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Full text of "Bulletins de l'Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique"

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LIBRARY 


OF  THE 
MUSEUM   OF  COMPARATIVE  ZOOLOGY 


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BULLETINS 


DE 


L'ACADEMIE  ROYALE  DES  SCIENCES, 


LETTRES  ET  DES  BEAUX-ARTS  DE  BELGIQUE. 


BULLETINS 


DE 


L'ACADÉMIE  ROYALE 

DES 

SCIENCES,    DES   LETTRES   ET    DES   BEAUX-AUTS 
DE    BELGIQUE. 

TRENTE-SIXIÈME  ANNÉE.—  2-  SÉRIE,  T.  XXIV. 


£  l 


-I 


BRUXELLES. 

M.  MAYEZ,   IMPRIMEUR  DE  L 'ACADÉMIE  ROYALE   DE  BELGIQUE 


1867 


BULLETIN 


DR 


L'ACADÉMIE  ROYALE  DES  SCIENCES, 


DES 


LETTRES  ET  DES  BEAUX-ARTS  DE   BELGIQUE 

1867.  —  N°  7. 


CLASSE    DES    SCIENCES. 


Séance  du  6  juillet   tSGÏ . 

M.  le  vicomte  B.  dl  Bus,  président  de  l'Académie  et 

directeur  de  la  classe. 
M.  Ad.  Quetelet,  secrétaire  perpétuel. 

Sont  présents  :  MM.  d'Omalius  d'Halloy,  Wesmael,  De 
Koninck,  Van  Beneden,  Edm.de  Sel  y  s-Longchamps,  Nyst, 
Gluge,  Nerenburger,  Melsens,  Liagre,  Duprez,  J.-B.  Bras- 
seur, Poelman,  Dewalque,  Ernest  Quetelet,  Spring,  Eug. 
Coemans,  membres;  Schwann,  Aug.  Kekulé,  E.  Catalan, 
associés;  Malaise,  Ed.  Dupont,  correspondu»/*. 

2me  SÉRIE,  TOME  XXIV.  1 


(2  ) 
CORRESPONDANCE. 


M.  le  secrétaire  perpétuel  donne  connaissance  de  la  mort 
de  M.  Rigouts-Yerbert,  directeur  du  Jardin  botanique 
d'Anvers,  qui  depuis  nombre  d'années  collaborait  aux 
observations  des  pbénomènes  périodiques,  pour  les  faits 
observés  à  Anvers  et  insérés  dans  les  recueils  acadé- 
miques. 

L'Académie  pontificale  des  Nouveaux  Lyncées  de  Rome 
remercie  la  Compagnie  pour  ses  publications  et  fait  par- 
venir ses  derniers  travaux. 

La  Société  malacologique,  établie  à  Bruxelles,  fait 
bommage  des  premières  feuilles  du  second  volume  de  ses 
publications  et  demande  l'échange  avec  les  travaux  acadé- 
miques. La  classe  accepte  cet  bommage  et  décide  que 
cette  Société  sera  gratifiée  des  Bulletins  et  de  Y  Annuaire. 

—  M.  Cavalier  transmet  le  résultat  de  ses  observations 
météorologiques  faites  à  Oslende  pendant  le  mois  de  juin 
de  cette  année. 

—  M.  le  docteur  P.  Maestri,  directeur  du  bureau  de 
statistique* d'Italie,  fait  connaître  que  la  sixième  réunion 
du  congrès  international  de  statistique  aura  lieu  celte 
année  à  Florence,  à  partir  du  29  septembre  prochain;  il 
communique,  à  cet  effet,  le  rapport  soumis  à  la  junte 
organisatrice. 

—  M.  Spring,  membre  de  la  classe,  fait  hommage  du 


(3) 

2me  fascicule  du  lome  Ier  de  son  travail,  intitulé  :  Sympto- 
matologie  ou  traité  des  accidents  morbides.  Des  remercî- 
ments  sont  adressés  à  l'auteur. 

—  La  classe  reçoit  les  divers  travaux  manuscrits 
suivants  et  désigne  les  commissaires  chargés  d'en  faire 
l'examen  : 

1°  Théorie  nouvelle  du  mouvement  d'un  corps  solide, 
5me  partie,  par  M.  F.  Folie.  (Commissaires  :  MM.  Brasseur 
et  Steichen.) 

2°  Notice  sur  la  synthèse  de  l'acide  anisique,  de  l'acide 
mélkyloxubenzoïque ,  d'un  krésol  nouveau  et  sur  l'acide 
parasadobenzoïque,  par  M.  le  docteur  W.  Kômer.  (Com- 
missaires :  MM.  Melsens  et  Kekulé.) 

5°  Notice  préliminaire  sur  l'acide  homotarlrique ,  par 
M.  H.  Ronday.  (Commissaire  :  M.  A.  Kekulé.) 

4°  Sur  quelques  transformations  de  l'acide  formoben- 
zoïque,  par  MM.  Glâser  et  Uadziszewsky.  (Commissaires  : 
MM.  Kekulé  et  Stas.) 

5°  Recherches  chimiques  et  physiologiques  concernant 
l'action  des  silicates  alcalins  sur  Céconomie  animale,  par 
M.  Emile  Husson.  (Commissaires  :  MM.  Schwann,  Gluge 
et  Melsens.) 

6°  Exposé  d'un  nouveau  système  de  cartes  géogra- 
phiques, par  M.  P.  Drèze.  (Commissaires  :  MM.  E.  Catalan 
et  Ernest  Quetelet.) 


(  4  ) 

RAPPORTS. 


Sur  la  transformation  spontanée  d'un  cylindre  liquide  en 
sphères  isolées,  par  M.  Félix  Plateau,  docteur  en  sciences 
naturelles. 

Rapport  de  M.  Onpt*ex. 

«  Dans  la  deuxième  série  de  ses  Recherches  sur  les 
figures  d'équilibre  d'une  masse  liquide  sans  pesanteur, 
notre  savant  confrère,  M.  J.  Plateau,  avait  donné  une  théo- 
rie de  la  constitution  des  veines  liquides  lancées  par  des 
orifices  circulaires,  théorie  qui  est  basée  sur  un  principe 
nouveau,  celui  de  la  transformation  spontanée  d'un  cy- 
lindre liquide  en  sphères  isolées,  et  il  avait  démontré  ce 
principe  par  une  suite  d'expériences;  seulement  la  réali- 
sation de  ces  dernières  exigeait  l'emploi  d'instruments 
particuliers.  La  note  que  M.  F.  Plateau  lîls  soumet  au- 
jourd'hui à  l'appréciation  de  l'Académie  a  pour  hut  de  faire 
connaître  un  procédé  très-simple  permettant  de  constater 
ce  même  principe  sans  recourir  à  aucun  appareil  spécial  : 
dans  ses  expériences,  l'auteur  ne  se  sert  que  d'un  (il  ordi- 
naire ou  d'un  fil  métallique  et  du  liquide  auquel  il  veut  ap- 
pliquer son  procédé.  Ces  expériences,  décrites  avec  soin 
dans  la  note,  présentent  de  l'intérêt  autant  par  leur  ex- 
Iréme  simplicité  que  par  l'importance  du  principe  qu'elles 
mettent  si  bien  en  évidence;  elles  sont  un  curieux  complé- 
ment des  recherches  mentionnées  ci-dessus,  et  j'ai  l'hon- 
neur d'en  proposer  à  la  classe  l'insertion  dans  ses  Bulle- 
tins. » 


(S) 


Rapport  rfe  M.  Donuy. 

«  Je  me  juins  à  mon  savant  confrère  pour  demander 
l'impression  de  la  noie  intéressante  de  M.  Félix  Pla- 
teau. » 

La  classe,  conformément  aux  conclusions  des  rappor- 
teurs, décide  l'impression  de  la  note  de  M.  Félix  Plateau 
dans  le  recueil  des  Bulletins. 


Elude  sur  les  carêmes  du  bois  de  Foy,  à  Monlaigle,  par 
M.  Edouard  Dupont,  correspondant  de  l'Académie. 

Rapport  tte  fi.  tVO»natius. 

«  M.  Dupont,  qui  continue  l'exploration  de  nos  cavernes 
dont  il  a  été  chargé  par  le  Ministre  de  l'intérieur,  soumet 
maintenant  à  l'Académie  le  résultat  de  ses  recherches  dans 
les  cavernes  de  Montaiglc,  canton  de  Dînant. 

Outre  qu'il  est  toujours  intéressant  pour  la  science  de 
posséder  le  plus  de  renseignements  possible  sur  les  dé- 
pôts qui  se  trouvent  dans  les  cavernes,  les  observations 
laites  dans  celles  de  Monlaigle  ont  l'avantage  de  confirmer 
la  découverte  que  M.  Dupont  avait  faite  à  Walzin  et  qui 
annonçait  que  l'homme  avait  habité  dans  nos  contrées  à 
l'époque  dite  du  mammouth.  Elles  ont  aussi  permis  à  l'au- 
teur de  donner  desdélails  sur  l'industrie  et  l'alimentation 
des  hommes  de  celte  époque  ainsi  que  de  ceux  de  I  âge 


(  6) 

du  renne  qui  ont  fréquenté  les  cavernes  de  Montaigle  après 
ceux  de  Tàge  du  mammouth. 

Le  mémoire  est  accompagné  de  quatre  planches;  l'une 
donne  la  vue  extérieure  des  cavernes,  la  seconde  contient 
des  coupes  géologiques  et  les  deux:  autres  représentent  les 
principaux  instruments  dont  se  servaient  les  hommes  de 
l'âge  du  mammouth,  lesquels  sont  différents  de  ceux  de 
l'âge  du  renne. 

J'ai  l'honneur  de  proposer  à  la  classe  d'ordonner  l'im- 
pression dans  le  Bulletin  du  mémoire  et  des  planches  qui 
l'ont  le  sujet  du  présent  rapport.  » 


Mtapport  de  M.  Tan  Mie  nette  h. 

«  Je  partage  complètement  l'avis  de  notre  illustre  con- 
frère, M.  d'Omalius,de  proposera  la  classe  d'ordonner 
l'impression  du  mémoire  et  des  planches  de  M.  E.  Dupont. 
Je  ferai  seulement  observer  que  je  ne  trouve  pas  du  tout, 
dans  les  faits  que  l'auteur  expose,  la  preuve  que  le  renne 
et  le  cheval  vivaient  à  l'état  sauvage.  Jusqu'à  présent  rien 
ne  prouve  que  ces  espèces  aient  eu  leur  berceau  dans  nos 
régions  tempérées;  comme  tous  les  autres  solipèdes  sont 
asiatiques  ou  africains ,  nous  ne  doutons  pas  que  le  che- 
val ne  soit  originaire  des  régions  où  il  conserve  encore  au- 
jourd'hui toute  sa  beauté  primitive.  Il  est  probable  que  ces 
animaux  étaient  abattus,  quand  on  ne  pouvait  plus  en  tirer 
aucun  profit  comme  hèles  de  somme  ou  comme  bètes  de 
trait,  et  que  ces  hommes  des  grottes  apportaient  dans  leur 
retraite,  non  le  cadavre  entier,  mais  les  parties  qu'ils  pou- 
vaient utiliser.  On  ne  doit  pas  supposer  qu'ils  abattaient 


(7) 
les  animaux  dans  leur  repaire,  mais  qu'ils  y  portaient  la 
chair  et  les  abattis  comme  pour  les  animaux  tués  à  la 
chasse. 

J'ai  à  faire  une  autre  remarque.  La  faune  de  la  couche 
10  comprend  des  restes  tVUrsus  spelaeus  et  ô'Hyaena  spe- 
laea  et  les  silex  sont  taillés  en  forme  de  couteau.  Ces  silex 
en  couteau  sont  ceux  que  l'on  trouve  à  une  époque  posté- 
rieure à  l'extinction  de  l'ours  et  de  l'hyène.  J'aurais  désiré 
que  M.  Dupont  consacrât  quelques  lignes  à  cet  apparent 
anachronisme  et  qu'il  nous  eût  fait  connaître  si  les  cail- 
loux qui  accompagnent  ces  restes  sont  ou  anguleux  ou  ar- 
rondis. 

Je  lui  demanderai  enfin  d'examiner  si  la  ligure  J , 
planche  IV,  n'est  pas  plutôt  une  navette  qu'une  pointe  de 
(lèche,  navette  pareille  à  celle  que  la  mode  a  mise  de  nou- 
veau entre  les  mains  des  dames.  » 

Le  second  commissaire,  M.  Van  Beneden,  ayant  for- 
mulé les  mêmes  conclusions,  la  classe  vote  l'impression 
du  travail  de  M.  Ed.  Dupont  et  charge  M.  le  secrétaire  per- 
pétuel de  lui  soumettre,  à  une  prochaine  séance,  un  devis 
estimatif  pour  l'exécution  des  planches  qui  s'y  trouvent 
jointes. 


(  8) 


Sur  les  dérivés  par  addition  du  l'acide  i laconique  et  de  ses 
isomères  (2,m!  partie);  par  M.  Swarts. 

Rapport  de   MM.    Hrlinlf. 

«  La  noie  que  M.  Swarts  vient  de  présenter  à  la  classe 
est  une  continuation  du  beau  travail  que  le  même  auteur 
a  communiqué  à  l'Académie  en  mai  1866,  et  qui  a  été  im- 
primé dans  les  Bulletins. 

En  poursuivant  ses  recherches  sur  les  dérivés  pyro- 
génés  de  l'acide  citrique,  l'habile  chimiste  est  parvenu  à 
échanger  le  chlore  des  acides  chlorés  qu'il  avait  préparés 
par  l'action  de  l'acide  chlorhydrique  sur  les  acides  itaco- 
nique,  citraconique  et  mesaconique,  contre  le  reste  H-EK 
provenant  de  l'eau.  Il  a  obtenu  ainsi  des  acides  homo- 
logues de  l'acide  malique.  Il  a  examiné  cette  transforma- 
tion surtout  pour  l'acide  itaconique,  et  il  a  trouvé  que 
l'acide  ita-chloropyrotartrique  échange  tantôt  le  chlore 
contre  le  groupe  hydroxyle,  et  tantôt  perd  de  l'acide 
chlorhydrique.  La  première  métamorphose  donne  nais- 
sauce  à  un  acide  triatomique  et  bibasique,  que  l'auteur 
désigne  sous  le  nom,  acide  ita-malique,  et  qui  par  l'action 
de  la  chaleur  perd  de  l'eau  pour  se  transformer  en  acide 
itaconique.  Le  produit  de  la  seconde  métamorphose  a  reçu 
le  nom  d'acide  para  conique;  il  a  la  même  composition  que 
l'acide  itaconique  et  ses  isomères,  mais  il  est  monobasique 
seulement,  et  plusieurs  de  ses  sels  peuvent  facilement  se 
combiner  aux  éléments  de  l'eau  pour  se  transformer  en 
ita-malates.  L'acide  paraconique  parait  donc  être  pour 
l'acide  itamalique  ce  que  l'acide  métaphosphorique  esl 


(9) 
pour  l'acide  orthophosphorique,  ou  ce  que  l'acide  téré- 
bique  est  à  l'acide  dialérébique. 

L'ensemble  de  la  note  répond  à  toutes  les  exigences; 
les  deux  acides  nouveaux,  ainsi  que  leurs  sels,  sont  soi- 
gneusement décrits;  leur  composition  est  établie  par  de 
nombreuses  analyses  (57  dosages). 

L'auteur  de  la  note  n'entre  dans  aucune  spéculation 
théorique  sur  la  constitution  probable  des  substances  qu'il 
a  examinées;  il  se  contente  de  donner  un  rapprochement 
de  formules,  destiné  à  montrer  l'analogie  des  dérivés  avec 
les  substances  qui  les  engendrent.  Dans  ce  tableau  il 
représente  les  acides  itaconique,  citraconique  et  mesaco- 
nique  par  les  formules  que  le  rapporteur  lui-même  a 
employées  en  48(>o;  mais  il  fait  en  même  temps  ses  ré- 
serves, en  déclarant  que  ces  formules  ne  sont  nullement 
destinées  à  indiquer  ses  idées  sur  le  groupement  des 
atomes  dans  la  molécule. 

Nous  ferons  remarquer  qu'à  l'époque  même  de  leur 
publication  ces  formules  avaient  plutôt  pour  but  de  donner 
une  image  de  la  différence  de  ces  trois  acides,  que  de 
représenter  l'enchaînement  des  atomes  qui  les  composent. 
Ce  dernier  sujet,  en  effet,  n'était  guère  abordable  à  celle 
époque;  il  l'est  devenu  depuis,  grâce  aux  recherches  de 
M.  Swarls.  Votre  rapporteur  croit  devoir  consigner  ici  les 
idées  qu'il  se  fait  actuellement  sur  les  trois  acides  pyro- 
génés  de  l'acide  citrique;  il  est  heureux  de  dire  que  ces 
idées  sont  en  même  temps  celles  de  M.  Swarts  et  les 
siennes  propres. 

J'exposerai  donc  les  considérations  suivantes  en  notre 
nom  commun. 

Si,  en  discutant  l'isomérie  des  acides  de  la  formule  de 
l'acide  itaconique,  on  ne  considère  (pie  les  cas  où  l'oxy- 
gène se  trouve  en  combinaison  avec  les  deux  atonies  de 


(  10) 
carbone  qui  terminent  la  chaîne  et  si,  de  plus,  on  néglige 
les  acides  secondaires  et  tertiaires,  on  arrive,  ainsi  qu'il  a 
déjà  été  indiqué  par  d'autres,  à  concevoir  l'existence  de 
quatre  modifications  isomériques.  Ces  quatre  modifica- 
tions peuvent  se  représenter  par  les  formules  suivantes: 

I.  2.  3.  4. 

C-O-OH  GO  OH  GO01I  G  O  O II 

!  I  I  ! 

€  H  H  €  .  .  G  H  .  G  H  . 

I  I  i  l 

G  .  .  G  HH  G  H  .  G  H  II 

I  I  I  I 

CHU  GHH  GHH  GH. 

I  I  I  I 

GOOH  GOOH  GO  OH  GOOH 

Dans  ces  formules  on  a  indiqué  par  des  points  la  posi- 
tion des  lacunes  ou  affinités  à  saturer.  Dans  les  deux  pre- 
miers cas,  un  atome  de  carbone  porte  deux  lacunes,  mais 
occupe  une  position  différente;  tandis  que  pour  les  deux 
autres  les  deux  lacunes  sont  réparties,  de  manière  à  ce 
que  deux  atomes  de  carbone  aient  chacun  une  affinité  non 
saturée.  Pour  ces  deux  derniers  cas,  ainsi  que  pour  tous 
les  cas  analogues,  on  pourrait ,  et  avec  plus  de  probabilité, 
nous  parait-il,  admettre  que  les  deux  atomes  de  carbone 
se  trouvent  en  combinaison  plus  intime.  Les  formules  5 
et  4  prendraient  alors  la  forme  suivante  : 

3.  1. 

C  O-  O-  H  G  O  O  II 

I  I 

G  H  G  II 

II  I 

C  II  G  11  11 

I  I 

C  II  II                     G 

I  I 

G  O  O  II  C  -O-  O  H 


(  11  ) 

Si  maintenant,  en  discutant  les  métamorphoses  de  ces 
corps,  nous  cherchons  à  appliquer  ces  spéculations  aux  trois 
acides  pyrogénés  de  l'acide  citrique,  nous  trouvons  que  la 
première  des  quatre  formules  données  s'applique  à  l'acide 
itaconique,  la  seconde  à  l'acide  citraconique,  la  troisième 
à  l'acide  mésaconique.  La  plupart  des  faits  connus  jusqu'à 
ce  jour  s'expliquent  aisément  dans  cette  manière  de  voir. 

On  conçoit  d'abord  que  les  trois  modifications  de  l'acide 
pyrotartrique  bibromé  doivent  être  représentées  par  les 
formules  suivantes  : 

Acide  itabibromo-  Acide  citra-  Acide  mésa- 

pyrotartrique.  bibromo-pyrolartrique.        bibromo-pyrolartriqw. 

€^^H  GO«>H  G^OH 

I  I  I 

€  H  H  G  Br  IV  G  H  Dr 

i  I 

G  Br  Br  GHH  G  H  lir 

I  I  I 

GHH  €HH  (Il  H 

I  I  I 

G«>OH  Gefl-ll  G  a  atl 

L'acide  ita-bibromopyrolar trique  donne  naissance  à  de 
l'acide  aconique.  Les  deux  atomes  de  brome  se  com- 
binent à  deux  atomes  d'hydrogène;  deux  molécules  d'acide 
bromhydrique  s'éliminent,  et  les  trois  atomes  de  carbone, 
qui  forment  le  centre  de  la  molécule,  se  soudent  ensemble 
dune  manière  plus  intime.  On  a  : 

Acide  Acide 

itabibromo-pyrotartrique.  aconique. 

GO{>H  G-0--G-II 

I  ! 

GHH  G  H 

I  II 

G  Br  Br  £ 

I  II 

GHH  G  II 

I  I 

CO^-H  G  -9-  -O-  H 


(  12  ) 

Les  doux  modifications  de  l'acide  bibromopvrotartrique, 
préparées  Tune  de  l'acide  citraconique,  l'autre  de  l'acide 
mesaconique,  fournissent  toutes  les  deux  de  l'acide  mono- 
bromocrotonique.  Ces  réactions  s'expliquent  par  les  for- 
mules suivantes,  dans  lesquelles  on  a  marqué  d'une  acco- 
lade les  éléments  qui  s'éliminent  sous  forme  d'acide 
brombvdrique  : 

Acide  citrabibromo-  Acide  Acide  mesa- 

pyrolar  trique.  monobromo-crolonique.         bibromo-pyrotartrique. 

GO  OH  H.  GOOH 

i  I  I 

CPwBri  GBr  G  Br  Hl 


II  H    S 


G  II  H    J  €  II  G  H  Br 

I  I  I 

G  H  II  G  H  II  G  H  II 

i  I  I 

GOOH  GOOH  GOOH 

Un  autre  fait  encore  s'explique  aisément  dans  notre 
manière  de  voir,  c'est  la  facilité  avec  laquelle  l'acide  itaco- 
nique  et  l'acide  citraconique  se  transforment  en  acide 
mesaconique.  Considérons  les  transformations  opérées  par 
l'acide  biomlivdrique.  Les  lacunes  se  comblent  d'abord, 
et  il  s'élimine  ensuite  de  l'acide  bromhydriquc;  mais  pour 
la  formation  de  cet  acide  le  brome  prendra  un  autre  atome 
d'hydrogène  que  celui  avec  lequel  il  est  entré.  On  aura  : 


Acide  ila-monobromo- 

Acide  cilra- 

Acide 

pyrotartrique. 

monob 

romo-pyrolartriqué. 

mesaconique. 

g  o  o  h 

1 

G  <>  O-  II 

GO- OH 

<:  il  H   > 

\WBr] 

G  H 

II 

G  II 

i 

G  11   lw   1 

G  II  II    1 

€  Il  II 

i 

G  II  II 

I 
G  II  H 

i 

! 

<  o  on 

G  O  O  II 

1 

G  O  O  II 

(  15  ) 

(Les  éléments  de  l'acide  bromhydrique ,  qui  s'élimine, 
sont  marqués  par  l'accolade;  ceux  de  l'acide  bromhy- 
drique qui  entre,  par  des  astérisques;  ils  correspondent 
aux  lacunes  des  acides  générateurs.) 

Les  acides  itaconique  et  citraconique,  qui  sont  à  lacunes, 
ont  une  tendance  à  se  transformer  en  acide  mésaconique, 
lequel,  n'ayant  pas  de  lacunes,  mais  contenant  le  carbone 
en  combinaison  plus  intime,  est  la  modification  la  plus 
stable  des  trois.  Le  fait  de  la  transformation  des  deux 
acides  isomériques  en  acide  mésaconique  possède  une 
liante  importance  encore  à  un  autre  point  de  vue;  il 
prouve  que  l'acide  mésaconique  doit  nécessairement  être 
représenté  par  la  troisième  et  non  par  la  quatrième  des 
formules  données  plus  haut.  On  conçoit,  en  effet,  qu'un 
acide  de  cette  quatrième  formule  pourrait  bien  prendre 
naissance  de  l'acide  citraconique ,  mais  non  pas  de  l'acide 
itaconique. 

Rappelons,  en  dernier  lieu,  que  les  acides  itaconique  et 
citraconique  se  combinent  beaucoup  plus  facilement  par 
addition  que  ne  le  fait  l'acide  mésaconique.  Ce  fait  encore 
s'explique  par  notre  manière  de  voir,  car  on  peut  certai- 
nement admettre,  en  principe,  que  la  combinaison  se  fait 
plus  facilement  quand  il  y  a  des  lacunes  à  combler,  que 
quand  les  éléments,  pour  entrer,  doivent  partiellement 
délier  les  atomes  de  carbone  qui  sont  combinés  par  deux 
affinités. 

Les  principes  de  ces  spéculations  s'appliquent  naturel- 
lement à  tous  les  cas  analogues.  Pour  ce  qui  concerne, 
par  exemple,  les  acides  fumarique  et  maléique,  on  regar- 
dera le  premier  comme  analogue  et  réellement  homologue 
à  l'acide  mésaconique,  en  y  admettant  le  carbone  en  corn- 


(  14  ) 

binaison  plus  intime.  L'acide  maléique,  au  contraire,  sera 
regardé  comme  un  corps  à  lacunes,  analogue  aux  acides 
ilaconique  et  citraconique;  il  donne,  en  effet,  plus  facile- 
ment des  combinaisons  additionnelles  que  son  isomère 
l'acide  fumarique. 

Les  considérations  qui  précèdent  reposent  en  grande 
partie  sur  des  faits  trouvés  par  M.  Swarls;  on  conçoit  donc 
que  les  résultats  auxquels  est  parvenu  ce  chimiste  ne 
présentent  pas  seulement  l'intérêt  de  faits  nouveaux;  ils 
ont  une  importance  d'un  ordre  plus  élevé,  ils  nous  per- 
mettent de  faire  un  pas  de  plus  vers  la  connaissance  de  la 
structure  atomique  des  substances,  problème  principal  qui 
occupe  actuellement  les  chimistes. 

D'après  ce  que  je  viens  de  dire,  la  classe  n'hésitera  pas, 
j'espère,  à  ordonner  l'impression  du  nouveau  travail  de 
M.  Swarls  dans  les  Bulletins  de  l'Académie  et  de  voter  des 
remercîments  à  l'auteur.  » 


Recherches  sur  quelques  dérivés  de  l'acide  cinnamique 
(2mc  partie);  par  M.  Glaser. 

Rapport  de  M.   HehuMé. 

a  On  se  rappelle  le  beau  mémoire  que  M.  le  docteur 
Glaser  a  présenté  à  l'Académie  dans  sa  séance  du  5  no- 
vembre 18G6.  Il  avait  démontré  que  l'acide  phényl-bibro- 
mopropioniquc,  engendré  par  l'action  du  brome  sur  l'acide 
phénvl-acrvlique  (acide  cinnamique)  peut,  en  se  dédou- 
blant, donner  naissance  à  deux  acides  phényl-monobronin- 


(  13  ) 
acryliques  isomères.  Il  avait  trouvé,  en  outre,  que  l'acide 
phényl-propionique  (acide  hydrocinnamique)  soumis  à  l'in- 
fluence du  brome,  donne  tantôt  des  produits  de  substitu- 
tion ,  et  tantôt  régénère  l'acide  phényl-acrylique. 

La  nouvelle  note,  sur  laquelle  nous  avons  à  nous  pro- 
noncer aujourd'hui,  contient  la  continuation  de  ces  re- 
cherches. M.  Glaser  fait  voir  que  l'acide  phényl-acrylique 
(acide  cinnamique)  peut  aussi   se  combiner  directement 
avec  les  acides  hypochloreux  et  hypobromeux.  Ces  produits 
d'addition,  que   l'on  doit  désigner  par  les  noms  :  acide 
phényl-monochlorolactique  et  acide  phényl-monobromo- 
lactique,   se  transforment,  par    substitution  inverse,  en 
acide  phényl- lactique.  Soumis  à  l'influence  des  hydra- 
cides,  ils  échangent  le  groupe  HO-  contre  le  corps  halogène 
de  Phydracide  employé;  l'acide  phényl  -lactique  engendre 
ainsi   les  acides  phényl-chloropropionique  et  phényl-bro- 
mopropioniquc;  les  produits  de  substitution  de    l'acide 
phényl -lactique   donnent   naissance  aux  acides  phényl- 
bichloropropionique,  phényl- bibromopropioniq ne  et  phé- 
nyl-chlorobromo-propionique.    Ces  mêmes   produits  de 
substitution ,  décomposés  dans  d'autres  conditions,  perdent 
les  éléments  de  l'acide  chlorhydrique  ou  bromhydrique 
pour  se  transformer  en  acide  phényl-pyruvique. 

On  voit  par  ce  résumé,  dans  lequel  nous  n'avons  pu 
consigner  que  les  résultats  les  plus  importants,  que  le 
mémoire  de  M.  Glaser  est  riche  en  faits  nouveaux,  et  qu'il 
formera  une  page  importante  dans  l'histoire  des  acides 
aromatiques.  Il  ne  décrit  pas  moins  de  dix  nouveaux 
acides;  il  fait  connaître  leurs  formations,  leurs  propriétés 
et  leurs  transformations.  Les  méthodes  de  préparation 
sont  indiquées  avec  tous  les  détails  désirables;  les  acides 
et  leurs  sels  sont  décrits  d'une  manière  minutieuse.  De 


(  *6  ) 
nombreuses  analyses,  —  il  n'y  a  pas  moins  de  quarante- 
six  dosages,  —  établissent  la  composition  des  substances 
décrites. 

Le  dernier  chapitre  du  mémoire  démontre  que  les  sub- 
stances découvertes  par  M.  Glaser  n'ont  pas  seulement  les 
attraits  de  corps  nouveaux,  mais  qu'elles  offrent  en  même 
temps  un  grand  intérêt  théorique.  Ce  chapitre  est  con- 
sacré à  des  spéculations  théoriques  sur  la  constitution  de 
l'acide  cinnamique  et  de  ses  dérivés.  L'acide  cinnamique 
est-il  un  corps  à  lacunes,  ou  deux  des  atomes  de  carbone, 
qui  constituent  la  chaîne  latérale,  sont-ils  en  combinaison 
plus  intime?  L'auteur  discute  la  valeur  relative  de  ces 
deux  hypothèses  et  il  s'arrête  à  la  première,  comme  étant 
la  plus  probable.  Nul  ne  pourrait  contester  la  logique  de  ses 
raisonnements,  et  on  sera  forcé  d'avouer  que  l'hypothèse 
de  l'auteur  explique  d'une  manière  aussi  simple  qu'élégante 
les  faits  qu'il  décrit  dans  la  note  actuelle.  Cette  hypothèse 
doit-elle,  par  cela  même,  être  regardée  comme  l'expres- 
sion vraie  de  la  constitution  de  l'acide  cinnamique?  Nous 
en  doutons.  Si  elle  rend  aisément  compte  des  faits  consi- 
gnés dans  la  note  actuelle,  elle  ne  s'applique  pas  avec  la 
même  facilité  à  quelques  réactions  que  M.  Glaser  a  fait 
connaître  dans  son  mémoire  antérieur.  On  s'explique  dif- 
ficilement que  l'acide  phényl-bibromopropionique  puisse 
donner  naissance  à  deux  acides  phényl-monobromacry- 
liques  isomères;  plus  difficilement  encore  que  ces  deux 
acides,  en  se  combinant  avec  le  brome,  engendrent  deux 
modifications  isomères  de  l'acide  phényl-tribromopropio- 
nique. 

En  cou  lin  uanl  ses  recherches,  l'auteur  arrivera  très- 
probablement  à  la  solution  définitive  du  problème.  Votre 
rapporteur  croit  ne  pas  devoir  anticiper  sur  les  publica- 


(  17  ) 
tions  de  M.  Glaser,  qui  annonce ,  dès  maintenant,  une  troi- 
sième partie  à  son  travail  sur  les  dérivés  de  l'acide  cin- 
namique. 

Il  résulte  de  ce  que  je  viens  de  dire,  que  je  ne  puis 
hésiter  un  instant  à  proposer  à  la  classe  d'ordonner  l'im- 
pression du  beau  travail  de  M.  Glaser  dans  les  Bulletins 
de  l'Académie,  et  de  voter  des  remercîments  à  l'auteur.  » 


Rapport  de  M.  Slas. 

«  J'ai  l'honneur  de  proposer  l'impression ,  dans  le  But- 
letin  de  la  séance,  des  notes  de  M.  Swarts  et  de  M.  Glaser, 
et  de  voter  des  remercîments  aux  auteurs.  » 

Conformément  aux  conclusions  présentées  par  les  deux 
commissaires,  la  classe  ordonne  l'insertion  au  Bulletin  de 
la  séance  des  notices  de  MM.  Swarts  et  Glaser. 


COMMUNICATIONS  ET  LECTURES. 


M.  Melsens  fait  une  communication  formant  suite  à  un 
précédent  travail,  consacré  à  des  recherches  sur  les  fer- 
mentations, et  particulièrement  sur  les  levures  de  bière; 
il  ne  désire  point  encore  donner  de  la  publicité  à  ces  re- 
cherches et  se  borne  à  demander  le  dépôt  d'une  note  ren- 
fermant quelques-uns  des  résultats  auxquels  il  est  arrivé. 
Le  dépôt  de  la  nouvelle  note  est  accepté. 

2me  SÉRIE,  TOME   XXI1F.  2 


(  *8  ) 


Bolide  observé  h  II  juin  1867;  communication  de 
M.  Ad.  Quetelet,  directeur  de  l'Observatoire. 

Le  mardi,  11  juin  1867,  à  8"  15m  du  soir,  temps  moyen, 
d'après  les  renseignements  qui  m'ont  été  donnés  par 
M.  Edmond  Marchai,  un  bolide  a  parcouru  obliquement 
la  partie  sud  du  ciel,  en  prenant  naissance  à  55  degrés 
environ  de  hauteur,  à  droite  et  un  peu  au-dessous  de  la 
lune  qui  venait  de  traverser  le  méridien;  il  s'est  éteint  à 
près  de  10  degrés  de  l'horizon  en  laissant  une  traînée 
lumineuse  dirigée  du  NE.  vers  le  SE.  La  marche  de 
ce  météore  était  assez  lente  pour  qu'on  en  pût  suivre  la 
trace  pendant  2  à  5  secondes  de  durée.  La  forme  était 
régulière,  sauf  une  partie  terminale  par  laquelle  s'échap- 
pait une  traînée  d'étincelles.  Le  mouvement  s'opérait  avec 
des  trépidations  et  semblait  se  faire  dans  un  milieu  résis- 
tant. La  couleur  du  météore  était  d'un  jaune  légèrement 
rougeatre  et  la  traînée  blanchâtre.  La  grandeur  du  noyau 
peut  être  évaluée  au  dixième  du  diamètre  de  la  lune.  Ce 
phénomène  s'est  éteint  sans  explosion. 

Ce  météore,  qui  m'avait  été  signalé  aussi  par  le  frère 
Alexis  M.  ***,  de  l'école  normale  de  Carlsbourg  (Luxem- 
bourg), a  été  aperçu  dans  plusieurs  localités  du  pays,  no- 
tamment à  Gand,  par  M.  A.-L.  Neyt,  à  Liège,  à  Stavelot, 
ainsi  qu'à  Namur.  Les  divers  éléments  d'observation  de 
ces  localités  concordent  entre  eux  et  sont  identiques  à  ceux 
donnés  pour  l'observation  faite  à  Bruxelles. 


(  *»  ) 


Orage  remarquable  à  Garni  dans  la  nuit  du  2  au  5  juin 
1867',  communication  de  M.  Ad.  Quetelet,  directeur  de 
l'Observatoire. 

Un  orage  violent  a  éclaté  sur  Gand  dans  la  nuit  du  2  au 
o  juin  dernier.  Voici  à  ce  sujet  quelques  détails  qui  m'ont 
été  transmis  par  M.  A.-L.  Neyt  de  celle  ville. 

Le  2  juin,  à  9h  55m  du  matin,  l'état  météorologique 
élail  : 

Baromètre  (Fortin  ,  non  corrigé  (1) T6Imm,3; 

Thermomètre  du  baromètre 22»,0C.;' 

Thermomètre  sec 23\4C; 


Psvchromèlre.    , 

humide.     .     .     .         i8»f5C. 

Direction  du  vent  à  la  hauteur  des  édifices,  léger  du  NNE. 


Quelques  cirrhus  très-1'aibles  dans  les  hautes  régions  de 
l'atmosphère  n'indiquaient  aucun  courant  appréciable. 

Vers  4  heures  de  relevée  le  ciel  se  couvrit  aux  4/io'nes  de 
cirrhus  prenant  par  moments  la  l'orme  de  petits  nimbus; 
les  indications  météorologiques  étaient  : 

Baromètre,  non  corrige 7r>8mn,,7 

Thermomètre  du  baromètre  .     .     .     .        23°,5 
Température  de  l'air 25°,2 

Un  vent  inférieur  souillait  du  NNE.,  tandis  que  la  direc- 
tion des  nuages  indiquait  le  plein  S.  Le  ciel  continua  à 


(1)  La  cuvette  du  baromètre  se  trouve  à  20  mètres  au-dessus  de  la 
basse  mer  d'Oslende. 


(20) 
se  couvrir  peu  à  peu  et  à  10  heures  du  soir  les  étoiles 
étaient  invisibles.  A  minuit  des  éclairs  lointains  se  mani- 
festèrent, et  à  2  heures  l'orage,  accompagné  d'une  pluie 
torrentielle,  mais  sans  vent  sensible,  grondait  avec  violence. 

Vers  G  heures  du  matin  une  trombe  violente,  accom- 
pagnée d'une  pluie  diluvienne  et  d'une  forte  grêle,  passa 
par  ma  maison  d'habitation  située  sur  la  coupure  du  canal 
de  Bruges  et  déracina,  sur  un  espace  de  50  mètres,  quatre 
arbres  d'une  quarantaine  de  pieds  de  hauteur  et  du  dia- 
mètre de  45  centimètres.  Les  mottes  de  terre  et  de  ra- 
cines soulevés  mesurent  de  lm,80c  à  5  mètres  de  long 
sur  1  mètre  de  hauteur  environ.  Au  plus  fort  du  phéno- 
mène j'ai  pu  constater,  à  la  hâte,  que  le  baromètre  n'était 
pas  descendu  au  delà  de  752  millimètres. 

Après  la  pluie,  le  pluviomètre  totaliseur,  libre  de  tous 
côtés,  installé  sur  la  plate-forme  de  ma  maison,  marquait 
12mm,7  depuis  minuit  jusqu'à  6  heures  du  matin. 

Les  éléments  météorologiques  à  9h  5m  du  matin  indi- 
quaient : 

Baromètre 753mm,3 

Thermomètre  du  baromètre 2:2,4 

„      .        .,       (  Thermomètre  sec 24,1 

Psychrometre.  J  humide  ^ 

Température  minimum 1 6,0 

—         maximum ? 

Le  vent  supérieur  et  inférieur  soufflait  très-faiblement 
du  SO.  Le  ciel  était  couvert  d'un  léger  voile  sillonné  par 
quelques  cirrhus. 


(21  ) 


Sur  la  transforma  lion  spontanée  d'un  cylindre  liquide  en 
sphères  isolées,  par  M.  Félix  Plateau,  docteur  en  sciences 
naturelles. 

Dans  la  deuxième  série  de  ses  recherches  sur  les  figures 
d'équilibre  d'une  masse  liquide  sans  pesanteur,  mon  père 
a  montré  qu'un  cylindre  liquide  très-allongé,  ou,  plus  gé- 
néralement, toute  figure  liquide  dont  une  dimension  est 
considérable  relativement  aux  deux  autres,  se  transforme 
toujours  spontanément  en  une  suite  de  sphères  isolées, 
et  c'est  sur  ce  principe  qu'il  a  fondé  la  théorie  de  la  con- 
stitution des  veines  liquides  lancées  par  des  orifices  circu- 
laires. Mais  ses  expériences  exigent  des  instruments  par- 
ticuliers; or,  le  hasard  m'a  mis  sur  la  voie  d'un  procédé 
extrêmement  simple,  qui  permet  de  constater  le  phéno- 
mène sans  aucun  appareil  spécial. 

A  l'extrémité  d'un  fil  de  coton  i\n,  bien  uni,  de  0mm,2  de 
diamètre  environ  et  de  50  centimètres  de  longueur,  on 
fixe  un  poids  de  quelques  grammes;  après  avoir  mouillé 
soigneusement  le  fil  avec  de  l'eau  en  le  frottant  dans  ce 
liquide  pourchasser  l'air  adhérent,  on  le  laisse  descendre, 
en  le  tenant  par  l'extrémité  libre,  dans  un  vase  plein 
d'eau  de  40  centimètres  de  hauteur;  on  le  retire  ensuite 
bien  verticalement  avec  une  vitesse  aussi  uniforme  que 
possible,  en  laissant  cependant  l'extrémité  inférieure 
plongée  dans  le  liquide;  le  temps  employé  à  cette  opéra- 
tion doit  n'être  que  de  cinq  ou  six  dixièmes  de  seconde. 
On  voit  alors  le  fil  garni,  sur  toute  la  longueur  qui  a  été 
plongée,  d'une  série  de  petites  perles   d'eau  allongées, 


(  22  ) 

« 

assez  régulièrement  espacées,  et  dont  les  centres  sont  à 
une  distance  de  5  millimètres  à  peu  près  les  uns  des  autres. 

Si  le  fil  est  maintenu  suffisamment  immobile,  les  perles 
liquides  peuvent  rester  dans  leurs  positions  respectives 
pendant  une  dizaine  de  secondes;  au  bout  de  ce  temps, 
plusieurs  d'entre  elles  descendent  et  viennent  s'unir  et  se 
confondre  avec  celles  qui  sont  placées  plus  bas,  de  sorte 
que  les  distances  entre  ces  petites  masses  deviennent  plus 
grandes,  et  que  leur  diamètre  augmente.  Cette  altération, 
qui  amène  finalement  tout  le  liquide  au  bas  du  fil,  est 
d'abord  lente  et  s'accélère  à  mesure  que  les  perles  devien- 
nent plus  volumineuses. 

Avec  un  fil  plus  gros  ou  une  vitesse  d'émersion  plus 
considérable,  les  masses  liquides  sont  plus  grandes,  plus 
espacées,  et  l'altération  commence  presque  immédiate- 
ment. 

Veut-on  rendre  le  phénomène  plus  régulier  encore,  et 
en  même  temps  plus  aisé  à  observer,  on  emploiera  de 
même  un  fil  de  coton  fin  muni  d'un  poids,  mais,  au  lieu 
d'eau,  on  se  servira  d'huile  d'olive.  Dans  le  cas  de  ce 
liquide  visqueux,  il  faut  retirer  le  fil  bien  imbibé  et  purgé 
d'air  avec  une  vitesse  plus  faible,  et,  lorsque  son  émer- 
sion  est  complète,  moins  l'extrémité  inférieure  qui  doit 
rester  plongée,  on  fera  bien  de  le  fixer  par  le  bout  libre 
à  un  support  quelconque  qui  surplombe  le  vase.  Le  fil  est 
alors  couvert  de  perles  comme  dans  l'expérience  précé- 
dente, mais  elles  sont  disposées  avec  une  régularité 
presque  parfaite;  leur  diamètre  est  d'environ  0mm,o,  les 
distances  respectives  de  leurs  centres  de  2mm,5,  et  l'on  en 
compte  près  de  cent  sur  un  fil  de  25  centimètres  de  lon- 
gueur. Ce  petit  collier  d'une  délicatesse  extrême  persiste 
sans  changements  notables  pendant  30  secondes;  les  alté- 


(  25  ) 
râlions  qui  se  manifestent  après  ce  laps  de  temps  sont 
très-lentes  et  très-faibles,  et  ce  n'est  guère  qu'après  une 
dizaine  de  minutes  qu'elles  modifient  sensiblement  l'as- 
pect de  l'ensemble. 

Si  les  forces  capillaires  qui  déterminent  la  transforma- 
lion  des  figures  liquides  allongées  n'existaient  pas,  le  fil, 
qui  entraîne  avec  lui  une  certaine  quantité  de  liquide,  se 
montrerait  simplement,  après  sa  sortie,  recouvert  d'une 
couche  liquide  constituant  autour  de  lui  une  figure  sensi- 
blement cylindrique;  mais  les  forces  dont  il  s'agit  étant 
continuellement  en  présence,  ce  cylindre  liquide  au  fur  et 
à  mesure  de  la  sortie  du  fil,  obéit  à  leur  action  et  les  pe- 
tites perles  se  forment  ainsi  rapidement  les  unes  après  les 
autres  pendant  l'ascension.  Ces  petites  masses  tendent  à 
constituer  des  sphères,  mais  le  fil  qui  les  traverse  les 
oblige  à  prendre  une  forme  un  peu  plus  allongée,  et  elles 
constituent  en  réalité  des  portions  de  la  figure  que  mon 
père  a  nommée  onduloïde. 

Dans  les  expériences  ci-dessus,  la  transformation  est 
successive,  ainsi  que  je  l'ai  dit,  mais  il  est  facile  de  faire 
en  sorte  qu'elle  s'opère  simultanément  sur  toute  la  lon- 
gueur du  fil.  Il  suffit  pour  cela  d'employer  un  iil  horizon- 
tal au  lieu  d'un  Iil  vertical.  Le  fil  d'une  vingtaine  de  cen- 
timètres de  longueur  est  tendu  entre  les  extrémités  d'un 
petit  arc  en  bois  dont  il  forme  la  corde  et  le  liquide  est 
versé  dans  un  plat.  De  cette  manière ,  après  que  le  fil  a  été 
bien  mouillé  et  plongé  dans  le  liquide,  on  peut  le  retirer 
en  le  maintenant  dans  une  position  horizontale.  Les  pe- 
tites perles  apparaissent  alors  toutes  à  la  fois  et  persistent 
indéfiniment  dans  leur  disposition  pourvu  que  l'horizonta- 
lité du  fil  soit  conservée.  Avec  l'huile  le  résultat  est  aussi 
régulier  que  dans  le  cas  d'un  Iil  vertical,  mais  avec  l'eau  la 


(  2*  ) 

régularité  laisse  un  peu  à  désirer.  Les  petites  imperfections 
proviennent  des  inégalités  du  fil;  ce  qui  le  prouve,  c'est 
que  si  l'on  recommence  plusieurs  fois  avec  le  même  fil, 
elles  se  produisent  toujours  aux  mêmes  endroits. 

Mon  père  a  fait  voir  aussi  que,  dans  la  transformation 
du  cylindre  en  sphères  isolées,  le  cylindre  commence  par 
se  partager  en  portions  alternativement  renflées  et  étran- 
glées, et  que  les  étranglements  vont  en  s'approfondissant 
de  plus  en  plus  jusqu'à  se  rompre,  tandis  que  les  renfle- 
ments grossissent.  Si  l'on  veut  observer  cette  formation 
des  renflements  et  des  étranglements,  il  suftîl  de  modi- 
fier, de  la  manière  suivante,  le  procédé  du  fil  vertical  : 

On  se  sert  encore  d'huile,  mais,  au  lieu  d'un  til  de 
coton,  on  prend  un  fil  d'acier  bien  droit,  une  aiguille  à 
tricoter,  par  exemple,  de  0mm,8  de  diamètre,  et  de  25  cen- 
timètres de  longueur;  on  en  rend  d'abord  la  surface  facile- 
ment mouillable  en  l'oxydant  par  une  immersion  Je  quel- 
ques minutes  dans  de  l'acide  nitrique  étendu,  après  quoi 
on  le  lave  à  grande  eau,  et  on  le  sèche  parfaitement.  Lors- 
qu'on veut  faire  l'expérience  on  le  frotte  avec  un  papier 
imbibé  d'huile,  puis  on  le  plonge  verticalement  dans  le 
liquide,  et  on  le  retire  en  un  temps  qui  ne  doit  guère  dé- 
passer 1",5. 

On  voit  d'abord  sa  surface  recouverte  d'une  couche 
d'huile  à  peu  près  uniforme  ,  un  peu  plus  épaisse  seule- 
ment à  la  partie  inférieure;  au  bout  d'une  seconde  environ, 
cette  couche  s'étrangle  de  distance  en  distance,  et  se  renfle 
dans  les  portions  intermédiaires,  avec  assez  de  lenteur 
pour  qu'on  puisse  très-bien  observer  le  phénomène ,  puis 
les  étranglements  s'approfondissent,  les  renflements  aug- 
mentent de  diamètre  et  s'éloignent  les  uns  des  autres;  il  se 
foi  nie  ainsi  des  masses  séparées  qui,  entraînées  par  la  pe- 


(  25  ) 
santeur,  descendent  le  long  de  l'aiguille  d'acier  et  viennent 
se  joindre  successivement  au  liquide  du  vase;  il  peut  y  en 
avoir  jusqu'à  50. 

Les  étranglements  et  les  renflements  commencent  à  se 
former  au  bas  de  l'aiguille,  et  la  transformation  monte 
graduellement  jusqu'au  liant.  Si  le  phénomène  n'a  pas 
lieu  simultanément  à  toutes  les  hauteurs,  c'est  que  l'axe 
solide  apporte  évidemment  une  gêne  à  la  transformation; 
celle-ci  a  lieu,  par  suite,  de  préférence,  là  où  la  couche 
liquide  est  plus  épaisse,  c'est-à-dire  vers  le  bas;  on  peut  le 
prouver  aisément  en  employant  une  aiguille  d'acier  plus 
grosse ,  de  2  millimètres,  par  exemple,  de  diamètre;  dans 
ce  cas,  le  rapport  entre  le  rayon  de  l'axe  solide  et  l'épais- 
seur de  la  couche  d'huile  est  tellement  défavorable,  que 
l'on  n'obtient  plus  que  des  traces  d'étranglements  et  de 
renflements  vers  le  bas. 


Sur  les  dérivés  par  addition  de  l'acide  i laconique  cl  de 
ses  isomères,  par  M.  Théodore  Swarts,  professeur  à 
l'École  militaire. 

DEUXIÈME   PARTIE. 

Dans  la  partie  de  mes  recherches  que  j'ai  déjà  eu  l'hon- 
neur de  communiquer  à  l'Académie  (1)  j'ai  fait  voir  que 
les  acides  pyrocilriques  peuvent  se  combiner  par  addition 
aux  hydracides  du  type  UCl  pour  donner  des  dérivés  de 
substitution  de  l'acide  pyrotartrique.  J'ai  annoncé  en 
même  temps  que  l'élément  halogène  de  ces  acides  peut 
s'échanger  contre  l'hydioxyle  H -9-'  et  donner  ainsi  des 

(1)  Bull.  de  l'Âcad.  roi/,  de  Belgique,  2mB  série ,  l.  XXI,  n°  G. 


(  26  ) 
acides  oxypyrolartriques.  Ces  derniers  doivent  présenter 
avec  leurs  générateurs  les  mêmes  relations  que  celles  qui 
existent  entre  l'acide  malique  et  l'acide  succinique  mono- 
brômé.  Si  l'on  se  rappelle  l'explication  ingénieuse  que 
M.  Kekulé  a  donnée  de  l'isomérie  des  acides  à  lacunes 
dérivés  de  l'acide  malique  ou  citrique,  et  des  acides  satu- 
rés qui  s'y  rattachent,  on  conçoit  qu'à  chaque  acide  à 
lacunes  doive  correspondre  un  acide  saturé  hydrogéné, 
chloré  ou  hvdroxylé.  L'acide  normal  sera  le  même  pour 
tous  les  cas  :  les  dérivés  chlorés  ou  hydroxylés  seront 
isomères,  mais  ils  présenteront  de  plus  une  constitution 
analogue  à  celle  de  l'acide  à  lacunes  d'où  ils  dérivent  et  en 
rapport  avec  la  situation  des  lacunes  dans  ce  dernier.  C'est 
ce  que  montre  le  tahleau  suivant  : 


'   r  u 


CII2 

\  co-ji. 

Acide 


G02H 
GH2 
GH 
GH2 

G  O ,  I 
Acide 


CH2  l  GH2  CH2  < 

(  CII2  /  CH2  /   CIL  f 

\  (10-,  ».  \  g  a.,  H.  \  GCKI1.  v 


cilraconique.        pijrolarlritji 


I      trtr2   " 

l  gh  a 

'  GH, 

CH: 

G02II. 

Acide  cilramono- 

hloro  pyrotar trique. 


G  0-2 II 
GHa 

G.. 
GH2 

€OJI. 

Acide. 
{laconique. 


III. 


G  (>2  Ho 

CH2 
CIJ2 

c    . 
GQ-,  (I 
Acide 
méeaconique. 


G02H 

GH9 

GII2 
(  GH2 
\  GO,  H. 
Acide 
pyrotartrique, 

f  G  (h  H 

GH2 
U 

X    CO.  Il 
Acide 
pyrotartrique. 


G(KH 
GH2 
GHC/ 
GH2 
G02H. 
Acide  ilamono- 
chloropyrotartrique. 

C02H 
L  GII2 

GH, 
/  GHC/ 

co2n. 

Acide  tnèsamono- 
.filoropyrolartrique. 


GO-2H 
G II  (HO) 
GH2 
GH2 
GO,  H. 
Acide  citrah  ydroxyl- 
pyrolartrique 
ou  citramalique. 

G02H 
GH2 

GH(Ha) 
G  H, 
G02H. 
Acide  itahydroxyl- 
pyrotartrique 
ou  itamalique. 

i   CCKII 
l  Glï2 
GH, 
/  Cil  (110) 
\  Cfl  II 
Acide  mésuhydroxyl- 
pyrotarlrique 
ou  mçsamalique. 


(  27  ) 

Ce  tableau  n'a  aucunement  la  prétention  de  montrer  la 
constitution  réelle  de  ces  acides.  11  n'a  d'autre  but  que 
d'énoncer  sous  la  forme  adoptée  par  M.  Kekulé,il  y  a  déjà 
quelques  années  (1),  les  analogies  existant  entre  un  des 
acides  pyrocitriques,  et  ses  dérivés  par  addition,  en  môme 
temps  que  les  divergences  qu'on  observe  entre  ces  der- 
niers. L'interprétation  de  la  différence  entre  les  premiers 
termes  de  ces  trois  séries  appartient  à  M.  Kekulé.  Il  en  est 
de  même  pour  l'identité  des  seconds.  Mes  recberebes  anté- 
rieures ont  établi  l'existence,  les  propriétés  et  la  nature 
des  troisièmes  :  l'étude  des  quatrièmes  est  l'objet  du  pré- 
sent travail. 

J'ai  surtout  porté  mon  attention  sur  le  terme  qui  dé- 
rive de  l'acide  itaconique,  et  que  j'appelle  acide  itamalique. 
Il  est  le  véritable  bomologue  supérieur  de  l'acide  mali- 
que,  ainsi  qu'on  le  verra  dans  la  suite  de  ce  travail.  L'acide 
citramalique  a  été  obtenu  par  M.  Cari  us  :  je  ne  l'ai  pas 
examiné.  Il  ne  peut  d'ailleurs  pas  s'obtenir  par  l'action  des 
bases  sur  l'acide  citrapyrotartrique  ebloré,  attendu  que, 
dans  ces  circonstances,  cet  acide  se  décompose  en  don- 
nant de  l'acide  crotonique,  ainsi  qu'il  résulte  de  mes  expé- 
riences antérieures,  que  j'ai  encore  répétées  plusieurs 
fois.  Quant  à  l'acide  mésamalique,  je  me  bornerai  à  dire 
que  j'ai  entrevu  l'existence  de  ce  corps,  mais  je  ne  suis 
pas  parvenu  à  le  préparer  en  quantité  suffisante  pour  en 
faire  l'étude.  Il  se  forme  par  l'action  de  l'eau  chaude  sur 
l'acide  mésapyrotarlrique  monochloré.  Dans  les  eaux- 
mères  provenant  de  la  formation  de  ce  dernier  on  trouve 
une  substance  déliquescente,  semblable  par  ses  propriétés 


(1)  Ann,  chem.  pharm.  Supplément  ,11,111 


(  28  ) 
extérieures  à  l'acide  itamalique,  et  fusible  vers  60°.  Cette 
même  substance  se  forme  quand  on  fait  bouillir  pendant 
longtemps  l'acide  mésapyrotar trique  chloré  avec  de  l'eau  : 
mais  il  se  produit  en  même  temps  une  grande  quantité 
d'acide  mésaconique  :  et  comme  l'acide  mésachloropyro- 
tar trique  est  très-difficile  à  préparer,  je  n'ai  pas  poursuivi 
plus  longuement  l'étude  de  ce  corps. 

Quoi  qu'il  en  soit,  ces  trois  acides,  sont  déliquescents 
et  très-fusibles  :  ils  se  distinguent  donc  d'un  acide  de 
même  composition,  mais  qui  fond  à  135°  et  que  M.  Simp- 
son a  obtenu  en  saponifiant  la  dicyanhydrine  (1). 

L'acide  itamalique  se  forme  toutes  les  fois  que  l'eau  ou 
les  bases  agissent  à  une  haute  température  sur  l'acide 
itapyrotartrique  monochloré.  Mais  dans  certaines  circon- 
stances il  se  produit  un  acide  qui  diffère  de  l'acide  itama- 
lique par  les  éléments  d'une  molécule  d'eau,  et  qui  est  par 
suite  isomère  de  l'acide  ilaconique.  Toutefois  il  se  dis- 
tingue de  ce  dernier  en  ce  qu'il  est  monobasique  :  il 
semble  donc  dériver  de  l'acide  itamaliuue  par  le  départ 
d'un  atome  d'oxygène  en  compagnie  de  deux  atomes  d'hy- 
drogène dont  l'un  serait  de  l'hydrogène  métallique  et 
l'autre  de  l'hydrogène  alcoolique.  Je  propose  d'appeler  la 
nouvelle  substance  acide  paraconique.  Elle  est  à  l'acide 
itamalique  dans  le  même  rapport  que  l'acide  térébique  à 
l'acide  dialérébique  (2)  :  et  ce  qui  confirme  cette  manière 


(1)  Ann.  chem.  pharm.,  CXXX1II ,  74, 

Les  trois  acides  oxygénés  dérivant  des  produits  d'addition  de  HCJ  aux 
acides  pyrocitriques,  et  l'acide  oxvpyrolartrique  de  M.  Simpson  ne  sont 
apparemment  pas  les  seuls  isomères  possibles  de  la  formule  Cj-Hg-0-..,.  On 
conçoit  qu'il  puisse  en  exister  un  plus  grand  nombre,  dépendant  de  la 
position  relaUve  des  groupes  (',()_,  Il ,  CH3  et  GH.,  O-  dans  ces  acides. 

{■!)  Limpricbt.  Lchrbuch,  1016;  Kekulé,  Lehrbuch,  H,  524. 


(  29) 
de  voir,  c'est  que  les  paraconates  neutres  ont  une  tendance 
à  s'assimiler  les  éléments  de  l'eau  pour  se  transformer 
en  itamalates  acides,  et  que  sous  l'influence  des  bases  ils 
se  transforment  en  itamalates  neutres.  Ces  analogies  in- 
téressantes appellent  une  nouvelle  étude  de  l'acide  téré- 
bique,  étude  que  j'entreprendrai  prochainement. 

ACIDE    ITAMALIQUE. 

Cet  acide  se  forme  par  l'action  de  l'eau  ou  des  bases 
libres  ou  carbonatées  sur  l'acide  itapyrolarlrique  mono- 
chloré.  Pour  le  préparer,  on  peut  chauffer  l'acide  ilapyro- 
tartrique  chloré  jusqu'à  son  point  de  fusion  et  y  projeter 
alors  goutte  à  goutte  de  l'eau  froide.  Il  se  produit  à  chaque 
projection  une  ébullilion  tumultueuse,  qui  est  accompa- 
gnée d'un  dégagement  d'acide  chlorhydriquc.  11  est  bon  de 
plonger  un  thermomètre  dans  la  masse  fondue  et  de  la 
maintenir  vers  155°.  On  continue  l'opération  jusqu'à  ce 
qu'une  portion  de  la  substance  portée  dans  une  flamme, 
y  brûle  sans  teinte  verdàtre,  ce  qui  indique  que  tout  le 
chlore  a  disparu.  On  dissout  alors  la  masse  dans  l'eau ,  on 
la  fait  bouillir  avec  du  noir  animal ,  on  l'évaporé  au  bain 
marie,  et  on  fait  cristalliser  dans  le  vide  sur  l'acide  sul- 
furique. 

Cette  méthode  est  peu  avantageuse  :  elle  est  accompa- 
gnée d'une  perte  de  substance  assez  considérable  si  on 
laisse  la  température  s'élever  trop  haut. 

Si  au  contraire  on  ne  chauffe  pas  assez,  si  la  quantité 
d'eau  ajoutée  est  trop  considérable,  il  se  forme  une  cer- 
taine quantité  d'acide  paraconique  qu'on  n'élimine  que 
irès-difficilement.  De  plus,  la  réaction  ne  réussit  bien 


(  30) 
qu'avec  l'acide  chloré  :  l'acide  brome  résiste  beaucoup 
mieux  à  l'action  de  l'eau. 

Il  vaut  mieux,  pour  la  préparation  de  cet  acide,  l'ex- 
traire d'un  de  ses  sels.  Pour  cela  on  fait  bouillir  l'acide 
pyrotartrique  chloré  en  solution  étendue  avec  un  carbo- 
nate alcalin,  jusqu'à  ce  que  la  liqueur  soit  neutre  :  on 
évapore  la  solution,  et  on  la  sursalure  par  l'acide  chlorhy- 
drique;  on  élimine  l'excès  de  ce  dernier  au  bain  marie,  et 
on  extrait  l'acide  itamalique  par  de  l'éther  exempt  d'al- 
cool. Sans  cette  précaution  la  moindre  trace  d'acide  chlor- 
hydrique  éthériiîe  l'acide  en  partie,  et  la  substance  refuse 
de  cristalliser.  Quand  la  majeure  partie  de  l'éther  a  été 
éliminée  par  distillation  ,  on  fait  cristalliser  la  substance 
sur  l'acide  sullurique.  La  réaction  se  passe  d'après  la  for- 
mule. 

€5  H-  Cl ^4  -+- 5K  HO  =  €5  H6  K2  -O,  -+-  K  C/  -+-  2H2-9-. 

La  méthode  à  laquelle  je  donne  la  préférence  consiste 
à  décomposer  Titamalale  de  calcium  par  l'acide  oxalique. 
Pour  préparer  ce  sel,  on  chauffe  une  solution  étendue 
d'acide  pyrotartrique  chloré  avec  du  carbonate  de  calcium, 
jusqu'à  ce  qu'il  ne  se  dégage  plus  d'anhydride  carbonique. 
A  ce  moment  ,  la  liqueur  offre  encore  une  légère  réaction 
acide,  qu'on  fait  disparaître  par  un  peu  d'eau  de  chaux. 
On  évapore  alors  la  liqueur.  Si  la  concentration  se  fait 
lentement  et  à  une  douce  chaleur,  la  solution  devient 
syrupeuse;  si,  au  contraire,  l'ébullition  est  vive,  on  voit 
que  le  liquide  se  trouble  et  laisse  déposer  une  poudre 
blanche  insoluble  dans  l'eau  bouillante.  Cette  poudre  est 
l'itamalate  de  calcium.  Dans  tous  les  cas,  il  convient  d'éva- 
porer la  solution  jusqu'à  consistance  syrupeuse,  et  d'y 
ajouter  alors  une  grande  quantité  d'alcool.  Celui-ci  dissout 


(  31  ) 

le  chlorure  de  calcium  formé  et  détermine  la  précipitation 
d'une  masse  gommeuse,  qui  constitue  une  modification 
soluhle  de  l'itamalate  de  chaux.  Après  la  décantation  de 
l'alcool  saturé  de  chlorure,  on  chaulfe  cette  masse  avec  de 
nouvel  alcool  à  la  chaleur  du  bain-marie  :  on  la  voit  alors 
se  transformer  en  cette  matière  pulvérulente  et  insoluble 
dans  l'eau,  dont  il  a  été  question  précédemment.  Comme 
ce  sel  est  très-dense  et  qu'il  se  prête  très-bien  au  lavage 
par  décantation,  on  peut  le  débarrasser  aisément,  par 
l'alcool  bouillant,  des  dernières  traces  de  chlorure  :  il  ne 
reste  plus  alors  qu'à  le  dessécher  pour  l'avoir  tout  à  fait 
pur.  Pour  préparer  ensuite  l'acide  itamalique,  on  délaie  le 
sel  de  calcium  dans  dix  fois  son  poids  d'eau  tiède;  on  y 
ajoute  une  partie  de  l'acide  oxalique  nécessaire  à  la  préci- 
pitation. L'acide  itamalique  mis  en  liberté  dissout  alors  le 
sel  non  encore  décomposé,  et  l'on  peut  aisément  recon- 
naître l'instant  où  une  nouvelle  goutte  d'acide  oxalique  ne 
détermine  plus  de  précipitation  d'oxalate  de  calcium.  Si 
les  solutions  sont  suffisamment  étendues,  la  liqueur  acide 
ne  contient  pas  de  sel  de  calcium  dissous;  on  n'a  donc  qu'à 
l'évaporer  et  à  la  faire  cristalliser  sur  l'acide  sulfurique. 

L'acide  itamalique  ainsi  préparé  se  dépose  d'une  solu- 
tion syrupeusc  à  l'état  de  longues  aiguilles  blanches  en- 
chevêtrées qui  se  prennent  en  masse  quand  on  ne  décanle 
pas  les  eaux  mères.  Il  est  extrêmement  soluhle  dans  l'eau 
et  attire  l'humidité  de  l'air  avec  une  rapidité  telle,  qu'il 
a  fallu  le  peser  dans  une  nacelle  renfermée  dans  un  tube , 
pour  en  faire  l'analyse.  11  est  inodore,  sa  saveur  est 
agréablement  acide.  Il  se  dissout  d'ailleurs  dans  l'alcool  cl 
dans  l'éther.  11  fond  à  60°— 65°  et  se  volatilise  avec  les 
vapeurs  d'eau,  et  même  quand  on  le  chaulfe  seul  à  100°. 
il  répand  alors  une  légère  odeur  qui  rappelle  un  peu  celle 


(  32  ) 
île  la  mélasse.  Voici  les  résultats  qu'il  a  donnés  à  l'analyse  : 

0,3505  gr.  de  substance  ont  donné  0,5690  gr.  COâ  et  0,1295  gr.  H20. 


CALCULÉ. 

TROUVÉ 

120            40,51 

40,17 

8              3,40 

5,74 

80            34,06 

— 

Si  Ton  compare  la  formule  de  l'acide  itamalique  à  celle 
de  l'acide  itaconique  dont  il  dérive,  on  voit  qu'il  en  diffère 
par  les  éléments  de  l'eau.  11  était  donc  probable  qu'en 
chauffant  l'acide  itamalique,  on  lui  enlèverait  H2-9-  pour  le 
transformer  en  acide  itaconique.  Cette  réaction  a  effecti- 
vement lieu  :  soumis  à  la  distillation  sèche  l'acide  itama- 
lique se  décompose  en  eau  et  en  acide  itaconique,  dont  on 
voit  des  cristaux  se  déposer  sur  les  parties  froides  de  l'ap- 
pareil. 

Mais  comme  sous  l'influence  de  la  chaleur  l'acide  itaco- 
nique lui-même  se  décompose  en  eau  et  en  anhydride 
citraconique,  la  majeure  partie  du  produit  distillé  se  com- 
pose de  cette  dernière  substance,  contenant  d'ailleurs  en 
solution  une  certaine  quantité  d'acide  itaconique  mécani- 
quement entraîné.  Pour  séparer  les  deux  corps,  je  me 
suis  fondé  sur  l'insolubilité  de  l'acide  itaconique  dans  le 
chloroforme,  tandis  que  l'anhydride  citraconique  y  est 
très-soluble,  et  j'ai  pu  obtenir  ainsi,  d'un  coté  des  cris- 
taux fusibles  à  162°  offrant  la  forme  et  le  clivage  caracté- 
ristiques de  l'acide  itaconique;  de  l'autre,  un  liquide 
huileux,  bouillant  à  212°  et  possédant  l'odeur  empyreu- 
malique  de  l'anhydride  citraconique.  Ce  liquide,  aban- 
donné à  l'air  humide,  s'est  transformé  en  une  masse  de 


(  35  ) 
cristaux  lamellaires,  fusibles  à  80°  et  clans  lesquels  j'ai 
retrouvé  la  forme  de  l'acide  cilraconique.  Ces  propriétés 
physiques  si  saillantes  ne  laissaient  aucun  doute  sur  la 
nature  des  corps  produits  :  j'ai  donc  cru  pouvoir  me  dis- 
penser d'en  faire  l'analyse. 

La  décomposition  que  je  viens  de  mentionner  est  en 
tous  points  analogue  à  celle  que  l'acide  malique  ordinaire 
subit  dans  les  mêmes  circonstances.  Il  se  dédouble  en 
effet  en  eau  et  en  acide  fumarique  :  ce  dernier  se  décom- 
pose ensuite  en  eau  et  en  anhydride  maléique  (1).  Or, 
l'analogie  de  propriétés  entre  l'anhydride  maléique  et  l'an- 
hydride citraconique  est  manifeste  :  ces  deux  corps  sont 
réellement  homologues  entre  eux  :  quant  à  l'acide  fuma- 
rique, il  ressemble  sous  plusieurs  rapports  à  l'acide  itaconi- 
que,  bien  qu'à  d'autres  égards  il  semble  se  rapprocher  plus 
de  l'acide  rnésaconique  :  à  la  rigueur  on  peut  considérer 
ces  deux  corps  comme  homologues.  Je  suis  donc  porté  à 
admettre  les  résultats  de  l'action  de  la  chaleur  sur  l'acide 
itamalique  comme  une  preuve  de  son  homolegie  avec 
l'acide  malique  ordinaire. 


(1)  Il  se  présente  ici  une  question  fort  intéressante  :  celle  de  savoir  si 
la  formation  simultanée  de  l'acide  itaconique  et  citraconique,  de  même 
que  celle  de  l'acide  fumarique  et  maléique,  dans  les  réactions  qui  don- 
nent naissance  à  ces  corps,  est  le  résultat  d'une  métamorphose  de  l'un 
des  produits  dans  l'autre,  ou  bien  si  les  deux  acides  [tiennent  naissance 
en  même  temps.  La  première  hypothèse  me  paraît  la  plus  admissible,  eu 
égard  à  la  grande  facilité  avec  laquelle  les  substances  qui  nous  occupent 
se  métamorphosent  les  unes  dans  les  autres.  J'ai  d'ailleurs  tenté  quelques 
expériences  dans  cette  direction  :  elles  m'ont  appris  qu'on  peutrà  volonté, 
transformer,  par  la  simple  application  de  la  chaleur,  l'un  des  trois  acides 
en  ses  isomères  :  et  ces  résultats,  que  je  publierai  prochainement ,  me 
paraissent  contenir  des  éléments  pour  la  solution  du  problème  que  je  viens 
d'énoncer. 

2me  SÉRIE,  TOME  XXIV.  5 


(34) 

L'acide  ilamalique  est  un  acide  bibasique  :  il  forme 
donc  deux  espèces  de  sels.  Les  sels  neutres  peuvent  s'ob- 
tenir, soit  directement,  soit  par  double  décomposition, 
pour  ceux  qui  sont  insolubles,  soit  enfin  par  la  décompo- 
sition de  l'acide  itapyrotartrique  monochloré  ou  brômé  au 
moyen  d'une  base  ou  d'un  carbonate,  et  élimination  suc- 
cessive du  chlorure  ou  du  bromure  formé  simultanément. 
Quelle  que  soit  la  méthode  employée  ,  les  sels  que  l'on  ob- 
tient d'abord  ont  une  tendance  très-remarquable  à  se 
présenter  à  l'état  gommeux,  gélatineux  ou  poisseux  et  se 
prêtent  médiocrement  à  l'examen.  Mais  quand  on  les  fait 
bouillir  pendant  longtemps  avec  de  l'eau,  ils  semblent 
perdre  de  l'eau  de  cristallisation  et  se  présentent  après  à 
l'état  cristallisé  ou  pulvérulent.  Les  divergences  qui  se 
produisent  ainsi  sont  telles  que  pendant  longtemps  j'ai  été 
induit  en  erreur,  croyant  avoir  affaire  à  des  substances 
totalement  différentes.  Voici  les  réactions  les  plus  impor- 
tantes que  produit  l'acide  itamalique  :  en  solution  neutre, 
il  donne,  avec  les  sels  ferriques,  un  précipité  gélatineux 
d'un  brun  presque  rouge  :  avec  les  sels  cuivriques,  un  pré- 
cipité bleu-verdâtre  qui  ne  se  forme  qu'après  un  certain 
temps  ou  par  l'ébullition  de  la  liqueur  :  avec  les  sels  d'ar- 
gent, un  précipité  gélatineux  soluble  dans  l'eau  bouillante, 
insoluble  dans  une  solution  d'azotate  d'argent,  et  se  dé- 
posant, après  une  ébullilion  prolongée,  à  l'état  d'une  poudre 
cristalline  :  avec  l'azotate  de  plomb  (l'acétate  ne  convient 
pas)  un  précipité  caillebotté  qui  devient  poisseux  et  fu- 
sible par  l'élévation  de  température,  et  qui  refuse  de  se 
fondre  encore  après  une  ébullition  prolongée. 

Les  sels  acides  de  l'acide  itamalique  peuvent  s'obtenir 
par  les  méthodes  générales  :  mais  leur  mode  de  formation 
le  plus  remarquable  est  sans  contredit  l'action  de  la  cha- 


(55) 

Jour  sur  les  paraconates  dissous  dans  l'eau.  Il  y  a  alors 
addition  de  H2^  et  la  liqueur  devient  acide. 

M'€5H5^-4-t-H2«>    =     M'HCsHc-ô-5. 
Paraconate  neutre.  Itamalate  acide. 

Les  sels  de  calcium  et  d'argent  semblent  seuls  se  sous- 
traire à  ce  genre  de  transformation. 

L'acide  italamique,  comme  l'acide  malique  ordinaire, 
est  trialomique  :  sa  basicité  est  inférieure  à  son  atomicité 
et  sa  formule  typique  doit  être 


^ 


A 


dans  laquelle  A  représente  l'hydrogène  remplaçable  par 
des  radicaux  alcooliques,  et  M  l'hydrogène  remplaçable 
par  des  métaux.  Les  expériences  de  M.  Kekulé  ont  dé- 
montré que  le  côlé  alcoolique  de  ces  substances  est  sus- 
ceptible d'éthérification,  en  ce  sens  que  le  groupe  A-9- 
s'échange  facilement  contre  des  résidus  balogéniques.  J'ai 
voulu  soumettre  ma  nouvelle  substance  à  une  réaction  de 
ce  genre,  à  l'effet  d'établir  sa  vraie  constitution.  Je  l'ai 
chauffée  en  vase  clos  avec  de  l'aride  bromhydrique  fumant, 
et  j'ai  obtenu  des  cristaux  d'acide  itapyrotartrique  mono- 
bromé,  fusible  vers  134,  et  dont  un  dosage  de  brome  a 
vérifié  la  composition. 

0,2475  gr.  de  substance  ont  donné  0,2390  gr.  Kg  Br. 

CALCULÉ.  TROUVÉ. 

Br  37,90  38,1 

L'acide  itapyrotartrique  monobromé   est  donc  l'éther 
bromhydrique  de  l'acide  ilamalique  et  la  formation  de  ce 


(  36  ) 
dernier  à  l'aide  du  premier  n'est  qu'un  simple  phénomène 
de  saponification  de  cet  éther.  Il  y  a  encore  ici  une  res- 
semblance frappante  entre  l'acide  i  ta  I  ami  que  et  l'acide 
malique,  lequel  donne  naissance  dans  les  mêmes  condi- 
tions à  l'acide  monobromosuccinique. 

ITAMALATES. 

Je  ne  me  suis  pas  proposé  de  faire  une  étude  complète 
des  sels  de  l'acide  itamalique.Des  recherches  exécutées  en 
ce  moment  en  mon  laboratoire  combleront  prochaine- 
ment cette  lacune.  Je  n'examinerai  ici  que  les  sels  dont 
l'examen  m'a  servi  à  contrôler  la  composition  de  l'acide. 

Itamalate  de  sodium.  —  La  meilleure  manière  de  pré- 
parer ce  sel  consiste  à  faire  bouillir  l'acide  ilapyrotartrique 
monobromé  avec  du  carbonate  de  sodium  jusqu'à  neutrali- 
sation parfaite.  La  liqueur  fortement  concentrée  est  préci- 
pitée par  un  grand  excès  d'alcool  fort  qui  dissout  le  bro- 
mure de  sodium  et  sépare  l'itamalale  à  l'état  d'un  sirop 
épais  adhérant  fortement  au  verre.  On  le  lave  à  diverses 
reprises  avec  de  l'alcool  absolu  pour  éliminer  les  dernières 
traces  de  bromure;  on  le  dissoul  dans  l'eau  ,  et  ou  le  déco- 
lore par  le  noir  animal ,  ce  qui  n'est  jamais  nécessaire 
quand  l'acide  pyrotartrique  brome  employé  est  bien  pur. 
Si  l'on  soumet  le  sirop  restant  à  l'évaporation  dans  le 
vide  ou  au  bain  marie,  il  se  dessèche  en  une  masse  gom- 
meuse  :  si,  au  contraire,  on  le  fait  bouillir  pendant 
quelque  temps  avec  de  l'eau,  et  si  on  l'évaporé  ensuite  au 
bain  marie  jusqu'à  consistance  syrupeuse,  la  substance  se 
prend  en  une  masse  de  longues  aiguilles  extrêmement 
fines,  et  qui  forment  avec  les  eaux  mères  qu'elles  empri- 
sonnent une  véritable  pâle. 

Convenablement  exprimés  et  desséchés  dans  le  vide,  ils 


CALCULÉ. 

TROUVÉ 

- — - *». 

-v— »— ~ 

. — -»^-  ^_- 

G5 

60 

— 

— 

H6 

6 

— 

— 

Na2 

46 

25,93 

-23,90 

o5 

80 

— 

— 

(  37) 
semblent  s'effleurir  cl  se  transforment  en   une  masse 
blanche  et  friable,  extrêmement  déliquescente. 

La  substance  desséchée  à  120  degrés  donna  à  l'analyse 
les  résultats  suivants  : 

0,6490  gr.  de  substance  ont  donné  0,5090  de  suli'ale  de  sodium. 
0,2390  gr.  —  —  0,1790  — 


24,21 


Itamalate  d' 'ammonium.  —  Quand  on  sature  d'une  ma- 
nière partielle  ou  totale  l'acide  itamalique  par  l'ammo- 
niaque et  qu'on  concentre  la  liqueur  sur  de  l'acide  suliu- 
rique,  une  partie  de  l'ammoniaque  se  dégage,  et  il  reste 
une  masse  fibro  radiée  de  cristaux  légèrement  colorés, 
très-solubles  dans  l'eau,  solubles  dans  l'alcool,  insolubles 
dans  l'éther. 

Cette  substance  est  l'itamalale  d'ammonium  suracide 
€nj  H 7  NU;  -9-s  -h  €nj  H8  -85.  Elle  se  dépose  de  sa  solu- 
tion dans  l'akool  bouillant  sous  forme  de  petites  lames 
hexagonales  semblables  à  celles  du  chlorure  de  baryum. 

Voici  les  résultats  obtenus  à  l'analyse. 

0,2603  gr.  de  substance  donnèrent  0,5700  gr.  £0\,  et  0,1435  gr.  H.,4>. 

0,2890  gr.  —  0,2180  gr.  de  chloroplatinate  d'am- 

monium, laissant  0,0965  gr.  de  platine. 

0,4000  gr.  de  substance  donnèrent  0,3100  gr.  de  chloroplatinate  d'am- 
monium, laissant  0,1375  gr.  de  platine. 


4,85 


CALCULE. 

TROUVÉ. 

£,0 

38,33 

38,7    — 

Hl9 

6,07 

6,1 

N 

4,47 

—    4,85 

43,0 

31,11 

—     — 

(  58  ) 

Ifamalate  de  calcium.  —  La  préparation  de  ce  sel  a  été 
indiquée  plus  haut.  L'alcool  le  précipite  de  sa  solution 
aqueuse  à  l'état  d'un  précipité  gélatineux  qui  absorbe  l'hu- 
midité de  l'air  et  se  transforme  sur  le  fdlre  en  une  masse 
transparente  et  gommeuse,  non  déliquescente.  Ses  pro- 
priétés ne  m'ont  pas  engagé  à  en  entreprendre  l'examen. 

Quand  on  chauffe  au  bain  marie  ou  à  l'ébullition  la  so- 
lution du  sel  précédent,  elle  se  trouble  et  dépose  une 
poudre  blanche,  crayeuse,  peu  soluble  à  froid  et  moins 
soluble  encore  à  chaud.  Ce  sel  est  analogue  à  celui  que 
forme  dans  les  mêmes  circonstances  l'acide  malique  ordi- 
naire. Conservé  longtemps  dans  l'eau  froide,  il  finit  par 
s'y  dissoudre  en  se  retransformant  en  sa  modification 
gommeuse,  ce  qu'on  peut  vérifier  en  précipitant  la  liqueur 
par  l'alcool,  et  en  desséchant  à  l'air  le  précipité  gélatineux 
qui  se  forme. 

Semblable  en  ceci  à  son  homologue  inférieur,  le  malate 
de  calcium  grenu  contient  une  molécule  d'eau  qui  ne  se 
dégage  qu'à  160  degrés. 

Voici  les  résultats  analytiques  obtenus. 

0,1 825  gr.  de  subst.  sèche  donnèrent  0,1330  gr.  £a  &-G> 
0,3513  gr.  —  —  0/2555  gr.  €a  S-0> 

-  0,41 10  gr.  €-e-2  et  0,1085  gr.  H2G-. 


3,4 
-21,43       21,36  — 


Les  dosages  suivants  conduisent  à  la  formule €-5  H6  Ca-O^ 
H2-0  pour  le  sel  non  desséché. 

0,2000  gr.  de  substance  perdirent  à  160°  0,0173  gr.  H20. 
1,5490  gr.  —  —  0,1450  gr.  H20. 


0,5305  gr. 

—       — 

CALCULÉ. 

£5 

60   32,25 

H« 

6    5,22 

€-a 

40   21,50 

^s 

80   43,03 

(  39  ) 

Ce  qui  donne  respectivement  8,75  et  9,50  °/0  d'eau.  Le 
calcul  exige  8,99  °/0. 

Je  n'ai  pas  réussi  à  transformer  l'itamalate  neutre  de 
calcium  en  sel  acide  par  l'acide  azotique  étendu.  Évaporée 
dans  le  vide,  la  substance  se  prenait  en  une  masse  gom- 
meuse.  Pour  extraire  le  sel  qui  aurait  pu  s'y  trouver,  j'ai 
précipité  la  solution  par  l'alcool,  qui  dissolvait  en  même 
temps  l'azotate  formé.  J'ai  obtenu  de  celte  manière  un  pré- 
cipité gélatineux  qui ,  redissous  et  évaporé ,  laissa  déposer 
de  petits  cristaux  durs  et  brillants  ,  dans  lesquels  j'ai  cru 
reconnaître  des  formes  cubiques  et  notamment  des  dodé- 
caèdres pentagonaux.  Ce  sel  est  l'itamalate  neutre  avec  trois 
molécules  d'eau  de  cristallisation,  qu'il  ne  perd  complète- 
ment qu'à  160  degrés,  mais  dont  deux  peuvent  se  perdre 
par  l'ébullition  prolongée  avec  l'eau  :  il  se  forme  alors  le 
sel  grenu. 

0,7203  gr.  de  substance  perdirent  à  1(30"  0,159a  gr.  HtO. 
0,8050  gr.  -  -  0,1800  gr.HaO. 

0,0100  gr.  —       desséchée  à  100°  donnèrent  0,010  gr.  Ca  M>« 

Ce  qui  correspond  à  21,9  et  22,5  °/0  d'eau,  la  formule 
G-6  HG  Cr-9-5  h-  3H2-0-  en  exige  22,5.  Le  dosage  de  calcium 
correspond  à  21,18  °/0,  la  formule  du  sel  sec  en  exige  21 ,5. 

Uamalate  de  plomb.  —  Ce  sel  se  prépare  par  double  dé- 
composition, mais,  suivant  les  circonstances  qui  accom- 
pagnent sa  préparation,  ses  propriétés  sont  sujettes  à  va- 
rier. Si,  dans  une  solution  neutre  et  froide  (l'itamalate  de 
sodium,  par  exemple,  on  verse  une  solution  également 
neutre  d'azotate  de  plomb,  on  obtient  un  précipité  caille- 
hotte  solublc  dans  un  excès  de  sel  de  plomb,  et  jouissant 
de  la  propriété  de  se  fondre  sous  l'eau  en  une  masse 
poisseuse  semblable  au  malate  de  plomb  ordinaire.  11  s'en 
distingue  en  ce  que,  bouilli  avec  de  l'eau  pendant  quel- 


(  40  ) 

que  temps,  il  perd  la  propriété  de  fondre  de  nouveau.  Il 
est  très-peu  soluble  dans  l'eau  bouillante. 

H  parait,  à  l'état  non  Tondu,  contenir  une  certaine 
quantité  d'eau  de  cristallisation  qu'il  doit  perdre  très-faci- 
lement; du  moins  je  n'ai  pu  obtenir  de  dosages  concor- 
dants pour  ce  point.  Fondu,  il  est  anhydre. 

0,4ô95  gr.  de  substance  donnèrent  0,5755  gr.  Pb  4v0-4 
0,2784  gr.  —  —         0,2361  gr.  Pb  SOt. 

0,1480  gr.  —  —         0,2775  gr.  €  02  et  0,0663  gr.  H20. 

TROUVÉ. 

—  -         16,90 

-  —  1,68 

58,6       58,1  — 


Si,  à  la  dissolution  d'itamalate  de  sodium,  on  ajoute  de 
l'acétate  de  plomb,  on  n'obtient  pas  de  précipité  immé- 
diatement, à  moins  qu'on  n'ajoute  à  la  liqueur  une  trace 
d'ammoniaque,  auquel  cas  il  se  précipite  le  sel  qui  vient 
d'être  décrit.  Mais  si  on  porte  le  mélange  à  l'ébullition 
pendant  quelque  temps,  il  se  dépose,  surtout  par  l'agita- 
tion et  le  refroidissement,  une  poudre  blanche,  cristalline, 
qui  a  une  tendance  à  adhérer  au  verre,  et  qui  est  infusible 
sous  l'eau  bouillante.  Ce  sel  est  anhydre.  Voici  les  résul- 
tats qu'il  a  donnés  à  l'analyse  : 

0,3470  gr.  de  substance  ont  donné  0,2990  gr.  de  sulfate  de  plomb. 
0,6335  gr.  —  —         0,3990  gr.  €-G-2  et  0,0970  ^r.  H^O. 


CALCULÉ. 

. *^~— 

£5 

60      16,99 

H6 

6        1,69 

P6 

207      58,64 

Os 

80          — 

CALCULÉ. 

TROUVÉ. 

Cs 

60 

16,99 

—                 17,0 

H, 

6 

1,69 

-               1,7 

Vb 

2(17 

58,61 

58,9            - 

0- 

80 

— 

—              — 

(il  ) 

Itamalate  d'argent.  —  Ce  sel,  préparé  par  double  décom- 
position ou  par  saturation  de  l'acide  à  l'aide  de  l'oxyde 
d'argent,  parait  exister  aussi  sous  deux  modifications. 
Préparé  à  froid,  il  se  présente  sous  forme  d'un  précipité 
gélatineux,  soluble  dans  l'eau  bouillante,  et  s'en  dépo- 
sant à  l'état  gélatineux  si  l'ébullition  n'a  pas  été  prolongée. 
11  est  insoluble  dans  une  solution  contenant  un  excès 
d'azotate  d'argent.  Il  est  éminemment  altérable  par  la 
lumière,  et  se  dessèche  en  une  masse  cornée.  Il  parait 
contenir  une  molécule  d'eau  de  cristallisation. 

0,2481  gr.  de  substance  donnèrent  0,1  423  gr.  d'argent  métallique. 

Ce  qui  correspond  à  56,75  0/o  A  .7.  la  formule  G-;  HG  A#2 
-B-  h-  H20  exige  56,8. 

Le  sel  qui  se  dépose  d'une  solution  étendue  bouillie 
pendant  longtemps  est  beaucoup  plus  stable;  il  revêt  la 
forme  d'un  précipité  cristallin, et,  par  l'évaporation  lente 
de  sa  solution,  il  peut  se  présenter  à  l'état  de  cristaux 
d'une  certaine  dimension.  La  lumière  le  brunit  légère- 
ment. 

0,1530  gr.  de  substance  donnèrent  0,0905  d'argent. 
0,3130  gr.  —  —  0,1030      — 


Xg        59,67  59,30       59,43 

Itamalate  de  cuivre.  —  L'hydrate  de  cuivre  ne  se  dissout 
pas  à  froid  dans  l'acide  itamalique.  Si  l'on  effectue  la  sa- 
turation à  chaud,  il  se  précipite  un  sel  d'un  bleu  pâle,  qui 
est  un  sel  basique  de  la  formule  2  G^  HG  Gt*  -05  -f-  Cti  O. 

0,1820  gr.  de  substance  donnèrent  0,0910  CuO. 

Ce  qui  correspond  à  39,0°/oCw.  La  formule  exige  59,  t. 
Quand  on  mélange  une  solution  d'ilamalale  de  sodium 


(  42  ) 

avec  une  solution  de  .sulfate  de  cuivre,  ii  ne  se  forme  pas 
de  précipité  immédiat,  mais  seulement  au  bout  de  quel- 
ques minutes.  Si  on  porte  la  liqueur  à  l'ébullilion,  il  se 
dépose  par  le  refroidissement  un  dépôt  cristallin  ayant  une 
nuance  bleu  verdàtre  très-riche  et  rappelant  celle  de  l'acé- 
tate de  cuivre.  Ce  sel  est  l'itamalate  neutre  de  cuivre.  Il 
est  anhydre. 

0,3760  gr.  de  substance  donnèrent  0,1-490  CuO. 

Ce  qui  correspond  à  50,2°/0  Cm.  La  formule  Cî-g  HG  Cu-B-g 
exige  50,2  °/0  Cm. 

Itamalale  d'éthyle.  —  La  solution  alcoolique  d'acide  ita- 
malique  s'éthérifie  très-facilement  sous  l'influence  des 
acides  minéraux.  Je  me  suis  servi  d'un  courant  d'acide 
chlorydrique  ;  l'opération  terminée,  l'éther  a  été  précipité 
par  l'eau  de  sa  solution  dans  l'alcool.  C'est  un  liquide  inco- 
lore, d'une  odeur  agréable  et  poivrée,  rappelant  celle  de 
l'éther  itaconique  :  sa  saveur  est  amère.  Il  parait  se  com- 
biner au  chlorure  de  calcium  :  il  faut  donc  le  dessécher 
sur  le  carbonate  de  potassium.  La  distillation  semble  le 
décomposer  :  au  moins  n'a-t-il  pas  de  point  d'ébullition 
fixe  et  se  charbonne-t-il  en  grande  partie.  Sa  purification 
est  difficile  :  aussi  son  analyse  n'a-t-elle  pas  donné  de  ré- 
sultats fort  satisfaisants;  je  me  dispenserai  donc  de  les 
communiquer. 

ACIDE    PARACOjNIQUE. 

Cet  acide  se  forme  par  l'action  de  Feau  chaude  sur 
l'acide  itamonochloro-pyrotartrique.  Pour  le  préparer,  on 
peut  chauffer  les  deux  corps  en  vases  clos  à  1 10  degrés 
pendant  quelques  heures,  et  chasser  l'acide  chlorhvdrique 
formé  au  bain  marie. 

La  solution  restante  est  neutralisée  par  le  carbonate  de 


(  45  ) 
calcium  et  additionnée  de  beaucoup  d'alcool.  Il  se  précipite 
ainsi  de  l'itamalate,  et  cela  en  quantité  d'autant  plus  con- 
sidérable que  la  température  a  été  plus  élevée.  (Aussi 
est-il  préférable  de  faire  bouillir  simplement  l'acide  pyro- 
tartrique  chloré  avec  de  l'eau  dans  une  capsule  pendant 
48  heures.)  La  solution  alcoolique  contient  le  paraconate 
qui  se  précipite  par  l'addition  d'éther  à  l'état  de  fines  ai- 
guilles cristallines,  très-solubles  dans  l'eau,  et  qu'on  n'a 
qu'à  décomposer  par  l'acide  oxalique  pour  en  isoler 
l'acide. 

On  peut  encore  préparer  l'acide  paraconique  par  l'ac- 
tion de  l'oxyde  ou  mieux  du  carbonate  d'argent  sur  l'acide 
itapyrotartrique  chloré,  en  opérant  à  la  température  de 
l'ébullition.  On  filtre  la  liqueur  bouillante  :  et  on  obtient 
par  le  refroidissement  le  paraconate  d'argent  en  petits 
cristaux  durs  et  brillants  qui  ont  une  grande  tendance  à 
se  grouper  en  croix.  Si  l'on  a  employé  l'oxyde  d'argent,  il 
se  dépose  en  même  temps  un  peu  d'ilamalate.  La  formule 
suivante  exprime  la  réaction. 

€5  H7  Cl  -G-4  -4-  Ag»  O  =  kg  Cl  -\-  H,0  -4-  G5  H5  A^  (>«. 

On  n'a  plus  qu'à  décomposer  ce  sel  par  l'hydrogène  sul- 
furé pour  obtenir  l'acide  libre.  Cette  méthode  est  de  beau- 
coup la  meilleure. 

Je  me  suis  assuré  que  le  sel  d'argent  et  le  sel  de  cal- 
cium précédemment  décrits  appartenaient  bien  au  même 
acide,  en  les  transformant  l'un  dans  l'autre,  ce  qui,  dans 
les  deux  cas,  a  donné  des  produits  identiques. 

L'acide  paraconique  se  présente  à  l'état  d'une  masse 
cristalline  assez  semblable  à  celle  de  l'acide  ilamalique. 
Comme  lui  il  est  très-soluble  dans  l'eau  et  dans  l'alcool, 
mais  il  se  dissout  difficilement  dans  Péther.  Il  fond  vers 70". 


(  44  ) 
Voici  les  résultats  qu'il  a  donnés  à  l'analyse. 

0,-2105  gr.  subst.  donnèrent  0,1050  gr.  €-0-2  el  0,1060  gr.  H20- 

CALCULÉ.  TROUVÉ. 

€s  00 46,15  45,8 

He  6 4,61  4,8 

04         64 49,-25 

Soumis  à  la  distillation  sèche  l'acide  paraconique  se 
transforme  en  anhydride  citraconique,  que  j'ai  reconnu  à 
son  point  d'ébullition  et  à  sa  propriété  de  se  transformer 
en  acide  citraconique  aisément  reconnaissant.  L'acide 
bromhydrique  le  transforme  en  acide  itapyrotarlrique  mo- 
nobromé  fusible  à  155. 

Les  sels  de  l'acide  paraconique  offrent  une  tendance 
remarquable  à  se  transformer  en  itamalates.  Ces  derniers 
se  forment  toutes  les  fois  qu'on  neutralise  l'acide  paraco- 
nique par  les  bases,  comme  j'ai  pu  m'en  assurer  maintes 
fois  en  transformant  les  sels  ainsi  obtenus  en  itama- 
late  d'argent  ou  de  plomb,  dont  les  propriétés  sont  carac- 
téristiques. Pour  obtenir  les  paraconates,  on  doit  décom- 
poser le  sel  d'argent  à  froid  par  un  chlorure,  et  encore 
arrive-t-il  bien  souvent  que  le  sel  ainsi  obtenu  ne  soit  pas 
un  paraconate,  mais  bien  un  itamalate  acide,  car  on  a,  par 
addition  d'une  molécule  d'eau  : 

£5  H5  \g  4>4  -t-  K  Cl  -t-  H^O-  =  kg  Cl  -t-  €5  H7  K^-5. 

Ce  cas  se  présente  surtout  pour  le  sel  de  potassium  et 
d'ammonium. 

Il  suit  de  là  que  si  l'on  neutralise  l'acide  paraconique  par 
une  base,  et  si  l'on  y  ajoute  ensuite  du  nitrate  d'argent, 
l'on  obtiendra  un  précipité  gélatineux  <f  itamalate  d'argent. 


(  45  ) 
Mais  si  l'on  y  ajoute  d'abord  la  solution  argen  tique,  et 
qu'on  salure  après  par  une  base,  on  obtient  un  précipité 
cristallin,  cruciforme  au  microscope,  de  paraconale.  Les 
sels  de  calcium  et  d'argent  semblent  seuls  avoir  quelque 
stabilité. 

Paraconate  de  sodium.  —  S'obtient  en  décomposant 
exactement  le  sel  d'argent  par  le  chlorure  de  sodium  et 
en  évaporant  dans  le  vide,  en  évitant  toute  élévation  de 
température.  On  obtient  ainsi  de  petites  aiguilles  enche- 
vêtrées, déliquescentes,  neutres  au  papier. 

0,1980  go.  île  substance  donnèrent  0,0945  gr.  Naa  S04 

CALCULÉ.  TROUVÉ. 

15,3  15,5 

Pour  peu  qu'on  chauffe  la  solution  de  ce  corps,  il  devient 
acide;  et  si  l'on  neutralise  alors  la  substance  avec  de  la 
soude,  et  qu'on  y  ajoute  du  nitrate  d'argent,  on  obtient 
un  précipité  gélatineux  d'itamalate.  Celui-ci  fut  transformé 
en  sel  grenu  et  analysé. 

Quelques-uns  des  dosages  suivants  se  rapportent  à  de 
l'itamalate  d'argent  provenant  d'autres  paraconates  que 
celui  de  sodium. 

0,1870  gr.  de  substance  donnèrent  0,1100  gr.  d'argent  métallique. 
0,3105  gr.  -        0,1940  gr.  \y. 

0,5610  gr.  —  —        0,4450  gr.  kg.  Cl. 

0,5120  gr.  -  -        0,304b  gr.  kg. 

CALCULÉ.  TROUVÉ. 

kg  .  .  .     59,67  59,0       59,5       59,1       59,5. 

Paraconate  de  calcium.  —  La  préparation  de  ce  sel  a  été 


(  46  J 

indiquée  à  l'occasion  de  celle  de  l'acide.  Il  est  très-sol uble 
dans  l'eau,  et  se  sépare  de  sa  solution  aqueuse  ou  alcoo- 
lique à  l'état  de  fines  aiguilles  brillantes,  qui  s'effleu  rissent 
rapidement  en  perdant  tout  éclat.  Il  contient  trois  molé- 
cules d'eau  de  cristallisation,  dont  l'une  se  dégage  à  l'air 
sec,  les  deux  autres  à  120°.  Quand  on  le  chauffe  brusque- 
ment vers  90°,  il  fond  dans  son  eau  de  cristallisation,  et 
sa  dessication  complète  devient  très-difficile  :  il  faut  donc 
le  chauffer  d'abord  modérément. 

1,1 0G5  gr.  de  substance  non  eftleurie  perdirent  à  120°  0,166  gr.  H2-0-. 
0,4-250  gr.  -  —  0,680  gr.  H2-B-. 

Ce  qui  correspond  à  15,0  et  16,0  °/0  d'eau.  La  formule 
Ga"  (Gn  Hs  -e-4)2  ■+■  3H2-0-  en  exige  15,5  °/0. 

0,-2695  gr.  de  substance  elïleurie  perdirent  à  120°  0,0270  gr.  H2-€h 
0,5950  gr.  -  —  0,0595  gr.  H24> 

Ce  qui  correspond  à  10,8  et  10,0  %  H2  -0-.  La  formule 
Ca"  (€*  fi;  -e-4)2  h-  2H2  -fr  en  exige  10,8. 

0,2555  gr.  de  substance  desséchée  à  120°  donnèrent  0,1060  gr.  €y<-S-Q-4. 
0,5920  gr.  —  0,1770  gr.€aS-0> 

0,4615  gr.  -  0,2064  gr.  €a  , S ~0-4. 

CALCULÉ.  TROUVÉ. 

Ca.  .  .  .     15,42  15,55  15,28      15,15. 

Paraconate  d'argent.  —  Ce  sel  peut  s'obtenir  soit  par 
l'action  du  carbonate  d'argent  sur  l'acide  itapyrotartrique 
chloré  ou  brome,  soit  par  double  décomposition  entre  le 
paraconate  de  calcium  et  l'azotate  d'argent.  Il  est  peu  so- 
luble  dans  l'eau  froide,  assez  soluble  dans  l'eau  bouillante 


(47) 
et  se  dépose  de  sa  solution  en  petits  cristaux  groupés  en 
croix  ou  en  étoiles.  II  est  neutre  au  papier. 

Bouilli  avec  l'oxyde  d'argent,  il  se  transforme  en  i ta- 
malate. 

J'ai  fait  un  grand  nombre  d'analyses  de  ce  corps,  dont 
la  purification  facile  se  prêtait  très-bien  au  contrôle  de  la 
formation  et  de  la  composition  de  l'acide  paraconique  et  de 
ses  sels. 


0,2210  gp.  de  subst  donnèrent  0,1355  gr.  kg  Cl. 

0,2495  gr.  €-9-2  et  0,0518  gr.  H2^- 

—  0,5060  gr.  €-0-2  et  0,0650  gr.  H2-0-. 
0,H24gr.AgrC/. 

—  0,0997  gr.  kg. 
-            —        0,2054  gr.  kg  Cl. 

—  0,5901  gr.  €-9-â  et  0,0925  gr.  H.O. 

—  0,1 195  gp.  kg .,  0,2405  gr.   G-Oâ  et 
0,0588  gp.  H2-0-. 

IX.  .  0,41 71  gr.  0,5869  gr.  €-£►-,  el  0,900  gr.  H2(>. 


II .  . 

0,2660  gr 

III. . 

0,0510  gr. 

IV.  . 

0,1874  gp. 

V  .  , 

,  0,2214  gp. 

VI. 

0,5595  gr. 

VII 

.  0,4586  gp. 

VIII. 

0,261 8  gr. 

€5  60  25,77  —    25,59  25,21     —  —      —    25,42  25,04  25,5 

H5  5       2,10  -      2,12  2,18     —  -      -      2,24    2,41     2,4 

kg  108  45,50  45,4      —        —    45,17  45,2  42,5      —     45,5       — 

*>4  64       —  -        -        -  _____ 


(  48  ) 


Recherches  sur  quelques  dérivés  de  V acide  cinnamique; 
par  le  Dr  Charles  Glaser,  préparateur  de  chimie  à  l'Uni- 
versité de  Gand. 

(DEUXIÈME    PARTIE.) 

Dans  une  communication  adressée  à  l'Académie ,  il  y  a 
quelque  temps,  j'ai  exposé  les  vues  théoriques  qui  m'ont 
déterminé  à  entreprendre  des  recherches  sur  quelques 
dérivés  de  l'acide  cinnamique.  J'ai  établi  que  le  produit 
d'addition  du  brome  à  l'acide  cinnamique,  l'acide  phényl- 
bibromopropioniquc,  en  perdant  de  l'acide  bromhydrique, 
donne  naissance  à  deux  acides  phénylmonobromacryliques 
isomères.  J'ai  montré  que  le  brome  en  agissant  sur  l'acide 
hydrocinnamique  donne,  suivant  les  conditions  de  l'expé- 
rience, tantôt  de  l'acide  phénylpropionique  monobromé, 
tantôt  de  l'acide  phénylpropionique  bibromé,  tantôt  de 
l'acide  cinnamique. 

J'ai  l'honneur  de  soumettre  au  jugement  de  l'Académie 
les  résultats  nouveaux  auxquels  je  suis  parvenu  en  conti- 
nuant mes  recherches;  on  verra  que  ces  résultats  consti- 
tuent une  confirmation  nouvelle  de  l'hypothèse  que  j'ai 
émise  dans  mon  premier  travail,  à  savoir  qu'il  y  a  deux 
affinités  libres  dans  l'acide  cinnamique.  Ces  faits  peuvent 
se  résumer  de  la  façon  suivante.  De  même  que  l'hydrogène 
et  le  brome  peuvent  s'ajouter  à  l'acide  cinnamique,  j'ai 
pu  combiner  les  acides  hypochloreux  et  hypobromeux  au 
même  corps  et  obtenir  des  acides  phényllactiques  substi- 
tués; en  remplaçant,  dans  ces  nouveaux  dérivés,  le  chlore 


(  49  } 
et  le  brome  par  l'hydrogène,  on  les  transforme  en  un  même 
acide  normal,  l'acide  phényllaclique.  Les  acides  phényllac- 
tiques  substilués,  en  perdant  de  l'acide  chlorydrique  ou 
bromhydrique,  donnent  Yacide  phénylpyruvique.  Enfin, 
dans  ces  acides  renfermant  le  greupe  hydroxyle,  j'ai  réussi 
à  remplacer  ce  groupement  par  les  corps  halogènes,  en  les 
soumettant  à  l'aciion  des  hydracides;  l'acide  phényllac- 
lique donne  ainsi  naissance  aux  acides  phénykhloropropiù- 
nique,  phénijlbromopropionique  et  phényliodopropionique; 
la  même  réaction  appliquée  aux  acides  phényllactiques 
substitués  engendre  les  acides  p/tényfbichloropropioniqne, 
phénylbibromopropion (que  et  phênylchlorobromopropio- 
nique. 

Voici  les  formules  des  corps  ainsi  préparés  ; 

G6  H5 .  GH2 .  G  =       .  G-9-gH  =  Acide  phénylacrylique  (cinnamique). 


£fiH5 

.GH2 

GHOCI 

.  G  (>2  H  = 

/(/. 

phénylchlorolac  tique. 

&6»5 

•  GH2 

.  GHO Br 

.  G^2  II  = 

/(/. 

p/téiiylbromolaclique. 

€e  Hs 

.GH2 

.GCI2 

.  G^2  H  = 

Id. 

phènylbichloroproprionique. 

€6  HS 

.GH2 

.  GBi  2 

.  G4K  II  = 

Id. 

phênylbibromopropionique. 

€6  H5 

.  GH2 

.GCIBr 

.  (M>2  H  = 

Id. 

phénylchlorobromoproprioniquc. 

C«H« 

.GH2 

.  GH-G-H 

.  G  (K  II  = 

Id. 

phényllactique. 

^6^5 

GH2 

.  GHC1 

.  G^3  H  = 

Id. 

phénylchloropropionique. 

^H5 

GH2 

.  GHBr 

.  G^>2  H  = 

Id. 

phénijlbromopropionique. 

£«H, 

GH~ 

.  GUI 

.G02H  = 

il. 

phényliodopropionique. 

GtH5 

(Al, 

.  €0 

.G(KII  = 

il. 

phénylpyruvique. 

ï. 



Acide  phénylchl 

ORO 

LACTIQUE   €-o    HM   Cl   -6K 

Il  y  a  quelque  temps  M.  Carius  (1)  a  trouvé,  que  quelques 
combinaisons  organiques  désignées  par  l'expression  non 
saturées  peuvent  se  combiner  directement  avec  les  élé- 


(I)  Carius,  Ann.  Chem.  und  Pharm  ,  t.  CAXIV,  p.  26:>. 
2me  SÉRIE,  TOME  XXIV. 


(  so  ) 

raents  de  l'acide  hypocbloreux.  Des  raisons  que  je  déve- 
lopperai plus  tard  me  faisaient  considérer  comme  très-im- 
portante une  addition  de  cette  combinaison  à  l'acide 
cinnamique.  Conformément  aux  observations  que  faisait 
M.  Wilm  (1)  pour  l'acide  itaconique,  j'ai  trouvé  que  l'acide 
cinnamique  libre  se  combine  très-difficilement  avec  l'acide 
hypocbloreux;  mais  j'ai  obtenu  de  meilleurs  résultats  en 
ajoutant  à  une  solution  de  cinnamate  de  soude  une  solu- 
tion étendue  d'acide  hypocbloreux.  La  préparation  de  cette 
dernière  solution  est  toujours  un  travail  pénible,  et, 
comme  il  me  fallait  une  quantité  assez  considérable  de  ce 
nouveau  produit  d'addition  que  je  désigne  sous  le  nom 
d'acide  phénychlorolactique ,  j'ai  cherché  un  moyen  de  pré- 
paration plus  commode.  Après  plusieurs  tentatives,  j'ai 
trouvé  la  méthode  suivante,  qui  consiste,  en  principe,  à 
engendrer  l'acide  hypocbloreux  au  sein  du  liquide,  conte- 
nant en  solution  le  cinnamate.  C'est  l'action  du  chlore 
sur  une  solution  de  cinnamate  et  de  carbonate  de  soude. 
L'équation  suivante  exprime  cette  nouvelle  réaction  ,  qui 
sera  applicable  à  tous  les  acides  à  lacunes. 

2v€9H7-e-2.Na)-t-Ge-sNa2+Cl4H  Ha-0 =2 yG9HsCl-e-3Na)+2NaCI+  C-Oa. 

Voici  les  détails  de  la  préparation  de  l'acide  phénylchlo- 
rolactique.  Dans  une  solution  de  84  grammes  de  carbonate 
sodique  cristallisé,  on  dissout  70  grammes  d'acide  cinna- 
mique; le  liquide  est  placé  dans  un  grand  flacon  de  Woulff 
entouré  déglace  et  mis  à  l'abri  de  la  lumière;  aussitôt  que 
la  température  de  la  solution  s'est  abaissée  à  o  ou  4",  on 
fait  arriver  un  courant  modéré  de  chlore.  Quand  l'absorp- 


(1)  Wilm,  Amt.  ('hem.  und  Pharm.,  I.  GXLI,  p.  28. 


(  Si  ) 

lion  de  cet  élément  se  fait  plus  difficilement,  on  prend  de 
temps  en  temps,  à  l'aide  d'une  tige  en  verre,  de  petites 
quantités  de  la  solution,  qu'on  porte  sur  des  bandes  de 
tournesol  violet;  dès  que  la  solution  commence  à  devenir 
acide  et  fortement  décolorante  on  cesse  l'opération  et  on 
ajoute  immédiatement  au  liquide  un  excès  d'acide  sulfu- 
reux pour  détruire  toute  trace  d'acide  hypochloreux  et  de 
chlore  en  excès.  Le  liquide  a  alors  un  aspect  laiteux,  causé 
par  la  formation  d'une  huile,  qui  est  probablement  un 
slyrol  chloré;  au  bout  de  quelques  minutes  on  ajoute  à  peu 
près  150  centimètres  cubes  d'acide  chlorhydrique;  il  se 
précipite  quelques  flocons  d'acide  cinnamique,  échappé  à  la 
réaction,  et  on  laisse  reposer  ce  mélange  un  jour.  On  filtre 
le  liquide  aqueux,  séparé  de  l'huile  par  décantation;  on 
concentre  la  solution  par  une  vive ébullition  jusqu'aux  deux 
tiers  de  son  volume,  on  se  débarrasse  ainsi  des  dernières 
1  races  de  celte  huile.  L'acide  phénylchlorolactique,  qui 
serait  décomposé  par  de  l'eau  bouillante  pure,  n'est  presque 
pas  altéré  par  ce  traitement  dans  un  liquide  contenant  un 
grand  excès  d'acide  chlorhydrique.  Le  liquide  refroidi  est 
soumis  à  une  filtration  qui  enlève  une  faible  quantité  de 
matière  résineuse;  on  a  alors  une  liqueur  limpide,  faible- 
ment colorée  en  jaune,  et  qui  par  une  agitation  réitérée 
avec  de  faibles  quantités  d'éther  privé  d'alcool  abandonne 
à  ce  dissolvant  l'acide  qu'elle  renferme.  L'évaporation  spon- 
tanée de  cette  solution  éthérée  laisse  une  matière  cristal- 
line, l'acide  phénylchlorolactiqne  presque  pur.  Cinq  opé- 
rations effectuées  sur  550  grammes  d'acide  cinnamique 
m'ont  fourni  220  grammes  de  ce  produit  d'addition. 

L'acide  phénylchlorolactique  ainsi  préparé  est  très-so- 
luble  dans  l'eau  froide,  excessivement  soluble  dans  l'eau 
chaude  et  se  mélange  presque  en  toutes  proportions  avec 


(  32  ) 
l'eau  bouillante.  Il  cristallise  d'une  solution  aqueuse,  pré- 
paré à  chaud  en  paillettes  très-minces  à  six  pans.  Ces  cris- 
taux contiennent  de  l'eau  de  cristallisation  qu'ils  perdent 
déjà  à  la  température  ordinaire,  quand  on  les  laisse  sous 
une  cloche  avec  de  l'acide  sulfurique.  Cet  acide,  contenant 
de  l'eau,  fond  déjà  à  70-80".  Pour  purifier  complètement 
l'acide  qui  se  déposait  d'une  solution  aqueuse,  je  l'ai  sou- 
mis à  une  nouvelle  cristallisation  dans  le  chloroforme.  Ce 
liquide,  saturé  à  chaud,  laisse  déposer  par  le  refroidisse- 
ment l'acide  phénylchlorolactique  en  prismes  bien  définis. 
Les  cristaux  d'acide  pur  ne  contenant  pas  d'eau  de  cristal- 
lisation fondent  à  104°.  L'analyse  de  celte  combinaison 
m'a  donné  les  chiffres  suivants  : 

J.  0/2622  gi\  de  substance  m'ont  donné  0,1819  Ag  Cl  et  0,0015  Ag  (1). 
11.0,2441  kl.  id.         0,4693  Ag  CI  et  0,0019  Ag. 

III.  0,2935  id.  id.  0,2024  Ag  CI  et  0,0028  Ag. 

IV.  0,2965  id.  id.  0,5822  €4>2  et  0,125 i  H,0. 
V.  11.20."  J                id.                    id.          0,4007  €<>2  et  0,0864  11,-0-. 

D'où 


CALCULÉ  ! 

trouvé  : 

,. 

II. 

III. 

IV. 

V. 

•v__— — -~ 

c9  = 

108 

53,86 

— 

— 

— 

55,58 

55  75 

H»  = 

i) 

4,49 

— 

— 

- 

4,69 

.{,71 

Cl  = 

55,5 

17,71 

17,56 

1 7,40 

1 7,39 

— 

— 

0-  — 

48 
200,5 

23,94 

100,00 

(1)  Tous  les  dosages  de  chlore  et  de  brome  ont  été  exécutés  d'après  la 
mélbode  de  M.  Carius.  Grâce  à  l'obligeance  de  M.  Donny,  j'ai  eu  l'occasion 
d'exécuter  les  combustions  dans  le  fourneau  à  gaz,  qu'il  a  décrit  dans  les 
Bulletins  de  l'Académie.  J'ai  trouve  son  système  de  chauffage  préférable 
a  tous  |,.s  autres  systèmes  connus. 


(  33  ) 
L'acide  cristallisé  d'une  solution  aqueuse  a  la  composi- 
tion £9  H9  Cl  -0-3  -h  IL2-0;  cette  formule  se  déduit  des 
chiffres  suivants  : 

5,6594  gr.  de  substance  séchée  à  l'air  perdent  0,1710  gr.  d'eau  pur  des- 
siccation pendant  douze  heures  à  80°  dans  un  courant  d'air  sec.  Ce  qui 
correspond  à 8,32  H.,-0  °  0. 

La  formule  G9H9  Cl -0-s  +  H2-e- exige 8,23H2-0%,. 

L'acide  phénvlchlorolactique  subit  facilement  sous  l'in- 
fluence des  différents  réactifs  des  décompositions  dont 
quelques-unes  seront  mentionnées  dans  la  suite  de  ce  tra- 
vail. À  cause  de  cette  grande  altérabilité,  je  n'ai  réussi  à 
préparer  que  le  sel  d'argent.  On  l'obtient  en  ajoutant  à  une 
solution  aqueuse  ou  mieux  alcoolique  de  l'acide  une  solu- 
tion de  nitrate  d'argent.  Il  se  forme  un  précipité  blanc  et 
cristallin,  qui  augmente  rapidement  si  on  neutralise  par 
une  solution  étendue  d'ammoniaque  l'acide  nitrique  libre 
qui  se  forme.  Il  importe  cependant  que  la  liqueur  ne  de- 
vienne pas  basique  parce  qu'il  se  formerait  immédiatement 
du  chlorure  d'argent. 

Le  phènylchlorolaclate  d'argent  G9  II8  Cl  -0-3.  Ag  ainsi 
obtenu  forme  un  précipité  blanc,  constitué  par  de  petits 
prismes  microscopiques.  Desséché  à  l'abri  de  la  lumière  cl 
soumis  à  l'analyse,  il  m'a  donné  les  résultats  suivants  : 

I.     .     .    0,2582  gr.  de  matière  ont  donné  0,0902  Ag  (1)  ou  31,93  »  „  Ag. 

II.     .     .    0,2520  id.  id.  0,0882  A  g        ou  31,95  "/„  Ag. 

La  formule  £9  H8  Cl  -0-5  .  Ag  exige 55,11  °/„  Ag. 


(1)  Le  sel  d'argent  chauffé  à  100°  se  décompose;  au  rouge,  il  hisse  un 
résidu  de  chlorure  d'argent  el  d'argenl  métallique.  En  chauffant  dans  un 
courant  d'hvdrogèue,  ou  transforme  le  chlorure  en  métal. 


CM) 

\{m  —  Acide  phénylbromolagtique  €-9  H9  Br  05. 

Si  Ton  fait  passera  travers  une  solution  étendue  et  froide 
do  cinnamate  et  de  carbonate  de  soude  des  vapeurs  de 
brome  entraînées  par  un  courant  d'air,  il  se  forme  une 
faible  quantité  d'acide  phénylbromolactique,  d'après  l'équa- 
tion suivante  : 

^(GuH7^2Na)H-€^5Na2^4Br+H2^=-2(€aH8Bi^3Na)-+-2NaBi-+-€-e-2. 

En  même  temps  il  se  forme  une  quantité  considérable 
d'un  produit  huileux  qui  semble  être  identique  avec  le 
styrolmonobromé,  dont  je  vais  parler,  ainsi  que  de  ma- 
tières résineuses.  Il  semble  que  le  phénylbromolaclate  de 
soude  est  facilement  décomposé  par  l'élément  qui  l'a  en- 
gendré. 

Heureusement,  j'ai  trouvé  une  autre  manière  de  prépa- 
rer cette  combinaison  qui  permet  d'en  obtenir  aisément 
de  plus  grandes  quantités,  et  facilite  l'étude  de  ses  pro- 
priétés intéressantes. 

On  se  rappelle  que  M.  Schmidt  (1)  a  déjà  observé  que 
le  produit  d'addition  d'une  molécule  de  brome  à  l'acide 
cinnamique  se  décompose  dans  l'eau  bouillante  en  donnant 
un  nouvel  acide.  M.  Erlenmeyer  (2)  a  confirmé  ces  obser- 
vations en  démontrant  que  l'acide  phénylbibromopropio- 
nique  subit  sous  l'influence  de  l'eau  deux  décompositions  : 
une  partie,  la  plus  faible,  donne  un  hydrocarbure  brome, 
le  monobromostyroJ,  de  l'acide  bromhydrique  et  de  l'acide 
carbonique,   tandis  que   la   partie  la   plus   considérable 


(1)  Sclmiklt,  .1////.  Chem.  und  Pliarm.,  CXXVII,  p.  310. 
(v2)  Erlenmeyer,  Zeitschrift  filr  Chemie,  1864,  p.  543. 


(  53  ) 
échange  un  atome  de  brome  contre  le  groupe  tH>  et  forme 
un  nouvel  acide  G9  H9  Br  -0> 

Pour  préparer  l'acide  phén)  ibromolactique  d'après  celte 
réaction ,  je  me  suis  servi  de  la  méthode  suivante  :  On 
chauffe  dans  un  ballon  mis  en  communication  avec  un 
réfrigérant  150  grammes  du  produit  brut  de  l'addition  du 
brome  à  l'acide  cinnamique,  délayés  dans  de  l'eau.  Le 
liquide  bouillant  est  traversé  par  un  courant  de  vapeurs 
d'eau,  qui  entraînent  le  mono bromosty roi.  Au  bout  d'une 
heure  la  décomposition  est  finie;  la  solution  aqueuse  et 
chaude  est  séparée  par  décantation  d'une  huile  lourde  qui 
se  dépose  rapidement.  Par  le  refroidissement  il  se  forme, 
dans  le  liquide  aqueux  d'abord  des  gouttelettes  d'huile  et 
plus  tard  de  petites  paillettes.  A  ce  moment,  on  décante 
de  nouveau  dans  un  autre  vase,  où  il  se  forme  de  pelils 
cristaux  d'acide  phén  y  Ibromolactique  pur.  L'acide  huileux 
est  un  mélange  d'acide  cinnamique,  de  substances  rési- 
neuses et  d'acide  phén)  Ibromolactique.  On  peut  en  extraire 
ce  dernier  acide  en  agitant  ces  parties  huileuses  avec  de 
l'eau  chaude,  qui  dissout  cette  nouvelle  combinaison  très- 
facilement.  La  solution  ainsi  obtenue  dépose  d'abord  quel- 
ques flocons  d'acide  cinnamique,  puis  des  paillettes  minces 
d'acide  brome.  Les  eaux  mères  renferment  une  grande 
quantité  d'acide  très-pur,  qu'on  extrait  très-facilement  à 
l'aide  de  l'éther  privé  d'alcool. 

Comme  son  analogue,  l'acide  phénvlchlorolaclique, 
l'acide  phén\  Ibromolactique  est  très-so lubie  dans  l'eau 
chaude  d'où  il  cristallise  par  refroidissement  en  paillettes  à 
six  pans,  semblables  à  celle  du  premier  acide.  Il  est  très- 
solublc  dans  l'éther  et  dans  l'alcool  ;  par  l'évaporation  de  sa 
solution  éthérée  il  cristallise  en  groupes  composés  de  petits 
prismes  irrégulièrement  croisés.  Le  meilleur  dissolvant 
donnant  par  l'évaporation  les  plus  beaux  cristaux  est  le 


(36    ) 

chloroforme.  Une  solution  dans  ce  réactif  préparée  à  chaud 
dépose  par  le  refroidissement  el  par  1  evaporation  de  beaux 
prismes  de  cet  acide. 

V acide  phénylbromolactique  fond  à  125°  L'acide  ob- 
tenu par  cristallisation  dans  l'eau,  contenant  de  l'eau  de 
cristallisation,  fond  à  quelques  degrés  au-dessous  de  cette 
température. 

Les  analyses  de  l'acide  phénylmonobromolactiquc  m'ont 
donné  les  chiffres  suivants  : 

I.  .  0,2 1-2:2  gr.  de  substance  ont  donné  0,3468  €-0-,  et  0,0740  H2-0. 

JJ.  .  0,2204     id.        id.  0,3598  €^-2  et  0,0768  H2~9-. 

III.  •  0,2190     id.        id.  0,1645  Ag  Br  et  0,0009  Ag. 

IV.  .  0,2328     id.        di.  0,1720  Ag  Br  et  0,0024  Ag. 

de  ces  résultats  on  déduit  : 

trouvé  : 

calculé  :  i.  ii.  iii.  iv. 

C9  =  108  44,07  44,53  44,51           - 

H9  =  9  3,67  3,87         3,87           — 

Br  =  80  32,72  —     —  32,26    32,2i 

-0--  =  48  19,54  —     —      -      — 


245   100,00 

L'acide  employé  pour  l'analyse  était  desséché  à  100°; 
je  conclus  de  mes  dosages,  qui  m'ont  donné  un  peu  trop 
de  carbone  et  trop  peu  de  brome,  que  l'acide  avait  perdu 
par  ce  traitement  un  peu  d'acide  bromhydrique. 

L'acide  obtenu  par  cristallisation  dans  de  l'eau  corres- 
pond à  la  formule  (€-9  H9  Br  -9-3)   -+-  H2  ^>. 

I.  2,0142  gr.  de  substance  desséchée   à  l'air  ont  perdu  après  dix  jours 
sous  une  cloche  avec  chlorure  de  calcium  .    0,0802  gr.  3,98  °/„  H^O-. 
II.  1,9704  gr.  de  substance  chauffée  à  100°  dans 

un  courant  d'air  sec  perdent 0,0772  gr.  3,92  %  H., i) . 

La  formule  €9  H9  Br -9-8 -f- */,  H^O-  exige 5,55%. 


(87) 

L'acide  phénylbromolaeiique,  engendré  par  la  même 
réaction  que  l'acide  analogue  chloré,  lui  ressemble  beau- 
coup, non-seulement  par  son  aspect  extérieur,  mais  aussi 
par  ses  propriétés  chimiques;  ses  sels  sont  aussi  très-insta- 
bles et  je  n'ai  réussi  à  préparer  que  le  sel  d'argent. 

Le  phènylbromolaclate  d'argent  G9  H8  Br  -0>  Ag  s'ob- 
tient de  la  même  façon  que  le  phénylchlorolactate  d'ar- 
gent. On  dissout  l'acide  brome  dans  l'alcool  et,  après  avoir 
ajouté  du  nitrate  d'argent,  on  précipite  le  sel  formé  par  de 
l'ammoniaque  étendue.  Il  faut  éviter  le  moindre  excès  de 
cette  base,  parce  qu'il  se  formerait  instantanément  du  bro- 
mure d'argent.  Le  sel  d'argent  se  dépose  ainsi  en  aiguilles 
aplaties  très-caractéristiques. 

Voici  les  résultats  de  l'analyse  de  ce  sel  : 

I.     .    0/258-2  gr.  de  substance  ont  donné    .     .     0,0962  Ag    34,95  %Ag. 

II.     .     0,2520  id.  id.  .     .     0,0802  Ag    54,95  °/„  Ag. 

La  formule  €-9  B8Br-9-sAg  exige 5S,U°/0Ag. 

Ce  sel  d'argent  est  très-instable;  il  est  décomposé  par 
la  lumière  et  même  par  une  douce  chaleur. 


III.  —  Constitution  et  décomposition  des  acides 

PRÉCÉDENTS. 

Si  on  admet  pour  la  constitution  de  l'acide  cinnamique 
la  formule,  que  j'ai  proposée  dans  la  première  partie  de 
ce  travail  (1),  la  constitution  de  deux  acides  que  je  viens 
de  décrire  et  qui  se  forment  par  l'addition  de  l'acide  h\  po- 


il) Bulletins  de  l'Jcadémie,  î1"1'  série,  tome  XXII .  n"  12,  1800 


(  38) 
chloreux  et  hypobromeux  sera  exprimée  par  les  formules 

suivantes  : 

<:„n  &6HS  &6HS 

i  i  i 

CH,  €H2  €H2 

I  !  I 

c  -  ci  Cl  C  Br 

I  I  I 

G{f2H  €^2H  €€h,H 

.l(V(/e  phénylacryliqw.     Acide phénylchlorolactique.  Âcidephénylbromolaclique. 

J'ai  déjà  indiqué  par  les  noms  de  ces  acides  l'analogie 
qui  existe  entre  eux  et  l'acide  lactique  dans  lequel  un 
atome  d'hydrogène  est  remplacé  par  le  groupement  €-G  H;i 
et  un  second  atome  par  l'élément  halogène.  Ce  sont  des 
acides  hialomiques  monohasiques  et  leur  constitution  est 
exprimée  par  les  formules  typiques  que  voici  : 

H  |  -o-  H  i  &  H  !  o 

C3  H4  O-  G6  If5 .  G.  H.,  Cl  -G-  €-6  HB    C3  H>  Br  O 

Il   |  ■«•  H  i  &  Hj^ 

.Int/e  ludique.  Acide  phénylchlorolactique.  Acide  pkénylbromolactique. 

Or,  on  se  rappelle  que  M.  Kekulé  (1)  a  démontré  dans 
ses  recherches  classiques  que  le  groupe  H  -9-  (hydroxyle), 
qui  imprime  à  l'acide  un  caractère  alcoolique,  conserve  la 
propriété  qu'il  a  dans  les  alcools  de  s'échanger  contre  le 
brome  en  formant  de  l'eau,  si  on  l'attaque  par  l'acide  brom- 
hydrique.  Cette  belle  réaction  a  été  spécialement  em- 
ployée à  transformer  l'acide  lactique  en  acide  bromopro- 
piouique.  J'ai  essayé  la  même  réaction  pour  les  acides  que 
je  viens  de  décrire,  d'une  part  pour  en  démontrer  le 


(1)  Kekulé,  Ann.  Chem.  und  Pharm.  CXXXf,  il. 


(  39  ) 

caractère  biatomiqué  et  d'autre  part  pour  confirmer  des 

vues  théoriques  qui  seront  développées  plus  lard. 

J'ai  été  frappé  de  la  facilite  avec  laquelle  se  fait  celte 
décomposition  non-seulement  par  l'acide  chlorhydriquc, 
mais  aussi  par  des  hydracides  du  brome  et  de  l'iode.  J'ai 
réussi  ainsi  à  préparer  les  acides  suivants  : 

€6H5.€5H3CI2  <h2 icide  phémjlbichloropropionique. 

€6H3.  G3H3Br2^2    ....       Id.    phénylbibromopropionique. 
€6H5'.C3>H3Cl.Br~G-.2     .    .     .       Id.    phénykMorobromopropionique. 

acides  dont  je  vais  donner  maintenant  la  description. 

J .  Acide  phénylbichloropropioniqueQg  H8  d2-6-.>.  —  La 
poudre  fine  qu'on  obtient  en  faisant  cristalliser  l'acide 
phénylchlorolactique  dans  l'eau  se  dissout  aisément  dans 
l'acide  chlorhydriquc  fumant  chauffé  à  40-50  °.  Si  on  laisse 
cette  solution  dans  un  vase  fermé,  à  température  ordi- 
naire, le  liquide  se  remplit  de  petits  cristaux  prismatiques, 
que  je  regarde  comme  l'acide  phénylbichloropropionique, 
formé  d'après  l'équation  suivante  : 

&9  H9  Cl  03  -h  HCI  =  €y  H8  Cl,  Oo  -4-  H,  O  . 

Ce  nouveau  produit  se  distingue  de  l'acide  qui  lui  a 
donné  naissance  par  son  insolubilité  dans  l'eau;  on  se  rap- 
pelle que  l'acide  phénylchlorolactique  est  très-solublc  dans 
l'eau  froide.  Cet  acide  est  très-instable  et  je  n'ai  pu  réussir 
jusqu'ici  à  l'obtenir  dans  un  état  de  pureté  convenable, 
car,  par  une  réaction  inverse  à  celle  qui  lui  donne  nais- 
sance, il  se  transforme  très-facilement  en  acide  phényl- 
chlorolactique. 

Si  on  expose  à  l'air  de  l'acide  chlorhydriquc  fumant 
chargé  de  cristaux  de  cet  acide  chloré,  après  quelques 
jours  l'acide  minéral  devenant  plus  étendu  par  la  perte  de 


(  «o  ) 

gaz  acide  cblorhydrique  et  l'absorption de  l'eau,  les  cris- 
taux disparaissent  et,  si  la  température  est  assez  basse,  il 
se  dépose  des  cristaux  parfaitement  définis  d'acide  phényl- 
chlorolactique. 

J'espère  arriver,  avec  de  grandes  précautions,  à  pré- 
parer l'acide  phénylbichloropropioniquc  pur,  pour  en  faire 
l'analyse.  Toutefois  l'analogie  qui  existe  entre  les  modes 
de  formation  de  ce  corps  et  les  modes  de  production  des 
acides,  qui  vont  être  décrits,  ne  laissent  guère  de  doute  sur 
la  formule  de  cette  combinaison. 

2.  Acide  phénylbibromopropionique  €-9  H8  Br2  -0\2.  — 
L'acide  phénylbromolactique,  légèrement  chauffé  avec  de 
l'acide  bromhydrique  fumant,  s'y  dissout  facilement,  mais 
après  quelques  instants  tout  le  liquide  se  remplit  de  pail- 
lettes blanches;  on  ajoute  une  grande  quantité  d'eau  froide 
pour  dissoudre  quelques  traces  d'acide  phénylbromolac- 
tique échappées  à  la  réaction.  On  filtre  et  on  dissout  le 
résidu  dans  une  faible  quantité  d'alcool;  de  cette  solution 
alcoolique  on  précipite  l'acide  pur  en  ajoutant  une  cer- 
taine quantité  d'eau,  il  se  dépose  alors  des  paillettes 
minces,  qui  sont  identiques  avec  le  produit  d'addition  d'une 
molécule  de  brome  à  l'acide  cinnamique.  J'ai  trouvé  le 
même  point  de  fusion  195°  pour  les  deux  acides  préparés 
par  des  méthodes  différentes. 

Celte  décomposition  de  l'acide  phénylbromolactique  est 
exprimée  par  l'équation  : 

C9  H9  Br  -G-3  -+-  HBi-  =  G9  H8  Bra  €h  -t-  H2  ^h 

On  se  rappelle  qu'un  mode  de  formation  de  l'acide  pbé- 
nylbromolac tique  consiste  dans  la  décomposition  de  l'acide 
phénylbibromopropionique,  causée  par  rechange  d'un 
atome  de  brome  contre  le  groupe  bydroxyle.  Dans  la  réac- 


(  61  ) 
tion  que  je  viens  de  décrire  l'échange  inverse  s'effecliie  et, 

par  conséquent,  on  doit  obtenir  un  acide  identique  avec 
l'acide  phénylbibromopropionique  déjà  connu,  car  l'opé- 
ration ne  consiste  qu'à  régénérer  l'acide  qui  a  servi  de  point 
de  départ. 

5.  Acide  phénylchlorobromopropr ionique  €-9  Hs  CI  Br 
-&r  —  ïl  existe  deux  moyens  de  préparer  cet  acide,  l'un 
par  l'action  de  l'acide  bromhydrique  sur  l'acide  phénylmo- 
nochlorolactique,  et  l'autre  par  l'action  de  l'acide  chlorhy- 
drique  sur  l'acide  phénylbromolactique,  ce  qu'indiquent 
les  deux  équations  suivantes  : 

C9  H9  Cl  &5  -+-  HBr  =  €9  H8  Cl  Br  ^2  -+-  H2  O. 
G9  H9  Br  &-  -f-  HCI  =  G„  H8  Cl  Br  4>2  +  H,  <>. 

J'ai  dû  procéder  à  des  purifications  très-minutieuses, 
afin  de  démontrer,  par  la  concordance  complète  des  carac- 
tères physiques  de  deux  acides,  que  les  deux  réactions 
donnent  non  des  produits  isomères  entre  eux,  mais  deux 
corps  identiques.  J'aurai,  à  la  fin  de  cette  note,  l'occasion 
d'insister  sur  l'importance  de  ce  tait  au  point  de  vue  des 
idées  que  je  me  suis  faites  sur  la  constitution  de  l'acide 
cinnamique. 

A.  Formation  à  V aide  de  l'acide  phénylchlorolaclique. — 
Ce  dernier  acide  est  très-soluble  dans  l'acide  bromhydrique 
fumant  et  il  y  a  même  un  abaissement  sensible  de  tempé- 
rature par  la  dissolution.  Cette  solution  chauffée  à  environ 
50°  se  remplit  de  paillettes  brillantes  d'acide  chlorobromé. 
On  lave  les  cristaux  avec  de  l'eau,  puis  on  les  dissout 
dans  l'alcool  et  on  précipite  celte  solution  alcoolique  par 
l'eau;  enfin  on  fait  cristalliser  l'acide  plusieurs  fois  dans  la 
benzine.  Une  certaine  partie  du  produit  a  été  soumise  à 
une  sublimation;  la  matière  ainsi  obtenue,  et  par  consé- 
quent d'une  pureté  plus  complète,  a  servi  à  fixer  le  point 


(  62  ) 
de  fusion  d'une  manière  plus  exacte.  La  substance  pure 
fond  à  179-180°.  L'acide  phényleblorobromopropionique 
cristallise  de  sa  solution  dans  la  benzine  en  paillettes  rhom- 
boïdaleset  se  sublime  facilement  à  160°.  Chauffé  long- 
temps quelques  degrés  au-dessus  de  cette  température,  il 
se  décompose.  La  combinaison  que  je  viens  de  décrire  res- 
semble beaucoup  au  produit  d'addition  du  brome  à  l'acide 
cinnamique  et  semble,  sous  l'influence  de  l'eau  bouillante, 
subir  une  décomposition  analogue  à  celle  que  j'ai  décrite 
pour  ce  corps. 
Voici  les  résultats  de  l'analyse  de  l'acide  clilorobromé  : 

I.  0,2-238  gr.  de  substance  ont  donné  0/2774  Ag  (Br  -+-  Cl)  -+-    0,0010  Ag. 

II.  ce  qui  correspond  à (Br  -+-  Cl)  =  43,47. 

La  formule  €9  Hs  Cl  Br  -0-3  exige  ....     (Br  -+-  CI)  ==  43,7-2. 

B.  Formation  à  laide  de  V acide  phénylbromolaclique.  — 
Cet  acide  est  très-peu  soluble  dans  l'acide  chlorhydrique 
fumant;  en  cbaulïant  à  100  °,  la  réaction  voulue  se  produit 
facilement  et  fournit  une  combinaison  qui  n'est  que  de 
l'acide  phényleblorobromopropionique  que  je  viens  de  dé- 
crire. La  purification  a  été  effectuée  avec  les  précautions 
indiquées  plus  haut;  après  une  cristallisation  dans  la  ben- 
zine ou  une  sublimation,  l'acide  affectait  les  mêmes 
formes  que  celui  que  je  viens  de  décrire  et  son  point  de 
fusion  se  trouvait  à  178-179°. 

Soumis  à  une  analyse,  ce  corps  a  donné  les  chiffres 
suivants  : 

I.  0,1758  gr.  de  subst.  ont  donné  (Br -t- Cl)  Ag  =6,21 75 gr.  el  0,0010  Ag. 
N.  0,2175  -  —  (Br  +  Cl)  Ag  0,1425  Ag; 

Ces  résultats  correspondent  à  la  composition  en  cen- 
tièmes suivante  : 

Cl  =13,00; 
Br  =  20,0 1  ; 


(  65  ) 
el  la  formule  G9  H8  Cl  Br  -0>  exige  : 

Cl  =13,47; 
Br=  30,ôo; 

L'acide  iodhydrique  fumant  ne  réagit pasà  la  température 

ordinaire  sur  les  deux  acides  phényllactiques  substitués. 
A  chaud,  l'iode  devient  libre  et  il  se  forme  un  corps  hui- 
leux, qui  cristallise  par  le  refroidissement.  Je  crois  qu'il 
y  a  décomposition  d'après  les  équations  suivantes  : 

C-9  H9  Cl    ^>3  -t-  HJ  =  €9  H8  Cl  i^,  -+-  H,  ■{) -. 
€9H8CUe-2H-HJ  =  €9H9CI    ^>2-+-J,. 

Je  me  propose  d'étudier  cette  décomposition  par  la  suite. 

IV.  —  Acide  phényllactique  G0  Hio  ^r>- 

Les  deux  acides  phényllactiques  substitués,  formés  par 
la  même  réaction,  étant  analogues  dans  leurs  propriétés 
chimiques,  fournissent  aussi  par  le  remplacement  de  l'élé- 
ment halogène  par  de  l'hydrogène  un  même  acide  normal  : 
Yacide  phényllaclique.  En  admettant  toujours  la  formule 
dont  je  me  suis  servi  à  plusieurs  reprises,  pour  exprimer 
la  constitution  de  l'acide  cinnamique,  ces  trois  acides  au- 
ront les  formules  suivantes  : 

Cfiiï,  (>GH5  €eHs 

CH2  CH2  GH2 

'   CI  r  Br  r  H 


€^2H  €^2H  €^2H; 

Ac.  phênylchlorolactique.       Ac.  phénylbromolactique.        Ai.  phény  lactique. 

On  prépare  l'acide  phényllaclique  de  la  manière  sui- 
vante :  Une  solution  aqueuse  et  froide  d'acide  phénylchlo- 


(  te  ) 

rolactiquc  ou  phénylbromolaclique  est  agitée  avec  de 
l'amalgame  de  sodium.  Au  moment  où  cet  amalgame  dé- 
gage de  l'hydrogène,  la  décomposition  est  finie;  on  neu- 
tralise la  solution  légèrement  alcaline  par  l'acide  chlorhy- 
drique  et  on  évapore  à  siccité  au  bain  marie.  Le  résidu, 
traité  par  l'eau  froide,  se  dissout  en  grande  partie  et 
laisse  quelques  (locons  de  substances  résineuses.  On  filtre, 
on  met  l'acide  en  liberté  par  l'acide  chlorhydrique  et  on 
l'extrait  de  celle  solution  en  agitant  avec  de  l'étber.  Par 
l'évaporation  spontanée  de  sa  solution  élbérée  l'acide  pbé- 
nyllaetique  cristallise  en  aiguilles  légèrement  colorées  en 
jaune.  —  Pour  purifier  l'acide  on  le  fait  cristalliser  plu- 
sieurs fois  dans  l'eau  chaude  ou,  mieux  encore,  on  en  fait 
le  sel  de  baryum,  en  ajoutant  à  la  solution  aqueuse  de 
l'eau  de  baryte  en  léger  excès.  Il  se  précipite  alors  la  com- 
binaison barylique  d'un  corps  étranger;  le  pbényllactale 
de  baryum,  assez  soluble  dans  l'eau,  est  filtré,  puis  l'acide 
est  mis  en  liberté  à  l'aide  de  l'acide  chlorhydrique  et  en- 
suite extrait  par  l'éther  pur.  On  obtient  ainsi  des  cristaux 
parfaitement  blancs. 

L'acide  phényllactique  cristallise  de  sa  solution  aqueuse 
en  masses  irrégulières,  formées  par  des  aiguilles  très- 
aiguës  et  excessivement  cassantes.  Le  point  de  fusion  a 
été  trouvé  à  93°— 94°.  L'acide  est  très-sol uble  dans  l'al- 
cool et  dans  l'éther  et  se  mélange  en  toutes  proportions 
avec  de  l'eau  bouillante;  il  est  même  encore  assez  soluble 
dans  de  l'eau  froide.  Cet  acide  ne  contient  pas  d'eau  de 
cristallisation  ;  desséché  sous  une  cloche  avec  de  l'acide 
sulfurique,  il  a  donné  à  l'analyse  la  composition  suivante  : 

I.  .  .  0,2012  gr.  de  subslance  ont  donné  0,4787  €^-2-»-0,ll  17  H2-Q-. 

II.  .  .  0,2353      id.       id.    0,5005    -+-  0,1298  IJ2-0. 

III.  •  •  0,1343      id.        id.    0,5503     -h  0,1297  H, O. 


(  63  ) 
ce  qui  donne  en  centièmes  : 


TROUVÉ  : 

CA 

LCLLK    : 

I. 

II. 

m. 

g9 

= 

108 

65,05 

6-1,86 

65,49 

65,07 

H10 

=5 

10 

0,03 

6,16 

0,18 

6,15 

O-, 

= 

48 

-28,0-2 

— 

— 

— 

166        100,00 

L'acide  phényllactique  n'est  pas  volatil  sans  décomposi- 
tion. Chauffé  à  180°,  il  se  dédouble  en  donnant  de  l'acide 
cinnamiqne  et  de  l'eau  : 

G9H10^s  =  £9H8^24-H2O; 

si  l'on  chauffe  rapidement  à  une  température  plus  élevée, 
il  se  forme  en  même  temps  et  comme  produit  principal  du 
slvrol  : 

G9H10  (>,  =  CSHS-+-  H.O+CO,. 

Sels  de  Vacide  phényllactique.  J'ai  préparé  les  suivants  : 
Le  phényllactale  de  potassium.  C,  IL,  -O--  Ka.  Préparé 
par  la  neutralisation  d'une  solution  aqueuse  d'acide  phé- 
nyllactique avec  du  carbonate  de  potassium  pur  et  l'éva- 
poration  de  cette  solution  dans  le  vide.  Il  reste  une  masse 
cristalline  un  peu  déliquescente  à  l'air  humide. 

Soumis  à  l'analyse,  il  m'a  donné  les  résultats  suivants  : 

I.  0,4157  gr.  de  substance  ont  donné  0,1775  Ka.2  S0-4  ou  Ka  %=  10,26. 

11.0,3951         -  -  —         0,1711         —  —        =19,44. 

La  formule  C9  Hy  4K  .  Ka  exige =19,21. 

Le  phényllactale  de  baryum.  (G9  H9 -9-3)2  Ba.  À  l'aide 
de  l'eau  de  baryte  et  de  l'acide  libre  on  a  préparé  une  so- 
lution de  ce  sel;  par  une  lente  évaporation  sous  une  cloche 

2me  SÉRIE,  TOME  XXIV.  f) 


(  66  ) 
avec  de  l'acide  sulfurique,  il  se  forme  des  hémisphères 
composés  de  petits  prismes  bien  cristallisés.  Ce  sel   ne 
eonlienl  pas  d'eau  de  cristallisation;  desséché  à   100°,  il 
m'a  donné  à  l'analyse  les  chiffres  suivants  : 

1.     0,4821  gr.  de  substa.ice  ont  donné  0,2575  &a  £-6-4     Ba  °  0  =  28,95. 

II.     0,5024  id.  id.         0,2474  Ba  &&4    Ba  «/„  =  28,94. 

La  formule  (€9  II  9-9-3)2  Ba  exige =29,19. 

Par  le  refroidissement  d'une  solution  saturée  à  chaud, 
j'ai  obtenu  une  petite  quantité  d'une  poudre  cristalline, 
qui  semble  contenir  de  l'eau  de  cristallisation;  desséché  à 
100°  ce  sel  a  donné  le  résultat  : 

0,5902  gr  de  substance  ont  donné  0,1850  Ba  SB-4  ou  Ba  %  =  27,56. 
La  formule  (€-.,  Hn  0--\,  Ha  exige Ba  ■>;,  =  27,87. 

Le  phényllaclate  d'argent.  G9  H9  -8-5  Ag.  Si  on  ajoute  à 
une  solution  assez  étendue  et  chaude  de  phényllactale  de 
potasse  du  nitrate  d'argent,  il  se  dépose,  par  le  refroidisse- 
ment, des  paillettes  brillantes  de  ce  sel.  Cristallisé  de  nou- 
veau, en  opérante  l'abri  de  la  lumière,  il  s'obtient  en 
belles  paillettes  blanches  et  nacrées;  desséché  sous  une 
cloche  en  présence  de  l'acide  sulfurique  et  soumis  à  l'ana- 
lyse, il  a  donné  le  résultat  : 

I.  0,3049  gr.  de  subst.  ont  donné  0,1591  Ag  Cl  -h  0,0015  Ag      Àg% 59,79. 

H.  0,2955  id.  id.       0,1525  Ag  Cl  +0,0012  Ag  =  Ag°  059,55. 

La  formule  €9H90- .  Ag  exige Ag°0  59,55. 

Une  solution  de  phényllactate  de  potassium  donne  en- 
core les  réactions  suivantes  :  Avec  l'acétate  de  plomb  en 
solutions  étendues,  un  précipité  blanc,  floconneux;  avec  le 
hlorure  ferrique,  un  précipité  jaunâtre;  avec  le  sulfate 
rique,  un  précipité  bleuâtre.  Le  sel  de  cuivre  a  été  pré- 


cm 


(  <>7  ) 
pàfé  de  même  par  la  décomposition  de  phényllactate  de 
baryum  avec  le  sulfate  de  cuivre;  de  la  solution  filtrée  du 
sulfate  de  baryte,  il  se  dépose  de  jolis  petits  mamelons 
d'une  couleur  bleu  azur. 

V.  —  Décompositioxs  de  l'acide  phényllactique  par 

LES     HVDRACIDES. 

La  même  réaction  que  j'ai  signalée  pour  les  acides  phé- 
nvllacliques  substitués,  le  remplacement  du  groupe  alcoo- 
lique II^>  par  le  chlore,  le  brome  ou  l'iode,  se  l'ait  pour 
l'acide  normal  avec  une  facilité  étonnante.  Vnn  solution 
concentrée  aqueuse  de  l'acide  phényllactique,  mélangée 
avec  de  l'acide  chlorbydriquç,  bromhydrique  ou  iodhy- 
drique  dépose,  après  quelques  instants,  le  chlorure,  le 
bromure  ou  Piodure  de  l'acide  phényllactique.  Ces  acides 
ne  sont  que  dos  acides  phénylpropioniques  substitués  et 
contenant  l'élément  halogène  dans  la  chaîne  latérale.  Leur 
constitution  atomique  et  leurs  relations  avec  de  l'acide 
phényllactique  sont  exprimées  par  les  formules  suivantes  : 

€6Hr,  (,  If  C(,H, 

I  I  I 

GHa  Cil,  CH, 

l  I  i 

^OII  liCI  bBr 

i  i  i 

£Q,  H  GO,  II  GO,  H. 

Ac  phényllactique.     Ac.  phénylchloropropinnique.     Av.  phênylbromopropioniqite. 

Pour  la  purification  de  ces  trois  acides,  j'ai  lavé  le  pro- 
duit brut  de  la  réaction  avec  de  l'eau  froide,  je  l'ai  dissous 
ensuite  dans  l'alcool  et  précipité  la  solution  alcoolique  par 
de  l'eau  froide  ajoutée  peu  à  peu  en  petites  quantités. 


(68) 

1 .  A Hde  phén y Ich loropropion ique  £d  H9  CI  ~€h .  L'acid e 
obtenu  par  la  préparation  que  je  viens  d'indiquer  tonne 
des  paillettes  brillantes,  parfaitement  blanches.  Desséché 
sous  une  cloche  en  présence  de  l'acide  sulfurique  et  sou- 
mis à  l'analyse,  ce  corps  a  donné  les  chiffres  suivants  : 

J.     0,1771  gr.  de  substance  ont  donné.     .     0,1331  Ag  Cl  -+-  0,0015  Ag, 

en  centièmes Cl  ou=  18,95. 

II.    0,2271  gr.  de  substance  oot  donné.     .    0,1760  Ag  CI  -+-  0,0021  Ag, 

ou Cl  «/.=  19,14. 

La  formule  £9H9 Cl  e-s  exige Cl  •/.==  19,23. 

L'acide  phénylchloropropionique  fond  à  126°;  chauffé 
quelques  degrés  au-dessus  de  cette  température,  il  perd 
de  l'acide  chlorhydrique  et  laisse  de  l'acide  cinnamique. 
Le  même  dédoublement  se  fait  encore  plus  facilement 
sous  l'influence  d'une  solution  aqueuse  ou  alcoolique  de 
potasse.  L'acide  phénylchloropropionique  est  plus  stable 
que  les  deux  acides  que  je  décrirai  tantôt,  et  cependant  je 
n'ai  pas  réussi  à  en  préparer  un  sel;  il  se  forme  toujours 
un  chlorure  et  un  cinnamate. 

2.  Acide  phènylbro mopropionique G9H9Br -89.  L'acide 
phénylbromopropionique  s'obtient  par  la  précipitation  de 
sa  solution  alcoolique  par  l'eau  sous  forme  d'une  poudre 
très-légère,  formée  de  petites  paillettes.  L'analyse  de  cette 
combinaison  a  donné  : 

I.  0,2038  gr.  de  substance  ont  donné  .  .  0,1659  AgBr  et  0,0013  Ag, 
en  centièmes Br  0/0  =  34,77, 

II.     0,2199  gr.  de  substance  oui  donne   .     .     0,1782  Ag  Br  et  0,0011  Ag, 

ou Br  °/o  =  34,85. 

La  formule  €9  H9  Br -G-,  exige Br°/0  =  34,95. 

L'acide    phénylbromopropionique    est    très  -  instable  ; 
chauffe  à  130°,  il  perd  déjà  de  l'acide  bromhvdrique  en 


(  69  ) 
laissant  de  l'acide  cinnamique;  son  point  de  fusion,  qui 
est  aux  environs  de  140°,  n'a  donc  pu  être  déterminé. 
Le  même  dédoublement  se  produit  encore,  quand  on  l'ait 
bouillir  l'acide  avec  de  l'eau  ou  quand  on  y  ajoute  un  alcali. 
Ce  t'ait  que  l'acide  phénylbromopropionique  se  décom- 
pose si  facilement  explique  une  réaction  très-curieuse  que 
j'ai  décrite  dans  la  première  partie  de  ces  recherches.  En 
voulant  préparer  un  acide  phénylpropiouique  brome,  con- 
tenant le  brome  dans  la  chaîne  latérale ,  j'ai  attaqué  l'acide 
phénylpropionique  (hydrocinnarnique)  par  du  brome  à  la 
température  de  160°.  J'ai  prouvé  qu'il  se  forme  dans  ces  cir- 
constances de  l'acide  cinnamique;  il  est  évident,  d'après  les 
propriétés  de  l'acide  phénylbromopropioniquc,  que  cette 
réaction  s'effectue  en  deux  phases;  il  se  produit  d'abord 
de  l'acide  brome,  et  celui-ci  se  dédoublant  à  celte  tempé- 
rature donne  de  l'acide  cinnamique  : 

G9  H10      0-j  -\-  br,  =  G9  H9  Bi  8-,  -*-  BBf. 
G9  H9  Br -9-8 -t-        =  €9H8^4       -+-  HBi 

Les  propriétés  de  cette  nouvelle  combinaison  expliquent 
encore  une  observation  faite  antérieurement  par  M.  Swarls 
et  M.  Erlenmeyer.  On  se  rappelle  que  ces  chimistes,  en 
voulant  exécuter  l'addition  de  l'acide  brombvdrique  à 
l'acide  cinnamique,  ont  constaté  un  dédoublement  com- 
plet de  ce  dernier  acide.  Or,  on  conçoit  sans  peine  qu'une 
addition  ne  pouvait  pas  se  faire  à  150°,  parce  que  c'est 
justement  la  température  à  laquelle  se  décompose  l'acide 
qui  devait  se  former. 

3.  Acide  phényliodopropionique  €,,  H0 1  -B-^-  Cet  acide 
a  été  préparé  et  purifié  d'après  les  indications  générales 
que  j'ai  données  plus  haut.  Il  l'orme  de  petites  aiguilles 
courbes  et  sans  éclat.  Desséché  sous  une  cloche  en  pré- 


(  ») 
sence  de  l'acide  sulfiirique  et  soumis  à  l'analyse,  il  a  fourni 

les  résultats  suivants  : 

0,3694  gr.  de  substance,  iraités  par  l'amalgame  de  sodium  d'après  la  mé- 

Ihode  de  M.  Kekulé,  ont  donné 0,3105  Ag  I  et  0,0008  Ag 

ou  en  centièmes I  %  =  i5,02. 

La  formule  €9  H9  I-0-.  exige I^s^ftl; 

Cet  acide  est  encore  plus  instable  que  les  deux  autres 
que  je  viens  de  décrire.  Chauffé  à  120°,  il  se  décompose 
déjà  en  mettant  de  l'iode  en  liberté.  Avec  la  potasse  caus- 
tique en  solution  alcoolique,  il  donne  facilement  de  l'acide 
cinnamique,  tandis  qu'en  solution  aqueuse  il  se  forme 
beaucoup  de  siyrol. 

M.  Popoff  (1)  a  constaté  que  l'acide  cinnamique  chauffé 
avec  l'acide  iodhydrique  fumant  donne  de  l'acide  hydro- 
cinnamique;  les  belles  expériences  de  MM.  Kekulé  et 
Swarts  nous  conduisent  à  admettre  les  équations  suivantes 
pour  nous  rendre  compte  de  cette  réaction  : 

€9H8   ^K-hHI  =  €9H9LO^ 

€9  H9  J^-2  -+-  Hl  =  C9H10  0-3  4-  I,. 

M.  Popoff  n'a  pas  réussi  à  préparer  ce  corps  intermé- 
diaire qui  est  justement  l'acide  que  je  viens  de  décrire. 
En  effet,  en  chauffant  cet  acide  avec  de  l'acide  iodhy- 
drique, il  se  forme  de  l'acide  phénylpropionique  et  de  fiode 
libre  d'après  la  seconde  de  ces  deux  équations. 

VI.  —  Acide  phénylpyrlvique.  C<>  Us  -Gk~. 

L'acide  phényllactique  chloré  ou  brome  se  décompose 
facilement  en  présence  des  alcalis,  ce  qui  m'a  empêché 


(1)  Popoff,  Zeiischrift  fur  Chemie,  1803,  p.  11  !. 


(  71  ) 
d'étudier  ses  sols;  le  produit  principal  de  celte  décompo- 
sition est  un  sel  de  l'acide  que  je  me  propose  de  décrire. 
Je  l'ai  nommé  acide  pbénylpyruvique,  parce  que  la  con- 
stitution de  ce  corps  est  analogue  à  celle  de  l'acide  pyru- 
vique.  La  formule  rationnelle  de  cet  acide,  établie  par 
M.  Wichelhaus  (1),  et  les  formules  de  ces  deux  acides 
aromatiques  démontrent  encore  cette  analogie  plus  clai- 
rement : 


1 

^0 

11, 

CH2 

&« 

H 

.  eu, 

1 

co- 

CI 

co 

co-,  H 

OO.li 

co,  h. 

tcide  pyruv 

que. 

Acid 

i  phénylchlorolaelique. 

Ai 

ide 

phénylpyrux  i<ji<c 

Je  reviendrai  dans  la  suite  sur  celte  formule  pour  dé- 
montrer que  c'est,  en  effet,  l'expression  de  la  constitu- 
tion atomique  de  l'acide  dont  nous  allons  nous  occuper. 

Voici  d'abord  les  modes  de  préparation  de  ce  nouveau 
corps.  A  une  solution  alcoolique  étendue  d'acide  pbényl- 
lactique  substitué  on  ajoute,  à  température  ordinaire,  un 
léger  excès  d'une  solution  alcoolique  de  potasse  caustique. 
On  agite  le  mélange;  il  se  forme  à  l'instant  même  un  pré- 
cipité blanc  de  chlorure  ou  de  bromure  potassique  et  de 
phénylpyruvate.  Au  bout  de  quelque  temps,  on  recueille 
le  précipité  sur  un  libre  et  on  extrait  le  phénylpyruvate 
par  l'alcool  bouillant.  Par  le  refroidissement  de  celle  solu- 
tion ,  il  se  dépose  des  paillettes  blanches  et  brillantes  du  sel 
potassique. 

Si  on  ajoute  du  nitrate  d'argent  à  une  solution  aqueuse 
et  froide  d'acide  lactique  chloré  ou  brome,  convenable- 


(1)  Wichelhaus,  De  conslitutione  et  connexu  acidumoryanicorum... 
dissertalio  inauguraUs  ;  Bcrolini,  1867. 


(  72) 
ment  étendue  et  rendue  alcaline  par  un  faible  excès  d'am- 
moniaque, il  se  forme  d'abord  un  précipité  blanc  ou  jau- 
nâtre de  chlorure  ou  de  bromure  d'argent  et  ensuite  un 
précipté  blanc  de  phénvlpyruvate  d'argent.  Ce  dernier  sel, 
étant  soîuble  dans  l'eau  bouillante,  peut  être  purifié  par 
une  ou  deux  cristallisations. 

L! *  acide  phénylpyruvique  lui-même  n'a  pas  pu  être  ana- 
lysé, parce  que  je  n'ai  pas  réussi  jusqu'ici  à  le  préparer 
dans  un  état  de  pureté  convenable.  Mais  les  analyses  com- 
plètes de  plusieurs  sels  exigent  toutes,  pour  l'acide  libre, 
la  composition  indiquée  plus  haut. 

Lorsqu'on  ajoute  un  acide  fort  à  une  solution  assez  con- 
centrée de  phénvlpyruvate  de  potasse,  il  se  précipite  de 
l'acide  libre  sous  forme  de  petites  gouttelettes  d'huile, 
qui  aussitôt  commencent  à  se  décomposer  en  dégageant 
de  l'acide  carbonique.  Fn  opérant  en  hiver,  à  une  tempé- 
rature très-basse,  j'ai  réussi  à  obtenir  l'acide  sous  forme 
cristallisée  en  séparant  rapidement  les  paillettes  nacrées 
qu'il  forme,  du  liquide  dans  lequel  elles  nagent;  en  pres- 
sant ces  paillettes  entre  des  doubles  de  papier  buvard 
refroidi  et  en  les  desséchant  dans  le  vide,  j'ai  conservé  cet 
acide  quelques  heures  sans  altération  visible.  Mais,  au  bout 
de  quelque  temps,  toute  la  masse  était  transformée  en  une 
sorte  de  résine  dont  je  n'ai  pas  entrepris  l'étude. 

En  chauffant  l'acide  libre  avec  de  l'eau  dans  un  appa- 
reil distillatoire,  j'ai  remarqué  qu'il  distille  avec  la  vapeur 
d'eau  une  huile  d'une  odeur  piquante  et  aromatique,  qui 
se  combine  aisément  avec  le  bisulfite  de  soude,  et  en 
même  temps  il  se  dégage  de  l'acide  carbonique.  Je  crois 
que  la  décomposition  s'effectue  d'après  l'équation  sui- 
vante : 

<;„llslK=z  csns  0,  +  ro.,; 


(  73) 

Celte  huile  serait  clone  l'aldéhyde  de  Pacide  a  toluvlique; 
cependant,  opérant  sur  des  quantités  trop  faibles,  je  n'ai 
pas  réussi  à  la  transformer  en  acide  a  toluvlique. 

Les  sels  de  latide  phénylpyruvique  sont  plus  stables 
que  l'acide  libre  et  ont  des  propriété  plus  nettes.  J'ai  pré- 
paré les  suivants  : 

Le  phénylpyruvate  de  potassium  Gf,  H7-0*3  Ka.  —  J'ai 
déjà  indiqué  la  préparation  de  ee  sel  dans  les  ligues  pré- 
cédentes. Ce  sel,  après  une  cristallisation  dans  l'alcool, 
forme  des  paillettes  nacrées  d'une  grande  ressemblance 
avec  la  naphtaline.  11  est  très-soluble  dans  l'eau  chaude  et- 
cette  solution,  par  le  refroidissement,  donne  de  petits  ma- 
melons réunis  en  masses  irrégulières.  L'analyse  de  ce  sel 
m'a  donné  les  chiffres  suivants  : 


1.    . 

0,5444  gr  de  substance 

ont  donné     ...         0,1 480  Kaa  S  o  ,. 

II.    . 

0,4043          kl. 

id. 

....    0,1731  Ka,  M), 

III.   . 

0,-250.")          id. 

id. 

0,4501  G4K  ri  0,0756  H,  <>■ 

IV.     . 

0,2756          id. 

id. 

H.55S5GO,  et  0,0892  Ha  6  . 

Ce 

qui  donne  en  centièmes 

TROUVÉ  : 

CALCULÉ  : 

1.             II.           III.          iv. 

—                   — — 

&9 

—      108             53,42 

—             —         55,05       55,21 

»7 

=          7                5,4G 

3,64        5,39 

O-s 

=        48              23,76 

_____ 

Ka 

=        39,12         19,56 
202,12        100,00 

19,50       19,21 

Le  phénylpyruvate  de  potassium  se  décompose  déjà  à 
froid  en  solution  aqueuse  en  donnant  du  carbonate  de 
potassium  et  une  résine  qui  est  probablement  un  poly- 
mère de  l'aldéhyde  toluvlique. 


(  74  ) 
Le  phénylpyruvate  de  sodium.  G9  H7  -0-5  Na.  —  Ce  sel , 
préparé  à  l'aide  de  la  soude  caustique  et  de  l'acide  phényi- 
chlorolactique,  est  soumis  à  une  cristallisation  dans  l'al- 
cool; il  forme  des  houppes  composées  d'aiguilles  aplaties. 
Il  est  beaucoup  moins  soluble  dans  l'alcool  que  le  sel  de 
potasse.  Je  me  suis  contenté  de  l'aire  deux  dosages  de 
sodium,  qui  ont  donné  le  résultat  suivant  : 

I.  0,4887  gr.  de  substance  ont  donné  0,1 827  Na2  -S--G-,,     Na  %  =  1 2,1 1 . 

II.  0,3822          ici.                 id.            0,1432  Na2  &&i    Na°/0  =  12,15. 
La  formule  €gH7^3Na  exige Na  <»/.,  =  12,36. 

Le  phénylpyruvate  de  baryum  se  précipite  quand  on 
mélange  une  solution  de  phénylpyruvate  de  sodium  ou  de 
potassium  avec  une  solution  de  chlorure  de  baryum.  Si  les 
solutions  sont  très-étendues,  le  précipité  se  dépose  en 
petits  mamelons  au  bout  de  quelque  temps.  On  peut  faire 
cristalliser  ce  sel  d'une  solution  dans  l'alcool  étendu  d'eau 
et  on  l'obtient  alors  en  petites  aiguilles  ou  prismes. 

Le  phénylpyruvate  d'argent  C{)  H7  -0-3  Ag.  —  Ce  sel 
peut  se  préparer  en  traitant  le  phénylpyruvate  de  potas- 
sium ou  de  sodium  par  le  nitrate  d'argent  ou  directement 
en  décomposant  le  phénylclilorolactate  d'ammoniaque  par 
le  nitrate  d'argent.  Après  une  cristallisation  dans  l'eau, 
il  l'orme  une  poudre  blanche  et  cristalline  qui,  vue  au  mi- 
croscope, est  composée  de  paillettes  à  six  pans  bien  dé- 
linies.  Les  analyses  laites  avec  un  sel  parfaitement  sec 
conduisent  à  la  composition  exprimée  par  la  formule 
G9H7^5Ag.: 

I.  .  .  .  0,-2824  gr.  de  substance  ont  donné  0,1462  Ag  Cl  et  0,0016  Ag. 

II.  .  .  .  0,4230  id.  id.  0,2218  Ag  CI  et  0,0008  Ag. 

III.  .  .  .  0,3104  id.  id.  0,1611  Ag  Cl  et  0,0015  Ag. 
IV:  ...  0,2830          id.                   id.  O,4i28€-0-2  et  0,0670  tfâ"9-. 

V.  ...  0,2884  id,  id.  0,4224  €-9-2  et  0,0670  H2 -&. 


(  T6) 
De  ces  résultais  ou  déduit  : 


trouve  : 

CALCULÉ  '. 

1. 

II. 

III. 

IV. 

V. 

-* — ■*- 

-— «- — - 

G* 

= 

1US 

39,80 

— 

— 

— 

39,77 

59,95 

H, 

= 

7 

'2,58 

— 

— 

— 

"2,05 

2,38 

^>5 

= 

48 

17,70 

_ 

— 

— 

— 

— 

Ag 

= 

108 

39,86 

59,0  i 

39,07 

59,58 

— 

— 

271     100,00 

Le  phéoylpyruvale  d'argent  se  décompose  facilement 
sous  l'influence  de  la  chaleur  et  de  la  lumière. 

Le  phénylpyruvate  d'éthyle  (G.,  îl7  -B>  G.2  Hb)  a  été  pré- 
paré en  décomposant  le  phénylpyruvate  d'argent  par  i'io- 
durc  d'éthyle.  Cet  éther  bout  à  275°  (corr.  279,5°)  et  se 
décompose  partiellement  par  la  distillation.  Il  constitue 
un  liquide  huileux,  d'une  odeur  agréable  de  fruits.  Il  se 
décompose  aussi  par  l'ébullition  avec  de  l'eau  de  baryte 
en  donnant  du  carbonate, 

VIL  —  Suit  LA  .CONSTITUTION  DES  ACIDES  PRÉCÉDENTS 
ET  LEURS  RELATIONS  ENTRE  EUX. 

Le  fait  curieux  que  l'acide  phénylchlorolactique  traité 
par  l'acide  bromnydrique  et  l'acide  phénylbromolaclique 
sous  l'influence  de  l'acide  chlorhydrique  donnent  un  seul 
et  même  acide  phénylchlorobromolactique  est  d'une 
grande  importance  au  point  de  vue  théorique.  J'ai  proposé 
dans  la  première  partie  de  ce  travail  une  formule  ration- 
nelle pour  l'acide  cinnamique;  quelques  raisons  générales 
m'ont  engagé  à  admettre  des  lacunes  dans  la  constitution 
de  ce  corps  et  d'autres  raisons  m'ont  déterminé  à  supposer 
que  ces  lacunes  appartiennent  à  un  seul  atome  de  car- 
bone, à  celui  qui  est  attaché  directement  au  groupe  car- 
bonyle.  —  D'autre  part,  M.  Erlenmeyer  a  exposé  une  autre 


(  76  ) 
manière  de  voir;  i!  n'admet  pas  de  lacunes  dans  l'acide 
cinnamique;  il  croit,  au  contraire,  que  deux  atomes  de 
carbone  sont  combinés  par  deux  affinités  appartenant  à 
chacun  des  atomes  de  carbone. 

Les  deux  manières  de  voir  peuvent  être  exprimées  par 
les  formules  suivantes  : 


£6HS 

^6H5 

GH2 

GH 

1 
G== 

II 
GH 

G^K  H. 

G^2H. 

(Glaser.) 

(Erlenmeyer.) 

Si  Ton  poursuit  maintenant  l'examen  des  réactions  qui 
conduisent  à  l'acide  phénylchlorobromopropionique,  on  a, 
d'après  ma  manière  de  voir,  les  formules  suivantes  : 

Aride  cinnamique G6  Hs .  GH2 .  G  =         ,  Ctf,H, 

Id.    phénylchlorolactique  .     .     .     .      G6H5 .  GH2.  GCI -9-H  .  GB-,  H, 
/'./.     phénylchlorobromopropionique.     GK II- .  GH2 .  GCI  Br      .  £-0-a  II, 

ei 

Acide  phénylbromolactique    ....     G6 II- .  GH2.  CBr  {MI  .  G^>2  II, 
/'/.    phénylchlorobromopropionique.     G6  H- .  GH2    CrBi- Cl     .  GO-,  II. 

On  voit  de  suite  que  le  chlore  et  le  brome  appartiennent 
au  même  atome  de  carbone  et  qu'ils  ne  peuvent  pas  causer 
une  isoméric,  lorsqu'ils  s'unissent  à  l'acide  cinnamique 
pour  former  l'acide  phénylchlorobromopropionique. 

Si  l'on  examine,  au  contraire,  cette  suite  de  réactions, 
en  partant  de  la  formule  de  M.  Erlenmeyer,  on  a  : 

Acide  cinnamique G6IIS.GH=GH        .G-0-2H, 

Id.     phénylchlorolactique   ....     G6H3   GHC1.  CH-G-H  .  G-0-2H, 
Id.     phénylchlorobromolaclique  ,     .     GG II,.  CIICI .  CIIBr       C,G2lt, 

et 

Acide  phénylbromolactique    ....      CH II, .  GHBr.  GIIOH  .  C  t>2  H, 
îd.     phënylchlorobromolactique  .     .     GB  H;.  GHBr.  CIICI    .  €(>2H. 


(  77  ) 

Mais  on  voit  de  suite  qu'ici  le  brome  et  le  chlore  ne 
sont  pas  combinés  avec  le  même  atome  de  carbone,  qu'ils 
ont,  au  contraire,  des  positions  différentes  et  que,  par 
conséquent,  les  deux  acides  ainsi  formés  doivent  être  dif- 
férents et  non  pas  identiques,  comme  pourtant  l'expé- 
rience le  démontre. 

Les  partisans  de  l'hypothèse  de  M.  Erlenmeyer  pour- 
raient objecter  que  les  éléments  de  l'acide  hypochloreux 
et  hypobromeux,  en  saturant  les  affinités  libres  de  l'acide 
cinnamique,  occupent  des  positions  différentes,  comme  le 
montrent  les  formules  suivantes  : 

G6  H5 .  GHCI     .  GH-O-H  .  €0-2  H  =  Aride  phénylchlorolaclique  . 
Gfi  Hs .  C-H-9-H  .  GHBr    .  G-0-3  H  =     ld.    phénylbromolactique. 

En  admettant  cette  hypothèse,  on  comprend  ,  en  effet , 
que  le  remplacement  de  l'hydroxyle,  d'une  part,  par  le 
chlore;  d'autre  pari,  par  le  brome  donne  le  même  acide 
chlorobromé  : 

Gf>  Hs .  GHCI  .  €HBr  .  G(K  H  =  Acide  phénylcMorobromoprbpionique. 

La  théorie  de  M.  Erlenmeyer,  si  elle  était  exacte,  nous 
forcerait  de  conclure  qu'il  existe  deux  acides  normaux  iso- 
mères, comme  l'indique  la  formule  : 

GeUs.GH,        .CtHMI.G^H, 
G6  H5 .  GHO-H  .  GH2       .  GO-2  H. 

Mais  mes  expériences  ayant  établi  que  l'acide  chlorolac- 
lique  et  bromolactique  donnent  le  même  acide  normal,  on 
doit  en  déduire  que  la  théorie  de  M  Erlenmeyer  est 
erronée. 

Je  crois  que  les  faits  démontrent  dès  maintenant  que 
les  deux  affinités  libres  qui  entrent  en  jeu  dans  les  nom- 


(  7S  ) 
breuses  réactions  de  l'acide  cinnamiquo  appartiennent  au 
même  atome  de  carbone.  Mais  il  reste  encore  à  décider 
auquel  des  deux  atomes  de  carbone  placés  dans  la  chaîne 
latérale  de  cet  acide  il  faut  les  attribuer;  nous  avons  donc 
deux  formules  possibles  : 


i  i 

€=  €H\ 

1  I 

fi  H,  fi  == 

I  l 

(HK  II  fiO-,  H. 


Quoique  tous  les  faits  connus  jusqu'ici  s'accordent 
mieux  avec  la  dernière  de  ces  formules,  j'espère  néan- 
moins trouver  encore  de  nouvelles  preuves  plus  précises 
à  l'appui  de  cette  hypothèse  et  j'aurai  l'honneur  de  les 
soumettre  à  l'appréciation  de  la  classe  dans  une  troisième 
partie  de  ce  travail. 


