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HARVARD UNIVERSITY
LIBRARY
OF THE
MUSEUM OF COMPARATIVE ZOOLOGY
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BULLEIINS
DE
L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES,
LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE.
. BULLETINS
DF.
L' ACADÉMIE ROYALE
1)K;
SCIENCES, DES LETTRES ET DES BEAUX-ARTS
DE BELGIQUE.
TRENTE-HUITIÈME ANNÉE.— 2- SÉRIE, T. XXYIL
,Tha%
'■4
BRUXELLES,
M. HAYRZ, IMPRIMEUR DE l'aCADÉMIE ROYALE DE BELGIQUE.
Ory
4869
BULLETIN
DE
L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES
DES
LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE.
1869. — N« 1.
CLASSE DES SCIEIÏCES,
Séance du 9 janvier 4869.
M. Sprlng, directeur.
M. Ad. QuETELET, secrétaire perpétuel.
,Sont présents : MM. d'Omalius , C. Wesmael , J.-S. Stas,
L De Koninck, P.-J. Van Beiieden, Edm. de Selys-Long-
champs, le vicomte B. Du Bus, Nyst, Gluge, Nerenburger,
Melsens, Liagre, Duprez, Poelman , Dewalque , Ern. Que-
telet, Maus, Gloesener , Candèze, Eug. Coemans , Donny,
Montigny , Steichen , w^emôres ; Schwann , Lacordaire,
E. Catalan, Gilbert, associés; L. Henry, Brialmont, Ma-
laise, Bellynck, Dupont et Ed. Mailly, correspondants.
2'"' SÉRIE, TOME XXVII. 1
( 2)
CORRESPONDANCE.
M. le Ministre de l'intérieur transmet une expédition
de l'arrêté royal du 51 décembre dernier, qui approuve
l'élection de M. Steichen, en qualité de membre titulaire.
— M. Steichen, membre, et MM. V. Regnault, J.-J. Baeyer
et G. Kirchhoff, associés, remercient pour leur nomination.
— Il est donné connaissance du décès de M. Ch. Fré-
déric Ph. von Martius, associé de la classe, mort à Munich
le 51 décembre dernier. Une lettre de condoléance a été
écrite à la famille du défunt.
— M. le Ministre de l'intérieur transmet une expédition
de l'arrêté ministériel qui remplace M. Melsens par M. Maus
comme membre du jury pour le concours quinquennal des
sciences mathématiques et physiques.
— L'Institut central de météorologie de Vienne remercie
pour les derniers envois.
— M. le secrétaire perpétuel présente les ouvrages sui-
vants de l'Académie qui viennent de paraître :
l*" Le tome XXXVII des Mémoires des membres, in-4%
1869, renfermant les travaux suivants :
Recherches expérimentales et théoriques sur les figures
d'équilibre d'une masse liquide sans pesanteur; par
M. J. Plateau. — Huitième, neuvième, dixième et onzième
séries, et Tables générales des onze séries;
Mémoire sur la température de l'air à Bruxelles; par
M. Ernest Quclekl;
(3 )
Observations des phénomènes périodiques de la météo-
rologie et des sciences naturelles pendant les années 1865
et 1866 j par différents auteurs;
Sur un nouveau genre de ziphioïde fossile (Placoziphius),
ti^ouvé à Edeghem, près d'Anvers; par M. P.-J. Van Be-
neden;
Recherches sur les squalodons , supplément ; par M. P.-J.
Van Beneden ;
Sur les nombres de Bernoulli et d'Euler, et sur quel-
ques intégrales définies; par M. E. Catalan;
Mémoire sur la théorie générale des lignes tracées sur
une surface quelconque; par M. Gilbert;
Les seigneurs de Florennes, leurs sceaux et leurs mon-
naies ; par M. Chalon.
2° Le tome XXVI de la 2' série, in-8% des Bulletins,
comprenant les travaux des séances du second semestre
de 1868;
5'' V Annuaire pour l'année 1869, contenant les notices
nécrologiques sur F.-J. Cantraine, par M. L. De Koninck;
sur J.-B. Brasseur, par M. J. Liagre; sur le baron Jules de
Sl-Genois, par M. De Decker, et sur Michel Verswyvel-, par
M. le chevalier Léon de Burbure, avec les portraits gravés
en taille-douce des trois premiers académiciens.
— M. Ad. Quetelet fait hommage de V Annuaire de l'Ob-
servatoire rcnjal de Bruxelles, in-18, ainsi que du tome l*''"
de la Physique sociale , ou essai sur le développement des
facultés de l'homme, in-8% qu'il vientde publier. M. Ed. Mor-
reii , correspondant de l'Académie, envoie un exemplaire
de sa notice sur Marie- Anne Liber l de Malmédy , sa vie et
ses œuvres, in-8". M. P.-J. Van Beneden remet un exem-
plaire du discours qu'il a prononcé après les obsèques de
^ 4 )
i¥. H.-J. Kwnps, professeur à Vuniversité de Lonvain.
— Remercîments.
— M. le capitaine Le Boulangé et M. Just. Andries
demandent à l'Académie de vouloir bien accepter deux
paquets cachetés et de les mettre en réserve dans ses ar-
chives. — Ces dépôts sont acceptés.
— M. D. Leclercq, professeur à Liège, et M. Cavalier,
professeur d'anglais à Ostende, font parvenir les résultats
de leurs observations météorologiques faites, respective-
ment, dans ces deux villes en 1868. M. Bernardin adresse
ses observations ornithologiques faites à Melle pendant la
même année.
M. D. Leclercq fait accompagner ses observations d'une
notice sur les orages observés à Liège et dans la province
pendant Vannée 1868. — MM. Duprez et Ern, Quetelet
examineront ce travail.
— M. l'abbé Lecomte communique quelques remarques
au sujet du rapport fait par M. Ad. Quetelet sur son tra-
vail concernant la grêle.
— M. Malaise, de Gembloux, donne l'indication d'une
averse accompagnée d'éclairs et de deux coups de tonnerre
qu'il a observée à Gembloux , le 50 décembre dernier,
entre 5 h. 20 m. et 5 h. 40 m. du soir.
— M. L. Henry soumet une notice sur les sulfocijanures
des radicaux alcooliques. — (Commissaires : MM. Stas et
De Koninck. )
(3)
ELECTIONS.
La classe procède à l'élection du direcleur pour 1870.
Après trois tours de scrutin, M. Dcwalque est désigné par
les suffrages de ses confrères.
En cédant le fauteuil à M. i\yst, M. Spring, directeur
sortant, remercie la classe pour le bienveillant concours
qu'elle lui a accordé pendant l'année écoulée. Des remer-
cîments sont adressés à M. Spring pour son intelligente
direction des travaux de la classe.
PROGRAMME DE CONCOURS DE 1870.
PREMIÈRE QUESTION.
Examiner et discuter les procédés suivis pour déterminer
la déclinaison, l'inclinaison et l'intensité magnétiques
du globe terrestre, ainsi que les variations séculaires et
diurnes.
DEUXIÈ3IE QUESTION.
Perfectionner, en quelque point important, la discussion
de la surface des ondes.
TROISIÈME QUESTION.
On demande une étude complète d'un alcaloïde organique
)iaturel, renfermant de l'azote et de l'oxf/gène, de préférence
(6)
de la quinine; cette étude sera faite en vue d'élucider la
constitution intime de ce corps et la place quil doit oc-
cuper dans une classification sériaire.
QUATRIÈME QUESTION.
Faire connaître le développement des insectes de l'un
des ordres à métamorphoses complètes, en portant spécia-
lement l'attention sur les phases les moins connues de leur
évolution.
Le prix de la première question sera de huit cents francs,
celui de la troisième demille francs et celui delà deuxième
et de la quatrième de six cents francs.
Les auteurs des mémoires insérés dans les recueils de
l'Académie ont droit à recevoir cent exemplaires de leur
travail. Ils ont, en outre, la faculté d'en faire tirer un
plus grand nombre, en payant à l'imprimeur une indem-
nité de quatre centimes par feuille.
Les manuscrits devront être écrits lisiblement, rédigés
en latin , français ou flamand, et adressés, francs de port,
à M. Ad. Quetelet, secrétaire perpétuel, avant le 1'^'^ juin
1870.
L'Académie exige la plus grande exactitude dans les ci-
tations; les auteurs auront soin, par conséquent, d'indiquer
les éditions et les pages des ouvrages cités. On n'admettra
que des planches manuscrites.
Les auteurs ne mettront point leur nom à leur ouvrage,
mais seulement une devise, qu'ils répéteront dans un billet
cacheté renfermant leur nom et leur adresse. Les mé-
moires remis après le terme prescrit, ou ceux dont les au-
teurs se feront connaître, de quelque manière que ce soit,
seront exclus du concours.
( 7 )
L'Acailémic croit devoir rappeler aux concurrents que,
dès que les mémoires ont été soumis à son. jugement, ils
sont déposés dans ses archives comme étant devenus sa pro-
priété. Toutefois, les auteurs peuvent en faire prendre des
copies à leurs frais, en s'adressant, à cet effet, au secré-
taire perpétuel.
RAPPORTS.
Notice sur les dépôts qui recouirent le calcaire carboni-
fère à Soignies , par MM. Cornet et Briart.
JRappoÊ^t de JU. a'Ontalitts.
« La notice que MM. Cornet et Briart soumettenf'à
l'Académie commence par une description du calcaire ex-
ploité à Soignies, pierre qui, par sa solidité et sa beauté, ne
le cède, selon moi, à aucun des matériaux employés dans
les constructions, mais qui, par un de ces caprices que la
mode seule peut excuser, est négligée par plusieurs de
nos architectes officiels, lesquels donnent la préférence à
des produits étrangers plus susceptibles de se détériorer
par les influences météoriques de notre climat.
Le massif calcaire est traversé par des fentes et des
poches remplies de matières argileuses et sableuses, colo-
rées en noir et en gris par du charbon et que les auteurs
considèrent comme intermédiaires entre les terrains pri-
maires et les premières assises marines du terrain crétacé.
Quelques parties de ces dépôts renferment des pyrites
(8)
plus ou moins altérées, de la limonite et des cailloux dont
l'origine n'a pas encore été reconnue.
Par-dessus reposent quelques amas isolés de sables,
légèrement verdâtres, qui appartiennent au terrain ter-
tiaire inférieur.
Le tout est recouvert par une puissante nappe de ter-
rain quaternaire dans laquelle les auteurs distinguent trois
divisions, savoir :
l** Des amas interrompus formés de sable et de limon
renfermant des blocaux et des cailloux de pbtanite, de cal-
caire et de silex, ainsi que des dents d'éléphants, de rhi-
nocéros, de cheval et de bœuf.
2" Une assise de limon jaune, stratifié, correspondant à
ce que Ton nomme ergeron dans le bassin de la Haine.
5" Un limon rouge-brunâtre, propre à faire des briques
et identique avec le limon supérieur du bassin de la
Haine.
Celte notice contenant des détails géologiques sur une
localité importante au point de vue industriel, j'ai l'hon-
neur de proposer à la classe d'en ordonner l'impression
dans le Bulletin ainsi que de la planche qui l'accom-
pagne. »
Ktêppot't de Mt. MMewalque.
c( Je n'ai rien à ajouter au rapport de M. d'Omalius
d'Halloy, et je me rallie volontiers à ses conclusions.
Je saisis cette occasion pour me joindre à notre éminent
confrère et attester avec lui la supériorité de notre petit
f/ranit sur les matériaux étrangers qui, dans ces derniers
(»)
temps, ont été employés de préférence pour nos grandes
constructions. »
Les conclusions précédentes, auxquelles se rallie M. Nysl,
sont adoptées par la classe, et le travail de MM. Cornet et
Briart prendra place dans les Bulletins.
Note sur l'interprétation de la conception infinitésimale
de Poisson j par M. Manilius.
Rappovt de m. JE. Catalan.
a II y a trente ans, les géomètres n'étaient pas d'accord
sur la nature des infiniment petits. Les uns, parmi les-
quels il suffit de citer Poisson, disaient : « Un infiniment
» petit est une grandeur moindre que toute grandeur
» donnée (1). » Les autres, redoutant peut-être les con-
séquences métaphysiques de la première définition (2),
(1) Poisson, Traité de mécanique , seconde édition, p. 14.
(2) Un partisan des idées de Poisson a publié une Théorie géométrique
des infiniment petits, dans laquelle on trouve cette interprétation q\-
traordinaire : « les points m , m' sont dits infiniment voisins si l'on ne
» peut supposer qu'un troisième point n puisse être placé entre m et m'. "
Ce n'est pas tout : le célèbre auteur d'une Logic/ue imprimée vers 1855 se
demande « comment la Terre peut, en un temps donné, occuper un nombre
« infini de points; « et, appliquant la théorie des infiniment petits, il
arrive à ce curieux dilemme : « si elle ne met pas de temps pour passer
» d'u7i point au point suivant, il est clair qu'il ne lui faudra non plus
» aucun temps pour parcourir V orbite entière. Si, au contraire, elle
« met un temps quelconque , quekjue petit rju'il soit, à passer d'un point
« à l'autre, il est clair qu'elle ne pourra jamais parcourir toute son
» orbite. « Cette simple citation suffit pour montrer à quoi peut conduire
une mauvaise définition .
( 10)
adoptaient celle-ci : « Une quantité infiniment petite, ou
» plutôt indéfiniment petite, est une variable qui a pour
» limite zéro. »
■ Aujourd'hui , l'ancienne et mystérieuse doctrine des in-
finiment petits paraît complètement abandonnée (sauf,
bien entendu, par M. Manilius); et, dans les traités les
plus estimés et les plus récents, les infiniment petits sont
considérés comme des variables indéfiniment petites.
Dans la note qu'il a présentée à la classe, M. l'ingé-
nieur Manilius, après avoir rapporté la critique (excellente,
selon moi,) que M. l'abbé Moigno a faite des idées de
Poisson, cherche, par des considérations de mouvement,
à démontrer l'existence réelle de Vinfiniment petit, tel
que l'entendait l'illustre géomètre français. Cette démon-
stration, bien tardive, n'était pas nécessaire : dans l'Intro-
duction au Traité de mécanique, et au commencement du
paragraphe cité par MM. Moigno et Manilius, Poisson in-
dique, en fort bons termes, les raisons qui auraient dû
faire prévaloir sa conception infinitésimale , si elle avait
pu lutter contre la notion claire et simple des infiniment
petits.
L'auteur, après avoir mentionné sa Méthode infinitési-
male, sans métaphysique et indépendante de la méthode
des limites (sic), avertit qu'il distingue : J" les quantités
finies; 2" les quantités infiniment petites; o° les quantités
infiniment grandes; 4° les quantités variables. Je n'ai pu
comprendre les motifs de cette déclaration.
En résumé, la note soumise au jugement de l'Académie
me semble complètement dépourvue d'intérêt, »
La classe décide, d'après ces conclusions, que la note
de M. Manilius sera déposée aux archives.
( il )
— M. Gliige fait connaître son appréciation sur une
communication de M. Ed. Robin concernant h cause du
manque (.Vénerqie chez Vhabilant des pays chauds. — Cette
pièce ainsi que le rapport seront déposés aux archives.
COMMUNICATIONS ET LECTURES,
ISotice sur les dépôts qui recouvrent le calcaire carboni-
fère à Soirjnies, par MM. F.-L. Cornet et A. Rriart.
Le calcaire carbonifère exploité dans les carrières ou-
vertes à Test de Soignies gît en bancs d'épaisseurs varia-
bles inclinés vers le sud sous un angle de 5 à 8 degrés.
Les allures de ces bancs sont généralement assez régu-
lières; cependant les travaux d'exploitation ont, dans ces
dernières années, révélé l'existence de quelques failles qui
semblent avoir été produites par des mouvements d'une
certaine importance, car ils ont amené en contact, sur
les deux parois des cassures, des roches de caractères
minéralogiques très-différents.
Ces accidents géologiques s'observent principalement
dans la carrière principale de M. le sénateur Wincqz, et
dans celle de la société anonyme Rombaux.
La coupe fig. 1 est prise dans la première de ces deux
exploitations. Les bancs de calcaire sont interrompus, sui-
vant l'inclinaison, par trois failles ou cassures a, b et c,
parallèles et dirigées à peu près de l'est à l'ouest. Les
couches n" 1 , exploitées dans le fond de la carrière, four-
( 12 )
nisseiit les pierres de taille les plus estimées. Elles sont
constituées par un calcaire pétri de crinoïdes, auquel la
taille donne une teinte bleuâtre caractéristique. Les bancs,
étant peu fissurés et généralement très-épais, fournissent
des blocs d'une dimension énorme. Des masses pesant de
50 à 40 mille kilogrammes sont obtenues d'un banc dont
l'épaisseur alteint 3'",50, et sont élevées, d'une profon-
deur de 20 à 25 mètres, à l'aide de puissants appareils
mus par la vapeur.
Il y a transition minéralogique insensible entre les bancs
n° 1 et les bancs n*" 2 qui les recouvrent. Ceux-ci sont,
comme les premiers, constitués par du calcaire à crinoïdes ;
mais les pierres qui en proviennent acquièrent par la taille
une teinte plus foncée, ce qui en diminue la valeur com-
merciale. Cependant ce sont ces bancs qui fournissent le
marbre connu sous le nom si impropre de petit granit.
Les couches n'' 2 passent, sans paraître se déranger
d'une quantité notable dans leur incbnaison, au sud d'une
grande cassure a, où elles sont recouvertes par du calcaire
noir n°5 à texture compacte, renfermant peu de crinoïdes,
stratifié en bancs minces souvent séparés par des délits
terreux, et ne fournissant que des produits peu recherchés.
Ces bancs n° 5 sont riches en fossiles. On y rencontre
principalement : Philipsiagemmulifera, Euomphalus pen-
tagulatus, Spirifer Mosquensis , S. cuspidatiis, Productas
Martini, Spirigera Roissyi, Cyatophyllum wilratum,
Michelinia favosa, etc.
Deux failles, 6 et c, placent sur le prolongement en
inclinaison des couches n" o, un calcaire n° 4 très-diffé-
rent des précédents. Il est très-noir, un peu argileux, à
cassure compacte ne montrant que de rares et très-petits
fragments de crinoïdes. Les bancs sont peu fissurés et assez
épais.
( 15)
Au point de vue de la fabrication des pierres de taille, la
valeur du calcaire n" 4 est presque nulle. Aussi serait-il
important, pour l'exploitation des carrières, de rechercher
si la position des couches de. calcaire noir n" 4 sur le pro-
longement des bancs évidemment supérieurs au calcaire à
crinoïdes, est due à un soulèvement ou à un affaissement
des couches au sud de la carrière. En effet , dans le pre-
mier cas, les bancs n'' 4 seraient géologiquement infé-
rieurs aux calcaires n°' i et % et ceux-ci pourraient être
retrouvés à peu de profondeur au midi des carrières ac-
tuelles. Dans le second cas, on ne pourrait les suivre, dans
leur inclinaison, qu'en s'enfonçant, à grands frais de tra-
vaux préparatoires et d'exhaure, en-dessous des bancs n" 4.
Nous n'avons pas l'intention de chercher à résoudre
maintenant celte question de géologie pratique, qui ne
pourrait l'être qu'à l'aide d'études détaillées des différentes
assises du calcaire carbonifère. Cette notice n'a pour but
que de faire connaître les dépôts remarquables qui re-
couvrent ce calcaire dans les carrières de Soignies.
Ces dépôts appartiennent à trois époques géologiques
différentes : J° à ce que nous avons appelé la période
aachénienne (1), c'est-à-dire à une période comprise entre
le dépôt des couches houillères du Hainaut et celui des
grès glauconifères ou Meules qui forment dans le bassin
de Mons les plus anciennes couches crétacées marines ;
2" à la période tertiaire et 5° à la période quaternaire. On
peut les observer dans la carrière de M. Wincqz, mais
l'étude peut mieux en être faite dans la carrière voisine
(1) Description de l'étage inférieur du terrain crétacé du Hainaut.
Mémoires couronnés et mémoires des savants étrangers, publiés par
TAcaclémie royale de Belgique, t. XXXIH.
( 1^ )
appartenant à ia société anonyme Rombaux. Cette exploi-
tation se trouve à Touest de celle de M. Wincqz et n'en
est séparée que par un mur dé calcaire non exploité de
quelques mètres d'épaisseur.
Les failles dont nous avons parlé n'ont pas encore été
rencontrées par les travaux de la carrière Rombaux, mais
le front méridional d'exploitation, qui ne s'en trouve ac-
tuellement éloigné que de quelques mètres, est sillonné
par de nombreuses et larges cassures qui se détachent
obliquement et perpendiculairement des failles principales,
comme les branches d'un tronc. Nous avons représenté,
dans la fig. 5, la vue de cette partie de la carrière. Il nous
suffira de donner la description de cette coupe pour faire
connaître la composition et le mode de gisement des ter-
rains de recouvrement.
1° Dépôts aachéniens. — Us gisent sans aucune régu-
larité de superposition et remplissent les cassures et les
érosions du calcaire carbonifère A. On y distingue :
B. Argile teinte en noir par une matière charbonneuse
qui disparaît par la cuisson. Elle est en quelques points
stratifiée en lits minces affectant la forme de fond de
bateau. C'est principalement dans la faille a de la carrière
de M. Wincqz que nous avons observé ce mode de strati-
fication (voy. fig. 2).
B'. Argile noire sableuse avec fragments de lignite qui
ont conservé la texture des conifères. M. Wincqz a ren-
contré dans ces argiles (au point x de la fig. 2) , des fruits
fossiles qui ont été soumis à l'examen de M. E. Coemans.
Ce savant botaniste a reconnu, parmi ces débris, des
graines assez nombreuses d'une plante inconnue, et le
Pinus Andrài, Coem., espèce assez abondante dans les
• argiles aachéniennes de la Louvièro.
( IS)
B". Sable quartzeiix gris ou teint en noir par du
lignite.
B'". Cailloux roulés ayant des dimensions variant entre
celles d'une noix et celles d'une icte d'homme. Ils sont con-
stitués par du quartz blanc opaque , quelquefois translu-
cide et cristallin, des quartziles, des grès, des psammites
et des phtanites du calcaire carbonifère. Il y a absence
complète de roches calcaires et du phtanite houiller qui
abonde dans les dépôts .du même âge du bassin de Mons.
Nous pensons que la plupart de ces débris proviennent
de la destruction des filons de quartz et des roches silu-
riennes du Brabant. Cependant MM. G. Dewalque et Ma-
laise, qui ont bien voulu examiner quelques échantillons
que nous leur avons communiqués, ne connaissent pas la
provenance d'une variété remarquable de roche composée
de nombreux et assez volumineux cristaux de quartz vi-
treux réunis par une pâte de grès ou de quartzite.
B". Limonite géodique minéralogiquement identique à
celle que l'on exploite près de Tournai. Nous n'avons
rencontré, à Soignies, qu'un amas peu considérable de
cette substance.
La pyrite de fer abonde dans les argiles sableuses. Par
sa décomposition elle a donné lieu à la production d'en-
duits de soufre pulvérulent, et imprègne souvent les ar-
giles de sulfate de fer reconnaissable à sa saveur d'encre.
Nous avons aussi rencontré ce sel à l'état cristallisé.
En contact avec les dépôts que nous venons de décrire,
le calcaire carbonifère est profondément altéré et se désa-
grège sous le moindre choc en dégageant une odeur fétide,
plus intense que celle qui émane du calcaire non altéré
que l'on brise. L'altération a pénétré à plusieurs décimètres
( 16 ) ■
de profondeur, mais elle a respecté les nombreuses arti-^
culalions de crinoïdes et les veines de calcaire spathique
qui ont rempli quelques fissures étroites divisant les bancs
exploités.
L'altération du calcaire carbonifère se remarque aussi
sur les parois des fissures fermées qui sont sur le prolon-
gement en profondeur des parties plus larges des cassures
remplies par les dépôts aachéniens.
2° Dépots tertiaires. — Ils sont désignés sur la coupe
par la lettre c et sont formés de sable légèrement verdàtre
et glauconifère reposant sur un mince lit de galets de
silex et de phtanite, parmi lesquels nous avons rencontré
quelques dents de poissons. Ce sable est minéralogique-
ment identique à celui que l'on exploite entre Soignies et
Écaussinnes, dans une bande sableuse non figurée sur les
cartes géologiques de Dumont, et qui réunit la colline ter-
tiaire, sur laquelle est bâtie la ville du Rœulx, à la colline
qui porte le bois de la Houssière à l'est de Braine-le-Comte.
Nous rapportons le sable de Soignies, comme celui de la
bande dont nous venons de parler, au système landenien
ou au système ypresien de Dumont.
Le sable tertiaire de Soignies gît en petits amas isolés
et pénètre , en quelques points , à une assez grande pro-
fondeur dans les failles, comme nous l'avons représenté
fig. 4. Ce remplissage peut s'expliquer par un mouvement
du sol qui aurait rouvert les cassures à l'époque tertiaire,
ou par l'existence de courants d'eau qui les auraient dé-
blayées en partie avant le dépôt du sable.
o" Dépôts quaternaires. — Ce sont les plus puissants
et les plus étendus. Leur épaisseur varie de 2"\50 à
8 mètres et ils recouvrent si complètement les dépôts
( 17)
sous-jacents que le calcaire carbonifère, le sable tertiaire,
les sables et les argiles aachéniens ne se montrent natn-
rellement à découvert en aucun point.
Le terrain quaternaire est constitué par :
D. Limon sableux , bleuâtre, stratifié, renfermant des
blocaux de pbtanite et de calcaire carbonifère avec des
galets de silex. On y a rencontré de nombreux ossements,
parmi lesquels des molaires et une défense de mammoutb,
des dents de rhinocéros, de cheval et de bœuf.
D'. Limon jaune stratifié alternant, à sa partie inférieure,
avec de minces couches non continues de sable jaune.
Nous le rapportons à Yergeron du bassin de la Haine.
D". Limon rouge brunâtre propre à la fabrication des
briques, et identique au limon supérieur des plaines du
bassin de la Haine.
^""^ SÉHIE, T0>1E XXVII.
( 18
CLASSE DES LETTRES
Sénncc du 'Il janvier 1869.
M. le baron Iveuvyn de lettenhove, direclour.
M. Ad. Quetelet, secrétaire perpétuel.
Sont présents : MM. Ch. Steur, le baron de Geriacbc,
J. Grandgagnage, J. Roulez, Gachard, Ad. Borgnet, De
Decker, Snellaert, Haus, M.-N.-J. f^eciercq, Cli. Faidcr ,
R. Clialon, Ad. Mathieu, Th. Juste, E. Defacqz, Guillaume,
F. Nève, Wauters, v>iem6res; Scheler, associé; Gonscience,
correspondant.
MM. Al vin, membre de la classe des beanx-arls, et
-Mailly, correspondant de la classe des sciences, assistent
à la séance.
CORRESPONDANGE.
Une lettre de M. le Ministre de l'intérieur informe qu'il
a chargé M. Van Eename, statuaire ta Gand , de rexéculion
du buste en marbre de M. le baron J. de Saint-Génois,
desliné au vcsiibule des Académies.
( I!')
— M. Je Minisire de la justice adresse le o' caliier du
tome V du bulletin de la commission pour les anciennes
lois et ordonnances du pays. — Remercîments.
— L'université de Vienne et le ministère de Tinstruc-
lion publique de l'empire d'Autriche remercient pour les
derniers envois.
— M. Th. Juste fait hommage d'un exemplaire de
la traduction anglaise de son travail biographique sur
Léopold 1". — M. R. Chalon présente le XI'' article de ses
Curiosilés numismalicp.fes. — Remercîments.
— Le musée Teyler de Harlem et la Société Dunker-
quoise envoient leurs programmes de concours.
— M. le secrétaire perpétuel présente le tome XXXV[f
des Mémoires des membres, V Annuaire académique pour
J869 ainsi que le Bulletin des séances de décembre der-
nier, qui viennent d'être publiés.
PRIX PERPÉTUEL, INSTITUÉ PAR LE RAROX DE STASSART POUR
UNE QUESTION d'hISTOIRE NATIONALE.
Un mémoire portant pour devise: Plus ultra! est adressé
en réponse à la question du programme de concours ou-
vert, en 1867, pour une question dliisloire nationale, et
dont le terme fatal expirait le 1" janvier de cette année.
Ce mémoire portant pour titre : Histoire des rapports de
( 20 )
droit public qui crislèrent entre les provinces belges et
Vempire crAllemagne depuis le démembrement de la mo-
narchie carolingienne jusqu'à r incorporation de la Bel-
gique dans la république française, esl renvoyé à l'examon
de MM. Ad. Borgnet, Gacliard et Th. Juste.
ELECTIONS.
Selon Fart. 8 du règlement général , le direcleur de
chaque classe est désigné une année avant d'entrer en fonc-
tions. Pendant cette année, il prend le titre de vice-direc-
teur. En conséquence, la classe procède h cette élection,
et, après deux tours de scrutin, M. Paul Devaux est dé-
signé par les suffrages de ses confrères pour remplir les
fonctions de directeur en 1870.
M. le haron Kervyn de Lettenhove, en cédant le fauteuil
à M. Ad. Borgnet, remercie pour le concours qui lui a été
accordé et qui lui a facilité la mission de diriger les tra-
vaux de la classe pendant Tannée écoulée. M. Borgnet,
comme organe de ses confrères, adresse des remercîments
à l'honorable directeur qu'il vient de remplacer; il remercie
ensuite l'assemblée des sulTrages qui l'ont élevé à cette
distinction.
( ^^l )
COiMMUNlCATIONS ET LECTURES.
Dox\ Juan d'Autriche. — Éludes /tistoriques , par
M. Gachard, membre de TAcadémie.
TROISIÈME m\
IIO.> JtA:V UT .VlAn&CIvKlTK.
Ni Vander Hammen, l'historien de don Juan, ni Strada,
l'historien de Marguerite d'Autriche, ne nous font con-
naître les relations qu'il y eut entre ces deux enfants na-
turels de Charles-Quint. On ignore si, quoique nés à un
intervalle d'un quart de siècle l'un de l'autre, la commu-
nauté d'origine les rapprocha^ si des sentiments récipro-
ques d'amitié et de confiance les unirent. C'est, dans les
annales du XVI'' siècle, une lacune que regrettent ceux
qui se plaisent à faire de ces annales le sujet de leurs
études.
Le silence de Vander Hammen, dont le livre fut écrit à
Madrid, doit moins étonner que celui de Strada : où et
comment Vander Hammen aurait-il eu communication des
correspondances de Marguerite et de don Juan? Les pa-
( 2:2 •)
pieis de clou Juan, apportés des Pays-Bas par l'ordre
exprès de Philippe II, furent vraisemblablement détruits
— car ils ne se trouvent pas aux archives de Simancas —
après qu'un examen soigneux en eut été fait pour vérifier
les soupçans que ce monarque avait conçus de son frère.
D'ailleurs, comme on le verra dans la suite de cette Étude,'
don Juan n'avait pas l'habitude de garder les lettres que
Marguerite lui écrivait.
Les papiers de Marguerite, au contraire, conservés avec
soin pendant sa vie, furent, après sa mort, déposés dans
les archives ducales de Parme. Strada, on le sait, eut à sa
disposition ceux qui concernaient les affaires des Pays-Bas
sous la régence de cette princesse : n'y a-t-il pas lieu d'être
surpris qu'il ait ignoré l'existence de sa correspondance
avec don Juan, et, s'il la connut, qu'il n'en dise pas un mot?
C'est sous les combles du château royal , à Naples, que,
au mois de janvier de l'année dernière , j'ai découvert cette
correspondance; et, grâce à l'obligeance parfaite de M. le
chevalier Sacco, intendant général de la maison de S. M.
le roi Victor-Emmanuel, j'ai pu la parcourir, l'analyser
et en copier ou extraire les parties principales. Elle était
reléguée là, avec les archives des Farnèses, depuis l'avéne-
ment du duc Charles de Parme au trône des Deux-Siciles:
sous la dynastie des Bourbons, personne n'avait accès à
ces archives, si bien que, hors d'Italie et dans la Péninsule
même, on ignorait généralement ce qu'elles étaient de-
venues.
jQui pourrait dire pendant combien de temps encore les
faits que j'ai exhumés de ces documents poudreux seraient
restés ensevelis dans l'oubli, si M. Alphonse Vandcnpçere-
boom , qui, durant un ministère de six années, a donné tant
de marques de sa sympathie pour les lettres, pour les arts.
( ^iô )
|j'jur l'cducalion publique (sans parler des autres titres qu'il
s'est acifuis à la gratitude du pays), n'avait pensé qu'une
exploration des archives et des bibliothèques d'Italie pour-
rait avoir des résultats fructueux au point de vue de la
science historique en général et de l'iiistoire de la Belgique
en particulier?
La correspondance de Marguerite d'Autriche avec don
Juan l'orme une liasse d'environ deux cents pièces (J).
Toutes les lettres de don Juan sont de sa main, à l'ex-
ception de quelques-unes de celles qu'il écrivit des Pays-
Bas; toutes sont en espagnol : don Juan ne se servait que
de cette langue.
Marguerite, quels que tussent ses correspondants, écri-
vait toujours en italien, quoiqu'elle eut passé ses jeunes
années à la cour de Bruxelles, où le français était la lan-
gue dominante et l'on pourrait même dire la seule que
l'on parlât.
Ses lettres à don Juan sont en minutes, de la main de
ses secrétaires. Jl y en a, dans le nombre, dont l'écriture
est laite pour embarrasser les paléographes les plus
habiles (2).
U.
Ce fut Marguerite qui , la première, dans le temps qu'elle
était à la tète du gouvernement des Pays-Bas, manifesta
l'intention d'entrer en rapports avec son frère naturel : par
(1) Elle esl intitulée : li]6:j-}578. Leltere , onginali per la massiina
parle , di D. Giovanni d'Auslria , scritle a m:ulaina Mar(jhcrila.
(2) Les minutes dont je veux parler sont eelles ([u'écrivit le seeielaire
>uccio Seriyali.
( '2i )
son âge , par sa situation , il lui appartenait de prendre cette
initiative. Au mois de février 1565, elle envoyait à Madrid
François de Berminicourt, seigneur de la Thieuloye, gou-
verneur (le Bélhune et l'un de ses maîtres d'hôtel, pour
exposer au Roi quelques points concernant ses affaires par-
ticulières (1); elle le chargea de visiter, de sa part, don Juan,
pour qui elle lui remit une lettre. Don Juan lui lit la réponse
qu'on va lire :
Très -illustre et très- excellente dame, M. de la Thieuloye,
votre majordome, m'a délivre, le 29 du mois passé, la lettre
de Votre Excellence du 20 lévrier, et, en conformité de son
contenu, il m'a visité de la part de Votre Excellence, me di-
sant, suivant sa commission, la volonté et l'amour qu'elle me
porte et qu'elle désire me témoigner par des faits, ainsi que le
contentement quelle éprouve chaque fois qu'on lui donne de
mes nouvelles. Je l'ai vu si volontiers — car rien ne saurait
aujourd'hui me causer plus de satisfaction que ce qu'il nfa
appris de Votre Excellence, dont je haise les mains pour la
sollicitude qu'elle a eue en cela et la faveur qu'elle m'a faite,
— que je ne peux assez l'exprimer, non plus que lamour et
volonté réciproque que je porte à Votre Excellence, et le
désir que j'ai de la servir, comme j'y suis ohligé envers une
sœur et envers ma dame, et comme le veulent les liens du
sang qui nous unissent.
Le seigneur prince mon neveu (2) est un charmant cava-
lier, doué de grandes qualités et très-aimé : (î'est chose qu'il a
héritée de sa mère. Par ce motif, parce qu'il est votre fds, et
pour la parenté étroite et l'amitié qu'il y a entre lui et moi,
(1) Voy. Correspondance de Philippe II sur les affaires des Pa>js~
Bas ; l. t, pp. 512, 547.
(2) Alexandre Farnèse.
(2o )
jel'aijjjc laiiUiucson départ me causera lui i^raiid isolcjnciil :
je me suis néanmoins fort réjoui de son maiiage (1), qui est
si ])rillant et si convenable aux deux i)arlies. Plaise à Dieu de
donner une longue vie à Votre excellence et aux deux époux,
pour ({ue Votre Excellence jouisse de la satisfaction de les voir,
eux et leurs i)etits-enfants, pendant beaucoup d'années, et à
moi pour leur témoigner mes sentiments et mon désii* de les
servir!
Si jusqnici je n'ai pas écrit à Votre Excellence, comme
j'aurais dû le faire, mon jeune âge en a été la cause. Dorénavant
eela se pourra compenser toutes les fois que Votre Excellence
me fera savoir en quoi je serai à mêiue de la servir et , sui\ant
mon envie, de la satisfaire. Comme je me suis entretenu lon-
guement avec la Thieuloye, et que Votre Exeellenie appren-
dra de lui le surplus de ce que d'ici il lui plaira de savoir, je
m"en remets à son rapport.
Notre -Seigneur conserve et augmente la très-illusti'c [)cr-
sonne et Tétat de Votre Excellence comme je le souhaite î
De Madrid , le i2 avril 1 365.
Je baise les mains à Votre Excellence et suis
Son serviteur et bon frère,
DOi\ JuAiN d'Alïiuciie (i2).
Lorsque don Juan traçait les lignes qui précèdent, il ac-
complissait à peine sa dix-huitième année, et déjà l'atten-
tion du monde était fixée sur lui. L'amhassadeur Giovanni
Soranzo, dans la relation qu'il fit en ce temps-là au sénat
de Venise, s'exprimait ainsi sur son compte : « Le seigneur
» don Juan a une très-helle figure; une grâce singulière
(1) Avec la princesse Marie de Portugal, iK-lite-niIe du roi Emmanuel
le Foi'luné.
(2) Voy. rAi>[)en(Jiee ii" I.
(2«)
» règne dans tous ses mouvements, et il montre un es-
» prit rare, si bien que tous ceux qui le voient se prennent
» pour lui d'une vive affection, et qu'il est aimé non-seu-
» lement de la cour mais de toute l'Espagne. Le Roi lait
» beaucoup de cas de lui, quoique jusqu'à présent on
» ignore quelle situation il a le dessein de lui donner.
» Plusieurs prétendent que, si le prince (don Carlos) ve-
» nait à mourir ou qu'il n'eût pas de fds, don Juan serait
>-) proclamé héritier du royaume » (i). Il est digne de re-
marque que, deux années auparavant, le prédécesseur de
Soranzo à la cour de Madrid, Paolo Tiepolo, tenait un lan-
gage à peu près semblable : « En vérité, disait-il , l'incli-
» nation de tout le monde pour don Juan est telle que,
» dans le cas où le Roi et le prince mourraient sans des-
» cendants, et qu'il fût en Espagne, et non les fils du roi
» de Bohème, il pourrait bien arriver, au jugement de
» beaucoup de personnes, qu'il tïit accepté pour roi pré-
» férablement à d'autres, éloignés par leur résidence, élran--
» gers au pays par leur langue et peut-être d'une religion
y> contraire à celle de la nation » (2).
(1) .' Don Giovanni d'Auslria è di bellissimo aspetto, in lulli i mo-
vinienli tiene grazia singolare ,e si demostra di rarissinio ingegno, lanlo
elle luUi quelli che lo vedono gli prendono aflezione grandissima , ed è
anjalo non solaniente dalla corte, ma da luUa la Spagna. Il re lo stima
anco mallo, se bene non si intende fînora quai grado disegna daiii. Molli
vogliono che, se occorresse la niorle del principe, ovvero non avesse Sua
Allezza f)gliuo!i,egli sarebbepubblicato erede del regno » {lielazioiii
(Icgli ambasciatori Feneii, sér. I, vol V, p. 121.)
(2) « .. .. E in verosi vede lanta inclinazione di ognuno verso lui, che
in caso che il re e il. principe morissero senzadiscendenza , molli giudi-
cano che se ogii in (juel tempo fosse in Spag:nî> , e non i ligiiuoli del re
di lîoemia, lacilinente polrebbe avvenirc ch'egli fosse accellalo por re di
Spagna piulloslo che altri lonlano, foivstieio di liiiiiua , c foise di reli-
gione alieno ... » {lOid., p. 7b. )
( 5>7 )
Au mois de iévrier Jo67, Marguerite dé[)ècha à Madrid
Alonso Lopez Gallo, l'un de ses gentilshommes, pour in-
struire le Roi de faits très-importants qui s'étaient passés
entre le comte d'Egmont et quelques autres des principaux
seigneurs des Pays-Bas (1). Le 8 septembre suivant, son
secrétaire Machiavel recevait d'elle l'ordre d'aller solliciter
(le Philippe sa démission du gouvernement de ces provinces
qu'elle ne pouvait plus honorablement exercer après les pou-
voirs qu'il avait conférés au duc d'Albe (2). Ces deux en-
voyés furent porteurs de lettres pour don Juan, à qui ils
présentèrent les compliments de sa sœur. Don Juan ne
manqua pas de lui écrire chaque fois pour la remercier :
« Comme je suis assuré , lui disait-il dans une de ces ré-
» ponses, de la volonté qu'avec tant de raison Votre Excel-
» lence a de me favoriser, je la supplie de me la témoigner
» en m'informant toujours de sa santé et de ce qu'il est en
» mon pouvoir de faire pour la servir : car il n'est rien qui
» me puisse causer plus de satisfaction. Et par là Votre
» Excellence correspondra à l'inclination qu'elle trouvera
» toujours en moi pour son service, comme l'exigent les
)) liens du sang qui nous unissent (5). »
Cependant les destinées du fils naturel de Charles-Quint
(1) Correspondance de Philippe II sur les affaires des Pays-Bas, t. J,
(). blO.
(2) Ibid., p. 571.
(5) « Y porque estoy assegurado de la volunlad que cou lanla razoïi
liene Vueslra Excelencia de hazerme merced, la suplico me la haga de
avisarme siempre de su salud y en que la sirva, porque en ninguna cosa
la podré yo recebir mayor que eu esto : eu que Vuestra Excelencia corres-
[)0uderâ â la volunlad que en mi haliarà siempre para su seivicio, conio
lo requière la sangre... » (Lettre écrite de Madrid, le ÔO avril 1:^07.)
L'autre lettre est du o octobre.
( 28 )
commençaient à s'accomplir. Le Roi Tavail l'ait chevalier
tic la Toison d'or (1), général de la mer (2), et il venait de
lui donner le commandement de Tarmée destinée à sou-
mettre les Maures révoltés de Grenade. Marguerite, qui
se trouvait alors à Civita-Ducale dans le royaume de Na-
zies, lui en adressa ses félicitations. « Votre Excellence,
» lui répondit don Juan , a bieii raison de m'ai mer autant
» qu'elle le dit, ayant en moi un frère si obéissant et si
» véritablement son serviteur. Je l'assure qu'aucune chose
» ne pourrait me donner plus de contentement que Toc-
» casion , si elle s'offrait, d'aller lui baiser les mains »
Et il ajoutait : « Je ne dirai rien de plus sinon que je suis
» très-heureux de la grâce que Sa Majesté me fait en m'or-
» donnant d'aller à la guerre (5). »
Après la pacification du royaume de Grenade, don Juan
se vit appelé à une mission plus grande encore : Pie V le
choisit pour général de la ligue que ce ponlife venait de
conclure avec le roi catholique et la république de Venise
contre les Ottomans.
il débarqua à Gênes le 26 juillet lo71. Pietro Aldobran-
dini, l'un des principaux gentilshommes de la duchesse de
Parme, l'y attendait pour lui offrir les compliments et les
vœux de sa sœur. Don Juan le renvoya avec une lettre où il
priait Marguerite, au nom de l'amitié qui les unissait et de-
(1) Le:24jiiilk'l 1366.
(2) Le 28 octobre 1567.
(3) « TieeneVueslra Exceleiiciainucluiiazoïi de amaiino y(|urieniie
laiHo como dice,siéndoIeyo laii obedienle y verdaderoservidor y hermano;
y ninguiia cosa me podria dar mayor contenlo (pie olVescei-se ocasioii de
poder vei' y bcsar las manos â Vuestra Exccleiicia No dire en esta mas
de que esloy miiy coiilento con la merced que Su M' me liaze en mandarme
saïga en eani|)ana « (Lettre écrite de Grenade, le lo décembre laG'J )
( 2i» )
voit les unir toujours, vn les ohligalions qui les atlacliaiciU
Vun à l'autre, de ne mettre jamais de diiïiculté à lui de-
mander, à lui ordonner tout ce qu'il serait en position de
l'aire pour elle (l). Arrivé à Naples, il chargea don Diego
de iMendoza, gouverneur de l'Ahruzze, d'exprimer à sa
sœur son regret de ce que la nécessité où il s'était trouvé
de venir en hâte prendre le commandement de l'armée na-
vale de la ligue ne lui avait pas permis d'aller lui baiser
les mains (2).
On conçoit qu'il n'oublia pas d'envoyer à Marguerite le
bulletin de la bataille de Lépante (5) : elle le félicita d'au-
tant plus cordialement de la victoire qu'il venait de rem-
porter, que son (ils Alexandre y avait pris une part bril-
lante.
