues de l'acide malique. Il a examiné cette transforma-
tion surtout pour l'acide itaconique, et il a trouvé que
l'acide ita-chloropyrotartrique échange tantôt le chlore
contre le groupe hydroxyle, et tantôt perd de l'acide
chlorhydrique. La première métamorphose donne nais-
sauce à un acide triatomique et bibasique, que l'auteur
désigne sous le nom, acide ita-malique, et qui par l'action
de la chaleur perd de l'eau pour se transformer en acide
itaconique. Le produit de la seconde métamorphose a reçu
le nom d'acide para conique; il a la même composition que
l'acide itaconique et ses isomères, mais il est monobasique
seulement, et plusieurs de ses sels peuvent facilement se
combiner aux éléments de l'eau pour se transformer en
ita-malates. L'acide paraconique parait donc être pour
l'acide itamalique ce que l'acide métaphosphorique esl
(9)
pour l'acide orthophosphorique, ou ce que l'acide téré-
bique est à l'acide dialérébique.
L'ensemble de la note répond à toutes les exigences;
les deux acides nouveaux, ainsi que leurs sels, sont soi-
gneusement décrits; leur composition est établie par de
nombreuses analyses (57 dosages).
L'auteur de la note n'entre dans aucune spéculation
théorique sur la constitution probable des substances qu'il
a examinées; il se contente de donner un rapprochement
de formules, destiné à montrer l'analogie des dérivés avec
les substances qui les engendrent. Dans ce tableau il
représente les acides itaconique, citraconique et mesaco-
nique par les formules que le rapporteur lui-même a
employées en 48(>o; mais il fait en même temps ses ré-
serves, en déclarant que ces formules ne sont nullement
destinées à indiquer ses idées sur le groupement des
atomes dans la molécule.
Nous ferons remarquer qu'à l'époque même de leur
publication ces formules avaient plutôt pour but de donner
une image de la différence de ces trois acides, que de
représenter l'enchaînement des atomes qui les composent.
Ce dernier sujet, en effet, n'était guère abordable à celle
époque; il l'est devenu depuis, grâce aux recherches de
M. Swarls. Votre rapporteur croit devoir consigner ici les
idées qu'il se fait actuellement sur les trois acides pyro-
génés de l'acide citrique; il est heureux de dire que ces
idées sont en même temps celles de M. Swarts et les
siennes propres.
J'exposerai donc les considérations suivantes en notre
nom commun.
Si, en discutant l'isomérie des acides de la formule de
l'acide itaconique, on ne considère (pie les cas où l'oxy-
gène se trouve en combinaison avec les deux atonies de
( 10)
carbone qui terminent la chaîne et si, de plus, on néglige
les acides secondaires et tertiaires, on arrive, ainsi qu'il a
déjà été indiqué par d'autres, à concevoir l'existence de
quatre modifications isomériques. Ces quatre modifica-
tions peuvent se représenter par les formules suivantes:
I. 2. 3. 4.
C-O-OH GO OH GO01I G O O II
! I I !
€ H H € . . G H . G H .
I I i l
G . . G HH G H . G H II
I I I I
CHU GHH GHH GH.
I I I I
GOOH GOOH GO OH GOOH
Dans ces formules on a indiqué par des points la posi-
tion des lacunes ou affinités à saturer. Dans les deux pre-
miers cas, un atome de carbone porte deux lacunes, mais
occupe une position différente; tandis que pour les deux
autres les deux lacunes sont réparties, de manière à ce
que deux atomes de carbone aient chacun une affinité non
saturée. Pour ces deux derniers cas, ainsi que pour tous
les cas analogues, on pourrait , et avec plus de probabilité,
nous parait-il, admettre que les deux atomes de carbone
se trouvent en combinaison plus intime. Les formules 5
et 4 prendraient alors la forme suivante :
3. 1.
C O- O- H G O O II
I I
G H G II
II I
C II G 11 11
I I
C II II G
I I
G O O II C -O- O H
( 11 )
Si maintenant, en discutant les métamorphoses de ces
corps, nous cherchons à appliquer ces spéculations aux trois
acides pyrogénés de l'acide citrique, nous trouvons que la
première des quatre formules données s'applique à l'acide
itaconique, la seconde à l'acide citraconique, la troisième
à l'acide mésaconique. La plupart des faits connus jusqu'à
ce jour s'expliquent aisément dans cette manière de voir.
On conçoit d'abord que les trois modifications de l'acide
pyrotartrique bibromé doivent être représentées par les
formules suivantes :
Acide itabibromo- Acide citra- Acide mésa-
pyrotartrique. bibromo-pyrolartrique. bibromo-pyrolartriqw.
€^^H GO«>H G^OH
I I I
€ H H G Br IV G H Dr
i I
G Br Br GHH G H lir
I I I
GHH €HH (Il H
I I I
G«>OH Gefl-ll G a atl
L'acide ita-bibromopyrolar trique donne naissance à de
l'acide aconique. Les deux atomes de brome se com-
binent à deux atomes d'hydrogène; deux molécules d'acide
bromhydrique s'éliminent, et les trois atomes de carbone,
qui forment le centre de la molécule, se soudent ensemble
dune manière plus intime. On a :
Acide Acide
itabibromo-pyrotartrique. aconique.
GO{>H G-0--G-II
I !
GHH G H
I II
G Br Br £
I II
GHH G II
I I
CO^-H G -9- -O- H
( 12 )
Les doux modifications de l'acide bibromopvrotartrique,
préparées Tune de l'acide citraconique, l'autre de l'acide
mesaconique, fournissent toutes les deux de l'acide mono-
bromocrotonique. Ces réactions s'expliquent par les for-
mules suivantes, dans lesquelles on a marqué d'une acco-
lade les éléments qui s'éliminent sous forme d'acide
brombvdrique :
Acide citrabibromo- Acide Acide mesa-
pyrolar trique. monobromo-crolonique. bibromo-pyrotartrique.
GO OH H. GOOH
i I I
CPwBri GBr G Br Hl
II H S
G II H J € II G H Br
I I I
G H II G H II G H II
i I I
GOOH GOOH GOOH
Un autre fait encore s'explique aisément dans notre
manière de voir, c'est la facilité avec laquelle l'acide itaco-
nique et l'acide citraconique se transforment en acide
mesaconique. Considérons les transformations opérées par
l'acide biomlivdrique. Les lacunes se comblent d'abord,
et il s'élimine ensuite de l'acide bromhydriquc; mais pour
la formation de cet acide le brome prendra un autre atome
d'hydrogène que celui avec lequel il est entré. On aura :
Acide ila-monobromo-
Acide cilra-
Acide
pyrotartrique.
monob
romo-pyrolartriqué.
mesaconique.
g o o h
1
G <> O- II
GO- OH
<: il H >
\WBr]
G H
II
G II
i
G 11 lw 1
G II II 1
€ Il II
i
G II II
I
G II H
i
!
< o on
G O O II
1
G O O II
( 15 )
(Les éléments de l'acide bromhydrique , qui s'élimine,
sont marqués par l'accolade; ceux de l'acide bromhy-
drique qui entre, par des astérisques; ils correspondent
aux lacunes des acides générateurs.)
Les acides itaconique et citraconique, qui sont à lacunes,
ont une tendance à se transformer en acide mésaconique,
lequel, n'ayant pas de lacunes, mais contenant le carbone
en combinaison plus intime, est la modification la plus
stable des trois. Le fait de la transformation des deux
acides isomériques en acide mésaconique possède une
liante importance encore à un autre point de vue; il
prouve que l'acide mésaconique doit nécessairement être
représenté par la troisième et non par la quatrième des
formules données plus haut. On conçoit, en effet, qu'un
acide de cette quatrième formule pourrait bien prendre
naissance de l'acide citraconique , mais non pas de l'acide
itaconique.
Rappelons, en dernier lieu, que les acides itaconique et
citraconique se combinent beaucoup plus facilement par
addition que ne le fait l'acide mésaconique. Ce fait encore
s'explique par notre manière de voir, car on peut certai-
nement admettre, en principe, que la combinaison se fait
plus facilement quand il y a des lacunes à combler, que
quand les éléments, pour entrer, doivent partiellement
délier les atomes de carbone qui sont combinés par deux
affinités.
Les principes de ces spéculations s'appliquent naturel-
lement à tous les cas analogues. Pour ce qui concerne,
par exemple, les acides fumarique et maléique, on regar-
dera le premier comme analogue et réellement homologue
à l'acide mésaconique, en y admettant le carbone en corn-
( 14 )
binaison plus intime. L'acide maléique, au contraire, sera
regardé comme un corps à lacunes, analogue aux acides
ilaconique et citraconique; il donne, en effet, plus facile-
ment des combinaisons additionnelles que son isomère
l'acide fumarique.
Les considérations qui précèdent reposent en grande
partie sur des faits trouvés par M. Swarls; on conçoit donc
que les résultats auxquels est parvenu ce chimiste ne
présentent pas seulement l'intérêt de faits nouveaux; ils
ont une importance d'un ordre plus élevé, ils nous per-
mettent de faire un pas de plus vers la connaissance de la
structure atomique des substances, problème principal qui
occupe actuellement les chimistes.
D'après ce que je viens de dire, la classe n'hésitera pas,
j'espère, à ordonner l'impression du nouveau travail de
M. Swarls dans les Bulletins de l'Académie et de voter des
remercîments à l'auteur. »
Recherches sur quelques dérivés de l'acide cinnamique
(2mc partie); par M. Glaser.
Rapport de M. HehuMé.
a On se rappelle le beau mémoire que M. le docteur
Glaser a présenté à l'Académie dans sa séance du 5 no-
vembre 18G6. Il avait démontré que l'acide phényl-bibro-
mopropioniquc, engendré par l'action du brome sur l'acide
phénvl-acrvlique (acide cinnamique) peut, en se dédou-
blant, donner naissance à deux acides phényl-monobronin-
( 13 )
acryliques isomères. Il avait trouvé, en outre, que l'acide
phényl-propionique (acide hydrocinnamique) soumis à l'in-
fluence du brome, donne tantôt des produits de substitu-
tion , et tantôt régénère l'acide phényl-acrylique.
La nouvelle note, sur laquelle nous avons à nous pro-
noncer aujourd'hui, contient la continuation de ces re-
cherches. M. Glaser fait voir que l'acide phényl-acrylique
(acide cinnamique) peut aussi se combiner directement
avec les acides hypochloreux et hypobromeux. Ces produits
d'addition, que l'on doit désigner par les noms : acide
phényl-monochlorolactique et acide phényl-monobromo-
lactique, se transforment, par substitution inverse, en
acide phényl- lactique. Soumis à l'influence des hydra-
cides, ils échangent le groupe HO- contre le corps halogène
de Phydracide employé; l'acide phényl -lactique engendre
ainsi les acides phényl-chloropropionique et phényl-bro-
mopropioniquc; les produits de substitution de l'acide
phényl -lactique donnent naissance aux acides phényl-
bichloropropionique, phényl- bibromopropioniq ne et phé-
nyl-chlorobromo-propionique. Ces mêmes produits de
substitution , décomposés dans d'autres conditions, perdent
les éléments de l'acide chlorhydrique ou bromhydrique
pour se transformer en acide phényl-pyruvique.
On voit par ce résumé, dans lequel nous n'avons pu
consigner que les résultats les plus importants, que le
mémoire de M. Glaser est riche en faits nouveaux, et qu'il
formera une page importante dans l'histoire des acides
aromatiques. Il ne décrit pas moins de dix nouveaux
acides; il fait connaître leurs formations, leurs propriétés
et leurs transformations. Les méthodes de préparation
sont indiquées avec tous les détails désirables; les acides
et leurs sels sont décrits d'une manière minutieuse. De
( *6 )
nombreuses analyses, — il n'y a pas moins de quarante-
six dosages, — établissent la composition des substances
décrites.
Le dernier chapitre du mémoire démontre que les sub-
stances découvertes par M. Glaser n'ont pas seulement les
attraits de corps nouveaux, mais qu'elles offrent en même
temps un grand intérêt théorique. Ce chapitre est con-
sacré à des spéculations théoriques sur la constitution de
l'acide cinnamique et de ses dérivés. L'acide cinnamique
est-il un corps à lacunes, ou deux des atomes de carbone,
qui constituent la chaîne latérale, sont-ils en combinaison
plus intime? L'auteur discute la valeur relative de ces
deux hypothèses et il s'arrête à la première, comme étant
la plus probable. Nul ne pourrait contester la logique de ses
raisonnements, et on sera forcé d'avouer que l'hypothèse
de l'auteur explique d'une manière aussi simple qu'élégante
les faits qu'il décrit dans la note actuelle. Cette hypothèse
doit-elle, par cela même, être regardée comme l'expres-
sion vraie de la constitution de l'acide cinnamique? Nous
en doutons. Si elle rend aisément compte des faits consi-
gnés dans la note actuelle, elle ne s'applique pas avec la
même facilité à quelques réactions que M. Glaser a fait
connaître dans son mémoire antérieur. On s'explique dif-
ficilement que l'acide phényl-bibromopropionique puisse
donner naissance à deux acides phényl-monobromacry-
liques isomères; plus difficilement encore que ces deux
acides, en se combinant avec le brome, engendrent deux
modifications isomères de l'acide phényl-tribromopropio-
nique.
En cou lin uanl ses recherches, l'auteur arrivera très-
probablement à la solution définitive du problème. Votre
rapporteur croit ne pas devoir anticiper sur les publica-
( 17 )
tions de M. Glaser, qui annonce , dès maintenant, une troi-
sième partie à son travail sur les dérivés de l'acide cin-
namique.
Il résulte de ce que je viens de dire, que je ne puis
hésiter un instant à proposer à la classe d'ordonner l'im-
pression du beau travail de M. Glaser dans les Bulletins
de l'Académie, et de voter des remercîments à l'auteur. »
Rapport de M. Slas.
« J'ai l'honneur de proposer l'impression , dans le But-
letin de la séance, des notes de M. Swarts et de M. Glaser,
et de voter des remercîments aux auteurs. »
Conformément aux conclusions présentées par les deux
commissaires, la classe ordonne l'insertion au Bulletin de
la séance des notices de MM. Swarts et Glaser.
COMMUNICATIONS ET LECTURES.
M. Melsens fait une communication formant suite à un
précédent travail, consacré à des recherches sur les fer-
mentations, et particulièrement sur les levures de bière;
il ne désire point encore donner de la publicité à ces re-
cherches et se borne à demander le dépôt d'une note ren-
fermant quelques-uns des résultats auxquels il est arrivé.
Le dépôt de la nouvelle note est accepté.
2me SÉRIE, TOME XXI1F. 2
( *8 )
Bolide observé h II juin 1867; communication de
M. Ad. Quetelet, directeur de l'Observatoire.
Le mardi, 11 juin 1867, à 8" 15m du soir, temps moyen,
d'après les renseignements qui m'ont été donnés par
M. Edmond Marchai, un bolide a parcouru obliquement
la partie sud du ciel, en prenant naissance à 55 degrés
environ de hauteur, à droite et un peu au-dessous de la
lune qui venait de traverser le méridien; il s'est éteint à
près de 10 degrés de l'horizon en laissant une traînée
lumineuse dirigée du NE. vers le SE. La marche de
ce météore était assez lente pour qu'on en pût suivre la
trace pendant 2 à 5 secondes de durée. La forme était
régulière, sauf une partie terminale par laquelle s'échap-
pait une traînée d'étincelles. Le mouvement s'opérait avec
des trépidations et semblait se faire dans un milieu résis-
tant. La couleur du météore était d'un jaune légèrement
rougeatre et la traînée blanchâtre. La grandeur du noyau
peut être évaluée au dixième du diamètre de la lune. Ce
phénomène s'est éteint sans explosion.
Ce météore, qui m'avait été signalé aussi par le frère
Alexis M. ***, de l'école normale de Carlsbourg (Luxem-
bourg), a été aperçu dans plusieurs localités du pays, no-
tamment à Gand, par M. A.-L. Neyt, à Liège, à Stavelot,
ainsi qu'à Namur. Les divers éléments d'observation de
ces localités concordent entre eux et sont identiques à ceux
donnés pour l'observation faite à Bruxelles.
( *» )
Orage remarquable à Garni dans la nuit du 2 au 5 juin
1867', communication de M. Ad. Quetelet, directeur de
l'Observatoire.
Un orage violent a éclaté sur Gand dans la nuit du 2 au
o juin dernier. Voici à ce sujet quelques détails qui m'ont
été transmis par M. A.-L. Neyt de celle ville.
Le 2 juin, à 9h 55m du matin, l'état météorologique
élail :
Baromètre (Fortin , non corrigé (1) T6Imm,3;
Thermomètre du baromètre 22»,0C.;'
Thermomètre sec 23\4C;
Psvchromèlre. ,
humide. . . . i8»f5C.
Direction du vent à la hauteur des édifices, léger du NNE.
Quelques cirrhus très-1'aibles dans les hautes régions de
l'atmosphère n'indiquaient aucun courant appréciable.
Vers 4 heures de relevée le ciel se couvrit aux 4/io'nes de
cirrhus prenant par moments la l'orme de petits nimbus;
les indications météorologiques étaient :
Baromètre, non corrige 7r>8mn,,7
Thermomètre du baromètre . . . . 23°,5
Température de l'air 25°,2
Un vent inférieur souillait du NNE., tandis que la direc-
tion des nuages indiquait le plein S. Le ciel continua à
(1) La cuvette du baromètre se trouve à 20 mètres au-dessus de la
basse mer d'Oslende.
(20)
se couvrir peu à peu et à 10 heures du soir les étoiles
étaient invisibles. A minuit des éclairs lointains se mani-
festèrent, et à 2 heures l'orage, accompagné d'une pluie
torrentielle, mais sans vent sensible, grondait avec violence.
Vers G heures du matin une trombe violente, accom-
pagnée d'une pluie diluvienne et d'une forte grêle, passa
par ma maison d'habitation située sur la coupure du canal
de Bruges et déracina, sur un espace de 50 mètres, quatre
arbres d'une quarantaine de pieds de hauteur et du dia-
mètre de 45 centimètres. Les mottes de terre et de ra-
cines soulevés mesurent de lm,80c à 5 mètres de long
sur 1 mètre de hauteur environ. Au plus fort du phéno-
mène j'ai pu constater, à la hâte, que le baromètre n'était
pas descendu au delà de 752 millimètres.
Après la pluie, le pluviomètre totaliseur, libre de tous
côtés, installé sur la plate-forme de ma maison, marquait
12mm,7 depuis minuit jusqu'à 6 heures du matin.
Les éléments météorologiques à 9h 5m du matin indi-
quaient :
Baromètre 753mm,3
Thermomètre du baromètre 2:2,4
„ . ., ( Thermomètre sec 24,1
Psychrometre. J humide ^
Température minimum 1 6,0
— maximum ?
Le vent supérieur et inférieur soufflait très-faiblement
du SO. Le ciel était couvert d'un léger voile sillonné par
quelques cirrhus.
(21 )
Sur la transforma lion spontanée d'un cylindre liquide en
sphères isolées, par M. Félix Plateau, docteur en sciences
naturelles.
Dans la deuxième série de ses recherches sur les figures
d'équilibre d'une masse liquide sans pesanteur, mon père
a montré qu'un cylindre liquide très-allongé, ou, plus gé-
néralement, toute figure liquide dont une dimension est
considérable relativement aux deux autres, se transforme
toujours spontanément en une suite de sphères isolées,
et c'est sur ce principe qu'il a fondé la théorie de la con-
stitution des veines liquides lancées par des orifices circu-
laires. Mais ses expériences exigent des instruments par-
ticuliers; or, le hasard m'a mis sur la voie d'un procédé
extrêmement simple, qui permet de constater le phéno-
mène sans aucun appareil spécial.
A l'extrémité d'un fil de coton i\n, bien uni, de 0mm,2 de
diamètre environ et de 50 centimètres de longueur, on
fixe un poids de quelques grammes; après avoir mouillé
soigneusement le fil avec de l'eau en le frottant dans ce
liquide pourchasser l'air adhérent, on le laisse descendre,
en le tenant par l'extrémité libre, dans un vase plein
d'eau de 40 centimètres de hauteur; on le retire ensuite
bien verticalement avec une vitesse aussi uniforme que
possible, en laissant cependant l'extrémité inférieure
plongée dans le liquide; le temps employé à cette opéra-
tion doit n'être que de cinq ou six dixièmes de seconde.
On voit alors le fil garni, sur toute la longueur qui a été
plongée, d'une série de petites perles d'eau allongées,
( 22 )
«
assez régulièrement espacées, et dont les centres sont à
une distance de 5 millimètres à peu près les uns des autres.
Si le fil est maintenu suffisamment immobile, les perles
liquides peuvent rester dans leurs positions respectives
pendant une dizaine de secondes; au bout de ce temps,
plusieurs d'entre elles descendent et viennent s'unir et se
confondre avec celles qui sont placées plus bas, de sorte
que les distances entre ces petites masses deviennent plus
grandes, et que leur diamètre augmente. Cette altération,
qui amène finalement tout le liquide au bas du fil, est
d'abord lente et s'accélère à mesure que les perles devien-
nent plus volumineuses.
Avec un fil plus gros ou une vitesse d'émersion plus
considérable, les masses liquides sont plus grandes, plus
espacées, et l'altération commence presque immédiate-
ment.
Veut-on rendre le phénomène plus régulier encore, et
en même temps plus aisé à observer, on emploiera de
même un fil de coton fin muni d'un poids, mais, au lieu
d'eau, on se servira d'huile d'olive. Dans le cas de ce
liquide visqueux, il faut retirer le fil bien imbibé et purgé
d'air avec une vitesse plus faible, et, lorsque son émer-
sion est complète, moins l'extrémité inférieure qui doit
rester plongée, on fera bien de le fixer par le bout libre
à un support quelconque qui surplombe le vase. Le fil est
alors couvert de perles comme dans l'expérience précé-
dente, mais elles sont disposées avec une régularité
presque parfaite; leur diamètre est d'environ 0mm,o, les
distances respectives de leurs centres de 2mm,5, et l'on en
compte près de cent sur un fil de 25 centimètres de lon-
gueur. Ce petit collier d'une délicatesse extrême persiste
sans changements notables pendant 30 secondes; les alté-
( 25 )
râlions qui se manifestent après ce laps de temps sont
très-lentes et très-faibles, et ce n'est guère qu'après une
dizaine de minutes qu'elles modifient sensiblement l'as-
pect de l'ensemble.
Si les forces capillaires qui déterminent la transforma-
lion des figures liquides allongées n'existaient pas, le fil,
qui entraîne avec lui une certaine quantité de liquide, se
montrerait simplement, après sa sortie, recouvert d'une
couche liquide constituant autour de lui une figure sensi-
blement cylindrique; mais les forces dont il s'agit étant
continuellement en présence, ce cylindre liquide au fur et
à mesure de la sortie du fil, obéit à leur action et les pe-
tites perles se forment ainsi rapidement les unes après les
autres pendant l'ascension. Ces petites masses tendent à
constituer des sphères, mais le fil qui les traverse les
oblige à prendre une forme un peu plus allongée, et elles
constituent en réalité des portions de la figure que mon
père a nommée onduloïde.
Dans les expériences ci-dessus, la transformation est
successive, ainsi que je l'ai dit, mais il est facile de faire
en sorte qu'elle s'opère simultanément sur toute la lon-
gueur du fil. Il suffit pour cela d'employer un iil horizon-
tal au lieu d'un Iil vertical. Le fil d'une vingtaine de cen-
timètres de longueur est tendu entre les extrémités d'un
petit arc en bois dont il forme la corde et le liquide est
versé dans un plat. De cette manière , après que le fil a été
bien mouillé et plongé dans le liquide, on peut le retirer
en le maintenant dans une position horizontale. Les pe-
tites perles apparaissent alors toutes à la fois et persistent
indéfiniment dans leur disposition pourvu que l'horizonta-
lité du fil soit conservée. Avec l'huile le résultat est aussi
régulier que dans le cas d'un Iil vertical, mais avec l'eau la
( 2* )
régularité laisse un peu à désirer. Les petites imperfections
proviennent des inégalités du fil; ce qui le prouve, c'est
que si l'on recommence plusieurs fois avec le même fil,
elles se produisent toujours aux mêmes endroits.
Mon père a fait voir aussi que, dans la transformation
du cylindre en sphères isolées, le cylindre commence par
se partager en portions alternativement renflées et étran-
glées, et que les étranglements vont en s'approfondissant
de plus en plus jusqu'à se rompre, tandis que les renfle-
ments grossissent. Si l'on veut observer cette formation
des renflements et des étranglements, il suftîl de modi-
fier, de la manière suivante, le procédé du fil vertical :
On se sert encore d'huile, mais, au lieu d'un til de
coton, on prend un fil d'acier bien droit, une aiguille à
tricoter, par exemple, de 0mm,8 de diamètre, et de 25 cen-
timètres de longueur; on en rend d'abord la surface facile-
ment mouillable en l'oxydant par une immersion Je quel-
ques minutes dans de l'acide nitrique étendu, après quoi
on le lave à grande eau, et on le sèche parfaitement. Lors-
qu'on veut faire l'expérience on le frotte avec un papier
imbibé d'huile, puis on le plonge verticalement dans le
liquide, et on le retire en un temps qui ne doit guère dé-
passer 1",5.
On voit d'abord sa surface recouverte d'une couche
d'huile à peu près uniforme , un peu plus épaisse seule-
ment à la partie inférieure; au bout d'une seconde environ,
cette couche s'étrangle de distance en distance, et se renfle
dans les portions intermédiaires, avec assez de lenteur
pour qu'on puisse très-bien observer le phénomène , puis
les étranglements s'approfondissent, les renflements aug-
mentent de diamètre et s'éloignent les uns des autres; il se
foi nie ainsi des masses séparées qui, entraînées par la pe-
( 25 )
santeur, descendent le long de l'aiguille d'acier et viennent
se joindre successivement au liquide du vase; il peut y en
avoir jusqu'à 50.
Les étranglements et les renflements commencent à se
former au bas de l'aiguille, et la transformation monte
graduellement jusqu'au liant. Si le phénomène n'a pas
lieu simultanément à toutes les hauteurs, c'est que l'axe
solide apporte évidemment une gêne à la transformation;
celle-ci a lieu, par suite, de préférence, là où la couche
liquide est plus épaisse, c'est-à-dire vers le bas; on peut le
prouver aisément en employant une aiguille d'acier plus
grosse , de 2 millimètres, par exemple, de diamètre; dans
ce cas, le rapport entre le rayon de l'axe solide et l'épais-
seur de la couche d'huile est tellement défavorable, que
l'on n'obtient plus que des traces d'étranglements et de
renflements vers le bas.
Sur les dérivés par addition de l'acide i laconique cl de
ses isomères, par M. Théodore Swarts, professeur à
l'École militaire.
DEUXIÈME PARTIE.
Dans la partie de mes recherches que j'ai déjà eu l'hon-
neur de communiquer à l'Académie (1) j'ai fait voir que
les acides pyrocilriques peuvent se combiner par addition
aux hydracides du type UCl pour donner des dérivés de
substitution de l'acide pyrotartrique. J'ai annoncé en
même temps que l'élément halogène de ces acides peut
s'échanger contre l'hydioxyle H -9-' et donner ainsi des
(1) Bull. de l'Âcad. roi/, de Belgique, 2mB série , l. XXI, n° G.
( 26 )
acides oxypyrolartriques. Ces derniers doivent présenter
avec leurs générateurs les mêmes relations que celles qui
existent entre l'acide malique et l'acide succinique mono-
brômé. Si l'on se rappelle l'explication ingénieuse que
M. Kekulé a donnée de l'isomérie des acides à lacunes
dérivés de l'acide malique ou citrique, et des acides satu-
rés qui s'y rattachent, on conçoit qu'à chaque acide à
lacunes doive correspondre un acide saturé hydrogéné,
chloré ou hvdroxylé. L'acide normal sera le même pour
tous les cas : les dérivés chlorés ou hydroxylés seront
isomères, mais ils présenteront de plus une constitution
analogue à celle de l'acide à lacunes d'où ils dérivent et en
rapport avec la situation des lacunes dans ce dernier. C'est
ce que montre le tahleau suivant :
' r u
CII2
\ co-ji.
Acide
G02H
GH2
GH
GH2
G O , I
Acide
CH2 l GH2 CH2 <
( CII2 / CH2 / CIL f
\ (10-, ». \ g a., H. \ GCKI1. v
cilraconique. pijrolarlritji
I trtr2 "
l gh a
' GH,
CH:
G02II.
Acide cilramono-
hloro pyrotar trique.
G 0-2 II
GHa
G..
GH2
€OJI.
Acide.
{laconique.
III.
G (>2 Ho
CH2
CIJ2
c .
GQ-, (I
Acide
méeaconique.
G02H
GH9
GII2
( GH2
\ GO, H.
Acide
pyrotartrique,
f G (h H
GH2
U
X CO. Il
Acide
pyrotartrique.
G(KH
GH2
GHC/
GH2
G02H.
Acide ilamono-
chloropyrotartrique.
C02H
L GII2
GH,
/ GHC/
co2n.
Acide tnèsamono-
.filoropyrolartrique.
GO-2H
G II (HO)
GH2
GH2
GO, H.
Acide citrah ydroxyl-
pyrolartrique
ou citramalique.
G02H
GH2
GH(Ha)
G H,
G02H.
Acide itahydroxyl-
pyrotartrique
ou itamalique.
i CCKII
l Glï2
GH,
/ Cil (110)
\ Cfl II
Acide mésuhydroxyl-
pyrotarlrique
ou mçsamalique.
( 27 )
Ce tableau n'a aucunement la prétention de montrer la
constitution réelle de ces acides. 11 n'a d'autre but que
d'énoncer sous la forme adoptée par M. Kekulé,il y a déjà
quelques années (1), les analogies existant entre un des
acides pyrocitriques, et ses dérivés par addition, en môme
temps que les divergences qu'on observe entre ces der-
niers. L'interprétation de la différence entre les premiers
termes de ces trois séries appartient à M. Kekulé. Il en est
de même pour l'identité des seconds. Mes recberebes anté-
rieures ont établi l'existence, les propriétés et la nature
des troisièmes : l'étude des quatrièmes est l'objet du pré-
sent travail.
J'ai surtout porté mon attention sur le terme qui dé-
rive de l'acide itaconique, et que j'appelle acide itamalique.
Il est le véritable bomologue supérieur de l'acide mali-
que, ainsi qu'on le verra dans la suite de ce travail. L'acide
citramalique a été obtenu par M. Cari us : je ne l'ai pas
examiné. Il ne peut d'ailleurs pas s'obtenir par l'action des
bases sur l'acide citrapyrotartrique ebloré, attendu que,
dans ces circonstances, cet acide se décompose en don-
nant de l'acide crotonique, ainsi qu'il résulte de mes expé-
riences antérieures, que j'ai encore répétées plusieurs
fois. Quant à l'acide mésamalique, je me bornerai à dire
que j'ai entrevu l'existence de ce corps, mais je ne suis
pas parvenu à le préparer en quantité suffisante pour en
faire l'étude. Il se forme par l'action de l'eau chaude sur
l'acide mésapyrotarlrique monochloré. Dans les eaux-
mères provenant de la formation de ce dernier on trouve
une substance déliquescente, semblable par ses propriétés
(1) Ann, chem. pharm. Supplément ,11,111
( 28 )
extérieures à l'acide itamalique, et fusible vers 60°. Cette
même substance se forme quand on fait bouillir pendant
longtemps l'acide mésapyrotar trique chloré avec de l'eau :
mais il se produit en même temps une grande quantité
d'acide mésaconique : et comme l'acide mésachloropyro-
tar trique est très-difficile à préparer, je n'ai pas poursuivi
plus longuement l'étude de ce corps.
Quoi qu'il en soit, ces trois acides, sont déliquescents
et très-fusibles : ils se distinguent donc d'un acide de
même composition, mais qui fond à 135° et que M. Simp-
son a obtenu en saponifiant la dicyanhydrine (1).
L'acide itamalique se forme toutes les fois que l'eau ou
les bases agissent à une haute température sur l'acide
itapyrotartrique monochloré. Mais dans certaines circon-
stances il se produit un acide qui diffère de l'acide itama-
lique par les éléments d'une molécule d'eau, et qui est par
suite isomère de l'acide ilaconique. Toutefois il se dis-
tingue de ce dernier en ce qu'il est monobasique : il
semble donc dériver de l'acide itamaliuue par le départ
d'un atome d'oxygène en compagnie de deux atomes d'hy-
drogène dont l'un serait de l'hydrogène métallique et
l'autre de l'hydrogène alcoolique. Je propose d'appeler la
nouvelle substance acide paraconique. Elle est à l'acide
itamalique dans le même rapport que l'acide térébique à
l'acide dialérébique (2) : et ce qui confirme cette manière
(1) Ann. chem. pharm., CXXX1II , 74,
Les trois acides oxygénés dérivant des produits d'addition de HCJ aux
acides pyrocitriques, et l'acide oxvpyrolartrique de M. Simpson ne sont
apparemment pas les seuls isomères possibles de la formule Cj-Hg-0-..,. On
conçoit qu'il puisse en exister un plus grand nombre, dépendant de la
position relaUve des groupes (',()_, Il , CH3 et GH., O- dans ces acides.
{■!) Limpricbt. Lchrbuch, 1016; Kekulé, Lehrbuch, H, 524.
( 29)
de voir, c'est que les paraconates neutres ont une tendance
à s'assimiler les éléments de l'eau pour se transformer
en itamalates acides, et que sous l'influence des bases ils
se transforment en itamalates neutres. Ces analogies in-
téressantes appellent une nouvelle étude de l'acide téré-
bique, étude que j'entreprendrai prochainement.
ACIDE ITAMALIQUE.
Cet acide se forme par l'action de l'eau ou des bases
libres ou carbonatées sur l'acide itapyrolarlrique mono-
chloré. Pour le préparer, on peut chauffer l'acide ilapyro-
tartrique chloré jusqu'à son point de fusion et y projeter
alors goutte à goutte de l'eau froide. Il se produit à chaque
projection une ébullilion tumultueuse, qui est accompa-
gnée d'un dégagement d'acide chlorhydriquc. 11 est bon de
plonger un thermomètre dans la masse fondue et de la
maintenir vers 155°. On continue l'opération jusqu'à ce
qu'une portion de la substance portée dans une flamme,
y brûle sans teinte verdàtre, ce qui indique que tout le
chlore a disparu. On dissout alors la masse dans l'eau , on
la fait bouillir avec du noir animal , on l'évaporé au bain
marie, et on fait cristalliser dans le vide sur l'acide sul-
furique.
Cette méthode est peu avantageuse : elle est accompa-
gnée d'une perte de substance assez considérable si on
laisse la température s'élever trop haut.
Si au contraire on ne chauffe pas assez, si la quantité
d'eau ajoutée est trop considérable, il se forme une cer-
taine quantité d'acide paraconique qu'on n'élimine que
irès-difficilement. De plus, la réaction ne réussit bien
( 30)
qu'avec l'acide chloré : l'acide brome résiste beaucoup
mieux à l'action de l'eau.
Il vaut mieux, pour la préparation de cet acide, l'ex-
traire d'un de ses sels. Pour cela on fait bouillir l'acide
pyrotartrique chloré en solution étendue avec un carbo-
nate alcalin, jusqu'à ce que la liqueur soit neutre : on
évapore la solution, et on la sursalure par l'acide chlorhy-
drique; on élimine l'excès de ce dernier au bain marie, et
on extrait l'acide itamalique par de l'éther exempt d'al-
cool. Sans cette précaution la moindre trace d'acide chlor-
hydrique éthériiîe l'acide en partie, et la substance refuse
de cristalliser. Quand la majeure partie de l'éther a été
éliminée par distillation , on fait cristalliser la substance
sur l'acide sullurique. La réaction se passe d'après la for-
mule.
€5 H- Cl ^4 -+- 5K HO = €5 H6 K2 -O, -+- K C/ -+- 2H2-9-.
La méthode à laquelle je donne la préférence consiste
à décomposer Titamalale de calcium par l'acide oxalique.
Pour préparer ce sel, on chauffe une solution étendue
d'acide pyrotartrique chloré avec du carbonate de calcium,
jusqu'à ce qu'il ne se dégage plus d'anhydride carbonique.
A ce moment , la liqueur offre encore une légère réaction
acide, qu'on fait disparaître par un peu d'eau de chaux.
On évapore alors la liqueur. Si la concentration se fait
lentement et à une douce chaleur, la solution devient
syrupeuse; si, au contraire, l'ébullition est vive, on voit
que le liquide se trouble et laisse déposer une poudre
blanche insoluble dans l'eau bouillante. Cette poudre est
l'itamalate de calcium. Dans tous les cas, il convient d'éva-
porer la solution jusqu'à consistance syrupeuse, et d'y
ajouter alors une grande quantité d'alcool. Celui-ci dissout
( 31 )
le chlorure de calcium formé et détermine la précipitation
d'une masse gommeuse, qui constitue une modification
soluhle de l'itamalate de chaux. Après la décantation de
l'alcool saturé de chlorure, on chaulfe cette masse avec de
nouvel alcool à la chaleur du bain-marie : on la voit alors
se transformer en cette matière pulvérulente et insoluble
dans l'eau, dont il a été question précédemment. Comme
ce sel est très-dense et qu'il se prête très-bien au lavage
par décantation, on peut le débarrasser aisément, par
l'alcool bouillant, des dernières traces de chlorure : il ne
reste plus alors qu'à le dessécher pour l'avoir tout à fait
pur. Pour préparer ensuite l'acide itamalique, on délaie le
sel de calcium dans dix fois son poids d'eau tiède; on y
ajoute une partie de l'acide oxalique nécessaire à la préci-
pitation. L'acide itamalique mis en liberté dissout alors le
sel non encore décomposé, et l'on peut aisément recon-
naître l'instant où une nouvelle goutte d'acide oxalique ne
détermine plus de précipitation d'oxalate de calcium. Si
les solutions sont suffisamment étendues, la liqueur acide
ne contient pas de sel de calcium dissous; on n'a donc qu'à
l'évaporer et à la faire cristalliser sur l'acide sulfurique.
L'acide itamalique ainsi préparé se dépose d'une solu-
tion syrupeusc à l'état de longues aiguilles blanches en-
chevêtrées qui se prennent en masse quand on ne décanle
pas les eaux mères. Il est extrêmement soluhle dans l'eau
et attire l'humidité de l'air avec une rapidité telle, qu'il
a fallu le peser dans une nacelle renfermée dans un tube ,
pour en faire l'analyse. 11 est inodore, sa saveur est
agréablement acide. Il se dissout d'ailleurs dans l'alcool cl
dans l'éther. 11 fond à 60°— 65° et se volatilise avec les
vapeurs d'eau, et même quand on le chaulfe seul à 100°.
il répand alors une légère odeur qui rappelle un peu celle
( 32 )
île la mélasse. Voici les résultats qu'il a donnés à l'analyse :
0,3505 gr. de substance ont donné 0,5690 gr. COâ et 0,1295 gr. H20.
CALCULÉ.
TROUVÉ
120 40,51
40,17
8 3,40
5,74
80 34,06
—
Si Ton compare la formule de l'acide itamalique à celle
de l'acide itaconique dont il dérive, on voit qu'il en diffère
par les éléments de l'eau. 11 était donc probable qu'en
chauffant l'acide itamalique, on lui enlèverait H2-9- pour le
transformer en acide itaconique. Cette réaction a effecti-
vement lieu : soumis à la distillation sèche l'acide itama-
lique se décompose en eau et en acide itaconique, dont on
voit des cristaux se déposer sur les parties froides de l'ap-
pareil.
Mais comme sous l'influence de la chaleur l'acide itaco-
nique lui-même se décompose en eau et en anhydride
citraconique, la majeure partie du produit distillé se com-
pose de cette dernière substance, contenant d'ailleurs en
solution une certaine quantité d'acide itaconique mécani-
quement entraîné. Pour séparer les deux corps, je me
suis fondé sur l'insolubilité de l'acide itaconique dans le
chloroforme, tandis que l'anhydride citraconique y est
très-soluble, et j'ai pu obtenir ainsi, d'un coté des cris-
taux fusibles à 162° offrant la forme et le clivage caracté-
ristiques de l'acide itaconique; de l'autre, un liquide
huileux, bouillant à 212° et possédant l'odeur empyreu-
malique de l'anhydride citraconique. Ce liquide, aban-
donné à l'air humide, s'est transformé en une masse de
( 35 )
cristaux lamellaires, fusibles à 80° et clans lesquels j'ai
retrouvé la forme de l'acide cilraconique. Ces propriétés
physiques si saillantes ne laissaient aucun doute sur la
nature des corps produits : j'ai donc cru pouvoir me dis-
penser d'en faire l'analyse.
La décomposition que je viens de mentionner est en
tous points analogue à celle que l'acide malique ordinaire
subit dans les mêmes circonstances. Il se dédouble en
effet en eau et en acide fumarique : ce dernier se décom-
pose ensuite en eau et en anhydride maléique (1). Or,
l'analogie de propriétés entre l'anhydride maléique et l'an-
hydride citraconique est manifeste : ces deux corps sont
réellement homologues entre eux : quant à l'acide fuma-
rique, il ressemble sous plusieurs rapports à l'acide itaconi-
que, bien qu'à d'autres égards il semble se rapprocher plus
de l'acide rnésaconique : à la rigueur on peut considérer
ces deux corps comme homologues. Je suis donc porté à
admettre les résultats de l'action de la chaleur sur l'acide
itamalique comme une preuve de son homolegie avec
l'acide malique ordinaire.
(1) Il se présente ici une question fort intéressante : celle de savoir si
la formation simultanée de l'acide itaconique et citraconique, de même
que celle de l'acide fumarique et maléique, dans les réactions qui don-
nent naissance à ces corps, est le résultat d'une métamorphose de l'un
des produits dans l'autre, ou bien si les deux acides [tiennent naissance
en même temps. La première hypothèse me paraît la plus admissible, eu
égard à la grande facilité avec laquelle les substances qui nous occupent
se métamorphosent les unes dans les autres. J'ai d'ailleurs tenté quelques
expériences dans cette direction : elles m'ont appris qu'on peutrà volonté,
transformer, par la simple application de la chaleur, l'un des trois acides
en ses isomères : et ces résultats, que je publierai prochainement , me
paraissent contenir des éléments pour la solution du problème que je viens
d'énoncer.
2me SÉRIE, TOME XXIV. 5
(34)
L'acide ilamalique est un acide bibasique : il forme
donc deux espèces de sels. Les sels neutres peuvent s'ob-
tenir, soit directement, soit par double décomposition,
pour ceux qui sont insolubles, soit enfin par la décompo-
sition de l'acide itapyrotartrique monochloré ou brômé au
moyen d'une base ou d'un carbonate, et élimination suc-
cessive du chlorure ou du bromure formé simultanément.
Quelle que soit la méthode employée , les sels que l'on ob-
tient d'abord ont une tendance très-remarquable à se
présenter à l'état gommeux, gélatineux ou poisseux et se
prêtent médiocrement à l'examen. Mais quand on les fait
bouillir pendant longtemps avec de l'eau, ils semblent
perdre de l'eau de cristallisation et se présentent après à
l'état cristallisé ou pulvérulent. Les divergences qui se
produisent ainsi sont telles que pendant longtemps j'ai été
induit en erreur, croyant avoir affaire à des substances
totalement différentes. Voici les réactions les plus impor-
tantes que produit l'acide itamalique : en solution neutre,
il donne, avec les sels ferriques, un précipité gélatineux
d'un brun presque rouge : avec les sels cuivriques, un pré-
cipité bleu-verdâtre qui ne se forme qu'après un certain
temps ou par l'ébullition de la liqueur : avec les sels d'ar-
gent, un précipité gélatineux soluble dans l'eau bouillante,
insoluble dans une solution d'azotate d'argent, et se dé-
posant, après une ébullilion prolongée, à l'état d'une poudre
cristalline : avec l'azotate de plomb (l'acétate ne convient
pas) un précipité caillebotté qui devient poisseux et fu-
sible par l'élévation de température, et qui refuse de se
fondre encore après une ébullition prolongée.
Les sels acides de l'acide itamalique peuvent s'obtenir
par les méthodes générales : mais leur mode de formation
le plus remarquable est sans contredit l'action de la cha-
(55)
Jour sur les paraconates dissous dans l'eau. Il y a alors
addition de H2^ et la liqueur devient acide.
M'€5H5^-4-t-H2«> = M'HCsHc-ô-5.
Paraconate neutre. Itamalate acide.
Les sels de calcium et d'argent semblent seuls se sous-
traire à ce genre de transformation.
L'acide italamique, comme l'acide malique ordinaire,
est trialomique : sa basicité est inférieure à son atomicité
et sa formule typique doit être
^
A
dans laquelle A représente l'hydrogène remplaçable par
des radicaux alcooliques, et M l'hydrogène remplaçable
par des métaux. Les expériences de M. Kekulé ont dé-
montré que le côlé alcoolique de ces substances est sus-
ceptible d'éthérification, en ce sens que le groupe A-9-
s'échange facilement contre des résidus balogéniques. J'ai
voulu soumettre ma nouvelle substance à une réaction de
ce genre, à l'effet d'établir sa vraie constitution. Je l'ai
chauffée en vase clos avec de l'aride bromhydrique fumant,
et j'ai obtenu des cristaux d'acide itapyrotartrique mono-
bromé, fusible vers 134, et dont un dosage de brome a
vérifié la composition.
0,2475 gr. de substance ont donné 0,2390 gr. Kg Br.
CALCULÉ. TROUVÉ.
Br 37,90 38,1
L'acide itapyrotartrique monobromé est donc l'éther
bromhydrique de l'acide ilamalique et la formation de ce
( 36 )
dernier à l'aide du premier n'est qu'un simple phénomène
de saponification de cet éther. Il y a encore ici une res-
semblance frappante entre l'acide i ta I ami que et l'acide
malique, lequel donne naissance dans les mêmes condi-
tions à l'acide monobromosuccinique.
ITAMALATES.
Je ne me suis pas proposé de faire une étude complète
des sels de l'acide itamalique.Des recherches exécutées en
ce moment en mon laboratoire combleront prochaine-
ment cette lacune. Je n'examinerai ici que les sels dont
l'examen m'a servi à contrôler la composition de l'acide.
Itamalate de sodium. — La meilleure manière de pré-
parer ce sel consiste à faire bouillir l'acide ilapyrotartrique
monobromé avec du carbonate de sodium jusqu'à neutrali-
sation parfaite. La liqueur fortement concentrée est préci-
pitée par un grand excès d'alcool fort qui dissout le bro-
mure de sodium et sépare l'itamalale à l'état d'un sirop
épais adhérant fortement au verre. On le lave à diverses
reprises avec de l'alcool absolu pour éliminer les dernières
traces de bromure; on le dissoul dans l'eau , et ou le déco-
lore par le noir animal , ce qui n'est jamais nécessaire
quand l'acide pyrotartrique brome employé est bien pur.
Si l'on soumet le sirop restant à l'évaporation dans le
vide ou au bain marie, il se dessèche en une masse gom-
meuse : si, au contraire, on le fait bouillir pendant
quelque temps avec de l'eau, et si on l'évaporé ensuite au
bain marie jusqu'à consistance syrupeuse, la substance se
prend en une masse de longues aiguilles extrêmement
fines, et qui forment avec les eaux mères qu'elles empri-
sonnent une véritable pâle.
Convenablement exprimés et desséchés dans le vide, ils
CALCULÉ.
TROUVÉ
- — - *».
-v— »— ~
. — -»^- ^_-
G5
60
—
—
H6
6
—
—
Na2
46
25,93
-23,90
o5
80
—
—
( 37)
semblent s'effleurir cl se transforment en une masse
blanche et friable, extrêmement déliquescente.
La substance desséchée à 120 degrés donna à l'analyse
les résultats suivants :
0,6490 gr. de substance ont donné 0,5090 de suli'ale de sodium.
0,2390 gr. — — 0,1790 —
24,21
Itamalate d' 'ammonium. — Quand on sature d'une ma-
nière partielle ou totale l'acide itamalique par l'ammo-
niaque et qu'on concentre la liqueur sur de l'acide suliu-
rique, une partie de l'ammoniaque se dégage, et il reste
une masse fibro radiée de cristaux légèrement colorés,
très-solubles dans l'eau, solubles dans l'alcool, insolubles
dans l'éther.
Cette substance est l'itamalale d'ammonium suracide
€nj H 7 NU; -9-s -h €nj H8 -85. Elle se dépose de sa solu-
tion dans l'akool bouillant sous forme de petites lames
hexagonales semblables à celles du chlorure de baryum.
Voici les résultats obtenus à l'analyse.
0,2603 gr. de substance donnèrent 0,5700 gr. £0\, et 0,1435 gr. H.,4>.
0,2890 gr. — 0,2180 gr. de chloroplatinate d'am-
monium, laissant 0,0965 gr. de platine.
0,4000 gr. de substance donnèrent 0,3100 gr. de chloroplatinate d'am-
monium, laissant 0,1375 gr. de platine.
4,85
CALCULE.
TROUVÉ.
£,0
38,33
38,7 —
Hl9
6,07
6,1
N
4,47
— 4,85
43,0
31,11
— —
( 58 )
Ifamalate de calcium. — La préparation de ce sel a été
indiquée plus haut. L'alcool le précipite de sa solution
aqueuse à l'état d'un précipité gélatineux qui absorbe l'hu-
midité de l'air et se transforme sur le fdlre en une masse
transparente et gommeuse, non déliquescente. Ses pro-
priétés ne m'ont pas engagé à en entreprendre l'examen.
Quand on chauffe au bain marie ou à l'ébullition la so-
lution du sel précédent, elle se trouble et dépose une
poudre blanche, crayeuse, peu soluble à froid et moins
soluble encore à chaud. Ce sel est analogue à celui que
forme dans les mêmes circonstances l'acide malique ordi-
naire. Conservé longtemps dans l'eau froide, il finit par
s'y dissoudre en se retransformant en sa modification
gommeuse, ce qu'on peut vérifier en précipitant la liqueur
par l'alcool, et en desséchant à l'air le précipité gélatineux
qui se forme.
Semblable en ceci à son homologue inférieur, le malate
de calcium grenu contient une molécule d'eau qui ne se
dégage qu'à 160 degrés.
Voici les résultats analytiques obtenus.
0,1 825 gr. de subst. sèche donnèrent 0,1330 gr. £a &-G>
0,3513 gr. — — 0/2555 gr. €a S-0>
- 0,41 10 gr. €-e-2 et 0,1085 gr. H2G-.
3,4
-21,43 21,36 —
Les dosages suivants conduisent à la formule €-5 H6 Ca-O^
H2-0 pour le sel non desséché.
0,2000 gr. de substance perdirent à 160° 0,0173 gr. H20.
1,5490 gr. — — 0,1450 gr. H20.
0,5305 gr.
— —
CALCULÉ.
£5
60 32,25
H«
6 5,22
€-a
40 21,50
^s
80 43,03
( 39 )
Ce qui donne respectivement 8,75 et 9,50 °/0 d'eau. Le
calcul exige 8,99 °/0.
Je n'ai pas réussi à transformer l'itamalate neutre de
calcium en sel acide par l'acide azotique étendu. Évaporée
dans le vide, la substance se prenait en une masse gom-
meuse. Pour extraire le sel qui aurait pu s'y trouver, j'ai
précipité la solution par l'alcool, qui dissolvait en même
temps l'azotate formé. J'ai obtenu de celte manière un pré-
cipité gélatineux qui , redissous et évaporé , laissa déposer
de petits cristaux durs et brillants , dans lesquels j'ai cru
reconnaître des formes cubiques et notamment des dodé-
caèdres pentagonaux. Ce sel est l'itamalate neutre avec trois
molécules d'eau de cristallisation, qu'il ne perd complète-
ment qu'à 160 degrés, mais dont deux peuvent se perdre
par l'ébullition prolongée avec l'eau : il se forme alors le
sel grenu.
0,7203 gr. de substance perdirent à 1(30" 0,159a gr. HtO.
0,8050 gr. - - 0,1800 gr.HaO.
0,0100 gr. — desséchée à 100° donnèrent 0,010 gr. Ca M>«
Ce qui correspond à 21,9 et 22,5 °/0 d'eau, la formule
G-6 HG Cr-9-5 h- 3H2-0- en exige 22,5. Le dosage de calcium
correspond à 21,18 °/0, la formule du sel sec en exige 21 ,5.
Uamalate de plomb. — Ce sel se prépare par double dé-
composition, mais, suivant les circonstances qui accom-
pagnent sa préparation, ses propriétés sont sujettes à va-
rier. Si, dans une solution neutre et froide (l'itamalate de
sodium, par exemple, on verse une solution également
neutre d'azotate de plomb, on obtient un précipité caille-
hotte solublc dans un excès de sel de plomb, et jouissant
de la propriété de se fondre sous l'eau en une masse
poisseuse semblable au malate de plomb ordinaire. 11 s'en
distingue en ce que, bouilli avec de l'eau pendant quel-
( 40 )
que temps, il perd la propriété de fondre de nouveau. Il
est très-peu soluble dans l'eau bouillante.
H parait, à l'état non Tondu, contenir une certaine
quantité d'eau de cristallisation qu'il doit perdre très-faci-
lement; du moins je n'ai pu obtenir de dosages concor-
dants pour ce point. Fondu, il est anhydre.
0,4ô95 gr. de substance donnèrent 0,5755 gr. Pb 4v0-4
0,2784 gr. — — 0,2361 gr. Pb SOt.
0,1480 gr. — — 0,2775 gr. € 02 et 0,0663 gr. H20.
TROUVÉ.
— - 16,90
- — 1,68
58,6 58,1 —
Si, à la dissolution d'itamalate de sodium, on ajoute de
l'acétate de plomb, on n'obtient pas de précipité immé-
diatement, à moins qu'on n'ajoute à la liqueur une trace
d'ammoniaque, auquel cas il se précipite le sel qui vient
d'être décrit. Mais si on porte le mélange à l'ébullition
pendant quelque temps, il se dépose, surtout par l'agita-
tion et le refroidissement, une poudre blanche, cristalline,
qui a une tendance à adhérer au verre, et qui est infusible
sous l'eau bouillante. Ce sel est anhydre. Voici les résul-
tats qu'il a donnés à l'analyse :
0,3470 gr. de substance ont donné 0,2990 gr. de sulfate de plomb.
0,6335 gr. — — 0,3990 gr. €-G-2 et 0,0970 ^r. H^O.
CALCULÉ.
. *^~—
£5
60 16,99
H6
6 1,69
P6
207 58,64
Os
80 —
CALCULÉ.
TROUVÉ.
Cs
60
16,99
— 17,0
H,
6
1,69
- 1,7
Vb
2(17
58,61
58,9 -
0-
80
—
— —
(il )
Itamalate d'argent. — Ce sel, préparé par double décom-
position ou par saturation de l'acide à l'aide de l'oxyde
d'argent, parait exister aussi sous deux modifications.
Préparé à froid, il se présente sous forme d'un précipité
gélatineux, soluble dans l'eau bouillante, et s'en dépo-
sant à l'état gélatineux si l'ébullition n'a pas été prolongée.
11 est insoluble dans une solution contenant un excès
d'azotate d'argent. Il est éminemment altérable par la
lumière, et se dessèche en une masse cornée. Il parait
contenir une molécule d'eau de cristallisation.
0,2481 gr. de substance donnèrent 0,1 423 gr. d'argent métallique.
Ce qui correspond à 56,75 0/o A .7. la formule G-; HG A#2
-B- h- H20 exige 56,8.
Le sel qui se dépose d'une solution étendue bouillie
pendant longtemps est beaucoup plus stable; il revêt la
forme d'un précipité cristallin, et, par l'évaporation lente
de sa solution, il peut se présenter à l'état de cristaux
d'une certaine dimension. La lumière le brunit légère-
ment.
0,1530 gr. de substance donnèrent 0,0905 d'argent.
0,3130 gr. — — 0,1030 —
Xg 59,67 59,30 59,43
Itamalate de cuivre. — L'hydrate de cuivre ne se dissout
pas à froid dans l'acide itamalique. Si l'on effectue la sa-
turation à chaud, il se précipite un sel d'un bleu pâle, qui
est un sel basique de la formule 2 G^ HG Gt* -05 -f- Cti O.
0,1820 gr. de substance donnèrent 0,0910 CuO.
Ce qui correspond à 39,0°/oCw. La formule exige 59, t.
Quand on mélange une solution d'ilamalale de sodium
( 42 )
avec une solution de .sulfate de cuivre, ii ne se forme pas
de précipité immédiat, mais seulement au bout de quel-
ques minutes. Si on porte la liqueur à l'ébullilion, il se
dépose par le refroidissement un dépôt cristallin ayant une
nuance bleu verdàtre très-riche et rappelant celle de l'acé-
tate de cuivre. Ce sel est l'itamalate neutre de cuivre. Il
est anhydre.
0,3760 gr. de substance donnèrent 0,1-490 CuO.
Ce qui correspond à 50,2°/0 Cm. La formule Cî-g HG Cu-B-g
exige 50,2 °/0 Cm.
Itamalale d'éthyle. — La solution alcoolique d'acide ita-
malique s'éthérifie très-facilement sous l'influence des
acides minéraux. Je me suis servi d'un courant d'acide
chlorydrique ; l'opération terminée, l'éther a été précipité
par l'eau de sa solution dans l'alcool. C'est un liquide inco-
lore, d'une odeur agréable et poivrée, rappelant celle de
l'éther itaconique : sa saveur est amère. Il parait se com-
biner au chlorure de calcium : il faut donc le dessécher
sur le carbonate de potassium. La distillation semble le
décomposer : au moins n'a-t-il pas de point d'ébullition
fixe et se charbonne-t-il en grande partie. Sa purification
est difficile : aussi son analyse n'a-t-elle pas donné de ré-
sultats fort satisfaisants; je me dispenserai donc de les
communiquer.
ACIDE PARACOjNIQUE.
Cet acide se forme par l'action de Feau chaude sur
l'acide itamonochloro-pyrotartrique. Pour le préparer, on
peut chauffer les deux corps en vases clos à 1 10 degrés
pendant quelques heures, et chasser l'acide chlorhvdrique
formé au bain marie.
La solution restante est neutralisée par le carbonate de
( 45 )
calcium et additionnée de beaucoup d'alcool. Il se précipite
ainsi de l'itamalate, et cela en quantité d'autant plus con-
sidérable que la température a été plus élevée. (Aussi
est-il préférable de faire bouillir simplement l'acide pyro-
tartrique chloré avec de l'eau dans une capsule pendant
48 heures.) La solution alcoolique contient le paraconate
qui se précipite par l'addition d'éther à l'état de fines ai-
guilles cristallines, très-solubles dans l'eau, et qu'on n'a
qu'à décomposer par l'acide oxalique pour en isoler
l'acide.
On peut encore préparer l'acide paraconique par l'ac-
tion de l'oxyde ou mieux du carbonate d'argent sur l'acide
itapyrotartrique chloré, en opérant à la température de
l'ébullition. On filtre la liqueur bouillante : et on obtient
par le refroidissement le paraconate d'argent en petits
cristaux durs et brillants qui ont une grande tendance à
se grouper en croix. Si l'on a employé l'oxyde d'argent, il
se dépose en même temps un peu d'ilamalate. La formule
suivante exprime la réaction.
€5 H7 Cl -G-4 -4- Ag» O = kg Cl -\- H,0 -4- G5 H5 A^ (>«.
On n'a plus qu'à décomposer ce sel par l'hydrogène sul-
furé pour obtenir l'acide libre. Cette méthode est de beau-
coup la meilleure.
Je me suis assuré que le sel d'argent et le sel de cal-
cium précédemment décrits appartenaient bien au même
acide, en les transformant l'un dans l'autre, ce qui, dans
les deux cas, a donné des produits identiques.
L'acide paraconique se présente à l'état d'une masse
cristalline assez semblable à celle de l'acide ilamalique.
Comme lui il est très-soluble dans l'eau et dans l'alcool,
mais il se dissout difficilement dans Péther. Il fond vers 70".
( 44 )
Voici les résultats qu'il a donnés à l'analyse.
0,-2105 gr. subst. donnèrent 0,1050 gr. €-0-2 el 0,1060 gr. H20-
CALCULÉ. TROUVÉ.
€s 00 46,15 45,8
He 6 4,61 4,8
04 64 49,-25
Soumis à la distillation sèche l'acide paraconique se
transforme en anhydride citraconique, que j'ai reconnu à
son point d'ébullition et à sa propriété de se transformer
en acide citraconique aisément reconnaissant. L'acide
bromhydrique le transforme en acide itapyrotarlrique mo-
nobromé fusible à 155.
Les sels de l'acide paraconique offrent une tendance
remarquable à se transformer en itamalates. Ces derniers
se forment toutes les fois qu'on neutralise l'acide paraco-
nique par les bases, comme j'ai pu m'en assurer maintes
fois en transformant les sels ainsi obtenus en itama-
late d'argent ou de plomb, dont les propriétés sont carac-
téristiques. Pour obtenir les paraconates, on doit décom-
poser le sel d'argent à froid par un chlorure, et encore
arrive-t-il bien souvent que le sel ainsi obtenu ne soit pas
un paraconate, mais bien un itamalate acide, car on a, par
addition d'une molécule d'eau :
£5 H5 \g 4>4 -t- K Cl -t- H^O- = kg Cl -t- €5 H7 K^-5.
Ce cas se présente surtout pour le sel de potassium et
d'ammonium.
Il suit de là que si l'on neutralise l'acide paraconique par
une base, et si l'on y ajoute ensuite du nitrate d'argent,
l'on obtiendra un précipité gélatineux <f itamalate d'argent.
( 45 )
Mais si l'on y ajoute d'abord la solution argen tique, et
qu'on salure après par une base, on obtient un précipité
cristallin, cruciforme au microscope, de paraconale. Les
sels de calcium et d'argent semblent seuls avoir quelque
stabilité.
Paraconate de sodium. — S'obtient en décomposant
exactement le sel d'argent par le chlorure de sodium et
en évaporant dans le vide, en évitant toute élévation de
température. On obtient ainsi de petites aiguilles enche-
vêtrées, déliquescentes, neutres au papier.
0,1980 go. île substance donnèrent 0,0945 gr. Naa S04
CALCULÉ. TROUVÉ.
15,3 15,5
Pour peu qu'on chauffe la solution de ce corps, il devient
acide; et si l'on neutralise alors la substance avec de la
soude, et qu'on y ajoute du nitrate d'argent, on obtient
un précipité gélatineux d'itamalate. Celui-ci fut transformé
en sel grenu et analysé.
Quelques-uns des dosages suivants se rapportent à de
l'itamalate d'argent provenant d'autres paraconates que
celui de sodium.
0,1870 gr. de substance donnèrent 0,1100 gr. d'argent métallique.
0,3105 gr. - 0,1940 gr. \y.
0,5610 gr. — — 0,4450 gr. kg. Cl.
0,5120 gr. - - 0,304b gr. kg.
CALCULÉ. TROUVÉ.
kg . . . 59,67 59,0 59,5 59,1 59,5.
Paraconate de calcium. — La préparation de ce sel a été
( 46 J
indiquée à l'occasion de celle de l'acide. Il est très-sol uble
dans l'eau, et se sépare de sa solution aqueuse ou alcoo-
lique à l'état de fines aiguilles brillantes, qui s'effleu rissent
rapidement en perdant tout éclat. Il contient trois molé-
cules d'eau de cristallisation, dont l'une se dégage à l'air
sec, les deux autres à 120°. Quand on le chauffe brusque-
ment vers 90°, il fond dans son eau de cristallisation, et
sa dessication complète devient très-difficile : il faut donc
le chauffer d'abord modérément.
1,1 0G5 gr. de substance non eftleurie perdirent à 120° 0,166 gr. H2-0-.
0,4-250 gr. - — 0,680 gr. H2-B-.
Ce qui correspond à 15,0 et 16,0 °/0 d'eau. La formule
Ga" (Gn Hs -e-4)2 ■+■ 3H2-0- en exige 15,5 °/0.
0,-2695 gr. de substance elïleurie perdirent à 120° 0,0270 gr. H2-€h
0,5950 gr. - — 0,0595 gr. H24>
Ce qui correspond à 10,8 et 10,0 % H2 -0-. La formule
Ca" (€* fi; -e-4)2 h- 2H2 -fr en exige 10,8.
0,2555 gr. de substance desséchée à 120° donnèrent 0,1060 gr. €y<-S-Q-4.
0,5920 gr. — 0,1770 gr.€aS-0>
0,4615 gr. - 0,2064 gr. €a , S ~0-4.
CALCULÉ. TROUVÉ.
Ca. . . . 15,42 15,55 15,28 15,15.
Paraconate d'argent. — Ce sel peut s'obtenir soit par
l'action du carbonate d'argent sur l'acide itapyrotartrique
chloré ou brome, soit par double décomposition entre le
paraconate de calcium et l'azotate d'argent. Il est peu so-
luble dans l'eau froide, assez soluble dans l'eau bouillante
(47)
et se dépose de sa solution en petits cristaux groupés en
croix ou en étoiles. II est neutre au papier.
Bouilli avec l'oxyde d'argent, il se transforme en i ta-
malate.
J'ai fait un grand nombre d'analyses de ce corps, dont
la purification facile se prêtait très-bien au contrôle de la
formation et de la composition de l'acide paraconique et de
ses sels.
0,2210 gp. de subst donnèrent 0,1355 gr. kg Cl.
0,2495 gr. €-9-2 et 0,0518 gr. H2^-
— 0,5060 gr. €-0-2 et 0,0650 gr. H2-0-.
0,H24gr.AgrC/.
— 0,0997 gr. kg.
- — 0,2054 gr. kg Cl.
— 0,5901 gr. €-9-â et 0,0925 gr. H.O.
— 0,1 195 gp. kg ., 0,2405 gr. G-Oâ et
0,0588 gp. H2-0-.
IX. . 0,41 71 gr. 0,5869 gr. €-£►-, el 0,900 gr. H2(>.
II . .
0,2660 gr
III. .
0,0510 gr.
IV. .
0,1874 gp.
V . ,
, 0,2214 gp.
VI.
0,5595 gr.
VII
. 0,4586 gp.
VIII.
0,261 8 gr.
€5 60 25,77 — 25,59 25,21 — — — 25,42 25,04 25,5
H5 5 2,10 - 2,12 2,18 — - - 2,24 2,41 2,4
kg 108 45,50 45,4 — — 45,17 45,2 42,5 — 45,5 —
*>4 64 — - - - _____
( 48 )
Recherches sur quelques dérivés de V acide cinnamique;
par le Dr Charles Glaser, préparateur de chimie à l'Uni-
versité de Gand.
(DEUXIÈME PARTIE.)
Dans une communication adressée à l'Académie , il y a
quelque temps, j'ai exposé les vues théoriques qui m'ont
déterminé à entreprendre des recherches sur quelques
dérivés de l'acide cinnamique. J'ai établi que le produit
d'addition du brome à l'acide cinnamique, l'acide phényl-
bibromopropioniquc, en perdant de l'acide bromhydrique,
donne naissance à deux acides phénylmonobromacryliques
isomères. J'ai montré que le brome en agissant sur l'acide
hydrocinnamique donne, suivant les conditions de l'expé-
rience, tantôt de l'acide phénylpropionique monobromé,
tantôt de l'acide phénylpropionique bibromé, tantôt de
l'acide cinnamique.
J'ai l'honneur de soumettre au jugement de l'Académie
les résultats nouveaux auxquels je suis parvenu en conti-
nuant mes recherches; on verra que ces résultats consti-
tuent une confirmation nouvelle de l'hypothèse que j'ai
émise dans mon premier travail, à savoir qu'il y a deux
affinités libres dans l'acide cinnamique. Ces faits peuvent
se résumer de la façon suivante. De même que l'hydrogène
et le brome peuvent s'ajouter à l'acide cinnamique, j'ai
pu combiner les acides hypochloreux et hypobromeux au
même corps et obtenir des acides phényllactiques substi-
tués; en remplaçant, dans ces nouveaux dérivés, le chlore
( 49 }
et le brome par l'hydrogène, on les transforme en un même
acide normal, l'acide phényllaclique. Les acides phényllac-
tiques substilués, en perdant de l'acide chlorydrique ou
bromhydrique, donnent Yacide phénylpyruvique. Enfin,
dans ces acides renfermant le greupe hydroxyle, j'ai réussi
à remplacer ce groupement par les corps halogènes, en les
soumettant à l'aciion des hydracides; l'acide phényllac-
lique donne ainsi naissance aux acides phénykhloropropiù-
nique, phénijlbromopropionique et phényliodopropionique;
la même réaction appliquée aux acides phényllactiques
substitués engendre les acides p/tényfbichloropropioniqne,
phénylbibromopropion (que et phênylchlorobromopropio-
nique.
Voici les formules des corps ainsi préparés ;
G6 H5 . GH2 . G = . G-9-gH = Acide phénylacrylique (cinnamique).
£fiH5
.GH2
GHOCI
. G (>2 H =
/(/.
phénylchlorolac tique.
&6»5
• GH2
. GHO Br
. G^2 II =
/(/.
p/téiiylbromolaclique.
€e Hs
.GH2
.GCI2
. G^2 H =
Id.
phènylbichloroproprionique.
€6 HS
.GH2
. GBi 2
. G4K II =
Id.
phênylbibromopropionique.
€6 H5
. GH2
.GCIBr
. (M>2 H =
Id.
phénylchlorobromoproprioniquc.
C«H«
.GH2
. GH-G-H
. G (K II =
Id.
phényllactique.
^6^5
GH2
. GHC1
. G^3 H =
Id.
phénylchloropropionique.
^H5
GH2
. GHBr
. G^>2 H =
Id.
phénijlbromopropionique.
£«H,
GH~
. GUI
.G02H =
il.
phényliodopropionique.
GtH5
(Al,
. €0
.G(KII =
il.
phénylpyruvique.
ï.
Acide phénylchl
ORO
LACTIQUE €-o HM Cl -6K
Il y a quelque temps M. Carius (1) a trouvé, que quelques
combinaisons organiques désignées par l'expression non
saturées peuvent se combiner directement avec les élé-
(I) Carius, Ann. Chem. und Pharm , t. CAXIV, p. 26:>.
2me SÉRIE, TOME XXIV.
( so )
raents de l'acide hypocbloreux. Des raisons que je déve-
lopperai plus tard me faisaient considérer comme très-im-
portante une addition de cette combinaison à l'acide
cinnamique. Conformément aux observations que faisait
M. Wilm (1) pour l'acide itaconique, j'ai trouvé que l'acide
cinnamique libre se combine très-difficilement avec l'acide
hypocbloreux; mais j'ai obtenu de meilleurs résultats en
ajoutant à une solution de cinnamate de soude une solu-
tion étendue d'acide hypocbloreux. La préparation de cette
dernière solution est toujours un travail pénible, et,
comme il me fallait une quantité assez considérable de ce
nouveau produit d'addition que je désigne sous le nom
d'acide phénychlorolactique , j'ai cherché un moyen de pré-
paration plus commode. Après plusieurs tentatives, j'ai
trouvé la méthode suivante, qui consiste, en principe, à
engendrer l'acide hypocbloreux au sein du liquide, conte-
nant en solution le cinnamate. C'est l'action du chlore
sur une solution de cinnamate et de carbonate de soude.
L'équation suivante exprime cette nouvelle réaction , qui
sera applicable à tous les acides à lacunes.
2v€9H7-e-2.Na)-t-Ge-sNa2+Cl4H Ha-0 =2 yG9HsCl-e-3Na)+2NaCI+ C-Oa.
Voici les détails de la préparation de l'acide phénylchlo-
rolactique. Dans une solution de 84 grammes de carbonate
sodique cristallisé, on dissout 70 grammes d'acide cinna-
mique; le liquide est placé dans un grand flacon de Woulff
entouré déglace et mis à l'abri de la lumière; aussitôt que
la température de la solution s'est abaissée à o ou 4", on
fait arriver un courant modéré de chlore. Quand l'absorp-
(1) Wilm, Amt. ('hem. und Pharm., I. GXLI, p. 28.
( Si )
lion de cet élément se fait plus difficilement, on prend de
temps en temps, à l'aide d'une tige en verre, de petites
quantités de la solution, qu'on porte sur des bandes de
tournesol violet; dès que la solution commence à devenir
acide et fortement décolorante on cesse l'opération et on
ajoute immédiatement au liquide un excès d'acide sulfu-
reux pour détruire toute trace d'acide hypochloreux et de
chlore en excès. Le liquide a alors un aspect laiteux, causé
par la formation d'une huile, qui est probablement un
slyrol chloré; au bout de quelques minutes on ajoute à peu
près 150 centimètres cubes d'acide chlorhydrique; il se
précipite quelques flocons d'acide cinnamique, échappé à la
réaction, et on laisse reposer ce mélange un jour. On filtre
le liquide aqueux, séparé de l'huile par décantation; on
concentre la solution par une vive ébullition jusqu'aux deux
tiers de son volume, on se débarrasse ainsi des dernières
1 races de celte huile. L'acide phénylchlorolactique, qui
serait décomposé par de l'eau bouillante pure, n'est presque
pas altéré par ce traitement dans un liquide contenant un
grand excès d'acide chlorhydrique. Le liquide refroidi est
soumis à une filtration qui enlève une faible quantité de
matière résineuse; on a alors une liqueur limpide, faible-
ment colorée en jaune, et qui par une agitation réitérée
avec de faibles quantités d'éther privé d'alcool abandonne
à ce dissolvant l'acide qu'elle renferme. L'évaporation spon-
tanée de cette solution éthérée laisse une matière cristal-
line, l'acide phénylchlorolactiqne presque pur. Cinq opé-
rations effectuées sur 550 grammes d'acide cinnamique
m'ont fourni 220 grammes de ce produit d'addition.
L'acide phénylchlorolactique ainsi préparé est très-so-
luble dans l'eau froide, excessivement soluble dans l'eau
chaude et se mélange presque en toutes proportions avec
( 32 )
l'eau bouillante. Il cristallise d'une solution aqueuse, pré-
paré à chaud en paillettes très-minces à six pans. Ces cris-
taux contiennent de l'eau de cristallisation qu'ils perdent
déjà à la température ordinaire, quand on les laisse sous
une cloche avec de l'acide sulfurique. Cet acide, contenant
de l'eau, fond déjà à 70-80". Pour purifier complètement
l'acide qui se déposait d'une solution aqueuse, je l'ai sou-
mis à une nouvelle cristallisation dans le chloroforme. Ce
liquide, saturé à chaud, laisse déposer par le refroidisse-
ment l'acide phénylchlorolactique en prismes bien définis.
Les cristaux d'acide pur ne contenant pas d'eau de cristal-
lisation fondent à 104°. L'analyse de celte combinaison
m'a donné les chiffres suivants :
J. 0/2622 gi\ de substance m'ont donné 0,1819 Ag Cl et 0,0015 Ag (1).
11.0,2441 kl. id. 0,4693 Ag CI et 0,0019 Ag.
III. 0,2935 id. id. 0,2024 Ag CI et 0,0028 Ag.
IV. 0,2965 id. id. 0,5822 €4>2 et 0,125 i H,0.
V. 11.20." J id. id. 0,4007 €<>2 et 0,0864 11,-0-.
D'où
CALCULÉ !
trouvé :
,.
II.
III.
IV.
V.
•v__— — -~
c9 =
108
53,86
—
—
—
55,58
55 75
H» =
i)
4,49
—
—
-
4,69
.{,71
Cl =
55,5
17,71
17,56
1 7,40
1 7,39
—
—
0- —
48
200,5
23,94
100,00
(1) Tous les dosages de chlore et de brome ont été exécutés d'après la
mélbode de M. Carius. Grâce à l'obligeance de M. Donny, j'ai eu l'occasion
d'exécuter les combustions dans le fourneau à gaz, qu'il a décrit dans les
Bulletins de l'Académie. J'ai trouve son système de chauffage préférable
a tous |,.s autres systèmes connus.
( 33 )
L'acide cristallisé d'une solution aqueuse a la composi-
tion £9 H9 Cl -0-3 -h IL2-0; cette formule se déduit des
chiffres suivants :
5,6594 gr. de substance séchée à l'air perdent 0,1710 gr. d'eau pur des-
siccation pendant douze heures à 80° dans un courant d'air sec. Ce qui
correspond à 8,32 H.,-0 ° 0.
La formule G9H9 Cl -0-s + H2-e- exige 8,23H2-0%,.
L'acide phénvlchlorolactique subit facilement sous l'in-
fluence des différents réactifs des décompositions dont
quelques-unes seront mentionnées dans la suite de ce tra-
vail. À cause de cette grande altérabilité, je n'ai réussi à
préparer que le sel d'argent. On l'obtient en ajoutant à une
solution aqueuse ou mieux alcoolique de l'acide une solu-
tion de nitrate d'argent. Il se forme un précipité blanc et
cristallin, qui augmente rapidement si on neutralise par
une solution étendue d'ammoniaque l'acide nitrique libre
qui se forme. Il importe cependant que la liqueur ne de-
vienne pas basique parce qu'il se formerait immédiatement
du chlorure d'argent.
Le phènylchlorolaclate d'argent G9 II8 Cl -0-3. Ag ainsi
obtenu forme un précipité blanc, constitué par de petits
prismes microscopiques. Desséché à l'abri de la lumière cl
soumis à l'analyse, il m'a donné les résultats suivants :
I. . . 0,2582 gr. de matière ont donné 0,0902 Ag (1) ou 31,93 » „ Ag.
II. . . 0,2520 id. id. 0,0882 A g ou 31,95 "/„ Ag.
La formule £9 H8 Cl -0-5 . Ag exige 55,11 °/„ Ag.
(1) Le sel d'argent chauffé à 100° se décompose; au rouge, il hisse un
résidu de chlorure d'argent el d'argenl métallique. En chauffant dans un
courant d'hvdrogèue, ou transforme le chlorure en métal.
CM)
\{m — Acide phénylbromolagtique €-9 H9 Br 05.
Si Ton fait passera travers une solution étendue et froide
do cinnamate et de carbonate de soude des vapeurs de
brome entraînées par un courant d'air, il se forme une
faible quantité d'acide phénylbromolactique, d'après l'équa-
tion suivante :
^(GuH7^2Na)H-€^5Na2^4Br+H2^=-2(€aH8Bi^3Na)-+-2NaBi-+-€-e-2.
En même temps il se forme une quantité considérable
d'un produit huileux qui semble être identique avec le
styrolmonobromé, dont je vais parler, ainsi que de ma-
tières résineuses. Il semble que le phénylbromolaclate de
soude est facilement décomposé par l'élément qui l'a en-
gendré.
Heureusement, j'ai trouvé une autre manière de prépa-
rer cette combinaison qui permet d'en obtenir aisément
de plus grandes quantités, et facilite l'étude de ses pro-
priétés intéressantes.
On se rappelle que M. Schmidt (1) a déjà observé que
le produit d'addition d'une molécule de brome à l'acide
cinnamique se décompose dans l'eau bouillante en donnant
un nouvel acide. M. Erlenmeyer (2) a confirmé ces obser-
vations en démontrant que l'acide phénylbibromopropio-
nique subit sous l'influence de l'eau deux décompositions :
une partie, la plus faible, donne un hydrocarbure brome,
le monobromostyroJ, de l'acide bromhydrique et de l'acide
carbonique, tandis que la partie la plus considérable
(1) Sclmiklt, .1////. Chem. und Pliarm., CXXVII, p. 310.
(v2) Erlenmeyer, Zeitschrift filr Chemie, 1864, p. 543.
( 53 )
échange un atome de brome contre le groupe tH> et forme
un nouvel acide G9 H9 Br -0>
Pour préparer l'acide phén) ibromolactique d'après celte
réaction , je me suis servi de la méthode suivante : On
chauffe dans un ballon mis en communication avec un
réfrigérant 150 grammes du produit brut de l'addition du
brome à l'acide cinnamique, délayés dans de l'eau. Le
liquide bouillant est traversé par un courant de vapeurs
d'eau, qui entraînent le mono bromosty roi. Au bout d'une
heure la décomposition est finie; la solution aqueuse et
chaude est séparée par décantation d'une huile lourde qui
se dépose rapidement. Par le refroidissement il se forme,
dans le liquide aqueux d'abord des gouttelettes d'huile et
plus tard de petites paillettes. A ce moment, on décante
de nouveau dans un autre vase, où il se forme de pelils
cristaux d'acide phén y Ibromolactique pur. L'acide huileux
est un mélange d'acide cinnamique, de substances rési-
neuses et d'acide phén) Ibromolactique. On peut en extraire
ce dernier acide en agitant ces parties huileuses avec de
l'eau chaude, qui dissout cette nouvelle combinaison très-
facilement. La solution ainsi obtenue dépose d'abord quel-
ques flocons d'acide cinnamique, puis des paillettes minces
d'acide brome. Les eaux mères renferment une grande
quantité d'acide très-pur, qu'on extrait très-facilement à
l'aide de l'éther privé d'alcool.
Comme son analogue, l'acide phénvlchlorolaclique,
l'acide phén\ Ibromolactique est très-so lubie dans l'eau
chaude d'où il cristallise par refroidissement en paillettes à
six pans, semblables à celle du premier acide. Il est très-
solublc dans l'éther et dans l'alcool ; par l'évaporation de sa
solution éthérée il cristallise en groupes composés de petits
prismes irrégulièrement croisés. Le meilleur dissolvant
donnant par l'évaporation les plus beaux cristaux est le
(36 )
chloroforme. Une solution dans ce réactif préparée à chaud
dépose par le refroidissement el par 1 evaporation de beaux
prismes de cet acide.
V acide phénylbromolactique fond à 125° L'acide ob-
tenu par cristallisation dans l'eau, contenant de l'eau de
cristallisation, fond à quelques degrés au-dessous de cette
température.
Les analyses de l'acide phénylmonobromolactiquc m'ont
donné les chiffres suivants :
I. . 0,2 1-2:2 gr. de substance ont donné 0,3468 €-0-, et 0,0740 H2-0.
JJ. . 0,2204 id. id. 0,3598 €^-2 et 0,0768 H2~9-.
III. • 0,2190 id. id. 0,1645 Ag Br et 0,0009 Ag.
IV. . 0,2328 id. di. 0,1720 Ag Br et 0,0024 Ag.
de ces résultats on déduit :
trouvé :
calculé : i. ii. iii. iv.
C9 = 108 44,07 44,53 44,51 -
H9 = 9 3,67 3,87 3,87 —
Br = 80 32,72 — — 32,26 32,2i
-0-- = 48 19,54 — — - —
245 100,00
L'acide employé pour l'analyse était desséché à 100°;
je conclus de mes dosages, qui m'ont donné un peu trop
de carbone et trop peu de brome, que l'acide avait perdu
par ce traitement un peu d'acide bromhydrique.
L'acide obtenu par cristallisation dans de l'eau corres-
pond à la formule (€-9 H9 Br -9-3) -+- H2 ^>.
I. 2,0142 gr. de substance desséchée à l'air ont perdu après dix jours
sous une cloche avec chlorure de calcium . 0,0802 gr. 3,98 °/„ H^O-.
II. 1,9704 gr. de substance chauffée à 100° dans
un courant d'air sec perdent 0,0772 gr. 3,92 % H., i) .
La formule €9 H9 Br -9-8 -f- */, H^O- exige 5,55%.
(87)
L'acide phénylbromolaeiique, engendré par la même
réaction que l'acide analogue chloré, lui ressemble beau-
coup, non-seulement par son aspect extérieur, mais aussi
par ses propriétés chimiques; ses sels sont aussi très-insta-
bles et je n'ai réussi à préparer que le sel d'argent.
Le phènylbromolaclate d'argent G9 H8 Br -0> Ag s'ob-
tient de la même façon que le phénylchlorolactate d'ar-
gent. On dissout l'acide brome dans l'alcool et, après avoir
ajouté du nitrate d'argent, on précipite le sel formé par de
l'ammoniaque étendue. Il faut éviter le moindre excès de
cette base, parce qu'il se formerait instantanément du bro-
mure d'argent. Le sel d'argent se dépose ainsi en aiguilles
aplaties très-caractéristiques.
Voici les résultats de l'analyse de ce sel :
I. . 0/258-2 gr. de substance ont donné . . 0,0962 Ag 34,95 %Ag.
II. . 0,2520 id. id. . . 0,0802 Ag 54,95 °/„ Ag.
La formule €-9 B8Br-9-sAg exige 5S,U°/0Ag.
Ce sel d'argent est très-instable; il est décomposé par
la lumière et même par une douce chaleur.
III. — Constitution et décomposition des acides
PRÉCÉDENTS.
Si on admet pour la constitution de l'acide cinnamique
la formule, que j'ai proposée dans la première partie de
ce travail (1), la constitution de deux acides que je viens
de décrire et qui se forment par l'addition de l'acide h\ po-
il) Bulletins de l'Jcadémie, î1"1' série, tome XXII . n" 12, 1800
( 38)
chloreux et hypobromeux sera exprimée par les formules
suivantes :
<:„n &6HS &6HS
i i i
CH, €H2 €H2
I ! I
c - ci Cl C Br
I I I
G{f2H €^2H €€h,H
.l(V(/e phénylacryliqw. Acide phénylchlorolactique. Âcidephénylbromolaclique.
J'ai déjà indiqué par les noms de ces acides l'analogie
qui existe entre eux et l'acide lactique dans lequel un
atome d'hydrogène est remplacé par le groupement €-G H;i
et un second atome par l'élément halogène. Ce sont des
acides hialomiques monohasiques et leur constitution est
exprimée par les formules typiques que voici :
H | -o- H i & H ! o
C3 H4 O- G6 If5 . G. H., Cl -G- €-6 HB C3 H> Br O
Il | ■«• H i & Hj^
.Int/e ludique. Acide phénylchlorolactique. Acide pkénylbromolactique.
Or, on se rappelle que M. Kekulé (1) a démontré dans
ses recherches classiques que le groupe H -9- (hydroxyle),
qui imprime à l'acide un caractère alcoolique, conserve la
propriété qu'il a dans les alcools de s'échanger contre le
brome en formant de l'eau, si on l'attaque par l'acide brom-
hydrique. Cette belle réaction a été spécialement em-
ployée à transformer l'acide lactique en acide bromopro-
piouique. J'ai essayé la même réaction pour les acides que
je viens de décrire, d'une part pour en démontrer le
(1) Kekulé, Ann. Chem. und Pharm. CXXXf, il.
( 39 )
caractère biatomiqué et d'autre part pour confirmer des
vues théoriques qui seront développées plus lard.
J'ai été frappé de la facilite avec laquelle se fait celte
décomposition non-seulement par l'acide chlorhydriquc,
mais aussi par des hydracides du brome et de l'iode. J'ai
réussi ainsi à préparer les acides suivants :
€6H5.€5H3CI2 <h2 icide phémjlbichloropropionique.
€6H3. G3H3Br2^2 .... Id. phénylbibromopropionique.
€6H5'.C3>H3Cl.Br~G-.2 . . . Id. phénykMorobromopropionique.
acides dont je vais donner maintenant la description.
J . Acide phénylbichloropropioniqueQg H8 d2-6-.>. — La
poudre fine qu'on obtient en faisant cristalliser l'acide
phénylchlorolactique dans l'eau se dissout aisément dans
l'acide chlorhydriquc fumant chauffé à 40-50 °. Si on laisse
cette solution dans un vase fermé, à température ordi-
naire, le liquide se remplit de petits cristaux prismatiques,
que je regarde comme l'acide phénylbichloropropionique,
formé d'après l'équation suivante :
&9 H9 Cl 03 -h HCI = €y H8 Cl, Oo -4- H, O .
Ce nouveau produit se distingue de l'acide qui lui a
donné naissance par son insolubilité dans l'eau; on se rap-
pelle que l'acide phénylchlorolactique est très-solublc dans
l'eau froide. Cet acide est très-instable et je n'ai pu réussir
jusqu'ici à l'obtenir dans un état de pureté convenable,
car, par une réaction inverse à celle qui lui donne nais-
sance, il se transforme très-facilement en acide phényl-
chlorolactique.
Si on expose à l'air de l'acide chlorhydriquc fumant
chargé de cristaux de cet acide chloré, après quelques
jours l'acide minéral devenant plus étendu par la perte de
( «o )
gaz acide cblorhydrique et l'absorption de l'eau, les cris-
taux disparaissent et, si la température est assez basse, il
se dépose des cristaux parfaitement définis d'acide phényl-
chlorolactique.
J'espère arriver, avec de grandes précautions, à pré-
parer l'acide phénylbichloropropioniquc pur, pour en faire
l'analyse. Toutefois l'analogie qui existe entre les modes
de formation de ce corps et les modes de production des
acides, qui vont être décrits, ne laissent guère de doute sur
la formule de cette combinaison.
2. Acide phénylbibromopropionique €-9 H8 Br2 -0\2. —
L'acide phénylbromolactique, légèrement chauffé avec de
l'acide bromhydrique fumant, s'y dissout facilement, mais
après quelques instants tout le liquide se remplit de pail-
lettes blanches; on ajoute une grande quantité d'eau froide
pour dissoudre quelques traces d'acide phénylbromolac-
tique échappées à la réaction. On filtre et on dissout le
résidu dans une faible quantité d'alcool; de cette solution
alcoolique on précipite l'acide pur en ajoutant une cer-
taine quantité d'eau, il se dépose alors des paillettes
minces, qui sont identiques avec le produit d'addition d'une
molécule de brome à l'acide cinnamique. J'ai trouvé le
même point de fusion 195° pour les deux acides préparés
par des méthodes différentes.
Celte décomposition de l'acide phénylbromolactique est
exprimée par l'équation :
C9 H9 Br -G-3 -+- HBi- = G9 H8 Bra €h -t- H2 ^h
On se rappelle qu'un mode de formation de l'acide pbé-
nylbromolac tique consiste dans la décomposition de l'acide
phénylbibromopropionique, causée par rechange d'un
atome de brome contre le groupe bydroxyle. Dans la réac-
( 61 )
tion que je viens de décrire l'échange inverse s'effecliie et,
par conséquent, on doit obtenir un acide identique avec
l'acide phénylbibromopropionique déjà connu, car l'opé-
ration ne consiste qu'à régénérer l'acide qui a servi de point
de départ.
5. Acide phénylchlorobromopropr ionique €-9 Hs CI Br
-&r — ïl existe deux moyens de préparer cet acide, l'un
par l'action de l'acide bromhydrique sur l'acide phénylmo-
nochlorolactique, et l'autre par l'action de l'acide chlorhy-
drique sur l'acide phénylbromolactique, ce qu'indiquent
les deux équations suivantes :
C9 H9 Cl &5 -+- HBr = €9 H8 Cl Br ^2 -+- H2 O.
G9 H9 Br &- -f- HCI = G„ H8 Cl Br 4>2 + H, <>.
J'ai dû procéder à des purifications très-minutieuses,
afin de démontrer, par la concordance complète des carac-
tères physiques de deux acides, que les deux réactions
donnent non des produits isomères entre eux, mais deux
corps identiques. J'aurai, à la fin de cette note, l'occasion
d'insister sur l'importance de ce tait au point de vue des
idées que je me suis faites sur la constitution de l'acide
cinnamique.
A. Formation à V aide de l'acide phénylchlorolaclique. —
Ce dernier acide est très-soluble dans l'acide bromhydrique
fumant et il y a même un abaissement sensible de tempé-
rature par la dissolution. Cette solution chauffée à environ
50° se remplit de paillettes brillantes d'acide chlorobromé.
On lave les cristaux avec de l'eau, puis on les dissout
dans l'alcool et on précipite celte solution alcoolique par
l'eau; enfin on fait cristalliser l'acide plusieurs fois dans la
benzine. Une certaine partie du produit a été soumise à
une sublimation; la matière ainsi obtenue, et par consé-
quent d'une pureté plus complète, a servi à fixer le point
( 62 )
de fusion d'une manière plus exacte. La substance pure
fond à 179-180°. L'acide phényleblorobromopropionique
cristallise de sa solution dans la benzine en paillettes rhom-
boïdaleset se sublime facilement à 160°. Chauffé long-
temps quelques degrés au-dessus de cette température, il
se décompose. La combinaison que je viens de décrire res-
semble beaucoup au produit d'addition du brome à l'acide
cinnamique et semble, sous l'influence de l'eau bouillante,
subir une décomposition analogue à celle que j'ai décrite
pour ce corps.
Voici les résultats de l'analyse de l'acide clilorobromé :
I. 0,2-238 gr. de substance ont donné 0/2774 Ag (Br -+- Cl) -+- 0,0010 Ag.
II. ce qui correspond à (Br -+- Cl) = 43,47.
La formule €9 Hs Cl Br -0-3 exige .... (Br -+- CI) == 43,7-2.
B. Formation à laide de V acide phénylbromolaclique. —
Cet acide est très-peu soluble dans l'acide chlorhydrique
fumant; en cbaulïant à 100 °, la réaction voulue se produit
facilement et fournit une combinaison qui n'est que de
l'acide phényleblorobromopropionique que je viens de dé-
crire. La purification a été effectuée avec les précautions
indiquées plus haut; après une cristallisation dans la ben-
zine ou une sublimation, l'acide affectait les mêmes
formes que celui que je viens de décrire et son point de
fusion se trouvait à 178-179°.
Soumis à une analyse, ce corps a donné les chiffres
suivants :
I. 0,1758 gr. de subst. ont donné (Br -t- Cl) Ag =6,21 75 gr. el 0,0010 Ag.
N. 0,2175 - — (Br + Cl) Ag 0,1425 Ag;
Ces résultats correspondent à la composition en cen-
tièmes suivante :
Cl =13,00;
Br = 20,0 1 ;
( 65 )
el la formule G9 H8 Cl Br -0> exige :
Cl =13,47;
Br= 30,ôo;
L'acide iodhydrique fumant ne réagit pasà la température
ordinaire sur les deux acides phényllactiques substitués.
A chaud, l'iode devient libre et il se forme un corps hui-
leux, qui cristallise par le refroidissement. Je crois qu'il
y a décomposition d'après les équations suivantes :
C-9 H9 Cl ^>3 -t- HJ = €9 H8 Cl i^, -+- H, ■{) -.
€9H8CUe-2H-HJ = €9H9CI ^>2-+-J,.
Je me propose d'étudier cette décomposition par la suite.
IV. — Acide phényllactique G0 Hio ^r>-
Les deux acides phényllactiques substitués, formés par
la même réaction, étant analogues dans leurs propriétés
chimiques, fournissent aussi par le remplacement de l'élé-
ment halogène par de l'hydrogène un même acide normal :
Yacide phényllaclique. En admettant toujours la formule
dont je me suis servi à plusieurs reprises, pour exprimer
la constitution de l'acide cinnamique, ces trois acides au-
ront les formules suivantes :
Cfiiï, (>GH5 €eHs
CH2 CH2 GH2
' CI r Br r H
€^2H €^2H €^2H;
Ac. phênylchlorolactique. Ac. phénylbromolactique. Ai. phény lactique.
On prépare l'acide phényllaclique de la manière sui-
vante : Une solution aqueuse et froide d'acide phénylchlo-
( te )
rolactiquc ou phénylbromolaclique est agitée avec de
l'amalgame de sodium. Au moment où cet amalgame dé-
gage de l'hydrogène, la décomposition est finie; on neu-
tralise la solution légèrement alcaline par l'acide chlorhy-
drique et on évapore à siccité au bain marie. Le résidu,
traité par l'eau froide, se dissout en grande partie et
laisse quelques (locons de substances résineuses. On filtre,
on met l'acide en liberté par l'acide chlorhydrique et on
l'extrait de celle solution en agitant avec de l'étber. Par
l'évaporation spontanée de sa solution élbérée l'acide pbé-
nyllaetique cristallise en aiguilles légèrement colorées en
jaune. — Pour purifier l'acide on le fait cristalliser plu-
sieurs fois dans l'eau chaude ou, mieux encore, on en fait
le sel de baryum, en ajoutant à la solution aqueuse de
l'eau de baryte en léger excès. Il se précipite alors la com-
binaison barylique d'un corps étranger; le pbényllactale
de baryum, assez soluble dans l'eau, est filtré, puis l'acide
est mis en liberté à l'aide de l'acide chlorhydrique et en-
suite extrait par l'éther pur. On obtient ainsi des cristaux
parfaitement blancs.
L'acide phényllactique cristallise de sa solution aqueuse
en masses irrégulières, formées par des aiguilles très-
aiguës et excessivement cassantes. Le point de fusion a
été trouvé à 93°— 94°. L'acide est très-sol uble dans l'al-
cool et dans l'éther et se mélange en toutes proportions
avec de l'eau bouillante; il est même encore assez soluble
dans de l'eau froide. Cet acide ne contient pas d'eau de
cristallisation ; desséché sous une cloche avec de l'acide
sulfurique, il a donné à l'analyse la composition suivante :
I. . . 0,2012 gr. de subslance ont donné 0,4787 €^-2-»-0,ll 17 H2-Q-.
II. . . 0,2353 id. id. 0,5005 -+- 0,1298 IJ2-0.
III. • • 0,1343 id. id. 0,5503 -h 0,1297 H, O.
( 63 )
ce qui donne en centièmes :
TROUVÉ :
CA
LCLLK :
I.
II.
m.
g9
=
108
65,05
6-1,86
65,49
65,07
H10
=5
10
0,03
6,16
0,18
6,15
O-,
=
48
-28,0-2
—
—
—
166 100,00
L'acide phényllactique n'est pas volatil sans décomposi-
tion. Chauffé à 180°, il se dédouble en donnant de l'acide
cinnamiqne et de l'eau :
G9H10^s = £9H8^24-H2O;
si l'on chauffe rapidement à une température plus élevée,
il se forme en même temps et comme produit principal du
slvrol :
G9H10 (>, = CSHS-+- H.O+CO,.
Sels de Vacide phényllactique. J'ai préparé les suivants :
Le phényllactale de potassium. C, IL, -O-- Ka. Préparé
par la neutralisation d'une solution aqueuse d'acide phé-
nyllactique avec du carbonate de potassium pur et l'éva-
poration de cette solution dans le vide. Il reste une masse
cristalline un peu déliquescente à l'air humide.
Soumis à l'analyse, il m'a donné les résultats suivants :
I. 0,4157 gr. de substance ont donné 0,1775 Ka.2 S0-4 ou Ka %= 10,26.
11.0,3951 - - — 0,1711 — — =19,44.
La formule C9 Hy 4K . Ka exige =19,21.
Le phényllactale de baryum. (G9 H9 -9-3)2 Ba. À l'aide
de l'eau de baryte et de l'acide libre on a préparé une so-
lution de ce sel; par une lente évaporation sous une cloche
2me SÉRIE, TOME XXIV. f)
( 66 )
avec de l'acide sulfurique, il se forme des hémisphères
composés de petits prismes bien cristallisés. Ce sel ne
eonlienl pas d'eau de cristallisation; desséché à 100°, il
m'a donné à l'analyse les chiffres suivants :
1. 0,4821 gr. de substa.ice ont donné 0,2575 &a £-6-4 Ba ° 0 = 28,95.
II. 0,5024 id. id. 0,2474 Ba &&4 Ba «/„ = 28,94.
La formule (€9 II 9-9-3)2 Ba exige =29,19.
Par le refroidissement d'une solution saturée à chaud,
j'ai obtenu une petite quantité d'une poudre cristalline,
qui semble contenir de l'eau de cristallisation; desséché à
100° ce sel a donné le résultat :
0,5902 gr de substance ont donné 0,1850 Ba SB-4 ou Ba % = 27,56.
La formule (€-., Hn 0--\, Ha exige Ba ■>;, = 27,87.
Le phényllaclate d'argent. G9 H9 -8-5 Ag. Si on ajoute à
une solution assez étendue et chaude de phényllactale de
potasse du nitrate d'argent, il se dépose, par le refroidisse-
ment, des paillettes brillantes de ce sel. Cristallisé de nou-
veau, en opérante l'abri de la lumière, il s'obtient en
belles paillettes blanches et nacrées; desséché sous une
cloche en présence de l'acide sulfurique et soumis à l'ana-
lyse, il a donné le résultat :
I. 0,3049 gr. de subst. ont donné 0,1591 Ag Cl -h 0,0015 Ag Àg% 59,79.
H. 0,2955 id. id. 0,1525 Ag Cl +0,0012 Ag = Ag° 059,55.
La formule €9H90- . Ag exige Ag°0 59,55.
Une solution de phényllactate de potassium donne en-
core les réactions suivantes : Avec l'acétate de plomb en
solutions étendues, un précipité blanc, floconneux; avec le
hlorure ferrique, un précipité jaunâtre; avec le sulfate
rique, un précipité bleuâtre. Le sel de cuivre a été pré-
cm
( <>7 )
pàfé de même par la décomposition de phényllactate de
baryum avec le sulfate de cuivre; de la solution filtrée du
sulfate de baryte, il se dépose de jolis petits mamelons
d'une couleur bleu azur.
V. — Décompositioxs de l'acide phényllactique par
LES HVDRACIDES.
La même réaction que j'ai signalée pour les acides phé-
nvllacliques substitués, le remplacement du groupe alcoo-
lique II^> par le chlore, le brome ou l'iode, se l'ait pour
l'acide normal avec une facilité étonnante. Vnn solution
concentrée aqueuse de l'acide phényllactique, mélangée
avec de l'acide chlorbydriquç, bromhydrique ou iodhy-
drique dépose, après quelques instants, le chlorure, le
bromure ou Piodure de l'acide phényllactique. Ces acides
ne sont que dos acides phénylpropioniques substitués et
contenant l'élément halogène dans la chaîne latérale. Leur
constitution atomique et leurs relations avec de l'acide
phényllactique sont exprimées par les formules suivantes :
€6Hr, (, If C(,H,
I I I
GHa Cil, CH,
l I i
^OII liCI bBr
i i i
£Q, H GO, II GO, H.
Ac phényllactique. Ac. phénylchloropropinnique. Av. phênylbromopropioniqite.
Pour la purification de ces trois acides, j'ai lavé le pro-
duit brut de la réaction avec de l'eau froide, je l'ai dissous
ensuite dans l'alcool et précipité la solution alcoolique par
de l'eau froide ajoutée peu à peu en petites quantités.
(68)
1 . A Hde phén y Ich loropropion ique £d H9 CI ~€h . L'acid e
obtenu par la préparation que je viens d'indiquer tonne
des paillettes brillantes, parfaitement blanches. Desséché
sous une cloche en présence de l'acide sulfurique et sou-
mis à l'analyse, ce corps a donné les chiffres suivants :
J. 0,1771 gr. de substance ont donné. . 0,1331 Ag Cl -+- 0,0015 Ag,
en centièmes Cl ou= 18,95.
II. 0,2271 gr. de substance oot donné. . 0,1760 Ag CI -+- 0,0021 Ag,
ou Cl «/.= 19,14.
La formule £9H9 Cl e-s exige Cl •/.== 19,23.
L'acide phénylchloropropionique fond à 126°; chauffé
quelques degrés au-dessus de cette température, il perd
de l'acide chlorhydrique et laisse de l'acide cinnamique.
Le même dédoublement se fait encore plus facilement
sous l'influence d'une solution aqueuse ou alcoolique de
potasse. L'acide phénylchloropropionique est plus stable
que les deux acides que je décrirai tantôt, et cependant je
n'ai pas réussi à en préparer un sel; il se forme toujours
un chlorure et un cinnamate.
2. Acide phènylbro mopropionique G9H9Br -89. L'acide
phénylbromopropionique s'obtient par la précipitation de
sa solution alcoolique par l'eau sous forme d'une poudre
très-légère, formée de petites paillettes. L'analyse de cette
combinaison a donné :
I. 0,2038 gr. de substance ont donné . . 0,1659 AgBr et 0,0013 Ag,
en centièmes Br 0/0 = 34,77,
II. 0,2199 gr. de substance oui donne . . 0,1782 Ag Br et 0,0011 Ag,
ou Br °/o = 34,85.
La formule €9 H9 Br -G-, exige Br°/0 = 34,95.
L'acide phénylbromopropionique est très - instable ;
chauffe à 130°, il perd déjà de l'acide bromhvdrique en
( 69 )
laissant de l'acide cinnamique; son point de fusion, qui
est aux environs de 140°, n'a donc pu être déterminé.
Le même dédoublement se produit encore, quand on l'ait
bouillir l'acide avec de l'eau ou quand on y ajoute un alcali.
Ce t'ait que l'acide phénylbromopropionique se décom-
pose si facilement explique une réaction très-curieuse que
j'ai décrite dans la première partie de ces recherches. En
voulant préparer un acide phénylpropiouique brome, con-
tenant le brome dans la chaîne latérale , j'ai attaqué l'acide
phénylpropionique (hydrocinnarnique) par du brome à la
température de 160°. J'ai prouvé qu'il se forme dans ces cir-
constances de l'acide cinnamique; il est évident, d'après les
propriétés de l'acide phénylbromopropioniquc, que cette
réaction s'effectue en deux phases; il se produit d'abord
de l'acide brome, et celui-ci se dédoublant à celte tempé-
rature donne de l'acide cinnamique :
G9 H10 0-j -\- br, = G9 H9 Bi 8-, -*- BBf.
G9 H9 Br -9-8 -t- = €9H8^4 -+- HBi
Les propriétés de cette nouvelle combinaison expliquent
encore une observation faite antérieurement par M. Swarls
et M. Erlenmeyer. On se rappelle que ces chimistes, en
voulant exécuter l'addition de l'acide brombvdrique à
l'acide cinnamique, ont constaté un dédoublement com-
plet de ce dernier acide. Or, on conçoit sans peine qu'une
addition ne pouvait pas se faire à 150°, parce que c'est
justement la température à laquelle se décompose l'acide
qui devait se former.
3. Acide phényliodopropionique €,, H0 1 -B-^- Cet acide
a été préparé et purifié d'après les indications générales
que j'ai données plus haut. Il l'orme de petites aiguilles
courbes et sans éclat. Desséché sous une cloche en pré-
( »)
sence de l'acide sulfiirique et soumis à l'analyse, il a fourni
les résultats suivants :
0,3694 gr. de substance, iraités par l'amalgame de sodium d'après la mé-
Ihode de M. Kekulé, ont donné 0,3105 Ag I et 0,0008 Ag
ou en centièmes I % = i5,02.
La formule €9 H9 I-0-. exige I^s^ftl;
Cet acide est encore plus instable que les deux autres
que je viens de décrire. Chauffé à 120°, il se décompose
déjà en mettant de l'iode en liberté. Avec la potasse caus-
tique en solution alcoolique, il donne facilement de l'acide
cinnamique, tandis qu'en solution aqueuse il se forme
beaucoup de siyrol.
M. Popoff (1) a constaté que l'acide cinnamique chauffé
avec l'acide iodhydrique fumant donne de l'acide hydro-
cinnamique; les belles expériences de MM. Kekulé et
Swarts nous conduisent à admettre les équations suivantes
pour nous rendre compte de cette réaction :
€9H8 ^K-hHI = €9H9LO^
€9 H9 J^-2 -+- Hl = C9H10 0-3 4- I,.
M. Popoff n'a pas réussi à préparer ce corps intermé-
diaire qui est justement l'acide que je viens de décrire.
En effet, en chauffant cet acide avec de l'acide iodhy-
drique, il se forme de l'acide phénylpropionique et de fiode
libre d'après la seconde de ces deux équations.
VI. — Acide phénylpyrlvique. C<> Us -Gk~.
L'acide phényllactique chloré ou brome se décompose
facilement en présence des alcalis, ce qui m'a empêché
(1) Popoff, Zeiischrift fur Chemie, 1803, p. 11 !.
( 71 )
d'étudier ses sols; le produit principal de celte décompo-
sition est un sel de l'acide que je me propose de décrire.
Je l'ai nommé acide pbénylpyruvique, parce que la con-
stitution de ce corps est analogue à celle de l'acide pyru-
vique. La formule rationnelle de cet acide, établie par
M. Wichelhaus (1), et les formules de ces deux acides
aromatiques démontrent encore cette analogie plus clai-
rement :
1
^0
11,
CH2
&«
H
. eu,
1
co-
CI
co
co-, H
OO.li
co, h.
tcide pyruv
que.
Acid
i phénylchlorolaelique.
Ai
ide
phénylpyrux i<ji<c
Je reviendrai dans la suite sur celte formule pour dé-
montrer que c'est, en effet, l'expression de la constitu-
tion atomique de l'acide dont nous allons nous occuper.
Voici d'abord les modes de préparation de ce nouveau
corps. A une solution alcoolique étendue d'acide pbényl-
lactique substitué on ajoute, à température ordinaire, un
léger excès d'une solution alcoolique de potasse caustique.
On agite le mélange; il se forme à l'instant même un pré-
cipité blanc de chlorure ou de bromure potassique et de
phénylpyruvate. Au bout de quelque temps, on recueille
le précipité sur un libre et on extrait le phénylpyruvate
par l'alcool bouillant. Par le refroidissement de celle solu-
tion , il se dépose des paillettes blanches et brillantes du sel
potassique.
Si on ajoute du nitrate d'argent à une solution aqueuse
et froide d'acide lactique chloré ou brome, convenable-
(1) Wichelhaus, De conslitutione et connexu acidumoryanicorum...
dissertalio inauguraUs ; Bcrolini, 1867.
( 72)
ment étendue et rendue alcaline par un faible excès d'am-
moniaque, il se forme d'abord un précipité blanc ou jau-
nâtre de chlorure ou de bromure d'argent et ensuite un
précipté blanc de phénvlpyruvate d'argent. Ce dernier sel,
étant soîuble dans l'eau bouillante, peut être purifié par
une ou deux cristallisations.
L! * acide phénylpyruvique lui-même n'a pas pu être ana-
lysé, parce que je n'ai pas réussi jusqu'ici à le préparer
dans un état de pureté convenable. Mais les analyses com-
plètes de plusieurs sels exigent toutes, pour l'acide libre,
la composition indiquée plus haut.
Lorsqu'on ajoute un acide fort à une solution assez con-
centrée de phénvlpyruvate de potasse, il se précipite de
l'acide libre sous forme de petites gouttelettes d'huile,
qui aussitôt commencent à se décomposer en dégageant
de l'acide carbonique. Fn opérant en hiver, à une tempé-
rature très-basse, j'ai réussi à obtenir l'acide sous forme
cristallisée en séparant rapidement les paillettes nacrées
qu'il forme, du liquide dans lequel elles nagent; en pres-
sant ces paillettes entre des doubles de papier buvard
refroidi et en les desséchant dans le vide, j'ai conservé cet
acide quelques heures sans altération visible. Mais, au bout
de quelque temps, toute la masse était transformée en une
sorte de résine dont je n'ai pas entrepris l'étude.
En chauffant l'acide libre avec de l'eau dans un appa-
reil distillatoire, j'ai remarqué qu'il distille avec la vapeur
d'eau une huile d'une odeur piquante et aromatique, qui
se combine aisément avec le bisulfite de soude, et en
même temps il se dégage de l'acide carbonique. Je crois
que la décomposition s'effectue d'après l'équation sui-
vante :
<;„llslK=z csns 0, + ro.,;
( 73)
Celte huile serait clone l'aldéhyde de Pacide a toluvlique;
cependant, opérant sur des quantités trop faibles, je n'ai
pas réussi à la transformer en acide a toluvlique.
Les sels de latide phénylpyruvique sont plus stables
que l'acide libre et ont des propriété plus nettes. J'ai pré-
paré les suivants :
Le phénylpyruvate de potassium Gf, H7-0*3 Ka. — J'ai
déjà indiqué la préparation de ee sel dans les ligues pré-
cédentes. Ce sel, après une cristallisation dans l'alcool,
forme des paillettes nacrées d'une grande ressemblance
avec la naphtaline. 11 est très-soluble dans l'eau chaude et-
cette solution, par le refroidissement, donne de petits ma-
melons réunis en masses irrégulières. L'analyse de ce sel
m'a donné les chiffres suivants :
1. .
0,5444 gr de substance
ont donné ... 0,1 480 Kaa S o ,.
II. .
0,4043 kl.
id.
.... 0,1731 Ka, M),
III. .
0,-250.") id.
id.
0,4501 G4K ri 0,0756 H, <>■
IV. .
0,2756 id.
id.
H.55S5GO, et 0,0892 Ha 6 .
Ce
qui donne en centièmes
TROUVÉ :
CALCULÉ :
1. II. III. iv.
— — —
&9
— 108 53,42
— — 55,05 55,21
»7
= 7 5,4G
3,64 5,39
O-s
= 48 23,76
_____
Ka
= 39,12 19,56
202,12 100,00
19,50 19,21
Le phénylpyruvate de potassium se décompose déjà à
froid en solution aqueuse en donnant du carbonate de
potassium et une résine qui est probablement un poly-
mère de l'aldéhyde toluvlique.
( 74 )
Le phénylpyruvate de sodium. G9 H7 -0-5 Na. — Ce sel ,
préparé à l'aide de la soude caustique et de l'acide phényi-
chlorolactique, est soumis à une cristallisation dans l'al-
cool; il forme des houppes composées d'aiguilles aplaties.
Il est beaucoup moins soluble dans l'alcool que le sel de
potasse. Je me suis contenté de l'aire deux dosages de
sodium, qui ont donné le résultat suivant :
I. 0,4887 gr. de substance ont donné 0,1 827 Na2 -S--G-,, Na % = 1 2,1 1 .
II. 0,3822 ici. id. 0,1432 Na2 &&i Na°/0 = 12,15.
La formule €gH7^3Na exige Na <»/., = 12,36.
Le phénylpyruvate de baryum se précipite quand on
mélange une solution de phénylpyruvate de sodium ou de
potassium avec une solution de chlorure de baryum. Si les
solutions sont très-étendues, le précipité se dépose en
petits mamelons au bout de quelque temps. On peut faire
cristalliser ce sel d'une solution dans l'alcool étendu d'eau
et on l'obtient alors en petites aiguilles ou prismes.
Le phénylpyruvate d'argent C{) H7 -0-3 Ag. — Ce sel
peut se préparer en traitant le phénylpyruvate de potas-
sium ou de sodium par le nitrate d'argent ou directement
en décomposant le phénylclilorolactate d'ammoniaque par
le nitrate d'argent. Après une cristallisation dans l'eau,
il l'orme une poudre blanche et cristalline qui, vue au mi-
croscope, est composée de paillettes à six pans bien dé-
linies. Les analyses laites avec un sel parfaitement sec
conduisent à la composition exprimée par la formule
G9H7^5Ag.:
I. . . . 0,-2824 gr. de substance ont donné 0,1462 Ag Cl et 0,0016 Ag.
II. . . . 0,4230 id. id. 0,2218 Ag CI et 0,0008 Ag.
III. . . . 0,3104 id. id. 0,1611 Ag Cl et 0,0015 Ag.
IV: ... 0,2830 id. id. O,4i28€-0-2 et 0,0670 tfâ"9-.
V. ... 0,2884 id, id. 0,4224 €-9-2 et 0,0670 H2 -&.
( T6)
De ces résultais ou déduit :
trouve :
CALCULÉ '.
1.
II.
III.
IV.
V.
-* — ■*-
-— «- — -
G*
=
1US
39,80
—
—
—
39,77
59,95
H,
=
7
'2,58
—
—
—
"2,05
2,38
^>5
=
48
17,70
_
—
—
—
—
Ag
=
108
39,86
59,0 i
39,07
59,58
—
—
271 100,00
Le phéoylpyruvale d'argent se décompose facilement
sous l'influence de la chaleur et de la lumière.
Le phénylpyruvate d'éthyle (G., îl7 -B> G.2 Hb) a été pré-
paré en décomposant le phénylpyruvate d'argent par i'io-
durc d'éthyle. Cet éther bout à 275° (corr. 279,5°) et se
décompose partiellement par la distillation. Il constitue
un liquide huileux, d'une odeur agréable de fruits. Il se
décompose aussi par l'ébullition avec de l'eau de baryte
en donnant du carbonate,
VIL — Suit LA .CONSTITUTION DES ACIDES PRÉCÉDENTS
ET LEURS RELATIONS ENTRE EUX.
Le fait curieux que l'acide phénylchlorolactique traité
par l'acide bromnydrique et l'acide phénylbromolaclique
sous l'influence de l'acide chlorhydrique donnent un seul
et même acide phénylchlorobromolactique est d'une
grande importance au point de vue théorique. J'ai proposé
dans la première partie de ce travail une formule ration-
nelle pour l'acide cinnamique; quelques raisons générales
m'ont engagé à admettre des lacunes dans la constitution
de ce corps et d'autres raisons m'ont déterminé à supposer
que ces lacunes appartiennent à un seul atome de car-
bone, à celui qui est attaché directement au groupe car-
bonyle. — D'autre part, M. Erlenmeyer a exposé une autre
( 76 )
manière de voir; i! n'admet pas de lacunes dans l'acide
cinnamique; il croit, au contraire, que deux atomes de
carbone sont combinés par deux affinités appartenant à
chacun des atomes de carbone.
Les deux manières de voir peuvent être exprimées par
les formules suivantes :
£6HS
^6H5
GH2
GH
1
G==
II
GH
G^K H.
G^2H.
(Glaser.)
(Erlenmeyer.)
Si Ton poursuit maintenant l'examen des réactions qui
conduisent à l'acide phénylchlorobromopropionique, on a,
d'après ma manière de voir, les formules suivantes :
Aride cinnamique G6 Hs . GH2 . G = , Ctf,H,
Id. phénylchlorolactique . . . . G6H5 . GH2. GCI -9-H . GB-, H,
/'./. phénylchlorobromopropionique. GK II- . GH2 . GCI Br . £-0-a II,
ei
Acide phénylbromolactique .... G6 II- . GH2. CBr {MI . G^>2 II,
/'/. phénylchlorobromopropionique. G6 H- . GH2 CrBi- Cl . GO-, II.
On voit de suite que le chlore et le brome appartiennent
au même atome de carbone et qu'ils ne peuvent pas causer
une isoméric, lorsqu'ils s'unissent à l'acide cinnamique
pour former l'acide phénylchlorobromopropionique.
Si l'on examine, au contraire, cette suite de réactions,
en partant de la formule de M. Erlenmeyer, on a :
Acide cinnamique G6IIS.GH=GH .G-0-2H,
Id. phénylchlorolactique .... G6H3 GHC1. CH-G-H . G-0-2H,
Id. phénylchlorobromolaclique , . GG II,. CIICI . CIIBr C,G2lt,
et
Acide phénylbromolactique .... CH II, . GHBr. GIIOH . C t>2 H,
îd. phënylchlorobromolactique . . GB H;. GHBr. CIICI . €(>2H.
( 77 )
Mais on voit de suite qu'ici le brome et le chlore ne
sont pas combinés avec le même atome de carbone, qu'ils
ont, au contraire, des positions différentes et que, par
conséquent, les deux acides ainsi formés doivent être dif-
férents et non pas identiques, comme pourtant l'expé-
rience le démontre.
Les partisans de l'hypothèse de M. Erlenmeyer pour-
raient objecter que les éléments de l'acide hypochloreux
et hypobromeux, en saturant les affinités libres de l'acide
cinnamique, occupent des positions différentes, comme le
montrent les formules suivantes :
G6 H5 . GHCI . GH-O-H . €0-2 H = Aride phénylchlorolaclique .
Gfi Hs . C-H-9-H . GHBr . G-0-3 H = ld. phénylbromolactique.
En admettant cette hypothèse, on comprend , en effet ,
que le remplacement de l'hydroxyle, d'une part, par le
chlore; d'autre pari, par le brome donne le même acide
chlorobromé :
Gf> Hs . GHCI . €HBr . G(K H = Acide phénylcMorobromoprbpionique.
La théorie de M. Erlenmeyer, si elle était exacte, nous
forcerait de conclure qu'il existe deux acides normaux iso-
mères, comme l'indique la formule :
GeUs.GH, .CtHMI.G^H,
G6 H5 . GHO-H . GH2 . GO-2 H.
Mais mes expériences ayant établi que l'acide chlorolac-
lique et bromolactique donnent le même acide normal, on
doit en déduire que la théorie de M Erlenmeyer est
erronée.
Je crois que les faits démontrent dès maintenant que
les deux affinités libres qui entrent en jeu dans les nom-
( 7S )
breuses réactions de l'acide cinnamiquo appartiennent au
même atome de carbone. Mais il reste encore à décider
auquel des deux atomes de carbone placés dans la chaîne
latérale de cet acide il faut les attribuer; nous avons donc
deux formules possibles :
i i
€= €H\
1 I
fi H, fi ==
I l
(HK II fiO-, H.
Quoique tous les faits connus jusqu'ici s'accordent
mieux avec la dernière de ces formules, j'espère néan-
moins trouver encore de nouvelles preuves plus précises
à l'appui de cette hypothèse et j'aurai l'honneur de les
soumettre à l'appréciation de la classe dans une troisième
partie de ce travail.
( 79 )
CLASSE DES LETTRES
Séance du Ier juillet 1867.
M. Grandgagnage, faisant fonctions de directeur.
M. Ad. Qdetelet, secrétaire perpétuel.
Sont présents : MM. le baron de Saint-Génois, Snellaerl ,
Jlans, Polain, DucpoJinux, Chalon, Thonissen , Th. Juste,
Guillaume, membres; Nolct de Brauwere Van Steeland,
assoc lé ; A 1 pli • Wa u te rs , carres pon dan t.
M. Alvin, membre de la classe des beaux-arts , assiste ù
la séance.
CORRESPONDANT! :.
M. Roulez, directeur de la classe, fait connaître qu'une
indisposition l'empêchera de venir présider la séance.
— M. Amédée Thierry, associé de l'Académie, fait hom-
mage de son ouvrage : Saint Jérôme ou la Société chré-
tienne à Rome.
M. Th. Juste fait don du tome 11 de son ouvrage : His-
toire de la révolution des Pays-lias sous Philippe IL
( 80 )
M. Chalon dépose deu\ brochures sur des questions de
numismatique.
Oes remercîmeiits sont votés pour l'envoi de ces diffé-
rents ouvrages.
— M. le comte de Montalembert exprime, de son côté,
ses remercîmeiits pour les dernières publications acadé-
miques qui lui ont été adressées.
— M. le baron Kervyn de Lettenhove présente un mé-
moire manuscrit intitulé : Lettres inédites de Marie-Thérèse.
MM. Théodore Juste et Gachard sont chargés de faire
l'examen de ce travail.
CONCOURS DE 1869.
La classe inscrit, dès à présent, dans son programme,
les questions suivantes :
PREMIÈRE QUESTION.
Faire l'appréciation du (aient de Chas tel lain, de son
influence , de ses idées politiques et de ses tendances litté-
raires.
DEUXIÈME QUESTION.
Faire l'histoire du droit pénal dans le duché de Bra-
dant, depuis l'avènement de Charles-Quint jusqu'à la
réunion de ta Belgique à ta France à la fin du dix-hui-
tième siècle.
( SI )
TROISIÈME QUESTION.
Faire une description statistique d'une commune du
centre des Flandres, de 3,000 habitants au moins, propre
à faire apprécier, en les comparant, la condition phy-
sique, morale et intellectuelle des cultivateurs flamands,
ainsi que l'état de l'agriculture au siècle passé et même
antérieurement et aujourd'hui.
QUATRIÈME QUESTION.
Traiter l'histoire politique de la Flandre depuis l'an
1305 jusqu'à l'avènement de la maison de Bourgogne
{1382), en s' attachant principalement aux modifications
qu'ont subies, à cette époque, les institutions générales
du comté et les institutions particulières de ses grandes
communes.
CINQUIÈME QUESTION.
Quelles ont été les tendances politiques et sociales des
hérésies, depuis l'origine du christianisme jusqu'à la fin
du quinzième siècle.
L'auteur devra écarter la discussion des doctrines reli-
gieuses des sectes et se borner, autant que possible, à signa-
ler leurs tendances sociales et politiques.
Les prix réservés à la première, à la troisième et à la
quatrième question seront de six cents francs; ils seront
de mille francs pour la deuxième et la cinquième.
Les auteurs des mémoires insérés dans les recueils de
l'Académie ont droit à recevoir cent exemplaires de leur
2me SÉRIE, TOME XXIV. ()
( 82 )
travail. Ils ont, en outre, la faculté d'en faire tirer un plus
grand nombre, en payant à l'imprimeur une indemnité de
quatre centimes par feuille.
Les mémoires devront être écrits lisiblement et pour-
ront être rédigé > en français, en flamand ou en latin; ils
devront être adressés, francs de port, avant le 1er février
1869, à M. Ad. Quetelet, secrétaire perpétuel.
L'Académie exige la plus grande exactitude dans les ci-
tations, et demande, à cet effet, que les auteurs indi-
quent les éditions et les pages des livres qu'ils citeront.
On n'admettra que des planches manuscrites.
Les auteurs ne mettront point leur nom à leur ouvrage:
ils y inscriront seulement une devise, qu'ils répéteront
sur un billet cacheté, renfermant leur nom et leur adresse.
Fauté par eux de satisfaire à ces formalités, le prix ne
pourra leur être accordé.
Les ouvrages remis après le temps prescrit ou ceux dont
les auteurs se feront connaître, de quelque manière que ce
soit, seront exclus du concours.
L'Académie croit devoir rappeler aux concurrents que,
dès que les mémoires ont été soumis à son jugement, ils
sont et restent déposés dans ses archives. Toutefois, les
auteurs pourront en faire prendre copie à leurs frais, en
s'adressant, à cet effet, au secrétaire perpétuel.
La classe ajourne jusqu'à une prochaine réunion le
choix des questions qui seront mises au concours pour
les prix perpétuels fondés par le baron de Stassart. Le
choix et l'examen de ces questions seront soumis préala-
blement à une commission spéciale.
( 83 )
RAPPORTS.
MM. Alph. Wauters, Théod. Juste et Polain donnent
successivement lecture de leurs rapports sur une notice
de M. Van Rossum, intitulée : La vérité à propos des lettres
de Charles-Quint à Rabelais.
Après discussion , la classe ordonne le dépôt aux archives
de la notice de M. Van Rossum et adresse des remercî-
ments à l'auteur.
84 )
CLASSE DES BEAUX- A RTS.
Séance du 4 juillet 1867 .
M. Alph. Bàlat, directeur.
M. Ad. Quetelet, secrétaire perpétuel.
Sont présents : MM. L Al vin , G. Geefs, Hanssens, Van
Hasselt, Joseph Geefs, De Braekeleer, Ed. Fétis, Edm.
De Bussclier , Aug. Payen, le chevalier Léon de Burbure,
Franck, Gustave De Man, Ad. Siret, Julien Leclercq,
membres; Daussoigne-Méhul , associé.
CORRESPONDANCE.
M. le baron de Wilte, membre de la classe des lettres,
propose de rédiger, pour l'Annuaire académique, la no-
lice biographique de M. Edouard Gerhard, associé de la
Compagnie, moi l à Berlin , le 12 mars dernier. La classe
accepte celle proposition et remercie d'avance M. le baron
de Witte pour la notice que ses travaux et ses relations
d'amitié avec le défunt le mettenl si bien à même de ré-
diger.