(  79  ) 


CLASSE    DES    LETTRES 


Séance  du   Ier  juillet  1867. 

M.  Grandgagnage,  faisant  fonctions  de  directeur. 
M.  Ad.  Qdetelet,  secrétaire  perpétuel. 

Sont  présents  :  MM.  le  baron  de  Saint-Génois,  Snellaerl , 
Jlans,  Polain,  DucpoJinux,  Chalon,  Thonissen ,  Th.  Juste, 
Guillaume,  membres;  Nolct  de  Brauwere  Van  Steeland, 
assoc lé  ;  A 1  pli •  Wa u  te rs ,  carres pon dan  t. 

M.  Alvin,  membre  de  la  classe  des  beaux-arts  ,  assiste  ù 
la  séance. 


CORRESPONDANT!  :. 


M.  Roulez,  directeur  de  la  classe,  fait  connaître  qu'une 
indisposition  l'empêchera  de  venir  présider  la  séance. 

—  M.  Amédée  Thierry,  associé  de  l'Académie,  fait  hom- 
mage de  son  ouvrage  :  Saint  Jérôme  ou  la  Société  chré- 
tienne à  Rome. 

M.  Th.  Juste  fait  don  du  tome  11  de  son  ouvrage  :  His- 
toire de  la  révolution  des  Pays-lias  sous  Philippe  IL 


(  80  ) 

M.  Chalon  dépose  deu\  brochures  sur  des  questions  de 
numismatique. 

Oes  remercîmeiits  sont  votés  pour  l'envoi  de  ces  diffé- 
rents ouvrages. 

—  M.  le  comte  de  Montalembert  exprime,  de  son  côté, 
ses  remercîmeiits  pour  les  dernières  publications  acadé- 
miques qui  lui  ont  été  adressées. 

—  M.  le  baron  Kervyn  de  Lettenhove  présente  un  mé- 
moire manuscrit  intitulé  :  Lettres  inédites  de  Marie-Thérèse. 

MM.  Théodore  Juste  et  Gachard  sont  chargés  de  faire 
l'examen  de  ce  travail. 


CONCOURS  DE  1869. 


La  classe  inscrit,  dès  à  présent,  dans  son  programme, 
les  questions  suivantes  : 

PREMIÈRE    QUESTION. 

Faire  l'appréciation  du  (aient  de  Chas  tel  lain,  de  son 

influence ,  de  ses  idées  politiques  et  de  ses  tendances  litté- 
raires. 

DEUXIÈME    QUESTION. 

Faire  l'histoire  du  droit  pénal  dans  le  duché  de  Bra- 
dant, depuis  l'avènement  de  Charles-Quint  jusqu'à  la 
réunion  de  ta  Belgique  à  ta  France  à  la  fin  du  dix-hui- 
tième siècle. 


(  SI  ) 


TROISIÈME    QUESTION. 

Faire  une  description  statistique  d'une  commune  du 
centre  des  Flandres,  de  3,000  habitants  au  moins,  propre 
à  faire  apprécier,  en  les  comparant,  la  condition  phy- 
sique, morale  et  intellectuelle  des  cultivateurs  flamands, 
ainsi  que  l'état  de  l'agriculture  au  siècle  passé  et  même 
antérieurement  et  aujourd'hui. 

QUATRIÈME    QUESTION. 

Traiter  l'histoire  politique  de  la  Flandre  depuis  l'an 
1305  jusqu'à  l'avènement  de  la  maison  de  Bourgogne 
{1382),  en  s' attachant  principalement  aux  modifications 
qu'ont  subies,  à  cette  époque,  les  institutions  générales 
du  comté  et  les  institutions  particulières  de  ses  grandes 
communes. 

CINQUIÈME    QUESTION. 

Quelles  ont  été  les  tendances  politiques  et  sociales  des 
hérésies,  depuis  l'origine  du  christianisme  jusqu'à  la  fin 
du  quinzième  siècle. 

L'auteur  devra  écarter  la  discussion  des  doctrines  reli- 
gieuses des  sectes  et  se  borner,  autant  que  possible,  à  signa- 
ler leurs  tendances  sociales  et  politiques. 

Les  prix  réservés  à  la  première,  à  la  troisième  et  à  la 
quatrième  question  seront  de  six  cents  francs;  ils  seront 
de  mille  francs  pour  la  deuxième  et  la  cinquième. 

Les  auteurs  des  mémoires  insérés  dans  les  recueils  de 
l'Académie  ont  droit  à  recevoir  cent  exemplaires  de  leur 

2me  SÉRIE,  TOME  XXIV.  () 


(  82  ) 
travail.  Ils  ont,  en  outre,  la  faculté  d'en  faire  tirer  un  plus 
grand  nombre,  en  payant  à  l'imprimeur  une  indemnité  de 
quatre  centimes  par  feuille. 

Les  mémoires  devront  être  écrits  lisiblement  et  pour- 
ront être  rédigé >  en  français,  en  flamand  ou  en  latin;  ils 
devront  être  adressés,  francs  de  port,  avant  le  1er  février 
1869,  à  M.  Ad.  Quetelet,  secrétaire  perpétuel. 

L'Académie  exige  la  plus  grande  exactitude  dans  les  ci- 
tations, et  demande,  à  cet  effet,  que  les  auteurs  indi- 
quent les  éditions  et  les  pages  des  livres  qu'ils  citeront. 

On  n'admettra  que  des  planches  manuscrites. 

Les  auteurs  ne  mettront  point  leur  nom  à  leur  ouvrage: 
ils  y  inscriront  seulement  une  devise,  qu'ils  répéteront 
sur  un  billet  cacheté, renfermant  leur  nom  et  leur  adresse. 
Fauté  par  eux  de  satisfaire  à  ces  formalités,  le  prix  ne 
pourra  leur  être  accordé. 

Les  ouvrages  remis  après  le  temps  prescrit  ou  ceux  dont 
les  auteurs  se  feront  connaître,  de  quelque  manière  que  ce 
soit,  seront  exclus  du  concours. 

L'Académie  croit  devoir  rappeler  aux  concurrents  que, 
dès  que  les  mémoires  ont  été  soumis  à  son  jugement,  ils 
sont  et  restent  déposés  dans  ses  archives.  Toutefois,  les 
auteurs  pourront  en  faire  prendre  copie  à  leurs  frais,  en 
s'adressant,  à  cet  effet,  au  secrétaire  perpétuel. 

La  classe  ajourne  jusqu'à  une  prochaine  réunion  le 
choix  des  questions  qui  seront  mises  au  concours  pour 
les  prix  perpétuels  fondés  par  le  baron  de  Stassart.  Le 
choix  et  l'examen  de  ces  questions  seront  soumis  préala- 
blement à  une  commission  spéciale. 


(  83  ) 


RAPPORTS. 


MM.  Alph.  Wauters,  Théod.  Juste  et  Polain  donnent 
successivement  lecture  de  leurs  rapports  sur  une  notice 
de  M.  Van  Rossum,  intitulée  :  La  vérité  à  propos  des  lettres 
de  Charles-Quint  à  Rabelais. 

Après  discussion  ,  la  classe  ordonne  le  dépôt  aux  archives 
de  la  notice  de  M.  Van  Rossum  et  adresse  des  remercî- 
ments  à  l'auteur. 


84  ) 


CLASSE    DES    BEAUX- A  RTS. 


Séance  du  4  juillet  1867 . 

M.  Alph.  Bàlat,  directeur. 

M.  Ad.  Quetelet,  secrétaire  perpétuel. 

Sont  présents  :  MM.  L  Al  vin ,  G.  Geefs,  Hanssens,  Van 
Hasselt,  Joseph  Geefs,  De  Braekeleer,  Ed.  Fétis,  Edm. 
De  Bussclier ,  Aug.  Payen,  le  chevalier  Léon  de  Burbure, 
Franck,  Gustave  De  Man,  Ad.  Siret,  Julien  Leclercq, 
membres;  Daussoigne-Méhul ,  associé. 


CORRESPONDANCE. 


M.  le  baron  de  Wilte,  membre  de  la  classe  des  lettres, 
propose  de  rédiger,  pour  l'Annuaire  académique,  la  no- 
lice  biographique  de  M.  Edouard  Gerhard,  associé  de  la 
Compagnie,  moi  l  à  Berlin  ,  le  12  mars  dernier.  La  classe 
accepte  celle  proposition  et  remercie  d'avance  M.  le  baron 
de  Witte  pour  la  notice  que  ses  travaux  et  ses  relations 
d'amitié  avec  le  défunt  le  mettenl  si  bien  à  même  de  ré- 
diger. 


(  85) 

—  M.  le  Ministre  de  l'intérieur  fait  connaître  qu'il  a 
chargé  M.  Julien  Leclercq,  membre  de  l'Académie,  de 
l'exécution  du  buste  en  marbre  de  feu  M.  le  chanoine  de 
Ram,  destiné  à  orner  la  salle  des  séances  publiques  de 
l'Académie.  Des  remercîments  seront  adressés  au  gou- 
vernement au  sujet  de  cette  communication. 

—  Le  même  Ministre  communique  à  la  classe  le  juge- 
ment porté  par  les  commissions  chargées  d'apprécier  les 
cantates  françaises  et  flamandes,  destinées  au  grand  con- 
cours de  composition  musicale  de  cette  année. 

Les  poèmes  couronnés,  joints  à  cette  dépêche,  portenl 
pour  titre  : 

1°  Jeanne  Darc,  par  M.  Clément  Michaëls  fils,  de 
Bruxelles;  et 

2°  Het  Woud,  par  M.  Charles  Versnayen,  de  Bruges. 


COMMUNICATIONS  ET  LECTURES. 


Choix  d  une  Cantate  française  pour  le  concours  de  coin- 
position   musicale  de  1867 . 

iiappoê'l  tir  M.    Alritt. 

Le  jury  que  vous  avez  désigné  pour  faire  choix  d'une 
Cantate  en  langue  française,  en  vue  du  concours  de  com- 
position musicale  de  1867,  a  reçu,  des  mains  de  M.  le 
secrétaire  perpétuel,  cinquante-six  poèmes  qui  ont  d'abord 
été  examinés,  à  domicile,  par  chacun  des  jurés.  Deux 
réunions  ont  ensuite  eu  lieu.  Dans  la  première  (le  14  mai), 


(  86  ) 

à  laquelle  assistaient  MM.  AI  vin,  Daussoigne»Méhul,  Ed. 
Fétis  el  Adolphe  Siret,  nous  nous  sommes  communiqué 

nos  observations  el  nous  avons  procédé  par  voie  d'éli- 
mination. Six  pièces  oui  été  réservées  pour  une  discus- 
sion ultérieure  à  laquelle  M.  Fr,  Félis  pourrait  assister. 
Vous  savei  que  notre  respectable  confrère  était  retenu 
alors  à  Paris. 

La  seconde  réunion  a  ou  lieu  le  mercredi  ±2  mai. 
M.  Fr,  Fétis  y  assistait;  M.  Ad.  Siret  était  absout;  la  con- 
vocation ne  lui  était  point  parvenue  en  temps  utile. 

Les  six  pièces  qui   avaient   été  mises  en  réserve  à  la 
séance  cl 1 1  1  i  turent  lues  de  nouveau. 
Voici  les  titres  de  ces  poèmes  : 
N«     4(1).  Le  Magicien. 

10.  La  Fiancée  mourante. 

24.  Judith,  avec  la  devise  :  Voici  ton  heure. 

-2(>.  Charles-Quint. 

29.  .lai n  ne  Dore, 

o(>.  Les  Etoiles. 
Deux  membres.  MM.  Fétis,  père  et  Gis,  étaient  d'ac- 
cord pour  donner  la  préférence  au  n°  29,  Jeanne  Darc. 
M.  Daussoigne-Mébul,  qui  avait  préféré  une  autre  pièce. 
se  rallia  à  l'avis  de  ses  deux  collègues.  J'aurais  peut-être 
dû  m'abstenir;  car  le  poème  choisi  était  loin  de  me  satis- 
faire, et  je  pouvais  parfaitement  me  regarder  comme 
incompétent  en  l'ait  de  musique.  Je  me  suis  rangé  pure- 
ment et  simplement  à  l'opinion  de  la  majorité,  beaucoup 
|>lus  éclairée  que  moi  en  celle  matière  spéciale. 


i    le  sois  loidtv  des  numéros  de  la  liste  insérée  ;m  n  :i  rto  lome  \XII1 
<lu  BulictîH  if  l'A 


,1! 


(  87  ) 
lurais  voulu  pouvoir  décliner  la  tâche  de  nous  rendre 
compte  «1rs  iravaui  du  jury,  et,  si  j'ai  cédé  au  désir 
exprimé  par  mes  confrères,  c'est  surtout  afin  de  saisir 
celte  dernière  occasion  de  dire  m;j  pensée  sur  ces  con- 
cours. 

Étranger  à  la  culture  de  l'art  musical,  je  ne  me  crois 
point  à  ma  place  dans  un  jury  chargé  de  choisir  un  poème 
à  mettre  en  musique,  et  je  ne  vois  pas  que  je  paisse 
ajoutera  l'expérience  de  mes  collègues  nn  appoint  utile. 
Mou  goût  particulier  ne  peut,  le  plus  souvent,  que  con- 
trarier le  leur. 

Lorsque  mes  collègues  me  disent  :  «  Tell»'  pièce  doit 
être  écartée,  »  il  faul  que  je  m'incline;  Force  m,'esl  aussi 
d'approuver  lorsqu'ils  disent  :  «  Telle  cantate  offrira  des 
ressources  au  compositeur.  »  Il  ne  m'est  point  permis 
d'appliquer  ;ni  jugement  les  règles  particulières  de  la  com- 
position littéraire  et  de  la  poésie.  K(  pourtant,  mes  hono- 
rables collègues  n'en  persistent  pas  moins  à  m'engager 
h  me  charger  de  vous  présenter  le  rapport,  c'est-à-dire 
de  vous  exposer  comme  quoi  nous  avons  choisi  un  poème 
qui  n'est  peut-être  pus  le  meilleur  de  ceux  qu'on  nous  a 
remis:  «  Expliquez,  en  vuedu  publie  surtout,  me  dit-on, 
les  raisons  de  notre  choix.  Faites  bien  comprendre  qu'il 
ne  s'agit  point  ici  d'un  concours  de  poésie  proprement 
dite.  Ave/  soin  qu'on  ne  se  méprenne  poiql  sur  la  signifi- 
cation de  noire  jugement;  que  Ton  n'eu  infère  point 
surtout  que  les  poètes  belges  sont  incapables  de  produire 
rien  de  meilleur  que  ce  que  nous  avons  choisi.  »  —  Tort 
bien,  je  suis  très-complaisant  par  nature,  et  j'essayerai 
de  vous  satisfaire;  mais  au  début  de  la  besogne,  je  suis 
arrêté  tout  court.  Lorsqu'il  m'armera  de  désigner  une 
pièce  comme  excellente,  faudra-t-il  que  j'explique  pour- 


(  88  ) 
quoi  elle  n'a  point  été  préférée?  L'explication  serait  tou- 
jours la  même  :  «  Ce  morceau  n'a  pas  paru  convenir  au 
musicien,  il  n'offre  pas  assez  de  ressources,  d'effets, 
d'oppositions,  etc.,  etc.  »  Je  n'accepterai  que  la  seule 
part  de  la  lâche  que  j'espère  pouvoir  convenablement 
remplir,  j'exprimerai  mon  opinion,  mon  opinion  indivi- 
duelle bien  entendu,  au  seul  point  de  vue  littéraire,  et  je 
m'abstiendrai  de  ranger  les  poèmes  dans  un  ordre  qui 
puisse  paraître  assigner  à  l'un  d'eux  une  supériorité  ab- 
solue sur  les  autres;  en  un  mot,  je  m'efforcerai  de  ne 
point  paraître  chercher  à  réformer  le  jugement  du  jury. 
Les  pièces  que  je  citerai  viendront  à  leur  tour  suivant  le 
numéro  qui  leur  a  été  désigné. 

N°  1.  lie  soir. 

Morceau  écrit  avec  élégance;  un  peu  court.  En  voici 
deux  couplets  : 

Dites-moi,  compagnes  chéries, 
Ces  vagues  désirs,  cet  émoi 
Et  ces  étranges  rêveries 
Vous  oppressent-ils  comme  moi? 

Dites-moi,  brises  embaumées, 
Lune  blanche,  oiseaux  amoureux, 
Flots  murmurants,  fleurs  parfumées, 
Pourquoi  j'ai  des  pleurs  dans  les  veux? 

Celui  qui  a  fait  ces  vers  sait  écrire. 

N°  2.  i.c  chapeau  de  Fortunatus. 

C'est  une  jolie  scène  d'opéra-comique,  écrite  avec  verve 
et  esprit,  par  un  homme  qui  sa i t  manier  la  langue  de  la 
poésie  badine. 


(89) 

V  4.  Le  Magicien. 

Pendant  une  nuit  de  sabbat,  un  magicien  invoque  les 
esprits  infernaux  qui  lui  répondent  en  cbœur.  Il  s'apprête 
à  pénétrer  les  mystères  de  la  destinée,  quand  apparaît  une 
jeune  fille,  au  front  plein  d'innocence,  qui  lui  ouvre  son 
âme  candide  et  aimante.  Ses  accents  nobles  et  toucbants 
luttent  avec  le  chœur  des  démons.  Le  magicien,  attendri 
par  cette  voix  pure,  renie  les  illusions  de  son  art  funeste. 

Et  maintenant  arrière,  arrière,  vils  mensonges; 
Mon  âme  à  ses  erreurs  renonce  sans  retour. 
Œuvres  des  noirs  démons,  monstres  nés  de  mes  songes, 
Je  vous  renie!  Adieu;  car  je  crois  à  rameur. 

N"   12.  Le  martyre  des  Fleur.*. 

Invention  originale.  Les  plantes  appellent  le  printemps 
et  demandent  que  l'hiver  se  relire.  Quelques  rayons  et 
quelques  souffles  printaniers  ont  invité  les  fleurs  à  soi  til- 
de leurs  bourgeons;  mais  survient  le  cruel  vent  de  l'est 
(aventure,  hélas!  trop  fréquente  dans  notre  climat).  L'es- 
poir de  Pomone  est  détruit.  Les  génies  des  fleurs  se  la- 
mentent. —  Imprécations  du  jardinier. 

Quel  ravage  navrant,  sombre  d'aspect,  hideux! 
Mes  pauvres  fleurs!  à  peine  une  ?ur  mille  échappe. 
C'est  la  ruine  !  Auleurs  du  malheur  qui  me  frappe  . 
Sombre  nuit,  vent  funeste,  ana thème  à  vous  deu\! 

Ne  dirait-on  pas  une  pièce  de  circonstance  en  l'année  de 
grâce  1867? 

N"   16.  La  Fiancée  mourante 

Celle  petite  élégie  est  charmante  d'un  bout  à  l'autre. 
Elle  est  bien  écrite,  bien  rhvlhmée.  Je  conseille  à  l'auteur 


v  90  ) 

de  ne  point  laisser  ee  morceau  inédit.  Malgré  le  peu  de 
goût  que  le  lecteur  belge  montre  pour  la  poésie  indigène, 
il  y  a  encore  des  recueils  qui  accepteraient  cette  pièce  de 
vers.  J'espère  que  le  Bulletin  de  l'Académie  ne  refusera 
pas  de  sauver  ces  trois  strophes. 

On  me  disait  :  L'amour  est  une  fleur  étrange 
Qui  veut  des  larmes  pour  fleurir; 

—  Moi,  je  n'ai  pas  pleuré,  j'eus  le  bonheur  d'un  ange. 

Et  cependant  je  vais  mourir. 

On  me  disait  :  L'amour  a  le  destin  des  roses, 
Il  charme  et  règne  peu  d'instants; 

—  Moi,  je  l'avais  trouvé  fidèle  en  toutes  choses, 

Et  c'est  lui  qui  clùt  mon  printemps. 

On  me  disait  :  L'amour  a  de  sombres  nuages 
Dont  les  éclairs  brûlent  nos  cœurs; 

—  Moi ,  je  n'ai  découvert  que  de  rjanls  rivages, 

.le  m'y  suis  assise  et  je  meurs. 

V  21.  Judith. 

Première  partie  :  Le  festin  d'Holophernc  et  de  ses 
officiers.  —  Deuxième  partie  :  Scène  entre  le  général 
assyrien  et  la  veuve  juive.  —  Troisième  partie  :  Meurtre 
d'Holophernc.  Chœur  final. 

Cette  pièce  réunissait  les  conditions  du  programme  du 
concours;  elle  était  au  nombre  des  six  qui  avaient  été  ré- 
servées. Mais  on  ne  pouvait  en  choisir  qu'une. 

N°  23.  Job. 

Excellent  morceau,  bien  écrit,  bien  rhvthiné,  bien 
coupé.  Pensées  élevées. 

J'étais  heureux  !  Le  ciel,  <ians  sa  munificence , 


(  91  ) 

Autour  de  moi  régnaient  l'amour  et  l'innocence, 

Et  je  ne  craignais  pas  le  pouvoir  des  mécbauls. 

Mais  un  seul  jour  détruit  tous  mes  biens..  Sort  funeste! 

Mes  champs  sont  dévastés...  Mes  troupeaux  sont  perdus. 

Je  ne  murmure  pas...  L'espérance  me  reste!... 

Ceux  qui  perdent  la  foi  seront  seuls  confondus. 

De  l'esprit  tentateur  je  fuis  l'appel  immonde, 

Aux  richesses  d'hier  je  dis  sans  peine  :  adieu! 

Satan,  retire-toi!  Nu,  j'entrai  dans  le  monde; 

Nu,  je  retournerai  dans  le  sein  de  mou  Dieu. 

N°  26.  Charles-Quint. 

Cette  pièce,  excellente  comme  disposition,  a  aussi  en 
l'honneur  d'être  au  nombre  des  six  morceaux  réservés. 

L'Empereur  médite  sur  son  passé  et  sur  les  approches 
de  la  mort.  Les  moines,  pendant  ce  temps,  chantent  le 
Die  s  irœ. 

N°  57.  Christophe  Colomh. 

Scène  en  mer.  — Révolte  de  l'équipage.  —On  aperçoit 
enfin  la  terre.  —  Chant  de  joie.— Repentir  des  matelots.  Il 
y  a  beaucoup  de  bon  dans  ce  poème,  qui  laisse  pourtant  à 
désirer  sous  le  rapport  du  style. 

N"  55.  IHdon. 

L'auteur  de  celte  pièce  comprend  les  nécessités  de  l'art, 
il  sait  disposer  une  scène,  son  style  est  celui  qui  convienl 
à  ce  genre  de  composition.  Il  n'a  pas  cependant  évité 
l'écueil  auquel  Virgile  lui-même  n'a  pas  échappé  dans  cet 
épisode  de  son  poème.  —  Énée,  en  présence  de  Didon, 
est  froid,  il  est  presque  ridicule    Le  public  resterait  aussi 


(  92) 

froid  malgré,  ou  peut-être  à  cause  de  ce  dernier  couplet 
chaulé  eu  chœur  : 

Pars,  Enée,  à  l'honneur  fidèle  ! 
Pour  les  fils  glorieux  berceau , 
L'Italie,  où  ton  vœu  t'appelle, 
Vient  l'offrir  un  sort  digne  et  beau; 
Et  toi ,  reine,  aux  bords  frais  et  sombres, 
Va  trouver,  loin  des  feux  du  jour, 
La  paix  calme  et  l'oubli  des  ombres. 
Le  devoir  a  vaincu  V amour  ! 

N"  06.  te»  Étoile*. 

Le  sujet  a  paru  trop  abstrait ,  mais  les  idées  sont  poéti- 
ques et  les  vers  bien  faits. 

Seule,  l'âme  s'élance  et  franchit  comme  un  trait 

Les  espaces  cachés  que  nul  œil  ne  mesure; 

Llle  écoute  en  priant  le  sublime  secret 

Que  l'étoile  étonnée  à  l'étoile  murmure. 

Ce  secret.  —  C'est  un  nom  inscrit  dans  le  ciel  bleu, 

Dans  l'abîme  des  mers  et  sur  le  mont  superbe, 

Sur  l'écoree  du  chêne  et  sur  l'humble  brin  d'herbe, 


Il  y  a  encore  des  gens  qui  se  trouveraient  choqués  par 
l'équivoque  de  ces  mots  :  Nom  de  Dieu. 

Les  onze  pièces  que  je  viens  de  citer  ne  sont  pas  les 
seules  qui  mériteraient  une  mention;  il  en  est  plusieurs 
que  Ton  pourrait  encore  désigner  pour  quelques  qualités 
particulières,  bien  qu'elles  laissent  à  désirer  sous  d'autres 
rapports. 

N°  6.  te  Fratricide. 

Caïn  exprime  un  repentir  sincère,  il  invoque  la  clé- 
mence de  Dieu.  Le  remords  le  poursuit  sous  la  ligure  de 


(  93  ) 
sa  viclime.  Son  premier  chant  rappelle  l'arrêt  dn  Très-Haut 
qui  l'a  maudit. 

Tout  à  coup,  il  entend  une  voix  qui  chante  et  prie  avec 
lui  :  c'est  celle  d'Abel.  Les  deux  frères  unissent  leurs  ac- 
cents qui  montent  ensemble  au  pied  du  trône  de  l'Éternel. 

X»  U.  Judas  Iscariote. 

lmaël,  invisible,  exprime  la  douleur  que  lui  cause  le 
crime  de  Judas,  dont  il  était  l'ange  gardien.  11  implore  de 
Dieu  son  pardon. 

Mammon,  invisible  aussi,  se  réjouit  de  la  nouvelle  re- 
crue que  l'enfer  va  recevoir. 

Judas  exprime  ses  remords.  —  Trio  final. 

\     50.  MmiiNOii  et  D.tllla. 

Scène  beaucoup  trop  prolongée,  assez  dramatique, 
quoique  d'une  exécution  négligée.  L'auteur  ne  trouve  pas 
toujours  l'expression  juste.  Ainsi,  il  fait  dire  à  Samson, 
en  parlant  de  sa  perfide  maîtresse  : 

Remplis  mou  amphore, 
Vierge,  que  j'adore, 
Verse  lour  à  tour 
L'ivresse  eï  l'amour. 

N    55.  ■•«*  Pain. 

Le  succès  qu'a  obtenu  au  dernier  concours  le  poëme 
flamand  Le  Vent  a  certainement  alléché  l'auteur  de  la  pièce 
intitulée  :  Le  Pain.  Je  ne  sais  pas  si  l'on  peut  appeler  cela 
une  cantate;  celte  sorte  de  poëme,  plus  descriptif  que 
dramatique,  s'éloigne  assez  du  programme  contenu  dans 
l'arrêté  royal;  mais  il  faut  convenir  qu'il  se  prête  fort  bien 


(  94  } 

à  l'introduction  de  morceaux  de  genres  très- variés.  L'au- 
teur du  Pain  a  été  assez  heureusement  inspiré. 

Voici  son  plan  :  Le  blé  lève,  se  développe  et  mûrit.  Les 
moissonneurs  l'enlèvent  à  la  terre  et  le  transportent  dans 
les  granges,  non  sans  laisser  leur  part  aux  glaneuses.  Le 
moulin  moud  le  grain;  l'abondance  règne.  L'auteur  montre 
ensuite  le  revers  de  la  médaille  :  L'orage  et  la  grêle  se 
sont  abattus  sur  les  cultures,  la  famine  est  venue,  suivie 
de  l'émeute  qui  gronde. 

Du  pain,  du  pain! 
Ouvrez-nous  la  grange! 
Pillons  le  moulin. 
Le  peuple  a  faim, 
Il  faut  bien  qu'il  mange! 
Du  pain,  du  pain! 
Le  peuple  a  faim. 

.V  30.  Sapho. 

Sujet  rebattu  et  que  l'auteur  n'a  pas  su  rajeunir.  Il  a 
pourtant  rencontré  quelques  beaux  vers;  et  il  n'a  rien  mis 
d'absolument  choquant  dans  son  petit  poème. 

N"  58.  Les  révélations  «le  l 'autour 

Un  chœur  lointain  et  confus  chante  l'amour;  une  jeune 
fille  demande  aux  sylphes,  aux  nymphes,  aux  anges  de 
lui  enseigner  ce  que  c'est  qu'aimer.  —  Le  chœur  répond 
d'une  façon  un  peu  moins  vague.  Un  duetlino  entre  le 
papillon  et  la  rose  précise  encore  l'explication.  Ce  duettino 
rappelle  un  peu  trop  certain  petit  poème  de  V.  Hugo, 
dont  M.  De  Glymes  a  fait  la  musique.  —  Une  ravissante 
mélodie.  —  Le  chœur  reprend  ;  puis  le  printemps  chaule 


(  95 


un  air.  Enfin  la  jeune  fille  célèbre  le  réveil  de  son  âme. 

O  joie!  ù  merveille! 
Ivresse  des  cieux! 
Mon  âme  s'éveille, 
J'ouvre  enlin  les  yeux. 
Émue  et  ravie, 
Tremblante  d'émoi, 
Je  sens  que  la  vie 
Commence  pour  moi. 
C'est  l'aube  nouvelle 
Du  jour  où,  vainqueur, 
L'amour  se  révèle 
Et  parle  à  mon  cœur. 
Chantez,  symphonie 
Des  monts  et  des  bois  , 
A  votre  harmonie 
Je  mêle  ma  voix. 

Et  le  chœur  final  reprend  avec  la  jeune  fille. 

N°  45.  la  chasse. 

Je  suppose  que  ce  poème  est  la  traduction  d'une  pièce 
écrite  dans  une  langue  du  Nord.  Le  dessin  en  est  bon, 
l'intérêt  et  les  oppositions  y  sont  habilement  ménagés; 
mais  l'auteur,  qui,  pour  un  étranger,  parait  connaître 
assez  bien  la  langue  française  usuelle,  n'a  pas  saisi  celle 
de  la  poésie.  11  emploie  des  tournures  de  phrases  et  des 
expressions  qui  prouvent  que  sa  pensée  n'a  pas  été  conçue 
dans  l'idiome  dont  il  se  sert  pour  la  rendre. 

Pour  ne  rien  oublier  de  ce  qui  offre  quelque  mérite,  je 
citerai  encore  le  poème  n°  3,  Y  Aven;  c'est  une  scène 
d'opéra-comique,  ou  plutôt  de  vaudeville,  assez  bien  filée 
et  agréablement  écrite. 

Les  auteurs  qui  ont  choisi  les  sujets  ayant  un  rapport 
direct  avec  noire  histoire  nationale,  n'ont  pas  élé  heureu- 


(  9«  ) 
sèment  inspirés.  On  peut  mettre  à  peu  près  sur  la  même 
ligne  :  Xotger  au  château  de  Chèvremont,  Baudouin  de 
Constantinople,  le  Camp  des  croisés  sous  Jérusalem, 
Godefroid  de  Bouillon  en  Palestine,  la  première  croisade, 
la  Bataille  de  Ransbeek,  Jean  Breydel  et  Pierre  de  Co- 
ninck,  et  enfin  Agneessens. 

Plusieurs  ont  compté  sur  l'intérêt  qu'excitent  les  évé- 
nements contemporains;  ils  ont  traité  des  sujets  de  cir- 
constance avec  tout  aussi  peu  de  succès.  Quelques-uns 
sont  même  parvenus  à  rendre  burlesques  les  sentiments 
les  plus  respectables.  Un  exemple  récent  —  la  cantate 
exécutée  lors  de  la  distribution  des  récompenses  à  l'occa- 
sion de  l'Exposition  universelle  — montre  que  ce  n'est  pas 
seulement  en  Belgique  qu'on  doit  être  indulgent  pour  les 
paroles  des  cantates. 

Je  ne  m'appesantirai  point  sur  la  critique  des  poèmes 
défectueux  :  Il  ne  s'agit  point  ici  d'établir  une  balance  et 
de  prendre  la  moyenne  entre  le  bon  et  le  mauvais.  Il  me 
suffît  de  dire  que,  s'il  s'était  agi  d'un  concours  de  poésie 
purement  et  simplement,  le  jury  n'aurait  pas  été  embar- 
rassé pour  trouver  un  poëme  digne  du  prix. 

Cette  pauvre  fiche  de  consolation  que  je  leur  donne  ne 
satisfera  pas  tous  les  concurrents.  Plusieurs,  je  l'espère, 
apprécieront  le  soin  que  j'ai  pris  de  relever  ce  que  j'ai 
rencontré  de  bon  dans  leurs  envois.  Pour  un  écrivain  de 
quelque  valeur  ,  il  y  a  du  courage  à  s'aventurer  dans  cette 
lice  qui  offre  si  peu  de  profit  et  encore  moins  de  gloire  à 
Recueillir.  La  poésie  exerce  donc  encore  un  certain  attrait 
sur  les  cames,  puisque  tant  d'esprits  élevés,  qui  pourraient 
faire  de  leurs  facultés  un  emploi  mieux  rémunéré,  s'expo- 
sent, afin  de  satisfaire  leur  besoin  d'idéal,  à  l'indifférence 
et  même  aux  sarcasmes  des  hommes  positifs.  Ne  les  dé- 
courageons pas. 


(  97  ) 
Tous  les  talents  aujourd'hui  ne  visent  plus  guère  qu'aux 
applications  industrielles,  qu'à  l'exploitation;  la  littéra- 
ture n'échappe  pas  plus  que  les  autres  arts  à  la  tendance 
générale;  félicitons-nous  qu'il  se  rencontre  encore  dans 
notre  pays  des  hommes  de  lettres  qui  consentent  à  cul- 
tiver l'art  pour  l'art. 


Choix  d'une  cantate  flamande  pour  le  grand  concours 
de  composition  musicale  de  1867. 

Mtapport  de  m.  Ph.  Blotntnaert. 

«  De  jury  aangesteld  1er  beoordeeling  der  ingezondene 
cantaten,  heeft  zich  heden  in  zilting  vereenigd  en  lezing 
der  toegekomenc  dichtstukken  genomen. 

Negentien  gedichten  werden  ontvangen,  waaronder 
zeven  door  den  jury  in  aanmerkiug  werden  genomen  : 

1°  Het  feest  van  Balthasar; 

2°  God; 

o°  De  Nacht; 

4°  Te  Groeninge,  1502; 

5°  De  Winter; 

6°  Mid-Zomemacht; 

7°  Het  Woud,  dragende  nr  9,  en  de  kenspreuk  :  Alof 
niet. 

Aile  deze  stukken  hebben  literarische  verdiensten ,  zui- 
vere  taal  en  vloeijende  verstrant;  maarhet  laatstgemelde 
gedicht  :  Het  Woud,  heeft  de  jury  als  het  best  geschikt 
gevonden  ora  met  afwisscling  van  toestanden,  in  cène 
roerende  muzikale  cantate  overgebracht  le  worden  :  (eenigo 

2mc  SÉRIE,  TOME   XXIV.  7 


(98) 

uitdriikkingen,  onnauwkeurig  of  weinig  dichterlijk,  kun- 
nen  lichtelijk  weggelatcn  of  verbeterd  worden).  Inderdaad 
bij  bet  pracbtig  natuurlafereel  van  een  eeuwenheugend 
woud,  bij  de  stilte  en  lommer  der  dreven,  hoort  men  bet 
gejuich  eener  woelende  jacht,  en  de  zucbt  eens  vluch- 
tenden  maagdelijn,  die  door  een'  jager  vervolgd  bij  den 
boschwachter  redding  zoekt,  die  haar  beschermt  en  be- 
vrijdt. 

De  jury  heeft  met  algemeene  stemmen  dit  lierdicht  als 
het  beste  aangenomen,  en  waardig  van  den  uitgeschreven 
prijs  geoordeeld.  » 

—  Avant  de  lever  la  séance,  les  membres  du  bureau  col- 
lationnent  les  différents  billets  cachetés  joints  aux  poèmes 
français  et  flamands,  et  ils  les  livrent  aux  flammes  après 
en  avoir  constaté  la  parfaite  intégrité. 


OUVRAGES  PRÉSENTÉS. 


Spring  (A.)  —  Symptomatologie ,  ou  traité  des  accidents 
morbides.  Tome  1,  2me  fascicule.  Bruxelles,  1867;  in-8°. 

Chalon  (/?.).  —  La  plus  grande  médaille  qu'on  ait  jamais 
frappée.  Bruxelles,  1867;  in-8°. 

Chalon  (Renier).  —  Méréaux  de  Tournai.  Bruxelles,  1867; 
in-8°. 

Arta  Sanctorum  octobris.  Tomus  XII.  Bruxelles,  4867; 
in-folio. 

Caisse  de  prévoyance,  établie  à  Mons ,  en  faveur  des  ou- 


(  9») 

hriers  mineurs.  Commission  administrative.  Rapport  annuel 
de  1860.  Mons,  1807;  in-4°. 

Brenier(J.).  — De  l'homœopathie.  Gand,  1807;  in-8°. 

Mourlon  {Michel).  —  Recherches  sur  l'origine  des  phéno- 
mènes volcaniques  et  des  tremblements  de  terre.  Bruxelles. 
1867;  in-8°. 

Vander  Straelen  (Edmond).  —  La  musique  aux  Pays-Bas 
avant  le  dix-neuvième  siècle.  Tome  Ier.  Bruxelles,  1867;  in-8°. 

Société  de  V histoire  de  Belgique,  2me  série,  dix-septième 
siècle.  —  Abrégé  historique  du  règne  d'Albert  et  Isabelle, 
1592-1602,  avec  une  introduction  et  des  notes,  par  Adrien 
Campan.  Bruxelles,  1867;  in-8°. 

Inscriptions  funéraires  et  monumentales  de  la  province  de 
la  Flandre  orientale.  45me  à  o3me  livraisons.  Gand;  in-4°. 

Société  d'émulation  de  Bruges.  —  Recueil  de  chroniques, 
lre  série,  IIIme  fascicule  :  Cronica  et  cartularium  monasterii  de 
Dunis.  Bruges,  1867;  in-i°. 

Journal  historique  et  littéraire,  tome  XXXIV,  livr.  3. 
Bruxelles,  1867;  in-8°. 

L Illustration  horticole,  tome  XIV,  5e  livraison.  Gand. 
1867;  in-8°. 

Revue  de  la  numismatique  belge,  4me  série  ,  tome  V,  5e  livr. 
Bruxelles,  1867;  in-8°. 

De  vlaamsche  school. —  Nieuwe  série,  1 8te  deel ,  bladeren  11 , 
12,  15.  Anvers,  1867;  3  feuilles  in-4°. 

Annales  d'oculistique,  50e  année,  5P  et  0e  livr.  Bruxelles, 
1867;in-8°. 

Annales  académie i  neerlandicae,  1862-1863.  Leide,  1866; 
in-4°. 

Musée  Teyler.  —  Archives,  vol.  I,  fascicule  premier.  Har- 
lem, 1866;  gr.  in-8°. 

Aoust  (l'abbé).  —  Discours  d'ouverture  prononcé  dans  la 
séance  publique  du  2  juin  1867  de  l'Académie  impériale  de 
Marseille.  Marseille,  1867;  in-8°. 


(  100  ) 

Garrigou  (F.).  —  La  vérité  sur  les  objets  de  l'âge  de  la  pierre 
polie  des  cavernes  deTarascon  (Ariége).  Paris,  1867;  in-8°. 

Société  météorologique  de  France.  —Annuaire,  tome  XIIIe, 
4865,  4re  partie,  tableaux  météorologiques,  feuilles  1-14. 
Paris,  4867;  gr.  in-8°. 

Société  géologique  de  France.  —  Bulletin,  2e  série,  t.  XXIV, 
n°  5.  Bruxelles,  4867;  in-8°. 

Société  impériale  d'agriculture  à  Valenciennes.  —  Revue 
agricole,  49me  année,  t.  XXI,  nos  4  et  5.  Valenciennes,  1867; 
2  broch.  in-8°. 

Institut  historique  de  France.  —  L'Investigateur,  54e  année, 
588e  et  589e  livr.  Paris,  1867;  in-8°. 

Académie  impériale  des  sciences,  belles-lettres  et  arts  de 
Bordeaux.  —  Actes,  5e  série,  29e  année,  1867,  1er  trimestre. 
Paris,  4867;in-8°. 

Brierre  de  Boismont  (A.).  —  Joscpb  Guislain ,  sa  vie  et  ses 
écrits.  Paris,  4867;  in-8°. 

Société  d'histoire  de  la  Suisse  romande ,  à  Lausanne.  — 
Mémoires  et  documents,  tome  XXII.  Lausanne,  1867;  in-8°. 

Kônigliche  bayerische  Akademie  den  Wissenschaflen  zu 
Mûnchen. —  Sitzungsberichte,  4867,  Band  I,  Hefte  4-5.  Munich, 
4867;  5  cab.  in-8°. 

Justus  Perthes'  geographischer  Anstalt  zu  Gotha.  — Mit- 
iheilungen  iiber  wichtige  neue  Erforschungen  auf  dem  Ge- 
sammtgebiete  der  Géographie,  von  Dr  A.  Petermann.  Jahrg. 
4867;  VI;  Erganzungsheft,  n°  19.  Gotha,  1867;  2  cah.  in-4°. 

Magnelische  und  meteorologische  Beobachtungen  zu  Prag , 
XXVIIsler  Jahrgang.  Prague,  4857;  in-4°. 

Kônigliche  preussischen  Akademie  der  Wissenschaften  zu 
Berlin.  —  Monatsbericht,  April  4867.  Berlin;  1  cah.  in-8°. 

Xalurhistorisch-medizinischer  Verein  zu  Heidelberg.  — 
Verhandlungcn,  Band  IV,  Heft  4.  Heidelberg,  1867;  in-8°. 


BULLETIN 


DE 


L'ACADÉMIE  ROYALE  DES  SCIENCES, 

DES 

LETTRES  ET  DES  BKAUX-ARTS  DE  BELGIQUE. 
1867.  —  N°8. 


CLASSE    ilfcS    SCIENCES. 


Séance  du  5  août  1867. 

M.  Spring,  vice-directeur,  occupe  le  fauteuil. 
M.  Ad.  Quetelet,  secrétaire  perpétuel. 

Sont  présents  :  MM.  d'Omalius  d'Halloy,  Wesmael,  Stas, 
De  Koninck,  Van  Beneden,  Nyst,  Gluge,  Nerenburger, 
Melsens,  Liagre,  Duprez,  J.-B.  Brasseur,  Poelman,  De- 
walque,  Ernest  Quetelet,.  Maus,  Candèze,  Eug.  Coemans, 
Donn  y,  membres  ;  Sch\vann,Th.  Lacordaire,  Aug.  Kekulé, 
E. Catalan,  associés;  Morren,  Henry,  Malaise,  Ed. Dupont, 
correspondants. 

2me  SÉRIE,  TOME  XXIV.  8 


102 


CORRESPONDANCE. 

M.  le  Ministre  de  l'intérieur  fait  parvenir,  pour  la  biblio- 
thèque académique,  un  exemplaire  des  Exposés  de  la 
situation  administrative  des  provinces  en  1867,  avec  les 
Rapports  des  commissaires  des  arrondissements  d'Anvers 
et  de  Malines;  de  même  que  trois  exemplaires  du  Bulletin 
du  conseil  supérieur  d'agriculture,  3me  partie  du  tome  XX, 
ainsi  que  d'autres  ouvrages  qui  seront  mentionnés  dans  le 
Bulletin  de  la  séance. 

L'Académie  des  sciences  de  l'Institut  impérial  de  France, 
l'Académie  royale  de  Lisbonne,  les  Universités  néerlan- 
daises, etc.,  remercient  l'Académie  pour  l'envoi  de  ses 
publications. 

Le  secrétaire  perpétuel  présente  un  mémoire  manuscrit 
que  lui  a  fait  parvenir  Pauteur,  M.  Speelmans,  professeur  à 
Garni.  Cet  écrit  porte  pour  titre  :  Éludes  sur  Visoscêlisme. 
(Commissaires:  MM.  Catalan,  Liagre  et  Ad.  Quetelet.) 


CONCOURS  POUR  1807. 


M.  le  secrétaire  perpétuel  annonce  qu'il  ne  lui  est  par- 
venu aucun  mémoire  en  réponse  aux  questions  inscrites 
dans  le  programme  de  concours  de  celte  année;  le  terme 
fatal  pour  leur  envoi  expirait  le  1er  août. 


(  105  ) 


RAPPORTS. 


Recherches  chimiques  et  physiologiques  concernant  V ac- 
tion des  silicates  alcalins  sur  l'économie  animale,  par 
M.  Em.  Husson. 

Rapport  tl*>  .fi.  Schwattn. 

«  Depuis  la  publication  de  ma  théorie  cellulaire,  faite  de 
1857  à  1839  et  dans  laquelle  j'ai  attaqué,  le  premier,  la  ten- 
dance des  physiologistes  d'expliquer  les  phénomènes  qui  se 
passent  dans  l'économie  animale  par  une  force  purement 
hypothétique,  la  force  vitale,  la  physiologie  a  pris  une 
direction  toute  nouvelle;  elle  suit  le  principe  d'expliquer 
les  phénomènes  de  la  vie,  autant  que  possible,  par  les  lois 
de  la  physique  et  de  la  chimie.  Dans  ma  théorie  cellulaire, 
j'ai  appliqué  ce  principe  aux  phénomènes  de  l'accroisse- 
ment, c'est-à-dire  aux  phénomènes  plastiques  ou  morpho- 
logiques de  la  vie.  Quelques  années  plus  tard,  M.  de  Liebig 
en  Allemagne ,  MM.  Dumas  et  Boussingault  en  France  l'ont 
appliqué  aux  phénomènes  chimiques  qui  se  passent  dans 
les  êtres  vivants.  Actuellement  tous  les  travaux  des  phy- 
siologistes montrent  cette  même  tendance.  Il  n'est  pas  dit 
par  là,  et  je  ne  suis  pas  de  celte  opinion,  que  tous  les  phé- 
nomènes des  êtres  vivants  s'expliquent  exclusivement  par 
les  lois  de  la  physique  et  de  la  chimie.  Mais  la  nouvelle  mé- 
thode doit  conduire,  nécessairement,  à  préciser  nettement 
le  point  où  un  autre  mode  d'explication  doit  commencer,  et 
sons  ce  rapport  elle  a  déjà  rendu  les  plus  grands  services  à 


(  104  ) 

la  science  et  promet  d'en  rendre  de  bien  plus  grands  encore. 

C'est  dans  ce  même  esprit  que  notre  savant  confrère, 
M.  Melsens ,  a  présenté  dernièrement  à  la  Compagnie  un 
travail  expérimental,  par  lequel  il  prouve  que  deux  sub- 
stances chimiques  inoffensives  quj,  mêlées  en  dehors  de 
l'organisme,  produisent  une  substance  vénéneuse,  se 
combinent  de  la  même  manière  et  constituent  donc  un 
poison ,  si  on  les  introduit,  séparément,  Tune  après  l'autre 
dans  le  sang  :  l'affinité  chimique  se  fait  valoir  dans  le  sang 
vivant  de  la  même  manière  qu'en  dehors  des  êtres  vivants. 
C'est  encore  dans  ce  même  esprit  qu'est  conçu  le  travail  de 
M.  Emile  Husson ,  répétiteur  à  l'École  vétérinaire  de  l'État, 
sur  lequel  nous  avons  à  faire  connaître  notre  avis.  Ce  tra- 
vail porte  le  litre  :  Recherches  chimiques  et  physiologiques 
concernant  l'action  des  silicates  alcali)is  sur  l'économie 
animale.  Les  expériences  furent  faites  dans  le  laboratoire 
de  M.  Melsens. 

L'auteur  a  donné  à  plusieurs  chiens  des  solutions  de  sili- 
cate de  sodium;  il  a  observé  les  symptômes  produits,  il  a 
sacrifié  ensuite  les  chiens  et  il  a  cherché,  par  l'analyse 
chimique,  la  présence  ou  l'absence  de  l'acide  siîicique  non- 
seulement  dans  l'intestin,  mais  aussi  dans  l'urine,  le  sang 
et  dans  différents  organes,  tels  que  le  cerveau,  les  mus- 
cles, etc.  Ayant  constaté  ainsi  par  l'expérience  ce  qui  se 
passe  dans  l'être  vivant,  il  a  fait  des  expériences  en  dehors 
du  corps,  pour  voir  jusqu'à  quel  point  on  peut  se  rendre 
compte,  par  les  affinités  chimiques,  de  ce  qui  se  passe 
dans  l'être  vivant.  Telle  est  l'idée  du  travail  de  M.  Husson. 

Nous  n'entrerons  pas  dans  le  détail  des  expériences. 
Voici  les  principaux  résultats  :  Les  silicates  alcalins,  donnés 
en  si  petite  quantité  que  le  contenu  de  l'estomac  reste 
acide,  sont  complètement  décomposées  dans  l'estomac, 


(  105  ) 
même  quand  ils  sont  en  solution  très-faible.  Les  liquides 
de  l'intestin  ne  peuvent  pas  redissoudre  l'acide  silicique 
précipité.  Les  silicates  alcalins  ne  peuvent  donc  entrer 
dans  le  sang  que  lorsqu'ils  sont  administrés  en  dose  suffi- 
sante pour  arriver  en  état  alcalin  dans  l'intestin  grêle. 
Entrés  dans  le  sang,  on  ne  les  y  trouve  qu'à  l'état  de 
traces.  Ils  ne  se  déposent  pas,  ni  dans  le  cerveau ,  ni  dans 
les  os,  ni  dans  le  foie,  ni  dans  la  bile;  mais  les  muscles 
renferment  des  quantités  appréciables  d'acide  silicique 
précipité,  et  dans  une  expérience  la  rate  fut  examinée  aussi 
et  renfermait  de  cette  même  substance.  Mais  la  quantité 
principale  de  silex  se  précipite  dans  l'urine  sous  forme  de 
dépôt  d'acide  silicique,  de  silicate,  phosphate  et  carbonate 
de  calcium. 

L'auteur  explique  ainsi  ces  résultats,  c'est-à-dire  les 
dépôts  exclusifs  d'acide  silicique  dans  les  muscles,  la  rate 
et  l'urine  :  dans  les  muscles,  c'est  l'acide  qui  se  développe 
pendant  la  contraction,  qui  décompose  le  silicate, et  l'acide 
silicique  précipité  ne  peut  plus  être  redissout;  dans  l'urine, 
c'est  le  biphosphate  de  calcium  qui  produit  le  même  effet; 
la  précipitation  dans  la  rate  reste  encore  un  problème. 
Les  seuls  symptômes  constants  de  l'administration  d'un 
silicate  alcalin,  que  l'on  peut  constater  chez  les  chiens,  sont 
l'urine  trouble,  congestion  vers  les  reins  et  difficulté 
d'uriner  et  absence  d'acide  urique  dans  l'urine.  L'auteur 
explique  les  premiers  de  ces  symptômes  par  les  dépôts 
siliciques  dans  l'urine  qui  irritent  mécaniquement  le  canal 
de  l'urètre.  L'absence  d'acide  urique  dans  l'urine  pro- 
vient, d'après  lui,  de  ce  qu'une  partie  du  silicate  de 
sodium  devient  dans  l'estomac  lactate  sodique,  et  celui-ci 
se  transforme  dans  le  sang  en  carbonate  sodique.  Or,  il  est 
constaté  que  si  on  donne  à  un  animal  de  l'acide  urique  en 


(  106  ) 

commun  avec  du  carbonate  sodiqueou  du  laclate  ou  citralc 
sodique,  l'acide  urique  ne  se  retrouve  pas  dans  l'urine, 
mais  bien  une  quantité  d'urée  d'autant  plus  grande. 

Le  travail  de  M.  Emile  Husson  est  un  nouveau  pas  dans 
la  voie  qu'a  inaugurée  si  heureusement  M.  Melsens  par  ses 
travaux  sur  les  elfets  de  l'hydriodure  de  potassium,  voie 
qui  consiste  à  poursuivre  les  substances  médicamenteuses 
dans  l'intérieur  de  l'organisme  vivant.  Tous  ces  travaux 
sont  de  nouvelles  preuves  que  les  lois  de  la  chimie  trou- 
vent leur  application  dans  l'être  vivant  aussi  bien  qu'en 
dehors  du  corps. 

J'ai  l'honneur  de  proposer  à  la  Compagnie  de  remer- 
cier l'auteur  pour  son  intéressante  communication  et  d'im- 
primer son  travail  dans  le  Bulletin.  » 


Rapport  tlv  m.   Glttge. 

«  L'illustre  auteur  des  Leçons  sur  les  phénomènes  phy- 
siques de  la  vie,  Magendie,  disait,  en  I806,  que  celui-là 
rendrait  un  grand  service  à  la  physiologie  qui  réduirait  la 
contraction  musculaire  à  un  phénomène  purement  phy- 
sique. Il  voulait  indiquer  ainsi  la  nécessité  de  faire  ab- 
straction d'une  force  vitale  hypothétique,  et  d'appliquer 
la  physique  et  la  chimie  à  l'étude  du  corps  vivant.  La  phy- 
siologie actuelle  est  pleinement  entrée  dans  cette  voie.  Si 
l'on  ne  peut  admettre  que  la  physique  et  la  chimie  dans 
leur  état  actuel  puissent  expliquer  les  phénomènes  si  com- 
plexes de  la  vie,  un  grand  nombre  de  travaux  publiés  dé- 
montrent déjà  que  beaucoup  de  faits  physiques  et  chimi- 
ques se  passent  dans  les  êtres  vivants  comme  dans  les 
corps  privés  d'organes. 


(  107  ) 
L'organisation  de  notre  enseignement  supérieur  n'a  pas 
permis  à  la  Belgique  de  prendre  à  ces  travaux  autant  de 
part  que  le  permettaient  ses  forces  matérielles  et  intellec- 
tuelles. Nulle  part,  en  Belgique,  il  n'existe  des  instituts 
physiologiques  et  pathologiques  comme  ceux  qui  se  trou- 
vent attachés  aux  universités  de  l'Allemagne  et  à  celles 
d'autres  pays.  Nous  devons  donc  savoir  gré  aux  savants 
qui,  malgré  les  obstacles,  encouragent,  comme  l'a  fait 
M.  Melsens,  un  genre  de  recherches  aussi  utiles,  et  je  pro- 
pose, comme  mon  savant  collègue,  M.  Schwann,  l'inser- 
tion de  la  note  de  M.  E.  Husson  dans  nos  Bulletins.  » 

M.  Melsens,  troisième  rapporteur,  ayanl  conclu  comme 
ses  deux  collègues,  l'Académie  décide  que,  conformément 
aux  conclusions  de  ses  trois  commissaires,  la  note  de 
M.  E.  Husson  sera  insérée  dans  les  Bulletins. 


Police  sur  la  synthèse  de  iacide  anisique ,  de  lucide  mè- 
thyloxybenzoïque ,  d'un  crcsol  nouveau  et  sur  l'aride 
paraoïdobenzoïque  ;  par  M.  le  docteur  AV.  Korner. 

SltipjHit  I   tic   M.    Mn-t.-nl<-. 

«  Les  hypothèses  qui,  dans  ces  derniers  temps,  ont  été 
introduites  en  chimie,  et  en  chimie  organique  surtout, 
quand  même  elles  n'auraient  pas  la  valeur  de  théories, 
présentent  au  moins  l'avantage  de  faire  prévoir,  mieux 
qu'on  a  pu  le  faire  autrefois,  un  grand  nombre  de  faits 
nouveaux.  La  notice  que  M.  le  docteur  Korner  vient  de 


(  108  ) 
présenter  à  l'Académie  fournit  une  nouvelle  preuve  de 
l'utilité  de  ces  hypothèses.   Elle  annonce,  en  effet,  trois 
synthèses  nouvelles,  qui  toutes  ont  été  prévues  et  dé- 
duites de  spéculations  théoriques. 

Ces  trois  synthèses  peuvent  se  résumer  ainsi  : 

1°  L'oxydation  du  crésol  n'a  pas  donné  de  résultats 
jusqu'ici;  on  aurait  dû  s'attendre  à  la  formation  de  l'acide 
paraoxybenzoïque.  1M.  K orner  nous  démontre  que  l'éther 
méthylique  du  crésol  engendre  par  oxydation  l'éther  mé- 
thylique de  l'acide  paraoxybenzoïque,  qui  n'est  autre  que 
l'acide  anisique; 

2°  La  seconde  synthèse  que  nous  signale  M.  Korner  est 
tout  aussi  intéressante.  On  sait  que  les  éthers  des  phénols 
présentent,  sous  beaucoup  de  rapports  ,  une  grande  ana- 
logie avec  les  hydrocarbures  de  la  série  aromatique. Tenant 
compte  de  ces  analogies,  M.  Korner  a  cru  pouvoir  appli- 
quer aux  éthers  du  phénol  monobromé  la  réaction  par 
laquelle  votre  rapporteur  a  pu  transformer  le  benzol  mo- 
nobromé en  acide  benzoïque.  Il  a  obtenu  ainsi  l'acide 
méthyl-oxybenzoïque ,  isomère  de  l'acide  anisique  (acide 
méthyl-paraoxybenzoïque); 

3°  L'analogie  des  éthers  du  phénol  avec  les  hydrocar- 
bures a  conduit  M.  Korner  à  la  découverte  d'une  troisième 
synthèse,  qui  n'est  pas  moins  importante.  En  appliquant 
aux  éthers  du  phénol  monobromé  la  belle  réaction  par 
laquelle  M.  Eitlig  a  pu  préparer  les  hydrocarbures  homo- 
logues de  la  benzine,  il  a  transformé  l'éther  méthylique 
du  phénol  monobromé  en  élher  méthylique  d'un  crésol, 
inconnu  jusqu'à  présent ,  isomère  du  crésol  ordinaire  el 
correspondant  à  l'acide  oxybenzoïque.  L'acide  iodhydrique, 
en  réagissant  sur  cet  éther,  donne  le  nouveau  crésol  lui- 
même. 


(  109  ) 

A  côté  de  ces  laits  synthétiques,  la  note  contient  encore 
des  observations  curieuses  sur  le  crésol  lui-même,  sur 
l'éther  méthviique  du  crésol,  sur  le  toluol  monoiodé  et  sur 
l'acide  paraïodobenzoique,  qui  se  forme  par  l'oxydation  de 
ce  dernier. 

Le  travail  de  M.  K orner  n'est  qu'une  notice  préliminaire, 
destinée  à  prendre  date  pour  les  découvertes  curieuses  qu'il 
renferme.  Il  mérite  incontestablement  de  tigurer  dans  les 
Bulletins  de  l'Académie,  et  je  n'hésite  pas  un  instant  à  pro- 
poser à  la  classe  d'en  ordonner  l'insertion  dans  ce  recueil.  » 

La  classe  adopte  ces  conclusions ,  auxquelles  avait  adhéré 
M.  Melsens,  second  commissaire;  l'impression  de  la  notice 
de  M.  K  orner  est  en  conséquence  ordonnée. 


Sur  quelques  Ira  us  for  mations  de  l'acide  formobenzoïque; 
par  MM.  Glaser  et  Radziszewsky. 

Mtapporls    de    MM.    Êiekttte    el    St«* 

«  L'acide  formobenzoïque  peut  être  envisagé  comme  l'ho- 
mologue inférieur  de  l'acide  phényl-lactique,que  M.  Glaser 
a  décrit  récemment  et  qu'il  avait  préparé  de  l'acide  cinna- 
mique.  il  était  intéressant  de  comparer  ces  deux  acides 
homologues,  de  voir  si  le  premier,  vis-à-vis  des  bydracides, 
se  comporte  comme  le  second,  s'il  peut  donner  naissance 
à  un  acide  homologue  de  l'acide  cinnamique,  etc. 

MM.  Glaser  et  Radziszewsky  ont  trouvé  que  l'acide  for- 
mobenzoïque, soumis  à  Faction  de  l'acide  bromhydrique, 
donne  l'acide  phénylbromoacétique,  et  que  celui-ci,  en 
échangeant  le  brome  contre  l'hydrogène,  engendre  l'acide 


(  110  ) 
phénylacétiquc  normal,  qui  n'est  autre  que  l'acide  «  — 
toluique. 

Jusque-là  l'analogie  est  complète  entre  l'acide  formo- 
benzoïque  et  son  homologue  supérieur;  elle  ne  l'est  plus 
autant  quand  on  attaque  par  la  potasse  alcoolique  les 
bromhydrines  des  deux  acides  homologues.  L'acide  phényi- 
hromopropionique  perd  facilement  les  éléments  de  l'acide 
bromhydrique ,  pour  se  transformer  en  acide  cinnamique; 
l'acide  phényl-bromacétique,  au  contraire,  échange  le 
brome  contre  un  reste  alcoolique,  pour  engendrer  l'acide 
phényl-éthylglycolique  (acide  phényl-éthoxacétique);  il  se 
comporte  donc  comme  le  fait  l'acide  monobromacétique 
lui-même. 

Peut-être,  en  modifiant  les  conditions  de  l'expérience, 
réussira-t-on  néanmoins  à  obtenir  l'homologue  inférieur  de 
l'acide  cinnamique,  que  les  auteurs  ont  essayé  en  vain  de 
préparer. 

Quoi  qu'il  en  soit,  le  mémoire  de  MM.  Glaser  et  Radzis- 
zewsky  doit  être  considéré  comme  une  contribution  im- 
portante pour  l'histoire  des  acides  aromatiques;  j'ai  donc 
l'honneur  de  proposer  à  la  classe  d'en  ordonner  l'impres- 
sion dans  les  Bulletins  de  ses  séances.  » 

M.  Stas,  second  commissaire,  désigné  par  la  classe, 
ajoute  les  paroles  suivantes  aux  conclusions  qui  précè- 
dent : 

«  J'adhère  aux  conclusions  du  rapport  de  mon  savant 
confrère,  M.  Kekulé;  je  me  permettrai  toutefois  de  pro- 
poser de  joindre  des  remerciments  aux  auteurs  à  l'impres- 
sion de  leur  note  dans  le  Bulletin  de  la  séance.  > 

Ces  conclusions  sont  adoptées. 


(  m 


Faits  pour  servir  à  la  détermination  du  lieu  chimique  dans 
la  série  aromatique;  par  M.  le  docteur  K orner. 

Kappori  tic  M.  tortittlé. 

«  Le  travail  que  M.  le  docteur  Korner  vient  de  présenter 
à  la  classe  louche  à  une  question  qui  me  parait  des  plus 
intéressantes.  Elle  découle  des  théories  que  j'ai  publiées 
moi-même  sur  la  constitution  des  substances  aromatiques, 
et  elle  peut  être  désignée  brièvement  comme  «  la  déter- 
d  mination  du  lieu  chimique  dans  les  dérivés  de  la  ben- 
»  zine.  » 

Le  travail  actuel  de  M.  Korner  ne  donne  pas  la  solution 
définitive  de  ce  problème,  plus  vaste  d'ailleurs  que  tous 
ceux  que  la  chimie  s'est  posés  jusqu'ici;  mais  il  contient 
l'annonce  d'un  grand  nombre  de  faits  nouveaux,  qui  per- 
mettent déjà  maintenant  des  conclusions  très-importantes. 
L'auteur  remet  à  plus  tard  la  description  détaillée  des 
corps  nouveaux  qu'il  a  préparés;  il  ne  veut  aujourd'hui 
que  prendre  date  pour  ses  découvertes,  et  il  annonce  une 
seconde  partie  de  cette  notice  préliminaire. 

Le  travail  a  été  exécuté  sous  mes  veux;  je  puis  donc 
affirmer  que  les  préparations  n'ont  pas  seulement  été  faites 
avec  plus  de  soin,  mais  sur  une  échelle  beaucoup  plus 
vaste  qu'on  n'a  malheureusement  l'habitude  de  le  faire.  La 
composition  de  presque  tous  les  corps  décrits,  quoique  la 
note  n'en  dise  rien,  a  déjà  été  établie  par  un  grand  nombre 
d'analyses.  Les  produits  mentionnés  dans  la  note  font  d'ail- 
leurs partie  d'une  collection  que  M.  Korner  a  exposée  à 
Paris,  collection  qui  a  beaucoup  attiré  l'attention  des  sa- 


(  HJ  ) 
vants  de  tous  les  pays,  et  qui  a  valu  à  notre  jeune  savant 
la  médaille  d'argent.  C'est  assez  dire  que  les  substances 
exposées  sont  d'une  beauté  tout  à  fait  exceptionnelle. 

Votre  rapporteur  doit  renoncer  à  donner  un  résumé 
d'un  travail  qui  lui-même  n'est  qu'une  annonce  succincte 
des  expériences  dont  les  détails  seront  publiés  plus  tard; 
mais  il  ne  peut  hésiter  à  vous  proposer  d'ordonner  l'im- 
pression de  cette  note  remarquable  dans  les  Bulletins,  de 
voter  des  remercîments  à  l'auteur  et  de  l'engager  à  pour- 
suivre ces  recherches  importantes.  » 

M.  Stas,  second  commissaire,  ajoute  :  «  J'adhère  sans 
réserve  aucune  aux  conclusions  du  rapport  de  mon  savant 
confrère,  M.  Kekulé.  »  L'impression  du  travail  deM.  Ivorner 
est  ordonnée. 


Notice  préliminaire  sur  Vacide  homotar  trique  ; 
par  M.  H.  Ronday. 

Rappoft  de  M.    ttrfiuh- 

«  Le  travail  que  M.  le  lieutenant  Ronday  vient  de  sou- 
mettre à  l'Académie  soulève  une  question  intéressante  : 
celle  de  savoir  si  l'acide  homotar  trique,  découvert  il  y  a 
quelques  années  par  votre  rapporteur,  est  identique  avec 
l'acide  italartrique  décrit  récemment  par  M.  Wilm.  A  cette 
question  se  rattache  encore  celle  de  savoir  si  cet  acide  est 
réellement  l'homologue  supérieur  de  l'acide  tartrique. 

Les  expériences  de  M.  Ronday  semblent  établir  l'iden- 
tité des  deux  acides;  mais  comme  l'auteur  n'a  eu  en  vue 


(  **3  ) 

que  de  prendre  date,  et  n'a  pas  donné  les  détails  de  ses 
expériences,  je  pense  qu'il  n'y  a  pas  lieu  pour  le  moment 
de  formuler  une  appréciation  de  son  travail. 

J'ai  l'honneur  de  proposer  à  la  classe  de  voter  l'impres- 
sion de  la  note,  et  d'engager  l'auteur  à  poursuivre  ses 
recherches.  » 


Note  sur  l'acide  ilamalique;  par  M.  H.  Rondav. 

Rtippot't  efe  M.   Stn». 

a  Le  travail  de  M.  Ronday  est  un  complément  aux  re- 
cherches que  M.  Swarls  a  publiées  récemment  sur  l'acide 
itamalique  et  présente,  sous  ce  rapport,  un  certain  intérêt. 
L'auteur  décrit  avec  beaucoup  de  soin  et  de  détails  plu- 
sieurs sels  de  cet  acide  et  appuie  ses  analyses  des  indica- 
tions de  nombres.  Ces  analyses,  du  reste,  paraissent  bien 
exécutées. 

Xous  croyons  donc  que  le  travail  mérite  l'approbation 
de  la  classe  et  nous  avons  l'honneur  de  lui  en  proposer 
l'impression.  j> 

Ces  conclusions  sont  adoptées  et  l'impression  des  deux 
notices  est  ordonnée. 


(  114  ) 


COMMUNICATIONS  ET  LECTURES. 


Sur  les  orages  des  mois  de  juin  et  juillet  4867  ;  com- 
munication de  M.  Ad.  Qnetelet,  directeur  de  l'Observa- 
toire. 

Depuis  quelques  années,  par  suite  de  l'extension  des 
communications  télégraphiques  entre  les  divers  pays,  la 
météorologie  a  reçu  une  impulsion  nouvelle.  Comme  ces 
moyens  permettent  de  faire  connaître  presque  instantané- 
ment les  diverses  manifestations  qui  s'effectuent  dans  l'at- 
mosphère, la  science  s'est  servie  de  ce  nouvel  agent  pour 
former  un  réseau  destiné  à  suivre,  dans  leur  marche  et 
leurs  phases  diverses,  les  orages  qui  éclatent  sur  nos  côtes 
ainsi  que  sur  celles  de  la  France  et  qui  vont  se  perdre  dans 
le  nord  et  le  nord-est  de  notre  pays. 

Indépendamment  de  ce  mode  d'observations  immédiates, 
la  science  ne  saurait  trop  souvent  faire  appel  à  l'utile  con- 
cours que  peuvent  apporter  les  observateurs  disséminés 
dans  les  diverses  localités  du  royaume  et  qui ,  par  les  ren- 
seignements qu'ils  pourraient  donner,  aideraient  à  établir 
la  carte  de  la  marche  des  orages,  que  l'on  dresse  actuel- 
lement, en  collaboration  avec  les  observatoires  de  France 
et  des  Pays-Bas. 

Celte  année  a  été  remarquable  sous  le  rapport  des  mani- 
festations électriques  de  l'air;  les  mois  de  mai  et  de  juin  (i  ), 


(1)  Pour  la  liste  de  ces  orages,  voir  le  Bulletin  de  l'Académie  du  mois 
de  juin  1867. 


(  115  ) 

se  sont  déjà  signalés  par  des  orages  nombreux  qui  ont  été 
observés  des  divers  points  de  la  Belgique. 

Le  mois  suivant  a  présenté  un  nombre  non  moins  grand 
de  ces  phénomènes,  dont  plusieurs,  entre  autres,  celui  du 
22  au  25  juillet,  qui  a  éclaté  sur  le  Condroz,  ont  causé  des 
ravages  incalculables. 

Voici  la  liste  des  orages  qui  ont  éclaté  à  Bruxelles  pen- 
dant les  deux  mois  mentionnés ,  et  dont  les  diverses  phases 
ont  été  annotées  à  l'Observatoire. 

Le  2  juin,  à  11  heures  et  demie  du  soir,  éclairs  dans 
l'ouest. 

Le  5  juin,  vers  5  heures  du  matin,  vils  éclairs  et  ton- 
nerre, pluie;  l'orage  a  commencé  dans  le  SO.  et  a  lini  dans 
le  NO.;  le  plus  court  intervalle  entre  l'éclair  et  le  tonnerre 
était  de  24  secondes. 

Le  4  juin,  à  midi,  averse;  le  galvanomètre  marche  de 
12°  à  25°x\;  à  midi  40  minutes,  roulement  de  tonnerre;  à 
midi  55  minutes,  éclair  et  coup  de  tonnerre;  à  1  heure 
nouvelle  averse;  le  galvanomètre  redescend  de  12° A  à  2°A; 
puis,  sans  cause  apparente  aucune,  marche  jusqu'à  22°A  et 
y  reste  stalionnaire  pendant  quelque  temps. 

Le  24  juin,  à  5'1  50m  de  l'après-midi,  orage  et  roule- 
ment de  tonnerre  lointain  dans  PO.;  à  4  heures  la  pluie 
commence;  à  G'1  15ni,  coup  de  tonnerre;  à  6U  50m,  la  pluie 
recommence. 

Le  16  juillet,  vers  7  heures  du  soir,  fort  orage;  à  7h  8'", 
éclair  brillant  suivi  12  secondes  après,  environ, de  tonnerre; 
pendant  la  pluie  le  galvanomètre  oscille  entre  5°  et  15 "A. 

Le  25  juillet ,  fort  orage  à  2  »/2  heures  du  matin ,  pluie 
torrentielle  mêlée  de  grèle. 

Le  24  juillet,  ciel  couvert  le  matin  et  à  midi;  averse 
à  1  lh  50m,  le  galvanomètre  =  14A  ;  vers  4  5/*  heures,  plu- 


(116) 

sieurs  roulements  de  tonnerre;  à  9  heures  du  soir,  cumulo- 
stratus  très-lourds  dans  PO.;  de  vifs  éclairs  se  produisent 
dans  ces  nuages;  vers  minuit  ils  ont  lieu  dans  le  SO. 

Le  26  juillet,  orage  le  matin  à  10h  50m,  roulement  de 
tonnerre;  le  galvanomètre  marche  de  12°  A  jusqu'à  20°A; 
à  10h  53m  de  larges  gouttes  de  pluie  tombent;  le  galvano- 
mètre indique  23°A;  il  oscille  ensuite  quelques  instants 
entre  15°  et  25°A.  Dans  le  S.  le  ciel  est  couvert  de  nimbus 
gris,  venant  du  SSO.  ;  dans  le  N.  le  ciel  est  en  partie  dé- 
couvert. 

M.  F.  Terby,  étudiant  en  sciences  à  l'Université  de  Lou- 
vain ,  a  bien  voulu  me  communiquer  la  liste  des  orages 
qu'il  a  observés  dans  cette  ville  pendant  les  mêmes  mois 
de  juin  et  juillet.  Voici  ce  document  : 

«  Le  26  mai,  le  tonnerre  commence  à  se  faire  entendre 
à  8  heures  du  soir,  par  un  ciel  uniformément  couvert; 
pluie  tranquille;  à  8h  15m  pluie  plus  abondante;  l'orage  s'a- 
paise après  9h  15,n;  à  9h  3om  éclairs  encore  vifs  dans  l'E. 

Le  30  mai,  à  5h  5om  du  soir,  tonnerre  lointain;  nuages 
orageux  dans  PO.;  ils  passent  dans  le  NO.,  et  à  9h  15m  ils 
sont  dans  le  N. 

Le  3  juin,  depuis  4h  40m  du  matin  jusque  vers  4h  50m, 
tonnerre  presque  continu;  éclairs  faibles;  à  4h  40m  averse. 

Le  4  juin,  entre  midi  oOmetlh2om,  orage  passant  de  PO. 
dans  l'E.;  éclairs  faibles;  à  midi  et  55m  pluie;  à  i  heure 
averse,  mêlée  de  grêle. 

Le  6  juin,  à  lh  5om  du  soir,  averse,  et  nuages  très-som- 
bres  dans  PO.;  tonnerre  à  2h  5m,  et  à  2h  15m;  pluie  con- 
tinue jusque  vers  5h  4om. 

A  8  heures  du  soir,  nuages  bleus  et  cuivrés  dans  PE.  et 
PESE.  Je  n'étais  pas  certain  d'entendre  le  tonnerre  dans 
cette  direction. 


(  M7  ) 

Le  7  juin,  à  5  heures  du  soir,  deux  coups  de  tonnerre  et 
pluie  légère. 

Le  lo  juin,  vers  71'  lom  du  matin,  grêle  et  pluie. 

Le  22  juin,  pluie  calme  sans  tonnerre  à  6h  45m  du  soir, 
après  une  après-midi  très-orageuse. 

Le  25  juin,  tonnerre  presque  continu  de  ol'20m  du  soir, 
à  o"  4om  dans  le  N.  et  le  NNE.;  à  6  heures  l'orage  paraît 
calmé. 

Le  24  juin,  vers  5h  3om  du  soir,  vent;  de  5h  oom  à  4" 
o2m,  quelques  coups  de  tonnerre  dans  le  X.  Vent  d'après 
les  nuages  :  SSE.  Ciel  encore  orageux  à  5"  4om.  Dans  la 
soirée,  pluie  légère,  intermittente,  plus  abondante  après 
9"  50m. 

Le  lo  juillet,  à  10h  50m  du  matin  quelques  gouttes  de 
pluie  et  tonnerre;  à  10"  4om,  tonnerre;  de  11"  lo,n  à  1 1" 
50m  orage  passant  dans  le  SE.;  vent  d'après  les  nuages  : 
OSO.  —  A  llh  lo,n  vent  et  quelques  gouttes  de  pluie;  à 
11"  20m  pluie  plus  abondante. 

Le  14  juillet,  à  Nivelles,  j'entends  le  tonnerre  plusieurs 
fois  à  partir  de  midi  o'u  ;  court  orage  et  averse. 

J'ai  recueilli  les  renseignements  suivants  pour  Louvain  : 
entre  \  heure  et  2  heures  du  soir,  tonnerre.  —  Vers  4" 
50m  orage;  coup  de  tonnerre  assez  fort  et  pluie. 

Le  15  juillet,  de  5  heures  du  soir  à  6"  25œ  tonnerre 
dans  l'ESE.  et  le  SE.  d'abord  ,  et  dans  l'E.  et  le  NE.  en- 
suite. Ciel  fort  orageux  en  général.  Après  o  heures  pluie 
légère;  depuis  o"  50m  environ  jusqu'à  6"  30m  il  tombe  des 
torrents  de  pluie;  le  maximum  de  celle  remarquable 
averse  a  eu  lieu  vers  6"  om.  —  La  pluie  continue,  en  s'af- 
faiblissant,  jusqu'à  6"  50m,  Direction  du  vent  d'après  les 
nuages  :  SO.  à  6"  oOm, 

Depuis  cet  orage,  intermittences  de  vent  et  de  pluie. 

2me  SÉRIE,  TOME  XXIV.  9 


(  118  ) 

Le  16  juillet,  à  7  heures  du  soir,  nuages  très-sombres 
venant  du  SO.  et  de  l'O.,  et  forte  averse  à  7h  2om. 

Le  19  juillet,  à  llh  2om  du  matin,  averse  très-forte  et 
vent  violent;  à  llh  50m  bruyant  coup  de  tonnerre;  à  11'1 
52m,  éclair  et  tonnerre  rapprochés,  à  TE.  de  Louvain.  Direc- 
tion du  vent  d'après  les  nuages  :  G.  » 


Deuxième  noie  sur  les  sulfacides  du  phénol,  par 
M.  Aug.  Kekulé. 

J'ai  eu  l'honneur  de  communiquer  à  l'Académie  les  pre- 
miers résultats  d'une  suite  d'expériences  que  j'ai  entre- 
prises pour  éclaircir  la  constitution  des  sulfacides.  J'ai 
montré  que  le  phénol,  soumis  à  l'influence  de  l'acide  sul- 
furique  ordinaire,  engendre  deux  sulfacides  isomériques; 
j'ai  démontré,  en  outre,  que  ces  deux  sulfacides  peuvent 
échanger  un  atome  d'hydrogène  contre  un  radical  alcoo- 
lique sans  perdre  leur  caractère  acide.  Celte  propriété 
m'avait  fourni  un  argument  en  faveur  de  ma  manière 
d'envisager  les  sulfacides;  elle  prouve,  en  effet,  que  l'hy- 
drogène, qui  dans  le  phénol  même  peut  s'échanger  contre 
des  radicaux,  a  été  conservé  dans  la  formation  des  sulfa- 
cides. Le  reste  S-fr3H  provenant  de  l'acide  snlfurique  n'a 
pas  remplacé  l'hydrogène  du  groupe  -G-H;  il  est  entré,  au 
contraire,  dans  le  radical  même,  c'est-à-dire  dans  le  reste 
€GH;;  provenant  de  la  benzine. 

Je  suis  à  même  aujourd'hui  de  donner  deux  nouvelles 
preuves  de  l'exactitude  de  mon  hypothèse  sur  la  consti- 
lution  des  sulfacides.  La  première  est  fournie  par  les  pro- 


(  119  ) 
priétés  que  possède  le  sulfacide  du  nitrophénol;  la  seconde 
se  trouve  dans  l'action  que  la  potasse  fondue  exerce  sur 
les  sulfacides  du  phénol. 

Acide  nitrophéïiolsulfurique. 

La  modification  volatile  du  phénol  mononilré  n'est  que 
difficilement  attaquée  par  l'acide  sulfurique  ordinaire. 
L'acide  sulfurique  fumant  réagit  déjà  à  froid.  Pour  prépa- 
rer le  sulfacide  on  mélange  le  nitrophénol  avec  un  léger 
excès  d'acide  sulfurique  fumant;  on  abandonne  le  mélange 
à  lui-même  pendant  vingt-quatre  heures;  et  l'on  chauffe 
ensuite,  à  différentes  reprises,  à  une  température  qui  ne 
dépasse  pas  80°.  Il  importe  de  ne  chauffer  ni  trop  tôt  ni 
trop  brusquement,  afin  d'empêcher  la  destruction  com- 
plète de  la  matière  organique.  Le  produit  constitue  une 
niasse  cristalline,  formée  principalement  par  le  nouveau 
sulfacide,  mais  contenant  toujours  du  nitrophénol  non 
altéré.  On  dissout  dans  de  l'eau  chaude,  et  on  filtre  après 
refroidissement.  On  élimine  ainsi  la  plus  grande  partie  du 
nitrophénol;  le  reste  se  volatilise  pendant  les  opérations 
subséquentes.  Les  sels  de  baryte  et  de  plomb  du  nouveau 
sulfacide  étant  très-peu  solubles  dans  l'eau,  même  à  la 
température  de  l'ébullition,  il  ne  convient  pas  de  saturer 
la  solution  acide  par  le  carbonate  de  baryte  ou  de  plomb. 
On  procède  donc  de  la  manière  suivante  :  on  ajoute  à  la 
solution  bouillante  du  carbonate  de  baryte  ou  de  plomb 
jusqu'au  moment  où  tout  l'acide  sulfurique  se  trouve  pré- 
cipité, ou  bien  encore  jusqu'au  moment  où  la  solution,  qui 
est  d'une  couleur  jaune  pale  d'abord,  prend  une  couleur 
orangée.  Ce  changement  de  couleur  indique,  comme  on  le 
comprendra  par  la  suite,  que  le  nouveau  sulfacide  est  sa- 


(  120  ) 

turé  à  moitié.  On  filtre,  on  précipite  la  baryte  ou  le  plomb 
par  l'acide  sulfurique  ou  l'acide  suif  hydrique,  on  filtre  de 
nouveau,  et  on  sature  par  le  carbonate  de  soude.  Le  nitro- 
phénol-sulfate  de  soude,  quoique  très-soluble  dans  l'eau, 
cristallise  avec  une  facilité  telle,  qu'il  se  prête  parfaite- 
ment à  la  purification. 

L'acide  nitrophénolsulfurique  lui-même  s'obtient  par 
la  décomposition  du  sel  de  baryte  par  l'acide  sulfurique. 
Il  est  très-soluble  dans  l'eau  et  dans  l'alcool,  assez  solublc 
dans  l'éther.  On  peut  cependant  le  cristalliser  facilement 
tant  par  le  refroidissement  d'une  solution  aqueuse  saturée 
à  chaud,  que  par  l'évaporation.  Il  constitue  des  aiguilles 
ou  de  grands  prismes  aplatis,  d'une  couleur  jaune  pale. 
Ces  cristaux  contiennent  trois  molécules  d'eau  de  cristal- 
lisation : 

ç6  n.  (N-eg .  oh  .  &e-3  h  -4-  ôh^g-. 

Ils  fondent  à  5J°,5;  ils  s'effleurissent  déjà  à  la  température 
ordinaire.  L'acide  sec  ne  fond  qu'à  122°. 

L'acide  nitrophénolsulfurique  est  bibasique;  il  donne 
deux  séries  de  sels. 

Le  nitrophénolsulfate  bisodique  est  très-soluble  dans 
l'eau,  assez  soluble  dans  l'acool.  On  l'obtient  aisément 
sous  forme  de  grands  prismes,  parfaitement  définis,  d'une 
belle  couleur  orangée  et  de  beaucoup  d'éclat.  La  formule 
des  cristaux  est  : 

£6  H3  (N-Oa)  •  ONrt  •  £0-5  Na  -i-  3H.O. 

Quand  à  la  solution  de  ce  sel  bisodique  on  ajoute  de 
l'acide  acétique,  il  se  précipite  un  sel  cristallin  d'une  cou- 
leur jaune  pâle,  qui  n'est  autre  que  le  nitrophénolsulfate 


(  m  ) 

monosodique.  Ce  sel,  beaucoup  moins  soluble  que  le  pré- 
cédent, forme  aussi  de  gros  cristaux  bien  définis,  qui  con- 
tiennent trois  molécules  d'eau  de  cristallisation  : 

€6  H3  (NO-8) .  ^H  .  $Q--0  Sa  -f-  3H2^. 

L'acide  chlorhydrique  et  l'acide  sulfurique  réagissent  sur 
la  solution  du  sel  bimétallique  exactement  comme  l'acide 
acétique.  Même  employés  en  excès,  ces  acides  précipitent 
le  sel  monosodique. 

Les  sels  de  potasse  de  l'acide  nitrophénolsulfurique  cris- 
tallisent avec  la  même  facilité  que  les  sels  de  soude,  mais 
ne  forment  jamais  de  grands  cristaux.  Le  sel  bipotassique 
forme  des  aiguilles  orangées,  qui  renferment  une  molécule 
d'eau  de  cristallisation  : 

c6  H3  (N  ©-=>)  •  9-K  •  s  o3k  -+-  h2o. 

Le  sel  monopotassique,  beaucoup  moins  soluble  que  le 
sel  neutre,  cristallise  également  en  aiguilles.  Il  est  d'une 
couleur  jaune  pale,  possède  un  bel  éclat  soyeux  et  ne  con- 
tient pas  d'eau  de  cristallisation  : 


Les  nitrophénolsulfates  neutres  de  baryte  et  de  plomb  sont 
peu  solubles  dans  l'eau,  ainsi  qu'il  a  déjà  été  mentionné. 
En  opérant  à  froid  on  les  obtient  sous  forme  de  précipités 
jaunes  et  cristallins;  les  solutions  chaudes  déposent  par 
le  refroidissement  de  petits  cristaux  d'une  couleur  jaune 
brique.  Les  sels  monométalliques  de  baryte  et  de  plomb 
sont  relativement  solubles  dans  l'eau,  surtout  à  chaud. 
Leurs  solutions  sont  jaunes.  Le  sel  monobarytique  cristal- 
lisé contient  : 

[ €6  H5  (N-e-a) .  -9-H  .  £-9--]   Ba"  -*-  H2«>. 


(  122  ) 
La  composition  dos  sels  de  l'acide  nitrophénolsulfurique 
démontre  clairement  que  cet  acide  est  bi basique.  11  échange 
non-seulement  l'hydrogène  du  reste  &-9-5H ,  mais  encore 
l'hydrogène  du  groupe  -011  contre  des  métaux.  Sa  consti- 
tution peut  être  exprimée  par  la  formule  : 


i  ΣH. 


Il  est  analogue  en  tout  point  aux  acides  phénolsulfu- 
riques  que  j'ai  décrits  dans  une  note  antérieure,  et  il  doit 
être  regardé  comme  le  dérivé  nitré  de  l'un  d'eux.  Mais 
tandis  que  dans  les  deux  acides  phénolsulfuriques  nor- 
maux l'hydrogène  du  groupe  -Q-H  ne  se  remplace  facile- 
ment que  par  des  radicaux  alcooliques,  comme  dans  le 
phénol  lui-même,  l'acide  nitrophénolsulfurique,  au  con- 
traire, échange  ce  même  hydrogène  avec  facilité  contre 
des  métaux.  C'est  que  l'influence  du  groupe  N-8-2,  qui 
provoque  le  caractère  nettement  acide  du  nitrophénol, 
s'est  conservée  dans  le  sulfacide  qui  en  dérive. 

Je  mentionnerai,  en  passant,  que  l'orthonitrophénol , 
lui  aussi,  donne  naissance  à  un  sulfacide. 


Action  de  la  potasse  fondue  sur  les  sulfacide  s  du  phénol. 

J'ai  démontré,  il  y  a  quelque  temps,  que  l'acide  ben- 
zolsulfurique  (acide  sulfobenzolique)  se  transforme  en  phé- 
nol quand  on  le  chauffe  jusqu'à  fusion  avec  l'hydrate  de 
potasse.  La  réaction  a  lieu  d'après  l'équation  suivante  : 

CeHs.£OvK    -+-    KH^    =    ^.H-.O-H    h-    -S-0-3  K, 
Phénol  sulfate  do  potasse.  Phénol.         Sutfilc  de  potasse. 


(  123  ) 
Elle  ne  peut  guère  s'interpréter  que  de  la  manière  sui- 
vante. Le  reste  £r0-3H,  qui ,  pour  la  transformation  du 
sulfâcide,  remplace  un  atome  d'hydrogène  de  la  benzine, 
s'élimine,  en  s'échangeant  contre  le  reste  -811  de  l'hydrate 
de  potasse.  La  réaction  rend  visible,  pour  ainsi  dire,  que 
le  phénol  dérive  de  la  benzine  par  le  remplacement  d'un 
atome  d'hydrogène  par  le  reste  -0-H  provenant  de  l'eau. 

J'ai  appliqué  la  même  réaction  aux  sultacides  du  phé- 
nol. L'expérience  m'a  fait  voir  que  l'une  des  deux  modifi- 
cations de  l'acide  phénolsulfurique,  celle  que  j'ai  désignée 
par  le  nom  d'acide  phénolmétasuliurique,  engendre  la  py- 
rocatéchine;  l'autre  modification ,  l'acide  phénolparasulfu- 
rique,  donne  naissance  à  la  résorcine. 

La  pyrocatéchine  s'obtient  aisément  d'après  ce  procédé, 
et  sa  purification  ne  présente  pas  de  difficulté. 

Il  n'en  est  pas  de  même  de  la  résorcine.  Non-seulement 
la  décomposition  des  phénol parasulfa tes  parait  moins  nette 
que  celle  des  phénolmélasuli'ales;  mais  encore  les  pro- 
priétés de  la  résorcine  rendent  sa  purification  excessive- 
ment difficile.  Je  n'ai  pas  réussi  jusqu'ici  à  préparer  ce 
corps  en  quantité  suffisante  pour  l'analyse,  mais  les  pro- 
priétés ne  laissent  guère  de  doute  sur  la  nature  du  pro- 
duit. 

Cette  décomposition  des  acides  phénol-monosulfuriqucs 
fournit  une  nouvelle  preuve  en  faveur  de  ma  manière 
d'enyisager  les  sultacides.  On  a  prouvé  d'abord  que  la  ben- 
zine peut  se  transformer  en  acide  benzolsulfurique ,  et  que 
celui-ci  fondu  avec  la  potasse  donne  ie  phénol.  On  a  donc 
remplacé  un  atome  d'hydrogène  de  la  benzine  parle  reste 
S-B-(H,eton  a  échangé  ce  reste  contre  le  groupe  &U 
provenant  de  l'eau.  Pour  les  acides  phénolsulfuriques  les 
mêmes  réactions  se  répètent.  Les  sultacides  contiennent 


(  *24  ) 
le  reste  £-05H  à  côté  du  groupe  -OH;  ils  échangent  ce 
reste  de  l'acide  sulfurique  contre  un  nouveau  groupe  -OH 
et  les  produits  contiennent  ce  groupe  deux  fois.  On  a  : 


Phénolsulfale  de  potasse.  Pyrocatéchine  Sulfite  de 

et  résorcine.  potasse. 


l\  est  évident  que  l'un  des  groupes  -OH  provient  du  phé- 
nol, tandis  que  l'autre  est  un  produit  de  transformation 
du  reste  £-05H,  lequel,  dans  la  formation  de  ces  sulia- 
cides,  ainsi  que  dans  celle  de  l'acide  benzolsulfuriquc, 
a  remplacé  un  atome  d'hydrogène  qui  était  en  combi- 
naison avec  le  carbone. 

La  décomposition  que  je  viens  d'indiquer  pour  les  deux 
modifications  de  l'acide  phénolsuifurique  est  intéressante 
à  un  autre  point  de  vue  encore.  Elle  permet  de  ranger  ces 
sulfacides  dans  deux  des  trois  séries  des  bidérivés  de  la 
benzine.  Elle  montre,  en  effet,  que  l'acide  phénol parasul- 
furique  correspond  à  la  résorcine,  et  que  l'acide  phénol- 
mélasulfurique  contient  ses  chaînes  latérales  à  la  place  des 
deux  atomes  d'hydrogène  qui,  dans  la  pyrocatéchine,  sont 
remplacés  par  les  deux  hydroxyles.  Ce  sont  ces  relations 
qui  m'ont  conduit  à  désigner  les  deux  modifications  de 
l'acide  phénolsuifurique  par  les  noms  que  j'ai  déjà  em- 
ployés dans  ma  note  précédente. 

La  découverte  de  la  décomposition,  que  les  sulfacides 
subissent  sous  l'inlluence  de  la  potasse  fondue,  donne 
lieu  à  une  observation  générale,  qui  ne  me  paraît  pas 
sans  intérêt. 

Cette  réaction  a  été  trouvée  simultanément  par  M.Wurlz 
et  par  moi-même;  et  c'est  de  commun  accord  que  nous 


(  i2§  ) 

avons  choisi  le  môme  jour  pour  présenter  des  notes  sur  ce 
sujet  à  l'Académie  de  Paris  (8  août).  Dans  la  séance  sui- 
vante du  même  corps  savant,  M.  Dusart  a  demandé  l'ou- 
verture d'une  lettre  cachetée,  qu'il  avait  déposée  le  20 
mars  1864.  Ce  pli,  ouvert  en  séance  par  M.  le  secrétaire 
perpétuel ,  s'est  trouvé  contenir  une  note  sur  un  procédé 
de  préparation  des  phénols;  l'auteur  y  exposait,  entre 
autres,  la  formation  du  phénol  ordinaire  par  l'action  de  la 
potasse  fondue  sur  l'acide  henzolsulfurique. 

En  parlant  de  ces  détails  historiques,  je  n'ai  nullement 
l'intention  de  soulever  une  question  de  priorité;  loin  de  là. 
11  est  de  toute  évidence  que  les  trois  auteurs  sont  arrivés 
simultanément,  ou  au  moins  indépendamment  l'un  de 
l'autre,  au  même  résultat,  et  pour  l'observation  que  nous 
allons  présenter  c'est  là  le  seul  point  important. 

Trois  chimistes  trouvent  la  même  réaction,  non  pas  par 
hasard,  mais  en  se  basant  sur  des  spéculations  théoriques. 
Le  résultat  est  identique;  les  considérations  théoriques 
font-elles  été  aussi?  On  verra  facilement  que  non. 

J'avais,  de  mon  coté,  comparé  les  sulfacides  aux  pro- 
duits de  substitution.  Je  croyais,  par  suite,  pouvoir  m'at- 
lendre  à  voir  le  reste  S-0--H  se  comporter,  dans  certains 
cas,  comme  le  font  le  chlore,  le  brome  ou  l'iode  dans  les 
vrais  produits  de  substitution.  L'expérience  m'a  confirmé 
dans  cette  manière  de  voir;  j'ai  pu  constater,  en  effet,  que 
le  reste  îvO^H  peut  s'échanger  contre  le  groupe  -GMI, 
exactement  comme  les  corps  halogènes  s'échangent  sou- 
vent contre  le  même  groupe. 

M.  Wurtz  désigne  l'acide  henzolsulfurique  par  le  nom 
d'acide  phénylsulfureux;  nom  qui  a  souvent  été  donné  à 
celle  substance,  sans  raison  aucune,  selon  moi.  Il  est  con- 
duit ainsi  à  l'hypothèse  que  cet  acide,  qu'il  regarde  comme 


(  128  ) 
un  étber  de  l'acide  sulfureux,  doit  se  saponifier  comme 
le  font  les  éthers,  et  donner  naissance  à  ses  générateurs  : 
le  phénol  et  l'acide  sulfureux.  L'expérience  démontre  que 
l'acide  phénylsulfureux  est  doué  d'une  stabilité  remar- 
quable, mais  que  la  saponification  réussit  néanmoins 
quand,  au  lieu  de  faire  bouillir  avec  une  solution  aqueuse 
de  polasse,  on  chauffe  avec  la  potasse  sèche  jusqu'à  fu- 
sion. 

Pour  ce  qui  concerne  M.  Dusart,  il  représente  l'acide 
benzolsulfurique  (acide  su'fobenzidique)  par  la  formule  : 

C18H5.S08.S03.  HO; 

il  trouve  que,  pendant  la  réaction,  il  se  fait  un  dégage- 
ment d'hydrogène,  et,  qu'à  côté  du  phénol,  on  obtient  du 
sulfite  et  du  sulfate  de  potasse. 

On  voit  aisément  que  les  formules  par  lesquelles  les 
trois  auteurs  représentent  le  suifacide  employé  ne  diffèrent 
pas  seulement  par  la  forme,  mais  qu'elles  expriment  des 
idées  essentiellement  différentes.  Évidemment,  deux  des 
trois  manières  de  voir,  au  moins,  doivent  être  erronées; 
nous  ne  discuterons  pas  lesquelles.  Toujours  est-il  que 
trois  hypothèses  différentes,  dont  deux,  au  moins,  sont 
nécessairement  erronées,  ont  conduit  à  la  découverte  d'un 
fait. 

On  a  souvent  prétendu  qu'une  hypothèse  est  légitime 
et  bonne  quand  elle  mène  à  des  découvertes.  L'exemple 
que  je  viens  de  citer,  et  il  sera  difficile,  je  pense,  d'en 
trouver  un  meilleur,  fait  voir,  dans  tous  les  cas,  qu'une 
hypothèse  peut  très-bien  remplir  cette  condition  sans  être 
vraie. 


(   127 


Suifacides  des  substances  grasses. 

Dans  un  mémoire  que  j'ai  publié,  il  y  a  plus  de  neuf  ans 
déjà,  j'ai  fait  voir  que  l'acide  sulfurique,  en  réagissant  sur 
les  substances  organiques,  peut,  de  deux  manières  diifé- 
rentes,  engendrer  des  acides,  qu'à  cette  époque  on  nom- 
mait copules.  En  réagissant  sur  un  corps  qui  appartient 
au  type  de  l'eau,  il  peut  attaquer  le  côté  typique  de  la 
molécule,  pour  mettre  un  reste  de  l'acide  sulfurique  à  la 
place  de  l'hydrogène  qui  n'est  combiné  au  carbone  que 
par  l'intermédiaire  de  l'oxygène.  Les  produits  d'une  (elle 
réaction  renferment  un  reste  de  l'acide  sulfurique  qui  n'est 
attaché  qu'indirectement,  et  par  l'oxygène,  au  groupe 
hydrocarboné,  que  l'on  considère  comme  radical. 

îl  peut  arriver,  d'un  autre  côté,  que  l'acide  sulfurique, 
en  réagissant  sur  un  corps  oxygéné  ou  non  oxygéné,  at- 
taque la  molécule  du  côté  du  carbone.  Ce  n'est  pas  (hy- 
drogène typique,  mais  l'hydrogène  du  radical,  c'est-à-dire 
de  l'hydrogène  qui  est  combiné  directement  au  carbone  qui 
s'échange  contre  un  reste  de  l'acide  sulfurique. 

Les  acides  formés  d'après  le  premier  mécanisme  peu- 
vent être  regardés  comme  des  éthers  de  l'acide  sulfurique; 
ils  se  dédoublent  avec  une  certaine  facilité.  Les  acides  de 
la  seconde  catégorie,  au  contraire,  sont  doués  d'une  sta- 
bilité remarquable.  Ils  correspondent  entièrement  à  ces 
dérivés  des  substances  aromatiques  que  je  désigne  actuel- 
lement par  le  nom  de  suifacides. 

inutile  d'énumérer  ici  les  acides  auxquels  celte  dernière 
manière  de  voir  doit  être  appliquée;  rappelons  seulement 
l'acide  sulfo-acétique,  découvert,  en  1842,  par  notre  sa- 


(  128  ) 
vaut  confrère,  M  Melsens,  et  l'acide  sulfo-succinique  de 
M.  Fehling  (1841).  Qu'on  me  permette,  cependant,  d'in- 
sister sur  les  acides  iséthionique  et  éthionique ,  qui  pré- 
sentent un  intérêt  particulier. 

Le  premier  de  ces  acides,  on  le  sait,  est  isomérique 
avec  l'acide  élhylsulfurique.  La  différence  s'explique  aisé- 
ment. L'acide  élhylsulfurique  est  le  vrai  éther  acide  de 
l'acide  sulfurique;  l'acide  iséthionique,  au  contraire,  est 
le  sulfo-acide  de  l'alcool;  il  est  analogue  aux  acides  phé- 
nolsulfuriques. 


Acide  élhylsulfurique.  Acide  iséthionique. 


Quant  à  l'acide  éthionique^  il  réunit  la  nature  des  deux. 
C'est  le  sulfo-dérivé  de  l'acide  éthyl-sulfurique;  ou,  ce  qui 
revient  au  même,  l'élher  sulfurique  du  sulfo-alcool  (acide 
iséthionique)  : 

*03H  )  ^  H  f  **  £0-HJ 

Ac.  élhylsulfurique.  Ac.  iséthionique.  Ac.  éthionique. 

Quoique  je  ne  doute  guère  de  l'exactitude  de  cette 
manière  de  voir,  j'ai  néanmoins  entrepris  quelques  expé- 
riences pour  accumuler  des  preuves  en  sa  faveur. 

Pour  ce  qui  concerne  l'acide  qui  se  forme  par  l'oxyda- 
tion du  sulfure  d'éthyle,  etc.,  et  que  l'on  désigne  impro- 
prement par  le  nom  d'acide  éthylsulfureux,  il  correspond 
entièrement  à  l'acide  benzolsulfurique;  c'est  le  vrai  sul- 
facide  de  l'hydrocarbure  saturé  £.2HG;  et  je  ne  doute  pas 
que  l'on  obtienne  un  jour  les  acides  de  cette  catégorie ,  en 
attaquant  les  hydrocarbures  saturés  par  l'acide  sulfurique 
fumant. 


(  129  ) 

L'acide  disulfométholique,  et  les  acides  analogues  sont 
les  disulfacides  des  hydrocarbures  saturés;  ils  correspon- 
dent à  l'acide  benzoldisulfurique. 

On  voit  facilement  que  les  vues  théoriques  que  je  viens 
d'indiquer  ne  sont  que  le  développement  des  idées  que  j'ai 
avancées  antérieurement.  Mais  nos  connaissances  ont  fait 
des  progrès  depuis,  et  Ton  peut  maintenant  préciser  da- 
vantage. On  peut  affirmer,  par  exemple,  que  l'acide  isé- 
thionique,  que  l'on  peut  toujours  représenter  par  la  for- 
mule que  je  lui  ai  assignée  alors,  n'est  pas  un  dérivé  de 
l'éthylène,  mais  qu'il  correspond  à  Téthylidène.  Il  n'ap- 
partient pas  au  groupe  du  glycol  et  du  chlorure  d'élhy- 
lène,  mais  à  celui  de  l'aldéhyde,  de  Pacélal  et  du  chlorure 
d'élhylidène.  En  d'autres  termes ,  les  groupes  ^Bïl  et  S^B-II 
ne  sont  pas  en  combinaison  avec  deux  atomes  de  carbone 
différents,  ils  se  trouvent,  au  contraire,  combinés  à  un 
seul  et  même  atome  de  carbone. 


Découverte  d'objets  gravés  et  sculptés  dans  le  Trou  Magrite 
à  Pont-à-Lesse;  par  M.  Edouard  Dupont,  correspon- 
dant de  l'Académie. 

J'ai  l'honneur  de  faire  connaître  à  l'Académie  les  résul- 
tats des  fouilles  qui  viennent  d'être  exécutées  dans  le  Trou 
Magrite,  avec  l'obligeante  autorisation  de  M.  de  Villcrs- 
Masbourg.  C'est  une  caverne  plus  grande  que  le  Trou  de 
Chaleux,  à  large  ouverture  et  d'un  accès  facile.  Kl  le  est  à 
26  mètres  au-dessus  de  la  Lesse. 

Elle  contenait  de  bas  en  haut  : 

Cailloux  roulés  ardennais,  1  mètre. 


(  130  ) 

Dépôt  argilo-sabîeux  stratifié  offrant  les  niveaux  ossi- 
tëres,  2n\50. 

Argile-à-blocaux  renfermant  des  ossements. 

L'argile-à-blocaux  et  le  niveau  ossifère  supérieur  du 
dépôt  stratifié  sont  ici  mentionnés  pour  mémoire,  car  il 
n'en  restait  plus  que  de  faibles  amas  à  l'entrée  et  à  l'extré- 
mité. On  a  enlevé  de  cette  belie  caverne  à  peu  près  un 
mètre  de  terrain  quaternaire  sur  toute  la  surface,  il  y  a 
environ  trente  ans.  Une  partie  du  deuxième  niveau  ossi- 
fère du  dépôt  stratifié  a  été  également  emporté. 

Malgré  la  disparition  regrettable  de  ces  dépôts,  la  ca- 
verne a  encore  offert  de  riches  débris. 

Les  couches  ossifères  restées  en  place  renfermaient  la 
même  faune  qui  se  compose  : 

Elephas  primigenius,  cinq  molaires  dont  une  mesure 
25 centimètres  de  largeur;  portion  d'humérus,  débris  des 
extrémités; 

Rhinocéros  tichorinus,  nombreuses  molaires,  fragments 
d'humérus  et  de  radius; 

Cheval,  nombreuses  molaires  et  d'autres  débris; 

Sanglier; 

Renne,  restes  abondants,  surtout  dans  les  niveaux  su- 
périeurs. Les  bois  sont  en  majeure  partie  des  bois  de  mue; 

Cervus  elaphus,  grand  bois  et  portions  diverses; 

Bœuf,  dents  et  ossements; 

Chamois,  cornes  ; 

Marmotte,  plusieurs  demi-mâchoires; 

Ursus,  dents  et  ossements  de  diverses  tailles; 

Ht/Mia  Spelœa,  débris  divers  et  demi-mâchoire  infé- 
rieure; 

Feiis  Spelœa,  canine  de  la  mâchoire  supérieure; 


(  131  ) 

Felis  Engiholiensis,  une  demi -mâchoire  dont  il  ne 
manque  que  la  canine  ; 

Loup. 

Renard. 

Le  renne  était  surtout  abondant  dans  le  niveau  supé- 
rieur; le  rhinocéros,  le  mammouth  et  les  autres  espèces 
perdues  dans  les  niveaux  inférieurs. 

Ces  ossements  se  présentent  dans  l'état  ordinaire  où  on 
les  trouve  dans  les  habitations  de  nos  antiques  troglodytes  : 
Absence  à  peu  près  absolue  de  vertèbres,  de  cotes,  d'os 
de  l'épaule  et  du  bassin.  Débris  très-abondants  des  os  des 
membres  et  de  la  tête. 

Le  nombre  d'instruments  en  pierres  fait  concurrence  à 
celui  de  Chaleux;  les  formes  signalées  à  Montaigle  et  dans 
les  alluvions  de  la  Somme  sont  particulièrement  dans  les 
niveaux  inférieurs.  Dans  les  niveaux  supérieurs,  les  cou- 
teaux dominent  et  il  en  est  quelques-uns  qui  témoignent 
d'un  travail  aussi  soigné  que  ceux  découverts  à  Furfooz  et 
à  Chaleux. 

Le  calcaire  compacte  et  le  phtanite  ont  été  souvent 
taillés,  ce  qui  n'est  pas  étonnant,  car  si  l'homme  de  l'âge 
du  renne  se  procurait  difficilement  le  silex  taillé,  à  bien 
plus  forte  raison  en  était-il  ainsi  pour  l'homme  de  l'âge 
du  mammouth,  qui  vivait  à  une  époque  où  nos  rivières 
s'étendaient  sur  6  à  700  mètres  de  largeur  et  avaient  la 
puissance  de  façonner  fortement  leurs  lits. 

Les  os  travaillés  sont  assez  abondants  et  ordinairement 
taillés  en  fines  pointes,  ce  qui  est  en  rapport  avec  l'ab- 
sence de  silex  effilés  comme  ceux  de  Chaleux  et  de  Fur- 
fooz. Enfin  ,  les  pièces  les  plus  importantes  recueillies  dans 
cette  caverne  sont  une  petite  statuette  taillée  dans  un  buis 
de  renne  et  un  dessin  gravé  sur  un  autre  bois  de  renne 


(  152  ) 
avec  une  sûreté  de  trait  rappelant   les  célèbres  dessins 
des  cavernes  du  Périgord.  Ces  objets  sont  figurés  sur  la 
planche  ci-jointe. 

Rien  n'a  dénoté  un  semblable  travail  dans  les  cavernes, 
si  riches  en  débris  d'un  Age  un  peu  plus  récent,  à  Furfooz 
et  à  Chaleux.  Le  dessin  apparaît  dans  des  couches  indi- 
quant un  âge  intermédiaire  entre  Montaigle  et  Chaleux. 
A  Montaigle,  nous  sommes  en  plein  dans  rage  du  mam- 
mouth, au  milieu  d'une  civilisation  rappelant  celle  de 
l'homme  des  alluvions  de  la  Somme  ou  de  la  caverne  de 
Moustier  dans  le  Périgord. 

A  Chaleux  et  à  Furfooz,  nous  trouvons  une  faune  qui 
est  exactement  entre  celle  du  mammouth  et  la  faune 
actuelle  des  régions  tempérées  septentrionales.  La  civili- 
sation y  est  plus  avancée  qu'à  Montaigle,  mais  il  n'y  avait 
pas  de  traces  d'un  progrès  qui  allât  jusqu'à  la  représenta- 
tion d'une  forme  quelconque  par  la  gravure.  Aussi  pou- 
vait-on presque  déclarer,  sans  dépasser  les  bornes  de  la 
prudence,  qu'un  art  semblable  n'avait  pas  existé  chez 
nous. 

Le  voilà  cependant  découvert  et  entre  les  deux  civilisa- 
tions de  Montaigle  et  de  Furfooz,  au  milieu  d'une  faune 
qui  forme  le  passage  entre  la  faune  du  mammouth  et  du 
renne,  dans  des  conditions  tout  à  fait  analogues  à  celles 
du  Périgord. 

J'aurai  l'honneur  de  présenter  prochainement  à  l'Aca- 
démie un  exposé  plus  complet  des  faits  observés  dans  cette 
belle  caverne. 


BuH.de  l'Acad.  2  e  Série  Tome  XXIV. 


Ed. Dupont  Jel 


Bruxelles, LitLpar  G. Severeyns, Lith.de  l'Acad. Royale  de  Belg. 


Objets  gravé  et  sculpte   trouvés    dans 
le  Trou   Maènte  a  Pont-a-Lesse 


(  133  ) 


Recherches  sur  V action  des  silicates  alcalins  sur  l'économie 
animale,  par  M.  Emile  Husson,  répétiteur  à  l'École  de 
médecine  vétérinaire. 

Dans  une  note  sur  l'action  mutuelle  des  éléments  de  sels 
solubles  comparée  aux  phénomènes  que  ces  corps  produi- 
sent dans  l'économie  animale,  M.  Melsens  a  dit  :  «  Il  me 
»  parait  en  dehors  de  toute  contestation  raisonnée  des 
»  laits  actuellement  acquis  que  certaines  réactions  chi- 
»  miques  se  passent  dans  le  corps  des  animaux  absolu- 
»  ment  comme  elles  se  passent  dans  nos  laboratoires.  Je 
»  ne  parle  pas  seulement  de  ces  actions  qui  consistent  à 
»  faire  naître,  par  suite  de  doubles  décompositions,  cer- 
»  tains  composés  dans  l'estomac  ou  dans  le  canal  intes- 
»  tinal,  en  vue,  par  exemple,  de  neutraliser  l'action  d'un 
»  corps  donné  en  le  rendant  insoluble  ou  en  le  précipitant 
»  à  l'état  d'élément,  mais  bien  de  l'action  chimique  qui 
»  se  passe  sur  des  matériaux  absorbés  déjà;  ceux-ci  peu- 
»  vent  se  trouver  dans  le  torrent  de  la  circulation,  comme 
»  ils  peuvent  s'être  concentrés  dans  quelques  organes  ou 
»   se  trouver  fixés  sur  les  solides  de  l'économie...  » 

Ce  sont  ces  lignes  qui  m'ont  suggéré  l'idée  d'entre- 
prendre les  expériences  dont  je  viens  aujourd'hui  offrir 
les  résultats  à  l'attention  bienveillante  de  l'Académie. 

Administration  des  silicates  alcalins  à  des  chiens. 

Deux  chiens  mâles  sont  mis  en  expérience  le  17  mars, 
ils  reçoivent  tous  les  deux  la  même  alimentation  composée 

2me  SÉRIE,  TOME  XXIV.  10 


(  -134  ) 
de  pain  et  de  viande  de  cheval ,  et  sont  soumis  aux  mêmes 
conditions  hygiéniques;  leur  état  de  santé  ne  laisse  rien  à 
désirer. 

N°  1.  Chien  nicàle ,  de  race  commune,  pesant  9  kilos 
100  grammes,  reçoit  chaque  jour  à  partir  du  19  mars 
20  grammes  de  silicate  de  sodium  en  poudre;  la  dose  est 
divisée  en  deux  parties  et  soigneusement  mêlée,  ma- 
tin et  soir,  à  la  nourriture  de  l'animal;  le  quatrième 
jour  le  chien  est  pris  de  diarrhée  et  l'on  est  forcé  de  ré- 
duire la  dose  à  10  grammes,  administrés  en  deux  fois. 
L'animal  se  rétablit,  seulement  le  5  avril  (après  lo  jours), 
la  personne  chargée  de  le  soigner  remarque  qu'il  éprouve 
de  la  difficulté  à  uriner.  Cette  gène  dans  l'émission  de 
l'urine  persiste  à  des  degrés  variables  pendant  toute  la 
durée  de  l'expérience. 

A  différentes  époques  pendant  le  traitement ,  on  a  eu  la 
précaution  de  recueillir  de  l'urine  et  de  préférence  l'urine 
du  matin;  ce  qui  se  faisait  tout  simplement  en  laissant  le 
chien  uriner  librement  dans  des  vases  lavés  à  l'eau  dis- 
tillée. L'urine  ainsi  recueillie  pèse  1,250  grammes,  elle  est 
trouble  et  sa  réaction  constatée  chaque  fois  au  moment  de 
l'émission  a  toujours  été  alcaline  au  papier  de  tournesol. 
J'ai  pu  reconnaître  l'alcalinité  de  l'urine  quelques  heures 
après  la  première  administration,  comme  aussi,  j'ai  pu,  à 
partir  de  ce  moment,  constater  la  disparition  complète  de 
l'acide  urique  de  l'urine. 

Le  4  mai,  après  iG  jours  de  traitement,  on  tue  l'anima 
en  l'empoisonnant  par  l'acide  cyanhydrique.  L'autopsie  est 
faite  quelques  heures  après  la  mort. 

Outre  les  lésions  si  caractéristiques  de  l'empoisonne 
nient  par  l'acide  cyanhydrique,  on  ne  trouve  rien  de  hie 


(  155  ) 
marqué,  si  ce  n'est  du  côté  de  l'appareil  urinaire  :  Les 
reins  sont  congestionnés,  les  uretères  ne  présentent  rien 
de  particulier,  un  peu  de  rougeur  seulement;  la  vessie  est 
fortement  distendue  par  l'urine  qu'elle  contient;  l'urètre 
est  enflammé  et  rétréci,  ce  qui  explique  la  difficulté  d'uriner 
que  l'on  a  remarquée  pendant  la  vie. 

On  reçoit  dans  un  verre  l'urine  contenue  dans  la  vessie; 
elle  est  alcaline,  trouble  et  Ton  y  voit  flotter  de  petits  corps 
blanchâtres,  durs,  de  la  grosseur  d'un  grain  de  millet  et 
se  déposant  rapidement.  C'est,  sans  aucun  doute,  au  pas- 
sage de  ces  petits  corps  dans  l'urètre  pendant  l'expulsion 
de  l'urine  qu'il  faut  attribuer  l'inflammation  de  ce  canal. 
La  muqueuse  de  la  vessie  présente  un  aspect  légèrement 
rouge  et  on  trouve,  adhérents  à  sa  surface,  quelques  pe- 
tits corps  analogues  à  ceux  qui  se  sont  déposés  dans 
l'urine. 

On  recueille  sur  une  nacelle  de  platine  les  petits  corps 
qui  se  sont  déposés  dans  l'urine  que  contenait  la  vessie,  et 
on  les  calcine  au  chalumeau  à  air  et  à  gaz  de  l'éclairage;  ils 
se  charbonnent  légèrement,  laissent  une  cendre  blanche, 
infusible,  presque  complètement  insoluble  dans  l'acide 
chlorhydrique  étendu  et  chaud  ,  dans  l'acide  sulfuri- 
que,  etc.,  mais  qui,  calcinée  avec  un  peu  de  potasse  caus- 
tique, fond  et  donne  par  le  refroidissement  une  petite 
couche  vitreuse  entièrement  soluble  dans  l'eau.  Le  dépôt 
de  l'urine  contenue  dans  la  vessie  au  moment  de  l'autopsie 
est  donc  composé  essentiellement  d'acide  silicique. 

Les  1,250  grammes  d'urine  recueillie  pendant  la  vie 
sont  filtrés  sur  du  papier  Berzélius,  le  dépôt  resté  sur  le 
filtre  est  lavé  à  l'eau  distillée  d'abord,  puis  à  feau  rendue 
acide  par  l'acide  chlorhydrique;  une  petite  partie  du  dépôt 


(  156  ) 

se  dissout,  la  portion  insoluble  calcinée  avec  de  l'acide 
nitrique  donne  une  cendre  blanche,  infusible,  insoluble 
dans  l'acide  chlorliydriquc  étendu  et  chaud,  dans  l'acide 
suîfurique,  etc.;  pesée  après  avoir  été  desséchée  au  rouge, 
elle  donne  50  milligrammes;  elle  se  dissout  lentement 
dans  l'acide  fluorhvdrique.  C'est  donc  de  l'acide  sili- 
cique. 

La  moitié  de  l'urine  précédente  est  évaporée  et  calcinée 
avec  de  l'acide  nitrique;  la  cendre  obtenue  e-t  reprise  par 
l'acide  chlorhydrique  étendu,  puis  évaporée  de  nouveau  à 
sec,  chauffée  au  rouge;  reprise  une  deuxième  fois  par 
l'acide  chlorhydrique  étendu,  elle  laisse  déposer  une  pe- 
tite quantité  d'acide  silicique.  L'urine  contenait  donc  en- 
core un  peu  d'acide  silicique  en  dissolution,  à  l'état  de 
silicate  probablement,  mais  la  majeure  partie  en  avait  été 
précipitée. 

Le  cerveau  pesant  52 grammes  est  calciné  avec  de  l'acide 
nitrique  ;  la  cendre  reprise  par  l'eau  et  l'acide  chlorhydrique 
se  dissout  complètement;  le  cerveau  ne  renferme  donc  ni 
silicate,  ni  acide  silicique  libre. 

Le  tibia  gauche,  convenablement  dégarni  des  muscles  et 
des  tendons  qui  s'y  attachent,  est  placé  dans  un  vase  con- 
tenant de  l'eau  distillée  rendue  acide  par  de  l'acide  chlor- 
hydrique. Trois  semaines  après,  la  liqueur  est  évaporée  à 
sec;  calcinée  ensuite,  elle  laisse  une  cendre  bien  blanche 
entièrement  soluble  dans  l'acide  chlorhydrique  étendu. 

Le  quart  de  l'os  précédent  est  calciné  à  son  tour;  le 
charbon,  brûlé  par  de  l'acide  nitrique,  donne  une  cendre 
complètement  soluble  dans  l'eau  et  l'acide  chlorhydrique. 
Les  os  de  ce  chien  ne  renferment  pas  d'acide  silicique, 
bien  que  l'animal  ait  pris  du  silicate  pendant  46  jours. 


(  i37  ) 

N°  2.  Chien  mâle,  épagneul  croisé,  pesant  5  kilogrammes 
900  grammes,  reçoit  tous  les  jours,  à  partir  du  19  mars, 
10  grammes  d'une  dissolution  de  silicate  de  potassium 
contenant  16  p.  °/o  d'acide  silicique  desséché  au  rouge  (la 
dissolution  avait  été  préalablement  traitée  par  un  courant 
d'acide  carbonique  jusqu'à  un  commencement  de  précipi- 
tation d'acide  silicique).  Le  silicate  est  versé  dans  la  boisson 
de  l'animal  qui  paraît  le  supporter  sans  aucun  inconvé- 
nient; seulement, au  bout  de  quelque  temps,  on  remarque, 
comme  pour  le  n°  1 ,  une  certaine  gêne  dans  l'émission  de 
l'urine.  On  a  également  recueilli  de  l'urine  à  différents 
moments  de  l'expérience  et  en  opérant  comme  dans  l'ex- 
périence précédente.  La  réaction  de  l'urine,  constatée  aussi 
au  moment  de  son  expulsion,  a  constamment  été  alcaline, 
son  aspect  a  toujours  été  plus  trouble  que  pour  le  n°  1  et 
l'acide  urique  avait  totalement  disparu. 

Le  chien  est  sacrifié  le  9  mai,  après  49  jours  d'expé- 
rience, et  l'autopsie  est  faite  immédiatement. 

Comme  dans  l'autopsie  du  n°  I  ,  il  n'y  a  guère  que  les 
organes  urinaires  qui  offrent  quelques  particularités.  Les 
reins  sont  congestionnés,  l'urètre  enflammé  et  rétréci,  la 
vessie  également  distendue  est  remplie  d'urine;  à  travers 
ses  parois  rendues  translucides  par  la  distension,  on  peu! 
remarquer,  reposant  sur  le  fond  de  la  vessie,  un  dépôt 
assez  abondant  se  déplaçant  sous  l'influence  des  mou- 
vements de  l'urine  contenue  dans  la  vessie;  l'urine  re- 
cueillie dans  un  verre  est  alcaline,  très- trouble  et  laisse 
déposer,  comme  dans  l'expérience  précédente,  des  sédi- 
ments de  la  grosseur  d'un  grain  de  millet.  Ces  sédiments 
recueillis  dans  une  petite  capsule  de  platine,  traités  par 
l'acide  chlorhydrique,  font  légèrement  effervescence,  ce 


(  158  ) 

qui  est  dû  à  la  présence  d'un  peu  de  carbonate  de  calcium 
sans  doute;  la  portion  non  dissoute  dans  l'acide  chlorhy- 
drique  est  traitée  comme  dans  l'expérience  du  n°  1  et 
donne  pour  résidu  de  l'acide  silicique.  Ces  sédiments  sont 
donc  composés  d'acide  silicique,  de  carbonate  de  calcium, 
de  phosphate  insoluble  de  calcium  et  d'un  peu  de  matière 
organique  (1). 

650  grammes  d'urine  recueillie  pendant  la  vie  sont  fil- 
trés; ils  laissent  sur  le  filtre  un  dépôt  abondant,  blan- 
châtre qui,  lavé  d'abord  à  l'eau  distillée,  ensuite  à  l'eau 
rendue  acide  par  l'acide  chlorhydrique,  se  dissout  en  par- 
tie en  faisant  effervescence;  l'eau  de  lavage  renferme  de  la 
chaux,  mais  pas  de  traces  d'acide  silicique.  La  portion  inso- 
luble restée  sur  le  filtre  est  calcinée,  on  en  retire  140  mil- 
ligrammes d'acide  silicique  pur. 

L'urine  filtrée  est  évaporée  à  sec;  calcinée  avec  de 
l'acide  nitrique,  dans  la  cendre,  on  retrouve  une  très-pe- 
tite quantité  d'acide  silicique.  L'urine  ne  renfermait  donc 
plus  que  des  traces  de  silicate  en  dissolution  et  comme 
dans  l'expérience  du  n°  1 ,  la  majeure  partie  de  l'acide  sili- 
cique s'y  trouvait  à  l'état  insoluble. 

Le  cerveau  est  mis  en  digestion  avec  de  l'eau  distillée 
pendant  plusieurs  heures;  on  fait  bouillir  ensuite  pendant 
une  heure,  on  filtre  et, dans  la  liqueur  filtrée,  on  recherche 
les  silicates  et  on  n'en  trouve  pas  de  traces. 

Une  partie  du  cerveau  qui  a  bouilli  est  reprise  et  on  y 
recherche,  sans  plus  de  résultat,  l'acide  silicique.  Le  cer- 
veau ne  contient  donc  ni  silicate,  ni  acide  silicique  libre. 


(1)  Voir  la  paçje  \A\ 


(  139  ) 

40  grammes  de  chair  musculaire  prise  à  la  cuisse  sont 
mis  en  digestion  avec  de  l'eau  distillée,  puis  on  fait  bouil- 
lir pendant  plusieurs  heures,  on  filtre  et  dans  la  liqueur 
filtrée  on  ne  retrouve  pas  de  silicates. 

La  chair  musculaire  précédente  est  calcinée  avec  de 
l'acide  nitrique;  dans  la  cendre  on  retrouve  une  quan- 
tité appréciable  d'acide  silicique.  Cette  recherche  tend  à 
démontrer  que  dans  le  muscle,  comme  dans  l'urine,  le 
silicate  est  décomposé  et  l'acide  silicique  précipité;  elle 
démontre  en  outre  que  les  silicates  ne  sont  qu'en  très- 
petite  quantité  dans  les  muscles. 

Le  fémur  gauche,  convenablement  préparé,  est  plongé 
dans  de  l'eau  distillée  rendue  acide  par  l'acide  chlorhy- 
driquc.  Après  quinze  jours  d'immersion,  la  liqueur  ne  ren- 
ferme pas  de  traces  d'acide  silicique. 

La  moitié  de  l'os  est  calcinée  avec  de  l'acide  nitrique  et 
la  cendre  ne  renferme  pas  d'acide  silicique. 

N°  5.  Chien  màîe,  épagneul,  pesant  9  kilogrammes 
200  grammes.  On  le  soumet  pendant  un  mois  environ  à 
un  régime  composé  de  pain  et  de  viande  de  cheval.  Les 
conditions  hygiéniques  dans  lesquelles  il  est  placé  sont  les 
mêmes  que  pour  les  deux  chiens  précédents.  Le  25  mai, 
on  le  met  en  expérience  et  il  reçoit  en  huit  jours 
200  grammes  d'une  dissolution  de  silicate  de  potassium 
renfermant  16  p.  °/o  d'acide  silicique;  l'administration  en 
est  faite  en  grande  partie  par  la  force,  ou  en  dissolution 
dans  les  boissons.  L'urine  que  l'on  recueille  quelques  heures 
après  la  première  administration  est  fortement  alcaline  et 
ne  renferme  pas  de  traces  d'acide  urique.  Pendant  les  trois 
premiers  jours  l'animal  supporte  assez  bien  cette  dose 
exagérée  de  silicate,  mais  après  surviennent  de  fréquents 


(  140  ) 

vomissements  et  vers  le  huitième  jour  l'animal  refuse  toute 
nourriture  ;  le  1 er  juin,  on  lui  administre  encore  1 0  grammes, 
qui  sont  bientôt  rejetés  par  le  vomissement;  l'animal  est 
sacrifié  dans  la  journée  même. 

À  l'autopsie,  on  trouve  dans  les  bronches  les  lésions  ma- 
nifestes d'une  bronchite  intense  résultant  probablement  du 
liquide  tombé  dans  la  trachée  pendant  l'administration  du 
silicate.  Le  tissu  du  cœur  paraît  avoir  subi  quelques  mo- 
difications; il  est  pâle  et  ramolli. 

L'estomac  est  le  siège  d'une  forte  inflammation,  surtout 
dans  sa  partie  pilorique,  où  l'on  remarque  de  nombreuses 
ecchymoses  se  prolongeant  jusque  dans  l'intestin  grêle.  Ces 
lésions  ne  peuvent  être  attribuées  qu'à  l'exagération  de  la 
dose  de  silicate.  Les  reins  sont  fortement  congestionnés; 
incisés  jusqu'au  bassinet,  ils  présentent  dans  leur  partie 
médullaire  des  stries  blanchâtres  qui  suivent  le  trajet  des 
tubes  urinifères.  Mon  frère,  J.-B.  Husson,  professeur  de 
physiologie  à  l'école  vétérinaire,  a  bien  voulu  soumettre 
ces  reins  à  une  analyse  microscopique  et  a  reconnu  que 
ces  stries  occupent  l'intérieur  même  des  tubes  urinifères 
des  pyramides  et  sont  constituées  par  de  la  matière  inor- 
ganique, sans  aucun  doute,  identique  à  celle  du  dépôt  des 
urines. 

La  vessie  contient  un  peu  d'urine  claire  et  légèrement 
acide,  ce  qui  se  comprend  aisément,  l'animal  ayant  rejeté 
par  le  vomissement  tout  le  silicate  qu'on  lui  avait  admi- 
nistré quelques  heures  avant  de  le  sacrifier. 

Sur  la  muqueuse  de  la  vessie,  on  trouve,  adhérent  à  sa 
surface,  quelques  corpuscules  de  la  grosseur  d'un  grain  de 
riz  et  qui,  traités  comme  dans  les  expériences  précédentes, 
donnent  de  l'acide  silicique  pour  résidu. 

Pas  plus  dans  cette  expérience  que  dans  les  autres,  je 


(  141  ) 

n'ai  pu  découvrir  de  traces  d'acide  silicique  dans  le  cer- 
veau; je  n'en  constate  pas  non  plus  dans  la  bile,  ni  dans 
le  foie,  ni  dans  les  os.  Cette  fois  l'os  a  élé  calciné  directe- 
ment, sans  avoir  subi  l'action  dissolvante  de  l'acide  chlor- 
hydrique. 

En  opérant  avec  soin  sur  15  grammes  de  sang  desséché, 
je  n'ai  trouvé  que  des  traces  d'acide  silicique,  tandis  que 
j'en  découvre  une  quantité  très-appréciable  dans  les  mus- 
cles et  dans  la  rate. 

400  grammes  d'urine  recueillie  pendant  la  vie  et  filtrée 
fraîche  sur  du  papier  Berzélius  laissent  sur  le  filtre  un  dépôt 
qui,  lavé  à  l'eau  distillée  puis  calciné  avec  de  l'acide  ni- 
trique, donne  une  cendre  dont  je  retire  150  milligrammes 
d'acide  silicique  desséché  au  rouge;  dans  la  liqueur  acide 
qui  m'a  servi  pour  isoler  l'acide  silicique,  je  reconnais  la 
présence  de  la  chaux  et  de  l'acide  phosphorique.  Le  dépôt 
était  donc  formé  d'acide  silicique  surtout,  de  silicate  de 
calcium,  de  phosphate  insoluble  de  calcium  et  d'un  peu  de 
matière  organique. 

L'urine  elle-même  est  évaporée  et,  calcinée  ensuite,  elle 
ne  donne,  à  l'analyse,  que  des  traces  d'acide  silicique.  Tout 
ou  à  peu  près  tout  l'acide  silicique  du  silicate  qu'elle  con- 
tenait était  donc  précipité  au  moment  de  son  expulsion 
de  la  vessie. 

N°  4.  Le  6  juin,  on  injecte  dans  les  veines  d'un  vieux 
chien  10  grammes  d'une  dissolution  de  silicate  de  sodium 
renfermant  18  p.  °/o  d'acide  silicique  desséché  au  rouge;  la 
dissolution  est  étendue  de  deux  fois  son  volume  d'eau  dis- 
tillée, la  liqueur  est  portée  à  55°.  L'opération  est  faite 
dans  les  meilleures  conditions  avec  l'obligeant  concours  de 
M.  le  professeur  Derache;  l'animal  meurt  immédiatement 
après  l'injection. 


(  m  ) 

A  l'autopsie  on  ne  trouve  dans  la  vessie  que  quelques 
gouttes  d'urine  ne  renfermant  pas  de  traces  d'acide  sili- 
cique. La  mort  si  prompte  de  l'animal  ne  peut  être  attri- 
buée qu'à  la  dose  exagérée  de  silicate. 

N°  o.  Le  10  juin,  aidé  de  M.  Wehenkel ,  répétiteur,  j'in- 
jecte dans  les  veines  d'un  chien  5  grammes  de  la  dissolution 
de  silicate  de  sodium  étendue  de  20  centimètres  cubes 
d'eau  distillée  et  à  la  température  de  35°.  L'opération  est 
faite  en  prenant  les  plus  grandes  précautions;  l'animal 
meurt  trois  quarts  d'heure  après  l'injection. 

A  l'autopsie,  on  trouve  l'estomac  et  l'intestin  remplis 
de  sang;  il  y  a  eu  hémorragie  gastro-intestinale. 

La  vessie  contient  50  grammes  d'une  urine  limpide, 
légèrement  acide  et  dans  laquelle  je  ne  retrouve  pas  de 
traces  de  silicates,  ni  d'acide  silicique. 

N°  6.  Cette  dernière  expérience  ne  m'ayant  pas  satisfait, 
j'ai  voulu  la  répéter  et,  le  20juin,aidédeM.Degive,  répé- 
titeur, j'injecte  dans  les  veines  d'un  chien  pesant  il  kilos 
500  grammes  de  la  dissolution  de  silicate  de  sodium; 
l'opération  se  fait  dans  les  mômes  conditions  que  pour  le 
n°  o;  l'animal  meurt  une  heure  et  demie  après  l'injection. 

A  l'autopsie,  on  trouve  comme  dans  l'expérience  précé- 
dente, l'estomac  et  les  intestins  remplis  de  sang,  et  leur 
muqueuse  présente  les  lésions  d'une  forte  congestion. 

En  opérant  sur  40  grammes  de  sang  qui  a  été  desséché 
au  hain-marie,  je  n'y  constate  pas  de  traces  appréciables 
d'acide  silicique.  J'en  retrouve,  par  contre,  dans  la  rate, 
dans  les  muscles.  150  grammes  d'urine  contenue  dans  la 
vessie  au  moment  de  l'autopsie  sont  filtrés;  la  liqueur  fil- 
trée est  légèrement  acide  et  on  n'y  retrouve  pas  de  silice; 
la  partie  retenue  sur  le  filtre  donne  une  petite  quantité 
d'acide  silicique. 


(  i«  ) 
Il  eût  été,  certes,  utile  de  continuer  l'étude  de  l'action 
des  silicates  de  potassium  et  de  sodium  injectés  dans  les 
veines,  mais  le  temps  m'a  manqué;  je  compte  bien  cepen- 
dant y  revenir  plus  tard. 


Recherches  et  réactions  chimiques  pour  servir  à 
V interprétation  des  faits  précédents. 

1°  Un  chien,  en  pleine  digestion ,  est  sacrifié;  l'estomac 
et  son  contenu  sont  mis  en  digestion  à  55°  avec  de  l'eau 
distillée.  Après  quelques  heures,  on  exprime  la  masse  sur 
un  tamis  fin  et  on  filtre  ensuite.  La  liqueur  que  l'on  ob- 
tient est  limpide  et  présente  une  réaction  fortement  acide. 

L'intestin  grêle  est  ouvert  sur  toute  son  étendue  et  mis 
en  suspension  dans  de  l'eau  distillée  maintenue  à  35°  pen- 
dant plusieurs  heures.  On  filtre  ensuite,  le  liquide  filtré  a 
une  réaction  légèrement  alcaline.  Ce  sont  ces  deux  liqueurs 
qui  m'ont  servi  pour  me  rendre  compte  de  l'action  des 
sucs  digestifs  sur  les  dissolutions  de  silicates. 

2°  Si,  dans  une  dissolution  contenant  5  grammes  de 
silicate  de  sodium ,  on  verse  de  la  dissolution  du  suc  gas- 
trique jusqu'à  réaction  légèrement  acide,  on  obtient  un 
précipité  abondant  qui  se  dépose  au  fond  du  vase;  les 
liqueurs  étaient  maintenues  à  la  température  du  corps 
pendant  une  heure  et  légèrement  agitées.  Le  lendemain, 
on  jette  le  tout  sur  un  filtre  et  dans  la  liqueur  filtrée  on  ne 
retrouve  pas  de  traces  bien  appréciables  d'acide  silicique. 

Le  suc  gastrique,  légèrement  en  excès,  précipite  donc 
complètement,  ou  à  peu  près  complètement,  l'acide  sili- 
cique des  silicates. 

5°  Dans  une  petite  quantité  de  la  dissolution  d'un  sili- 


(  \U  ) 
cale,  on  verse  de  la  liqueur  acide  de  l'estomac  jusqu'à 
légère  réaction  acide;  on  obtient, comme  dans  l'expérience 
précédente,  un  précipité  d'acide  siïicique,  on  traite  par  de 
la  liqueur  alcaline  de  l'intestin  ,  on  maintient  le  tout  à  55° 
pendant  plusieurs  heures;  le  lendemain  on  filtre,  et  dans 
la  liqueur  filtrée,  on  ne  retrouve  pas  d'acide  siïicique.  Le 
suc  intestinal  ne  redissout  donc  pas  sensiblement  le  pré- 
cipité formé  dans  les  silicates  par  le  suc  gastrique. 

4°  Si  au  précipité  obtenu  dans  un  silicate  par  un  léger 
excès  de  suc  gastrique,  on  ajoute  une  plus  grande  quan- 
tité de  ce  suc,  le  précipité  persiste,  des  traces  à  peine  se 
redissolvent. 

5°  Le  précipité  obtenu  dans  les  silicates  par  le  liquide 
de  l'estomac  ne  se  redissout  pas  lorsqu'on  le  fait  bouillir 
avec  du  carbonate  de  sodium. 

6°  Si  on  traite  ce  même  précipité  par  de  la  potasse  ou 
de  la  soude  caustique ,  il  disparaît  lentement  et  incomplè- 
tement à  froid,  plus  rapidement  à  chaud. 

7°  Dans  2  grammes  de  dissolution  de  silicate  de  sodium 
étendue  de  100  grammes  d'eau  distillée,  on  verse  de  la 
liqueur  acide  de  l'estomac  jusqu'à  neutralisation;  on  ob- 
tient un  précipité  d'acide  siïicique  qui  se  dépose  rapide- 
ment. La  précipitation  de  l'acide  siïicique  par  le  suc  gas- 
trique se  fait  donc  quel  que  soit  l'état  de  dilution  du 
silicate. 

8°  Dans  une  dissolution  de  silicate  de  sodium,  on  verse 
jusqu'à  neutralisation  d'une  dissolution  de  phosphate  acide 
de  calcium  bien  pur,  préparé  en  faisant  bouillir  avec  du 
carbonate  de  calcium  et  jusqu'à  cessation  de  dégagement 
d'acide  carbonique,  le  phosphate  acide  obtenu  par  l'action 
de  l'acide  sulfurique  sur  les  os  calcinés.  On  obtient  un 
précipité  qu'on  lave  à  l'eau  distillée  bouillante,  puis  on  le 


(  145  ) 
traite  par  l'acide  chlorhydrique  dilué,  le  quart  environ  se 
dissout;  la  portion  insoluble  est  entièrement  composée 
d'acide  silicique.  L'analyse  de  la  liqueur  acide  démontre 
que  la  partie  soluble  dans  l'acide  chlorhydrique  est  formée 
de  phosphate  insoluble  de  calcium  et  de  silicate  de  calcium. 

9°  Si ,  à  une  dissolution  de  silicate  alcalin  ,  on  ajoute  de 
l'urine  humaine  fraîche  et  acide,  la  liqueur  se  prend  en 
masse  gélatineuse  au  bout  de  très-peu  de  temps;  le  préci- 
pité analysé  est  formé  d'acide  silicique  surtout,  d'un  peu  de 
silicate  de  calcium  et  de  phosphate  insoluble  de  calcium. 

Dans  toutes  ces  recherches,  je  me  suis  servi  de  l'ammo- 
niaque et  du  molybdate  d'ammoniaque  pour  déceler  la 
présence  de  l'acide  phosphorique  ou  des  phosphates. 
Quant  à  la  chaux,  je  la  constatais  à  l'aide  de  l'oxalate 
d'ammoniaque,  et  dans  quelques  cas  j'ai  eu  recours  à 
l'analyse  spectrale. 

10°  On  traite  de  l'urine  humaine  fraîche  par  du  carbo- 
nate de  sodium  jusqu'à  réaction  légèrement  alcaline.  On 
verse  cette  urine  dans  une  dissolution  de  silicate  et  on 
obtient  le  même  phénomène  que  dans  l'expérience  précé- 
dente; seulement,  le  précipité  m'a  paru  contenir  plus  de 
silicate  de  calcium. 

11°  Si,  dans  une  dissolution  de  silicate,  on  verse  une 
dissolution  d'acide  urique  faite  à  55°  et  qu'on  abandonne 
la  liqueur,  après  dix  jours  elle  est  encore  limpide;  évapo- 
rée en  partie  au  bain-marie,  puis  abandonnée  de  nouveau, 
on  ne  voit  pas  apparaître  le  plus  léger  trouble;  donc,  l'acide 
urique  est  sans  action  sur  les  dissolutions  de  silicates, 
dans  les  conditions  précitées. 

Si  cependant  on  évapore  la  liqueur  jusqu'à  siccilé  et  que 
l'on  reprenne  ensuite  la  matière  sèche  par  une  grande 
quantité  d'eau  bouillante,  on  voit  qu'une  petite  partie  reste 


(  146  ) 
à  l'élat  de  dépôt  qui  se  dissout  lentement  et  incomplète- 
ment dans  les  liqueurs  alcalines;  examiné  avec  soin,  ce 
dépôt  a  les  caractères  de  l'acide  silicique. 

12°  Si  on  répète  l'expérience  précédente,  en  substituant 
l'acide  hyppurique  à  l'acide  urique,  on  obtient  des  résul- 
tats différents  :  la  liqueur  reste  d'abord  limpide,  mais  si 
on  la  concentre  un  peu  au  bain-marie  et  qu'on  l'abandonne 
à  elle-même,  on  la  voit,  au  bout  de  quelques  jours,  se 
prendre  en  une  belle  gelée  transparente.  L'acide  hyppu- 
rique précipite  donc  l'acide  silicique  des  silicates  en  dis- 
solution. 

13°  Tous  les  chimistes  connaissent  l'action  de  l'acide 
chlorhydrique  sur  les  silicates  solubles  et  savent  que  cet 
acide  précipite  l'acide  silicique  quand  les  dissolutions  sont 
concentrées,  que  le  précipité  n'apparaît  pas  quand  les 
liqueurs  sont  étendues  ou  bien  encore  quand  l'acide  chlor- 
hydrique est  en  grand  excès. 

14°  L'acide  lactique  se  comporte  à  la  façon  de  l'acide 
chlorhydrique  dans  les  dissolutions  de  silicates.  Le  mélange 
de  ces  deux  acides  agit  de  la  même  manière. 

15°  11  est  digne  de  remarque  que  le  suc  gastrique,  dont 
l'acidité  est  en  général  due  à  un  mélange  d'acide  chlorhy- 
drique et  d'acide  lactique,  se  comporte  d'une  façon  toute 
différente  du  mélange  pur  de  ces  deux  acides.  Cette  diffé- 
rence ne  serait-elle  pas  due  aux  phosphates  que  le  suc  gas- 
trique tient  toujours  en  dissolution?  En  effet,  si  l'on  fait 
un  mélange,  en  volumes  égaux,  d'acide  chlorhydrique  et 
d'acide  lactique,  qu'on  y  fasse  dissoudre  un  peu  de  poudre 
d'os  calciné  et  qu'ensuite  on  verse  cette  liqueur  acide 
dans  une  dissolution  très-étendue  de  silicate,  le  liquide  se 
prend  en  gelée  après  quelques  heures. 

Toutes  ces  expériences  ont  été  exécutées  dans  le  labo- 


(147  ) 
raloire  de  M.  Melsens  et  pour  ainsi  dire  sous  les  yeux  du 
savant  professeur,   dont  les   bons  conseils  ne  me  font 
jamais  défaut. 

Interprétation  physiologique  des  expériences 
précédentes. 

Il  résulte,  à  l'évidence,  me  semble-t-il,  des  expériences 
précédentes,  que  lorsqu'on  administre  à  un  chien  du  sili- 
cate de  potassium  ou  de  sodium  en  quantité  telle  que  le 
silicate  ne  neutralise  pas  complètement  l'acidité  du  suc 
gastrique,  le  silicate  est  décomposé  dans  l'estomac  par  le 
suc  gastrique,  l'acide  silicique  se  précipite  et  n'est  plus 
absorbable,  tandis  que  le  métal  du  silicate  employé  se 
transforme  en  chlorure  et  en  lactalc. 

Si  la  quantité  de  silicate  est  trop  considérable,  comme 
dans  mes  trois  premières  expériences,  une  portion  du  si- 
licate échappe  à  l'action  décomposante  du  suc  de  l'estomac, 
arrive  dans  l'intestin  grêle  et  peut  y  être  absorbé. 

11  n'y  a  donc  que  cette  portion  du  silicate  absorbé  dans 
l'intestin  grêle  qui  pénètre  dans  le  sang  et  circule  avec  lui 
pour  aller  se  déverser  dans  certains  organes.  Ces  organes, 
ainsi  que  le  démontrent  mes  expériences,  sont  :  la  rate, 
les  muscles  et  les  reins. 

Pourquoi  la  rate  contient- elle  de  l'acide  silicique  en 
quantité  bien  appréciable,  alors  qu'un  poids  de  sang  des- 
séché à  peu  près  égal  au  sien  n'en  contient  que  des  traces? 
je  n'essaierai  pas  d'interpréter  le  fait  physiologiquement; 
il  y  a  encore  tant  d'inconnues  dans  les  fonctions  de  la  rate! 
Le  rôle  de  cet  organe  dans  l'économie  est  entouré  de  tant 
de  doutes,  que  je  me  contente  de  signaler  le  fait  et  je  le 
soumets  à  l'attention  des  physiologistes  qui  font  une  étude 
spéciale  des  fonctions  de  la  rate. 


(  148  ) 

A  l'état  de  repos,  les  muscles  ont  une  réaction  légère- 
ment alcaline;  elle  devient  franchement  acide  pendant  ces 
contractions  et  il  se  produit  de  l'acide  lactique;  cet  acide 
peut  réagir  sur  le  silicate  qui  se  trouve  en  dissolution  dans 
le  plasma  qui  imprègne  le  muscle,  en  précipiter  l'acide  si- 
licique.  Cette  précipitation  doit  être  singulièrement  favo- 
risée par  les  mouvements  qui  se  produisent  dans  le  muscle 
pendant  sa  contraction.  La  précipitation  se  fait-elle  dans 
l'intérieur  de  la  fibre  musculaire?  J'ai  essayé  de  m'en  as- 
surer en  soumettant  les  fibres  à  un  examen  microscopique; 
mes  observations  ne  m'ont  rien  donné  de  positif. 

La  recherche  de  l'acide  silicique  dans  les  muscles  de 
mes  chiens  démontre  que  les  silicates  n'arrivent  qu'en 
très-petite  quantité  à  ces  organes  et  que  ce  sont  surtout 
les  reins  qui  sont  chargés  d'éliminer  ces  substances  lors- 
qu'elles ont  pénétré  dans  le  sang. 

L'étude  des  urines  des  chiens  soumis  aux  silicates  prouve 
que  les  silicates  qu'elles  contiennent  sont  presque  entière- 
ment décomposés  avant  l'expulsion  de  l'urine  de  la  vessie 
et  que  le  précipité  auquel  cette  décomposition  donne  lieu 
est  insoluble.  Ainsi  que  mes  analyses  le  démontrent,  ce 
dépôt  s'est  toujours  montré,  en  grande  partie,  composé 
d'acide  silicique,  auquel  s'ajoutaient  des  corps  différents 
et  en  proportions  variables,  tels  que  du  silicate  de  calcium, 
du  phosphate  de  calcium,  du  carbonate  de  calcium  et  de  la 
matière  organique. 

Les  réactions  chimiques,  inscrites  sous  les  nos  8,  9,  10 
et  II  expliquent  suffisamment  la  formation  de  ce  dépôt 
dans  les  conditions  de  l'expérience;  on  admet,  en  effet, 
d'après  Liebig,  que  l'acidité  de  l'urine  normale  non  fer- 
mentée  est  due  aux  phosphates  acides  et  aux  urates  acides. 

Si  nous  tenons  compte  :  1°  de  la  quantité  d'urine  se- 


(  m  ) 

crétée  en  24  heures  par  kilogramme  de  chien  (40  grammes 
environ);  2°  du  poids  de  l'acide  silicique  que  j'ai  retrouvé 
dans  le  dépôt  des  urines  de  mes  chiens;  5°  de  la  durée  de 
l'expérience  ;  nous  arrivons  aux  données  suivantes  pour 
la  quantité  totale  de  l'acide  silicique  qui  a  pu  se  précipiter 
dans  toute  l'urine  sécrétée  pendant  l'expérience  : 

Chien  n°  I.  —  800  milligrammes  environ,  la  quantité 
de  silice  administrée  n'est  pas  connue,  le  silicate  employé 
n'ayant  pas  été  analysé. 

Chien  n°  2.  —  5  grammes  300  milligrammes  environ, 
la  quantité  de  silice  administrée  étant  égale  à  80  grammes. 

Chien  n°  3.  —  1  gramme  40  milligrammes  environ, 
la  quantité  de  silice  administrée  étant  représentée  par  58 
grammes. 

Si  on  se  rappelle  que  le  dépôt  n'était  jamais  exclusive- 
ment formé  d'acide  silicique,  on  se  fera  une  idée  exacte 
de  la  masse  totale  qui  aurait  pu  se  déposer  dans  la  vessie, 
si  tout  le  dépôt  au  lieu  d'être  expulsé  avec  l'urine,  comme 
cela  s'est  fait,  avait  été  retenu  dans  la  vessie,  comme  cela 
aurait  pu  se  faire;  car,  dit  M.  Civiale,  un  grain  reste-t-il 
dans  la  vessie,  il  devient  le  centre  d'un  calcul. 

Pourquoi  l'acide  urique  disparait-il  des  urines  des  chiens 
auxquels  on  administre  des  silicates  alcalins?  J'ai  dit  en 
parlant  de  la  décomposition  du  silicate  dans  l'estomac 
que  le  métal  du  silicate  décomposé  se  transforme  en  chlo- 
rure et  en  lactate,  sels  qui  sont  ahsorbés;  le  chlorure 
circule  dans  le  sang  sans  subir  de  décomposition  ;  le  lac- 
tate, lui,  subit  l'action  de  l'oxygène,  son  acide  est  brûlé  et 
il  devient  carbonate  de  son  métal.  Or,  tous  les  physiolo- 
gistes savent  que  si  l'on  fait  prendre  à  un  chien  de  l'acide 
urique  et  qu'on  lui  administre  en  même  temps  de  fortes 
quantité  de  sels  alcalins,  tels  que  carbonates,  ou  de  sels 

2mc  SÉRIE,  TOME   XXIV.  Il 


à  acides  organiques  pouvant  donner  lieu  dans  le  sang  à 
la  formation  de  carbonates  alcalins,  on  ne  retrouve  pas 
d'acide  urique  dans  l'urine,  maison  y  rencontre  une  plus 
forte  proportion  d'urée  et  d'acide  oxalique. 

La  disparition  de  l'acide  urique  de  l'urine  de  mes  chiens 
doit  donc  être  attribuée  bien  plus  à  la  transformation  du 
silicate  en  lactate  et  de  celui-ci  en  carbonate,  qu'au  silicate 
ou  à  l'acide  silicique  lui-même;  en  définitive,  la  médication 
par  les  silicates  ne  donne  que  les  résultats  que  donnerait 
une  médication  par  les  sels  alcalins.  Ce  résultat  m'avait, 
du  reste,  été  prédit  par  M.  Melsens. 

L'acide  hyppurique  précipitant  directement  l'acide  sili- 
cique des  silicates,  il  eût  été  intéressant  d'étudier  l'action 
de  ces  sels  sur  les  herbivores;  je  n'ai  pu  m'en  occuper, 
mais  je  compte,  si  les  circonstances  me  le  permettent,  y 
revenir  dans  le  courant  de  l'hiver  prochain. 

La  précipitation  de  l'acide  silicique  dans  les  urines  et 
dans  les  muscles  sont  bien  des  réactions  analogues  à 
celles  qui  se  produisent  dans  les  vases  de  nos  labora- 
toires. Si  les  réactions  qui  ont  lieu  dans  ce  laboratoire  si 
complet  que  l'on  nomme  l'économie  animale,  n'ont  pas 
toujours  ce  caractère  de  simplicité,  et  si,  trop  souvent,  elles 
nous  offrent  des  complications  excessives,  n'invoquons  pas 
cependant  pour  nous  en  rendre  compte  ces  agents  mysté- 
rieux, tels  que  force  vitale,  âme  animale,  etc.;  accusons  nos 
moyens  d'étude,  nos  moyens  d'analyse  et  d'observation, 
notre  intelligence  trop  bornée  et  restons  néanmoins  con- 
vaincus que  ces  phénomènes  sont  soumis  aux  lois  géné- 
rales de  la  nature,  aux  lois  chimico-physiques,  et  que  la 
différence  dans  les  résultats  ne  dépend  que  de  la  différence 
de  circonstances,  de  conditions.  Du  reste,  dans  les  labora- 
toires, deux  corps  nous  donnent-ils  toujours  le  même  pro- 
duit comme  résultat  de  leur  action  réciproque?  Ne  devons- 


(  151  ) 
nous  pas  aussi  tenir  compte  des  conditions  de  température, 
de  pression,  d'état,  de  distance,  de  mouvement  etc.,  etc. 
Ainsi  et  pour  ne  citer  qu'un  exemple  que  j'extrais  d'un 
mémoire  présenté  tout  récemment  à  l'Académie  des 
sciences  de  Paris,  par  M.  Becquerel  :  «  On  a  rempli 
»  un  tube  de  verre,  fermé  par  un  bout  et  fêlé  (il  faut 
»  une  fente  très- étroite) ,  d'une  dissolution  assez  con- 
»  centrée  de  nitrate  de  cuivre  ;  puis  on  a  introduit  ce 
»  tube  dans  une  éprouvette  contenant  une  dissolution 
»  également  concentrée  de  monosulfure  de  sodium,  dont 
»  le  niveau  était  le  même,  afin  que  la  pression  fût  la  même 
»  de  part  et  d'autre.  Que  devait-il  se  produire  d'après  les 
»  notions  que  nous  possédons  sur  le  mélange  de  ces  deux 
»  dissolutions  qui  devait  avoir  lieu  au  travers  de  fentes 
»  très-étroites?  On  aurait  dû  obtenir  du  sulfure  noir  de 
»  cuivre  et  du  nitrate  de  soude;  mais  il  n'en  a  pas  été 
»  ainsi  :  très-peu  de  temps  après  la  préparation,  on  a  com- 
»  menée  à  apercevoir  dans  les  fentes  un  dépôt  très-brillant 
»  de  cuivre  métallique  ayant  l'aspect  cristallin;  peu  à  peu 
»  le  dépôt  a  augmenté,  la  fêlure  est  devenue  plus  grande 
»  et  le  tube  a  fini  par  éclater;  on  a  pu  en  retirer  de  pe- 
»  tites  baguettes  de  cuivre.  » 

En  terminant,  je  puis  dire,  je  pense,  que  les  faits  relatés 
dans  ce  travail  méritent  une  attention  sérieuse  de  la  part 
des  médecins  qui  se  servent  des  silicates  comme  agents 
thérapeutiques,  en  leur  accordant,  peut-être  un  peu  légè- 
rement, des  propriétés  curatives  si  diverses.  En  effet,  selon 
ces  praticiens,  ils  seraient  à  la  fois  anti-goutteux,  agi- 
raient favorablement  dans  la  carie  des  os  et  seraient  doués 
de  propriétés  digestives ,  toniques,  diurétiques  et  proba- 
blement fondantes  et  résolutives. 


(  m  ) 


Notice  sur  la  synthèse  de  l'acide  musique,  de  V acide  mé- 
thyloxybenzoique ,  d'un  crèsol  nouveau  et  sur  l'acide 
paraiodobenzoïque ;  par  M.  le  docteur  W.  Kôrner. 

I.  —  Synthèse  de  l'acide  anisique. 

Dans  ces  derniers  temps,  l'acide  anisique  a  été  envi- 
sagé, non  sans  raison,  comme  de  l'acide  méthyl-paraoxy- 
benzoïque,  c'est-à-dire  comme  un  acide  paraoxybenzoïque 
dans  lequel  l'hydrogène  provenant  du  groupe  hydroxylique 
du  phénol  est  remplacé  par  le  méthyle  : 


rHjOCH; 
CeHMCO,H. 


Cette  idée  est  basée  sur  les  faits  suivants  : 

1°  Sur  la  stabilité  de  l'acide  anisique  en  présence  de  la 
potasse  ; 

2°  Sur  la  facilité  avec  laquelle  il  se  dédouble  en  iodure 
de  méthyle  et  en  acide  paraoxybenzoïque  sous  l'influence 
de  l'acide  iodhydrique  :  ce  qui  fut  observé  par  M.  Saytzeff; 

5°  Sur  la  synthèse  réalisée  par  M.  Ladenburg,  qui  a  pré- 
paré l'acide  anisique  en  chauffant  le  paraoxybenzoate  bipo- 
lassique  avec  de  liodure  de  méthyle  et  en  saponifiant  par 
la  potasse  l'éther  anisique  ainsi  obtenu. 

Ce  fut  cette  manière  nouvelle  de  se  représenter  la  con- 
stitution de  l'acide  anisique  qui  me  suggéra  la  pensée  qu'on 
pourrait  l'obtenir  par  l'oxydation  de  l'éther  crésolméthy- 


(  *K  ) 
lique,  lequel  est  pour  l'acide  anisiquece  que  le  nitrotoluol 
est  pour  l'acide  paranitrobenzoïque  : 

C    H   i0CfÎ3  C    H  P°a 

Èther  crésolméthylique.  Nitrotoluol. 

rH(OCH3  ch!n°3 

C6ÏMC02H  C«HMCOaH 

Acide  anisique.  Acide  paranitrobenzoïque. 

Selon  toute  probabilité,  l'éther  crésolméthylique  devait 
donner,  par  oxydation,  de  l'acide  anisique,  de  même  que 
le  nitrotoluol ,  dans  une  circonstance  analogue ,  avait  donné 
de  l'acide  paranitrobenzoïque  :  l'expérience  a  pleinement 
confirmé  ces  prévisions. 

Pour  obtenir  le  crésol  que  nécessitait  cette  expérience, 
j'ai  eu  recours  à  l'action  de  l'eau  sur  du  sulfate  de  diazo- 
toluol  préparé  avec  de  la  tqluidine  parfaitement  pure.  A 
cette  occasion,  j'ai  pu  constater  le  fait  mentionné  dans 
le  Roscoes  Eléments  ofChemislry,  que  le  crésol  préparé  par 
cette  voie  se  prend  en  cristaux  nettement  définis  et  avec 
des  dimensions  surprenantes.  Il  est  parfaitement  blanc, 
entre  en  fusion  à  55°,5  et  bout,  sans  se  décomposer,  à  une 
température  de  200°;  sa  solution  aqueuse  est  colorée  en 
bleu  d'azur  très-intense  par  le  chlorure  ferrique. 

L'éther  crésolméthylique  se  prépare  en  dissolvant  le 
crésol  à  chaud  dans  un  léger  excès  de  potasse,  préalable- 
ment pulvérisée.  On  introduit  le  crésolate  de  potasse  avec 
un  excès  d'iodure  de  méthyle,  additionné  d'une  petite  quan- 
tité d'alcool  méthylique , dans  un  ballon  surmonté  d'un  ré- 
frigérant à  reflux.  L'intensité  de  la  réaction,  qui  ne  tarde 
pas  à  se  produire,  est  ménagée  au  commencement  en 
plongeant  le  ballon  dans  l'eau  froide;  elle  est  activée  vers 


(  ÏU  ) 

la  fin  par  une  chaleur  modérée.  Avant  de  soumettre  à  la  dis- 
tillation le  produit  obtenu ,  on  le  traite  ilérativement  par  de 
l'eau  et  par  une  solution  aqueuse  de  potasse  caustique. 

L'élher  méthylcrésolique  est  un  liquide  incolore,  moins 
dense  que  l'eau,  très-mobile,  d'une  odeur  aromatique  qui 
ressemble  à  celle  de  l'anisoî  ;  il  entre  en  ébullition  à  174° 
et  distille  sans  se  décomposer.  Pour  le  transformer  en 
acide  anisique,  on  le  chauffe  modérément  avec  un  mélange 
de  bichromate  potassique  et  d'acide  suifurique  dilué  dans 
un  ballon  de  très-grande  capacité,  muni  d'un  réfrigérant 
à  reflux.  Quand  la  réaction  est  terminée,  on  ajoute  de  l'eau 
et  on  recueille  l'acide  sur  un  filtre  pour  le  recristalliser 
dans  une  grande  quantité  d'eau.  L'acide  anisique,  préparé 
par  cette  méthode,  cristallise  en  de  longues  aiguilles  inco- 
lores, très-peu  solubles  dans  l'eau  froide,  mais  qui  se  dis- 
solvent facilement  dans  l'eau  bouillante  :  il  fond  à  175°  et 
se  sublime  en  aiguilles  blanches,  douées  de  toutes  les  pro- 
priétés qui  distinguent  l'acide  anisique  ordinaire. 

II.  —  Synthèse  de  l'acide  méthyloxybenzoïque. 

La  belle  synthèse  que  M.  Kekulé  a  indiquée  pour  la  pré- 
paration de  l'acide  benzoïque  et  de  ses  homologues  n'a 
été  employée  jusqu'ici  que  pour  les  hydrocarbures  de  la 
série  du  benzole.  L'idée  devait  se  présenter  de  l'appliquer 
aux  dérivés  bromes  des  phénols.  Ainsi  l'on  devait  obtenir 
les  oxacides  aromatiques.  L'expérience,  comme  on  pou- 
vait s'y  attendre,  »  démontré  que  le  sodium  remplace 
l'hydrogène  appartenant  à  l'hydroxyle,  et  que  l'on  ne 
réussit  pas  ainsi  à  échanger  le  brome  contre  le  reste  C(X2  II 
de  l'acide  formique.  Si,  au  lieu  des  phénols  bromes,  on 
emploie  leurs  éthers,  qui ,  par  maintes  de  leurs  propriétés, 


(  m  ) 

ressemblent  aux  hydrocarbures,  la  transformation  se  fait 
aisément,  et  l'on  arrive  aux  dérivés  des  oxacides,  dans 
lesquelles  l'hydrogène  de  l'hydroxyle  est  remplacé  par  un 
radical  alcoolique.  J'ai  obtenu  de  cette  manière,  en  me 
servant  de  l'éther  mélhyliquedu  phénol  monobromé  ordi- 
naire, l'acide  méthyloxybenzoïque.  Cet  acide  cristallise 
en  longues  aiguilles  incolores;  il  fond  à  95°  et  se  sublime 
sans  altération.  Très-peu  soluble  dans  l'eau  froide,  il  se 
dissout  facilement  dans  l'eau  bouillante.  Il  est  identique 
avec  l'acide  que  MM.  Graebe  et  Schultzen  ont  préparé 
par  la  saponification  de  l'éther  biméthylique  de  l'acide  oxy- 
benzoïque. 

De  même  qu'il  existe  trois  monoiodophénols,  on  peut 
faire  trois  dérivés  monobromés  du  phénol;  par  suite,  en 
employant  la  synthèse  que  je  viens  de  décrire,  on  trouve 
le  moyen  de  transformer  à  volonté  le  phénol  dans  une  des 
trois  modifications  de  l'acide  anisique,  correspondant  à 
l'acide  paraoxybcnzoïque,  à  l'acide  oxybenzoïque  ou  à 
l'acide  salicilique.  De  là,  on  peut  indiquer  pour  les  trois 
acides  la  place  qu'ils  doivent  respectivement  occuper  dans 
les  séries  des  dérivés  bis ubsti tués  de  la  benzine.  Dès  main- 
tenant ,  il  est  prouvé  que  l'acide  oxybenzoïque  se  range 
dans  la  catégorie  des  ortho-composés. 

Synthèse  du  crésol  correspondant  à  Vacide 
oxybenzoïque. 

Eu  égard  à  mes  précédentes  expériences,  je  devais 
croire  que  les  élhers  des  phénols  bromes  se  comporte- 
raient vis-à-vis  du  sodium,  employé  conjointement  avec 
les  iodures  des  radicaux  alcooliques,  et  en  présence  de 
l'éther,  comme  les  dérivés  bromes  des  hydrocarbures  eux- 
mêmes.  L'expérience  a  confirmé  mes  prévisions. 


(  loG  ) 
Lorsqu'on  met  l'éther  méthylique  du  monobromophénol 
en  contact  avec  de  l'iodure  de  méthyle,  un  excès  de  sodium 
et  de  l'éther  anhydre,  et  que  l'on  refroidit  le  mélange,  on 
voit  se  produire  une  réaction  lente,  à  la  suite  de  laquelle 
on  obtient  de  l'iodure  et  du  bromure  de  sodium,  au-dessus 
desquels  surnage  un  liquide  contenant,  en  même  temps  que 
de  l'anisol  et  une  petite  quantité  d'éther  méthylbromophé- 
nytique  non  altéré,  un  corps  nouveau  qui  bout  vers  175° et 
qui  répand  une  odeur  caractéristique  ressemblant  à  celles 
des  pommes  blettes.  Cette  substance  est  l'éther  méthylique 
d'un  crésol  jusqu'alors  inconnu.  Sous  l'influence  du  bichro- 
mate de  potasse  et  de  l'acide  sulfurique  dilué,  celle-ci  se 
transforme  en  acide  mélhyloxybenzoïque.  Par  l'action  de 
l'acide  iodhydrique,  elle  engendrera  le  crésol  lui-même. 
En  appliquant  cette  synthèse  aux  trois  modifications  du 
phénol  monobromé ,  on  doit  arriver  à  trois  crésols  diffé- 
rents, qui  sont  entre  eux  dans  les  mêmes  rapports  que 
Thydroquinone,  la  pyrocatéchine  et  la  résorcine. 

Sur  le  toluol  monoiodé  et  V acide  paraiodobenzoïque. 

Il  me  paraissait  désirable  de  préparer  l'iodotoluol, moins 
pour  lui-même  que  parce  qu'il  pouvait  me  servir  comme 
point  de  départ  pour  la  formation  de  diverses  combinai- 
sons d'un  intérêt  plus  grand.  A  cet  effet,  j'ai  eu  recours  à 
la  décomposition  du  sulfate  de  diazotoluol  par  l'acide 
iodhydrique.  Le  produit  de  cette  réaction,  lavé  par  une 
solution  aqueuse  de  potasse  et  par  l'eau,  donne,  à  la  dis- 
tillation, de  l'iodotoluol  pur,  qui  cristallise  en  de  belles 
paillettes  lustrées,  ressemblant  tout  à  fait  à  la  naphtaline 
et  dont  l'odeur  rappelle  celle  de  la  menthe.  Il  fond  à  5o°, 
bout  sans  altérer  à  21  i°,5  et  se  sublime  déjà  à  une  tempé- 
rature ordinaire  sous  la  forme  de  paillettes  très-luisantes. 


(  i57  ) 

Jusqu'ici  je  n'ai  pas  réussi  à  le  nitrer;  toujours  une 
partie  de  l'iode  devient  libre.  La  formation  d'un  pareil  pro- 
duit nitré  eût  présenté  un  grand  intérêt,  parce  qu'il  aurait 
permis,  selon  toute  prévision,  de  préparer  une  loluidine 
nouvelle  par  la  réduction  du  groupe  N€h>  et  la  substitu- 
tion inverse  de  l'iode. 

Un  mélange  de  bichromate  de  potasse  et  de  l'acide  sul- 
furique  dilué  attaque  vivement  l'iodotoluol,  et  le  trans- 
forme dans  une  nouvelle  modification  iodée  de  l'acide 
benzoïque,  que  je  propose  de  nommer  acide  paraiodoben- 
zoïque.  Pour  préparer  celui-ci  facilement,  on  chauffe  un 
mélange  de 

15  p,  °/u  de  ioluol  monoiodé. 

5G  »     de  bichromate  de  polasse. 

800  »     d'acide  sulfurique. 

000  »     d'eau. 

dans  un  ballon  surmonté  d'un  appareil  à  reflux.  Quand  la 
réaction  est  achevée,  on  sépare,  par  la  distillation,  le  totuol 
iodé  non  altéré,  on  étend  le  résidu  avec  de  l'eau  et  l'on 
recueille  l'acide  sur  un  filtre.  Cet  acide,  après  avoir  été 
lavé  par  l'eau  ,  est  dissous  dans  une  solution  de  carbonate 
de  soude,  et  séparé  de  l'oxyde  de  chrome  qui  se  dépose. 
On  laisse  cristalliser  la  liqueur  et  l'on  décompose,  au 
moyen  de  l'acide  nitrique,  le  sel  que  l'on  a  purifié  par  des 
cristallisations  répétées.  Pour  obtenir  l'acide  dans  son  plus 
grand  état  de  pureté,  on  le  fait  cristalliser  à  plusieurs  re- 
prises dans  l'alcool.  On  le  retire  de  là  sous  forme  d'écaillés 
nacrées  presque  insolubles  dans  l'eau  bouillante,  mais  qui 
se  dissolvent  en  plus  grande  proportion  dans  l'alcool  bouil- 
lant. Cet  acide  ne  fond  pas  même  à  une  température  de 
250°;  mais  il  commence  à  se  sublimer  à  250°,  en  donnant 
des  paillettes  blanches  très-brillantes. 

Le   sel   de  soude  cristallise  en  de  longues  aiguilles 


(  138  ) 
transparentes.  Sous  l'influence  de  la  potasse  en  fusion,  il 
perd  son  iode,  et  forme  un  acide  cristallin  qui,  d'après  sa 
forme  et  ses  propriétés,  ne  peut  être  que  de  l'acide  pa- 
raoxybenzoïque. 


Sur  quelques  transformations  de  l'acide  formobenzoïque  ; 
par  MM.  Glaser  et  Radziszewsky. 

Dans  une  communication  récente,  l'un  de  nous  a  fait 
connaître  à  l'Académie,  sous  le  nom  d'acide  phényllac- 
tique  un  nouvel  acide  dérivé  de  l'acide  cinnamique.  Cette 
substance  constitue  le  second  terme  d'une  série  homolo- 
gue dont  le  premier  est  connu  depuis  longtemps  sous  le 
nom  d'acide  formobenzoïque.  Ses  propriétés  et  surtout 
son  mode  de  formation  ne  laissent  guère  de  doute  sur  son 
analogie  de  constitution  avec  l'acide  phényllactiquc.  Le 
nom  d'acide  phénylglycoîique,  que  nous  proposons  de  lui 
donner,  indique  que  l'acide  formobenzoïque  peut  être  re- 
gardé comme  de  l'acide  glycolique  dont  un  atome  d'hy- 
drogène est  remplacé  par  le  reste  du  benzol  G-G  H:;.  Le 
tableau  suivant  montre  les  relations  de  ces  acides  entre 
eux  et  avec  les  acides  de  la  série  lactique. 


Acides  de  la  série  lactique. 

Acides  aromatiques  correspondants. 

FORMULE   GÉNÉRALE  £„  Ha«  -(>3. 

FORMULE  GÉNÉRALE  £6  Hs   £„H2„   i  Os. 

Acide  glycolique    .     .  €2  H4  0-3 
Acide  lactique  .     .     .  €5  H6  4>s 

Ac.  phénylglycoîique  ^6H5.€jH3B-3 

[Formobenzoïtiue.' 
Ac.  pliénYllaclique€6Hs.€-5H5^-3. 

(  159  ) 
Les  chimistes  se  rappellent  encore  les  longues  discus- 
sions relatives  à  la  constitution  et  surtout  à  la  basicité  des 
acides  de  la  série  lactique,  et  auxquelles  M.  Kekulé  est 
venu  mettre  fin  en  déoiontrant  que  ces  acides  sont  bialo- 
miques,  mais  monobasiques;  qu'ils  contiennent  un  hy- 
drogène acide,  grâce  à  la  présence  du  groupe  carbonyle, 
et  un  hydrogène  alcoolique  par  suite  de  celle  du  radical 
hydroxyle  (1).  Comme  le  caractère  acide  de  ces  substances 
n'était  pas  en  question,  il  s'est  contenté  d'en  établir  la 
nature  alcoolique,  en  exécutant  sur  elle  une  réaction  bien 
connue  pour  les  alcools,  c'est-à-dire  en  remplaçant  l'hy- 
droxyle  par  du  brome,  à  l'acide  de  l'acide  bromhydrique. 
Il  a  exécuté  notamment  les  transformations  suivantes  : 

Ac.  glycolique  €2  H4  4>3  -+-  HBr  =  H2  O  -+-  €2  H5  B>-  -G-2  Ac.  monobromo- 

cétique. 

Ac.  lactique  .   €z  HG ^-3  -+-  IIBr  =  H2-0-  H-  C3  H5  Br  t>2  Ac.  monobromo- 

propionique. 

L'un  de  nous  a  démontré  que  la  même  réaction  a  lieu 
pour  l'acide  phényllactiquc  et  produit  un  acide  phényl- 
bromopropionique.  Reste  donc  à  exécuter  une  transfor- 
mation analogue  pour  le  quatrième  terme  de  notre  tableau, 
c'est-à-dire  pour  l'acide  phénylglvcolique  :  il  nous  a  paru 
important  de  combler  celte  lacune,  pour  des  raisons  que 
nous  allons  essayer  de  développer. 

M.  Heintz  (2)  a  trouvé,  il  y  a  quelque  temps,  que  l'acide 
monochloracétique  est  décomposé  par  une  solution  alcoo- 
lique de  potasse  en  donnant  un  éther  acide  de  l'acide 


(1)  Ann.  Chem.  Pharm.,  GV,  286  et  CXXX,  1 1 . 

(2)  Chem.  Central  blalt,  1859,  p.  862. 


(  160  ) 

glycolique  el  du  chlorure  de  potassium,  ce  qui  peut  s'ex- 
primer par  l'équation  suivante  : 


Cl 

1 

^  -  €2  Hs 

€H2          + 

i 

€*"5j^-  =  KG/  +     €H2 

€^H 

'                               1 

Acide  chlor acétique. 

Acide  èthylglycolique. 

[Acide  éthoxacétique  de  M    Heintz.) 

On  a  trouvé  d'un  autre  côté  que  l'acide  phénylbromo- 
propionique  ne  se  comporte  pas  d'une  manière  analogue. 
Soumis  au  même  traitement,  il  perd  simplement  de  l'acide 
bromhydrique  et  se  transforme  en  acide  phénylacrylique 
ou  cinnamique. 