Je n'ai pas ici à raconter ce célèbre fait d'armes, ni à
expliquer pourquoi il n'eut pas les conséquences que
l'Europe chrétienne en attendait : ces détails et ces expli-
cations trouveront leur place dans d'autres Études.
Don Juan passa l'Iiiver et une partie de l'été à Messine,
d'où, à plusieurs reprises, il écrivit à sa sœur. Le prince
Alexandre, qui l'avait quitté après l'affaire de Lépante,
vint l'y rejoindre pendant quelques jours. Don Juan avait
été témoin de la valeur déployée par son neveu dans la
sanglante bataille livrée à la flotte ottomane, et il en avait
fait rapport à Madrid; il désirait vivement que le Roi don-
nât au prince quelque charge militaire. Lorsque Alexandre
(1) « Suplico Vuestra Excelencia que cou la llaueza y amislad que
enU'e Vuestra Excelencia y mi ha de aver siempre, por las obligaciones que
enli-ambos teuemos , que no ponga dificullad alguna en mandarme y tiucrer
(le nii todolo en que podré servirla >i {Lettre du 27 jiiiile! \M\.)
(-2) Lettre du 19 août loTl.
[ô) Lettre écrite de Petela , le 10 octobre ITiT 1 .
(30)
relourna auprès de sa mère, il lui remit pour elle une
lettre qui dut èlre particulièrement agréable à Margue-
rile : « Le seigneur prince, lui écrivit-il, pourra assurer
» Votre Excellence du zèle qu'il a trouvé en moi pour le
» servir et lui donner toute satisfaction. Je crois que
» celle qu'il a de moi n'est pas au-dessous de celle que
» j'ai de lui; elle est réciproquement telle que notre
» amitié, notre parenté et nos relations nous y obli-
» gent (1)... »
Le 2 août 1572, don Juan appareilla de Messine pour
aller rallier les vaisseaux de la ligue qui étaient à Cé-
plialonie, et se porter ensuite au-devant de la flotte
turque. Il revint, sans l'avoir rencontrée, à Messine, d'où il
se rendit à Naples. Marguerite envoya dans cette capitale
Pielro Aldobrandini, avec la mission de le visiter de sa
part et de lui recommander les intérêts de son fils. Celle
recommandation n'était pas nécessaire, cardon Juan avait
fort à cœur de contribuer à l'avancement du prince
Alexandre. Il répondit à Marguerite : « Je promets à
» Votre Excellence que je l'aime et le désire servir beau-
» coup plus que je ne saurais le témoigner, parce qu'il est
» vraiment le digne Dis de sa mère, et qu'il ne sera pas
» moins soldat ni moins vaillant que son père (2). » L'his-
toire est là pour nous dire si ce pronostic se vérifia.
(!) « El senor principe podra dezir â VuesU'a Excelencia la volunlad
(jue ha hallado en mi de servirle y daile lodo guslo y salisfacion; y asi
crco yo que no es nienor la que lione de nii que yo la tengo dél ; y eslâ lan
î^rande quanlo nueslra amislad, deudo y conoscimienlo nos obliga »
(Lettre du i. juillet 157-2.)
(2) « Yo promeîo â Vueslra Excelencia (|uc le amo y deseo servir
harto mas de loque se moslrar, porque verdaderamenle es digno hijode
su madré, y sera no menos .soldado y valoroso que su padre » (Lettre
du ri décembre ilili.)
( ."51 )
Depuis longtemps don Juan souhailait de faire la con-
naissance personnelle de sa sœur; Marguerite n'aspirait pas
moins à voir un frère qui, si jeune encore, s'était acquis
une gloire égale à celle des premiers capitaines du siècle.
Le 5 décembre, don Juan lui annonça qu'il n'attendait
que les ordres du Roi sur ce qu'il aurait à faire pendant
le reste de l'hiver, j)ôur déterminer le moment où il irait
la trouver. Ces ordres lui parvinrent à la fin du mois; il en
donna connaissance à Marguerite dans la lettre suivante :
Madame , Sa Majesté a pris la résolution de me commander
(le rester en ce pays cet hiver. Je le regretterais beaucoup,
pour le désir que j'ai de lui baiser les mains, si cela ne convenait
autant à son service qu'dle me l'écrit : mais, sa volonté étant
telle, la mienne doit être, par conséquent, de lui obéir. Et,
comme c'est maintenant que les affaires de la ligue se traitent
et se négocient à Rome, Sa Majesté me commande encore de
m'en occuper d'ici, en informant ses ministres qui sont char-
gés de cette négociation de choses qui donnent toujours lieu à
des demandes et à des réponses. Voilà pourquoi, Madame, je
ne pourrai réaliser immédiatement lenvie si grande que j'ai
de baiser les mains à Votre Excellence. Je crois que, dans
vingt-cinq ou trente jours , cette affaire sera arrivée au point
que, mon intervention y étant peu nécessaire, j'aurai la
liberté d'exécuter ce que je viens de dire; et alors, sans diffé-
rer davantage, je me mettrai en chemin pour aller voir Votie
Excellence : car il n'y a rien pour quoi j'aie autant d'inclina-
tion. Dans l'inler^alle, Madame, je supplie Votre Excellence,
aussi instamment que je le puis, de m'cxcuscr auprès d'elle-
( 32)
mémo, puisque, si ce n'était que je ne m'appartiens pas ici, je
partirais à cette heure. J'informerai Votre Excellence, quel-
ques jours auparavant, de celui de mon départ, pour le très-
grand contentement que je recevrai de lui envoyer une nou-
velle qui me réjouira tant. J'ai écrit à monsieur le prince par
la voie de Rome, lui donnant avis de ma demeure en Italie et
des galères qui vont faire voile pour l'Espagne, où j'aimerais
mieux l'accompagner et le servir que le voir aller sans que
je puisse en personne rendre compte à Sa Majesté de la
valeur, de la diligence et des autres qualités avec lesquelles
il l'a servie : car, quoique dans mes lettres, je pense lui
en avoir longuement rendu témoignage, j'aurais eu plus de
satisfaction encore à le faire de bouche. Je ne sais si monsieur
le prince se sera résolu à faire ce voyage ou non, ni en quoi
il voudra m'employer; j'attends ses ordres, que j'exécuterai
en tout ce qui me sera possible. Sa Majesté prend fort à cœur
la continuation de la ligue; elle a ordonné, et à moi principa-
lement, qu'on s'occupe avec efficacité de renforcer sa flotte.
On prend en cette conformité toutes tes mesures qui convien-
nent. J espère en Notre-Seigneur qu'elles tourneront au dom-
mage de l'ennemi, lequel, à ce que l'on apprend, arme à
grande furie et avec le dessein de venir à notre rencontre :
mais, par bonheur, il nous trouvera plus tôt qu'il ne se
1 imagine. Grâce à Dieu, je me porte maintenant bien. Quil
garde Votre Excellence et lui donne des pàques (1) et des
années telles que je le désire.
De Najdes, le \) janvier loTô.
Le très-véritable serviteur et obéissant frère
de Voire ExceUence, et qui lui baise les
mains,
Dox Jlan n'AuTKiCHE (:2).
(1) Dans la langue es|)agnol(', les jiâques sii;niliont ici la fiMo dos Rois.
{il) Vo\. rAppondico n'' il.
(33)
Enlïn, dans les premiers jours de février, don Juan
partit de Naples, avec une suite peu nombreuse, pour
Aquila, dans les Abruzzes, où, depuis plusieurs mois,
Marguerite avait établi sa résidence. Il est inutile\Jc
parler des démonstrations de tendresse et de joie avec
lesquelles il y lut accueilli. Marguerite avait envoyé au-
devant de lui, pour le guider, Florio Tornielli, l'un de ses
gentilsbommes; durant son séjour à Aquila, elle eut pour
lui et pour ce'ux qui l'accompagnaient les plus grandes
attentions; elle voulut lui faire accepter des présents en
marque de souvenir, mais il s'en excusa (1).
Les graves atTaires qui réclamaient don Juan à Naples
ne lui permettaient pas une longue absence : le 19 février,
quoique le temps fût affreux et les chemins presque im-
pralicables, il prit congé de sa sœur, en lui promettant de
venir la revoir avant de passer en Espagne; tous deux
avaient les yeux remplis de larmes (2). Dès le lendemain
il lui écrivit :
Madame, la journée d'Iiicr a été rigoureuse pour eeux qui
étaient en elicmin; mais elle Ta été bien plus encore pour moi,
qui venais de quitter Votre Altesse : chose qui me laissera des
regrets pendant tout le temps que je serai sans lui baiser de
nouveau les mains. J'ai très-bien passé la nuit, les faveurs que
Votre Altesse m'a faites à Aquila m'ayant été continuées ici (î).
(t) « È lornato molto sodisfatlo di Madama, da chi dicono se
appartô con lagrime. Non lia voluto accetlar nessuna cosa di molle che
gli voleva donare, ina deUogii clie per lui le longa, e clie prima che passi
a Spagna, tornerà di nuovo a visilaria » (Lettre écrite de Xaplcs, le
4 mars 1375, au grand-duc Cùme de Médicis par le chevalier Vaini, aux
archives de Florence. )
(2) Voy. la noie précédente.
(ô) La duchesse l'avait fait accompngin'r de son grand écuyer.
2"" SÉRIE, TOME XX Vn. 5
( 34 )
Je pars en ce moment pour Snlmone par nn temps doux,
entièrement dévoué à Votre Altesse, comme je le serai tous
les jours de ma vie. Pour cela je supplie Notre-Seigneur de
me la donner, et à Votre Altesse la santé, le bonheur et le
contentement qu'elle mérite et que je lui souhaite.
De Navellas, samedi, 20 février 1575
Don Juan d'.Autriche (I).
On remarquera que, dans cette lettre, don Juan donne
à sa sœur le titre d'Altesse ; jusqu'alors il ne l'avait traitée
que (VExcellence. Ce dernier traitement était le seul que
la cour d'Espagne accordât aux princes souverains d'Italie
et que ses ministres dans ce pays fussent autorisés à leur
accorder. Aux Pays-Bas, où les règles de l'étiquette étaient
moins rigoureuses, la duchesse de Parme avait loujoiu's
été traitée d'Altesse par tous les ordres de TÉtat.
Don Juan lui-môme n'avait officiellement que le titre
d'Excellence. Lorsqu'il avait été nommé général de l'armée
de la ligue, Philippe II avait fait transmettre des ordres
exprès à ses ministres, non-seulement en Italie, mais
en Allemagne, en France , aux Pays-Bas, en Angleterre,
pour qu'ils ne lui en donnassent pas d'autre (2) : il toléra
toutefois que ceux qui étaient placés sous ses ordres le
traitassent d'Altesse. Ce ne fut qu'en Io75 que le conseil
d'Etat d'Espagne se détermina à lui attribuer ce dernier
titre fo).
(i) Voy. rAppondice n" III.
{•2) Correspondance de Philippe II sur les affaires des Pa ;s-f(as ,
t. II, p. 187.
(ô) //;/>/., I. III, p. 2G7.
(35)
Margdorite, qui, jusqu'à rcntrevuc d'Aquila, avait ob-
servé envers son frère le style de la chancellerie de Ma-
drid, à partir de ce moment en usa avec lui comme il en
usait avec elle.
Don Juan fut d6 retour le 5 mars à Naples (J), on deux
courriers venus d'Espagne l'avaient précédé. Les dépêches
que ces courriers lui apportaient ne répondirent pas à son
attente; aussi écrivit-il à sa sœur : « De moi je ne sais
» encore ce qu'il en sera, ni quand ni pour où je parti-
» rai (2). )) II ne s'en appliqua pas moins à armer et avi-
tailler la Hotte avec toute l'activité qui dépendait de lui :
« Nous nous donnons ici — manda-t-il à Marguerite —
» toute la presse que nous pouvons; mais la vérité est
» que nous pouvons peu, parce que l'argent nous man-
» que (o)." » Il lui annonça cependant, le 5 avril, qu'il
espérait, avec la faveur divine, être prêt à la fni du mois
ou au milieu de mai (4).
"Cette dernière lettre n'était pas encore arrivée à sa des-
tination lorsque don Juan reçut une nouvelle qui vint
déranger tous ses plans : celle de la conclusion de la paix
entre les Vénitiens et le Turc. Je m'étais flatté de trouver,
dans sa correspondance avec Marguerite, quelque indice
de l'impression qu'un événement d'une si haute gravité
(1) Leltre du chevalier Vaini à Cùme de Médicis, du A mars 1575.
( Archives de Florence.)
(2) «.... Demi aun no se lo que haré ni quando ni para donde par-
ti ré... '^ ( Lettre du 7 mars 1575.)
(5) « A lo de acâ nos damos la priesa que podemos, y à la vcrdad
podemos poco, porque el dinero es menos... » (Lettre du 2ô mars 1575.)
(i) « .... Espero con el favor divino eslar lesto ai mas largo al fin deste
6 modiado el que viene.... »
( 36 ;
produisit sur lui; j'ai élé déçu, [.a loUro du ô avril est
suivie de celle qu'on va lire :
Madame, si je ne vous ai pas écrit depuis quelque temps , c'est
que tout est reste en suspens, et moi principalement, dans
l'attente d'une résolution de la cour, où j'ai envoyé le secré-
taire Juan de Solo, d'une part, pour rendre compte des clioses
qui se sont passées et desquelles il est si bien informé; de
l'autre, pour savoir et proposer ce que nous ferons, eu égard
au temps où nous nous voyons et aux provisions dont nous
sommes munis. Jusqu'à ce quil revienne, on ne m'ordonne
autre chose que d'aller à Messine et d'y rassembler toute la
Hotte, pour me porter avec elle là où l'exigeront les mouve-
ments des ennemis. En cette conformité je bâte toutes mes
dispositions, et, dès que Gio. Andréa (Doria) sera arrivé avec
linfanterie italienne deLombardie, je presserai *son départ
pour la Sicile. Dans l'intervalle, je ramasserai tout ce qui se
doit tirer du royaume de Naples, pour le prendre avec moi
et ne rien laisser à faire après : en cela j'userai d'une grande
diligence, car certes je parais être et je suis en effet très-mal
ici, et mon honneur en souffre. Avant l'arrivée de ce courrier
avec la détermination que j'ai dite, j'ai pourvu de gens et de
munitions la Goulette et Malte, et averti d'être sur leur garde
les lieux qui courent le danger d être assiégés. En ce moment,
je le répète, je m'occupe de mon prochain départ, en atten-
dant la résolution délinitive de Sa Majesté sur ce que je dois
entreprendre. C'est là. Madame, en substance notre situation.
J'en ai instruit le seigneur prince (Alexandre), tant pour
satisfaire à mon obligation qu'atin de le mettre à même de
jnger de ce qu'il lui convient mieux de faire: en quoi je le
seconderai de tout mon possible et avec ardeur. Que Votre
Altesse veuille me faire savoir comment elle se trouve et où,
et comme la traitent ces chaleurs qui commencent, puiscjuii
n'y a personne au monde ((ne cela intéresse plus que moi,
( 37 )
ni qui se réjouisse davantage d'avoir delà saiilé de Vulre Altesse
des nouvelles telles que je le désire. Sa Majesté se portait bien;
le prince (i) avait une petite fièvre; la princesse (2) allait un peu
mieux; toutes les antres personnes de la famille royale étaient
en bonne santé; les Pays-Bas étaient en un triste étal; le duc (3)
qui les gouverne haï à l'extrême, et l'espérance du rétablisse-
ment de la tranquillité dans ces pays douteuse, malgré les
promesses de ceux qui y commandent 31oi, grâce à Dieu,
je me porte bien, et j'attends, entre autres résolutions, celle
que Sa Majesté prendra en ce qui me concerne. Mille gens
m'envoient en différents endroits. La chose pour laquelle je fais
principalement des instances, et non petites , est de pouvoir
aller trouver notre maître, avec lequel je voudrais avoir une
entrevue et me résoudre. Dieu amène ce résultat, et garde
Votre Altesse avec la félicité et le contentement qu'elle mérite
et que je lui souhaite!
De Naples, le 4 juin 1575
Don .Jl'a> d'x\ltuichl (4).
Marguerite remercia son frère des informations qu'il
lui donnait; elle approuva beaucoup le parti qu'il avait pris
d'envoyer le secrétaire Soto en Espagne. Les nouvelles
qu'elle avait elle-même des Pays-Bas concordaient avec
celles qu'il venait de lui transmettre : « Elles ne me cau-
» sent pas peu de peine, dit-elle à don Juan dans sa ré-
(1) Ferdinand, fils aîné de Philippe 11 et d'Anne dWulriclie, né le i
décembre 1o71,
(2) Doua Juana , sœur du lioi.
(5) D'Albe.
(4) Voy. l'Appendice n" IV.
(38)
» poiise; cl, si Dieu n'y met la main, je crains que le
y> remède ne soit plein de difficultés (1). »
A quelques jours de là, elle envoya à Naples xMarcello
Lanipugnano, l'un de ses gentilshommes, pour lui ra[)-
porter des nouvelles de son frère. Elle savait qu'il lui
arrivait assez souvent d'être malade : sa complexion n'était
pas forte; il se livrait à des exercices violents, se ména-
geait peu avec les femmes, et n'employait pas les moyens
nécessaires pour prévenir les suites de ces excès.
Lampugnano revint à Aquila, porteur d'une lettre de
don Juan où, après avoir remercié sa sœur, en des termes
chaleureux, d'une visite qui lui avait été intiniment
agréable, il lui faisait conhdence de ses projets et la met-
lait au courant de ses actions :
.Madame, lui disait-il, , en ce qui concerne mon dé-
\y,\vl d'ici, je parlerai maintenant avec quel(iae clarté, pour
la certitude que j'ai que cette lettre ira aux mains de Votre
Alte-ise. J'ai singulièrement désiré, Madame, faire l'entreprise
d'Alger, surtout cette année que la flotte ennemie ne se com-
posera pas d'un assez grand nombre de galères bien armées
pour oser s'éloigner autant de ces mers, et à une époque aussi
voisine de l'hiver que ee serait à là fin d'août. Mes dépêches à
la cour ont été dirigées vers ee but, ainsi que les mesures que
j'ai prises ici; et j'y ai été d'autant plus excité que je savais
que c'était la volonté de Sa Majesté, quoique, à dire vrai, elle
soit très-mal servie de ces ministres (2), qui s'occupent plus
(1) « .... Fiandra ho nuova clie stà nelli temiiiii che Vostra Altezza
ini sciivc, che non mi dâ poca pena; et se Iddio non ci mette la mano,
icmo che il remedio sarà dirticulloso.... « (Lettre du 13 juin 1575 , datée
d'Aquila. )
i'îl) Allusion au cardinal de Granvelle, vice-roi de Naples, et au duc de
lerranova, vice-roi de Sicile.
( 59)
de Jours intérêts (luc de ceux de leur maître. Pour retourner à
mon propos, je dis que, tenant déjà prête pour cette entre-
prise une grande partie de munitions de guerre, j'ai vu, dans
les dernières dépèclies d'Espagne, qui ne sont pas encore des
jéponses à celles qu'a portées Soto, l'impossiljilité qu'on paraît
y trouver à ia cour. Et, comme la saison- est déjà si avancée,
que beaucoup de choses manquent encore, que Ja résolution
se fait attendre de là d'où elle devrait venir, et qu'on y incline
plutôt à ce qu'on voie ce que l'ennemi voudra faire, j'ai préféré
enfin changer d'opinion que de risquer, n'ayant pas les moyens
nécessaires, ce qui se pourrait risquer dans ladite entreprise.
En conséquence, j'irai sans délai à Messine, où je serai en
position, tant de surveiller les mouvements de la flotte en-
nemie que de tenter, si elle nous en donne quelque lieu , l'at-
taque de Tunis pour laquelle nous avons, je crois, ce qui
convient, au cas que le temps ne me fasse point défaut. Il est
certain que, dans la pensée que nous aurions été à Alger,
j'écrivis avec de grandes instances à Sa Majesté, lui rappelant
les mérites du seigneur prince (1) et son désir d'être employé
dans cette expédition où, si elle s'était réalisée, j'aurais voulu
le voir. C'est là, 3Iadame, en substance, ce qui se passe et le
compte que je puis rendre à Votre Altesse de moi et de ma
charge. Je continuerai toujours à le faire selon qu'en fourni-
jont matière les occasions et le temps. Je crois qu'à la fin de
cet été j'aurai certainement la permission de passer en Es-
pagne : avant d'en user, mon intention est en tout cas
d'aller baiser les mains de Votre Altesse; mais quand et com-
ment, c'est ce que je dirai lorsque je saurai ce qu'il en sera de
moi. Je la supplie, en attendant, de mavoir en sa mémoire
et en sa grâce, et de me donner toujours des nouvelles de sa
santé : car selon qu'elle sera je serai tranquille et content
(I) Alexandre Farnèse.
( -w )
Je supplie Votre Altesse de garder pour elle seule ce que je lui
écris dans celte lettre, et de la déchirer après l'avoir lue,
parce qu'enfin les papiers sont des j)apiers. Jai ordonné à don
Rodrigo de Benavides de se procurer un portrait de moi pour
l'envoyer à Votre Altesse; je crois que Marcello, à qui je nie
remets de tout le surplus que V^otre Altesse désirera savoir, en
pourra être le porteur.
De Naples, le 2G juin 1575
Don Jla> u'Altiuchf, (1).
On vient de voir la recommandation de don Juan à
Marguerite de brûler ses lettres; on va apprendre comme
il en usait lui-même à l'égard des lettres de Marguerite. Sa
sœur lui avait adressé la prière do ne laisser lire par per-
sonne ce qu'elle lui écrivait; il lui répond : « C'est un soin
» que j'ai toujours; et, pour plus de sûreté, j'ai l'habitude
» de déchirer vos lettres aussitôt que j'y ai répondu. A mon
» avis, c'est ce qui vaut le mieux et qu'il convient que
)) nous pratiquions entre nous deux, parce qu'enfin les
» papiers sont des papiers (i2). » Il faut se féliciter, pour
l'histoire, que Marguerite n'ait pas suivi ce conseil.
Le 5 août, don Juan mit à la voile pour Messine, où il
arriva le 8. Il écrivit de là à sa sœur :
Je ne sais, Madame, ce que nous ferons pendant ce peu
(rété qui nous reste. Je suis ici attendant chaque jour la flotte
(1^ Voy. rAppeiulice n° Y.
(2) « Lo que Vuestra Alteza me manda de que sus carias no las
v(;a uadie, huso siempre hazerlo; y â mayor seguiidad leiigo poi* cos-
tumbre de lomperlas en acavando de responder à ellas. Es, à mi juieio, el
pai'lidu (|ue mas vale, y el que conl)iene (juc sigamos eulrambos , i)or(jue
al lin son [)apeles pai)eles » (LeUre écrite de Palerme , le 8 novembre
1575.)
( ^i'I )
L'iiiiciJiic; mais il no nous sera pas possible de la ((nnljallie,
si nous ne sommes })as plus forts : ear, pour mes péeliés,
noire ijifériorité à son égard n'est pas petite. C'est une eliose
qui me peine en làmc et que j'attribue à ma mauvaise l'or-
lune, que nos forces et celles de l'ennemi ne soient pas un
peu plus égales. Certes, pour lui livrer bataille, je ne voudrais
pas que légalité fut absolue : je le ferais alors même qu'il au-
rait sur nous un grand avantage; mais celui qu'il a est trop
grand. Je m'elforce cependant de gagner du temps afin de
pouvoir, s'il m'en reste un peu, aller attaquer Tunis : quoi-
qu'il y soit entré du secours, j'espère en Dieu que nous nous
en emparerons, si l'ennemi m'en laisse quelque peu le
moyen
De Messine, le 11) août 1575
Don Juan d'Altiuciie (1).
Les espérances de don Juan ne furent pas trompées :
le 11 octobre, il entra dans Tunis presque sans coup férir.
IV.
Après cette heureuse expédition, don Juan revint à
Naples. Il y avait trois choses qu'en ce moment il souhai-
tait avec ardeur : accomplir un vœu qu'il avait fait à Notre-
Dame de Lorelte lors de la bataille de Lépante, visiter une
seconde fois sa sœur, et passer en Espagne. Les dépê-
ches qu'il reçut du Roi lui faisaient entrevoir la possibi-
lité de remplir le dernier des objets qu'il avait en vue,
(1) Voy. rAppeiidico u" \T.
( 42)
mais elles Tobligeaient de renoncer aux deux autres : Phi-
lippe lui ordonnait de se rendre directement de Naples à
Gènes. Il en instruisit Marguerite, en lui exprimant le
déplaisir qu'il en éprouvait (1).
11 croyait ne s'arrêter à Naples qu'une quinzaine de
jours (2); il y resta cinq mois. Dès le 28 novembre, il
mandait à sa sœur que l'époque de son départ pour l'Es-
pagne était fort incertaine, car il se trouvait chargé d'une
Hotte, de gens, de dépenses à faire et de comptes à payer,
sans avoir à sa disposition un seul réal ni le moyen de
s'en procurer (o). « Il en résulte — lui disait-il — que je
» souffre la plus grande peine que j'aie jamais eue. J'ai
» mis en gage mon argenterie et je me suis endetté per-
» sonnellement pour licencier un corps d'infanterie ita-
» lienne et donner congé à un certain nombre de galères;
» mais il me reste considérablement à payer, puisque ni
» aux équipages des navires ni à l'infanterie espagnole
» et allemande je ne puis donner même un ducat. Je cher-
)) che de l'argent par toutes les voies possibles; je ne sais
» ni quand ni comment j'en trouverai, si toutefois j'en
» trouve, et, n'en trouvant pas, ce qu'il en sera de moi :
» car m'éloigner d'ici en y laissant les choses dans le mau-
(1) c. Sepa Vueslra Alleza que me manda Su Magestad que me
embarque y que, sin tocar en ningun cavo, me baya à Génova Lo
siento, porque querria antes en todo caso visitai* â Nueslra Senora de
I.oreto, que selo e ofiecido y lengoselo muy bien devido, y besar olra
vez las mauos de Vuestra Alteza. Eslo solo me da cuydado, y eslo solo
querria poder hazer.... >' (Lettre écrite de sa galère devant Palerme,
le 8 novembre 1575.)
(2) « ... . Creo con todo que en \v dias podré despacharme » {Ibid.)
(3) << Por(|ueme liallo cargado lodavia de armada , de génie y de
gaslos y de euenlas, sin un real ni aun espedienlede liallarle « (Lettre
du :28 novembre lo7ô.)
( i3 )
» vais état où elles sont ne convient ni au service (Je Sa
» Majesté ni à ma réputation, et, dun autre coté, je ne
» vois pas comment j'y \m\s demeurer dans la situation
» où je me trouve. Le cardinal (1) dit qu'il l'ait tout ce
» qu'il peut: il faut qu'il ne puisse pas grand'chosc, car
» en effet il ne fait rien (2). » Le 9 janvier 1574, à l'oc-
casion de la naissance d'un fils du prince Alexandre sur
laquelle il adresse ses félicitations à Marguerite, il revient
sur ce sujet : « La chose qui me peine le i)lus au monde,
» — lui écrit-i! — après l'impossibilité où je me suis
» trouvé d'aller voir Votre Altesse, est de n'avoir pu cn-
» core partir pour l'Espagne; Votre Altesse doit donc
» croire que je fais largement tout ce qui dépend de moi
» afm d'être libre. Mais le crédit et la réputation impor-
» tent tant que, pour conserver ceux que Dieu m'a don-
» nés, force m'est de demeurer ici jusqu'à ce que j'aie pu
» contenter cent mille gens que ma présence fait patienter,
» et qui, si je partais, pousseraient des clameurs et des
» plaintes contre moi jusqu'au ciel (5). » Eniin, le 8 mars.
(1) Ue Gianvclle, vice-roi de Naples.
(2) ' .... Asi paso el mayor travajo que he tenido janiàs. He empenado
plata y prendas mias para despedir un golpe de infanteria ytaliana y para
despacliar una I)anda de gaieras; pero harto me queda, pues ni à naves
ni à infanteria espanola ni alemanu puedo dar un ducado. Ando buscan-
dolo por todas las vias posibies. No se quando ni eonio lo haliaré, si lo
halio, y no hallândolo, que lie de hacer de mi, porque bolver las espaldas
â lanta mâquina, dexândola lan quebrada, no conbiene ni al servicio de
Su Mageslad ni â mi repulacion; pues estar asi tan poco veo como se
pueda. El cardenal diz que liaze loque puede; pero deve poderpoco,
porque en efelo no baze nada... -^
(3) « .... Este iillimo de mi yda en Espana es la cosa que mal pena me
(la no verla ya e.xecutada, despues de no lo estar el ver â V'ueslra Alleza;
V ;i>i es de créer ([iw bago laigamenle mi posible en despacbarme : peru
( ii )
il reçut un courrier du Roi qui lui apportait en lettres de
cliange une partie de l'argent dont il avait besoin pour le
payement des troupes de terre et de mer (1); il s'occupa
alors de ses préparatifs de départ.
Il s'était embarqué à Naples le 15 avril , avec l'inten-
tion de descendre d'abord à Gaëte (2). Durant ce trajet,
des dépèches lui parvinrent d'Espagne qui lui lirent
éprouver une amère déception. Laissons-le exprimer lui-
même ses sentiments à cet égard. Voici ce que, après son
arrivée à Gènes , il écrivit à Marguerite :
Madame, déjà, par d'autres voies, Votre Altesse aura su,
en substance, le dernier ordre que j'ai reçu de Sa Majesté,
nie prescrivant de rester en Lombardie : chose qui me peine
beaucoup plus que je ne saurais le dire, pour toutes les rai-
sons que Votre Altesse comprend si bien, et particulièrement
parce que mon voyage à la cour aurait été de plus de fruit que ma
demeure en ce pays. Je me suis en conséquence résolu à en-
voyer le secrétaire Juan de Solo en Espagne, pour quil y né-
gocie tout ce dont j'avais pris note et qui ne sera pas peu.
Pendant ce temps je me tiendrai à Vigevano, à vingt milles
de Milan, sans m'occuper en rien des objets de ma commission
jusqu'au retour dudit Solo : car plutôt que de mettre à l'aven-
ture, sciemment et sans aucun avantage, ce que j'ai acquis
d'honneur, il vaut mieux que je ne fasse rien, au moins jus-
qu'à ce que Sa Majesté en décide autrement. Ce que je pré-
vale tanlo el crédilo y repulacion que, conservaiulo el ([ue Dios me a
tiado, es fuerça clexarme eslar hasta dexar couleiilas cieii mil génies que
con mi presencia se entrelieneii, y que siii ella clamarian al cielo cou
(luexas y lamenlos de mi « ( Lettre du 9 janvier loTi. )
(1) Lettre du 9 mars 1574 à Marguerite.
(-2) Lettre à la même, écrite de Naples le 15 avril.
(45)
tends pi'ifU'ipalemeiU à riiciirc qu'il est, ('"est de ])ren(lre la
mcv avec la lloUe [)oih- inctlre obstacle, autant que possible,
aux desseins de lennenii : entreprise dans laquelle il y aurait
peut-être |)lus d lionneur à gagner que dans ce pays, où je ne
vois pas à quoi jaurai à cbnsacrer mes soins. Je recommande^
aussi à Soto, an cas quà la cour on parle de menvoyer aux
Pays-Bas, de déclarer qu'avant de me cbarger d'une telle
commission, il convient que je voie Sa Majesté, et que je ne
pourrais l'accepter sans cela. L'ordre que Sa Majesté me donne
est d'aller à Milan jusqu'à ce qu'elle me mande autre cbosc,
pour de là tenir en respect les voisins, faire passer des secours
aux Pays-Bas, et moccuper d'autres affaires de la même na-
ture, S. M. voulant que j'intervienne dans tout ce qui loucbe
la guerre; et elle me dit que ce sera pour cet été seulement.
Dieu le veuille ainsi, comme je l'espèrel C'est là. Madame, en
substance, le contenu de la dépêcbe du Boi et ce à quoi je me
suis déterminé : car je reste très-peu pourvu dargent et avec
une autorité fort amoindrie. Je ne me mêlerai donc de rien,
mais je remettrai tout au marquis d'Ayamonte (I); et je m'éta-
blirai à Vigevano jusqu'à ce que Soto revienne. Pour une raison,
je suis certainement charmé de demeurer en ces quartiers : cest
4"c j'y jouirai du voisinage et de la compagnie du seigneur
prince (2), qui s'est décidé à n'aller pas maintenant en Espa-
gne : ce dont je suis très-content, d'abord à cause du voisinage
et de la compagnie dont je viens de parler, et ensuite parce (juc
nous paraîtrons ensemble devant Sa Majesté. Je pars aujour-
d liui pour aller coucher à Sarraval; de là je poursuivrai mon
chemin, dans l'espoir, qui me rend très-joyeux et très-
empressé, de rencontrer en route le seigneur prince. De ce
qu'il en sera ultérieurement de moi, j'en rendrai compte à
(1) Gouverneur de TÉlat de Milan.
(2) Alexandre Farnèse.
■ { 46 )
Votre Altesse, que je prie Dieu de garder comme je le
désire.
De Gènes, le (i mai io74.
Le plus grand serviteur de; Votre Altesse et son
frère obéissant qui lui baise les mains,
Don Juan d'Autriche (1).
Marguerite, cette fois encore, approuva le parti qu'avait
pris son frère d'envoyer le secrétaire Soto en Espagne.
Quoique les ordres qu'il avait reçus de Madrid ne fussent
pas conformes à ses vues, elle l'engagea à se conformer
aux volontés du Roi, car, en le faisant, il ne pouvait pas
commettre d'erreur (2). Cette princesse professait un grand
respect pour Pbilippe II, dont pourtant elle n'avait pas
toujours eu à se louer.
A la fin de juillet, don Juan apprit, à Vigevano, que la
Goulette et Tunis étaient menacés par la Hotte turque :
sans en attendre l'autorisation du Roi, il alla, dans le des-
sein de secourir ces deux places, s'embarquer à la Spezzia ,
d'oij il fit voile pour Naples; il emmenait avec lui Alexandre
Farnèse. De Naples il passa à Messine, à Palerme, à Tra-
pani. C'était trop tard : les forces qu'il put rassembler
n'étaient pas suffisantes pour lui permettre de présenter
la bataille à la flotte turque; en outre, il lui fallut lutter
contre les vents. La Goulette surcomba le !25 août, et le
fort de Tunis le 15 septembre.
Cette double perte causa à don Juan un vif chagrin ,
(1) Voy. rAppeiulice ii" VII.
(2) « Ghecos'i laciMulo, iio si i)iio oi'i'are » ([.cUro ilii 4 juin 1574,
écriUi d'Aquilu.)
( " )
dont on trouve l'empreinte dans la lellre suivante qu'il
écrivit à sa sœur :
Madame, que Votre Altesse me tienne pour justement
exeusé, si je n'ai pas répondu à ses deux lettres du l!) et du
28 août : car le temps et le moyen de le faire m'ont vraiment
manqué au milieu de mes déplacements continuels; et encore
à présent je dis à Votre Altesse que j'ai tant d'affaires sur
les bras que je puis à peine donner de mes nouvelles. Ce qui
's"cst passé dans ces parages, Votre Altesse l'aura appris pai'
monsieur le prince et dautres avec plus de détails que je
ne lui en donnerai ici : j'en suis émerveillé et j'en ressens
une douleur extrême, non pas tant encore pour la perte des
places de Barbarie que pour ce que l'eiuiemi se relire victo-
rieux et lionoré, tandis que nous autres nous nous occupons
à rassembler notre flotte et que l'argent, auquel on regarde
tant, se dépense mal à propos et sans aucun fruil. Le même
jour que je quittai Naples, la Goulette fut prise, et j'avais
réuni tout au plus une moitié de flotte à Palerme, quand il en
fut de même de Tunis : de manière que la diligence que je
mis à partir de Lombardie, sans en avoir reçu Tordre, a été
inutile; qu'aurait-ce été si je l'avais attendu, puisque ce fut
seulement à Palerme qu'il me parvint? Eiifin , 3Iadame, la
situation des affaires est pleine de dangers, et en vérité, la
faute n'en est pas tout entière à Sa Majesté : le tort quelle a
est de permettre que ceux qui gouvernent ses provinces ne
prennent pas le même souci de l'État qui les avoisine et même
de celui qui est plus éloigné, que de l'État dont ils ont res-
pectivement la charge. Que Votre Altesse considère de plus
que nous laissons s'écouler le temps qu'il faudrait employer,
non-seulement à mettre obstacle aux desseins de l'ennemi,
mais encore à exécuter ceux que nous devrions former nous-
mêmes. J'espère apprendre, à tout moment, que l'ennemi
s'est relire : il l'aura certainement fait de[)uis quelques jours,
(48 )
si ce temps, qui nous est si contraire, le lui a permis. Je crois
bien que, pour cette année, il ne nous reste plus rien à espé-
rer ni à craindre : car l'hiver a commencé et les occasions ont
cessé pour tous, mais surtout pour nous, qui ne savons en
saisir aucune, et n'avons le moyen d'entreprendre chose qui
vaille. Tout enfin se réduira à ce que, comme de coutume,
nous nous en retournerons bien ou mal; et moi certainement,
sans plus différer, je passerai en Espagne. C'est lobjet que
maintenant j'ai en vue; mais j'en informerai préalablement
Votre Altesse, et même, si c'est possible, j'irai lui baiser les
mains. Sur la dernière lettre de Votre Altesse, qui était en
réponse à une de moi, j'ai peu de chose à dire, et moins en-
core sur la première, puisque ce qui touche l'autorité et
riionneur de monsieur le prince, il sait que j'en fais le même
cas que de ce qui me touche personnellement; et assurément
Tune des choses pour lesquelles j'ai regretté que quelque
occasion de combattre ne se soit pas offerte, est de n'avoir
pu faire avec lui ce que je projetais. Je m'en rapporte là-
dessus au témoignage de monsieur le prince, que j'aime
comme je le dois à Votre Altesse, à toute sa maison et à moi-
même, puisque je lui suis si proche parent et si grand ami.
Nous nous faisons continuellement très -bonne compagnie, et
il en sera ainsi toutes les fois que nous serons ensemble,
comme il l'écrira, je crois, plus au long à Votre Altesse.
J'attends de jour en jour Juan de Soto, qui est arrivé en
Italie : mais quelles bonnes dépêches seront celles qu'il rap-
porte, après que je l'ai envoyé à la cour il y a cinq mois,
avertissant de ce qui est arrivé et j)roposnnt les moyens de le
prévenir!
De Trapani, le ô octobre HiTi
Don Juan d'Aithiciie (I).
(I) Voy. r.\|>|MMi(lico 11" VIII.
( i^ )
llovoim à Xaples dans les premiers jours de novembre,
don Juan en partit le 21 pour l'Espagne. Dans une lettre
écrite de Madrid, le lo février 1575, il raconte ainsi à sa
soeur l'accueil qui lui a été fait par le Roi et les dispositions
de Philippe à son égard :
, Madame, je suis, gloire à Dieu, arrivé il y a quelque temps
à cette cour, où j'ai reçu tant de faveurs de Sa Majesté que,
pour cela seulement, je regarderais mon voyage comme ayant
été on ne peut plus opportun Dej)uis que je suis ici, j'ai
lieu de croire que l'on comprend les affaires d'Italie dune tout
autre façon qu'auparavant. Je m'étais flatté, comme j'avais
supplié Sa Majesté de le trouver bon, de faire à Madrid un
séjour d'une certaine durée; mais enfin il a été résolu de me
renvoyer en ces quartiers-là, et avec une liàte telle qu'on
apporte une extrême célérité à m'c.\|)édier. Je pense que je
partirai au milieu du mois prochain, et je pense aussi que
j'irai commencer un nouveau genre de service, en conformité
de ce qui convient à celui de Sa Majesté. Cepen.daut on saj)-
plique à écarter tous les obstacles et à accélérer la provision de
ce avec quoi je dois servir Sa Majesté et défendre ses États cet
été. A tout cela je donne une presse si grande que, chaque
jour, dans les conseils et ailleurs, je ne fais pas autre chose;
mais nous sommes déjà si près de l'été que je ne me contente
que de ce que je vois.
Et il ajoutait :
Ici, Madame, ce ne sont que conseils : tous les jours j'en
préside deux, sans compter mille autres occupations qui ne
me laissent pas un instant à moi (I).
Le 29 mars, il quitta Madrid, prenant le chemin de
(1) Voy. l'Appendice n" IX.
2"" SRHIE, TOME XXVM. 4
( 30).
Carlhagène, où il mon(a sur lo navire qui devait le rame-
ner en Italie.
Y
Dès qu'il fut de retour à Naples, après une traversée
des plus laborieuses, don Juan écrivit à sa sœur :
Madame, j'ai laissé Sa Majesté en bonne
santé, grâce à Noire-Seigneur, mais extrêmement fatiguée
des afTaires, comme on a bien des raisons de le craindre, el
que cela se voit d'ailleurs à son visage et à ses cheveux qui
ont blanchi. Les nouvelles que je puis donner de notre cour
à Votre Altesse sont certainement peu satisfaisantes, parce
que, Sa Majesté n'ayant personne sur qui se reposer, chacun
se trouve dans l'embarras, notre maître se fatigue à lexccs,
et les affaires ne sont pas traitées de la manière dont elles
l'étaient autrefois. C'est vraiment grande pitié que l'état où
j'ai laissé cette cour : néanmoins je certifie à Votre Altesse que
j'aurais souhaité — et je fis pour cela tout ce que je pus —
de n'en point partir. Mais il parut à Sa Majesté qu'ici je pou-
vais la servir de nouveau en un temps et dans des occasions
d'importance; et, comme toujours, je me suis soumis à sa
volonté Je confierai à Votre Altesse, mais seulement pour
elle, et j'ai plusieurs motifs de la supplier qu'il en soit ainsi,
(jue je suis porteur d'un ordre de Sa Majesté touchant ce que
chacun de ses ministres a à faire, ordre qui consiste en ce
qu'ils m'obéissent; mais je ne dois en user que quar)d quel-
qu'un deux se persuadera le contraire : ce qui n'arrivera pas,
je pense, parce qu'ils ont été ofiiciellement informés de l'in-
tention de Sa Majesté
Naples, le 19 juin 1575
Do.x JiA.v n'AuTHiciii': (I).
(I) Voj. rAi)|)(MKlic(' n" X.
( 31 )
Philippe H avait en effet nommé don Juan son lieute-
nant général en Italie, et en même temps il avait rem-
placé le cardinal de Granvelle, dans la vice-royauté de
Naples, i)ar le marquis de Mondejar.
Les troubles de Gènes, où la discorde avait éclaté entre
les anciens et les nouveaux nobles (1), donnaient en ce
temps-là beaucoup de soucis à don Juan. A son passage
par cette ville, alors qu'il revenait d'Espagne, il y avait
trouvé les choses dans une situation telle qu'il avait cru
devoir envoyer au Roi son nouveau secrétaire, Juan de
Escobedo, pour lui demander des instructions. 11 venait
depuis peu de les recevoir, et il avait pris ses mesures
en conséquence lorsque, le 50 septembre, il écrivit à Mar-
guerite :
Madame, ces affaires de Gènes vont comme vous en aurez
été informée. Le pape ne veut absolument pas se persuader
de la bonne et pacifique intention de Sa 3Iajesté, laquelle est
de ne permettre que personne intervienne entre les Gé-
nois; et c'est dans ce hut qu'en son nom je tiens ses troupes
presque rassemblées. Je désire, puisque, depuis l'arrivée
d'Escobedo, j'en suis laissé l'arbitre , que les forces de Sa Ma-
jesté soient libres afin de s'opposer, l'été prochain, à notre
commun ennemi le Turc. A cet effet, je presse de mon côte
pour que, si un arransjement doit se faire entre les nobles
vieux et nouveaux, il se fasse sous peu de jours : autrement je
permettrai l'action des troupes, de manière que, cet hiver,
nous puissions prévoir ce qu'il en sera de nous l'été. Pour
rendre compte de tout à Sa Sainteté et la supplier de ne pas
se fâcher, mais de laisser le soin de pacifier ces troubles à celui
(1) Vandep. Hammen, livre V, parle loni,nioment de ces troubles.
( 32 )
(juc cela irgarde et dont le seul but est de protéger la répu-
blique, comme par le passé, j'ai envoyé Escobedo à Rome.
Cependant je crois que les vieux et les nouveaux nobles de
Gènes suspendront les boslilités pour quinze ou vingt jours,
pendant lesquels on se concertera sur des bases d'accommode-
ment, ou l'on connaîtra le but de ces pouvoirs et décrets que
donnent ceux du dedans. Enfin la tranquillité ou lagitation de
la république consiste en un seul point, et c'est que Sa Sain-
teté ne se passionne pas, mais qu'elle fasse foflice de père
commun et dami de la justice, sans se déclarer pour per-
sonne contre son bras droit, qui est Sa Majesté. Tel est suc-
cinctement rétat de ces commencements de troubles
I)o.\ JcAN D Autriche (1).