( 85)
— M. le Ministre de l'intérieur fait connaître qu'il a
chargé M. Julien Leclercq, membre de l'Académie, de
l'exécution du buste en marbre de feu M. le chanoine de
Ram, destiné à orner la salle des séances publiques de
l'Académie. Des remercîments seront adressés au gou-
vernement au sujet de cette communication.
— Le même Ministre communique à la classe le juge-
ment porté par les commissions chargées d'apprécier les
cantates françaises et flamandes, destinées au grand con-
cours de composition musicale de cette année.
Les poèmes couronnés, joints à cette dépêche, portenl
pour titre :
1° Jeanne Darc, par M. Clément Michaëls fils, de
Bruxelles; et
2° Het Woud, par M. Charles Versnayen, de Bruges.
COMMUNICATIONS ET LECTURES.
Choix d une Cantate française pour le concours de coin-
position musicale de 1867 .
iiappoê'l tir M. Alritt.
Le jury que vous avez désigné pour faire choix d'une
Cantate en langue française, en vue du concours de com-
position musicale de 1867, a reçu, des mains de M. le
secrétaire perpétuel, cinquante-six poèmes qui ont d'abord
été examinés, à domicile, par chacun des jurés. Deux
réunions ont ensuite eu lieu. Dans la première (le 14 mai),
( 86 )
à laquelle assistaient MM. AI vin, Daussoigne»Méhul, Ed.
Fétis el Adolphe Siret, nous nous sommes communiqué
nos observations el nous avons procédé par voie d'éli-
mination. Six pièces oui été réservées pour une discus-
sion ultérieure à laquelle M. Fr, Félis pourrait assister.
Vous savei que notre respectable confrère était retenu
alors à Paris.
La seconde réunion a ou lieu le mercredi ±2 mai.
M. Fr, Fétis y assistait; M. Ad. Siret était absout; la con-
vocation ne lui était point parvenue en temps utile.
Les six pièces qui avaient été mises en réserve à la
séance cl 1 1 1 i turent lues de nouveau.
Voici les titres de ces poèmes :
N« 4(1). Le Magicien.
10. La Fiancée mourante.
24. Judith, avec la devise : Voici ton heure.
-2(>. Charles-Quint.
29. .lai n ne Dore,
o(>. Les Etoiles.
Deux membres. MM. Fétis, père et Gis, étaient d'ac-
cord pour donner la préférence au n° 29, Jeanne Darc.
M. Daussoigne-Mébul, qui avait préféré une autre pièce.
se rallia à l'avis de ses deux collègues. J'aurais peut-être
dû m'abstenir; car le poème choisi était loin de me satis-
faire, et je pouvais parfaitement me regarder comme
incompétent en l'ait de musique. Je me suis rangé pure-
ment et simplement à l'opinion de la majorité, beaucoup
|>lus éclairée que moi en celle matière spéciale.
i le sois loidtv des numéros de la liste insérée ;m n :i rto lome \XII1
<lu BulictîH if l'A
,1!
( 87 )
lurais voulu pouvoir décliner la tâche de nous rendre
compte «1rs iravaui du jury, et, si j'ai cédé au désir
exprimé par mes confrères, c'est surtout afin de saisir
celte dernière occasion de dire m;j pensée sur ces con-
cours.
Étranger à la culture de l'art musical, je ne me crois
point à ma place dans un jury chargé de choisir un poème
à mettre en musique, et je ne vois pas que je paisse
ajoutera l'expérience de mes collègues nn appoint utile.
Mou goût particulier ne peut, le plus souvent, que con-
trarier le leur.
Lorsque mes collègues me disent : « Tell»' pièce doit
être écartée, » il faul que je m'incline; Force m,'esl aussi
d'approuver lorsqu'ils disent : « Telle cantate offrira des
ressources au compositeur. » Il ne m'est point permis
d'appliquer ;ni jugement les règles particulières de la com-
position littéraire et de la poésie. K( pourtant, mes hono-
rables collègues n'en persistent pas moins à m'engager
h me charger de vous présenter le rapport, c'est-à-dire
de vous exposer comme quoi nous avons choisi un poème
qui n'est peut-être pus le meilleur de ceux qu'on nous a
remis: « Expliquez, en vuedu publie surtout, me dit-on,
les raisons de notre choix. Faites bien comprendre qu'il
ne s'agit point ici d'un concours de poésie proprement
dite. Ave/ soin qu'on ne se méprenne poiql sur la signifi-
cation de noire jugement; que Ton n'eu infère point
surtout que les poètes belges sont incapables de produire
rien de meilleur que ce que nous avons choisi. » — Tort
bien, je suis très-complaisant par nature, et j'essayerai
de vous satisfaire; mais au début de la besogne, je suis
arrêté tout court. Lorsqu'il m'armera de désigner une
pièce comme excellente, faudra-t-il que j'explique pour-
( 88 )
quoi elle n'a point été préférée? L'explication serait tou-
jours la même : « Ce morceau n'a pas paru convenir au
musicien, il n'offre pas assez de ressources, d'effets,
d'oppositions, etc., etc. » Je n'accepterai que la seule
part de la lâche que j'espère pouvoir convenablement
remplir, j'exprimerai mon opinion, mon opinion indivi-
duelle bien entendu, au seul point de vue littéraire, et je
m'abstiendrai de ranger les poèmes dans un ordre qui
puisse paraître assigner à l'un d'eux une supériorité ab-
solue sur les autres; en un mot, je m'efforcerai de ne
point paraître chercher à réformer le jugement du jury.
Les pièces que je citerai viendront à leur tour suivant le
numéro qui leur a été désigné.
N° 1. lie soir.
Morceau écrit avec élégance; un peu court. En voici
deux couplets :
Dites-moi, compagnes chéries,
Ces vagues désirs, cet émoi
Et ces étranges rêveries
Vous oppressent-ils comme moi?
Dites-moi, brises embaumées,
Lune blanche, oiseaux amoureux,
Flots murmurants, fleurs parfumées,
Pourquoi j'ai des pleurs dans les veux?
Celui qui a fait ces vers sait écrire.
N° 2. i.c chapeau de Fortunatus.
C'est une jolie scène d'opéra-comique, écrite avec verve
et esprit, par un homme qui sa i t manier la langue de la
poésie badine.
(89)
V 4. Le Magicien.
Pendant une nuit de sabbat, un magicien invoque les
esprits infernaux qui lui répondent en cbœur. Il s'apprête
à pénétrer les mystères de la destinée, quand apparaît une
jeune fille, au front plein d'innocence, qui lui ouvre son
âme candide et aimante. Ses accents nobles et toucbants
luttent avec le chœur des démons. Le magicien, attendri
par cette voix pure, renie les illusions de son art funeste.
Et maintenant arrière, arrière, vils mensonges;
Mon âme à ses erreurs renonce sans retour.
Œuvres des noirs démons, monstres nés de mes songes,
Je vous renie! Adieu; car je crois à rameur.
N" 12. Le martyre des Fleur.*.
Invention originale. Les plantes appellent le printemps
et demandent que l'hiver se relire. Quelques rayons et
quelques souffles printaniers ont invité les fleurs à soi til-
de leurs bourgeons; mais survient le cruel vent de l'est
(aventure, hélas! trop fréquente dans notre climat). L'es-
poir de Pomone est détruit. Les génies des fleurs se la-
mentent. — Imprécations du jardinier.
Quel ravage navrant, sombre d'aspect, hideux!
Mes pauvres fleurs! à peine une ?ur mille échappe.
C'est la ruine ! Auleurs du malheur qui me frappe .
Sombre nuit, vent funeste, ana thème à vous deu\!
Ne dirait-on pas une pièce de circonstance en l'année de
grâce 1867?
N" 16. La Fiancée mourante
Celle petite élégie est charmante d'un bout à l'autre.
Elle est bien écrite, bien rhvlhmée. Je conseille à l'auteur
v 90 )
de ne point laisser ee morceau inédit. Malgré le peu de
goût que le lecteur belge montre pour la poésie indigène,
il y a encore des recueils qui accepteraient cette pièce de
vers. J'espère que le Bulletin de l'Académie ne refusera
pas de sauver ces trois strophes.
On me disait : L'amour est une fleur étrange
Qui veut des larmes pour fleurir;
— Moi, je n'ai pas pleuré, j'eus le bonheur d'un ange.
Et cependant je vais mourir.
On me disait : L'amour a le destin des roses,
Il charme et règne peu d'instants;
— Moi, je l'avais trouvé fidèle en toutes choses,
Et c'est lui qui clùt mon printemps.
On me disait : L'amour a de sombres nuages
Dont les éclairs brûlent nos cœurs;
— Moi , je n'ai découvert que de rjanls rivages,
.le m'y suis assise et je meurs.
V 21. Judith.
Première partie : Le festin d'Holophernc et de ses
officiers. — Deuxième partie : Scène entre le général
assyrien et la veuve juive. — Troisième partie : Meurtre
d'Holophernc. Chœur final.
Cette pièce réunissait les conditions du programme du
concours; elle était au nombre des six qui avaient été ré-
servées. Mais on ne pouvait en choisir qu'une.
N° 23. Job.
Excellent morceau, bien écrit, bien rhvthiné, bien
coupé. Pensées élevées.
J'étais heureux ! Le ciel, <ians sa munificence ,
( 91 )
Autour de moi régnaient l'amour et l'innocence,
Et je ne craignais pas le pouvoir des mécbauls.
Mais un seul jour détruit tous mes biens.. Sort funeste!
Mes champs sont dévastés... Mes troupeaux sont perdus.
Je ne murmure pas... L'espérance me reste!...
Ceux qui perdent la foi seront seuls confondus.
De l'esprit tentateur je fuis l'appel immonde,
Aux richesses d'hier je dis sans peine : adieu!
Satan, retire-toi! Nu, j'entrai dans le monde;
Nu, je retournerai dans le sein de mou Dieu.
N° 26. Charles-Quint.
Cette pièce, excellente comme disposition, a aussi en
l'honneur d'être au nombre des six morceaux réservés.
L'Empereur médite sur son passé et sur les approches
de la mort. Les moines, pendant ce temps, chantent le
Die s irœ.
N° 57. Christophe Colomh.
Scène en mer. — Révolte de l'équipage. —On aperçoit
enfin la terre. — Chant de joie.— Repentir des matelots. Il
y a beaucoup de bon dans ce poème, qui laisse pourtant à
désirer sous le rapport du style.
N" 55. IHdon.
L'auteur de celte pièce comprend les nécessités de l'art,
il sait disposer une scène, son style est celui qui convienl
à ce genre de composition. Il n'a pas cependant évité
l'écueil auquel Virgile lui-même n'a pas échappé dans cet
épisode de son poème. — Énée, en présence de Didon,
est froid, il est presque ridicule Le public resterait aussi
( 92)
froid malgré, ou peut-être à cause de ce dernier couplet
chaulé eu chœur :
Pars, Enée, à l'honneur fidèle !
Pour les fils glorieux berceau ,
L'Italie, où ton vœu t'appelle,
Vient l'offrir un sort digne et beau;
Et toi , reine, aux bords frais et sombres,
Va trouver, loin des feux du jour,
La paix calme et l'oubli des ombres.
Le devoir a vaincu V amour !
N" 06. te» Étoile*.
Le sujet a paru trop abstrait , mais les idées sont poéti-
ques et les vers bien faits.
Seule, l'âme s'élance et franchit comme un trait
Les espaces cachés que nul œil ne mesure;
Llle écoute en priant le sublime secret
Que l'étoile étonnée à l'étoile murmure.
Ce secret. — C'est un nom inscrit dans le ciel bleu,
Dans l'abîme des mers et sur le mont superbe,
Sur l'écoree du chêne et sur l'humble brin d'herbe,
Il y a encore des gens qui se trouveraient choqués par
l'équivoque de ces mots : Nom de Dieu.
Les onze pièces que je viens de citer ne sont pas les
seules qui mériteraient une mention; il en est plusieurs
que Ton pourrait encore désigner pour quelques qualités
particulières, bien qu'elles laissent à désirer sous d'autres
rapports.
N° 6. te Fratricide.
Caïn exprime un repentir sincère, il invoque la clé-
mence de Dieu. Le remords le poursuit sous la ligure de
( 93 )
sa viclime. Son premier chant rappelle l'arrêt dn Très-Haut
qui l'a maudit.
Tout à coup, il entend une voix qui chante et prie avec
lui : c'est celle d'Abel. Les deux frères unissent leurs ac-
cents qui montent ensemble au pied du trône de l'Éternel.
X» U. Judas Iscariote.
lmaël, invisible, exprime la douleur que lui cause le
crime de Judas, dont il était l'ange gardien. 11 implore de
Dieu son pardon.
Mammon, invisible aussi, se réjouit de la nouvelle re-
crue que l'enfer va recevoir.
Judas exprime ses remords. — Trio final.
\ 50. MmiiNOii et D.tllla.
Scène beaucoup trop prolongée, assez dramatique,
quoique d'une exécution négligée. L'auteur ne trouve pas
toujours l'expression juste. Ainsi, il fait dire à Samson,
en parlant de sa perfide maîtresse :
Remplis mou amphore,
Vierge, que j'adore,
Verse lour à tour
L'ivresse eï l'amour.
N 55. ■•«* Pain.
Le succès qu'a obtenu au dernier concours le poëme
flamand Le Vent a certainement alléché l'auteur de la pièce
intitulée : Le Pain. Je ne sais pas si l'on peut appeler cela
une cantate; celte sorte de poëme, plus descriptif que
dramatique, s'éloigne assez du programme contenu dans
l'arrêté royal; mais il faut convenir qu'il se prête fort bien
( 94 }
à l'introduction de morceaux de genres très- variés. L'au-
teur du Pain a été assez heureusement inspiré.
Voici son plan : Le blé lève, se développe et mûrit. Les
moissonneurs l'enlèvent à la terre et le transportent dans
les granges, non sans laisser leur part aux glaneuses. Le
moulin moud le grain; l'abondance règne. L'auteur montre
ensuite le revers de la médaille : L'orage et la grêle se
sont abattus sur les cultures, la famine est venue, suivie
de l'émeute qui gronde.
Du pain, du pain!
Ouvrez-nous la grange!
Pillons le moulin.
Le peuple a faim,
Il faut bien qu'il mange!
Du pain, du pain!
Le peuple a faim.
.V 30. Sapho.
Sujet rebattu et que l'auteur n'a pas su rajeunir. Il a
pourtant rencontré quelques beaux vers; et il n'a rien mis
d'absolument choquant dans son petit poème.
N" 58. Les révélations «le l 'autour
Un chœur lointain et confus chante l'amour; une jeune
fille demande aux sylphes, aux nymphes, aux anges de
lui enseigner ce que c'est qu'aimer. — Le chœur répond
d'une façon un peu moins vague. Un duetlino entre le
papillon et la rose précise encore l'explication. Ce duettino
rappelle un peu trop certain petit poème de V. Hugo,
dont M. De Glymes a fait la musique. — Une ravissante
mélodie. — Le chœur reprend ; puis le printemps chaule
( 95
un air. Enfin la jeune fille célèbre le réveil de son âme.
O joie! ù merveille!
Ivresse des cieux!
Mon âme s'éveille,
J'ouvre enlin les yeux.
Émue et ravie,
Tremblante d'émoi,
Je sens que la vie
Commence pour moi.
C'est l'aube nouvelle
Du jour où, vainqueur,
L'amour se révèle
Et parle à mon cœur.
Chantez, symphonie
Des monts et des bois ,
A votre harmonie
Je mêle ma voix.
Et le chœur final reprend avec la jeune fille.
N° 45. la chasse.
Je suppose que ce poème est la traduction d'une pièce
écrite dans une langue du Nord. Le dessin en est bon,
l'intérêt et les oppositions y sont habilement ménagés;
mais l'auteur, qui, pour un étranger, parait connaître
assez bien la langue française usuelle, n'a pas saisi celle
de la poésie. 11 emploie des tournures de phrases et des
expressions qui prouvent que sa pensée n'a pas été conçue
dans l'idiome dont il se sert pour la rendre.
Pour ne rien oublier de ce qui offre quelque mérite, je
citerai encore le poème n° 3, Y Aven; c'est une scène
d'opéra-comique, ou plutôt de vaudeville, assez bien filée
et agréablement écrite.
Les auteurs qui ont choisi les sujets ayant un rapport
direct avec noire histoire nationale, n'ont pas élé heureu-
( 9« )
sèment inspirés. On peut mettre à peu près sur la même
ligne : Xotger au château de Chèvremont, Baudouin de
Constantinople, le Camp des croisés sous Jérusalem,
Godefroid de Bouillon en Palestine, la première croisade,
la Bataille de Ransbeek, Jean Breydel et Pierre de Co-
ninck, et enfin Agneessens.
Plusieurs ont compté sur l'intérêt qu'excitent les évé-
nements contemporains; ils ont traité des sujets de cir-
constance avec tout aussi peu de succès. Quelques-uns
sont même parvenus à rendre burlesques les sentiments
les plus respectables. Un exemple récent — la cantate
exécutée lors de la distribution des récompenses à l'occa-
sion de l'Exposition universelle — montre que ce n'est pas
seulement en Belgique qu'on doit être indulgent pour les
paroles des cantates.
Je ne m'appesantirai point sur la critique des poèmes
défectueux : Il ne s'agit point ici d'établir une balance et
de prendre la moyenne entre le bon et le mauvais. Il me
suffît de dire que, s'il s'était agi d'un concours de poésie
purement et simplement, le jury n'aurait pas été embar-
rassé pour trouver un poëme digne du prix.
Cette pauvre fiche de consolation que je leur donne ne
satisfera pas tous les concurrents. Plusieurs, je l'espère,
apprécieront le soin que j'ai pris de relever ce que j'ai
rencontré de bon dans leurs envois. Pour un écrivain de
quelque valeur , il y a du courage à s'aventurer dans cette
lice qui offre si peu de profit et encore moins de gloire à
Recueillir. La poésie exerce donc encore un certain attrait
sur les cames, puisque tant d'esprits élevés, qui pourraient
faire de leurs facultés un emploi mieux rémunéré, s'expo-
sent, afin de satisfaire leur besoin d'idéal, à l'indifférence
et même aux sarcasmes des hommes positifs. Ne les dé-
courageons pas.
( 97 )
Tous les talents aujourd'hui ne visent plus guère qu'aux
applications industrielles, qu'à l'exploitation; la littéra-
ture n'échappe pas plus que les autres arts à la tendance
générale; félicitons-nous qu'il se rencontre encore dans
notre pays des hommes de lettres qui consentent à cul-
tiver l'art pour l'art.
Choix d'une cantate flamande pour le grand concours
de composition musicale de 1867.
Mtapport de m. Ph. Blotntnaert.
« De jury aangesteld 1er beoordeeling der ingezondene
cantaten, heeft zich heden in zilting vereenigd en lezing
der toegekomenc dichtstukken genomen.
Negentien gedichten werden ontvangen, waaronder
zeven door den jury in aanmerkiug werden genomen :
1° Het feest van Balthasar;
2° God;
o° De Nacht;
4° Te Groeninge, 1502;
5° De Winter;
6° Mid-Zomemacht;
7° Het Woud, dragende nr 9, en de kenspreuk : Alof
niet.
Aile deze stukken hebben literarische verdiensten , zui-
vere taal en vloeijende verstrant; maarhet laatstgemelde
gedicht : Het Woud, heeft de jury als het best geschikt
gevonden ora met afwisscling van toestanden, in cène
roerende muzikale cantate overgebracht le worden : (eenigo
2mc SÉRIE, TOME XXIV. 7
(98)
uitdriikkingen, onnauwkeurig of weinig dichterlijk, kun-
nen lichtelijk weggelatcn of verbeterd worden). Inderdaad
bij bet pracbtig natuurlafereel van een eeuwenheugend
woud, bij de stilte en lommer der dreven, hoort men bet
gejuich eener woelende jacht, en de zucbt eens vluch-
tenden maagdelijn, die door een' jager vervolgd bij den
boschwachter redding zoekt, die haar beschermt en be-
vrijdt.
De jury heeft met algemeene stemmen dit lierdicht als
het beste aangenomen, en waardig van den uitgeschreven
prijs geoordeeld. »
— Avant de lever la séance, les membres du bureau col-
lationnent les différents billets cachetés joints aux poèmes
français et flamands, et ils les livrent aux flammes après
en avoir constaté la parfaite intégrité.
OUVRAGES PRÉSENTÉS.
Spring (A.) — Symptomatologie , ou traité des accidents
morbides. Tome 1, 2me fascicule. Bruxelles, 1867; in-8°.
Chalon (/?.). — La plus grande médaille qu'on ait jamais
frappée. Bruxelles, 1867; in-8°.
Chalon (Renier). — Méréaux de Tournai. Bruxelles, 1867;
in-8°.
Arta Sanctorum octobris. Tomus XII. Bruxelles, 4867;
in-folio.
Caisse de prévoyance, établie à Mons , en faveur des ou-
( 9»)
hriers mineurs. Commission administrative. Rapport annuel
de 1860. Mons, 1807; in-4°.
Brenier(J.). — De l'homœopathie. Gand, 1807; in-8°.
Mourlon {Michel). — Recherches sur l'origine des phéno-
mènes volcaniques et des tremblements de terre. Bruxelles.
1867; in-8°.
Vander Straelen (Edmond). — La musique aux Pays-Bas
avant le dix-neuvième siècle. Tome Ier. Bruxelles, 1867; in-8°.
Société de V histoire de Belgique, 2me série, dix-septième
siècle. — Abrégé historique du règne d'Albert et Isabelle,
1592-1602, avec une introduction et des notes, par Adrien
Campan. Bruxelles, 1867; in-8°.
Inscriptions funéraires et monumentales de la province de
la Flandre orientale. 45me à o3me livraisons. Gand; in-4°.
Société d'émulation de Bruges. — Recueil de chroniques,
lre série, IIIme fascicule : Cronica et cartularium monasterii de
Dunis. Bruges, 1867; in-i°.
Journal historique et littéraire, tome XXXIV, livr. 3.
Bruxelles, 1867; in-8°.
L Illustration horticole, tome XIV, 5e livraison. Gand.
1867; in-8°.
Revue de la numismatique belge, 4me série , tome V, 5e livr.
Bruxelles, 1867; in-8°.
De vlaamsche school. — Nieuwe série, 1 8te deel , bladeren 11 ,
12, 15. Anvers, 1867; 3 feuilles in-4°.
Annales d'oculistique, 50e année, 5P et 0e livr. Bruxelles,
1867;in-8°.
Annales académie i neerlandicae, 1862-1863. Leide, 1866;
in-4°.
Musée Teyler. — Archives, vol. I, fascicule premier. Har-
lem, 1866; gr. in-8°.
Aoust (l'abbé). — Discours d'ouverture prononcé dans la
séance publique du 2 juin 1867 de l'Académie impériale de
Marseille. Marseille, 1867; in-8°.
( 100 )
Garrigou (F.). — La vérité sur les objets de l'âge de la pierre
polie des cavernes deTarascon (Ariége). Paris, 1867; in-8°.
Société météorologique de France. —Annuaire, tome XIIIe,
4865, 4re partie, tableaux météorologiques, feuilles 1-14.
Paris, 4867; gr. in-8°.
Société géologique de France. — Bulletin, 2e série, t. XXIV,
n° 5. Bruxelles, 4867; in-8°.
Société impériale d'agriculture à Valenciennes. — Revue
agricole, 49me année, t. XXI, nos 4 et 5. Valenciennes, 1867;
2 broch. in-8°.
Institut historique de France. — L'Investigateur, 54e année,
588e et 589e livr. Paris, 1867; in-8°.
Académie impériale des sciences, belles-lettres et arts de
Bordeaux. — Actes, 5e série, 29e année, 1867, 1er trimestre.
Paris, 4867;in-8°.
Brierre de Boismont (A.). — Joscpb Guislain , sa vie et ses
écrits. Paris, 4867; in-8°.
Société d'histoire de la Suisse romande , à Lausanne. —
Mémoires et documents, tome XXII. Lausanne, 1867; in-8°.
Kônigliche bayerische Akademie den Wissenschaflen zu
Mûnchen. — Sitzungsberichte, 4867, Band I, Hefte 4-5. Munich,
4867; 5 cab. in-8°.
Justus Perthes' geographischer Anstalt zu Gotha. — Mit-
iheilungen iiber wichtige neue Erforschungen auf dem Ge-
sammtgebiete der Géographie, von Dr A. Petermann. Jahrg.
4867; VI; Erganzungsheft, n° 19. Gotha, 1867; 2 cah. in-4°.
Magnelische und meteorologische Beobachtungen zu Prag ,
XXVIIsler Jahrgang. Prague, 4857; in-4°.
Kônigliche preussischen Akademie der Wissenschaften zu
Berlin. — Monatsbericht, April 4867. Berlin; 1 cah. in-8°.
Xalurhistorisch-medizinischer Verein zu Heidelberg. —
Verhandlungcn, Band IV, Heft 4. Heidelberg, 1867; in-8°.
BULLETIN
DE
L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES,
DES
LETTRES ET DES BKAUX-ARTS DE BELGIQUE.
1867. — N°8.
CLASSE ilfcS SCIENCES.
Séance du 5 août 1867.
M. Spring, vice-directeur, occupe le fauteuil.
M. Ad. Quetelet, secrétaire perpétuel.
Sont présents : MM. d'Omalius d'Halloy, Wesmael, Stas,
De Koninck, Van Beneden, Nyst, Gluge, Nerenburger,
Melsens, Liagre, Duprez, J.-B. Brasseur, Poelman, De-
walque, Ernest Quetelet,. Maus, Candèze, Eug. Coemans,
Donn y, membres ; Sch\vann,Th. Lacordaire, Aug. Kekulé,
E. Catalan, associés; Morren, Henry, Malaise, Ed. Dupont,
correspondants.
2me SÉRIE, TOME XXIV. 8
102
CORRESPONDANCE.
M. le Ministre de l'intérieur fait parvenir, pour la biblio-
thèque académique, un exemplaire des Exposés de la
situation administrative des provinces en 1867, avec les
Rapports des commissaires des arrondissements d'Anvers
et de Malines; de même que trois exemplaires du Bulletin
du conseil supérieur d'agriculture, 3me partie du tome XX,
ainsi que d'autres ouvrages qui seront mentionnés dans le
Bulletin de la séance.
L'Académie des sciences de l'Institut impérial de France,
l'Académie royale de Lisbonne, les Universités néerlan-
daises, etc., remercient l'Académie pour l'envoi de ses
publications.
Le secrétaire perpétuel présente un mémoire manuscrit
que lui a fait parvenir Pauteur, M. Speelmans, professeur à
Garni. Cet écrit porte pour titre : Éludes sur Visoscêlisme.
(Commissaires: MM. Catalan, Liagre et Ad. Quetelet.)
CONCOURS POUR 1807.
M. le secrétaire perpétuel annonce qu'il ne lui est par-
venu aucun mémoire en réponse aux questions inscrites
dans le programme de concours de celte année; le terme
fatal pour leur envoi expirait le 1er août.
( 105 )
RAPPORTS.
Recherches chimiques et physiologiques concernant V ac-
tion des silicates alcalins sur l'économie animale, par
M. Em. Husson.
Rapport tl*> .fi. Schwattn.
« Depuis la publication de ma théorie cellulaire, faite de
1857 à 1839 et dans laquelle j'ai attaqué, le premier, la ten-
dance des physiologistes d'expliquer les phénomènes qui se
passent dans l'économie animale par une force purement
hypothétique, la force vitale, la physiologie a pris une
direction toute nouvelle; elle suit le principe d'expliquer
les phénomènes de la vie, autant que possible, par les lois
de la physique et de la chimie. Dans ma théorie cellulaire,
j'ai appliqué ce principe aux phénomènes de l'accroisse-
ment, c'est-à-dire aux phénomènes plastiques ou morpho-
logiques de la vie. Quelques années plus tard, M. de Liebig
en Allemagne , MM. Dumas et Boussingault en France l'ont
appliqué aux phénomènes chimiques qui se passent dans
les êtres vivants. Actuellement tous les travaux des phy-
siologistes montrent cette même tendance. Il n'est pas dit
par là, et je ne suis pas de celte opinion, que tous les phé-
nomènes des êtres vivants s'expliquent exclusivement par
les lois de la physique et de la chimie. Mais la nouvelle mé-
thode doit conduire, nécessairement, à préciser nettement
le point où un autre mode d'explication doit commencer, et
sons ce rapport elle a déjà rendu les plus grands services à
( 104 )
la science et promet d'en rendre de bien plus grands encore.
C'est dans ce même esprit que notre savant confrère,
M. Melsens , a présenté dernièrement à la Compagnie un
travail expérimental, par lequel il prouve que deux sub-
stances chimiques inoffensives quj, mêlées en dehors de
l'organisme, produisent une substance vénéneuse, se
combinent de la même manière et constituent donc un
poison , si on les introduit, séparément, Tune après l'autre
dans le sang : l'affinité chimique se fait valoir dans le sang
vivant de la même manière qu'en dehors des êtres vivants.
C'est encore dans ce même esprit qu'est conçu le travail de
M. Emile Husson , répétiteur à l'École vétérinaire de l'État,
sur lequel nous avons à faire connaître notre avis. Ce tra-
vail porte le litre : Recherches chimiques et physiologiques
concernant l'action des silicates alcali)is sur l'économie
animale. Les expériences furent faites dans le laboratoire
de M. Melsens.
L'auteur a donné à plusieurs chiens des solutions de sili-
cate de sodium; il a observé les symptômes produits, il a
sacrifié ensuite les chiens et il a cherché, par l'analyse
chimique, la présence ou l'absence de l'acide siîicique non-
seulement dans l'intestin, mais aussi dans l'urine, le sang
et dans différents organes, tels que le cerveau, les mus-
cles, etc. Ayant constaté ainsi par l'expérience ce qui se
passe dans l'être vivant, il a fait des expériences en dehors
du corps, pour voir jusqu'à quel point on peut se rendre
compte, par les affinités chimiques, de ce qui se passe
dans l'être vivant. Telle est l'idée du travail de M. Husson.
Nous n'entrerons pas dans le détail des expériences.
Voici les principaux résultats : Les silicates alcalins, donnés
en si petite quantité que le contenu de l'estomac reste
acide, sont complètement décomposées dans l'estomac,
( 105 )
même quand ils sont en solution très-faible. Les liquides
de l'intestin ne peuvent pas redissoudre l'acide silicique
précipité. Les silicates alcalins ne peuvent donc entrer
dans le sang que lorsqu'ils sont administrés en dose suffi-
sante pour arriver en état alcalin dans l'intestin grêle.
Entrés dans le sang, on ne les y trouve qu'à l'état de
traces. Ils ne se déposent pas, ni dans le cerveau , ni dans
les os, ni dans le foie, ni dans la bile; mais les muscles
renferment des quantités appréciables d'acide silicique
précipité, et dans une expérience la rate fut examinée aussi
et renfermait de cette même substance. Mais la quantité
principale de silex se précipite dans l'urine sous forme de
dépôt d'acide silicique, de silicate, phosphate et carbonate
de calcium.
L'auteur explique ainsi ces résultats, c'est-à-dire les
dépôts exclusifs d'acide silicique dans les muscles, la rate
et l'urine : dans les muscles, c'est l'acide qui se développe
pendant la contraction, qui décompose le silicate, et l'acide
silicique précipité ne peut plus être redissout; dans l'urine,
c'est le biphosphate de calcium qui produit le même effet;
la précipitation dans la rate reste encore un problème.
Les seuls symptômes constants de l'administration d'un
silicate alcalin, que l'on peut constater chez les chiens, sont
l'urine trouble, congestion vers les reins et difficulté
d'uriner et absence d'acide urique dans l'urine. L'auteur
explique les premiers de ces symptômes par les dépôts
siliciques dans l'urine qui irritent mécaniquement le canal
de l'urètre. L'absence d'acide urique dans l'urine pro-
vient, d'après lui, de ce qu'une partie du silicate de
sodium devient dans l'estomac lactate sodique, et celui-ci
se transforme dans le sang en carbonate sodique. Or, il est
constaté que si on donne à un animal de l'acide urique en
( 106 )
commun avec du carbonate sodiqueou du laclate ou citralc
sodique, l'acide urique ne se retrouve pas dans l'urine,
mais bien une quantité d'urée d'autant plus grande.
Le travail de M. Emile Husson est un nouveau pas dans
la voie qu'a inaugurée si heureusement M. Melsens par ses
travaux sur les elfets de l'hydriodure de potassium, voie
qui consiste à poursuivre les substances médicamenteuses
dans l'intérieur de l'organisme vivant. Tous ces travaux
sont de nouvelles preuves que les lois de la chimie trou-
vent leur application dans l'être vivant aussi bien qu'en
dehors du corps.
J'ai l'honneur de proposer à la Compagnie de remer-
cier l'auteur pour son intéressante communication et d'im-
primer son travail dans le Bulletin. »
Rapport tlv m. Glttge.
« L'illustre auteur des Leçons sur les phénomènes phy-
siques de la vie, Magendie, disait, en I806, que celui-là
rendrait un grand service à la physiologie qui réduirait la
contraction musculaire à un phénomène purement phy-
sique. Il voulait indiquer ainsi la nécessité de faire ab-
straction d'une force vitale hypothétique, et d'appliquer
la physique et la chimie à l'étude du corps vivant. La phy-
siologie actuelle est pleinement entrée dans cette voie. Si
l'on ne peut admettre que la physique et la chimie dans
leur état actuel puissent expliquer les phénomènes si com-
plexes de la vie, un grand nombre de travaux publiés dé-
montrent déjà que beaucoup de faits physiques et chimi-
ques se passent dans les êtres vivants comme dans les
corps privés d'organes.
( 107 )
L'organisation de notre enseignement supérieur n'a pas
permis à la Belgique de prendre à ces travaux autant de
part que le permettaient ses forces matérielles et intellec-
tuelles. Nulle part, en Belgique, il n'existe des instituts
physiologiques et pathologiques comme ceux qui se trou-
vent attachés aux universités de l'Allemagne et à celles
d'autres pays. Nous devons donc savoir gré aux savants
qui, malgré les obstacles, encouragent, comme l'a fait
M. Melsens, un genre de recherches aussi utiles, et je pro-
pose, comme mon savant collègue, M. Schwann, l'inser-
tion de la note de M. E. Husson dans nos Bulletins. »
M. Melsens, troisième rapporteur, ayanl conclu comme
ses deux collègues, l'Académie décide que, conformément
aux conclusions de ses trois commissaires, la note de
M. E. Husson sera insérée dans les Bulletins.
Police sur la synthèse de iacide anisique , de lucide mè-
thyloxybenzoïque , d'un crcsol nouveau et sur l'aride
paraoïdobenzoïque ; par M. le docteur AV. Korner.
SltipjHit I tic M. Mn-t.-nl<-.
« Les hypothèses qui, dans ces derniers temps, ont été
introduites en chimie, et en chimie organique surtout,
quand même elles n'auraient pas la valeur de théories,
présentent au moins l'avantage de faire prévoir, mieux
qu'on a pu le faire autrefois, un grand nombre de faits
nouveaux. La notice que M. le docteur Korner vient de
( 108 )
présenter à l'Académie fournit une nouvelle preuve de
l'utilité de ces hypothèses. Elle annonce, en effet, trois
synthèses nouvelles, qui toutes ont été prévues et dé-
duites de spéculations théoriques.
Ces trois synthèses peuvent se résumer ainsi :
1° L'oxydation du crésol n'a pas donné de résultats
jusqu'ici; on aurait dû s'attendre à la formation de l'acide
paraoxybenzoïque. 1M. K orner nous démontre que l'éther
méthylique du crésol engendre par oxydation l'éther mé-
thylique de l'acide paraoxybenzoïque, qui n'est autre que
l'acide anisique;
2° La seconde synthèse que nous signale M. Korner est
tout aussi intéressante. On sait que les éthers des phénols
présentent, sous beaucoup de rapports , une grande ana-
logie avec les hydrocarbures de la série aromatique. Tenant
compte de ces analogies, M. Korner a cru pouvoir appli-
quer aux éthers du phénol monobromé la réaction par
laquelle votre rapporteur a pu transformer le benzol mo-
nobromé en acide benzoïque. Il a obtenu ainsi l'acide
méthyl-oxybenzoïque , isomère de l'acide anisique (acide
méthyl-paraoxybenzoïque);
3° L'analogie des éthers du phénol avec les hydrocar-
bures a conduit M. Korner à la découverte d'une troisième
synthèse, qui n'est pas moins importante. En appliquant
aux éthers du phénol monobromé la belle réaction par
laquelle M. Eitlig a pu préparer les hydrocarbures homo-
logues de la benzine, il a transformé l'éther méthylique
du phénol monobromé en élher méthylique d'un crésol,
inconnu jusqu'à présent , isomère du crésol ordinaire el
correspondant à l'acide oxybenzoïque. L'acide iodhydrique,
en réagissant sur cet éther, donne le nouveau crésol lui-
même.
( 109 )
A côté de ces laits synthétiques, la note contient encore
des observations curieuses sur le crésol lui-même, sur
l'éther méthviique du crésol, sur le toluol monoiodé et sur
l'acide paraïodobenzoique, qui se forme par l'oxydation de
ce dernier.
Le travail de M. K orner n'est qu'une notice préliminaire,
destinée à prendre date pour les découvertes curieuses qu'il
renferme. Il mérite incontestablement de tigurer dans les
Bulletins de l'Académie, et je n'hésite pas un instant à pro-
poser à la classe d'en ordonner l'insertion dans ce recueil. »
La classe adopte ces conclusions , auxquelles avait adhéré
M. Melsens, second commissaire; l'impression de la notice
de M. K orner est en conséquence ordonnée.
Sur quelques Ira us for mations de l'acide formobenzoïque;
par MM. Glaser et Radziszewsky.
Mtapporls de MM. Êiekttte el St«*
« L'acide formobenzoïque peut être envisagé comme l'ho-
mologue inférieur de l'acide phényl-lactique,que M. Glaser
a décrit récemment et qu'il avait préparé de l'acide cinna-
mique. il était intéressant de comparer ces deux acides
homologues, de voir si le premier, vis-à-vis des bydracides,
se comporte comme le second, s'il peut donner naissance
à un acide homologue de l'acide cinnamique, etc.
MM. Glaser et Radziszewsky ont trouvé que l'acide for-
mobenzoïque, soumis à Faction de l'acide bromhydrique,
donne l'acide phénylbromoacétique, et que celui-ci, en
échangeant le brome contre l'hydrogène, engendre l'acide
( 110 )
phénylacétiquc normal, qui n'est autre que l'acide « —
toluique.
Jusque-là l'analogie est complète entre l'acide formo-
benzoïque et son homologue supérieur; elle ne l'est plus
autant quand on attaque par la potasse alcoolique les
bromhydrines des deux acides homologues. L'acide phényi-
hromopropionique perd facilement les éléments de l'acide
bromhydrique , pour se transformer en acide cinnamique;
l'acide phényl-bromacétique, au contraire, échange le
brome contre un reste alcoolique, pour engendrer l'acide
phényl-éthylglycolique (acide phényl-éthoxacétique); il se
comporte donc comme le fait l'acide monobromacétique
lui-même.
Peut-être, en modifiant les conditions de l'expérience,
réussira-t-on néanmoins à obtenir l'homologue inférieur de
l'acide cinnamique, que les auteurs ont essayé en vain de
préparer.
Quoi qu'il en soit, le mémoire de MM. Glaser et Radzis-
zewsky doit être considéré comme une contribution im-
portante pour l'histoire des acides aromatiques; j'ai donc
l'honneur de proposer à la classe d'en ordonner l'impres-
sion dans les Bulletins de ses séances. »
M. Stas, second commissaire, désigné par la classe,
ajoute les paroles suivantes aux conclusions qui précè-
dent :
« J'adhère aux conclusions du rapport de mon savant
confrère, M. Kekulé; je me permettrai toutefois de pro-
poser de joindre des remerciments aux auteurs à l'impres-
sion de leur note dans le Bulletin de la séance. >
Ces conclusions sont adoptées.
( m
Faits pour servir à la détermination du lieu chimique dans
la série aromatique; par M. le docteur K orner.
Kappori tic M. tortittlé.
« Le travail que M. le docteur Korner vient de présenter
à la classe louche à une question qui me parait des plus
intéressantes. Elle découle des théories que j'ai publiées
moi-même sur la constitution des substances aromatiques,
et elle peut être désignée brièvement comme « la déter-
d mination du lieu chimique dans les dérivés de la ben-
» zine. »
Le travail actuel de M. Korner ne donne pas la solution
définitive de ce problème, plus vaste d'ailleurs que tous
ceux que la chimie s'est posés jusqu'ici; mais il contient
l'annonce d'un grand nombre de faits nouveaux, qui per-
mettent déjà maintenant des conclusions très-importantes.
L'auteur remet à plus tard la description détaillée des
corps nouveaux qu'il a préparés; il ne veut aujourd'hui
que prendre date pour ses découvertes, et il annonce une
seconde partie de cette notice préliminaire.
Le travail a été exécuté sous mes veux; je puis donc
affirmer que les préparations n'ont pas seulement été faites
avec plus de soin, mais sur une échelle beaucoup plus
vaste qu'on n'a malheureusement l'habitude de le faire. La
composition de presque tous les corps décrits, quoique la
note n'en dise rien, a déjà été établie par un grand nombre
d'analyses. Les produits mentionnés dans la note font d'ail-
leurs partie d'une collection que M. Korner a exposée à
Paris, collection qui a beaucoup attiré l'attention des sa-
( HJ )
vants de tous les pays, et qui a valu à notre jeune savant
la médaille d'argent. C'est assez dire que les substances
exposées sont d'une beauté tout à fait exceptionnelle.
Votre rapporteur doit renoncer à donner un résumé
d'un travail qui lui-même n'est qu'une annonce succincte
des expériences dont les détails seront publiés plus tard;
mais il ne peut hésiter à vous proposer d'ordonner l'im-
pression de cette note remarquable dans les Bulletins, de
voter des remercîments à l'auteur et de l'engager à pour-
suivre ces recherches importantes. »
M. Stas, second commissaire, ajoute : « J'adhère sans
réserve aucune aux conclusions du rapport de mon savant
confrère, M. Kekulé. » L'impression du travail deM. Ivorner
est ordonnée.
Notice préliminaire sur Vacide homotar trique ;
par M. H. Ronday.
Rappoft de M. ttrfiuh-
« Le travail que M. le lieutenant Ronday vient de sou-
mettre à l'Académie soulève une question intéressante :
celle de savoir si l'acide homotar trique, découvert il y a
quelques années par votre rapporteur, est identique avec
l'acide italartrique décrit récemment par M. Wilm. A cette
question se rattache encore celle de savoir si cet acide est
réellement l'homologue supérieur de l'acide tartrique.
Les expériences de M. Ronday semblent établir l'iden-
tité des deux acides; mais comme l'auteur n'a eu en vue
( **3 )
que de prendre date, et n'a pas donné les détails de ses
expériences, je pense qu'il n'y a pas lieu pour le moment
de formuler une appréciation de son travail.
J'ai l'honneur de proposer à la classe de voter l'impres-
sion de la note, et d'engager l'auteur à poursuivre ses
recherches. »
Note sur l'acide ilamalique; par M. H. Rondav.
Rtippot't efe M. Stn».
a Le travail de M. Ronday est un complément aux re-
cherches que M. Swarls a publiées récemment sur l'acide
itamalique et présente, sous ce rapport, un certain intérêt.
L'auteur décrit avec beaucoup de soin et de détails plu-
sieurs sels de cet acide et appuie ses analyses des indica-
tions de nombres. Ces analyses, du reste, paraissent bien
exécutées.
Xous croyons donc que le travail mérite l'approbation
de la classe et nous avons l'honneur de lui en proposer
l'impression. j>
Ces conclusions sont adoptées et l'impression des deux
notices est ordonnée.
( 114 )
COMMUNICATIONS ET LECTURES.
Sur les orages des mois de juin et juillet 4867 ; com-
munication de M. Ad. Qnetelet, directeur de l'Observa-
toire.
Depuis quelques années, par suite de l'extension des
communications télégraphiques entre les divers pays, la
météorologie a reçu une impulsion nouvelle. Comme ces
moyens permettent de faire connaître presque instantané-
ment les diverses manifestations qui s'effectuent dans l'at-
mosphère, la science s'est servie de ce nouvel agent pour
former un réseau destiné à suivre, dans leur marche et
leurs phases diverses, les orages qui éclatent sur nos côtes
ainsi que sur celles de la France et qui vont se perdre dans
le nord et le nord-est de notre pays.
Indépendamment de ce mode d'observations immédiates,
la science ne saurait trop souvent faire appel à l'utile con-
cours que peuvent apporter les observateurs disséminés
dans les diverses localités du royaume et qui , par les ren-
seignements qu'ils pourraient donner, aideraient à établir
la carte de la marche des orages, que l'on dresse actuel-
lement, en collaboration avec les observatoires de France
et des Pays-Bas.
Celte année a été remarquable sous le rapport des mani-
festations électriques de l'air; les mois de mai et de juin (i ),
(1) Pour la liste de ces orages, voir le Bulletin de l'Académie du mois
de juin 1867.
( 115 )
se sont déjà signalés par des orages nombreux qui ont été
observés des divers points de la Belgique.
Le mois suivant a présenté un nombre non moins grand
de ces phénomènes, dont plusieurs, entre autres, celui du
22 au 25 juillet, qui a éclaté sur le Condroz, ont causé des
ravages incalculables.
Voici la liste des orages qui ont éclaté à Bruxelles pen-
dant les deux mois mentionnés , et dont les diverses phases
ont été annotées à l'Observatoire.
Le 2 juin, à 11 heures et demie du soir, éclairs dans
l'ouest.
Le 5 juin, vers 5 heures du matin, vils éclairs et ton-
nerre, pluie; l'orage a commencé dans le SO. et a lini dans
le NO.; le plus court intervalle entre l'éclair et le tonnerre
était de 24 secondes.
Le 4 juin, à midi, averse; le galvanomètre marche de
12° à 25°x\; à midi 40 minutes, roulement de tonnerre; à
midi 55 minutes, éclair et coup de tonnerre; à 1 heure
nouvelle averse; le galvanomètre redescend de 12° A à 2°A;
puis, sans cause apparente aucune, marche jusqu'à 22°A et
y reste stalionnaire pendant quelque temps.
Le 24 juin, à 5'1 50m de l'après-midi, orage et roule-
ment de tonnerre lointain dans PO.; à 4 heures la pluie
commence; à G'1 15ni, coup de tonnerre; à 6U 50m, la pluie
recommence.
Le 16 juillet, vers 7 heures du soir, fort orage; à 7h 8'",
éclair brillant suivi 12 secondes après, environ, de tonnerre;
pendant la pluie le galvanomètre oscille entre 5° et 15 "A.
Le 25 juillet , fort orage à 2 »/2 heures du matin , pluie
torrentielle mêlée de grèle.
Le 24 juillet, ciel couvert le matin et à midi; averse
à 1 lh 50m, le galvanomètre = 14A ; vers 4 5/* heures, plu-
(116)
sieurs roulements de tonnerre; à 9 heures du soir, cumulo-
stratus très-lourds dans PO.; de vifs éclairs se produisent
dans ces nuages; vers minuit ils ont lieu dans le SO.
Le 26 juillet, orage le matin à 10h 50m, roulement de
tonnerre; le galvanomètre marche de 12° A jusqu'à 20°A;
à 10h 53m de larges gouttes de pluie tombent; le galvano-
mètre indique 23°A; il oscille ensuite quelques instants
entre 15° et 25°A. Dans le S. le ciel est couvert de nimbus
gris, venant du SSO. ; dans le N. le ciel est en partie dé-
couvert.
M. F. Terby, étudiant en sciences à l'Université de Lou-
vain , a bien voulu me communiquer la liste des orages
qu'il a observés dans cette ville pendant les mêmes mois
de juin et juillet. Voici ce document :
« Le 26 mai, le tonnerre commence à se faire entendre
à 8 heures du soir, par un ciel uniformément couvert;
pluie tranquille; à 8h 15m pluie plus abondante; l'orage s'a-
paise après 9h 15,n; à 9h 3om éclairs encore vifs dans l'E.
Le 30 mai, à 5h 5om du soir, tonnerre lointain; nuages
orageux dans PO.; ils passent dans le NO., et à 9h 15m ils
sont dans le N.
Le 3 juin, depuis 4h 40m du matin jusque vers 4h 50m,
tonnerre presque continu; éclairs faibles; à 4h 40m averse.
Le 4 juin, entre midi oOmetlh2om, orage passant de PO.
dans l'E.; éclairs faibles; à midi et 55m pluie; à i heure
averse, mêlée de grêle.
Le 6 juin, à lh 5om du soir, averse, et nuages très-som-
bres dans PO.; tonnerre à 2h 5m, et à 2h 15m; pluie con-
tinue jusque vers 5h 4om.
A 8 heures du soir, nuages bleus et cuivrés dans PE. et
PESE. Je n'étais pas certain d'entendre le tonnerre dans
cette direction.
( M7 )
Le 7 juin, à 5 heures du soir, deux coups de tonnerre et
pluie légère.
Le lo juin, vers 71' lom du matin, grêle et pluie.
Le 22 juin, pluie calme sans tonnerre à 6h 45m du soir,
après une après-midi très-orageuse.
Le 25 juin, tonnerre presque continu de ol'20m du soir,
à o" 4om dans le N. et le NNE.; à 6 heures l'orage paraît
calmé.
Le 24 juin, vers 5h 3om du soir, vent; de 5h oom à 4"
o2m, quelques coups de tonnerre dans le X. Vent d'après
les nuages : SSE. Ciel encore orageux à 5" 4om. Dans la
soirée, pluie légère, intermittente, plus abondante après
9" 50m.
Le lo juillet, à 10h 50m du matin quelques gouttes de
pluie et tonnerre; à 10" 4om, tonnerre; de 11" lo,n à 1 1"
50m orage passant dans le SE.; vent d'après les nuages :
OSO. — A llh lo,n vent et quelques gouttes de pluie; à
11" 20m pluie plus abondante.
Le 14 juillet, à Nivelles, j'entends le tonnerre plusieurs
fois à partir de midi o'u ; court orage et averse.
J'ai recueilli les renseignements suivants pour Louvain :
entre \ heure et 2 heures du soir, tonnerre. — Vers 4"
50m orage; coup de tonnerre assez fort et pluie.
Le 15 juillet, de 5 heures du soir à 6" 25œ tonnerre
dans l'ESE. et le SE. d'abord , et dans l'E. et le NE. en-
suite. Ciel fort orageux en général. Après o heures pluie
légère; depuis o" 50m environ jusqu'à 6" 30m il tombe des
torrents de pluie; le maximum de celle remarquable
averse a eu lieu vers 6" om. — La pluie continue, en s'af-
faiblissant, jusqu'à 6" 50m, Direction du vent d'après les
nuages : SO. à 6" oOm,
Depuis cet orage, intermittences de vent et de pluie.
2me SÉRIE, TOME XXIV. 9
( 118 )
Le 16 juillet, à 7 heures du soir, nuages très-sombres
venant du SO. et de l'O., et forte averse à 7h 2om.
Le 19 juillet, à llh 2om du matin, averse très-forte et
vent violent; à llh 50m bruyant coup de tonnerre; à 11'1
52m, éclair et tonnerre rapprochés, à TE. de Louvain. Direc-
tion du vent d'après les nuages : G. »
Deuxième noie sur les sulfacides du phénol, par
M. Aug. Kekulé.
J'ai eu l'honneur de communiquer à l'Académie les pre-
miers résultats d'une suite d'expériences que j'ai entre-
prises pour éclaircir la constitution des sulfacides. J'ai
montré que le phénol, soumis à l'influence de l'acide sul-
furique ordinaire, engendre deux sulfacides isomériques;
j'ai démontré, en outre, que ces deux sulfacides peuvent
échanger un atome d'hydrogène contre un radical alcoo-
lique sans perdre leur caractère acide. Celte propriété
m'avait fourni un argument en faveur de ma manière
d'envisager les sulfacides; elle prouve, en effet, que l'hy-
drogène, qui dans le phénol même peut s'échanger contre
des radicaux, a été conservé dans la formation des sulfa-
cides. Le reste S-fr3H provenant de l'acide snlfurique n'a
pas remplacé l'hydrogène du groupe -G-H; il est entré, au
contraire, dans le radical même, c'est-à-dire dans le reste
€GH;; provenant de la benzine.
Je suis à même aujourd'hui de donner deux nouvelles
preuves de l'exactitude de mon hypothèse sur la consti-
lution des sulfacides. La première est fournie par les pro-
( 119 )
priétés que possède le sulfacide du nitrophénol; la seconde
se trouve dans l'action que la potasse fondue exerce sur
les sulfacides du phénol.
Acide nitrophéïiolsulfurique.
La modification volatile du phénol mononilré n'est que
difficilement attaquée par l'acide sulfurique ordinaire.
L'acide sulfurique fumant réagit déjà à froid. Pour prépa-
rer le sulfacide on mélange le nitrophénol avec un léger
excès d'acide sulfurique fumant; on abandonne le mélange
à lui-même pendant vingt-quatre heures; et l'on chauffe
ensuite, à différentes reprises, à une température qui ne
dépasse pas 80°. Il importe de ne chauffer ni trop tôt ni
trop brusquement, afin d'empêcher la destruction com-
plète de la matière organique. Le produit constitue une
niasse cristalline, formée principalement par le nouveau
sulfacide, mais contenant toujours du nitrophénol non
altéré. On dissout dans de l'eau chaude, et on filtre après
refroidissement. On élimine ainsi la plus grande partie du
nitrophénol; le reste se volatilise pendant les opérations
subséquentes. Les sels de baryte et de plomb du nouveau
sulfacide étant très-peu solubles dans l'eau, même à la
température de l'ébullition, il ne convient pas de saturer
la solution acide par le carbonate de baryte ou de plomb.
On procède donc de la manière suivante : on ajoute à la
solution bouillante du carbonate de baryte ou de plomb
jusqu'au moment où tout l'acide sulfurique se trouve pré-
cipité, ou bien encore jusqu'au moment où la solution, qui
est d'une couleur jaune pale d'abord, prend une couleur
orangée. Ce changement de couleur indique, comme on le
comprendra par la suite, que le nouveau sulfacide est sa-
( 120 )
turé à moitié. On filtre, on précipite la baryte ou le plomb
par l'acide sulfurique ou l'acide suif hydrique, on filtre de
nouveau, et on sature par le carbonate de soude. Le nitro-
phénol-sulfate de soude, quoique très-soluble dans l'eau,
cristallise avec une facilité telle, qu'il se prête parfaite-
ment à la purification.
L'acide nitrophénolsulfurique lui-même s'obtient par
la décomposition du sel de baryte par l'acide sulfurique.
Il est très-soluble dans l'eau et dans l'alcool, assez solublc
dans l'éther. On peut cependant le cristalliser facilement
tant par le refroidissement d'une solution aqueuse saturée
à chaud, que par l'évaporation. Il constitue des aiguilles
ou de grands prismes aplatis, d'une couleur jaune pale.
Ces cristaux contiennent trois molécules d'eau de cristal-
lisation :
ç6 n. (N-eg . oh . &e-3 h -4- ôh^g-.
Ils fondent à 5J°,5; ils s'effleurissent déjà à la température
ordinaire. L'acide sec ne fond qu'à 122°.
L'acide nitrophénolsulfurique est bibasique; il donne
deux séries de sels.
Le nitrophénolsulfate bisodique est très-soluble dans
l'eau, assez soluble dans l'acool. On l'obtient aisément
sous forme de grands prismes, parfaitement définis, d'une
belle couleur orangée et de beaucoup d'éclat. La formule
des cristaux est :
£6 H3 (N-Oa) • ONrt • £0-5 Na -i- 3H.O.
Quand à la solution de ce sel bisodique on ajoute de
l'acide acétique, il se précipite un sel cristallin d'une cou-
leur jaune pâle, qui n'est autre que le nitrophénolsulfate
( m )
monosodique. Ce sel, beaucoup moins soluble que le pré-
cédent, forme aussi de gros cristaux bien définis, qui con-
tiennent trois molécules d'eau de cristallisation :
€6 H3 (NO-8) . ^H . $Q--0 Sa -f- 3H2^.
L'acide chlorhydrique et l'acide sulfurique réagissent sur
la solution du sel bimétallique exactement comme l'acide
acétique. Même employés en excès, ces acides précipitent
le sel monosodique.
Les sels de potasse de l'acide nitrophénolsulfurique cris-
tallisent avec la même facilité que les sels de soude, mais
ne forment jamais de grands cristaux. Le sel bipotassique
forme des aiguilles orangées, qui renferment une molécule
d'eau de cristallisation :
c6 H3 (N ©-=>) • 9-K • s o3k -+- h2o.
Le sel monopotassique, beaucoup moins soluble que le
sel neutre, cristallise également en aiguilles. Il est d'une
couleur jaune pale, possède un bel éclat soyeux et ne con-
tient pas d'eau de cristallisation :
Les nitrophénolsulfates neutres de baryte et de plomb sont
peu solubles dans l'eau, ainsi qu'il a déjà été mentionné.
En opérant à froid on les obtient sous forme de précipités
jaunes et cristallins; les solutions chaudes déposent par
le refroidissement de petits cristaux d'une couleur jaune
brique. Les sels monométalliques de baryte et de plomb
sont relativement solubles dans l'eau, surtout à chaud.
Leurs solutions sont jaunes. Le sel monobarytique cristal-
lisé contient :
[ €6 H5 (N-e-a) . -9-H . £-9--] Ba" -*- H2«>.
( 122 )
La composition dos sels de l'acide nitrophénolsulfurique
démontre clairement que cet acide est bi basique. 11 échange
non-seulement l'hydrogène du reste &-9-5H , mais encore
l'hydrogène du groupe -011 contre des métaux. Sa consti-
tution peut être exprimée par la formule :
i ΣH.
Il est analogue en tout point aux acides phénolsulfu-
riques que j'ai décrits dans une note antérieure, et il doit
être regardé comme le dérivé nitré de l'un d'eux. Mais
tandis que dans les deux acides phénolsulfuriques nor-
maux l'hydrogène du groupe -Q-H ne se remplace facile-
ment que par des radicaux alcooliques, comme dans le
phénol lui-même, l'acide nitrophénolsulfurique, au con-
traire, échange ce même hydrogène avec facilité contre
des métaux. C'est que l'influence du groupe N-8-2, qui
provoque le caractère nettement acide du nitrophénol,
s'est conservée dans le sulfacide qui en dérive.
Je mentionnerai, en passant, que l'orthonitrophénol ,
lui aussi, donne naissance à un sulfacide.
Action de la potasse fondue sur les sulfacide s du phénol.
J'ai démontré, il y a quelque temps, que l'acide ben-
zolsulfurique (acide sulfobenzolique) se transforme en phé-
nol quand on le chauffe jusqu'à fusion avec l'hydrate de
potasse. La réaction a lieu d'après l'équation suivante :
CeHs.£OvK -+- KH^ = ^.H-.O-H h- -S-0-3 K,
Phénol sulfate do potasse. Phénol. Sutfilc de potasse.
( 123 )
Elle ne peut guère s'interpréter que de la manière sui-
vante. Le reste £r0-3H, qui , pour la transformation du
sulfâcide, remplace un atome d'hydrogène de la benzine,
s'élimine, en s'échangeant contre le reste -811 de l'hydrate
de potasse. La réaction rend visible, pour ainsi dire, que
le phénol dérive de la benzine par le remplacement d'un
atome d'hydrogène par le reste -0-H provenant de l'eau.
J'ai appliqué la même réaction aux sultacides du phé-
nol. L'expérience m'a fait voir que l'une des deux modifi-
cations de l'acide phénolsulfurique, celle que j'ai désignée
par le nom d'acide phénolmétasuliurique, engendre la py-
rocatéchine; l'autre modification , l'acide phénolparasulfu-
rique, donne naissance à la résorcine.
La pyrocatéchine s'obtient aisément d'après ce procédé,
et sa purification ne présente pas de difficulté.
Il n'en est pas de même de la résorcine. Non-seulement
la décomposition des phénol parasulfa tes parait moins nette
que celle des phénolmélasuli'ales; mais encore les pro-
priétés de la résorcine rendent sa purification excessive-
ment difficile. Je n'ai pas réussi jusqu'ici à préparer ce
corps en quantité suffisante pour l'analyse, mais les pro-
priétés ne laissent guère de doute sur la nature du pro-
duit.
Cette décomposition des acides phénol-monosulfuriqucs
fournit une nouvelle preuve en faveur de ma manière
d'enyisager les sultacides. On a prouvé d'abord que la ben-
zine peut se transformer en acide benzolsulfurique , et que
celui-ci fondu avec la potasse donne ie phénol. On a donc
remplacé un atome d'hydrogène de la benzine parle reste
S-B-(H,eton a échangé ce reste contre le groupe &U
provenant de l'eau. Pour les acides phénolsulfuriques les
mêmes réactions se répètent. Les sultacides contiennent
( *24 )
le reste £-05H à côté du groupe -OH; ils échangent ce
reste de l'acide sulfurique contre un nouveau groupe -OH
et les produits contiennent ce groupe deux fois. On a :
Phénolsulfale de potasse. Pyrocatéchine Sulfite de
et résorcine. potasse.
l\ est évident que l'un des groupes -OH provient du phé-
nol, tandis que l'autre est un produit de transformation
du reste £-05H, lequel, dans la formation de ces sulia-
cides, ainsi que dans celle de l'acide benzolsulfuriquc,
a remplacé un atome d'hydrogène qui était en combi-
naison avec le carbone.
La décomposition que je viens d'indiquer pour les deux
modifications de l'acide phénolsuifurique est intéressante
à un autre point de vue encore. Elle permet de ranger ces
sulfacides dans deux des trois séries des bidérivés de la
benzine. Elle montre, en effet, que l'acide phénol parasul-
furique correspond à la résorcine, et que l'acide phénol-
mélasulfurique contient ses chaînes latérales à la place des
deux atomes d'hydrogène qui, dans la pyrocatéchine, sont
remplacés par les deux hydroxyles. Ce sont ces relations
qui m'ont conduit à désigner les deux modifications de
l'acide phénolsuifurique par les noms que j'ai déjà em-
ployés dans ma note précédente.
La découverte de la décomposition, que les sulfacides
subissent sous l'inlluence de la potasse fondue, donne
lieu à une observation générale, qui ne me paraît pas
sans intérêt.
Cette réaction a été trouvée simultanément par M.Wurlz
et par moi-même; et c'est de commun accord que nous
( i2§ )
avons choisi le môme jour pour présenter des notes sur ce
sujet à l'Académie de Paris (8 août). Dans la séance sui-
vante du même corps savant, M. Dusart a demandé l'ou-
verture d'une lettre cachetée, qu'il avait déposée le 20
mars 1864. Ce pli, ouvert en séance par M. le secrétaire
perpétuel , s'est trouvé contenir une note sur un procédé
de préparation des phénols; l'auteur y exposait, entre
autres, la formation du phénol ordinaire par l'action de la
potasse fondue sur l'acide henzolsulfurique.
En parlant de ces détails historiques, je n'ai nullement
l'intention de soulever une question de priorité; loin de là.
11 est de toute évidence que les trois auteurs sont arrivés
simultanément, ou au moins indépendamment l'un de
l'autre, au même résultat, et pour l'observation que nous
allons présenter c'est là le seul point important.
Trois chimistes trouvent la même réaction, non pas par
hasard, mais en se basant sur des spéculations théoriques.
Le résultat est identique; les considérations théoriques
font-elles été aussi? On verra facilement que non.
J'avais, de mon coté, comparé les sulfacides aux pro-
duits de substitution. Je croyais, par suite, pouvoir m'at-
lendre à voir le reste S-0--H se comporter, dans certains
cas, comme le font le chlore, le brome ou l'iode dans les
vrais produits de substitution. L'expérience m'a confirmé
dans cette manière de voir; j'ai pu constater, en effet, que
le reste îvO^H peut s'échanger contre le groupe -GMI,
exactement comme les corps halogènes s'échangent sou-
vent contre le même groupe.
M. Wurtz désigne l'acide henzolsulfurique par le nom
d'acide phénylsulfureux; nom qui a souvent été donné à
celle substance, sans raison aucune, selon moi. Il est con-
duit ainsi à l'hypothèse que cet acide, qu'il regarde comme
( 128 )
un étber de l'acide sulfureux, doit se saponifier comme
le font les éthers, et donner naissance à ses générateurs :
le phénol et l'acide sulfureux. L'expérience démontre que
l'acide phénylsulfureux est doué d'une stabilité remar-
quable, mais que la saponification réussit néanmoins
quand, au lieu de faire bouillir avec une solution aqueuse
de polasse, on chauffe avec la potasse sèche jusqu'à fu-
sion.
Pour ce qui concerne M. Dusart, il représente l'acide
benzolsulfurique (acide su'fobenzidique) par la formule :
C18H5.S08.S03. HO;
il trouve que, pendant la réaction, il se fait un dégage-
ment d'hydrogène, et, qu'à côté du phénol, on obtient du
sulfite et du sulfate de potasse.
On voit aisément que les formules par lesquelles les
trois auteurs représentent le suifacide employé ne diffèrent
pas seulement par la forme, mais qu'elles expriment des
idées essentiellement différentes. Évidemment, deux des
trois manières de voir, au moins, doivent être erronées;
nous ne discuterons pas lesquelles. Toujours est-il que
trois hypothèses différentes, dont deux, au moins, sont
nécessairement erronées, ont conduit à la découverte d'un
fait.
On a souvent prétendu qu'une hypothèse est légitime
et bonne quand elle mène à des découvertes. L'exemple
que je viens de citer, et il sera difficile, je pense, d'en
trouver un meilleur, fait voir, dans tous les cas, qu'une
hypothèse peut très-bien remplir cette condition sans être
vraie.
( 127
Suifacides des substances grasses.
Dans un mémoire que j'ai publié, il y a plus de neuf ans
déjà, j'ai fait voir que l'acide sulfurique, en réagissant sur
les substances organiques, peut, de deux manières diifé-
rentes, engendrer des acides, qu'à cette époque on nom-
mait copules. En réagissant sur un corps qui appartient
au type de l'eau, il peut attaquer le côté typique de la
molécule, pour mettre un reste de l'acide sulfurique à la
place de l'hydrogène qui n'est combiné au carbone que
par l'intermédiaire de l'oxygène. Les produits d'une (elle
réaction renferment un reste de l'acide sulfurique qui n'est
attaché qu'indirectement, et par l'oxygène, au groupe
hydrocarboné, que l'on considère comme radical.
îl peut arriver, d'un autre côté, que l'acide sulfurique,
en réagissant sur un corps oxygéné ou non oxygéné, at-
taque la molécule du côté du carbone. Ce n'est pas (hy-
drogène typique, mais l'hydrogène du radical, c'est-à-dire
de l'hydrogène qui est combiné directement au carbone qui
s'échange contre un reste de l'acide sulfurique.
Les acides formés d'après le premier mécanisme peu-
vent être regardés comme des éthers de l'acide sulfurique;
ils se dédoublent avec une certaine facilité. Les acides de
la seconde catégorie, au contraire, sont doués d'une sta-
bilité remarquable. Ils correspondent entièrement à ces
dérivés des substances aromatiques que je désigne actuel-
lement par le nom de suifacides.
inutile d'énumérer ici les acides auxquels celte dernière
manière de voir doit être appliquée; rappelons seulement
l'acide sulfo-acétique, découvert, en 1842, par notre sa-
( 128 )
vaut confrère, M Melsens, et l'acide sulfo-succinique de
M. Fehling (1841). Qu'on me permette, cependant, d'in-
sister sur les acides iséthionique et éthionique , qui pré-
sentent un intérêt particulier.
Le premier de ces acides, on le sait, est isomérique
avec l'acide élhylsulfurique. La différence s'explique aisé-
ment. L'acide élhylsulfurique est le vrai éther acide de
l'acide sulfurique; l'acide iséthionique, au contraire, est
le sulfo-acide de l'alcool; il est analogue aux acides phé-
nolsulfuriques.
Acide élhylsulfurique. Acide iséthionique.
Quant à l'acide éthionique^ il réunit la nature des deux.
C'est le sulfo-dérivé de l'acide éthyl-sulfurique; ou, ce qui
revient au même, l'élher sulfurique du sulfo-alcool (acide
iséthionique) :
*03H ) ^ H f ** £0-HJ
Ac. élhylsulfurique. Ac. iséthionique. Ac. éthionique.
Quoique je ne doute guère de l'exactitude de cette
manière de voir, j'ai néanmoins entrepris quelques expé-
riences pour accumuler des preuves en sa faveur.
Pour ce qui concerne l'acide qui se forme par l'oxyda-
tion du sulfure d'éthyle, etc., et que l'on désigne impro-
prement par le nom d'acide éthylsulfureux, il correspond
entièrement à l'acide benzolsulfurique; c'est le vrai sul-
facide de l'hydrocarbure saturé £.2HG; et je ne doute pas
que l'on obtienne un jour les acides de cette catégorie , en
attaquant les hydrocarbures saturés par l'acide sulfurique
fumant.
( 129 )
L'acide disulfométholique, et les acides analogues sont
les disulfacides des hydrocarbures saturés; ils correspon-
dent à l'acide benzoldisulfurique.
On voit facilement que les vues théoriques que je viens
d'indiquer ne sont que le développement des idées que j'ai
avancées antérieurement. Mais nos connaissances ont fait
des progrès depuis, et Ton peut maintenant préciser da-
vantage. On peut affirmer, par exemple, que l'acide isé-
thionique, que l'on peut toujours représenter par la for-
mule que je lui ai assignée alors, n'est pas un dérivé de
l'éthylène, mais qu'il correspond à Téthylidène. Il n'ap-
partient pas au groupe du glycol et du chlorure d'élhy-
lène, mais à celui de l'aldéhyde, de Pacélal et du chlorure
d'élhylidène. En d'autres termes , les groupes ^Bïl et S^B-II
ne sont pas en combinaison avec deux atomes de carbone
différents, ils se trouvent, au contraire, combinés à un
seul et même atome de carbone.
Découverte d'objets gravés et sculptés dans le Trou Magrite
à Pont-à-Lesse; par M. Edouard Dupont, correspon-
dant de l'Académie.
J'ai l'honneur de faire connaître à l'Académie les résul-
tats des fouilles qui viennent d'être exécutées dans le Trou
Magrite, avec l'obligeante autorisation de M. de Villcrs-
Masbourg. C'est une caverne plus grande que le Trou de
Chaleux, à large ouverture et d'un accès facile. Kl le est à
26 mètres au-dessus de la Lesse.
Elle contenait de bas en haut :
Cailloux roulés ardennais, 1 mètre.
( 130 )
Dépôt argilo-sabîeux stratifié offrant les niveaux ossi-
tëres, 2n\50.
Argile-à-blocaux renfermant des ossements.
L'argile-à-blocaux et le niveau ossifère supérieur du
dépôt stratifié sont ici mentionnés pour mémoire, car il
n'en restait plus que de faibles amas à l'entrée et à l'extré-
mité. On a enlevé de cette belie caverne à peu près un
mètre de terrain quaternaire sur toute la surface, il y a
environ trente ans. Une partie du deuxième niveau ossi-
fère du dépôt stratifié a été également emporté.
Malgré la disparition regrettable de ces dépôts, la ca-
verne a encore offert de riches débris.
Les couches ossifères restées en place renfermaient la
même faune qui se compose :
Elephas primigenius, cinq molaires dont une mesure
25 centimètres de largeur; portion d'humérus, débris des
extrémités;
Rhinocéros tichorinus, nombreuses molaires, fragments
d'humérus et de radius;
Cheval, nombreuses molaires et d'autres débris;
Sanglier;
Renne, restes abondants, surtout dans les niveaux su-
périeurs. Les bois sont en majeure partie des bois de mue;
Cervus elaphus, grand bois et portions diverses;
Bœuf, dents et ossements;
Chamois, cornes ;
Marmotte, plusieurs demi-mâchoires;
Ursus, dents et ossements de diverses tailles;
Ht/Mia Spelœa, débris divers et demi-mâchoire infé-
rieure;
Feiis Spelœa, canine de la mâchoire supérieure;
( 131 )
Felis Engiholiensis, une demi -mâchoire dont il ne
manque que la canine ;
Loup.
Renard.
Le renne était surtout abondant dans le niveau supé-
rieur; le rhinocéros, le mammouth et les autres espèces
perdues dans les niveaux inférieurs.
Ces ossements se présentent dans l'état ordinaire où on
les trouve dans les habitations de nos antiques troglodytes :
Absence à peu près absolue de vertèbres, de cotes, d'os
de l'épaule et du bassin. Débris très-abondants des os des
membres et de la tête.
Le nombre d'instruments en pierres fait concurrence à
celui de Chaleux; les formes signalées à Montaigle et dans
les alluvions de la Somme sont particulièrement dans les
niveaux inférieurs. Dans les niveaux supérieurs, les cou-
teaux dominent et il en est quelques-uns qui témoignent
d'un travail aussi soigné que ceux découverts à Furfooz et
à Chaleux.
Le calcaire compacte et le phtanite ont été souvent
taillés, ce qui n'est pas étonnant, car si l'homme de l'âge
du renne se procurait difficilement le silex taillé, à bien
plus forte raison en était-il ainsi pour l'homme de l'âge
du mammouth, qui vivait à une époque où nos rivières
s'étendaient sur 6 à 700 mètres de largeur et avaient la
puissance de façonner fortement leurs lits.
Les os travaillés sont assez abondants et ordinairement
taillés en fines pointes, ce qui est en rapport avec l'ab-
sence de silex effilés comme ceux de Chaleux et de Fur-
fooz. Enfin , les pièces les plus importantes recueillies dans
cette caverne sont une petite statuette taillée dans un buis
de renne et un dessin gravé sur un autre bois de renne
( 152 )
avec une sûreté de trait rappelant les célèbres dessins
des cavernes du Périgord. Ces objets sont figurés sur la
planche ci-jointe.
Rien n'a dénoté un semblable travail dans les cavernes,
si riches en débris d'un Age un peu plus récent, à Furfooz
et à Chaleux. Le dessin apparaît dans des couches indi-
quant un âge intermédiaire entre Montaigle et Chaleux.
A Montaigle, nous sommes en plein dans rage du mam-
mouth, au milieu d'une civilisation rappelant celle de
l'homme des alluvions de la Somme ou de la caverne de
Moustier dans le Périgord.
A Chaleux et à Furfooz, nous trouvons une faune qui
est exactement entre celle du mammouth et la faune
actuelle des régions tempérées septentrionales. La civili-
sation y est plus avancée qu'à Montaigle, mais il n'y avait
pas de traces d'un progrès qui allât jusqu'à la représenta-
tion d'une forme quelconque par la gravure. Aussi pou-
vait-on presque déclarer, sans dépasser les bornes de la
prudence, qu'un art semblable n'avait pas existé chez
nous.
Le voilà cependant découvert et entre les deux civilisa-
tions de Montaigle et de Furfooz, au milieu d'une faune
qui forme le passage entre la faune du mammouth et du
renne, dans des conditions tout à fait analogues à celles
du Périgord.
J'aurai l'honneur de présenter prochainement à l'Aca-
démie un exposé plus complet des faits observés dans cette
belle caverne.
BuH.de l'Acad. 2 e Série Tome XXIV.
Ed. Dupont Jel
Bruxelles, LitLpar G. Severeyns, Lith.de l'Acad. Royale de Belg.
Objets gravé et sculpte trouvés dans
le Trou Maènte a Pont-a-Lesse
( 133 )
Recherches sur V action des silicates alcalins sur l'économie
animale, par M. Emile Husson, répétiteur à l'École de
médecine vétérinaire.
Dans une note sur l'action mutuelle des éléments de sels
solubles comparée aux phénomènes que ces corps produi-
sent dans l'économie animale, M. Melsens a dit : « Il me
» parait en dehors de toute contestation raisonnée des
» laits actuellement acquis que certaines réactions chi-
» miques se passent dans le corps des animaux absolu-
» ment comme elles se passent dans nos laboratoires. Je
» ne parle pas seulement de ces actions qui consistent à
» faire naître, par suite de doubles décompositions, cer-
» tains composés dans l'estomac ou dans le canal intes-
» tinal, en vue, par exemple, de neutraliser l'action d'un
» corps donné en le rendant insoluble ou en le précipitant
» à l'état d'élément, mais bien de l'action chimique qui
» se passe sur des matériaux absorbés déjà; ceux-ci peu-
» vent se trouver dans le torrent de la circulation, comme
» ils peuvent s'être concentrés dans quelques organes ou
» se trouver fixés sur les solides de l'économie... »
Ce sont ces lignes qui m'ont suggéré l'idée d'entre-
prendre les expériences dont je viens aujourd'hui offrir
les résultats à l'attention bienveillante de l'Académie.
Administration des silicates alcalins à des chiens.
Deux chiens mâles sont mis en expérience le 17 mars,
ils reçoivent tous les deux la même alimentation composée
2me SÉRIE, TOME XXIV. 10
( -134 )
de pain et de viande de cheval , et sont soumis aux mêmes
conditions hygiéniques; leur état de santé ne laisse rien à
désirer.
N° 1. Chien nicàle , de race commune, pesant 9 kilos
100 grammes, reçoit chaque jour à partir du 19 mars
20 grammes de silicate de sodium en poudre; la dose est
divisée en deux parties et soigneusement mêlée, ma-
tin et soir, à la nourriture de l'animal; le quatrième
jour le chien est pris de diarrhée et l'on est forcé de ré-
duire la dose à 10 grammes, administrés en deux fois.
L'animal se rétablit, seulement le 5 avril (après lo jours),
la personne chargée de le soigner remarque qu'il éprouve
de la difficulté à uriner. Cette gène dans l'émission de
l'urine persiste à des degrés variables pendant toute la
durée de l'expérience.
A différentes époques pendant le traitement , on a eu la
précaution de recueillir de l'urine et de préférence l'urine
du matin; ce qui se faisait tout simplement en laissant le
chien uriner librement dans des vases lavés à l'eau dis-
tillée. L'urine ainsi recueillie pèse 1,250 grammes, elle est
trouble et sa réaction constatée chaque fois au moment de
l'émission a toujours été alcaline au papier de tournesol.
J'ai pu reconnaître l'alcalinité de l'urine quelques heures
après la première administration, comme aussi, j'ai pu, à
partir de ce moment, constater la disparition complète de
l'acide urique de l'urine.
Le 4 mai, après iG jours de traitement, on tue l'anima
en l'empoisonnant par l'acide cyanhydrique. L'autopsie est
faite quelques heures après la mort.
Outre les lésions si caractéristiques de l'empoisonne
nient par l'acide cyanhydrique, on ne trouve rien de hie
( 155 )
marqué, si ce n'est du côté de l'appareil urinaire : Les
reins sont congestionnés, les uretères ne présentent rien
de particulier, un peu de rougeur seulement; la vessie est
fortement distendue par l'urine qu'elle contient; l'urètre
est enflammé et rétréci, ce qui explique la difficulté d'uriner
que l'on a remarquée pendant la vie.
On reçoit dans un verre l'urine contenue dans la vessie;
elle est alcaline, trouble et Ton y voit flotter de petits corps
blanchâtres, durs, de la grosseur d'un grain de millet et
se déposant rapidement. C'est, sans aucun doute, au pas-
sage de ces petits corps dans l'urètre pendant l'expulsion
de l'urine qu'il faut attribuer l'inflammation de ce canal.
La muqueuse de la vessie présente un aspect légèrement
rouge et on trouve, adhérents à sa surface, quelques pe-
tits corps analogues à ceux qui se sont déposés dans
l'urine.
On recueille sur une nacelle de platine les petits corps
qui se sont déposés dans l'urine que contenait la vessie, et
on les calcine au chalumeau à air et à gaz de l'éclairage; ils
se charbonnent légèrement, laissent une cendre blanche,
infusible, presque complètement insoluble dans l'acide
chlorhydrique étendu et chaud , dans l'acide sulfuri-
que, etc., mais qui, calcinée avec un peu de potasse caus-
tique, fond et donne par le refroidissement une petite
couche vitreuse entièrement soluble dans l'eau. Le dépôt
de l'urine contenue dans la vessie au moment de l'autopsie
est donc composé essentiellement d'acide silicique.
Les 1,250 grammes d'urine recueillie pendant la vie
sont filtrés sur du papier Berzélius, le dépôt resté sur le
filtre est lavé à l'eau distillée d'abord, puis à feau rendue
acide par l'acide chlorhydrique; une petite partie du dépôt
( 156 )
se dissout, la portion insoluble calcinée avec de l'acide
nitrique donne une cendre blanche, infusible, insoluble
dans l'acide chlorliydriquc étendu et chaud, dans l'acide
suîfurique, etc.; pesée après avoir été desséchée au rouge,
elle donne 50 milligrammes; elle se dissout lentement
dans l'acide fluorhvdrique. C'est donc de l'acide sili-
cique.
La moitié de l'urine précédente est évaporée et calcinée
avec de l'acide nitrique; la cendre obtenue e-t reprise par
l'acide chlorhydrique étendu, puis évaporée de nouveau à
sec, chauffée au rouge; reprise une deuxième fois par
l'acide chlorhydrique étendu, elle laisse déposer une pe-
tite quantité d'acide silicique. L'urine contenait donc en-
core un peu d'acide silicique en dissolution, à l'état de
silicate probablement, mais la majeure partie en avait été
précipitée.
Le cerveau pesant 52 grammes est calciné avec de l'acide
nitrique ; la cendre reprise par l'eau et l'acide chlorhydrique
se dissout complètement; le cerveau ne renferme donc ni
silicate, ni acide silicique libre.
Le tibia gauche, convenablement dégarni des muscles et
des tendons qui s'y attachent, est placé dans un vase con-
tenant de l'eau distillée rendue acide par de l'acide chlor-
hydrique. Trois semaines après, la liqueur est évaporée à
sec; calcinée ensuite, elle laisse une cendre bien blanche
entièrement soluble dans l'acide chlorhydrique étendu.
Le quart de l'os précédent est calciné à son tour; le
charbon, brûlé par de l'acide nitrique, donne une cendre
complètement soluble dans l'eau et l'acide chlorhydrique.
Les os de ce chien ne renferment pas d'acide silicique,
bien que l'animal ait pris du silicate pendant 46 jours.
( i37 )
N° 2. Chien mâle, épagneul croisé, pesant 5 kilogrammes
900 grammes, reçoit tous les jours, à partir du 19 mars,
10 grammes d'une dissolution de silicate de potassium
contenant 16 p. °/o d'acide silicique desséché au rouge (la
dissolution avait été préalablement traitée par un courant
d'acide carbonique jusqu'à un commencement de précipi-
tation d'acide silicique). Le silicate est versé dans la boisson
de l'animal qui paraît le supporter sans aucun inconvé-
nient; seulement, au bout de quelque temps, on remarque,
comme pour le n° 1 , une certaine gêne dans l'émission de
l'urine. On a également recueilli de l'urine à différents
moments de l'expérience et en opérant comme dans l'ex-
périence précédente. La réaction de l'urine, constatée aussi
au moment de son expulsion, a constamment été alcaline,
son aspect a toujours été plus trouble que pour le n° 1 et
l'acide urique avait totalement disparu.
Le chien est sacrifié le 9 mai, après 49 jours d'expé-
rience, et l'autopsie est faite immédiatement.
Comme dans l'autopsie du n° I , il n'y a guère que les
organes urinaires qui offrent quelques particularités. Les
reins sont congestionnés, l'urètre enflammé et rétréci, la
vessie également distendue est remplie d'urine; à travers
ses parois rendues translucides par la distension, on peu!
remarquer, reposant sur le fond de la vessie, un dépôt
assez abondant se déplaçant sous l'influence des mou-
vements de l'urine contenue dans la vessie; l'urine re-
cueillie dans un verre est alcaline, très- trouble et laisse
déposer, comme dans l'expérience précédente, des sédi-
ments de la grosseur d'un grain de millet. Ces sédiments
recueillis dans une petite capsule de platine, traités par
l'acide chlorhydrique, font légèrement effervescence, ce
( 158 )
qui est dû à la présence d'un peu de carbonate de calcium
sans doute; la portion non dissoute dans l'acide chlorhy-
drique est traitée comme dans l'expérience du n° 1 et
donne pour résidu de l'acide silicique. Ces sédiments sont
donc composés d'acide silicique, de carbonate de calcium,
de phosphate insoluble de calcium et d'un peu de matière
organique (1).
650 grammes d'urine recueillie pendant la vie sont fil-
trés; ils laissent sur le filtre un dépôt abondant, blan-
châtre qui, lavé d'abord à l'eau distillée, ensuite à l'eau
rendue acide par l'acide chlorhydrique, se dissout en par-
tie en faisant effervescence; l'eau de lavage renferme de la
chaux, mais pas de traces d'acide silicique. La portion inso-
luble restée sur le filtre est calcinée, on en retire 140 mil-
ligrammes d'acide silicique pur.
L'urine filtrée est évaporée à sec; calcinée avec de
l'acide nitrique, dans la cendre, on retrouve une très-pe-
tite quantité d'acide silicique. L'urine ne renfermait donc
plus que des traces de silicate en dissolution et comme
dans l'expérience du n° 1 , la majeure partie de l'acide sili-
cique s'y trouvait à l'état insoluble.
Le cerveau est mis en digestion avec de l'eau distillée
pendant plusieurs heures; on fait bouillir ensuite pendant
une heure, on filtre et, dans la liqueur filtrée, on recherche
les silicates et on n'en trouve pas de traces.
Une partie du cerveau qui a bouilli est reprise et on y
recherche, sans plus de résultat, l'acide silicique. Le cer-
veau ne contient donc ni silicate, ni acide silicique libre.
(1) Voir la paçje \A\
( 139 )
40 grammes de chair musculaire prise à la cuisse sont
mis en digestion avec de l'eau distillée, puis on fait bouil-
lir pendant plusieurs heures, on filtre et dans la liqueur
filtrée on ne retrouve pas de silicates.
La chair musculaire précédente est calcinée avec de
l'acide nitrique; dans la cendre on retrouve une quan-
tité appréciable d'acide silicique. Cette recherche tend à
démontrer que dans le muscle, comme dans l'urine, le
silicate est décomposé et l'acide silicique précipité; elle
démontre en outre que les silicates ne sont qu'en très-
petite quantité dans les muscles.
Le fémur gauche, convenablement préparé, est plongé
dans de l'eau distillée rendue acide par l'acide chlorhy-
driquc. Après quinze jours d'immersion, la liqueur ne ren-
ferme pas de traces d'acide silicique.
La moitié de l'os est calcinée avec de l'acide nitrique et
la cendre ne renferme pas d'acide silicique.
N° 5. Chien màîe, épagneul, pesant 9 kilogrammes
200 grammes. On le soumet pendant un mois environ à
un régime composé de pain et de viande de cheval. Les
conditions hygiéniques dans lesquelles il est placé sont les
mêmes que pour les deux chiens précédents. Le 25 mai,
on le met en expérience et il reçoit en huit jours
200 grammes d'une dissolution de silicate de potassium
renfermant 16 p. °/o d'acide silicique; l'administration en
est faite en grande partie par la force, ou en dissolution
dans les boissons. L'urine que l'on recueille quelques heures
après la première administration est fortement alcaline et
ne renferme pas de traces d'acide urique. Pendant les trois
premiers jours l'animal supporte assez bien cette dose
exagérée de silicate, mais après surviennent de fréquents
( 140 )
vomissements et vers le huitième jour l'animal refuse toute
nourriture ; le 1 er juin, on lui administre encore 1 0 grammes,
qui sont bientôt rejetés par le vomissement; l'animal est
sacrifié dans la journée même.
À l'autopsie, on trouve dans les bronches les lésions ma-
nifestes d'une bronchite intense résultant probablement du
liquide tombé dans la trachée pendant l'administration du
silicate. Le tissu du cœur paraît avoir subi quelques mo-
difications; il est pâle et ramolli.
L'estomac est le siège d'une forte inflammation, surtout
dans sa partie pilorique, où l'on remarque de nombreuses
ecchymoses se prolongeant jusque dans l'intestin grêle. Ces
lésions ne peuvent être attribuées qu'à l'exagération de la
dose de silicate. Les reins sont fortement congestionnés;
incisés jusqu'au bassinet, ils présentent dans leur partie
médullaire des stries blanchâtres qui suivent le trajet des
tubes urinifères. Mon frère, J.-B. Husson, professeur de
physiologie à l'école vétérinaire, a bien voulu soumettre
ces reins à une analyse microscopique et a reconnu que
ces stries occupent l'intérieur même des tubes urinifères
des pyramides et sont constituées par de la matière inor-
ganique, sans aucun doute, identique à celle du dépôt des
urines.
La vessie contient un peu d'urine claire et légèrement
acide, ce qui se comprend aisément, l'animal ayant rejeté
par le vomissement tout le silicate qu'on lui avait admi-
nistré quelques heures avant de le sacrifier.
Sur la muqueuse de la vessie, on trouve, adhérent à sa
surface, quelques corpuscules de la grosseur d'un grain de
riz et qui, traités comme dans les expériences précédentes,
donnent de l'acide silicique pour résidu.
Pas plus dans cette expérience que dans les autres, je
( 141 )
n'ai pu découvrir de traces d'acide silicique dans le cer-
veau; je n'en constate pas non plus dans la bile, ni dans
le foie, ni dans les os. Cette fois l'os a élé calciné directe-
ment, sans avoir subi l'action dissolvante de l'acide chlor-
hydrique.
En opérant avec soin sur 15 grammes de sang desséché,
je n'ai trouvé que des traces d'acide silicique, tandis que
j'en découvre une quantité très-appréciable dans les mus-
cles et dans la rate.
400 grammes d'urine recueillie pendant la vie et filtrée
fraîche sur du papier Berzélius laissent sur le filtre un dépôt
qui, lavé à l'eau distillée puis calciné avec de l'acide ni-
trique, donne une cendre dont je retire 150 milligrammes
d'acide silicique desséché au rouge; dans la liqueur acide
qui m'a servi pour isoler l'acide silicique, je reconnais la
présence de la chaux et de l'acide phosphorique. Le dépôt
était donc formé d'acide silicique surtout, de silicate de
calcium, de phosphate insoluble de calcium et d'un peu de
matière organique.
L'urine elle-même est évaporée et, calcinée ensuite, elle
ne donne, à l'analyse, que des traces d'acide silicique. Tout
ou à peu près tout l'acide silicique du silicate qu'elle con-
tenait était donc précipité au moment de son expulsion
de la vessie.
N° 4. Le 6 juin, on injecte dans les veines d'un vieux
chien 10 grammes d'une dissolution de silicate de sodium
renfermant 18 p. °/o d'acide silicique desséché au rouge; la
dissolution est étendue de deux fois son volume d'eau dis-
tillée, la liqueur est portée à 55°. L'opération est faite
dans les meilleures conditions avec l'obligeant concours de
M. le professeur Derache; l'animal meurt immédiatement
après l'injection.
( m )
A l'autopsie on ne trouve dans la vessie que quelques
gouttes d'urine ne renfermant pas de traces d'acide sili-
cique. La mort si prompte de l'animal ne peut être attri-
buée qu'à la dose exagérée de silicate.
N° o. Le 10 juin, aidé de M. Wehenkel , répétiteur, j'in-
jecte dans les veines d'un chien 5 grammes de la dissolution
de silicate de sodium étendue de 20 centimètres cubes
d'eau distillée et à la température de 35°. L'opération est
faite en prenant les plus grandes précautions; l'animal
meurt trois quarts d'heure après l'injection.
A l'autopsie, on trouve l'estomac et l'intestin remplis
de sang; il y a eu hémorragie gastro-intestinale.
La vessie contient 50 grammes d'une urine limpide,
légèrement acide et dans laquelle je ne retrouve pas de
traces de silicates, ni d'acide silicique.
N° 6. Cette dernière expérience ne m'ayant pas satisfait,
j'ai voulu la répéter et, le 20juin,aidédeM.Degive, répé-
titeur, j'injecte dans les veines d'un chien pesant il kilos
500 grammes de la dissolution de silicate de sodium;
l'opération se fait dans les mômes conditions que pour le
n° o; l'animal meurt une heure et demie après l'injection.
A l'autopsie, on trouve comme dans l'expérience précé-
dente, l'estomac et les intestins remplis de sang, et leur
muqueuse présente les lésions d'une forte congestion.
En opérant sur 40 grammes de sang qui a été desséché
au hain-marie, je n'y constate pas de traces appréciables
d'acide silicique. J'en retrouve, par contre, dans la rate,
dans les muscles. 150 grammes d'urine contenue dans la
vessie au moment de l'autopsie sont filtrés; la liqueur fil-
trée est légèrement acide et on n'y retrouve pas de silice;
la partie retenue sur le filtre donne une petite quantité
d'acide silicique.
( i« )
Il eût été, certes, utile de continuer l'étude de l'action
des silicates de potassium et de sodium injectés dans les
veines, mais le temps m'a manqué; je compte bien cepen-
dant y revenir plus tard.
Recherches et réactions chimiques pour servir à
V interprétation des faits précédents.
1° Un chien, en pleine digestion , est sacrifié; l'estomac
et son contenu sont mis en digestion à 55° avec de l'eau
distillée. Après quelques heures, on exprime la masse sur
un tamis fin et on filtre ensuite. La liqueur que l'on ob-
tient est limpide et présente une réaction fortement acide.
L'intestin grêle est ouvert sur toute son étendue et mis
en suspension dans de l'eau distillée maintenue à 35° pen-
dant plusieurs heures. On filtre ensuite, le liquide filtré a
une réaction légèrement alcaline. Ce sont ces deux liqueurs
qui m'ont servi pour me rendre compte de l'action des
sucs digestifs sur les dissolutions de silicates.
2° Si, dans une dissolution contenant 5 grammes de
silicate de sodium , on verse de la dissolution du suc gas-
trique jusqu'à réaction légèrement acide, on obtient un
précipité abondant qui se dépose au fond du vase; les
liqueurs étaient maintenues à la température du corps
pendant une heure et légèrement agitées. Le lendemain,
on jette le tout sur un filtre et dans la liqueur filtrée on ne
retrouve pas de traces bien appréciables d'acide silicique.
Le suc gastrique, légèrement en excès, précipite donc
complètement, ou à peu près complètement, l'acide sili-
cique des silicates.
5° Dans une petite quantité de la dissolution d'un sili-
( \U )
cale, on verse de la liqueur acide de l'estomac jusqu'à
légère réaction acide; on obtient, comme dans l'expérience
précédente, un précipité d'acide siïicique, on traite par de
la liqueur alcaline de l'intestin , on maintient le tout à 55°
pendant plusieurs heures; le lendemain on filtre, et dans
la liqueur filtrée, on ne retrouve pas d'acide siïicique. Le
suc intestinal ne redissout donc pas sensiblement le pré-
cipité formé dans les silicates par le suc gastrique.
4° Si au précipité obtenu dans un silicate par un léger
excès de suc gastrique, on ajoute une plus grande quan-
tité de ce suc, le précipité persiste, des traces à peine se
redissolvent.
5° Le précipité obtenu dans les silicates par le liquide
de l'estomac ne se redissout pas lorsqu'on le fait bouillir
avec du carbonate de sodium.
6° Si on traite ce même précipité par de la potasse ou
de la soude caustique , il disparaît lentement et incomplè-
tement à froid, plus rapidement à chaud.
7° Dans 2 grammes de dissolution de silicate de sodium
étendue de 100 grammes d'eau distillée, on verse de la
liqueur acide de l'estomac jusqu'à neutralisation; on ob-
tient un précipité d'acide siïicique qui se dépose rapide-
ment. La précipitation de l'acide siïicique par le suc gas-
trique se fait donc quel que soit l'état de dilution du
silicate.
8° Dans une dissolution de silicate de sodium, on verse
jusqu'à neutralisation d'une dissolution de phosphate acide
de calcium bien pur, préparé en faisant bouillir avec du
carbonate de calcium et jusqu'à cessation de dégagement
d'acide carbonique, le phosphate acide obtenu par l'action
de l'acide sulfurique sur les os calcinés. On obtient un
précipité qu'on lave à l'eau distillée bouillante, puis on le
( 145 )
traite par l'acide chlorhydrique dilué, le quart environ se
dissout; la portion insoluble est entièrement composée
d'acide silicique. L'analyse de la liqueur acide démontre
que la partie soluble dans l'acide chlorhydrique est formée
de phosphate insoluble de calcium et de silicate de calcium.
9° Si , à une dissolution de silicate alcalin , on ajoute de
l'urine humaine fraîche et acide, la liqueur se prend en
masse gélatineuse au bout de très-peu de temps; le préci-
pité analysé est formé d'acide silicique surtout, d'un peu de
silicate de calcium et de phosphate insoluble de calcium.
Dans toutes ces recherches, je me suis servi de l'ammo-
niaque et du molybdate d'ammoniaque pour déceler la
présence de l'acide phosphorique ou des phosphates.
Quant à la chaux, je la constatais à l'aide de l'oxalate
d'ammoniaque, et dans quelques cas j'ai eu recours à
l'analyse spectrale.
10° On traite de l'urine humaine fraîche par du carbo-
nate de sodium jusqu'à réaction légèrement alcaline. On
verse cette urine dans une dissolution de silicate et on
obtient le même phénomène que dans l'expérience précé-
dente; seulement, le précipité m'a paru contenir plus de
silicate de calcium.
11° Si, dans une dissolution de silicate, on verse une
dissolution d'acide urique faite à 55° et qu'on abandonne
la liqueur, après dix jours elle est encore limpide; évapo-
rée en partie au bain-marie, puis abandonnée de nouveau,
on ne voit pas apparaître le plus léger trouble; donc, l'acide
urique est sans action sur les dissolutions de silicates,
dans les conditions précitées.
Si cependant on évapore la liqueur jusqu'à siccilé et que
l'on reprenne ensuite la matière sèche par une grande
quantité d'eau bouillante, on voit qu'une petite partie reste
( 146 )
à l'élat de dépôt qui se dissout lentement et incomplète-
ment dans les liqueurs alcalines; examiné avec soin, ce
dépôt a les caractères de l'acide silicique.
12° Si on répète l'expérience précédente, en substituant
l'acide hyppurique à l'acide urique, on obtient des résul-
tats différents : la liqueur reste d'abord limpide, mais si
on la concentre un peu au bain-marie et qu'on l'abandonne
à elle-même, on la voit, au bout de quelques jours, se
prendre en une belle gelée transparente. L'acide hyppu-
rique précipite donc l'acide silicique des silicates en dis-
solution.
13° Tous les chimistes connaissent l'action de l'acide
chlorhydrique sur les silicates solubles et savent que cet
acide précipite l'acide silicique quand les dissolutions sont
concentrées, que le précipité n'apparaît pas quand les
liqueurs sont étendues ou bien encore quand l'acide chlor-
hydrique est en grand excès.
14° L'acide lactique se comporte à la façon de l'acide
chlorhydrique dans les dissolutions de silicates. Le mélange
de ces deux acides agit de la même manière.
15° 11 est digne de remarque que le suc gastrique, dont
l'acidité est en général due à un mélange d'acide chlorhy-
drique et d'acide lactique, se comporte d'une façon toute
différente du mélange pur de ces deux acides. Cette diffé-
rence ne serait-elle pas due aux phosphates que le suc gas-
trique tient toujours en dissolution? En effet, si l'on fait
un mélange, en volumes égaux, d'acide chlorhydrique et
d'acide lactique, qu'on y fasse dissoudre un peu de poudre
d'os calciné et qu'ensuite on verse cette liqueur acide
dans une dissolution très-étendue de silicate, le liquide se
prend en gelée après quelques heures.
Toutes ces expériences ont été exécutées dans le labo-
(147 )
raloire de M. Melsens et pour ainsi dire sous les yeux du
savant professeur, dont les bons conseils ne me font
jamais défaut.
Interprétation physiologique des expériences
précédentes.
Il résulte, à l'évidence, me semble-t-il, des expériences
précédentes, que lorsqu'on administre à un chien du sili-
cate de potassium ou de sodium en quantité telle que le
silicate ne neutralise pas complètement l'acidité du suc
gastrique, le silicate est décomposé dans l'estomac par le
suc gastrique, l'acide silicique se précipite et n'est plus
absorbable, tandis que le métal du silicate employé se
transforme en chlorure et en lactalc.
Si la quantité de silicate est trop considérable, comme
dans mes trois premières expériences, une portion du si-
licate échappe à l'action décomposante du suc de l'estomac,
arrive dans l'intestin grêle et peut y être absorbé.
11 n'y a donc que cette portion du silicate absorbé dans
l'intestin grêle qui pénètre dans le sang et circule avec lui
pour aller se déverser dans certains organes. Ces organes,
ainsi que le démontrent mes expériences, sont : la rate,
les muscles et les reins.
Pourquoi la rate contient- elle de l'acide silicique en
quantité bien appréciable, alors qu'un poids de sang des-
séché à peu près égal au sien n'en contient que des traces?
je n'essaierai pas d'interpréter le fait physiologiquement;
il y a encore tant d'inconnues dans les fonctions de la rate!
Le rôle de cet organe dans l'économie est entouré de tant
de doutes, que je me contente de signaler le fait et je le
soumets à l'attention des physiologistes qui font une étude
spéciale des fonctions de la rate.
( 148 )
A l'état de repos, les muscles ont une réaction légère-
ment alcaline; elle devient franchement acide pendant ces
contractions et il se produit de l'acide lactique; cet acide
peut réagir sur le silicate qui se trouve en dissolution dans
le plasma qui imprègne le muscle, en précipiter l'acide si-
licique. Cette précipitation doit être singulièrement favo-
risée par les mouvements qui se produisent dans le muscle
pendant sa contraction. La précipitation se fait-elle dans
l'intérieur de la fibre musculaire? J'ai essayé de m'en as-
surer en soumettant les fibres à un examen microscopique;
mes observations ne m'ont rien donné de positif.
La recherche de l'acide silicique dans les muscles de
mes chiens démontre que les silicates n'arrivent qu'en
très-petite quantité à ces organes et que ce sont surtout
les reins qui sont chargés d'éliminer ces substances lors-
qu'elles ont pénétré dans le sang.
L'étude des urines des chiens soumis aux silicates prouve
que les silicates qu'elles contiennent sont presque entière-
ment décomposés avant l'expulsion de l'urine de la vessie
et que le précipité auquel cette décomposition donne lieu
est insoluble. Ainsi que mes analyses le démontrent, ce
dépôt s'est toujours montré, en grande partie, composé
d'acide silicique, auquel s'ajoutaient des corps différents
et en proportions variables, tels que du silicate de calcium,
du phosphate de calcium, du carbonate de calcium et de la
matière organique.
Les réactions chimiques, inscrites sous les nos 8, 9, 10
et II expliquent suffisamment la formation de ce dépôt
dans les conditions de l'expérience; on admet, en effet,
d'après Liebig, que l'acidité de l'urine normale non fer-
mentée est due aux phosphates acides et aux urates acides.
Si nous tenons compte : 1° de la quantité d'urine se-
( m )
crétée en 24 heures par kilogramme de chien (40 grammes
environ); 2° du poids de l'acide silicique que j'ai retrouvé
dans le dépôt des urines de mes chiens; 5° de la durée de
l'expérience ; nous arrivons aux données suivantes pour
la quantité totale de l'acide silicique qui a pu se précipiter
dans toute l'urine sécrétée pendant l'expérience :
Chien n° I. — 800 milligrammes environ, la quantité
de silice administrée n'est pas connue, le silicate employé
n'ayant pas été analysé.
Chien n° 2. — 5 grammes 300 milligrammes environ,
la quantité de silice administrée étant égale à 80 grammes.
Chien n° 3. — 1 gramme 40 milligrammes environ,
la quantité de silice administrée étant représentée par 58
grammes.
Si on se rappelle que le dépôt n'était jamais exclusive-
ment formé d'acide silicique, on se fera une idée exacte
de la masse totale qui aurait pu se déposer dans la vessie,
si tout le dépôt au lieu d'être expulsé avec l'urine, comme
cela s'est fait, avait été retenu dans la vessie, comme cela
aurait pu se faire; car, dit M. Civiale, un grain reste-t-il
dans la vessie, il devient le centre d'un calcul.
Pourquoi l'acide urique disparait-il des urines des chiens
auxquels on administre des silicates alcalins? J'ai dit en
parlant de la décomposition du silicate dans l'estomac
que le métal du silicate décomposé se transforme en chlo-
rure et en lactate, sels qui sont ahsorbés; le chlorure
circule dans le sang sans subir de décomposition ; le lac-
tate, lui, subit l'action de l'oxygène, son acide est brûlé et
il devient carbonate de son métal. Or, tous les physiolo-
gistes savent que si l'on fait prendre à un chien de l'acide
urique et qu'on lui administre en même temps de fortes
quantité de sels alcalins, tels que carbonates, ou de sels
2mc SÉRIE, TOME XXIV. Il
à acides organiques pouvant donner lieu dans le sang à
la formation de carbonates alcalins, on ne retrouve pas
d'acide urique dans l'urine, maison y rencontre une plus
forte proportion d'urée et d'acide oxalique.
La disparition de l'acide urique de l'urine de mes chiens
doit donc être attribuée bien plus à la transformation du
silicate en lactate et de celui-ci en carbonate, qu'au silicate
ou à l'acide silicique lui-même; en définitive, la médication
par les silicates ne donne que les résultats que donnerait
une médication par les sels alcalins. Ce résultat m'avait,
du reste, été prédit par M. Melsens.
L'acide hyppurique précipitant directement l'acide sili-
cique des silicates, il eût été intéressant d'étudier l'action
de ces sels sur les herbivores; je n'ai pu m'en occuper,
mais je compte, si les circonstances me le permettent, y
revenir dans le courant de l'hiver prochain.
La précipitation de l'acide silicique dans les urines et
dans les muscles sont bien des réactions analogues à
celles qui se produisent dans les vases de nos labora-
toires. Si les réactions qui ont lieu dans ce laboratoire si
complet que l'on nomme l'économie animale, n'ont pas
toujours ce caractère de simplicité, et si, trop souvent, elles
nous offrent des complications excessives, n'invoquons pas
cependant pour nous en rendre compte ces agents mysté-
rieux, tels que force vitale, âme animale, etc.; accusons nos
moyens d'étude, nos moyens d'analyse et d'observation,
notre intelligence trop bornée et restons néanmoins con-
vaincus que ces phénomènes sont soumis aux lois géné-
rales de la nature, aux lois chimico-physiques, et que la
différence dans les résultats ne dépend que de la différence
de circonstances, de conditions. Du reste, dans les labora-
toires, deux corps nous donnent-ils toujours le même pro-
duit comme résultat de leur action réciproque? Ne devons-
( 151 )
nous pas aussi tenir compte des conditions de température,
de pression, d'état, de distance, de mouvement etc., etc.
Ainsi et pour ne citer qu'un exemple que j'extrais d'un
mémoire présenté tout récemment à l'Académie des
sciences de Paris, par M. Becquerel : « On a rempli
» un tube de verre, fermé par un bout et fêlé (il faut
» une fente très- étroite) , d'une dissolution assez con-
» centrée de nitrate de cuivre ; puis on a introduit ce
» tube dans une éprouvette contenant une dissolution
» également concentrée de monosulfure de sodium, dont
» le niveau était le même, afin que la pression fût la même
» de part et d'autre. Que devait-il se produire d'après les
» notions que nous possédons sur le mélange de ces deux
» dissolutions qui devait avoir lieu au travers de fentes
» très-étroites? On aurait dû obtenir du sulfure noir de
» cuivre et du nitrate de soude; mais il n'en a pas été
» ainsi : très-peu de temps après la préparation, on a com-
» menée à apercevoir dans les fentes un dépôt très-brillant
» de cuivre métallique ayant l'aspect cristallin; peu à peu
» le dépôt a augmenté, la fêlure est devenue plus grande
» et le tube a fini par éclater; on a pu en retirer de pe-
» tites baguettes de cuivre. »
En terminant, je puis dire, je pense, que les faits relatés
dans ce travail méritent une attention sérieuse de la part
des médecins qui se servent des silicates comme agents
thérapeutiques, en leur accordant, peut-être un peu légè-
rement, des propriétés curatives si diverses. En effet, selon
ces praticiens, ils seraient à la fois anti-goutteux, agi-
raient favorablement dans la carie des os et seraient doués
de propriétés digestives , toniques, diurétiques et proba-
blement fondantes et résolutives.
( m )
Notice sur la synthèse de l'acide musique, de V acide mé-
thyloxybenzoique , d'un crèsol nouveau et sur l'acide
paraiodobenzoïque ; par M. le docteur W. Kôrner.
I. — Synthèse de l'acide anisique.
Dans ces derniers temps, l'acide anisique a été envi-
sagé, non sans raison, comme de l'acide méthyl-paraoxy-
benzoïque, c'est-à-dire comme un acide paraoxybenzoïque
dans lequel l'hydrogène provenant du groupe hydroxylique
du phénol est remplacé par le méthyle :
rHjOCH;
CeHMCO,H.
Cette idée est basée sur les faits suivants :
1° Sur la stabilité de l'acide anisique en présence de la
potasse ;
2° Sur la facilité avec laquelle il se dédouble en iodure
de méthyle et en acide paraoxybenzoïque sous l'influence
de l'acide iodhydrique : ce qui fut observé par M. Saytzeff;
5° Sur la synthèse réalisée par M. Ladenburg, qui a pré-
paré l'acide anisique en chauffant le paraoxybenzoate bipo-
lassique avec de liodure de méthyle et en saponifiant par
la potasse l'éther anisique ainsi obtenu.
Ce fut cette manière nouvelle de se représenter la con-
stitution de l'acide anisique qui me suggéra la pensée qu'on
pourrait l'obtenir par l'oxydation de l'éther crésolméthy-
( *K )
lique, lequel est pour l'acide anisiquece que le nitrotoluol
est pour l'acide paranitrobenzoïque :
C H i0CfÎ3 C H P°a
Èther crésolméthylique. Nitrotoluol.
rH(OCH3 ch!n°3
C6ÏMC02H C«HMCOaH
Acide anisique. Acide paranitrobenzoïque.
Selon toute probabilité, l'éther crésolméthylique devait
donner, par oxydation, de l'acide anisique, de même que
le nitrotoluol , dans une circonstance analogue , avait donné
de l'acide paranitrobenzoïque : l'expérience a pleinement
confirmé ces prévisions.
Pour obtenir le crésol que nécessitait cette expérience,
j'ai eu recours à l'action de l'eau sur du sulfate de diazo-
toluol préparé avec de la tqluidine parfaitement pure. A
cette occasion, j'ai pu constater le fait mentionné dans
le Roscoes Eléments ofChemislry, que le crésol préparé par
cette voie se prend en cristaux nettement définis et avec
des dimensions surprenantes. Il est parfaitement blanc,
entre en fusion à 55°,5 et bout, sans se décomposer, à une
température de 200°; sa solution aqueuse est colorée en
bleu d'azur très-intense par le chlorure ferrique.
L'éther crésolméthylique se prépare en dissolvant le
crésol à chaud dans un léger excès de potasse, préalable-
ment pulvérisée. On introduit le crésolate de potasse avec
un excès d'iodure de méthyle, additionné d'une petite quan-
tité d'alcool méthylique , dans un ballon surmonté d'un ré-
frigérant à reflux. L'intensité de la réaction, qui ne tarde
pas à se produire, est ménagée au commencement en
plongeant le ballon dans l'eau froide; elle est activée vers
( ÏU )
la fin par une chaleur modérée. Avant de soumettre à la dis-
tillation le produit obtenu , on le traite ilérativement par de
l'eau et par une solution aqueuse de potasse caustique.
L'élher méthylcrésolique est un liquide incolore, moins
dense que l'eau, très-mobile, d'une odeur aromatique qui
ressemble à celle de l'anisoî ; il entre en ébullition à 174°
et distille sans se décomposer. Pour le transformer en
acide anisique, on le chauffe modérément avec un mélange
de bichromate potassique et d'acide suifurique dilué dans
un ballon de très-grande capacité, muni d'un réfrigérant
à reflux. Quand la réaction est terminée, on ajoute de l'eau
et on recueille l'acide sur un filtre pour le recristalliser
dans une grande quantité d'eau. L'acide anisique, préparé
par cette méthode, cristallise en de longues aiguilles inco-
lores, très-peu solubles dans l'eau froide, mais qui se dis-
solvent facilement dans l'eau bouillante : il fond à 175° et
se sublime en aiguilles blanches, douées de toutes les pro-
priétés qui distinguent l'acide anisique ordinaire.
II. — Synthèse de l'acide méthyloxybenzoïque.
La belle synthèse que M. Kekulé a indiquée pour la pré-
paration de l'acide benzoïque et de ses homologues n'a
été employée jusqu'ici que pour les hydrocarbures de la
série du benzole. L'idée devait se présenter de l'appliquer
aux dérivés bromes des phénols. Ainsi l'on devait obtenir
les oxacides aromatiques. L'expérience, comme on pou-
vait s'y attendre, » démontré que le sodium remplace
l'hydrogène appartenant à l'hydroxyle, et que l'on ne
réussit pas ainsi à échanger le brome contre le reste C(X2 II
de l'acide formique. Si, au lieu des phénols bromes, on
emploie leurs éthers, qui , par maintes de leurs propriétés,
( m )
ressemblent aux hydrocarbures, la transformation se fait
aisément, et l'on arrive aux dérivés des oxacides, dans
lesquelles l'hydrogène de l'hydroxyle est remplacé par un
radical alcoolique. J'ai obtenu de cette manière, en me
servant de l'éther mélhyliquedu phénol monobromé ordi-
naire, l'acide méthyloxybenzoïque. Cet acide cristallise
en longues aiguilles incolores; il fond à 95° et se sublime
sans altération. Très-peu soluble dans l'eau froide, il se
dissout facilement dans l'eau bouillante. Il est identique
avec l'acide que MM. Graebe et Schultzen ont préparé
par la saponification de l'éther biméthylique de l'acide oxy-
benzoïque.
De même qu'il existe trois monoiodophénols, on peut
faire trois dérivés monobromés du phénol; par suite, en
employant la synthèse que je viens de décrire, on trouve
le moyen de transformer à volonté le phénol dans une des
trois modifications de l'acide anisique, correspondant à
l'acide paraoxybcnzoïque, à l'acide oxybenzoïque ou à
l'acide salicilique. De là, on peut indiquer pour les trois
acides la place qu'ils doivent respectivement occuper dans
les séries des dérivés bis ubsti tués de la benzine. Dès main-
tenant , il est prouvé que l'acide oxybenzoïque se range
dans la catégorie des ortho-composés.
Synthèse du crésol correspondant à Vacide
oxybenzoïque.
Eu égard à mes précédentes expériences, je devais
croire que les élhers des phénols bromes se comporte-
raient vis-à-vis du sodium, employé conjointement avec
les iodures des radicaux alcooliques, et en présence de
l'éther, comme les dérivés bromes des hydrocarbures eux-
mêmes. L'expérience a confirmé mes prévisions.
( loG )
Lorsqu'on met l'éther méthylique du monobromophénol
en contact avec de l'iodure de méthyle, un excès de sodium
et de l'éther anhydre, et que l'on refroidit le mélange, on
voit se produire une réaction lente, à la suite de laquelle
on obtient de l'iodure et du bromure de sodium, au-dessus
desquels surnage un liquide contenant, en même temps que
de l'anisol et une petite quantité d'éther méthylbromophé-
nytique non altéré, un corps nouveau qui bout vers 175° et
qui répand une odeur caractéristique ressemblant à celles
des pommes blettes. Cette substance est l'éther méthylique
d'un crésol jusqu'alors inconnu. Sous l'influence du bichro-
mate de potasse et de l'acide sulfurique dilué, celle-ci se
transforme en acide mélhyloxybenzoïque. Par l'action de
l'acide iodhydrique, elle engendrera le crésol lui-même.
En appliquant cette synthèse aux trois modifications du
phénol monobromé , on doit arriver à trois crésols diffé-
rents, qui sont entre eux dans les mêmes rapports que
Thydroquinone, la pyrocatéchine et la résorcine.
Sur le toluol monoiodé et V acide paraiodobenzoïque.
Il me paraissait désirable de préparer l'iodotoluol, moins
pour lui-même que parce qu'il pouvait me servir comme
point de départ pour la formation de diverses combinai-
sons d'un intérêt plus grand. A cet effet, j'ai eu recours à
la décomposition du sulfate de diazotoluol par l'acide
iodhydrique. Le produit de cette réaction, lavé par une
solution aqueuse de potasse et par l'eau, donne, à la dis-
tillation, de l'iodotoluol pur, qui cristallise en de belles
paillettes lustrées, ressemblant tout à fait à la naphtaline
et dont l'odeur rappelle celle de la menthe. Il fond à 5o°,
bout sans altérer à 21 i°,5 et se sublime déjà à une tempé-
rature ordinaire sous la forme de paillettes très-luisantes.
( i57 )
Jusqu'ici je n'ai pas réussi à le nitrer; toujours une
partie de l'iode devient libre. La formation d'un pareil pro-
duit nitré eût présenté un grand intérêt, parce qu'il aurait
permis, selon toute prévision, de préparer une loluidine
nouvelle par la réduction du groupe N€h> et la substitu-
tion inverse de l'iode.
Un mélange de bichromate de potasse et de l'acide sul-
furique dilué attaque vivement l'iodotoluol, et le trans-
forme dans une nouvelle modification iodée de l'acide
benzoïque, que je propose de nommer acide paraiodoben-
zoïque. Pour préparer celui-ci facilement, on chauffe un
mélange de
15 p, °/u de ioluol monoiodé.
5G » de bichromate de polasse.
800 » d'acide sulfurique.
000 » d'eau.
dans un ballon surmonté d'un appareil à reflux. Quand la
réaction est achevée, on sépare, par la distillation, le totuol
iodé non altéré, on étend le résidu avec de l'eau et l'on
recueille l'acide sur un filtre. Cet acide, après avoir été
lavé par l'eau , est dissous dans une solution de carbonate
de soude, et séparé de l'oxyde de chrome qui se dépose.
On laisse cristalliser la liqueur et l'on décompose, au
moyen de l'acide nitrique, le sel que l'on a purifié par des
cristallisations répétées. Pour obtenir l'acide dans son plus
grand état de pureté, on le fait cristalliser à plusieurs re-
prises dans l'alcool. On le retire de là sous forme d'écaillés
nacrées presque insolubles dans l'eau bouillante, mais qui
se dissolvent en plus grande proportion dans l'alcool bouil-
lant. Cet acide ne fond pas même à une température de
250°; mais il commence à se sublimer à 250°, en donnant
des paillettes blanches très-brillantes.
Le sel de soude cristallise en de longues aiguilles
( 138 )
transparentes. Sous l'influence de la potasse en fusion, il
perd son iode, et forme un acide cristallin qui, d'après sa
forme et ses propriétés, ne peut être que de l'acide pa-
raoxybenzoïque.
Sur quelques transformations de l'acide formobenzoïque ;
par MM. Glaser et Radziszewsky.
Dans une communication récente, l'un de nous a fait
connaître à l'Académie, sous le nom d'acide phényllac-
tique un nouvel acide dérivé de l'acide cinnamique. Cette
substance constitue le second terme d'une série homolo-
gue dont le premier est connu depuis longtemps sous le
nom d'acide formobenzoïque. Ses propriétés et surtout
son mode de formation ne laissent guère de doute sur son
analogie de constitution avec l'acide phényllactiquc. Le
nom d'acide phénylglycoîique, que nous proposons de lui
donner, indique que l'acide formobenzoïque peut être re-
gardé comme de l'acide glycolique dont un atome d'hy-
drogène est remplacé par le reste du benzol G-G H:;. Le
tableau suivant montre les relations de ces acides entre
eux et avec les acides de la série lactique.
Acides de la série lactique.
Acides aromatiques correspondants.
FORMULE GÉNÉRALE £„ Ha« -(>3.
FORMULE GÉNÉRALE £6 Hs £„H2„ i Os.
Acide glycolique . . €2 H4 0-3
Acide lactique . . . €5 H6 4>s
Ac. phénylglycoîique ^6H5.€jH3B-3
[Formobenzoïtiue.'
Ac. pliénYllaclique€6Hs.€-5H5^-3.
( 159 )
Les chimistes se rappellent encore les longues discus-
sions relatives à la constitution et surtout à la basicité des
acides de la série lactique, et auxquelles M. Kekulé est
venu mettre fin en déoiontrant que ces acides sont bialo-
miques, mais monobasiques; qu'ils contiennent un hy-
drogène acide, grâce à la présence du groupe carbonyle,
et un hydrogène alcoolique par suite de celle du radical
hydroxyle (1). Comme le caractère acide de ces substances
n'était pas en question, il s'est contenté d'en établir la
nature alcoolique, en exécutant sur elle une réaction bien
connue pour les alcools, c'est-à-dire en remplaçant l'hy-
droxyle par du brome, à l'acide de l'acide bromhydrique.
Il a exécuté notamment les transformations suivantes :
Ac. glycolique €2 H4 4>3 -+- HBr = H2 O -+- €2 H5 B>- -G-2 Ac. monobromo-
cétique.
Ac. lactique . €z HG ^-3 -+- IIBr = H2-0- H- C3 H5 Br t>2 Ac. monobromo-
propionique.
L'un de nous a démontré que la même réaction a lieu
pour l'acide phényllactiquc et produit un acide phényl-
bromopropionique. Reste donc à exécuter une transfor-
mation analogue pour le quatrième terme de notre tableau,
c'est-à-dire pour l'acide phénylglvcolique : il nous a paru
important de combler celte lacune, pour des raisons que
nous allons essayer de développer.
M. Heintz (2) a trouvé, il y a quelque temps, que l'acide
monochloracétique est décomposé par une solution alcoo-
lique de potasse en donnant un éther acide de l'acide
(1) Ann. Chem. Pharm., GV, 286 et CXXX, 1 1 .
(2) Chem. Central blalt, 1859, p. 862.
( 160 )
glycolique el du chlorure de potassium, ce qui peut s'ex-
primer par l'équation suivante :
Cl
1
^ - €2 Hs
€H2 +
i
€*"5j^- = KG/ + €H2
€^H
' 1
Acide chlor acétique.
Acide èthylglycolique.
[Acide éthoxacétique de M Heintz.)
On a trouvé d'un autre côté que l'acide phénylbromo-
propionique ne se comporte pas d'une manière analogue.
Soumis au même traitement, il perd simplement de l'acide
bromhydrique et se transforme en acide phénylacrylique
ou cinnamique.
I
€H Br -
I
€0-„H
^6H5 ~
k)o--kb/+ Hje-+
€H Br
€. .
€&2H
rpionique. Acide phénylacrylique.
Il se présente donc ici une question fort intéressante.
L'acide phénylbromacétique (bromure de l'acide phényl-
glycolique) se comportera-t-il comme M. Heintz l'a observé
pour le terme correspondant dans la série lactique; ou
offrira-t-il plus d'analogie avec son homologue supérieur,
en donnant naissance à un homologue de l'acide cinna-
mique, dont la formule serait :
Cc H. — €-. .
L'expérience est venue confirmer la première prévision.
( 161
j — Acide phénylbromacétique ou acide a toluique
BROME.
Nous avons préparé tout l'acide forraobenzoïque qui a
servi à nos recherches d'après la méthode indiquée par
MM.Naquet et Longuinine (1), ce qui nous a notablement
facilité ce travail.
Cet acide se dissout aisément dans l'acide bromhvdrique
fumant : cette solution abandonnée pendant quelques
semaines en vases clos, laisse surnager une huile inso-
luble dans l'acide bromhvdrique : cette huile est le bro-
mure correspondant à l'acide phénylglycolique. La réaction
est plus complète et plus rapide, si l'on opère à la tempé-
rature de 120° à 150° en chauffant les substances pendant
une heure dans des tubes scellés à la lampe. Le contenu
des tubes est ensuite versé dans de l'eau, ce qui sépare
une huile qu'on lave h l'eau tiède pour éliminer les der-
nières traces d'acide bromhydrique. Le rendement est
très-satisfaisant : 120 grammes d'acide formobenzoïque
nous ont donné 150 grammes de bromure brut.
Nous avons observé que l'acide phénylbromacélique
ainsi obtenu se solidifiait en l'exposant pendant quelques
jours aux froids de l'hiver. On obtient ainsi une masse
cristalline formée de petites aiguilles, qui, fortement ex-
primées entre du papier buvard et cristallisées ensuite plu-
sieurs fois du sulfure de carbone, donnèrent des cristaux
prismatiques, légèrement colorés en jaune fusible à 82\
et dont l'analyse conduit à la formule €-8 H7 Br-9>
(1) Bull.de la Soc. chimique, V ,25-2.
( 462 )
La réaction qui donne naissance à ce nouveau composé
est exprimée par l'équation suivante :
€6ÏT5-€HeH
I -t- HBr = H0 & h- €6 H, - € HBr
£^2H I
€02H
Acide phénylylycolique Acide phénylbromacelique ou
ou formobenzoïque. a toluiqve monobromé.
L'acide que nous nommons phénylbromacétique contient
donc du brome dans la chaîne latérale : ce brome y rem-
place l'hydroxyle alcoolique, et forme ainsi un produit de
substitution de l'acide phénylacétique, qu'il doit.d'ailleurs
fournir par substitution inverse. Cet acide aurait donc
pour formule :
^6 H"5 £^2
€0, H.
Mais cet acide n'est autre que celui que M. Strecker a
obtenu par la décomposition de l'acide vulpinique et qu'il
a désigné sous le nom d'acide a toluique (1). Pour dé-
montrer que notre acide brome n'est qu'un produit de
substitution de ce dernier, nous avons préparé l'acide
normal en remplaçant le brome par l'hydrogène. A cet
effet, nous avons agité, avec de l'amalgame de sodium en
excès, une solution de 50 grammes de bromure dans
500 centimètres cubes d'alcool à 0,50. La liqueur s'est
échauffée par la réaction et, après quelques minutes, un
vif dégagement d'hydrogène nous a montré que la réduc-
tion était terminée. Après avoir évaporé la solution à siccité
(1) Strecker, Ann. Chem. Pharm , CXI1I, 61.
( 163 )
au bain-marie, nous avons dissous la masse cristalline
dans l'eau distillée, et précipité, par l'acide chlorhy-
drique, l'acide organique qu'elle contenait. 11 s'est déposé
ainsi une huile qui s'est solidifiée en quelques minutes en
même temps que la liqueur se remplissait de lames mi-
cacées brillantes. Nous avons purifié le nouvel acide ainsi
obtenu en le transformant en sel de baryum : et en dé-
composant ce dernier par l'acide chlorhydrique, nous avons
obtenu l'acide pur sous forme d'une masse nacrée formée
de petites paillettes d'une blancheur extrême.