I 

€H  Br  - 
I 
€0-„H 


^6H5   ~ 

k)o--kb/+    Hje-+ 

€H  Br 
€.  . 

€&2H 

rpionique.                                              Acide  phénylacrylique. 

Il  se  présente  donc  ici  une  question  fort  intéressante. 
L'acide  phénylbromacétique  (bromure  de  l'acide  phényl- 
glycolique)  se  comportera-t-il  comme  M.  Heintz  l'a  observé 
pour  le  terme  correspondant  dans  la  série  lactique;  ou 
offrira-t-il  plus  d'analogie  avec  son  homologue  supérieur, 
en  donnant  naissance  à  un  homologue  de  l'acide  cinna- 
mique, dont  la  formule  serait  : 

Cc  H.  —  €-.  . 


L'expérience  est  venue  confirmer  la  première  prévision. 


(  161 


j    —  Acide  phénylbromacétique  ou  acide  a  toluique 

BROME. 

Nous  avons  préparé  tout  l'acide  forraobenzoïque  qui  a 
servi  à  nos  recherches  d'après  la  méthode  indiquée  par 
MM.Naquet  et  Longuinine  (1),  ce  qui  nous  a  notablement 
facilité  ce  travail. 

Cet  acide  se  dissout  aisément  dans  l'acide  bromhvdrique 
fumant  :  cette  solution  abandonnée  pendant  quelques 
semaines  en  vases  clos,  laisse  surnager  une  huile  inso- 
luble dans  l'acide  bromhvdrique  :  cette  huile  est  le  bro- 
mure correspondant  à  l'acide  phénylglycolique.  La  réaction 
est  plus  complète  et  plus  rapide,  si  l'on  opère  à  la  tempé- 
rature de  120°  à  150°  en  chauffant  les  substances  pendant 
une  heure  dans  des  tubes  scellés  à  la  lampe.  Le  contenu 
des  tubes  est  ensuite  versé  dans  de  l'eau,  ce  qui  sépare 
une  huile  qu'on  lave  h  l'eau  tiède  pour  éliminer  les  der- 
nières traces  d'acide  bromhydrique.  Le  rendement  est 
très-satisfaisant  :  120  grammes  d'acide  formobenzoïque 
nous  ont  donné  150  grammes  de  bromure  brut. 

Nous  avons  observé  que  l'acide  phénylbromacélique 
ainsi  obtenu  se  solidifiait  en  l'exposant  pendant  quelques 
jours  aux  froids  de  l'hiver.  On  obtient  ainsi  une  masse 
cristalline  formée  de  petites  aiguilles,  qui,  fortement  ex- 
primées entre  du  papier  buvard  et  cristallisées  ensuite  plu- 
sieurs fois  du  sulfure  de  carbone,  donnèrent  des  cristaux 
prismatiques,  légèrement  colorés  en  jaune  fusible  à  82\ 
et  dont  l'analyse  conduit  à  la  formule  €-8  H7  Br-9> 


(1)  Bull.de  la  Soc.  chimique,  V  ,25-2. 


(  462  ) 

La  réaction  qui  donne  naissance  à  ce  nouveau  composé 
est  exprimée  par  l'équation  suivante  : 


€6ÏT5-€HeH 

I  -t-  HBr  =  H0  &  h-  €6  H,  -  €  HBr 

£^2H  I 

€02H 

Acide  phénylylycolique  Acide  phénylbromacelique  ou 

ou  formobenzoïque.  a  toluiqve  monobromé. 


L'acide  que  nous  nommons  phénylbromacétique  contient 
donc  du  brome  dans  la  chaîne  latérale  :  ce  brome  y  rem- 
place l'hydroxyle  alcoolique,  et  forme  ainsi  un  produit  de 
substitution  de  l'acide  phénylacétique,  qu'il  doit.d'ailleurs 
fournir  par  substitution  inverse.  Cet  acide  aurait  donc 
pour  formule  : 

^6  H"5     £^2 

€0,  H. 

Mais  cet  acide  n'est  autre  que  celui  que  M.  Strecker  a 
obtenu  par  la  décomposition  de  l'acide  vulpinique  et  qu'il 
a  désigné  sous  le  nom  d'acide  a  toluique  (1).  Pour  dé- 
montrer que  notre  acide  brome  n'est  qu'un  produit  de 
substitution  de  ce  dernier,  nous  avons  préparé  l'acide 
normal  en  remplaçant  le  brome  par  l'hydrogène.  A  cet 
effet,  nous  avons  agité,  avec  de  l'amalgame  de  sodium  en 
excès,  une  solution  de  50  grammes  de  bromure  dans 
500  centimètres  cubes  d'alcool  à  0,50.  La  liqueur  s'est 
échauffée  par  la  réaction  et,  après  quelques  minutes,  un 
vif  dégagement  d'hydrogène  nous  a  montré  que  la  réduc- 
tion était  terminée.  Après  avoir  évaporé  la  solution  à  siccité 


(1)  Strecker,  Ann.  Chem.  Pharm  ,  CXI1I,  61. 


(  163  ) 
au  bain-marie,  nous  avons  dissous  la  masse  cristalline 
dans  l'eau  distillée,  et  précipité,  par  l'acide  chlorhy- 
drique,  l'acide  organique  qu'elle  contenait.  11  s'est  déposé 
ainsi  une  huile  qui  s'est  solidifiée  en  quelques  minutes  en 
même  temps  que  la  liqueur  se  remplissait  de  lames  mi- 
cacées brillantes.  Nous  avons  purifié  le  nouvel  acide  ainsi 
obtenu  en  le  transformant  en  sel  de  baryum  :  et  en  dé- 
composant ce  dernier  par  l'acide  chlorhydrique,  nous  avons 
obtenu  l'acide  pur  sous  forme  d'une  masse  nacrée  formée 
de  petites  paillettes  d'une  blancheur  extrême. 

Le  point  de  fusion  de  la  substance  ainsi  préparée  a  été 
trouvé  à  77°.  M.  Strecker  indique  pour  son  acide  a  lolui- 
que  76,°5.  Le  point  d'ébullilion  trouvé  par  nous  à  2G5° 
coïncide  avec  celui  qu'indique  également  ce  savant.  Il  n'y 
a  donc  pas  à  douter  que  notre  acide  préparé  à  l'aide  du 
bromure  de  l'acide  pbénylglycolique  ne  soit  identique  à 
l'acide  a  toluique  de  M.  Strecker.  Sa  composition  a  d'ail- 
leurs été  vérifiée  par  l'analyse  de  l'acide  libre  et  par  celle 
du  sel  d'argent. 

Nous  croyons  devoir  mentionner  que  M.  Grum  Brown 
est  déjà  parvenu  avant  nous  à  transformer  l'acide  formo- 
benzoïque  en  acide  a  toluique  :  il  s'est  servi  de  l'acide 
iod hydrique  comme  agent  réducteur  (1). 

IL  —  Action  de  l'alcoolate  de  potassium  sur  l'acide 

PHÉNYLBROMACÉTIQUE. 

Quand,  sur  l'acide  brome  que  nous  venons  de  décrire, 
on  fait  réagir  la  potasse  caustique,  les  deux  substances 
étant  en  solution  alcoolique  concentrée  et  chaude,  il  s'éla- 

(1)  Ci-uni  Brown ,  Proc.  ofthe  Roy.  Soc.  of  Edinb.,  V,  409. 


(  164  ) 

blit  une  vive  réaction,  et,  après  quelques  instants,  il  se 
dépose  du  bromure  de  potassium  en  poudre  cristalline.  On 
maintient  la  liqueur  légèrement  alcaline  en  ajoutant  suc- 
cessivement de  la  potasse  alcoolique.  La  liqueur  est  sépa- 
rée après  refroidissement  d'avec  le  bromure  de  potassium 
à  l'aide  du  filtre  et  évaporée  à  sec  au  bain-marie.  Le  résidu 
dissous  dans  l'eau  froide  est  séparé,  par  filtration ,  de  quel- 
ques flocons  résineux  qui  s'y  montrent,  et  additionné  en- 
suite d'acide  chlorhydrique  en  excès.  Il  se  précipite  alors 
un  acide  huileux  très-peu  soluble  dans  l'eau,  et  qu'on 
purifie  par  des  lavages  prolongés  pour  enlever  les  sels 
solubies.  Cette  huile,  dissoute  dans  l'alcool  faible,  a  été 
saturée  par  un  léger  excès  d'eau  de  baryte.  En  faisant 
passer  ensuite  un  courant  d'anhydride  carbonique,  l'excès 
de  baryte  se  transforme  en  carbonate  qui  se  précipite  en 
entraînant  les  impuretés.  Après  filtration,  on  obtient  un 
liquide  légèrement  ambré,  qui,  décomposé  par  l'acide 
chlorhydrique,  donne  l'acide  huileux  presque  incolore. 

L'acide  libre  ainsi  préparé  se  prend ,  par  la  dessication 
sur  l'acide  sulfurique,  en  une  masse  visqueuse,  transpa- 
rente, légèrement  jaunâtre.  Nous  n'avons  pas  réussi  à  l'ob- 
tenir cristallisée.  Ses  sels  sont  également  amorphes,  sauf 
le  sel  de  plomb.  Le  sel  de  baryum  est  assez  soluble  dans 
l'eau.  Évaporé  dans  le  vide  sec,  il  se  transforme  en  une 
masse  gommeuse.  Le  sel  de  plomb  est  un  précipité  blanc 
insoluble  dans  l'eau  qui  devient  cristallin  après  quelque 
temps.  Le  sel  d'argent  forme  également  un  précipité  blanc, 
qui  se  colore  à  la  lumière. 

L'analyse  de  l'acide  libre  et  celle  du  sel  d'argent  con- 
duisent à  la  formule  C10  H|2  -B> 

On  ne  saurait  avoir  de  doute  sur  la  constitution  de  ce 
nouveau  composé,  si  l'on  a  égard  à  son  mode  de  forma- 


(  165  ) 
lion.  La  réaction  csl  en  tout  point  analogue  à  celle  que 
M.  Heintz  a  observée  pour  l'acide  chloracétique  :  nous 
obtenons  dans  les  mêmes  conditions  un  éther  acide  de 
i'acide  phénylglycolique  : 

*E'~^+*l'\ +  =  **  +  **'?**'***' 

€-8-aH  K  I  €^2H 

Acide  phényl-bromacétique.  Acide  phényl-éthylglycolique . 

Notre  nouvel  acide  est  d'après  cela  de  l'acide  phényl- 
glycolique (formobenzoïque)  dans  lequel  l'hydrogène  al- 
coolique est  remplacé  par  le  radical  éthyle.  Son  analogue 
dans  la  série  des  corps  gras  est  l'acide  éthoxacétique  de 
M..  Heintz. 

Les  métamorphoses  de  l'acide  formobenzoïque  que  nous 
venons  de  décrire  et  les  transformations  que  l'on  a  fait 
connaître  pour  l'acide  ciunamiquc  rendent  parfaitement 
visibles  les  grandes  analogies  qui  existent  entre  les  réac- 
tions des  corps  aromatiques ,  et  celles  de  la  série  des  corps 
gras  :  elles  confirment  la  manière  de  voir  émise  par  l'un 
de  nous  en  s'appuyant  sur  la  théorie  ingénieuse  de  M.  Kc- 
kulé,  et  qui  consiste  à  regarder  les  acides  aromatiques 
comme  formés  par  des  restes  des  acides  gras  soudés  au 
noyau  de  benzine.  Ce  dernier  leur  imprime  leur  cachet  aro- 
matique :  mais  les  chaînes  latérales  adhérentes  à  ce  noyau 
ont  conservé  leurs  propriétés  essentielles;  et  le  composé 
formé  par  la  soudure  de  ces  parties  laisse  encore  distinguer 
aisément  les  caractères  principaux  de  ses  constituants. 

Le  présent  travail  a  été  exécuté  dans  le  laboratoire  de 
M.  Kekulé,  et  nous  remplissons  un  devoir  agréable  en 
remerciant  notre  illustre  maître  pour  l'intérêt  et  la  bien- 
veillance qu'il  n'a  cessé  de  nous  témoigner. 

2mc  SÉRIE,  TOME  XXIV.  12 


(  166 


Faits  pour  servir  à  la  détermination  du  lieu  chimique  dans 
la  série  aromatique;  par  M.  le  docteur  W.  Kôrner. 

NOTE  PRÉLIMINAIRE. 
(première  partie.) 

Dans  un  précédent  mémoire  j'ai  eu  l'honneur  de  faire 
connaître  à  l'Académie  les  résultats  des  expériences  que 
j'avais  entreprises  en  vue  d'étudier  quelques  dérivés  de  la 
benzine  au  point  de  vue  de  l'isomérie.  A  cette  occasion 
j'ai  décrit  les  produits  de  substitution  résultant  de  l'action 
directe  du  brome  sur  le  phénol;  ainsi  que  les  dérivés  iodés 
obtenus  par  l'intermédiaire  de  l'iode  et  de  l'acide  iodique; 
enfin,  j'ai  montré  comment  on  arrive  aux  dérivés  hydroxy- 
liques  en  faisant  réagir  sur  les  phénols  iodés  la  potasse 
caustique  en  fusion.  Depuis  lors  j'ai  élargi  le  cercle  de  mes 
recherches;  j'ai  étudié  un  grand  nombre  de  dérivés  du 
phénol,  surtout  ceux  qui,  indépendamment  du  groupe 
nitroxyle,  contiennent  encore  un  ou  plusieurs  éléments 
halogènes.  L'étude  d'une  série  de  produits  de  substitution 
aussi  étendue  pourrait  être  considérée  comme  un  travail 
oiseux,  ou  tout  au  moins  inutile,  si  elle  n'avait  pour  but 
que  des  corps  nouveaux,  recherchés  sans  préoccupation 
théorique  certaine.  Aussi  aurais-je  hésité  à  l'entreprendre 
si  je  n'avais  pas  cru  y  voir  des  éléments  pour  la  solution 
du  problème  des  isomérics  dans  la  série  aromatique. 

Déjà,  en  entreprenant  mes  études  antérieures,  j'avais 
l'intention  de  rechercher  la  cause  des  nombreux  cas  d'iso- 
mérie  que  présentent  ces  corps;  je  voulais  soumettre,  au 


(  167  ) 
contrôle  des  faits  l'idée  qui  avait  guidé  M.  Kekulé,  lors- 
qu'il formula  sa  théorie  sur  la  constitution  des  corps  aro- 
matiques. Mes  recherches  en  se  multipliant  ont  insensi- 
blement doublé  leur  portée  et  le  problème ,  tout  en  devenant 
plus  vaste,  a  gagné  en  même  temps  plus  de  précision.  En 
effet,  dans  l'étude  des  cas  d'isomérie  dans  les  substances 
aromatiques,  on  peut  se  poser  deux  problèmes  principaux  : 
on  peut  d'abord  chercher  à  établir  par  l'expérience  quels 
sont  les  corps  de  même  constitution,  c'est-à-dire  dans 
lesquels  la  substitution  se  fait  à  des  places  correspon- 
dantes; on  peut  ensuite  spécifier  davantage  ces  places  en 
cherchant  par  combien  d'atomes  d'hydrogène  elles  sont 
séparées  entre  elles.  Dans  sa  plus  grande  généralité  ce 
dernier  problème  pourrait  s'appeler  la  détermination  du 
lieu  chimique  de  l'atome  substituant. 

Si  Ton  admet  que  dans  le  cas  des  simples  métamor- 
phoses, le  nouveau  corps  introduit  prend  la  place  même 
de  l'élément  déplacé,  il  va  de  soi  que  l'expérience  peut 
conduire  à  la  solution  du  premier  problème;  car,  si  dans 
un  produit  de  substitution  on  remplace  l'un  des  éléments 
ou  des  radicaux  introduits  par  un  autre,  les  deux  pro- 
duits de  substitution  considérés  appartiendront  à  la  même 
classe,  ou,  pour  mieux  dire,  les  corps  introduits  occupe- 
ront des  places  identiques. 

La  solution  du  second  problème  paraît,  à  première 
vue,  inaccessible  à  l'expérience;  toutefois  on  peut  y  par- 
venir, quoique  bien  plus  difficilement,  par  un  choix  con- 
venable d'expériences  suffisamment  nombreuses.  Et  c'est 
dans  ce  dernier  sens  que  j'ai  dirigé  mes  recherches  d'après 
un  plan  qui  comporte  une  variété  de  méthodes  aussi 
grande  que  possible. 


(  168  ) 

Je  crois  utile  d'indiquer  dès  à  présent,  au  moyen  d'un 
exemple ,  comment  il  serait  possible  d'apporter  cette 
preuve  : 

Admettons,  jusqu'à  preuve  du  contraire,  que  les  six 
atomes  d'hydrogène  de  la  benzine  soient  de  valeur  iden- 
tique. Il  est  vrai  que  cette  hypothèse,  si  elle  ne  marche 
pas  à  rencontre  des  faits,  n'est  pas  encore  définitivement 
établie;  mais  je  dois  dire  déjà  qu'elle  est  accessible  à  l'ex- 
périence. 

Supposons  maintenant  que  l'on  démontre  que  les  trois 
dérivés  bihydroxyliques  de  la  benzine  peuvent,  par  l'intro- 
duction d'un  troisième  groupe  IH>,  engendrer  la  même 
benzine  trihydroxylée,  la  phloroglucine,  par  exemple. 

Il  sera  évident  dès  lors  que  dans  ce  produit  trihy- 
droxylé  les  trois  restes  H-0-  doivent  occuper  les  places 
une,  deux  et  quatre. 

En  effet  il  n'y  a  que  ce  seul  groupement  des  trois  hy- 
droxyles  qui  puisse  réunir  en  lui  les  trois  cas  de  position 
relative  des  deux  hydroxyles  dans  les  trois  dérivés  bihy- 
droxylesde  la  benzine. 

Pour  tous  les  autres  cas  la  démonstration  est  analogue; 
parfois  il  arrive  qu'elle  est  plus  ardue  et  alors  elle  néces- 
site la  préparation  d'un  plus  grand  nombre  de  combinai- 
sons nouvelles. 

Quoique  les  faits  que  j'ai  pu  établir  jusqu'à  présent  ne 
donnent  pas  encore  de  conclusions  finales,  ils  conduisent 
néanmoins,  si  je  ne  me  trompe,  à  des  conséquences  d'une 
haute  importance.  C'est  pourquoi  j'ai  cru  utile  d'en  faire 
dès  maintenant  un  exposé  sommaire. 


C  169  ) 


I. 


Dérivés  iodés  du  phénol. 


J'ai  démontré  précédemment  qu'on  obtient  un  mélange 
de  pyrocatéchine  et  d'hydroquinone  en  soumettant  à  l'in- 
fluence de  la  potasse  fondue  le  monoiodophénol  préparé 
du  phénol  par  substitution  directe.  Par  la  suite  j'ai  trouvé 
qu'il  existe  trois  isomères  du  monoiodophénol  qui  don- 
nent respectivement,  quand  on  les  fond  avec  la  potasse, 
l'un  l'hydroquiiione,  l'autre  la  résorcine,  un  troisième  la 
pyrocatéchine,  et  qui  prennent  leur  place  respective  dans 
trois  séries  parallèles  de  dérivés  bisubslitués  de  la  ben- 
zine. On  distingue  facilement  ces  trois  séries,  dans  les- 
quelles les  dérivés  bihydroxyliques  ont  leurs  termes  cor- 
respondants, par  les  préfixes  ortho-,  para-  et  mêla-. 


€GH4.1  on. 

€6H4S^3H.O-H 

€6H4.N02OH 

^i^-e-H.oii 


Ortho- 
orlhoiodophénol. 


Orthonitrophétiol. 

{Isonilrupkeno1.) 

Hydroquinone. 


Para- 
paraiodophénol. 

Acitli-  i>lié- 
lolparasulfurique. 


Rcsorci 


Méta- 
métaiodophénol. 

Acide  phc- 
nolmélasulfurique. 


Pyrocatéchine. 


1.  OrtUoiodophéitol.  —  C'est  à  la  nitroaniline  (dérivée 
des  anilides  nitrés),  que  correspond  l'acide  monoiodophé- 
nique  qui,  sous  l'influence  de  la  potasse  fondue,  ne  donne 
que  de  l'hydroquinone.  Cet  acide  est  identique  avec  celui 
qu'a  obtenu  M.  Griess  en  partant  de  l'aniline  monoiodée 
ordinaire.  Le  même  acide  correspond  également  au  pro- 
duit nitré  de  l'iodobenzine  et  à  la  benzine  biiodée  préparée 
de  la  benzine  même  par  voie  de  substitution.  De  ce  que  je 
viens  de  dire,  il  découle  que  de  même  que  par  l'action  de 
l'iode  et  de  l'acide  iodique  sur  le  phénol  on  arrive  à  la  fois 


(  170  ) 
à  deux  modifications  isomères  du  monoiodophénol,  de 
même  en  faisant  réagir  l'acide  nitrique  ou  i'acide  sul- 
furique  sur  le  phénol,  on  obtient  deux  modifications  mo- 
nonitrées  ou  monosulfurées  distinctes.  Le  mélange  dépose 
par  le  refroidissement  à  10°  une  masse  compacte  brunâtre 
d'orthoiodophénol  que  l'on  sépare  du  peu  de  liquide  syru- 
peux  surnageant,  en  le  pressant  dans  un  linge;  elle  cris- 
tallise de  l'alcool  faible  sous  la  forme  de  longues  aiguilles 
blanches  et  d'un  éclat  brillant. 

%  Paraioclophénol.  —  Cette  modification  du  monoio- 
dophénol a  pour  point  de  départ  la  benzine  binitrée.  Pour 
l'obtenir  on  doit  passer  par  un  grand  nombre  de  com- 
posés intermédiaires;  j'ai  transformé  la  binitrobenzine  en 
paranitro-aniline  (a-nitraniline  de  M.  A.-W.  Hofmann); 
l'azotate  de  cette  base  fut  transformé  en  azotate  et  puis 
en  sulfate  de  paradiazonitrobenzine.  Ce  dernier  sel  donne, 
comme  on  le  sait  par  les  recherches  de  M.  Griess,  sous 
l'influence  de  l'acide  iodhydrique,  la  paraiodonitrobenzine, 
laquelle  fut  réduite  par  l'étain  et  l'acide  chlorhydrique  en 
paraiodoaniline.  L'azotate  de  cette  base  fut  à  son  tour 
transformé  en  azotate  et  enfin  en  sulfate  de  paradiazoio- 
dobenzine. 

Ce  sel  décomposé  par  l'eau  bouillante  donne  le  pa- 
raiodophénol,  qui  est  solide  et  bien  cristallisé.  Sa  pro- 
priété la  plus  remarquable  est  de  donner,  sous  l'influence 
de  la  potasse  fondue,  la  résorcine. 

3.  Métaiodophénol.  —  Quant  à  cette  modification  du 
monoiodophénol,  je  n'ai  pas  encore  réussi  jusqu'à  présent 
à  l'obtenir  dans  un  état  de  pureté  parfaite.  Elle  se  trouve 
en  quantité  relativement  minime  dans  le  mélange  ci-des- 
sus indiqué.  Par  l'action  de  la  potasse  en  fusion  elle  en- 
gendre la  pyrocatéchine. 


171  ) 


II.  —  Dérivés  nitrés  du  phéxol. 

Depuis  longtemps  on  connaît  deux  modifications  dis- 
tinctes du  mononitrophénol;  le  mononitrophénol  volatil  et 
l'isonitrophénol.  La  méthode  de  préparation  de  ces  deux 
composés  était  fort  difficile  et  ne  permettait  d'en  faire 
qu'une  faible  quantité;  elle  vient  d'être  heureusement  mo- 
difiée par  MM.  Schmitt  et  Cook;  et  quelques  améliorations 
nouvelles  l'ont  rendue  encore  plus  pratique. 

On  ne  savait  jusqu'ici  comment  rattacher  ces  deux  corps 
aux  séries  des  dérivés  bisubstitués  du  benzole.  Je  suis 
parvenu  à  lever  cette  incertitude  pour  l'isonitrophénol. 
C'est  ainsi  que  je  l'ai  transformé  en  amidophénol,  lequel, 
soumis  à  l'action  d'un  mélange  de  bichromate  de  potasse 
et  d'acide  sulfurique,  se  transforme  en  quinone;  l'isonitro- 
phénol correspond  donc  à  Fhydroquinonc  qui  se  trouve 
inscrite  dans  la  série  des  orthodérivés.  Je  ferai  observer 
ici  qu'en  choisissant  les  proportions  convenables  de  mé- 
lange oxydant  et  d'orthoamidophénol  on  arrive,  pour  le 
quinone,  à  une  nouvelle  méthode  de  préparation  qui,  si 
elle  n'est  pas  la  plus  facile,  surpasse  du  moins  toutes 
les  autres  par  son  rendement  et  par  les  importantes  con- 
séquences qu'elle  entraine.  En  effet,  elle  nous  procure 
le  moyen  de  préparer  des  dérivés  substitués  du  quinone, 
qui  jusqu'à  présent  n'étaient  pas  encore  connus.  J'ai  été 
conduit  notamment  par  cette  voie  à  la  formation  du  bibro- 
moquinonc  pur  et  à  celle  du  monoiodoquinone. 

Quand  on  s'arrête  maintenant  à  la  constitution  des 
binitrophénols ,  la  théorie  fait  prévoir  l'existence  possible 
de  six  modifications  différentes.  Néanmoins,  en  introdui- 
sant le  groupe  N-B-.>  dans  l'un  ou  l'autre  des  dérivés  mono- 


(  172  ) 

nitrés  du  phénol ,  on  arrive  constamment  au  même  résultat, 
c'est-à-dire  que  par  l'action  de  l'acide  nitrique  sur  l'ortho- 
nitrophénol  ou  sur  le  nitrophénol  volatil  on  obtient  le 
même  phénol  binitré.  La  constitution  de  ce  dernier  pré- 
sente donc  à  la  fois  celle  des  deux  phénols  mononitrés  au 
point  de  vue  de  la  position  relative  des  groupes  hydroxyle 
et  nilroxyle.  Je  me  suis  assuré  ainsi  que  ce  binitrophénol 
est  identique  avec  celui  qu'on  prépare  par  la  méthode  de 
M.  Griess,  en  faisant  bouillir  dans  l'alcool  le  diazodinilro- 
phénol  retiré  de  l'acide  picrique. 

De  l'ensemble  des  expériences  précédentes  on  est  auto- 
risé à  conclure  à  l'identité  des  différents  acides  picriques 
que  l'on  peut  préparer  au  moyen  de  ces  différents  nitro- 
phénols.  Et,  en  effet,  j'ai  pu  me  convaincre  que  tous  ces 
dérivés  trinitrophéniques  se  confondent  en  un  seul  qui  se 
présente  sous  la  forme  de  longues  paillettes  très-brillantes 
d'un  jaune  pâle  de  soufre,  fondant  à  122,5°.  J'ai  déter- 
miné à  cette  occasion  les  points  de  fusion  de  plusieurs 
acides  picriques  du  commerce.  Je  les  trouvai  entre  114°  à 
118°. 

III.  —  Dérivés  qui  contiennent  le  groupe  nitroxyle  et 

DES  ÉLÉMENTS   HALOGÈNES  A  LA  FOIS. 

Les  produits  de  substitution  du  phénol  qui  contiennent 
en  même  temps  que  le  groupe  IS-0>,  du  chlore,  du  brome, 
de  l'iode  ou  même  plusieurs  de  ces  éléments  halogènes 
à  la  fois  offrent  un  intérêt  lout  particulier  pour  l'étude  de 
l'isomérie.  Ceci  tient  avant  tout  à  ce  que  l'on  peut  varier 
beaucoup  les  méthodes  de  préparation  et  que,  par  suite, 
on  doit  obtenir  un  nombre  exceptionnel  de  modifications 
isomériques.  On  conçoit,  par  exemple,  l'existence  possible 


(  473  ) 
de  dix  isomères  pour  un  corps  renfermant  un  atome  de 
chlore  ei  le  groupe  N-9-2î  de  seize  modifications  isomères 
d'un  produit  qui  renferme  à  la  fois  deux  atomes  de  chlore 
et  un  groupe  nitroxyle,  et  ainsi  de  suite. 

Quant  aux  modes  de  formation,  voici  les  principales 
méthodes  dont  on  se  sert  pour  la  préparation  de  ces  diffé- 
rents composés. 

1.  Par  l'action  directe  de  l'acide  nitrique  on  introduit 
le  groupe  N02  dans  les  dérivés  chlorés,  bromes  ou  iodés 
du  phénol. 

2.  Inversement  on  fait  réagir  le  chlore,  le  brome  ou  l'iode 
et  l'acide  iodique  sur  les  composés  nitrés.  11  va  de  soi 
que  les  deux  méthodes  peuvent  être  également  employées 
l'une  après  l'autre;  ainsi  l'on  pourra,  après  avoir  introduit 
le  groupe  N02  dans  un  produit  chloré,  brome  ou  iodé, 
soumettre  celui-ci  de  nouveau  à  l'action  du  chlore,  du 
brome  ou  de  l'iode;  de  même  après  avoir  remplacé  de 
l'hydrogène  par  le  chlore,  le  brome  ou  l'iode  dans  un  pro- 
duit nitré,  il  est  possible  de  le  nitrer  encore  une  fois. 

3.  Les  dérivés  nitrés  du  phénol  qui  contiennent  plu- 
sieurs fois  le  groupe  nitroxyle  peuvent  être  partiellement 
réduits,  diazotés,  puis  iodés  au  moyen  de  l'acide  iodhy- 
drique.  Si  au  lieu  des  produits  de  substitution  du  phénol , 
on  emploie  leurs  éthers,  on  arrive  de  même  à  y  faire 
entrer  le  chlore  ou  le  brome. 

Les  combinaisons  obtenues  par  cette  dernière  méthode 
sont  d'une  valeur  toute  spéciale  parce  qu'elles  nous  mon- 
trent le  rapport  qui  existe  entre  le  produit  nitré  et  le  com- 
posé résultant  de  la  substitution  du  nitroxyle  par  un  élé- 
ment halogène. 

4.  Au  lieu  de  se  servir  des  dérivés  substitués  du  phénol 
on  pourrait  avoir  recours  à  ceux  d'une  combinaison  plus 


(  174  ) 
complexe,  capable  d'engendrer  le  phénol  à  la  suite  d'un 
dédoublement  qu'on  lui  ferait  subir.  J'ai  même  fait  quel- 
ques expériences  dans  cette  direction ,  en  me  servant  des 
dérivés  des  acides  salicylique,  oxybenzoïque  et  paraoxy- 
benzoïque;  mais  je  me  dispenserai  d'examiner  pour  le  mo- 
ment les  corps  ainsi  obtenus. 

On  ne  connaissait  jusqu'ici  qu'un  nombre  très-restreint 
de  produits  de  substitution  de  ces  diverses  espèces.  Lau- 
rent avait  brome  le  binitro- phénol  et  préparé  ainsi  le 
bromobinitrophénol  :  Laurent  et  Delbos  avaient  nitré  le 
phénol  bichloré  brut,  et  obtenu  ainsi  le  nitrobichlorophé- 
nol.  Depuis  M.  Griess,  en  traitant  le  monochlorophénol 
par  l'acide  azotique,  a  obtenu  le  binitrochlorophénol;  et 
M.  Dubois  a  préparé  récemment  le  même  corps  en  partant 
du  monochlorophénol  pur. 

Les  dérivés  iodés  et  nilrés  semblaient  se  prêter  tout 
particulièrement  à  mes  vues  :  aussi  mes  recherches  ont- 
elles  spécialement  porté  sur  ces  corps,  bien  que  dans  cer- 
tains cas  elles  aient  dû  s'élendre  aux  dérivés  bromes.  Il  m'a 
surtout  paru  intéressant  d'examiner,  au  point  de  vue  des 
différences  dans  les  propriétés  physiques,  les  dérivés  par 
substitution  qui,  indépendamment  du  groupe  N-B\>,  conte- 
naient en  même  temps  le  chlore  et  le  brome,  ou  le  chlore 
et  l'iode,  ou  enfin  le  brome  et  l'iode.  J'ai  engagé  M.  Brunck 
à  préparer  les  quatre  dérivés  qui  devaient  résulter  de  l'ac- 
tion du  brome  sur  l'orthonitrophénol  et  le  nitrophénol,  à 
savoir  le  bromorthonitrophénol ,  le  bibromorthonitrophé- 
nol,  le  bromnitrophénol  et  le  bibromonitrophénol.  M.  Jan- 
sen  a  examiné,  à  ma  sollicitation ,  les  dérivés  chlorés  cor- 
respondants; et  comme  j'ai  préparé  moi-même  tous  ces 
corps  pour  m'en  servir  dans  des  recherches  ultérieures, 
j'ai  eu  l'occasion  de  vérifier  l'exactitude  des  résultats  obte- 


(  175  ) 
nus  par  ces  deux  chimistes,  élèves  du  laboratoire  de  l'Uni- 
versité de  Gand. 

Je  passerai  en  revue,  dans  ce  qui  va  suivre,  les  princi- 
paux résultats  obtenus  jusqu'ici  dans  la  direction  indiquée 
plus  haut.  J'indiquerai  d'abord  ceux  qui  ne  me  sont  pas 
personnels,  ainsi  que  leurs  auteurs  respectifs.  Comme  les 
dérivés  chlorés  ne  permettent  pas  jusqu'ici  de  déductions 
théoriques,  je  passerai  sous  silence  tout  ce  qui  s'y  rap- 
porte, en  me  réservant  de  revenir  plus  tard  sur  ce  sujet. 

1 .  Dérivés  contenant  à  la  fois  le  groupe  N-Oj  et  le  brome. 

Monobrotnorthonitrophénol  :  €c  H3.  Br.  N*G-.>.  "8-H .  Cet 
acide  peut  être  obtenu  par  l'action  du  brome  sur  l'ortho- 
nitrophénol  et  retiré  de  son  sel  de  baryte  dans  un  état  de 
pureté  parfaite.  Il  cristallise  en  aiguilles  blanches  qui  fon- 
dent à  102°  et  se  liquéfient  sous  l'eau  à  une  température 
beaucoup  plus  basse;  il  n'est  pas  volatil  sans  décomposi- 
tion, il  se  dissout  facilement  dans  l'alcool  et  l'éthcr,  mais 
plus  diflicilement  dans  l'eau  lors  même  que  celle-ci  est 
bouillante  (Brunck). 

Sel  de  potasse  :  croûte  cristalline  d'un  jaune  orange, 
très-soluble  dans  l'eau. 

Sel  de  soude  :  aiguilles  jaunes,  devenant  rouges  quand 
elles  tombent  en  efllorescence. 

Sel  de  baryte  :  [€-c  H5.  Br.  N-9-â.-e-]a  Ba"  -+-  5  H2  -S-,  pe- 
tites aiguilles  orangées  dont  la  solution  saturée  à  chaud 
dépose  par  le  refroidissement  des  prismes  rouges  qui,  même 
sous  l'eau,  repassent  très-facilement  à  la  première  forme 
cristalline. 

Sel  d'argent:  aiguilles  microscopiques  jaunâtres,  presque 
insolubles  dans  l'eau  (Brunck). 


(  176  ) 

Monobromonitrophénol  :  €-6  H5.  Br.  N-€h2.  -OH.  De  même 
qu'on  a  préparé  le  précédent  acide  avec  le  brome  et  l'or- 
thonitrophénol,  on  fait  celui-ci  avec  le  nitrophénol  et  on 
le  purifie  en  le  transformant  en  sel  de  potasse.  Il  cristallise 
de  l'alcool  en  petites  paillettes  (Brunck)  et  de  l'éther 
en  grands  prismes  bien  définis  (Kôrner),  fond  à  88°,  se 
sublime  légèrement  et  se  volatilise  avec  la  vapeur  d'eau. 
On  peut  le  distiller  par  petites  parties.  Presque  insoluble 
dans  l'eau,  il  se  dissout  facilement  dans  l'alcool  et  mieux 
encore  dans  l'éther  (Brunck).  Par  l'action  d'un  mélange  re- 
froidi de  nitrate  de  potasse  et  d'acide  sulfurique  il  se  trans- 
forme au  bout  de  quelques  minutes  en  nitrobromonitro- 
phénol ,  identique  avec  le  binitrobromophénol  (Kôrner). 

Sel  de  potasse  :  €-6  H5.  Br.  N-9-2-  -€H(  +2H2^  pyra- 
mides aciculaires,  transparentes,  d'un  beau  rouge  de  sang-, 
inaltérables  à  l'air  et  assez  solubles  dans  l'eau. 

5e/  de  baryum  :  [€-fi  H3.  Br.  N-€h.  -0-]2  Ba"  petites  pail- 
lettes rouges  d'un  éclat  d'or  métallique.  (Brunck). 

5e/  d'argent  :  précipité  rouge  brunâtre  qui  à  la  longue 
prend  sous  l'eau  une  forme  cristalline.  Par  l'action  d'un 
excès  d'iodure  de  méthyle,  il  se  transforme  en  èther  mé- 
thylique  -GG  H5.  Br.  N-6h2.  -€H^H3  qui  cristallise  dans  l'al- 
cool sous  la  forme  d'aiguilles  incolores,  fusibles  à  87°. 
(  Kôrner). 

Bibromoorthonitrophénol  :  €-6  H2  Br2  .  N-0"2  .  -9"H  . 
M.  Brunck  a  obtenu  ces  corps,  par  l'action  d'un  excès  de 
brome  sur  l'orthonitrophénol,  sous  la  forme  d'une  poudre 
blanche,  insoluble  dans  l'eau.  Il  cristallise  dans  l'alcool  en 
de  petits  prismes  incolores,  dans  l'éther  en  prenant  une 
forme  prismatique  présentant  un  grand  nombre  de  faces 
(Kôrner).  Il  fond  à  141°  et  se  décompose  à  une  tempéra- 
ture un  peu  plus  élevée, 


(  177  ) 

Sel  dépotasse  :  G6  H2.  Br2.  N-9-2.  -GHv.  Longues  aiguilles 
orangées,  prises  en  gerbes;  facilement  solubles  dans  l'eau 
bouillante,  peu  solubles  dans  l'eau  froide.  Moins  fréquem- 
ment on  obtient  un  sel  de  potasse  cristallisant  avec  deux 
molécules  d'eau,  sous  la  forme  de  petites  écailles  d'un  jaune 
clair. 

Sel  de  baryum  :  [£6  H2.  Br.  N-9-2.  -9-]â  Ba"  H-  10  H2  ^, 
aiguilles  aplaties,  d'un  jaune  d'or,  transparentes,  qui, 
exposées  à  l'air,  perdent  de  l'eau  et  prennent  une  couleur 
rouge. 

Sel  d'argent  :  €-6  H2  Br.  M>2.  ■&  kg,  aiguilles  microsco- 
piques jaunâtres,  presque  insolubles  dans  l'eau.  (Brunck). 

Nilrobibromophénol  :  €-G  H2.  Br.  N-£h2.  -6-II.  Cet  acide 
se  prépare  avec  le  bibromophénol  mis  en  contact  avec  un 
mélange  refroidi  de  nitre  et  d'acide  sulfurique.  M.  Brunck 
a  obtenu  le  même  corps  par  l'action  d'un  excès  de  brome 
sur  le  nitropbénol  volatil.  11  cristallise  de  l'alcool  sous  la 
forme  de  prismes  opaques  d'un  jaune  de  paille, et  de  Péther 
en  prismes  orangés  transparents  et  très-bien  définis.  Il  fond 
cà  117,  5°;  il  peut  être  sublimé  et  distillé  sans  décomposi- 
tion quand  on  a  soin  d'employer  une  chaleur  graduée  ;  il 
se  volatilise  aussi  avec  la  vapeur  d'eau. 

Sel  de  potasse  :  GG  H2.  Br2.  N-€h2.  -O-H.  Aiguilles  écar- 
lates  à  reflets  d'or  métallique,  très-peu  solubles  dans  l'eau 
froide,  plus  solubles  dans  l'eau  bouillante,  et  plus  encore 
dans  l'alcool. 

Sel  de  baryte  :  précipité  rouge  orangé. 

Sel  d'argent:  précipité  rouge  brun,  semblable  au  chro- 
male  d'argent. 

Nilrobromorthonitrophênol.  —  Brombinitrophénol  : 
€GH2.N-9-2.Br.N^2.-9-H.  On  traite  le  bromorthonitro phé- 
nol par  un  mélange  refroidi  d'acide  sulfurique  et  de  ni- 
trate de  potasse.  Le  mélange  est  additionné  d'une  grande 


(178) 
quantité  d'eau,  laquelle  ne  dissout  que  le  bisulfate  de 
potasse.  Le  résidu  est  transformé  en  sel  de  potasse  que 
Ton  purifie  par  plusieurs  cristallisations  pour  en  séparer 
ensuite  l'acide.  Celui-ci  se  précipite  sous  la  forme  de  pe- 
tites aiguilles  jaunâtres.  Peu  soluble  dans  l'eau  bouillante 
et  dans  l'alcool  froid,  il  se  dissout  mieux  dans  l'éther  d'où 
il  cristallise  en  de  longs  prismes  d'un  jaune  de  soufre.  Il 
fonda  119°  et  se  sublime  quand  on  prend  la  précaution 
de  le  soumettre  à  une  température  modérée  par  petites 
portions  à  la  fois;  sinon  il  détone.  Cet  acide  est  identique 
à  celui  que  M.  Laurent  a  obtenu  en  dissolvant  le  bini- 
tropbénol  dans  du  brome  légèrement  cbauffé. 

Sel  de  potasse  :  ^H^N^.Br.N^-B-KH-H,^.  Longues 
aiguilles  jaunes  aplaties  et  d'un  éclat  soyeux,  assez  peu 
solubies  dans  l'eau  froide. 

JSilrobromnitrophènol.  —  Binilrobrompbénol  :  QG  FL2 
N-9\2  •  R-&i  ■  Br.  -G* H.  S'obtient  par  faction  d'un  mé- 
lange refroidi  de  nitre  et  d'acide  sulfurique  sur  le  bromo- 
nitrophénol  ou  sur  le  nitrophénol.  Pour  le  purifier  on 
transforme  le  produit  de  cette  réaction,  après  l'avoir  lavé 
avec  de  l'eau,  en  sel  de  potasse,  on  fait  cristalliser  à  plu- 
sieurs reprises  de  l'eau  à  l'aide  du  noir  animal  et  on  le  dé- 
compose par  l'acide  chlorhydrique.  L'acide  est  très-peu 
soluble  dans  l'eau  froide,  plus  soluble  dans  l'eau  bouillante 
dont  il  cristallise  par  refroidissement  en  aiguilles  jaunes 
pâles;  il  se  dissout  facilement  dans  l'alcool  et  dans  l'éther 
d'où  il  se  dépose  sous  la  forme  de  longs  prismes  orangés; 
il  fond  à  78°  et  se  sublime  sans  se  décomposer.  Au  con- 
tact de  l'air  il  se  colore  promptement  en  rouge. 

Sel  de  potasse  :  G6  H2N-9-3.  NB>  Br.  -£Mv.  Petites  ai- 
guilles rouges  d'un  reflet  métallique  vert,  très-peu  solu- 
bies dans  l'eau  froide  et  dans  l'alcool,  plus  solubies  dans 
l'eau  chaude. 


(179) 

"  2.  Dérivés  contenant  à  la  fois  le  groupe  N-9-2  et  l'iode. 

En  traitant  le  nitrophénol  ou  l'orthonitrophénol  en  so- 
lution alcaline  par  un  mélange  d'iode  et  d'acide  iodique 
on  parvient  à  préparer,  selon  les  proportions  que  l'on  em- 
ploie, des  dérivés  mono-  ou  biiodés  de  ces  acides. 

Iodorthoniirophénol  :  £6H5I  N-0-2-8-H.  On  l'obtient  en 
soumettant  l'orthonitrophénol  en  solution  alcaline  à  l'ac- 
tion de  l'iode  et  de  l'acide  iodique  pris  dans  les  propor- 
tions indiquées  par  l'équation  suivante  : 

o£G  H4 .  iYO-2 . OH  .H-  2  Ja  -*- .  HJ08  =  S  C6  H3   .1  .  NOa  .  OH  -f-5H9  O. 

Par  l'influence  de  l'acide  chlorhydrique  il  est  précipité 
sous  la  forme  d'une  masse  fondue  jaunâtre. 

Jl  est  à  observer  que  par  une  première  affïision  d'acide 
chlorhydrique  il  se  dépose  à  la  fois  de  l'iode  et  de  l'acide 
iodé,  tandis  qu'il  reste  dans  la  solution  une  partie  d'acide 
non  iodé.  Pour  arriver  à  introduire  l'iode  dans  toute  la 
quantité  d'acide,  on  sursature  le  mélange  par  une  base 
alcaline  et  l'on  précipite  de  nouveau  par  l'acide  chlorhy- 
drique. Ce  traitement  est  à  répéter  jusqu'à  ce  que  tout 
l'iode  soit  entré  en  combinaison,  c'est-à-dire  jusqu'à  ce 
qu'il  ne  se  dépose  plus  d'iode  en  même  temps  que  l'acide 
iodé. 

On  purifie  l'iodoorthonitrophénol  en  le  faisant  bouillir 
dans  une  grande  quantité  d'eau  d'où  il  cristallise  par  le 
refroidissement  sous  la  forme  de  longues  aiguilles  jaunâ- 
tres. 11  fond  à  95°,  se  liquéfie  sous  l'eau  à  une  température 
beaucoup  inférieure  et  ne  se  volatilise  pas  sans  se  décom- 
poser. 


(  180  ) 

Sel  de  potasse  .  Fort  soluble  dans  l'eau  d'où  il  se  dépose 
sous  forme  de  petites  aiguilles  jaunes  groupées  en  masses 
sphéroïdales;  un  peu  moins  soluble  dans  l'alcool  d'où  il 
cristallise  avec  trois  molécules  d'eau  en  petits  prismes 
transparents  d'un  jauue  citron. 

Sel  de  soude  :  GgH5.  ï.  IVO^Na-h  2  »/2H2^.  Petites 
écailles  elliptiques  d'un  jaune  d'or. 

Sel  de  baryte  :  Aiguilles  rouge  jaunâtre  assez  solubles 
dans  l'eau. 

Sel  d'argent  :  Précipité  jaune  de  citron  presque  inso- 
luble dans  l'eau  froide  et  même  dans  l'eau  bouillante  d'où 
il  se  dépose  sous  forme  de  petites  aiguilles  jaunâtres. 

En  traitant  le  diazonitrophénol  par  l'acide  iodhydrique, 
on  obtient  un  acide  identique  au  précédent  et  qui  ne  sau- 
rait être  purifié  que  par  des  cristallisations  répétées  dans 
le  sulfure  de  carbone  bouillant,  il  fond  à  94°  et  donne  un 
sel  de  baryte  cristallisant  en  aiguilles  pyramidales  rouges 
orangées.  Son  éther  méthyiique  est  solide,  incolore  et  bien 
cristallisable. 

Iodonitrophénol.  G6H5.I.N^2.-&H.  On  le  prépare  avec 
le  nilropbénol  volatil  de  la  même  manière  que  l'acide  pré- 
cédent est  préparé  avec  l'orthonitrophénol.  Il  est  d'un 
jaune  d'or,  facilement  cristallisable  et  forme  des  sels 
rouges  qu'il  ne  m'a  pas  encore  été  possible  d'étudier. 

Biiodorthonilrophénol  :  G6H2.  Î.N2-B-2.  -GHJ.  Pour  l'ob- 
tenir on  soumet  une  solution  alcaline  d'ortbonitropbénol  à 
l'action  d'un  mélange  d'iode  et  d'acide  iodique  pris  dans 
les  proportions  qu'indique  l'équation  suivante  : 

:iG6  H4 .  N-0-3  .OII-+-4I2-h2HI^>3  =  a€6  H, .  I2 .  NB-2 .  -GH  +6  H,  4>. 

Il  est  précipité  de  la  solution  de  ses  sels  par  l'acide  cblor- 
hydrique  sous  forme  d'une  poudre  blanche  et  cristallise 


C  181  ) 
de  l'élher  en  de  grands  prismes  incolores  qui  deviennent 
d'un  jaune  pâle  de  soufre  quand  on  les  expose  à  l'air.  Il 
fond  à  156,5°  et  se  décompose  à  une  température  un  peu 
supérieure  à  son  point  de  fusion. 

Sel  de  potasse  :  GcH2.ï2.Mh2.-GH\.  Longues  aiguilles 
groupées  en  gerbes,  d'un  jaune  d'or,  qui,  vues  sous  un 
certain  angle,  présentent  une  irisation  violette. 

Sel  de  sonde  :  Lamelles  allongées  d'un  jaune  orange, 
eftlorescentes. 

Sel  d'argent  :  Précipité  jaunâtre,  presque  insoluble  dans 
l'eau. 

Biiodonitrophénol  :  G6 II2.  J2.  !N4>2.-6iI.  On  utilise  pour 
la  préparation  de  cet  acide  la  méthode  précédente ,  sauf  que 
l'on  remplace  ici  l'or  thon  itrophénol  par  le  nitrophénol  vo- 
latil. Il  se  précipite  par  l'acide  chlorhydrique  sous  forme 
d'une  poudre  cristalline  jaune  foncé,  peu  soluble  dans 
l'eau,  mais  qui  se  dissout  facilement  dans  l'alcool  bouil- 
lant et  dans  l'éther.  Il  cristallise  d'un  mélange  d'alcool  et 
d'élher  sous  forme  de  fines  aiguilles  jaune  foncé,  et  de 
l'éther  en  grands  prismes  d'un  éclat  vitreux.  Il  fond 
à  98°. 

Sel  de  potasse:  €6  H2.  J2.  N-Gh2.  -6H\.  Larges  aiguilles 
d'un  rouge  brun,  très-solubles  dans  l'eau  froide,  plus  so- 
lubles  dans  l'eau  chaude. 

Sel  de  soude  :  G6  H2.  J2.  l\-02.  -&ha  -h  H2  -&,  cristallise 
de  l'alcool  en  beaux  prismes  d'un  brun  foncé  et  d'un  éclat 
d'or  métallique.  Sa  poudre  est  rouge  de  sang. 

Sel  d'argent  :  Précipité  d'un  brun  très-foncé,  insoluble 
dans  l'eau. 

lodobromorthonUrophénol  :  €-6  H2.  J.  Br.N-9-2.  -0H. 
Il  se  forme  dans  une  solution  alcaline  de  bromorthoni- 
trophénol  additionné  d'iode  et  d'acide  iodiquc.  C'est  une 

2me  SÉRIE,  TOME  XXIV.  15 


(  182  ) 

poudre  blanche  qui  cristallise  de  l'éther  en  beaux  cristaux 
incolores,  insolubles  dans  l'eau,  peu  solubles  dans  l'alcool 
mais  assez  solubles  dans  l'éther. 

Sel  de  potasse  :  G6  H2.  J.  Br.  N-0-2.  -GH\.  Faisceaux  d'ai- 
guilles jaunes,  fort  semblables  à  celles  du  hibromorthoni- 
trophenate  de  potasse. 

lodobromonitrophènol  :  €-c  H2  .  J  .  Br.  N-Eh2.  -OU .  On 
l'obtient  par  la  méthode  qui  a  servi  à  la  préparation  du 
précédent  acide.  I!  cristallise  de  l'éther  sous  forme  de 
grands  prismes  orangés,  fond  à  104.2°  et  se  volatilise  fa- 
cilement avec  la  vapeur  d'eau.  Tous  ses  sels  sont  peu  so- 
lubles dans  Feau;  sauf  ceux  à  base  alcaline,  ils  tiennent  par 
leurs  propriétés  le  milieu  entre  les  sels  du  biiodonitro- 
phénol  et  ceux  du  bibromonitrophénol. 

Sel  de  potasse  :  €-6  H2.  J.  Br.  N-€k2.  -0-K.  Aiguilles 
brunes  aplaties  d'un  vif  éclat  métallique. 

Sel  de  soude  :  G6  H2.  J.  Br.  N-fr2.  -B-Na  H-  H2  -&. 
Prismes  d'un  brun  foncé. 

Les  sels  de  baryte,  de  plomb  et  d'argent  se  présentent 
sous  forme  de  précipités  d'un  brun  foncé. 

Iodobinitrophénol  :  €-6  H2 .  j.  N-Gg.  N-9>  Le  binitro- 
phénol  se  transforme  en  iodobinitrophénol  quand  on  sou- 
met sa  solution  alcaline  à  l'influence  de  l'iode  et  de  l'acide 
iodique.  L'iodobinitrophénol  est  d'un  jaune  pâle;  il  n'est 
guère  soluble  dans  l'eau  et  se  dissout  mieux  dans  l'alcool 
ou  dans  l'éther.  11  fond  sous  Feau  bouillante  et  se  volati- 
lise en  quantité  appréciable  avec  la  vapeur  d'eau.  11  cris- 
tallise de  l'alcool  en  prismes  jaunes  de  soufre  d'un  éclat 
vitreux. 

Sel  de  potasse  :  €-G  H2.  J.  N-9>  rW2  .  M  -f  2  H2  -9-, 
cristallise  de  l'eau  sous  forme  de  petites  paillettes  ou  de 
longues  aiguilles  jaunes,  contenant  deux  molécules  d'eau. 


(  183) 

Sel  de  baryte  :  Paillettes  jaunes  peu  solubles  dans  l'eau. 

En  faisant  réagir  l'acide  iodhydrique  sur  le  diazodini- 
trophénol,  on  obtient  un  acide  de  môme  composition  que 
le  précédent,  dont  il  affecte  presque  toutes  les  propriétés  : 
il  est  même  fort  probable  qu'il  lui  est  identique.  Les  sels 
des  deux  acides  ont  plus  d'un  point  de  ressemblance;  seu- 
lement, le  sel  de  potasse  du  dernier  n'a  pu  être  obtenu 
qu'à  l'étal  anhydre,  sous  forme  d'aiguilles  d'un  rouge 
orange. 

Les  faits  que  je  viens  d'exposer  conduisent  dès  à  pré- 
sent à  des  conclusions  importantes  pour  la  solution  du 
second  problème  énoncé  plus  haut.  J'en  exposerai  quel- 
ques-unes pour  le  moment;  mais  je  crois  qu'il  serait  pré- 
maturé de  m'y  étendre  longuement,  avant  d'avoir  augmenté 
encore  considérablement  le  nombre  des  faits  qui  doivent 
me  servir  de  base.  11  suffit,  en  effet,  d'une  seule  observa- 
tion erronée  pour  entraîner  de  profondes  modilications 
dans  les  idées  théoriques  que  l'on  se  serait  faites  avant 
d'avoir  reconnu  l'erreur.  Comme  la  plupart  des  démon- 
strations sont  basées  sur  la  constatation  de  l'identité  ou 
de  la  différence  de  plusieurs  substances  de  même  compo- 
sition, mais  obtenues  par  des  réactions  diverses,  on  con- 
çoit que  ces  déterminations  doivent  être  faites  avec  la  der- 
nière rigueur  et  qu'il  ne  suffit  pas  de  l'étude  de  quelques 
sels,  par  exemple,  pour  fonder  un  jugement.  On  sait,  en 
effet,  qu'une  seule  et  même  substance  affecte  parfois  des 
caractères  tout  à  fait  distincts  pour  peu  que  l'on  fasse  va- 
rier les  conditions  dans  lesquelles  elle  se  produit,  tandis 
que  des  corps  manifestement  dissemblables  offrent  parfois 
des  ressemblances  telles,  qu'il  est  impossible  de  les  distin- 
guer d'abord.  On  ne  peut  écarter  ces  causes  d'incertitude 
qu'en  faisant  une  étude  minutieuse  des  métamorphoses  de 


(  184  ) 
la  substance  à  examiner,  en  accumulant  les  faits  par  la  pré- 
paration d'un  grand  nombre  de  produits  de  substitution 
nouveaux,  et  enfin  en  mettant  à  profit  l'examen  des  pro- 
priétés physiques  du  corps  en  expérience,  et  surtout  la 
forme  cristalline  et  les  propriétés  optiques. 

J'ai  établi  l'identité  entre  les  corps  suivants  : 

1°  Le  binilrophénol,  préparé  à  l'aide  du  nitrophénol 
volatil,  est  identique  avec  celui  que  l'on  obtient  à  l'aide  de 
l'orthonilrophénol  ; 

2°  En  nitrant  le  phénol  on  obtient  toujours  le  même 
acide  picrique; 

o°  Le  binitromonobromophénol,  obtenu  en  nitrant  le 
monobromophénol,  est  identique  avec  le  corps  qu'on  ob- 
tient en  faisant  le  produit  de  substitution  brome  du  nitro- 
phénol volatil,  et  en  traitant  ce  produit  par  l'acide  azo- 
tique; 

4°  Le  bromobinilrophénol,  obtenu  en  bromuranl  ie 
binitrophénol,  est  identique  avec  le  nitrobromorthonitro- 
phénol  préparé  en  nitrant  le  bromorthonitrophénol; 

5°  En  nitrant  le  bibromophénol  on  obtient  un  nitrobi- 
bromophénol  identique  avec  ie  produit  résultant  de  l'action 
du  brome  sur  le  nitrophénol  volatil; 

6°  L'iodorthonitrophénol,  obtenu  en  iodant  l'orthonitro- 
phénol,  est  identique  à  la  substance  de  même  compo- 
sition préparée  en  réduisant  partiellement  le  binilrophénol, 
transformant  ensuite  en  produit  diazoté  et  en  décompo- 
sant ce  dernier  par  l'acide  iodhydrique. 

De  ces  diverses  identités  on  peut  tirer  notamment  les 
conclusions  suivantes  : 

a.  Les  deux  places  occupées  par  le  groupe  N£h2  dans 
le  binitrophénol  sont  respectivement  celles  qu'il  occupe 
dans  l'orthonitrophénol  et  dans  le  nitrophénol  volatil. 


(  185  ) 

b.  Dans  la  réduction  partielle  du  binitrophéuol ,  c'est  le 
groupe  N-9-2  correspondant  au  nitrophénol  volatil,  qui  se 
change  en  NrL2. 

c.  Enfin ,  il  appert  déjà  que  dans  le  nitrophénol  volatil , 
le  groupe  1TO\2  et  l'hydroxyle  n'occupent  pas  des  positions 
diamétralement  opposées  ou  séparées  entre  elles  par  les 
places  de  deux  atomes  d'hydrogène.  En  d'autres  termes, 
le  groupe  N-€h2  s'y  trouve  par  rapport  à  l'hydroxyle  dans 
une  position  telle  qu'il  doit  y  en  avoir  une  autre  exacte- 
ment correspondante. 

Que  ces  conclusions  soient  l'expression  exacte  de  la 
vérité,  ou  qu'elles  doivent  subir  encore  quelques  modifi- 
cations pour  s'en  rapprocher,  il  n'en  est  pas  moins  vrai  que 
les  résultats  consignés  dans  ce  travail  établissent,  si  je  ne 
me  trompe,  que  la  détermination  du  lieu  chimique  est 
accessible  à  l'expérience. 

Dans  une  seconde  partie  de  cette  notice  préliminaire, 
j'aurai  l'honneur  de  soumettre  à  l'Académie  l'étude  d'un 
grand  nombre  de  transformations  des  substances  qui  l'ont 
l'objet  du  présent  travail;  je  décrirai  également  un  nombre 
considérable  de  produits  de  substitution  contenant,  indé- 
pendamment du  chlore,  du  brome,  de  l'iode  ou  du 
nilroxyle,  le  groupe  NH2;  enfin,  je  présenterai  l'histoire 
des  dérivés  éthérés  qui  se  rattachent  aux  corps  précé- 
dents, je  veux  dire  les  anisols  substitués.  Je  me  réserve 
d'ailleurs  de  publier  par  la  suite  la  description  détaillée  de 
tous  ces  corps,  avec  les  analyses  à  l'appui,  ainsi  que  l'ex- 
posé de  leurs  caractères  optiques  et  crislallographiques. 


(  186  ) 


Note  sur  quelques  sels  de  l'acide  itamalique,  par  M.  H.  Ron- 
day,  lieutenant  détaché  à  l'École  militaire. 

J'ai  l'honneur  de  soumettre  à  l'appréciation  de  l'Aca- 
démie l'examen  de  quelques  sels  de  l'acide  itamalique,  dé- 
couvert récemment  par  M.  Swarts.  J'ai  entrepris  cette 
étude,  moins  en  vue  d'ajouter  aux  sels  déjà  décrits  par  ce 
savant  une  série  de  corps  nouveaux,  que  pour  rechercher 
de  nouvelles  preuves  de  l'homologie  véritable  qui  rattache 
l'acide  itamalique  à  l'acide  malique. 

Itamalate  de  potassium.  —  J'ai  préparé  ce  sel  en  neu- 
tralisant exactement  l'acide  itamalique  par  la  potasse  caus- 
tique. La  liqueur  s'est  desséchée  par  l'évaporation  à  100° 
en  une  masse  gommeuse,  laquelle,  desséchée  dans  le  vide 
à  140°,  a  laissé  dégager  beaucoup  d'eau,  et  s'est  finalement 
transformée  en  une  masse  visqueuse,  semblable  à  de  l'an- 
hydride borique  fondu,  et  se  laissant,  comme  ce  dernier, 
étirer  en  longs  fils,  cassant  après  refroidissement.  A  froid, 
la  substance  est  vitreuse  et  cassante,  mais  absorbe  très- 
rapidement  l'humidité  de  l'air  et  devient  alors  très-diffi- 
cile à  pulvériser.  Tous  les  efforts  pour  la  faire  cristalliser 
ont  été  vains. 

Le  dosage  du  potassium  a  donné  le  résultat  suivant  : 

Itamalate  de  calcium.  —  J'ai  pleinement  vérifié  les  in- 
dications de  M.  Swarts  relatives  à  la  préparation  de  ce  sel; 
mais  si,  au  lieu  de  faire  bouillir  le  produit  de  la  réaction  de 
la  chaux  sur  l'acide  ilamonochloropyrotarlrique  jusqu'à 
précipitation  de  l'itamalate  de  calcium  avec  une  molécule 
d'eau  de  cristallisation,  on  se  contente  d'évaporer  douce- 


(  187  ) 
ment  jusqu'à  consistance  syrupeuse,  ou  bien  si ,  aux  eaux- 
mères  qui  ont  laissé  déposer  le  sel  grenu,  on  ajoute  de 
l'alcool  jusqu'à  ce  que  le  précipité,  qui  se  redissout  d'abord, 
devienne  persistant,  il  se  dépose,  au  bout  de  quelques 
heures,  des  cristaux  durs,  croquant  sous  la  dent,  et  affec- 
tant des  groupements  semblables  à  ceux  du  sulfate  de 
potassium.  Vus  au  miscroscope  ou  à  la  loupe,  ces  cristaux 
affectent  la  forme  de  prismes  rhomboïdaux  obliques. 
Voici  les  résultats  qu'ils  ont  donnés  à  l'analyse  : 

1,0930  gr.  de  substance  ont  perdu,  à  150°,  0,2070  gr.  H,0-; 

ce  qui  correspond  à  18,9  °/„.  La  formule  C8  HGC«-6-5  -+- 
SV9IP6-  exige  19,4- °/0  d'eau. 

0,5090  gr.  de  substance  desséchée  à  150°  ont  donne  0,3073  gr.  de  Ca  €  <> l; 

ce  qui  correspond  à  21,2  °/„  de  calcium;  'a  formule  du  sel 
sec  en  exige  21,5  °/„. 
Les  cristaux  s'effleu rissent  dans  le  vide  en  perdant  l/2 

1,0720  gr  de  substance  desséchée  dans  le  vide  ont  perdu,  à  100°, 
0,1785  gr.  H20; 

ce  qui  revient  à  16,9  °/0.  Deux  molécules  d'eau  corres- 
pondent à  une  perte  de  16,(3  °/„.  On  remarquera  ici  une 
nouvelle  analogie  entre  l'acide  itamalique  et  son  homo- 
logue inférieur  pour  lequel  on  connaît  également  un  sel 
contenant  2  */a  H--B-. 

Si  l'on  soumet  l'itamalate  de  calcium  desséché  à  160' 
à  l'action  de  l'eau,  il  s'y  dissout  presque  totalement.  Le 
lendemain,  on  trouve  dans  la  liqueur  un  dépôt  du  sel 


(  188) 
grenu  insoluble.  Si  l'on  soumet  alors  la  liqueur  filtrée  à 
l'évaporalion  lente,  il  s'y  dépose  des  cristaux  magnifiques 
avant  de  nombreuses  laces  pentagonales  et  un  liabitus 
prismatique.  M.  Swarts,  qui  avait  déjà  obtenu  ce  sel  d'une 
autre  manière,  crut  avoir  affaire  à  des  dodécaèdres  pentago- 
naux ,  attendu  qu'il  n'avait  obtenu  que  des  cristaux  micros- 
copiques. Un  cristallographe  distingué  a  bien  voulu  se 
charger  de  la  mesure  de  ces  cristaux,  et  j'espère  pouvoir 
la  communiquer  prochainement. 

Ce  sel  peut  aussi  s'obtenir  en  laissant  le  sel  grenu  en 
digestion  avec  de  l'eau  et  évaporant  ensuite.  M.  Swarts  a 
déjà  trouvé  que  cette  substance  contient  trois  molécules 
d'eau. 

Voici  les  résultats  d'un  dosage  d'eau  de  cristallisation, 
que  j'ai  effectué  : 

i,66oo  gr.  de  substance  perdirent,  à  160°,  0,ô700  gr.  d'eau; 

ce  qui  correspond  à  22,2  °/0  ;  la  formule  Cli  HG  Ca  -€H  -+- 
oH2-6-  exige  22,4  °/0. 

On  sait  que  le  malate  de  calcium  perd ,  par  la  chaleur, 
les  éléments  de  l'eau  et  se  transforme  en  fumarate.  Je  me 
suis  assuré  que  l'itamalate  présente  une  réaction  analogue, 
et  se  transforme  en  itaconate.  Pour  cela,  il  suffit  de  main- 
tenir la  substance  pendant  quelques  heures  à  220°;  on 
voit  alors  la  vapeur  d'eau  se  déposer  sur  les  parties  froides 
de  l'appareil.  La  substance  fut  ensuite  décomposée  par 
l'acide  sulfurique  étendu  et  épuisée  par  l'éther,  lequel 
abandonna  par  l'évaporation  de  petits  cristaux  d'acide  ita- 
conique.  Ces  cristaux  furent  dissous  dans  l'eau  et  donnè- 
rent ainsi  des  cristaux  plus  volumineux,  possédant  la  forme 
et  le  clivage  de  l'acide  i laconique.  D'ailleurs,  ils  en  avaient 


(  189  ) 
le  point  de  fusion  (162°),  et  leur  composition  fut  contrôlée 
par  l'analyse  : 

0,1660  gr.  de  substance  donnèrent  0,-2800  gr.  C-0-*  et  0,0690  gr.  de  HM>. 


CALCULE. 

TROU\ 

£5 

-  60  -  46,1 

46,0 

He 

—  6    4,6 

4,6 

^"4 

64    49,3 

— 

Je  n'ai  pas  plus  réussi  que  M.  Swarts  à  préparer  l'ita- 
malate  de  calcium  acide,  même  en  variant  considérable- 
ment les  méthodes. 

Itamalate  de  strontium.  —  Ce  sel  s'obtient  en  faisant 
bouillir  une  solution  d'acide  itapyrotartrique  monochloré 
avec  du  carbonate  de  strontium,  et  en  achevant  la  satura- 
tion avec  de  l'eau  de  strontiane.  Après  une  ébullition  pro- 
longée, le  sel  se  précipite  à  l'étal  d'une  poudre  cristalline 
peu  soluble  dans  l'eau.  Il  retient  opiniâtrement  le  chlorure 
de  strontium  qui  se  forme  dans  la  préparation;  aussi,  pour 
l'avoir  pur,  faut-il  le  laver  à  l'alcool.  Il  semble  être  anhydre. 

Voici  les  résultats  donnés  par  l'analyse  : 

I.  .  .  0,4985  gr.  de  subst.  donnèrent  0,3920  gr  *>•  S-&' 
II.  .  .  0,1410  id.  0,1110        id. 

III.  ..  0,1977  id.  0,1230  gr.^rC-0-3 

IV.  .  .  0,2793  id.  0,1720        id. 

V.  ..  0,4030  id.  0,3733  gr.  C-0-*  et  0,1015  gr.  H*&; 


ce 

qui 

donne  : 

CALCULÉ. 

Cs 

60 

25,6 

H6 

6 

y>  S 

-S-r 

-   87,3 

37,4 

^5 

80 

34,3 

III.         IV.  V. 

-  23,3 

-  -  2,7 


57,0        57,3        57,3      36,3 


(  190  ) 

Mis  en  contact  avec  de  l'eau,  il  s'y  dissout  à  la  longue, 
et  se  dessèche  par  l'évaporation  en  une  masse  gommeuse. 

llamalate  de  baryum.  —  Quand  on  sature  par  le  carbo- 
nate de  baryum  l'acide  itapyrotartrique  monobromé,  et 
que  l'on  extrait  ensuite  de  la  solution  concentrée  le  bro- 
mure de  baryum  par  l'alcool,  on  obtient  un  précipité  géla- 
tineux qui  se  dessèche  en  une  masse  gommeuse.  On  peut 
l'obtenir  à  l'état  d'une  poudre  crayeuse  en  lavant  le  préci- 
pité encore  imprégné  d'alcool  avec  beaucoup  d'éther,  et  en 
desséchant  dans  le  vide.  Préparée  de  cette  manière,  la 
substance  retient  toujours  du  bromure  de  baryum;  mais  si 
on  la  dissout  dans  l'eau,  et  qu'on  la  soumette  ensuite  à 
l'évaporation  lente,  elle  se  dépose  à  l'état  de  lames  rhom- 
boïdales  nacrées  qui  se  réunissent  en  croûtes  cristallines 
d'un  éclat  gras. 

Ce  corps  contient  deux  molécules  d'eau  de  cristallisatioi 
qu'il  perd  presque  totalement  au-dessous  de  100°,  mai* 
qui  ne  s'éliminent  complètement  qu'à  140°. 

1,5990  gr.  de  substance  perdirent,  à  150°,  0,1550  gr.  HM>; 

ce  qui  correspond  à  11,0  °/0;  la  formule  Cs  H6  Ba  -0-s  -i 
2H2^ exige  ll,2°/0. 

Voici  les  résultats  fournis  à  l'analyse  : 

I.  .  0,8030  gr.  de  substance  ont  donné  0,0545  gr.  Ba  -S--0-* 
II.  .  0,5150        id.         0,2455  gr.C/O-*  et  0,0650  H2^ 
III.  .  0,4250        id.         0,5270  gr.GO-2  et  0,0805 H*-G-; 


ce  qui  donne  : 

CALCULÉ   : 

&           — 

60           21.2 

Hfi       — 

G            2.1 

Ba       — 

137           48.5 

-9-s      - 

80 

47.9 


!1.0 


III. 

21.0 
2.1 


(  191  ) 
Exposé  dans  le  vide,  il  s'effleurit  en  perdant  une  molé- 
cule d'eau. 

I.  .  .  .    0,9945  gr.  de  substance  effleurie  perdirent,  à  150°,  0,0515  H'-G- 
II  .  .  .    1,9780  id.  id.  0,1160  id.; 

ce  qui  correspond  respectivement  à  5,2  et  5,8  °/0;  la  for- 
mule O  HG  Ba-e*  +  H2^  exige  5,9  •/.  d'eau. 

Si  l'on  évapore  jusqu'à  consistance  syrupeuse  le  produit 
de  la  réaction  du  carbonate  de  baryum  sur  l'acide  itapyro- 
tartrique  monochloré,  la  liqueur  se  prend  par  le  refroidis- 
sement en  un  magma  opalin  ayant  l'aspect  de  l'empois;  si 
on  le  jette  sur  un  filtre,  il  s'écoule  une  solution  de  bro- 
mure de  baryum,  et  la  masse  se  transforme,  au  bout  de  quel- 
ques jours,  en  un  magma  cristallin,  ayant  Faspect  du  laclate 
de  chaux  brut,  et  dans  lequel  on  distingue  à  la  loupe  les 
cristaux  précédents  doués  de  leur  éclat  gras.  La  substance 
fut  lavée  à  l'alcool  pour  enlever  les  dernières  traces  de 
bromure  de  baryum,  et  soumise  ensuite  à  l'analyse  : 

5,3840  gr.  de  substance  perdirent,  à  150°,  0,5695  HM>; 

ce  qui  correspond  à  10,9  %  au  lieu  de  11,2  qu'exige  la 
formule. 

0,5770  gr.  de  substance  sèche  donnèrent  0,4005  gr.  Ha  S-O4; 

ce  qui  correspond  à  49,0  °/0  de  Ba  au  lieu  de  48,3  °/0 
qu'exige  la  formule;  l'écart  entre  la  quantité  trouvée  et  la 
quantité  calculée  provient  de  ce  que  la  substance  retient 
un  peu  de  bromure  de  baryum  qu'on  ne  peut  lui  enlever 
que  par  plusieurs  cristallisations  dans  l'eau.  Or,  j'ai  voulu 
éviter  ce  mode  de  purification  à  l'effet  d'établir  l'identité 
du  sel  que  je  viens  de  décrire  avec  celui  qui  se  dépose 
d'une  solution  aqueuse. 


(  192  ) 

Itamalate  de  magnésium.  —  La  manière  la  plus  conve- 
nable de  préparer  ce  sel  consiste  à  faire  bouillir  l'acide 
ilapyrotartrique  monochloré  avec  un  excès  de  magnésie 
blanche  et  à  évaporer  a  sec  la  liqueur  fiitrée.  On  épuise 
ensuite  par  l'alcool  fort  la  masse  gommeuse  que  l'on  ob- 
tient ainsi,  le  chlorure  de  magnésium  se  dissout,  et  il  reste 
un  précipité  floconneux  qui  se  dessèche  sur  l'acide  sulfu- 
rique  en  une  poudre  crayeuse.  Elle  semble  contenir  deux 
molécules  d'eau  de  cristallisation,  dont  l'une  se  dégage 
dans  le  vide. 

Je  me  dispenserai  d'indiquer  ici  les  résultats  analytiques 
que  j'ai  obtenus,  leur  approximation  ne  me  paraissant  pas 
suffisante,  ce  qui  lient  à  la  grande  énergie  avec  laquelle  le 
chlorure  de  magnésium  est  retenu  par  l 'itamalate,  et  à  la 
grande  déliquescence  de  ce  dernier. 

J'ai  préparé  encore  quelques  autres  sels  de  l'acide  itama- 
lique  en  vue  d'en  établir  les  propriétés.  Comme  ils  sont 
gommeux  pour  la  plupart,  et  qu'ils  ne  se  laissent  pas  ob- 
tenir sous  une  forme  propre  à  l'analyse,  je  n'en  ai  fait 
qu'un  examen  sommaire  dont  je  crois  pouvoir  consigner 
ici  les  principaux  résultats  : 

L'itamalate  de  zinc  peut  s'obtenir  en  saturant  l'acide 
itamalique  par  l'hydrocarbonate  de  zinc;  il  est  déliques- 
cent et  insoluble  dans  l'alcool.  D'ordinaire,  il  est  gom- 
meux; mais  quand  on  le  dessèche  à  155°  il  se  boursoufle, 
et  se  transforme  en  une  masse  cornée  qui,  traitée  par  l'eau, 
laisse  un  dépôt  gélatineux  devenant  rapidement  gommeux 
et  soluble. 

L'itamalate  de  manganèse  peut  s'obtenir  par  double  dé- 
composition entre  l'itamalate  de  baryum,  et  le  sulfate  de 
manganèse.  Il  est  gommeux  et  d'une  couleur  rose  sale. 

L'itamalate  de  cobalt  s'obtient  en  dissolvant  l'hvdrocar- 


(  193  ) 
bonate  de  cobalt  dans  l'acide  itamalique.  Ce  sel  cstgom- 
meux  et  fort  déliquescent.  Sa  couleur  est  d'un  beau  rouge 
foncé. 

I/itamalate  de  nickel  s'obtient  de  la  même  manière.  ïl 
se  dessèche  en  une  masse  gommeuse  d'un  beau  vert  pâle , 
et  qui  se  laisse  facilement  pulvériser.  Il  n'est  pas  déliques- 
cent et,  une  fois  desséché ,  il  ne  se  dissout  que  très-lente- 
ment dans  l'eau  chaude. 

Quand  on  ajoute  du  sulfate  de  cuivre  à  une  solution 
d'itamalate  de  sodium,  il  se  précipite,  d'après  les  expé- 
riences de  M.  Swarts,  une  poudre  verte  cristalline  qui  est 
l'itamalate  de  cuivre;  si  on  laisse  ce  dernier  en  contact 
avec  la  solution  d'où  il  s'est  déposé,  i!  ne  tarde  pas  à  se 
transformer  en  une  masse  cristalline  d'un  bleu  d'outre-mer 
magnitique.  Celte  combinaison  ne  se  laisse  pas  purifier, 
attendu  que  l'eau  la  décompose  en  régénérant  de  l'itama- 
late de  cuivre;  mais  il  est  probable  qu'elle  a  la  même 
constitution  que  le  sel  double  que  le  malatc  de  cuivre 
forme  avec  le  sulfate  d'ammonium  dans  les  mêmes  circon- 
stances. 

Qu'il  me  soit  permis,  en  terminant  cet  exposé,  de  remer- 
cier mon  savant  maître,  M.  Swarts,  non-seulement  pour 
l'intérêt  qu'il  m'a  témoigné  dans  le  cours  de  ces  recherches 
entreprises  à  sa  sollicitation,  mais  encore  pour  la  bienveil- 
lance avec  laquelle  il  a  guidé  mes  premiers  pas  dans  la 
carrière  scientifique. 


(  194  ) 


Notice  préliminaire  sur  l'acide  homotartrique ,  par  M.  H. 
Ronday,  lieutenant  au  2e  chasseurs  à  pied,  détaché  à 
l'École  militaire. 

On  se  rappelle  que  M.  Kekulé  a  découvert,  il  y  a  quel- 
que temps,  un  acide  de  la  formule  €^H8~9^  auquel  il  a 
donné  le  nom  d'acide  homotartrique  (1).  Cette  substance 
se  préparait  par  l'action  de  l'oxyde  d'argent  sur  l'acide  ita- 
bibromopyrotartrique. 

Dans  un  autre  ordre  de  recherches,  M.  Wilm  a  obtenu 
récemment  un  acide  de  la  même  composition,  en  taisant 
réagir  les  alcalis  sur  le  produit  d'addition  de  l'acide  itaco- 
nique  à  l'acide  hypochloreux  (2).  Cet  acide,  auquel  l'auteur 
donne  le  nom  d'acide  itatarlrique,  semble  devoir  posséder 
une  constitution  identique  à  celle  de  l'acide  homotartrique , 
et  j'ai  voulu  soumettre  au  contrôle  de  l'expérience  la  ques- 
tion de  savoir  si  ces  deux  corps  sont  réellement  identiques. 

M.  Kekulé  n'a  pas  fait  de  sa  substance  un  examen  ap- 
profondi. L'illustre  savant  se  borne  à  mentionner  qu'elle 
cristallise  d'une  solution  syrupeuse  et  à  donner  l'analyse 
du  sel  de  baryum.  De  son  côté,  M.  Wilm  n'a  pas  réussi  à 
faire  cristalliser  son  acide,  mais  je  ferai  remarquer  que 
cette  circonstance  ne  permet  pas  de  conclure  à  la  diffé- 
rence des  deux  acides,  puisque  M.  Kekulé  reconnaît  lui- 
môme  que  l'acide  homotartrique  ne  cristallise  qu'à  la 
longue,  avec  une  grande  difficulté;  et  moi-même  je  ne 
suis  pas  encore  parvenu  à  l'obtenir  en  cristaux.  J'ai  donc 
cru  devoir  entreprendre  l'étude  des  sels  de  l'acide  homo- 
tartrique pour  les  comparer  à  ceux  de  l'acide  itatarlrique. 
J'ai  commencé  cet  examen  de  l'assentiment  de  M.  Kekulé 


(  m  ) 

et  à  la  sollicitation  de  M.  Swarts,  dont  les  travaux  remar- 
quables sur  les  produits  d'addition  de  l'acide  i laconique  se 
rattachent  directement  à  cette  question. 

De  tous  les  sels  de  l'acide  itatarlrique,  le  plus  caracté- 
ristique est  le  sel  de  plomb  qui  se  présente  sous  forme  de 
tables  rhomboïdales obliques  très-brillantes,  ayant  les  an- 
gles aigus  tronqués.  J'ai  obtenu ,  à  l'aide  de  l'acide  homo- 
lartrique  et  en  suivant  les  indications  de  M.  Wilm,  un  sel 
présentant  l'ensemble  de  ces  caractères.  Je  suis  donc 
porté  à  conclure  de  là  que  les  deux  acides  sont  identiques. 

J'ai  également  préparé  le  sel  de  calcium.  Ici  encore  j'ai 
constaté  que  par  leur  mode  de  formation  ,  leur  insolubilité 
après  le  chauffage  et  leurs  caractères  extérieurs,  les  deux 
sels  paraissent  identiques.  Toutefois,  j'ai  observé  une  di- 
vergence dans  le  contenu  en  eau  de  cristallisation;  divers 
dosages  concordants  me  conduisent  à  admettre  dans  l'ho- 
motartrate  une  demi-molécule  d'eau,  c'est-à-dire  4,2p. °/o, 
tandis  que  M.  Wilm ,  en  assignant  à  l'eau  le  poids  molécu- 
laire 9,  trouve  1  {h  aq.,  ce  qui  ferait  5//*  H2-9-.  Je  crois 
cependant  que  cette  différence  ne  peut  être  prise  en  con- 
sidération, attendu  que  les  résultats  analytiques  de  ce  chi- 
miste ne  s'accordent  qu'imparfaitement  avec  ses  calculs. 

Je  me  réserve  donc  de  faire  une  étude  plus  approfon- 
die de  l'acide  homotartrique,  de  le  comparer  à  l'acide  ita- 
tartrique  de  M.  Wilm  et,  en  me  bornant  aujourd'hui  à 
prendre  date  pour  ces  résultats  obtenus,  je  me  propose  de 
soumettre  à  l'Académie,  dans  une  prochaine  communica- 
tion ,  les  détails  de  mes  recherches. 


196  ) 


CLASSE    DES    LETTRES. 


Séance  du  5  août  1867. 

M.  Roulez,  directeur. 

M.  Ad.  Quetelet,  secrétaire  perpétuel. 

Sont  présents  :  MM.  Gachard,  le  baron  Jules  de  Saint- 
Génois  ,  Paul  Devaux ,  De  Decker,  Snellaert ,  Haus , 
M.-N.-J.  Leclercq,  le  baron  Kervvn  de  Lettenhove,  Cbalon, 
Ad.  Mathieu,  Th.  Juste,  membres;  Nolet  de  Brauwere 
Van  Steeland,  le  comte  Arrivabene,  associés;  Alph.  Wau- 
ters,  correspondant. 


CORRESPONDANCE. 


M.  le  Ministre  de  l'intérieur  fait  connaître  qu'il  a  chargé 
M.  Julien  Leclercq,  membre  de  la  classe  des  beaux-arts 
de  l'Académie,  d'exécuter,  pour  en  orner  la  salle  acadé- 
mique, le  buste  en  marbre  de  feu  le  chanoine  de  Ram, 
membre  de  la  classe  des  lettres. 

—  M.  le  Ministre,  par  plusieurs  autres  lettres,  annonce 


(  197  ) 
différents  envois  de  livres,  et  l'approbation  des  comptes 
fournis  par  deux  commissions  académiques. 

—  M.  Kervyn  de  Lettenhove  dépose  le  1er  volume  des 
Lettres  et  négociations  de  Philippe  de  Commines,  qu'il 
vient  de  publier  dans  la  Collection  des  grands  écrivains  du 
pays.  M.  Wolowski,  associé  de  la  classe,  fait  hommage  de 
son  traité  Sur  la  Banque  d'Angleterre  et  de  son  Enquête 
sur  les  principes  et  les  faits  généraux  qui  régissent  la  cir- 
culation monétaire  et  fiduciaire.  M.  le  chevalier  d'Arnelh, 
également  associé  de  l'Académie,  fait  hommage  de  sa  publi- 
cation, intitulée  :  Correspondance  de  Marie -Thérèse. 

—  M.  le  chevalier  de  Sellier  envoie,  en  manuscrit,  des 
Esquisses  biographiques  sur  la  famille  Kinschot,  qui  seront, 
d'après  sa  demande,  communiquées  à  la  commission  de  la 
biographie  nationale. 

—  M.  le  secrétaire  perpétuel  dépose  sur  le  bureau  le 
programme  arrêté  par  la  commission  organisatrice  du  con- 
grès de  littérature  néerlandaise  qui  va  se  réunir  à  Gand. 
Quelques  membres  demandent  si  la  Compagnie  n'enverra 
pas  des  délégués  à  ce  congrès.  Après  avoir  examiné  celte 
question,  la  classe  reconnaît  que  la  délégation  officielle- 
ment donnée  à  quelques-uns  de  ses  membres  pourrait,  non 
dans  le  cas  actuel,  mais  dans  d'autres  circonstances  ana- 
logues, amener  d'assez  graves  inconvénients;  elle  décide, 
par  conséquent,  qu'il  y  a  lieu  de  maintenir  la  résolution 
déjà  prise,  et  de  s'abstenir,  dorénavant,  d'envoyer  des 
délégués  aux  différents  congrès  qui  feront  des  invitations 
à  la  Compagnie. 

2me  SÉRIE,  TOME  XXIV.  \  4- 


(  198  ) 


PRIX  PERPÉTUEL  FONDÉ  PAR  LE  RARON  DE  STASSART. 

Faire  l'histoire  des  rapports  de  droit  public  qui  ont 
existé  entre  les  provinces  belges  et  l'empire  d'Allemagne, 
depuis  le  dixième  siècle  jusqu'à  l'incorporation  de  la  Bel- 
gique dans  la  république  française. 

Les  personnes  qui  désirent  répondre  à  cette  question 
auront  à  rechercher  l'origine  et  la  nature  du  lien  politique 
qui  s'établit,  au  commencement  du  dixième  siècle,  entre 
l'Empire  et  la  Basse-Lotharingie,  ainsi  que  les  droits  et 
les  obligations  réciproques  qui   en   résultèrent  pour  les 
deux  pays.  L'histoire  de  ces  relations  comprend  trois  épo- 
ques :  la  première,  l'époque   féodale  proprement  dite, 
s'arrête  au  seizième  siècle  et  doit  être  traitée  sommaire- 
ment, sans  qu'on  néglige  les  faits  essentiels;  la  deuxième, 
qui  forme  la  partie  principale  de  la  tâche,  a  pour  objet 
les  négociations  qui  eurent  lieu  sous  le  règne  de  Charles- 
Quint,  afin  de  régler  les  droits  et  les  obligations  de  la 
Belgique  à  l'égard  de  l'Empire  et  de  l'Empire  à  l'égard  de 
la  Belgique,  et  dont  sortit  la  convention  d'Augsbourg  de 
1548;  la  troisième  période  comprend  l'histoire  de  l'exécu- 
tion de  cette  convention  jusqu'en   1794;  elle  doit  être 
traitée  sommairement  comme  la  première.  (Voir,  pour  de 
plus  amples  explications,  la  notice  insérée  dans  le  Bulletin 
de  la  séance  de  la  classe  des  lettres  du  4  juillet  1864.) 

Le  prix  institué  pour  cette  question  est  de  trois  mille 
francs.  Les  mémoires  des  concurrents  devront  être  remis 
avant  le  lpr  janvier  1869.  Les  formalités  à  observer  sont 
les  mêmes  que  pour  les  concours  annuels. 


(  199  ) 

L'Académie  fera  connaître  ultérieurement  le  choix  des 
autres  questions  qui  devront  être  mises  au  concours  pour 
satisfaire  aux  généreuses  dispositions  testamentaires  prises 
par  feu  le  baron  de  Stassart. 


RAPPORTS. 


La  vérité  à  propos  des  lettres  de  Charles-Quinl  à  Rabelais; 
par  M.  Van  Rossum,  attaché  aux  Archives  générales  du 
royaume  (1). 

Êtapport   de  m.    il  {th.    Il  'auter» . 

«  Il  n'est  pas  nécessaire  de  vous  rappeler  l'émoi  qui 
s'est  manifesté  dans  le  monde  littéraire  et  scientifique 
à  l'annonce  de  la  découverte  de  deux  lettres  adressées 
par  l'empereur  Charles -Quint  à  Rabelais,  et  relatives  à 
cette  question  insoluble  qui  a  jadis  tourmenté  tant  de 
nobles  intelligences  :  le  problème  de  la  quadrature  du 
cercle  (2). 

Ces  lettres,  que  M.  Chasles  a  communiquées  à  notre 
savant  secrétaire  perpétuel,  ont  provoqué  un  grave  débat. 
M.  Gachard,  dans  une  de  nos  précédentes  séances,  en  a 


(1)  Dans  la  séance  du  1er  juillet,  la  classe  avait  ordonné  le  dépôt  aux 
Archives  de  ce  mémoire  et  voté  des  remercîments  à  l'auteur;  dans  la 
séance  du  5  août,  elle  a  ordonné  l'impression  des  trois  rapports  qui  lui 
avaient  été  faits  sur  le  même  travail.  (Voir  p.  8."  du  Bulletin.) 

(2)  Voyez  les  Bulletins  de  l' Académie,  I h' série,  t.  XXII,  pp.  204  et 
suivantes. 


(  200  ) 

contesté  l'authenticité;  M.  Chasles  la  défend.  Par  un  sen- 
timent de  déférence  pour  le  corps  auquel  nous  avons 
l'honneur  d'appartenir,  M.  Chasles  a  bien  voulu  envoyer 
l'une  de  ces  lettres  à  M.  Quetelet,  et,  grâce  à  son  obli- 
geance, grâce  à  la  reproduction  photographiée  qui  a  paru 
dans  nos  Bulletins  (1),  il  a  été  possible  d'en  entreprendre 
l'examen  détaillé. 

Avant  d'aborder  l'analyse  du  travail  de  M.  Van  Rossum, 
permettez-moi  de  faire  observer  combien  il  est  essentiel 
de  publier  les  documents  d'une  authenticité  douteuse  ou 
d'en  donner  une  analyse  détaillée.  Une  composition  his- 
torique, chronique,  charte  ou  liste,  jouit  souvent  d'une 
grande  autorité,  grâce,  soit  au  titre  pompeux  qu'elle 
porte,  soit  aux  faits  ou  aux  personnes  dont  il  y  est  ques- 
tion. La  mise  en  lumière  produit  sur  les  documents,  l'effet 
du  jour  sur  les  paysages  :  de  même  que  la  clarté  du  soleil 
fait  rentrer  dans  la  poussière  les  fantômes  ou  les  abîmes 
que  l'on  croyait  voir  dans  les  ténèbres  de  la  nuit,  de  même 
la  mise  en  lumière  d'une  œuvre  apocryphe  en  décèle  les 
imperfections  cachées. 

Rendons  donc  hommage  à  l'obligeance  de  M.  Chasles; 
sans  elle  et  sans  la  publication  ordonnée  par  l'Académie 
d'un  fac-similé  de  lettres  de  Charles -Quint,  le  travail 
minutieux  et  difficile  de  M.  Van  Rossum  aurait  été  im- 
possible. 

Comme  M.  Van  Rossum  le  fait  remarquer,  il  n'existe 
aucune  similitude,  quant  à  l'écriture,  entre  la  lettre  pré- 
tendument écrite  par  Charles -Quint  et  celle  qui  a  été 
produite  par  M.  Gachard  et  qui  provient  des  Archives  du 


(1)  Voyez  les  Bulletins  de  V Académie,  2e  série,  t.  XXII,  pp.  478  et 
545. 


(  201  ) 

royaume;  la  première  est  d'une  'lecture  très-facile,  tandis 
que  le  célèbre  empereur  ne  couvrait  le  papier,  comme  la 
seconde  lettre  en  témoigne,  que  d'un  véritable  grabouillage 
dont  le  déchiffrement  fait  le  désespoir  des  paléographes. 

Procédant  ensuite  avec  un  soin  méthodique  qui  lui  fait 
honneur,  M.  Van  Rossum  examine  tour  à  tour  les  abré- 
viations, les  mots  et  parties  de  mots,  les  majuscules  et  les 
minuscules,  les  signatures,  l'orthographe,  les  chiffres  des 
deux  documents  opposés  l'un  à  l'autre.  Il  est  impossible 
de  suivre  dans  ses  détails  un  travail  qui  ne  supporte  pas 
l'analyse.  Je  ne  puis  cependant  m'abstenir  de  citer  ici 
quelques  exemples  frappants  empruntés  aux  observations 
de  M.  Van  Rossum. 

Le  C  initial  de  la  signature  de  l'empereur  dans  la  lettre 
écrite,  dit-on,  à  Rabelais,  vous  pourrez  tous  en  faire  la 
remarque,  n'a  absolument  rien  de  commun  avec  la  même 
iettre  telle  qu'elle  se  trouve  dans  la  lettre  authentique 
de  l'empereur,  en  date  du  14  novembre  1541.  Dans  la 
première,  le  C  est  une  grande  lettre  franchement  dessinée, 
comme  on  le  fait  d'ordinaire;  dans  la  seconde,  il  se  com- 
bine à  la  lettre  qui  suit,  h,  de  manière  à  s'effacer  com- 
plètement. 

La  note  attribuée  à  Rabelais  augmente  encore  les  don  les 
que  la  lettre  fait  naître.  Les  écritures  des  deux  prétendus 
correspondants  offrent  des  points  de  ressemblance  évi- 
dents, et  le  mot  septembre,  en  particulier,  présente  des 
deux  cotés  tant  d'analogie,  qu'à  mon  avis,  dans  une  con- 
testation où  il  s'agirait  d'une  condamnation  capitale,  l'es- 
prit le  plus  méticuleux  n'hésiterait  pas  à  se  prononcer 
contre  l'authenticité  du  document  où  le  fait  se  remarque. 

Les  chiffres  de  la  note  ou  apostille  provoquent  une  ob- 
servation analogue.  Rapprochés  de  ceux  de  Charles-Quint, 


(  202  ) 
les  chiffres  de  Rabelais  trahissent  la  même  main.  Le  faus- 
saire, par  bonheur,  a  eu  plus  d'audace  que  de  science,  et 
l'orthographe  qu'il  a  adoptée  trahit  en  plus  d'un  endroit 
son  ignorance  des  usages  du  seizième  siècle.  Comme  M. Van 
Rossum  le  fait  remarquer,  avec  une  habileté  qui  dénote 
l'homme  habitué  à  manier,  à  copier,  à  analyser  les  docu- 
ments de  l'époque,  le  mot  repceu  était  alors  tout  à  fait 
inusité;  on  écrivait  recepvoir,  receupte,  etc.  On  ne  parlait 
pas,  dirons-nous  à  notre  tour,  de  Charles-Quint,  lorsque 
ce  prince  était  sur  le  trône,  de  même  que,  sous  le  gouver- 
nement du  fils  de  Pépin  le  Rref,  on  ne  connaissait  pas  de 
Charlemagne;  on  disait  simplement  l'empereur  Charles, 
et  cette  locution  était  comprise  de  tout  le  monde. 

Les  preuves  accumulées  dans  le  travail  de  M.  Van  Ros- 
sum me  semblent  concluantes,  et  M.  Chasles  doit  avoir 
été  induit  en  erreur  par  un  faussaire  qui  a  spéculé  sur  le 
culte  que  de  nobles  esprits  professent  pour  tout  ce  qui 
intéresse  l'histoire  des  sciences.  Il  est  de  notre  honneur, 
il  est,  dirons-nous,  de  notre  devoir  de  flétrir  ces  honteuses 
spéculations,  qui  sont  plus  fréquentes  qu'on  ne  le  suppose. 
C'est  pourquoi  j'aurai  l'honneur  de  proposer  à  l'Académie 
de  remercier  M.  Van  Rossum  des  peines  qu'il  s'est  données 
pour  répandre  de  la  lumière  sur  un  point  qui  l'intéresse  à 
un  haut  degré,  et  d'imprimer  son  travail  dans  nos  Bul- 
letins. » 


tfn/tpot'l  de  iW.  f*« *«•#!. 

«  J'ai  pris  connaissance  du  mémoire  de  M.  Van  Ros- 
sum sur  les  lettres  de  Charles-Quint,  communiquées  par 
M.  Chasles  à  notre  honorable  secrétaire  perpétuel,  et  dont 


(  205  ) 

l'authenticité  a  été  contestée  dans  une  séance  précédente 
par  mon  savant  confrère,  M.  Gachard. 

La  classe,  en  renvoyant  ce  travail  à  des  commissaires, 
n'a  pas  entendu  se  faire  juge  du  débat  auquel  il  se  rat- 
tache. L'Académie  n'a  pas  l'habitude  de  se  prononcer  sur 
des  questions  de  ce  genre ,  et  les  opinions  défendues  par 
ses  membres  n'engagent  jamais  que  ceux-ci.  Cela  dit,  je 
me  plais  à  reconnaître ,  comme  mon  confrère,  M.  Wauters, 
les  soins  minutieux  apportés  par  M.  Van  Rossum  dans 
l'examen  auquel  il  s'est  livré.  L'auteur  appuie  trop,  peut- 
être,  sur  certaines  preuves  peu  concluantes  à  mon  avis,  et 
il  en  néglige  d'autres  qu'il  aurait  pu  invoquer  plus  utile- 
ment pour  la  défense  de  sa  thèse;  mais,  en  somme,  il  est 
parvenu  à  démontrer,  avec  infiniment  de  vraisemblance, 
sinon  avec  une  entière  certitude,  la  fausseté  des  lettres 
produites  par  M.  Chasles. 

J'ai  l'honneur  de  proposer  à  la  classe  de  remercier 
M.  Van  Rossum  pour  son  intéressante  communication,  et 
regrette  que  quelques  imperfections  de  détails  ne  me  per- 
mettent point  de  voter  l'impression  de  son  mémoire  dans 
nos  Bulletins.  » 


£(a )»;>» il  de  Mi.   Théodore  Jt<*t<> 

«  Je  demande  à  la  classe  de  m'autoriser  à  lui  soumettre 
verbalement  les  remarques  qui  m'ont  été  suggérées  par  le 
mémoire  de  M.  Van  Rossum.  Tout  en  rendant  justice  à  la 
savante  appréciation  de  mon  honorable  confrère,  M. Wau- 
ters, je  pense,  comme  M.  Polain,  qu'il  ne  convient  pas 
d'engager  la  responsabilité  de  l'Académie,  vu  le  caractère 
exceptionnel  de  cette  controverse.  Mais,  d'autre  part,  je 
ne  voudrais  pas  non  plus  écarter  de  notre  Bulletin  la  partie 


(  204  ) 

réellement  intéressante  du  travail  de  M.  Van  Rossum.  En 
résumé,  j'estime  qu'il  y  a  lieu  de  supprimer  le  préambule 
de  ce  travail,  et,  après  révision  préalable,  d'insérer,  sous 
forme  d'observations,  la  partie  commençant  ainsi  :  «  Et 
tout  d'abord  la  lecture  de  la  pièce  en  question....  »  jusqu'à 
ces  mots  :  «  Qu'il  n'est  pas  donné  à  tout  le  monde  de 
raconter.  »  Telle  est  l'opinion  que  je  désirerais  motiver 
verbalement.  » 


Lettres  inédites   de  Marie-Thérèse,  recueillies  par  M.  le 
baron  Kervyn  de  Lettenhove. 

Rapports  de  MM.    Th.  Juste  et   €iarha»'d. 

MM.  Théodore  Juste  et  Gachard  rendent  compte  du 
travail  présenté,  à  une  précédente  séance ,  par  M.  le  baron 
Kervyn  de  Lettenhove,  et  intitulé  :  Lettres  inédites  de 
Marie-Thérèse.  Ils  font  ressortir,  l'un  et  l'autre,  l'intérêt 
qu'offrira  la  publication  de  celle  correspondance,  et  en 
proposent  l'insertion  dans  le  recueil  des  Mémoires  in-8". 
Cette  insertion  est  votée  par  la  classe. 

Bien  qu'il  ne  soit  pas  d'usage  de  livrer  à  la  publicité 
les  rapports  faits  sur  les  travaux  des  membres  de  la  Com- 
pagnie, il  y  a  lieu  d'extraire  le  passage  suivant  de  l'appré- 
ciation faite  par  l'un  des  deux  rapporteurs,  passage  qui 
indique  parfaitement  le  caractère  de  la  publication  pro- 
jetée, et  qui  renferme  d'ailleurs  «  des  détails  de  nature  à 
intéresser  la  science  historique  (1).  » 

«  Les  lettres  de  Marie-Thérèse  à  Mme  d'Herzelles,  dit 
M.  Gachard ,   confirment  l'impression  que  laisse  la  lec- 


(1)  An.  20  du  Règlement  général  de  l'Académie. 


(  205  ) 
Une  de  cette  correspondance  sur  le  désaccord  qui  ré- 
gnait, en  beaucoup  de  choses,  entre  l'impératrice  et  son 
fils,  mais  elles  montrent  en  même  temps  la  tendresse  en 
quelque  sorte  jalouse  quelle  avait  pour  ce  (ils,  qui  faisait 
peu  de  cas  de  ses  conseils  et  de  ses  remontrances.  La 
classe  en  jugera  par  quelques  extraits.  Le  9  juillet  1771 , 
Marie-Thérèse  exprime  son  chagrin  de  ce  que  l'espoir 
qu'elle  avait  eu  de  voir  du  changement  dans  l'Empereur 
s'est  évanoui ,  et  elle  ajoute  :  «  La  même  indifférence,  le 
même  éloignement  à  éviter  même  de  se  trouver  avec  moi. 
Nous  ne  logeons  pas  même  ensemble  :  lui,  en  ville,  moi 
ici  (à  Schœnbrunn).  Cela  m'a  fait  grande  peine  au  com- 
mencement, mais  je  tache  de  me  rendre  tous  les  jours 
plus  insensible  :  à  la  longue  on  réussit.  Nous  ne  nous 
voyons  qu'au  moment  qu'on  va  dîner  et  d'abord  après  on 
se  sépare  et  l'on  ne  se  voit  plus  du  tout.  Voilà  l'agréable 
vie  que  nous  menons...  »  (Lettre  X.) 

«  Le  2  juillet  1772,  elle  écrit  à  son  amie  :  «  Si  vous 
pouviez  voir  par  une  lunette  d'approche  ici,  vous  seriez 
bien  étonnée.  Cet  empereur,  si  ennemi  des  femmes,  ne 
peut  être  asteur  sans  elles  jusqu'à  minuit  et  plus  tard, 
aux  promenades,  aux  jardins  (hors  celui  que  j'habite),  au 
théâtre,  dans  leurs  maisons.  Ce  n'est  qu'un  changement 
continuel.  Il  se  croit  au-dessus  de  tout  et  ne  s'en  sert  que 
pour  son  amusement.  Voilà  ce  qu'il  dit.  Je  souhaite  qu'il 
le  soutienne.  Vous  le  connaissez  :  il  est  charmant  quand 
il  veut;  il  charme  tout  le  monde.  Il  n'y  a  que  dans  sa 
famille  où  il  n'est  pas  de  même.  »  (Lettre  XL)  —  Enfin, 
elle  lui  mande,  le  16  décembre  de  la  même  année  :  «  Ma 
chère  amie,  tout  est  perdu,  et  rien  à  gagner  pour  moi. 
Cela  rend  ma  vie  bien  dure  et  mon  goût  pour  la  retraite 
nécessaire.  Mon  fils  est  partout  admirable,  hors  chez  lui. 


(  206  ) 

Cela  est  d'autant  plus  sensible.  Nous  ne  nous  voyons  plus 
qu'à  dîner  ou  au  conseil  et  il  faut  être  bien  sur  ses  gardes, 
pour  ce  peu  de  moments,  qu'on  ne  retombe  en  contesta- 
tions. 11  est  bien  changé;  mais  je  ne  saurais  dire  en  bien, 
depuis  votre  départ...  »  (Lettre  XV.) 

»  Une  des  plus  curieuses  entre  ces  lettres,  est  celle 
du  24  octobre  1767,  où  l'impératrice  donne  ses  instruc- 
tions à  la  marquise  d'Herzelles  pour  l'éducation  de  sa  pe- 
tite-fille l'archiduchesse  Marie-Thérèse  :  elle  contient  des 
détails  minutieux  sur  ce  que  doit  faire  la  jeune  princesse 
depuis  l'instant  de  son  réveil  jusqu'à  son  coucher.  » 

»  Citons  encore  la  XVIe  où  il  est  question  du  trop  fa- 
meux cardinal  de  Rohan,  que  Louis  XV  avait  envoyé  à 
Vienne  en  qualité  d'ambassadeur  extraordinaire  :  «  Nous 
avons  un  ambassadeur-évèque  ici,  de  France,  qui  est  pire 
que  tous  les  petits  maîtres.  Il  se  promène  habillé  en  ma- 
telot avec  vingt  femmes  et  il  aurait  toutes  à  sa  suite,  s'il 
en  voulait.  C'est  honteux  pour  nous.  Mais  ce  qui  vous 
étonnera,  c'est  que  la  Dielrichstein,  femme  du  grand 
écuyer,  est  la  prima  donna  de  toutes  les  folies,  aussi  la 
Riesach,  la  Lignofsgi,  la  jeune  Paar,  Esterhazi ,  Windis- 
grals,  etc.,  tout  cela  lui  fait  la  cour  honteusement...  » 

»  11  paraît  qu'à  cette  époque  les  grandes  dames  à  Vienne 
se  souciaient  assez  peu  du  décorum;  je  lis  dans  une  lettre 
que  Joseph  II  écrivait,  le  9  juin  1774,  à  son  frère  Léo- 
pold  :  «  L'envoyé  turc  occupe  toute  la  ville  ;  l'on  court  le 
voir;  les  dames  se  laissent  caresser  au  visage  par  les  valets 
et  marmitons  de  sa  suite,  sans  s'en  fâcher  (1).  » 


(I)  Maria-T  lier  esta  und  Joseph  II ,  2»1C  vol.,  p.  30. 


(  207  ) 


Histoire  de  la  littérature  espagnole;  par  M.  Ferd.  Loisc , 
professeur  de  rhétorique  française  à  l'Athénée  royal  de 
Tournai. 

Rappot'l  de  M.   no  Becker. 

«  L'Académie  voudra  bien  se  rappeler  que,  au  con- 
cours de  1858,  elle  a  couronné  un  travail  de  M.  Loise, 
intitulé  :  De  V influence  de  la  civilisation  sur  la  poésie.  Ce 
travail  primitif  n'embrassait  que  les  littératures  anciennes. 
Depuis  il  a  reçu  un  premier  complément.  Aujourd'hui  l'au- 
teur présente  à  l'Académie  un  nouveau  volume  contenant 
l'historique  de  la  littérature  espagnole,  moins  la  partie 
relative  au  théâtre,  qui  fera  l'objet  d'un  envoi  prochain. 

La  communication  successive  et  indéfinie  de  supplé- 
ments importants  à  un  mémoire  couronné  il  y  a  près  de 
dix  ans,  présente  quelque  chose  d'insolite  qui  pourrait 
créer  (je  crois  devoir  en  prévenir  l'Académie)  un  précé- 
dent de  nature  à  l'engager  au  delà  de  ses  prévisions. 
Cependant,  d'un  autre  côté,  l'Académie,  qui  a  pour  mis- 
sion d'encourager  les  études  sérieuses  dans  le  pays  et  qui 
doit  désirer  que  les  travaux  qu'elle  couvre  de  son  patro- 
nage résolvent  complètement  les  questions  mises  au  con- 
cours par  elle,  l'Académie  me  parait  devoir  accueillir  avec 
faveur  le  nouveau  travail  de  M.  Loise.  Il  est  digne,  du 
reste,  de  ceux  qui  l'ont  précédé. 

Je  n'ai  pas  la  prétention  de  connaître  suffisamment 
l'histoire  de  la  littérature  espagnole  pour  accepter  la  res- 
ponsabilité de  toutes  les  appréciations  faites  par  M.  Loisc 
des  innombrables  productions  des  principaux  écrivains 
qui  sont  l'éternel  honneur  de  cette  nation. 


(  208  ) 

Je  me  suis  attaché  à  suivre  particulièrement  l'auteur 
dans  ses  considérations  générales,  depuis  les  origines  de 
la  littérature  espagnole,  passant  par  les  diverses  phases  de 
la  poésie  populaire  (poëmes  historiques,  chansons,  ro- 
mances chevaleresques),  parcourant  avec  lui  le  grand 
siècle  littéraire  du  règne  de  Charles-Quint  à  l'avènement 
de  la  maison  de  Bourhon. 

En  général,  la  critique  de  M.  Loise  est  juste  dans  ses 
aperçus,  élevée  dans  ses  tendances.  Son  style  est  élégant 
et  coloré,  sans  cesser  d'être  nerveux  et  substantiel.  Le 
nouveau  travail  de  M.  Loise  figurera  donc  avec  honneur 
dans  les  Mémoires  de  l'Académie.  » 


Btappoft  de  iff.   J»of«i#». 

«  J'ai  lu  avec  beaucoup  d'intérêt  le  nouveau  travail  de 
M.  Loise,  que  la  classe  m'a  fait  l'honneur  de  renvoyer  à 
mon  examen;  et,  comme  mon  honorable  confrère,  M.  De 
Decker,  je  le  crois  parfaitement  digne  de  figurer  dans  les 
Mémoires  de  l'Académie. 

Les  deux  premiers  mémoires  que  nous  a  adressés 
M.  Loise  étaient  consacrés,  l'un  aux  œuvres  poétiques  de 
l'antiquité,  l'autre  à  l'histoire  de  la  poésie  en  France  et  en 
Italie,  jusqu'à  la  fin  du  dix-huitième  siècle.  Celui-ci  retrace 
le  mouvement  littéraire  de  l'Espagne,  depuis  les  temps  les 
plus  reculés  jusqu'à  l'avènement  de  la  maison  de  Bourbon, 
moins  le  théâtre,  qui  doit  faire  l'objet  d'un  envoi  ultérieur 
et  très-prochain. 

M.  Loise  compte  ensuite  passer  successivement  en  revue 
l'Angleterre,  l'Allemagne,  la  Hollande  et  la  Belgique  et  les 


(  209  ) 

peuples  de  race  slave;  après  quoi,  il  abordera  l'histoire  de 
la  poésie  au  dix-neuvième  siècle.  Nous  sommes  loin  de  la 
fin,  comme  on  voit,  et  il  faudra  plusieurs  volumes  encore 
à  l'auteur  pour  achever  son  œuvre,  s'il  la  continue  sur  le 
même  plan. 

Je  l'aurais  désirée  moins  vaste;  j'en  supprimerais  volon- 
tiers quelques  détails,  qui  ne  me  semblent  pas  absolument 
nécessaires;  mais  telle  qu'elle  est,  je  ne  puis  y  méconnaître 
un  talent  réel,  une  érudition  abondante  et  variée,  un  style 
plein  de  vie  et  d'éclat. 

Il  y  a  sans  doute  quelque  chose  d'insolite,  comme  l'a 
fait  remarquer  avec  raison  notre  premier  rapporteur,  dans 
la  communication  successive  et  indéfinie  de  suppléments 
importants  à  un  mémoire  couronné  il  y  a  près  de  dix  ans. 
Mais  il  convient  de  remarquer  que  chacun  de  ses  supplé- 
ments forme,  à  lui  seul,  un  travail  complet,  qui  peut  sans 
inconvénient  être  détaché  des  autres  parties  de  l'ouvrage, 
et  que  l'Académie  reste  aussi  toujours  libre  de  s'arrêter 
quand  elle  le  jugera  à  propos. 

Tout  en  proposant  l'impression  du  travail  de  M.  Loise, 
je  suis  d'avis  néanmoins  qu'il  ne  pourra  l'entreprendre 
qu'après  la  réception  de  la  partie  du  manuscrit  qui  doit 
compléter  le  tableau  littéraire  de  l'Espagne.  » 

La  classe  décide  que  l'ouvrage  de  M.  Loise  prendra 
place  dans  la  collection  des  Mémoires  in-8rt. 


{  210) 
COMMUNICATIONS  ET  LECTURES. 


M.  le  baron  de  Saint-Génois,  membre  de  la  classe, 
donne  lecture  d'une  notice  retraçant  la  vie  et  les  travaux 
de  M.  Warnkœnig,  associé,  que  l'Académie  a  perdu  au 
mois  d'août  1866. 

Ce  travail  prendra  place  dans  ['Annuaire  de  la  Com- 
pagnie pour  1868. 


(  211  ) 


CLASSE    DES   BEAUX-ARTS 


Séance  du  Ier  août  1867. 

M.  Alph.  Balat,  directeur. 

M.  Ad.  Quetelet,  secrétaire  perpétuel. 

Sont  présents  :  MM.  L.  Alvin,  G.  Geefs,  Hanssens, 
Navez,  Van  Hasselt,  Joseph  Geefs,  Ferd.  De  Braekeleer, 
Fraikin,  Ed.  Fétis ,  Edm.  De  Busscher  ,  Payen,  le  cheva- 
lier Léon  de  Burbure,  Franck,  Ad.  Siret,  Julien  Leclercq, 
membres;  Daussoigne-Méhul ,  associé. 


CORRESPONDANCE. 


M.  le  Ministre  de  l'intérieur  communique  le  rapport  que 
M.  Gustave  Huberti,  lauréat  du  grand  concours  de  compo- 
sition musicale  de  1865,  vient  de  lui  adresser,  et  prie  le 
secrétaire  perpétuel  de  transmettre  ce  document  à  la  sec- 
tion permanente  du  jury,  composée  de  MM.  Fr.  Fétis, 
Daussoigne-Méhul  et  Hanssens. 

Le  même  haut  fonctionnaire  Iransmel  également  à  la 
classe  des  beaux-arts  une  copie  du  procès-verbal  des  opé- 
rations du  jury  chargé  de  juger  le  grand  concours  de  1867. 


(  212  ) 
Il  résulte  de  ce  procès-verbal,  que  le  1er  prix  de  composi- 
tion musicale  a  été  décerné  à  M.  Philippe-Henri-Pierre- 
Jean-Baptiste  Waelput,  de  Gand,  et  qu'il  a  été  accordé  un 
second  prix  en  partage  à  MM.  Léon  Van  Gheluwe,  de 
Wanneghem-Lede,et  Louis-Antoine  Haes,  de  Tournai. 

—  M.  le  secrétaire  perpétuel  t'ait  connaître  qu'il  a  reçu, 
depuis  la  précédente  séance,  le  rapport  rédigé  par  M.  Blom- 
maert,  comme  membre  du  jury  chargé  d'apprécier  le  con- 
cours ouvert  pour  la  composition  d'une  cantate  flamande, 
et  que  ce  rapport  a  été  inséré  dans  le  recueil  des  Bulletins 
de  l'Académie. 

—  M.  André  Van  Hasselt  fait  hommage  de  la  traduc- 
tion française  rhythmée  qu'il  vient  de  publier,  en  collabo- 
ration avec  M.  J.-B.  Rongé,  de  l'opéra  allemand  Obéron, 
par  Weber.  Des  remercîmenls  sont  volés,  à  ce  sujet,  aux 
traducteurs. 

—  La  société  royale  des  beaux-arts  et  de  littérature  de 
Gand  adresse  à  l'Académie  le  programme  ouvert  par  elle 
pour  l'année  1867  à  1868. 


COMMUNICATIONS  ET  LECTURES. 


M.  Daussoigne-Méhul,  en  signalant  à  l'attention  de  ses 
confrères  quelques-uns  des  inconvénients  qui  résultent  de 
l'organisation  actuelle  des  grands  concours  de  composition 
musicale,  regrette  que  l'absence  de  M.  F.  Fétis  l'empêche 
d'entrer  dans  le  vif  de  la  question  et  de  faire  ressortir  l'ur- 


(  213  ) 
Éence  d'une  réforme  dans  le  mode  suivi  depuis  quelques 


années 


Sur  l'invitation  qui  lui  est  faite  par  ses  confrères, 
M.  Daussoigne  s'engage  à  reproduire  la  note  déjà  commu- 
niquée précédemment  par  lui,  et  qui  a  pour  objet  l'examen 
des  obligations  imposées  aux  lauréats  et  la  marche  suivie 
pour  leurs  études.  Après  une  assez  longue  discussion  sur 
le"  nouveau  mode  adopté  pour  le  choix  des  cantates,  fla- 
mandes ou  françaises,  discussion  à  laquelle  MM.  Daus- 
soigne, Ed.  Fétis,  Al  vin,  Van  Hasselt  et  de  Burbure  ont 
particulièrement  pris  part,  la  classe  décide  qu'elle  se  livrera, 
dans  sa  prochaine  réunion,  à  un  examen  approfondi  de 
divers  problèmes  que  l'organisation  des  concours  soulève. 


OUVRAGES  PRÉSENTÉS. 


Lettres  et  négociations  de  Philippe  de  Commines,  publiées 

avec  un  commentaire  historique  et  biographique,  par  M.  le 

baron  Kervyn  de  Lettenhovc.  Tome  Ier.  Bruxelles,  1807;  in-8°. 

Morren  (Ed.).  —  L'origine  des  variétés  sous  l'influence  du 

climat  artificiel  des  jardins.  ln-8°. 

Morren  (Ed.).  —  Revue  générale  de  l'état  et  des  progrès  de 
l'horticulture  belge  en  1805  et  1860.  Gand,  1807;  in-8°. 

Morren  (Edouard).  —  H.-M.  Gaede,  sa  vie  et  ses  œuvres, 
.« "on  iQir.   nonri    1865;in-8°. 

—  La  duplication  des  fleurs  et  la  pana- 
particulier  chez  la  Kerria  japonica. 
; 
2me  SÉRIE,  TOME  XXIV.  15 


(  214  ) 

Morren  {Edouard).  —  Recherches  expérimentales  pour  dé- 
terminer l'influence  de  certains  gaz  industriels,  spécialement 
du  gaz  acide  sulfureux  sur  la  végétation.  Londres,  1866;  in-8°. 

Commission  royale  d'art  et  d'archéologie. —  Bulletin,  VIe  an- 
née, mars  et  avril  4867.  Bruxelles,  1867;  in-8°. 

Bévue  trimestrielle,  2e  série,  15e  volume.  Bruxelles,  1867; 
4  vol.  in- 12. 

Conseil  supérieur  d'agriculture  du  royaume  de  Belgique. 
—  Bulletin,  tome  XX,  lre  partie.  Bruxelles,  4867;  in-4°. 

Cornet  (F.-L.)  et  Briart  (A.).  —  Description  minéralogique, 
paléontologique  et  géologique  du  terrain  crétacé  de  la  pro- 
vince de  Hainaut.  Mémoire  couronné.  Mons,  1866;  in-8°. 

Fédération  des  sociétés  d'horticulture  de  Belgique.  —  Bul- 
letin, 1866,  1er  fascicule.  Gand,  1867;  in-8°. 

Les  liggeren  et  autres  archives  historiques  de  la  gilde  atl- 
versoise  de  Saint-Luc,  sous  la  devise  :  Wi  consteu  versaemt , 
transcrits  et  annotés  par  Ph.  Rombouts  et  Th.  Van  Lerius, 
avocat.  4n,e  à  6me  livr.  Anvers,  4867;  5  cah.  in-8°. 

Société  royale  d'agriculture  et  de  botanique  de  Gand.  — 
429me  exposition  de  plantes.  Gand,  4867;  in-8°. 

Essai  de  tablettes  liégeoises,  par  Alb.  d'Otreppe  de  Bou- 
vette.  74e  livraison.  Liège,  1867;  in-42. 

Conseil  de  salubrité  publique  de  la  province  de  Liège.  — 
Compte  rendu  des  travaux  de  Tannée  1866,  par  M.  A.  Spring. 
Liège,  4867;  in-8°. 

L'Abeille,  revue  pédagogique,  publiée  par  M.  Th.  Braun. 
XIII0  année,  4e  à  7e  livr.  Bruxelles,  4867;  5  broch.  in-8°. 

Journal  des  beaux-arts ,  9mc  année,  nos  15  et  44.  Saint- 
Nicolas,  1867;  2  feuilles  in-4°. 

Archives  cosmologiques,  revue  des  sciences  naturelles, 
4re  année,  nos  1  à  5.  Bruxelles,  4867;  5  cah.  in-8°. 

Le  chimiste,  5""'  année,  nos  I,  2  et  5.  Bruxelles,  4867; 
3  feuilles  in-12. 

Société  d'Emulation  pour  l'étude  de  l'histoire  et  des  anli- 


(  215  ) 

'mités  de  la  Flandre,  à  Bruges.  —Annales,  5e  série,  tome  1er, 
nos  5  et  4.  Bruges,  1866;  in-8°. 

Revue  britannique,  nouvelle  série,  7e  année,  n°  7,  juillet 
1867.  Bruxelles,  1867;  in-8°. 

Messager  des  sciences ,  année  1867,  2e  livr.  Gand;  in-8° 

Société  des  sciences,  des  arts  et  des  lettres  du  Hainaut ,  à 
Mons. —  Mémoires  et  publications,  2e  série,  tome  X,  5r  série, 
tome  Ier.  Mons,  1866-1867;  2  vol.  in-8°. 

Exposé  de  la  situation  administrative  des  neuf  provinces 
pour  Vannée  1867  et  rapports  des  commissaires  d'arrondis- 
sements d'Anvers  et  de  Matines.  1 1  vol.  in-8". 

Thielens  (Armand).  —  Une  excursion  botanique  dans  le 
Luxembourg  français.  Bruxelles,  1866;  in-8°. 

Journal  historique  et  littéraire,  tome  XXIV,  livraison  o. 
Bruxelles,  1867;  in-8". 

Muséum  botanici  Lugduno-  Batavi.  —  Annales,  edidit 
F.-A.  Guil.  Miquel,  tomus  III,  fasc.  1-5.  Amsterdam,  1867; 
b'  cah.  in-4". 

Nalurforschende  Gesellschaft  in  Zurich.  —  Vierteljahrs- 
sebrift,  lXurund  XI1"  Jabrg.  Zurich,  186i-186(5;  12  cahiers 
in-8°. 

Favre  (Alph.).  —  Rapport  sur  les  travaux  de  la  Société  de 
physique  et  d'histoire  naturelle  de  Genève,  de  juin  1866  à 
mai  1867.  Genève,  1867;  in-4°. 

Favre  (Alph.).  -  Note  sur  le  terrain  triasique  de  la  Savoie, 
suivie  d'une  lettre  de  M.  Ch.  Lory  sur  le  même  sujet.  Genève, 
1867;  in-8°. 

Geologische  Commission  der  Schiveizer  Xalurforsch.  Ge- 
sellschaft zu  Bem.  —  Beitrage  sur  geologischen  Karte  der 
Schweiz,  IVdc  Lieferung.  Aargauer-Jura,  von  Moersch.  Berne, 
1867;  in-4°. 

Comité  flamand  de  France  à  Lille.  —  Bulletin,  tome  IV, 
n"  6,  avril  à  juin  1867.  Lille,  1867;  in-8°. 


(  216  ) 

Société  des  sciences  physiques  et  naturelles  de  Bordeaux.  — 
Mémoires,  tome  IV,  lfr  cahier  (suite),  tome  V,  1er  cahier.  Bor- 
deaux, 1866-1867;  2  cah.  gr.  in- 8°. 

Boucher  de  Perthes  (7.).  — Exposition  publique  des  produits 
de  l'industrie.  Le  président  de  la  Société  d  émulation  aux  ou- 
vriers, 1855,  5ilie  édition.  Paris,  4807;  in-8°. 

Société  géologique  de  France.  —  Bulletin,  2e  série,  t.  XXII , 
feuilles  57  et  58.  Paris;  in-8°. 

Société  impériale  d'agriculture  de  Yalenciennes.  —  Revue 
agricole,  etc.,  19me  année,  t.  XXI,  n°  G.  Valenciennes,  1867; 
in-8°. 

De  Coussemaker  (E.).  —  Élections  aux  états-généraux  de 
1781)  dans  la  Flandre  maritime;  procès-verhaux,  cahiers  de 
doléances  et  autres  documents.  Paris,  186i;  in-8°. 

Société  philomatique  de  Paris.  —  Bulletin,  tome  IV,  jan- 
vier-février, 1867.  Paris;  in-8°. 

Wolowski  (/,.).  —  La  banque  d'Angleterre  et  les  banques 
d'Ecosse.  Paris,  1867;  in-8°. 

Delesse  et  de  Lapparent.  —  Revue  de  zoologie  pour  les 
années  1864  et  1865,  t.  IV.  Paris,  1866;  in-8". 

Enquête  sur  les  principes  et  les  faits  généraux  qui  régissent 
la  circulation  monétaire  et  fiduciaire.  Déposition  de  M.  Wo- 
lowski, séances  des  21,  28  et  50  novembre  1865.  Paris,  1866; 
in-folio. 

Matériaux  pour  l'histoire  positive  et  philosophique  de 
l'homme,  par  Gabriel  de  Mortillet,  IIIe  année,  nos  5  et  6. 
Paris,  1867;  in-8°. 

Boucher  de  Perthes.  —  Des  idées  innées  :  de  la  mémoire  et 
de  l'instinct.  Paris,  1867;  in-8°. 

École  impériale  polytechnique  de  France.  —  Journal,  pu- 
blié par  le  conseil  d'instruction  de  cet  établissement,  42e  cahier 
(tome  XXV).  Paris,  1867;  in-4°. 

Académie  impériale  des  sciences,  belles-lettres  et  arts  de 


(  217  ) 

£yon.  —  Mémoires  :  classe  des  sciences,  tomes  XIV  et  XV. 
Lyon,  1864-1866;  2  vol.  in-8°;  classe  des  lettres,  tome  XII. 
Lyon,  1864-1865;  in-8°. 

Société  impériale  d'agriculture  de  Lyon.  —  Annales  des 
sciences  physiques  et  naturelles,  tomes  IX  et  X  (3me  série). 
Lyon,  1865-1866;  2  vol.  in-8°. 

Société  linnèenne  de  Lyon.  — Annales,  tomes  XII,  X1I1  et 
XIV.  Lyon,  1666-1867;  3  vol.  in-8°. 

Société  vaudoise  des  sciences  naturelles,  à  Lausanne.  —  Bul- 
letin, vol.  IX,  n°  57.  Lausanne,  1867;  in-8°. 

Von  Martius  (Carl-Friedrich-Phil.).  —  Beitrâge  zur  Ethno- 
graphie und  Sprachenkunde  Amerika's  zumal  Brasiliens.  I,  zur 
Ethnographie;  II,  zur  Sprachenkunde.  Leipzig,  1867;  2  vol. 
in-8°. 

Jus  tu  s  Perthes  geographischer  Anslalt  zu  Gotha.  —  Mitthei- 
lungen  ùber  Wichtigc  neuc  erforschungen  aufdem  Gesammt- 
gebiete  der  Géographie,  von  DrA.  Petcrmann,  1867,  Vil1"  und 
VIIIlerHeftes.Erganzungshcft,  n°  20.  Gotha,  1867;  1  cah.  in-4°. 

Physikalische-Medecinischen  Societilt  zu  Erlangen.  —  Ver- 
handlungen,  1865-1867.  Erlangen,  1867;  in-8°. 

Vereine  fur  Geschichte  der  Mark  Brandenburg  zu  lie  ri  in. 
—  Markische  Forschungen  ,  Xtcr  Band.  Berlin,  1867;  in-8°. 

Physikalische-Medicinische  Gesellschaft  zu  Wurzbourg.  — 
Medicinischc  Zeitschrift,  V1I,C'  Band ,  4dt  Heft.  Wurzbourg, 
1867;  in-8°. 

Kuhn  (C).  —  Meteorologischer  Jahresbericht  fur  1864,  mit 
Nachtragcn  aus  dem  Jahre  1865.  Berlin,  1866;  in-8°. 

JYaturwissenschaftliche  Verein  fur  Sleiermark  zu  Graz.  — 
Mittheilungen,  lVdc  Heft.  Gratz,  1867;  in-8°. 

Von  Sass  (Arthur-  Ferdinand  baron).  —  Untersuchungen 
ùber  die  Eisbedeckung  der  Meeres  an  den  Kùsten  der  Insein 
Osel  und  Moon  Saint-Pétersbourg,  1867;  in-8°. 

Uuiversitât  zu  Kiel.  —  Schriften  aus  dem  Jahre  1866, 
Band  XIII.  Kiel,  1867;  in-4°. 


(  218  ) 

Vereins  fur  Erdkunde  zu    Darmstadt.  —  Nolizenblatt, 

Hldc  folgc,  Vde  Heft,  nr  49-GO.  Darmstadt,  d8GG;  in-8°. 

Zoologiscfie  Gesellschaft  zu  Francfort  A/M.  —  Der  zoolo- 
gische  Gasten,  VIII  Jahrg.,  nos  I  bis  G.  Francfort  S/M,  1807; 
G  cah.  in-8°. 

Von  Arneth (Alfred,  RlUer). —  Maria  Theresia  und  Joseph  11, 
ihre  correspondent,  II,erBand,  1773,  Juli  1778.  Vienne,  1867; 
in  -8°. 

Kekulè  (Aug.).  —  Lehrbncli  der  organischen  Cheinie,  oder 
der  Cliemie  der  Kohlenstoffvcrbindungen  ,  IIllcr  Band,  lslc  Lie- 


ferung  Erlangen,  1807;  in-8°. 


-  Sit- 
i   2! 


Kaiser  H  che  Akademie  der  Wissenschaften  in  Wien. 
zung  der  math.-natnrw.  Classe.  Jahrg.  1807,  n"s  10 
Vienne;  6  feuilles  in-8°. 

Heidelberger  Jahrbùcher  der  Literatur,  XL,cr  Jahrg  ,  h 
und  G  Heft.  Heidelberg,  1867  ;  5  cah.  in-8". 

Archtv  der  Mathematik  und  Physik,  herausgegebcn  von 
J.-A.  Grunert,  XLVIsler  Theil,  IVde  Heft.  Greifswald,  18G7; 
in-8°. 

Vereine  fur  Vaterlandische  Xaturkunde  in  Wurttentberg. 
—    Wurttembergische    Naturwissenschaftliche    Jahreshefte, 


XXII1"  Jahrg.,  "2  und  5  Heft, 


XXIIIlM  Jahrg.,  1  Heft.  Wurt- 


leinberg,  1807  ;  2  cah.  in-8°. 

Phi/sikalische  Vereins  zu  Frank  fart  am  Main.  —  labres- 
Bericht  fur  das  Rechnungsj  ihr  1865-1866.  Francfort  S/M  , 
186G;in-8°. 

Société  impériale  des  naturalistes  de  Moscou.  —  Bulletin 
année  1866,  n"s  III  et  IV.  Moscou  I8GG;  2  vol.  in-8". 

Libros  del  saber  de  astronomia  dcl  rcy  d.  Alfonso  X  de  Cas- 
lilla,  copilados,  anotados  y  conientados  por  don  Manuel  Rico 
y  Sinobas.  ïomo  IV.  Madrid,  1 800 ;  in-folio. 

Commissao  geologica  de  Portugal.  —  Molluscos  fosseis  Gas- 
téropodes dos  deposilos  lerciarios  de  Portugal,  por  Pereira 
da  Costa.  SJQ  caderno  paginas  117-!2j2.  Lisbonne,  1867;  in-4° 


(  219  ) 

Âtmanaque  nautico  para  1800,  calculado  en  el  obscrvatorio 
de  Marina  de  la  Ciudad  de  San  Fernando.  Câdiz,  1804;  in-8°. 

Royal  Society  of  Literature  of  London.  —  Transactions  , 
second  séries,  vol.  VIII.  Londres,  1 806 ;  5  cah.  in-8°. 

Xamismatic  Society  of  London.  —  The  nnmismatic  ehro- 
nicle,  1807,  part  II,  new  séries,  n°  XXVI.  Londres,  18G7; 
in-8°. 

The  Laboratory,  18G7,  nos  14  à  21.  Londres,  7  cah.  in-8°. 

Académie  impériale  des  sciences  de  Saint-Pétersbourg.  — 
Mémoires,  tome  X,  n°*  5  à  15.  Saint-Pétersbourg,  1800  ; 
12  cah.  in-4°.  —  Bulletin,  tomes  X  et  XI,  îivr.  1-19.  Saint- 
Pétersbourg,  1800;  G  cah.  in-4°. 

Von  Koehne  (Bn"  B.). —  Uncdirte  Miïnzen  ans  der  Sammlung 
S.  E.  des  k.-k.  Internuntius  zu  Konstantinopel,  Nerrn  Frciherr 
von  Prokesch-Osten.  In-8°. 

Maestri  {Pierre).  —  Rapport  soumis  à  la  junte  organisa- 
trice sur  le  programme  de  la  VImc  session  du  congrès  interna- 
tional de  statistique.  Florence,  1807;  in-8°. 

Negri  (Cristoforo).  —  •  Scritti  varii.  Turin,  1865;  in-8°. 

Chemical  Society  of  London.  —  Journal,  série  2,  vol.  V, 
april-may-june  1867.  Londres;  5  cah.  in-8°. 

Linnean  Society  of  London.  —  Transactions,  vol.  XXV,  part 
the  third.  Londres,  1807;  1  vol.  in-4°. —  General  index,  vol.  I  to 
XXV.  Londres,  1807;  1  vol.  in-4°.  —  Journal  :  Botanv,  vol.  IX, 
nos  58-39;  Zoology,  vol.  IX,  nos  34-35.  Londres,  1800-1807; 
4  cah.  in-8°.  —  List  of  the  members,  1866.  ln-8°. 

Royal  Society  of  London.  —  Philosophical  transactions, 
vol.  150,  part  2,  vol.  157,  part  1.  Londres,  1806-1807;  i>  vol. 
[n-4°.  —  List  of  the  members  30  th.  november  1866. —  Pro- 
ceedings  (vol.  XV),  nns  87-«>5  (vol.  XVI),  n°  94.  Londres, 
1807;  8  cah.  in-8°. 

Philosophical  Society  of  Glasgow.  —  Proccedings,  vol.  III, 
IV,  V  and  VI,  nos  1-2.  Glasgow,  18V8-1800;  14  cah.  ia-8°. 


(  220  ) 

E ntomological  Society  of  London.  —  Transactions,  third 
séries,  vol.  III,  part  thc  third.  Londres,  1800;  in-8°. 

Astronomical  and  meteorological  observations  made  at  the 
Badclijfc  observutory,  Oxford,  in  thc  year  î 8G4-,  under  the 
superintendance  of  the  Rev.  Robert  Main,  vol.  XXIV.  Oxford, 
1807;  in-8°. 

The  american  Journal  of  science  and  arts,  second  séries, 
vol.  43,  n°  429.  New-Haven,  1807;  in-8°. 


BULLETIN 


DR 


L'ACADÉMIE  ROYALE  DES  SCIENCES, 


DES 


LETTRES  ET  DES  BEAUX-ARTS  DE  BELGIQUE, 
1867.  —  IN»*  9  et  10. 


CLASSE     DES    BEAUX-AKTS. 


Séance  du  22  septembre  1867. 

M.  F.  Fétis,  vice-directeur,  occupe  le  fauteuil. 
M.  L.  Alain  ,  faisant  fonctions  de  secrétaire. 

Sont  présents  :  MM.  Van  Hasselt,  Vieuxtemps,  J.  Geefs, 
F.  De  Brackeleer,  Fraikin,  Ed.  Fétis,  Edm.  De  Busscher, 
Porlaels,  Payen,  le  chevalier  de  Burbure,  Franck,  Ad. 
Sirct,  Julien  Leclercq,  membres;  Daussoigne-Méhul,  as- 
socié. 

2me  SÉRIE  ,  TOME  XXIV.  16 


(  222  ) 
CORRESPONDANCE. 


M.  Balat,  directeur  de  la  classe,  fait  connaître  qu'un 
deuil  de  famille  l'empêchera  de  présider  les  deux  séances 
fixées  au  22  et  au  25  septembre  ;  il  prie  le  secrétaire  perpé- 
tuel d'être  à  cette  occasion,  auprès  de  ses  confrères,  l'in- 
terprète de  ses  vifs  regrets. 

—  Des  lettres  du  palais  expriment,  de  la  part  du  roi  et 
du  comte  de  Flandre,  le  regret  de  ne  pouvoir  assister  à  la 
séance  publique  de  la  classe. 

—  Une  dépêche  ministérielle  propose  de  fixer  la  séance 
publique  de  la  classe,  qui  est  comprise  dans  le  programme 
officiel  des  fêtes  de  septembre,  au  lundi,  25  de  ce  mois,  à 
midi. 

—  M.  Amédée  Jouvenel  annonce  la  mort  de  son  père, 
M.  Adolphe  Jouvenel,  correspondant  de  la  classe,  dans  la 
section  de  gravure,  décédé  à  Bruxelles,  le  9  septembre 
dernier,  à  l'âge  de  soixante-neuf  ans. 

—  M.  le  Ministre  de  l'intérieur  transmet  copie  du  pro- 
cès-verbal du  jury  chargé,  par  son  arrêté  du  8  août  der- 
nier, de  juger  le  grand  concours  de  peinture  de  1867. 

La  proclamation  de  ces  résultats  aura  lieu  en  séance 
publique. 

—  M.  André  Van  Hasselt  adresse,  à  titre  d'hommage  à 


(  223  ) 

la  Compagnie,  un  exemplaire  du  livret  de  l'opéra  Fidelio, 
de  Beethoven,  dont  il  a  traduit  les  paroles  en  vers  fran- 
çais, en  collaboration  avec  M.  J.-B.  Rongé. 

M.  le  secréiaire  dépose  les  Tables  des  tomes  I  à  XX  de 
la  deuxième  série  des  Bulletins  de  l'Académie,  qui  a  été 
dressée  par  les  soins  de  M.  Adolphe  Siret. 

Des  remercîments  sont  adressés  à  MM.  Van  Hassell  et 
Adolphe  Siret. 


CONCOURS  ANNUEL  DE  LA  CLASSE. 


La  classe  avait  reçu  un  mémoire  en  réponse  à  la 
deuxième  question  inscrite  dans  son  programme  : 

Analyser  el  apprécier,  au  double  point  de  rue  de  la 
science  et  de  l'art,  les  principales  méthodes  d'enseigne- 
ment du  dessin  qui  ont  été  en  usage  depuis  l'antiquité 
jusqu'à  nos  jours,  discuter  la  valeur  de  chacune  d'elles  et 
en  déterminer  l'influence, 

Conformément  aux  conclusions  des  rapporteurs  MM.  Al- 
vin,  De  Keyzer  et  Paycn,  la  classe  décide  qu'il  y  a  lieu 
d'appliquer  l'article  55  du  règlement  portant  «  que  les 
concurrents  qui  se  font  connaître,  de  quelque  manière  que 
ce  soit,  sont  absolument  exclus  du  concours.  » 

La  classe  avait  également  reçu  deux  mémoires  sur  la 
quatrième  question  : 

Apprécier  Quentin  Metsys  comme  peintre  et  déterminer 
l'influence  qu'il  a  exercée. 


(  224  ) 
Le  premier  des  deux  mémoires  portait  pour  devise  : 
Excelsior Plus  lient  l ,  toujours  plus  haut  ; 

le  second  avait  pour  épigraphe  : 

Quintine veteris  novalor  artis. 

(Thomas  Morcs.) 

Rapport  de   MM.   M*ortae1a. 

«  L'Académie,  en  mettant  au  concours  une  question 
consacrée  à  apprécier  Quentin  Metsys  et  à  caractériser  son 
influence,  doit  être  heureuse  de  constater  que  son  appel 
a  été  compris  :  les  deux  mémoires  dont  nous  allons  vous 
rendre  compte  en  font  foi. 

La  personnalité  de  Quentin  Metsys  est  tellement  impor- 
tante dans  l'histoire  de  l'art,  que  je  n'hésite  pas  à  lui 
donner  une  des  premières  places  parmi  les  artistes  qui  ont 
honoré  notre  patrie;  les  auteurs  des  deux  mémoires  ont 
bien  senti  qu'il  s'agissait  d'étudier  un  maître  qui,  par  son 
sentiment  élevé ,  sa  profondeur  d'expression ,  peut  être 
mis  en  parallèle  avec  les  hommes  les  plus  célèbres  de 
l'école  non -seulement  flamande,  mais  italienne  et  alle- 
mande. 

Après  avoir  étudié  de  près  les  œuvres  de  différents  pays, 
je  me  disais  souvent  qu'il  était  fâcheux  que  l'école  actuelle, 
trop  portée  à  se  laisser  aller  aux  effets  pittoresques  et  à  la 
facilité,  eût  perdu  de  vue  les  principes  si  vrais,  si  purs, 
si  dramatiques,  exprimés  par  Quentin  Metsys,  aussi  je 
me  plais  à  croire  que  les  mémoires  qui  nous  sont  soumis, 
bien  que  ne  répondant  pas  tout  à  fait  à  l'idée  qu'on  se  fait 
du  maître,  auront  cependant  quelque  écho  dans  le  monde 
artistique. 


(  225  ) 

J'avais,  en  lisant  le  mémoire  n°  1, rendu  justice  au  sen- 
timent élevé  de  Fauteur,  et  signalé  certains  passages  remar- 
quables de  son  travail,  mais  aussi  relevé  bien  des  lacunes. 
En  prenant  connaissance  du  rapport  de  mon  honorable 
collègue  M.  Edouard  Fétis,  je  ne  crois  pouvoir  mieux  faire 
que  de  me  rallier  à  la  plupart  de  ses  idées. 

Le  mémoire  n°  2  m'a  frappé  par  son  entrain,  sa  verve; 
il  gagnerait  beaucoup  si  l'on  pouvait  en  retrancher  certains 
aperçus  philosophiques  qui  n'ajoutent  rien  à  ce  que  veut 
prouver  l'auteur.  Celui-ci  se  laisse,  à  son  insu,  entraîner  loin 
de  son  sujet  et  perd  ainsi  le  calme  nécessaire  à  toute  étude 
historique.  Ses  réflexions  sur  l'école  byzantine  ne  sont  pas 
fondées;  et ,  lorsqu'il  nous  dit  que  les  moines  et  l'élément 
ecclésiastique  ont  arrêté  le  mouvement  artistique,  je  me 
demande  s'il  connaît  l'histoire  de  la  peinture.  Que  serait 
devenu  l'art,  au  milieu  de  tant  de  siècles  de  barbarie,  sans 
ces  esprits  sérieux,  patients,  conservateurs,  véritables 
archéologues  de  l'époque?  Ils  ont  conservé  les  traditions 
par  lesquelles  se  sont  formées  les  écoles  qui  ont  fait  la 
gloire  des  temps  modernes. 

Peut-on  oublier  les  admirables  mosaïques  de  Ravenne, 
qui  ont  été  et  sont  encore  la  source  où  se  puise  le  style  du 
grand  art  religieux?  J'aurais  trop  à  citer  si  je  devais  nom- 
mer les  artistes  célèbres  qui  n'ont  pas  dédaigné  d'étudier 
ces  anciennes  reliques;  citons  cependant  Giotto,  ce  nom 
suffirait  déjà.  Cependant  à  notre  époque,  un  maître  trop 
tôt  enlevé,  M.  Hippolyte  Flandrin,  allait  chercher  ses  plus 
belles  inspirations  dans  ce  style  trop  peu  connu.  Si  les  ar- 
tistes flamands,  pendant  leur  séjour  en  Italie,  s'étaient  un 
peu  plus  occupés  du  principe  byzantin,  dont  l'auteur  du 
mémoire  parle  avec  assez  peu  d'égards,  on  aurait  moins 


(  226  ) 

à  déplorer  le  manque  de  goût  et  l'exagération,  suite  de 
l'exubérance  de  la  renaissance.  L'effort  ne  fait  pas  la  force, 
un  raccourci  bien  rendu  aura  toujours  moins  de  charme 
qu'une  pensée  simplement  comprise  et  exécutée  de  même. 
Cette  école  byzantine,  qu'on  dit  décrépite,  a  des  siècles 
d'existence,  et  les  grandes  beautés  de  style  qu'on  rencon- 
tre dans  l'art  gothique  et  dans  celui  de  la  renaissance  pro- 
cèdent d'elle.  N'oublions  pas  qu'à  quelques  époques,  il 
y  a  eu  certaines  exagérations,  mais  le  fond  est  resté  et 
restera. 

Revenons  au  mémoire.  L'auteur  nous  dit  :  «  Connaî- 
trait-on Jules  II  et  Léon  X,  si  iMichel-Ange  et  Raphaël 
n'avaient  pas  existé?  »  Je  crois  que  oui,  et  même  je  suis 
persuadé  que  ces  deux  maîtres  célèbres  se  seront  applaudis 
plus  d'une  fois  d'avoir  rencontré  deux  papes  justes  appré- 
ciateurs de  l'art,  non-seulement  de  sentiment,  mais  de  fait. 

Laissons  de  côté  cette  partie  faible  du  mémoire,  pour 
nous  occuper  des  bonnes  choses  qu'il  renferme,  et,  sans 
le  suivre  dans  tous  ses  détails,  constatons  que  la  des- 
cription faite,  avec  tant  de  charme  de  la  Vierge  du  musée 
Van  Herborn ,  prouve  que  l'auteur  a  non-seulement  bien 
étudié  son  sujet,  mais  qu'il  aime  avec  passion  et  intelli- 
gence les  œuvres  de  celui  dont  il  est  appelé  à  faire  l'éloge; 
de  plus,  il  fait  ressortir  avec  force  et  vérité  l'élément  dra- 
matique que  Metsys  amène  dans  l'art,  élément  qui  était 
une  véritable  transformation,  et  qui  marque,  ainsi  qu'il  le 
dit  fort  bien  ,  la  différence  entre  l'école  de  Bruges  et  celle 
du  maître  d'Anvers. 

L'auteur  du  mémoire  apprécie  avec  beaucoup  d'entente 
tout  ce  que  l'observation  du  vrai,  du  naturel,  a  donné  de 
puissance  au  maître,  non-seulement  dans  ses  effets  exté- 


(  227  ) 
rieurs,  mais  surtout  dans  l'expression  de  la  passion  et  du 
drame. 

A  propos  du  tableau  de  la  Déposition  de  la  croix  (musée 
d'Anvers),  il  nous  dit  qu'il  n'a  jamais  vu  un  sentiment 
plus  vrai,  rendu  plus  saisissant,  ni  plus  navrant  en  son 
expression  contenue.  J'ai  trop  souvent  éprouvé  l'impres- 
sion décrite  par  l'auteur  du  mémoire  pour  ne  pas  lui  savoir 
gré  d'avoir  rendu,  par  une  description  fort  belle  de  l'œuvre, 
toutes  les  sensations  que  j'avais  ressenties.  J'en  dirai  autant 
à  propos  du  triptyque  si  beau,  si  suave,  qui  se  trouve  à 
Louvain,  et  dont  notre  auteur  semble  connaître  jusqu'aux 
derniers  détails. 

Quant  à  l'influence  que  Metsys  pouvait  avoir  sur  son 
époque,  le  mémoire  nous  fait  voir  que  l'élément  italien, 
qui  commençait  à  dominer,  avait  un  peu  isolé  le  maître; 
toute  la  jeunesse  ardente  se  laissait  entraîner  vers  le  soleil 
brillant  de  la  renaissance.  On  oubliait  trop  le  lait  dont  on 
avait  été  nourri;  tous  les  yeux  ne  pouvaient  supporter  sans 
danger  l'éclat  de  la  nouvelle  école,  remplie  de  fougue, 
d'invention  et  de  précipices.  L'aperçu  que  l'auteur  nous 
donne  de  ce  mouvement  est  très-remarquable,  ainsi  que  le 
rapprochement  entre  Metsys  et  Rubcns.  «  Ils  ont  eu,  dit-il, 
le  même  principe  tous  les  deux,  s'appuyant  sur  la  nature 
et  sur  l'expression,  mais  exprimé  par  des  tempéraments 
différents.  » 

Quant  à  voir  dans  Metsys  le  créateur  de  la  peinture  de 
genre,  je  ne  pourrais  et  ne  voudrais  l'affirmer;  de  tout 
temps,  on  a  représenté  des  sujets  intimes.  J'ai  vu  bon 
nombre  de  tableaux  de  cet  ordre  attribués  à  Metsys;  je  ne 
pouvais  y  croire,  me  rappelant  les  œuvres  admirables  d'An- 
vers cl  de  Louvain. 

Le  portrait  du  vieux   Metsys,  assis  sous  sa  tente  et 


(  228  ) 

voyant  passer  l'orage  amené  par  l'école  nouvelle,  est  fort 
bien  décrit  et  très-intéressant. 

Il  me  serait  impossible  de  suivre  l'auteur  dans  tous  ses 
développements;  cela  me  conduirait  trop  loin.  Cependant, 
j'ai  à  cœur  de  rendre  justice  à  l'érudition  dont  il  a  fait 
preuve,  tout  en  regrettant  beaucoup  que  l'insuffisance  ou 
l'inexactitude  de  certains  aperçus  ne  me  permette  pas  de 
demander,  pour  lui,  une  médaille  d'or. 

J'ai  donc  l'honneur  de  proposer  à  l'Académie  de  dé- 
cerner une  médaille  d'argent  au  mémoire  n°  2  et  d'accorder 
une  mention  honorable  au  mémoire  n°  i.  » 


Rappori  de  Si.  Éd.  Felis 

<l  Le  mémoire  n°  J , ayant  pour  devise:  Excelsior,  débute 
par  une  introduction  assez  étendue,  dans  laquelle  l'auteur, 
avant  d'aborder  son  sujet,  entre  dans  quelques  considéra- 
tions générales  qui  s'y  rattachent  plus  ou  moins  directe- 
ment. Tout  en  reconnaissant  qu'il  n'a  point  à  faire  la 
biographie  de  Quentin  Metsys,  biographie  pour  laquelle 
on  n'a  possédé  longtemps  que  des  renseignements  très- 
vagues,  auxquels  de  nouvelles  recherches  ont  ajouté,  dans 
ces  derniers  temps,  quelques  faits  et  quelques  dates,  il 
rappelle  la  tradition  populaire  d'après  laquelle  le  futur 
grand  peintre  aurait  commencé  par  exercer  la  profession 
de  forgeron.  ïl  lui  répugne  de  perdre  toute  confiance  dans 
cette  tradition ,  qui  lui  paraît  être  le  symbole  de  la  force 
de  la  volonté  humaine  luttant  contre  les  caprices  du  sort. 

L'auteur  s'attache  ensuite  à  établir  que  le  milieu  dans 
lequel  vit  l'artiste,  le  climat  du  pays  qu'il  habite,  l'aspect 


(  229  ) 

des  lieux  qui  l'environnent,  les  mœurs  des  hommes  de  son 
temps  influent  considérablement  sur  la  direction  de  ses 
idées  et  sur  le  caractère  de  ses  œuvres.  Quelques-unes  des 
réflexions  qu'il  fait  à  cet  égard  sont  fort  justes;  d'autres 
sont  d'une  exactitude  contestable.  En  général,  l'auteur 
est  trop  absolu  dans  ce  qu'il  dit  de  l'influence  exercée  sur 
le  génie  de  l'artiste  par  les  circonstances  extérieures.  Si 
cette  influence  était  aussi  puissante  qu'il  le  suppose,  les 

I  peintres  qui  ont  vécu  dans  le  même  temps  et  dans  le  même 

|  pays  auraient  eu  des  talents  en  tout  point  semblables;  ils 
auraient  produit  des  œuvres  identiques.  Combien  l'histoire 
de  l'art  ne  donne-t-elle  pas  de  démentis  à  celte  théorie? 
NVt-on  pas  vu  à  la  fois  :  Léonard  de  Vinci  et  Michel- 
Ange;  le  Tintoret  et  Paul  Véronèse;  Rembrandt  et  Gérard 

I  Dow;  Rubens  et  Van  Dyck;  Murillo  et  Velazquez;  des  mai- 
Ires  enfin  qui  ont  eu,  sans  contredit,  certains  points  de 
contact,  certaines  communautés  de  principes,  mais  dont 
il  est  impossible  de  confondre  les  œuvres,  tant  elles  sont 
diversement  caractérisées,  même  quand  l'un  a  été  élève 

,  de  l'autre,  comme  c'est  le  cas  dans  plusieurs  des  exemples 
que  nous  venons  de  citer?  C'est  diminuer  singulièrement 
la  valeur  personnelle  de  l'artiste,  que  de  le  représenter 
comme  étant,  en  quelque  sorte,  le  jouet  des  circonstances. 
Pour  contrebalancer  les  influences  du  dehors,  il  a  son  tem- 
pérament, la  nature  propre  de  son  génie,  sa  puissance 
d'initiative,  tout  ce  qui  constitue,  en  un  mot,  sa  person- 
nalité. 

L'auteur  jette  ensuite  un  coup  d'œil  sur  l'état  des  mœurs 
durant  le  quinzième  siècle  et  au  commencement  du  sei- 
zième. Il  fait  une  peinture  un  peu  prétentieuse  de  la  chute 
de  la  féodalité,  et  parle,  on  ne  sait  trop  pourquoi,  de  la 

!  découverte  du  nouveau  monde,  qui  n'eut  guère,  à  ce  qu'il 


(  230  ) 
semble,  d'influence  sur  le  mouvement  des  beaux-arts.  Il 
mentionne,  avec  plus  de  raison  ,  la  Réforme,  dont  le  rap- 
port avec  le  sujet  qu'il  traite  est  beaucoup  plus  direct.  Trop 
prolixe  en  d'autres  occasions,  il  a  péché  ici  par  excès  de 
concision ,  en  ne  faisant  pas  ressortir  toute  l'importance 
de  ce  grand  événement,  relativement  à  la  direction  des 
idées  et  à  leur  mode  de  manifestation.  «  Ainsi,  ajoute  l'au- 
teur, toute  une  époque  d'espérance  et  de  foi  va  faire  place 
à  un  temps  de  doute  et  de  négation,  et  aussi  de  recher- 
ches nouvelles.  La  période  mystique  de  l'humanité  semble 
être  finie  et  l'art  religieux  byzantin  gothique  se  couche 
dans  le  tombeau  du  moyen  âge.  L'époque  active  humaine 
commence  avec  le  seizième  siècle.  »  L'art  touche,  en  effet, 
à  une  époque  de  transformation  ;  il  va  perdre  son  carac- 
tère mystique  et  admettre  l'élément  humain  dans  une  plus 
large  proportion;  mais,  quant  au  style  byzantin,  il  y  a 
longtemps  qu'il  n'en  est  plus  question.  Dès  la  fin  du  trei- 
zième siècle,  Giotto  lui  a  porté  un  coup  dont  il  ne  s'est 
pas  relevé.  Si  la  révolution  picturale  dont  ce  maître  a 
donné  le  signal  n'a  pas  immédiatement  pénétré  dans  nos 
provinces,  il  est  certain  que,  depuis  les  Van  Eyck,  les  tra- 
ditions de  la  peinture  byzantine  ont  cessé  d'avoir  cours 
dans  les  Pays-Bas. 

L'auteur  du  mémoire  montre  la  ville  d'Anvers  se  sub- 
stituant à  l'antique  cité  de  Bruges,  comme  centre  de  l'ac- 
tivité commerciale  en  Belgique.  11  trace ,  avec  des  couleurs 
un  peu  forcées,  le  tableau  des  modifications  que  sa  nou- 
velle fortune  introduit  dans  les  mœurs  de  ses  habitants. 
La  magnificence  de  la  noblesse,  les  fêtes  brillantes  delà 
bourgeoisie,  les  orgies  du  peuple  fournissent  tour  à  tour, 
des  traits  à  ce  tableau.  Aux  classes  inférieures,  il  reproche 
leur  penchant  à  l'ivrognerie;  aux  riches,  il  reproche  de 


(  231  ) 
laisser  le  peuple  dans  l'ignorance.  L'auteur  oublie,  et  le  lec- 
teur pourrait  bien  oublier  avec  lui,  qu'il  s'agit  ici  non  de 
théories  sociales  et  humanitaires,  mais  d'une  étude  sur 
Quentin  Metsys.  Cependant,  le  nom  du  maître  dont  il  s'est 
donné  la  tâche  d'analyser  le  génie  et  les  œuvres  se  présente 
sous  sa  plume  lorsqu'il  dit,  après  avoir  parlé  du  luxe 
d'Anvers  et  du  goût  des  Anversois  pour  la  bonne  chère  : 
«  Partout  Pantagruel  trouvait  son  compte,  et  on  verra  plus 
d'une  fois  Quentin  Matseys  s'inspirer,  en  ses  peintures,  des 
riches  festins  qu'au  dire  d'Albrecht  Durer  il  aimait  à  offrir  à 
ses  convives,  commesouventaussi  le  peintre  d'Anvers  excite 
sa  verve  satirique  en  nous  montrant,  à  côté  de  tel  riche 
homme  goulu,  les  types  burlesques  rencontrés  aux  réu- 
nions populaires.  »  Ce  passage  semble  avoir  été  écrit  pour 
répondre  d'avance  au  reproche  qu'on  pourrait  adresser  à 
i'auleur  de  s'être  écarté  de  son  sujet.  C'est  vouloir  racheter 
un  tort  par  un  tort  plus  grave,  car  le  passage  en  question 
tend  à  faire  attribuera  Quentin  Metsys  des  idées  qui  n'ont 
pas  été  les  siennes  et  des  applications  de  son  talent  aux- 
quelles il  n'a  pas  songé. 

Il  y  a  du  vrai  dans  les  pages  où  l'auteur  rappelle  quel 
était  l'état  florissant  des  arts  en  Belgique  à  l'époque  dont 
il  s'occupe,  et  où  il  montre  la  patrie  de  Quentin  Metsys 
supérieure,  sous  ce  rapport,  à  toutes  les  autres  contrées 
de  l'Europe,  l'Italie  exceptée.  Nous  le  trouvons  moins 
heureux  et  moins  exact,  lorsqu'il  parle,  un  peu  plus  loin, 
de  la  condition  des  peintres  d'Anvers,  immédiatement 
avant  Quentin  Metsys  :  «  Ils  ne  taisaient  point  de  tableaux 
pour  leur  compte,  dit-il,  mais  pour  compte  du  tapissier 
qui  avait  la  commande  des  bannières  d'églises  ou  de  cor- 
porations. »  Représenter  les  peintres  d'Anvers,  à  la  fin  du 
quinzième  siècle,  comme  uniquement  employés  à  la  déco- 


(  252  ) 

ration  des  bannières,  comme  étant  à  la  solde  des  tapis- 
siers, c'est  se  mettre  en  contradiction  manifeste  avec  les 
faits.  Qu'ils  aient  parfois  rempli  des  tâches  de  cette  na- 
ture, c'est  possible;  mais  cela  ne  les  empêchait  pas  d'exé- 
cuter des  tableaux  pour  les  corporations  religieuses  et 
civiles,  ainsi  que  pour  les  particuliers  qui  en  faisaient  of- 
frande à  la  chapelle  consacrée  à  leur  patron.  Ce  ne  sont  pas 
seulement,  du  reste,  les  peintres  d'Anvers  qui  se  prêtaient 
à  décorer  de  peintures  les  bannières  d'églises.  En  Italie, 
les  plus  grands  maîtres,  sans  excepter  Raphaël,  ont  peint 
des  bannières.  On  assure  que  l'admirable  madone  Sixtine 
du  Sanzio  fut  originairement  une  bannière. 

Viennent  ensuite  de  longues  considérations  sur  le  climat 
de  la  Belgique,  regardé  comme  l'une  des  causes,  comme 
la  cause  principale,  de  l'aptitude  particulière  des  peintres 
de  ce  pays  pour  le  coloris.  A  celte  même  cause  l'auteur 
attribue  d'autres  effets;  il  en  déduit  d'autres  conséquences: 
«  C'est  la  température  rude  de  la  Belgique,  dit-il,  qui  a 
forcé  les  hommes  de  ce  pays  à  se  prémunir  contre  les  va- 
riations de  l'air;  de  là  les  habitations  bien  closes  et  ren- 
fermant tout  ce  qu'il  faut  pour  ne  pas  sentir  les  atteintes 
du  froid  et  du  vent.  Voyez  les  intérieurs  servant  de  fond 
à  la  plupart  des  tableaux  de  l'école  de  Bruges,  et  aussi  à 
quelques  tableaux  de  genre  de  Quentin  Matseys.  Il  est  na- 
turel que  ces  peintres  firent  ce  qui  leur  était  cher  :  une 
chambre  bien  garnie,  bien  close,  leur  offrant  en  hiver  une 
commodité  élégante  et  agréable.  Quentin  Matseys,  lui,  a 
pourtant  introduit  dans  ses  tableaux  des  fonds  entiers  de 
montagnes  et  de  vallées,  comme  dans  son  Inhumation  du 
Christ  du  musée  d'Anvers;  mais  Quentin  avait  beaucoup 
voyagé,  et  avait  donné  à  son  art  un  caractère  nouveau 
dont  nous  parlerons  quand  nous  arriverons  à  déterminer 


(  233  ) 
spécialement  le  caractère  de  la  peinture  de  Matseys.  » 
Ce  passage  est  rempli  d'erreurs.  Est-il  vrai,  d'abord, 
que  les  peintres  de  l'école  de  Bruges  aient  représenté  avec 
prédilection  des  scènes  qui  se  passaient  dans  l'intérieur 
des  habitations?  Chacun  sait  le  contraire;  chacun  sait  qu'ils 
ont  représenté  bien  plus  habituellement  des  fonds  de  pay- 
sages que  des  chambres  bien  garnies  et  bien  closes;  chacun 
sait  que  le  vif  et  sincère  sentiment  de  la  nature  qu'ils  ont 
montré  dans  les  reproductions  des  aspects  du  monde  ex- 
térieur forme  précisément  un  des  caractères  les  plus  pro- 
noncés de  leur  talent.  Du  reste ,  les  sujets  qu'ils  traitaient 
exclusivement  ne  leur  laissaient  pas  la  liberté  du  choix 
entre  les  intérieurs  et  les  extérieurs  comme  fonds  de  ta- 
bleaux. La  tradition  était  d'accord  avec  l'ordre  naturel  des 
choses,  pour  indiquer  dans  quel  lieu  l'action  biblique  ou 
évangélique  devait  nécessairement  être  placée. 

L'auteur,  en  disant  que  Quentin  Melsys  introduisit  pour- 
tant des  fonds  entiers  de  montagnes  et  de  vallées  dans  ses 
tableaux,  attribue  cette  particularité , considérée  à  tort  par 
lui  comme  exceptionnelle,  à  ce  que  l'artiste  avait  beaucoup 
voyagé.  Il  tranche  là,  de  son  autorité  privée,  une  question 
encore  indécise,  celle  des  voyages  de  Quentin  Metsys.  Nous 
concluons  aussi  de  ses  fonds  de  paysages,  si  différents  de 
ceux  qu'il  pouvait  voir  en  Belgique,  qu'il  a  dû  visiter  des 
pays  étrangers;  mais  c'est  un  point  sur  lequel  on  ne  peut 
pas  être  aussi  affirmatif  que  l'auteur  du  mémoire.  Moins 
qu'aucun  autre,  celui-ci  pouvait  se  prononcer  catégori- 
quement dans  le  sens  des  pérégrinations  de  Metsys,  puis- 
qu'une grande  partie  de  son  travail  est  consacré  à  établir 
que  l'auteur  de  V Ensevelissement  du  Christ  n'a  pas  subi 
l'influence  des  écoles  étrangères,  et  à  lui  faire  honneur 
d'être  demeuré  fidèle  aux  traditions  de  l'art  flamand. 


(  234  ) 

L'auteur  (toujours  dans  le  passage  où  nous  trouvons 
tant  d'erreurs  à  relever)  parle  des  intérieurs  servant  de 
fonds  à  quelques  tableaux  de  genre  de  Quentin  Metsys. 
Par  cette  manière  de  s'exprimer,  il  donnerait  à  penser  que 
l'artiste  anversois  a  traité  assez  fréquemment  des  sujets 
tirés  de  l'observation  des  mœurs;  or,  combien  en  pourrait- 
on  citer,  après  les  Avares  et  les  Poseurs  d'or,  reproduits 
différentes  fois,  avec  peu  de  changements,  par  son  pin- 
ceau ,  et  après  la  Femme  galante  courtisée  par  un  vieillard  ? 
Quand  on  n'a  que  peu  d'exemples  à  invoquer,  il  faut  s'ab- 
stenir de  formuler  des  lois  générales,  à  moins  de  vouloir 
bâtira  toute  force  une  théorie  sur  la  base  fragile  de  données 
arbitraires. 

«  Nous  avons  parlé  du  climat,  du  pays,  dit  l'auteur, 
examinons  maintenant  la  race  d'hommes  à  laquelle  appar- 
tenait Quentin  Matseys.  »  En  effet,  il  trace  un  portrait  du 
Flamand,  dans  lequel  il  s'attache  à  n'omettre  aucun  des 
traits  caractéristiques  de  la  physionomie  de  son  modèle. 
Organisation,  tempérament,  instincts,  habitudes,  il  note 
tout,  il  commente  tout,  il  explique  tout,  avec  un  zèle  mi- 
nutieux qui  ne  fait  grâce  d'aucune  particularité.  C'est  par 
là  qu'il  termine  son  introduction.  «  Étudions  maintenant 
les  œuvres  du  peintre,  dit-il  en  finissant;  nous  y  trouve- 
rons le  reflet  de  la  grande  âme  du  vieux  Quentin,  le  sen- 
timent intime,  complet,  qui  fit  l'originalité  de  son  expres- 
sion artistique;  et  ce  sera  pour  nous  la  confidence  entière, 
non-seulement  d'une  vie  humaine,  mais  celle  de  tout  un 
peuple  et  de  tout  un  siècle.  »  On  voit  que  l'auteur  a  une 
tendance  naturelle  à  l'exagération,  et  que  la  crainte  de  n< 
pas  atteindre  le  but  l'entraîne  souvent  à  le  dépasser. 

Nous  abordons  enfin  le  sujet.  L'auteur  fait  remarquer 
avec  raison  que  Quentin  Metsys,  avant  de  prendre  une 


(  233  ) 
manière  originale,  produit  des  œuvres  qui  ont  le  même 
caractère  que  celles  des  peintres  de  son  temps.  Il  ajoute 
que  «  l'histoire  reste  muette,  quand  on  la  consulte,  sur 
la  cause  qui  produisit  le  changement  de  la  manière  du 
peintre- forgeron.  »  Le  mutisme  de  l'histoire  est  tout 
simple;  elle  ne  dit  rien,  parce  qu'elle  n'a  rien  à  dire.  La 
cause  de  la  modification  qui  s'opère  dans  le  style  du  maître 
est  en  lui-même  ;  il  suit  l'impulsion  de  son  instinct.  Ex- 
clusivement occupé  de  l'influence  des  causes  extérieures, 
comme  on  le  voit  dans  son  introduction,  l'auteur  oublie 
quelle  part  le  sentiment  de  l'artiste  a  dans  le  développe- 
ment de  son  talent,  dans  la  direction  de  ses  idées  et  dans 
le  choix  de  la  forme  qu'elles  revêtent. 

L'auteur  annonce  qu'il  ne  parlera  point  particulière- 
ment des  tableaux  appartenant  à  la  première  manière  de 
Quentin  Mctsys,  et  dans  lesquels  son  talent  transcendant 
n'éclate  pas  encore.  Il  lui  serait  difficile,  en  effet,  de  parler 
de  ces  tableaux,  car  il  n'en  reste  guère  dont  l'authenti- 
cité soit  établie.  Pour  les  œuvres  de  cette  période  de  sa 
carrière,  on  est  réduit  à  des  attributions  conjecturales. 
Les  premières  productions  du  maître,  analysées  par  l'au- 
teur du  mémoire  que  nous  examinons,  sont  les  tètes  du 
Christ  et  de  la  Vierge  du  musée  d'Anvers.  Elles  lui  suggè- 
!  rent  des  réflexions  justes,  tant  sous  le  rapport  de  la  con- 
ception des  types,  que  sous  celui  de  l'exécution.  Nous  lui 
reprocherons  seulement  d'avoir  manqué  de  simplicité  dans 
cet  endroit  comme  en  beaucoup  d'autres.  11  ne  sait  pas 
résister  à  son  penchant  pour  l'exagération ,  et  presque  tou- 
jours il  veut  trop  prouver.  ïl  a  de  bonnes  idées  et  les  gâte 
à  force  de  vouloir  les  développer  et  de  faire  des  efforts 
pour  en  déduire  des  conséquences  extraordinaires.  Au  mo- 
ment où  il  va  aborder  l'examen  de  Y  Inhumation  du  Christ 


(  256  ) 

du  musée  d'Anvers,  il  s'écrie  :  «  Le  novateur  a  vaincu  les 
résistances  des  préjugés  et  de  l'envie,  et  il  atteint  à  la  plus 
haute  expression  de  son  style  dans  son  tableau  de  Ylnhu- 
malion  du  Christ,  qui  va  léguer  son  nom  à  la  postérité  et 
immortaliser  un  enfant  du  peuple.  »  Où  a-l-il  été  dit  que 
Quentin  Metsys  ait  du  lutter  contre  les  résistances  des  pré- 
jugés et  de  l'envie?  Ces  résistances  n'ont  jamais  existé  que 
dans  l'imagination  de  l'auteur  du  mémoire.  Que  signifient 
ces  mots  :  immortaliser  un  enfant  du  périple?  L'auteur 
veut-il  donner  à  entendre  par  là  que  Quentin  Metsys  ait 
été  le  seul  artiste  qui,  parti  des  rangs  de  la  société  quali- 
fiés d'inférieurs ,  ait  conquis  une  grande  renommée?  Mais 
on  citerait  des  centaines  d'exemples  semblables  avant  et 
après  Quentin.  Si  ce  n'est  pas  là  ce  que  l'auteur  a  voulu 
dire,  quel  est  le  sens  de  sa  phrase  ambitieuse?  Quant  à 
l'assertion  que  Quentin  aurait  atteint  à  la  plus  haute  ex- 
pression de  son  style  dans  le  triptyque  du  musée  d'Anvers, 
elle  est  d'accord,  nous  le  savons,  avec  l'opinion  générale- 
ment reçue;  mais  nous  dirons  plus  loin  les  raisons  qui 
nous  la  font  considérer  comme  mal  fondée. 

«  Pour  étudier  cette  œuvre  l'inhumation  du  Christ,  dit 
l'auteur  du  mémoire,  nous  nous  baserons  sur  les  règles 
qui,  pour  toute  production  artistique,  ont  guidé,  soit  par 
instinct,  soit  par  l'étude,  les  grands  maîtres  de  toutes  les 
écoles,  parce  que  les  règles  prennent  leur  source  dans  la 
nature  même.  »  C'est  une  excellente  intention;  mais  il 
serait  difficile  de  la  réaliser,  attendu  que  pour  aucune 
production  artistique  il  n'y  a,  quoi  qu'en  dise  l'auteur,  de 
règles  qui  aient  été  adoptées  et  appliquées  par  les  grands 
maîtres  de  toutes  les  écoles.  Les  idées,  comme  les  formes, 
ont  varié  selon  les  temps  et  selon  les  écoles.  L'auteur  le« 
reconnaît  dans  les  lignes  qui  suivent  immédiatement  le 


(  237  ) 
passage  que  nous  venons  de  citer,  lorsqu'il  dit  que  le  sys- 
tème de  composition  de  Quentin  Metsys  est  tout  autre  que 
celui  des  peintres  brugeois  :  «  Ceux-ci,  dit-il,  avaient  un 
principe  tout  différent  de  celui  que  va  inaugurer  Quentin 
Matseys.  »  Que  devient  donc  cette  universalité  des  règles 
suivies  par  les  maîtres  de  toutes  les  écoles,  dont  l'auteur 
vient  de  parler?  La  contradiction  est  manifeste. 

L'auteur  fait  cette  remarque  fondée  que,  tandis  que 
les  peintres  brugeois  ont  généralisé  leurs  compositions, 
Quentin  Metsys  a  individualisé  les  siennes  et  qu'il  est  entré 
par  là  plus  profondément  dans  la  nature  que  n'avaient  fait 
ses  devanciers.  Cependant  la  révolution  opérée  dans  l'art 
par  le  peintre  de  Y  Inhumation  du  Christ  n'a  pas  été  aussi 
complète,  aussi  radicale  que  le  suppose  l'auteur  du  mé- 
moire. A  l'entendre, il  semblerait  qu'on  soit  passé  immédia- 
tement des  Van  Eyck  à  Quentin  Metsys.  Il  oublie  que  l'art 
de  composer  avait  subi  des  modifications  intermédiaires 
et  que  Van  der  Weyden ,  particulièrement,  avait  introduit 
un  principe  nouveau,  tant  dans  le  groupement  des  figures 
que  dans  l'expression.  Nous  ne  pouvons  pas  admettre  avec 
lui  que  tout  soit  absolument  neuf,  créé  dans  la  composition 
du  triptyque  du  musée  d'Anvers  et  dans  la  douleur  expri- 
mée par  la  mère  du  Sauveur.  Van  (Jer  Weyden  a  eu  des 
dispositions  de  personnages  et  des  manifestations  de  sen- 
timents, soit  par  la  contraction  des  traits  du  visage  soit 
par  l'attitude,  qui,  lorsqu'on  suit  attentivement  la  filiation 
des  idées  dans  l'art,  semblent  annoncer,  préparer  Quentin 
Metsys. 

En  analysant  les  peintures  des  volets  de  Y  Ensevelisse- 
ment du  Christ,  Tau  leur  du  mémoire  fait  ressortir  ce  qu'il 
y  a  de  vraiment  neuf  et  original  dans  ces  œuvres  si  profon- 
dément empreintes  du  cachet  du  génie  de  Quentin  Metsys. 