A la fin de cette année, don Juan réalisa deux projets
qu'il avait formés depuis longtemps : il alla une seconde
fois visiter Marguerite à Aquila , et le 1" janvier 1576,
il se trouva à Notre-Dame de Lorette, où il gagna le jubilé
accordé par Grégoire XIII. Il repassa par Aquila, en re-
tournant à Naples(2). De cette dernière ville il écrivit à
sa sœur, pour lui exprimer ses regrets de l'avoir quittée et
le désir de recevoir fréquemment de ses nouvelles; lui
annoncer que, si le temps n'y mettait obstacle, il partirait,
le 2 ou le 5 février, pour la Lombardie, où sa présence
était instamment réclamée, surtout par rapport aux affaires
de Gènes, et que de là il tacherait de passer en Espagne.
Il l'entretenait, de plus, de ses démêlés avec le nouveau
(1) Voy. rAppeiulicen" XI.
(2) Lollres de don Juan à Marguerite écrites de Naples le 1"', de Snl-
mone le 21 , de Monrcal le 28 décembre ir)75, de Camerino le 5 el de II
Navelli le 1 1 janvier iriTlî.
( S3 )
vice-roi de Naples, qui prétendait èlrc respecté à l'égal de
Dieu et dont la nature était celle d'une bêle. JI lui disait
aussi qu'il avait trouvé les choses à Naples dans un état
pire que celui où il les avait laissées, l'argent, les provi-
sions et les moyens de s'en i)rocnrer manquant égale-
ment (1).
Sur ces entrefaites, il reçut des dépèches de Madrid
(pii dérangèrent ses combinaisons : le Roi lui mandait
qu'après avoir été en Lombardie il revînt à Naples, pour
veiller pendant l'été à la sûreté des côtes d'Italie. Ces dé-
pèches furent pour lui un sujet de vive contrariété (2).
H n'eut pas toutefois à y donner exécution, des circon-
stances étant survenues qui exigèrent de nouvelles détermi-
nations de sa part, comme on va le voir par la lettre sui-
vante, qu'il adressa de Procida , le 4 avril , à Marguerite :
Madame, je pense que vous aurez apjjris de Gio. Ferrante
comment jai renoncé au voyage de Lombardie, à cause qu'au
moment où je me disposais à partir, il fit un si mauvais temps
quil ne m'eût pas été possible de naviguer. Depuis, les bonnes
nouvelles qui nous arrivèrent de Gènes, et les craintes que de
ce côté-ci on avait des mouvements delà flotte turque, firent
juger que ce dernier objet était celui auquel il convenait prin-
cipalement de pourvoir; et cela fut confirmé par les ordres que
nous reçûmes de Sa Majesté. Mais nous sommes, pour nos pé-
chés, tellement dépourvus de tout, et notamment d'argent et
des autres choses nécessaires au soutien de la guerre, que, je
le certifie à Votre Altesse, les places que l'ennemi voudra atta-
quer ne larderont à se rendre qu'autant quil jugera à propos
(1) LeUre ilu 2i janvier 1576. Voy. l'Appendice n" XII.
(2) Lellre du 14 février 1576 à Marguerite, écrite de Na|)les,
( S4 )
de le différer : car, outre ce que j'ai dit, nous avons une loule
d'embarras dont chacun est plein de diflicultés. Que Votre Altesse
considère quelle jolie charge est la mienne, et en quel état je
dois me trouver! J'en ai instruit Sa Majesté, par don Juan de
Cardona, aussi clairement que je le devais, et j'ai fait pour ma
part tout ce qui a dépendu de moi, quoique nous sachions que
cela ne suffît point pour opérer des miracles; et ceux-ci il est
donné à Dieu seul d'en faire. Pour moi certes c'en serait un très-
grand que la flotte turque ne vînt pas, comme on le dit, cette
année : car, si elle vient, et puissante comme elle l'est d'ordi-
naire, elle nous trouvera sans troupes, sans vivres, sans muni-
tions, enfin, pour abréger, sans rien de ce qu'il nous faudrait,
et cela faute d'argent, et pour les ressources nulles ou insigni-
fiantes qu'on m'envoie de la cour et qu'ici l'on me fournit. Néan-
moins, voulant satisfaire à ce que je me dois à moi-même, je
partirai sous peu de jours pour Syracuse; delà, si ma santé
me le permet, je tâcherai de mettre les gens que je pourrai
dans Malte, ou, si je ne puis davantage, je me porterai, avec
ceux qui voudront me suivre, là où la nécessité sera le plus
grande, puisque pour d'autres disi)Ositions il n'y a pas de
troupes qui aient été levées, ni un réal pour tirer de leurs
logements les garnisons ordinaires. D'ici j'emmènerai quelques
compagnies, et je partirai avec vingt-deux galères; le marquis
de Santa Cruz ne tardera pas à me suivre avec celles de sa
charge. Le surplus de ce qu'il y a à garder, c'est-à-dire la Sar-
daigne, Maillorque et les autres îles. Dieu le veuille prendre
sous sa garde! il en a la puissance. Tel est, Madame, en somme,
le très-misérable état où nous nous voyons. Je m'en vais de
Nai)les, parce que il y a tant de personnes qui viennent me
demander de l'argent et que j'en ai si peu que, pour ne pas
perdre mon temps à leur répondre, pour ne pas leur refuser
non plus ce qu'elles réclament si justement et, pour me délivrer
de cent mille autres embarras du même genre, je me réjouis
principalement de m'éloigner de cette Babylonc de désordre.
Oe) )
En véi'ilc, je crains beaucoup que eel\,ii des Pays-lJas ue soit
frès-graïul en ce moment, ces provinces, qui sont exposées à
tant de dangers , se trouvant sans gouverneur (1); je le crains
surtout si les dissensions qu'il y a entre les Français se termi-
nent par un accommodement, «omme la reine mère le désire
et yemploie toute son industrie. J'ai grandpeur qu'à cette occa-
sion il ne me soit proposé, un de ces jours, daller aux Pays-Bas.
Je supplie Votre Altesse , qui est tant ma dame , ma mère et ma
s(cur , de voir, dès à présent, ce quen tel cas je ferai et comme
et en quoi je me résoudrai. Si Sa Majesté me l'ordonne, je
tâcherai d'en écrire auparavant à Votre Altesse, afin, comme je
dis , d'avoir son avis avant de me résoudre : car, quel qu'il soit,
je serai ainsi très-content. Je la supplie donc d'y penser tout
de suite, et de me faire part de ce quil lui semblera là-dessus :
car, je le réj)ète, je crois que la cho-^e me sera proposée et
ordonnée....
Do.N Jlax dAutuiche (2).
Ce que prévoyait don Juan ne larda pas à se réaliser.
Le 5 mai il reçut une lettre du Roi qui, dans des termes
n'admettant pas de réplique, lui commettait le gouverne-
ment des Pays-Bas, et lui prescrivait de partir incontinent
pour la Lombardie, où les patentes, les instructions et les
autres dépèches dont il aurait besoin lui seraient expé-
diées (5). Craignant que les pouvoirs qu'on lui donnerait ne
fussent trop limités, et qu'aux Pays-Bas on ne le laissât
manquer d'argent, comme cela lui était arrivé à Naples,
(1) Le grand commandeur de Castille , don Luis de Requesens y Ziiniga,
([ui remplissait ce poste, était mort à Bruxelles le 4 mars précédent.
(2) Voy. TAppendice n" XIIL
(3) Correspondance de Philippe II sur les affaires des Pays-Bas.
I IV , p. 38.
(o6)
il envoya Kscobedo à Madrid, pour solliciler sur ces deux
points des décisions satisfaisantes; il lui recommanda en
outre d'insister pour que la charge de général de la mer, à
laquelle il tenait beaucoup, lui fut conservée (1). Dans le
même temps, il chargea un autre de ses secrétaires, Andrés
de Prada , de se rendre auprès de sa sœur, de l'informer de
l'ordre qu'il venait de recevoir, de lui demander conseil sur
la façon dont il devrait agir en général avec les habitants des
Pays-Bas et en particulier avec les personnes principales,
les ministres et les députés des états; de savoir d'elle ceux
en qui il pouvait se confier, comment il se conduirait en
la provision des offices, taiit de gouvernement que de jus-
lice, de quelle manière il s'y prendrait avec les princes et
les seigneurs voisins, afin de gagner leur affection. Prada
devait enfin lui exprimer le désir de son frère d'avoir une
liste des personnes des Pays-Bas auxquelles elle souhai-
terait qu'il fît particulièrement faveur (2).
Nous n'avons pas la réponse de Marguerite à l'instruc-
tion dont Prada était porteur; mais nous savons qu'elle
envoya exprès à Naples son secrétaire Serigati, pour la
donner à son frère (3). Ce secrétaire avait toute sa con-
fiance; aussi don Juan put-il lui communiquer bien des
choses qu'il n'aurait voulu ni écrire ni déclarer à aucun
autre (4).
(1) Correspondance de Philippe II sur les affaires des Pays-Bas,
l. IV, p. 161.
(2) Capi e demande faite del signor don Giovanni e dali da Andres
Prada , suo segretario , a dï 17 di maggio 1576.
(3) Lettre de Marguerite à don Juan, du 19 mai 1576.
(i) Lettre de don Juan à Marguerite, écrite de Naples , le 29 mai 1570.
( 37 )
Le nouveau gouverneur des Pays-Bas se mil en roule
pour la Lombardie à la fin de mai. Ayant allcndu vaine-
ment, pendant trois mois, à Milan, le résultat des dé-
marches qu'il avait chargé Escobedo de faire à Madrid, il
se décida à se rendre lui-même en Espagne. Il l'annonça,
en ces termes, à Marguerite :
Madame, par les copies de deux lettres que j'ai reçues des
Pays-Bas , Votre Altesse verra le mauvais état où y sont les
affaires. Considérant cela et qu'à un mal aussi grand il faut
de grands remèdes; considérant, en outre, quici je n'ai autre
chose à faire que dattendre le secrétaire Escol)cdo, dont la
négociation marche très-lentement, car il n'a obtenu encore
aucune résolution qui vaille; déterminé enfin par beaucoup
d'autres motifs qui nechanperont point à la prudence et à la
discrétion de Votre Altesse, je me suis résolu à partir immé-
diatement pour lEspagnc, afin de représenter à Sa Majesté,
comme à celui qui est le plus intéressé au bien de son service,
que la situation des Pays-Bas exige plutôt des remèdes elîî-
caccs et tels qu'ils doivent être administrés à un corps pour ainsi
dire mort, que des ordres et des instructions sans fin qui se
j)ourront à peine lire et moins encore exécuter. En même
temps je traiterai d'autres affaires, et je dirai sur celles-ci ce
que je sais et ce que je pense, aussi clairement qu il importe
qu'on le connaisse. Ce voyage , Madame , plusieurs raisons de
convenance me le font juger nécessaire; et si je ne le faisais
j)as, ma conscience me le reprocherait : en conséquence, j'y
suis tellement déterminé qne demain , s'il plaît à Dieu , je me
mettrai en route pour Gênes, et, le jour suivant, je m'embar-
querai sur deux galères quon a pu équiper de cinq qu'il y
avait là avec celles de la Seigneurie. De cette détermination que
j'ai prise j'en rends le compte que je puisa la personne à qui je
voudrais toujours soumettre mes desseins, avant do les mettre
(58 )
à éxecution. Je supplie Votre Altesse de m écrire et de me
donner des nouvelles de sa santé
De Milan, le 1 1 août 1576
Don Juan d'Autriche (i).
^Jarguerite applaudit au parti qu'avait pris son frère,
et, à cette occasion, elle lui donna des conseils pleins de
sagesse : « Bien que je sois sûre, lui dit-elle, que, pen-
» dant son séjour à la cour, Votre Altesse ne manquera
» pas de traiter de tout librement avec Sa Majesté, et de
» lui représenter avec franchise l'état des temps présents
» et ce qui convient à son service, je ne veux laisser de lui
» rappeler qu'elle doit tacher, par sa prudence et sa dex-
» térité, d'éclaircir et d'établir ses choses de façon que, en
» quelque lieu qu'elle aille et en tout temps, elle puisse
» avoir l'esprit tranquille ; qu'en outre il lui importe de
» se pénétrer de l'inclination et volonté de Sa Majesté,
» afin de pouvoir la servir sans obstacles et conformé-
» ment à son goiit et à sa satisfaction. Car, Votre Altesse
» s'éloignant, elle ne pourra plus faire, par lettres ni par
» tierces personnes, ces offices qui se font avec la com-
» modité de la présence et de vive voix, comme l'expé-
» rience des choses passées le lui a appris.... (2). »
(1) Voy. rAppeiRlice 11° XIV.
(2) i. So benè sono sicura che con quesla sua andala in cortc
Voslra Allezza non lassera di IraUar liberamcnle con Sua Maeslà del tuUo,
el moslrarli nudamente lo stalo de' tenipi présent! el quanlo conviene al
suo servitio, non voglio lasciar di ricordargll che proccuri, con la sua
prudentia et-destrezza, di chiarirc el slabilirc le cosc sue di maniera che
in (lualsivoglia parle die V. AU» vadi el in ogni lenipo, possa slarsene con
r:inimo (piicto, el in ollre facciasî capace délia inclinalione el voluntà di
S. M"", per |»oler servirla senza im|tediinenli el conforme al guslo et salis-
( 59 )
Don Juan débarqua à Barcelone le t2^ août; le 29 il
ajriva à Madrid. Après qu'il eut réglé avec le Roi tout ce
qui concernait le gouvernement des Pays-Bas, et qu'il l'eut
entretenu aussi de plusieurs affaires qui intéressaient sa
sœur, il lit part à Marguerite de sa résolution de se rendre
à son poste par la France, sous tous les déguisements qui,
après Dieu, pourraient le sauver des dangers auxquels il
allait s'exposer (I).
Je vois bien, Madame, — ajoutail-il — ce (pi'il y a dans
rentrej)rise dont je me charge, car dès le principe elle est
pleine d'obstacles, de travaux et de dangers : mais le sacrifice
(pie je fais à Dieu, l'obligation que m'en aura Sa Majesté, la
gloire et l'honneur que je pourrai acquérir envers le monde,
n'en seront que plus grands. C'est en ayant ce but devant les
yeux que je pars très-content, quoique Sa Majesté ait gardé
pour moi, jusqu'au dernier moment, ce qu'une telle entreprise
a de difTicilc ou d'impossible. Mon espoir est que Dieu la pren-
dra à lui, car elle est sienne, et qu'il m'aidera par des mira-
cles : s'il n'en fait pas, je ne sais comment un corps près de
rendre le dernier soupir pourra retourner à la vie. De l'argent
on m'en donne peu : nos richesses ne sont pas grandes. Quant
à lautorilé, j'agirai ainsi que je le jugerai convenable: tout est
remis à mon libre arbitre. Pour que Votre Altesse voie que je
n'ai épargné aucun devoir et qu'il n'y a pas de cas que je n'aie
prévu, je lui enverrai, dès que je le pourrai (en ce moment
falione sua : perché, alloulanandosi, non si possono poi fare con leUere ne
con terze persone quelli offilii che si fanno con la comodilà délia presenlia
et a viva voce : di che V. Alt» ne ha esperieutia per le cose passale »
(Lellre du 22 août 1576.)
(1) ^' .... Con lodos losdisfrazes que, despues de Dios, nie an de librar
de lo que sin ellos y descubierlo me podria suceder... , '^
( 60 )
cela ne m'est pas possible), un papier de ma main que j\ii dé-
livré à S. M., et dans lequel je l'avertissais de tout ce qui pou-
vait arriver, en prenant les choses de très-loin. Mais, de même
(juc les Pays-Bas sont à l'extrémité, de même ici nous sommes
à bout de moyens et de remèdes
Du Pardo, le 26 octobre 157G
Don Juan dAutf\iciie (I).
VL
Les letlros que don Jiian écrivit des Pays-Bas à Mar-
guerite sont au nombre d'une trentaine; il y rend compte
régulièrement à sa sœur des événements qui se passaient
dans ces provinces, en accompagnant de ses réflexions le
récit qu'il lui en fait.
Obligé de choisir entre ces lettres, je donne la préfé-
rence à celles qui sont les plus propres à mettre en évi-
dence l'esprit, le caractère, l'bumeur de don Juan.
La première est du ^2 novembre 1576. Le i, don Juan
avait informé le conseil d'État de son arrivée à Luxem-
bourg (2). Dès qu'ils en avaient eu counaissance, les états
généraux assemblés à Bruxelles lui avaient envoyé des
députés chargés de le complimenter et de l'engager à se
rapprocher de la capitale. 11 y était assez disposé; mais il
voulait des sûretés pour sa personne, et afin d'en conve-
nir, il venait de députer lui-même le prévôt Foncq vers
(1) Voy. rA|)|ieiidice n° XV.
Ci) Nous avons donné sa IcUic Au conseil d'Elal dans la Collection de
documents inédits concernant l'histoire de la lichjique , I. I, p. ô^ii.
( «I )
les états (I). C'est dans ces circonstances (m'il mande à
Marguerite :
Madame,.- • je crie cl je me donne eliaque jour toutes les
peines que je peux pour que les états comprennent combien
la voie qu'ils suivent est mauvaise. Mais ils sont si dépourvus
de raison et dans un tel désespoir qu'ils veulent la guerre
avec leur souveiain. Ils appellent des princes étrangers, aux-
quels ils sont prêts à se livrer en échange de leur appui; ils
ont joint leurs iroupes à celles du prince d'Orange; ils en
attendent de France, et avec toutes ces forces réunies ils ])ré-
tendent obtenir ce que je leur offre pacifiquement et amicale-
ment, comme à des enfants de S. M. et à mes frères (2). Si
leur impudence va jusqu'au point que, rejetant mes proposi-
tions, ils persistent à vouloir priver S. M. de ses Etats, force
sera bien, comme je le leur ai fait protester, que j'ouvre les
yeux et que je défende ce qui appartient au Roi. Je prendrai
donc ce parti, quoique avec un extrême regret, au cas qu'ils
ne cessent point les hostilités pendant le temps qu'on travaille
à un accommodement.... En résumé, c'est la guerre qui nous
menace. Il me plairait de la faire, mais dans des pays qui ne
seraient pas, comme ceux-ci, le patrimoine propre de Sa
Majesté
Don Juan d'Autriche (ô).
(1) Voy. Actes des étals généraux des Paijs-Bas , i:)76-1S8î), l. I,
|.p. 38,39.
(2) Dans la deuxième de ces Éludes, j'ai fait mention de lettres de
don Juan à Marguerite on, parlant des I3elges, il les appelle ses com-
patriotes. J'aurais dû citer aussi celle des états généraux à don Juan ,
du 6 novembre io76, dans laquelle ils lui disent quMIs espèrent toute
faveur et protection de lui, c< comme naturel du pays, ^ et la réponse de
don Juan, du 9, où l'on lit qu'il se sent et répute y comme de la pairie. «
(Voy. Actes des états généraux des Paijs-Bas, t>)76-io8.') , t. 1, pp. 39
eUI.)
(3) Voy. l'Appendice n" XVI.
( <>^^ )
On sait combien furent laborieuses les négociations qui
précédèrent le traité de Marche en Famène, et que plus
d'une fois elles furent sur le point d'avorter. Le 20 janvier
1577, il fut fait aux étals généraux la proposition d'ap-
peler dans leur assemblée le prince d'Orange, attendu
qu'il fallait abandonner l'espoir de s'arranger avec don
Juan (i).
Ce même jour, don Juan écrivait à sa sœur, en lui en-
voyant une relation de l'état des affaires à laquelle il se
référait :
Jy dis, Madame, en substance, que la confusion qui règne
entre ces gens est si grande qu'ils s'accordent seulement en un
point 5 qui est de ne pas savoir se mettre d'accord, et de pour-
suivre la plus étrange manière de rébellion et d'insolences
qu'on ait vue. Pour le reste, ils montrent si peu de jugement
que ce qu'ils disent aujourd'hui demain ils le contredisent,
de sorte que ni ils ne s'entendent entre eux, ni ils ne veulent
mentendre, et au contraire, ils veulent m'obliger à ce que,
perdant patience, j'en vienne à une rupture. Enfin, Madame,
ou nous recourrons certainement aux armes, et bientôt, ou
Dieu fera ce miracle, que des esprits si désordonnés et des
intentions si mauvaises se changent du tout au tout : car tel
est le peu de mesure qu'ils gardent dans leur malice qu'ils
appellent autant de princes étrangers qu'ils peuvent et, en
définitive, ne font que ce quOrange leur ordonne. Moi, qui
suis animé du désir de la paix et de la douceur, je souffre ce
que Dieu sait et ce que, sans sa grâce, je ne pourrais pas
souffrir Seul je mets en avant la paix; liiais on ne sait l'ad-
mettre, et il n'y a même, pour le faire, de gouvernement ni
(I) Actes des étals ijéiiéranx des rni/s-B/is, L'iJU-L'iS.'}, I. I, p. 107.
( 65 )
(l'ordre ciilrc ces gens M.iclanie, j'îii iei une i)cine terrible,
et il meii coûte la santé : elle était déjà mauvaise quand je suis
venu en ce pays, et je ressens continuellement quelque in-
disposition. Mais Dieu i)oiirvoira à ce qu'elle résiste à la peine,
puisque, me voyant dans la position où je me trouve, je ne
me décourage point et je ne perds pas la volonté de continuer
à porter ma croix
De Marche, le 20 janvier 1577
Don J[;an D'ArrRiciii- (1).
Enfin, après bien des discussions avec les déptités dos
états et bien des luttes avec lui-même (2), don Juan se
décida à agréer en son entier la pacification de (iand dont
plusieurs articles lui inspiraient une vive répugnance; le
traité fut signé par lui le 12 février. Voici ce que, à ce
propos, il écrivit à Marguerite :
Madame, je m'en réfère, quant aux choses d'ici, à la re-
lation, de main étrangère, qui fera connaître à Votre Altesse
la paix et rarrangemcnt conclus entre les états et moi, et les
conditions auxquelles ils l'ont été Je vois bien. Madame,
quelles elles sont; mais j'ai été forcé d'en passer par là, ou
d'en venir à la rigueur et aux maux de la guerre : chose si
Oj)posée à la volonté et à l'ordre du maître. Il faut donc envi-
sager ce qui vient d'être fait comme un expédient, et non
d'autre manière. La religion et l'obéissance sont sauves : or
tout se fut perdu infailliblemeîit, ainsi que ces provinces
mêmes, par la guerre, car le pays se remplissait d'hérétiques,
(1) Voy. TAppendice n» XVII.
(i) Voy. Actes des étals gcnêroux des Pars-Bas, l'i'O- l'iSii, l. I,
). 115.
( 6i)
et (/aurait été ceux-ci qui à la fin seraient devenus les plus
forts. Le surplus qui manque pour le présent, je ne cloute pas
que le temps ne le donne, parce que, quelques séditieux et
mauvais exceptés, la majeure partie des états sont animés
d'un bon esprit; et une fois les Espagnols partis, ils montre-
ront en tout leur loyauté : de façon qu'avec une bonne admi-
nistration et de la dextérité, ils seront, selon ma manière de
voir, très-faciles à gouverner.
Mais, Madame, cela ne peut plus être en aucune manière
mon fait : car les occasions qu'ils m'ont données de perdre
patience avec eux ont été si nombreuses et si terribles que,
quoique j'aie souffert infiniment et plus peut-être que je ne
l'aurais dû quelquefois , je n'ai pu néanmoins me vaincre assez
pour ne pas les avoir maltraités en paroles et menacés même
au cas qu'ils ne modérassent point leur langage. Ils me crai-
gnent donc et me tiennent pour peu endurant; moi je ne me
trouve pas si bien en leur compagnie qu'il me convienne de
passer ma vie avec eux. Ei puisque, grâce à Dieu, j'ai rendu
de moi un assez raisonnable compte dans ce dont j'ai été
cbargé jusqu'ici, je ne veux plus rester là où tout me paraît si
périlleux, outre ce qu'il m'en a coûté déjà. J'ai donc demandé
mon congé à Sa Majesté avec de vives instances, et je lui ai
même déclaré clairement que, si elle ne me l'accorde point, il
n'y aura pas de résolution que je ne prenne, jusqu'à abandon-
ner tout et m'en aller là-bas, dussé-je y être puni, car je le
serais sans avoir commis de faute, et ici je me perdrais en en
commettant.
Je prétends que ce soit si tôt que je puisse partir avec les
Espagnols, et qu'à ma place vienne madame de Lorraine, en
attendant que Sa Majesté ait pourvu au gouvernement; et s'il
y a en cela quelque difficulté , je patienterai encore jusqu'au
mois d'août ou de septembre : mais, après ce délai, je ne de-
meurerai certainement plus en ce pays. Et ce que j'avance ici
ne doit faire l'objet d'aucun doule, car à ce que j'ai dit plus
( Co )
luuit se joigiitMil mon peu de goût j)oiir les goiiverneinenls ,
In grande ineiinnlion, nu contraire, que j'ai pour les armes, et
d'autres raisons. Cette elinrgc done doit être donnée à quelque
autre; pour tout le monde elle est très-bonne; il n'y a que
moi seul pour qui elle soit mauvaise, La personne qui y con-
viendrait plus particulièrement afin que notre frère fût bien
servi, c'est Votre Altesse, à cause de l'amour et du respect
quon a ici pour elle et qui sont certes infinis, (^uant à moi , je
crois que le choix se fera entre Votre Altesse et limpéra-
trice (I), laquelle conviendrait également
De Marche, 17 février 1577
Do.\ Ji.vN d'Autriche ("2).
Marguerite apprit avec beaucoup de plaisir la paix qui
venait d'être conclue. Elle répondit à son frère, après lui
en avoir adressé ses félicitations :
Quoique V. A. témoigne que la paix ne lui cause pas une
entière satisfaction, elle doit pourtant s'en contenter, ayant
délivré S. M. d'un si grave et si pénible souci et d'une dépense
continuelle et excessive, en conservant la religion catholi-
que, lautorité et l'obéissance, points de tant dimportance'et
de conséquence. Une œuvre semblable ne pouvait s'accomplir
sans beaucoup de difficultés et sans de grandes peines, comme
je comprends et vois que V. A. l'a éprouvé, outre ce qu'elle
m'en écrit, attendu la variété et la diversité d humeur des
gens avec lesquels il a fallu traiter, et d'autant plus qu'ils se
trouvaient en possession d'un régime de liberté et même de
licence. Cela peut avoir quehiucfois obligé Votre Altesse à lais-
(1) Marie, sœur de Philippe II , el épouse de l'empereur Maximilien H.
(2) Voy. TAppendiee n" XVIII.
2""" SÉRIE, TOME XXVII. 5
( «0 )
scr diî côté la palionce et le flegme, et à user de paroles rigou-
reuses et de menaces; mais, comme elles étaient nécessaires
et affectueuses, elles ne lui attireront aucune haine de la part
de ces peuples, et au contraire beaucoup dainour et de res-
pect, pour le grand avantage et le repos que la conclusion de
la paix leur a donné ainsi qu'à tout le pays. A mon avis, Votre
Altesse ne doit pas abandonner le gouvernement comme elle
l'écrit, mais plutôt le conserver, puisque, au prix de tant de
fatigues et de dangers , elle les a tirés d'une longue et désas-
treuse guerre, et leur a donné la tranquillité, en laquelle ils
ne peuvent être maintenus comme ils no peuvent être gou-
vernés mieux que par Votre Altesse, tant pour ce qui louche
le service de Sa Majesté et leur propre avantage que pour
l'aise et le repos de Votre Altesse même. Dès qu'en effet elle
aura mis en exécution l'accord conclu, il lui sera très-facile de
les gouverner, et à leur satisfaction; et bien que son inclination
la porte plus aux armes qu'à un gouvernement pacifique, rien
n'empêchera qu'elle ne la suive quand l'occasion s'en ])résen-
tera et le temps en offrira le moyen. Pour ces raisons et d'au-
tres encore, et en i)articulier pour ne pas voir Votre Altesse
là où certaines personnes veulent lui disputer son autorité,
dans le but d'augmenter la leur (1), je suis de sentiment qu'elle
ne laisse pas l'entreprise qu'elle a en mains , à moins qu'elle
n'ait d'autres pensées et desseins qui soient conformes à la vo-
lonté de S. M., à qui elle doit surtout obéir et donner satisfac-
tion. J'ai vu ce que \. A. m'écrit quant aux personnes à qui la
charge de ce gouvernement pourrait être confiée, et je lui
baise infiniment les mains, tant pour l'avertissement qu'elle
m'en donne que pour la considération et l'opinion .qu'elle a à
mon égard en une telle matière : je reconnais que j'en suis re-
devable à la pure et vive affection qu'elle me porte et dont je
(1) Allusion à la silualion dans laquelle don .luan s'élail trouvé on
llalir.
( 67 )
lui suis très-rcronuaissaiite. Sur ce poiut tout ce que je sau-
rais dire, c'est que je voudrais me trouver en un âge plus
propice, aliu de pouvoir en tout et en toute occasion servir
S. M. couinie j y suis tenue et comme je le désire. Je ne saurais
exprimera V. A. par des paroles Tobligation que je lui ai, car
elle est infinie, de voir avec quelle amitié, quelle sincérité elle
agit à mon égard, en me donnant une information particu-
lière, non-seulement d'elle et de ses affaires, mais encore de
ses pensées : car bien que V. A. ne puisse se dispenser de le
faire pour les causes qu'elle sait (1), néanmoins c'est pour
moi un très-grand contentement de trouver dans ses lettres
l'affectueux souvenir qu'elle me garde, et qui m'est un sujet
d'extrême consolation
Aquila, 19 mars 1577(2).
(l) C/esl-à-dire pour raltachement que iMarguerile lui portail.
{'2) « Sebbene V. A, moslra clie la pace non sia inleramonte di
sua satisfazione, se ne deve perô mollo contenlare, havendo levato a S.
M. un cosi grave e Iravaglioso pensiero et eccessiva e conlinua spesa ,
conservando la religion calolica, e l'aulorilà ed obbedienlia, capi di tanla
imporlanlia e conseguenza. El una opéra laie non si poteria fare senza
molle diliîcullà e gran Iravaglio, corne ben comprendo e conoscoche V. A.
a fallo, oltre a che me lo scrive, atleso ebe la varielà e diversilà délia
génie et humori con chi a lanto a Irallare non potevano porlarli facilita
alcuna,e lanto più che si Irovavano posli in possesso di un viverelibero e
licenlioso procedere : il quale puô havere costrello lalvolla TAItezza
Voslra a lassar in parte la palientia e la flemma, et usare parole rigorose
et minacce, che come necessarie et alîettuose non li causeranno odio al-
cuno appresso quei popoli , ansi niolta aiTezione et observaniia per il gran
benefizio et quiète che con la conclusione délia pace a dalo loro el al
|)aese lutlo. Il governo del quale mi pare che non deva abbandonare cosi
presto come scrive, ma si bene in esso perseverare ,poichè con tanla sua
talica e pericolo si a cavato di una iunga e Iravagliosa guerra, el posloli
in tranquillilà, nella quale non possono da persona essere conservati ne
meglio governali che da V. A.,lanlo per quello clie locca il servilio di
S. xM. el l)enentio di essi, come per comodo e quiele di se sU'ssa, poicliè
( 68 )
Philippe 11 no goiita point l'idée de confier le gouverne-
ment des Pays-Bas àTimpératrice sa sœur, ni à la du-
chesse douairière de Lorraine, ni à madame de Parme. 11
répondit à don Juan que sa présence dans ces provinces
était plus nécessaire encore qu'elle ne l'avait été jusque-là;
que, s'il les quittait, le fruit de toutes les peines qu'il
s'était données serait perdu; qu'il le priait donc, dans l'in-
térêt du service de Dieu et du sien, de rester à son
poste (1).
L'événement prouva que ce monarque eut pris un parti
plus sage, en saisissant l'occasion qui lui était offerte de
posto che harà in execiUione Faccordo concluso, si sarà facilissinio e
quielissimo il governarii et con sua salisfazione. El non oljslanle che la
inclinalione cli V. A. sia piii per le armi che al pacilico governo , polià non-
dimeno eseguirla, quando si presenli la oecasione e lo concéda il tempo .
A lai che per quesle el allre ragioni, et in parlicolare per non la vedere
in parte dove altri per aulorizarsi vogliono competere con V. A , io son
di parère che ella non lassi Timpresa che tiene in niano, se già lei non
havessi allri disegni e pensieri dove concorresse la volonlà di S. M., a cui
sovra tullo deve obbedire e satisfare Inlendoqnanlo V. A. mi scrive ed
in chi polrebbe correre il dadodi quel governo : onde bacio infinilamenle
le nïani di V, A., si per Taviso et advertimenlo che me ne da corne per la
considerazione e concello che mi ve tiene in lai maleria : il che veramenle
conosco nascore da pura et amorevole affezione che mi porta, di che li
resto obbligalissima. Et in questo parlicolare non saprei che dirli altro, se
non che vorrei trovarmi in più propilia elà , acciochè in tullo et in ogni
oecasione io polessi servire S. M. come sono obligala e desidero. Ne a
V. A saprei esprimere con parole la obligalione che li tengo, sendo infi-
nila, in veder con quanla amorevolezza et liberià meco procéda in darmi
particolar conlo non solo di se e délie cose sue, ma de' suoi pensieri ;
che sebbene è obbligala a farlo per le cause che V. A. sa , nondimeno è per
me grandissimo conlento sentire per sue K'ilere ralîoUuosa monioria che
a di me, cosa che mi tiene consolalissima
A(iuila, 19 niarzo 1577.
(1) Lellre du 8 avril 1577. (Arch. de Simancas, Eslado , leg. 570.)
( 69 )
remettre le dépôt de son autorité entre les mains de quel-
qu'un dont le tempérament fiU mieux approprié au carac-
tère des peuples des Pays-Bas et aux circonstances dans
lesquelles le gouvernement se trouvait. Don Juan avait
lait son entrée à Bruxelles le 1" n)ai : quelques semaines
s'étaient écoulées à peine que l'iiaimonie ne régnait plus
entre les états et lui, comme le fait voir la lettre suivante
qu'il adressa, de Malines, le 19 juin, à Marguerite :
Sércnissinie dame, Dieu sait la peine que je ressens de
r)'a\oir pas éerit et de n'écrire pas chaque jour à Votre Al-
tesse; mais il m'est témoin que ce n'a été et n'est en mon pou-
voir : car, outre que le temps manque entièrement, la sûreté
des chemins fait aussi défaut; et si ces gens, vu leur nature
sou|!ÇOnneusej apprenaient que j'écris eu celte langue, il en
résulterait beaucoup d'inconvénients. Ce que jai à vous dire ici
est (jue ce corps marche à grands pas vers sa fin, sans qu'aucun
remède de tous ceux que jai employés )»our le restaurer ait
produit de l'effet, le prince d'Orange ayaut répondu au duc
d'Arsehot et à monsieur de Hierges que la première chose à
faire était de lui remettre son fils et ses états, ainsi que Utrecht
et Amsterdam, lesquelles il dit être comprises en sou gouver-
nement de Hollande; qu'ensuite il accomplirait ce à quoi il est
obligé. D'autre part, il a dit qu'il est deux fois calviniste, eu la
tète (1 ) et dans le cœur; que de ce qu'il possède ni de ce qu'on
lui remettra il ne restituera rien : car, alors qu'il pût se fier
en moi, jamais il n'aurait confiance en Sa 3Iajesté, qui l'avait
trompé si souvent. Il tient Amsterdam étroitement serrée.
Cette ville ayant fait demander du secours pour se défendre
et se conserver dans la religion ainsi que dans l'obéissance du
(1) C'était ici un jeu do mots ; le luince taisait allusion à sacalvilie.
(70)
Koi, les étals disent qu'il convient de la lui délivrer, |;uisqu'il
ne leur est pas possible de prendre les armes eontre lui. Ceux
du conseil sont du même avis, quoiqu'ils voient qu'il tend à se
faire maître de tout, et qu'avec cette ville il le sera bientôt.
Cela et la circonstance qu'il n'y a personne qui m'aide, mais,
au contraire, que tous paraissent s'entendre pour contredire
ce que je propose, me fait croire qu'il existe entre eux un con-
cert. Je suis venu ici pour traiter avec les Allemands, lesquels
veulent être payes, et ils ont raison. Les états disent que, s'ils
ne se contentent pas de deux payes en argent, une en drap et
l'obligation de leur compter le surplus en quatre années, ils
leur couperont la gorge et appelleront pour cela le prince
d'Orange. Je m'attends donc à tout moment à apprendre qu'il
y a rupture entre eux, et je ne sais ce que dans une si terrible
conjoncture je dois faire. Demeurer neutre, je ne le puis pas.
Si je me range du parti des états, je prends par ce fait celui
du prince d'Orange, puisque c'est avec ses forces que la guerre
se fera : en cas de succès, c'est lui qui en profitera, et tout de-
meurera à sa disposition. Si je me mets avec les Allemands, ils
me prendront pour gage de ce qu'on leur doit. Si je m'en vais,
je laisse mes domestiques exposés à de grands embarras, et ce
parti est de plus sujet à bien des difficultés. Il est donc besoin
que Dieu m'inspire pour que je prenne la meilleure détermi-
nation. La rupture avec les Allemands aurait Tinconvénient
que j'ai dit. Un arrangement avec eux n'en aura pas un
moindre : car on tient pour chose assurée que, le jour où ils
sortiront des places qu'ils occupent, la religion et l'obéissance
(le Sa Majesté y seront perdues de tout point. Je suis occupé à
dépêcher le secrétaire Escobedo en Espagne. Dieu veuille que
le remède arrive à temps 1 II sait combien il m'en coûte d'en-
voyer à Votre Altesse de si tristes nouvelles. Mais elle peut se
consoler, en considérant que je n'ai négligé rien de ce qui a
été en mon pouvoir pour remédier à ce mal par la douceur,
ayant toléré tout ce qu'ils ont voulu dire et faire, jusqu'à souf-
( 71 )
frir à Bruxelles ([iw M. de [lèzc se refusai à venir nie trouver
quand je rap[)ehiis, et que le magistrat agît de même, disant
qu'il n'était coutume de lui parler quen la maison de la
ville
Do.N Juan d'Altuichi: (I).
Los rapporls olficiels de don Juan avec les étals n'avaient
l»oiirtanl point un caractère qui pût faire supposer qu'une
séparation violente allait bientôt s'accomplir entre eux.
Les états s'appliquaient à concilier le différend du prince
d'Orange avec la ville d'Amsterdam (2); ils réclamaient de
ce prince l'évacuation de ^'ieuport (3); ils communiquaient
à don Juan les lettres qu'ils recevaient de lui et celles qu'il
leur écrivait (4); ils lui faisaient part de leurs résolutions
les plus importantes (5); il leur avait témoigné le désir que
les meubles et la vaisselle de madame de Mondragon pris
dans le château de Gand lui fussent restitués : ils s'étaient
empressés d'y avoir égard (6); ils se montraient prêts aux
plus grands sacrifices pour satisfaire aux prétentions légi-
times des troupes allemandes (7). En un mot, les états se
montraient confiants dans les dispositions de don Juan,
tandis que don Juan usait de dissimulation envers eux.
Ainsi, au commencement de juillet, il leur mandait qu'il
(1) Voy. rAppendice n»XIX.
(2) Actes des élats rjénéraux des Pays-Bas. l'.i'lj-I^JSo^ t. 1, !»[). KSi.
187.
(3) /6i(f., p. 191.
(4) Ibid., p. 191.
(o) /6/f/.,pp. 187, 188.
(6) lbid.,\). 185.
(7) IbkL. pp. 189, 190, 196.
(72 )
reviendrait à Bruxelles dès que la négociation avec les
Allemands serait plus avancée (1); en leur annonçant le
passage de Marguerite de Valois par les Pays-Bas, il leur
disait « qu'il pourrait bien aller par demye poste la saluer
» et soul)dain retourner (2); )rqîielques jours après, comme
ils l'avaient remercié de la peine qu'il s'était donnée dans
la négociation avec les Allemands, il leur ré[)ondait que
c'était pour lui un motif de s'employer plus vivement en-
core à tout ce qui pouvait servir « à les remettre et le pays
)) en ultérieur repos(o). » Au moment même où il tenait ce
langage, certains bruits, certains avertissements parvenus
aux états leur donnaient lieu de soupçonner que quelque
chose se tramait contre eux, et ils envoyaient des députés
à Namur, afin de s'en éclaircir (4).
Les papiers de Marguerite contiennent une lettre où don
Juan informe sa sœur, avec beaucoup de détail, de la sur-
prise du château de Namur; on me saura gré, je pense,
de la traduire ici tout entière :
Séi'énissime dame, ce que j'ai écrit à Votre AUesse par
deux courriers partis de Malines le 20 juin et le G du préseni
lui aura fait connaître le mauvais état où se trouvaient les
affaires dici, et combien le fruit que produit la paix est diffé-
rent de celui qu'on s'en était promis. Depuis je reçus, en un
même temps, quatre a^s conformes, quoique par des voies
diverses, que la résolution de senqKirer de ma personne était
tellement arrêtée que, si je ne pourvoyais point à ma sùrelc.
(1) Actes des étals (jcnérauœ des Pays-Bas, lo76-l58o, 1. 1, p. 192.
(2) Ibid.,\). 195.
(5) Ibid., p. 19C.
(4) Ibid., |). 197,
( 75 )
cJlc ne îai'derait pas à èlrc mise à excciilion : car à cil ciïct
les étais de Bralianl, ])liisieiirs des pensionnaires des villes,
les ('oniles d'Egmont et de Lalaing, Champagney , Câpres,
Ilèze, Heersel, s'appelanl les toiiire-jniinisies, s'étaient ligués
avec Orange, et ils faisaient prendre position au régiment
wallon de (Champagney et à ceux du comte d Egmont et de
monsieur de Hcze dans lous les alentours de Malines, de ma-
nière (juil n'y eût aucun endroit par où je me pusse échapper.
Vo}ant cela, et comme la princesse de Béarn (1), qui était
en chemin pour se rendre à la fontaine de Liège (î2) , devait
passer par Xamur, je résolus d'y venir, sous couleur de l'y
recc\oir. En conséquence, je partis de Malines le 14 juillet,
et j'arrivai à Namur le lendemain. Jetais convenu, avec iM. de
Hierges et ses frères, lesquels sont les premiers qui se soient
déclarés pour le service de Sa Majesté et par le conseil des-
quels je me conduis dans ces conjonctures nouvelles, que, par
leur moyen et avec stratagème, je me rendrais maître tout de
suite de ce château : cependant il parut à propos de ne le faire
qu'après le départ de ladite princesse, afin d'accomplir envers
elle ce qui lui était dû, et de ne donner pas de motifs de mé-
contentement au roi son frère. Elle arriva le 20; je la fclai le
mieux que je pus; le 25 elle continua sa route.
En ce temps me parvinrent de nouveaux avis qui m'enga-
geaient à me mettre en lieu de sûreté : j'en reçus deux j)arti-
culièrement dont le premier disait qu'en aucune manière je ne
retournasse en Brabant, parce que, dans la première ville où
j'entrerais, je serais pris et l'on couperait la tête à ceux dont
je serais suivi; le second, que non-seulement je ne revinsse
point sur mes pas, mais encore je sortisse sans délai de Na-
mur : car on ferait indubitablement en cette ville ce qu'on
(1) Maiguerile do Valois, sœur do Henri 111 cl femme do Homi IV.
(2) A S|.a.
( 74 )
avait le dessein de l'aire ailleurs. On ajoiilail que, dans un
banquet auquel ceux de la ligue avaient assisté à Bruxelles , on
avait décidé que tous les contre-juanistes porteraient des bon-
nets aplatis, afin qu'ils fussent connus.