Le point de fusion de la substance ainsi préparée a été
trouvé à 77°. M. Strecker indique pour son acide a lolui-
que 76,°5. Le point d'ébullilion trouvé par nous à 2G5°
coïncide avec celui qu'indique également ce savant. Il n'y
a donc pas à douter que notre acide préparé à l'aide du
bromure de l'acide pbénylglycolique ne soit identique à
l'acide a toluique de M. Strecker. Sa composition a d'ail-
leurs été vérifiée par l'analyse de l'acide libre et par celle
du sel d'argent.
Nous croyons devoir mentionner que M. Grum Brown
est déjà parvenu avant nous à transformer l'acide formo-
benzoïque en acide a toluique : il s'est servi de l'acide
iod hydrique comme agent réducteur (1).
IL — Action de l'alcoolate de potassium sur l'acide
PHÉNYLBROMACÉTIQUE.
Quand, sur l'acide brome que nous venons de décrire,
on fait réagir la potasse caustique, les deux substances
étant en solution alcoolique concentrée et chaude, il s'éla-
(1) Ci-uni Brown , Proc. ofthe Roy. Soc. of Edinb., V, 409.
( 164 )
blit une vive réaction, et, après quelques instants, il se
dépose du bromure de potassium en poudre cristalline. On
maintient la liqueur légèrement alcaline en ajoutant suc-
cessivement de la potasse alcoolique. La liqueur est sépa-
rée après refroidissement d'avec le bromure de potassium
à l'aide du filtre et évaporée à sec au bain-marie. Le résidu
dissous dans l'eau froide est séparé, par filtration , de quel-
ques flocons résineux qui s'y montrent, et additionné en-
suite d'acide chlorhydrique en excès. Il se précipite alors
un acide huileux très-peu soluble dans l'eau, et qu'on
purifie par des lavages prolongés pour enlever les sels
solubies. Cette huile, dissoute dans l'alcool faible, a été
saturée par un léger excès d'eau de baryte. En faisant
passer ensuite un courant d'anhydride carbonique, l'excès
de baryte se transforme en carbonate qui se précipite en
entraînant les impuretés. Après filtration, on obtient un
liquide légèrement ambré, qui, décomposé par l'acide
chlorhydrique, donne l'acide huileux presque incolore.
L'acide libre ainsi préparé se prend , par la dessication
sur l'acide sulfurique, en une masse visqueuse, transpa-
rente, légèrement jaunâtre. Nous n'avons pas réussi à l'ob-
tenir cristallisée. Ses sels sont également amorphes, sauf
le sel de plomb. Le sel de baryum est assez soluble dans
l'eau. Évaporé dans le vide sec, il se transforme en une
masse gommeuse. Le sel de plomb est un précipité blanc
insoluble dans l'eau qui devient cristallin après quelque
temps. Le sel d'argent forme également un précipité blanc,
qui se colore à la lumière.
L'analyse de l'acide libre et celle du sel d'argent con-
duisent à la formule C10 H|2 -B>
On ne saurait avoir de doute sur la constitution de ce
nouveau composé, si l'on a égard à son mode de forma-
( 165 )
lion. La réaction csl en tout point analogue à celle que
M. Heintz a observée pour l'acide chloracétique : nous
obtenons dans les mêmes conditions un éther acide de
i'acide phénylglycolique :
*E'~^+*l'\ + = ** + **'?**'***'
€-8-aH K I €^2H
Acide phényl-bromacétique. Acide phényl-éthylglycolique .
Notre nouvel acide est d'après cela de l'acide phényl-
glycolique (formobenzoïque) dans lequel l'hydrogène al-
coolique est remplacé par le radical éthyle. Son analogue
dans la série des corps gras est l'acide éthoxacétique de
M.. Heintz.
Les métamorphoses de l'acide formobenzoïque que nous
venons de décrire et les transformations que l'on a fait
connaître pour l'acide ciunamiquc rendent parfaitement
visibles les grandes analogies qui existent entre les réac-
tions des corps aromatiques , et celles de la série des corps
gras : elles confirment la manière de voir émise par l'un
de nous en s'appuyant sur la théorie ingénieuse de M. Kc-
kulé, et qui consiste à regarder les acides aromatiques
comme formés par des restes des acides gras soudés au
noyau de benzine. Ce dernier leur imprime leur cachet aro-
matique : mais les chaînes latérales adhérentes à ce noyau
ont conservé leurs propriétés essentielles; et le composé
formé par la soudure de ces parties laisse encore distinguer
aisément les caractères principaux de ses constituants.
Le présent travail a été exécuté dans le laboratoire de
M. Kekulé, et nous remplissons un devoir agréable en
remerciant notre illustre maître pour l'intérêt et la bien-
veillance qu'il n'a cessé de nous témoigner.
2mc SÉRIE, TOME XXIV. 12
( 166
Faits pour servir à la détermination du lieu chimique dans
la série aromatique; par M. le docteur W. Kôrner.
NOTE PRÉLIMINAIRE.
(première partie.)
Dans un précédent mémoire j'ai eu l'honneur de faire
connaître à l'Académie les résultats des expériences que
j'avais entreprises en vue d'étudier quelques dérivés de la
benzine au point de vue de l'isomérie. A cette occasion
j'ai décrit les produits de substitution résultant de l'action
directe du brome sur le phénol; ainsi que les dérivés iodés
obtenus par l'intermédiaire de l'iode et de l'acide iodique;
enfin, j'ai montré comment on arrive aux dérivés hydroxy-
liques en faisant réagir sur les phénols iodés la potasse
caustique en fusion. Depuis lors j'ai élargi le cercle de mes
recherches; j'ai étudié un grand nombre de dérivés du
phénol, surtout ceux qui, indépendamment du groupe
nitroxyle, contiennent encore un ou plusieurs éléments
halogènes. L'étude d'une série de produits de substitution
aussi étendue pourrait être considérée comme un travail
oiseux, ou tout au moins inutile, si elle n'avait pour but
que des corps nouveaux, recherchés sans préoccupation
théorique certaine. Aussi aurais-je hésité à l'entreprendre
si je n'avais pas cru y voir des éléments pour la solution
du problème des isomérics dans la série aromatique.
Déjà, en entreprenant mes études antérieures, j'avais
l'intention de rechercher la cause des nombreux cas d'iso-
mérie que présentent ces corps; je voulais soumettre, au
( 167 )
contrôle des faits l'idée qui avait guidé M. Kekulé, lors-
qu'il formula sa théorie sur la constitution des corps aro-
matiques. Mes recherches en se multipliant ont insensi-
blement doublé leur portée et le problème , tout en devenant
plus vaste, a gagné en même temps plus de précision. En
effet, dans l'étude des cas d'isomérie dans les substances
aromatiques, on peut se poser deux problèmes principaux :
on peut d'abord chercher à établir par l'expérience quels
sont les corps de même constitution, c'est-à-dire dans
lesquels la substitution se fait à des places correspon-
dantes; on peut ensuite spécifier davantage ces places en
cherchant par combien d'atomes d'hydrogène elles sont
séparées entre elles. Dans sa plus grande généralité ce
dernier problème pourrait s'appeler la détermination du
lieu chimique de l'atome substituant.
Si Ton admet que dans le cas des simples métamor-
phoses, le nouveau corps introduit prend la place même
de l'élément déplacé, il va de soi que l'expérience peut
conduire à la solution du premier problème; car, si dans
un produit de substitution on remplace l'un des éléments
ou des radicaux introduits par un autre, les deux pro-
duits de substitution considérés appartiendront à la même
classe, ou, pour mieux dire, les corps introduits occupe-
ront des places identiques.
La solution du second problème paraît, à première
vue, inaccessible à l'expérience; toutefois on peut y par-
venir, quoique bien plus difficilement, par un choix con-
venable d'expériences suffisamment nombreuses. Et c'est
dans ce dernier sens que j'ai dirigé mes recherches d'après
un plan qui comporte une variété de méthodes aussi
grande que possible.
( 168 )
Je crois utile d'indiquer dès à présent, au moyen d'un
exemple , comment il serait possible d'apporter cette
preuve :
Admettons, jusqu'à preuve du contraire, que les six
atomes d'hydrogène de la benzine soient de valeur iden-
tique. Il est vrai que cette hypothèse, si elle ne marche
pas à rencontre des faits, n'est pas encore définitivement
établie; mais je dois dire déjà qu'elle est accessible à l'ex-
périence.
Supposons maintenant que l'on démontre que les trois
dérivés bihydroxyliques de la benzine peuvent, par l'intro-
duction d'un troisième groupe IH>, engendrer la même
benzine trihydroxylée, la phloroglucine, par exemple.
Il sera évident dès lors que dans ce produit trihy-
droxylé les trois restes H-0- doivent occuper les places
une, deux et quatre.
En effet il n'y a que ce seul groupement des trois hy-
droxyles qui puisse réunir en lui les trois cas de position
relative des deux hydroxyles dans les trois dérivés bihy-
droxylesde la benzine.
Pour tous les autres cas la démonstration est analogue;
parfois il arrive qu'elle est plus ardue et alors elle néces-
site la préparation d'un plus grand nombre de combinai-
sons nouvelles.
Quoique les faits que j'ai pu établir jusqu'à présent ne
donnent pas encore de conclusions finales, ils conduisent
néanmoins, si je ne me trompe, à des conséquences d'une
haute importance. C'est pourquoi j'ai cru utile d'en faire
dès maintenant un exposé sommaire.
C 169 )
I.
Dérivés iodés du phénol.
J'ai démontré précédemment qu'on obtient un mélange
de pyrocatéchine et d'hydroquinone en soumettant à l'in-
fluence de la potasse fondue le monoiodophénol préparé
du phénol par substitution directe. Par la suite j'ai trouvé
qu'il existe trois isomères du monoiodophénol qui don-
nent respectivement, quand on les fond avec la potasse,
l'un l'hydroquiiione, l'autre la résorcine, un troisième la
pyrocatéchine, et qui prennent leur place respective dans
trois séries parallèles de dérivés bisubslitués de la ben-
zine. On distingue facilement ces trois séries, dans les-
quelles les dérivés bihydroxyliques ont leurs termes cor-
respondants, par les préfixes ortho-, para- et mêla-.
€GH4.1 on.
€6H4S^3H.O-H
€6H4.N02OH
^i^-e-H.oii
Ortho-
orlhoiodophénol.
Orthonitrophétiol.
{Isonilrupkeno1.)
Hydroquinone.
Para-
paraiodophénol.
Acitli- i>lié-
lolparasulfurique.
Rcsorci
Méta-
métaiodophénol.
Acide phc-
nolmélasulfurique.
Pyrocatéchine.
1. OrtUoiodophéitol. — C'est à la nitroaniline (dérivée
des anilides nitrés), que correspond l'acide monoiodophé-
nique qui, sous l'influence de la potasse fondue, ne donne
que de l'hydroquinone. Cet acide est identique avec celui
qu'a obtenu M. Griess en partant de l'aniline monoiodée
ordinaire. Le même acide correspond également au pro-
duit nitré de l'iodobenzine et à la benzine biiodée préparée
de la benzine même par voie de substitution. De ce que je
viens de dire, il découle que de même que par l'action de
l'iode et de l'acide iodique sur le phénol on arrive à la fois
( 170 )
à deux modifications isomères du monoiodophénol, de
même en faisant réagir l'acide nitrique ou i'acide sul-
furique sur le phénol, on obtient deux modifications mo-
nonitrées ou monosulfurées distinctes. Le mélange dépose
par le refroidissement à 10° une masse compacte brunâtre
d'orthoiodophénol que l'on sépare du peu de liquide syru-
peux surnageant, en le pressant dans un linge; elle cris-
tallise de l'alcool faible sous la forme de longues aiguilles
blanches et d'un éclat brillant.
% Paraioclophénol. — Cette modification du monoio-
dophénol a pour point de départ la benzine binitrée. Pour
l'obtenir on doit passer par un grand nombre de com-
posés intermédiaires; j'ai transformé la binitrobenzine en
paranitro-aniline (a-nitraniline de M. A.-W. Hofmann);
l'azotate de cette base fut transformé en azotate et puis
en sulfate de paradiazonitrobenzine. Ce dernier sel donne,
comme on le sait par les recherches de M. Griess, sous
l'influence de l'acide iodhydrique, la paraiodonitrobenzine,
laquelle fut réduite par l'étain et l'acide chlorhydrique en
paraiodoaniline. L'azotate de cette base fut à son tour
transformé en azotate et enfin en sulfate de paradiazoio-
dobenzine.
Ce sel décomposé par l'eau bouillante donne le pa-
raiodophénol, qui est solide et bien cristallisé. Sa pro-
priété la plus remarquable est de donner, sous l'influence
de la potasse fondue, la résorcine.
3. Métaiodophénol. — Quant à cette modification du
monoiodophénol, je n'ai pas encore réussi jusqu'à présent
à l'obtenir dans un état de pureté parfaite. Elle se trouve
en quantité relativement minime dans le mélange ci-des-
sus indiqué. Par l'action de la potasse en fusion elle en-
gendre la pyrocatéchine.
171 )
II. — Dérivés nitrés du phéxol.
Depuis longtemps on connaît deux modifications dis-
tinctes du mononitrophénol; le mononitrophénol volatil et
l'isonitrophénol. La méthode de préparation de ces deux
composés était fort difficile et ne permettait d'en faire
qu'une faible quantité; elle vient d'être heureusement mo-
difiée par MM. Schmitt et Cook; et quelques améliorations
nouvelles l'ont rendue encore plus pratique.
On ne savait jusqu'ici comment rattacher ces deux corps
aux séries des dérivés bisubstitués du benzole. Je suis
parvenu à lever cette incertitude pour l'isonitrophénol.
C'est ainsi que je l'ai transformé en amidophénol, lequel,
soumis à l'action d'un mélange de bichromate de potasse
et d'acide sulfurique, se transforme en quinone; l'isonitro-
phénol correspond donc à Fhydroquinonc qui se trouve
inscrite dans la série des orthodérivés. Je ferai observer
ici qu'en choisissant les proportions convenables de mé-
lange oxydant et d'orthoamidophénol on arrive, pour le
quinone, à une nouvelle méthode de préparation qui, si
elle n'est pas la plus facile, surpasse du moins toutes
les autres par son rendement et par les importantes con-
séquences qu'elle entraine. En effet, elle nous procure
le moyen de préparer des dérivés substitués du quinone,
qui jusqu'à présent n'étaient pas encore connus. J'ai été
conduit notamment par cette voie à la formation du bibro-
moquinonc pur et à celle du monoiodoquinone.
Quand on s'arrête maintenant à la constitution des
binitrophénols , la théorie fait prévoir l'existence possible
de six modifications différentes. Néanmoins, en introdui-
sant le groupe N-B-.> dans l'un ou l'autre des dérivés mono-
( 172 )
nitrés du phénol , on arrive constamment au même résultat,
c'est-à-dire que par l'action de l'acide nitrique sur l'ortho-
nitrophénol ou sur le nitrophénol volatil on obtient le
même phénol binitré. La constitution de ce dernier pré-
sente donc à la fois celle des deux phénols mononitrés au
point de vue de la position relative des groupes hydroxyle
et nilroxyle. Je me suis assuré ainsi que ce binitrophénol
est identique avec celui qu'on prépare par la méthode de
M. Griess, en faisant bouillir dans l'alcool le diazodinilro-
phénol retiré de l'acide picrique.
De l'ensemble des expériences précédentes on est auto-
risé à conclure à l'identité des différents acides picriques
que l'on peut préparer au moyen de ces différents nitro-
phénols. Et, en effet, j'ai pu me convaincre que tous ces
dérivés trinitrophéniques se confondent en un seul qui se
présente sous la forme de longues paillettes très-brillantes
d'un jaune pâle de soufre, fondant à 122,5°. J'ai déter-
miné à cette occasion les points de fusion de plusieurs
acides picriques du commerce. Je les trouvai entre 114° à
118°.
III. — Dérivés qui contiennent le groupe nitroxyle et
DES ÉLÉMENTS HALOGÈNES A LA FOIS.
Les produits de substitution du phénol qui contiennent
en même temps que le groupe IS-0>, du chlore, du brome,
de l'iode ou même plusieurs de ces éléments halogènes
à la fois offrent un intérêt lout particulier pour l'étude de
l'isomérie. Ceci tient avant tout à ce que l'on peut varier
beaucoup les méthodes de préparation et que, par suite,
on doit obtenir un nombre exceptionnel de modifications
isomériques. On conçoit, par exemple, l'existence possible
( 473 )
de dix isomères pour un corps renfermant un atome de
chlore ei le groupe N-9-2î de seize modifications isomères
d'un produit qui renferme à la fois deux atomes de chlore
et un groupe nitroxyle, et ainsi de suite.
Quant aux modes de formation, voici les principales
méthodes dont on se sert pour la préparation de ces diffé-
rents composés.
1. Par l'action directe de l'acide nitrique on introduit
le groupe N02 dans les dérivés chlorés, bromes ou iodés
du phénol.
2. Inversement on fait réagir le chlore, le brome ou l'iode
et l'acide iodique sur les composés nitrés. 11 va de soi
que les deux méthodes peuvent être également employées
l'une après l'autre; ainsi l'on pourra, après avoir introduit
le groupe N02 dans un produit chloré, brome ou iodé,
soumettre celui-ci de nouveau à l'action du chlore, du
brome ou de l'iode; de même après avoir remplacé de
l'hydrogène par le chlore, le brome ou l'iode dans un pro-
duit nitré, il est possible de le nitrer encore une fois.
3. Les dérivés nitrés du phénol qui contiennent plu-
sieurs fois le groupe nitroxyle peuvent être partiellement
réduits, diazotés, puis iodés au moyen de l'acide iodhy-
drique. Si au lieu des produits de substitution du phénol ,
on emploie leurs éthers, on arrive de même à y faire
entrer le chlore ou le brome.
Les combinaisons obtenues par cette dernière méthode
sont d'une valeur toute spéciale parce qu'elles nous mon-
trent le rapport qui existe entre le produit nitré et le com-
posé résultant de la substitution du nitroxyle par un élé-
ment halogène.
4. Au lieu de se servir des dérivés substitués du phénol
on pourrait avoir recours à ceux d'une combinaison plus
( 174 )
complexe, capable d'engendrer le phénol à la suite d'un
dédoublement qu'on lui ferait subir. J'ai même fait quel-
ques expériences dans cette direction , en me servant des
dérivés des acides salicylique, oxybenzoïque et paraoxy-
benzoïque; mais je me dispenserai d'examiner pour le mo-
ment les corps ainsi obtenus.
On ne connaissait jusqu'ici qu'un nombre très-restreint
de produits de substitution de ces diverses espèces. Lau-
rent avait brome le binitro- phénol et préparé ainsi le
bromobinitrophénol : Laurent et Delbos avaient nitré le
phénol bichloré brut, et obtenu ainsi le nitrobichlorophé-
nol. Depuis M. Griess, en traitant le monochlorophénol
par l'acide azotique, a obtenu le binitrochlorophénol; et
M. Dubois a préparé récemment le même corps en partant
du monochlorophénol pur.
Les dérivés iodés et nilrés semblaient se prêter tout
particulièrement à mes vues : aussi mes recherches ont-
elles spécialement porté sur ces corps, bien que dans cer-
tains cas elles aient dû s'élendre aux dérivés bromes. Il m'a
surtout paru intéressant d'examiner, au point de vue des
différences dans les propriétés physiques, les dérivés par
substitution qui, indépendamment du groupe N-B\>, conte-
naient en même temps le chlore et le brome, ou le chlore
et l'iode, ou enfin le brome et l'iode. J'ai engagé M. Brunck
à préparer les quatre dérivés qui devaient résulter de l'ac-
tion du brome sur l'orthonitrophénol et le nitrophénol, à
savoir le bromorthonitrophénol , le bibromorthonitrophé-
nol, le bromnitrophénol et le bibromonitrophénol. M. Jan-
sen a examiné, à ma sollicitation , les dérivés chlorés cor-
respondants; et comme j'ai préparé moi-même tous ces
corps pour m'en servir dans des recherches ultérieures,
j'ai eu l'occasion de vérifier l'exactitude des résultats obte-
( 175 )
nus par ces deux chimistes, élèves du laboratoire de l'Uni-
versité de Gand.
Je passerai en revue, dans ce qui va suivre, les princi-
paux résultats obtenus jusqu'ici dans la direction indiquée
plus haut. J'indiquerai d'abord ceux qui ne me sont pas
personnels, ainsi que leurs auteurs respectifs. Comme les
dérivés chlorés ne permettent pas jusqu'ici de déductions
théoriques, je passerai sous silence tout ce qui s'y rap-
porte, en me réservant de revenir plus tard sur ce sujet.
1 . Dérivés contenant à la fois le groupe N-Oj et le brome.
Monobrotnorthonitrophénol : €c H3. Br. N*G-.>. "8-H . Cet
acide peut être obtenu par l'action du brome sur l'ortho-
nitrophénol et retiré de son sel de baryte dans un état de
pureté parfaite. Il cristallise en aiguilles blanches qui fon-
dent à 102° et se liquéfient sous l'eau à une température
beaucoup plus basse; il n'est pas volatil sans décomposi-
tion, il se dissout facilement dans l'alcool et l'éthcr, mais
plus diflicilement dans l'eau lors même que celle-ci est
bouillante (Brunck).
Sel de potasse : croûte cristalline d'un jaune orange,
très-soluble dans l'eau.
Sel de soude : aiguilles jaunes, devenant rouges quand
elles tombent en efllorescence.
Sel de baryte : [€-c H5. Br. N-9-â.-e-]a Ba" -+- 5 H2 -S-, pe-
tites aiguilles orangées dont la solution saturée à chaud
dépose par le refroidissement des prismes rouges qui, même
sous l'eau, repassent très-facilement à la première forme
cristalline.
Sel d'argent: aiguilles microscopiques jaunâtres, presque
insolubles dans l'eau (Brunck).
( 176 )
Monobromonitrophénol : €-6 H5. Br. N-€h2. -OH. De même
qu'on a préparé le précédent acide avec le brome et l'or-
thonitrophénol, on fait celui-ci avec le nitrophénol et on
le purifie en le transformant en sel de potasse. Il cristallise
de l'alcool en petites paillettes (Brunck) et de l'éther
en grands prismes bien définis (Kôrner), fond à 88°, se
sublime légèrement et se volatilise avec la vapeur d'eau.
On peut le distiller par petites parties. Presque insoluble
dans l'eau, il se dissout facilement dans l'alcool et mieux
encore dans l'éther (Brunck). Par l'action d'un mélange re-
froidi de nitrate de potasse et d'acide sulfurique il se trans-
forme au bout de quelques minutes en nitrobromonitro-
phénol , identique avec le binitrobromophénol (Kôrner).
Sel de potasse : €-6 H5. Br. N-9-2- -€H( +2H2^ pyra-
mides aciculaires, transparentes, d'un beau rouge de sang-,
inaltérables à l'air et assez solubles dans l'eau.
5e/ de baryum : [€-fi H3. Br. N-€h. -0-]2 Ba" petites pail-
lettes rouges d'un éclat d'or métallique. (Brunck).
5e/ d'argent : précipité rouge brunâtre qui à la longue
prend sous l'eau une forme cristalline. Par l'action d'un
excès d'iodure de méthyle, il se transforme en èther mé-
thylique -GG H5. Br. N-6h2. -€H^H3 qui cristallise dans l'al-
cool sous la forme d'aiguilles incolores, fusibles à 87°.
( Kôrner).
Bibromoorthonitrophénol : €-6 H2 Br2 . N-0"2 . -9"H .
M. Brunck a obtenu ces corps, par l'action d'un excès de
brome sur l'orthonitrophénol, sous la forme d'une poudre
blanche, insoluble dans l'eau. Il cristallise dans l'alcool en
de petits prismes incolores, dans l'éther en prenant une
forme prismatique présentant un grand nombre de faces
(Kôrner). Il fond à 141° et se décompose à une tempéra-
ture un peu plus élevée,
( 177 )
Sel dépotasse : G6 H2. Br2. N-9-2. -GHv. Longues aiguilles
orangées, prises en gerbes; facilement solubles dans l'eau
bouillante, peu solubles dans l'eau froide. Moins fréquem-
ment on obtient un sel de potasse cristallisant avec deux
molécules d'eau, sous la forme de petites écailles d'un jaune
clair.
Sel de baryum : [£6 H2. Br. N-9-2. -9-]â Ba" H- 10 H2 ^,
aiguilles aplaties, d'un jaune d'or, transparentes, qui,
exposées à l'air, perdent de l'eau et prennent une couleur
rouge.
Sel d'argent : €-6 H2 Br. M>2. ■& kg, aiguilles microsco-
piques jaunâtres, presque insolubles dans l'eau. (Brunck).
Nilrobibromophénol : €-G H2. Br. N-£h2. -6-II. Cet acide
se prépare avec le bibromophénol mis en contact avec un
mélange refroidi de nitre et d'acide sulfurique. M. Brunck
a obtenu le même corps par l'action d'un excès de brome
sur le nitropbénol volatil. 11 cristallise de l'alcool sous la
forme de prismes opaques d'un jaune de paille, et de Péther
en prismes orangés transparents et très-bien définis. Il fond
cà 117, 5°; il peut être sublimé et distillé sans décomposi-
tion quand on a soin d'employer une chaleur graduée ; il
se volatilise aussi avec la vapeur d'eau.
Sel de potasse : GG H2. Br2. N-€h2. -O-H. Aiguilles écar-
lates à reflets d'or métallique, très-peu solubles dans l'eau
froide, plus solubles dans l'eau bouillante, et plus encore
dans l'alcool.
Sel de baryte : précipité rouge orangé.
Sel d'argent: précipité rouge brun, semblable au chro-
male d'argent.
Nilrobromorthonitrophênol. — Brombinitrophénol :
€GH2.N-9-2.Br.N^2.-9-H. On traite le bromorthonitro phé-
nol par un mélange refroidi d'acide sulfurique et de ni-
trate de potasse. Le mélange est additionné d'une grande
(178)
quantité d'eau, laquelle ne dissout que le bisulfate de
potasse. Le résidu est transformé en sel de potasse que
Ton purifie par plusieurs cristallisations pour en séparer
ensuite l'acide. Celui-ci se précipite sous la forme de pe-
tites aiguilles jaunâtres. Peu soluble dans l'eau bouillante
et dans l'alcool froid, il se dissout mieux dans l'éther d'où
il cristallise en de longs prismes d'un jaune de soufre. Il
fonda 119° et se sublime quand on prend la précaution
de le soumettre à une température modérée par petites
portions à la fois; sinon il détone. Cet acide est identique
à celui que M. Laurent a obtenu en dissolvant le bini-
tropbénol dans du brome légèrement cbauffé.
Sel de potasse : ^H^N^.Br.N^-B-KH-H,^. Longues
aiguilles jaunes aplaties et d'un éclat soyeux, assez peu
solubies dans l'eau froide.
JSilrobromnitrophènol. — Binilrobrompbénol : QG FL2
N-9\2 • R-&i ■ Br. -G* H. S'obtient par faction d'un mé-
lange refroidi de nitre et d'acide sulfurique sur le bromo-
nitrophénol ou sur le nitrophénol. Pour le purifier on
transforme le produit de cette réaction, après l'avoir lavé
avec de l'eau, en sel de potasse, on fait cristalliser à plu-
sieurs reprises de l'eau à l'aide du noir animal et on le dé-
compose par l'acide chlorhydrique. L'acide est très-peu
soluble dans l'eau froide, plus soluble dans l'eau bouillante
dont il cristallise par refroidissement en aiguilles jaunes
pâles; il se dissout facilement dans l'alcool et dans l'éther
d'où il se dépose sous la forme de longs prismes orangés;
il fond à 78° et se sublime sans se décomposer. Au con-
tact de l'air il se colore promptement en rouge.
Sel de potasse : G6 H2N-9-3. NB> Br. -£Mv. Petites ai-
guilles rouges d'un reflet métallique vert, très-peu solu-
bies dans l'eau froide et dans l'alcool, plus solubies dans
l'eau chaude.
(179)
" 2. Dérivés contenant à la fois le groupe N-9-2 et l'iode.
En traitant le nitrophénol ou l'orthonitrophénol en so-
lution alcaline par un mélange d'iode et d'acide iodique
on parvient à préparer, selon les proportions que l'on em-
ploie, des dérivés mono- ou biiodés de ces acides.
Iodorthoniirophénol : £6H5I N-0-2-8-H. On l'obtient en
soumettant l'orthonitrophénol en solution alcaline à l'ac-
tion de l'iode et de l'acide iodique pris dans les propor-
tions indiquées par l'équation suivante :
o£G H4 . iYO-2 . OH .H- 2 Ja -*- . HJ08 = S C6 H3 .1 . NOa . OH -f-5H9 O.
Par l'influence de l'acide chlorhydrique il est précipité
sous la forme d'une masse fondue jaunâtre.
Jl est à observer que par une première affïision d'acide
chlorhydrique il se dépose à la fois de l'iode et de l'acide
iodé, tandis qu'il reste dans la solution une partie d'acide
non iodé. Pour arriver à introduire l'iode dans toute la
quantité d'acide, on sursature le mélange par une base
alcaline et l'on précipite de nouveau par l'acide chlorhy-
drique. Ce traitement est à répéter jusqu'à ce que tout
l'iode soit entré en combinaison, c'est-à-dire jusqu'à ce
qu'il ne se dépose plus d'iode en même temps que l'acide
iodé.
On purifie l'iodoorthonitrophénol en le faisant bouillir
dans une grande quantité d'eau d'où il cristallise par le
refroidissement sous la forme de longues aiguilles jaunâ-
tres. 11 fond à 95°, se liquéfie sous l'eau à une température
beaucoup inférieure et ne se volatilise pas sans se décom-
poser.
( 180 )
Sel de potasse . Fort soluble dans l'eau d'où il se dépose
sous forme de petites aiguilles jaunes groupées en masses
sphéroïdales; un peu moins soluble dans l'alcool d'où il
cristallise avec trois molécules d'eau en petits prismes
transparents d'un jauue citron.
Sel de soude : GgH5. ï. IVO^Na-h 2 »/2H2^. Petites
écailles elliptiques d'un jaune d'or.
Sel de baryte : Aiguilles rouge jaunâtre assez solubles
dans l'eau.
Sel d'argent : Précipité jaune de citron presque inso-
luble dans l'eau froide et même dans l'eau bouillante d'où
il se dépose sous forme de petites aiguilles jaunâtres.
En traitant le diazonitrophénol par l'acide iodhydrique,
on obtient un acide identique au précédent et qui ne sau-
rait être purifié que par des cristallisations répétées dans
le sulfure de carbone bouillant, il fond à 94° et donne un
sel de baryte cristallisant en aiguilles pyramidales rouges
orangées. Son éther méthyiique est solide, incolore et bien
cristallisable.
Iodonitrophénol. G6H5.I.N^2.-&H. On le prépare avec
le nilropbénol volatil de la même manière que l'acide pré-
cédent est préparé avec l'orthonitrophénol. Il est d'un
jaune d'or, facilement cristallisable et forme des sels
rouges qu'il ne m'a pas encore été possible d'étudier.
Biiodorthonilrophénol : G6H2. Î.N2-B-2. -GHJ. Pour l'ob-
tenir on soumet une solution alcaline d'ortbonitropbénol à
l'action d'un mélange d'iode et d'acide iodique pris dans
les proportions qu'indique l'équation suivante :
:iG6 H4 . N-0-3 .OII-+-4I2-h2HI^>3 = a€6 H, . I2 . NB-2 . -GH +6 H, 4>.
Il est précipité de la solution de ses sels par l'acide cblor-
hydrique sous forme d'une poudre blanche et cristallise
C 181 )
de l'élher en de grands prismes incolores qui deviennent
d'un jaune pâle de soufre quand on les expose à l'air. Il
fond à 156,5° et se décompose à une température un peu
supérieure à son point de fusion.
Sel de potasse : GcH2.ï2.Mh2.-GH\. Longues aiguilles
groupées en gerbes, d'un jaune d'or, qui, vues sous un
certain angle, présentent une irisation violette.
Sel de sonde : Lamelles allongées d'un jaune orange,
eftlorescentes.
Sel d'argent : Précipité jaunâtre, presque insoluble dans
l'eau.
Biiodonitrophénol : G6 II2. J2. !N4>2.-6iI. On utilise pour
la préparation de cet acide la méthode précédente , sauf que
l'on remplace ici l'or thon itrophénol par le nitrophénol vo-
latil. Il se précipite par l'acide chlorhydrique sous forme
d'une poudre cristalline jaune foncé, peu soluble dans
l'eau, mais qui se dissout facilement dans l'alcool bouil-
lant et dans l'éther. Il cristallise d'un mélange d'alcool et
d'élher sous forme de fines aiguilles jaune foncé, et de
l'éther en grands prismes d'un éclat vitreux. Il fond
à 98°.
Sel de potasse: €6 H2. J2. N-Gh2. -6H\. Larges aiguilles
d'un rouge brun, très-solubles dans l'eau froide, plus so-
lubles dans l'eau chaude.
Sel de soude : G6 H2. J2. l\-02. -&ha -h H2 -&, cristallise
de l'alcool en beaux prismes d'un brun foncé et d'un éclat
d'or métallique. Sa poudre est rouge de sang.
Sel d'argent : Précipité d'un brun très-foncé, insoluble
dans l'eau.
lodobromorthonUrophénol : €-6 H2. J. Br.N-9-2. -0H.
Il se forme dans une solution alcaline de bromorthoni-
trophénol additionné d'iode et d'acide iodiquc. C'est une
2me SÉRIE, TOME XXIV. 15
( 182 )
poudre blanche qui cristallise de l'éther en beaux cristaux
incolores, insolubles dans l'eau, peu solubles dans l'alcool
mais assez solubles dans l'éther.
Sel de potasse : G6 H2. J. Br. N-0-2. -GH\. Faisceaux d'ai-
guilles jaunes, fort semblables à celles du hibromorthoni-
trophenate de potasse.
lodobromonitrophènol : €-c H2 . J . Br. N-Eh2. -OU . On
l'obtient par la méthode qui a servi à la préparation du
précédent acide. I! cristallise de l'éther sous forme de
grands prismes orangés, fond à 104.2° et se volatilise fa-
cilement avec la vapeur d'eau. Tous ses sels sont peu so-
lubles dans Feau; sauf ceux à base alcaline, ils tiennent par
leurs propriétés le milieu entre les sels du biiodonitro-
phénol et ceux du bibromonitrophénol.
Sel de potasse : €-6 H2. J. Br. N-€k2. -0-K. Aiguilles
brunes aplaties d'un vif éclat métallique.
Sel de soude : G6 H2. J. Br. N-fr2. -B-Na H- H2 -&.
Prismes d'un brun foncé.
Les sels de baryte, de plomb et d'argent se présentent
sous forme de précipités d'un brun foncé.
Iodobinitrophénol : €-6 H2 . j. N-Gg. N-9> Le binitro-
phénol se transforme en iodobinitrophénol quand on sou-
met sa solution alcaline à l'influence de l'iode et de l'acide
iodique. L'iodobinitrophénol est d'un jaune pâle; il n'est
guère soluble dans l'eau et se dissout mieux dans l'alcool
ou dans l'éther. 11 fond sous Feau bouillante et se volati-
lise en quantité appréciable avec la vapeur d'eau. 11 cris-
tallise de l'alcool en prismes jaunes de soufre d'un éclat
vitreux.
Sel de potasse : €-G H2. J. N-9> rW2 . M -f 2 H2 -9-,
cristallise de l'eau sous forme de petites paillettes ou de
longues aiguilles jaunes, contenant deux molécules d'eau.
( 183)
Sel de baryte : Paillettes jaunes peu solubles dans l'eau.
En faisant réagir l'acide iodhydrique sur le diazodini-
trophénol, on obtient un acide de môme composition que
le précédent, dont il affecte presque toutes les propriétés :
il est même fort probable qu'il lui est identique. Les sels
des deux acides ont plus d'un point de ressemblance; seu-
lement, le sel de potasse du dernier n'a pu être obtenu
qu'à l'étal anhydre, sous forme d'aiguilles d'un rouge
orange.
Les faits que je viens d'exposer conduisent dès à pré-
sent à des conclusions importantes pour la solution du
second problème énoncé plus haut. J'en exposerai quel-
ques-unes pour le moment; mais je crois qu'il serait pré-
maturé de m'y étendre longuement, avant d'avoir augmenté
encore considérablement le nombre des faits qui doivent
me servir de base. 11 suffit, en effet, d'une seule observa-
tion erronée pour entraîner de profondes modilications
dans les idées théoriques que l'on se serait faites avant
d'avoir reconnu l'erreur. Comme la plupart des démon-
strations sont basées sur la constatation de l'identité ou
de la différence de plusieurs substances de même compo-
sition, mais obtenues par des réactions diverses, on con-
çoit que ces déterminations doivent être faites avec la der-
nière rigueur et qu'il ne suffit pas de l'étude de quelques
sels, par exemple, pour fonder un jugement. On sait, en
effet, qu'une seule et même substance affecte parfois des
caractères tout à fait distincts pour peu que l'on fasse va-
rier les conditions dans lesquelles elle se produit, tandis
que des corps manifestement dissemblables offrent parfois
des ressemblances telles, qu'il est impossible de les distin-
guer d'abord. On ne peut écarter ces causes d'incertitude
qu'en faisant une étude minutieuse des métamorphoses de
( 184 )
la substance à examiner, en accumulant les faits par la pré-
paration d'un grand nombre de produits de substitution
nouveaux, et enfin en mettant à profit l'examen des pro-
priétés physiques du corps en expérience, et surtout la
forme cristalline et les propriétés optiques.
J'ai établi l'identité entre les corps suivants :
1° Le binilrophénol, préparé à l'aide du nitrophénol
volatil, est identique avec celui que l'on obtient à l'aide de
l'orthonilrophénol ;
2° En nitrant le phénol on obtient toujours le même
acide picrique;
o° Le binitromonobromophénol, obtenu en nitrant le
monobromophénol, est identique avec le corps qu'on ob-
tient en faisant le produit de substitution brome du nitro-
phénol volatil, et en traitant ce produit par l'acide azo-
tique;
4° Le bromobinilrophénol, obtenu en bromuranl ie
binitrophénol, est identique avec le nitrobromorthonitro-
phénol préparé en nitrant le bromorthonitrophénol;
5° En nitrant le bibromophénol on obtient un nitrobi-
bromophénol identique avec ie produit résultant de l'action
du brome sur le nitrophénol volatil;
6° L'iodorthonitrophénol, obtenu en iodant l'orthonitro-
phénol, est identique à la substance de même compo-
sition préparée en réduisant partiellement le binilrophénol,
transformant ensuite en produit diazoté et en décompo-
sant ce dernier par l'acide iodhydrique.
De ces diverses identités on peut tirer notamment les
conclusions suivantes :
a. Les deux places occupées par le groupe N£h2 dans
le binitrophénol sont respectivement celles qu'il occupe
dans l'orthonitrophénol et dans le nitrophénol volatil.
( 185 )
b. Dans la réduction partielle du binitrophéuol , c'est le
groupe N-9-2 correspondant au nitrophénol volatil, qui se
change en NrL2.
c. Enfin , il appert déjà que dans le nitrophénol volatil ,
le groupe 1TO\2 et l'hydroxyle n'occupent pas des positions
diamétralement opposées ou séparées entre elles par les
places de deux atomes d'hydrogène. En d'autres termes,
le groupe N-€h2 s'y trouve par rapport à l'hydroxyle dans
une position telle qu'il doit y en avoir une autre exacte-
ment correspondante.
Que ces conclusions soient l'expression exacte de la
vérité, ou qu'elles doivent subir encore quelques modifi-
cations pour s'en rapprocher, il n'en est pas moins vrai que
les résultats consignés dans ce travail établissent, si je ne
me trompe, que la détermination du lieu chimique est
accessible à l'expérience.
Dans une seconde partie de cette notice préliminaire,
j'aurai l'honneur de soumettre à l'Académie l'étude d'un
grand nombre de transformations des substances qui l'ont
l'objet du présent travail; je décrirai également un nombre
considérable de produits de substitution contenant, indé-
pendamment du chlore, du brome, de l'iode ou du
nilroxyle, le groupe NH2; enfin, je présenterai l'histoire
des dérivés éthérés qui se rattachent aux corps précé-
dents, je veux dire les anisols substitués. Je me réserve
d'ailleurs de publier par la suite la description détaillée de
tous ces corps, avec les analyses à l'appui, ainsi que l'ex-
posé de leurs caractères optiques et crislallographiques.
( 186 )
Note sur quelques sels de l'acide itamalique, par M. H. Ron-
day, lieutenant détaché à l'École militaire.
J'ai l'honneur de soumettre à l'appréciation de l'Aca-
démie l'examen de quelques sels de l'acide itamalique, dé-
couvert récemment par M. Swarts. J'ai entrepris cette
étude, moins en vue d'ajouter aux sels déjà décrits par ce
savant une série de corps nouveaux, que pour rechercher
de nouvelles preuves de l'homologie véritable qui rattache
l'acide itamalique à l'acide malique.
Itamalate de potassium. — J'ai préparé ce sel en neu-
tralisant exactement l'acide itamalique par la potasse caus-
tique. La liqueur s'est desséchée par l'évaporation à 100°
en une masse gommeuse, laquelle, desséchée dans le vide
à 140°, a laissé dégager beaucoup d'eau, et s'est finalement
transformée en une masse visqueuse, semblable à de l'an-
hydride borique fondu, et se laissant, comme ce dernier,
étirer en longs fils, cassant après refroidissement. A froid,
la substance est vitreuse et cassante, mais absorbe très-
rapidement l'humidité de l'air et devient alors très-diffi-
cile à pulvériser. Tous les efforts pour la faire cristalliser
ont été vains.
Le dosage du potassium a donné le résultat suivant :
Itamalate de calcium. — J'ai pleinement vérifié les in-
dications de M. Swarts relatives à la préparation de ce sel;
mais si, au lieu de faire bouillir le produit de la réaction de
la chaux sur l'acide ilamonochloropyrotarlrique jusqu'à
précipitation de l'itamalate de calcium avec une molécule
d'eau de cristallisation, on se contente d'évaporer douce-
( 187 )
ment jusqu'à consistance syrupeuse, ou bien si , aux eaux-
mères qui ont laissé déposer le sel grenu, on ajoute de
l'alcool jusqu'à ce que le précipité, qui se redissout d'abord,
devienne persistant, il se dépose, au bout de quelques
heures, des cristaux durs, croquant sous la dent, et affec-
tant des groupements semblables à ceux du sulfate de
potassium. Vus au miscroscope ou à la loupe, ces cristaux
affectent la forme de prismes rhomboïdaux obliques.
Voici les résultats qu'ils ont donnés à l'analyse :
1,0930 gr. de substance ont perdu, à 150°, 0,2070 gr. H,0-;
ce qui correspond à 18,9 °/„. La formule C8 HGC«-6-5 -+-
SV9IP6- exige 19,4- °/0 d'eau.
0,5090 gr. de substance desséchée à 150° ont donne 0,3073 gr. de Ca € <> l;
ce qui correspond à 21,2 °/„ de calcium; 'a formule du sel
sec en exige 21,5 °/„.
Les cristaux s'effleu rissent dans le vide en perdant l/2
1,0720 gr de substance desséchée dans le vide ont perdu, à 100°,
0,1785 gr. H20;
ce qui revient à 16,9 °/0. Deux molécules d'eau corres-
pondent à une perte de 16,(3 °/„. On remarquera ici une
nouvelle analogie entre l'acide itamalique et son homo-
logue inférieur pour lequel on connaît également un sel
contenant 2 */a H--B-.
Si l'on soumet l'itamalate de calcium desséché à 160'
à l'action de l'eau, il s'y dissout presque totalement. Le
lendemain, on trouve dans la liqueur un dépôt du sel
( 188)
grenu insoluble. Si l'on soumet alors la liqueur filtrée à
l'évaporalion lente, il s'y dépose des cristaux magnifiques
avant de nombreuses laces pentagonales et un liabitus
prismatique. M. Swarts, qui avait déjà obtenu ce sel d'une
autre manière, crut avoir affaire à des dodécaèdres pentago-
naux , attendu qu'il n'avait obtenu que des cristaux micros-
copiques. Un cristallographe distingué a bien voulu se
charger de la mesure de ces cristaux, et j'espère pouvoir
la communiquer prochainement.
Ce sel peut aussi s'obtenir en laissant le sel grenu en
digestion avec de l'eau et évaporant ensuite. M. Swarts a
déjà trouvé que cette substance contient trois molécules
d'eau.
Voici les résultats d'un dosage d'eau de cristallisation,
que j'ai effectué :
i,66oo gr. de substance perdirent, à 160°, 0,ô700 gr. d'eau;
ce qui correspond à 22,2 °/0 ; la formule Cli HG Ca -€H -+-
oH2-6- exige 22,4 °/0.
On sait que le malate de calcium perd , par la chaleur,
les éléments de l'eau et se transforme en fumarate. Je me
suis assuré que l'itamalate présente une réaction analogue,
et se transforme en itaconate. Pour cela, il suffit de main-
tenir la substance pendant quelques heures à 220°; on
voit alors la vapeur d'eau se déposer sur les parties froides
de l'appareil. La substance fut ensuite décomposée par
l'acide sulfurique étendu et épuisée par l'éther, lequel
abandonna par l'évaporation de petits cristaux d'acide ita-
conique. Ces cristaux furent dissous dans l'eau et donnè-
rent ainsi des cristaux plus volumineux, possédant la forme
et le clivage de l'acide i laconique. D'ailleurs, ils en avaient
( 189 )
le point de fusion (162°), et leur composition fut contrôlée
par l'analyse :
0,1660 gr. de substance donnèrent 0,-2800 gr. C-0-* et 0,0690 gr. de HM>.
CALCULE.
TROU\
£5
- 60 - 46,1
46,0
He
— 6 4,6
4,6
^"4
64 49,3
—
Je n'ai pas plus réussi que M. Swarts à préparer l'ita-
malate de calcium acide, même en variant considérable-
ment les méthodes.
Itamalate de strontium. — Ce sel s'obtient en faisant
bouillir une solution d'acide itapyrotartrique monochloré
avec du carbonate de strontium, et en achevant la satura-
tion avec de l'eau de strontiane. Après une ébullition pro-
longée, le sel se précipite à l'étal d'une poudre cristalline
peu soluble dans l'eau. Il retient opiniâtrement le chlorure
de strontium qui se forme dans la préparation; aussi, pour
l'avoir pur, faut-il le laver à l'alcool. Il semble être anhydre.
Voici les résultats donnés par l'analyse :
I. . . 0,4985 gr. de subst. donnèrent 0,3920 gr *>• S-&'
II. . . 0,1410 id. 0,1110 id.
III. .. 0,1977 id. 0,1230 gr.^rC-0-3
IV. . . 0,2793 id. 0,1720 id.
V. .. 0,4030 id. 0,3733 gr. C-0-* et 0,1015 gr. H*&;
ce
qui
donne :
CALCULÉ.
Cs
60
25,6
H6
6
y> S
-S-r
- 87,3
37,4
^5
80
34,3
III. IV. V.
- 23,3
- - 2,7
57,0 57,3 57,3 36,3
( 190 )
Mis en contact avec de l'eau, il s'y dissout à la longue,
et se dessèche par l'évaporation en une masse gommeuse.
llamalate de baryum. — Quand on sature par le carbo-
nate de baryum l'acide itapyrotartrique monobromé, et
que l'on extrait ensuite de la solution concentrée le bro-
mure de baryum par l'alcool, on obtient un précipité géla-
tineux qui se dessèche en une masse gommeuse. On peut
l'obtenir à l'état d'une poudre crayeuse en lavant le préci-
pité encore imprégné d'alcool avec beaucoup d'éther, et en
desséchant dans le vide. Préparée de cette manière, la
substance retient toujours du bromure de baryum; mais si
on la dissout dans l'eau, et qu'on la soumette ensuite à
l'évaporation lente, elle se dépose à l'état de lames rhom-
boïdales nacrées qui se réunissent en croûtes cristallines
d'un éclat gras.
Ce corps contient deux molécules d'eau de cristallisatioi
qu'il perd presque totalement au-dessous de 100°, mai*
qui ne s'éliminent complètement qu'à 140°.
1,5990 gr. de substance perdirent, à 150°, 0,1550 gr. HM>;
ce qui correspond à 11,0 °/0; la formule Cs H6 Ba -0-s -i
2H2^ exige ll,2°/0.
Voici les résultats fournis à l'analyse :
I. . 0,8030 gr. de substance ont donné 0,0545 gr. Ba -S--0-*
II. . 0,5150 id. 0,2455 gr.C/O-* et 0,0650 H2^
III. . 0,4250 id. 0,5270 gr.GO-2 et 0,0805 H*-G-;
ce qui donne :
CALCULÉ :
& —
60 21.2
Hfi —
G 2.1
Ba —
137 48.5
-9-s -
80
47.9
!1.0
III.
21.0
2.1
( 191 )
Exposé dans le vide, il s'effleurit en perdant une molé-
cule d'eau.
I. . . . 0,9945 gr. de substance effleurie perdirent, à 150°, 0,0515 H'-G-
II . . . 1,9780 id. id. 0,1160 id.;
ce qui correspond respectivement à 5,2 et 5,8 °/0; la for-
mule O HG Ba-e* + H2^ exige 5,9 •/. d'eau.
Si l'on évapore jusqu'à consistance syrupeuse le produit
de la réaction du carbonate de baryum sur l'acide itapyro-
tartrique monochloré, la liqueur se prend par le refroidis-
sement en un magma opalin ayant l'aspect de l'empois; si
on le jette sur un filtre, il s'écoule une solution de bro-
mure de baryum, et la masse se transforme, au bout de quel-
ques jours, en un magma cristallin, ayant Faspect du laclate
de chaux brut, et dans lequel on distingue à la loupe les
cristaux précédents doués de leur éclat gras. La substance
fut lavée à l'alcool pour enlever les dernières traces de
bromure de baryum, et soumise ensuite à l'analyse :
5,3840 gr. de substance perdirent, à 150°, 0,5695 HM>;
ce qui correspond à 10,9 % au lieu de 11,2 qu'exige la
formule.
0,5770 gr. de substance sèche donnèrent 0,4005 gr. Ha S-O4;
ce qui correspond à 49,0 °/0 de Ba au lieu de 48,3 °/0
qu'exige la formule; l'écart entre la quantité trouvée et la
quantité calculée provient de ce que la substance retient
un peu de bromure de baryum qu'on ne peut lui enlever
que par plusieurs cristallisations dans l'eau. Or, j'ai voulu
éviter ce mode de purification à l'effet d'établir l'identité
du sel que je viens de décrire avec celui qui se dépose
d'une solution aqueuse.
( 192 )
Itamalate de magnésium. — La manière la plus conve-
nable de préparer ce sel consiste à faire bouillir l'acide
ilapyrotartrique monochloré avec un excès de magnésie
blanche et à évaporer a sec la liqueur fiitrée. On épuise
ensuite par l'alcool fort la masse gommeuse que l'on ob-
tient ainsi, le chlorure de magnésium se dissout, et il reste
un précipité floconneux qui se dessèche sur l'acide sulfu-
rique en une poudre crayeuse. Elle semble contenir deux
molécules d'eau de cristallisation, dont l'une se dégage
dans le vide.
Je me dispenserai d'indiquer ici les résultats analytiques
que j'ai obtenus, leur approximation ne me paraissant pas
suffisante, ce qui lient à la grande énergie avec laquelle le
chlorure de magnésium est retenu par l 'itamalate, et à la
grande déliquescence de ce dernier.
J'ai préparé encore quelques autres sels de l'acide itama-
lique en vue d'en établir les propriétés. Comme ils sont
gommeux pour la plupart, et qu'ils ne se laissent pas ob-
tenir sous une forme propre à l'analyse, je n'en ai fait
qu'un examen sommaire dont je crois pouvoir consigner
ici les principaux résultats :
L'itamalate de zinc peut s'obtenir en saturant l'acide
itamalique par l'hydrocarbonate de zinc; il est déliques-
cent et insoluble dans l'alcool. D'ordinaire, il est gom-
meux; mais quand on le dessèche à 155° il se boursoufle,
et se transforme en une masse cornée qui, traitée par l'eau,
laisse un dépôt gélatineux devenant rapidement gommeux
et soluble.
L'itamalate de manganèse peut s'obtenir par double dé-
composition entre l'itamalate de baryum, et le sulfate de
manganèse. Il est gommeux et d'une couleur rose sale.
L'itamalate de cobalt s'obtient en dissolvant l'hvdrocar-
( 193 )
bonate de cobalt dans l'acide itamalique. Ce sel cstgom-
meux et fort déliquescent. Sa couleur est d'un beau rouge
foncé.
I/itamalate de nickel s'obtient de la même manière. ïl
se dessèche en une masse gommeuse d'un beau vert pâle ,
et qui se laisse facilement pulvériser. Il n'est pas déliques-
cent et, une fois desséché , il ne se dissout que très-lente-
ment dans l'eau chaude.
Quand on ajoute du sulfate de cuivre à une solution
d'itamalate de sodium, il se précipite, d'après les expé-
riences de M. Swarts, une poudre verte cristalline qui est
l'itamalate de cuivre; si on laisse ce dernier en contact
avec la solution d'où il s'est déposé, i! ne tarde pas à se
transformer en une masse cristalline d'un bleu d'outre-mer
magnitique. Celte combinaison ne se laisse pas purifier,
attendu que l'eau la décompose en régénérant de l'itama-
late de cuivre; mais il est probable qu'elle a la même
constitution que le sel double que le malatc de cuivre
forme avec le sulfate d'ammonium dans les mêmes circon-
stances.
Qu'il me soit permis, en terminant cet exposé, de remer-
cier mon savant maître, M. Swarts, non-seulement pour
l'intérêt qu'il m'a témoigné dans le cours de ces recherches
entreprises à sa sollicitation, mais encore pour la bienveil-
lance avec laquelle il a guidé mes premiers pas dans la
carrière scientifique.
( 194 )
Notice préliminaire sur l'acide homotartrique , par M. H.
Ronday, lieutenant au 2e chasseurs à pied, détaché à
l'École militaire.
On se rappelle que M. Kekulé a découvert, il y a quel-
que temps, un acide de la formule €^H8~9^ auquel il a
donné le nom d'acide homotartrique (1). Cette substance
se préparait par l'action de l'oxyde d'argent sur l'acide ita-
bibromopyrotartrique.
Dans un autre ordre de recherches, M. Wilm a obtenu
récemment un acide de la même composition, en taisant
réagir les alcalis sur le produit d'addition de l'acide itaco-
nique à l'acide hypochloreux (2). Cet acide, auquel l'auteur
donne le nom d'acide itatarlrique, semble devoir posséder
une constitution identique à celle de l'acide homotartrique ,
et j'ai voulu soumettre au contrôle de l'expérience la ques-
tion de savoir si ces deux corps sont réellement identiques.
M. Kekulé n'a pas fait de sa substance un examen ap-
profondi. L'illustre savant se borne à mentionner qu'elle
cristallise d'une solution syrupeuse et à donner l'analyse
du sel de baryum. De son côté, M. Wilm n'a pas réussi à
faire cristalliser son acide, mais je ferai remarquer que
cette circonstance ne permet pas de conclure à la diffé-
rence des deux acides, puisque M. Kekulé reconnaît lui-
môme que l'acide homotartrique ne cristallise qu'à la
longue, avec une grande difficulté; et moi-même je ne
suis pas encore parvenu à l'obtenir en cristaux. J'ai donc
cru devoir entreprendre l'étude des sels de l'acide homo-
tartrique pour les comparer à ceux de l'acide itatarlrique.
J'ai commencé cet examen de l'assentiment de M. Kekulé
( m )
et à la sollicitation de M. Swarts, dont les travaux remar-
quables sur les produits d'addition de l'acide i laconique se
rattachent directement à cette question.
De tous les sels de l'acide itatarlrique, le plus caracté-
ristique est le sel de plomb qui se présente sous forme de
tables rhomboïdales obliques très-brillantes, ayant les an-
gles aigus tronqués. J'ai obtenu , à l'aide de l'acide homo-
lartrique et en suivant les indications de M. Wilm, un sel
présentant l'ensemble de ces caractères. Je suis donc
porté à conclure de là que les deux acides sont identiques.
J'ai également préparé le sel de calcium. Ici encore j'ai
constaté que par leur mode de formation , leur insolubilité
après le chauffage et leurs caractères extérieurs, les deux
sels paraissent identiques. Toutefois, j'ai observé une di-
vergence dans le contenu en eau de cristallisation; divers
dosages concordants me conduisent à admettre dans l'ho-
motartrate une demi-molécule d'eau, c'est-à-dire 4,2p. °/o,
tandis que M. Wilm , en assignant à l'eau le poids molécu-
laire 9, trouve 1 {h aq., ce qui ferait 5//* H2-9-. Je crois
cependant que cette différence ne peut être prise en con-
sidération, attendu que les résultats analytiques de ce chi-
miste ne s'accordent qu'imparfaitement avec ses calculs.
Je me réserve donc de faire une étude plus approfon-
die de l'acide homotartrique, de le comparer à l'acide ita-
tartrique de M. Wilm et, en me bornant aujourd'hui à
prendre date pour ces résultats obtenus, je me propose de
soumettre à l'Académie, dans une prochaine communica-
tion , les détails de mes recherches.
196 )
CLASSE DES LETTRES.
Séance du 5 août 1867.
M. Roulez, directeur.
M. Ad. Quetelet, secrétaire perpétuel.
Sont présents : MM. Gachard, le baron Jules de Saint-
Génois , Paul Devaux , De Decker, Snellaert , Haus ,
M.-N.-J. Leclercq, le baron Kervvn de Lettenhove, Cbalon,
Ad. Mathieu, Th. Juste, membres; Nolet de Brauwere
Van Steeland, le comte Arrivabene, associés; Alph. Wau-
ters, correspondant.
CORRESPONDANCE.
M. le Ministre de l'intérieur fait connaître qu'il a chargé
M. Julien Leclercq, membre de la classe des beaux-arts
de l'Académie, d'exécuter, pour en orner la salle acadé-
mique, le buste en marbre de feu le chanoine de Ram,
membre de la classe des lettres.
— M. le Ministre, par plusieurs autres lettres, annonce
( 197 )
différents envois de livres, et l'approbation des comptes
fournis par deux commissions académiques.
— M. Kervyn de Lettenhove dépose le 1er volume des
Lettres et négociations de Philippe de Commines, qu'il
vient de publier dans la Collection des grands écrivains du
pays. M. Wolowski, associé de la classe, fait hommage de
son traité Sur la Banque d'Angleterre et de son Enquête
sur les principes et les faits généraux qui régissent la cir-
culation monétaire et fiduciaire. M. le chevalier d'Arnelh,
également associé de l'Académie, fait hommage de sa publi-
cation, intitulée : Correspondance de Marie -Thérèse.
— M. le chevalier de Sellier envoie, en manuscrit, des
Esquisses biographiques sur la famille Kinschot, qui seront,
d'après sa demande, communiquées à la commission de la
biographie nationale.
— M. le secrétaire perpétuel dépose sur le bureau le
programme arrêté par la commission organisatrice du con-
grès de littérature néerlandaise qui va se réunir à Gand.
Quelques membres demandent si la Compagnie n'enverra
pas des délégués à ce congrès. Après avoir examiné celte
question, la classe reconnaît que la délégation officielle-
ment donnée à quelques-uns de ses membres pourrait, non
dans le cas actuel, mais dans d'autres circonstances ana-
logues, amener d'assez graves inconvénients; elle décide,
par conséquent, qu'il y a lieu de maintenir la résolution
déjà prise, et de s'abstenir, dorénavant, d'envoyer des
délégués aux différents congrès qui feront des invitations
à la Compagnie.
2me SÉRIE, TOME XXIV. \ 4-
( 198 )
PRIX PERPÉTUEL FONDÉ PAR LE RARON DE STASSART.
Faire l'histoire des rapports de droit public qui ont
existé entre les provinces belges et l'empire d'Allemagne,
depuis le dixième siècle jusqu'à l'incorporation de la Bel-
gique dans la république française.
Les personnes qui désirent répondre à cette question
auront à rechercher l'origine et la nature du lien politique
qui s'établit, au commencement du dixième siècle, entre
l'Empire et la Basse-Lotharingie, ainsi que les droits et
les obligations réciproques qui en résultèrent pour les
deux pays. L'histoire de ces relations comprend trois épo-
ques : la première, l'époque féodale proprement dite,
s'arrête au seizième siècle et doit être traitée sommaire-
ment, sans qu'on néglige les faits essentiels; la deuxième,
qui forme la partie principale de la tâche, a pour objet
les négociations qui eurent lieu sous le règne de Charles-
Quint, afin de régler les droits et les obligations de la
Belgique à l'égard de l'Empire et de l'Empire à l'égard de
la Belgique, et dont sortit la convention d'Augsbourg de
1548; la troisième période comprend l'histoire de l'exécu-
tion de cette convention jusqu'en 1794; elle doit être
traitée sommairement comme la première. (Voir, pour de
plus amples explications, la notice insérée dans le Bulletin
de la séance de la classe des lettres du 4 juillet 1864.)
Le prix institué pour cette question est de trois mille
francs. Les mémoires des concurrents devront être remis
avant le lpr janvier 1869. Les formalités à observer sont
les mêmes que pour les concours annuels.
( 199 )
L'Académie fera connaître ultérieurement le choix des
autres questions qui devront être mises au concours pour
satisfaire aux généreuses dispositions testamentaires prises
par feu le baron de Stassart.
RAPPORTS.
La vérité à propos des lettres de Charles-Quinl à Rabelais;
par M. Van Rossum, attaché aux Archives générales du
royaume (1).
Êtapport de m. il {th. Il 'auter» .
« Il n'est pas nécessaire de vous rappeler l'émoi qui
s'est manifesté dans le monde littéraire et scientifique
à l'annonce de la découverte de deux lettres adressées
par l'empereur Charles -Quint à Rabelais, et relatives à
cette question insoluble qui a jadis tourmenté tant de
nobles intelligences : le problème de la quadrature du
cercle (2).
Ces lettres, que M. Chasles a communiquées à notre
savant secrétaire perpétuel, ont provoqué un grave débat.
M. Gachard, dans une de nos précédentes séances, en a
(1) Dans la séance du 1er juillet, la classe avait ordonné le dépôt aux
Archives de ce mémoire et voté des remercîments à l'auteur; dans la
séance du 5 août, elle a ordonné l'impression des trois rapports qui lui
avaient été faits sur le même travail. (Voir p. 8." du Bulletin.)
(2) Voyez les Bulletins de l' Académie, I h' série, t. XXII, pp. 204 et
suivantes.
( 200 )
contesté l'authenticité; M. Chasles la défend. Par un sen-
timent de déférence pour le corps auquel nous avons
l'honneur d'appartenir, M. Chasles a bien voulu envoyer
l'une de ces lettres à M. Quetelet, et, grâce à son obli-
geance, grâce à la reproduction photographiée qui a paru
dans nos Bulletins (1), il a été possible d'en entreprendre
l'examen détaillé.
Avant d'aborder l'analyse du travail de M. Van Rossum,
permettez-moi de faire observer combien il est essentiel
de publier les documents d'une authenticité douteuse ou
d'en donner une analyse détaillée. Une composition his-
torique, chronique, charte ou liste, jouit souvent d'une
grande autorité, grâce, soit au titre pompeux qu'elle
porte, soit aux faits ou aux personnes dont il y est ques-
tion. La mise en lumière produit sur les documents, l'effet
du jour sur les paysages : de même que la clarté du soleil
fait rentrer dans la poussière les fantômes ou les abîmes
que l'on croyait voir dans les ténèbres de la nuit, de même
la mise en lumière d'une œuvre apocryphe en décèle les
imperfections cachées.
Rendons donc hommage à l'obligeance de M. Chasles;
sans elle et sans la publication ordonnée par l'Académie
d'un fac-similé de lettres de Charles -Quint, le travail
minutieux et difficile de M. Van Rossum aurait été im-
possible.
Comme M. Van Rossum le fait remarquer, il n'existe
aucune similitude, quant à l'écriture, entre la lettre pré-
tendument écrite par Charles -Quint et celle qui a été
produite par M. Gachard et qui provient des Archives du
(1) Voyez les Bulletins de V Académie, 2e série, t. XXII, pp. 478 et
545.
( 201 )
royaume; la première est d'une 'lecture très-facile, tandis
que le célèbre empereur ne couvrait le papier, comme la
seconde lettre en témoigne, que d'un véritable grabouillage
dont le déchiffrement fait le désespoir des paléographes.
Procédant ensuite avec un soin méthodique qui lui fait
honneur, M. Van Rossum examine tour à tour les abré-
viations, les mots et parties de mots, les majuscules et les
minuscules, les signatures, l'orthographe, les chiffres des
deux documents opposés l'un à l'autre. Il est impossible
de suivre dans ses détails un travail qui ne supporte pas
l'analyse. Je ne puis cependant m'abstenir de citer ici
quelques exemples frappants empruntés aux observations
de M. Van Rossum.
Le C initial de la signature de l'empereur dans la lettre
écrite, dit-on, à Rabelais, vous pourrez tous en faire la
remarque, n'a absolument rien de commun avec la même
iettre telle qu'elle se trouve dans la lettre authentique
de l'empereur, en date du 14 novembre 1541. Dans la
première, le C est une grande lettre franchement dessinée,
comme on le fait d'ordinaire; dans la seconde, il se com-
bine à la lettre qui suit, h, de manière à s'effacer com-
plètement.
La note attribuée à Rabelais augmente encore les don les
que la lettre fait naître. Les écritures des deux prétendus
correspondants offrent des points de ressemblance évi-
dents, et le mot septembre, en particulier, présente des
deux cotés tant d'analogie, qu'à mon avis, dans une con-
testation où il s'agirait d'une condamnation capitale, l'es-
prit le plus méticuleux n'hésiterait pas à se prononcer
contre l'authenticité du document où le fait se remarque.
Les chiffres de la note ou apostille provoquent une ob-
servation analogue. Rapprochés de ceux de Charles-Quint,
( 202 )
les chiffres de Rabelais trahissent la même main. Le faus-
saire, par bonheur, a eu plus d'audace que de science, et
l'orthographe qu'il a adoptée trahit en plus d'un endroit
son ignorance des usages du seizième siècle. Comme M. Van
Rossum le fait remarquer, avec une habileté qui dénote
l'homme habitué à manier, à copier, à analyser les docu-
ments de l'époque, le mot repceu était alors tout à fait
inusité; on écrivait recepvoir, receupte, etc. On ne parlait
pas, dirons-nous à notre tour, de Charles-Quint, lorsque
ce prince était sur le trône, de même que, sous le gouver-
nement du fils de Pépin le Rref, on ne connaissait pas de
Charlemagne; on disait simplement l'empereur Charles,
et cette locution était comprise de tout le monde.
Les preuves accumulées dans le travail de M. Van Ros-
sum me semblent concluantes, et M. Chasles doit avoir
été induit en erreur par un faussaire qui a spéculé sur le
culte que de nobles esprits professent pour tout ce qui
intéresse l'histoire des sciences. Il est de notre honneur,
il est, dirons-nous, de notre devoir de flétrir ces honteuses
spéculations, qui sont plus fréquentes qu'on ne le suppose.
C'est pourquoi j'aurai l'honneur de proposer à l'Académie
de remercier M. Van Rossum des peines qu'il s'est données
pour répandre de la lumière sur un point qui l'intéresse à
un haut degré, et d'imprimer son travail dans nos Bul-
letins. »
tfn/tpot'l de iW. f*« *«•#!.
« J'ai pris connaissance du mémoire de M. Van Ros-
sum sur les lettres de Charles-Quint, communiquées par
M. Chasles à notre honorable secrétaire perpétuel, et dont
( 205 )
l'authenticité a été contestée dans une séance précédente
par mon savant confrère, M. Gachard.
La classe, en renvoyant ce travail à des commissaires,
n'a pas entendu se faire juge du débat auquel il se rat-
tache. L'Académie n'a pas l'habitude de se prononcer sur
des questions de ce genre , et les opinions défendues par
ses membres n'engagent jamais que ceux-ci. Cela dit, je
me plais à reconnaître , comme mon confrère, M. Wauters,
les soins minutieux apportés par M. Van Rossum dans
l'examen auquel il s'est livré. L'auteur appuie trop, peut-
être, sur certaines preuves peu concluantes à mon avis, et
il en néglige d'autres qu'il aurait pu invoquer plus utile-
ment pour la défense de sa thèse; mais, en somme, il est
parvenu à démontrer, avec infiniment de vraisemblance,
sinon avec une entière certitude, la fausseté des lettres
produites par M. Chasles.
J'ai l'honneur de proposer à la classe de remercier
M. Van Rossum pour son intéressante communication, et
regrette que quelques imperfections de détails ne me per-
mettent point de voter l'impression de son mémoire dans
nos Bulletins. »
£(a )»;>» il de Mi. Théodore Jt<*t<>
« Je demande à la classe de m'autoriser à lui soumettre
verbalement les remarques qui m'ont été suggérées par le
mémoire de M. Van Rossum. Tout en rendant justice à la
savante appréciation de mon honorable confrère, M. Wau-
ters, je pense, comme M. Polain, qu'il ne convient pas
d'engager la responsabilité de l'Académie, vu le caractère
exceptionnel de cette controverse. Mais, d'autre part, je
ne voudrais pas non plus écarter de notre Bulletin la partie
( 204 )
réellement intéressante du travail de M. Van Rossum. En
résumé, j'estime qu'il y a lieu de supprimer le préambule
de ce travail, et, après révision préalable, d'insérer, sous
forme d'observations, la partie commençant ainsi : « Et
tout d'abord la lecture de la pièce en question.... » jusqu'à
ces mots : « Qu'il n'est pas donné à tout le monde de
raconter. » Telle est l'opinion que je désirerais motiver
verbalement. »
Lettres inédites de Marie-Thérèse, recueillies par M. le
baron Kervyn de Lettenhove.
Rapports de MM. Th. Juste et €iarha»'d.
MM. Théodore Juste et Gachard rendent compte du
travail présenté, à une précédente séance , par M. le baron
Kervyn de Lettenhove, et intitulé : Lettres inédites de
Marie-Thérèse. Ils font ressortir, l'un et l'autre, l'intérêt
qu'offrira la publication de celle correspondance, et en
proposent l'insertion dans le recueil des Mémoires in-8".
Cette insertion est votée par la classe.
Bien qu'il ne soit pas d'usage de livrer à la publicité
les rapports faits sur les travaux des membres de la Com-
pagnie, il y a lieu d'extraire le passage suivant de l'appré-
ciation faite par l'un des deux rapporteurs, passage qui
indique parfaitement le caractère de la publication pro-
jetée, et qui renferme d'ailleurs « des détails de nature à
intéresser la science historique (1). »
« Les lettres de Marie-Thérèse à Mme d'Herzelles, dit
M. Gachard , confirment l'impression que laisse la lec-
(1) An. 20 du Règlement général de l'Académie.
( 205 )
Une de cette correspondance sur le désaccord qui ré-
gnait, en beaucoup de choses, entre l'impératrice et son
fils, mais elles montrent en même temps la tendresse en
quelque sorte jalouse quelle avait pour ce (ils, qui faisait
peu de cas de ses conseils et de ses remontrances. La
classe en jugera par quelques extraits. Le 9 juillet 1771 ,
Marie-Thérèse exprime son chagrin de ce que l'espoir
qu'elle avait eu de voir du changement dans l'Empereur
s'est évanoui , et elle ajoute : « La même indifférence, le
même éloignement à éviter même de se trouver avec moi.
Nous ne logeons pas même ensemble : lui, en ville, moi
ici (à Schœnbrunn). Cela m'a fait grande peine au com-
mencement, mais je tache de me rendre tous les jours
plus insensible : à la longue on réussit. Nous ne nous
voyons qu'au moment qu'on va dîner et d'abord après on
se sépare et l'on ne se voit plus du tout. Voilà l'agréable
vie que nous menons... » (Lettre X.)
« Le 2 juillet 1772, elle écrit à son amie : « Si vous
pouviez voir par une lunette d'approche ici, vous seriez
bien étonnée. Cet empereur, si ennemi des femmes, ne
peut être asteur sans elles jusqu'à minuit et plus tard,
aux promenades, aux jardins (hors celui que j'habite), au
théâtre, dans leurs maisons. Ce n'est qu'un changement
continuel. Il se croit au-dessus de tout et ne s'en sert que
pour son amusement. Voilà ce qu'il dit. Je souhaite qu'il
le soutienne. Vous le connaissez : il est charmant quand
il veut; il charme tout le monde. Il n'y a que dans sa
famille où il n'est pas de même. » (Lettre XL) — Enfin,
elle lui mande, le 16 décembre de la même année : « Ma
chère amie, tout est perdu, et rien à gagner pour moi.
Cela rend ma vie bien dure et mon goût pour la retraite
nécessaire. Mon fils est partout admirable, hors chez lui.
( 206 )
Cela est d'autant plus sensible. Nous ne nous voyons plus
qu'à dîner ou au conseil et il faut être bien sur ses gardes,
pour ce peu de moments, qu'on ne retombe en contesta-
tions. 11 est bien changé; mais je ne saurais dire en bien,
depuis votre départ... » (Lettre XV.)
» Une des plus curieuses entre ces lettres, est celle
du 24 octobre 1767, où l'impératrice donne ses instruc-
tions à la marquise d'Herzelles pour l'éducation de sa pe-
tite-fille l'archiduchesse Marie-Thérèse : elle contient des
détails minutieux sur ce que doit faire la jeune princesse
depuis l'instant de son réveil jusqu'à son coucher. »
» Citons encore la XVIe où il est question du trop fa-
meux cardinal de Rohan, que Louis XV avait envoyé à
Vienne en qualité d'ambassadeur extraordinaire : « Nous
avons un ambassadeur-évèque ici, de France, qui est pire
que tous les petits maîtres. Il se promène habillé en ma-
telot avec vingt femmes et il aurait toutes à sa suite, s'il
en voulait. C'est honteux pour nous. Mais ce qui vous
étonnera, c'est que la Dielrichstein, femme du grand
écuyer, est la prima donna de toutes les folies, aussi la
Riesach, la Lignofsgi, la jeune Paar, Esterhazi , Windis-
grals, etc., tout cela lui fait la cour honteusement... »
» 11 paraît qu'à cette époque les grandes dames à Vienne
se souciaient assez peu du décorum; je lis dans une lettre
que Joseph II écrivait, le 9 juin 1774, à son frère Léo-
pold : « L'envoyé turc occupe toute la ville ; l'on court le
voir; les dames se laissent caresser au visage par les valets
et marmitons de sa suite, sans s'en fâcher (1). »
(I) Maria-T lier esta und Joseph II , 2»1C vol., p. 30.
( 207 )
Histoire de la littérature espagnole; par M. Ferd. Loisc ,
professeur de rhétorique française à l'Athénée royal de
Tournai.
Rappot'l de M. no Becker.
« L'Académie voudra bien se rappeler que, au con-
cours de 1858, elle a couronné un travail de M. Loise,
intitulé : De V influence de la civilisation sur la poésie. Ce
travail primitif n'embrassait que les littératures anciennes.
Depuis il a reçu un premier complément. Aujourd'hui l'au-
teur présente à l'Académie un nouveau volume contenant
l'historique de la littérature espagnole, moins la partie
relative au théâtre, qui fera l'objet d'un envoi prochain.
La communication successive et indéfinie de supplé-
ments importants à un mémoire couronné il y a près de
dix ans, présente quelque chose d'insolite qui pourrait
créer (je crois devoir en prévenir l'Académie) un précé-
dent de nature à l'engager au delà de ses prévisions.
Cependant, d'un autre côté, l'Académie, qui a pour mis-
sion d'encourager les études sérieuses dans le pays et qui
doit désirer que les travaux qu'elle couvre de son patro-
nage résolvent complètement les questions mises au con-
cours par elle, l'Académie me parait devoir accueillir avec
faveur le nouveau travail de M. Loise. Il est digne, du
reste, de ceux qui l'ont précédé.
Je n'ai pas la prétention de connaître suffisamment
l'histoire de la littérature espagnole pour accepter la res-
ponsabilité de toutes les appréciations faites par M. Loisc
des innombrables productions des principaux écrivains
qui sont l'éternel honneur de cette nation.
( 208 )
Je me suis attaché à suivre particulièrement l'auteur
dans ses considérations générales, depuis les origines de
la littérature espagnole, passant par les diverses phases de
la poésie populaire (poëmes historiques, chansons, ro-
mances chevaleresques), parcourant avec lui le grand
siècle littéraire du règne de Charles-Quint à l'avènement
de la maison de Bourhon.
En général, la critique de M. Loise est juste dans ses
aperçus, élevée dans ses tendances. Son style est élégant
et coloré, sans cesser d'être nerveux et substantiel. Le
nouveau travail de M. Loise figurera donc avec honneur
dans les Mémoires de l'Académie. »
Btappoft de iff. J»of«i#».
« J'ai lu avec beaucoup d'intérêt le nouveau travail de
M. Loise, que la classe m'a fait l'honneur de renvoyer à
mon examen; et, comme mon honorable confrère, M. De
Decker, je le crois parfaitement digne de figurer dans les
Mémoires de l'Académie.
Les deux premiers mémoires que nous a adressés
M. Loise étaient consacrés, l'un aux œuvres poétiques de
l'antiquité, l'autre à l'histoire de la poésie en France et en
Italie, jusqu'à la fin du dix-huitième siècle. Celui-ci retrace
le mouvement littéraire de l'Espagne, depuis les temps les
plus reculés jusqu'à l'avènement de la maison de Bourbon,
moins le théâtre, qui doit faire l'objet d'un envoi ultérieur
et très-prochain.
M. Loise compte ensuite passer successivement en revue
l'Angleterre, l'Allemagne, la Hollande et la Belgique et les
( 209 )
peuples de race slave; après quoi, il abordera l'histoire de
la poésie au dix-neuvième siècle. Nous sommes loin de la
fin, comme on voit, et il faudra plusieurs volumes encore
à l'auteur pour achever son œuvre, s'il la continue sur le
même plan.
Je l'aurais désirée moins vaste; j'en supprimerais volon-
tiers quelques détails, qui ne me semblent pas absolument
nécessaires; mais telle qu'elle est, je ne puis y méconnaître
un talent réel, une érudition abondante et variée, un style
plein de vie et d'éclat.
Il y a sans doute quelque chose d'insolite, comme l'a
fait remarquer avec raison notre premier rapporteur, dans
la communication successive et indéfinie de suppléments
importants à un mémoire couronné il y a près de dix ans.
Mais il convient de remarquer que chacun de ses supplé-
ments forme, à lui seul, un travail complet, qui peut sans
inconvénient être détaché des autres parties de l'ouvrage,
et que l'Académie reste aussi toujours libre de s'arrêter
quand elle le jugera à propos.
Tout en proposant l'impression du travail de M. Loise,
je suis d'avis néanmoins qu'il ne pourra l'entreprendre
qu'après la réception de la partie du manuscrit qui doit
compléter le tableau littéraire de l'Espagne. »
La classe décide que l'ouvrage de M. Loise prendra
place dans la collection des Mémoires in-8rt.
{ 210)
COMMUNICATIONS ET LECTURES.
M. le baron de Saint-Génois, membre de la classe,
donne lecture d'une notice retraçant la vie et les travaux
de M. Warnkœnig, associé, que l'Académie a perdu au
mois d'août 1866.
Ce travail prendra place dans ['Annuaire de la Com-
pagnie pour 1868.
( 211 )
CLASSE DES BEAUX-ARTS
Séance du Ier août 1867.
M. Alph. Balat, directeur.
M. Ad. Quetelet, secrétaire perpétuel.
Sont présents : MM. L. Alvin, G. Geefs, Hanssens,
Navez, Van Hasselt, Joseph Geefs, Ferd. De Braekeleer,
Fraikin, Ed. Fétis , Edm. De Busscher , Payen, le cheva-
lier Léon de Burbure, Franck, Ad. Siret, Julien Leclercq,
membres; Daussoigne-Méhul , associé.
CORRESPONDANCE.
M. le Ministre de l'intérieur communique le rapport que
M. Gustave Huberti, lauréat du grand concours de compo-
sition musicale de 1865, vient de lui adresser, et prie le
secrétaire perpétuel de transmettre ce document à la sec-
tion permanente du jury, composée de MM. Fr. Fétis,
Daussoigne-Méhul et Hanssens.
Le même haut fonctionnaire Iransmel également à la
classe des beaux-arts une copie du procès-verbal des opé-
rations du jury chargé de juger le grand concours de 1867.
( 212 )
Il résulte de ce procès-verbal, que le 1er prix de composi-
tion musicale a été décerné à M. Philippe-Henri-Pierre-
Jean-Baptiste Waelput, de Gand, et qu'il a été accordé un
second prix en partage à MM. Léon Van Gheluwe, de
Wanneghem-Lede,et Louis-Antoine Haes, de Tournai.
— M. le secrétaire perpétuel t'ait connaître qu'il a reçu,
depuis la précédente séance, le rapport rédigé par M. Blom-
maert, comme membre du jury chargé d'apprécier le con-
cours ouvert pour la composition d'une cantate flamande,
et que ce rapport a été inséré dans le recueil des Bulletins
de l'Académie.
— M. André Van Hasselt fait hommage de la traduc-
tion française rhythmée qu'il vient de publier, en collabo-
ration avec M. J.-B. Rongé, de l'opéra allemand Obéron,
par Weber. Des remercîmenls sont volés, à ce sujet, aux
traducteurs.
— La société royale des beaux-arts et de littérature de
Gand adresse à l'Académie le programme ouvert par elle
pour l'année 1867 à 1868.
COMMUNICATIONS ET LECTURES.
M. Daussoigne-Méhul, en signalant à l'attention de ses
confrères quelques-uns des inconvénients qui résultent de
l'organisation actuelle des grands concours de composition
musicale, regrette que l'absence de M. F. Fétis l'empêche
d'entrer dans le vif de la question et de faire ressortir l'ur-
( 213 )
Éence d'une réforme dans le mode suivi depuis quelques
années
Sur l'invitation qui lui est faite par ses confrères,
M. Daussoigne s'engage à reproduire la note déjà commu-
niquée précédemment par lui, et qui a pour objet l'examen
des obligations imposées aux lauréats et la marche suivie
pour leurs études. Après une assez longue discussion sur
le" nouveau mode adopté pour le choix des cantates, fla-
mandes ou françaises, discussion à laquelle MM. Daus-
soigne, Ed. Fétis, Al vin, Van Hasselt et de Burbure ont
particulièrement pris part, la classe décide qu'elle se livrera,
dans sa prochaine réunion, à un examen approfondi de
divers problèmes que l'organisation des concours soulève.
OUVRAGES PRÉSENTÉS.
Lettres et négociations de Philippe de Commines, publiées
avec un commentaire historique et biographique, par M. le
baron Kervyn de Lettenhovc. Tome Ier. Bruxelles, 1807; in-8°.
Morren (Ed.). — L'origine des variétés sous l'influence du
climat artificiel des jardins. ln-8°.
Morren (Ed.). — Revue générale de l'état et des progrès de
l'horticulture belge en 1805 et 1860. Gand, 1807; in-8°.
Morren (Edouard). — H.-M. Gaede, sa vie et ses œuvres,
.« "on iQir. nonri 1865;in-8°.
— La duplication des fleurs et la pana-
particulier chez la Kerria japonica.
;
2me SÉRIE, TOME XXIV. 15
( 214 )
Morren {Edouard). — Recherches expérimentales pour dé-
terminer l'influence de certains gaz industriels, spécialement
du gaz acide sulfureux sur la végétation. Londres, 1866; in-8°.
Commission royale d'art et d'archéologie. — Bulletin, VIe an-
née, mars et avril 4867. Bruxelles, 1867; in-8°.
Bévue trimestrielle, 2e série, 15e volume. Bruxelles, 1867;
4 vol. in- 12.
Conseil supérieur d'agriculture du royaume de Belgique.
— Bulletin, tome XX, lre partie. Bruxelles, 4867; in-4°.
Cornet (F.-L.) et Briart (A.). — Description minéralogique,
paléontologique et géologique du terrain crétacé de la pro-
vince de Hainaut. Mémoire couronné. Mons, 1866; in-8°.
Fédération des sociétés d'horticulture de Belgique. — Bul-
letin, 1866, 1er fascicule. Gand, 1867; in-8°.
Les liggeren et autres archives historiques de la gilde atl-
versoise de Saint-Luc, sous la devise : Wi consteu versaemt ,
transcrits et annotés par Ph. Rombouts et Th. Van Lerius,
avocat. 4n,e à 6me livr. Anvers, 4867; 5 cah. in-8°.
Société royale d'agriculture et de botanique de Gand. —
429me exposition de plantes. Gand, 4867; in-8°.
Essai de tablettes liégeoises, par Alb. d'Otreppe de Bou-
vette. 74e livraison. Liège, 1867; in-42.
Conseil de salubrité publique de la province de Liège. —
Compte rendu des travaux de Tannée 1866, par M. A. Spring.
Liège, 4867; in-8°.
L'Abeille, revue pédagogique, publiée par M. Th. Braun.
XIII0 année, 4e à 7e livr. Bruxelles, 4867; 5 broch. in-8°.
Journal des beaux-arts , 9mc année, nos 15 et 44. Saint-
Nicolas, 1867; 2 feuilles in-4°.
Archives cosmologiques, revue des sciences naturelles,
4re année, nos 1 à 5. Bruxelles, 4867; 5 cah. in-8°.
Le chimiste, 5""' année, nos I, 2 et 5. Bruxelles, 4867;
3 feuilles in-12.
Société d'Emulation pour l'étude de l'histoire et des anli-
( 215 )
'mités de la Flandre, à Bruges. —Annales, 5e série, tome 1er,
nos 5 et 4. Bruges, 1866; in-8°.
Revue britannique, nouvelle série, 7e année, n° 7, juillet
1867. Bruxelles, 1867; in-8°.
Messager des sciences , année 1867, 2e livr. Gand; in-8°
Société des sciences, des arts et des lettres du Hainaut , à
Mons. — Mémoires et publications, 2e série, tome X, 5r série,
tome Ier. Mons, 1866-1867; 2 vol. in-8°.
Exposé de la situation administrative des neuf provinces
pour Vannée 1867 et rapports des commissaires d'arrondis-
sements d'Anvers et de Matines. 1 1 vol. in-8".
Thielens (Armand). — Une excursion botanique dans le
Luxembourg français. Bruxelles, 1866; in-8°.
Journal historique et littéraire, tome XXIV, livraison o.
Bruxelles, 1867; in-8".
Muséum botanici Lugduno- Batavi. — Annales, edidit
F.-A. Guil. Miquel, tomus III, fasc. 1-5. Amsterdam, 1867;
b' cah. in-4".
Nalurforschende Gesellschaft in Zurich. — Vierteljahrs-
sebrift, lXurund XI1" Jabrg. Zurich, 186i-186(5; 12 cahiers
in-8°.
Favre (Alph.). — Rapport sur les travaux de la Société de
physique et d'histoire naturelle de Genève, de juin 1866 à
mai 1867. Genève, 1867; in-4°.
Favre (Alph.). - Note sur le terrain triasique de la Savoie,
suivie d'une lettre de M. Ch. Lory sur le même sujet. Genève,
1867; in-8°.
Geologische Commission der Schiveizer Xalurforsch. Ge-
sellschaft zu Bem. — Beitrage sur geologischen Karte der
Schweiz, IVdc Lieferung. Aargauer-Jura, von Moersch. Berne,
1867; in-4°.
Comité flamand de France à Lille. — Bulletin, tome IV,
n" 6, avril à juin 1867. Lille, 1867; in-8°.
( 216 )
Société des sciences physiques et naturelles de Bordeaux. —
Mémoires, tome IV, lfr cahier (suite), tome V, 1er cahier. Bor-
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BULLETIN
DR
L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES,
DES
LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE,
1867. — IN»* 9 et 10.
CLASSE DES BEAUX-AKTS.
Séance du 22 septembre 1867.
M. F. Fétis, vice-directeur, occupe le fauteuil.
M. L. Alain , faisant fonctions de secrétaire.
Sont présents : MM. Van Hasselt, Vieuxtemps, J. Geefs,
F. De Brackeleer, Fraikin, Ed. Fétis, Edm. De Busscher,
Porlaels, Payen, le chevalier de Burbure, Franck, Ad.
Sirct, Julien Leclercq, membres; Daussoigne-Méhul, as-
socié.
2me SÉRIE , TOME XXIV. 16
( 222 )
CORRESPONDANCE.
M. Balat, directeur de la classe, fait connaître qu'un
deuil de famille l'empêchera de présider les deux séances
fixées au 22 et au 25 septembre ; il prie le secrétaire perpé-
tuel d'être à cette occasion, auprès de ses confrères, l'in-
terprète de ses vifs regrets.
— Des lettres du palais expriment, de la part du roi et
du comte de Flandre, le regret de ne pouvoir assister à la
séance publique de la classe.
— Une dépêche ministérielle propose de fixer la séance
publique de la classe, qui est comprise dans le programme
officiel des fêtes de septembre, au lundi, 25 de ce mois, à
midi.
— M. Amédée Jouvenel annonce la mort de son père,
M. Adolphe Jouvenel, correspondant de la classe, dans la
section de gravure, décédé à Bruxelles, le 9 septembre
dernier, à l'âge de soixante-neuf ans.
— M. le Ministre de l'intérieur transmet copie du pro-
cès-verbal du jury chargé, par son arrêté du 8 août der-
nier, de juger le grand concours de peinture de 1867.
La proclamation de ces résultats aura lieu en séance
publique.
— M. André Van Hasselt adresse, à titre d'hommage à
( 223 )
la Compagnie, un exemplaire du livret de l'opéra Fidelio,
de Beethoven, dont il a traduit les paroles en vers fran-
çais, en collaboration avec M. J.-B. Rongé.
M. le secréiaire dépose les Tables des tomes I à XX de
la deuxième série des Bulletins de l'Académie, qui a été
dressée par les soins de M. Adolphe Siret.
Des remercîments sont adressés à MM. Van Hassell et
Adolphe Siret.
CONCOURS ANNUEL DE LA CLASSE.
La classe avait reçu un mémoire en réponse à la
deuxième question inscrite dans son programme :
Analyser el apprécier, au double point de rue de la
science et de l'art, les principales méthodes d'enseigne-
ment du dessin qui ont été en usage depuis l'antiquité
jusqu'à nos jours, discuter la valeur de chacune d'elles et
en déterminer l'influence,
Conformément aux conclusions des rapporteurs MM. Al-
vin, De Keyzer et Paycn, la classe décide qu'il y a lieu
d'appliquer l'article 55 du règlement portant « que les
concurrents qui se font connaître, de quelque manière que
ce soit, sont absolument exclus du concours. »
La classe avait également reçu deux mémoires sur la
quatrième question :
Apprécier Quentin Metsys comme peintre et déterminer
l'influence qu'il a exercée.
( 224 )
Le premier des deux mémoires portait pour devise :
Excelsior Plus lient l , toujours plus haut ;
le second avait pour épigraphe :
Quintine veteris novalor artis.
(Thomas Morcs.)
Rapport de MM. M*ortae1a.
« L'Académie, en mettant au concours une question
consacrée à apprécier Quentin Metsys et à caractériser son
influence, doit être heureuse de constater que son appel
a été compris : les deux mémoires dont nous allons vous
rendre compte en font foi.
La personnalité de Quentin Metsys est tellement impor-
tante dans l'histoire de l'art, que je n'hésite pas à lui
donner une des premières places parmi les artistes qui ont
honoré notre patrie; les auteurs des deux mémoires ont
bien senti qu'il s'agissait d'étudier un maître qui, par son
sentiment élevé , sa profondeur d'expression , peut être
mis en parallèle avec les hommes les plus célèbres de
l'école non -seulement flamande, mais italienne et alle-
mande.
Après avoir étudié de près les œuvres de différents pays,
je me disais souvent qu'il était fâcheux que l'école actuelle,
trop portée à se laisser aller aux effets pittoresques et à la
facilité, eût perdu de vue les principes si vrais, si purs,
si dramatiques, exprimés par Quentin Metsys, aussi je
me plais à croire que les mémoires qui nous sont soumis,
bien que ne répondant pas tout à fait à l'idée qu'on se fait
du maître, auront cependant quelque écho dans le monde
artistique.
( 225 )
J'avais, en lisant le mémoire n° 1, rendu justice au sen-
timent élevé de Fauteur, et signalé certains passages remar-
quables de son travail, mais aussi relevé bien des lacunes.
En prenant connaissance du rapport de mon honorable
collègue M. Edouard Fétis, je ne crois pouvoir mieux faire
que de me rallier à la plupart de ses idées.
Le mémoire n° 2 m'a frappé par son entrain, sa verve;
il gagnerait beaucoup si l'on pouvait en retrancher certains
aperçus philosophiques qui n'ajoutent rien à ce que veut
prouver l'auteur. Celui-ci se laisse, à son insu, entraîner loin
de son sujet et perd ainsi le calme nécessaire à toute étude
historique. Ses réflexions sur l'école byzantine ne sont pas
fondées; et , lorsqu'il nous dit que les moines et l'élément
ecclésiastique ont arrêté le mouvement artistique, je me
demande s'il connaît l'histoire de la peinture. Que serait
devenu l'art, au milieu de tant de siècles de barbarie, sans
ces esprits sérieux, patients, conservateurs, véritables
archéologues de l'époque? Ils ont conservé les traditions
par lesquelles se sont formées les écoles qui ont fait la
gloire des temps modernes.
Peut-on oublier les admirables mosaïques de Ravenne,
qui ont été et sont encore la source où se puise le style du
grand art religieux? J'aurais trop à citer si je devais nom-
mer les artistes célèbres qui n'ont pas dédaigné d'étudier
ces anciennes reliques; citons cependant Giotto, ce nom
suffirait déjà. Cependant à notre époque, un maître trop
tôt enlevé, M. Hippolyte Flandrin, allait chercher ses plus
belles inspirations dans ce style trop peu connu. Si les ar-
tistes flamands, pendant leur séjour en Italie, s'étaient un
peu plus occupés du principe byzantin, dont l'auteur du
mémoire parle avec assez peu d'égards, on aurait moins
( 226 )
à déplorer le manque de goût et l'exagération, suite de
l'exubérance de la renaissance. L'effort ne fait pas la force,
un raccourci bien rendu aura toujours moins de charme
qu'une pensée simplement comprise et exécutée de même.
Cette école byzantine, qu'on dit décrépite, a des siècles
d'existence, et les grandes beautés de style qu'on rencon-
tre dans l'art gothique et dans celui de la renaissance pro-
cèdent d'elle. N'oublions pas qu'à quelques époques, il
y a eu certaines exagérations, mais le fond est resté et
restera.
Revenons au mémoire. L'auteur nous dit : « Connaî-
trait-on Jules II et Léon X, si iMichel-Ange et Raphaël
n'avaient pas existé? » Je crois que oui, et même je suis
persuadé que ces deux maîtres célèbres se seront applaudis
plus d'une fois d'avoir rencontré deux papes justes appré-
ciateurs de l'art, non-seulement de sentiment, mais de fait.
Laissons de côté cette partie faible du mémoire, pour
nous occuper des bonnes choses qu'il renferme, et, sans
le suivre dans tous ses détails, constatons que la des-
cription faite, avec tant de charme de la Vierge du musée
Van Herborn , prouve que l'auteur a non-seulement bien
étudié son sujet, mais qu'il aime avec passion et intelli-
gence les œuvres de celui dont il est appelé à faire l'éloge;
de plus, il fait ressortir avec force et vérité l'élément dra-
matique que Metsys amène dans l'art, élément qui était
une véritable transformation, et qui marque, ainsi qu'il le
dit fort bien , la différence entre l'école de Bruges et celle
du maître d'Anvers.
L'auteur du mémoire apprécie avec beaucoup d'entente
tout ce que l'observation du vrai, du naturel, a donné de
puissance au maître, non-seulement dans ses effets exté-
( 227 )
rieurs, mais surtout dans l'expression de la passion et du
drame.
A propos du tableau de la Déposition de la croix (musée
d'Anvers), il nous dit qu'il n'a jamais vu un sentiment
plus vrai, rendu plus saisissant, ni plus navrant en son
expression contenue. J'ai trop souvent éprouvé l'impres-
sion décrite par l'auteur du mémoire pour ne pas lui savoir
gré d'avoir rendu, par une description fort belle de l'œuvre,
toutes les sensations que j'avais ressenties. J'en dirai autant
à propos du triptyque si beau, si suave, qui se trouve à
Louvain, et dont notre auteur semble connaître jusqu'aux
derniers détails.
Quant à l'influence que Metsys pouvait avoir sur son
époque, le mémoire nous fait voir que l'élément italien,
qui commençait à dominer, avait un peu isolé le maître;
toute la jeunesse ardente se laissait entraîner vers le soleil
brillant de la renaissance. On oubliait trop le lait dont on
avait été nourri; tous les yeux ne pouvaient supporter sans
danger l'éclat de la nouvelle école, remplie de fougue,
d'invention et de précipices. L'aperçu que l'auteur nous
donne de ce mouvement est très-remarquable, ainsi que le
rapprochement entre Metsys et Rubcns. « Ils ont eu, dit-il,
le même principe tous les deux, s'appuyant sur la nature
et sur l'expression, mais exprimé par des tempéraments
différents. »
Quant à voir dans Metsys le créateur de la peinture de
genre, je ne pourrais et ne voudrais l'affirmer; de tout
temps, on a représenté des sujets intimes. J'ai vu bon
nombre de tableaux de cet ordre attribués à Metsys; je ne
pouvais y croire, me rappelant les œuvres admirables d'An-
vers cl de Louvain.
Le portrait du vieux Metsys, assis sous sa tente et
( 228 )
voyant passer l'orage amené par l'école nouvelle, est fort
bien décrit et très-intéressant.
Il me serait impossible de suivre l'auteur dans tous ses
développements; cela me conduirait trop loin. Cependant,
j'ai à cœur de rendre justice à l'érudition dont il a fait
preuve, tout en regrettant beaucoup que l'insuffisance ou
l'inexactitude de certains aperçus ne me permette pas de
demander, pour lui, une médaille d'or.
J'ai donc l'honneur de proposer à l'Académie de dé-
cerner une médaille d'argent au mémoire n° 2 et d'accorder
une mention honorable au mémoire n° i. »
Rappori de Si. Éd. Felis
<l Le mémoire n° J , ayant pour devise: Excelsior, débute
par une introduction assez étendue, dans laquelle l'auteur,
avant d'aborder son sujet, entre dans quelques considéra-
tions générales qui s'y rattachent plus ou moins directe-
ment. Tout en reconnaissant qu'il n'a point à faire la
biographie de Quentin Metsys, biographie pour laquelle
on n'a possédé longtemps que des renseignements très-
vagues, auxquels de nouvelles recherches ont ajouté, dans
ces derniers temps, quelques faits et quelques dates, il
rappelle la tradition populaire d'après laquelle le futur
grand peintre aurait commencé par exercer la profession
de forgeron. ïl lui répugne de perdre toute confiance dans
cette tradition , qui lui paraît être le symbole de la force
de la volonté humaine luttant contre les caprices du sort.
L'auteur s'attache ensuite à établir que le milieu dans
lequel vit l'artiste, le climat du pays qu'il habite, l'aspect
( 229 )
des lieux qui l'environnent, les mœurs des hommes de son
temps influent considérablement sur la direction de ses
idées et sur le caractère de ses œuvres. Quelques-unes des
réflexions qu'il fait à cet égard sont fort justes; d'autres
sont d'une exactitude contestable. En général, l'auteur
est trop absolu dans ce qu'il dit de l'influence exercée sur
le génie de l'artiste par les circonstances extérieures. Si
cette influence était aussi puissante qu'il le suppose, les
I peintres qui ont vécu dans le même temps et dans le même
| pays auraient eu des talents en tout point semblables; ils
auraient produit des œuvres identiques. Combien l'histoire
de l'art ne donne-t-elle pas de démentis à celte théorie?
NVt-on pas vu à la fois : Léonard de Vinci et Michel-
Ange; le Tintoret et Paul Véronèse; Rembrandt et Gérard
I Dow; Rubens et Van Dyck; Murillo et Velazquez; des mai-
Ires enfin qui ont eu, sans contredit, certains points de
contact, certaines communautés de principes, mais dont
il est impossible de confondre les œuvres, tant elles sont
diversement caractérisées, même quand l'un a été élève
, de l'autre, comme c'est le cas dans plusieurs des exemples
que nous venons de citer? C'est diminuer singulièrement
la valeur personnelle de l'artiste, que de le représenter
comme étant, en quelque sorte, le jouet des circonstances.
Pour contrebalancer les influences du dehors, il a son tem-
pérament, la nature propre de son génie, sa puissance
d'initiative, tout ce qui constitue, en un mot, sa person-
nalité.
L'auteur jette ensuite un coup d'œil sur l'état des mœurs
durant le quinzième siècle et au commencement du sei-
zième. Il fait une peinture un peu prétentieuse de la chute
de la féodalité, et parle, on ne sait trop pourquoi, de la
! découverte du nouveau monde, qui n'eut guère, à ce qu'il
( 230 )
semble, d'influence sur le mouvement des beaux-arts. Il
mentionne, avec plus de raison , la Réforme, dont le rap-
port avec le sujet qu'il traite est beaucoup plus direct. Trop
prolixe en d'autres occasions, il a péché ici par excès de
concision , en ne faisant pas ressortir toute l'importance
de ce grand événement, relativement à la direction des
idées et à leur mode de manifestation. « Ainsi, ajoute l'au-
teur, toute une époque d'espérance et de foi va faire place
à un temps de doute et de négation, et aussi de recher-
ches nouvelles. La période mystique de l'humanité semble
être finie et l'art religieux byzantin gothique se couche
dans le tombeau du moyen âge. L'époque active humaine
commence avec le seizième siècle. » L'art touche, en effet,
à une époque de transformation ; il va perdre son carac-
tère mystique et admettre l'élément humain dans une plus
large proportion; mais, quant au style byzantin, il y a
longtemps qu'il n'en est plus question. Dès la fin du trei-
zième siècle, Giotto lui a porté un coup dont il ne s'est
pas relevé. Si la révolution picturale dont ce maître a
donné le signal n'a pas immédiatement pénétré dans nos
provinces, il est certain que, depuis les Van Eyck, les tra-
ditions de la peinture byzantine ont cessé d'avoir cours
dans les Pays-Bas.
L'auteur du mémoire montre la ville d'Anvers se sub-
stituant à l'antique cité de Bruges, comme centre de l'ac-
tivité commerciale en Belgique. 11 trace , avec des couleurs
un peu forcées, le tableau des modifications que sa nou-
velle fortune introduit dans les mœurs de ses habitants.
La magnificence de la noblesse, les fêtes brillantes delà
bourgeoisie, les orgies du peuple fournissent tour à tour,
des traits à ce tableau. Aux classes inférieures, il reproche
leur penchant à l'ivrognerie; aux riches, il reproche de
( 231 )
laisser le peuple dans l'ignorance. L'auteur oublie, et le lec-
teur pourrait bien oublier avec lui, qu'il s'agit ici non de
théories sociales et humanitaires, mais d'une étude sur
Quentin Metsys. Cependant, le nom du maître dont il s'est
donné la tâche d'analyser le génie et les œuvres se présente
sous sa plume lorsqu'il dit, après avoir parlé du luxe
d'Anvers et du goût des Anversois pour la bonne chère :
« Partout Pantagruel trouvait son compte, et on verra plus
d'une fois Quentin Matseys s'inspirer, en ses peintures, des
riches festins qu'au dire d'Albrecht Durer il aimait à offrir à
ses convives, commesouventaussi le peintre d'Anvers excite
sa verve satirique en nous montrant, à côté de tel riche
homme goulu, les types burlesques rencontrés aux réu-
nions populaires. » Ce passage semble avoir été écrit pour
répondre d'avance au reproche qu'on pourrait adresser à
i'auleur de s'être écarté de son sujet. C'est vouloir racheter
un tort par un tort plus grave, car le passage en question
tend à faire attribuera Quentin Metsys des idées qui n'ont
pas été les siennes et des applications de son talent aux-
quelles il n'a pas songé.
Il y a du vrai dans les pages où l'auteur rappelle quel
était l'état florissant des arts en Belgique à l'époque dont
il s'occupe, et où il montre la patrie de Quentin Metsys
supérieure, sous ce rapport, à toutes les autres contrées
de l'Europe, l'Italie exceptée. Nous le trouvons moins
heureux et moins exact, lorsqu'il parle, un peu plus loin,
de la condition des peintres d'Anvers, immédiatement
avant Quentin Metsys : « Ils ne taisaient point de tableaux
pour leur compte, dit-il, mais pour compte du tapissier
qui avait la commande des bannières d'églises ou de cor-
porations. » Représenter les peintres d'Anvers, à la fin du
quinzième siècle, comme uniquement employés à la déco-
( 252 )
ration des bannières, comme étant à la solde des tapis-
siers, c'est se mettre en contradiction manifeste avec les
faits. Qu'ils aient parfois rempli des tâches de cette na-
ture, c'est possible; mais cela ne les empêchait pas d'exé-
cuter des tableaux pour les corporations religieuses et
civiles, ainsi que pour les particuliers qui en faisaient of-
frande à la chapelle consacrée à leur patron. Ce ne sont pas
seulement, du reste, les peintres d'Anvers qui se prêtaient
à décorer de peintures les bannières d'églises. En Italie,
les plus grands maîtres, sans excepter Raphaël, ont peint
des bannières. On assure que l'admirable madone Sixtine
du Sanzio fut originairement une bannière.
Viennent ensuite de longues considérations sur le climat
de la Belgique, regardé comme l'une des causes, comme
la cause principale, de l'aptitude particulière des peintres
de ce pays pour le coloris. A celte même cause l'auteur
attribue d'autres effets; il en déduit d'autres conséquences:
« C'est la température rude de la Belgique, dit-il, qui a
forcé les hommes de ce pays à se prémunir contre les va-
riations de l'air; de là les habitations bien closes et ren-
fermant tout ce qu'il faut pour ne pas sentir les atteintes
du froid et du vent. Voyez les intérieurs servant de fond
à la plupart des tableaux de l'école de Bruges, et aussi à
quelques tableaux de genre de Quentin Matseys. Il est na-
turel que ces peintres firent ce qui leur était cher : une
chambre bien garnie, bien close, leur offrant en hiver une
commodité élégante et agréable. Quentin Matseys, lui, a
pourtant introduit dans ses tableaux des fonds entiers de
montagnes et de vallées, comme dans son Inhumation du
Christ du musée d'Anvers; mais Quentin avait beaucoup
voyagé, et avait donné à son art un caractère nouveau
dont nous parlerons quand nous arriverons à déterminer
( 233 )
spécialement le caractère de la peinture de Matseys. »
Ce passage est rempli d'erreurs. Est-il vrai, d'abord,
que les peintres de l'école de Bruges aient représenté avec
prédilection des scènes qui se passaient dans l'intérieur
des habitations? Chacun sait le contraire; chacun sait qu'ils
ont représenté bien plus habituellement des fonds de pay-
sages que des chambres bien garnies et bien closes; chacun
sait que le vif et sincère sentiment de la nature qu'ils ont
montré dans les reproductions des aspects du monde ex-
térieur forme précisément un des caractères les plus pro-
noncés de leur talent. Du reste , les sujets qu'ils traitaient
exclusivement ne leur laissaient pas la liberté du choix
entre les intérieurs et les extérieurs comme fonds de ta-
bleaux. La tradition était d'accord avec l'ordre naturel des
choses, pour indiquer dans quel lieu l'action biblique ou
évangélique devait nécessairement être placée.
L'auteur, en disant que Quentin Melsys introduisit pour-
tant des fonds entiers de montagnes et de vallées dans ses
tableaux, attribue cette particularité , considérée à tort par
lui comme exceptionnelle, à ce que l'artiste avait beaucoup
voyagé. Il tranche là, de son autorité privée, une question
encore indécise, celle des voyages de Quentin Metsys. Nous
concluons aussi de ses fonds de paysages, si différents de
ceux qu'il pouvait voir en Belgique, qu'il a dû visiter des
pays étrangers; mais c'est un point sur lequel on ne peut
pas être aussi affirmatif que l'auteur du mémoire. Moins
qu'aucun autre, celui-ci pouvait se prononcer catégori-
quement dans le sens des pérégrinations de Metsys, puis-
qu'une grande partie de son travail est consacré à établir
que l'auteur de V Ensevelissement du Christ n'a pas subi
l'influence des écoles étrangères, et à lui faire honneur
d'être demeuré fidèle aux traditions de l'art flamand.
( 234 )
L'auteur (toujours dans le passage où nous trouvons
tant d'erreurs à relever) parle des intérieurs servant de
fonds à quelques tableaux de genre de Quentin Metsys.
Par cette manière de s'exprimer, il donnerait à penser que
l'artiste anversois a traité assez fréquemment des sujets
tirés de l'observation des mœurs; or, combien en pourrait-
on citer, après les Avares et les Poseurs d'or, reproduits
différentes fois, avec peu de changements, par son pin-
ceau , et après la Femme galante courtisée par un vieillard ?
Quand on n'a que peu d'exemples à invoquer, il faut s'ab-
stenir de formuler des lois générales, à moins de vouloir
bâtira toute force une théorie sur la base fragile de données
arbitraires.
« Nous avons parlé du climat, du pays, dit l'auteur,
examinons maintenant la race d'hommes à laquelle appar-
tenait Quentin Matseys. » En effet, il trace un portrait du
Flamand, dans lequel il s'attache à n'omettre aucun des
traits caractéristiques de la physionomie de son modèle.
Organisation, tempérament, instincts, habitudes, il note
tout, il commente tout, il explique tout, avec un zèle mi-
nutieux qui ne fait grâce d'aucune particularité. C'est par
là qu'il termine son introduction. « Étudions maintenant
les œuvres du peintre, dit-il en finissant; nous y trouve-
rons le reflet de la grande âme du vieux Quentin, le sen-
timent intime, complet, qui fit l'originalité de son expres-
sion artistique; et ce sera pour nous la confidence entière,
non-seulement d'une vie humaine, mais celle de tout un
peuple et de tout un siècle. » On voit que l'auteur a une
tendance naturelle à l'exagération, et que la crainte de n<
pas atteindre le but l'entraîne souvent à le dépasser.
Nous abordons enfin le sujet. L'auteur fait remarquer
avec raison que Quentin Metsys, avant de prendre une
( 233 )
manière originale, produit des œuvres qui ont le même
caractère que celles des peintres de son temps. Il ajoute
que « l'histoire reste muette, quand on la consulte, sur
la cause qui produisit le changement de la manière du
peintre- forgeron. » Le mutisme de l'histoire est tout
simple; elle ne dit rien, parce qu'elle n'a rien à dire. La
cause de la modification qui s'opère dans le style du maître
est en lui-même ; il suit l'impulsion de son instinct. Ex-
clusivement occupé de l'influence des causes extérieures,
comme on le voit dans son introduction, l'auteur oublie
quelle part le sentiment de l'artiste a dans le développe-
ment de son talent, dans la direction de ses idées et dans
le choix de la forme qu'elles revêtent.
L'auteur annonce qu'il ne parlera point particulière-
ment des tableaux appartenant à la première manière de
Quentin Mctsys, et dans lesquels son talent transcendant
n'éclate pas encore. Il lui serait difficile, en effet, de parler
de ces tableaux, car il n'en reste guère dont l'authenti-
cité soit établie. Pour les œuvres de cette période de sa
carrière, on est réduit à des attributions conjecturales.
Les premières productions du maître, analysées par l'au-
teur du mémoire que nous examinons, sont les tètes du
Christ et de la Vierge du musée d'Anvers. Elles lui suggè-
! rent des réflexions justes, tant sous le rapport de la con-
ception des types, que sous celui de l'exécution. Nous lui
reprocherons seulement d'avoir manqué de simplicité dans
cet endroit comme en beaucoup d'autres. 11 ne sait pas
résister à son penchant pour l'exagération , et presque tou-
jours il veut trop prouver. ïl a de bonnes idées et les gâte
à force de vouloir les développer et de faire des efforts
pour en déduire des conséquences extraordinaires. Au mo-
ment où il va aborder l'examen de Y Inhumation du Christ
( 256 )
du musée d'Anvers, il s'écrie : « Le novateur a vaincu les
résistances des préjugés et de l'envie, et il atteint à la plus
haute expression de son style dans son tableau de Ylnhu-
malion du Christ, qui va léguer son nom à la postérité et
immortaliser un enfant du peuple. » Où a-l-il été dit que
Quentin Metsys ait du lutter contre les résistances des pré-
jugés et de l'envie? Ces résistances n'ont jamais existé que
dans l'imagination de l'auteur du mémoire. Que signifient
ces mots : immortaliser un enfant du périple? L'auteur
veut-il donner à entendre par là que Quentin Metsys ait
été le seul artiste qui, parti des rangs de la société quali-
fiés d'inférieurs , ait conquis une grande renommée? Mais
on citerait des centaines d'exemples semblables avant et
après Quentin. Si ce n'est pas là ce que l'auteur a voulu
dire, quel est le sens de sa phrase ambitieuse? Quant à
l'assertion que Quentin aurait atteint à la plus haute ex-
pression de son style dans le triptyque du musée d'Anvers,
elle est d'accord, nous le savons, avec l'opinion générale-
ment reçue; mais nous dirons plus loin les raisons qui
nous la font considérer comme mal fondée.
« Pour étudier cette œuvre l'inhumation du Christ, dit
l'auteur du mémoire, nous nous baserons sur les règles
qui, pour toute production artistique, ont guidé, soit par
instinct, soit par l'étude, les grands maîtres de toutes les
écoles, parce que les règles prennent leur source dans la
nature même. » C'est une excellente intention; mais il
serait difficile de la réaliser, attendu que pour aucune
production artistique il n'y a, quoi qu'en dise l'auteur, de
règles qui aient été adoptées et appliquées par les grands
maîtres de toutes les écoles. Les idées, comme les formes,
ont varié selon les temps et selon les écoles. L'auteur le«
reconnaît dans les lignes qui suivent immédiatement le
( 237 )
passage que nous venons de citer, lorsqu'il dit que le sys-
tème de composition de Quentin Metsys est tout autre que
celui des peintres brugeois : « Ceux-ci, dit-il, avaient un
principe tout différent de celui que va inaugurer Quentin
Matseys. » Que devient donc cette universalité des règles
suivies par les maîtres de toutes les écoles, dont l'auteur
vient de parler? La contradiction est manifeste.
L'auteur fait cette remarque fondée que, tandis que
les peintres brugeois ont généralisé leurs compositions,
Quentin Metsys a individualisé les siennes et qu'il est entré
par là plus profondément dans la nature que n'avaient fait
ses devanciers. Cependant la révolution opérée dans l'art
par le peintre de Y Inhumation du Christ n'a pas été aussi
complète, aussi radicale que le suppose l'auteur du mé-
moire. A l'entendre, il semblerait qu'on soit passé immédia-
tement des Van Eyck à Quentin Metsys. Il oublie que l'art
de composer avait subi des modifications intermédiaires
et que Van der Weyden , particulièrement, avait introduit
un principe nouveau, tant dans le groupement des figures
que dans l'expression. Nous ne pouvons pas admettre avec
lui que tout soit absolument neuf, créé dans la composition
du triptyque du musée d'Anvers et dans la douleur expri-
mée par la mère du Sauveur. Van (Jer Weyden a eu des
dispositions de personnages et des manifestations de sen-
timents, soit par la contraction des traits du visage soit
par l'attitude, qui, lorsqu'on suit attentivement la filiation
des idées dans l'art, semblent annoncer, préparer Quentin
Metsys.
En analysant les peintures des volets de Y Ensevelisse-
ment du Christ, Tau leur du mémoire fait ressortir ce qu'il
y a de vraiment neuf et original dans ces œuvres si profon-
dément empreintes du cachet du génie de Quentin Metsys.
2me SÉRIE, TOME XXIV. M
( 238 )
U signale en même temps les fautes de goût commises par
l'artiste dans certains détails; mais il fait remarquer que
ces fautes sont plutôt celles de son époque que les siennes
propres, et comme preuves il mentionne les singularités
qu'offrent les sculptures de nombreux monuments du
moyen âge. Disons que les conceptions bizarres auxquelles
l'auteur fait allusion appartiennent à des époques anté-
rieures à Quentin Metsys et que l'opportunité du rappro-
chement peut, à cause de cela, être contesté. L'auteur du
mémoire n'approuve pas le peintre de Y Inhumation du
Christ d'avoir donné aux figures secondaires de sa com-
position les traits et toute l'apparence de personnages de
son temps; mais il fait à bon droit celte observation qu'on
attachait alors peu d'importance partout, même en Italie,
à ce que nous appelons la couleur locale et la vérité his-
torique.
Lorsqu'il a décrit les compositions du panneau central
et des volets du triptyque d'Anvers, l'auteur s'occupe lon-
guement de l'exécution de cette œuvre importante; il
l'examine au point de vue du coloris, de la lumière et de
l'ensemble des procédés techniques. Cette partie de son
travail n'est pas susceptible d'analyse : il suffira de dire
que c'est une de celles qu'il a traitées avec le plus d'éten-
due et de soin, une de celles aussi où il a donné le plus de
témoignage de sa compétence. C'est seulement après avoir
considéré Metsys comme coloriste, qu'il l'envisage comme
dessinateur. 11 y a là un renversement de l'ordre régulier
des choses. Sans prendre parti pour la ligne ou pour la
couleur, on peut dire que la forme est la première condi-
tion d'existence des objets. Quoi qu'il en soit, l'auteur du
mémoire fait des réflexions judicieuses sur les qualités et
sur les côtés faibles du dessin de Quentin Metsys. 11 dit
( 239 )
avec beaucoup de raison que ce qui distingue par dessus
tout les productions du grand artiste, c'est le caractère.
Le caractère, voilà ce qui donne aux œuvres picturales et
plastiques leur plus haute valeur; voilà ce qu'avaient les
anciens maîtres et ce qui manque aux artistes de notre
temps.
L'auteur du mémoire n° I termine là ses remarques sur
la peinture religieuse de Quentin Metsys; il termine et il
lui restait à parler de l'œuvre dans laquelle le maître a le
mieux témoigné la puissance de son génie. L'accès de cette
œuvre lui était-elle donc interdite? devait-il aller la cher-
cher au loin? Lors même qu'il aurait été obligé d'entre-
prendre un long voyage pour la voir et pour l'analyser, il
ne devait pas reculer devant cette nécessité, s'il voulait
faire un travail complet; mais il n'avait ni grande fatigue
à supporter, ni grande dépense à s'imposer, attendu qu'il
lui suffisait d'aller à Louvain où se trouve la Descendance
apostolique de sainte Anne. C'est dans cet admirable trip-
tyque que Quentin Metsys s'élève, pour ainsi dire, au-dessus
de lui-même, qu'il abandonne décidément les traditions
suivies par ses prédécesseurs et crée un art flamand nou-
veau. C'est là qu'on le trouve avec ses plus éclatantes fa-
cultés, et sans les défauts qu'on est en droit de reprocher
à de certaines parties de Y Ensevelissement da Christ , car
il y évite toute trivialité , sans cesser de manifester un pro-
fond sentiment de la nature.
Le silence gardé par l'auteur du mémoire sur la Descen-
dance apostolique de sainte Anne, est une faute grave, une
faute sans excuse. Il est évident que l'auteur s'est contenté
de tirer du musée d'Anvers les éléments de son travail.
En s'y prenant ainsi, il lui était impossible de donner une
solution complète de la question posée par l'Académie. Il
( 240 )
s'ôtait à lai-même la possibilité du succès dans la tâche
qu'il avait entreprise.
L'auteur du mémoire n° 1 passe ensuite à l'examen des
productions de Quentin Metsys qui n'appartiennent pas à
la peinture religieuse : « Quentin a peint une foule de
tableaux de genre, dit-il. Là il fut en pleine possession de
son originalité et rien ne vint enrayer sa verve humoris-
tique. Créateur d'un genre, il en fut le maître absolu. Son
esprit observateur put largement choisir dans la nature et
chacune de ses interprétations de genre porte l'empreinte
de son origine. » Il y a bien des choses à répondre aux
assertions contenues dans ce passage. Dire que Quentin
Metsys a peint une foule de tableaux de genre, c'est aller
beaucoup au delà de la vérité. On connaît quelques tableaux
de genre de Metsys, voilà le fait. Il faut beaucoup rabattre
aussi de ce que dit l'auteur du mémoire de la verve humo-
ristique du peintre anversois. Quentin Metsys a observé
l'un des travers de l'humaine nature : l'amour de l'or. C'est
à ce travers qu'il a fait allusion , lorsqu'il a représenté des
avares, des peseurs d'or, des femmes trafiquant de leur
charmes. Sa tâche d'observateur s'est réduite à fort peu d<
chose, et l'on est obligé de reconnaître qu'il s'est renfermi
dans un cercle d'idées fort restreint. C'est donc tout à faii
gratuitement, suivant nous, que l'auteur du mémoire
représente Quentin Metsys comme ayant produit Brauwei
et Teniers. L'auteur passe en revue les tableaux de genn
de Metsys qu'il connaît, et l'analyse qu'il en donne fail
ressortir le mérite déployé par l'artiste dans l'obse.rvatioi
et dans la reproduction des types, aussi bien que dam
l'exécution. îl y a de très-bonnes remarques dans les pages
qu'il a écrites sur ce sujet.
En terminant ici l'examen des œuvres de Quentii
( 241 )
Metsys, l'auteur laisse encore une lacune dans son travail.
II lui restait à considérer Quentin comme portraitiste.
La dernière partie du mémoire traite de l'influence
exercée par Quentin Metsys. Aux peintres flamands qui
vont en Italie puiser un enseignement contraire aux tradi-
tions de l'art national et qui, de retour dans leur pays,
s'efforcent d'y introduire les principes d'une école étran-
gère, l'auteur oppose Quentin Metsys restant en Flandre,
tenant d'une main ferme le drapeau de l'art flamand et éle-
vant une digue contre le courant italien qui menace de
submerger notre école nationale. Affranchissant l'art du
despotisme de l'idée et de la forme mystiques, prêchant
d'exemple contre l'envahissement du goût italien , Metsys
a donc exercé une double influence; il a commencé une
grande tâche que Rubens est venu terminer glorieusement.
Tel est, en substance, le thème développé par l'auteur dans
les pages qui servent de conclusion à son mémoire. On
trouve encore ça et là, dans ces pages, des exagérations de
pensée et d'expression; mais on y remarque aussi des
choses très-justes et qui dénotent chez celui qui les a
écrites un sentiment élevé de l'art.
Un mot avant de quitter le mémoire n° 1. L'auteur écrit
ainsi : Matzeys le nom de l'auteur de ['Ensevelissement du
Christ. Il dit dans une note que ce nom est orthographié
différemment par les biographes, et qu'il a adopté la forme
présentée par l'Académie royale de Belgique. Si c'est ainsi
que le nom de Metsys a été écrit dans le programme aca-
démie* ue, ce ne peut être que par le fait d'une faute d'im-
pression. On a dit Metsys, Messis, Massis; mais jamais
Matzeys. Nous conseillons à l'auteur d'écrire Metsys,
comme l'a fait le peintre lui-même sur l'un des volets de
l'admirable triptyque de Louvain , et nous l'engageons, pen-
( 242 )
dant que nous y sommes, à ne pas appeler Memling Hcm-
iincj. Il y a longtemps qu'on a rendu au peintre de la
châsse de sainte Ursule son nom estropié par les écrivains
français du dix-huitième siècle.
L'auteur du mémoire n° 2 portant pour épigraphe :
Quintine,... veteris novator artis, commence par jeter un
coup d'œil sur les phases de l'histoire de Tari antérieures
à celle que la question posée par l'Académie doit lui faire
traiter particulierement.il part de l'époque byzantine,«pour
arriver jusqu'au temps de Quentin Metsys, en indiquant
ce qu'il lui semble y avoir d'essentiellement caractéris-
tique dans les périodes intermédiaires. Il n'était pas obligé
de faire précéder son travail de cette introduction dans
laquelle il s'occupe de choses qui n'ont pas un rapport
direct avec le sujet dont le développement lui était
demandé; mais on ne peut pas trouver mauvais qu'il ait
voulu montrer par quelle succession d'idées et de formes
avait été préparé l'avènement du principe qui reçoit son
application dans les œuvres de Quentin Metsys. Ce qu'on
est en droit de lui reprocher, c'est de n'avoir l'ail qu'à demi
ce qu'il avait entrepris, c'est d'avoir laissé, dans l'espèce
de résumé de l'histoire de la peinture qu'il paraît avoir
voulu esquisser, des lacunes dont l'effet est de présenter
sous un faux jour la marche progressive de l'art. Comme
l'auteur du mémoire n° 1, il passe presque sans transition
de l'époque byzantine à celle de la renaissance. Ce qu'il
supprime, en franchissant d'un seul bond ce long espace,
aurait gêné son système qui est de considérer le seizième
siècle comme étant, pour la peinture, le commencement
d'une ère nouvelle qui est l'ère humaine, coïncidant avec
le libre examen, la réforme, l'invention de l'imprimerie,
l'émancipation des esprits et la manifestation des idées
( 245 )
démocratiques. Il partage avec beaucoup d'historiens le
tort d'arranger l'histoire de manière à la faire cadrer avec
ses propres idées. C'est là le danger des systèmes exclu-
sifs , des théories faites tout d'une pièce.
« A l'heure où l'Italie a seule commencé à se dégager des
types ascétiques du traditionalisme byzantin auquel n'osent
encore se soustraire entièrement des artistes comme Ma-
saccio et le Perugin, au moment où l'Allemagne s'essaie
aux timides bégaiements des maîtres colonais, l'école
flamande s'est affirmée brusquement et sans transition
apparente. On ne trouve pas chez nos vieux maîtres gothi-
ques cette marche progressive que l'on remarque chez les
peintres italiens. Ils entrent dans la lice armés de pied en
cap et leurs coups d'essai sont des coups de maîtres. »
Ainsi s'exprime l'auteur du mémoire dans un passage qui
présente une étrange confusion d'idées. Que viennent faire
Masaccio et le Pérugin à propos de l'abandon du traditiona-
lisme byzantin, des vieux maîtres colonais et des peintres de
notre ancienne école? Ne semblerait-il pas que les artistes
flamands aient devancé les Italiens dans l'observation de
la nature, substituée à l'éternelle reproduction des types
consacrés par l'inflexible tradition byzantine? L'histoire
ment-elle, lorsqu'elle nous enseigne que ce fut Giotto qui
donna le signal de celte grande révolution, qui brisa de sa
main puissante les entraves qu'avaient subies, en les mau-
dissant, il faut le croire, tant de générations de peinlrcs?