2me  SÉRIE,  TOME  XXIV.  M 


(  238  ) 
U  signale  en  même  temps  les  fautes  de  goût  commises  par 
l'artiste  dans  certains  détails;  mais  il  fait  remarquer  que 
ces  fautes  sont  plutôt  celles  de  son  époque  que  les  siennes 
propres,  et  comme  preuves  il  mentionne  les  singularités 
qu'offrent  les  sculptures  de  nombreux  monuments  du 
moyen  âge.  Disons  que  les  conceptions  bizarres  auxquelles 
l'auteur  fait  allusion  appartiennent  à  des  époques  anté- 
rieures à  Quentin  Metsys  et  que  l'opportunité  du  rappro- 
chement peut,  à  cause  de  cela,  être  contesté.  L'auteur  du 
mémoire  n'approuve  pas  le  peintre  de  Y  Inhumation  du 
Christ  d'avoir  donné  aux  figures  secondaires  de  sa  com- 
position les  traits  et  toute  l'apparence  de  personnages  de 
son  temps;  mais  il  fait  à  bon  droit  celte  observation  qu'on 
attachait  alors  peu  d'importance  partout,  même  en  Italie, 
à  ce  que  nous  appelons  la  couleur  locale  et  la  vérité  his- 
torique. 

Lorsqu'il  a  décrit  les  compositions  du  panneau  central 
et  des  volets  du  triptyque  d'Anvers,  l'auteur  s'occupe  lon- 
guement de  l'exécution  de  cette  œuvre  importante;  il 
l'examine  au  point  de  vue  du  coloris,  de  la  lumière  et  de 
l'ensemble  des  procédés  techniques.  Cette  partie  de  son 
travail  n'est  pas  susceptible  d'analyse  :  il  suffira  de  dire 
que  c'est  une  de  celles  qu'il  a  traitées  avec  le  plus  d'éten- 
due et  de  soin,  une  de  celles  aussi  où  il  a  donné  le  plus  de 
témoignage  de  sa  compétence.  C'est  seulement  après  avoir 
considéré  Metsys  comme  coloriste,  qu'il  l'envisage  comme 
dessinateur.  11  y  a  là  un  renversement  de  l'ordre  régulier 
des  choses.  Sans  prendre  parti  pour  la  ligne  ou  pour  la 
couleur,  on  peut  dire  que  la  forme  est  la  première  condi- 
tion d'existence  des  objets.  Quoi  qu'il  en  soit,  l'auteur  du 
mémoire  fait  des  réflexions  judicieuses  sur  les  qualités  et 
sur  les  côtés  faibles  du  dessin  de  Quentin  Metsys.  11  dit 


(  239  ) 
avec  beaucoup  de  raison  que  ce  qui  distingue  par  dessus 
tout  les  productions  du  grand  artiste,  c'est  le  caractère. 
Le  caractère,  voilà  ce  qui  donne  aux  œuvres  picturales  et 
plastiques  leur  plus  haute  valeur;  voilà  ce  qu'avaient  les 
anciens  maîtres  et  ce  qui  manque  aux  artistes  de  notre 
temps. 

L'auteur  du  mémoire  n°  I  termine  là  ses  remarques  sur 
la  peinture  religieuse  de  Quentin  Metsys;  il  termine  et  il 
lui  restait  à  parler  de  l'œuvre  dans  laquelle  le  maître  a  le 
mieux  témoigné  la  puissance  de  son  génie.  L'accès  de  cette 
œuvre  lui  était-elle  donc  interdite?  devait-il  aller  la  cher- 
cher au  loin?  Lors  même  qu'il  aurait  été  obligé  d'entre- 
prendre un  long  voyage  pour  la  voir  et  pour  l'analyser,  il 
ne  devait  pas  reculer  devant  cette  nécessité,  s'il  voulait 
faire  un  travail  complet;  mais  il  n'avait  ni  grande  fatigue 
à  supporter,  ni  grande  dépense  à  s'imposer,  attendu  qu'il 
lui  suffisait  d'aller  à  Louvain  où  se  trouve  la  Descendance 
apostolique  de  sainte  Anne.  C'est  dans  cet  admirable  trip- 
tyque que  Quentin  Metsys  s'élève,  pour  ainsi  dire,  au-dessus 
de  lui-même,  qu'il  abandonne  décidément  les  traditions 
suivies  par  ses  prédécesseurs  et  crée  un  art  flamand  nou- 
veau. C'est  là  qu'on  le  trouve  avec  ses  plus  éclatantes  fa- 
cultés, et  sans  les  défauts  qu'on  est  en  droit  de  reprocher 
à  de  certaines  parties  de  Y  Ensevelissement  da  Christ ,  car 
il  y  évite  toute  trivialité ,  sans  cesser  de  manifester  un  pro- 
fond sentiment  de  la  nature. 

Le  silence  gardé  par  l'auteur  du  mémoire  sur  la  Descen- 
dance apostolique  de  sainte  Anne,  est  une  faute  grave,  une 
faute  sans  excuse.  Il  est  évident  que  l'auteur  s'est  contenté 
de  tirer  du  musée  d'Anvers  les  éléments  de  son  travail. 
En  s'y  prenant  ainsi,  il  lui  était  impossible  de  donner  une 
solution  complète  de  la  question  posée  par  l'Académie.  Il 


(  240  ) 
s'ôtait  à  lai-même  la   possibilité  du  succès  dans  la  tâche 
qu'il  avait  entreprise. 

L'auteur  du  mémoire  n°  1  passe  ensuite  à  l'examen  des 
productions  de  Quentin  Metsys  qui  n'appartiennent  pas  à 
la  peinture  religieuse  :  «  Quentin  a  peint  une  foule  de 
tableaux  de  genre,  dit-il.  Là  il  fut  en  pleine  possession  de 
son  originalité  et  rien  ne  vint  enrayer  sa  verve  humoris- 
tique. Créateur  d'un  genre,  il  en  fut  le  maître  absolu.  Son 
esprit  observateur  put  largement  choisir  dans  la  nature  et 
chacune  de  ses  interprétations  de  genre  porte  l'empreinte 
de  son  origine.  »  Il  y  a  bien  des  choses  à  répondre  aux 
assertions  contenues  dans  ce  passage.  Dire  que  Quentin 
Metsys  a  peint  une  foule  de  tableaux  de  genre,  c'est  aller 
beaucoup  au  delà  de  la  vérité.  On  connaît  quelques  tableaux 
de  genre  de  Metsys,  voilà  le  fait.  Il  faut  beaucoup  rabattre 
aussi  de  ce  que  dit  l'auteur  du  mémoire  de  la  verve  humo- 
ristique du  peintre  anversois.  Quentin  Metsys  a  observé 
l'un  des  travers  de  l'humaine  nature  :  l'amour  de  l'or.  C'est 
à  ce  travers  qu'il  a  fait  allusion  ,  lorsqu'il  a  représenté  des 
avares,  des  peseurs  d'or,  des  femmes  trafiquant  de  leur 
charmes.  Sa  tâche  d'observateur  s'est  réduite  à  fort  peu  d< 
chose,  et  l'on  est  obligé  de  reconnaître  qu'il  s'est  renfermi 
dans  un  cercle  d'idées  fort  restreint.  C'est  donc  tout  à  faii 
gratuitement,  suivant  nous,  que  l'auteur  du  mémoire 
représente  Quentin  Metsys  comme  ayant  produit  Brauwei 
et  Teniers.  L'auteur  passe  en  revue  les  tableaux  de  genn 
de  Metsys  qu'il  connaît,  et  l'analyse  qu'il  en  donne  fail 
ressortir  le  mérite  déployé  par  l'artiste  dans  l'obse.rvatioi 
et  dans  la  reproduction  des  types,  aussi  bien  que  dam 
l'exécution.  îl  y  a  de  très-bonnes  remarques  dans  les  pages 
qu'il  a  écrites  sur  ce  sujet. 

En   terminant  ici   l'examen   des   œuvres  de   Quentii 


(  241  ) 
Metsys,  l'auteur  laisse  encore  une  lacune  dans  son  travail. 
II  lui  restait  à  considérer  Quentin  comme  portraitiste. 

La  dernière  partie  du  mémoire  traite  de  l'influence 
exercée  par  Quentin  Metsys.  Aux  peintres  flamands  qui 
vont  en  Italie  puiser  un  enseignement  contraire  aux  tradi- 
tions de  l'art  national  et  qui,  de  retour  dans  leur  pays, 
s'efforcent  d'y  introduire  les  principes  d'une  école  étran- 
gère, l'auteur  oppose  Quentin  Metsys  restant  en  Flandre, 
tenant  d'une  main  ferme  le  drapeau  de  l'art  flamand  et  éle- 
vant une  digue  contre  le  courant  italien  qui  menace  de 
submerger  notre  école  nationale.  Affranchissant  l'art  du 
despotisme  de  l'idée  et  de  la  forme  mystiques,  prêchant 
d'exemple  contre  l'envahissement  du  goût  italien  ,  Metsys 
a  donc  exercé  une  double  influence;  il  a  commencé  une 
grande  tâche  que  Rubens  est  venu  terminer  glorieusement. 
Tel  est,  en  substance,  le  thème  développé  par  l'auteur  dans 
les  pages  qui  servent  de  conclusion  à  son  mémoire.  On 
trouve  encore  ça  et  là,  dans  ces  pages,  des  exagérations  de 
pensée  et  d'expression;  mais  on  y  remarque  aussi  des 
choses  très-justes  et  qui  dénotent  chez  celui  qui  les  a 
écrites  un  sentiment  élevé  de  l'art. 

Un  mot  avant  de  quitter  le  mémoire  n°  1.  L'auteur  écrit 
ainsi  :  Matzeys  le  nom  de  l'auteur  de  ['Ensevelissement  du 
Christ.  Il  dit  dans  une  note  que  ce  nom  est  orthographié 
différemment  par  les  biographes,  et  qu'il  a  adopté  la  forme 
présentée  par  l'Académie  royale  de  Belgique.  Si  c'est  ainsi 
que  le  nom  de  Metsys  a  été  écrit  dans  le  programme  aca- 
démie* ue,  ce  ne  peut  être  que  par  le  fait  d'une  faute  d'im- 
pression. On  a  dit  Metsys,  Messis,  Massis;  mais  jamais 
Matzeys.  Nous  conseillons  à  l'auteur  d'écrire  Metsys, 
comme  l'a  fait  le  peintre  lui-même  sur  l'un  des  volets  de 
l'admirable  triptyque  de  Louvain ,  et  nous  l'engageons,  pen- 


(  242  ) 

dant  que  nous  y  sommes,  à  ne  pas  appeler  Memling  Hcm- 
iincj.  Il  y  a  longtemps  qu'on  a  rendu  au  peintre  de  la 
châsse  de  sainte  Ursule  son  nom  estropié  par  les  écrivains 
français  du  dix-huitième  siècle. 

L'auteur  du  mémoire  n°  2  portant  pour  épigraphe  : 
Quintine,...  veteris  novator  artis,  commence  par  jeter  un 
coup  d'œil  sur  les  phases  de  l'histoire  de  Tari  antérieures 
à  celle  que  la  question  posée  par  l'Académie  doit  lui  faire 
traiter  particulierement.il  part  de  l'époque  byzantine,«pour 
arriver  jusqu'au  temps  de  Quentin  Metsys,  en  indiquant 
ce  qu'il  lui  semble  y  avoir  d'essentiellement  caractéris- 
tique dans  les  périodes  intermédiaires.  Il  n'était  pas  obligé 
de  faire  précéder  son  travail  de  cette  introduction  dans 
laquelle  il  s'occupe  de  choses  qui  n'ont  pas  un  rapport 
direct  avec  le  sujet  dont  le  développement  lui  était 
demandé;  mais  on  ne  peut  pas  trouver  mauvais  qu'il  ait 
voulu  montrer  par  quelle  succession  d'idées  et  de  formes 
avait  été  préparé  l'avènement  du  principe  qui  reçoit  son 
application  dans  les  œuvres  de  Quentin  Metsys.  Ce  qu'on 
est  en  droit  de  lui  reprocher,  c'est  de  n'avoir  l'ail  qu'à  demi 
ce  qu'il  avait  entrepris,  c'est  d'avoir  laissé,  dans  l'espèce 
de  résumé  de  l'histoire  de  la  peinture  qu'il  paraît  avoir 
voulu  esquisser,  des  lacunes  dont  l'effet  est  de  présenter 
sous  un  faux  jour  la  marche  progressive  de  l'art.  Comme 
l'auteur  du  mémoire  n°  1,  il  passe  presque  sans  transition 
de  l'époque  byzantine  à  celle  de  la  renaissance.  Ce  qu'il 
supprime,  en  franchissant  d'un  seul  bond  ce  long  espace, 
aurait  gêné  son  système  qui  est  de  considérer  le  seizième 
siècle  comme  étant,  pour  la  peinture,  le  commencement 
d'une  ère  nouvelle  qui  est  l'ère  humaine,  coïncidant  avec 
le  libre  examen,  la  réforme,  l'invention  de  l'imprimerie, 
l'émancipation  des  esprits  et  la  manifestation  des  idées 


(  245  ) 
démocratiques.  Il  partage  avec  beaucoup  d'historiens  le 
tort  d'arranger  l'histoire  de  manière  à  la  faire  cadrer  avec 
ses  propres  idées.  C'est  là  le  danger  des  systèmes  exclu- 
sifs ,  des  théories  faites  tout  d'une  pièce. 

«  A  l'heure  où  l'Italie  a  seule  commencé  à  se  dégager  des 
types  ascétiques  du  traditionalisme  byzantin  auquel  n'osent 
encore  se  soustraire  entièrement  des  artistes  comme  Ma- 
saccio  et  le  Perugin,  au  moment  où  l'Allemagne  s'essaie 
aux  timides  bégaiements  des  maîtres  colonais,  l'école 
flamande  s'est  affirmée  brusquement  et  sans  transition 
apparente.  On  ne  trouve  pas  chez  nos  vieux  maîtres  gothi- 
ques cette  marche  progressive  que  l'on  remarque  chez  les 
peintres  italiens.  Ils  entrent  dans  la  lice  armés  de  pied  en 
cap  et  leurs  coups  d'essai  sont  des  coups  de  maîtres.  » 
Ainsi  s'exprime  l'auteur  du  mémoire  dans  un  passage  qui 
présente  une  étrange  confusion  d'idées.  Que  viennent  faire 
Masaccio  et  le  Pérugin  à  propos  de  l'abandon  du  traditiona- 
lisme byzantin,  des  vieux  maîtres  colonais  et  des  peintres  de 
notre  ancienne  école?  Ne  semblerait-il  pas  que  les  artistes 
flamands  aient  devancé  les  Italiens  dans  l'observation  de 
la  nature,  substituée  à  l'éternelle  reproduction  des  types 
consacrés  par  l'inflexible  tradition  byzantine?  L'histoire 
ment-elle,  lorsqu'elle  nous  enseigne  que  ce  fut  Giotto  qui 
donna  le  signal  de  celte  grande  révolution,  qui  brisa  de  sa 
main  puissante  les  entraves  qu'avaient  subies,  en  les  mau- 
dissant, il  faut  le  croire,  tant  de  générations  de  peinlrcs? 

Immédiatement  avant  le  passage  que  nous  venons  de 
citer,  l'auteur  du  mémoire  avait  dit  ceci  :  «  Rien  avant  que 
le  mouvement  de  la  renaissance  tut  parvenu  jusqu'à  elle, 
l'école  flamande  avait  déjà  produit  cette  forte  génération 
d'artistes  :  les  frères  Van  Eyck,  les  Rogier  Vander  Weyden, 
les   Memlinc,  les  Thierry   Stuerboul,  les  deux    Vander 


(  244  ) 

Meire,  les  Hugo  Vander  Goes,  les  Juste  de  Gand  et  tant 
d'autres  qui  portèrent  aux  nues  le  nom  flamand.  »  Il  est 
évident  que  l'auteur  voit  dans  la  renaissance  du  seizième 
siècle  l'époque  où  la  peinture  fut  affranchie  de  la  tyrannie 
des  règles  byzantines ,  l'époque  où  les  artistes  détournèrent 
leurs  regards  des  types  conventionnels,  pour  les  fixer  sur 
la  nature  qui  allait  devenir  pour  eux  une  source  d'inspira- 
tion et  d'études.  Il  oublie  que  la  vraie  renaissance  de  la  pein- 
ture date  de  la  fin  du  treizième  siècle.  C'est  celle  dont 
Giotlo  fut  le  promoteur  et  qui  rétablit  la  nature  dans  ses 
droits  trop  longtemps  méconnus.  La  marche  de  l'art  dans 
cette  nouvelle  voie  fut  lente,  parce  que  des  préjugés  sécu- 
laires ne  sont  pas  entièrement  déracinés  par  la  première 
main  qui  s'avise  de  les  secouer;  mais  elle  fut  continue  et  le 
but  était  atteint ,  pour  ainsi  dire ,  longtemps  avant  l'époque 
où,  suivant  l'auteur  du  mémoire,  on  aurait  seulement 
commencé  à  l'entrevoir. 

Les  auteurs  des  deux  mémoires  ont  cette  idée  fausse 
que  les  écoles  d'Italie  seraient  passées  de  la  convention 
mystique  byzantine  à  l'idéal  de  la  renaissance  du  seizième 
siècle,  fondé  sur  l'étude  des  monuments  de  l'antiquité,  et 
qu'elles  auraient  complètement  négligé  l'observation  de  la 
nature  dont  les  artistes  flamands  auraient  été  les  premiers 
à  apprécier  l'importance  et  les  ressources.  C'est  pourtant 
un  fait  certain  que  les  peintres  italiens  avaient  de  beau- 
coup précédé  les  nôtres  dans  cette  recherche  de  la  nature. 
Nous  aimerions  à  pouvoir  attribuer  aux  maîtres  de  notre 
école  le  privilège  de  la  découverte  d'un  principe  fécond; 
mais  la  vérité  passe  avant  tout,  même  avant  l'amour- 
propre  national.  Il  nous  serait  facile  de  multiplier  les 
preuves  à  l'appui  des  droits  que  l'histoire  confère  aux 
peintres  italiens,  relativement  à  l'introduction  de  l'élément 


(  245  ) 
humain  dans  l'art;  nous  nous  bornerons  à  en  citer  quel- 
ques-uns, que  nous  tirerons  du  même  lieu,  du  Campo 
Santo  de  Pise,  ce  curieux  musée  où  sont  réunis  des  spéci- 
mens si  intéressants  de  l'ancienne  peinture  italienne.  Ce 
seront  d'abord  les  sujets  empruntés  à  la  légende  de  saint 
Ranieri  par  Simone  Memmi.  Dans  une  de  ses  compositions, 
l'artiste  a  montré  saint  Ranieri,  avant  sa  conversion,  fai- 
sant danser  aux  sons  du  psalterion,  des  jeunes  filles  élégam- 
ment parées,  tandis  qu'un  ermite  lui  adresse  de  sévères 
remontrances.  Dans  un  second  tableau,  le  saint  distribue 
son  bien  aux  pauvres,  à  des  vieillards  estropiés,  à  des 
femmes  et  des  enfants  qui  tendent  les  mains  pour  recevoir 
ses  aumônes  et  qui  semblent  lui  adresser  des  paroles  de 
reconnaissance.  Il  y  a  certes  bien  loin  de  ces  épisodes 
familiers,  fruits  de  la  conception  libre  de  l'artiste,  en 
même  temps  que  de  l'observation  du  monde  réel,  à  la 
rigoureuse  reproduction  des  sujets  et  des  types  consacrés 
par  le  code  de  l'art  byzantin. 

Simone  Memmi,  l'auteur  de  ces  peintures  inspirées  par 
le  sentiment  de  la  nature,  vivait  entre  les  années  1280 
et  1344.  Aucun. artiste  flamand,  on  est  obligé  de  le  recon- 
naître, n'avait  encore  imaginé  de  traiter  des  sujets  fami- 
liers. 

Antonio  Veneziano  (1519-1585),  entreprit  de  compléter 
l'œuvre  que  la  mort  n'avait  pas  laissé  à  Simone  Memmi  le 
temps  d'achever.  Il  représenta  également  une  série  d'ac- 
tions tirées  de  la  vie  de  saint  Ranieri,  en  prenant  l'histoire 
du  personnage  au  point  où  l'avait  laissée  Memmi  et,  à 
l'exemple  de  celui-ci,  il  introduisit  dans  ses  compositions 
des  scènes  de  mœurs  dont  on  ferait  aujourd'hui  des 
tableaux  de  genres. 

Les  exemples  que  nous  venons  de  citer  ne  sont  pas  des 


(  246  ) 
exceptions.  Ce  n'est  pas  en  vain  que  Giotto  a  montré  aux 
peintres  de  son  pays  le  parti  qu'ils  pouvaient  tirer  de  l'ob- 
servation de  la  nature.  Ils  sont  entrés  résolument  dans  la 
route  nouvelle  ouverte  par  le  génie  de  l'élève  de  Cimabue 
et  ne  Font  pas  quittée  de  sitôt.  Ils  traitaient,  il  est  vrai, 
des  sujets  religieux,  les  seuls  auxquels  on  leur  demandât 
d'appliquer  leur  talent;  mais  ils  y  introduisaient  des  épi- 
sodes familiers  qui  témoignent  de  l'attention  qu'ils  don- 
naient à  l'étude  de  la  nature.  N'étant  pas  arrêtés  par  des 
convenances  de  style  qu'on  n'observait  pas  de  leur  temps,  ils 
eurent,  sous  ce  rapport,  des  hardiesses  qu'on  ne  pardonne- 
rait pas  aux  peintres  de  notre  époque.  Benazzo  Gozzoli,  un 
vrai  maître,  qui  florissait  dans  la  seconde  moitié  du  quin- 
zième siècle,  manifesta  ce  sentiment  de  la  nature  dans  une 
nombreuse  série  de  compositions  dont  les  sujets  étaient 
tirés  de  la  Bible  et  qu'il  exécuta  également  sous  les  por- 
tiques du  Campo  Santo  de  Pise.  Ses  peintures  sont  des 
plus  remarquables,  aussi  bien  par  l'élévation  du  style, 
par  l'originalité  des  conceptions  et  par  la  beauté  des 
types  que  par  l'observation  de  la  nature.  Ses  compositions 
bibliques  renferment  des  épisodes  familiers  offrant  l'image 
pittoresque  et  vraie  de  la  vie  italienne.  Par  exemple,  dans 
le  tableau  qui  a  pour  sujet  l'ivresse  de  Noé,  la  partie 
gauche  est  remplie  par  une  scène  de  vendanges  où  des 
jeunes  filles  cueillent  le  raisin  sous  une  treille  et  le  portent 
dans  des  panniers  à  la  cuve  où  un  homme  les  écrase  sous 
ses  pieds.  Dans  les  noces  de  Rebecca,  on  voit  un  repas 
italien  avec  tous  les  détails  d'un  service  de  table,  tous  les 
objets  d'ameublement  de  l'époque  de  l'auteur.  Dans  la 
naissance  de  Jacob  et  d'Esaiï,  le  peintre  a  représenté  une 
chambre  d'accouchée  au  quinzième  siècle,  avec  les  céré- 
monies usitées  de  son  temps.  Dans  les  noces  de  Jacob  et 


(  247  ) 

de  Rachel ,  il  a  mis  en  action  des  danses  italiennes  sem- 
blables à  celles  qu'il  observait  en  se  promenant  dans  la 
campagne.  Assurément  ce  ne  sont  pas  là  des*  modèles  à 
proposer  au  point  de  vue  de  la  vérité  historique;  mais  ces 
particularités  témoignent  de  la  part  faite  par  les  peintres 
italiens  à  l'étude  de  la  nature,  longtemps  avant  que  les 
artistes  flamands  songeassent  à  étendre  de  ce  côté  leurs 
observations,  et  c'est  à  ce  titre  que  nous  les  avons  men- 
tionnées. Il  ne  faut  pas  laisser  se  propager  les  idées 
fausses,  lors  même  qu'elles  sont  favorables  aux  objets  de 
nos  sympathies. 

L'auteur  du  mémoire  n°  2  entre,  comme  le  concurrent 
dont  nous  avons  examiné  le  travail,  dans  quelques  détails 
sur  les  circonstances  qui  ont  fait  passer  de  Bruges  à  An- 
vers le  siège  de  l'école  flamande,  puis  il  arrive  à  Quentin 
Metsys.  Il  rappelle  les  traditions  romanesques  qui  eurent 
longtemps  cours  sur  le  compte  du  maître  et  fait  mention 
des  résultats  qu'ont  eus  les  perquisitions  de  patients  cher- 
cheurs, en  ces  derniers  temps,  pour  rétablir,  au  moyen  de 
documents  authentiques,  la  vérité  des  faits  en  ce  qui  con- 
cerne le  nom,  le  lieu  de  naissance,  les  études  et  les  pre- 
miers travaux  de  Quentin  Metsys.  Il  s'occupe  en  même 
temps  de  l'artiste  et  de  l'homme.  Ainsi  qu'il  arrive  à  beau- 
coup d'auteurs  de  monographies,  son  sujet  le  grise  et,  dans 
l'exagération  de  son  enthousiasme,  il  grandit  outre  mesure 
la  personnalité  du  maître  qu'il  s'attache  à  faire  revivre  dans 
l'étude  soumise  à  votre  jugement  :  «  L'ensemble  des  con- 
naissances de  Quentin  était  si  prodigieux,  dit-il,  que, 
même  à  cette  époque  d'une  émulation  ardente,  il  frappa 
d'admiration  les  plus  illustres  de  ses  contemporains.  » 
Suffit-il,  pour  faire  honneur  à  Quentin  Metsys  de  cet 
ensemble  prodigieux  de  connaissances,  soit  du  passage  de 


(  248  ) 

Karel  Van  Mander  où  il  est  dit  que  l'auteur  de  YEnsevelis- 
sement  du  Christ  fut  un  musicien  distingué  et  qu'il  cul- 
tiva non  sans  succès  les  lettres  flamandes,  soit  des  témoi- 
gnages d'estime  qu'il  reçut  d'Erasme,  de  Thomas  Morus 
et  d'Albert  Durer?  «  De  tout  ce  qui  précède,  dit  encore 
l'auteur  du  mémoire,  nous  pouvons  hardiment  conclure 
que  par  le  savoir  que  signalent  en  lui  et  que  dénotent  ses 
œuvres,  Quentin  fut  l'étonnement  de  son  siècle.  Il  reste  un 
problème  pour  Je  nôtre.  »  Si  l'on  parle  ainsi  de  Melsys, 
que  dira-t-on  de  Léonard  de  Vinci ,  de  Raphaël ,  de  Michel- 
Ange,  de  Rubens,  de  ces  hommes  étonnants  dont  le  génie 
se  manifesta  sous  des  formes  si  diverses  et  s'éleva  à  une  si 
grande  hauteur?  En  toutes  choses  il  faut  garder  une  juste 
mesure. 

«  Quentin  Metsys  ne  fut  pas  bercé  sur  les  genoux  d'une 
duchesse,  dit  l'auteur  du  mémoire.  Il  naquit  nu  et  misé- 
rable, vrai  enfant  du  peuple.  »  La  même  idée  a  été 
exprimée  par  l'autre  concurrent.  Nous  demanderons 
encore  ce  que  cela  signifie.  N'en  peut-on  pas  dire  autant 
d'une  foule  d'artistes,  de  savants ,  d'écrivains,  etc.?  A-t-on 
jamais  exigé  que  les  peintres,  les  sculpteurs,  les  poêles, 
les  musiciens  fissent  preuve  de  noblesse? 

L'auteur  du  mémoire,  après  s'être  attaché  à  démontrer 
le  peu  de  fondement  des  histoires  romanesques  dont  les 
anciens  biographes  ont  fait  de  Quentin  Metsys  le  héros,  se 
laisse  aller,  à  son  tour,  à  des  suppositions  absolument  arbi- 
traires, lorsqu'il  veut  expliquer  certains  caractères  particu- 
liers des  œuvres  du  maître.  Il  range  parmi  les  fables  la 
légende  amoureuse  du  forgeron-peintre,  et  ce  n'est  pas 
sans  regret,  dit-il.  Il  s'en  console  en  supposant,  disons 
même  en  affirmant  que  l'amour  joua  un  grand  rôle  dans 
la  vie  du  peintre  et  lui  inspira  ses  plus  belles  œuvres.  La 


(  249  ) 
tradition  ne  parlait  que  d'un  seul  amour  comme  ayant 
influé  sur  le  développement  du  génie  de  Metsys;  l'auteur 
du   mémoire  attribue  cette   influence  à   trois  amours  : 
l'amour  pour  sa  mère  qu'il  adorait  et  qui  lui  enseigna  le 
culte  du  foyer  domestique;  l'amour  de  sa  première  femme 
dont  il  reproduisit  les  traits  dans  ses  figures  de  madones 
et  de  saintes;  enfin  l'amour  de  la  patrie  qui  l'enflammait. 
A  voir  les  détails  intimes  donnés  par  l'écrivain  sur  les  sen- 
timents de  Metsys,  sur  son  intérieur,  sur  sa  manière  de 
vivre  et  de  travailler,  on  serait  tenté  de  croire  qu'ils  ont 
été  fournis  ou  par  l'artiste  lui-même  dans  une  auto-biogra- 
phie, ou  par  quelque  témoin  oculaire  de  ses  actions,  con- 
fident de  ses  pensées  en  même  temps.  Imaginerait-on  qu'il 
s'agit  d'un  homme  sur  la  vie  duquel  on  ne  sait  guère  que 
ce  qui  tiendrait  en  dix  lignes?  Les  œuvres  d'un  artiste 
sont,  il  est  vrai,  des  documents  pour  son  histoire;  mais 
lorsqu'on  ne  se  borne  pas  en  tirer  des  conclusions  géné- 
rales, lorsqu'on  veut  entrer  dans  les  petites  particularités 
et  préciser  minutieusement,  ce  n'est  plus  de  l'histoire  que 
l'on  fait,  c'est  du  roman.  Voilà  ce  qui  arrive  à  l'auteur  du 
travail  que  nous  examinons.  Le  point  de  départ  de  ses  ob- 
servations est  souvent  juste;  mais  il  est  rare  qu'il  résiste 
aux  entraînements  de  son  imagination  et  qu'il  n'aille  point 
beaucoup  au  delà  de  ce  qu'il  est  possible  de  conclure  d'une 
hypothèse,  car  tout  est  hypothétique  dans  l'histoire  de 
Quentin  Metsys.  On  s'accorde  à  reconnaître  que  ce  peintre 
est  resté  fidèle  aux  traditions  de  l'école  nationale,  tandis 
que  plusieurs  de  ses   contemporains  allaient   en  Italie 
échanger  leur  originalité  contre  un  style  d'emprunt  qui  ne 
leur  donna  que  des  talents  bâtards;  on  le  loue  à  bon  droit 
d'avoir  su  se  soustraire  à  la  contagion  de  l'italianomanie. 
Est-il  nécessaire  de  dire  que  :  «  Représentant  d'une  race 


(  250  ) 
puissante  et  forte,  aux  mœurs  patriarcales,  Melsys  puisa 
dans  l'amour  du  foyer  l'amour  de  la  patrie,  qui  dut  con- 
stamment lui  faire  éviter  tout  contact  et  tout  alliage 
étrangers;  que  son  amour-propre  de  Flamand  se  révolta 
quand  il  vit  les  artistes  ses  contemporains  s'ingénier  à 
copier  les  œuvres  des  peintres  étrangers  et  qu'il  résolut  de 
consacrer  sa  vie  à  lutter  contre  les  envahissements  des 
novateurs  entichés  à  l'excès  d'une  manière  dont  l'adop- 
tion devait  être  si  fatale  à  l'art  national.  »  Metsys  est  resté 
Flamand  dans  sa  peinture,  parce  qu'il  était  dans  la  nature 
de  son  génie  de  se  manifester  de  la  manière  propre  aux 
artistes  de  son  pays.  Ce  qu'il  a  fait,  il  l'a  fait  de  sentiment, 
sans  se  poser  en  continuateur,  en  défenseur  de  l'ancienne 
école  flamande,  sans  prétendre  se  donner  une  mission  ou 
jouer  un  rôle.  Les  vrais  maîtres  n'avaient  pas  de  systèmes; 
ils  suivaient  simplement  la  voie  où  les  poussaient  leur 
tempérament  et  leurs  instincts.  Beaucoup  d'enlre  eux, 
s'ils  revenaient  au  monde,  seraient  bien  surpris  de  la  pro- 
fondeur des  vues  qu'on  leur  attribue. 

L'auteur  du  mémoire  aborde  enfin  l'examen  des  œuvres 
de  Quentin  Metsys  en  les  classant  dans  l'ordre  chronolo- 
gique ,  ordre  formé  d'après  l'opinion  des  critiques  accré- 
dités qui  croient  reconnaître  à  de  certains  indices  que  tel 
tableau  appartient  à  telle  époque  de  la  carrière  de  l'ar- 
tiste. Il  analyse  avec  soin  et  avec  sagacité  celles  de  ces 
œuvres  qu'il  a  eu  l'occasion  de  voir.  Lorsqu'il  parle  des 
autres,  il  transcrit  ce  qu'en  ont  dit  les  écrivains  dont  le 
jugement  lui  a  paru  mériter  confiance.  Il  faut  lui  rendre 
cette  justice  qu'il  a  lu  à  peu  près  tout  ce  qui  a  été  écrit 
sur  Quentin  Metsys  et  que,  parmi  les  sources  auxquelles 
il  pouvait  puiser  pour  compléter  son  travail,  il  n'en  est 
guère  qui  lui  aient  échappé.  Sous  ce  rapport  son  mémoire 


(  251  ) 

est  très-supérieur  à  celui  qui  porte  le  n°  1  et  dont  l'auteur 
n'a  communiqué  que  ses  propres  impressions  se  bornant, 
comme  nous  l'avons  dit,  à  décrire  le  peu  de  peintures  du 
maître  qu'il  a  eu  l'occasion  de  voir  de  ses  yeux.  Les  nom- 
breuses citations  de  l'auteur  du  mémoire  n°  2  donnent  à 
son  écrit  une  valeur  d'érudition  qui  manque  à  l'ouvrage 
de  l'autre  concurrent.  Ses  descriptions  des  tableaux  de 
Metsys  sont  minutieuses  et  exactes;  ses  appréciations  sont 
justes.  Il  fait  d'excellentes  réflexions  sur  le  sujet,  la  com- 
position, la  participation  des  figures  à  l'action  et  le  style. 
Relativement  à  la  partie  technique  de  la  peinture,  aux  pro- 
cédés d'exécution,  il  ne  se  montre  pas  aussi  compétent  que 
l'auteur  du  mémoire  n°  1  et  traite  trop  sommairement  des 
questions  qui  méritaient  un  examen  plus  approfondi.  Jl  n'a 
pas  commis,  comme  son  compétiteur,  la  faute  de  passer 
sous  silence  le  triptyque  de  Louvain,  dont  il  reconnaît  la 
haute  valeur.  Il  n'a  pas  oublié  non  plus  de  citer  les  por- 
traits de  Metsys.  Lorsqu'il  parle  des  Avares  et  des  Peseurs 
d'or,  il  signale,  ainsi  que  l'autre  concurrent,  ces  produc- 
tions comme  introduisant  dans  l'art  une  forme  nouvelle 
et  tombe  d'accord  avec  M.  Waagen ,  dont  il  cite  les  paroles, 
pour  proclamer  Quentin  Metsys  un  des  créateurs  de  la 
peinture  de  genre. 

Après  avoir  terminé  l'examen  des  œuvres  de  Quentin 
Metsys,  l'auteur  du  mémoire  n°  2  consacre  quelques  pages, 
les  dernières  de  son  travail,  à  considérer  dans  son  ensemble 
le  talent  du  grand  artiste  et  à  démontrer  quelle  fut  l'in- 
fluence qu'il  exerça,  tant  sur  ses  contemporains,  que  sur 
les  peintres  flamands  des  générations  suivantes.  Nous  sous- 
crivons à  plusieurs  des  idées  qu'il  exprime  à  cette  occasion; 
mais  il  en  est  d'autres  auxquelles  il  nous  est  impossible  de 
nous  rallier.  L'auteur  se  trompe  manifestement  lorsqu'en 


(  252  ) 
parlant  delà  prédilection  de  Metsys  pour  tout  ce  qui  avait  un 
cachet  de  vérité  dans  Tari,  il  dit  de  ce  maître  :  «  ïl  eut  con- 
stamment pour  principe  de  corriger  l'étude  des  maîtres  par 
l'étude  de  la  nature  et  de  compléter  l'étude  de  la  nature  par 
l'étude  des  maîtres.  »  C'est  arbitrairement  qu'il  attribue 
cette  théorie  esthétique  au  fondateur  de  l'école  d'Anvers. 
Il  n'y  mettait  pas  tant  de  façon,  s'il  nous  est  permis  d'em- 
ployer cette  expression  familière;  il  se  bornait  à  suivre  l'im- 
pulsion de  son  propre  sentiment;  il  se  contentait  d'être 
lui  et  c'est  précisément  parce  qu'il  a  tiré  de  lui-même,  sous 
l'inspiration  de  la  nature,  tout  ce  qu'il  y  a  dans  ses  œu- 
vres, que  nous  le  trouvons  si  étonnant  pour  son  époque. 
Une  autre  erreur  plus  grave  est  renfermée  dans  ce  pas- 
sage :  a  Le  premier  il  arriva  à  traiter  ies  personnages  de 
grandeur  naturelle,  ce  qui  amena  toute  une  révolution 
dans  la  peinture,  en  introduisant  l'étude  de  l'anatomie.  » 
Il  suffira  à  l'auteur  du  mémoire  de  faire  une  visite  au  mu- 
sée de  Bruxelles,  pour  constater  que  Quentin  Metsys  n'a 
pas  été  le  premier  qui  ait  peint  des  personnages  de  gran- 
deur naturelle.  Les  volets  détachés  de  Y  Agneau  mystique 
de  Van  Eyck  et  les  deux  tableaux  de  Thierry  Bouts  (Stuer- 
boul)  représentant  les  deux  épisodes  de  la  Sentence  inique 
de  V empereur  Othon  lui  prouveront  assez  que  la  priorité 
pour  l'exécution  des  personnages  dans  les  proportions  de 
la  nature  n'appartient  pas  à  Quentin  Metsys. 

L'auteur  représente  Quentin  Metsys  comme  ayant  été  le 
premier  qui  introduisit  dans  l'art  le  sentiment  de  la  na- 
ture; il  affirme  que  si  ce  principe  a  triomphé,  ce  n'est  pas 
sans  avoir  eu  à  lutter  contre  les  résistances  opposées  par 
les  préjugés  et  par  la  routine  à  toute  innovation.  Du  reste, 
rien  ne  saurait  arrêter  la  propagation  de  l'idée  juste.  L'au- 
teur, qui  a  cette  conviction,  s'écrie  :  «  Vous  aurez  beau  la 


(  253  ) 

mettre  sous  les  verrous  (l'idée),  renforcer  les  grilles  et  dou- 
bler les  sentinelles,  pendant  que  vous  la  croyez  tenir  ici, 
elle  est  là-bas  qui  vous  nargue  et  rit  de  vos  vaines  précau- 
tions. Allumez  les  réchauds,  chauffez  les  tenailles  et  les 
pinces,  aiguisez  les  poignards,  préparez  le  bâillon,  étendez 
les  chaînes  et  prenez-la  cette  idée,  et  couchez-la  sur  l'in- 
fâme chevalet,  pressez-la,  étouffez-la  et  quand  vous  l'aurez 
bien  torturée,  et  que  vous  n'en  pourrez  plus,  elle  se  relè- 
vera souriante  et  d'un  geste,  d'un  seul,  vous  étendra  à 
ses  pieds  et  vous  brisera,  vous  pulvérisera,  vous  anéan- 
tira. » 

L'idée  de  faire  de  l'observation  de  la  nature  un  des  élé- 
ments de  l'œuvre  d'art  n'a  pas  eu  à  soutenir  de  ces  luttes 
furibondes.  Elle  est  antérieure  à  Quentin  Metsys.  A  vrai 
dire,  elle  est  aussi  ancienne  que  l'art  dont  elle  fut  le  point 
de  départ.  On  a  pu  s'écarter  plus  ou  moins  de  son  applica- 
tion; elle  a  pu  sommeiller  durant  la  période  de  l'influence 
byzantine;  mais  depuis  son  réveil,  accompli  par  la  forte 
impulsion  qu'elle  reçut  de  Giotto,  elle  n'a  pas  cessé  d'être 
un  des  principes  fondamentaux  de  la  statuaire  et  de  la 
peinture.  11  y  a  bien  des  manières  de  voir  la  nature,  bien 
des  manières  de  la  comprendre,  bien  des  manières  de  l'in- 
terpréter. Disons  plus,  il  y  a  bien  des  natures  différentes. 
Deux  peintres  peuvent  être  également  vrais,  en  reprodui- 
sant des  types  sans  analogie  de  caractère.  Quentin  Metsys 
a  bien  observé  et  bien  rendu  une  certaine  nature;  mais 
l'idée  de  demander  des  modèles  à  la  nature  ne  lui  appar- 
tient pas.  Sans  chercher  des  exemples  ailleurs  que  dans 
notre  école,  est-ce  qu'un  siècle  avant  lui  Van  Eyck  n'avait 
pas  exécuté  cette  admirable  figure  d'Adam  du  musée  de 
Bruxelles,  laquelle  est  plus  fortement  empreinte  de  natu- 

2me  SÉRIE,  TOME    XXIV.  18 


(  254  ) 
ralisme  que  tout  ce  qu'a  produit  le  peintre  de  l'Ensevelis- 
sement du  Christ?  C'est  toujours  un  tort,  pour  le  critique 
ou  pour  l'historien,  d'être  exclusif,  de  chercher  des  argu- 
ments à  l'appui  d'un  système  en  dehors  ou  au  delà  de  la 
vérité.  On  peut  louer  dignement  un  maître  tel  que  Quentin 
Melsys,  sans  lui  prêter  des  mérites  imaginaires. 

II  est  un  reproche  qu'on  est  en  droit  d'adresser  aux  au- 
teurs des  deux  mémoires,  c'est  de  n'avoir  pas  tenu  compte 
des  faits  de  l'histoire  générale  de  l'art  dans  l'aperçu  qu'ils 
ont  donné,  l'un  et  l'autre,  de  l'état  de  la  peinture  antérieu- 
rement à  Quentin  Mets) s,  pour  faire  apprécier,  comparati- 
vement avec  ce  qui  existait  avant  lui,  l'importance  du  mou- 
vement opéré  par  l'impulsion  de  son  génie.  Comme  ils  ne 
s'expriment  pas  de  manière  à  faire  comprendre  que  leurs 
observations  s'appliquent  uniquement  à  l'école  flamande 
considérée  isolément,  ils  semblent  avoir  voulu  attribuer  à 
Metsys  l'honneur  de  conceptions  nouvelles  qui,  en  réalité, 
appartiennent  à  des  maîtres  étrangers  et  dont  il  sut  tirer 
parti,  avec  une  rare  sagacité,  sans  altérer  le  caractère  du 
génie  flamand  qui  colore  si  vivement  ses  œuvres.  Indépen- 
damment du  mouvement  particulier  de  chaque  école,  il  y 
a  un  mouvement  général  de  l'art  qui  se  fait  sentir  partout  à 
la  fois  ou  presque  à  la  fois.  La  révolution  faite  par  Giotto, 
qui  émancipa  le  génie  des  peintres  et  qui  rétablit  l'union 
féconde  de  la  nature  et  de  l'art,  se  répandit  de  Florence 
dans  le  reste  de  l'Italie  et  d'Italie  dans  l'Europe  entière. 
Iles  artistes  flamands  accueillirent  comme  ils  le  devaient 
les  principes  de  liberté  qu'elle  leur  apportait.  Quentin 
Metsys  usa  de  cette  liberté  en  homme  de  génie;  mais  il  ne 
fut  pas,  comme  maint  passage  des  deux  mémoires  ten- 
drait à  le  faire  supposer,  le  Spartacus  de  la  peinture. 


(  253  ) 
Quand  l'auteur  du  mémoire  n°  2  dit  que  Metsys  fut  le 
premier  qui  fit  concourir  différents  personnages  à  une 
môme  action,  qu'il  créa  l'harmonie  de  la  composition 
ignorée  complètement  de  ses  prédécesseurs,  qu'il  fit  con- 
naître, le  premier,  les  ressources  de  la  perspective  aérienne, - 
il  le  traite  en  inventeur  de  ces  choses  essentielles  dont  l'art 
s'enrichit  successivement  par  l'initiative  des  maîtres  ita- 
liens du  quinzième  siècle.  Quentin  Metsys  n'a  pas  créé, 
comme  le  donnent  à  entendre  les  auteurs  des  deux  mé- 
moires, tout  ce  qu'il  y  a  dans  ses  œuvres;  mais  pourtant  il 
n'est  pas  imitateur.  Il  a  pris  l'art  au  point  où  l'avaient  porîé 
des  perfectionnements  antérieurs,  de  même  que  les  grands 
écrivains  des  époques  florissantes  de  l'histoire  littéraire  ont 
pris  la  langue  formée  par  leurs  prédécesseurs,  pour  en  faire 
l'instrument  de  leurs  pensées,  S'il  n'a  pas  créé  tous  les  élé- 
ments qu'il  met  en  œuvre,  il  les  a  modifiés  de  manière  à 
les  adapter  à  ses  propres  inspirations,  il  les  a  marqués 
de  l'empreinte  de  son  originalité,  laquelle  s'est  manifestée 
d'ailleurs  par  des  qualités  qui  lui  sont  tout  à  fait  person- 
nelles, et  au  nombre  desquelles  brille  principalement  un 
profond  sentiment  de  la  nature.  Il  a  vivifié  l'école  natio- 
nale en  lui  infusant  un  sang  nouveau;  mais  il  s'est  gardé 
de  porter  atteinte  aux  principes  fondamentaux  sur  les- 
quels elle  repose.  Résolvant  le  problème  de  l'union  de 
deux  tendances  opposées,  il  a  été  à  la  fois  révolution- 
naire et  conservateur. 

En  résumé,  il  y  a  de  fort  bonnes  choses  dans  le  mé- 
moire n°  2,  particulièrement  dans  la  partie  biographique, 
aussi  bien  que  dans  la  partie  descriptive  et  analytique; 
mais  des  inexactitudes  historiques  et  des  exagérations  qui 
dénaturent  le  véritable  caractère  des  choses  ne  permet- 
tent pas  de  lui  attribuer  le  prix  fondé  par  l'Académie  en 


(  256  ) 
vue  d'obtenir  un  travail  sinon  parfait,  du  moins  irrépro- 
chable dans  ce  qui  a  trait  aux  questions  principales. 

Je  me  rallie  donc  aux  conclusions  proposées  par  mon 
honorable  confrère  M.  Portaels.  » 

M.  Ad.  Siret,  troisième  commissaire,  adhère  verbale- 
ment aux  conclusions  de  ses  deux  confrères. 

D'après  les  conclusions  de  MM.  les  commissaires,  char- 
gés d'examiner  ces  travaux,  la  classe  accorde  une  médaille 
d'argent  à  l'auteur  du  mémoire  n°2  et  une  mention  hono- 
rable à  l'auteur  du  mémoire  n°  1.  Les  auteurs  sont  priés, 
en  conséquence,  de  vouloir  bien  se  faire  connaître  (1). 


La  classe  décide  qu'elle  rédigera  dans  sa  séance  du  mois 
d'octobre  le  programme  des  questions  à  mettre  au  concours 
pour  1868. 

Elle  arrête  ensuite  le  programme  de  la  séance  publique 
du  lendemain,  qui  se  composera  de  : 

1.  Discours  de  M.  F.  Fétis,  vice-directeur  de  la  classe. 

î2.  Ouverture  d'Euryanthe,  musique  de  Weber,  exécutée 
par  l'orchestre  du  Conservatoire  royal  de  Bruxelles. 

5.  Proclamation  des  résultats  du  concours  ouvert  par  la 
classe. 

4.  Proclamation  des  résultats  du  concours  des  cantates 
et  du  concours  de  composition  musicale  institués  par  le 
gouvernement. 


(1)  L'auteur  du  travail  n°  2  s'est  fait  connaître  depuis  :  c'est  M.  Ernest 
Van  C.Ieemputte,  attaché  à  la  Bibliothèque  royale. 


(  mi  ) 

5.  Proclamation  des  résultats  du  grand  concours  de 
peinture  de  1867. 

6.  Met  Woad,  cantate  couronnée  au  concours  de  com- 
position musicale  de  1867;  paroles  de  M.  Cb.  Versnaeyen, 
musique  de  M.  Waelput. 


COMMUNICATIONS  ET  LECTURES. 


Quelques  observations  sur  l'emploi  de  deux  langages  dans 
les  concours  de  composition  musicale,  par  M.  Daussoigne- 
Méhul,  associé  de  l'Académie. 

Si  les  hommes  ne  font  qu'apparaître,  il  en  est  de  même 
de  quelques  institutions  d'art  mal  assises,  ou  livrées  au  ca- 
price de  chacun.  En  sera-t-il  ainsi  des  concours  de  com- 
position en  Belgique?  —  Telle  est  la  question  que  je  me 
propose  d'examiner,  et  que  je  recommande  à  l'attention  la 
plus  sérieuse  de  mes  honorables  confrères. 

J'ai  signalé  déjà  l'espèce  de  mépris  affecté  par  quelques 
lauréats  à  l'égard  d'un  règlement  protecteur,  et  ma  voix 
s'est  perdue  dans  le  désert!  Je  pourrais  donc  m'arrèter 
après  cette  malencontreuse  tentative,  car  je  sais  que  le 
rôle  de  censeur  a  des  inconvénients  et  que  l'on  se  fait  peu 
d'amis  en  signalant  des  abus;  mais  cette  considération  me 
touche  peu  lorsqu'il  s'agit  de  l'intérêt  des  arts  et  de  l'ave- 
nir des  artistes.  En  outre,  je  ne  puis  oublier  que  nous  vi- 
vons dans  un  pays  où  le  moindre  des  citoyens  jouit  du 
droit  de  publier  hautement  sa  pensée  :  or,  il  est  des  situa- 
tions où  le  droit  se  transforme  en  devoir. 


(  258  ) 

J'examinerai  donc  avec  une  entière  indépendance  la  va- 
leur d'une  disposition  récente,  dont  le  maintien  met  en 
péril  —  à  l'insu  du  pouvoir  —  l'institution  de  ces  con- 
cours. 

Depuis  1841  (époque  où  fut  institué  le  grand  prix  de 
composition),  jusqu'en  1865,  les  concurrents  furent  mis 
en  possession  d'un  poëme  en  langue  française.  Cette  me- 
sure était  sage;  elle  réunissait  —  par  un  point  de  suture 
littéraire  —  les  Flamands  qui  ne  comprennent  pas  le  wal- 
lon, et  les  Wallons  qui  ne  savent  pas  un  mot  de  flamand... 
tandis  que  les  uns  et  les  autres  (dans  les  classes  où  se  re- 
crutent les  jeunes  compositeurs)  font  un  usage  égal  de 
l'idiome  français  qui,  en  définitive,  est  la  langue  officielle 
du  pays;  elle  offrait  surtout  un  avantage  aux  Flamands 
dont  l'avenir  de  gloire  et  de  fortune  est  à  Paris.  Il  est  évi- 
dent que  si  la  Belgique  est  justement  fière  du  succès  de 
ses  musiciens  en  France,  elle  est  loin  de  pouvoir  leur  of- 
frir chez  elle  une  situation  prospère,  et  qu'il  est  important 
pour  eux  de  s'exercer  de  bonne  heure  à  mettre  en  mu- 
sique le  seul  idiome  admis  sur  la  scène  française. 

Cela  suffit,  me  paraît-il,  pour  expliquer  une  résolution 
contre  laquelle  personne  ne  s'éleva  pendant  plus  de  vingt 
ans.  Mais  un  jour  vint  où  l'un  des  concurrents,  trahi,  peut- 
être,  par  une  mauvaise  disposition  d'esprit  ou  de  santé, 
abandonna  son  travail  en  déclarant  qu'il  lui  était  impos- 
sible de  rencontrer  la  moindre  inspiration  sur  des  paroles 
françaises!...  —  11  est  heureux  pour  nous  qu'un  pareil  in- 
convénient n'ait  pas  arrêté  les  auteurs  d'Orphée,  de  Guil- 
laume Tell,  des  Huguenots,  etc.,  etc.  —  Quoi  qu'il  en  soit, 
le  mot  n'est  pas  tombé  vainement  :  de  pressantes  réclama- 
tions furent  adressées  au  pouvoir;  on  invoqua  sa  justice 
en  demandant  qu'à  l'avenir  deux  poèmes,  l'un  en  flamand 


(  2o9  ) 
et  l'autre  en  français,  fussent  présentés  au  choix  des  con- 
currents, à  l'effet  d'égaliser  entre  eux  les  chances  du  con- 
cours!... 

Il  ne  m'appartient  pas  de  décider  si  l'un  de  ces  langages 
se  marie  mieux  que  l'autre  à  la  musique  :  c'est  un  soin  que 
j'abandonne  volontiers  aux  littérateurs  flamands,  dont  la 
plupart  se  servent  de  la  langue  française  avec  autant  de 
pureté  que  d'élégance.  Je  ferai  seulement  remarquer  ici 
qu'avec  la  volonté  d'être  juste  envers  tout  le  monde,  les 
demandeurs  réclamaient  du  pouvoir  un  privilège  exorbi- 
tant en  faveur  de  leurs  concitoyens  !...  Privilège  qui  con- 
sistait, pour  les  habitants  des  Flandres  et  du  Brabant,  à 
choisir  entre  deux  scènes  de  caractère  et  de  langage  diffé- 
rents, tandis  que  les  Wallons,  privés  d'initiative  par  leur 
ignorance  de  la  langue  flamande,  étaient  fatalement  con- 
traints de  choisir  la  scène  française!...  Celte  considération 
n'apparut  à  personne  :  la  demande  fut  enlevée  d'assaut,  et 
l'arrêté  de  1865  en  fit  une  loi. 

Quelques  observations  furent  immédiatement  présen- 
tées à  M.  le  Ministre  de  l'intérieur  par  l'un  de  nos  con- 
frères les  plus  autorisés  :  M.  le  Ministre  en  reconnut  la 
justesse  et  promit  d'y  faire  droit;  mais  on  était  à  la  veille 
d'un  nouveau  concours;  le  Moniteur  avait  parlé,  force  était 
donc  de  lui  obéir...  quitte  à  rechercher  plus  tard  le  moyen 
de  tout  concilier. 

Qu'en  est-il  advenu?  —  Hélas!  il  faut  bien  le  dire  :  en 
dépit  de  la  volonté  bienveillante  du  pouvoir,  sa  religion 
fut  surprise  une  seconde  fois.  —  On  s'était  proposé  de 
faire  traduire  le  poème  français  en  flamand  (?)  et  la  scène 
flamande  en  poésie  française ,  toujours  dans  la  vue  d'éga- 
liser les  chances... 

J'insisterai  peu  sur  la  pensée  de  ces  traductions.  Il  est 


(  260  ) 

reconnu  que  la  langue  flamande  (comme  tous  les  idiomes 
germaniques)  peut  facilement  reproduire  le  rhythme  et  la 
cadence  des  vers  français,  espagnols,  italiens,  etc.,  mais 
non  l'équivalent  de  certains  tours  de  phrases,  de  certaines 
expressions  dont  la  vigueur  ou  le  charme  est  en  raison  du 
génie  particulier  de  chaque  langue.  Le  contraire  serait  un 
tour  de  force  que  les  plus  habiles  traducteurs  d'Homère  et 
de  Virgile  n'ont  jamais  accompli.  —  Somme  toute,  la  meil- 
leure traduction  littérale  en  vers  ne  sera  jamais  qu'un  faible 
et  pâle  reflet  du  texte  original.  —  Serait-ce  en  cela,  je  le 
demande,  que  consisterait  cette  égalité  de  chances  tant  ré- 
clamée? 

En  fin  de  compte,  aucune  traduction  ne  fut  présentée 
aux  aspirants,  et  les  conditions  du  précédent  concours 
furent  maintenues  en  1867. 

Cela  dit,  j'abandonne  la  question  de  langage  (question 
sans  intérêt  dans  les  concours  de  composition  musicale , 
puisqu'il  est  avéré  que  l'on  écrit  chaque  jour  de  bonne  et 
de  mauvaise  musique  sur  toutes  les  langues...),  et  j'aborde 
carrément  le  vice  capital  d'un  système  qui  blesse  à  la  fois 
la  justice,  les  musiciens  et  leurs  juges. 

Quoi  que  l'on  dise  pour  soutenir  une  mauvaise  thèse, 
l'un  des  poèmes  remis  aux  concurrents  présentera  tou- 
jours quelque  avantage  sur  l'autre,  fussent-ils  écrits  tous 
deux  en  français  ou  en  flamand  :  cet  avantage  résultera  de 
la  nature  du  sujet  adopté  par  le  poète.  Dès  lors  le  choix  of- 
fert à  de  jeunes  compositeurs  est  un  piège  tendu  à  leur 
inexpérience. 

Que  l'on  consulte  le  programme  des  concours  de  pein- 
ture, sculpture,  architecture,  etc.;  on  verra  que,  partout, 
les  aspirants  doivent  traiter  le  même  sujet,  seul  moyen 
d'établir  entre  eux  des  points  de  comparaison.  C'est  une 


(  261  ) 

Joi  reconnue  par  le  bon  sens  et  l'équité.  Les  juges  d'un 
duel  ne  permettent  le  combat  qu'après  avoir  mesuré  la 
longueur  des  épées!  serait-il  donc  moins  équitable,  dans 
les  luttes  artistiques ,  d'offrir  des  armes  égales  à  tous  les 
aspirants  aux  prix  ? 

Maintenant,  que  dire  d'une  assemblée  de  peintres  avant 
à  prononcer  entre  deux  toiles,  dont  l'une  représenterait 
une  Fête  de  village  et  l'autre  la  Mort  de  César?...  —  Telle 
est  pourtant  la  situation  de  votre  jury  musical  en  présence 
de  deux  partitions  disparates!  Je  le  demande  à  tous  les 
nommes  d'expérience  et  de  bonne  foi  :  Quel  rapport  éta- 
blir entre  les  effets  du  vent  qui  fait  tourner  les  moulins  à 
farine  ou  chavirer  les  barques...  et  la  douleur  de  Jephté 
sacrifiant  sa  fdle?  —  ou  bien  encore,  entre  les  plaisirs 
d'une  chasse  dans  la  Forêt  et  l'héroïsme  de  Jeanne  d'Arc 
marchant  au  supplice!!!...  (1). 

Oh!  je  le  dis  du  fond  de  mon  àme,  il  est  temps  de  sortir 
de  ce  guêpier  et  de  savoir  définitivement  si  nous  avons  à 
juger  un  concours  d'opérette...  ou  de  musique  dramatique, 
ainsi  que  le  veut  l'arrêté  de  184-1. 

Mais,  dira-t-on,  de  quoi  vous  plaignez-vous?...  Le  jury 
n'a-t-il  pas  fonctionné  jusqu'à  ce  jour  sans  le  moindre  em- 
barras? —  Je  demande  ici  la  permission  de  ne  pas  ré- 
pondre. L'appréciation  des  actes  posés  par  le  jury  est  en 
dehors  du  cadre  que  je  me  suis  tracé,  et  la  convenance 
d'accorder  un  premier  prix  quand  même  est  une  question 
brûlante  que  je  laisse  à  part. 

Après  tout,  si  l'on  trouve  de  l'inconvénient  à  supprimer 
l'épreuve  en  langue  flamande,  pourquoi   ne  pas  ouvrir 


(1)  Sujets  traités  simultanément  dans  les  derniers  concours. 


(  262  ) 
chaque  année  un  concours  spécial  en  remplacement  des 
concours  bisannuels  et  faire  usage  alternativement  des 
deux  idiomes?  —  On  rétablirait  ainsi  l'unité  de  condition 
entre  les  aspirants;  et  pour  éviter  un  surcroît  de  dépenses 
au  budget  des  beaux-arts,  les  quatre  années  de  la  pension 
des  lauréats  seraient  réduites  à  deux,  chose  très-su ffisan te 
pour  se  promener  en  paix. 

Je  me  rappelle  à  cette  occasion  que  M.  le  Ministre  nous 
demandait,  il  y  a  peu  d'années,  s'il  était  bien  nécessaire 
de  tant  prolonger  l'absence  des  jeunes  compositeurs!  — 
Aujourd'hui  l'expérience  répond  à  cette  question. 

Je  ne  veux  pas  nier  les  embarras  que  présente  la  propo- 
sition qui  précède.  On  me  demande  déjà  si  les  musiciens 
nés  dans  les  Flandres  participeraient  à  la  double  épreuve, 
en  raison  de  leur  aptitude  à  se  servir  des  deux  langages, 
et  je  pencherais  vers  l'affirmative,  car  je  ne  vois  ici  que 
des  artistes  belges  sans  distinction  de  province.  J'admets 
aussi  qu'après  avoir  échoué  dans  un  concours  en  langue 
flamande,  un  aspirant  puisse  produire  un  excellent  travail 
sur  un  poëme  français!  —  Tout  peut  dépendre  du  caractère 
de  la  scène  à  traiter...  Mais  enfin  les  Wallons  ne  jouiraient 
pas  du  même  avantage,  et  l'on  tomberait  de  Charybde  en 
Scylla. 

Certes,  il  serait  ridicule  de  forcer  les  compositeurs  fla- 
mands à  n'employer  que  leur  idiome  natal  :  je  crois  avoir 
démontré  que  leur  intérêt  commande  le  contraire;  mais  il 
faut  éviter  ici  jusqu'à  l'ombre  de  la  partialité,  sous  peine 
de  voir  bientôt  l'antagonisme  succéder  à  l'émulation.  — 
Ce  motif  est  très-grave. 

Dès  lors,  tout  en  gardant  l'emploi  des  deux  langues,  ne 
serait-il  pas  mieux  d'ouvrir  simultanément  deux  concours 
tranchés?  —  On  nommerait  ainsi  deux  jurys  spéciaux, 


(263  ) 

chacun  de  trois  membres,  avec  faculté,  le  cas  échéant, 

d'accorder  de  part  et  d'autre  un  premier  prix non  au 

mérite  relatif,  mais  au  mérite  absolu. 

Alors,  les  jeunes  Flamands  n'auraient  plus  le  choix  du 
poème,  mais  celui  du  langage  à  mettre  en  musique.  Ils  fe- 
raient connaître  leur  volonté  à  cet  égard  un  mois  avant 
l'ouverture  des  concours,  en  prenant  inscription  au  Mi- 
nistère de  l'intérieur,  et  de  ce  moment  leur  décision  serait 
irrévocable,  quel  que  fût  plus  tard  le  sujet  de  l'une  ou 
l'autre  scène.  —  Dans  ce  cas,  les  concours  seraient  bis- 
annuels, et  la  pension  des  lauréats  serait  de  deux  années. 

Malgré  tout,  j'estime  que  mieux  vaudrait  en  revenir  aux 
dispositions  de  l'arrêté  primitif,  quitte  à  créer  un  nouvel 
encouragement  en  faveur  des  poètes  lyriques.  —  Le  théâtre 
semble  en  offrir  le  moyen. 

Quant  aux  musiciens  nés  en  Flandre,  rien  ne  les  em- 
pêcherait d'écrire  pour  le  théâtre  flamand  !  C'est  ainsi  que 
l'on  en  prête  aujourd'hui  le  projet  à  M.  Gevaert.  —  En  dé- 
finitive, si  mes  conclusions  pouvaient  effaroucher  quelques 

intérêts  secondaires j'en  aurais  tout  le  regret  possible; 

mais  cette  prévision  ne  me  ferait  pas  désavouer  l'axiome 
qui  fut  la  loi  de  toute  ma  vie  d'artiste  : 

Fais  ce  que  dois,  advienne  que  pourra  ! 

J'ose  donc  appeler  de  nouveau  l'attention  de  la  classe 
des  beaux-arts  sur  les  conséquences  d'un  système  déplo- 
rable  persuadé  qu'il  appartient  à  mes  honorables  con- 
frères de  présenter  au  pouvoir  les  moyens  d'y  porter  re- 
mède. 


(  264  ) 


CLASSE   «ES   BEAUX-ARTS, 


Séance  publique  du  lundi,  23  septembre  1867,  à  midi. 
(Temple  des  Augustins.) 

M.  F.  Fétis,  vice-directeur,  occupe  le  fauteuil. 
M.  L.  Alvin,  faisant  fonctions  de  secrétaire. 

Sont  présents  :  MM.  G.  Geefs,  Van  Hasselt,  Vieuxtemps, 
Jos.  Geefs,  Ferd.  De  Brackeleer,  Fraikin,  Éd.  Fétis,  Edm. 
De  Busscher,  Payen,  le  chevalier  de  Burbure,  Franck, 
De  Man,  Ad.  Siret,  Julien  Leclercq,  membres;  Daussoigne- 
Méhul,  associé;  Bosselet,  correspondant. 

Assistent  à  la  séance  : 

Classe  des  sciences.  —  MM.  De  Koninck,  Van  Beneden , 
Gluge,  Liagre,  Duprez,  Poelman,  Dewalque,  E.  Quetelet, 
membres. 

Classe  des  lettres.  —  MM.  Pioulez,  directeur,  De  Decker, 
Polain,  le  baron  J.  de  Witte,  Chalon,  Th.  Juste,  Guil- 
laume, membres;  JNolet  de  Brauwere,  associé;  Emile  de 
Lavcleye ,  correspondant. 

MM.  les  Ministres  des  affaires  étrangères  et  de  Tinté- 


(  265  ) 

rieur,  ainsi  que  M.  le  secrétaire  général  de  ce  dernier  dé- 
partement, occupent  la  loge  de  gauche.  La  foule  rem- 
plit l'enceinte  et  les  nefs  latérales. 

Au  fond  du  temple,  sur  l'estrade  sont  l'orchestre  du 
Conservatoire  royal  de  Bruxelles,  les  dames  amateurs  de 
Bruxelles  et  d'Anvers,  et  les  membres  de  la  Société  royale 
des  Mélomanes  de  Gand,  qui  doivent  chanter  les  chœurs 
dans  la  cantate  qui  allait  être  exécutée. 

L'orchestre  du  Conservatoire  royal  de  Bruxelles  exécute 
d'abord,  sous  la  direction  de  M.  Bosselet,  correspondant 
de  la  classe  des  beaux-arts,  l'ouverture  d'Euryanthe,  puis 
M.  F.  Fétis,  qui  préside  la  séance  en  l'absence  du  direc- 
teur, M.  Balat,  prononce  le  discours  suivant  : 


«  Mesdames  et  Messieurs, 

»  Les  séances  publiques  de  la  classe  des  beaux-arls  de 
l'Académie  royale  de  Belgique  reçoivent  chaque  année  un 
intérêt  spécial  par  l'exécution  des  ouvrages  couronnés 
dans  les  concours  de  composition  musicale,  institués  par 
le  gouvernement.  En  écoutant  ces  premiers  essais  de 
jeunes  artistes  dont  la  carrière  commence,  et  dont  toute 
l'existence  est  dans  l'avenir,  le  public  est  saisi  d'une  dis- 
position bienveillante  qui  se  manifeste  et  par  l'attention 
qu'il  prête  à  l'exécution  de  l'œuvre  et  par  ses  applaudis- 
sements. 

»  Deux  causes  déterminent  cette  bienveillance:  la  pre- 
mière est  la  jeunesse  du  lauréat;  l'autre,  l'espoir  d'une 
gloire  nouvelle  pour  la  patrie,  qui  viendra  peut-être  s'ajouter 
à  toutes  les  gloires  belges  des  temps  écoulés.  L'avenir  ne 


(  206  ) 
réalise  pas  toujours  les  espérances  conçues  au  début  d'un 
jeune  musicien  :  il  en  est  ainsi  de  tous  les  arts;  car  le  ta- 
lent acquis  n'est  que  l'accessoire;  il  y  faut  joindre  le  génie, 
l'originalité  de  la  pensée  et  du  sentiment;  de  plus,  l'habi- 
leté conquise  par  l'expérience  dans  les  développements  de 
la  forme.  Tant  de  qualités  sont  rarement  réunies  :  de  là 
vient  qu'il  y  a  beaucoup  d'artistes  de  talent  dans  de  cer- 
taines limites  et  fort  peu  de  grands  hommes. 

»  Le  temps  seul  décide  de  la  place  destinée  au  compo- 
siteur de  musique  dans  le  panthéon  des  illustres,  si  toute- 
fois il  y  doit  entrer.  Quelquefois  le  début  est  heureux;  mais 
il  n'est  pas  rare  qu'il  soit  suivi  de  défaillances.  11  n'y  a 
d'artistes  véritablement  grands  que  ceux  dont  les  travaux 
marquent  un  progrès  constant  jusqu'à  leurs  derniers  jours. 
Pour  que  ces  progrès  se  réalisent,  il  faut  être  animé  du 
désir  de  faire  mieux  à  chaque  œuvre  nouvelle;  il  faut  que 
la  pensée  ne  cesse  de  grandir.  On  demandait  à  un  des  plus 
célèbres  musiciens  de  la  fin  du  siècle  dernier  et  du  com- 
mencement de  celui-ci,  Méhul,  s'il  était  content  d'un  ou- 
vrage qu'il  venait  d'achever;  il  répondit  avec  simplicité  : 
Je  ne  sais;  puis  il  ajouta  :  L'artiste  qui  aime  le  beau  et  qui 
connaît  ses  conditions  n'est  jamais  satisfait  que  de  l'ou- 
vrage qu'il  va  faire!  Mot  profond  qui  donne  la  mesure  de 
l'élévation  d'esprit  du  compositeur  autant  que  de  sa  mo- 
destie. 

»  L'orgueil  est  une  des  maladies  morales  de  notre  temps, 
particulièrement  dans  la  jeunesse.  Plus  que  d'autres,  les 
artistes  en  sont  atteints,  lors  même  qu'ils  en  sont  à  leurs 
premiers  travaux.  Là  est  une  des  causes  principales  de  la 
décadence  des  arls,  trop  évidente  aujourd'hui.  Aux  temps 
où  se  produisaient  les  belles  choses  en  tout  genre,  les  ar- 


(  267  ) 

tistcs  vénéraient  les  maîtres  :  on  n'a  plus  maintenant  que 
l'admiration  de  soi-même.  De  là  l'impuissance  où  Ton  est 
d'élever  le  talent.  Il  est  nécessaire  d'arrêter  ce  mal,  si  cela 
est  possible.  Pour  atteindre  ce  but,  suivons  l'exemple  du 
gouvernement  :  encourageons  les  efforts  des  artistes  qui 
entrent  dans  la  carrière ,  mais  gardons-nous  d'exalter  leur 
amour-propre,  trop  prompt  à  s'enflammer,  et  ne  prodi- 
guons pas  à  de  simples  essais  les  enthousiasmes  qui  ne 
sont  justifiés  que  par  les  œuvres  du  génie.  » 


Après  ce  discours,  accueilli  par  de  vifs  applaudisse- 
ments, M.  Alvin  a  successivement  proclamé  en  ces  termes 
les  résultats  des  concours  : 

CONCOURS    DE    LA    CLASSE. 

La  classe  des  beaux-arts  avait  mis  quatre  questions  au 
concours  de  celte  année  ;  trois  mémoires  lui  ont  été  adressés. 

En  réponse  à  la  deuxième  question,  relative  aux  prin- 
cipales méthodes  d'enseignement  du  dessin  qui  ont  été  en 
usage  depuis  l'antiquité  jusqu'à  nos  jours,  il  lui  est  par- 
venu un  mémoire  portant  pour  devise  : 

Aimer,  prier,  chanter,  voilà  foute  ma  vie. 

(Lamartine.) 

Conformément  aux  conclusions  des  rapporteurs  chargés 
de  l'examen  de  ce  travail  ,1a  classe  a  décidé  qu'il  y  avait  lieu 
d'appliquer  l'article  55  du  règlement  général  de  l'Acadé- 
mie, portant  «  que  les  concurrents  qui  se  font  connaître 
de  quelque  manière  que  ce  soit,  sont  absolument  exclus  du 
concours.  » 

En  réponse  à  la  quatrième  question,  relative  à  Quentin 


(  268  ) 
Meisys,  la  classe  a  reçu  deux  mémoires;  l'un  portant  poui 


devise  : 


Qcintine....,  veteris  novator  artis. 

(Thomas  Morus.) 


L'autre,  ayant  pour  devise  : 

Excelsior,....  Plus  haut ,  toujours  plus  haut. 

D'après  les  conclusions  de  MM.  les  commissaires  chargés 
d'examiner  ces  travaux,  la  classe  a  accordé  une  mention 
honorable  à  l'auteur  du  mémoire  portant  la  devise  :  Excel- 
sior, et  une  médaille  d'argent  à  l'auteur  du  mémoire  por- 
tant la  devise  :  Qvintine,  etc. 

L'auteur  de  ce  dernier  travail  est  invité  à  se  faire  con- 
naître. 

CONCOURS  DES  CANTATES  FRANÇAISES  ET  FLAMANDES. 

Le  gouvernement  avait  institué  deux  concours  pour 
deux  poèmes,  l'un  en  langue  française,  l'autre  en  langue 
flamande,  devant  servir  de  thème,  au  gré  des  concurrents, 
au  grand  concours  de  composition  musicale  de  cette  année. 
Cinquante-six  poèmes  ont  été  présentés  au  concours  ouvert 
pour  les  cantates  françaises  et  dix-neuf  poèmes  ont  été  pré- 
sentés pour  le  concours  des  cantates  flamandes. 

Conformément  aux  rapports  des  jurys,  le  prix  des  can- 
tates françaises  a  été  décerné  au  poème  portant  pour  titre  : 
Jeanne  Darc,  dû  à  M.  Clément  Michaéls  fils ,  de  Bruxelles. 

Le  prix  des  cantates  flamandes  a  été  décerné  au  poème 
portant  pour  titre  :  Het  WouD,du  à  M.Charles  Versnayen , 
de  Bruges. 

M.  Charles  Versnayen,  présent  à  la  séance,  est  venu 
recevoir  la  récompense  qui  lui  était  réservée. 


269  ) 


GRAND  CONCOURS  DE  COMPOSITION  MUSICALE  DE  1867. 

Conformément  aux  décisions  prises,  dans  la  séance  du 
20  juillet,  par  le  jury  chargé  de  juger  le  concours  de  com- 
position musicale,  le  premier  prix  a  été  décerné  à  M.  Phi- 
lippe-Henri-Pierre-Jean-Baptiste Waelput,  de  Gand;  un 
second  prix  a  été  accordé,  en  partage,  à  MM.  Léon  Van 
Ghcluwe,  de  Wanneghem-Lcde,  et  Louis- Antoine  Haes, 
de  Tournai. 

MM.  Waelput,  Van  Gheluwe  et  Haes  sont  venus  rece- 
voir les  récompenses  qui  leur  étaient  réservées. 

GRAND  CONCOURS  DE  PEINTURE   DE  1867. 

D'après  les  résultats  du  grand  concours  de  cette  année, 
ouvert  à  l'Académie  royale  des  beaux-arts  d'Anvers,  le 
premier  prix  a  été  décerné  à  la  composition  n°  5,  due  à  : 

M.  Charles-Ernest  Vandenkerckhoven,  de  Bruxelles. 

Les  compositions  nos  2  et  4,  de  : 

MM.  Louis  Lebrun,  de  Gand,  et  Xavier  Mellery,  de 
Laeken,  ont  obtenu ,  chacune,  une  mention  honorable. 

M.  Vandenkerckhoven  seul  est  venu  recevoir  la  récom- 
pense qui  lui  était  destinée. 


L'orchestre  du  Conservatoire  a  ensuite  exécuté  la  can- 
tate couronnée  au  concours  de  composition  musicale  de 
18G7,  sous  la  direction  de  l'auteur  de  la  musique,  M.  Wael- 
put. Les  solos  ont  été  chantés  par  M"3  Louise  Polak  et  par 

2me  SÉKIE,  TOME  XXIV.  19 


(  270  ) 

MM.  Lefebvre  ,  Barwolffet  Tasson;  les  chœurs,  par  la  So- 
ciété royale  des  Mélomanes  de  Gand  et  les  dames  amateurs. 
L'exécution  a  été  couverte  d'applaudissements. 

Voici  le  texte  de  la  cantate,  intitulée  :  Het  Woud  (la 
Forêt),  dont  les  paroles  sont  dues  à  M.  Ch.  Yersnayen,  de 
Bruges  : 

HET  WOUD.  —  CANTATE. 


Kenspreuk  :  Al  ofniet. 


Mlecitatief. 

Ginds  waar  dit  zwart  verschiet  onze  aard  schijnt  af  te  païen, 
Daar  troont  het  reuzig  wond.  Vol  angst  dringt  's  menschen  oog 
In  't  somber  diep  :  nauw  daagt  er  't  licht  met  flauwc  stralen 
Dôôr  't  grootsch  gewelf ,  —  als  waar1  gecn  hemel  daar  omhoog  ! 
't  Komt  grensloos  voor;  doch  niets  is  grensloos  hier  beneden  .  .  . 
De  wandlaar  aarzelt  eerst,  maar  wil  sterkt  zijne  schreden  ; 
Hij  treedt  er  eindlijk  in,  en  langer  schroomt  hij  niet  : 
De  zonne  kaatst  er  goud  en  lacht  er  nevens  't  duister, 
De  bloeme  geurt  in  't  groen,  bij  't  géestig  vooglenlied, 
Terwijl  de  beke  zucht  in  murmelend  gelluister, 
En  hare  min  vertrouwt  —  al  kussend  —  aan  het  riet. 

Solo. 

DR    HOrTKAPPER. 

Zwaar  en  lastig  zijn  mijn1  dagen  : 
'k  Win  't  bestaan  in  druipend  zweet. 
Is  mijn  brood  een1  znre  beet, 
'k  Zal  toch  om  zulk  lot  niet  klagen  : 

'K  leef  vrij  en  blij 

Aan  vrouwtjes  zij'; 
Zij  helpl  ni ï j  vroolijk  de  armoê  dragen. 


(  271  ) 

Wij  vieren  samen  eer  en  deugd , 
En  op  ons  wijs  des  lever) svreugd  : 
Die  werkt  vindt  steeds  vermaken  ; 

Het  werk 

Maakt  sterk , 
En  leert  geluk  in  stilte  smaken. 

Recitalirf. 

Luid  dreunt  het  woud  van  scherp  geschal  : 

Tajo  !  tajo  ! 
De  jachthoorn  schatert  overal  : 

Tajo!  tajo! 
Daar  schreeuwen  menschen,  blaffcn  honden, 
Het  lied  des  arbeids  wordt  verdoofd 
Door  stemmen,  die  van  rede  en  geest  beroofd, 
Slechts  zingenot  en  overmacht  verkonden. 

LIED    VAN    JAGERS. 

Waar  't  schuchter  wild  vol  vreeze  schuilt, 
De  vogel  vlucht  en  't  ondicr  huilt, 

Daar  zijn  we  meester  ! 

Ons  rijk  is  groot  : 
In  woud  ofveld,  dôôr  vlaktc  of  heester, 

Vliegt  vrij  ons  lood. 

Wij  slreven  naar  weelde,  genol  en  pleziercn. 

Wij  leven  allecn  ora  het  leyen  te  vieren. 
Wij  doen  wat  wij  willen  :  aan  ons  vrcugd  en  raacht  ! 
Vivat  't  vermaak  !  vivat  de  jacht  ! 

EEN    VLUCHTEND    ME1SJE. 

'k  Hoor  't  woest  gevaartc  nader  treden!... 
Ach  !  goede  God,  gelcid  mijn'  schreden. 

DE    JAGERS. 

(  Herhaling  van  liet  ein  le  des  lieds.^ 
Wij  slreven  naar  weelde,  genot  en  pleziercn. 
Wij  leven  allecn  om  het  leven  te  vkren. 


(  272  ) 

Wij  doen  wat  wij  willen  :  aan  ons  vreugd  en  macht  ! 
Vivat  't  vermaak!  vivat  de  jacht! 

nuo. 

DE    UOUTKAPPER. 

Waar  snelt  ge,  kind,  zoo  angstig  henen? 

HET    MEISJE. 

Ik  loop  verloren  in  het  woud. 

DE    nOL'TKAPPER. 

\  Gcleide  u.  Staak  dit  smartvol  weencn. 

HET    MEISJE. 

Een  vreemd  gedruisch  maakt  mij  benauwd  ! . . 

DE    HOUTKAPPER. 

De  jacht  is  't. 

Kind,  waar  woont  uw1  moeder? 

HET    MEISJE. 

In  't  ecuwig  rijk,  bij  d'Aîbehoeder. 
Mijn'  vadcr  heb  ik  nooit  gekend. 
'k  Ben  jaren  't  ergste  lot  gewcnd  : 
Nooit  was  me  een  zoetc  dag  beschorcn. 


DE    HOUTKAPPER. 

Zoo  jong  in  't  levcn,  als  in  't  woud,  verloren 
Hoor,  schaamle  wees  :  lust  u  een  hart, 
Waar  troostc  huist  voor  wee  en  smart  ? 
Een  dak,  waaronder  armoc  lceft;  maar  vrede 
Kom  in  mijn''  but  :  een  klcin  gebouw; 
Ik  woon  er  groot  naast  mijnc  vrnnw. 
Kom,  deel  onze  erve  mede. 


(273) 


HET    MEISJE. 

Wic  spreckt  tôt  mij  dit  zalig  woord  ? 

DE    HOITKAPPER. 

Ecn  werker,  die  uw1  dcugden  op  zal  wckkcn. 


HET    MEISJE. 

Of  is  't  een  (lrooni,  die  mij  bekoort 


DE    HOL'IKAPPER. 

Bfijn'  vrouwe  zal  tôt  moeder  u  verstrekken 


TE   Z.tMK.V 


DE   HOUTKAPPER. 


Lust  u  een  hart 
Waar  trooste  huist  voor  wee  en  smart? 
Een  dak ,  waar  armoc  hccrsclit  ;  maar  vrede  ? 

Kom  mede!  kom  niede! 


HET   MEISJE. 


'k  Voel  dat  mijn  hart 
Naar  trooste  hijgt  voor  wee  en  smart., 
Mij  wint  die  stem  van  liefde  en  vrede. 

'k  Ga  mede!  'k  ga  mede  ! . . 


EEN   JAGER. 

Sa,  Iiefstc  kiod, 

Niet  zoo  gezwind, 
En  laat  me  ecn  stonde  u  spreken. 
(iij  zijt  zoo,n  tooverachtig  beeld  : 
Uw  frisch  gclaat  de  zinnen  streelt, 
En  doet  de  ziel  van  liefde  breken. 
Zeg,  wilt  gij  naar  de  schoone  stad? 
Daar  wacht  u  weelde,  praal  en  schat  ; 
Aile  aardsch  genoegen  njoogt  gc  er  smaken, 
En  'k  zal  u  minnen  en  gelukkig  maken. 


(  274  ) 


HET    MEISJE. 

Gij  vocrt  me  eene  onverstaanbre  taal. 

'k  Begeer  geen  weelde,  schat  of  praal  : 

Mijn1  moeder  lcefde  in  vrome  ellendc, 

En  zij  die  't  spoor  der  deugd  slechts  kende, 

Sprak  nooit  van  zulk  een  rijk  verschiet. 

'k  Volg  graag  den  man  van  werk  en  vredc  : 

Zijn  kleed  alleen  baart  eerebied. 

Hij  spreekt  me  ook  't  woord  van  rust  en  rede, 

Dit  woord  klinkt  als  een1  moederbede.... 

'k  Zoek  liefde,  die  mij  de  eere  biedt. 

DE    HOUTKAPPER. 

Reiner  dan  de  reine  zonnelichten 

Is  de  cedle  maagd,  die  de  ondeugd  zoo  weerstaat. 

de  jager,  tôt  het  meisje. 

Gij  weet  niet,  frissche  roos,  wat  gij  versmaadt. 
Kora!  'k  zal,  naastmij,  u  op  mijn1  zadel  lichten. 

DE    HOUTKAPPER. 

Hola  !  roer  haar  niet  aan:  gij  hocft  dees  bijl  te  zwichten, 
Die  schelmen  sncller  dan  de  boomen  nederslaat  ! 

jachtchoor,  in  den  ouitrck. 
Een  hcrt  ontspringt  de  kreupelbossclicn  : 

Ilij  worde  ons1  buit  ! 
Laat  honden  los!  gespoord  de  rosscn  ! 
Vooruit  !  vooruit  ! 

!'!■:    ZUIËl. 

DE    JAGER. 

'k  Vlieg  lienen  naar  de  vricndenrangen, 
Om  H  nagejaagdc  dier  te  vangen; 
Maar  'k  vind  u,  trotsche  maagd,  nog  wcer, 
En  dan  ontsnapt  gc  mij  niet  mcer! 


(  27S  ) 

HET    MEISJE. 

Gauw,  laat  ons  't  bange  woud  ontvluchtcn; 
Die  boozc  jager  is  te  duchtcn  : 
Zijn  stoute  taal,  zijn  kwade  blik, 
Bevangen  't  hart  met  angst  en  schrik. 

DE  HOLTKAPPER. 

Ja!  gaan  wij  tôt  de  wakkre  vrouwc  : 
Daar  vindt  nien  rusle,  hcil  en  trouwe. 
Vrees  niets  op  weg  ;  want  deugd  of  wcrk 
Maakt  menschen  als  de  rotsen  sterk. 

Hecitatief. 

\  Gerucht  verdooft. ..  't  Wordt  langzaain  rustig 

Waar  de  écho  stervcnd  had  verbeid. 

Hetweeskind  en  haar  vriend  vertrokken  blij  eu  lustig, 

Als  de  onschuld  door  dcn  nioed  gelcid 

En  deavonddaalt;  de  sterren  llikkrcn  aan  de  kimmen; 
Ilet  schijnt  of  met  lict  grootsch  accoord, 
Dat  op  dit  uur  zoo  plcchlig  wordt  gehoord, 
Er  duidelijke  stemmen  opwaarts  klimmen  : 

Slotchooi'. 

Het  woud  is  het  toonbceld  van  't  mcnschclijk  lot. 
De  rijkaard  zncht  cnkel  naar  vreugdc  en  genot; 
Maar  't  hart  is  verarmd  :  hij  vervolgt  en  vcrjaagt , 
En  nccmt  voor  het  zijn1,  wat  hem  Inst  en  behaagt. 
De  werker,  die  moeilijk  de  cllende  ovcrwint, 
Ilaalt  troost  uit  de  ziele  voor  \  dolcnde  kind. 
En  't  meisje,  bekoorlijk  door  schoonheid  en  jeugd, 
Moet  lijdcn  en  strijdcn  voor  eer  en  voor  deugd. . . 
Maar  hcil  aan  den  arbeid,  dcn  mocd  en  dcn  plient! 
Alleen  door  hun  macht  worden  wond'rcn  verricht!.. .. 


270  ) 


CLASSE    DES   SCIENCES, 


Séance  du  12  octobre  1867 . 

M.  Je  vicomte  Du  Bus,  président  de  l'Académie. 
M.  Ad.  Quetelet,  secrétaire  perpétuel. 

Sont  présents  :  MM.  d'Omalius  d'Halloy,  Wesmael,  Stas, 
De  Koninck,  Yan  Beneden,  de  Selys-Longchamps,  JNyst, 
Gluge,  Nerenburger,  Liagre,  Duprez,  J.-B.  Brasseur, 
Poelman,  G.  Dewalque,  Ernest  Quetelet,  Spring,  Maus, 
Gloesener,  Candèze,  Eug.  Coemans ,  membres;  Th.  Schwann, 
Th.Lacordaire,  Aug.  Kekulé,  E. Catalan, associés;  Ch.Mon- 
tigny,  correspondant. 


CORRESPONDANCE. 


11  est  donné  lecture  d'une  lettre  de  l'Institution  royale  de 
Londres  qui  annonce  la  mort  de  l'illustre  Faraday,  l'un 
des  associés  de  l'Académie  royale  de  Belgique,  décédé,  le 
!2o  août  dernier,  à  l'âge  de  soixante-dix-sept  ans. 

—  M.  le  chevalier  Haidinger  donne  quelques  nouveaux 


(  277  ) 
détails  sur  sa  collection  de  météorites,  déposés  au  Musée 
de  Vienne.  Le  nombre  des  chutes,  représentées  par  ces 
échantillons,  s'est  élevé,  en  huit  années,  de  158  à  256. 

—  M.  Le  Verrier,  directeur  de  l'Observatoire  impérial 
de  France,  fait  connaître  quelques  changements  qu'il  a 
introduits  dans  la  rédaction  de  son  Bulletin  international, 
et  demande  des  renseignements  sur  la  température  de 
l'air  et  sur  l'état  de  la  météorologie  dans  le  royaume  de 
Belgique. 

M.  Quetelet,  directeur  de  l'Observatoire,  satisfera  à  ces 
demandes,  déjà  précédemment  formulées. 

—  Le  secrétaire  perpétuel  rend  compte  de  la  corres- 
pondance académique  avec  les  sociétés  savantes  étran- 
gères; il  met  successivement  sous  les  yeux  de  ses  con- 
frères les  publications  qu'il  a  reçues  de  la  Société  d'histoire 
naturelle  de  Dublin,  la  Société  impériale  russe  de  géo- 
graphie de  Saint  -  Pétersbourg,  l'Observatoire  physique 
central  de  Russie,  la  Société  d'histoire  naturelle  de  Col- 
mar,  l'Académie  impériale  des  sciences  de  Dijon,  la  So- 
ciété des  sciences  naturelles  de  Giessen,  le  Musée  Tcyler 
de  Harlem,  l'Académie  royale  de  Munich,  la  Société  des 
naturalistes  de  Dresde,  la  Société  silésienne  de  Breslau  , 
la  Société  physico-économique  de  Konigsberg,  le  Muséum 
d'histoire  naturelle  de  Paris,  l'Association  britannique  pour 
le  progrès  des  sciences  ,  la  Société  des  sciences  naturelles 
de  Gratz ,  etc. 

D'une  autre  part,  la  Société  royale  de  Londres,  la  So- 
ciété d'histoire  naturelle  de  Dublin,  le  Muséum  géologique 
de  Calcutta,  la  Société  impériale  russe  de  géographie, 
l'Observatoire  physique  central  de  Russie,  la  Société  phi- 


(  278  ) 
losophique  de  Philadelphie,  l'Institution  smithsonienne  de 
Washington,  les  Observatoires  de  Suède  et  d'Utrecht,  la 
Société  des  sciences  de  Zurich ,  la  Société  de  physique  de 
Genève,  l'Académie  impériale  des  sciences  de  Dijon,  l'École 
impériale  polytechnique  de  France,  l'Académie  des  sciences 
de  Paris,  la  Société  batave  de  Rotterdam,  le  Musée  Teyler 
de  Harlem,  la  Société  d'histoire  naturelle  de  Colmar,  etc., 
remercient  la  Compagnie  pour  l'envoi  de  ses  derniers  tra- 
vaux. 

—  M.  Schwann  dépose,  au  nom  du  docteur  Gandry,  un 
billet  cacheté;  le  dépôt  aux  archives  en  est  accepté. 

—  Les  ouvrages  manuscrits  suivants  sont  parvenus  à  la 
classe  pour  être  soumis  à  son  jugement  : 

1°  Mémoire  sur  les  crustacés  d'eau  douce  de  la  Belgique, 
par  M.  Félix  Plateau  (Commissaires  :  MM.  Van  Beneden, 
de  Sely s-Longchamps ,  Candèze.) 

2°  Mémoire  sur  les  liges  ligneuses,  par  M.  Chalon. 
(Commissaires  :  MM.  Coemans  et  Spring.) 

5°  Un  aperçu  sur  les  variétés  dans  les  plantes,  par 
M.  Le  Brun,  (Commissaires  :  MM.  Coemans  et  Spring.) 

4°  Mémoire  sur  V appareil  auditif,  par  M.  Docq.  (Com- 
missaires :  MM.  Plateau  et  Schwann.) 


PRESENTATION  DE  CANDIDATS  POUR  LES  PROCHAINES 
ÉLECTIONS. 

La  section  de  la  classe  représentant  les  études  mathé- 
matiques et  physiques  dépose  la  liste  de  présentation  pour 


(  279  ) 
une  place  de  membre  devenue  vacante  par  la  mort  de 
M.  Schaar;  et  pour  deux  places  d'associés  qu'occupaient 
M.  Faraday,  de  Londres,  et  M.  Bâche  des  Étals-Unis. 


RAPPORTS. 
Du  centre  ano-spinal;  par  M.  le  docteur  Masius. 

Rapport  tle  Hi .  €ilngf. 

«  L'Académie  avait  proposé,  il  y  a  quelques  années,  la 
question  du  tonus  musculaire,  c'est-à-dire  d'une  contrac- 
tion involontaire  permanente  de  certaines  libres  muscu- 
laires. Le  tonus  me  paraissait  alors  incontestable  et  je  le 
crois  encore  pour  les  libres  des  sphincters  (1)  et  pour  les 
vaisseaux  sanguins.  Mais  peut-on  démontrer  l'existence 
d'un  centre  spécial  pour  le  sphincter  de  l'anus?  Tel  est  le 
problème  que  M.  Masius  s'est  proposé  de  résoudre. 

Après  avoir  rappelé  la  découverte  du  centre  ciiio-spinal , 
du  centre  génital  et  du  centre  vésical  qui  me  semblent 
encore  loin  de  posséder  un  égal  droit  de  bourgeoisie  dans 
la  physiologie,  l'auteur  pense,  d'après  ses  expériences  laites 
sur  des  lapins ,  avoir  trouvé  un  nouveau  centre  pour  le 
sphincter  anal  dans  la  partie  lombaire  de  la  moelle  épi- 
nière.  Il  n'est  pas  inutile  d'insister  sur  ce  point,  car  pour 


(1)  Bulletins,  2™  série,  t.  XIV,  n°  12, 


(  280  ) 
l'homme,  s'il  y  existe  un  tel  centre,  il  ne  pourrait  se  trou- 
ver dans  la  portion  lombaire. 

Dans  la  fracture  de  la  colonne  vertébrale,  dans  la  région 
de  la  sixième  vertèbre  dorsale,  suivie  de  déchirure  de  la 
moelle,  j'ai  vu  les  mouvements  réflexes  persister  au-des- 
sous de  la  fracture  pendant  un  mois,  et  le  sphincter  de 
l'anus  était  relâché.  Les  matières  fécales  s'écoulaient  au 
moindre  déplacement  du  malade. 

L'auteur,  après  avoir  passé  en  revue  les  différentes 
opinions  émises  sur  le  tonus  musculaire  et  dont  l'Aca- 
démie a  vu  un  aperçu  complet  dans  le  Mémoire  couronné 
par  elle,  l'admet  pour  la  face,  l'anus  et  les  vaisseaux. 

Il  passe  ensuite  à  l'exposé  de  ses  propres  expériences. 
Si  on  presse  dans  le  canal  sacré  la  moelle,  le  sphincter 
anal  se  contracte  fortement;  si  on  l'y  coupe,  on  déter- 
mine la  paralysie  du  sphincter  et  il  se  contracte,  si  on 
irrite  la  partie  de  la  moelle  placée  au-dessous  de  la  section. 
11  désigne  spécialement  la  moelle  correspondant  à  l'épais- 
seur de  la  septième  vertèbre  lombaire  et  celle  du  disque 
qui  réunit  la  sixième  et  la  septième  vertèbre,  ainsi  que 
la  partie  située  au-dessous,  comme  donnant  les  mêmes 
résultats. 

Au-dessus  de  cette  région,  la  section  de  la  moelle  ne 
produit  pas  de  relâchement,  au  contraire,  la  contrac- 
tion du  sphincter  persiste  avec  une  contractilité  réflexe 
exagérée.  Bien  plus,  la  section  seule  de  la  partie  comprise 
entre  la  sixième  et  la  septième  vertèbre  lombaire  produit 
le  relâchement  du  sphincter  anal. 

D'autres  expériences,  faites  sur  le  centre  encéphalique, 
font  croire  à  l'auteur  qu'on  peut  suivre  jusqu'aux  couches 
optiques  les  libres  qui  peuvent  transmettre  la  volonté  au 
centre  anal  et  qu'elles  en  règlent  l'action;  c'est,  enfin,  le 


(284) 

deuxième  et  le  troisième  nerf  sacré  qui  animent  le  muscle 
qui  est  paralysé  par  leur  section. 

Le  travail  de  M.  le  docteur  Masius  enrichit  la  physio- 
logie d'un  nouveau  fait  intéressant,  si  des  recherches  ulté- 
rieures confirment  l'opinion  de  l'auteur  que  le  centre  anal 
correspond  au  disque  entre  la  sixième  et  septième  vertèbre 
lombaire  sur  le  lapin.  J'espère  qu'il  étendra  son  expéri- 
mentation à  d'autres  mammifères. 

Tout  en  pensant  que  les  expériences  mêmes  de  l'auteur 
ne  permettent  pas  de  limiter  le  centre  anal  au  disque, 
je  propose  l'insertion  du  Mémoire,  fort  intéressant,  dans 
le  Bulletin  de  l'Académie.  » 


Rapport  de  m.  PoelmaH. 

«  Le  travail  que  M.  le  docteur  Masius  vient  de  présenter 
à  la  classe  a  pour  objet  la  détermination  d'un  nouveau 
centre  de  la  moelle  épiniôre,  qu'il  appelle  ano-spinal. 

Ce  centre  se  trouve,  d'après  lui,  dans  la  partie  infé- 
rieure de  la  portion  lombaire  et  préside  à  la  tonicité  ainsi 
qu'à  la  contraction  réflexe  du  sphincter  anal. 

L'auteur  admet  également  que  des  fibres  musculaires, 
qu'il  appelle  empêchantes,  et  qui  proviennent  des  couches 
optiques,  arrivent  à  ce  centre. 

Après  le  rapport  détaillé,  dont  notre  savant  collègue, 
M.  Gluge,  vient  de  donner  lecture,  je  pense  qu'il  est  inu- 
tile d'entrer  dans  de  nouveaux  détails  en  ce  qui  concerne 
le  mémoire  de  M.  Masius. 

L'auteur  base  sa  manière  de  voir  sur  des  expériences 
faites  sur  des  lapins;  mais  il  me  paraît  que  des  recherches 


(  282  ) 
ultérieures,  faites  sur  d'autres  animaux,  seraient  néces- 
saires pour  faire  admettre  définitivement  l'existence  de  ce 
nouveau  centre,  d'autant  plus  que  quelques  observations, 
empruntées  à  l'anatomie  pathologique,  et  dont  l'honorable 
M.  Gluge  en  cite  une,  démontrent  que  le  sphincter  anal, 
entre  autres,  peut  perdre  sa  tonicité  sans  lésion  de  la 
région  lombaire. 

Je  suis,  au  reste,  d'accord  avec  mon  savant  confrère 
pour  considérer  le  travail  de  M.  Masius  comme  très-inté- 
ressant, et  pour  en  proposer  l'insertion  dans  le  Bulletin.  » 


Rnpjjort  tic   M.  Sehtcami. 

«  Les  expériences  faites  par  M.  le  docteur  Masius  sur 
des  lapins  me  semblent  prouver,  d'une  manière  incontes- 
table, que,  chez  ces  animaux,  il  existe  dans  la  moelle 
épinière,  au  niveau  du  disque  intervertébral,  entre  la 
sixième  et  la  septième  vertèbre  lombaire,  un  centre  ner- 
veux, nettement  limité,  qui  préside  aux  mouvements  ré- 
flexes du  sphincter  de  l'anus  et  qu'à  cette  même  place 
se  trouve  le  centre  qui  préside  à  la  tonicité  du  sphincter. 
La  conclusion  que  ces  deux  centres  soient  identiques, 
c'est-à-dire  que  le  même  groupe  de  cellules  nerveuses 
préside  aux  mouvements  réflexes  et  à  la  tonicité,  se  pré- 
sente très-naturellement  à  la  pensée,  mais  elle  n'est  pas  ri- 
goureuse- Il  se  pourrait  que  ce  soient  deux  centres  séparés, 
placés  chez  le  lapin  au  même  niveau  de  la  moelle,  tandis 
que  chez  d'autres  êtres  ils  se  trouvent  séparés  par  des  inter- 
stices plus  grands.  L'observation  faite  par  notre  honorable 
confrère,  M.  («luge,  sur  un  homme,  dont  la  colonne  ver- 


(  283  ) 
tébrale  était  fracturée  au  niveau  de  la  sixième  vertèbre 
dorsale  et  sur  lequel  les  mouvements  réflexes  de  l'anus 
persistaient,  tandis  que  les  sphincters  externes  et  internes 
étaient  complètement  relâchés,  où  il  paraît  donc  y  avoir 
eu  perte,  non -seulement  des  mouvements  volontaires, 
mais  aussi  de  la  tonicité;  celte  observation  paraît  indiquer 
une  séparation  des  deux  centres  chez  l'homme. 

Des  expériences  faites  sur  différents  mammifères,  com- 
binées avec  les  observations  sur  l'homme,  doivent^ décider 
la  question. 

Le  but  de  Fauteur  n'était  pas  de  traiter  le  sujet  d'une 
manière  générale,  mais  de  communiquer  ses  découvertes 
faites  sur  le  lapin  :  elles  sont  un  pas  vers  une  solution 
définitive,  et,  d'accord  avec  mes  honorables  confrères, 
j'ai  l'honneur  de  proposer  à  la  Compagnie  l'impression  du 
mémoire  de  M.  Masius  dans  le  Bulletin  de  l'Académie.  » 

Conformément  aux  conclusions  de  ses  commissaires,  la 
classe  ordonne  l'impression  du  mémoire  de  M.  Masius  dans 
le  Bulletin.  Des  remerciments  seront  adressés  à  l'auteur 
pour  sa  communication. 


Sur  un  nouveau  système  de  cartes  géographiques; 
par  M.  Dreze,  de  Dison. 

Rapport  fie  M .  Catalan. 

«  M.  Dreze,  après  avoir  discuté  la  projection  orthogra- 
phique, ainsi  que  les  systèmes  de  Ptolémée  et  de  M.  Ba- 
binet,  propose  de  représenter  les  parallèles  terrestres, 
équidislants,  par  des  droites  parallèles,  équidislantes,  et 
les  méridiens,  par  des  courbes  dans  lesquelles  l'abscisse 


(  284  ) 

d'un  point  soit  proportionnelle  au  sinus  de  l'ordonnée  cor- 
respondante :  ces  courbes  sont  des  variétés  de  la  sinusoïde. 
Ce  système  nouveau  ne  diffère  donc  pas  de  celui  de  Flam- 
steed;  et,  par  conséquent,  notre  rapport  devrait  se  ter- 
miner là.  Néanmoins,  prenant  en  considération  la  situation 
intéressante  d'un  jeune  homme  qui ,  simple  comptable  dans 
une  maison  de  commerce,  a  eu  l'honneur  de  se  rencontrer 
avec  un  savant  illustre,  nous  prions  la  classe  de  vouloir 
bien  faire  adresser  des  remercîments  à  Fauteur  du  mé- 
moire. » 

Conformément  aux  conclusions  précédentes,  appuyées 
par  M.  Ern.  Quetelet,  second  commissaire,  des  remercî- 
ments seront  adressés  à  M.  Dreze  pour  sa  communication, 
qui  sera  déposée  aux  archives. 


Sur  deux  mémoires  concernant  une  théorie  nouvelle  du 
mouvement  d'un  corps  libre  et  sur  le  mouvement  d'un 
corps  gêné;  par  M.  Folie. 

Rapport  tic  MM.   Mirassent*. 

«  Dans  un  premier  mémoire,  inséré  au  Bulletin  de  l'Aca- 
démie, M.  Folie  a  déterminé  le  mouvement  initial  que 
prend  un  corps  libre  soumis  à  un  système  quelconque  de 
forces.  Dans  ce  second  mémoire,  il  ramène  le  problème 
du  mouvement  d'un  corps,  à  un  instant  quelconque,  à  la 
détermination  de  son  mouvement  initial.  Pour  cela,  il  lui 
suffît  de  connaître,  dans  chaque  cas,  les  forces  qui  sollici- 
tent le  corps  à  cet  instant.  Or,  ces  forces  sont  d'abord  les 
forces  extérieures  qui  peuvent  agir  sur  lui,  et  ensuite 
celles  qui  seraient  capables  d'imprimer  instantanément  à 


(  28S  ) 
chaque  point  du  corps  la  vitesse  qu'il  possède  à  cet  in- 
stant et  dans  le  sens  de  cette  vitesse. 

En  remarquant  que  ces  deux  espèces  de  forces  impri- 
ment au  corps  un  mouvement  qui  se  détermine  de  la 
même  manière  que  si  le  corps  était  au  repos,  le  problème 
du  mouvement  du  corps,  à  un  instant  quelconque,  se 
trouve  ramené  à  la  détermination  d'un  mouvement  ini- 
tial ,  mouvement  qui  a  fait  le  sujet  du  premier  mémoire  de 
l'auteur. 

A  la  fin  de  ce  nouveau  mémoire,  l'auteur  cherche  l'équa- 
tion de  la  surface  décrite  par  l'axe  spontané  glissant; 
comme  cette  équation  est  très-compliquée,  sa  discussion 
nous  semble  très-difficile,  et  nous  conseillons  à  l'auteur  de 
retirer  cette  partie  de  son  travail  et  d'en  faire  l'objet  d'une 
note  à  part  quand  il  aura  trouvé  quelques  propriétés  sail- 
lantes de  sa  surface. 

Sauf  cette  réserve,  nous  avons  l'honneur  de  proposera 
la  classe  l'insertion  du  mémoire  de  l'auteur  dans  les  Bul- 
letins de  l'Académie. 

Un  autre  mémoire,  soumis  à  notre  appréciation,  con- 
cerne le  mouvement  d'un  corps  gêné  par  une  droite  fixe 
ou  par  un  point  fixe. 

L'auteur  arrive  à  la  solution  de  cette  question  par  une 
voie  différente  de  celle  de  la  théorie  des  couples,  mais  tou- 
jours déduite  des  principes  démontrés  dans  son  premier 
mémoire  sur  le  mouvement  initial  d'un  corps. 

Nous  proposons  également  l'insertion  de  ce  mémoire 
dans  les  Bulletins  de  l'Académie.  » 


C)m 


Zmc  SÉlilE,  TOME   XXIV.  20 


(  286  ) 


Rfipporl  de  MM.   WJaf/re. 

«  Je  partage  l'opinion  de  mon  savant  confrère  au  sujet 
du  nouveau  travail  de  M.  Folie.  La  méthode  adoptée  par 
l'auteur  se  recommande  particulièrement  par  son  caractère 
de  généralité,  et  la  marche  qu'il  a  suivie  présente  un  ordre 
très-naturel.  Ainsi,  après  avoir  ramené  au  cas  du  mouve- 
ment initial  le  mouvement  que  prend,  à  un  instant  quel- 
conque, un  système  matériel  plan,  sollicité  par  des  forces 
situées  dans  son  plan,  il  passe  au  cas  d'un  système  libre, 
sollicité  par  des  forces  quelconques,  puis  au  cas  d'un  corps 
gêné;  et,  dans  chacun  de  ces  problèmes,  il  distingue  deux 
cas  :  1°  le  système  étant  simplement  abandonné  à  son 
inertie;  2°  le  système  étant  sollicité  par  des  forces  quel- 
conques. 

La  digression  relative  à  la  détermination  du  lieu  des 
positions  de  l'axe  spontané  glissant  nuit  à  l'unité  du  mé- 
moire, et  je  suis  d'avis,  comme  mon  honorable  confrère, 
qu'on  peut  avantageusement  supprimer  les  paragraphes  16 , 
17  et  18.  Sauf  cette  restriction  ,  je  n'hésite  pas  à  proposer 
à  la  classe  de  voter  l'impression  du  travail  de  M.  Folie 
dans  les  Bulletins  de  l'Académie.  » 

La  classe  adopte  les  conclusions  de  ses  commissaires; 
les  deux  notices  de  M.  Folie  seront  insérées  au  Bulletin, 
sauf  les  paragraphes  16,  17  et  18,  cl  des  remercîmenls 
seront  adressés  à  l'auteur. 


(  287  ) 


COMMUNICATIONS  ET  LECTURES. 


Observations  des  étoiles  filantes,  faites  au  mois  d'août 
1867,  à  V Observatoire  de  Bruxelles;  communication  de 
M.  Ad.  Quetelet,  directeur  de  cet  établissement. 

L'observation  des  étoiles  filantes,  vers  le  milieu  d'août, 
fut  extrêmement  difficile  à  Bruxelles,  par  suite  du  grand 
éclat  de  la  lune  qui  dérobait  en  partie  leur  lumière.  Nous 
avons  essayé  déjà,  dans  les  années  précédentes,  d'évaluer 
l'influence  que  pouvaient  présenter  des  circonstances  sem- 
blables, dont  l'appréciation  laissera  toujours  beaucoup  à 
désirer. 

Malgré  cet  inconvénient,  il  fut  cependant  facile  de  re- 
connaître que  l'apparition  du  mois  d'août  de  cette  année 
fut  loin  d'atteindre  son  éclat  ordinaire,  surtout  dans  nos 
climats  septentrionaux;  on  pourra  mieux  en  juger  par  les 
résultats  obtenus  à  Bruxelles,  à  Gand  et  à  Louvain ,  com- 
parés à  ceux  qu'ont  bien  voulu  nous  communiquer,  pour 
l'Italie,  Mme  Scarpellini  et  M.  François  Denza. 

Nous  nous  bornerons  plus  spécialement  à  établir  les  ap- 
préciations numériques,  qui  méritent  ici  une  attention  par- 
ticulière. Il  convient  de  dire  aussi  que  le  ciel  était  toujours 
plus  ou  moins  couvert,  et  que,  dans  les  circonstances  les 
plus  favorables,  on  ne  pouvait  guère  en  observer  plus  de 
la  moitié  du  liant  de  la  terrasse  où  nous  nous  trouvions. 


{  288  ) 
Voici  les  nombres  que  l'on  a  obtenus  par  un  ciel  géné- 


alement  nuageux  : 


Le   3  août  entre   9h 50m  et  10h  50m  deux  obsorvrs  ont  compté  10  étoiles  fil"'. 


Le    7 

— 

10  30 

et  H  00    deux 

— 

4 

— 

Le   8 

— 

10  15 

et  10  45    deux 

— 

4 

— 

Ciel  très-nuag 

Le    9 

— 

10  15 

et  11   15    trois 

— 

27 

— 

Le    9 

— 

11  33 

et  1 1     5   deux 

— 

9 

— 

Très-nuageux 

Le  10 

— 

10  15 

et  11   15    trois 

— 

19 

— 

Le  10 

— 

li   40 

et  12  40    deux 

— 

55 

— 

Le  1 1 

Nombre 

10  30    et  11  30   deux 
total  observé  en  C  heures 

et  demie.     . 

11 

étoiles 

.     117 

filantes. 

Ces  météores  se  rangent  dans  Tordre  suivant,  pour  la 
grandeur  de  l'éclat  : 

Grandeur.     ...       1  2  5  4  5    inconnues 

Nombres  observés.     12        46        55        16  5  5 

Ce  sont  donc  les  étoiles  filantes  de  seconde  grandeur 
qui  ont  été  comparativement  les  plus  nombreuses. 

Les  quatre-vingt-dix-neuf  météores,  des  9,  10  et  11, 
ont  suivi  les  directions  suivantes  : 

N.  NNO.  NO.  ONO.  O.  OSO.  SO.  SSO.  S.  SSE  SE.  ESE  E.  ENE.  NE.  NNE.  inconnue. 
10       4        5      16      8      54      8      8      5      1         15       0       2         0  5 

On  voit  aussi  que  la  direction  vers  le  SO  a  été  la  plus 
fréquente. 


(  289  ) 

Observations  des  étoiles  filantes  faites  à  Gand  du  9  au 
i^  août  1867 ,  par  M.  Duprez,  membre  de  l'Académie. 

Dans  la  nuit  du  9,  j'ai  observé  pendant  deux  heures, 
de  10  à  12  heures,  et,  dans  une  partie  du  ciel  comprise 
entre  le  NNE.  et  le  SE.,  pouvant  équivaloir  à  un  sixième 
environ,  je  n'ai  vu  apparaître,  en  tout,  que  douze  étoiles 
filantes  réparties  également  sur  ces  deux  heures.  Deux 
étaient  seules  accompagnées  de  traînées;  les  dix  autres 
étaient  peu  brillantes,  et  cinq  paraissaient  avoir  un  point 
de  rayonnement  situé  dans  Persée.  Les  directions  de  leurs 
trajectoires  n'ont  présenté  aucune  autre  particularité. 

Dans  la  nuit  du  10,  j'ai  encore  observé  de  10  à  12  heu- 
res, et  j'ai  compté  vingt-quatre  étoiles  filantes,  savoir  huit 
de  10  à  1 1  heures,  et  seize  de  H  à  12  heures,  ce  qui 
donne,  en  moyenne,  le  nombre  horaire  de  douze  météores. 
Cinq  avaient  des  traînées  persistantes  et  huit  divergeaient 
d'un  point  situé  dans  Persée.  Les  directions  de  leurs  tra- 
jectoires ont  été  comme  suit  : 

Du  N.    au  S 4  étoiles  filantes. 

Du  NE.  au  SO i  — 

De  l'E.  à  M 6  — 

Du  SE.  au  NO ô  — 

Du  S.  au  N 3  — 

Du  SO.  au  NE 1  — 

De  l'O.  à  l'E 1  — 

Du  NO.  au  SE 2  — 

Je  ferai  remarquer  que  le  nombre  horaire  moyen  de 
douze  étoiles  (liantes,  trouvé  pour  la  nuit  du  10,  est  de 
beaucoup  inférieur  au  nombre  horaire  moyen  général  que 
l'on  peut  déduire  de  mes  observations  des  années  anté- 
rieures, et  qui,  pour  la  même  nuit,  s'élève  à  27,5,  dans  le 
cas  également  d'un  ciel  serein;  de  sorte  que,  dans  la  pre- 


(  290  ) 
mière  partie  de  la  nuit,  les  étoiles  filantes  ont  été,  celte 
année,  bien  moins  nombreuses  à  Gand,  que  cela  n'a  lieu 
ordinairement  lors   de  leur  retour  périodique  au   mois 
d'août. 


Observations  des  étoiles  filantes  faites  à  Louvain  du  11  au 
12  août  4867;  par  M.  F.  Tcrby  (J). 

ï.  —  Le  9,  de  9  à  10  heures  du  soir,  l'état  du  ciel  dans 
le  champ  d'observation  présentait  des  éclaircies;  il  de- 
vint plus  nuageux  à  9h  15ni  et  des  éclaircies  plus  grandes 
se  montraient  à  9h21m;  l'horizon  se  chargea  seul  de  nuages 
à  911 25m  ;  le  ciel  se  couvrait  davantage  à  9h50m  ;  des  éclaircies 
fort  petites  se  présentèrent  à  9h45m;  et  enfin  le  ciel  devint 

(1)  Les  observations  du  soir  ont  été  contrariées  par  la  présence  de  la 
lune;  j'ai  tâché  d'éviter,  autant  que  possible,  cet  inconvénient  dans  les  ob- 
servations du  matin ,  en  reculant ,  chaque  nuit,  l'instant  d'observer,  tout  en 
cherchant  à  inspecter  le  ciel  entre  1  et  2  heures,  pendant  les  trois  nnits 
d'exploration  du  ciel. 

J'ai  l'honneur  de  vous  présenter  d'abord,  pour  chaque  observation  ,  les 
résultats  généraux  concernant  le  nombre,  la  coloration,  l'éclat  et  la  direction 
des  étoiles  filantes;  j'ai  fait  suivre,  chaque  fois,  ces  résumés  d'un  tableau 
renfermant  les  plus  belles  étoiles.  Les  heures  données  dans  ce  tableau  sont 
celles  que  marquait  une  bonne  montre,  réglée  le  mieux  possible  dans  les 
conditions  toujours  défavorables  où  je  me  trouve  encore  pour  cette  partie 
de  l'observation.  Quoique  je  sois  loin  de  les  considérer  autrement  que 
comme  des  approximations,  je  me  suis  décidé  à  vous  les  soumettre,  parce 
que ,  combinées  avec  les  numéros  d'ordre  que  j'ai  mis  en  regard,  elles  peu- 
vent servir  à  faire  juger  de  la  fréquence  des  météores  Quelques  minutes 
ont  été  nécessairement  perdues  pour  l'observation ,  pendant  que  j'enregis- 
trais les  résultats  que  j'avais  obtenus.  J'ai  observé  dans  la  direction  de  l'E. 
et  du  SE.  en  prenant  un  champ  d'observation  plus  étendu  que  tous  ceux 
que  j'avais  choisis  en  1860;  il  comprenait  cette  fois  un  quart  du  ciel.  {Lettre 
de  M.  Tcrby  à  M.  Ad.  Quetelet.) 


(  891  ) 
beau  vers  10  heures.  La  présence  de  la  lune  contrariait 
malheureusement  les  observations. 

J'ai  observé  six  étoiles  filantes  seulement  pendant  celte 
heure;  quatre  de  ces  étoiles  avaient  un  éclat  moyen ,  les 
deux  autres  étaient  plus  brillantes.  Toutes  étaient  blanches 
et  rapides;  aucune  traînée  n'était  visible. 

Je  crois  utile  d'ajouter  que  les  trajectoires  indiquées  au 
moyen  des  points  cardinaux  ont  été  rapportées  à  des  pa- 
rallèles passant  par  le  zénith. 

Cinq  étoiles  rayonnaient  à  partir  de  Persée  et  des  ré- 
gions voisines. 

Parmi  les  six  étoiles  observés,  les  deux  suivantes  se  sont 
présentées  sous  l'aspect  le  plus  remarquable  : 


HEURE. 

UEO    ET   DIRECTION. 

REMARQUES. 

3 

I>.     m. 

9  28 

Partie  antérieure  de  Pégase;du  N. 

au  s. 

Belle. 

4 

!)  34 

Des  Poissons  au  Verseau;  du  N. 
au  s. 

Brillante. 

H,  _  Le  10,  de  0"  7nl  à  2  heures  du  matin  le  ciel  pré- 
senta un  aspect  serein. 

J'ai  observé  durant  cet  intervalle  trente-deux  étoiles 
filantes,  dont  treize  de  0"7m  à  1  heure,  et  dix-neuf  de  I 
à  2  heures. 

Huit  de  ces  étoiles  avaient  un  faible  éclat,  treize  un 
éclat  moyen ,  et  onze  étaient  brillantes.  Une  seule  étoile 
était  rouge,  les  autres  étaient  blanches;  quatre  météores 
avaient  une  traînée  et  tous  étaient  rapides  en  général.  Les 
trajectoires  de  dix-sept  étoiles,  prolongées  en  sens  inverse 
de  la  direction  du  mouvement,  passaient  par  la  région  du 
ciel  où  se  trouve  Persée. 


(  292  ) 
Voici  les  étoiles  filantes  les  plus  remarquables  de  celle 
soirée  : 


a    ~ 
g   | 
a    c 

HEURE. 

LIEU   ET   DIRECTION. 
- 

REMARQUES. 

5 

h.    m. 

0  30 

De  y  de  Pégase  à  Jupiter.    .    .    . 

Très -belle,  rouge, 
avec  traînée. 

7 

0  34 

Du  Triangle  à  la  Mouche,  de  l'O.àl'E. 

Brillante. 

11 

0  43 

Des  Pléiades  vers  Cassiopée.    .    . 

Très-belle,  avec  traî- 
née. 

12 

0  52 

Entre  /,  (3,  f  de  la  Baleine,  du  W.  au  S. 

Belle. 

17 

Vers  1  15 

Du  Bélier  au  Taureau,  de  l'O.  à  l'E. 

Belle,  avec  traînée; 
courte  trajectoire. 

21 

l  33 

De  §  de  Persée  à  /  du  Taureau.     . 

Belle. 

24 

1  39 

Dans  les  Poissons,  du  NNO.  au  SSE. 

Très-belle,  avec  traî- 
née. 

2o 

1  41 

De  fi  d'Andromède  au  groupe  (,  0, 
z,  >.  des  Poissons. 

Belle. 

29 

1  52 

De  $  à  ,3  de  la  Baleine 

- 

32 

1  o7 

Dans  la  tète  de  la  Baleine,  de  l'O. 
à  l'E. 

- 

III.  __  Le  10,  de  9h  à  9h  45m  du  soir  le  ciel  est  serein; 
la  lune  contrarie  l'observation. 

Les  étoiles  filantes  observées  sont  les  suivantes  : 


g  g 

a    c 
S      eo 
Z 

HEURE. 

LIEU   ET   DIRECTION. 

REMARQUES. 

i 

1 

2 
3 

h.  m. 

9    6 
9  32 

9  41 

Près  de  |3  de  Pégase,  du  >T.  au  S. 
D'«x  d'Andromède  à  «  de  Pégase  . 

Près  d'^  d'Andromède    .... 

Belle,  blanche. 

Rapide,  éclat  moyen, 
blanche. 

Bougeât re.se  mani- 
festant par  une  vive 
lueur,  analogue  à  un 
éclair;  pas  de  tra- 
jectoire sensible. 

IV.  —  Le  I J ,  de  l1'  6m  à  5  heures  du  malin,  par  un  ciel 
serein,  j'ai  observé  cinquante-huit  étoiles  filantes,  dont 


(  295  ) 

vingt-huit  de  Pô"1  à  2  heures,  et  trente  de  2  à  5  heures. 
Sept  étoiles  étaient  faibles,  trente-six  d'éclat  moyen  et 
quinze  brillantes.  Toutes  étaient  blanches,  onze  avaient 
une  traînée  et  elles  étaient  toutes  rapides  en  général. 

Quarante-sept  étoiles  parcouraient  des  trajectoires  qui 
se  seraient  coupées  dans  la  région  de  Persée. 

Les  plus  remarquables  de  ces  étoiles  sont  : 


a    c 

s  •& 

HEURE. 

LIEU   ET  DIRECTION. 

REMARQUES. 

3 

h.  m. 
1    14 

De  <ydc  Pégase  à  a  du  Bélier  .    . 

Moyen  éclat,  traînée. 

12 

Vers  1  31 

D'AlgolàcfduBélicr 

Belle,  avec  traînée. 

14 

1  33 

Dans  les  Poissons,  avec  la  direction: 

y  d'Andromède  à  /  de  la  Baleine. 

—         — 

17 

-1  36 

De  â  du  Bélier  à  la  tète  de  la  Baleine. 

-          — 

20 

1  44 

De  *    —        à  x  des  Poissons.     . 

—         — 

24 

1  49 

De  f  de  Pcrséc  à  /  du  Taureau.     . 

Belle. 

25 

1  51 

Près  de  C  de  la  Mouche,  avec  la  di- 
rection d'Algol  à  a  de  la  Baleine  . 

—    avec  traînée. 

29 

2    3 

De  /  du  Cocher  à  <  du  Taureau.    . 

Belle. 

36 

2  12 

De  y  de  Persée,  suivant  une  ligne  pa- 
rallèle à  la  dir"'-  de  oc.  à  ,3  de  Persée. 

Magnifique, avec  traî- 
née. 

41 

2  20 

De  /3  de  Persée  à  /  du  Cocher  .    . 

—          — 

44 

2  26 

De  x  de  Persée  aux  environs  de  |3. 

Belle. 

48 

2  32 

De  /  du  Cocher  à  (3  du  Taureau    . 

Petite  étoile  brillan- 
te, avec  fine  traînée. 

52 

2  40 

Dca  de  Persée,  près  d'Algol    .    . 

Belle,  avec  traînée. 

53 

» 

Bayonnant  dans  une  direction  de  x 
de  Persée  à  x  du  Cocher. 

Belle. 

!    55 

2  47 

De  x  de  Persée  à  £  du  Cocher  .    . 

Belle,  avec  traînée. 

V.  —  Le  12,  de  1"  16m  à  2"43m  du  matin,  par  un  ciel 
serein, j'ai  observé  trente-sept  étoiles  filantes,  dont  vingt 
de  1"  16m  à  2h  17m  et  dix-sept  de  2"  17m  à2h4om.  Six  étoiles 
étaient  faibles  d'éclat,  vingt  d'éclat  moyen  et  onze  bril- 
lantes. Trente-trois  étaient  blanches,  deux  rouges  et  une 
verte;  la  coloration  d'une  étoile  reste  douteuse.  Dix  étoiles 


(  294  ) 
filantes  avaient  une  traînée;  l'une  d'elles  était  vèrdàtfe. 
Elles  étaient  toutes  assez  rapides.  L'étoile  filante  la  plus 
lente  de  ces  trois  nuits  a  été  observée  le  J2,  à  2M2m.  Les 
deux  plus  beaux  météores  de  ces  trois  nuits  se  sont  aussi 
montrés  dans  cette  matinée  du  12,  l'un  à  2hlm,  l'autre 
vers  2h30m;  leurs  trajectoires  étaient  superposables. 

Trente  étoiles  rayonnaient  à  partir  de  la  région  de  Persée. 

Les  étoiles  filantes  les  plus  remarquables  de  cette  der- 
nière soirée  étaient  : 


o     " 
Z 

HEURE. 

LIEU  ET  DIRECTION. 

REMARQUES. 

8 

11.  m. 

1  ol 

De  £  de  Persée  à  /  du  Taureau  .    . 

Belle. 

10 

1  oo 

D'Algol  à  a.  de  la  Baleine.    .     .    .  • 

Magnifique,  rouge, 
avec  traînée. 

13 

2   1 

Trajectoire  parallèle  à  la  direction 
de  Ç  à  t  de  la  Baleine,  un  peu  à 
TE.  de  la  ligne  joignant  ces  deux 
étoiles;  allant  vers" l'horizon. 

Elle  produisit,  avant 
de  disparaître,  une 
lueur  rougeâtre  ex- 
trêmem'  vive, sem- 
blable à  un  éclair; 
traînée  très-brillan- 
te; courte  trajectoi- 
re, ne  dépassant  pas 
l'intervalle  de  £à  r 
de  la  Baleine. 

n 

2     o 

Du  groupe  0,  t,  k,  ;  des  Poissons 
au  groupe  ,;,  y,  i  de  la  Baleine. 

Belle ,  avec  traînée. 

16 

2     7 

Près  de  la  tète  de  la  Baleine    .    . 

-          - 

18 

2  12 

De  a  des  Poissons  au  groupe  t,  <3, 
V  de  la  Baleine. 

Moyenne,  lente;  lon- 
gue trajectoire. 

23 

2  26 

De  Persée  au  Cocher 

Belle,  avec  traînée. 

24 

2  80 

De  x  de  Persée  à  s  de  Persée  .    . 

- 

25 

Même  direction  que  le  n°  18     .    . 

Magnifique  éclat  ver- 

datre;  traînée; tra- 
jectoire plus  longue 
que  celle  du  n°  13. 

27 

2  81 

Passant  par  C  de  la  Mouche,Algol 
et  a  de  Persée. 

Très  -  belle    traînée 
verdâtrc;Iongiie  tra- 
jectoire; coloration 
douteuse. 

20 

2  33 

Du  Triangle  à  j,  du  Bélier   .     .     . 

Belle,  avec  (rainée. 

2  88 

Par  (3  du  Cocher,  allant  vers  l'ho- 
rizon. 

—          — 

(  29S  ) 

Deux  étoiles  filantes  sans  trajectoire  visible  se  sont 
montrées  près  de  l'horizon  SE.  dans  la  matinée  du  11. 
Dans  celle  du  12,  j'en  ai  vu  encore  une  dans  la  même 
direction  et  ne  présentant  presque  pas  de  trajectoire  ap- 
parente. 

En  reportant  sur  un  globe  céleste  les  directions  des 
éloiles  filantes  dont  j'avais  pu  observer  la  trajectoire  avec 
le  plus  de  précision  pendant  ces  trois  nuits ,  j'ai  ^u  que 
ces  directions  se  coupent  presque  toutes  dans  l'espace 
compris  par  les  étoiles  Algol ,  #,  y  de  Persée  et  y  d'Andro- 
mède. 

Huit  étoiles  de  la  matinée  du  11 ,  et  qui  se  sont  mon- 
trées dans  la  baleine,  parcouraient  des  trajectoires  qui, 
prolongées,  passaient  entre  Persée  et  Cassiopée. 


Observations  des  éloiles  /Hautes  faites  à  Rome  du  9  au 
10  août  1861;  par  Mmc  Scarpellini.  (Lettre  à  M.  Ad. 
Quetelet.) 

Le  phénomène  des  étoiles  filantes,  de  la  période  d'août 
1867,  a  été  observé  de  ma  station  météorologique  du  Ca- 
pitule. J'ai  commencé  les  observations  (avec  l'aide  de  mon 
mari)  le  soir  du  9  à  1  lb  6m,  et  je  les  ai  continuées  jusqu'à  la 
fin  de  la  nuit  (pleine  aurore  du  malin),  à  5hS0m,  par  un 
ciel  des  plus  favorables.  Le  nombre  des  étoiles  filantes 
s'est  élevé  à  quatre-vingt-dix,  et  j'ai  pu  apprécier,  avec 
toute  exactitude,  l'influence  que  doit  exercer  la  présence 
de  la  lune. 

J'ai  fait  encore  des  observations  le  soir  du  10,  mais  je 
me  suis  trouvée  inaltendùment  en  présence  d'un  ciel  chargé 


(  296  ) 
de  nuages  les  plus  épais.  Seulement,  avec  quelques  soins, 
j'ai  pu  annoter,  à  travers  les  interstices  que  présentaient 
ces  nuages,  quinze  autres  étoiles  filantes,  depuis  9h54,n 
jusqu'à  ilb  o5,n. 

La  station  romaine  du  Capitole  compte  donc  cent  et 
cinq  étoiles  filantes  pour  les  observations  du  mois  d'août 
de  cette  année.  Seulement,  sur  les  quatre-vingt-dix  étoiles 
filantes  que  je  viens  d'indiquer,  on  peut  en  comprendre  : 


De  lrc  grandeur 

De  2U'L>        — 
De  3nie        — 


58 


Parmi  ces  étoiles  sept  doivent  être  considérées  comme 
des  bolides  :  deux  à  marche  ascendante  et  un  serpentant. 

J'ai  pu  remarquer,  avec  le  meilleur  soin  possible,  la  co- 
loration de  ces  météores.  Quelques-uns  étaient  blan- 
châtres, d'autres  couleur  turquoise;  d'autres  roussàtres. 

Outre  cela,  j'ai  pu  déterminer  encore  leur  direction  : 


Du  N.  . 
Du  NNE. 
Du  NE 
De  TE. 
Du  SE. 
Du  SSE. 


12 

5 
0 

9 


Du  S 4 

Du  SSO 15 

Du  SO 11 

De  TO.  .....  15 

Du  NO 3 

Du  NNO 7 


Par  suite,  j'ai  pu  indiquer  leur  nombre,  par  heure  d'ap- 
parition ,  de  la  manière  suivante  : 


De 

11''  6-»  à  11 ''50' 

De 

0  3  à  0  59 

De 

1  30  à  1  59 

De 

2  0  à  2  56 

De 

3  3  à  3  50 

S 
15 
24 


18 


Je  ne  dois  pas  omettre  de  faire  remarquer  que  pendant 


(  297  ) 
le  cours  tranquille  de  mes  observations,  je  fus  frappée 
d'admiration,  pendant  2  à  o  heures,  de  voir  un  nombre 
extraordinaire  d'étoiles  filantes  qui,  à  peine  visibles,  se 
manifestaient  comme  une  légère  fumée  lumineuse  dans  un 
cercle  qui  comprenait  les  constellations  de  Persée,  de 
Cassiopée,  de  Céphée,  du  Dragon,  de  l'Ours  majeur  et  du 
Cocher.  En  rappelant  mes  souvenirs,  un  l'ait  à  peu  près 
semblable  a  été  observé  ici  au  mois  d'août  1865  (1). 

Enfin,  je  conclus  que  si  nous  fondons  tout  notre  savoir 
sur  l'expérience,  il  sera  toujours  vrai  de  dire  avec  Bacon  : 

Antiquitas  saeculi  invcnlus  mundi. 

Je  dois  ajouter  qu'à  Civita-Vecchia,  le  phénomène  fut 
très-bien  observé  par  le  capitaine  Alexandrini  et  par  le 
professeur  Pinelli.  Je  publierai  leurs  observations  dans 
mon  bulletin  météorologique. 


Observations  des  étoiles  filantes,  faites  du  9  au  12  août 
1867,  à  Monlcalieri  (près  de  Turin),  par  M.  F:  Denza , 
directeur  de  l'Observatoire  du  collège  royal  Charles- 
Albert.  (Lettre  à  M.  Ad.  Quetelet.) 

J'ai  l'honneur  de  vous  communiquer  les  observations 
que  nous  avons  faites  à  Monlcalieri  pendant  les  jours  de  la 
période  des  étoiles  filantes  d'août  de  cette  année. 

Je  me  proposais  de  faire  observer  ce  phénomène  en  plu- 
sieurs endroits  du  Piémont;  mais  il  ne  m'a  pas  été  pos- 


(1)  Bulletins  de  l'Académie  royale  de  Belgique^  2mï  série,  t.  X  ,  p.  9. 


(  298  ) 
sible de  réaliser  ce  désir,  à  cause  de  l'absence  de  plusieurs 
professeurs,  mes  correspondants.  C'est  pour  ce  motif,  que 
les  observations  n'ontété  faites  seulement  qu'àMontcalieri, 
à  Alexandrie  et  à  Vavallo.  A  Montcalieri  elles  furent  exé- 
cutées par  des  observateurs  que  j'avais  disposés  d'avance 
dans  ce  but,  parce  que  j'ai  été  obligé  de  m'absenter  de 
l'observatoire.  A  Alexandrie,  on  a  observé  sous  la  direction 
du  professeur  Pierre  Parnisetli;  et  à  Vavallo,  ce  fut  le  pro- 
fesseur Pierre  Calderini  lui-même  qui  explora  le  ciel.  A 
Montcalieri  et  à  Vavallo,  on  veilla  les  nuits  des  9, 10  et  11  ; 
à  Alexandrie  on  continua  à  observer  aussi  le  12  et  le  15. 

A  la  station  de  Montcalieri ,  le  phénomène  fut  satisfai- 
sant pendant  les  nuits  du  9  et  du  1 J .  En  effet, la  nuit  du  9, 
de  10  heures  à  14  heures,  on  a  vu  cent  et  trois  météores, 
dont  dix  de  première  grandeur,  vingt-huit  de  seconde, 
vingt-cinq  de  troisième  et  quarante  de  quatrième;  et  dans 
la  nuit  du  11  parurent  quatre-vingt-quatre  étoiles, 
c'est-à-dire  sept  de  première  grandeur,  vingt  et  une  de 
deuxième,  vingt-neuf  de  troisième,  et  vingt-sept  de  qua- 
trième. L'éclat  très-vif  de  la  lumière  lunaire  empêcha  d'en 
voir  un  plus  grand  nombre.  C'est  à  cette  cause  et  à  l'état 
trop  nébuleux  du  ciel ,  que,  dans  la  nuit  du  10,  on  n'a  pu 
voir  à  Montcalieri  que  trois  étoiles  filantes  seulement  pen- 
dant deux  heures  (de  10  à  12  heures)! 

La  môme  chose  est  arrivée  à  Vavallo.  Tandis  que  dans 
la  nuit  du  9,  de  9  à  14  heures,  on  a  observé  cinquante- 
neuf  météores,  et  cinquante  dans  celle  du  11 ,  de  9  heures 
à  13h30m;  dans  la  nuit  du  10,  le  professeur  Calderini  n'a 
pu  distinguer  que  dix-neuf  étoiles  seulement,  de  9h30m  à 
12h50m.  Moi-même  (qui  me  trouvais  le  10  à  Zurich,  et  le 
1 1  à  Constance),  ayant  observé  le  ciel  pendant  une  heure 
environ  —  le  soir  du  10,  — je  n'ai  pu  observer  qu'un  seul 


(  299  ) 
météore,  et  le  soir  du  11  rien  du  tout!  Le  professeur  Schia- 
parelli  aussi, dans  la  soirée  du  10,  à  Milan ,  n'a  pu  voir  que 
quinze  étoiles  en  deux  heures. 

Au  contraire,  à  {observatoire  d'Alexandrie,  l'apparition 
a  été  très-abondante  et  magnifique.  Dans  cette  localité  les 
observations  furent  commencées  après  le  coucher  de  la 
lune,  et  furent  continuées  jusqu'à  l'aube  du  jour.  Voici  les 
résultats  obtenus  : 


DURÉE 

NOMBRE  TOTAL 

NOMBRE  MOYEN 

hâtes. 

de  l'observation. 

des  méléores. 

horaire. 

9.     .     ■ 

.     De  13M0m 

à  14»' 10'» 

79 

79 

10.     .     . 

.     De  12  55 

à  15  00 

225 

108 

M.     .     . 

.     De  15  50 

à  15  34 

262 

151 

12. 

.     De  14  15 

à  15  45 

269 

184 

15.     .     . 

.     De  15  16 

à  16  00 

45 

61 

La  divergence  des  météores  a  été,  en  général,  très-va- 
riable dans  toutes  les  stations  :  toutefois,  plusieurs  d'entre 
eux  provinrent  de  la  constellation  de  Persée  ou  de  Cas- 
siopée.  L'éclat  et  la  grandeur  ont  été  bien  inférieurs  à  ceux 
des  météores  de  novembre  1866. 

On  peut  donc  conclure  que  la  période  des  étoiles 
filantes  d'août  a  eu  lieu  dans  nos  contrées;  qu'elle  a 
changé  beaucoup  dans  les  diverses  localités,  ce  qui  dé- 
montre évidemment  la  discontinuité  dans  l'espace  de  la 
masse  météorique,  qui  donne  naissance  à  ces  météores; 
que  le  plus  grand  nombre  a  paru  après  minuit;  et  enfin  , 
que  le  maximum  est  arrivé  un  jour  plus  tard  que  d'ordi- 
naire, c'est-à-dire  entre  le  11  et  le  12  août. 

Je  ne  veux  pas  terminer  cette  lettre  sans  vous  donner 
connaissance  d'un  phénomène  très-remarquable  que  j'ai 
observé  il  y  a  peu  de  temps. 

Le  21  août  dernier,  à  8  heures  et  demie  du  soir,  presque 


(  500  ) 
la  moitié  du  ciel  était  couverte  par  des  nuages  obscurs, 
surtout  du  coté  sud-est.  Tout  à  coup  un  magnifique  mé- 
téore lumineux  se  détacha  du  nord-ouest,  au-dessous  de  la 
Grande  Ourse,  et,  se  dirigeant  vers  le  sud-est,  s'abaissa 
sous  les  nuages.  Il  décrivit  ainsi  entre  ces  nuages  et  le  sol 
une  trajectoire  presque  rcctiligne  à  peu  près  de  50  degrés. 
Cette  étoile  filante  était  de  première  grandeur,  et  son  dia- 
mètre apparent  ressemblait  à  celui  de  Jupiter;  sa  couleur 
était  rougeâtre  très-vif.  La  hauteur  des  nuages  ne  dépassait 
pas  900  mètres  au-dessus  du  sol;  et  comme  l'étoile  était 
bien  plus  basse,  je  pense  que  celle-ci  ne  s'élevait  au-dessus 
du  sol  que  de  700  ou  800  mètres  au  plus. 


Orages  des  mois  d'août  et  septembre  1867,  annotés  à 
V Observatoire  royal  de  Bruxelles  (1). 

Le  i5  août,  menaces  d'orage  l'après-midi. 

Le  26  aoàt,  éclairs  dans  l'O.  à  9  heures  du  soir. 

Le  1er  septembre,  orage  dans  l'O.  à  midi. 

Le  2  septembre,  menaces  d'orage  vers  6  heures  du  soir. 

Le  5  septembre,  éclairs  dans  le  NO.  et  le  S.  à  9  heures 
du  soir. 

Le  4  septembre,  vers  11  heures  du  matin,  fort  orage  et 
pluie;  le  galvanomètre  est  peu  influencé;  à  lh  10m  de 
l'après-midi  nouvel  orage,  forte  pluie  mêlée  de  quelques 
gréions;  à  lh  20n\  éclair  suivi  d'un  violent  coup  de  ton- 
nerre; l'orage  s'éloigne  ensuite  dans  le  NNE. 


(ij  Voir,  pour  le  commencement  de  cette  lisio ,  1rs  Bulletins  de  l' Acadé- 
mie. ■2'"''  série  ,  lome  XXIV,  p.  1 1  i. 


(501  ) 

Le  6  septembre,  à  7h  20m  du  soir,  coup  de  tonnerre,  10 
minutes  après,  éclair  non  suivi  de  tonnerre. 

Le  12!  septembre,  entre  7  et  8  heures  du  soir,  passage 
d'un  orage  éloigné  dans  l'E.;dans  le  SE.  nuages  très-som- 
bres  et  bleuâtres  d'où  partent,  sans  interruption, des  éclairs 
brillants;  les  éclairs  continuent  encore  à  10  !/2  heures. 

Le  13  septembre,  à  8  heures  du  matin ,  le  ciel  se  couvre 
brusquement  et  l'obscurité  devient  très-forte;  peu  de 
temps  après,  forts  éclairs  suivis  de  tonnerre;  la  pluie  com- 
mence à  tomber  à  larges  gouttes;  l'orage  cesse  vers  8h  10m. 
D'après  les  observations  recueillies  en  divers  points  du  pays , 
cette  nuée  s'est  montrée  à  Courtrai  et  à  Tournai  vers  6  h. 
du  matin;  à  Gand,  vers  8  heures,  on  a  aperçu  dans  la 
direction  de  Bruxelles  un  fort  nuage  noir.  A  Braine-Ie- 
Comte  ce  nuage  s'est  divisé  en  trois  parties,  qui  se  sont 
dirigées  vers  Nivelles,  Bruxelles  et  le  milieu  vers  Louvain. 
La  foudre  est  tombée  à  Jurbise  sur  un  poteau  électrique 
et  a  brisé  quelques  isolateurs. 


Orages  observés  à  Louvain,  depuis  le  19  juillet,  exclusi- 
vement, jusqu'au  15  septembre  1867,  par  M.  F.  Terby. 
(Lettre  à  M.  Ad.  Quetelet.) 

Le  25  juillet,  orage  entre  2h  50,n  du  matin  ;  éclairs  vifs , 
tonnerre  assez  bruyant  et  averse.  Le  bruit  du  tonnerre 
paraissait  venir  d'abord  de  l'O.  Après  le  plus  fort  de  l'o- 
rage, roulements  fréquents  de  tonnerre  vers  l'E.  Vers  la 
fin  de  l'orage,  les  nuages  accusent  deux  courants  :  SO. 
etO. 

Vers  5h30mdu  soir,  ciel  très-orageux  dans  l'O.;  vent 

2me  SÉRIE,  TOME  XXIV.  21 


(  302  ) 
d'après  les  nuages  :  SO.  Vers  5  heures  gouttes  de  pluie, 
ensuite  pluie. 

Le  %1  juillet,  vers  10  heures  du  matin,  nuages  très- 
sombres,  arrivant  de  l'O.;  pluie  peu  abondante.  A  H  heures 
tonnerre;  ciel  orageux  dans  le  S.;  à  midi  et  10  minutes 
pluie;  les  nuages  orageux  sont  dans  l'E. 
A  I  heure  du  soir,  averse. 

A  7  heures  du  soir,  orage  arrivant  de  l'O.;  tonnerre. 
A  7''olm  éclair  et  tonnerre.  La  pluie  commence  à  7h  40m, 
devient  plus  abondante  à  7h  45m,  et  diminue  à  8  heures. 
Des  éclairs  se  manifestent  encore  à  9h  45m. 

Le  26  juillet,  de  7  à  8  heures  du  soir,  orage  passant  du 
S.  dans  l'E.  Tonnerre  assez  fort  vers7h15m.  A  7h5m,  gouttes 
de  pluie.  A  7h  15m,  averse  de  peu  de  durée.  A  8h  o5m,  des 
éclairs  se  montrent  encore  dans  le  SE. 

Le  6  août,  dans  la  matinée,  et  surtout  vers  11  heures, 
vent  violent.  A  1"  oOm  du  soir,  nuages  sombres  dans  le  S., 
le  SO.  et  l'O.,  vent  violent.  Vent  d'après  les  nuages  :  SSO. 
A  1"  40m  pluie. 

Le  7  août,  à  midi  et  10  minutes,  coup  de  tonnerre  et 
vent  violent;  pluie  légère,  augmentant  un  peu  à  midi  et 
12  minutes.  Vent  d'après  les  nuages  :  0.  A  midi  et  20  mi- 
nutes, les  nuages  orageux  couvrent  le  N.,  le  NE.  et  l'E. 

Le  9  août ,  à  2W  7m  du  soir,  forte  pluie.  Vent  d'après  les 
nuages  :  OSO. 

Le  16  août,  dans  la  matinée,  coups  de  vent  et  nuages 
orageux  ;  à  midi  45  minutes,  averse.  Vent  d'après  les  nuages  : 
OSO.  A  2h  55m  du  soir,  pluie. 

De  4h  15m  à  oh20m  du  soir,  orage  passant  du  NO.  dans 
l'E.  A5h7m,  l'intervalle  entre  l'éclair  elle  tonnerre  est  de 
5  secondes  environ.  A  5h  20m,  roulements  prolongés  de  ton- 
nerre dans  l'E.  Dès  4"  57m,  pluie.  A  5  heures,  forte  averse. 


(  503  ) 

Le  20  août,  à  2h  20m  du  soir,  coup  de  vent  violent.  Vent 
d'après  les  nuages  :  SO.  ;  après-midi  orageuse. 

A  5"  lom  et  à  6h  5m  du  soir,  gouttes  de  pluie;  ciel  mena- 
çant dans  le  S.  Ensuite  pluie  légère.  A  7h50m,  le  temps  est 
rafraîchi  comme  s'il  y  avait  eu  un  orage. 

Le  26  août,  à  9h  20m  du  soir,  éclairs  dans  le  N.  Horizon 
chargé  de  nuages;  le  reste  du  ciel  est  nébuleux. 

Le  27  août,  à  5'1  lom  du  matin,  forte  averse.  Direction 
du  vent  d'après  les  nuages  à  8  heures  :  ONO.  Vers  71'  5m 
du  soir,  éclair;  vent  d'après  les  nuages  :  NNO. 

Le  2  septembre,  entre  5h  et  5h  50,n  du  matin,  éclairs; 
journée  orageuse. 

Ae  5  septembre,  à  10  heures  du  soir,  éclairs  dans  le  N. 

Le  â  septembre,  entre  l!l  et  lh  30™  du  soir,  orage  passant 
de  l'O.  dans  le  NO.  Direction  du  vent  d'après  les  nuages  : 
SSE.  Un  nuage,  dans  le  SO.,  s'avance  de  l'O.  vers  le  S. 
Vers  1  heure,  gouttes  de  pluie;  vers  1"  2om,  éclair  et  ton- 
nerre espacés  d'environ  8S  :  ensuite  pluie.  Le  tonnerre  se 
fait  encore  entendre  à  2h  10m.  Après-midi  pluvieuse. 

Le  9  septembre,  entre  o  et  4  heures  du  matin  ,  éclairs. 

Le  12  septembre,  vers  4h50m  du  soir,  pluie  légère  après 
des  menaces  d'orage.  A  7U  4om  du  soir,  éclairs  très-fré- 
quents dans  l'ESE.,  et  quelques  roulements  de  tonnerre. 
Vent  d'après  les  nuages  :  OSO.  Des  éclairs  s'aperçoivent 
encore  à  8h  40'". 

Le  15  septembre,  à  8  heures  du  matin,  fort  orage  pas- 
sant du  SO.  au  NO.  Coup  de  tonnerre  strident  suivant  de 
près  l'éclair.  Pluie  peu  abondante.  Vent  d'après  les  nuages  : 
SSE. 

Entre  8  et  10  heures  du  soir,  fortes  ondées. 


(  504  ) 

Orages  observés  à  Gembloux,  du  Ier  avril  au  51  juillet  1867, 
par  M.  C.  Malaise,  correspondant  de  l'Académie. 

Avril      9,  de  2  à  5  heures  du  matin,  pluie  abondante; 
éclairs;  tonnerre. 
»        10,  de  10  Va  heures  à  12  heures  du  soir,  pluie 

abondante;  éclairs;  tonnerre. 
»        2.9,  2  heures  du  soir,  tonnerre  lointain. 
Mai    W,  de  6  à  7  heures  du  soir,  pluie  abondante; 
coups  de  tonnerre. 
»        50,  de  7 à8  Va  heures  du  soir,  pluie  abondante; 
coups  de  tonnerre  très- fréquents. 
Juin     /6',  de 4  à  5  heures  du  matin,  pluie  abondante; 
violents  coups  de  tonnerre  (1). 
»         »    de  6  à  7  heures  du  soir,  pluie;  tonnerre. 
Juillet  15,  de  11  à  12  heures  du  matin,  et  de  4  à 
6  heures  du  soir,  pluie  abondante  ;  tonnerre 
lointain. 
»        i 4,  de  1  àr 7  heures  du  soir,  pluie  et  coups  de 

tonnerre  à  intervalles  assez  rapprochés. 
>        25,  de  1  Va  heure  à  5  heures  du  matin ,  pluie 
très-abondante;  éclairs;  coups  de  tonnerre  fréquents. 

Il  est  une  particularité  à  noter,  c'est  l'absence  de  gréions 
à  Gembloux,  pendant  les  orages  que  je  viens  de  signaler. 


(1)  A  Nivelles,  grêlons  de  la  grosseur  d'un  œuf  de  pigeon.  Grands 
dégâts;  nombreux  carreaux  de  fenêtre  brisés. 


(  505  ) 


Sur  un  orage  observé  à  Gand,  le  4  septembre  1867  ;  par 
M.  A.-L.  Neyt.  (Lettre  à  M.  Ad.  Quetelet.) 

Après  une  série  d'orages,  sans  intérêt,  ayant  passé  sur 
notre  ville,  le  26  août,  le  1er  et  le  o  septembre,  nous  en 
avons  eu  un  le  4,  offrant  un  caractère  des  plus  menaçants. 
A  une  heure  de  relevée,  les  premières  lueurs  de  la  foudre 
se  sont  fait  remarquer,  et  les  nuées  électriques  n'ont  pas 
tardé  à  envahir  tout  le  ciel.  Ces  nuées,  quoique  intenses, 
n'avaient  pas  cependant  cet  aspect  sombre  et  épais  qui, 
je  crois,  appartient  plus  spécialement  aux  orages  accom- 
pagnés de  grêle.  Celui-ci  en  était  dépourvu,  mais  il  fut 
précédé  et  accompagné  par  une  assez  forte  chute  d'eau. 
Le  pluviomètre  marquait  après  Forage  20,1  millimètres. 
Je  n'ai  constaté  aucune  bourrasque,  aucun  coup  de  vent, 
qui  souvent  précèdent  ce  genre  de  phénomène;  l'air,  au 
contraire,  était  fort  calme. 

Il  y  a  eu,  à  ma  connaissance,  cinq  chutes  de  foudre  en 
ville.  L'une  d'elles  a  entamé  un  coin  de  maçonnerie  fraîche 
dans  une  maison  en  construction;  les  deux  suivantes  se 
sont  fait  sentir  au  marché  aux  grains,  hôtel  de  Vienne,  où 
il  paraît  que  la  foudre  a  pénétré  par  la  cheminée  jusque 
dans  la  cuisine,  sans  dégâts  apparents;  la  maison  voisine 
a  eu  sa  cheminée  légèrement  écornée;  la  suie  détachée  a 
été  chassée  dans  les  appartements.  Au  fossé  d'Othon,  quel- 
ques tuiles  ont  été  brisées  sur  un  toit.  Enfin,  le  coup  le  plus 
violent  a  frappé  la  cheminée  de  la  fabrique  de  M.  J.  Van  Loo. 
Cette  cheminée  a  une  hauteur  que  j'évalue  à  quatre-vingts 
pieds  environ.  Elle  s'élève  du  sol,  est  isolée  des  bâtiments 
et  dépourvue  de  paratonnerre. 


(  506  ) 


Observations  météorologiques  horaires,  faites  à  Modcne, 
pendant  le  solstice  d'été  de  Vannée  >Î861 ' ,  par  M.  le  pro- 
fesseur Ragona.  (Lettre  à  M.  Ad.  Quetelet.) 

J'ai  l'honneur  de  vous  soumettre  un  extrait  des  obser- 
vations météorologiques  horaires,  que  j'ai  faites  ici,  lors 
du  dernier  solstice,  et  que  j'ai  dû  borner  à  trois  jours  à 
cause  de  mes  nombreuses  occupations. 

Pour  la  pression  atmosphérique  j'ai  indiqué,  avec  la  plus 
grande  fidélité,  a  côté  des  indications  du  baromètre  mé- 
téorologique, celles  du  baromètre  enregistreur.  La  direction 
et  la  vitesse  du  vent  sont  données  par  l'anémométrographc 
électrique.  Au  lieu  de  noter  les  kilomètres  décrits  dans  le 
cours  de  l'heure  qui  précède,  comme  on  le  fait  d'ordinaire, 
je  mets  la  moyenne  entre  les  kilomètres  parcourus  dans 
l'heure  qui  précède  et  celle  qui  suit. 

Les  observations  horaires  aux  époques  des  équinoxes  et 
des  solstices,  observations  auxquelles  vous  avez  donné  une 
forte  impulsion  et  un  puissant  appui,  sont  peut-être  plus 
importantes  qu'un  premier  aperçu  pourrait  le  faire  croire. 
Je  me  permets,  en  conséquence,  d'exposer  quelques  ren- 
seignements touchant  l'importance  de  ces  observations. 

1.  J'ai  réduit,  en  1865,  une  année  moyenne  formée  sur 
le  résultat  des  soixante-quatre  années  d'observations  ther- 
mométriques  exécutées  à  l'Observatoire  de  Païenne,  à 
l'expression  générale  (degrés  Réaum.)  : 

T=  13,957+5,7921  sin  (237°  9'2"+  h)  -4-0,1555  sin  (  I5°S4'  2"-+-2/<) 
H-0,0590  sin  (293  17  6  +3K)  4-0,0361  sin  (301  50  23  -f-  ïh). 

Par  cette  formule,  qui  reproduit  les  observations  avec 


(  307  ) 

une  grande  exactitude,  j'ai  calculé  la  température  moyenne 
normale  de  Païenne,  pour  tous  les  jours  de  l'année  com- 
mune. Les  quatre  instants  de  Tannée,  éloignés  deux  à 
deux  d'une  demi-année,  dont  chaque  couple  donne  par 
moyenne  arithmétique  la  température  moyenne  annuelle, 
sont  évidemment  déterminés  par  la  solution  de  l'équation  : 

0,4555  sin  (15"  54'  2"  -+-  2/t)  =0. 

Cette  équation  donne  pour  les  quatre  instants  recher- 
chés : 


Epoque. 

TEMPER. 

Epoque. 

TEMPÉR. 

- 

correspondante. 

- 

correspondante 

Mars.     .     .      25,16 

10,172 

Juin.     •     .     22,67 

18,400 

Septembre.     22,66 

17,742 

Décembre.    25,27 
Moyenne.     .     . 

9,514 

Moyenne.     .     . 

15,957 

15,957 

î2.  M.  le  professeur  Respighi  a  établi ,  pour  chaque  jour 
de  l'année  commune,  la  température  moyenne  diurne  de 
Bologne  (Italie),  en  prenant  la  moyenne  des  maximum 
et  des  minimum  observés  chaque  jour  pour  la  durée  des 
quarante-cinq  années  d'observations.  La  température 
moyenne  de  Bologne  est  15,8  centigrades.  De  la  table  de 
M.  Respighi  on  déduit  : 


21  mais. 


8,5 

21  septembre 19,1 

Moyenne.    .    .     15,8 


21+6    Juin  ....     24,5 
21—6    Décembre  .    .      2,9 


Moyenne. 


15,7 


5.  M.  le  professeur  Jelinek  a  établi  la  température 
moyenne  de  Vienne  (Autriche),  pour  chaque  jour  de 
l'année  commune,  sur  les  résultats  des  quatre-vingt-dix 
années  d'observations,  en  faisant  usage  de  la  méthode  de 


(  308  ) 

Bloxam.  La  température  moyenne  de  Vienne  est  7,97 
Réaum.  De  la  table  de  M.  Jelinek  on  déduit  : 


21  mars   .     . 
21  septembre 


4,04 

[1,89 


Moyenne. 


7,96 


21  -f-  7    Juin.     .     . 
21  —  7    Décembre. 

Moyenne  .     , 


15,67 
0,23 

7,93 


4.  Mais  sans  recourir  aux  quantités  moyennes,  j'ai  pu 
constater  ici,  à  Modène,  des  résultats  équivalents  pour  les 
températures  observées  aux  jours  des  équinoxes  et  des  sol- 
stices, ou  dans  ces  mêmes  jours.  La  température  moyenne 
diurne,  dont  je  fais  usage,  est  toujours  la  moyenne  arith- 
métique des  trois  observations  à  4  h.  du  soir,  à  minuit  et 
à  8  h.  du  matin.  La  température  moyenne  de  Modène 
(trente-six  années  d'observations)  est  15,39  centigrades. 
En  appelant  E  la  température  du  jour  de  l'équinoxc,  S 
celle  du  jour  du  solstice,  S  —  1,  S  —  2...  celle  d'une  date 
qui  précède  le  solstice  d'un,  2...  jours,  etc.,  j'ai  obtenu  : 


1864.  Mars.     .     .    .    E=   7,50 

1864.  Juin.     .     .     .    S  =  21,70 

Septembre     .     E  =  19,07 

Décembre .    .    S  =   5,27 

Moyenne.    .     .     13,28 

Moyenne     .     .      13,48 

1865.  Mars.     .    E  — 5=   8,53 

1865.  Juin  .     .    S  +  1  =  23,52 

Septemb.    E-+-5  =  18,72 

Décembr.    S  —  1  =    2,04 

Moyenne.    .    .     13,52 

Moyenne.     .     .     12,78 

1866.  Mars  .     .    E-f-3  =    9,73 
Septemb.     E  — 3=17,32 

Moyenne.     .     .     13,52 


1866.  Juin   .     .    S -+-3  =  24,29 
Décembr.    S  — 3=  2,95 


Moyenne. 


13,62 


La  température  moyenne  de  ces  douze  jours  est,  par 
conséquent,  de  13,37  centigrades. 


(  509  ) 


Tableau  des  observations  du  20  juin  1867. 


HEURES. 


PRESSION 
atmosphérique 


dubarom. 

météo- 
rologique. 


dubarom 

enre- 
gistreur. 


w 

ec 

2  s 

H 

a 
»■ 

s  s  ■ 

PS 

3 

■a 

w5; 

«  2 

Q 

"" 

ETAT 

du 
CIEL. 


Moy. 


0 
1 

2 
5 

5 

6 
7 
8 
9 
10 
H 
12 
13 
14 
15 
16 
17 
18 
19 
20 
21 
22 
23 


</s(44-12+20). 
dela2*eobserv. 


mm. 
54,53 

54,05 
53,90 
53,78 
53,57 
53,28 
53,68 
53,  i8 
53,83 
34,18 
53,81 
54,61 
54,27 
54,45 
54,30 
54,30 
54,11 
55,23 
54,24 
54,19 
55,14 
55,13 
54,95 
54,94 


54,327 
54,248 


mm. 

54,5 
54,3 
54,2 
54,2 
54,0 
53,7 
53,8 
53,9 
54,1 
54,2 
54,5 
54,8 
54,7 
54,6 
54,5 
54,4 
54,4 
54,6 
54,8 
55,0 
55,0 
55,2 
55,1 
55,0 


23,52 
24,17 

23,87 
24.37 
24.37 
24,17 
22,20 
21,72 
20,64 
20,34 
19,84 
18,75 
18,75 
18,47 
18,17 
18,07 
17,87 
18,07 
18,17 
18,17 
17,77 
18,47 
20,82 
21,80 


11,83 
12,36 
12,54 
12,24 
12.24 
12,37 
13,10 
12,63 
13,14 
13,64 
15,63 
13,68 
14,93 
14,58 
14,61 
14,36 
14,79 
14,56 
13,84 
13,39 
13,78 
14,58 
14,60 
14,15 


54,57 
54,48 


20,297  13,650 
20,523  13,557 


55 
55 
57 
54 
54 
55 
66 
65 
73 
77 
79 
83 
93 
92 
94 
93 
97 
93 
89 
86 
91 
92 
80 


79,3 
77,0 


E 

13,5 

NE 

15,5 

NU 

15,0 

NE 

14,0 

E 

14,0 

NE 

16,0 

E 

19,0 

NE 

17,5 

E 

15,5 

NE 

15,0 

E 

15,0 

NE 

13,0 

NE 

9,5 

NE 

7,5 

NE 

9,0 

NE 

9,0 

NE 

7,0 

NE 

7,5 

NE 

8,5 

N 

11,5 

E 

7,5 

E 

3,0 

E 

5,5 

NE 

7,0 

10,55 
11,48 


Serein. 
Couvert. 
Nuageux. 
Couvert. 

Id. 
Nuageux. 
Goût,  de  pi.  [a). 

Id.  (o). 

Nuageux. 

Id. 
Goût,  de  pi.  (a). 

Id.  (a). 

Sombre. 

Id. 
Couvert 

Id. 

Id. 
Brouillard. 
Nuageux. 
Forte  pi.    (c). 

Id.         (c). 
Nuageux. 

Id. 

Id. 


(b). 


[a)  0mm,989. 

(6)  Le  disque  de  la  lune  est  pâle  et  incomplet. 

(c)  30mm,2G9,  commencée  à  I8h  5™  et  finie  à  20h  om. 


(  510  ) 


Tableau  des  observations  du  21  juin  1807. 


PRESSION 

H 

3 

z 

a 

HEURES. 

atmosphérique 

réduite  à  0° 

<     2 

::       w 

-a    - 

O      u 
Z      g 

-a 
H     . 

o  -S 

H     | 
U     > 
H     - 

3     3 

°  S'y 

S  >  6 
H  3  3 

ÉTAT 

du 

dubarom.  dubarom. 

—      c 

a      g 

%  s 

£2    *° 

c/s      es 

météo- 

enre- 

a 

a 

s 

2 

a      2 

H 

CIEL. 

rologique. 

gistreur. 

«O 

> 

mm. 

mm. 

mm. 

k. 

0 

55,00      54,8 

22°,60 

13,18 

65 

NE 

6,5 

Nuageux. 

1 

54,37      54,5 

25,87 

12,54 

57 

NE 

6,0 

Ici 

2 

54,27      54,2 

24,17 

12,51 

56 

NE 

6,5 

kl. 

3 

53,97      54,1 

23,87 

15,02 

59 

NE 

6,5 

Ici. 

4 

54,02      54,2 

2-1,57 

12,08 

55 

E 

7,0 

Id. 

5 

53,84      54  0 

24,27 

12,14 

54 

NE 

7,5 

Id. 

6 

53,97      54,1 

24,07 

11.94 

54 

NE 

7.5 

Brouillard. 

7 

55,88      54,2 

23,02 

12^0 

59 

NE 

9,0 

Id. 

8 

54,20   !  54,5 

22,50 

11,33 

57 

NE 

9,5 

Id. 

9 

54,56 

54,7 

21,90 

11,73 

60 

NE 

10,5 

Nuageux. 

10 

54,27 

54,7 

20.82 

12,71 

70 

NE 

9,5 

Id. 

11 

54,50 

54,8 

20,14 

12,38 

71 

NE 

5,0 

Id. 

1-2 

54,57 

54,7 

20,04 

13,20 

76 

NE 

4,0 

Id. 

13 

54,07 

54,7 

19,55 

13,82 

82 

NE 

7,5 

Brouillard. 

14 

54,57 

54,5 

18,85 

15,17 

82 

NE 

11,0 

Nuageux. 

13 

54,47      54,4 

18,75 

12,78 

80 

NE 

10,5 

Beau. 

\Q 

54,47      54,4 

18,67 

12,78 

80 

NE 

6,0 

Id. 

54,57      54,6 

19,84 

15,63 

79 

E 

4,5 

Id. 

18 

54,86      54,8 

26,19 

12,42 

49 

SO 

7,0 

Id. 

19 

55,06   ,  55,1 

25,15 

13,09 

55 

0 

7,5 

Serein. 

20 

55,02      55,1 

25,25 

13,69 

58 

0 

6,5 

Id. 

21 

55,02      55,2 

25,75 

13,25 

54 

0 

6,0 

Id. 

22 

55,02      55,1 

25,25 

12,06 

51 

N 

5,5 

Nuageux. 

23 

54,92   |  55,1 

26,59 

11,20 

43 

N 

5,0 

Id. 

MoYj</»(*-H^*>). 

(delà  24aobserv. 

1 
54,557    54,67 

25,220 

12,990 

62,3 

1    5,83 

54,505 

54,60 

1 

22,720 

12,622 

62,7 

7,17 

(  5*1  ) 


Tableau  des  observations  du  22  juin  1867. 




-.-. 

1 

PRESSIC 

a 

i 

g; 

g 

almosp 

lérique 

s     « 

Z      T3 

H       . 

O 

3     = 

ÉTAT 

HEURES. 

rédui 
dubarom. 

e  à  0° 



iln  liaronr 

H    "2 

-a    - 

0-      3 

©        s. 

S* 

lii 

du 

méleo- 

enre- 

M 

M 

s 

a      ? 

H 

CIEL. 

rologique. 

gistreur. 

-3 

? 

mm. 

mm 

mm. 

k. 

0 

54,71 

54,6 

25°,99 

11,41 

46 

NO 

5,5 

Nuageux. 

1 

54,42 

54,6 

26,19 

11,46 

43 

NE 

5,5 

Couvert. 

2 

54,17 

54,5 

27,00 

12,77 

48 

NE 

5,5 

Brouillard. 

5 

54,03 

54,3 

26,59 

11,05 

43 

S 

7,0 

Id. 

4 

55,98 

54,3 

27,00 

12,60 

47 

SE 

7,5 

Id. 

5 

55,77 

53,9 

26,69 

11,80 

45 

SE 

ejo 

Nuageux. 

0 

54,00 

54,1 

25,75 

i  1,75 

60 

NE 

5,5 

Id. 

7 

5i,22 

54,2 

24,95 

12,08 

52 

NE 

8,5 

Id. 

8 

54,25 

54,2 

25,87 

12,54 

57 

NE 

11,5 

Id. 

9 

54,98 

54,6 

25,12 

1 2,87 

61 

NE 

10,5 

Serein. 

10 

54,4(3 

54,6 

22,20 

13,10 

60 

NE 

7,5 

Nuageux. 

11 

54,07 

54,7 

21,62 

1 2,23 

64 

NE 

7,0 

Id. 

12 

54,60 

54,3 

19,94 

15,72 

79 

0 

8,0 

Serein. 

15 

5  1,80 

55,1 

20,04 

13,51 

78 

NE 

10,5 

Beau. 

14 

54,71 

54,9 

19,15 

15,59 

83 

SO 

1 5,5 

Id. 

15 

54,50 

54,7 

18,85 

13,47 

85 

so 

10,5 

Id. 

16 

54,52 

5i,7 

18,67 

12,63 

79 

SO 

7,0 

Id. 

17 

5  1.52 

54,7 

18,75 

12,53 

77 

so 

6,0 

Id. 

18 

54i60 

54,8 

21,27 

12,61 

56 

so 

5,0 

Id. 

19 

54,6  i 

55,0 

25,87 

15,18 

60 

so 

5,5 

Nuageux. 

20 

54,80 

54,8 

24,07 

12,57 

57 

so 

2,5 

Serein. 

21 

54,58 

5 1,5 

24,57 

13,40 

58 

so 

5,5 

Id. 

22 

53,98 

54,2 

26,59 

12,96 

51 

so 

4,0 

Nuageux. 

23 

53,75 

55,9 

26,19 

13,41 

55 

so 

4,5 

Id. 

MoY.{1,sl4+t2+20)- 

(  dcla24eobserv. 

54,460 

54,47 

25,670 

12,963 

61,0 

6,00 

51,577 

54,51 

1 j)  7  S2 

60,3 

6,92 

(  312  ) 


Sur  un  météore  aperçu  à  Bruxelles,  dans  la  soirée  du 
26  septembre  1867,  par  M.  Marchai. 

Dans  la  soirée  du  jeudi ,  26  septembre  dernier,  à  8 
heures  du  soir,  un  brillant  météore  a  traversé  les  constel- 
lations du  Verseau  et  du  Capricorne.  Ce  météore,  qui  a  pris 
naissance  un  peu  au-dessus  de  Jupiter  par  A)  =  335°,  D  = 
—  8°,  est  allé  s'éteindre  entre  les  étoiles  a  et  (3  du  Capri- 
corne, après  avoir  laissé  derrière  lui  une  rapide  trace  lumi- 
neuse blanchâtre.  Le  sommet,  au  moment  de  l'explosion, 
s'est  divisé  en  quatre  parties.  Aucun  bruit  ne  s'est  fait  en- 
tendre pendant  la  rapide  durée  de  ce  phénomène.  La 
traînée,  dirigée  de  TE.  vers  PO.,  formait  une  légère  courbe 
à  crépitations,  qui  se  sont  renforcées  au  moment  où  l'astre 
a  éclaté. 


Du  centre  ano-spinal;  par  M.  J.-B.-V.  Masius,  de  Liège. 

INTRODUCTION. 

La  moelle  épinière,  comme  on  le  sait,  n'est  pas  un 
simple  cordon  conducteur;  elle  présente  différents  centres 
plus  qu  moins  nettement  circonscrits. 

C'est  ainsi  qu'on  a  le  centre  cilio-spinal,  sur  la  délimi- 
tation duquel  tous  les  physiologistes  ne  sont  pas  encore 
d'accord  (1).  On  admet  généralement  qu'il  se  trouve  dans 


(1)  Schiff,  Physiologie,  1. 1,  p.  387  ;  Budge,  Lehrbuch  dcr  Physiologie, 
p.  767,  8e  édition;  Otto  Funke,  id.,  t.  II,  p.  595,  Ie  édition. 


(  515  ) 
la  partie  supérieure  de  la  moelle,  surtout  dans  la  portion 
comprise  entre  le  sixième  nerf  cervical  et  le  deuxième  nerf 
intercostal.  Ce  centre  préside  à  la  contraction  des  libres 
radiées  de  l'iris. 

Gianuzzi  a  trouvé  que  dans  la  région  lombaire,  chez  les 
chiens,  il  y  a  deux  points  principaux  qui,  irrités,  amènent 
des  contractions  de  la  vessie  (1).  L'un  est  situé  en  corres- 
pondance de  la  troisième  vertèbre  lombaire;  l'autre,  de  la 
cinquième.  Néanmoins,  toute  la  région  lombaire  irritée 
donne  aussi  ces  contractions. 

Les  recherches  de  Budge(2)  ont  encore  démontré  l'exis- 
tence du  centre  génito-spinal ,  qui  n'occupe  qu'un  espace 
de  quelques  lignes  et  qui,  chez  le  lapin  ,  se  trouve  dans  la 
moelle  au  niveau  de  la  quatrième  vertèbre  lombaire.  Lors- 
qu'on excite  ce  point ,  on  provoque  des  contractions  des 
conduits  déférents.  11  tient  aussi  sous  sa  dépendance  les 
mouvements  de  la  partie  inférieure  de  l'intestin  grêle,  du 
gros  intestin,  de  la  vessie  et  de  l'utérus. 

Nous  signalerons  enfin  l'action  accélératrice  qu'exerce 
sur  les  mouvements  du  cœur  une  excitation  faible  de  la 
portion  cervico-dorsale  de  la  moelle.  Cette  influence  a 
d'abord  été  démontrée  par  E.  Weber  (3),  et,  plus  récem- 
ment, par  Moleschott. 

Tels  sont,  jusqu'à  présent,  les  centres  que  l'on  connaît 
dans  la  moelle  épinière. 


(1)  Note  sur  les  nerfs  moteurs  de  la  vessie,  par  G.  Gianuzzi.  Compte 
rendu  des  séances  de  l'Académie  des  sciences  de  Paris ,  t.  LVI ,  p.  53. 

(2)  Ueber  das  centrum  genito-spinale  des  Nervus  sympathicus.  Wir- 
chow's  Archiv,  1858. 

(3)  E.  Weber,  Act.  Muskelbexcegung  in  JVagner's  Handwôrterbuch 
der  Physiologie. 


(  314  ) 

Par  les  expériences  que  nous  avons  faites  sur  les  lapins, 
expériences  auxquelles  a  assisté  le  docteur  H.  Michel,  qui 
a  bien  voulu  nous  servir  d'aide,  nous  avons  précisé,  dans 
la  partie  inférieure  de  la  portion  lombaire  de  la  moelle, 
un  nouveau  centre  qui  maintient  dans  une  contraction  con- 
tinue le  sphincter  de  l'anus. 

Ce  centre,  que  nous  appelons  ano-spinal,  préside  donc 
à  la  tonicité  de  ce  muscle;  mais,  en  outre,  il  préside  à  sa 
contraction  réflexe.  Nous  attirons  l'attention  sur  ce  fait, 
que  le  centre  de  tonicité  et  le  centre  de  contraction  réflexe 
du  sphincter  de  l'anus  se  trouvent  limités  dans  la  même 
partie  de  la  moelle  épinière. 

Nous  avons  trouvé  de  plus  qu'à  ce  centre  ano-spinal 
arrivent  des  fibres  empêchantes  qui  proviennent  des  cou- 
ches optiques;  que  toute  la  moelle  épinière,  la  moelle  al- 
longée, les  pédoncules  cérébraux  et  la  face  interne  des 
couches  optiques  donnent,  par  leur  irritation,  des  contrac- 
tions du  sphincter  de  l'anus. 