Dans le but que j'ai dit de me rendre maître de ce châ-
teau, je fis courir le bruit que, avant de quitter Namur, je
voulais faire une partie de chasse, et je la fixai au 24. Ce
jour-là, dans la matinée, je sortis avec les gentilshommes de
ma suite, la plupart de mes laquais et ma garde allemande, et
me faisant précéder de presque tous ceux du pays qui m'ac-
compagnaient. Lorsque je fus en face de la porte du château
qui communique avec la ville, je tournai bride; monsieur de
Hiergcs et le comte de Megen, son frère, tenaient cette porte
ouverte, comme s'ils m'attendaient là pour maccompagner à
la chasse. J entrai dans le château avec une j)artie de ma
garde et de mes domestiques, avant que ceux du pays, les-
quels, comme je l'ai dit, allaient devant, arrivassent, excepté
le due d'Arschot, qui marchait à mon côte, ils vinrent bien-
tôt. Je les appelai, le duc, le prince de Chimay son fils, les
comtes d'Arenberg, du Rœulx et de Fauquembcrgbe, le mar-
(|uis de Varambon , monsieur de Rasscnghien , monsieur de
Gomicourt, monsieur de Floyon, monsieur de Lic([ues, et je
leur dis qu'ils avaient vu combien de peines, d'indécences, de
dangers j'avais soufferts pour le bien , la tranquillité et le repos
de ces pays, pensant en retirer le fruit qu'avec beaucoup de
raison j'en devais attendre, c'est-à-dire que, les choses du
gouvernement étant réduites à leur ancien état et bon ordre,
il en serait de même de celles qui touchaient la religion catho-
lique et l'obéi-sance due à Sa Majesté ; qu ils savaient que, pour
parvenir à ce but, je navais épargné aucun moyen de dou-
ceur, de bénignité et de clémence, et que non-seulement cela
n'avait pas mù les esprits à embrasser, comme ils l'auraient
dû, un si grand bénéfice, mais encore, au lieu de le faire cl
de se montrer reconnaissants de la volonté cl affection avec
( 75 )
lesquelles je m'y employais, il y en avait plusieurs qui ina-
eliinaienl et faisaient ligues eontre moi pour me prendre,
comme le duc lui-même me l'avait dit et ils en étaient certai-
nement informés: que, d'après cela et voyant que les mauvais
avaient le dessus, que la religion allait chaque jour de mal en
pis, (\uc le cours de la justice était arrêté, que je n'avais le
pouvoir de remédier à aucune des choses qui avaient tant be-
soin de remède, et enfin que ni le prince d'Oiange ni les états
n étaient disposés à accomplir ce à quoi ils étaient obligés,
qu'au contraire ils s'efforçaient de jeter les Allemands dehors ,
afin de demeurer entièrement libres et que Sa Majesté fût
dans l'impossibilité de rentrer en possession du pays, je
métais résolu à mettre ma personne en sûreté, de façon (juc
je pusse gouverner avec lautorilé et rindépcndance conve-
nables, défendant la religion et l'obéissance due au Roi contre
ceux qui les attaqueraient; que, du moment où les états satis-
feraient à leurs obligations sous ce double rapport, je ne
prendrais pas les armes contre eux , mais plutôt je les pren-
drais en leur faveur, si cela était nécessaire; que, puisqu'ils
tenaient en leurs mains la paix ou la guerre, c'était à eux de
choisir; que j'étais prêt pour l'une comme pour l'autre, et
peut-être plus pour la dernière qu'ils ne se l'imaginaient; que,
quoique j'eusse, dans le duc et dans les autres qui étaient pré-
sents, la confiance que Sa Majesté m'avait ordonné de placer
en eux et que m'inspiraient leurs actions, qu'ainsi j'espérais
que, remplissant leurs devoirs et suivant les traces de leurs
devanciers, ils m'aideraient dans une entreprise si sainte et si
juste, je serais néanmoins charmé de connaître l'intention de
chacun deux; que je désirais en conséquence qu'après y avoir
pensé j ils me dissent librement ce qu'ils comptaient faire :
car je ne voulais forcer personne, mais je les prévenais seule-
ment que celui qui à l'avenir prendrait le i)arti du prince
d'Orange ou des étals contre le Service de Sa Majesté, serait
déclaré et tenu pour rebelle et traité et châtié comme tel;
( 76)
qu'au conlrairc, ceux qui se rangeraient de mon côté, non-
seulement pourraient être sûrs de ne recevoir aucun mal pour
des choses qui se seraient passées jusqu'à présent, mais encore
seraient avancés en honneurs et en grâces; que je leur en don-
nais ma parole et même que j'y ohligeais ma propre vie, s'il
en était besoin; que je les priais d'ajouter foi à ce que je leur
disais, et non à ce que des malintentionnés voudraient leur
faire accroire.
he duc répondit qu'il servirait Dieu et Sa Majesté comme il
l'avait toujours fait, et qu'il serait le premier à mourir à mes
pieds. Les auti'cs, qui n'ont cessé de manifester le désir de
servir le Roi, tinrent le même langage. J'ai dépêché aux villes,
leur écrivant en celle conformité, pour savoir ce que je puis
espérer délies, et aux gouverneurs des provinces, afin qu'ils
viennent incontinent ici : je verrai si cette fois ils obéiront
mieux ([ue parle passé. ...
Dieu sait combien jai regretté d'en devoir venir à ce>
termes; mais Votre Altesse, avec sa grande prudence, pourra
considéi'cr combien a été nécessaire ce que j'ai fait.
Du château de Namur, le 20 juillet 1577
DoiN Juan d'Altiuche (I).
Quelques jours après avoir envoyé à sa sœur la lellre
qu'on vient de lire, don Juan lui mandait :
Madame , les choses ont subi un terrible changement;
il est tel quil ne me manque plus que de me voir assiéger ici ,
où il n'y a aucune espèce d'honneur à gagner. Mais j'espère
que le moment est proche où je pourrai chanter une autre
chanson avec ceux qui se montrent des rebelles déclarés à leur
(I) Voy. l'Ap|)L'iKlico 11" XX.
( 77 )
Dion et des tyrans de leur Roi, pour se donner entièrement
au plus grand coquin de la terre, au prinee d Orange, avec
lequel ils s'entendent au point qu'ils le nomment leur père et
leur libérateur, et aux eomm.indcmcnls duquel ils obéissent
comme Hes esclaves, tandis qu'ils abhorrent et méprisent ceux
de Sa Majesté et son propre nom Enfin ils ne veulent que
ce que ce coquin veut, e'est-à-dirc la liberté en tout, et ils ne
veulent ni Dieu ni Roi, ni même y penser, à l'exception de
quelques-uns qui me suivent et méritent ce qui est dû à
de très-honorables gentilshommes et à des vassaux pleins de
loyauté »
Du château de Namur, le 8 août 1577, avec un régiment
d'Allemands mutinés aux [)ortes de la ville, le peuple presque
Don Juan d'Autriche (J).
L'espoir, exprimé par don Juan dans celle leltre, de
chanter une autre chanson avec les états, élail fondé sur
la demande qu'il avait (aile au Roi du renvoi des Iroupes
espagnoles aux Pays-Bas.
Philippe II n'y consenlit qu'à contre-cœur. Reconnais-
sant que son frère ne parviendrait plus jamais à regagner
la confiance de la nation belge, il proposa à la duchesse*
de Parme de se rendre aux Pays-Bas comme pacifica-
trice (2). Marguerite accepta , mais en témoignant le désir
que don Juan apprît du Boi la commission dont il jugeait
à propos de la charger, afin que son frère sût bien qu'elle
ne l'avait pas sollicitée : « car — disait-elle à Philippe — le
(1) Voy. PAppenclice n" XXI.
(2) Correspondance de Margucrile d'Autriche avec Philippe II , t. I
Préface, pp. xwui et suiv.
( 78 ) ■
» service de Votre Majesté est intéressé à ce qu'il ne
» prenne point d'ombrage de moi, et je ne voudrais pas
y> lui causer de déplaisir, m'élant ce qu'il m'est (1). » Elle
informa elle-même don Juan de la proposition qu'elle avait
reçue (2).
Loin de marquer du mécontentement de la mission
donnée à sa sœur, don Juan s'en réjouit. Il avait obtenu
à Madrid que le prince Alexandre vînt servir sous ses
ordres aux Pays-Bas; il écrivit à Marguerite : « Il n'y a
» rien, Madame, que je désire autant que de nous voir
» tous réunis (5). »
Les événements qui engagèrent Philippe II à contre-
mander le départ de la duchesse de Parme pour les Pays-
Bas sont connus. On connaît aussi ceux qui aboutirent à
la bataille de Gembloux, où l'armée des états fut mise en
une déroute complète par les troupes royales.
Don Juan, dans une lettre de main propre, félicita sa
sœur de cette victoire. « Certes, Madame, lui disait-il,
» il n'y a personne qu'elle intéresse et puisse intéresser
» plus que Votre Altesse, puisqu'elle a ici deux fds qui y
» ont eu part (4). » Il lui rendait témoignage de la valeur
(1) « .... Desidero che V. M. mi faccia gratia fare intendere al signore
don Joan de Austria quesla sua deliberatione, acciô egli resli capace che per
eomandamenlo et ordine di V. M. io ho preso questo carico, et non creda
che di niia volonlà mi sia mossa , acciô non reslassi di me ombroso, perché
non sai'ia servilio di V. M., et io non vorei darli disgusto. sendomi (|uelk)
che mi c ... » (LeUre du 24 octobre lo/'T, écrile d'Aquihi : Archives de
Simancas , Eslado , ieg. 951 . )
(2) Lettre du 27 octobre. (Archives Farnésiennes.)
(5) « Gierto, Senora, que séria todo quanlo sabria desear vernos â
lodos juntos. .. » (Lettre écrite de Luxembourg, le 21 décembre 1577.)
(i) « .... Doy â V. A. el parabien cien mil ve/.es de la primera viloria
que nos ha dado Dios, tan dada de su maiio; y cieilo, Senora, que a
( 79)
iléj)Ioyée par le prince Alexandre, « l'un des premiers (pii
» avaient allaqué rennenii (I). » M lui disait que son lils
se i'aisait estimer et aimer de tout le monde, mais que tons
ensemble lie pouvaient l'aimer et Testimer autant qu'il le
faisait lui seul (2). Il lui annonçait l'intention, pour peu
que le Roi lui en donnât le moyen, de demander compte
à la ville de Bruxelles de ses méfaits, malgré les fortifica-
tions qu'on y avait élevées. Il ne s'attendait plus, du reste,
à la venue de Marguerite, et il en était cliaimé et fàclié en
même temps : car, si d'un côté il perdait l'occasio!! de lui
haiser les mains et de la servir en personne, ce qui l'aurait
rendu extrêmement heureux, de l'autre, elle trouverait
les affaires aux Pays-Bas dans une situation telle qu'après
avoir essuyé toutes les fatigues qui résulteraient d'un si
long voyage, il doutait qu'illui fut possible d'accomplir
les intentions du Roi (5).
La dernière lettre de don Juan à sa sœur est datée du
12 août 1578, au camp près de Tirlemont. Il s'y "plaint
des nécessités auxquelles il est réduit, et qui leur causent,
à lui et au prince Alexandre, des fatigues incessantes :
« de manière que le pauvre pain qu'ils mangent n'est pas
n;i(lie loca mas parte délia ni puede locar, pues tiene acà dos hijos eni-
pleados en las ocasiones presenles ... . « (LeUre écriie du chàleau d'Hé-
veilé, le io février 1577.)
(1) ^' Fuédelosprimerosque cerrô conel enemigo.... '>^ [Ibid.)
("2) .< llâzeseeslimar y amar de todos, auiique lodosjunlos no puc-
den amarle ni eslimarle lo que yo solo.... -^ {Ibid.)
(ô) « V. A. nos dé continuas nuevas de si , va que , segun siompre
juzgué, se nos a despintado su benida, de que huelgo y me duelojunta-
mente, pues auncjue perdcmos el besarla las manos y estarla sirviendo
en presencia , con que tanto y lanlo holgâramos, ballara V. A. lo de aeâ
de manera que, Iras lanlo travajo oonio cl de lan largo camir.o, no se si
le l'ueia muy dudoso el salir (pn la in;e;:cion de Su Magcsiad.... » [Ibid.)
( 80)
» mal gagné. » Il informe Marguerite qu'il vient d'envoyer
(le nouveau au Roi quelqu'un chargé expressément de lui
protester pour le présent et de l'assurer pour l'avenir que,
s'il ne prend pas d'autres résolutions, lui, don Juan, est
bien décidé à ne plus faire dépendre de miracles l'honneur
de Dieu, celui même du Roi et le sien (1). Il engage enfin
sa sœur à adresser des remontrances au prince Alexandre,
qui, dans les rencontres avec l'ennemi, emporté par son
courage, exposait beaucoup trop sa personne.
Un mois et quatre jours après avoir écrit cette lettre,
don Juan fut atteint de la maladie qui le conduisit au tom-
beau.
VIÎ.
Marguerite se trouvait à sa résidence habituelle d'Aquila
lorsque, le 15 octobre, une dépêche de l'ambassadeur
d'Espagne à Gênes vint lui apprendre que don Juan avait
cessé de vivre. Cette nouvelle lui fut confirmée par une
lettre que, deux jours après, le cardinal de Granvelle lui
adressa de Rome : « Je tiens — lui disait ce prélat — que
» ce cas soit advenu de ses indispositions ordinaires, pour
» lesquelles certes j'ay pièça crainct ce qu'en est suc-
» cédé Ledict feu seigneur avoit bon cœur, qui lui
(1) « Es fuerça supiir la gran necesidad que ay en esla guerra de
lodas las que fallaii , cou puro y coutinuo Iravajo del senor principe y niio,
de manera que no es mal ganado el pobre pan que se corne. He imbiado
de nuevo à Su Magestad hombre propio à que proteste para lo présente
y aseguie para lo avenir, que si no se toma otra resolucion , la tomaré yo
en no Iraer tan colgado de niilagros la hourra de Dios, de Su Mageslad y
la niia ».
( SI )
» l'aisoil l'aire plus «]uo ne coniporloieiU ses forces. Jl y a
» longleni[)s (pie souvent son indisposition le travail-
» loit; et tenoit pou de rigle dans ce qui concernoit sa
» santé... (1). »
Marguerite n'avait pas su la maladie de son frère; la
nouvelle de sa mort lui causa une douleur inexprimable (2).
Elle écrivit à Philippe 1! : « La perte très-notable et
» inattendue du seigneur don Juan d'Autriche (qui soit au
» ciel) est si grande et d'une telle importance que chacun
» manifestement, et avec raison, en doit éprouver un
» déplaisir infini, comme je fais et, plus que d'autres,
». Votre iMajesté, ayant perdu un frère si obéissant et de
» tant de mérite à la tleur de son âge, dans des conjonc-
» turcs si critiques et où cette perte fait tant de faute
» au service de Votre Majesté. J'en ressens une telle dou-
» leur, outre celle qu'excitent en moi les liens du sang
» et l'affection particulière qui nous unissaient, qu'elle
» ne saurait être plus grande, et j'en demeure affligée au
» dernier point et tout abasourdie. Pour ne pas augmenter
» celle de Votre Majesté en l'entretenant de cette matière,
» je n'en dirai pas davantage; mais je viens, par le moyen
» de la présente, ne pouvant le faire en personne comme
» ce serait mon devoir et mon désir, lui otTrir, avec toute
» l'affection du cœur, mes compliments de condoléance
* (1) Archives Farnésiennes, à Naples.
(2) « Con tal nueva veiiula air improviso, perché non si era sa-
piilo délia indisposilione, [nib V. S. consitlerare il grandissimo dulore e
dispiacere che ne ricevelle Madama Serenissima niia signora, che (h
lanlo e laie ch' io non lo so esprimere.... -^ (Lettre de Nuccio Serigaii,
secrétaire de Marguerite, à Cosimo Masi, secrétaire du duc de Parme, du
.■>0 octobre 1578, aux Archives Farnésiennes.)
2'"'' SI^.IÎIF, , TOME XXVIl. 6
( 82 )
» sur une pcitc si considérable, et la sup[)licr de la sup-
» porter avec patience (1). »
Au prince Alexandre, son (ils, à qui la mort de don
Juan ouvrait une carrière qu'il devait parcourir avec tant
de gloire, elle exprimait ses sentiments en ces termes:
« Vous qui savez l'amour et l'affection que je portais au
» seigneur don Juan, vous pouvez imaginer quelle dou-
» leur, quel regret j'ai ressenti, considérant la grande
» perte qu'on a faite en général , et celle que j'ai faite
» en particulier d'un frère si valeureux et qui avait pour
» moi tant d'affection, et je ne m'en puis consoler, quoi-
» que je reconnaisse qu'il faut se conformer à la volonté
» de Dieu (2) »
{1) « La nolabilissinia et inespeUala perdila clie si è faUo del
sigiiordon Gio d'Auslria (clie sia in cielo) è tanto grande el di lai ([aalilà
che ciascuno manifeslamente con ragione ne deve senlire inlinilo dispia-
cere, come fô io, et più che altri la Maeslà Vo§tra, bavendo perso un
fralello lanlo obediente et valoroso nel fior de siioi aniii , et in tempo cosi
contrario et di lanlo mancamento al servitio di V. M. Al che conside-
rando, oltre aquello che me locca per la consanguinilà et parlicolar
atfetlione che era Ira di noi, ne sento lanlo dolore che maggior noii puo
essere, et ne resto afflillissima cl atlonila. Et per non augmentarlo alla
M. V. in trallarli di questa materia, meglio è lacère, ma ben vengo, per
mezzo délia présente , non polondo t'arlo di persona , come sarebbe niio
debilo et desiderio, a condolermi con lutto ralîelto delT animo, con
V. M., di cosi grandissima et importante perdila, et la supplico a lolle-
rarla con patienlia.... » (Lettre du 8 novembre 1578, aux Archives Farné-
siennes. )
(2) « Cosa che me ha apportalo lanlo dolore et dispiacere quanio
voi slesso, chesapete Tamor et affettione che li porlava , vi polete imagi-
nare , cl ne resto tanto alîlita et sconsolata che in vero mi tiene atlonila ,
considerando alla gran perdida che si è fallo in générale, el io in parlico-
lare di un fralello tanto valoroso el amorevole, ne posso consolarme,
ancorchè conosca esser necessario accomodarsi al voler di Dio »
(Leilre du 20 octobre 4rJ78, ihid.)
( 83 )
Philippe II n'tMit pas do grands elforls à l'aire pom*
prendre en patience, comme la dncliesse de Parme l'y
exhortait, la perte de don Juan d'Autriche. Yaiider Ham-
men, dont le livre renferme, mêlées à des récits en géné-
ral exacts, un assez grand nombre d'erreurs (j'ai eu l'oc-
casion déjà d'en relever plus d'une), prétend que, lorsqu'il
en reçut la nouvelle, le Roi, en témoignage de sa tristesse,
se retira au monastère de Saint-Jérôme (I). La vérité, con-
statée par des documents authentiques, est que, plusieurs
jours avant que cette nouvelle lui parvînt (2), Philippe
s'était mis en retraite , à cause de la mort du jeune archi-
duc >yenceslas qui se trouvait à sa cour et de celle du
roi dom Sébastien de Portugal (5).
Un mot d'Antonio Perez fera, mieux que de longues
phrases, juger de l'impression que produisit sur ce mo-
narque le décès de son frère naturel. Le docteur Piamirez,
qui avait donné ses soins à don 'Juan pendant sa dernière
maladie, en transmit an Roi nne relation circonstanciée,
dans laquelle il rendait compte, en outre, de l'autopsie qui
avait été faite du corps de ce prince. Cette relation était
adressée à Antonio Perez, qui avait dans ses attributions,
comme secrétaire d'État , les affaires des Pays-Bas. Perez
connaissait, jusque dans ses plus secrets replis, l'àme de
son maître : en la lui envoyant, il l'accompagna d'une
(1) « .... Don Filipe eon la nueva triste se retira al nionasterio de San
Gerônimo del Passo de Madrid .... » {Don Juan de Austria, foi. 525 v°.)
(2) Elle parvint à Madrid le 14 octobre, par une lettre de Paris du 5.
(5) Lettre d'Alberto Badoer, ambassadeur de Venise à Madrid, écrite
au doge le 14 octobre 1578. (Arch. impér. à Vienne, reg. Dispacri di
Spaçina da HÎ70 sin l.')79 ^ fol. 554 v".)
( -Si )
note où il lui disait (jifelle ne contenait rien qui niéiil;
qu'il prît la peine de la lire (1).
Ce mot peint à la fois le Roi et le ministre.
APPENDICES.
Lettres de don Juan à Marguerife.
x\' I.
( Aulographe.)
Illustrisima y Excclcntisima Seîïorn, la caria de V. Ex" de
XX de hebrcro me dio, â los xxix del passado, nios'^ de Lali-
loia, su mayordomo, y en confomiidad de ella, me visilo de su
parte, y me dixo lo que traia en comission , assi de la vo-
luntad y amor que V. Ex^ me liene y ofTresce y por la obra me
dessea mostrar, como del contentamicnlo que recibe y le da
siempre entender nuevas de mi. Yo le vi de tan buena gana .
que ninguna eosa oy pucde ser para mi de mayor eontenta-
miento eomo me ban sido las que él me dio de V. Ex% cuyas
manos bcso mucbas vczes por el euydado que en esto lia
tenido y la merccd que cou ello me bizo, que no puedo enca-
reseerlo, ni el amor y voluutad tan corresj)ondienlc que yo
tengo â V. Ex" y dcssco de servirla , como devo â bcrmana y
(1) Archives (lo Siniiiicas, /r.s/ado, Uy^. 578.
( 8o )
seiiora inia } lo iTciuierc mic!>tra saugrc. El sciior piiiK-ipc ini
sobrino c.^ muy gentil cavallero y de valor, grandes i)ai'tes, \
bien quisto, como cosa tan heredada de ta! madrc. Por esto y
^cr cuyo hijo es, y por el deudo eslrecho y aniistad que te-
nemos, le quiero y amo tanto que su ausenria me causarà
gran soledad; y bolgué lo que podria dezir de su casamicnto ,
j)or scr de tanta calidad y tau couvcniente à ambas partes.
Plegue à Dios que dé muy larga vida â V. Ex" y â ellos, [tara
que los goze, y nictos dellos, muelios aiîos, y â mi para mos-
trarles mi volunlad y desseo de servirlos. Si antcs no lie
eseripto à V. E.\% como era razou, ha sido la causa no averme
hasta agora â ello dado lugar mi poca cdad. De aqui adelante
esto se podrâ recompcnsar sicmpre ({ue V. E.v' me embiare â
mandai' en que la sirva y la pueda dar, como desseo, conten-
tamiento. Y porque lotie dicho largo â Latiloia , y V. Jlx'enten-
dcrâ dél lo que mas de acâ le pleguiese saber, â él me remito.
iVucstro Scnor guarde y acrescienle la illuslri-ima persona y
esiado de V. Ex" como yo desseo.
De Madrid, â dos de abril M D LXV.
Bcsa las manos à V. Ex"* su servidor y buen bcrmano,
D0i\ Ju" DE AUSTKIA.
,1 la III'"" jj Ex'"" senora la diKiuem inadama 3/aigarila de
Auslria, ml liermana y senora (I ).
(1) Celle lettre est d'une écriture Irès-soigiiée el d'un caractère beau-
coup plus grand que les lettres postérieures de don Juan.
( 86 .)
N" H.
( Auloyraplio. )
Scfiora, -Su M'' ha lomado resolucioii de mandarmc ([ucdar
este iiivierno en estas partes. Sinliéralo miicho, si no cor-
viniera tanto â su servicio conio me cscrivc, por el dcseo que
tengo debcsarlelas manos : pero siendo esta su voliinlad, por el
consiguientc ha de ser la niia obedeseerle. Y como es agora
(jiiando las cosas de liga se tratan y plâliean en Roma , niân-
daine tanibien atcnder â ellas desde aeà, con advcrtir â sus
ministros senalados para csto de cosas en que siempre en-
tran demandas y respuestas : que es la causa de no execular
luego el deseo tan grande que tengo de besar â V. Ex" las
manos. Creo que de aqui 25 6 50 dias se abrân puesto estas
cosas de manera que, baziéndoles yo poca falta, me dexen con
la libertad de executar lo que digo;y aun, sin esperar â mas
que tanlo, me pondre en camino de ver â V. Ex% porque â
ninguna cosa mi inclino tan de vcras. Enlretanto, Senora .
suplico â V. Ex", quanto pucdo, me escu^e para consigo misma,
pues no ser mio en esta parte me liaze dctener de no partirme
en esta hora. El qiiando sera avisarc â V. Ex", algun dia anles .
por el conlento grandisimo que yo recibiré de imbiarla nueva
que tanto me alegrarâ. Al senor principe he cscrito por la via
de Roma, dândole cuenlo de mi quedada en Ytalia, y de la
ocasion de galeras que hay para Espana, adondc quisiera yo
mas aeompanarle y servirle que vcrle yr sin que pre cncial-
menlc pudiera dar cuenta â S. M. del balor y diligencia y
otras partes con que le a servido; ([ue aunque, por este ca-
mino del escrivir, pienso aver cumplido largamenle con esta
verdad, todavia fuera con mayor satisfacion mia de voca â
voca. No se lo (jue el senor principe abrâ resuello en su yda 6
( 87)
110, jii ('Il lo que (iiicrrâ cinploarnic ; c>|»("i'iiiulo csloy su
liôrdeii, para seguirla en ini posible. Miiy de vcras toma S. M.
cl proseguir en la liga, y asi ha mandado, y â mi principal-
nicnte, que con las niismas se atieiula â relbrçar su armada.
Vâsc proeediendo en csla conformidad en lodas las provi-
sioncs que eonbienen Esj:cro en Nueslro Sefior que lodas scrân
â dano del enemigo, el quai se enliende ({ue arma â gran furia
y eon inlineion de salirnos al encuenlro : pero por venlura
nos loparâ antes de lo que ymajina. Yo, gracias à Dios, estoy
va hueno. El guarde â V. Ex' y déle laies pascuas y anos conio
yo selas deseo.
De Xâpoles, î) de eneio 1575.
Besa las nianos de V. Ex' su inuy eierlo servidor
y obedicnle bermano,
Don Jl" dk Alsthia.
A niidlania de lUiniia , uiij senora.
N" III.
(Âulograplie.)
Scnora,el dia de ayer fué âspero {tara los que eaminaron,
pero para mi asperlsimo en eslremo, [)nes me parli de la
presencia y de servir â V. AU' : cosa que eslaré sentiendo
todo el tiempo que dui'aré no volver â besarla las manos. Ile
pasado muy bien la noche, por durarme los regalos de V. AH'
tan enteros como en el Àguila. Partome en este punlo â Sul-
mona y eon liempo blando. Voy lan de V. Ait' como lo seré
lodos los dias (pie viviere; y para eslo ^uplico à Nucslro Sefior
( 88 )
iiic la dé, V â V. Âll^ la saliid, Iclicidad y coiiloiUamiciUo
que mciTco y yo la deseo.
De Navellas, savado, ^0 de liebrero lo7ô.
B. L. 31. D. V. AU'' su uias cierlo servidor
y obcdiciilc iiermano,
Do\ Jl" de âlsthia.
A la scn'Hiyi.sinia senora madania de AustrfUy nii hernuma
1/ senora.
N" IV.
(Auloi^raphe.)
Senora, la eausa de no a ver escrito â V. AU" algunos dias lu»,
liasido cstar todo, y yo prineipalmente, suspeiiso y sin alguna
resolucion, espcrândola de cortc, adondc lie inbiado al seere-
tario Juan de Solo, lo uno â dar euenta , eomo laii bien infor-
niado de cosas pasadas y sueedidas, y lo olro â saver y pro-
jioner que liaremos en el tiempo y provisiones con que nos
vemos. Ilasta que llegue, no ninguna olra cosa se mchordena,
sino que me baya à Meçina, y alli recoja toda el armada, para
aeudir con ella segun los andamientos y avisos de la enemiga.
Y asi en esta conformidad quedo dando priesa â todas provi-
siones, y darla â Juan Andréa para que se parla, luego que
llcgue con la infanteria ytaliana de Lombardia , â Cicilia. Yo
enlretanlo recojerc todo lo que deslc reyno se ha de sacar, para
llcvarlo conmigo, y no dexar cosa que Iraficar despues; y â
eslo husarc de toda diligcneia , porque cierlo parczco y estoy
aqui ya muy mal y padeciendo el lionor. He provcydo, enlre-
tanlo «juc llcgava este correo, con esta dcterminacion , la CJo-
( 8!' )
Ji'la de gcnlc \ toda inmiicion, y â >Jalla asiiiiismo; \ al lin
j)rc\cMiido las parles } higarcs sospccliosos de ecreo. Agora,
como digo, ([iiedo }o alendiendo â nii partida, y csperando la
iilliina re-olueion de joriiada y de el'eto. Eslo es, Seîiora , en
siistancia miestro es(ado,del quai lie dado enenla al seilor prin-
cipe, j)ara lo uiio eumplir yo eon mi obligacioii, y lo otro j)ara
que bea seguii eslo lo que mejor le estubiere, (|ue sera a lo
que yo asistiré eon todo mi posiblc y mis veras. Ora V. Alt" me
baga savei' como se lialla } adonde, \ como la tralaii estos ea-
lores (jue vaii entra iido, pues no a} persona en bi licrra â quien
jnas tocpic ni que mas buelgue de tener las nuevas que en esta
parte pueden desearse. Su Mag** quedava eon salud, el prin-
cipe eon unas tercianillas , la princesa algo mejor, y toda la
dcmas sangre buena; Flândes muy gastada; el duque que la
govierna en eslremo odiado, y la esperanza dudosa de allanar
aqucllos payses, aunque los que les tienen a cargo lo promc-
len.. .. Yo, gracias â Nuestro Seiïor, quedo eon salud y espc-
rando. entre otras resoluciones, la que Su Mag'' tomarâ de mi.
Mil gentes me inbian â diferentes partes. Pero lo princijial sobre
(]ue bago instancia, y no jjequeîîa, es por la presencia de nues-
tro patron , eon el quai querria yo propio vernie y resolverme.
Dios guie este efelo y guarde â V. Alt" eon la felicidad v con-
tento que mcrece y yo deseo.
De Nâpoles, 4 de junio lo75.
Besa las manos de V. Alt' su muy cierto
servidor y bucn bermano,
Do> Jl" de Alstiua.
.1 la ser'"" stiioni niadania de Aasiria, ini keimuna ij ^tiioi-a.
( î)0)
N" V.
(Aulogi'a[)he.)
Scfîora, cicrlo V. Alt" deve â lo que la tlcseo servir y quiero
lodu la merccd que â mi me haze. Muy grande la lie recebido
en saver, tan particularmentc como Mareelo me a dicho , la
salud con que V. AU' se halla, y en lo que en e te tiempo se
entretiene. E liolgado tanbien mucho de entender la que ay en
toda su casa y eriados, porque pienso que no les devo menos
â todos que ellos à V. Alt^ Y asi es infinito lo que lie gustado
de saver lo que en esta parte deseo; y espero, plazicndo ix
Dios, que, aun antes de yrme, volveré olra vez à cumplir el
que truxe de besar las manos â V. Alt" y entregarme â los rc-
galos tan continuos de sus eriados; y âse de procurarlo como
cosa deseada en estremo,yporobligacioiiypor amor,y portodas
quantas partes pueden dezirse. Enlrctanto yré siempre dando
â V. Ait' cuenta de ml, para valerme de todos los favores que
recibo y mercedes que me haze. En lo que esta agora mi partida
dire algo claro, por la siguridad que lleva esta letra de verse â
manos de V. Alt\ Sciïora, yo lie deseado estranamente hazer
la Jornada de Argel , y principalmcnte este aiïo que la armada
enemiga no saldrà tan numerosa de bien armadas gâteras que
liosâra desviarse tanto d'estas mares, y en tiempo tan al inbierno
como fuere al fin de agosto. A este fin heencaminado mis dcs-
pachos en corte , y prevencioncs por acâ, y élo hecho tanto mas
animado quanlo que savia yo que era esta la voluntad de Su
Mag*^, aunque, â dezir verdad , cl es muy mal scr\ido dcstos
ministros, que aticndcn mas â si que no â su aino. Y por volvcr
à. mi plâtica,digo que, tinicndo ya leslos una gran parle de pcr-
trcchos de guerra à este propôsito, lie visto , en este l'iltimo
despaclio que aun no es eii respuesia de Soto, la inposibilidad
(|ue en corlc [larecc que tiene esta jornada. Y como cl tiempo
cslâ ya tan adelanle, y jior empccar muclias cosas ([uc lallaii,
( !»» )
y la principal la rcsolurioii dr do ha de venir jimlo eon la liér-
den, y que esta se inclina anles â que se vea lo que hazc el ene-
niigo, ine e resuelto al lin de nuidar antcs de opinion que de
aventurar, sin lener eon que, lo que en esta emprcsa pudicra
aventurarse. Y asi me yré presto â Meçina, adonde estaré aper-
(■el)i(lo,lo uno para ver quénosdescubreel armada eneniiga, y lo
olro para, si nos da qiialquiera lugnr, acudir â lo de ïunez, para
lo quai crco (juc tenenios lo que conbienc, si el liempo no nie
l'alta. Y es cicrto que, pensando anles que fueranios ô Argel ,
escrivi eon grande encareeimiento â Su Mag'', aceordândole las
partes y deseo del seïïor princi[)e para ser ocupado [;or Su Mag''
en aquella jornada, en la quai, si se efetuâra, quisiera yo verle.
Esto es, Senora, en sustancia lo que pasa y la cuenla que jiuedo
dar de jni y de mi cargo â V. Alt^ Y'ré siempre conlinuândola
segun las ocasiones y tiempo dieren lugar. Creo que, acabado
este verano, tendre cierta licencia : ya digo que, antes de iisar
délia, qiiiero en lodo caso besar las manos de V. AU"; pero el
(pian do y como, dire quando sepa lo que sera de mi Entretanto
la suplico me tenga en su memoria y en su gracia, y que me de
de su salud siempre nueva, pues segun la que fuere sera mi
ânimo y mi conten'to Suplico h V. AU'' sea para si sola lo
(jue en esta la escrivo y mancfe romperla luego, porque al fin
[)a pelés son papeles. Ile mandado â don Rodrigo de Venavides
solicite un retrato mio para inbiar â V. AU', y crco lo podrâ
llevar agora Marcelo, â (juien me remito â todo lo demas que
V. AU" querrâ saver, a quien Nuestro Senor me guarde como
deseo, V. AU" merece y él puede.
De Nîipoles, 2G de junio 1575.
Besa las manos de V. AU' su mayor
servidor y bermaiir> obediente,
Don Jl" de Austhia.
A la scr'"" scfiont niaïUuna (le Auslria, mi hcrtnana ij senarK.
( 1)2 )
N VI.
(Aulogiaphe.)
Scnora uo se lo que harcinos este poco vcraiio que nos
(|ue(la. Aqiii estoy esperando cada dia el armada eneiniga ;
pero no sera posible cosnbatir eon ella sin nias armada nueslra,
porijue no de poco es, por mis peeados, inferior â la del
enemigo : cosa que siento en e! aima, y que atribuyo à parli-
cular desgracia mia, no ser un poco mas ygnal ; que cierto
para eonbalir no esperâra a ygualdad por ygualdad, sino que
eon Iiarta >entaja que nos luviera lo hiziera; pero pasa de no
])e(iuena la que nos lleva. Doyme enlretanto priesa â ganai-
tiempo, para ((ue en tiniendo alguno acudir â lo de Tunez, que
auqque sele a metido nuevo socorro y génie, lodaxia espero
en Nueslro Seîior la ganaremos, si este enemigo me da qual-
(juier poco lugar
De Meeina, 19 de agoslo 1575.
Don Ju" de Alstkia.
N« VII.
(Aulographe.)
Seiiora , ya porolras vias abrâ V. Alt" sabido en sus(ancia la
ûllima liôrden que me a lomado de Su M;ig'', mandâudomc
(juedar en Lombardia : eosa que siento barlo mas de lo (jue
sabi'ia encarezer, por todas las razones que V. AIT' tiene tan
i)ien enlciidiilas ; \ |>ai'(icularmcnle me duele. poi'jpie Cuera ,
(:*J3 )
i\ ini jiiizio, de nias (Viito mi ydn â corle (juc la qiiodatla coiiio
Ja hai^r). Por (jiic m'c rcsiicUo de inbiar al scîcrclario Juan de
Soto â Espaiîa â Iralar todo lu que yo llevava en menioria, (juc
/îo sera poco; y enlretanto ine quedaré en Vigcven, xx millas
de 3Iilan, sin entender ni empachanne en nada de mi comi-
sion hasta que el diclio Soto vuciva , porque para aventurar Io
ganado de honor, conoridamente y sin proveeho alguno, Io
mejor es dcxarme eslar, â Io menos liasta que Su Mag'' Io en-
tienda desta manera. Lo principal que agora [)retcndo es salir
con el armada â inpedir, en quanîo se pucda, los efctos de la
dcl encmigo, adonde quiça se ganâra mas honra que en eslas
|)artcs, sin tener â que atender ni mas que tanlo en que ocii -
parsc. Mando tambien â Soto que, si en eorte cntendiere que
se trata de inbiarme â Fiândes, que responda que j)ara lai
resolucion eonbiene antes verme con Su Mag'', y que yo no
sabré tomarla sin que primero suceda esto. Lo que Su Mag' me
escrive y bordena e-^ ([ue asisia en Milan, basla que me niande
olra eosa,para dar cuydado de aili â los vezinos y pi'oveer
â Flândes de gente, y â olros efctos taies, encargândome la
inleligencia de todo lo que toca â gnerra, y dizeme (jue por
este verano solamente. Dios lo quiera asi, eomo lo esjjero.
Esto es, Scfiora, en sustancia, lo que contiene el despacb.o de
quedarme y lo queyo resuelvo, porque quedo con muy poco
dinero y con el autoridad quebrada; y asi no me ocuparé en
nada,sino todo lo remitiré al marqués de Ayamonte, v yo
me estaré en Vigeven hasta que Juan de Soto vuelva. Solo me
buelgo cierto de qiiedar en estas partes, por la compaïïia y
vezindad del seîïor principe, que a determinado de no \r â
Espaîia por agora : cosa de que yo estoy muy contento, {lor lo
que me le darâ, lo uno su compaiiia y vezindad, y lo otro el
parccer juntos ante Su Mag''. Yo me [)arto luego h dormir esta
nocbe en Sarraval, y de alli siguiré mi camino, adonde creo
encontraré al scùor principe, para ruyo cfeto voy muy albo-
( 94. )
rolado y eoiitcnto. De lo dcniaj de mi que fiierc siicediendo
yrc danda ciienta â V. All% â quicn Nucstro Sciïor gitardc
eomo yo dosoo.
De Geiiova, â G de mayo 1574.
Besa las nianos de V. AU'' su mayor scrvidor
y obediente hermano ,
Do.\ Ju° DE AusxniA.
A la ser"" senora madama de Austria, mi kermana //
xenora , en su mano.
\
N" Vin.
(Autographe.)
Senora, téngamc V. Alt' jiistamenle por escusado, si no he
respondido à sus dos carias, que a dias que he recibido, de
19 y 28 de agosto , pues en lo que he andado siempre me a
negado liempo y lugar de hazerlo; y agora digo â V. AU" que
tambien estoy tan embaraçado que â penas puedo dar nueva
de mi. Las de por acâ se abràn entendido, mas largamente
que aqui dire, del senor principe y de otros : cosa que à mi
me tiene maravillado y muy dolido, no tanto por lo que se a
pcrdido en las plaças de Berberia como porque se nos retire
el enemigo vitorioso y honrado, quando atendemos nosotros â
juntarnuestra armada y se gasta el diuero, que tanto se mira
por él, sin ticmpo, sin sazon y sin olro fruto que mal gastarle.
Quando parti de Nâpoles, aquel dia se pcrdiô la Goleta, y â
penas pude juntar média armada en Palermo quando siguiô â
( ri )
l.i GoIcLa cl l'iierlc de Timcz : de ninnorn (juf ol (liligciil;irni<;
a |)arlirmo de Lomhardia sin liùrdeii lambien lia sido inba-
lido^ Que fiiera si la espcrâra hasla quando me llego, que fué
cslando en Paiermo? Al fin todo va, Seïiora, en pcligroso
estado; y en verdad que no es en parle toda la^'ulpa de Su
Mag^', sino en consentir â los que goviernan sus Estados que
no tengan por (an suyo el vezino y cl que no lo es como el
que es â cargo de cada ministro. Mire pues V. AU'' que sera
junlando â esto dexar pasar, como agora, el tiempo que deve
ocuparse no solo en estorvar al enemigo sus efetos, pero aun
(|ue de razon deviamos atender â otros nucstros. Yo esj)ero
oyr cada dia que el enemigo se aya rclirado, y abrâlo cierio
liecho dias a, si esle liempo, (jue tan contrario nos es, selo a
eonsentido; y bien creo que ya por este aîio no nos queda mas
(]ue esperar ni temcr, porque para todos ha entradoel inbicrno
y ccrrâdose las ocasiones, mayormente para nosotros, que ni
ballamos ninguna ni aun tenemos forma de cmprender cosa
(juc balga. Abrâ al On de parar todo en retirarnos al solilo ciî
hora buena 6 mala; y yo cierto, sin mas detenerme, pasaré
luego à E^pafia : que es el punto à que agora lengo puesta la
mira; pero avisaré antes â V. All% y aun, si posible es, la
bcsaré las manos. A la ûltima de V. Alt'' por ser en respuesla
de otra mia , tendre poco que dezir, y a la primera menos ,
pues lo que toca â la autoridad y lionor del seiior principe
save él que lo estimo en el grado que lo que toca â mi; y a.vi
cierto es una de las cosas por que he senlido mucbo no averse
ofrecido alguna ocasion, el no aver podido hazer con cl lo que
traya en designo, como lo save el sciïor principe, â quien yo
quiero lo que dcvo â V. All% â toda su casa y a mi, j)ues soy
lan cercano dcudo y tan grande amigo suyo. Ilazémonos en
todo muy buena compaîiia, y la misma nos liaremos siempre
que estemos juntos, como crco lo cscrivirâ mas largo à V. Ail".
A Juan de Solo estoy esperando cada dia, el ({ual ha llegado ya
(;»6 )
â Ytalia : pcro hncn dospacho cicrto iiibianne â caho de ciiico
iiiescs que a que le despache, advirtiendo a lo que a sucedido,
y aeordando y antepuniendo el remedio
De Tra|)ana, â 5 de otubre 1574.
Bcsa las manos de V. AU'' su mayor servidor
y obedienle lieimano,
Don Jl° de A [ stria.
A la ser'"" sefiora madama de Austria, mi hermcuiu y ficnora.
N^ IX.
(Autographe.)
Senora, yo, gloria a Dios, lie llegado, algunos dias
a, â esta eorte, adonde he recebido tanta nierced de Su Mag''
que })oi' solo csto doy por mas que bien empleada nii ve-
nida Despues de aver llegado, creo que se tiene enten-
dido lo de Ytalia muy de otro modo de lo que antes estava.
Pensé, como lo a via suplicado â Su Mag'', estar en esta corte
algun tiempo; pero al fin se a resuelto mandarme volver â
essas partes, y con lanta priesa que se la da grande â despa-
cliarme. Creo me partiré mediado el mes que entra, y creo
tambien que yrë â empeçar nueva suerlc de servicio en con-
formidad de lo que conviene al de Su Mag^. Entretanto se
atende â venoer neccsidades y â dar priesa â lo con que lie de
servir y defender este vcrano. A todo ello doy tan continua
priesa que cada dia en consejos y fuera dellos no liago cosa
que esto no sea; pero el tiempo esta ya tan al verano que no
me contcnto de lo que no veo... . Aqui, Seilora , son todo>
( !)7 )
conscjoi; cacl.M (lia Icngo dos, si/i olras mil ocupacioncs que no
mv d(v\aii licinpo (jiic uiio pucda llainarse
Do -Madrid, â I :> de IVbrcro do 157o
Don Ju" de Atstria.
N° X.
• (Autographe.)
Scnora, doxé à Su Mag^' bucno, gracias à Nucslro Se-
iior, |)oio tnii faligado de ncgocios que demas de vérselo va
en ol roslro y canas, es muclio de temerlo. Las niievas que
de nuestra corte podré dar â V. AIT son cierto poco huenas ,
porque, conio no tiene Su Mag'' con quien descansar, anda
cada uno lleno de confusion y nucslro amo de fatiga , y los
ncgocios sin el espcdicnte que otras vezes. Cierto que es gran
lâslima quai dexé aquella corte, y con todo certifico â V. .4lt' que
holgaria yo, y lo traté muy de veras, no salir de ella ; pero parecio
â Su Mag'' que acâ podia volverle â servir en tiemj)0 y ocasiones
de imporlancia ; y asi ube, como sicmpre, de obcdecer su
rcsolucion Para con V. AU'' solamente, y asi selo suplico
yo por mnclios rcspeto^ t''aygo tambien liôrden de lo que
cadauno lia de bazer, que es estar â obcdiencia : pero desta
se a de usar quando algun ministro se persuadierc lo contrario,
lo quai no creo succdcrâ, porque por carias ban entendido lo
que les toca
De Nâpoles, â 19 de junio de 1575.
Don Jl" de Al stria.
2™'' SKP.IF , TOME XXVn.
( ^^^ )
xN^ XI.
(Autographe.)