Immédiatement avant le passage que nous venons de
citer, l'auteur du mémoire avait dit ceci : « Rien avant que
le mouvement de la renaissance tut parvenu jusqu'à elle,
l'école flamande avait déjà produit cette forte génération
d'artistes : les frères Van Eyck, les Rogier Vander Weyden,
les Memlinc, les Thierry Stuerboul, les deux Vander
( 244 )
Meire, les Hugo Vander Goes, les Juste de Gand et tant
d'autres qui portèrent aux nues le nom flamand. » Il est
évident que l'auteur voit dans la renaissance du seizième
siècle l'époque où la peinture fut affranchie de la tyrannie
des règles byzantines , l'époque où les artistes détournèrent
leurs regards des types conventionnels, pour les fixer sur
la nature qui allait devenir pour eux une source d'inspira-
tion et d'études. Il oublie que la vraie renaissance de la pein-
ture date de la fin du treizième siècle. C'est celle dont
Giotlo fut le promoteur et qui rétablit la nature dans ses
droits trop longtemps méconnus. La marche de l'art dans
cette nouvelle voie fut lente, parce que des préjugés sécu-
laires ne sont pas entièrement déracinés par la première
main qui s'avise de les secouer; mais elle fut continue et le
but était atteint , pour ainsi dire , longtemps avant l'époque
où, suivant l'auteur du mémoire, on aurait seulement
commencé à l'entrevoir.
Les auteurs des deux mémoires ont cette idée fausse
que les écoles d'Italie seraient passées de la convention
mystique byzantine à l'idéal de la renaissance du seizième
siècle, fondé sur l'étude des monuments de l'antiquité, et
qu'elles auraient complètement négligé l'observation de la
nature dont les artistes flamands auraient été les premiers
à apprécier l'importance et les ressources. C'est pourtant
un fait certain que les peintres italiens avaient de beau-
coup précédé les nôtres dans cette recherche de la nature.
Nous aimerions à pouvoir attribuer aux maîtres de notre
école le privilège de la découverte d'un principe fécond;
mais la vérité passe avant tout, même avant l'amour-
propre national. Il nous serait facile de multiplier les
preuves à l'appui des droits que l'histoire confère aux
peintres italiens, relativement à l'introduction de l'élément
( 245 )
humain dans l'art; nous nous bornerons à en citer quel-
ques-uns, que nous tirerons du même lieu, du Campo
Santo de Pise, ce curieux musée où sont réunis des spéci-
mens si intéressants de l'ancienne peinture italienne. Ce
seront d'abord les sujets empruntés à la légende de saint
Ranieri par Simone Memmi. Dans une de ses compositions,
l'artiste a montré saint Ranieri, avant sa conversion, fai-
sant danser aux sons du psalterion, des jeunes filles élégam-
ment parées, tandis qu'un ermite lui adresse de sévères
remontrances. Dans un second tableau, le saint distribue
son bien aux pauvres, à des vieillards estropiés, à des
femmes et des enfants qui tendent les mains pour recevoir
ses aumônes et qui semblent lui adresser des paroles de
reconnaissance. Il y a certes bien loin de ces épisodes
familiers, fruits de la conception libre de l'artiste, en
même temps que de l'observation du monde réel, à la
rigoureuse reproduction des sujets et des types consacrés
par le code de l'art byzantin.
Simone Memmi, l'auteur de ces peintures inspirées par
le sentiment de la nature, vivait entre les années 1280
et 1344. Aucun. artiste flamand, on est obligé de le recon-
naître, n'avait encore imaginé de traiter des sujets fami-
liers.
Antonio Veneziano (1519-1585), entreprit de compléter
l'œuvre que la mort n'avait pas laissé à Simone Memmi le
temps d'achever. Il représenta également une série d'ac-
tions tirées de la vie de saint Ranieri, en prenant l'histoire
du personnage au point où l'avait laissée Memmi et, à
l'exemple de celui-ci, il introduisit dans ses compositions
des scènes de mœurs dont on ferait aujourd'hui des
tableaux de genres.
Les exemples que nous venons de citer ne sont pas des
( 246 )
exceptions. Ce n'est pas en vain que Giotto a montré aux
peintres de son pays le parti qu'ils pouvaient tirer de l'ob-
servation de la nature. Ils sont entrés résolument dans la
route nouvelle ouverte par le génie de l'élève de Cimabue
et ne Font pas quittée de sitôt. Ils traitaient, il est vrai,
des sujets religieux, les seuls auxquels on leur demandât
d'appliquer leur talent; mais ils y introduisaient des épi-
sodes familiers qui témoignent de l'attention qu'ils don-
naient à l'étude de la nature. N'étant pas arrêtés par des
convenances de style qu'on n'observait pas de leur temps, ils
eurent, sous ce rapport, des hardiesses qu'on ne pardonne-
rait pas aux peintres de notre époque. Benazzo Gozzoli, un
vrai maître, qui florissait dans la seconde moitié du quin-
zième siècle, manifesta ce sentiment de la nature dans une
nombreuse série de compositions dont les sujets étaient
tirés de la Bible et qu'il exécuta également sous les por-
tiques du Campo Santo de Pise. Ses peintures sont des
plus remarquables, aussi bien par l'élévation du style,
par l'originalité des conceptions et par la beauté des
types que par l'observation de la nature. Ses compositions
bibliques renferment des épisodes familiers offrant l'image
pittoresque et vraie de la vie italienne. Par exemple, dans
le tableau qui a pour sujet l'ivresse de Noé, la partie
gauche est remplie par une scène de vendanges où des
jeunes filles cueillent le raisin sous une treille et le portent
dans des panniers à la cuve où un homme les écrase sous
ses pieds. Dans les noces de Rebecca, on voit un repas
italien avec tous les détails d'un service de table, tous les
objets d'ameublement de l'époque de l'auteur. Dans la
naissance de Jacob et d'Esaiï, le peintre a représenté une
chambre d'accouchée au quinzième siècle, avec les céré-
monies usitées de son temps. Dans les noces de Jacob et
( 247 )
de Rachel , il a mis en action des danses italiennes sem-
blables à celles qu'il observait en se promenant dans la
campagne. Assurément ce ne sont pas là des* modèles à
proposer au point de vue de la vérité historique; mais ces
particularités témoignent de la part faite par les peintres
italiens à l'étude de la nature, longtemps avant que les
artistes flamands songeassent à étendre de ce côté leurs
observations, et c'est à ce titre que nous les avons men-
tionnées. Il ne faut pas laisser se propager les idées
fausses, lors même qu'elles sont favorables aux objets de
nos sympathies.
L'auteur du mémoire n° 2 entre, comme le concurrent
dont nous avons examiné le travail, dans quelques détails
sur les circonstances qui ont fait passer de Bruges à An-
vers le siège de l'école flamande, puis il arrive à Quentin
Metsys. Il rappelle les traditions romanesques qui eurent
longtemps cours sur le compte du maître et fait mention
des résultats qu'ont eus les perquisitions de patients cher-
cheurs, en ces derniers temps, pour rétablir, au moyen de
documents authentiques, la vérité des faits en ce qui con-
cerne le nom, le lieu de naissance, les études et les pre-
miers travaux de Quentin Metsys. Il s'occupe en même
temps de l'artiste et de l'homme. Ainsi qu'il arrive à beau-
coup d'auteurs de monographies, son sujet le grise et, dans
l'exagération de son enthousiasme, il grandit outre mesure
la personnalité du maître qu'il s'attache à faire revivre dans
l'étude soumise à votre jugement : « L'ensemble des con-
naissances de Quentin était si prodigieux, dit-il, que,
même à cette époque d'une émulation ardente, il frappa
d'admiration les plus illustres de ses contemporains. »
Suffit-il, pour faire honneur à Quentin Metsys de cet
ensemble prodigieux de connaissances, soit du passage de
( 248 )
Karel Van Mander où il est dit que l'auteur de YEnsevelis-
sement du Christ fut un musicien distingué et qu'il cul-
tiva non sans succès les lettres flamandes, soit des témoi-
gnages d'estime qu'il reçut d'Erasme, de Thomas Morus
et d'Albert Durer? « De tout ce qui précède, dit encore
l'auteur du mémoire, nous pouvons hardiment conclure
que par le savoir que signalent en lui et que dénotent ses
œuvres, Quentin fut l'étonnement de son siècle. Il reste un
problème pour Je nôtre. » Si l'on parle ainsi de Melsys,
que dira-t-on de Léonard de Vinci , de Raphaël , de Michel-
Ange, de Rubens, de ces hommes étonnants dont le génie
se manifesta sous des formes si diverses et s'éleva à une si
grande hauteur? En toutes choses il faut garder une juste
mesure.
« Quentin Metsys ne fut pas bercé sur les genoux d'une
duchesse, dit l'auteur du mémoire. Il naquit nu et misé-
rable, vrai enfant du peuple. » La même idée a été
exprimée par l'autre concurrent. Nous demanderons
encore ce que cela signifie. N'en peut-on pas dire autant
d'une foule d'artistes, de savants , d'écrivains, etc.? A-t-on
jamais exigé que les peintres, les sculpteurs, les poêles,
les musiciens fissent preuve de noblesse?
L'auteur du mémoire, après s'être attaché à démontrer
le peu de fondement des histoires romanesques dont les
anciens biographes ont fait de Quentin Metsys le héros, se
laisse aller, à son tour, à des suppositions absolument arbi-
traires, lorsqu'il veut expliquer certains caractères particu-
liers des œuvres du maître. Il range parmi les fables la
légende amoureuse du forgeron-peintre, et ce n'est pas
sans regret, dit-il. Il s'en console en supposant, disons
même en affirmant que l'amour joua un grand rôle dans
la vie du peintre et lui inspira ses plus belles œuvres. La
( 249 )
tradition ne parlait que d'un seul amour comme ayant
influé sur le développement du génie de Metsys; l'auteur
du mémoire attribue cette influence à trois amours :
l'amour pour sa mère qu'il adorait et qui lui enseigna le
culte du foyer domestique; l'amour de sa première femme
dont il reproduisit les traits dans ses figures de madones
et de saintes; enfin l'amour de la patrie qui l'enflammait.
A voir les détails intimes donnés par l'écrivain sur les sen-
timents de Metsys, sur son intérieur, sur sa manière de
vivre et de travailler, on serait tenté de croire qu'ils ont
été fournis ou par l'artiste lui-même dans une auto-biogra-
phie, ou par quelque témoin oculaire de ses actions, con-
fident de ses pensées en même temps. Imaginerait-on qu'il
s'agit d'un homme sur la vie duquel on ne sait guère que
ce qui tiendrait en dix lignes? Les œuvres d'un artiste
sont, il est vrai, des documents pour son histoire; mais
lorsqu'on ne se borne pas en tirer des conclusions géné-
rales, lorsqu'on veut entrer dans les petites particularités
et préciser minutieusement, ce n'est plus de l'histoire que
l'on fait, c'est du roman. Voilà ce qui arrive à l'auteur du
travail que nous examinons. Le point de départ de ses ob-
servations est souvent juste; mais il est rare qu'il résiste
aux entraînements de son imagination et qu'il n'aille point
beaucoup au delà de ce qu'il est possible de conclure d'une
hypothèse, car tout est hypothétique dans l'histoire de
Quentin Metsys. On s'accorde à reconnaître que ce peintre
est resté fidèle aux traditions de l'école nationale, tandis
que plusieurs de ses contemporains allaient en Italie
échanger leur originalité contre un style d'emprunt qui ne
leur donna que des talents bâtards; on le loue à bon droit
d'avoir su se soustraire à la contagion de l'italianomanie.
Est-il nécessaire de dire que : « Représentant d'une race
( 250 )
puissante et forte, aux mœurs patriarcales, Melsys puisa
dans l'amour du foyer l'amour de la patrie, qui dut con-
stamment lui faire éviter tout contact et tout alliage
étrangers; que son amour-propre de Flamand se révolta
quand il vit les artistes ses contemporains s'ingénier à
copier les œuvres des peintres étrangers et qu'il résolut de
consacrer sa vie à lutter contre les envahissements des
novateurs entichés à l'excès d'une manière dont l'adop-
tion devait être si fatale à l'art national. » Metsys est resté
Flamand dans sa peinture, parce qu'il était dans la nature
de son génie de se manifester de la manière propre aux
artistes de son pays. Ce qu'il a fait, il l'a fait de sentiment,
sans se poser en continuateur, en défenseur de l'ancienne
école flamande, sans prétendre se donner une mission ou
jouer un rôle. Les vrais maîtres n'avaient pas de systèmes;
ils suivaient simplement la voie où les poussaient leur
tempérament et leurs instincts. Beaucoup d'enlre eux,
s'ils revenaient au monde, seraient bien surpris de la pro-
fondeur des vues qu'on leur attribue.
L'auteur du mémoire aborde enfin l'examen des œuvres
de Quentin Metsys en les classant dans l'ordre chronolo-
gique , ordre formé d'après l'opinion des critiques accré-
dités qui croient reconnaître à de certains indices que tel
tableau appartient à telle époque de la carrière de l'ar-
tiste. Il analyse avec soin et avec sagacité celles de ces
œuvres qu'il a eu l'occasion de voir. Lorsqu'il parle des
autres, il transcrit ce qu'en ont dit les écrivains dont le
jugement lui a paru mériter confiance. Il faut lui rendre
cette justice qu'il a lu à peu près tout ce qui a été écrit
sur Quentin Metsys et que, parmi les sources auxquelles
il pouvait puiser pour compléter son travail, il n'en est
guère qui lui aient échappé. Sous ce rapport son mémoire
( 251 )
est très-supérieur à celui qui porte le n° 1 et dont l'auteur
n'a communiqué que ses propres impressions se bornant,
comme nous l'avons dit, à décrire le peu de peintures du
maître qu'il a eu l'occasion de voir de ses yeux. Les nom-
breuses citations de l'auteur du mémoire n° 2 donnent à
son écrit une valeur d'érudition qui manque à l'ouvrage
de l'autre concurrent. Ses descriptions des tableaux de
Metsys sont minutieuses et exactes; ses appréciations sont
justes. Il fait d'excellentes réflexions sur le sujet, la com-
position, la participation des figures à l'action et le style.
Relativement à la partie technique de la peinture, aux pro-
cédés d'exécution, il ne se montre pas aussi compétent que
l'auteur du mémoire n° 1 et traite trop sommairement des
questions qui méritaient un examen plus approfondi. Jl n'a
pas commis, comme son compétiteur, la faute de passer
sous silence le triptyque de Louvain, dont il reconnaît la
haute valeur. Il n'a pas oublié non plus de citer les por-
traits de Metsys. Lorsqu'il parle des Avares et des Peseurs
d'or, il signale, ainsi que l'autre concurrent, ces produc-
tions comme introduisant dans l'art une forme nouvelle
et tombe d'accord avec M. Waagen , dont il cite les paroles,
pour proclamer Quentin Metsys un des créateurs de la
peinture de genre.
Après avoir terminé l'examen des œuvres de Quentin
Metsys, l'auteur du mémoire n° 2 consacre quelques pages,
les dernières de son travail, à considérer dans son ensemble
le talent du grand artiste et à démontrer quelle fut l'in-
fluence qu'il exerça, tant sur ses contemporains, que sur
les peintres flamands des générations suivantes. Nous sous-
crivons à plusieurs des idées qu'il exprime à cette occasion;
mais il en est d'autres auxquelles il nous est impossible de
nous rallier. L'auteur se trompe manifestement lorsqu'en
( 252 )
parlant delà prédilection de Metsys pour tout ce qui avait un
cachet de vérité dans Tari, il dit de ce maître : « ïl eut con-
stamment pour principe de corriger l'étude des maîtres par
l'étude de la nature et de compléter l'étude de la nature par
l'étude des maîtres. » C'est arbitrairement qu'il attribue
cette théorie esthétique au fondateur de l'école d'Anvers.
Il n'y mettait pas tant de façon, s'il nous est permis d'em-
ployer cette expression familière; il se bornait à suivre l'im-
pulsion de son propre sentiment; il se contentait d'être
lui et c'est précisément parce qu'il a tiré de lui-même, sous
l'inspiration de la nature, tout ce qu'il y a dans ses œu-
vres, que nous le trouvons si étonnant pour son époque.
Une autre erreur plus grave est renfermée dans ce pas-
sage : a Le premier il arriva à traiter ies personnages de
grandeur naturelle, ce qui amena toute une révolution
dans la peinture, en introduisant l'étude de l'anatomie. »
Il suffira à l'auteur du mémoire de faire une visite au mu-
sée de Bruxelles, pour constater que Quentin Metsys n'a
pas été le premier qui ait peint des personnages de gran-
deur naturelle. Les volets détachés de Y Agneau mystique
de Van Eyck et les deux tableaux de Thierry Bouts (Stuer-
boul) représentant les deux épisodes de la Sentence inique
de V empereur Othon lui prouveront assez que la priorité
pour l'exécution des personnages dans les proportions de
la nature n'appartient pas à Quentin Metsys.
L'auteur représente Quentin Metsys comme ayant été le
premier qui introduisit dans l'art le sentiment de la na-
ture; il affirme que si ce principe a triomphé, ce n'est pas
sans avoir eu à lutter contre les résistances opposées par
les préjugés et par la routine à toute innovation. Du reste,
rien ne saurait arrêter la propagation de l'idée juste. L'au-
teur, qui a cette conviction, s'écrie : « Vous aurez beau la
( 253 )
mettre sous les verrous (l'idée), renforcer les grilles et dou-
bler les sentinelles, pendant que vous la croyez tenir ici,
elle est là-bas qui vous nargue et rit de vos vaines précau-
tions. Allumez les réchauds, chauffez les tenailles et les
pinces, aiguisez les poignards, préparez le bâillon, étendez
les chaînes et prenez-la cette idée, et couchez-la sur l'in-
fâme chevalet, pressez-la, étouffez-la et quand vous l'aurez
bien torturée, et que vous n'en pourrez plus, elle se relè-
vera souriante et d'un geste, d'un seul, vous étendra à
ses pieds et vous brisera, vous pulvérisera, vous anéan-
tira. »
L'idée de faire de l'observation de la nature un des élé-
ments de l'œuvre d'art n'a pas eu à soutenir de ces luttes
furibondes. Elle est antérieure à Quentin Metsys. A vrai
dire, elle est aussi ancienne que l'art dont elle fut le point
de départ. On a pu s'écarter plus ou moins de son applica-
tion; elle a pu sommeiller durant la période de l'influence
byzantine; mais depuis son réveil, accompli par la forte
impulsion qu'elle reçut de Giotto, elle n'a pas cessé d'être
un des principes fondamentaux de la statuaire et de la
peinture. 11 y a bien des manières de voir la nature, bien
des manières de la comprendre, bien des manières de l'in-
terpréter. Disons plus, il y a bien des natures différentes.
Deux peintres peuvent être également vrais, en reprodui-
sant des types sans analogie de caractère. Quentin Metsys
a bien observé et bien rendu une certaine nature; mais
l'idée de demander des modèles à la nature ne lui appar-
tient pas. Sans chercher des exemples ailleurs que dans
notre école, est-ce qu'un siècle avant lui Van Eyck n'avait
pas exécuté cette admirable figure d'Adam du musée de
Bruxelles, laquelle est plus fortement empreinte de natu-
2me SÉRIE, TOME XXIV. 18
( 254 )
ralisme que tout ce qu'a produit le peintre de l'Ensevelis-
sement du Christ? C'est toujours un tort, pour le critique
ou pour l'historien, d'être exclusif, de chercher des argu-
ments à l'appui d'un système en dehors ou au delà de la
vérité. On peut louer dignement un maître tel que Quentin
Melsys, sans lui prêter des mérites imaginaires.
II est un reproche qu'on est en droit d'adresser aux au-
teurs des deux mémoires, c'est de n'avoir pas tenu compte
des faits de l'histoire générale de l'art dans l'aperçu qu'ils
ont donné, l'un et l'autre, de l'état de la peinture antérieu-
rement à Quentin Mets) s, pour faire apprécier, comparati-
vement avec ce qui existait avant lui, l'importance du mou-
vement opéré par l'impulsion de son génie. Comme ils ne
s'expriment pas de manière à faire comprendre que leurs
observations s'appliquent uniquement à l'école flamande
considérée isolément, ils semblent avoir voulu attribuer à
Metsys l'honneur de conceptions nouvelles qui, en réalité,
appartiennent à des maîtres étrangers et dont il sut tirer
parti, avec une rare sagacité, sans altérer le caractère du
génie flamand qui colore si vivement ses œuvres. Indépen-
damment du mouvement particulier de chaque école, il y
a un mouvement général de l'art qui se fait sentir partout à
la fois ou presque à la fois. La révolution faite par Giotto,
qui émancipa le génie des peintres et qui rétablit l'union
féconde de la nature et de l'art, se répandit de Florence
dans le reste de l'Italie et d'Italie dans l'Europe entière.
Iles artistes flamands accueillirent comme ils le devaient
les principes de liberté qu'elle leur apportait. Quentin
Metsys usa de cette liberté en homme de génie; mais il ne
fut pas, comme maint passage des deux mémoires ten-
drait à le faire supposer, le Spartacus de la peinture.
( 253 )
Quand l'auteur du mémoire n° 2 dit que Metsys fut le
premier qui fit concourir différents personnages à une
môme action, qu'il créa l'harmonie de la composition
ignorée complètement de ses prédécesseurs, qu'il fit con-
naître, le premier, les ressources de la perspective aérienne, -
il le traite en inventeur de ces choses essentielles dont l'art
s'enrichit successivement par l'initiative des maîtres ita-
liens du quinzième siècle. Quentin Metsys n'a pas créé,
comme le donnent à entendre les auteurs des deux mé-
moires, tout ce qu'il y a dans ses œuvres; mais pourtant il
n'est pas imitateur. Il a pris l'art au point où l'avaient porîé
des perfectionnements antérieurs, de même que les grands
écrivains des époques florissantes de l'histoire littéraire ont
pris la langue formée par leurs prédécesseurs, pour en faire
l'instrument de leurs pensées, S'il n'a pas créé tous les élé-
ments qu'il met en œuvre, il les a modifiés de manière à
les adapter à ses propres inspirations, il les a marqués
de l'empreinte de son originalité, laquelle s'est manifestée
d'ailleurs par des qualités qui lui sont tout à fait person-
nelles, et au nombre desquelles brille principalement un
profond sentiment de la nature. Il a vivifié l'école natio-
nale en lui infusant un sang nouveau; mais il s'est gardé
de porter atteinte aux principes fondamentaux sur les-
quels elle repose. Résolvant le problème de l'union de
deux tendances opposées, il a été à la fois révolution-
naire et conservateur.
En résumé, il y a de fort bonnes choses dans le mé-
moire n° 2, particulièrement dans la partie biographique,
aussi bien que dans la partie descriptive et analytique;
mais des inexactitudes historiques et des exagérations qui
dénaturent le véritable caractère des choses ne permet-
tent pas de lui attribuer le prix fondé par l'Académie en
( 256 )
vue d'obtenir un travail sinon parfait, du moins irrépro-
chable dans ce qui a trait aux questions principales.
Je me rallie donc aux conclusions proposées par mon
honorable confrère M. Portaels. »
M. Ad. Siret, troisième commissaire, adhère verbale-
ment aux conclusions de ses deux confrères.
D'après les conclusions de MM. les commissaires, char-
gés d'examiner ces travaux, la classe accorde une médaille
d'argent à l'auteur du mémoire n°2 et une mention hono-
rable à l'auteur du mémoire n° 1. Les auteurs sont priés,
en conséquence, de vouloir bien se faire connaître (1).
La classe décide qu'elle rédigera dans sa séance du mois
d'octobre le programme des questions à mettre au concours
pour 1868.
Elle arrête ensuite le programme de la séance publique
du lendemain, qui se composera de :
1. Discours de M. F. Fétis, vice-directeur de la classe.
î2. Ouverture d'Euryanthe, musique de Weber, exécutée
par l'orchestre du Conservatoire royal de Bruxelles.
5. Proclamation des résultats du concours ouvert par la
classe.
4. Proclamation des résultats du concours des cantates
et du concours de composition musicale institués par le
gouvernement.
(1) L'auteur du travail n° 2 s'est fait connaître depuis : c'est M. Ernest
Van C.Ieemputte, attaché à la Bibliothèque royale.
( mi )
5. Proclamation des résultats du grand concours de
peinture de 1867.
6. Met Woad, cantate couronnée au concours de com-
position musicale de 1867; paroles de M. Cb. Versnaeyen,
musique de M. Waelput.
COMMUNICATIONS ET LECTURES.
Quelques observations sur l'emploi de deux langages dans
les concours de composition musicale, par M. Daussoigne-
Méhul, associé de l'Académie.
Si les hommes ne font qu'apparaître, il en est de même
de quelques institutions d'art mal assises, ou livrées au ca-
price de chacun. En sera-t-il ainsi des concours de com-
position en Belgique? — Telle est la question que je me
propose d'examiner, et que je recommande à l'attention la
plus sérieuse de mes honorables confrères.
J'ai signalé déjà l'espèce de mépris affecté par quelques
lauréats à l'égard d'un règlement protecteur, et ma voix
s'est perdue dans le désert! Je pourrais donc m'arrèter
après cette malencontreuse tentative, car je sais que le
rôle de censeur a des inconvénients et que l'on se fait peu
d'amis en signalant des abus; mais cette considération me
touche peu lorsqu'il s'agit de l'intérêt des arts et de l'ave-
nir des artistes. En outre, je ne puis oublier que nous vi-
vons dans un pays où le moindre des citoyens jouit du
droit de publier hautement sa pensée : or, il est des situa-
tions où le droit se transforme en devoir.
( 258 )
J'examinerai donc avec une entière indépendance la va-
leur d'une disposition récente, dont le maintien met en
péril — à l'insu du pouvoir — l'institution de ces con-
cours.
Depuis 1841 (époque où fut institué le grand prix de
composition), jusqu'en 1865, les concurrents furent mis
en possession d'un poëme en langue française. Cette me-
sure était sage; elle réunissait — par un point de suture
littéraire — les Flamands qui ne comprennent pas le wal-
lon, et les Wallons qui ne savent pas un mot de flamand...
tandis que les uns et les autres (dans les classes où se re-
crutent les jeunes compositeurs) font un usage égal de
l'idiome français qui, en définitive, est la langue officielle
du pays; elle offrait surtout un avantage aux Flamands
dont l'avenir de gloire et de fortune est à Paris. Il est évi-
dent que si la Belgique est justement fière du succès de
ses musiciens en France, elle est loin de pouvoir leur of-
frir chez elle une situation prospère, et qu'il est important
pour eux de s'exercer de bonne heure à mettre en mu-
sique le seul idiome admis sur la scène française.
Cela suffit, me paraît-il, pour expliquer une résolution
contre laquelle personne ne s'éleva pendant plus de vingt
ans. Mais un jour vint où l'un des concurrents, trahi, peut-
être, par une mauvaise disposition d'esprit ou de santé,
abandonna son travail en déclarant qu'il lui était impos-
sible de rencontrer la moindre inspiration sur des paroles
françaises!... — 11 est heureux pour nous qu'un pareil in-
convénient n'ait pas arrêté les auteurs d'Orphée, de Guil-
laume Tell, des Huguenots, etc., etc. — Quoi qu'il en soit,
le mot n'est pas tombé vainement : de pressantes réclama-
tions furent adressées au pouvoir; on invoqua sa justice
en demandant qu'à l'avenir deux poèmes, l'un en flamand
( 2o9 )
et l'autre en français, fussent présentés au choix des con-
currents, à l'effet d'égaliser entre eux les chances du con-
cours!...
Il ne m'appartient pas de décider si l'un de ces langages
se marie mieux que l'autre à la musique : c'est un soin que
j'abandonne volontiers aux littérateurs flamands, dont la
plupart se servent de la langue française avec autant de
pureté que d'élégance. Je ferai seulement remarquer ici
qu'avec la volonté d'être juste envers tout le monde, les
demandeurs réclamaient du pouvoir un privilège exorbi-
tant en faveur de leurs concitoyens !... Privilège qui con-
sistait, pour les habitants des Flandres et du Brabant, à
choisir entre deux scènes de caractère et de langage diffé-
rents, tandis que les Wallons, privés d'initiative par leur
ignorance de la langue flamande, étaient fatalement con-
traints de choisir la scène française!... Celte considération
n'apparut à personne : la demande fut enlevée d'assaut, et
l'arrêté de 1865 en fit une loi.
Quelques observations furent immédiatement présen-
tées à M. le Ministre de l'intérieur par l'un de nos con-
frères les plus autorisés : M. le Ministre en reconnut la
justesse et promit d'y faire droit; mais on était à la veille
d'un nouveau concours; le Moniteur avait parlé, force était
donc de lui obéir... quitte à rechercher plus tard le moyen
de tout concilier.
Qu'en est-il advenu? — Hélas! il faut bien le dire : en
dépit de la volonté bienveillante du pouvoir, sa religion
fut surprise une seconde fois. — On s'était proposé de
faire traduire le poème français en flamand (?) et la scène
flamande en poésie française , toujours dans la vue d'éga-
liser les chances...
J'insisterai peu sur la pensée de ces traductions. Il est
( 260 )
reconnu que la langue flamande (comme tous les idiomes
germaniques) peut facilement reproduire le rhythme et la
cadence des vers français, espagnols, italiens, etc., mais
non l'équivalent de certains tours de phrases, de certaines
expressions dont la vigueur ou le charme est en raison du
génie particulier de chaque langue. Le contraire serait un
tour de force que les plus habiles traducteurs d'Homère et
de Virgile n'ont jamais accompli. — Somme toute, la meil-
leure traduction littérale en vers ne sera jamais qu'un faible
et pâle reflet du texte original. — Serait-ce en cela, je le
demande, que consisterait cette égalité de chances tant ré-
clamée?
En fin de compte, aucune traduction ne fut présentée
aux aspirants, et les conditions du précédent concours
furent maintenues en 1867.
Cela dit, j'abandonne la question de langage (question
sans intérêt dans les concours de composition musicale ,
puisqu'il est avéré que l'on écrit chaque jour de bonne et
de mauvaise musique sur toutes les langues...), et j'aborde
carrément le vice capital d'un système qui blesse à la fois
la justice, les musiciens et leurs juges.
Quoi que l'on dise pour soutenir une mauvaise thèse,
l'un des poèmes remis aux concurrents présentera tou-
jours quelque avantage sur l'autre, fussent-ils écrits tous
deux en français ou en flamand : cet avantage résultera de
la nature du sujet adopté par le poète. Dès lors le choix of-
fert à de jeunes compositeurs est un piège tendu à leur
inexpérience.
Que l'on consulte le programme des concours de pein-
ture, sculpture, architecture, etc.; on verra que, partout,
les aspirants doivent traiter le même sujet, seul moyen
d'établir entre eux des points de comparaison. C'est une
( 261 )
Joi reconnue par le bon sens et l'équité. Les juges d'un
duel ne permettent le combat qu'après avoir mesuré la
longueur des épées! serait-il donc moins équitable, dans
les luttes artistiques , d'offrir des armes égales à tous les
aspirants aux prix ?
Maintenant, que dire d'une assemblée de peintres avant
à prononcer entre deux toiles, dont l'une représenterait
une Fête de village et l'autre la Mort de César?... — Telle
est pourtant la situation de votre jury musical en présence
de deux partitions disparates! Je le demande à tous les
nommes d'expérience et de bonne foi : Quel rapport éta-
blir entre les effets du vent qui fait tourner les moulins à
farine ou chavirer les barques... et la douleur de Jephté
sacrifiant sa fdle? — ou bien encore, entre les plaisirs
d'une chasse dans la Forêt et l'héroïsme de Jeanne d'Arc
marchant au supplice!!!... (1).
Oh! je le dis du fond de mon àme, il est temps de sortir
de ce guêpier et de savoir définitivement si nous avons à
juger un concours d'opérette... ou de musique dramatique,
ainsi que le veut l'arrêté de 184-1.
Mais, dira-t-on, de quoi vous plaignez-vous?... Le jury
n'a-t-il pas fonctionné jusqu'à ce jour sans le moindre em-
barras? — Je demande ici la permission de ne pas ré-
pondre. L'appréciation des actes posés par le jury est en
dehors du cadre que je me suis tracé, et la convenance
d'accorder un premier prix quand même est une question
brûlante que je laisse à part.
Après tout, si l'on trouve de l'inconvénient à supprimer
l'épreuve en langue flamande, pourquoi ne pas ouvrir
(1) Sujets traités simultanément dans les derniers concours.
( 262 )
chaque année un concours spécial en remplacement des
concours bisannuels et faire usage alternativement des
deux idiomes? — On rétablirait ainsi l'unité de condition
entre les aspirants; et pour éviter un surcroît de dépenses
au budget des beaux-arts, les quatre années de la pension
des lauréats seraient réduites à deux, chose très-su ffisan te
pour se promener en paix.
Je me rappelle à cette occasion que M. le Ministre nous
demandait, il y a peu d'années, s'il était bien nécessaire
de tant prolonger l'absence des jeunes compositeurs! —
Aujourd'hui l'expérience répond à cette question.
Je ne veux pas nier les embarras que présente la propo-
sition qui précède. On me demande déjà si les musiciens
nés dans les Flandres participeraient à la double épreuve,
en raison de leur aptitude à se servir des deux langages,
et je pencherais vers l'affirmative, car je ne vois ici que
des artistes belges sans distinction de province. J'admets
aussi qu'après avoir échoué dans un concours en langue
flamande, un aspirant puisse produire un excellent travail
sur un poëme français! — Tout peut dépendre du caractère
de la scène à traiter... Mais enfin les Wallons ne jouiraient
pas du même avantage, et l'on tomberait de Charybde en
Scylla.
Certes, il serait ridicule de forcer les compositeurs fla-
mands à n'employer que leur idiome natal : je crois avoir
démontré que leur intérêt commande le contraire; mais il
faut éviter ici jusqu'à l'ombre de la partialité, sous peine
de voir bientôt l'antagonisme succéder à l'émulation. —
Ce motif est très-grave.
Dès lors, tout en gardant l'emploi des deux langues, ne
serait-il pas mieux d'ouvrir simultanément deux concours
tranchés? — On nommerait ainsi deux jurys spéciaux,
(263 )
chacun de trois membres, avec faculté, le cas échéant,
d'accorder de part et d'autre un premier prix non au
mérite relatif, mais au mérite absolu.
Alors, les jeunes Flamands n'auraient plus le choix du
poème, mais celui du langage à mettre en musique. Ils fe-
raient connaître leur volonté à cet égard un mois avant
l'ouverture des concours, en prenant inscription au Mi-
nistère de l'intérieur, et de ce moment leur décision serait
irrévocable, quel que fût plus tard le sujet de l'une ou
l'autre scène. — Dans ce cas, les concours seraient bis-
annuels, et la pension des lauréats serait de deux années.
Malgré tout, j'estime que mieux vaudrait en revenir aux
dispositions de l'arrêté primitif, quitte à créer un nouvel
encouragement en faveur des poètes lyriques. — Le théâtre
semble en offrir le moyen.
Quant aux musiciens nés en Flandre, rien ne les em-
pêcherait d'écrire pour le théâtre flamand ! C'est ainsi que
l'on en prête aujourd'hui le projet à M. Gevaert. — En dé-
finitive, si mes conclusions pouvaient effaroucher quelques
intérêts secondaires j'en aurais tout le regret possible;
mais cette prévision ne me ferait pas désavouer l'axiome
qui fut la loi de toute ma vie d'artiste :
Fais ce que dois, advienne que pourra !
J'ose donc appeler de nouveau l'attention de la classe
des beaux-arts sur les conséquences d'un système déplo-
rable persuadé qu'il appartient à mes honorables con-
frères de présenter au pouvoir les moyens d'y porter re-
mède.
( 264 )
CLASSE «ES BEAUX-ARTS,
Séance publique du lundi, 23 septembre 1867, à midi.
(Temple des Augustins.)
M. F. Fétis, vice-directeur, occupe le fauteuil.
M. L. Alvin, faisant fonctions de secrétaire.
Sont présents : MM. G. Geefs, Van Hasselt, Vieuxtemps,
Jos. Geefs, Ferd. De Brackeleer, Fraikin, Éd. Fétis, Edm.
De Busscher, Payen, le chevalier de Burbure, Franck,
De Man, Ad. Siret, Julien Leclercq, membres; Daussoigne-
Méhul, associé; Bosselet, correspondant.
Assistent à la séance :
Classe des sciences. — MM. De Koninck, Van Beneden ,
Gluge, Liagre, Duprez, Poelman, Dewalque, E. Quetelet,
membres.
Classe des lettres. — MM. Pioulez, directeur, De Decker,
Polain, le baron J. de Witte, Chalon, Th. Juste, Guil-
laume, membres; JNolet de Brauwere, associé; Emile de
Lavcleye , correspondant.
MM. les Ministres des affaires étrangères et de Tinté-
( 265 )
rieur, ainsi que M. le secrétaire général de ce dernier dé-
partement, occupent la loge de gauche. La foule rem-
plit l'enceinte et les nefs latérales.
Au fond du temple, sur l'estrade sont l'orchestre du
Conservatoire royal de Bruxelles, les dames amateurs de
Bruxelles et d'Anvers, et les membres de la Société royale
des Mélomanes de Gand, qui doivent chanter les chœurs
dans la cantate qui allait être exécutée.
L'orchestre du Conservatoire royal de Bruxelles exécute
d'abord, sous la direction de M. Bosselet, correspondant
de la classe des beaux-arts, l'ouverture d'Euryanthe, puis
M. F. Fétis, qui préside la séance en l'absence du direc-
teur, M. Balat, prononce le discours suivant :
« Mesdames et Messieurs,
» Les séances publiques de la classe des beaux-arls de
l'Académie royale de Belgique reçoivent chaque année un
intérêt spécial par l'exécution des ouvrages couronnés
dans les concours de composition musicale, institués par
le gouvernement. En écoutant ces premiers essais de
jeunes artistes dont la carrière commence, et dont toute
l'existence est dans l'avenir, le public est saisi d'une dis-
position bienveillante qui se manifeste et par l'attention
qu'il prête à l'exécution de l'œuvre et par ses applaudis-
sements.
» Deux causes déterminent cette bienveillance: la pre-
mière est la jeunesse du lauréat; l'autre, l'espoir d'une
gloire nouvelle pour la patrie, qui viendra peut-être s'ajouter
à toutes les gloires belges des temps écoulés. L'avenir ne
( 206 )
réalise pas toujours les espérances conçues au début d'un
jeune musicien : il en est ainsi de tous les arts; car le ta-
lent acquis n'est que l'accessoire; il y faut joindre le génie,
l'originalité de la pensée et du sentiment; de plus, l'habi-
leté conquise par l'expérience dans les développements de
la forme. Tant de qualités sont rarement réunies : de là
vient qu'il y a beaucoup d'artistes de talent dans de cer-
taines limites et fort peu de grands hommes.
» Le temps seul décide de la place destinée au compo-
siteur de musique dans le panthéon des illustres, si toute-
fois il y doit entrer. Quelquefois le début est heureux; mais
il n'est pas rare qu'il soit suivi de défaillances. 11 n'y a
d'artistes véritablement grands que ceux dont les travaux
marquent un progrès constant jusqu'à leurs derniers jours.
Pour que ces progrès se réalisent, il faut être animé du
désir de faire mieux à chaque œuvre nouvelle; il faut que
la pensée ne cesse de grandir. On demandait à un des plus
célèbres musiciens de la fin du siècle dernier et du com-
mencement de celui-ci, Méhul, s'il était content d'un ou-
vrage qu'il venait d'achever; il répondit avec simplicité :
Je ne sais; puis il ajouta : L'artiste qui aime le beau et qui
connaît ses conditions n'est jamais satisfait que de l'ou-
vrage qu'il va faire! Mot profond qui donne la mesure de
l'élévation d'esprit du compositeur autant que de sa mo-
destie.
» L'orgueil est une des maladies morales de notre temps,
particulièrement dans la jeunesse. Plus que d'autres, les
artistes en sont atteints, lors même qu'ils en sont à leurs
premiers travaux. Là est une des causes principales de la
décadence des arls, trop évidente aujourd'hui. Aux temps
où se produisaient les belles choses en tout genre, les ar-
( 267 )
tistcs vénéraient les maîtres : on n'a plus maintenant que
l'admiration de soi-même. De là l'impuissance où Ton est
d'élever le talent. Il est nécessaire d'arrêter ce mal, si cela
est possible. Pour atteindre ce but, suivons l'exemple du
gouvernement : encourageons les efforts des artistes qui
entrent dans la carrière , mais gardons-nous d'exalter leur
amour-propre, trop prompt à s'enflammer, et ne prodi-
guons pas à de simples essais les enthousiasmes qui ne
sont justifiés que par les œuvres du génie. »
Après ce discours, accueilli par de vifs applaudisse-
ments, M. Alvin a successivement proclamé en ces termes
les résultats des concours :
CONCOURS DE LA CLASSE.
La classe des beaux-arts avait mis quatre questions au
concours de celte année ; trois mémoires lui ont été adressés.
En réponse à la deuxième question, relative aux prin-
cipales méthodes d'enseignement du dessin qui ont été en
usage depuis l'antiquité jusqu'à nos jours, il lui est par-
venu un mémoire portant pour devise :
Aimer, prier, chanter, voilà foute ma vie.
(Lamartine.)
Conformément aux conclusions des rapporteurs chargés
de l'examen de ce travail ,1a classe a décidé qu'il y avait lieu
d'appliquer l'article 55 du règlement général de l'Acadé-
mie, portant « que les concurrents qui se font connaître
de quelque manière que ce soit, sont absolument exclus du
concours. »
En réponse à la quatrième question, relative à Quentin
( 268 )
Meisys, la classe a reçu deux mémoires; l'un portant poui
devise :
Qcintine...., veteris novator artis.
(Thomas Morus.)
L'autre, ayant pour devise :
Excelsior,.... Plus haut , toujours plus haut.
D'après les conclusions de MM. les commissaires chargés
d'examiner ces travaux, la classe a accordé une mention
honorable à l'auteur du mémoire portant la devise : Excel-
sior, et une médaille d'argent à l'auteur du mémoire por-
tant la devise : Qvintine, etc.
L'auteur de ce dernier travail est invité à se faire con-
naître.
CONCOURS DES CANTATES FRANÇAISES ET FLAMANDES.
Le gouvernement avait institué deux concours pour
deux poèmes, l'un en langue française, l'autre en langue
flamande, devant servir de thème, au gré des concurrents,
au grand concours de composition musicale de cette année.
Cinquante-six poèmes ont été présentés au concours ouvert
pour les cantates françaises et dix-neuf poèmes ont été pré-
sentés pour le concours des cantates flamandes.
Conformément aux rapports des jurys, le prix des can-
tates françaises a été décerné au poème portant pour titre :
Jeanne Darc, dû à M. Clément Michaéls fils , de Bruxelles.
Le prix des cantates flamandes a été décerné au poème
portant pour titre : Het WouD,du à M.Charles Versnayen ,
de Bruges.
M. Charles Versnayen, présent à la séance, est venu
recevoir la récompense qui lui était réservée.
269 )
GRAND CONCOURS DE COMPOSITION MUSICALE DE 1867.
Conformément aux décisions prises, dans la séance du
20 juillet, par le jury chargé de juger le concours de com-
position musicale, le premier prix a été décerné à M. Phi-
lippe-Henri-Pierre-Jean-Baptiste Waelput, de Gand; un
second prix a été accordé, en partage, à MM. Léon Van
Ghcluwe, de Wanneghem-Lcde, et Louis- Antoine Haes,
de Tournai.
MM. Waelput, Van Gheluwe et Haes sont venus rece-
voir les récompenses qui leur étaient réservées.
GRAND CONCOURS DE PEINTURE DE 1867.
D'après les résultats du grand concours de cette année,
ouvert à l'Académie royale des beaux-arts d'Anvers, le
premier prix a été décerné à la composition n° 5, due à :
M. Charles-Ernest Vandenkerckhoven, de Bruxelles.
Les compositions nos 2 et 4, de :
MM. Louis Lebrun, de Gand, et Xavier Mellery, de
Laeken, ont obtenu , chacune, une mention honorable.
M. Vandenkerckhoven seul est venu recevoir la récom-
pense qui lui était destinée.
L'orchestre du Conservatoire a ensuite exécuté la can-
tate couronnée au concours de composition musicale de
18G7, sous la direction de l'auteur de la musique, M. Wael-
put. Les solos ont été chantés par M"3 Louise Polak et par
2me SÉKIE, TOME XXIV. 19
( 270 )
MM. Lefebvre , Barwolffet Tasson; les chœurs, par la So-
ciété royale des Mélomanes de Gand et les dames amateurs.
L'exécution a été couverte d'applaudissements.
Voici le texte de la cantate, intitulée : Het Woud (la
Forêt), dont les paroles sont dues à M. Ch. Yersnayen, de
Bruges :
HET WOUD. — CANTATE.
Kenspreuk : Al ofniet.
Mlecitatief.
Ginds waar dit zwart verschiet onze aard schijnt af te païen,
Daar troont het reuzig wond. Vol angst dringt 's menschen oog
In 't somber diep : nauw daagt er 't licht met flauwc stralen
Dôôr 't grootsch gewelf , — als waar1 gecn hemel daar omhoog !
't Komt grensloos voor; doch niets is grensloos hier beneden . . .
De wandlaar aarzelt eerst, maar wil sterkt zijne schreden ;
Hij treedt er eindlijk in, en langer schroomt hij niet :
De zonne kaatst er goud en lacht er nevens 't duister,
De bloeme geurt in 't groen, bij 't géestig vooglenlied,
Terwijl de beke zucht in murmelend gelluister,
En hare min vertrouwt — al kussend — aan het riet.
Solo.
DR HOrTKAPPER.
Zwaar en lastig zijn mijn1 dagen :
'k Win 't bestaan in druipend zweet.
Is mijn brood een1 znre beet,
'k Zal toch om zulk lot niet klagen :
'K leef vrij en blij
Aan vrouwtjes zij';
Zij helpl ni ï j vroolijk de armoê dragen.
( 271 )
Wij vieren samen eer en deugd ,
En op ons wijs des lever) svreugd :
Die werkt vindt steeds vermaken ;
Het werk
Maakt sterk ,
En leert geluk in stilte smaken.
Recitalirf.
Luid dreunt het woud van scherp geschal :
Tajo ! tajo !
De jachthoorn schatert overal :
Tajo! tajo!
Daar schreeuwen menschen, blaffcn honden,
Het lied des arbeids wordt verdoofd
Door stemmen, die van rede en geest beroofd,
Slechts zingenot en overmacht verkonden.
LIED VAN JAGERS.
Waar 't schuchter wild vol vreeze schuilt,
De vogel vlucht en 't ondicr huilt,
Daar zijn we meester !
Ons rijk is groot :
In woud ofveld, dôôr vlaktc of heester,
Vliegt vrij ons lood.
Wij slreven naar weelde, genol en pleziercn.
Wij leven allecn ora het leyen te vieren.
Wij doen wat wij willen : aan ons vrcugd en raacht !
Vivat 't vermaak ! vivat de jacht !
EEN VLUCHTEND ME1SJE.
'k Hoor 't woest gevaartc nader treden!...
Ach ! goede God, gelcid mijn' schreden.
DE JAGERS.
( Herhaling van liet ein le des lieds.^
Wij slreven naar weelde, genot en pleziercn.
Wij leven allecn om het leven te vkren.
( 272 )
Wij doen wat wij willen : aan ons vreugd en macht !
Vivat 't vermaak! vivat de jacht!
nuo.
DE UOUTKAPPER.
Waar snelt ge, kind, zoo angstig henen?
HET MEISJE.
Ik loop verloren in het woud.
DE nOL'TKAPPER.
\ Gcleide u. Staak dit smartvol weencn.
HET MEISJE.
Een vreemd gedruisch maakt mij benauwd ! . .
DE HOUTKAPPER.
De jacht is 't.
Kind, waar woont uw1 moeder?
HET MEISJE.
In 't ecuwig rijk, bij d'Aîbehoeder.
Mijn' vadcr heb ik nooit gekend.
'k Ben jaren 't ergste lot gewcnd :
Nooit was me een zoetc dag beschorcn.
DE HOUTKAPPER.
Zoo jong in 't levcn, als in 't woud, verloren
Hoor, schaamle wees : lust u een hart,
Waar troostc huist voor wee en smart ?
Een dak, waaronder armoc lceft; maar vrede
Kom in mijn'' but : een klcin gebouw;
Ik woon er groot naast mijnc vrnnw.
Kom, deel onze erve mede.
(273)
HET MEISJE.
Wic spreckt tôt mij dit zalig woord ?
DE HOITKAPPER.
Ecn werker, die uw1 dcugden op zal wckkcn.
HET MEISJE.
Of is 't een (lrooni, die mij bekoort
DE HOL'IKAPPER.
Bfijn' vrouwe zal tôt moeder u verstrekken
TE Z.tMK.V
DE HOUTKAPPER.
Lust u een hart
Waar trooste huist voor wee en smart?
Een dak , waar armoc hccrsclit ; maar vrede ?
Kom mede! kom niede!
HET MEISJE.
'k Voel dat mijn hart
Naar trooste hijgt voor wee en smart.,
Mij wint die stem van liefde en vrede.
'k Ga mede! 'k ga mede ! . .
EEN JAGER.
Sa, Iiefstc kiod,
Niet zoo gezwind,
En laat me ecn stonde u spreken.
(iij zijt zoo,n tooverachtig beeld :
Uw frisch gclaat de zinnen streelt,
En doet de ziel van liefde breken.
Zeg, wilt gij naar de schoone stad?
Daar wacht u weelde, praal en schat ;
Aile aardsch genoegen njoogt gc er smaken,
En 'k zal u minnen en gelukkig maken.
( 274 )
HET MEISJE.
Gij vocrt me eene onverstaanbre taal.
'k Begeer geen weelde, schat of praal :
Mijn1 moeder lcefde in vrome ellendc,
En zij die 't spoor der deugd slechts kende,
Sprak nooit van zulk een rijk verschiet.
'k Volg graag den man van werk en vredc :
Zijn kleed alleen baart eerebied.
Hij spreekt me ook 't woord van rust en rede,
Dit woord klinkt als een1 moederbede....
'k Zoek liefde, die mij de eere biedt.
DE HOUTKAPPER.
Reiner dan de reine zonnelichten
Is de cedle maagd, die de ondeugd zoo weerstaat.
de jager, tôt het meisje.
Gij weet niet, frissche roos, wat gij versmaadt.
Kora! 'k zal, naastmij, u op mijn1 zadel lichten.
DE HOUTKAPPER.
Hola ! roer haar niet aan: gij hocft dees bijl te zwichten,
Die schelmen sncller dan de boomen nederslaat !
jachtchoor, in den ouitrck.
Een hcrt ontspringt de kreupelbossclicn :
Ilij worde ons1 buit !
Laat honden los! gespoord de rosscn !
Vooruit ! vooruit !
!'!■: ZUIËl.
DE JAGER.
'k Vlieg lienen naar de vricndenrangen,
Om H nagejaagdc dier te vangen;
Maar 'k vind u, trotsche maagd, nog wcer,
En dan ontsnapt gc mij niet mcer!
( 27S )
HET MEISJE.
Gauw, laat ons 't bange woud ontvluchtcn;
Die boozc jager is te duchtcn :
Zijn stoute taal, zijn kwade blik,
Bevangen 't hart met angst en schrik.
DE HOLTKAPPER.
Ja! gaan wij tôt de wakkre vrouwc :
Daar vindt nien rusle, hcil en trouwe.
Vrees niets op weg ; want deugd of wcrk
Maakt menschen als de rotsen sterk.
Hecitatief.
\ Gerucht verdooft. .. 't Wordt langzaain rustig
Waar de écho stervcnd had verbeid.
Hetweeskind en haar vriend vertrokken blij eu lustig,
Als de onschuld door dcn nioed gelcid
En deavonddaalt; de sterren llikkrcn aan de kimmen;
Ilet schijnt of met lict grootsch accoord,
Dat op dit uur zoo plcchlig wordt gehoord,
Er duidelijke stemmen opwaarts klimmen :
Slotchooi'.
Het woud is het toonbceld van 't mcnschclijk lot.
De rijkaard zncht cnkel naar vreugdc en genot;
Maar 't hart is verarmd : hij vervolgt en vcrjaagt ,
En nccmt voor het zijn1, wat hem Inst en behaagt.
De werker, die moeilijk de cllende ovcrwint,
Ilaalt troost uit de ziele voor \ dolcnde kind.
En 't meisje, bekoorlijk door schoonheid en jeugd,
Moet lijdcn en strijdcn voor eer en voor deugd. . .
Maar hcil aan den arbeid, dcn mocd en dcn plient!
Alleen door hun macht worden wond'rcn verricht!.. ..
270 )
CLASSE DES SCIENCES,
Séance du 12 octobre 1867 .
M. Je vicomte Du Bus, président de l'Académie.
M. Ad. Quetelet, secrétaire perpétuel.
Sont présents : MM. d'Omalius d'Halloy, Wesmael, Stas,
De Koninck, Yan Beneden, de Selys-Longchamps, JNyst,
Gluge, Nerenburger, Liagre, Duprez, J.-B. Brasseur,
Poelman, G. Dewalque, Ernest Quetelet, Spring, Maus,
Gloesener, Candèze, Eug. Coemans , membres; Th. Schwann,
Th.Lacordaire, Aug. Kekulé, E. Catalan, associés; Ch.Mon-
tigny, correspondant.
CORRESPONDANCE.
11 est donné lecture d'une lettre de l'Institution royale de
Londres qui annonce la mort de l'illustre Faraday, l'un
des associés de l'Académie royale de Belgique, décédé, le
!2o août dernier, à l'âge de soixante-dix-sept ans.
— M. le chevalier Haidinger donne quelques nouveaux
( 277 )
détails sur sa collection de météorites, déposés au Musée
de Vienne. Le nombre des chutes, représentées par ces
échantillons, s'est élevé, en huit années, de 158 à 256.
— M. Le Verrier, directeur de l'Observatoire impérial
de France, fait connaître quelques changements qu'il a
introduits dans la rédaction de son Bulletin international,
et demande des renseignements sur la température de
l'air et sur l'état de la météorologie dans le royaume de
Belgique.
M. Quetelet, directeur de l'Observatoire, satisfera à ces
demandes, déjà précédemment formulées.
— Le secrétaire perpétuel rend compte de la corres-
pondance académique avec les sociétés savantes étran-
gères; il met successivement sous les yeux de ses con-
frères les publications qu'il a reçues de la Société d'histoire
naturelle de Dublin, la Société impériale russe de géo-
graphie de Saint - Pétersbourg, l'Observatoire physique
central de Russie, la Société d'histoire naturelle de Col-
mar, l'Académie impériale des sciences de Dijon, la So-
ciété des sciences naturelles de Giessen, le Musée Tcyler
de Harlem, l'Académie royale de Munich, la Société des
naturalistes de Dresde, la Société silésienne de Breslau ,
la Société physico-économique de Konigsberg, le Muséum
d'histoire naturelle de Paris, l'Association britannique pour
le progrès des sciences , la Société des sciences naturelles
de Gratz , etc.
D'une autre part, la Société royale de Londres, la So-
ciété d'histoire naturelle de Dublin, le Muséum géologique
de Calcutta, la Société impériale russe de géographie,
l'Observatoire physique central de Russie, la Société phi-
( 278 )
losophique de Philadelphie, l'Institution smithsonienne de
Washington, les Observatoires de Suède et d'Utrecht, la
Société des sciences de Zurich , la Société de physique de
Genève, l'Académie impériale des sciences de Dijon, l'École
impériale polytechnique de France, l'Académie des sciences
de Paris, la Société batave de Rotterdam, le Musée Teyler
de Harlem, la Société d'histoire naturelle de Colmar, etc.,
remercient la Compagnie pour l'envoi de ses derniers tra-
vaux.
— M. Schwann dépose, au nom du docteur Gandry, un
billet cacheté; le dépôt aux archives en est accepté.
— Les ouvrages manuscrits suivants sont parvenus à la
classe pour être soumis à son jugement :
1° Mémoire sur les crustacés d'eau douce de la Belgique,
par M. Félix Plateau (Commissaires : MM. Van Beneden,
de Sely s-Longchamps , Candèze.)
2° Mémoire sur les liges ligneuses, par M. Chalon.
(Commissaires : MM. Coemans et Spring.)
5° Un aperçu sur les variétés dans les plantes, par
M. Le Brun, (Commissaires : MM. Coemans et Spring.)
4° Mémoire sur V appareil auditif, par M. Docq. (Com-
missaires : MM. Plateau et Schwann.)
PRESENTATION DE CANDIDATS POUR LES PROCHAINES
ÉLECTIONS.
La section de la classe représentant les études mathé-
matiques et physiques dépose la liste de présentation pour
( 279 )
une place de membre devenue vacante par la mort de
M. Schaar; et pour deux places d'associés qu'occupaient
M. Faraday, de Londres, et M. Bâche des Étals-Unis.
RAPPORTS.
Du centre ano-spinal; par M. le docteur Masius.
Rapport tle Hi . €ilngf.
« L'Académie avait proposé, il y a quelques années, la
question du tonus musculaire, c'est-à-dire d'une contrac-
tion involontaire permanente de certaines libres muscu-
laires. Le tonus me paraissait alors incontestable et je le
crois encore pour les libres des sphincters (1) et pour les
vaisseaux sanguins. Mais peut-on démontrer l'existence
d'un centre spécial pour le sphincter de l'anus? Tel est le
problème que M. Masius s'est proposé de résoudre.
Après avoir rappelé la découverte du centre ciiio-spinal ,
du centre génital et du centre vésical qui me semblent
encore loin de posséder un égal droit de bourgeoisie dans
la physiologie, l'auteur pense, d'après ses expériences laites
sur des lapins , avoir trouvé un nouveau centre pour le
sphincter anal dans la partie lombaire de la moelle épi-
nière. Il n'est pas inutile d'insister sur ce point, car pour
(1) Bulletins, 2™ série, t. XIV, n° 12,
( 280 )
l'homme, s'il y existe un tel centre, il ne pourrait se trou-
ver dans la portion lombaire.
Dans la fracture de la colonne vertébrale, dans la région
de la sixième vertèbre dorsale, suivie de déchirure de la
moelle, j'ai vu les mouvements réflexes persister au-des-
sous de la fracture pendant un mois, et le sphincter de
l'anus était relâché. Les matières fécales s'écoulaient au
moindre déplacement du malade.
L'auteur, après avoir passé en revue les différentes
opinions émises sur le tonus musculaire et dont l'Aca-
démie a vu un aperçu complet dans le Mémoire couronné
par elle, l'admet pour la face, l'anus et les vaisseaux.
Il passe ensuite à l'exposé de ses propres expériences.
Si on presse dans le canal sacré la moelle, le sphincter
anal se contracte fortement; si on l'y coupe, on déter-
mine la paralysie du sphincter et il se contracte, si on
irrite la partie de la moelle placée au-dessous de la section.
11 désigne spécialement la moelle correspondant à l'épais-
seur de la septième vertèbre lombaire et celle du disque
qui réunit la sixième et la septième vertèbre, ainsi que
la partie située au-dessous, comme donnant les mêmes
résultats.
Au-dessus de cette région, la section de la moelle ne
produit pas de relâchement, au contraire, la contrac-
tion du sphincter persiste avec une contractilité réflexe
exagérée. Bien plus, la section seule de la partie comprise
entre la sixième et la septième vertèbre lombaire produit
le relâchement du sphincter anal.
D'autres expériences, faites sur le centre encéphalique,
font croire à l'auteur qu'on peut suivre jusqu'aux couches
optiques les libres qui peuvent transmettre la volonté au
centre anal et qu'elles en règlent l'action; c'est, enfin, le
(284)
deuxième et le troisième nerf sacré qui animent le muscle
qui est paralysé par leur section.
Le travail de M. le docteur Masius enrichit la physio-
logie d'un nouveau fait intéressant, si des recherches ulté-
rieures confirment l'opinion de l'auteur que le centre anal
correspond au disque entre la sixième et septième vertèbre
lombaire sur le lapin. J'espère qu'il étendra son expéri-
mentation à d'autres mammifères.
Tout en pensant que les expériences mêmes de l'auteur
ne permettent pas de limiter le centre anal au disque,
je propose l'insertion du Mémoire, fort intéressant, dans
le Bulletin de l'Académie. »
Rapport de m. PoelmaH.
« Le travail que M. le docteur Masius vient de présenter
à la classe a pour objet la détermination d'un nouveau
centre de la moelle épiniôre, qu'il appelle ano-spinal.
Ce centre se trouve, d'après lui, dans la partie infé-
rieure de la portion lombaire et préside à la tonicité ainsi
qu'à la contraction réflexe du sphincter anal.
L'auteur admet également que des fibres musculaires,
qu'il appelle empêchantes, et qui proviennent des couches
optiques, arrivent à ce centre.
Après le rapport détaillé, dont notre savant collègue,
M. Gluge, vient de donner lecture, je pense qu'il est inu-
tile d'entrer dans de nouveaux détails en ce qui concerne
le mémoire de M. Masius.
L'auteur base sa manière de voir sur des expériences
faites sur des lapins; mais il me paraît que des recherches
( 282 )
ultérieures, faites sur d'autres animaux, seraient néces-
saires pour faire admettre définitivement l'existence de ce
nouveau centre, d'autant plus que quelques observations,
empruntées à l'anatomie pathologique, et dont l'honorable
M. Gluge en cite une, démontrent que le sphincter anal,
entre autres, peut perdre sa tonicité sans lésion de la
région lombaire.
Je suis, au reste, d'accord avec mon savant confrère
pour considérer le travail de M. Masius comme très-inté-
ressant, et pour en proposer l'insertion dans le Bulletin. »
Rnpjjort tic M. Sehtcami.
« Les expériences faites par M. le docteur Masius sur
des lapins me semblent prouver, d'une manière incontes-
table, que, chez ces animaux, il existe dans la moelle
épinière, au niveau du disque intervertébral, entre la
sixième et la septième vertèbre lombaire, un centre ner-
veux, nettement limité, qui préside aux mouvements ré-
flexes du sphincter de l'anus et qu'à cette même place
se trouve le centre qui préside à la tonicité du sphincter.
La conclusion que ces deux centres soient identiques,
c'est-à-dire que le même groupe de cellules nerveuses
préside aux mouvements réflexes et à la tonicité, se pré-
sente très-naturellement à la pensée, mais elle n'est pas ri-
goureuse- Il se pourrait que ce soient deux centres séparés,
placés chez le lapin au même niveau de la moelle, tandis
que chez d'autres êtres ils se trouvent séparés par des inter-
stices plus grands. L'observation faite par notre honorable
confrère, M. («luge, sur un homme, dont la colonne ver-
( 283 )
tébrale était fracturée au niveau de la sixième vertèbre
dorsale et sur lequel les mouvements réflexes de l'anus
persistaient, tandis que les sphincters externes et internes
étaient complètement relâchés, où il paraît donc y avoir
eu perte, non -seulement des mouvements volontaires,
mais aussi de la tonicité; celte observation paraît indiquer
une séparation des deux centres chez l'homme.
Des expériences faites sur différents mammifères, com-
binées avec les observations sur l'homme, doivent^ décider
la question.
Le but de Fauteur n'était pas de traiter le sujet d'une
manière générale, mais de communiquer ses découvertes
faites sur le lapin : elles sont un pas vers une solution
définitive, et, d'accord avec mes honorables confrères,
j'ai l'honneur de proposer à la Compagnie l'impression du
mémoire de M. Masius dans le Bulletin de l'Académie. »
Conformément aux conclusions de ses commissaires, la
classe ordonne l'impression du mémoire de M. Masius dans
le Bulletin. Des remerciments seront adressés à l'auteur
pour sa communication.
Sur un nouveau système de cartes géographiques;
par M. Dreze, de Dison.
Rapport fie M . Catalan.
« M. Dreze, après avoir discuté la projection orthogra-
phique, ainsi que les systèmes de Ptolémée et de M. Ba-
binet, propose de représenter les parallèles terrestres,
équidislants, par des droites parallèles, équidislantes, et
les méridiens, par des courbes dans lesquelles l'abscisse
( 284 )
d'un point soit proportionnelle au sinus de l'ordonnée cor-
respondante : ces courbes sont des variétés de la sinusoïde.
Ce système nouveau ne diffère donc pas de celui de Flam-
steed; et, par conséquent, notre rapport devrait se ter-
miner là. Néanmoins, prenant en considération la situation
intéressante d'un jeune homme qui , simple comptable dans
une maison de commerce, a eu l'honneur de se rencontrer
avec un savant illustre, nous prions la classe de vouloir
bien faire adresser des remercîments à Fauteur du mé-
moire. »
Conformément aux conclusions précédentes, appuyées
par M. Ern. Quetelet, second commissaire, des remercî-
ments seront adressés à M. Dreze pour sa communication,
qui sera déposée aux archives.
Sur deux mémoires concernant une théorie nouvelle du
mouvement d'un corps libre et sur le mouvement d'un
corps gêné; par M. Folie.
Rapport tic MM. Mirassent*.
« Dans un premier mémoire, inséré au Bulletin de l'Aca-
démie, M. Folie a déterminé le mouvement initial que
prend un corps libre soumis à un système quelconque de
forces. Dans ce second mémoire, il ramène le problème
du mouvement d'un corps, à un instant quelconque, à la
détermination de son mouvement initial. Pour cela, il lui
suffît de connaître, dans chaque cas, les forces qui sollici-
tent le corps à cet instant. Or, ces forces sont d'abord les
forces extérieures qui peuvent agir sur lui, et ensuite
celles qui seraient capables d'imprimer instantanément à
( 28S )
chaque point du corps la vitesse qu'il possède à cet in-
stant et dans le sens de cette vitesse.
En remarquant que ces deux espèces de forces impri-
ment au corps un mouvement qui se détermine de la
même manière que si le corps était au repos, le problème
du mouvement du corps, à un instant quelconque, se
trouve ramené à la détermination d'un mouvement ini-
tial , mouvement qui a fait le sujet du premier mémoire de
l'auteur.
A la fin de ce nouveau mémoire, l'auteur cherche l'équa-
tion de la surface décrite par l'axe spontané glissant;
comme cette équation est très-compliquée, sa discussion
nous semble très-difficile, et nous conseillons à l'auteur de
retirer cette partie de son travail et d'en faire l'objet d'une
note à part quand il aura trouvé quelques propriétés sail-
lantes de sa surface.
Sauf cette réserve, nous avons l'honneur de proposera
la classe l'insertion du mémoire de l'auteur dans les Bul-
letins de l'Académie.
Un autre mémoire, soumis à notre appréciation, con-
cerne le mouvement d'un corps gêné par une droite fixe
ou par un point fixe.
L'auteur arrive à la solution de cette question par une
voie différente de celle de la théorie des couples, mais tou-
jours déduite des principes démontrés dans son premier
mémoire sur le mouvement initial d'un corps.
Nous proposons également l'insertion de ce mémoire
dans les Bulletins de l'Académie. »
C)m
Zmc SÉlilE, TOME XXIV. 20
( 286 )
Rfipporl de MM. WJaf/re.
« Je partage l'opinion de mon savant confrère au sujet
du nouveau travail de M. Folie. La méthode adoptée par
l'auteur se recommande particulièrement par son caractère
de généralité, et la marche qu'il a suivie présente un ordre
très-naturel. Ainsi, après avoir ramené au cas du mouve-
ment initial le mouvement que prend, à un instant quel-
conque, un système matériel plan, sollicité par des forces
situées dans son plan, il passe au cas d'un système libre,
sollicité par des forces quelconques, puis au cas d'un corps
gêné; et, dans chacun de ces problèmes, il distingue deux
cas : 1° le système étant simplement abandonné à son
inertie; 2° le système étant sollicité par des forces quel-
conques.
La digression relative à la détermination du lieu des
positions de l'axe spontané glissant nuit à l'unité du mé-
moire, et je suis d'avis, comme mon honorable confrère,
qu'on peut avantageusement supprimer les paragraphes 16 ,
17 et 18. Sauf cette restriction , je n'hésite pas à proposer
à la classe de voter l'impression du travail de M. Folie
dans les Bulletins de l'Académie. »
La classe adopte les conclusions de ses commissaires;
les deux notices de M. Folie seront insérées au Bulletin,
sauf les paragraphes 16, 17 et 18, cl des remercîmenls
seront adressés à l'auteur.
( 287 )
COMMUNICATIONS ET LECTURES.
Observations des étoiles filantes, faites au mois d'août
1867, à V Observatoire de Bruxelles; communication de
M. Ad. Quetelet, directeur de cet établissement.
L'observation des étoiles filantes, vers le milieu d'août,
fut extrêmement difficile à Bruxelles, par suite du grand
éclat de la lune qui dérobait en partie leur lumière. Nous
avons essayé déjà, dans les années précédentes, d'évaluer
l'influence que pouvaient présenter des circonstances sem-
blables, dont l'appréciation laissera toujours beaucoup à
désirer.
Malgré cet inconvénient, il fut cependant facile de re-
connaître que l'apparition du mois d'août de cette année
fut loin d'atteindre son éclat ordinaire, surtout dans nos
climats septentrionaux; on pourra mieux en juger par les
résultats obtenus à Bruxelles, à Gand et à Louvain , com-
parés à ceux qu'ont bien voulu nous communiquer, pour
l'Italie, Mme Scarpellini et M. François Denza.
Nous nous bornerons plus spécialement à établir les ap-
préciations numériques, qui méritent ici une attention par-
ticulière. Il convient de dire aussi que le ciel était toujours
plus ou moins couvert, et que, dans les circonstances les
plus favorables, on ne pouvait guère en observer plus de
la moitié du liant de la terrasse où nous nous trouvions.
{ 288 )
Voici les nombres que l'on a obtenus par un ciel géné-
alement nuageux :
Le 3 août entre 9h 50m et 10h 50m deux obsorvrs ont compté 10 étoiles fil"'.
Le 7
—
10 30
et H 00 deux
—
4
—
Le 8
—
10 15
et 10 45 deux
—
4
—
Ciel très-nuag
Le 9
—
10 15
et 11 15 trois
—
27
—
Le 9
—
11 33
et 1 1 5 deux
—
9
—
Très-nuageux
Le 10
—
10 15
et 11 15 trois
—
19
—
Le 10
—
li 40
et 12 40 deux
—
55
—
Le 1 1
Nombre
10 30 et 11 30 deux
total observé en C heures
et demie. .
11
étoiles
. 117
filantes.
Ces météores se rangent dans Tordre suivant, pour la
grandeur de l'éclat :
Grandeur. ... 1 2 5 4 5 inconnues
Nombres observés. 12 46 55 16 5 5
Ce sont donc les étoiles filantes de seconde grandeur
qui ont été comparativement les plus nombreuses.
Les quatre-vingt-dix-neuf météores, des 9, 10 et 11,
ont suivi les directions suivantes :
N. NNO. NO. ONO. O. OSO. SO. SSO. S. SSE SE. ESE E. ENE. NE. NNE. inconnue.
10 4 5 16 8 54 8 8 5 1 15 0 2 0 5
On voit aussi que la direction vers le SO a été la plus
fréquente.
( 289 )
Observations des étoiles filantes faites à Gand du 9 au
i^ août 1867 , par M. Duprez, membre de l'Académie.
Dans la nuit du 9, j'ai observé pendant deux heures,
de 10 à 12 heures, et, dans une partie du ciel comprise
entre le NNE. et le SE., pouvant équivaloir à un sixième
environ, je n'ai vu apparaître, en tout, que douze étoiles
filantes réparties également sur ces deux heures. Deux
étaient seules accompagnées de traînées; les dix autres
étaient peu brillantes, et cinq paraissaient avoir un point
de rayonnement situé dans Persée. Les directions de leurs
trajectoires n'ont présenté aucune autre particularité.
Dans la nuit du 10, j'ai encore observé de 10 à 12 heu-
res, et j'ai compté vingt-quatre étoiles filantes, savoir huit
de 10 à 1 1 heures, et seize de H à 12 heures, ce qui
donne, en moyenne, le nombre horaire de douze météores.
Cinq avaient des traînées persistantes et huit divergeaient
d'un point situé dans Persée. Les directions de leurs tra-
jectoires ont été comme suit :
Du N. au S 4 étoiles filantes.
Du NE. au SO i —
De l'E. à M 6 —
Du SE. au NO ô —
Du S. au N 3 —
Du SO. au NE 1 —
De l'O. à l'E 1 —
Du NO. au SE 2 —
Je ferai remarquer que le nombre horaire moyen de
douze étoiles (liantes, trouvé pour la nuit du 10, est de
beaucoup inférieur au nombre horaire moyen général que
l'on peut déduire de mes observations des années anté-
rieures, et qui, pour la même nuit, s'élève à 27,5, dans le
cas également d'un ciel serein; de sorte que, dans la pre-
( 290 )
mière partie de la nuit, les étoiles filantes ont été, celte
année, bien moins nombreuses à Gand, que cela n'a lieu
ordinairement lors de leur retour périodique au mois
d'août.
Observations des étoiles filantes faites à Louvain du 11 au
12 août 4867; par M. F. Tcrby (J).
ï. — Le 9, de 9 à 10 heures du soir, l'état du ciel dans
le champ d'observation présentait des éclaircies; il de-
vint plus nuageux à 9h 15ni et des éclaircies plus grandes
se montraient à 9h21m; l'horizon se chargea seul de nuages
à 911 25m ; le ciel se couvrait davantage à 9h50m ; des éclaircies
fort petites se présentèrent à 9h45m; et enfin le ciel devint
(1) Les observations du soir ont été contrariées par la présence de la
lune; j'ai tâché d'éviter, autant que possible, cet inconvénient dans les ob-
servations du matin , en reculant , chaque nuit, l'instant d'observer, tout en
cherchant à inspecter le ciel entre 1 et 2 heures, pendant les trois nnits
d'exploration du ciel.
J'ai l'honneur de vous présenter d'abord, pour chaque observation , les
résultats généraux concernant le nombre, la coloration, l'éclat et la direction
des étoiles filantes; j'ai fait suivre, chaque fois, ces résumés d'un tableau
renfermant les plus belles étoiles. Les heures données dans ce tableau sont
celles que marquait une bonne montre, réglée le mieux possible dans les
conditions toujours défavorables où je me trouve encore pour cette partie
de l'observation. Quoique je sois loin de les considérer autrement que
comme des approximations, je me suis décidé à vous les soumettre, parce
que , combinées avec les numéros d'ordre que j'ai mis en regard, elles peu-
vent servir à faire juger de la fréquence des météores Quelques minutes
ont été nécessairement perdues pour l'observation , pendant que j'enregis-
trais les résultats que j'avais obtenus. J'ai observé dans la direction de l'E.
et du SE. en prenant un champ d'observation plus étendu que tous ceux
que j'avais choisis en 1860; il comprenait cette fois un quart du ciel. {Lettre
de M. Tcrby à M. Ad. Quetelet.)
( 891 )
beau vers 10 heures. La présence de la lune contrariait
malheureusement les observations.
J'ai observé six étoiles filantes seulement pendant celte
heure; quatre de ces étoiles avaient un éclat moyen , les
deux autres étaient plus brillantes. Toutes étaient blanches
et rapides; aucune traînée n'était visible.
Je crois utile d'ajouter que les trajectoires indiquées au
moyen des points cardinaux ont été rapportées à des pa-
rallèles passant par le zénith.
Cinq étoiles rayonnaient à partir de Persée et des ré-
gions voisines.
Parmi les six étoiles observés, les deux suivantes se sont
présentées sous l'aspect le plus remarquable :
HEURE.
UEO ET DIRECTION.
REMARQUES.
3
I>. m.
9 28
Partie antérieure de Pégase;du N.
au s.
Belle.
4
!) 34
Des Poissons au Verseau; du N.
au s.
Brillante.
H, _ Le 10, de 0" 7nl à 2 heures du matin le ciel pré-
senta un aspect serein.
J'ai observé durant cet intervalle trente-deux étoiles
filantes, dont treize de 0"7m à 1 heure, et dix-neuf de I
à 2 heures.
Huit de ces étoiles avaient un faible éclat, treize un
éclat moyen , et onze étaient brillantes. Une seule étoile
était rouge, les autres étaient blanches; quatre météores
avaient une traînée et tous étaient rapides en général. Les
trajectoires de dix-sept étoiles, prolongées en sens inverse
de la direction du mouvement, passaient par la région du
ciel où se trouve Persée.
( 292 )
Voici les étoiles filantes les plus remarquables de celle
soirée :
a ~
g |
a c
HEURE.
LIEU ET DIRECTION.
-
REMARQUES.
5
h. m.
0 30
De y de Pégase à Jupiter. . . .
Très -belle, rouge,
avec traînée.
7
0 34
Du Triangle à la Mouche, de l'O.àl'E.
Brillante.
11
0 43
Des Pléiades vers Cassiopée. . .
Très-belle, avec traî-
née.
12
0 52
Entre /, (3, f de la Baleine, du W. au S.
Belle.
17
Vers 1 15
Du Bélier au Taureau, de l'O. à l'E.
Belle, avec traînée;
courte trajectoire.
21
l 33
De § de Persée à / du Taureau. .
Belle.
24
1 39
Dans les Poissons, du NNO. au SSE.
Très-belle, avec traî-
née.
2o
1 41
De fi d'Andromède au groupe (, 0,
z, >. des Poissons.
Belle.
29
1 52
De $ à ,3 de la Baleine
-
32
1 o7
Dans la tète de la Baleine, de l'O.
à l'E.
-
III. __ Le 10, de 9h à 9h 45m du soir le ciel est serein;
la lune contrarie l'observation.
Les étoiles filantes observées sont les suivantes :
g g
a c
S eo
Z
HEURE.
LIEU ET DIRECTION.
REMARQUES.
i
1
2
3
h. m.
9 6
9 32
9 41
Près de |3 de Pégase, du >T. au S.
D'«x d'Andromède à « de Pégase .
Près d'^ d'Andromède ....
Belle, blanche.
Rapide, éclat moyen,
blanche.
Bougeât re.se mani-
festant par une vive
lueur, analogue à un
éclair; pas de tra-
jectoire sensible.
IV. — Le I J , de l1' 6m à 5 heures du malin, par un ciel
serein, j'ai observé cinquante-huit étoiles filantes, dont
( 295 )
vingt-huit de Pô"1 à 2 heures, et trente de 2 à 5 heures.
Sept étoiles étaient faibles, trente-six d'éclat moyen et
quinze brillantes. Toutes étaient blanches, onze avaient
une traînée et elles étaient toutes rapides en général.
Quarante-sept étoiles parcouraient des trajectoires qui
se seraient coupées dans la région de Persée.
Les plus remarquables de ces étoiles sont :
a c
s •&
HEURE.
LIEU ET DIRECTION.
REMARQUES.
3
h. m.
1 14
De <ydc Pégase à a du Bélier . .
Moyen éclat, traînée.
12
Vers 1 31
D'AlgolàcfduBélicr
Belle, avec traînée.
14
1 33
Dans les Poissons, avec la direction:
y d'Andromède à / de la Baleine.
— —
17
-1 36
De â du Bélier à la tète de la Baleine.
- —
20
1 44
De * — à x des Poissons. .
— —
24
1 49
De f de Pcrséc à / du Taureau. .
Belle.
25
1 51
Près de C de la Mouche, avec la di-
rection d'Algol à a de la Baleine .
— avec traînée.
29
2 3
De / du Cocher à < du Taureau. .
Belle.
36
2 12
De y de Persée, suivant une ligne pa-
rallèle à la dir"'- de oc. à ,3 de Persée.
Magnifique, avec traî-
née.
41
2 20
De /3 de Persée à / du Cocher . .
— —
44
2 26
De x de Persée aux environs de |3.
Belle.
48
2 32
De / du Cocher à (3 du Taureau .
Petite étoile brillan-
te, avec fine traînée.
52
2 40
Dca de Persée, près d'Algol . .
Belle, avec traînée.
53
»
Bayonnant dans une direction de x
de Persée à x du Cocher.
Belle.
! 55
2 47
De x de Persée à £ du Cocher . .
Belle, avec traînée.
V. — Le 12, de 1" 16m à 2"43m du matin, par un ciel
serein, j'ai observé trente-sept étoiles filantes, dont vingt
de 1" 16m à 2h 17m et dix-sept de 2" 17m à2h4om. Six étoiles
étaient faibles d'éclat, vingt d'éclat moyen et onze bril-
lantes. Trente-trois étaient blanches, deux rouges et une
verte; la coloration d'une étoile reste douteuse. Dix étoiles
( 294 )
filantes avaient une traînée; l'une d'elles était vèrdàtfe.
Elles étaient toutes assez rapides. L'étoile filante la plus
lente de ces trois nuits a été observée le J2, à 2M2m. Les
deux plus beaux météores de ces trois nuits se sont aussi
montrés dans cette matinée du 12, l'un à 2hlm, l'autre
vers 2h30m; leurs trajectoires étaient superposables.
Trente étoiles rayonnaient à partir de la région de Persée.
Les étoiles filantes les plus remarquables de cette der-
nière soirée étaient :
o "
Z
HEURE.
LIEU ET DIRECTION.
REMARQUES.
8
11. m.
1 ol
De £ de Persée à / du Taureau . .
Belle.
10
1 oo
D'Algol à a. de la Baleine. . . . •
Magnifique, rouge,
avec traînée.
13
2 1
Trajectoire parallèle à la direction
de Ç à t de la Baleine, un peu à
TE. de la ligne joignant ces deux
étoiles; allant vers" l'horizon.
Elle produisit, avant
de disparaître, une
lueur rougeâtre ex-
trêmem' vive, sem-
blable à un éclair;
traînée très-brillan-
te; courte trajectoi-
re, ne dépassant pas
l'intervalle de £à r
de la Baleine.
n
2 o
Du groupe 0, t, k, ; des Poissons
au groupe ,;, y, i de la Baleine.
Belle , avec traînée.
16
2 7
Près de la tète de la Baleine . .
- -
18
2 12
De a des Poissons au groupe t, <3,
V de la Baleine.
Moyenne, lente; lon-
gue trajectoire.
23
2 26
De Persée au Cocher
Belle, avec traînée.
24
2 80
De x de Persée à s de Persée . .
-
25
Même direction que le n° 18 . .
Magnifique éclat ver-
datre; traînée; tra-
jectoire plus longue
que celle du n° 13.
27
2 81
Passant par C de la Mouche,Algol
et a de Persée.
Très - belle traînée
verdâtrc;Iongiie tra-
jectoire; coloration
douteuse.
20
2 33
Du Triangle à j, du Bélier . . .
Belle, avec (rainée.
2 88
Par (3 du Cocher, allant vers l'ho-
rizon.
— —
( 29S )
Deux étoiles filantes sans trajectoire visible se sont
montrées près de l'horizon SE. dans la matinée du 11.
Dans celle du 12, j'en ai vu encore une dans la même
direction et ne présentant presque pas de trajectoire ap-
parente.
En reportant sur un globe céleste les directions des
éloiles filantes dont j'avais pu observer la trajectoire avec
le plus de précision pendant ces trois nuits , j'ai ^u que
ces directions se coupent presque toutes dans l'espace
compris par les étoiles Algol , #, y de Persée et y d'Andro-
mède.
Huit étoiles de la matinée du 11 , et qui se sont mon-
trées dans la baleine, parcouraient des trajectoires qui,
prolongées, passaient entre Persée et Cassiopée.
Observations des éloiles /Hautes faites à Rome du 9 au
10 août 1861; par Mmc Scarpellini. (Lettre à M. Ad.
Quetelet.)
Le phénomène des étoiles filantes, de la période d'août
1867, a été observé de ma station météorologique du Ca-
pitule. J'ai commencé les observations (avec l'aide de mon
mari) le soir du 9 à 1 lb 6m, et je les ai continuées jusqu'à la
fin de la nuit (pleine aurore du malin), à 5hS0m, par un
ciel des plus favorables. Le nombre des étoiles filantes
s'est élevé à quatre-vingt-dix, et j'ai pu apprécier, avec
toute exactitude, l'influence que doit exercer la présence
de la lune.
J'ai fait encore des observations le soir du 10, mais je
me suis trouvée inaltendùment en présence d'un ciel chargé
( 296 )
de nuages les plus épais. Seulement, avec quelques soins,
j'ai pu annoter, à travers les interstices que présentaient
ces nuages, quinze autres étoiles filantes, depuis 9h54,n
jusqu'à ilb o5,n.
La station romaine du Capitole compte donc cent et
cinq étoiles filantes pour les observations du mois d'août
de cette année. Seulement, sur les quatre-vingt-dix étoiles
filantes que je viens d'indiquer, on peut en comprendre :
De lrc grandeur
De 2U'L> —
De 3nie —
58
Parmi ces étoiles sept doivent être considérées comme
des bolides : deux à marche ascendante et un serpentant.
J'ai pu remarquer, avec le meilleur soin possible, la co-
loration de ces météores. Quelques-uns étaient blan-
châtres, d'autres couleur turquoise; d'autres roussàtres.
Outre cela, j'ai pu déterminer encore leur direction :
Du N. .
Du NNE.
Du NE
De TE.
Du SE.
Du SSE.
12
5
0
9
Du S 4
Du SSO 15
Du SO 11
De TO. ..... 15
Du NO 3
Du NNO 7
Par suite, j'ai pu indiquer leur nombre, par heure d'ap-
parition , de la manière suivante :
De
11'' 6-» à 11 ''50'
De
0 3 à 0 59
De
1 30 à 1 59
De
2 0 à 2 56
De
3 3 à 3 50
S
15
24
18
Je ne dois pas omettre de faire remarquer que pendant
( 297 )
le cours tranquille de mes observations, je fus frappée
d'admiration, pendant 2 à o heures, de voir un nombre
extraordinaire d'étoiles filantes qui, à peine visibles, se
manifestaient comme une légère fumée lumineuse dans un
cercle qui comprenait les constellations de Persée, de
Cassiopée, de Céphée, du Dragon, de l'Ours majeur et du
Cocher. En rappelant mes souvenirs, un l'ait à peu près
semblable a été observé ici au mois d'août 1865 (1).
Enfin, je conclus que si nous fondons tout notre savoir
sur l'expérience, il sera toujours vrai de dire avec Bacon :
Antiquitas saeculi invcnlus mundi.
Je dois ajouter qu'à Civita-Vecchia, le phénomène fut
très-bien observé par le capitaine Alexandrini et par le
professeur Pinelli. Je publierai leurs observations dans
mon bulletin météorologique.
Observations des étoiles filantes, faites du 9 au 12 août
1867, à Monlcalieri (près de Turin), par M. F: Denza ,
directeur de l'Observatoire du collège royal Charles-
Albert. (Lettre à M. Ad. Quetelet.)
J'ai l'honneur de vous communiquer les observations
que nous avons faites à Monlcalieri pendant les jours de la
période des étoiles filantes d'août de cette année.
Je me proposais de faire observer ce phénomène en plu-
sieurs endroits du Piémont; mais il ne m'a pas été pos-
(1) Bulletins de l'Académie royale de Belgique^ 2mï série, t. X , p. 9.
( 298 )
sible de réaliser ce désir, à cause de l'absence de plusieurs
professeurs, mes correspondants. C'est pour ce motif, que
les observations n'ontété faites seulement qu'àMontcalieri,
à Alexandrie et à Vavallo. A Montcalieri elles furent exé-
cutées par des observateurs que j'avais disposés d'avance
dans ce but, parce que j'ai été obligé de m'absenter de
l'observatoire. A Alexandrie, on a observé sous la direction
du professeur Pierre Parnisetli; et à Vavallo, ce fut le pro-
fesseur Pierre Calderini lui-même qui explora le ciel. A
Montcalieri et à Vavallo, on veilla les nuits des 9, 10 et 11 ;
à Alexandrie on continua à observer aussi le 12 et le 15.
A la station de Montcalieri , le phénomène fut satisfai-
sant pendant les nuits du 9 et du 1 J . En effet, la nuit du 9,
de 10 heures à 14 heures, on a vu cent et trois météores,
dont dix de première grandeur, vingt-huit de seconde,
vingt-cinq de troisième et quarante de quatrième; et dans
la nuit du 11 parurent quatre-vingt-quatre étoiles,
c'est-à-dire sept de première grandeur, vingt et une de
deuxième, vingt-neuf de troisième, et vingt-sept de qua-
trième. L'éclat très-vif de la lumière lunaire empêcha d'en
voir un plus grand nombre. C'est à cette cause et à l'état
trop nébuleux du ciel , que, dans la nuit du 10, on n'a pu
voir à Montcalieri que trois étoiles filantes seulement pen-
dant deux heures (de 10 à 12 heures)!
La môme chose est arrivée à Vavallo. Tandis que dans
la nuit du 9, de 9 à 14 heures, on a observé cinquante-
neuf météores, et cinquante dans celle du 11 , de 9 heures
à 13h30m; dans la nuit du 10, le professeur Calderini n'a
pu distinguer que dix-neuf étoiles seulement, de 9h30m à
12h50m. Moi-même (qui me trouvais le 10 à Zurich, et le
1 1 à Constance), ayant observé le ciel pendant une heure
environ — le soir du 10, — je n'ai pu observer qu'un seul
( 299 )
météore, et le soir du 11 rien du tout! Le professeur Schia-
parelli aussi, dans la soirée du 10, à Milan , n'a pu voir que
quinze étoiles en deux heures.
Au contraire, à {observatoire d'Alexandrie, l'apparition
a été très-abondante et magnifique. Dans cette localité les
observations furent commencées après le coucher de la
lune, et furent continuées jusqu'à l'aube du jour. Voici les
résultats obtenus :
DURÉE
NOMBRE TOTAL
NOMBRE MOYEN
hâtes.
de l'observation.
des méléores.
horaire.
9. . ■
. De 13M0m
à 14»' 10'»
79
79
10. . .
. De 12 55
à 15 00
225
108
M. . .
. De 15 50
à 15 34
262
151
12.
. De 14 15
à 15 45
269
184
15. . .
. De 15 16
à 16 00
45
61
La divergence des météores a été, en général, très-va-
riable dans toutes les stations : toutefois, plusieurs d'entre
eux provinrent de la constellation de Persée ou de Cas-
siopée. L'éclat et la grandeur ont été bien inférieurs à ceux
des météores de novembre 1866.
On peut donc conclure que la période des étoiles
filantes d'août a eu lieu dans nos contrées; qu'elle a
changé beaucoup dans les diverses localités, ce qui dé-
montre évidemment la discontinuité dans l'espace de la
masse météorique, qui donne naissance à ces météores;
que le plus grand nombre a paru après minuit; et enfin ,
que le maximum est arrivé un jour plus tard que d'ordi-
naire, c'est-à-dire entre le 11 et le 12 août.
Je ne veux pas terminer cette lettre sans vous donner
connaissance d'un phénomène très-remarquable que j'ai
observé il y a peu de temps.
Le 21 août dernier, à 8 heures et demie du soir, presque
( 500 )
la moitié du ciel était couverte par des nuages obscurs,
surtout du coté sud-est. Tout à coup un magnifique mé-
téore lumineux se détacha du nord-ouest, au-dessous de la
Grande Ourse, et, se dirigeant vers le sud-est, s'abaissa
sous les nuages. Il décrivit ainsi entre ces nuages et le sol
une trajectoire presque rcctiligne à peu près de 50 degrés.
Cette étoile filante était de première grandeur, et son dia-
mètre apparent ressemblait à celui de Jupiter; sa couleur
était rougeâtre très-vif. La hauteur des nuages ne dépassait
pas 900 mètres au-dessus du sol; et comme l'étoile était
bien plus basse, je pense que celle-ci ne s'élevait au-dessus
du sol que de 700 ou 800 mètres au plus.
Orages des mois d'août et septembre 1867, annotés à
V Observatoire royal de Bruxelles (1).
Le i5 août, menaces d'orage l'après-midi.
Le 26 aoàt, éclairs dans l'O. à 9 heures du soir.
Le 1er septembre, orage dans l'O. à midi.
Le 2 septembre, menaces d'orage vers 6 heures du soir.
Le 5 septembre, éclairs dans le NO. et le S. à 9 heures
du soir.
Le 4 septembre, vers 11 heures du matin, fort orage et
pluie; le galvanomètre est peu influencé; à lh 10m de
l'après-midi nouvel orage, forte pluie mêlée de quelques
gréions; à lh 20n\ éclair suivi d'un violent coup de ton-
nerre; l'orage s'éloigne ensuite dans le NNE.
(ij Voir, pour le commencement de cette lisio , 1rs Bulletins de l' Acadé-
mie. ■2'"'' série , lome XXIV, p. 1 1 i.
(501 )
Le 6 septembre, à 7h 20m du soir, coup de tonnerre, 10
minutes après, éclair non suivi de tonnerre.
Le 12! septembre, entre 7 et 8 heures du soir, passage
d'un orage éloigné dans l'E.;dans le SE. nuages très-som-
bres et bleuâtres d'où partent, sans interruption, des éclairs
brillants; les éclairs continuent encore à 10 !/2 heures.
Le 13 septembre, à 8 heures du matin , le ciel se couvre
brusquement et l'obscurité devient très-forte; peu de
temps après, forts éclairs suivis de tonnerre; la pluie com-
mence à tomber à larges gouttes; l'orage cesse vers 8h 10m.
D'après les observations recueillies en divers points du pays ,
cette nuée s'est montrée à Courtrai et à Tournai vers 6 h.
du matin; à Gand, vers 8 heures, on a aperçu dans la
direction de Bruxelles un fort nuage noir. A Braine-Ie-
Comte ce nuage s'est divisé en trois parties, qui se sont
dirigées vers Nivelles, Bruxelles et le milieu vers Louvain.
La foudre est tombée à Jurbise sur un poteau électrique
et a brisé quelques isolateurs.
Orages observés à Louvain, depuis le 19 juillet, exclusi-
vement, jusqu'au 15 septembre 1867, par M. F. Terby.
(Lettre à M. Ad. Quetelet.)
Le 25 juillet, orage entre 2h 50,n du matin ; éclairs vifs ,
tonnerre assez bruyant et averse. Le bruit du tonnerre
paraissait venir d'abord de l'O. Après le plus fort de l'o-
rage, roulements fréquents de tonnerre vers l'E. Vers la
fin de l'orage, les nuages accusent deux courants : SO.
etO.
Vers 5h30mdu soir, ciel très-orageux dans l'O.; vent
2me SÉRIE, TOME XXIV. 21
( 302 )
d'après les nuages : SO. Vers 5 heures gouttes de pluie,
ensuite pluie.
Le %1 juillet, vers 10 heures du matin, nuages très-
sombres, arrivant de l'O.; pluie peu abondante. A H heures
tonnerre; ciel orageux dans le S.; à midi et 10 minutes
pluie; les nuages orageux sont dans l'E.
A I heure du soir, averse.
A 7 heures du soir, orage arrivant de l'O.; tonnerre.
A 7''olm éclair et tonnerre. La pluie commence à 7h 40m,
devient plus abondante à 7h 45m, et diminue à 8 heures.
Des éclairs se manifestent encore à 9h 45m.
Le 26 juillet, de 7 à 8 heures du soir, orage passant du
S. dans l'E. Tonnerre assez fort vers7h15m. A 7h5m, gouttes
de pluie. A 7h 15m, averse de peu de durée. A 8h o5m, des
éclairs se montrent encore dans le SE.
Le 6 août, dans la matinée, et surtout vers 11 heures,
vent violent. A 1" oOm du soir, nuages sombres dans le S.,
le SO. et l'O., vent violent. Vent d'après les nuages : SSO.
A 1" 40m pluie.
Le 7 août, à midi et 10 minutes, coup de tonnerre et
vent violent; pluie légère, augmentant un peu à midi et
12 minutes. Vent d'après les nuages : 0. A midi et 20 mi-
nutes, les nuages orageux couvrent le N., le NE. et l'E.
Le 9 août , à 2W 7m du soir, forte pluie. Vent d'après les
nuages : OSO.
Le 16 août, dans la matinée, coups de vent et nuages
orageux ; à midi 45 minutes, averse. Vent d'après les nuages :
OSO. A 2h 55m du soir, pluie.
De 4h 15m à oh20m du soir, orage passant du NO. dans
l'E. A5h7m, l'intervalle entre l'éclair elle tonnerre est de
5 secondes environ. A 5h 20m, roulements prolongés de ton-
nerre dans l'E. Dès 4" 57m, pluie. A 5 heures, forte averse.
( 503 )
Le 20 août, à 2h 20m du soir, coup de vent violent. Vent
d'après les nuages : SO. ; après-midi orageuse.
A 5" lom et à 6h 5m du soir, gouttes de pluie; ciel mena-
çant dans le S. Ensuite pluie légère. A 7h50m, le temps est
rafraîchi comme s'il y avait eu un orage.
Le 26 août, à 9h 20m du soir, éclairs dans le N. Horizon
chargé de nuages; le reste du ciel est nébuleux.
Le 27 août, à 5'1 lom du matin, forte averse. Direction
du vent d'après les nuages à 8 heures : ONO. Vers 71' 5m
du soir, éclair; vent d'après les nuages : NNO.
Le 2 septembre, entre 5h et 5h 50,n du matin, éclairs;
journée orageuse.
Ae 5 septembre, à 10 heures du soir, éclairs dans le N.
Le â septembre, entre l!l et lh 30™ du soir, orage passant
de l'O. dans le NO. Direction du vent d'après les nuages :
SSE. Un nuage, dans le SO., s'avance de l'O. vers le S.
Vers 1 heure, gouttes de pluie; vers 1" 2om, éclair et ton-
nerre espacés d'environ 8S : ensuite pluie. Le tonnerre se
fait encore entendre à 2h 10m. Après-midi pluvieuse.
Le 9 septembre, entre o et 4 heures du matin , éclairs.
Le 12 septembre, vers 4h50m du soir, pluie légère après
des menaces d'orage. A 7U 4om du soir, éclairs très-fré-
quents dans l'ESE., et quelques roulements de tonnerre.
Vent d'après les nuages : OSO. Des éclairs s'aperçoivent
encore à 8h 40'".
Le 15 septembre, à 8 heures du matin, fort orage pas-
sant du SO. au NO. Coup de tonnerre strident suivant de
près l'éclair. Pluie peu abondante. Vent d'après les nuages :
SSE.
Entre 8 et 10 heures du soir, fortes ondées.
( 504 )
Orages observés à Gembloux, du Ier avril au 51 juillet 1867,
par M. C. Malaise, correspondant de l'Académie.
Avril 9, de 2 à 5 heures du matin, pluie abondante;
éclairs; tonnerre.
» 10, de 10 Va heures à 12 heures du soir, pluie
abondante; éclairs; tonnerre.
» 2.9, 2 heures du soir, tonnerre lointain.
Mai W, de 6 à 7 heures du soir, pluie abondante;
coups de tonnerre.
» 50, de 7 à8 Va heures du soir, pluie abondante;
coups de tonnerre très- fréquents.
Juin /6', de 4 à 5 heures du matin, pluie abondante;
violents coups de tonnerre (1).
» » de 6 à 7 heures du soir, pluie; tonnerre.
Juillet 15, de 11 à 12 heures du matin, et de 4 à
6 heures du soir, pluie abondante ; tonnerre
lointain.
» i 4, de 1 àr 7 heures du soir, pluie et coups de
tonnerre à intervalles assez rapprochés.
> 25, de 1 Va heure à 5 heures du matin , pluie
très-abondante; éclairs; coups de tonnerre fréquents.
Il est une particularité à noter, c'est l'absence de gréions
à Gembloux, pendant les orages que je viens de signaler.
(1) A Nivelles, grêlons de la grosseur d'un œuf de pigeon. Grands
dégâts; nombreux carreaux de fenêtre brisés.
( 505 )
Sur un orage observé à Gand, le 4 septembre 1867 ; par
M. A.-L. Neyt. (Lettre à M. Ad. Quetelet.)
Après une série d'orages, sans intérêt, ayant passé sur
notre ville, le 26 août, le 1er et le o septembre, nous en
avons eu un le 4, offrant un caractère des plus menaçants.
A une heure de relevée, les premières lueurs de la foudre
se sont fait remarquer, et les nuées électriques n'ont pas
tardé à envahir tout le ciel. Ces nuées, quoique intenses,
n'avaient pas cependant cet aspect sombre et épais qui,
je crois, appartient plus spécialement aux orages accom-
pagnés de grêle. Celui-ci en était dépourvu, mais il fut
précédé et accompagné par une assez forte chute d'eau.
Le pluviomètre marquait après Forage 20,1 millimètres.
Je n'ai constaté aucune bourrasque, aucun coup de vent,
qui souvent précèdent ce genre de phénomène; l'air, au
contraire, était fort calme.
Il y a eu, à ma connaissance, cinq chutes de foudre en
ville. L'une d'elles a entamé un coin de maçonnerie fraîche
dans une maison en construction; les deux suivantes se
sont fait sentir au marché aux grains, hôtel de Vienne, où
il paraît que la foudre a pénétré par la cheminée jusque
dans la cuisine, sans dégâts apparents; la maison voisine
a eu sa cheminée légèrement écornée; la suie détachée a
été chassée dans les appartements. Au fossé d'Othon, quel-
ques tuiles ont été brisées sur un toit. Enfin, le coup le plus
violent a frappé la cheminée de la fabrique de M. J. Van Loo.
Cette cheminée a une hauteur que j'évalue à quatre-vingts
pieds environ. Elle s'élève du sol, est isolée des bâtiments
et dépourvue de paratonnerre.
( 506 )
Observations météorologiques horaires, faites à Modcne,
pendant le solstice d'été de Vannée >Î861 ' , par M. le pro-
fesseur Ragona. (Lettre à M. Ad. Quetelet.)
J'ai l'honneur de vous soumettre un extrait des obser-
vations météorologiques horaires, que j'ai faites ici, lors
du dernier solstice, et que j'ai dû borner à trois jours à
cause de mes nombreuses occupations.
Pour la pression atmosphérique j'ai indiqué, avec la plus
grande fidélité, a côté des indications du baromètre mé-
téorologique, celles du baromètre enregistreur. La direction
et la vitesse du vent sont données par l'anémométrographc
électrique. Au lieu de noter les kilomètres décrits dans le
cours de l'heure qui précède, comme on le fait d'ordinaire,
je mets la moyenne entre les kilomètres parcourus dans
l'heure qui précède et celle qui suit.
Les observations horaires aux époques des équinoxes et
des solstices, observations auxquelles vous avez donné une
forte impulsion et un puissant appui, sont peut-être plus
importantes qu'un premier aperçu pourrait le faire croire.
Je me permets, en conséquence, d'exposer quelques ren-
seignements touchant l'importance de ces observations.
1. J'ai réduit, en 1865, une année moyenne formée sur
le résultat des soixante-quatre années d'observations ther-
mométriques exécutées à l'Observatoire de Païenne, à
l'expression générale (degrés Réaum.) :
T= 13,957+5,7921 sin (237° 9'2"+ h) -4-0,1555 sin ( I5°S4' 2"-+-2/<)
H-0,0590 sin (293 17 6 +3K) 4-0,0361 sin (301 50 23 -f- ïh).
Par cette formule, qui reproduit les observations avec
( 307 )
une grande exactitude, j'ai calculé la température moyenne
normale de Païenne, pour tous les jours de l'année com-
mune. Les quatre instants de Tannée, éloignés deux à
deux d'une demi-année, dont chaque couple donne par
moyenne arithmétique la température moyenne annuelle,
sont évidemment déterminés par la solution de l'équation :
0,4555 sin (15" 54' 2" -+- 2/t) =0.
Cette équation donne pour les quatre instants recher-
chés :
Epoque.
TEMPER.
Epoque.
TEMPÉR.
-
correspondante.
-
correspondante
Mars. . . 25,16
10,172
Juin. • . 22,67
18,400
Septembre. 22,66
17,742
Décembre. 25,27
Moyenne. . .
9,514
Moyenne. . .
15,957
15,957
î2. M. le professeur Respighi a établi , pour chaque jour
de l'année commune, la température moyenne diurne de
Bologne (Italie), en prenant la moyenne des maximum
et des minimum observés chaque jour pour la durée des
quarante-cinq années d'observations. La température
moyenne de Bologne est 15,8 centigrades. De la table de
M. Respighi on déduit :
21 mais.
8,5
21 septembre 19,1
Moyenne. . . 15,8
21+6 Juin .... 24,5
21—6 Décembre . . 2,9
Moyenne.
15,7
5. M. le professeur Jelinek a établi la température
moyenne de Vienne (Autriche), pour chaque jour de
l'année commune, sur les résultats des quatre-vingt-dix
années d'observations, en faisant usage de la méthode de
( 308 )
Bloxam. La température moyenne de Vienne est 7,97
Réaum. De la table de M. Jelinek on déduit :
21 mars . .
21 septembre
4,04
[1,89
Moyenne.
7,96
21 -f- 7 Juin. . .
21 — 7 Décembre.
Moyenne . ,
15,67
0,23
7,93
4. Mais sans recourir aux quantités moyennes, j'ai pu
constater ici, à Modène, des résultats équivalents pour les
températures observées aux jours des équinoxes et des sol-
stices, ou dans ces mêmes jours. La température moyenne
diurne, dont je fais usage, est toujours la moyenne arith-
métique des trois observations à 4 h. du soir, à minuit et
à 8 h. du matin. La température moyenne de Modène
(trente-six années d'observations) est 15,39 centigrades.
En appelant E la température du jour de l'équinoxc, S
celle du jour du solstice, S — 1, S — 2... celle d'une date
qui précède le solstice d'un, 2... jours, etc., j'ai obtenu :
1864. Mars. . . . E= 7,50
1864. Juin. . . . S = 21,70
Septembre . E = 19,07
Décembre . . S = 5,27
Moyenne. . . 13,28
Moyenne . . 13,48
1865. Mars. . E — 5= 8,53
1865. Juin . . S + 1 = 23,52
Septemb. E-+-5 = 18,72
Décembr. S — 1 = 2,04
Moyenne. . . 13,52
Moyenne. . . 12,78
1866. Mars . . E-f-3 = 9,73
Septemb. E — 3=17,32
Moyenne. . . 13,52
1866. Juin . . S -+-3 = 24,29
Décembr. S — 3= 2,95
Moyenne.
13,62
La température moyenne de ces douze jours est, par
conséquent, de 13,37 centigrades.
( 509 )
Tableau des observations du 20 juin 1867.
HEURES.
PRESSION
atmosphérique
dubarom.
météo-
rologique.
dubarom
enre-
gistreur.
w
ec
2 s
H
a
»■
s s ■
PS
3
■a
w5;
« 2
Q
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ETAT
du
CIEL.
Moy.
0
1
2
5
5
6
7
8
9
10
H
12
13
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
</s(44-12+20).
dela2*eobserv.
mm.
54,53
54,05
53,90
53,78
53,57
53,28
53,68
53, i8
53,83
34,18
53,81
54,61
54,27
54,45
54,30
54,30
54,11
55,23
54,24
54,19
55,14
55,13
54,95
54,94
54,327
54,248
mm.
54,5
54,3
54,2
54,2
54,0
53,7
53,8
53,9
54,1
54,2
54,5
54,8
54,7
54,6
54,5
54,4
54,4
54,6
54,8
55,0
55,0
55,2
55,1
55,0
23,52
24,17
23,87
24.37
24.37
24,17
22,20
21,72
20,64
20,34
19,84
18,75
18,75
18,47
18,17
18,07
17,87
18,07
18,17
18,17
17,77
18,47
20,82
21,80
11,83
12,36
12,54
12,24
12.24
12,37
13,10
12,63
13,14
13,64
15,63
13,68
14,93
14,58
14,61
14,36
14,79
14,56
13,84
13,39
13,78
14,58
14,60
14,15
54,57
54,48
20,297 13,650
20,523 13,557
55
55
57
54
54
55
66
65
73
77
79
83
93
92
94
93
97
93
89
86
91
92
80
79,3
77,0
E
13,5
NE
15,5
NU
15,0
NE
14,0
E
14,0
NE
16,0
E
19,0
NE
17,5
E
15,5
NE
15,0
E
15,0
NE
13,0
NE
9,5
NE
7,5
NE
9,0
NE
9,0
NE
7,0
NE
7,5
NE
8,5
N
11,5
E
7,5
E
3,0
E
5,5
NE
7,0
10,55
11,48
Serein.
Couvert.
Nuageux.
Couvert.
Id.
Nuageux.
Goût, de pi. [a).
Id. (o).
Nuageux.
Id.
Goût, de pi. (a).
Id. (a).
Sombre.
Id.
Couvert
Id.
Id.
Brouillard.
Nuageux.
Forte pi. (c).
Id. (c).
Nuageux.
Id.
Id.
(b).
[a) 0mm,989.
(6) Le disque de la lune est pâle et incomplet.
(c) 30mm,2G9, commencée à I8h 5™ et finie à 20h om.
( 510 )
Tableau des observations du 21 juin 1807.
PRESSION
H
3
z
a
HEURES.
atmosphérique
réduite à 0°
< 2
:: w
-a -
O u
Z g
-a
H .
o -S
H |
U >
H -
3 3
° S'y
S > 6
H 3 3
ÉTAT
du
dubarom. dubarom.
— c
a g
% s
£2 *°
c/s es
météo-
enre-
a
a
s
2
a 2
H
CIEL.
rologique.
gistreur.
«O
>
mm.
mm.
mm.
k.
0
55,00 54,8
22°,60
13,18
65
NE
6,5
Nuageux.
1
54,37 54,5
25,87
12,54
57
NE
6,0
Ici
2
54,27 54,2
24,17
12,51
56
NE
6,5
kl.
3
53,97 54,1
23,87
15,02
59
NE
6,5
Ici.
4
54,02 54,2
2-1,57
12,08
55
E
7,0
Id.
5
53,84 54 0
24,27
12,14
54
NE
7,5
Id.
6
53,97 54,1
24,07
11.94
54
NE
7.5
Brouillard.
7
55,88 54,2
23,02
12^0
59
NE
9,0
Id.
8
54,20 ! 54,5
22,50
11,33
57
NE
9,5
Id.
9
54,56
54,7
21,90
11,73
60
NE
10,5
Nuageux.
10
54,27
54,7
20.82
12,71
70
NE
9,5
Id.
11
54,50
54,8
20,14
12,38
71
NE
5,0
Id.
1-2
54,57
54,7
20,04
13,20
76
NE
4,0
Id.
13
54,07
54,7
19,55
13,82
82
NE
7,5
Brouillard.
14
54,57
54,5
18,85
15,17
82
NE
11,0
Nuageux.
13
54,47 54,4
18,75
12,78
80
NE
10,5
Beau.
\Q
54,47 54,4
18,67
12,78
80
NE
6,0
Id.
54,57 54,6
19,84
15,63
79
E
4,5
Id.
18
54,86 54,8
26,19
12,42
49
SO
7,0
Id.
19
55,06 , 55,1
25,15
13,09
55
0
7,5
Serein.
20
55,02 55,1
25,25
13,69
58
0
6,5
Id.
21
55,02 55,2
25,75
13,25
54
0
6,0
Id.
22
55,02 55,1
25,25
12,06
51
N
5,5
Nuageux.
23
54,92 | 55,1
26,59
11,20
43
N
5,0
Id.
MoYj</»(*-H^*>).
(delà 24aobserv.
1
54,557 54,67
25,220
12,990
62,3
1 5,83
54,505
54,60
1
22,720
12,622
62,7
7,17
( 5*1 )
Tableau des observations du 22 juin 1867.
-.-.
1
PRESSIC
a
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g;
g
almosp
lérique
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Z T3
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Couvert.
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NE
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Brouillard.
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Nuageux.
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Id.
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Id.
8
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25,87
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NE
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Id.
9
54,98
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1 2,87
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NE
10,5
Serein.
10
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22,20
13,10
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NE
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Nuageux.
11
54,07
54,7
21,62
1 2,23
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NE
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Id.
12
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54,3
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15,72
79
0
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Serein.
15
5 1,80
55,1
20,04
13,51
78
NE
10,5
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14
54,71
54,9
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15,59
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SO
1 5,5
Id.
15
54,50
54,7
18,85
13,47
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so
10,5
Id.
16
54,52
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18,67
12,63
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SO
7,0
Id.
17
5 1.52
54,7
18,75
12,53
77
so
6,0
Id.
18
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21,27
12,61
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so
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Id.
19
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25,87
15,18
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so
5,5
Nuageux.
20
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54,8
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12,57
57
so
2,5
Serein.
21
54,58
5 1,5
24,57
13,40
58
so
5,5
Id.
22
53,98
54,2
26,59
12,96
51
so
4,0
Nuageux.
23
53,75
55,9
26,19
13,41
55
so
4,5
Id.
MoY.{1,sl4+t2+20)-
( dcla24eobserv.
54,460
54,47
25,670
12,963
61,0
6,00
51,577
54,51
1 j) 7 S2
60,3
6,92
( 312 )
Sur un météore aperçu à Bruxelles, dans la soirée du
26 septembre 1867, par M. Marchai.
Dans la soirée du jeudi , 26 septembre dernier, à 8
heures du soir, un brillant météore a traversé les constel-
lations du Verseau et du Capricorne. Ce météore, qui a pris
naissance un peu au-dessus de Jupiter par A) = 335°, D =
— 8°, est allé s'éteindre entre les étoiles a et (3 du Capri-
corne, après avoir laissé derrière lui une rapide trace lumi-
neuse blanchâtre. Le sommet, au moment de l'explosion,
s'est divisé en quatre parties. Aucun bruit ne s'est fait en-
tendre pendant la rapide durée de ce phénomène. La
traînée, dirigée de TE. vers PO., formait une légère courbe
à crépitations, qui se sont renforcées au moment où l'astre
a éclaté.
Du centre ano-spinal; par M. J.-B.-V. Masius, de Liège.
INTRODUCTION.
La moelle épinière, comme on le sait, n'est pas un
simple cordon conducteur; elle présente différents centres
plus qu moins nettement circonscrits.
C'est ainsi qu'on a le centre cilio-spinal, sur la délimi-
tation duquel tous les physiologistes ne sont pas encore
d'accord (1). On admet généralement qu'il se trouve dans
(1) Schiff, Physiologie, 1. 1, p. 387 ; Budge, Lehrbuch dcr Physiologie,
p. 767, 8e édition; Otto Funke, id., t. II, p. 595, Ie édition.
( 515 )
la partie supérieure de la moelle, surtout dans la portion
comprise entre le sixième nerf cervical et le deuxième nerf
intercostal. Ce centre préside à la contraction des libres
radiées de l'iris.
Gianuzzi a trouvé que dans la région lombaire, chez les
chiens, il y a deux points principaux qui, irrités, amènent
des contractions de la vessie (1). L'un est situé en corres-
pondance de la troisième vertèbre lombaire; l'autre, de la
cinquième. Néanmoins, toute la région lombaire irritée
donne aussi ces contractions.
Les recherches de Budge(2) ont encore démontré l'exis-
tence du centre génito-spinal , qui n'occupe qu'un espace
de quelques lignes et qui, chez le lapin , se trouve dans la
moelle au niveau de la quatrième vertèbre lombaire. Lors-
qu'on excite ce point , on provoque des contractions des
conduits déférents. 11 tient aussi sous sa dépendance les
mouvements de la partie inférieure de l'intestin grêle, du
gros intestin, de la vessie et de l'utérus.
Nous signalerons enfin l'action accélératrice qu'exerce
sur les mouvements du cœur une excitation faible de la
portion cervico-dorsale de la moelle. Cette influence a
d'abord été démontrée par E. Weber (3), et, plus récem-
ment, par Moleschott.
Tels sont, jusqu'à présent, les centres que l'on connaît
dans la moelle épinière.
(1) Note sur les nerfs moteurs de la vessie, par G. Gianuzzi. Compte
rendu des séances de l'Académie des sciences de Paris , t. LVI , p. 53.
(2) Ueber das centrum genito-spinale des Nervus sympathicus. Wir-
chow's Archiv, 1858.
(3) E. Weber, Act. Muskelbexcegung in JVagner's Handwôrterbuch
der Physiologie.
( 314 )
Par les expériences que nous avons faites sur les lapins,
expériences auxquelles a assisté le docteur H. Michel, qui
a bien voulu nous servir d'aide, nous avons précisé, dans
la partie inférieure de la portion lombaire de la moelle,
un nouveau centre qui maintient dans une contraction con-
tinue le sphincter de l'anus.
Ce centre, que nous appelons ano-spinal, préside donc
à la tonicité de ce muscle; mais, en outre, il préside à sa
contraction réflexe. Nous attirons l'attention sur ce fait,
que le centre de tonicité et le centre de contraction réflexe
du sphincter de l'anus se trouvent limités dans la même
partie de la moelle épinière.
Nous avons trouvé de plus qu'à ce centre ano-spinal
arrivent des fibres empêchantes qui proviennent des cou-
ches optiques; que toute la moelle épinière, la moelle al-
longée, les pédoncules cérébraux et la face interne des
couches optiques donnent, par leur irritation, des contrac-
tions du sphincter de l'anus.
Enfin, nous avons cherché à déterminer par quels nerfs
arrivent au sphincter les libres qui l'animent.
Chapitre Ier.
Centre ano-spinal et ses fonctions.
Avant de rapporter les expériences qui nous ont permis
de déterminer dans la moelle l'existence d'un nouveau
centre, il convient de faire rapidement l'histoire du tonus
musculaire.
On sait que le tonus est cet état habituel de tension dans
lequel se trouvent les muscles. Si l'on coupe, par exemple,
(315)
sur une grenouille vivante le tendon d'un muscle, les deux
bouts s'écartent. Le muscle se trouvait donc dans un état
de tension. C'est ainsi encore que, dans la paralysie des
muscles de la face d'un côté, la bouche est tirée du côté
opposé, parce que les muscles sains se trouvent dans un
état de tension qui n'est plus équilibrée par les muscles
paralysés.
J. Mueller et lienle (1) font dépendre la tonicité d'une
irritation automatique de la moelle qui, par l'intermé-
diaire des nerfs moteurs, maintient les muscles volon-
taires du tronc et des membres dans un état de contrac-
tion faible et continue. Dans les circonstances ordinaires,
l'irritation continue et automatique de la moelle sur tous
les muscles fléchisseurs, par exemple, d'un membre, ne
se traduit point par une contraction inarquée, donc, par
un raccourcissement notable de ces derniers, parce que
les muscles antagonistes, qui tendent toujours à se con-
tracter, compensent l'action des fléchisseurs; mais, dès
que l'on soustrait un muscle à l'action de son antagoniste,
le tonus se manifeste par un véritable raccourcissement.
D'après Éd. Weber (2) , ce raccourcissement n'est pas
l'effet de la contraction musculaire ; il place la cause du tonus
dans l'élasticité des muscles. Selon ce physiologiste , tous
les muscles du tronc et des extrémités sont fixés sur le
squelette de telle façon, qu'à l'état de repos ils se trou-
vent étendus au delà de leur longueur; il s'en suit qu'ils
tendent toujours, en vertu de leur élasticité, à revenir à
(1) J. Mueller, Physiologie, M. II, pp. 40, 80; lienle, Allgém. Anato-
mie, pp. 593, 720, Ration. Pathol, t. I, p. 110.
(2) Éd. Weber, Act. Muskelbewegung in ï\'agner''s Handwurlerb. der
Physiol, Bd. III, Abtli. II, p. H 6.
( 516 )
leur longueur normale. Heidenhain (1) a fourni la preuve
que le tonus des muscles des membres dépend seulement
de Télasticité : il a démontré qu'un muscle ne s'allonge
point après la section du nerf qui l'anime.
En 1860 a paru un travail de Brondgeest sur la tonicité
des muscles volontaires (2). Cet expérimentateur admet
l'existence du tonus dépendant de l'influence de la moelle
épinière.
Sur des grenouilles , il sectionne la moelle dans le voi-
sinage du bulbe rachidien, coupe le nerf sciatique d'un
côté et suspend librement la grenouille à un fil. Au bout
de quelque temps, Brondgeest observe que, du côté où le
nerf n'est pas coupé, les articulations du pied et du genou
se trouvent dans un état modéré de flexion, tandis que
celles du côté opposé ne sont pas fléchies; au contraire,
l'articulation du genou et l'articulation tibio-tarsienne des-
cendent plus bas. Cette différence dans la situation des
articulations ne peut dépendre que des muscles fléchis-
seurs qui, d'un côté, restant soumis à l'influence de la
moelle, se trouvent dans un état de contraction faible et
continue; ce qui le prouve, c'est qu'en sectionnant l'autre
nerf sciatique, cette différence disparaît.
C'est en se basant sur ces expériences que Brondgeest
conclut à l'existence du tonus dépendant de la moelle épi-
nière. Mais ce tonus de Brondgeest est un véritable tonus
réflexe: cet expérimentateur admet qu'une excitation faible
est transmise continuellement par les nerfs sensitifs des
(1) Heidenhain, llistor.und Eœperim. ilber Musceltonus. Physiol.Stu-
dien. Berlin, 1856, p. 9.
(2) P.-J. Brondgeest, Untersuchungen tiber den Tonus der Willhttrli-
chen Muskelen. Ueiehert, and du Bolis's Archiv, 1860, pp. 703, 704.
( 317 )
membres postérieurs à la moelle épinière et , par suite, aux
nerfs moteurs qui animent les fléchisseurs de ces mem-
bres. Aussi, lorsque du côté où le nerf sciatique est laissé
intact, on pince les orteils, la flexion augmente, et cette
augmentation ne disparait qu'au bout de quelque temps.
Le tonus de Brondgeest se distingue donc du tonus de
J. Mueller et de Ilenle par les deux caractères suivants :
il ne résulte pas d'une irritation automatique de la moelle,
mais il est le résultat d'une action réflexe (il cesse par la
section des racines postérieures des nerfs); de plus, il ne
concerne pas tous les muscles volontaires, mais seulement
un petit groupe de ces muscles : les fléchisseurs.
Nous ne parlerons point des expériences de Juergen-
sen (1), qui n'est pas arrivé aux mêmes résultats que le
physiologiste hollandais, et qui, dans un tiers de ces ex-
périences, a trouvé la flexion plus forte du coté de la sec-
tion du nerf sciatique. Nous passerons également sous
silence les observations de L. Hermann (2), qui attribue le
tonus réflexe de Brondgeest au sensorium de la moelle
épinière. Nous nous arrêterons sur les expériences de
Cohnstein (5), qui a démontré que si, au lieu de suspendre
une grenouille décapitée à qui l'on a coupé le nerf scia-
tique d'un coté, on la place horizontalement sur du mer-
cure, on n'observe aucune différence dans la situation des
deux membres inférieurs. Si l'on suspend cette même gre-
(1) Juergensen, Ueben der Ton. der Willk. Muskelen. Stud. der Physiol.
Inst, zu Breslau, I Heft,p. 159 Leipzig, 1861.
(2) L. Hermann, Beitr, zur Erled. der Tonus frage. Archiv. fur Anat.
und Phys. ; 1861, p. 350.
(3) J. Cohnstein, Kurze Uebersichl der Lehre von Muskellonus. Archiv
von Durois und Reichert; 1865, p. 163.
2me SÉRIE, TOME XXIV. 22
( 518 )
nouille, et que, du côté où le nerf sciatique est resté
intact, on fait plusieurs incisions circulaires de la peau
du membre postérieur, les deux membres postérieurs pré-
sentent la même longueur et le même état des articula-
tions. La section des nerfs cutanés a, par conséquent, le
même effet que la section du nerf sciatique. Cohnstein a
démontré encore que le tiraillement des nerfs cutanés,
tiraillement produit par la pesanteur, est la seule cause
du tonus réflexe (1) de Brondgeest. (Les expériences que
nous avons faites nous permettent de confirmer les résul-
tats obtenus par Cohnstein.) Aussi ce dernier physiologiste
conclut-il que, dans les circonstances ordinaires, le tonus
réflexe n'existe pas, et, comme Weber, Heidenhain admet-
il que l'état habituel de tension dans lequel se trouvent les
muscles est l'effet de leur élasticité. Ceci paraît prouvé, il
est vrai, pour les muscles des membres, mais la tonicité
des muscles de la face, des sphincters, des artères, n'est-
elle pas due plutôt à une action continue de la moelle?
Nous le croyons, et nous croyons aussi que souvent la to-
nicité automatique s'augmente de la tonicité réflexe. Les
expériences auxquelles nous nous sommes livrés le prou-
vent pour le sphincter de l'anus.
(1) D'après Schwalbe , élève de Pfluger, la différence de situation des
membres de la grenouille , dans l'expérience de Brondgeest, ne dépend pas
d'un tonus, mais elle provient d'une différence d'élasticité des muscles.
Les muscles se sont-ils contractés, ils opposent à l'action de la pesanteur
une plus grande résistance élastique. A la fin pourtant, l'action de la pesan-
teur prend petit à petit le dessus, parce que le coefficient d'élasticité des
muscles diminue successivement. Pour pins de détails, voir G. Schwalbe,
Zur Lehrevom Muskeltonus , Pflugefs Untersuchungen ans de m Phy-
siologischen Laboratorium in Bonn /S£6';pp. 64-80.
( 319 )
EarpéÊ-iences .
Première série. — Si nous irritons, clans le canal sacré,
la moelle épinière d'un lapin, en la pressant doucement,
nous obtenons des contractions fortes du sphincter de
l'anus (1). Lorsqu'elle est sectionnée à la même hauteur,
le sphincter se contracte , puis il se relâche immédiatement
après la section; ce que l'on peut constater facilement par
la simple vue, et aussi par l'introduction d'une pince
dans l'ouverture anale : le sphincter n'oppose pas de ré-
sistance à l'écartement des deux branches de la pince.
Puisque le sphincter se relâche d'une manière évidente dès
que l'on a coupé la moelle, il faut admettre qu'auparavant
il se trouvait dans un état de contraction dépendant de la
moelle, donc il faut entendre ici la tonicité dans le sens de
J. Mueller et de Henle.
En touchant le bout inférieur de la section de la moelle,
nous provoquons des contractions du sphincter; si nous
excitons mécaniquement la muqueuse qui le recouvre,
nous n'obtenons aucune contraction réflexe de ce muscle.
La moelle correspondant à l'épaisseur de la septième
vertèbre lombaire, ainsi qu'à celle du disque qui réunit les
sixième et septième vertèbres lombaires, donne, par l'irri-
tation ou par la section, les mêmes résultats que la portion
de la moelle située au-dessous de ces points.
(1) Il nous est impossible d'affirmer si l'effet résultant de l'irritation ou
de la section de la moelle reste borné au sphincter volontaire de l'anus; il
nous a paru cependant que les contractions et la paralysie s'étendaient
au delà du sphincter volontaire.
(520)
Deuxième série. — Quand, sur des lapins, on excite la
moelle en la pressant immédiatement au-dessus du disque
qui réunit la sixième vertèbre lombaire et la septième, on
provoque des contractions du sphincter de l'anus; en la cou-
pant dans le même point, donc immédiatement au-dessus
du disque susdit, et, à différentes hauteurs à partir de ce
point, le sphincter de l'anus, loin de se relâcher, reste
contracté et même plus fortement; en outre, sa contrac-
tilité réflexe s'exagère, et cette exagération persiste.