Enfin,  nous  avons  cherché  à  déterminer  par  quels  nerfs 
arrivent  au  sphincter  les  libres  qui  l'animent. 


Chapitre  Ier. 
Centre  ano-spinal  et  ses  fonctions. 

Avant  de  rapporter  les  expériences  qui  nous  ont  permis 
de  déterminer  dans  la  moelle  l'existence  d'un  nouveau 
centre,  il  convient  de  faire  rapidement  l'histoire  du  tonus 
musculaire. 

On  sait  que  le  tonus  est  cet  état  habituel  de  tension  dans 
lequel  se  trouvent  les  muscles.  Si  l'on  coupe,  par  exemple, 


(315) 
sur  une  grenouille  vivante  le  tendon  d'un  muscle,  les  deux 
bouts  s'écartent.  Le  muscle  se  trouvait  donc  dans  un  état 
de  tension.  C'est  ainsi  encore  que,  dans  la  paralysie  des 
muscles  de  la  face  d'un  côté,  la  bouche  est  tirée  du  côté 
opposé,  parce  que  les  muscles  sains  se  trouvent  dans  un 
état  de  tension  qui  n'est  plus  équilibrée  par  les  muscles 
paralysés. 

J.  Mueller  et  lienle  (1)  font  dépendre  la  tonicité  d'une 
irritation  automatique  de  la  moelle  qui,  par  l'intermé- 
diaire des  nerfs  moteurs,  maintient  les  muscles  volon- 
taires du  tronc  et  des  membres  dans  un  état  de  contrac- 
tion faible  et  continue.  Dans  les  circonstances  ordinaires, 
l'irritation  continue  et  automatique  de  la  moelle  sur  tous 
les  muscles  fléchisseurs,  par  exemple,  d'un  membre,  ne 
se  traduit  point  par  une  contraction  inarquée,  donc,  par 
un  raccourcissement  notable  de  ces  derniers,  parce  que 
les  muscles  antagonistes,  qui  tendent  toujours  à  se  con- 
tracter, compensent  l'action  des  fléchisseurs;  mais,  dès 
que  l'on  soustrait  un  muscle  à  l'action  de  son  antagoniste, 
le  tonus  se  manifeste  par  un  véritable  raccourcissement. 

D'après  Éd.  Weber  (2) ,  ce  raccourcissement  n'est  pas 
l'effet  de  la  contraction  musculaire  ;  il  place  la  cause  du  tonus 
dans  l'élasticité  des  muscles.  Selon  ce  physiologiste ,  tous 
les  muscles  du  tronc  et  des  extrémités  sont  fixés  sur  le 
squelette  de  telle  façon,  qu'à  l'état  de  repos  ils  se  trou- 
vent étendus  au  delà  de  leur  longueur;  il  s'en  suit  qu'ils 
tendent  toujours,  en  vertu  de  leur  élasticité,  à  revenir  à 


(1)  J.  Mueller,  Physiologie,  M.  II,  pp.  40,  80;  lienle,  Allgém.  Anato- 
mie,  pp.  593,  720,  Ration.  Pathol,  t.  I,  p.  110. 

(2)  Éd.  Weber,  Act.  Muskelbewegung  in  ï\'agner''s  Handwurlerb.  der 
Physiol,  Bd.  III,  Abtli.  II,  p.  H 6. 


(  516  ) 
leur  longueur  normale.  Heidenhain  (1)  a  fourni  la  preuve 
que  le  tonus  des  muscles  des  membres  dépend  seulement 
de  Télasticité  :  il  a  démontré  qu'un  muscle  ne  s'allonge 
point  après  la  section  du  nerf  qui  l'anime. 

En  1860  a  paru  un  travail  de  Brondgeest  sur  la  tonicité 
des  muscles  volontaires  (2).  Cet  expérimentateur  admet 
l'existence  du  tonus  dépendant  de  l'influence  de  la  moelle 
épinière. 

Sur  des  grenouilles ,  il  sectionne  la  moelle  dans  le  voi- 
sinage du  bulbe  rachidien,  coupe  le  nerf  sciatique  d'un 
côté  et  suspend  librement  la  grenouille  à  un  fil.  Au  bout 
de  quelque  temps,  Brondgeest  observe  que,  du  côté  où  le 
nerf  n'est  pas  coupé,  les  articulations  du  pied  et  du  genou 
se  trouvent  dans  un  état  modéré  de  flexion,  tandis  que 
celles  du  côté  opposé  ne  sont  pas  fléchies;  au  contraire, 
l'articulation  du  genou  et  l'articulation  tibio-tarsienne  des- 
cendent plus  bas.  Cette  différence  dans  la  situation  des 
articulations  ne  peut  dépendre  que  des  muscles  fléchis- 
seurs qui,  d'un  côté,  restant  soumis  à  l'influence  de  la 
moelle,  se  trouvent  dans  un  état  de  contraction  faible  et 
continue;  ce  qui  le  prouve,  c'est  qu'en  sectionnant  l'autre 
nerf  sciatique,  cette  différence  disparaît. 

C'est  en  se  basant  sur  ces  expériences  que  Brondgeest 
conclut  à  l'existence  du  tonus  dépendant  de  la  moelle  épi- 
nière. Mais  ce  tonus  de  Brondgeest  est  un  véritable  tonus 
réflexe:  cet  expérimentateur  admet  qu'une  excitation  faible 
est  transmise  continuellement  par  les  nerfs  sensitifs  des 


(1)  Heidenhain,  llistor.und  Eœperim.  ilber  Musceltonus.  Physiol.Stu- 
dien.  Berlin,  1856,  p.  9. 

(2)  P.-J.  Brondgeest,  Untersuchungen tiber  den  Tonus  der  Willhttrli- 
chen  Muskelen.  Ueiehert,  and  du  Bolis's  Archiv,  1860,  pp.  703,  704. 


(  317  ) 
membres  postérieurs  à  la  moelle  épinière  et ,  par  suite,  aux 
nerfs  moteurs  qui  animent  les  fléchisseurs  de  ces  mem- 
bres. Aussi,  lorsque  du  côté  où  le  nerf  sciatique  est  laissé 
intact,  on  pince  les  orteils,  la  flexion  augmente,  et  cette 
augmentation  ne  disparait  qu'au  bout  de  quelque  temps. 

Le  tonus  de  Brondgeest  se  distingue  donc  du  tonus  de 
J.  Mueller  et  de  Ilenle  par  les  deux  caractères  suivants  : 
il  ne  résulte  pas  d'une  irritation  automatique  de  la  moelle, 
mais  il  est  le  résultat  d'une  action  réflexe  (il  cesse  par  la 
section  des  racines  postérieures  des  nerfs);  de  plus,  il  ne 
concerne  pas  tous  les  muscles  volontaires,  mais  seulement 
un  petit  groupe  de  ces  muscles  :  les  fléchisseurs. 

Nous  ne  parlerons  point  des  expériences  de  Juergen- 
sen  (1),  qui  n'est  pas  arrivé  aux  mêmes  résultats  que  le 
physiologiste  hollandais,  et  qui,  dans  un  tiers  de  ces  ex- 
périences, a  trouvé  la  flexion  plus  forte  du  coté  de  la  sec- 
tion du  nerf  sciatique.  Nous  passerons  également  sous 
silence  les  observations  de  L.  Hermann  (2),  qui  attribue  le 
tonus  réflexe  de  Brondgeest  au  sensorium  de  la  moelle 
épinière.  Nous  nous  arrêterons  sur  les  expériences  de 
Cohnstein  (5),  qui  a  démontré  que  si,  au  lieu  de  suspendre 
une  grenouille  décapitée  à  qui  l'on  a  coupé  le  nerf  scia- 
tique d'un  coté,  on  la  place  horizontalement  sur  du  mer- 
cure, on  n'observe  aucune  différence  dans  la  situation  des 
deux  membres  inférieurs.  Si  l'on  suspend  cette  même  gre- 


(1)  Juergensen,  Ueben  der  Ton.  der  Willk.  Muskelen.  Stud.  der  Physiol. 
Inst,  zu  Breslau,  I  Heft,p.  159  Leipzig,  1861. 

(2)  L.  Hermann,  Beitr,  zur  Erled.  der  Tonus frage.  Archiv.  fur  Anat. 
und  Phys.  ;  1861,  p.  350. 

(3)  J.  Cohnstein,  Kurze  Uebersichl  der  Lehre  von  Muskellonus.  Archiv 
von  Durois  und  Reichert;  1865,  p.  163. 

2me  SÉRIE,  TOME  XXIV.  22 


(  518  ) 
nouille,  et  que,  du  côté  où  le  nerf  sciatique  est  resté 
intact,  on  fait  plusieurs  incisions  circulaires  de  la  peau 
du  membre  postérieur,  les  deux  membres  postérieurs  pré- 
sentent la  même  longueur  et  le  même  état  des  articula- 
tions. La  section  des  nerfs  cutanés  a,  par  conséquent,  le 
même  effet  que  la  section  du  nerf  sciatique.  Cohnstein  a 
démontré  encore  que  le  tiraillement  des  nerfs  cutanés, 
tiraillement  produit  par  la  pesanteur,  est  la  seule  cause 
du  tonus  réflexe  (1)  de  Brondgeest.  (Les  expériences  que 
nous  avons  faites  nous  permettent  de  confirmer  les  résul- 
tats obtenus  par  Cohnstein.)  Aussi  ce  dernier  physiologiste 
conclut-il  que,  dans  les  circonstances  ordinaires,  le  tonus 
réflexe  n'existe  pas,  et,  comme  Weber,  Heidenhain  admet- 
il  que  l'état  habituel  de  tension  dans  lequel  se  trouvent  les 
muscles  est  l'effet  de  leur  élasticité.  Ceci  paraît  prouvé,  il 
est  vrai,  pour  les  muscles  des  membres,  mais  la  tonicité 
des  muscles  de  la  face,  des  sphincters,  des  artères,  n'est- 
elle  pas  due  plutôt  à  une  action  continue  de  la  moelle? 
Nous  le  croyons,  et  nous  croyons  aussi  que  souvent  la  to- 
nicité automatique  s'augmente  de  la  tonicité  réflexe.  Les 
expériences  auxquelles  nous  nous  sommes  livrés  le  prou- 
vent pour  le  sphincter  de  l'anus. 


(1)  D'après  Schwalbe ,  élève  de  Pfluger,  la  différence  de  situation  des 
membres  de  la  grenouille ,  dans  l'expérience  de  Brondgeest,  ne  dépend  pas 
d'un  tonus,  mais  elle  provient  d'une  différence  d'élasticité  des  muscles. 
Les  muscles  se  sont-ils  contractés,  ils  opposent  à  l'action  de  la  pesanteur 
une  plus  grande  résistance  élastique.  A  la  fin  pourtant,  l'action  de  la  pesan- 
teur prend  petit  à  petit  le  dessus,  parce  que  le  coefficient  d'élasticité  des 
muscles  diminue  successivement.  Pour  pins  de  détails,  voir  G.  Schwalbe, 
Zur  Lehrevom  Muskeltonus  ,  Pflugefs  Untersuchungen  ans  de  m  Phy- 
siologischen  Laboratorium  in  Bonn  /S£6';pp.  64-80. 


(  319  ) 


EarpéÊ-iences . 

Première  série.  —  Si  nous  irritons,  clans  le  canal  sacré, 
la  moelle  épinière  d'un  lapin,  en  la  pressant  doucement, 
nous  obtenons  des  contractions  fortes  du  sphincter  de 
l'anus  (1).  Lorsqu'elle  est  sectionnée  à  la  même  hauteur, 
le  sphincter  se  contracte ,  puis  il  se  relâche  immédiatement 
après  la  section;  ce  que  l'on  peut  constater  facilement  par 
la  simple  vue,  et  aussi  par  l'introduction  d'une  pince 
dans  l'ouverture  anale  :  le  sphincter  n'oppose  pas  de  ré- 
sistance à  l'écartement  des  deux  branches  de  la  pince. 
Puisque  le  sphincter  se  relâche  d'une  manière  évidente  dès 
que  l'on  a  coupé  la  moelle,  il  faut  admettre  qu'auparavant 
il  se  trouvait  dans  un  état  de  contraction  dépendant  de  la 
moelle,  donc  il  faut  entendre  ici  la  tonicité  dans  le  sens  de 
J.  Mueller  et  de  Henle. 

En  touchant  le  bout  inférieur  de  la  section  de  la  moelle, 
nous  provoquons  des  contractions  du  sphincter;  si  nous 
excitons  mécaniquement  la  muqueuse  qui  le  recouvre, 
nous  n'obtenons  aucune  contraction  réflexe  de  ce  muscle. 

La  moelle  correspondant  à  l'épaisseur  de  la  septième 
vertèbre  lombaire,  ainsi  qu'à  celle  du  disque  qui  réunit  les 
sixième  et  septième  vertèbres  lombaires,  donne,  par  l'irri- 
tation ou  par  la  section,  les  mêmes  résultats  que  la  portion 
de  la  moelle  située  au-dessous  de  ces  points. 


(1)  Il  nous  est  impossible  d'affirmer  si  l'effet  résultant  de  l'irritation  ou 
de  la  section  de  la  moelle  reste  borné  au  sphincter  volontaire  de  l'anus;  il 
nous  a  paru  cependant  que  les  contractions  et  la  paralysie  s'étendaient 
au  delà  du  sphincter  volontaire. 


(520) 

Deuxième  série.  —  Quand,  sur  des  lapins,  on  excite  la 
moelle  en  la  pressant  immédiatement  au-dessus  du  disque 
qui  réunit  la  sixième  vertèbre  lombaire  et  la  septième,  on 
provoque  des  contractions  du  sphincter  de  l'anus;  en  la  cou- 
pant dans  le  même  point,  donc  immédiatement  au-dessus 
du  disque  susdit,  et,  à  différentes  hauteurs  à  partir  de  ce 
point,  le  sphincter  de  l'anus,  loin  de  se  relâcher,  reste 
contracté  et  même  plus  fortement;  en  outre,  sa  contrac- 
tilité  réflexe  s'exagère,  et  cette  exagération  persiste. 

Troisième  série. —  Nous  avons  sectionné,  chez  le  même 
lapin,  la  moelle  à  différentes  hauteurs;  nous  n'avons  obtenu 
le  relâchement  du  sphincter  et  la  disparition  de  sa  contrac- 
tilité  réflexe,  que  lorsque  nous  avons  détruit  la  portion 
correspondant  au  disque  situé  entre  les  sixième  et  sep- 
tième vertèbres  lombaires. 

11  n'est  pas  inutile  de  donner  les  points  de  repère,  qui 
permettent  d'arriver,  d'une  manière  presque  certaine,  sur 
le  disque  qui  réunit  la  sixème  vertèbre  lombaire  à  la  sep- 
tième. Nous  avons  pris  comme  point  de  repère  principal  la 
crête  iliaque.  L'apophyse  épineuse,  qui  se  trouve  immédia- 
tement au-dessous,  appartient  à  la  septième  vertèbre  lom- 
baire. Chez  les  lapins  adultes,  où  la  colonne  est  complète- 
ment osseuse,  la  partie  supérieure  de  celle  apophyse 
dépasse  un  peu,  vers  le  haut,  le  corps  de  la  vertèbre,  de 
sorte  que  si  l'on  ouvre  le  canal  vertébral,  et  si  l'on  coupe 
la  moelle,  même  immédiatement  au-dessus  de  celle  apo- 
physe, la  section  tombe  dans  la  vertèbre  supérieure.  Chez 
les  jeunes  lapins,  où  l'apophyse  épineuse  n'est  pas  encore 
si  développée,  et  où  l'arc  postérieur  du  canal  vertébral  est 
encore  en  partie  fibreux ,  la  section  pratiquée  immédiate- 
ment au-dessus  de  l'apophyse,  dans  la  membrane  fibreuse 
qui  réunit  les  lames  vertébrales  supérieure  et  inférieure  » 


(  321  ) 
la  section  tombe  juste  dans  le  disque  intervertébral  réu- 
nissant les  sixième  et  septième  vertèbres  lombaires. 

Malgré  ces  points  de  repère  il  faut  toujours  s'assurer  à 
l'autopsie,  à  quel  niveau  se  trouve  sectionnée  la  moelle; 
toujours  la  section  de  la  moelle  en  correspondance  du 
disque,  qui  réunit  les  deux  dernières  vertèbres  lombaires, 
a  pour  conséquence  le  relâchement  du  sphincter  et  la  dis- 
parition de  sa  contractilité  réflexe;  la  section  de  la  moelle 
au-dessous  de  ce  point  donne  les  mêmes  résultats;  au  con- 
traire, si  l'on  coupe  la  moelle  immédiatement  au-dessus, 
on  provoque  une  contraction  persistante  plus  forte  du 
sphincter  de  l'anus  et  une  exagération  de  sa  contractilité 
réflexe. 

Conclusions.  —  Ces  expériences  nous  autorisent  à  for- 
muler les  propositions  suivantes  : 

Il  existe  dans  la  moelle  épinière,  en  correspondance  du 
disque  entre  les  sixième  et  septième  vertèbres  lombaires, 
un  centre  que  nous  appelons  ano-spinal. 

Il  préside  à  la  tonicité  du  sphincter  de  l'anus  (1). 

Il  est  en  même  temps  le  centre  de  sa  contraction  réflexe. 


(I)  Gianuzzi  et  Navvrocki  (Influence  des  nerfs  sur  les  sphincters  de  lu 
vessie  et  de  l'anus.  Compte  rendu  des  séances  de  l'Académie  des  sciences 
de  Paris,  t.  LVI ,  p.  1111),  ont  prouvé  qu'après  la  seclion  des  nerfs 
sacrés,  Peau  introduite  dans  le  rectum  s'écoule  sous  une  moindre  pres- 
sion qu'avant  cette  section. 


(  322  ) 


Chapitre  II. 

Fibres  transmettant  au  sphincter  de  l'anus  l'impulsion 

de  la  volonté. 

En  mettant  à  nu  la  moelle  épinière  dans  toute  sa  lon- 
gueur, et  en  l'irritant  mécaniquement  à  différentes  hau- 
teurs, on  obtient  des  contractions  du  sphincter.  Nous  avons 
ouvert  la  cavité  crânienne,  toujours  sur  les  lapins,  et  nous 
avons  trouvé  qu'en  touchant  la  moelle  allongée,  les  pédon- 
cules cérébraux,  la  face  interne  des  couches  optiques,  on 
amène  l'occlusion  de  l'anus  par  suite  du  resserrement  du 
sphincter.  Ces  expériences  sont  très-délicates;  comme  les 
lapins  perdent  beaucoup  de  sang  pendant  l'opération,  on 
est  gêné  par  ce  sang,  puis  l'animal  ne  reste  pas  longtemps 
en  vie.  L'expérience  est  quelquefois  sans  résultat,  parce 
que  l'irritabilité  est  éteinte  immédiatement. 

Il  existe  ainsi  des  fibres  partant  de  la  face  interne  des 
couches  optiques  et  parcourant  les  pédoncules  cérébraux, 
la  moelle  allongée  et  la  moelle  épinière,  fibres  qui,  lors- 
qu'elles sont  irritées,  produisent  la  contraction  du  sphinc- 
ter de  l'anus.  Ces  fibres,  qui  transmettent  sans  doute  l'im- 
pression de  la  volonté  à  ce  muscle,  passent  par  le  centre 
ano-spinal,  car  ce  centre  étant  détruit,  en  excitant,  comme 
nous  l'avons  fait  souvent,  la  partie  de  la  moelle  qui  est  au- 
dessus  de  la  section,  on  ne  provoque  aucune  contraction 
du  sphincter. 


525 


Chapitre  III. 

Fibres  empêchantes  arrivant  au  centre  ano-spinal. 

Nous  avons  vu  (2me  série)  que  la  section  au-dessus  du 
centre  ano-spinal  exagère  et  la  contraction  tonique  et  la 
contractilité  réflexe  du  sphincter.  Ces  expériences  prou- 
vent qu'il  existe  des  libres  empêchantes  qui  arrivent  au 
centre  ano-spinal.  De  plus,  pour  trouver  d'où  proviennent 
ces  libres,  nous  avons  enlevé  la  partie  cérébrale  qui  est  en 
avant  des  couches  optiques  (hémisphères,  etc.),  sans  obser- 
ver aucun  changement  dans  la  contractilité  du  sphincter. 
Mais,  du  moment  où  nous  avons  coupé  les  pédoncules  cé- 
rébraux immédiatement  en  arrière  des  couches  optiques, 
nous  avons  provoqué  d'abord  une  contraction  très-forte  du 
sphincter,  puis  une  exagération  de  sa  contractilité  tonique 
et  réflexe;  ce  que  l'on  peut  constater  par  la  simple  vue, 
tellement  c'est  évident.  Pourtant  si  les  couches  optiques 
sont  des  organes  modérateurs  de  l'activité  du  centre  ano- 
spinal,  on  s'attend  à  une  diminution  de  contractilité  du 
sphincter  de  l'anus,  par  suite  de  l'irritation  soit  mécanique, 
soit  chimique  des  couches  optiques  ou  de  leur  surface  in- 
férieure de  section.  Nous  les  avons  excitées  en  les  louchant 
tantôt  avec  une  pince,  tantôt  en  y  appliquant  du  sel  marin, 
sans  arriver  à  un  résultat  évident.  En  définitive ,  cela  ne 
nous  paraît  pas  si  extraordinaire,  car  tandis  qu'on  touche 
des  fibres  empêchantes  qui  se  rendent  au  centre  ano-spinal , 
en  parcourant  la  moelle  épinière,  on  excite  aussi  des  fibres 
qui  conduisent  au  sphincter  l'impression  de  la  volonté.  Ces 
dernières  proviennent,  comme  nous  l'avons  vu,  de  la  face 
interne  des  couches  optiques.  Quant  à  l'irritation  de  la 


(  32i  ) 
face  interne  des  couches  optiques,  des  pédoncules  céré- 
braux, de  la  moelle  allongée  et  de  la  moelle  épinière,  cette 
irritation  provoque,  avons-nous  dit,  la  contraction  du 
sphincter,  bien  que  ces  parties  renferment  des  fibres  em- 
pêchantes :  c'est  qu'ici  sans  doute  les  fibres  transmettant 
l'impression  de  la  volonté  l'emportent  sur  les  premières. 

Conclusions.  —  Tl  existe  par  conséquent  des  libres  em- 
pêchantes qui  aboutissent  au  centre  ano-spinal. 

Ces  fibres  prennent  leur  origine  dans  les  couches  opti- 
ques. Ce  dernier  fait  est  en  rapport  avec  les  expériences 
que  Setschenow  a  faites  sur  les  modérateurs  des  mouve- 
ments réflexes  dans  le  cerveau  de  la  grenouille  (1). 


Chapitre  IV. 
Nerfs  qui  animent  le  sphincter  de  l'anus. 

Ces  nerfs  passent  dans  le  canal  sacré,  comme  le  prouvent 
déjà  les  expériences  de  la  première  série. 

Pour  déterminer  quels  nerfs  arrivent  au  sphincter  de 
l'anus,  nous  avons  coupé,  sur  des  lapins,  de  chaque  coté 
successivement,  les  nerfs  sacrés.  La  section  des  premiers 
nerfs  sacrés  n'amène  rien;  celle  des  deuxièmes  produit  une 
paralysie  incomplète;  celle  des  troisièmes  une  paralysie 
complète  du  sphincter 

En  irritant  le  bout  périphérique  des  nerfs  sacrés,  les 


(1  )  Voir  Compta  rendu  des  séances  de  P  Académie  des  sciences  de  Paris, 
t.  LVI,  p.  60.  —  Voir  aussi  Neue  Versuch.  an  Hirn  uni  RUckemarck  des 
Frusches.  Berlin  ,  1865,  Selschenow  und  lî.  Paschulin. 


(  328  ) 
deuxièmes  et  troisièmes  seuls  donnent  des  contractions 
du  sphincter,  mais  les  deuxièmes  surtout. 

En  résumé,  nous  croyons  avoir  démontré  : 

1°  Qu'il  existe  dans  la  moelle  épinière,  en  correspon- 
dance du  disque  intervertébral  réunissant  les  sixième  et 
septième  vertèbres  lombaires,  un  centre  nettement  circon- 
scrit que  nous  appelons  ano-spinal  ; 

2°  Qu'il  préside  à  la  tonicité  ainsi  qu'à  la  contraction 
réflexe  du  sphincter  de  l'anus; 

3°  Qu'à  ce  centre  arrivent  des  fibres  empêchantes  qui 
peuvent  être  poursuivies  jusque  dans  les  couches  optiques; 

4°  Que  par  ce  centre  passent  des  fibres  qui  conduisent 
au  sphincter  l'impulsion  de  la  volonté; 

5°  Que  les  deuxième  et  troisième  nerfs  sacrés  animent 
ce  muscle. 


Théorie  nouvelle  du  mouvement  d'un  corps  libre  ;  par 
F.  Folie,  docteur  en  sciences  physiques  et  mathéma- 
tiques. 

deuxième  partie  :  Mouvement  dun  corps  libre  dans  toute  la  suite 
du  temps. 

1.  Dans  une  première  partie  (*),  nous  avons  déterminé  le 
mouvement  initial  d'un  corps  libre  soumis  à  un  système 
quelconque  de  forces.  Nous  nous  proposons  d'étendre  les 
résultats  que  nous  avons  obtenus  au  mouvement  du  corps 
à  un  instant  quelconque,  soit  que  l'inertie  seule  le  sollicite, 
soit  que  des  forces  continues  agissent  sur  lui. 


(*)  Bulletins  de  F  Académie  royale  de  Belgique,  -inr  série,  lomo  XX, 
n"  S. 


(  526  ) 

Pour  cela,  il  suffira  que  nous  connaissions  toutes  les 
forces  qui  sollicitent  le  corps  à  un  instant  quelconque. 

Or,  outre  les  forces  extérieures  qui  peuvent  agir  sur 
lui,  nous  aurons  à  considérer  celles  qui  pourraient  commu- 
niquer instantanément  à  chaque  point  du  corps  la  vitesse 
qui  lui  a  été  imprimée,  et  que  l'inertie  tend  à  lui  con- 
server. 

Ces  dernières  se  déterminent  d'une  manière  très-simple 
au  moyen  de  cette  remarque,  que  si  un  point  matériel  de 
dm  est  animé  d'une  vitesse  v,  il  peut  être  considéré  comme 
étant  sollicité  par  une  force  vdm,  de  même  sens  que  cette 
vitesse,  et  qui  serait  capable  de  la  lui  imprimer  instanta- 
nément. 

Ces  forces,  appliquées  à  tous  les  éléments  du  corps,  et 
agissant  seules  si  celui-ci  est  abandonné  à  son  inertie,  ou 
jointes  aux  forces  extérieures  qui  le  sollicitent  au  même 
instant,  imprimeront  à  ce  corps  un  mouvement  que  Ton 
déterminera  de  la  même  manière  que  si  le  corps  était  au 
repos. 

Le  problème  du  mouvement  d'un  corps  libre  à  un  in- 
stant quelconque  se  trouve  ainsi  ramené  à  celui  de  la  dé- 
termination de  son  mouvement  initial. 

Nous  ferons  remarquer,  dès  à  présent,  que  dans  cette  so- 
lution la  force  centrifuge  n'interviendra  pas  d'une  ma- 
nière explicite.  C'est  qu'en  effet  nous  décomposerons  tou- 
jours les  forces  élémentaires  vdm  suivant  les  axes,  et  non 
suivant  la  tangente  et  la  normale  à  l'arc  élémentaire  dé- 
crit, afin  de  conserver  à  notre  méthode  toute  son  unifor- 
mité. Loin  de  nous  toutefois  la  prétention  de  vouloir  nous 
passer  en  mécanique  de  cette  idée  lumineuse  de  la  force 
centrifuge,  l'une  de  celles  qui  ont  fait  faire  le  plus  de  pro- 
grès à  la  science,  et  qui  font  pénétrer  le  plus  intimement 


(  527  ) 
la  raison  des  phénomènes  du  mouvement.  Mais,  pour  le 
dire  en  passant,  c'est  surtout  dans  le  cas  du  mouvement 
d'un  corps  gêné,  dont  nous  nous  occuperons  par  la  suite , 
que  la  considération  de  cette  force  est  le  plus  féconde  en 
résultats. 

Afin  de  conserver  l'ordre  que  nous  avons  adopté  dans  la 
première  partie,  nous  envisagerons  le  mouvement  dans 
toute  la  suite  du  temps  : 

1°  D'un  système  matériel  plan  sollicité  par  des  forces 
situées  dans  son  plan  ; 

2°  D'un  corps  libre  sollicité  par  des  forces  quelconques. 

Et  nous  distinguerons  dans  chacun  de  ces  problèmes 
deux  cas  : 

a.  Celui  du  mouvement  du  système  abandonné  à  son 
inertie. 

b.  Le  cas  où  le  système  serait  sollicité  par  des  forces 
continues. 

1°  Mouvement  d'un  système  matériel  plan  dans  tonte  la 
suite  du  temps. 

A.  Système  ahumlutxné  «  son  inertie. 

2.  Supposons  un  système  matériel  plan,  parfaitement 
libre,  animé  à  un  instant  quelconque  t  d'une  vitesse  angu- 
laire 03  autour  d'un  axe  instantané  perpendiculaire  à  son 
plan. 

Soient,  à  cet  instant,  ae0,  y0  les  coordonnées  du  centre 
instantané,  x,  y  celles  d'un  point  quelconque  du  système, 
rapportées  à  deux  axes  rectangulaires  fixes.  Désignons 
comme  dans  la  première  partie,  nos  7  et  8,  par  X,  Y  celles 
du  centre  de  gravité;  par  R  sa  distance  au  centre  instan- 
tané; par  r0  celle  du  point  x,  y  à  ce  centre.  —  Il  est  clair 


(  528  ) 
qu'après  un  instant  dt  le  point  x,  y  aura  décrit  autour  du 
centre  instantané  un  arc  wadt,  et  que  les  projections  de 
cet  arc  sur  les  axes  seront  : 

dx  =  w  {y  —  yQ)  dl  ;   dy  =  —  a(x  —  x0)  dt , 

en  supposant  que  la  rotation  positive  ait  lieu  des  Y  vers 
les  X. 

Les  nouvelles  coordonnées  x\  y'  du  point  x,  y  après 
t  h-  dt  seront  donc  : 

x'=x  h- «(y  —  y0)dt.  y'  =  y  —  a(x  —  x0)dt. 

En  vertu  de  l'inertie,  ce  point  conserverait ,  s'il  était 
libre,  suivant  les  axes  des  X  et  des  Y  les  vitesses  respec- 
tives. 

*-,  =  «  (y  —  !/o) ,   Vj,  =  —  &  —  *«,)  • 

Il  peut  donc  être  considéré  (n°  1)  comme  sollicité  par 
les  forces  : 

dP*  =  o>  (y  —  y0)  dm  ;     d\yy  =  —  «  (x  —  xj  dm , 

dont  les  résultantes  pour  tout  le  système  sont  : 

(  I  )  K  =       cof(y  -  y0)  dm  =       *>M  (Y  -  y0). 

(2)  p;  =  _  w  /'(x  —  ac0)  dm  =  —  *M  (X  —  xa). 

Ces  dernières  seront  appliquées  à  des  distances  respec- 
tives yî,  et  Xi',  des  axes,  données  par  : 

y ,  '  P*'  =  /V'<*P*  =  w/t'/  -  w  (•*  —  ^o)  dt]  (y  —  2/J  dm 

=  w  f\fdm  —  :o?/0  YM  —  v!*dt/\x  —  x0)  (y  —  y0)  dm . 

.,-,'  Py'  =  fx'dVy'=—e,f[x  -+-  ce  (y  -  yj  d«]  (.r  -  ar.)  (/m 

=i  —  eu  fx "dm  h-  «£0XM  —  »adJ  /'(y  —  y0)  (x  —  0Co)  dm. 


(  329  ) 
D'où  le  moment  résultant  : 

(5).       ^'IV-j/P/ ==«/(*'  +  y-)dm-»ll(y0Y  +  x0X) 
=  «I1  —  uM(yJ  -+-x0X), 

I,  désignant  le  moment  d'inertie  du  système  au  temps  t 
autour  de  l'origine  fixe,  tandis  que  I  continuera  à  repré- 
senter le  moment  d'inertie  autour  du  centre  de  gravité. 
Le  système  peut  donc  être  considéré  comme  sollicité , 
après  t  -h  dt,  par  une  force  unique  P',  dont  la  ligne  d'ac- 
tion a  pour  équation  : 

(y  —  yî)  (Y  —  y0)  -*-(*  —  */)(x— x0)  =  o. 

5.  Déterminons  maintenant  au  moyen  des  formules  de 
la  première  partie,  nos  7  et  8,  le  mouvement  que  cette 
force  va  imprimer  au  système. 

A  cet  effet,  commençons  par  chercher  la  distance  du 
centre  de  gravité  à  la  ligne  d'action  de  la  force. 

Après  t  h-  dt  les  coordonnées  du  centre  de  gravité  se- 
ront :  . 

X'  =  X  -*-  ce  (Y  -  y0)  dt  .  Y'  =  Y  —  co  (X  —  x0)  dt. 
La  dislance  cherchée  sera  donc  : 

,       (Y'-^)(Y-VJh-(X'--x/)(X--x0) 

r ,  = 

R 

En  effectuant  les  réductions  on  trouvera  : 

I 

r,  = —  constante. 

1       M.R 

Si  nous  appliquons  les  formules  des  nos  7  et  8  de  la  pre- 
mière partie,  nous  obtiendrons  pour  la  distance  du  centre 


(  330  ) 
de  gravité  au  centre  instantané  après  t  h-  dt 


I 

R'  = =  R  =  constante  ; 

Mr.' 


et  pour  la  vitesse  angulaire  après  t  -h  dt 


PV, 

i               i 

I 

I 

MR 

a'  =  a  =  constante. 

OU 


4.  La  vitesse  angulaire,  ainsi  que  les  distances  respec- 
tives du  centre  de  gravité  au  centre  instantané  et  à  la 
force  étant  constantes  dans  toute  la  suite  du  temps,  on  en 
conclut  aisément  : 

1°  Que  la  force  qui  serait  capable  d'imprimer  à  chaque 
instant,  au  système  en  repos,  te  mouvement  qu'il  possède 
en  vertu  de  l'inertie  se  conserve  en  grandeur,  en  direction 
et  en  position  dans  toute  la  suite  du  temps; 

2°  Que  le  mouvement  du  centre  de  gravité  est  rectiligne 
et  uniforme  ; 

5°  Que  le  lieu  géométrique  des  positions  du  centre  in- 
stantané dans  le  plan  matériel  est  un  cercle  qui  a  son  centre 
au  centre  degra  vite  du  système ,  et  dont  le  rayon  est  R  =  -^ . 

4°  Que  le  lieu  géométrique  des  positions  du  centre  in- 
stantané dans  V espace  absolu  est  une  droite  parallèle  à  la 
trajectoire  du  centre  de  gravité. 

s 

B.   Système  matériel  plan  sollicité  par  des  forces  continues  agissant 
dans  son  plan. 

5.  Si  le  système  matériel  plan,  au  lieu  d'être  aban- 
donné à  son  inertie,  est  sollicité  à  chaque  instant  par  une 


(  531  ) 
force  Q  située  dans  son  plan ,  et  qui  peut  être  fonction  du 
temps,  de  la  vitesse  et  de  la  position  du  système,  il  suf- 
fira (n°  1)  que  nous  ajoutions  aux  composantes  totales  de 
l'inertie,  celles  de  la  force  donnée,  pour  obtenir  toutes  les 
forces  qui  sollicitent  le  système. 

Nous  pourrons  alors  appliquer  de  nouveau  les  formules 
de  la  première  partie  (nos  7  et  8). 

Conservons  les  notations  précédentes,  et  désignons  en 
outre  par  x{1  y{,  les  coordonnées  au  temps  t  d'un  point 
quelconque,  rapportées  à  deux  axes  menés  parallèlement 
aux  axes  fixes  par  le  centre  de  gravité,  de  sorte  que  : 

x  =  xf  -4-  X;     y  —  y1  +  Y. 

soient  Qx  dt  et  Qy  dt,  les  composantes  suivant  les  axes 
fixes  de  la  force  unique  extérieure  qui  sollicite  le  système 
pendant  l'instant  dt ,  qui  suit  le  temps  /;  Mdt  son  moment 
autour  du  centre  de  gravité. 

Les  composantes  de  la  force  totale  que  sollicite  le  sys- 
tème après  t  -h  dt,  seront  (n°  2)  : 

(T) Rx  =      co\\  {Y  -  y,)  +  OJL 

(2') R,=  -u>M(X  —  x0)  +  Qsdt. 

Et  son  moment  autour  du  centre  de  gravité  : 

(3') M' =  coI  -+-  M.d*. 

6.  Nous  aurons  donc  pour  déterminer  la  vitesse  angu- 
laire et  la  position  du  centre  instantané  après  t  -+-  dt  les 
formules  (lrc  partie,  n°  7)  : 

«M(Y'-y0')  =      wM(Y-y0)-i-QA 
-  »'M  (X'  -  xQ')  =  -  WM  (X  -  x0)  -4-  Qydt, 

W'I  =wl  -4-  Midt, 


(  332  ) 
d'où  nous  déduirons  . 

dt 
d \ m  (X  —  xa)\        _ 

du 
I  —  «M.. 

Or,  nous  savons  que  w(Y  —  ?/0)  et— w  (X—  ac0)  sont  les 
composantes  de  la  vitesse  du  centre  de  gravité;  donc  : 

L'accélération  du  centre  de  gravité  est  la  même  que  si 
toutes  les  forces  motrices  y  étaient  appliquées  et  toute  la 
masse  concentrée. 

L'accélération  angulaire  est  égale  au  moment  des  forces 
motrices,  pris  par  rapport  au  centre  de  gravité,  divisé 
par  le  montent  d'inertie  autour  de  ce  centre. 

7.  Des  deux  premières  équations  précédentes,  mises 
sous  la  forme  : 

d2X  d'Y       ^ 

nous  pourrons  déduire  X  et  Y  en  fonction  de  Q  et  de  t. 
Ces  valeurs  étant  connues,  la  troisième  équation  nous 
donnera  celle  de  w.  En  effet,  si  nous  nommons  M  le  mo- 
ment de  la  force  par  rapport  à  l'origine  fixe,  comme  : 

Mr  =  M  —  (YQ*  —  XQy), 

nous  connaîtrons  M,,  et  par  suite  w  en  fonction  de  Q  et 
de  t. 

Enfin ,  substituant  les  valeurs  de  w,  X  et  Y  dans  les 


(  535  ) 

deux  premières  formules,  nous  aurons  celles  de  x0?  v/0, 
coordonnées  du  centre  instantané. 

Pour  obtenir  le  lieu  géométrique  de  ses  positions,  il  suf- 
fira d'éliminer  t  entre  les  équations  qui  expriment  ces 
coordonnées. 

8.  Enfin,  si  l'on  veut  trouver  le  lieu  géométrique  des 
positions  du  centre  instantané  dans  le  plan  matériel  lui- 
même,  en  désignant  par  §,  y,  ses  coordonnées  rapportées 
à  deux  axes  du  centre  de  gravité  fixes  dans  le  plan  et  mo- 

biles  avec  lui,  etparQ  =  fudl  l'angle  dont  le  système 

*0 

aura  tourné  après  le  temps  t,  on  aura  : 
j-0  — X  =  C:cosQ—  «jsinQ;  ya  —  Y=f  sin  Q  -4-jjcosQ. 

Remplaçant  dans  ces  équations  x0,  yu,  X,  Y  et  Q  par 
leurs  valeurs  en  fonction  de  t,  et  éliminant  cette  variable, 
on  obtiendra  le  lieu  cherché. 

2°  Mouvement  d'un  corps  solide  libre  dans  toute  la  suite 
du  temps. 

A.   Système  ubandonné  ci  son  inertie. 

9.  Nous  avons  vu  (*)  que  sous  l'influence  d'un  système 
de  forces  réduites  aux  trois  composantes  P,,  Py,  P..,  es- 
timées suivant  les  axes  principaux  au  centre  de  gravité, 
et  dont  les  moments  estimés  perpendiculairement  à  ces 
axes  sont  M3,  M2,  M|,  un  corps  libre  prend  au  premier 


O  Première  partie ,  nos  22-30.  Nous  ferons  désormais  la  masse  du  corps 
égale  à  l'unité  pour  simpliûer  les  formules;  ou,  ce  qui  revient  au  même, 
nous  rapporterons  les  forces,  leurs  moments  et  les  moments  d'inertie  à 
l'unité  de  masse. 

c2me  SÉRIE  ,  TOME  XXIV.  55 


(  554  ) 

instant  une  vitesse  angulaire  w  —  l//*2  -+-  /2  -+-  k-  autour 
d'un  axe  dont  les  inclinaisons  sur  les  axes  principaux  ont 
des  cosinus  proportionnels  à  //,  /,  k;  que 

fc_Ï!.    ,_*.    *_*, 

A  '  B  '  C 

A,  B,  C  désignant  les  moments  de  l'inertie  principaux; 

Que  le  corps  se  transporte  en  outre  le  long  de  l'axe 
comme  si  toutes  les  forces  étaient  projetées  sur  sa  direc- 
tion ; 

Que  les  composantes  de  la  vitesse  d'un  point  quelcon- 
que, en  vertu  de  ce  double  mouvement,  sont  : 

V,  =  Vx  -+-  Iz  -  hj  ;   V,  =  Pv  +  kx  —  hz-,   V_.  =  P,  -f-  hy  —  ix. 

Enfin  que  l'axe  instantané  a  pour  équations  : 

Px  -f-  Iz  —  ky       P;/  +  kx  —  hz       P,  -+■  hy  —  h 
h  "=  l  =  I~ 

10.  Si  donc  nous  supposons  ce  corps  libre  animé  à  un 
instant  quelconque  t  de  la  même  vitesse  angulaire  w  au- 
tour du  même  axe,  et  de  la  même  vitesse  de  translation  le 
long  de  cet  axe,  nous  pourrons  le  considérer  comme  solli- 
cité à  cet  instant  par  les  mêmes  forces  P,,  P,,,  P.-  de  mo- 
ments respectifs  M3,  M2,  Mt. 

Cherchons  maintenant  quelles  seront  les  forces  qui 
ranimeront  après  t-h  dt,  en  le  supposant  abandonné  à  son 
inertie. 

En  vertu  de  celle-ci,  chaque  point,  s'il  était  libre,  con- 
tinuerait à  se  mouvoir  avec  les  vitesses  respectives  V«, 
V,y,  V.,  estimées  suivant  les  trois  axes  principaux  dans  la 
position  qu'ils  occupent  à  l'instant  t;  il  peut  donc  être  re- 


(  53S  ) 

gardé  comme  sollicité  par  les  forces  Vxdm,  \ydm,  Vgdm, 
estimées  suivant  les  mêmes  axes. 

Mais,  afin  de  pouvoir  appliquer  à  ces  forces  les  théo- 
rèmes énoncés  au  n°  9,  il  faut  qu'elles  soient  rapportées 
aux  trois  axes  principaux,  dans  la  nouvelle  position  qu'ils 
occupent  après  t-hdt. 

Nous  devrons  donc  déterminer  la  direction  des  axes 
principaux,  dans  cette  nouvelle  position,  par  rapport  aux 
axes  primitifs  regardés  comme  fixes  dans  l'espace.  Il  est 
clair  que,  dans  cette  détermination,  nous  pouvons  nous 
dispenser  de  tenir  compte  du  déplacement  du  corps  le 
long  de  l'axe  instantané,  puisque  ce  déplacement  est  com- 
mun à  tous  les  points  du  corps,  et  n'influe  que  sur  la  po- 
sition de  la  nouvelle  origine. 

II.  En  ne  considérant  donc  que  le  déplacement  dû  à 
la  rotation,  et  en  prenant  un  point  du  corps  situé  sur  Taxe 
des  Z  à  une  distance  z0  de  l'origine,  ses  coordonnées  après 
t-h  dt  seront  devenues,  en  vertu  de  ce  déplacement  seul  : 

(Jx  =  lz0dt'}     dy  =  —  hz0dt;     z0  -+-  dz  =  z0. 

Ce  point,  joint  à  la  position  que  prendra  le  centre  de 
gravité  après  t-hdt,  en  vertu  de  ce  même  déplacement, 
déterminera  la  nouvelle  direction  de  l'axe  principal  Z  ;  les 
cosinus  des  inclinaisons  de  cetle  direction  sur  les  axes 
primitifs  seront  donc  : 

(/,  =  /(//  ;      6,  -=  —  hdt  ;      Ci  =.  1 . 

On  trouvera  de  même  pour  les  cosinus  des  inclinaisons 
des  axes  principaux  Y  et  X,  après  l-hdt,  sur  les  axes 
primitifs  : 

a2  =  —  kdt  ;     b2  =  1  ;     c2  —  hdt,  pour  Y, 
o3  =  1  ;     63  =  kdt}     cz  =  —  Idl,  pour  X. 


(  336  ) 

J2.  Les  vitesses  du  point  x,  y,  z\  regardé  comme  libre, 
estimées  suivant  ces  nouveaux  axes,  après  t  +  dt,  seront 
donc  : 

V;  =  a,\x  -+-  63Vf  +  c3V,  =  V,  -+-  kVydt  -  IV  Jt 

=  Px  +  h  —  hij  +  k  [Py  -4-  foc  —  hz)  dt  —  l  (P,  -+-  hy  —  Ix)  dt. 

Y/  =  a2Yx  -t-  69Vy  -*-  CjVz  =  Vy  —  kVxdt  -+-  feVzefc 

=  Py+kx  —  hz  —  k (Vx+lz  —  ky)dt  -t-  h (Pz  +hij  —  lx)dl. 

V/  =  fl^,  +•  6«Vf  -+-  c,V,  =  \z  -*-  /V,df  —  /*V/to 

=  P,  -+-  %    ■  Ix  -h  l  (Px  -t-  te  —  %)  rf«  —  ft  (P,  -t-  foc  —  fez)  dt 

Ce  point  peut  donc  être  considéré  comme  sollicité,  après 
t-\-dt,  parles  forces  : 

d?x'  =  Vx'dm  ;    dVy'  =  V/Aw  ;     rfPa'  =  V,'d»i  , 

estimées  suivant  les  axes  principaux,  dans  la    position 
qu'ils  occupent  à  cet  instant. 

Leurs  résultantes  pour  tout  le  système  ,  seront  : 

dP 
i  P/  =  fVx'dm  =  Px  -+-  [kPy  — 19;)  dt  ;  d'où  :  — ^  =  A-P,  -  lPz 


1  dP 

(1).  /  p;  =f\y'dm  =  Py+(hPz— kVx)dt;  d'où  :  —■*  =  /*P5/—  AP, 

I  r/P 

1  P/  ==  /"  WJdm  =  P:  h-  (/P,  — //  Pf)  dt  ;  d'où  :  — -  =  /P.,  -hP, 


Les  distances  de  ces  forces  aux  plans  principaux,  dis- 
tances que  nous  désignerons  par  : 

i/3',  *,'  pour  P/;     z2,x2'  pour  P/,     x/,  y/  pour  P/, 


(  557  ) 
seront,  en  vertu  de  la  composition  des  forces  parallèles  : 

y./p;  ^fydPJ  =  —  (k  -}  hliU)fifdm  ; 
-;p;  =  y^/P;  =  (/  -  hkdt)fz'dm. 
x2'P/  ==  fxdVy  =  (k  —  hldt)fx*dm  ; 
za'Pf'  =fzdPy'  =  —  (A  h-  lkdt)fz\lm. 
xl'PJ=J*xdPz'  =  —  (/  -4-  hkdt)fx*dm; 
y,'Pz'  =fyd\\'  =       {h  —  Ikdt)  fy'dm; 

tous  les  autres  termes  disparaissant,  parce  que  les  coor- 
données sont  rapportées  aux  trois  axes  principaux  du 
centre  de  gravité. 

De  là  nous  déduirons  les  moments  de  ces  forces,  après 
t,  -h  dt,  autour  des  axes  principaux  : 

!M^  =  yl'P:'  —  z2'Py =  hj'(z1  +  ji)dm  -+-  k!dtf(z7  —%f)dm 
=  A/i-4-  (B—  C)  Ikdt. 
M2'  =  z/Pc'  —  x/P:f=  lf{x*  -+-  z*)dm  +  khdtf{xx  —  z)dm 
)  =  Bl  h-  (C  —  A)  M*. 

\  Mt'  =  x2'P/  —  y^P^kf^f  -^xy)dm-+-  Itldt  f{if  —  x°)dm 
=  Ck-h{A  —  K)lildl(*).  ' 

15.  Si  nous  appliquons  à  ces  forces  les  résultats  établis 
dans  la  première  partie  et  rappelés  au  n°  9,  nous  en  con- 


O  Dos  formules  (1)  et  (w2)  nous  pourrions  déduire  ce  principe  que  le 
système  des  forces  qui  seraient  capables  d'imprimer ,  à  chaque  instant . 
au  corps  libre  en  repos ,  le  mouvement  qui  l'anime  en  vertu  de  l'inertie, 
reste  identique  à  lui-même  dans  toute  la  suite  du  temps  ;  principe  qui 
n'est  au  fond  que  celui  de  la  conservation  du  mouvement  du  centre  de  gra- 
vité et  du  moment  des  quantités  de  mouvement.  Mais,  dans  notre  méthode, 
il  résulte  avec  une  telle  évidence  de  celui  de  l'inertie ,  que  nous  aurions 
plutôt  à  le  vérifier  qu'à  le  démontrer. 


(  558  ) 

durons  que  le  corps  prendra,  après  t-+-dt,   une  vitesse 
angulaire  déterminée  par  ses  trois  composantes  : 

*-£;      ,_£.      „-*, 

A  B  C    ' 

ou  : 

/  h'=h+-^-  Ikdt;  ï=l+^—^khdt;  k'=k  +  — -  hldt. 
)  A  B  c 

(0)'  ,     M       B-C         iU       C-A  dk       A-B 

d  ou  :  — -  =  lk\  —  = A7t  ;  —  = A/. 

v  d*  A  dt  B  '    de  C 

Les  cosinus  des  inclinaisons  de  l'axe,  autour  duquel 
s'effectue  cette  rotation,  sur  les  axes  principaux,  seront  : 

— 7 ;  -7  ;  —7  ;   »'  =  V h'1  -+-  /'2  -h  A;'3. 

W  &J  &) 

Or,  si  nous  formons  les  carrés  des  vitesses  composantes  : 

B— C 

k'*  =  h*+  2 hlkdt; 

C 

5') <("=/'  +  2^^JWiW«; 

B 

A  T> 

k'l  =  k°-  -4-  S—r-hlkdt; 

nous  trouverons,  enchâssant  les  dénominateurs  et  faisant 
la  somme  : 

(4)     A/*'2-+-Br  h-  Ck"=Mi2-^-  B/'  -+-  C**==  constante  ==  F; 

équation  que  l'on  peut  interpréter  de  cette  manière  : 

L«  vitesse  angulaire,  estimée  autour  de  V axe  invariable 
du  moment  résultant ,  est  constante  dans  toute  la  suite  du 
temps. 


(  559  ) 
Si  nous  multiplions  les  formules  (5')  respectivement 
par  A2,  B2,  G-,  et  si  nous  faisons  la  somme,  nous  obtien- 
drons : 

(5)  \'jr^nH'2^C2k'2^X'2lr^]Vr^C2k'  =constante  =  G'; 

ce  qui  nous  fournit  une  vérification  de  la  constance  du 
moment  résultant. 

14.  Il  serait  aisé  de  déduire  de  ces  formules,  en  sui- 
vant la  môme  marche  que  dans  la  première  partie,  le 
théorème  suivant  : 

A  chaque  instant  la  rotation  s'effectue  autour  d'un  axe 
spontané  parallèle  au  diamètre  conjugué  au  plan  du  mo- 
ment résultant  dans  V ellipsoïde  central,  arec  une  vitesse 
angulaire  proportionnelle  à  la  longueur  de  ce  diamètre; 
et  le  corps  se  transporte  le  long  de  cet  axe,  comme  si  toutes 
les  forces  étaient  projetées  sur  sa  direction. 

On  arriverait  également  à  étendre  au  mouvement  à  un 
instant  quelconque,  les  théorèmes  démontrés  pour  le  mou- 
vement initial  (nos2o,  26,  28,  29,  l"  partie). 

Il  nous  parait  superflu  de  nous  y  arrêter.  Mais  il  est 
d'autres  conséquences  assez  curieuses,  et  peut-être  en- 
tièrement neuves,  qui  peuvent  se  déduire  de  nos  formules. 

Si  nous  multiplions  respectivement  par  h\  /',  h\  les  trois 
formules  (I),  nous  trouverons  en  faisant  la  somme  : 

h'[\;  +  /p;  +  k'\\'  =  w\\  +  rp„  +  kvz, 

c'est-à-dire  : 

Dans  le  passage  d'un  instant  quelconque  au  suivant,  la 
projection  de  la  force  sur  l'axe  spontané  s'effectue  comme 
si  ses  composantes ,  estimées  suivant  les  axes  principaux  à 


(  540  ) 

ce  premier  instant,  s'inclinaient  arec  ceux-ci,  pendant 
l'instant  suivant,  sans  changer  de  grandeur. 

En  remplaçant,  dans  l'égalité  précédente,  P/,  /*',  etc., 
par  leurs  valeurs  tirées  de  (1)  et  de  (5),  on  trouve  : 

A  (AF  -  Gs)  K9X  -+-  B  (BF  -  G2)  lPy  -4-  C  (CF  —  G*)  kP  =  o, 
ou  : 

(G)  AA'ftP,  -f-  BB7Py  -+-  CC'A-P,=  o, 

en  posant  : 

AF—  G'=A';     BF— G2=B';     CF  —  G2=C. 
Des  formules  (2)  nous  déduirons  de  même  : 

lïM,'  -+-  m,'  -+-  /*'MI'  =  Aî'3I3  -+-  TM2  -*-  //M,  ; 
c'est-à-dire  : 

Dans  le  passage  d'un  instant  quelconque  au  suivant,  la 
projection  du  moment  résultant  sur  un  plan  perpendicu- 
laire à  Vaxe  spontané  s'effectue  comme  si  ses  composantes , 
estimées  perpendiculairement  aux  axes  principaux  à  ce 
premier  instant,  s'inclinaient  avec  ceux-ci,  pendant  l'in- 
stant suivant,  sans  changer  de  grandeur. 

Il  est  assez  remarquable  que  si  l'on  remplace  dans  celte 
formule  M5,M3',etc,  par  leurs  valeurs  M,  A  (h-hdh),  etc., 
on  retombe  sur  l'équation  connue  (4): 

\hdh+  Bldl  +  Clcdk  =  o, 

dont  on  n'a  pas  donné,  que  nous  sachions,  cette  interpré- 
tation géométrique. 

Les  formules  (I)  donnent  aussi  : 

(7).      P/'  -+-  Py'3  -4-  P/2  =  Pxa  -¥-  P,2  -+-  P,a  =  constante. 

ce  qui  vérifie  la  constance  de  la  force  résultante. 


(  341  ) 
Enfin,  de  la  combinaison  des  formules  (1)  et  (2),  nous 
tirons  : 
M3'P;  +  M/P/  +  M'P/  =  M3PX  -h  M2Py+  M,?,  =  constante. 

En  désignant  cette  constante  par  Q,  la  formule  qui 
précède  pourra  s'écrire  : 

(8) AAPa  +  B/P(/  +  C/cP..  =  Q. 

On  voit  qu'elle  résulte  simplement  de  l'invariabilité  de 
la  force  et  du  moment  résultants. 

J5.  L'analyse  précédente  nous  a  donc  conduit  immé- 
diatement aux  équations  d'Euler  (3), à  toutes  les  proprié- 
tés démontrées  par  Poinsot,  ainsi  qu'à  d'autres  que  nous 
croyons  nouvelles,  sans  que  nous  ayons  eu  besoin  de  nous 
appuyer  sur  les  notions  accessoires  qui  servent  générale- 
ment de  base  à  la  théorie  du  mouvement  d'un  corps  solide, 
savoir  :  celle  des  moments  ou  des  couples,  celle  de  la  com- 
position des  rotations,  et  celle  des  forces  centrifuges. 

C'est  qu'en  effet  notre  méthode  consiste  simplement  à 
rechercher  les  composantes,  suivant  les  axes  principaux,  de 
toutes  les  forces  qui  sollicitent  le  corps  à  un  instant  quel- 
conque; ces  composantes  étant  connues  en  grandeur,  en 
direction  et  en  position,  les  théorèmes  établis  dans  la  pre- 
mière partie  leur  sont  applicables,  et  fournissent  à  chaque 
instant  la  position  de  l'axe  spontané  glissant,  la  transla- 
tion le  long  de  cet  axe,  et  la  rotation  autour  de  ce  mémo 
axe. 

1).  Système  sollicité  pitr  des  forcea  contenues. 

16.  Pour  déterminer,  dans  ce  cas,  la  loi  du  mouvement 
du  corps,  nous  n'avons  qu'à  ajouter  aux  composantes  des 
forces  qui  l'animent  à  un  instant  quelconque,  en  vertu  de 


(  542  ) 
l'inertie,  les  composantes  des  forces  continues  qui  le  sol- 
licitent à  cet  instant;  nous  connaîtrons  ainsi  les  compo- 
santes totales  des  forces  qui  agissent  sur  lui,  et  nous  dé- 
terminerons son  mouvement  de  la  même  manière  que 
nous  avons  déterminé  son  mouvement  initial. 

Or,  si  nous  appelons  w  la  vitesse  angulaire  autour  de 
l'axe  spontané  glissant  après  le  temps  t; 


h     l      k 

—■>    —•>    — 

u       co       a 


les  cosinus  de  ses  inclinaisons  sur  les  axes  principaux;  si 
nous  nous  donnons  également  la  position  de  cet  axe,  et  la 
translation  du  corps  suivant  sa  direction;  ou  bien,  ce  qui 
revient  au  même,  la  vitesse  de  son  centre  de  gravité  en 
grandeur  et  en  direction;  vitesse  dont  nous  appellerons  les 
composantes  V„  Vy,  V_-;  enfin,  si  Qx,  Qg,  Qz  désignent 
les  composantes  de  la  force  accélératrice;  L,  M,  N  celles 
de  son  moment;  il  résultera  des  formules  du  n°  12,  que 
les  composantes  totales  des  forces  qui  sollicitent  le  corps, 
après  t  -f-  dt,  seront  : 

IV.) dt  +■  Q,dt. 
(a) 

et  leurs  moments  : 

(&).  N'  =  Mt  -t-  C/v  -+-  (A  —  B)  hldt ,     etc. 

d'où  nous  déduirons,  puisque  N'  =  C  (k  -+-  dk)  : 
(c).  —  =N  +  (A  —  B)  hl,     etc. 

Ctl 

En  intégrant  ces  équations  (c),  nous  pourrons  déterrai- 


v; 

=  v, 

+■ 

(*V, 

v; 

=v, 

-t- 

etc. 

v; 

=  v. 

■+- 

etc. 

(  5*5  ) 

ner  la  vitesse  angulaire  à  un  instant  quelconque,  ainsi  que 
la  direction  de  Taxe  spontané  à  cet  instant. 

17.  Les  équations  de  cet  axe  après  t  -h  dt  se  détermi- 
neront comme  précédemment;  et  Ton  trouvera,  par  la  con- 
sidération des  lieux  géométriques  des  positions  de  cet  axe 
dans  le  corps  et  dans  l'espace  absolu,  que  le  mouvement 
le  plus  général  d'un  corps  solide,  sollicité  par  des  forces 
quelconques,  peut  se  réduire  à  celui  d'une  certaine  surface 
gauche,  qui  glisserait  et  roulerait  en  même  temps  sur  une 
autre  surface  gauche. 

Cette  propriété  a  été  énoncée  pour  la  première  fois  par 
Poncelet,  et  n'a  été  démontrée  jusqu'aujourd'hui  qu'à 
l'aide  de  toutes  les  ressources  de  la  cinématique.  A  notre 
connaissance,  les  équations  de  ces  surfaces  n'ont  encore 
été  données  par  aucun  géomètre.  Nous  y  reviendrons  dans 
un  prochain  travail. 

18.  Nous  venons  de  déduire  cette  propriété,  ainsi  que 
quelques  théorèmes,  que  nous  croyons  nouveaux,  sur  le 
mouvement  d'un  corps  libre,  des  seuls  principes  de  la  me- 
sure et  de  la  composition  des  forces,  et  de  ce  simple  lemme 
dont  nous  avons  entrevu  l'importance  au  point  de  vue  de 
cette  théorie,  à  savoir  : 

Que  le  chemin  élémentaire  décrit  par  un  point  matériel 
peut  être  considéré  comme  l'élément  d'un  arc  qui  serait 
langent  à  ce  chemin. 

Des  esprits  philosophiques  se  demanderont  peut-être 
comment  il  se  fait  qu'en  introduisant  un  élément  curvi- 
ligne au  lieu  d'un  élément  rectiligne,  c'est-à-dire  en  pro- 
cédant à  l'inverse  du  calcul  différentiel,  notre  méthode  ait 
pu  gagner  en  simplicité. 

C'est,  nous  semblc-t-il,  parce  que  ces  éléments  curvi- 
lignes qu'elle  fait  décrire  aux  différents  points  matériels 


(  344  ) 

d'un  système  rigide,  sont  compatibles  entre  eux,  et  se  ré- 
duisent aisément  à  un  mouvement  unique;  tandis  que  des 
éléments  rcctilignes  sont  incompatibles  entre  eux  ,  à  moins 
qu'on  n'ait  un  pur  mouvement  de  translation. 

Aussi  avons-nous  déterminé  immédiatement  le  centre 
ou  l'axe  spontané  de  rotation,  tandis  que  les  théories  or- 
dinaires ne  déterminent  immédiatement  que  le  mouvement 
du  centre  de  gravité. 

Dans  les  pages  qui  suivent,  nous  appliquerons  la  même 
méthode  au  mouvement  d'un  corps  gêné  par  des  obstacles 
fixes. 


troisième  partie.  -*■  Théorie  du  mouvement  d'un  corps  gêné. 

1 .  Un  corps  solide  peut  être  gêné  dans  son  mouvement , 
soit  parce  qu'il  renferme  un  point  ou  un  axe  fixe,  soit 
parce  qu'un  ou  plusieurs  de  ses  points  sont  assujettis  à  se 
mouvoir  sur  des  surfaces  ou  sur  des  lignes  données. 

Dans  ce  cas,  la  méthode  généralement  adoptée  consiste 
à  rendre  le  corps  libre,  en  remplaçant  ces  points,  ces 
lignes  ou  ces  surfaces  par  les  réactions  qu'ils  exercent; 
après  quoi  l'on  écrit  les  six  équations  connues  de  l'équi- 
libre ou  du  mouvement  du  corps,  en  y  faisant  entrer 
toutes  les  forces  qui  agissent  sur  lui,  y  compris  ces  réac- 
tions; et  l'on  cherche  celles-ci  au  moyen  des  équations  qui 
sont  superflues  pour  déterminer,  soit  la  position  d'équi- 
libre, soit  le  mouvement. 

Cette  méthode  est  entièrement  rigoureuse,  cl  nous 
pourrions  l'employer  à  notre  tour;  mais  nous  préférons 
procéder  ici  comme  nous  l'avons  fait  dans  le  mouvement 


(  543  ) 

d'un  corps  libre  :  d'un  côté,  afin  de  suivre  partout  une 
marche  uniforme;  d'un  autre  côté,  afin  de  contrôler 
l'exactitude  des  deux  solutions  par  l'identité  des  résultats. 

Or,  le  mouvement  d'un  corps  gêné  devant  être  compa- 
tible avec  les  liaisons,  nous  rechercherons,  comme  nous 
l'avons  fait  dans  les  deux  mémoires  précédents,  les  com- 
posantes des  forces  qui  donneraient  au  corps,  s'il  était 
libre,  un  mouvement  spontané  compatible  avec  les  liaisons. 

S'agit-il  du  mouvement  initial,  il  suffira  que  nous  écri- 
vions que  les  forces  extérieures  se  décomposent  dans  les 
forces  ainsi  déterminées  et  dans  les  percussions  subies  par 
les  points,  surfaces  ou  lignes  fixes. 

S'agil-il  du  mouvement  à  un  instant  quelconque,  nous 
joindrons  aux  composantes  des  forces  extérieures  qui 
agissent  à  cet  instant  sur  le  corps,  celles  des  forces  qui 
l'animent  en  vertu  de  l'inertie;  et  nous  écrirons  que  toutes 
ces  forces  sont  équivalentes  à  celles  qui  animeraient  le 
corps  à  l'instant  suivant  dans  son  mouvement  spontané 
compatible  avec  les  liaisons,  et  aux  pressions  subies  par 
les  points,  surfaces  ou  lignes  fixes. 

Nous  n'insisterons  pas  sur  ce  procédé,  qui  consiste  à 
regarder  toutes  les  forces  qui  agissent  sur  le  corps  pen- 
dant un  instant,  y  compris  celles  de  l'inertie,  comme  pro- 
duisant les  pressions  pendant  cet  instant,  ainsi  que  le 
mouvement  du  corps  au  commencement  de  l'instant  sui- 
vant, vérité  qui  nous  semble  de  la  dernière  évidence. 

Nous  envisagerons  particulièrement  le  mouvement  d'un 
corps  solide  : 

4°  Autour  d'un  axe  fixe; 

2°  Autour  d'un  point  fixe; 
et  nous  étudierons  successivement  dans  chaque  cas  : 

a.  Le  mouvement  initial; 


(  346  ) 

b.  Le  mouvement  du  corps  abandonné  à  son  inertie  à 
un  instant  quelconque; 

c.  Le  mouvement  du  corps  sollicité  par  des  forces  con- 
tinues. 

o°  Nous  indiquerons  enfin  la  manière  dont  notre  mé- 
thode peut  s'étendre  au  cas  où  l'on  voudrait  tenir  compte 
du  frottement. 

1°  Mouvement  d'un  corps  solide  autour  d'un  axe  fixe. 

A.  JUoufetiient   initiai. 

2.  Soit  pris  l'axe,  fixé  par  deux  de  ses  points,  pour  axe 
des  z;  l'un  de  ces  points  pour  origine;  l'autre  à  une  dis- 
tance z  de  celle-ci. 

Décomposons  toutes  les  forces  données  en  trois  forces 
uniques  parallèles  aux  trois  axes,  et  dont  nous  connaî- 
trons les  lignes  d'action  par  deux  de  leurs  coordonnés  : 

K,  (y 3 >"?>);    R,,  K,  *,);    il,  (a>\,  //,)• 

Nous  aurons  à  séparer  ces  forces  en  deux  classes  :  celles 
qui  produiraient  un  mouvement  spontané  autour  de  l'axe 
des  z;  et  celles  qui  produiront  les  percussions  sur  les  points 
fixes. 

Désignons  les  composantes  de  ces  dernières  par  px,  py, 
Pz'i  P*\  Pv'i  P*\  et  'a  vitesse  angulaire  que  prendra  le  corps 
par  w;  et  cherchons  les  composantes  des  forces  qui  donne- 
raient au  corps  un  mouvement  spontané  d'une  vitesse  w 
autour  de  l'axe  des  z.  Or,  par  la  Théorie  du  mouvement 
d'un  corps  libre  (i™  partie,  n°  15)  (*),  nous  savons  que  ce 

(")  Voir  les  Bulletins  de  l'Académie  royale  de  Belgique,  2111C  série, 
lomeXX,  n°  8. 


(547  ) 

mouvement  sera  produit  par  les  deux  forces  Px(Yi,Zi"); 
F»  (Xi ,  Zj'),  si  elles  satisfont  aux  conditions  : 

Py  =  a  fxdm.  Px  =  —  afydm. 

Z/Py  =  a  fxzdm.     Z,"PX  =  —  afyzdm. 
X,Py  =  coJ'.r\lm.       Y,PX  =  —  w  fy'dm. 

En  suivant  donc  la  règle  que  nous  venons  d'énoncer, 
nous  écrirons  : 

(I  )     Rx  =  PK  -h  px  -4-  #/  =  —  a  fydm  -f-  px  +  p»'. 
|2)     R,,  ==  Py  -+-  py  -4-  p,'  =      u/xiifii  -i-  p,  -+-  p/. 

(3)  Ra  =  pa  ■+-  p/. 

(4)  jr3Ry— y3Rx=    X,Py  —  YIPI=<a/r2dm;ouN=     «T. 

(o)  z3Rx — x,R,=    Z"Px+z'py'\  ou:M= —  ujyzdm+z'pj \ 

(G)  y,Rz — z2Ry=— Z/Py— z'p/;  ou  :  L=  —  a  fxzdm — z'py'. 

en  désignant  par  L,  M,  N  les  moments  des  forces  données 
autour  des  trois  axes. 

On  déduira  : 

N 
de  (4)  :  co= —  • 

de  (3)  :  pz  -+-  pj  =  R.. 

de (i),  (-2),  (S)  et  (6):    ;>,,/>/;    py,  p/. 

2Ms.  Pour  qu'il  y  ait  une  percussion  unique  à  l'origine, 
il  faut  que  pj  et  py'  soient  nuls,  et  par  suite  que  : 

M  -+-  afyzdm  =  o.     L  -+-  u  fxzdm  =  o.    . 

Si  l'axe  des  z  est  principal  pour  l'origine,  il  faudra  que  : 
L  =  o.     M  =  o; 

ce  qui  aura  lieu,  entre  autres  cas,  si 

R_  =  o;     £2  =  o;     r^  =  o; 


(  5i8  ) 
c'est-à-dire  si  les  forces  données  se  réduisent  à  un  système 
situé  dans  le  plan  des  x,  y. 

Quant  aux  conditions  qui  doivent  être  satisfaites  pour 
que  Taxe  fixe  n'éprouve  aucune  percussion,  elles  sont  na- 
turellement données  par  les  équations  mêmes  du  mouve- 
ment spontané,  que  nous  venons  de  rappeler.  Nous  n'y 
reviendrons  pas,  si  ce  n'est  pour  faire  remarquer  que  ce 
mouvement  spontané  ne  peut  être  produit  par  un  couple 
que  pour  autant  que  celui-ci  soit  perpendiculaire  à  un  axe 
principal  du  centre  de  gravité.  On  aurait  donc  tort  de  vou- 
loir attribuer  à  un  couple  un  mouvement  de  rotation  au- 
tour d'un  axe  quelconque,  et  l'on  s'exposerait  ainsi  à  de 
longs  détours  (*). 

o.  Examinons  en  effet  le  cas  où  les- forces  sollicitantes 
se  réuniraient  à  un  couple.  Des  six  formules  précédentes, 
les  trois  premières  deviennent  alors  : 

px  -+-  pJ  =  a  f  ydm. 
Pu  "+"  Pu  —  —  u  /  x^m  • 
p:-*-P;=      o; 

les  trois  autres  ne  changent  pas. 

On  voit  que,  dans  ce  cas,  il  n'y  aura  pas  de  percussion 
longitudinale,  mais  que  les  autres  subsisteront  générale- 
ment. 

Si  l'axe  passe  par  le  centre  de  gravité,  les  percussions 


(")  Nous  prierons  le  lecteur  de  comparer  entre  eux,  dans  la  Théorie  de 
la  rotation  des  corps,  ire  partie,  ehap.  Il,  les  deux  alinéas  des  nos  61  et 
64  qui  commencent  par:  ainsi...  Il  verra  que  la  recherche  des  conditions 
du  mouvement  spontané  conduit  bien  plut,  sûrement  aux  résultats  que  la 
décomposition  des  forces,  à  priori,  en  une  résultante  unique,  un  couple 
perpendiculaire  à  Taxe,  et  un  couple  passant  par  cet  axe. 


(  349  ) 

se  réduisent  à  un  couple,  ou  à  deux  percussions  normales 
à  l'axe,  égales  et  contraires. 

Comme  dans  le  cas  général ,  on  verra  qu'il  y  aura  une 
percussion  unique  à  l'origine,  entre  autres  cas  dans  celui 
où  l'axe  est  principal  pour  cette  origine  et  où  le  couple 
unique  est  perpendiculaire  à  cet  axe. 

Enfin,  si  ces  deux  conditions  étaient  remplies  et  que 
l'origine  fût  le  centre  de  gravité,  l'axe  ne  subirait  aucune 
percussion. 

5A'\  Afin  d'être  complètement  édifié  sur  la  percussion 
qu'un  couple  produit  toujours  sur  le  point  fixe  (à  moins 
que  ce  point  ne  soit  le  centre  de  gravité),  cherchons  à  dé- 
terminer, d'une  manière  nette  et  précise,  la  raison  de  celte 
percussion,  dans  le  cas  même  où  le  couple  agirait  dans  un 
plan  perpendiculaire  à  l'un  des  axes  principaux  du  point 
fixe. 

Les  équations  du  mouvement  spontané  autour  de  cet 
axe,  pris  pour  une  des  z,  se  réduiront  dans  ce  cas  (voir 
\r  2)  à  : 

Pj,  =  co  i  xdm  =  uMx0  ;     Px  =  —  a  fydm  =  —  wMy0. 
Z/P,«o;    Z/'Pr  =  o;    X.P,,  —  Y,P,  =  N  =  ufr*dm  =  wl. 

•  D'où  il  résulte  que  le  corps  prendra  un  mouvement  spon- 
tané autour  de  cet  axe,  s'il  est  sollicité  par  une  force 
unique  P  =  l/P*2  -4-  P»2  =  «Mr0,  située  dans  le  plan 
principal  XY  (Z,'  =  Z,"  =  o) ,  à  une  distance  du  point  fixe, 
pris  pour  origine,  égale  à  p  =—  ;  (puisque  N  =  wï  ==  T>p 
=  oMr0p);r0  désignant  la  projection  sur  XY  de  la  dis- 
tance du  centre  de  gravité  à  l'origine.  Ce  mouvement  spon- 
tané n'est  donc  pas  produit  par  un  couple. 
Or,  si  un  couple  N  agit  sur  le  corps  perpendiculaire- 

2me  SÉRIE  ,  TOME  XXIV.  24 


(  350  ) 
ment  à  l'axe  principal,  et  que  nous  le  transformions  en  un 
autre  équivalent,  composé  de  deux  forces,  l'une  P,  égale 
à  la  précédente  en  grandeur  et  en  position,  l'autre  — P, 
appliquée  au  point  fixe,  la  première  produira  le  mouve- 
ment spontané  du  corps  autour  de  l'axe,  la  seconde  la 
percussion  sur  le  point  fixe;  et  cette  percussion  est  évi- 
demment égale  et  contraire  à  la  quantité  de  mouvement 
du  corps,  supposé  concentré  en  son  centre  de  gravité 
(P  =  coMr0). 

Ce  fait  de  la  transformation  du  couple  en  deux  forces 
égales  et  contraires,  l'une  produisant  le  mouvement  spon- 
tané de  rotation  du  corps  autour  de  l'axe,  l'autre  passant 
par  le  point  fixe,  ne  donne-t-il  pas  la  véritable  raison  de 
la  percussion  subie  par  ce  point?  Et  ne  vient-il  pas  corro- 
borer ce  que  nous  disions  (n°  2,  fin),  qu'on  aurait  tort  de 
vouloir  attribuer  au  couple  le  mouvement  de  rotation  au- 
tour de  l'axe,  si  celui-ci  ne  passe  pas  par  le  centre  de 
gravité? 

B.    Mouvement   autotir   d'un   axe,   à    un  instant  quelconque,    du  corps 
abandonné    à    son    inertie. 

A.  L'axe  de  rotation  étant  encore  pris  pour  axe  des  Z, 
si  nous  désignons  par  «  la  vitesse  angulaire  du  corps  à  un 
instant  quelconque  t,  chacun  de  ses  points  décrira  pen- 
dant l'instant  dt  un  arc  nrdt  dont  les  projections  sur  les 
axes  X  et  Y  seront  : 

dx  =  —  aydt.     dy  =  axdt. 

De  sorte  que  les  coordonnées  x,  y  de  ce  point  seront 
devenues  : 

x'  =  x  —  uydl.     y'  =  y  h    axdt. 


(  351  ) 
La  force  dont  ce  point,  de  masse  dm,  est  animé  en  vertu 
de  l'inertie,  après  t-hdt,  a  pour  composantes  : 

d\*y'  =  —  aydm.     dPy'  =  coxdm; 

dont  les  résultantes  pour  tout  le  système  seront  : 

M  désignant  la  masse  du  corps,  x0,  y0  les  coordonnées  de 
son  centre  de  gravité. 

Les  lignes  d'action  de  ces  résultantes  (jc,,  -/  pour  9y'  ; 
y{ ,  zf  pour  P/)  seront  déterminées  par  : 

x,Pj//=      oifx'xdm=      &>  fx*dm  —  u^dt  fxydm. 
-,'P/=       ofzxdm. 

y'Px  =  —  a  fy'ydm  —  —  eu  fy'dm  —  u"d(  fxydm. 
z"Px=  —  ccfzydm. 

Or,  nous  savons  (n°  2)  que  les  forces  nécessaires  pour 
faire  tourner  spontanément  le  corps  avec  une  vitesse  co', 
dans  sa  nouvelle  position  après  t-hdt,  sont  déterminées 
par  : 

Pj,  =  —  cof  x'dm  =      P/  —  u'2dt  J ydm. 

Pa  =  —  co  j  y  dm  =      P/  —  ta2dt  f  xdm. 

Z/Py  =      tùfx'zdm  =  z/Py'  —  co'2dt  fyzdm. 

X1Py=       coj^x'dm—  xJPy  —  a'^dt  fxydm. 

Zi"Px  =  —  cofy'zdm  =  z/'P,'  —  &/7(/f  fxzdm. 

Y,P,  =  —  cofy'zdm  =  y,Px'  —  d*dtj  xydm. 

Écrivons  que  les  forces,  dont  le  corps  est  animé  en 
vertu  de  l'inertie,  sont  équivalentes  aux  précédentes,  aug- 
mentées des  pressions  produites  par  Taxe  tixe  pendant  dt; 
désignons  ces  pressions  \vàrpxdt,p,jdt  appliquées  à  l'origine, 


(  352  ) 
p^dt.p'ydt  appliquées  au  point  z'  sur  l'axe  (p*  elp'£  seront 
évidemment  nuls  puisqu'aucune  des  forces  n'est  dirigée 
suivant  Taxe);  nous  aurons  : 

(1,2)  p; = p,  +  (Pj  +  Px)  dt  ;  p; = pw  -*-  (pf  +  Py)  dt. 

(3)  ar1P;-yIP/  =  YIP,-XIPy, 

(4, 5)  z/p;=  z/pf  +  z'P;dt.  z-vx'= zf"p, -+- z>;<ie. 

D'où  nous  déduirons  en  vertu  des  équations  précédentes  : 
jo  m'=çq  en  vertu  de  la  relation  (5). 
Donc  : 

La  vitesse  angulaire  reste  constante. 

2°  En  vertu  des  relations  (1,  2),  (4,  5)  : 

P*  ■+■  p,'  =  tffxdm  ;     /?„  h-  p/  =  a2fydm. 
z'pj  —  co2  fxzdm.  z'py'  =  tffyzdm. 

L'inspection  seule  de  ces  formules  fait  voir  que  les 
pressions  supportées  par  l'axe  fixe  proviennent  des  forces 
centrifuges  développées  par  la  rotation. 

On  voit  en  outre  que  : 

Pour  qu'il  y  ait  une  pression  unique  à  l'origine,  il  faut 
que  l'axe  soit  principal  pour  cette  origine. 

Pour  que  l'axe  ne  subisse  aucune  pression,  il  faut  qu'il 
soit  un  des  axes  principaux  du  centre  de  gravité. 

(..   Itiowvetncnt  autour   {l'un   uacc ,   à    u«   instant  Quelconque,    «lit   enr/iH 
sollicité   jinr   {les   forces   continues. 

5.  On  vient  de  voir  que,  si  le  corps  était  abandonné  à 
son  inertie,  sa  vitesse  angulaire  serait  constante,  et  que 
les  pressions  éprouvées  par  l'axe  fixe  se  réduiraient  à  celles 
qui  proviennent  des  forces  centrifuges. 


(  555  ) 

Si  le  corps  est  en  outre  sollicité  par  des  forces  continues, 
dont  nous  représentons  les  composantes,  pour  tout  le  sys- 
tème, par  Px,  P„  P„  et  les  moments  par  L,  M,  N  (*),  ces 
forces  continues  produiront  pendant  dt  un  accroissement 
de  vitesse  rfco  et  des  accroissements  de  pression ^  dt,  etc., 
que  nous  déterminerons  par  les  formules  du  mouvement 
initial  (n°  2,  formules  1-6). 

Nous  aurons  ainsi  : 

du   ,*     .  du 

N  =       —  frdm  =  I  —  • 
dt J  dt 

dco    r 
M  = /  yzdm  ■+-  zux. 

dco    r 

L  =  —  —  /  xzain  —  z  cr„ . 
dt  J 

dco    r 

dt  J  J 

du    r    , 

\\j    =  -J-J    Xdm  +     XSy    -*-    JSy    . 

P.  =  o.   -+-  or.'. 

La  première  de  ces  formules  détermine  -rf-,  d'où  Ton 
déduira  w  par  l'intégration. 

Les  autres  feront  connaître  les  pressions  longitudinales 
et  normales  supportées  par  l'axe  (ixe ,  en  vertu  des  forces 
continues  qui  sollicitent  le  système.  Yeut-on  avoir  les 
pressions  totales,  on  y  ajoutera  celles  qui  proviennent  du 
mouvement  du  corps  et  que  nous  venons  de  déterminer; 


(")  Nous  n'employons  celle  expression  de  moments  que  pour  abréger  le 
discours  ;  on  a  vu  (lre  parlie)  que  nous  n'y  attachons  aucun  sens  méca- 
nique. 


(  mi  ) 

en  appelant  p{ ,,  etc.,  les  composantes  des  pressions  totales , 
on  aurait  ainsi  : 

P„  +  pj  =  Pz  +  Ytfy(lm  +  sfxdm- 


du 
~dt> 


P>y  +  P,»'  =  p*  -  Jifxdm  +  a*fydm- 
Piz  -*-pIZ'  =  Vs. 
ztpia  =  M  h Jyzdm  -+-  oa#y  ejzcmw. 

zI'piy'=  L  -+-  — -  fxzdm  —  vffyzdm. 

Ces  formules  déterminent  complètement  la  pression  lon- 
gitudinale, ainsi  que  les  pressions  normales  supportées 
par  Taxe  aux  deux  points  où  il  est  fixé. 

Nous  croyons  inutile  de  nous  arrêter  à  leur  discussion. 

2°  Mouvement  d'un  corps  solide  autour  d'un  point  fixe. 

A.   Mouvement  initial. 

6.  Prenons  pour  origine  le  point  fixe,  et  pour  axes  des 
coordonnées  les  trois  axes  principaux  du  corps  pour  ce 
point.  Supposons  les  forces  données  réduites  à  trois  forces 
respectivement  parallèles  à  ces  axes  : 

Z(ap,-,y,);     Y(a:2,z3);     X(y3,s3), 

les  coordonnées  entre  parenthèses  indiquant  les  lignes 
d'action  ou  points  d'application  de  ces  forces. 

Afin  de  pouvoir  appliquer  la  méthode  que  nous  avons 
suivie  précédemment,  rappelons  le  théorème  établi  n°  261*, 
à  savoir  :  que  lorsqu'une  force  agit  sur  un  corps,  fixé  par 
un  seul  de  ses  points,  dans  l'un  des  trois  plans  principaux 


(  355  ) 
pour  ce  point,  elle  le  fait  tourner  spontanément  au  pre- 
mier instant,  autour  de  Taxe  principal  perpendiculaire  à 
ce  plan,  comme  si  cet  axe  était  iïze. 

Réduisons  donc  nos  forces  X,  Y,  Z  à  trois  forces  res- 
pectivement situées  dans  les  trois  plans  principaux,  et 
appliquées  dans  ces  plans  aux  mêmes  points  que  les  pré- 
cédentes. Les  conditions  d'équivalence  de  ces  deux  sys- 
tèmes seront,  en  appelant  P,,  P2,  P3  les  nouvelles  forces 
dans  les  plans  XY,  XZ,  YZ;  a, ,  (3,  ;  «g,  y2,  [33,  y-  les  angles 
qu'elles  font  avec  les  axes;  et  p{,  jk2,  p$  leurs  distances  à 
l'origine  : 

X  =  P,  cos  a,  -4-  P,  cas  a2. 
Y  =  P,  cos  p,  -*-  P3  cos  p3. 
Z  =  P.,  cosr,  -+-  P3  cos  y. 
N=-Y*,  — Xy3  =  PIp1. 
M  =  Xz,  -  Zx,  =  Pap9. 
L  =  Z//,  —  Yza  =  P3/;<. 

D'après  les  nos  2  et  2"s  la  force  P,  produit  autour  de 
l'axe  des  Z  une  vitesse  angulaire 

c      c' 

et  à  l'origine  des  percussions  : 
px'  =  P,  cos  a,  -h  ft  fydm  ;     />/  =  P,  cos  (3,  —  A; V  xdm. 

De  môme  la  force  P2  produira  autour  de  Y  une  vitesse 
angulaire  : 

=  P3ps  =  M 
B  B' 

et  à  l'origine  des  percussions  : 

px"  =  P2  cos  «3  —  //  zc?»î  ;    p."  =  Pa  cos  ya  -+-  /y  xe/m. 


(  356  ) 

Enfin,  la  force  P5  produira  autour  de  X  une  vitesse  an- 
gulaire : 

A         A' 

et  à  l'origine  des  percussions  : 

py'"  =  P3  cos  (33  -+-  hfzdm  ;    pj"  —  P3  cosy3  —  /t  /  yrfm. 

Nous  aurons  donc  autour  des  trois  axes  les  vitesses  an- 
gulaires respectives  : 

(.).    ...      /,  =  t.     ,_«.    4_». 

v  ;  A  B  C 

A,  B,  C  continuant  à  désigner  les  moments  d'inertie 
principaux;  et  suivant  ces  mêmes  axes  les  percussions  : 

f  px  =X+  k/'ydm  —  Ifzdm  =  X  -+-  M  [ky0  —  fej. 

(2).     py  =Y+  fc/zrfm  —  Aryxdm  =  Y  h-  M  (foz0  —  kx0). 

{  pz  =  Z  -+-  l  I xdm  —  h  f'ydm  =  Z  -h  M  (/x0  ■ —  h/J0)- 

7.  Afin  de  nous  faire,  du  mouvement  du  corps,  une 
idée  plus  simple  que  celle  qui  résulte  de  la  considération 
simultanée  de  ces  mouvements  autour  des  trois  axes,  cher- 
chons à  déterminer  la  vitesse  linéaire  de  l'un  quelconque 
de  ses  points. 

En  nommant  r„  ry,  r:  les  distances  respectives  de  ce 
point  aux  trois  axes,  nous  pourrons  dire  qu'il  est  animé 
des  trois  vitesses  hrx,  lry,  h\  respectivement  parallèles  aux 
plans  ZY,  XZ ,  YX,  et  perpendiculaires  aux  droites  rx,  ry,  r: . 

Si  donc  nous  projetons  la  vitesse  kr:  sur  des  parallèles 
à  X  et  Y,  nous  aurons,  en  désignant,  par  a  l'angle  que  fait 
rz  avec  X  : 

kr.  cos  (90°  ■+-  a)  =  —  kr,  sin  a  =  —  ky 


(557) 
pour  la  projection  de  cette  vitesse  sur  X;  et  : 

krz  cos  a  =  kx 

pour  sa  projection  sur  Y. 

De  même  la  vitesse  hrx  nous  donnera  pour  ses  projec- 
tions 

sur  Z  :  %;         sur  Y  :  —  hz; 

et  la  vitesse  lrv  pour  ses  projections 

surX  :  h;         sur  Z  :  —  Ix. 

D'où  résultent  pour  les  vitesses  composantes  du  point 
suivant  les  trois  axes  : 

(3).     Vx  =  (z—  ky.     Vy  =  kx  —  hz.     V,  =  luj  —  lx  . 

Or,  il  est  manifeste  que  ces  composantes  sont  nulles 
pour  tous  les  points  qui  satisfont  aux  relations  : 

x        y        z 

Ti==zl=='k' 

qui  sont  les  équations  d'une  droite  passant  par  l'origine; 
donc  : 

Dans  le  mon  cernent  d'un  corps  autour  d'un  point  fixe 
il  existe  une  droite  immobile  pendant  le  premier  instant  ; 
cette  droite  est  l'axe  instantané. 

Nous  avons  démontré  dans  la  première  partie  (n°  27) 
que  le  mouvement  d'un  point  quelconque  du  corps  est 
un  mouvement  de  rotation  autour  de  cet  axe,  et  que  la 
vitesse  de  ce  mouvement  est  : 

u  =  V]f  -+-  /'  -\-k\ 


(  358  ) 

Quant  aux  inclinaisons  de  cet  axe  sur  ceux  coordonnées, 
on  voit,  par  ses  équations,  que  leurs  cosinus  sont  : 

k      l     k 

co       co       u 

8.  Nous  ferons  observer  que  nous  arrivons  ainsi  aux 
mômes  résultats  que  dans  le  cas  d'un  corps  libre  sollicité 
par  un  système  de  forces  réductible  à  un  couple  unique  (*), 
à  cela  près  que  dans  ce  dernier  cas  Taxe  instantané  passe 
par  le  centre  de  gravité,  ce  qui  n'a  pas  généralement  lieu 
dans  le  mouvement  autour  d'un  point  fixe;  et  que,  en  outre, 
celui-ci  subit  en  général  des  percussions. 

Pour  analyser  ces  dernières,  remarquons  que  les  com- 
posantes de  la  vitesse  du  centre  de  gravité  peuvent  s'écrire, 
d'après  les  formules  (5)  du  n°  7  : 

V,'  =  lz0  —  kya .  Vy  =  kxB  —  hz0 .  VJ  =  hyQ  —  lx0; 

et  que,  par  suite,  les  percussions  deviendront  :  (form.  (2), 
n°  6) 

ptr=X—  MV«'.   py  =  Y  —  MVy\  p*=Z  —  MV/. 

On  voit  par  là  que  les  forces  données  sont,  équivalentes 
à  la  quantité  de  mouvement  du  centre  de  gravité  et  aux 
percussions  subies  par  le  point  fixe.  Ces  dernières  pourront 
être  nulles,  comme  on  voit,  dans  le  cas  particulier  où  les 
composantes  de  la  vitesse  du  centre  de  gravité  seraient 
précisément  égales  à  celles  des  forces  données,  ou,  ce  qui 
revient  au  même,  dans  le  cas  où  la  résultante  de  celles-ci 
serait  perpendiculaire  à  la  direction  de  l'axe. 

Ce  résultat  provient  de  ce  que,  dans  ce  cas,  le  système 
des  forces  données  ferait  tourner  spontanément  le  corps, 

C)  Voir  première  partie,  q°  50. 


(  559  ) 
supposé  libre,  autour  du  même  axe,  et  de  ce  qu'en  outre 
le  glissement  du  corps  le  long  de  l'axe  spontané  serait  nul, 
la  résultante  des  forces  lui  étant  perpendiculaire  (*). 

9.  Si  le  système  des  forces  qui  sollicitent  le  corps  se 
réduisait  à  un  couple  unique,  on  décomposerait  celui-ci 
en  trois  couples  perpendiculaires  aux  trois  axes  princi- 
paux du  point  fixe;  chacun  de  ceux-ci,  en  vertu  du  théo- 
rème du  n°  5,  ferait  tourner  spontanément  le  corps  autour 
de  Taxe  principal  qui  lui  est  perpendiculaire. 

Nous  obtiendrions  alors,  de  même  que  dans  le  cas  gé- 
néral, les  trois  vitesses  angulaires 

/*  =  -•    /  =  -•    1-* 

a'         b'         c' 

d'où  nous  déduirions  de  même  une  rotation  unique 


Vh'  -*-  l*  -+-  k* 


autour  d'un  axe  instantané  dont  les  inclinaisons  sur  les 
trois  axes  ont  pour  cosinus 

//      l      k 

CO  M  Cû 

Et,  quant  aux  percussions  subies  par  le  point  fixe,  elles 
seraient  également  données  par  les  formules  : 

p.^  —  MV/;     py  =  —  MVy';     p:=_MV', 

V'*,  V'y,   V.  continuant  à  désigner  les  vitesses  compo- 
santes du  centre  de  gravité. 

Ainsi  dans  le  cas  d'un  corps  sollicité  par  un  couple 
unique  à  se  mouvoir  autour  d'un  point  fixe,  celui-ci  subit 

( '  )  Voir  première  partie,  nns  2o  et  suivants. 


(  560  ) 
toujours  une  percussion  égale  et  contraire  à  la  quantité  de 
mouvement  du  corps.  Cette  percussion  ne  pourra  donc  être 
nulle  que  si  l'axe  instantané  passe  par  le  centre  de  gravité, 
ce  qui  ne  peut  avoir  lieu  que  si  la  droite  qui  unit  ce  point 
au  centre  fixe  est  un  axe  principal,  et  si  le  couple  unique 
lui  est  perpendiculaire. 

IXous  nous  expliquons  difficilement  que  Poinsot,  après 
avoir  parlé  de  la  percussion  due  à  la  résultante  des  forces 
transportée  à  l'origine,  oublie  de  mentionner  explicitement 
celle  qui  serait  produite  par  le  couple  (*). 

i>.    Mouvement  imtoiir  d'un  point  fixe3  d'un  corps  solide  itbiindonné  à  son 

inertie. 

10.  Le  corps  ayant,  à  un  instant  quelconque  t,  une  vi- 
tesse angulaire  dont  les  composantes  autour  des  trois  axes 
principaux,  mobiles  avec  lui,  sont  h,  l,  k,  nous  pourrons, 
comme  dans  la  deuxième  partie  (nos  16  et  suivants)  déter- 
miner les  forces  dont  il  est  animé,  en  vertu  de  l'inertie, 
après  t  -h  dt,  et  nous  trouverons  que  leurs  composantes 
suivant  les  axes  principaux,  dans  la  position  qu'ils  occupent 
à  ce  second  instant,  seront  : 

Pr  =f\„dm.     Py  =f\,  dm.     P~  =J'M,dm  ; 

Vç,  Vjj,  Vv  désignant  les  composantes  de  la  vitesse  d'un 
point  quelconque  suivant  les  axes  mobiles  à  cet  instant, 
composantes  qui  ont  pour  valeurs  : 

Vs  =  Zç  —  hv,  —  k  (k%  —  hï)  dt  -+-  /  (hif  —  /?)  dt. 
Vy  =  A;-  -  hK—h  (ki  —  /§)  dt  -*-  /v(/£  —  kij)  dt. 
V,  =  /iy    -/§  —  /(  /c  —  kv)  dt  -+-  h(k%  -  M)  dt. 

(  ')  Voir  Théorie  de  la  rotation  des  corps,  2,1K'  partie,  n°  5. 


(  561  ) 
Remplaçant  dans  les  expressions  précédentes,  et  appe- 
lant £„,  *,,  Ço  les  coordonnées  du  centre  de  gravité  rap- 
portées aux  axes  mobiles,  nous  aurons  : 

/  PC;= M  j  K  -  h0  -  a%dt  -+-  h  (fê0  +  k0  +  ftj  dt  j . 

(  1  ).   ]  P„ = M  j  kl;-  lie-  coX<lt  -+-  /  (AÇ0  +  K  +  kK0)  dt  j . 

(pç  =  M  {  h0  —  lï0  —  ^lQdl  -*  k  (/if0  +  fc0  +  &£„)<*«  | . 

Pour  les  moments  de  ces  forces  autour  des  axes  princi- 
paux, nous  trouverons  les  mômes  expressions  que  dans  la 
deuxième  partie  (n°  19),  c'est-à-dire  : 

/M/  =  a--f-(A  —  K)hldt. 

(2) ]  Ma'  =  B/  -+-  (C  —  A)  hkdt. 

[M3'  =  Ah-*-(B  —  C)kldt. 

11.  Nous  pouvons  actuellement  considérer  le  corps 
comme  étant  sollicité,  dans  sa  position  actuelle  et  à  l'état 
de  repos, par  ces  forces;  et  par  suite,  appliquer  les  formules 
du  mouvement  initial  (n°  6). 

Nous  aurons  ainsi  les  vitesses  angulaires  : 

d'où  résulte  que  //,  /,  k  auront  reçu  des  accroissements  : 

(2)     dh  =  —  -  hldt  ;  <U  =  --^  hkdt  ;   dk  =  -=-  hldt. 
A  B  t. 

Nous  arrivons  donc  aux  formules  mêmes  du  mouvement 
d'un  corps  libre  abandonné  à  son  inertie.  Seulement,  dans 
le  cas  qui  nous  occupe,  l'axe  instantané  passe  toujours  par 
le  point  (ixc  :  les  lieux  géométriques  de  ses  positions  dans 
le  corps  et  dans  l'espace  sont  en  conséquence  des  cônes; 


(562  ) 

et  la  représentation  géométrique  du  mouvement  se  fera 
tout  naturellement  dans  ce  cas  au  moyen  des  cônes  rou- 
lants de  Poinsot;  théorie  bien  connue  et  à  laquelle  nous 
ne  nous  arrêterons  pas. 

12.  Déterminons  enfin  les  pressions  subies  par  le  point 
fixe,  et  qui  seront  en  vertu  des  formules  (2)  du  n°  6  : 

p,dt  =  ï>,+M(k\-l'c0). 
piJdt  =  P11+M(h%0--k%). 


pydt  =  Pt  +  M(/'|0  -h' 


•<o> 


En  vertu  des  formules  (1)  et  (2)  des  noS  (10)  et  (11),  ces 
expressions  deviendront  : 

p€  =  M  |  — e*eo+A(«0+l*0+*ço)+A  (^=5  fc0—  ^  tt0j  | 

Pc  ==  M  !  -  «■ç0-+-*(*ç0-*-l»0+ttQ)-*-*  (-y-  *€•-  — j~  ^o) 

Chacune  de  ces  trois  forces  se  décompose  en  deux  par- 
ties susceptibles  d'une  interprétation  fort  simple. 

Si  nous  désignons  par  r0  la  distance  du  centre  de  gravité 
à  l'origine;  par  ao,  (30,  y0  les  cosinus  des  inclinaisons  de 
celte  droite  sur  les  axes,  par  a,  (3,  7  ceux  des  inclinaisons 
de  l'axe  instantané,  par  z  l'angle  de  ces  deux  droites,  et 
enfin  par  o0  la  distance  du  centre  de  gravité  à  l'axe,  les 
deux  premiers  termes  de  chaque  composante  pourront 
s'écrire  : 

Mfti'r0  (—  a0  -+-  a  cos  e)  ; 
Ma3r0  (—  (50  h-  p  cos  f)  ; 
Me*r0  (—  y0  -*-  ycose); 


(  363  ) 
d'où  faisant  la  somme  des  carrés  : 

MVr0a  (1  —  cos2*-)  =  M Vr02  sin2e  =  MVe?0a. 

Ainsi  les  deux  premiers  termes  de  chaque  composante 
proviennent  d'une  force  Mw-i,  c'est-à-dire  de  la  force  cen- 
trifuge de  la  masse  entière  supposée  concentrée  en  son 
centre  de  gravité. 

Quant  aux  derniers  termes  de  chaque  composante,  ils 
sont  évidemment  égaux  et  de  signes  contraires  aux  com- 
posantes de  l'accélération  du  centre  de  gravité,  multipliées 
par  la  masse. 

Les  pressions  supportées  par  le  point  lixe  seront  donc 
toujours  nulles,  si  ce  point  est  le  centre  de  gravité. 

Les  premiers  termes  de  ces  pressions  seront  encore  nuls 
dans  le  cas  où  l'axe  instantané  passerait  par  le  centre  de 
gravité,  sans  que  celui-ci  fût  le  centre  fixe. 

Les  seconds,  enfin,  le  seront  aussi  dans  le  cas  où  l'axe 
de  la  nouvelle  rotation  introduit  après  dt  passerait  par  le 
centre  de  gravité. 

Veut-on  retrouver  les  mêmes  termes  au  moyen  de  la 
théorie  de  Poinsot,  on  dira  que  les  premiers  proviennent 
du  transport  des  forces  centrifuges  à  l'origine,  et  les  se- 
conds du  couple  centrifuge;  nous  savons  en  effet  (n°  9) 
qu'un  couple  qui  agit  sur  un  corps  doué  d'un  point  (i\e 
produit  sur  ce  point  une  percussion  égale  à  la  quantité  de 
mouvement  qu'il  communique  au  corps  supposé  concentré 
en  son  centre  de  gravité. 

Jci  encore,  nous  ferons  remarquer  que  Poinsot  men- 
tionne explicitement  la  pression  produite  par  les  forces 
centrifuges  transportées  au  point  fixe,  mais  passe  sous 
silence  celle  qui  est  due  au  couple  accélérateur  (*). 

(*)  Voir  Rota/ion  des  corps ,  2n,c  partie,  n°  15. 


(  564  ) 


C.   Mouvement  autour  d'un  point  fijrc  ,  d'un  corps    sollicité  pur  des  forces 
continues . 

\  5.  Dans  ce  cas,  il  suffira  évidemment  que  nous  joignions 
aux  forces  qui  animent  le  corps  à  un  instant  quelconque  en 
vertu  de  l'inertie,  les  forces  extérieures  qui  agissent  sur  lui 
à  cet  instant. 

Si  nous  désignons  par  Q-^dt,  Qydt,  Q^dt;  Ntdt,  Nstff,  "S-dl 
les  composantes  et  les  moments  des  forces  extérieures  rap- 
portés aux  trois  axes  principaux  du  point  fixe  à  l'instant 
considéré,  nous  aurons  pour  les  sommes  des  composantes 
des  forces  et  des  moments,  par  les  formules  (1)  et  (2)  du 
n*  10  : 

Pc  -4-  Qft(//;     P^  -+-  Qqdt;     P,  -+-  Q^dt. 

M/  -f-  Ntdt\    31/  -+-  N2dt ;    M?)'  -f-  N3e/f. 

D'où  résulteront,  en  nous  rapportant  aux  mômes  for- 
mules, des  accroissements  de  vitesse  angulaire  : 

(th=Nslt-\ kldt. 

3  A 

dl  =  N2r/£  -+-     ~     hkdt. 

\ g 

1»  =  ^*  + hldt. 

C 

et  des  pressions  suivant  les  trois  axes  : 

(  )      /    </£         dl 

p,  =  Qf  +  M    -«'£,-+- A(M.  i  ko+kQ  j  +  (*,  -  -  Ç.  jt 

Vvi  =  %  +  elc- 

Pr.    =Q?.     -f"    CtC. 


(  565  ) 

On  voit  immédiatement  que  ces  pressions  résultent  : 

1°  Des  forces  motrices  extérieures; 

2°  De  la  force  centrifuge  de  la  masse  concentrée  en  son 
centre  de  gravité; 

5°  De  l'accélération  de  ce  dernier  point. 

Dans  la  théorie  des  couples  cette  dernière  est  due  au 
couple  accélérateur  des  forces  centrifuges  et  à  celui  des 
forces  extérieures.  On  voit  de  nouveau  que  ces  deux  cou- 
ples produisent  des  pressions  sur  le  point  fixe,  excepté 
dans  quelques  cas  tout  particuliers  auxquels  nous  nous 
sommes  suffisamment  arrêté  dans  ce  qui  précède. 

14.  Nous  venons  de  signaler,  dans  cette  Théorie, s\  clas- 
sique, de  la  rotation  des  corps,  quelques  imperfections  que 
notre  méthode  nous  a  fait  remarquer;  nous  pourrions  en 
indiquer  d'autres  encore. 

Est-ce  à  dire  que  nous  en  rendions  la  théorie  des  cou- 
ples responsable?  Non  sans  doute.  Elle  est  rigoureuse,  lu- 
cide, élégante;  et,  bien  appliquée,  elle  conduira  aux  résul- 
tats que  nous  venons  d'exposer,  et  auxquels  on  arrive  du 
reste  par  l'application  directe  du  principe  de  d'Alembert. 

Comment  se  fait-il  donc  que  Poinsol  ait  commis,  en 
l'appliquant,  non  pas  des  erreurs,  mais  des  négligences? 
C'est,  pensons-nous,  parce  que,  préoccupé  du  cas  le  plus 
simple  pour  sa  théorie,  il  a  étendu,  au  mouvement  d'un 
corps  autour  d'un  point  fixe,  les  résultats  qu'il  n'avait  éta- 
blis que  pour  le  mouvement  de  rotation  d'un  corps  autour 
de  son  centre  de  gravité  (*);  de  sorte  qu'un  lecteur  peu 


(*)  En  veut-on  une  preuve  irrécusable?  Le  principe,  invoqué  par  Poin- 
sol dans  la  seconde  partie,  n'  5,  §  2,  où  il  s'occupe  aussi  bien  de  la  rotation 
autour  d'un  point  fixe,  que  de  la  rotation  autour  du  centre  de  gravité;  ce 
principe  ne  peut  être  que  le  corollaire  II,  n°  46,  de  la  première  partie,  qui 
2rae  SÉRIE,  TOME  XXIV.  25 


(  366  ) 
attentif  s'imaginerait  qu'un  couple  produit  dans  les  deux 
cas  un  pur  mouvement  de  rotation,  sans  percussions  sur  le 
point  fixe,  et  que  celles-ci  ne  sont  jamais  dues  qu'au  trans- 
port des  forces  en  ce  point. 

Aussi  est-ce  dans  le  but  d'éviter,  à  ceux  qui  étudient 
la  mécanique,  des  erreurs  ou  des  doutes,  que  nous  nous 
sommes  permis  ces  remarques  sur  un  ouvrage  qui  n'en 
reste  pas  moins,  à  part  quelques  lacunes  qu'on  supplée 
facilement  quand  on  l'a  bien  compris,  un  chef-d'œuvre  de 
netteté,  de  précision  et  de  profondeur. 

o°  Application  de  la  méthode  aux  problèmes  dans  lesquels 
on  tient  compte  du  frottement. 

15.  Il  n'entre  pas  dans  notre  intention  de  traiter,  dans 
ce  travail,  des  questions  de  mécanique  appliquée.  Nous 
voudrions  montrer  seulement  de  quelle  manière  notre 
méthode  doit  être  appliquée  aux  cas  où  Ton  voudrait 
avoir  égard  au  frottement,  en  considérant  celui-ci  comme 
une  force  qui  s'exerce  au  contact,  proportionnellement  à 
la  pression  normale,  et  en  sens  contraire  du  mouvement 
que  le  corps  tend  à  prendre  sur  la  surface  sur  laquelle 
il  s'appuie.  Rien  n'empêche  de  traiter  le  problème,  dans 
ces  conditions,  comme  un  problème  de  mécanique  ration- 
nelle. 


n'est  applicable  qu'au  mouvement  autour  du  centre  de  gravité.  En  vain  en 
chercherait-on  un  autre  analogue.  Et  c'est  là  ce  qui  pourrait  faire  croire 
qu'un  couple  ne  produit  pas  plus  de  percussion  sur  un  point  tixe  que  sur 
le  centre  de  gravité,  quoique  l'on  puisse  aisément  découvrir  le  contraire 
dans  Poinsot  lui-même,  entre  autres  passages,  au  n°  59  de  la  première 
partie. 


(  367  ) 

Ici  se  présente  tout  d'abord  une  question  qui  a  été  con- 
troversée, et  que  nous  allons  chercher  à  résoudre  :  les  pres- 
sions normales  doivent-elles  toujours  se  déterminer  de  la 
même  manière,  qu'il  y  ait,  ou  non,  frottement?  Et  dans  la 
négative,  comment  se  trouvera-t-on  dans  chaque  cas? 

La  première  partie  de  la  question  doit  évidemment  se 
résoudre  négativement,  en  envisageant  le  frottement  dans 
les  termes  posés  plus  haut;  cette  force,  en  effet,  quoique 
purement  passive,  influe,  en  détruisant  une  partie  des 
forces  actives,  sur  les  pressions  que  celles-ci  peuvent 
exercer  sur  des  surfaces  fixes. 

Prenons  pour  exemple  le  cas  d'une  échelle  sollicitée  par 
la  pesanteur,  et  s'appuyant  contre  deux  murs,  l'un  hori- 
zontal ,  et  l'autre  vertical;  elle  exercera  sur  eux  des  pres- 
sions d'où  naîtront  des  frottements  —  fcl  —  f  ;  détruisons 
ceux-ci  par  l'introduction  de  deux  nouvelles  forces  fel  f, 
qui  leur  soient  égales  et  directement  contraires.  N'est-il  pas 
clair  qu'alors  les  pressions  seront  les  mêmes  que  si,  tout 
d'abord,  il  n'y  avait  pas  eu  de  frottement,  puisque  les 
forces  P,  —  f,  —  f,  f,  f,  qui  agissent  sur  la  barre,  se 
réduisent  à  la  seule  force  P.  Or,  si  l'on  prétendait  que  cette 
force  P  exerce  les  mêmes  pressions,  qu'il  y  ait  frottement 
ou  non,  il  s'ensuivrait  que  les  forces  introduites  f  et  f 
n'auraient  aucune  influence  sur  les  pressions,  ce  qui  est 
faux  en  général. 

En  admettant  donc  qu'il  faille  déterminer  les  pressions 
d'une  manière  différente,  si  l'on  fait  abstraction  du  frotte- 
ment ou  si  l'on  en  tient  compte,  cherchons  par  notre  mé- 
thode comment  devront  se  faire  ces  déterminations. 

16.  Dans  le  premier  cas,  on  commencera  par  chercher 
quel  est  le  système  de  forces  capable  de  donner  au  corps 
un  mouvement  spontané  compatible  avec  les  liaisons;  on 


(  568  ) 
décomposera  ensuite  le  système  des  forces  données  en 
deux  autres  :  le  premier,  équivalent  au  précédent,  et  le 
second,  auquel  seront  dues  les  pressions  supportées  par 
les  surfaces  fixes.  Les  deux  systèmes  d'équations  ainsi  ob- 
tenues, jointes  à  celles  des  liaisons,  détermineront  le  mou- 
vement du  corps,  et  les  pressions  cherchées. 

Ainsi,  pour  reprendre  l'exemple  précédent,  supposons 
une  barre  cylindrique  homogène  ,  placée  entre  deux  murs 
et  sollicitée  par  son  poids;  cherchons  le  mouvement  qu'elle 
prendra,  et  les  pressions  qu'elle  exercera  sur  les  murs,  en 
supposant  qu'il  n'y  ait  pas  de  frottement,  et  que  la  barre 
ne  soit  pas  en  mouvement  à  l'instant  considéré. 

Le  mouvement  compatible  avec  les  liaisons  est  ici  une 
rotation  de  la  barre,  autour  du  point  d'intersection  des 
normales,  élevées  aux  deux  murs,  aux  points  d'appui.  On 
trouvera  aisément  qu'une  force  F  capable  de  donner  à  la 
barre  cylindrique  homogène  le  mouvement  spontané,  se- 
rait perpendiculaire  à  la  droite  qui  unit  le  contre  instan- 
tané au  milieu  de  celle-ci,  et  appliquée  en  un  point  de 
droite  distant  du  centre  instantané  d'une  quantité  égale 
aux  deux  tiers  de  la  longueur  de  la  barre. 

Pour  résoudre  le  problème,  on  décomposera  le  poids  P 
en  deux  forces,  Tune  agissant  suivant  F,  l'autre  passant 
par  le  centre  instantané;  celte  dernière,  décomposée  sui- 
vant les  perpendiculaires  aux  murs,  donnera  les  pressions 
normales;  la  composante  suivant  F  fera  mouvoir  sponta- 
nément la  barre  avec  une  vitesse  angulaire  égale  au  mo- 
ment de  cette  composante  ou  de  la  force  P,  autour  du 
centre  instantané,  divisé  par  le  moment  d'inertie  de  la 
barre  autour  du  même  centre. 

17.  Dans  le  second  cas,  c'est-à-dire,  si  l'on  tient  compte 
du  frottement,  il  est  évident  que  les  forces  extérieures,  qui 


(  569  ) 
agissent  sur  le  corps,  jointes  aux  frottements,  doivent, 
hormis  le  cas  de  l'équilibre,  produire  un  mouvement  spon- 
tané compatible  avec  les  liaisons. 

On  déterminera  donc  encore  le  système  des  forces  ca- 
pables de  ce  mouvement  spontané;  et,  en  écrivant  que  les 
frottements  sont  égaux  aux  pressions  normales  inconnues, 
multipliées  par  les  coefficients  de  frottement,  on  décom- 
posera le  système  des  forces  données  et  des  frottements 
en  deux  autres  :  l'un,  équivalent  au  premier,  l'autre,  qui 
se  décomposera  exclusivement  dans  les  pressions  nor- 
males. On  connaîtra  donc  celles-ci,  ainsi  que  les  gran- 
deurs des  forces  capables  d'imprimer  au  système  un  mou- 
vement spontané  compatible  avec  les  liaisons,  et  par  suite 
la  vitesse  de  ce  mouvement. 

Pour  qu'il  y  ait  équilibre  strict,  il  suffira  de  poser  la 
vitesse  égale  à  zéro. 

Appliquons  cette  méthode  à  l'exemple  précédent. 

Désignons  par  b,  h,  l  les  trois  cotés  du  triangle  rectangle 
formé  par  la  barre,  et  les  intersections  des  murs  par  un 
plan  vertical  passant  par  celle-ci;  par  a  l'angle  opposé  à 
la  hauteur  h;  par  P  le  poids  de  la  barre  appliqué  en  son 
milieu;  par  Y'  et  — X'  les  pressions  supportées  par  le  mur 
horizontal  et  le  mur  vertical  ;  par  KY'  et  R'  X'  les  frotte- 
ments contre  ces  murs;  enfin,  prenons  pour  unité  de 
masse  celle  de  l'unité  de  longueur  de  la  barre. 

La  force  qui  est  capable  de  lui  donner  un  mouvement 
spontané,  d'une  vitesse  angulaire  w,  autour  du  centre 
instantané,  sera  déterminée,  au  moyen  de  ses  compo- 
santes X  et  Y  et  de  son  moment  N  autour  de  ce  centre, 
par  les  équations  : 

X  = ul^sina.  Y=-wf'cosa.  N  =  -  w/3. 

2  2  3 


(  370) 
Écrivons  maintenant  que  le  poids  él  les  frottements 
produisent,  sur  la  barre,  ce  même  mouvement  spontané, 
et  sur  les  murs  les  pressions  Y'  et  — X';  il  faudra,  pour 
cela,  que  nous  ayons  : 

P  — A'X'  =  Y  -+-  Y'. 
—  kY  =  X  —  X'. 

1  fcP  _  k'X'b  —  kY'h  =  N. 

Ces  trois  équations  déterminent  X',  Y'  et  ». 

Si  l'on  veut  connaître  la  position  de  l'équilibre  strict, 
on  fera  a  =  o,  et  l'on  pourra  déterminer,  au  moyen  des 
mêmes  équations,  X',  Y7  et  ty<*. 

18.  Nous  ne  nous  arrêterons  pas  à  la  discussion  des  ré- 
sultats, qui  sont  les  mêmes  que  ceux  que  l'on  obtient  par 
la  méthode  ordinaire,  ni  aux  applications  de  la  nôtre  à 
d'autres  cas  particuliers. 

il  nous  suffît  d'avoir  indiqué  le  procédé  général,  que 
nous  croyons  devoir  être  suivi  dans  l'application  de  notre 
méthode  aux  problèmes  où  l'on  tient  compte  du  frotte- 
ment; et  nous  ne  pensons  pas  que  ce  soit  ici  le  lieu  d'exa- 
miner les  critiques  qui  ont  été  adressées  au  procédé  ordi- 
naire, dans  son  principe  ou  dans  ses  résultats;  peut-être 
les  discuterons-nous  ailleurs  (*). 

Toujours  est-il  que,  après  avoir  cherché,  sans  parti  pris, 
une  solution  fondée  exclusivement  sur  notre  méthode, 
nous  sommes  arrivé  aux  mêmes  conclusions  que  la  mé- 
thode généralement  adoptée. 


(")  Voir  Annales  du  génie  civil,  année  J8G7,  n"  8. 


(  371  ) 


CLASSE    DES    LETTRES, 


Séance  du  74  octobre  1867. 

M.  Roulez,  directeur. 

M.  Ad.  Quetelet,  secrétaire  perpétuel. 

Sont  présents  :  MM.  Grandgagnage,  Paul  Devaux,  De 
Decker,  Snellaert,  Haus,  M.-N.-J.  Leclercq,  Polaiu,  Duc- 
peliaux,  le  baron  Kervyn  de  Lettenhove,  Cbalon,  Ad. Ma- 
thieu ,  ïhonissen,  Th.  Juste,  Defacqz,  Guillaume,  mem- 
bres; Félix  Nève,  Alpli.  Wauters,  correspondants. 


CORRESPONDANCE. 


Le  secrétaire  perpétuel  annonce  les  pertes  que  l'Aca- 
démie vient  de  faire  par  le  décès  d'un  de  ses  associés, 
M.  Mittermaier,  de  Heidelberg,  et  par  celui  d'un  de  ses 
membres  les  plus  actifs  et  les  plus  estimés,  M.  le  baron  Jules 
de  Saint-Génois,  membre  titulaire  de  la  Compagnie  depuis 
1846,  décédé  à  Gand ,  le  13  septembre  dernier,  à  l'âge  de 
cinquante-quatre  ans. 

M.  De  Decker,  qui  s'est  rendu,  lors  des  funérailles,  l'in- 
terprète dès  douloureux  regrets  de  la  Compagnie,  dépose 


(  372  ) 
sur  le  bureau  le  discours  qu'il  a  prononcé;  ce  discours 
sera  inséré  au  Bulletin  de  la  séance.  Le  même  membre 
informe  ses  confrères  que  M.  de  Saint-Génois  a  légué  à 
l'Académie  une  somme  de  1,000  francs,  destinée  à  insti- 
tuer un  prix  littéraire,  qui  sera  décerné  par  la  classe  des 
lettres.  Une  copie  aullientique  du  testament  sera  adressée 
à  la  commission  administrative,  afin  que  celle-ci,  d'accord 
avec  M. De  Decker,  agissant  comme  exécuteur  testamen- 
taire, prenne  les  mesures  requises  pour  régulariser  cette 
dotation. 

—  M.  De  Busscher,  secrétaire  de  la  commission  chargée 
de  publier  la  Biographie  Nationale,  prie  le  secrétaire  per- 
pétuel d'inviter  la  classe  des  lettres  à  procéder  à  l'élection 
d'un  membre,  afin  de  remplir,  au  sein  de  celte  commis- 
sion, la  place  devenue  vacante  par  le  décès  de  M.  de  Saint- 
Génois.  Cette  élection  sera  mise  à  l'ordre  du  jour  de  la 
prochaine  séance. 

—  M.  le  Ministre  de  l'intérieur  fait  don  à  la  bibliothèque 
de  l'Académie  du  tome  Ier  du  Recueil  des  coutumes  des 
pays,  duché  de  Luxembourg  et  comté  de  Chiny,  édité  par 
M.  M.-N.-J.  Leclercq,  comme  membre  de  la  commission 
chargée  de  la  publication  des  anciennes  lois  et  ordon- 
nances, ainsi  que  d'un  exemplaire  du  Mémoire  couronné, 
du  à  M.  Ch.Van  Cauwenberghe,  lauréat  du  concours  uni- 
versitaire de  1865-1866.  —  Remercîments. 

—  Le  même  haut  fonctionnaire  soumet  à  l'appréciation 
de  l'Académie  le  projet  d'inscription  destinée  à  être  placée 
sur  le  piédestal  de  la  statue  équestre  de  Baudouin  de 
Constantinoplc,  à  Mons.  Cette  inscription  est  renvoyée  à 


(  575  ) 
l'examen  de  MM.  R.  Chalon,  le  baron  Kervyn  de  Letten- 
hove  et  Ad.  Mathieu. 

—  MM.  le  comte  de  Montalembert  et  A.  Bogaers,  de 
Rotterdam,  tous  deux  associés  de  la  classe,  remercient 
l'Académie  pour  l'envoi  de  ses  dernières  publications. 

—  Des  remercîments  analogues  sont  adressés  à  la  Com- 
pagnie par  l'Institut  impérial  de  France,  la  Bibliothèque 
royale  de  Berlin ,  la  Bibliothèque  royale  de  Stuttgart,  la 
Bibliothèque  royale  de  Dresde,  la  Société  royale  des  anti- 
quaires du  Nord,  la  Société  historique  de  Gratz,  l'Aca- 
démie impériale  d'Arras,  la  Bibliothèque  de  l'Université 
de  Leide,  etc.,  etc. 

—  M.  le  baron  Kervyn  de  Leltenhove  l'ait  hommage  du 
tome  III  des  Chroniques  de'Froissart,  qu'il  vient  d'éditer, 
comme  membre  de  la  Commission  chargée  de  publier  la 
Collection  des  grands  écrivains  du  pays.  —  Remercîments. 


RAPPORTS. 


MM.  De  Decker  et  Polain  rendent  compte  d'un  travail 
de  M.  Ferd.  Loise  traitant  du  théâtre  en  Espagne,  et  faisant 
suite  au  Mémoire  sur  la  poésie  espagnole,  dont  la  classe 
a  déjà  ordonné  l'impression.  Conformément  aux  proposi- 
tions faites  par  les  rapporteurs,  ce  nouveau  travail  est  éga- 
lement admis  pour  l'impression  et  formera  le  complément 
du  travail  précédent. 


(  374  ) 


COMMUNICATIONS  ET  LECTURES. 


Charles  de  Lannoy,  vice-roi  de  Naplcs,  et  Charles-Quint; 
par  M.  Théodore  Juste,  membre  de  l'Académie. 

Charles-Quint  avait  une  prédilection  avouée  pour  ses 
compatriotes,  disons  les  Belges,  les  Néerlandais  et  les 
Francs-Comtois.  Celte  préférence  se  manifesta  surtout 
dans  les  commencements  de  sa  longue  domination.  De- 
venu roi  des  Espagnes  et  empereur  d'Allemagne,  il  ne  se 
lie  complètement  ni  aux  Espagnols  ni  aux  Allemands. 
C'est  ce  qu'un  ambassadeur  vénitien  constatait  en  1525. 
«  Les  Espagnols,  disait-il,  ne  peuvent  souffrir  que  les 
Flamands  soient  dans  lin  limité  de  l'empereur,  qu'il  ne  se 
lie,  pour  le  service  de  sa  personne,  à  d'autres  qu'à  eux,  et 
qu'ils  aient  un  accès  toujours  libre  auprès  de  lui,  tandis 
que  les  Espagnols  ne  l'ont  point.  »  Au  rebours  de  l'Es- 
pagne, les  Pays-Bas  étaient  très-affectionnés  à  leur  prince. 
«  L'esprit  de  ce  pays  à  l'égard  de  son  prince,  dit  le  même 
ambassadeur,  est  excellent.  Tous  l'aiment  beaucoup.  » 

Des  huit  conseillers  que  Charles-Quint  avait  à  celte 
époque,  quatre  étaient  des  Flamands,  tandis  que  les  Es- 
pagnols n'étaient  qu'au  nombre  de  deux.  On  désignai! 
comme  Flamands  le  comte  Henri  de  Nassau,  quoiqu'il  fut 
né  à  Siegen,  le  bourguignon  Poupet  de  la  Chaulx,  Adrien 
de  Croy,  seigneur  de  Beauraing  et  du  Rœulx,  et  Charles 
de  Lannoy. 

Ce  dernier  est  le  plus  renommé,  non-seulement  pour  sa 


(  575  ) 
participation  à  de  mémorables  événements,  mais  parce 
qu'il  était  devenu  à  certains  égards  le  favori  du  jeune  em- 
pereur. De  là  contre  lui  une  jalousie  et  des  préventions 
qui,  aujourd'hui  encore,  n'ont,  ce  semble,  rien  perdu  de 
leur  vivacité.  Récemment  un  historien  français,  d'une 
grande  popularité,  le  traitait  très- mal.  Flamand  sans 
talent,  disait-il  avec  un  suprême  dédain.  Plus  prudent , 
plus  réservé,  un  célèbre  historien  allemand  se  contente 
d'affirmer  que  c'était  un  homme  d'une  capacité  ordi- 
naire. 

Je  n'ai  point  le  dessein  de  faire  ici  le  panégyrique  de 
Charles  de  Lannoy.  Mais  à  des  appréciations  qui  me 
paraissent  erronées,  à  des  biographies  incomplètes  et 
inexactes,  je  voudrais  opposer  une  étude  fondée  sur  les 
documents  contemporains  et  authentiques,  qui,  de  nos 
jours,  ont  été  exhumés,  retirés  des  archives  où  ils  étaient 
ensevelis.  Au  moyen  de  ces  correspondances  nous  pour- 
rons pénétrer  dans  la  familiarité  de  Charles-Quint  el  de 
son  favori;  nous  pourrons  saisir  leurs  pensées  les  plus  se- 
crètes et  constater  sûrement  les  sentiments  élevés  de  l'un 
en  même  temps  que  le  dévouement  profond  et  intelligent 
de  l'autre. 

1. 

Charles  de  Lannoy,  né  à  Yalenciennes  vers  1487,  était 
fils  de  Jean  de  Lannoy,  seigneur  de  Maingoval,  mort  en 
1498,  et  de  Philippine  de  Lalaing. 

On  n'ignore  pas  que  Lannoy  était  une  terre  située  dans 
la  chàtellenie  de  Lille.  Senzeilles,  dont  Charles  de  Lannoy 
porta  longtemps  le  titre,  était  une  autre  seigneurie  qu'il 
possédait  dans  l'Entre-Sambre-et-Meuse.  Après  son  ma- 
riage avec  Françoise  de  Montbel,  il  acquit  encore,  dans  le 


(  576  ) 
Brabant,  le  domaine  de  Steynockerzeel,  où  il  eut  sa  prin- 
cipale résidence  (1). 

Depuis  l'émancipation  du  petit-lîls  de  Maximilien  d'Au- 
triche ,  en  1515,  Charles  de  Lannoy  était  attaché,  comme 
grand  écuyer,  à  la  personne  du  jeune  souverain  et  faisait 
partie  de  son  conseil  (2).  En  1516  il  fut  au  nombre  des 
vingt-trois  chevaliers  de  l'ordre  de  la  Toison  d'or,  que  les 
hérauts  proclamèrent,  en  présence  de  Charles  d'Autriche, 
dans  l'église  Sainte-Gudule  à  Bruxelles.  Imposante  so- 
lennité, véritable  consécration  de  l'avènement  du  jeune 
prince,  qui  était  le  droit  héritier  des  anciens  ducs  de  Bour- 
gogne. 

Ce  prince,  réservé  à  de  si  hautes  destinées,  devient  l'em- 
pereur Charles-Quint.  Attaqué  par  François  Ier,  il  conduit 
les  troupes  des  Pays-Bas  contre  ïournay,que  les  Fran- 
çais occupaient  depuis  1518.  Charles  de  Lannoy  était  à 
ses  cotés  (5).  Tournay  capitule  le  2  décembre  1521,  et 
Lannoy  y  entre  le  surlendemain  en  qualité  de  gouver- 
neur. 


(1)  «  ...  Si  est  ce  que  la  maison  de  Lanoy  est  grande  et  célèbre  en 
Flandres;  et  les  Espagnols  luy  donnaient  le  nom  de  Dom  Carlos,  lequel 
Dom  ne  se  donne  pas  à  de  petits  et  bas  compagnons  et  seigneurs.  »  Bran- 
tôme, Capitaines  estrangers,  lrt'  partie. 

(2)  Une  relation  italienne,  citée  par  Ranke,  définit  en  ces  termes  les 
attributions  du  grand  écuyer  :  «  Quand  le  prince  quittait  le  palais,  alors 
commençaient  les  fonctions  du  grand  écuyer,  dont  la  mission  spéciale  ét;iit 
de  surveiller  les  hérauts  d'armes,  les  trompettes,  les  selliers,  les  gardeurs 
des  tintes,  les  chevaux  et  les  mulets,  surtout  lorsque  le  prince  se  prépa- 
rait à  un  tournoi  ou  à  une  bataille.  Dans  ces  occasions,  le  grand  écuyer 
armait  le  prince  de  ses  mains  et  le  désarmait  à  son  retour;  dans  les  mo- 
ments du  plus  grand  danger,  il  ne  quittait  pas  sa  personne.  » 

(5)  Sommaire  des  voyages  de  Charles  V,  par  Jean  Vandc  Nesse,  MS.  de 
la  bibliothèque  de  Bourgogne,  u"  lo869. 


(  ->77  ) 

Ce  n'était  qu'un  acheminement  vers  une  plus  haute 
dignité.  Charles-Quint  avait  appris  presque  en  même  temps 
la  mort  de  don  Raimond  de  Cordona,  son  vice-roi  dans  le 
royaume  de  Naples,  et  la  fin  presque  soudaine  du  pape 
Léon  X.  Tandis  qu'Adrien  d'Utrecht,  ancien  précepteur 
de  l'empereur,  était  élevé  à  la  chaire  de  Saint-Pierre, 
Charles  de  Lannoy  recevait  la  succession  de  Raimond  de 
Cordona.  L'empereur  lui  donna  encore  une  plus  haute 
marque  de  confiance  en  le  désignant  comme  l'un  de  ses 
exécuteurs  testamentaires  dans  l'acte  qu'il  signa  à  Bruges, 
le  25  mai  1522(1). 

La  nomination  de  Charles  de  Lannoy,  un  Flamand, 
comme  on  disait  alors,  au  poste  éminent  de  vice-roi  de 
Naples,  fut  diversement  appréciée.  Dans  une  lettre  écrite 
de  Marino,  le  9  juillet  1522,  à  Marguerite  d'Autriche,  le 
cardinal  Colonna  félicitait  l'empereur  de  cette  nomination 
qui,  disait-il,  avait  fait  plaisir  en  Italie.  En  même  temps 
le  cardinal  se  disculpait  des  calomnies  répandues  contre 
lui-même.  [1  protestait  contre  la  réputation  qu'on  lui  avait 
faite  d'être  français  (partisan  de  la  France),  ce  qu'il  tenait, 
selon  ses  expressions,  à  plus  grande  injure  que  si  on  l'eût 
appelé  hérétique  ou  schismatique  (2).  Mais  Gaspard  Conta- 
rini ,  qui  résidait  près  de  Charles-Quint  en  qualité  d'ambas- 


(1)  «  ...  El  pour  l'accomplissement  do  nos  dicts  teslamenl  et  ordonnance 
de  dernière  volonté,  avons  dénommé  et  dénommons  pou.' exécuteurs  mes- 
sire  Henry,  comte  de  Nassau,  sieur  de  Breda,  nostre  grand  chambellan  ; 
messire  Charles  de  Lannoy,  sieur  de  Salnzelles,  nostre  viee-roy  de  Naples, 
et  grand  escuier;  messire  Anlhoine  de  Lalaing,  comte  de  Hoochslraete, 
nostre  second  ehambcllain,  chevalier  de  nostre  ordre;  frère  Jean  Gl;  pion, 
nostre  confesseur,  et  Laurent  du  Blioul,  sieur  du  Sart,  greffier  de  nostre 
ordre,  nostre  premier  secrétaire  et  audiencier....  »  Papiers  if  Étal  du  car- 
dinal de  Granvelle,  1er  vol ,  p.  ^55. 

(2)  Documents  historiques,  MS,  vol.  II.  (Archives  du  royaume). 


(  378  ) 
sadeiir  de  la  république  de  Venise,  tout  en  rendant  justice 
aux  qualités  du  nouveau  vice-roi,  le  dépeignait  comme  un 
dangereux  ennemi  de  l'Italie.  «  Le  vice-roi,  écrivait-il  (1), 
est  un  ancien  serviteur  de  la  maison  de  l'empereur,  et  rem- 
plit la  charge  de  grand  écûyer,  qui  est  très-honorée.  Il  est 
d'un  naturel  colère  et  fort  sobre,  non-seulement  pour  un 
Flamand,  mais  encore  pour  un  Espagnol,  en  supposant 
qu'il  fut  de  cette  nation.  Dans  son  langage,  je  l'ai  trouvé 
prudent  et  adroit,  tellement  qu'il  me  parut  avoir  modéré 
son  emportement  habituel.  En  apparence,  il  se  montre 
affectionné  aux  Italiens;  mais,  en  réalité,  il  les  déleste,  et 
il  n'a  pas  tenu  à  lui  que  l'empereur  ne  s'entendit  avec  le 
roi  de  France  pour  la  ruine  de  l'Italie.  » 


II. 


Lorsque  Charles  de  Lannoy  prit  possession  de  la  vice- 
royauté  de  Naples,  les  Français  étaient  repoussés  de  la 
LombarJie.  Au  mois  de  novembre  1521,  secondés  par  les 
troupes  pontificales,  les  Impériaux  avaient  repris  Milan  et  y 
avaient  établi  François  Sforza.  Vaincus  à  la  Bicoque,  le  29 
avril  suivant,  les  Français  durent  reculer  jusqu'aux  Alpes. 

Le  51  octobre  1522,  Charles-Quint  marquait  à  Lannoy 
son  contentement  et  lui  donnait  de  sa  main  des  témoi- 
gnages de  son  affection.  «  Si  vous  pouviez,  lui  écrivait-il , 
être  en  deux  lieux,  par  souhait  je  vous  aurois  souvent  par 
devers  moi  (2).  »  Le  10  janvier  suivant,  Charles-Quint 
réitère  ces  témoignages.  Il  sait  bien,  dit-il,  que  Lannoy  a 


(1)  Monuments  de  In  diplomatie  vénitienne,  par  M.  Gachard  ,  p.  67. 

(2)  Charles-Quint  à  Lannoy,  de  Valladolid,  31  octobre  132:2.  —  Lanz  , 
Correspondent  des  Kaiser  Karl  V,  t.  Ier,  p.  74. 


(579  ) 
trouvé  un  grand  désordre  par  de  là,  et  que  celui-ci  n'a  pu 
y  remédier  sans  faire  des  mécontents;  maissi,  à  cette  occa- 
sion, des  rapports  désavantageux  lui  étaient  adressés, 
Lannoy  doit  savoir  qu'il  n'est  accoutumé  de  croire  à  la 
légère.  «  N'ayez  point  regret  de  votre  absence  de  moi, 
poursuit-il;  vous  m'êtes  toujours  présent  (1).  » 

François  Ior  se  disposait  à  passer  les  monts  lorsque  la 
trahison  de  Charles  de  Montpensier,  connétable  de  Bour- 
bon, vint  menacer  la  France.  Le  plus  puissant  et  le  plus 
redoutable  des  vassaux  de  la  couronne  ayant  noué  des 
intelligences  secrètes  avec  l'empereur  et  avec  son  frère, 
l'archiduc  Ferdinand,  des  négociations  furent  entamées  à 
Londres.  Bourbon  était  représenté  à  ces  conférences  mys- 
térieuses par  son  chambellan  ,  M.  de  Chàteaufort;  l'empe- 
reur, par  son  ambassadeur,  Louis  de  Praet;  Henri  Mil, 
par  le  cardinal  Wolsey.  En  juillet  et  en  août  1525  furent 
arrêtés  les  articles  d'une  ligue  offensive  et  défensive  entre 
l'empereur  Charles-Quint,  le  roi  d'Angleterre,  l'archiduc 
Ferdinand  d'Autriche  et  le  duc  de  Bourbon.  Louis  de  Praet 
les  transmit  à  son  souverain  par  une  lettre  du  9  août. 

Bourbon  jurait  de  servir  Charles-Quint  envers  et  contre 
tous,  sans  exception,  à  condition  que  l'empereur  lui  don- 
nerait en  mariage  sa  sœur  Éléonore  d'Autriche,  veuve  du 
roi  de  Portugal,  ou  ,  à  son  défaut,  sa  sœur  cadette,  Cathe- 
rine d'Autriche.  Le  mariage  devait  être  célébré  à  la  fin  du 
mois  dans  la  ville  de  Perpignan  (2).  L'empereur  conduirait 
en  personne  ou  du  moins  ferait  marcher  une  bonne  et 


(1)  Cliarles-Quinl  à  Lannoy,  de  Valladolid,  10 janvier  15:23.  -  Lanz,  t  Ir, 
p.  77. 

(2)  Bourbon,  on  ne  l'ignore  pas,  n'obtint  ni  Éléonore  ni  Catherine 
d'Autriche. 


(  580  ) 
grosse  armée  contre  Narbonne,  au  plus  tard  à  la  fin  d'août, 
et  passerait  ensuite  dans  le  pays  ennemi.  Dix  mille  piétons 
allemands,  soldés  par  l'empereur,  seraient  mis  à  la  dispo- 
sition du  connétable  huit  jours  après  qu'il  les  aurait  requis. 
De  même,  à  la  fin  du  mois  d'août,  le  roi  d'Angleterre 
débarquerait  en  Normandie  avec  une  autre  armée,  qui  y 
serait  assistée  par  les  gentilshommes  et  les  serviteurs  du 
connétable.  L'archiduc  Ferdinand  était  compris  dans  cette 
ligue  offensive  et  défensive,  et  aucun  des  trois  princes, 
ensemble  ou  séparément,  ne  pourrait  faire  aucun  accom- 
modement, si  le  connétable  en  était  exclu. 

Une  convention  particulière  fut  conclue  avec  Henri  VHL 
Bourbon,  avec  ses  adhérents,  amis  et  alliés,  devait  aider 
Henri  VIII  à  recouvrer  tous  les  droits,  titres,  possessions 
et  seigneuries  qui  appartenaient  autrefois  aux  rois  d'An- 
gleterre, et  qui  étaient  maintenant  occupés  parle  roi  de 
France.  Incontinent  après  la  descente  du  roi  d'Angleterre 
ou  de  son  lieutenant  en  France,  Bourbon  était  tenu  non- 
seulement  de  se  déclarer  ennemi  du  roi  François  et  de 
ses  alliés,  mais  aussi  d'assister  et  de  faire  assister,  autant 
que  possible,  le  roi  d'Angleterre.  Si  le  roi  François  atta- 
quait l'armée  anglaise,  Bourbon  devait  lui  livrer  bataille 
et  le  combattre  à  outrance.  Toutes  ces  clauses  furent  ac- 
ceptées par  le  connétable,  sauf  l'article  qui  lui  prescrivait 
d'aider  Henri  VIII  à  recouvrer  les  anciennes  possessions 
de  ses  ancêtres  en  France.  Il  allégua,  du  reste,  que  cet 
article  était  implicitement  compris  dans  les  termes  géné- 
raux de  la  ligue  (1). 


(1)  Documents  historiques,  MS.,  t.  II  (Archives  du  royaume).  —  Négo- 
ciations diplomatiques  entre  la  France  et  V Autriche  durant  les  trente 
premières  années  du  seizième  siècle ,  t.  II,  pp.  589-592. 


(  381  ) 

Menacé  dans  son  royaume,  François  Ier  conûa  à  l'amiral 
Bonnivel  le  soin  de  reconquérir  le  duché  de  Milan  ,  tandis 
que  Lautrec  défendrait  la  frontière  de  Guyenne.  Prcsper 
Colonna,  plus  que  septuagénaire,  soutint  les  efforts  des 
Français  contre  Milan.  Il  avait  appelé  à  son  aide  le  vice- 
roi  de  Naples,  et  celui-ci  s'avançait,  lentement,  à  la  vé- 
rité, avec  quatre  cents  lances  et  deux  mille  fantassins.  Si 
la  famine  était  dans  le  camp  des  Français,  la  trahison 
s'était  glissée  dans  Milan. 

Le  50  août  1523,  François  Sforza  informait  le  gouver- 
nement des  Pays-Bas  que,  le  21,  retournant  à  Milan,  il 
avait  fait  demeurer  sa  garde  à  cheval  à  une  petite  distance 
derrière  lui,  à  cause  du  sahle,  et  qu'il  cheminait  sur  une 
mule  lorsque  survint  par  derrière,  monté  sur  un  cheval 
assez  grand  et  haut,  un  nommé  Boniface  Visconti,  lequel 
le  frappa  d'un  coup  de  poignard  à  l'épaule,  et  que  ce  coup 
manqua,  car  il  ne  fut  pas  atteint  de  la  pointe,  mais  du 
tranchant  près  du  manche.  L'assassin,  connaissant  très- 
bien  les  chemins,  s'enfuit;  quant  à  ses  complices,  plu- 
sieurs furent  arrêtés.  On  apprit  d'eux  que  si  le  duc  avait 
succombé,  le  projet  des  conjurés  était  de  s'emparer  du 
palais  de  Milan,  de  crier  France,  et  de  livrer  la  ville  aux 
Français  (1). 

Loin  de  reprendre  la  capitale  de  la  Lombardie,  les  Fran- 
çais se  retirèrent  vers  le  Tésin.  Prosper  Colonna,  malade, 
pressait  chaque  jour  le  vice-roi  de  Naples  de  se  rendre  à 
Milan.  Mais  Lannoy,  par  considération  pour  cet  illustre 
capitaine,  différait  son  arrivée.  On  prétend  même  qu'il 
n'entra  dans  Milan  qu'après  la  mort  de  Prosper  Colonna, 


(!)  Documents  historiques,  MS.,  t.  II  (Archives  du  royaume). 
2mc  SÉRIE,  TOME  XXIV.  26 


(  382  ) 
survenue  le  50  décembre  1525.  Prenant  alors  le  comman- 
dement, il  rendit  de  nouveaux  services  par  sa  fermeté  et 
sa  dextérité  (1). 

Les  Français  avaient  évacué  l'Italie,  et  Bourbon,  avec 
le  marquis  de  Pescaire  et  Hugues  de  Moncade,  attaquait 
la  Provence.  Lannoy,  resté  en  arrière  pour  contenir  le 
marquis  de  Saluées,  allié  de  François  Ier,  attendait  les 
ordres  de  Charles-Quint.  Le  16  janvier  1524,  l'empereur 
recommandait  à  son  frère,  l'archiduc  Ferdinand,  d'exa- 
miner si,  par  Tintelligence  qu'il  entretiendrait  avec  Bour- 
bon, et  avec  l'aide  de  l'armée  d'Italie  qui  marcherait  en 
avant,  il  ne  pourrait,  dans  la  saison  prochaine,  entre- 
prendre la  conquête  du  duché  de  Bourgogne  (2).  Vaine 
espérance ,  car  elle  ne  fut  nullement  justifiée  par  les  succès 
des  Impériaux.  Bayonne  leur  avait  échappé;  Henri  VIII 
s'arrêtait  à  onze  lieues  de  Paris,et  Bourbon  échouait  devant 
Marseille. 

Les  Français,  François  1er  à  leur  tète,  reprirent  alors 
le  chemin  du  Milanais,  et  Charles-Quint  décida  que  le 
connétable  de  Bourbon  le  suppléerait  comme  son  lieute- 
nant en  Italie.  Informé  de  celle  résolution  par  le  seigneur 
de  Beauraing  (  Adrien  de  Crov) ,  Charles  de  Lannoy,  alors 


(1)  «  ....  Le  vice-roi  m'écrit  que,  depuis  sa  venue  au  duché  (de  Milan), 
on  y  a  trouvé  le  tout  en  désordre,  à  cause  de  la  longue  maladie  et  du 
trépas  du  sieur  Prosper  (Colonna) »  Marguerite  d'Autriche  à  Charles- 
Quint,  21  février  1324.  Lanz,  t.  I  ,  p.  91.  —  «  Le  séjour  du  vice-roi 

en  Lombardie  est  lrès-nécessa"re;  il  y  pourra  servir  tant  pour  la  conduite 
des  affaires  d'Italie,  qu'il  connaît,  que  pour  assister  Rourbon  lorsque 

celui-ci  aura  pénétré  en  France »  Adrien  de  Croy  à  l'Empereur,  5  mai 

132i.  Lanz  ,  t.  I,  p.  134. 

(2)  Charles  -Quint  à  son  frère,  de  Vitloria,  1 G  janvier  I32i.  Lanz  ,  t.  1 , 
p.  83. 


(  383  ) 

à  Milan ,  répondit  qu'il  obéirait  à  Bourbon  comme  à  la  per- 
sonne même  de  l'Empereur,  et  il  réitéra  cette  déclaration 
dans  une  lettre  adressée  à  Marguerite  d'Autriche  (1).  Après 
avoir  entendu  Beauraing  et  lu  la  lettre  que  l'Empereur  lui 
avait  écrite  de  sa  main,  Lannoy  répondit  à  Charles-Quint 
lui-même  (de  Milan,  2o  janvier  1524)  qu'il  obéirait  à 
M.  de  Bourbon,  selon  que  lui  avait  dit  Beauraing,  et  qu'il 
lui  rendrait  tous  les  services  en  son  pouvoir.  Il  ajoutait  que 
don  Hugues  de  Moncade  était  arrivé  avec  M.  de  Bourbon, 
et  qu'il  allait  conférer  avec  eux.  Il  disait  encore  que,  s'il 
n'avait  pas  eu  égard  aux  instances  du  duc  de  Milan ,  à  la 
maladie  de  Prosper  Colonna  et  aux  prières  du  duc  de  Sessa , 
ambassadeur  impérial  à  Rome,  il  serait  maintenant  dans 
l'Apulie  pour  y  mettre  les  fortifications  en  meilleur  état, 
car  il  redoutait  une  attaque  des  Turcs  contre  le  royaume 
de  Naples.  Du  reste,  il  avait  des  espions  à  Constantinopie, 
et  il  communiquerait  à  l'Empereur  ce  qu'il  apprendrait  (2). 
Charles  Quint  se  garda  bien  de  froisser  l'amour-propre 
de  Lannoy.  «  Toute  notre  principale  affaire  (espérance), 
lui  écrivait-il  le  2  mars,  consiste  (repose)  maintenant  et 
pour  toute  cette  saison  sur  notre  armée  de  par  delà,  là  où 
vous  êtes  tant  de  gens  de  bien,  princes,  vaillants  capi- 
taines et  nobles  personnages.  Votre  venue  y  a  été  plus 
que  heureuse  et  nécessaire  (5).  » 


(1)  Marguerite  d'Autriche  à  Charles-Quint,  21  février  lofîi.  Lnnz,  J, 
p  91. 

(2)  Corrcspondence  of  the  emperor  Charles  V,  etc.,  from  ihe  original 
letters  in  the  impérial  family  archives  at  Vienna,  edited  by  W.  Bradford 
(London,  1850,  in-8°,  p.  9o). 

(3)  Charles-Quint  à  Lannoy,  de  Vitloria,  2  mars  lo2i.  Lanz,  I ,  p.  97. 


(  384  ) 


III. 

Rejoint  à  Pavie  par  Pcscaire,  qui  était  accouru  de  la 
Provence  avec  la  cavalerie  et  l'infanterie  espagnole,  Lannoy 
s'était  dirigé  vers  Milan.  Mais  une  partie  des  habitants  se 
déclara  pour  la  France  et  ouvrit  les  portes  à  François  Ier, 
tandis  que  Lannoy  se  trouvait  à  Lodi  avec  l'armée  impé- 
riale. Après  avoir  renforcé  les  garnisons  de  Corne  et 
d'Alexandrie,  il  se  retira  à  Sonzino  avec  François  Sforza 
et  le  connétable.  De  son  côté,  François  Ier  marcha  contre 
Pavie,  où  commandait  Antoine  de  Leyva.  Jean  Stuart, 
duc  d'Albany,  avec  un  autre  corps  d'armée,  fut  envoyé 
contre  le  royaume  de  Naples,  alors  sans  défense.  Il  était 
dangereux  pour  les  généraux  de  Charles-Quint  de  sou- 
tenir en  même  temps  la  guerre  dans  le  Milanais  et  dans  le 
royaume  de  Naples.  Clément  VII,  le  successeur  d'A- 
drien VI  (1),  après  avoir  lui-même  traité  avec  les  Fran- 
çais, exhorta  le  vice-roi  à  suivre  son  exemple.  Lannoy, 
s'il  faut  en  croire  Guicciardin,  penchait  pour  la  paix  et 
voulait  se  retirer  dans  le  royaume  de  Naples  lorsque  Pes- 
caire  fit  prévaloir  d'antres  résolutions.  «  Il  fallait,  disait-il , 
mépriser  le  péril  du  royaume  de  Naples  et  s'attacher 
uniquement  à  la  guerre  de  Lom hardie  dont  le  succès  de- 
vait décider  du  sort  des  Français  en  Italie.  »  Lannoy  se 
laissa  convaincre;  il  envoya  le  duc  de  Trajetto  à  Naples 
avec  mission  d'engager  les  barons  à  défendre  le  royaume, 


(1)  Adrien  VI  mourut  le  1-4  septembre  1525.  Le  cardinal  Jules  de 
Médicis,  élu  le  18  novembre  suivant,  lui  succéda  sous  le  nom  de  Clé- 
ment VII. 


(  385  ) 
cl  il  écrivit  à  Rome  qu'il  ne  voulait  écouter  aucune  pro- 
position de  paix  (1). 

En  s'obstinant  devant  Pavïc,  le  roi  de  France  allait 
réaliser  les  prévisions  de  Pescaire.  Antoine  de  Le} va,  ce 
capitaine  goutteux,  maladif,  mourant,  qui  combattait 
«  porté  en  chaire  comme  s'il  eût  été  à  cheval  (2)  »  accom- 
plit des  prodiges.  Déjà  le  siège  durait  depuis  trois  mois  lors- 
que, le  5  décembre  1 524,  Lannoy  écrivit  à  l'Empereur  qu'il 
avait  bon  espoir  que  le  roi  de  France  ferait  devant  Pavie 
ce  que  fit  l'armée  impériale  devant  Marseille,  et  beaucoup 
moins  encore.  «  Vous  êtes  grand,  ajoutait-il,  et  plus  que 
vos  alliés  ne  voudraient.  Vous  me  pardonnerez  ce  que  je 
vous  en  dis.  Et  plut  à  Dieu  que  je  pusse  vous  parler,  non 
que  je  pense  être  si  sage  que  de  vous  savoir  bien  con- 
seiller; car  où  sont  tant  de  gens  de  bien ,  je  ne  saurais  dire 
chose  qui  profitât  et  que  Votre  Majesté  n'entende  mieux 
que  je  ne  saurais  penser;  mais  je  satisferais  à  l'amour  que 
j'ai  pour  votre  service  (5).  » 

Le  17  janvier  1525,  Lannoy  mande  de  Lodi  à  Margue- 
rite d'Autriche  que  le  connétable  de  Bourbon,  parti  na- 
guère pour  l'Allemagne  afin  d'en  ramener  des  troupes, 
était  arrivé  au  camp  depuis  sept  jours,  et  que  George  de 
Freundsberg,  capitaine  général  des  lansquenets,  s'y  trou- 
vait aussi.  L'archiduc  Ferdinand  serait  également  venu  en 
Italie  s'il  n'avait  été  obligé  de  s'opposer  aux  pratiques  du 
duc  de  Wurtemberg,  qui  agisssait  dans  les  intérêts  de  la 
France  et  qui  était  appuyé  par  les  paysans  luthériens  (4). 


(1)  Histoire  d'Italie,  liv.  XV,  chap.  III  et  IV. 

(2)  Brantôme,  Capitaines  étrangers  (édition  de  1699),  t.  Ier. 

(3)  Correspondes  des  Kaiser  Karl.  V,  I ,  p.  U8. 

(4)  Dans  une  lettre  datée  d'Inspruck ,  le  14  mars  1523,  l'archiduc, 
après  avoir  exprimé  le  regret  de  n'avoir  pu  se  trouver  personnellement  en 
Italie,  avertit  Charles-Quint  (pie  les  affaires  de  Luther  s'aggravent  telle- 


(    586  ) 

Lannoy  et  les  autres  généraux  avaient  décidé  qu'ils 
partiraient  le  21  ou  le  22  janvier  pour  donner  bataille  aux 
Français.  e  Confiants  en  Dieu  et  dans  la  juste  querelle  de 
l'Empereur,  et  dans  le  bon  vouloir  que  montrent  tous 
nos  gens,  nous  espérons,  disait  Lannoy,  que  Dieu  don- 
nera victoire  à  Sa  Majesté.  »  Il  ajoutait  que  le  connétable 
aussi  montrait  la  ferme  résolution  de  l'aire  service  à  l'Em- 
pereur. «  Je  lui  fais  et  lui  ferai,  disait-il,  tout  l'honneur 
qu'il  me  sera  possible,  car  il  le  vaut  (1).  » 

L'armée  impériale  se  mit  en  mouvement  le  25  janvier 
pour  s'approcher  de  Pavie  et  forcer  les  Français  à  lever 
le  siège.  Le  10  février,  Lannoy  informe  l'ambassadeur  im- 
périal en  Angleterre  qu'il  espère  obliger  les  Français 
d'accepter  la  bataille  ou  de  se  retirer.  «  Nous  sommes  si 
près  les  uns  des  autres,  ajoute-t-il,  que  les  gens  des  deux 
camps  peuvent  se  voir  (2).  » 

En  effet,  Lannoy,  parti,  avec  l'armée  impériale,  de 


ment  que,  dans  l'Empire,  il  n'était  question  que  de  cela,  non-seulement 
dans  les  villes  mais  parmi  les  paysans,  lesquels  s'assemblent  par  mille  et 
dix  mille,  disant  qu'ils  ne  donneront  à  leurs  seigneurs  que  ce  qui  leur 
plaira  ;  que  la  loi  divine  et  évangélique  ne  permet  pa  s  qu'ils  soient  ainsi  en 
sujétion,  et,  en  résumé,  qu'ils  veulent  être  libres.  Les  premiers  rassem- 
blements ont  eu  lieu  en  Alsace  et  dans  le  comté  de  Ferrelte;  depuis  ils 
ont  tellement  augmenté  et  en  tant  de  lieux  que  l'on  porte  à  deux  cent  mille 
le  nombre  de  ceux  qui  ont  conspiré  et  se  sont  confédérés;  ils  ont  fait 
bourse  commune  et  sont  assurés  de  quelque  artillerie,  que  le  duc  de  Wur- 
temberg doit  leur  donner;  ce  qui  est  cause  que  les  propres  sujets  de 
l'archiduc,  même  dans  le  comté  de  Tyrol,  font  en  partie  ce  qu'ils  veulent, 
et  que  c'est  à  grande  peine  qu'il  peut  en  être  maître.  Correspondenz  des 
Kaiser  Karl  V,  p.  154. 

(1)  Le  vice-roi  à  Marguerite  d'Autriche,  de  Lodi,  17  janvier  1525. 
Captivité  de  François  Ier,  recueil  de  documents  publiés  par  Champollion- 
Figeac,  p.  47. 

(2)  Le  vice-roi  au  sieur  de  Praet.  Ibid.,  p.  G'2. 


(  587  ) 
Laurago,  le  4  février  au  matin,  était  venu  déployer  ses 
tentes  près  de  Pavie,  à  deux  milles  du  camp  du  roi  de 
France.  Mais  déjà  une  agitation  inquiétante  se  manifestait 
parmi  les  Impériaux  :  ils  réclamaient,  avec  des  murmures 
menaçants,  leur  solde  arriérée.  Le  vice-roi  aussi  se  plai- 
gnait et  du  manque  d'argent  et  du  retard  qu'éprouvaient 
les  lettres  de  change  qui  auraient  du  venir  d'Espagne.  Le 
10  février,  il  avait  besoin  de  cent  mille  écus  au  moins,  et 
encore  cette  somme  ne  suflirait-elle  pas  pour  payer  tout 
ce  qui  était  dû  aux  piétons  (1).  La  situation  du  vice-roi 
devenait  terrible.  Il  n'avait  repos  ni  jour  ni  nuit,  et,  pour 
soutenir  l'armée,  personne  ne  venait  à  son  aide,  à  l'ex- 
ception du  marquis  de  Pescaire,  lequel  avait  donné  tout 
ce  qu'il  avait  pu  trouver.  Déjà  le  vice-roi  avait  engagé  tout 
ce  qu'il  possédait,  de  telle  sorte  qu'il  vint  un  moment  où 
il  ne  lui  resta  plus  vingt  ducats  pour  vivre  (2).  Cette  situa- 
tion ne  pouvait  se  prolonger. 

Les  généraux  impériaux  devaient  ou  attaquer  le  roi  de 
France  dans  son  camp,  ou  faire  un  accommodement,  car 
leurs  troupes  étaient  sur  le  point  de  se  débander.  Us  pri- 
rent le  premier  parti.  Le  23  février,  vers  minuit,  l'armée 
impériale  se  mit  en  marche,  et  les  généraux  firent  rompre 
en  trois  endroits  le  mur  du  parc  de  Pavie,  pour  assaillir 
les  Français.  La  bataille  fut  livrée  le  lendemain. 

Nous  n'avons  pas  à  raconter  ici  toutes  les  péripéties  de 
cette  bataille,  qui  ne  dura  pas  même  deux  heures,  et  où 


(1)  Le  vice-roi  à  Marguerite  d'Autriche,  5  février  15-25.  Docum.  hisl., 
t.  111  (Archives  du  royaume). 

(2)  Guillaume  de  Hane,  secrétaire  du  vice-roi,  à  l'audiencier  et  greffier 
de  Tordre  de  la  Toison  d'or,  du  camp  près  Pavie,  18  lévrier  1525. 
Documents  historiques,  1. 111  (Archives  du  royaume). 


(  388  ) 
huit  mille  Français,  dit-on,  laissèrent  la  vie.  Bornons- 
nous  à  rappeler  impartialement  le  rôle  de  Lannoy  dans  ce 
furieux  combat.  Il  commandait  un  des  corps  uniquement 
composés  d'Allemands;  Bourbon  commandait  l'autre;  le 
marquis  del  Guasto  avait  sous  ses  ordres  six  mille  hommes 
de  diverses  nations,  Allemands,  Espagnols  et  Italiens;  les 
troupes  espagnoles  proprement  dites  obéissaient  au  mar- 
quis de  Pescaire.  «  Les  Français,  dit  Guicciardin,  furent 
d'abord  contraints  de  plier  sous  le  feu  de  la  mousqueterie 
espagnole;  mais  le  Roi,  combattant  avec  une  extrême  va- 
leur, soutint  le  choc  jusqu'à  l'arrivée  des  Suisses,  dont 
l'effort,  secondé  par  la  cavalerie  qui  prit  les  Espagnols  en 
flanc,  les  fit  reculer  à  leur  tour.  Aussitôt  le  vice-roi  vole 
au  secours  de  Pescaire,  avec  l'infanterie  allemande;  les 
Suisses,  oubliant  leur  ancien  courage,  sont  mis  sans  peine 
en  déroute....  Cependant  François  ior,  au  centre  de  la  ba- 
taille, environné  d'une  foule  de  gendarmes,  s'efforçait  de 
soutenir  ses  troupes;  malgré  la  chute  de  son  cheval,  qui 
fut  tué  sous  lui,  et  deux  blessures  qu'il  reçut  à  la  main  et 
au  visage,  il  se  défendit  encore  longtemps  (1)....  »  Enfin, 
des  clameurs  à  la  fois  joyeuses  et  terribles  retentirent  dans 
le  camp  des  Impériaux  :  Victoria!  Victoria!  Espagne!  Es- 
pagne! Le  Roi  est  pris!  C'est  le  Roi!  Oui,  François  Ier 
allait  être  contraint  de  se  rendre.  Blessé,  presque  étouffé 
sous  le  poids  de  son  cheval,  cerné  par  les  mousquetaires 
espagnols  qui  ne  le  reconnaissaient  pas,  il  allait  succomber 
si  le  vice-roi  de  Naples  n'était  survenu  avec  quelques 
Français.  Ceux-ci  dirent  au  roi  :  «  Sire,  nous  vous  con- 
naissons bien;   rendez-vous  afin  de  ne  vous  faire  tuer; 


(1)  Histoire  d'Italie,  liv.  XV,  chap.  V. 


(  589  ) 

vous  voyez  bien  que  vous  n'avez  point  de  suite,  que  vos 
gens  s'enfuient  et  que  votre  armée  est  défaite.  »  Alors  le 
roi  leva  la  bande  de  son  heaume,  n'ayant  pour  ainsi  dire 
plus  de  souffle  ni  d'haleine,  lira  son  gantelet  et  le  remit 
au  vice-roi.  Lannoy  lui  baisa  la  main  et  le  reçut  prison- 
nier au  nom  de  l'Empereur.  On  lui  ôta  son  casque  et  on 
lui  donna  un  bonnet  de  velours  (1).  Trompettes,  clairons, 
tambourins,  fifres  annonçaient  la  victoire,  tandis  que  le 
roi  de  France  était  promené  dans  tout  le  camp,  puis  con- 
duit à  la  tente  du  vice-roi,  autour  de  laquelle  se  pressaient 
officiers  et  soldats  (2). 

On  rapporte  que  François  Ier  fut  ensuite  transféré,  avec 
le  plus  grand  respect,  au  monastère  de  San  Paolo.  Lors- 
qu'il se  mit  à  table  pour  souper,  le  vice-roi  de  Naples  lui 
offrit  à  laver  et  tint  le  bassin;  le  marquis  del  Guasto  lui 
versa  l'eau,  et  la  serviette  avec  l'essuie-mains  lui  furent 
présentés  par  le  connétable  de  Bourbon.   Le  monarque 


(1)  Relation  contemporaine  de  Sébastien  Moreau,  de  Villefrauche,  ré- 
férendaire général  du  duché  de  Milan,  dans  les  documents  publiés  par 
M.  Champollion-Figeac  (Captivité  de  François  Ier ,  p.  80).  —  Une  autre 
relation  contemporaine,  la  lettre  de  l'ambassadeur  du  pape  à  Venise  (Let- 
terede  Principi,  t.  Ier,  loi.  loi  v"),  fournit  d'autres  détails.  M.  de  Sismondi 
(Histoire  des  Français ,  t.  XVI ,  p.  237) ,  les  retrace  en  ces  termes  :  a  .. ..  l'n 
gentilhomme  du  duc  de  Bourbon,  les  uns  disent  La  Molhe  ,  d'autres  Pom- 
péran,  arriva  et  reconnut  le  roi  :  il  courut  au  vice-roi  Lannoy ,  qui  le  sui- 
vait de  près  et  l'amena  assez  à  temps  pour  sauver  cet  important  prison- 
nier.... On  le  tira  de  dessous  le  cheval  qui  l'accablait;  on  lui  dit  que  le 
vice-roi  était  près  de  lui  ;  alors ,  pour  la  première  fois ,  il  parla  ,  il  confessa 
qu'il  était  le  roi,  et  il  se  rendit.  On  le  désarma  aussitôt,  et  on  lui  trouva 
deux  petites  blessures,  au  visage  et  à  la  main....  » 

(2)  François  Ier  dit  lui-même  dans  ses  poésies  (Captivité ,  p.  12i)  : 

Parmi  le  camp  en  tous  lieux  fuz  mené, 
Pour  me  montrer  ça  et  là  pourmené... 


C  390  ) 
prisonnier  voulut  avoir  à  sa  table  Lannoy  et  le  marquis 
del  Guasto.  Pescaire,  étant  arrivé  pendant  le  repas,  reçut 
aussi  très-bon  accueil  (J). 

Le  lendemain  le  château-fort  de  Pizzighitone  reçut  le  roi 
de  France,  sous  la  garde  de  don  Fernando  de  Alarcon,  vieux 
capitaine  espagnol,  en  qui  Lannoy  avait  toute  confiance. 
Ce  fut  de  Pizzighitone  que  François  Ier  écrivit  à  Louise  de 
Savoie,  sa  mère,  pour  lui  annoncer  qu'il  était  prisonnier. 

Il  ajoutait  :  «  Pour  vous  faire  savoir  comment  se  porte 
»  le  reste  de  mon  infortune,  de  toutes  choses  ne  m'est  de- 
»  meure  que  l'honneur  et  la  vie  qui  est  sauve  (2).  » 
Comme  il  se  trouvait  dans  une  grande  pénurie,  le  vice-roi 
de  Naples  lui  prêta  une  somme  d'argent,  qui  ne  fut  rem- 
boursée que  l'année  suivante. 


IV. 


Le  25  février,  au  matin,  Lannoy  rédigea  la  dépêche  qui 
devait  faire  connaître  à  Charles-Quint  la  grande  victoire 
remportée  par  ses  troupes.  «  Nous  donnâmes  hier  la  ba- 
taille, disait-il,  et  plut  à  Dieu  nous  donner  la  victoire, 
laquelle  fut  suivie  de  sorte  que  avez  le  roy  de  France  pri- 
sonnier, et  luy  en  mes  mains.  »  Un  messager  de  haut 
rang,  le  commandeur  don  Rodrigue  de  Penalosa,  qui  avait 
vu  la  bataille,  était  chargé  de  donner  à  l'Empereur  tous  les 
détails  que  celui-ci  pourrait  désirer.  Mais  Lannoy  voulut 
attester  lui-même  les  services  rendus  par  les  autres  géné- 


(1)  Relation  du  commandeur  Otlavio  Ballada,qui  se  trouvait  à  Pavie 
durant  le  siège ,  citée  par  Rey,  dans  son  Histoire  de  la  captivité  de  Fran- 
çois Ier  (Paris,  1837,  in-8°,  p.  -23). 

{■>)  Cbampollioii-Figeac,  Captivité,  etc.,  p.  129. 


(  591  ) 
raux.  «  M.  de  Bourbon  s'est  bien  acquitté  (telles  étaient 
ses  expressions)  et  a  fait  bien  bon  devoir.  Le  marquis  de 
Pescaire  vous  a  bien  servi  ;  il  a  mis  sa  personne  là  où  bon 
chevalier  la  pouvait  mettre  pour  parvenir  à  la  victoire;  il 
est  blessé  en  trois  endroits.  Le  marquis  del  Guasto  s'est 
fort  bien  acquitté.  Antoine  de  Leyva  vous  a  servi,  comme 
vous  l'avez  vu  .,  en  défendant  Pavie  quatre  mois  contre  le 
roi  de  France,  ce  qui  a  été  cause  de  votre  victoire.  »  Lan- 
noy  pressait  son  maître  de  profiter  immédiatement  de  ce 
grand  succès,  et  il  le  conjurait  de  faire  connaître  sans  re- 
tard ses  intentions.  Il  croyait, lui,  que  l'Empereur  ne  trou- 
verait jamais  une  meilleure  occasion  pour  prendre  ses 
couronnes  d'Italie;  car  il  n'était  dépendant  d'aucun  des 
princes  de  cette  contrée,  et  ceux-ci  ne  pouvaient  plus 
s'appuyer  sur  le  roi  de  France,  puisqu'il  était  prisonnier; 
d'un  autre  côté,  il  ne  devait  redouter  aucune  attaque 
contre  l'Espagne  depuis  que  Catherine  d'Autriche,  sa 
sœur,  avait  épousé  le  roi  de  Portugal  (Jean  III)  et  que  le 
fils  du  roi  de  Navarre  avait  été  fait  également  prisonnier 
sur  le  champ  de  bataille  de  Pavie.  Il  l'engageait  donc  à 
venir  en  Italie,  et  il  allait  en  conséquence  préparer  une 
flotte  pour  l'y  amener.  Il  ajoutait,  avec  une  familiarité  à  la 
fois  gracieuse  et  loyale  :  «  Sire,  je  crois  qu'il  vous  sou- 
vient que  M.  de  Beersel  disait  que  Dieu  envoie  aux  hommes 
en  leur  vie  une  bonne  août,  et  que,  si  on  la  laisse  passer 
sans  la  cueillir,  il  y  a  danger  qu'on  ne  la  retrouve  plus.  » 
Enfin ,  il  avait  sorn  de  rappeler  à  Charles-Quint  que  c'était 
le  jour  de  Saint-Malhias,  —  jour  de  votre  nativité,  di- 
sait-il,—  que  Dieu  lui  avait  donné  la  victoire  (1). 


(1)  Le  vice-roi  à  Charles-Quint  (Du  camp  là  où  le  roi  de  France  ëlait  logé 
devant  Pavie,  le  25  février  1525).  Lanz,  t.  1,  p.  150. 


(  392  ) 

Le  soir,Lannoy  écrivit  une  seconde  dépèche.  Il  infor- 
mait l'Empereur  que  le  roi  de  France  lui  avait  parlé  de  sa 
prison,  en  manifestant  l'espoir  qu'il  avait  en  la  vertu  du 
vainqueur  :  «  Sire,  poursuivait  Lannoy,  vous  êtes  bien 
tenu  à  Dieu  de  vous  avoir  donné  votre  ennemi  entre  vos 
mains;  je  mettrai  peine  d'en  faire  si  bonne  garde  que  je 
vous  en  rendrai  bon  compte.  »  Il  signalait  de  nouveau  les 
grands  services  rendus  par  ses  collègues  et  demandait 
instamment  que  l'Empereur  leur  témoignât  sa  gratitude. 
Pour  le  marquis  de  Pescaire  notamment,  il  sollicitait  la 
Toison  d'or  et  le  comté  de  Carpi  (1). 

D'autres  lettres  furent  adressées  presque  en  même 
temps  par  Lannoy  à  Marguerite  d'Autriche,  gouvernante 
des  Pays-Bas,  et  par  George  de  Freundsberg  à  l'archiduc 
Ferdinand  (2). 

Dans  la  Flandre,  le  pays  natal  de  Charles-Quint,  les 
premières  nouvelles  de  la  grande  victoire  de  Pavie  avaient 
d'abord  rencontré  beaucoup  d'incrédules.  [1  fallut  que,  par 
une  lettre  du  15  mars,  adressée  aux  président  et  conseil- 
lers du  conseil  de  Flandre,  Marguerite  d'Autriche  dissipât 
tous  les  doutes.  Elle  leur  annonçait  que  cette  nuit  même 
était  arrivé  l'écuyer  Grospain,  avec  des  lettres  du  vice-roi 
et  du  connétable,  en  conformité  desquelles  il  avait,  comme 
témoin  oculaire,  certifié  la  prise  du  roi  de  France  par  la 
main  du  vice-roi  et  ajouté  qu'il  avait  lui-même  aidé  à  désar- 
mer François  Ier  (o). 


(1)  Le  vice-roi  à  Charles-Quint.  De  Pavie,  23  février  lo'2o.  Lanz,  t.  I, 
p.  152. 

(2)  Elles  se  trouvent  dans  la  collection  des  Documents  historiques , 
vol.  1er  (Archives  du  royaume). 

(-5)  Marguerite  d'Autriche  s'exprimait  en  ces  termes  (de  Malines,  lô  mars 
l.*r2i.  v.  s.)  :  *■  ...  Ayant  entendu  qu'aulcuns  ont  mis  double  en  la  bataille 


(  393  ) 

Quant  à  l'archiduc  Ferdinand,  il  s'empressa  de  témoi- 
gner toute  sa  joie  à  l'Empereur,  son  frère,  et  de  lui  donner 
des  conseils  qui  dénotaient  un  profond  ressentiment  contre 
la  France.  «  Monseigneur,  lui  écrivit-il,  vu  que  ledit  roi 
de  France  est  en  vos  mains  avec  les  plus  grands  de  son 
royaume,  je  ne  sais  ce  que  voudrez  faire;  mais  si  j'étais 
sage  assez  pour  vous  bien  savoir  conseiller,  il  me  semble 
qu'il  ne  faudrait  perdre  une  telle  opportunité,  mais  pour- 
suivre votre  bonne  fortune  et  faire  de  sorte  que  ledit  roi 
de  France,  ni  ses  successeurs,  aient  la  puissance  à  vous  et 
aux  vôtres  ci-après  porter  dommage.  »  L'archiduc  annon- 
çait ensuite  qu'il  avait  envoyé  vers  le  vice-roi  et  M.  de 
Bourbon,  pour  savoir  ce  qu'ils  avaient  résolu  de  faire,  afin 
de  se  régler  en  conséquence.  S'ils  prenaient  la  résolution 
d'entrer  en  France,  et  qu'il  fût  aidé  par  eux  ou  par  le  roi 
d'Angleterre,  il  avait  l'intention,  après  en  avoir  fini  avec 
le  duc  de  Wurtemberg,  de  faire  quelque  entreprise  par  le 
comté  de  Bourgogne  (1). 

Charles-Quint  avait  reçu  avec  le  plus  grand  calme  les 
nouvelles  de  la  victoire  de  Pavie.  On  ne  vil  en  lui ,  selon 
les  expressions  de  l'ambassadeur  vénitien  (Gaspard  Conta- 
rini),  ni  en  paroles  ni  en  aucun  mouvement,  le  moindre 
signe  d'arrogance.  11  entra  dans  son  oratoire  et  )  passa  plus 
d'une  heure. 


d'Italie ,  el  la  prinse  du  roy  de  France  et  en  la  deffaite  des  siens,  dont  vous 
escript,  pour  autant  que  n'en  eussions  lettre  de  Monsieur  le  duc  de  Bour- 
bon, ne  le  vice-roy  ;  nous  vous  advisons  que  ceste  nuicl  ost  arrivé  Pescuyer 
Grospain,  avec  lettres  desdits  sieurs,  en  conformité  desquelles  il  nous  a 
certifie  avoir  esté  en  ladicte  bataille  et  la  prinse  du  roy  de  France  par  la 
main  du  vice-roy,  et  que  luy-mesme  a  aydé  à  désarmer  le  roy  en  ladicte 
prinse....  »  Papiers  d'État  du  cardinal  de  Granvclle,  t.  Ier,  p.  262. 

(1)  L'archiduc  Ferdinand  à  l'empereur,  d'Iuspruck,  14  mars  1525.  Lanz, 
1. 1",  p.  154. 