.... Ora, Seîïora , quanto à estas cosas de Génova , ellas vaii
como se abrâ entendido. El papa no ([iiiere acavar de satisfa-
zerse de la intincion biiena y pacifica de Su Mag'', aiinqne
la tiene de no consentir que nadie se mezcle entre Ginoveses;
y asi estoy yo, en su nombre, con sus armas casi juntas para
no permitirlo; y desco, pues me esta remitido desde que
Escobedo llegô, que estas esten libres para oponerse al verano
â nuestro corn un enemigo el Turco; y por cso doy priesa por
mi parte â que, si a de aver concierto, se tome en pocos dias ,
y sino eonsintiré el camino de la fuerea, porque en este in-
bierno sepamos y antemiremos lo que al verano sera de nos-
otros. Y para dar cuenta de todo â Su Santidad, y suplicarle no
se altère, sino dexe â quien toca allanarle estas rebiieltas, sin
otro fin que el de la proteccion, como por lo pasado, lie inbiado
à Roma al secretario Escobedo. Entretanto creo que por quinze
Il veinte dias se sobrcseerân armas por los viejos y nuevos de
Gçnova, para qu'el concierto tome forma, ô se conozca la in-
tincion d'e>tos j)oderes y dccrctos que dan de remision los de
dentro. Al fin las quiétudes 6 desasosiegos d'esta causa con-
sisten solo en que Su Santidad no se ai)asione, sino liaga oficio
de padrc que es de lodos, amando la equidad , sin deciararse
por nadie contra su brazo derecho, que es Su Mag^'. Esto es
sucintamcnte el cstado d'cstos principios de garbullo....
De Nâpoles, â l'iltimo de seliembre l;)7;j
Don Jl" de Austria.
( ^>^> )
N XII.
fAulographe.)
Senora, yo hc llcgado aqui con la soledad de. ^^ Alt'' que
tendre siempre que no estubierc adonde conlinuamente la
pueda ver y bcsar las nianos; y asi deve estar cierta V. Alt^ de
que quantas vezes me diere el lienipo ocasion de liazcrlo, no
faltaré alcumplimiento de tan gran deseo, causado de tan gran-
des obligaciones eomo yo tengo y V. Alt" me a dado. La soledad
que me cscrive averla yo dexado, y la que me a diclio don
Diego de Mendoça que quedô en V. Alt% es en todo eonforme
â la mia y à lo que se deve al verdadero amor y deseo de ser-
virla que en mi ay : por lo quai no dudo de que siem[)re
estarë recibiendo esta merced, entre las demas que alcanço de
V. Alt% a quien suplico me la haga en darme las nuevas de sî
que estaré esperando decontinuo con infinito deseo adô quiera
que me hallare, y esta por la iiltima sera la que procuraré }o
merccer a todo, y mas que ml possible, pues es mas lo que
conozeo dever yo a V. Alt^ Partiréme de aqui, â dos ô 1res del
mes que entra , â Lombardia , eomo alli en prescncia de V. Alt^,
lo resolvi. Escrivenme de aquellas partes que mi presencia
sera de proveclio para las cosas de Gënova, y en la misma
conformidad de lo que viô V. A\V dura la instancia que me
bazen. Y asi, despues que llegué,me lie dado priesa en
mandar adereçar galeras y las demas cosas necessarias â mi
partida, de modo que al tiempo seiialado me partiréc, si el mismo
tiempo no me lo inpide. Yo voy â Lombardia; pero â la f e .
Madama, si puedo, passaré â E^paiîa, porque, â mi juizio,
sera lo mejor para todo lo que se trata, y por liuir de tan
peligrosas ocasiones eomo anteveo para este vcrano, y de tan
peligrosa conipania eomo es la desle virrey, con quien lie pa-
( -iOO )
sado, despues (jue llegiié, lo que nias Inrganienlc csrrivirâ à
V. AU' Juan Ferrante (I), si puede el pobre levantaise de la
cama adô le liene su gota ordinaria. Peio volviendo al easo.
este virrey es niuy descomedido y niuy poco considerado, pues
cstando yo ya présente, prendiô y diô la cuerda à eierlos
eriados de don Alonso de Leyva que hazc oficio de gênerai de
las galeras de Espana. Habléle sobre esto, y dixele â lo ùltirao
que, como le abia mandado prender un eapitan de armas con
quien sucediô la ocasion de esta causa, que tambien casligaria
â quien me lo mereciese, si no se mirase mas que por lo passado
en eomo se procedia. Al fin ubo mas que dezir que entenderâ
V. Ail" mas largo, si Juan Ferrante puede oyrme; que por serlo
el cuento, y yo no tener lugar de escrivirle, no lo liago. Solo
en sustaneia digo que esto no puede durar eon este liombre,
porque quiere tralar como Dios, y sus partes son como de
bestia. Perdone V. Alt" el bocablo, j)ues es ci mas j)ropio en
este sujeto. Volveré, antes de yrme, â dar nueva cuenla de
mi â V. Alt''' y de lo que mas ubiere, si algo fuere; que agora
todo es aver hallado lo de aqui muy peor que lo dexé, sin
dinero ni provision ni forma de averla. Nuestro Seîior lo re-
médie y dé â V. Alt* quanto mereee y yo le desco.
De Nâpoles, â 24 de enero 1370.
Besa las martos de V. Alt^
Su mayor servidor y obediente bcrmano.
Don il" DE AusTRiA.
A la ser'"" scnora maihinia de Auslria , mi lieruiana y scnora.
(1) Gio. Forranto Siignica, rim des goiiCil.siioïnnirs de Mupyueiile.
( 101 )
.V XIII.
(Autographe.)
Scnora, picnso qtic Jli° rcrrnntc abiâ cscrito à V. Ail",
algunos (lias a, como mi yda â Lombardia cesô, porquc en
quellos dias que avia de partirme, hizo laïcs lienipos que no
dcxaron navegarsc. Despues, con las buenas nucvas que nos 11c-
garon de lo de Génova y con las nucvas neccssitadcs que por
estas bandas apretavan con armada cnemiga, pareciô que cra
cslo à lo que combenia principalmente atender, y confirmôsc
con mandar Su Mages lad que asi se hiziese. Pero para la exe-
cucion dello, si bicne nuestro cnemigo, eslamos por nueslros
pccados lan dcsprovcydos y fallos de lodo, y sciialadamcnte de
dincro y lo demas con que la gucrra se sustenta, que certifico
â V. All^ que tanto tardarâ en perdcrse lo que cl cnemigo cm-
prcndicre quanlo él lo dilatare, por([ue â cslo se junta tan las
otras cosas, y ay para cada una tantas dificultades que no se
trata de otra. Mire V. Alt* que gentil cargo es cl mio, y quai me
devo de hallar. Escritoloe à Su Mag*^ lan claro como se deve con
don Juan de Cardona, y hecho por mi parte quanto me a tocado,
aunque ya savemos que no basta esto adonde no se alcançan
milagros, y cslos solo â Dios es dado hazerlos. Yo cierto, por
muy grande le tendria que no baxase, como se dize, el armada
este aîïo, porque, si biene, y pujantc como sucle, muy bien
apcrcebidos nos hallarâ, sin gcnte, vitualla, municioncsyal fin,
por abrebiar, sin cosa alguna de quantas son mcnester, porja
falta de dinero, y por la poca 6 ninguna sustancia que de la
corte se me imbia y acâ me dan. Con todo, por cum[)lir si quiera
con migo mismo, yo me partiré â Çaragoça de Cicilia denlro de
poL'Os dias, y desdc alli , si la salud lo sufrc, procuraré mclcr
la génie que pudicre en Malta, 6 quando n)as no pucda, con
la que me ({Mizicrc scguir, y^é yo adô vicre scr la ncccssidad
mayor, ])ucs para olra forma de provision ni a\ gcnte Icvan-
( 10-2 )
tada, ni para sacar la ordinaria de sus alojamientos ay tan poco
un rcal. De aqui llevaré algunas compaîiias con migo , y con
hasta 22 galcras me partiré, y me seguirâ luego con las de su
cargo cl marqués de Santa Cruz. Lo demas que ay que guardar,
como â dezir Ccrdena, Mallorca y otras islas, guârdelas Dios,
que puede. Este es, Senora, el miserabilisimo eslado présente
en sustancia. Yo me ando fuera de Nâpoles, porque son tanlos
los que acudcn con memoriales por dincros, y lan poco el que
lengo, que por no perder tiempo alli para mi despacho en respon-
dcr â todos,y por no negarles lo que tan justamentc piden, y por
librarme de otros cien mil embaraços taies, huelgo principal-
niente de no eslar en aquella Babilonia de confusion. Quanlo lo
dcve ser agora Flândes, pues estando tan peligrosos aquellos
Estados por tantas vias y maneras, le falta governador, cmbcr-
dad que lo temo infinitamcnte, mayormente se los différencias
de Franceses llegan â concierto como la madré lo trata y pro-
cura muy de veras. Gran micdo tengo que con esta ocasion me
a de ser propuesto un dia deslos que baya yo â Flândes. Su-
plico â V. Alt'' que, como tan mi sciïora, madré y hermana que
me es, baya desde luego pcnsando en tal caso que baré, como
y en que me resolveré; que, si Su Mag*^ me lo mandare, escri-
virloe antes â V. AU% si puedo, para resolverme, como digo, con
su parecer y opinion, pues con esto cstaré muy contento con
lo que fuere. Y asi la suplico que desde luego pieuse y me
diga algo de lo que se le ofrece sobre este caso , que, como digo,
creo que me a de ser propuesto y bordenado
De Prosita , â 4 de abril 1576.
Besa las manos de V. All^ su mayor
servidor y obediente bermano,
Don Ju° de Austria.
À la ser'"" senora madama de Austria, mi hermana y senora.
( 105 )
iV XIV.
(Autographe.)
Scnoi'ci, i)or las copias de dos carias (juc he rcccbido de
Flàndcs, vcrà V. AU" cl mal cstado de lo de alli. Y asi consitie-
rando yo esto, y quanto es grande cl remcdio que aqucllopide,
y que aqui no tcngo que hazer, slno espéra r al secretario Es-
cobedo, que esta muy despacio negociando sin acavar de
darlc resolucion que balga, y considerando con esto otras
mucbas cosas largas que remito à la prudencia y discrecion
grande de V. AIt% me e resuclto yo en partirme lucgo à Espana,
y dar â entcnder à Su iMag^ como â quien mas duele y toca su
servicio, que lo de Flândes pide antes grandes remedios y taies
quales dcven procurarse â un cuerpo ya casi difunlo, que
bôrdenes c instruciones infinitas, que aun verse no podrân
quanto mas executarse. Junto con eslo trataré de otras co-as,
y enellas dire lo que entiendo y lo que se tan dcsnudamentc
quanto cumple se conozcan. Yo, Seîïora, para esta mi yda
hallo muchos conbinieneias que me harian conçiencia no ba-
zerla, y asi la tengo tan determinada que me partiré, Dios
quiriendo, maiîana â Génova, y otro dia.dc alli â Espana en
dos galeras que se an podido reforçar de cinco que avia con
las de la Senoria propia. Desta mi determinacion doy la cuenta
que puedo â quien de mis pensamientos, antes de executarlos,
querria yo darla siempre. Suplico â V. Alt^' me escriva y de
nuevas de su salud
De Milan , â 1 1 de agosto 1 576.
Besa las manos de V. Alt" su mayor
servidor y obedienle bermano,
D0> iV" DE AUSTRIA.
A la se r'"" SI' m m maddina fie Aaslria, }ni hcrinann ij senora.
- ( 104 )
N" XV.
(Autographe.)
Scnora, yo veo bien lo que ay en la jornada, por(iue
desde susprincipios tiene grandes dificultades, Iravajos y peli-
gros; pero va lambien lleva el hombre mas que ofrecer â Dios,
y nias con que obligar à Su Mag^ y mas gloria y bonrra para
el mundo, que son los fines con que me parto muy contenlo,
va que a guardado Su Mag' para rai, hasta lo ûltimo, lo dificil ù
lo imposible de la empresa. Lo que para clla llevo es â Dios que
la tome como suya qne es, y que â mi me ayude con milagros,
pues si no fuere baziéndolos no se como se pueda volvcr en
vida un cuerpo con el iiltimo suspiro en voca. Dineros jkkos,
porque nucstras riquezas no son muclias. Lo dcmas de aulo-
ridad, que baga segun vicre, y todo remilido à mi. Pero, por-
que vca V. Air que no me a quedado oficio por bazer ni caso
por prévenir, la inbiaré en pudiendo (que agora no es posible)
un papcl de mi mano que di à Su Mag^ en que le adverlia de
todos los casos que podian suceder, tomando el salto muy de
atras.Pero, como eslân lan al cavo aquellos Estados, lo esta-
mos tanbien acâ.de espedicntes y formas de remcdio... .
Del Pardo, à 2(> de octubrc 1576.......
Don Ju" de Aistiua.
N° XV 1.
(Autographe.)
Scîiora, yo clamo y bago cada dia quanlas diligcncias
puedo para que conozcan el camino que llevan tan bcrrado.
Pero eslân tan dcsatinados yen lai descspcracion (pic quicrcn
( 105)
gucrra ton su principe, y llaman à los de liieia para \alerse y
entregarse â ellos; y asl lienen juntadas sus l'ucreas los
estados con las dcl principe de Oranges, y esperan las de
Francia, para todas juntas emplearse en lo ip.ie les doy por
l)az y amislad, como bijos de Su Mageslad y hcrmanos niios.
Mas, avicndo llegado la desvergiiença â tanlo que, sin qucrer
los reniedios que les doy, prosiguen â quitarâSu Magestad sus
Estados debaxo de nombre suyo, sera fucrza que, conio les c
iinbiado â protestar, me quite los dedos ante los ojos, y de-
fienda al rey lo que es suyo; y asi lo abré de bazer â gran
l'uerza y j)ena mia, si no cesan las armas entrelanto que
llegamos â los acordios Armas es lo que amenaza el
licmj)o, las quales quisiera yo usar, })ero en otras y muy
(iiferenles parles que las tan propias de Su Magestad....
De Luxemburg, â 22 de noviembre 1576
Do.\ JU" DE AlSTRIA.
N« XVII.
( Aulograptie. )
Scfiora, Santiago, de quien se i)uede fiar quanto se
le diere en escrilo, lleva junlo eon esta earta una relacion del
estado présente de lo de acâ, â que me remito, aunque en
sustancia digo que el desconciertodestos hombres es lan grande
que solo en no saverse concerlar son conformes, } en pasar
muy adelante con la mas estraîïa forma de rcbelion é insolen-
cias que se an visto. En lo demas andan tan sin caveza que lo
que agora resuelven luego lo contradizen; y asi ni ellos se
entienden, ni aun me quieren entender, sino obligarme eada
dia â que con el sufrimiento se rompa todo. Y â lo ûltimo,
Senora , 6 vendremos certisimo â las armas, v nuiv i reslo. ô
( 106 )
lia de hazci' Dios pur milaij;ro que âuimos laii dcseompueslos
é intcnciones tan daîïadas se muden â lo contrario de lo en
que sus conscicncias les ponen, pues corren tan sin tino en
sus maliciasquelJaman â cuantosestranjeros princi})espueden,
y al fin no hacen que lo que Oranjcs les hordena. Yo que llcvo
cl intenlo de la paz y blandura, sufro lo que Dios sabe, y lo
que sin su fovor no séria posible Ya la paz solo yo soy cl
que la antepongo; pero ni e>ta se sabe admitir, ni para bazerlo
ay govierno ni bôrdcn cnirc estas gentes Yo, Seiïora ,
tengo un travajo terribilisimo, y cuéslame mi salud, porque
la e Iraydo pcrdida, y aun no ando sin algunas indispusi-
ciones : pero Dios provecra que esta résista al travajo, ya que
cl vcrmc puesto aqui no me desanima ni quila coraje de pasar
adelante con la cruz
De Marche, â 20 de bencro 1577
Don Ju" de Atsthia.
N XVIII.
( Autographe. )
Scnora, Quanlo â lo de por acri, me rcmilo â la rcla-
cion de mano agena que dira la paz y concierto entre los es-
lados y mi y las condiciones délia. Bien veo, Seiïora, las que
son; pero lia sido fucrça 6 pasar por cllas, ô llegar al rigor y
â los danos de las armas, cosa tan contra la voluntad y bôrdcn
de su dueno; } a^i se a de liazer cuenta desto como ballado â
caso y no de otra manera. La religion y obedicncia se a sal-
vado, y todo se perdiera sin falla, y los Estados en compania.
llevândolo por guerra , porque cl pais se bincbia de crejes, y
lucran estos los ({ue al lin tubieran siemprc la mayor parle dél.
Lo dcmas (jiic de prcscnic falta por sin diida (cni;() que lo yrâ
( 107 )
dcUido cl ticiiipo, (iorqiie, quiliiiido filgunos scdiciosos \
l'iiviios, la ma) 01" parte sojî los misinos ([iic ruéroii en cl âiiiino
que lubieron (I); y salidos los Espanolcs, eslos se inostrarân
por rnuy leales en todo, de manera que con br.eii govicrno y
mafias seiân (à jni ver) rnuy faciles de governar.
Pero, Senora, esto no puede ser ya en ningun modo |)0i-
mi. poique lian sido lanlas y tan terribles las ocasioncs que
me han dado de perder la paciencia con ellos, que si bien lie
sufrido iurinilo,y no se si mas que déviera algunas vezes, no
demenos no lie podido tanto vencerme que no aya llcgado â
atropeliarlos con palabras y amenazândoles con las obras , si
no se reportavan en lo que dezian : asi que ellos me temen
y lienen por mal sufrido, y yo no estoy Lan bien con ellos que
gustc de su compania ni de pasar mi vida haziéndosela. Y
pues, por gracia de Dios, he dado un poco de razonable
cucnta de mi en lo que me a sido encargado, no quiero mas
estar adonde tan â pcligro lo tengo todo, tras tanto como me
a costado; y asi he ya pedido licencia â Su Magestad tan apre-
tadamente que, hablando claro, he escrito que si no me se
da, no abrù resoluçion que no tomCj hasta dexarlo lodo y
yrme alla, aunque sea â ser eastigado, porque lo scré sin
culpa, y aqui con ella me perderia.
Pretendo que sea esto con tanta brevedad que haga mi
salida con los Espaîïoles, y que en mi lugar asista madama de
Lorrena, que lo harâ hasta que Su Magestad provea persona ,
y si en esto ubiere algima dificultad, solo tendre paciencia
hasta el agosto 6 setiembre : pero desde entonccs no estaré
cierto mas en estas parles, pues juntândosc à lo dicho mi
poca inelinacion â goviernos, y la mucha que tengo â las
armas, y otras cosas, no ay que dudar en lo que digo. Esta
(1) Ce |)assagc paraît avoir élé mal lu par le copisle, car il est peu corn
[iréhensible.
( 108 )
sucrtc i>ucs â alguicn ha de tocar, y para (jLiaI.|uici'a es iiuiy
bucna, sino para mi solo que es ruiri ; y para quien scnalada-
mente séria alla mejor para ser nuestro hermano bien ser-
vido, es V. Alt", por lo que aqui la aman y la respetan, que es
cierto infinito. Y yo, quanto â mi, entre V. Alt' y la empera-
niz, que sera lamhien buena, crco que ba de corrcr cl dado...
De Marche, â 17 de bebrero 1577.
Bcsa las manos de V. Alt'' su mayor scrvidor
y obcdiente hermano,
Don Ju° de Aisthia.
A ta scrcnisiina sciiora inadamu de Austria, mi hcrinaHa
ij >ienora , en sa mano.
N" XIX.
Screnisima Seiïora , Dios sabc la pcna cpie siciilo de no
baver scrito y scrivir â Vuestra Allcza cada dia; pcro el es
tesligo que no a sido ni es mas en mi mano, porquc, demas
de faltar de todo punto el tiempo, falta tambicn la scguridad
de caminos, y sobran los inconvenientes que de entender
esta gcnte que escrivo en esta Icngua nacerian, scgun esta
sospecbosa. Lo que tengo que afiadir â lo que digo en esa olra t
carta es que este cuerpo va espirando muy â pricsa , sin que ^
basicningun remediode quantos le eai)licado para restaurarlo,
porquc cl [)rincipe d Orange a rcspondido al duquc d'Arcscolt
y â mosiur de Verges que lo prin)cro (jue se a de bazer es
entregarle à su bijo yestados, con Utrcc y Amsterdam, que
dize son con|)rendidas en su govicrno de Glanda; ([uc dcs-
|)ues cl cumplira; y ])or otra pai'tc a dicbo (pic es dos vczcs
c.ilvinisla, i'w la cabcça y en cl coraçon, y ({uc de lo (pic licnc
( 101» )
ni (!<• lo que se le enlregnrc no rcstiliiyra nmh . i)or(iiic va
(jiic (lo mi se podria fiar, de Sn Mageslàd no lo iiarâ jamas,
liaviéndole cngafiado tanlas vczcs. ïicnc miiy ieslreelia Ans-
lerdan; y liaviendo ocurrido, por parle de aquella villa, â
pedir socorro para defendcrse y conservarsc en religion y
obediencia, dizcn los estados que eonviene que se le entregue ,
pues no tienen posibilidad para tomar las armas contra cl
principe d'Orange, y en lo mismo concurren los del consejo,
sin embargo de que veen que anda mas hazerse seîior de todo,
y que con aquel lugar lo sera presto. Lo quai y ver que no ay
ninguno que me ayudc, antes parccc que lodos se concierlan
â contradezir lo que propongo, me haze créer que lodos
sigucn un camino. E venido aqui â tralar del negocio de los
Alamanes, los quales quiercn ser pagados y tienen razon, }
los estados dizen que, si no salen con dos pagas en dinero y
luia en pano y obligacion de pagarles lo dcmas en quairo
anos, que los degollarân y llaniarân para (llo al pri!U'ij)e de
Orange. Y assi espcro cada ora oyr que an rolto, y no se que
es lo que en tan terrible trance tengo de lîazer , porque
neutral no puedo estar, y si tonio la parle de los estados,
vengo â tomar la del principe d'Orange, pues se a de hazer
la guerra con sus fuerças, y el buen succsso desla a de ser en
su beneficio, qucdando como quedarà todo â su dispusicion.
Si me arrimo â los Alamanes, harân prenda de mi por lo que
se les deve. Si me salgo, dexaré â mis criados en cl marlirio,
demas de que esto tiene mucha dificultad. Y asi lengo ncccsi-
dad de que Dios me inspire para acertar ; y si vicne â descon-
ccrtarse con los Alamanes, sucede este ynconveniente. No es
menor el que se espéra de concertarse, pues se entiende por
cosa cierta que, à la ora que salgan de las plaças que tienen , se
pcrderâ de todo punto la religion y la obediencia de Su Ma-
geslàd. Quedo despachando al secretario Escobcdo : quiera
Dios i{ue el remedio sea â liempo. Y él ^abc lo que nie pesa de
embiar â Vucslra Alteza tan rnynes nuebas : pero pucdesc
( HO)
consûlnr con que no me a qiiedado cosa por ha/er de quanlo
c cnlejidido para remcdiar por blandura este dano, pasando
por todo lo que an qucrido dezir y bazer, liasla sufrir en
Brusclas que mos' de Esc no quisiesc venir llarnândole, y que
cl magistrado de aquella \il!a hiziese lo misnio, dizicndo que
no era coslumbre bablarle sino en la easa délia
De Malinas, â 19 de junio 1577
Don Ju" de Austria.
N» XX.
Serenisima Senora, ya V. AU' abrâ entendido, por lo que
le screvi eon dos correos que parlieron de Malinas â 20 de
junio y â G del présente, el mal estado en que quedava lo de
aqui, y quan différente es el fructo cbc produze la paz del que
se pensé. Despues tuve en un mismo tiempo quatro avisos
conformes, aunque por diversas vias, que la exccucion de
prcndcrme andava ya tan cerca que, si no me ponia en salvo,
luego abria effecto, pues para ello se bavian ligado con el de
Oranges los cstados de Brabante y mucbos de los pensionarios
de las villas, los condes de Agamon , Lalain, Xampaîîi, Cape,
Esc, Verscl, Uamandosc los contrajuanistas, y que y ban po-
niendo el regimiento de Valones de Xampaîïi y los del condc
de Agamont y mos' de ïïesc poV todos los contornos de Ma-
linas, à tal que por ninguna parte me pudiesse escapar.
Visto esto y que la princcsa de Bearne venia â la fuente de
bcja y bavia de passar por este lugar, me resolvi de venirmc
â él con cl color de recevirla aqui; y assi me parti â los 14 del
présente. Llegue a los 15; y aunque traya conccriado con mos""
de Yergcs y sus bermanos, que son los (juc piimero se an de-
clarado en scrvicio de Su Mag'^ y por cuyo consejo me govicrno
t'JI
( m )
cslas iiovedacU's, de apodL'rarme lucgo por sii mcdio y cou
cslralagema destc caslillo, parcciô (luc cra bien dexarlo para
dcspiies que la diclia princesa fucssc paiiida de aqiii, \)ov
hazcr eon ella el cuniplimienlo que era razon, y no dar causa
de desden al rey su lierinano. Ella llegù â los 20; y liaviendo
j)roeurado de regalarla lo mejor que pude, se parliô â los 23.
En este tiempo fueron eontinuando los avisos de que me
pusiesse en salvo; y particularmente tuve dos, que el priniero
dezia que en ninguna nianera diesse la vuella â Brabanle, por-
quc en la primera villa que entrasse séria preso y degollados
los que me seguian, el segundo que no solamente no volviesse
atras, pero que aun desîa \illa me convenia salir luego, por-
quc sin duda se liaria en ella lo mismo que se pensava hazer
fuera, y que, en un banqueté que los de la liga bavian beebo
en Bruseles, acordaron que todos los contrajuanistas truxcssen
las gorrascliatas para que fuessen conoscidos.
Con el fin que digo de apoderarme deste castillo, ecbé voz
([ue, anles de partir de Namur, queria hazer una caca y la aplazc
para los 24. Este dia, por la maîîana, sali con loi cavalleros que
me siguen, la mayor parte de mis lacayos y mi guardia de
Alemanes, y llevando delante quasi todos los que me acom-
paîïavan de los payses. Y yendo por la cal le, al tiempo que me
afronté con la puerta del castillo que sale à la villa , volvi la
rienda; y con tencr mos"^ de Yerge y cl conde de Mega su
bcrmano la puerta abierla, como qu»? me aguardavan alli i)ara
yr conmigo â caca, entré denlro con una parte de mi guardia
y de mis criados, antes que los del pays (que yban como digo
delante) llegassen, escelo el duque de Arescot, que yba â mi
lado. Vinicron lucgo. Llamélos â él, al principe de Ximay, su
bijo, los coudes de Arambergha, de Ruz y de Foquenberga,
marqués de Varanbon , mos"" de Resinguien, mos' de Gomi-
curt, mos"^ de Floyon , y mos' de Leques, y les dixe que ya
havian visto quantos travajos, indccencias y peligros bavi'a
passado y sufrido por el bien, quielud y sossiego dest(»s
( H2 )
payses, pensando sacar de todo cl fructo , que con muelia
razon dévia esperar, de que junto eon reduzirse las cosas
del govierno a su antiguo ser y buena ôrden, hizieran io
mismo las que locavan â la religion calholica romaua y â la
obediencia de Su Magestad; que ellos sabiaii que para este
lin no bavia dexado remedio pop provar de blandura, bene-
gnidad y clemencia, y que esto no solo no bavia movido los
âuimos â abraçar, eomo devieran, tan grande beneficio, nias
que en lugar de bazerlo y de mostrar gratilud â la volunlad y
aflficion con que yo me cmplcava en cllo, andavan niuclios
niaquinando y baziendo ligas contra mi para prcnderme,
como el mismo duque me lo bavia diclio, y ellos devian tcner
entendido; que viendo esto y que los malos prevalecian, la
religion yba cada dia de mal en peor, la justicia no ténia su
lugar, yo no era obedeeido para remediar ninguna de las cosas
que tanta necessidad tenian de remedio, y en fin que ni el
principe de Oranges ni los estados pensavan cumplir lo que
estavan obligados, antes hazian gran fuerça para echar los
Alemanes, por podcr de todo punto quedar libres y Su Ma-
gestad impossibilitado de recobrar los payses, me bavia re-
suelto de poner mi persona en salvo, para poder governar
con la auctoridad y seguridad que convenia, defendiendo reli-
gion y obediencia contra los que pretendiessen salir dclla;
que como los estados cumpliessen en esta parte con su obliga-
cion, yo no moveria armas contra ellos, antes las volveria en
su favor, si fuesse necessario, y que pues tenian en su mano
la paz y la guerra, podrian escoger lo que le pareciessc; que
tan aparejado me liallavan para lo uno como para lo olro, }
quiea mas apercevido para lo i)Ostrero de lo que pensavan;
que aunque yo ténia del duque y de los demas que estavan
présentes la con fiança que Su Magestad me bavia mandado
biziese dellos, y la que sus obras y el baverme siempre
scguido me obligava, y assi esperava que, cumpliendo con
sus obligacioncs y siguiendo las pisadas de sus passados, me
jissiiUiriiin y nyiidaiian cii demanda tan sanla } jnsta , todavia
liolgaria de saber la intencion de eadauno, y que assi les
l)cdia que, despucs de havcr pcnsado en ello , me dixcssc
eadauno Jibremente su voluntad, entendiendo que yo no
liavia de forear â nadie, pero que se desenganassen (I) que de
oy mas tomasse la parte de Orange ô de los estados contra
cl servicio de Su Magestad séria declarado y tenido por re-
helde y eomo tal tratado y castigado, y contra los que me
acudiesen no solo podrian estar seguros de no recevir dano
ninguno por cosa passada liasta agora, pero que en honras y
en favores serian acreseentados, y que desto yo les dava la
palabra y, si fuesse mencster, la propia vida; que à esto les
rogava diesscn crédito , y no â lo que malinlcncionados les
dirian.
Rcspondiô el duque que él serviria â Dios y â Su Magestad
como siempre lo liavia hecbo, y que séria el primero que mo-
riria â mis pics; y lo mismo dixeron los demas, porquc son
lo> en quien e conoseido siempre desco de servir â Su Ma-
gestad. E despacbado à las villas, scriviëndoles en la misma
conformidad, para entender lo que pucdo esperar d'ellas, y â
los governadores de provincias que vengan luego aqni , por ver
si obedecen mejor que por lo passado
Dios sabe lo que e sentido Ilegar â estos términos; pero
V. Alt^, con su mucha prudcncia , podrâ considerar quan
forçoso a sido lo que e hccho.
Del castillo de \amur, â 26 do julio r)77.......
Don Jl- de Austhia.
(I) Lo copislo (loi! avoir omis ici quci(Hics mots.
^'"'" sKitiF, , To^jr. wvn,
(111)
N" XXI.
(Aulogiaplio.)
Seiiorn, en siistancia avemos caydo en iina terrible iiiii-
danea, y tanlo que no me falta sino verme ecreado aqui,
adonde no se puede ganar ninguna lionrra. Pero yo espeio
miiv presto el tiempo de cantar otra cancion eontra los deela-
rados reljcldes â su Dios y tyranos a su rey , por darse de todo
punto al mayor bellaco de la tierra, que es el de Oranges, con
cl quai se eorresponden de nianera que le llaman padre y
libertador, y obedecen sus mandamienlos eomo sus esclavos, y
lus de Su Magestad aborrecen y desacatan eomo a su propio
nombre Ellos al fin quieren de todo punto lo que aquel
bellaco quicre, que es libcrtad en todo, y no quieren Dios ni
rey, ni aun pcnsaren ello, salvo algunos que me siguen y me-
rceen lo que â honrradisimos cavalleros y leales vasallos se
deve.. ..
Del castillo de Namur, à 8 de agosto 1577, eon un regi-
raicnlo de Alemanes amotinados a las puertas de la villa, y el
pueblo easi en arma, y yo eomo sitiado
Don Ju" de Austria.
— M. Roulez remet la notice qu'il a consacrée à la vie
el aux travaux de feu M Baguet; la classe le remercie pour
ce document, qui prendra place ônnsVAtuniairp de ISIO.
( iio )
CLASSE DES BEAUX-ARTS.
Séance (/il 1 jancier 1809.
M. F.-J. Fétis , directeur et président de rAcadémie.
M. Ad. Quetelet, secrétaire perpétuel.
Sont présenls : MM. L Alvii), De Keyser, Guillaume
Gcefs, A. Van Hasselt , J. Gecfs, Ferd. De Braekeleci',
G.-A. Fraikin, Ed. Fétis, Edm. De Busscher, J. Portaels,
Alpli. Balat, Aug. Payen, le chevalier L. de Burbure,
J. Franck, Gust. De Man , Ad. Siret, Julien Leclercq,
membres.
M. Ed. Mailly, correspondant de la classe des sciences,
assiste à la séance.
COBBESPONDANCE.
M. le Ministre de l'intérieur transmet une expédition de
l'arrêté royal du 19 décembre 1868, qui ouvre un double
concours pour la composition d'un poëme en langue fran-
çaise et d'un poëme en langue flamande, destinés à être
mis en musique par les concurrents pour le prix de com-
position musicale de 1869 (1 ).
(1) Cet arrêté a élé publié, in extenso, dans le Moniteur du voiidrcdi
io décembre 18GS, n"560, Ô8<- année, j'aide :)GS4.
( 116)
La classe dressera, clans sa prochaine séance, la liste
double du jury composé de sept membres à nommer par
le Roi , pour juger ces poëmes.
M. le secrétaire perpétuel dépose dès à présent, pour
ce concours, une cantate française qu'il vient de recevoir
et qui porte pour titre : La Belgique. (Devise) : « Belge
est notre nom de famille. »
— Une personne se disant l'auteur du mémoire n" 5
(devise : Nul ne saurait s'illustrer indépendamment de
sacrifice), en réponse à la question concernant Quentin
Metsys, du concours de 1868, adresse une lettre destinée
à réfuter l'opinion de MM. les commissaires rapporteurs
sur le passage de ce travail concernant le caractère sym-
bolique donné aux œuvres du peintre anversois.
La classe décide, par un vole unanime, que, selon
l'esprit des règlements, elle passe à l'ordre du jour sur
cette communication.
— M. Ad. Quctelet fait hommage d'un exemplaire de
V Annuaire de VObservatoire royal pour 1869. — Remer-
cîmenls.
Il dépose, en même temps, le tome A'A'.Vr// des Mê-
moires des membres, ainsi que Y Annuaire académique de
1869, qui viennent d'être terminés.
KLECÏIOINS.
La classe avait à pourvoir au remplacement de trois de
ses associés décédés pendant le courant de l'année 1868.
Pour la place vacante dans la section de peinture.
(117 )
par la mort de M. Fr.-Kd. Pkot, décédé en mars 1868,
les suffrages se sont portés sur M. J.-L.-E. Meissonimer,
peintre, à Paris.
Pour la place vacante dans la section de sculpture,
par la mort de M. Louis Royer, décédé le 5 juin 1868,
les suffrages se sont portés sur M. A.-L. Barye, statuaire,
à Paris.
Pour la place vacante dans la section des sciences et des
lettres dans leurs rapports avec les beaux-arts , par la
mort de M. Gustave Waagen, décédé le lo juillet 1868,
les voix se sont portées sur M. T. Van Westrheene, lit-
térateur, à La Haye.
— Conformément à l'article 8 du Règlement général ,
elle a ensuite appelé, par vote, M. Gh.-A. Fraikin, à rem-
plir les fonctions de directeur pour 1870.
M. F.-J. Fétis, directeur sortant, saisit cette occasion
pour remercier ses confrères de la bienveillance qui lui
a été témoignée pendant l'exercice de ses fonctions, et
il installe M. A. De Keyser, directeur pour l'année actuelle.
Celui-ci a remercié à son tour M. F.-J. Fétis, au nom de
la classe, pour la manière dont il a dirigé ses travaux, et
invite M. Fraikin à venir prendre place au bureau.
— La commission spéciale des finances de la classe,
composée en 1868 de 3IM. L. Alvin, F.-J. Fétis, Fraikin,
G. Geefs et Partoes, a , par acclamation , été invitée à con-
tinuer son mandat pendant l'année 1869.
( 118
CAISSE CENTRALE DES ARTISTES BELGES.
M. L. Alviii donne, en sa qualité de trésorier de la caisse,
connaissance de la situation iinancière de cette institution ,
au 51 décembre dernier.
L'avoir général, à cette époque, s'élève à fr. 144,785 78 c%
dont 144,600 francs sont placés en rentes belges et donnent
fr. 6,504 50 C, d'intérêts annuels. La progression sur
1867 est, par conséquent, de fr. 419 25 c' d'intérêts.
Des remercîments sont adressés à M. Alvin pour les
soins qu'il donne à la gestion des finances de la caisse.
COMMUISICATIONS ET LECTURES.
M. Edouard Félis donne lecture de la cinquième partie
de son travail, sur Vart^ ses tendances ^ ses effets et son
influence sur la société. Cette partie, concernant spéciale-
ment les applications de l'art à l'industrie, est réservée
pour l'impression lorsque l'ensemble de ce travail aura été
communiqué.
( ll^J )
OUVRAGES PRÉSENTÉS.
Quetelet {AcL). — Physique sociale ou Essai sur le dëvelop-
l)cment des facultés de l'homme. Tome P". Bruxelles, 1809;
1 vol. in-8".
Quetelet {Ad.). — Annuaire de lObservatoire royal de
Bruxelles, 1809, Ô6""^ année. Bruxelles, 1809; 1 vol. in-12.
Juste {Théodore). — Memoirs of Leopold I, King of ihe
Belgians. From unpublished documents : authorized transla-
tion, by Robert Black. Londres, 1808; 2 vol. in -8".
Van Beneden {P.-J.). — Discours prononcé à la salle des
promotions, le 22 janvier 1808, après les obsèques de M. H.-J.
Kumps, professeur à la faculté des sciences de l'Université ca-
tholique de Louvain. Louvain, 1809; in- 12.
Chalon {[{.). — Curiosités numismatiques. 3Ionnaies rares
ou inédites, ll""^ article. Bruxelles, 1809; in-8°.
Morren [Éd.). — Marie-Anne Libert de Malmédy, sa vie et ses
œuvres. Gand, 1808; in-S".
Commissio?is royales d'art et d'archéologie. — Bulletin,
y""" année, septembre et octobre. Bruxelles, 1808; in-8°.
Académie d'archéologie de Belgique. — Annales, 24"''' année,
2"^'^ série, tome IV, 4""^ livr. Anvers, 1808; cah. in-8°.
Société royale de numismatique à Bruxelles. — Revue de la
numismatique belge, a""" série, tome 1, 1'^ livr. Bruxelles, 1809;
in-8".
Société des Bibliophiles de Belgique. — Le Bibliophile belge,
3'"'' année, n" 5. Bruxelles, 1808; in-8".
Revue de l'instruction publique en Belgique , 10"'' année,
V)"'' livr. Gand, 1868; in-8°.
Messager des sciences Itistoriques ou ((rchives des arts et de
la bibliographie de lîelgique, 1808, 4"" li\r. Gand; in-8''.
( 1:20 )
Salon de Garni, 186S. Gand , 1808; cah. in-4".
Essai de tablettes liégeoises, par Alb. d'Otreppe de Bou-
velte, 88'"^ livr. Liège, 1869; in-12.
Broeckx [C). — Une page de l'histoire de la pharmacie
dAnvers : la pharmacopée de 1061. Anvers, 1809; in-S".
Académie royale de médecine de Belgique. — Bulletin,
année 1868, 5™^ série , tome II , n° 10. Bruxelles, 1808; in-8".
V Abeille, revue pédagogique, publiée par Th. Braun,
l/j-""*^ année, 10'"*' à 1:2""= livr. Bruxelles, 1808; 5 cah. in-8^
La charité sur les champs de bataille ^ 4'"'= année, n° 7, jan-
vier 1809. Bruxelles; 1 feuille in-4°.
Nederduitsch letterkundig jaarboekje voor 1869, 50*'' jaarg.
Gand; in-12.
Guillaume [Vabbé L.). — Mentana, ode à Pie IX. Bruxelles,
1868; in-4°.
Revue de Belgique, \'' livr. Bruxelles, 1809; in-8".
Flora batava, afbeelding en beschrijving van nederlandsche
gewassen, aangevangen door wijlen Jan Kops, voortgezet door
F.-W. Van Eeden, aflev. 204, 205, 200, 207, titel, voorberigt,
lijst van de planten en alphabelische naamlijst van den XIII
deel. Amsterdam; 3 cah. in-4°.
Exposition universelle de 1867 à Paris. — Rapports du
jury international , publiés sous la direction de M. Michel Che-
valier. Paris, 1868 ; 1 5 vol. in-8°.
Société météorologique de France. — Annuaire, tome XV,
1807, tableaux météorologiques, feuilles 7-11; tome XVI, 1808,
tableaux météorologiques, feuilles 1-5. Bulletin des séances,
feuilles 1-5. Paris, 1868; 5 cah. in-8°.
Meurein [V ictor). — Observations météorologiques faites à
Lille pendant l'année 1800-67. Lille, 1868; in-8°.
Millien [Achille). — La légende du chanvre. Nevers , 1866;
in-8^
Itistitiit historique de France, à Paris. — L'Investigateur,
Ô5""- année, 406"'- et 407""^ livr. Paris, 1808; in-8^
( 121 )
lievHc cl miKjusin de zouloijic pure cl upplnjucc cl de scrici-
r H liiire comparée, parM.F.-E. Guérin-MéncNilIc, 1808, ii">i2.
l*aris; in-8°.
Sociêlê des sciences jihysiques el niilurelles de Bordeaux. —
Mémoiros,lomc VI, î^*"' cahier. Ïiortloaux-Paris, 18()8; iii-8".
Sociélé humanitaire du sud-ouesl de la France. — Coiiïptcs
rendus, séances du 1" octobre, du 8 octobre et du o no-
vembre 1808. Bordeaux, 1809: in-8«.
Société impériale des sciences de Lille. — Séance publique
du 27 décembre 1808. Lille, 1808;in-/i^
Revue britannique , nouvelle série, 8'"'^ année, n" 1-2. Paris,
1868; in-8^
Dali/ {César). — Motifs histori(iucs d'arcbiteclurc et de
sculpture dornement pour la composition et la décoration
extérieure des édifices publics et privés. Cboix de fragments
empruntés à des monuments français du commencement de la
renaissance à la fin de Louis XVI; livr. 40-47. Paris, 1869;
in-folio.
Société vaudoise des sciences naturelles à Lausanne. — Bul-
letin, vol. X, n° 60. Lausanne, 1808; in-8^
Hirsch [A.) et Plantamour (E.). —Nivellement de préci-
sion de la Suisse, exécuté par la commission géodésiquc fédé-
rale, 2"^' livr. Genève, 1868; in-4".
Société d'histoire de la Suisse romande à Lausanne. — Mé-
moires et documents, tome XXV : 3Ionuments de l'antiquité
dans l'Europe barbare, par Frédéric Troyon. Lausanne, 1808;
in-8".
Kaiserliche Akademie der Wissenschaften zu Wien. — Ma-
them.-naturw. classe, Denkschriften, XXVIll Band. Vienne,
1868; in-4°. — Silzungsberichte, jalirg.1868, P"^ abth.jânner-
marz; IP' abtli. janner-marz. Vienne, 1868; 5 cab. in-8". —
Philos, histor. classe, Denkscbriften, XVII Band. Vienne, 1868;
in-i^ — Sitzungsberichte, jahrg. 1807, november-december,
jahrg 1808, janner-marz. Vienne, 1807-1808; 4 rah. in-8". - -
( 1^22 )
Arcliiv riir ostcrreicliischc gcseliiclile, XXIX Ijaiul, i'- Hitl'lo.
Vienne, 1868, in-8°. — Tabulae codicum manu sciiplorum
l)paeter graecos et orientales in bibliotheca palalina Vindobo-
nensi asservatorum, vol. II, cod. 2001-5500. Vienne, 1868;
in-8''. — Aimanacb der K. Akad. der Wissenschaften, XVII
jnhrg. 1868. Vienne; in-12.
Kaiserliche Akademie der Wissenschaften in Wien. — -Sit-
/ung der malb.-naturw. classe, jabrg. 18(;i), n*" I, 2, 5. Vienne,
1869; 5 feuilles in-8".
Entomolofjische Vereine zu Sieltin. — Entoniologiscbe Zei-
tung, XXIX*'^' jabrg. Stellin, 1808; in-8''.
honifjliche preussische Akademie der Wissenscliaflen za
Uerlitt. — Monalsbericbt , noveniber-deceniber 1868. Berlin,
1868; 2 cali. in-8°.
Xalurwissenschafflicher Vereins far Slcierinark zu Graz.
— MiUheilungen, V lieft. Gralz, 1868; in-8".
Kaisérliclie-Koni(jliclte geolo()ische Reidisanslall zu Wien.
— Jabrbueb, jabrg. 1868, XVIII Band, n"' 5-i. Vienne, 1868;
i> cab. gr. in-4". — Verbandiungen, 1868, n°' 11-18. Vienne,
1868 ; 2 cab. gr. in-8".
Vereins far Erdkande and verwandle Wissenschaften za
Darnisladt and des nnltelrheinischen geulocjischen Vereins.
— XotizblaU, III folge, VI Ileft, n'" 6l-7:>. Darmstadl, 1867;
in-8°.