Troisième série. — Nous avons sectionné, chez le même
lapin, la moelle à différentes hauteurs; nous n'avons obtenu
le relâchement du sphincter et la disparition de sa contrac-
tilité réflexe, que lorsque nous avons détruit la portion
correspondant au disque situé entre les sixième et sep-
tième vertèbres lombaires.
11 n'est pas inutile de donner les points de repère, qui
permettent d'arriver, d'une manière presque certaine, sur
le disque qui réunit la sixème vertèbre lombaire à la sep-
tième. Nous avons pris comme point de repère principal la
crête iliaque. L'apophyse épineuse, qui se trouve immédia-
tement au-dessous, appartient à la septième vertèbre lom-
baire. Chez les lapins adultes, où la colonne est complète-
ment osseuse, la partie supérieure de celle apophyse
dépasse un peu, vers le haut, le corps de la vertèbre, de
sorte que si l'on ouvre le canal vertébral, et si l'on coupe
la moelle, même immédiatement au-dessus de celle apo-
physe, la section tombe dans la vertèbre supérieure. Chez
les jeunes lapins, où l'apophyse épineuse n'est pas encore
si développée, et où l'arc postérieur du canal vertébral est
encore en partie fibreux , la section pratiquée immédiate-
ment au-dessus de l'apophyse, dans la membrane fibreuse
qui réunit les lames vertébrales supérieure et inférieure »
( 321 )
la section tombe juste dans le disque intervertébral réu-
nissant les sixième et septième vertèbres lombaires.
Malgré ces points de repère il faut toujours s'assurer à
l'autopsie, à quel niveau se trouve sectionnée la moelle;
toujours la section de la moelle en correspondance du
disque, qui réunit les deux dernières vertèbres lombaires,
a pour conséquence le relâchement du sphincter et la dis-
parition de sa contractilité réflexe; la section de la moelle
au-dessous de ce point donne les mêmes résultats; au con-
traire, si l'on coupe la moelle immédiatement au-dessus,
on provoque une contraction persistante plus forte du
sphincter de l'anus et une exagération de sa contractilité
réflexe.
Conclusions. — Ces expériences nous autorisent à for-
muler les propositions suivantes :
Il existe dans la moelle épinière, en correspondance du
disque entre les sixième et septième vertèbres lombaires,
un centre que nous appelons ano-spinal.
Il préside à la tonicité du sphincter de l'anus (1).
Il est en même temps le centre de sa contraction réflexe.
(I) Gianuzzi et Navvrocki (Influence des nerfs sur les sphincters de lu
vessie et de l'anus. Compte rendu des séances de l'Académie des sciences
de Paris, t. LVI , p. 1111), ont prouvé qu'après la seclion des nerfs
sacrés, Peau introduite dans le rectum s'écoule sous une moindre pres-
sion qu'avant cette section.
( 322 )
Chapitre II.
Fibres transmettant au sphincter de l'anus l'impulsion
de la volonté.
En mettant à nu la moelle épinière dans toute sa lon-
gueur, et en l'irritant mécaniquement à différentes hau-
teurs, on obtient des contractions du sphincter. Nous avons
ouvert la cavité crânienne, toujours sur les lapins, et nous
avons trouvé qu'en touchant la moelle allongée, les pédon-
cules cérébraux, la face interne des couches optiques, on
amène l'occlusion de l'anus par suite du resserrement du
sphincter. Ces expériences sont très-délicates; comme les
lapins perdent beaucoup de sang pendant l'opération, on
est gêné par ce sang, puis l'animal ne reste pas longtemps
en vie. L'expérience est quelquefois sans résultat, parce
que l'irritabilité est éteinte immédiatement.
Il existe ainsi des fibres partant de la face interne des
couches optiques et parcourant les pédoncules cérébraux,
la moelle allongée et la moelle épinière, fibres qui, lors-
qu'elles sont irritées, produisent la contraction du sphinc-
ter de l'anus. Ces fibres, qui transmettent sans doute l'im-
pression de la volonté à ce muscle, passent par le centre
ano-spinal, car ce centre étant détruit, en excitant, comme
nous l'avons fait souvent, la partie de la moelle qui est au-
dessus de la section, on ne provoque aucune contraction
du sphincter.
525
Chapitre III.
Fibres empêchantes arrivant au centre ano-spinal.
Nous avons vu (2me série) que la section au-dessus du
centre ano-spinal exagère et la contraction tonique et la
contractilité réflexe du sphincter. Ces expériences prou-
vent qu'il existe des libres empêchantes qui arrivent au
centre ano-spinal. De plus, pour trouver d'où proviennent
ces libres, nous avons enlevé la partie cérébrale qui est en
avant des couches optiques (hémisphères, etc.), sans obser-
ver aucun changement dans la contractilité du sphincter.
Mais, du moment où nous avons coupé les pédoncules cé-
rébraux immédiatement en arrière des couches optiques,
nous avons provoqué d'abord une contraction très-forte du
sphincter, puis une exagération de sa contractilité tonique
et réflexe; ce que l'on peut constater par la simple vue,
tellement c'est évident. Pourtant si les couches optiques
sont des organes modérateurs de l'activité du centre ano-
spinal, on s'attend à une diminution de contractilité du
sphincter de l'anus, par suite de l'irritation soit mécanique,
soit chimique des couches optiques ou de leur surface in-
férieure de section. Nous les avons excitées en les louchant
tantôt avec une pince, tantôt en y appliquant du sel marin,
sans arriver à un résultat évident. En définitive , cela ne
nous paraît pas si extraordinaire, car tandis qu'on touche
des fibres empêchantes qui se rendent au centre ano-spinal ,
en parcourant la moelle épinière, on excite aussi des fibres
qui conduisent au sphincter l'impression de la volonté. Ces
dernières proviennent, comme nous l'avons vu, de la face
interne des couches optiques. Quant à l'irritation de la
( 32i )
face interne des couches optiques, des pédoncules céré-
braux, de la moelle allongée et de la moelle épinière, cette
irritation provoque, avons-nous dit, la contraction du
sphincter, bien que ces parties renferment des fibres em-
pêchantes : c'est qu'ici sans doute les fibres transmettant
l'impression de la volonté l'emportent sur les premières.
Conclusions. — Tl existe par conséquent des libres em-
pêchantes qui aboutissent au centre ano-spinal.
Ces fibres prennent leur origine dans les couches opti-
ques. Ce dernier fait est en rapport avec les expériences
que Setschenow a faites sur les modérateurs des mouve-
ments réflexes dans le cerveau de la grenouille (1).
Chapitre IV.
Nerfs qui animent le sphincter de l'anus.
Ces nerfs passent dans le canal sacré, comme le prouvent
déjà les expériences de la première série.
Pour déterminer quels nerfs arrivent au sphincter de
l'anus, nous avons coupé, sur des lapins, de chaque coté
successivement, les nerfs sacrés. La section des premiers
nerfs sacrés n'amène rien; celle des deuxièmes produit une
paralysie incomplète; celle des troisièmes une paralysie
complète du sphincter
En irritant le bout périphérique des nerfs sacrés, les
(1 ) Voir Compta rendu des séances de P Académie des sciences de Paris,
t. LVI, p. 60. — Voir aussi Neue Versuch. an Hirn uni RUckemarck des
Frusches. Berlin , 1865, Selschenow und lî. Paschulin.
( 328 )
deuxièmes et troisièmes seuls donnent des contractions
du sphincter, mais les deuxièmes surtout.
En résumé, nous croyons avoir démontré :
1° Qu'il existe dans la moelle épinière, en correspon-
dance du disque intervertébral réunissant les sixième et
septième vertèbres lombaires, un centre nettement circon-
scrit que nous appelons ano-spinal ;
2° Qu'il préside à la tonicité ainsi qu'à la contraction
réflexe du sphincter de l'anus;
3° Qu'à ce centre arrivent des fibres empêchantes qui
peuvent être poursuivies jusque dans les couches optiques;
4° Que par ce centre passent des fibres qui conduisent
au sphincter l'impulsion de la volonté;
5° Que les deuxième et troisième nerfs sacrés animent
ce muscle.
Théorie nouvelle du mouvement d'un corps libre ; par
F. Folie, docteur en sciences physiques et mathéma-
tiques.
deuxième partie : Mouvement dun corps libre dans toute la suite
du temps.
1. Dans une première partie (*), nous avons déterminé le
mouvement initial d'un corps libre soumis à un système
quelconque de forces. Nous nous proposons d'étendre les
résultats que nous avons obtenus au mouvement du corps
à un instant quelconque, soit que l'inertie seule le sollicite,
soit que des forces continues agissent sur lui.
(*) Bulletins de F Académie royale de Belgique, -inr série, lomo XX,
n" S.
( 526 )
Pour cela, il suffira que nous connaissions toutes les
forces qui sollicitent le corps à un instant quelconque.
Or, outre les forces extérieures qui peuvent agir sur
lui, nous aurons à considérer celles qui pourraient commu-
niquer instantanément à chaque point du corps la vitesse
qui lui a été imprimée, et que l'inertie tend à lui con-
server.
Ces dernières se déterminent d'une manière très-simple
au moyen de cette remarque, que si un point matériel de
dm est animé d'une vitesse v, il peut être considéré comme
étant sollicité par une force vdm, de même sens que cette
vitesse, et qui serait capable de la lui imprimer instanta-
nément.
Ces forces, appliquées à tous les éléments du corps, et
agissant seules si celui-ci est abandonné à son inertie, ou
jointes aux forces extérieures qui le sollicitent au même
instant, imprimeront à ce corps un mouvement que Ton
déterminera de la même manière que si le corps était au
repos.
Le problème du mouvement d'un corps libre à un in-
stant quelconque se trouve ainsi ramené à celui de la dé-
termination de son mouvement initial.
Nous ferons remarquer, dès à présent, que dans cette so-
lution la force centrifuge n'interviendra pas d'une ma-
nière explicite. C'est qu'en effet nous décomposerons tou-
jours les forces élémentaires vdm suivant les axes, et non
suivant la tangente et la normale à l'arc élémentaire dé-
crit, afin de conserver à notre méthode toute son unifor-
mité. Loin de nous toutefois la prétention de vouloir nous
passer en mécanique de cette idée lumineuse de la force
centrifuge, l'une de celles qui ont fait faire le plus de pro-
grès à la science, et qui font pénétrer le plus intimement
( 527 )
la raison des phénomènes du mouvement. Mais, pour le
dire en passant, c'est surtout dans le cas du mouvement
d'un corps gêné, dont nous nous occuperons par la suite ,
que la considération de cette force est le plus féconde en
résultats.
Afin de conserver l'ordre que nous avons adopté dans la
première partie, nous envisagerons le mouvement dans
toute la suite du temps :
1° D'un système matériel plan sollicité par des forces
situées dans son plan ;
2° D'un corps libre sollicité par des forces quelconques.
Et nous distinguerons dans chacun de ces problèmes
deux cas :
a. Celui du mouvement du système abandonné à son
inertie.
b. Le cas où le système serait sollicité par des forces
continues.
1° Mouvement d'un système matériel plan dans tonte la
suite du temps.
A. Système ahumlutxné « son inertie.
2. Supposons un système matériel plan, parfaitement
libre, animé à un instant quelconque t d'une vitesse angu-
laire 03 autour d'un axe instantané perpendiculaire à son
plan.
Soient, à cet instant, ae0, y0 les coordonnées du centre
instantané, x, y celles d'un point quelconque du système,
rapportées à deux axes rectangulaires fixes. Désignons
comme dans la première partie, nos 7 et 8, par X, Y celles
du centre de gravité; par R sa distance au centre instan-
tané; par r0 celle du point x, y à ce centre. — Il est clair
( 528 )
qu'après un instant dt le point x, y aura décrit autour du
centre instantané un arc wadt, et que les projections de
cet arc sur les axes seront :
dx = w {y — yQ) dl ; dy = — a(x — x0) dt ,
en supposant que la rotation positive ait lieu des Y vers
les X.
Les nouvelles coordonnées x\ y' du point x, y après
t h- dt seront donc :
x'=x h- «(y — y0)dt. y' = y — a(x — x0)dt.
En vertu de l'inertie, ce point conserverait , s'il était
libre, suivant les axes des X et des Y les vitesses respec-
tives.
*-, = « (y — !/o) , Vj, = — & — *«,) •
Il peut donc être considéré (n° 1) comme sollicité par
les forces :
dP* = o> (y — y0) dm ; d\yy = — « (x — xj dm ,
dont les résultantes pour tout le système sont :
( I ) K = cof(y - y0) dm = *>M (Y - y0).
(2) p; = _ w /'(x — ac0) dm = — *M (X — xa).
Ces dernières seront appliquées à des distances respec-
tives yî, et Xi', des axes, données par :
y , ' P*' = /V'<*P* = w/t'/ - w (•* — ^o) dt] (y — 2/J dm
= w f\fdm — :o?/0 YM — v!*dt/\x — x0) (y — y0) dm .
.,-,' Py' = fx'dVy'=—e,f[x -+- ce (y - yj d«] (.r - ar.) (/m
=i — eu fx "dm h- «£0XM — »adJ /'(y — y0) (x — 0Co) dm.
( 329 )
D'où le moment résultant :
(5). ^'IV-j/P/ ==«/(*' + y-)dm-»ll(y0Y + x0X)
= «I1 — uM(yJ -+-x0X),
I, désignant le moment d'inertie du système au temps t
autour de l'origine fixe, tandis que I continuera à repré-
senter le moment d'inertie autour du centre de gravité.
Le système peut donc être considéré comme sollicité ,
après t -h dt, par une force unique P', dont la ligne d'ac-
tion a pour équation :
(y — yî) (Y — y0) -*-(* — */)(x— x0) = o.
5. Déterminons maintenant au moyen des formules de
la première partie, nos 7 et 8, le mouvement que cette
force va imprimer au système.
A cet effet, commençons par chercher la distance du
centre de gravité à la ligne d'action de la force.
Après t h- dt les coordonnées du centre de gravité se-
ront : .
X' = X -*- ce (Y - y0) dt . Y' = Y — co (X — x0) dt.
La dislance cherchée sera donc :
, (Y'-^)(Y-VJh-(X'--x/)(X--x0)
r , =
R
En effectuant les réductions on trouvera :
I
r, = — constante.
1 M.R
Si nous appliquons les formules des nos 7 et 8 de la pre-
mière partie, nous obtiendrons pour la distance du centre
( 330 )
de gravité au centre instantané après t h- dt
I
R' = = R = constante ;
Mr.'
et pour la vitesse angulaire après t -h dt
PV,
i i
I
I
MR
a' = a = constante.
OU
4. La vitesse angulaire, ainsi que les distances respec-
tives du centre de gravité au centre instantané et à la
force étant constantes dans toute la suite du temps, on en
conclut aisément :
1° Que la force qui serait capable d'imprimer à chaque
instant, au système en repos, te mouvement qu'il possède
en vertu de l'inertie se conserve en grandeur, en direction
et en position dans toute la suite du temps;
2° Que le mouvement du centre de gravité est rectiligne
et uniforme ;
5° Que le lieu géométrique des positions du centre in-
stantané dans le plan matériel est un cercle qui a son centre
au centre degra vite du système , et dont le rayon est R = -^ .
4° Que le lieu géométrique des positions du centre in-
stantané dans V espace absolu est une droite parallèle à la
trajectoire du centre de gravité.
s
B. Système matériel plan sollicité par des forces continues agissant
dans son plan.
5. Si le système matériel plan, au lieu d'être aban-
donné à son inertie, est sollicité à chaque instant par une
( 531 )
force Q située dans son plan , et qui peut être fonction du
temps, de la vitesse et de la position du système, il suf-
fira (n° 1) que nous ajoutions aux composantes totales de
l'inertie, celles de la force donnée, pour obtenir toutes les
forces qui sollicitent le système.
Nous pourrons alors appliquer de nouveau les formules
de la première partie (nos 7 et 8).
Conservons les notations précédentes, et désignons en
outre par x{1 y{, les coordonnées au temps t d'un point
quelconque, rapportées à deux axes menés parallèlement
aux axes fixes par le centre de gravité, de sorte que :
x = xf -4- X; y — y1 + Y.
soient Qx dt et Qy dt, les composantes suivant les axes
fixes de la force unique extérieure qui sollicite le système
pendant l'instant dt , qui suit le temps /; Mdt son moment
autour du centre de gravité.
Les composantes de la force totale que sollicite le sys-
tème après t -h dt, seront (n° 2) :
(T) Rx = co\\ {Y - y,) + OJL
(2') R,= -u>M(X — x0) + Qsdt.
Et son moment autour du centre de gravité :
(3') M' = coI -+- M.d*.
6. Nous aurons donc pour déterminer la vitesse angu-
laire et la position du centre instantané après t -+- dt les
formules (lrc partie, n° 7) :
«M(Y'-y0') = wM(Y-y0)-i-QA
- »'M (X' - xQ') = - WM (X - x0) -4- Qydt,
W'I =wl -4- Midt,
( 332 )
d'où nous déduirons .
dt
d \ m (X — xa)\ _
du
I — «M..
Or, nous savons que w(Y — ?/0) et— w (X— ac0) sont les
composantes de la vitesse du centre de gravité; donc :
L'accélération du centre de gravité est la même que si
toutes les forces motrices y étaient appliquées et toute la
masse concentrée.
L'accélération angulaire est égale au moment des forces
motrices, pris par rapport au centre de gravité, divisé
par le montent d'inertie autour de ce centre.
7. Des deux premières équations précédentes, mises
sous la forme :
d2X d'Y ^
nous pourrons déduire X et Y en fonction de Q et de t.
Ces valeurs étant connues, la troisième équation nous
donnera celle de w. En effet, si nous nommons M le mo-
ment de la force par rapport à l'origine fixe, comme :
Mr = M — (YQ* — XQy),
nous connaîtrons M,, et par suite w en fonction de Q et
de t.
Enfin , substituant les valeurs de w, X et Y dans les
( 535 )
deux premières formules, nous aurons celles de x0? v/0,
coordonnées du centre instantané.
Pour obtenir le lieu géométrique de ses positions, il suf-
fira d'éliminer t entre les équations qui expriment ces
coordonnées.
8. Enfin, si l'on veut trouver le lieu géométrique des
positions du centre instantané dans le plan matériel lui-
même, en désignant par §, y, ses coordonnées rapportées
à deux axes du centre de gravité fixes dans le plan et mo-
biles avec lui, etparQ = fudl l'angle dont le système
*0
aura tourné après le temps t, on aura :
j-0 — X = C:cosQ— «jsinQ; ya — Y=f sin Q -4-jjcosQ.
Remplaçant dans ces équations x0, yu, X, Y et Q par
leurs valeurs en fonction de t, et éliminant cette variable,
on obtiendra le lieu cherché.
2° Mouvement d'un corps solide libre dans toute la suite
du temps.
A. Système ubandonné ci son inertie.
9. Nous avons vu (*) que sous l'influence d'un système
de forces réduites aux trois composantes P,, Py, P.., es-
timées suivant les axes principaux au centre de gravité,
et dont les moments estimés perpendiculairement à ces
axes sont M3, M2, M|, un corps libre prend au premier
O Première partie , nos 22-30. Nous ferons désormais la masse du corps
égale à l'unité pour simpliûer les formules; ou, ce qui revient au même,
nous rapporterons les forces, leurs moments et les moments d'inertie à
l'unité de masse.
c2me SÉRIE , TOME XXIV. 55
( 554 )
instant une vitesse angulaire w — l//*2 -+- /2 -+- k- autour
d'un axe dont les inclinaisons sur les axes principaux ont
des cosinus proportionnels à //, /, k; que
fc_Ï!. ,_*. *_*,
A ' B ' C
A, B, C désignant les moments de l'inertie principaux;
Que le corps se transporte en outre le long de l'axe
comme si toutes les forces étaient projetées sur sa direc-
tion ;
Que les composantes de la vitesse d'un point quelcon-
que, en vertu de ce double mouvement, sont :
V, = Vx -+- Iz - hj ; V, = Pv + kx — hz-, V_. = P, -f- hy — ix.
Enfin que l'axe instantané a pour équations :
Px -f- Iz — ky P;/ + kx — hz P, -+■ hy — h
h "= l = I~
10. Si donc nous supposons ce corps libre animé à un
instant quelconque t de la même vitesse angulaire w au-
tour du même axe, et de la même vitesse de translation le
long de cet axe, nous pourrons le considérer comme solli-
cité à cet instant par les mêmes forces P,, P,,, P.- de mo-
ments respectifs M3, M2, Mt.
Cherchons maintenant quelles seront les forces qui
ranimeront après t-h dt, en le supposant abandonné à son
inertie.
En vertu de celle-ci, chaque point, s'il était libre, con-
tinuerait à se mouvoir avec les vitesses respectives V«,
V,y, V., estimées suivant les trois axes principaux dans la
position qu'ils occupent à l'instant t; il peut donc être re-
( 53S )
gardé comme sollicité par les forces Vxdm, \ydm, Vgdm,
estimées suivant les mêmes axes.
Mais, afin de pouvoir appliquer à ces forces les théo-
rèmes énoncés au n° 9, il faut qu'elles soient rapportées
aux trois axes principaux, dans la nouvelle position qu'ils
occupent après t-hdt.
Nous devrons donc déterminer la direction des axes
principaux, dans cette nouvelle position, par rapport aux
axes primitifs regardés comme fixes dans l'espace. Il est
clair que, dans cette détermination, nous pouvons nous
dispenser de tenir compte du déplacement du corps le
long de l'axe instantané, puisque ce déplacement est com-
mun à tous les points du corps, et n'influe que sur la po-
sition de la nouvelle origine.
II. En ne considérant donc que le déplacement dû à
la rotation, et en prenant un point du corps situé sur Taxe
des Z à une distance z0 de l'origine, ses coordonnées après
t-h dt seront devenues, en vertu de ce déplacement seul :
(Jx = lz0dt'} dy = — hz0dt; z0 -+- dz = z0.
Ce point, joint à la position que prendra le centre de
gravité après t-hdt, en vertu de ce même déplacement,
déterminera la nouvelle direction de l'axe principal Z ; les
cosinus des inclinaisons de cetle direction sur les axes
primitifs seront donc :
(/, = /(// ; 6, -= — hdt ; Ci =. 1 .
On trouvera de même pour les cosinus des inclinaisons
des axes principaux Y et X, après l-hdt, sur les axes
primitifs :
a2 = — kdt ; b2 = 1 ; c2 — hdt, pour Y,
o3 = 1 ; 63 = kdt} cz = — Idl, pour X.
( 336 )
J2. Les vitesses du point x, y, z\ regardé comme libre,
estimées suivant ces nouveaux axes, après t + dt, seront
donc :
V; = a,\x -+- 63Vf + c3V, = V, -+- kVydt - IV Jt
= Px + h — hij + k [Py -4- foc — hz) dt — l (P, -+- hy — Ix) dt.
Y/ = a2Yx -t- 69Vy -*- CjVz = Vy — kVxdt -+- feVzefc
= Py+kx — hz — k (Vx+lz — ky)dt -t- h (Pz +hij — lx)dl.
V/ = fl^, +• 6«Vf -+- c,V, = \z -*- /V,df — /*V/to
= P, -+- % ■ Ix -h l (Px -t- te — %) rf« — ft (P, -t- foc — fez) dt
Ce point peut donc être considéré comme sollicité, après
t-\-dt, parles forces :
d?x' = Vx'dm ; dVy' = V/Aw ; rfPa' = V,'d»i ,
estimées suivant les axes principaux, dans la position
qu'ils occupent à cet instant.
Leurs résultantes pour tout le système , seront :
dP
i P/ = fVx'dm = Px -+- [kPy — 19;) dt ; d'où : — ^ = A-P, - lPz
1 dP
(1). / p; =f\y'dm = Py+(hPz— kVx)dt; d'où : —■* = /*P5/— AP,
I r/P
1 P/ == /" WJdm = P: h- (/P, — // Pf) dt ; d'où : — - = /P., -hP,
Les distances de ces forces aux plans principaux, dis-
tances que nous désignerons par :
i/3', *,' pour P/; z2,x2' pour P/, x/, y/ pour P/,
( 557 )
seront, en vertu de la composition des forces parallèles :
y./p; ^fydPJ = — (k -} hliU)fifdm ;
-;p; = y^/P; = (/ - hkdt)fz'dm.
x2'P/ == fxdVy = (k — hldt)fx*dm ;
za'Pf' =fzdPy' = — (A h- lkdt)fz\lm.
xl'PJ=J*xdPz' = — (/ -4- hkdt)fx*dm;
y,'Pz' =fyd\\' = {h — Ikdt) fy'dm;
tous les autres termes disparaissant, parce que les coor-
données sont rapportées aux trois axes principaux du
centre de gravité.
De là nous déduirons les moments de ces forces, après
t, -h dt, autour des axes principaux :
!M^ = yl'P:' — z2'Py = hj'(z1 + ji)dm -+- k!dtf(z7 —%f)dm
= A/i-4- (B— C) Ikdt.
M2' = z/Pc' — x/P:f= lf{x* -+- z*)dm + khdtf{xx — z)dm
) = Bl h- (C — A) M*.
\ Mt' = x2'P/ — y^P^kf^f -^xy)dm-+- Itldt f{if — x°)dm
= Ck-h{A — K)lildl(*). '
15. Si nous appliquons à ces forces les résultats établis
dans la première partie et rappelés au n° 9, nous en con-
O Dos formules (1) et (w2) nous pourrions déduire ce principe que le
système des forces qui seraient capables d'imprimer , à chaque instant .
au corps libre en repos , le mouvement qui l'anime en vertu de l'inertie,
reste identique à lui-même dans toute la suite du temps ; principe qui
n'est au fond que celui de la conservation du mouvement du centre de gra-
vité et du moment des quantités de mouvement. Mais, dans notre méthode,
il résulte avec une telle évidence de celui de l'inertie , que nous aurions
plutôt à le vérifier qu'à le démontrer.
( 558 )
durons que le corps prendra, après t-+-dt, une vitesse
angulaire déterminée par ses trois composantes :
*-£; ,_£. „-*,
A B C '
ou :
/ h'=h+-^- Ikdt; ï=l+^—^khdt; k'=k + — - hldt.
) A B c
(0)' , M B-C iU C-A dk A-B
d ou : — - = lk\ — = A7t ; — = A/.
v d* A dt B ' de C
Les cosinus des inclinaisons de l'axe, autour duquel
s'effectue cette rotation, sur les axes principaux, seront :
— 7 ; -7 ; —7 ; »' = V h'1 -+- /'2 -h A;'3.
W &J &)
Or, si nous formons les carrés des vitesses composantes :
B— C
k'* = h*+ 2 hlkdt;
C
5') <("=/' + 2^^JWiW«;
B
A T>
k'l = k°- -4- S—r-hlkdt;
nous trouverons, enchâssant les dénominateurs et faisant
la somme :
(4) A/*'2-+-Br h- Ck"=Mi2-^- B/' -+- C**== constante == F;
équation que l'on peut interpréter de cette manière :
L« vitesse angulaire, estimée autour de V axe invariable
du moment résultant , est constante dans toute la suite du
temps.
( 559 )
Si nous multiplions les formules (5') respectivement
par A2, B2, G-, et si nous faisons la somme, nous obtien-
drons :
(5) \'jr^nH'2^C2k'2^X'2lr^]Vr^C2k' =constante = G';
ce qui nous fournit une vérification de la constance du
moment résultant.
14. Il serait aisé de déduire de ces formules, en sui-
vant la môme marche que dans la première partie, le
théorème suivant :
A chaque instant la rotation s'effectue autour d'un axe
spontané parallèle au diamètre conjugué au plan du mo-
ment résultant dans V ellipsoïde central, arec une vitesse
angulaire proportionnelle à la longueur de ce diamètre;
et le corps se transporte le long de cet axe, comme si toutes
les forces étaient projetées sur sa direction.
On arriverait également à étendre au mouvement à un
instant quelconque, les théorèmes démontrés pour le mou-
vement initial (nos2o, 26, 28, 29, l" partie).
Il nous parait superflu de nous y arrêter. Mais il est
d'autres conséquences assez curieuses, et peut-être en-
tièrement neuves, qui peuvent se déduire de nos formules.
Si nous multiplions respectivement par h\ /', h\ les trois
formules (I), nous trouverons en faisant la somme :
h'[\; + /p; + k'\\' = w\\ + rp„ + kvz,
c'est-à-dire :
Dans le passage d'un instant quelconque au suivant, la
projection de la force sur l'axe spontané s'effectue comme
si ses composantes , estimées suivant les axes principaux à
( 540 )
ce premier instant, s'inclinaient arec ceux-ci, pendant
l'instant suivant, sans changer de grandeur.
En remplaçant, dans l'égalité précédente, P/, /*', etc.,
par leurs valeurs tirées de (1) et de (5), on trouve :
A (AF - Gs) K9X -+- B (BF - G2) lPy -4- C (CF — G*) kP = o,
ou :
(G) AA'ftP, -f- BB7Py -+- CC'A-P,= o,
en posant :
AF— G'=A'; BF— G2=B'; CF — G2=C.
Des formules (2) nous déduirons de même :
lïM,' -+- m,' -+- /*'MI' = Aî'3I3 -+- TM2 -*- //M, ;
c'est-à-dire :
Dans le passage d'un instant quelconque au suivant, la
projection du moment résultant sur un plan perpendicu-
laire à Vaxe spontané s'effectue comme si ses composantes ,
estimées perpendiculairement aux axes principaux à ce
premier instant, s'inclinaient avec ceux-ci, pendant l'in-
stant suivant, sans changer de grandeur.
Il est assez remarquable que si l'on remplace dans celte
formule M5,M3',etc, par leurs valeurs M, A (h-hdh), etc.,
on retombe sur l'équation connue (4):
\hdh+ Bldl + Clcdk = o,
dont on n'a pas donné, que nous sachions, cette interpré-
tation géométrique.
Les formules (I) donnent aussi :
(7). P/' -+- Py'3 -4- P/2 = Pxa -¥- P,2 -+- P,a = constante.
ce qui vérifie la constance de la force résultante.
( 341 )
Enfin, de la combinaison des formules (1) et (2), nous
tirons :
M3'P; + M/P/ + M'P/ = M3PX -h M2Py+ M,?, = constante.
En désignant cette constante par Q, la formule qui
précède pourra s'écrire :
(8) AAPa + B/P(/ + C/cP.. = Q.
On voit qu'elle résulte simplement de l'invariabilité de
la force et du moment résultants.
J5. L'analyse précédente nous a donc conduit immé-
diatement aux équations d'Euler (3), à toutes les proprié-
tés démontrées par Poinsot, ainsi qu'à d'autres que nous
croyons nouvelles, sans que nous ayons eu besoin de nous
appuyer sur les notions accessoires qui servent générale-
ment de base à la théorie du mouvement d'un corps solide,
savoir : celle des moments ou des couples, celle de la com-
position des rotations, et celle des forces centrifuges.
C'est qu'en effet notre méthode consiste simplement à
rechercher les composantes, suivant les axes principaux, de
toutes les forces qui sollicitent le corps à un instant quel-
conque; ces composantes étant connues en grandeur, en
direction et en position, les théorèmes établis dans la pre-
mière partie leur sont applicables, et fournissent à chaque
instant la position de l'axe spontané glissant, la transla-
tion le long de cet axe, et la rotation autour de ce mémo
axe.
1). Système sollicité pitr des forcea contenues.
16. Pour déterminer, dans ce cas, la loi du mouvement
du corps, nous n'avons qu'à ajouter aux composantes des
forces qui l'animent à un instant quelconque, en vertu de
( 542 )
l'inertie, les composantes des forces continues qui le sol-
licitent à cet instant; nous connaîtrons ainsi les compo-
santes totales des forces qui agissent sur lui, et nous dé-
terminerons son mouvement de la même manière que
nous avons déterminé son mouvement initial.
Or, si nous appelons w la vitesse angulaire autour de
l'axe spontané glissant après le temps t;
h l k
—■> —•> —
u co a
les cosinus de ses inclinaisons sur les axes principaux; si
nous nous donnons également la position de cet axe, et la
translation du corps suivant sa direction; ou bien, ce qui
revient au même, la vitesse de son centre de gravité en
grandeur et en direction; vitesse dont nous appellerons les
composantes V„ Vy, V_-; enfin, si Qx, Qg, Qz désignent
les composantes de la force accélératrice; L, M, N celles
de son moment; il résultera des formules du n° 12, que
les composantes totales des forces qui sollicitent le corps,
après t -f- dt, seront :
IV.) dt +■ Q,dt.
(a)
et leurs moments :
(&). N' = Mt -t- C/v -+- (A — B) hldt , etc.
d'où nous déduirons, puisque N' = C (k -+- dk) :
(c). — =N + (A — B) hl, etc.
Ctl
En intégrant ces équations (c), nous pourrons déterrai-
v;
= v,
+■
(*V,
v;
=v,
-t-
etc.
v;
= v.
■+-
etc.
( 5*5 )
ner la vitesse angulaire à un instant quelconque, ainsi que
la direction de Taxe spontané à cet instant.
17. Les équations de cet axe après t -h dt se détermi-
neront comme précédemment; et Ton trouvera, par la con-
sidération des lieux géométriques des positions de cet axe
dans le corps et dans l'espace absolu, que le mouvement
le plus général d'un corps solide, sollicité par des forces
quelconques, peut se réduire à celui d'une certaine surface
gauche, qui glisserait et roulerait en même temps sur une
autre surface gauche.
Cette propriété a été énoncée pour la première fois par
Poncelet, et n'a été démontrée jusqu'aujourd'hui qu'à
l'aide de toutes les ressources de la cinématique. A notre
connaissance, les équations de ces surfaces n'ont encore
été données par aucun géomètre. Nous y reviendrons dans
un prochain travail.
18. Nous venons de déduire cette propriété, ainsi que
quelques théorèmes, que nous croyons nouveaux, sur le
mouvement d'un corps libre, des seuls principes de la me-
sure et de la composition des forces, et de ce simple lemme
dont nous avons entrevu l'importance au point de vue de
cette théorie, à savoir :
Que le chemin élémentaire décrit par un point matériel
peut être considéré comme l'élément d'un arc qui serait
langent à ce chemin.
Des esprits philosophiques se demanderont peut-être
comment il se fait qu'en introduisant un élément curvi-
ligne au lieu d'un élément rectiligne, c'est-à-dire en pro-
cédant à l'inverse du calcul différentiel, notre méthode ait
pu gagner en simplicité.
C'est, nous semblc-t-il, parce que ces éléments curvi-
lignes qu'elle fait décrire aux différents points matériels
( 344 )
d'un système rigide, sont compatibles entre eux, et se ré-
duisent aisément à un mouvement unique; tandis que des
éléments rcctilignes sont incompatibles entre eux , à moins
qu'on n'ait un pur mouvement de translation.
Aussi avons-nous déterminé immédiatement le centre
ou l'axe spontané de rotation, tandis que les théories or-
dinaires ne déterminent immédiatement que le mouvement
du centre de gravité.
Dans les pages qui suivent, nous appliquerons la même
méthode au mouvement d'un corps gêné par des obstacles
fixes.
troisième partie. -*■ Théorie du mouvement d'un corps gêné.
1 . Un corps solide peut être gêné dans son mouvement ,
soit parce qu'il renferme un point ou un axe fixe, soit
parce qu'un ou plusieurs de ses points sont assujettis à se
mouvoir sur des surfaces ou sur des lignes données.
Dans ce cas, la méthode généralement adoptée consiste
à rendre le corps libre, en remplaçant ces points, ces
lignes ou ces surfaces par les réactions qu'ils exercent;
après quoi l'on écrit les six équations connues de l'équi-
libre ou du mouvement du corps, en y faisant entrer
toutes les forces qui agissent sur lui, y compris ces réac-
tions; et l'on cherche celles-ci au moyen des équations qui
sont superflues pour déterminer, soit la position d'équi-
libre, soit le mouvement.
Cette méthode est entièrement rigoureuse, cl nous
pourrions l'employer à notre tour; mais nous préférons
procéder ici comme nous l'avons fait dans le mouvement
( 543 )
d'un corps libre : d'un côté, afin de suivre partout une
marche uniforme; d'un autre côté, afin de contrôler
l'exactitude des deux solutions par l'identité des résultats.
Or, le mouvement d'un corps gêné devant être compa-
tible avec les liaisons, nous rechercherons, comme nous
l'avons fait dans les deux mémoires précédents, les com-
posantes des forces qui donneraient au corps, s'il était
libre, un mouvement spontané compatible avec les liaisons.
S'agit-il du mouvement initial, il suffira que nous écri-
vions que les forces extérieures se décomposent dans les
forces ainsi déterminées et dans les percussions subies par
les points, surfaces ou lignes fixes.
S'agil-il du mouvement à un instant quelconque, nous
joindrons aux composantes des forces extérieures qui
agissent à cet instant sur le corps, celles des forces qui
l'animent en vertu de l'inertie; et nous écrirons que toutes
ces forces sont équivalentes à celles qui animeraient le
corps à l'instant suivant dans son mouvement spontané
compatible avec les liaisons, et aux pressions subies par
les points, surfaces ou lignes fixes.
Nous n'insisterons pas sur ce procédé, qui consiste à
regarder toutes les forces qui agissent sur le corps pen-
dant un instant, y compris celles de l'inertie, comme pro-
duisant les pressions pendant cet instant, ainsi que le
mouvement du corps au commencement de l'instant sui-
vant, vérité qui nous semble de la dernière évidence.
Nous envisagerons particulièrement le mouvement d'un
corps solide :
4° Autour d'un axe fixe;
2° Autour d'un point fixe;
et nous étudierons successivement dans chaque cas :
a. Le mouvement initial;
( 346 )
b. Le mouvement du corps abandonné à son inertie à
un instant quelconque;
c. Le mouvement du corps sollicité par des forces con-
tinues.
o° Nous indiquerons enfin la manière dont notre mé-
thode peut s'étendre au cas où l'on voudrait tenir compte
du frottement.
1° Mouvement d'un corps solide autour d'un axe fixe.
A. JUoufetiient initiai.
2. Soit pris l'axe, fixé par deux de ses points, pour axe
des z; l'un de ces points pour origine; l'autre à une dis-
tance z de celle-ci.
Décomposons toutes les forces données en trois forces
uniques parallèles aux trois axes, et dont nous connaî-
trons les lignes d'action par deux de leurs coordonnés :
K, (y 3 >"?>); R,, K, *,); il, (a>\, //,)•
Nous aurons à séparer ces forces en deux classes : celles
qui produiraient un mouvement spontané autour de l'axe
des z; et celles qui produiront les percussions sur les points
fixes.
Désignons les composantes de ces dernières par px, py,
Pz'i P*\ Pv'i P*\ et 'a vitesse angulaire que prendra le corps
par w; et cherchons les composantes des forces qui donne-
raient au corps un mouvement spontané d'une vitesse w
autour de l'axe des z. Or, par la Théorie du mouvement
d'un corps libre (i™ partie, n° 15) (*), nous savons que ce
(") Voir les Bulletins de l'Académie royale de Belgique, 2111C série,
lomeXX, n° 8.
(547 )
mouvement sera produit par les deux forces Px(Yi,Zi");
F» (Xi , Zj'), si elles satisfont aux conditions :
Py = a fxdm. Px = — afydm.
Z/Py = a fxzdm. Z,"PX = — afyzdm.
X,Py = coJ'.r\lm. Y,PX = — w fy'dm.
En suivant donc la règle que nous venons d'énoncer,
nous écrirons :
(I ) Rx = PK -h px -4- #/ = — a fydm -f- px + p»'.
|2) R,, == Py -+- py -4- p,' = u/xiifii -i- p, -+- p/.
(3) Ra = pa ■+- p/.
(4) jr3Ry— y3Rx= X,Py — YIPI=<a/r2dm;ouN= «T.
(o) z3Rx — x,R,= Z"Px+z'py'\ ou:M= — ujyzdm+z'pj \
(G) y,Rz — z2Ry=— Z/Py— z'p/; ou : L= — a fxzdm — z'py'.
en désignant par L, M, N les moments des forces données
autour des trois axes.
On déduira :
N
de (4) : co= — •
de (3) : pz -+- pj = R..
de (i), (-2), (S) et (6): ;>,,/>/; py, p/.
2Ms. Pour qu'il y ait une percussion unique à l'origine,
il faut que pj et py' soient nuls, et par suite que :
M -+- afyzdm = o. L -+- u fxzdm = o. .
Si l'axe des z est principal pour l'origine, il faudra que :
L = o. M = o;
ce qui aura lieu, entre autres cas, si
R_ = o; £2 = o; r^ = o;
( 5i8 )
c'est-à-dire si les forces données se réduisent à un système
situé dans le plan des x, y.
Quant aux conditions qui doivent être satisfaites pour
que Taxe fixe n'éprouve aucune percussion, elles sont na-
turellement données par les équations mêmes du mouve-
ment spontané, que nous venons de rappeler. Nous n'y
reviendrons pas, si ce n'est pour faire remarquer que ce
mouvement spontané ne peut être produit par un couple
que pour autant que celui-ci soit perpendiculaire à un axe
principal du centre de gravité. On aurait donc tort de vou-
loir attribuer à un couple un mouvement de rotation au-
tour d'un axe quelconque, et l'on s'exposerait ainsi à de
longs détours (*).
o. Examinons en effet le cas où les- forces sollicitantes
se réuniraient à un couple. Des six formules précédentes,
les trois premières deviennent alors :
px -+- pJ = a f ydm.
Pu "+" Pu — — u / x^m •
p:-*-P;= o;
les trois autres ne changent pas.
On voit que, dans ce cas, il n'y aura pas de percussion
longitudinale, mais que les autres subsisteront générale-
ment.
Si l'axe passe par le centre de gravité, les percussions
(") Nous prierons le lecteur de comparer entre eux, dans la Théorie de
la rotation des corps, ire partie, ehap. Il, les deux alinéas des nos 61 et
64 qui commencent par: ainsi... Il verra que la recherche des conditions
du mouvement spontané conduit bien plut, sûrement aux résultats que la
décomposition des forces, à priori, en une résultante unique, un couple
perpendiculaire à Taxe, et un couple passant par cet axe.
( 349 )
se réduisent à un couple, ou à deux percussions normales
à l'axe, égales et contraires.
Comme dans le cas général , on verra qu'il y aura une
percussion unique à l'origine, entre autres cas dans celui
où l'axe est principal pour cette origine et où le couple
unique est perpendiculaire à cet axe.
Enfin, si ces deux conditions étaient remplies et que
l'origine fût le centre de gravité, l'axe ne subirait aucune
percussion.
5A'\ Afin d'être complètement édifié sur la percussion
qu'un couple produit toujours sur le point fixe (à moins
que ce point ne soit le centre de gravité), cherchons à dé-
terminer, d'une manière nette et précise, la raison de celte
percussion, dans le cas même où le couple agirait dans un
plan perpendiculaire à l'un des axes principaux du point
fixe.
Les équations du mouvement spontané autour de cet
axe, pris pour une des z, se réduiront dans ce cas (voir
\r 2) à :
Pj, = co i xdm = uMx0 ; Px = — a fydm = — wMy0.
Z/P,«o; Z/'Pr = o; X.P,, — Y,P, = N = ufr*dm = wl.
• D'où il résulte que le corps prendra un mouvement spon-
tané autour de cet axe, s'il est sollicité par une force
unique P = l/P*2 -4- P»2 = «Mr0, située dans le plan
principal XY (Z,' = Z," = o) , à une distance du point fixe,
pris pour origine, égale à p =— ; (puisque N = wï == T>p
= oMr0p);r0 désignant la projection sur XY de la dis-
tance du centre de gravité à l'origine. Ce mouvement spon-
tané n'est donc pas produit par un couple.
Or, si un couple N agit sur le corps perpendiculaire-
2me SÉRIE , TOME XXIV. 24
( 350 )
ment à l'axe principal, et que nous le transformions en un
autre équivalent, composé de deux forces, l'une P, égale
à la précédente en grandeur et en position, l'autre — P,
appliquée au point fixe, la première produira le mouve-
ment spontané du corps autour de l'axe, la seconde la
percussion sur le point fixe; et cette percussion est évi-
demment égale et contraire à la quantité de mouvement
du corps, supposé concentré en son centre de gravité
(P = coMr0).
Ce fait de la transformation du couple en deux forces
égales et contraires, l'une produisant le mouvement spon-
tané de rotation du corps autour de l'axe, l'autre passant
par le point fixe, ne donne-t-il pas la véritable raison de
la percussion subie par ce point? Et ne vient-il pas corro-
borer ce que nous disions (n° 2, fin), qu'on aurait tort de
vouloir attribuer au couple le mouvement de rotation au-
tour de l'axe, si celui-ci ne passe pas par le centre de
gravité?
B. Mouvement autotir d'un axe, à un instant quelconque, du corps
abandonné à son inertie.
A. L'axe de rotation étant encore pris pour axe des Z,
si nous désignons par « la vitesse angulaire du corps à un
instant quelconque t, chacun de ses points décrira pen-
dant l'instant dt un arc nrdt dont les projections sur les
axes X et Y seront :
dx = — aydt. dy = axdt.
De sorte que les coordonnées x, y de ce point seront
devenues :
x' = x — uydl. y' = y h axdt.
( 351 )
La force dont ce point, de masse dm, est animé en vertu
de l'inertie, après t-hdt, a pour composantes :
d\*y' = — aydm. dPy' = coxdm;
dont les résultantes pour tout le système seront :
M désignant la masse du corps, x0, y0 les coordonnées de
son centre de gravité.
Les lignes d'action de ces résultantes (jc,, -/ pour 9y' ;
y{ , zf pour P/) seront déterminées par :
x,Pj//= oifx'xdm= &> fx*dm — u^dt fxydm.
-,'P/= ofzxdm.
y'Px = — a fy'ydm — — eu fy'dm — u"d( fxydm.
z"Px= — ccfzydm.
Or, nous savons (n° 2) que les forces nécessaires pour
faire tourner spontanément le corps avec une vitesse co',
dans sa nouvelle position après t-hdt, sont déterminées
par :
Pj, = — cof x'dm = P/ — u'2dt J ydm.
Pa = — co j y dm = P/ — ta2dt f xdm.
Z/Py = tùfx'zdm = z/Py' — co'2dt fyzdm.
X1Py= coj^x'dm— xJPy — a'^dt fxydm.
Zi"Px = — cofy'zdm = z/'P,' — &/7(/f fxzdm.
Y,P, = — cofy'zdm = y,Px' — d*dtj xydm.
Écrivons que les forces, dont le corps est animé en
vertu de l'inertie, sont équivalentes aux précédentes, aug-
mentées des pressions produites par Taxe tixe pendant dt;
désignons ces pressions \vàrpxdt,p,jdt appliquées à l'origine,
( 352 )
p^dt.p'ydt appliquées au point z' sur l'axe (p* elp'£ seront
évidemment nuls puisqu'aucune des forces n'est dirigée
suivant Taxe); nous aurons :
(1,2) p; = p, + (Pj + Px) dt ; p; = pw -*- (pf + Py) dt.
(3) ar1P;-yIP/ = YIP,-XIPy,
(4, 5) z/p;= z/pf + z'P;dt. z-vx'= zf"p, -+- z>;<ie.
D'où nous déduirons en vertu des équations précédentes :
jo m'=çq en vertu de la relation (5).
Donc :
La vitesse angulaire reste constante.
2° En vertu des relations (1, 2), (4, 5) :
P* ■+■ p,' = tffxdm ; /?„ h- p/ = a2fydm.
z'pj — co2 fxzdm. z'py' = tffyzdm.
L'inspection seule de ces formules fait voir que les
pressions supportées par l'axe fixe proviennent des forces
centrifuges développées par la rotation.
On voit en outre que :
Pour qu'il y ait une pression unique à l'origine, il faut
que l'axe soit principal pour cette origine.
Pour que l'axe ne subisse aucune pression, il faut qu'il
soit un des axes principaux du centre de gravité.
(.. Itiowvetncnt autour {l'un uacc , à u« instant Quelconque, «lit enr/iH
sollicité jinr {les forces continues.
5. On vient de voir que, si le corps était abandonné à
son inertie, sa vitesse angulaire serait constante, et que
les pressions éprouvées par l'axe fixe se réduiraient à celles
qui proviennent des forces centrifuges.
( 555 )
Si le corps est en outre sollicité par des forces continues,
dont nous représentons les composantes, pour tout le sys-
tème, par Px, P„ P„ et les moments par L, M, N (*), ces
forces continues produiront pendant dt un accroissement
de vitesse rfco et des accroissements de pression ^ dt, etc.,
que nous déterminerons par les formules du mouvement
initial (n° 2, formules 1-6).
Nous aurons ainsi :
du ,* . du
N = — frdm = I — •
dt J dt
dco r
M = / yzdm ■+- zux.
dco r
L = — — / xzain — z cr„ .
dt J
dco r
dt J J
du r ,
\\j = -J-J Xdm + XSy -*- JSy .
P. = o. -+- or.'.
La première de ces formules détermine -rf-, d'où Ton
déduira w par l'intégration.
Les autres feront connaître les pressions longitudinales
et normales supportées par l'axe (ixe , en vertu des forces
continues qui sollicitent le système. Yeut-on avoir les
pressions totales, on y ajoutera celles qui proviennent du
mouvement du corps et que nous venons de déterminer;
(") Nous n'employons celle expression de moments que pour abréger le
discours ; on a vu (lre parlie) que nous n'y attachons aucun sens méca-
nique.
( mi )
en appelant p{ ,, etc., les composantes des pressions totales ,
on aurait ainsi :
P„ + pj = Pz + Ytfy(lm + sfxdm-
du
~dt>
P>y + P,»' = p* - Jifxdm + a*fydm-
Piz -*-pIZ' = Vs.
ztpia = M h Jyzdm -+- oa#y ejzcmw.
zI'piy'= L -+- — - fxzdm — vffyzdm.
Ces formules déterminent complètement la pression lon-
gitudinale, ainsi que les pressions normales supportées
par Taxe aux deux points où il est fixé.
Nous croyons inutile de nous arrêter à leur discussion.
2° Mouvement d'un corps solide autour d'un point fixe.
A. Mouvement initial.
6. Prenons pour origine le point fixe, et pour axes des
coordonnées les trois axes principaux du corps pour ce
point. Supposons les forces données réduites à trois forces
respectivement parallèles à ces axes :
Z(ap,-,y,); Y(a:2,z3); X(y3,s3),
les coordonnées entre parenthèses indiquant les lignes
d'action ou points d'application de ces forces.
Afin de pouvoir appliquer la méthode que nous avons
suivie précédemment, rappelons le théorème établi n° 261*,
à savoir : que lorsqu'une force agit sur un corps, fixé par
un seul de ses points, dans l'un des trois plans principaux
( 355 )
pour ce point, elle le fait tourner spontanément au pre-
mier instant, autour de Taxe principal perpendiculaire à
ce plan, comme si cet axe était iïze.
Réduisons donc nos forces X, Y, Z à trois forces res-
pectivement situées dans les trois plans principaux, et
appliquées dans ces plans aux mêmes points que les pré-
cédentes. Les conditions d'équivalence de ces deux sys-
tèmes seront, en appelant P,, P2, P3 les nouvelles forces
dans les plans XY, XZ, YZ; a, , (3, ; «g, y2, [33, y- les angles
qu'elles font avec les axes; et p{, jk2, p$ leurs distances à
l'origine :
X = P, cos a, -4- P, cas a2.
Y = P, cos p, -*- P3 cos p3.
Z = P., cosr, -+- P3 cos y.
N=-Y*, — Xy3 = PIp1.
M = Xz, - Zx, = Pap9.
L = Z//, — Yza = P3/;<.
D'après les nos 2 et 2"s la force P, produit autour de
l'axe des Z une vitesse angulaire
c c'
et à l'origine des percussions :
px' = P, cos a, -h ft fydm ; />/ = P, cos (3, — A; V xdm.
De môme la force P2 produira autour de Y une vitesse
angulaire :
= P3ps = M
B B'
et à l'origine des percussions :
px" = P2 cos «3 — // zc?»î ; p." = Pa cos ya -+- /y xe/m.
( 356 )
Enfin, la force P5 produira autour de X une vitesse an-
gulaire :
A A'
et à l'origine des percussions :
py'" = P3 cos (33 -+- hfzdm ; pj" — P3 cosy3 — /t / yrfm.
Nous aurons donc autour des trois axes les vitesses an-
gulaires respectives :
(.). ... /, = t. ,_«. 4_».
v ; A B C
A, B, C continuant à désigner les moments d'inertie
principaux; et suivant ces mêmes axes les percussions :
f px =X+ k/'ydm — Ifzdm = X -+- M [ky0 — fej.
(2). py =Y+ fc/zrfm — Aryxdm = Y h- M (foz0 — kx0).
{ pz = Z -+- l I xdm — h f'ydm = Z -h M (/x0 ■ — h/J0)-
7. Afin de nous faire, du mouvement du corps, une
idée plus simple que celle qui résulte de la considération
simultanée de ces mouvements autour des trois axes, cher-
chons à déterminer la vitesse linéaire de l'un quelconque
de ses points.
En nommant r„ ry, r: les distances respectives de ce
point aux trois axes, nous pourrons dire qu'il est animé
des trois vitesses hrx, lry, h\ respectivement parallèles aux
plans ZY, XZ , YX, et perpendiculaires aux droites rx, ry, r: .
Si donc nous projetons la vitesse kr: sur des parallèles
à X et Y, nous aurons, en désignant, par a l'angle que fait
rz avec X :
kr. cos (90° ■+- a) = — kr, sin a = — ky
(557)
pour la projection de cette vitesse sur X; et :
krz cos a = kx
pour sa projection sur Y.
De même la vitesse hrx nous donnera pour ses projec-
tions
sur Z : %; sur Y : — hz;
et la vitesse lrv pour ses projections
surX : h; sur Z : — Ix.
D'où résultent pour les vitesses composantes du point
suivant les trois axes :
(3). Vx = (z— ky. Vy = kx — hz. V, = luj — lx .
Or, il est manifeste que ces composantes sont nulles
pour tous les points qui satisfont aux relations :
x y z
Ti==zl=='k'
qui sont les équations d'une droite passant par l'origine;
donc :
Dans le mon cernent d'un corps autour d'un point fixe
il existe une droite immobile pendant le premier instant ;
cette droite est l'axe instantané.
Nous avons démontré dans la première partie (n° 27)
que le mouvement d'un point quelconque du corps est
un mouvement de rotation autour de cet axe, et que la
vitesse de ce mouvement est :
u = V]f -+- /' -\-k\
( 358 )
Quant aux inclinaisons de cet axe sur ceux coordonnées,
on voit, par ses équations, que leurs cosinus sont :
k l k
co co u
8. Nous ferons observer que nous arrivons ainsi aux
mômes résultats que dans le cas d'un corps libre sollicité
par un système de forces réductible à un couple unique (*),
à cela près que dans ce dernier cas Taxe instantané passe
par le centre de gravité, ce qui n'a pas généralement lieu
dans le mouvement autour d'un point fixe; et que, en outre,
celui-ci subit en général des percussions.
Pour analyser ces dernières, remarquons que les com-
posantes de la vitesse du centre de gravité peuvent s'écrire,
d'après les formules (5) du n° 7 :
V,' = lz0 — kya . Vy = kxB — hz0 . VJ = hyQ — lx0;
et que, par suite, les percussions deviendront : (form. (2),
n° 6)
ptr=X— MV«'. py = Y — MVy\ p*=Z — MV/.
On voit par là que les forces données sont, équivalentes
à la quantité de mouvement du centre de gravité et aux
percussions subies par le point fixe. Ces dernières pourront
être nulles, comme on voit, dans le cas particulier où les
composantes de la vitesse du centre de gravité seraient
précisément égales à celles des forces données, ou, ce qui
revient au même, dans le cas où la résultante de celles-ci
serait perpendiculaire à la direction de l'axe.
Ce résultat provient de ce que, dans ce cas, le système
des forces données ferait tourner spontanément le corps,
C) Voir première partie, q° 50.
( 559 )
supposé libre, autour du même axe, et de ce qu'en outre
le glissement du corps le long de l'axe spontané serait nul,
la résultante des forces lui étant perpendiculaire (*).
9. Si le système des forces qui sollicitent le corps se
réduisait à un couple unique, on décomposerait celui-ci
en trois couples perpendiculaires aux trois axes princi-
paux du point fixe; chacun de ceux-ci, en vertu du théo-
rème du n° 5, ferait tourner spontanément le corps autour
de Taxe principal qui lui est perpendiculaire.
Nous obtiendrions alors, de même que dans le cas gé-
néral, les trois vitesses angulaires
/* = -• / = -• 1-*
a' b' c'
d'où nous déduirions de même une rotation unique
Vh' -*- l* -+- k*
autour d'un axe instantané dont les inclinaisons sur les
trois axes ont pour cosinus
// l k
CO M Cû
Et, quant aux percussions subies par le point fixe, elles
seraient également données par les formules :
p.^ — MV/; py = — MVy'; p:=_MV',
V'*, V'y, V. continuant à désigner les vitesses compo-
santes du centre de gravité.
Ainsi dans le cas d'un corps sollicité par un couple
unique à se mouvoir autour d'un point fixe, celui-ci subit
( ' ) Voir première partie, nns 2o et suivants.
( 560 )
toujours une percussion égale et contraire à la quantité de
mouvement du corps. Cette percussion ne pourra donc être
nulle que si l'axe instantané passe par le centre de gravité,
ce qui ne peut avoir lieu que si la droite qui unit ce point
au centre fixe est un axe principal, et si le couple unique
lui est perpendiculaire.
IXous nous expliquons difficilement que Poinsot, après
avoir parlé de la percussion due à la résultante des forces
transportée à l'origine, oublie de mentionner explicitement
celle qui serait produite par le couple (*).
i>. Mouvement imtoiir d'un point fixe3 d'un corps solide itbiindonné à son
inertie.
10. Le corps ayant, à un instant quelconque t, une vi-
tesse angulaire dont les composantes autour des trois axes
principaux, mobiles avec lui, sont h, l, k, nous pourrons,
comme dans la deuxième partie (nos 16 et suivants) déter-
miner les forces dont il est animé, en vertu de l'inertie,
après t -h dt, et nous trouverons que leurs composantes
suivant les axes principaux, dans la position qu'ils occupent
à ce second instant, seront :
Pr =f\„dm. Py =f\, dm. P~ =J'M,dm ;
Vç, Vjj, Vv désignant les composantes de la vitesse d'un
point quelconque suivant les axes mobiles à cet instant,
composantes qui ont pour valeurs :
Vs = Zç — hv, — k (k% — hï) dt -+- / (hif — /?) dt.
Vy = A;- - hK—h (ki — /§) dt -*- /v(/£ — kij) dt.
V, = /iy -/§ — /( /c — kv) dt -+- h(k% - M) dt.
( ') Voir Théorie de la rotation des corps, 2,1K' partie, n° 5.
( 561 )
Remplaçant dans les expressions précédentes, et appe-
lant £„, *,, Ço les coordonnées du centre de gravité rap-
portées aux axes mobiles, nous aurons :
/ PC;= M j K - h0 - a%dt -+- h (fê0 + k0 + ftj dt j .
( 1 ). ] P„ = M j kl;- lie- coX<lt -+- / (AÇ0 + K + kK0) dt j .
(pç = M { h0 — lï0 — ^lQdl -* k (/if0 + fc0 + &£„)<*« | .
Pour les moments de ces forces autour des axes princi-
paux, nous trouverons les mômes expressions que dans la
deuxième partie (n° 19), c'est-à-dire :
/M/ = a--f-(A — K)hldt.
(2) ] Ma' = B/ -+- (C — A) hkdt.
[M3' = Ah-*-(B — C)kldt.
11. Nous pouvons actuellement considérer le corps
comme étant sollicité, dans sa position actuelle et à l'état
de repos, par ces forces; et par suite, appliquer les formules
du mouvement initial (n° 6).
Nous aurons ainsi les vitesses angulaires :
d'où résulte que //, /, k auront reçu des accroissements :
(2) dh = — - hldt ; <U = --^ hkdt ; dk = -=- hldt.
A B t.
Nous arrivons donc aux formules mêmes du mouvement
d'un corps libre abandonné à son inertie. Seulement, dans
le cas qui nous occupe, l'axe instantané passe toujours par
le point (ixc : les lieux géométriques de ses positions dans
le corps et dans l'espace sont en conséquence des cônes;
(562 )
et la représentation géométrique du mouvement se fera
tout naturellement dans ce cas au moyen des cônes rou-
lants de Poinsot; théorie bien connue et à laquelle nous
ne nous arrêterons pas.
12. Déterminons enfin les pressions subies par le point
fixe, et qui seront en vertu des formules (2) du n° 6 :
p,dt = ï>,+M(k\-l'c0).
piJdt = P11+M(h%0--k%).
pydt = Pt + M(/'|0 -h'
•<o>
En vertu des formules (1) et (2) des noS (10) et (11), ces
expressions deviendront :
p€ = M | — e*eo+A(«0+l*0+*ço)+A (^=5 fc0— ^ tt0j |
Pc == M ! - «■ç0-+-*(*ç0-*-l»0+ttQ)-*-* (-y- *€•- — j~ ^o)
Chacune de ces trois forces se décompose en deux par-
ties susceptibles d'une interprétation fort simple.
Si nous désignons par r0 la distance du centre de gravité
à l'origine; par ao, (30, y0 les cosinus des inclinaisons de
celte droite sur les axes, par a, (3, 7 ceux des inclinaisons
de l'axe instantané, par z l'angle de ces deux droites, et
enfin par o0 la distance du centre de gravité à l'axe, les
deux premiers termes de chaque composante pourront
s'écrire :
Mfti'r0 (— a0 -+- a cos e) ;
Ma3r0 (— (50 h- p cos f) ;
Me*r0 (— y0 -*- ycose);
( 363 )
d'où faisant la somme des carrés :
MVr0a (1 — cos2*-) = M Vr02 sin2e = MVe?0a.
Ainsi les deux premiers termes de chaque composante
proviennent d'une force Mw-i, c'est-à-dire de la force cen-
trifuge de la masse entière supposée concentrée en son
centre de gravité.
Quant aux derniers termes de chaque composante, ils
sont évidemment égaux et de signes contraires aux com-
posantes de l'accélération du centre de gravité, multipliées
par la masse.
Les pressions supportées par le point lixe seront donc
toujours nulles, si ce point est le centre de gravité.
Les premiers termes de ces pressions seront encore nuls
dans le cas où l'axe instantané passerait par le centre de
gravité, sans que celui-ci fût le centre fixe.
Les seconds, enfin, le seront aussi dans le cas où l'axe
de la nouvelle rotation introduit après dt passerait par le
centre de gravité.
Veut-on retrouver les mêmes termes au moyen de la
théorie de Poinsot, on dira que les premiers proviennent
du transport des forces centrifuges à l'origine, et les se-
conds du couple centrifuge; nous savons en effet (n° 9)
qu'un couple qui agit sur un corps doué d'un point (i\e
produit sur ce point une percussion égale à la quantité de
mouvement qu'il communique au corps supposé concentré
en son centre de gravité.
Jci encore, nous ferons remarquer que Poinsot men-
tionne explicitement la pression produite par les forces
centrifuges transportées au point fixe, mais passe sous
silence celle qui est due au couple accélérateur (*).
(*) Voir Rota/ion des corps , 2n,c partie, n° 15.
( 564 )
C. Mouvement autour d'un point fijrc , d'un corps sollicité pur des forces
continues .
\ 5. Dans ce cas, il suffira évidemment que nous joignions
aux forces qui animent le corps à un instant quelconque en
vertu de l'inertie, les forces extérieures qui agissent sur lui
à cet instant.
Si nous désignons par Q-^dt, Qydt, Q^dt; Ntdt, Nstff, "S-dl
les composantes et les moments des forces extérieures rap-
portés aux trois axes principaux du point fixe à l'instant
considéré, nous aurons pour les sommes des composantes
des forces et des moments, par les formules (1) et (2) du
n* 10 :
Pc -4- Qft(//; P^ -+- Qqdt; P, -+- Q^dt.
M/ -f- Ntdt\ 31/ -+- N2dt ; M?)' -f- N3e/f.
D'où résulteront, en nous rapportant aux mômes for-
mules, des accroissements de vitesse angulaire :
(th=Nslt-\ kldt.
3 A
dl = N2r/£ -+- ~ hkdt.
\ g
1» = ^* + hldt.
C
et des pressions suivant les trois axes :
( ) / </£ dl
p, = Qf + M -«'£,-+- A(M. i ko+kQ j + (*, - - Ç. jt
Vvi = % + elc-
Pr. =Q?. -f" CtC.
( 565 )
On voit immédiatement que ces pressions résultent :
1° Des forces motrices extérieures;
2° De la force centrifuge de la masse concentrée en son
centre de gravité;
5° De l'accélération de ce dernier point.
Dans la théorie des couples cette dernière est due au
couple accélérateur des forces centrifuges et à celui des
forces extérieures. On voit de nouveau que ces deux cou-
ples produisent des pressions sur le point fixe, excepté
dans quelques cas tout particuliers auxquels nous nous
sommes suffisamment arrêté dans ce qui précède.
14. Nous venons de signaler, dans cette Théorie, s\ clas-
sique, de la rotation des corps, quelques imperfections que
notre méthode nous a fait remarquer; nous pourrions en
indiquer d'autres encore.
Est-ce à dire que nous en rendions la théorie des cou-
ples responsable? Non sans doute. Elle est rigoureuse, lu-
cide, élégante; et, bien appliquée, elle conduira aux résul-
tats que nous venons d'exposer, et auxquels on arrive du
reste par l'application directe du principe de d'Alembert.
Comment se fait-il donc que Poinsol ait commis, en
l'appliquant, non pas des erreurs, mais des négligences?
C'est, pensons-nous, parce que, préoccupé du cas le plus
simple pour sa théorie, il a étendu, au mouvement d'un
corps autour d'un point fixe, les résultats qu'il n'avait éta-
blis que pour le mouvement de rotation d'un corps autour
de son centre de gravité (*); de sorte qu'un lecteur peu
(*) En veut-on une preuve irrécusable? Le principe, invoqué par Poin-
sol dans la seconde partie, n' 5, § 2, où il s'occupe aussi bien de la rotation
autour d'un point fixe, que de la rotation autour du centre de gravité; ce
principe ne peut être que le corollaire II, n° 46, de la première partie, qui
2rae SÉRIE, TOME XXIV. 25
( 366 )
attentif s'imaginerait qu'un couple produit dans les deux
cas un pur mouvement de rotation, sans percussions sur le
point fixe, et que celles-ci ne sont jamais dues qu'au trans-
port des forces en ce point.
Aussi est-ce dans le but d'éviter, à ceux qui étudient
la mécanique, des erreurs ou des doutes, que nous nous
sommes permis ces remarques sur un ouvrage qui n'en
reste pas moins, à part quelques lacunes qu'on supplée
facilement quand on l'a bien compris, un chef-d'œuvre de
netteté, de précision et de profondeur.
o° Application de la méthode aux problèmes dans lesquels
on tient compte du frottement.
15. Il n'entre pas dans notre intention de traiter, dans
ce travail, des questions de mécanique appliquée. Nous
voudrions montrer seulement de quelle manière notre
méthode doit être appliquée aux cas où Ton voudrait
avoir égard au frottement, en considérant celui-ci comme
une force qui s'exerce au contact, proportionnellement à
la pression normale, et en sens contraire du mouvement
que le corps tend à prendre sur la surface sur laquelle
il s'appuie. Rien n'empêche de traiter le problème, dans
ces conditions, comme un problème de mécanique ration-
nelle.
n'est applicable qu'au mouvement autour du centre de gravité. En vain en
chercherait-on un autre analogue. Et c'est là ce qui pourrait faire croire
qu'un couple ne produit pas plus de percussion sur un point tixe que sur
le centre de gravité, quoique l'on puisse aisément découvrir le contraire
dans Poinsot lui-même, entre autres passages, au n° 59 de la première
partie.
( 367 )
Ici se présente tout d'abord une question qui a été con-
troversée, et que nous allons chercher à résoudre : les pres-
sions normales doivent-elles toujours se déterminer de la
même manière, qu'il y ait, ou non, frottement? Et dans la
négative, comment se trouvera-t-on dans chaque cas?
La première partie de la question doit évidemment se
résoudre négativement, en envisageant le frottement dans
les termes posés plus haut; cette force, en effet, quoique
purement passive, influe, en détruisant une partie des
forces actives, sur les pressions que celles-ci peuvent
exercer sur des surfaces fixes.
Prenons pour exemple le cas d'une échelle sollicitée par
la pesanteur, et s'appuyant contre deux murs, l'un hori-
zontal , et l'autre vertical; elle exercera sur eux des pres-
sions d'où naîtront des frottements — fcl — f ; détruisons
ceux-ci par l'introduction de deux nouvelles forces fel f,
qui leur soient égales et directement contraires. N'est-il pas
clair qu'alors les pressions seront les mêmes que si, tout
d'abord, il n'y avait pas eu de frottement, puisque les
forces P, — f, — f, f, f, qui agissent sur la barre, se
réduisent à la seule force P. Or, si l'on prétendait que cette
force P exerce les mêmes pressions, qu'il y ait frottement
ou non, il s'ensuivrait que les forces introduites f et f
n'auraient aucune influence sur les pressions, ce qui est
faux en général.
En admettant donc qu'il faille déterminer les pressions
d'une manière différente, si l'on fait abstraction du frotte-
ment ou si l'on en tient compte, cherchons par notre mé-
thode comment devront se faire ces déterminations.
16. Dans le premier cas, on commencera par chercher
quel est le système de forces capable de donner au corps
un mouvement spontané compatible avec les liaisons; on
( 568 )
décomposera ensuite le système des forces données en
deux autres : le premier, équivalent au précédent, et le
second, auquel seront dues les pressions supportées par
les surfaces fixes. Les deux systèmes d'équations ainsi ob-
tenues, jointes à celles des liaisons, détermineront le mou-
vement du corps, et les pressions cherchées.
Ainsi, pour reprendre l'exemple précédent, supposons
une barre cylindrique homogène , placée entre deux murs
et sollicitée par son poids; cherchons le mouvement qu'elle
prendra, et les pressions qu'elle exercera sur les murs, en
supposant qu'il n'y ait pas de frottement, et que la barre
ne soit pas en mouvement à l'instant considéré.
Le mouvement compatible avec les liaisons est ici une
rotation de la barre, autour du point d'intersection des
normales, élevées aux deux murs, aux points d'appui. On
trouvera aisément qu'une force F capable de donner à la
barre cylindrique homogène le mouvement spontané, se-
rait perpendiculaire à la droite qui unit le contre instan-
tané au milieu de celle-ci, et appliquée en un point de
droite distant du centre instantané d'une quantité égale
aux deux tiers de la longueur de la barre.
Pour résoudre le problème, on décomposera le poids P
en deux forces, Tune agissant suivant F, l'autre passant
par le centre instantané; celte dernière, décomposée sui-
vant les perpendiculaires aux murs, donnera les pressions
normales; la composante suivant F fera mouvoir sponta-
nément la barre avec une vitesse angulaire égale au mo-
ment de cette composante ou de la force P, autour du
centre instantané, divisé par le moment d'inertie de la
barre autour du même centre.
17. Dans le second cas, c'est-à-dire, si l'on tient compte
du frottement, il est évident que les forces extérieures, qui
( 569 )
agissent sur le corps, jointes aux frottements, doivent,
hormis le cas de l'équilibre, produire un mouvement spon-
tané compatible avec les liaisons.
On déterminera donc encore le système des forces ca-
pables de ce mouvement spontané; et, en écrivant que les
frottements sont égaux aux pressions normales inconnues,
multipliées par les coefficients de frottement, on décom-
posera le système des forces données et des frottements
en deux autres : l'un, équivalent au premier, l'autre, qui
se décomposera exclusivement dans les pressions nor-
males. On connaîtra donc celles-ci, ainsi que les gran-
deurs des forces capables d'imprimer au système un mou-
vement spontané compatible avec les liaisons, et par suite
la vitesse de ce mouvement.
Pour qu'il y ait équilibre strict, il suffira de poser la
vitesse égale à zéro.
Appliquons cette méthode à l'exemple précédent.
Désignons par b, h, l les trois cotés du triangle rectangle
formé par la barre, et les intersections des murs par un
plan vertical passant par celle-ci; par a l'angle opposé à
la hauteur h; par P le poids de la barre appliqué en son
milieu; par Y' et — X' les pressions supportées par le mur
horizontal et le mur vertical ; par KY' et R' X' les frotte-
ments contre ces murs; enfin, prenons pour unité de
masse celle de l'unité de longueur de la barre.
La force qui est capable de lui donner un mouvement
spontané, d'une vitesse angulaire w, autour du centre
instantané, sera déterminée, au moyen de ses compo-
santes X et Y et de son moment N autour de ce centre,
par les équations :
X = ul^sina. Y=-wf'cosa. N = - w/3.
2 2 3
( 370)
Écrivons maintenant que le poids él les frottements
produisent, sur la barre, ce même mouvement spontané,
et sur les murs les pressions Y' et — X'; il faudra, pour
cela, que nous ayons :
P — A'X' = Y -+- Y'.
— kY = X — X'.
1 fcP _ k'X'b — kY'h = N.
Ces trois équations déterminent X', Y' et ».
Si l'on veut connaître la position de l'équilibre strict,
on fera a = o, et l'on pourra déterminer, au moyen des
mêmes équations, X', Y7 et ty<*.
18. Nous ne nous arrêterons pas à la discussion des ré-
sultats, qui sont les mêmes que ceux que l'on obtient par
la méthode ordinaire, ni aux applications de la nôtre à
d'autres cas particuliers.
il nous suffît d'avoir indiqué le procédé général, que
nous croyons devoir être suivi dans l'application de notre
méthode aux problèmes où l'on tient compte du frotte-
ment; et nous ne pensons pas que ce soit ici le lieu d'exa-
miner les critiques qui ont été adressées au procédé ordi-
naire, dans son principe ou dans ses résultats; peut-être
les discuterons-nous ailleurs (*).
Toujours est-il que, après avoir cherché, sans parti pris,
une solution fondée exclusivement sur notre méthode,
nous sommes arrivé aux mêmes conclusions que la mé-
thode généralement adoptée.
(") Voir Annales du génie civil, année J8G7, n" 8.
( 371 )
CLASSE DES LETTRES,
Séance du 74 octobre 1867.
M. Roulez, directeur.
M. Ad. Quetelet, secrétaire perpétuel.
Sont présents : MM. Grandgagnage, Paul Devaux, De
Decker, Snellaert, Haus, M.-N.-J. Leclercq, Polaiu, Duc-
peliaux, le baron Kervyn de Lettenhove, Cbalon, Ad. Ma-
thieu , ïhonissen, Th. Juste, Defacqz, Guillaume, mem-
bres; Félix Nève, Alpli. Wauters, correspondants.
CORRESPONDANCE.
Le secrétaire perpétuel annonce les pertes que l'Aca-
démie vient de faire par le décès d'un de ses associés,
M. Mittermaier, de Heidelberg, et par celui d'un de ses
membres les plus actifs et les plus estimés, M. le baron Jules
de Saint-Génois, membre titulaire de la Compagnie depuis
1846, décédé à Gand , le 13 septembre dernier, à l'âge de
cinquante-quatre ans.
M. De Decker, qui s'est rendu, lors des funérailles, l'in-
terprète dès douloureux regrets de la Compagnie, dépose
( 372 )
sur le bureau le discours qu'il a prononcé; ce discours
sera inséré au Bulletin de la séance. Le même membre
informe ses confrères que M. de Saint-Génois a légué à
l'Académie une somme de 1,000 francs, destinée à insti-
tuer un prix littéraire, qui sera décerné par la classe des
lettres. Une copie aullientique du testament sera adressée
à la commission administrative, afin que celle-ci, d'accord
avec M. De Decker, agissant comme exécuteur testamen-
taire, prenne les mesures requises pour régulariser cette
dotation.
— M. De Busscher, secrétaire de la commission chargée
de publier la Biographie Nationale, prie le secrétaire per-
pétuel d'inviter la classe des lettres à procéder à l'élection
d'un membre, afin de remplir, au sein de celte commis-
sion, la place devenue vacante par le décès de M. de Saint-
Génois. Cette élection sera mise à l'ordre du jour de la
prochaine séance.
— M. le Ministre de l'intérieur fait don à la bibliothèque
de l'Académie du tome Ier du Recueil des coutumes des
pays, duché de Luxembourg et comté de Chiny, édité par
M. M.-N.-J. Leclercq, comme membre de la commission
chargée de la publication des anciennes lois et ordon-
nances, ainsi que d'un exemplaire du Mémoire couronné,
du à M. Ch.Van Cauwenberghe, lauréat du concours uni-
versitaire de 1865-1866. — Remercîments.
— Le même haut fonctionnaire soumet à l'appréciation
de l'Académie le projet d'inscription destinée à être placée
sur le piédestal de la statue équestre de Baudouin de
Constantinoplc, à Mons. Cette inscription est renvoyée à
( 575 )
l'examen de MM. R. Chalon, le baron Kervyn de Letten-
hove et Ad. Mathieu.
— MM. le comte de Montalembert et A. Bogaers, de
Rotterdam, tous deux associés de la classe, remercient
l'Académie pour l'envoi de ses dernières publications.
— Des remercîments analogues sont adressés à la Com-
pagnie par l'Institut impérial de France, la Bibliothèque
royale de Berlin , la Bibliothèque royale de Stuttgart, la
Bibliothèque royale de Dresde, la Société royale des anti-
quaires du Nord, la Société historique de Gratz, l'Aca-
démie impériale d'Arras, la Bibliothèque de l'Université
de Leide, etc., etc.
— M. le baron Kervyn de Leltenhove l'ait hommage du
tome III des Chroniques de'Froissart, qu'il vient d'éditer,
comme membre de la Commission chargée de publier la
Collection des grands écrivains du pays. — Remercîments.
RAPPORTS.
MM. De Decker et Polain rendent compte d'un travail
de M. Ferd. Loise traitant du théâtre en Espagne, et faisant
suite au Mémoire sur la poésie espagnole, dont la classe
a déjà ordonné l'impression. Conformément aux proposi-
tions faites par les rapporteurs, ce nouveau travail est éga-
lement admis pour l'impression et formera le complément
du travail précédent.
( 374 )
COMMUNICATIONS ET LECTURES.
Charles de Lannoy, vice-roi de Naplcs, et Charles-Quint;
par M. Théodore Juste, membre de l'Académie.
Charles-Quint avait une prédilection avouée pour ses
compatriotes, disons les Belges, les Néerlandais et les
Francs-Comtois. Celte préférence se manifesta surtout
dans les commencements de sa longue domination. De-
venu roi des Espagnes et empereur d'Allemagne, il ne se
lie complètement ni aux Espagnols ni aux Allemands.
C'est ce qu'un ambassadeur vénitien constatait en 1525.
« Les Espagnols, disait-il, ne peuvent souffrir que les
Flamands soient dans lin limité de l'empereur, qu'il ne se
lie, pour le service de sa personne, à d'autres qu'à eux, et
qu'ils aient un accès toujours libre auprès de lui, tandis
que les Espagnols ne l'ont point. » Au rebours de l'Es-
pagne, les Pays-Bas étaient très-affectionnés à leur prince.
« L'esprit de ce pays à l'égard de son prince, dit le même
ambassadeur, est excellent. Tous l'aiment beaucoup. »
Des huit conseillers que Charles-Quint avait à celte
époque, quatre étaient des Flamands, tandis que les Es-
pagnols n'étaient qu'au nombre de deux. On désignai!
comme Flamands le comte Henri de Nassau, quoiqu'il fut
né à Siegen, le bourguignon Poupet de la Chaulx, Adrien
de Croy, seigneur de Beauraing et du Rœulx, et Charles
de Lannoy.
Ce dernier est le plus renommé, non-seulement pour sa
( 575 )
participation à de mémorables événements, mais parce
qu'il était devenu à certains égards le favori du jeune em-
pereur. De là contre lui une jalousie et des préventions
qui, aujourd'hui encore, n'ont, ce semble, rien perdu de
leur vivacité. Récemment un historien français, d'une
grande popularité, le traitait très- mal. Flamand sans
talent, disait-il avec un suprême dédain. Plus prudent ,
plus réservé, un célèbre historien allemand se contente
d'affirmer que c'était un homme d'une capacité ordi-
naire.
Je n'ai point le dessein de faire ici le panégyrique de
Charles de Lannoy. Mais à des appréciations qui me
paraissent erronées, à des biographies incomplètes et
inexactes, je voudrais opposer une étude fondée sur les
documents contemporains et authentiques, qui, de nos
jours, ont été exhumés, retirés des archives où ils étaient
ensevelis. Au moyen de ces correspondances nous pour-
rons pénétrer dans la familiarité de Charles-Quint el de
son favori; nous pourrons saisir leurs pensées les plus se-
crètes et constater sûrement les sentiments élevés de l'un
en même temps que le dévouement profond et intelligent
de l'autre.
1.
Charles de Lannoy, né à Yalenciennes vers 1487, était
fils de Jean de Lannoy, seigneur de Maingoval, mort en
1498, et de Philippine de Lalaing.
On n'ignore pas que Lannoy était une terre située dans
la chàtellenie de Lille. Senzeilles, dont Charles de Lannoy
porta longtemps le titre, était une autre seigneurie qu'il
possédait dans l'Entre-Sambre-et-Meuse. Après son ma-
riage avec Françoise de Montbel, il acquit encore, dans le
( 576 )
Brabant, le domaine de Steynockerzeel, où il eut sa prin-
cipale résidence (1).
Depuis l'émancipation du petit-lîls de Maximilien d'Au-
triche , en 1515, Charles de Lannoy était attaché, comme
grand écuyer, à la personne du jeune souverain et faisait
partie de son conseil (2). En 1516 il fut au nombre des
vingt-trois chevaliers de l'ordre de la Toison d'or, que les
hérauts proclamèrent, en présence de Charles d'Autriche,
dans l'église Sainte-Gudule à Bruxelles. Imposante so-
lennité, véritable consécration de l'avènement du jeune
prince, qui était le droit héritier des anciens ducs de Bour-
gogne.
Ce prince, réservé à de si hautes destinées, devient l'em-
pereur Charles-Quint. Attaqué par François Ier, il conduit
les troupes des Pays-Bas contre ïournay,que les Fran-
çais occupaient depuis 1518. Charles de Lannoy était à
ses cotés (5). Tournay capitule le 2 décembre 1521, et
Lannoy y entre le surlendemain en qualité de gouver-
neur.
(1) « ... Si est ce que la maison de Lanoy est grande et célèbre en
Flandres; et les Espagnols luy donnaient le nom de Dom Carlos, lequel
Dom ne se donne pas à de petits et bas compagnons et seigneurs. » Bran-
tôme, Capitaines estrangers, lrt' partie.
(2) Une relation italienne, citée par Ranke, définit en ces termes les
attributions du grand écuyer : « Quand le prince quittait le palais, alors
commençaient les fonctions du grand écuyer, dont la mission spéciale ét;iit
de surveiller les hérauts d'armes, les trompettes, les selliers, les gardeurs
des tintes, les chevaux et les mulets, surtout lorsque le prince se prépa-
rait à un tournoi ou à une bataille. Dans ces occasions, le grand écuyer
armait le prince de ses mains et le désarmait à son retour; dans les mo-
ments du plus grand danger, il ne quittait pas sa personne. »
(5) Sommaire des voyages de Charles V, par Jean Vandc Nesse, MS. de
la bibliothèque de Bourgogne, u" lo869.
( ->77 )
Ce n'était qu'un acheminement vers une plus haute
dignité. Charles-Quint avait appris presque en même temps
la mort de don Raimond de Cordona, son vice-roi dans le
royaume de Naples, et la fin presque soudaine du pape
Léon X. Tandis qu'Adrien d'Utrecht, ancien précepteur
de l'empereur, était élevé à la chaire de Saint-Pierre,
Charles de Lannoy recevait la succession de Raimond de
Cordona. L'empereur lui donna encore une plus haute
marque de confiance en le désignant comme l'un de ses
exécuteurs testamentaires dans l'acte qu'il signa à Bruges,
le 25 mai 1522(1).
La nomination de Charles de Lannoy, un Flamand,
comme on disait alors, au poste éminent de vice-roi de
Naples, fut diversement appréciée. Dans une lettre écrite
de Marino, le 9 juillet 1522, à Marguerite d'Autriche, le
cardinal Colonna félicitait l'empereur de cette nomination
qui, disait-il, avait fait plaisir en Italie. En même temps
le cardinal se disculpait des calomnies répandues contre
lui-même. [1 protestait contre la réputation qu'on lui avait
faite d'être français (partisan de la France), ce qu'il tenait,
selon ses expressions, à plus grande injure que si on l'eût
appelé hérétique ou schismatique (2). Mais Gaspard Conta-
rini , qui résidait près de Charles-Quint en qualité d'ambas-
(1) « ... El pour l'accomplissement do nos dicts teslamenl et ordonnance
de dernière volonté, avons dénommé et dénommons pou.' exécuteurs mes-
sire Henry, comte de Nassau, sieur de Breda, nostre grand chambellan ;
messire Charles de Lannoy, sieur de Salnzelles, nostre viee-roy de Naples,
et grand escuier; messire Anlhoine de Lalaing, comte de Hoochslraete,
nostre second ehambcllain, chevalier de nostre ordre; frère Jean Gl; pion,
nostre confesseur, et Laurent du Blioul, sieur du Sart, greffier de nostre
ordre, nostre premier secrétaire et audiencier.... » Papiers if Étal du car-
dinal de Granvelle, 1er vol , p. ^55.
(2) Documents historiques, MS, vol. II. (Archives du royaume).
( 378 )
sadeiir de la république de Venise, tout en rendant justice
aux qualités du nouveau vice-roi, le dépeignait comme un
dangereux ennemi de l'Italie. « Le vice-roi, écrivait-il (1),
est un ancien serviteur de la maison de l'empereur, et rem-
plit la charge de grand écûyer, qui est très-honorée. Il est
d'un naturel colère et fort sobre, non-seulement pour un
Flamand, mais encore pour un Espagnol, en supposant
qu'il fut de cette nation. Dans son langage, je l'ai trouvé
prudent et adroit, tellement qu'il me parut avoir modéré
son emportement habituel. En apparence, il se montre
affectionné aux Italiens; mais, en réalité, il les déleste, et
il n'a pas tenu à lui que l'empereur ne s'entendit avec le
roi de France pour la ruine de l'Italie. »
II.
Lorsque Charles de Lannoy prit possession de la vice-
royauté de Naples, les Français étaient repoussés de la
LombarJie. Au mois de novembre 1521, secondés par les
troupes pontificales, les Impériaux avaient repris Milan et y
avaient établi François Sforza. Vaincus à la Bicoque, le 29
avril suivant, les Français durent reculer jusqu'aux Alpes.
Le 51 octobre 1522, Charles-Quint marquait à Lannoy
son contentement et lui donnait de sa main des témoi-
gnages de son affection. « Si vous pouviez, lui écrivait-il ,
être en deux lieux, par souhait je vous aurois souvent par
devers moi (2). » Le 10 janvier suivant, Charles-Quint
réitère ces témoignages. Il sait bien, dit-il, que Lannoy a
(1) Monuments de In diplomatie vénitienne, par M. Gachard , p. 67.
(2) Charles-Quint à Lannoy, de Valladolid, 31 octobre 132:2. — Lanz ,
Correspondent des Kaiser Karl V, t. Ier, p. 74.
(579 )
trouvé un grand désordre par de là, et que celui-ci n'a pu
y remédier sans faire des mécontents; maissi, à cette occa-
sion, des rapports désavantageux lui étaient adressés,
Lannoy doit savoir qu'il n'est accoutumé de croire à la
légère. « N'ayez point regret de votre absence de moi,
poursuit-il; vous m'êtes toujours présent (1). »
François Ior se disposait à passer les monts lorsque la
trahison de Charles de Montpensier, connétable de Bour-
bon, vint menacer la France. Le plus puissant et le plus
redoutable des vassaux de la couronne ayant noué des
intelligences secrètes avec l'empereur et avec son frère,
l'archiduc Ferdinand, des négociations furent entamées à
Londres. Bourbon était représenté à ces conférences mys-
térieuses par son chambellan , M. de Chàteaufort; l'empe-
reur, par son ambassadeur, Louis de Praet; Henri Mil,
par le cardinal Wolsey. En juillet et en août 1525 furent
arrêtés les articles d'une ligue offensive et défensive entre
l'empereur Charles-Quint, le roi d'Angleterre, l'archiduc
Ferdinand d'Autriche et le duc de Bourbon. Louis de Praet
les transmit à son souverain par une lettre du 9 août.
Bourbon jurait de servir Charles-Quint envers et contre
tous, sans exception, à condition que l'empereur lui don-
nerait en mariage sa sœur Éléonore d'Autriche, veuve du
roi de Portugal, ou , à son défaut, sa sœur cadette, Cathe-
rine d'Autriche. Le mariage devait être célébré à la fin du
mois dans la ville de Perpignan (2). L'empereur conduirait
en personne ou du moins ferait marcher une bonne et
(1) Cliarles-Quinl à Lannoy, de Valladolid, 10 janvier 15:23. - Lanz, t Ir,
p. 77.
(2) Bourbon, on ne l'ignore pas, n'obtint ni Éléonore ni Catherine
d'Autriche.
( 580 )
grosse armée contre Narbonne, au plus tard à la fin d'août,
et passerait ensuite dans le pays ennemi. Dix mille piétons
allemands, soldés par l'empereur, seraient mis à la dispo-
sition du connétable huit jours après qu'il les aurait requis.
De même, à la fin du mois d'août, le roi d'Angleterre
débarquerait en Normandie avec une autre armée, qui y
serait assistée par les gentilshommes et les serviteurs du
connétable. L'archiduc Ferdinand était compris dans cette
ligue offensive et défensive, et aucun des trois princes,
ensemble ou séparément, ne pourrait faire aucun accom-
modement, si le connétable en était exclu.
Une convention particulière fut conclue avec Henri VHL
Bourbon, avec ses adhérents, amis et alliés, devait aider
Henri VIII à recouvrer tous les droits, titres, possessions
et seigneuries qui appartenaient autrefois aux rois d'An-
gleterre, et qui étaient maintenant occupés parle roi de
France. Incontinent après la descente du roi d'Angleterre
ou de son lieutenant en France, Bourbon était tenu non-
seulement de se déclarer ennemi du roi François et de
ses alliés, mais aussi d'assister et de faire assister, autant
que possible, le roi d'Angleterre. Si le roi François atta-
quait l'armée anglaise, Bourbon devait lui livrer bataille
et le combattre à outrance. Toutes ces clauses furent ac-
ceptées par le connétable, sauf l'article qui lui prescrivait
d'aider Henri VIII à recouvrer les anciennes possessions
de ses ancêtres en France. Il allégua, du reste, que cet
article était implicitement compris dans les termes géné-
raux de la ligue (1).
(1) Documents historiques, MS., t. II (Archives du royaume). — Négo-
ciations diplomatiques entre la France et V Autriche durant les trente
premières années du seizième siècle , t. II, pp. 589-592.
( 381 )
Menacé dans son royaume, François Ier conûa à l'amiral
Bonnivel le soin de reconquérir le duché de Milan , tandis
que Lautrec défendrait la frontière de Guyenne. Prcsper
Colonna, plus que septuagénaire, soutint les efforts des
Français contre Milan. Il avait appelé à son aide le vice-
roi de Naples, et celui-ci s'avançait, lentement, à la vé-
rité, avec quatre cents lances et deux mille fantassins. Si
la famine était dans le camp des Français, la trahison
s'était glissée dans Milan.
Le 50 août 1523, François Sforza informait le gouver-
nement des Pays-Bas que, le 21, retournant à Milan, il
avait fait demeurer sa garde à cheval à une petite distance
derrière lui, à cause du sahle, et qu'il cheminait sur une
mule lorsque survint par derrière, monté sur un cheval
assez grand et haut, un nommé Boniface Visconti, lequel
le frappa d'un coup de poignard à l'épaule, et que ce coup
manqua, car il ne fut pas atteint de la pointe, mais du
tranchant près du manche. L'assassin, connaissant très-
bien les chemins, s'enfuit; quant à ses complices, plu-
sieurs furent arrêtés. On apprit d'eux que si le duc avait
succombé, le projet des conjurés était de s'emparer du
palais de Milan, de crier France, et de livrer la ville aux
Français (1).
Loin de reprendre la capitale de la Lombardie, les Fran-
çais se retirèrent vers le Tésin. Prosper Colonna, malade,
pressait chaque jour le vice-roi de Naples de se rendre à
Milan. Mais Lannoy, par considération pour cet illustre
capitaine, différait son arrivée. On prétend même qu'il
n'entra dans Milan qu'après la mort de Prosper Colonna,
(!) Documents historiques, MS., t. II (Archives du royaume).
2mc SÉRIE, TOME XXIV. 26
( 382 )
survenue le 50 décembre 1525. Prenant alors le comman-
dement, il rendit de nouveaux services par sa fermeté et
sa dextérité (1).
Les Français avaient évacué l'Italie, et Bourbon, avec
le marquis de Pescaire et Hugues de Moncade, attaquait
la Provence. Lannoy, resté en arrière pour contenir le
marquis de Saluées, allié de François Ier, attendait les
ordres de Charles-Quint. Le 16 janvier 1524, l'empereur
recommandait à son frère, l'archiduc Ferdinand, d'exa-
miner si, par Tintelligence qu'il entretiendrait avec Bour-
bon, et avec l'aide de l'armée d'Italie qui marcherait en
avant, il ne pourrait, dans la saison prochaine, entre-
prendre la conquête du duché de Bourgogne (2). Vaine
espérance , car elle ne fut nullement justifiée par les succès
des Impériaux. Bayonne leur avait échappé; Henri VIII
s'arrêtait à onze lieues de Paris,et Bourbon échouait devant
Marseille.
Les Français, François 1er à leur tète, reprirent alors
le chemin du Milanais, et Charles-Quint décida que le
connétable de Bourbon le suppléerait comme son lieute-
nant en Italie. Informé de celle résolution par le seigneur
de Beauraing ( Adrien de Crov) , Charles de Lannoy, alors
(1) « .... Le vice-roi m'écrit que, depuis sa venue au duché (de Milan),
on y a trouvé le tout en désordre, à cause de la longue maladie et du
trépas du sieur Prosper (Colonna) » Marguerite d'Autriche à Charles-
Quint, 21 février 1324. Lanz, t. I , p. 91. — « Le séjour du vice-roi
en Lombardie est lrès-nécessa"re; il y pourra servir tant pour la conduite
des affaires d'Italie, qu'il connaît, que pour assister Rourbon lorsque
celui-ci aura pénétré en France » Adrien de Croy à l'Empereur, 5 mai
132i. Lanz , t. I, p. 134.
(2) Charles -Quint à son frère, de Vitloria, 1 G janvier I32i. Lanz , t. 1 ,
p. 83.
( 383 )
à Milan , répondit qu'il obéirait à Bourbon comme à la per-
sonne même de l'Empereur, et il réitéra cette déclaration
dans une lettre adressée à Marguerite d'Autriche (1). Après
avoir entendu Beauraing et lu la lettre que l'Empereur lui
avait écrite de sa main, Lannoy répondit à Charles-Quint
lui-même (de Milan, 2o janvier 1524) qu'il obéirait à
M. de Bourbon, selon que lui avait dit Beauraing, et qu'il
lui rendrait tous les services en son pouvoir. Il ajoutait que
don Hugues de Moncade était arrivé avec M. de Bourbon,
et qu'il allait conférer avec eux. Il disait encore que, s'il
n'avait pas eu égard aux instances du duc de Milan , à la
maladie de Prosper Colonna et aux prières du duc de Sessa ,
ambassadeur impérial à Rome, il serait maintenant dans
l'Apulie pour y mettre les fortifications en meilleur état,
car il redoutait une attaque des Turcs contre le royaume
de Naples. Du reste, il avait des espions à Constantinopie,
et il communiquerait à l'Empereur ce qu'il apprendrait (2).
Charles Quint se garda bien de froisser l'amour-propre
de Lannoy. « Toute notre principale affaire (espérance),
lui écrivait-il le 2 mars, consiste (repose) maintenant et
pour toute cette saison sur notre armée de par delà, là où
vous êtes tant de gens de bien, princes, vaillants capi-
taines et nobles personnages. Votre venue y a été plus
que heureuse et nécessaire (5). »
(1) Marguerite d'Autriche à Charles-Quint, 21 février lofîi. Lnnz, J,
p 91.
(2) Corrcspondence of the emperor Charles V, etc., from ihe original
letters in the impérial family archives at Vienna, edited by W. Bradford
(London, 1850, in-8°, p. 9o).
(3) Charles-Quint à Lannoy, de Vitloria, 2 mars lo2i. Lanz, I , p. 97.
( 384 )
III.
Rejoint à Pavie par Pcscaire, qui était accouru de la
Provence avec la cavalerie et l'infanterie espagnole, Lannoy
s'était dirigé vers Milan. Mais une partie des habitants se
déclara pour la France et ouvrit les portes à François Ier,
tandis que Lannoy se trouvait à Lodi avec l'armée impé-
riale. Après avoir renforcé les garnisons de Corne et
d'Alexandrie, il se retira à Sonzino avec François Sforza
et le connétable. De son côté, François Ier marcha contre
Pavie, où commandait Antoine de Leyva. Jean Stuart,
duc d'Albany, avec un autre corps d'armée, fut envoyé
contre le royaume de Naples, alors sans défense. Il était
dangereux pour les généraux de Charles-Quint de sou-
tenir en même temps la guerre dans le Milanais et dans le
royaume de Naples. Clément VII, le successeur d'A-
drien VI (1), après avoir lui-même traité avec les Fran-
çais, exhorta le vice-roi à suivre son exemple. Lannoy,
s'il faut en croire Guicciardin, penchait pour la paix et
voulait se retirer dans le royaume de Naples lorsque Pes-
caire fit prévaloir d'antres résolutions. « Il fallait, disait-il ,
mépriser le péril du royaume de Naples et s'attacher
uniquement à la guerre de Lom hardie dont le succès de-
vait décider du sort des Français en Italie. » Lannoy se
laissa convaincre; il envoya le duc de Trajetto à Naples
avec mission d'engager les barons à défendre le royaume,
(1) Adrien VI mourut le 1-4 septembre 1525. Le cardinal Jules de
Médicis, élu le 18 novembre suivant, lui succéda sous le nom de Clé-
ment VII.
( 385 )
cl il écrivit à Rome qu'il ne voulait écouter aucune pro-
position de paix (1).
En s'obstinant devant Pavïc, le roi de France allait
réaliser les prévisions de Pescaire. Antoine de Le} va, ce
capitaine goutteux, maladif, mourant, qui combattait
« porté en chaire comme s'il eût été à cheval (2) » accom-
plit des prodiges. Déjà le siège durait depuis trois mois lors-
que, le 5 décembre 1 524, Lannoy écrivit à l'Empereur qu'il
avait bon espoir que le roi de France ferait devant Pavie
ce que fit l'armée impériale devant Marseille, et beaucoup
moins encore. « Vous êtes grand, ajoutait-il, et plus que
vos alliés ne voudraient. Vous me pardonnerez ce que je
vous en dis. Et plut à Dieu que je pusse vous parler, non
que je pense être si sage que de vous savoir bien con-
seiller; car où sont tant de gens de bien , je ne saurais dire
chose qui profitât et que Votre Majesté n'entende mieux
que je ne saurais penser; mais je satisferais à l'amour que
j'ai pour votre service (5). »
Le 17 janvier 1525, Lannoy mande de Lodi à Margue-
rite d'Autriche que le connétable de Bourbon, parti na-
guère pour l'Allemagne afin d'en ramener des troupes,
était arrivé au camp depuis sept jours, et que George de
Freundsberg, capitaine général des lansquenets, s'y trou-
vait aussi. L'archiduc Ferdinand serait également venu en
Italie s'il n'avait été obligé de s'opposer aux pratiques du
duc de Wurtemberg, qui agisssait dans les intérêts de la
France et qui était appuyé par les paysans luthériens (4).
(1) Histoire d'Italie, liv. XV, chap. III et IV.
(2) Brantôme, Capitaines étrangers (édition de 1699), t. Ier.
(3) Correspondes des Kaiser Karl. V, I , p. U8.
(4) Dans une lettre datée d'Inspruck , le 14 mars 1523, l'archiduc,
après avoir exprimé le regret de n'avoir pu se trouver personnellement en
Italie, avertit Charles-Quint (pie les affaires de Luther s'aggravent telle-
( 586 )
Lannoy et les autres généraux avaient décidé qu'ils
partiraient le 21 ou le 22 janvier pour donner bataille aux
Français. e Confiants en Dieu et dans la juste querelle de
l'Empereur, et dans le bon vouloir que montrent tous
nos gens, nous espérons, disait Lannoy, que Dieu don-
nera victoire à Sa Majesté. » Il ajoutait que le connétable
aussi montrait la ferme résolution de l'aire service à l'Em-
pereur. « Je lui fais et lui ferai, disait-il, tout l'honneur
qu'il me sera possible, car il le vaut (1). »
L'armée impériale se mit en mouvement le 25 janvier
pour s'approcher de Pavie et forcer les Français à lever
le siège. Le 10 février, Lannoy informe l'ambassadeur im-
périal en Angleterre qu'il espère obliger les Français
d'accepter la bataille ou de se retirer. « Nous sommes si
près les uns des autres, ajoute-t-il, que les gens des deux
camps peuvent se voir (2). »
En effet, Lannoy, parti, avec l'armée impériale, de
ment que, dans l'Empire, il n'était question que de cela, non-seulement
dans les villes mais parmi les paysans, lesquels s'assemblent par mille et
dix mille, disant qu'ils ne donneront à leurs seigneurs que ce qui leur
plaira ; que la loi divine et évangélique ne permet pa s qu'ils soient ainsi en
sujétion, et, en résumé, qu'ils veulent être libres. Les premiers rassem-
blements ont eu lieu en Alsace et dans le comté de Ferrelte; depuis ils
ont tellement augmenté et en tant de lieux que l'on porte à deux cent mille
le nombre de ceux qui ont conspiré et se sont confédérés; ils ont fait
bourse commune et sont assurés de quelque artillerie, que le duc de Wur-
temberg doit leur donner; ce qui est cause que les propres sujets de
l'archiduc, même dans le comté de Tyrol, font en partie ce qu'ils veulent,
et que c'est à grande peine qu'il peut en être maître. Correspondenz des
Kaiser Karl V, p. 154.
(1) Le vice-roi à Marguerite d'Autriche, de Lodi, 17 janvier 1525.
Captivité de François Ier, recueil de documents publiés par Champollion-
Figeac, p. 47.
(2) Le vice-roi au sieur de Praet. Ibid., p. G'2.
( 587 )
Laurago, le 4 février au matin, était venu déployer ses
tentes près de Pavie, à deux milles du camp du roi de
France. Mais déjà une agitation inquiétante se manifestait
parmi les Impériaux : ils réclamaient, avec des murmures
menaçants, leur solde arriérée. Le vice-roi aussi se plai-
gnait et du manque d'argent et du retard qu'éprouvaient
les lettres de change qui auraient du venir d'Espagne. Le
10 février, il avait besoin de cent mille écus au moins, et
encore cette somme ne suflirait-elle pas pour payer tout
ce qui était dû aux piétons (1). La situation du vice-roi
devenait terrible. Il n'avait repos ni jour ni nuit, et, pour
soutenir l'armée, personne ne venait à son aide, à l'ex-
ception du marquis de Pescaire, lequel avait donné tout
ce qu'il avait pu trouver. Déjà le vice-roi avait engagé tout
ce qu'il possédait, de telle sorte qu'il vint un moment où
il ne lui resta plus vingt ducats pour vivre (2). Cette situa-
tion ne pouvait se prolonger.
Les généraux impériaux devaient ou attaquer le roi de
France dans son camp, ou faire un accommodement, car
leurs troupes étaient sur le point de se débander. Us pri-
rent le premier parti. Le 23 février, vers minuit, l'armée
impériale se mit en marche, et les généraux firent rompre
en trois endroits le mur du parc de Pavie, pour assaillir
les Français. La bataille fut livrée le lendemain.
Nous n'avons pas à raconter ici toutes les péripéties de
cette bataille, qui ne dura pas même deux heures, et où
(1) Le vice-roi à Marguerite d'Autriche, 5 février 15-25. Docum. hisl.,
t. 111 (Archives du royaume).
(2) Guillaume de Hane, secrétaire du vice-roi, à l'audiencier et greffier
de Tordre de la Toison d'or, du camp près Pavie, 18 lévrier 1525.
Documents historiques, 1. 111 (Archives du royaume).
( 388 )
huit mille Français, dit-on, laissèrent la vie. Bornons-
nous à rappeler impartialement le rôle de Lannoy dans ce
furieux combat. Il commandait un des corps uniquement
composés d'Allemands; Bourbon commandait l'autre; le
marquis del Guasto avait sous ses ordres six mille hommes
de diverses nations, Allemands, Espagnols et Italiens; les
troupes espagnoles proprement dites obéissaient au mar-
quis de Pescaire. « Les Français, dit Guicciardin, furent
d'abord contraints de plier sous le feu de la mousqueterie
espagnole; mais le Roi, combattant avec une extrême va-
leur, soutint le choc jusqu'à l'arrivée des Suisses, dont
l'effort, secondé par la cavalerie qui prit les Espagnols en
flanc, les fit reculer à leur tour. Aussitôt le vice-roi vole
au secours de Pescaire, avec l'infanterie allemande; les
Suisses, oubliant leur ancien courage, sont mis sans peine
en déroute.... Cependant François ior, au centre de la ba-
taille, environné d'une foule de gendarmes, s'efforçait de
soutenir ses troupes; malgré la chute de son cheval, qui
fut tué sous lui, et deux blessures qu'il reçut à la main et
au visage, il se défendit encore longtemps (1).... » Enfin,
des clameurs à la fois joyeuses et terribles retentirent dans
le camp des Impériaux : Victoria! Victoria! Espagne! Es-
pagne! Le Roi est pris! C'est le Roi! Oui, François Ier
allait être contraint de se rendre. Blessé, presque étouffé
sous le poids de son cheval, cerné par les mousquetaires
espagnols qui ne le reconnaissaient pas, il allait succomber
si le vice-roi de Naples n'était survenu avec quelques
Français. Ceux-ci dirent au roi : « Sire, nous vous con-
naissons bien; rendez-vous afin de ne vous faire tuer;
(1) Histoire d'Italie, liv. XV, chap. V.
( 589 )
vous voyez bien que vous n'avez point de suite, que vos
gens s'enfuient et que votre armée est défaite. » Alors le
roi leva la bande de son heaume, n'ayant pour ainsi dire
plus de souffle ni d'haleine, lira son gantelet et le remit
au vice-roi. Lannoy lui baisa la main et le reçut prison-
nier au nom de l'Empereur. On lui ôta son casque et on
lui donna un bonnet de velours (1). Trompettes, clairons,
tambourins, fifres annonçaient la victoire, tandis que le
roi de France était promené dans tout le camp, puis con-
duit à la tente du vice-roi, autour de laquelle se pressaient
officiers et soldats (2).
On rapporte que François Ier fut ensuite transféré, avec
le plus grand respect, au monastère de San Paolo. Lors-
qu'il se mit à table pour souper, le vice-roi de Naples lui
offrit à laver et tint le bassin; le marquis del Guasto lui
versa l'eau, et la serviette avec l'essuie-mains lui furent
présentés par le connétable de Bourbon. Le monarque
(1) Relation contemporaine de Sébastien Moreau, de Villefrauche, ré-
férendaire général du duché de Milan, dans les documents publiés par
M. Champollion-Figeac (Captivité de François Ier , p. 80). — Une autre
relation contemporaine, la lettre de l'ambassadeur du pape à Venise (Let-
terede Principi, t. Ier, loi. loi v"), fournit d'autres détails. M. de Sismondi
(Histoire des Français , t. XVI , p. 237) , les retrace en ces termes : a .. .. l'n
gentilhomme du duc de Bourbon, les uns disent La Molhe , d'autres Pom-
péran, arriva et reconnut le roi : il courut au vice-roi Lannoy , qui le sui-
vait de près et l'amena assez à temps pour sauver cet important prison-
nier.... On le tira de dessous le cheval qui l'accablait; on lui dit que le
vice-roi était près de lui ; alors , pour la première fois , il parla , il confessa
qu'il était le roi, et il se rendit. On le désarma aussitôt, et on lui trouva
deux petites blessures, au visage et à la main.... »
(2) François Ier dit lui-même dans ses poésies (Captivité , p. 12i) :
Parmi le camp en tous lieux fuz mené,
Pour me montrer ça et là pourmené...
C 390 )
prisonnier voulut avoir à sa table Lannoy et le marquis
del Guasto. Pescaire, étant arrivé pendant le repas, reçut
aussi très-bon accueil (J).
Le lendemain le château-fort de Pizzighitone reçut le roi
de France, sous la garde de don Fernando de Alarcon, vieux
capitaine espagnol, en qui Lannoy avait toute confiance.
Ce fut de Pizzighitone que François Ier écrivit à Louise de
Savoie, sa mère, pour lui annoncer qu'il était prisonnier.
Il ajoutait : « Pour vous faire savoir comment se porte
» le reste de mon infortune, de toutes choses ne m'est de-
» meure que l'honneur et la vie qui est sauve (2). »
Comme il se trouvait dans une grande pénurie, le vice-roi
de Naples lui prêta une somme d'argent, qui ne fut rem-
boursée que l'année suivante.
IV.
Le 25 février, au matin, Lannoy rédigea la dépêche qui
devait faire connaître à Charles-Quint la grande victoire
remportée par ses troupes. « Nous donnâmes hier la ba-
taille, disait-il, et plut à Dieu nous donner la victoire,
laquelle fut suivie de sorte que avez le roy de France pri-
sonnier, et luy en mes mains. » Un messager de haut
rang, le commandeur don Rodrigue de Penalosa, qui avait
vu la bataille, était chargé de donner à l'Empereur tous les
détails que celui-ci pourrait désirer. Mais Lannoy voulut
attester lui-même les services rendus par les autres géné-
(1) Relation du commandeur Otlavio Ballada,qui se trouvait à Pavie
durant le siège , citée par Rey, dans son Histoire de la captivité de Fran-
çois Ier (Paris, 1837, in-8°, p. -23).
{■>) Cbampollioii-Figeac, Captivité, etc., p. 129.
( 591 )
raux. « M. de Bourbon s'est bien acquitté (telles étaient
ses expressions) et a fait bien bon devoir. Le marquis de
Pescaire vous a bien servi ; il a mis sa personne là où bon
chevalier la pouvait mettre pour parvenir à la victoire; il
est blessé en trois endroits. Le marquis del Guasto s'est
fort bien acquitté. Antoine de Leyva vous a servi, comme
vous l'avez vu ., en défendant Pavie quatre mois contre le
roi de France, ce qui a été cause de votre victoire. » Lan-
noy pressait son maître de profiter immédiatement de ce
grand succès, et il le conjurait de faire connaître sans re-
tard ses intentions. Il croyait, lui, que l'Empereur ne trou-
verait jamais une meilleure occasion pour prendre ses
couronnes d'Italie; car il n'était dépendant d'aucun des
princes de cette contrée, et ceux-ci ne pouvaient plus
s'appuyer sur le roi de France, puisqu'il était prisonnier;
d'un autre côté, il ne devait redouter aucune attaque
contre l'Espagne depuis que Catherine d'Autriche, sa
sœur, avait épousé le roi de Portugal (Jean III) et que le
fils du roi de Navarre avait été fait également prisonnier
sur le champ de bataille de Pavie. Il l'engageait donc à
venir en Italie, et il allait en conséquence préparer une
flotte pour l'y amener. Il ajoutait, avec une familiarité à la
fois gracieuse et loyale : « Sire, je crois qu'il vous sou-
vient que M. de Beersel disait que Dieu envoie aux hommes
en leur vie une bonne août, et que, si on la laisse passer
sans la cueillir, il y a danger qu'on ne la retrouve plus. »
Enfin , il avait sorn de rappeler à Charles-Quint que c'était
le jour de Saint-Malhias, — jour de votre nativité, di-
sait-il,— que Dieu lui avait donné la victoire (1).
(1) Le vice-roi à Charles-Quint (Du camp là où le roi de France ëlait logé
devant Pavie, le 25 février 1525). Lanz, t. 1, p. 150.
( 392 )
Le soir,Lannoy écrivit une seconde dépèche. Il infor-
mait l'Empereur que le roi de France lui avait parlé de sa
prison, en manifestant l'espoir qu'il avait en la vertu du
vainqueur : « Sire, poursuivait Lannoy, vous êtes bien
tenu à Dieu de vous avoir donné votre ennemi entre vos
mains; je mettrai peine d'en faire si bonne garde que je
vous en rendrai bon compte. » Il signalait de nouveau les
grands services rendus par ses collègues et demandait
instamment que l'Empereur leur témoignât sa gratitude.
Pour le marquis de Pescaire notamment, il sollicitait la
Toison d'or et le comté de Carpi (1).
D'autres lettres furent adressées presque en même
temps par Lannoy à Marguerite d'Autriche, gouvernante
des Pays-Bas, et par George de Freundsberg à l'archiduc
Ferdinand (2).
Dans la Flandre, le pays natal de Charles-Quint, les
premières nouvelles de la grande victoire de Pavie avaient
d'abord rencontré beaucoup d'incrédules. [1 fallut que, par
une lettre du 15 mars, adressée aux président et conseil-
lers du conseil de Flandre, Marguerite d'Autriche dissipât
tous les doutes. Elle leur annonçait que cette nuit même
était arrivé l'écuyer Grospain, avec des lettres du vice-roi
et du connétable, en conformité desquelles il avait, comme
témoin oculaire, certifié la prise du roi de France par la
main du vice-roi et ajouté qu'il avait lui-même aidé à désar-
mer François Ier (o).
(1) Le vice-roi à Charles-Quint. De Pavie, 23 février lo'2o. Lanz, t. I,
p. 152.
(2) Elles se trouvent dans la collection des Documents historiques ,
vol. 1er (Archives du royaume).
(-5) Marguerite d'Autriche s'exprimait en ces termes (de Malines, lô mars
l.*r2i. v. s.) : *■ ... Ayant entendu qu'aulcuns ont mis double en la bataille
( 393 )
Quant à l'archiduc Ferdinand, il s'empressa de témoi-
gner toute sa joie à l'Empereur, son frère, et de lui donner
des conseils qui dénotaient un profond ressentiment contre
la France. « Monseigneur, lui écrivit-il, vu que ledit roi
de France est en vos mains avec les plus grands de son
royaume, je ne sais ce que voudrez faire; mais si j'étais
sage assez pour vous bien savoir conseiller, il me semble
qu'il ne faudrait perdre une telle opportunité, mais pour-
suivre votre bonne fortune et faire de sorte que ledit roi
de France, ni ses successeurs, aient la puissance à vous et
aux vôtres ci-après porter dommage. » L'archiduc annon-
çait ensuite qu'il avait envoyé vers le vice-roi et M. de
Bourbon, pour savoir ce qu'ils avaient résolu de faire, afin
de se régler en conséquence. S'ils prenaient la résolution
d'entrer en France, et qu'il fût aidé par eux ou par le roi
d'Angleterre, il avait l'intention, après en avoir fini avec
le duc de Wurtemberg, de faire quelque entreprise par le
comté de Bourgogne (1).
Charles-Quint avait reçu avec le plus grand calme les
nouvelles de la victoire de Pavie. On ne vil en lui , selon
les expressions de l'ambassadeur vénitien (Gaspard Conta-
rini), ni en paroles ni en aucun mouvement, le moindre
signe d'arrogance. 11 entra dans son oratoire et ) passa plus
d'une heure.
d'Italie , el la prinse du roy de France et en la deffaite des siens, dont vous
escript, pour autant que n'en eussions lettre de Monsieur le duc de Bour-
bon, ne le vice-roy ; nous vous advisons que ceste nuicl ost arrivé Pescuyer
Grospain, avec lettres desdits sieurs, en conformité desquelles il nous a
certifie avoir esté en ladicte bataille et la prinse du roy de France par la
main du vice-roy, et que luy-mesme a aydé à désarmer le roy en ladicte
prinse.... » Papiers d'État du cardinal de Granvclle, t. Ier, p. 262.
(1) L'archiduc Ferdinand à l'empereur, d'Iuspruck, 14 mars 1525. Lanz,
1. 1", p. 154.
( 394)
Bientôt il charge Adrien de Croy, seigneur du Rœilx:,
devenu son second chambellan, de se rendre en Italie près
du vice-roi, après avoir visité la régente de France. Il
charge en même temps un secrétaire d'adresser à Lannoy
toutes les informations dont celui-ci peut avoir besoin.
Mais il ne se borne point à ces communications purement
officielles; il veut écrire de sa main à Maingoval (ainsi l'ap-
pelle-t-il toujours), pour lui témoigner son contentement,
lui promettre qu'il ne sera point ingrat et le prier de bien
garder le roi de France. Croyant la guerre finie, il ajou-
tait : « Je vois que je ne saurais maintenant où m'em-
ployer si ce n'est contre les infidèles. J'en ai toujours eu la
volonté, et, à cette heure, ne l'ai moindre. Aidez à bien
dresser les affaires, afin que, avant que je devienne beau-
coup plus vieux, je fasse chose par où Dieu veut être
servi et que je ne sois à blâme (1). »
(1) Il importe de citer textuellement cette lettre autographe. Bien
qu'elle ne soit point datée, elle doit être du 2o mars. Charles-Quint s'ex-
primait en ces termes (Papiers d'État du cardinal de Granvelle, t. I" ,
p. 265) :
« Mingoval,je ne faietz jamais double de choses que me dictes; mais
puisqu'avés si bien accompli voslre parole, vostre crédit en sera plus
grand. Et m'escrivez bien par voz lettres que n'espargnerés la vie pour me
faire quelque bon service, et vous l'avés assez accomply , dont je loue Dieu
de ma part, et à vous-mesme suis tenu et vous en mereye et sçay bon grez ;
et si sçaurois parolle souffisanle à ce , elle ne seroit en rien espargnée. Mais
je vous promect que beaucoup moins ne seront les biens que j'entens vous
faire, comme cognoistrez par œuvres. Mes affaires sont à celte heure telles
que par le sieur de Rœulx et par les lettres escrites de la main du secré-
taire verre/, et scaurés; en cette n'en feroy autre mention. Ce qu'avés le
plus à diligenter est d'assembler argent, car à tous il vient à point; je fera y
le semblable du côté de deçà. Je vous prie tost dépescher ledict sieur de
Reulx avec voslre advis de ce que vous semble, j'auray à faire. Car je dé-
sire tost me résouldre à quel chemin j'auray de tenir, et l'exécuter sans y
( 595)
Adrien de Croy devait réclamer de la régente de France
l'élargissement de Philibert de Châlons, prince d'Orange,
qui, capturé en mer par André Doria, était détenu depuis
l'année précédente dans la tour de Bourges.
Après avoir échoué dans cette mission, Croy, pour se
conformer aux ordres de l'Empereur, se rendit près du
vice-roi. II était chargé de présenter à François lpr les
compliments de Charles-Quint et de remettre au vice-roi
le projet de traité que celui-ci devait proposer au royal
prisonnier. Il s'agissait, entre autres, de restituer le duché
de Bourgogne à l'Empereur et de donner au connétable de
Bourbon le comté de Provence. François l,r se récria
contre ces demandes, mais sans les discuter, remettant ce
soin à la régente, sa mère.
En renvoyant le sieur du Rœiilx en Espagne, Lannoy
écrivit que, si après avoir reçu la réponse définitive du roi
de France et de sa mère, l'Empereur ne pouvait obtenir
satisfaction par un accommodement, et qu'il fallût avoir
de nouveau recours à la guerre, il était d'avis de bien
s'assurer du roi d'Angleterre : « Sire, comme il vous a plu
m'écrire tant de votre main que du secrétaire, ajoutait-il,
je mettrai peine si bien garder la personne du roi de
perdre temps. Ainsy, puisque m'avez piitis le roy de France, lequel vous
prie me bien garder, et au demeurant comme je suis seur que bien le
scaurés faire, je vois que ne me sçaurois où employer si ce n'est contre les
infidelles; j'en ay toujours eu volonté, et à ceste heure ne Pay moindre.
Aydés à bien dresser les affaires, afin qu'avant que je devienne beaucoup
plus vieux , je face chose par où Dieu peust eslre servy et que je ne sois à
blasmer. .le me dict vieil pour ce qu'en ce cas le temps passé me semble
long et Pad venir loi ng. Et à tant faietz lin, en vous asseurant que toujours
me trouvères un bon maislre.
» Charles. »
( 396 )
France que j'ai l'espoir de vous en rendre bon compte (1). »
Cependant François Ier, ayant fait appeler Lannoy, eut
avec lui un long entretien. Il lui répéta que sa mère répon-
drait aux demandes faites par l'Empereur; que, quanta lui,
il désirait le contenter pour aboutir à la paix. Appréciant la
grande importance de cet entretien, Lannoy chargea don
Hugues de Moncade , qui venait d'être échangé contre le
maréchal de Montmorency, de se rendre près de l'Empereur
pour lui faire connaître le bon vouloir du roi de France (2).
Le vice-roi montrait d'ailleurs la plus grande courtoisie
dans tous ses rapports avec le royal prisonnier. Comme
Louise de Savoie, après avoir appris la défaite de l'armée
française, s'était empressée de lui recommander son fils,
le vice-roi lui avait répondu qu'il espérait bien la conten-
ter. « Je suis sur, disait-il, que la volonté de l'Empereur
est qu'il soit traité comme serait sa propre personne (5). »
Le principal souci de Lannoy était de justifier la con-
fiance de son maître en gardant bien le roi de France.
Selon les instructions de l'Empereur, il devait le conduire
au Château-Neuf de Naples ou bien, avec l'assentiment du
duc de Milan, l'enfermer dans le château de cette ville.
Mais cet assentiment, le duc le donnerait à regret, parce
qu'il semblerait a toute l'Italie qu'on voulait lui enlever la
forteresse de Milan. Or, Lannoy estimant qu'il n'était pas
besoin d'exciter des soupçons en Italie, se proposait de
mettre la personne du roi dans des lieux où il pourrait en
rendre bon compte à l'empereur (4).
(1) Lannoy à l'Empereur, de Milan, 20 avril 1525. Lanz, 1, p. 160.
(2) Lannoy à l'Empereur, de Pizzighitone,3 mai 1525. Lanz, I,p. 161.
(3) Champollion-Figeac, Documents sur la captivité, etc., p. 161.
(ri) Lannoy à l'audiencier du Blioul,de Milan, 26 avril 1525. Documents
historiques, t III (Archives du royaume).
( 397 )
Le vice-roi redoutait à la t'ois les Italiens qui, s'ils se
soulevaient, enlèveraient les prisonniers de Pavie, et les
soldats impériaux, lesquels pouvaient aussi, dans un mo-
ment d'exaspération, s'emparer de François Ier, comme
gage des huit cent mille écus qui leur étaient dus pour
soldes arriérées. De l'avis du connétable de Bourbon et de
tous les membres du conseil , il fut résolu de faire sortir
le roi de France de la Lombardie, de le conduire à Gènes
et de l'embarquer pour Naples, sous la garde du vice-roi.
Les trois chefs de l'armée victorieuse accompagnèrent le
royal captif à Gènes où, le 28 mai, selon une convention
faite avec le maréchal de Montmorency, il s'embarqua
avec Lanuoy sur des galères françaises montées par des
gens de l'Empereur. Des ordres furent donnés ostensi-
blement pour faire voile vers Naples. Mais, dus le second
jour, Lanuoy commanda de se diriger vers la côte d'Es-
pagne. On présume, avec raison, ce nous semble, que
cette manœuvre avait été secrètement concertée entre
le vice-roi et son prisonnier avant leur embarquement.
François Ier avait, dit-on, manifesté l'ardent désir d'avoir
une entrevue avec l'Empereur, et Lannoy avait accédé à ce
désir parce qu'il se défiait de l'ambition de Pescairc et de
la docilité de Bourbon , et que d'ailleurs il avait la convic-
tion de mieux et plus efficacement servir Charles-Quint
en venant lui remettre le roi de France.
Arrivé, le 10 juin, dans le port de Villafranca, Lannoy
mande à Charles-Quint qu'il lui amène le roi de France
et qu'il ne doute pas que cette résolution lui sera agréable.
« il ne tiendra qu'à Votre Majesté, ajoute-t-il, de promp-
tement achever vos affaires. » Manuel Malvezin, porteur
de cette lettre, était en outre muni d'instructions dans
lesquelles Lannoy faisait connaître à l'Empereur que le roi
2,nc SÉRIE, tome xxiv. 27
( 398 )
de France était très-désireux d'entrer en accommodement,
et que c'était là le motif pour lequel il le conduisait en
Espagne. Il indiquait ensuite les précautions qu'il avait
prises et son projet de se rendre avec François Ier à Tar-
ragone, où il attendrait les ordres de son maître (1).
Mais déjà le connétable de Bourbon et le marquis de
Pescaire venaient d'apprendre qu'ils avaient été dupes de
la haute prévoyance du vice-roi, prévoyance qui, à leurs
yeux , n'était qu'hypocrisie et dissimulation. Leur exaspé-
ration fut extrême. Dès le 12 juin, le connétable exhala ses
plaintes dans une lettre, qu'il adressa de Milan à Charles-
Quint. Il lui disait qu'il avait trouvé bien étrange que le
vice-roi ne l'eût averti de sa détermination. « Le vice-roi,
ajoutait-il, m'a fait grande honte de sorte que, en ce pays,
on tient beaucoup de propos qui ne sont pas à mon hon-
neur. » 11 exprimait ensuite la crainte que ce soudain éloi-
gnement du roi de France n'indisposai le pape, les Véni-
tiens et les autres puissances de l'Italie et qu'il ne mit en
danger l'alliance de l'Empereur avec l'Angleterre. Il cher-
chait aussi à éveiller la défiance de Charles-Quint, en met-
tant en suspicion l'habileté, la loyauté et même le courage
du vice-roi. « Je vous promets, disait-il, que le vice-roi,
qui vous mène le roi de France, n'est cause de quoi il est
entre vos mains (2). »
Plus amères encore, plus violentes furent les plaintes
.de l'altier Pescaire, et plus injurieuses les imputations
(1) Lanz, l. I , p. ICI. — W. Bradfoi'd , Correspondence ofl'te emperor
Charles V and his ambassadors, etc., etc., p. 120.
(2) Bradford, p. 115. — Lannoy, allant au devant dos soupçons du roi
d'Angleterre, lui avait écrit de Gènes, le 8 juin. Captivité de François /c,'1
p. 120.