(  394) 
Bientôt  il  charge  Adrien  de  Croy,  seigneur  du  Rœilx:, 
devenu  son  second  chambellan,  de  se  rendre  en  Italie  près 
du  vice-roi,  après  avoir  visité  la  régente  de  France.  Il 
charge  en  même  temps  un  secrétaire  d'adresser  à  Lannoy 
toutes  les  informations  dont  celui-ci  peut  avoir  besoin. 
Mais  il  ne  se  borne  point  à  ces  communications  purement 
officielles;  il  veut  écrire  de  sa  main  à  Maingoval  (ainsi  l'ap- 
pelle-t-il  toujours),  pour  lui  témoigner  son  contentement, 
lui  promettre  qu'il  ne  sera  point  ingrat  et  le  prier  de  bien 
garder  le  roi  de  France.  Croyant  la  guerre  finie,  il  ajou- 
tait :  «  Je  vois  que  je  ne  saurais  maintenant  où  m'em- 
ployer  si  ce  n'est  contre  les  infidèles.  J'en  ai  toujours  eu  la 
volonté,  et,  à  cette  heure,  ne  l'ai  moindre.  Aidez  à  bien 
dresser  les  affaires,  afin  que,  avant  que  je  devienne  beau- 
coup plus  vieux,  je  fasse  chose  par  où  Dieu  veut  être 
servi  et  que  je  ne  sois  à  blâme  (1).  » 


(1)  Il  importe  de  citer  textuellement  cette  lettre  autographe.  Bien 
qu'elle  ne  soit  point  datée,  elle  doit  être  du  2o  mars.  Charles-Quint  s'ex- 
primait en  ces  termes  (Papiers  d'État  du  cardinal  de  Granvelle,  t.  I"  , 
p.  265)  : 

«  Mingoval,je  ne  faietz  jamais  double  de  choses  que  me  dictes;  mais 
puisqu'avés  si  bien  accompli  voslre  parole,  vostre  crédit  en  sera  plus 
grand.  Et  m'escrivez  bien  par  voz  lettres  que  n'espargnerés  la  vie  pour  me 
faire  quelque  bon  service,  et  vous  l'avés  assez  accomply  ,  dont  je  loue  Dieu 
de  ma  part,  et  à  vous-mesme  suis  tenu  et  vous  en  mereye  et  sçay  bon  grez  ; 
et  si  sçaurois  parolle  souffisanle  à  ce ,  elle  ne  seroit  en  rien  espargnée.  Mais 
je  vous  promect  que  beaucoup  moins  ne  seront  les  biens  que  j'entens  vous 
faire, comme  cognoistrez  par  œuvres.  Mes  affaires  sont  à  celte  heure  telles 
que  par  le  sieur  de  Rœulx  et  par  les  lettres  escrites  de  la  main  du  secré- 
taire verre/,  et  scaurés;  en  cette  n'en  feroy  autre  mention.  Ce  qu'avés  le 
plus  à  diligenter  est  d'assembler  argent,  car  à  tous  il  vient  à  point;  je  fera  y 
le  semblable  du  côté  de  deçà.  Je  vous  prie  tost  dépescher  ledict  sieur  de 
Reulx  avec  voslre  advis  de  ce  que  vous  semble,  j'auray  à  faire.  Car  je  dé- 
sire tost  me  résouldre  à  quel  chemin  j'auray  de  tenir,  et  l'exécuter  sans  y 


(  595) 

Adrien  de  Croy  devait  réclamer  de  la  régente  de  France 
l'élargissement  de  Philibert  de  Châlons,  prince  d'Orange, 
qui,  capturé  en  mer  par  André  Doria,  était  détenu  depuis 
l'année  précédente  dans  la  tour  de  Bourges. 

Après  avoir  échoué  dans  cette  mission,  Croy,  pour  se 
conformer  aux  ordres  de  l'Empereur,  se  rendit  près  du 
vice-roi.  II  était  chargé  de  présenter  à  François  lpr  les 
compliments  de  Charles-Quint  et  de  remettre  au  vice-roi 
le  projet  de  traité  que  celui-ci  devait  proposer  au  royal 
prisonnier.  Il  s'agissait,  entre  autres,  de  restituer  le  duché 
de  Bourgogne  à  l'Empereur  et  de  donner  au  connétable  de 
Bourbon  le  comté  de  Provence.  François  l,r  se  récria 
contre  ces  demandes,  mais  sans  les  discuter,  remettant  ce 
soin  à  la  régente,  sa  mère. 

En  renvoyant  le  sieur  du  Rœiilx  en  Espagne,  Lannoy 
écrivit  que,  si  après  avoir  reçu  la  réponse  définitive  du  roi 
de  France  et  de  sa  mère,  l'Empereur  ne  pouvait  obtenir 
satisfaction  par  un  accommodement,  et  qu'il  fallût  avoir 
de  nouveau  recours  à  la  guerre,  il  était  d'avis  de  bien 
s'assurer  du  roi  d'Angleterre  :  «  Sire,  comme  il  vous  a  plu 
m'écrire  tant  de  votre  main  que  du  secrétaire,  ajoutait-il, 
je  mettrai  peine  si  bien  garder  la  personne  du  roi  de 


perdre  temps.  Ainsy,  puisque  m'avez  piitis  le  roy  de  France,  lequel  vous 
prie  me  bien  garder,  et  au  demeurant  comme  je  suis  seur  que  bien  le 
scaurés  faire,  je  vois  que  ne  me  sçaurois  où  employer  si  ce  n'est  contre  les 
infidelles;  j'en  ay  toujours  eu  volonté,  et  à  ceste  heure  ne  Pay  moindre. 
Aydés  à  bien  dresser  les  affaires,  afin  qu'avant  que  je  devienne  beaucoup 
plus  vieux  ,  je  face  chose  par  où  Dieu  peust  eslre  servy  et  que  je  ne  sois  à 
blasmer.  .le  me  dict  vieil  pour  ce  qu'en  ce  cas  le  temps  passé  me  semble 
long  et  Pad  venir  loi  ng.  Et  à  tant  faietz  lin,  en  vous  asseurant  que  toujours 
me  trouvères  un  bon  maislre. 

»  Charles.  » 


(  396  ) 
France  que  j'ai  l'espoir  de  vous  en  rendre  bon  compte  (1).  » 

Cependant  François  Ier,  ayant  fait  appeler  Lannoy,  eut 
avec  lui  un  long  entretien.  Il  lui  répéta  que  sa  mère  répon- 
drait aux  demandes  faites  par  l'Empereur;  que,  quanta  lui, 
il  désirait  le  contenter  pour  aboutir  à  la  paix.  Appréciant  la 
grande  importance  de  cet  entretien,  Lannoy  chargea  don 
Hugues  de  Moncade ,  qui  venait  d'être  échangé  contre  le 
maréchal  de  Montmorency,  de  se  rendre  près  de  l'Empereur 
pour  lui  faire  connaître  le  bon  vouloir  du  roi  de  France  (2). 

Le  vice-roi  montrait  d'ailleurs  la  plus  grande  courtoisie 
dans  tous  ses  rapports  avec  le  royal  prisonnier.  Comme 
Louise  de  Savoie,  après  avoir  appris  la  défaite  de  l'armée 
française,  s'était  empressée  de  lui  recommander  son  fils, 
le  vice-roi  lui  avait  répondu  qu'il  espérait  bien  la  conten- 
ter. «  Je  suis  sur,  disait-il,  que  la  volonté  de  l'Empereur 
est  qu'il  soit  traité  comme  serait  sa  propre  personne  (5).  » 

Le  principal  souci  de  Lannoy  était  de  justifier  la  con- 
fiance de  son  maître  en  gardant  bien  le  roi  de  France. 
Selon  les  instructions  de  l'Empereur,  il  devait  le  conduire 
au  Château-Neuf  de  Naples  ou  bien,  avec  l'assentiment  du 
duc  de  Milan,  l'enfermer  dans  le  château  de  cette  ville. 
Mais  cet  assentiment,  le  duc  le  donnerait  à  regret,  parce 
qu'il  semblerait  a  toute  l'Italie  qu'on  voulait  lui  enlever  la 
forteresse  de  Milan.  Or,  Lannoy  estimant  qu'il  n'était  pas 
besoin  d'exciter  des  soupçons  en  Italie,  se  proposait  de 
mettre  la  personne  du  roi  dans  des  lieux  où  il  pourrait  en 
rendre  bon  compte  à  l'empereur  (4). 


(1)  Lannoy  à  l'Empereur,  de  Milan,  20  avril  1525.  Lanz,  1,  p.  160. 

(2)  Lannoy  à  l'Empereur, de  Pizzighitone,3  mai  1525.  Lanz,  I,p.  161. 

(3)  Champollion-Figeac,  Documents  sur  la  captivité,  etc.,  p.  161. 

(ri)  Lannoy  à  l'audiencier  du  Blioul,de  Milan,  26  avril  1525.  Documents 
historiques,  t  III  (Archives  du  royaume). 


(  397  ) 

Le  vice-roi  redoutait  à  la  t'ois  les  Italiens  qui,  s'ils  se 
soulevaient,  enlèveraient  les  prisonniers  de  Pavie,  et  les 
soldats  impériaux,  lesquels  pouvaient  aussi,  dans  un  mo- 
ment d'exaspération,  s'emparer  de  François  Ier,  comme 
gage  des  huit  cent  mille  écus  qui  leur  étaient  dus  pour 
soldes  arriérées.  De  l'avis  du  connétable  de  Bourbon  et  de 
tous  les  membres  du  conseil ,  il  fut  résolu  de  faire  sortir 
le  roi  de  France  de  la  Lombardie,  de  le  conduire  à  Gènes 
et  de  l'embarquer  pour  Naples,  sous  la  garde  du  vice-roi. 

Les  trois  chefs  de  l'armée  victorieuse  accompagnèrent  le 
royal  captif  à  Gènes  où,  le  28  mai,  selon  une  convention 
faite  avec  le  maréchal  de  Montmorency,  il  s'embarqua 
avec  Lanuoy  sur  des  galères  françaises  montées  par  des 
gens  de  l'Empereur.  Des  ordres  furent  donnés  ostensi- 
blement pour  faire  voile  vers  Naples.  Mais,  dus  le  second 
jour,  Lanuoy  commanda  de  se  diriger  vers  la  côte  d'Es- 
pagne. On  présume,  avec  raison,  ce  nous  semble,  que 
cette  manœuvre  avait  été  secrètement  concertée  entre 
le  vice-roi  et  son  prisonnier  avant  leur  embarquement. 
François  Ier avait,  dit-on,  manifesté  l'ardent  désir  d'avoir 
une  entrevue  avec  l'Empereur,  et  Lannoy  avait  accédé  à  ce 
désir  parce  qu'il  se  défiait  de  l'ambition  de  Pescairc  et  de 
la  docilité  de  Bourbon  ,  et  que  d'ailleurs  il  avait  la  convic- 
tion de  mieux  et  plus  efficacement  servir  Charles-Quint 
en  venant  lui  remettre  le  roi  de  France. 

Arrivé,  le  10  juin,  dans  le  port  de  Villafranca,  Lannoy 
mande  à  Charles-Quint  qu'il  lui  amène  le  roi  de  France 
et  qu'il  ne  doute  pas  que  cette  résolution  lui  sera  agréable. 
«  il  ne  tiendra  qu'à  Votre  Majesté,  ajoute-t-il,  de  promp- 
tement  achever  vos  affaires.  »  Manuel  Malvezin,  porteur 
de  cette  lettre,  était  en  outre  muni  d'instructions  dans 
lesquelles  Lannoy  faisait  connaître  à  l'Empereur  que  le  roi 
2,nc  SÉRIE,  tome  xxiv.  27 


(  398  ) 

de  France  était  très-désireux  d'entrer  en  accommodement, 
et  que  c'était  là  le  motif  pour  lequel  il  le  conduisait  en 
Espagne.  Il  indiquait  ensuite  les  précautions  qu'il  avait 
prises  et  son  projet  de  se  rendre  avec  François  Ier  à  Tar- 
ragone,  où  il  attendrait  les  ordres  de  son  maître  (1). 

Mais  déjà  le  connétable  de  Bourbon  et  le  marquis  de 
Pescaire  venaient  d'apprendre  qu'ils  avaient  été  dupes  de 
la  haute  prévoyance  du  vice-roi,  prévoyance  qui,  à  leurs 
yeux ,  n'était  qu'hypocrisie  et  dissimulation.  Leur  exaspé- 
ration fut  extrême.  Dès  le  12  juin,  le  connétable  exhala  ses 
plaintes  dans  une  lettre,  qu'il  adressa  de  Milan  à  Charles- 
Quint.  Il  lui  disait  qu'il  avait  trouvé  bien  étrange  que  le 
vice-roi  ne  l'eût  averti  de  sa  détermination.  «  Le  vice-roi, 
ajoutait-il,  m'a  fait  grande  honte  de  sorte  que,  en  ce  pays, 
on  tient  beaucoup  de  propos  qui  ne  sont  pas  à  mon  hon- 
neur. »  11  exprimait  ensuite  la  crainte  que  ce  soudain  éloi- 
gnement  du  roi  de  France  n'indisposai  le  pape,  les  Véni- 
tiens et  les  autres  puissances  de  l'Italie  et  qu'il  ne  mit  en 
danger  l'alliance  de  l'Empereur  avec  l'Angleterre.  Il  cher- 
chait aussi  à  éveiller  la  défiance  de  Charles-Quint,  en  met- 
tant en  suspicion  l'habileté,  la  loyauté  et  même  le  courage 
du  vice-roi.  «  Je  vous  promets,  disait-il,  que  le  vice-roi, 
qui  vous  mène  le  roi  de  France,  n'est  cause  de  quoi  il  est 
entre  vos  mains  (2).  » 

Plus  amères  encore,  plus  violentes  furent  les  plaintes 
.de  l'altier  Pescaire,  et  plus  injurieuses  les  imputations 


(1)  Lanz,  l.  I ,  p.  ICI.  —  W.  Bradfoi'd  ,  Correspondence  ofl'te  emperor 
Charles  V  and  his  ambassadors,  etc.,  etc.,  p.  120. 

(2)  Bradford,  p.  115.  —  Lannoy,  allant  au  devant  dos  soupçons  du  roi 
d'Angleterre,  lui  avait  écrit  de  Gènes,  le  8  juin.  Captivité  de  François  /c,'1 
p.  120. 


(  399  ) 
qu'il  dirigeait  contre  Lannoy.  «  Si  les  opérations  de  la 
guerre  n'avaient  été  éclairées  que  par  le  vice-roi,  disait-il, 
non  seulement  Sa  Majesté  n'aurait  pas  le  roi  de  France  en 
son  pouvoir,  mais  l'armée,  abandonnant  la  défense  de  la 
Lomhardie,  aurait  fait  une  honteuse  retraite  au  royaume 
de  Naples,  après  la  perte  de  la  ville  de  Milan.  Le  vice-roi 
se  pare  de  l'éclat  d'une  victoire  à  laquelle  ii  n'a  contribué 
en  aucune  façon,  comme  personne  ne  l'ignore  dans  l'ar- 
mée; ayant  perdu  le  cœur  et  la  tête  au  fort  du  combat,  il 
avait  crié  plusieurs  fois  :  Nous  sommes  perclus  !  Et  s'il 
osait  démentir  ces  justes  reproches,  lui,  marquis  de  Pes- 
caire,  s'offrait  à  l'en  faire  convenir  les  armes  à  la 
main  (J)  » 

Le  17  juin,  Lannoy  arriva  avec  le  roi  de  France  dans  le 
port  de  Palamos.  Il  dépêcha  un  nouveau  messager  à  l'Em- 
pereur pour  l'avertir  et  demander  des  instructions.  «  S'il 
plaît  à  Votre  Majesté,  lui  écrivait-il,  vous  me  manderez 
à  toute  diligence  ce  qu'il  vous  plaît  que  je  fasse,  et  où  il 
vous  plaît  que  mène  le  roi,  ou  s'il  vous  plaît  que  j'aille  par 
la  poste  vers  vous,  pour  vous  avertir  des  raisons  pourquoi 
je  le  vous  amène,  et  qui  vous  plairont,  comme  je  crois,  si 
vous  avez  vouloir  à  la  paix  ;  et  si  vous  désirez  faire  la 
guerre,  vous  en  ferez  votre  bon  plaisir....  Sire,  le  plus  grand 
désir  que  j'ai  en  ce  monde  est  de  me  trouver  vers  Votre  Ma- 
jesté pour  les  choses  de  votre  service  (2).  »  Charles-Quint, 
qui  résidait  alors  à  Tolède,  avait  reçu  les  dépèches  écrites 
de  Villafranca.  Le  20  juin,  il  répondit  au  vice-roi,  lui  mar- 
quant sa  satisfaction  pour  la  résolution  qu'il  avait  prise.  Il 


(1)  Guiceiardin,  Histoire  d'Italie,  liv.  XVI,  cliap.  III. 

(2)  Lanz,I,p.  165. 


(  400  ) 

exprimait  ensuite  le  désir  que  le  roi  de  France  reçût  un 
bon  traitement  pourvu  qu'il  fût  mis  en  sûreté,  dans  l'en- 
droit que  le  vice-roi  jugerait  le  meilleur,  «à  l'exception 
toutefois  des  ports  de  mer.  Quant  à  la  venue  du  vice-roi, 
Charles-Quint  disait  que  c'était  la  chose  qu'il  avait  tou- 
jours le  plus  désirée,  et  que,  en  ce  moment  surtout,  il 
souhaitait  plus  vivement  encore;  le  vice -roi  devait  être 
persuadé  qu'il  serait  plus  que  le  bien-venu,  qu'il  ferait 
non-seulement  plaisir,  mais  qu'il  rendrait  service.  L'Empe- 
reur l'attendait  avec  impatience  (1). 

Lannoy  conduisit  le  roi  de  France  à  Benisano ,  village  à 
cinq  lieues  de  Valence ,  l'y  laissa  sous  la  garde  du  fidèle 
Alarcon,  et  prit  ensuite  la  poste  pour  se  rendre  à  Tolède. 

Charles-Quint,  tout  en  manifestant  son  entière  satisfac- 
tion à  Lannoy,  s'efforça  de  calmer  l'irritation  du  conné- 
table et  du  marquis  de  Pescaire.  Jl  appela  Bourbon  en 
Espagne  pour  qu'il  participât,  en  ce  qui  le  concernait,  aux 
négociations  delà  paix,  et  il  rendit  à  Pescaire  le  brevet  de 
capitaine  général  de  l'infanterie  espagnole  (2). 


(1)  Dradford,  p.  123,  129.—  «  Pour  fin,  dit  Brantôme,  ce  vice-roy 
estoit  un  très -habile  homme  :  il  le  monstra  bien  là,  el  pour  son  maistre , 
et  pour  son  particulier,  tant  du  profit  que  de  l'honneur,  considérant  qu'il 
n'estoit  pas  petit  :  que  de  proposer  pour  un  très-beau  spectacle  au  peuple 
d'Espagne,  el  leur  mener  en  triomphe  et  mémoire  perpétuelle  d'une  incom- 
parable victoire,  le  plus  grand  Roy  de  toute  l'Europe,  pris  en  une  bataille, 
signalement  par  la  vertu  de  celte  grandissime  nation.  Quelles  superbes 
paroles  à  la  louange  d'Espagne!  et  de  fait  ce  vice-roy  y  fut  le  très-bien 
venu, tant  de  son  maistre  que  d'aucuns  dos  grands.  »  Capitaines  eslrari- 
gers ,  t.  1er,  p.  187. 

(2)  On  lit  encore  dans  les  Mémoires  de  Brantôme  (\erc  partie,  p.  184)  : 
«  L'empereur  leur  répondit  à  tous  que  ce  que  Charles  de  Lannoy  avait  fait, 
c'estoit  pour  le  proffit  du  gênerai,  et  pour  son  service  particulier,  et  non 
pour  aucune  envie;  ny  pour  desrober  l'honneur  aux  uns  el  aux  autres,  et 


(  401  ) 

Nous  n'avons  pas  à  raconter  les  incidents  qui  mar- 
quèrent la  captivité  de  François  Ier  en  Espagne.  Ce  mé- 
morable épisode  de  l'histoire  du  seizième  siècle  a  déjà  été 
mis  en  pleine  lumière  (1).  Bornons-nous  à  rappeler  que 
Charles  de  Lannoy  fut  un  des  principaux  négociateurs  de 
la  paix  de  Madrid;  que  ce  fut  entre  ses  mains  que  Fran- 
çois Ier  jura,  comme  roi  et  comme  gentilhomme,  d'ob- 
server fidèlement  ce  traité  ;  qu'il  fut  ensuite  chargé  de 
mettre  le  roi  de  France  en  liberté  sur  le  Bidassoa;  enfin 
qu'il  se  rendit  à  Cognac  pour  rappeler,  mais  en  vain,  à 
François  Ier,  le  serment  solennel  qu'il  avait  prêté  à  Madrid. 

De  son  côté,  Charles  Quint  accomplit  religieusement  la 
promesse  qu'il  avait  faite  à  Lannoy  après  la  bataille  de 
Pavie.  Il  le  nomma  d'abord  grand  maître  en  remplacement 
de  monseigneur  de  Bresse,  désigné  pour  gouverner  le 
duché  de  Bourgogne  dont  la  restitution  avait  été  si  solen- 
nellement promise  par  François  Ier.  En  outre,  il  le  fit 
prince  de  Sulmone;  lui  conféra,  en  1526,  le  comté  d'Asti 
avec  d'autres  terres  au  royaume  de  Naples,  et  lui  donna 
également  le  comté  de  la  Roche  en  Ardennes. 

Le  16  mai  1526,  Lannoy  écrit  de  Cognac  à  l'Empereur 
pour  qu'il  l'autorise  à  retourner  à  •Vaples.  Il  le  met  aussi 
en  garde  contre  l'inimitié  que  lui  porte  le  chancelier  Mer- 


qu'il  sçavoit  bien  à  qui  il  étoit  justement  deu,  comme  à  eux  qui  estoient  la 
principale  cause  du  gain  de  la  bataille;  et  qu'il  ne  faudroit  de  les  en  tous 
libéralement  recompenser,  et  en  escrivit  des  lettres  au  dit  marquis  fort 
douces  et  amiables  qui  luy  promettoient  beaucoup...  » 

(1)  La  captivité  de  François  Ier  et  le  traité  de  Madrid,  par  M.  Gachard, 
dans  les  Bulletins  de  l'Académie  royale  de  Belgique ,  Zme  série,  t.  IX.  — 
Rappelons  aussi  les  remarquables  articles  publiés  par  M.  Mignet  dans  la 
Revue  des  deux  mondes  sous  le  titre  de  :  Rivalité  de  François  /  "  cl  de 
Charles-Quint. 


(  102  ) 
curino  de  Gattinara;  il  se  plaint  que  le  haut  personnage 
ne  veut  dépêcher  les  provisions  du  bien  dont  l'Empereur 
l'avait  gratifié.  Mais  Charles-Quint  n'avait  pas  attendu  ces 
doléances.  En  effet,  le  25  mai,  Lannoy  lui  mandait  qu'il 
avait  reçu,  par  don  Hugues  de  Moncade,  la  décision  sou- 
veraine qui  l'autorisait  à  reprendre  la  vice-royauté  de  Na- 
ples.  «  Sire,  poursuivait-il,  j'ai  également  reçu  par  don 
Hugues  la  bonne  lettre  qu'il  vous  a  plu  m'écrire  de  votre 
main.  Je  vous  remercie  très-humblement  de  l'honneur  et 
bonne  sûreté  qu'il  vous  plaît  me  donner,  ce  qui  ne  m'est 
chose  nouvelle,  car  il  vous  a  plu  m'en  toujours  tant  faire 
que  nul  ne  me  peut  nuire  ni  me  mettre  en  votre  maie 
grâce.  J'ai,  Sire,  mis  toute  ma  vie  peine  de  vous  loyale- 
ment servir,  et  ferai  le  temps  qu'il  plaira  à  Dieu  me  laisser 
en  ce  monde  (1).  » 

Charles  de  Lannoy  survécut,  mais  pas  longtemps,  à  ses 
deux  grands  rivaux,  Bourbon  et  Pescaire.  Celui-ci  dis- 
parut le  premier  :  le  50  novembre  1525,  il  mourut  à  Milan , 
d'aucune  maladie,  disaient  les  Espagnols,  mais  au  milieu 
de  la  fleur  de  son  âge  (il  n'avait  guère  plus  de  trente-six 
ans),  comme  déjà  vieux  et  comme  accablé  sous  le  poids 
de  ses  victoires.  Le  6  mai  1527,  Bourbon,  alors  âgé  de 
trente-huit  ans,  succombait  devant  Rome,  frappé  d'un 
coup  mortel,  en  montant  le  premier  à  la  brèche.  Lannoy 
vint  de  Naples  pour  prendre  le  commandement  de  l'armée  ; 
mais  il  essaya  en  vain  de  contenter  les  bandes  qui  s'étaient 
emparées  de  Rome  ;  il  fut  en  quelque  sorte  expulsé  du 
camp  par  les  lansquenets,  qui  de  nouveau  réclamaient  avec 
fureur  leur  solde  arriérée.  En  retournant  à  Naples,  dé- 


(1)  Lanz,I,  p.  210. 


(  403.  ) 
courage,  Lannoy  ressentit  les  premières  atteintes  de  la 
peste,  qui  naguère  avait  éclaté  à  Rome.  II  s'arrêta  à  Averse, 
où  la  vice-reine  vint  le  rejoindre;  mais  cette  tendre  solli- 
citude ne  put  triompher  de  la  maladie.  Le  puissant  vice- 
roi  de  Naples,  le  confident  et  le  favori  de  Charles-Quint, 
mourut  le  25  septembre  1527,  âgé  de  quarante-trois  ans. 


Discours  prononcé  par  M.  De  Decker,  au  nom  de  l'Aca- 
démie royale  des  sciences ,  des  lettres  et,  des  beaux-arts 
de  Belgique,  aux  funérailles  de  M.  le  baron  Jules  de 
Saint-Génois ,  le  15  septembre  1867. 

Messieurs, 

J'ai  accepté  avec  empressement  la  mission  de  repré- 
senter, dans  cette  triste  cérémonie,  l'Académie  royale  des 
sciences,  des  lettres  et  des  beaux-arts  de  Belgique.  Tou- 
tefois, c'est  moins  pour  remplir  un  devoir  imposé  par  les 
usages  académiques,  que  pour  revendiquer  un  droit  acquis 
par  trente  années  d'une  fidèle  et  inaltérable  amitié,  que 
j'ose  réclamer  l'honneur  de  condenser,  dans  un  solennel  et 
suprême  adieu ,  les  sentiments  dont  nos  cœurs  sont  op- 
pressés à  la  vue  de  cette  tombe  si  prématurément  ouverte. 

Encore  étourdi  par  la  soudaineté  du  coup  qui  vient  de 
frapper  une  famille  heureuse  et  honorable  entre  toutes,  au 
deuil  de  laquelle  s'associent  nos  populations  émues,  je  ne 
prétends  pas  énumérer,  en  ce  moment,  tous  les  litres  de 
l'éminent  défunt  à  notre  admiration  et  à  nos  regrets.  Je  ne 
veux,  aujourd'hui,  que  soulager  la  conscience  publique,  en 


(  i04  ) 

donnant  une  issue  à  nos  douleurs,  un  langage  à  nos  larmes. 

Résumons  à  grands  traits  cette  existence  si  inopinément 
brisée. 

La  Belgique  venait  de  conquérir  son  indépendance  et 
de  consolider  sa  conquête  par  l'adoption  de  cette  admi- 
rable Constitution,  au  respect  de  laquelle  se  rattachent 
pour  tout  Belge  digne  de  ce  nom,  toutes  nos  garanties  de 
paix,  de  force  et  de  sécurité. 

Ce  réveil  de  notre  nationnalité  provoqua  un  magnifique 
mouvement  littéraire  et  artistique,  dont  l'importance  n'est 
peut-être  plus  assez  appréciée  de  nos  jours.  On  vit  se  lever 
alors  toute  une  phalange  de  jeunes  écrivains,  pleins  de 
foi  dans  les  destinées  d'une  patrie  si  grande  dans  le  passé 
par  ses  luttes  héroïques  contre  la  domination  étrangère,  et 
pour  laquelle  ils  rêvaient  un  si  splendide  avenir  par  l'u- 
nion de  tous  ses  enfants  et  par  la  pratique  sincère  de  ses 
fécondes  institutions.  M.  le  baron  Jules  de  Saint-Génois 
s'associa  à  ce  généreux  élan  en  faveur  de  l'émancipation 
intellectuelle  de  la  Belgique;  il  mit  au  service  de  cette 
noble  cause,  avec  les  influences  d'un  des  plus  beaux  noms 
du  pays,les  juvéniles  ardeurs  d'une  intelligence  passionnée 
pour  les  études  solides. 

Unissant  une  précoce  érudition  aux  inspirations  d'un 
esprit  essentiellement  littéraire,  il  débuta,  à  l'exemple  d'un 
de  ses  aïeux,  par  des  recherches  historiques.  Il  publia 
ensuite  une  série  de  romans  historiques  qui,  sous  des  fic- 
tions pleines  d'intérêt  et  de  charmes,  avaient  encore  pour 
but  de  retracer  nos  anciennes  mœurs,  de  conserver  nos 
traditions,  de  restaurer  nos  gloires  nationales. 

Bien  lot  l'Académie,  heureuse  d'accueillir  une  candida- 
ture indiquée  par  les  sympathies  d'une  opinion  publique 
éclairée,  l'admit  dans  son  sein. 


(  40o  ) 

Nous  consacrerons  une  notice  spéciale  à  l'appréciation 
des  travaux  qui  illustrèrent  la  carrière  littéraire  de  M.  le 
baron  de  Sàint-Genois  et  qui  furent  couronnés,  dans  ces 
derniers  temps,  par  la  direction  qu'il  imprima  à  la  publi- 
cation d'une  Biographie  nationale,  œuvre  de  science  et  de 
patriotisme  à  peine  commencée,  dont  il  sera  malheureuse- 
ment impossible  de  détacher  désormais  le  souvenir  du 
décès  prématuré,  objet  de  la  touchante  manifestation  de 
ce  jour. 

Une  fois  le  mérite  de  M.  le  baron  Jules  de  Saint-Génois 
proclamé  et  sanctionné  par  le  premier  corps  savant  du 
pays,  son  concours  fut  sollicité  pour  toutes  les  entreprises 
sérieuses  de  notre  littérature  contemporaine.  Membre  de 
la  plupart  des  sociétés  littéraires  et  des  commissions  artis- 
tiques, directeur  ou  collaborateur  des  principales  revues, 
il  se  multipliait,  donnant  à  tous  l'exemple  de  l'activité, 
prodiguant  partout  les  bienfaits  de  sa  fécondité  toujours 
désintéressée. 

En  rapport  avec  toutes  les  illustrations  du  monde  sa- 
vant, lié  d'affection  avec  les  principaux  littérateurs  belges 
se  servant  de  la  langue  française  ou  de  la  langue  flamande, 
(car  il  avait  une  prédilection  instinctive  pour  cet  élément 
flamand,  dont  le  développement  importe  tant  à  la  conser- 
vation de  notre  caractère  national  et  de  notre  indépen- 
dance politique),  il  suflisait  à  toutes  les  exigences  de  rela- 
tions et  de  correspondances  qui  eussent  effrayé  tout  autre 
que  lui. 

C'est  surtout  à  ses  fonctions  de  conservateur  de  la  bi- 
bliothèque de  l'Université  qu'il  se  dévoua  tout  entier.  Dans 
cette  position,  si  conforme  à  ses  goûts,  et  où,  selon  sa  de- 
vise littéraire  :  Cum  libris  liber,  il  coulait  des  jours  pleins 
de  calme  et  de  sérénité,  il  s'estimait  heureux  de  mettre  au 


(  406  ) 
service  de  tous,  les  ressources  de  ses  counaissances  variées 
et  les  conseils  de  son  expérience.  Il  aimait  surtout  à  en- 
courager et  à  guider  les  jeunes  écrivains  et  savait  leur 
communiquer  sa  noble  passion  pour  le  travail  et  l'étude. 

Mais,  tout  en  l'admirant,  on  ne  peut  s'empêcher  de  re- 
gretter qu'un  homme  doué  de  tant  d'initiative  et  de  persé- 
vérance, ait  gaspillé  ainsi  des  trésors  de  savoir  et  d'érudi- 
tion, sans  qu'il  ait  songé,  dans  l'intérêt  de  la  nation  plus 
encore  que  dans  le  sien,  à  élever  un  monument  historique 
ou  littéraire  digne  d'elle  et  de  lui.  Du  moins,  demeurera- 
t-il  au  milieu  de  notre  génération  si  absorbée  par  mille 
préoccupations  et  si  pressée  de  jouir,  comme  une  des  der- 
nières personnifications  de  cet  esprit  scientifique  dont 
l'affaiblissement  alarme  à  bon  droit  les  pouvoirs  publics. 

A  côté,  au-dessus  des  qualités  de  l'esprit  réunies  en  la 
personne  de  M.  le  baron  de  Saint-Génois,  que  de  qualités 
du  cœur!  quelle  aménité  de  caractère!  quel  inépuisable 
fonds  de  bienveillance!  quelle  sûreté  dans  ses  relations 
et  quelle  fidélité  dans  ses  amitiés!  quel  charme  dans  ses 
conversations  et  dans  ses  causeries  épistolaires,  toujours 
animées  par  une  douce  et  spirituelle  gaîté! 

Par  une  exception  rare,  il  n'avait  pas  les  défauts  de  ses 
qualités.  — Savant,  il  détestait  le  pédantisme;  il  dissimu- 
lait sa  science  sous  une  extrême  simplicité  de  formes  et  de 
langage,  —  Homme  d'esprit,  il  ne  blessait  jamais  personne 
par  les  traits  de  la  causticité,  qui  est  l'abus  de  l'esprit.  — 
D'une  naissance  aristocratique,  il  s'inclinait,  par  la  pente 
naturelle  de  son  àme,  vers  les  humbles  et  les  petits  :  tou- 
jours au  premier  rang  par  la  spontanéité  de  son  dévoue- 
ment; au  dernier,  parla  modestie  de  ses  prétentions. 

En  contact  avec  des  hommes  de  toutes  les  opinions  et 
de  tous  les  partis,  il  savait  conserver  leur  estime  et  con- 


(  407  ) 

quérir  même  leurs  sympathies,  sans  jamais  faire  le  moindre 
sacrifice  de  ses  convictions  politiques  essentiellement  mo- 
dérées du  reste ,  ni  sans  jamais  rougir  de  ses  croyances 
religieuses,  pratiquées  sans  faiblesse  comme  sans  ostenta- 
tion. 

Il  ne  connut  jamais  ni  la  haine  ni  l'envie,  ces  éternels 
ennemis  du  repos  public  et  de  la  paix  domestique.  Aussi, 
nul  n'entendait-il  mieux  que  lui  cet  art  si  difficile  d'être 
heureux,  sans  effort  et  sans  bruit;  sachant  accepter  les 
petites  misères  de  la  vie,  sachant  aussi  en  savourer  les 
petits  bonheurs. 

Mais  le  côté  le  plus  remarquable  peut-être  de  ce  carac- 
tère si  excellent,  c'était  cette  inaltérable  égalité  d'humeur, 
si  bien  appréciée  de  tous  ceux  qui  ont  eu  le  privilège  de 
vivre  dans  son  intimité.  Au  milieu  des  travaux  de  sa  car- 
rière littéraire  et  des  occupations  de  sa  vie  extérieure,  dans 
le  monde  où  il  exerçait  à  son  insu  la  propagande  des  plus 
douces  vertus  sociales,  dans  ses  fonctions  administratives 
qu'il  ennoblissait  d'un  rellet  de  sa  considération  person- 
nelle, dans  sa  famille  dont  il  était  l'honneur  et  l'appui,  il 
était  toujours  le  même  :  bon,  affectueux  ,  dévoué,  aimant 
en  tout  la  mesure,  —  ce  qui  fait  le  sage,  —  pratiquant 
toujours  le  devoir,  —  ce  qui  fait  l'homme  de  bien. 

Aussi,  quelle  auréole  de  popularité  vraie  brille  autour 
de  son  front!  Que  de  bénédictions  assurent  l'immortalité 
à  sa  mémoire! 

Hélas!  pourquoi  faut-il  qu'une  telle  àmc  soit  arrachée  à 
nos  âmes? 

Pourquoi  est-elle  éteinte  pour  nous,  celle  intelligence 
d'élite  d'où,  hier  encore,  jaillissaient  tant  de  pensées  éle- 
vées et  utiles,  où  rayonnait  ce  feu  sacré  qui  a  consumé 
avant  le  temps  son  enveloppe  mortelle? 


(  408  ) 

Pourquoi  ne  bat-il  plus  ce  cœur  d'élite ,  d'où  semble 
sortir  comme  un  dernier  effluve  de  tendresse  pour  sa  fa- 
mille et  d'affection  pour  ses  amis? 

Mais  que  ces  regrets  ne  prennent  point  l'apparence  même 
d'un  murmure  contre  la  Providence.  C'est  surtout  en  pré- 
sence de  ces  coups  mystérieux  qui  bouleversent  toutes  les 
combinaisons  delà  prévoyance  humaine,  qu'on  apprend  à 
respecter  la  Providence  comme  souveraine  arbitre  de  nos 
destinées,  et  qu'on  est  heureux  de  la  bénir  comme  seule 
consolatrice  dans  les  irrémédiables  malheurs  d'ici-bas. 

Que  notre  ami  repose  donc  en  paix,  au  sein  d'un  Dieu 
miséricordieux  et  juste;  qu'il  jouisse  éternellement  de  la 
récompense  réservée  aux  martyrs  du  devoir! 

Et  nous,  retrempant  dans  les  souvenirs  et  les  exemples 
qu'il  nous  laisse,  notre  dévouement  aux  intérêts  sacrés  de 
la  famille  et  de  la  patrie,  efforçons-nous  de  mériter,  au 
jour  de  la  suprême  épreuve,  ces  larmes  que  nous  aimons 
à  répandre  sur  sa  tombe! 


Sur  la  sixième  Session  du  Congrès  statistique  des  diffé- 
rents peuples,  tenu  à  Florence,  du  27  septembre  au  5 
octobre  4867 ;  communication  de  M.  Ad.  Quetelet,  secré- 
taire perluel  de  l'Académie  royale  de  Belgique. 

Depuis  près  d'un  demi-siècle,  les  hommes  instruits  des 
différentes  nations  se  réunissent,  à  des  époques  déterminées 
et  pendant  un  certain  nombre  de  jours,  pour  traiter,  dans 
des  réunions  qu'on  est  convenu  de  nommer  congrès ,  des 
différentes  parties  des  sciences,  des  lettres  ou  des  beaux- 
arts;  mais  ces  congrès  sont  généralement  bien  différents 


(  409  ) 
entre  eux,  par  leur  organisation  et  surtout  par  les  sujets 
qu'on  se  propose  d'y  étudier.  Nous  ne  nous  arrêterons  pas 
à  les  juger,  nous  ferons  remarquer  seulement  qu'il  en  existe 
deux  qui  méritent  peut-être  une  attention  particulière  par 
leur  forme  et  par  la  nature  des  objets  qu'on  y  traite.  Ces 
deux  congrès  ont  été  fondés  par  les  gouvernements;  ils 
se  sont  réunis  à  peu  d'intervalle,  dans  une  même  ville, 
quoique  leurs  missions  n'eussent  aucun  rapport  entre  elles. 

En  1855,  à  la  demande  des  Étals-Unis  d'Amérique, 
représentés  par  M.  Maury,  lieutenant  de  marine,  les  dif- 
férentes nations  maritimes  envoyèrent  des  députés  à 
Bruxelles,  afin  de  s'entendre  sur  plusieurs  points  impor- 
tants de  la  navigation  et  sur  les  moyens  à  prendre  pour 
rendre  les  résultats  des  observations  facilement  compa- 
rables entre  elles,  et  pour  en  déduire  des  conclusions  utiles. 
C'était  la  première  fois  que  les  différentes  nations  nauti- 
ques réunissaient  leurs  officiers  de  marine  pour  arriver  à 
des  lois  générales.  Les  conclusions  furent  résumées  par 
M.  Maury,  dans  un  volume  in-i°  (1)  qui  obtint  un  grand 
succès,  puisqu'il  en  parut  successivement  dix  éditions  diffé- 
rentes, ainsi  que  plusieurs  traductions. 

La  même  année  et  à  deux  mois  de  distance,  s'ouvrit 
également  à  Bruxelles,  sous  les  auspices  du  gouvernement 
belge  et  par  les  soins  de  la  commission  centrale  de  statis- 
tique du  royaume,  une  réunion  de  savants  des  différents 
pays,  chargés  de  mettre  de  l'unité  entre  les  travaux  statis- 
tiques des  Étals  civilisés,  et  d'adopter  des  nomenclatures 
uniformes,  de  simplifier  les  modes  de  calculer  et  de  cher- 
cher à  réduire  aux  mêmes  unités  les  poids  et  les  mesures 
de  ces  divers  États. 


(1)  Sailings  direction*. 


(  410  ) 

Non -seulement  cette  unité  si  désirable  fut  poursuivie 
avec  la  plus  grande  activité,  mais  tous  les  États  s'empres- 
sèrent de  publier,  dès  cette  époque,  des  recueils  conçus 
d'après  les  mêmes  vues,  et  rédigés  à  peu  près  dans  les 
mêmes  termes.  On  entrevit  même  la  possibilité  de  rendre 
sensible  au  calculateur,  par  un  seul  recueil,  l'ensemble  des 
résultats,  sans  lui  occasionner  des  pertes  de  temps  im- 
menses pour  la  réduction  des  calculs.  De  premiers  essais 
furent  tentés  et  seront  continués  désormais  par  les  pays 
les  plus  actifs.  Tout  fait  espérer  que  nous  posséderons 
bientôt  une  situation  annuelle  delà  statistique  de  chaque 
royaume  dont  le  parallèle  donnera  les  conclusions  les  plus 
fécondes. 

Ces  congrès  semi-officiels,  qui  se  développent  cl  grandis- 
sent avec  le  temps,  ont  eu  successivement  lieu  à  Bruxelles, 
à  Paris,  à  Vienne,  à  Londres,  à  Berlin  et  tout  récemment 
à  Florence;  on  peuj  dire  déjà  qu'ils  ont  l'ait  naître,  entre 
les  envoyés  des  nations,  la  plus  complète  unité,  et  qu'ils 
produiront  les  fruits  les  plus  heureux. 

Les  réunions  formées  par  les  délégués  de  ces  nations 
ont  été  reçues  de  la  manière  la  plus  hospitalière  par  les 
différents  gouvernements,  qui  ont  parfaitement  senti  les 
avantages  qu'ils  pouvaient  en  attendre.  Lors  du  congrès  de 
Londres,  on  se  rappellera  même  que  le  prince  Albert  vou- 
lut bien  en  être  le  président,  et  son  illustre  gendre,  le  prince 
royal  de  Prusse,  fut  son  successeur  à  Berlin. 

L'absence  du  prince  royal  d'Italie  l'empêcha  de  siéger 
comme  président  au  Congrès  de  Florence,  mais  S.  M.  le 
roi  voulut  bien  témoigner  aux  statisticiens  qu'il  compre- 
nait les  services  qu'ils  pouvaient  rendre  et  qu'il  se  ferait 
un  plaisir  de  seconder  leurs  travaux.  Sa  bienveillance  leur 
fut  d'un  puissant  secours. 


(  4M  ) 

Grâce,  d'une  aulre  paît,  à  l'appui  de  M.  de  Biasiis,  mi- 
nistre de  l'agriculture,  de  l'industrie  et  du  commerce,  ainsi 
qu'à  l'active  et  intelligente  intervention  de  M.  le  Dr Pierre 
Maeslri,  l'âme  de  ce  congrès,  la  réunion  put  prendre  un 
caractère  d'utilité  qui  ne  s'était  jamais  manifesté  aussi  vi- 
vement ailleurs.  La  plus  parfaite  entente  n'a  cessé  de 
régner  entre  les  députés  des  nations,  qui  comprenaient 
également  la  noble  mission  qu'ils  avaient  à  remplir  pour 
seconder  les  vues  de  leurs  gouvernements  respectifs. 

Déjà  de  grands  travaux  ont  été  le  résultat  des  premiers 
congrès;  à  la  réunion  de  Londres,  la  Belgique  a  proposé 
une  innovation  :  celle  de  réunir,  avec  le  concours  des  na- 
tions, un  travail  où  seraient  groupées  les  statistiques  des 
populations  des  différents  peuples.  Ce  travail  fut  présenté 
comme  un  essai, et  les  auteurs  n'ont  pas  craint  de  proposer 
de  refaire  ce  premier  ouvrage,  en  s'appuyanl  sur  des  docu- 
ments plus  comparables  et  plus  nombreux,  recueillis  de- 
puis. M.  Farr,  directeur  de  la  statistique  pour  l'Angleterre, 
M.  Le  Goyt,  pour  la  France,  et  M.  le  Dr  Maeslri  pour  l'Italie, 
voulurent  bien  prendre  aussi  l'engagement  de  traiter,  cha- 
cun, une  des  branches  fondamentales  de  la  statistique 
générale  :  nul  doute  que  ces  exemples  ne  soient  suivis  par 
la  plupart  des  membres  chargés  de  la  statistique  des  diffé- 
rents pays.  En  coordonnant  ces  travaux,  nous  parvien- 
drons enfin  à  posséder  cette  statistique  générale,  objet  de 
tous  nos  vœux ,  et  qui  pourra  se  rédiger  avec  autant  de  soin 
que  d'ordre  sous  les  yeux  les  plus  exercés. 

D'une  autre  part,  la  réunion  de  Florence  n'a  pas  craint 
d'élargir  le  cercle  de  ses  travaux;  elle  a  décidé,  pour  la  pre- 
mière fois,  qu'il  y  aurait  une  section  spéciale,  où  l'on  pour- 
rait traiter  les  grandes  questions  de  statistique  dans  le 
langage  qui  leur  convient  le  mieux,  c'est-à-dire  en  usant 


(  412  ) 
du  calcul  des  probabilités,  étude  déjà  si  bien  préparée  par 
les  travaux  de  Laplace,  Fourier,  Poisson  ,  etc. 

Cette  innovation,  demandée  à  l'unanimité  par  la  pre- 
mière section,  fut  accueillie  sans  peine  par  toute  l'assem- 
blée; elle  donnera  un  caractère  nouveau  aux  travaux  du 
congrès,  qui  étaient  trop  restreints  et  ne  pouvaient  prendre 
leur  développement  nécessaire. 

Il  n'existe  peut-être  pas  de  ville  qui  ait  plus  de  titres 
que  Florence  à  introduire  ce  changement  utile.  En  effet, 
elle  peut  être  considérée  comme  formant  le  trait  d'union 
qui  joint  la  civilisation  éteinte  des  anciens  à  la  civilisa- 
tion renaissante  qui  a  formé  nos  sociétés  modernes.  C'était 
à  elle,  mieux  qu'à  aucune  autre  ville,  qu'il  appartenait  de 
montrer  un  art  que  ne  connaissaient  pas  les  anciens:  l'art 
précieux  de  joindre  ensemble  les  travaux  simultanés,  et  de 
faire  coopérer  vingt  à  trente  nations  à  une  œuvre  fruc- 
tueuse, qui  sera  l'ouvrage  de  toutes,  et  où  elles  trouveront, 
toutes,  les  mêmes  avantages  scientifiques  et  administratifs. 


(  413  ) 


CLASSE  DES  BEVUX-  ARTS. 


Séance  du   10  octobre  1867. 

M.  Bal.vt,  directeur. 

M.  Alvin,  faisant  fonctions  de  secrétaire. 

Sont  présents:  MM.  De  Keyzer,  F.  Fé(is,  Cnic  Geefs, 
Van  ïlasselt,  Jos.  Geefs,  De  Braekeleer,  Éd.  Félis,  De  Buss- 
cher,  le  chev.  de  Burbure,  Franck,  De  Man,  Ad.  Siret, 
Julien  Leclercq,  membres;  Daussoigne-Méh ul,  associé. 


CORRESPONDANCE. 


M.  Ernest  Van  Cleemputte,  attaché  à  la  bibliothèque 
royale,  se  fait  connaître  comme  l'auteur  du  mémoire  sur 
Quentin  Metsys,  auquel  il  a  été  décerné  une  médaille  d'ar- 
gent. 

La  classe  rappelle  qu'une  mention  honorable  a  été 
accordée  au  second  mémoire,  traitant  le  même  sujet,  et 
portant  pour  devise  :  Excelsior...  Plus  haut,  toujours  plus 
liant,  et  elle  invite  une  dernière  fois  l'auteur  à  se  faire  con- 
naître. Le  billet  cacheté,  joint  à  son  mémoire,  a  été  provi- 
soirement conservé  en  vue  de  cette  éventualité. 

2me  SÉRIE,  TOME  XXIV.  28 


(  m  ) 

—  Deux  concurrents  qui  ont  pris  part,  l'un  au  concours 
annuel  de  la  classe,  l'autre  au  concours  ouvert  pour  la 
composition  d'une  cantate  flamande,  sollicitent  la  restitu- 
tion de  leur  ouvrage;  la  classe  décide  qu'il  y  a  simplement 
lieu  de  leur  rappeler  que,  d'après  un  usage  invariablement 
suivi,  les  manuscrits  des  concurrents  doivent  rester  dépo- 
sés aux  archives. 

—  Un  mémoire  sur  la  question  relative  à  Quentin  Met- 
sys  est  arrivé  au  secrétariat  après  la  fermeture  du  concours 
fixée  au  1er  juin  dernier.  Le  timbre  de  la  poste,  appliqué 
à  l'enveloppe  du  manuscrit,  annonce  qu'il  n'a  été  expédié 
de  Berlin  que  le  5  octobre.  Ce  travail  restera  déposé  aux 
archives;  il  porte  pour  devise  :  La  croix  est  le  fondement 
de  VétoHe. 


PROGRAMME  DE  CONCOURS  POUR  1868. 


La  classe  examine  et  discute  successivement  les  diverses 
questions  à  mettre  au  concours  de  cette  année;  le  pro- 
gramme est  arrêté  comme  suit  : 

PREMIÈRE    QUESTION. 

Exposer  l'origine  et  l'organisation  des  maîtrises  des 
enlises  dans  les  Pays-Bas  et  dans  le  pays  de  Liège.  Dire 
quelle  fut  la  part  de  ces  maîtrises  dans  les  progrès  de  Fart 
musical.  Déterminer  quelles  furent  les  causes  de  leur  pros- 
périté et  de  leur  décadence. 


(  41S  ) 


DEUXIEME    QUESTION. 

Apprécier  Quentin  Metsys  comme  peintre,  et  déterminer 
l'influence  qu'il  a  exercée. 

TROISIÈME    QUESTION. 

Faire  l'histoire  de  la  gravure  des  médailles,  en  Belgique, 
depuis  le  seizième  siècle  jusqu'en  1794. 

Cette  histoire  doit  embrasser  les  territoires  qui  forment 
la  Belgique  actuelle,  et  comprendre,  à  la  fois,  la  biogra- 
phie des  artistes  et  une  appréciation  de  leurs  travaux. 

QUATRIÈME    QUESTION. 

Rechercher  V époque  à  laquelle  V architecture  a  subi,  dans 
les  Pays-Bas,  l'influence  italienne.  Indiquer  les  person- 
nages auxquels  on  doit  attribuer  celle  influence  et  citer  les 
œuvres  des  artistes. 

Le  prix  pour  la  première  et  la  deuxième  question  sera 
de  huit  cents  francs;  il  sera  de  mille  francs  pour  la  troi- 
sième et  la  quatrième. 

Les  auteurs  des  mémoires  insérés  dans  les  recueils  de 
l'Académie  ont  droit  à  recevoir  cent  exemplaires  particu- 
liers de  leur  travail.  Ils  ont,  en  outre,  la  faculté  de  faire  ti- 
rer des  exemplaires  en  plus  en  payant  à  l'imprimeur  une 
indemnité  de  quatre  centimes  par  feuille. 

Les  mémoires  destinés  au  concours  doivent  être  écrits 
lisiblement,  rédigés  en  français,  en  latin  ou  en  flamand,  et 
adressés,  francs  de  port,  au  secrétaire  perpétuel  avant  le 
1er  juin  1868. 


(  416  ) 

L'Académie  demande  la  plus  grande  exactitude  dans  les 
citations,  et  exige  que  les  auteurs  indiquent  les  éditions 
et  les  pages  des  livres  qu'ils  citeront. 

On  n'admeltra  que  des  planches  manuscrites. 

Les  auteurs  ne  mettront  point  leur  nom  à  leur  ouvrage; 
ils  n'y  inscriront  qu'une  devise,  qu'ils  reproduiront  dans 
un  billet  cacheté  renfermant  leur  nom  et  leur  adresse  : 
Faute  de  satisfaire  à  cette  formalité,  le  prix  ne  pourra  leur 
être  accordé. 

Les  ouvrages  remis  après  le  terme  prescrit,  ou  ceux  dont 
les  auteurs  se  feront  connaître,  de  quelque  manière  que  ce 
soit,  seront  exclus  du  concours. 

L'Académie  croit  devoir  rappeler  aux  concurrents  que 
les  mémoires  qui  ont  été  soumis  ta  son  jugement  restent 
déposés  dans  ses  archives  comme  étant  devenus  sa  pro- 
priété; toutefois,  les  auteurs  peuvent  en  faire  prendre  des 
copies  à  leurs  frais,  en  s'adressant,  à  cet  effet,  au  secré- 
taire perpétuel. 


La  classe  inscrit,  dès  à  présent,  dans  son  programme  de 
concours  pour  1869,  les  questions  suivantes;  elle  réserve 
un  prix  de  huit  cents  francs  à  la  première  et  un  de  mille 
francs  à  la  seconde. 

PREMIÈRE    QUESTION. 

Apprécier  Rubens  comme  architecte. 

Les  villes  d'Anvers  et  de  Bruxelles  comptent  diverses 
constructions  dont  on  attribue  les  plans  à  Rubens.  La  tra- 
dition admise  à  cet  égard  est-elle  authentique  ou  ne  faut-il 
attribuer  le  style  architectonique,  qui  domine  dans  ces  con- 


(  417  ) 
structtons,  quà  l'influence  exercée  par  les  conseils,  par  les 
élèves  et  par  les  ouvrages  du  grand  maître  flamand?  On 
demande  un  examen  de  ces  deux  hypothèses. 

DEUXIÈME    QUESTION. 

Faire  l'histoire  des  ateliers  de  gravure  qui,  du  commen- 
cement du  seizième  siècle  à  la  fin  du  dix-huitième  siècle, 
ont  existé  dans  la  ville  d'Anvers.  Citer  les  noms  et  indi- 
quer la  nationalité  des  artistes,  peintres,  dessinateurs, 
graveurs,  qui  ont  travaillé  pour  ces  ateliers.  Apprécier 
leurs  ouvrages  au  point  de  vue  spécial  de  l'art  du  graveur. 

Rechercher  quels  étaient  les  principaux  débouchés  ainsi 
que  la  valeur  approximative  des  exportations  des  produits 
de  cette  industrie. 

Les  formalités  à  observer  par  les  concurrents  sont  les 
mêmes  que  celles  prescrites  pour  le  concours  de  J  868. 


COMMUNICATIONS  ET  LECTURES. 

La  classe  se  livre  à  une  discussion  approfondie  des  ré- 
formes proposées  par  M.  Daussoigne-Méhul ,  réformes  ex- 
posées dans  une  notice  lue  à  la  séance  précédente  et  re- 
lative à  l'organisation  actuelle  des  grands  concours  de 
composition  musicale  (1);  d'accord  avec  l'auteur  de  cette 
proposition,  elle  ajourne  jusqu'à  une  prochaine  réunion 
l'examen  de  la  communication  qu'elle  fera,  à  ce  sujet,  a 
M.  le  Ministre  de  l'intérieur. 


(1  )  Voir  le  compte  rendu  de  la  classe  des  beaux-arts ,  séance  du  22  sep- 
tembre 18G7,  Moniteur  belge,  n°269. 


(  418  ) 


Note  sur  un  rapport  adressé  par  M.  Huberti  à  M.  le  Mi- 
nistre de  l'intérieur,  concernant  ses  études  musicales  en 
Allemagne;  par  M.  F.  Fétis,  membre  de  l'Académie. 

Bien  que  la  classe  des  beaux-arts  de  l'Académie  ait  dé- 
cidé à  plusieurs  reprises  qu'il  ne  serait  pas  fait  de  rap- 
port sur  ceux  qui  sont  envoyés  par  les  lauréats  des  grands 
concours,  M.  le  secrétaire  perpétuel  ayant  cru  devoir  en- 
voyer à  mon  avis  le  rapport  adressé  par  M.  Huberti  à  M.  le 
Ministre  de  l'intérieur,  le  8  juillet  dernier,  j'ai  lu  avec 
attention  ce  document,  où  le  jeune  compositeur  rend 
compte  de  ses  études  et  de  ses  impressions  pendant  un  sé- 
jour de  six  mois  dans  la  capitale  de  la  Prusse,  et  je  crois 
devoir  en  dire  mon  opinion  à  la  classe,  parce  que  j'y  ai  vu 
avec  intérêt  que  M.  Huberti  a  pris  au  sérieux  les  obligations 
qui  lui  sont  imposées  par  le  règlement  de  concours,  en  ce 
qui  concerne  les  excursions  des  lauréats  à  l'étranger.  Ce 
n'est  pas  un  rapport  que  je  présente  dans  ces  quelques  li- 
gnes, c'est  une  simple  note. 

Par  une  louable  exception  aux  habitudes  d'indépendance 
et  de  paresse,  contractées  depuis  plusieurs  années  par  les 
lauréats  de  concours  de  composition  musicale,  M.  Huberti 
se  soumet  aux  règles  :  il  étudie,  il  travaille  et  rend  compte 
de  ce  qu'il  voit,  entend,  ainsi  que  de  ce  qu'il  fait.  La  biblio- 
thèque royale  de  Berlin  lui  offrait  des  trésors  d'œuvres  de 
maîtres  anciens  des  écoles  allemandes  et  italiennes  qu'on 
n'entend  plus  et  qui  deviennent  rares  :  il  en  a  pris  connais- 
sance et  les  analyse  à  son  point  de  vue.  Profitant  aussi  des 
occasions  que  lui  donnaient  les  belles  institutions  du  Dom- 


(  419  ) 
Chor  et  l'Académie  de  chant,  d'entendre  les  grandes  œuvres 
classiques  admirablement  exécutées,  il  les  a  saisies  avec 
empressement. 

L'excellente  organisation  du  théâtre  royal  de  l'Opéra  lui 
a  permis  aussi  de  faire  des  études  comparatives  du  style 
dramatique  de  beaucoup  de  compositeurs,  le  répertoire  de 
ce  théâtre  étant  si  varié  qu'on  y  entend  chaque  année  plus 
de  cent  vingt  opéras,  de  toutes  les  époques,  exécutés  avec 
un  grand  soin  par  des  acteurs  doués  de  bonnes  voix,  de 
sentiment  dramatique;  de  plus,  d'excellents  chœurs  et  un 
très-bon  orchestre. 

M.  Huberti  expose  dans  son  rapport  les  impressions  qui 
lui  sont  restées  de  toutes  ces  choses.  Bien  que,  par  le  sé- 
rieux de  son  caractère  et  l'honnêteté  de  ses  sentiments,  il 
soit  porté  à  l'électisme  et  se  montre  impartial  dans  ses  ap- 
préciations, il  n'échappe  pas  aux  influences  de  son  temps. 
Il  rend  hommage  aux  beautés  de  l'idéal,  mais  son  goût 
personnel  le  porte  vers  ce  qu'il  appelle,  suivant  le  vocabu- 
laire de  l'époque  actuelle,  Vart  humain,  c'est-à-dire  l'émo- 
tion nerveuse  de  notre  ère  révolutionnaire  et  le  réalisme. 
Il  entre,  de  bonne  foi,  dans  les  théories  de  Wagner  sur  les 
inconvenances  des  opéras  où  l'on  chante  plusieurs  en- 
semble, au  lieu  de  se  parler  et  de  se  répondre;  où  des 
chœurs  disent  :  Courons,  sans  changer  de  place  et  autres 
choses  de  ce  genre.  Il  admire  l'abondance  des  idées  de  Mo- 
zart et  la  suavité  de  ses  mélodies,  mais  il  l'accuse  de  man- 
quer de  vérité  dramatique,  sauf  dans  don  Juan,  et  lui  re- 
proche l'emploi  du  môme  style  dans  ses  autres  ouvrages? 
dont  les  sujets  et  les  situations  diffèrent  essentiellement.  Si 
M.  Huberti  eût  mieux  compris  les  partitions  de  la  Flûte  en- 
chantée, des  Noces  de  Figaro  et  de  {'Enlèvement  du  sérail , 
qui  n'ont  d'autre  rapport  entre  eux  que  celui  delà  perfee- 


(  420  ) 
tion,  il  se  fût  épargné  cette  méprise.  Chose  plus  extraor- 
dinaire encore,  il  adresse  des  reproches  du  même  genre  à 
Gluck,  le  modèle  par  excellence  de  la  vérité  dans  l'expres- 
sion des  sentiments  dramatiques! 

Les  modèles  selon  le  cœur  de  M.  Huberti  sont  Weber  et 
Meyerbeer,  parce  qu'ils  sont  émouvants  et  ont  la  couleur 
locale.  A  l'égard  de  Richard  Wagner,  son  opinion  n'est 
pas  arrêtée  :  il  a  besoin,  dit-il,  de  l'étudier  pour  savoir  s'il 
est  dans  la  bonne  ou  la  mauvaise  voie. 

Quelques  opinions  singulières  se  font  aussi  remarquer 
dans  les  appréciations  de  M.  Huberti,  en  ce  qui  concerne 
la  musique  religieuse;  je  ne  suis  pas  plus  étonné  de  les  lui 
voir  dans  cette  partie  de  l'art  que  dans  la  musique  de 
théâtre  :  ce  sont  les  tendances  des  jeunes  artistes  de  notre 
époque.  Laissons  agir  le  temps,  qui  modifiera  les  penchants 
et,  avec  les  penchants,  les  opinions.  Avec  la  bonne  foi  et 
le  désir  sincère  de  s'instruire  que  porte  dans  ses  études 
M.  Huberti ,  on  peut  être  assuré  que  ce  qu'il  y  a  de  hasardé 
dans  ses  jugements  sera  rectifié  plus  tard. 


OUVRAGES  PRÉSENTÉS. 


Royaume  de  Belgique.  —  Documents  statistiques  publics 
par  le  Département  de  l'intérieur,  avec  le  concours  de  la  com- 
mission centrale  de  statistique.  Tome  XI.  Bruxelles,  1 8G7 ; 
in-4°. 

Commission  royale  des  anciennes  lois  et  ordonnances  de  la 
Belgique.  —  Coutumes  des  pays,  duché  de  Luxembourg  et 


(  m  ) 

comté  de  Chin y,  par  M.-N.-J.  Leclercq.  Tome  Ier.  Bruxelles, 
1867;  în-4°. 

Ordonnances  et  règlements  de  police  de  la  ville  de  Mons. 
1804;  in-8°. 

Université  de  Bruxelles. —  Programme  des  cours  de  l'année 
académique  1867-18G8.  Bruxelles;  in-folio. 

La  caisse  d'épargne  dans  les  écoles  communales  de  Garni. 
Bruxelles,  1867;  in-8°. 

Arendt  (Léon).  — Les  petits  États  dans  la  situation  présente 
de  l'Europe.  Bruxelles,  1867;  in-8°. 

Robin  (P.).  —  Quelques  mots  sur  la  théorie  des  volcans  et 
des  tremblements  de  terre.  Bruxelles,  1807;  in-12. 

Beethoven.  —  Fidelio  (Leonore) ,  opéra.  Traduction  fran- 
çaise rythmée  par  MM.  Van  Hasselt  et  J.-B.  Rongé.  Bruxelles; 
p.  in-4n. 

Jacobs-Monet.  —  La  Léopoldine,  poëmc,  suivi  d'une  épitre 
aux  Anversois  et  d'une  ode  sur  la  paix  de  l'Europe.  Bruxelles, 
18G7;  in-8°. 

Van  Canwenberghe  [Clt.-J.).  —  Des  grossesses  extra-uté- 
rines (Mémoire  couronné  au  concours  universitaire  de  1805- 
4 8G6).  Bruxelles,  1807;  in-8°. 

Van  Bruyssel  (E.).  —  Histoire  du  commerce  et  de  la  ma- 
rine en  Belgique.  Tome  III.  Bruxelles,  1865;  in-8°. 

Devillers  (Léopold).  —  Notice  sur  un  cartulaire  de  l'abbaye 
de  Saint-Ghislain.  Mons,  1802;  in-8°.  —  Description  analytique 
et  chronologique  du  cartulaire  de  l'abbaye  d'Épinlieu.  Mons, 
1866;  in -8°.  —  Description  analytique  de  cartulaires  et  de 
chartriers  du  Hainaut.  Tomes  I  à  111.  Mons,  180o-1807;  in-8°. 

De  Bruyn  (Hyacinthe).  —  Origine  de  l'église  de  Notre- 
Dame  auSablon,  à  Bruxelles.  Gand,  1807;  in-8°. 

Bormans  (Stanislas).  —  Chronique  de  Mathias  de  Lewis. 
Liège,  1805;  in-8°. 

Lacroix  (A.).  —  Episode  du  règne  de  Jean  de  Bavière. 
Mons,  184I;in-8°. 


(  422  ) 

Scheler.  —  Glossaire  roman-latin  du  quinzième  siècle,  an- 
noté. Bruxelles,  1865;  in-8°. 

Société  entomologique  de  Belgique.  —  Comptes  rendus  des 
assemblées  mensuelles  du  6  juillet,  du  5  août  et  du  7  septem- 
bre 18G7.  Bruxelles;  5  feuilles  in-8°. 

Académie  d'archéologie  de  Belgique,  à  Anvers.  —  An- 
nales, tome  XXIII,  2e  série;  tome  III,  4re  livr.  Anvers,  1867  ; 
in-8°. 

Société  des  bibliophiles  de  Belgique,  à  Bruxelles.  —  Le  Bi- 
bliophile belge,  2e  année,  n°  5.  Bruxelles,  1867;  in-8°. 

Société  libre  d'Émulation  de  Liège.  —  Documents  et  maté- 
riaux pour  servir  à  son  histoire  recueillis  et  publiés  par  Ulysse 
Capitaine.  Liège,  1860-1867;  in-42. 

Société  d'Emulation  pour  l'étude  de  l'histoire  et  des  anti- 
quités de  la  Flandre,  à  Bruges.  —  Annales,  5e  série,  tome  IL, 
n°  I.  Bruges,  1867;  in-8°. 

Bévue  de  la  numismatique  belge.  —  4e  série,  tome  V,  4e  li- 
vraison. Bruxelles,  4867;  in-8°. 

Inscriptions  funéraires  et  monumentales  de  la  province  de 
la  Flandre  orientale,  54e,  55e  et  56e  livraisons.  Gand,  4867; 
5e  cah.  in-4°. 

Société  de  l'histoire  de  Belgique.  —  2e  série,  dix-septième 
siècle.  —  Bergues  sur  leSoom,  assiégée  le  18  de  juillet  1622  et 
désassiégée  le  5  d'octobre,  ensuivant  selon  la  description  faite 
par  les  trois  pasteurs  de  l'église  d'icelle.  Avec  une  introduc- 
tion et  des  notes,  par  Ch.-Al.  Campan.  Bruxelles,  4  867;  in-8". 

Cercle  archéologique  de  Mons.  —  Annales,  tome  V,  4864; 
tome  VI,  4  866.  Mons;  2  vol.  in-i°. 

Messager  des  sciences  historiques ,  année  1 867,  5e  livraison. 
Gand,  4867;  in-8°. 

Essai  de  tablettes  liégeoises,  par  Alb.  d'Otreppe  de  Bou- 
velte,  73e  livr.  Liège,  4  867;  in-4  2. 

Journal  historique  et  littéraire ,  lome*XXXIV,  livr.  5P  et  f>  . 
Bruxelles,  4867;  2  cah.  in-8". 


(  425  ) 

De  vlaamsche  School,  nieuwe  série,  lsledeel,  1867;  bl.  15, 
JG,  17,  18,  19,20.  Anvers,  4867;  6  feuilles  in-4°. 

L'Illustration  horticole,  tome  XIV,  6e,  7e  et  8e  livr.  Gand, 
1867;  5  cah.  in -8°. 

La  Belgique  horticole ,  revue  d'horticulture  belge  et  étran- 
gère, rédigée  par  Edouard  Morren.  Juin,  juillet,  août  et  sep- 
tembre 4  867.  Liège;  2  cah.  in-8°. 

Académie  royale  de  médecine  de  Belgique.  —  Bulletin,  an- 
née 1867,  5e  série,  tome  Ier,  nos  2  à  7.  Bruxelles;  6  cah. 
in-8°. 

Société  de  médecine  d'Anvers.  —  Annales,  28'  année,  livr.  de 
janvier  à  octobre.  Anvers,  1867;  3  cah.  in-8°. 

Société  de  pharmacie  d'Anvers.  —  Journal,  23°  année,  juil- 
let à  septembre  1867.  Anvers ,  1867;  3  cah.  in- 8°. 

Société  royale  des  sciences  médicales  et  naturelles  de 
Bruxelles.  —  Journal  de  médecine,  de  chirurgie  et  de  phar- 
macologie, 25e  année,  45e  volume,  juillet,  août  et  septembre 
1867.  Bruxelles;  3  cah.  in-8°. 

Le  chimiste,  5e  année,  nos  4  à  6.  Bruxelles,  1867;  3  feuilles 
in-8°. 

Le  Scalpel,  20e  année,  nos  1  à  13.  Liège,  1867;  13  feuilles 
in-4°. 

Société  de  pharmacie  de  Bruxelles.  —  Bulletin,  11e  année, 
nos  7  à  9;  juillet  à  septembre.  Bruxelles,  1867;  3  cah.  in-8°. 

Annales  de  l'électricité  médicale,  8e  année,  4e  à  6e  fasci- 
cules. Bruxelles,  1867;  3  cah.in-8°. 

Annales  de  médecine  vétérinaire ,  16e  année,  7e  à  9e  cah. 
Bruxelles,  1867;  3  cah.  in-8°. 

La  presse  médicale  belge ,  19e  année,  nos  28  à  39.  Bruxelles, 
1867;  13  feuilles  in-4°. 

Annales  d' ocu  lis  tique ,  30e  année,  tome  LVIII,  lre  et  2(  livr. 
Bruxelles,  1867;  in-8°. 

Tribune  vétérinaire ,  2e  année,  7e  à  9e  fascicules.  Bruxelles, 
1867;  3  cah.  in-8°. 


(  424  ) 

Historisch  genootschap  gevestigd  te  Utrecht.  -  Kronyk, 
XXIIlen  Jaarg.,  1866,  Vde  série,  2de  deel.  Utrecht,  1867;  in-8°. 
—  Werken,  nieuwe  série,  n°  7.  Utrecht,  1867;  in-8°. 

Musée  Teyler ,  à  Harlem.  —  Archives,  vol.  1 ,  fascicule  2P. 
Harlem,  1867;  gr.  in-8°. 

Musée  Teyler,  à  Harlem.  —  Catalogue  systématique  de  la 
collection  paléontologique,  par  T.-C.  Winckler.  6e  livraison. 
Harlem,  1867;  in-8°. 

Kort  overzigt  van  het  oud  provinciaal  Ârchiefvan  Gelder- 
land.  Utrecht,  1865;  in-8°. 

Nyhoff  (Is.-An.).  — Bijdragcn  voor  Vaderlandsche  geschie- 
denis  en  oudheidkunde.  Nieuwe  reeks,  5de  deel,  2dc  stuk, 
1 862  ;  4de  stuk ,  1 864  ;  4de  deel ,  1 ste  et  2de  stukken  ;  in-8°. 

Vreede  (G.-W.).  —  Inleiding  tôt  eene  geschiedenis  der  Ne- 
derlandsche  diplomatie.  Tweededeel,  eerste  stuk  (1799-1805); 
hvcede  deel,  tweede  stuk  (1803-1810).  Utrecht,  1864-1865; 
2  vol.  in-8°. 

Gedenkivaardigheden  uit  de  geschiedenis  van  Gelderland. 
Zesde  deel,  eerste  stuk.  Utrecht,  1859;  in-4°. 

Koninklijke  natuurkundige  Vereeniging  in  Nederlandsch 
Indië,  te  Batavia.  —  Natuurkundige  tijdschrift  voor  Neder- 
landsch Indië.  Deel  XXIX,  6dc  série;  deel  IV,  aflev.  2-4.  Ba- 
tavia, 1866;  in-8°. 

Vanderstraeten-Pont/wz.  —  Les  neuf  preux,  gravure  sur 
bois  du  commencement  du  quinzième  siècle.  Fragments  de 
l'hôtel  de  ville  de  Metz.  1864;  in-8n. 

Dalij  (César).  —  Motifs  historiques  d'architectureet  de  sculp- 
ture d'ornement.  Livraison  41-42.  Paris,  1866;  in-folio. 

Chatel  (Victor).  —  Maladie  de  la  vigne,  n°  1  I.  Caen,  1867; 
in-8°. 

Tailliar.  —  Notice  sur  l'origine  et  la  formation  des  villages 
au  nord  de  la  France.  Douai ,  1862;  in-8".  —  Fêtes  religieuses 
à  Douai,  au  dix-septième  siècle.  Douai,  1865;  in-8°.  —  Chro- 
niques de  la  ville  de  Douai,  en  Flandre,  sous  les  ducs  de  Bour- 


(  425  ) 

gogne  et  sous  les  rois  d'Espagne,  de  1369  à  1607.  Douai;  in-8°. 
—  Recherches  pour  servir  à  l'histoire  de  l'abbaye  de  Saint- 
Vaast  d'Arras,  jusqu'à  la  fin  du  douzième  siècle.  Douai,  4860; 
in-8". 

Klipffel  (H.).  —  Le  colloque  de  Poissy.  Étude  sur  la  crise 
religieuse  et  politique  de  1561.  Paris,  1867;  in-12. 

Documents  inédits  de  l'histoire  de  France.  —  Lettres,  in- 
structions diplomatiques  et  papiers  d'État  du  cardinal  de  Riche- 
lieu. Tome  IV.  Paris,  1861;  in -4°. 

Académie  des  sciences  de  l'Institut  de  France.  —  Comptes 
rendus  hebdomadaires  des  séances,  par  MM.  les  secrétaires  per- 
pétuels, tome  LXV,  nos  1  à  13  et  tables  du  tome  LXI1I.  Paris , 
1867;  I4cah.  in-4°. 

Société  géologique  de  France.  —  Bulletin  ,  2'*  série,  t.XXî\p, 
feuilles  25-56.  Paris,  1864  à  1865;  in-8". 

Matériaux  pour  servir  à  l'histoire  positive  et  philosophique 
de  l'homme,  par  Gabriel  de  Mortillet.  Seconde  année,  nos  7 
et  8.  Paris,  1867;  in-8°. 

Institut  historique  de  France.  —  L'Investigateur,  34e  an- 
née, 392°  et  593e  livr.  Paris,  1867;  in-8". 

Muséum  d'histoire  naturelle  de  Paris.  —  Nouvelles  ar- 
chives. Tomes  I ,  II  et  111,  lep  et  2e  fascicules.  Paris,  186'j- 
1867;  10  cah.  in-8°. 

Société  d'agriculture  de  Valenciennes.  —  Revue  agricole,  1 9e 
année,  tome  XXIe,  n08  7  et  8.  Valenciennes,  1867;  2  cah.  in-8". 

Société  météorologique  de  France.  —  Annuaire,  tome  XVe, 
1867;  2e partie,  Bulletin  des  séances,  feuilles  1-10,  15-26.  Paris, 
4867;  2  cah.  in-8°. 

Revue  de  l'instruction  publique ,  de  la  littérature  et  des 
sciences  en  France  et  dans  les  pays  étrangers,  27e  année, 
nos  14  à  26.  Paris,  18G7;  13  doubles  feuilles  in-4°. 

Presse  scientifique  et  industrielle  des  Deux-Mondes ,  pu- 
bliée par  J-A.  Barrai,  1867;  tome  II,  nos  27  à  59.  Paris; 
4  3  broch.  in- 8°. 


(  426  ) 

Revue  des  cours  scientifiques  de  la  France  et  de  l'étranger. 
4e  année,  1er  semestre  (décembre  1866  à  juin  18G7)  et  2e  se- 
mestre, nos  28  à  48  (juin  à  octobre  1867).  Paris,  1867;  in-4°. 

Revue  des  cours  littéraires  de  la  France  et  de  l'étranger, 
4e  année,  lcrsemestre  (décembre  1866  à  juin  1867);  2e  semestre, 
nos  27  à  48  (juin  1867  à  octobre  1867).  Paris,  1867;  in-4°. 

Journal  d'agriculture  pratique ,  fondé  en  1857,  par  Alexan- 
dre Bixio,  1867.  Tome  II,  51e  année,  nos  58  à  42.  Paris;  5  cab. 
gr.  in -8°. 

Journal  de  F  agriculture,  fondé  et  dirigé  par  J.-A.  Barrai, 
1867.  Tome  III,  nos  24  à  51.  Paris;  8  cab.  in-8°. 

Bulletin  hebdomadaire  du  journal  de  l'agriculture ,  année 
1867,  nos  27  à  59.  Paris;  15  feuilles  in-8°. 

Société  d'histoire  naturelle  de  Colmar.  —  Bulletin,  6e  et 
7e  années,  1865  et  1866.  Colmar,  1867;  in-8°. 

Société  des  antiquailles  de  Picardie,  à  Amiens. —  Mémoires, 
5e  série,  tome  Ier.  Amiens,  1867;  in-8°. 

Société  des  antiquaires  de  la  Morine,  dSaint-Omer.  — Bul- 
letin historique,  14e  année,  57e  et  58e  livr.;  15e  année,  59e  et 
60''  livr.;  16e  année,  61e  et  62e  livr.  Saint-Omer,  1866-1867; 
5  cah.  in-8°. 

Rapport  présenté  à  la  Société  impériale  d'agriculture  de 
Lyon,  au  nom  de  la  commission  des  soies,  sur  ses  travaux  en 
1866.  Lyon,  1867;  in-8°. 

Société  des  Antiquaires  de  Picardie,  à  Amiens.  —  Bulletin, 
année  1867,  nos  1  et  2.  Amiens,  1867;  in-8°. 

Académie  impériale  des  sciences,  arts  et  belles-lettres  de 
Dijon.  —  Mémoires,  2e  série,  tomes  12e  et  15e,  années  180i 
eM865.  Dijon,  1865-1866;  2  vol.  in-8°. 

Société  d  archéologie  et  d'histoire  de  la  Moselle.  —  Bulletin. 
Impartie,  1858;  in-8°. 

Société  de  physique  et  d'histoire  naturelle  de  Genève.  — 
Mémoires,  tome  XIX,  lre  partie.  Genève,  1867;  in-4°. 

Ilislorisclier  Verdit  fur  Steiermarl;  zu  Gratz.  —  Milthei- 


(  427  ) 

lungen,  XVtes  Heft;  —  Bcitriige,  4ter  Jahrgang.  Gratz ,  4867; 
2  cah.  in-8°. 

Oberhessische  Gesellschaft  fur  Natur-und  Heilkunde  zu 
Giessen.  —  VII'%  IX,e  und  XIIte  Bcrichtcn.  Giessen;  5  vol. 
in-8°. 

Jastus  Perthes'  geographischer  Anstalt  zu  Gotha.  —  Mit- 
theilungen  ùber  wichtige  neue  Erforschungen  auf  dem  Gc- 
sammtgcbiete  der  Géographie,  1867.  Gotha;  1  eah.  in-4°. 

Kônigliche-bayerische  Akudemie  der  Wissenschaften  zu 
Mûnchen.  —  Matheitiàtisch-physikalische  Classe.  Abhandlun- 
gen,  XKr  Band,  lslP  Abth.;  1  cah.  in-4°.  —  Historische  Classe: 
Abhandlungen,IXlcrBand,  3lc  Abth  ;  1  cah.  in-4°.  —  Sitzungs- 
berichte,  1867, 1,  Heft  4;  II,  Hefl  1  ;  2  cah.  in-8°.  —  Uebcr 
einige  altère  Darstellungen  der  deutschen  Kaiser zeit,  Vortrag. 
Munich,  1867;  in-4°.  —  Geschâfts-Ordnung;  in-8°. 

Kônigliche-ôkonomische  Gesellschaft  zu  Kônigsberg.  — 
Schriftcn,  VlstCT  Jahrg.,  1865,  1ste  und  2,e  Abth.,  VII"'  Jahrg., 
1866,  1s,c  und  2le  Abth.  Kônigsberg,  1865-1866;  4  cah.  in-8°. 

Kaiserliche  Leopoldino-Carolinische  deutschen  Akademie 
der  Naturforscher  zu  Dresden.  —  Verhandlungen,  XXVSUI 
Band.  Dresde,  1867;  in-4°. 

Scltlesische  Gesellschaft  fur  vaterlandische  Cultur  zu  Bres- 
lau.  —  Vierundvierzigster  Jahres-Berichl,  1866.  Breslau, 
1867;  in-8°. 

Kaiser liche-kônrgliche  geologische  Reichsanstalt  zu   Wien. 

—  Jahrbuch,  XVIIter  Band,  n°  2.  —  Verhandlungen,  1867,  n"  6. 
Vienne,  1867;  2  cah.  in-8°. 

Zeitschrift  fur  die  Geschiclite  des  Oberrheins.  Tome  XIII , 
livr.  2-4;  tomes  XV-XIX,  in-8". 

Historischer  Verein  fur  Niedersachsen.  —  20  uwl  22e  Xuch- 
richlen.  1857-1859;  2  vol.  in-8'\ 

Historischer  Verein  von  Unterfranken  und  Aschaffenburg. 

—  Tome  XVII,  livr.  1-5;  tome  XVIII;  tome  XIX,  livr.  I.In-8". 
Historischer  Verein  fur  Niedersachsen.  —  Zeitschrift,  Jahrg. 

1857-1859;  in-8°. 


(  428  ) 

Philomathie  in  JVeisse.  —  Bericht,  XIVter  und  XVlPr  Jahrg.; 
—  Denkschrift  zur  Feicr  ihres  XXVtes  jâhrigen  Bestehens;  — 
Geschichte  der  Stadt  Neissc.  ltepTheil,  IIIter  Band.  Ncisse, 
1805-1806;  4  cah.  in-8°. 

Programm  der  Thomasschule  in  Leipzig  wodurcb  zu  der 
offentlichen  Schulprûfung  ara  42  Aprii  1807  ehrerbietigst 
einladet  Dr.  Fr.-Aug.  Eckstçin,  Hector.  Leipzig,  18G7;  in-4°. 

Naturw.  Verein  fur  Sachsen  tend  Thùringen  in  Halle.  — 
Zeitsehrift  fur  die  Gesammtcn  Natur-Wissenschaften.  Jàhr- 
gang  1867,  XXIX1"  Band.  Berlin,  1867;  in-8°. 

Kônigliche-preussische  Akademie  der  Wissenschaften  zu 
Berlin;  Mai  und  Juni  1867.  Berlin;  2  cah.  in-8°. 

K.-K.  Universilàt  zu  Wien. — Oeffentliche  Vorlesungen  im 
Winter-Semester  1868.  Vienne,  1867;  in-i°. 

Bischoff  [Th.-L.-W.).  —  Ucber  die  Brauehbarkeit  der  in 
verschiedenen  europâiscben  Staatcn  verôffentïichen  Rcsultaîe 
des  Recrutirungs-Gescbaftes.  Munich,  1867;  in-8°. 

Petlenkofer  und  Voit.  —  Untersuehungen  ùber  der  StofT- 
verbrauch  des  normalen  Menscben.  Munich,  1867;  in-8°. 

Pollender  (Aloys).  —  Ueber  das  Entslehen  und  die  Bildung 
der  kreisrunden  Oeffnungen  in  der  ausseren  Haut  des  Blù- 
tenstaubes.  Bonn,  1867  ;  în-4°. 

Z ester mann  (A.-C.-A.).  —  Die  Unabhangigkeit  der  deuts- 
ehen  xylographischen  Biblia  Pauperum  von  der  lateinischen 
xylographischen  Biblia  Pauperum.  Leipzig,  1866;  in-i°. 

Baur(Dr  L).  —  Hessische  Urkunden.  Vol.  II  et  III.  In-8°. 

Wagner.  —  Die  Wùstungen  im  Grosherzogthum  Hcssen. — 
Provinz  Rheiiïhessen.  1865;  in-8".  -  Provinz  Starkenburg. 
1862;  in-8°. 

Volger  (Dr).  —  Der  Ursprung  und  der  âltcste  Zustand  der 
Stadt  Liincburg.  1861;  in-8°. 

Moue  (/.).  —  Quellen  Samnilung  der  badiseben  Landesge- 
sebichte.  Vol.  III,  2e  et  5e  livr.,avcc  une  livr.  de  planches,  1862 
et  1865;  in-4°. 

Archiv  der  Mathematik  und  Physik;  herausgegebcn  von 


(  429  ) 

J.-A.  Grunert.  XLVIIte  Theil,  lste  und  2te  Heftes.  Greifswald  , 
1867;  2  broch.  in-8°. 

Heidelberger  Jahrbùcher  der  Literatar ,  LXter  Jahrgang. 
7te  Heft.  Heidelberg,  1867;  in-8°. 

Beitrâge  zur  Statistik  der  inneren  Verwaltung  des  Gros- 
herzogthums  Baden.  42te  Heft..  1862;  in-4°. 

Kongelige  danske  Videnskabernes  Selskabs,  lill Kjôbenhavn. 
—  Oversigt,  aaret  1865,  Nr  4;  aaret  1866,  nos  2  à  6;  aaret 
1867,  n08  4  ,2,  5.  Copenhague,  1865-1867;  9  cah.  in-8°. 

Académie  impériale  des  sciences,  à  Saint-Pétersbourg.  — 
Mémoires,  tome  X,  n°  16  et  dernier;  tome  XI,  nos  1  à  8.  Saint- 
Pétersbourg,  4867;  9  cah.  in-4°. —  Bulletin,  tome  XI,  feuilles 
20-57;  tome  XII,  feuilles  1-6.  Saint-Pétersbourg,  1867;  5  cah. 
in-4°. 

Nicolai-ffauplstermvarte  zu  Pulkowa.  —  Jahresberieht  am 
20  mai  1866  dem  comité  ahgestattet  vom  Director  der  Stern- 
warte.  Saint-Pétersbourg,  1866;  in-8°. 

Observatoire  physique  central  de  Russie.  —  Annales,  année 
4  865,  n°  1;  année  1864.  —  Correspondance  météorologique 
pour  l'année  4864.  —  Compte  rendu  annuel,  année  1864. 
Saint-Pétersbourg,  4865-1866  ;  3  vol.  et  4  cah.  in-4°. 

Reale  accademia  délie  Scienze  di  Torino.  —  Memorie,  série 
seconda  ,  tomo  XXII.  Turin  ,  4867;  in-4°.  —  Atti,  vol.  4  ,  disp. 
5a-7a;  vol.  2,  disp.  4a-5a.  Turin,  4866-4867;  8  cah.  in-8°. 

Commission  royale  d'histoire  de  Sardaigne.  —  Historiae  pa- 
triœ  monumenta  ;  édita  jussu  régis  Caroli  Alberti  Scriptores. 
Tomus  IV.  Turin,  1863;  in-folio. 

R.  Istituto  tecnico  di  Palermo.  —  Giornale  di  Scienze  natu- 
rali  ed  economiche,  pubblicato  per  cura  del  consiglio  di  perfe- 
zionamento  annesso  al  R.  Istituto.  Volume  2,  fasc.  II,  III  e  IV. 
Palermo,  4866;  in-4°. 

Reale  accademia  economico-agraria  dei  georgofili  di  Fi- 
renze.  —   Continuazione  degli  atti,nuova  série,  vol.  XIII  e 

2me  SÉRIE,  TOME  XXIV.  29 


(  430  ) 

vol.  XIV,  disp.  1\  —  Parte  istorica ,  1866  e  1867,  disp.  la. 
Fiorencc,  4866-1867;  8  cali.  in-8°. 

Societa  reale  di  Napoli.  —  Accademio  di  Scicnzc  morali  e 
politiche.  Atti,  volume  III0;  —  Rendiconto,  anno  VI10,  quaderni 
di  Luglio  e  agosto.  Naples,  1867;  1  eah.  in-4°  et  I  cah.  in-8°. 

Fenicia  [Salvatore).  —  Libro  decimotcrzo  délia  politiea.  Bari, 
1867;  in -8°. 

De  Leva  (Giuseppe).  —  Storia  documentai  di  Carlo  V  in 
correlazione  ail'  Italia.  Tomes  I  et  II,  et  les  96  premières  pages 
du  tome  III.  In-8°. 

Omboni  [Giovanni).  —  Le  duo  récent i  teorie  sulle  correnti 
atmosferiche.  Milan,  1867;  in-12. 

British  association  for  the  advancemenl  of  Science.  —  Re- 
port of  the  thirtv-sixlh  meeting,  held  at  Notlingham  in  august 

1866.  Londres,  1867;  in-8°. 

Geological  Society  of  London.  —  The  quarterly  journal , 
vol.  XXIII,  part  5.  Londres,  1867;  in-8°. 

Chemical  Society  of  London.  —  Journal,  série  2,  vol.  V, 
July,  August,  Scplember  1867.  Londres;  3  eah.  in-8°. 

The  laboratory ,  a  weeklv  Record  of  Seientific  Research., 

1867,  nos  22  and  26  Londres,  1867;  5  cah.  in-8°. 
Natural  history  Society  of  Dublin.  —  Proceedings  for  the 

session  1864-65,  Volume  IV,  part  5.  Dublin,  1865;  in-8°. 

Royal  Society  of  Victoria,  at  Melbourne.  —  Transactions 
and  proceedings,  vol.  III,  part  1.  Melbourne,  1867;  in-8°. 

Commission  géologique  du  Canada.  —  Rapport  de  progrès 
depuis  son  commencement  jusqu'à  1865.  Montréal,  1864; 
1  vol.  in-8°  et  allas.  —  Report  of  progress  from  1865  to  1866. 
Ottawa  ,  !  866  ;  in-8°.  —  Palaeozoic  fossils,  volume  1.  Montréal, 
1865;  in-8°.  —  On  the  history  of  cozoon  Canadense.  Montréal. 
1865;  in-8°. 

The  umerican  Journal  of  science  and  arts,  second  séries, 
vol.  XL1V,  n°  150.  New-Havcn,  1867;  in-8°. 

Remarks  upon  the  éducation  of  deaf  mutes  :  In  défonce  of 


(  431  ) 

ihe  doctrines  of  the  second  annual  report  ofthe  Massachusets 
board  of  states  charities.  Boston  ,  4  860;  in-8°. 

Third  annual  report  of  the  board  of  states  charities  of  Mas- 
sachusets,  to  which  are  added  tlie  reports  of  the  Seeretary, 
and  the  gênerai  agent  of  the  board.  January  1807.  Boston. 
1807;  in-8°. 

Catalogue  of  officiai  Reports  upon  Geologicul  Surveys  of 
the  United  States  and  british  provinces.  Ncw-Haven,  1807: 
in-8% 

Essex  inslitute  at  Salem.  —  Pro^eedings  and  communica- 
tions, vol.  IV  and  vol.  V,  nos  1  and  2.  Salem,  1806-1807;  in-8u. 

Tillmann  (S.-D.).  —  A  New  chemical  nomenclature.  Al- 
bany,  1800;  in-8°. 

American  Academy  of  arts  and  sciences  at  Boston.  —  Pro- 
ceedings,  vol.  VII,  pp.  97-184.  Boston,  1807;  in-8°. 

Muséum  of  comparative  zoology ,  at  Harvard  Collège,  in 
Cambridge.  —  Annual  report  of  the  trustées,  1800.  Boston. 
1807;  in-8". 

American  philosophical  Society ,  held  at  Philadelphiu.  — 
Proceedings,  vol.  X ,  n°  70.  Philadelphie,  1800;  in-8°. 

Connecticut  Academy  of  arts  and  sciences  at  Xeiv-Haven. 
—  Transactions,  vol.  I,  part  1.  New-Havcn,  1860;  in-8°. 

American  philosophical  Society,  held  at  Philadelphiu.  Pro- 
ceedings, vol.  X  ,  n°  70.  Philadelphie,  1800;  in-8°. 

Academy  of  nalurul  Sciences  of  Philadeiphîa.  —  Procee- 
dings, 1805.  Philadelphie;  5  cah.  in-8°. 

Leidy  (Joseph).  —  Cretaceous  reptiles  of  the  United  States. 
Philadelphie,  1865;  in-4°. 

National  Academy  of  Sciences  at  Washington.  —  Mémoire, 
vol.  I.  Washington,  1800;  in-4°. 

Pumpelly  {Raphaël).  —  Gcological  researches  in  China,  Mon- 
golia,andJapan,  during  the  years  1802  lo  1805.  Washington. 
l806;in-4°. 

Annals  ofthe  astronomical  Observatory  of  Harvard  Collège. 


(  432  ) 

—  Vol.  Il,  part  2,  1854-55;  vol.  V.  Cambridge,  1867;  2  vol. 
in-4°. 

Smithsonian  institution  al  Washington.  —  Animal  Report 
for  the  year  1865.  Washington,  1866;  in-8°.  —  Miscellaneous 
Collections,  vol.  VI,  VII.  Washington,  1867  ;  2  vol.  in-8°. 

Report  of  the  Secretary  of  War ,  with  accompanying  papers. 
Washington,  1866;  in-8°. 

Ohio  state  agricultural  Society  of'Columbus. —  Ohio  Acker- 
bau-bericht,  1865,  zweite  Reihe.  Columbus,  1866;  in-8°. 

Albany  institute.  —  Transactions,  vol.  V.  Albany,  1N67: 
in~8°. 

Lycenm  of  natural  history  at  New-York.  —  Annales,  vo- 
lume VIII,  nos  11-14.  New-York,  1866-1867;  2  cah.  in-8°. 

California  Academy  of  natural  Sciences,  at  San- Francisco. 

—  Proceedings,  vol.  III,  parts  2-3.  1864-1866.  San-Francisco; 
2  cah.  in-8°. 

Boston  Society  of  natural  history.  —  Memoirs,  vol.  I,  parts 
1-2.  Boston,  1867;  2  cah.  in-4°.  —  Journal,  vol.  VII,  n°  4. 
Boston,  1865;  in-8°.  —  Proceedings,  vol.  IX,  pp.  177-520; 
vol. X,  pp.  289  à  fin;  vol.  XI,  pp.  1-96.  Boston;  in-8°.  —  Con- 
dition and  doings  as  exhibited  by  the  annuals  reports  of  the 
may,  1866.  Boston,  1866;  in-8°. 

Museo  publico  de  Buenos- A  ires.  —  Anales,  Entrega  2a  e  5a. 
Buenos-Ayres,  1866;  2  cah.  in-4°. 


BULLETIN 


DE 


L'ACADÉMIE  ROYALE  DES  SCIENCES 

DES 

LETTRES  ET  DES  BEAUX-ARTS  DE  BELGIQUE. 
4867.  —  N°  II. 


CLASSE    DES    SCIENCES. 


Séance  du  9  novembre  1867. 

M.  le  vicomte  du  Bus,  président  de  l'Académie. 
M.  Ad.  Quetelet,  secrétaire  perpétuel. 

Sont  présents  :  MM.  d'Omalius  d'Halloy,  Wesmael,  Stas, 
De  Koninck,  Van  Beneden,  de  Selys-Longchamps ,  Nyst, 
Gluge,  Nerenburger,  Melsens,  Liagre,  Duprez,  J.-B.  Bras- 
seur, Poelman,  G.  Dewalque,  Ern.  Quetelet,  Spring,  Maus, 
Gloesener,  Candèze,  Eug.  Coemans,  Donny,  membres; 
Th.  Schwann,  Th.  Lacordaire,  E.  Catalan,  associés;  Ma- 
laise, Dupont,  correspondants. 

2me  SÉRIE  ,  TOME  XXIV.  50 


(  454  ) 


CORRESPONDANCE 


Le  secrétaire  perpétuel  fait  connaître  que,  depuis  la 
dernière  réunion,  la  classe  a  fait  une  nouvelle  perte  par 
le  décès  d'un  de  ses  associés  les  plus  anciens ,  M.  James 
South,  de  Londres,  élu  en  1827,  et  qui  eut  l'honneur  de 
partager,  avec  sir  John  Herschel ,  le  grand  prix  décerné 
par  l'Institut  de  France  pour  un  travail  sur  les  étoiles  dou- 
bles cl  multiples. 

—  Le  secrétaire  dépose  sur  le  bureau  le  tome  XXXllï 
des  Mémoires  couronnés  et  Mémoires  des  savants  étrangers, 
qui  vient  d'être  achevé. 

Ce  volume  renferme  les  travaux  suivants  : 

1.  Exposé  historique  de  la  théorie  du  tonus  musculaire, 
par  le  docteur  Isidore  Cohnstein; 

2.  Description  miuéralogique  et  stratigraphique  de 
l'étage  inférieur  du  terrain  crétacé  du  Hainaut  (système 
aachénien  de  Dumont),  par  MM.  A.  Rriart  et  F.-L.  Cornet; 

5.  Sur  la  vision  des  poissons  et  des  amphibies,  par 
M.  Félix  Plateau. 

4.  Mémoire  sur  la  transformation  des  séries  et  sur 
quelques  intégrales  définies,  par  M.  E.  Catalan; 

o.  Recherches  sur  la  capillarité,  1er  et  2mc  mémoires, 
par  M.  E.  Bède; 

6.  Histoire  du  droit  pénal  dans  l'ancien  duché  de  Bra- 
bant,  par  M.  Edmond  Poullet; 

6.  Projet  d'assassinat  de  Philippe  le  Bon  par  les  An- 
glais (1424-1426),  mémoire  historique  par  M.  A.  Des- 
planque; 


(  455  ) 
7.  Les  colonies  wallonnes  en  Silésie,  particulièrement  à 
Breslau,  par  M.  Colmar  Griinhagen. 

—  Il  donne  lecture  d'un  grand  nombre  de  lettres  de 
remercîments  adressées  par  des  associés  ou  des  sociétés 
savantes,  pour  l'envoi  des  dernières  publications.  Nous 
mentionnerons  celles  de  MM.  Airy,  directeur  de  l'Observa- 
toire royal  de  Greenwich;  Richard  Owen,  directeur  du 
Musée  britannique;  J.-B.  de  Rossi,  de  Rome;  l'Institution 
des  ingénieurs  civils  d'Angleterre;  l'Observatoire  d'Oxford; 
la  Société  philosophique  de  Glasgow;  la  Société  microsco- 
pique de  Londres;  la  Société  philosophique  de  Manchester; 
l'Université  de  Kœnigsberg;  la  Société  vétéravienne  de 
Hanau;  la  Société  d'émulation  de  Rouen;  la  Société  des 
sciences  naturelles  de  Cherbourg;  l'Académie  impériale  de 
Metz;  l'institut  Smilhsonian  de  Washington;  le  Musée  pu- 
blic de  Buenos-Ayres. 

—  M.  Ch.  Fritsch  l'ait  parvenir  les  résultat»  de  ses  ob- 
servations sur  l'étal  de  la  végétation  à  Vienne  en  1867.  Les 
observations  sur  l'étal  de  la  végétation  au  21  octobre  der- 
nier et  recueillies  par  MM.  de  Selys-Longchamps  etGhaye, 
à  Waremme;  par  M.  Bernardin  ,  à  Melie,  près  de  Gand;  et 
par  M.  Ad.  Quetelet,  à  Bruxelles,  sont  présentées  égale- 
ment à  la  classe. 

—  M.  le  Ministre  de  la  guerre  adresse  un  exemplaire 
de  la  ome  livraison,  composée  dos  feuilles  1,  o  et  21 ,  de  la 
Carie  topographique  de  la  Belgique,  publiée  par  le  dépar- 
tement de  la  guerre.  —  Remercîments. 

—  Le  directeur  de  la  Renie  des  cours  scientifiques  et 
littéraires ,  à  Paris,  demande  l'échange  de  ce  recueil  avec 
les  publications  académiques;  l'échange  est  accepté. 


(  436  ) 

—  La  classe  désigne  les  commissaires  pour  l'examen 
des  ouvrages  manuscrits  suivants,  qui  viennent  de  lui  être 
adressés  : 

1°  Note  sur  le  pouvoir  dispersif  de  l'air,  par  M.  Mon- 
tigny.  (Commissaires  :  MM.  Plateau  etDuprez.) 

2°  Sur  les  caractères  du  genre  Populus,  par  M.  Alfred 
Wesmael.  (Commissaires  :  MM.  Coemans  et  Morren.) 

5°  Sur  V erreur  moyenne  d'un  ensemble  d'observations, 
par  M.  Adan.  (Commissaires  :  MM.  Catalan  et  Liagre.) 

4°  Le  genre  Dactycotile,  son  organisation  et  quelques 
remarques  sur  la  formation  de  l'œuf  des  trématodes,  par 
M.  Ed.  Van  Beneden.  (Commissaires  :  MM.  Schwann  et 
Spring.) 


ELECTIONS. 

La  classe  se  constitue  en  comité  secret  et,  après  avoir 
discuté  les  titres  des  divers  candidats  présentés  pour  la 
place  vacante  de  membre  et  les  deux  places  vacantes  d'as- 
socié, arrête  la  liste  de  présentation  pour  une  place  de 
correspondant  dans  la  section  des  sciences  physiques  et 
mathématiques  et  pour  une  place  dans  la  section  des  sciences 
naturelles. 


(  457 


RAPPORTS. 


Les  crustacées  d'eau  douce  en  Belgique,  par  M.  Félix  Pla- 
teau, docteur  en  sciences  naturelles. 


Kapi»ot't  «if  33.   I  (c»t  MSeneilen. 

«  Le  mémoire  que  M.  F.  Plateau  a  communiqué  à  la 
dernière  séance  de  la  classe  a  pour  titre  :  Recherches  sui- 
tes crustacés  d'eau  douce  de  Belgique.  «  Je  me  suis  occupé 
»  depuis  plusieurs  années  des  petits  crustacés  d'eau  douce 
»  du  pays,  dit  M.  F.  Plateau;  j'ai  pu  faire  ainsi  quelques 
»  observations  nouvelles  sur  leur  anatomie  et  leur  pliysio- 
»  iogie  »,  ajoute-t-il,  et  dans  ce  premier  mémoire  il  a  réuni 
le  résultat  de  ses  recherches  sur  les  genres  Gammarus, 
Lynceus  et  Cypris. 

Parmi  les  espèces  de  Gammarus ,  M.  Plateau  s'est  oc- 
cupé surtout  du  Gammarus  Puteanus  qui  vil  dans  les 
lieux  obscurs  et  qui  est,  pour  mon  ami  Vander  Hoeven, 
aux  autres  espèces  du  genre  Gammarus,  ce  que  le  Prolée 
est  au  Monobranche,  c'est-à-dire  une  espèce  souterraine 
et  étiolée  au  milieu  de  congénères  lluviatiles. 

Dans  la  Zoologie  médicale  (1),  nous  avons  admis  trois 
espèces  pour  la  France  et  je  ne  sais  pourquoi  M.  Plateau 
prétend  que  mon  collaborateur  refuse  la  qualité  d'espèce 
à  ce  crustacé  naturellement  étiolé. 

Sur  les  huit  espèces  de  Lyncées découvertes  par  Millier, 


(1)  Publiée  eu  collaboration  avec  M.  Gênais. 


(  458  ) 
M.  Plateau  en  a  capturé  six  en  Belgique,  et  après  avoir 
exposé  le  résultat  de  ses  observations  sur  divers  points  de 
leur  organisation  et  de  leur  reproduction ,  il  répartit  ces 
six  espèces  dans  un  tableau  avec  l'indication  des  princi- 
paux caractères  qui  les  distinguent. 

M.  F.  Plateau  a  pu  se  procurer  vingt-trois  espèces  de 
Cypris  en  Belgique,  qu'il  a  dessinées  et  comparées  à 
divers  âges,  et  cette  étude  lui  a  permis  de  refaire  leur 
synonymie. 

Ces  petits  crustacés  disparaissent  périodiquement,  mais 
M.  F.  Plateau  n'a  pu  s'assurer  encore  s'ils  s'enfoncent 
dans  le  sable  ou  s'ils  se  maintiennent  par  le  secours  des 
œufs  :  en  tout  cas  il  ne  croit  pas  qu'il  y  ait  chez  eux  un 
phénomène  de  parthénogenèse. 

Le  mémoire  de  M.  Plateau  est  accompagné  d'une  planche 
bien  dessinée  par  lui-même  et  qui  représente  les  princi- 
paux objets  qui  méritent  d'être  reproduits. 

M.  Plateau  fait  preuve  de  connaissances  dans  la  dis- 
cussion des  faits,  aussi  bien  de  ceux  qui  se  rapportent  à 
l'organisation  que  de  ceux  qui  sont  purement  zoologiques; 
il  est  fort  bien  au  courant  de  la  partie  littéraire,  il  s'est 
donné  beaucoup  de  peine  pour  réunir  ces  matériaux  dans 
nos  principales  provinces ,  et  nous  nous  faisons  un  vrai 
plaisir  de  demander  l'impression  de  son  savant  travail 
dans  les  mémoires  de  l'Académie.  En  finissant  nous  ex- 
primerons le  vœu  que  M.  F.  Plateau  soit  chargé  de  l'étude 
des  crustacés  inférieurs  libres  qui  vivent  si  abondamment 
sur  notre  littoral  et  qui  servent  de  première  pâture  à  tant 
de  milliers  de  poissons  les  premiers  jours  de  leur  éclo- 
sion.  » 


(  439  ) 

MSappofl  tic  M .  tle  Srly*-tjO*»ffchitn»i*s 

«  Le  mémoire  de  M.  Félix  Plateau  me  semble  une 
œuvre  des  plus  remarquables,  qui  abonde  en  observations 
importantes  sur  l'organisation  et  sur  la  classification  des 
Gammarus,  des  Lynceus  et  des  Cypris. 

L'auteur  fait  preuve  d'une  grande  érudition  en  ce  qui 
concerne  les  travaux  qui  ont  précédé  le  sien ,  et  d'une  rare 
sagacité  dans  la  discussion  des  points  sur  lesquels  les  au- 
teurs sont  en  désaccord  entre  eux  ou  avec  ses  observations 
originales. 

La  partie  purement  zoologique  est  traitée  avec  tout  au- 
tant de  détail  que  la  partie  physiologique  et  anatomiquo. 
Les  espèces  belges  ont  été  recueillies  et  déterminées  avec 
soin  ;  leur  nombre  est  considérable,  et  prouve  quelle  riche 
moisson  attend  les  jeunes  naturalistes  qui,  comme  M.  Pla- 
teau, voudront  se  donner  la  peine  d'étudier  les  familles  qui 
ont  été  négligées  jusqu'ici  en  Belgique  ;  car  des  trois  groupes 
traités  dans  ce  premier  mémoire,  nous  ne  possédons,  pour 
ainsi  dire,  d'autre  connaissance,  dans  la  faune  indigène, 
que  celle  de  l'existence  de  ces  genres  eux-mêmes,  et 
AL  Plateau  nous  apporte  un  catalogue  raisonné  qui  com- 
prend trois  Gammarus,  six  Lynceus  et  vingt-trois  Cypris. 

,1c  fais  des  vœux  pour  que  M.  Plateau  continue  ses  sa- 
vantes recherches  sur  les  différents  groupes  du  grand  genre 
Monoculus  de  Linné  :  Ci/dopes ,  Daphnies ,  Branchipcs, 
Apus,  Arcjulcs,  etc.,  dont  les  espèces  belges  n'ont  guère 
été  collectionnées  et  qui,  en  outre,  lui  fourniront  certaine- 
ment une  ample  récolte  de  faits  nouveaux  dans  le  domaine 
de  la  physiologie  et  de  l'anatomie. 

il  est  à  désirer  que  M.  Plateau  soit  à  même  d'étudier  à 
fond  les  provinces  autres  que  les  Flandres,  où  il  a  fait  jus- 
qu'ici ses  principales  observations,  parce  que  la  nature  du 


(  440  ) 
sol  cl  des  eaux  qu'on  y  rencontre  est  infiniment  plus  variée, 
d'où  l'on  peut  présumer  qu'on  y  trouvera  d'autres  espèces 
des  mêmes  genres  (1  ). 

Notre  collègue,  M.  Van  Beneden,  nous  a  déjà  donné  un 
contingent  important  sur  nos  crustacés  marins,  et  nul  doute 
qu'il  ne  soit  à  même  de  continuer,  dans  le  domaine  de  la 
mer,  ses  brillantes  observations;  je  diffère  donc  d'avis  avec 
lui,  lorsqu'il  désire  que  M.  Plateau  soit  chargé  d'étudier 
les  crustacés  libres  de  nos  côtes.  Je  crois  qu'il  est  préfé- 
rable que  M.  Plateau  continue  et  termine  d'abord  la  re- 
cherche des  espèces  d'eau  douce  qu'il  vient  d'inaugurer 
avec  tant  de  succès. 

Des  travaux  comme  celui  qui  nous  est  présenté  aujour- 
d'hui honorent  la  science  en  Belgique.  C'est  assez  dire  que 
je  me  prononce  pour  l'impression  du  mémoire  et  de  la 
planche  dans  les  Mémoires  de  l'Académie.  » 


E&tspjintfl  dit  Ji .  Uandèze. 

«  J'adhère  aux  conclusions  de  mes  savants  collègues, 
MM.  Van  Beneden  et  de  Selvs ,  concernant  le  mémoire 
présenté  par  M.  Félix  Plateau.  » 

Conformément  aux  conclusions  des  trois  rapporteurs, 
l'impression  est  ordonnée  et  des  remerciments  sont  adres- 
sés à  l'auteur. 


(i)  Il  y  a  plus  de  trente  années,, j'avais  commencé  à  recueillir  quelques 
petits  crustacés  d'eau  douce,  et  je  me  souviens  d'avoir  remarqué,  dans 
une  fontaine  provenant  des  eaux  souterraines  des  houillères  de  Liège,  de 
petits  Gommarus  qui  m'avaient  semblé  différents  du  G.  Putex.  C'était 
probablement  le  G.  Puteanus  ,  observé  en  Flandre  par  M.  Plateau. 


(  m 


COMMUNICATIONS  ET  LECTURES. 


Ichneamonologiça  documenta,  par  M.  Constantin  Wesmael, 
membre  de  l'Académie. 


AVERTISSEMENT. 

Dans  les  quelques  pages  de  cette  notice,  j'ai  réuni  un 
certain  nombre  de  renseignements  restés  épars  et  inédits 
parmi  mes  manuscrits  sur  les  Ichneumons  :  c'est  dire  que 
cet  opuscule  n'est  pas  autre  chose  qu'un  appendice  aux  pré- 
cédents sur  le  même  sujet,  et  que  je  me  crois  ainsi  dis- 
pensé d'entrer  dans  d'autres  explications  préalables.  Ceux 
de  mes  sous-genres  dont  il  y  est  question  sont  les  Eupa- 
lamus,  les  Chasmodes ,  les  Ichneitmons,  les  Amblyteles,  les 
Heresiarches ,  et  les  Oronotus. 

Depuis  la  publication,  en  1844, de  mon  mémoire  fonda- 
mental, le  Tentamen  dispositionis  methodicae  Ichneumo- 
num  BeUjii,  j'ai  dû  m'avouer  qu'il  laissait  beaucoup  à  dé- 
sirer; mais,  tout  en  échouant  plus  d'une  fois  devant  les 
difficultés  du  sujet,  je  crois  avoir  eu  au  moins  le  mérite 
d'essayer  de  faire  mieux  que  mes  prédécesseurs,  et  c'est  à 
cette  idée  que  se  rattache  le  titre  modeste  de  Tentamen 
que  j'ai  adopté  à  cette  époque  pour  mon  travail. 


(  .44-2  ) 
PRIMA  SECTIO. 


ICHNEUMONES  OXYPYG1  {Tentam.  p.  II.) 
Subgenus  EUPALAMUS. 

1.  Eup.  oscillator    ay$.   Wesm. 

,„    ,  ,  ,        ,      i  oy  :  l.  deliratorius  d*.  Grav.  n'68. 

feittnm..  p.  14,  n°  1.     ?         _       „.        _   „ 

'  $  :  /.  pallipes  $.  Grav.  nn  /o. 

Je  crois  rendre  service  à  M.  Taschenberg  (1)  en  signa- 
lant à  son  attention  une  double  inexactitude  qui  s'est 
glissée,  sans  doute  à  son  insu,  dans  ses  descriptions  des 
L  deliratorius  6*  (p.  502)  et  /.  pallipes  $  (p.  508),  et  dont 
je  ne  puis  me  rendre  compte  que  par  la  supposition  d'un 
lapsus  calami  ou  d'une  faute  typographique.  Les  faits  dont 
je  parle  ont  rapport  à  la  couleur  des  orbites  externes  des 
yeux,  et  en  voici  l'exposé  : 

/.  deliratorius  0*  Grav.  nn  68,  p.  221,  lin.  2-3  :  «  Caput...  Orbitis  oeulo- 

rum  externis  ferrugineis.  » 
/.  pallipes  Q  Grav.  n°  75,  p  233,  lin.  16-19  :  «.  Caput...  feminae  ..  Orbilis 

oculorum...  externis  parlim  rufis.  « 
/.  deliratorius  à?  \  L  oscillator  Wesm.  Tentam.    p.  14,  n"  1  :  o  Orbilis 

oculorum  externis  partim  rufis  (2)  a  —  7  mares 
/.  pallipes  $         ;         et  13  feminae  (collecl.). 


(1)  Dr  E.  S.  Taschenberg.  Ueber  die  drei  erslen  Sektimen  der  Gra- 
venhorstschen  Gatlung  Ichneumon.  (Zeitschrift.  fur  ces.  Naturayiss. 
zo  Halle  1866,  XXVII,  pp.  228-518). 

(2)  Quoique  Graveiihorst  ail  qualifié  de  ferrugineis  les  orbites  externes 
des  yeux  chez  les  mâles,  et  de  rufis  chez  les  femelles,  il  est  souvent  si  dif- 
ficile de  fixer  la  différence  entre  ces  deux  couleurs,  que  j'ai  cru  pouvoir, 
sans  altérer  la  vérité,  employer  le  même  qualificatif  pour  les  deux  sexes  , 
afin  de  faire  mieux  ressortir  leur  analogie  de  coloration. 


(  445  ) 

/.  deliratorius  o"  Taschenb.  p.  502,  lin.  29-50  :  «  àussere  Augenrander  in 
der  obern  Halfte  zum  Theil...  Weiss.  *> 

/.  pallipes  $  Taschenb.  p.  509,  lin.  18-19,  «  Weiss  sind  :  die...  grossie 
Theil  der  Aussenrander  der  Augen  ,  etc.  » 

D'après  le  tableau  précédent,  s'il  fallait  s'en  rapporter 
à  M.  Taschenberg,  les  orbites  externes  des  yeux  seraient 
en  partie  blanches  chez  les  deux  sexes  de  YOscillalor, 
tandis  qu'elles  sont  ferrugineuses  ou  fauves  :  1°  d'après 
Y  affirmation  positive  de  Gravenhorst,  laquelle  a  pour  ga- 
rantie l'examen  de  plusieurs  mâles  [mares  quosdam,  etc. 
Grav.  p.  221),  et  de  plusieurs  femelles  (feminae  non- 
nullae,  etc.  Grav.  p.  254);  2°  d'après  ma  propre  affirmation 
à  moi,  pour  laquelle  je  crois  pouvoir  réclamer  quelque 
valeur  scientifique,  et  qui  repose  d'ailleurs  sur  l'étude  de 
vingt-deux  individus  (7  <r  et  15  $),  tous  pris  par  moi,  et 
tous  parfaitement  conservés  dans  ma  collection. 

J'espère  que  personne  n'interprétera  les  remarques  pré- 
cédentes de  manière  à  leur  donner  une  signification  qui 
serait  contre  ma  pensée.  Je  n'ai  pas  proclamé  comme  chose 
impossible,  mais  comme  chose  inconnue  jusqu'ici,  l'exis- 
tence de  couleur  blanche  aux  orbites  externes  des  yeux 
chez  YOscillalor  ;  je  me  borne  à  dire  que  si  ce  caractère  acci- 
dentel venait  à  être  suffisamment  constaté,  il  n'aurait  jamais 
le  droit  de  figurer  dans  la  description  des  Oscillator genuini, 
en  y  usurpant  la  place  des  caractères  affirmés  par  Graven- 
horst; seulement,  ces  Oscillator  hypothétiques  devraient 
être  relégués  au  rang  d'une  variété,  comme  j'ai  fait  pour  les 
Oscillator  à  orbites  externes  noires  (Mantis,  p.  7.  var.  2  o*. 
—  1848).  En  dehors  des  suppositions  que  je  viens  de  faire 
pour  tacher  d'expliquer,  avec  toute  la  réserve  possible, 
l'assertion  de  M.  Taschenberg,  je  n'en  connais  plus  qu'une 
autre:  il  faudrait  admettre  que  la  couleur  des  orbites  des 


(  Ui  ) 
yeux  est  sujette  à  s'altérer  à  la  longue,  et  à  passer  du  fauve 
au  blanc  :  est-ce  là  ce  qui  est  arrivé  aux  Oscillator  que 
M.  Taschenberg  a  eus  sous  les  veux? 


Subgenus  CHASMODES. 

1.  Chasmodes  MOTATORIUS  Oo\ 
Tentam.  15.  I.  —  Grav.  555.  157.  o. 

Je  mentionne  ici  celte  espèce  pour  attirer  principalement 
l'attention  sur  une  faute  qui  s'est  glissée  dans  la  diagnose 
delà  femelle,  où  l'on  trouve  que  le  sixième  segment  a  le 
dos  blanc,  tandis  que  c'est,  en  réalité,  le  septième.  11  est 
probable  que  je  suis  resté,  à  mon  insu,  sous  l'influence 
de  la  lecture  de  la  diagnose  de  Gravenborst  qui  contient 
la  même  faute,  bien  qu'elle  n'existe  pas  dans  sa  descrip- 
tion. 

Du  reste,  je  persiste  à  regarder  comme  des  Motatorius  0" 
ceux  que  j'ai  signalés  dans  mon  Tenlamen,  et  que  la  con- 
formation de  leur  chaperon  doit  aider  à  reconnaître.  Des 
mâles  semblables  ont  probablement  été  rencontrés  par 
divers  entomologistes,  mais  leur  identité  spécifique  avec  le 
Motatorius  o  peut  être  restée  méconnue  à  cause  de  leur 
différence  de  coloration.  On  doit  à  M.  Boie  une  observa- 
tion relative  à  des  chrysalides  de  la  Noct.  Airae  dont  il  a 
obtenu  50  femelles  du  Motatorius  en  compagnie  de  deux 
mâles  seulement,  lesquels  sont  par  lui  qualifiés  de  dou- 
leur, probablement  à  cause  de  leurs  couleurs,  car  il  est 
bien  probable  que  ces  deux  mâles  étaient  réellement  des 
Motatorius.  (Archic.  f.  Naturges.,  8u'r  Jahrg.,2'"  Band. 
Berlin,  1842). 


(  44o  ) 

2.  Chasmodes  LUGENS  Qo\ 
Tentam.  I(i.  2.  —  ï.  llge.vs  9-  Tasch.  Go.  300. 

M.  Taschcnberg  commence  son  n°  6o  par  une  rectifi- 
cation dont  je  me  fais  an  devoir  de  le  remercier. 

Après  sa  description  de  17.  lugens  9  Grav.,  il  ajoute  : 
Wesmael  qui  a  aussi  vu  le  mâle ,  pense  que  l'espèce  (die 
art)  est  à  peine  spécifiquement  différente  de  son  Ambl.  bi- 
PUSTULATUS. 

Pour  moi,  qui  suis  habitué  à  l'extrême  clarté  exigée  par 
la  langue  française,  l'expression  die  art,  paria  place  qu'elle 
occupe,  me  semble  de  nature  à  donner  matière  à  on  double 
sens,  et,  comme  il  s'agit  ici  de  l'interprétation  de  ma 
propre  pensée,  je  me  permettrai  de  substituer  à  l'extrême 
concision  germanique  de  M.  Taschcnberg  des  expressions  , 
plus  longues,  il  est  vrai ,  mais  plus  claires,  que  voici  : 

«  Wesmael  qui  a  aussi  reçu  de  Breslau  17.  lugens  c? 
Grav.,  le  regarde  comme  d'une  tout  autre  espèce  que  17. 
lugens  9  du  même  auteur.  D'après  lui,  ce  mâle  est  un 
Amblyteles  qui  ne  manque  pas  d'analogie  spécifique  avec 
son  Ambly.  bipustulatus  o*.  [Ich.  Ambly.  Ewr.39.  —  Re~ 
marq.  cri  t.  65.  (1858).  » 


Subgenus  ICHNEUMOJS. 

1.    [CBNEUMON    FABBICATOR  o'.  Grar.  1.    185.46. 

Je  crois  devoir  mentionner  ici  un  /.  fabricator  qui ,  par 
la  coloration  de  sa  lace,  mérite  de  ne  pas  elre  confondu 


(  446  ) 
avec  les  autres  variétés,  et  qu'on  peut  convenablement 
placer  après  la  var.  l.o'de  mon  Tentamen,  p.  69  : 

Var.  \'J  <f  :  Fade  rufa,  ejus   orhitis  et  clypeo  flavoalbis.  — 
Caetera  sicut  in  genuinis.  ==  5  */a  lï.  —  1  mas. 

Hab.  in  Belgio. 

Remarque.  —  En  1848,  j'ai  décrit  dans  ma  Mantissa, 
p.  56,  une  var.  8  a*  de  17.  fabricalor,  d'après  un  exem- 
plaire resté  depuis  lors  unique  dans  ma  collection.  La  cou- 
leur de  son  abdomen  semble  l'éloigner  tellement  des  autres 
fabricalor  c?  que,  tout  récemment,  j'ai  cru  devoir  le  sou- 
mettre à  un  nouvel  examen,  dans  la  crainte  d'avoir  commis 
une  erreur.  Cette  seconde  étude  n'a  eu  d'autre  résultat 
que  de  me  confirmer  dans  mon  opinion:  seulement, je 
crois  que  le  qualificatif rufum,  appliqué  à  l'abdomen,  doit- 
être  remplacé  par  ferrugineum-,  de  sorte  que,  à  la  page  35, 
il  faut  lire  : 

Var.  8.  o"  :  A  b  do  mine  ferrugineo  basi  nigra 

et,  dans  la  description  de  la  page  56  : 

Abdomen  segmento  1  margine  apicali  (errugineo,  2-7  lotis 
ferrugineis. 

2.    ICHNEUMON    NIGRITARIUS  Ç. 

et 

5.    IC  HN  EU  MON    FABRICATOft  $. 

Dans  mon  Tentamen,  p.  68,  on  lit,  dans  la  diagnose 
spécifique  de  l'I.  kigkitarius  p:  metathoracis  areolasupe- 
romedia  undique  clama,  tandis  que,  vers  le  bas  de  la 
page  69,  j'attribue  à  PL  fabrjcator  $  une  areola  supero- 


(  447  ) 

média  margine  antico  obsoleto.  Je  crois  aujourd'hui  que  la 
différence  dans  la  circonscription  de  cette  aréole  n'a  pas 
la  valeur  spécifique  que  je  lui  avais  attribuée,  parce  qu'elle 
m'a  paru  sujette  à  varier,  et  qu'il  est  par  conséquent  pru- 
dent de  ne  pas  en  tenir  compte. 

Dans  ma  Manlissa,  p.  55  et  57,  j'ai  indiqué,  sous  le 
n°  12,  var.  2,  une  variété  établie  sur  deux  femelles  du  fa- 
bricalor  qui  diffèrent  des  autres  par  leur  abdomen  d'un 
fauve  rougeâtre  avec  le  1er  segment  noir,  et  par  leur  taille 
plus  forte.  Dans  cet  endroit,  j'ai  oublié  de  mentionner 
un  renseignement  synonymique  important  :  c'est  que  j'ai 
trouvé  une  femelle  toute  semblable  à  ma  var.  12,  dans  la 
collection  d'iebneumons  de  Provence,  de  Boyer  de  Fonsco- 
lombe,  où  elle  était  étiquetée  de  sa  main  comme  étant  son 
Ichneumon  Gravenkorstii  (Ichneumonologie  provençale; 
Ann.  de  la  Soc.  Entom.  de  Francs,  2nic  série,  tome  V, 
1847,  p.  412,  n°  62.)  —  Depuis  la  publication  de  ma  Man- 
tissa,  j'ai  encore  trouvé  en  Belgique  une  troisième  femelle  de 
celte  variété,  mais  dont  la  taille  dépasse  à  peine  trois  lignes, 
et  dont  le  postpétiole  est  coloré  comme  les  segments  sui- 
vants. —  Chez  ces  trois  femelles,  les  cuisses  et  les  jambes 
sont  de  la  couleur  de  l'abdomen,  et  les  jambes  ont  le  demi- 
anneau  blanc  normal. 

Les  entomologistes  qui  auraient  le  temps  et  le  courage 
de  chercher  à  résoudre  les  difficultés  relatives  à  la  spécifi- 
cation des  /.  annitlaior,  nigritarius  et  fabricator  des  au- 
teurs, doivent  avoir  soin  de  consulter  les  intéressantes 
observations  publiées  par  feu  le  Dr  Ratzeburg,  dans  le 
tome  Ilf  de  ses  Ickneumonen  der  Forsèinsekten  ;  mais  ils 
feront  bien  de  se  tenir  en  garde  contre  sa  réflexion  finale  : 
Der  Sehtuss  ist  allerdings  hochst  paradox  :  Zwei  wirklich 
verscheidene  o"  haben  nur  Fin  q  !  (pag.  170,  lig.  o). 


(  US  ) 

Adnot.  —  Je  crois  rendre  service  à  certains  entomolo- 
gistes en  répétant  ici  l'avis  inséré  à  leur  adresse  au  bas  de 
la  page  101  de  ma  M  an  tissa,  et  qui  a  rapport  aux  deux 
sexes  de  17.  fabricalor  :  «  Ad  synonymiam  hujus  speciei 
addendum  :  /.  fabrkator  o*9.  Labram  und  ïmotï,  Insecten 
der  Schweiz,  2,os  Bandchen,  n°  22;  1858.  » 

4.    ICHNEUMOIS    FUGITIVUS  a". 

Grav.  I.  552.  229.  —  Wcsm.  Ich.  olia.  52.  30. 

Dans  ma  Mantissa,  p.  55  et  36,  j'avais  désigné  17.  fagi- 
tivus  comme  n'étant  qu'une  variété  (var.  11)  de  17.  fabri- 
calor. Cette  erreur  de  détermination  a  été  redressée  pins 
tard  dans  mes  Ich.  olia.  (Examen  fait  sur  dix  mâles). 

Mon  but  n'étant  pas  de  faire  ressortir  ici  tous  les  carac- 
tères de  formes,  de  sculpture  et  de  couleurs  qui  distin- 
guent le  fabricalor  et  le  fugitivus  l'un  de  l'autre,  je  me 
bornerai  à  attirer  l'attention  sur  certaines  différences  dans 
la  coloration  des  orbites  des  yeux,  qui  me  semblent  assez 
constantes  : 

1°  Quant  aux  orbites  externes,  elles  sont  souvent  entiè- 
rement jaunâtres  cbez  le  fugitivus,  et,  quand  elles  ne  le 
sont  qu'en  partie,  alors  c'est  sur  les  tempes  seules  qu'elles 
sont  noires;  tandis  que,  cbez  le  fabricalor,  c'est  seulement 
sur  les  tempes  qu'il  existe  presque  toujours  une  linéole  or- 
bitale jaunâtre,  laquelle  descend  très-rarement  jusqu'aux 
joues,  sans  jamais  atteindre  leur  extrémité; 

2°  Quant  aux  orbites  in  ternes,  celles  du  front  ont,  cbez 
le  fugitivus,  une  ligne  jaunâtre  qui  ne  communique  pas 
avec  celle  des  orbites  faciales,  et  cette  ligne,  qui  s'élargit 
un  peu  vers  le  haut,  remonte  à  peu  près  jusqu'au  niveau  de 
l'origine  des  ocelles  postérieurs,  tandis  que,  chez  le  fabri- 


(   449  ) 
cator,  quand  les  orbites  frontales  sont  colorées,  leur  linéole 
jaunâtre  est  une  prolongation  de  la  couleur  des  orbites  fa- 
ciales, et  elle  s'étend,  sans  s'élargir,  tout  au  plus  jusqu'au 
niveau  de  l'origine  de  l'ocelle  antérieur. 

O.    ICHiXEUMON    RUFIFRONS  90*. 

Tentant.  104-105. 

I.  RUFiFJiONS.  2  Taschenb.  246.  17. 
I.  palmdatorius  o*.  Taschenb.  285.  51. 

M.  Taschenberg  se  refuse  à  adopter  l'idée  que  j'ai  émise 
dans  mon  Tentamen  de  réunir  les  /.  rufifrons  $  et  palli- 
datorius  </  comme  étant  les  deux  sexes  de  la  même  es- 
pèce. Pour  moi,  la  conviction  de  la  légitimité  de  cette 
réunion  est  tellement  profonde,  que  je  ne  puis,  à  cet  égard, 
modifier  en  rien  mon  opinion  ,  et  je  crois  pouvoir  prédire 
à  mon  honorable  contradicteur  que,  plus  tard,  une  cir- 
constance quelconque  (telle  que  la  sortie  des  deux  sexes 
d'une  même  nymphe),  le  forcera  de  se  rendre  à  l'évidence 
de  la  vérité.  Quelque  chose  d'analogue  est  déjà  arrivé  pour 
une  espèce  extrêmement  voisine  par  sa  sculpture,  ses 
formes,  la  distribution  des  couleurs,  la  longueur  de  la 
tarière,  etc.,  je  veux  parler  de  17.  siçarius,  que  Gravcn- 
horst  a  aussi  séparé  de  son  mâle  17.  jugatûs,  tandis  que, 
plus  tard,  MM.  Drewsen  et  Boie  les  ont  obtenus  des  mêmes 
chrysalides  fans  Puppen  von  Lithosia  rubricollisj. 

Qu'on  veuille  bien  remarquer  que  ce  n'est  pas  moi  qui 
attaque  M.  Taschenberg,  puisque  je  ne  fais  que  défendre 
mon  opinion,  comme  c'est  mon  droit.  Provisoirement, 
nous  conserverons  donc  chacun  notre  manière  de  voir  à 

2me  SE R I E  ,  TOME  XXIV.  3 1 


(  m  ) 

l'égard  de  cette  question  de  fait  :  17.  pallidatorius  est-il  , 
oui  ou  non ,  le  mâle  de  17.  rufifrons  ? 

Laissant  donc  de  côté  cette  question  pour  envisager  iso- 
lément 17.  rufifrons  9,  il  n'est  peut-être  pas  inutile  de  faire 
remarquer  que  Gravenhorst  et  M.  Taschenberg,  en  décri- 
vant le  1er  segment  de  son  abdomen,  se  sont  servis  d'ex- 
pressions différentes,  quoique,  en  réalité,  elles  soient  égale- 
ment correctes.  En  effet,  on  trouve  dans 

Gravenhorst,  p.  100,  li.  3  :  (Segmente-)  /  taevi. 
M.  Taschenberg,  p.  246,  li.  36:  (Segmente)  /  toto  conf'ertim 
punctato. 

Or,  chez  les  îchneumons,  souvent  le  1er  segment  est 
parcouru  par  2  lignes  élevées,  quoique  ces  2  lignes  man- 
quent chez  certaines  espèces:  c'est  dans  le  cas  d'absence 
de  ces  2  lignes  que  Gravenhorst  qualifie  le  1er  segment 
de  laeve,  conformément  à  la  terminologie  d'illiger,  p.  59, 
n°  360  :  «  Geebnet,  laeve,  die  Oberflache  ohne  Erho- 
hungen.  »  —  La  désignatiou  de  M.  Taschenberg,  tout 
aussi  exacte  que  celle  de  Gravenhorst,  exprime  une  affir- 
mation en  disant  que  le  1er  segment  est  ponctué,  tandis 
que  celle  de  Gravenhorst  exprime  implicitement  une  néga- 
tion par  l'emploi  d'une  qualification  (laeve)  indiquant  que 
ce  segment  n'est  pas  pourvu  de  lignes  élevées.  En  résumé, 
les  deux  auteurs  sont  dans  le  vrai,  l'un  en  affirmant,  sur 
le  1er  segment,  Y  existence  d'une  ponctuation  serrée  (c'est- 
à-dire  d'une  sculpture  en  creux),  l'autre,  en  affirmant  Yab- 
sence  de  lignes  élevées  (c'est-à-dire  d'une  sculpture  en 
relief). 

Il  n'est  pas  difficile  de  trouver  dans  Gravenhorst  des 
exemples  à  l'appui  de  ce  que  j'avance,  c'est-à-dire  où 
l'idée  de  segmenlum  laeve  est  opposée  à  celle  de  segnien- 


(  4SI  ) 
tum  lineis  2  décatis.  Ainsi,  dans  la  description  de  17.  an- 
nulator,  on  lit  :  «  Segmento  1  laevi,  interdum  lineis  duabus 
elevatis.  »  (Grav.  I.  n°  24,  p.  148,  li.  1 1-12).  —  Ainsi  en- 
core, dans  la  description  du  Trogus  rufescens,  on  trouve  : 
«  Segmento  1  minus  laevi,  lineis  2  elevatis  distinctioribus.  » 
(Grav.  Jï.  p.  588,  n°5.),  etc. 

1  MULTIGUTTATUS  0*  Gfav. 
(>.  Qd*  JCHiNEUMON  nx 

(  CEÏSTUMMACULATUS  $  CIllTSt. 

Dans  mes  Remarque»  critiques,  etc.,  1858,  on  trouve, 
page  54-o6,  une  longue  dissertation  à  la  fin  de  laquelle 
j'arrive  à  conclure  (p.  56)  que  17.  multiguttatus  0*  Grav. 
436. 171  a  probablement  pour  femelle  17.  designatorius  $ 
du  même  auteur.  Ce  rapprochement,  fait  par  moi,  consti- 
tuait, je  le  déclare,  une  grave  erreur,  provenant  de  ce 
que,  à  cette  époque,  je  ne  possédais  pas  le  véritable  /. 
multiguttatus  $,  dont  postérieurement  j'ai  reçu  un  indi- 
vidu de  M.  le  pasteur  Kawal  de  Courlande.  C'est  cette  fe- 
melle que  Gravenborst  avait  déjà  indiquée,  à  la  suite  de  la 
description  de  son  /.  multiguttatus  o*,  comme  étant  pro- 
bablement identique  à  17.  centummaculatus  Christ,  p.  545; 
pi.  oi,fig.  7,  et  dont  il  avait  traduit  la  description,  III, 
886,  19.  Plus  tard,  M.  Boye  (1)  a  aussi  publié  ses  obser- 
vations sur  des  /.  multiguttatus  qu'il  a  obtenus  des  chry- 
salides d'une  Nocluelite  (N.  psi?) ,  et  en  adoptant,  à  l'égard 
de  la  femelle,  l'opinion  de  Gravenborst.  Quant  à  la  fig.  7, 
pi.  54,  de  Christ,  si  elle  représente  un  Ichneumon  diapré 
de  jaune  (au  lieu  de  blanc),  cela  peut  avoir  sa  source  dans 


(1)  Krôyer  Naturhist.  Tidtl&krift,  KUO  ,  111,  s.  518. 


(  452  ) 

quelque  circonstance  purement  accidentelle;  mais  ce  qui 
est  réellement  faux  dans  cette  figure,  c'est  la  représenta- 
tion de  deux  lignes  rnésothoraciques  dorsales  formant  entre 
elles  un  angle  dont  le  sommet  est  dirigé  vers  la  tête,  tandis 
que,  en  réalité,  ces  deux  lignes  sont  exactement  paral- 
lèles entre  elles.  Ces  deux  lignes  s'observent  chez  les  deux 
exemplaires  de  ma  collection  (1  o*  et  1  $),  mais  il  est  à 
croire  qu'elles  manquent  quelquefois,  puisque  Graven- 
horsl  n'en  fait  pas  mention  dans  sa  description. 

Comme  17.  niultiguttatus  est  une  des  espèces  dont  le 
nombre  et  la  grandeur  des  taches  et  lignes  blanches  varient 
beaucoup,  et  comme  je  n'en  ai  qu'une  seule  femelle,  on 
aura  soin  de  remarquer  que,  rigoureusement,  la  descrip- 
tion suivante  ne  saurait  avoir  qu'une  valeur  de  coloration 
individuelle  : 

I.  multiguttàtus.  Grav.  I.  436.  171  (ç). 
(I.  centummaculatus  Christ.,  in  nota). 

Caput  orbitis  oculorum  (in  occipile  interruptis)  late  al- 
bis;  clvpei  puncto  u trinque  albido.  Antennae  articulo  J 
nigro;  (caeteris  deficientibus,  ex  descriplione Chrislii ,  7-iS 
albis).  Thorax  margine  colli  supero,  linea  longa  ante  alas, 
lineola  infra  alas,  dorsuli  lineis  duabus  abbrevialis  parai- 
lelis,  puncto  infra  alas  poslicas,  et  punctulis  quatuor  in 
mesosterno,  albis.  Scutellum  album.  Alae  subhyalinae, 
stigmate,  squamula  et  radice  fuscis.  Pedes  coxis  albo- 
punctatis,  femoribus  semi-annulo  apicali  albo,  tibiis  an- 
nulo  medio  albo,  tarsis  (mutilis).  Abdomen  scabriculum 
apice  nutido,  segmentis  l-ogutta  alba  anguli  apicalis.  = 
6  Va  H  .  —  1  femina. 

A.  />.  Par  suite  des  explications  qui  précèdent  sur  17. 


(  455) 
multiguttatus  Q'$  Grav.,  il  faut  regarder  comme  de  nulle 
valeur  les  détails  consignés  depuis  le  bas  de  la  page  56  jus- 
qu'au haut  de  la  page  58  dans  les  Remarq.  crit.,  etc. 

7.    [CHNEUMON  LEUCOCERUS  Q. 

Grav.  208.  60  (cxcluso  mare). 

Dans  mon  Tentamen ,  30, 18,  j'ai  placé  le0*  Grav.  sous  la 
désignation  dubitative  de  ?  var.  a"  :  annulo  antennarum  albo. 

Dans  mes  Remarques  critiques,  p.  55,  n°  GO,  j'ai  averti 
que  ce  <?  Grav.  appartient  à  une  autre  espèce,  et  que  c'est 
mon  1.  sinister  a*  (Jfanft«.p.l5.  o*  —  Ich.miscel.  p.  9.  n°2.  Ç) 

Sans  rien  changer  d'essentiel  au  signalement  des  deux 
sexes  que  j'ai  donné  dans  mon  Tentamen,  je  crois  devoir 
ici  suppléer  aux  omissions  qu'il  contient  (I)  : 

1.  leucocerus  ç  :  Sculello  albo  basi  nigra  (2);  annulo  anten- 
narum, orbitis  oculorum  frontalibus ,  lineolisque  ad  ala- 

rum  radicein ,  albis  ;  abdomin'e  cyanescente  ;  coxis  sub  apice 
scopuliferis.  =  6-7  li.  —  Grav.  208.  00.  9.  —  Tentam.  50. 
18.  —  10  feminac. 
I.  LEUcocEitus  a"  :  Scutello  albo;  orbitis  oculorum  internis , 
Une  a  vel  lineola  ad  orbitas  exlernas,  lineolisque  ad  al  arum 
radicem,  albis;  abdomine  cyanescente  —  7-7  l/s  li  .  —  Ten- 
tam. 30. 18.  —  I.  SEMiORBiTALis  à*  var.  1  (pastim)  Grav.  n"  03 , 
p.  213  (non  Taschenberg).  —  4  mares. 
Var.  1  o"  :  orbitis  oculorum  externis  totis  ni  g  ri  s.  — 2  mares. 

Remarques.  —  Je  dois  commencer  par  taire  observer 
que,  sur  l'abdomen  des  Ichneumons,  la  couleur  noir-pur 


(1)  De  crainte  d'oubli,  je  crois  devoir  rappeler  ici  le  NB.  de  la  paye  21, 
lin.  6,  de  mon  Tentamen. 

(2)  L'expression  de  Grav.  nigromarginalum  lui  est  fréquemment  ap- 
plicable. 


(  m  ) 

et  la  couleur  noir-bleu  semblent  s'exclure  mutuellement 
chez  les  individus  de  la  même  espèce ,  et  que,  sous  ce  rap- 
port, on  ne  saurait  confondre  les  /.  semiorbitalis,  langui- 
dus,  fuscatus,  luctuosus,  etc.,  avec  17.  leucocerus. 

Or,  M.  Taschenberg,  p.  229,  indique  17.  languidus  cf 
Wesm.  comme  synonyme  de  17.  semiorbitalis  var.  1  Grav. 

En  effet,  dans  mon  Tentamen,  52,  4o,  mon  L  langui- 
dus  o*  est  présenté  avec  la  synonymie  de  I.  semiorbitalis 
var.  1  Grav.;  mais,  ce  que  M.  Taschenberg  n'a  pas  dit, 
c'est  que  j'ai  eu  soin  d'ajouter  à  la  diagnose  :  Exclu  so  indi- 
viduo  abdomine  nigrocoeruleo.  Bien  qu'il  n'y  ait  guère 
moins  de  2o  ans  que  cette  diagnose  a  été  rédigée,  déjà,  à 
cette  époque,  je  m'étais  fort  bien  aperçu  que  la  var.  1  de 
l'f.  semiorbitalis  Grav.  était  établie  sur  deux  mâles  d'espèces 
très-différentes  dont  l'une  à  abdomen  noir  et  à  orbites 
externes  noires,  l'autre  à  abdomen  noir-bleu,  et  à  orbites 
externes  blanches  :  c'est  donc  ce  dernier  mâle  que  j'ai  exclu 
de  ma  synonymie,  et  qui  a  tous  les  caractères  de  mon  /. 
leucocerus  à*  (genuinus).  Quant  à  l'autre  mâle  de  la  var.  1 
Grav.,  c'est  celui  que  M.  Taschenberg  a  vu,  et  qu'il  a  très- 
exactement  décrit. 

En  résumé,  en  choisissant  dans  la  description  de  Gra- 
venhorst  les  caractères  (exprimés  ou  sous-entendus)  pro- 
pres à  chacune  des  deux  espèces  qui  y  sont  confondues,  on 
arrive  au  résultat  suivant  : 

^        |   1.  Orbilae  externae  nigrae. 

I  5  I  -•  Sli»ma  aIarum  ferrugineum.         /  /  semiorbitalis  var.KTa- 

-    >  \  3.  Tibiae  posticae  subtusante  basin  >        schenberg.  (f.  langui- 
>  -^  ]  sordide  slramineae.  I        dus  Wesm.  o*.) 

^-5(4.  Abdomen  nigrum.  J 

1.  Orbilae  externae  albae. 
•2.  Sligma  alarum  fuscum. 
Z    ^  I   3.  Tibiae  posticae  nigrae. 
1  4.  Abdomen  nigrocoeruleum. 


o  "S 


/ 

'  /.  leucocerus  o*.  Wesm. 


(  V6d  ) 

8.   ÏCHNEUMON  LUTEIVENTRIS  <?  9. 
Tentam.  75.  71.   —   Trogus  luteiventris  o*  Grav.  11.386.4. 

Les  deux  sexes  de  cette  espèce,  très-commune  en  Bel- 
gique, présentent  de  nombreuses  variétés,  dont  les  limites 
ont  trop  peu  de  fixité  pour  qu'il  soit  possible  de  les  répar- 
tir eu  groupes  rationnels.  Je  me  bornerai  à  prévenir  que, 
souvent,  le  chaperon  de  la  femelle  est  tout  noir,  au  lieu 
d'être  taché  de  fauve  (comme  je  l'ai  indiqué),  et  qu'il  n'est 
pas  rare  de  rencontrer  des  mâles  dont  certaines  régions  du 
corps  offrent,  en  tout  ou  en  partie,  des  teintes  rembrunies 
qui  passent  à  la  coloration  femelle. 

Ces  courtes  observations  auront  porté  leurs  fruits,  si 
elles  peuvent  empêcher  que  de  maladroits  empiriques  ne 
viennent  dépecer  17.  luteiventris  pour  en  transformer  les 
lambeaux  en  Novae  speçies  de  leur  fabrique! 

1).  ICHSEUMON   FAUNUS  o'Ç. 

Tentam.  06.  65.  —  Var.  I .  ?.  Ibid.  —  Var.  2.  9o*  Mantis.  p.  32. 
—  Var.  3.  9.  Ich  mteeeil.  22.  21).    . 

Quoiqu'il  me  répugne  singulièrement  d'occuper  les  en- 
tomologistes sérieux  de  discussions  qui,  à  mes  yeux,  n'ont 
aucune  importance,  et  qui  ressemblent  un  peu  trop  à  de 
mesquines  taquineries,  je  crois  cependant  devoir,  par  po- 
litesse, quelques  mots  de  réponse  à  M.  Taschenberg. 

Voyons  de  quelle  hérésie  scientifique  je  me  trouve  cou- 
pable à  ses  veux. 

En  1844,  lors  de  la  publication  de  mon  Tentanien,  je 
trouvai  dans  l'ouvrage  de  Gravenhorst,  au  n°  29,  17.  teu- 
copflgus  représenté  par  le  sexe  femelle  seulement,  [mis,  au 


(  4S6  ) 

n°  80',  17.  faunus  représenté  par  le  sexe  mâle  seulement; 
mais,  à  celte  époque,  j'avais  déjà  découvert  la  femelle  de 
ce  dernier  (Tentam.  I.  faunus  $).  Après  m'être  assuré  que 
les  nos  29  et  80  étaient  de  la  même  espèce,  je  les  réunis 
sous  le  nom  de  I.  faunus,  parce  que,  de  celui-ci,  je  con- 
naissais les  deux  sexes ,  tandis  que,  du  Leucopygus,  je  ne 
connaissais  encore  que  la  femelle,  n'ayant  eu  la  chance  de 
découvrir  le  mâle  que  postérieurement  (Mantissa,  1848, 
p.  52).  Or,  d'après  M.  Taschenberg,  j'aurais  dû  choisir  pour 
nommer  l'espèce,  le  nom  de  Leucopygus,  parce  que,  selon 
lui,  le  nom  le  plus  ancien  doit  toujours  être  conservé,  et 
que,  dans  le  cas  actuel,  la  description  du  Leucopycjus, 
page  156,  a  une  priorité  de  93  pages  sur  celle  du  Faunus, 
page  249. 

A^ers  la  même  époque,  je  trouvai  aussi  dans  l'ouvrage 
de  Gravenhorst,  au  n°  lo,  17.  bilunulatus,  représenté  par 
le  sexe  femelle  seulement,  puis  au  n°  201,  17.  sexlineatus, 
représenté  par  le  sexe  mâle  seulement.  Après  avoir  con- 
staté leur  identité  spécitique,  je  les  réunis  sous  le  nom  de 
/.  bilunulatus  90*.  (Tentam.  p.  98)  :  d'où  il  suit  que  j'avais 
choisi,  pour  nommer  l'espèce,  le  nom  le  premier  en  date, 
comme  c'est  la  règle  selon  M.  Taschenberg. 

Cette  fois,  ce  fut  feu  le  Dr  Ratzeburg  qui  voulut  bien  se 
charger  de  me  faire  la  leçon.  Dans  la  ome  partie  des  Ichneu- 
monen  der  Forstinsekten,  p.  172,  tout  en  exprimant  ses 
doutes  sur  la  légitimité  de  la  réunion,  proposée  par  moi, 
des  I.  bilunulatus  9  et  sexlineatus  o",  il  ajouta  :  «  Ich 
»  môchte  mir  nur  zu  bemerken  erlauben  dass,  wen  beide 
»  wirklich  zu  einer  Species  gehôren,  dieser  der  Name 
»  des  o*  (a  potiori  sexu  desumtum)  zukommen  Wùrde, 
»  wahrend  Wesmael  die  species  /.  bilunulatus  genannt 
»  had.  »  —  Ce  qui  signifie  en  français  que,  quand  deux 


(  457  ) 
espèces  (nominales),  de  sexe  différent,  appartiennent  ef- 
fectivement à  une  seule  espèce,  celle-ci  doit  recevoir  le 
nom  que  portait  le  mâle,  comme  un  hommage  rendu  à  la 
supériorité  de  son  sexe;  tandis  que  Wesmael  a  préféré  le 
nom  de  bilunulatus  (c'est-à-dire  le  nom  que  portait  la  fe- 
melle). 

En  résumé,  dans  la  futile  question  qui  nous  occupe,  se- 
lon celui  des  deux  auteurs  que  Ton  consulte,  la  solution 
repose  sur  deux  principes  entièrement  différents;  et,  tan- 
dis que  M.  Taschenberg  appuie  son  opinion  sur  la  priorité 
de  description,  M.  Ratzeburg  invoque  la  supériorité  de  sexe, 
de  telle  sorte  que,  pour  l'un,  c'est  une  question  de  temps, 
que  l'autre  réduit  aux  proportions  d'une  question  de  cu- 
lotte :  Tôt  capita,  tôt  sententiae! 

Faut-il  que  je  dise  à  mon  tour  quelle  est  mon  opinion 
dans  cette  controverse?  je  ne  m'y  refuse  pas,  et  la  voici  : 

Un  seul  sexe,  bien  que  doté  d'un  nom  spécifique,  ne 
saurait  constituer  une  espèce,  ce  n'est  qu'une  moitié  d'es- 
pèce (1);  l'espèce  n'est  définitivement  constituée  que  par 
l'adjonction  de  l'autre  sexe.  L'auteur  qui  accomplit  cette 
adjonction,  et  qui  transforme  ainsi  les  deux  moitiés  pure- 
ment nominales  en  un  tout  scientifique,  a,  par  cela  même, 
en  réalité,  découvert  le  premier  V espèce;  c'est  donc  à  lui 
que  revient  le  droit  de  lui  donner,  à  son  choix ,  l'un  des 
deux  noms  primiiivement  existants  (ou  même  un  nom 
tout  nouveau,  si  la  clarté  du  sujet  l'exige  impérieuse- 
ment). 


(1)  Dans  tous  les  pays  où  le  français  est  la  langue  dominante,  un  mari 
ippelle  familièrement  son  épouse  sa  moitié. 


(  458  ) 

10.    ÎCHNEUMON  INQUfNATUS  Ço\ 

Tentant  53.  4C. 
Var.  1.  $.  Ibid.  —  (Var.  2.  o*,  Mantis.  p.  21.) 

Ayant  de  nouveau  soumis  à  un  examen  attentif  les  indi- 
vidus des  deux  sexes  réunis  et  décrits  sous  le  nom  d7.  in- 
quinatus,  je  suis  resté  convaincu  qu'ils  appartiennent 
réellement  à  la  même  espèce,  et  que,  par  conséquent,  il 
ne  faut  pas  tenir  compte  du  point  de  doute  (?  a")  que 
j'avais  inscrit  à  la  diagnose  du  mâle. 

Quant  à  la  synonymie  que  j'ai  adoptée,  je  déclare  que  je 
suis  disposé  à  l'abandonner,  si,  malgré  toutes  les  appa- 
rences d'exactitude,  on  m'en  prouve  la  fausseté.  La  renon- 
ciation à  celte  synonymie  ne  saurait  d'ailleurs  préjudicier 
en  rien  au  maintien  de  mon  espèce  sous  le  nom  et  avec  les 
caractères  que  je  lui  ai  assignés.  Aucune  réclamation  de 
priorité  de  nom  ne  pourrait  s'élever  en  faveur  du  Salicato- 
rius  2,  puisque  la  femelle  genuina  Grav.  est  un  Ambly- 
teles.  (Y.  Remarq.  critiq.,  1858,  n°  79.) 

I  1.    ÏCHNEUMOX  SARCITOIilUS  0*9. 

Tentant.  60.  54. 

Var.  i.  9  :  Segmenfo  3  nif)>'0,  fascia  marginali aiba.  —  Ibid. 

1 1  feminœ. 
Var.  2.  o*-  Ibid.  —  2  marcs. 
Var.  5.  o~.  Ibid. —  i  marcs. 

Je  reproduis  ici  17.  sarçitorius  principalement  pour  atti- 
rer l'attention  sur  une  faute  d'impression  qui  s'est  glissée 


(  m  ) 

dans  mon  Tentamen  à  l'occasion  de  la  var.  1  $  :  celle-ci 
est  caractérisée  par  les  mots  :  Segmento  2  albo,  basi  late 
nigra,  au  lieu  de  segmento  o,  etc.  J'ai  profité  de  cette  occa- 
sion pour  modifier  la  rédaction,  parce  que,  chez  les  indi- 
vidus de  cette  variété,  l'étendue  de  la  couleur  noire  sur  le 
2me  segment  est  souvent  proportionnellement  un  peu  plus 
grande  que  chez  la  $  genuina,  de  sorte  qu'il  est  plus  na- 
turel de  désigner  le  segment  comme  noir  avec  l'extrémité 
blanche,  que  comme  blanc  avec  la  base  noire  (J). 

Quant  aux  var.  2.  <?  et  5.  d*  de  mon  Tentamen,  leurs 
diagnoses,  sans  rien  exprimer  de  réellement  incorrect, 
ont  cependant  le  défaut  capital  de  ne  pas  être  rédigées  en 
termes  propres  à  faire  ressortir  la  filiation  de  leur  colora- 
tion avec  celle  du  6*  genuinas.  Pour  atteindre  ce  but,  je 
serais  assez  disposé  à  admettre  la  rédaction  comparative 
suivante  : 

Sarcitorius  o'- 
Genuinus  :  Segmento  2  nigro,  Fascia  marginal!  simata  flava. 

Var.  2  :  Segmento  2  basi  ru/'o,  infra  basin  nigro,  Fascia  mar- 
ginal! sinuata  rufo flava.  —  2  mures. 

Var.  5  :  Segmento  2  rufo,  Fascia  marginal!  simata  ru/b/lara 
ve.l  alboflava ,  vel  subobsoleta.  —  4  marcs. 

Rédigés  de  cette  manière,  ces  trois  signalements  laissent 
apercevoir  de  prime  abord  que  l'extrémité  du  2,n,>  segment 
porte,  dans  tous  les  cas,  une  bande  si  nuée  ou  êcliancrée  de 
nuance  variable,  et  que  le  reste  de  sa  surface,  toujours 


(1)  Cette  faute  avait  déjà  été  corrigée  dans  les  Emendanda  des  Ichn. 
miscell.,  p.  7.S. 


C  460  ) 
noire  chez  le  <f  genuinus,  se  dépouille  de  ce  noir,  d'abord 
en  partie  (var.  2),  et  ensuite  en  totalité  (var.  3). 

N.  B.  Chez  mes  4  o*  de  la  var.  3,  le  bord  latéral  du 
2mc  segment  porte  une  linéole  noire  à  la  base. 


SECIÏNDA  SECTIO. 

ICHNEUMONES  AMBLYPYGI  {Tentam.  p.  11). 

Subgenus  :  AMBLYTELES. 

i.  Amblyteles  camelinus  9o*.  Wesm. 

Vers  le  bas  de  la  page  238  de  sa  Revue  des  Ichneu- 
monsj  etc.,  M.  Taschenberg,  en  parlant  de  P Amblyteles 
camelinus,  avance  que  je  n'ai  mentionné  que  la  femelle. 
Ceci  n'est  vrai  que  relativement  à  mon  Tentamen,  mais  ne 
peut  s'appliquer  à  mes  ouvrages  suivants,  puisque,  en 
J  854 ,  dans  les  Ichneumones  amblypygi  Europaei,  p.  48, 
n°  39,  j'ai  donné  une  diagnose  collective  des  deux  sexes, 
comme  il  suit  : 

Femoribus  tibiisque  omnibus  tarsisque  anterioribm  fui- 
vis;  scutello  cfibbo  ;  gastrocaelis  magnis.  [Antennarum 
medio  rufo  ç).  =  5  |-6  li.  —  2  mares  et  2  feminac. 
(•1854)  (1). 

(I)  Var  1.  o*  delenda. 


(  461   ) 

Cette  diagnose  représentait  l'état  de  ma  collection  à 
cette  époque,  où  je  n'avais  encore  que  les  2  $  indiquées 
dans  mon  Tentamen  et  2  o*  à  orbites  des  yeux  toutes 
noires. 

Plus  tard,  je  me  suis  enrichi  de  quelques  autres  indi- 
vidus des  deux  sexes,  de  sorte  que  je  reproduis  ici  ma  dia- 
gnose en  y  ajoutant  les  variétés  : 

Femoribas  tibiisque  omnibus  tarsisque  anterioribus 
fulvis;  sculello  gibbo;  gaslrocaeiis  magnis.  (Antennis  mé- 
dium versus  subtus  rufescentibus  $.)  =  5  |-6  li.  —  o  ma- 
res et  6  feminae. 

Var.  1.  o'  :  Lineola  punclove  flavescenle  cul  orhitas  oculorum 
faciales,  alioque  interdum  ad  latera  clypei: —  3.  o*. 

Var.  2.  <?  :  Sculelli punelulo  cjemino  subapicali pallido;  cae- 
tera sieut  in  var.  1.  —   t.  o*. 

Var.  5.  Ç  :  Scutello  macula  centrait  /lava.  (Im.  otia,  51.  o.) 
-  I.$. 

Remarque.  —  Puisque  l'occasion  se  présente,  je  dois 
taire  ressortir  ici  un  caractère  assez  fréquent  chez  VA.  va- 
melinus,  et  dont  je  n'ai  parlé  jusqu'ici  que  d'une  manière 
incidente.  Au  côté  supérieur  des  hanches  de  derrière,  tout 
près  de  leur  extrémité,  il  existe  assez  souvent  une  très- 
petite  tache  d'un  fauve  rougeàtre,  vaguement  circonscrite, 
et  dont  la  présence,  quelquefois  difficile  à  vérifier,  me 
paraît  cependant  avoir  une  véritable  importance,  puisque, 
dans  certains  cas  où  la  détermination  de  l'espèce  pourrait 
paraître  douteuse,  ce  point  rougeàtre  peut,  par  sa  pré- 
sence, servir  à  dissiper  tous  les  doutes.  C'est  un  cas  de 
cette  nature  que  j'ai  exposé  dans  les  Ich.  otia,  p.  51-52, 
n°  5,  où  on  aurait  pu  croire  que  l'indication  de  ma  var.  à 
écusson  jaune  de  VA.  camelinus  9  était  erronée,  et  où  j'ai 


(  Wï  ) 
eu  soin  d'ajouter:  «  Caetera  omnia  sicut  in  plerisqne  femi- 
»  nis  genuinis,  imoque  pumtum  rufum  juxta  apicein  coxa- 
»  ru  m  posticarum.  » 

2.  Amblyteles  umguttatis  0*9. 
Tentant.  12.  18.  —  Grav.  510.  109. 

En  lisant  ma  diagnose  spécifique  du  mâle  de  cette 
espèce,  on  serait  naturellement  porté  à  croire  qu'elle  était 
l'expression  de  ce  que  j'avais  vu,  et  que,  par  conséquent, 
j'avais  eu  sous  les  yeux  tout  au  moins  un  mâle  ayant,  sur 
le  segment  anal ,  un  point  blanc;  mais  je  dois  déclarer  que 
le  peu  de  mâles  que  j'avais  vus  alors  avaient  ce  segment 
tout  noir,  et  que  c'est  uniquement  par  déférence  pour  l'au- 
torité de  Gravenhorst  que  j'avais  adopté  ce  caractère. 

Quant  à  cet  auteur,  qui  mentionne  deux  Uniguitatus  0-, 
il  est  à  remarquer  q\\un  seul  avait  le  point  blanc  du 
7me  segment,  tandis  que,  chez  l'autre,  il  était  effacé,  ou, 
en  d'autres  termes,  il  n'existait  pas. 

Voilà  donc  deux  entomologistes,  Gravenhorst  et  moi, 
qui,  pendant  une  partie  de  leur  vie,  ont  recueilli  ou  reçu 
un  nombre  énorme  d'Ichneuwons,  et  qui,  à  eux  deux, 
n'ont  jamais  vu  qu'un  seul  IJnigutlaius  d*  à  segment  anal 
marqué  d'un  point  blanc! 

Cependant  les  Unigutfaïus  9  Grav.  ne  sont  pas  rares,  et 
cette  fréquence,  dans  l'occurrence  de  ce  sexe,  comparée  à 
la  rareté  des  mâles,  aurait  dû,  me  semble-t-il,  faire  soup- 
çonner depuis  longtemps  que  le  signalement  des  mâles 
avait  été  circonscrit  primitivement  dans  des  limites  trop 
restreintes  et  qu'on  avait  pris,  chez  eux,  des  caractères 
accidentels  pour  des  caractères  essentiels. 


(  405  )■ 

D'abord,  le  petit  point  blanc  du  segment  anal  constitue- 
t-il  un  caractère  essentiel  des  mâles?  Non,  puisque,  des 
deux  mâles  indiqués  par  Gravenhorst,  un  seul  avait  ce 
point  blanc. 

Un  signalement  qui  pourrait  paraître  plus  important, 
parce  qu'il  appartient  en  commun  aux  deux  mâles  de  Gra- 
venhorst, c'est  la  coloration  du  3me  segment  qui ,  chez  eux, 
est  noir  avec  la  base  et  les  côtés  fauves,  coloration  qui  ce- 
pendant n'est  pas  la  même  chez  les  femelles,  et  dont  la 
constance  peut,  dès  lors,  paraître  d'autant  plus  probléma- 
tique qu'elle  ne  s'était  présentée  que  chez  deux  mâles  seu- 
lement. 

Quant  à  l'existence  et  au  nombre  des  linéoies  blanches 
contiguès  à  la  base  des  ailes  et  des  points  blancs  sur  la 
tégule  et  la  radicule,  il  n'y  a  pas  d'iehneumonologisle  un 
peu  expérimenté  qui  ne  sache  combien,  dans  la  même 
espèce,  ces  caractères  sont  fréquemment  sujets  à  varier. 

Les  réflexions  précédentes  m'ont  été  suggérées  par  la 
réception  d'un  envoi  d'ichneumons  parmi  lesquels  se  trou- 
vait toute  une  série  de  mâles,  indiqués  comme  ayant  été 
pris  à  la  même  époque  et  dans  la  même  localité.  Un  pre- 
mier coup  d'œil  jeté  sur  leur  habitas  et  sur  l'ensemble  de 
leur  coloration  me  conduisit  à  présumer  que  j'avais  sous 
les  yeux  des  I.  uniguttatus  o*  Grav.,  quoique  pas  un  seul 
n'eût  de  point  blanc  sur  le  segment  anal,  et  que  pas  un,  non 
plus,  n'eût  le  ome  segment  exactement  coloré  comme  les 
deux  mâles  de  Gravenhorst.  Ces  mâles  étaient  au  nombre 
de  dix-neuf. 

Pour  m'assurer  de  l'identité  spécifique  de  ces  mâles 
nouveaux  venus,  je  les  ai  minutieusement  comparés  entre 
eux  et  avec  le  seul  exemplaire  primitif  de  ma  collée- 


(  m  ) 

tion  (1),  lequel,  sauf  l'absence  du  point  blanc  anal,  s'ac- 
corde si  exactement  avec  la  description  de  Gravenhorst 
qu'il  a  de  quoi  satisfaire  pleinement  les  entomologistes  les 
plus  exigeants. 

Comme  résultat  de  cet  examen,  j'ai  retrouvé  chez  tous 
ces  mâles  l'ensemble  des  caractères  de  formes  et  de  sculp- 
ture que,  dans  mon  Tentamen  et  ailleurs  encore,  j'ai  assi- 
gnés à  VA.  uniguttatus  0*,  et  dont  voici  les  plus  importants 
à  rappeler  : 

1°  Caput  pone  oculos  suboblique  angustatum; 

2°  Antennae  articulis  flagelli  cylendricis; 

5°  Metathorax  spinulis  duabus  instructus  (2);  spiracu- 
lis  lineari-elongatis  ;  areola  superomedia  subquadrata; 

4°  Abdomen  pospefiolo  bicarinato,  subliliter  ruguloso, 
tel  saepius  inter  cannas  subliliter  aciculato,  vel  toto  sub- 
liliter aciculato;  gastrocoelis  parvis,  spatio  interjacente 
parum  convexo,  subtiliter  confertissime  punctato,  inter- 
dum  subscabriculo  vel  subaciculato;  segmento  venfris  ul- 
timo  acuminato. 

Remarque.  —  Comme  je  crois  que  Gravenhorst  a  con- 
fondu des  Uniguttatus  o*  parmi  ses  Amputatorius,  il  peut 
suffire,  pour  éviter  une  pareille  erreur,  de  rappeler  que, 
chez  V Uniguttatus  o*,  les  antennes  sont  articulis  flagelli 


(1)  N°  16  du  tableau  analytique.  —  J'en  ai  indiqué  deux  à  la  suite  de  la 
diagnose  du  Tentamen,  mais  l'un  d'eux  a  disparu  depuis  longtemps  de 
ma  collection,  sans  que  je  sache  ce  qu'il  est  devenu. 

(2)  Ces  deux  spinules  sont  comme  surajoutées  à  l'angle  terminal  de 
l'aréole  dentipare,  au  lieu  d'en  être  un  prolongement  direct.  Une  disposition 
analogue,  mais  plus  prononcée,  se  trouve  chez  VA.conspurcatus  a*,  où  la 
déviation  de  chaque  dent  est  distinctement  indiquée  par  une  petite  échan- 
crure  au-dessus  de  leur  base.  {Icli.  Amb.  Eur.,  p.  54,  li  .  1-2.) 


(  465  ) 
cylindricis ,  tandis  que,  chez  YAmputatorius  o%  elles  sont 
arliculis  flagelli  creniilatis  seu  subserratis  (fcH.  Amb.  Eur., 
p.  7,  Divisio  6,  Crioceri).  De  plus,  chez  YAmputatorius, 
les  petites  saillies,  à  peine  distinctes,  du  métathorax  n'ont 
pas  l'aspect  de  spinules;  l'aréole  supéromédiane  est  ordi- 
nairement plus  large,  les  spiracles  sont  plus  courts,  les 
gastrocèles  sont  plus  profonds,  leur  intervalle  plus  con- 
vexe et  plus  rugueux  ou  aciculé,  le  dernier  segment  ven- 
tral est  obtus  au  bout,  etc. 

Pour  faciliter  l'intelligence  du  tableau  analytique  ci- 
après,  je  dois  prévenir  que  : 

1°  Pour  indiquer  la  coloration  des  pieds,  je  les  ai  consi- 
dérés sous  quatre  aspects  principaux  : 

/  A    Pedibus  posterioribus  lotis  uigris,  anlicis 

plus  minus  ru6s. 
I  B.  Pedibus  poslicis  lotis  nigris;  anterioribus 

CoXIS  ET  TROCHANTERIBIS  j  plus  IllillUS  rufis. 

OMNIBUS  NIGRIS.  \   c    pedibus  sicut    B>   gpd    libiis  posticis   sul);us 

/  linea  ru  fa. 

I).  Femoribus  omnibus  al  sultem  ex  parte,  li- 
\  biisque  undique,  rufis. 

2°  Relativement  à  la  couleur  blanche  de  la  tégule  ou  de 
la  radicule  des  ailes,  j'ai  employé,  pour  tous  les  cas,  l'ex- 
pression de  puncto  albo,  parce  que  cette  couleur,  qu'elle 
soit  totale  ou  partielle,  se  montre  toujours  sous  l'aspect 
d'un  point. 


2me  SÉRIE,  TOME  XXIV.  32 


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(  467  ) 

Remarques  sur  le  tableau  analytique  qui  précède. 


Le  a*  n°  1,  le  seul  qui  ait  l'écusson  tout  noir,  est  exac- 
tement conforme  à  la  description  de  17.  fumigator  o  Grav. 
557.  223. 

Par  leur  écusson  marqué  d'un  point  central  blanc,  les 
cT  nns  2  et  3  indiquent  la  transition  entre  le  Fumigator  et 
VUnifjuitatu.s.  —  Le  petit  point  fauve  au  bout  du  poslpé- 
tiole  chez  le  n°  2  se  retrouve  chez  les  nos  7  et  15. 

Le  o*  no  0  ressemble  beaucoup  aux  Uniguttatus  <f  Grav., 
mais  la  partie  du  5ine  segment  qui,  chez  ceux-ci,  est  d'un 
noir  nettement  limité,  est  d'un  brun  nuageux  et  diffus 
chez  le  n°  6. 

Le  d*  n°  7  a  beaucoup  attiré  mon  attention,  surtout  par 
la  présence  insolite  d'un  très-petit  point  fauve  aux  orbites 
du  vertex.  Il  m'a  cependant  été  impossible  de  lui  découvrir 
des  caractères  quelconques  d'une  valeur  spécifique  parti- 
culière. 

Chez  le  n°  9,  les  deux  paires  de  taches  noires  du  5mc  seg- 
ment sont  un  peu  irrégulières,  les  antérieures  un  peu  moins 
larges  que  les  postérieures,  et,  si  on  les  supposait  confon- 
dues, elles  formeraient  par  leur  réuniou  une  grande  tache 
noire  entièrement  semblable  à  celle  qui  occupe  la  partie 
postérieure  du  5,m!  segment,  d'après  la  description  de  Gra- 
venhorst,  p.  511 . 

Les  nos  10,  11  et  12  sont  analogues  au  o'  var.  5  de  mon 
Tenlamen,  p.  124. 

Je  crois  que,  sous  le  rapport  de  la  coloration  des  pieds, 
ces  mâles  se  trouvent  tous,  plus  ou  moins  exactement,  coin- 


(  468  ) 
pris  parmi  les  variations  1)  et  5)  des  maies  de  la  var.  G 
/.  a  m  pu  talon' us  Grav.,  pp.  526-527. 

Le  n"  15  se  fait  remarquer  par  une  bande  noire  et  ré- 
gulière qui  occupe  toute  l'extrémité  du  onle  segment. 

Les  19  o"  compris  sous  les  nns  1-15  sont  ceux  que  j'ai 
annoncés  comme  réunis  dans  le  même  envoi.  Quant  au 
n°  16,  qui  termine  le  tableau,  il  existait  depuis  longtemps 
dans  ma  collection,  cl  il  doit  toute  son  importance  à  ce  que 
c'est  le  seul  qui  se  rapporte  exactement  à  la  description  de 
Gravenhorst,  sauf  V absence  d'un  point  blanc  sur  le  dernier 
segment. 

Je  ne  crois  pas  inutile  (l'ajouter  que  :  1°  avec  les  mâles 
de  cet  envoi,  il  se  trouvait  aussi  un  /.  pratensis  Grav.  (voir 
Ich.  Arnbl.  Eur.  p.  41,  lin.  5);  2°  l'envoi  de  ces  mâles  était 
accompagné  de  5  femelles  à  écusson  et  segment  anal  entiè- 
rement noirs  (Amb.  uniguttatus  p  var.  2.  Tentant.  —  /.  fu- 
migator  2  Grav.).  L'une  de  ces  femelles  avait  la  taille  de 
17.  nigripes  Grav.  d*. 

Autres  remarques.  —  Bien  que  je  n'aie  pas  la  préten- 
tion de  convertir  en  régies  fixes  les  résultats,  plus  ou 
moins  accidentels,  des  observations  consignées  dans  ce 
tableau  et  établies  sur  une  vingtaine  d'individus  seule- 
ment, il  peut  paraître  utile  de  faire  ressortir  les  faits  sui- 
vants : 

1°  Quant  aux  deux  traits  ou  points  tboraciques  blancs 
voisins  des  ailes  : 

a.  Ils  peuvent  manquer  tous  deux. 

b.  Ils  peuvent  coexister. 

c.  Il  peut  en  exister  un  sous  les  ailes,  sans  qu'il  y  en 
ait  devant  elles. 

d.  Quand  il  n'y  en  a  pas  sous  les  ailes,  il  n'y  en  a  pas 
devant  elles. 


(  469  ) 
2°  Quant  aux  deux  points  blancs,  l'un  sur  la  téguic, 
l'autre  sur  ia  radicule  : 

a.  ils  peuvent  manquer  tous  deux. 
6.  ils  peuvent  coexister. 

c.  il  peut  y  en  avoir  un  sur  la  tégule,  et  pas  sur  la  radi- 
cule. 

d.  Quand  il  -n'y  en  a  pas  sur  la  tégule,  il  n'y  en  a  pas 
non  plus  sur  la  radicule. 

5°  Quant  aux  conséquences  de  la  coloration  de  l'écus- 
son  : 

a.  Quand  il  est  tout  noir  (n°  1),  il  n'y  a,  ni  traits  thora- 
ciques  blancs  près  des  ailes,  ni  points  blancs  sur  la  tégule 
et  la  radicule. 

b.  il  en  est  de  même,  quand  l'écusson  est  noir  avec  un 
point  central  blanc. 

c.  Quand  l'écusson  est  blanc  (souvent  avec  l'extrême 
base  et  l'extrême  bout  noirs)  les  traits  blancs  thoraciques 
manquent  rarement  tous  deux,  et,  quand  il  n'y  en  a  qu'un, 
c'est  sous  les  ailes  qu'il  existe. 

(t.  Quand  l'écusson  est  blanc  jusqu'à  l'extrême  base  et 
l'extrême  bout  (ce  qui  le  l'ait  paraître  plus  long)  souvent 
les  traits  blancs  thoraciques  sont  plus  allongés,  et  le  point 
blanc  de  la  tégule  est  plus  grand  (nos  15,  10,  etc.) 