Vereins far Erdkunde za Dresden. — IV und V Jabresbe-
richt. Dresde, 1868; in-8^
Jnstas Perllies' Geographischer Ansfalt zu Gotha. — Mil-
llieilungen iibei* wiebtige neue erforscbungen auf dcni ge-
sarningebiete der Geograpbie von Dr. A. Petei'inanji, 18()8, XII
und Erganzungsbeft n° 25. Golba, 1868; 2 cab. in-8 .
Heidelbercfer Jahrhacher der Literatar anter niitwirkung
der vier FacaltlUen, LXI jabrgang, 9-11 Ileft. Ileidelberg, 1868;
5 cab. in-8^
Asiraaoïaj'srhcr Gcscl/silta.ft za Leipzig. - Vi<'i'I,clj;dii-s-
( l^^-J )
sflirill. III Jîthig., ô llciL — Ncne lluirsliil'clii. von Dr. V.-K. \ou
Aslcn. Lcipzii;, l<S08; "^ cali. in-8".
Halni [daroln.s) et Lauhmium {(Mcorijius). — CaLalogus i-o-
tlicum lalinoriiiii l)ibli()lliccac rogiacMonacciisiSjlomi I,pars I .
(>()dicesNum. 1-^5^9 coinplcclcns. Munich, 18G8; in-8".
Konigl. bayer. Akademie der Wissenscliaften zu Milnchen.
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Kotigelicje rrederiks Universital i Krislianin. — Fortcg-
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Ilegisire (il Chrisliania videnskab.sselskabs Forlumdtingcr,
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Tre Akademiske Taler paa Universiltlcts Aarsfesl den 2
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Selje Kloslerleiniuger. — Indhercining oni aniikvariske
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The anierican journal of science and arts, second séries,
vol. XVLI, ir 158. New-llaven, 1868; in-8°.
BULLETIN
DE
L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES,
DES
LETTRES ET DES BEACX-ARTS DE BELGIQUE.
i869. — N« 2.
CLASSE DES SCIEl^CES,
Séance du 6 février 1869.
M. Dewalqce, vice-directeur, occupe le fauleuil.
Sont présents : MM. d'Omalius, C. Wesmael , J.-S. Stas,
\.. De Roninck, P.-J. Van Beiieden, Nercnburgcr, Liagro,
Dupiez, Poelman, Spring, Gloesener , Candèze, Donnv,
Montigny, Steichen, membres; Lacordaire, E. Catalan,
associés; Morren, L. Henry, Malaise, Dupont, Ed, Mailly
et Briart, correspondants.
S""" SÉRIE, TOME XXVII. 9
( '126 )
CORRESPONDANCE.
M. Dewalqiie fait connaître que M. Quetelet, par suite
d'un douloureux événement de famille, ne viendra pas rem-
plir ses fonctions de secrétaire perpétuel. M. De Koninck
prie le bureau d'être, en cette circonstance, auprès de
M. Quetelet, l'interprète des sentiments de la classe;
celle-ci décide, à la demande de M. d'Omalius, qu'elle se
rendra, après la séance, chez l'honorable secrétaire, alin
de lui témoigner combien elle est sensible à la perte
cruelle qu'il vient d'éprouver.
— H est donné connaissance qu'une lettre du palais a
invité M. le président de l'Académie à assister aux funé-
railles de S. A. R. le duc de Brabant, qui ont eu lieu à
Laeken le 25 janvier. M. le gouverneur de la province a
informé ensuite la Compagnie qu'un service funèbre serait
célébré le 27 janvier, à i 1 heures, dans l'église des SS. Mi-
chel et Gudule, pour le prince royal. M. le président de
l'Académie, accompagné des directeurs des deux autres
classes et d'une députation d'académiciens, a représenté
la Compagnie à cette cérémonie. La classe des lettres, qui
s'est réunie lundi dernier, pressentant les intentions des
classes des beaux-arts et des sciences, a prié M. le prési-
dent de l'Académie, conjointement avec M. le secrétaire
perpétuel, d'adresser une lettre de condoléance à la Famille *j
Royale. La classe des sciences , ainsi que la classe des beaux-
arts, qui s'est associée dans sa séance de jeudi à cette dé-
marche, partage les sentiments exprimés au Roi en cette
circonstance.
( 127 )
— M. le Ministre de l'intérieur transmet une ordon-
nance de payement de !25,7o0 francs, à litre de première
moitié de la dotation académique pour 1809.
— Ce haut fonctionnaire offre les livraisons 204 à 207,
ainsi que les titres et tables du treizième volume de la
Flora batava. — Remercîments."
— M. Paolo Savi remercie pour son élection d'associé.
— MM. le général Baeyer et Rirchhoff accusent réception
de leur diplôme d'associé et expriment le désir de recevoir
les Bulletins et Y Annuaire.
— La commission impériale de l'exposition universelle
de 1867 fait hommage d'un exemplaire, en treize volumes,
(lu rapport du jury international. — Remercîments.
— L'Institut géologique de Vienne et l'Observatoire de
Kremsmunster remercient pour l'envoi des dernières pu-
blications académiques.
— M. F. Michel adresse le résumé de ses observations
météorologiques faites à Ostende en 1868. — Réservé pour
les phénomènes périodiques.
— M. Ch. Cooraans communique une liste d'orages ob-
servés à Anvers en 1868.
— M. l'ingénieur Manilius envoie un exemplaire d'une
note imprimée, intitulée : Démonstration de la conception
infinitésimale de Poisson ^ avec prière d'examen. — Il sera
répondu que l'Académie ne fait pas de rapport sur les tra-
vaux imprimés.
( 128 )
— M. Ph. Gilbert, chargé par la famille de feu M. Pa-
gani d'examiner quelques travaux manuscrits délaissés par
cet académicien, prie la classe d'accepter ces pièces, qui
se composent de :
l'' Fragments de mémoires sur les théories fondamen^
taies de V algèbre;
â'* Fragments de mémoires sur le calcul des variations ,
sur V intégration des équations du mouvement vibratoire
d'un fluide homogène , etc. ;
5" Fragment d'une histoire des sciences physiciues et
mathématiques ;
4° Notes pour un cours de mécanique céleste, d'autres
relatives aux fonctions elliptiques ; et enfin des notes ma-
nuscrites sur des sujets variés, qui ne présentent pas un
tout régulier;
5° Notes sur un voyage scientifique en Angleterre.
La classe remercie M. Gilbert pour ce don et le prie
d'être son organe auprès de la famille de M. Pagani; elle
décide ensuite que ces pièces seront placées dans les ar-
chives académiques et que leur énumération sera inscrite
dans les Bulletins.
— M. Devvalque dépose un billet cacheté. — Cette pièce,
contresignée par M. Spring, directeur de l'année précé-
dente, est réservée pour les archives.
— Les travaux manuscrits suivants sont ensuite pré-
sentés : *
V Essai sur quelques questions élémentaires de méca-
nique physique^ par M. Steichen. (Commissaires : MM. Ca-
talan, Gilbert et Gloesener.)
( m )
i2" Hechcrc/ies sur la consercaliou du bois au moyeu du
sulfate de cuivre, [)ar M. lIotlicM'. (Commissaires : MM. Mcl-
sciis, De Koninck et Mans.)
CONCOURS DE 1870.
La classe adopte la question suivante pour le contours
de 1870:
Faire conuailre^ uolaitirneut au point de rue de leur
coniposition, les roches plulonienues , ou considérées
comme telles, de la BeU/ique et de l'Ardeuue française.
Cette question sera la sixième du programme de cette
année.
La classe réserve l'adoption de la cinquième question
jusqu'à la prochaine séance.
RAPPORTS.
Mémoire sur une transformation rjéométriqne et sur la
surface des ondes , par M. Ë. Catalan.
itappofl de M. €iiibe»'t.
« Notre confrère, M. Catalan, s'est proposé, dans le
mémoire dont je vais entretenir la classe, d'étudier d'une
manière plus complète qu'on ne l'a fait jusqu'ici, une cer-
taine transformation géométrique susceptible d'applica-
tions intéressantes, surtout à la recherche des propriétés
de la surface des ondes.
( 130 )
On sait quelle importance extrême les méthodes de
transformation des figures ont prise aujourd'hui dans la
géométrie, et la raison en est simple : lorsque l'on trans-
forme, par une méthode déterminée, une ligne ou une
surface, les relations générales qui découlent du principe
môme de la méthode transforment chaque propriété de la
ligure primitive, quelle que soit la nature particulière de
celle-ci , en une propriété de la figure dérivée. On peut
donc tirer immédiatement les propriétés essentielles de
cette dernière figure de celles de la figure primitive, qui
sont déjà connues, et se dispenser en quelque sorte de
l'étudier en elle-même, ce qui serait, dans bien des cas,
beaucoup plus difficile. C'est ainsi que la transformation
homographique du cercle donnant toutes les sections co-
niques, la propriété du cercle, d'avoir les tangentes aux
extrémités d'un même diamètre parallèles entre elles ,
devient la propriété fondamentale des polafres dans les
coniques.
Un principe de transformation apparaît ainsi comme
une source intarissable de théorèmes nouveaux, et pré-
sente d'ailleurs cet avantage précieux, de grouper toutes
les propriétés des figures autour de quelques lois géné-
rales, de servir ainsi de fil- conducteur dans le champ,
chaque jour plus vaste, des découvertes géométriques.
L'homographie, la perspective, la transformation par
rayons recteurs réciproques, par la théorie -des polaires
réciproques, telles sont quelques-unes de ces méthodes,
qui sont devenues, de nos jours, l'objet de travaux mémo-
rables.
La transformation que M. Catalan étudie dans son mé-
moire repose sur ce principe \ Par un point fixe 0, et dans
le pla}i passani par la normale \\\\\ en an point qael-
( 131 )
conque m d'une surface donnée s, on mène la droite OM,
ér/ale et perpendiculaire à Oni. Le lieu géoméirique du
point M est une noucelle surface S, dérivée de la surface
primitive s.
L'auteur établit d'abord les relations analytiques qui
servent à passer d'un point quelconque au point corres-
pondant, et, par suite, de l'équation de la surface primi-
tive à celle de sa transformée. Il tire de ces relations, par
une analyse aussi simple qu'élégante , le théorème suivant :
Les normales, en deux points correspondants des sur-
faces s e/ S, sont dans le plan des rayons vecteurs de ces
points, et sont perpendicukiires l'une à Vautre; d'où il
suit que la surface primitive se tire de sa transformée
comme celle-ci de la première; c'est pourquoi M. Catalan
les nomme surfaces conjuguées.
Ce théorème, qui joue un rôle capital dans le Mémoire,
et auquel notre confrère était arrivé dès 1860, se trouve
démontré, comme il en fait la remarque, dans le Traité
de calcul différentiel de M. Bertrand, qui en donne deux
démonstrations, l'une par la géométrie, l'autre par l'ana-
lyse (*). Mais le théorème me paraît beaucoup plus an-
cien. Dès 1850, M. Mac-Cullagh, dans un mémoire sur la
double réfraction ('*), avait déduit cette proposition de
pures considérations géométriques; il ne ra\ait appliquée,
il est vrai, qu'à la surface des ondes tirée de l'ellipsoïde,
mais M. Salmon a fait voir ("*) que sa démonstration est
C) T. I, pp. 18 et 102.
(**) On Ihe double réfraction of light in a crustallized médium , by
.lames Mac-Cullagli, dans les Transnc (ions of (lie Boi/al Irisli Academy,
vol XVI, 2*^ pari., p. G5.
I***^ Analijlic Gcomclni of l/irce dimensions. Dublin. 1865, |t. 590.
( 152 )
tout à fait générale et indépendante de la forme de la
surface primitive. Remarquons ici que M. Salmon a aussi
considéré, sous un autre point de vue, les surfaces coîjy?«-
giiéeSj qu'il appelle surfaces apsidales : on voit sans peine,
en effet, que tout rayon Om de la surface s est un rayon
maximum ou minimum de la section plane, dont le plan
est perpendiculaire à celui qui passe par la normale mn et
le rayon Om. D'où il suit que si l'on coupe la surface par
un plan quelconque passant par le pôle 0, et si l'on prend
sur la normale à ce plan menée par le pôle des longueurs
égales aux rayons maxima et minima de cette section, le
lieu des points obtenus par cette construction n'est autre
que la surface S, conjuguée de s. Cette considération
conduit fort simplement, comme M. Salmon le fait voir, à
l'équation de la surface conjuguée (*).
M. Catalan donne .plusieurs exemples de lieux conju-
gués : il montre que la conjuguée d'un plan est un cylindre
de révolution; celle de la sphère, un tore; celle d'une sur-
face de révolution , une autre surface de révolution autour
du même axe, etc.. Il étudie aussi la transformation des
points et des lignes : un point se transforme en un cercle;
une courbe, en une surface cyclique, lieu d'un cercle va-
riable dont le centre est au pôle. A cet égard, on doit re-
marquer que chaque point de la courbe a pour conjugué
un cercle de la cyclique, sauf lorsque le plan normal
passe par le pôle, auquel cas la ligne conjuguée se réduit
à deux points, ce qui interrompt la continuité. De même,
si l'on regarde une courbe comme l'intersection de deux
surfaces, elle présente deux transformées différentes.
C) Ihiri, p. Ô89.
( 153 )
selon qu'on la regarde comme située sur la première ou
sur la seconde. Ce sont là des imperfections qui paraissent
inhérentes à la nature même de la méthode de transfor-
mation , et il semble bien difUcile de l'en dégager.
M. Catalan a tiré de son théorème fondamental plu-
sieurs propositions générales très-fécondes, telles que
celle-ci, qu'il démontre fort simplement : La conjuguée de
renveloppe cVune surface est l'enveloppe de la conjuguée
de cette surface; et ici se réalise bien ce que je disais plus
haut de l'utilité des modes de transformation, car cette
propriété, inhérente au principe même de la méthode,
conduit notre confrère à un grand nombre de consé-
quences, dont la démonstration directe serait peut-être
inabordable. Par exemple : la surface conjuguée de la
cgclide, enveloppe de la sphère tangente à trois sphères
données, est elle-même Tcnveloppe d'un certain tore, etc.
Signalons encore ces propriétés générales qui font l'objet
du chapitre IV : Les conjuguées des surfaces parallèles
sont des surfaces parallèles; — les podaires de deux sur-
faces conjuguées sont conjuguées ; — deux surfaces réci-
proques ont pour conjuguées deux autres surfaces récipro-
ques ; et enfin celle-ci, qui est une conséquence évidente
des deux dernières, et que M. Salmon a déjà publiée f) :
La polaire réciproque de la conjuguée d'une surface,
relativement au pôle de transformation , est la conjuguée
de la polaire réciproque de cette surface ("). M. Catalan ap-
(*) Anahjtic Geometnj of three dimensions, p. -465.
(**) Il n'est peut-être pas inutile d'observer que ces théorèmes peuvent
encore être généralisés et compris dans renoncé suivant: Si chaque point
(l'une surface B se détermine , au moyen d'un point dune surface A , du
plan tangent en ce point , et du pôle 0; et si la normale à la surface
( 154 )
plique CCS Ihcorômcs généraux à divers exemples remar-
quables, et traite par l'analyse un bon nombre de ques-
tions qui s'y rattachent.
L'auteur a consacré un chapitre spécial à l'étude de
certaines singularités des surfaces conjuguées, à cause de
l'importance qu'elles présentent dans la surface des ondes.
Il montre que si la surface s admet une série de normales
qui vont couper orthogonalement une droite passant par
le pôle, les points correspondants dans la surface conju-
guée ont leurs plans tangents normaux à cette droite; et
le lieu de ces points est une courbe plane. Si la courbe de
contact du cylindre de révolution et de la surface s est une
ellipse, la surface conjuguée est touchée par deux plans
symétriques, suivant deux cercles, faciles à délinir, etc..
L'application de ces propriétés générales à la surface des
ondes est évidente; M. Catalan en indique plusieurs autres
applications intéressantes.
Je passe maintenant à la seconde partie du mémoire de
notre confrère; elle roule tout entière sur la surface des
ondes.
Depuis l'époque où Fresnel , par ses considérations à la
fois hardies et naturelles qui sont un des caractères de
son génie, a découvert la surface des ondes lumineuses
dans les cristaux à deux axes optiques, cette surface a été
l'objet de bien nombreuses recherches géométriques : et
il n'existe peut-être pas, dit M. Lamé, un meilleur
exemple à choisir pour l'application de toutes les res-
sources de l'analyse et de la géométrie moderne.
transformée B ne sort pas du plan passant par le pôle et la normale à
la surface A, la conjuguée de cette transformée sera la transformée de
In rntiju(/uéc de A. Ccin ivsullo éviclemmenl du (héoiùmo fondanuMilal.
( 135 )
Rappelons brièvement que Fresnel, dans son Mémoire
sur la double réfraction (*), avait déterminé les vitesses
de propagation des ondes planes, et leurs directions de
vibration, à l'aide d'une surface du 4'"'' degré, qu'il ap-
pela surface cVélasticité. Il avait trouvé aussi que si l'on
coupe un certain ellipsoïde, ayant les mêmes axes que la
surface d'élasticité, par un plan diamétral, et si l'on élève
sur ce plan, par le centre, des perpendiculaires égales aux
demi-axes de la section, le lieu des extrémités de ces
droites est une surface du 4""" degré, qui ne diffèixî pas de
la surface des ondes; mais l'analyse à l'aide de laquelle
il établissait cette identité lui avait paru si rebutante
qu'il n'avait pu se décider à la reproduire. Ampère ('*) dé-
montra bientôt après, d'une manière directe, que l'équa-
lion de la surface des ondes, déduite des principes méca-
niques, est en effet identique à celle que Fresnel avait
si élégamment trouvée; toutefois, les calculs compliqués
d'Ampère laissaient toujours désirer une solution plus
simple. Elle fut donnée en l-SSO par M. iMac-Cullagh , qui,
dans le beau mémoire déjà cité (***), montra le premier que
la surface des ondes est l'enveloppe des plans parallèles
à une section diamétrale quelcon(|ue d'un deuxième ellip-
soïde, et situés à des distances de cette section , égales aux
valeurs réciproques des demi-axes de celle-ci. Et comme
ce second ellipsoïde est polaire réciproque de l'ellipsoïde
de Fresnel par rapport à leur centre commun, la con-
struction de Fresnel se trouvait démontrée géométrique-
{*) Mémoires de l'Inslitut, Académie des sciences, t. VII , 18^"
(**) Annales de physique et de chimie, t. XXXIX, p. 11.3.
C**) Trans. oflhe B. Irish Arad.. vol. XVI , j» 65.
( 136)
ment. Dans ce même mémoire, M. Mac-Cullagh déduisit
des propriétés de l'ellipsoïde, fort simplement, les impor-
tantes formules qui expriment les carrés des rayons de la
surface, en fonction des angles qu'ils forment avec les
axes optiques.
Par une circonstance singulière, Fresnel n'avait pas
deviné complètement la forme de la surface des ondes : la
propriété remarquable qu'elle présente d'admettre quatre
points coniques, où le lieu des tangentes à la surface est un
cône du second degré, et quatre plans tangents singuliers
qui touchent la surface suivant des cercles, avait échappé
au grand physicien. Cette découverte est due à M. Hamil-
ton (*), qui signala aussi les conséquences optiques très-
singulières qui devaient en résulter; bientôt après,
M. Lloyd (*') vérifia par l'expérience ces résultats de
l'analyse, et découvrit ainsi ces curieux phénomènes de
la réfraction conique interne et externe, l'un des plus ma-
gnifiques exemples de la puissance de la géométrie dans
la recherche des lois du monde physique. Dans le même
volume des Transaclions , M. Mac-Cullagh (**'), suivant
une marche géométrique et élégante, rattacha ces singu-
larités de l'onde aux propriétés de l'ellipsoïde.
Jusque-là personne n'avait encore indiqué une analyse
simple pour trouver directement l'équation de la surface
de l'onde, en partant de l'équation aux vitesses des ondes
planes, donnée par Fresnel. Ce pas fut fait, paraît-il , par
le D' Senf. Dans un mémoire lu à l'Académie de Beiiin
C) Tram, of the 11 Irisli Acad. , vol. XVII , p. 152.
(**) Même vol., p 1 io.
C*) p. 2.i8.
( IÔ7 )
en 1855 (*), M. Neumann a reproduit la mélhode du
D"^ Seiif, et en 1859, dans son beau Mémoire sur la pola-
risation rectiligne et la double réfraction (**), Cauchy a
tiré directement l'équation aux vitesses de la théorie des
vibrations de l'étber, et donné, pour passer de là à
l'équation de la surface des ondes, une méthode rapide et
élégante, que l'on suit généralement aujourd'hui, sauf de
légères modifications (***).
J'arrive au beau mémoire de J. Plûcker (**") sur les pro-
priétés géométriques de la surface des ondes. Considérant
à son tour les deux ellipsoïdes, celui de Fresnel et celui
de Mac-Cullagh, Piïicker montre qu'ils sont polaires réci-
proques l'un de l'autre; que la surface (^élasticité , qui,
d'après un théorème de Magnus (*'**'), est la podaire du
premier ellipsoïde, est la surface réciproque du second par
rapport au centre : d'où il déduit facilement la construc-
tion de Fresnel. H obtient, en parlant du premier ellip-
soïde, l'équation de la surface des ondes en coordonnées
ordinaires; et en partant du second, l'équation de la sur-
face en coordonnées tangentielles , c'est-à-dire une équa-
tion entre les réciproques des distances où un plan tangent
quelconque coupe les trois axes. Il détermine les points
(*) Theoretische Unlersuchung der Gesetze nach icekhen das Licht
reflectirt und gehrochen ivird {Abhandlungen der Konigl. Akademic der
Wiss., zu Berlin, 1855).
(**) Mémoires de VlnHtilut, Académie des sciences, t. XVIII , 1842.
(**") Voir Sénarmont, Journal de l'École polyt., 5d« cahier; et Ber-
trand, Traité de calcul diff., p. 10-i.
(****) Discussion de la forme générale des ondes lumineuses, Journal
de Crelle, t. XIX, p. 1.
(*****) Sam,mlung von Aufgaben und Lehrslitze ans der anal. Geom.
des Baumes, i^" partie, 1857, p. 402.
( 138 )
et les plans tangents singuliers par une analyse originale,
mais assez laborieuse. Enfin , c'est dans ce mémoire que
se trouve énoncé pour la première fois ce beau théorème :
La surface des ondes est sa propre polaire réciproque par
rapport à un troisième ellipsoïde, dont chaque axe est
moyen proportionnel entre les deux axes qui lui sont
perpendiculaires dans le premier ellipsoïde , théorème
très-important, car il relie deux à deux toutes les pro-
priétés de la surface par la théorie des polaires .récipro-
ques. Ainsi, de ce que la surface admet quatre points
coniques où le plan tangent enveloppe un cône du second
degré, on conclut que les plans polaires de ces points tou-
chent la surface suivant des courbes, lieux des pôles des
plans tangents aux points coniques; les propriétés rela-
tives aux longueurs des rayons se déduisent de celles qui
concernent la vitesse des ondes planes, etc..
Les conséquences du théorème de Plùcker,et les pro-
priétés des points conjugués sur la surface des ondes, ont
été principalement développées dans Texcellente étude
que M. Lamé a consacrée à cette surface (') : Tillustre
géomètre y expose aussi, dans une analyse simple et
élégante, les propriétés des cônes orthogonaux qui tracent
sur la surface des ondes des courbes sphériques et ellip-
soïdales.
Je signalerai enlin , pour terminer cette énumération
bien incomplète des travaux relatifs à ce sujet, un mé-
moire de M. Paul Zech, de Tubîngue ("), où les propriétés
C) Leçons sur la théorie mathématique de .ielasticité des corps
5o//de5, 18""^el 19"ie leçon. -
(**) Die Eiyeiischaften der Wellenfl'iche mitlelsl dcr hoheren Géomé-
trie abjeleitet, Journ. de C relie, l. 52, p. 215.
( i39 )
londamentales de la surface des ondes soiil déduites, par
la géométrie pure, de la considération de l'ellipsoïde
d'élasticité; et le travail récent (') où l'un des jeunes géo-
mètres français les plus pénétrants, M. Mannlieim, en
s'appuyanl sur les proj)riélés des foyers et des caractéris-
tiques d'un plan mobile, a réussi à assigner, par la géo-
métrie seule, les directions des lignes de courbure et les
centres de courbure principaux en un point quelconque de
la surface des ondes.
L'objet de la seconde partie du mémoire de M. Catalan
est d'appliquer à la surface des ondes les tbéorèmes géné-
raux obtenus dans la première, soit pour découvrir de
nouvelles propriétés de cette surface, soit pour retrouver
d'une manière plus simple celles que j'ai es'sayé de résu-
mer. Ainsi, en la considérant comme conjufjuêe de l'ellip-
soïde de Fresnel , suivant la définition adoptée par lui, il
lui suffît d'appliquer à l'ellipsoïde les formules générales
de la transformation pour tomber aussitôt sur l'équation
de la surface des ondes. Il rappelle aussi, en les simpli-
fiant, les méthodes déjà connues. Mais la surface peut être
représentée, non-seulement par une équation, mais par
des systèmes de deux équations, dans lesquelles, ainsi que
M. Lamé l'avait déjà pratiqué, certaines fonctions des
coordonnées jouent le rôle de paramètres variables. La
surface des ondes devient ainsi le lieu d'une courbe, in-
tersection de deux surfaces variables, telles qu'une sphère
et un cône; une sphère et un ellipsoïde, etc.. M. Catalan
ajoute de nouvelles combinaisons à celles que l'on con-
naissait, et, introduisant ainsi jusqu'à trois paramètres
(') Comptes rendus de V Académie des. sciences, t. LXIV, pp. 170 et 2G8.
( 140 )
variables, il parvient à exprimer les coordonnées d'un
point quelconque en fonction de deux de ces paramètres.
C'est à cette manière d'envisager la surface des ondes que
se rattachent les théorèmes de M. William Roberts, qui
sont, si je ne me trompe , au nombre des plus élégants de
cette théorie. Faisant tourner Tellipsoïde fondamental de
90° autour de son axe moyen, et prenant pour coordon-
nées les paramètres des surfaces orthogonales du second
ordre, homofocales à cet ellipsoïde ,11 a montré que la sur-
face des ondes est le lieu de l'intersection d'une sphère de
rayon variable avec les hyperboloïdes homofocaux, sa
nappe externe correspondant aux hyperboloïdes à une
nappe, sa nappe interne aux hyperboloïdes à deux nappes;
il a mis l'équation de la surface sous une forme extrême-
ment simple et de laquelle résulte ce beau théorème :
Les intersections des ellipsoïdes homofocaux par les deux
nappes de la surface des ondes sont des lignes de courbure
de ces ellipsoïdes , et des lignes de courbure de système
différent (*).
M. Catalan étudie aussi les relations remarquables qui
lient entre elles huit surfaces qui se rattachent à la ques-
tion et qui sont : les deux ellipsoïdes de Plûcker; leurs
podaires respectives, qui sont des surfaces d'élasticité;
leurs conjuguées respectives, qui sont des surfaces des
ondes; et enfin les podaires de celles-ci, qu'il appelle
surfaces des indices, par inadvertance, car la surface que
Mac-Cnllagh a caractérisée ainsi (*') n'est point la podaire
de la surface des ondes, mais sa polaire réciproque par
(') Salmon, Analytic Geomelry , etc., p. ô94.
(**) Voir Journal de math, pures et appliquées de M. Liouville, t. VII
p. 22 ri.
( Ui )
riippoil au cenlre, cl n'est autre c|ue la surface (i) de
noire confrère. Les théorèmes généraux de la première
|)nrlie lui permettent d'établir très-simplement les rela-
tions de ces surfaces entre elles.
II en est de même de la recherche des singularités sin*
lesquelles repose le phénomène de la réfraction conique :
elle a été si bien préparée par l'étude des propriétés sem-
blables et plus générales qui découlent du mode de trans-
formation, qu'il n'y a plus véritablement qu'à énoncer
les résultats. M. Catalan termine son mémoire par l'expo-
sition de diverses propriétés, les unes nouvelles, les autres
données par M. Lamé; il retrouve le théorème de Pliicker
par une voie que son élégance ne me fait pas préférer
à la marche si simple du géomètre allemand; il établit
enfin un bon nombre de relations nouvelles entre les
points conjufjués, relations qui lui seront utiles dans des
recherches ultérieures. QuW me permette toutefois de lui
faire observer qu'il n'était pas nécessaire de démontrer,
comme il le fait, que si deux points de la surface sont sur
un même rayon, il ne peut en être de même, en général,
de leurs coiijugués : cela est évident. Car il résulte de
l'équation même du plan polaire d'un point, que les plans
tangents à la surface, en ces deux points conjugués, sont
parallèles : et l'on sait déjà, par une propriété bien connue
de la surface des ondes, que les plans menés par la per-
pendiculaire abaissée du centre sur deux plans tangents
parallèles, et par leurs points de contact respectifs, sont
perpendiculaires l'im à l'autre; ce qui exclut la possibilité
que ces points de contact soient sur un même rayon.
En résumé, le mémoire de iM. Catalan présente une
étude remarquable des propriétés générales de la trans-
formation géométrique que l'auteur a considérée; il ren-
S"'*" SÉRIE, TOME XXVII. 10
( Ii2 )
Icnne des applicalioiis nombreuses el ingénieuses de ces
propriétés, principalement à la surface des ontles; il
ajoute ainsi des relations intéressantes à celles que nous
connaissions déjà dans cette surface, et présente ces der-
nières sous un point de vue nouveau. Sous ces divers rap-
ports, comme sous celui de la clarté et de l'élégance des
démonstrations, qualités auxquelles M. Catalan nous a
habitués, ce mémoire me paraît très-digne de figurer dans
les recueils de l'Académie. »
Conformément aux conclusions de ce rapport, auquel
adhèrent MM. Steichen et Nerenburger, deuxième et
troisième commissaires, la classe vote l'impression du tra-
vail de M. Catalan dans le recueil des Mémoires in-i".
Piccherches sur les sul foc panures des radicaux alcooliques;
par M. L. Henry, correspondant de l'Académie.
§tappo»*t de i7M . SI fis.
« M. Henry a présenté à la classe la continuation des
recherches qu'il a entreprises sur les sulfocyanures des
radicaux alcooliques. Dans le but de réaliser un sulfo-
cyanure pouvant, suivant l'auteur, être lapporté avec
certitude au type H^S, il a essayé de remplacer par du
cyanogène, l'hydrogène typique de l'éthyle-sulfure de mer-
cure. Dans l'espoir d'arriver à ce résultat il a fait réagir à
chaud sur ce dernier corps l'iodure de cyanogène en solu-
tion alcoolique. Du cyanogène est devenu libre et il s'est
produit du bisulfure d'éthyle. L'iodure de cyanogène se
conduit donc comme l'iode libre. On sait en effet par les
travaux de MM. Kekulé et Linnemann que l'iode Irans-
( 143 )
Unina IVlliyle-sulfnre sodiquc en bisulfure cthylique et en
iodure mé(alli(]ue. M. Henry a été plus heureux pour d'au-
tres sulfocyanures. Ainsi , par l'action d'une solution alcoo-
lique desulfocyanure de potassium sur l'iodure d'isopropyle
et sur l'isotribromliydrine, il a obtenu le sulf'ocyanure
d'isopropyle et le trisuH'ocyanure allylique, corps solide,
très-stalfle, parfaitement défini et qui est le premier sulfo-
cyanure triatomique connu. Il est également parvenu à
produire le sulfocyanure benzylique en faisant réagir le
chlorure de benzyle sur le sulfocyanure de potassium dis-
sous. Ce composé benzylique possède les propriétés com-
munes aux sulfocyanures organiques. Deux isomères du
sulfocyanure benzylique sont déjà connus; mais le corps
découvert par M. Henry se distingue par des propriétés
parfaitement tranchées qui permettent d'affirmer l'exis-
tence de ce sulfocyanure.
L'auteur fait donc connaître des corps nouveaux qui
complètent la série très-importante des composés cyani-
ques. J'ai l'honneur de proposer à la classe d'insérer le
nouveau travail de M. Henry dans le Bulletin de la séance
et de voter des remercîments à l'auteur pour sa commu-
nication. »
Mtappoâ*! tif M. tic Honincli.
a Je me joins à mon savant confrère M. Stas pour pro-
poser l'insertion de la notice de M. Henry dans les BnUe-
tins de l'Académie. »
Conformément aux conclusions de MM. les commis-
saires, la classe vote l'impression du travail de M. Henry
dans les Bulletins.
( \u
COMMUNICATIONS Eï LECTURES.
Sur los roulettes et les po'taires; par M. E. Catalan,
associé de l'Académie.
Soit une courbe ACB, roulant sur une droite lixe DE,
en entraînant un point M, de manière à lui l'aire décrire
une roulette MM'M''.... Soit ensuite PPT''... le lieu des
projections du point M sur les tangentes DCE, D'C'E',...
à la courbe ACB, c'est-à-dire la podaire du point M (sup-
posé fixe) relativement à celte courbe (supposée fixe).
Comme le fait Legendre (*) , rapportons la podaire au
point M, pris pour pôle, et à un certain axe Mj; soit
n=f((ù) réquation de cette ligne. Désignons par p, r, R les
rayons de courbure des trois courbes, aux points corres-
pondants C, M, P. Désignons encore i)ar v la droite MC.
On trouve aisément
pr=u -^~ y" , R
nu — // -
D'ailleurs,
{u'-^u'f
r = ^
u' -+- ''2u' ^ — nu"
La comparaison des deux dernières valeurs donne la
C) Traité des fonctions elliptiques y t. Il , p Ti
S«.
( H-o )
lelalioii suivaule, (jui n'a [xHit-ùlic pas été rcmaninée :
i-.i=^ (A)
On a donc ce théorème :
La nomme (') des courbures de la roulette et de la po-
daire , en deux poinls correspondants , est égale à Vinrerse
de la distance comprise entre le point décrivant la roulette
et le point où la courbe roulante touche la droite fixe.
Les applications de la lornuile (A) sont nombreuses. On
en conclut, par exemple, le théorème de Steiner, retrouvé
par MM. Mannheim et Paul Serret, puis généralisé pai-
notre confrère M. Lamarle ('*).
Sur l'addition des fonctions elliptiques de première espèce;
par M. E. Catalan, associé de l'Académie.
Legcndre fait observer qu' « une application fort sim-
ple de la trifjonométrie sphérique aurait suffi pour trou-
ccr Vintégrale aUjébrique complète de réqnation transcen-
dante
— H = 0 ). (***).
(*) Il s'agil ici , bien entendu , de somme algébrique.
(**) Journal de r École pol y tecliniqucAO»"' cahu^-v; Bulletins de l\\ca-
ItÉMIE ROYALE DE DeLGIQLE, 2« sélic, l. IV.
(**') Trailc des foncfions elliptiques, l. I, i>. :21.
( 146 )
Peut-être n'a-t-on pas fait attention à une autre interpré-
tation géométrique de cette intégrale, ou à une seconde
manière de démontrer le théorème d'Euler. L'indication
de ce procédé particulier est l'objet de la présente note.
I.
Soit l'équation
(lu dv
V \ — e^\n'a y
(1)
I — (■' siirr
que l'on peut écrire sous la l'orme abrégée et rationnelle :
(hf dv''
ir^ Y
Si l'on lait
0 -f- ;o h — ce
on change l'équation ("2) en
V {de H- dcoY = U ((/e - f/co)',
ou en
(V — U) [do' -+- do,') -t- t) (V 4- IT) de Jw = o. . . (4)
Mais
V — U = c'(sin'i/ - sin'r] == — (cos 2r — cos 2^^ ) = c/ sinO sin w, 1
2 — cos 2/< — cos 2v, • -l^)
V -f- U = 2 — c'(sirrw-t- sin'v) — 2--c' -^ 1
= 1 -4- /> ' -h (y cos e C03W ; I
( IW )
(Jonc
(•^ sin 0 sin 'o (</o- + dS) 4- 2 [ I -+- 6" -+- c" cos 0 cos <>i\ do (h = (),
ou
'sin '(?siirw(r/o'-+-r/w') -ht2[l -+-//'+c'cos0t'os:o]sin!3sinw(/0f/:j = o. ((»]
Soit maintenant :
X -+-7 y — X
i'OS e =z — ^, ('0sa;=^ — - — : ... (7)
k k
l'équation (6) devient
c ' [k" — (x — //)'] (r/x -h dijY -\- e \\e — (x -4- y)'] ((/x — dij)'
-f- 2 [{1 H- 6-^) /l'' H- e (;f — X')] [dif—dx') =0;
ou, après quelques réductions,
(k^ — c''x-) dfj' -+- ^rxijdxd)/ — (h'k' -+- c "//') dx" = 0. (8)
II.
On lire, de celte é(jualion,
Celle-ci ne diffère pas de l'équation de Clairault; en sorte
que l'intégrale des équations (8), (9) est
?/ = mx=b-l/m' — 6'; .... (10)
c
m étant la constante arbitraire.
Les droites représentées par cette équation (10) ont pour
( 148 )
enveloppe la courbe déterminée par la solution singulière
de l'équation (8); savoir
if—b'x' = k' (II)
Cette courbe est donc une hyperbole rapportée à ses axes.
Représentant par A le demi-axe transverse, on a, au lieu
de l'équation (li),
111.
On satisfait à la dernière relation en prenant
A
.i- = , y = 6Alangy;. . . . (15)
COS Y
donc l'équation (10) peut être écrite ainsi
y sin © -H hX cos j = bx (I 4)
En effet, si l'on élimine © entre cette équation (14) et
sa différentielle, on trouve
X'dij'' — X-b^Ix'' — (xdi/ — ydx)- =■ o;
ce qui ne diffère pas de la relation (8).
IV.
Dans l'intégrale (li), remplaçons x et // [)ar leurs va-
leurs tirées des équations (5) , (7); savoir :
1
X = — cA (cos 0 — cos co) = c\ siii H sin v,
ij = — rA (cos 0 -f- cos co) = c\ cos a cos v ;
I
{ I41> )
cl nous aurons, pour inléi^ralc algébrique de Téfiua-
lion (1) :
cos u cos V sin ^ h- - cos -^ = b ^\n n siii v . . (15]
LUcclivenienl, si l'on prend les lonnules
h (y
lif v = , >u\' -^ = ■ — — : 5
c cos y. ' I — c" snr fx.
(Toù résulte l'identité
6^ b^
1 — c^ sin^ [I. h' ■+- c' cos' /u. '
on retrouve l'écj nation connue :
cos u cos V — sill II SJLl c V 1 — c' siii u. = CO
s fi.
V.
Je suis arrivé à Tintégrale (lo) en cherchant à intégrer
(« ' — X-') dif -+- :2x?/ (/x- i/y/ -\- (h' — yy ') (/x ' = o. (1(5)
Si, alin de rendre cette équation homogène, on pose
X = a cos 0, ij = h cos u,
pujî
u-^ V n — r
on est conduit à
du
\/cOSU V^L'OSV
(17)
( m )
chacun des deux membres est la différentielle d'une fonc-
tion elliptique. Mais, si l'on écrit ainsi l'équation (14) :
on voit que l'intégrale des équations (16 et 17) est, si l'on
veut,
-cos.+^sin.= l: .... (19)
a ' b '
sous cette l'orme, on reconnaît que l'équation (16) appar-
tient aux tangentes à une ellipse. Remplaçant x et //par
leurs valeurs, on a cette intégrale algébrique ou trigono-
métrique de l'équation (17) :
cos v cos 1- sin i cos — = 1 . . (JD)
Recherches sur les sulfocyanures des radicaux alcooliques,
par M. Louis Henry, correspondant de l'Académie,
§ 2. (1). — Action de Viodure de cyanogène sur réthyle-
sulfure de mercure.
On connaît aujourd'hui, grâce surtout aux intéressantes
recherches de M. Hoffmann, deux séries, à peu près éga-
lement riches, de sulfocyanates alcooliques isomères,
analogues aux oxijcyanates correspondants.
(t) Voir noire première notice. Ballelins de r Académie royale de Bcl-
rjiqne, '2'' série, l. XXV, p. 050.
( loi )
Parmi ces produits, les uns qui ont pour principal re-
présentant Tessencc de moutarde ^^' j Xz peuvent être rap-
portés au type Ils Ar, ce sont des sulfocarbimides alcooli-
ques; ils se caractérisent par la propriété de se combiner
par addition à l'ammoniaque et aux aminés en général, en
donnant des urées sulfurées composées.
Les autres, dépourvus de cette propriété, peuvent être
rattachés au type H2 S; on admet qu'ils renferment un
atome de carbone intimement uni à l'azote sous forme de
cyanogène; ce sont les véritables sidfocy anales. Les lor-
mules suivantes montrent bien la différence de constitution
des deux isomères éthyliques :
es f CAr i •
Sulfocnrbimide éthylique. Sulfoctjanate éthyiique.
Tout dépend , comme on le voit, des rapports de posi-
tion ou de saturation d'un atome de carbone vis-à-vis du
soufre ou de l'azote.
L'action des iodures, bromures , etc., des radicaux d'al-
cools sur les sulfocyanures métalliques donne indifférem-
ment, comme l'on sait, des composés de ces deux sortes,
quoique plus fréquemment cependant ceux de la seconde.
Dans le but d'obtenir des sulfocyanures pouvant être
rapportés avec certitude au type H.2 S, nous avons imaginé
de remplacer dans les mercaptans l'atome d'hydrogène
typique par du cyanogène. On sait déjà en effet que, par
l'action du chlorure de cyanogène gazeux sur l'alcool éthy-
lique sodé, M. Cloëz (1) a obtenu la cijauéthoiinc cazM^'
qui constitue le véritable éther cyanique.
(1) Comptés rendus, l. XLIV, p. 48:2.
( lo^ )
Nous avons employé dans ce but l'iodure de cyanogène
et rélliyle-sult'urc de mercure (C^H:^)^ % S^ ou mercaptan
mercurique, comme susceptibles de réagir plus facilement
l'un sur l'autre et aussi plus aisés à obtenir.
L'iodure de cyanogène réagit en effet facilement à chaud
et en solution alcoolique sur l'éthyle-sulfure de mercure.
Ces deux corps ont été chauffés au bain-maric avec de
l'alcool en assez notable quantité, dans un ballon mis en
communication avec un réfrigérant ascendant. Il se forme
après quelque temps un abondant dépôt d"iodure rouge de
mercure, en même temps que Ton perçoit, à l'extrémité
ouverte de l'appareil, une vive odeur de cyanogène.
Le liquide, refroidi et hltré, précipite par l'eau une
huile jaunâtre d'une odeur désagréable. Celle-ci , desséchée
à l'aide du chlorure de calcium et soumise à la distillation ,
a passé en grande partie au-dessus de 100"; après quelques
rectifications, nous en avons obtenu un liquide incolore
limpide, d'une odeur alliacée , désagréable, d'une densité
peu différente de celle de l'eau, bouillant vers 150*^ — de
iil°'à loo*" — présentant enfin l'ensemble des caractères
du bisulfure d'éthyle.
Le bisulfure d'éthyle bout en effet à la température
de iol°, tandis que le monosulfure bout à 91°.
Soumis à l'analyse, ce liquide nous a donné les résultats
suivants :
1" 0,5414 grammes de substance ont donné 1,5025
grammes de sulfate de baryum.
!2" 0,9282 grammes de la même substance ont fourni
5,5452 grammes de sulfate.
Ces chiffres correspondent respectivement à 52,59 et
52,42 p. "/„de soufre; le bisulfure d'étliyle (C. H;;)., S.^ en
renferme 52,45 "A,, tandis (jue le monosulfure (C.2 H-i).2 S
n'en contient (lue 55,55 '7„.
( -is") )
Xiil doiiU' donc (iiic le li(iiii(lo ()l)(('ini cl analyse'' ne IVi(
(lu hisuUiirc d'élhylo.
Il se forme en même temps, dans celte rcaclion, comme
produit aecessoire, une petite quantité de monosulfure
éthylique. La formation de ce monosulfure doit être accom-
pagnée de la mise en liberté d'une certaine quantité de
soulVe; c'est ce que nous avons en effet constaté; le
liquide huileux , précipité par Teau de sa solution alcoo-
lique, a laissé déposer, après quelques heures de repos,
ime quantité fort appréciable de petits cristaux de soufre.
Il résulte donc de là que Fiodure de cyanogène se com-
porte vis-à-vis du mercaptan mercuriquede la même ma-
nière que riode libre et seul; MM. Kekulé et Linnemann
ont en effet montré que, sous faction de fiode, le mercap-
tan élhylique sodé donne du bisulfure d'éthyle (I).
)^ 5. — Sulfoci/anures polyalomiqnes. — Triaalfocynnure
(faUille C,H, (CAr 8)3.
Nous l'avons obtenu en chauffant dans un flacon en
verre, à parois résistantes et solidement bouché, de i'isotri-
bromhydrine C3 H-; Br-, — produit de la réaction du brome
sur l'iodure d'allyle — avec du sulfocyanure de potassium ,
en présence d'une grande quantité d'alcool.