( 399 )
qu'il dirigeait contre Lannoy. « Si les opérations de la
guerre n'avaient été éclairées que par le vice-roi, disait-il,
non seulement Sa Majesté n'aurait pas le roi de France en
son pouvoir, mais l'armée, abandonnant la défense de la
Lomhardie, aurait fait une honteuse retraite au royaume
de Naples, après la perte de la ville de Milan. Le vice-roi
se pare de l'éclat d'une victoire à laquelle ii n'a contribué
en aucune façon, comme personne ne l'ignore dans l'ar-
mée; ayant perdu le cœur et la tête au fort du combat, il
avait crié plusieurs fois : Nous sommes perclus ! Et s'il
osait démentir ces justes reproches, lui, marquis de Pes-
caire, s'offrait à l'en faire convenir les armes à la
main (J) »
Le 17 juin, Lannoy arriva avec le roi de France dans le
port de Palamos. Il dépêcha un nouveau messager à l'Em-
pereur pour l'avertir et demander des instructions. « S'il
plaît à Votre Majesté, lui écrivait-il, vous me manderez
à toute diligence ce qu'il vous plaît que je fasse, et où il
vous plaît que mène le roi, ou s'il vous plaît que j'aille par
la poste vers vous, pour vous avertir des raisons pourquoi
je le vous amène, et qui vous plairont, comme je crois, si
vous avez vouloir à la paix ; et si vous désirez faire la
guerre, vous en ferez votre bon plaisir.... Sire, le plus grand
désir que j'ai en ce monde est de me trouver vers Votre Ma-
jesté pour les choses de votre service (2). » Charles-Quint,
qui résidait alors à Tolède, avait reçu les dépèches écrites
de Villafranca. Le 20 juin, il répondit au vice-roi, lui mar-
quant sa satisfaction pour la résolution qu'il avait prise. Il
(1) Guiceiardin, Histoire d'Italie, liv. XVI, cliap. III.
(2) Lanz,I,p. 165.
( 400 )
exprimait ensuite le désir que le roi de France reçût un
bon traitement pourvu qu'il fût mis en sûreté, dans l'en-
droit que le vice-roi jugerait le meilleur, «à l'exception
toutefois des ports de mer. Quant à la venue du vice-roi,
Charles-Quint disait que c'était la chose qu'il avait tou-
jours le plus désirée, et que, en ce moment surtout, il
souhaitait plus vivement encore; le vice -roi devait être
persuadé qu'il serait plus que le bien-venu, qu'il ferait
non-seulement plaisir, mais qu'il rendrait service. L'Empe-
reur l'attendait avec impatience (1).
Lannoy conduisit le roi de France à Benisano , village à
cinq lieues de Valence , l'y laissa sous la garde du fidèle
Alarcon, et prit ensuite la poste pour se rendre à Tolède.
Charles-Quint, tout en manifestant son entière satisfac-
tion à Lannoy, s'efforça de calmer l'irritation du conné-
table et du marquis de Pescaire. Jl appela Bourbon en
Espagne pour qu'il participât, en ce qui le concernait, aux
négociations delà paix, et il rendit à Pescaire le brevet de
capitaine général de l'infanterie espagnole (2).
(1) Dradford, p. 123, 129.— « Pour fin, dit Brantôme, ce vice-roy
estoit un très -habile homme : il le monstra bien là, el pour son maistre ,
et pour son particulier, tant du profit que de l'honneur, considérant qu'il
n'estoit pas petit : que de proposer pour un très-beau spectacle au peuple
d'Espagne, el leur mener en triomphe et mémoire perpétuelle d'une incom-
parable victoire, le plus grand Roy de toute l'Europe, pris en une bataille,
signalement par la vertu de celte grandissime nation. Quelles superbes
paroles à la louange d'Espagne! et de fait ce vice-roy y fut le très-bien
venu, tant de son maistre que d'aucuns dos grands. » Capitaines eslrari-
gers , t. 1er, p. 187.
(2) On lit encore dans les Mémoires de Brantôme (\erc partie, p. 184) :
« L'empereur leur répondit à tous que ce que Charles de Lannoy avait fait,
c'estoit pour le proffit du gênerai, et pour son service particulier, et non
pour aucune envie; ny pour desrober l'honneur aux uns el aux autres, et
( 401 )
Nous n'avons pas à raconter les incidents qui mar-
quèrent la captivité de François Ier en Espagne. Ce mé-
morable épisode de l'histoire du seizième siècle a déjà été
mis en pleine lumière (1). Bornons-nous à rappeler que
Charles de Lannoy fut un des principaux négociateurs de
la paix de Madrid; que ce fut entre ses mains que Fran-
çois Ier jura, comme roi et comme gentilhomme, d'ob-
server fidèlement ce traité ; qu'il fut ensuite chargé de
mettre le roi de France en liberté sur le Bidassoa; enfin
qu'il se rendit à Cognac pour rappeler, mais en vain, à
François Ier, le serment solennel qu'il avait prêté à Madrid.
De son côté, Charles Quint accomplit religieusement la
promesse qu'il avait faite à Lannoy après la bataille de
Pavie. Il le nomma d'abord grand maître en remplacement
de monseigneur de Bresse, désigné pour gouverner le
duché de Bourgogne dont la restitution avait été si solen-
nellement promise par François Ier. En outre, il le fit
prince de Sulmone; lui conféra, en 1526, le comté d'Asti
avec d'autres terres au royaume de Naples, et lui donna
également le comté de la Roche en Ardennes.
Le 16 mai 1526, Lannoy écrit de Cognac à l'Empereur
pour qu'il l'autorise à retourner à •Vaples. Il le met aussi
en garde contre l'inimitié que lui porte le chancelier Mer-
qu'il sçavoit bien à qui il étoit justement deu, comme à eux qui estoient la
principale cause du gain de la bataille; et qu'il ne faudroit de les en tous
libéralement recompenser, et en escrivit des lettres au dit marquis fort
douces et amiables qui luy promettoient beaucoup... »
(1) La captivité de François Ier et le traité de Madrid, par M. Gachard,
dans les Bulletins de l'Académie royale de Belgique , Zme série, t. IX. —
Rappelons aussi les remarquables articles publiés par M. Mignet dans la
Revue des deux mondes sous le titre de : Rivalité de François / " cl de
Charles-Quint.
( 102 )
curino de Gattinara; il se plaint que le haut personnage
ne veut dépêcher les provisions du bien dont l'Empereur
l'avait gratifié. Mais Charles-Quint n'avait pas attendu ces
doléances. En effet, le 25 mai, Lannoy lui mandait qu'il
avait reçu, par don Hugues de Moncade, la décision sou-
veraine qui l'autorisait à reprendre la vice-royauté de Na-
ples. « Sire, poursuivait-il, j'ai également reçu par don
Hugues la bonne lettre qu'il vous a plu m'écrire de votre
main. Je vous remercie très-humblement de l'honneur et
bonne sûreté qu'il vous plaît me donner, ce qui ne m'est
chose nouvelle, car il vous a plu m'en toujours tant faire
que nul ne me peut nuire ni me mettre en votre maie
grâce. J'ai, Sire, mis toute ma vie peine de vous loyale-
ment servir, et ferai le temps qu'il plaira à Dieu me laisser
en ce monde (1). »
Charles de Lannoy survécut, mais pas longtemps, à ses
deux grands rivaux, Bourbon et Pescaire. Celui-ci dis-
parut le premier : le 50 novembre 1525, il mourut à Milan ,
d'aucune maladie, disaient les Espagnols, mais au milieu
de la fleur de son âge (il n'avait guère plus de trente-six
ans), comme déjà vieux et comme accablé sous le poids
de ses victoires. Le 6 mai 1527, Bourbon, alors âgé de
trente-huit ans, succombait devant Rome, frappé d'un
coup mortel, en montant le premier à la brèche. Lannoy
vint de Naples pour prendre le commandement de l'armée ;
mais il essaya en vain de contenter les bandes qui s'étaient
emparées de Rome ; il fut en quelque sorte expulsé du
camp par les lansquenets, qui de nouveau réclamaient avec
fureur leur solde arriérée. En retournant à Naples, dé-
(1) Lanz,I, p. 210.
( 403. )
courage, Lannoy ressentit les premières atteintes de la
peste, qui naguère avait éclaté à Rome. II s'arrêta à Averse,
où la vice-reine vint le rejoindre; mais cette tendre solli-
citude ne put triompher de la maladie. Le puissant vice-
roi de Naples, le confident et le favori de Charles-Quint,
mourut le 25 septembre 1527, âgé de quarante-trois ans.
Discours prononcé par M. De Decker, au nom de l'Aca-
démie royale des sciences , des lettres et, des beaux-arts
de Belgique, aux funérailles de M. le baron Jules de
Saint-Génois , le 15 septembre 1867.
Messieurs,
J'ai accepté avec empressement la mission de repré-
senter, dans cette triste cérémonie, l'Académie royale des
sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique. Tou-
tefois, c'est moins pour remplir un devoir imposé par les
usages académiques, que pour revendiquer un droit acquis
par trente années d'une fidèle et inaltérable amitié, que
j'ose réclamer l'honneur de condenser, dans un solennel et
suprême adieu , les sentiments dont nos cœurs sont op-
pressés à la vue de cette tombe si prématurément ouverte.
Encore étourdi par la soudaineté du coup qui vient de
frapper une famille heureuse et honorable entre toutes, au
deuil de laquelle s'associent nos populations émues, je ne
prétends pas énumérer, en ce moment, tous les litres de
l'éminent défunt à notre admiration et à nos regrets. Je ne
veux, aujourd'hui, que soulager la conscience publique, en
( i04 )
donnant une issue à nos douleurs, un langage à nos larmes.
Résumons à grands traits cette existence si inopinément
brisée.
La Belgique venait de conquérir son indépendance et
de consolider sa conquête par l'adoption de cette admi-
rable Constitution, au respect de laquelle se rattachent
pour tout Belge digne de ce nom, toutes nos garanties de
paix, de force et de sécurité.
Ce réveil de notre nationnalité provoqua un magnifique
mouvement littéraire et artistique, dont l'importance n'est
peut-être plus assez appréciée de nos jours. On vit se lever
alors toute une phalange de jeunes écrivains, pleins de
foi dans les destinées d'une patrie si grande dans le passé
par ses luttes héroïques contre la domination étrangère, et
pour laquelle ils rêvaient un si splendide avenir par l'u-
nion de tous ses enfants et par la pratique sincère de ses
fécondes institutions. M. le baron Jules de Saint-Génois
s'associa à ce généreux élan en faveur de l'émancipation
intellectuelle de la Belgique; il mit au service de cette
noble cause, avec les influences d'un des plus beaux noms
du pays,les juvéniles ardeurs d'une intelligence passionnée
pour les études solides.
Unissant une précoce érudition aux inspirations d'un
esprit essentiellement littéraire, il débuta, à l'exemple d'un
de ses aïeux, par des recherches historiques. Il publia
ensuite une série de romans historiques qui, sous des fic-
tions pleines d'intérêt et de charmes, avaient encore pour
but de retracer nos anciennes mœurs, de conserver nos
traditions, de restaurer nos gloires nationales.
Bien lot l'Académie, heureuse d'accueillir une candida-
ture indiquée par les sympathies d'une opinion publique
éclairée, l'admit dans son sein.
( 40o )
Nous consacrerons une notice spéciale à l'appréciation
des travaux qui illustrèrent la carrière littéraire de M. le
baron de Sàint-Genois et qui furent couronnés, dans ces
derniers temps, par la direction qu'il imprima à la publi-
cation d'une Biographie nationale, œuvre de science et de
patriotisme à peine commencée, dont il sera malheureuse-
ment impossible de détacher désormais le souvenir du
décès prématuré, objet de la touchante manifestation de
ce jour.
Une fois le mérite de M. le baron Jules de Saint-Génois
proclamé et sanctionné par le premier corps savant du
pays, son concours fut sollicité pour toutes les entreprises
sérieuses de notre littérature contemporaine. Membre de
la plupart des sociétés littéraires et des commissions artis-
tiques, directeur ou collaborateur des principales revues,
il se multipliait, donnant à tous l'exemple de l'activité,
prodiguant partout les bienfaits de sa fécondité toujours
désintéressée.
En rapport avec toutes les illustrations du monde sa-
vant, lié d'affection avec les principaux littérateurs belges
se servant de la langue française ou de la langue flamande,
(car il avait une prédilection instinctive pour cet élément
flamand, dont le développement importe tant à la conser-
vation de notre caractère national et de notre indépen-
dance politique), il suflisait à toutes les exigences de rela-
tions et de correspondances qui eussent effrayé tout autre
que lui.
C'est surtout à ses fonctions de conservateur de la bi-
bliothèque de l'Université qu'il se dévoua tout entier. Dans
cette position, si conforme à ses goûts, et où, selon sa de-
vise littéraire : Cum libris liber, il coulait des jours pleins
de calme et de sérénité, il s'estimait heureux de mettre au
( 406 )
service de tous, les ressources de ses counaissances variées
et les conseils de son expérience. Il aimait surtout à en-
courager et à guider les jeunes écrivains et savait leur
communiquer sa noble passion pour le travail et l'étude.
Mais, tout en l'admirant, on ne peut s'empêcher de re-
gretter qu'un homme doué de tant d'initiative et de persé-
vérance, ait gaspillé ainsi des trésors de savoir et d'érudi-
tion, sans qu'il ait songé, dans l'intérêt de la nation plus
encore que dans le sien, à élever un monument historique
ou littéraire digne d'elle et de lui. Du moins, demeurera-
t-il au milieu de notre génération si absorbée par mille
préoccupations et si pressée de jouir, comme une des der-
nières personnifications de cet esprit scientifique dont
l'affaiblissement alarme à bon droit les pouvoirs publics.
A côté, au-dessus des qualités de l'esprit réunies en la
personne de M. le baron de Saint-Génois, que de qualités
du cœur! quelle aménité de caractère! quel inépuisable
fonds de bienveillance! quelle sûreté dans ses relations
et quelle fidélité dans ses amitiés! quel charme dans ses
conversations et dans ses causeries épistolaires, toujours
animées par une douce et spirituelle gaîté!
Par une exception rare, il n'avait pas les défauts de ses
qualités. — Savant, il détestait le pédantisme; il dissimu-
lait sa science sous une extrême simplicité de formes et de
langage, — Homme d'esprit, il ne blessait jamais personne
par les traits de la causticité, qui est l'abus de l'esprit. —
D'une naissance aristocratique, il s'inclinait, par la pente
naturelle de son àme, vers les humbles et les petits : tou-
jours au premier rang par la spontanéité de son dévoue-
ment; au dernier, parla modestie de ses prétentions.
En contact avec des hommes de toutes les opinions et
de tous les partis, il savait conserver leur estime et con-
( 407 )
quérir même leurs sympathies, sans jamais faire le moindre
sacrifice de ses convictions politiques essentiellement mo-
dérées du reste , ni sans jamais rougir de ses croyances
religieuses, pratiquées sans faiblesse comme sans ostenta-
tion.
Il ne connut jamais ni la haine ni l'envie, ces éternels
ennemis du repos public et de la paix domestique. Aussi,
nul n'entendait-il mieux que lui cet art si difficile d'être
heureux, sans effort et sans bruit; sachant accepter les
petites misères de la vie, sachant aussi en savourer les
petits bonheurs.
Mais le côté le plus remarquable peut-être de ce carac-
tère si excellent, c'était cette inaltérable égalité d'humeur,
si bien appréciée de tous ceux qui ont eu le privilège de
vivre dans son intimité. Au milieu des travaux de sa car-
rière littéraire et des occupations de sa vie extérieure, dans
le monde où il exerçait à son insu la propagande des plus
douces vertus sociales, dans ses fonctions administratives
qu'il ennoblissait d'un rellet de sa considération person-
nelle, dans sa famille dont il était l'honneur et l'appui, il
était toujours le même : bon, affectueux , dévoué, aimant
en tout la mesure, — ce qui fait le sage, — pratiquant
toujours le devoir, — ce qui fait l'homme de bien.
Aussi, quelle auréole de popularité vraie brille autour
de son front! Que de bénédictions assurent l'immortalité
à sa mémoire!
Hélas! pourquoi faut-il qu'une telle àmc soit arrachée à
nos âmes?
Pourquoi est-elle éteinte pour nous, celle intelligence
d'élite d'où, hier encore, jaillissaient tant de pensées éle-
vées et utiles, où rayonnait ce feu sacré qui a consumé
avant le temps son enveloppe mortelle?
( 408 )
Pourquoi ne bat-il plus ce cœur d'élite , d'où semble
sortir comme un dernier effluve de tendresse pour sa fa-
mille et d'affection pour ses amis?
Mais que ces regrets ne prennent point l'apparence même
d'un murmure contre la Providence. C'est surtout en pré-
sence de ces coups mystérieux qui bouleversent toutes les
combinaisons delà prévoyance humaine, qu'on apprend à
respecter la Providence comme souveraine arbitre de nos
destinées, et qu'on est heureux de la bénir comme seule
consolatrice dans les irrémédiables malheurs d'ici-bas.
Que notre ami repose donc en paix, au sein d'un Dieu
miséricordieux et juste; qu'il jouisse éternellement de la
récompense réservée aux martyrs du devoir!
Et nous, retrempant dans les souvenirs et les exemples
qu'il nous laisse, notre dévouement aux intérêts sacrés de
la famille et de la patrie, efforçons-nous de mériter, au
jour de la suprême épreuve, ces larmes que nous aimons
à répandre sur sa tombe!
Sur la sixième Session du Congrès statistique des diffé-
rents peuples, tenu à Florence, du 27 septembre au 5
octobre 4867 ; communication de M. Ad. Quetelet, secré-
taire perluel de l'Académie royale de Belgique.
Depuis près d'un demi-siècle, les hommes instruits des
différentes nations se réunissent, à des époques déterminées
et pendant un certain nombre de jours, pour traiter, dans
des réunions qu'on est convenu de nommer congrès , des
différentes parties des sciences, des lettres ou des beaux-
arts; mais ces congrès sont généralement bien différents
( 409 )
entre eux, par leur organisation et surtout par les sujets
qu'on se propose d'y étudier. Nous ne nous arrêterons pas
à les juger, nous ferons remarquer seulement qu'il en existe
deux qui méritent peut-être une attention particulière par
leur forme et par la nature des objets qu'on y traite. Ces
deux congrès ont été fondés par les gouvernements; ils
se sont réunis à peu d'intervalle, dans une même ville,
quoique leurs missions n'eussent aucun rapport entre elles.
En 1855, à la demande des Étals-Unis d'Amérique,
représentés par M. Maury, lieutenant de marine, les dif-
férentes nations maritimes envoyèrent des députés à
Bruxelles, afin de s'entendre sur plusieurs points impor-
tants de la navigation et sur les moyens à prendre pour
rendre les résultats des observations facilement compa-
rables entre elles, et pour en déduire des conclusions utiles.
C'était la première fois que les différentes nations nauti-
ques réunissaient leurs officiers de marine pour arriver à
des lois générales. Les conclusions furent résumées par
M. Maury, dans un volume in-i° (1) qui obtint un grand
succès, puisqu'il en parut successivement dix éditions diffé-
rentes, ainsi que plusieurs traductions.
La même année et à deux mois de distance, s'ouvrit
également à Bruxelles, sous les auspices du gouvernement
belge et par les soins de la commission centrale de statis-
tique du royaume, une réunion de savants des différents
pays, chargés de mettre de l'unité entre les travaux statis-
tiques des Étals civilisés, et d'adopter des nomenclatures
uniformes, de simplifier les modes de calculer et de cher-
cher à réduire aux mêmes unités les poids et les mesures
de ces divers États.
(1) Sailings direction*.
( 410 )
Non -seulement cette unité si désirable fut poursuivie
avec la plus grande activité, mais tous les États s'empres-
sèrent de publier, dès cette époque, des recueils conçus
d'après les mêmes vues, et rédigés à peu près dans les
mêmes termes. On entrevit même la possibilité de rendre
sensible au calculateur, par un seul recueil, l'ensemble des
résultats, sans lui occasionner des pertes de temps im-
menses pour la réduction des calculs. De premiers essais
furent tentés et seront continués désormais par les pays
les plus actifs. Tout fait espérer que nous posséderons
bientôt une situation annuelle delà statistique de chaque
royaume dont le parallèle donnera les conclusions les plus
fécondes.
Ces congrès semi-officiels, qui se développent cl grandis-
sent avec le temps, ont eu successivement lieu à Bruxelles,
à Paris, à Vienne, à Londres, à Berlin et tout récemment
à Florence; on peuj dire déjà qu'ils ont l'ait naître, entre
les envoyés des nations, la plus complète unité, et qu'ils
produiront les fruits les plus heureux.
Les réunions formées par les délégués de ces nations
ont été reçues de la manière la plus hospitalière par les
différents gouvernements, qui ont parfaitement senti les
avantages qu'ils pouvaient en attendre. Lors du congrès de
Londres, on se rappellera même que le prince Albert vou-
lut bien en être le président, et son illustre gendre, le prince
royal de Prusse, fut son successeur à Berlin.
L'absence du prince royal d'Italie l'empêcha de siéger
comme président au Congrès de Florence, mais S. M. le
roi voulut bien témoigner aux statisticiens qu'il compre-
nait les services qu'ils pouvaient rendre et qu'il se ferait
un plaisir de seconder leurs travaux. Sa bienveillance leur
fut d'un puissant secours.
( 4M )
Grâce, d'une aulre paît, à l'appui de M. de Biasiis, mi-
nistre de l'agriculture, de l'industrie et du commerce, ainsi
qu'à l'active et intelligente intervention de M. le Dr Pierre
Maeslri, l'âme de ce congrès, la réunion put prendre un
caractère d'utilité qui ne s'était jamais manifesté aussi vi-
vement ailleurs. La plus parfaite entente n'a cessé de
régner entre les députés des nations, qui comprenaient
également la noble mission qu'ils avaient à remplir pour
seconder les vues de leurs gouvernements respectifs.
Déjà de grands travaux ont été le résultat des premiers
congrès; à la réunion de Londres, la Belgique a proposé
une innovation : celle de réunir, avec le concours des na-
tions, un travail où seraient groupées les statistiques des
populations des différents peuples. Ce travail fut présenté
comme un essai, et les auteurs n'ont pas craint de proposer
de refaire ce premier ouvrage, en s'appuyanl sur des docu-
ments plus comparables et plus nombreux, recueillis de-
puis. M. Farr, directeur de la statistique pour l'Angleterre,
M. Le Goyt, pour la France, et M. le Dr Maeslri pour l'Italie,
voulurent bien prendre aussi l'engagement de traiter, cha-
cun, une des branches fondamentales de la statistique
générale : nul doute que ces exemples ne soient suivis par
la plupart des membres chargés de la statistique des diffé-
rents pays. En coordonnant ces travaux, nous parvien-
drons enfin à posséder cette statistique générale, objet de
tous nos vœux , et qui pourra se rédiger avec autant de soin
que d'ordre sous les yeux les plus exercés.
D'une autre part, la réunion de Florence n'a pas craint
d'élargir le cercle de ses travaux; elle a décidé, pour la pre-
mière fois, qu'il y aurait une section spéciale, où l'on pour-
rait traiter les grandes questions de statistique dans le
langage qui leur convient le mieux, c'est-à-dire en usant
( 412 )
du calcul des probabilités, étude déjà si bien préparée par
les travaux de Laplace, Fourier, Poisson , etc.
Cette innovation, demandée à l'unanimité par la pre-
mière section, fut accueillie sans peine par toute l'assem-
blée; elle donnera un caractère nouveau aux travaux du
congrès, qui étaient trop restreints et ne pouvaient prendre
leur développement nécessaire.
Il n'existe peut-être pas de ville qui ait plus de titres
que Florence à introduire ce changement utile. En effet,
elle peut être considérée comme formant le trait d'union
qui joint la civilisation éteinte des anciens à la civilisa-
tion renaissante qui a formé nos sociétés modernes. C'était
à elle, mieux qu'à aucune autre ville, qu'il appartenait de
montrer un art que ne connaissaient pas les anciens: l'art
précieux de joindre ensemble les travaux simultanés, et de
faire coopérer vingt à trente nations à une œuvre fruc-
tueuse, qui sera l'ouvrage de toutes, et où elles trouveront,
toutes, les mêmes avantages scientifiques et administratifs.
( 413 )
CLASSE DES BEVUX- ARTS.
Séance du 10 octobre 1867.
M. Bal.vt, directeur.
M. Alvin, faisant fonctions de secrétaire.
Sont présents: MM. De Keyzer, F. Fé(is, Cnic Geefs,
Van ïlasselt, Jos. Geefs, De Braekeleer, Éd. Félis, De Buss-
cher, le chev. de Burbure, Franck, De Man, Ad. Siret,
Julien Leclercq, membres; Daussoigne-Méh ul, associé.
CORRESPONDANCE.
M. Ernest Van Cleemputte, attaché à la bibliothèque
royale, se fait connaître comme l'auteur du mémoire sur
Quentin Metsys, auquel il a été décerné une médaille d'ar-
gent.
La classe rappelle qu'une mention honorable a été
accordée au second mémoire, traitant le même sujet, et
portant pour devise : Excelsior... Plus haut, toujours plus
liant, et elle invite une dernière fois l'auteur à se faire con-
naître. Le billet cacheté, joint à son mémoire, a été provi-
soirement conservé en vue de cette éventualité.
2me SÉRIE, TOME XXIV. 28
( m )
— Deux concurrents qui ont pris part, l'un au concours
annuel de la classe, l'autre au concours ouvert pour la
composition d'une cantate flamande, sollicitent la restitu-
tion de leur ouvrage; la classe décide qu'il y a simplement
lieu de leur rappeler que, d'après un usage invariablement
suivi, les manuscrits des concurrents doivent rester dépo-
sés aux archives.
— Un mémoire sur la question relative à Quentin Met-
sys est arrivé au secrétariat après la fermeture du concours
fixée au 1er juin dernier. Le timbre de la poste, appliqué
à l'enveloppe du manuscrit, annonce qu'il n'a été expédié
de Berlin que le 5 octobre. Ce travail restera déposé aux
archives; il porte pour devise : La croix est le fondement
de VétoHe.
PROGRAMME DE CONCOURS POUR 1868.
La classe examine et discute successivement les diverses
questions à mettre au concours de cette année; le pro-
gramme est arrêté comme suit :
PREMIÈRE QUESTION.
Exposer l'origine et l'organisation des maîtrises des
enlises dans les Pays-Bas et dans le pays de Liège. Dire
quelle fut la part de ces maîtrises dans les progrès de Fart
musical. Déterminer quelles furent les causes de leur pros-
périté et de leur décadence.
( 41S )
DEUXIEME QUESTION.
Apprécier Quentin Metsys comme peintre, et déterminer
l'influence qu'il a exercée.
TROISIÈME QUESTION.
Faire l'histoire de la gravure des médailles, en Belgique,
depuis le seizième siècle jusqu'en 1794.
Cette histoire doit embrasser les territoires qui forment
la Belgique actuelle, et comprendre, à la fois, la biogra-
phie des artistes et une appréciation de leurs travaux.
QUATRIÈME QUESTION.
Rechercher V époque à laquelle V architecture a subi, dans
les Pays-Bas, l'influence italienne. Indiquer les person-
nages auxquels on doit attribuer celle influence et citer les
œuvres des artistes.
Le prix pour la première et la deuxième question sera
de huit cents francs; il sera de mille francs pour la troi-
sième et la quatrième.
Les auteurs des mémoires insérés dans les recueils de
l'Académie ont droit à recevoir cent exemplaires particu-
liers de leur travail. Ils ont, en outre, la faculté de faire ti-
rer des exemplaires en plus en payant à l'imprimeur une
indemnité de quatre centimes par feuille.
Les mémoires destinés au concours doivent être écrits
lisiblement, rédigés en français, en latin ou en flamand, et
adressés, francs de port, au secrétaire perpétuel avant le
1er juin 1868.
( 416 )
L'Académie demande la plus grande exactitude dans les
citations, et exige que les auteurs indiquent les éditions
et les pages des livres qu'ils citeront.
On n'admeltra que des planches manuscrites.
Les auteurs ne mettront point leur nom à leur ouvrage;
ils n'y inscriront qu'une devise, qu'ils reproduiront dans
un billet cacheté renfermant leur nom et leur adresse :
Faute de satisfaire à cette formalité, le prix ne pourra leur
être accordé.
Les ouvrages remis après le terme prescrit, ou ceux dont
les auteurs se feront connaître, de quelque manière que ce
soit, seront exclus du concours.
L'Académie croit devoir rappeler aux concurrents que
les mémoires qui ont été soumis ta son jugement restent
déposés dans ses archives comme étant devenus sa pro-
priété; toutefois, les auteurs peuvent en faire prendre des
copies à leurs frais, en s'adressant, à cet effet, au secré-
taire perpétuel.
La classe inscrit, dès à présent, dans son programme de
concours pour 1869, les questions suivantes; elle réserve
un prix de huit cents francs à la première et un de mille
francs à la seconde.
PREMIÈRE QUESTION.
Apprécier Rubens comme architecte.
Les villes d'Anvers et de Bruxelles comptent diverses
constructions dont on attribue les plans à Rubens. La tra-
dition admise à cet égard est-elle authentique ou ne faut-il
attribuer le style architectonique, qui domine dans ces con-
( 417 )
structtons, quà l'influence exercée par les conseils, par les
élèves et par les ouvrages du grand maître flamand? On
demande un examen de ces deux hypothèses.
DEUXIÈME QUESTION.
Faire l'histoire des ateliers de gravure qui, du commen-
cement du seizième siècle à la fin du dix-huitième siècle,
ont existé dans la ville d'Anvers. Citer les noms et indi-
quer la nationalité des artistes, peintres, dessinateurs,
graveurs, qui ont travaillé pour ces ateliers. Apprécier
leurs ouvrages au point de vue spécial de l'art du graveur.
Rechercher quels étaient les principaux débouchés ainsi
que la valeur approximative des exportations des produits
de cette industrie.
Les formalités à observer par les concurrents sont les
mêmes que celles prescrites pour le concours de J 868.
COMMUNICATIONS ET LECTURES.
La classe se livre à une discussion approfondie des ré-
formes proposées par M. Daussoigne-Méhul , réformes ex-
posées dans une notice lue à la séance précédente et re-
lative à l'organisation actuelle des grands concours de
composition musicale (1); d'accord avec l'auteur de cette
proposition, elle ajourne jusqu'à une prochaine réunion
l'examen de la communication qu'elle fera, à ce sujet, a
M. le Ministre de l'intérieur.
(1 ) Voir le compte rendu de la classe des beaux-arts , séance du 22 sep-
tembre 18G7, Moniteur belge, n°269.
( 418 )
Note sur un rapport adressé par M. Huberti à M. le Mi-
nistre de l'intérieur, concernant ses études musicales en
Allemagne; par M. F. Fétis, membre de l'Académie.
Bien que la classe des beaux-arts de l'Académie ait dé-
cidé à plusieurs reprises qu'il ne serait pas fait de rap-
port sur ceux qui sont envoyés par les lauréats des grands
concours, M. le secrétaire perpétuel ayant cru devoir en-
voyer à mon avis le rapport adressé par M. Huberti à M. le
Ministre de l'intérieur, le 8 juillet dernier, j'ai lu avec
attention ce document, où le jeune compositeur rend
compte de ses études et de ses impressions pendant un sé-
jour de six mois dans la capitale de la Prusse, et je crois
devoir en dire mon opinion à la classe, parce que j'y ai vu
avec intérêt que M. Huberti a pris au sérieux les obligations
qui lui sont imposées par le règlement de concours, en ce
qui concerne les excursions des lauréats à l'étranger. Ce
n'est pas un rapport que je présente dans ces quelques li-
gnes, c'est une simple note.
Par une louable exception aux habitudes d'indépendance
et de paresse, contractées depuis plusieurs années par les
lauréats de concours de composition musicale, M. Huberti
se soumet aux règles : il étudie, il travaille et rend compte
de ce qu'il voit, entend, ainsi que de ce qu'il fait. La biblio-
thèque royale de Berlin lui offrait des trésors d'œuvres de
maîtres anciens des écoles allemandes et italiennes qu'on
n'entend plus et qui deviennent rares : il en a pris connais-
sance et les analyse à son point de vue. Profitant aussi des
occasions que lui donnaient les belles institutions du Dom-
( 419 )
Chor et l'Académie de chant, d'entendre les grandes œuvres
classiques admirablement exécutées, il les a saisies avec
empressement.
L'excellente organisation du théâtre royal de l'Opéra lui
a permis aussi de faire des études comparatives du style
dramatique de beaucoup de compositeurs, le répertoire de
ce théâtre étant si varié qu'on y entend chaque année plus
de cent vingt opéras, de toutes les époques, exécutés avec
un grand soin par des acteurs doués de bonnes voix, de
sentiment dramatique; de plus, d'excellents chœurs et un
très-bon orchestre.
M. Huberti expose dans son rapport les impressions qui
lui sont restées de toutes ces choses. Bien que, par le sé-
rieux de son caractère et l'honnêteté de ses sentiments, il
soit porté à l'électisme et se montre impartial dans ses ap-
préciations, il n'échappe pas aux influences de son temps.
Il rend hommage aux beautés de l'idéal, mais son goût
personnel le porte vers ce qu'il appelle, suivant le vocabu-
laire de l'époque actuelle, Vart humain, c'est-à-dire l'émo-
tion nerveuse de notre ère révolutionnaire et le réalisme.
Il entre, de bonne foi, dans les théories de Wagner sur les
inconvenances des opéras où l'on chante plusieurs en-
semble, au lieu de se parler et de se répondre; où des
chœurs disent : Courons, sans changer de place et autres
choses de ce genre. Il admire l'abondance des idées de Mo-
zart et la suavité de ses mélodies, mais il l'accuse de man-
quer de vérité dramatique, sauf dans don Juan, et lui re-
proche l'emploi du môme style dans ses autres ouvrages?
dont les sujets et les situations diffèrent essentiellement. Si
M. Huberti eût mieux compris les partitions de la Flûte en-
chantée, des Noces de Figaro et de {'Enlèvement du sérail ,
qui n'ont d'autre rapport entre eux que celui delà perfee-
( 420 )
tion, il se fût épargné cette méprise. Chose plus extraor-
dinaire encore, il adresse des reproches du même genre à
Gluck, le modèle par excellence de la vérité dans l'expres-
sion des sentiments dramatiques!
Les modèles selon le cœur de M. Huberti sont Weber et
Meyerbeer, parce qu'ils sont émouvants et ont la couleur
locale. A l'égard de Richard Wagner, son opinion n'est
pas arrêtée : il a besoin, dit-il, de l'étudier pour savoir s'il
est dans la bonne ou la mauvaise voie.
Quelques opinions singulières se font aussi remarquer
dans les appréciations de M. Huberti, en ce qui concerne
la musique religieuse; je ne suis pas plus étonné de les lui
voir dans cette partie de l'art que dans la musique de
théâtre : ce sont les tendances des jeunes artistes de notre
époque. Laissons agir le temps, qui modifiera les penchants
et, avec les penchants, les opinions. Avec la bonne foi et
le désir sincère de s'instruire que porte dans ses études
M. Huberti , on peut être assuré que ce qu'il y a de hasardé
dans ses jugements sera rectifié plus tard.
OUVRAGES PRÉSENTÉS.
Royaume de Belgique. — Documents statistiques publics
par le Département de l'intérieur, avec le concours de la com-
mission centrale de statistique. Tome XI. Bruxelles, 1 8G7 ;
in-4°.
Commission royale des anciennes lois et ordonnances de la
Belgique. — Coutumes des pays, duché de Luxembourg et
( m )
comté de Chin y, par M.-N.-J. Leclercq. Tome Ier. Bruxelles,
1867; în-4°.
Ordonnances et règlements de police de la ville de Mons.
1804; in-8°.
Université de Bruxelles. — Programme des cours de l'année
académique 1867-18G8. Bruxelles; in-folio.
La caisse d'épargne dans les écoles communales de Garni.
Bruxelles, 1867; in-8°.
Arendt (Léon). — Les petits États dans la situation présente
de l'Europe. Bruxelles, 1867; in-8°.
Robin (P.). — Quelques mots sur la théorie des volcans et
des tremblements de terre. Bruxelles, 1807; in-12.
Beethoven. — Fidelio (Leonore) , opéra. Traduction fran-
çaise rythmée par MM. Van Hasselt et J.-B. Rongé. Bruxelles;
p. in-4n.
Jacobs-Monet. — La Léopoldine, poëmc, suivi d'une épitre
aux Anversois et d'une ode sur la paix de l'Europe. Bruxelles,
18G7; in-8°.
Van Canwenberghe [Clt.-J.). — Des grossesses extra-uté-
rines (Mémoire couronné au concours universitaire de 1805-
4 8G6). Bruxelles, 1807; in-8°.
Van Bruyssel (E.). — Histoire du commerce et de la ma-
rine en Belgique. Tome III. Bruxelles, 1865; in-8°.
Devillers (Léopold). — Notice sur un cartulaire de l'abbaye
de Saint-Ghislain. Mons, 1802; in-8°. — Description analytique
et chronologique du cartulaire de l'abbaye d'Épinlieu. Mons,
1866; in -8°. — Description analytique de cartulaires et de
chartriers du Hainaut. Tomes I à 111. Mons, 180o-1807; in-8°.
De Bruyn (Hyacinthe). — Origine de l'église de Notre-
Dame auSablon, à Bruxelles. Gand, 1807; in-8°.
Bormans (Stanislas). — Chronique de Mathias de Lewis.
Liège, 1805; in-8°.
Lacroix (A.). — Episode du règne de Jean de Bavière.
Mons, 184I;in-8°.
( 422 )
Scheler. — Glossaire roman-latin du quinzième siècle, an-
noté. Bruxelles, 1865; in-8°.
Société entomologique de Belgique. — Comptes rendus des
assemblées mensuelles du 6 juillet, du 5 août et du 7 septem-
bre 18G7. Bruxelles; 5 feuilles in-8°.
Académie d'archéologie de Belgique, à Anvers. — An-
nales, tome XXIII, 2e série; tome III, 4re livr. Anvers, 1867 ;
in-8°.
Société des bibliophiles de Belgique, à Bruxelles. — Le Bi-
bliophile belge, 2e année, n° 5. Bruxelles, 1867; in-8°.
Société libre d'Émulation de Liège. — Documents et maté-
riaux pour servir à son histoire recueillis et publiés par Ulysse
Capitaine. Liège, 1860-1867; in-42.
Société d'Emulation pour l'étude de l'histoire et des anti-
quités de la Flandre, à Bruges. — Annales, 5e série, tome IL,
n° I. Bruges, 1867; in-8°.
Bévue de la numismatique belge. — 4e série, tome V, 4e li-
vraison. Bruxelles, 4867; in-8°.
Inscriptions funéraires et monumentales de la province de
la Flandre orientale, 54e, 55e et 56e livraisons. Gand, 4867;
5e cah. in-4°.
Société de l'histoire de Belgique. — 2e série, dix-septième
siècle. — Bergues sur leSoom, assiégée le 18 de juillet 1622 et
désassiégée le 5 d'octobre, ensuivant selon la description faite
par les trois pasteurs de l'église d'icelle. Avec une introduc-
tion et des notes, par Ch.-Al. Campan. Bruxelles, 4 867; in-8".
Cercle archéologique de Mons. — Annales, tome V, 4864;
tome VI, 4 866. Mons; 2 vol. in-i°.
Messager des sciences historiques , année 1 867, 5e livraison.
Gand, 4867; in-8°.
Essai de tablettes liégeoises, par Alb. d'Otreppe de Bou-
velte, 73e livr. Liège, 4 867; in-4 2.
Journal historique et littéraire , lome*XXXIV, livr. 5P et f> .
Bruxelles, 4867; 2 cah. in-8".
( 425 )
De vlaamsche School, nieuwe série, lsledeel, 1867; bl. 15,
JG, 17, 18, 19,20. Anvers, 4867; 6 feuilles in-4°.
L'Illustration horticole, tome XIV, 6e, 7e et 8e livr. Gand,
1867; 5 cah. in -8°.
La Belgique horticole , revue d'horticulture belge et étran-
gère, rédigée par Edouard Morren. Juin, juillet, août et sep-
tembre 4 867. Liège; 2 cah. in-8°.
Académie royale de médecine de Belgique. — Bulletin, an-
née 1867, 5e série, tome Ier, nos 2 à 7. Bruxelles; 6 cah.
in-8°.
Société de médecine d'Anvers. — Annales, 28' année, livr. de
janvier à octobre. Anvers, 1867; 3 cah. in-8°.
Société de pharmacie d'Anvers. — Journal, 23° année, juil-
let à septembre 1867. Anvers , 1867; 3 cah. in- 8°.
Société royale des sciences médicales et naturelles de
Bruxelles. — Journal de médecine, de chirurgie et de phar-
macologie, 25e année, 45e volume, juillet, août et septembre
1867. Bruxelles; 3 cah. in-8°.
Le chimiste, 5e année, nos 4 à 6. Bruxelles, 1867; 3 feuilles
in-8°.
Le Scalpel, 20e année, nos 1 à 13. Liège, 1867; 13 feuilles
in-4°.
Société de pharmacie de Bruxelles. — Bulletin, 11e année,
nos 7 à 9; juillet à septembre. Bruxelles, 1867; 3 cah. in-8°.
Annales de l'électricité médicale, 8e année, 4e à 6e fasci-
cules. Bruxelles, 1867; 3 cah.in-8°.
Annales de médecine vétérinaire , 16e année, 7e à 9e cah.
Bruxelles, 1867; 3 cah. in-8°.
La presse médicale belge , 19e année, nos 28 à 39. Bruxelles,
1867; 13 feuilles in-4°.
Annales d' ocu lis tique , 30e année, tome LVIII, lre et 2( livr.
Bruxelles, 1867; in-8°.
Tribune vétérinaire , 2e année, 7e à 9e fascicules. Bruxelles,
1867; 3 cah. in-8°.
( 424 )
Historisch genootschap gevestigd te Utrecht. - Kronyk,
XXIIlen Jaarg., 1866, Vde série, 2de deel. Utrecht, 1867; in-8°.
— Werken, nieuwe série, n° 7. Utrecht, 1867; in-8°.
Musée Teyler , à Harlem. — Archives, vol. 1 , fascicule 2P.
Harlem, 1867; gr. in-8°.
Musée Teyler, à Harlem. — Catalogue systématique de la
collection paléontologique, par T.-C. Winckler. 6e livraison.
Harlem, 1867; in-8°.
Kort overzigt van het oud provinciaal Ârchiefvan Gelder-
land. Utrecht, 1865; in-8°.
Nyhoff (Is.-An.). — Bijdragcn voor Vaderlandsche geschie-
denis en oudheidkunde. Nieuwe reeks, 5de deel, 2dc stuk,
1 862 ; 4de stuk , 1 864 ; 4de deel , 1 ste et 2de stukken ; in-8°.
Vreede (G.-W.). — Inleiding tôt eene geschiedenis der Ne-
derlandsche diplomatie. Tweededeel, eerste stuk (1799-1805);
hvcede deel, tweede stuk (1803-1810). Utrecht, 1864-1865;
2 vol. in-8°.
Gedenkivaardigheden uit de geschiedenis van Gelderland.
Zesde deel, eerste stuk. Utrecht, 1859; in-4°.
Koninklijke natuurkundige Vereeniging in Nederlandsch
Indië, te Batavia. — Natuurkundige tijdschrift voor Neder-
landsch Indië. Deel XXIX, 6dc série; deel IV, aflev. 2-4. Ba-
tavia, 1866; in-8°.
Vanderstraeten-Pont/wz. — Les neuf preux, gravure sur
bois du commencement du quinzième siècle. Fragments de
l'hôtel de ville de Metz. 1864; in-8n.
Dalij (César). — Motifs historiques d'architectureet de sculp-
ture d'ornement. Livraison 41-42. Paris, 1866; in-folio.
Chatel (Victor). — Maladie de la vigne, n° 1 I. Caen, 1867;
in-8°.
Tailliar. — Notice sur l'origine et la formation des villages
au nord de la France. Douai , 1862; in-8". — Fêtes religieuses
à Douai, au dix-septième siècle. Douai, 1865; in-8°. — Chro-
niques de la ville de Douai, en Flandre, sous les ducs de Bour-
( 425 )
gogne et sous les rois d'Espagne, de 1369 à 1607. Douai; in-8°.
— Recherches pour servir à l'histoire de l'abbaye de Saint-
Vaast d'Arras, jusqu'à la fin du douzième siècle. Douai, 4860;
in-8".
Klipffel (H.). — Le colloque de Poissy. Étude sur la crise
religieuse et politique de 1561. Paris, 1867; in-12.
Documents inédits de l'histoire de France. — Lettres, in-
structions diplomatiques et papiers d'État du cardinal de Riche-
lieu. Tome IV. Paris, 1861; in -4°.
Académie des sciences de l'Institut de France. — Comptes
rendus hebdomadaires des séances, par MM. les secrétaires per-
pétuels, tome LXV, nos 1 à 13 et tables du tome LXI1I. Paris ,
1867; I4cah. in-4°.
Société géologique de France. — Bulletin , 2'* série, t.XXî\p,
feuilles 25-56. Paris, 1864 à 1865; in-8".
Matériaux pour servir à l'histoire positive et philosophique
de l'homme, par Gabriel de Mortillet. Seconde année, nos 7
et 8. Paris, 1867; in-8°.
Institut historique de France. — L'Investigateur, 34e an-
née, 392° et 593e livr. Paris, 1867; in-8".
Muséum d'histoire naturelle de Paris. — Nouvelles ar-
chives. Tomes I , II et 111, lep et 2e fascicules. Paris, 186'j-
1867; 10 cah. in-8°.
Société d'agriculture de Valenciennes. — Revue agricole, 1 9e
année, tome XXIe, n08 7 et 8. Valenciennes, 1867; 2 cah. in-8".
Société météorologique de France. — Annuaire, tome XVe,
1867; 2e partie, Bulletin des séances, feuilles 1-10, 15-26. Paris,
4867; 2 cah. in-8°.
Revue de l'instruction publique , de la littérature et des
sciences en France et dans les pays étrangers, 27e année,
nos 14 à 26. Paris, 18G7; 13 doubles feuilles in-4°.
Presse scientifique et industrielle des Deux-Mondes , pu-
bliée par J-A. Barrai, 1867; tome II, nos 27 à 59. Paris;
4 3 broch. in- 8°.
( 426 )
Revue des cours scientifiques de la France et de l'étranger.
4e année, 1er semestre (décembre 1866 à juin 18G7) et 2e se-
mestre, nos 28 à 48 (juin à octobre 1867). Paris, 1867; in-4°.
Revue des cours littéraires de la France et de l'étranger,
4e année, lcrsemestre (décembre 1866 à juin 1867); 2e semestre,
nos 27 à 48 (juin 1867 à octobre 1867). Paris, 1867; in-4°.
Journal d'agriculture pratique , fondé en 1857, par Alexan-
dre Bixio, 1867. Tome II, 51e année, nos 58 à 42. Paris; 5 cab.
gr. in -8°.
Journal de F agriculture, fondé et dirigé par J.-A. Barrai,
1867. Tome III, nos 24 à 51. Paris; 8 cab. in-8°.
Bulletin hebdomadaire du journal de l'agriculture , année
1867, nos 27 à 59. Paris; 15 feuilles in-8°.
Société d'histoire naturelle de Colmar. — Bulletin, 6e et
7e années, 1865 et 1866. Colmar, 1867; in-8°.
Société des antiquailles de Picardie, à Amiens. — Mémoires,
5e série, tome Ier. Amiens, 1867; in-8°.
Société des antiquaires de la Morine, dSaint-Omer. — Bul-
letin historique, 14e année, 57e et 58e livr.; 15e année, 59e et
60'' livr.; 16e année, 61e et 62e livr. Saint-Omer, 1866-1867;
5 cah. in-8°.
Rapport présenté à la Société impériale d'agriculture de
Lyon, au nom de la commission des soies, sur ses travaux en
1866. Lyon, 1867; in-8°.
Société des Antiquaires de Picardie, à Amiens. — Bulletin,
année 1867, nos 1 et 2. Amiens, 1867; in-8°.
Académie impériale des sciences, arts et belles-lettres de
Dijon. — Mémoires, 2e série, tomes 12e et 15e, années 180i
eM865. Dijon, 1865-1866; 2 vol. in-8°.
Société d archéologie et d'histoire de la Moselle. — Bulletin.
Impartie, 1858; in-8°.
Société de physique et d'histoire naturelle de Genève. —
Mémoires, tome XIX, lre partie. Genève, 1867; in-4°.
Ilislorisclier Verdit fur Steiermarl; zu Gratz. — Milthei-
( 427 )
lungen, XVtes Heft; — Bcitriige, 4ter Jahrgang. Gratz , 4867;
2 cah. in-8°.
Oberhessische Gesellschaft fur Natur-und Heilkunde zu
Giessen. — VII'% IX,e und XIIte Bcrichtcn. Giessen; 5 vol.
in-8°.
Jastus Perthes' geographischer Anstalt zu Gotha. — Mit-
theilungen ùber wichtige neue Erforschungen auf dem Gc-
sammtgcbiete der Géographie, 1867. Gotha; 1 eah. in-4°.
Kônigliche-bayerische Akudemie der Wissenschaften zu
Mûnchen. — Matheitiàtisch-physikalische Classe. Abhandlun-
gen, XKr Band, lslP Abth.; 1 cah. in-4°. — Historische Classe:
Abhandlungen,IXlcrBand, 3lc Abth ; 1 cah. in-4°. — Sitzungs-
berichte, 1867, 1, Heft 4; II, Hefl 1 ; 2 cah. in-8°. — Uebcr
einige altère Darstellungen der deutschen Kaiser zeit, Vortrag.
Munich, 1867; in-4°. — Geschâfts-Ordnung; in-8°.
Kônigliche-ôkonomische Gesellschaft zu Kônigsberg. —
Schriftcn, VlstCT Jahrg., 1865, 1ste und 2,e Abth., VII"' Jahrg.,
1866, 1s,c und 2le Abth. Kônigsberg, 1865-1866; 4 cah. in-8°.
Kaiserliche Leopoldino-Carolinische deutschen Akademie
der Naturforscher zu Dresden. — Verhandlungen, XXVSUI
Band. Dresde, 1867; in-4°.
Scltlesische Gesellschaft fur vaterlandische Cultur zu Bres-
lau. — Vierundvierzigster Jahres-Berichl, 1866. Breslau,
1867; in-8°.
Kaiser liche-kônrgliche geologische Reichsanstalt zu Wien.
— Jahrbuch, XVIIter Band, n° 2. — Verhandlungen, 1867, n" 6.
Vienne, 1867; 2 cah. in-8°.
Zeitschrift fur die Geschiclite des Oberrheins. Tome XIII ,
livr. 2-4; tomes XV-XIX, in-8".
Historischer Verein fur Niedersachsen. — 20 uwl 22e Xuch-
richlen. 1857-1859; 2 vol. in-8'\
Historischer Verein von Unterfranken und Aschaffenburg.
— Tome XVII, livr. 1-5; tome XVIII; tome XIX, livr. I.In-8".
Historischer Verein fur Niedersachsen. — Zeitschrift, Jahrg.
1857-1859; in-8°.
( 428 )
Philomathie in JVeisse. — Bericht, XIVter und XVlPr Jahrg.;
— Denkschrift zur Feicr ihres XXVtes jâhrigen Bestehens; —
Geschichte der Stadt Neissc. ltepTheil, IIIter Band. Ncisse,
1805-1806; 4 cah. in-8°.
Programm der Thomasschule in Leipzig wodurcb zu der
offentlichen Schulprûfung ara 42 Aprii 1807 ehrerbietigst
einladet Dr. Fr.-Aug. Eckstçin, Hector. Leipzig, 18G7; in-4°.
Naturw. Verein fur Sachsen tend Thùringen in Halle. —
Zeitsehrift fur die Gesammtcn Natur-Wissenschaften. Jàhr-
gang 1867, XXIX1" Band. Berlin, 1867; in-8°.
Kônigliche-preussische Akademie der Wissenschaften zu
Berlin; Mai und Juni 1867. Berlin; 2 cah. in-8°.
K.-K. Universilàt zu Wien. — Oeffentliche Vorlesungen im
Winter-Semester 1868. Vienne, 1867; in-i°.
Bischoff [Th.-L.-W.). — Ucber die Brauehbarkeit der in
verschiedenen europâiscben Staatcn verôffentïichen Rcsultaîe
des Recrutirungs-Gescbaftes. Munich, 1867; in-8°.
Petlenkofer und Voit. — Untersuehungen ùber der StofT-
verbrauch des normalen Menscben. Munich, 1867; in-8°.
Pollender (Aloys). — Ueber das Entslehen und die Bildung
der kreisrunden Oeffnungen in der ausseren Haut des Blù-
tenstaubes. Bonn, 1867 ; în-4°.
Z ester mann (A.-C.-A.). — Die Unabhangigkeit der deuts-
ehen xylographischen Biblia Pauperum von der lateinischen
xylographischen Biblia Pauperum. Leipzig, 1866; in-i°.
Baur(Dr L). — Hessische Urkunden. Vol. II et III. In-8°.
Wagner. — Die Wùstungen im Grosherzogthum Hcssen. —
Provinz Rheiiïhessen. 1865; in-8". - Provinz Starkenburg.
1862; in-8°.
Volger (Dr). — Der Ursprung und der âltcste Zustand der
Stadt Liincburg. 1861; in-8°.
Moue (/.). — Quellen Samnilung der badiseben Landesge-
sebichte. Vol. III, 2e et 5e livr.,avcc une livr. de planches, 1862
et 1865; in-4°.
Archiv der Mathematik und Physik; herausgegebcn von
( 429 )
J.-A. Grunert. XLVIIte Theil, lste und 2te Heftes. Greifswald ,
1867; 2 broch. in-8°.
Heidelberger Jahrbùcher der Literatar , LXter Jahrgang.
7te Heft. Heidelberg, 1867; in-8°.
Beitrâge zur Statistik der inneren Verwaltung des Gros-
herzogthums Baden. 42te Heft.. 1862; in-4°.
Kongelige danske Videnskabernes Selskabs, lill Kjôbenhavn.
— Oversigt, aaret 1865, Nr 4; aaret 1866, nos 2 à 6; aaret
1867, n08 4 ,2, 5. Copenhague, 1865-1867; 9 cah. in-8°.
Académie impériale des sciences, à Saint-Pétersbourg. —
Mémoires, tome X, n° 16 et dernier; tome XI, nos 1 à 8. Saint-
Pétersbourg, 4867; 9 cah. in-4°. — Bulletin, tome XI, feuilles
20-57; tome XII, feuilles 1-6. Saint-Pétersbourg, 1867; 5 cah.
in-4°.
Nicolai-ffauplstermvarte zu Pulkowa. — Jahresberieht am
20 mai 1866 dem comité ahgestattet vom Director der Stern-
warte. Saint-Pétersbourg, 1866; in-8°.
Observatoire physique central de Russie. — Annales, année
4 865, n° 1; année 1864. — Correspondance météorologique
pour l'année 4864. — Compte rendu annuel, année 1864.
Saint-Pétersbourg, 4865-1866 ; 3 vol. et 4 cah. in-4°.
Reale accademia délie Scienze di Torino. — Memorie, série
seconda , tomo XXII. Turin , 4867; in-4°. — Atti, vol. 4 , disp.
5a-7a; vol. 2, disp. 4a-5a. Turin, 4866-4867; 8 cah. in-8°.
Commission royale d'histoire de Sardaigne. — Historiae pa-
triœ monumenta ; édita jussu régis Caroli Alberti Scriptores.
Tomus IV. Turin, 1863; in-folio.
R. Istituto tecnico di Palermo. — Giornale di Scienze natu-
rali ed economiche, pubblicato per cura del consiglio di perfe-
zionamento annesso al R. Istituto. Volume 2, fasc. II, III e IV.
Palermo, 4866; in-4°.
Reale accademia economico-agraria dei georgofili di Fi-
renze. — Continuazione degli atti,nuova série, vol. XIII e
2me SÉRIE, TOME XXIV. 29
( 430 )
vol. XIV, disp. 1\ — Parte istorica , 1866 e 1867, disp. la.
Fiorencc, 4866-1867; 8 cali. in-8°.
Societa reale di Napoli. — Accademio di Scicnzc morali e
politiche. Atti, volume III0; — Rendiconto, anno VI10, quaderni
di Luglio e agosto. Naples, 1867; 1 eah. in-4° et I cah. in-8°.
Fenicia [Salvatore). — Libro decimotcrzo délia politiea. Bari,
1867; in -8°.
De Leva (Giuseppe). — Storia documentai di Carlo V in
correlazione ail' Italia. Tomes I et II, et les 96 premières pages
du tome III. In-8°.
Omboni [Giovanni). — Le duo récent i teorie sulle correnti
atmosferiche. Milan, 1867; in-12.
British association for the advancemenl of Science. — Re-
port of the thirtv-sixlh meeting, held at Notlingham in august
1866. Londres, 1867; in-8°.
Geological Society of London. — The quarterly journal ,
vol. XXIII, part 5. Londres, 1867; in-8°.
Chemical Society of London. — Journal, série 2, vol. V,
July, August, Scplember 1867. Londres; 3 eah. in-8°.
The laboratory , a weeklv Record of Seientific Research.,
1867, nos 22 and 26 Londres, 1867; 5 cah. in-8°.
Natural history Society of Dublin. — Proceedings for the
session 1864-65, Volume IV, part 5. Dublin, 1865; in-8°.
Royal Society of Victoria, at Melbourne. — Transactions
and proceedings, vol. III, part 1. Melbourne, 1867; in-8°.
Commission géologique du Canada. — Rapport de progrès
depuis son commencement jusqu'à 1865. Montréal, 1864;
1 vol. in-8° et allas. — Report of progress from 1865 to 1866.
Ottawa , ! 866 ; in-8°. — Palaeozoic fossils, volume 1. Montréal,
1865; in-8°. — On the history of cozoon Canadense. Montréal.
1865; in-8°.
The umerican Journal of science and arts, second séries,
vol. XL1V, n° 150. New-Havcn, 1867; in-8°.
Remarks upon the éducation of deaf mutes : In défonce of
( 431 )
ihe doctrines of the second annual report ofthe Massachusets
board of states charities. Boston , 4 860; in-8°.
Third annual report of the board of states charities of Mas-
sachusets, to which are added tlie reports of the Seeretary,
and the gênerai agent of the board. January 1807. Boston.
1807; in-8°.
Catalogue of officiai Reports upon Geologicul Surveys of
the United States and british provinces. Ncw-Haven, 1807:
in-8%
Essex inslitute at Salem. — Pro^eedings and communica-
tions, vol. IV and vol. V, nos 1 and 2. Salem, 1806-1807; in-8u.
Tillmann (S.-D.). — A New chemical nomenclature. Al-
bany, 1800; in-8°.
American Academy of arts and sciences at Boston. — Pro-
ceedings, vol. VII, pp. 97-184. Boston, 1807; in-8°.
Muséum of comparative zoology , at Harvard Collège, in
Cambridge. — Annual report of the trustées, 1800. Boston.
1807; in-8".
American philosophical Society , held at Philadelphiu. —
Proceedings, vol. X , n° 70. Philadelphie, 1800; in-8°.
Connecticut Academy of arts and sciences at Xeiv-Haven.
— Transactions, vol. I, part 1. New-Havcn, 1860; in-8°.
American philosophical Society, held at Philadelphiu. Pro-
ceedings, vol. X , n° 70. Philadelphie, 1800; in-8°.
Academy of nalurul Sciences of Philadeiphîa. — Procee-
dings, 1805. Philadelphie; 5 cah. in-8°.
Leidy (Joseph). — Cretaceous reptiles of the United States.
Philadelphie, 1865; in-4°.
National Academy of Sciences at Washington. — Mémoire,
vol. I. Washington, 1800; in-4°.
Pumpelly {Raphaël). — Gcological researches in China, Mon-
golia,andJapan, during the years 1802 lo 1805. Washington.
l806;in-4°.
Annals ofthe astronomical Observatory of Harvard Collège.
( 432 )
— Vol. Il, part 2, 1854-55; vol. V. Cambridge, 1867; 2 vol.
in-4°.
Smithsonian institution al Washington. — Animal Report
for the year 1865. Washington, 1866; in-8°. — Miscellaneous
Collections, vol. VI, VII. Washington, 1867 ; 2 vol. in-8°.
Report of the Secretary of War , with accompanying papers.
Washington, 1866; in-8°.
Ohio state agricultural Society of'Columbus. — Ohio Acker-
bau-bericht, 1865, zweite Reihe. Columbus, 1866; in-8°.
Albany institute. — Transactions, vol. V. Albany, 1N67:
in~8°.
Lycenm of natural history at New-York. — Annales, vo-
lume VIII, nos 11-14. New-York, 1866-1867; 2 cah. in-8°.
California Academy of natural Sciences, at San- Francisco.
— Proceedings, vol. III, parts 2-3. 1864-1866. San-Francisco;
2 cah. in-8°.
Boston Society of natural history. — Memoirs, vol. I, parts
1-2. Boston, 1867; 2 cah. in-4°. — Journal, vol. VII, n° 4.
Boston, 1865; in-8°. — Proceedings, vol. IX, pp. 177-520;
vol. X, pp. 289 à fin; vol. XI, pp. 1-96. Boston; in-8°. — Con-
dition and doings as exhibited by the annuals reports of the
may, 1866. Boston, 1866; in-8°.
Museo publico de Buenos- A ires. — Anales, Entrega 2a e 5a.
Buenos-Ayres, 1866; 2 cah. in-4°.
BULLETIN
DE
L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES
DES
LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE.
4867. — N° II.
CLASSE DES SCIENCES.
Séance du 9 novembre 1867.
M. le vicomte du Bus, président de l'Académie.
M. Ad. Quetelet, secrétaire perpétuel.
Sont présents : MM. d'Omalius d'Halloy, Wesmael, Stas,
De Koninck, Van Beneden, de Selys-Longchamps , Nyst,
Gluge, Nerenburger, Melsens, Liagre, Duprez, J.-B. Bras-
seur, Poelman, G. Dewalque, Ern. Quetelet, Spring, Maus,
Gloesener, Candèze, Eug. Coemans, Donny, membres;
Th. Schwann, Th. Lacordaire, E. Catalan, associés; Ma-
laise, Dupont, correspondants.
2me SÉRIE , TOME XXIV. 50
( 454 )
CORRESPONDANCE
Le secrétaire perpétuel fait connaître que, depuis la
dernière réunion, la classe a fait une nouvelle perte par
le décès d'un de ses associés les plus anciens , M. James
South, de Londres, élu en 1827, et qui eut l'honneur de
partager, avec sir John Herschel , le grand prix décerné
par l'Institut de France pour un travail sur les étoiles dou-
bles cl multiples.
— Le secrétaire dépose sur le bureau le tome XXXllï
des Mémoires couronnés et Mémoires des savants étrangers,
qui vient d'être achevé.
Ce volume renferme les travaux suivants :
1. Exposé historique de la théorie du tonus musculaire,
par le docteur Isidore Cohnstein;
2. Description miuéralogique et stratigraphique de
l'étage inférieur du terrain crétacé du Hainaut (système
aachénien de Dumont), par MM. A. Rriart et F.-L. Cornet;
5. Sur la vision des poissons et des amphibies, par
M. Félix Plateau.
4. Mémoire sur la transformation des séries et sur
quelques intégrales définies, par M. E. Catalan;
o. Recherches sur la capillarité, 1er et 2mc mémoires,
par M. E. Bède;
6. Histoire du droit pénal dans l'ancien duché de Bra-
bant, par M. Edmond Poullet;
6. Projet d'assassinat de Philippe le Bon par les An-
glais (1424-1426), mémoire historique par M. A. Des-
planque;
( 455 )
7. Les colonies wallonnes en Silésie, particulièrement à
Breslau, par M. Colmar Griinhagen.
— Il donne lecture d'un grand nombre de lettres de
remercîments adressées par des associés ou des sociétés
savantes, pour l'envoi des dernières publications. Nous
mentionnerons celles de MM. Airy, directeur de l'Observa-
toire royal de Greenwich; Richard Owen, directeur du
Musée britannique; J.-B. de Rossi, de Rome; l'Institution
des ingénieurs civils d'Angleterre; l'Observatoire d'Oxford;
la Société philosophique de Glasgow; la Société microsco-
pique de Londres; la Société philosophique de Manchester;
l'Université de Kœnigsberg; la Société vétéravienne de
Hanau; la Société d'émulation de Rouen; la Société des
sciences naturelles de Cherbourg; l'Académie impériale de
Metz; l'institut Smilhsonian de Washington; le Musée pu-
blic de Buenos-Ayres.
— M. Ch. Fritsch l'ait parvenir les résultat» de ses ob-
servations sur l'étal de la végétation à Vienne en 1867. Les
observations sur l'étal de la végétation au 21 octobre der-
nier et recueillies par MM. de Selys-Longchamps etGhaye,
à Waremme; par M. Bernardin , à Melie, près de Gand; et
par M. Ad. Quetelet, à Bruxelles, sont présentées égale-
ment à la classe.
— M. le Ministre de la guerre adresse un exemplaire
de la ome livraison, composée dos feuilles 1, o et 21 , de la
Carie topographique de la Belgique, publiée par le dépar-
tement de la guerre. — Remercîments.
— Le directeur de la Renie des cours scientifiques et
littéraires , à Paris, demande l'échange de ce recueil avec
les publications académiques; l'échange est accepté.
( 436 )
— La classe désigne les commissaires pour l'examen
des ouvrages manuscrits suivants, qui viennent de lui être
adressés :
1° Note sur le pouvoir dispersif de l'air, par M. Mon-
tigny. (Commissaires : MM. Plateau etDuprez.)
2° Sur les caractères du genre Populus, par M. Alfred
Wesmael. (Commissaires : MM. Coemans et Morren.)
5° Sur V erreur moyenne d'un ensemble d'observations,
par M. Adan. (Commissaires : MM. Catalan et Liagre.)
4° Le genre Dactycotile, son organisation et quelques
remarques sur la formation de l'œuf des trématodes, par
M. Ed. Van Beneden. (Commissaires : MM. Schwann et
Spring.)
ELECTIONS.
La classe se constitue en comité secret et, après avoir
discuté les titres des divers candidats présentés pour la
place vacante de membre et les deux places vacantes d'as-
socié, arrête la liste de présentation pour une place de
correspondant dans la section des sciences physiques et
mathématiques et pour une place dans la section des sciences
naturelles.
( 457
RAPPORTS.
Les crustacées d'eau douce en Belgique, par M. Félix Pla-
teau, docteur en sciences naturelles.
Kapi»ot't «if 33. I (c»t MSeneilen.
« Le mémoire que M. F. Plateau a communiqué à la
dernière séance de la classe a pour titre : Recherches sui-
tes crustacés d'eau douce de Belgique. « Je me suis occupé
» depuis plusieurs années des petits crustacés d'eau douce
» du pays, dit M. F. Plateau; j'ai pu faire ainsi quelques
» observations nouvelles sur leur anatomie et leur pliysio-
» iogie », ajoute-t-il, et dans ce premier mémoire il a réuni
le résultat de ses recherches sur les genres Gammarus,
Lynceus et Cypris.
Parmi les espèces de Gammarus , M. Plateau s'est oc-
cupé surtout du Gammarus Puteanus qui vil dans les
lieux obscurs et qui est, pour mon ami Vander Hoeven,
aux autres espèces du genre Gammarus, ce que le Prolée
est au Monobranche, c'est-à-dire une espèce souterraine
et étiolée au milieu de congénères lluviatiles.
Dans la Zoologie médicale (1), nous avons admis trois
espèces pour la France et je ne sais pourquoi M. Plateau
prétend que mon collaborateur refuse la qualité d'espèce
à ce crustacé naturellement étiolé.
Sur les huit espèces de Lyncées découvertes par Millier,
(1) Publiée eu collaboration avec M. Gênais.
( 458 )
M. Plateau en a capturé six en Belgique, et après avoir
exposé le résultat de ses observations sur divers points de
leur organisation et de leur reproduction , il répartit ces
six espèces dans un tableau avec l'indication des princi-
paux caractères qui les distinguent.
M. F. Plateau a pu se procurer vingt-trois espèces de
Cypris en Belgique, qu'il a dessinées et comparées à
divers âges, et cette étude lui a permis de refaire leur
synonymie.
Ces petits crustacés disparaissent périodiquement, mais
M. F. Plateau n'a pu s'assurer encore s'ils s'enfoncent
dans le sable ou s'ils se maintiennent par le secours des
œufs : en tout cas il ne croit pas qu'il y ait chez eux un
phénomène de parthénogenèse.
Le mémoire de M. Plateau est accompagné d'une planche
bien dessinée par lui-même et qui représente les princi-
paux objets qui méritent d'être reproduits.
M. Plateau fait preuve de connaissances dans la dis-
cussion des faits, aussi bien de ceux qui se rapportent à
l'organisation que de ceux qui sont purement zoologiques;
il est fort bien au courant de la partie littéraire, il s'est
donné beaucoup de peine pour réunir ces matériaux dans
nos principales provinces , et nous nous faisons un vrai
plaisir de demander l'impression de son savant travail
dans les mémoires de l'Académie. En finissant nous ex-
primerons le vœu que M. F. Plateau soit chargé de l'étude
des crustacés inférieurs libres qui vivent si abondamment
sur notre littoral et qui servent de première pâture à tant
de milliers de poissons les premiers jours de leur éclo-
sion. »
( 439 )
MSappofl tic M . tle Srly*-tjO*»ffchitn»i*s
« Le mémoire de M. Félix Plateau me semble une
œuvre des plus remarquables, qui abonde en observations
importantes sur l'organisation et sur la classification des
Gammarus, des Lynceus et des Cypris.
L'auteur fait preuve d'une grande érudition en ce qui
concerne les travaux qui ont précédé le sien , et d'une rare
sagacité dans la discussion des points sur lesquels les au-
teurs sont en désaccord entre eux ou avec ses observations
originales.
La partie purement zoologique est traitée avec tout au-
tant de détail que la partie physiologique et anatomiquo.
Les espèces belges ont été recueillies et déterminées avec
soin ; leur nombre est considérable, et prouve quelle riche
moisson attend les jeunes naturalistes qui, comme M. Pla-
teau, voudront se donner la peine d'étudier les familles qui
ont été négligées jusqu'ici en Belgique ; car des trois groupes
traités dans ce premier mémoire, nous ne possédons, pour
ainsi dire, d'autre connaissance, dans la faune indigène,
que celle de l'existence de ces genres eux-mêmes, et
AL Plateau nous apporte un catalogue raisonné qui com-
prend trois Gammarus, six Lynceus et vingt-trois Cypris.
,1c fais des vœux pour que M. Plateau continue ses sa-
vantes recherches sur les différents groupes du grand genre
Monoculus de Linné : Ci/dopes , Daphnies , Branchipcs,
Apus, Arcjulcs, etc., dont les espèces belges n'ont guère
été collectionnées et qui, en outre, lui fourniront certaine-
ment une ample récolte de faits nouveaux dans le domaine
de la physiologie et de l'anatomie.
il est à désirer que M. Plateau soit à même d'étudier à
fond les provinces autres que les Flandres, où il a fait jus-
qu'ici ses principales observations, parce que la nature du
( 440 )
sol cl des eaux qu'on y rencontre est infiniment plus variée,
d'où l'on peut présumer qu'on y trouvera d'autres espèces
des mêmes genres (1 ).
Notre collègue, M. Van Beneden, nous a déjà donné un
contingent important sur nos crustacés marins, et nul doute
qu'il ne soit à même de continuer, dans le domaine de la
mer, ses brillantes observations; je diffère donc d'avis avec
lui, lorsqu'il désire que M. Plateau soit chargé d'étudier
les crustacés libres de nos côtes. Je crois qu'il est préfé-
rable que M. Plateau continue et termine d'abord la re-
cherche des espèces d'eau douce qu'il vient d'inaugurer
avec tant de succès.
Des travaux comme celui qui nous est présenté aujour-
d'hui honorent la science en Belgique. C'est assez dire que
je me prononce pour l'impression du mémoire et de la
planche dans les Mémoires de l'Académie. »
E&tspjintfl dit Ji . Uandèze.
« J'adhère aux conclusions de mes savants collègues,
MM. Van Beneden et de Selvs , concernant le mémoire
présenté par M. Félix Plateau. »
Conformément aux conclusions des trois rapporteurs,
l'impression est ordonnée et des remerciments sont adres-
sés à l'auteur.
(i) Il y a plus de trente années,, j'avais commencé à recueillir quelques
petits crustacés d'eau douce, et je me souviens d'avoir remarqué, dans
une fontaine provenant des eaux souterraines des houillères de Liège, de
petits Gommarus qui m'avaient semblé différents du G. Putex. C'était
probablement le G. Puteanus , observé en Flandre par M. Plateau.
( m
COMMUNICATIONS ET LECTURES.
Ichneamonologiça documenta, par M. Constantin Wesmael,
membre de l'Académie.
AVERTISSEMENT.
Dans les quelques pages de cette notice, j'ai réuni un
certain nombre de renseignements restés épars et inédits
parmi mes manuscrits sur les Ichneumons : c'est dire que
cet opuscule n'est pas autre chose qu'un appendice aux pré-
cédents sur le même sujet, et que je me crois ainsi dis-
pensé d'entrer dans d'autres explications préalables. Ceux
de mes sous-genres dont il y est question sont les Eupa-
lamus, les Chasmodes , les Ichneitmons, les Amblyteles, les
Heresiarches , et les Oronotus.
Depuis la publication, en 1844, de mon mémoire fonda-
mental, le Tentamen dispositionis methodicae Ichneumo-
num BeUjii, j'ai dû m'avouer qu'il laissait beaucoup à dé-
sirer; mais, tout en échouant plus d'une fois devant les
difficultés du sujet, je crois avoir eu au moins le mérite
d'essayer de faire mieux que mes prédécesseurs, et c'est à
cette idée que se rattache le titre modeste de Tentamen
que j'ai adopté à cette époque pour mon travail.
( .44-2 )
PRIMA SECTIO.
ICHNEUMONES OXYPYG1 {Tentam. p. II.)
Subgenus EUPALAMUS.
1. Eup. oscillator ay$. Wesm.
,„ , , , , i oy : l. deliratorius d*. Grav. n'68.
feittnm.. p. 14, n° 1. ? _ „. _ „
' $ : /. pallipes $. Grav. nn /o.
Je crois rendre service à M. Taschenberg (1) en signa-
lant à son attention une double inexactitude qui s'est
glissée, sans doute à son insu, dans ses descriptions des
L deliratorius 6* (p. 502) et /. pallipes $ (p. 508), et dont
je ne puis me rendre compte que par la supposition d'un
lapsus calami ou d'une faute typographique. Les faits dont
je parle ont rapport à la couleur des orbites externes des
yeux, et en voici l'exposé :
/. deliratorius 0* Grav. nn 68, p. 221, lin. 2-3 : « Caput... Orbitis oeulo-
rum externis ferrugineis. »
/. pallipes Q Grav. n° 75, p 233, lin. 16-19 : «. Caput... feminae .. Orbilis
oculorum... externis parlim rufis. «
/. deliratorius à? \ L oscillator Wesm. Tentam. p. 14, n" 1 : o Orbilis
oculorum externis partim rufis (2) a — 7 mares
/. pallipes $ ; et 13 feminae (collecl.).
(1) Dr E. S. Taschenberg. Ueber die drei erslen Sektimen der Gra-
venhorstschen Gatlung Ichneumon. (Zeitschrift. fur ces. Naturayiss.
zo Halle 1866, XXVII, pp. 228-518).
(2) Quoique Graveiihorst ail qualifié de ferrugineis les orbites externes
des yeux chez les mâles, et de rufis chez les femelles, il est souvent si dif-
ficile de fixer la différence entre ces deux couleurs, que j'ai cru pouvoir,
sans altérer la vérité, employer le même qualificatif pour les deux sexes ,
afin de faire mieux ressortir leur analogie de coloration.
( 445 )
/. deliratorius o" Taschenb. p. 502, lin. 29-50 : « àussere Augenrander in
der obern Halfte zum Theil... Weiss. *>
/. pallipes $ Taschenb. p. 509, lin. 18-19, « Weiss sind : die... grossie
Theil der Aussenrander der Augen , etc. »
D'après le tableau précédent, s'il fallait s'en rapporter
à M. Taschenberg, les orbites externes des yeux seraient
en partie blanches chez les deux sexes de YOscillalor,
tandis qu'elles sont ferrugineuses ou fauves : 1° d'après
Y affirmation positive de Gravenhorst, laquelle a pour ga-
rantie l'examen de plusieurs mâles [mares quosdam, etc.
Grav. p. 221), et de plusieurs femelles (feminae non-
nullae, etc. Grav. p. 254); 2° d'après ma propre affirmation
à moi, pour laquelle je crois pouvoir réclamer quelque
valeur scientifique, et qui repose d'ailleurs sur l'étude de
vingt-deux individus (7 <r et 15 $), tous pris par moi, et
tous parfaitement conservés dans ma collection.
J'espère que personne n'interprétera les remarques pré-
cédentes de manière à leur donner une signification qui
serait contre ma pensée. Je n'ai pas proclamé comme chose
impossible, mais comme chose inconnue jusqu'ici, l'exis-
tence de couleur blanche aux orbites externes des yeux
chez YOscillalor ; je me borne à dire que si ce caractère acci-
dentel venait à être suffisamment constaté, il n'aurait jamais
le droit de figurer dans la description des Oscillator genuini,
en y usurpant la place des caractères affirmés par Graven-
horst; seulement, ces Oscillator hypothétiques devraient
être relégués au rang d'une variété, comme j'ai fait pour les
Oscillator à orbites externes noires (Mantis, p. 7. var. 2 o*.
— 1848). En dehors des suppositions que je viens de faire
pour tacher d'expliquer, avec toute la réserve possible,
l'assertion de M. Taschenberg, je n'en connais plus qu'une
autre: il faudrait admettre que la couleur des orbites des
( Ui )
yeux est sujette à s'altérer à la longue, et à passer du fauve
au blanc : est-ce là ce qui est arrivé aux Oscillator que
M. Taschenberg a eus sous les veux?
Subgenus CHASMODES.
1. Chasmodes MOTATORIUS Oo\
Tentam. 15. I. — Grav. 555. 157. o.
Je mentionne ici celte espèce pour attirer principalement
l'attention sur une faute qui s'est glissée dans la diagnose
delà femelle, où l'on trouve que le sixième segment a le
dos blanc, tandis que c'est, en réalité, le septième. 11 est
probable que je suis resté, à mon insu, sous l'influence
de la lecture de la diagnose de Gravenborst qui contient
la même faute, bien qu'elle n'existe pas dans sa descrip-
tion.
Du reste, je persiste à regarder comme des Motatorius 0"
ceux que j'ai signalés dans mon Tenlamen, et que la con-
formation de leur chaperon doit aider à reconnaître. Des
mâles semblables ont probablement été rencontrés par
divers entomologistes, mais leur identité spécifique avec le
Motatorius o peut être restée méconnue à cause de leur
différence de coloration. On doit à M. Boie une observa-
tion relative à des chrysalides de la Noct. Airae dont il a
obtenu 50 femelles du Motatorius en compagnie de deux
mâles seulement, lesquels sont par lui qualifiés de dou-
leur, probablement à cause de leurs couleurs, car il est
bien probable que ces deux mâles étaient réellement des
Motatorius. (Archic. f. Naturges., 8u'r Jahrg.,2'" Band.
Berlin, 1842).
( 44o )
2. Chasmodes LUGENS Qo\
Tentam. I(i. 2. — ï. llge.vs 9- Tasch. Go. 300.
M. Taschcnberg commence son n° 6o par une rectifi-
cation dont je me fais an devoir de le remercier.
Après sa description de 17. lugens 9 Grav., il ajoute :
Wesmael qui a aussi vu le mâle , pense que l'espèce (die
art) est à peine spécifiquement différente de son Ambl. bi-
PUSTULATUS.
Pour moi, qui suis habitué à l'extrême clarté exigée par
la langue française, l'expression die art, paria place qu'elle
occupe, me semble de nature à donner matière à on double
sens, et, comme il s'agit ici de l'interprétation de ma
propre pensée, je me permettrai de substituer à l'extrême
concision germanique de M. Taschcnberg des expressions ,
plus longues, il est vrai , mais plus claires, que voici :
« Wesmael qui a aussi reçu de Breslau 17. lugens c?
Grav., le regarde comme d'une tout autre espèce que 17.
lugens 9 du même auteur. D'après lui, ce mâle est un
Amblyteles qui ne manque pas d'analogie spécifique avec
son Ambly. bipustulatus o*. [Ich. Ambly. Ewr.39. — Re~
marq. cri t. 65. (1858). »
Subgenus ICHNEUMOJS.
1. [CBNEUMON FABBICATOR o'. Grar. 1. 185.46.
Je crois devoir mentionner ici un /. fabricator qui , par
la coloration de sa lace, mérite de ne pas elre confondu
( 446 )
avec les autres variétés, et qu'on peut convenablement
placer après la var. l.o'de mon Tentamen, p. 69 :
Var. \'J <f : Fade rufa, ejus orhitis et clypeo flavoalbis. —
Caetera sicut in genuinis. == 5 */a lï. — 1 mas.
Hab. in Belgio.
Remarque. — En 1848, j'ai décrit dans ma Mantissa,
p. 56, une var. 8 a* de 17. fabricalor, d'après un exem-
plaire resté depuis lors unique dans ma collection. La cou-
leur de son abdomen semble l'éloigner tellement des autres
fabricalor c? que, tout récemment, j'ai cru devoir le sou-
mettre à un nouvel examen, dans la crainte d'avoir commis
une erreur. Cette seconde étude n'a eu d'autre résultat
que de me confirmer dans mon opinion: seulement, je
crois que le qualificatif rufum, appliqué à l'abdomen, doit-
être remplacé par ferrugineum-, de sorte que, à la page 35,
il faut lire :
Var. 8. o" : A b do mine ferrugineo basi nigra
et, dans la description de la page 56 :
Abdomen segmento 1 margine apicali (errugineo, 2-7 lotis
ferrugineis.
2. ICHNEUMON NIGRITARIUS Ç.
et
5. IC HN EU MON FABRICATOft $.
Dans mon Tentamen, p. 68, on lit, dans la diagnose
spécifique de l'I. kigkitarius p: metathoracis areolasupe-
romedia undique clama, tandis que, vers le bas de la
page 69, j'attribue à PL fabrjcator $ une areola supero-
( 447 )
média margine antico obsoleto. Je crois aujourd'hui que la
différence dans la circonscription de cette aréole n'a pas
la valeur spécifique que je lui avais attribuée, parce qu'elle
m'a paru sujette à varier, et qu'il est par conséquent pru-
dent de ne pas en tenir compte.
Dans ma Manlissa, p. 55 et 57, j'ai indiqué, sous le
n° 12, var. 2, une variété établie sur deux femelles du fa-
bricalor qui diffèrent des autres par leur abdomen d'un
fauve rougeâtre avec le 1er segment noir, et par leur taille
plus forte. Dans cet endroit, j'ai oublié de mentionner
un renseignement synonymique important : c'est que j'ai
trouvé une femelle toute semblable à ma var. 12, dans la
collection d'iebneumons de Provence, de Boyer de Fonsco-
lombe, où elle était étiquetée de sa main comme étant son
Ichneumon Gravenkorstii (Ichneumonologie provençale;
Ann. de la Soc. Entom. de Francs, 2nic série, tome V,
1847, p. 412, n° 62.) — Depuis la publication de ma Man-
tissa, j'ai encore trouvé en Belgique une troisième femelle de
celte variété, mais dont la taille dépasse à peine trois lignes,
et dont le postpétiole est coloré comme les segments sui-
vants. — Chez ces trois femelles, les cuisses et les jambes
sont de la couleur de l'abdomen, et les jambes ont le demi-
anneau blanc normal.
Les entomologistes qui auraient le temps et le courage
de chercher à résoudre les difficultés relatives à la spécifi-
cation des /. annitlaior, nigritarius et fabricator des au-
teurs, doivent avoir soin de consulter les intéressantes
observations publiées par feu le Dr Ratzeburg, dans le
tome Ilf de ses Ickneumonen der Forsèinsekten ; mais ils
feront bien de se tenir en garde contre sa réflexion finale :
Der Sehtuss ist allerdings hochst paradox : Zwei wirklich
verscheidene o" haben nur Fin q ! (pag. 170, lig. o).
( US )
Adnot. — Je crois rendre service à certains entomolo-
gistes en répétant ici l'avis inséré à leur adresse au bas de
la page 101 de ma M an tissa, et qui a rapport aux deux
sexes de 17. fabricalor : « Ad synonymiam hujus speciei
addendum : /. fabrkator o*9. Labram und ïmotï, Insecten
der Schweiz, 2,os Bandchen, n° 22; 1858. »
4. ICHNEUMOIS FUGITIVUS a".
Grav. I. 552. 229. — Wcsm. Ich. olia. 52. 30.
Dans ma Mantissa, p. 55 et 36, j'avais désigné 17. fagi-
tivus comme n'étant qu'une variété (var. 11) de 17. fabri-
calor. Cette erreur de détermination a été redressée pins
tard dans mes Ich. olia. (Examen fait sur dix mâles).
Mon but n'étant pas de faire ressortir ici tous les carac-
tères de formes, de sculpture et de couleurs qui distin-
guent le fabricalor et le fugitivus l'un de l'autre, je me
bornerai à attirer l'attention sur certaines différences dans
la coloration des orbites des yeux, qui me semblent assez
constantes :
1° Quant aux orbites externes, elles sont souvent entiè-
rement jaunâtres cbez le fugitivus, et, quand elles ne le
sont qu'en partie, alors c'est sur les tempes seules qu'elles
sont noires; tandis que, cbez le fabricalor, c'est seulement
sur les tempes qu'il existe presque toujours une linéole or-
bitale jaunâtre, laquelle descend très-rarement jusqu'aux
joues, sans jamais atteindre leur extrémité;
2° Quant aux orbites in ternes, celles du front ont, cbez
le fugitivus, une ligne jaunâtre qui ne communique pas
avec celle des orbites faciales, et cette ligne, qui s'élargit
un peu vers le haut, remonte à peu près jusqu'au niveau de
l'origine des ocelles postérieurs, tandis que, chez le fabri-
( 449 )
cator, quand les orbites frontales sont colorées, leur linéole
jaunâtre est une prolongation de la couleur des orbites fa-
ciales, et elle s'étend, sans s'élargir, tout au plus jusqu'au
niveau de l'origine de l'ocelle antérieur.
O. ICHiXEUMON RUFIFRONS 90*.
Tentant. 104-105.
I. RUFiFJiONS. 2 Taschenb. 246. 17.
I. palmdatorius o*. Taschenb. 285. 51.
M. Taschenberg se refuse à adopter l'idée que j'ai émise
dans mon Tentamen de réunir les /. rufifrons $ et palli-
datorius </ comme étant les deux sexes de la même es-
pèce. Pour moi, la conviction de la légitimité de cette
réunion est tellement profonde, que je ne puis, à cet égard,
modifier en rien mon opinion , et je crois pouvoir prédire
à mon honorable contradicteur que, plus tard, une cir-
constance quelconque (telle que la sortie des deux sexes
d'une même nymphe), le forcera de se rendre à l'évidence
de la vérité. Quelque chose d'analogue est déjà arrivé pour
une espèce extrêmement voisine par sa sculpture, ses
formes, la distribution des couleurs, la longueur de la
tarière, etc., je veux parler de 17. siçarius, que Gravcn-
horst a aussi séparé de son mâle 17. jugatûs, tandis que,
plus tard, MM. Drewsen et Boie les ont obtenus des mêmes
chrysalides fans Puppen von Lithosia rubricollisj.
Qu'on veuille bien remarquer que ce n'est pas moi qui
attaque M. Taschenberg, puisque je ne fais que défendre
mon opinion, comme c'est mon droit. Provisoirement,
nous conserverons donc chacun notre manière de voir à
2me SE R I E , TOME XXIV. 3 1
( m )
l'égard de cette question de fait : 17. pallidatorius est-il ,
oui ou non , le mâle de 17. rufifrons ?
Laissant donc de côté cette question pour envisager iso-
lément 17. rufifrons 9, il n'est peut-être pas inutile de faire
remarquer que Gravenhorst et M. Taschenberg, en décri-
vant le 1er segment de son abdomen, se sont servis d'ex-
pressions différentes, quoique, en réalité, elles soient égale-
ment correctes. En effet, on trouve dans
Gravenhorst, p. 100, li. 3 : (Segmente-) / taevi.
M. Taschenberg, p. 246, li. 36: (Segmente) / toto conf'ertim
punctato.
Or, chez les îchneumons, souvent le 1er segment est
parcouru par 2 lignes élevées, quoique ces 2 lignes man-
quent chez certaines espèces: c'est dans le cas d'absence
de ces 2 lignes que Gravenhorst qualifie le 1er segment
de laeve, conformément à la terminologie d'illiger, p. 59,
n° 360 : « Geebnet, laeve, die Oberflache ohne Erho-
hungen. » — La désignatiou de M. Taschenberg, tout
aussi exacte que celle de Gravenhorst, exprime une affir-
mation en disant que le 1er segment est ponctué, tandis
que celle de Gravenhorst exprime implicitement une néga-
tion par l'emploi d'une qualification (laeve) indiquant que
ce segment n'est pas pourvu de lignes élevées. En résumé,
les deux auteurs sont dans le vrai, l'un en affirmant, sur
le 1er segment, Y existence d'une ponctuation serrée (c'est-
à-dire d'une sculpture en creux), l'autre, en affirmant Yab-
sence de lignes élevées (c'est-à-dire d'une sculpture en
relief).
Il n'est pas difficile de trouver dans Gravenhorst des
exemples à l'appui de ce que j'avance, c'est-à-dire où
l'idée de segmenlum laeve est opposée à celle de segnien-
( 4SI )
tum lineis 2 décatis. Ainsi, dans la description de 17. an-
nulator, on lit : « Segmento 1 laevi, interdum lineis duabus
elevatis. » (Grav. I. n° 24, p. 148, li. 1 1-12). — Ainsi en-
core, dans la description du Trogus rufescens, on trouve :
« Segmento 1 minus laevi, lineis 2 elevatis distinctioribus. »
(Grav. Jï. p. 588, n°5.), etc.
1 MULTIGUTTATUS 0* Gfav.
(>. Qd* JCHiNEUMON nx
( CEÏSTUMMACULATUS $ CIllTSt.
Dans mes Remarque» critiques, etc., 1858, on trouve,
page 54-o6, une longue dissertation à la fin de laquelle
j'arrive à conclure (p. 56) que 17. multiguttatus 0* Grav.
436. 171 a probablement pour femelle 17. designatorius $
du même auteur. Ce rapprochement, fait par moi, consti-
tuait, je le déclare, une grave erreur, provenant de ce
que, à cette époque, je ne possédais pas le véritable /.
multiguttatus $, dont postérieurement j'ai reçu un indi-
vidu de M. le pasteur Kawal de Courlande. C'est cette fe-
melle que Gravenborst avait déjà indiquée, à la suite de la
description de son /. multiguttatus o*, comme étant pro-
bablement identique à 17. centummaculatus Christ, p. 545;
pi. oi,fig. 7, et dont il avait traduit la description, III,
886, 19. Plus tard, M. Boye (1) a aussi publié ses obser-
vations sur des /. multiguttatus qu'il a obtenus des chry-
salides d'une Nocluelite (N. psi?) , et en adoptant, à l'égard
de la femelle, l'opinion de Gravenborst. Quant à la fig. 7,
pi. 54, de Christ, si elle représente un Ichneumon diapré
de jaune (au lieu de blanc), cela peut avoir sa source dans
(1) Krôyer Naturhist. Tidtl&krift, KUO , 111, s. 518.
( 452 )
quelque circonstance purement accidentelle; mais ce qui
est réellement faux dans cette figure, c'est la représenta-
tion de deux lignes rnésothoraciques dorsales formant entre
elles un angle dont le sommet est dirigé vers la tête, tandis
que, en réalité, ces deux lignes sont exactement paral-
lèles entre elles. Ces deux lignes s'observent chez les deux
exemplaires de ma collection (1 o* et 1 $), mais il est à
croire qu'elles manquent quelquefois, puisque Graven-
horsl n'en fait pas mention dans sa description.
Comme 17. niultiguttatus est une des espèces dont le
nombre et la grandeur des taches et lignes blanches varient
beaucoup, et comme je n'en ai qu'une seule femelle, on
aura soin de remarquer que, rigoureusement, la descrip-
tion suivante ne saurait avoir qu'une valeur de coloration
individuelle :
I. multiguttàtus. Grav. I. 436. 171 (ç).
(I. centummaculatus Christ., in nota).
Caput orbitis oculorum (in occipile interruptis) late al-
bis; clvpei puncto u trinque albido. Antennae articulo J
nigro; (caeteris deficientibus, ex descriplione Chrislii , 7-iS
albis). Thorax margine colli supero, linea longa ante alas,
lineola infra alas, dorsuli lineis duabus abbrevialis parai-
lelis, puncto infra alas poslicas, et punctulis quatuor in
mesosterno, albis. Scutellum album. Alae subhyalinae,
stigmate, squamula et radice fuscis. Pedes coxis albo-
punctatis, femoribus semi-annulo apicali albo, tibiis an-
nulo medio albo, tarsis (mutilis). Abdomen scabriculum
apice nutido, segmentis l-ogutta alba anguli apicalis. =
6 Va H . — 1 femina.
A. />. Par suite des explications qui précèdent sur 17.
( 455)
multiguttatus Q'$ Grav., il faut regarder comme de nulle
valeur les détails consignés depuis le bas de la page 56 jus-
qu'au haut de la page 58 dans les Remarq. crit., etc.
7. [CHNEUMON LEUCOCERUS Q.
Grav. 208. 60 (cxcluso mare).
Dans mon Tentamen , 30, 18, j'ai placé le0* Grav. sous la
désignation dubitative de ? var. a" : annulo antennarum albo.
Dans mes Remarques critiques, p. 55, n° GO, j'ai averti
que ce <? Grav. appartient à une autre espèce, et que c'est
mon 1. sinister a* (Jfanft«.p.l5. o* — Ich.miscel. p. 9. n°2. Ç)
Sans rien changer d'essentiel au signalement des deux
sexes que j'ai donné dans mon Tentamen, je crois devoir
ici suppléer aux omissions qu'il contient (I) :
1. leucocerus ç : Sculello albo basi nigra (2); annulo anten-
narum, orbitis oculorum frontalibus , lineolisque ad ala-
rum radicein , albis ; abdomin'e cyanescente ; coxis sub apice
scopuliferis. = 6-7 li. — Grav. 208. 00. 9. — Tentam. 50.
18. — 10 feminac.
I. LEUcocEitus a" : Scutello albo; orbitis oculorum internis ,
Une a vel lineola ad orbitas exlernas, lineolisque ad al arum
radicem, albis; abdomine cyanescente — 7-7 l/s li . — Ten-
tam. 30. 18. — I. SEMiORBiTALis à* var. 1 (pastim) Grav. n" 03 ,
p. 213 (non Taschenberg). — 4 mares.
Var. 1 o" : orbitis oculorum externis totis ni g ri s. — 2 mares.
Remarques. — Je dois commencer par taire observer
que, sur l'abdomen des Ichneumons, la couleur noir-pur
(1) De crainte d'oubli, je crois devoir rappeler ici le NB. de la paye 21,
lin. 6, de mon Tentamen.
(2) L'expression de Grav. nigromarginalum lui est fréquemment ap-
plicable.
( m )
et la couleur noir-bleu semblent s'exclure mutuellement
chez les individus de la même espèce , et que, sous ce rap-
port, on ne saurait confondre les /. semiorbitalis, langui-
dus, fuscatus, luctuosus, etc., avec 17. leucocerus.
Or, M. Taschenberg, p. 229, indique 17. languidus cf
Wesm. comme synonyme de 17. semiorbitalis var. 1 Grav.
En effet, dans mon Tentamen, 52, 4o, mon L langui-
dus o* est présenté avec la synonymie de I. semiorbitalis
var. 1 Grav.; mais, ce que M. Taschenberg n'a pas dit,
c'est que j'ai eu soin d'ajouter à la diagnose : Exclu so indi-
viduo abdomine nigrocoeruleo. Bien qu'il n'y ait guère
moins de 2o ans que cette diagnose a été rédigée, déjà, à
cette époque, je m'étais fort bien aperçu que la var. 1 de
l'f. semiorbitalis Grav. était établie sur deux mâles d'espèces
très-différentes dont l'une à abdomen noir et à orbites
externes noires, l'autre à abdomen noir-bleu, et à orbites
externes blanches : c'est donc ce dernier mâle que j'ai exclu
de ma synonymie, et qui a tous les caractères de mon /.
leucocerus à* (genuinus). Quant à l'autre mâle de la var. 1
Grav., c'est celui que M. Taschenberg a vu, et qu'il a très-
exactement décrit.
En résumé, en choisissant dans la description de Gra-
venhorst les caractères (exprimés ou sous-entendus) pro-
pres à chacune des deux espèces qui y sont confondues, on
arrive au résultat suivant :
^ | 1. Orbilae externae nigrae.
I 5 I -• Sli»ma aIarum ferrugineum. / / semiorbitalis var.KTa-
- > \ 3. Tibiae posticae subtusante basin > schenberg. (f. langui-
> -^ ] sordide slramineae. I dus Wesm. o*.)
^-5(4. Abdomen nigrum. J
1. Orbilae externae albae.
•2. Sligma alarum fuscum.
Z ^ I 3. Tibiae posticae nigrae.
1 4. Abdomen nigrocoeruleum.
o "S
/
' /. leucocerus o*. Wesm.
( V6d )
8. ÏCHNEUMON LUTEIVENTRIS <? 9.
Tentam. 75. 71. — Trogus luteiventris o* Grav. 11.386.4.
Les deux sexes de cette espèce, très-commune en Bel-
gique, présentent de nombreuses variétés, dont les limites
ont trop peu de fixité pour qu'il soit possible de les répar-
tir eu groupes rationnels. Je me bornerai à prévenir que,
souvent, le chaperon de la femelle est tout noir, au lieu
d'être taché de fauve (comme je l'ai indiqué), et qu'il n'est
pas rare de rencontrer des mâles dont certaines régions du
corps offrent, en tout ou en partie, des teintes rembrunies
qui passent à la coloration femelle.
Ces courtes observations auront porté leurs fruits, si
elles peuvent empêcher que de maladroits empiriques ne
viennent dépecer 17. luteiventris pour en transformer les
lambeaux en Novae speçies de leur fabrique!
1). ICHSEUMON FAUNUS o'Ç.
Tentam. 06. 65. — Var. I . ?. Ibid. — Var. 2. 9o* Mantis. p. 32.
— Var. 3. 9. Ich mteeeil. 22. 21). .
Quoiqu'il me répugne singulièrement d'occuper les en-
tomologistes sérieux de discussions qui, à mes yeux, n'ont
aucune importance, et qui ressemblent un peu trop à de
mesquines taquineries, je crois cependant devoir, par po-
litesse, quelques mots de réponse à M. Taschenberg.
Voyons de quelle hérésie scientifique je me trouve cou-
pable à ses veux.
En 1844, lors de la publication de mon Tentanien, je
trouvai dans l'ouvrage de Gravenhorst, au n° 29, 17. teu-
copflgus représenté par le sexe femelle seulement, [mis, au
( 4S6 )
n° 80', 17. faunus représenté par le sexe mâle seulement;
mais, à celte époque, j'avais déjà découvert la femelle de
ce dernier (Tentam. I. faunus $). Après m'être assuré que
les nos 29 et 80 étaient de la même espèce, je les réunis
sous le nom de I. faunus, parce que, de celui-ci, je con-
naissais les deux sexes , tandis que, du Leucopygus, je ne
connaissais encore que la femelle, n'ayant eu la chance de
découvrir le mâle que postérieurement (Mantissa, 1848,
p. 52). Or, d'après M. Taschenberg, j'aurais dû choisir pour
nommer l'espèce, le nom de Leucopygus, parce que, selon
lui, le nom le plus ancien doit toujours être conservé, et
que, dans le cas actuel, la description du Leucopycjus,
page 156, a une priorité de 93 pages sur celle du Faunus,
page 249.
A^ers la même époque, je trouvai aussi dans l'ouvrage
de Gravenhorst, au n° lo, 17. bilunulatus, représenté par
le sexe femelle seulement, puis au n° 201, 17. sexlineatus,
représenté par le sexe mâle seulement. Après avoir con-
staté leur identité spécitique, je les réunis sous le nom de
/. bilunulatus 90*. (Tentam. p. 98) : d'où il suit que j'avais
choisi, pour nommer l'espèce, le nom le premier en date,
comme c'est la règle selon M. Taschenberg.
Cette fois, ce fut feu le Dr Ratzeburg qui voulut bien se
charger de me faire la leçon. Dans la ome partie des Ichneu-
monen der Forstinsekten, p. 172, tout en exprimant ses
doutes sur la légitimité de la réunion, proposée par moi,
des I. bilunulatus 9 et sexlineatus o", il ajouta : « Ich
» môchte mir nur zu bemerken erlauben dass, wen beide
» wirklich zu einer Species gehôren, dieser der Name
» des o* (a potiori sexu desumtum) zukommen Wùrde,
» wahrend Wesmael die species /. bilunulatus genannt
» had. » — Ce qui signifie en français que, quand deux
( 457 )
espèces (nominales), de sexe différent, appartiennent ef-
fectivement à une seule espèce, celle-ci doit recevoir le
nom que portait le mâle, comme un hommage rendu à la
supériorité de son sexe; tandis que Wesmael a préféré le
nom de bilunulatus (c'est-à-dire le nom que portait la fe-
melle).
En résumé, dans la futile question qui nous occupe, se-
lon celui des deux auteurs que Ton consulte, la solution
repose sur deux principes entièrement différents; et, tan-
dis que M. Taschenberg appuie son opinion sur la priorité
de description, M. Ratzeburg invoque la supériorité de sexe,
de telle sorte que, pour l'un, c'est une question de temps,
que l'autre réduit aux proportions d'une question de cu-
lotte : Tôt capita, tôt sententiae!
Faut-il que je dise à mon tour quelle est mon opinion
dans cette controverse? je ne m'y refuse pas, et la voici :
Un seul sexe, bien que doté d'un nom spécifique, ne
saurait constituer une espèce, ce n'est qu'une moitié d'es-
pèce (1); l'espèce n'est définitivement constituée que par
l'adjonction de l'autre sexe. L'auteur qui accomplit cette
adjonction, et qui transforme ainsi les deux moitiés pure-
ment nominales en un tout scientifique, a, par cela même,
en réalité, découvert le premier V espèce; c'est donc à lui
que revient le droit de lui donner, à son choix , l'un des
deux noms primiiivement existants (ou même un nom
tout nouveau, si la clarté du sujet l'exige impérieuse-
ment).
(1) Dans tous les pays où le français est la langue dominante, un mari
ippelle familièrement son épouse sa moitié.
( 458 )
10. ÎCHNEUMON INQUfNATUS Ço\
Tentant 53. 4C.
Var. 1. $. Ibid. — (Var. 2. o*, Mantis. p. 21.)
Ayant de nouveau soumis à un examen attentif les indi-
vidus des deux sexes réunis et décrits sous le nom d7. in-
quinatus, je suis resté convaincu qu'ils appartiennent
réellement à la même espèce, et que, par conséquent, il
ne faut pas tenir compte du point de doute (? a") que
j'avais inscrit à la diagnose du mâle.
Quant à la synonymie que j'ai adoptée, je déclare que je
suis disposé à l'abandonner, si, malgré toutes les appa-
rences d'exactitude, on m'en prouve la fausseté. La renon-
ciation à celte synonymie ne saurait d'ailleurs préjudicier
en rien au maintien de mon espèce sous le nom et avec les
caractères que je lui ai assignés. Aucune réclamation de
priorité de nom ne pourrait s'élever en faveur du Salicato-
rius 2, puisque la femelle genuina Grav. est un Ambly-
teles. (Y. Remarq. critiq., 1858, n° 79.)
I 1. ÏCHNEUMOX SARCITOIilUS 0*9.
Tentant. 60. 54.
Var. i. 9 : Segmenfo 3 nif)>'0, fascia marginali aiba. — Ibid.
1 1 feminœ.
Var. 2. o*- Ibid. — 2 marcs.
Var. 5. o~. Ibid. — i marcs.
Je reproduis ici 17. sarçitorius principalement pour atti-
rer l'attention sur une faute d'impression qui s'est glissée
( m )
dans mon Tentamen à l'occasion de la var. 1 $ : celle-ci
est caractérisée par les mots : Segmento 2 albo, basi late
nigra, au lieu de segmento o, etc. J'ai profité de cette occa-
sion pour modifier la rédaction, parce que, chez les indi-
vidus de cette variété, l'étendue de la couleur noire sur le
2me segment est souvent proportionnellement un peu plus
grande que chez la $ genuina, de sorte qu'il est plus na-
turel de désigner le segment comme noir avec l'extrémité
blanche, que comme blanc avec la base noire (J).
Quant aux var. 2. <? et 5. d* de mon Tentamen, leurs
diagnoses, sans rien exprimer de réellement incorrect,
ont cependant le défaut capital de ne pas être rédigées en
termes propres à faire ressortir la filiation de leur colora-
tion avec celle du 6* genuinas. Pour atteindre ce but, je
serais assez disposé à admettre la rédaction comparative
suivante :
Sarcitorius o'-
Genuinus : Segmento 2 nigro, Fascia marginal! simata flava.
Var. 2 : Segmento 2 basi ru/'o, infra basin nigro, Fascia mar-
ginal! sinuata rufo flava. — 2 mures.
Var. 5 : Segmento 2 rufo, Fascia marginal! simata ru/b/lara
ve.l alboflava , vel subobsoleta. — 4 marcs.
Rédigés de cette manière, ces trois signalements laissent
apercevoir de prime abord que l'extrémité du 2,n,> segment
porte, dans tous les cas, une bande si nuée ou êcliancrée de
nuance variable, et que le reste de sa surface, toujours
(1) Cette faute avait déjà été corrigée dans les Emendanda des Ichn.
miscell., p. 7.S.
C 460 )
noire chez le <f genuinus, se dépouille de ce noir, d'abord
en partie (var. 2), et ensuite en totalité (var. 3).
N. B. Chez mes 4 o* de la var. 3, le bord latéral du
2mc segment porte une linéole noire à la base.
SECIÏNDA SECTIO.
ICHNEUMONES AMBLYPYGI {Tentam. p. 11).
Subgenus : AMBLYTELES.
i. Amblyteles camelinus 9o*. Wesm.
Vers le bas de la page 238 de sa Revue des Ichneu-
monsj etc., M. Taschenberg, en parlant de P Amblyteles
camelinus, avance que je n'ai mentionné que la femelle.
Ceci n'est vrai que relativement à mon Tentamen, mais ne
peut s'appliquer à mes ouvrages suivants, puisque, en
J 854 , dans les Ichneumones amblypygi Europaei, p. 48,
n° 39, j'ai donné une diagnose collective des deux sexes,
comme il suit :
Femoribus tibiisque omnibus tarsisque anterioribm fui-
vis; scutello cfibbo ; gastrocaelis magnis. [Antennarum
medio rufo ç). = 5 |-6 li. — 2 mares et 2 feminac.
(•1854) (1).
(I) Var 1. o* delenda.
( 461 )
Cette diagnose représentait l'état de ma collection à
cette époque, où je n'avais encore que les 2 $ indiquées
dans mon Tentamen et 2 o* à orbites des yeux toutes
noires.
Plus tard, je me suis enrichi de quelques autres indi-
vidus des deux sexes, de sorte que je reproduis ici ma dia-
gnose en y ajoutant les variétés :
Femoribas tibiisque omnibus tarsisque anterioribus
fulvis; sculello gibbo; gaslrocaeiis magnis. (Antennis mé-
dium versus subtus rufescentibus $.) = 5 |-6 li. — o ma-
res et 6 feminae.
Var. 1. o' : Lineola punclove flavescenle cul orhitas oculorum
faciales, alioque interdum ad latera clypei: — 3. o*.
Var. 2. <? : Sculelli punelulo cjemino subapicali pallido; cae-
tera sieut in var. 1. — t. o*.
Var. 5. Ç : Scutello macula centrait /lava. (Im. otia, 51. o.)
- I.$.
Remarque. — Puisque l'occasion se présente, je dois
taire ressortir ici un caractère assez fréquent chez VA. va-
melinus, et dont je n'ai parlé jusqu'ici que d'une manière
incidente. Au côté supérieur des hanches de derrière, tout
près de leur extrémité, il existe assez souvent une très-
petite tache d'un fauve rougeàtre, vaguement circonscrite,
et dont la présence, quelquefois difficile à vérifier, me
paraît cependant avoir une véritable importance, puisque,
dans certains cas où la détermination de l'espèce pourrait
paraître douteuse, ce point rougeàtre peut, par sa pré-
sence, servir à dissiper tous les doutes. C'est un cas de
cette nature que j'ai exposé dans les Ich. otia, p. 51-52,
n° 5, où on aurait pu croire que l'indication de ma var. à
écusson jaune de VA. camelinus 9 était erronée, et où j'ai
( Wï )
eu soin d'ajouter: « Caetera omnia sicut in plerisqne femi-
» nis genuinis, imoque pumtum rufum juxta apicein coxa-
» ru m posticarum. »
2. Amblyteles umguttatis 0*9.
Tentant. 12. 18. — Grav. 510. 109.
En lisant ma diagnose spécifique du mâle de cette
espèce, on serait naturellement porté à croire qu'elle était
l'expression de ce que j'avais vu, et que, par conséquent,
j'avais eu sous les yeux tout au moins un mâle ayant, sur
le segment anal , un point blanc; mais je dois déclarer que
le peu de mâles que j'avais vus alors avaient ce segment
tout noir, et que c'est uniquement par déférence pour l'au-
torité de Gravenhorst que j'avais adopté ce caractère.
Quant à cet auteur, qui mentionne deux Uniguitatus 0-,
il est à remarquer q\\un seul avait le point blanc du
7me segment, tandis que, chez l'autre, il était effacé, ou,
en d'autres termes, il n'existait pas.
Voilà donc deux entomologistes, Gravenhorst et moi,
qui, pendant une partie de leur vie, ont recueilli ou reçu
un nombre énorme d'Ichneuwons, et qui, à eux deux,
n'ont jamais vu qu'un seul IJnigutlaius d* à segment anal
marqué d'un point blanc!
Cependant les Unigutfaïus 9 Grav. ne sont pas rares, et
cette fréquence, dans l'occurrence de ce sexe, comparée à
la rareté des mâles, aurait dû, me semble-t-il, faire soup-
çonner depuis longtemps que le signalement des mâles
avait été circonscrit primitivement dans des limites trop
restreintes et qu'on avait pris, chez eux, des caractères
accidentels pour des caractères essentiels.
( 405 )■
D'abord, le petit point blanc du segment anal constitue-
t-il un caractère essentiel des mâles? Non, puisque, des
deux mâles indiqués par Gravenhorst, un seul avait ce
point blanc.
Un signalement qui pourrait paraître plus important,
parce qu'il appartient en commun aux deux mâles de Gra-
venhorst, c'est la coloration du 3me segment qui , chez eux,
est noir avec la base et les côtés fauves, coloration qui ce-
pendant n'est pas la même chez les femelles, et dont la
constance peut, dès lors, paraître d'autant plus probléma-
tique qu'elle ne s'était présentée que chez deux mâles seu-
lement.
Quant à l'existence et au nombre des linéoies blanches
contiguès à la base des ailes et des points blancs sur la
tégule et la radicule, il n'y a pas d'iehneumonologisle un
peu expérimenté qui ne sache combien, dans la même
espèce, ces caractères sont fréquemment sujets à varier.
Les réflexions précédentes m'ont été suggérées par la
réception d'un envoi d'ichneumons parmi lesquels se trou-
vait toute une série de mâles, indiqués comme ayant été
pris à la même époque et dans la même localité. Un pre-
mier coup d'œil jeté sur leur habitas et sur l'ensemble de
leur coloration me conduisit à présumer que j'avais sous
les yeux des I. uniguttatus o* Grav., quoique pas un seul
n'eût de point blanc sur le segment anal, et que pas un, non
plus, n'eût le ome segment exactement coloré comme les
deux mâles de Gravenhorst. Ces mâles étaient au nombre
de dix-neuf.
Pour m'assurer de l'identité spécifique de ces mâles
nouveaux venus, je les ai minutieusement comparés entre
eux et avec le seul exemplaire primitif de ma collée-
( m )
tion (1), lequel, sauf l'absence du point blanc anal, s'ac-
corde si exactement avec la description de Gravenhorst
qu'il a de quoi satisfaire pleinement les entomologistes les
plus exigeants.
Comme résultat de cet examen, j'ai retrouvé chez tous
ces mâles l'ensemble des caractères de formes et de sculp-
ture que, dans mon Tentamen et ailleurs encore, j'ai assi-
gnés à VA. uniguttatus 0*, et dont voici les plus importants
à rappeler :
1° Caput pone oculos suboblique angustatum;
2° Antennae articulis flagelli cylendricis;
5° Metathorax spinulis duabus instructus (2); spiracu-
lis lineari-elongatis ; areola superomedia subquadrata;
4° Abdomen pospefiolo bicarinato, subliliter ruguloso,
tel saepius inter cannas subliliter aciculato, vel toto sub-
liliter aciculato; gastrocoelis parvis, spatio interjacente
parum convexo, subtiliter confertissime punctato, inter-
dum subscabriculo vel subaciculato; segmento venfris ul-
timo acuminato.
Remarque. — Comme je crois que Gravenhorst a con-
fondu des Uniguttatus o* parmi ses Amputatorius, il peut
suffire, pour éviter une pareille erreur, de rappeler que,
chez V Uniguttatus o*, les antennes sont articulis flagelli
(1) N° 16 du tableau analytique. — J'en ai indiqué deux à la suite de la
diagnose du Tentamen, mais l'un d'eux a disparu depuis longtemps de
ma collection, sans que je sache ce qu'il est devenu.
(2) Ces deux spinules sont comme surajoutées à l'angle terminal de
l'aréole dentipare, au lieu d'en être un prolongement direct. Une disposition
analogue, mais plus prononcée, se trouve chez VA.conspurcatus a*, où la
déviation de chaque dent est distinctement indiquée par une petite échan-
crure au-dessus de leur base. {Icli. Amb. Eur., p. 54, li . 1-2.)
( 465 )
cylindricis , tandis que, chez YAmputatorius o% elles sont
arliculis flagelli creniilatis seu subserratis (fcH. Amb. Eur.,
p. 7, Divisio 6, Crioceri). De plus, chez YAmputatorius,
les petites saillies, à peine distinctes, du métathorax n'ont
pas l'aspect de spinules; l'aréole supéromédiane est ordi-
nairement plus large, les spiracles sont plus courts, les
gastrocèles sont plus profonds, leur intervalle plus con-
vexe et plus rugueux ou aciculé, le dernier segment ven-
tral est obtus au bout, etc.
Pour faciliter l'intelligence du tableau analytique ci-
après, je dois prévenir que :
1° Pour indiquer la coloration des pieds, je les ai consi-
dérés sous quatre aspects principaux :
/ A Pedibus posterioribus lotis uigris, anlicis
plus minus ru6s.
I B. Pedibus poslicis lotis nigris; anterioribus
CoXIS ET TROCHANTERIBIS j plus IllillUS rufis.
OMNIBUS NIGRIS. \ c pedibus sicut B> gpd libiis posticis sul);us
/ linea ru fa.
I). Femoribus omnibus al sultem ex parte, li-
\ biisque undique, rufis.
2° Relativement à la couleur blanche de la tégule ou de
la radicule des ailes, j'ai employé, pour tous les cas, l'ex-
pression de puncto albo, parce que cette couleur, qu'elle
soit totale ou partielle, se montre toujours sous l'aspect
d'un point.
2me SÉRIE, TOME XXIV. 32
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( 467 )
Remarques sur le tableau analytique qui précède.
Le a* n° 1, le seul qui ait l'écusson tout noir, est exac-
tement conforme à la description de 17. fumigator o Grav.
557. 223.
Par leur écusson marqué d'un point central blanc, les
cT nns 2 et 3 indiquent la transition entre le Fumigator et
VUnifjuitatu.s. — Le petit point fauve au bout du poslpé-
tiole chez le n° 2 se retrouve chez les nos 7 et 15.
Le o* no 0 ressemble beaucoup aux Uniguttatus <f Grav.,
mais la partie du 5ine segment qui, chez ceux-ci, est d'un
noir nettement limité, est d'un brun nuageux et diffus
chez le n° 6.
Le d* n° 7 a beaucoup attiré mon attention, surtout par
la présence insolite d'un très-petit point fauve aux orbites
du vertex. Il m'a cependant été impossible de lui découvrir
des caractères quelconques d'une valeur spécifique parti-
culière.
Chez le n° 9, les deux paires de taches noires du 5mc seg-
ment sont un peu irrégulières, les antérieures un peu moins
larges que les postérieures, et, si on les supposait confon-
dues, elles formeraient par leur réuniou une grande tache
noire entièrement semblable à celle qui occupe la partie
postérieure du 5,m! segment, d'après la description de Gra-
venhorst, p. 511 .
Les nos 10, 11 et 12 sont analogues au o' var. 5 de mon
Tenlamen, p. 124.
Je crois que, sous le rapport de la coloration des pieds,
ces mâles se trouvent tous, plus ou moins exactement, coin-
( 468 )
pris parmi les variations 1) et 5) des maies de la var. G
/. a m pu talon' us Grav., pp. 526-527.
Le n" 15 se fait remarquer par une bande noire et ré-
gulière qui occupe toute l'extrémité du onle segment.
Les 19 o" compris sous les nns 1-15 sont ceux que j'ai
annoncés comme réunis dans le même envoi. Quant au
n° 16, qui termine le tableau, il existait depuis longtemps
dans ma collection, cl il doit toute son importance à ce que
c'est le seul qui se rapporte exactement à la description de
Gravenhorst, sauf V absence d'un point blanc sur le dernier
segment.
Je ne crois pas inutile (l'ajouter que : 1° avec les mâles
de cet envoi, il se trouvait aussi un /. pratensis Grav. (voir
Ich. Arnbl. Eur. p. 41, lin. 5); 2° l'envoi de ces mâles était
accompagné de 5 femelles à écusson et segment anal entiè-
rement noirs (Amb. uniguttatus p var. 2. Tentant. — /. fu-
migator 2 Grav.). L'une de ces femelles avait la taille de
17. nigripes Grav. d*.
Autres remarques. — Bien que je n'aie pas la préten-
tion de convertir en régies fixes les résultats, plus ou
moins accidentels, des observations consignées dans ce
tableau et établies sur une vingtaine d'individus seule-
ment, il peut paraître utile de faire ressortir les faits sui-
vants :
1° Quant aux deux traits ou points tboraciques blancs
voisins des ailes :
a. Ils peuvent manquer tous deux.
b. Ils peuvent coexister.
c. Il peut en exister un sous les ailes, sans qu'il y en
ait devant elles.
d. Quand il n'y en a pas sous les ailes, il n'y en a pas
devant elles.
( 469 )
2° Quant aux deux points blancs, l'un sur la téguic,
l'autre sur ia radicule :
a. ils peuvent manquer tous deux.
6. ils peuvent coexister.
c. il peut y en avoir un sur la tégule, et pas sur la radi-
cule.
d. Quand il -n'y en a pas sur la tégule, il n'y en a pas
non plus sur la radicule.
5° Quant aux conséquences de la coloration de l'écus-
son :
a. Quand il est tout noir (n° 1), il n'y a, ni traits thora-
ciques blancs près des ailes, ni points blancs sur la tégule
et la radicule.
b. il en est de même, quand l'écusson est noir avec un
point central blanc.
c. Quand l'écusson est blanc (souvent avec l'extrême
base et l'extrême bout noirs) les traits blancs thoraciques
manquent rarement tous deux, et, quand il n'y en a qu'un,
c'est sous les ailes qu'il existe.
(t. Quand l'écusson est blanc jusqu'à l'extrême base et
l'extrême bout (ce qui le l'ait paraître plus long) souvent
les traits blancs thoraciques sont plus allongés, et le point
blanc de la tégule est plus grand (nos 15, 10, etc.)
3. Amblyteles Paszeri Ço*.
Tentant. 130. 35. — Mantis. p. 66. — Ich. misa'! p. 70,
Emend. li. 5, etNB. *- Ich. ÂmbL Eur. p. 58, n° 48.
La diagnose du mâle, telle qu'elle est imprimée dans le
Tentamcn, contient une faute grave, car elle lui attribue :
(segmentis) 2-7 margine apicali sulfureo, tandis que, en
( m )
réalité, le septième segment est toujours entièrement noir.
Quoique celle faute ait déjà été signalée dans les Emen-
danda de Ylch. tni&cel. et dans les Ich. Ambl. Eur., je
crains d'autant moins d'en avertir une fois de plus que la
diagnose et la description de Gravenhorst contiennent la
même erreur. Notre illusion, à l'un et à l'autre, est sans
doute provenue de ce que, chez 1^4. Panzeri o", le 7mc seg-
ment est souvent si peu saillant que le bord blanc du 6mc
semble lui appartenir.
Remarque. — C'est encore à l'occasion de VA. Panzeri
qu'une autre faute a été commise, p. 157, li. 20, où l'on
trouve spulatoris, au lieu de culpatoris.
4. Amblyteles occisorius o*$-
Tentant. 122. 16.
Le mâle de cette espèce offre de nombreuses variétés
découvertes successivement, et dont quelques-unes seule-
ment sont décrites dans mes divers opuscules. J'ai donc
cru qu'il pouvait être utile de présenter ici réunies toutes
celles qui figurent aujourd'hui dans ma collection :
A. OCCISORIUS o\
I. — Scutello flavo. — Segmentis 4-7 flavo-marginatis.
Var. \ : Segmento 2 nigro basi auguste flava ; 5 flavo, an te
marginem linea transversali undulata nigra; facie et clypeo
fîavis. — 2 o*.
Var. 2 : Segmentis 2 et 3 rufis vel ferrugineis, ad normam
genuinqrura nigro-maculatis ; facie et clypeo /lavis. — 6 cf.
— (Tentam. var. 2 ex parte.)
Var. 3 : Sicut var. 2, sed facie et clypeo nigris, punclo ad
m an-
ves-
m.
( «î )
orbitas faciales punctis qua 2 clypei flavis. — 1 cf. —
(Teritam. var. 2 ex parte.)
Var. 4 : Segmentis 2 ef 3 rufocroceis, margine illius nigro,
hujus flavo; fade et clypeo /lavis. — \ <?. — [Mantis.
var. 4.)
Var. 5 : Segmentis 2 et 3 fadeque et clypeo tolis flavis. — 2 o\
— (kh. Ambly. Eur. Nota.)
Var. G : Scgmento 2 nigro, ad angulos basâtes vix rufescente;
3 fascia basait lateribusque ferrvgineis ; facie flava macula
nigra, clypeo flavo. — i à*.
Var. 7 : Segmentis 2 et 3 mgrrtffj raro torts; ut plurimu
gulis basalibus vel solis, vel cum margine îaterali fia
centibus aut ru fis; facie et clypeo /lavis. — 5 o\ — (Tenta
var. 2, ex parte.)
Var. 8 : Sicut var. 7, sed facie et clypeo nigris, lineola a;f
orbitas faciales clypeique punctis 2 vel macula /lavis. - -
5o*. - (Tentam. var. 2 ex parle.)
II. Sculello puncto centrait flavo. Segmen/i* 6
et 7 flaco-marginatis.
Var. 9 : Segmentis 1-5 totis nigris; facie et clypeo sicut in
var. 8. — 1 o\
III. Sculello loto nigro. Segmentis 0 et 7 puncto
apicali flavo.
Var. 10 : Segmentis l-*>, fade et clypeo lotis nigris. - 1 o*.
— (Tentam. var. 5).
Remarques. — Chez la var. 1, ce qu'il y a de plus re-
marquable, c'est que la ligue transversale noire ondulée
du 3m" segment est assez éloignée de l'extrémité. Elle
semble représenter la limite antérieure d'une bande noire
dont la partie postérieure serait eflacée. Chez un des deux
( 472 )
mâles, entre la ligne noire et la base du segment, il y a
des traces d'une deuxième ligne semblable.
Chez la var. 27 la disposition des couleurs sur les seg-
ments 2 et 5 de l'abdomen est analogue à celle des genuini,
mais le noir domine davantage, et dessine, sur le 2me
segment, une assez large bande tout à fait terminale, qui
est souvent surmontée au milieu , en avant, d'une saillie en
forme de dent ou d'angle remontant quelquefois jusque
près de la base. Le 3me segment a toujours, soit une ligne
ou linéole tranversale noire subterminale, ou une bande
noire terminale.
Les principales différences qui signalent la var. o sont
d'avoir: 1° les orbites frontales jaunes; 2° les quatre cuisses
antérieures presque toutes jaunes, un point ou tache jaune
sur les genoux des cuisses de derrière, et quelquefois un
point jaune sous les hanches de devant; 5° deux points
jaunes sur le bord du postpétiole, dont un à chaque angle
et quelquefois un troisième point jaune au milieu. — Ces,
deux mâles viennent des environs de Paris.
Chez les var. 9 et 10, la bande marginale jaune du
sixième segment est fort mince, et le septième ne porte
qu'un petit point jaune.
ù. Amblyteles crispatorius Ço».
(Ich. amblyp. Earop. p. 17. n° 17. (Inclusa synonymia.)
Dans l'opuscule que je cite ici, j'ai donné la description
d'un Amblyteles ç, reçu de Paris, et dont j'ai eu le tort de
ne pas faire ressortir toute l'importance synonymique. En
effet, cette femelle est évidemment 17. tricoloreus Christ,
p. 549, pi. XXXV, fiy. 8, que, depuis cet auteur, aucun
( 475 )
autre ne sembie avoir vu. Son analogie avec le Crispatorius
(1. nifatorius $ Grav.) n'avait cependant pas échappé à la
perspicacité de Gravenhorst, comme on peut en juger :
1° par la note placée en tète de la page 389, tome I , et 2°
par une autre note placée en bas de la page 880 , tome I1J.
Ce qui constitue le caractère principal du Tricoloreus
(envisagé comme variété du Crispatorius), c'est la colora-
tion du mésothorax et du méthathorax qui ont, l'un et
l'autre, le dos fauve avec le limbe noir; mais il est essen-
tiel de remarquer que ce caractère de coloration n'est pas
absolu, c'est-à-dire qu'il est sujet à transition, comme le
prouve l'exemplaire de ma collection (A. xanthius $ Ten-
tant). n° 10) qui, avec un mésothorax noir, a, en même
temps, le dos du métathorax en partie fauve.