3.  Amblyteles  Paszeri  Ço*. 

Tentant.  130.  35.  — Mantis.  p.  66.  —  Ich.  misa'!    p.  70, 
Emend.  li.  5,  etNB.  *-  Ich.  ÂmbL  Eur.  p.  58,  n°  48. 

La  diagnose  du  mâle,  telle  qu'elle  est  imprimée  dans  le 
Tentamcn,  contient  une  faute  grave,  car  elle  lui  attribue  : 
(segmentis)  2-7  margine  apicali  sulfureo,  tandis  que,  en 


(  m  ) 

réalité,  le  septième  segment  est  toujours  entièrement  noir. 
Quoique  celle  faute  ait  déjà  été  signalée  dans  les  Emen- 
danda  de  Ylch.  tni&cel.  et  dans  les  Ich.  Ambl.  Eur.,  je 
crains  d'autant  moins  d'en  avertir  une  fois  de  plus  que  la 
diagnose  et  la  description  de  Gravenhorst  contiennent  la 
même  erreur.  Notre  illusion,  à  l'un  et  à  l'autre,  est  sans 
doute  provenue  de  ce  que,  chez  1^4.  Panzeri  o",  le  7mc  seg- 
ment est  souvent  si  peu  saillant  que  le  bord  blanc  du  6mc 
semble  lui  appartenir. 

Remarque.  —  C'est  encore  à  l'occasion  de  VA.  Panzeri 
qu'une  autre  faute  a  été  commise,  p.  157,  li.  20,  où  l'on 
trouve  spulatoris,  au  lieu  de  culpatoris. 

4.  Amblyteles  occisorius  o*$- 

Tentant.  122.  16. 

Le  mâle  de  cette  espèce  offre  de  nombreuses  variétés 
découvertes  successivement,  et  dont  quelques-unes  seule- 
ment sont  décrites  dans  mes  divers  opuscules.  J'ai  donc 
cru  qu'il  pouvait  être  utile  de  présenter  ici  réunies  toutes 
celles  qui  figurent  aujourd'hui  dans  ma  collection  : 

A.  OCCISORIUS  o\ 
I.  —  Scutello  flavo.  —  Segmentis  4-7  flavo-marginatis. 

Var.  \  :  Segmento  2  nigro  basi  auguste  flava  ;  5  flavo,  an  te 

marginem  linea  transversali  undulata  nigra;  facie  et  clypeo 

fîavis.  —  2  o*. 
Var.  2  :  Segmentis  2  et  3  rufis  vel  ferrugineis,  ad  normam 

genuinqrura  nigro-maculatis  ;  facie  et  clypeo  /lavis.  —  6  cf. 

—  (Tentam.  var.  2  ex  parte.) 
Var.  3  :  Sicut  var.  2,  sed  facie  et  clypeo  nigris,  punclo  ad 


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(  «î  ) 

orbitas  faciales  punctis  qua   2  clypei  flavis.  —  1  cf.  — 

(Teritam.  var.  2  ex  parte.) 
Var.  4  :  Segmentis  2  ef  3  rufocroceis,  margine  illius  nigro, 

hujus  flavo;   fade  et  clypeo  /lavis.  —  \  <?.  —  [Mantis. 

var.  4.) 
Var.  5  :  Segmentis  2  et  3  fadeque  et  clypeo  tolis  flavis.  —  2  o\ 

—  (kh.  Ambly.  Eur.  Nota.) 
Var.  G  :  Scgmento  2  nigro,  ad  angulos  basâtes  vix  rufescente; 

3  fascia  basait  lateribusque  ferrvgineis  ;  facie  flava  macula 

nigra,  clypeo  flavo.  —  i  à*. 
Var.  7  :  Segmentis  2  et  3  mgrrtffj  raro  torts;  ut  plurimu 

gulis  basalibus  vel  solis,  vel  cum  margine  îaterali  fia 

centibus  aut  ru  fis;  facie  et  clypeo  /lavis.  —  5  o\  —  (Tenta 

var.  2,  ex  parte.) 
Var.  8  :  Sicut  var.  7,  sed  facie  et  clypeo  nigris,  lineola  a;f 

orbitas  faciales  clypeique  punctis  2  vel  macula  /lavis.  -  - 

5o*.  -  (Tentam.  var.  2  ex  parle.) 


II.  Sculello  puncto  centrait  flavo.  Segmen/i*  6 

et  7  flaco-marginatis. 

Var.  9  :  Segmentis  1-5  totis  nigris;  facie  et  clypeo  sicut  in 
var.  8.  —  1  o\ 

III.  Sculello  loto  nigro.  Segmentis  0  et  7  puncto 

apicali  flavo. 

Var.  10  :  Segmentis  l-*>,  fade  et  clypeo  lotis  nigris.    -   1  o*. 
—  (Tentam.  var.  5). 

Remarques.  —  Chez  la  var.  1,  ce  qu'il  y  a  de  plus  re- 
marquable,  c'est  que  la  ligue  transversale  noire  ondulée 
du  3m"  segment  est  assez  éloignée  de  l'extrémité.  Elle 
semble  représenter  la  limite  antérieure  d'une  bande  noire 
dont  la  partie  postérieure  serait  eflacée.  Chez  un  des  deux 


(  472  ) 
mâles,  entre  la  ligne  noire  et  la  base  du  segment,  il  y  a 
des  traces  d'une  deuxième  ligne  semblable. 

Chez  la  var.  27  la  disposition  des  couleurs  sur  les  seg- 
ments 2  et  5  de  l'abdomen  est  analogue  à  celle  des  genuini, 
mais  le  noir  domine  davantage,  et  dessine,  sur  le  2me 
segment,  une  assez  large  bande  tout  à  fait  terminale,  qui 
est  souvent  surmontée  au  milieu ,  en  avant,  d'une  saillie  en 
forme  de  dent  ou  d'angle  remontant  quelquefois  jusque 
près  de  la  base.  Le  3me  segment  a  toujours,  soit  une  ligne 
ou  linéole  tranversale  noire  subterminale,  ou  une  bande 
noire  terminale. 

Les  principales  différences  qui  signalent  la  var.  o  sont 
d'avoir:  1°  les  orbites  frontales  jaunes;  2°  les  quatre  cuisses 
antérieures  presque  toutes  jaunes,  un  point  ou  tache  jaune 
sur  les  genoux  des  cuisses  de  derrière,  et  quelquefois  un 
point  jaune  sous  les  hanches  de  devant;  5°  deux  points 
jaunes  sur  le  bord  du  postpétiole,  dont  un  à  chaque  angle 
et  quelquefois  un  troisième  point  jaune  au  milieu.  —  Ces, 
deux  mâles  viennent  des  environs  de  Paris. 

Chez  les  var.  9  et  10,  la  bande  marginale  jaune  du 
sixième  segment  est  fort  mince,  et  le  septième  ne  porte 
qu'un  petit  point  jaune. 

ù.  Amblyteles  crispatorius  Ço». 

(Ich.  amblyp.  Earop.  p.  17.  n°  17.  (Inclusa  synonymia.) 

Dans  l'opuscule  que  je  cite  ici,  j'ai  donné  la  description 
d'un  Amblyteles  ç,  reçu  de  Paris,  et  dont  j'ai  eu  le  tort  de 
ne  pas  faire  ressortir  toute  l'importance  synonymique.  En 
effet,  cette  femelle  est  évidemment  17.  tricoloreus  Christ, 
p.  549,  pi.  XXXV,  fiy.  8,  que,  depuis  cet  auteur,  aucun 


(  475  ) 
autre  ne  sembie  avoir  vu.  Son  analogie  avec  le  Crispatorius 
(1.  nifatorius  $  Grav.)  n'avait  cependant  pas  échappé  à  la 
perspicacité  de  Gravenhorst,  comme  on  peut  en  juger  : 
1°  par  la  note  placée  en  tète  de  la  page  389,  tome  I ,  et  2° 
par  une  autre  note  placée  en  bas  de  la  page  880 ,  tome  I1J. 

Ce  qui  constitue  le  caractère  principal  du  Tricoloreus 
(envisagé  comme  variété  du  Crispatorius),  c'est  la  colora- 
tion du  mésothorax  et  du  méthathorax  qui  ont,  l'un  et 
l'autre,  le  dos  fauve  avec  le  limbe  noir;  mais  il  est  essen- 
tiel de  remarquer  que  ce  caractère  de  coloration  n'est  pas 
absolu,  c'est-à-dire  qu'il  est  sujet  à  transition,  comme  le 
prouve  l'exemplaire  de  ma  collection  (A.  xanthius  $  Ten- 
tant). n°  10)  qui,  avec  un  mésothorax  noir,  a, en  même 
temps,  le  dos  du  métathorax  en  partie  fauve. 

La  dernière  des  variétés  dont  il  me  reste  à  parler,  comme 
l'ayant  vue,  est  17.  crispatorius  de  Fabricius  ,  reconquis  à 
la  science  par  l'excellente  description  de  Trentcpohl,  ex- 
traite de  Ylsts  par  Gravenhorst  (t.  III,  n°  80,  p.  957).  Ce 
qui  contribue  à  donner  à  cette  variété  une  physionomie 
particulière,  c'est  la  plus  grande  extension  de  couleur 
noire  sur  les  antennes,  la  tète,  et  les  segments  4  et  5  de 
l'abdomen.  Je  n'en  possède  qu'un  seul  exemplaire,  origi- 
naire du  nord  de  l'Italie,  et  qui  ne  s'éloigne  de  la  descrip- 
tion de  Trentepohl  que  par  les  détails  suivants  :  une  linéole 
jaune  sous  la  base  des  ailes.  —  Jambes  jaunes.  —  Pre- 
mier segment  de  l'abdomen  à  pétiole  noir,  et  postpétiole 
jaune;  deuxième  segment  jaune  avec  une  bande  basilaire 
noire;  troisième  segment  noir,  nuancé  de  brun  et  de  jau- 
nâtre vers  r extrémité. 

Les  quatre  femelles  diverses,  mais  de  même  espèce,  dont 
il  existe  aujourd'hui  des  descriptions  sulïisanles  pour  con- 
stater leur  identité,  sont  donc  : 


(  474  ) 

J"  Le  Crispatortus  Fabr.,  d'après  la  description  de  Tren- 
tepohl(Isis,  1826,217,54). 

2°  Le  Tricoloreus  Christ.,  d'après  ma  description  de 
l'exemplaire  de  M.  Fairmaire  [hh.  AmbL  Eur.  17. 17(1)]; 

5°  Le  Rufatorius  Grav.  588.  148,  d'après  sa  description; 

4°  Mon  Àmb.  xanthiusÇ,  d'après  ma  description  (Tcn- 
tamen,  120.  10). 

Quant  au  rang  d'ancienneté  de  chacune  de  ces  dénomi- 
nations, peut-être  celle  de  Christ  devrait-elle  l'emporter 
sur  celle  de  Fahricius;  mais  cette  dernière  ayant  été  beau- 
coup plus  souvent  citée,  je  crois  devoir  lui  accorder  la  pré- 
férence : 

Amblytelles  CRISPATOR1US  $. 

Scutello,  tibiisque  [lavis;  abdomine  nigro-rufb-flavoque 
vario,  segmentis  4  et  5  Mis  nigris,  6  et  7  ru  fis;  antennis 
ti  t'y  ris,  annulo  medio  stramineo  =  5  {h  li.  —  /.  crispato- 
rius  2  (Fabr.)  Trentep.  Isis,  1826,  217.  M.  —  1  femina. 

Var.  1.  9  :  Segmentis  4-7  orbitisque  oculorum  omnibus  ru  fis  ; 
antennis  Iricoloribus.  —  ï.  rufatorius  V  Gr.iv.  388.  148. 

Var.  2.  9  :  Fade  cum  clypeo,  maculisque  dorstdibus  meta- 
thoracis  rufis.  —  Caetera  sicul  in  car.  /.  —  Amb.  Xan- 
thius  $Wesm.  Tentant.  120.  10.  -  1  femina  (2). 

Var.  5.  $  :  Mesothoracis  et  metathoracis  dorso  rufo,  utriusque 
limbo  nigro.  —  Caetera  sicut  in  var.  2.  —  I.  tricoloreus  $ 
Christ  (Wesm.  Ich.  Ambl.  Eur.  17.17.  —  Descriptio).  —  1 
femina. 


(1)  Pour  compléter  ma  description  du  Tricoloreus,  il  t'aul  ajouter  :Ca- 
jjul  orbitis  oculorum  omnibus,  facie  et  clypeorufis.  Antennae  articulis 
l-li ebasirufa  sensimin flavoalbidum  transeuntibus, sequentibus  nigris. 

(2)  Add.  Vestigio  puncti  flavi  ante  singulum  scuteili  anyulum. 


(  47S  ) 


ÀMBLYTELES    CRISPATORIUS  cf. 

Jch.  xanthius  o\  Grav.  392. 151.  —  Amb.  xanthiusd*.  Wesm. 
Tentam.  120.  10.  —  1  mas. 

Var.  l.d*.  Grav.  Ibid.  —  Wesm.  /fc/c/.  —  '±  marcs. 


6.    A>1BLYTELES    iNATATORIUS  Qo*. 

Dans  mon  Tentamen,  c'est  par  inadvertance  que  j'ai  dé- 
signé sous  le  nom  de  /.  bideulorius.  Grav.  426.  167  le 
mâle  du  Natatorius,  tandis  que  la  description  que  j'en  ai 
donnée  a  été  réellement  faite  d'après  un  /.  xanthozos- 
mus  o*. 

A.  natatokius  $.  Grav.  429.  1G9. —  Wesm.  Tentam.  lii. 
3.  Q  —  Wesm.  Manlis.  p.  57  —  58  :  var.  1.  o  (1)  et  var.  2.  V. 
—  Wesm.  Ibid.  p.  101  :  var.  \b  $. 

A.  natatorius  o\  Wesm.  Tentam.  114.  3  (exclusa  synony- 
mia).  —  I.  xantjio/osmus.  Grav.  383.  146  (2). 

Parmi  les  quatre  mâles  que  j'ai  examinés,  un  seul  (n°  I) 
se  rapporte  au  0*  genuinus  Grav.  [Fig.  o  de  la  planche). 

N°  1.  —  La  grande  tache  noire  de  la  partie  postérieure 
du  2'"°  segment  a  la  forme  d'un  large  triangle,  légèrement 
festonné  sur  ses  côtés,  et  terminé  en  avant  par  une  dent 


(1)  Voir  ci-après,  p.  479,  Supplément. 

(2)  Celle  opinion  avait  déjà  été  exprimée  en  1848,  dans  ma  Mantissa, 
p.  58,  li.  li  et  15  :  Inter  synonyma  maris  (Natatorii),  verisimililer  adr.u- 
merandus  est  1  Xanthozosmus  Grav.  385  146. 


(  *76  ) 

ou  acumen  (in  acumeo  excurrente.  Grav.  p.  585).  ■ —  Le 
5me  segment  n'est  pas  entièrement  jaune  comme  chez  le  d" 
de  Grav.,  mais  il  porte  au  milieu  de  son  extrémité  une 
petite  tache  noire  subtransversale,  denticulée.  —  Les  seg- 
ments 4-6  sont  bordés  de  jaune,  mais  le  7me  n'a  qu'un 
très-petit  point  jaune,  de  sorte  que,  sous  ce  rapport,  ce  o* 
indique  la  transition  à  la  var.  1  Grav.,  qui  a  le  7me  seg- 
ment tout  noir.  =  8  li. 

Mes  trois  autres  o*  (nos  2,  5,  4)  ayant  les  segments  4-7 
entièrement  noirs,  ils  se  rangent  sous  la  var.  2.  Grav. 

Le  n°  2  a  les  segments  2  et  5  colorés  absolument  comme 
le  n°  1,  mais  le  4"ie  segment  a  une  tache  transversale  jaune 
aux  angles  de  la  base.  Ce  mâle  a ,  devant  les  ailes,  une  très- 
longue  ligne  jaune,  les  4  hanches  antérieures  entièrement 
jaunes,  et  un  point  jaune  près  de  la  base  externe  des 
hanches  de  derrière.  =  8  li. 

Chez  le  o*  n°  5,  le  noir  de  la  partie  postérieure  du  2mc 
segment  prend  la  forme  d'un  rectangle  transversal  dont 
le  coté  antérieur,  unidenté  au  milieu  et  à  chaque  bout,  est 
faiblement  sinué  entre  les  dents. —  Le  5n;e  segment  porte, 
sur  son  bord,  une  bande  noire  irrégulièrement  denticulée 
en  avant,  surtout  vers  le  milieu,  où  elle  est  dilatée,  tandis 
que,  vers  les  côtés,  elle  est  peu  à  peu  amincie.  =  7  '/a  li. 
—  (C'est  d'après  ce  Q*  qu'a  été  faite  la  description  insérée 
dans  mon  Tentamen,  sous  le  nom  erroné  de  I.  bidentorius 
Grav.). 

Chez  le  o*  n°  4  [fig.  6  de  la  planche)  la  disposition  gé- 
nérale de  Sa  couleur  noire  du  2me  segment  est  la  même 
que  chez  le  n°  5,  mais  les  trois  dents  dirigées  en  avant 
sont  beaucoup  plus  longues,  les  deux  latérales  se  confon- 
dent avec  les  cotés  du  segment,  en  laissant  entre  elles  et 


(  477  ) 
la  médiane  deux  profondes  échancrures  jaunes.  —  Le  3me 
segment  est  coloré  comme  chez  ie  n°  o.  —  Ce  maie,  moins 
grand  que  les  autres,  a  toutes  les  hanches  entièrement 
noires.  =  6  [hi  li. 

Tout  en  renvoyant  à  la  description  de  17.  xanthozosmus 
Grav.  pour  les  autres  détails  de  coloration ,  je  crois  impor- 
tant de  faire  remarquer  que  la  tête,  le  thorax  et  les  pieds 
ont  la  même  forme  et  la  même  sculpture  que  chez  VA. 
natatorius  Ç,  et  que,  chez  l'un  comme  chez  l'autre,  le  mé- 
tathorax  porte  deux  petites  dents  aiguës. 

Les  mâles  nos  1  et  2  sont  originaires  de  l'Europe  méri- 
dionale, le  n°  5  est  de  Belgique,  et  le  n°  4  de  la  France 
centrale. 

Remarques  —  Si,  sous  le  rapport  de  la  coloration,  on 
compare  le  2,ne  segment  de  l'abdomen  de  17.  xanthozosmus 
avec  le  segment  correspondant  de  VA.  natatorius  ç,  il  ne 
me  semble  pas  difficile  de  les  faire  dériver  d'un  type  com- 
mun, malgré  leur  grande  différence  apparente.  En  effet, 
en  prenant  pour  exemple  notre  I.  oeewt/tozasmus  n°  \  [fig.  G 
de  la  planche),  et  en  supposant  un  envahissement  succes- 
sif et  régulier  de  la  couleur  noire  d'arrière  en  avant,  les 
deux  échancrures  jaunes  diminueront  peu  à  peu  de  profon- 
deur et  de  largeur  jusque  près  de  la  base  du  segment  où, 
finalement,  elles  seront  réduites  aux  dimensions  et  à  la 
forme  de  deux  taches  qui  seront  étroitement  séparées  l'une 
de  l'autre  par  le  sommet  du  processus  acuminé  médian. 
C'est  sous  cet  aspect  que  se  présentent  ordinairement  les 
deux  taches  sublunulées  et  obliques  de  la  base  du  2me  seg- 
ment chez  VA.  natatorius  $  (fig.  1  et  o  de  la  planche.) 

Passons  au  5me  segment. 

Chez  1\4.  natatorius  9,  le  3me  segment  est  ordinaire- 


(  478  ) 

ment  marqué  de  deux  taches  jaunâtres  arrondies,  situées 
près  de  la  base,  et  notablement  écartées  l'une  de  l'autre,  le 
reste  du  segment  est  noir  (fig.  i). 

Chez  le  Xanthososmus  a",  le  ome  segment  peut  être 
entièrement  jaune  comme  le  prouvent  le  o*  genuinus 
Grav.  et  le  o"  de  sa  var.  i  ;  mais  i!  peut  aussi  être  marqué 
de  noir  comme  chez  mes  quatre  mâles,  et,  dans  ce  cas, 
c'est  toujours  par  la  partie  postérieure  du  segment  que 
débute  l'apparition  du  noir,  tantôt  réduit  d'abord  à  une 
petite  tache  médiomarginale  (comme  chez  le  ox  de  la  fig.  5), 
tantôt  étendu  sur  le  Lord  entier  sous  forme  de  bande  den- 
ticulée  et  dilatée  au  milieu  (comme  chez  le  o*  de  la  fig.  6), 
d'où  l'on  peut  légitimement  conclure  que,  sur  le  5me  seg- 
ment comme  sur  le  2mc,  s'il  y  a  envahissement  de  noir, 
il  procédera  d'arrière  en  avant.  —  Chez  la  femelle  (.4.  na- 
tatorius),  cette  loi  d'envahissement  doit  être  la  même, 
puisque  c'est  toujours  sur  le  devant  du  5me  segment  que 
se  montrent  les  deux  taches  jaunes  que  la  couleur  noire 
a  épargnées. 

Abandonnant  ici  toute  comparaison  entre  les  deux 
sexes,  si  on  restreint  le  champ  d'observations  à  la  femelle 
(.4.  nalalorius  <j>),  ce  qui  est  surtout  de  nature  à  attirer 
l'attention,  c'est  la  grande  différence  d'aspect  entre  les 
deux  taches  jaunes  de  ia  base  du  2,nc  segment  et  celles  de 
la  base  du  5me.  Peut-on  assigner  la  cause  de  cette  diffé- 
rence ? 

Si  je  ne  me  trompe,  cette  différence  est  en  rapport  avec 
la  forme  même  de  chacun  de  ces  deux  segments,  dont  le 
2"u>  est  rétréci  vers  la  base,  tandis  que  le  3me  est  au  moins 
aussi  large  à  la  base  qu'à  l'extrémité.  En  effet,  sur  le 
2me  segment,  le  défaut  de  largeur  suffisante  à  la  base, 


(  479  ) 
force  les  deux  lunules  jaunes  à  rester  très-rapprochées 
entre  elles,  et  à  prendre,  l'une  à  l'égard  de  l'autre,  une 
position  oblique  (au  lieu  d'une  position  horizontale  qui 
aurait  exigé  plus  de  place);  tandis  que,  sur  le  orae  seg- 
ment, la  grande  largeur  de  la  base  permet  aux  deux  taches 
jaunes,  ordinairement  rondes,  de  rester  fort  écartées 
l'une  de  l'autre;  ou  bien,  si  ces  deux  taches  prennent  une 
forme  allongée  (ce  qui  est  rare),  cet  allongement  a  lieu 
dans  le  sens  horizontal,  sans  la  moindre  tendance  à  l'obli- 
quité ni  d'un  coté  ni  de  l'autre  (fig.  2  et  5). 

XB.  —  Dans  la  dissertation  qui  précède,  j'ai  cru  inu- 
tile de  m'astreindre  à  désigner  par  des  noms  particuliers 
les  diverses  nuances  de  la  couleur  jaune  répartie  sur  les 
segments  de  l'abdomen.  Ici,  je  me  borne  à  faire  remar- 
quer que,  chez  les  femelles,  le  jaune  a  une  tendance  à 
pâlir  et  à  passerai!  blanchâtre,  excepté  cependant  chez 
celles  qui  sont  d'origine  méridionale.  Je  renvoie  d'ailleurs, 
pour  ces  détails ,  aux  descriptions  de  Gravenhorst. 

Supplément.  —  Dans  ma  Manlissa,  p.  57-o8,  j'ai  réuni 
sous  l'indication  de  var.  I.  $  les  deux  femelles  du  Natato- 
rius  dont  les  abdomen  sont  représentés  fig.  5  et  A  de  la 
planche.  Cette  réunion,  ne  pouvant  que  répandre  de  l'ob- 
scurité sur  leur  désignation  respective,  doit  nécessairement 
être  remplacée  par  un  partage  en  deux  variétés,  de  la  ma- 
nière suivante  : 

(  Var.  1  •  $  :  Segmenti  2  et  3  maculis  ftormalibus, 
Var.  i .  $  Montissa .  \  -_-  margine  flavis  (/^  5>) 

ni)  37-38.  / 

\  Var-  \TXQ  :  Segmenti  2  macula  emargniata  basi- 

lari ,  3  fascia  basilari,  3-7   mar- 
gine, flavis  (fig.  -i).  —  E.  Sicilia. 


(  180  ) 

Heresiarches  eudoxius  o*9- 
(Species  incerlae  sedis.) 

Remarq.  crit.  sur  div.  esp.  d'Ich.,  etc.  p.  95  (1858). 

Hepiopelmus  eudoxius  o\  Tcntam.  142.  5.  —  Ich.  Ambly. 
Evr.  63.  5. 

Croyant  avoir  commis,  à  l'égard  de  cette  espèce,  une 
erreur  d'observation ,  mon  devoir  est  de  la  signaler  ici , 
quoique  déjà  peut-être  elle  ait  été  relevée  par  d'autres. 

N'ayant  examiné  mes  //.  eudoxius  que  morts  et  des- 
séchés, avec  les  mandibules  fermées  et  entrecroisées,  j'ai 
pu  être  trompé  par  les  apparences,  et  ne  pas  apercevoir 
qu'elles  semblent  avoir,  au  côté  intérieur,  une  dent  située 
à  une  certaine  distance  de  ia  pointe.  Dans  la  figure,  les 
mandibules  ont  été  représentées,  non  telles  que  je  les  ai 
vues,  mais  telles  que  je  les  supposais  devoir  être  à  en  juger 
d'après  leur  portion  directement  observable.  Si  je  les 
avais  réellement  vues  baillantes,  c'est-à-dire  dans  la  po- 
sition indiquée  par  la  figure,  je  n'aurais  pas  manqué 
d'apercevoir  la  dent  saillante  à  quelque  distance  de  leur 
bout,  où  je  crois  qu'elle  existe. 

La  rectification  à  introduire  se  réduit  donc  :  1°  à  com- 
pléter le  2mc  caractère  générique  en  rapport  avec  la  tête  : 
Mandibulis  angustis ,  apice  acutis  iutegerrimis,  ante 
apicem  unidentatis?,  2°  à  ajouter  en  note  :  Mandibulae  in 
figura  defectuosae  ?  (1). 


(1)  Quoique  je  sente  parfaitement  tout  ce  que  peuvent  avoir  de  ridicule 
les  hésitations  exprimées  dans  les  lignes  précédentes,  je  ne  puis  entre- 
prendre, pour  le  moment,  d'y  remédier. 


(  481  ) 
QUARTA  SECTIO. 


ICHNEUMONES  PNEUSTIC1  (Tentam.  p.  il). 

Subgenus  :  ORONOTUS. 

Oronotus  coarctatus  $o*. 
Tentam.  214.  1. 

Je  me  suis  aperçu,  il  y  a  longtemps,  que  le  mâle  a  été 
antérieurement  décrit  par  Gravenhorst  sous  le  nom  de 
Phygadeuon  binotatus  II.  721.  199.  L'espèce  devra  donc 
prendre  le  nom  d'Oronotus  binotatus. 

À  ajouter  dans  le  Tentam  en  : 

Var.  4.  a*  :  SegmentiÏÏ  muculis  utrisque  in  fasciam  s ub api- 
cale  m  coalitis.  -  Caetera  sicutin  mare  genuino.  —2  marcs. 
Var.  2.  o"  :  Segmentis  1-4  nigromaculatis.  —  5  marcs. 

In  hac  varietate,  1°  postpetiolus  punctis  2  aigris,  in- 
terdum  coalitis;  2°  segmentum  2  :  maculis  utrisque  nigris 
majusculis  subconfluentibus,  vel  in  fasciam  subapicalem 
coalitis;  5°  segmentum  o  :  punctis  duobus  subobsoletis 
fuscis,  vel  nigris  et  distinctioribus;  4°  segmentum  A  sicut 
5 ,  interdum  margine  nigro  et  cum  punctis  nigris  con- 
fluer) te. 


2me  SÉRIE  7  TOME  XXIV. 


(  482  ) 


1CHIYEIMONOLOGICA  DOCUMENTA 


EXPLICATION    DE  LA    PLANCHE. 

Les  figures  i ,  2,  5  et  4  représentent  des  abdomen  ô'Amblyteles  natato- 
rius  femelles,  les  figures  5  et  6 ,  de  mâles. 

Fig.  1 .  Abdomen  d'une  femelle  tel  qu'il  est  ordinairement  chez  les  indi- 
vidus de  Belgique,  c'est-à-dire  avec  les  1  taches  et  le  point  anal  d'un 
jaune  blanchâtre,  et  les  segments  4-6  entièrement  noirs.  Les  2  taches 
du  2me  segment  sont  lunulées  ,  et  celles  du  3me  segment  sont  arrondies. 

Fig.  2.  Abdomen  d'une  autre  femelle,  aussi  de  Belgique,  mais  très-rare. 
11  est  remarquable  parla  forme  transversale  des  taches  du  5mc  segment, 
et  par  l'existence  d'un  petit  point  situé  entre  elles,  de  manière  à  faire 
supposer  la  tendance  de  ces  deux  taches  à  se  confondre  en  une  bande 
conlinue.Outre  le  point  blanchâtre  anal,  les  segments  5  et  6  ont  une 
mince  bordure  de  même  couleur. 

Fig.  5.  Abdomen  d'une  autre  femelle  d'origine  méridionale.  Ici,  toutes 
les  taches  et  les  bordures  des  segments  sont  d'un  jaune  vif,  et  le  5me  seg- 
ment, outre  ses  2  lâches  transversales  basilaires,  a  une  bordure  de 
même  couleur  (var.  \x.  Ç,  p.  479,  au  bas),  fig.  3. 

Fig.  4.  Abdomen  d'une  autre  femelle,  de  Sicile  (var.  iix.  Ç,  p.  479, au  bas), 
fig.  4; chez  celle-ci,  les  deux  taches  basilaires  du  3nie  segment  ont  fait 
place  aune  large  bande  jaune ,  et  les  deux  lunules  du  2mp  segment  sont 
confondues  en  une  grande  tache  jaune  échancrée  en  arrière.  C'est  sur 
celte  tache  que  j'attire  surtout  l'attention,  parce  que ,  par  sa  forme  et  par 
son  étendue,  elle  indique  clairement  la  transition  de  la  coloration  femelle 
à  la  coloration  mule,  comme  on  peut  s'en  assurer  en  comparant  entre 
eux  le  2me  segment  de  cette  figure  et  celui  du  mâle  de  la  fig.  6. 

Fig.  o.  Abdomen  d'un  mâle  du  Piémont,  qui  se  rapporte  à  VI  xantho- 
zosrnus  genuinus  Grav. 

Fig.  G.  Abdomen  d'un  autre  mâle  de  la  France  centrale ,  qui ,  à  raison  de 
ses  segments  4-7  entièrement  noirs,  se  rapporte  à  la  var.  2  de  17.  xan- 
thozosmus  Grav 


uxellesliii    ;    c    '  V  '     • 


(485) 

Sur  l'emploi  probable  de  l'oligiste  trouvé  dans  la  couche 
de  Vàge  du  renne  dans  la  caverne  de  Chaleux,  par 
M.  Edouard  Dupont,  correspondant  de  l'Académie. 

Dans  le  mémoire  sur  Y  Ethnographie  de  l'homme  de  Vàge 
du  renne  dans  la  vallée  de  la  Lesse,  qui  sera  publié  dans 
ie  tome  XIX  des  Mémoires  in-8°,  j'ai  mentionné  la  pré- 
sence de  morceaux  d'oligiste  au  milieu  des  débris  des  repas 
et  de  l'industrie  de  l'homme  dans  le  Trou  de  Cbaleux. 

Je  vois  dans  les  Reliquiae  aquitanicae  (p.  22)  de  MM.  Lar- 
let  et  Cristy  que  des  fragments  de  cette  substance  ont 
aussi  été  trouvés  dans  les  cavernes  du  Périgord.  Yoici  ce 
que  leur  présence  a  suggéré  à  ces  savants  explorateurs  : 

«  L'art  de  se  peindre  le  corps  existait  chez  ces  antiques 
troglodytes,  et  ils  n'employaient  à  cet  usage,  d'après  ce 
que  nous  avons  trouvé,  que  la  couleur  favorite  des  sau- 
vages, la  couleur  rouge.  De  nombreux  fragments  d'héma- 
tite rouge  couverts  de  raclures  indiquent  qu'ils  les  grat- 
taient pour  en  extraire  une  poudre  rouge  qui,  mêlée  à  de 
la  graisse,  pouvait  fournir  un  ornement  personnel.  Celte 
coutume  est  employée  de  nos  jours  par  plusieurs  peuplades 
d'indiens.  » 

J'ai  l'honneur  de  mettre  sous  les  yeux  de  l'Académie 
des  fragments  d'oligiste  recueillis  sur  la  Lesse.  On  observe 
sur  l'un  d'eux  des  raclures  analogues  à  celles  qui  sont 
signalées  pour  les  cavernes  du  Périgord.  L'interprétation 
de  MM.  Lartet  et  Cristy  se  rapporte  très-bien* à  cet  objet; 
de  sorte  que  nous  pouvons  ajouter,  aux  coutumes  déjà 
déduites  précédemment  chez  nos  anciens  indigènes,  le 
trait  de  mœurs  probable  de  se  peindre  le  corps. 


(  m  ) 


Sur  les  rhizomes  verticaux  du  phragmites  commuais 
humus;  par  M.  G.  Malaise,  correspondant  de  l'Aca- 
démie. 

On  sait  que  la  direction  des  rhizomes  est  assez  varia- 
ble :  la  plupart  s'étendent  horizontalement,  d'autres  sui- 
vent une  direction  plus  ou  moins  oblique  et,  enfin,  il  en 
est  qui  se  dirigent  suivant  une  ligne  verticale. 

«  Parmi  ces  derniers,  dit  M.  P.  Duchartre  (1),  quel- 
ques-uns jouissent  de  la  singulière  faculté  de  pousser  de 
haut  en  bas  jusqu'à  parvenir  à  une  profondeur  considé- 
rable. La  portion  souterraine  des  tiges  des  Presles  ou 
Equisétacées  s'enfonce  profondément,  souvent  même  jus- 
qu'à un  mètre  et  davantage,  dans  le  sol  où  elle  s'étend 
ensuite  (2).  Un  second  exemple  d'un  grand  intérêt,  nous  est 
offert  par  l'Igname  de  Chine  (Dioscorea  Batatas  Dcne)  (5), 
plante  introduite  dans  nos  jardins  depuis  peu  d'années, 
dont  la  portion  comestible  et  féculente,  c'est-à-dire  le  tu- 
bercule ,  allongée  en  massue  verticale,  longue  parfois  d'un 
mètre  et  même  davantage,  n'est  autre  chose  qu'un  rhi- 
zome, d'après  M.  Decaisne.  » 

Je  viens  d'observer,  en  août  1867,  un  nouvel  exemple 
de  cette  rare  direction  des  rhizomes,  sur  un  pied  de 
Phragmites  communis  Trinius,  provenant  des  marais  des 
polders  entre  Blankenberghe  et  Heyst.  Cette  plante  émel- 


(1)  P.  Duchartre ,  Éléments  de  botanique.  Paris,  1866.  Première  partie, 
p.  257. 

(-2)  Loc.  cit ,  p.  189. 
(5)  Loc.  cit. }  p.  257. 


(  485  ) 

tait  de  la  souche,  des  chaumes  traçants.  Un  de  ceux-ci, 
long  de  5m,75,  présente  tous  les  caractères  des  chaumes 
aériens  proprement  dits,  les  premiers  nœuds  sont  plus 
rapprochés  que  les  autres.  Ce  chaume  rampant  compte 
Irente-cinq  nœuds  :  à  partir  de  la  souche ,  on  trouve  sur 
un  espace  de  0m,^7,  neuf  entre-nœuds  présentant  les  lon- 
gueurs suivantes  :  premier  et  deuxième,  0m,05;  troisième 
et  quatrième,  0m,04;  cinquième,  0m,0o;  sixième,  0m,G7; 
septième,  0m,10;  huitième,  0m,14;  neuvième,  0m,17  et  le 
reste,  du  dixième  au  trente-cinquième,  ont  très-réguliè- 
rement 0m,20.  Ce  chaume  indéterminé,  de  couleur  bru- 
nâtre, est  muni  de  nœuds  radicants,  à  racines  naissant  à  la 
partie  qui  touche  le  sol,  et  près  de  feuilles  épigées,  réduites 
à  l'état  d'écaillés  foliacées  roussàtres,  formées  soit  de  la 
gaine,  soit  de  la  feuille  plus  ou  moins  réduite. 

De  l'aisselle  de  ces  écailles  partent  : 

1°  Des  rameaux  ou  chaumes  verdàtres  couchés  et  dé- 
terminés, munis  de  véritables  feuilles; 

2°  De  vrais  rhizomes  verticaux  qui  s'enfoncent  de  haut 
en  basa  environ  0,n,40  de  profondeur.  Ils  sont  de  couleur 
blanchâtre,  à  nœuds  espacés  de  0m,04  à  0m,05,  munis  de 
racines  verticillées  et  d'écaillés  blanchâtres  hypogées  for- 
mées par  des  gaines  seules.  A  leur  aisselle, des  bourgeons 
se  développaient  en  rhizomes  horizontaux  qui,  après  avoir 
poussé  pendant  quelque  temps  sous  terre,  se  redressaient 
et  donnaient  naissance  à  des  chaumes  déterminés. 


(  486  ) 


CLASSE    DES    LETTRES. 


Séance  du  il  novembre  1867. 

M.  Roulez,  directeur. 

M.  Ad.  Quetelet,  secrétaire  perpétuel. 

Sont  présents  :  MM.  le  baron  de  Gerlachc ,  Grandga- 
gnage,  Borgnet,  Paul  Devaux,  P.  De  Decker,  Snellaert, 
Haus,  M.-N.-J.  Lecîercq ,  Baguet ,  Ch.  Faider,  Ducpetiaux , 
le  baron  Kervyn  de  Lettenhove,  Chalon,  Ad.  Mathieu, 
Th.  Juste,  Defacqz,  Guillaume,  membres;  Nolet  de  Brau- 
were,  associé;  Félix  Nève,  Alph.  Wauters,  correspondants. 


CORRESPONDANCE. 


M.  Ed.  Laboulaye,  associé  de  la  classe,  remercie  la  Com- 
pagnie pour  l'envoi  de  ses  dernières  publications. 

Des  remercîments  analogues  sont  adressés  par  les  Biblio- 
thèques publiques  de  Munich,  de  Dresde,  de  Gratz,  de 
Leyde,  d'Amsterdam  et  d'Utrecht,  par  la  Société  des 
sciences  physiques  de  Bordeaux,  par  la  Réunion  histo- 
rique de  Gratz,  etc.,  etc. 


(  487  ) 
M.  le  comte  Arrivabene,  associé  de  la  classe,  fait  hom- 
mage d'un  opuscule  qu'il  vient  de  publier  à  Florence  : 
Délie  instituzioni  agrarie  del  Belgio.  —  Remercîments. 


ÉLECTIONS. 

La  classe  s'occupe  de  l'élection  d'un  membre  à  déléguer 
au  sein  de  la  commission  de  la  Biographie  nationale,  pour 
remplir  la  place  devenue  vacante  par  suite  du  décès  du  ba- 
ron Jules  de  Saint-Génois;  il  est  procédé  successivement 
à  deux  scrutins;  à  la  suite  du  second,  M.  Théodore  Juste 
est  élu. 

—  Il  est  également  pourvu,  par  suite  du  décès  du  même 
académicien ,  à  la  nomination  d'un  membre  pour  la  place 
vacante  dans  la  commission  chargée  de  la  publication  d'une 
Collection  des  grands  écrivains  du  pays;  deux  épreuves 
ont  lieu;  à  la  suite  de  la  dernière,  M.  Adolphe  Mathieu  est 
proclamé  membre. 

—  M.  Snellaert,  secrétaire  de  la  commission  chargée  de 
publier  les  Monuments  de  la  littérature  flamande,  prie  ses 
confrères  de  vouloir  bien  procéder  au  remplacement  de 
deux  membres;  la  classe  décide  que  cette  double  élection 
sera  inscrite  à  l'ordre  du  jour  de  la  prochaine  séance. 


(  488  ) 


RAPPORTS. 


M.  M.-N.-J.  Leclercq  fait  connaître,  en  qualité  de  mem- 
bre de  la  commission  administrative,  que  celle-ci  s'est 
réunie  avant  la  séance;  qu'elle  a  reçu  une  copie  du  testa- 
ment de  M.  le  baron  de  Saint-Génois,  et  qu'elle  a  été  ainsi 
informée,  officiellement,  du  legs  de  mille  francs ,  fait  à  la 
Compagnie,  à  l'effet  de  fonder  un  prix  d'histoire  ou  de 
littérature  flamande.  La  commission,  ajoute  le  rapporteur, 
a  résolu,  à  l'unanimité,  de  prier  le  gouvernement  d'ac- 
cepter celte  donation  et  de  l'inviter  à  vouloir  bien  en  capi- 
taliser les  intérêts  au  profit  de  l'Académie,  de  manière  que 
celle-ci  soit  en  mesure  de  décerner,  après  chaque  période 
décennale ,  un  prix  de  quatre  cent  cinquante  francs. 

L'expression  de  ce  vœu  sera  transmise  à  M.  le  Ministre 
de  l'intérieur. 

—  MM.  Chalon,  le  baron  Kervyn  de  Lettenhove  et 
Adolphe  Mathieu  font  successivement  leurs  rapports  sur 
le  projet  d'inscription  proposé  par  l'administration  com- 
munale de  la  ville  de  Mons,  pour  le  piédestal  de  la  statue 
de  Baudouin  de  Constantinople  et  soumis  à  l'appréciation 
de  la  classe  des  lettres,  par  M.  le  Ministre  de  l'intérieur. 

Les  vues  des  trois  rapporteurs  étant  divergentes,  il  est 
décidé  que  les  conclusions  de  leurs  rapports  seront  im- 
primées avant  la  prochaine  réunion,  afin  que  la  classe  puisse 
formuler  son  opinion  et  communiquer  sa  réponse  à  M.  le 
Ministre,  ainsi  qu'elle  en  a  reçu  l'invitation. 


(  489  ) 


ÉLECTIONS. 


La  classe  se  constitue  en  comité  secret,  afin  de  satis- 
faire à  l'invitation  de  M.  le  Ministre  de  l'intérieur  et  de 
former  la  liste  des  candidats,  en  nombre  double,  parmi 
lesquels  seront  choisis  les  membres  des  jurys  chargés  de 
décerner  :  1°  le  prix  quinquennal  de  littérature  française, 
pour  la  quatrième  période,  expirant  au  51  décembre  pro- 
chain; 2°  le  prix  triennal  de  littérature  dramatique  fla- 
mande, pour  la  quatrième  période,  expirant  à  la  même 
époque. 


(  490  ) 


CLASSE     DES    BEAUX-ARTS. 


Séance  du  7  novembre  4867 . 

M.  Alph.  Balat,  directeur. 

M.  Ad.  Quetelet,  secrétaire  perpétuel. 

Sont  présents  :  MM.  Alvin ,  Guillaume  Geefs,  Eugène 
Simonis,  Van  Hasselt,  Jos.  Geefs,  Ferd.  De  Braekeleer, 
Ed.  Fétis,  Edm.  De  Busscher,  Portaels.  Aug.  Payen,  le 
chevalier  de  Burbure ,  Franck,  Gustave  De  Man ,  Ad.  Siret, 
Julien  Leclercq,  membres;  M.  Daussoigoe-Méhul ,  associé. 


CORRESPONDANCE. 


MM.  les  questeurs  du  Sénat  et  de  la  Chambre  des  Repré- 
sentants adressent  des  cartes  d'entrée  aux  tribunes  réser- 
vées. Des  remerciments  leur  sont  adressés  au  sujet  de  cet 
envoi. 

—  M.  Chrétien  Roth,  de  Munich,  soumet  à  l'Académie 
deux  photographies,  représentant  les  deux  aspects  de  la 
statue  ânatomique  qu'il  a  exécutée,  dit-il,  après  sept  ans 
d'étude  à  l'amphithéâtre.  Cet  écorché,  qu'il  met  en  vente, 


■      (  491  ) 
est  réduit  aux  2/s  de  la  grandeur  naturelle  et  accompagnée 
d'une  attestation  élogieuse  du  célèbre  peintre  Kaulbach. 

—  M.  Emmanuel  Van  den  Bussche,  artiste  peintre,  dé- 
clare qu'il  est  l'auteur  du  mémoire  sur  Quentin  Metsys, 
auquel  il  a  été  accordé  une  mention  honorable  lors  du 
dernier  concours  annuel. 

—  Le  secrétaire  perpétuel  informe  ses  confrères  que 
Y  Annuaire  de  V  Académie  pour  1868  est  sous  presse,  el  il 
in  vile  ceux  d'entre  eux  qui  se  sont  chargés  d'écrire  des 
notices  biographiques  sur  les  académiciens  décédés,  à  vou- 
loir bien  les  faire  parvenir,  sans  retard,  au  secrétariat. 


ELECTIONS 


Les  sections  de  peinture,  d'architecture  et  des  sciences 
et  lettres  dans  leurs  rapports  avec  les  arts,  avaient  été 
convoquées  pour  examiner  s'il  y  avait  lieu  de  pourvoir  aux 
places  d'associé  et  de  correspondant  devenues  vacantes, 
et  pour  faire,  le  cas  échéant,  les  présentations  requises; 
ces  différentes  sections  font  connaître  les  résultats  de  leurs 
délibérations,  qui  seront  ultérieurement  communiqués  aux 
membres  de  la  classe. 


(  492  ) 


OUVRAGES  PRÉSENTÉS. 


Commission  pour  la  publication  d'une  collection  des  grands 
écrivains  du  pays.  —  OEuvres  de  Froissart,  publiées  avec  les 
variantes  des  divers  manuscrits,  par  M.  le  baron  Kervyn  de 
Lettenhove.  Chroniques.  Tome  IIIe.  Bruxelles,  1 807 ;  in-8°. 

Gachard.  —  Correspondance  de  Marguerite  d'Autriche,  du- 
chesse de  Parme,  avec  Philippe  II.  Tome  Ier,  14  août  1559  et 
16  novembre  1561.  Bruxelles,  1807;  in-4°. 

Ârrivabene  (Giovanni).  —  Délie  instituzioni  agrarie  del  Bcl- 
gio.  Florence,  1807;  in-12. 

Broeckx  (C).  —  Notice  sur  le  docteur  Henri-Guillaume- 
Marie  de  Koninck,  né  à  Louvain,  le  22  septembre  1772,  mort 
à  Calcken  en  1827.  Anvers,  1867;  in-8°. 

Chalon  [Jean).  —  Anatomie  comparée  des  tiges  ligneuses 
dicotylédones.  1er  mémoire.  Gand ,  1867;  in-8°. 

[Syroczynski  {Léon)].  —  Études  sur  la  Russie  contempo- 
raine. Le  Nihilisme,  par  S.  Léon.  Bruxelles,  1867;  in-8°. 

Documents  inédits  relatifs  à  l'histoire  de  la  province  de 
Namur,  publiés  par  ordre  du  Conseil  provincial.  —  Cartu- 
laire  de  la  commune  de  Fosses,  recueilli  et  annoté  par  Jules 
Borgnet.  Namur,  1867;  in-8n. 

Essai  de  tablettes  liégeoises,  par  Alb.  d'Otreppc  de  Bou- 
vette,  74e  livraison.  Liège,  1867;  in-12. 

Annales  des  travaux  publics  de  Belgique,  tome  XXV, 
I"  cahier.  Bruxelles,  1867;  in-8°. 

Dépôt  de  la  guerre  de  Belgique.—  Carte  topographique  de 
la  Belgique,  dressée  au  ^00;  5e  Iivr.,  feuilles  1  ,  5  et  21  (Bru- 
ges, Cappellen,  Courtrai).  Bruxelles,  1867;  in-folio. 

Société  archéologique  de  Namur.  —  Annales,  tome  IXe, 


(  493  ) 

4e  livraison.  Namur,  1867  ;  in-8°.  —  Rapport  sur  la  situation 
de  la  société  en  1800.  Namur,  1807;  in-8°. 

Société  malacologique  de  Belgique.  —  Bulletin  des  séances, 
année  1807,  pages  51  à  88.  Bruxelles;  in-8°. 

Journal  historique  et  littéraire,  tome  XXXIV,  livraison  7. 
Bruxelles,  1807;  in-8°. 

Commissions  royales  d'art  et  d'archéologie,  à  Bruxelles. — 
Bulletin,  5e  année,  mai  et  juin  ,  juillet  et  août  1807.  Bruxelles, 
1867;  2  eah.  in-8". 

Annales  d'oculistique ,  50e  année,  tome  LVIJï,*5eet4e  livr. 
Bruxelles,  1807;  in-8°. 

Société  des  sciences  naturelles  du  grand  duché  de  Luxem- 
bourg. —  Tome  IXe,  année  1800.  Luxembourg,  1807;  in-8°. 

Reuter(F.). —  Observations  météorologiques  faites  à  Luxem- 
bourg (1854-1865).  Luxembourg,  1807;  in-8°. 

Zeeuwsch  yenootschap  der  Wetenschappen  te  Middelburg. 

—  Zelandia  illustrata,  2de  aflcv.  Middelbourg,  1807;  in-8". 
Bataviaasch  genoolschap  van  Kunsten  en  Wetenschappen. 

—  V7erhandelingen,  deel  XXXII.  Batavia,  1866;  1  vol.  in-4°. 
Tijdschrift,  deel  XIV,  afl.  5-0;  deel  XV  en  deel  XVI,  aflev.  i. 
Batavia,  1804-1800;  G  eah.  in-8°;  —  Noluien,  deelen  II,  III  en 
IV,  aflev.  1.  Batavia,  4804-1800;  5  eah.  in-S°.  —  Catalogue 
der  bibliotheek.  Batavia,  1864;  in-8". 

Institut  national  genevois.  —  Mémoires,  tome  XIe,  1800. 
Genève,  1807;  1  vol  in-4°.  —  Bulletins,  nos  50  et  31 ,  1866. 
Genève,  1807;  2  eah.  in-8". 

Société  des  sciences  naturelles  de  Neuchâtel.  —  Bulletin. 
tome  VII,  5e  cahier.  Neuchâtel,  1867;  in -8°. 

Académie  impériale  de  médecine  de  Paris.  —  Mémoires, 
tome  XXVIIIe,  lre  partie.  Paris,  1807;  in -4°. 

Société philomatique  de  Paris.  —  Bulletin,  tome  IVe,  mars, 
avril  et  mai  18G7.  Paris,  1867;  in-8". 

Revue  de  l'instruction  publique,  de  la   littérature  et  de* 


(  494  ) 

sciences,  eu  France  et  dans  les  pays  étrangers.  —  27e  année, 
nos  27  à  39.  Paris,  1867;  15  doubles  feuilles  in-4°. 

Journal  de  l'agriculture,  fondé  et  dirigé  par  J.-A.  Barrai , 
1867,  tome  III,  nos  52  et  35.  Paris;  2  cah.  gr.  in-8°. 

Bulletin  hebdomadaire  de  l'agriculture,  1867,  nos  46  et  47. 
Paris,  I8G7;  2  cah.  gr.  in-8°. 

Journal  d'agriculture  pratique ,  1867,  tome  II,  nos  45  ,  44  , 
45,  46  et  47.  Paris,  1807;  5  cah.  in-8°. 

Dictionnaire  archéologique  de  la  Gaule  (époque  celtique), 
publié  par  la  commission  instituée  au  Ministère  de  l'instruc- 
tion publique.  1er  fascicule.  Paris,  1867;  in-4'\ 

Perrey  (Alexis).  —  Note  sur  les  tremblements  de  terre  en 
1865,  avec  suppléments  pour  les  années  antérieures  de  1845 
à  1804.  (Extrait  des  mémoires  in-8°  de  l'Académie  royale  de 
Belgique  )  Bruxelles,  1867;  in-8". 

Outendirk  (Frans).  —  La  Turquie  à  propos  de  l'Expo -itiou 
universelle  de  1867.  Paris,  1807;  in-8". 

Société  impériale  d'Emulation  d'Âbbeville.  —  Mémoires, 
1861  ,  1862,  1865,  1864,  1865  et  1860,  2e  partie.  Abbeville, 
1867;  in-8°. 

Société  littéraire,  scientifique  et  artistique  d'Api  (Vau- 
cluse).  —  Annales,  2e  année,  1864-1865.  Apt,  1860;  in-8°. 

Académie  impériale  des  sciences,  belles-lettres  et  arts  de 
Bordeaux.  —  Actes,  20%  21e  et  22e  années,  1838,  1859  et 
1860;  28°  année,  1er  et  2e  trimestre,  1866,  et  21)'  année, 
2e  trimestre,  1867.  —  Séance  publique  du  16  juin  1829.  Bor- 
deaux; 16  cah.  in-8°. 

Société  impériale  d'agriculture ,  de  sciences  et  d'arts,  séant 
à  Douai.  —  Mémoires,  2'"  série,  tome  VIII,  1865-1865.  Douai, 
1806;  in-8^. 

Comité  flamand  de  France.  —  Bulletin,  tome  IV,  n"  7.  Lille- 
Dunkcrque,  1867;  in-8". 

Académie  de  Stanislas,  à  Vancy.  —  Mémoires.  1800.  Nancy. 
1867;  in-8". 


(  495  ) 

Société  impériale  d'agriculture  de  Valenciennes.  —  Revue 
agricole,  iî)e  année,  tome  XXI,  n°  9.  Valenciennes,  1867; 
in-8°. 

Kônigliche  preassische  Akademie  der  Wissenschaften  zu 
Berlin.  —  Monatsbericht,  juli  i867.  BerHn;  in -8°. 

Gôppert  (H.-R.).  —  Verzeichniss  der  paliionlologisehcn 
Sammlungen.  Gorlitz,  1868;  in-8°. 

Justus  Perlhes'  Geographischer  Anstalt  zu  Gotha.  —  Mit- 
(heilungen  iiber  wichtige  neue  erforschungeu  auf  dem  Ge- 
sammtgebiele  der  Géographie,  ^on  l)r  A.  Peterntann,  1867, 
Xdc  undErgànzungsheft,  n°  21.  Gotha,  1807;  2  cab.  in-4°. 

Archiv  der  Math ematik  und  Physik  ;  herausgegeben  von 
J.-A.  Grunert.XLVH9lcTheil,  lslcslleft.  Greifswald,  1867;in-8°. 

Rau  (Karl-Heinrich).  —  Grundsliîze  der  Volkswirthschafls- 
lebre.  Ve  Ablh.,8,e  Ausgabe.  Leipzig  ,  1868;  in  8°. 

Von  Schlagintweit-Sakùnslùnski  (Herman).  —  Die  wicli- 
tigsten  Hohenbestimmungen  in  Indien  ,  im  Himalaya,  in  Tibet 
und  in  Turkisian.  Munich,  1807;  in-12. 

Kaiserliclie  Akademie  der  Wissenschaften  zu  Wien.  — 
Math.-naturw.  Classe  :  Dcnkschriflen ,  XXVIter  Band,  mit  Re- 
gister  zu  deh  Banden  I-XXV.  Vienne,  1807;  in-4°.  —  Sit- 
zungsberichte,  lste  Ablh.,  1806,  november  und  december; 
1867,  jânncr-februar.  —  2SU'  Abth.,  1866;  december;  1807, 
jànner-mârz.  Vienne;  7  cah.  in-8°.  —  Philos.-histor.  Classe  : 
Denkschriften ,  XUr  Band.  Vienne,  1007;  in-4°.  —  Sitzungs- 
berichte,  1800,  october- december  1807,  janner -  februar. 
Vienne;  5  cah.  in-8°.  —  Archiv  fur  osterreichische  Gesehiehle, 
XXXVII1"  Band,  1-2  Hâlfte.  Vienne,  1867;  2  cah.  in-8". 

Kaiserliche  Akademie  der  Wissensehaften  in  Wien.  —  Sit- 
zung  der  math.-naturw.  Classe.  Jahrg.,  1867,  nos  ~2"2,  53.  24, 
25  et  26.  Vienne,  1867;  5  feuilles  in-8°. 

Physikalische-medicinische  Gesellsehaft  zu  Wurzburg.  — 
Wùrzburger  medicinische  Zeitschrift,  VIIter  Band,  VslP  und 
VIsle  Heft.  Wurtzbourg,  1867;  in-8n. 


(  496  ) 

Kongl.  Vitterhet s  historié  och  antiqvitets  Akademiens  Stock- 
holm. —  Handlingar,  nv  fôljd,  XXi-XXV  delen.  Stockholm, 
1855-1867;  5  vol.  in-8°.  —  Antiqvarisk  Tidskrift  for  Sverige, 
genom  Bror  Emil  Hildebrand.  isla  delen.  Stockholm,  1864; 
in-8°.  —  •  Fortechning  Ledamoter  och  Tjenstcmân ,  âren  1755- 
1867.  Stockholm,  1867;  in-8°. 

Hildebrand  (Bror  Emil).  —  Minnespenningar  ofver  ens- 
kilda  Svenskà  raiin  och  qvinnor.  Stockholm,  1860;  in-8°. 

Hildebrand  (Bror  Emil).  —  Svenska  Sigiller  frân  Medelti- 
den,  ldea-2sta  Haftets.  Stockholm,  1867;  2  vol.  in-4°. 

Hildebrand  Hildebrand  (H ans  OL).  —  Svenska  folket  u rider 
Hednatiden.  Stockholm,  1866;  in-8°. 

Université  d'Upsal.  —  Thèses  académiques  et  règlements 
pour  l'année  1866-1867.  Upsal,  1867;  cah.  in-4°  et  in-8°. 

Finska  Vetenskaps-Societetens ,  af  Helsingfors.  —  Acta, 
tom.  VIII.  Helsingfors,  1867;  2  cah.  in-4°,  —  Ofversigt, 
tom.  VI,  VII,  VIlî.  Helsingfors,  1865-1866;  5  vol.  in-8°.  — 
Bidrag  till  Finlands  Naturkânnedom,  etnografi  och  statistik , 
X  Haftet.  —  Bidrag  till  kannedom  at  Finlands  natur  och  Folk  , 
VII,  VIII,  IX,  X  Haftets.  Helsingsfors;  5  vol.  in-8°. 

Société  impériale  des  naturalistes  de  Moscou.  —  Bulletin , 
tome  XL,  année  1867,  n°  I.  Moscou.  1867;  in-8°. 

Université  impériale  de  Saint-Pétersbourg.  —  Travaux  de 
l'année  1866.  Saint-Pétershourg,  1867;  in-8°  (en  russe). 

De  Bosis  (Francesco).  —  II  gabinetto  di  scienzc  naturali  e 
l'osservatorio  meteorologico  nel  R.  Istituto  industriale  e  pro- 
fessionale  di  Ancoua,  con  appendice  sugli  studi  di  storia  nalu- 
rale  anconitana  di  Francesco  de  Bosis  e  Luigi  Paolucci.  Ancône, 
1867;  in-8°. 


BULLETIN 


DE 


L'ACADÉMIE  ROYALE  DES  SCIENCES, 


DES 


LETTRES  ET  DES  BEAUX-ARTS  DE  BELGIQUE 
1867.  —  No   12. 

CLASSE    DES    SCIENCES. 


Séance  du  7  décembre   1867. 

M.  le  vicomte  Du  Bus,  président  de  l'Académie. 
M.  Ad.  Quetelet,  secrétaire  perpétuel. 

Sont  présents  :  MM.  D'Omalius,  Wesmael,  Stas,  de 
Koninck,  Van  Beneden,  Edm.  de  Selys-Longcbamps, 
Nyst,  Gluge,  Nerenburger,  Melsens,  Liagre,  Dopiez,  Bras- 
seur, Poelman,  Dewalque,  Ern.  Quetelet,  Spn'ng,  Maus, 
Gloesener,  Candèze,  Eug.  Coemans,  Donny,  membres;  » 
Scbwann,  Lacordaire,  Catalan,  associés;  Ed.  Morren, 
Ed.  Dupont,  Malaise,  correspondants. 

M.  le  baron  Kervyn  de  Leltenhove,  membre  de  la  classe 
des  lettres,  assiste  à  la  séance. 

2me  série,  tome  xxiv.  34 


(  498  ) 
CORRESPONDANCE. 


M.  le  Ministre  de  l'intérieur  donne  connaissance  que  le 
jury  chargé  de  juger  le  concours  quinquennal  des  sciences 
naturelles,  pour  la  période  de  1862-1866,  a  décerné  le 
prix  à  M.  P.-J.  Van  Beneden ,  membre  de  l'Académie,  pro- 
fesseur de  l'Université  de  Louvain,  à  raison  de  son  ouvrage 
intitulé  :  Recherches  sur  l'histoire  naturelle  des  Polypes 
des  côtes  de  Belgique. 

M.  le  directeur  présente  à  M.  Yan  Beneden  les  compli- 
ments de  la  classe. 

—  La  société  entomoîogique  de  Londres,  les  observa- 
toires d'Armagh  et  de  Washington  ,  la  société  des  sciences 
de  Finlande,  la  société  impériale  des  naturalistes  de  Mos- 
cou, l'Université  de  Kiel,  la  société  de  physique  d'Erlan- 
gen,  la  société  d'Émulation  d'Abbeville,  etc.,  remercient 
l'Académie  pour  l'envoi  de  ses  publications. 

L'Académie  reçoit  cà  titre  d'hommage  de  ses  membres 
les  ouvrages  suivants  :  1"  Météorologie  de  la  Belgique 
comparée  à  celle  du  globe,  par  A.  Quetelet,  1  vol.  in-8°; 
2°  Observations  de  météorologie  et  de  physique  du  globe, 
faites  à  l'Observatoire  de  Bruxelles  depuis  le  commence- 
ment de  1867,  in-4°;  5°  Programme  du  cours  de  géomé- 
trie descriptive,  fait  à  l'Université  de  Liège,  4me  édition, 
par  M.  Brasseur;  4°  Note  sur  un  Orchis  ustulata  L.  à  fleurs 
doubles,  par  M.  A.  Bellynck,  in-8°.  —  Remercîmenls. 

—  M.  Bellynck  fait  parvenir  les  résultats  de  ses  obser- 
vations faites  à  Namur,  en  1867,  sur  les  plantes. 


(  499  ) 

—  M.  le  capitaine  Adan  transmet  une  seconde  note 
manuscrite  concernant  les  Erreurs  à  craindre  sur  les 
quantités  calculées  par  la  méthode  des  moindres  carrés 
(Commissaires  :  MM.  Catalan  et  Liagre). 


RAPPORTS. 


Deuxième  mémoire  sur  Vanatomie  comparée  des  tiges 
ligneuses  dans  V embranchement  des  Dicotylédones  ;  par 
M.  J.  Chalon ,  de  Namur. 

Rapport  de  !ti .   Coetnans. 

«  Sous  le  litre  précédent,  M.  Chalon  vient  de  présenter 
à  l'Académie  une  série  d'études  anatomiques  sur  la  struc- 
ture des  tiges  ligneuses  de  la  classe  des  Rosi  nées.  Cette 
classe  se  compose,  comme  on  le  sait,  de  cinq  familles  prin- 
cipales, celle  des  Pomacées,  des  Spiréacées ,  des  Rosacées, 
des  Amygdalées  et  des  Chrysobalanécs.  L'auteur  examine, 
avec  soin,  une  série  de  tiges  appartenant  à  chacune  de  ces 
diverses  familles,  excepté  à  celle  des  Chrysobalanées,  dont 
les  espèces  vivent  dans  les  régions  inlertropicales  de  l'Amé- 
rique et  de  l'Afrique ,  et  conclut  de  ses  analyses,  sans  hési- 
tation aucune,  qu'il  y  a,  dans  la  classe  des  Rosinées  en 
particulier  et  dans  les  groupes  naturels  en  général,  une 
relation  constante  entre  les  caractères  organographiques 
de  ces  végétaux  et  la  structure  anatomique  de  leurs  tiges. 

Nous  dirons   d'abord   un   mot   du    travail    même   de 


(  500  ) 
M.  Chalon,  pour  examiner  ensuite  ses  conclusions  géné- 
rales. 

Le  mémoire  de  M.  Chalon  est  un  travail  véritablement 
sérieux,  qui  mérite  autant  d'encouragements  que  d'éloges, 
car  il  est  bien  rare  de  voir,  de  nos  jours,  des  jeunes  gens 
entreprendre  des  recherches  aussi  longues,  aussi  difficiles 
et  aussi  ingrates  que  celles  que  l'auteur  se  propose  de  faire. 
Son  travail  nous  offre  cependant,  je  le  dis  à  regret,  quelque 
chose  d'essentiellement  prématuré  et  d'incomplet;  ce  qui 
tient  au  mode  trop  précipité  de  publication  de  l'auteur.  En 
effet,  dans  les  travaux  de  cette  nature,  ce  n'est  pas  après 
avoir  étudié  un  groupe  ou  une  famille  isolée,  mais  bien 
après  avoir  examiné  longuement  la  structure  des  tiges  dans 
toute  la  série  végétale,  qu'on  peut  arriver  à  la  connaissance 
des  principes  de  taxonomie  histiologique,  qu'on  peut  dé- 
couvrir ce  qu'il  y  a  d'important  et  d'invariable,  et  ce  qui, 
au  contraire,  est  variable  et  accessoire.  Et  ce  n'est  qu'après 
avoir  posé  ces  principes  et  avoir  rassemblé  de  nombreux 
termes  de  comparaison  que  l'anatomie  comparée  des  tiges 
peut  devenir  pratique  et  sérieusement  scientifique.  L'au- 
teur n'ayant  approfondi  jusqu'ici  que  la  classe  des  Rosi- 
nées,  ces  principes  et  ces  éléments  de  comparaison  lui 
font  encore  défaut,  d'où  il  résulte  que  son  mémoire  paraît 
former  plutôt  une  collection  de  notes  préparatoires  qu'un 
travail  déjà  achevé  et  concluant.  ÎI  aura  dû  sentir  ce  vide 
quand  il  a  cherché  à  établir  les  caractères  hisliologiques  du 
groupe  des  Rosinées  ,  car  au  lieu  de  caractères  propres  et 
tranchés,  il  n'a  trouvé  que  des  diagnoses  vagues  et  appli- 
cables à  un  grand  nombre  de  familles  voisines. 

Je  crois  donc  pouvoir  lui  conseiller  de  reprendre  un  peu 
plus  tard  ce  même  travail,  quand  il  aura  étudié  au  même 
point  de  vue  un  plus  grand  nombre  de  familles  végétales. 


(  501  ) 
11  verra  alors  facilement  ce  qu'il  y  a  de  général  et  d'uni- 
forme dans  la  structure  des  tiges,  et  ce  qui  peut  servir  à 
distinguer  et  à  spécifier  certains  groupes  ou  certaines  fa- 
milles, et  ses  analyses,  alors  nécessairement  plus  brèves, 
plus  claires  et  plus  comparatives,  seront  un  précieux  ap- 
point pour  la  taxonomie  végétale. 

Comme  j'ai  tout  lieu  de  croire  que  l'auteur  tiendra  à 
perfectionner  ses  recherches,  j'indiquerai  ici  quelques  amé- 
liorations que  me  semble  demander  le  travail  que  j'ai  exa- 
miné : 

1°  Une  détermination  extrêmement  rigoureuse  des  élé- 
ments analomiques  et  surtout  des  différentes  espèces  de 
vaisseaux  qui  se  rencontrent  dans  les  liges; 

2°  Les  analyses  devraient  porter  sur  des  tiges  ou  des 
rameaux  de  même  âge,  et  autant  que  possible  sur  des  tiges 
d'un  an,  pour  pouvoir  admettre  à  titre  d'égalité  les  tiges 
des  plantes  herbacées  et  annuelles; 

5°  La  structure  des  tiges  herbacées  et  annuelles  devrait 
nécessairement  entrer  en  ligne  de  compte  ; 

4°  Outre  les  caractères  employés  par  l'auteur,  on  pour- 
rait se  servir  de  ceux  que  fournissent  les  cellules  conduc- 
trices et  la  nature  des  parois  des  cellules  des  rayons  mé- 
dullaires qui  offrent  des  différences  notables  dans  certains 
groupes; 

5°  Enfin,  dans  des  recherches  de  celte  nature,  l'emploi 
de  planches  est  tout  à  fait  nécessaire  et  indispensable. 

Pour  ce  qui  concerne  maintenant  les  conclusions  de  l'au- 
teur, je  les  crois  vraies  et  fondées  en  thèse  générale ,  mais 
elles  devraient  être  formulées  d'une  manière  beaucoup 
moins  absolue  et  positive.  Dans  le  règne  végétal,  les  irré- 
gularités de  structure  sont  aussi  nombreuses  dans  les  tiges 
que  dans  aucun  autre  organe.  Ainsi ,  pour  m'en  tenir  au 


(  502  ) 
groupe  des  Rosinées,  que  l'auteur  a  spécialement  étudié, 
je  trouve  dans  la  famille  des  Amygdalées,  qui,  selon 
M.  Chalon,  serait  caractérisée  par  des  rayons  médullaires 
pluricellulaires  à  trois  ou  quatre  plans  de  cellules,  un 
Prunus  Armeria  (branche  de  cinq  ans)  qui  m'en  présente 
six, sept  et  même  huit;  une  variété  du  Prunus  domestica 
et  le  Cerasus  Padus  qui  ne  m'en  offrent  ordinairement  que 
deux.  Dans  la  même  famille,  le  genre  Amygdalus  et  le 
Prunus  lauro- cerasus  me  semblent  beaucoup  plus  rap- 
prochés, par  leurs  rayons  médullaires,  des  Pomacées  que 
des  Amygdalées. 

Dans  la  famille  des  Pomacées,  où  il  y  a  cependant  assez 
de  constance  :  je  rencontre  un  Crataegus  Oxycanlha  ayant 
huit  et  dix  rangs  de  cellules  dans  ses  rayons  médullaires, 
tandis  qu'il  pourrait  n'en  avoir  que  deux.  En  me  guidant 
d'après  les  caractères  indiqués  par  l'auteur,  il  m'est  sou- 
vent impossible  de  distinguer  les  tiges  des  Rosacées  de 
celles  des  Spiracées.  Et,  dans  cette  dernière  famille,  je 
vois  plusieurs  espèces  dont  les  rayons,  éminemment  étroits, 
me  porteraient  à  les  classer  dans  la  famille  des  Pomacées. 

Il  en  est  de  même  dans  le  reste  du  règne  végétal,  et  qui 
croirait,  en  étudiant  au  microscope  la  tige  du  Cynara 
Scolymus  et  celle  de  YHelianthus  annuus,  qu'ils  appar- 
tiennent tous  deux  au  même  groupe  des  tubuliflores  de  la 
famille  des  Composées.  C'est  que  la  tige  n'existe  pas  seu- 
lement pour  la  fleur  et  le  fruit ,  dans  lesquels  nous  puisons 
généralement  nos  caractères  distinctifs,  mais  sert  de  lien 
entre  la  racine,  les  feuilles  et  les  organes  de  reproduction, 
et  exprime  bien  plutôt  la  vie  de  la  plante  que  les  caractères 
de  sa  fleur.  J'aime  donc  à  croire  que,  quand  l'auteur  se 
sera  plus  familiarisé  avec  la  nature,  il  se  convaincra  de 
plus  en  plus,  par  ses  propres  recherches,  que  les  lois  et  les 


(  505  ) 
démarcations  absolues  sont  extrêmement  rares,  mais  que 
tout  est  passages,  nuances  et  intermédiaires,  ce  qui  fait 
l'unité  dans  la  variété,  et  la  première  et  grande  cause  de 
l'harmonie  de  la  nature.  » 


Mtapport  de  HM.  Spring. 

«  A  mon  tour,  je  rends  hommage  au  zèle  patient  de 
l'auteur,  tout  en  regrettant  de  ne  pouvoir  pas  proposer 
l'impression  du  mémoire  présenté.  Il  contient  des  recher- 
ches intéressantes,  sans  doute,  mais  leurs  résultats  ne  sont 
pas  établis  assez  solidement,  selon  nous,  pour  promettre 
un  progrès  réel ,  ni  pour  justifier  les  conclusions  générales 
que  l'auteur  a  cru  pouvoir  en  tirer. 

C'est,  du  reste,  une  rude  tâche  que  l'étude  des  tiges 
ligneuses  au  point  de  vue  de  la  taxonomie.  Pour  l'entre- 
prendre avec  fruit,  il  faudrait  non-seulement  rassembler 
d'abord  les  matériaux  que  la  science  possède  déjà  en  grand 
nombre,  mais  établir  des  principes  organographiques  et 
morphologiques  applicables  à  toute  la  série  végétale.  Et 
ces  principes  ne  pourraient  être  demandés,  selon  nous, 
qu'à  l'histoire  du  développement  et  de  la  croissance,  ainsi 
qu'à  l'étude  comparée  des  variations  que  le  type  idéal 
éprouve  dans  les  principales  familles  de  l'embranchement. 

Il  est  connu  que  les  accidents  de  végétation,  la  marche 
des  saisons ,  l'action  complexe  du  climat,  l'abondance  de  la 
sève  et  les  variations  de  la  diffusion  dans  les  cellules  des 
rayons  médullaires,  exercent  une  grande  influence  sur  la 
contexture  du  bois;  il  est  connu  surtout  que  le  développe- 
ment et  l'accroissement  des  branches  opèrent  une  sorte  de 


(  mi  ) 

rétroaction  sur  le  corps  ligneux  de  la  tige.  Avant  de  for- 
muler des  diagnoscs  génériques  et  spécifiques  applicables 
à  ce  corps,  il  serait  donc  indispensable  de  séparer  nette- 
ment, au  préalable,  les  caractères  constants  d'avec  ceux 
qui  sont  variables. 

Je  souscris,  du  reste,  aux  autres  conseils  que  l'hono- 
rable M.  Coemans  a  adressés  à  l'auteur,  pour  lui  prouver 
son  estime  et  l'espoir  qu'il  a  de  le  voir  persévérer.  J'insiste 
spécialement  sur  la  nécessité  d'une  détermination  rigou- 
reuse des  éléments  anatomiques,  et  sur  l'addition  ,  indis- 
pensable dans  ce  genre  de  travaux ,  de  planches  devant 
servir  à  la  fois  <¥  illustration  et  de  contrôle. 

J'ai  l'honneur  de  proposer  à  la  classe  de  voter  des  re- 
mercîments  à  l'auteur.  » 

Conformément  aux  conclusions  des  commissaires,  la 
classe  vote  des  remercîments  à  M.  Chalon,  pour  la  com- 
munication qu'il  a  bien  voulu  lui  faire  et  décide  l'im- 
pression seule  des  rapports,  dans  le  Bulletin  de  la  séance. 


Eludes  sur  les  caractères  des  espèces  du  genre  Populus, 
par  M.  Alfred  Wesmael. 

Rapport  de  M.   MSttg.  Coen»nn* . 

«  J'ai  lu,  avec  le  plus  vif  intérêt,  la  notice  de  M.  Wes- 
mael; j'y  trouve  des  observations  bien  faites,  beaucoup 
d'exactidude,  et  l'esprit  d'analyse  consciencieuse  dont  l'au- 
teur fait  preuve  dans  ce  travail  me  fait  espérer  que  nous 
pouvons  attendre  de  lui  une  bonne  et  excellente  mono- 


(  505  ) 
graphie  du  genre  Populus,  si  intéressant  tant  au  point  de 
vue  botanique  qu'au  point  de  vue  forestier. 

Il  est  vrai,  comme  le  dit  M.  Wesmael,  que  le  genre 
Populus  demande  encore  à  être  étudié  avec  plus  de  soin, 
mais  il  y  aurait  cependant  erreur  à  croire  que  nous  en 
sommes  encore,  pour  la  connaissance  des  espèces,  au 
temps  de  Sprengel.  Depuis  cette  époque,  plusieurs  excel- 
lentes flores,  par  exemple  celles  de  MM.  Acherson,  Godron, 
Cosson,  etc.,  et  surtout  les  ouvrages  des  forestiers  alle- 
mands nous  en  ont  donné  des  descriptions  raisonnées  et 
comparatives  basées,  non  plus  uniquement  sur  l'étude  des 
feuilles,  mais  sur  l'ensemble  des  caractères  de  ces  végé- 
taux. 

Quoique  l'auteur  ne  le  dise  point  expressément  dans  son 
introduction,  il  est  évident  qu'il  n'a  voulu  traiter  dans 
cette  présente  notice  qu'une  première  partie  du  travail 
qu'il  se  propose  de  nous  communiquer,  et  que  comporte 
le  titre  de  son  mémoire.  M.  Wesmael  s'est  posé  une  pre- 
mière question,  celle-ci  :  les  caractères  tirés  de  la  nature 
des  feuilles  et  de  la  longueur  des  chatons  sont-ils,  chez  les 
Populus,  assez  sérieux  et  assez  constants  pour  fournir  au 
descripteur  des  diagnoses  suffisantes?  M.  Wesmael  répond 
négativement,  et  il  prouve  fort  bien  sa  manière  de  voir. 

Mais  en  suivant  le  mode  de  procéder  que  l'auteur 
semble  s'être  prescrit,  il  nous  reste  encore  un  grand  nombre 
de  questions  à  poser  et  à  résoudre  pour  arriver  à  une  con- 
naissance approfondie  des  caractères  spécifiques  du  genre 
qu'il  étudie. 

Ainsi  il  faudrait  encore  rechercher  si  les  caractères  pris 
dans  la  nature  de  l'écorce,  la  vestilure  des  bourgeons,  le 
nombre  des  étamines,  la  forme  et  la  couleur  des  pistils,  la 
configuration   des  écailles  des  chatons,  la  nature  de  la 


(  506  ) 

graine,  etc.,  n'offrent  pas  plus  de  valeur  et  de  constance 
que  ceux  que  fournissent  les  feuilles.  Parmi  tous  ces  ca- 
ractères, il  faudrait  ensuite  choisir  ceux  qui  méritent  de 
servir  de  base  à  une  classification  rationnelle,  et  en  faire 
usage  pour  établir  de  bonnes  diagnoses  spécifiques.  Un 
pareil  travail  serait,  à  mon  avis,  une  véritable  étude  sur 
les  caractères  des  espèces  dans  le  genre  Populus.  Ces  con- 
sidérations me  portent  à  engager  M.  Wesmael  à  ne  pas 
séparer  cette  première  partie  du  reste  de  son  travail ,  s'il 
veut  toutefois  conserver  le  titre  qu'il  a  adopté.  ïl  est  de  ces 
recherches  qui  figurent  fort  bien  dans  un  travail  d'ensem- 
ble, mais  ne  font  plus  le  même  effet  quand  on  les  présente 
isolées.  Je  crois  donc  témoigner  de  la  confiance  dans  le  ta- 
lent de  l'auteur,  en  disant  que  l'Académie  désirerait  de  lui 
un  travail  plus  complet.  Ce  qui  m'engage  surtout  à  en  agir 
ainsi ,  c'est  que  cette  variabilité  dans  les  feuilles  des  Popu- 
lus, qui  fait  l'objet  de  cette  notice,  se  retrouvant  également 
dans  un  grand  nombre  de  nos  arbres  de  l'Europe,  par 
exemple,  chez  les  Ruscus,  Carpinus,  Quercus,  Ulmus, 
Salix,  Lonicera,  Tilia,  Acer,  Ilex,  Crataegus,  Rosa,  Ru- 
bas,  etc.,  est  presque  devenue  un  lieu  commun  en  bota- 
nique, et  que  ce  n'est  pas  la  première  fois  qu'elle  est 
signalée  chez  les  Populus,  un  certain  nombre  de  ces  feuilles 
variantes  se  trouvant  déjà  figurées  dans  les  Osterrekhs 
Hotzpflanzen  de  Pokorny  (Wein,  1864).  » 


Rapport  de  SE.    Ed.    jnort'en 

«  La  lecture  de  la  communication  de  M.  A.  Wesmael 
nous  a  laissé  exactement  la  même  impression  que  celle 
exprimée  en  si  bons  termes  par  notre  savant  collègue  , 


M.  Eug.  Coemans.  Cette  communication  renferme  les  élé- 
ments d'une  excellente  notice,  mais  elle  est  encore  incom- 
plète et  ne  répond  pas  à  son  titre  :  l'histoire  des  travaux 
auxquels  le  genre  Populus  a  été  soumis,  devrait  être  tracée 
au  moins  en  quelques  mots,  et  ses  caractères  généraux 
pourraient  être  indiqués.  La  valeur  de  certains  caractères 
a  déjà  été  discutée  par  Th.  Hartig,  en  1851  (1),  par  le  doc- 
teur M.  Willkomm,  professeur  à  l'école  forestière  de  Tha- 
rand  en  Saxe  (2),  par  Ch.  Koch  de  Berlin  (5),  et  d'autres, 
sans  que  l'auteur  mentionne  ou  analyse  les  opinions  de  ces 
savants.  Les  observations  auxquelles  il  s'est  livré  condui- 
sent à  des  conclusions  négatives  sur  la  valeur  de  certains 
caractères  de  forme,  de  grandeur,  de  rapports,  etc.,  d'ail- 
leurs peu  importants,  et  l'on  se  sent  pris  du  désir  de  con- 
naître les  caractères  positifs  que  l'auteur  a  pu  rencontrer 
pour  définir  les  espèces.  M.  A.  Wesmael,  qui  s'occupe  de- 
puis longtemps  des  végétaux  ligneux  et  qui  a  déjà  publié 
sur  ce  sujet  des  notices  intéressantes,  s'est  chargé  d'écrire 
la  monographie  des  Populus  pour  le  Prodromus  regni 
vegetabilis.  Il  semble  avoir  envoyé  à  l'Académie  quelques 
études  préliminaires  auxquelles  il  a  dû  se  livrer  pour  son 
travail.  Nous  croyons,  comme  votre  premier  rapporteur, 
devoir  proposer  à  l'Académie  de  prier  M.  A.  Wesmael  de 
bien  vouloir  reprendre  momentanément  son  manuscrit, 
afin  qu'il  puisse  présenter  dans  quelque  temps  un  com- 


(1)  Vollstàndige   Naturgeschichte    der   forsllichen    Culturpflanzen 
Deutschlands.  Berlin,  1851,  pp.  427  et  suiv. 

(2)  Deutschlands  Laubholzer  im  Winter.  Dresde,  1864,  p.  17. 

(3)  Ein  neuer  Pappelblending  und  liber  Pappeln  uberhaupt ,  in  Wo- 
chenschrift  fur  Gartner ei ,  1865,  pp.  225  et  suiv. 


(  308  ) 
mentaire  analytique  et  raisonné  de  la  monographie  qu'il 
a  rédigée  pour  le  prodrome.  » 

Conformément  aux  conclusions  des  rapporteurs,  la 
classe  vote  des  remerciments  à  M.  Wesmael  pour  sa  com- 
munication, et  décide  que  les  rapports  seulement  pren- 
dront place  dans  les  Bulletins. 


Note  sur  le  pouvoir  dispersif  de  l'air,  par  M.  Montigny. 

Rapport  de  JÊÊ.  JPlaleatt. 

«  On  sait  que  la  dispersion  des  rayons  lumineux  pro- 
duite par  l'atmosphère  terrestre  se  montre,  d'une  manière 
sensible,  quand  on  observe  un  astre  très-près  de  l'horizon. 
En  partant  de  certaines  mesures  des  spectres  aériens  de 
l'étoile  Fomalhaut  données  par  Bessel,  M.  Montigny  avait 
déterminé,  dans  un  travail  antérieur,  les  indices  de 
réfraction  des  rayons  rouge,  vert-bleu  et  bleu  extrême, 
lors  de  leur  passage  du  vide  à  l'air;  dans  la  note  actuelle, 
il  calcule,  au  moyen  d'une  formule  de  Cauchy  et  des 
valeurs  les  plus  précises.des  longueurs  d'ondes,  les  indices 
relatifs  aux  rayons  orangé,  jaune-vert  et  violet  extrême, 
en  employant,  pour  l'évaluation  des  constantes  de  la  for- 
mule, les  indices  obtenus  dans  son  premier  travail. 

Celte  note  étant  le  complément  des  recherches  précé- 
dentes de  l'auteur  sur  ce  sujet,  et  contribuant  à  préciser 
nos  connaissances  sur  le  pouvoir  dispersif  de  Pair,  j'ai 
l'honneur  d'en  proposer  l'insertion  dans  le  Bulletin.  » 

D'après  ces  conclusions,  auxquelles  se  rapporte  entière- 


(  509  ) 

ment  le  second  commissaire,  M.  Duprez,  la  classe  décide 
que  la  note  de  M.  Montigny  prendra  place  dans  le  Bulletin. 
Des  remercîments  seront  adressés  à  Fauteur. 


COMMUNICATIONS  ET  LECTURES. 


Etoiles  filantes  du  milieu  de  novembre  4867  et  état  de  l'at- 
mosphère à  la  même  époque;  par  M.  Ad.  Quetelet,  direc- 
teur de  l'Observatoire  royal  de  Bruxelles. 

L'observation  des  étoiles  filantes  a  été  extrêmement 
contrariée  à  Bruxelles  vers  le  milieu  de  novembre  dernier, 
d'un  côté  par  l'état  presque  constamment  couvert  du  ciel  et, 
de  l'autre,  par  la  lumière  de  la  lune  quand  le  ciel  se  dévoi- 
lait. Cependant,  malgré  cet  éclat,  si  le  phénomène  annoncé 
s'était  réalisé,  il  eût  été  facile  de  le  constater,  lors  même 
qu'une  partie  de  ces  météores  eût  échappé  aux  regards  par 
leur  petitesse.  Les  nuits  des  6,  12  et  15,  surtout,  ont  per- 
mis l'observation  pendant  un  certain  temps;  et  le  nombre 
aperçu  a  été  de  beaucoup  inférieur  à  celui  qu'on  aurait  pu 
voir  pendant  une  nuit  ordinaire.  Le  12,  vers  minuit,  on  n'a 
observéque  trois  étoiles  en  une  demi-heure;  le  15,  de  H 
heures  à  11  {h  heures,  on  a  remarqué  deux  étoiles,  de 
même  de  minuit  à  minuit  et  demi,  on  a  continué  d'observer 
jusqu'après  4  heures  du  matin  sans  obtenir  de  meilleurs 
résultats.  Le  14  n'a  guère  été  plus  favorable  (1). 

J'ai  remarqué  depuis  longtemps  qu'une  espèce  de  vide 


(1)  J'ai  observé  jusqu'à  une  heure  du  matin;  el  mon  iils  a  continué  ses 
observations  avec  mes  deux  aides,  MM.  Hooreman  et  Lancaster,  jusqu'a- 
près 4  heures  du  matin. 


(  S10  ) 

pour  les  étoiles  filantes  se  produisait  sur  un  lieu  du  globe 
lorsqu'il  y  avait  une  agglomération  nombreuse  de  ces  mé- 
téores dans  un  autre  lieu.  Ce  fait  s'est  réalisé  en  novembre 
dernier  pour  l'Amérique  où  les  étoiles,  au  Canada,  se  sont 
montrées  des  plus  nombreuses.  C'est  une  observation  dont 
j'ai  déjà  eu  l'occasion  de  parler  précédemment,  et  c'est  ce 
qui  avait  toujours  causé  mon  vif  désir  de  voir  faire  des 
observations  sur  des  points  éloignés  et  spécialement  dans 
l'autre  hémisphère. 

Je  pense  qu'en  Europe  l'absence  d'étoiles  filantes  s'est 
généralement  fait  remarquer  partout  où  se  font  des  obser- 
vations régulières;  c'est  du  moins  ce  que  prouve  ma  cor- 
respondance. Voici  ce  que  m'écrivait  M.  Coulvier-Gravier, 
presque  immédiatement  après  l'époque  critique  du  13  no- 
vembre :  «  Nous  avons  communiqué,  M.  Chapelas  et  moi, 
à  l'Académie  des  sciences  de  Paris,  dans  sa  séance  du 
18  courant,  le  résultat  de  l'apparition  du  phénomène  du 
12  et  du  15  novembre.  J'ai  lieu  de  croire  qu'il  en  aura 
été  chez  vous  comme  chez  nous  :  c'est-à-dire  que  nous 
n'avons  pu  constater  qu'un  minimum  des  plus  complets.  » 

Citons  encore  quelques  autres  résultats  qui  nous  sont 
parvenus. 


Observations  faites  à  Louvain  sur  les  étoiles  filantes  de 
novembre  1867 ;  par  M.  F.  Terby.  (Lettre  à  M.  Ad. 
Quetelet.) 

J'ai  l'honneur  de  vous  communiquer  les  résultats  de 
mes  observations  des  étoiles  filantes  de  novembre.  Le 
grand  éclat  de  la  lune  rendant  ces  observations  difficiles, 
j'ai  changé  plusieurs  fois  de  champ  d'exploration  afin 


(  511  ) 
d'éviter  la  trop  grande  clarté  de  cet  astre;  comme  je 
tenais  pourtant  à  observer  aussi  dans  la  même  direction 
que  Tannée  dernière  et  à  voir  la  constellation  du  Lion, 
j'ai  regardé  parfois  du  côté  de  l'E.  et  du  SE.  malgré  la 
présence  de  la  lune  dans  celte  région  du  ciel.  Les  météores 
m'ont  paru  excessivement  peu  nombreux. 

Le  11,  les  nuages  ont  empêché  l'observation  entre 
8h  50m  et  9h  50m  et  à  13  heures. 

Le  12,  le  ciel  était  serein;  le  champ  d'observation  a 
toujours  compris  cette  fois1/;)  du  ciel  environ.  J'ai  observé 
dans  la  direction  du  SO.  entre  6h  42m  et  9h  25m  et  dans 
celle  de  l'E.  et  du  SE.  entre  6h  16m  et  6h  42m,  entre  12h 
55m  et  14  heures  et  entre  15h  4n'  et  16  heures.  Ces  observa- 
tions, dont  je  crois  inutile  de  donner  une  répartition  plus 
détaillée,  comprennent  au  moins  trois  heures  d'inspection 
régulière  du  ciel  et  pendant  lesquelles  je  n'ai  vu  que  deux 
étoiles  fdantes  :  la  première,  à  8h  5m,  moyenne,  blanche, 
sans  traînée,  rapide  et  allant  vers  le  SO.  dans  la  partie  an- 
térieure de  Pégase;  la  seconde,  à  9h  9m,  de  première  gran- 
deur, allant  du  N.  vers  l'Aigle  et  Antinous;  elle  était  rou- 
geâtre,  produisit  une  trace  lumineuse  dans  la  plus  grande 
partie  de  sa  course,  puis  continua  sa  route  sans  traînée; 
après  un  trajet  fort  court,  la  traînée  reparut,  puis  l'étoile 
devint  d'un  blanc  éclatant  et. s'éteignit. 

Le  15,  le  ciel  était  encore  serein;  le  champ  d'observa- 
tion comprenait  encore  '/s  du  ciel  environ,  sauf  celui  du 
N.  qui  était  beaucoup  plus  restreint.  J'ai  observé  le  SO. 
de  9h  52m  à  10h  51 m,  l'E.  et  le  SE.  de  6h  19m  à  6h  50m,  de 
10h  56m  à  11"  Hm,  entre  Hh  45m  et  15h  21m  et  de  15" 
45m  à  14  heures.  J'ai  inspecté  le  N.  et  le  NE.  entre  11" 
llm  et  llh  56m  et  de  15h  21m  à  15h28m.  Ces  observations 
comprennent  deux  heures  et  trente-sept  minutes  d'explo- 


(  312) 
ration  régulière  du  ciel  pendant  lesquelles  je  n'ai  vu  que 
cinq  étoiles  filantes  : 

1°  A  10h  12m,  étoile  allant  de  Pégase  au  Verseau,  de 
l'E.  à  l'O.,  moyenne,  rapide,  sans  traînée; 

2°  A  12h  54m,  étoile  allant  du  Lion  vers  Sirius,  décri- 
vant une  trajectoire  parallèle  à  l'horizon,  de  première 
grandeur,  rouge,  avec  traînée; 

5°  A  13"  15m,  étoile  passant  près  de  y  des  Gémeaux, 
allant  du  N.  au  S.,  moyenne,  sans  traînée; 

4°  A  J5h  49,n,  étoile  traversant  le  Lion  en  allant  vers 
l'horizon  E.,  de  première  grandeur,  rouge;  la  traînée  était 
douteuse  à  cause  de  la  lune; 

5°  A  13h  52m,  étoile  allant  du  Lion  vers  le  Petit-Chien, 
très-rapide. 

Les  étoiles  filantes  étaient  devenues  un  peu  plus  nom- 
breuses de  15  heures  à  14  heures;  mais  malgré  la  pré- 
sence de  la  lune  on  pouvait  juger  qu'à  cette  heure  aucune 
comparaison  n'était  encore  possible  entre  l'aspect  du  phé- 
nomène de  cette  année  et  la  splendide  apparition  qui 
s'était  montrée  à  la  même  heure  en  1866.  Je  dois  donc 
conclure  de  ces  observations  que,  si  l'apparition  de  1867 
a  égalé  ou  surpassé  celle  de  l'année  dernière  pour  nos 
contrées,  son  maximum  a  dû  arriver  entre  14  heures  et 
le  lever  du  soleil. 

Le  14,  le  ciel  n'a  plus  été  aussi  favorable;  j'ai  observé 
pendant  quelques  moments  dans  la  soirée  et  après  minuit, 
et  aucun  indice  d'une  apparition  extraordinaire  ne  s'est 
manifesté. 


(813) 

Liste  des  orages  observés  à  Louvain  pendant  le  mois 
d'octobre  1867;  par  le  même. 

J'ai  l'honneur  de  vous  soumettre  la  liste  des  orages  que 
j'ai  observés  cà  Louvain  depuis  le  15  septembre  exclusive- 
ment jusqu'au  15  novembre;  j'accompagne  cette  liste  de 
quelques  autres  observations  météorologiques  : 

Le  4  octobre,  à  1  heure  du  soir ,  grêle  abondante  sur  la 
route  de  Louvain  à  Wygmael. 

Le  7  octobre,  à  oh  45m  du  soir,  averse  de  pluie  mêlée  de 
grêle.  Éclairs  dans  la  soirée. 

Le  27  octobre,  vent  violent,  surtout  à  partir  de  0h  50m 
du  soir;  il  se  calme  dans  l'après-midi  et  reprend  le  soir. 
Vers  1  heure,  nuages  sombres.  Pluie  dans  la  nuit  du  27 
au  28. 

Le  28  octobre,  de  10h  50m  à  llh  lom  du  matin,  nuages 
orageux  passant  du  N.  et  du  NNO.  dans  l'E.  et  le  SE. 
Vent  d'après  les  nuages  :  NO.  A  10h  50m  coup  de  ton- 
nerre dans  le  N.  et  pluie  légère;  elle  augmente  à  1  lh  5,n; 
à  1111  40m  elle  est  encore  assez  abondante. 

A  0U  7m  du  soir,  nuages  très-sombres  venant  encore  du 
N.  et  pluie  assez  abondante.  A  lh  40m  averse  mêlée  de 
grêle. 


Observations  faites,  à  Moncalier,  des  étoiles  filantes  de 
novembre  1867,  par  M.  Fr.  Denza.  (Lettre  à  M.  Ad. 
Quetelet.) 

J'ai  l'honneur  de  vous  transmettre  quelques  renseigne- 
ments recueillis  à  l'observatoire  du  collège  royal  de  Charles- 
Albert  sur  le  retour  de  la  période  des  étoiles  filantes  de 

2me  SÉRIE,  TOME  XXIV.  OO 


(  BU) 
novembre.  Dans  ces  régions  où  ,  à  mon  instigation,  il  s'est 
formé  une  société  particulière  d'observateurs  zélés,  on  de- 
vait observer  le  ciel  dans  un  grand  nombre  d'endroits  dont 
les  principaux  étaient  Turin,  Moncalier,  Alexandrie,  Bra, 
Mondovi  et  Vavallo.  Tout  était  disposé  afin  de  pouvoir  re- 
cueillir des  observations  d'une  manière  uniforme  et,  en 
même  temps,  pour  pouvoir  vérifier  non-seulement  le  re- 
tour de  la  période,  mais  encore  toutes  les  autres  circon- 
stances qui  conduisent  le  mieux  à  confirmer  les  théories 
qui  sont  aujourd'hui  en  vigueur  sur  ce  curieux  et  impor- 
tant phénomène. 

On  devait  faire  simultanément  des  observations  les  soirs 
du  12,  du  15  et  du  14;  dans  quelques  endroits  même, 
comme  à  Moncalier,  on  les  commença  dès  le  10;  mais  la 
présence  de  notre  satellite,  et  surtout  le  brouillard  très- 
épais  qui  régna,  pendant  ces  jours,  empêchèrent  entière- 
ment les  observations. 

Toutefois,  les  résultats  négatifs  des  observations  qu'on 
put  faire  dans  différentes  localités,  pendant  les  premières 
heures  de  la  nuit  du  J5  au  14,  et  même  jusqu'à  quelques 
heures  après  minuit  (car  pendant  ce  temps  le  ciel  s'était 
éclairci  çà  et  là),  nous  firent  croire  que  l'affluence  des  mé- 
téores, cette  année,  était  bien  différente  de  celle  de  l'année 
dernière;  à  peine,  à  vrai  dire,  put-on  observer  quelques 
rares  météores;  et  à  Moncalier,  où  le  brouillard  s'était 
abaissé  quelque  peu,  le  14,  vers  5  heures  du  matin ,  on  ne 
vit  qu'un  magnifique  bolide,  qui,  venant  de  la  constellation 
du  Lion,  illumina  vivement  les  vapeurs  qui  planaient  sur 
le  sol. 

Si  ce  fait  est  confirmé  par  les  observations  faites  dans 
d'autres  pays,  on  devra  en  conclure  que  le  maximum  de  la 
période  a  eu  lieu  l'année  dernière.  II  faut,  par  conséquent, 


(  51o  ) 
assigner  une  durée  de  55  ans  et  un  quart  à  celte  période. 
Et  comme  l'apparition  de  Tannée  J866  fut  moins  con- 
sidérable que  celles  de  1855  et  de  1799,  les  vues  de 
l'illustre  directeur  de  l'Observatoire  de  Brera  seraient  ainsi 
confirmées;  c'est-à-dire  que  le  nuage  ou  le  courant  des 
météores  de  novembre  devient  continuellement  plus  long 
dans  son  orbite,  de  manière  que,  pendant  qu'il  augmente 
en  longueur,  il  perd  dans  ses  autres  dimensions.  Cette 
apparition  deviendra  donc,  dans  la  suite,  toujours  plus  con- 
tinuelle, comme  celle  du  mois  d'août,  que  l'on  voit  chaque 
année,  mais  perdra  continuellement  en  intensité  et  sera 
par  conséquent  moins  considérable.  Mais  pour  affirmer  ce 
fait  avec  certitude,  il  faut  attendre  les  résultats  des  obser- 
vations faites  non-seulement  en  Europe,  mais  aussi  en 
Amérique. 

D'après  les  communications  que  j'ai  reçues  de  différents 
endroits,  j'apprends  que  dans  toute  l'Italie  septentrionale 
et  centrale,  on  n'a  rien  vu,  à  cause  du  mauvais  temps. 


Orages  observés ,  à  Matines  9  en  1866  et  1861,  par  M.  Ber- 
naerts.  (Lettre  à  M.  Ad.  Quelclel.) 

L'appel  fait  aux  observateurs,  d'annoter  les  différentes 
données  relatives  aux  orages  qui  traversent  nos  contrées, 
porte  déjà  des  fruits.  A  diverses  reprises  nous  avons  publié 
les  observations  recueillies  dans  notre  pays  sur  ce  genre 
de  phénomènes; observations  faites  à  l'instigation  de  l'Ob- 
servatoire impérial  de  France,  et  qui  ont  pour  but  d'éta- 
blir, par  des  caries,  la  marche  ordinaire  des  phénomènes 
électriques.  Aujourd'hui,  nous  publions  une  nouvelle  liste 


(  oi6  ) 

dorages  observés  à  Malines,  pendant  l'année  1867,  par 
M.  l'avocat  Bernaerts. 

Voici  les  résultats  de  ses  observations  que  nous  ne  sau- 
rions qu'encourager  : 

1866  (1).  —  Le  14  novembre,  nuit  des  étoiles  (liantes, 
5  à  6  heures  du  matin,  orage  venant  du  N.  ou  du  NO. 

1867.  —  Le  6  février,  à  3h  50™  du  soir,  averse  allant 
du  N.  au  S.  ou  du  NO.  au  SE.,  petite  grêle;  le  journal  La 
Dyle,  n°  6,  signale  trois  coups  de  tonnerre  lointains. 

Le  7  février,  à  lh  15m  du  soir,  même  averse  que  le 
jour  précédent.  La  Dyle  signale  encore  deux  ou  trois 
coups  de  tonnerre  lointains. 

Le  6  février,  à  11  heures  du  matin,  averse,  vent  très- 
fort,  grêle  plus  intense. 

Le  27  février,  à  5h  10m  du  soir,  averse  venant  du  S.  ou 
du  SO.,  petite  grêle. 

Le  30  mars,  à  7h  45m  du  soir,  averse  mêlée  de  grêle, 
vent  fort  de  PO.j  à  8  et  à  9  heures,  éclairs  lointains. 

Le  ol  mars,  à  6h  15m  du  matin  averse;  7  heures, 
averse  mêlée  de  neige,  venant  du  N.  ou  du  NO.,  vent  fort; 
10h  45m  du  matin,  averse  venant  du  N.  Les  autres  averses 
de  la  journée  diminuent  graduellement  d'intensité.  Elles 
avaient  complètement  cessé  vers  le  soir. 

Le  4  avril,  de  4'1  15m  à  4h  45™  du  soir,  averse  venant 
de  FO.  ou  du  NO. 

Le  8  avril,  à  9  heures  du  soir,  éclairs  lointains; 
10  heures  du  soir,  averse  venant  de  PO.  ou  du  NO.,  éclairs 
lointains,  vent  effroyable. 

Le  9  avril,  à  8h  45m  du  soir,  averse  venant  de  PO., 


(1)  Les  observations  se  rapportent  à  la  ville  de  Malines,  sauf  indication 
contraire.  Celles  qui  ne  me  sont  pas  personnelles  sont  marquées  d'un  asté- 
risque. 


(  517  ) 
deux  coups  de  tonnerre  avec  éclairs,  vent  fort;  La  Dyle 
mentionne  de  la  grêle. 

Le  11  avril,  à  2h  10m  du  matin,  averse  mêlée  de  grêle 
venant  de  PO.;  à  lh  55m  du  soir,  averse  très-forte,  mêlée 
de  grêle  et  venant  de  l'O. 

Le  15  avril,  dans  la  matinée,  pluie  continue,  vent  0.;  à 
2h  10m  du  soir  averse  et  petite  grêle,  vent  0.;  3  heures 
du  soir  averse  venant  du  NO.;  4h  15m  du  soir  grande 
averse  du  NO. 

Le  20  avril,  à  llh  15m  du  matin,  deux  coups  de  ton- 
nerre, un  éclair  très-faible,  pluie,  direction  du  SO. 
au  NE. 

5h  45m  du  soir ,  orage  lointain  observé  entre  Malines  et 
Wavre-Ste-Catherine.  Cet  orage  s'est  levé  au  SO.  et  s'est 
ensuite  divisé  en  deux  parties. 

La  première  a  passé  au  N.,  la  seconde  au  S.  Celle-ci 
était  seule  le  siège  des  décharges  électriques.  Les  deux 
parties  se  sont  enfin  réunies  à  TE.  et  le  centre  d'explosion 
s'est  alors  transporté  à  leur  point  de  contact;  5h  15m  du 
soir,  station  de  Wavre-Ste-Catherine,  fort  orage  venant 
du  S.,  vent  très-fort,  pluie.  L'orage  passe  à  PO.,  puis  se 
dirige  vers  le  N.;  à  Malines  il  était  accompagné  d'une 
pluie  et  d'un  vent  très-forts. 

8h  oOm  du  soir,  averse;  minuit  et  demi,  averse  très- 
forte. 

Le  21  avril,  à  llh  55m  du  malin,  à  lh  20,  2"  oom,  5h  50m, 
oh  40m  du  soir  averses,  petite  grêle;  4h  10  du  soir,  averse. 
Toute  la  journée  ventO.  très-fort. 

Le  24  avril,  de  5  à  5  heures  du  soir,  pluie  très-forte, 
maximum  d'intensité  à  4  heures,  nuages  venant  de  l'O.  ou 
du  SO. 

Le  28  avril ,  à  5  heures  du  soir,  nuées  orageuses  s  éten- 
dant de  l'E.  au  S. 


(  518  ) 

Le  11  mai,  de  5  à  9  heures  du  matin,  ciel  orageux. 

Le  12  mai,  de  5  à  8  heures  du  matin,  pluie  intense, 
absence  complète  de  vent;  8lieures,  beau  temps. 

De  7  à  7h  50ra  du  soir,  fort  orage  venant  du  S.  ou  SO., 
vent  N.  ou  NE.,  éclairs  vifs,  prolongés  et  fréquents;  ton- 
nerre peu  bruyant;  nuées  sombres,  contournées,  lancées 
à  grande  vitesse;  pluie  à  la  fin  de  l'orage.  Lendemain 
vent  N. 

Le  19  mai,  à  7h  15m  du  soir,  orage  assez  fort  du  S.  ou 
SE.,  trois  ou  quatre  décharges  électriques,  la  dernière 
donne  un  éclair  vif  avec  tonnerre  instantané;  une  pluie 
assez  forte  et  régulière  tombe  jusque  bien  avant  dans  la 
soirée.  L'orage  avait  été  annoncé  dans  la  matinée  par  de 
brusques  changements  dans  la  direction  du  vent. 

Le  21  mai,  à  midi  lo,n,  nuées  orageuses  venant  de  l'O. 
et  passant  d'un  côté  au  S.  et  de  l'autre  au  NE.,  pour  se 
rejoindre  à  l'E.  ou  au  SE.,  deux  coups  de  tonnerre  lors- 
que l'orage  avait  passé  à  l'E. 

*  Le  26  mai,  à  7h  15m  du  soir ,  un  éclair  et  un  coup  de 
tonnerre,  quelques  autres  décharges  lointaines.  Orage 
venant  du  S. 

*  Le  50  mai,  de  7  heures  à  7h  50m  du  soir,  tonnerre  loin- 
tain ;  l'orage  s'est  levé  au  SO. 

*  Le  50  juin,  à  5h  5m  du  matin,  orage  venant  du  S., 
environ  quatre  éclairs  accompagnés  de  tonnerre. 

*  Le  4  juin,  à  llh  15m  du  matin,  orage  venant  de  l'O., 
un  coup  de  tonnerre,  puis  grêle  assez  forte. 

*  De  5h  à  5h  50m  du  soir,  orage  venant  de  l'O.,  ton- 
nerre lointain  (1). 

Le  22  juin,  à  S  heures  du  soir,  averse  venant  du  NE. 


(1)  Les  observations  du  23  mai  jusqu'au  13  juin  inclusivement  ont  été 
faites  pendant  mon  absence. 


(  519  ) 

Le  23  juin,  à  5h  50m  du  soir,  nuages  vaporeux  à  TE. 
avec  peu  de  caractères  orageux;  on  y  entend  cependant 
des  coups  de  tonnerre.  Quelques  personnes  ont  cru  que 
ces  bruits  lointains  résultaient  de  manœuvres  exécutées 
en  ce  moment  au  camp  de  Beverloo. 

Le  24  juin,  à  4h  50m  du  soir,  averse  mêlée  de  grêle, 
venant  du  NE.;  6h  50m  du  soir,  averse. 

Le  1er  juillet,  à  10h  4om  du  matin,  un  coup  de  tonnerre 
lointain,  nuages  allant  du  SO.  au  SE.,  pluie. 

*  A  Capelle-au-Bois,  même  heure,  trois  ou  quatre  coups 
de  tonnerre,  direction  de  l'orage  SO.  au  SE.  ou  à  l'E.;  2h 
50m  du  soir  un  coup  de  tonnerre  lointain  au  S. 

Même  localité,  5h  0om,  un  coup  de  tonnerre  lointain  à  PO., 
nuages  allant  de  l'O.  au  N.  ou  à  l'E.;  à  4  heures,  averse 
orageuse  venant  du  SO.  ;  à  4h  40m,  un  coup  de  tonnerre  loin- 
tain; nuages  passant  du  SO.  au  N.  ou  à  l'O.  seulement. 

A  Malines,  cette  après-midi  a  été  pluvieuse  ,  mais  je  n'ai 
pu  obtenir  des  détails  sur  ces  averses. 

*  A  Nederockerzeel ,  on  m'y  signale,  vers  1J  heures  du 
matin ,  un  orage  dans  la  direction  de  Malines.  Beau  temps 
le  reste  de  la  journée. 

Le  15  juillet  à  llh  20m  du  matin,  orage  lointain  au 
SE.;  il  passe  à  l'E.  Le  vent  continue  à  venir  de  l'E.;  midi 
5m,  tonnerre  lointain  au  SO.;  midi  20m,  le  vent  tourne  à 
l'O.,  orage  très-fort,  quelques  grêlons?  A  lh  45m,  fin  de 
l'orage.  Les  jours  suivants,  pluie  intermittente,  averses. 

Le  19  juillet,  averses,  vent  0.? 

Le  25  juillet,  à  2h  50m  du  malin,  orage  très-fort  mais 
lointain,  éclairs  vifs  et  répétés,  tonnerre  lointain,  pluie; 
à  la  fin  de  l'orage  l'O.  était  couvert  de  nuages  clairs  et 
transparents;  4h  30m  du  soir,  tonnerre  lointain? 

Le  24  juillet,  à  5h  45m  du  soir,  orage  observé  à  Wille- 
broeck  ,  un  coup  de  tonnerre  rapproché  avec  éclair ,  ton- 


(  520  ) 
lierre  lointain ,  pluie ,  direction  0.  à  E.  puis  au  S.  Cet 
orage  passe  par  Malines  vers  les  4  heures  du  soir,  pluie 
torrentielle.  La  Dyle  signale  des  rafales  de  grêle;  à  9h  50m 
du  soir,  éclairs  lointains  au  S.  et  SE.;  ils  résultaient  sans 
doute  de  l'orage  précédent. 

A  Capelle-au-Bois,  même  jour,  orage  violent  de  5 
heures  et  demie  à  5  heures  du  soir,  pluie  très-forte. 

Le  26  juillet,  à  lth  35m  du  matin,  orage  allant  du  SO. 
au  NE.,  un  coup  de  tonnerre  rapproché  mais  sans  éclair, 
un  autre  coup  lointain;  6h  15m  du  soir,  orage  lointain  au 
SO.  et  passant  au  N.  et  NE. 

Le  7  août  à  lh  60m  du  soir ,  orage  allant  du  SO.  au  NE.  ; 
un  coup  de  tonnerre  avec  éclair,  trois  coups  lointains. 

Le  15  août,  des  nuages  orageux  couvrent  le  ciel  depuis 
2  heures  jusqu'à  o  heures  du  soir;  alors  un  vent  fort  se 
manifeste,  le  ciel  s'éclaircit,  direction  S.  au  N. 

Le  16  août,  llh  15™  du  matin,  averse  venant  du  SO.; 
4b  15mà  Ah  30m  du  soir,  orage  violent,  pluie  torrentielle, 
coups  de  tonnerre  suivant  immédiatement  l'éclair,  direc- 
tion N.  au  S.  Cet  orage  occasionne  un  incendie  à  Wes- 
pelaer. 

A  une  demi-lieue  au  N.  de  Boom ,  on  a  observé  vers 
5  heures  ou  oh  50m  du  soir  un  éclair  et  un  coup  de  ton- 
nerre, suivis  d'une  averse.  L'orage  était  alors  au  SO.  dans 
la  direction  de  Niel. 

A  Capel!c-au-Bois,  2  heures  du  soir,  tonnerre  lointain;  les 
nuages  vont  de  l'O.  au  N.  ;  vers  4h  50m,  orage  lointain  allant 
de  l'O.  au  N.  et  NE  ;  à  4h  45m  averse  très-forte,  tonnerre 
sans  éclair. 

Le  26  août,  à  8  heures  du  soir,  du  S.  à  l'O.  jusqu'au 
N.,  ciel  chargé  de  nuages  orageux,  vent  supérieur  S.; 
9  heures  du  soir,  éclairs  lointains  à  l'O. 


(  521  ) 

Le  27  août,  à  4  heures  du  matin,  averse,  coups  de 
tonnerre  lointains  dont  un  assez  fort. 

*  Capelle-au-Bois,  4  heures  du  matin,  un  éclair  suivi 
immédiatement  d'un  violent  coup  de  tonnerre,  pluie  tor- 
rentielle; l'orage  venait  de  l'O.  ou  du  SO. 

Le  1er  septembre  à  llh  55m  du  matin,  orage  fort,  mais 
lointain;  les  nuages  orageux  se  trouvent  entre  le  SO.  et  le 
NO.;  à  midi  15m  le  centre  d'explosion  se  trouve  au  NO., 
l'orage  passe  ensuite  au  N.  pour  disparaître  au  NE.;  vers 
midi  50m ,  pluie. 

Le  2  septembre,  à  6h  lom  du  soir,  nuages  orageux 
s'étendant  de  l'ESE.  au  SO.,  vent  N. 

Le  o  septembre,  à  7h  40m  du  soir,  averse  orageuse, 
venant  du  S.?  9  heures  du  soir,  éclairs  lointains,  ciel 
pur. 

Le  4  septembre,  orage  lointain  s'ctendant  du  S.  à  l'O. 
L'extrémité  sud  est  le  siège  des  détonations;  Mh  35m  du 
matin  un  éclair  et  un  coup  de  tonnerre  violent.  D'après  le 
journal  De  Burgery,  la  foudre  est  tombée  sur  les  flis  du 
télégraphe  près  de  l'arsenal  du  chemin  de  fer.  Après  quel- 
ques coups  lointains  l'orage  disparaît  au  N.  ;  après  l'orage, 
absence  complète  de  vent. 

A  midi  20,  détonations  à  l'O.;  de  lh  2om  à  lh  45m  du 
soir,  orage  violent;  le  centre  d'explosion  passe  du  S.àl'E. 
sans  atteindre  le  zénith,  averse  très-forte  vers  lh  40m; 
après  l'orage  vent  N.  pour  les  nuages  inférieurs,  vent  S. 
pour  les  nuages  supérieurs. 

Le  6  septembre,  à  7  heures  du  soir,  nuages  orageux 
s'étendant  du  SO.  au  NO.,  vent  S.  On  a  entendu  le  ton- 
nerre à  l'O.  vers  la  même  heure. 

Le  9  septembre,  vers  lh  50m  du  matin,  averse  très- 
forte. 


\ 


\ 


(  522  ) 

Le  10  septembre,  à  6h  50m  du  soir,  stratus  bordés  de 
cirro  cumulus  à  FO.  * 

Le  11  septembre,  au  matin,  ciel  assez  orageux,  pluie, 
pas  de  vent;  avant  midi  un  vent  assez  fort  dissipe  les 
nuages. 

Le  12  septembre,  2  heures  du  soir,  Capelle-au-Bois, 
nuages  orageux ,  compactes  à  l'O.  sans  tonnerre,  vent  su- 
périeur SO.;  même  localité,  7h  25m  du  soir,  orage  très-loin- 
tain, éclairs  vifs  et  presque  continuels,  tonnerre  peu  sen- 
sible; Forage  était  d'abord  au  SE.,  à  8h  oOm  il  est  à  FE.,  les 
éclairs  diminuent  d'intensité. 

Le  15  septembre,  Capelle-au-Bois,  le  tonnerre  se  fait 
entendre  au  SE.  vers  8  heures  du  matin;  8h  10ra,  fort 
orage  allant  du  S.  au  N.,  obscurité  complète  durant  quel- 
ques minutes,  vent  fort;8h  lom  le  ciel s'éclaircit, éclairs  et 
tonnerre  fréquents,  un  coup  rapproché,  averse  très-forte. 
L'orage  était  animé  d'une  vitesse  considérable ,  son  arrivée 
fut  presque  soudaine;  il  avait  été  précédé  par  un  brouil- 
lard épais  qui  s'était  ensuite  un  peu  dissipé.  On  m'a  si- 
gnalé le  même  orage  à  Malines,  à  Nederockerzeel  et  à 
Termonde. 

Le  7  octobre,  à  5b  15m  du  soir,  Malines,  un  coup  de 
tonnerre  lointain  sans  éclair,  averse  très-forte,  vent  0.; 
7h  30m  éclair  lointain  ?  7b  45m  averse  venant  du  NO. 

Le  19  octobre,  à  llh  4om  du  soir,  averse  orageuse. 

On  m'a  rapporté  qu'il  y  avait  eu  une  grêle  très-forte  à 
Nederockerzeel;  les  uns  la  fixèrent  aux  premiers  jours  de 
septembre,  les  autres  la  rapportèrent  à  l'orage  remarqua- 
ble du  13  septembre. 


(  525  ) 


Note  sur  le  pouvoir  dispersif  de  l'air,  par  M.  Ch.  Mon- 
tigny,  correspondant  de  l'Académie. 

Dans  un  travail  précédent  (*),  j'ai  déterminé  les  indices 
de  réfraction  de  trois  rayons  colorés  relativement  à  l'air, 
c'est-à-dire  lorsqu'ils  passent  du  vide  dans  l'air,  en  basant 
mes  calculs  sur  les  longueurs  du  spectre  de  l'étoile  Fomal- 
haut  formé  par  la  dispersion  atmosphérique ,  que  le  savant 
astronome  Bessel  mesura,  à  plus  de  86°  de  distance  zéni- 
thale, à  l'aide  de  l'héliomètre.  Mes  déterminations  se  rap- 
portent aux  rayons  rouge,  vert-bleu  et  bleu  extrême;  elles 
ont  suffi  pour  calculer  les  différences  de  marche  de  ces 
rayons  colorés,  d'origine  sidérale,  à  travers  l'atmosphère, 
et  pour  établir  ainsi,  sur  des  bases  aussi  solides  que  pos- 
sible, ma  théorie  de  la  scintillation  qui  est  fondée  sur  des 
effets  de  réfraction  et  de  dispersion  atmosphériques  (**). 
Voici  les  valeurs  de  ces  indices  et  en  outre  celui  de  la  lu- 
mière blanche  ou  du  rayon  jaune,  qui  a  été  déterminé  par 
Biot  et  Arago  : 

Rayon  rouge 1,00029242 

—  jaune 1,00029438 

—  vert-bleu 1,00029530 

—  bleu  extrême    ....  1,00029654 

Afin  de  fixer  l'esprit  du  lecteur  sur  l'exactitude  de  mes 
trois  déterminations,  je  rappellerai  ici,  d'une  part,  les 


O  Essai  sur  des  effets  de  réfraction  et  de  dispersion  produits  par  l'air 
atmosphérique.  Mémoires  de  l'Académie  royale  d;:  Belgique,  t.  XXVI. 
(*¥)  Mémoires  de  V Académie,  t.  XXVIII. 


(  524  ) 
longueurs  des  spectres  aériens  de  l'étoile  Fomalhaut 
mesurés  par  Bessel ,  à  des  distances  zénithales  croissantes , 
et,  d'autre  part,  les  longueurs  correspondantes  de  ces 
spectres  calculées  au  moyen  des  valeurs  précédentes, 
comme  je  l'ai  indiqué  dans  le  premier  travail  cité  : 


DATE 

Longueur 

du  spectre 

de 

l'observation  db  bbssel 

observée. 

calculée. 

20  septembre  1838.     .     . 

8,25 

9,75 

28             —           ... 

10,32 

10,31 

30              —           ... 

11,05 

10,48 

22              -           ... 

11,26 

11  22 

Les  résultats  sont  très-concordants,  deux  particulière- 
ment. 

Dans  la  note  que  j'ai  l'honneur  de  présentera  l'Acadé- 
mie, je  compléterai  les  données  précédentes  sur  le  pouvoir 
dispersif  de  l'air,  en  calculant  les  indices  de  trois  autres 
rayons  au  moyen  de  la  formule  de  la  dispersion  trouvée 
par  ML  Cauchy,  formule  dont  l'application  repose  sur  les 
longueurs  des  ondes  lumineuses  et  sur  la  détermination 
préalable  de  deux  constantes,  ce  que  j'effectuerai  facile- 
ment ici,  à  l'aide  de  deux  indices  précédents  résultant  de 
l'observation.  Les  indices  calculés  des  deux  autres  rayons 
concordent  très-bien ,  comme  on  le  verra,  avec  les  valeurs 
précédentes  des  indices  des  mêmes  rayons  que  j'ai  déduites 
de  l'observation.  Cette  concordance  justifiera  pleinement 
l'application  de  la  formule  de  M.  Cauchy  à  ce  genre  de 
calcul. 


(  oâo  ) 

Quelle  que  soit  l'importance  qu'il  faille  attacher  à  ce  mode 
de  déduction ,  ces  déterminations  rappelleront  d'abord  l'at- 
tention, comme  je  l'espère,  sur  le  pouvoir  dispersif  de 
l'air,  question  que  l'observation  n'a  point  complètement 
résolue,  puis  sur  le  même  pouvoir  relatif  aux  divers  gaz, 
problème  difficile  et  délicat,  il  est  vrai,  mais  que  la  science 
de  l'optique  est  capable  de  résoudre  aujourd'hui,  grâce 
aux  moyens  d'expérimentation  si  précis  dont  elle  dispose. 

Avant  d'exposer  les  déductions  du  calcul ,  il  importe 
d'élucider  plusieurs  questions  que  suscite  ici  l'application 
de  la  formule  de  M.  Cauchv,  soit  à  l'égard  des  parties  colo- 
rées du  spectre  auxquelles  se  rapportent  les  mesures  prises 
par  Bessel ,  soit  au  sujet  des  découvertes  de  raies  faites 
par  l'analyse  spectrale  dans  la  lumière  des  astres. 

D'abord,  il  convient  de  rappeler  que  ,  dans  la  décompo- 
sition de  la  lumière  des  astres  par  l'atmosphère,  phénomène 
qui  produit  les  spectres  stellaires  aériens  près  de  l'horizon  et 
les  colorations  étroites  aux  arcs  supérieur  et  inférieur  des 
disques  solaire  et  lunaire  près  de  celui-ci,  la  dispersion  des 
couleurs  des  spectres  aériens  observés  dans  une  lunette 
qui  ne  renverse  pas  les  objets,  est  identique  à  la  disposi- 
tion des  couleurs  que  l'image  d'une  étoile  brillante  affecte 
quand  on  la  regarde  dans  les  conditions  ordinaires,  à  tra- 
vers un  prisme  réfringent,  dont  l'angle  est  placé  en  haut. 
Le  spectre  stellaire  aérien,  de  même  que  l'image  prisma- 
tique de  l'étoile,  est  coloré  en  bleu  à  sa  partie  supérieure, 
et  en  teintes  orangée  et  rouge  à  sa  base.  La  seule  diffé- 
rence qui  caractérise  ces  deux  phénomènes  de  dispersion , 
c'est  que,  par  suite  du  faible  pouvoir  dispersif  de  l'atmos- 
phère, le  spectre  aérien  d'une  étoile,  examiné  dans  une 
puissante  lunette  et  à  une  grande  distance  zénithale,  a 
une  étendue  trop  restreinte  et  un  éclat  trop  faible  pour 
que  les  raies  caractéristiques  de  la  lumière  de  l'étoile 


(  526  ) 

soient  distinctes  dans  son  spectre  aérien,  même  lorsque 
les  circonstances  de  calme  et  de  transparence  atmosphé- 
riques sont  le  plus  favorables.  Si  la  dispersion  des  rayons 
steilaires  par  l'atmosphère  se  réalisait  dans  les  régions 
inférieures  de  celle-ci ,  avec  le  même  éclat  de  coloration  et 
la  même  amplitude  que  pour  l'image  de  l'étoile  observée 
dans  un  spcctromètre ,  les  raies  propres  à  la  lumière  de 
l'étoile  deviendraient  perceptibles  dans  son  spectre  aérien. 
La  perceptibilité  des  raies  ne  se  réalisant  point  par  le 
fait  seul  de  la  dispersion  atmosphérique,  aux  plus  grandes 
dislances  zénithales,  nous  comprenons  très-bien  pourquoi 
Bessel  parle  expressément  des  raies  du  spectre  solaire 
fixées  par  Fraunhoffer,  et  non  des  raies  propres  à  l'étoile 
Fomailiaut,  quand  ce  savant  astronome  s'exprime  de  la 
manière  suivante,  au  sujet  de  l'une  des  mesures  du  spec- 
tre de  cette  étoile  :  «  En  comparant,  dit  Bessel,  le  spectre 
»  visible  dans  la  lunette  de  l'héliomôtre  à  la  figure  donnée 
»  par  feu  Fraunhoffer,  il  me  semblait  que  la  partie  mesu- 
»  rée  était  comprise  entre  les  raies  B  et  G  de  la  figure.  » 
Bessel  ajoute  au  sujet  d'une  autre  observation  :  «  Il  paraît 
»  que  l'espace  visible  du  spectre  a  été  celui  compris  entre 
»  les  lignes  B  et  F  de  Fraunhoffer  (*).  »  J'insiste  avec 
raison,  me  paraît-il,  sur  ce  point  délicat  et  très-important 
ici,  parce  qu'à  l'époque  où  Bessel  prenait  ses  mesures, 
Fraunhoffer  avait  signalé,  depuis  plusieurs  années,  les 
différences  de  position  qui  caractérisent  les  raies  du  spec- 
tre solaire  relativement  à  certaines  raies  du  spectre  prisma- 
tique de  plusieurs  étoiles  fixes.  D'après  les  expressions  dont 
Bessel  vient  de  se  servir,  il  est  incontestable  que  nous 
devons  introduire  les  longueurs  numériques  des  ondes  lu- 


(*)  Comptes  rendus  de  l'Institut,  t.  XV,  p.  185. 


(  527  ) 
mineuses  correspondant  aux  rayons  eux-mêmes  du  spectre 
solaire,  dans  le  calcul  des  indices  propres  aux  différents 
rayons  colorés  du  spectre  aérien  de  Fomalhaut.  En  d'autres 
termes,  j'introduirai  dans  les  calculs  les  mêmes  longueurs 
d'ondes  que  s'il  s'agissait  de  l'image  spectrale  des  rayons  so- 
laires dispersés  par  l'atmosphère,  et  non  des  rayons  colorés 
de  Fomalhaut  séparés  aussi  par  cette  faible  dispersion. 

Remarquons  enfin  que  ni  dans  le  passage  cité  ni  dans 
aucune  partie  du  travail  dont  il  est  extrait,  Bessel  ne 
mentionne  la  présence  de  raies  dans  les  spectres  aériens 
de  Fomalhaut,  quoique  ceux-ci  aient  été  observés  à  des 
distances  zénithales  supérieures  à  86°,  et  à  l'aide  d'un  puis- 
sant instrument.  D'après  cela,  il  n'y  a  point  lieu  de  nous 
préoccuper,  dans  le  travail  actuel,  des  raies  telluriques, 
c'est-à-dire  des  raies  qui  résultent  de  l'action  absorbante 
de  notre  atmosphère  sur  la  lumière  des  astres,  absorption 
que  les  dernières  recherches  de  l'analyse  spectrale  ont 
mise  hors  de  doute. 

La  forme  la  plus  simple  sous  laquelle  se  présente  la 
formule  de  M.  Cauchy  pour  calculer  l'indice  n  correspon- 
dant au  rayon  coloré  de  longueur  d'onde  /,  pour  une  sub- 
stance donnée,  est  la  suivante  : 

6 
(U- n  =  a--*-~; 

a  et  b  sont  constants  pour  une  même  substance,  mais  va- 
riables quand  la  nature  du  milieu  réfringent  change.  Je 
ferai  remarquer  qu'il  n'est  point  nécessaire  de  recourir  ici 
à  la  forme  que  M.  Christoffel  a  donnée  récemment  à  l'ex- 
pression de  la  dispersion,  et  qui  conduit  à  des  valeurs  des 
indices  très-conformes  aux  résultats  de  l'observation  à  l'é- 
gard de  solides  et  de  liquides;  dans  le  cas  actuel,  il  s'agit 
d'un  milieu  très-peu  réfringent,  et  dans  lequel  la  longueur 


(  S28  ) 
d'onde  d'un  rayon  diffère  très -peu  de  la  longueur  cor- 
respondante dans  l'éther  libre,  ce  qui  n'est  point  le  cas 
pour  les  liquides  et  les  solides,  ainsi  que  l'ont  remarqué 
M.  Christoffel  et,  après  lui,  M.  Briot  (*). 

La  considération  de  la  différence  des  longueurs  des  on- 
des correspondant  au  même  rayon  dans  la  substance  et 
dans  l'éther  libre,  question  que  je  viens  de  toucher,  nous 
oblige  à  faire  intervenir,  dans  un  calcul  rigoureux,  non  les 
longueurs  d'ondes  /  mesurées  par  Fraunhoffer  et  ses  suc- 
cesseurs, mais  bien  les  longueurs  X  qui  conviennent  à  la 
propagation  des  mêmes  rayons  dans  le  vide.  Il  s'agit  en 
effet  ici  d'un  rayon  sortant  de  l'éther  libre  ou  du  vide,  et, 
par  conséquent,  de  calculs  de  réfraction  absolue,  ou  du 
vide  à  l'air. 

D'après  les  principes  de  la  théorie  des  ondulations  ap- 
pliqués au  cas  actuel ,  le  rapport  ~  des  longueurs  d'ondes 
qui  caractérisent  la  propagation  du  même  rayon  coloré 
respectivement  dans  le  vide  et  dans  l'air,  est  égal  à  l'indice 
absolu  n  du  vide  à  l'air  correspondant  à  ce  rayon.  Nous 
devons  considérer  aussi  cet  indice  comme  tel  dans  la  for- 
mule de  M.  Cauchy,  où  la  longueur  d'onde  serait  exprimée 
par  sa  valeur  numérique  1  relative  au  vide;  cette  expression 
deviendrait  alors  : 

b 
n  =  a  h —  • 

La  substitution  de  ?i2.  /2  au  lieu  de  X2  dans  cette  équation 
nous  permettrait,  à  la  vérité,  de  calculer  exactement  n  en 
fonction  de  la  longueur  d'onde  mesurée  dans  l'air;  mais 


O  Voir  l'ouvrage  de  M.  C.  Briot ,  Essai  sur  la  théorie  mathématique 
de  la  lumière,  page  94. 


(  m  ) 

nous  arriverions  alors  à  l'équation  du  troisième  degré 
n3 —  a?i2  =  ^.  Cependant  nous  pouvons  nous  borner  à 
l'équation  (I)  en  vue  de  la  simplicité  des  calculs,  si  nous 
introduisons  dans  celle-ci  les  longueurs  d'ondes  qui  auront 
été  préalablement  réduites  au  vide,  en  multipliant  chaque 
longueur  /  mesurée  dans  l'air  par  la  valeur  de  l'indice  du 
premier  tableau  qui  est  le  plus  rapproché  de  l'indice  cher- 
ché, et  auquel  /  correspond.  Malgré  ces  considérations, 
qu'il  était  absolument  nécessaire  de  développer  ici  au  point 
de  vue  de  la  rigueur  des  calculs,  on  peut  obtenir  des  résul- 
tats très-concordants  sans  opérer  la  réduction  des  longueurs 
d'ondes  au  vide,  et  en  se  servant  d'une  formule  aussi 
simple  que  la  première,  comme  je  le  démontre  dans  la  note 
ci-dessous  H. 


(*)  Désignons  par  n',  n"  les  indices  connus  des  rayons  jaune  et  bleu 
extrême,  et  par  /',  /"  les  longueurs  d'ondes  correspondantes  mesurées  dans 
l'air;  ramenées  au  vide,  ces  longueurs  deviennent  n'.  I'  et  n".  I".  Détermi- 
nons les  deux  constantes  a  et  b  de  l'équation  au  moyen  des  formules  spé- 
ciales 

b  b 

n'  =  a  -+-  — ; — -  et  n  '  —  a  -+- 


nou s  aurons  : 

n"2/"sn'2/'a  ,        -b 

b  =  In"  —  n'\  — —r — - 1   vl  a  =  n 

Les  valeurs  numériques  de  n'  et  n"  sont  tellement  peu  différentes,  que  la 
valeur  de  b  se  réduit  sensiblement  à 

Or  le  facteur 


(n"  -  n') 


/'*  ~  /' 


est  précisément  la  valeur  B  que  prendrait  la  constante  b  si  on  calcu- 
lait celle-ci  au  moyen  des  longueurs  d'ondes  mesurées  dans  l'air  et  non 
2me  SÉRIE,  TOME  XXIV.  56 


(  550  ) 

J'ai  déterminé  les  constantes  a  et  6  de  l'équation  de 
M.  Cauchy  à  l'aide  des  indices  correspondant  aux  rayons 
jaune  et  bleu  extrême,  qui  iîgurent  dans  le  premier  tableau 
comme  données  de  l'observation.  L'indice  du  rayon  jaune, 
celui  dont  la  valeur  est  ici  sans  conteste  la  plus  précise, 
représente  sensiblement,  pour  toute  substance,  l'indice  de 
la  lumière  blanche  supposée  réfractée  sans  dispersion  sen- 
sible par  la  substance,  ou  son  indice  moyen,  conformément 
aux  faits  que  j'ai  exposés  dans  une  notice  précédente  ("). 
Or,  c'est  précisément  le  cas  à  l'égard  de  l'air,  car  Biot  et 
Arago  n'ont  signalé  aucune  trace  de  dispersion  dans  la  dé- 
termination de  l'indice  de  réfraction  par  l'air  1,00029438, 
qui  est  attribué  ici  au  rayon  jaune  ou  moyen. 

M.  Billet  a  déterminé  récemment,  à  l'aide  de  phénomè- 
nes d'interférence,  la  longueur  d'onde  moyenne  qui  con- 


réduites  au  vide.  On  aurait  ainsi  b  =»B  n''2.  L'autre  constante  a  devien- 
drait alors  n'  —  —  ;  cette  expression  n'est  autre  que  la  valeur  A  qu'affecte- 
rait la  constante  a  si  elle  était  simplement  calculée  au  moyen  des  mesures 
d'ondes  prises  dans  l'air.  D'après  cela,  l'équation  destinée  au  calcul  d'un 
indice  quelconque  relatif  à  l'air  est  susceptible  de  prendre  aussi  cette 
forme  : 

Bn'2 
n  =  A-»-—  ■ 

Quand  on  introduira  dans  les  calculs,  au  lieu  de  la  longueur  d'onde  /  me- 
surée dans  l'air,  sa  valeur  n'  l  réduite  au  vide,  on  obtiendra  une  valeur 
numérique  de  n  qui  sera  A  -H  —  ,  ou  simplement  le  résultat  que  l'on  eût 
obtenu  en  introduisant  dans  les  calculs  les  longueurs  d'ondes  mesurées 
dans  l'air,  après  avoir  déterminé  préalablement  les  constantes  à  l'aide  de 
ces  longueurs  non  réduites  au  vide.  J'ai  constaté  que  les  valeurs  des  in- 
dices ne  sont  pas  affectées  jusqu'à  la  huitième  décimale,  quel  que  soit  celui 
des  deux  modes  de  détermination  que  l'on  emploie. 

(*)  Recherches  sur  l'indice  de  réfraction  de  la  lumière  blanche  réfrac- 
tée sans  dispersion  sensible.  Bulletins  de  l'Académie  royale  de  Bel- 
gique, 2e  série,  t.  XIX. 


(  531  ) 
vient  à  la  lumière  blanche,  et  ici  au  rayon  moyen;  il  l'a 
trouvée  égale  à  567  millionièmes  de  millimètre  dans  l'air. 

Quant  au  rayon  bleu  extrême  correspondant  à  la  raie 
G,  à  laquelle  Bessel  rapporte  l'extrémité  supérieure  de 
l'un  des  spectres  aériens  de  Fomalhaut,  son  indice  est 
1,00029654  d'après  une  de  ses  mesures.  La  longueur  d'onde 
qui  caractérise  cette  raie  est  450,75  selon  les  mesures  ré- 
centes de  M.  Mascart. 

j'ai  déterminé  d'abord  les  constantes  au  moyen  des  lon- 
gueurs d'ondes  du  bleu  extrême  de  M.  Mascart  et  du  rayon 
moyen,  toutes  deux  préalablement  réduites  au  vide;  alors 
l'équation  de  la  dispersion  qui  nous  servira  à  calculer  l'in- 
dice n  relatif  à  l'air,  et  auquel  correspond  la  longueur 
d'onde  >.  déterminée  par  M.  Mascart,  et  préalablement 
réduite  au  vide,  a  pour  forme  : 

0,948085 
n=  1,00029143  +         -a    ..  • 

Quand  les  constantes  sont  calculées  au  moyen  de  la  lon- 
gueur d'onde  du  bleu  extrême  déterminée  par  Fraun- 
hoffer  et  réduite  au  vide,  l'équation  de  la  dispersion,  où  / 
prendra  les  valeurs  des  longueurs  d'ondes  mesurées  par 
le  même  observateur,  mais  réduites  au  vide,  se  présente 
sous  la  forme  : 

0,930425 

n  =  1,00029149  + 

;.- 

Nous  savons  que  les  longueurs  d'ondulations  mesurées 
par  Fraunhoffer,  puis  par  M.  Mascart,  diffèrent  assez  peu, 
non-seulement  entre  elles,  mais  relativement  aux  mêmes 
déterminations  réalisées  par  MM.  Bernard,  Angstrom, 
Ditscheinen  et  Van  derWilligen.  Je  me  bornerai  adonner 
dans  la  note  ci-dessous  les  mesures  des  deux  premiers 


(  332  ) 

observateurs  obtenues  dans  l'air,  puis  réduites  au  vide('). 
Dans  le  tableau  suivant ,  je  rappelle  d'abord ,  les  valeurs 
des  quatre  indices  des  rayons  différents  qui  ont  été  déduits 
de  l'observation  ;  puis  j'indique  les  indices  relatifs  aux  prin- 
cipaux rayons,  calculés  au  moyen  des  deux  formules  pré- 
cédentes. 


INDICES  DE  RÉFRACTION  DE  L'AIR 

relatifs  aux  principaux  rayons, 

RAIES  ET  RAYONS. 

déduits 

de 

l'observation. 

calcules 

d'après 

les  mesures  des 

longueurs  d'ondes, 

par 

M.  MASCART. 

calculés 

d'après 

les  mesures  des 

longueurs  d'ondes, 

par 
FRAUNHOFFER. 

Raie  B  ou  rayon  rouge  .    . 

1,00029242 

1,00029544 

1,00029545 

—  C       —     rouge  moy. 

» 

1,00029565 

1,00029565 

—  D       —      orangé .     . 

» 

1,00029416 

1,00029417 

Rayon  moyen 

1,00029438 

» 

9 

Raie  Eourayon  jaune  vert. 

» 

1,00029484 

1,00029485 

—  F       -       bleu     .     . 

1,00029530 

1,00029544 

1,00029545 

—  G       —       indigo .     . 

1,00029654 

» 

» 

—  H       —       violet  ex- 
trême     

» 

1,00029745 

1,00029751 

La  concordance  est  parfaite  entre  les  deux  séries  calcu- 
lées d'après  les  mesures  de  Fraunhoffer  et  celles  de  M.  Mas- 


RAIES. 

(*)                         Loiiffueurs  fVond.es  mesurées 

PAR  M.  1 
Dans  l'air. 

ASCART. 

Réduites  au  vide. 

PAR  FRAUNHOFFER. 

Dans  l'air. 

Réduites  au  vide. 

B. 

680,67 

686,87 

688,00 

688,20 

C. 

656,07 

656,26 

656,00 

656,20 

D. 

588,80 

588,97 

589,00 

589,17 

Rayon  moyen. 

567,00 

567, 17 

» 

B 

E. 

526,78 

526,93 

526,00 

526,16 

F. 

485,96 

486,10 

484,00 

484,15 

G. 

430,75 

450,87 

429,00 

429,12 

1            H. 

396,72 

396,84 

593,00 

51(3,12 

(  555  ) 
cart,  les  petites  différences  ne  portant  que  sur  la  huitième 
décimale.  La  concordance  est  aussi  très-satisfaisante  entre 
l'indice  calculé  et  sa  valeur  déduite  de  l'observation  à 
l'égard  du  rayon  bleu  ou  de  la  raie  F.  Cette  concordance 
est  une  justification  du  procédé  de  calcul.  Elle  n'est  point 
atténuée  par  la  différence  qui  affecte  pour  la  raie  B  le  ré- 
sultat de  l'observation  comparé  à  celui  du  calcul.  Cette 
différence  plus  marquée  s'expliquerait,  au  besoin ,  par  le 
fait  que  le  rouge  du  spectre  stellaire,  mesuré  par  Bessel, 
s'étendait  probablement  en  deçà  de  la  raie  B,  c'est-à-dire 
du  côté  de  la  raie  A,  par  suite  de  la  moindre  absorption 
des  rayons  rouges  par  l'atmosphère. 

D'après  les  données  précédentes,  le  pouvoir  dispersifde 
l'air  serait  égal  à  0,015,  ou  à  la  moitié  de  celui  du  cristal 
de  roche. 

Si  une  méthode  très-précise,  telle  que  celle  du  réfrac- 
teur interférenliel  à  l'aide  de  laquelle  M.  Jamin  a  mesuré 
l'indice  de  la  vapeur  d'eau ,  était  appliquée  à  la  mesure  de 
la  dispersion  par  l'air,  je  crois,  avec  confiance,  que  les  dé- 
ductions précédentes  concorderaient  d'une  manière  très- 
satisfaisante  avec  les  résultats  certains  que  donnerait  un 
procédé  si  délicat,  s'il  est  susceptible  de  ce  mode  d'applica- 
tion. 

En  se  rappelant  ici  la  loi  de  Biot  et  Aragô,  d'après  la- 
quelle la  puissance  réfractived'un  mélange  de  gaz  est  égale 
à  la  somme  des  puissances  réfractives  des  gaz  mélangés, 
rapportées  à  la  pression  particulière  de  chacun  dans  ce 
mélange,  on  peut  se  demander  si  l'application  de  cette  loi 
au  cas  actuel  ne  permettrait  pas  de  calculer  les  puissances 
réfractives  de  l'oxygène  et  de  l'azote  à  l'égard  des  divers 
rayons  colorés,  et  cela  en  basant  les  calculs  sur  les  déter- 
minations précédentes  des  indices  relatifs  à  l'air.  Je  ferai 


(  554  ) 

remarquer  qu'il  ne  manque  à  cette  tin  qu'une  seule  déter- 
mination, relative  à  la  dispersion  par  l'oxygène  ou  l'azote. 
Si  elle  se  réalisait  à  l'égard  de  l'un  quelconque  des  rayons 
colorés,  et  pour  l'un  ou  pour  l'autre  des  deux  gaz,  la  loi 
de  Biot  et  Arago  permettrait  de  déterminer,  concurrem- 
ment avec  la  formule  de  M.  Cauchy,  les  indices  de  tous  les 
rayons  colorés  pour  les  deux  gaz. 

Dans  mon  mémoire  concernant  les  effets  de  réfraction 
et  de  dispersion  par  l'atmosphère ,  j'ai  fait  voir  que  la  dé- 
termination exacte  du  pouvoir  dispersif  de  l'air  n'est  pas 
sans  importance  pour  le  calcul  de  la  position  précise  des 
étoiles  de  couleurs  différentes,  observées  à  de  grandes  dis- 
tances zénithales.  Il  résulte,  en  effet,  de  la  formule  s  = 
0",848  tang  (Z  —  5,25  R)  qui  permet  de  calculer,  d'après 
mes  déterminations,  l'étendue  s  d'un  spectre  stellaire  en 
fonction  de  la  distance  zénithale  Z  et  de  la  réfraction  R 
correspondante,  qu'à  la  distance  de  80°  par  exemple,  une 
étoile  bleue  est  plus  relevée  de  4",7  par  la  réfraction , 
qu'une  étoile  rouge;  et  qu'à  90°  de  distance  zénithale,  la 
différence  s'élève  à  28".  Ce  genre  d'inégalité  se  calcule 
aisément,  relativement  aux  quatre  principaux  rayons  colo- 
rés, à  l'aide  de  la  formule  de  Bradley,  quand  son  coefficient 
constant  a  été  approprié  à  la  nature  du  rayon  coloré  d'après 
la  valeur  de  son  indice  de  réfraction  par  l'air,  ainsi  que  l'in- 
diquent les  quatre  expressions  suivantes  delà  réfraction  r  : 

Rayon  rouge,  r  =  60", 263  tang  (Z  —  3,25  r) 

»      jaune,  r  =  60",666  tang  (Z  —  3,25  r) 

vert ,    r  =  60",855  tang  (Z  —  3,25  r) 

»      bleu,  r  =  61"s101  tang  (Z  —  5,25  r) 

On  sait  que  la  formule  de  Bradley  n'est  valable  que  pour 
des  hauteurs  supérieures  à  10°  au-dessus  de  l'horizon ,  et 


(  53S  ) 
que,  au  delà,  les  résultats  calculés  au  moyen  de  cette  for- 
mule s'accordent  avec  les  indications  des  tables  de  la  réfrac- 
tion astronomique  qui  résultent  d'un  calcul  rigoureux.  Afin 
de  rattacher  les  expressions  précédentes  aux  indications  de 
la  réfraction  par  ces  tables,  qui  se  rapportent,  comme  on 
le  sait,  au  rayon  incolore  ou  jaune,  je  remarque  que  si  Ton 
désigne  par  R la  réfraction  donnée  par  les  tables, on  a,  dans 
les  limitas  de  concordance  indiquée,  pour  le  rayon  jaune 
on  incolore  :  R  =  60",666  tang  (Z  —  5,25  R),  et  par  suite  : 

tang  (Z  —  3,2o  r). 

Si  r  exprime  la  réfraction  pour  une  étoile  rouge  par  exem- 
ple ,  à  la  même  distance  zénithale,  on  a  aussi  : 

tang  (Z  —  3,2o  r). 


G0",263 


Les  réfractions  R  et  r  diffèrent  tellement  peu,  que  nous 
poserons  tang  (Z  —  5,25  R)  =  tang  (Z  —  5,25  r);  il  en 
résulte 

r  R 


60",263        G0",G6G 
et  finalement  : 

r  =  0,99552G  X  R. 

Cette  expression  donne  immédiatement  la  valeur  de  la 
réfraction  d'une  étoile  rouge  en  fonction  de  la  réfraction 
qui  est  indiquée  dans  les  tables  pour  une  étoile  incolore. 
Malgré  la  restriction  précédente,  cette  expression  est  sus- 
ceptible d'être  appliquée  à  de  grandes  distances  zénithales, 
parce  que  l'écart  de  la  formule  de  Rradley  est  ici  sans  in- 


(  536  ) 

fluence,  et  que  la  réfraction  R  supposée  donnée  exacte- 
ment par  les  tables  à  toute  distance  zénithale,  figure  seule 
dans  l'expression  finale  de  r. 

Réunissons  celte  expression  et  les  formules  que  l'on 
déduit  aisément,  par  le  même  procédé,  à  l'égard  des  deux 
autres  colorations;  nous  obtiendrons  ainsi  les  réfractions 
relatives  aux  principales  étoiles  colorées  en  fonction  de  la 
réfraction  R  qui  correspond,  dans  les  tables  ordinaires,  à 
la  distance  zénithale  apparente  à  laquelle  l'étoile  colorée  est 
observée;  alors  ces  réfractions  seront  exactement  données 
par  les  formules  suivantes  : 

Pour  une  étoile  rouge  r=  0,99555  X  R- 
verte  r  =  1 ,00322  X  R. 
bleue  r=  1,00727   X  R. 


La  classe  vole  l'impression  de  la  note  additionnelle 
suivante,  faite  par  M.  Constantin  Wesmael  à  son  article 
relatif  aux  Ichneumons ,  inséré  dans  le  Bulletin  du  mois  de 
novembre  dernier. 


(  557  ) 

Ichneumonologica  documenta,  par  M.  Constantin  Wesmael , 
membre  de  l'Académie. 

NOTE  ADDITIONNELLE. 

Lors  de  la  publication  des  Ichneumones  Platyuri  et  Àm- 
btypygi Europaeî ,  en  1833  et  1854,  les  exemplaires  du  tirage 
à  part  ont  paru  sans  être  suivis  chacun  d'une  table  alphabé- 
tique des  sous-genres  et  des  espèces,  ce  qui  contribue  à  aug- 
menter la  difticulté  des  recherches.  Une  réparation  de  cet 
oubli,  quoique  tardive,  ne  sera  pas,  je  l'espère,  entièrement 
inutile  aux  entomologistes  en  possession  de  ces  exemplaires; 
l'auteur  croit  pouvoir  invoquer  ici  le  vieil  adage  :  Mieux  vaut 
lard  que  jamais. 

ICUNEUMONES  PLATYURI  EUROPAEI 


INDEX    ÀLPHÀBETICUS. 

Pages. 

Apaelelicus  bellicosus 30 

*  flammeolus • 32 

»  inclylus 34 

»  inimicus 33 

»  longicornis 31 

Eurylabus     corvinus 11 

»  diras 13 

»  torvus 10 

»  tristis 13 

Plalylabus     arma  tus 13 

cothurnatus 18 

»  Daemon    .    .     , 22 

»  decipiens 23 

»  dimidiatus 27 

»  dolorosus 17 

»  errabundus 23 


(  558  ) 

Pages. 

Plaivlabus     iridipennis 19 

»          leucogrammus 22 

»          oiger 16 

»          nigricollis 27 

»          orbitalis 24 

paclor 27 

»          pallidens 2G 

»          pedatorius 18 

»          pullus 21 

rufiventris 24 

»           rufus 15 

»           sternoleucus 20 

»           tricingulatus 27 

»           variegatus •  17 

»          varipictus 23 

Pristiceros    serrarius 15 

Probolus       allicola 5 

»           concinnus 9 


ICHNEUMONES  AMBLYPYGI  EUROPAEI 


INDEX    ALPIIABET1CUS. 

Pages.  N°>. 

Acolobus     albimanus 62  2 

»           serieeus 62  1 

Amblyteles  amatorius 11  7 

»           amputatorus 51  42 

»           antennatorius 18  18 

»           atratorius 15  14 

»           bipustulalus 39  30 

»          camelinus 48  59 

»         castigator 49  40 

»           conspurcalus 33  29 

»          crispatorius 17  17 

»           divisorius 55  53 

»          efferus 42  32 


(  559  ) 

Pages.  N°'- 

Amblyteles  fasciatorius 10  5 

»           fossorius 51  42 

»           funereus 57  47 

fuscipennis 59  50 

»           glaucatororius 25  20 

»          Goedarti 35  28 

»           Gravenhorstii 26  24 

»           hacreticus 46  37 

»           homocerus 47  58 

»           ignolus 32  27 

»           indocilis 11  8 

»           infractorius 10  5 

«          injucundus 45  55 

inspector 49  41 

»           intersertor 44  54 

»           laminatorius 58  49 

»           latebricola 11  9 

»           litigiosus 18  19 

r>          lusitanus 41  31 

»         margïncguttatus 11  10 

mclanocastanus 57  46 

mesocastanus 57  45 

»          messorius 56  41 

«          monilorius 10  4 

«           natatorius 16  15 

»          negatorius 27  25 

novitius 12  11 

»           occisorius 26  25 

»          oratorius 15  12 

»          palliatorius 8  1 

pallidicornis 26  21 

Panzeri 58  48 

»          rubriventris 42  23 

»           spoliator •.  9  5 

sputator 46  56 

»           strigatoiius 60  51 

»          subsericans 17  16 

»           trifasciatus 8  2 

»           uniguttatus 28  26 


(  S40  ) 


Amblyteles  vadatorîus. 

»  viridatorius 

»  xanthius    . 

Anisobas      cinguiatorius 

»  flaviger.     . 

»  rebellis  .    . 

Automalus  alboguttatus 
Catadelphus  arrogator . 
Hepiopelmus  eudoxius. 

leueostigmus 

»  variegatoriu 

Hypomecus   albitarsis  . 
Limcrodes     arctiventris 
Listrodromus  lapidator. 

»  nycthemeru 

Trogus    exaltatorius  . 

»       lapidator  .     . 

»       lutorius    .     . 


Papes. 


26 

22 

15 

13 

17 

17 

64 

2 

6i 

1 

64 

3 

6'2 

1 

60 

1 

65 

5 

63 

1 

63 

2 

66 

1 

3 

1 

66 

2 

63 

1 

61 

2 

61 

5 

60 

1 

ADDENDA. 


12.  ICHNEUMON  GEMELLUS.  Grav. 


Tentant.  53.  22.  à"?. 


Dans  sa  revue  des  Ichneumons,  n°  oo,  page  226, 
M.  Taschcnberg  énonce,  comme  un  des  caractères  essen- 
tiels de  17.  gemellus  a*  :  IVîittelscheakel  an  der  Spitze 
unten  sehr  tief  AUSGEBUCHTET.  C'est  effectivement  ce 
que  j'ai  dit  en  latin  ,  il  va  trente-trois  ans,  dans  le  Tenta- 
■mon,  p.  55,  n°22,  où  on  lit  :  Fcmora  intermedia  margine 
inféra  apicem  versus  (aie  et  profonde  simiato.  C'est  donc 


(  3il  ) 
à  moi,  et  non  à  M.  Taschenberg,  qu'est  due  la  découverte 

de  cet  important  caractère. 

Quant  à  l'adjonction  de  mes  diverses  variétés  du  Ge- 
mellus o*,  énumérées,  soit  dans  le  Tentamen,  soit  dans  la 
Mantissa,  et,  quant  aux  contestations  qu'on  pourrait  sou- 
lever à  leur  égard,  leur  solution  dépend,  selon  moi,  de 
celle  de  la  question  suivante  :  chez  ces  variétés,  les  cuisses 
intermédiaires  sont-elles  conformées  comme  celles  du  Ge- 
mellus genuinus  ? 

A  la  page  54  du  Tentamen,  j'ai  décrit  une  femelle  que 
je  regarde  comme  celle  du  Gemellus,  et  dont  les  cuisses 
intermédiaires  sont  exactement  conformées  comme  celles 
du  mâle.  J'aurais  peut-être  bien  fait  d'insister  davantage 
sur  l'existence  de  ce  dernier  caractère,  quoiqu'il  résulte 
implicitement  de  YAdnot.  qui  précède  ma  description,  et 
qui  porte  :  Sciilp  titra  et  proporlio  par  Hum  ut  in  mare. 

En  1848,  j'ai  reçu,  des  environs  de  Dicst,  une  deuxième 
femelle  chez  qui  le  1er  segment  est  entièrement  fauve,  le 
4mc  est  noir  non-seulement  vers  l'extrémité,  mais  encore 
au  milieu  du  dos,  et  il  y  a  un  petit  point  blanc  sous  la  base 
des  ailes.  Enfin,  en  1850,  j'ai  pris,  près  de  Bruxelles,  une 
troisième  femelle,  dont  le  4me  segment  est  presque  entiè- 
rement noir.  Chez  ces  deux  dernières,  les  quatre  jambes 
antérieures  ont  une  teinte  obscure  au  côté  postérieur. 

Quant  à  la  sculpture  du  Gemellus  9,  ce  qu'elle  a  d'es- 
sentiel dans  ses  rapports  avec  le  mâle,  c'est  l'existence 
d'une  ligne  élevée  longitudinale  très-fine  qui  parcourt  le 
milieu  du  dos  du  2me  segment.  Cette  ligne  n'est  cependant 
pas  toujours  également  distincte.  En  résumé,  on  peut  ca- 
ractériser la  surface  de  ce  segment  de  la  manière  suivante  : 
Segmentuin  3  confertim  punclaium ,  basin  versus  acicu- 
lalo-scabriculum,  linca  média  clevata  subtilissima  vel  subob- 


(  U^  ) 
soleta. —  L'aréole  supéromédiane  du  meta  thorax  est  allon- 
gée, avec  le  bord  postérieur  plus  ou  moins  arqué  :  par  sa 
forme  elle  se  rapproche  d'un  hexagone  rétréci  en  avant,  ou 
d'une  demi-ellipse;  elle  est  môme  quelquefois  assez  large- 
ment tronquée  en  avant  pour  s'éloigner  peu  de  la  forme 
d'un  rectangle. 

7.  A31blvteles  inspector.  Wesm. 
Ich.  Ambl.  Eur.  49.  41. 

Après  la  var.  o.  $,  ajoutez  : 

Var.  6.  9  Scutello  et  abdomine  totis  nigris;  anlennarum  an- 
nulo  rufescente.  =  5  li.  —  1  femina. 

Hab.  circa  Parisios. 

Antennae  articulo  1  subtus  basi  rufo;  11-15  supra  cas- 
taneis;  8-15  subtus  ferrugineis. 


INDEX. 


I.  —  ICHNEUMONES  OXYPYGI. 


Chasmodes  lugens    .... 

Pages. 

145 

IclmPumoH 

gemellus     . 

Pages. 

.     540 

—        motatorius  .     .     . 

441 

— 

inquinatus  . 

.     458 

Eupalamus  oscillator     .     .     . 

441 

— 

leucoceius  . 

.     455 

Ichneumoii  cenlummaculatus. 

451 

— 

iuleiventris. 

.     455 

—         lahi'icator  0*    •     • 

445 

— 

mulligut  talus 

.     451 

-       9   •    • 

416 

— 

DÎgritarius  . 

.     446 

—        faunus   .    .    .    . 

453 

— 

ru  li  fions.     . 

.     449 

—        fugitivus    .    .    . 

448 

— 

sarcitorius  . 

.     458 

(  545  ) 


ii. 


ICHNEUMONES  AMBLYPYGI. 


Pages. 

Pages. 

)lyteles  camelinus   . 

.       460 

Amblyleles  occisorius   .     . 

.     470 

—         crispatorius 

.     472 

—        Panzeri  .     .     . 

.     469 

—        (fumigator)  (1) 

.     467 

—         uniguUatus. 

.     462 

—         inspector     . 

.     542 

?  Heresiarches  eudoxius 

.     480 

—        natatorius   . 

.     475 

IV.  —  ICHNEUMONES  PNEUSTICI. 

Oronotus  binotatus 481 


M.  Van  Beneden  émet  diverses  considérations  verbales 
sur  le  classement  des  baleines.  11  en  fera  l'objet  d'une 
communication  qu'il  présentera  à  la  séance  du  mois  de 
janvier. 

—  La  classe  fixe  l'époque  de  sa  séance  publique  au 
mardi  17  décembre,  à  une  heure  de  relevée;  elle  décide 
en  même  temps  que  les  élections  se  feront  dans  la  réu- 
nion préparatoire  de  la  veille,  ainsi  que  la  lecture  des 
pièces  destinées  à  la  séance  solennelle. 


(1)  Tabl.  anal.,  n°  i,  p.  406. 


(  Ui  ) 


CLASSE  DES  LETTRES. 


Séance  du  2  décembre   1867. 

M.  Roulez,  directeur. 

M.  Ad.  Quetelet,  secrétaire  perpétuel. 

Sont  présents  :  MM.  Grandgagnage,  Snellaert,  Haus, 
M.-N.-J.  Leclercq,  Ch.  Faider,  Ed.  Ducpetiaux,  le  baron 
Kervyn  de  Leltenhove,  Chaîoii,  Ad.  Mathieu,  Th.  juste, 
E.  Defacqz,  Guillaume,  membres;  Nolet  de  Brauwerc  van 
Steeland,  associé,  Alph.  Waulers,  correspondant. 

M.  Alvin,  membre  de  la  classe  des  beaux-arts,  assiste 
à  la  séance. 


CORRESPONDANCE. 


M.  Thiers,  associé  de  l'Académie,  remercie  pour  l'envoi 
des  derniers  volumes  des  Bulletins.  «  Je  les  ai  déjà  par- 
courus, dit-il,  et  j'ai  acquis  la  certitude  que  je  trouverais 
le  plus  grand  intérêt  à  leur  lecture.  » 

—  Différentes  sociétés  littéraires  de  France,  d'Angle- 
terre et  d'Allemagne  expriment  aussi  leurs  remercîmenls 
pour  l'envoi  des  dernières  publications  de  l'Académie. 


(  ;»45  ) 

—  M.  Alph.  Wauters,  correspondant  de  l'Académie,  l'ait 
hommage  d'nn  ouvrage  de  sa  composition,  intitulé  :  Nou- 
velles études  sur  la  géographie  ancienne  de  (a  Belgique. 

M.  X.  Heuschling  fait  parvenir,  à  chacun  des  membres 
de  la  classe,  un  exemplaire  d'un  compte  rendu  sur  la  Sta- 
tistique lnternatioivale,  publiée  avec  la  collaboration  des 
statisticiens  officiels  des  différents  Etats  de  l'Europe  et  des 
Etats-Unis  d'Amérique,  rédigé  à  Bruxelles,  par  le  prési- 
dent et  le  secrétaire  de  la  Commission  centrale  de  statis- 
tique. —  Remercîments. 


ELECTIONS. 

Conformément  à  l'article  41  du  règlement  général,  qui 
prescrit  qu'à  la  fin  de  l'année  «  les  comptes  de  chaque 
classe  seront  vérifiés  par  une  commission  spéciale  com- 
posée de  cinq  membres  »  il  est  procédé  à  l'élection  des 
académiciens  qui  seront  chargés  de  cette  vérification  pen- 
dant l'année  1868  :  MM.  le  baron  de  Gerlache,  M.-N.-J.  Lc- 
clercq,  Ch.  Faider,  De  Decker  et  Gachard  sont  réélus  par 
acclamation. 

Dans  une  précédente  séance,  M.  Snellaert  avait  appelé 
l'attention  de  la  classe  sur  la  nécessité  de  compléter  la  com- 
mission chargée  de  publier  les  monuments  de  la  littérature 
flamande,  commission  qui  a  perdu,  depuis  plus  d'un  an, 
son  président,  M.  le  chanoine  David.  Après  discussion,  la 
classe  ajourne,  jusqu'à  l'une  de  ses  prochaines  réunions, 
les  nominations  qu'elle  aura  à  faire  pour  compléter  l'or- 
ganisation de  la  commission  dont  il  s'agit. 


2me  SÉRIE,  TOME  XXIV.  57 


(  m  ) 


RAPPORTS. 


I)  avait  été  donné  lecture,  à  la  réunion  du  mois  de  no- 
vembre, des  rapports  des  trois  commissaires  désignés  par 
la  Compagnie,  afin  d'examiner,  conformément  au  désir 
exprimé  par  M.  le  Ministre  de  l'intérieur,  le  projet  d'in- 
scription, proposé  par  l'administration  communale  de  la 
ville  de  Mons,  pour  la  statue  de  Baudouin  de  Constanti- 
nople.  Après  avoir  discuté  les  conclusions  divergentes  de 
ses  rapporteurs, la  classe  a  adopté  une  rédaction  nouvelle, 
qui  sera  soumise  à  M.  le  Ministre  par  les  soins  du  secré- 
taire perpétuel. 


(  8*7  ) 


CLASSE  DES  BEAUX- A  RTS. 


Séance  dit  5  décembre  1867. 

M.  Balat,  directeur. 

M.  Ad.  Qi'etelkt,  secrétaire  perpétuel. 

Sont  présents  :  MM.Alvin,  de  Keyzer,  F.  Fétis,  G.Geefs, 
Eugèue  Simon  is,  Van  Hasselt,  Joseph  Geefs,  F.  de  Braeke- 
lcer,Fraikin,  Ed.  Fétis,  Edm.  de  Busscher,Porlaels,  Paycn, 
chevalier  Léon  de  Burhure,  Franck,  Gustave  de  Man,  Ad. 
Siret,  Julien  Leclercq,  membres. 

MM.  Nolet  de  Brauwere,  associé,  et  Alph.  Wauters,  cor- 
respondant de  la  classe  des  lettres,  assistent  à  la  séance. 


CORRESPONDANCE. 


La  classe  apprend  avec  douleur  la  nouvelle  perte  que 
l'Académie  vient  de  faire,  par  la  mort  d'un  des  membres  de 
la  classe  des  lettres,  M.  François  Baguet,  professeur  de  lit- 
térature ancienne  et  secrétaire  de  l'Université  catholique, 
décédé  à  Louvain,  le  1er  décembre,  et  dont  l'inhumation 
doit  avoir  lieu  dans  cette  journée  môme.  Les  condoléances 
de  la  Compagnie  ont  été  exprimées  à  la  famille  du  défunt. 


(  348  ) 
—  Il  est  donné  lecture  de  l'inscription,  destinée  à  la 
médaille  d'argent  décernée  à  M.  Van  Cleempulte,  pour  son 
mémoire  de  concours  sur  Quentin  Mets} s.  Cette  inscrip- 
tion ,  admise  par  la  classe,  est  la  suivante  : 

E.  Van  Cleemputte 
quod 

DE    Q.     M  ET. S 10     PICTORE 

ET  DE  VI  QUAM  HABUERIT 

IN  ARTEM  PINGENDI 

NON     SINE     LAUDE     DISSERUIT. 

MDCCCLXVII. 

Des  remercîments  sont  votés  à  M.  Roulez,  directeur  de 
la  classe  des  lettres,  qui  avait  bien  voulu  se  charger  de 
cette  rédaction. 


ELECTIONS. 

Le  règlement  général  de  l'Académie  porte  qu'à  la  fin 
de  Tannée,  les  comptes  de  chaque  classe  sont  vérifiés  par 
une  commission  spéciale  composée  de  cinq  membres,  pris 
dans  la  classe. 

MM.  Alvin,  F.  Fétis,  F/aikin,  G.  Geefs,  Partoes,  qui 
forment  la  commission  actuelle,  sont  invités  à  continuer 
leur  mandat  pour  l'année  1868. 


(  519  ) 
COMMUNICATIONS  ET  LECTURES. 


Quelques  mots  sur  le  Bruxellois  Pierre  De  Kempeneer, 
connu  sous  le  nom  de  Piedro  Campana;  par  M.  Al- 
phonse Wauters,  correspondant  de  la  classe  des  lettres. 

En  lisant,  ces  jours  derniers,  un  article  de  M.  Rousseau 
dans  le  Bulletin  des  Commissions  royales  d'art  et  d'archéo- 
logie (1),  mon  attention  fut  appelée  sur  un  de  nos  compa- 
triotes dont  le  véritable  nom  n'a  pas  encore  été  signalé  et 
dont  l'existence  a  pourtant  été  assez  glorieuse  pour  mériter 
d'occuper  la  classe  un  instant. 

Piedro  Campana,  dont  on  a  traduit  le  nom  espagnol  par 
les  noms  de  Champaigne,  en  français  (2),  ou  de  Vande 
Velde  (5),  en  flamand,  s'appelait  en  réalité  Pierre  De  Kem- 
peneer, Pierre  le  Campinois,  Petrus  Campiniensis,  comme 
le  dit  l'inscription  de  sa  belle  Descente  de  croix,  de  Séville. 
La  connaissance  de  ce  nom  est  un  fait  capital,  car  jus- 
qu'aujourd'hui on  n'aurait  pas  oser  attribuer  à  Campana 
des  peintures  ou  des  dessins  portant  les  lettres  p.  d.  k.,  ses 
véritables  initiales.  D'après  les  écrivains  espagnols  (4),  il 
naquit  à  Rruxelles  en  1505  et  mourut  dans  cette  ville  en 
1580,  à  l'âge  de  77  ans. 


(1)  IVe  année,  pp.  317  et  suiv. 

(2)  Zani,  Enciclopedia  metodica  critico-ragionata  délie  belle  arti , 
lrc  partie,  t.  VI,  p.  151. 

(5)  Piron. 

(4)  Ponz,  Voyage  en  Espagne  ,  t.  \\\,passim.  Cean  Bermudez ,  Diccio- 
narîo  hislorico  de  los  mas  illustres  professores  de  las  bellas  arlcs  en  ' 
Espana,t.  I,  pp.  201-201. 


(  850  ) 

La  famille  De  Kempeneer,  sans  appartenir  aux  tribus 
patriciennes  de  notre  ville,  y  jouissait  pourtant  d'une 
grande  considération.  Deux  de  ses  membres,  Guillaume  et 
Jacques,  firent  partie  du  magistrat  :  le  premier,  comme 
bourgmestre  des  nations  en  1547,  comme  receveur  en 
1541,  en  1545  et  en  1546,  comme  conseiller  en  1540  et 
en  1545;  le  second,  comme  conseiller  en  1569  et  en  1570, 
et  comme  doyen  de  la  draperie  en  1574. 

La  participation  de  cette  famille  au  culte  des  lettres  et 
des  arts  résulte  de  faits  nombreux.  Un  Jacques  De  Kempe- 
neer, qui  fut,  en  1 51 5,  en  1 51 4  et  en  1 5 1 6,  l'un  des  proviseurs 
de  la  riche  confrérie  dite  de  Saint-Éloi,  était  peintre  (1),  et 
peut-être  faut-il  le  retrouver  dans  ce  Jacques  Kempeneer 
que  le  Lexicon  de  Nagler  signale  comme  ayant  exécuté 
des  fleurs  et  des  fruits  et  comme  ayant  vécu  au  commen- 
cement du  dix-septième  siècle.  Ce  personnage,  ou  plutôt 
son  homonyme,  cité  plus  haut,  s'occupait  aussi  de  littéra- 
ture, car  il  entra  en  l'an  1540  dans  la  chambre  de  rhéto- 
rique le  Livre,  y  remplit  les  fonctions  de  doyen,  en  1551, 
et  de  prince  en  1555,  et  mourut  au  mois  de  février  1576. 

Quant  à  Guillaume  De  Kempeneer,  fils  de  Daniel  De 
Kempeneer  et  de  Jeanne  T'Sas,  et  dont  nous  avons  re- 
trouvé le  testament  en  date  du  50  mai  1548,  il  voulut  être 
inhumé  dans  l'église  Notre-Dame  de  la  Chapelle,  près  de 
sa  femme  Catherine  Tsclercx,  à  proximité  de  l'autel  Saint- 
George  ,  et  il  enjoignit  de  placer,  sur  le  pilier  voisin  de  son 
tombeau,  un  «  beau  tableau  de  dévotion  »,  qui  devaitètre 
exécuté  par  maître  Michel  Scrynhoute  (2). 


(1)  Archives  de  la  confrérie  de  Saint-Éloi,  à  Bruxelles.  —  Wauters,  Bo- 
yer  Vander  Weyden ,  ses  œuvres ,  ses  élèves ,  ses  descendants. 

(2)  Archives  citées  plus  haut. 


(851) 

Pierre  De  Kempeneer  partit  dans  sa  jeunesse  pour  l'Italie, 
où  il  prit  ou  reçut  le  nom  de  Campana. On  a  répété  qu'il  de- 
vint l'élève  de  Raphaël,  mais  cette  assertion  est  complète- 
ment inadmissible,  car  à  la  mort  de  Raphaël,  en  1520, 
Campana  n'avait  que  17  ans  et  n'avait  d'ailleurs  pas  en- 
core atteint  Rome.  Mais  on  peut,  à  plus  juste  raison,  le 
classer  parmi  les  disciples  de  Michel-Ange,  dont  il  a 
mainte  fois  imité  la  touche  vigoureuse. 

Pendant  son  séjour  au  delà  des  Alpes,  qui  se  prolongea, 
dit-on,  pendant  plus  de  vingt  années,  Campana  fut  conduit 
à  Venise  par  le  cardinal  Grimani,  alors  l'un  des  plus  géné- 
reux protecteurs  des  arts  de  la  Péninsule.  Notre  artiste  exé- 
cuta pour  lui  plusieurs  portraits  et,  de  plus,  une  sainte 
Marie-Madeleine  conduite  par  sainte  Marthe  au  temple 
pour  entendre  les  prédications  du  Christ.  Ce  dernier  ta- 
bleau, que  le  cardinal  légua  à  l'un  de  ses  amis,  fut  trans- 
porté depuis  en  Angleterre,  où  il  se  trouvait,  du  temps  de 
Lanzi,  dans  la  collection  de  M.  Slade  (l).  Après  Venise  , 
Campana  habita  Bologne,  où  il  se  trouvait,  en  1529.  lors- 
que Charles-Quint  y  fut  couronné  empereur  par  le  pape 
Clément  Vil.  Chargé  de  couvrir  de  peintures  un  grand  arc 
de  triomphe,  il  y  fit  à  la  fois  preuve  de  talent,  d'habileté 
et  d'originalité,  à  la  grande  admiration  des  Italiens  (2). 

Il  partit  ensuite  pour  l'Espagne  et  s'y  fixa  dans  la  riche 
et  commerçante  Sévillc,  où  il  était  déjà  arrivé  en  1557  (5) 
et  où  il  travaillait  encore  en  1552.  Il  peut  revendiquer  la 


(1)  Lanzi,  t.  11,  p.  119. 

(2)  Bermudez ,  /.  c . 

(5)  Vasari,  nouvelle  édition,  t.  IX,  p.  56;>,  où  Ton  mentionne  comme  se 
trouvant  alors  à  Séville  «maître  Pierre»  et  un  autre  flamand,  François 
Frutet  (Fruytier  ou  Fruyliers?). 


(  »52  ) 
gloire  d'avoir  été  l'un  des  fondateurs  de  celte  école  espa- 
gnole, qui  a  brillé  d'un  si  vif  éclat  au  dix-septième  siècle  et 
produit  des  artistes  comparables  aux  meilleurs  maîtres  des 
autres  écoles.  Il  y  forma  plus  d'un  élève  distingué  et,  entre 
autres,  ce  Morales  que  les  Espagnols  ont  caractérisé  d'un 
mot  en  lui  donnant  le  surnom  de  divin. 