C.H5 Br, 4- 5K CA- S = ÔK \^r -+- C-H^ (CA3 S)..
Après quelques heures d'ébullition au bain-marie, la
décomposition est complète; on trouve dans le flacon un
abondant dépôt de bromure potassique et de sulfocyanure
(1) Ann. der Cliem. und Phcirm., l. CXXXIII , p. 277.
(ÏM)
(l'allyle. On chasse l'alcool par distillation et Ton traite le
résidu solide par l'eau qui ne dissout que le bromure.
On dissout le sulfocyanure dans l'alcool bouillant et on
le décolore à l'aide du noir animal; il cristallise &e sa solu-
tion fdtrée par le refroidissement.
Ainsi préparé et purifié, le trisulfocyanure d'allyle se
présente sous forme de petites aiguilles, d'un blanc écla-
tant, dures et cassantes, sans odeur et sans saveur.
Il se fond à 126" en une huile incolore qui se solidifie
de nouveau à 115". Chauffé à une température plus élevée,
il se décompose bientôt en laissant un résidu charbonneux
considérable et en dégageant d'abondantes vapeurs cyan-
hydriques.
Ce corps est d'une insolubilité complète dans l'eau ; l'al-
cool même n'en dissout à froid que de fort minimes
quantités, il nécessite, pour se dissoudre, à la tempéra-
ture de io% au delà de 400 fois son poids d'alcool
de 95 centièmes. Ce fait s'explique si l'on remarque que ce
composé renferme 44,65 p. "/„ de soufre, corps fort inso-
luble dans les dissolvants. Il se dissout beaucoup plus faci-
lement dans l'alcool bouillant; l'éther et le sulfure de
carbone le dissolvent également en petite quantité.
Nous nous sommes borné, dans l'analyse de ce produit ,
à déterminer le soufre qui en constitue l'élément fonda-
mental et caractéristique. Voici les résultats obtenus :
I. 0,4747 grammes de substance, préalablement fondue,
ont donné 1,5286 grammes de sulfate de baryum.
II. 0,4466 grammes de substance non fondue, dessé-
chée à la température ordinaire sur l'acide sulfurique ,
ont donné 1,4514 grammes de sulfate.
Ces chiffres correspondent respectivement à 44,22 ^/u
et 44,65 o/o de soufre; la formule CsH-; (CAz S):, en exige
44,65 o/o.
[ loo )
Nous ferons rcmarquci' que ce suHocyaniire d'allvle est
le premier sulfocvanure Iriatomique coiimi jusqu'à présent.
Nous nous proposons de rendre compte dans une pro-
chaine notice des produits de l'action de la 7110)10, de la di
et de la tridilorhydruie glycériques sur le sulfocvanure
potassique.
.^ IV. — Siilfocyanure benzijllque C7H7/ CA- S ou
métlujbbenzéniqm' C,;H;;- (CHo, CAr S).
On l'obtient aisément en chauffant, au hain-marie, dans
un ballon muni d'un appareil à reflux, du chlorure de
benzyle C7H7, C/ avec du sulfocvanure de potassium em-
ployé en quantité équivalente, en présence d'un volume
d'alcool assez considérable.
11 se forme bientôt dans la solution chaude un abondant
dépôt de chlorure potassique; après une demi-heure, la
réaction est complète; toute la liqueur se prend en masse
par le refroidissement. On opère comme précédemment,
l'alcool est chassé par la distillation et l'on traite le résidu
solide par l'eau qui ne dissout que le chlorure de po-
tassium.
On purifie le sulfocyanure ainsi obtenu, en le dissol-
vant et en le faisant cristalliser plusieurs fois dans l'alcool
bouillant.
De sa solution alcoolique chaude, ce corps cristallise,
par un refroidissement lent, en [)rismes allongés, d'assez
grandes dimensions, blancs et translucides.
Il est insoluble dans l'eau, à froid et à chaud; l'alcool
ne le dissout guère à la température ordinaire; il s'y dis-
sout ahondamment à la température de l'ébullition. 11 est
( m )
ogalomcnl el assez facilement soluble dans l'éther, le siil-
Inre de carbone et les liydrocarhures.
Quoique solide, il exhale une odeur piquante, persistante,
rappelant celle du raifort ou mieux encore du cresson; sa'
saveur est piquante et brûlante.
Il se fond à la température de 36-38° en une huile in-
colore, mobile, qui se concrète de nouveau à 34% il distille
à une température de 2o6-257° (non corrigée) en se dé-
composant partiellement, les premières portions passent
incolores et se solidifient de suite; plus tard, elles sont
jaunes et même brunes, et conservent longtemps l'état
liquide.
De même que les autres sulfocyanures, il se combine
vivement avec lucide bromhydrique, en donnant un pro-
duit solide, insoluble dans Véther et immédiatement dé-
composable par l'eau.
L'acide azotique, fumant et refroidi, le dissout sans
dégagement gazeux , en se colorant en rouge foncé et en le
transformant en nitro-sulfocyanure.
Nous nous sommes aussi borné, dans l'analyse de ce
produit, à en déterminer le soufre. 0,oi01 grammes de
substance non distillée, desséchée à la température ordi-
naire sur l'acide sulfurique, ont donné 0,7960 grammes
de sulfate bary tique, ce qui correspond à !21,4!2 ^/o de
soufre; la formule C7H7, CA- S en demande 21,47 >.
Faisons remarquer que deux, corps isomères de ce pro-
duit sont déjà connus, ce sont les essences de moutarde
tolué nique et henzylique qu'a préparées récemment M. Hoff-
mann à l'aide de son procédé ordinaire, par la distillation
des ditoluényl et dibenzyl suifocarbamides avec l'anliy-
ùride phosphorique. L'un de ces corps, celui qui provieiU
de la toluidine ou amido-toluol, {\}\,, (ArH.^) CH-, est so-
( l-w )
lido, il (ond à 26" et so congèle à ^^\ il hoiil à 257"; l'antre,
oolni qni provient de la benz\ lamine CoH^CH^, Ac H.2
est liqnide à la température ordinaire et bout à 215" (I).
On voit que ces différences sont suffisantes pour démon-
trer l'individualité propre du produit que nous venons de
décrire.
Nitro-sulfocyamire benzylique. C7Ho(A::02) (CA:?).
Nous avons obtenu ce corps par deux voies différentes :
1" directement, en traitant par l'acide azotique le sul-
l'ocyanure de benzyle.
On dissout celui-ci, par petites portions, dans plusieurs
fois son poids d'acide azotique fumant et bien refroidi.
Après quelques beures, on précipite le produit par l'eau
et on le fait cristalliser dans l'alcool;
2° par voie indirecte, en traitant par le cblorure de
nitrobenzyle C7Ho(A^ O^) C/ le sulfocyanure de potassium ,
d'après le procédé indiqué plus haut.
Les produits de ces diverses préparations ne nous ont
présenté jusqu'à présent aucune différence marquée. Ils
cristallisent de leurs solutions alcooliques, en petites
aiguilles blanches, cassantes, fusibles vers 70"; ils se
décomposent sous l'action de la chaleur, avant toute dis-
tillation.
Nous ne sommes pas encore parvenu jusqu'à présent
à obtenir le dérivé amidé correspondant.
Les divers dosages de soufre rapportés dans cette
notice ont tous été faits de la même manière, en dé-
(1) Berichte der Dentschen cliemischoi Gefiellschnft zu Berlin, (. [,
1868, pp. 175 et 201.
2""^ SÉRIE ^ TOME XXVII. 41
( IS.S )
composant la matière organique par de l'acide azotique
concentré (procédé de Carii(s) el du hiclnomale de potas-
sium en quantité sulïisante pour brûler couipiétement tout
le carbone, l'hydrogène et le soufre, dans un tube scellé à
la lampe, chauffé pendant quelques heures au bain d'air, à
une température de ioO à loO°. Ces analyses ont été faites
par notre préparateur, M. le D' B. Radziszewski, au savoir et
à l'habileté duquel nous nous plaisons à rendre hommage.
APPENDICE.
Sur fjHcIques combinaisons isopropylirpies snlfarées.
Ayant eu l'année dernière à notre disposition une certaine
quantité iViodure iVisopropijlc, comme produit accessoire
de la préparation de l'iodure d'allyle d'après le procédé
indiqué par M. A. Claus(l), nous en avons profité pour
préparer les éthers isopropyliques sulfurés, composés en-
core inconnus aujourd'hui.
Nous décrivons dans la présente notice le sulfure, Ylnj-
drosulfure et le sulfocyanure isopropyliques.
Nous avons obtenu ces corps, en suivant le procédé
hal)ituel, par la réaction de l'iodure d'isopropyle sur les
sulfure, hydrosulfure et sulfocyanure potassiques en so-
lution dans l'alcool. Pour le sulfure et le sulfocyanure, on
chauffe le mélange pendant quelques heures, au bain-
marie, à la température de l'ébullition de l'eau, dans des
(1) Ann. der Clœm. und Pliarm., l. CXXXI , p. 59.
( 159 )
llacons en vcrro à parois épaisses et hermétiquement bou-
chés; pour Vhijdrosulfure, la décomposition est phis éner-
gique et s'achève plus rapidement; il suiïit de chauiTer
pendant quelque temps, à une douce température, dans un
appareil à rellux.
L'addition de l'eau à la solution alcoolique en sépare
une huile jaunâtre qui vient surnager à la surface du li-
quide. On recueille cette couche huileuse et on la soumet
aux manipulations ordinaires, lavage à l'eau, dessicca-
tion sur le chlorure de calcium et distillation.
Ainsi purifiés, ces corps constituent des liquides lim-
pides, incolores, mobiles, insolubles dans l'eau, très-
solubles dans l'alcool et l'éther. Ils ressemblent à s'y
méprendre aux combinaisons éthyliques correspondantes,
ils exhalent la même odeur désagréable, nauséabonde,
fétide et particulière pour chacun d'eux; ils sont égale-
ment un peu plus légers que l'eau; seulement leur volati-
lité est un peu moindre. On sait du reste que ïalcool
isopropylique ne se différencie guère extérieurement de
l'alcool l'inique, sinon par son point d'ébullition qui est
de quelques degrés plus élevé (I).
Ces éthers donnent également lieu aux mêmes réactions
caractéristiques que les éthers éthyliques dd même nom.
Nous nous sommes borné, dans l'analyse de ces pro-
duits, à la détermination du soufre qui en est l'élément
distinctif et fondamental. Ces dosages de soufre ont été
faits par le procédé de M. Carius, — oxydation de la sub-
stance par l'emploi simultané de l'acide azotique et du
(1) Tandis que l'alcool vinique bout à la température de 78', ralcool
isopropylique bout à 85"-84'' (Linnemanu). Le point d'ébullition attribué à
ce corps varie, suivant les divers chimistes, entre 81" et 88".
( i«o )
bicliromale do polassiiim, — comme nous ravons déjà in-
diqué dans noire précédente notice.
Sulfoci/anure isopropijlique. Jl bout, d'une manière
constante, à la température de 149^-151° (1); sa densité
à 20° est de 0,963.
Ce sulfocyanure, de même que celui d'élhyle, n'appar-
tient pas au groupe des essences de moutarde, il ne se
combine pas en effet avec l'ammoniaque; nous en avons
conservé pendant plusieurs semaines dans une solution
aqueuse et concentrée d'ammoniaque sans le voir se mo-
difier.
0,5958 grammes de ce produit nous ont fourni 1,5456
grammes de sulfate de baryum, ce qui correspond à
51,127o de soufre; la formule C:,H7,CA-Scn demande
51,687„.
Sulfure d'isopropijle. Il bout vers 105% de \0^° à
1I0^ — De même que le sulfure d'étbyle, il forme avec
quelques cidorures métalliques des combinaisons cris-
tallisables; il détermine dans la solution alcoolique du
sublimé corrosif un précipité blanc formé de petites ai-
guilles répondant vraisemblablement, comme celui du
sulfure d'étbyle, à la formule (CsHy)^ S; Ug C/^.
0,4800 grammes de ce produit , recueilli entre 105" et
110", nous ont donné 0,9572 grammes de sulfate de ba-
ryum, ce qui correspond à 26,81 "/o de soufre; la for-
mule (CJT7), S en exige 27,11 7...
Hydrosidffire ou mercaptan isopropylique. Jl bout à
(1) Le sulfocyanure d'éthyle !)Out à liG"; le sulftiie à 01" et riiydm-
sulfiire à "0".
( 161 )
une lem[)(:'ralui'c d'euviruii i:)" à oO". Ses propiiclcs sont
en tous points analogues à celles du meicaptan élliylique.
Il réagit éneigiqucment sur l'oxyde de n:ercure eii don-
nant une poudre blanche, soluble dans l'alcool bouillant
d'où elle se sépare, par le refroidissement, sous l'orme de
petites paillettes blanches, brillantes répondant à la for-
mule (CjHyj^ Ihj S-2.
La solution alcoolique précipite les sels de plomb en
jaune, l'acétate de cuivre en blanc, les sels mercuriques
en blanc, etc.
0,5422 grammes de ce corps, recueilli vers 50", ont
donné 0,9616 grammes de sulfate de baryum; ce qui
correspond à 58,70 "!„ de soufre. La formule C5H7 (HS)
en demande 42,J07o; cetle ditïérence tient évidemment à
une petite quantité de sulfure que renfermait le produit
analysé.
Un accident nous ayant fait perdre la presque totalité
de la masse que nous possédions de ce corps , nous n'avons
pu en refaire l'analyse avec un produit plus complètement
pur.
( 162 )
CLASSE «ES LETTRES.
Séance du I"' février 1869.
M. Ad. Borgnet, directeur et président de TAcadémie.
M. Ad. QijETeleï, secrétaire perpétuel.
Sont présents : MM. Steur, J. Grandgagnage, J. Roulez,
Gachard, De Decker, Haus, le baron Kervyn de Letten-
lîove, R. Chalon , Ad. Mathieu, Thonissen, Th. Juste,
E. Delacqz, Guillaume, F. Nève, membres; Nolet de
Brauwere, Scheler, associés.
M. Ed. Mailly, correspondant de la classe des sciences j
assiste à la séance.
CORRESPONDANCE.
Une lettre du palais a invité M. le président de l'Aca-
démie à assister aux funérailles de S. A. R. le duc de
Brabant, qui ont eu lieu à Laeken, le lundi 25 janvier, à
di heures.
M. le gouverneur de la province a donné connaissance
qu'un service funèbre serait célébré pour le Prince Royal,
le 27 janvier, à 11 heures, dans l'église des SS. Michel et
Gudule. M. Borgnet, président et MM. les directeurs des
( 1«3 )
(leux autres classes, accompagnés de divers ineniltres , ont
représenté TAcadéniie en cette circonstance.
Une adresse de condoléance est votée et sera transmise
à !a famille royale.
— M. le iMinistre de rinlérieur adresse un exem[)laire
du Happorl de la sec f ion ce n fraie de la chambre des re-
préscnlanls sur le budget de son déparlcniont pour J869,
ainsi qu'un exemplaire du Recueil des lois et arrêtes rela-
tifs à la comptabilité de rÉlat. — Piemercîments.
— Il est donné connaissance de la mort de sir Henry
Ellis, associé, décédé à Londres en janvier 1869, et de sir
C.-P. Cooper, décédé dans la même ville en 1866 et éga-
lement associé de la classe.
— La Société géographique de Vienne remercie pour
les derniers envois de publications académiques.
— M. Ad. Malliicu offre une pièce de vers im[)rimée, de
sa composition; elle porte pour titre : '2'2jaiirier 1869. —
Uemercîments.
CONCOURS DE 1869.
La classe avait inscrit cinq questions à son programme
de concours pour cette année; elle a reçu :
I" Un mémoire portant pour devise : Cest ictj un livre
( 164 )
de bonne foij , /ec^cy^r (Michel de Montaigne), en réponse à
la DEUXIÈME QUESTIOiN :
Faire Vliisloire du droit pénal dans (c duché de Bra^
bant, depuis l'avènement de Charles V jusqu'à la réunion
de la Belgique à la France à la fui du AT///'"" siècle.
Les commissaires sont : MM. Thonissen, Defacqz et Haus.
2" Deux mémoires portant pour inscriptions , l'un : Spcs
aiil ayricolas, et l'autre : Voorheen en nu, en réponse à la
TROISIÈME QUESTION :
Faire une description statistique d'une commune du
centre des Flandres de deux mille habitants au moins,
propre à faire apprécier, en les comparant, la condition
physique, morale et intellectuelle des cullicateurs fla-
mands, ainsi que l'état de l'agriculture , au siècle passé et
même antérieurement, et aujourd'hui.
Les commissaires sont : MxM. le baron Kervyn de Letten-
hove, De Decker et De Laveleye.
S'' Un mémoire ayant pour devise : Oportet esse hœrescs,
en réponse à la cinquième question :
Quelles ont été les tendances politiques et sociales des
hérésies, depuis l'origine du christianisme jusqu'à la fin
du XF'"' siècle.
Les commissaires sont : MM. Tlionissen, Tli. Juste et
Félix Nève.
( J65
ÉLECTIONS.
La classe procède à réleclion du comité de trois membres,
cliargé, conjointement avec les trois membres du bureau,
(le la présentation des candidats aux places vacantes.
COMMUNICATIONS ET LECTURES.
Les États-UiMS d'Amérique en 1785. — Le comte de Uofjeu-
clorp et le slalhouder Guillainne V; par M. Théodore
Juste, membre de l'Académie.
Naguère une nation voisine et a [nie, la nation hollan-
daise , rendait un hommage solennel à la mémoire du comte
de Hogendorp. Le chef de l'État avait regardé comme un
devoir de présider à cette manifestation de la reconnais-
sance publique. Il voulait, comme souverain et comme chef
de la maison d'Orange-Nassau , témoigner sa vénération
pour le grand citoyen qui avait été, cinquante années au-
paravant, le libérateur de sa patrie et l'un des principaux
fondateurs du royaume des Pays-Bas.
Quelque temps avant l'érection du nionument destiné
à rappeler les glorieux services du comte de Hogendorp,
des mains (iliales avaient livré au public la première partie
de ses notes autobiographiques et de ses correspondances
intimes (I). En parcourant, en étudiant ces documents.
(1) Bf.ieven en gedenkschkiftkn- van Gijuberl-Karel ran Hoijoidorp
(La Haye, Mailiuu? Nyholf, I8G6, ^2 vol.), passim.
( 166 )
j'ai élé frappé des observations consacrées par Hogendorp,
en 1785 et 1784, à la naissante république des Etats-Unis
d'Amérique , faible alors mais déjà glorieuse , à cette confé-
dération qui, de nos jours, est devenue un objet d'éton-
nement par ses progrès gigantesques, son incomparable
grandeur, sa puissante et indestructible vitalité.
Je me propose, dans cette rapide esquisse, d'appeler
surtout votre attention sur ces souvenirs d'Amérique.
Indépendamment de l'intérêt qu'ils présentent, ces frag-
ments épistolaires donnent lieu aux rapprocliements les
plus curieux et fournissent aussi de grands enseignements.
Le comte de Hogendorp n'est d'ailleurs pas un étranger
pour nous. Cette classe, devant laquelle j'ai l'honneur de
parler, comprend, parmi ses illustrations politiques, des
vétérans de nos assemblées parlementaires, des collègues
éminentsqui, par leurs antécédents ou par un précieux
héritage, nous ratlachent en quelque sorte aux consti-
tuants de 4815. Ils ont connu l'illustre citoyen qui , après
avoir présidé la commission chargée de préparer la loi
fondamentale du royaume des Pays-Bas, tint à honneur
de siéger, comme simple député, dans la seconde chambre
des étals généraux.
Issu d'une famille ancienne et distinguée de la Hollande,
Gysbert-Charles de Hogendorp vit le jour à Rotterdam,
le 27 octobre 1762. Des revers de fortune attristèrent son
enfance. Il avait à peine onze ans lorsque son père (qu'il
ne devait plus revoir) prit la détermination de partir pour
les Indes, afin d'y recouvrer son ancienne opulence. En
1786, ce patricien, qui se distinguait à la fois par son
énergie et son intelligence, mourait en pleine mer sur le
vaisseau (pii le reconduisait en Europe. !l laissait à sa
veuve six enfants, dont quatre lils.
( 1<^7 )
La douairière de Ilogcndori), qui avait de hautes pro-
tections à la cour statlioudérieiine, ue perdit jamais cou-
rage. L'année même où son mari s'embarquait pour Java,
elle conduisit son fils Gysbert- Charles à Berlin. Il y
l'ut placé dans le corps des cadets, grâce à l'intervention
de la princesse d'Orange, femme du stathouder Guil-
laume Y et nièce de Frédéric II, roi de Prusse. Non-seu-
lement elle voulut pourvoir à l'instruction de son pu[)ille,
mais pendant plusieurs années elle pensionna aussi la
mère. Gysbert-Charles demeura à Berlin jusqu'en 1778,
sous la direction de différents maîtres, entre autres, du
pasteur Ancillon, dont le tils devait exercer un jour tant
d'influence à la cour de Prusse. Plus d'une fois, le protégé
de la princesse dOrange eut l'honneur d'être passé en re-
vue par Frédéric 11, et il se rappela toujours le vieux roi
sur son cheval blanc , « et otant le chapeau tout le temps
qu'il passait devant les cadets. » 11 vit aussi de très-près le
grand-duc Paul de Russie lorsque, en 1776, ce futur em-
pereur vint visiter les cadets du roi de Prusse. Le général
de Buddenbrock avait désigné Gysbert-Charles pour pro-
noncer le discours français composé par le professeur
d'éloquence de l'académie militaire. Le jeune préféré
s'empressa de raconter à sa mère la scène émouvante
dont il avait été le héros :
« ... Je lui tins mon discours et il me fallait bien de la
hardiesse pour soutenir l'attaque de tous les regards d'une
suite de deux cents personnes, du prince Henri (1), qui
me regardait à faire peur et du grand-duc qui, à chaque
fois que je disais : « Monseigneur, Votre A. L, etc., » me
(1) Le prince Henri de Prusse, frère de Frédéric !I.
( 168 )
laisail la révérence et me regardait de haut jusqu'en bas;
cependant j'eus le bonheur de ne pas manquer. Le discours
Uni, le grand-duc me dit : « Je vous suis très-obligé, » et
au prince Henri : « [l parle très-bien le français. » Je me
retirais. « Monsieur, comment vous appelez-vous? — « Je
m'appelle Hogendorp, Votre A. I. » — « J'ai connu M""'" vo-
tre mère à Berlin, » médit alors le prince Henri. Je lui
répliquai : « Oui, Votre A. R., elle a eu l'honneur d'être
connue de vous. » Là-dessus, il dit quelque chose à l'oreille
du général de Buddenbrock , qui était de l'autre côté du
grand-duc; ce dernier se tourna pour l'entendre, et je me
retirai tout à l'ail... »
En 1778, le prince Henri de Prusse attacha Hogendorp
à son régiment comme porte-enseigne, et il fit, en cette
qualité, la campagne de Bohème. Le prince ayant pris ses
quartiers d hiver à Dresde, Gysbert-Charles, admis au
nombre de ses pages, devint un des visiteurs les plus assi-
dus de la bibliothèque publique et de la célèbre galerie de
tableaux. Les deux années suivantes, il les passa à Berlin,
dans une liberté presque complète, et livré à lui-même.
Il avait formé une étroite liaison avec le savant Biester,
secrétaire du ministre Zedlitz, chef de l'instruction pu-
blique, et avec le célèbre historien suisse, Jean de Muller.
Lui-môme faisait dès lors concevoir de brillantes espé-
rances pour son avenir. Du fond des Indes , son père, ému
parla lecture d'une de ses lettres, lui écrit :
« ... Continuez, mon cher ami, dans la voie où vous avez
si bien marché jusqu'à présent. Je vous le prédis, dussiez-vous
^ou^ en enorgueillir, vous serez un jour un grand homme;
vous en avez le germe, comme celui de bon citoyen et de
l'homme de probité, et l'État, j'ose m'en flatter du moins,
vous distingtiera j)armi ses citoyens illustres, si seulement vous
vivez dans des lemps où le mérite [)erce. . »
( m )
Guillaume V venait de le rappeler en Flollande et de le
nommer enseigne, avec rang de lieutenant, dans la garde
stathoudérienne. Jean de Muller, qui se trouvait alors à
Cassel , où il donnait des conférences publiques, lui adresse,
le 20 septembre 1781, une lettre pleine de bons conseils
et de vues excellentes. Il le dissuade de se rendre immé-
diatement à La Haye. « Vous commenceriez, dit-il, par où
vous devriez finir. Il vous importe de connaître d'abord
ceux qui sont les constituants des états généraux et les
auteurs de tous leurs décrets. — Donc, poursuit-il, vous
devez nécessairement vous former avant tout une idée
générale de la situation respective, du climat, des produc-
tions, de la constitution politique et ecclésiastique, des
maximes d'Etat, des us et coutumes, des mœurs, des re-
lations de famille, surtout des plus puissantes, dans clia-
cune des sept provinces. C'est l'introduction de vos études
d'homme d'État et de bon citoyen; c'est le premier pas
dans la carrière que vous devez parcourir. » Il l'engage
ensuite à ne point paraître avoir l'esprit désapprobateur,
grand vice dans une république fédérait te comme par lotit.
« L'on se défie de l'esprit, dit-il; trop de gens ont lieu de
le craindre; quand vous vous appliquerez à gagner les
cœurs, vous aurez tout. Vous êtes un homme libre parce
que vous avez l'àme libre; cela est beau, mais que cela ne
vous empêche pas d être souple envers ceux qu'il vous
importe de gagner pour en être servi; car il n'y a que le
bon Dieu qui soit assez indépendant pour n'avoir pas besoin
de cela. »
Bien que le jeune officier de la garde stathoudérienne
partageât son temps entre l'étude et le grand monde, la
vie oisive et monotone de garnison ne pouvait lui conve-
{ 170 )
lîir longtemps. D'après les suggestions et les conseils de sa
mère, il résolut de visiter les républiques naissantes de
l'Amérique du Nord.
Il s'embarqua le 22 juin 1783 sur le vaisseau Prince
hérédilaire, capitaine Aberson ; ce navire de guerre faisait
partie de l'escadre qui devait conduire à Philadelphie l'am-
bassadeur Van Berckel. Le portefeuille du jeune enseigne
contenait des lettres de recommandation de Franklin, de
John Adams, du baron Grimm et d'autres personnages, alors
célèbres; elles lui avaient été fournies par Boers, avocat
de la compagnie des Indes orientales, en mission à Paris.
A peine Hogendorp est-il sur le vaisseau que, toujours
préoccupé de l'avenir qui l'attend, il prend sa mère pour
confidente de ses pensées : « Je me vois, dit-il, transporté
au milieu de l'Océan pendant trois mois entiers (J) , séparé
de tous ceux auxquels je tenais, sans un conlident de mes
vues, sans un ami qui sympathise avec mes idées, tel que
j'en ai toujours eu depuis que je suis sorti de l'enfance....
J'ai mis ces circonstances à profit, j'ai réfléchi mûrement
à nos derniers entretiens; je me suis décidé sur la carrière
qu'il me convient d'entamei.... J'avoue que j'ai l'aiubition
de me distinguer, et je ne le saurais mieux que dans le
civil; car depuis que la république n'a plus à se délivrer
du joug espagnol ni ne peut tenir tète à la France, ses
troupes ne sont qu'auxiliaires... » Plus tard, il développera
cette idée, avec plus de précision encore, dans une lettre
(1) M. Thornton, miiiisli'e de la Grande-Brelngne aux Elals-Uiiis, tlisail
récemment, dans un l)an(iuet, à New-York : « I*]n 1790, mon père vint
dans ce pays en soixante-quinze jours à Ijord d'un navire considéré comme
excellent marclieui'. (^e voyage demande maintenant neuf ou dix jours
tout au plus... »
( 171 )
à son père : « Dès mon arrivée en Hollande, lui écril-il,
j'ai étudié l'iiisloire et la situation actuelle de TKtat. Tai
trouvé que la dernière révolution dans le système de l'Eu-
rope donnait toute la supériorité aux voisins de la répu-
blique, dont l'intérêt consiste plus que jamais à conserver
la plus exacte neutralité. D'ailleurs, elle ne doit pas inspi-
rer de la jalousie; elle ne doit avoir de troupes que pour
la défense de ses frontières, parce que, même en doublant
son armée en temps de paix, elle se minerait sans devenir
plus formidable à l'Autriche, à la France, à la Prusse.
Quelle gloire puis-je donc acquérir, quels services puis-je
rendre à l'armée? Si, comme en 167^, il s'agissait un jour
de défendre le passage de nos rivières et de nos digues, ne
pourrais-je reprendre les armes dans un moment oii tout
citoven est soldat?.
La traversée dura plus de trois mois. Arrivé devant la
baie de Massachusetts, le Prince héréditaire n'avait plus
ni eau ni vivres; le danger devenait pressant : l'équipage,
composé de trois cent cinquante hommes, était déjà exté-
nué. Hogendorp fut envoyé à Boston pour demander du
secours : il avait rempli heureusement et courageusement
cette mission lorsque s'éleva tout d'un coup une effroyable
tempête. Le 24 novembre, Hogendorp écrit : « Hélas!
AL Aberson et trente-neuf liommes sont les seuls qu'un
hrigantin américain ait sauvés lorsque le vaisseau coula à
fond le ^\ de ce mois, tandis que je me trouvais en mer
et que le gros temps de la veille me faisait craindre pour
les malheureux que j'avais quittés... »
A cette époque, l'indépendance des États-Unis venait
d'être reconnue par l'Angleterre, leur ancienne suzeraine.
La lutte avait été terrible (1775-1782); contre la Grande-
Bretagne s'étaient rangées la Fronce , l'Espagne et la Hol-
( 172 )
\n\hk\ Mais la puissance navale des Anglais sut balancer
loiiles les forces maritimes de TEnrope occidenlale. Après
la ca[)itnlalion de lord Cornwallis à Yorkstown , la Hère
Bretagne doit enfin céder. Le traité définitif entre l'Angle-
terre, les États-Unis, la France et l'Espagne est signé le
o septembre 1785. Mais quoique les hostilités eussent
également cessé entre l'Angleterre et la Hollande, les
négociations traînèrent encore jusqu'au 20 mai 1784.
Ce fut pendant cette période en quelque sorte transi-
toire que Hogendorp parcourut les nouveaux États de
l'Amérique du Nord. Ces États, alors au nombre de treize,
tiraient, comme nous l'avons dit, leur origine d'autant de
colonies anglaises qui, s'étant liguées en 1775 contre la
métropole, avaient conquis leur indépendance par une
guerre de huit années (1). La population de ces treize
États ne dépassait pas encore trois millions cinq cent
mille âmes. Les liens qui les unissaient paraissaient d'ail-
leurs très-faibles; car si le Congrès, composé de délégués
des divers Lltals, était demeuré en permanence pendant
la guerre, son ascendant et son pouvoir même avaient
beaucoup diminué depuis la cessation des hostilités. La
Confédération n'avait encore ni président ni stathouder;
Washington qui devait, après la réformation de la consti-
tution en 1789, être appelé le premier au poste de chef
temporaire de la république, était alors simple général et
retiré dans son domaine de Monni-Vcrnon; Thomas Jeffer-
son, qui devait succéder un jour à Washington et à John
Adams, était gouverneur de la Virginie.
(1) Ces treize Étals étaient : N-ew-Hampshire, MassachuseUs, Rliode
Island, Connecticul, New -York , New-Jersey , Pensylvanie, Delaware
Marylaiid, Viri^iiiie, les deux Carolines et la Géorgie.
( 175 )
La première impression que manit'esla Ilogcndorp,
lorsqu'il eut vu de près les habilanls de Boston, esl un
Iiommage rendu à leur activité. « Je suis ravi, disait-il,
de la simplicité dans les mœurs qui règne ici... Ces gens
parlent peu, mais ils font beaucoup... » il est heureux de
se trouver dans ce florissant État de Massachusetts où sont
nés, dit-il ailleurs, les fondateurs de la liberté américaine.
Précurseur d'Alexis de Tocqueville, il étudie, avec une
infatigable ardeur et une clairvoyance rarement en défaut ,
les institutions qui viennent de créer une république.
« Vous savez, écrit-il à sa mère, que vous me propo-
sâtes d'aller en Amérique, comme une chose qui me con-
viendrait beaucoup. C'était un sentiment très-juste. Nous
l'avons analysé depuis, et nous avons trouvé que toutes
mes études favorites y étaient mises en pratique. J'ai voulu
connaître l'organisation des États. L'Amérique se forme
en république. J'ai voulu m'instruire des finances et des
taxes. Nulle part elles ne peuvent être plus simples qu'elles
ne le sont encore ici. J'ai voulu savoir quel est le degré de
pouvoir que le peuple peut exercer. Jamais peuple n'en
posséda plus que les Américains. J'ai désiré d'apprendre
quels sont les plus sûrs boulevards d'une république pai-
sible et commerçante; et tout le monde ici s'occupe de
cette question. J'ai lâché de me mettre un peu au fait de
la théorie du commerce; et c'est ici, où le commerce est
fort peu compliqué, où l'on fait mille essais pour l'éten-
dre, que je puis le mieux appliquer cette théorie et me
former des idées justes qui me serviront de base dans la
suite... » 11 est plus explicite encore dans une autre lettre
adressée à la princesse de Galitzin, l'amie dévouée de sa
famille : « A mon retour en Europe, les opérations les plus
compliquées de hnance, de commerce et de politique n'au-
2'"*^ SÉRIE, TOME XXVII. 12
( 174 )
ronl plus de difficultés pour moi parce que je serai par-
venu par degrés à les connaître, et j'aurai suivi !a marche
naturelle des affaires qui, simples dans leurs principes,
s'embarrassent à mesure qu'elles s'en éloignent. Ne croyez-
vous pas, madame, que nous serions heureux si les pre-
miers ministres dans toutes les cours de l'Europe avaient
également cette clarté dans leurs idées et l'habitude de
remonter à la première source des événements, telle que
je la désire... » 11 résume ces observations en disant :
« Presque toutes nos affaires de gouvernement, de linan-
ces et de commerce sont très-compliquées. Elles sont ici
dans leur enfance, et c'est l'école de ceux qui veulent
exercer un jour les fonctions de l'homme public. »
Telle était aussi la profonde conviction de Talleyrand
qui, après avoir déjà rempli un rôle considérable à l'assem-
blée constituante, proscrit dans sa patrie, rejeté par l'An-
gleterre, vint chercher un asile dans le nouveau monde.
Le 15 germinal an v, il s'exprimait en ces termes devant
l'Institut national : « ... Que l'on considère ces cités popu-
leuses d'Anglais, d'Allemands, de Hollandais, d'Irlandais,
et aussi d'habitants indigènes; ces bourgades lointaines, si
distantes les unes des autres; ces vastes contrées incultes,
traversées plutôt qu'habitées par des hommes qui ne sont
d'aucun pays : quel lien commun concevoir au milieu de
toutes ces disparités? C'est un spectacle neuf pour le voya-
geur qui, partant d'une ville principale où l'état social est
perfectionné, traverse successivement tous les degrés de
civilisation et d'industrie qui vont toujours en s'affaiblis-
sant, jusqu'à ce qu'il arrive en très-peu de jours à la
cabane informe et grossière construite de troncs d'arbres
nouvellement abattus. Un tel voyage est une sorte d'ana-
lyse pratique et vivante de l'origine dos peuples et des
( 17S)
États :on part de rensemblc le plus composé pour arriver
aux éléments les plus simples; à chaque journée on perd
de vue quelques-unes de ces inventions r^iie nos besoins,
en se multipliant, ont rendues nécessaires', et il semble
que l'on voyage en arrière dans l'histoire des progrès de
l'esprit humain (1)... »
Vers la fin du mois de janvier 1784-, Hogendorp avait
quitté Boston alin de visiter New-York, Philadelphie,
Baltimore et Annapolis, le siège du Congrès (2). Il en-
trevit assez les États du Sud pour se prononcer sur la
redoutable question de l'esclavage. De même que Jeffer-
son, il est anti-esclavagiste. Lui-même rapporte l'anecdote
suivante qui le dépeint tel qu'il sera plus tard, dogma-
tique, absolu et doué d'inie fierté naturelle : « Dans le
Maryland, dit-il, je trouvai un avocat de l'esclavage;
c'était un riche propriétaire. Je lui démontrai que sans le
secours d'esclaves, ou bien nous n'aurions plus les pro-
ductions que leur travail arrache à la terre , ou nous les
aurions de la main d'hommes libres, et qu'apparemment
le dernier arriverait parce que là où le climat serait in-
supportable à l'homme blanc, le nègre, mis en liberté,
cultiverait la terre. Il se fâcha, s'impatienta, et lorsque
sa confusion fut complète, je le quittai avec un regard du
plus profond mépris. »
Cet observateur de vingt-deux ans prédisait avec une
clairvovance extraordinaire les destinées futures des Etats-
(1) Mémoire sur les relations commerciales des Élals-Unis avec r An-
gleterre, par le citoyen Talleyiand. Lu à rinslitiil national le 15 germi-
nal , an V.
(2) Annapolis, sur la rive ouest île la haie de Chesapeak, dans TLlat de
Maryland.
( 176 )
Unis. Victorieux de rAngletcrre, qui s'opposait à l'agran-
dissement de colonies déjà trop puissantes, ils étaient
maintenant ouverts à toutes les nations; les émigrants
accouraient pour peupler les contrées intérieures; les In-
diens, les sauvages se retiraient et disparaissaient devant
ces avant'gardes de la civilisation. Hogendorp croyait que
les gouvernements des États confédérés resteraient pro-
fondément et absolument démocratiques jusqu'à ce qu'un
danger obligeât les peuples à donner une autorité réelle à
leurs magistrats. Tout en constatant que le Congrès, par
la jalousie des États , se trouvait alors sans pouvoir et sans
crédit, il pensait que ce conseil tendait à établir un em-
pire formidable, une Union à laquelle de nouveaux peu-
ples, qui n'existaient pas encore, accéderaient un jour.
Hogendorp vit de près deux des plus éminents fonda-
teurs de la république, Wasbington et Jefferson. Il admire
celui-ci presque sans restriction, tandis qu'il se montre
moins enthousiaste de Washington. « M. Jeflerson, pen-
dant mon séjour à la résidence du Congrès, était, dit-il,
l'homme qui faisait le plus d'affaires. Retiré du grand
monde, il ne s'occupait que des intérêts publics; il ne
connaissait d'amusements que ceux de la belle littéra-
ture.... Il a joué un rôle très-actif dans le cabinet pendant
la révolution. C'est lui qui a composé la déclaration de
l'indépendance, dont les principes font honneur à son
jugement et dont le style annonce un homme qui con-
naît les ouvrages des anciens et les grands auteurs de
l'Italie, delà France et de l'Angleterre. Il a la timidité
du vrai mérite, qui gène dans le commencement et qui
éloigne de lui ceux qui recherchent sa connaissance. »
Jefferson, nommé, en 1784, ministre des États-Unis
en France , continua d'entretenir avec le jeune officier de
( 177 )
la garde stailioiidéiicniie une correspondance remarquable
à tous égards; mais elle prouvait surtout la haute estime
que cet homme émiuent ressentait pour son admirateur et
son disciple.
Hogendorp passa plusieurs jours avec Washington dans
son domaine de Mounl-Vernon. Il en parle longuement et
avec une extrême IVanchise; selon lui, la capacité de l'il-
lustre général de l'armée américaine n'était pas au niveau
des services qu'il avait rendus à sa patrie. Pour expliquer
cette espèce de contradiction, il disait: « Je considère
Washington comme l'instrument de l'indépendance, qui
trouve sa source dans le génie des habitants, dans leur
situation et dans celle des puissances de l'Europe. Le
caractère du général a dicté sa conduite, qui n'est pas
préméditée, qui ne prouve en lui ni talents, ni génie, ni
connaissances. Il a joué ce grand rôle parce qu'il était né
parmi ce peuple, et non pas par son génie qui l'aurait
rendu grand homme dans toutes les circonstances, dans
tous les climats. Je le respecte encore plus qu'aupara-
vant, non parce que je lui fais un mérite de vertus qu'il
doit à la nature, mais parce que cet assemblage de vertus
est un des plus beaux ouvrages du Créateur, une source
de félicité pour le genre humain; sentiment d'autant plus
pur en moi que mon àme sensible ne saurait aimer un
caractère aussi froid. » M™' Washington s'était aperçue
que le jeune voyageur hollandais n'était pas idolâtre du
général; aussi lui marquait-elle un peu d'humeur. Mais il
faut encore laisser parier Hogendorp : « M'"' Washington
me savait mauvais gré de ne point adorer son mari, car
elle a des yeux plus perçants que ceux du grand hoînme,
^et elle m'a dit des choses fort piquantes. Cela me con-
lirmait dans mon opinion, car si j'avais eu tort, elle aurait
( 178 )
été moins piquée. Il n'en est pas moins vrai qu'ils entre-
tiennent très-bien un étranger, qui dans leur maison est
tout comme chez lui. »
Hogendorp fut également comble de prévenances par
d'autres notabilités américaines, le général Burgoyne,
Charles Thompson, secrétaire du Congrès, etc. Il eut de
la peine à s'arracher de cette terre dont il devait conserver
des souvenirs et des impressions ineffaçables. Quarante
ans plus tard , il aimait encore à rappeler ce séjour en
Amérique; il se plaisait à retracer son apprentissage,
comme politique et comme économiste, car c'était dans
les républiques naissantes du nouveau monde qu'il avait
recherché et étudié l'application des théories mises au
jour par Adam Smith.
Le 25 juin 1784, Hogendorp débarquait à Falmouth. La
traversée de New-York jusqu'en Angleterre n'avait duré
cette fois que dix-neuf jours : l'hôte de Washington se
hâta de partir pour Londres afin de consacrer tout son
temps à l'élude de la chambre des communes. Il a la
bonne fortune d'entendre le premier discours prononcé
par Pitt en qualité de chef du cabinet; il assiste à des
débats mémorables où se signalent Fox et Shéridan. Pilt,
né ministre, comme disaient ses admirateurs, venait d'at-
teindre vingt-cinq ans! quel sujet d'émulation pour Ho-
gendorp, qui, lui aussi , aspirait au premier rang!
De retour à La Haye, dans le courant du mois de juillet,
il se rend à l'audience du stathouder. Guillaume V l'in-
terroge avidement sur les résultats de ses observations.
On lira avec intérêt cet entretien, tel qu'il a été conservé
par Hogendorp.
« .... — Vous avez vu les nouvelles républiques?
— Je crois en avoir vu la partie la [)lus peuplée et la
( 179 )
plus intéressante, de la Nouvelle-Angleterre à la Virginie.
— Vous avez donc été à Philadelphie?
— Oui, monseigneur, et dans toutes les grandes villes,
excepté Charleston.
— Croyez-vous que l'Cnion puisse subsister?
— Je ne le crois pas, monseigneur.
— Voilà justement ce que je m'imaginais, les provinces
sont trop éloignées les unes des autres.
— Il me paraît, monseigneur, que les diiïerentes con-
stitutions de ces provinces prendront plus ou moins de
consistance, mais leurs intérêts ne s'accordent pas assez
pour faire durer l'Union.
— Ensuite, il y a la différence de religion.
— La religion, monseigneur, a moins d'influence que
jamais sur les esprits.
— Il y a toute une province de quakers.
— Depuis la révolution , il semble que ces sortes de
diflerences s'évanouissent.
— Les Bostoniens ne sont-ils pas fort dévols?
— Ils l'étaient, monseigneur, mais à lire des descrip-
tions, faites il y a vingt ou même dix ans, on ne les
reconnaît pas de ce côté-là.
— On y menait à l'église un homme qui s'avisait de se
promener le dimanche.
— On ne fait plus cela. Ceux qui étaient chargés de cet
emploi ne l'exercent plus. En général j'aimerais mieux,
,dans ce moment-ci , accuser les Américains d'insouciance
que de superstition.
— Les temps ont donc bien changé?
— Les temps ont bien changé, monseigneur.... A pré-
sent l'Amérique se trouve dans la situation la plus heu-
reuse. Après les vains efforts de l'Angleterre aucune nation
( 180 )
n'y enverra ses flottes ni ses armées pour la conquérir.
Des dissensions intestines s'assoupiront ou n'auront pas
un effet aussi funeste que si un ennemi les menaçait... »
Dans une très-longue lettre, adressée au statliouder
quelques jours après, Hogendorp dévelopi)e son opinion
sur les chances de durée de l'Union américaine. Ce juge-
ment, quoique remarquable, renferme des contradictions
manifestes; l'auteur se fait une idée exagérée de l'auto-
nomie des treize Étals delà Confédération et ne croit guère
à rétablissement durable d'un pouvoir central assez fort
pour les retenir indissolublement rattachés l'un à l'autre.