La dernière des variétés dont il me reste à parler, comme
l'ayant vue, est 17. crispatorius de Fabricius , reconquis à
la science par l'excellente description de Trentcpohl, ex-
traite de Ylsts par Gravenhorst (t. III, n° 80, p. 957). Ce
qui contribue à donner à cette variété une physionomie
particulière, c'est la plus grande extension de couleur
noire sur les antennes, la tète, et les segments 4 et 5 de
l'abdomen. Je n'en possède qu'un seul exemplaire, origi-
naire du nord de l'Italie, et qui ne s'éloigne de la descrip-
tion de Trentepohl que par les détails suivants : une linéole
jaune sous la base des ailes. — Jambes jaunes. — Pre-
mier segment de l'abdomen à pétiole noir, et postpétiole
jaune; deuxième segment jaune avec une bande basilaire
noire; troisième segment noir, nuancé de brun et de jau-
nâtre vers r extrémité.
Les quatre femelles diverses, mais de même espèce, dont
il existe aujourd'hui des descriptions sulïisanles pour con-
stater leur identité, sont donc :
( 474 )
J" Le Crispatortus Fabr., d'après la description de Tren-
tepohl(Isis, 1826,217,54).
2° Le Tricoloreus Christ., d'après ma description de
l'exemplaire de M. Fairmaire [hh. AmbL Eur. 17. 17(1)];
5° Le Rufatorius Grav. 588. 148, d'après sa description;
4° Mon Àmb. xanthiusÇ, d'après ma description (Tcn-
tamen, 120. 10).
Quant au rang d'ancienneté de chacune de ces dénomi-
nations, peut-être celle de Christ devrait-elle l'emporter
sur celle de Fahricius; mais cette dernière ayant été beau-
coup plus souvent citée, je crois devoir lui accorder la pré-
férence :
Amblytelles CRISPATOR1US $.
Scutello, tibiisque [lavis; abdomine nigro-rufb-flavoque
vario, segmentis 4 et 5 Mis nigris, 6 et 7 ru fis; antennis
ti t'y ris, annulo medio stramineo = 5 {h li. — /. crispato-
rius 2 (Fabr.) Trentep. Isis, 1826, 217. M. — 1 femina.
Var. 1. 9 : Segmentis 4-7 orbitisque oculorum omnibus ru fis ;
antennis Iricoloribus. — ï. rufatorius V Gr.iv. 388. 148.
Var. 2. 9 : Fade cum clypeo, maculisque dorstdibus meta-
thoracis rufis. — Caetera sicul in car. /. — Amb. Xan-
thius $Wesm. Tentant. 120. 10. - 1 femina (2).
Var. 5. $ : Mesothoracis et metathoracis dorso rufo, utriusque
limbo nigro. — Caetera sicut in var. 2. — I. tricoloreus $
Christ (Wesm. Ich. Ambl. Eur. 17.17. — Descriptio). — 1
femina.
(1) Pour compléter ma description du Tricoloreus, il t'aul ajouter :Ca-
jjul orbitis oculorum omnibus, facie et clypeorufis. Antennae articulis
l-li ebasirufa sensimin flavoalbidum transeuntibus, sequentibus nigris.
(2) Add. Vestigio puncti flavi ante singulum scuteili anyulum.
( 47S )
ÀMBLYTELES CRISPATORIUS cf.
Jch. xanthius o\ Grav. 392. 151. — Amb. xanthiusd*. Wesm.
Tentam. 120. 10. — 1 mas.
Var. l.d*. Grav. Ibid. — Wesm. /fc/c/. — '± marcs.
6. A>1BLYTELES iNATATORIUS Qo*.
Dans mon Tentamen, c'est par inadvertance que j'ai dé-
signé sous le nom de /. bideulorius. Grav. 426. 167 le
mâle du Natatorius, tandis que la description que j'en ai
donnée a été réellement faite d'après un /. xanthozos-
mus o*.
A. natatokius $. Grav. 429. 1G9. — Wesm. Tentam. lii.
3. Q — Wesm. Manlis. p. 57 — 58 : var. 1. o (1) et var. 2. V.
— Wesm. Ibid. p. 101 : var. \b $.
A. natatorius o\ Wesm. Tentam. 114. 3 (exclusa synony-
mia). — I. xantjio/osmus. Grav. 383. 146 (2).
Parmi les quatre mâles que j'ai examinés, un seul (n° I)
se rapporte au 0* genuinus Grav. [Fig. o de la planche).
N° 1. — La grande tache noire de la partie postérieure
du 2'"° segment a la forme d'un large triangle, légèrement
festonné sur ses côtés, et terminé en avant par une dent
(1) Voir ci-après, p. 479, Supplément.
(2) Celle opinion avait déjà été exprimée en 1848, dans ma Mantissa,
p. 58, li. li et 15 : Inter synonyma maris (Natatorii), verisimililer adr.u-
merandus est 1 Xanthozosmus Grav. 385 146.
( *76 )
ou acumen (in acumeo excurrente. Grav. p. 585). ■ — Le
5me segment n'est pas entièrement jaune comme chez le d"
de Grav., mais il porte au milieu de son extrémité une
petite tache noire subtransversale, denticulée. — Les seg-
ments 4-6 sont bordés de jaune, mais le 7me n'a qu'un
très-petit point jaune, de sorte que, sous ce rapport, ce o*
indique la transition à la var. 1 Grav., qui a le 7me seg-
ment tout noir. = 8 li.
Mes trois autres o* (nos 2, 5, 4) ayant les segments 4-7
entièrement noirs, ils se rangent sous la var. 2. Grav.
Le n° 2 a les segments 2 et 5 colorés absolument comme
le n° 1, mais le 4"ie segment a une tache transversale jaune
aux angles de la base. Ce mâle a , devant les ailes, une très-
longue ligne jaune, les 4 hanches antérieures entièrement
jaunes, et un point jaune près de la base externe des
hanches de derrière. = 8 li.
Chez le o* n° 5, le noir de la partie postérieure du 2mc
segment prend la forme d'un rectangle transversal dont
le coté antérieur, unidenté au milieu et à chaque bout, est
faiblement sinué entre les dents. — Le 5n;e segment porte,
sur son bord, une bande noire irrégulièrement denticulée
en avant, surtout vers le milieu, où elle est dilatée, tandis
que, vers les côtés, elle est peu à peu amincie. = 7 '/a li.
— (C'est d'après ce Q* qu'a été faite la description insérée
dans mon Tentamen, sous le nom erroné de I. bidentorius
Grav.).
Chez le o* n° 4 [fig. 6 de la planche) la disposition gé-
nérale de Sa couleur noire du 2me segment est la même
que chez le n° 5, mais les trois dents dirigées en avant
sont beaucoup plus longues, les deux latérales se confon-
dent avec les cotés du segment, en laissant entre elles et
( 477 )
la médiane deux profondes échancrures jaunes. — Le 3me
segment est coloré comme chez ie n° o. — Ce maie, moins
grand que les autres, a toutes les hanches entièrement
noires. = 6 [hi li.
Tout en renvoyant à la description de 17. xanthozosmus
Grav. pour les autres détails de coloration , je crois impor-
tant de faire remarquer que la tête, le thorax et les pieds
ont la même forme et la même sculpture que chez VA.
natatorius Ç, et que, chez l'un comme chez l'autre, le mé-
tathorax porte deux petites dents aiguës.
Les mâles nos 1 et 2 sont originaires de l'Europe méri-
dionale, le n° 5 est de Belgique, et le n° 4 de la France
centrale.
Remarques — Si, sous le rapport de la coloration, on
compare le 2,ne segment de l'abdomen de 17. xanthozosmus
avec le segment correspondant de VA. natatorius ç, il ne
me semble pas difficile de les faire dériver d'un type com-
mun, malgré leur grande différence apparente. En effet,
en prenant pour exemple notre I. oeewt/tozasmus n° \ [fig. G
de la planche), et en supposant un envahissement succes-
sif et régulier de la couleur noire d'arrière en avant, les
deux échancrures jaunes diminueront peu à peu de profon-
deur et de largeur jusque près de la base du segment où,
finalement, elles seront réduites aux dimensions et à la
forme de deux taches qui seront étroitement séparées l'une
de l'autre par le sommet du processus acuminé médian.
C'est sous cet aspect que se présentent ordinairement les
deux taches sublunulées et obliques de la base du 2me seg-
ment chez VA. natatorius $ (fig. 1 et o de la planche.)
Passons au 5me segment.
Chez 1\4. natatorius 9, le 3me segment est ordinaire-
( 478 )
ment marqué de deux taches jaunâtres arrondies, situées
près de la base, et notablement écartées l'une de l'autre, le
reste du segment est noir (fig. i).
Chez le Xanthososmus a", le ome segment peut être
entièrement jaune comme le prouvent le o* genuinus
Grav. et le o" de sa var. i ; mais i! peut aussi être marqué
de noir comme chez mes quatre mâles, et, dans ce cas,
c'est toujours par la partie postérieure du segment que
débute l'apparition du noir, tantôt réduit d'abord à une
petite tache médiomarginale (comme chez le ox de la fig. 5),
tantôt étendu sur le Lord entier sous forme de bande den-
ticulée et dilatée au milieu (comme chez le o* de la fig. 6),
d'où l'on peut légitimement conclure que, sur le 5me seg-
ment comme sur le 2mc, s'il y a envahissement de noir,
il procédera d'arrière en avant. — Chez la femelle (.4. na-
tatorius), cette loi d'envahissement doit être la même,
puisque c'est toujours sur le devant du 5me segment que
se montrent les deux taches jaunes que la couleur noire
a épargnées.
Abandonnant ici toute comparaison entre les deux
sexes, si on restreint le champ d'observations à la femelle
(.4. nalalorius <j>), ce qui est surtout de nature à attirer
l'attention, c'est la grande différence d'aspect entre les
deux taches jaunes de ia base du 2,nc segment et celles de
la base du 5me. Peut-on assigner la cause de cette diffé-
rence ?
Si je ne me trompe, cette différence est en rapport avec
la forme même de chacun de ces deux segments, dont le
2"u> est rétréci vers la base, tandis que le 3me est au moins
aussi large à la base qu'à l'extrémité. En effet, sur le
2me segment, le défaut de largeur suffisante à la base,
( 479 )
force les deux lunules jaunes à rester très-rapprochées
entre elles, et à prendre, l'une à l'égard de l'autre, une
position oblique (au lieu d'une position horizontale qui
aurait exigé plus de place); tandis que, sur le orae seg-
ment, la grande largeur de la base permet aux deux taches
jaunes, ordinairement rondes, de rester fort écartées
l'une de l'autre; ou bien, si ces deux taches prennent une
forme allongée (ce qui est rare), cet allongement a lieu
dans le sens horizontal, sans la moindre tendance à l'obli-
quité ni d'un coté ni de l'autre (fig. 2 et 5).
XB. — Dans la dissertation qui précède, j'ai cru inu-
tile de m'astreindre à désigner par des noms particuliers
les diverses nuances de la couleur jaune répartie sur les
segments de l'abdomen. Ici, je me borne à faire remar-
quer que, chez les femelles, le jaune a une tendance à
pâlir et à passerai! blanchâtre, excepté cependant chez
celles qui sont d'origine méridionale. Je renvoie d'ailleurs,
pour ces détails , aux descriptions de Gravenhorst.
Supplément. — Dans ma Manlissa, p. 57-o8, j'ai réuni
sous l'indication de var. I. $ les deux femelles du Natato-
rius dont les abdomen sont représentés fig. 5 et A de la
planche. Cette réunion, ne pouvant que répandre de l'ob-
scurité sur leur désignation respective, doit nécessairement
être remplacée par un partage en deux variétés, de la ma-
nière suivante :
( Var. 1 • $ : Segmenti 2 et 3 maculis ftormalibus,
Var. i . $ Montissa . \ -_- margine flavis (/^ 5>)
ni) 37-38. /
\ Var- \TXQ : Segmenti 2 macula emargniata basi-
lari , 3 fascia basilari, 3-7 mar-
gine, flavis (fig. -i). — E. Sicilia.
( 180 )
Heresiarches eudoxius o*9-
(Species incerlae sedis.)
Remarq. crit. sur div. esp. d'Ich., etc. p. 95 (1858).
Hepiopelmus eudoxius o\ Tcntam. 142. 5. — Ich. Ambly.
Evr. 63. 5.
Croyant avoir commis, à l'égard de cette espèce, une
erreur d'observation , mon devoir est de la signaler ici ,
quoique déjà peut-être elle ait été relevée par d'autres.
N'ayant examiné mes //. eudoxius que morts et des-
séchés, avec les mandibules fermées et entrecroisées, j'ai
pu être trompé par les apparences, et ne pas apercevoir
qu'elles semblent avoir, au côté intérieur, une dent située
à une certaine distance de ia pointe. Dans la figure, les
mandibules ont été représentées, non telles que je les ai
vues, mais telles que je les supposais devoir être à en juger
d'après leur portion directement observable. Si je les
avais réellement vues baillantes, c'est-à-dire dans la po-
sition indiquée par la figure, je n'aurais pas manqué
d'apercevoir la dent saillante à quelque distance de leur
bout, où je crois qu'elle existe.
La rectification à introduire se réduit donc : 1° à com-
pléter le 2mc caractère générique en rapport avec la tête :
Mandibulis angustis , apice acutis iutegerrimis, ante
apicem unidentatis?, 2° à ajouter en note : Mandibulae in
figura defectuosae ? (1).
(1) Quoique je sente parfaitement tout ce que peuvent avoir de ridicule
les hésitations exprimées dans les lignes précédentes, je ne puis entre-
prendre, pour le moment, d'y remédier.
( 481 )
QUARTA SECTIO.
ICHNEUMONES PNEUSTIC1 (Tentam. p. il).
Subgenus : ORONOTUS.
Oronotus coarctatus $o*.
Tentam. 214. 1.
Je me suis aperçu, il y a longtemps, que le mâle a été
antérieurement décrit par Gravenhorst sous le nom de
Phygadeuon binotatus II. 721. 199. L'espèce devra donc
prendre le nom d'Oronotus binotatus.
À ajouter dans le Tentam en :
Var. 4. a* : SegmentiÏÏ muculis utrisque in fasciam s ub api-
cale m coalitis. - Caetera sicutin mare genuino. —2 marcs.
Var. 2. o" : Segmentis 1-4 nigromaculatis. — 5 marcs.
In hac varietate, 1° postpetiolus punctis 2 aigris, in-
terdum coalitis; 2° segmentum 2 : maculis utrisque nigris
majusculis subconfluentibus, vel in fasciam subapicalem
coalitis; 5° segmentum o : punctis duobus subobsoletis
fuscis, vel nigris et distinctioribus; 4° segmentum A sicut
5 , interdum margine nigro et cum punctis nigris con-
fluer) te.
2me SÉRIE 7 TOME XXIV.
( 482 )
1CHIYEIMONOLOGICA DOCUMENTA
EXPLICATION DE LA PLANCHE.
Les figures i , 2, 5 et 4 représentent des abdomen ô'Amblyteles natato-
rius femelles, les figures 5 et 6 , de mâles.
Fig. 1 . Abdomen d'une femelle tel qu'il est ordinairement chez les indi-
vidus de Belgique, c'est-à-dire avec les 1 taches et le point anal d'un
jaune blanchâtre, et les segments 4-6 entièrement noirs. Les 2 taches
du 2me segment sont lunulées , et celles du 3me segment sont arrondies.
Fig. 2. Abdomen d'une autre femelle, aussi de Belgique, mais très-rare.
11 est remarquable parla forme transversale des taches du 5mc segment,
et par l'existence d'un petit point situé entre elles, de manière à faire
supposer la tendance de ces deux taches à se confondre en une bande
conlinue.Outre le point blanchâtre anal, les segments 5 et 6 ont une
mince bordure de même couleur.
Fig. 5. Abdomen d'une autre femelle d'origine méridionale. Ici, toutes
les taches et les bordures des segments sont d'un jaune vif, et le 5me seg-
ment, outre ses 2 lâches transversales basilaires, a une bordure de
même couleur (var. \x. Ç, p. 479, au bas), fig. 3.
Fig. 4. Abdomen d'une autre femelle, de Sicile (var. iix. Ç, p. 479, au bas),
fig. 4; chez celle-ci, les deux taches basilaires du 3nie segment ont fait
place aune large bande jaune , et les deux lunules du 2mp segment sont
confondues en une grande tache jaune échancrée en arrière. C'est sur
celte tache que j'attire surtout l'attention, parce que , par sa forme et par
son étendue, elle indique clairement la transition de la coloration femelle
à la coloration mule, comme on peut s'en assurer en comparant entre
eux le 2me segment de cette figure et celui du mâle de la fig. 6.
Fig. o. Abdomen d'un mâle du Piémont, qui se rapporte à VI xantho-
zosrnus genuinus Grav.
Fig. G. Abdomen d'un autre mâle de la France centrale , qui , à raison de
ses segments 4-7 entièrement noirs, se rapporte à la var. 2 de 17. xan-
thozosmus Grav
uxellesliii ; c ' V ' •
(485)
Sur l'emploi probable de l'oligiste trouvé dans la couche
de Vàge du renne dans la caverne de Chaleux, par
M. Edouard Dupont, correspondant de l'Académie.
Dans le mémoire sur Y Ethnographie de l'homme de Vàge
du renne dans la vallée de la Lesse, qui sera publié dans
ie tome XIX des Mémoires in-8°, j'ai mentionné la pré-
sence de morceaux d'oligiste au milieu des débris des repas
et de l'industrie de l'homme dans le Trou de Cbaleux.
Je vois dans les Reliquiae aquitanicae (p. 22) de MM. Lar-
let et Cristy que des fragments de cette substance ont
aussi été trouvés dans les cavernes du Périgord. Yoici ce
que leur présence a suggéré à ces savants explorateurs :
« L'art de se peindre le corps existait chez ces antiques
troglodytes, et ils n'employaient à cet usage, d'après ce
que nous avons trouvé, que la couleur favorite des sau-
vages, la couleur rouge. De nombreux fragments d'héma-
tite rouge couverts de raclures indiquent qu'ils les grat-
taient pour en extraire une poudre rouge qui, mêlée à de
la graisse, pouvait fournir un ornement personnel. Celte
coutume est employée de nos jours par plusieurs peuplades
d'indiens. »
J'ai l'honneur de mettre sous les yeux de l'Académie
des fragments d'oligiste recueillis sur la Lesse. On observe
sur l'un d'eux des raclures analogues à celles qui sont
signalées pour les cavernes du Périgord. L'interprétation
de MM. Lartet et Cristy se rapporte très-bien* à cet objet;
de sorte que nous pouvons ajouter, aux coutumes déjà
déduites précédemment chez nos anciens indigènes, le
trait de mœurs probable de se peindre le corps.
( m )
Sur les rhizomes verticaux du phragmites commuais
humus; par M. G. Malaise, correspondant de l'Aca-
démie.
On sait que la direction des rhizomes est assez varia-
ble : la plupart s'étendent horizontalement, d'autres sui-
vent une direction plus ou moins oblique et, enfin, il en
est qui se dirigent suivant une ligne verticale.
« Parmi ces derniers, dit M. P. Duchartre (1), quel-
ques-uns jouissent de la singulière faculté de pousser de
haut en bas jusqu'à parvenir à une profondeur considé-
rable. La portion souterraine des tiges des Presles ou
Equisétacées s'enfonce profondément, souvent même jus-
qu'à un mètre et davantage, dans le sol où elle s'étend
ensuite (2). Un second exemple d'un grand intérêt, nous est
offert par l'Igname de Chine (Dioscorea Batatas Dcne) (5),
plante introduite dans nos jardins depuis peu d'années,
dont la portion comestible et féculente, c'est-à-dire le tu-
bercule , allongée en massue verticale, longue parfois d'un
mètre et même davantage, n'est autre chose qu'un rhi-
zome, d'après M. Decaisne. »
Je viens d'observer, en août 1867, un nouvel exemple
de cette rare direction des rhizomes, sur un pied de
Phragmites communis Trinius, provenant des marais des
polders entre Blankenberghe et Heyst. Cette plante émel-
(1) P. Duchartre , Éléments de botanique. Paris, 1866. Première partie,
p. 257.
(-2) Loc. cit , p. 189.
(5) Loc. cit. } p. 257.
( 485 )
tait de la souche, des chaumes traçants. Un de ceux-ci,
long de 5m,75, présente tous les caractères des chaumes
aériens proprement dits, les premiers nœuds sont plus
rapprochés que les autres. Ce chaume rampant compte
Irente-cinq nœuds : à partir de la souche , on trouve sur
un espace de 0m,^7, neuf entre-nœuds présentant les lon-
gueurs suivantes : premier et deuxième, 0m,05; troisième
et quatrième, 0m,04; cinquième, 0m,0o; sixième, 0m,G7;
septième, 0m,10; huitième, 0m,14; neuvième, 0m,17 et le
reste, du dixième au trente-cinquième, ont très-réguliè-
rement 0m,20. Ce chaume indéterminé, de couleur bru-
nâtre, est muni de nœuds radicants, à racines naissant à la
partie qui touche le sol, et près de feuilles épigées, réduites
à l'état d'écaillés foliacées roussàtres, formées soit de la
gaine, soit de la feuille plus ou moins réduite.
De l'aisselle de ces écailles partent :
1° Des rameaux ou chaumes verdàtres couchés et dé-
terminés, munis de véritables feuilles;
2° De vrais rhizomes verticaux qui s'enfoncent de haut
en basa environ 0,n,40 de profondeur. Ils sont de couleur
blanchâtre, à nœuds espacés de 0m,04 à 0m,05, munis de
racines verticillées et d'écaillés blanchâtres hypogées for-
mées par des gaines seules. A leur aisselle, des bourgeons
se développaient en rhizomes horizontaux qui, après avoir
poussé pendant quelque temps sous terre, se redressaient
et donnaient naissance à des chaumes déterminés.
( 486 )
CLASSE DES LETTRES.
Séance du il novembre 1867.
M. Roulez, directeur.
M. Ad. Quetelet, secrétaire perpétuel.
Sont présents : MM. le baron de Gerlachc , Grandga-
gnage, Borgnet, Paul Devaux, P. De Decker, Snellaert,
Haus, M.-N.-J. Lecîercq , Baguet , Ch. Faider, Ducpetiaux ,
le baron Kervyn de Lettenhove, Chalon, Ad. Mathieu,
Th. Juste, Defacqz, Guillaume, membres; Nolet de Brau-
were, associé; Félix Nève, Alph. Wauters, correspondants.
CORRESPONDANCE.
M. Ed. Laboulaye, associé de la classe, remercie la Com-
pagnie pour l'envoi de ses dernières publications.
Des remercîments analogues sont adressés par les Biblio-
thèques publiques de Munich, de Dresde, de Gratz, de
Leyde, d'Amsterdam et d'Utrecht, par la Société des
sciences physiques de Bordeaux, par la Réunion histo-
rique de Gratz, etc., etc.
( 487 )
M. le comte Arrivabene, associé de la classe, fait hom-
mage d'un opuscule qu'il vient de publier à Florence :
Délie instituzioni agrarie del Belgio. — Remercîments.
ÉLECTIONS.
La classe s'occupe de l'élection d'un membre à déléguer
au sein de la commission de la Biographie nationale, pour
remplir la place devenue vacante par suite du décès du ba-
ron Jules de Saint-Génois; il est procédé successivement
à deux scrutins; à la suite du second, M. Théodore Juste
est élu.
— Il est également pourvu, par suite du décès du même
académicien , à la nomination d'un membre pour la place
vacante dans la commission chargée de la publication d'une
Collection des grands écrivains du pays; deux épreuves
ont lieu; à la suite de la dernière, M. Adolphe Mathieu est
proclamé membre.
— M. Snellaert, secrétaire de la commission chargée de
publier les Monuments de la littérature flamande, prie ses
confrères de vouloir bien procéder au remplacement de
deux membres; la classe décide que cette double élection
sera inscrite à l'ordre du jour de la prochaine séance.
( 488 )
RAPPORTS.
M. M.-N.-J. Leclercq fait connaître, en qualité de mem-
bre de la commission administrative, que celle-ci s'est
réunie avant la séance; qu'elle a reçu une copie du testa-
ment de M. le baron de Saint-Génois, et qu'elle a été ainsi
informée, officiellement, du legs de mille francs , fait à la
Compagnie, à l'effet de fonder un prix d'histoire ou de
littérature flamande. La commission, ajoute le rapporteur,
a résolu, à l'unanimité, de prier le gouvernement d'ac-
cepter celte donation et de l'inviter à vouloir bien en capi-
taliser les intérêts au profit de l'Académie, de manière que
celle-ci soit en mesure de décerner, après chaque période
décennale , un prix de quatre cent cinquante francs.
L'expression de ce vœu sera transmise à M. le Ministre
de l'intérieur.
— MM. Chalon, le baron Kervyn de Lettenhove et
Adolphe Mathieu font successivement leurs rapports sur
le projet d'inscription proposé par l'administration com-
munale de la ville de Mons, pour le piédestal de la statue
de Baudouin de Constantinople et soumis à l'appréciation
de la classe des lettres, par M. le Ministre de l'intérieur.
Les vues des trois rapporteurs étant divergentes, il est
décidé que les conclusions de leurs rapports seront im-
primées avant la prochaine réunion, afin que la classe puisse
formuler son opinion et communiquer sa réponse à M. le
Ministre, ainsi qu'elle en a reçu l'invitation.
( 489 )
ÉLECTIONS.
La classe se constitue en comité secret, afin de satis-
faire à l'invitation de M. le Ministre de l'intérieur et de
former la liste des candidats, en nombre double, parmi
lesquels seront choisis les membres des jurys chargés de
décerner : 1° le prix quinquennal de littérature française,
pour la quatrième période, expirant au 51 décembre pro-
chain; 2° le prix triennal de littérature dramatique fla-
mande, pour la quatrième période, expirant à la même
époque.
( 490 )
CLASSE DES BEAUX-ARTS.
Séance du 7 novembre 4867 .
M. Alph. Balat, directeur.
M. Ad. Quetelet, secrétaire perpétuel.
Sont présents : MM. Alvin , Guillaume Geefs, Eugène
Simonis, Van Hasselt, Jos. Geefs, Ferd. De Braekeleer,
Ed. Fétis, Edm. De Busscher, Portaels. Aug. Payen, le
chevalier de Burbure , Franck, Gustave De Man , Ad. Siret,
Julien Leclercq, membres; M. Daussoigoe-Méhul , associé.
CORRESPONDANCE.
MM. les questeurs du Sénat et de la Chambre des Repré-
sentants adressent des cartes d'entrée aux tribunes réser-
vées. Des remerciments leur sont adressés au sujet de cet
envoi.
— M. Chrétien Roth, de Munich, soumet à l'Académie
deux photographies, représentant les deux aspects de la
statue ânatomique qu'il a exécutée, dit-il, après sept ans
d'étude à l'amphithéâtre. Cet écorché, qu'il met en vente,
■ ( 491 )
est réduit aux 2/s de la grandeur naturelle et accompagnée
d'une attestation élogieuse du célèbre peintre Kaulbach.
— M. Emmanuel Van den Bussche, artiste peintre, dé-
clare qu'il est l'auteur du mémoire sur Quentin Metsys,
auquel il a été accordé une mention honorable lors du
dernier concours annuel.
— Le secrétaire perpétuel informe ses confrères que
Y Annuaire de V Académie pour 1868 est sous presse, el il
in vile ceux d'entre eux qui se sont chargés d'écrire des
notices biographiques sur les académiciens décédés, à vou-
loir bien les faire parvenir, sans retard, au secrétariat.
ELECTIONS
Les sections de peinture, d'architecture et des sciences
et lettres dans leurs rapports avec les arts, avaient été
convoquées pour examiner s'il y avait lieu de pourvoir aux
places d'associé et de correspondant devenues vacantes,
et pour faire, le cas échéant, les présentations requises;
ces différentes sections font connaître les résultats de leurs
délibérations, qui seront ultérieurement communiqués aux
membres de la classe.
( 492 )
OUVRAGES PRÉSENTÉS.
Commission pour la publication d'une collection des grands
écrivains du pays. — OEuvres de Froissart, publiées avec les
variantes des divers manuscrits, par M. le baron Kervyn de
Lettenhove. Chroniques. Tome IIIe. Bruxelles, 1 807 ; in-8°.
Gachard. — Correspondance de Marguerite d'Autriche, du-
chesse de Parme, avec Philippe II. Tome Ier, 14 août 1559 et
16 novembre 1561. Bruxelles, 1807; in-4°.
Ârrivabene (Giovanni). — Délie instituzioni agrarie del Bcl-
gio. Florence, 1807; in-12.
Broeckx (C). — Notice sur le docteur Henri-Guillaume-
Marie de Koninck, né à Louvain, le 22 septembre 1772, mort
à Calcken en 1827. Anvers, 1867; in-8°.
Chalon [Jean). — Anatomie comparée des tiges ligneuses
dicotylédones. 1er mémoire. Gand , 1867; in-8°.
[Syroczynski {Léon)]. — Études sur la Russie contempo-
raine. Le Nihilisme, par S. Léon. Bruxelles, 1867; in-8°.
Documents inédits relatifs à l'histoire de la province de
Namur, publiés par ordre du Conseil provincial. — Cartu-
laire de la commune de Fosses, recueilli et annoté par Jules
Borgnet. Namur, 1867; in-8n.
Essai de tablettes liégeoises, par Alb. d'Otreppc de Bou-
vette, 74e livraison. Liège, 1867; in-12.
Annales des travaux publics de Belgique, tome XXV,
I" cahier. Bruxelles, 1867; in-8°.
Dépôt de la guerre de Belgique.— Carte topographique de
la Belgique, dressée au ^00; 5e Iivr., feuilles 1 , 5 et 21 (Bru-
ges, Cappellen, Courtrai). Bruxelles, 1867; in-folio.
Société archéologique de Namur. — Annales, tome IXe,
( 493 )
4e livraison. Namur, 1867 ; in-8°. — Rapport sur la situation
de la société en 1800. Namur, 1807; in-8°.
Société malacologique de Belgique. — Bulletin des séances,
année 1807, pages 51 à 88. Bruxelles; in-8°.
Journal historique et littéraire, tome XXXIV, livraison 7.
Bruxelles, 1807; in-8°.
Commissions royales d'art et d'archéologie, à Bruxelles. —
Bulletin, 5e année, mai et juin , juillet et août 1807. Bruxelles,
1867; 2 eah. in-8".
Annales d'oculistique , 50e année, tome LVIJï,*5eet4e livr.
Bruxelles, 1807; in-8°.
Société des sciences naturelles du grand duché de Luxem-
bourg. — Tome IXe, année 1800. Luxembourg, 1807; in-8°.
Reuter(F.). — Observations météorologiques faites à Luxem-
bourg (1854-1865). Luxembourg, 1807; in-8°.
Zeeuwsch yenootschap der Wetenschappen te Middelburg.
— Zelandia illustrata, 2de aflcv. Middelbourg, 1807; in-8".
Bataviaasch genoolschap van Kunsten en Wetenschappen.
— V7erhandelingen, deel XXXII. Batavia, 1866; 1 vol. in-4°.
Tijdschrift, deel XIV, afl. 5-0; deel XV en deel XVI, aflev. i.
Batavia, 1804-1800; G eah. in-8°; — Noluien, deelen II, III en
IV, aflev. 1. Batavia, 4804-1800; 5 eah. in-S°. — Catalogue
der bibliotheek. Batavia, 1864; in-8".
Institut national genevois. — Mémoires, tome XIe, 1800.
Genève, 1807; 1 vol in-4°. — Bulletins, nos 50 et 31 , 1866.
Genève, 1807; 2 eah. in-8".
Société des sciences naturelles de Neuchâtel. — Bulletin.
tome VII, 5e cahier. Neuchâtel, 1867; in -8°.
Académie impériale de médecine de Paris. — Mémoires,
tome XXVIIIe, lre partie. Paris, 1807; in -4°.
Société philomatique de Paris. — Bulletin, tome IVe, mars,
avril et mai 18G7. Paris, 1867; in-8".
Revue de l'instruction publique, de la littérature et de*
( 494 )
sciences, eu France et dans les pays étrangers. — 27e année,
nos 27 à 39. Paris, 1867; 15 doubles feuilles in-4°.
Journal de l'agriculture, fondé et dirigé par J.-A. Barrai ,
1867, tome III, nos 52 et 35. Paris; 2 cah. gr. in-8°.
Bulletin hebdomadaire de l'agriculture, 1867, nos 46 et 47.
Paris, I8G7; 2 cah. gr. in-8°.
Journal d'agriculture pratique , 1867, tome II, nos 45 , 44 ,
45, 46 et 47. Paris, 1807; 5 cah. in-8°.
Dictionnaire archéologique de la Gaule (époque celtique),
publié par la commission instituée au Ministère de l'instruc-
tion publique. 1er fascicule. Paris, 1867; in-4'\
Perrey (Alexis). — Note sur les tremblements de terre en
1865, avec suppléments pour les années antérieures de 1845
à 1804. (Extrait des mémoires in-8° de l'Académie royale de
Belgique ) Bruxelles, 1867; in-8".
Outendirk (Frans). — La Turquie à propos de l'Expo -itiou
universelle de 1867. Paris, 1807; in-8".
Société impériale d'Emulation d'Âbbeville. — Mémoires,
1861 , 1862, 1865, 1864, 1865 et 1860, 2e partie. Abbeville,
1867; in-8°.
Société littéraire, scientifique et artistique d'Api (Vau-
cluse). — Annales, 2e année, 1864-1865. Apt, 1860; in-8°.
Académie impériale des sciences, belles-lettres et arts de
Bordeaux. — Actes, 20% 21e et 22e années, 1838, 1859 et
1860; 28° année, 1er et 2e trimestre, 1866, et 21)' année,
2e trimestre, 1867. — Séance publique du 16 juin 1829. Bor-
deaux; 16 cah. in-8°.
Société impériale d'agriculture , de sciences et d'arts, séant
à Douai. — Mémoires, 2'" série, tome VIII, 1865-1865. Douai,
1806; in-8^.
Comité flamand de France. — Bulletin, tome IV, n" 7. Lille-
Dunkcrque, 1867; in-8".
Académie de Stanislas, à Vancy. — Mémoires. 1800. Nancy.
1867; in-8".
( 495 )
Société impériale d'agriculture de Valenciennes. — Revue
agricole, iî)e année, tome XXI, n° 9. Valenciennes, 1867;
in-8°.
Kônigliche preassische Akademie der Wissenschaften zu
Berlin. — Monatsbericht, juli i867. BerHn; in -8°.
Gôppert (H.-R.). — Verzeichniss der paliionlologisehcn
Sammlungen. Gorlitz, 1868; in-8°.
Justus Perlhes' Geographischer Anstalt zu Gotha. — Mit-
(heilungen iiber wichtige neue erforschungeu auf dem Ge-
sammtgebiele der Géographie, ^on l)r A. Peterntann, 1867,
Xdc undErgànzungsheft, n° 21. Gotha, 1807; 2 cab. in-4°.
Archiv der Math ematik und Physik ; herausgegeben von
J.-A. Grunert.XLVH9lcTheil, lslcslleft. Greifswald, 1867;in-8°.
Rau (Karl-Heinrich). — Grundsliîze der Volkswirthschafls-
lebre. Ve Ablh.,8,e Ausgabe. Leipzig , 1868; in 8°.
Von Schlagintweit-Sakùnslùnski (Herman). — Die wicli-
tigsten Hohenbestimmungen in Indien , im Himalaya, in Tibet
und in Turkisian. Munich, 1807; in-12.
Kaiserliclie Akademie der Wissenschaften zu Wien. —
Math.-naturw. Classe : Dcnkschriflen , XXVIter Band, mit Re-
gister zu deh Banden I-XXV. Vienne, 1807; in-4°. — Sit-
zungsberichte, lste Ablh., 1806, november und december;
1867, jânncr-februar. — 2SU' Abth., 1866; december; 1807,
jànner-mârz. Vienne; 7 cah. in-8°. — Philos.-histor. Classe :
Denkschriften , XUr Band. Vienne, 1007; in-4°. — Sitzungs-
berichte, 1800, october- december 1807, janner - februar.
Vienne; 5 cah. in-8°. — Archiv fur osterreichische Gesehiehle,
XXXVII1" Band, 1-2 Hâlfte. Vienne, 1867; 2 cah. in-8".
Kaiserliche Akademie der Wissensehaften in Wien. — Sit-
zung der math.-naturw. Classe. Jahrg., 1867, nos ~2"2, 53. 24,
25 et 26. Vienne, 1867; 5 feuilles in-8°.
Physikalische-medicinische Gesellsehaft zu Wurzburg. —
Wùrzburger medicinische Zeitschrift, VIIter Band, VslP und
VIsle Heft. Wurtzbourg, 1867; in-8n.
( 496 )
Kongl. Vitterhet s historié och antiqvitets Akademiens Stock-
holm. — Handlingar, nv fôljd, XXi-XXV delen. Stockholm,
1855-1867; 5 vol. in-8°. — Antiqvarisk Tidskrift for Sverige,
genom Bror Emil Hildebrand. isla delen. Stockholm, 1864;
in-8°. — • Fortechning Ledamoter och Tjenstcmân , âren 1755-
1867. Stockholm, 1867; in-8°.
Hildebrand (Bror Emil). — Minnespenningar ofver ens-
kilda Svenskà raiin och qvinnor. Stockholm, 1860; in-8°.
Hildebrand (Bror Emil). — Svenska Sigiller frân Medelti-
den, ldea-2sta Haftets. Stockholm, 1867; 2 vol. in-4°.
Hildebrand Hildebrand (H ans OL). — Svenska folket u rider
Hednatiden. Stockholm, 1866; in-8°.
Université d'Upsal. — Thèses académiques et règlements
pour l'année 1866-1867. Upsal, 1867; cah. in-4° et in-8°.
Finska Vetenskaps-Societetens , af Helsingfors. — Acta,
tom. VIII. Helsingfors, 1867; 2 cah. in-4°, — Ofversigt,
tom. VI, VII, VIlî. Helsingfors, 1865-1866; 5 vol. in-8°. —
Bidrag till Finlands Naturkânnedom, etnografi och statistik ,
X Haftet. — Bidrag till kannedom at Finlands natur och Folk ,
VII, VIII, IX, X Haftets. Helsingsfors; 5 vol. in-8°.
Société impériale des naturalistes de Moscou. — Bulletin ,
tome XL, année 1867, n° I. Moscou. 1867; in-8°.
Université impériale de Saint-Pétersbourg. — Travaux de
l'année 1866. Saint-Pétershourg, 1867; in-8° (en russe).
De Bosis (Francesco). — II gabinetto di scienzc naturali e
l'osservatorio meteorologico nel R. Istituto industriale e pro-
fessionale di Ancoua, con appendice sugli studi di storia nalu-
rale anconitana di Francesco de Bosis e Luigi Paolucci. Ancône,
1867; in-8°.
BULLETIN
DE
L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES,
DES
LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE
1867. — No 12.
CLASSE DES SCIENCES.
Séance du 7 décembre 1867.
M. le vicomte Du Bus, président de l'Académie.
M. Ad. Quetelet, secrétaire perpétuel.
Sont présents : MM. D'Omalius, Wesmael, Stas, de
Koninck, Van Beneden, Edm. de Selys-Longcbamps,
Nyst, Gluge, Nerenburger, Melsens, Liagre, Dopiez, Bras-
seur, Poelman, Dewalque, Ern. Quetelet, Spn'ng, Maus,
Gloesener, Candèze, Eug. Coemans, Donny, membres; »
Scbwann, Lacordaire, Catalan, associés; Ed. Morren,
Ed. Dupont, Malaise, correspondants.
M. le baron Kervyn de Leltenhove, membre de la classe
des lettres, assiste à la séance.
2me série, tome xxiv. 34
( 498 )
CORRESPONDANCE.
M. le Ministre de l'intérieur donne connaissance que le
jury chargé de juger le concours quinquennal des sciences
naturelles, pour la période de 1862-1866, a décerné le
prix à M. P.-J. Van Beneden , membre de l'Académie, pro-
fesseur de l'Université de Louvain, à raison de son ouvrage
intitulé : Recherches sur l'histoire naturelle des Polypes
des côtes de Belgique.
M. le directeur présente à M. Yan Beneden les compli-
ments de la classe.
— La société entomoîogique de Londres, les observa-
toires d'Armagh et de Washington , la société des sciences
de Finlande, la société impériale des naturalistes de Mos-
cou, l'Université de Kiel, la société de physique d'Erlan-
gen, la société d'Émulation d'Abbeville, etc., remercient
l'Académie pour l'envoi de ses publications.
L'Académie reçoit cà titre d'hommage de ses membres
les ouvrages suivants : 1" Météorologie de la Belgique
comparée à celle du globe, par A. Quetelet, 1 vol. in-8°;
2° Observations de météorologie et de physique du globe,
faites à l'Observatoire de Bruxelles depuis le commence-
ment de 1867, in-4°; 5° Programme du cours de géomé-
trie descriptive, fait à l'Université de Liège, 4me édition,
par M. Brasseur; 4° Note sur un Orchis ustulata L. à fleurs
doubles, par M. A. Bellynck, in-8°. — Remercîmenls.
— M. Bellynck fait parvenir les résultats de ses obser-
vations faites à Namur, en 1867, sur les plantes.
( 499 )
— M. le capitaine Adan transmet une seconde note
manuscrite concernant les Erreurs à craindre sur les
quantités calculées par la méthode des moindres carrés
(Commissaires : MM. Catalan et Liagre).
RAPPORTS.
Deuxième mémoire sur Vanatomie comparée des tiges
ligneuses dans V embranchement des Dicotylédones ; par
M. J. Chalon , de Namur.
Rapport de !ti . Coetnans.
« Sous le litre précédent, M. Chalon vient de présenter
à l'Académie une série d'études anatomiques sur la struc-
ture des tiges ligneuses de la classe des Rosi nées. Cette
classe se compose, comme on le sait, de cinq familles prin-
cipales, celle des Pomacées, des Spiréacées , des Rosacées,
des Amygdalées et des Chrysobalanécs. L'auteur examine,
avec soin, une série de tiges appartenant à chacune de ces
diverses familles, excepté à celle des Chrysobalanées, dont
les espèces vivent dans les régions inlertropicales de l'Amé-
rique et de l'Afrique , et conclut de ses analyses, sans hési-
tation aucune, qu'il y a, dans la classe des Rosinées en
particulier et dans les groupes naturels en général, une
relation constante entre les caractères organographiques
de ces végétaux et la structure anatomique de leurs tiges.
Nous dirons d'abord un mot du travail même de
( 500 )
M. Chalon, pour examiner ensuite ses conclusions géné-
rales.
Le mémoire de M. Chalon est un travail véritablement
sérieux, qui mérite autant d'encouragements que d'éloges,
car il est bien rare de voir, de nos jours, des jeunes gens
entreprendre des recherches aussi longues, aussi difficiles
et aussi ingrates que celles que l'auteur se propose de faire.
Son travail nous offre cependant, je le dis à regret, quelque
chose d'essentiellement prématuré et d'incomplet; ce qui
tient au mode trop précipité de publication de l'auteur. En
effet, dans les travaux de cette nature, ce n'est pas après
avoir étudié un groupe ou une famille isolée, mais bien
après avoir examiné longuement la structure des tiges dans
toute la série végétale, qu'on peut arriver à la connaissance
des principes de taxonomie histiologique, qu'on peut dé-
couvrir ce qu'il y a d'important et d'invariable, et ce qui,
au contraire, est variable et accessoire. Et ce n'est qu'après
avoir posé ces principes et avoir rassemblé de nombreux
termes de comparaison que l'anatomie comparée des tiges
peut devenir pratique et sérieusement scientifique. L'au-
teur n'ayant approfondi jusqu'ici que la classe des Rosi-
nées, ces principes et ces éléments de comparaison lui
font encore défaut, d'où il résulte que son mémoire paraît
former plutôt une collection de notes préparatoires qu'un
travail déjà achevé et concluant. ÎI aura dû sentir ce vide
quand il a cherché à établir les caractères hisliologiques du
groupe des Rosinées , car au lieu de caractères propres et
tranchés, il n'a trouvé que des diagnoses vagues et appli-
cables à un grand nombre de familles voisines.
Je crois donc pouvoir lui conseiller de reprendre un peu
plus tard ce même travail, quand il aura étudié au même
point de vue un plus grand nombre de familles végétales.
( 501 )
11 verra alors facilement ce qu'il y a de général et d'uni-
forme dans la structure des tiges, et ce qui peut servir à
distinguer et à spécifier certains groupes ou certaines fa-
milles, et ses analyses, alors nécessairement plus brèves,
plus claires et plus comparatives, seront un précieux ap-
point pour la taxonomie végétale.
Comme j'ai tout lieu de croire que l'auteur tiendra à
perfectionner ses recherches, j'indiquerai ici quelques amé-
liorations que me semble demander le travail que j'ai exa-
miné :
1° Une détermination extrêmement rigoureuse des élé-
ments analomiques et surtout des différentes espèces de
vaisseaux qui se rencontrent dans les liges;
2° Les analyses devraient porter sur des tiges ou des
rameaux de même âge, et autant que possible sur des tiges
d'un an, pour pouvoir admettre à titre d'égalité les tiges
des plantes herbacées et annuelles;
5° La structure des tiges herbacées et annuelles devrait
nécessairement entrer en ligne de compte ;
4° Outre les caractères employés par l'auteur, on pour-
rait se servir de ceux que fournissent les cellules conduc-
trices et la nature des parois des cellules des rayons mé-
dullaires qui offrent des différences notables dans certains
groupes;
5° Enfin, dans des recherches de celte nature, l'emploi
de planches est tout à fait nécessaire et indispensable.
Pour ce qui concerne maintenant les conclusions de l'au-
teur, je les crois vraies et fondées en thèse générale , mais
elles devraient être formulées d'une manière beaucoup
moins absolue et positive. Dans le règne végétal, les irré-
gularités de structure sont aussi nombreuses dans les tiges
que dans aucun autre organe. Ainsi , pour m'en tenir au
( 502 )
groupe des Rosinées, que l'auteur a spécialement étudié,
je trouve dans la famille des Amygdalées, qui, selon
M. Chalon, serait caractérisée par des rayons médullaires
pluricellulaires à trois ou quatre plans de cellules, un
Prunus Armeria (branche de cinq ans) qui m'en présente
six, sept et même huit; une variété du Prunus domestica
et le Cerasus Padus qui ne m'en offrent ordinairement que
deux. Dans la même famille, le genre Amygdalus et le
Prunus lauro- cerasus me semblent beaucoup plus rap-
prochés, par leurs rayons médullaires, des Pomacées que
des Amygdalées.
Dans la famille des Pomacées, où il y a cependant assez
de constance : je rencontre un Crataegus Oxycanlha ayant
huit et dix rangs de cellules dans ses rayons médullaires,
tandis qu'il pourrait n'en avoir que deux. En me guidant
d'après les caractères indiqués par l'auteur, il m'est sou-
vent impossible de distinguer les tiges des Rosacées de
celles des Spiracées. Et, dans cette dernière famille, je
vois plusieurs espèces dont les rayons, éminemment étroits,
me porteraient à les classer dans la famille des Pomacées.
Il en est de même dans le reste du règne végétal, et qui
croirait, en étudiant au microscope la tige du Cynara
Scolymus et celle de YHelianthus annuus, qu'ils appar-
tiennent tous deux au même groupe des tubuliflores de la
famille des Composées. C'est que la tige n'existe pas seu-
lement pour la fleur et le fruit , dans lesquels nous puisons
généralement nos caractères distinctifs, mais sert de lien
entre la racine, les feuilles et les organes de reproduction,
et exprime bien plutôt la vie de la plante que les caractères
de sa fleur. J'aime donc à croire que, quand l'auteur se
sera plus familiarisé avec la nature, il se convaincra de
plus en plus, par ses propres recherches, que les lois et les
( 505 )
démarcations absolues sont extrêmement rares, mais que
tout est passages, nuances et intermédiaires, ce qui fait
l'unité dans la variété, et la première et grande cause de
l'harmonie de la nature. »
Mtapport de HM. Spring.
« A mon tour, je rends hommage au zèle patient de
l'auteur, tout en regrettant de ne pouvoir pas proposer
l'impression du mémoire présenté. Il contient des recher-
ches intéressantes, sans doute, mais leurs résultats ne sont
pas établis assez solidement, selon nous, pour promettre
un progrès réel , ni pour justifier les conclusions générales
que l'auteur a cru pouvoir en tirer.
C'est, du reste, une rude tâche que l'étude des tiges
ligneuses au point de vue de la taxonomie. Pour l'entre-
prendre avec fruit, il faudrait non-seulement rassembler
d'abord les matériaux que la science possède déjà en grand
nombre, mais établir des principes organographiques et
morphologiques applicables à toute la série végétale. Et
ces principes ne pourraient être demandés, selon nous,
qu'à l'histoire du développement et de la croissance, ainsi
qu'à l'étude comparée des variations que le type idéal
éprouve dans les principales familles de l'embranchement.
Il est connu que les accidents de végétation, la marche
des saisons , l'action complexe du climat, l'abondance de la
sève et les variations de la diffusion dans les cellules des
rayons médullaires, exercent une grande influence sur la
contexture du bois; il est connu surtout que le développe-
ment et l'accroissement des branches opèrent une sorte de
( mi )
rétroaction sur le corps ligneux de la tige. Avant de for-
muler des diagnoscs génériques et spécifiques applicables
à ce corps, il serait donc indispensable de séparer nette-
ment, au préalable, les caractères constants d'avec ceux
qui sont variables.
Je souscris, du reste, aux autres conseils que l'hono-
rable M. Coemans a adressés à l'auteur, pour lui prouver
son estime et l'espoir qu'il a de le voir persévérer. J'insiste
spécialement sur la nécessité d'une détermination rigou-
reuse des éléments anatomiques, et sur l'addition , indis-
pensable dans ce genre de travaux , de planches devant
servir à la fois <¥ illustration et de contrôle.
J'ai l'honneur de proposer à la classe de voter des re-
mercîments à l'auteur. »
Conformément aux conclusions des commissaires, la
classe vote des remercîments à M. Chalon, pour la com-
munication qu'il a bien voulu lui faire et décide l'im-
pression seule des rapports, dans le Bulletin de la séance.
Eludes sur les caractères des espèces du genre Populus,
par M. Alfred Wesmael.
Rapport de M. MSttg. Coen»nn* .
« J'ai lu, avec le plus vif intérêt, la notice de M. Wes-
mael; j'y trouve des observations bien faites, beaucoup
d'exactidude, et l'esprit d'analyse consciencieuse dont l'au-
teur fait preuve dans ce travail me fait espérer que nous
pouvons attendre de lui une bonne et excellente mono-
( 505 )
graphie du genre Populus, si intéressant tant au point de
vue botanique qu'au point de vue forestier.
Il est vrai, comme le dit M. Wesmael, que le genre
Populus demande encore à être étudié avec plus de soin,
mais il y aurait cependant erreur à croire que nous en
sommes encore, pour la connaissance des espèces, au
temps de Sprengel. Depuis cette époque, plusieurs excel-
lentes flores, par exemple celles de MM. Acherson, Godron,
Cosson, etc., et surtout les ouvrages des forestiers alle-
mands nous en ont donné des descriptions raisonnées et
comparatives basées, non plus uniquement sur l'étude des
feuilles, mais sur l'ensemble des caractères de ces végé-
taux.
Quoique l'auteur ne le dise point expressément dans son
introduction, il est évident qu'il n'a voulu traiter dans
cette présente notice qu'une première partie du travail
qu'il se propose de nous communiquer, et que comporte
le titre de son mémoire. M. Wesmael s'est posé une pre-
mière question, celle-ci : les caractères tirés de la nature
des feuilles et de la longueur des chatons sont-ils, chez les
Populus, assez sérieux et assez constants pour fournir au
descripteur des diagnoses suffisantes? M. Wesmael répond
négativement, et il prouve fort bien sa manière de voir.
Mais en suivant le mode de procéder que l'auteur
semble s'être prescrit, il nous reste encore un grand nombre
de questions à poser et à résoudre pour arriver à une con-
naissance approfondie des caractères spécifiques du genre
qu'il étudie.
Ainsi il faudrait encore rechercher si les caractères pris
dans la nature de l'écorce, la vestilure des bourgeons, le
nombre des étamines, la forme et la couleur des pistils, la
configuration des écailles des chatons, la nature de la
( 506 )
graine, etc., n'offrent pas plus de valeur et de constance
que ceux que fournissent les feuilles. Parmi tous ces ca-
ractères, il faudrait ensuite choisir ceux qui méritent de
servir de base à une classification rationnelle, et en faire
usage pour établir de bonnes diagnoses spécifiques. Un
pareil travail serait, à mon avis, une véritable étude sur
les caractères des espèces dans le genre Populus. Ces con-
sidérations me portent à engager M. Wesmael à ne pas
séparer cette première partie du reste de son travail , s'il
veut toutefois conserver le titre qu'il a adopté. ïl est de ces
recherches qui figurent fort bien dans un travail d'ensem-
ble, mais ne font plus le même effet quand on les présente
isolées. Je crois donc témoigner de la confiance dans le ta-
lent de l'auteur, en disant que l'Académie désirerait de lui
un travail plus complet. Ce qui m'engage surtout à en agir
ainsi , c'est que cette variabilité dans les feuilles des Popu-
lus, qui fait l'objet de cette notice, se retrouvant également
dans un grand nombre de nos arbres de l'Europe, par
exemple, chez les Ruscus, Carpinus, Quercus, Ulmus,
Salix, Lonicera, Tilia, Acer, Ilex, Crataegus, Rosa, Ru-
bas, etc., est presque devenue un lieu commun en bota-
nique, et que ce n'est pas la première fois qu'elle est
signalée chez les Populus, un certain nombre de ces feuilles
variantes se trouvant déjà figurées dans les Osterrekhs
Hotzpflanzen de Pokorny (Wein, 1864). »
Rapport de SE. Ed. jnort'en
« La lecture de la communication de M. A. Wesmael
nous a laissé exactement la même impression que celle
exprimée en si bons termes par notre savant collègue ,
M. Eug. Coemans. Cette communication renferme les élé-
ments d'une excellente notice, mais elle est encore incom-
plète et ne répond pas à son titre : l'histoire des travaux
auxquels le genre Populus a été soumis, devrait être tracée
au moins en quelques mots, et ses caractères généraux
pourraient être indiqués. La valeur de certains caractères
a déjà été discutée par Th. Hartig, en 1851 (1), par le doc-
teur M. Willkomm, professeur à l'école forestière de Tha-
rand en Saxe (2), par Ch. Koch de Berlin (5), et d'autres,
sans que l'auteur mentionne ou analyse les opinions de ces
savants. Les observations auxquelles il s'est livré condui-
sent à des conclusions négatives sur la valeur de certains
caractères de forme, de grandeur, de rapports, etc., d'ail-
leurs peu importants, et l'on se sent pris du désir de con-
naître les caractères positifs que l'auteur a pu rencontrer
pour définir les espèces. M. A. Wesmael, qui s'occupe de-
puis longtemps des végétaux ligneux et qui a déjà publié
sur ce sujet des notices intéressantes, s'est chargé d'écrire
la monographie des Populus pour le Prodromus regni
vegetabilis. Il semble avoir envoyé à l'Académie quelques
études préliminaires auxquelles il a dû se livrer pour son
travail. Nous croyons, comme votre premier rapporteur,
devoir proposer à l'Académie de prier M. A. Wesmael de
bien vouloir reprendre momentanément son manuscrit,
afin qu'il puisse présenter dans quelque temps un com-
(1) Vollstàndige Naturgeschichte der forsllichen Culturpflanzen
Deutschlands. Berlin, 1851, pp. 427 et suiv.
(2) Deutschlands Laubholzer im Winter. Dresde, 1864, p. 17.
(3) Ein neuer Pappelblending und liber Pappeln uberhaupt , in Wo-
chenschrift fur Gartner ei , 1865, pp. 225 et suiv.
( 308 )
mentaire analytique et raisonné de la monographie qu'il
a rédigée pour le prodrome. »
Conformément aux conclusions des rapporteurs, la
classe vote des remerciments à M. Wesmael pour sa com-
munication, et décide que les rapports seulement pren-
dront place dans les Bulletins.
Note sur le pouvoir dispersif de l'air, par M. Montigny.
Rapport de JÊÊ. JPlaleatt.
« On sait que la dispersion des rayons lumineux pro-
duite par l'atmosphère terrestre se montre, d'une manière
sensible, quand on observe un astre très-près de l'horizon.
En partant de certaines mesures des spectres aériens de
l'étoile Fomalhaut données par Bessel, M. Montigny avait
déterminé, dans un travail antérieur, les indices de
réfraction des rayons rouge, vert-bleu et bleu extrême,
lors de leur passage du vide à l'air; dans la note actuelle,
il calcule, au moyen d'une formule de Cauchy et des
valeurs les plus précises.des longueurs d'ondes, les indices
relatifs aux rayons orangé, jaune-vert et violet extrême,
en employant, pour l'évaluation des constantes de la for-
mule, les indices obtenus dans son premier travail.
Celte note étant le complément des recherches précé-
dentes de l'auteur sur ce sujet, et contribuant à préciser
nos connaissances sur le pouvoir dispersif de Pair, j'ai
l'honneur d'en proposer l'insertion dans le Bulletin. »
D'après ces conclusions, auxquelles se rapporte entière-
( 509 )
ment le second commissaire, M. Duprez, la classe décide
que la note de M. Montigny prendra place dans le Bulletin.
Des remercîments seront adressés à Fauteur.
COMMUNICATIONS ET LECTURES.
Etoiles filantes du milieu de novembre 4867 et état de l'at-
mosphère à la même époque; par M. Ad. Quetelet, direc-
teur de l'Observatoire royal de Bruxelles.
L'observation des étoiles filantes a été extrêmement
contrariée à Bruxelles vers le milieu de novembre dernier,
d'un côté par l'état presque constamment couvert du ciel et,
de l'autre, par la lumière de la lune quand le ciel se dévoi-
lait. Cependant, malgré cet éclat, si le phénomène annoncé
s'était réalisé, il eût été facile de le constater, lors même
qu'une partie de ces météores eût échappé aux regards par
leur petitesse. Les nuits des 6, 12 et 15, surtout, ont per-
mis l'observation pendant un certain temps; et le nombre
aperçu a été de beaucoup inférieur à celui qu'on aurait pu
voir pendant une nuit ordinaire. Le 12, vers minuit, on n'a
observéque trois étoiles en une demi-heure; le 15, de H
heures à 11 {h heures, on a remarqué deux étoiles, de
même de minuit à minuit et demi, on a continué d'observer
jusqu'après 4 heures du matin sans obtenir de meilleurs
résultats. Le 14 n'a guère été plus favorable (1).
J'ai remarqué depuis longtemps qu'une espèce de vide
(1) J'ai observé jusqu'à une heure du matin; el mon iils a continué ses
observations avec mes deux aides, MM. Hooreman et Lancaster, jusqu'a-
près 4 heures du matin.
( S10 )
pour les étoiles filantes se produisait sur un lieu du globe
lorsqu'il y avait une agglomération nombreuse de ces mé-
téores dans un autre lieu. Ce fait s'est réalisé en novembre
dernier pour l'Amérique où les étoiles, au Canada, se sont
montrées des plus nombreuses. C'est une observation dont
j'ai déjà eu l'occasion de parler précédemment, et c'est ce
qui avait toujours causé mon vif désir de voir faire des
observations sur des points éloignés et spécialement dans
l'autre hémisphère.
Je pense qu'en Europe l'absence d'étoiles filantes s'est
généralement fait remarquer partout où se font des obser-
vations régulières; c'est du moins ce que prouve ma cor-
respondance. Voici ce que m'écrivait M. Coulvier-Gravier,
presque immédiatement après l'époque critique du 13 no-
vembre : « Nous avons communiqué, M. Chapelas et moi,
à l'Académie des sciences de Paris, dans sa séance du
18 courant, le résultat de l'apparition du phénomène du
12 et du 15 novembre. J'ai lieu de croire qu'il en aura
été chez vous comme chez nous : c'est-à-dire que nous
n'avons pu constater qu'un minimum des plus complets. »
Citons encore quelques autres résultats qui nous sont
parvenus.
Observations faites à Louvain sur les étoiles filantes de
novembre 1867 ; par M. F. Terby. (Lettre à M. Ad.
Quetelet.)
J'ai l'honneur de vous communiquer les résultats de
mes observations des étoiles filantes de novembre. Le
grand éclat de la lune rendant ces observations difficiles,
j'ai changé plusieurs fois de champ d'exploration afin
( 511 )
d'éviter la trop grande clarté de cet astre; comme je
tenais pourtant à observer aussi dans la même direction
que Tannée dernière et à voir la constellation du Lion,
j'ai regardé parfois du côté de l'E. et du SE. malgré la
présence de la lune dans celte région du ciel. Les météores
m'ont paru excessivement peu nombreux.
Le 11, les nuages ont empêché l'observation entre
8h 50m et 9h 50m et à 13 heures.
Le 12, le ciel était serein; le champ d'observation a
toujours compris cette fois1/;) du ciel environ. J'ai observé
dans la direction du SO. entre 6h 42m et 9h 25m et dans
celle de l'E. et du SE. entre 6h 16m et 6h 42m, entre 12h
55m et 14 heures et entre 15h 4n' et 16 heures. Ces observa-
tions, dont je crois inutile de donner une répartition plus
détaillée, comprennent au moins trois heures d'inspection
régulière du ciel et pendant lesquelles je n'ai vu que deux
étoiles fdantes : la première, à 8h 5m, moyenne, blanche,
sans traînée, rapide et allant vers le SO. dans la partie an-
térieure de Pégase; la seconde, à 9h 9m, de première gran-
deur, allant du N. vers l'Aigle et Antinous; elle était rou-
geâtre, produisit une trace lumineuse dans la plus grande
partie de sa course, puis continua sa route sans traînée;
après un trajet fort court, la traînée reparut, puis l'étoile
devint d'un blanc éclatant et. s'éteignit.
Le 15, le ciel était encore serein; le champ d'observa-
tion comprenait encore '/s du ciel environ, sauf celui du
N. qui était beaucoup plus restreint. J'ai observé le SO.
de 9h 52m à 10h 51 m, l'E. et le SE. de 6h 19m à 6h 50m, de
10h 56m à 11" Hm, entre Hh 45m et 15h 21m et de 15"
45m à 14 heures. J'ai inspecté le N. et le NE. entre 11"
llm et llh 56m et de 15h 21m à 15h28m. Ces observations
comprennent deux heures et trente-sept minutes d'explo-
( 312)
ration régulière du ciel pendant lesquelles je n'ai vu que
cinq étoiles filantes :
1° A 10h 12m, étoile allant de Pégase au Verseau, de
l'E. à l'O., moyenne, rapide, sans traînée;
2° A 12h 54m, étoile allant du Lion vers Sirius, décri-
vant une trajectoire parallèle à l'horizon, de première
grandeur, rouge, avec traînée;
5° A 13" 15m, étoile passant près de y des Gémeaux,
allant du N. au S., moyenne, sans traînée;
4° A J5h 49,n, étoile traversant le Lion en allant vers
l'horizon E., de première grandeur, rouge; la traînée était
douteuse à cause de la lune;
5° A 13h 52m, étoile allant du Lion vers le Petit-Chien,
très-rapide.
Les étoiles filantes étaient devenues un peu plus nom-
breuses de 15 heures à 14 heures; mais malgré la pré-
sence de la lune on pouvait juger qu'à cette heure aucune
comparaison n'était encore possible entre l'aspect du phé-
nomène de cette année et la splendide apparition qui
s'était montrée à la même heure en 1866. Je dois donc
conclure de ces observations que, si l'apparition de 1867
a égalé ou surpassé celle de l'année dernière pour nos
contrées, son maximum a dû arriver entre 14 heures et
le lever du soleil.
Le 14, le ciel n'a plus été aussi favorable; j'ai observé
pendant quelques moments dans la soirée et après minuit,
et aucun indice d'une apparition extraordinaire ne s'est
manifesté.
(813)
Liste des orages observés à Louvain pendant le mois
d'octobre 1867; par le même.
J'ai l'honneur de vous soumettre la liste des orages que
j'ai observés cà Louvain depuis le 15 septembre exclusive-
ment jusqu'au 15 novembre; j'accompagne cette liste de
quelques autres observations météorologiques :
Le 4 octobre, à 1 heure du soir , grêle abondante sur la
route de Louvain à Wygmael.
Le 7 octobre, à oh 45m du soir, averse de pluie mêlée de
grêle. Éclairs dans la soirée.
Le 27 octobre, vent violent, surtout à partir de 0h 50m
du soir; il se calme dans l'après-midi et reprend le soir.
Vers 1 heure, nuages sombres. Pluie dans la nuit du 27
au 28.
Le 28 octobre, de 10h 50m à llh lom du matin, nuages
orageux passant du N. et du NNO. dans l'E. et le SE.
Vent d'après les nuages : NO. A 10h 50m coup de ton-
nerre dans le N. et pluie légère; elle augmente à 1 lh 5,n;
à 1111 40m elle est encore assez abondante.
A 0U 7m du soir, nuages très-sombres venant encore du
N. et pluie assez abondante. A lh 40m averse mêlée de
grêle.
Observations faites, à Moncalier, des étoiles filantes de
novembre 1867, par M. Fr. Denza. (Lettre à M. Ad.
Quetelet.)
J'ai l'honneur de vous transmettre quelques renseigne-
ments recueillis à l'observatoire du collège royal de Charles-
Albert sur le retour de la période des étoiles filantes de
2me SÉRIE, TOME XXIV. OO
( BU)
novembre. Dans ces régions où , à mon instigation, il s'est
formé une société particulière d'observateurs zélés, on de-
vait observer le ciel dans un grand nombre d'endroits dont
les principaux étaient Turin, Moncalier, Alexandrie, Bra,
Mondovi et Vavallo. Tout était disposé afin de pouvoir re-
cueillir des observations d'une manière uniforme et, en
même temps, pour pouvoir vérifier non-seulement le re-
tour de la période, mais encore toutes les autres circon-
stances qui conduisent le mieux à confirmer les théories
qui sont aujourd'hui en vigueur sur ce curieux et impor-
tant phénomène.
On devait faire simultanément des observations les soirs
du 12, du 15 et du 14; dans quelques endroits même,
comme à Moncalier, on les commença dès le 10; mais la
présence de notre satellite, et surtout le brouillard très-
épais qui régna, pendant ces jours, empêchèrent entière-
ment les observations.
Toutefois, les résultats négatifs des observations qu'on
put faire dans différentes localités, pendant les premières
heures de la nuit du J5 au 14, et même jusqu'à quelques
heures après minuit (car pendant ce temps le ciel s'était
éclairci çà et là), nous firent croire que l'affluence des mé-
téores, cette année, était bien différente de celle de l'année
dernière; à peine, à vrai dire, put-on observer quelques
rares météores; et à Moncalier, où le brouillard s'était
abaissé quelque peu, le 14, vers 5 heures du matin , on ne
vit qu'un magnifique bolide, qui, venant de la constellation
du Lion, illumina vivement les vapeurs qui planaient sur
le sol.
Si ce fait est confirmé par les observations faites dans
d'autres pays, on devra en conclure que le maximum de la
période a eu lieu l'année dernière. II faut, par conséquent,
( 51o )
assigner une durée de 55 ans et un quart à celte période.
Et comme l'apparition de Tannée J866 fut moins con-
sidérable que celles de 1855 et de 1799, les vues de
l'illustre directeur de l'Observatoire de Brera seraient ainsi
confirmées; c'est-à-dire que le nuage ou le courant des
météores de novembre devient continuellement plus long
dans son orbite, de manière que, pendant qu'il augmente
en longueur, il perd dans ses autres dimensions. Cette
apparition deviendra donc, dans la suite, toujours plus con-
tinuelle, comme celle du mois d'août, que l'on voit chaque
année, mais perdra continuellement en intensité et sera
par conséquent moins considérable. Mais pour affirmer ce
fait avec certitude, il faut attendre les résultats des obser-
vations faites non-seulement en Europe, mais aussi en
Amérique.
D'après les communications que j'ai reçues de différents
endroits, j'apprends que dans toute l'Italie septentrionale
et centrale, on n'a rien vu, à cause du mauvais temps.
Orages observés , à Matines 9 en 1866 et 1861, par M. Ber-
naerts. (Lettre à M. Ad. Quelclel.)
L'appel fait aux observateurs, d'annoter les différentes
données relatives aux orages qui traversent nos contrées,
porte déjà des fruits. A diverses reprises nous avons publié
les observations recueillies dans notre pays sur ce genre
de phénomènes; observations faites à l'instigation de l'Ob-
servatoire impérial de France, et qui ont pour but d'éta-
blir, par des caries, la marche ordinaire des phénomènes
électriques. Aujourd'hui, nous publions une nouvelle liste
( oi6 )
dorages observés à Malines, pendant l'année 1867, par
M. l'avocat Bernaerts.
Voici les résultats de ses observations que nous ne sau-
rions qu'encourager :
1866 (1). — Le 14 novembre, nuit des étoiles (liantes,
5 à 6 heures du matin, orage venant du N. ou du NO.
1867. — Le 6 février, à 3h 50™ du soir, averse allant
du N. au S. ou du NO. au SE., petite grêle; le journal La
Dyle, n° 6, signale trois coups de tonnerre lointains.
Le 7 février, à lh 15m du soir, même averse que le
jour précédent. La Dyle signale encore deux ou trois
coups de tonnerre lointains.
Le 6 février, à 11 heures du matin, averse, vent très-
fort, grêle plus intense.
Le 27 février, à 5h 10m du soir, averse venant du S. ou
du SO., petite grêle.
Le 30 mars, à 7h 45m du soir, averse mêlée de grêle,
vent fort de PO.j à 8 et à 9 heures, éclairs lointains.
Le ol mars, à 6h 15m du matin averse; 7 heures,
averse mêlée de neige, venant du N. ou du NO., vent fort;
10h 45m du matin, averse venant du N. Les autres averses
de la journée diminuent graduellement d'intensité. Elles
avaient complètement cessé vers le soir.
Le 4 avril, de 4'1 15m à 4h 45™ du soir, averse venant
de FO. ou du NO.
Le 8 avril, à 9 heures du soir, éclairs lointains;
10 heures du soir, averse venant de PO. ou du NO., éclairs
lointains, vent effroyable.
Le 9 avril, à 8h 45m du soir, averse venant de PO.,
(1) Les observations se rapportent à la ville de Malines, sauf indication
contraire. Celles qui ne me sont pas personnelles sont marquées d'un asté-
risque.
( 517 )
deux coups de tonnerre avec éclairs, vent fort; La Dyle
mentionne de la grêle.
Le 11 avril, à 2h 10m du matin, averse mêlée de grêle
venant de PO.; à lh 55m du soir, averse très-forte, mêlée
de grêle et venant de l'O.
Le 15 avril, dans la matinée, pluie continue, vent 0.; à
2h 10m du soir averse et petite grêle, vent 0.; 3 heures
du soir averse venant du NO.; 4h 15m du soir grande
averse du NO.
Le 20 avril, à llh 15m du matin, deux coups de ton-
nerre, un éclair très-faible, pluie, direction du SO.
au NE.
5h 45m du soir , orage lointain observé entre Malines et
Wavre-Ste-Catherine. Cet orage s'est levé au SO. et s'est
ensuite divisé en deux parties.
La première a passé au N., la seconde au S. Celle-ci
était seule le siège des décharges électriques. Les deux
parties se sont enfin réunies à TE. et le centre d'explosion
s'est alors transporté à leur point de contact; 5h 15m du
soir, station de Wavre-Ste-Catherine, fort orage venant
du S., vent très-fort, pluie. L'orage passe à PO., puis se
dirige vers le N.; à Malines il était accompagné d'une
pluie et d'un vent très-forts.
8h oOm du soir, averse; minuit et demi, averse très-
forte.
Le 21 avril, à llh 55m du malin, à lh 20, 2" oom, 5h 50m,
oh 40m du soir averses, petite grêle; 4h 10 du soir, averse.
Toute la journée ventO. très-fort.
Le 24 avril, de 5 à 5 heures du soir, pluie très-forte,
maximum d'intensité à 4 heures, nuages venant de l'O. ou
du SO.
Le 28 avril , à 5 heures du soir, nuées orageuses s éten-
dant de l'E. au S.
( 518 )
Le 11 mai, de 5 à 9 heures du matin, ciel orageux.
Le 12 mai, de 5 à 8 heures du matin, pluie intense,
absence complète de vent; 8lieures, beau temps.
De 7 à 7h 50ra du soir, fort orage venant du S. ou SO.,
vent N. ou NE., éclairs vifs, prolongés et fréquents; ton-
nerre peu bruyant; nuées sombres, contournées, lancées
à grande vitesse; pluie à la fin de l'orage. Lendemain
vent N.
Le 19 mai, à 7h 15m du soir, orage assez fort du S. ou
SE., trois ou quatre décharges électriques, la dernière
donne un éclair vif avec tonnerre instantané; une pluie
assez forte et régulière tombe jusque bien avant dans la
soirée. L'orage avait été annoncé dans la matinée par de
brusques changements dans la direction du vent.
Le 21 mai, à midi lo,n, nuées orageuses venant de l'O.
et passant d'un côté au S. et de l'autre au NE., pour se
rejoindre à l'E. ou au SE., deux coups de tonnerre lors-
que l'orage avait passé à l'E.
* Le 26 mai, à 7h 15m du soir , un éclair et un coup de
tonnerre, quelques autres décharges lointaines. Orage
venant du S.
* Le 50 mai, de 7 heures à 7h 50m du soir, tonnerre loin-
tain ; l'orage s'est levé au SO.
* Le 50 juin, à 5h 5m du matin, orage venant du S.,
environ quatre éclairs accompagnés de tonnerre.
* Le 4 juin, à llh 15m du matin, orage venant de l'O.,
un coup de tonnerre, puis grêle assez forte.
* De 5h à 5h 50m du soir, orage venant de l'O., ton-
nerre lointain (1).
Le 22 juin, à S heures du soir, averse venant du NE.
(1) Les observations du 23 mai jusqu'au 13 juin inclusivement ont été
faites pendant mon absence.
( 519 )
Le 23 juin, à 5h 50m du soir, nuages vaporeux à TE.
avec peu de caractères orageux; on y entend cependant
des coups de tonnerre. Quelques personnes ont cru que
ces bruits lointains résultaient de manœuvres exécutées
en ce moment au camp de Beverloo.
Le 24 juin, à 4h 50m du soir, averse mêlée de grêle,
venant du NE.; 6h 50m du soir, averse.
Le 1er juillet, à 10h 4om du matin, un coup de tonnerre
lointain, nuages allant du SO. au SE., pluie.
* A Capelle-au-Bois, même heure, trois ou quatre coups
de tonnerre, direction de l'orage SO. au SE. ou à l'E.; 2h
50m du soir un coup de tonnerre lointain au S.
Même localité, 5h 0om, un coup de tonnerre lointain à PO.,
nuages allant de l'O. au N. ou à l'E.; à 4 heures, averse
orageuse venant du SO. ; à 4h 40m, un coup de tonnerre loin-
tain; nuages passant du SO. au N. ou à l'O. seulement.
A Malines, cette après-midi a été pluvieuse , mais je n'ai
pu obtenir des détails sur ces averses.
* A Nederockerzeel , on m'y signale, vers 1J heures du
matin , un orage dans la direction de Malines. Beau temps
le reste de la journée.
Le 15 juillet à llh 20m du matin, orage lointain au
SE.; il passe à l'E. Le vent continue à venir de l'E.; midi
5m, tonnerre lointain au SO.; midi 20m, le vent tourne à
l'O., orage très-fort, quelques grêlons? A lh 45m, fin de
l'orage. Les jours suivants, pluie intermittente, averses.
Le 19 juillet, averses, vent 0.?
Le 25 juillet, à 2h 50m du malin, orage très-fort mais
lointain, éclairs vifs et répétés, tonnerre lointain, pluie;
à la fin de l'orage l'O. était couvert de nuages clairs et
transparents; 4h 30m du soir, tonnerre lointain?
Le 24 juillet, à 5h 45m du soir, orage observé à Wille-
broeck , un coup de tonnerre rapproché avec éclair , ton-
( 520 )
lierre lointain , pluie , direction 0. à E. puis au S. Cet
orage passe par Malines vers les 4 heures du soir, pluie
torrentielle. La Dyle signale des rafales de grêle; à 9h 50m
du soir, éclairs lointains au S. et SE.; ils résultaient sans
doute de l'orage précédent.
A Capelle-au-Bois, même jour, orage violent de 5
heures et demie à 5 heures du soir, pluie très-forte.
Le 26 juillet, à lth 35m du matin, orage allant du SO.
au NE., un coup de tonnerre rapproché mais sans éclair,
un autre coup lointain; 6h 15m du soir, orage lointain au
SO. et passant au N. et NE.
Le 7 août à lh 60m du soir , orage allant du SO. au NE. ;
un coup de tonnerre avec éclair, trois coups lointains.
Le 15 août, des nuages orageux couvrent le ciel depuis
2 heures jusqu'à o heures du soir; alors un vent fort se
manifeste, le ciel s'éclaircit, direction S. au N.
Le 16 août, llh 15™ du matin, averse venant du SO.;
4b 15mà Ah 30m du soir, orage violent, pluie torrentielle,
coups de tonnerre suivant immédiatement l'éclair, direc-
tion N. au S. Cet orage occasionne un incendie à Wes-
pelaer.
A une demi-lieue au N. de Boom , on a observé vers
5 heures ou oh 50m du soir un éclair et un coup de ton-
nerre, suivis d'une averse. L'orage était alors au SO. dans
la direction de Niel.
A Capel!c-au-Bois, 2 heures du soir, tonnerre lointain; les
nuages vont de l'O. au N. ; vers 4h 50m, orage lointain allant
de l'O. au N. et NE ; à 4h 45m averse très-forte, tonnerre
sans éclair.
Le 26 août, à 8 heures du soir, du S. à l'O. jusqu'au
N., ciel chargé de nuages orageux, vent supérieur S.;
9 heures du soir, éclairs lointains à l'O.
( 521 )
Le 27 août, à 4 heures du matin, averse, coups de
tonnerre lointains dont un assez fort.
* Capelle-au-Bois, 4 heures du matin, un éclair suivi
immédiatement d'un violent coup de tonnerre, pluie tor-
rentielle; l'orage venait de l'O. ou du SO.
Le 1er septembre à llh 55m du matin, orage fort, mais
lointain; les nuages orageux se trouvent entre le SO. et le
NO.; à midi 15m le centre d'explosion se trouve au NO.,
l'orage passe ensuite au N. pour disparaître au NE.; vers
midi 50m , pluie.
Le 2 septembre, à 6h lom du soir, nuages orageux
s'étendant de l'ESE. au SO., vent N.
Le o septembre, à 7h 40m du soir, averse orageuse,
venant du S.? 9 heures du soir, éclairs lointains, ciel
pur.
Le 4 septembre, orage lointain s'ctendant du S. à l'O.
L'extrémité sud est le siège des détonations; Mh 35m du
matin un éclair et un coup de tonnerre violent. D'après le
journal De Burgery, la foudre est tombée sur les flis du
télégraphe près de l'arsenal du chemin de fer. Après quel-
ques coups lointains l'orage disparaît au N. ; après l'orage,
absence complète de vent.
A midi 20, détonations à l'O.; de lh 2om à lh 45m du
soir, orage violent; le centre d'explosion passe du S.àl'E.
sans atteindre le zénith, averse très-forte vers lh 40m;
après l'orage vent N. pour les nuages inférieurs, vent S.
pour les nuages supérieurs.
Le 6 septembre, à 7 heures du soir, nuages orageux
s'étendant du SO. au NO., vent S. On a entendu le ton-
nerre à l'O. vers la même heure.
Le 9 septembre, vers lh 50m du matin, averse très-
forte.
\
\
( 522 )
Le 10 septembre, à 6h 50m du soir, stratus bordés de
cirro cumulus à FO. *
Le 11 septembre, au matin, ciel assez orageux, pluie,
pas de vent; avant midi un vent assez fort dissipe les
nuages.
Le 12 septembre, 2 heures du soir, Capelle-au-Bois,
nuages orageux , compactes à l'O. sans tonnerre, vent su-
périeur SO.; même localité, 7h 25m du soir, orage très-loin-
tain, éclairs vifs et presque continuels, tonnerre peu sen-
sible; Forage était d'abord au SE., à 8h oOm il est à FE., les
éclairs diminuent d'intensité.
Le 15 septembre, Capelle-au-Bois, le tonnerre se fait
entendre au SE. vers 8 heures du matin; 8h 10ra, fort
orage allant du S. au N., obscurité complète durant quel-
ques minutes, vent fort;8h lom le ciel s'éclaircit, éclairs et
tonnerre fréquents, un coup rapproché, averse très-forte.
L'orage était animé d'une vitesse considérable , son arrivée
fut presque soudaine; il avait été précédé par un brouil-
lard épais qui s'était ensuite un peu dissipé. On m'a si-
gnalé le même orage à Malines, à Nederockerzeel et à
Termonde.
Le 7 octobre, à 5b 15m du soir, Malines, un coup de
tonnerre lointain sans éclair, averse très-forte, vent 0.;
7h 30m éclair lointain ? 7b 45m averse venant du NO.
Le 19 octobre, à llh 4om du soir, averse orageuse.
On m'a rapporté qu'il y avait eu une grêle très-forte à
Nederockerzeel; les uns la fixèrent aux premiers jours de
septembre, les autres la rapportèrent à l'orage remarqua-
ble du 13 septembre.
( 525 )
Note sur le pouvoir dispersif de l'air, par M. Ch. Mon-
tigny, correspondant de l'Académie.
Dans un travail précédent (*), j'ai déterminé les indices
de réfraction de trois rayons colorés relativement à l'air,
c'est-à-dire lorsqu'ils passent du vide dans l'air, en basant
mes calculs sur les longueurs du spectre de l'étoile Fomal-
haut formé par la dispersion atmosphérique , que le savant
astronome Bessel mesura, à plus de 86° de distance zéni-
thale, à l'aide de l'héliomètre. Mes déterminations se rap-
portent aux rayons rouge, vert-bleu et bleu extrême; elles
ont suffi pour calculer les différences de marche de ces
rayons colorés, d'origine sidérale, à travers l'atmosphère,
et pour établir ainsi, sur des bases aussi solides que pos-
sible, ma théorie de la scintillation qui est fondée sur des
effets de réfraction et de dispersion atmosphériques (**).
Voici les valeurs de ces indices et en outre celui de la lu-
mière blanche ou du rayon jaune, qui a été déterminé par
Biot et Arago :
Rayon rouge 1,00029242
— jaune 1,00029438
— vert-bleu 1,00029530
— bleu extrême .... 1,00029654
Afin de fixer l'esprit du lecteur sur l'exactitude de mes
trois déterminations, je rappellerai ici, d'une part, les
O Essai sur des effets de réfraction et de dispersion produits par l'air
atmosphérique. Mémoires de l'Académie royale d;: Belgique, t. XXVI.
(*¥) Mémoires de V Académie, t. XXVIII.
( 524 )
longueurs des spectres aériens de l'étoile Fomalhaut
mesurés par Bessel , à des distances zénithales croissantes ,
et, d'autre part, les longueurs correspondantes de ces
spectres calculées au moyen des valeurs précédentes,
comme je l'ai indiqué dans le premier travail cité :
DATE
Longueur
du spectre
de
l'observation db bbssel
observée.
calculée.
20 septembre 1838. . .
8,25
9,75
28 — ...
10,32
10,31
30 — ...
11,05
10,48
22 - ...
11,26
11 22
Les résultats sont très-concordants, deux particulière-
ment.
Dans la note que j'ai l'honneur de présentera l'Acadé-
mie, je compléterai les données précédentes sur le pouvoir
dispersif de l'air, en calculant les indices de trois autres
rayons au moyen de la formule de la dispersion trouvée
par ML Cauchy, formule dont l'application repose sur les
longueurs des ondes lumineuses et sur la détermination
préalable de deux constantes, ce que j'effectuerai facile-
ment ici, à l'aide de deux indices précédents résultant de
l'observation. Les indices calculés des deux autres rayons
concordent très-bien , comme on le verra, avec les valeurs
précédentes des indices des mêmes rayons que j'ai déduites
de l'observation. Cette concordance justifiera pleinement
l'application de la formule de M. Cauchy à ce genre de
calcul.
( oâo )
Quelle que soit l'importance qu'il faille attacher à ce mode
de déduction , ces déterminations rappelleront d'abord l'at-
tention, comme je l'espère, sur le pouvoir dispersif de
l'air, question que l'observation n'a point complètement
résolue, puis sur le même pouvoir relatif aux divers gaz,
problème difficile et délicat, il est vrai, mais que la science
de l'optique est capable de résoudre aujourd'hui, grâce
aux moyens d'expérimentation si précis dont elle dispose.
Avant d'exposer les déductions du calcul , il importe
d'élucider plusieurs questions que suscite ici l'application
de la formule de M. Cauchv, soit à l'égard des parties colo-
rées du spectre auxquelles se rapportent les mesures prises
par Bessel , soit au sujet des découvertes de raies faites
par l'analyse spectrale dans la lumière des astres.
D'abord, il convient de rappeler que , dans la décompo-
sition de la lumière des astres par l'atmosphère, phénomène
qui produit les spectres stellaires aériens près de l'horizon et
les colorations étroites aux arcs supérieur et inférieur des
disques solaire et lunaire près de celui-ci, la dispersion des
couleurs des spectres aériens observés dans une lunette
qui ne renverse pas les objets, est identique à la disposi-
tion des couleurs que l'image d'une étoile brillante affecte
quand on la regarde dans les conditions ordinaires, à tra-
vers un prisme réfringent, dont l'angle est placé en haut.
Le spectre stellaire aérien, de même que l'image prisma-
tique de l'étoile, est coloré en bleu à sa partie supérieure,
et en teintes orangée et rouge à sa base. La seule diffé-
rence qui caractérise ces deux phénomènes de dispersion ,
c'est que, par suite du faible pouvoir dispersif de l'atmos-
phère, le spectre aérien d'une étoile, examiné dans une
puissante lunette et à une grande distance zénithale, a
une étendue trop restreinte et un éclat trop faible pour
que les raies caractéristiques de la lumière de l'étoile
( 526 )
soient distinctes dans son spectre aérien, même lorsque
les circonstances de calme et de transparence atmosphé-
riques sont le plus favorables. Si la dispersion des rayons
steilaires par l'atmosphère se réalisait dans les régions
inférieures de celle-ci , avec le même éclat de coloration et
la même amplitude que pour l'image de l'étoile observée
dans un spcctromètre , les raies propres à la lumière de
l'étoile deviendraient perceptibles dans son spectre aérien.
La perceptibilité des raies ne se réalisant point par le
fait seul de la dispersion atmosphérique, aux plus grandes
dislances zénithales, nous comprenons très-bien pourquoi
Bessel parle expressément des raies du spectre solaire
fixées par Fraunhoffer, et non des raies propres à l'étoile
Fomailiaut, quand ce savant astronome s'exprime de la
manière suivante, au sujet de l'une des mesures du spec-
tre de cette étoile : « En comparant, dit Bessel, le spectre
» visible dans la lunette de l'héliomôtre à la figure donnée
» par feu Fraunhoffer, il me semblait que la partie mesu-
» rée était comprise entre les raies B et G de la figure. »
Bessel ajoute au sujet d'une autre observation : « Il paraît
» que l'espace visible du spectre a été celui compris entre
» les lignes B et F de Fraunhoffer (*). » J'insiste avec
raison, me paraît-il, sur ce point délicat et très-important
ici, parce qu'à l'époque où Bessel prenait ses mesures,
Fraunhoffer avait signalé, depuis plusieurs années, les
différences de position qui caractérisent les raies du spec-
tre solaire relativement à certaines raies du spectre prisma-
tique de plusieurs étoiles fixes. D'après les expressions dont
Bessel vient de se servir, il est incontestable que nous
devons introduire les longueurs numériques des ondes lu-
(*) Comptes rendus de l'Institut, t. XV, p. 185.
( 527 )
mineuses correspondant aux rayons eux-mêmes du spectre
solaire, dans le calcul des indices propres aux différents
rayons colorés du spectre aérien de Fomalhaut. En d'autres
termes, j'introduirai dans les calculs les mêmes longueurs
d'ondes que s'il s'agissait de l'image spectrale des rayons so-
laires dispersés par l'atmosphère, et non des rayons colorés
de Fomalhaut séparés aussi par cette faible dispersion.
Remarquons enfin que ni dans le passage cité ni dans
aucune partie du travail dont il est extrait, Bessel ne
mentionne la présence de raies dans les spectres aériens
de Fomalhaut, quoique ceux-ci aient été observés à des
distances zénithales supérieures à 86°, et à l'aide d'un puis-
sant instrument. D'après cela, il n'y a point lieu de nous
préoccuper, dans le travail actuel, des raies telluriques,
c'est-à-dire des raies qui résultent de l'action absorbante
de notre atmosphère sur la lumière des astres, absorption
que les dernières recherches de l'analyse spectrale ont
mise hors de doute.
La forme la plus simple sous laquelle se présente la
formule de M. Cauchy pour calculer l'indice n correspon-
dant au rayon coloré de longueur d'onde /, pour une sub-
stance donnée, est la suivante :
6
(U- n = a--*-~;
a et b sont constants pour une même substance, mais va-
riables quand la nature du milieu réfringent change. Je
ferai remarquer qu'il n'est point nécessaire de recourir ici
à la forme que M. Christoffel a donnée récemment à l'ex-
pression de la dispersion, et qui conduit à des valeurs des
indices très-conformes aux résultats de l'observation à l'é-
gard de solides et de liquides; dans le cas actuel, il s'agit
d'un milieu très-peu réfringent, et dans lequel la longueur
( S28 )
d'onde d'un rayon diffère très -peu de la longueur cor-
respondante dans l'éther libre, ce qui n'est point le cas
pour les liquides et les solides, ainsi que l'ont remarqué
M. Christoffel et, après lui, M. Briot (*).
La considération de la différence des longueurs des on-
des correspondant au même rayon dans la substance et
dans l'éther libre, question que je viens de toucher, nous
oblige à faire intervenir, dans un calcul rigoureux, non les
longueurs d'ondes / mesurées par Fraunhoffer et ses suc-
cesseurs, mais bien les longueurs X qui conviennent à la
propagation des mêmes rayons dans le vide. Il s'agit en
effet ici d'un rayon sortant de l'éther libre ou du vide, et,
par conséquent, de calculs de réfraction absolue, ou du
vide à l'air.
D'après les principes de la théorie des ondulations ap-
pliqués au cas actuel , le rapport ~ des longueurs d'ondes
qui caractérisent la propagation du même rayon coloré
respectivement dans le vide et dans l'air, est égal à l'indice
absolu n du vide à l'air correspondant à ce rayon. Nous
devons considérer aussi cet indice comme tel dans la for-
mule de M. Cauchy, où la longueur d'onde serait exprimée
par sa valeur numérique 1 relative au vide; cette expression
deviendrait alors :
b
n = a h — •
La substitution de ?i2. /2 au lieu de X2 dans cette équation
nous permettrait, à la vérité, de calculer exactement n en
fonction de la longueur d'onde mesurée dans l'air; mais
O Voir l'ouvrage de M. C. Briot , Essai sur la théorie mathématique
de la lumière, page 94.
( m )
nous arriverions alors à l'équation du troisième degré
n3 — a?i2 = ^. Cependant nous pouvons nous borner à
l'équation (I) en vue de la simplicité des calculs, si nous
introduisons dans celle-ci les longueurs d'ondes qui auront
été préalablement réduites au vide, en multipliant chaque
longueur / mesurée dans l'air par la valeur de l'indice du
premier tableau qui est le plus rapproché de l'indice cher-
ché, et auquel / correspond. Malgré ces considérations,
qu'il était absolument nécessaire de développer ici au point
de vue de la rigueur des calculs, on peut obtenir des résul-
tats très-concordants sans opérer la réduction des longueurs
d'ondes au vide, et en se servant d'une formule aussi
simple que la première, comme je le démontre dans la note
ci-dessous H.
(*) Désignons par n', n" les indices connus des rayons jaune et bleu
extrême, et par /', /" les longueurs d'ondes correspondantes mesurées dans
l'air; ramenées au vide, ces longueurs deviennent n'. I' et n". I". Détermi-
nons les deux constantes a et b de l'équation au moyen des formules spé-
ciales
b b
n' = a -+- — ; — - et n ' — a -+-
nou s aurons :
n"2/"sn'2/'a , -b
b = In" — n'\ — —r — - 1 vl a = n
Les valeurs numériques de n' et n" sont tellement peu différentes, que la
valeur de b se réduit sensiblement à
Or le facteur
(n" - n')
/'* ~ /'
est précisément la valeur B que prendrait la constante b si on calcu-
lait celle-ci au moyen des longueurs d'ondes mesurées dans l'air et non
2me SÉRIE, TOME XXIV. 56
( 550 )
J'ai déterminé les constantes a et 6 de l'équation de
M. Cauchy à l'aide des indices correspondant aux rayons
jaune et bleu extrême, qui iîgurent dans le premier tableau
comme données de l'observation. L'indice du rayon jaune,
celui dont la valeur est ici sans conteste la plus précise,
représente sensiblement, pour toute substance, l'indice de
la lumière blanche supposée réfractée sans dispersion sen-
sible par la substance, ou son indice moyen, conformément
aux faits que j'ai exposés dans une notice précédente (").
Or, c'est précisément le cas à l'égard de l'air, car Biot et
Arago n'ont signalé aucune trace de dispersion dans la dé-
termination de l'indice de réfraction par l'air 1,00029438,
qui est attribué ici au rayon jaune ou moyen.
M. Billet a déterminé récemment, à l'aide de phénomè-
nes d'interférence, la longueur d'onde moyenne qui con-
réduites au vide. On aurait ainsi b =»B n''2. L'autre constante a devien-
drait alors n' — — ; cette expression n'est autre que la valeur A qu'affecte-
rait la constante a si elle était simplement calculée au moyen des mesures
d'ondes prises dans l'air. D'après cela, l'équation destinée au calcul d'un
indice quelconque relatif à l'air est susceptible de prendre aussi cette
forme :
Bn'2
n = A-»-— ■
Quand on introduira dans les calculs, au lieu de la longueur d'onde / me-
surée dans l'air, sa valeur n' l réduite au vide, on obtiendra une valeur
numérique de n qui sera A -H — , ou simplement le résultat que l'on eût
obtenu en introduisant dans les calculs les longueurs d'ondes mesurées
dans l'air, après avoir déterminé préalablement les constantes à l'aide de
ces longueurs non réduites au vide. J'ai constaté que les valeurs des in-
dices ne sont pas affectées jusqu'à la huitième décimale, quel que soit celui
des deux modes de détermination que l'on emploie.
(*) Recherches sur l'indice de réfraction de la lumière blanche réfrac-
tée sans dispersion sensible. Bulletins de l'Académie royale de Bel-
gique, 2e série, t. XIX.
( 531 )
vient à la lumière blanche, et ici au rayon moyen; il l'a
trouvée égale à 567 millionièmes de millimètre dans l'air.
Quant au rayon bleu extrême correspondant à la raie
G, à laquelle Bessel rapporte l'extrémité supérieure de
l'un des spectres aériens de Fomalhaut, son indice est
1,00029654 d'après une de ses mesures. La longueur d'onde
qui caractérise cette raie est 450,75 selon les mesures ré-
centes de M. Mascart.
j'ai déterminé d'abord les constantes au moyen des lon-
gueurs d'ondes du bleu extrême de M. Mascart et du rayon
moyen, toutes deux préalablement réduites au vide; alors
l'équation de la dispersion qui nous servira à calculer l'in-
dice n relatif à l'air, et auquel correspond la longueur
d'onde >. déterminée par M. Mascart, et préalablement
réduite au vide, a pour forme :
0,948085
n= 1,00029143 + -a .. •
Quand les constantes sont calculées au moyen de la lon-
gueur d'onde du bleu extrême déterminée par Fraun-
hoffer et réduite au vide, l'équation de la dispersion, où /
prendra les valeurs des longueurs d'ondes mesurées par
le même observateur, mais réduites au vide, se présente
sous la forme :
0,930425
n = 1,00029149 +
;.-
Nous savons que les longueurs d'ondulations mesurées
par Fraunhoffer, puis par M. Mascart, diffèrent assez peu,
non-seulement entre elles, mais relativement aux mêmes
déterminations réalisées par MM. Bernard, Angstrom,
Ditscheinen et Van derWilligen. Je me bornerai adonner
dans la note ci-dessous les mesures des deux premiers
( 332 )
observateurs obtenues dans l'air, puis réduites au vide(').
Dans le tableau suivant , je rappelle d'abord , les valeurs
des quatre indices des rayons différents qui ont été déduits
de l'observation ; puis j'indique les indices relatifs aux prin-
cipaux rayons, calculés au moyen des deux formules pré-
cédentes.
INDICES DE RÉFRACTION DE L'AIR
relatifs aux principaux rayons,
RAIES ET RAYONS.
déduits
de
l'observation.
calcules
d'après
les mesures des
longueurs d'ondes,
par
M. MASCART.
calculés
d'après
les mesures des
longueurs d'ondes,
par
FRAUNHOFFER.
Raie B ou rayon rouge . .
1,00029242
1,00029544
1,00029545
— C — rouge moy.
»
1,00029565
1,00029565
— D — orangé . .
»
1,00029416
1,00029417
Rayon moyen
1,00029438
»
9
Raie Eourayon jaune vert.
»
1,00029484
1,00029485
— F - bleu . .
1,00029530
1,00029544
1,00029545
— G — indigo . .
1,00029654
»
»
— H — violet ex-
trême
»
1,00029745
1,00029751
La concordance est parfaite entre les deux séries calcu-
lées d'après les mesures de Fraunhoffer et celles de M. Mas-
RAIES.
(*) Loiiffueurs fVond.es mesurées
PAR M. 1
Dans l'air.
ASCART.
Réduites au vide.
PAR FRAUNHOFFER.
Dans l'air.
Réduites au vide.
B.
680,67
686,87
688,00
688,20
C.
656,07
656,26
656,00
656,20
D.
588,80
588,97
589,00
589,17
Rayon moyen.
567,00
567, 17
»
B
E.
526,78
526,93
526,00
526,16
F.
485,96
486,10
484,00
484,15
G.
430,75
450,87
429,00
429,12
1 H.
396,72
396,84
593,00
51(3,12
( 555 )
cart, les petites différences ne portant que sur la huitième
décimale. La concordance est aussi très-satisfaisante entre
l'indice calculé et sa valeur déduite de l'observation à
l'égard du rayon bleu ou de la raie F. Cette concordance
est une justification du procédé de calcul. Elle n'est point
atténuée par la différence qui affecte pour la raie B le ré-
sultat de l'observation comparé à celui du calcul. Cette
différence plus marquée s'expliquerait, au besoin , par le
fait que le rouge du spectre stellaire, mesuré par Bessel,
s'étendait probablement en deçà de la raie B, c'est-à-dire
du côté de la raie A, par suite de la moindre absorption
des rayons rouges par l'atmosphère.
D'après les données précédentes, le pouvoir dispersifde
l'air serait égal à 0,015, ou à la moitié de celui du cristal
de roche.
Si une méthode très-précise, telle que celle du réfrac-
teur interférenliel à l'aide de laquelle M. Jamin a mesuré
l'indice de la vapeur d'eau , était appliquée à la mesure de
la dispersion par l'air, je crois, avec confiance, que les dé-
ductions précédentes concorderaient d'une manière très-
satisfaisante avec les résultats certains que donnerait un
procédé si délicat, s'il est susceptible de ce mode d'applica-
tion.
En se rappelant ici la loi de Biot et Aragô, d'après la-
quelle la puissance réfractived'un mélange de gaz est égale
à la somme des puissances réfractives des gaz mélangés,
rapportées à la pression particulière de chacun dans ce
mélange, on peut se demander si l'application de cette loi
au cas actuel ne permettrait pas de calculer les puissances
réfractives de l'oxygène et de l'azote à l'égard des divers
rayons colorés, et cela en basant les calculs sur les déter-
minations précédentes des indices relatifs à l'air. Je ferai
( 554 )
remarquer qu'il ne manque à cette tin qu'une seule déter-
mination, relative à la dispersion par l'oxygène ou l'azote.
Si elle se réalisait à l'égard de l'un quelconque des rayons
colorés, et pour l'un ou pour l'autre des deux gaz, la loi
de Biot et Arago permettrait de déterminer, concurrem-
ment avec la formule de M. Cauchy, les indices de tous les
rayons colorés pour les deux gaz.
Dans mon mémoire concernant les effets de réfraction
et de dispersion par l'atmosphère , j'ai fait voir que la dé-
termination exacte du pouvoir dispersif de l'air n'est pas
sans importance pour le calcul de la position précise des
étoiles de couleurs différentes, observées à de grandes dis-
tances zénithales. Il résulte, en effet, de la formule s =
0",848 tang (Z — 5,25 R) qui permet de calculer, d'après
mes déterminations, l'étendue s d'un spectre stellaire en
fonction de la distance zénithale Z et de la réfraction R
correspondante, qu'à la distance de 80° par exemple, une
étoile bleue est plus relevée de 4",7 par la réfraction ,
qu'une étoile rouge; et qu'à 90° de distance zénithale, la
différence s'élève à 28". Ce genre d'inégalité se calcule
aisément, relativement aux quatre principaux rayons colo-
rés, à l'aide de la formule de Bradley, quand son coefficient
constant a été approprié à la nature du rayon coloré d'après
la valeur de son indice de réfraction par l'air, ainsi que l'in-
diquent les quatre expressions suivantes delà réfraction r :
Rayon rouge, r = 60", 263 tang (Z — 3,25 r)
» jaune, r = 60",666 tang (Z — 3,25 r)
vert , r = 60",855 tang (Z — 3,25 r)
» bleu, r = 61"s101 tang (Z — 5,25 r)
On sait que la formule de Bradley n'est valable que pour
des hauteurs supérieures à 10° au-dessus de l'horizon , et
( 53S )
que, au delà, les résultats calculés au moyen de cette for-
mule s'accordent avec les indications des tables de la réfrac-
tion astronomique qui résultent d'un calcul rigoureux. Afin
de rattacher les expressions précédentes aux indications de
la réfraction par ces tables, qui se rapportent, comme on
le sait, au rayon incolore ou jaune, je remarque que si Ton
désigne par R la réfraction donnée par les tables, on a, dans
les limitas de concordance indiquée, pour le rayon jaune
on incolore : R = 60",666 tang (Z — 5,25 R), et par suite :
tang (Z — 3,2o r).
Si r exprime la réfraction pour une étoile rouge par exem-
ple , à la même distance zénithale, on a aussi :
tang (Z — 3,2o r).
G0",263
Les réfractions R et r diffèrent tellement peu, que nous
poserons tang (Z — 5,25 R) = tang (Z — 5,25 r); il en
résulte
r R
60",263 G0",G6G
et finalement :
r = 0,99552G X R.
Cette expression donne immédiatement la valeur de la
réfraction d'une étoile rouge en fonction de la réfraction
qui est indiquée dans les tables pour une étoile incolore.
Malgré la restriction précédente, cette expression est sus-
ceptible d'être appliquée à de grandes distances zénithales,
parce que l'écart de la formule de Rradley est ici sans in-
( 536 )
fluence, et que la réfraction R supposée donnée exacte-
ment par les tables à toute distance zénithale, figure seule
dans l'expression finale de r.
Réunissons celte expression et les formules que l'on
déduit aisément, par le même procédé, à l'égard des deux
autres colorations; nous obtiendrons ainsi les réfractions
relatives aux principales étoiles colorées en fonction de la
réfraction R qui correspond, dans les tables ordinaires, à
la distance zénithale apparente à laquelle l'étoile colorée est
observée; alors ces réfractions seront exactement données
par les formules suivantes :
Pour une étoile rouge r= 0,99555 X R-
verte r = 1 ,00322 X R.
bleue r= 1,00727 X R.
La classe vole l'impression de la note additionnelle
suivante, faite par M. Constantin Wesmael à son article
relatif aux Ichneumons , inséré dans le Bulletin du mois de
novembre dernier.
( 557 )
Ichneumonologica documenta, par M. Constantin Wesmael ,
membre de l'Académie.
NOTE ADDITIONNELLE.
Lors de la publication des Ichneumones Platyuri et Àm-
btypygi Europaeî , en 1833 et 1854, les exemplaires du tirage
à part ont paru sans être suivis chacun d'une table alphabé-
tique des sous-genres et des espèces, ce qui contribue à aug-
menter la difticulté des recherches. Une réparation de cet
oubli, quoique tardive, ne sera pas, je l'espère, entièrement
inutile aux entomologistes en possession de ces exemplaires;
l'auteur croit pouvoir invoquer ici le vieil adage : Mieux vaut
lard que jamais.
ICUNEUMONES PLATYURI EUROPAEI
INDEX ÀLPHÀBETICUS.
Pages.
Apaelelicus bellicosus 30
* flammeolus • 32
» inclylus 34
» inimicus 33
» longicornis 31
Eurylabus corvinus 11
» diras 13
» torvus 10
» tristis 13
Plalylabus arma tus 13
cothurnatus 18
» Daemon . . , 22
» decipiens 23
» dimidiatus 27
» dolorosus 17
» errabundus 23
( 558 )
Pages.
Plaivlabus iridipennis 19
» leucogrammus 22
» oiger 16
» nigricollis 27
» orbitalis 24
paclor 27
» pallidens 2G
» pedatorius 18
» pullus 21
rufiventris 24
» rufus 15
» sternoleucus 20
» tricingulatus 27
» variegatus • 17
» varipictus 23
Pristiceros serrarius 15
Probolus allicola 5
» concinnus 9
ICHNEUMONES AMBLYPYGI EUROPAEI
INDEX ALPIIABET1CUS.
Pages. N°>.
Acolobus albimanus 62 2
» serieeus 62 1
Amblyteles amatorius 11 7
» amputatorus 51 42
» antennatorius 18 18
» atratorius 15 14
» bipustulalus 39 30
» camelinus 48 59
» castigator 49 40
» conspurcalus 33 29
» crispatorius 17 17
» divisorius 55 53
» efferus 42 32
( 559 )
Pages. N°'-
Amblyteles fasciatorius 10 5
» fossorius 51 42
» funereus 57 47
fuscipennis 59 50
» glaucatororius 25 20
» Goedarti 35 28
» Gravenhorstii 26 24
» hacreticus 46 37
» homocerus 47 58
» ignolus 32 27
» indocilis 11 8
» infractorius 10 5
« injucundus 45 55
inspector 49 41
» intersertor 44 54
» laminatorius 58 49
» latebricola 11 9
» litigiosus 18 19
r> lusitanus 41 31
» margïncguttatus 11 10
mclanocastanus 57 46
mesocastanus 57 45
» messorius 56 41
« monilorius 10 4
« natatorius 16 15
» negatorius 27 25
novitius 12 11
» occisorius 26 25
» oratorius 15 12
» palliatorius 8 1
pallidicornis 26 21
Panzeri 58 48
» rubriventris 42 23
» spoliator •. 9 5
sputator 46 56
» strigatoiius 60 51
» subsericans 17 16
» trifasciatus 8 2
» uniguttatus 28 26
( S40 )
Amblyteles vadatorîus.
» viridatorius
» xanthius .
Anisobas cinguiatorius
» flaviger. .
» rebellis . .
Automalus alboguttatus
Catadelphus arrogator .
Hepiopelmus eudoxius.
leueostigmus
» variegatoriu
Hypomecus albitarsis .
Limcrodes arctiventris
Listrodromus lapidator.
» nycthemeru
Trogus exaltatorius .
» lapidator . .
» lutorius . .
Papes.
26
22
15
13
17
17
64
2
6i
1
64
3
6'2
1
60
1
65
5
63
1
63
2
66
1
3
1
66
2
63
1
61
2
61
5
60
1
ADDENDA.
12. ICHNEUMON GEMELLUS. Grav.
Tentant. 53. 22. à"?.
Dans sa revue des Ichneumons, n° oo, page 226,
M. Taschcnberg énonce, comme un des caractères essen-
tiels de 17. gemellus a* : IVîittelscheakel an der Spitze
unten sehr tief AUSGEBUCHTET. C'est effectivement ce
que j'ai dit en latin , il va trente-trois ans, dans le Tenta-
■mon, p. 55, n°22, où on lit : Fcmora intermedia margine
inféra apicem versus (aie et profonde simiato. C'est donc
( 3il )
à moi, et non à M. Taschenberg, qu'est due la découverte
de cet important caractère.
Quant à l'adjonction de mes diverses variétés du Ge-
mellus o*, énumérées, soit dans le Tentamen, soit dans la
Mantissa, et, quant aux contestations qu'on pourrait sou-
lever à leur égard, leur solution dépend, selon moi, de
celle de la question suivante : chez ces variétés, les cuisses
intermédiaires sont-elles conformées comme celles du Ge-
mellus genuinus ?
A la page 54 du Tentamen, j'ai décrit une femelle que
je regarde comme celle du Gemellus, et dont les cuisses
intermédiaires sont exactement conformées comme celles
du mâle. J'aurais peut-être bien fait d'insister davantage
sur l'existence de ce dernier caractère, quoiqu'il résulte
implicitement de YAdnot. qui précède ma description, et
qui porte : Sciilp titra et proporlio par Hum ut in mare.
En 1848, j'ai reçu, des environs de Dicst, une deuxième
femelle chez qui le 1er segment est entièrement fauve, le
4mc est noir non-seulement vers l'extrémité, mais encore
au milieu du dos, et il y a un petit point blanc sous la base
des ailes. Enfin, en 1850, j'ai pris, près de Bruxelles, une
troisième femelle, dont le 4me segment est presque entiè-
rement noir. Chez ces deux dernières, les quatre jambes
antérieures ont une teinte obscure au côté postérieur.
Quant à la sculpture du Gemellus 9, ce qu'elle a d'es-
sentiel dans ses rapports avec le mâle, c'est l'existence
d'une ligne élevée longitudinale très-fine qui parcourt le
milieu du dos du 2me segment. Cette ligne n'est cependant
pas toujours également distincte. En résumé, on peut ca-
ractériser la surface de ce segment de la manière suivante :
Segmentuin 3 confertim punclaium , basin versus acicu-
lalo-scabriculum, linca média clevata subtilissima vel subob-
( U^ )
soleta. — L'aréole supéromédiane du meta thorax est allon-
gée, avec le bord postérieur plus ou moins arqué : par sa
forme elle se rapproche d'un hexagone rétréci en avant, ou
d'une demi-ellipse; elle est môme quelquefois assez large-
ment tronquée en avant pour s'éloigner peu de la forme
d'un rectangle.
7. A31blvteles inspector. Wesm.
Ich. Ambl. Eur. 49. 41.
Après la var. o. $, ajoutez :
Var. 6. 9 Scutello et abdomine totis nigris; anlennarum an-
nulo rufescente. = 5 li. — 1 femina.
Hab. circa Parisios.
Antennae articulo 1 subtus basi rufo; 11-15 supra cas-
taneis; 8-15 subtus ferrugineis.
INDEX.
I. — ICHNEUMONES OXYPYGI.
Chasmodes lugens ....
Pages.
145
IclmPumoH
gemellus .
Pages.
. 540
— motatorius . . .
441
—
inquinatus .
. 458
Eupalamus oscillator . . .
441
—
leucoceius .
. 455
Ichneumoii cenlummaculatus.
451
—
iuleiventris.
. 455
— lahi'icator 0* • •
445
—
mulligut talus
. 451
- 9 • •
416
—
DÎgritarius .
. 446
— faunus . . . .
453
—
ru li fions. .
. 449
— fugitivus . . .
448
—
sarcitorius .
. 458
( 545 )
ii.
ICHNEUMONES AMBLYPYGI.
Pages.
Pages.
)lyteles camelinus .
. 460
Amblyleles occisorius . .
. 470
— crispatorius
. 472
— Panzeri . . .
. 469
— (fumigator) (1)
. 467
— uniguUatus.
. 462
— inspector .
. 542
? Heresiarches eudoxius
. 480
— natatorius .
. 475
IV. — ICHNEUMONES PNEUSTICI.
Oronotus binotatus 481
M. Van Beneden émet diverses considérations verbales
sur le classement des baleines. 11 en fera l'objet d'une
communication qu'il présentera à la séance du mois de
janvier.
— La classe fixe l'époque de sa séance publique au
mardi 17 décembre, à une heure de relevée; elle décide
en même temps que les élections se feront dans la réu-
nion préparatoire de la veille, ainsi que la lecture des
pièces destinées à la séance solennelle.
(1) Tabl. anal., n° i, p. 406.
( Ui )
CLASSE DES LETTRES.
Séance du 2 décembre 1867.
M. Roulez, directeur.
M. Ad. Quetelet, secrétaire perpétuel.
Sont présents : MM. Grandgagnage, Snellaert, Haus,
M.-N.-J. Leclercq, Ch. Faider, Ed. Ducpetiaux, le baron
Kervyn de Leltenhove, Chaîoii, Ad. Mathieu, Th. juste,
E. Defacqz, Guillaume, membres; Nolet de Brauwerc van
Steeland, associé, Alph. Waulers, correspondant.
M. Alvin, membre de la classe des beaux-arts, assiste
à la séance.
CORRESPONDANCE.
M. Thiers, associé de l'Académie, remercie pour l'envoi
des derniers volumes des Bulletins. « Je les ai déjà par-
courus, dit-il, et j'ai acquis la certitude que je trouverais
le plus grand intérêt à leur lecture. »
— Différentes sociétés littéraires de France, d'Angle-
terre et d'Allemagne expriment aussi leurs remercîmenls
pour l'envoi des dernières publications de l'Académie.
( ;»45 )
— M. Alph. Wauters, correspondant de l'Académie, l'ait
hommage d'nn ouvrage de sa composition, intitulé : Nou-
velles études sur la géographie ancienne de (a Belgique.
M. X. Heuschling fait parvenir, à chacun des membres
de la classe, un exemplaire d'un compte rendu sur la Sta-
tistique lnternatioivale, publiée avec la collaboration des
statisticiens officiels des différents Etats de l'Europe et des
Etats-Unis d'Amérique, rédigé à Bruxelles, par le prési-
dent et le secrétaire de la Commission centrale de statis-
tique. — Remercîments.
ELECTIONS.
Conformément à l'article 41 du règlement général, qui
prescrit qu'à la fin de l'année « les comptes de chaque
classe seront vérifiés par une commission spéciale com-
posée de cinq membres » il est procédé à l'élection des
académiciens qui seront chargés de cette vérification pen-
dant l'année 1868 : MM. le baron de Gerlache, M.-N.-J. Lc-
clercq, Ch. Faider, De Decker et Gachard sont réélus par
acclamation.
Dans une précédente séance, M. Snellaert avait appelé
l'attention de la classe sur la nécessité de compléter la com-
mission chargée de publier les monuments de la littérature
flamande, commission qui a perdu, depuis plus d'un an,
son président, M. le chanoine David. Après discussion, la
classe ajourne, jusqu'à l'une de ses prochaines réunions,
les nominations qu'elle aura à faire pour compléter l'or-
ganisation de la commission dont il s'agit.
2me SÉRIE, TOME XXIV. 57
( m )
RAPPORTS.
I) avait été donné lecture, à la réunion du mois de no-
vembre, des rapports des trois commissaires désignés par
la Compagnie, afin d'examiner, conformément au désir
exprimé par M. le Ministre de l'intérieur, le projet d'in-
scription, proposé par l'administration communale de la
ville de Mons, pour la statue de Baudouin de Constanti-
nople. Après avoir discuté les conclusions divergentes de
ses rapporteurs, la classe a adopté une rédaction nouvelle,
qui sera soumise à M. le Ministre par les soins du secré-
taire perpétuel.
( 8*7 )
CLASSE DES BEAUX- A RTS.
Séance dit 5 décembre 1867.
M. Balat, directeur.
M. Ad. Qi'etelkt, secrétaire perpétuel.
Sont présents : MM.Alvin, de Keyzer, F. Fétis, G.Geefs,
Eugèue Simon is, Van Hasselt, Joseph Geefs, F. de Braeke-
lcer,Fraikin, Ed. Fétis, Edm. de Busscher,Porlaels, Paycn,
chevalier Léon de Burhure, Franck, Gustave de Man, Ad.
Siret, Julien Leclercq, membres.
MM. Nolet de Brauwere, associé, et Alph. Wauters, cor-
respondant de la classe des lettres, assistent à la séance.
CORRESPONDANCE.
La classe apprend avec douleur la nouvelle perte que
l'Académie vient de faire, par la mort d'un des membres de
la classe des lettres, M. François Baguet, professeur de lit-
térature ancienne et secrétaire de l'Université catholique,
décédé à Louvain, le 1er décembre, et dont l'inhumation
doit avoir lieu dans cette journée môme. Les condoléances
de la Compagnie ont été exprimées à la famille du défunt.
( 348 )
— Il est donné lecture de l'inscription, destinée à la
médaille d'argent décernée à M. Van Cleempulte, pour son
mémoire de concours sur Quentin Mets} s. Cette inscrip-
tion , admise par la classe, est la suivante :
E. Van Cleemputte
quod
DE Q. M ET. S 10 PICTORE
ET DE VI QUAM HABUERIT
IN ARTEM PINGENDI
NON SINE LAUDE DISSERUIT.
MDCCCLXVII.
Des remercîments sont votés à M. Roulez, directeur de
la classe des lettres, qui avait bien voulu se charger de
cette rédaction.
ELECTIONS.
Le règlement général de l'Académie porte qu'à la fin
de Tannée, les comptes de chaque classe sont vérifiés par
une commission spéciale composée de cinq membres, pris
dans la classe.
MM. Alvin, F. Fétis, F/aikin, G. Geefs, Partoes, qui
forment la commission actuelle, sont invités à continuer
leur mandat pour l'année 1868.
( 519 )
COMMUNICATIONS ET LECTURES.
Quelques mots sur le Bruxellois Pierre De Kempeneer,
connu sous le nom de Piedro Campana; par M. Al-
phonse Wauters, correspondant de la classe des lettres.
En lisant, ces jours derniers, un article de M. Rousseau
dans le Bulletin des Commissions royales d'art et d'archéo-
logie (1), mon attention fut appelée sur un de nos compa-
triotes dont le véritable nom n'a pas encore été signalé et
dont l'existence a pourtant été assez glorieuse pour mériter
d'occuper la classe un instant.
Piedro Campana, dont on a traduit le nom espagnol par
les noms de Champaigne, en français (2), ou de Vande
Velde (5), en flamand, s'appelait en réalité Pierre De Kem-
peneer, Pierre le Campinois, Petrus Campiniensis, comme
le dit l'inscription de sa belle Descente de croix, de Séville.
La connaissance de ce nom est un fait capital, car jus-
qu'aujourd'hui on n'aurait pas oser attribuer à Campana
des peintures ou des dessins portant les lettres p. d. k., ses
véritables initiales. D'après les écrivains espagnols (4), il
naquit à Rruxelles en 1505 et mourut dans cette ville en
1580, à l'âge de 77 ans.
(1) IVe année, pp. 317 et suiv.
(2) Zani, Enciclopedia metodica critico-ragionata délie belle arti ,
lrc partie, t. VI, p. 151.
(5) Piron.
(4) Ponz, Voyage en Espagne , t. \\\,passim. Cean Bermudez , Diccio-
narîo hislorico de los mas illustres professores de las bellas arlcs en '
Espana,t. I, pp. 201-201.
( 850 )
La famille De Kempeneer, sans appartenir aux tribus
patriciennes de notre ville, y jouissait pourtant d'une
grande considération. Deux de ses membres, Guillaume et
Jacques, firent partie du magistrat : le premier, comme
bourgmestre des nations en 1547, comme receveur en
1541, en 1545 et en 1546, comme conseiller en 1540 et
en 1545; le second, comme conseiller en 1569 et en 1570,
et comme doyen de la draperie en 1574.
La participation de cette famille au culte des lettres et
des arts résulte de faits nombreux. Un Jacques De Kempe-
neer, qui fut, en 1 51 5, en 1 51 4 et en 1 5 1 6, l'un des proviseurs
de la riche confrérie dite de Saint-Éloi, était peintre (1), et
peut-être faut-il le retrouver dans ce Jacques Kempeneer
que le Lexicon de Nagler signale comme ayant exécuté
des fleurs et des fruits et comme ayant vécu au commen-
cement du dix-septième siècle. Ce personnage, ou plutôt
son homonyme, cité plus haut, s'occupait aussi de littéra-
ture, car il entra en l'an 1540 dans la chambre de rhéto-
rique le Livre, y remplit les fonctions de doyen, en 1551,
et de prince en 1555, et mourut au mois de février 1576.
Quant à Guillaume De Kempeneer, fils de Daniel De
Kempeneer et de Jeanne T'Sas, et dont nous avons re-
trouvé le testament en date du 50 mai 1548, il voulut être
inhumé dans l'église Notre-Dame de la Chapelle, près de
sa femme Catherine Tsclercx, à proximité de l'autel Saint-
George , et il enjoignit de placer, sur le pilier voisin de son
tombeau, un « beau tableau de dévotion », qui devaitètre
exécuté par maître Michel Scrynhoute (2).
(1) Archives de la confrérie de Saint-Éloi, à Bruxelles. — Wauters, Bo-
yer Vander Weyden , ses œuvres , ses élèves , ses descendants.
(2) Archives citées plus haut.
(851)
Pierre De Kempeneer partit dans sa jeunesse pour l'Italie,
où il prit ou reçut le nom de Campana. On a répété qu'il de-
vint l'élève de Raphaël, mais cette assertion est complète-
ment inadmissible, car à la mort de Raphaël, en 1520,
Campana n'avait que 17 ans et n'avait d'ailleurs pas en-
core atteint Rome. Mais on peut, à plus juste raison, le
classer parmi les disciples de Michel-Ange, dont il a
mainte fois imité la touche vigoureuse.
Pendant son séjour au delà des Alpes, qui se prolongea,
dit-on, pendant plus de vingt années, Campana fut conduit
à Venise par le cardinal Grimani, alors l'un des plus géné-
reux protecteurs des arts de la Péninsule. Notre artiste exé-
cuta pour lui plusieurs portraits et, de plus, une sainte
Marie-Madeleine conduite par sainte Marthe au temple
pour entendre les prédications du Christ. Ce dernier ta-
bleau, que le cardinal légua à l'un de ses amis, fut trans-
porté depuis en Angleterre, où il se trouvait, du temps de
Lanzi, dans la collection de M. Slade (l). Après Venise ,
Campana habita Bologne, où il se trouvait, en 1529. lors-
que Charles-Quint y fut couronné empereur par le pape
Clément Vil. Chargé de couvrir de peintures un grand arc
de triomphe, il y fit à la fois preuve de talent, d'habileté
et d'originalité, à la grande admiration des Italiens (2).
Il partit ensuite pour l'Espagne et s'y fixa dans la riche
et commerçante Sévillc, où il était déjà arrivé en 1557 (5)
et où il travaillait encore en 1552. Il peut revendiquer la
(1) Lanzi, t. 11, p. 119.
(2) Bermudez , /. c .
(5) Vasari, nouvelle édition, t. IX, p. 56;>, où Ton mentionne comme se
trouvant alors à Séville «maître Pierre» et un autre flamand, François
Frutet (Fruytier ou Fruyliers?).
( »52 )
gloire d'avoir été l'un des fondateurs de celte école espa-
gnole, qui a brillé d'un si vif éclat au dix-septième siècle et
produit des artistes comparables aux meilleurs maîtres des
autres écoles. Il y forma plus d'un élève distingué et, entre
autres, ce Morales que les Espagnols ont caractérisé d'un
mot en lui donnant le surnom de divin.
De cette époque datent toutes les œuvres de Campana
sur lesquelles il nous est resté quelques détails, car nous
ne savons rien de ce qu'il (it en Belgique et, à part ce que
nous venons de dire, il ne nous a rien été transmis à pro-
pos des compositions qu'il entreprit et acheva en Italie.
Les auteurs espagnols, plus explicites, nous parlent avec
de grands éloges des peintures dont il orna Séville et quel-
ques localités voisines. D'après eux il vécut longtemps dans
la capitale de l'Andalousie, entouré de l'estime générale,
et y peignit des œuvres d'une extrême importance. En
\dd% il exécuta au charbon les dessins des statues desti-
nées à la chapelle royale de la grande église, dessins que
le chapitre lui paya un ducat pièce (1 ). Si l'on en croit Lanzi,
il s'exerça aussi à colorier des tableaux de petite dimen-
sion qui furent depuis très-recherchés par les Anglais et
regardés, chez nos voisins d'outre-mer, comme des objets
d'une grande rareté et d'un prix très-élevé.
Les guerres dont l'Espagne a été le théâtre, pendant les
premières années de ce siècle, et les querelles intestines
dont ce pays eut à souffrir au début du règne de la reine
Isabelle II, ont sans doute entraîné la destruction et la dis-
persion de plusieurs tableaux de Campana. Il n'est donc
pas inutile de rappeler ici ceux dont on a constaté l'exis-
(1) Bermudez, / c.
/ R3 %3 W \
( ^ô )
lence au siècle dernier. Si quelque jour l'un des écrivains
qui s'attachent à l'étude de notre ancienne école de pein-
ture visite les musées et les églises de l'Espagne, il pourra
probablement retrouver les traces des compositions dont
il est fait mention dans Bermudez et dans Ponz et ajouter
de nouveaux fleurons à la gloire de notre compatriote.
Toutes les productions de Campana sont peintes sur
bois. Elles se font remarquer, dit Bermudez, par une
grande correction de dessin, par une connaissance appro-
fondie de l'anatomie du corps humain et de l'art de la com-
position, par une sage entente du clair-obscur et parla re-
production fidèle des expressions du visage et des attitudes.
Habile comme portraitiste, notre Bruxellois excellait aussi
à retracer, avec une douceur et un naturel exquis, ces
grandes draperies blanches, qui sont recueil ordinaire des
artistes les plus habiles. D'après Pacheco, il exécutait ses
dessins sur du papier de couleur, et la céruse lui servait
à figurer les tons clairs; mais Bermudez combat cette asser-
tion de son compatriote, en citant un dessein de sa propre
collection, exécuté au crayon noir sur papier blanc et repré-
sentant un Christ en croix.
Le chef-d'œuvre de Campana, une Descente de croix,
ornait l'église de la Sainte-Croix, où il était placé dans une
chapelle du collatéral de droite. Il est signé: Hoc opus facic-
bat Petrus Campaniensis et date de l'année loi8. Dans le
haut du tableau les saints vieillards soutiennent le corps
du Christ, que saint Jean l'évangéliste reçoit dans ses bras;
au premier plan la Vierge tombe dans les bras des Maries.