De  cette  époque  datent  toutes  les  œuvres  de  Campana 
sur  lesquelles  il  nous  est  resté  quelques  détails,  car  nous 
ne  savons  rien  de  ce  qu'il  (it  en  Belgique  et,  à  part  ce  que 
nous  venons  de  dire,  il  ne  nous  a  rien  été  transmis  à  pro- 
pos des  compositions  qu'il  entreprit  et  acheva  en  Italie. 
Les  auteurs  espagnols,  plus  explicites,  nous  parlent  avec 
de  grands  éloges  des  peintures  dont  il  orna  Séville  et  quel- 
ques localités  voisines.  D'après  eux  il  vécut  longtemps  dans 
la  capitale  de  l'Andalousie,  entouré  de  l'estime  générale, 
et  y  peignit  des  œuvres  d'une  extrême  importance.  En 
\dd%  il  exécuta  au  charbon  les  dessins  des  statues  desti- 
nées à  la  chapelle  royale  de  la  grande  église,  dessins  que 
le  chapitre  lui  paya  un  ducat  pièce  (1  ).  Si  l'on  en  croit  Lanzi, 
il  s'exerça  aussi  à  colorier  des  tableaux  de  petite  dimen- 
sion qui  furent  depuis  très-recherchés  par  les  Anglais  et 
regardés,  chez  nos  voisins  d'outre-mer,  comme  des  objets 
d'une  grande  rareté  et  d'un  prix  très-élevé. 

Les  guerres  dont  l'Espagne  a  été  le  théâtre,  pendant  les 
premières  années  de  ce  siècle,  et  les  querelles  intestines 
dont  ce  pays  eut  à  souffrir  au  début  du  règne  de  la  reine 
Isabelle  II,  ont  sans  doute  entraîné  la  destruction  et  la  dis- 
persion de  plusieurs  tableaux  de  Campana.  Il  n'est  donc 
pas  inutile  de  rappeler  ici  ceux  dont  on  a  constaté  l'exis- 


(1)  Bermudez,  /  c. 


/        R3  %3  W       \ 
(        ^ô       ) 

lence  au  siècle  dernier.  Si  quelque  jour  l'un  des  écrivains 
qui  s'attachent  à  l'étude  de  notre  ancienne  école  de  pein- 
ture visite  les  musées  et  les  églises  de  l'Espagne,  il  pourra 
probablement  retrouver  les  traces  des  compositions  dont 
il  est  fait  mention  dans  Bermudez  et  dans  Ponz  et  ajouter 
de  nouveaux  fleurons  à  la  gloire  de  notre  compatriote. 

Toutes  les  productions  de  Campana  sont  peintes  sur 
bois.  Elles  se  font  remarquer,  dit  Bermudez,  par  une 
grande  correction  de  dessin,  par  une  connaissance  appro- 
fondie de  l'anatomie  du  corps  humain  et  de  l'art  de  la  com- 
position, par  une  sage  entente  du  clair-obscur  et  parla  re- 
production fidèle  des  expressions  du  visage  et  des  attitudes. 
Habile  comme  portraitiste,  notre  Bruxellois  excellait  aussi 
à  retracer,  avec  une  douceur  et  un  naturel  exquis,  ces 
grandes  draperies  blanches,  qui  sont  recueil  ordinaire  des 
artistes  les  plus  habiles.  D'après  Pacheco,  il  exécutait  ses 
dessins  sur  du  papier  de  couleur,  et  la  céruse  lui  servait 
à  figurer  les  tons  clairs;  mais  Bermudez  combat  cette  asser- 
tion de  son  compatriote,  en  citant  un  dessein  de  sa  propre 
collection,  exécuté  au  crayon  noir  sur  papier  blanc  et  repré- 
sentant un  Christ  en  croix. 

Le  chef-d'œuvre  de  Campana,  une  Descente  de  croix, 
ornait  l'église  de  la  Sainte-Croix,  où  il  était  placé  dans  une 
chapelle  du  collatéral  de  droite.  Il  est  signé:  Hoc  opus  facic- 
bat  Petrus  Campaniensis  et  date  de  l'année  loi8.  Dans  le 
haut  du  tableau  les  saints  vieillards  soutiennent  le  corps 
du  Christ,  que  saint  Jean  l'évangéliste  reçoit  dans  ses  bras; 
au  premier  plan  la  Vierge  tombe  dans  les  bras  des  Maries. 
Tout,  dit  Bermudez,  est  admirable  dans  ce  tableau  :  com- 
position, clair-obscur,  effet,  expressions  données  aux  per- 
sonnages. C'est  la  meilleure  œuvre  du  peintre,  ajoute-t-il, 
et  on  peut  la  mettre  au  niveau  des  productions  des  pre- 


{  oo4  ) 
miers  maîtres  italiens.  Pour  exprimer  «  la  vive  expression, 
le  relief,  le  naturalisme  »  de  la  figure  du  Christ,  l'écrivain 
espagnol  Pacheco  (1)  dit  qu'en  la  contemplant  on  se  sent 
pris  d'épouvante.  D'après  lui  rien  n'est  plus  merveilleux  que 
le  groupe  des  trois  Maries,  où  la  mère  du  Seigneur  apparaît 
prête  à  rendre  le  dernier  soupir.  On  ne  saurait  donnera  la 
Madeleine,  qui  lève  les  yeux  au  ciel,  un  regard  plus  affligé, 
ni  imprimer  à  l'autre  Marie,  qui  contemple  la  Vierge,  un 
plus  vif  sentiment  de  compassion.  De  touchants  souvenirs 
s'attachent  à  cette  belle  composition  et  prouvent  de  quelle 
haute  estime  elle  était  entourée.  Murillo,  qui  vivait  environ 
un  siècle  après  Campana  et  qui  pourtant  connaissait  les 
œuvres  de  Rubens,  de  Van  Dyck,  de  Velasquez,  ses  immor- 
tels émules,  aimait  à  s'arrêter  devant  le  chef-d'œuvre  du 
vieux  maître  flamand.  Abîmé  dans  une  sorte  d'extase,  il  ne 
pouvait  se  résigner  à  s'en  séparer,  et  un  jour  qu'on  le  pres- 
sait de  quitter  l'église,  il  s'écria  :  «  J'attends  le  moment  où 
»  notre  divin  Seigneur  aura  été  entièrement  détaché  de  la 
»  croix  »  [riposta,  se  non  die  s  lai  a  attendendo  il  nioinento 
in  cui  finira  di  venir  già  délia  croce  quel  divino  Signore). 
Pour  donner  une  éclatante  et  dernière  preuve  de  son  en- 
thousiasme, Murillo  voulut  être  enterré  au  pied  de  cette 
Descente  de  croix ,  devant  laquelle,  pendant  sa  vie,  il  s'était 
si  souvent  agenouillé  et  qui  orne  aujourd'hui  la  cathédrale 
de  Séville. 

Bermudez  cite  encore  : 

Dans  la  même  église  de  la  Sainte-Croix,  au-dessus  de 
la  Descente  de  croix,  une  Sainte  face,  et  vis-à-vis,  un  Saint 
François. 


(1)  Cilépar  Poiu,  /.  c. 


/       *-*  V  ^"      \ 

(    0D£    ) 

A  la  cathédrale,  le  tableau  d'autel  de  la  chapelle  dite  du 
Mariscal  ou  Maréchal,  par  où  Ton  se  rendait  à  la  salle  du 
chapitre.  Le  panneau  principal  représente  la  Purification 
de  la  Vierge,  qui  est  traitée  dans  le  goût  flamand  et  la  plus 
remarquable  des  œuvres  du  peintre  comme  coloris;  au- 
dessus  on  voit  une  Résurrection,  et,  plus  haut  le  Christ  en 
croix  avec  la  Vierge  et  saint  Jean.  Les  volets  de  ce  tableau 
montrent  en  outre  saint  Jacques  à  cheval,  saint  Dominique, 
saint  lldephonse  et  saint  François,  et,  au  milieu  de  la  partie 
inférieure  ou  soubassement,  est  peinte  la  Dispute  avec  les 
docteurs.  Sur  les  côtés  se  trouvent  cinq  portraits  de  la  fa- 
mille Mariscal  et,  entre  autres,  de  don  Pedro,  le  fondateur 
de  la  chapelle. 

A  Saint-Isidore,  on  cite  un  Saint  Paul  ermite  et  un 
Saint  Antoine,  de  grandeur  naturelle,  dans  la  chapelle  du 
baptistère. 

A  Saint-Pierre,  sur  un  petit  autel  de  la  nef,  du  côté  de 
Févangiie,  Saint  Sébastien,  Saint  Jérôme  et  le  Seigneur 
attaché  à  la  colonne;  d'antres  peintures,  qui  étaient  égale- 
ment de  la  main  de  Campana,  n'existaient  plus  du  temps 
de  Bermudez. 

A  Sainte-Catherine,  à  l'autel  de  la  chapelle  du  sanc- 
tuaire, on  voit  un  Christ  à  la  colonne,  avec  saint  Pierre, 
sainte  Monique  et  d'autres  personnages  qui,  à  ce  que  l'on 
disait,  constituaient  des  portraits. 

A  San-Juan  de  la  Palma,  dans  le  collatéral  de  la  nef,  du 
côté  de  l'évangile,  un  Christ  en  croix,  avec  la  Vierge  et 
saint  Jean. 

Dans  l'église  du  faubourg  de  Triana,  cinq  panneaux 
placés  sur  le  maître-autel  formaient  une  grande  composi- 
tion retraçant  des  épisodes  de  la  vie  de  sainte  Anne,  pa- 
tronne de  l'église,  et  de  la  Vierge.  Le  panneau  du  milieu 


(  oo6  j 
offrait  l'image  de  saint  Georges,  à  qui  était  consacré  l'an- 
cien temple  de  la  localité. 

Dans  l'église  de  Notre-Dame,  à  Carmona,  un  petit  tableau, 
piacé  dans  la  partie  antérieure  de  l'édifice,  offrait  les  por- 
traits de  plusieurs  saints  et  des  épisodes  de  leurs  légendes. 

Ponz  ajoute  à  l'œuvre  de  Campana  des  peintures  sur 
toile,  placées  sur  le  maître-autel  de  l'église  des  pères  ter- 
tiaires de  San-Juan  d'Alfarache,  à  une  demi-lieue  de  Sé- 
ville;  mais  Bermudez  rejette  cette  attribution  et  restitue 
ces  tableaux  à  don  Juan  de  Castillo. 

Il  existe,  au  musée  de  Berlin,  un  tableau  de  Campana, 
représentant  la  Vierge  tenant  sur  ses  genoux  le  corps  du 
Christ. 

Les  écrivains  espagnols  terminent  les  précieux  rensei- 
gnements que  nous  leur  devons  en  disant  que  Campana 
retourna  à  Bruxelles,  où  il  mourut  en  l'an  1580  et  où  il 
jouissait  d'une  si  grande  considération  que  le  magistrat  fit 
placer  son  portrait  à  l'hôtel  de  ville.  L'incendie  de  cet  édi- 
fice lors  du  bombardement  de  1693,  incendie  qui  nous  a 
privés  de  la  plupart  des  objets  d'art  dont  s'enorgueillissait 
le  palais  de  la  commune  et  de  presque  toutes  les  anciennes 
archives  qui  y  étaient  conservées,  ne  nous  a  pas  permis  de 
vérifier  ce  qu'il  y  a  de  fondé  dans  cette  dernière  assertion; 
mais,  quant  au  retour  de  Campana  dans  sa  patrie,  il  est 
certain.  Jl  avait  déjà  eu  lieu  en  1565,  comme  en  témoigne 
une  résolution  des  magistrats  de  Bruxelles,  dont  voici  le 
texte  : 

«  Per  Tayc,  Brecht,  Noot,  Douvryn,  Oss,  Werve,  Ram- 
paert,  Brégilles,  Ifert,  Matons,  Diertyns,  Blare,  Irabrechts, 
Gheerts  ,  Diertyns  is  geraempt  onde  gesloten  dat  m  en  raecs- 
teren  Peeteren  De  Kempeneer,  schilderc,  van  der  stadtgoede- 


(  SS7  ) 

ren  jaerlycx  sal  belalcn  ende  vuylreycken  de  somme  van 
vyftich  Rinsguldenen,  gelyck  mecster  Michiel  Van  Cocxyen 
gehadt  heeft  voor  zynen  salaris  van  dat  by  aenveert  heeft 
tmaken  van  de  patrooncn  voor  de  tappissiers  descr  stadt,  ende 
dal  op  snlcke  condition  aïs  men  hem  geven  sa!.  Âctum  xxvin 
may  LXIII.  » 

«  Par  Taye,  etc.,  il  a  été  avisé  et  résolu  qu'on  donnera  et 
payera  tous  les  ans,  sur  les  revenus  de  la  ville,  à  maître 
Pierre  De  Kempeneer,  peintre,  la  somme  de  50  florins, 
comme  maître  Michel  Coxie  les  a  eus  pour  son  salaire  de  ce 
qu'il  a  entrepris  à  exécuter  les  patrons  (ou  dessins)  pour 
les  tapissiers  de  cette  ville,  et  cela  d'après  des  conditions 
qu'on  déterminera.  Fait  le  27  mai  1565.  » 

Ce  document  mérite  de  nous  arrêter  un  instant.  On  se 
rappellera  que  Bruxelles  fut  longtemps  célèbre  par  ses  ma- 
gnifiques tapisseries  de  haute  lice,  rivales  de  celles  d'Arras 
et  d'Audenarde,  et  dont  il  existe  de  splendides  spécimens 
dans  la  plupart  des  palais  royaux  ou  impériaux  de  l'Eu- 
rope. Cette  industrie,  qui  se  développa  surtout  au  quin- 
zième siècle  et  ne  disparut  qu'à  la  lin  du  dix-huitième, 
lorsque  l'usage  du  papier  à  meubler  vint  lui  donner  le 
coup  de  la  mort,  cette  industrie,  dis-je,  ne  pouvait 
marcher  sans  le  concours  des  peintres,  qui  fournissaient 
aux  tapissiers  des  modèles,  des  cartons,  pour  me  servir  de 
l'expression  consacrée.  Tous  les  grands  artistes  qui  ont 
lïeuri  à  Bruxelles,  à  partir  de  VanderWeyden  et  de  Bernard 
Van  Orîey,  ont  travaillé  dans  ce  genre.  La  résolution  dont 
je  viens  de  mentionner  le  texte  atteste  qu'il  en  fut  de  même 
de  Michel  Van  Cocxyen;  en  transmettant  l'allocation  dont 
celui-ci  avait  joui  à  Pierre  De  Kempeneer,  le  magistral  té- 
moignait suffisamment  du  mérite  de  ce  dernier.  Raison  de 


(  588  ) 

plus  pour  reconnaître  sous  ce  nom  ignoré  jusqu'aujour- 
d'hui l'artiste  qui  revint  alors,  couvert  de  gloire,  de  l'An- 
dalousie. 

Pierre  De  Kenipeneer  laissa  un  fils,  nommé  Jean-Bap- 
tiste, et  qui  ne  revint  pas  en  Belgique  avec  son  père.  Il 
exerça  aussi  la  profession  de  peintre,  mais  il  n'avait,  pa- 
raît-il, qu'un  talent  médiocre,  et  son  nom  ne  mérite  pas 
de  sortir  de  l'oubli  (1). 

J'ai  vainement  recherché  la  date  précise  de  la  mort  de 
Campana  et  le  lieu  où  il  fut  inhumé.  Jusqu'à  présent,  mal- 
gré d'activés  recherches,  ces  points  sont  restés  pour  moi 
insolubles.  Je  ne  désespère  point,  cependant,  de  les  résou- 
dre et  de  compléter,  à  l'aide  de  faits  nouveaux, ce  que  j'ai 
pu  vous  dire  aujourd'hui  de  la  famille  à  laquelle  apparte- 
nait Campana. 


—  Le  secrétaire  perpétuel  fait  connaître  que  Y  Annuaire 
de  l'Académie,  pour  1868,  pourra  paraître  vers  la  (in  de 
l'année;  mais  il  invite  les  auteurs  qui  ont  bien  voulu  pro- 
mettre des  notices,  sur  les  académiciens  décédés,  de  vou- 
loir bien  lui  faire  parvenir,  sans  retard,  leurs  manuscrits. 


(1)  Voyez  Nagler,  Kvnster  Lexicon ,  t.  II,  p.  508. 


(  m  ) 

CLASSE   DES    SCIENCES 


Séance  du  16  décembre  1867. 

M.  le  vicomte  Du  Bus,  président  de  l'Académie  et  di- 
recteur de  la  classe. 

M.  Ad.  Quetelet,  secrétaire  perpétuel. 

Sont  présents  :  MM.  d'Omalius.  C.  Wesmael ,  Slas,  de 
Koninck,  Van  Beneden,  de  Selys-Longchamps,  Nyst, 
Gluge,  Nerenburger,  Melsens,  Liagre,  Duprez,  Brasseur, 
Poelman,  Dewalque,  Ern.  Quetelet,  Spring,  Mans,  Gloe- 
sener ,  Candèze,  Coemans .  Donny,  membres  ;  Th.  Schwann , 
Lacordaire ,  associés. 


CORRESPONDANCE. 


Des  lettres  du  palais  expriment  les  regrets  du  Roi  et 
de  S.  A.  R.  le  comte  de  Flandre  de  ne  pouvoir  assister  à 
la  séance  publique  du  lendemain. 

M.  le  président  de  la  Chambre  des  représentants  re- 
mercie également  l'Académie  pour  l'invitation  qui  lui  a 
élé  adressée,  ainsi  qu'à  MM.  les  représentants,  d'assister  à 
la  séance  publique. 

M.  le  Ministre  adresse  une  expédition  de  l'arrêté  royal 
qui  décerne  à  M.  P.-J.  Van  Beneden  le  prix  quinquennal 
des  sciences  naturelles  de  la  période  1862-1860. 


(  oGO  ) 


ELECTIONS. 


La  classe  se  constitue  en  comité  secret  afin  de  procéder 
aux  élections. 

Pour  une  place  de  membre,  dans  la  section  des  sciences 
mathématiques  et  physiques,  par  suite  du  décès  de 
M.  Schaar,  M.  Charles  Montigny,  correspondant,  obtient 
la  majorité  des  suffrages.  Sa  nomination,  en  vertu  de  l'ar- 
ticle 7  du  règlement  général,  sera  soumise  à  l'approbation 
du  Roi. 

Pour  deux  places  d'associés  dans  la  même  section,  en 
remplacement  de  MM.  Bâche  et  Faraday,  décédés,  MM.  Ph. 
Gilbert,  professeur  à  l'Université  de  Louvain,  et  Jacobi  , 
membre  de  l'Académie  impériale  de  Saint-Pétersbourg, 
obtiennent  la  majorité  des  suffrages. 

Pour  une  place  de  correspondant  dans  la  même  section, 
M.  Éd.  Mailly,  aide  à  l'Observatoire  royal,  obtient  la  ma- 
jorité des  suffrages. 

Pour  une  place  de  correspondant  dans  la  section  des 
sciences  naturelles,  M.  Briart,  ingénieur  civil,  à  Marie- 
mont,  obtient,  après  trois  tours  de  scrutin,  la  majorité. 

D'après  les  usages  académiques,  la  proclamation  de  ces 
élections  aura  lieu  en  séance  publique. 


PRÉPARATIFS    DE    LA    SÉANCE    PUBLIQUE. 

La  classe  prend  les  dispositions  nécessaires  pour  sa 
séance  publique  du  lendemain  et  entend  successivement 
la  lecture  des  communications  de  MM.  le  v,c  Pu  Bus  et  Ad. 
Quetelet,  qui  feront  partie  du  programme  de  celte  séance. 


(  56i  ) 


CL/1SSE    DES   SCIENCES. 


Séance  publique  du  17  décembre  4861 . 

M.  le  vicomte  Du  Bus,  président  de  l'Académie  et  di- 
recteur de  la  classe. 

M.  Ad.  Quetelet,  secrétaire  perpétuel. 

MM.  Spring,  vice-directeur  de  la  classe  des  sciences,  et 
Roulez,  directeur  de  la  classe  des  lettres,  prennent  place 
au  bureau. 

Sont  présents  :  MM.  d'Omalius  d'Halloy,  C.  Wesmael, 
L.  de  Koninck,  P.-J.  Van  Beneden,  Edm.  de  Selys-Long- 
champs,  H.  Nyst,  Gluge,  Nerenburger,  Melsens,  Liagre, 
Duprez,  Brasseur,  Poelman,  Dewalque,  Maus,  Gloesener, 
Candèze,  Coemaus,  Donny,  membres;  Th.  Scbwann , 
Th.  Lacordaire,  E.  Catalan,  associés;  Bellynck,  Ed.  Mailly, 
correspondants. 

Assistent  à  la  séance  : 

Classe  des  lettres  :  MM.  M.-N.-J.  Leclercq,  Ch.  Faider, 
Ducpetiaux,  le  baron  Kervyn  de  Letteuhove,  Chalon , 
Th.  Juste,  le  général  Guillaume,  membres;  Nolet  de 
Brauwere  van  Steeland,  associé. 

Classe  des  beaux-arts  :  MM.  Al  vin,  Guill.  Geefs,  J.  Geefs, 
Ed.  Fétis,  Edm.  De  Busscher,  le  chevalier  L.  de  Burbure  , 
G.  de  Man ,  membres. 

2me  SÉRIE,  TOME  XXIV.  58 


(  562  ) 
Le  programme  de  la  solennité  avait  été  arrêté,  dès  la 
veille,  de  la  manière  suivante  : 

1°  Discours  de  M.  le  vicomte  B.  Du  Bus,  directeur  de 
la  classe,  sur  quelques  Mammifères  du  crag  d'Anvers; 

2°  Notice  sur  la  vie  et  les  travaux  d'A.  Timmermans, 
par  M.  Ad.  Quetelet,  secrétaire  perpétuel; 

o°  Proclamation  des  résultats  des  concours  et  des  élec- 
tions faites  ; 

4°  Rapport  présenté  au  nom  du  jury  chargé  de  décer- 
ner le  prix  quinquennal  des  sciences  naturelles  (4me  pé- 
riode); M.  Lacordaire,  associé  de  la  classe,  rapporteur. 

Le  directeur  de  la  classe,  M.  le  vicomte  B.  Du  Bus,  ou- 
vre la  séance  par  le  discours  suivant  : 

Sur  quelques  Mammifères  du  crag  d'Anvers,  par  M.  le 
vicomte  Du  Bus,  directeur  de  la  classe. 

Messieurs, 

• 

La  marche  progressive  et  rapide  de  nos  connaissances 
dans  l'histoire  des  êtres  organisés  n'est  pas  due  exclusi- 
vement aux  efforts  des  naturalistes,  elle  est  quelquefois 
aussi  le  résultat  de  circonstances  fortuites  ou  d'événe- 
ments dont  les  causes  lui  sont  tout  à  fait  étrangères.  C'est 
ainsi  que  les  travaux  d'agrandissement  de  la  place  d'An- 
vers, exécutés,  pendant  ces  dernières  années,  dans  un  mit 
unique  de  sécurité  et  de  défense  nationales,  ont  amené  la 
découverte  de  nombreux  débris  d'animaux  des  âges  anté- 
rieurs au  nôtre,  et  donné  une  vive  impulsion  aux  études 


(  563  ) 

des  paléontologistes  en  taisant  surgir  de  notre  sol  un  monde 
nouveau. 

Oii  n'ignorait  pas  auparavant  que  le  sol  d'Anvers  et  de 
ses  environs,  sur  les  deux  rives  de  l'Escaut,  à  plusieurs 
lieues  à  la  ronde,  recelait  de  grandes  richesses  paiéonto- 
logiques.  Les  animaux  invertébrés  des  couches  tertiaires, 
désignées  sous  le  nom  de  crag,  étaient,  pour  la  plupart, 
hien  connus,  parce  que,  formés  en  quelque  sorte  tout 
d'une  pièce  et  de  petite  dimension,  il  avait  suffi  de  fouilles 
faites  sur  un  étroit  espace  de  terrain  pour  en  découvrir  un 
assez  grand  nombre  pourvus  de  tous  leurs  caractères  dis- 
tinctifs. 

Il  n'en  était  pas  de  même  des  animaux  vertébrés.  Le 
crag  d'Anvers  étant  un  dépôt  marin,  on  n'y  rencontre  que 
d'anciens  habitants  des  mers  :  de  rares  débris  de  tortues 
marines,  des  poissons,  quelques  phoques  et  surtout  d'in- 
nombrables fragments  de  cétacés,  cette  grande  famille  qui 
renfermait  déjà  les  géants  de  la  faune  tertiaire,  comme  elle 
nous  offre  encore  aujourd'hui  ceux  de  la  faune  actuelle. 
L'énorme  dimension  de  la  plupart  de  ces  cétacés,  le  nom- 
bre considérable  de  pièces  dont  chacun  d'eux  se  compose, 
n'avaient  pas  permis  de  les  découvrir  dans  les  mêmes  con- 
ditions que  les  invertébrés  et  d'en  reconnaître  les  diffé- 
rentes espèces,  ainsi  que  leurs  affinités  entre  elles  et  leurs 
rapports  avec  les  animaux  analogues  existant  de  nos  jours. 
Grâce  aux  dernières  explorations  faites  sur  une  très-grande 
étendue  de  terrain  ,  nous  en  possédons  aujourd'hui  une 
immense  quantité  de  débris  dont  l'étude  ajoutera  beaucoup 
à  nos  connaissances  sur  leur  organisation.  C'est  de  ces 
mammifères  marins  seuls  que  je  me  propose  de  vous  entre- 
tenir aujourd'hui  pendant  quelques  instants. 

En  1774-,  le  baron  von  Hiipsch,  de  Cologne,  affirma  le 


(  564  ) 

premier  l'existence  de  cétacés  dans  le  sol  d'Anvers  (1). 
A  partir  de  cette  époque  jusqu'au  commencement  de  ce 
siècle,  quelques  savants,  parmi  ceux  qui  se  sont  occu- 
pés des  fossiles  de  notre  pays,  en  ont  également  signalé, 
non-seulement  à  Anvers,  mais  encore  dans  d'autres  loca- 
lités (2).  En  4812,  lors  de  la  construction  du  grand  bassin 
de  cette  ville,  on  découvrit  de  nombreux  ossements,  et 
notamment  des  parties  considérables  de  têtes  appartenant 
à  des  animaux  entièrement  inconnus  jusqu'alors.  Plusieurs 
de  ces  têtes  furent  déposées  au  Muséum  d'histoire  naturelle 
de  Paris,  où,  quelques  années  après,  l'illustre  Cuvier  (5) 
les  fit  connaître  sous  le  nom  générique  de  Ziphius,  et  leur 
assigna  la  place  qu'ils  doivent  occuper  parmi  les  cétacés. 
Depuis  plus  de  vingt  ans,  au  sein  même  de  cette  Aca- 
démie, on  a  appelé,  à  diverses  reprises,  l'attention  du 
monde  savant  sur  les  richesses  cétologiques  de  nos  ter- 
rains tertiaires.  Notre  savant  confrère,  M.  le  professeur 
Van  Beneden  en  particulier,  a  constaté  l'existence  de 
plusieurs  espèces  inédites  dans  les  différents  genres  de 
cette  grande  famille,  et  publié,  dans  le  recueil  de  nos  Mé- 


(1)  Beschreibung  einiger  neu  entdecklen  versteinlen  Tlieile  grosser 
Seethiere.  (Der  Naturforscher,  drilles  Stùck  (1794), p.  183.) 

(2)  De  Launay ,  Sur  l'origine  des  fossiles  accidentels  de  Belgique.  (Mé- 
moires de  l'Académie  de  Bruxelles,  tome  II  (1780),  p.  555.)  —  De  Witry, 
Sur  les  fossiles  du  Tournaisis.  (Mémoires  de  l'Académie  de  Bruxelles, 
tome  III  (1780),  p.  21.)  —  De  la  Jonkaire,  Notice  géologique  sur  les  envi- 
rons d'Anvers.  (Mémoires  de  la  Société  d'histoire  naturelle  de  Paris, 
tome  Ier  (18-25),  p.  117.)  —  Arnault,  Sur  des  ossements  fossiles  découverts 
dans  les  environs  d'Anvers.  (Annales  des  sciences  physiques,  tome  II 
(1819),  pp.  126  et  127.) 

(5)  Recherches  sur  les  ossements  fossiles ,  2e  édit.,  tome  V,  lre  partie 
(1825),  pp.  552-557. 


(  565  ) 

moires,  des  monographies  remarquables  et  complètes  sur 
le  beau  genre  des  Squalodons  (1)  et  sur  un  Zipkius  nou- 
veau. 

La  construction  des  fortins  autour  d'Anvers ,  exécutée  il 
y  a  quinze  ans,  celle  de  l'écluse  de  Kattendyck  en  aval  de 
la  ville,  et  plus  récemment  quelques  fouilles  faites  à  Saint- 
Nicolas  en  Flandre,  avaient  déjà  imprimé  une  certaine  acti- 
vité à  l'étude  des  fossiles  du  crag,  lorsque  les  gigantesques 
travaux  d'agrandissement  de  la  place  d'Anvers  sont  venus 
donner  une  nouvelle  impulsion  aux  travaux  paléontologi- 
ques  dans  notre  pays. 

Désormais,  à  côté  d'un  petit  nombre  de  phoques  et  de 
cétacés  connus  et  de  quelques  autres  simplement  indiqués 
par  les  paléontologistes,  mais  non  décrits,  viendront  se 
placer  des  espèces  toutes  nouvelles,  et  même  des  types 
qui  semblent  n'avoir  pas  de  représentants  dans  la  faune 
actuelle. 

Les  phoques  et  les  cétacés,  auxquels  on  a  donné  aussi  la 
dénomination  commune  de  Thalassothériens ,  paraissent 
avoir  été  plus  répandus  à  l'époque  tertiaire  qu'aujour- 
d'hui, si  l'on  admet  que  tous  ceux  dont  nous  trouvons  des 
débris  dans  notre  sol  ont  habité  ensemble  les  mêmes  pa- 
rages. Non-seulement  leurs  espèces  étaient  plus  nom- 
breuses, mais  leurs  types  étaient  plus  variés,  et  nous  y 
retrouvons  presque  tous  ceux  de  notre  époque. 

Moins  connus  encore  que  les  cétacés,  les  phoques  ont 
laissé  dans  nos  dépôts  pliocènes  des  débris  toujours  dissé- 
minés et  souvent  roulés.  On  les  trouve  dans  les  couches 
supérieures  du  crag.  Leurs  os,  en  grande  partie  très-com- 


(1)  Mémoires  de  l'Académie  royale  de  Belgique ,  t.  XXXV  (1865). 


(  366  ) 

pacts,  sont  ordinairement  bien  conservés,  mais  ceux  du 
crâne,  qui  sont  très-minces,  font  complètement  défaut. 
Quelques  dénis  et  deux  ou  trois  fragments  de  mâchoires 
inférieures  sont  les  seules  parties  de  tête  qui  ont  été  re- 
cueillies. 

Mon  intention,  Messieurs,  n'est  pas  de  vous  faire  con- 
naître dès  aujourd'hui  les  nombreuses  espèces  fossiles  de 
phoques  récemment  découvertes  dans  notre  pays,  mais  je 
ne  puis  m'cmpêeher  de  vous  en  signaler  un  type  géné- 
rique nouveau  et  extrêmement  remarquable.  On  a  trouvé, 
en  1865,  au  fort  de  Wyneghem,  dans  le  crag  supérieur, 
quelques  rares  fragments  de  divers  thalassothériens,  parmi 
lesquels  une  moitié  complète  de  mâchoire  inférieure,  qui 
ne  peut  être  attribuée  qu'à  un  animal  voisin  du  morse  et 
des  otaries,  mais  tout  différent  du  premier  par  ses  dents. 
L'ensemble  de  cette  mâchoire  rappelle  celle  du  morse,  mais 
elle  est  plus  allongée,  plus  courbée,  et  ses  apophyses  coro- 
noïde  et  angulaire  sont  plus  longues  et  moins  épaisses.  Elle 
porte  deux  incisives  cylindriques  et  tronquées,  une  canine 
de  médiocre  longueur,  un  peu  comprimée,  à  pointe  mousse, 
et  quatre  molaires  de  même  forme,  mais  plus  petites. 
A  l'extrémité  de  cette  mâchoire, le  côté  extérieur  du  bord 
dentaire  dépasse,  en  avant,  les  incisives  de  trois  centi- 
mètres et  y  forme  une  espèce  de  lèvre  osseuse  proéminente. 

La  dimension  de  cette  pièce  annonce  un  animal  d'une 
taille  supérieure  à  celle  du  morse  :  il  doit  avoir  eu  quatre 
à  cinq  mètres  de  longueur.  C'est  au  capitaine  du  génie 
Crets,  qui  a  dirigé  la  construction  du  fort  de  Wyneghem, 
que  nous  devons  la  conservation  de  ce  précieux  morceau  ; 
et  je  m'acquitte  avec  plaisir  d'un  devoir  de  gratitude  en 
donnant  à  l'espèce  le  nom  d' ' Alachtherium  Crelsii. 

Parmi  les  dauphins,  on  distingue  tout  d'abord  les  deux 


(  567  ) 
formes  principales  de  tête  qu'on  retrouve  encore  chez 
ceux  d'aujourd'hui  :  les  uns  à  museau  large  et  court,  garni 
d'un  petit  nombre  de  dents  plus  ou  moins  fortes,  les 
autres  à  museau  long,  étroit,  avec  un  grand  nombre  de 
petites  dents.  Les  os  du  crâne  et  surtout  du  museau  des 
premiers  sont  presque  toujours  fort  détériorés  et  mécon- 
naissables, mais  leurs  dents  se  sont  bien  conservées,  et 
quelques-unes  d'entre  elles  ont  des  dimensions  bien  su- 
périeures aux  plus  fortes  dents  des  dauphins  de  nos 
jours. 

On  a  recueilli  à  Borgcrhout  un  groupe  de  quarante-cinq 
dents  réunies  sur  un  petit  espace  de  terrain  ayant  toutes 
les  mêmes  caractères,  ne  différant  entre  elles  que  par  la 
dimension  et  appartenant  manifestement  à  un  même  in- 
dividu. Leur  longueur  varie  entre  vingt  et  vingt-quatre 
centimètres,  et  leur  plus  grande  circonférence  entre  qua- 
torze et  vingt-trois.  Elles  sont  en  cône  allongé  un  peu  rétréci 
à  sa  base,  légèrement  courbées,  surtout  vers  la  couronne 
dont  l'émail  est  strié  longitudinalement.  Elles  sont  creuses 
par  la  base  sur  les  deux  tiers  ou  les  trois  quarts  de  leur 
longueur.  Le  poids  des  plus  fortes  est  d'un  kilogramme  et 
demi. 

Le  nombre  de  ces  dents  exclut  toute  idée  qu'elles  au- 
raient appartenu  à  un  ziphius,  puisque  ces  animaux  n'en 
ont  jamais  qu'une  ou  deux  paires,  il  n'est  pas  à  supposer 
non  plus  que  ce  soient  des  dents  de  cachalot,  dont  elles 
n'ont  pas  les  caractères,  tandis  qu'elles  ressemblent  davan- 
tage à  celles  des  dauphins.  Il  est  donc  probable  qu'elles 
appartiennent  à  un  animal  de  cette  dernière  famille,  mais 
d'une  taille  bien  supérieure  aux  plus  grandes  espèces  de  nos 
jours.  On  sait  que  l'épaulard,  si  vorace  et  si  redoutable  aux 
mammifères  marins,  atteint  jusqu'à  sept  mètres  de  longueur. 


(  568  ) 

Quelle  idée  n'est-il  pas  permis  de  se  faire  de  notre  grand 
cétacé  d'Anvers,  lorsqu'on  réfléchit  que  ses  dents  ont  dix 
à  douze  fois  le  volume  de  celles  de  l'épaulard!  Je  pro- 
pose de  donner  à  cet  animal  le  nom  de  Scaldicetus  Caretti, 
en  l'honneur  du  capitaine  du  génie  Carette.  Cet  officier, 
pendant  le  temps,  malheureusement  trop  court,  qu'il  a 
dirigé  les  travaux  de  la  troisième  section  de  la  nouvelle 
enceinte  à  Borgerhout,  n'a  cessé  de  favoriser  de  tout  son 
pouvoir  les  explorations  faites  dans  un  but  scientifique,  et 
il  a  puissamment  contribué  à  enrichir  les  collections  paléon- 
toïogiques  de  l'État. 

Les  dauphins  à  rostre  long  et  mince  et  à  longue  sym- 
physe mandibulaire  se  rencontrent  également  dans  les 
terrains  pliocènes  d'Anvers,  et  presque  tous  dans  le  crag 
noir  ou  inférieur.  Il  y  en  a  de  plusieurs  espèces  et  de 
genres  différents.  Sous  le  nom  de  Delphi norhynque,  on  a 
désigné  des  dauphins  de  cette  catégorie,  soit  vivants,  soit 
fossiles;  malheureusement  les  débris  de  ces  derniers  que 
j'ai  pu  recueillir  ne  sont  pas  assez  complets  pour  constater 
si,  comme  je  le  suppose,  ils  diffèrent  génériquement  des 
premiers. 

Quoi  qu'il  en  soit,  une  circonstance  heureuse  a  permis  de 
conserver  presque  entière  une  tète  de  dauphin  offrant  un 
type  extrêmement  remarquable,  différant  des  delphinorhyn- 
ques  et  qui  n'a  probablement  pas  d'analogue  dans  la  faune 
actuelle.  Son  museau  est  excessi  vemen  t  allongé  et  mince  ;  sa 
longueur  égale  trois  fois  et  demie  celle  du  crâne,  prise  entre 
les  condyles  occipitaux  et  la  base  du  rostre.  Mais  le  carac- 
tère le  plus  distinctif  de  cet  animal  extraordinaire ,  c'est 
moins  la  longueur  de  cette  partie  de  la  tète  que  sa  consti- 
tution même.  Le  maxillaire  supérieur  ne  s'étend  que  jus- 
qu'aux trois  cinquièmes  de   la  longueur  du  rostre,  et  il 


(  569  ) 
porte  des  dénis  dans  toute  sa  longueur;  tandis  que  les 
deux  cinquièmes  antérieurs  sont  exclusivement  formés 
par  les  os  incisifs  ou  intermaxillaires,  qui  n'ont  pas  de 
dents,  comme  cela  arrive  presque  toujours  chez  les  dau- 
phins. Le  canal  dentaire  supérieur  persiste  néanmoins  dans 
toute  la  longueur  du  rostre,  et  la  série  des  alvéoles  se 
continue  également  a  la  surface  palatine,  jusqu'au  bout 
sans  interruption,  en  un  simple  sillon  alvéolaire.  Le  canal 
vomérien  est  large,  les  incisifs  et  les  maxillaires  réunis 
forment  une  espèce  de  trompe  dans  toute  leur  partie  ros- 
trale,  et  ils  sont  si  intimement  soudés  qu'il  est  très-diffi- 
cile de  bien  distinguer  leurs  connexions. 

Je  pense  avoir  reconnu  trois  ou  quatre  espèces  de  ce 
genre.  Celle  dont  il  vient  d'être  question  portera  le  nom 
à'Eurhinodelphis  Cocheteuxii.  En  dédiant  ce  beau  dauphin 
au  capitaine  Cocheleux ,  chargé  de  la  construction  du  fort 
du  Vieux-Dieu,  je  suis  heureux  de  reconnaître  les  services 
éminents  rendus  par  cet  officier  à  la  paléontologie.  C'est  à 
lui  (jue  nous  devons  non-seulement  l'espèce  qui  portera 
son  nom,  mais  encore  quelques  autres  parmi  les  plus  inté- 
ressantes. Grâce  à  son  énergie  et  à  son  dévouement  intelli- 
gent ,  il  a  été  possible  de  conserver  de  précieux  débris 
qui,  dans  d'autres  circonstances,  eussent  peut-être  été 
perdus  à  jamais. 

Les  ziphius  offrent  un  intérêt  d'autant  plus  vif  que  ceux 
de  la  faune  actuelle  sont  presque  tous  très-rares  et  peu 
connus.  A  l'état  fossile ,  les  rostres  de  ces  animaux  se  sont 
en  général  bien  conservés,  parce  qu'ils  sont  formés  pres- 
que entièrement  de  substance  osseuse  très-compacte  et  que 
les  pièces  qui  les  composent  sont  souvent  fort  épaisses. 
Quelques-uns  même  de  ces  rostres  ne  font  qu'une  seule 
masse  solide,  sans  aucune  cavité  à  l'intérieur.  Aussi  la 


(  570  ) 
fossilisation  complète  leur  a-t-elle  donné  un  poids  considé- 
rable. 

Deux  ziphius  fossiles  ont  été  décrits  pour  la  première 
fois,  il  y  a  près  d'un  demi-siècle,  par  G.  Cuvier,  sous  les 
noms  de  Ziphius  planirostris  et  de  Ziphius  longiros- 
tris  (1).  Le  premier  provenait  du  grand  bassin  d'Anvers, 
creusé  en  18 J  2,  et  le  second  était  d'origine  inconnue.  J'ai 
trouvé  à  Anvers  plusieurs  parties  considérables  de  tètes 
de  l'une  et  de  l'autre  espèce,  et  il  me  paraît  certain  aujour- 
d'hui que  le  Dioplodon  Becanii  (2),  qui  provient  égale- 
ment du  bassin  d'Anvers,  de  même  que  le  Belemnoziphius 
compressas  (5)  du  crag  rouge  de  Suffolk  en  Angleterre  sont 
identiques  avec  le  Ziphius  longiroslris  de  Cuvier. 

Obligé  de  me  livrer  à  l'examen  d'une  énorme  quantité 
de  débris  fossiles,  l'expérience  m'a  démontré  que,  parmi 
les  ziphius,  il  y  a  souvent  une  assez  grande  différence  entre 
les  individus  d'une  tttême  espèce.  Lorsqu'on  ne  connaît 
que  des  fragments  d'un  petit  nombre  de  ces  animaux,  on 
est  facilement  enclin  à  multiplier  les  distinctions  spécifi- 
ques; mais  lorsqu'on  est  en  mesure  d'en  observer  une 
grande  quantité,  on  hésite  longtemps;  et  si,  avant  de  se 
prononcer,  on  éprouve  le  besoin  de  s'imposer  un  très- 
long  et  très-pénible  labeur,  on  peut  aussi  espérer  d'éviter 
en  partie  les  erreurs  si  faciles  à  commettre  en  semblable 
matière. 


(i)  Recherches  sur  les  ossements  fossiles,  2e  édition  ,  tome  V,  lrc  part. 
(18-25),  pp.  352-337. 

(•_>)  Van  Heneden,  Bulletins  de  l'Académie  royale  de  Belgique,  tome  XlIJ 
(1818) ,  lrc  part.,  p.  '258.  -  Gervais,  Zoologie  et  Paléontologie  françaises, 
2*  édit.,  p.  2'JO,  pi.  38,  fig.  -i. 

(3)  Hu\ley,  Proceedings  of  the  Geological  Society,  tome  XX  (1864), 
pp   588  et  suiv,  pi.  10. 


(  571  ) 

Les  ziphius  ne  sont  pas  moins  abondants  clans  le  crag 
d'Anvers  que  les  dauphins,  et  aux  espèces  aujourd'hui 
connues,  je  compte  en  ajouter  bientôt  moi-même  plusieurs 
autres  que  je  crois  inédiles.  Chez  la  plupart  d'entre  elles, 
les  os  incisifs,  de  forme  très-variable,  contribuent  beaucoup 
à  donner  au  rostre  sa  physionomie  propre.  Us  sont  très- 
souvent  plus  développés  en  épaisseur,  dans  leur  partie 
rostrale,  que  ceux  des  ziphius  vivants,  et  chez  toutes  les 
espèces  que  j'ai  recueillies,  sauf  celles  où  le  canal  vomé- 
rien  est  entièrement  osseux,  leurs  bords  internes  se  joi- 
gnent tantôt  pour  se  souder  ensemble,  tantôt  pour  de- 
meurer exactement  appliqués  l'un  contre  l'autre  sans  se 
souder  jamais. 

Les  cétacés  de  cette  famille  n'ont  de  dents  qu'à  la  mâ- 
choire inférieure  et  jamais  plus  d'une  ou  deux  paires.  Ces 
dents  sont  de  formes  très-diverses  et  souvent  difficiles  à 
distinguer  de  celles  des  dauphins,  d'autant  plus  que  les 
espèces  fossiles  de  l'une  et  de  l'autre  famille  sont  nom- 
breuses, variées  et  peu  connues. 

Les  ziphius  se  rencontrent  dans  les  couches  supérieures 
du  crag  souvent  remaniées,  et  leurs  débris  sont  presque 
toujours  disséminés.  Parmi  les  dents  recueillies,  il  en  est 
qu'on  peut  attribuer  avec  raison  à  des  animaux  de  cette 
famille,  et  il  est  très-probable  que  la  plupart  appartien- 
nent à  des  espèces  dont  nous  possédons  des  parties  de 
tètes  qui  serviront  à  établir  de  bons  caractères  spécifiques. 
Laden-t  la  plus  remarquable  par  sa  dimension  mesure  vingt- 
quatre  centimètres  de  longueur  totale,  et  autant  dans  sa 
plus  grande  circonférence.  Elle  est  fusiforme,  plus  amincie 
à  sa  base  qu'à  son  sommet,  entièrement  pleine?  légèrement 
courbée  aux  extrémités,  à  couronne  fort  obtuse,  dépourvue 
d'émail  et  usée  en  biseau.  Elle  pèse  un  kilogramme  et 


(  o72  ) 
demi.  Elle  n'a  été  rencontrée  que  dans  le  crag  gris,  et, 
circonstance  importante,  isolée  ou  par  paires.  Sa  dimen- 
sion ne  permettant  pas  de  l'attribuer  à  aucun  des  ziphius 
dont  il  existe  des  fragments  de  tètes,  elle  doit  être  consi- 
dérée comme  représentant  une  espèce  particulière  ta  laquelle 
je  donnerai  le  nom  tYEucetus  amblyodon. 

De  tous  les  cétodonles  ou  cétacés  qui  portent  des  dents, 
un  des  types  les  plus  extraordinaires  est  à  coup  sûr  celui 
des  cachalots.  Des  fragments  se  rapportant  à  des  animaux 
de  cette  famille  n'ont  été  trouvés,  à  ma  connaissance, 
qu'en  très-petit  nombre.  Parmi  les  dents,  il  n'y  en  a  pas 
qui  aient  positivement  la  forme  de  celles  des  cachalots, 
mais  il  y  a  des  vertèbres  qui  méritent  ici  une  mention  par- 
ticulière. 

Les  cervicales  fournissent  dans  tous  les  cétacés  des  carac- 
tères très-distinctifs,  non-seulement  par  leur  forme,  mais 
aussi  par  la  nature  de  leurs  connexions.  Les  vrais  cacha- 
lots de  la  l'aune  actuelle  ont  l'atlas  libre,  et  toutes  les 
autres  cervicales  soudées  ensemble  par  leurs  corps  aussi 
bien  que  par  leurs  apophyses.  Or,  à  diverses  reprises,  on  a 
trouvé  à  Anvers  des  cervicales  soudées,  sauf  l'atlas,  ne 
formant  qu'une  seule  masse  où  il  est  quelquefois  difficile 
de  distinguer  le  véritable  nombre  des  vertèbres.  Au  fort 
de  Wilryck,  en  1861 ,  on  a  recueilli  quatorze  vertèbres  d'un 
même  individu ,  parmi  lesquelles  des  cervicales  :  un  atlas 
libre,  et  les  cinq  suivantes  intimement  soudées;  mais  ni 
dents,  ni  fragments  de  tète.  Quoique  le  nombre  des  ver- 
tèbres soudées  ne  soit  que  de  cinq  au  lieu  de  six,  il  me 
paraît  que  l'animal  auquel  elles  appartiennent  doit  être 
rapproché  des  cachalots,  avec  lesquels  il  a  beaucoup  d'af- 
finité, non-seulement  par  le  mode  d'union  des  cervicales, 
mais  aussi  par  leur  forme.  Je  propose  de  lui  donner  le  nom 


(  575  ) 
iVHomœocetus  Villersii,en  mémoire  de  feu  le  capitaine  De 
Villers,  qui  a  dirigé  les  travaux  du  fort  de  Wilryck  et  aux 
bons  soins  duquel  nous  devons  la  conservation  de  ces  dé- 
bris d'autant  plus  intéressants  qu'il  n'ont  pas,  que  je  sache, 
été  retrouvés  ailleurs. 

La  grande  famille  des  baleines  vient  clore  la  série  des 
mammifères  marins  dont  on  a  trouvé  des  débris  dans  le 
crag  d'Anvers.  Leurs  espèces,  quant  au  nombre  et  à  la  va- 
riété, peuvent  être  comparées  à  celles  des  autres  thalas- 
solbériens  de  la  même  provenance.  Elles  sont  toujours  de 
grande  taille,  et  aucun  fragment  n'autorise  à  croire  qu'il 
en  existât,  pendant  la  période  tertiaire,  de  plus  grandes 
qu'aujourd'hui.  On  en  trouve  des  débris  dans  les  diffé- 
rentes couches  du  crag,  mais  certaines  parties  caractéris- 
tiques de  la  tête  sont  presque  toujours  détruites.  Heureu- 
sement les  os  de  l'oreille  et  les  maxillaires  inférieurs  sont 
souvent  dans  un  bon  état  de  conservation,  et  quelquefois 
presque  entiers.  Ces  pièces,  ainsi  que  les  vertèbres  de  la 
région  cervicale,  devront  principalement  nous  servir  de 
guide  pour  distinguer  les  genres  et  les  espèces. 

On  peut  reconnaître  par  la  caisse  auditive,  ainsi  que  par 
le  rocher  et  ses  apophyses,  qui  fournissent  de  bons  carac- 
tères, que  le  type  de  notre  baleine  franche  avait  des  re- 
présentants pendant  la  période  tertiaire.  Cette  opinion  est 
confirmée  par  la  présence  d'autres  fragments  non  moins 
caractéristiques,  notamment  des  vertèbres  de  la  région 
cervicale,  toutes  soudées  entre  elles,  et  dont  la  forme  rap- 
pelle tout  à  fait  celles  de  la  baleine  franche  de  la  mer 
Polaire.  Il  y  en  avait  plusieurs  espèces  de  taille  différente, 
que  je  désignerai  sous  le  nom  générique  de  Protobalœna. 

Les  ptérobaleines  se  retrouvent  aussi  à  Anvers,  où  il  en 
existe  beaucoup  de  débris  appartenant  à  un  certain  nombre 


(  374  ) 

d'espèces  distinctes.  M.  Van  Eeneden  leur  a  donné  le  nom 
de  Flesiocetus  (1).  Les  plus  grandes  ne  dépassent  pas  la 
taille  des  ptérobaleines  de  nos  jours,  et  certains  fragments 
portent  à  croire  que  les  plus  petites  avaient  à  peine  cinq 
mètres  de  longueur  totale.  À  défaut  de  portions  considé- 
rables de  tête,  l'oreille  osseuse  et  surtout  les  vertèbres 
cervicales,  toutes  libres,  permettront  aussi  de  les  distin- 
guer. 

Je  viens  de  vous  exposer,  Messieurs,  aussi  succincte- 
ment que  possible,  les  principaux  résultats  des  fouilles 
d'Anvers  concernant  les  mammifères  marins  que  renferme 
ce  riche  dépôt  de  la  période  tertiaire.  J'ai  dû  me  borner  à 
vous  en  signaler  un  petit  nombre  parmi  les  plus  remarqua- 
bles, mais  j'espère  qu'il  me  sera  donné  de  vous  communi- 
quer des  travaux  plus  complets  sur  cette  matière. 

Le  nombre  des  espèces  de  cétacés  seulement  s'élève  à 
près  de  quarante,  dont  un  quart  à  peine  est  aujourd'hui 
connu.  Il  y  en  a  dont  nous  possédons  des  parties  de  sque- 
lettes et  surtout  de  tètes  assez  complètes  pour  les  décrire 
à  peu  près  comme  si  elles  appartenaient  à  des  animaux 
vivants;  mais  la  plupart  ne  nous  offrent  que  des  débris 
suffisants  pour  prouver  incontestablement  l'existence  des 
espèces,  sans  permettre  de  bien  faire  connaître  l'ensemble 
de  leurs  caractères  et  de  leurs  affinités. 

Les  ossements  du  crag  ne  se  rencontrent  pas  toujours 
dans  les  mêmes  conditions.  Dans  toutes  les  couches,  on  les 
trouve  ordinairement  disséminés,  brisés,  roulés  et  portant 
quelquefois  des  traces  d'un  séjour  prolongé  dans  les  eaux 
de  la  mer,  comme  des  bases  adhérentes  de  balanes  ou  de 


(1)  Bulletins  de  V Académie  royale  de  Belgique,  2me  série,  tome  VIII 
(18;-)P),  p.  239. 


(  375  ) 
polypiers.  Très-souvent  on  trouve  confondus  pêle-mêle  des 
fragments  de  différentes  espèces  de  baleines,  de  ziphius, 
de  dauphins  et  même  de  phoques.  Ce  n'est  que  par  excep- 
tion que  l'on  découvre  des  groupes  isolés  d'ossements  ap- 
partenant à  un  même  individu,  et  le  plus  souvent  c'est 
dans  le  crag  noir  ou  inférieur. 

Toutefois,  la  grande  étendue  des  terrains  fouillés  a  per- 
mis de  réunir  une  énorme  quantité  de  matériaux ,  dont  le 
triage  et  l'examen  ,  opérés  avec  discernement ,  produiront 
un  ensemble  d'une  richesse  incomparable  ;  et  je  ne  crains 
pas  d'affirmer  aujourd'hui  que  la  collection  des  thalasso- 
thériens  fossiles  du  Musée  royal  de  Belgique  sera,  non- 
seulement  la  plus  riche  de  l'Europe,  mais  probablement 
plus  riche  à  elle  seule  que  toutes  les  collections  publiques 
de  l'Europe  réunies. 

Et  pourtant  ces  fouilles  sont  loin  d'avoir  donné  tout  ce 
qu'il  eût  été  permis  d'en  espérer,  si  elles  avaient  été  faites 
expressément  en  vue  des  découvertes  paléonlologiques.  II 
est  facile  de  comprendre  que  des  travaux  aussi  gigantes- 
ques exécutés  simultanément,  avec  la  plus  extrême  rapi- 
dité, sur  une  étendue  de  plusieurs  lieues,  ne  pouvaient 
être  interrompus  ou  ralentis  toutes  les  fois  que  la  pioche 
des  ouvriers  ramenait  à  la  surface  quelque  débris  orga- 
nique. D'une  part,  des  milliers  de  travailleurs  civils  ou 
militaires  creusant  le  sol  à  la  fois,  tous  pressés  d'atteindre 
le  but  essentiel  de  la  grande  entreprise,  travaillant  souvent 
à  la  tache  et,  par  conséquent,  intéressés  à  ne  pas  perdre 
un  seul  moment;  d'autre  part,  au  milieu  de  trouvailles 
importantes,  de  fréquentes  interruptions  des  fouilles  ré- 
sultant des  besoins  du  service,  ou  bien  l'obligation  de 
s'arrêter  au  pied  d'une  escarpe  ou  au  fond  d'un  fossé  au 
niveau  dos  eaux;  tous  ces  obstacles,  et  d'autres  encore  que 


(  576  ) 
je  ne  veux  pas  rappeler  ici,  n'ont  pas  permis  aux  travail- 
leurs de  la  science,  malgré  le  bon  vouloir  des  officiers  du 
génie  auquel  je  me  plais  à  rendre  hommage,  d'atteindre 
complètement  le  but  de  leurs  efforts,  et  leur  ont  fait 
éprouver  quelquefois  la  plus  amère  déception. 

Cependant,  Messieurs,  gardons-nous  de  nous  abandon- 
ner à  de  stériles  regrets  :  le  mal  n'est  pas  irréparable.  La 
voie  est  ouverte  aux  explorations  ultérieures.  Le  grand 
obstacle  aux  recherches  faites  dans  le  seul  but  de  découvrir 
des  fossiles,  c'est  évidemment  la  dépense  énorme  résultant 
du  déblai  des  terrains  supérieurs  au  crag,  sans  compensa- 
tion possible  dans  la  valeur  vénale  des  objets  recueillis.  Or, 
la  plupart  des  découvertes  ayant  été  faites  dans  les  fossés 
existants  et  souvent  à  leur  plus  grande  profondeur,  il  est 
évident  que,  sous  le  plafond  même  de  ces  fossés,  il  existe 
encore  de  grandes  richesses  paléontologiques;car  la  couche 
du  crag  est  puissante  partout  et  n'a  été  fouillée  complète- 
ment nulle  part.  Dans  une  grande  partie  de  la  nouvelle 
enceinte,  et  c'est  précisément  celle  où  il  est  permis  d'es- 
pérer encore  la  plus  abondante  récolte,  les  eaux  sont  main- 
tenues au  moyen  de  balardeaux  et  d'écluses  par  où  elles 
s'écouleraient  aisément.  Ces  eaux  étant  baissées,  il  suffirait 
d'un  petit  nombre  d'ouvriers  intelligents  pour  fouiller  le 
fond  des  fossés  en  prenant  toutes  les  précautions  conve- 
nables afin  de  ne  nuire  en  rien  au  constructions  militaires. 
Une  simple  machine  d'épuisement,  comme  celles  qui  ont 
fonctionné  pendant  le  cours  des  travaux  d'agrandissement, 
suffirait  amplement  pour  extraire  les  eaux  des  excavations 
faites  momentanément  en  faveur  des  explorations  scienti- 
fiques, et  permettrait  aux  ouvriers  de  fouiller  le  crag  à 
une  certaine  profondeur.  La  dépense  serait  minime  en 
raison  du  grand  résultat  qu'il  est  permis  d'en  attendre. 


(  §77  ) 
Je  fais  les  vœux  les  plus  ardents  pour  l'exécution  de  celte 
belle  entreprise  qui  donnerait  aux  collections  de  l'État, 
déjà  si  riches,  le  plus  magnifique  complément  et  ferait 
faire  à  la  science  de  nouveaux  progrès.  Cette  noble  tache, 
il  n'est  pas  au  pouvoir  d'un  particulier  de  l'accomplir  :  elle 
est  digne  d'un  gouvernement  éclairé. 


M.  Ad.  Quetelet  a  donné  ensuite  lecture  à  l'assemblée 
d'une  notice  retraçant  la  vie  et  les  travaux  d'Alexis  Tim- 
mermans,  membre  de  la  classe,  décédé  le  2  septembre 
1864.  Ce  travail,  destiné  à  V Annuaire  de  1868,  prendra 
place  dans  ce  recueil. 

CONCOURS  DE  1867. 

Six  questions  avaient  été  inscrites  au  programme  du  con- 
cours annuel  de  la  classe.  Aucun  travail ,  ayant  pour  objet 
de  résoudre  les  questions  proposées,  ne  lui  est  parvenu. 

Ainsi  que  le  prescrit  l'article  7  du  règlement  sur  les  prix 
quinquennaux,  institués  parle  Gouvernement,  la  classe 
avait  à  proclamer  le  succès  obtenu  par  un  de  ses  membres, 
M.  Pierre-Jean  Van  Beneden,  auquel  le  jury  a  décerné, 
une  seconde  fois,  le  prix  quinquennal  des  sciences  natu- 
relles pour  son  ouvrage  :  Sur  les  Polypes  du  littoral  de  la 
Belgique,  ouvrage  publié  pendant  la  4e  période  qui  s'est 
écoulée  entre  les  années  1862  à  1866. 

De  vifs  applaudissements  ont  accueilli  celte  communi- 
cation. 

M.  le  secrétaire  a  proclamé  ensuite  les  élections  faites 
dans  la  séance  d'hier  (voir  page  560). 

2me  SÉRIE,  TOME  XXIV.  59 


(578) 
M.  Lacordaire,  associé  de  la  classe,  a,  en  dernier  lieu, 
donné  lecture  du  rapport  qu'il  a  rédigé  au  nom  du  jury 
chargé  de  décerner  le  prix  quinquennal  des  sciences  na- 
turelles, rapport  adressé  à  M.  le  Ministre  de  l'intérieur  et 
dont  nous  venons  de  faire  connaître  déjà  les  conclusions. 
Voici  la  teneur  de  ce  document  : 

Monsieur  le  Ministre, 

Le  rapport,  qu'a  l'honneur  de  vous  adresser  le  jury 
nommé  par  arrêté  royal  pour  juger  les  ouvrages  sur  les 
sciences  naturelles,  qui  ont  paru  pendant  la  dernière  pé- 
riode quinquennale,  devrait  vous  être  parvenu  depuis  plu- 
sieurs semaines.  Le  retard  qu'a  éprouvé  son  envoi  vient, 
circonstance  honorable  pour  le  pays,  du  nombre  des  tra- 
vaux de  mérite  qu'a  vus  naître  cette  période.  Ce  n'est 
qu'après  une  laborieuse  discussion  que  le  choix  du  jury 
s'est  définitivement  fixé  sur  le  Mémoire  qu'a  publié,  à  la 
fin  de  l'année  dernière,  M.  le  professeur  Van  Beneden, 
sous  le  titre  de  :  Recherches  sur  la  faune  littorale  de  la 
Belgique. 

Avant  de  vous  rendre  compte,  Monsieur  le  Ministre,  de 
ce  remarquable  travail,  ce  n'est  que  justice  de  ne  pas  lais- 
ser dans  un  oubli  complet  ceux  qui  n'ont  pas  obtenu  le 
prix.  Leurs  auteurs,  MM.  Dupont,  Chapuis  et  Candèze, 
tous  membres  de  l'Académie  de  Belgique,  trouveront  dans 
cette  mention  officielle  une  compensation  au  rang  secon- 
daire que  le  jury  a  cru  devoir  leur  assigner. 

M.  Dupont  qui,  depuis  quelques  années,  explore  avec 
tant  d'intelligence,  sous  le  patronage  du  gouvernement, 
les  cavernes  à  ossements  de  la  province  de  Namur,  n'est 
pas  seulement  un  paléontologiste  distingué;  la  géologie 


(  579  ) 
du  pays  lui  doit  une  découverte  qui  a  fait  sensation  lors- 
qu'il l'a  publiée.  On  sait,  depuis  longtemps,  que  le  sud-est 
de  la  Belgique  est  formé  de  couches  de  nature  diverse, 
plus  ou  moins  redressées  et  paraissant  se  succéder  d'une 
façon  très-irrégulière.  Dans  un  mémoire,  publié  en  1850, 
Dumont  avait  fait  connaître  que  ce  désordre  apparent  était 
l'effet  du  plissement  d'un  petit  nombre  de  systèmes  de 
terrains.  Parmi  ces  derniers,  il  en  est  un  qu'il  a  nommé 
calcaire  supérieur  ou  condrusien,  mais  que  les  géologues 
actuels  appellent  calcaire  carbonifère  ou  calcaire  houiller. 
Dumont  n'avait  pas  é(é  sans  reconnaître  quelques  diffé- 
rences entre  ses   parties  inférieure,  moyenne  et  supé- 
rieure; toutefois,  il  ne  s'était  pas  occupé  de  la  répartition 
de  ces  trois  divisions  sur  la  surface  du  pays.  Aussi  était-il 
admis  généralement  que  ce  calcaire  constitue  une  nappe 
uniforme  qu'a  brisée  le  plissement  général  auquel  elle  a 
été  soumise. On  fut  donc  surpris  lorsque,  en  1862,  M.  Du- 
pont, dans  un  mémoire  présenté  à  l'Académie  de  Belgique, 
annonça  qu'il  avait  distingué  dans  cette  nappe,  réputée 
homogène,  six  assises  successives,  offrant  des  caractères 
minéralogiques  et  paléonlologiques  particuliers;  de  plus, 
que  ces  assises  ne  s'étaient  pas  étendues  régulièrement  sur 
la  contrée  qu'elles  occupent,  mais  s'étaient  déposées  sous 
la  forme  de  boudins  dont  plusieurs  manquent  dans  la  plu- 
part d'entre  elles.  Une  opinion  si  nouvelle  trouva  d'autant 
plus  d'incrédules  qu'il  était,  pour  ainsi  dire,  impossible 
d'en  vérifier  l'exactitude,  tant  est  grand  le  désordre  que 
présentent  ces  assises  et  dont  l'un  des  effets  est  de  mettre, 
à  chaque  instant,  en  contact  immédiat  celles  dont  la  for- 
mation remonte  à  des  époques  très-différentes.  Dans  cet 
état  de  l'opinion  des  géologues,  M.  Dupont  a  senti  qu'il 
devait  les  mettre  à  même  de  contrôler  ses  assertions.  C'est 


(  580  ) 
dans  ce  but  qu'il  a  présenté  à  l'Académie,  en  1864,  une 
carte  géognostique  des  environs  de  Dinant,  accompagnée 
des  coupes  nécessaires  pour  mettre  en  évidence  l'état  ac- 
tuel des  couches  signalées  par  lui. 

Ce  travail  stratigraphique,  qu'un  membre  du  jury,  géo- 
logue éminent,  déclare  être  un  des  plus  remarquables  qui 
aient  été  publiés  jusqu'ici,  n'a  pas  encore  été  soumis  à  la 
discussion  par  ses  juges  compétents.  En  l'absence  de  cette 
épreuve,  plus  nécessaire  peut-être  en  géologie  que  partout 
ailleurs,  le  jury  n'a  pas  pu  aller  plus  loin  que  de  rendre 
hommage  au  talent  dont  il  est  la  preuve  incontestable. 

L'ouvrage  de  M.  le  docteur  Chapuis  est  une  Monogra- 
phie des  Platypides,  publiée  par  la  Société  royale  des  sciences 
de  Liège, en  1865,  et  qui  forme  le  tome  XIX  des  Mémoires 
de  ce  corps  savant. 

Les  Platypides  sont  de  petits  coléoptères  appartenant  à 
la  famille  des  scolytides,  l'une  des  plus  nuisibles  parmi  les 
insectes,  toutes  ses  espèces,  à  l'état  de  larve,  criblant  de 
leurs  galeries  le  tronc  et  les  branches  des  arbres,  amenant 
ainsi  peu  à  peu  leur  mort,  et  par  là  causant  quelquefois 
des  pertes  énormes  à  l'industrie  forestière.  Ce  sont  eux 
dont  les  ravages  dans  le  Parc  de  Bruxelles  ont  attiré,  il  y 
a  quelques  années,  l'attention  du  gouvernement  et  de 
l'administration  communale.  M.  Chapuis  ne  les  a  envisagés 
qu'au  point  de  vue  systématique,  et  il  se  propose  d'en 
publier  une  monographie  complète.  Les  platypides  par 
lesquels  il  a  commencé,  sont  presque  étrangers  à  l'Europe, 
mais  ils  sont  assez  nombreux  dans  les  pays  chauds,  et 
M.  Chapuis  a  ajouté  193  espèces  nouvelles  aux  neuf  qu'on 
connaissait  avant  lui.  Son  travail  est  accompagné  de  vingt- 
quatre  planches  dessinées  par  lui-même  et  sur  lesquelles 
sont  admirablement  représentés  les  deux  sexes,  souvent 


(  381  ) 
fort  différents  entre  eux,  de  presque  toutes  les  espèces. 
Cet  ouvrage  est  placé  très-haut  dans  l'opinion  des  ento- 
mologistes. 

C'est  également  une  famille  de  coléoptères  qui  fait  l'ob- 
jet de  la  Monographie  des  Elatérides  de  M.  le  docteur  Can- 
dèze,  ouvrage  dont  la  rédaction  a  coûté  dix  années  d'études 
à  son  auteur.  Il  ne  s'agit  plus  ici ,  en  effet ,  de  200  espèces, 
mais  d'environ  2000.  Aussi  cette  monographie  ne  forme- 
t-elle  pas  moins  de  quatre  volumes  publiés,  comme  le  pré- 
cédent, par  la  Société  royale  des  sciences  de  Liège,  et  dont 
les  deux  derniers  ont  paru  dans  le  cours  de  la  période 
quinquennale  actuelle. 

11  n'est  personne  qui  n'ait  eu  l'occasion  de  voir  ces  sin- 
guliers coléoptères  qui,  placés  sur  le  dos,  impriment  à 
leur  corps  une  immobilité  et  une  rigidité  subites;  puis, 
se  débandant  comme  un  ressort ,  sont  lancés  en  l'air  à  une 
certaine  hauteur,  manège  qu'ils  recommencent  jusqu'à  ce 
qu'ils  soient  retombés  dans  leur  position  naturelle.  Ce  sont 
les  elatérides,  groupe  dont  les  espèces  sont  nombreuses 
en  Europe,  mais  bien  plus  encore  dans  les  pays  chauds. 
Leur  classification  présente  des  difficultés  spéciales  par 
suite  de  l'homogénéité  de  leur  organisation.  M.  Candèze 
les  a  surmontées  avec  une  supériorité  réelle,  et  il  eût  peut- 
être  obtenu  le  prix,  sans  une  considération,  qui  a  eu  une 
influence  sérieuse  sur  la  majorité  des  membres  du  jury. 

Sans  méconnaître  l'importance  et  la  nécessité  absolue 
des  travaux  qui  ont  pour  but  la  distinction  des  espèces,  la 
détermination  de  leurs  iimites  et  celle  de  la  place  relative 
qu'elles  doivent  occuper  dans  la  méthode,  les  membres  du 
jury  ont  pensé  que,  dans  l'état  actuel  de  la  science,  il  existe 
certains  groupes  d'animaux  chez  lesquels  l'étude  des  or- 
ganes et  de  leurs  fonctions  est  un  besoin  plus  pressant 
que  leur  arrangement  systématique. 


(  582  ) 

Les  caractères  externes,  c'est-à-dire  zoologiques,  suf- 
fisent pour  classer  les  insectes;  il  est  absolument  impos- 
sible d'en  faire  autant,  d'une  manière  rationnelle,  pour  les 
animaux  inférieurs,  sans  connaître  leur  organisation  in- 
terne. Ici  l'anatomie  et  la  zoologie  se  donnent  intimement 
la  main,  et  la  première  doit  précéder  la  seconde,  afin  de  lui 
servir  de  point  d'appui  A  quoi  l'on  peut  encore  ajouter 
que  les  difficultés  s'accroissent  à  mesure  qu'on  descend 
plus  bas  dans  l'échelle  des  êtres.  Ce  sont  ces  raisons  qui 
ont  fait,  en  partie,  pencher  la  balance  en  faveur  du  travail 
de  M.  Van  Beneden,  dont  il  reste  maintenant,  Monsieur 
le  Ministre,  à  vous  parler. 

Il  est  la  continuation  de  celui  dont  le  savant  professeur 
de  Louvain  a  déjà  publié  plusieurs  parties  sous  le  titre  in- 
diqué précédemment,  et  forme  un  volume  in-4°  de  207  pa- 
ges qu'accompagnent  dix-huit  belles  planches;  les  polypes 
en  sont  le  sujet.  Déjà  dans  deux  mémoires  sur  les  campa- 
nulaires  et  les  tubulaires  de  la  côte  d'Ostende,  publiés  en 
1845,  M.  Van  Beneden  avait  fait  connaître  une  partie  de 
ses  recherches  sur  ces  animaux.  Cette  fois,  c'est  de  ce  qui 
lui  reste  des  observations  qu'il  a  faites  sur  eux  pendant 
vingt  années,  que  se  compose  le  mémoire  dont  il  s'agit  en 
ce  moment.  Il  est  divisé  en  deux  sections,  dont  la  seconde 
est  consacrée  à  l'énumération  des  espèces  qui  habitent  le 
littoral  de  la  Belgique.  La  première ,  qui  en  constitue  la 
partie  la  plus  importante,  celle  que  le  jury  a  voulu  plus 
spécialement  couronner,  n'est  pas  une  exposition  en  règle 
de  l'organisation  et  de  la  classification  des  polypes,  mais 
une  suite  de  considérations ,  de  l'ordre  le  plus  élevé ,  sur 
toutes  les  questions  auxquelles  donnent  lieu  ces  animaux. 
Elle  est  surtout  remarquable  par  la  coordination  et  l'inter- 
prétation générale  des  observations  faites  jusqu'ici  sur  ces 


(  585  ) 

organismes  inférieurs.  Mais  pour  rendre  ceci  compréhen- 
sible, Monsieur  le  Ministre,  quelques  notions  préliminaires 
sont  indispensables. 

Le  mot  de  polype  est  aussi  ancien  que  la  zoologie  elle- 
même,  on  le  trouve  dans  Aristote;  mais  Aristote  l'appli- 
quait à  des  mollusques  de  la  classe  des  céphalopodes  et  en 
particulier  aux  poulpes.  Actuellement  les  naturalistes  le 
donnent  à  des  animaux  aquatiques,  presque  tous  marins, 
pour  la  plupart  très-petits,  d'aspect  en  général  gélatineux, 
presque  toujours  fixés,  simples  ou  agrégés,  et  dont  un  très- 
grand  nombre  sécrètent,  soit  intérieurement,  soit  exté- 
rieurement, un  corps  de  nature  pierreuse,  cornée  ou  mem- 
braneuse, qu'on  nomme  polypier. 

Quand  ce  corps  est  interne,  il  constitue  une  sorte  de 
squelette,  qui  sert  de  point  d'appui  aux  polypes  qui  le  re- 
couvrent; externe,  il  forme  une  ou  plusieurs  loges  qui  leur 
servent  de  demeure.  Tous  ont  cela  de  commun  que  la  par- 
tie antérieure  de  leur  corps,  où  se  trouve  la  bouche,  porte 
un  ou  plusieurs  cercles  de  tentacules  de  forme  variable. 
Comme  pour  les  mollusques  dont  les  coquilles  attirèrent 
d'abord  uniquement  l'attention  des  naturalistes,  dans  l'ori- 
gine, ces  derniers  étudièrent  exclusivement  les  polypiers 
qui  seuls  peuvent  se  conserver  dans  les  collections.  La 
plupart  regardaient  ceux  qui  sont  pierreux  comme  appar- 
tenant au  règne  minéral.  De  leur  côté,  les  botanistes, 
ayant  plutôt  égard  à  leurs  habitants,  qui  ont  souvent  l'as- 
pect de  fleurs,  quand  leurs  tentacules  sont  épanouis,  clas- 
saient tous  ces  animaux  dans  le  règne  végétal.  Leur  véri- 
table nature  n'était  cependant  pas  entièrement  méconnue, 
car  on  les  appelait  communément  zoophytes  ou  animaux- 
plantes. 

La  croyance  que  ce  sont  des  végétaux  était  encore  dans 


(  S84  ) 
toute  sa  force,  lorsque,  en  1727,  Peyssonnel,  et,  après 
lui,  Bernard  de  Jussieu  et  Réaùmur  démontrèrent  qu'ils 
doivent  prendre  place  parmi  les  animaux.  Cette  opinion 
fut  promptement  adoptée.  Mais  telle  est,  dans  ces  bas- 
fonds  de  l'animalité,  la  difficulté  de  distinguer  ce  qui  lui 
appartient  réellement  de  ce  qui  revient,  de  droit,  au  règne 
végétal ,  que  jusqu'à  nos  jours  des  plantes  marines  ont  été 
comprises  parmi  ces  animaux.  Des  erreurs  de  ce  genre  se 
trouvent  dans  les  écrits  des  naturalistes  même  les  plus 
illustres,  depuis  Linné,  Donati,  Ellis,  Pallas,  Bruguières 
dans  le  siècle  dernier,  jusqu'à  Lamarck,  Lamouroux ,  de 
Blainville,  Ehrenberg,  Cuvier,  etc.  Dans  ce  temps-ci,  un 
botaniste  éminent,  M.  Decaisne  a  rendu  sous  ce  rapport 
un  service  réel  à  la  science  en  démontrant,  dans  un  mé- 
moire publié  en  1842,  qu'une  foule  de  ces  soi-disant  po- 
lypes ne  sont  que  des  algues  dont  les  tissus  sont  plus  ou 
moins  encroûtés  de  sels  calcaires. 

Même  après  l'élimination  de  ces  éléments  étrangers,  les 
polypes  ne  constituent  pas  encore  un  ensemble  suffisam- 
ment homogène.  Antérieurement  au  travail  de  M.  De- 
caisne, MM.  Ehrenberg  et  M  il  ne-Edwards  ont  fait  voir 
que,  sous  ce  nom,  se  trouvaient  confondus  des  animaux 
ayant,  avec  une  forme  générale  semblable,  une  organisa- 
tion très-différente  :  les  uns  possédant  un  canal  digestif 
flottant  dans  la  cavité  générale  du  corps  et  dont  l'extré- 
mité anale  aboutit  à  peu  de  distance  de  la  bouche,  tandis 
que  chez  les  autres  cet  appareil  consiste,  tantôt  en  un  sac 
largement  ouvert  à  sa  partie  postérieure,  sac  servant  à  la 
fois  à  l'ingestion  des  aliments  et  à  la  sortie  des  fèces  et  du 
produit  de  la  génération;  tantôt,  comme  chez  les  hydres, 
en  une  simple  cavité  creusée  dans  le  parenchyme  du  corps. 
M.  Ehrenberg  a  donné  aux  premiers  le  nom  de  bryozoaires. 


(  58o  ) 
On  admet  généralement  que  leur  organisation  les  rap- 
proche des  mollusques,  dont  ils  ne  sont  que  des  formes 
dégradées.  Les  seconds  ont  reçu  du  même  naturaliste  le 
nom  d'anthozoaires  qui  rappelle  leur  ressemblance  avec 
les  fleurs  :  ce  sont  des  anthozoaires  qui  sont  l'objet  du  mé- 
moire de  M.  Van  Beneden;  mais  il  y  est  en  outre  fortement 
question  d'un  autre  groupe  de  zoophyles,  celui  des  aca- 
lèphes,  dont  il  est  par  conséquent  nécessaire  de  dire  aussi 
quelques  mots. 

Ce  nom  d'acalèphes  existe  également  dans  Aristote, 
mais  appliqué  aux  actinies,  qui  sont  de  vrais  polypes,  et 
c'est  principalement  Cuvier  qui  a  contribué  à  lui  donner 
sa  signification  actuelle.  Ce  sont  des  animaux  tous  marins, 
simples  ou  composés,  libres,  souvent  d'une  transparence 
cristalline,  mais,  du  reste,  très-dissemblables.  Les  uns,  ou 
les  méduses,  qui  affectent  la  forme  d'ombrelle,  de  cham- 
pignon ou  de  disque,  sont  simples  et  se  meuvent  lente- 
ment par  des  contractions  générales  de  leur  substance. 
D'autres,  les  cténophores,  simples  également,  le  font  à 
l'aide  de  cils  vibraliles,  disposés  en  rangées  symétriques 
dans  l'axe  de  leur  corps  qui  ressemble  à  un  globe  ou  à 
une  cloche,  quelquefois  à  un  ruban.  Dans  ces  deux  grou- 
pes, il  n'existe  pour  organes  digestifs  que  des  canaux 
creusés  dans  le  parenchyme  du  corps  et  irradiant  d'un 
centre  commun ,  qui  lient  lieu  d'estomac.  Enfin  les  der- 
niers, ou  les  siphonophores,  constituent  des  grappes  ou 
des  guirlandes,  souvent  d'une  élégance  extrême  et  très- 
compliquées,  car  elles  sont  composées  d'un  axe  commun, 
d'individus  nourriciers,  d'individus  chargés  de  la  repro- 
duction, des  vésicules  servant  de  corps  flotteurs  et  de  fila- 
ments destinés  à  saisir  la  proie. 

Entre  ces  animaux  et  les  polypes,  rien  de  commun  au 
premier  coup  d'œil,  rien  du  moins  qui  aille  au  delà  de  ces 


(  d86  ) 
rapports  qui  avaient  engagé  Guvier  à  les  comprendre  tous 
dans  son  embranchement  des  zoophytes  ou  animaux 
rayonnes,  en  en  formant  deux  classes  distinctes  placées 
côte  à  côte.  Mais  un  grand  changement  s'est  opéré ,  de- 
puis, dans  les  idées  des  zoologistes,  sur  ces  êtres  inférieurs, 
et,  par  suite,  dans  leur  classification.  Si  l'on  consulte  les 
ouvrages  généraux  les  plus  récents  dont  ils  ont  été  l'objet, 
notamment  l'un  des  derniers,  celui  de  M.  G.  Carus,  on 
voit  qu'il  n'y  est  plus  question  de  zoophytes  ni  d'aca- 
lèphes,  mais  que  ces  derniers,  réunis  aux  polypes,  for- 
ment un  groupe  unique,  sous  le  nom  de  cœlentérés  dû  à 
M.  R.  Leuckart,  et  que  ce  groupe,  à  son  tour,  est  divisé 
en  trois  classes  :  celles  des  polypes,  des  cténophores  et 
des  hydrozoaires.  La  première  ne  comprend  plus  qu'une 
partie  des  anciens  polypes  de  Cuvier,  tels  que  le  corail,  les 
actinies  ou  orties  de  mer,  et  ces  espèces,  dont  les  poly- 
piers, connus  de  tout  le  monde  sous  le  nom  de  madré- 
pores, exhaussent  sans  cesse,  sur  certains  points  du  globe, 
le  fond  des  mers,  Les  cténophores  sont  les  mêmes  dont  il 
a  été  question  à  l'instant.  Enfin  les  hydrozoaires  embras- 
sent tout  le  reste  des  acalôphes  et  des  polypes  de  Cuvier. 
Cet  arrangement  systématique,  si  différent  de  ceux  d'au- 
trefois, n'est  sans  doute  pas  le  dernier  mot  de  la  science; 
mais  on  se  demande  naturellement  quelles  sont  les  rai- 
sons qui  ont  pu  y  conduire.  Son  point  de  départ  a  été  une 
très-importante  découverte  faite  par  un  naturaliste  célè- 
bre, M.  Sars,  en  ce  moment  professeur  à  l'Université  de 
Christiania. 

Tous  les  modes  de  reproductions  connusse  fissiparisme, 
le  gemmiparisme,  la  génération  sexuelle  se  rencontrent 
chez  les  polypes  et  souvent  coexistent  dans  la  même  es- 
pèce. A  ces  modes  divers  s'ajoutent  non-seulement  la  géra- 
tion  alternante  ou  métagenèse,  qui  en  est  la  conséquence, 


(  387) 

mais  encore  le  polymorphisme  et  des  arrêts  de  développe- 
ment à  tous  les  degrés  possibles,  d'où  résultent  des  com- 
plications qui  dépassent  tout  ce  qui  a  été  observé  jus- 
qu'ici, en  fait  de  reproduction,  dans  le  reste  du  règne 
animal. 

Or  M.  Sars,  observant  un  jour  un  polype  en  forme  de 
cupule  et  fixé  par  un  court  pédoncule,  crut  avoir  sous  les 
yeux  un  genre  nouveau  qu'il  nomma  Scypkistome.  Plus 
tard,  il  lui  tomba  sous  la  main  un  autre  polype  beaucoup 
plus  singulier,  consistant  en  une  suite  de  disques  un  peu 
concaves,  empilés,  adhérant  entre  eux  par  le  centre  et 
dont  les  bords  présentaient  des  saillies  plus  ou  moins  pro- 
noncées. Il  crut  encore  que  c'était  un  nouveau  genre  et  il 
imposa  à  ce  dernier  le  nom  de  Strobila.  Mais  sa  surprise 
fut  grande  lorsque,  dans  une  autre  occasion,  il  vit  ces  dis- 
ques se  séparer  successivement,  en  commençant  par  les 
plus  élevés,  nager  en  liberté,  et  que,  dans  chacun  d'eux, 
il  reconnut  une  méduse  commune  dans  nos  mers,  la  Mé- 
dusa ou  Aurélia  aurita.  Le  strobila  n'était  donc  que  le 
scyphistome  parvenu  à  un  état  plus  avancé  de  développe- 
ment et  lui-même  avait  passé,  en  multipliant  son  indivi- 
dualité, de  la  classe  des  polypes  dans  celle  des  acalèphes. 
Presque  en  même  temps  M.  Th.  de  Siebold  faisait  sur  la 
même  méduse  une  observation  inverse ,  mais  complémen- 
taire de  la  précédente.  11  découvrait  qu'elle  a  des  sexes  sé- 
parés et  que  des  œufs  produits  par  les  femelles  sortent  des 
embryons  ciliés  qui,  après  être  restés  quelque  temps,  se 
fixent  et  se  changent  peu  à  peu  en  strobila.  Le  cycle  des 
phases  morphologiques  de  cette  espèce  était  ainsi  complet. 
Depuis ,  les  observations  du  même  genre  se  sont  multi- 
pliées, mais  il  est  essentiel  de  remarquer  qu'elles  ne  con- 
cernent que  les  hydrozoaires  et  non  pas  tous  les  cœlentérés 
sans  exception.  Les  polypes,  tels  qu'ils  sont  restreints  en 


(  o88  ) 
ce  moment,  et  les  cténophores  n'ont  jusqu'ici  présenté 
rien  de  pareil. 

Ces  découvertes  donnèrent  une  telle  impulsion  à  cette 
branche  de  la  zoologie  qu'il  n'en  est  pas,  depuis  cette 
époque,  qui  ait  été,  comme  le  dit  M.  Van  Beneden,  cul- 
tivée avec  plus  de  ténacité;  mais  il  n'en  est  pas  non  plus 
dans  laquelle  il  soit  plus  pénible  de  mettre  d'accord  et  de 
bien  saisir  les  faits  publiés  par  des  observateurs  différents. 
On  comprend,  en  effet,  que  chez  de  pareils  animaux  il  est 
extrêmement  difficile  de  suivre  une  espèce  dans  le  cours 
entier  de  son  évolution;  que  les  naturalistes  tombent 
tantôt  sur  la  forme  polypiaire  ,  tantôt  sur  la  forme  médiu- 
saire,  sans  parler  des  états  intermédiaires  produits  par  des 
arrêts  de  développement.  De  là  une  foule  d'espèces  chez 
lesquelles  les  rapports  entre  les  deux  formes  en  question 
sont  encore  inconnus.  On  comprend  encore  que,  pour  se 
rendre  un  compte  exact  des  faits ,  il  faut  sur  ces  animaux 
certaines  idées  générales  qui  puissent  servir  de  guide. 
C'est  ici  que  se  trouve  le  point  capital  du  travail  de 
M.  Van  Beneden. 

Prenant  pour  exemple,  afin  de  simplifier  la  question, 
un  polype  arborescent,  un  campanulaire,  le  savant  pro- 
fesseur en  expose  la  théorie  complète.  L'animal  qui  se 
trouve  dans  chacune  des  clochettes  ouvertes  qui  termi- 
nent les  rameaux  du  polypier,  est  pour  lui  un  polypule 
nourricier;  sa  seule  fonction  est  en  effet  de  prendre  des 
aliments  qui  profiteront  à  tout  l'ensemble  de  la  colonie.  A 
la  base  de  quelques-uns  de  ces  rameaux  existent  d'autres 
clochettes  de  forme  un  peu  différentes,  fermées  et  renfer- 
mant une  masse  charnue  agame  d'où  naîtra,  par  la  suite, 
la  forme  définitive,  une  méduse  sexuée;  M.  Yan  Beneden 
l'appelle  un  polypule  propagateur.  A  la  forme  définitive 
elle-même  il  donne,  avec  un  naturaliste  français,  M.  Lau- 


(  589  ) 
rent,  le  nom  de  Télèon,  c'est-à-dire  d'animal  qui  a  atteint 
le  but,  d'animal  parfait.  Jusque-là  tout  est  simple,  ce  n'est 
qu'un  cas  ordinaire  de  métagenèse.  Mais  les  choses  sont 
loin  de  se  passer  toujours  avec  cette  régularité.  Souvent  la 
méduse  n'apparaît  pas,  le  téléon  s'arrête  en  chemin  aux 
trois  quarts,  à  la  moitié,  au  tiers,  au  quart  de  son  évolu- 
tion; parfois  même  ce  n'est  plus  qu'un  simple  sac  qui  con- 
tient des  œufs  ou  des  spermatozoïdes,  produits  qui  ne 
manquent  jamais,  quel  que  soit  le  point  où  il  s'est  arrêté. 
Ce  téléon,  plus  ou  moins  avorté,  M.  Van  Eeneden  l'appelle 
un  Alrophion.  Les  sexes  étant  séparés  chez  ces  polypes, 
c'est  tantôt  le  mâle,  tantôt  la  femelle,  ou  bien  tous  deux 
qui  sont  réduits  à  cet  état.  M.  Van  Beneden  donne  des  ta- 
bleaux très-instructifs,  dans  lesquels  les  espèces  sont  clas- 
sées d'après  les  degrés  de  cette  atrophie,  et  le  sexe  chez 
lequel  ils  se  produisent. 

Ce  n'est  pas  tout  encore;  comme  pour  compliquer  davan- 
tage les  choses,  legemmiparismc  intervient,  non-seulement 
pendant  le  jeune  âge,  comme  on  l'a  cru  pendant  quelque 
temps,  mais  à  toutes  les  époques  de  la  vie.  Théoriquement 
parlant,  tous  les  polypes  dont  il  est  ici  question  passent 
pour  les  quatre  états  de  planule  (l'embryon  quand  il  s'est 
fixé),  de  scyphistone,  de  strobila  et  de  téléon  ou  méduse. 
Rien  de  plus  ordinaire  que  le  bourgeonnement  pendant 
le  second  et  le  troisième  état;  il  paraît  beaucoup  plus  rare 
pendant  celui  de  planule,  mais  on  en  connaît  cependant 
des  exemples.  Quant  au  téléon,  il  semblerait,  puisqu'il 
est  sexué,  que  le  gemmiparisme  est  ici  superflu,  mais  il 
n'en  est  pas  ainsi.  M.  Sars  a  vu,  le  premier,  des  méduses 
engendrant  directement  des  méduses  par  cette  voie,  et, 
depuis,  le  même  fait  a  été  plusieurs  fois  observé.  La  repro- 
duction sexuelle  n'est  pas  supprimée  pour  cela  ;  elle  pré- 
cède ou  suit  la  reproduction  agame.  Enfin ,  si  les  quatre 


(  mo  ) 

phases  de  développement  dont  il  vient  d'être  question 
sont  vraies  au  point  de  vue  théorique,  dans  la  réalité  elles 
ne  sont  pas  indispensables.  M.  Claparède  a  vu  chez  une 
espèce  de  genre  Lizzia  des  méduses  naître  directement 
de  l'œuf. 

Tout  paraît  donc  possible,  en  fait  de  reproduction, 
chez  ces  animaux.  Aussi  a-t-on  été  jusqu'à  se  demander 
s'ils  n'engendreraient  pas  des  formes  diverses  selon  le  mi- 
lieu dans  lequel  ils  se  trouvent.  M.  Yan  Beneden  ne  le 
pense  pas.  Au  milieu  de  cette  confusion  apparente,  un 
ordre  réel  existe,  et  chaque  espèce,  n'importe  dans  quel 
lieu  et  sous  quel  climat  elle  vit,  se  comporte  de  la  même 
manière  dans  le  cours  de  son  développement,  sauf  quel- 
ques déviations  accidentelles.  Mais  les  observations  recueil- 
lies jusqu'ici  sont-elles  assez  nombreuses  pour  ne  pas 
laisser  sur  ce  point  quelque  incertitude? 

Il  est  impossible,  Monsieur  le  Ministre,  à  moins  de  dé- 
passer les  limites  que  doit  avoir  ce  rapport,  de  passer  en 
revue  les  nombreuses  et  intéressantes  questions  qu'examine 
l'auteur  dans  cette  première  partie  de  son  mémoire.  Une , 
cependant,  qu'il  pose  dès  le  début,  est  trop  importante 
pour  être  passée  sous  silence,  car  de  sa  solution  dépen- 
dent les  noms  que  doivent  recevoir  les  diverses  parties 
d'un  polype  composé.  Elle  consiste  à  savoir  si  ce  polype 
est  un  animal  polyzoïque  ou  non.  C'est  la  même  question 
que  M.  Van  Beneden  a  discutée  autrefois  dans  son  beau  tra- 
vail sur  les  vers  cestoïdes;  mais  ici  elle  est  plus  compli- 
quée que  chez  ces  derniers  animaux. 

Il  y  a  deux  manières  de  concevoir  un  polype  agrégé, 
depuis  sa  naissance  jusqu'à  l'apparition  du  téléon  médu- 
silbrme  qui  termine  la  série  de  ses  transformations.  Dans 
la  première,  soutenue  par  plusieurs  zoologistes  du  plus 
haut  mérite,  notamment  en  Angleterre  par  MM.  Huxley 


(  591  ) 
et  Strethill  Wright,  une  campanulaire,  pour  ne  pas  sortir 
de  cet  exemple,  est  un  animal  unique  dont  les  polopules 
nourriciers  et  les  polypuies  propagateurs  ne  sont  que  des 
organes.  La  méduse  elle-même,  libre  et  sexuée,  n'est 
qu'un  organe  devenu  indépendant,  une  simple  extension 
du  polype,  pour  employer  les  expressions  de  M.  Wright. 
Il  suit  de  là  qu'il  n'y  aurait  plus  ici  de  métagenèse,  mais 
un  développement  continu  dont  l'état  médusaire  serait  la 
phase  terminale. 

A  cette  façon  de  voir,  il  y  a  une  objection  que  ne  fait 
pas  M.  Yan  Beneden  en  termes  exprès,  mais  qui  ressort 
de  l'ensemble  de  ses  idées,  objection  qui  paraît  décisive. 
Cette  théorie  suppose,  en  effet,  que  la  méduse  est  au 
polype  ce  que  le  papillon  est  à  la  chenille;  mais  la  différence 
entre  ces  deux  ordres  de  faits  est  profonde.  La  chenille 
n'a  pas  engendré  le  papillon;  elle  s'est  simplement  trans- 
formée en  lui.  Le  polypule  propagateur,  au  contraire,  a 
engendré  la  méduse,  et  la  preuve,  c'est  qu'il  n'en  produit 
pas  une  seule,  mais  plusieurs.  Pour  que  la  ressemblance 
existât,  il  faudrait  qu'une  chenille  produisît  plusieurs  pa- 
pillons. Mais  ce  serait  alors  évidemment  un  cas  de  méta- 
genèse ,  et  non  pas  de  métamorphose. 

Cette  objection  disparaît  si  Ton  admet,  avec  la  majorité 
des  naturalistes  et  M.  Yan  Beneden,  que  les  polypuies,  tant 
nourriciers  que  propagateurs,  sont  des  animaux  distincts 
quoique  agrégés,  et  que  la  méduse  est  une  individualité 
propre,  au  même  titre  qu'un  segment  de  ténia  en  est  une, 
même  à  l'époque  où  il  est  agrégé  à  des  individualités  pa- 
reilles à  lui,  à  plus  forle  raison  lorsqu'il  est  devenu  libre. 
On  peut  dire  que  lorsque  cette  question  a  été  tranchée  en 
faveur  du  polyzo'ïsme,  chez  les  cestoïdes,  elle  l'a  été  du 
même  coup  pour  les  polypes. 


(  S92  ) 

La  fin  de  cette  première  partie  est  consacrée  à  une  dis- 
cussion zoologique  dans  laquelle  M.  Van  Beneden  soutient, 
principalement  contre  M.  Agassiz,que  les  deux  classes  des 
polypes  et  des  acalèphes  ne  peuvent  plus  être  maintenues, 
comme  le  fait  cet  éminent  naturaliste,  mais  que  l'une  des 
deux  doit  absorber  l'autre,  opinion  qu'il  avait  déjà  émise 
dès  1845.  Cette  question  a  perdu  de  son  intérêt  depuis 
que  M.  R.  Leuckart  a  établi  le  groupe  des  cœlentérés, 
dans  lequel  sont  réunis  et  entremêlés  les  anciens  polypes 
et  acalèphes. 

Dans  la  deuxième  partie  de  son  travail,  M.  Van  Beneden 
indique  toutes  les  espèces  de  cœlentérés  observées  par  lui 
sur  les  côtes  de  la  Belgique  ou  mentionnées  dans  les  au- 
teurs. Elles  consistent  en  trois  cténophores,  cinquante- 
trois  hydrozoaires,  dont  dix  sont  nouveaux,  et  douze  po- 
lypes appartenant  aux  ordres  des  alcyonaires  et  des 
zoanthaires.  Ce  n'est  pas  une  simple  et  sèche  énumération; 
la  description  de  la  plupart  des  espèces  est  accompagnée 
des  détails  les  plus  intéressants  sur  leurs  divers  états. 
Grâce  au  savant  professeur  de  Louvain ,  la  Belgique  pos- 
sède maintenant  une  faune  de  ceux  de  ces  animaux  qui 
habitent  son  littoral,  comme  l'Angleterre  a,  depuis  quel- 
ques années,  la  sienne,  qu'elle  doit  h  M.  Johnston. 

Tout  incomplet  qu'il  est,  cet  exposé  sommaire  suffira, 
Monsieur  le  Ministre,  pour  vous  permettre  d'apprécier  les 
motifs  qui  ont  déterminé  le  choix  du  jury. 

MM.  d'Omalius  d'Halloy,  président ,  le  vicomte 
Du  Bus,  de  Selys-Longcbamps,  Spring, 
Schwann,  l'abbé  Coemans ,  secrétaire ,  et 
Th.  Lacorhaire,  rapporteur. 


(  595  ) 
OUVRAGES  PRÉSENTÉS. 


Quetelet  (Ad.).  —  Météorologie  de  la  Belgique,  comparée  à 
celle  du  globe.  Bruxelles,  1867;  4  vol.  in-8°. 

Annales  'météorologiques  de  V Observatoire  royal  de  Bru- 
xelles. —  Ire  année,  janvier  à  décembre.  Bruxelles,  J8G7 ; 
in-4°. 

Brasseur  (J.-B.).  —  Programme  du  cours  de  géométrie  des- 
criptive, fait  à  l'université  de  Liège,  4me  édition.  Liège,  18G7; 
in-4°. 

Bellynck(A). —  Note  sur  un  Orchisustulatah.,h  fleurs  dou- 
bles. Gand,  I8G7;  in-8n. 

Gilbert  (Ph.).  —  Sur  une  propriété  des  surfaces  homofocalcs 
du  second  ordre,  et  sur  quelques  conséquences  qui  en  décou- 
lent. Paris,  I8G7;  in-8°. 

Wàuters  (Alphonse).  —  Nouvelles  études  sur  la  géographie 
ancienne  de  la  Belgique.  Bruxelles,  I8G7;  in- 12. 

Statistique  internationale.  —  Bruxelles,  1807;  in-8°. 

D'Olreppe  de  Bouvette  {Alb.).  —  Essai  de  tablettes  lié- 
geoises, 75e  livr.  Liège,  1867;  in- 12. 

Meulemans  (Auguste).  —  Études  sur  la  Tunisie  au  point  de 
vue  du  commerce  belge.  Bruxelles,  1867;  in-8". 

Université  de  Liège. —  Année  1 867- 1 868.  Rapport  du  pro- 
recteur, M.  A.  Spring.  Programme  des  cours.  Dispositions  ré- 
glementaires. Liège,  18G7  ;  in-8°. 

Revue  de  l'instruction  publique  en  Belgique.  —  25e  année, 
4e  à  0e  livr.  Bruxelles,  1867;  5  broeb.  in-8°. 

Cercle  archéologique  du  pays  de  Waes,  à  Saint-Nicolas. — 
Annales,  tome  IIIe,  lre  livr.  Saint-Nicolas,  1867;  in-4°. 

Académie  royale  des  beaux-arts  de  Bruxelles.  —  Distribu- 
tion des  prix.  Bruxelles,  18G7;  in-8°. 

2me  SÉRIE,  TOME  XX IV.  10 


(  594  ) 

Pourcelet-Liénart  («/.).  —  Le  seigneur  Flobère,  ou  origines 
de  la  terre  des  débats.  Lessines  ,  1867;  in-12. 

L'Abeille,  revue  pédagogique,  publiée  par  Th.  Braun.  15e  an- 
née, iOe  à  12e  livr.  Bruxelles,  4867;  5  cah.  in-8°. 

Journal  historique  et  littéraire,  tome  XXXIV,  livraison  8. 
Bruxelles,  1867;  in-8°. 

Brenier  (/.).  —  De  riiomœopathie,  réponse  à  M.  Stockman. 
Mons,  1867;  in-8°. 

Journal  des  beaux-arts  et  de  la  littérature,  publié  sous  la 
direction  de  M.  Ad.  Siret.  9e  année,  nos  21  à  24.  Saint-Nicolas, 
1867;  4  feuilles  in-4°. 

De  vlaamsche  School.  1867,  bladzcren  22,  23  en  24.  An- 
vers; 5  feuilles  in-4°. 

Société  royale  des  sciences  médicales  et  naturelles  de 
Bruxelles.  —  Journal  de  médecine,  de  chirurgie  et  de  phar- 
macologie. 2ome  année  ,  45me  volume  ,  octobre  à  décembre. 
Bruxelles,  1867;  5  cah.  in-8°. 

Société  anatomo-pathologique  de  Bruxelles.  —  Annales, 
bulletin  n°  15.  Bruxelles,  1867;  in-8°. 

Société  de  pharmacie  de  Bruxelles.  —  Bulletin,  1  imc  année, 
nos  10  à  12.  Bruxelles,  1867  ;  5  cah.  in-8°. 

Société  de  médecine  d'Anvers.  —  Annales,  28e  année,  livr.  de 
novembre  et  décembre.  Anvers,  1867;  2  cah.  in-S°. 

Annales  de  médecine  vétérinaire,  16e  année,  10e  à  12e  ca- 
hiers. Bruxelles,  1867;  5  cah.  in-8°. 

Société  de  pharmacie  d'Anvers.  —  Journal,  25e  année,  oc- 
tobre à  décembre.  Anvers,  1867;  5  cah.  in-8°. 

Annales  de  l'électricité  médicale,  8e  année,  7e  à  9e  fasci- 
cules. Bruxelles,  1867;  5  cah.  in-8°. 

La  Presse  médicale  belge  ,  1 9e  année,  nos  40  à  52.  Bruxelles, 
1867;  15  feuilles  in-4°. 

Tribune  vétérinaire,  2e  année,  10e  à  12e  fascicules.  Bruxelles, 
1867;  5  cah.  in-8°. 

La  charité  sur  les  champs  de  bataille,  5e  année,  nos  6  et  7. 
Bruxelles,  1867;  2  feuilles  in-4°. 


(  595  ) 

Société  royale  de  botanique  de  Belgique.  —  Bulletin, 
tome  VI,  6e année,  nos  1  et  2.  Bruxelles,  1867;  2  cah.  in-8°. 

Société  entomologique  de  Belgique.  —  Compte  rendu  des  as- 
semblées mensuelles  du  2  novembre  et  du  7  décembre  1867. 
Bruxelles,  1867;  2  feuilles  in-8°. 

V Illustration  horticole,  tome  XIV,  9e  et  IIe  livr.  Gand, 
4867;  2  cah.  in -8°. 

Le  Chimiste,  publié  par  M.  Henri  Berge.  3e  année,  nos  6,  7, 
8,  9,  10  et  11.  Bruxelles,  1867;  7  cali.  in-8°. 

Académie  des  sciences  de  l'Institut  de  France.  —  Comptes 
rendus  hebdomadaires  des  séances,  par  MM.  les  secrétaires 
perpétuels,  tome  LXV,  nos  14  à  27.  Paris,  1867  ;  14  cah.  in-4°. 

Société  géologique  de  France.  —  Bulletin,  2e  série,  t.  XXIIIe, 
feuilles  52  à  fin,  titre  et  table;  tome  XXIVe,  feuilles  57-40. 
Paris,  1867;  2  cah.  in- 8°. 

Société  météorologique  de  France. —  Annuaire,  tome  XIVe, 
1866,  2e  partie.  Bulletin  des  séances,  feuilles  27-36.  Paris, 
1867;  gr.  in -8". 

Revue  des  cours  scientifiques  de  la  France  et  de  l'étranger. 

—  4e  année,  2e  semestre,  nos  49,  50,  51  et  52,  titre  et  table. 
Paris,  1867;  4  cah.  in -4°. 

Bévue  des  cours  littéraires  de  la  France  et  de  l'étranger. 

—  4e  année,  2e  semestre,  nos  49,  50,  51  et  52,  titre  et  table. 
Paris,  1867;  4  cah.  in-4°. 

Institut  historique  de  France,  à  Paris.  —  L'Investigateur, 
54e  année,  394"  et  595e  livr.  Paris,  1867;  in-8°. 

Journal  de  l'agriculture ,  fondé  et  dirigé  par  J.-A.  Banal, 
1867;  tome  III,  n°  55.  Paris;  1  cah.  in-8°. 

Bulletin  hebdomadaire  de  l'agriculture ,  1867,  nos  48,  49, 
50,  51  et  52.  Paris,  1867;  5  feuilles  in -8°. 

Journal  d'agriculture  pratique,  1867,  tome  II,  nos  48,  49, 
50,  51  et  52.  Paris,  1867;  5  cah.  in-8° 

Moigno  (l'abbé).  —  Leçons  de  mécanique  analytique.  Sta- 
tique. Paris,  1868;  in-8°. 

Garcin  de  Tassy.  —  Cours  d'hindoustani  (urdu  et  hindi),  à 


(  596  ) 

lY'cole  impériale  et  spéciale  des  langues  orientales  vivantes, 
près  la  bibliothèque  impériale.  Discours  d'ouverture  du  2  dé- 
cembre 1867.  Paris,  1867;  in-8°. 

Notice  sur  les  travaux  scientifiques  de  M.  Sichel.  Paris, 
1807;  in-4°. 

Société  linnèenne  du  nord  de  la  France,  à  Amiens.  —  Mé- 
moires, année  4866.  Amiens,  4  867;  in-8°. 

Société  littéraire,  scientifique  et  artistique  d'Apt  (Vaucluse). 
—  Annales,  3e  année,  4865-1866.  Apt,  4867;  in-8°. 

Aoust  (l'abbé).  —  De  la  courbure  inclinée  d'un  système  de 
lignes  coordonnées  et  du  rôle  de  cette  courbure  dans  la  théorie 
des  lignes  tracées  sur  une  surface.  Paris,  4867;  in-4°. 

Notice  sur  les  titres  et  travaux  scientifiques  de  M.  l'abbé 
Aoust,  chanoine  honoraire,  professeur  à  la  Faculté  des  scien- 
ces de  Marseille.  Marseille,  1867;  in-8°. 

Société  impériale  d'agriculture  de  Valenciennes.  —  Revue 
agricole,  49e  année,  tome  XXI,  n°  40.  Valenciennes,  4867; 
broch.  in-8°. 

Historisch  genootschap  gevestigd  te  Utrecht.  —  Werkcn  , 
nieuwc  série,  nos  6,  9,  40.  Utrecht,  4867;  5  cah.  in-8°. 

Favre  [Alphonse).  —  Recherches  géologiques  dans  les  par- 
tics  de  la  Savoie,  du  Piémont  et  de  la  Suisse,  voisines  du  Mont- 
Blanc,  avec  un  atlas  de  52  planches.  Paris-Genève,  1867; 
3  vol.  in-8°  et  atlas  in-folio. 

Société  helvétique  des  sciences  naturelles  réunie  à  Neu- 
châtel.  —  Actes,  50e  session,  compte  rendu  de  1866.Neuchà- 
tel;  in-8°. 

Société  helvétique  des  sciences  naturelles,  à  Berne.  —Nou- 
veaux mémoires,  tome  XXII.  Zurich,  4867;  in-4°.  —  Miti- 
thelungcn  aus  dem  Jahrc  1866.  Nr.  603-608.  Berne,  1867; 
in -8°. 

Delafontaine  (Marc).  ~  Recherches  sur  plusieurs  Molyb- 
dates  nouveaux  ou  peu  connus  et  sur  les  principaux  Fluoxy- 
molybdatcs.  Genève,  1867;  in-8°. 

De  Zuhn  (A.).  —  Esquisses  anatomiques  à  l'usage  des  ar- 


(  597  ) 

listes,  pour  servir  aux  études  d'après  nature  et  d'après  l'an- 
tique. 2e  édition.  Leipzig,  1865;  in-8°. 

Naturforschende  gesellschaft  des  Osterlandes  zu  Altenburg. 

—  Mittheilungen  aus  dera  Osterlande.  XVIIP"  Band,  Iste  und 
IItcr  Heft.  Altenbourg,  1867;  in -8°.  —  Verzeichniss  der  Mit- 
glieder  am  funfzigsten  Stii'tungsfeste  den  9  October  1867.  Al- 
tenbourg; in-4°. 

Kaiserliche- Konigliche  geologische  Reicksanstalt  zu  Wien. 

—  Jahrbuch,  1867,  XVlItcr  Band,  n°  5.  Vienne,  1867;  gr.  in-8°. 

—  Verhandlungen,  1867,  n°  10.  Vienne;  gr.  in-8°. 

Verein  fur  Naturkunde  zu  Cassel.  —  XVstc  Bericht.  Cassel , 
1867;  in-8°. 

Justus  Perthes'  geographischer  Anstalt  zu  Gotha.  —  Mit- 
theilungen iiber  wichtîge  ncue  Erforsehungen  auf  dem  Ge- 
sammtgebietc  der  Géographie,  von  Dr  A.  Pctermann.  1867, 
XI  und  XII,  und  Erganzungsheft,  n°  22.  Gotha,  1867;  5  cah. 
in-4°. 

Université  de  Marbourg.  —  Thèses  inaugurales  et  règle- 
ments académiques  pour  l'année  1866-67.  Marbourg,  1867; 
cah.  in-4°  et  in-8°. 

Senckenbergische  naturforschende  Gesellschaft  zu  Frank- 
fiirl  A 131.  —  Abhandlungcn,  VIler  Bandes,  III  und  IV  Heft. 
Franefort  A/M,  1867;  in-4°. 

Tageblatt  der  il  Versammlung  deutscher  Naturforscher 
und  Aerzte  in  Frankfurt  am  Main,  vom  fS.  bis  24.  september 
1867.  Francfort  S/M;  in-4°. 

Dorpater  naturforscher  Gesellschaft.  —  Arehiv  fur  die  Na- 
turkunde Liv.,  Ehst-  und  Kurlands  :  lst('  série,  IIItcr  Band  und 
!Vtcr  Band,  lste  Licfcrung.  —  2ter  série,  VItcr  Band  und 
VIIler  Band,  1sle  Lieferung.  Dorpat,  1862-1867;  8  cah.  in-8°. 

—  Sitzungsberichte,  1855-1860;  Sitzung  gehalten  in  1857, 
1858,  1861  ,  1863,  1864,  1865,  1866.  Dorpat;  8  cah.  in-12. 

Arehiv  der  Mathematik  und  Physik,  herausgegeben  von 
J.-A.  Grunert.  XLVlItcr  Theil,  IIIler  Heft.  Greifswald,  1867; 
in-8°. 


(  598  ) 

Kaiser lîche  A kademie  der  Wissenschaf'ten  in  Wien. —  Sit- 
zung  dcr  Malh.-Naturw.  Classe,  Jahrg.  4867,  nos  27-50;  titre 
et  table.  Vienne,  1 867;  fi  feuilles  in-8°. 

Konigliche  preussische  A  kademie  der  Wissenscliaflen  zu 
Berlin.  —  Monatsbcricht,  August  1867.  Berlin;  in-8°. 

Meteorologiske  iagttagelser  i  det  Sydlige  Norge.  —  1865- 
1 864-1 865-1 866,  ved  det  norske  meteorologiske  Institu t. Chris- 
tiania, 1867;  1  cah.  in-4°  oblong. 

Meteorologiske  iagttagelser ,  paa  fem  telegrafstationcr  ved 
norges  kyst,  reducerede  og  sammenstillede  af  J.-J.  Astrand. 
lsle  og  2den  aargang.  Christiania,  1866  ;  1  cah.  in-4°  oblong. 

Videnskabs-Selskahet  i  Christiania.  —  Forhandlinger  i 
aaret  1865-1866.  Christiania,  1866-1867;  2  vol.  in-8°. 

Det  Kongelige  Norske  Frederiks  Universitets ,  aarsberet- 
ning  for  aaret  1866.  Christiania,  1867;  in-8°. 

Nyt  Magazin  for  naturvidenskaberne.  XV,en,îe  Binds,  lslr- 
Sdet  heftes.  Christiania,  1867;  2  cah.  in-8°. 

Beretning  om  Bodsfoengstets  Virksomhed  i  aaret  1S66. 
Christiania,  1867;  in-8°. 

Diplomatarium  Norvegicum  ,  samlede  og  udgivnc  af 
C.-R.  Ungcr  og  H.-J.  Huitfeldt,  syvende  Samling,  forste  halvdel. 
Christiania,  1867;  in-8°. 

Norske  Fortidsmindesmerkers  bevaring.  —  Norske  bygnin- 
ger  fra  fortiden,  syvende  Hefte.  Christiania,  1867;  in-4°.  — 
Forcningcn,  aarsbcretning  for  1866.  Christiania,  1867;  in-8°. 

Kongelige  Frederiks  Universitet,  til  Christiania. —  Index 
,'cholarum,  anno  1867.  Christiania,  1867;  2  cah.  in-4°. 

Guldberg  (C.-M.)  et  Waage  (P.).  —  Études  sur  les  affinités 
chimiques.  (Programme  de  l'université  de  Christiania  pour  le 
1er  semestre  1867.)  Christiania,  1867;  in-4°. 

Unger  (C.-R.).  —  Morkinskinna  Pergamentsbog  fra  forste 
halvdel  af  det  trctlcndc  aarhundredc  (udgiven  som  universi- 
letsprogram  for  andet  scmesler  1866).  Christiania,  1867; 
in-8°. 

Regia  accademia  di  scienze ,  letlere  ed  arti  in  Modena.  — 


(  599  ) 

Memorie,  tomo  VII.  Modènc,  4866;  in-4°.  —  Illusioni,  com- 
mcdia,  di  Emilio  Roncaglia.  —  Sul  tema  proposto  dal  sig.  cav. 
Cesare  Cantu'per  Mczzo  délia  Regia  accademia  in  Modena"  con 
quali  mezzi,  oltre  i  religiosi,  possa  nell'  odierna  sociela  res- 
taurarsi  il  principio  di  autorità,  disscrlazione  di  Domcnico 
Mocbi.  —  Sul  tema  proposto  dalla  regia  accademia  in  Modena  : 
*  Del  miglioramento  délie  condizioni  fisiche  e  morali  del  pro- 
Ietarieto  specialmente  rurale,  »  discorso  di  Girolamo  Galas- 
sini.  Modènc,  4865;  5  broch.  in-8°. 

Minichini  (Domenico).  —  Elogio  storico  del  commendatore 
Bcrnardo  Quaranta.  Naples,  1867;  in-8°. 

Società  italiana  di  scienze  naturali  di  Milano.  —  Atti, 
vol.  IX,  fasc.  3.  Milan,  1867;  in-8°. 

Società  reale  di  Napoli.  —  Rendiconto  délie  tomate  c  dci 
laveri  dell'  accademia  di  scienze  morali  c  politiche,  anno  VI0. 
quade.ni  di  settembre  c  ottobre  1867.  Naples,  1867;  in-8°. 

Gozzadini  (Giovanni).  —  Di  alcune  scpolcri  dclla  necropoli 
Felsinca.  Bologne,  1868;  in-8°. 

Zantedeschi  {Fr.).  —  Intorno  alla  elctlricitâ  indotta  o  din- 
fliicnza  negli  strati  aerei  dall'  atmosfera,  chc  a  forma  di  anello 
circondano  una  nube  risolvcntesi  in  pioggia  neve  o  grandine. 
Venise,  1867;  in-8°. 

Jstitulo  teenico  di  Palcrmo.  —  Giornale  di  scienze  naturali 
cd  economiebe,  pubbliento  per  cura  del  consiglio  di  perfezio- 
namento.  Anno  4  867,  vol.  III,  fasc.  1 ,  2  e  3.  Païenne,  4867; 
in-4°. 

Almanaque  nautico  para  1869 ,  calculado  de  orden  de  S.  M. 
en  cl  observatorio  de  Marina  de  la  Ciudad  de  San  Fernando. 
Cadiz,  4867;  in-8°. 

Zoological  Society  of  London.  —  Transactions,  vol.  VI, 
part  4.  Londres,  4867;  in-4°.  —  Procccdings  of  tbe  scienlific 
meetings  for  tbe  vear  1867,  januarv  and  may.  Londres  ,  1867; 
2  cab.  in-8°. 

Xumismatic  Society  of  London.  —  Tbe  numismatic  ebro- 
nicle,  4867,  part  3.  Londres,  4867;  in-8". 


(  600  ) 

Geological  Society  of  London.  -  The  quarterly  journal, 
vol.  XXIII,  p.  4  (n"  92).  Londres,  1807;  in-8°.  —  List  of  the 
november  1  ',  1807.  Londres,  1807,  in-8°. 

Royal  geological  Society  oflreland,  al  Dublin.  --  Journal, 
vol.  1 5  part  5.  Londres,  1807;  in-8°. 

Durocher  (/.).  —  Essay  on  comparative  petrology,  trans- 
lated by  Samuel  Haughton.  Dublin,  1859 ;  in-8". 

Hattghton  (Samuel).  —  On  some  points  in  (lie  inuseular 
anatomy  ofthe  marsupials.  Dublin,  1807;  in-8". 

Haughton  (Samuel).  —  On  the  chemical  and  mineralogical 
composition  ofthe  Dhurmsala  meteoric  stone.  Dublin,  1800; 
in-8". 

Haughton  (Samuel).  —  On  tlie  change  of  eccentricity  <>r 
the  earth's  orbit  regarded  as  a  cause  of  change  of  climate.  Du- 
blin, 1800;  in-8". 

Haughton  (Samuel).  —  Notes  on  mineralogy,  n01  XII  und 
XIX.  Dublin,  1800;  in-8". 

Haughton  (Samuel).  —  Notes  on  animal  merbanies,  nos  IX 
und  XVIII.  Dublin,  1800;  in-S". 

War  Department,  Surgeon  gênerai  ',$  office,  al  Washing- 
ton, —  Report  on  épidémie  choiera.  Washington,  1867;  in-4°. 

Htjun  (Mallheir).  —  Tbe  eelebrated  (beorv  of  parallels.  Dé- 
monstration of  ibe  eelebrated  tlieorein  Euclids,  axiom  12. 
Washington  ,  1800»;  in-8". 

Hinrichs  (Gustave).  —  Atomechanik  oder  die  chemie  cine 
mechanik  der  Panalome.  (L'atomécanique  ou  la  chimie  avec 
mécanique  des  Panatomcs).  Jowa-City,  1807;  in-4°. 

The  anierican  Journal  of  science  ami  avis  ,  second  séries, 
vol.  XL1U,  nos  128  et  131.  Xew-llaven,  1807;  2  broeli.  in-8". 

Fin    nu   TOME   XXIV    de   LA   2me   SÉRIE. 


BULLETINS  DE  L.' ACADÉMIE  KOYALE  DE  BELGIQUE. 


TABLES  ALPHABÉTIQUES 

DU  TOME  VINGT-QUATRIÈME  DE   LA  DEUXIÈME  SERIE. 

1867. 
TABLE  DES  AUTEURS. 


A. 

Adait.  —  Présentation  d'une  note  sur  l'erreur  moyenne  d'un  ensemble 
d'observations,  -130;  présentation  d'une  noie  concernant  les  erreurs  à 
craindre  sur  les  quantités  calculées  par  la  méthode  des  moindres  car- 
rés, 499. 

Alvin  (/..)•  —  Rapport  sur  le  choix  d'une  cantate  française  pour  le  con- 
cours de  composition  musicale  de  1X07,  8,">;  remplace  le  secrétaire 
perpétuel  à  la  séance  publique  du  23  septembre,  2G7;  élu  membre  de 
la  commission  des  finances  de  la  classe  des  beaux-arts  pour  1868,  518. 

Arneth  {le  chevalier  A.  (/').  —  Hommage  d'ouvrage  ,  197. 

Arrivubene  {le  comte).  —  Hommage  d'ouvrage,  487. 

IL 

Baguet  {François).  —  Annonce  de  sa  mort,  547. 

Balai  {Alphonse).  —  S'excuse  de  ne  pouvoir  présider  les  séances  du  mois 
de  septembre,  222. 

Bellj/nck.  —  Hommage  d'ouvrage,  498;  présentation  des  phénomènes  pé- 
riodiques des  plantes  observés  à  Namur  en  1867,  498. 

Ueruacrl.s.  —  Orages  observés  à  Malines  en  1800  et  1807,  515. 


602  TA1ÎLE    DES    AUTEURS. 

Bernardin.  —  Présentation  de  l'état  de  la  végétation  à  Melle  le  21  octo- 
bre 1867,435. 

Blommaert.  —  Rapport  sur  le  choix  d'une  cantate  flamande  pour  le  con- 
cours de  composition  musicale  de  1867,  97. 

Bogaers  {A.).  —  Remercîments  pour  l'envoi  des  publications  académi- 
ques ,  575. 

Brasseur.  —  Commissaire  pour  un  travail  de  M.  Folie  relatif  au  mouve- 
ment d'un  corps  solide,  5;  rapport  sur  ce  travail,  284;  hommage  d'ou- 
vrage ,  498. 

Briart  {A).  —  Élu  correspondant  de  la  classe  des  sciences,  560. 


Candèze.  —  Commissaire  pour  un  travail  de  M.  F.  Plateau  sur  les  crus- 
tacés d'eau  douce  de  la  Belgique ,  278;  rapport  sur  ce  travail,  440. 

Catalan.  —  Commissaire  pour  un  travail  de  M.  Drèze  sur  un  nouveau 
système  de  cartes  géographiques,  5;  rapport  sur  ce  travail,  285;  com- 
missaire pour  un  travail  de  M.  Speelmans  sur  l'isoscélisme,  102;  com- 
missaire pour  deux  notes  de  M.  Adan,  sur  l'erreur  moyenne  d'un 
ensemble  d'observations,  456,  499. 

Cavalier.—  Présentation  des  observations  météorologiques  faites  à  Ostcnde 
en  1867,2. 

Chaton  (7.).  —  Présentation  d'un  mémoire  sur  les  tiges  ligneuses,  278; 
rapports  de  MM.  Coemans  et  Spring  sur  ce  travail,  499,  505. 

Chalon  {R.).  —  Hommage  d'ouvrages,  79;  commissaire  pour  le  projet 
d'inscription  de  la  statue  de  Baudouin  de  Constantinople,  575;  lecture 
de  son  rapport  sur  ce  projet,  488. 

Coemans  {Eug.).—  Commissaire  pour  un  travail  de  M.  J.  Chalon  surles  liges 
ligneuses,  278;  rapport  sur  ce  travail,  499;  commissaire  pour  une  lettre 
de  M.  Le  Brun  sur  les  variétés  dans  les  plantes,  278;  commissaire 
pour  un  travail  de  M.  A.  Wesmael  sur  les  caractères  du  genre  Populus, 
456;  rapport  sur  ce  travail,  504. 

Congrès  de  littérature  néerlandaise.  —  Envoi  du  programme  de  la  réu- 
nion, 197. 

Congrès  international  de  statistique.  —  Notification,  par  M.  Maestri ,  de 
sa  sixième  réunion  à  Florence,  2. 

D. 

Daussoigne-Mchul.  —  Remarques  critiques  sur  l'organisation  actuelle  des 
grands  concours  de  composition  musicale,  215;  quelques  observations 


TAULE    DES    AUTEURS. 


605 


sur  l'emploi  de  deux  langages  dans  les  concours  de  composition  musi- 
cale, 257. 

De  Busscher  (Edm.).  —  Notification  du  décès  de  M.  le  baron  de  Saint-Gé- 
nois comme  membre  de  la  commission  de  la  Biographie  nationale ,  572. 

De  Decker  (P.).  -  Rapport  sur  un  mémoire  de  M.  F.  Loise  relatif  à  l'histoire 
de  la  littérature  espagnole,  207  ;  discours  prononcé  aux  funérailles  de 
M.  le  baron  Jules  de  Saint-Génois,  571 ,  405;  notification  du  legs  fait  par 
M.  de  Saint-Génois,  572;  lecture  d'un  rapport  sur  le  complément  du 
travail  de  M.  F.  Loise  relatif  au  théâtre  en  Espagne,  575;  élu  membre 
de  la  commission  des  finances  de  la  classe  des  lettres  pour  1868,  545. 

De  Gerlache  (le  baron).  —  Élu  membre  de  la  commission  des  finances  ôq 
la  classe  des  lettres  pour  1868 ,  545. 

Denza  (F.).  —  Observations  des  étoiles  filantes,  à  Montcalier  (près  Turin), 
du  9  au  12  août  1867,  297;  observations  des  étoiles  filantes  faites  dans 
la  même  localité  en  novembre  1867,  515. 

De  Sellier  (le  chevalier).  —  Présentation  d'un  travail  intitulé  :  Esquisses 
biographiques,  197. 

De  Selys-Longchamps.  —  Commissaire  pour  un  travail  de  M.  F.  Plateau 
sur  les  crustacés  d'eau  douce  de  la  Belgique,  278;  rapport  sur  ce  travail , 
459;  présentation  de  l'état  de  la  végétation  à  Waremme,  le  21  octo- 
bre 1867,457. 

De  Wilte  (le  baron).  —  Promesse  d'une  notice  sur  Ed.  Gerhard,  84. 

Docq.  —  Présentation  d'un  mémoire  sur  l'appareil  auditif,  278. 

UOmalius  d'Halloy.  —  Rapport  sur  un  travail  de  M.  Ed.  Dupont  relatif 
aux  cavernes  du  bois  de  Foy  à  Monlaigle,  5. 

Donng.  —  Rapport  sur  un  travail  de  M.  F.  Plateau  relatif  à  la  transfor- 
mation spontanée  d'un  cylindre  liquide  en  sphères  isolées,  5. 

Drèze  (P.).  —  Présentation  d'un  travail  sur  un  nouveau  système  de  cartes 
géographiques,  5;  rapports  de  MM.  Catalan  et  E.  Quctelct  sur  ce  tra- 
vail, 285. 

Du  Bus  (le  vicomte  D.).  —  Sur  quelques  mammifères  du  crag  d'Anvers, 
discours  prononcé  à  la  séance  publique  du  17  décembre,  562. 

Dupont  (Ed.).  —  Découverte  d'objets  gravés  et  sculptés  dans  le  trou  Ma- 
grile,  à  Pont-à-Lesse,  129;  sur  l'emploi  probable  de  l'oligiste  trouvé 
dans  la  couche  de  l'âge  du  renne  dans  la  caverne  de  Chaleux,  485. 

Duprez.  —  Rapport  sur  un  travail  de  M.  F.  Plateau  relatif  à  la  transfor- 
mation spontanée  d'un  cylindre  liquide  en  sphères  isolées,  4;  observa- 
tions des  étoiles  filantes  à  Gand,  du  9  au  12  août  1867,  289;  commis- 
saire pour  un  travail  de  M.  Monligny  relatif  au  pouvoir  dispersif  de  l'air, 
456. 


C04 


TAULE  DES  AUTEURS. 


Faider  (Ch.).  —  Élu  membre  de  la  commission  des  finances  de  la  classe 

des  lettres  pour  1868,545. 
Faraday.  —  Annonce  de  sa  mort ,  276. 
Fétis  (Ed.).  —  Rapport  sur  les  mémoires  de  concours  de  la  classe  des 

beaux-arts  en  réponse  à  la  question  relative  à  Quentin  Metsys,  228. 
Fétis  (F.).  —  Discours  prononcé  à  la  séance  publique  de  la  classe  des 

beaux-arts,  265;  note  sur  un  rapport  de  M.  Huberti  concernant  ses 
fc  études  musicales  en  Allemagne,  418;  élu  membre  de  la  commission  des 

linances  de  la  classe  des  beaux-arts  pour  1868,  548. 
Folie  (F.).  —  Théorie  nouvelle  du  mouvement  d'un  corps  solide,  3e  partie, 

3,  325;  rapports  de  MM.  Brasseur  et  Steichen  sur  ce  travail ,  284,  286. 
Fraikin.  —  Élu  membre  de  la  commission  des  finances  de  la  classe  des 

beaux-arts  pour  1868 ,  548. 
Fritsck  {Ch.).  —  Présentation  de  ses  observations  botaniques  laites  à 

Vienne  en  1867,  455. 


Gachard.  —  Commissaire  pour  un  travail  de  M.  Kervvn  de  Lettenhove  re- 
latif à  des  lettres  inédiles  de  Marie-Thérèse,  80;  rapport  sur  ce  travail , 
204;  élu  membre  de  la  commission  des  finances  de  la  classe  des  lettres 
pour  1868,  545. 

Geefs  {G.).  —  Élu  membre  de  la  commission  des  finances  de  la  classe 
des  beaux-arts  pour  1868,  548. 

Ghaye.  —  Présentation  de  l'état  de  la  végétation  à  Waremme  le  21  octobre 
1867,435. 

Gilbert  (Ph.).  —  Élu  associé  de  la  classe  des  sciences,  560. 

Glaser.  —  Recherches  sur  quelques  dérivés  de  l'acide  cinnamique, 
(2mc  partie),  48;  rapports  de  MM.  Kekulé  et  Stas  sur  ce  travail,  14,  17. 

Glaser  et  Radziszewsky.  —  Sur  quelques  transformations  de  l'acide  for- 
mobenzoïque,  3,  158;  rapports  de  MM.  Kekulé  et  Stas  sur  ce  tra- 
vail, 109. 

Gluge.  —  Commissaire  pour  un  travail  de  M.  E.  Husson  relatif  à  l'action 
des  silicates  alcalins  sur  l'économie  animale,  5,  rapport  sur  ce  travail, 
106;  rapport  sur  un  travail  de  M.  Masius  relatif  au  centre  ano-spinal, 
279. 


TABLE    DES    AUTEURS.  605 


II 


Haes  (Louis).  —  Lauréat  du  grand  concours  de  composition  musicale  de 

1867,212. 
Haidinger  (le  chev).  —  Détails  sur  sa  collection  de  météorites,  277. 
Heuschling  (X.).  —  Hommage  d'ouvrage,  5-15. 
Husson  (E.).  —  De  l'action  des  silicates  alcalins  sur  l'économie  animale , 

3,  153;  rapports  de  MM.  Schwann,  Gluge  et  Melsens  sur  ce  travail, 

105,106,  107. 


Jacobi.  —  Élu  associé  de  la  classe  des  sciences,  560. 

Jouvenel  (A.).  —  Annonce  de  sa  mort,  222. 

Juste  (Th.).  —  Hommage  d'ouvrage,  79;  commissaire  pour  un  travail  de 
M.  Kervyn  de  Lettenhove  relatif  à  des  lettres  inédiles  de  Marie-Thérèse, 
80;  rapport  sur  ce  travail,  204;  rapport  sur  un  travail  de  M.  Van  Rossum 
relatif  aux  lettres  de  Charles-Quint  à  Rabelais,  83,  205  ;  Charles  de  Lan- 
noy,  vice-roi  de  Naples,  et  Charles-Quint,  574; élu  membre  de  la  commis- 
sion de  la  Biographie  nationale,  487. 

K 

Kekulé.  —  Commissaire  pour  un  travail  de  M.  W.  Korner  sur  l'acide  ani- 
sique,  5;  rapport  sur  ce  travail,  107;  commissaire  pour  un  travail  de 
M.  Ronday  sur  l'acide  homotarlrique,  5;  rapport  sur  ce  travail,  112; 
commissaire  pour  un  travail  de  MM.  Glàser  et  Radziszewsky  sur  quel- 
ques transformations  de  l'acide  formobenzoïque ,  3;  rapport  sur  ce  tra- 
vail, 109;  rapport  sur  un  travail  de  M.  Swarts  relatif  à  l'acide  itaconique, 
8;  rapport  sur  un  travail  de  M.  Glaser  relatif  aux  dérivés  de  l'acide  cin- 
namique,14;  rapport  sur  un  travail  de  M.  Korner  relatif  à  la  détermina- 
tion du  lieu  chimique  dans  la  série  aromatique,  1 1  i  ;  deuxième  note  sur 
les  sulfacides  du  phénol,  118. 

Kervyn  de  Lettenhove  (le  baron).  —  Présentation  d'un  mémoire  sur  des 
lettres  inédites  de  Marie -Thérèse,  80;  rappoits  de  MM.  Th.  Juste  et 
Gachard  sur  ce  travail,  204;  hommage  d'ouvrages,  197,  573;  commis- 
saire pour  le  projet  d'inscription  de  la  statue  de  Baudouin  de  Conslanti- 
nople,  575;  lecture  de  son  rapport  sur  ce  projet,  488. 

Korner  (W.).  —  Notice  sur  la  synthèse  de  l'acide  anisique,  de  l'acide 


606  TABLE    DES    AUTEURS. 

méthyloxybenzoïque  ,  d'un  krésol  nouveau  et  sur  l'acide  parasodoben- 
zoïque,  5,  152;  rapports  de  MM.  Melsens  et  Kekulé  sur  ce  travail, 
107;  sur  la  détermination  du  lieu  chimique  dans  la  série  aromatique, 
166;  rapports  de  MM.  Kekulé  et  Stas  sur  ce  travail,  111. 


Laboulaye  {Ed.).  —  Remercîments  pour  les  publications  académiques, 
486. 

Lacordaire  (Th.).  —  Rapport  au  nom  du  jury  chargé  de  juger  le  qua- 
trième concours  quinquennal  des  sciences  naturelles,  o78. 

Lebrun  (L.).  —Lauréat  du  grand  concours  de  peinture  de  1867,  269. 

Le  Brun.  —  Présentation  d'une  letjre  sur  les  variétés  clans  les  plantes, 
278. 

Leclercq  (M.-N.-J.).  —  Communication  de  la  résolution  prise  par  la  com- 
mission administrative  relativement  au  legs  de  M.  le  baron  de  Saint- 
Genois,  488;  élu  membre  de  la  commission  des  finances  de  la  classe 
des  lettres  pour  1868,  543. 

Le  Verrier  {Ulysse).  —  Demande  de  renseignements  sur  la  météorologie 
de  la  Belgique ,  279. 

Liagre.  —  Commissaire  pour  un  travail  de  M.  Folie  relatif  au  mouvement 
d'un  corps  libre,  5;  rapport  sur  ce  travail,  286;  commissaire  pour  un 
travail  de  M.  Speelmans  sur  l'isoscélisme,  102;  commissaire  pour  deux 
notes  de  M.  Adan  sur  l'erreur  moyenne  d'un  ensemble  d'observations, 
456,  499. 

M. 

Maestri  (P.).  —  Annonce  de  la  sixième  réunion  du  Congrès  de  statistique 
•  à  Florence ,  2. 

Maillij  (Ed.).  —  Élu  correspondant  de  la  classe  des  sciences,  560. 
Malaise.  —  Orages  observés  à  Gembloux  du  1er  avril  au  51  juillet  1867, 

504;  sur  les  rhizomes  verticaux  ôuPhrag mites  commuais  trinius,  484. 
Marchai  (Ed.).  —  Bolide  observé  à  Bruxelles  le  11  juin  1867, 18;  météore 

aperçu  à  Bruxelles,  dans  la  soirée  du  26  septembre  1867,  512. 
Mashts  (J.-B.-V.).  —  Du  centre  ano-spinal,  512;  rapports  de  MM.  Gluge, 

Poelman  et  Sehwann  sur  ce  travail ,  279, 281 ,  282. 
Mathieu  (Ad.).  —  Commissaire  pour  le  projet  d'inscription  delà  slalue  de 

Baudouin  de  Constantinople,  575;  lecture  de  son  rapport  sur  ce  projet, 

488;  élu  membre  de  la  commission  pour  la  publication  des  œuvres  des 

grands  écrivains  du  pays,  487. 
Mellery  (X  ).  —  Lauréat  du  grand  concours  de  peinture  de  1867,  269. 


TABLE    DES    AUTEURS.  007 

Melsens.  —  Commissaire  pour  un  travail  de  M.W.  Korner  sur  l'acide  ani- 
sique,  5;  rapport  sur  ce  travail,  107;  commissaire  pour  un  travail  de 
M.  E.  Husson  relatif  à  l'action  des  silicates  alcalins  sur  l'économie  ani- 
male, 3;  rapport  sur  ce  travail,  107;  dépôt  d'une  note  sur  la  fermenta- 
tion des  levures  de  bière,  17. 

Michaëls  {CL).—  Lauréat  du  concours  des  cantates  françaises  de  1867,  268. 

Ministre  de  la  guerre  {31.  le).  —  Hommage  d'ouvrage ,  435. 

Ministre  de  V intérieur  {M.  le).  —  Confie  à  M.  Julien  Leclercq,  l'exécution 
du  buste  de  M.  de  Ram,  84, 196;  communication  du  résultat  du  concours 
des  cantates  de  1867,  84;  envoi  d'ouvrages,  102,  197,  572;  communi- 
cation d'un  rapport  de  M.  Huberti ,  lauréat  du  concours  de  composition 
musicale  dé  1865,  211;  communication  des  résultats  du  concours  de 
composition  musicale  de  1867,  222;  proposition  de  fixer  la  séance  pu- 
blique de  la  classe  des  beaux-arts  au  25  septembre,  222;  communica- 
tion desrésulats  du  grand  concours  de  peinture  de  1867,  222;  projet 
d'inscription  pour  la  statue  de  Baudouin  de  Constantinople,  572;  lec- 
ture des  rapports  de  MM.  R.  Chalon,  Kervyn  de  Lettenhove  et  Mathieu 
sur  ce  projet,  575,  488;  communication  des  résultats  du  quatrième 
concours  quinquennal  des  sciences  naturelles,  498,599. 

Mittermaier.  —  Annonce  de  sa  mort,  571. 

Montalembert  {le  comtede).—  Remercimenls  pour  les  publications  acadé- 
miques, 80,  575. 

Mont iyny  {Charles).  —  Note  sur  le  pouvoir  dispersif  de  l'air,  456,  525; 
rapport  de  M.  Plateau  sur  ce  travail,  508;  élu  membre  de  la  classe  des 
sciences,  560. 

Morren  {Éd.).  —  Commissaire  pour  un  travail  de  M.  Alf.  Wesmael  sur  les 
caractères  du  genre  Populus,  456;  rapport  sur  ce  travail,  506. 

N. 

Neyt  {A.-L.).  —  Orage  observé  à  Gand  le  4  septembre  1867,505. 


Paftoes.  —  Élu  membre  de  la  commission  des  finances  de  la  classe  des 
beaux-arts  pour  1868,  548. 

Plateau  {Félix).  —  Sur  la  transformation  spontanée  d'un  cylindre  liquide 
en  sphères  isolées,  21  ;  rapports  de  MM.  Duprez  et  Donny  sur  ce  travail, 
4,  5;  présentation  d'un  travail  sur  les  crustacés  d'eau  douce  de  la  Bel- 
gique, 278.  Rapports  de  MM.  Van  Beneden,  de  Selys-Longchamps  et 
Candèze  sur  ce  travail,  457,  459,  440. 

Plateau  {J  ).  —  Commissaire  pour  un  mémoire  de  M.  Docq  sur  l'appareil 


008  TABLE    DES    AUTEURS. 

auditif,  278  ;  commissaire  pour  un  travail  de  M.  Montigny  sur  le  pouvoir 
dispersif  de  l'air,  456  ;  rapport  sur  ce  travail,  508. 

Poelman.  —  Rapport  sur  un  travail  de  M.  Masius  relatif  au  centre  ano- 
spinal,281. 

Polain.  —  Bapport  sur  un  travail  de  M.  Van  Rossum  relatif  aux  lettres 
de  Charles-Quint  à  Rabelais,  85,  202;  rapport  sur  un  mémoire  de 
M.  F.  Loise  relatif  à  l'histoire  de  la  littérature  espagnole,  209;  lecture 
d'un  rapport  sur  le  complément  du  travail  de  M.  Loise  relatif  au  théâtre 
en  Espagne,  575. 

Porlaels.  —  Rapport  sur  les  mémoires  de  concours  de  la  classe  des  beaux- 
arts  en  réponse  à  la  question  relative  à  Quentin  Metsys,  224. 

Président  de  la  Chambre  des  Représentants  {M.  le)  —  Rem^cîments  pour 
l'invitation  adressée  à  la  Chambre  d'assister  à  la  séance  publique  du 
17  décembre,  559. 

Questeurs  du  Sénat  et  de  la  Chambre  des  Représentants  {MM.  les).  — 
Cartes  d'entrée  pour  les  tribunes  réservées,  490. 

Q 

Quetelet  {Ad  ).  —  Bolide  observé  par  M.  Marchai  le  H  juin  1867, 18;  orage 
remarquable  à  Gand  dans  la  nuit  du  2  au  5  juin  1867,  19;  commissaire 
pour  un  travail  de  M.  Speelmans  sur  l'isoscélisme,  102;  sur  les  orages 
des  mois  de  juin  et  juillet  1867,  114;  présentation  de  la  table  de  la  2e 
série  (t.  I  à  XX)  des  Bulletins ,  dressée  par  M.  Ad.  Siret,  225;  observations 
des  étoiles  filantes,  faites  au  mois  d'août  1867,  à  l'Observatoire  royal  de 
Bruxelles,  287;  sur  la  sixième  session  du  congrès  de  statistique  de  Flo- 
rence, en  1867,  408;  présentation  des  résultats  de  l'état  de  la  végéta- 
tion à  Bruxelles  le  21  octobre  1867,  455;  orages  des  mois  d'août  et 
septembre  1867,  observés  à  l'Observatoire  royal  de  Bruxelles,  500; 
hommage  d'ouvrages,  498;  étoiles  filantes  du  milieu  de  novembre  1867 
et  état  de  l'atmosphère  à  la  même  époque,  509;  lecture  d'une  notice 
sur  A.  Timmermans  ,  561. 

Quetelet  [Ernest).  —  Commissaire  pour  un  travail  de  M.  Drèze  sur  un 
nouveau  système  de  caries  géographiques,  5 

R. 

Radziszcwskij  et  Gldser.  —  Sur  quelques  transformations  de  l'acide  for- 
mobenzoïque,  5,  158;  rapports  de  MM.  Kektilé  et  Stas  sur  ce  travail, 
109. 


TABLE    DES    AUTEURS.  609 

Bagona.  —  Observations  météorologiques  horaires,  faites  à  Modène,  pen- 
dant le  solstice  d'été  de  l'année  1867,  306. 

Revue  des  cours  scientifiques  et  littéraires.  —  Demande  l'échange  avec 
les  publications  académiques,  435. 

Rolh  (Chr).  —  Soumet  deux  photographies  d'une  statue  anatomique,  490. 

Rigouls-Verberf.  —  Annonce  de  sa  mort,  2. 

Roi  des  Belges  {S.  M.  le).  —  S'excuse  de  ne  pouvoir  assister  à  la  séance 
publique  du  23  septembre,  222;  et  du  17  décembre,  339. 

Ronday.  —  Notice  préliminaire  sur  l'acide  homotartrique,  3, 194;  rapport 
de  M.  Kekulé  sur  ce  travail,  112;  note  sur  quelques  sels  de  l'acide  ita- 
malique,  186;  rapport  de  M.  Slas  sur  ce  travail,  113. 

Roulez.  —  S'excuse  de  ne  pouvoir  présider  la  séance  du  1er  juillet,  79; 
inscription  pour  la  médaille  décernée  à  M.  Van  Cleemputte,S48. 

S. 

Saint-Génois  {le  baron  de).  —  Lecture  d'une  notice  sur  WarnkOnig,  210; 

annonce  de  sa  mort,  371  ;  legs  fait  à  l'Académie,  572,  488. 
Scarpellini  {Mme).  —  Observations  des  étoiles  filantes  à  Rome,  du  9  au 

10  août  1867,  295. 
Schwann.  —  Commissaire  pour  un  travail  de  M.  E.  Husson  relatif  à  l'action 

des  silicates  alcalins  sur  l'économie  animale,  3;  rapport  sur  ce  travail,  105; 

dépôt  d'un  billet  cacheté,  278;  commissaire  pour  un  mémoire  de  M.  Docq 

sur  l'appareil  auditif,  278;  rapport  sur  un  mémoire  de  M.  Masius  relatif 

au  centre  ano-spinal,  282;  commissaire  pour  un  travail  de  M.  Edouard 

Van  Beneden  sur  le  genre  Dactycotyle ,  456. 
Siret  {Ad.).  —  Présentation  de  la  table  de  la  2me  série  des  Bulletins  de 

l'Académie  (tomes  I  à  XX) ,  225. 
Snellaert.  —  Communications  relatives  à  la  commission  des  monuments 

de  la  littérature  flamande,  487,  545. 
Société  malacologique  de  Bruxelles.  —  Hommage  d'ouvrage  et  demande 

d'échange,  2. 
Société  royale  des  beaux-arts  et  de  littérature  de  Gand.  —  Envoi  du  pro- 
gramme de  concours  de  1867  à  1868,  212. 
South  (/.).  —  Annonce  de  sa  mort,  454. 

Speelmans.  —  Présentation  d'un  travail  sur  l'isoscélisme,  102. 
Spring.  —  Hommage  d'ouvrage,  2;  commissaire  pour  un  mémoire  de 

M.  J.  Chalon  sur  les  tiges  ligneuses,  278;  rapport  sur  ce  travail,  505; 

commissaire  pour  une  lettre  de  M.  Le  Brun  sur  les  variétés  dans  les 
2me  SÉRIE,  TOME  XXIV.  il 


010  TABLE    DES    AUTEURS. 

plantes, 278;  commissaire  pour  un  travail  de  M.  Edouard  Van  Beneden 

sur  le  genre  Dactycotijk ,  456. 
Stas.  —  Commissaire  pour  un  travail  de  MM.  Glâser  et  Radziszewsky  sur 

quelques  transformations  de  l'acide  formobenzoïque,  5;  rapport  sur  ce 

travail,  109;  rapport  sur  une  note  de  M.  Ronday  relative  à  l'acide  ita- 

malique,  il 5. 
Swarfs.  —  Sur  les  dérivés  par  addition  de  l'acide  ilaconique  et  de  ses 

isomères  (2e  partie),  2o;  rapports  de  MM.  Kekulé  et  Stas  sur  ce  travail, 

8,  17. 


Terby  (F.).  —  Observations  des  étoiles  filantes  à  Louvain,  du  11  au  12 
août  1867,  200;  orages  observés  à  Louvain  depuis  le  19  juillet  exclusi- 
vement, jusqu'au  13  septembre  1867,  301;  observations  des  étoiles 
filantes  à  Louvain  en  novembre  1867,  510;  orages  observés  à  Louvain 
en  octobre  1867,  315. 

Thierry  (Amédée).  —  Hommage  d'ouvrage,  79. 

Thiers.  —  Remercîments  pour  l'envoi  des  Bulletins,  544. 


V 

Van  Beneden  (Edouard).  —  Présentation  d'un  mémoire  sur  le  genre  Dac- 
tycotyle,  436. 

Van  Beneden  [P.-.I.).  —  Rapport  sur  un  travail  de  M.  Éd.  Dupont  relatif  aux 
cavernes  du  bois  de  Foy  à  Montaigle,  6;  commissaire  pour  un  travail 
de  M.  F.  Plateau  sur  les  crustacés  d'eau  douce  de  la  Belgique,  278;  rap- 
port sur  ce  travail,  437;  lauréat  du  quatrième  concours  quinquennal  des 
sciences  naturelles,  498;  considérations  verbales  sur  les  baleines,  543. 

Van  Cleemputte  (E.).  —  Auteur  d'un  mémoire  de  concours  sur  Quentin 
Melsys,  415;  inscription  pour  sa  médaille  de  concours,  548. 

Vanden  Bussche  {Em.).  —  Auteur  d'un  mémoire  de  concours  sur  Quentin 
Melsys,  491. 

Vandenkerckhove  [Cli.).  -  Lauréat  du  grand  concours  de  peinture  de 
1867,269. 

Van  Ghelutve  [Léon).  —  Lauréat  du  grand  concours  de  composition  mu- 
sicale de  1867,  212. 

Van  Basselt  {A.).  —  Hommage  d'ouvrages,  212,  225. 

Versnayen  [Ch.).  —  Lauréat  du  concours  des  cantates  flamandes  de  1867, 
268. 


TABLE    DES    AUTEURS.  Gil 


w. 


Waclpul  {J.-B.).  —  Lauréat  du  grand  concours  de  composition  musicale 

de  1867,212. 
Wauters  (Alph.).  —  Rapport  sur  un  travail  de  M.  Van  Rossum  relatif  aux 

lettres  de  Charles-Quint  à  Rabelais,  85, 199;  hommage  d'ouvrage,  oio; 

quelques  mots  sur  le  Bruxellois  Pierre  de  Kempeneer,  connu  sous  le 

nom  de  Piedro  Campana ,  5 19. 
Wesmael  {Alf.).  —  Présentation  d'un  travail  sur  les  caractères  du  genre 

Populus,  456;  rapports  de  MM.  Cocmansel  Morren  sur  ce  travail,  504, 

506. 
Wesmael  [Constantin).  —  Ichneumonologica  documenta,  441,  556. 
Wolowski. —  Hommage  d'ouvrages,  197. 


TABLE  DES  MATIÈRES. 


A. 

Anatomie  comparée.  —  Présenlation  d'un  mémoire  sur  l'appareil  auditif, 
par  M.  Docq,  et  nomination  de  commissaires,  278;  du  centre  ano-spinal, 
par  M.  V.  Masius,  312;  rapports  de  MM.  Gluge,  Poelman  et  Schwann 
sur  ce  travail,  279,  281,  282. 

Astronomie.  —  Observations  des  étoiles  filantes,  faites  au  mois  d'août 
1867  à  l'Observatoire  de  Bruxelles,  communication  de  M.  Ad.  Quetelet, 
287;  observations  des  étoiles  filantes  à  Gand ,  du  9  au  12  août  1867, 
communication  de  M.  Duprez,  289;  observations  des  étoiles  filantes  à 
Louvain  du  11  au  12  août  1867,  lettre  de  M.  F.  Terby  à  M.  Ad.  Quetelet, 
290;  observations  des  étoiles  filantes  à  Rome  du  9  au  10  août  1867,  let- 
tre de  Mrae  Scarpellini  à  M.  Ad.  Quetelet,  295;  observations  des  étoiles 
niantes  à  Montcalier ,  du  9  au  12  août  1867  ,  lettre  de  M.  Denza  à  M.  Ad. 
Quetelet,  297;  sur  un  bolide  aperçu  à  Bruxelles,  le  11  juin  1867,  par 
M  Marchai,  communication  de  M.  Ad.  Quetelet ,  18;  sur  un  météore 
aperçu  à  Bruxelles, dans  la  soirée  du  26  septembre  1867,  par  M  Marchai , 
512;  étoiles  filantes  du  milieu  de  novembre  1867,  et  état  de  l'atmos- 
phère à  la  même  époque,  par  M.  Ad.  Quetelet,  509;  observations  faites 
à  Louvain  sur  les  étoiles  filantes  de  novembre  1867,  par  M.  F.  Terby, 
510;  observations  faites  à  Montcalier  des  étoiles  filantes  de  novembre 
1867,  par  M.  Denza,  513;  détails  communiqués  par  M.  le  chevalier  Hai- 
dinger  sur  sa  collection  de  météorites,  277. 

B. 

Biographie.  —  Lecture  d'une  notice  sur  Warnkônig,  par  M.  le  baron  de 
Saint-Génois,  210;  Charles  de  Lannoy,  vice-roi  de  Naples,  etCharles-Quint, 
par  M.  Th.  Juste, 374;  discours  de  M.  De  Decker  prononcé  aux  funérailles 
de  M.  le  baron  de  Sainl-Genois,  198;  quelques  mots  sur  le  Bruxellois 
Pierre  de  Kempeneer,  connu  sous  le  nom  de  Piedw  Campana,  par  M.  A. 
Wauters,  519;  lecture  d'une  notice  sur  Alexis  Timmermans,  par  M.  Ad. 

•   Quetelet,  577. 


TABLE    DES    MATIÈRES.  615 

Botanique.  —  Présentation  d'un  mémoire  sur  les  tiges  ligneuses,  par 
M.  J.  Chalon  et  nomination  de  commissaires,  278;  rapports  de  MM.  Eug. 
Coemans  et  Spring  sur  ce  travail,  499,  503;  présentation  d'un  aperçu 
sur  les  variétés  dans  les  plantes ,  par  M.  Le  Brun ,  et  nomination  de 
commissaires,  278;  présentation  d'un  travail  sur  les  caractères  du 
genre  Populus,  par  M.  Alf.  Wesmael,  et  nomination  de  commissaires, 
436;  rapports  de  MM.  Eug.  Coemans  et  Ed.  Morren  sur  ce  travail,  504; 
sur  les  rhizomes  verticaux  du  Phragmitcs  communis  trinius;  par 
M.  Malaise,  484. 

C. 

Chimie.  —  Notice  sur  la  synthèse  de  l'acide  anisique,  de  l'acide  méthy- 
Ioxybenzoïque,  d'un  krésol  nouveau  et  sur  l'acide  paraïodobenzoïque, 
par  M.  W.  Kôrner,  152;  rapports  de  MM.  Melsens  et  Kekulé  sur  ce  tra- 
vail, 107;  notice  préliminaire  sur  l'acide  homotartrique,  par  M.  Ronday, 
194;  rapports  de  M.  Kekulé  sur  ce  travail,  112;  sur  quelques  transfor- 
mations de  l'acide  formobenzoique,  par  MM.  Glàser  et  Radziszewsky  j 
158;  rapports  de  MM.  Kekulé  et  Stas  sur  ce  travail,  109;  de  l'action 
des  silicates  alcalins  sur  l'économie  animale,  par  M  Husson  ,133;  rap- 
ports de  MM.  Schwann,  Gluge  et  Melsens  sur  ce  travail ,  105  ,  106,  107. 
sur  les  dérivés  par  addition  de  l'acide  itaconique  et  de  ses  isomères,  par 
M.  Swarts,  23:  rapports  de  MM.  Kekulé  et  Stas  sur  ce  travail,  8,  17; 
recherches  sur  quelques  dérivés  de  l'acide  cinnamique  ,  par  M.  Glaser, 
48;  rapport  de  M.  Kekulé  sur  ce  travail,  14;  faits  pour  servir  à  la  dé- 
termination du  lieu  chimique  dans  la  série  aromatique ,  par  M.  Kôrner, 
166;  rapports  de  MM.  Kekulé  et  Stas  sur  ce  travail,  111;  note  sur 
l'acide  itamalique,  par  M.  H.  Ronday,  186;  rapport  de  M.  Stas  sur  ce 
travail,  115;  deuxième  note  sur  les  sulfacides  du  phénol ,  par  M.  A.  Ke- 
kulé, 118;  notice  préliminaire  sur  l'acide  homotartrique.  par  M.  H.  Ron- 
day, 194. 

Commission  de  littérature  flamande.  —  Ajournement  du  remplacement 
de  M.  David,  487,  545. 

Commission  pour  la  publication  des  œuvres  des  grands  écrivains  du 
pays.  —  Présentation  du  tome  III  des  chroniques  de  Froissart,  éditées 
par  M.  le  baron  Kervyn  de  Leltenhove ,  565;  M.  Ad.  Mathieu  élu  membre 
en  remplacement  de  M.  le  baron  de  Saint-Génois,  487. 

Concours  de  composition  musicale  de  1867  (grand).  —  Notification  du 
résultat  du  concours  des  poëmes,  85;  rapport  de  M.  Alvin  sur  le  choix 
d'une  cantate  française,  85;  rapport  de  M.  Rlommaerl  sur  le  choix  d'une 
cantate  flamande,  97;  notification  des  opérations  du  jury  pour  la  corn- 


014  TABLE    DES    MATIÈRES. 

position  musicale,  211;  proclamation  des  résultats  du  concours  des 
poèmes,  268;  proclamation  des  résulats  du  concours  de  composition 
musicale,  269. 

Concours  de  la  classe  des  beaux-arts.  —  Lecture  des  rapports, de  MM.  AI- 
vin ,  De  Keyzer  et  Payen  concernant  le  mémoire  en  réponse  à  la  deuxième 
question  relative  à  renseignement  des  arts  graphiques  et  plastiques,  225  ; 
rapports  de  MM.  Portaels  et  Ed.  Fétis,  sur  les  mémoires  en  réponse  à  la 
question  relative  à  Quentin  Metsys,  224,  228;  proclamation  des  résul- 
tats du  concours  ,26;  programme  pour  1868,  414;  questions  pour  1869, 
416;  mémoire  reçu  après  le  terme  fatal,  414. 

Concours  de  la  classe  des  lettres.  —  Programme  pour  1869,  80. 

Concours  de  la  classe  des  sciences.  —  Résultats  du  concours  de  1867, 
102,577. 

Concours  de  peinture  (grand).  —  Notification  des  opérations  du  jury  de 
1867.  222;  proclamation  des  résultats  du  concours,  269. 

Concours  de  Stassart.  —  Question  d'histoire  mise  au  concours  pour  1869, 
198. 

D. 

Discours.  —  Discours  de  M.  F.-J.  Fétis  à  la  séance  publique  du  25  sep- 
tembre, 265;  de  M.  De  Decker  aux  funérailles  de  M.  le  baron  de  Saint- 
Génois,  405. 

Dons.  —  Ouvrages,  par  M.  Spring,  2  ;  par  M.  Amédée  Thierry,  79  ;  par  M.  Th. 
Juste,  79;  par  M.  Ghalon,  80;  par  M.  le  Ministre  de  l'intérieur,  102, 
197,  572;  par  M.  le  baron  Kervyu  de  Letlenhove,  197,  575;  par  M.  Wo- 
lowski,  197;  par  M.  le  chevalier  d'Arneth,  197;  par  MM.  Van  Hasselt 
et  J.-B.  Rongé,  212,  225 ;  par  M.  le  Ministre  de  la  guerre,  455;  par  M.  le 
comte  Arrivabene,  487;  par  M.  Ad.  Quetelel,  498;  par  M.  Brasseur;  ib.; 
par  M.  Bellynck,  ib.;  par  M.  A.  Wauters,  545;  par  M.  Heuschling,  545. 


E. 

Élections  et  nominations.  —  Adoption  d'une  liste  de  candidats  pour  les 
places  vacantes  dans  la  classe  des  sciences,  278,  456;  M.  Th.  Juste  élu 
membre  de  la  commission  de  la  Biographie  nationale,  487;  M.  Ad.  Ma- 
thieu élu  membre  de  la  commission  pour  les  grands  écrivains  du  pays, 
487;  M.  Snellaert  demande  de  procédera  l'élection  de  deux  membres 
dans  la  commission  des  monuments  de  la  littérature  flamande,  487; 
adoption  d'une  liste  de  candidats  pour  les  jurys  chargés  de  décerner 
les  prix  de  littérature  française  et  de  littérature  flamande,  489;  adoption 


TABLE    DES    MATIÈRES.  fil  5 

d'une  liste  de  candidats  pour  les  places  vacantes  dans  la  classe  des 
beaux-arts,  491;  élection  de  MM.  le  baron  de  Gerlache,  M.-N.-J.  Le- 
clercq,  Ch.  Faider,  De  Decker  et  Gachard  comme  membres  de  la  com- 
mission des  finances  de  la  classe  des  lettres  pour  1868,  545;  élection  de 
MM.  Al  vin,  F.  Fétis,  Fraikin,  G.  Geefs  et  Partoes  comme  membres  de  la 
commission  des  finances  de  la  classe  des  beaux-arts  pour  1S68, 548;  élec- 
tion de  MM.  Charles  Montigny,  PI) .  Gilbert,  Jacobi,  Ed.  Mailly  et  A.  Briart 
comme  membre,  associés  et  correspondants  de  la  classe  des  sciences, 
560. 

Entomologie.  —  Voir  Zoologie. 

Épigraphie.  —  Communication  du  projet  d'inscription  pour  la  statue  de 
Baudouin  de  Constantinople,  et  nomination  de  commissaires,  372;  lec- 
ture des  rapports  de  MM.  Chaîon,  Kervyn  de  Lettenhove  et  Mathieu  sur 
ce  projet  et  résolution  de  la  classe  à  ce  sujet,  488,  546  ;  inscription ,  par 
M.  Boulez,  pour  la  médaille  décernée  à  M.  Van  Cleempulle,  ;U8. 


Géographie.  —  Présentation  d'un  travail  relatif  à  un  nouveau  système  de 
cartes  géographiques,  par  M.  P.  Drèze,  3;  rapports  dé  MM.  Catalan  et 
E.  Quetelet  sur  ce  travail,  283. 

H. 

Histoire.  —  Présentation  par  M.  le  baron  Kervyn  de  Lettenhove,  d'un 
travail  concernant  des  lettres  inédites  de  Marie-Thérèse,  80;  rapports 
de  MM.  Th.  Juste  et  Gachard  sur  ce  travail,  204;  rapports deMM.  Alph. 
Wauters,  Polain  et  Th.  Juste  sur  un  travail  de  M.  Van  Bossum,  intitulé  : 
La  vérité  à  propos  des  lettres  de  Charles-Quint  à  Rabelais,  199,  202, 
203;  rapports  do  MM.  De  Decker  et  Polain  sur  un  mémoire  de  M.  Loise 
concernant  l'histoire  de  la  littérature  espagnole,  207,  208;  lecture  des 
rapports  de  MM.  De  Decker  et  Polain  concernant  le  complément  du  tra- 
vail de  M.  Loise  relatif  au  théâtre  en  Espagne,  573;  Charles  de  Lannoy, 
vice-roi  de  Naples  et  Charles-Quint,  par  M.  Th.  Juste,  874. 

L. 

Legs.  —  Somme  de  1000  francs  léguée  à  l'Académie  par  M.  le  baron  de 
Saint  Génois,  872;  résolutions  prises  parla  commission  administrative  à 
ce  sujet ,  488. 


616  TABLE    DES    MATIÈRES. 


Mathématiques  pures  et  appliquées.  —  Présentation  d'un  travail  sur 
risoscélisme,  par  M.  Speelmanset  nomination  de  commissaires,  102;  pré- 
sentation d'un  mémoire  sur  Terreur  moyenne  d'un  ensemble  d'observa- 
tions, par  M.  Adan,  et  nomination  de  commissaires,  436;  présentation 
d'un  second  mémoire  sur  le  même  sujet,  par  M.  Adan,  499. 

Météorologie  et  physique  du  globe.  —  Orage  remarquable  à  Gand,  dans 
la  nuit  du  2  au  5  juin  1867,  communication  de  M.  Ad.  Quetelet,  19; 
sur  les  orages  des  mois  de  juin  et  juillet  1867,  communication  de  M.  Ad. 
Quetelet,  114;  demande  de  renseignements  météorologiques,  par  M.  Le 
Verrier,  277  ;  orage  des  mois  d'aoùl  et  septembre  1867  ,  annotés  à  l'Ob- 
servatoire royal  de  Bruxelles,  300;  orages  observés  à  Louvain  du  19  juil- 
let au  13  septembre  1867,  lettre  de  M.  F.  Terby  à  M.  Ad.  Quetelet, 
501;  orages  observés  à  Gembloux  du  1er  avril  au  51  juillet  1867,  par 
M  Malaise,  304;  sur  un  orage  observé  à  Gand,  le  4  septembre  1867, 
lettre  de  M.  A.-L.  Neyt  à  M.  Ad.  Quetelet,  503;  observations  météoro- 
logiques horaires  faites  à  Modène  pendant  le  solstice  d'été  de  1867; 
lettre  de  M.  Ragona  à  M.  Ad.  Quetelet,  506;  liste  des  orages  observés 
à  Louvain  pendant  le  mois  d'octobre  1867,  par  M.  F.  Terby,  513;  orages 
observés  à  Malines  en  1866  et  1867,  par  M.  Bernaerls,  513. 

Musique.  —  Communication ,  par  M.  le  Ministre  de  l'intérieur,  d'un  rapport 
de  M.  Huberti  sur  ses  études  musicales  en  Allemagne,  211;  note  de 
M.  F.  Fétis  sur  ce  rapport,  418;  communication  de  M.  Daussoigne-Méhul 
relative  à  l'organisation  actuelle  des  grands  concours  de  composition 
musicale,  212;  quelques  observations  sur  l'emploi  de  deux  langages 
dans  les  concours  de  composition  musicale,  par  M.  Daussoigne-Méhul, 
257  ;  discussion  relative  aux  réformes  à  apporter  dans  l'organisation 
actuelle  des  grands  concours  de  composition  musicale ,  417. 

N. 

Nécrologie.  —  Annonce  de  la  mort  de  M.  Rigouls-Verbert,  2;  de  M.  A.  Jou- 
venel,  222;  de  M.  Faraday,  276;  de  M.  Mittermaier,  571  ;  de  M.  le  ba- 
ron de  Saint-Génois,  371  ;  de  M.  James  South,  434;  de  M.  Baguet,  547. 

O. 

Ouvrages  présentés.  —  98,  215,  420 ,  492,  593. 


TABLE    DES    MATIERES. 


617 


Paléontologie.  —  Rapports  de  MM.  d'Omalius  et  Van  tteneden  sur  un  tra- 
vail de  M.  Ed. Dupont  concernant  les  cavernes  du  bois  de  Foy  àMontaiglo, 
5,  6;  découverte  d'objets  gravés  et  sculptés  dans  le  trou  Magrite  à  Ponl- 
à-Lesse,  communication  de  M.  Ed.  Dupont,  129;  sur  l'emploi  probable 
de  l'oligiste  trouvé  dans  la  couche  de  rage  du  renne  dans  la  caverne  de 
Ghàleux,  communication  de  M.  Ed.  Dupont,  485. 

Peinture  —  Voyez  Biographie. 

Phénomènes  périodiques.  —  Dépôt  des  observations  faites,  à  Ostende  en 
1867, par  M.  Cavalier,  2;  à  Vienne,  par  M.  Fritsch  ,  455;  à  Waremme, 
par  MM.  de  Selys-Longchamps  et  Ghaye,  453;  à  Melle,  par  M  Bernar- 
din ,  435;  à  Bruxelles ,  de  M.  Ad.  Quetelet ,  435;  à  Namur,  par  M.  Bel- 
lynck,498. 

Physique.  —  Théorie  nouvelle  du  mouvement  d'un  corps  solide  (3e  partie) , 
par  M.  Folie,  325;  rappoits  de  MM.  Brasseur  et  Liagre  sur  ce  travail,  284, 
286;  sur  la  transformation  spontanée  d'un  cylindre  liquide  en  sphères  iso- 
lées, par  M.  F.  Plateau, 21  ;  rapports  de  MM.  Brasseur  et  Donny  sur  ce  tra- 
vail ,  4,  5  ;  sur  le  pouvoir  dispersif  de  l'air  par  M.  Monligny  et  nomination 
de  commissaires,  436,  525  ;  rapport  de  M.  J.  Plateau  sur  ce  travail,  508. 

Poésie.  —  Het  Woud,  cantate  couronnée,  par  M.  Ch.  Versnayen,  270. 

Prix  quinquennaux.  —  Résultats  de  la  quatrième  période  du  concours 
quinquennal  des  sciences  naturelles,  498,  577;  rapport  de  M.  Lacor- 
daire,  578. 

Publications  académiques.  — Présentation  du  tome  XXX11I  des  mémoires 
couronnés  et  mémoires  des  savants  étrangers,  451;  communications  du 
secrétaire  perpétuel  relatives  à  V Annuaire  do  l'Académie  pour  1868, 
491,558. 


Rapports.  —  De  MM.  Brasseur  et  Liagre  sur  un  travail  de  M.  Folie  relatif 
au  mouvement  d'un  corps  solide  ,  284,  286;  de  MM.  Melsens  et  Kekulé 
sur  un  travail  de  M.  Korner  relatif  à  l'acide  anisique,  etc.,  107;  de 
M.  Kekulé  sur  un  travail  de  M.  Ronday  relatif  à  l'acide  homotartrique, 
112;  de  MM.  Kekulé  et  Stas  sur  un  travail  de  MM.  Glâser  et  Radzis- 
zewsky  relatif  à  l'acide  formobenzoïque,  109;  de  MM.  Schwann,  Gluge 
et  Melsens  sur  un  travail  de  M.  E.  Husson  relatif  à  l'action  des  silicates 
alcalins  sur  l'économie  animale,  105,  106,  107;  de  MM.  Catalan  et 
2me  SÉRIE,  TOME  XXIV.  42 


GIS  TABLE    DES    MATIÈRES. 

E.  Quetelet  sur  un  travail  de  M.  P.  Drèze  concernant  un  nouveau  sys- 
tème de  cartes  géographiques,  285;  de  MM.  Duprez  et  Donny  sur  un 
travail  de  M.  F.  Plateau  relatif  à  la  transformation  spontanée  d'un 
cylindre  liquide  eu  sphères  isolées,  4,5;  de  MM.  D'Omalius  et  Van 
Beneden  concernant  une  étude  de  M.  Dupont  sur  les  cavernes  du  bois 
de  Foy  à  Montaigle,  5,  6;  de  MM.  Kekulé  et  Stas  sur  un  travail  de 
M.  Swarts  relatif  à  l'acide  itaconique,  8,  17;  de  MM.  Kekulé  et  Stas 
sur  un  travail  de  M.  Glàser  relatif  aux  dérivés  de  l'acide  cinnamique,  14, 
17;  de  MM.  Th.  Juste  et  Gachard  sur  un  mémoire  de  M.  le  baron  Kervyn 
de  Lettenhove  relatif  à  des  lettres  inédites  de  Marie-Thérèse,  204;  de 
M.  Alvin  sur  le  choix  d'une  cantate  française  pour  le  grand  concours 
de  composition  musicale  de  1867,85;  de  M.  Blommaert  sur  le  choix 
d'une  cantate  flamande  pour  le  même  concours,  97;  de  MM.  Kekulé  et 
Stas  sur  un  travail  de  M.  Korner  concernant  la  détermination  du  lieu 
chimique  dans  la  série  aromatique,  111;  de  M.  Stas  sur  une  note  de 
M.  H.  Ronday  sur  l'acide  itamalique,  113;  de  MM.  Wauters,  Po'ain  et 
Th.  Juste  sur  un  travail  de  M.  Van  Rossum ,  intitulé  :  La  vérité  à  propos 
des  lettres  de  Charles-Quint  à  Rabelais,  199,202, 205;  de  MM.  De  Decker 
elPolain  sur  un  travail  de  M.  Loise  concernant  l'histoire  de  la  littérature 
espagnole,  207,  208;  de  MM.  Portaels  et  Éd.  Fétis  sur  les  mémoires  en 
réponse  à  la  question  de  concours  de  la  classe  des  beaux-arts  relative 
à  Quentin  Melsys,  224,  228;  de  MM.  Van  Beneden,  de  Selys-Long- 
champs  et  Candèze  sur  un  mémoire  de  M.  F.  Plateau  concernant  les 
crustacés  d'eau  douce  de  la  Belgique,  457,  459,440;  de  MM.  Gluge, 
Poelman  et  Schwann  sur  un  mémoire  de  M.  Masius  relatif  au  centre 
ano-spinal,  279,  281 ,  282;  lecture  des  rapports  de  MM.  De  Decker  et 
Polain  sur  le  complément  du  travail  de  M.  Loise  concernant  le  théâtre 
en  Espagne,  575;  rapport  de  M.  M.-N.-J.  Leclercq  relatif  au  legs  de  M.  de 
Saint-Génois,  488;  lecture  des  rapports  de  MM.  Chalon,  Kervyn  de 
Lettenhove  et  Mathieu  sur  le  projet  d'inscription  pour  la  statue  de 
Baudouin  de  Conslantinople,  488. 


s. 


Séances  publiques.  —M.  Balat  s'excuse  de  ne  pouvoir  présider  les  séances 
des  22  et  25  septembre ,  222 ;  S.  M.  le  Roi  et  S .  A.  R.  le  comte  de  Flandre 
s'excusent  de  ne  pouvoir  assister  à  la  séance  publique  du  25  septembre , 
222,  ils  s'excusent  de  nouveau  de  ne  pouvoir  assister  à  la  séance  pu- 
blique du  17  décembre,  559;  dépèche  ministérielle  proposant  de  fixer 
la  séance   publique  au  25  septembre,  222;  programme  de  la  séance 


TABLE    DES    MATIÈRES. 


019 


publique  du  23  septembre,  256;  discours  de  M.  F.  Félis  prononcé  à  la 
séance  publique  du  23  septembre ,  265;  dispositions  et  programme  pour 
la  séance  publique  du  17  décembre,  560,  562. 
Sciences  morales  et  politiques.  —  Sur  la  sixième  session  du  Congrès 
international  de  statistique  tenu  à  Florence  en  1867,  communication  de 
M.  Ad  Quetelet,408. 

Z. 

Zoologie.  —  Présentation  d'un  mémoire  sur  les  crustacés  d'eau  douce  de 
la  Belgique,  par  M.  F.  Plateau,  278;  rapports  de  MM.  Van  Beneden,  de 
Selys-Longchamps  et  Candèze  sur  ce  travail,  437,  459.  440  ;  présentation 
d'un  mémoire  sur  le  genre  Dactycolyte,  par  M.  Edouard  Van  Beneden,"et 
nomination  de  commissaires,  4ô6;  Ichneumonologica  documenta ,  com- 
munication par  M.  G.  Wesmael,  441,  note  additionnelle  à  ce  travail,  par 
le  même,  557;  considérations  verbales  sur  les  baleines,  par  M.  P.-J.Van 
Beneden,  513.  sur  quelques  mammifères  du  crag  d'Anvers,  discours  de 
M.  le  vlc  Du  Bus,  562;  rapport  de  M.  Th.  Lacordaire  au  nom  du. jury 
chargé  déjuger  la  quatrième  période  quinquennale  des  sciences  natu- 
relles, 578. 


3  2044  093  257  004 


Date  Due