Tout, dit Bermudez, est admirable dans ce tableau : com-
position, clair-obscur, effet, expressions données aux per-
sonnages. C'est la meilleure œuvre du peintre, ajoute-t-il,
et on peut la mettre au niveau des productions des pre-
{ oo4 )
miers maîtres italiens. Pour exprimer « la vive expression,
le relief, le naturalisme » de la figure du Christ, l'écrivain
espagnol Pacheco (1) dit qu'en la contemplant on se sent
pris d'épouvante. D'après lui rien n'est plus merveilleux que
le groupe des trois Maries, où la mère du Seigneur apparaît
prête à rendre le dernier soupir. On ne saurait donnera la
Madeleine, qui lève les yeux au ciel, un regard plus affligé,
ni imprimer à l'autre Marie, qui contemple la Vierge, un
plus vif sentiment de compassion. De touchants souvenirs
s'attachent à cette belle composition et prouvent de quelle
haute estime elle était entourée. Murillo, qui vivait environ
un siècle après Campana et qui pourtant connaissait les
œuvres de Rubens, de Van Dyck, de Velasquez, ses immor-
tels émules, aimait à s'arrêter devant le chef-d'œuvre du
vieux maître flamand. Abîmé dans une sorte d'extase, il ne
pouvait se résigner à s'en séparer, et un jour qu'on le pres-
sait de quitter l'église, il s'écria : « J'attends le moment où
» notre divin Seigneur aura été entièrement détaché de la
» croix » [riposta, se non die s lai a attendendo il nioinento
in cui finira di venir già délia croce quel divino Signore).
Pour donner une éclatante et dernière preuve de son en-
thousiasme, Murillo voulut être enterré au pied de cette
Descente de croix , devant laquelle, pendant sa vie, il s'était
si souvent agenouillé et qui orne aujourd'hui la cathédrale
de Séville.
Bermudez cite encore :
Dans la même église de la Sainte-Croix, au-dessus de
la Descente de croix, une Sainte face, et vis-à-vis, un Saint
François.
(1) Cilépar Poiu, /. c.
/ *-* V ^" \
( 0D£ )
A la cathédrale, le tableau d'autel de la chapelle dite du
Mariscal ou Maréchal, par où Ton se rendait à la salle du
chapitre. Le panneau principal représente la Purification
de la Vierge, qui est traitée dans le goût flamand et la plus
remarquable des œuvres du peintre comme coloris; au-
dessus on voit une Résurrection, et, plus haut le Christ en
croix avec la Vierge et saint Jean. Les volets de ce tableau
montrent en outre saint Jacques à cheval, saint Dominique,
saint lldephonse et saint François, et, au milieu de la partie
inférieure ou soubassement, est peinte la Dispute avec les
docteurs. Sur les côtés se trouvent cinq portraits de la fa-
mille Mariscal et, entre autres, de don Pedro, le fondateur
de la chapelle.
A Saint-Isidore, on cite un Saint Paul ermite et un
Saint Antoine, de grandeur naturelle, dans la chapelle du
baptistère.
A Saint-Pierre, sur un petit autel de la nef, du côté de
Févangiie, Saint Sébastien, Saint Jérôme et le Seigneur
attaché à la colonne; d'antres peintures, qui étaient égale-
ment de la main de Campana, n'existaient plus du temps
de Bermudez.
A Sainte-Catherine, à l'autel de la chapelle du sanc-
tuaire, on voit un Christ à la colonne, avec saint Pierre,
sainte Monique et d'autres personnages qui, à ce que l'on
disait, constituaient des portraits.
A San-Juan de la Palma, dans le collatéral de la nef, du
côté de l'évangile, un Christ en croix, avec la Vierge et
saint Jean.
Dans l'église du faubourg de Triana, cinq panneaux
placés sur le maître-autel formaient une grande composi-
tion retraçant des épisodes de la vie de sainte Anne, pa-
tronne de l'église, et de la Vierge. Le panneau du milieu
( oo6 j
offrait l'image de saint Georges, à qui était consacré l'an-
cien temple de la localité.
Dans l'église de Notre-Dame, à Carmona, un petit tableau,
piacé dans la partie antérieure de l'édifice, offrait les por-
traits de plusieurs saints et des épisodes de leurs légendes.
Ponz ajoute à l'œuvre de Campana des peintures sur
toile, placées sur le maître-autel de l'église des pères ter-
tiaires de San-Juan d'Alfarache, à une demi-lieue de Sé-
ville; mais Bermudez rejette cette attribution et restitue
ces tableaux à don Juan de Castillo.
Il existe, au musée de Berlin, un tableau de Campana,
représentant la Vierge tenant sur ses genoux le corps du
Christ.
Les écrivains espagnols terminent les précieux rensei-
gnements que nous leur devons en disant que Campana
retourna à Bruxelles, où il mourut en l'an 1580 et où il
jouissait d'une si grande considération que le magistrat fit
placer son portrait à l'hôtel de ville. L'incendie de cet édi-
fice lors du bombardement de 1693, incendie qui nous a
privés de la plupart des objets d'art dont s'enorgueillissait
le palais de la commune et de presque toutes les anciennes
archives qui y étaient conservées, ne nous a pas permis de
vérifier ce qu'il y a de fondé dans cette dernière assertion;
mais, quant au retour de Campana dans sa patrie, il est
certain. Jl avait déjà eu lieu en 1565, comme en témoigne
une résolution des magistrats de Bruxelles, dont voici le
texte :
« Per Tayc, Brecht, Noot, Douvryn, Oss, Werve, Ram-
paert, Brégilles, Ifert, Matons, Diertyns, Blare, Irabrechts,
Gheerts , Diertyns is geraempt onde gesloten dat m en raecs-
teren Peeteren De Kempeneer, schilderc, van der stadtgoede-
( SS7 )
ren jaerlycx sal belalcn ende vuylreycken de somme van
vyftich Rinsguldenen, gelyck mecster Michiel Van Cocxyen
gehadt heeft voor zynen salaris van dat by aenveert heeft
tmaken van de patrooncn voor de tappissiers descr stadt, ende
dal op snlcke condition aïs men hem geven sa!. Âctum xxvin
may LXIII. »
« Par Taye, etc., il a été avisé et résolu qu'on donnera et
payera tous les ans, sur les revenus de la ville, à maître
Pierre De Kempeneer, peintre, la somme de 50 florins,
comme maître Michel Coxie les a eus pour son salaire de ce
qu'il a entrepris à exécuter les patrons (ou dessins) pour
les tapissiers de cette ville, et cela d'après des conditions
qu'on déterminera. Fait le 27 mai 1565. »
Ce document mérite de nous arrêter un instant. On se
rappellera que Bruxelles fut longtemps célèbre par ses ma-
gnifiques tapisseries de haute lice, rivales de celles d'Arras
et d'Audenarde, et dont il existe de splendides spécimens
dans la plupart des palais royaux ou impériaux de l'Eu-
rope. Cette industrie, qui se développa surtout au quin-
zième siècle et ne disparut qu'à la lin du dix-huitième,
lorsque l'usage du papier à meubler vint lui donner le
coup de la mort, cette industrie, dis-je, ne pouvait
marcher sans le concours des peintres, qui fournissaient
aux tapissiers des modèles, des cartons, pour me servir de
l'expression consacrée. Tous les grands artistes qui ont
lïeuri à Bruxelles, à partir de VanderWeyden et de Bernard
Van Orîey, ont travaillé dans ce genre. La résolution dont
je viens de mentionner le texte atteste qu'il en fut de même
de Michel Van Cocxyen; en transmettant l'allocation dont
celui-ci avait joui à Pierre De Kempeneer, le magistral té-
moignait suffisamment du mérite de ce dernier. Raison de
( 588 )
plus pour reconnaître sous ce nom ignoré jusqu'aujour-
d'hui l'artiste qui revint alors, couvert de gloire, de l'An-
dalousie.
Pierre De Kenipeneer laissa un fils, nommé Jean-Bap-
tiste, et qui ne revint pas en Belgique avec son père. Il
exerça aussi la profession de peintre, mais il n'avait, pa-
raît-il, qu'un talent médiocre, et son nom ne mérite pas
de sortir de l'oubli (1).
J'ai vainement recherché la date précise de la mort de
Campana et le lieu où il fut inhumé. Jusqu'à présent, mal-
gré d'activés recherches, ces points sont restés pour moi
insolubles. Je ne désespère point, cependant, de les résou-
dre et de compléter, à l'aide de faits nouveaux, ce que j'ai
pu vous dire aujourd'hui de la famille à laquelle apparte-
nait Campana.
— Le secrétaire perpétuel fait connaître que Y Annuaire
de l'Académie, pour 1868, pourra paraître vers la (in de
l'année; mais il invite les auteurs qui ont bien voulu pro-
mettre des notices, sur les académiciens décédés, de vou-
loir bien lui faire parvenir, sans retard, leurs manuscrits.
(1) Voyez Nagler, Kvnster Lexicon , t. II, p. 508.
( m )
CLASSE DES SCIENCES
Séance du 16 décembre 1867.
M. le vicomte Du Bus, président de l'Académie et di-
recteur de la classe.
M. Ad. Quetelet, secrétaire perpétuel.
Sont présents : MM. d'Omalius. C. Wesmael , Slas, de
Koninck, Van Beneden, de Selys-Longchamps, Nyst,
Gluge, Nerenburger, Melsens, Liagre, Duprez, Brasseur,
Poelman, Dewalque, Ern. Quetelet, Spring, Mans, Gloe-
sener , Candèze, Coemans . Donny, membres ; Th. Schwann ,
Lacordaire , associés.
CORRESPONDANCE.
Des lettres du palais expriment les regrets du Roi et
de S. A. R. le comte de Flandre de ne pouvoir assister à
la séance publique du lendemain.
M. le président de la Chambre des représentants re-
mercie également l'Académie pour l'invitation qui lui a
élé adressée, ainsi qu'à MM. les représentants, d'assister à
la séance publique.
M. le Ministre adresse une expédition de l'arrêté royal
qui décerne à M. P.-J. Van Beneden le prix quinquennal
des sciences naturelles de la période 1862-1860.
( oGO )
ELECTIONS.
La classe se constitue en comité secret afin de procéder
aux élections.
Pour une place de membre, dans la section des sciences
mathématiques et physiques, par suite du décès de
M. Schaar, M. Charles Montigny, correspondant, obtient
la majorité des suffrages. Sa nomination, en vertu de l'ar-
ticle 7 du règlement général, sera soumise à l'approbation
du Roi.
Pour deux places d'associés dans la même section, en
remplacement de MM. Bâche et Faraday, décédés, MM. Ph.
Gilbert, professeur à l'Université de Louvain, et Jacobi ,
membre de l'Académie impériale de Saint-Pétersbourg,
obtiennent la majorité des suffrages.
Pour une place de correspondant dans la même section,
M. Éd. Mailly, aide à l'Observatoire royal, obtient la ma-
jorité des suffrages.
Pour une place de correspondant dans la section des
sciences naturelles, M. Briart, ingénieur civil, à Marie-
mont, obtient, après trois tours de scrutin, la majorité.
D'après les usages académiques, la proclamation de ces
élections aura lieu en séance publique.
PRÉPARATIFS DE LA SÉANCE PUBLIQUE.
La classe prend les dispositions nécessaires pour sa
séance publique du lendemain et entend successivement
la lecture des communications de MM. le v,c Pu Bus et Ad.
Quetelet, qui feront partie du programme de celte séance.
( 56i )
CL/1SSE DES SCIENCES.
Séance publique du 17 décembre 4861 .
M. le vicomte Du Bus, président de l'Académie et di-
recteur de la classe.
M. Ad. Quetelet, secrétaire perpétuel.
MM. Spring, vice-directeur de la classe des sciences, et
Roulez, directeur de la classe des lettres, prennent place
au bureau.
Sont présents : MM. d'Omalius d'Halloy, C. Wesmael,
L. de Koninck, P.-J. Van Beneden, Edm. de Selys-Long-
champs, H. Nyst, Gluge, Nerenburger, Melsens, Liagre,
Duprez, Brasseur, Poelman, Dewalque, Maus, Gloesener,
Candèze, Coemaus, Donny, membres; Th. Scbwann ,
Th. Lacordaire, E. Catalan, associés; Bellynck, Ed. Mailly,
correspondants.
Assistent à la séance :
Classe des lettres : MM. M.-N.-J. Leclercq, Ch. Faider,
Ducpetiaux, le baron Kervyn de Letteuhove, Chalon ,
Th. Juste, le général Guillaume, membres; Nolet de
Brauwere van Steeland, associé.
Classe des beaux-arts : MM. Al vin, Guill. Geefs, J. Geefs,
Ed. Fétis, Edm. De Busscher, le chevalier L. de Burbure ,
G. de Man , membres.
2me SÉRIE, TOME XXIV. 58
( 562 )
Le programme de la solennité avait été arrêté, dès la
veille, de la manière suivante :
1° Discours de M. le vicomte B. Du Bus, directeur de
la classe, sur quelques Mammifères du crag d'Anvers;
2° Notice sur la vie et les travaux d'A. Timmermans,
par M. Ad. Quetelet, secrétaire perpétuel;
o° Proclamation des résultats des concours et des élec-
tions faites ;
4° Rapport présenté au nom du jury chargé de décer-
ner le prix quinquennal des sciences naturelles (4me pé-
riode); M. Lacordaire, associé de la classe, rapporteur.
Le directeur de la classe, M. le vicomte B. Du Bus, ou-
vre la séance par le discours suivant :
Sur quelques Mammifères du crag d'Anvers, par M. le
vicomte Du Bus, directeur de la classe.
Messieurs,
•
La marche progressive et rapide de nos connaissances
dans l'histoire des êtres organisés n'est pas due exclusi-
vement aux efforts des naturalistes, elle est quelquefois
aussi le résultat de circonstances fortuites ou d'événe-
ments dont les causes lui sont tout à fait étrangères. C'est
ainsi que les travaux d'agrandissement de la place d'An-
vers, exécutés, pendant ces dernières années, dans un mit
unique de sécurité et de défense nationales, ont amené la
découverte de nombreux débris d'animaux des âges anté-
rieurs au nôtre, et donné une vive impulsion aux études
( 563 )
des paléontologistes en taisant surgir de notre sol un monde
nouveau.
Oii n'ignorait pas auparavant que le sol d'Anvers et de
ses environs, sur les deux rives de l'Escaut, à plusieurs
lieues à la ronde, recelait de grandes richesses paiéonto-
logiques. Les animaux invertébrés des couches tertiaires,
désignées sous le nom de crag, étaient, pour la plupart,
hien connus, parce que, formés en quelque sorte tout
d'une pièce et de petite dimension, il avait suffi de fouilles
faites sur un étroit espace de terrain pour en découvrir un
assez grand nombre pourvus de tous leurs caractères dis-
tinctifs.
Il n'en était pas de même des animaux vertébrés. Le
crag d'Anvers étant un dépôt marin, on n'y rencontre que
d'anciens habitants des mers : de rares débris de tortues
marines, des poissons, quelques phoques et surtout d'in-
nombrables fragments de cétacés, cette grande famille qui
renfermait déjà les géants de la faune tertiaire, comme elle
nous offre encore aujourd'hui ceux de la faune actuelle.
L'énorme dimension de la plupart de ces cétacés, le nom-
bre considérable de pièces dont chacun d'eux se compose,
n'avaient pas permis de les découvrir dans les mêmes con-
ditions que les invertébrés et d'en reconnaître les diffé-
rentes espèces, ainsi que leurs affinités entre elles et leurs
rapports avec les animaux analogues existant de nos jours.
Grâce aux dernières explorations faites sur une très-grande
étendue de terrain , nous en possédons aujourd'hui une
immense quantité de débris dont l'étude ajoutera beaucoup
à nos connaissances sur leur organisation. C'est de ces
mammifères marins seuls que je me propose de vous entre-
tenir aujourd'hui pendant quelques instants.
En 1774-, le baron von Hiipsch, de Cologne, affirma le
( 564 )
premier l'existence de cétacés dans le sol d'Anvers (1).
A partir de cette époque jusqu'au commencement de ce
siècle, quelques savants, parmi ceux qui se sont occu-
pés des fossiles de notre pays, en ont également signalé,
non-seulement à Anvers, mais encore dans d'autres loca-
lités (2). En 4812, lors de la construction du grand bassin
de cette ville, on découvrit de nombreux ossements, et
notamment des parties considérables de têtes appartenant
à des animaux entièrement inconnus jusqu'alors. Plusieurs
de ces têtes furent déposées au Muséum d'histoire naturelle
de Paris, où, quelques années après, l'illustre Cuvier (5)
les fit connaître sous le nom générique de Ziphius, et leur
assigna la place qu'ils doivent occuper parmi les cétacés.
Depuis plus de vingt ans, au sein même de cette Aca-
démie, on a appelé, à diverses reprises, l'attention du
monde savant sur les richesses cétologiques de nos ter-
rains tertiaires. Notre savant confrère, M. le professeur
Van Beneden en particulier, a constaté l'existence de
plusieurs espèces inédites dans les différents genres de
cette grande famille, et publié, dans le recueil de nos Mé-
(1) Beschreibung einiger neu entdecklen versteinlen Tlieile grosser
Seethiere. (Der Naturforscher, drilles Stùck (1794), p. 183.)
(2) De Launay , Sur l'origine des fossiles accidentels de Belgique. (Mé-
moires de l'Académie de Bruxelles, tome II (1780), p. 555.) — De Witry,
Sur les fossiles du Tournaisis. (Mémoires de l'Académie de Bruxelles,
tome III (1780), p. 21.) — De la Jonkaire, Notice géologique sur les envi-
rons d'Anvers. (Mémoires de la Société d'histoire naturelle de Paris,
tome Ier (18-25), p. 117.) — Arnault, Sur des ossements fossiles découverts
dans les environs d'Anvers. (Annales des sciences physiques, tome II
(1819), pp. 126 et 127.)
(5) Recherches sur les ossements fossiles , 2e édit., tome V, lre partie
(1825), pp. 552-557.
( 565 )
moires, des monographies remarquables et complètes sur
le beau genre des Squalodons (1) et sur un Zipkius nou-
veau.
La construction des fortins autour d'Anvers , exécutée il
y a quinze ans, celle de l'écluse de Kattendyck en aval de
la ville, et plus récemment quelques fouilles faites à Saint-
Nicolas en Flandre, avaient déjà imprimé une certaine acti-
vité à l'étude des fossiles du crag, lorsque les gigantesques
travaux d'agrandissement de la place d'Anvers sont venus
donner une nouvelle impulsion aux travaux paléontologi-
ques dans notre pays.
Désormais, à côté d'un petit nombre de phoques et de
cétacés connus et de quelques autres simplement indiqués
par les paléontologistes, mais non décrits, viendront se
placer des espèces toutes nouvelles, et même des types
qui semblent n'avoir pas de représentants dans la faune
actuelle.
Les phoques et les cétacés, auxquels on a donné aussi la
dénomination commune de Thalassothériens , paraissent
avoir été plus répandus à l'époque tertiaire qu'aujour-
d'hui, si l'on admet que tous ceux dont nous trouvons des
débris dans notre sol ont habité ensemble les mêmes pa-
rages. Non-seulement leurs espèces étaient plus nom-
breuses, mais leurs types étaient plus variés, et nous y
retrouvons presque tous ceux de notre époque.
Moins connus encore que les cétacés, les phoques ont
laissé dans nos dépôts pliocènes des débris toujours dissé-
minés et souvent roulés. On les trouve dans les couches
supérieures du crag. Leurs os, en grande partie très-com-
(1) Mémoires de l'Académie royale de Belgique , t. XXXV (1865).
( 366 )
pacts, sont ordinairement bien conservés, mais ceux du
crâne, qui sont très-minces, font complètement défaut.
Quelques dénis et deux ou trois fragments de mâchoires
inférieures sont les seules parties de tête qui ont été re-
cueillies.
Mon intention, Messieurs, n'est pas de vous faire con-
naître dès aujourd'hui les nombreuses espèces fossiles de
phoques récemment découvertes dans notre pays, mais je
ne puis m'cmpêeher de vous en signaler un type géné-
rique nouveau et extrêmement remarquable. On a trouvé,
en 1865, au fort de Wyneghem, dans le crag supérieur,
quelques rares fragments de divers thalassothériens, parmi
lesquels une moitié complète de mâchoire inférieure, qui
ne peut être attribuée qu'à un animal voisin du morse et
des otaries, mais tout différent du premier par ses dents.
L'ensemble de cette mâchoire rappelle celle du morse, mais
elle est plus allongée, plus courbée, et ses apophyses coro-
noïde et angulaire sont plus longues et moins épaisses. Elle
porte deux incisives cylindriques et tronquées, une canine
de médiocre longueur, un peu comprimée, à pointe mousse,
et quatre molaires de même forme, mais plus petites.
A l'extrémité de cette mâchoire, le côté extérieur du bord
dentaire dépasse, en avant, les incisives de trois centi-
mètres et y forme une espèce de lèvre osseuse proéminente.
La dimension de cette pièce annonce un animal d'une
taille supérieure à celle du morse : il doit avoir eu quatre
à cinq mètres de longueur. C'est au capitaine du génie
Crets, qui a dirigé la construction du fort de Wyneghem,
que nous devons la conservation de ce précieux morceau ;
et je m'acquitte avec plaisir d'un devoir de gratitude en
donnant à l'espèce le nom d' ' Alachtherium Crelsii.
Parmi les dauphins, on distingue tout d'abord les deux
( 567 )
formes principales de tête qu'on retrouve encore chez
ceux d'aujourd'hui : les uns à museau large et court, garni
d'un petit nombre de dents plus ou moins fortes, les
autres à museau long, étroit, avec un grand nombre de
petites dents. Les os du crâne et surtout du museau des
premiers sont presque toujours fort détériorés et mécon-
naissables, mais leurs dents se sont bien conservées, et
quelques-unes d'entre elles ont des dimensions bien su-
périeures aux plus fortes dents des dauphins de nos
jours.
On a recueilli à Borgcrhout un groupe de quarante-cinq
dents réunies sur un petit espace de terrain ayant toutes
les mêmes caractères, ne différant entre elles que par la
dimension et appartenant manifestement à un même in-
dividu. Leur longueur varie entre vingt et vingt-quatre
centimètres, et leur plus grande circonférence entre qua-
torze et vingt-trois. Elles sont en cône allongé un peu rétréci
à sa base, légèrement courbées, surtout vers la couronne
dont l'émail est strié longitudinalement. Elles sont creuses
par la base sur les deux tiers ou les trois quarts de leur
longueur. Le poids des plus fortes est d'un kilogramme et
demi.
Le nombre de ces dents exclut toute idée qu'elles au-
raient appartenu à un ziphius, puisque ces animaux n'en
ont jamais qu'une ou deux paires, il n'est pas à supposer
non plus que ce soient des dents de cachalot, dont elles
n'ont pas les caractères, tandis qu'elles ressemblent davan-
tage à celles des dauphins. Il est donc probable qu'elles
appartiennent à un animal de cette dernière famille, mais
d'une taille bien supérieure aux plus grandes espèces de nos
jours. On sait que l'épaulard, si vorace et si redoutable aux
mammifères marins, atteint jusqu'à sept mètres de longueur.
( 568 )
Quelle idée n'est-il pas permis de se faire de notre grand
cétacé d'Anvers, lorsqu'on réfléchit que ses dents ont dix
à douze fois le volume de celles de l'épaulard! Je pro-
pose de donner à cet animal le nom de Scaldicetus Caretti,
en l'honneur du capitaine du génie Carette. Cet officier,
pendant le temps, malheureusement trop court, qu'il a
dirigé les travaux de la troisième section de la nouvelle
enceinte à Borgerhout, n'a cessé de favoriser de tout son
pouvoir les explorations faites dans un but scientifique, et
il a puissamment contribué à enrichir les collections paléon-
toïogiques de l'État.
Les dauphins à rostre long et mince et à longue sym-
physe mandibulaire se rencontrent également dans les
terrains pliocènes d'Anvers, et presque tous dans le crag
noir ou inférieur. Il y en a de plusieurs espèces et de
genres différents. Sous le nom de Delphi norhynque, on a
désigné des dauphins de cette catégorie, soit vivants, soit
fossiles; malheureusement les débris de ces derniers que
j'ai pu recueillir ne sont pas assez complets pour constater
si, comme je le suppose, ils diffèrent génériquement des
premiers.
Quoi qu'il en soit, une circonstance heureuse a permis de
conserver presque entière une tète de dauphin offrant un
type extrêmement remarquable, différant des delphinorhyn-
ques et qui n'a probablement pas d'analogue dans la faune
actuelle. Son museau est excessi vemen t allongé et mince ; sa
longueur égale trois fois et demie celle du crâne, prise entre
les condyles occipitaux et la base du rostre. Mais le carac-
tère le plus distinctif de cet animal extraordinaire , c'est
moins la longueur de cette partie de la tète que sa consti-
tution même. Le maxillaire supérieur ne s'étend que jus-
qu'aux trois cinquièmes de la longueur du rostre, et il
( 569 )
porte des dénis dans toute sa longueur; tandis que les
deux cinquièmes antérieurs sont exclusivement formés
par les os incisifs ou intermaxillaires, qui n'ont pas de
dents, comme cela arrive presque toujours chez les dau-
phins. Le canal dentaire supérieur persiste néanmoins dans
toute la longueur du rostre, et la série des alvéoles se
continue également a la surface palatine, jusqu'au bout
sans interruption, en un simple sillon alvéolaire. Le canal
vomérien est large, les incisifs et les maxillaires réunis
forment une espèce de trompe dans toute leur partie ros-
trale, et ils sont si intimement soudés qu'il est très-diffi-
cile de bien distinguer leurs connexions.
Je pense avoir reconnu trois ou quatre espèces de ce
genre. Celle dont il vient d'être question portera le nom
à'Eurhinodelphis Cocheteuxii. En dédiant ce beau dauphin
au capitaine Cocheleux , chargé de la construction du fort
du Vieux-Dieu, je suis heureux de reconnaître les services
éminents rendus par cet officier à la paléontologie. C'est à
lui (jue nous devons non-seulement l'espèce qui portera
son nom, mais encore quelques autres parmi les plus inté-
ressantes. Grâce à son énergie et à son dévouement intelli-
gent , il a été possible de conserver de précieux débris
qui, dans d'autres circonstances, eussent peut-être été
perdus à jamais.
Les ziphius offrent un intérêt d'autant plus vif que ceux
de la faune actuelle sont presque tous très-rares et peu
connus. A l'état fossile , les rostres de ces animaux se sont
en général bien conservés, parce qu'ils sont formés pres-
que entièrement de substance osseuse très-compacte et que
les pièces qui les composent sont souvent fort épaisses.
Quelques-uns même de ces rostres ne font qu'une seule
masse solide, sans aucune cavité à l'intérieur. Aussi la
( 570 )
fossilisation complète leur a-t-elle donné un poids considé-
rable.
Deux ziphius fossiles ont été décrits pour la première
fois, il y a près d'un demi-siècle, par G. Cuvier, sous les
noms de Ziphius planirostris et de Ziphius longiros-
tris (1). Le premier provenait du grand bassin d'Anvers,
creusé en 18 J 2, et le second était d'origine inconnue. J'ai
trouvé à Anvers plusieurs parties considérables de tètes
de l'une et de l'autre espèce, et il me paraît certain aujour-
d'hui que le Dioplodon Becanii (2), qui provient égale-
ment du bassin d'Anvers, de même que le Belemnoziphius
compressas (5) du crag rouge de Suffolk en Angleterre sont
identiques avec le Ziphius longiroslris de Cuvier.
Obligé de me livrer à l'examen d'une énorme quantité
de débris fossiles, l'expérience m'a démontré que, parmi
les ziphius, il y a souvent une assez grande différence entre
les individus d'une tttême espèce. Lorsqu'on ne connaît
que des fragments d'un petit nombre de ces animaux, on
est facilement enclin à multiplier les distinctions spécifi-
ques; mais lorsqu'on est en mesure d'en observer une
grande quantité, on hésite longtemps; et si, avant de se
prononcer, on éprouve le besoin de s'imposer un très-
long et très-pénible labeur, on peut aussi espérer d'éviter
en partie les erreurs si faciles à commettre en semblable
matière.
(i) Recherches sur les ossements fossiles, 2e édition , tome V, lrc part.
(18-25), pp. 352-337.
(•_>) Van Heneden, Bulletins de l'Académie royale de Belgique, tome XlIJ
(1818) , lrc part., p. '258. - Gervais, Zoologie et Paléontologie françaises,
2* édit., p. 2'JO, pi. 38, fig. -i.
(3) Hu\ley, Proceedings of the Geological Society, tome XX (1864),
pp 588 et suiv, pi. 10.
( 571 )
Les ziphius ne sont pas moins abondants clans le crag
d'Anvers que les dauphins, et aux espèces aujourd'hui
connues, je compte en ajouter bientôt moi-même plusieurs
autres que je crois inédiles. Chez la plupart d'entre elles,
les os incisifs, de forme très-variable, contribuent beaucoup
à donner au rostre sa physionomie propre. Us sont très-
souvent plus développés en épaisseur, dans leur partie
rostrale, que ceux des ziphius vivants, et chez toutes les
espèces que j'ai recueillies, sauf celles où le canal vomé-
rien est entièrement osseux, leurs bords internes se joi-
gnent tantôt pour se souder ensemble, tantôt pour de-
meurer exactement appliqués l'un contre l'autre sans se
souder jamais.
Les cétacés de cette famille n'ont de dents qu'à la mâ-
choire inférieure et jamais plus d'une ou deux paires. Ces
dents sont de formes très-diverses et souvent difficiles à
distinguer de celles des dauphins, d'autant plus que les
espèces fossiles de l'une et de l'autre famille sont nom-
breuses, variées et peu connues.
Les ziphius se rencontrent dans les couches supérieures
du crag souvent remaniées, et leurs débris sont presque
toujours disséminés. Parmi les dents recueillies, il en est
qu'on peut attribuer avec raison à des animaux de cette
famille, et il est très-probable que la plupart appartien-
nent à des espèces dont nous possédons des parties de
tètes qui serviront à établir de bons caractères spécifiques.
Laden-t la plus remarquable par sa dimension mesure vingt-
quatre centimètres de longueur totale, et autant dans sa
plus grande circonférence. Elle est fusiforme, plus amincie
à sa base qu'à son sommet, entièrement pleine? légèrement
courbée aux extrémités, à couronne fort obtuse, dépourvue
d'émail et usée en biseau. Elle pèse un kilogramme et
( o72 )
demi. Elle n'a été rencontrée que dans le crag gris, et,
circonstance importante, isolée ou par paires. Sa dimen-
sion ne permettant pas de l'attribuer à aucun des ziphius
dont il existe des fragments de tètes, elle doit être consi-
dérée comme représentant une espèce particulière ta laquelle
je donnerai le nom tYEucetus amblyodon.
De tous les cétodonles ou cétacés qui portent des dents,
un des types les plus extraordinaires est à coup sûr celui
des cachalots. Des fragments se rapportant à des animaux
de cette famille n'ont été trouvés, à ma connaissance,
qu'en très-petit nombre. Parmi les dents, il n'y en a pas
qui aient positivement la forme de celles des cachalots,
mais il y a des vertèbres qui méritent ici une mention par-
ticulière.
Les cervicales fournissent dans tous les cétacés des carac-
tères très-distinctifs, non-seulement par leur forme, mais
aussi par la nature de leurs connexions. Les vrais cacha-
lots de la l'aune actuelle ont l'atlas libre, et toutes les
autres cervicales soudées ensemble par leurs corps aussi
bien que par leurs apophyses. Or, à diverses reprises, on a
trouvé à Anvers des cervicales soudées, sauf l'atlas, ne
formant qu'une seule masse où il est quelquefois difficile
de distinguer le véritable nombre des vertèbres. Au fort
de Wilryck, en 1861 , on a recueilli quatorze vertèbres d'un
même individu , parmi lesquelles des cervicales : un atlas
libre, et les cinq suivantes intimement soudées; mais ni
dents, ni fragments de tète. Quoique le nombre des ver-
tèbres soudées ne soit que de cinq au lieu de six, il me
paraît que l'animal auquel elles appartiennent doit être
rapproché des cachalots, avec lesquels il a beaucoup d'af-
finité, non-seulement par le mode d'union des cervicales,
mais aussi par leur forme. Je propose de lui donner le nom
( 575 )
iVHomœocetus Villersii,en mémoire de feu le capitaine De
Villers, qui a dirigé les travaux du fort de Wilryck et aux
bons soins duquel nous devons la conservation de ces dé-
bris d'autant plus intéressants qu'il n'ont pas, que je sache,
été retrouvés ailleurs.
La grande famille des baleines vient clore la série des
mammifères marins dont on a trouvé des débris dans le
crag d'Anvers. Leurs espèces, quant au nombre et à la va-
riété, peuvent être comparées à celles des autres thalas-
solbériens de la même provenance. Elles sont toujours de
grande taille, et aucun fragment n'autorise à croire qu'il
en existât, pendant la période tertiaire, de plus grandes
qu'aujourd'hui. On en trouve des débris dans les diffé-
rentes couches du crag, mais certaines parties caractéris-
tiques de la tête sont presque toujours détruites. Heureu-
sement les os de l'oreille et les maxillaires inférieurs sont
souvent dans un bon état de conservation, et quelquefois
presque entiers. Ces pièces, ainsi que les vertèbres de la
région cervicale, devront principalement nous servir de
guide pour distinguer les genres et les espèces.
On peut reconnaître par la caisse auditive, ainsi que par
le rocher et ses apophyses, qui fournissent de bons carac-
tères, que le type de notre baleine franche avait des re-
présentants pendant la période tertiaire. Cette opinion est
confirmée par la présence d'autres fragments non moins
caractéristiques, notamment des vertèbres de la région
cervicale, toutes soudées entre elles, et dont la forme rap-
pelle tout à fait celles de la baleine franche de la mer
Polaire. Il y en avait plusieurs espèces de taille différente,
que je désignerai sous le nom générique de Protobalœna.
Les ptérobaleines se retrouvent aussi à Anvers, où il en
existe beaucoup de débris appartenant à un certain nombre
( 374 )
d'espèces distinctes. M. Van Eeneden leur a donné le nom
de Flesiocetus (1). Les plus grandes ne dépassent pas la
taille des ptérobaleines de nos jours, et certains fragments
portent à croire que les plus petites avaient à peine cinq
mètres de longueur totale. À défaut de portions considé-
rables de tête, l'oreille osseuse et surtout les vertèbres
cervicales, toutes libres, permettront aussi de les distin-
guer.
Je viens de vous exposer, Messieurs, aussi succincte-
ment que possible, les principaux résultats des fouilles
d'Anvers concernant les mammifères marins que renferme
ce riche dépôt de la période tertiaire. J'ai dû me borner à
vous en signaler un petit nombre parmi les plus remarqua-
bles, mais j'espère qu'il me sera donné de vous communi-
quer des travaux plus complets sur cette matière.
Le nombre des espèces de cétacés seulement s'élève à
près de quarante, dont un quart à peine est aujourd'hui
connu. Il y en a dont nous possédons des parties de sque-
lettes et surtout de tètes assez complètes pour les décrire
à peu près comme si elles appartenaient à des animaux
vivants; mais la plupart ne nous offrent que des débris
suffisants pour prouver incontestablement l'existence des
espèces, sans permettre de bien faire connaître l'ensemble
de leurs caractères et de leurs affinités.
Les ossements du crag ne se rencontrent pas toujours
dans les mêmes conditions. Dans toutes les couches, on les
trouve ordinairement disséminés, brisés, roulés et portant
quelquefois des traces d'un séjour prolongé dans les eaux
de la mer, comme des bases adhérentes de balanes ou de
(1) Bulletins de V Académie royale de Belgique, 2me série, tome VIII
(18;-)P), p. 239.
( 375 )
polypiers. Très-souvent on trouve confondus pêle-mêle des
fragments de différentes espèces de baleines, de ziphius,
de dauphins et même de phoques. Ce n'est que par excep-
tion que l'on découvre des groupes isolés d'ossements ap-
partenant à un même individu, et le plus souvent c'est
dans le crag noir ou inférieur.
Toutefois, la grande étendue des terrains fouillés a per-
mis de réunir une énorme quantité de matériaux , dont le
triage et l'examen , opérés avec discernement , produiront
un ensemble d'une richesse incomparable ; et je ne crains
pas d'affirmer aujourd'hui que la collection des thalasso-
thériens fossiles du Musée royal de Belgique sera, non-
seulement la plus riche de l'Europe, mais probablement
plus riche à elle seule que toutes les collections publiques
de l'Europe réunies.
Et pourtant ces fouilles sont loin d'avoir donné tout ce
qu'il eût été permis d'en espérer, si elles avaient été faites
expressément en vue des découvertes paléonlologiques. II
est facile de comprendre que des travaux aussi gigantes-
ques exécutés simultanément, avec la plus extrême rapi-
dité, sur une étendue de plusieurs lieues, ne pouvaient
être interrompus ou ralentis toutes les fois que la pioche
des ouvriers ramenait à la surface quelque débris orga-
nique. D'une part, des milliers de travailleurs civils ou
militaires creusant le sol à la fois, tous pressés d'atteindre
le but essentiel de la grande entreprise, travaillant souvent
à la tache et, par conséquent, intéressés à ne pas perdre
un seul moment; d'autre part, au milieu de trouvailles
importantes, de fréquentes interruptions des fouilles ré-
sultant des besoins du service, ou bien l'obligation de
s'arrêter au pied d'une escarpe ou au fond d'un fossé au
niveau dos eaux; tous ces obstacles, et d'autres encore que
( 576 )
je ne veux pas rappeler ici, n'ont pas permis aux travail-
leurs de la science, malgré le bon vouloir des officiers du
génie auquel je me plais à rendre hommage, d'atteindre
complètement le but de leurs efforts, et leur ont fait
éprouver quelquefois la plus amère déception.
Cependant, Messieurs, gardons-nous de nous abandon-
ner à de stériles regrets : le mal n'est pas irréparable. La
voie est ouverte aux explorations ultérieures. Le grand
obstacle aux recherches faites dans le seul but de découvrir
des fossiles, c'est évidemment la dépense énorme résultant
du déblai des terrains supérieurs au crag, sans compensa-
tion possible dans la valeur vénale des objets recueillis. Or,
la plupart des découvertes ayant été faites dans les fossés
existants et souvent à leur plus grande profondeur, il est
évident que, sous le plafond même de ces fossés, il existe
encore de grandes richesses paléontologiques;car la couche
du crag est puissante partout et n'a été fouillée complète-
ment nulle part. Dans une grande partie de la nouvelle
enceinte, et c'est précisément celle où il est permis d'es-
pérer encore la plus abondante récolte, les eaux sont main-
tenues au moyen de balardeaux et d'écluses par où elles
s'écouleraient aisément. Ces eaux étant baissées, il suffirait
d'un petit nombre d'ouvriers intelligents pour fouiller le
fond des fossés en prenant toutes les précautions conve-
nables afin de ne nuire en rien au constructions militaires.
Une simple machine d'épuisement, comme celles qui ont
fonctionné pendant le cours des travaux d'agrandissement,
suffirait amplement pour extraire les eaux des excavations
faites momentanément en faveur des explorations scienti-
fiques, et permettrait aux ouvriers de fouiller le crag à
une certaine profondeur. La dépense serait minime en
raison du grand résultat qu'il est permis d'en attendre.
( §77 )
Je fais les vœux les plus ardents pour l'exécution de celte
belle entreprise qui donnerait aux collections de l'État,
déjà si riches, le plus magnifique complément et ferait
faire à la science de nouveaux progrès. Cette noble tache,
il n'est pas au pouvoir d'un particulier de l'accomplir : elle
est digne d'un gouvernement éclairé.
M. Ad. Quetelet a donné ensuite lecture à l'assemblée
d'une notice retraçant la vie et les travaux d'Alexis Tim-
mermans, membre de la classe, décédé le 2 septembre
1864. Ce travail, destiné à V Annuaire de 1868, prendra
place dans ce recueil.
CONCOURS DE 1867.
Six questions avaient été inscrites au programme du con-
cours annuel de la classe. Aucun travail , ayant pour objet
de résoudre les questions proposées, ne lui est parvenu.
Ainsi que le prescrit l'article 7 du règlement sur les prix
quinquennaux, institués parle Gouvernement, la classe
avait à proclamer le succès obtenu par un de ses membres,
M. Pierre-Jean Van Beneden, auquel le jury a décerné,
une seconde fois, le prix quinquennal des sciences natu-
relles pour son ouvrage : Sur les Polypes du littoral de la
Belgique, ouvrage publié pendant la 4e période qui s'est
écoulée entre les années 1862 à 1866.
De vifs applaudissements ont accueilli celte communi-
cation.
M. le secrétaire a proclamé ensuite les élections faites
dans la séance d'hier (voir page 560).
2me SÉRIE, TOME XXIV. 59
(578)
M. Lacordaire, associé de la classe, a, en dernier lieu,
donné lecture du rapport qu'il a rédigé au nom du jury
chargé de décerner le prix quinquennal des sciences na-
turelles, rapport adressé à M. le Ministre de l'intérieur et
dont nous venons de faire connaître déjà les conclusions.
Voici la teneur de ce document :
Monsieur le Ministre,
Le rapport, qu'a l'honneur de vous adresser le jury
nommé par arrêté royal pour juger les ouvrages sur les
sciences naturelles, qui ont paru pendant la dernière pé-
riode quinquennale, devrait vous être parvenu depuis plu-
sieurs semaines. Le retard qu'a éprouvé son envoi vient,
circonstance honorable pour le pays, du nombre des tra-
vaux de mérite qu'a vus naître cette période. Ce n'est
qu'après une laborieuse discussion que le choix du jury
s'est définitivement fixé sur le Mémoire qu'a publié, à la
fin de l'année dernière, M. le professeur Van Beneden,
sous le titre de : Recherches sur la faune littorale de la
Belgique.
Avant de vous rendre compte, Monsieur le Ministre, de
ce remarquable travail, ce n'est que justice de ne pas lais-
ser dans un oubli complet ceux qui n'ont pas obtenu le
prix. Leurs auteurs, MM. Dupont, Chapuis et Candèze,
tous membres de l'Académie de Belgique, trouveront dans
cette mention officielle une compensation au rang secon-
daire que le jury a cru devoir leur assigner.
M. Dupont qui, depuis quelques années, explore avec
tant d'intelligence, sous le patronage du gouvernement,
les cavernes à ossements de la province de Namur, n'est
pas seulement un paléontologiste distingué; la géologie
( 579 )
du pays lui doit une découverte qui a fait sensation lors-
qu'il l'a publiée. On sait, depuis longtemps, que le sud-est
de la Belgique est formé de couches de nature diverse,
plus ou moins redressées et paraissant se succéder d'une
façon très-irrégulière. Dans un mémoire, publié en 1850,
Dumont avait fait connaître que ce désordre apparent était
l'effet du plissement d'un petit nombre de systèmes de
terrains. Parmi ces derniers, il en est un qu'il a nommé
calcaire supérieur ou condrusien, mais que les géologues
actuels appellent calcaire carbonifère ou calcaire houiller.
Dumont n'avait pas é(é sans reconnaître quelques diffé-
rences entre ses parties inférieure, moyenne et supé-
rieure; toutefois, il ne s'était pas occupé de la répartition
de ces trois divisions sur la surface du pays. Aussi était-il
admis généralement que ce calcaire constitue une nappe
uniforme qu'a brisée le plissement général auquel elle a
été soumise. On fut donc surpris lorsque, en 1862, M. Du-
pont, dans un mémoire présenté à l'Académie de Belgique,
annonça qu'il avait distingué dans cette nappe, réputée
homogène, six assises successives, offrant des caractères
minéralogiques et paléonlologiques particuliers; de plus,
que ces assises ne s'étaient pas étendues régulièrement sur
la contrée qu'elles occupent, mais s'étaient déposées sous
la forme de boudins dont plusieurs manquent dans la plu-
part d'entre elles. Une opinion si nouvelle trouva d'autant
plus d'incrédules qu'il était, pour ainsi dire, impossible
d'en vérifier l'exactitude, tant est grand le désordre que
présentent ces assises et dont l'un des effets est de mettre,
à chaque instant, en contact immédiat celles dont la for-
mation remonte à des époques très-différentes. Dans cet
état de l'opinion des géologues, M. Dupont a senti qu'il
devait les mettre à même de contrôler ses assertions. C'est
( 580 )
dans ce but qu'il a présenté à l'Académie, en 1864, une
carte géognostique des environs de Dinant, accompagnée
des coupes nécessaires pour mettre en évidence l'état ac-
tuel des couches signalées par lui.
Ce travail stratigraphique, qu'un membre du jury, géo-
logue éminent, déclare être un des plus remarquables qui
aient été publiés jusqu'ici, n'a pas encore été soumis à la
discussion par ses juges compétents. En l'absence de cette
épreuve, plus nécessaire peut-être en géologie que partout
ailleurs, le jury n'a pas pu aller plus loin que de rendre
hommage au talent dont il est la preuve incontestable.
L'ouvrage de M. le docteur Chapuis est une Monogra-
phie des Platypides, publiée par la Société royale des sciences
de Liège, en 1865, et qui forme le tome XIX des Mémoires
de ce corps savant.
Les Platypides sont de petits coléoptères appartenant à
la famille des scolytides, l'une des plus nuisibles parmi les
insectes, toutes ses espèces, à l'état de larve, criblant de
leurs galeries le tronc et les branches des arbres, amenant
ainsi peu à peu leur mort, et par là causant quelquefois
des pertes énormes à l'industrie forestière. Ce sont eux
dont les ravages dans le Parc de Bruxelles ont attiré, il y
a quelques années, l'attention du gouvernement et de
l'administration communale. M. Chapuis ne les a envisagés
qu'au point de vue systématique, et il se propose d'en
publier une monographie complète. Les platypides par
lesquels il a commencé, sont presque étrangers à l'Europe,
mais ils sont assez nombreux dans les pays chauds, et
M. Chapuis a ajouté 193 espèces nouvelles aux neuf qu'on
connaissait avant lui. Son travail est accompagné de vingt-
quatre planches dessinées par lui-même et sur lesquelles
sont admirablement représentés les deux sexes, souvent
( 381 )
fort différents entre eux, de presque toutes les espèces.
Cet ouvrage est placé très-haut dans l'opinion des ento-
mologistes.
C'est également une famille de coléoptères qui fait l'ob-
jet de la Monographie des Elatérides de M. le docteur Can-
dèze, ouvrage dont la rédaction a coûté dix années d'études
à son auteur. Il ne s'agit plus ici , en effet , de 200 espèces,
mais d'environ 2000. Aussi cette monographie ne forme-
t-elle pas moins de quatre volumes publiés, comme le pré-
cédent, par la Société royale des sciences de Liège, et dont
les deux derniers ont paru dans le cours de la période
quinquennale actuelle.
11 n'est personne qui n'ait eu l'occasion de voir ces sin-
guliers coléoptères qui, placés sur le dos, impriment à
leur corps une immobilité et une rigidité subites; puis,
se débandant comme un ressort , sont lancés en l'air à une
certaine hauteur, manège qu'ils recommencent jusqu'à ce
qu'ils soient retombés dans leur position naturelle. Ce sont
les elatérides, groupe dont les espèces sont nombreuses
en Europe, mais bien plus encore dans les pays chauds.
Leur classification présente des difficultés spéciales par
suite de l'homogénéité de leur organisation. M. Candèze
les a surmontées avec une supériorité réelle, et il eût peut-
être obtenu le prix, sans une considération, qui a eu une
influence sérieuse sur la majorité des membres du jury.
Sans méconnaître l'importance et la nécessité absolue
des travaux qui ont pour but la distinction des espèces, la
détermination de leurs iimites et celle de la place relative
qu'elles doivent occuper dans la méthode, les membres du
jury ont pensé que, dans l'état actuel de la science, il existe
certains groupes d'animaux chez lesquels l'étude des or-
ganes et de leurs fonctions est un besoin plus pressant
que leur arrangement systématique.
( 582 )
Les caractères externes, c'est-à-dire zoologiques, suf-
fisent pour classer les insectes; il est absolument impos-
sible d'en faire autant, d'une manière rationnelle, pour les
animaux inférieurs, sans connaître leur organisation in-
terne. Ici l'anatomie et la zoologie se donnent intimement
la main, et la première doit précéder la seconde, afin de lui
servir de point d'appui A quoi l'on peut encore ajouter
que les difficultés s'accroissent à mesure qu'on descend
plus bas dans l'échelle des êtres. Ce sont ces raisons qui
ont fait, en partie, pencher la balance en faveur du travail
de M. Van Beneden, dont il reste maintenant, Monsieur
le Ministre, à vous parler.
Il est la continuation de celui dont le savant professeur
de Louvain a déjà publié plusieurs parties sous le titre in-
diqué précédemment, et forme un volume in-4° de 207 pa-
ges qu'accompagnent dix-huit belles planches; les polypes
en sont le sujet. Déjà dans deux mémoires sur les campa-
nulaires et les tubulaires de la côte d'Ostende, publiés en
1845, M. Van Beneden avait fait connaître une partie de
ses recherches sur ces animaux. Cette fois, c'est de ce qui
lui reste des observations qu'il a faites sur eux pendant
vingt années, que se compose le mémoire dont il s'agit en
ce moment. Il est divisé en deux sections, dont la seconde
est consacrée à l'énumération des espèces qui habitent le
littoral de la Belgique. La première , qui en constitue la
partie la plus importante, celle que le jury a voulu plus
spécialement couronner, n'est pas une exposition en règle
de l'organisation et de la classification des polypes, mais
une suite de considérations , de l'ordre le plus élevé , sur
toutes les questions auxquelles donnent lieu ces animaux.
Elle est surtout remarquable par la coordination et l'inter-
prétation générale des observations faites jusqu'ici sur ces
( 585 )
organismes inférieurs. Mais pour rendre ceci compréhen-
sible, Monsieur le Ministre, quelques notions préliminaires
sont indispensables.
Le mot de polype est aussi ancien que la zoologie elle-
même, on le trouve dans Aristote; mais Aristote l'appli-
quait à des mollusques de la classe des céphalopodes et en
particulier aux poulpes. Actuellement les naturalistes le
donnent à des animaux aquatiques, presque tous marins,
pour la plupart très-petits, d'aspect en général gélatineux,
presque toujours fixés, simples ou agrégés, et dont un très-
grand nombre sécrètent, soit intérieurement, soit exté-
rieurement, un corps de nature pierreuse, cornée ou mem-
braneuse, qu'on nomme polypier.
Quand ce corps est interne, il constitue une sorte de
squelette, qui sert de point d'appui aux polypes qui le re-
couvrent; externe, il forme une ou plusieurs loges qui leur
servent de demeure. Tous ont cela de commun que la par-
tie antérieure de leur corps, où se trouve la bouche, porte
un ou plusieurs cercles de tentacules de forme variable.
Comme pour les mollusques dont les coquilles attirèrent
d'abord uniquement l'attention des naturalistes, dans l'ori-
gine, ces derniers étudièrent exclusivement les polypiers
qui seuls peuvent se conserver dans les collections. La
plupart regardaient ceux qui sont pierreux comme appar-
tenant au règne minéral. De leur côté, les botanistes,
ayant plutôt égard à leurs habitants, qui ont souvent l'as-
pect de fleurs, quand leurs tentacules sont épanouis, clas-
saient tous ces animaux dans le règne végétal. Leur véri-
table nature n'était cependant pas entièrement méconnue,
car on les appelait communément zoophytes ou animaux-
plantes.
La croyance que ce sont des végétaux était encore dans
( S84 )
toute sa force, lorsque, en 1727, Peyssonnel, et, après
lui, Bernard de Jussieu et Réaùmur démontrèrent qu'ils
doivent prendre place parmi les animaux. Cette opinion
fut promptement adoptée. Mais telle est, dans ces bas-
fonds de l'animalité, la difficulté de distinguer ce qui lui
appartient réellement de ce qui revient, de droit, au règne
végétal , que jusqu'à nos jours des plantes marines ont été
comprises parmi ces animaux. Des erreurs de ce genre se
trouvent dans les écrits des naturalistes même les plus
illustres, depuis Linné, Donati, Ellis, Pallas, Bruguières
dans le siècle dernier, jusqu'à Lamarck, Lamouroux , de
Blainville, Ehrenberg, Cuvier, etc. Dans ce temps-ci, un
botaniste éminent, M. Decaisne a rendu sous ce rapport
un service réel à la science en démontrant, dans un mé-
moire publié en 1842, qu'une foule de ces soi-disant po-
lypes ne sont que des algues dont les tissus sont plus ou
moins encroûtés de sels calcaires.
Même après l'élimination de ces éléments étrangers, les
polypes ne constituent pas encore un ensemble suffisam-
ment homogène. Antérieurement au travail de M. De-
caisne, MM. Ehrenberg et M il ne-Edwards ont fait voir
que, sous ce nom, se trouvaient confondus des animaux
ayant, avec une forme générale semblable, une organisa-
tion très-différente : les uns possédant un canal digestif
flottant dans la cavité générale du corps et dont l'extré-
mité anale aboutit à peu de distance de la bouche, tandis
que chez les autres cet appareil consiste, tantôt en un sac
largement ouvert à sa partie postérieure, sac servant à la
fois à l'ingestion des aliments et à la sortie des fèces et du
produit de la génération; tantôt, comme chez les hydres,
en une simple cavité creusée dans le parenchyme du corps.
M. Ehrenberg a donné aux premiers le nom de bryozoaires.
( 58o )
On admet généralement que leur organisation les rap-
proche des mollusques, dont ils ne sont que des formes
dégradées. Les seconds ont reçu du même naturaliste le
nom d'anthozoaires qui rappelle leur ressemblance avec
les fleurs : ce sont des anthozoaires qui sont l'objet du mé-
moire de M. Van Beneden; mais il y est en outre fortement
question d'un autre groupe de zoophyles, celui des aca-
lèphes, dont il est par conséquent nécessaire de dire aussi
quelques mots.
Ce nom d'acalèphes existe également dans Aristote,
mais appliqué aux actinies, qui sont de vrais polypes, et
c'est principalement Cuvier qui a contribué à lui donner
sa signification actuelle. Ce sont des animaux tous marins,
simples ou composés, libres, souvent d'une transparence
cristalline, mais, du reste, très-dissemblables. Les uns, ou
les méduses, qui affectent la forme d'ombrelle, de cham-
pignon ou de disque, sont simples et se meuvent lente-
ment par des contractions générales de leur substance.
D'autres, les cténophores, simples également, le font à
l'aide de cils vibraliles, disposés en rangées symétriques
dans l'axe de leur corps qui ressemble à un globe ou à
une cloche, quelquefois à un ruban. Dans ces deux grou-
pes, il n'existe pour organes digestifs que des canaux
creusés dans le parenchyme du corps et irradiant d'un
centre commun , qui lient lieu d'estomac. Enfin les der-
niers, ou les siphonophores, constituent des grappes ou
des guirlandes, souvent d'une élégance extrême et très-
compliquées, car elles sont composées d'un axe commun,
d'individus nourriciers, d'individus chargés de la repro-
duction, des vésicules servant de corps flotteurs et de fila-
ments destinés à saisir la proie.
Entre ces animaux et les polypes, rien de commun au
premier coup d'œil, rien du moins qui aille au delà de ces
( d86 )
rapports qui avaient engagé Guvier à les comprendre tous
dans son embranchement des zoophytes ou animaux
rayonnes, en en formant deux classes distinctes placées
côte à côte. Mais un grand changement s'est opéré , de-
puis, dans les idées des zoologistes, sur ces êtres inférieurs,
et, par suite, dans leur classification. Si l'on consulte les
ouvrages généraux les plus récents dont ils ont été l'objet,
notamment l'un des derniers, celui de M. G. Carus, on
voit qu'il n'y est plus question de zoophytes ni d'aca-
lèphes, mais que ces derniers, réunis aux polypes, for-
ment un groupe unique, sous le nom de cœlentérés dû à
M. R. Leuckart, et que ce groupe, à son tour, est divisé
en trois classes : celles des polypes, des cténophores et
des hydrozoaires. La première ne comprend plus qu'une
partie des anciens polypes de Cuvier, tels que le corail, les
actinies ou orties de mer, et ces espèces, dont les poly-
piers, connus de tout le monde sous le nom de madré-
pores, exhaussent sans cesse, sur certains points du globe,
le fond des mers, Les cténophores sont les mêmes dont il
a été question à l'instant. Enfin les hydrozoaires embras-
sent tout le reste des acalôphes et des polypes de Cuvier.
Cet arrangement systématique, si différent de ceux d'au-
trefois, n'est sans doute pas le dernier mot de la science;
mais on se demande naturellement quelles sont les rai-
sons qui ont pu y conduire. Son point de départ a été une
très-importante découverte faite par un naturaliste célè-
bre, M. Sars, en ce moment professeur à l'Université de
Christiania.
Tous les modes de reproductions connusse fissiparisme,
le gemmiparisme, la génération sexuelle se rencontrent
chez les polypes et souvent coexistent dans la même es-
pèce. A ces modes divers s'ajoutent non-seulement la géra-
tion alternante ou métagenèse, qui en est la conséquence,
( 387)
mais encore le polymorphisme et des arrêts de développe-
ment à tous les degrés possibles, d'où résultent des com-
plications qui dépassent tout ce qui a été observé jus-
qu'ici, en fait de reproduction, dans le reste du règne
animal.
Or M. Sars, observant un jour un polype en forme de
cupule et fixé par un court pédoncule, crut avoir sous les
yeux un genre nouveau qu'il nomma Scypkistome. Plus
tard, il lui tomba sous la main un autre polype beaucoup
plus singulier, consistant en une suite de disques un peu
concaves, empilés, adhérant entre eux par le centre et
dont les bords présentaient des saillies plus ou moins pro-
noncées. Il crut encore que c'était un nouveau genre et il
imposa à ce dernier le nom de Strobila. Mais sa surprise
fut grande lorsque, dans une autre occasion, il vit ces dis-
ques se séparer successivement, en commençant par les
plus élevés, nager en liberté, et que, dans chacun d'eux,
il reconnut une méduse commune dans nos mers, la Mé-
dusa ou Aurélia aurita. Le strobila n'était donc que le
scyphistome parvenu à un état plus avancé de développe-
ment et lui-même avait passé, en multipliant son indivi-
dualité, de la classe des polypes dans celle des acalèphes.
Presque en même temps M. Th. de Siebold faisait sur la
même méduse une observation inverse , mais complémen-
taire de la précédente. 11 découvrait qu'elle a des sexes sé-
parés et que des œufs produits par les femelles sortent des
embryons ciliés qui, après être restés quelque temps, se
fixent et se changent peu à peu en strobila. Le cycle des
phases morphologiques de cette espèce était ainsi complet.
Depuis , les observations du même genre se sont multi-
pliées, mais il est essentiel de remarquer qu'elles ne con-
cernent que les hydrozoaires et non pas tous les cœlentérés
sans exception. Les polypes, tels qu'ils sont restreints en
( o88 )
ce moment, et les cténophores n'ont jusqu'ici présenté
rien de pareil.
Ces découvertes donnèrent une telle impulsion à cette
branche de la zoologie qu'il n'en est pas, depuis cette
époque, qui ait été, comme le dit M. Van Beneden, cul-
tivée avec plus de ténacité; mais il n'en est pas non plus
dans laquelle il soit plus pénible de mettre d'accord et de
bien saisir les faits publiés par des observateurs différents.
On comprend, en effet, que chez de pareils animaux il est
extrêmement difficile de suivre une espèce dans le cours
entier de son évolution; que les naturalistes tombent
tantôt sur la forme polypiaire , tantôt sur la forme médiu-
saire, sans parler des états intermédiaires produits par des
arrêts de développement. De là une foule d'espèces chez
lesquelles les rapports entre les deux formes en question
sont encore inconnus. On comprend encore que, pour se
rendre un compte exact des faits , il faut sur ces animaux
certaines idées générales qui puissent servir de guide.
C'est ici que se trouve le point capital du travail de
M. Van Beneden.
Prenant pour exemple, afin de simplifier la question,
un polype arborescent, un campanulaire, le savant pro-
fesseur en expose la théorie complète. L'animal qui se
trouve dans chacune des clochettes ouvertes qui termi-
nent les rameaux du polypier, est pour lui un polypule
nourricier; sa seule fonction est en effet de prendre des
aliments qui profiteront à tout l'ensemble de la colonie. A
la base de quelques-uns de ces rameaux existent d'autres
clochettes de forme un peu différentes, fermées et renfer-
mant une masse charnue agame d'où naîtra, par la suite,
la forme définitive, une méduse sexuée; M. Yan Beneden
l'appelle un polypule propagateur. A la forme définitive
elle-même il donne, avec un naturaliste français, M. Lau-
( 589 )
rent, le nom de Télèon, c'est-à-dire d'animal qui a atteint
le but, d'animal parfait. Jusque-là tout est simple, ce n'est
qu'un cas ordinaire de métagenèse. Mais les choses sont
loin de se passer toujours avec cette régularité. Souvent la
méduse n'apparaît pas, le téléon s'arrête en chemin aux
trois quarts, à la moitié, au tiers, au quart de son évolu-
tion; parfois même ce n'est plus qu'un simple sac qui con-
tient des œufs ou des spermatozoïdes, produits qui ne
manquent jamais, quel que soit le point où il s'est arrêté.
Ce téléon, plus ou moins avorté, M. Van Eeneden l'appelle
un Alrophion. Les sexes étant séparés chez ces polypes,
c'est tantôt le mâle, tantôt la femelle, ou bien tous deux
qui sont réduits à cet état. M. Van Beneden donne des ta-
bleaux très-instructifs, dans lesquels les espèces sont clas-
sées d'après les degrés de cette atrophie, et le sexe chez
lequel ils se produisent.
Ce n'est pas tout encore; comme pour compliquer davan-
tage les choses, legemmiparismc intervient, non-seulement
pendant le jeune âge, comme on l'a cru pendant quelque
temps, mais à toutes les époques de la vie. Théoriquement
parlant, tous les polypes dont il est ici question passent
pour les quatre états de planule (l'embryon quand il s'est
fixé), de scyphistone, de strobila et de téléon ou méduse.
Rien de plus ordinaire que le bourgeonnement pendant
le second et le troisième état; il paraît beaucoup plus rare
pendant celui de planule, mais on en connaît cependant
des exemples. Quant au téléon, il semblerait, puisqu'il
est sexué, que le gemmiparisme est ici superflu, mais il
n'en est pas ainsi. M. Sars a vu, le premier, des méduses
engendrant directement des méduses par cette voie, et,
depuis, le même fait a été plusieurs fois observé. La repro-
duction sexuelle n'est pas supprimée pour cela ; elle pré-
cède ou suit la reproduction agame. Enfin , si les quatre
( mo )
phases de développement dont il vient d'être question
sont vraies au point de vue théorique, dans la réalité elles
ne sont pas indispensables. M. Claparède a vu chez une
espèce de genre Lizzia des méduses naître directement
de l'œuf.
Tout paraît donc possible, en fait de reproduction,
chez ces animaux. Aussi a-t-on été jusqu'à se demander
s'ils n'engendreraient pas des formes diverses selon le mi-
lieu dans lequel ils se trouvent. M. Yan Beneden ne le
pense pas. Au milieu de cette confusion apparente, un
ordre réel existe, et chaque espèce, n'importe dans quel
lieu et sous quel climat elle vit, se comporte de la même
manière dans le cours de son développement, sauf quel-
ques déviations accidentelles. Mais les observations recueil-
lies jusqu'ici sont-elles assez nombreuses pour ne pas
laisser sur ce point quelque incertitude?
Il est impossible, Monsieur le Ministre, à moins de dé-
passer les limites que doit avoir ce rapport, de passer en
revue les nombreuses et intéressantes questions qu'examine
l'auteur dans cette première partie de son mémoire. Une ,
cependant, qu'il pose dès le début, est trop importante
pour être passée sous silence, car de sa solution dépen-
dent les noms que doivent recevoir les diverses parties
d'un polype composé. Elle consiste à savoir si ce polype
est un animal polyzoïque ou non. C'est la même question
que M. Van Beneden a discutée autrefois dans son beau tra-
vail sur les vers cestoïdes; mais ici elle est plus compli-
quée que chez ces derniers animaux.
Il y a deux manières de concevoir un polype agrégé,
depuis sa naissance jusqu'à l'apparition du téléon médu-
silbrme qui termine la série de ses transformations. Dans
la première, soutenue par plusieurs zoologistes du plus
haut mérite, notamment en Angleterre par MM. Huxley
( 591 )
et Strethill Wright, une campanulaire, pour ne pas sortir
de cet exemple, est un animal unique dont les polopules
nourriciers et les polypuies propagateurs ne sont que des
organes. La méduse elle-même, libre et sexuée, n'est
qu'un organe devenu indépendant, une simple extension
du polype, pour employer les expressions de M. Wright.
Il suit de là qu'il n'y aurait plus ici de métagenèse, mais
un développement continu dont l'état médusaire serait la
phase terminale.
A cette façon de voir, il y a une objection que ne fait
pas M. Yan Beneden en termes exprès, mais qui ressort
de l'ensemble de ses idées, objection qui paraît décisive.
Cette théorie suppose, en effet, que la méduse est au
polype ce que le papillon est à la chenille; mais la différence
entre ces deux ordres de faits est profonde. La chenille
n'a pas engendré le papillon; elle s'est simplement trans-
formée en lui. Le polypule propagateur, au contraire, a
engendré la méduse, et la preuve, c'est qu'il n'en produit
pas une seule, mais plusieurs. Pour que la ressemblance
existât, il faudrait qu'une chenille produisît plusieurs pa-
pillons. Mais ce serait alors évidemment un cas de méta-
genèse , et non pas de métamorphose.
Cette objection disparaît si Ton admet, avec la majorité
des naturalistes et M. Yan Beneden, que les polypuies, tant
nourriciers que propagateurs, sont des animaux distincts
quoique agrégés, et que la méduse est une individualité
propre, au même titre qu'un segment de ténia en est une,
même à l'époque où il est agrégé à des individualités pa-
reilles à lui, à plus forle raison lorsqu'il est devenu libre.
On peut dire que lorsque cette question a été tranchée en
faveur du polyzo'ïsme, chez les cestoïdes, elle l'a été du
même coup pour les polypes.
( S92 )
La fin de cette première partie est consacrée à une dis-
cussion zoologique dans laquelle M. Van Beneden soutient,
principalement contre M. Agassiz,que les deux classes des
polypes et des acalèphes ne peuvent plus être maintenues,
comme le fait cet éminent naturaliste, mais que l'une des
deux doit absorber l'autre, opinion qu'il avait déjà émise
dès 1845. Cette question a perdu de son intérêt depuis
que M. R. Leuckart a établi le groupe des cœlentérés,
dans lequel sont réunis et entremêlés les anciens polypes
et acalèphes.
Dans la deuxième partie de son travail, M. Van Beneden
indique toutes les espèces de cœlentérés observées par lui
sur les côtes de la Belgique ou mentionnées dans les au-
teurs. Elles consistent en trois cténophores, cinquante-
trois hydrozoaires, dont dix sont nouveaux, et douze po-
lypes appartenant aux ordres des alcyonaires et des
zoanthaires. Ce n'est pas une simple et sèche énumération;
la description de la plupart des espèces est accompagnée
des détails les plus intéressants sur leurs divers états.
Grâce au savant professeur de Louvain , la Belgique pos-
sède maintenant une faune de ceux de ces animaux qui
habitent son littoral, comme l'Angleterre a, depuis quel-
ques années, la sienne, qu'elle doit h M. Johnston.
Tout incomplet qu'il est, cet exposé sommaire suffira,
Monsieur le Ministre, pour vous permettre d'apprécier les
motifs qui ont déterminé le choix du jury.
MM. d'Omalius d'Halloy, président , le vicomte
Du Bus, de Selys-Longcbamps, Spring,
Schwann, l'abbé Coemans , secrétaire , et
Th. Lacorhaire, rapporteur.
( 595 )
OUVRAGES PRÉSENTÉS.
Quetelet (Ad.). — Météorologie de la Belgique, comparée à
celle du globe. Bruxelles, 1867; 4 vol. in-8°.
Annales 'météorologiques de V Observatoire royal de Bru-
xelles. — Ire année, janvier à décembre. Bruxelles, J8G7 ;
in-4°.
Brasseur (J.-B.). — Programme du cours de géométrie des-
criptive, fait à l'université de Liège, 4me édition. Liège, 18G7;
in-4°.
Bellynck(A). — Note sur un Orchisustulatah.,h fleurs dou-
bles. Gand, I8G7; in-8n.
Gilbert (Ph.). — Sur une propriété des surfaces homofocalcs
du second ordre, et sur quelques conséquences qui en décou-
lent. Paris, I8G7; in-8°.
Wàuters (Alphonse). — Nouvelles études sur la géographie
ancienne de la Belgique. Bruxelles, I8G7; in- 12.
Statistique internationale. — Bruxelles, 1807; in-8°.
D'Olreppe de Bouvette {Alb.). — Essai de tablettes lié-
geoises, 75e livr. Liège, 1867; in- 12.
Meulemans (Auguste). — Études sur la Tunisie au point de
vue du commerce belge. Bruxelles, 1867; in-8".
Université de Liège. — Année 1 867- 1 868. Rapport du pro-
recteur, M. A. Spring. Programme des cours. Dispositions ré-
glementaires. Liège, 18G7 ; in-8°.
Revue de l'instruction publique en Belgique. — 25e année,
4e à 0e livr. Bruxelles, 1867; 5 broeb. in-8°.
Cercle archéologique du pays de Waes, à Saint-Nicolas. —
Annales, tome IIIe, lre livr. Saint-Nicolas, 1867; in-4°.
Académie royale des beaux-arts de Bruxelles. — Distribu-
tion des prix. Bruxelles, 18G7; in-8°.
2me SÉRIE, TOME XX IV. 10
( 594 )
Pourcelet-Liénart («/.). — Le seigneur Flobère, ou origines
de la terre des débats. Lessines , 1867; in-12.
L'Abeille, revue pédagogique, publiée par Th. Braun. 15e an-
née, iOe à 12e livr. Bruxelles, 4867; 5 cah. in-8°.
Journal historique et littéraire, tome XXXIV, livraison 8.
Bruxelles, 1867; in-8°.
Brenier (/.). — De riiomœopathie, réponse à M. Stockman.
Mons, 1867; in-8°.
Journal des beaux-arts et de la littérature, publié sous la
direction de M. Ad. Siret. 9e année, nos 21 à 24. Saint-Nicolas,
1867; 4 feuilles in-4°.
De vlaamsche School. 1867, bladzcren 22, 23 en 24. An-
vers; 5 feuilles in-4°.
Société royale des sciences médicales et naturelles de
Bruxelles. — Journal de médecine, de chirurgie et de phar-
macologie. 2ome année , 45me volume , octobre à décembre.
Bruxelles, 1867; 5 cah. in-8°.
Société anatomo-pathologique de Bruxelles. — Annales,
bulletin n° 15. Bruxelles, 1867; in-8°.
Société de pharmacie de Bruxelles. — Bulletin, 1 imc année,
nos 10 à 12. Bruxelles, 1867 ; 5 cah. in-8°.
Société de médecine d'Anvers. — Annales, 28e année, livr. de
novembre et décembre. Anvers, 1867; 2 cah. in-S°.
Annales de médecine vétérinaire, 16e année, 10e à 12e ca-
hiers. Bruxelles, 1867; 5 cah. in-8°.
Société de pharmacie d'Anvers. — Journal, 25e année, oc-
tobre à décembre. Anvers, 1867; 5 cah. in-8°.
Annales de l'électricité médicale, 8e année, 7e à 9e fasci-
cules. Bruxelles, 1867; 5 cah. in-8°.
La Presse médicale belge , 1 9e année, nos 40 à 52. Bruxelles,
1867; 15 feuilles in-4°.
Tribune vétérinaire, 2e année, 10e à 12e fascicules. Bruxelles,
1867; 5 cah. in-8°.
La charité sur les champs de bataille, 5e année, nos 6 et 7.
Bruxelles, 1867; 2 feuilles in-4°.
( 595 )
Société royale de botanique de Belgique. — Bulletin,
tome VI, 6e année, nos 1 et 2. Bruxelles, 1867; 2 cah. in-8°.
Société entomologique de Belgique. — Compte rendu des as-
semblées mensuelles du 2 novembre et du 7 décembre 1867.
Bruxelles, 1867; 2 feuilles in-8°.
V Illustration horticole, tome XIV, 9e et IIe livr. Gand,
4867; 2 cah. in -8°.
Le Chimiste, publié par M. Henri Berge. 3e année, nos 6, 7,
8, 9, 10 et 11. Bruxelles, 1867; 7 cali. in-8°.
Académie des sciences de l'Institut de France. — Comptes
rendus hebdomadaires des séances, par MM. les secrétaires
perpétuels, tome LXV, nos 14 à 27. Paris, 1867 ; 14 cah. in-4°.
Société géologique de France. — Bulletin, 2e série, t. XXIIIe,
feuilles 52 à fin, titre et table; tome XXIVe, feuilles 57-40.
Paris, 1867; 2 cah. in- 8°.
Société météorologique de France. — Annuaire, tome XIVe,
1866, 2e partie. Bulletin des séances, feuilles 27-36. Paris,
1867; gr. in -8".
Revue des cours scientifiques de la France et de l'étranger.
— 4e année, 2e semestre, nos 49, 50, 51 et 52, titre et table.
Paris, 1867; 4 cah. in -4°.
Bévue des cours littéraires de la France et de l'étranger.
— 4e année, 2e semestre, nos 49, 50, 51 et 52, titre et table.
Paris, 1867; 4 cah. in-4°.
Institut historique de France, à Paris. — L'Investigateur,
54e année, 394" et 595e livr. Paris, 1867; in-8°.
Journal de l'agriculture , fondé et dirigé par J.-A. Banal,
1867; tome III, n° 55. Paris; 1 cah. in-8°.
Bulletin hebdomadaire de l'agriculture , 1867, nos 48, 49,
50, 51 et 52. Paris, 1867; 5 feuilles in -8°.
Journal d'agriculture pratique, 1867, tome II, nos 48, 49,
50, 51 et 52. Paris, 1867; 5 cah. in-8°
Moigno (l'abbé). — Leçons de mécanique analytique. Sta-
tique. Paris, 1868; in-8°.
Garcin de Tassy. — Cours d'hindoustani (urdu et hindi), à
( 596 )
lY'cole impériale et spéciale des langues orientales vivantes,
près la bibliothèque impériale. Discours d'ouverture du 2 dé-
cembre 1867. Paris, 1867; in-8°.
Notice sur les travaux scientifiques de M. Sichel. Paris,
1807; in-4°.
Société linnèenne du nord de la France, à Amiens. — Mé-
moires, année 4866. Amiens, 4 867; in-8°.
Société littéraire, scientifique et artistique d'Apt (Vaucluse).
— Annales, 3e année, 4865-1866. Apt, 4867; in-8°.
Aoust (l'abbé). — De la courbure inclinée d'un système de
lignes coordonnées et du rôle de cette courbure dans la théorie
des lignes tracées sur une surface. Paris, 4867; in-4°.
Notice sur les titres et travaux scientifiques de M. l'abbé
Aoust, chanoine honoraire, professeur à la Faculté des scien-
ces de Marseille. Marseille, 1867; in-8°.
Société impériale d'agriculture de Valenciennes. — Revue
agricole, 49e année, tome XXI, n° 40. Valenciennes, 4867;
broch. in-8°.
Historisch genootschap gevestigd te Utrecht. — Werkcn ,
nieuwc série, nos 6, 9, 40. Utrecht, 4867; 5 cah. in-8°.
Favre [Alphonse). — Recherches géologiques dans les par-
tics de la Savoie, du Piémont et de la Suisse, voisines du Mont-
Blanc, avec un atlas de 52 planches. Paris-Genève, 1867;
3 vol. in-8° et atlas in-folio.
Société helvétique des sciences naturelles réunie à Neu-
châtel. — Actes, 50e session, compte rendu de 1866.Neuchà-
tel; in-8°.
Société helvétique des sciences naturelles, à Berne. —Nou-
veaux mémoires, tome XXII. Zurich, 4867; in-4°. — Miti-
thelungcn aus dem Jahrc 1866. Nr. 603-608. Berne, 1867;
in -8°.
Delafontaine (Marc). ~ Recherches sur plusieurs Molyb-
dates nouveaux ou peu connus et sur les principaux Fluoxy-
molybdatcs. Genève, 1867; in-8°.
De Zuhn (A.). — Esquisses anatomiques à l'usage des ar-
( 597 )
listes, pour servir aux études d'après nature et d'après l'an-
tique. 2e édition. Leipzig, 1865; in-8°.
Naturforschende gesellschaft des Osterlandes zu Altenburg.
— Mittheilungen aus dera Osterlande. XVIIP" Band, Iste und
IItcr Heft. Altenbourg, 1867; in -8°. — Verzeichniss der Mit-
glieder am funfzigsten Stii'tungsfeste den 9 October 1867. Al-
tenbourg; in-4°.
Kaiserliche- Konigliche geologische Reicksanstalt zu Wien.
— Jahrbuch, 1867, XVlItcr Band, n° 5. Vienne, 1867; gr. in-8°.
— Verhandlungen, 1867, n° 10. Vienne; gr. in-8°.
Verein fur Naturkunde zu Cassel. — XVstc Bericht. Cassel ,
1867; in-8°.
Justus Perthes' geographischer Anstalt zu Gotha. — Mit-
theilungen iiber wichtîge ncue Erforsehungen auf dem Ge-
sammtgebietc der Géographie, von Dr A. Pctermann. 1867,
XI und XII, und Erganzungsheft, n° 22. Gotha, 1867; 5 cah.
in-4°.
Université de Marbourg. — Thèses inaugurales et règle-
ments académiques pour l'année 1866-67. Marbourg, 1867;
cah. in-4° et in-8°.
Senckenbergische naturforschende Gesellschaft zu Frank-
fiirl A 131. — Abhandlungcn, VIler Bandes, III und IV Heft.
Franefort A/M, 1867; in-4°.
Tageblatt der il Versammlung deutscher Naturforscher
und Aerzte in Frankfurt am Main, vom fS. bis 24. september
1867. Francfort S/M; in-4°.
Dorpater naturforscher Gesellschaft. — Arehiv fur die Na-
turkunde Liv., Ehst- und Kurlands : lst(' série, IIItcr Band und
!Vtcr Band, lste Licfcrung. — 2ter série, VItcr Band und
VIIler Band, 1sle Lieferung. Dorpat, 1862-1867; 8 cah. in-8°.
— Sitzungsberichte, 1855-1860; Sitzung gehalten in 1857,
1858, 1861 , 1863, 1864, 1865, 1866. Dorpat; 8 cah. in-12.
Arehiv der Mathematik und Physik, herausgegeben von
J.-A. Grunert. XLVlItcr Theil, IIIler Heft. Greifswald, 1867;
in-8°.
( 598 )
Kaiser lîche A kademie der Wissenschaf'ten in Wien. — Sit-
zung dcr Malh.-Naturw. Classe, Jahrg. 4867, nos 27-50; titre
et table. Vienne, 1 867; fi feuilles in-8°.
Konigliche preussische A kademie der Wissenscliaflen zu
Berlin. — Monatsbcricht, August 1867. Berlin; in-8°.
Meteorologiske iagttagelser i det Sydlige Norge. — 1865-
1 864-1 865-1 866, ved det norske meteorologiske Institu t. Chris-
tiania, 1867; 1 cah. in-4° oblong.
Meteorologiske iagttagelser , paa fem telegrafstationcr ved
norges kyst, reducerede og sammenstillede af J.-J. Astrand.
lsle og 2den aargang. Christiania, 1866 ; 1 cah. in-4° oblong.
Videnskabs-Selskahet i Christiania. — Forhandlinger i
aaret 1865-1866. Christiania, 1866-1867; 2 vol. in-8°.
Det Kongelige Norske Frederiks Universitets , aarsberet-
ning for aaret 1866. Christiania, 1867; in-8°.
Nyt Magazin for naturvidenskaberne. XV,en,îe Binds, lslr-
Sdet heftes. Christiania, 1867; 2 cah. in-8°.
Beretning om Bodsfoengstets Virksomhed i aaret 1S66.
Christiania, 1867; in-8°.
Diplomatarium Norvegicum , samlede og udgivnc af
C.-R. Ungcr og H.-J. Huitfeldt, syvende Samling, forste halvdel.
Christiania, 1867; in-8°.
Norske Fortidsmindesmerkers bevaring. — Norske bygnin-
ger fra fortiden, syvende Hefte. Christiania, 1867; in-4°. —
Forcningcn, aarsbcretning for 1866. Christiania, 1867; in-8°.
Kongelige Frederiks Universitet, til Christiania. — Index
,'cholarum, anno 1867. Christiania, 1867; 2 cah. in-4°.
Guldberg (C.-M.) et Waage (P.). — Études sur les affinités
chimiques. (Programme de l'université de Christiania pour le
1er semestre 1867.) Christiania, 1867; in-4°.
Unger (C.-R.). — Morkinskinna Pergamentsbog fra forste
halvdel af det trctlcndc aarhundredc (udgiven som universi-
letsprogram for andet scmesler 1866). Christiania, 1867;
in-8°.
Regia accademia di scienze , letlere ed arti in Modena. —
( 599 )
Memorie, tomo VII. Modènc, 4866; in-4°. — Illusioni, com-
mcdia, di Emilio Roncaglia. — Sul tema proposto dal sig. cav.
Cesare Cantu'per Mczzo délia Regia accademia in Modena" con
quali mezzi, oltre i religiosi, possa nell' odierna sociela res-
taurarsi il principio di autorità, disscrlazione di Domcnico
Mocbi. — Sul tema proposto dalla regia accademia in Modena :
* Del miglioramento délie condizioni fisiche e morali del pro-
Ietarieto specialmente rurale, » discorso di Girolamo Galas-
sini. Modènc, 4865; 5 broch. in-8°.
Minichini (Domenico). — Elogio storico del commendatore
Bcrnardo Quaranta. Naples, 1867; in-8°.
Società italiana di scienze naturali di Milano. — Atti,
vol. IX, fasc. 3. Milan, 1867; in-8°.
Società reale di Napoli. — Rendiconto délie tomate c dci
laveri dell' accademia di scienze morali c politiche, anno VI0.
quade.ni di settembre c ottobre 1867. Naples, 1867; in-8°.
Gozzadini (Giovanni). — Di alcune scpolcri dclla necropoli
Felsinca. Bologne, 1868; in-8°.
Zantedeschi {Fr.). — Intorno alla elctlricitâ indotta o din-
fliicnza negli strati aerei dall' atmosfera, chc a forma di anello
circondano una nube risolvcntesi in pioggia neve o grandine.
Venise, 1867; in-8°.
Jstitulo teenico di Palcrmo. — Giornale di scienze naturali
cd economiebe, pubbliento per cura del consiglio di perfezio-
namento. Anno 4 867, vol. III, fasc. 1 , 2 e 3. Païenne, 4867;
in-4°.
Almanaque nautico para 1869 , calculado de orden de S. M.
en cl observatorio de Marina de la Ciudad de San Fernando.
Cadiz, 4867; in-8°.
Zoological Society of London. — Transactions, vol. VI,
part 4. Londres, 4867; in-4°. — Procccdings of tbe scienlific
meetings for tbe vear 1867, januarv and may. Londres , 1867;
2 cab. in-8°.
Xumismatic Society of London. — Tbe numismatic ebro-
nicle, 4867, part 3. Londres, 4867; in-8".
( 600 )
Geological Society of London. - The quarterly journal,
vol. XXIII, p. 4 (n" 92). Londres, 1807; in-8°. — List of the
november 1 ', 1807. Londres, 1807, in-8°.
Royal geological Society oflreland, al Dublin. -- Journal,
vol. 1 5 part 5. Londres, 1807; in-8°.
Durocher (/.). — Essay on comparative petrology, trans-
lated by Samuel Haughton. Dublin, 1859 ; in-8".
Hattghton (Samuel). — On some points in (lie inuseular
anatomy ofthe marsupials. Dublin, 1807; in-8".
Haughton (Samuel). — On the chemical and mineralogical
composition ofthe Dhurmsala meteoric stone. Dublin, 1800;
in-8".
Haughton (Samuel). — On tlie change of eccentricity <>r
the earth's orbit regarded as a cause of change of climate. Du-
blin, 1800; in-8".
Haughton (Samuel). — Notes on mineralogy, n01 XII und
XIX. Dublin, 1800; in-8".
Haughton (Samuel). — Notes on animal merbanies, nos IX
und XVIII. Dublin, 1800; in-S".
War Department, Surgeon gênerai ',$ office, al Washing-
ton, — Report on épidémie choiera. Washington, 1867; in-4°.
Htjun (Mallheir). — Tbe eelebrated (beorv of parallels. Dé-
monstration of ibe eelebrated tlieorein Euclids, axiom 12.
Washington , 1800»; in-8".
Hinrichs (Gustave). — Atomechanik oder die chemie cine
mechanik der Panalome. (L'atomécanique ou la chimie avec
mécanique des Panatomcs). Jowa-City, 1807; in-4°.
The anierican Journal of science ami avis , second séries,
vol. XL1U, nos 128 et 131. Xew-llaven, 1807; 2 broeli. in-8".
Fin nu TOME XXIV de LA 2me SÉRIE.
BULLETINS DE L.' ACADÉMIE KOYALE DE BELGIQUE.
TABLES ALPHABÉTIQUES
DU TOME VINGT-QUATRIÈME DE LA DEUXIÈME SERIE.
1867.
TABLE DES AUTEURS.
A.
Adait. — Présentation d'une note sur l'erreur moyenne d'un ensemble
d'observations, -130; présentation d'une noie concernant les erreurs à
craindre sur les quantités calculées par la méthode des moindres car-
rés, 499.
Alvin (/..)• — Rapport sur le choix d'une cantate française pour le con-
cours de composition musicale de 1X07, 8,">; remplace le secrétaire
perpétuel à la séance publique du 23 septembre, 2G7; élu membre de
la commission des finances de la classe des beaux-arts pour 1868, 518.
Arneth {le chevalier A. (/'). — Hommage d'ouvrage , 197.
Arrivubene {le comte). — Hommage d'ouvrage, 487.
IL
Baguet {François). — Annonce de sa mort, 547.
Balai {Alphonse). — S'excuse de ne pouvoir présider les séances du mois
de septembre, 222.
Bellj/nck. — Hommage d'ouvrage, 498; présentation des phénomènes pé-
riodiques des plantes observés à Namur en 1867, 498.
Ueruacrl.s. — Orages observés à Malines en 1800 et 1807, 515.
602 TA1ÎLE DES AUTEURS.
Bernardin. — Présentation de l'état de la végétation à Melle le 21 octo-
bre 1867,435.
Blommaert. — Rapport sur le choix d'une cantate flamande pour le con-
cours de composition musicale de 1867, 97.
Bogaers {A.). — Remercîments pour l'envoi des publications académi-
ques , 575.
Brasseur. — Commissaire pour un travail de M. Folie relatif au mouve-
ment d'un corps solide, 5; rapport sur ce travail, 284; hommage d'ou-
vrage , 498.
Briart {A). — Élu correspondant de la classe des sciences, 560.
Candèze. — Commissaire pour un travail de M. F. Plateau sur les crus-
tacés d'eau douce de la Belgique , 278; rapport sur ce travail, 440.
Catalan. — Commissaire pour un travail de M. Drèze sur un nouveau
système de cartes géographiques, 5; rapport sur ce travail, 285; com-
missaire pour un travail de M. Speelmans sur l'isoscélisme, 102; com-
missaire pour deux notes de M. Adan, sur l'erreur moyenne d'un
ensemble d'observations, 456, 499.
Cavalier.— Présentation des observations météorologiques faites à Ostcnde
en 1867,2.
Chaton (7.). — Présentation d'un mémoire sur les tiges ligneuses, 278;
rapports de MM. Coemans et Spring sur ce travail, 499, 505.
Chalon {R.). — Hommage d'ouvrages, 79; commissaire pour le projet
d'inscription de la statue de Baudouin de Constantinople, 575; lecture
de son rapport sur ce projet, 488.
Coemans {Eug.).— Commissaire pour un travail de M. J. Chalon surles liges
ligneuses, 278; rapport sur ce travail, 499; commissaire pour une lettre
de M. Le Brun sur les variétés dans les plantes, 278; commissaire
pour un travail de M. A. Wesmael sur les caractères du genre Populus,
456; rapport sur ce travail, 504.
Congrès de littérature néerlandaise. — Envoi du programme de la réu-
nion, 197.
Congrès international de statistique. — Notification, par M. Maestri , de
sa sixième réunion à Florence, 2.
D.
Daussoigne-Mchul. — Remarques critiques sur l'organisation actuelle des
grands concours de composition musicale, 215; quelques observations
TAULE DES AUTEURS.
605
sur l'emploi de deux langages dans les concours de composition musi-
cale, 257.
De Busscher (Edm.). — Notification du décès de M. le baron de Saint-Gé-
nois comme membre de la commission de la Biographie nationale , 572.
De Decker (P.). - Rapport sur un mémoire de M. F. Loise relatif à l'histoire
de la littérature espagnole, 207 ; discours prononcé aux funérailles de
M. le baron Jules de Saint-Génois, 571 , 405; notification du legs fait par
M. de Saint-Génois, 572; lecture d'un rapport sur le complément du
travail de M. F. Loise relatif au théâtre en Espagne, 575; élu membre
de la commission des finances de la classe des lettres pour 1868, 545.
De Gerlache (le baron). — Élu membre de la commission des finances ôq
la classe des lettres pour 1868 , 545.
Denza (F.). — Observations des étoiles filantes, à Montcalier (près Turin),
du 9 au 12 août 1867, 297; observations des étoiles filantes faites dans
la même localité en novembre 1867, 515.
De Sellier (le chevalier). — Présentation d'un travail intitulé : Esquisses
biographiques, 197.
De Selys-Longchamps. — Commissaire pour un travail de M. F. Plateau
sur les crustacés d'eau douce de la Belgique, 278; rapport sur ce travail ,
459; présentation de l'état de la végétation à Waremme, le 21 octo-
bre 1867,457.
De Wilte (le baron). — Promesse d'une notice sur Ed. Gerhard, 84.
Docq. — Présentation d'un mémoire sur l'appareil auditif, 278.
UOmalius d'Halloy. — Rapport sur un travail de M. Ed. Dupont relatif
aux cavernes du bois de Foy à Monlaigle, 5.
Donng. — Rapport sur un travail de M. F. Plateau relatif à la transfor-
mation spontanée d'un cylindre liquide en sphères isolées, 5.
Drèze (P.). — Présentation d'un travail sur un nouveau système de cartes
géographiques, 5; rapports de MM. Catalan et E. Quctelct sur ce tra-
vail, 285.
Du Bus (le vicomte D.). — Sur quelques mammifères du crag d'Anvers,
discours prononcé à la séance publique du 17 décembre, 562.
Dupont (Ed.). — Découverte d'objets gravés et sculptés dans le trou Ma-
grile, à Pont-à-Lesse, 129; sur l'emploi probable de l'oligiste trouvé
dans la couche de l'âge du renne dans la caverne de Chaleux, 485.
Duprez. — Rapport sur un travail de M. F. Plateau relatif à la transfor-
mation spontanée d'un cylindre liquide en sphères isolées, 4; observa-
tions des étoiles filantes à Gand, du 9 au 12 août 1867, 289; commis-
saire pour un travail de M. Monligny relatif au pouvoir dispersif de l'air,
456.
C04
TAULE DES AUTEURS.
Faider (Ch.). — Élu membre de la commission des finances de la classe
des lettres pour 1868,545.
Faraday. — Annonce de sa mort , 276.
Fétis (Ed.). — Rapport sur les mémoires de concours de la classe des
beaux-arts en réponse à la question relative à Quentin Metsys, 228.
Fétis (F.). — Discours prononcé à la séance publique de la classe des
beaux-arts, 265; note sur un rapport de M. Huberti concernant ses
fc études musicales en Allemagne, 418; élu membre de la commission des
linances de la classe des beaux-arts pour 1868, 548.
Folie (F.). — Théorie nouvelle du mouvement d'un corps solide, 3e partie,
3, 325; rapports de MM. Brasseur et Steichen sur ce travail , 284, 286.
Fraikin. — Élu membre de la commission des finances de la classe des
beaux-arts pour 1868 , 548.
Fritsck {Ch.). — Présentation de ses observations botaniques laites à
Vienne en 1867, 455.
Gachard. — Commissaire pour un travail de M. Kervvn de Lettenhove re-
latif à des lettres inédiles de Marie-Thérèse, 80; rapport sur ce travail ,
204; élu membre de la commission des finances de la classe des lettres
pour 1868, 545.
Geefs {G.). — Élu membre de la commission des finances de la classe
des beaux-arts pour 1868, 548.
Ghaye. — Présentation de l'état de la végétation à Waremme le 21 octobre
1867,435.
Gilbert (Ph.). — Élu associé de la classe des sciences, 560.
Glaser. — Recherches sur quelques dérivés de l'acide cinnamique,
(2mc partie), 48; rapports de MM. Kekulé et Stas sur ce travail, 14, 17.
Glaser et Radziszewsky. — Sur quelques transformations de l'acide for-
mobenzoïque, 3, 158; rapports de MM. Kekulé et Stas sur ce tra-
vail, 109.
Gluge. — Commissaire pour un travail de M. E. Husson relatif à l'action
des silicates alcalins sur l'économie animale, 5, rapport sur ce travail,
106; rapport sur un travail de M. Masius relatif au centre ano-spinal,
279.
TABLE DES AUTEURS. 605
II
Haes (Louis). — Lauréat du grand concours de composition musicale de
1867,212.
Haidinger (le chev). — Détails sur sa collection de météorites, 277.
Heuschling (X.). — Hommage d'ouvrage, 5-15.
Husson (E.). — De l'action des silicates alcalins sur l'économie animale ,
3, 153; rapports de MM. Schwann, Gluge et Melsens sur ce travail,
105,106, 107.
Jacobi. — Élu associé de la classe des sciences, 560.
Jouvenel (A.). — Annonce de sa mort, 222.
Juste (Th.). — Hommage d'ouvrage, 79; commissaire pour un travail de
M. Kervyn de Lettenhove relatif à des lettres inédiles de Marie-Thérèse,
80; rapport sur ce travail, 204; rapport sur un travail de M. Van Rossum
relatif aux lettres de Charles-Quint à Rabelais, 83, 205 ; Charles de Lan-
noy, vice-roi de Naples, et Charles-Quint, 574; élu membre de la commis-
sion de la Biographie nationale, 487.
K
Kekulé. — Commissaire pour un travail de M. W. Korner sur l'acide ani-
sique, 5; rapport sur ce travail, 107; commissaire pour un travail de
M. Ronday sur l'acide homotarlrique, 5; rapport sur ce travail, 112;
commissaire pour un travail de MM. Glàser et Radziszewsky sur quel-
ques transformations de l'acide formobenzoïque , 3; rapport sur ce tra-
vail, 109; rapport sur un travail de M. Swarts relatif à l'acide itaconique,
8; rapport sur un travail de M. Glaser relatif aux dérivés de l'acide cin-
namique,14; rapport sur un travail de M. Korner relatif à la détermina-
tion du lieu chimique dans la série aromatique, 1 1 i ; deuxième note sur
les sulfacides du phénol, 118.
Kervyn de Lettenhove (le baron). — Présentation d'un mémoire sur des
lettres inédites de Marie -Thérèse, 80; rappoits de MM. Th. Juste et
Gachard sur ce travail, 204; hommage d'ouvrages, 197, 573; commis-
saire pour le projet d'inscription de la statue de Baudouin de Conslanti-
nople, 575; lecture de son rapport sur ce projet, 488.
Korner (W.). — Notice sur la synthèse de l'acide anisique, de l'acide
606 TABLE DES AUTEURS.
méthyloxybenzoïque , d'un krésol nouveau et sur l'acide parasodoben-
zoïque, 5, 152; rapports de MM. Melsens et Kekulé sur ce travail,
107; sur la détermination du lieu chimique dans la série aromatique,
166; rapports de MM. Kekulé et Stas sur ce travail, 111.
Laboulaye {Ed.). — Remercîments pour les publications académiques,
486.
Lacordaire (Th.). — Rapport au nom du jury chargé de juger le qua-
trième concours quinquennal des sciences naturelles, o78.
Lebrun (L.). —Lauréat du grand concours de peinture de 1867, 269.
Le Brun. — Présentation d'une letjre sur les variétés clans les plantes,
278.
Leclercq (M.-N.-J.). — Communication de la résolution prise par la com-
mission administrative relativement au legs de M. le baron de Saint-
Genois, 488; élu membre de la commission des finances de la classe
des lettres pour 1868, 543.
Le Verrier {Ulysse). — Demande de renseignements sur la météorologie
de la Belgique , 279.
Liagre. — Commissaire pour un travail de M. Folie relatif au mouvement
d'un corps libre, 5; rapport sur ce travail, 286; commissaire pour un
travail de M. Speelmans sur l'isoscélisme, 102; commissaire pour deux
notes de M. Adan sur l'erreur moyenne d'un ensemble d'observations,
456, 499.
M.
Maestri (P.). — Annonce de la sixième réunion du Congrès de statistique
• à Florence , 2.
Maillij (Ed.). — Élu correspondant de la classe des sciences, 560.
Malaise. — Orages observés à Gembloux du 1er avril au 51 juillet 1867,
504; sur les rhizomes verticaux ôuPhrag mites commuais trinius, 484.
Marchai (Ed.). — Bolide observé à Bruxelles le 11 juin 1867, 18; météore
aperçu à Bruxelles, dans la soirée du 26 septembre 1867, 512.
Mashts (J.-B.-V.). — Du centre ano-spinal, 512; rapports de MM. Gluge,
Poelman et Sehwann sur ce travail , 279, 281 , 282.
Mathieu (Ad.). — Commissaire pour le projet d'inscription delà slalue de
Baudouin de Constantinople, 575; lecture de son rapport sur ce projet,
488; élu membre de la commission pour la publication des œuvres des
grands écrivains du pays, 487.
Mellery (X ). — Lauréat du grand concours de peinture de 1867, 269.
TABLE DES AUTEURS. 007
Melsens. — Commissaire pour un travail de M.W. Korner sur l'acide ani-
sique, 5; rapport sur ce travail, 107; commissaire pour un travail de
M. E. Husson relatif à l'action des silicates alcalins sur l'économie ani-
male, 3; rapport sur ce travail, 107; dépôt d'une note sur la fermenta-
tion des levures de bière, 17.
Michaëls {CL).— Lauréat du concours des cantates françaises de 1867, 268.
Ministre de la guerre {31. le). — Hommage d'ouvrage , 435.
Ministre de V intérieur {M. le). — Confie à M. Julien Leclercq, l'exécution
du buste de M. de Ram, 84, 196; communication du résultat du concours
des cantates de 1867, 84; envoi d'ouvrages, 102, 197, 572; communi-
cation d'un rapport de M. Huberti , lauréat du concours de composition
musicale dé 1865, 211; communication des résultats du concours de
composition musicale de 1867, 222; proposition de fixer la séance pu-
blique de la classe des beaux-arts au 25 septembre, 222; communica-
tion desrésulats du grand concours de peinture de 1867, 222; projet
d'inscription pour la statue de Baudouin de Constantinople, 572; lec-
ture des rapports de MM. R. Chalon, Kervyn de Lettenhove et Mathieu
sur ce projet, 575, 488; communication des résultats du quatrième
concours quinquennal des sciences naturelles, 498,599.
Mittermaier. — Annonce de sa mort, 571.
Montalembert {le comtede).— Remercimenls pour les publications acadé-
miques, 80, 575.
Mont iyny {Charles). — Note sur le pouvoir dispersif de l'air, 456, 525;
rapport de M. Plateau sur ce travail, 508; élu membre de la classe des
sciences, 560.
Morren {Éd.). — Commissaire pour un travail de M. Alf. Wesmael sur les
caractères du genre Populus, 456; rapport sur ce travail, 506.
N.
Neyt {A.-L.). — Orage observé à Gand le 4 septembre 1867,505.
Paftoes. — Élu membre de la commission des finances de la classe des
beaux-arts pour 1868, 548.
Plateau {Félix). — Sur la transformation spontanée d'un cylindre liquide
en sphères isolées, 21 ; rapports de MM. Duprez et Donny sur ce travail,
4, 5; présentation d'un travail sur les crustacés d'eau douce de la Bel-
gique, 278. Rapports de MM. Van Beneden, de Selys-Longchamps et
Candèze sur ce travail, 457, 459, 440.
Plateau {J ). — Commissaire pour un mémoire de M. Docq sur l'appareil
008 TABLE DES AUTEURS.
auditif, 278 ; commissaire pour un travail de M. Montigny sur le pouvoir
dispersif de l'air, 456 ; rapport sur ce travail, 508.
Poelman. — Rapport sur un travail de M. Masius relatif au centre ano-
spinal,281.
Polain. — Bapport sur un travail de M. Van Rossum relatif aux lettres
de Charles-Quint à Rabelais, 85, 202; rapport sur un mémoire de
M. F. Loise relatif à l'histoire de la littérature espagnole, 209; lecture
d'un rapport sur le complément du travail de M. Loise relatif au théâtre
en Espagne, 575.
Porlaels. — Rapport sur les mémoires de concours de la classe des beaux-
arts en réponse à la question relative à Quentin Metsys, 224.
Président de la Chambre des Représentants {M. le) — Rem^cîments pour
l'invitation adressée à la Chambre d'assister à la séance publique du
17 décembre, 559.
Questeurs du Sénat et de la Chambre des Représentants {MM. les). —
Cartes d'entrée pour les tribunes réservées, 490.
Q
Quetelet {Ad ). — Bolide observé par M. Marchai le H juin 1867, 18; orage
remarquable à Gand dans la nuit du 2 au 5 juin 1867, 19; commissaire
pour un travail de M. Speelmans sur l'isoscélisme, 102; sur les orages
des mois de juin et juillet 1867, 114; présentation de la table de la 2e
série (t. I à XX) des Bulletins , dressée par M. Ad. Siret, 225; observations
des étoiles filantes, faites au mois d'août 1867, à l'Observatoire royal de
Bruxelles, 287; sur la sixième session du congrès de statistique de Flo-
rence, en 1867, 408; présentation des résultats de l'état de la végéta-
tion à Bruxelles le 21 octobre 1867, 455; orages des mois d'août et
septembre 1867, observés à l'Observatoire royal de Bruxelles, 500;
hommage d'ouvrages, 498; étoiles filantes du milieu de novembre 1867
et état de l'atmosphère à la même époque, 509; lecture d'une notice
sur A. Timmermans , 561.
Quetelet [Ernest). — Commissaire pour un travail de M. Drèze sur un
nouveau système de caries géographiques, 5
R.
Radziszcwskij et Gldser. — Sur quelques transformations de l'acide for-
mobenzoïque, 5, 158; rapports de MM. Kektilé et Stas sur ce travail,
109.
TABLE DES AUTEURS. 609
Bagona. — Observations météorologiques horaires, faites à Modène, pen-
dant le solstice d'été de l'année 1867, 306.
Revue des cours scientifiques et littéraires. — Demande l'échange avec
les publications académiques, 435.
Rolh (Chr). — Soumet deux photographies d'une statue anatomique, 490.
Rigouls-Verberf. — Annonce de sa mort, 2.
Roi des Belges {S. M. le). — S'excuse de ne pouvoir assister à la séance
publique du 23 septembre, 222; et du 17 décembre, 339.
Ronday. — Notice préliminaire sur l'acide homotartrique, 3, 194; rapport
de M. Kekulé sur ce travail, 112; note sur quelques sels de l'acide ita-
malique, 186; rapport de M. Slas sur ce travail, 113.
Roulez. — S'excuse de ne pouvoir présider la séance du 1er juillet, 79;
inscription pour la médaille décernée à M. Van Cleemputte,S48.
S.
Saint-Génois {le baron de). — Lecture d'une notice sur WarnkOnig, 210;
annonce de sa mort, 371 ; legs fait à l'Académie, 572, 488.
Scarpellini {Mme). — Observations des étoiles filantes à Rome, du 9 au
10 août 1867, 295.
Schwann. — Commissaire pour un travail de M. E. Husson relatif à l'action
des silicates alcalins sur l'économie animale, 3; rapport sur ce travail, 105;
dépôt d'un billet cacheté, 278; commissaire pour un mémoire de M. Docq
sur l'appareil auditif, 278; rapport sur un mémoire de M. Masius relatif
au centre ano-spinal, 282; commissaire pour un travail de M. Edouard
Van Beneden sur le genre Dactycotyle , 456.
Siret {Ad.). — Présentation de la table de la 2me série des Bulletins de
l'Académie (tomes I à XX) , 225.
Snellaert. — Communications relatives à la commission des monuments
de la littérature flamande, 487, 545.
Société malacologique de Bruxelles. — Hommage d'ouvrage et demande
d'échange, 2.
Société royale des beaux-arts et de littérature de Gand. — Envoi du pro-
gramme de concours de 1867 à 1868, 212.
South (/.). — Annonce de sa mort, 454.
Speelmans. — Présentation d'un travail sur l'isoscélisme, 102.
Spring. — Hommage d'ouvrage, 2; commissaire pour un mémoire de
M. J. Chalon sur les tiges ligneuses, 278; rapport sur ce travail, 505;
commissaire pour une lettre de M. Le Brun sur les variétés dans les
2me SÉRIE, TOME XXIV. il
010 TABLE DES AUTEURS.
plantes, 278; commissaire pour un travail de M. Edouard Van Beneden
sur le genre Dactycotijk , 456.
Stas. — Commissaire pour un travail de MM. Glâser et Radziszewsky sur
quelques transformations de l'acide formobenzoïque, 5; rapport sur ce
travail, 109; rapport sur une note de M. Ronday relative à l'acide ita-
malique, il 5.
Swarfs. — Sur les dérivés par addition de l'acide ilaconique et de ses
isomères (2e partie), 2o; rapports de MM. Kekulé et Stas sur ce travail,
8, 17.
Terby (F.). — Observations des étoiles filantes à Louvain, du 11 au 12
août 1867, 200; orages observés à Louvain depuis le 19 juillet exclusi-
vement, jusqu'au 13 septembre 1867, 301; observations des étoiles
filantes à Louvain en novembre 1867, 510; orages observés à Louvain
en octobre 1867, 315.
Thierry (Amédée). — Hommage d'ouvrage, 79.
Thiers. — Remercîments pour l'envoi des Bulletins, 544.
V
Van Beneden (Edouard). — Présentation d'un mémoire sur le genre Dac-
tycotyle, 436.
Van Beneden [P.-.I.). — Rapport sur un travail de M. Éd. Dupont relatif aux
cavernes du bois de Foy à Montaigle, 6; commissaire pour un travail
de M. F. Plateau sur les crustacés d'eau douce de la Belgique, 278; rap-
port sur ce travail, 437; lauréat du quatrième concours quinquennal des
sciences naturelles, 498; considérations verbales sur les baleines, 543.
Van Cleemputte (E.). — Auteur d'un mémoire de concours sur Quentin
Melsys, 415; inscription pour sa médaille de concours, 548.
Vanden Bussche {Em.). — Auteur d'un mémoire de concours sur Quentin
Melsys, 491.
Vandenkerckhove [Cli.). - Lauréat du grand concours de peinture de
1867,269.
Van Ghelutve [Léon). — Lauréat du grand concours de composition mu-
sicale de 1867, 212.
Van Basselt {A.). — Hommage d'ouvrages, 212, 225.
Versnayen [Ch.). — Lauréat du concours des cantates flamandes de 1867,
268.
TABLE DES AUTEURS. Gil
w.
Waclpul {J.-B.). — Lauréat du grand concours de composition musicale
de 1867,212.
Wauters (Alph.). — Rapport sur un travail de M. Van Rossum relatif aux
lettres de Charles-Quint à Rabelais, 85, 199; hommage d'ouvrage, oio;
quelques mots sur le Bruxellois Pierre de Kempeneer, connu sous le
nom de Piedro Campana , 5 19.
Wesmael {Alf.). — Présentation d'un travail sur les caractères du genre
Populus, 456; rapports de MM. Cocmansel Morren sur ce travail, 504,
506.
Wesmael [Constantin). — Ichneumonologica documenta, 441, 556.
Wolowski. — Hommage d'ouvrages, 197.
TABLE DES MATIÈRES.
A.
Anatomie comparée. — Présenlation d'un mémoire sur l'appareil auditif,
par M. Docq, et nomination de commissaires, 278; du centre ano-spinal,
par M. V. Masius, 312; rapports de MM. Gluge, Poelman et Schwann
sur ce travail, 279, 281, 282.
Astronomie. — Observations des étoiles filantes, faites au mois d'août
1867 à l'Observatoire de Bruxelles, communication de M. Ad. Quetelet,
287; observations des étoiles filantes à Gand , du 9 au 12 août 1867,
communication de M. Duprez, 289; observations des étoiles filantes à
Louvain du 11 au 12 août 1867, lettre de M. F. Terby à M. Ad. Quetelet,
290; observations des étoiles filantes à Rome du 9 au 10 août 1867, let-
tre de Mrae Scarpellini à M. Ad. Quetelet, 295; observations des étoiles
niantes à Montcalier , du 9 au 12 août 1867 , lettre de M. Denza à M. Ad.
Quetelet, 297; sur un bolide aperçu à Bruxelles, le 11 juin 1867, par
M Marchai, communication de M. Ad. Quetelet , 18; sur un météore
aperçu à Bruxelles, dans la soirée du 26 septembre 1867, par M Marchai ,
512; étoiles filantes du milieu de novembre 1867, et état de l'atmos-
phère à la même époque, par M. Ad. Quetelet, 509; observations faites
à Louvain sur les étoiles filantes de novembre 1867, par M. F. Terby,
510; observations faites à Montcalier des étoiles filantes de novembre
1867, par M. Denza, 513; détails communiqués par M. le chevalier Hai-
dinger sur sa collection de météorites, 277.
B.
Biographie. — Lecture d'une notice sur Warnkônig, par M. le baron de
Saint-Génois, 210; Charles de Lannoy, vice-roi de Naples, etCharles-Quint,
par M. Th. Juste, 374; discours de M. De Decker prononcé aux funérailles
de M. le baron de Sainl-Genois, 198; quelques mots sur le Bruxellois
Pierre de Kempeneer, connu sous le nom de Piedw Campana, par M. A.
Wauters, 519; lecture d'une notice sur Alexis Timmermans, par M. Ad.
• Quetelet, 577.
TABLE DES MATIÈRES. 615
Botanique. — Présentation d'un mémoire sur les tiges ligneuses, par
M. J. Chalon et nomination de commissaires, 278; rapports de MM. Eug.
Coemans et Spring sur ce travail, 499, 503; présentation d'un aperçu
sur les variétés dans les plantes , par M. Le Brun , et nomination de
commissaires, 278; présentation d'un travail sur les caractères du
genre Populus, par M. Alf. Wesmael, et nomination de commissaires,
436; rapports de MM. Eug. Coemans et Ed. Morren sur ce travail, 504;
sur les rhizomes verticaux du Phragmitcs communis trinius; par
M. Malaise, 484.
C.
Chimie. — Notice sur la synthèse de l'acide anisique, de l'acide méthy-
Ioxybenzoïque, d'un krésol nouveau et sur l'acide paraïodobenzoïque,
par M. W. Kôrner, 152; rapports de MM. Melsens et Kekulé sur ce tra-
vail, 107; notice préliminaire sur l'acide homotartrique, par M. Ronday,
194; rapports de M. Kekulé sur ce travail, 112; sur quelques transfor-
mations de l'acide formobenzoique, par MM. Glàser et Radziszewsky j
158; rapports de MM. Kekulé et Stas sur ce travail, 109; de l'action
des silicates alcalins sur l'économie animale, par M Husson ,133; rap-
ports de MM. Schwann, Gluge et Melsens sur ce travail , 105 , 106, 107.
sur les dérivés par addition de l'acide itaconique et de ses isomères, par
M. Swarts, 23: rapports de MM. Kekulé et Stas sur ce travail, 8, 17;
recherches sur quelques dérivés de l'acide cinnamique , par M. Glaser,
48; rapport de M. Kekulé sur ce travail, 14; faits pour servir à la dé-
termination du lieu chimique dans la série aromatique , par M. Kôrner,
166; rapports de MM. Kekulé et Stas sur ce travail, 111; note sur
l'acide itamalique, par M. H. Ronday, 186; rapport de M. Stas sur ce
travail, 115; deuxième note sur les sulfacides du phénol , par M. A. Ke-
kulé, 118; notice préliminaire sur l'acide homotartrique. par M. H. Ron-
day, 194.
Commission de littérature flamande. — Ajournement du remplacement
de M. David, 487, 545.
Commission pour la publication des œuvres des grands écrivains du
pays. — Présentation du tome III des chroniques de Froissart, éditées
par M. le baron Kervyn de Leltenhove , 565; M. Ad. Mathieu élu membre
en remplacement de M. le baron de Saint-Génois, 487.
Concours de composition musicale de 1867 (grand). — Notification du
résultat du concours des poëmes, 85; rapport de M. Alvin sur le choix
d'une cantate française, 85; rapport de M. Rlommaerl sur le choix d'une
cantate flamande, 97; notification des opérations du jury pour la corn-
014 TABLE DES MATIÈRES.
position musicale, 211; proclamation des résultats du concours des
poèmes, 268; proclamation des résulats du concours de composition
musicale, 269.
Concours de la classe des beaux-arts. — Lecture des rapports, de MM. AI-
vin , De Keyzer et Payen concernant le mémoire en réponse à la deuxième
question relative à renseignement des arts graphiques et plastiques, 225 ;
rapports de MM. Portaels et Ed. Fétis, sur les mémoires en réponse à la
question relative à Quentin Metsys, 224, 228; proclamation des résul-
tats du concours ,26; programme pour 1868, 414; questions pour 1869,
416; mémoire reçu après le terme fatal, 414.
Concours de la classe des lettres. — Programme pour 1869, 80.
Concours de la classe des sciences. — Résultats du concours de 1867,
102,577.
Concours de peinture (grand). — Notification des opérations du jury de
1867. 222; proclamation des résultats du concours, 269.
Concours de Stassart. — Question d'histoire mise au concours pour 1869,
198.
D.
Discours. — Discours de M. F.-J. Fétis à la séance publique du 25 sep-
tembre, 265; de M. De Decker aux funérailles de M. le baron de Saint-
Génois, 405.
Dons. — Ouvrages, par M. Spring, 2 ; par M. Amédée Thierry, 79 ; par M. Th.
Juste, 79; par M. Ghalon, 80; par M. le Ministre de l'intérieur, 102,
197, 572; par M. le baron Kervyu de Letlenhove, 197, 575; par M. Wo-
lowski, 197; par M. le chevalier d'Arneth, 197; par MM. Van Hasselt
et J.-B. Rongé, 212, 225 ; par M. le Ministre de la guerre, 455; par M. le
comte Arrivabene, 487; par M. Ad. Quetelel, 498; par M. Brasseur; ib.;
par M. Bellynck, ib.; par M. A. Wauters, 545; par M. Heuschling, 545.
E.
Élections et nominations. — Adoption d'une liste de candidats pour les
places vacantes dans la classe des sciences, 278, 456; M. Th. Juste élu
membre de la commission de la Biographie nationale, 487; M. Ad. Ma-
thieu élu membre de la commission pour les grands écrivains du pays,
487; M. Snellaert demande de procédera l'élection de deux membres
dans la commission des monuments de la littérature flamande, 487;
adoption d'une liste de candidats pour les jurys chargés de décerner
les prix de littérature française et de littérature flamande, 489; adoption
TABLE DES MATIÈRES. fil 5
d'une liste de candidats pour les places vacantes dans la classe des
beaux-arts, 491; élection de MM. le baron de Gerlache, M.-N.-J. Le-
clercq, Ch. Faider, De Decker et Gachard comme membres de la com-
mission des finances de la classe des lettres pour 1868, 545; élection de
MM. Al vin, F. Fétis, Fraikin, G. Geefs et Partoes comme membres de la
commission des finances de la classe des beaux-arts pour 1S68, 548; élec-
tion de MM. Charles Montigny, PI) . Gilbert, Jacobi, Ed. Mailly et A. Briart
comme membre, associés et correspondants de la classe des sciences,
560.
Entomologie. — Voir Zoologie.
Épigraphie. — Communication du projet d'inscription pour la statue de
Baudouin de Constantinople, et nomination de commissaires, 372; lec-
ture des rapports de MM. Chaîon, Kervyn de Lettenhove et Mathieu sur
ce projet et résolution de la classe à ce sujet, 488, 546 ; inscription , par
M. Boulez, pour la médaille décernée à M. Van Cleempulle, ;U8.
Géographie. — Présentation d'un travail relatif à un nouveau système de
cartes géographiques, par M. P. Drèze, 3; rapports dé MM. Catalan et
E. Quetelet sur ce travail, 283.
H.
Histoire. — Présentation par M. le baron Kervyn de Lettenhove, d'un
travail concernant des lettres inédites de Marie-Thérèse, 80; rapports
de MM. Th. Juste et Gachard sur ce travail, 204; rapports deMM. Alph.
Wauters, Polain et Th. Juste sur un travail de M. Van Bossum, intitulé :
La vérité à propos des lettres de Charles-Quint à Rabelais, 199, 202,
203; rapports do MM. De Decker et Polain sur un mémoire de M. Loise
concernant l'histoire de la littérature espagnole, 207, 208; lecture des
rapports de MM. De Decker et Polain concernant le complément du tra-
vail de M. Loise relatif au théâtre en Espagne, 573; Charles de Lannoy,
vice-roi de Naples et Charles-Quint, par M. Th. Juste, 874.
L.
Legs. — Somme de 1000 francs léguée à l'Académie par M. le baron de
Saint Génois, 872; résolutions prises parla commission administrative à
ce sujet , 488.
616 TABLE DES MATIÈRES.
Mathématiques pures et appliquées. — Présentation d'un travail sur
risoscélisme, par M. Speelmanset nomination de commissaires, 102; pré-
sentation d'un mémoire sur Terreur moyenne d'un ensemble d'observa-
tions, par M. Adan, et nomination de commissaires, 436; présentation
d'un second mémoire sur le même sujet, par M. Adan, 499.
Météorologie et physique du globe. — Orage remarquable à Gand, dans
la nuit du 2 au 5 juin 1867, communication de M. Ad. Quetelet, 19;
sur les orages des mois de juin et juillet 1867, communication de M. Ad.
Quetelet, 114; demande de renseignements météorologiques, par M. Le
Verrier, 277 ; orage des mois d'aoùl et septembre 1867 , annotés à l'Ob-
servatoire royal de Bruxelles, 300; orages observés à Louvain du 19 juil-
let au 13 septembre 1867, lettre de M. F. Terby à M. Ad. Quetelet,
501; orages observés à Gembloux du 1er avril au 51 juillet 1867, par
M Malaise, 304; sur un orage observé à Gand, le 4 septembre 1867,
lettre de M. A.-L. Neyt à M. Ad. Quetelet, 503; observations météoro-
logiques horaires faites à Modène pendant le solstice d'été de 1867;
lettre de M. Ragona à M. Ad. Quetelet, 506; liste des orages observés
à Louvain pendant le mois d'octobre 1867, par M. F. Terby, 513; orages
observés à Malines en 1866 et 1867, par M. Bernaerls, 513.
Musique. — Communication , par M. le Ministre de l'intérieur, d'un rapport
de M. Huberti sur ses études musicales en Allemagne, 211; note de
M. F. Fétis sur ce rapport, 418; communication de M. Daussoigne-Méhul
relative à l'organisation actuelle des grands concours de composition
musicale, 212; quelques observations sur l'emploi de deux langages
dans les concours de composition musicale, par M. Daussoigne-Méhul,
257 ; discussion relative aux réformes à apporter dans l'organisation
actuelle des grands concours de composition musicale , 417.
N.
Nécrologie. — Annonce de la mort de M. Rigouls-Verbert, 2; de M. A. Jou-
venel, 222; de M. Faraday, 276; de M. Mittermaier, 571 ; de M. le ba-
ron de Saint-Génois, 371 ; de M. James South, 434; de M. Baguet, 547.
O.
Ouvrages présentés. — 98, 215, 420 , 492, 593.
TABLE DES MATIERES.
617
Paléontologie. — Rapports de MM. d'Omalius et Van tteneden sur un tra-
vail de M. Ed. Dupont concernant les cavernes du bois de Foy àMontaiglo,
5, 6; découverte d'objets gravés et sculptés dans le trou Magrite à Ponl-
à-Lesse, communication de M. Ed. Dupont, 129; sur l'emploi probable
de l'oligiste trouvé dans la couche de rage du renne dans la caverne de
Ghàleux, communication de M. Ed. Dupont, 485.
Peinture — Voyez Biographie.
Phénomènes périodiques. — Dépôt des observations faites, à Ostende en
1867, par M. Cavalier, 2; à Vienne, par M. Fritsch , 455; à Waremme,
par MM. de Selys-Longchamps et Ghaye, 453; à Melle, par M Bernar-
din , 435; à Bruxelles , de M. Ad. Quetelet , 435; à Namur, par M. Bel-
lynck,498.
Physique. — Théorie nouvelle du mouvement d'un corps solide (3e partie) ,
par M. Folie, 325; rappoits de MM. Brasseur et Liagre sur ce travail, 284,
286; sur la transformation spontanée d'un cylindre liquide en sphères iso-
lées, par M. F. Plateau, 21 ; rapports de MM. Brasseur et Donny sur ce tra-
vail , 4, 5 ; sur le pouvoir dispersif de l'air par M. Monligny et nomination
de commissaires, 436, 525 ; rapport de M. J. Plateau sur ce travail, 508.
Poésie. — Het Woud, cantate couronnée, par M. Ch. Versnayen, 270.
Prix quinquennaux. — Résultats de la quatrième période du concours
quinquennal des sciences naturelles, 498, 577; rapport de M. Lacor-
daire, 578.
Publications académiques. — Présentation du tome XXX11I des mémoires
couronnés et mémoires des savants étrangers, 451; communications du
secrétaire perpétuel relatives à V Annuaire do l'Académie pour 1868,
491,558.
Rapports. — De MM. Brasseur et Liagre sur un travail de M. Folie relatif
au mouvement d'un corps solide , 284, 286; de MM. Melsens et Kekulé
sur un travail de M. Korner relatif à l'acide anisique, etc., 107; de
M. Kekulé sur un travail de M. Ronday relatif à l'acide homotartrique,
112; de MM. Kekulé et Stas sur un travail de MM. Glâser et Radzis-
zewsky relatif à l'acide formobenzoïque, 109; de MM. Schwann, Gluge
et Melsens sur un travail de M. E. Husson relatif à l'action des silicates
alcalins sur l'économie animale, 105, 106, 107; de MM. Catalan et
2me SÉRIE, TOME XXIV. 42
GIS TABLE DES MATIÈRES.
E. Quetelet sur un travail de M. P. Drèze concernant un nouveau sys-
tème de cartes géographiques, 285; de MM. Duprez et Donny sur un
travail de M. F. Plateau relatif à la transformation spontanée d'un
cylindre liquide eu sphères isolées, 4,5; de MM. D'Omalius et Van
Beneden concernant une étude de M. Dupont sur les cavernes du bois
de Foy à Montaigle, 5, 6; de MM. Kekulé et Stas sur un travail de
M. Swarts relatif à l'acide itaconique, 8, 17; de MM. Kekulé et Stas
sur un travail de M. Glàser relatif aux dérivés de l'acide cinnamique, 14,
17; de MM. Th. Juste et Gachard sur un mémoire de M. le baron Kervyn
de Lettenhove relatif à des lettres inédites de Marie-Thérèse, 204; de
M. Alvin sur le choix d'une cantate française pour le grand concours
de composition musicale de 1867,85; de M. Blommaert sur le choix
d'une cantate flamande pour le même concours, 97; de MM. Kekulé et
Stas sur un travail de M. Korner concernant la détermination du lieu
chimique dans la série aromatique, 111; de M. Stas sur une note de
M. H. Ronday sur l'acide itamalique, 113; de MM. Wauters, Po'ain et
Th. Juste sur un travail de M. Van Rossum , intitulé : La vérité à propos
des lettres de Charles-Quint à Rabelais, 199,202, 205; de MM. De Decker
elPolain sur un travail de M. Loise concernant l'histoire de la littérature
espagnole, 207, 208; de MM. Portaels et Éd. Fétis sur les mémoires en
réponse à la question de concours de la classe des beaux-arts relative
à Quentin Melsys, 224, 228; de MM. Van Beneden, de Selys-Long-
champs et Candèze sur un mémoire de M. F. Plateau concernant les
crustacés d'eau douce de la Belgique, 457, 459,440; de MM. Gluge,
Poelman et Schwann sur un mémoire de M. Masius relatif au centre
ano-spinal, 279, 281 , 282; lecture des rapports de MM. De Decker et
Polain sur le complément du travail de M. Loise concernant le théâtre
en Espagne, 575; rapport de M. M.-N.-J. Leclercq relatif au legs de M. de
Saint-Génois, 488; lecture des rapports de MM. Chalon, Kervyn de
Lettenhove et Mathieu sur le projet d'inscription pour la statue de
Baudouin de Conslantinople, 488.
s.
Séances publiques. —M. Balat s'excuse de ne pouvoir présider les séances
des 22 et 25 septembre , 222 ; S. M. le Roi et S . A. R. le comte de Flandre
s'excusent de ne pouvoir assister à la séance publique du 25 septembre ,
222, ils s'excusent de nouveau de ne pouvoir assister à la séance pu-
blique du 17 décembre, 559; dépèche ministérielle proposant de fixer
la séance publique au 25 septembre, 222; programme de la séance
TABLE DES MATIÈRES.
019
publique du 23 septembre, 256; discours de M. F. Félis prononcé à la
séance publique du 23 septembre , 265; dispositions et programme pour
la séance publique du 17 décembre, 560, 562.
Sciences morales et politiques. — Sur la sixième session du Congrès
international de statistique tenu à Florence en 1867, communication de
M. Ad Quetelet,408.
Z.
Zoologie. — Présentation d'un mémoire sur les crustacés d'eau douce de
la Belgique, par M. F. Plateau, 278; rapports de MM. Van Beneden, de
Selys-Longchamps et Candèze sur ce travail, 437, 459. 440 ; présentation
d'un mémoire sur le genre Dactycolyte, par M. Edouard Van Beneden,"et
nomination de commissaires, 4ô6; Ichneumonologica documenta , com-
munication par M. G. Wesmael, 441, note additionnelle à ce travail, par
le même, 557; considérations verbales sur les baleines, par M. P.-J.Van
Beneden, 513. sur quelques mammifères du crag d'Anvers, discours de
M. le vlc Du Bus, 562; rapport de M. Th. Lacordaire au nom du. jury
chargé déjuger la quatrième période quinquennale des sciences natu-
relles, 578.
3 2044 093 257 004
Date Due