« La population, dit-il, fait de grands progrès; avec elle
s'accroît la force des États, et les plus forts seront les plus
dilïiciles jusqu'à ce qu'enfln, trouvant moins d'avantages
dans une union prétendue que dans la liberté de suivre
un système politique qui leur est propre, les uns et les
autres abandonneront à l'oubli une confédération fondée
sur une défense commune qui n'existe plus. Deux ou
trois républiques fédératives se formeront peut-être, em-
brassant chacune un teiritoire égal à celui des grands
royaumes de l'Europe. » Des événements contemporains
ont donné un démenti éclatant à cette prophétie. L'Union
n'a pas été détruite; la sécession du Nord et du Sud ne
s'est pas accomplie; l'Amérique a retrempé ses forces et
sa puissance dans une épreuve que l'on peut dire décisive.
n nous reste à suivre Hogendorp jusqu'au jour où il
aiTranchit son pays de la domination étrangère.
Malgré son vif désir de quitter l'armée, il venait de pas-
ser comme lieutenant, avec le rang de capitaine, dans la
compagnie des grenadiers du prince héréditaire. Mais à
Breda, où il fut envoyé, il ne discontinua point ses études.
( 181 )
En 1786, il se rendit à l'Univeisité de Leyde et y rerut
le diplôme de docteur en droit. Quelques mois après, il
dépose l'épée afin, dit-il lui-même, de pouvoir travailler
plus efficacement au maintien de la maison d'Orange.
Par conviction et par reconnaissance, il seconde de tous
ses efforts les stallioudériens ; il est le confident et le con-
seiller d'une princesse renommée pour son courage et la
distinction de son esprit; il est admis en même temps
dans l'intimilé des deux lils de Guillaume V. « Ce jeune
prince, disait-il de l'aîné (depuis Guillaume 1", roi des
Pays-Bas), a du jugement et un grand fond de bonté; il
aime à causer et est naturellement gai. Son frère a, je
crois, plus d'esprit, mais il est moins liant. » Après h
défaite des anti-stathoudériens, Hogendorp fut, le ol dé-
cembre 1787, nommé par la régence de Rotterdam con-
seiller et pensionnaire de cette ville. Ainsi avaient com-
mencé, par une magistrature communale, Barnevclt, Jean
de Witt, Heinsius, qui s'étaient élevés jusqu'au rang de
grand pensionnaire de Hollande. Hogendorp espérait de-
venir un jour aussi le ministre dirigeant de la république;
mais l'invasion française de 179o vint briser sa carrière.
ïl renonça aux emplois publics et se mit à la tète de la
grande maison de commerce que sa belle-mère possédait
à Amsterdam. En 1801 , il entreprend, mais sans réussir,
de fonder une colonie au cap de Bonne-Espérance; il cède
en 1809 sa maison de commerce à son frère et vient,
comme simple particulier, habiter La Haye. Mais son
influence reste grande. Bon réformé, d'une capacité hors
ligne, d'une fermeté ou plutôt d'une obstination rare,
despote même dans ses opinions et ses convictions, il
personnifie un parti encore puissant. S'identidant avec sa
pairie courbée sous le joug étranger, il entreprend , avec
( 182 )
une prévoyance et un courage admirables, de ranimer et
d'affranchir les anciennes Provinces-Unies. « C'est à lui,
à lui seul, écrivait plus tard son principal auxiliaire (1),
qu'est due l'idée de l'exécution du soulèvement contre les
Français. »
(1) Le conile Vaii der Duyii de Maasdaui.
( 185 )
CLASSE DES BEAUX-ARTS.
Séance ((a 4 février 1869.
M. F.-J. Fctis, doy^n d'âge, occupe le iaïUeuil.
M. Alviii remplit les fonctions de secrétaire perpétuel.
Sonl présenls : MlM. Guillaume Geels, Hanssens, A.
Van Hasselt, J. Geeis, Ferd. De Braekeleer, Edm. De
Bussclier, Alpli. Balat, Aug. Payen, J. Franck, Gust. De
Maij, Julien Leclercq, membres.
M. Nolet de Brauwere van Steeland, associé de la classe
des lettres, assiste à la séance.
COBBESPONDANCE.
il est donné connaissance qu'une lettre du palais a in\ilé
M. le président de l'Académie à assister aux funérailles
de S. A. B. le duc de Brabant, qui ont eu lieu à Laeken
le 25 janvier.
M. le gou\erneur du Brabant avait informé la Compa-
gnie qu'un service funèbre serait célébré le 27 janvier, à
M heures, dans l'église des SS. Michel et Gudule, pour le
Prince Boyal. M. le président , accompagné des directeurs
( 184 )
des deux autres classes et d'une députalion d'académi-
ciens, a représenté la Compagnie à cette cérémonie. La
classe des lettres, qui s'est réunie lundi, pressentant les
intentions des classes des beaux-arts et des sciences, a
prié M. le président de l'Académie de rédiger, conjointe-
ment avec M. le secrétaire perpétuel, l'adresse de condo-
léance à la famille royale.
La classe s'associe à la démarche laite par la classe des
lettres.
— M. le Ministre de l'intérieur offre un exemplaire
d'une revue intitulée : Salon de Garni en 1868, et adresse ,
à titre d'hommage du marquis de Souza-Holstein, deux
volumes renfermant le Rapport, avec plans , de la com-
mission portugaise pour l'érection d'un monument à Don
Pedro IV. — Remercîments.
— M. T. Van Westrheene remercie pour son élection
d'associé.
— La classe reçoit les poèmes suivants pour le double
concours des cantates du grand prix de composition musi-
cale de cette année :
N" ± La Cheurette blanche. — Devise : To be or nol
to be (Shakspeare).
N° 3. Lan 1867 ou la Menace d'une incasion. —
Sans devise.
N° 4. Les 600 Franchimontois. — Devise : Veel moed,
weinig voorspoed.
N*" 5. Kaïn na Abel 's moord. — Devise : En Kaïn
zegde tôt den lïeere : Mijne misdaad is (jrooler dan dut
zij vergecen ivorde. Gcnesis , 6, iv, 15.
( 185 )
Conformément à rarlicle 4 de l'arrêté royal du lî) dé-
cembre dernier ouvrant ce douhle concours, la classe dési-
gne, par ordre alphabétique, les quatorze noms qui seront
communiqués à M. le Ministre de l'intérieur pour le choix
du jury de sept membres qui jugeront ces poèmes.
COMMUNICATIONS ET LECTURES.
M. F.-J. Fétis, à la demande de ses confrères, entre
dans diverses considérations artistiques au sujet de la |)u-
blication de son Histoire de la musique, dont le premier
volume est sous presse.
OUVRAGES PRÉSENTÉS.
Mathieu {A(L). — 'I^-l i^m'wv i8Gî) , poëme. Ixellcs, I8(i!);
'/4 feuille in-S".
Conseils provinciaux de la Belgique. — Proeès-vcrbanx des
séances, session de 1808, provinces d'Anvers, Brabant, Flan-
dre orientale, Liège, Limbourg, Luxembourg et Namur. —
Annexes aux exposés de la situation administrative des pro-
vinces de Liège et de Naniur. — Rapports sur la situation des
arrondissements d'Anvers. Malines et Tnrnbont. 12 vol. in-8".
( 186 )
Laporle {Albert). — Les C\ nifjues, comédie en 4 actes et on
prose. Liège, 18G7; in- 12.
Cholin (A.-G). — Études étymologiques et archéologiques
sur les noms des villes, bourgs, villages, hameaux, forets,
lacs, rivières et ruisseaux de la province de Ilainaut. Tour-
nai, 1867; in-8".
Straus {Louis). — Le Canada au point de vue économique.
Bruxelles, 1867; in-8°.
Inghels {Arnaud). — La Flandre poétique, comprenant les
souvenirs du règne de Léoj)old I'"'", roi des Beiges , odes , etc.
Bruxelles, 4867;in-8°.
Leboti {Léon). — Histoire de l'enseignement populaire.
Bruxelles, 4808; in-8°.
Polvin{Ch). — L'art flamand. Bruxelles, 18G7; in-8'\
Goelhals {Aniulplnis). — Chronica monasterii Sancti An-
dreae iuxla Brugas ordinis Sancti Benedicti, edidit W. IL Jaco-
bus Weale. Bruges, 1808; in-4".
Meulemans {Auguste). — La Boumanie et le prince Charles
de Hohenzollern. Précis historiques et appréciations commer-
ciales. Bruxelles, 1861); in-8".
Malherbe {Renier). — Des caractères géologiques propres au
raccordement des couches de houille. Bruxelles, 1868; in-B".
Malherbe {Renier). — Du grisou. Recherches sur les causes
de sa présence, description des circonstances de son gisement
et de son dégagement dans les mines de houille. Mons, 186(i:
in -8°.
Musée de l'industrie de Bruxelles. — Bulletin, publié sous
la direction de la commission administrative. Tome LV'.
n'' 1. Bruxelles, 1869; gr. in-8".
Cercle archéologique du pays de Waes. — Annales,
tome III, 2'"*= livr. Saint-Nicolas, 1869; gr. in-8".
La Belgique horticole ^ annak's d'horticulture belge et
étrangère, rédigée par Edouard \Iorrcn..lanvicr-févricr 18(i9.
Liège; in-8".
( «87 )
Soclvié hollandaise des sciences à Harlem. — Archives
néei'Iaiidniscs des sciences exactes et naliirelles. Tome 111,
3nie^ |nic p^ jjmc jjy — Listc dcs publica tioiis des sociétés sa-
vantes, etc. I*^'- janvier 1869. Harlem, 1808-1861); 4 cali.
in-8«.
Maalschappij der nederlandsche leUerkunde le Leiden. —
Handelingen en mededeelingen over liet jaar 1808; —
l!cvcnsberichtcn der afgestorvene mededcelen, bijiage tôt
de handelingen van 1808; — Taalkundig woordcnbock op de
werken van P.-C. Hooft, bewerkt door A -C. Oudemans.
Leiden, 1868; 5 vol. in-8".
De Quatrefages. — Observations relalives à un ouvrage de
M. Claparède, intitulé : Les annélides Cliélopodes du çfolfcde
Naplcs , et réponse h ses critiques. Paris, 1869; in-4".
Revue et magasin de zoologie pure et appliquée et de séri-
ciculture comparée, par M. F.-E. Guérin-MéneviMe. 18(')9,
n" 1. Paris; in -8".
Société philomatique de Paris. — Bulletin, lomc V, avril-
août 1868; Paris, 1868; 2 cah. in-8^
Bulletin scientifique, historique et littéraire du départe-
ment du Nord, à Lille. — l'^'^ année, janvier. Lille, 1809;
in-8^
Société impéricde d'agriculture de Valenciennes. — Revue
agricole, tome XXII, 20" année, n" 12. Valenciennes, 1808;
in-S".
Far re (Alphonse) cl Soret [Louis). — Raj)port sur létude
et la conservation des blocs erratiqnes eri Suisse, présenté à
la Société helvétique des sciences naturelles réunie à Eins'ic-
deln, le 24 août 1808. In-8^
Konigliche Akademie der Wissenschaften zu Berlin. —
Abhandlungen,aus demjahre 1807. Berlin, 1808; in-4^
Pollichia, ci nés naturwissenschafllichen Vereins der
Rheinpfalz, zu Diirkheim ajH. — XXV-XXVII Jahrcsbe-
richt. Diirckheim a IL, 1808; in-8".
( 188 )
Astronoinische Gesellschaft za Leipzig. — Vierteljalirc-
sclirift, m jahrgang, 4'^' heft. Leipzig, 1868; in-8'\
Zoologîsche mineralogisc/ien Vereines in Regensburg. —
Correspondcnz-Blatt. XXIP'*''' jalirg. Regensburg, 18G8; in-8'\
Consigiio (li perfezionamento annesso al /?. Islitulo tecinco
di Palermo. — Giornale di scienze nationali ed ecoiiomiclie.
Aiino i868, vol. IV, fasc. 1 , 2 e 3. Palerme, 1868 ; in-4".
Secchi (A.). — Catalogo délie stelle di cui si è dctcrininalo
lo spettro luminoso all'Osservatorio del Collegio Romano.
Paris, 4867; in- 8".
Secchi {A.). — La météorologie et le méléorographe à l'ex-
position universelle. Paiis, 1867; in-8°.
United States patent office, Washington, — Annual report
of tlie conimissioner of patents for tlie \ears 1865 and 1866.
Washington, 1866-1867; 6 vol. in-8".
BULLETIN
DE
L'ACADÉMIE ROYALK DES SCIENCES,
DES
LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE.
i869. — N« 5.
CLASSE DES SCIEl^CES,
Séance du 6 mars 1869.
M. Dewalque, vice-directeur, occupe le fauteuil.
M. Ad. Quetelet, secrétaire perpétuel.
Sont présents : MM. d'Omalius, C. Wesmael, J.-S. Stas,
L. De Koninck, P.-J. Van Beneden, Edm. de SeJys-Long-
champs, le vicomte du Bus, Gluge, Nerenburger, Mel-
seiis, Liagre, Duprez, Poelman, Ern. Quetelel, Spring,
Mans, Gloesener, Candèze, Eugène Coemans, Donny,
Montigny , Steichen, membres; Schwann , Lacordaire,
E. Catalan, Gilbert, associés; Brialmonl, Malaise, Bel-
lynck, Dupont, Ed. Mailly et Briart, correspondants.
^""^ SÉRIE, TOME XXVII. * \7)
( 190 )
CORRESPONDANCE.
il est donné lecture de l'inscription suivante que M. Rou-
lez, membre de la classe des lettres, a rédigée pour la
médaille destinée à M. Edouard Van Beneden, lauréat du
concours de la classe des sciences de 1868 :
ED. VAN BENEDEN
QUOD
QUAE. SIT. OVI. IN. DIVERSIS
ANIMALIUM. GENERIBUS
OOMPOSmO. QUAE. SINGULARL'M
PARTIUM. FORMAT10.«ATI0. QUE
EGREGIE. INDAGAVIT.
AN. MDCCCLXVIII.
Des remercîmenls seront adressés à M. Roulez.
— MM. V. Regnault et Paolo Savi accusent réception de
leur diplôme d'associé et expriment le désir de recevoir les
Bulletins et VAntiuaire. — Accordé.
— Le département des brevets des États-Unis adresse
les rapports annuels des commissaires des patentes pour
1865 et 1866, 6 vol. in-8°. — Remercîments.
— M. Edouard Lanszweert, d'Ostende, transmet les ob-
servations des phénomènes périodiques des plantes et des
animaux qu'il a faites dans cette localité en 1868. —
( liH )
M. Cavalier co!nnîiini(|U(' le résumé de ses observations
météorologiques relevées dans la même ville en lévrier 1869.
— Réservés pour le recueil des phénomènes périodiques.
RAPPORTS.
MM. Gloesener, Ernest Quetelet et Montigny donnent
l'ecture de leurs rapports sur le travail de M. Melsens
concernant le coup de foudre qui a frappé la gare d'An-
vers le 10 juillet 1865. Conformément aux conclusions
favorables de ces rapports, la classe vote l'impression de
ce travail, ainsi que des planches qui l'accompagnent,
dans le recueil des mémoires in-8".
CONCOURS DE 1870.
La classe adopte pour le concours de cette année la
question suivante qui formera la cinquième du pro-
gramme :
On demande une discussion complète de la question de
la température de l'espace, basée sur des expériences, des
observations et le calcul, et motivant le choix à faire entre
les différentes températures qu'on lui a attribuées.
On croit devoir faire observer aux concurrents que la
(juestion posée dans les termes les plus généraux se rat-
tache à la connaissance du zéro absolu , définitivement fixé
( 192 )
à — 27!2%8oC.; mais qu'une recherche historique et ana-
lytique des travaux entrepris, avant 1820 environ, pour
résoudre celte question pourrait offrir un intérêt scientitique
réel. On appelle particulièrement l'attention sur les travaux
de la fin du dix-huitième siècle et du commencement du
dix-neuvième, entre autres, ceux de : Black ^ Irvine, Craw-
ford, Gadolin j Kirwan , Lavoùier, Lavoisier et de Laplace,
Dalton, Désarmes et Clément, Gay-Lussac, etc.. On signale
aussi la température — ICO^'C. qu'indique Person; d après
sa formule, qui lie la chaleur latente de fusion aux cha-
leurs spécifiques, ce nombre représenterait le zéro absolu.
Comme il se rapproche de celui que donne Pouillet, il serait
important de rechercher quelle en est la signification, le
sens ou la valeur physique exacte.
COMMUNICATIONS ET LECTURES.
M. Ad. Quetelet annonce qu'il a reçu de plusieurs sa-
vants des lettres concernant la théorie des apparitions
périodiques des étoiles filantes.
11 présente un résumé de ces différentes communica-
tions.
M. Ad. Quetelet donne ensuite quelques explications au
sujet d'une réclamation de M. l'abbé Lecomte concernant
la note qui a été placée au bas de la page 3 du travail aca-
démique de ce savant sur la yrèle.
Il résulte des renseignements donnés depuis par M. Le-
( 1!»^ )
comte, que la moyenne annuelle des jours de grêle à
Bonne-Espérance doit être déduile du nombre de jours
d'orage acconiparjnés de rjrèle et non de la somme de tous
les orages qui ont éclaté pendant Vannée, comme pourrait
le faire croire la note insérée page 4ol du tome XXV de
la 2""" série des Bulletins.
M. Edouard Dupont annonce la découverte d'une caverne
à Goyet, près de Namêche, sur la rivière le Samson. Cette
caverne, de plus de 200 mètres de longueur, renferme
une quantité considérable d'ossements de tous les âges, de
toutes les espèces et principalement de VUrsus spelœus.
Vers l'entrée existe une grande quantité de débris de repas
et de vestiges de l'industrie de l'iiommc; parmi ces ves-
tiges, on a découvert un bâton de commandement en bois
de renne, sur lequel se trouve gravé un poisson qu'on peut
rapporter à la famille des Salmonidés, ainsi que le fait re-
marquer M. Dupont. 11 annonce, en même temps, que les
fouilles se poursuivent et qu'il compte présenter une com-
munication écrite à ce sujet, lors de la prochaine séance.
M. Dupont montre divers dessins de bâtons de comman-
dement découverts dans le Périgord; il fait ressortir, en
même temps, que les produits de l'art de cette époque
apparaissent avec le même caractère dans les cavernes de
la France et de la Belgique.
( 194 )
CLASSE «ES LETTRES.
Séance du /"" ni(u:> hSGO.
M. Ad. Borgnet, directeur el président de rAcadcniie.
M. Ad. Quetelet, secrétaire perpétuel.
Sont présents : MM. Steur, J. Roulez, Gachard, Paul
Devaux, Snellaert, Haus, Ch. Faider, le baron Kervyn de
Lettenhove, R. Chalon, Ad. Mathieu, Thonissen, Th. Juste,
le général Guillaume, Félix Nève, membres j Noiet de Brau-
were, Sclieler, associés.
CORRESPONDANCE.
— M. le Ministre de l'intérieur adresse un exemplaire
du Rapport triennal sur la situation de Vinstruction pri-
maire en Belgique, quelques documents imprimés relatifs
à la dernière session des conseils provinciaux et divers
livres d'auteurs belges, dont l'énumération sera faite au
Bulletin dans la liste des ouvrages présentés. — Remercî-
ments.
— Il est donné connaissance d'une lettre du Ministre
demandant à la commission de littérature flamande d'ex-
( 19S )
poser ses vues au sujet de la continualion de ses travaux.
— Cette lettre a été communiquée à M. le docteur Snel-
laert, secrétaire de la commission, et il a été ensuite ré-
pondu au Ministre.
— La classe reçoit, à titre d'hommage de ses membres,
le tome VU des Œuvres de Froissart, publié par M. le
baron Kervyn de Lettenhove, dans la collection des tra-
vaux de la commission pour les grands écrivains, et le Car-
lulaire de l'abbaye de Cambron , publié par M. J.-J. De
Smet, dans la collection des chroniques de la commission
royale d'histoire. — Remercîments.
— La bibliothèque de la ville d'Amiens, la bibliothèque
de la ville de Douai et la Société impériale d'agriculture de
la même ville accusent réception des dernières publica-
tions.
ÉLECTIONS.
La classe désigne, par ses suffrages, M. P^ugène r)elac(|z
comme directeur pour 1870 en remplacement de M. Paul
Devaux, non acceptant.
il est donné ensuite communication de la liste des can-
didatures aux places vacantes. Cette liste, arrêtée en séance
du comité de présentation , sera imprimée et communi(iuée
aux membres titulaires de la classe seulement.
( m )
COMMUNICATIONS ET LECTURES.
Taille de r homme à Venise, pour l'âge de vingt ans;
communication par M. Ad. Quetelet, secrétaire perpé-
tuel de l'Académie.
En étudiant les phénomènes périodiques de la nature,
et surtout ceux qui concernent la taille de l'homme, je
crus pouvoir annoncer que les lois qui gouvernent l'espèce
humaine, tant au moral qu'au physique, méritent une at-
tention spéciale; ces lois procèdent avec la plus grande
régularité et en suivant des phases qui n'avaient point été
étudiées jusque-là. Mais je ne tardai pas à voir l'opinion
générale s'élever contre ces assertions. Les phénomènes
observés furent envisagés comme des produits de l'imagi-
nation, plutôt que comme des faits régulièrement con-
statés. On s'effraya de voir l'homme, l'être le plus noble de
la création , devenir en quelque sorte un chaînon de gran-
deur déterminée dans l'ensemble des êtres vivants, sans
s'apercevoir que s'il n'occupe qu'une place imperceptible
dans l'ordre matériel, il gagne, de l'autre part, une place
immense dans l'univers, en découvrant les lois régula-
trices de l'espèce qu'il avait ignorées jusque-là.
Ces craintes sur la dépréciation que subissait l'homme
physique, dépréciation si faible en comparaison des avan-
tages immenses qu'il acquiert intellectuellement quand il
pénètre les vastes combinaisons de la nature et découvre
( lî»7 )
l'ordre parlait qui rèi»nc dans toute la ciéaliou, lireiit au
premier abord rejeter la recherche des lois régulatrices de
la taille humaine (J), du poids du corps, de la longueur
du pas, de la vitesse de la course, des battements du pouls
et du cœur, etc. Dans la première édition de ma Physique
sociale, qui parut en I800, je ne crus pas devoir m'arréter
devant ces obstacles qui devaient nécessairement tomber.
Plus d'un quart de siècle s'est écoulé depuis, et chez
plusieurs nations des plus éclairées, il s'est trouvé des
hommes d'un haut mérite qui ont bien voulu examiner les
lois dont je parle. Je crois pouvoir citer pour la France,
Laplace, Fourier et Poisson, qui encouragèrent mes pre-
miers essais : successivement l'Allemagne, l'Angleterre, et
en dernier lieu les États-Unis, après avoir examiné attenti-
vement mes travaux, ont bien voulu applaudira mesetïorts.
Tout récemment encore, dans ma nouvelle édition de la Phy-
stfpje sociale, j'ai pu citer les mesures prises par plusieurs
officiers supérieurs de l'armée fédérale sur plus de 45,000
hommes de troupes des États-Unis; ces mesures, obte-
nues avec un soin particulier sur un aussi grand nombre
d'hommes, ont donné des résultats plus précis que ceux
que j'avais trouvés en Belgique et que ceux qui avaient été
acquis en Angleterre et en Ecosse pour vérifier également
mes premières assertions.
(1) Il ne s'agit pas seulement de la taille, mais de toutes 1rs parties du
corps humain qui conservent entre elles la même unité; par exemple,
la circonlerence du corps, et le pourtour de la poitrine, ainsi que je l'ai
fait voir déjà dans ma Physique sociale. Un troisième volume supplémen-
taire, sur les différentes proportions de l'homme, renfermera tous ces
détails et ces mesures, que je dois au concours obligeant d'un grand
nombre d'artistes et de médecins qui ont bien voulu m'aider dans mes
recherches.
( 198 )
Un essai pareil vient d'être fait par M. Louis Bodio, pro-
fesseur titulaire de statistique à l'école supérieure de com-
merce de Venise :ce savant vient de donner une nouvelle
coniirmation à la loi qui concerne les tailles. Pour l'étude
des phénomènes relatifs à l'homme, la taille est peut-être
l'élément qui devait inspirer le plus de doute, à cause des
inexactitudes auxquelles il peut donner naissance. Dans la
S*" édition de ma Physique sociale, on peut voir, en effet,
comhien il serait plus facile de chercher la loi qui règle
toute autre qualité physique de l'homme, où l'on a moins
d'erreurs à craindre dans les mesures que l'on cherche à
recueillir.
Voici les considérations de M. Bodio telles qu'il nous les
a communiquées; nous croyons qu'il sera plus avantageux
de l'entendre expliquer lui-même la marche qu'il a suivie
pour arriver aux résultats qu'il présente, résultats, du
reste, parfaitement d'accord avec ceux que nous avons
trouvés primitivement et avec ceux qui ont été obtenus
en Angleterre, en Ecosse, aux Étals-Unis, et partout où
l'essai des mesures a été pratiqué avec soin. « J'ai tâché
de construire, dit M. Bodio, une courbe marquant la taille
de nos jeunes conscrits; j'ai adopté la méthode que vous
avez indiquée dans votre mémoire Sur l'appréciation des
documenls statistiques et en particulier sur Vapprécia-
tion des moyennes, et j'ai suivi même intégralement votre
table de possibilité. Voici les données : je les ai extraites
des publications officielles du ministère de la guerre.
« Les moyennes résultantes des opérations de recrute-
ment des années 1865, 1864 et 1865 pour le royaume
d'Italie, à l'exception des provinces vénitiennes, sont faites
sur les jeunes gens nés en 1815, 1844 et 1845 (levées
anticipées) : le nombre des jeunes gens mesurés a été de
( lîH) )
JolMJTU pour JSOô, Jor>,09(S pour liSiji, cl lo7,(J()7 pour
J80o, ce qui (lonue uu total do 470,744 observations.
OHSERVtl-S PAR 100.
CALCULÉKS PAU 1
laillc iiilL-ricurc à
l"'.oi . .
11,67
UJ2
De Ini.^oi à
l,o6 . .
6,08
6,90
1,06 à
1,62 . .
;{2,oi
;u,88
1,62 à
1,70 . .
37,06
38,28
l.TO à
1,75 .
9,96
9,0o
l,To à
1.80 . .
2,74
2,30
Ait-dcs:sus (le . .
l'",80. ,
0,48
0,37
100,00
100,00
» Voici pour chaque centimètre de hauteur, à partir de
l'",o2, le nombre de jeunes gens, calculés pour 100,000
mesurés. La taille moyenne qui en résulte est 1"\62.
llaulour.
Mesurés.
Hauteur.
Jlesurcs.
Haulcur.
Mesurés.
i-,32
ln.,52
1762
1">,72
2185
33
1
53
2185
73
1762
34
1
54
2673
74
1377
35
1
55
3192
75
1054
36
3
56
3710
76
799
37
4
57
42 ;9
77
580
38
S
58
4742
78
418
39
13
59
5169
79
297
40
24
60
5535
80
200
41
35
61
5779
81
135
42
56
62
,5907
82
91
43
91
63
5907
83
56
44
135
64
5779
84
35
45
200
65
5535
85
24
46
297
66
5169
86
13
47
418
67
4742
87
8
48
580
68
4249
88
4
49
799
69
3710
89
3
50
105 i
70
3192
90
1
51
1377
71
2673
plus de 1"','J0
2
( 200 )
Enlin , voici les difl'érences entre les chiffres donnés par
'expérience et ceux obtenus par le calcul :
D-après
HAITEIR DE LA TAILLE.
1 l'expérience.
î
D'après
le calcul.
Difrérences.
Au-dessous c
De ln\o4
- 1,06
- 1,62
- 1,70
- 1.7o
.\u-dessus c
e lm,3i
4 1,06
» 1,62
à 1,70
i l,7o
1 1,80
le 1,80
11,670
6,080
32,010
37,060
9,960
2,740
480
11,717
6,902
31,381
38,283
9,051
2.29 i
372
- 47
- 822
+ 629
- 1,223
-h 909
+ 446
-t- 108
100,000
100,000
Sur Jeanne la Folle et les documents concernant cette prin-
cesse cpii ont été publiés récemment ( I ) ; par M. Gachard ,
membre de TAcadémie.
I.
Lorsque je lus, dans un journal de celte ville, qu'il al-
lait être publié des pièces, tirées des archives royales de
Simancas, desquelles il résultait — on l'annonçait du
moins — que Jeanne de Castille, (ille de Ferdinand et
(1) Ce travail était lorminé et tel que j'ai rhoiineur de le présenlei- i
FAcadciiiie, (juand, il y a peu de jours, les feuilles anglaises sont ni;tl-
heuieuseuient venues conlirnier le bruit qui couiait de la mort inopine»
de M. H<^r,f;enrotli à Madrid, (^est une grande perte pour la science Iiisio-
rique. M. Bergenroth était un très-habile explorateur des dépôts d'ar-
( -201 )
(J'isabelle la Calholique, épouse de Philippe le Beau et
mère de Cliailes-Quiiit, ifétait pas l'olle, comme on l'a
cru généralement jusqu'ici, mais hérétique; que la folie
dont on l'accusa ne fut qu'une invention destinée à mo-
tiver l'incarcération qu'on lui lit subir durant de longues
années, en punition de son hérésie; que Charles-Quint,
loin de mettre un terme à l'affreuse situation de sa mère,
rudoya ceux qui osaient lui en parler, et que ce fils dénaturé
consentit même, en lo!27, à ce qu'on donnât de nouveau
à la reine l'estrapade dont l'application avait été suspendue
pendant quelque temps (1); lorsque je lus, dis-je, ces choses
véritablement nouvelles et assez extraordinaires, l'idée me
vint tout aussitôt de faire connaître à l'Académie des do-
cuments, d'une autorité considérable, que j'avais rapportés
d'Italie, et qui jetaient un grand jour sur le caractère de
Jeanne, sur ses rapports avec l'archiduc son mari, sur ses
actions et sa conduite du vivant de ce prince. Il me sem-
blait que de tels documents contribueraient à l'élucidation
de la question historique qui venait d'être soulevée.
Sur ces entrefaites, une lettre de M. Amédée Pichot, in-
sérée dans le journal dont je viens de parler (2), m'apprit
que les pièces dont on disait que la publication aurait lieu
seulement dans un temps plus ou moins rapproché, avaient
déjà vu le jour. Je crus devoir alors interrompre le travail
chives. Ce qu'il avait fait déjà était le gage de tout ce qu'on pouvait se
piomeUre de son activité et de son intelligence. Il faut espérer que le
fruit de ses longues investigations dans les archives et les ])ibliothèques
d'Espagne ne sera pas perdu , et qu'une main amie donnera au public
les documents qu'il avait recueillis sans avoir pu encore les livrer à l'im-
pression.
(1) V Indépendance belge , n" du 15 janvier 1869, édit. dn soir.
(2) N" du 2.3 janvier, édit. du soir.
( 202 )
que j'avais commencé, jusqu'à ce que j'eusse pris connais-
sance de ces pièces.
Aujourd'hui que je les ai examinées, que j'en ai fait une
élude attentive, je viens soumettre à la classe le résultat
consciehcieux de cette étude, laissant de côté , pour le mo-
ment, la communication que je m'étais d'abord proposé de
lui faire.
IF.
La découverte et la publication des documents qui depuis
peu excitent tant de curiosité parmi les amis des études
historiques, sont dues, l'Académie le sait déjà, à un savant
allemand établi à Londres, M. G. A. Bergenroth.
M. Bergenroth a été envoyé en Espagne, il va une
dizaine d'années, par l'honorable sir John Bomilly, maître
des rôles (master ofthe roUs) d'Angleterre, qui, sous l'au-
torité des lords de la Trésorerie, dirige la grande publica-
tion de documents sur l'histoire du Royaume-Uni dont
plus de cent volumes ont paru déjà. ïl a fait un très-long
séjour à Simancas, compulsant, avec un soin scrupuleux,
dans toutes ses parties, le célèbre dépôt d'archives de la
couronne de Castille que celte petite ville a le privilège de
posséder. A Madrid il a exploré les précieuses collections
diplomatiques et historiques dont s'est successivement en-
richie la bibliothèque de l'Académie royale d'histoire. Ses
investigations ont embrassé d'autres dépôts littéraires,
d'autres archives encore de la Péninsule.
Comme premier fruit de ses travaux. M, Bergenroth a
donné au public, en 1862, un Calendar (précis, analyse)
des lettres, dépêches et papiers d'État, conservés princi-
palement aux archives de Simancas, qui concernent les
( î203 )
négociations do l'Angleterre avec i'Kspagne sous le règne
de Henri MI, 1485-1509 (1).
En 1868 il en a l'ait paraître la suite, comprenant le
règne de Henri Mil jusqu'à l'année 1525.
Chacun de ces deux volumes est précédé d'une savante
introduction (2).
Le recueil qu'il a publié récemment, et dont je vais
rendre compte à l'Académie, est un supplément à ces
deux volumes (5). Mais, tandis que dans ceux-ci il s'est
contenté de donner une analyse, plus ou moins étendue,
des pièces rassemblées par ses soins, le supplément —
et tous ceux qui aiment à étudier l'histoire dans ses sources
lui en sauront gré — contient les pièces mêmes, accom-
pagnées d'une traduction anglaise.
M. Bergenroth a d'ailleurs rapporté d'Espagne bien
d'autres documents, d'un haut intérêt, qui ne tarderont
pas, espérons-le, à voir le jour : je citerai, notamment,
la correspondance de Charles-Quint avec la cour de Rome
qu'il a tirée de la fameuse collection connue sous le nom
de Salazar. A l'époque où j'étais à Madrid (en 1845 et
18M) , je ne pus parvenir, malgré toutes mes démarches,
à avoir accès à cette collection, qui était alors reléguée
dans les greniers du palais des cortès. Le gouvernement
(1) Calendar of telle rs , despalches, and Sicile fiapcrs , rclaling lo
tfie negotiations betiveen England and Spain^ preserved in l/te archives
al SimancaSj and elsewhere.
(2) Le premier volume a cxlvi et i7-2 pp.; le deuxième, ccxix el
863 pp.
(3) Supplemenl lo volume I and volume II of lellers, despalches,
and Slate papers , relatiny lo Ihe negolialions belween England and
Spain, preserved in Ihe archives al Simancas and elseicherc : 1808,
Lxxx el 407 pp.
( â04 )
a pris depuis le sage parti de la faire déposer à la biblio-
thèque de l'Académie royale d'histoire, et c'est là que
M. Bergenroth Ta consultée.
m.
Le Supplément de M. Bergenroth se divise en deux par-
ties.
La première, qui est formée de neuf pièces seulement ,
des années 1501 à lolo, est relative à Catherine d'Aragon,
lille des rois catholiques, qui épousa Artus, prince de
Galles, lils aîné de Henri Vil, et, après la mort de ce
prince, son frère Henri. Je n'ai pas à m'en occuper.
La seconde concerne Jeanne de Castille; elle se compose
de cent quatre pièces.
Douze pièces se rapportent au règne de Philippe le Beau.
Dans ce nombre il y a trois lettres d'un moine, fray
Tomàsde Matienzo, prieur de Santa Cruz, que les rois ca-
tholiques envoyèrent à Bruxelles en 1498, pour s'enquérir
et leur faire rapport de l'état ainsi que de la manière de
vivre de dona Juana.
Peu de jours après son arrivée, au commencement
d'août, fray Tomâs écrit à ses souverains qu'il a vu l'ar-
chiduc et l'archiduchesse, lesquels l'ont bien accueilli;
qu'il a communiqué à la princesse sa commission; qu'elle
s'en est félicitée (1).
Le i6 août, au contraire, il leur marque que son arrivée
a causé peu de plaisir à l'archiduchesse, parce qu'on lui a
(1) Pag. 4-
( 205 )
dit qu'il venait pour être son conlesseur. Il a alfirmé à dona
Juana qu'il n'en étail rien, cl cela l'a tranquillisée (1). il
njoule : a Je ne sais si c'est ma présence ou le peu de dévo-
» tion de la princesse qui en a été cause, mais, le jour de
» l'Assomption, deux de ses confesseurs sont venus ici,
» et elle ne s'est confessée ni à l'un ni à l'autre (2). »
Enfin, le 15 janvier de l'année suivante, notre prieur
fait savoir à la reine Jsahelle que, depuis que l'archidu-
chesse est allée à la messe pour ses relevailles (elle avait
mis au monde, le 50 novembre, la princesse Éléonore), il
lui a parlé plusieurs fois. Il lui a dit, entre autres choses,
qu'elle avait un cœur dur et sans pitié (5). Elle lui a ré-
pondu qu'au contraire elle l'avait si faible et si abattu
qu'elle ne pensait jamais à l'éloignement où elle se trou-
vait pour toujours de la reine sa mère, sans verser d'abon-
dantes larmes. Fray Tomas ne se montre pas, du reste, en
tout, un juge aussi sévère pour l'archiduchesse, car il s'ex-
prime ainsi un peu plus loin : a 11 y a, dans la maison de
» la princesse, autant de religion que dans une étroite ob-
» servance, et en cela elle est très-vigilante : ce dont elle
» doit être louée, quoiqu'ici on trouve le contraire. Elle a
» les qualités d'une bonne chrétienne (i). »
(1) .. Yo le alirmé lo contrario, con que algo quedô satisfecha «
(Pag. 49.)
(2) y No se si mi venida 6 su poea devocioii lo causé, que el dia
de la Asuncion aqui acudieron dos confessores su.vos, y con nenguno se
confessô... » (Pag. .oO.)
(5) v^ .... Dixele, entre las oUas cosas, que lenia un corazon duro y
crudo, sin ninguna piedad,como es verdad.... '^ (Pag. 54.)
(4) c« ... Hay lanla religion en su casa como en una esirecba ohser-
vancia , y en esto tiene mucha vigilancia , de que debe ser loada , ahunque
aquâ les pareee el contrario. lUienas partes tiene de buena cristiana .... »
(Pag. 55.)
2"* SÉRIE, TOME XXVII. 14
( 206 )
Un autre religieux, fray Andrés, écrit d'Espagne, le
J*' septembre 4498, à doua Juana : « On me dit que
» Votre Altesse se confesse à ces moines qui sont à Paris
» et y hantent les tavernes, et qu'elle a donné trente flo-
» rins à l'un d'eux pour faire bonne chère. Mon avis est
» que Votre Altesse ne se confesse qu'à un religieux qui
» réside en son monastère de l'observance, qui n'ait pas
» à lui une épingle, et à qui Votre Altesse ne puisse faire
» du bien, si ce n'est pour la communauté et monastère de
» l'observance où il résidera. Avec des religieux, comme
» ceux-ci, qui appartiennent à un monastère de l'ob-
» servance, elle rendra un bon compte à Dieu de son
» ame (1). »
Voilà, dans cette première série de pièces, tout ce qui ,
directement ou indirectement, se rapporte aux pratiques ou
aux sentiments religieux de Jeanne la Folle. Je laisse à
l'Académie à juger si l'on peut induire des textes que j'ai
mis sous ses yeux que cette princesse fut hérétique.
Deux pièces — une instruction donnée par Phdippe le
Beau à Jean de Hesdin , et une dépêche de Ferdinand le
Catholique à ses ambassadeurs près le roi de Castille —
ont trait aux démêlés qu'il y eut entre le beau-père et le
gendre.
(I) « .... Di/enme que Vuestra Aiteza se conliesa cou esos fray les
qu'eslàn en Paris, y que â uno avia dado treynla florines para azer buenas
xiras, que andan por esos hodegones de Paris. Mi parescer es que Vueslra
Alleza no se confiese sino con frayle que eslé en su monaslerio de la
ohservancia, que no tenga para si un alfder , ni Y. A. le puede dar ni
Ijazei' bien, sino para la comunidad y monaslerio do esloviere que soa de
ohservancia; y con taies frailes conio eslos que eslàn en monaslerio de
ohservancia, darâ huena cuei>4a â Dios de su anima » (Pag. :>l.)
( 207 )
Lesaiid'cs, Icilcs que le leslanienl et les patentes de la
reine Isabelle par lesquels elle coiilera à son époux le
gouveinenient (Je la Castille, le consentement donné à ces
actes par les cortès de ïoro, le traité du 27 juin 1506
conclu entre Philippe et Ferdinand, la 'protestation secrète
i'aile par Ferdinand le même join', étaient déjà connues.
IV
Une correspondance de Ferdiiiand, des années 1^)07 et
1508, avec sa fille la princesse de Galles et le docteur de
la Pîîcljla, son ambassadeur en Angleterre, vient ensuite.
File contient des particulaiités intiniment curieuses sur un
fait très-peu connu jusqu'ici (l):je veux parler des dé-
marches que fit Henri Ylï, après la mort de Philippe le
Beau, pour obtenir la main de dona juana. il était alors
dans sa quarante-septième année et veuf depuis quatre
ans; dona Juana en comptait vingt-huit.
L'argent, on le sait, était la passion dominante de
Henri YH; dans son mariage avec la reine douairière de
Castille il voyait le moyen de s'en procurer beaucoup;
aussi poursuivait-il cette négociation avec chaleur : il au-
rait été disposé même , s'il l'eût fallu pour qu'elle réussît,
à aller résider pendant quelque temps en Espagne. Cathe-
rine d'Aragon et le docteur de la Puebla lui éi aient tout
dévoués : « Certainement — écrivait cet ambassadeur à
» son maître le 15 avril 1507, — à ce que je puis com-
(1) M. Lafueule, Uisloria gênerai de Espaha , t. X, p. ."i", n'en dit
que trois ou quatre mois.
( 208 )
» prendre, il n'y a pas de roi qui convienne plus à Votre
» Altesse que le roi d'Angleterre, si la reine se remarie,
» qu'elle soit en santé ou malade, car je me figure qu'ayant
» un mari comme le roi d'Angleterre, elle pourrait se por-
» ter mieux que personne; et si sa maladie était incurable,
» ce ne serait pas un inconvénient qu'elle fût ici. Il ne me
» paraît pas d'ailleurs qu'ils attachent une grande impor-
» tance à sa maladie, parce qu'ils ont su de moi qu'elle
» ne l'empêche pas d'avoir des enfants (1). » Il mandait à
Ferdinand, dans une dépêche subséquente, que le roi et
son conseil désiraient extrêmement la conclusion de ce
mariage, alors même qu'on dît des choses pires encore de
l'inlirmité de la reine (2). Catherine, de son côté, écrivait
dans le même sens à son père.
Ferdinand était favorable aux vues de Henri Vil, qui
s'engageait à lui garantir le gouvernement de la Castille,
s'il épousait la reine. Mais il se trouvait en ce moment
dans son royaume de iXaples, et il pensait que lui seul pou-
vait entretenir sa fille d'une chose aussi délicate que cette
proposition de mariage. Il engageait donc le roi d'Angle-
(1) « Cierlamente, à lo que puedo comprehender, no hay irey
que sea mas al propôsilo de V^ A que el voy de Vuglalerra, si la seîîoia
leyiia hubiesse de casar, agora esluviesse sana ô enferma : que se me
figura que leniendo lai marido como al rey de Ynglatena, podria rolnar
la sanidad mejor que olro alguno Y si su enfermedad fuesse incurable ,
no séria Inconvinienle eslar aquâ. Y no me parece que esliman en mucho
su enfermedad , porque supieron de mi que para liaber generacion no
liene enfermedad alguna > (Pag. 95.)
(2) a Créa V. A. «pie el consejo del rey de Ynglalerra desea en
estremo poderse concluyr semejante casamienlo , aimque peores cosas se
digan de la dolencia de la fija de V. A., y en este mismo j)ropôsi(o eslà el
rey de Ynglaterra... « (Leilre du 7 septembre 1,"i07, [). 113.)
( ^209 )
tenc, (jiiolle (nio lût rinipatiencc de ses désirs, à aUeiidre
son rclonr en Espagne (I).
Il débarqua, le 20 juillel 1507, à Valence. Le mois sui-
vant, le cardinal Ximenes lui amena dona Juana à Tortoles.
« L'entrevue du père et de la tîlle après une si longue sé-
» paration — dit M. Laluente — l'ut intéressante et tendre.
» Ils restèrent longtemps dans les bras l'un de l'autre. La
» reine manifesta une sensibilité qu'on n'avait pas remar-
» quée en elle depuis la mort de son mari. Le roi l'ut af-
» fecté de voir le visage défait, le regard troublé et la mise
» négligée de sa fille (2). »
Luc lettre de Ferdinand au docteur de la Puebla nous
apprend l'accueil que Jeanne lit aux premières ouvertures
de son père en matière de mariage, et elle nous fournit
quelques autres détails intéressants : « Vous saurez —
» écrit le roi d'Aragon à son ambassadeur — que la reine
» ma fille a continuellement auprès d'elle le corps du roi
» don Pbilippe, son mari. Avant mon arrivée, jamais on
» ne put obtenir d'elle qu'elle lui donnât la sépulture. De-
» puis que je suis venu, elle a témoigné le désir qu'on ne
» l'inbume point; et moi, par rapport à sa santé et à sou
» contentement, je ne la contredis en rien ni ne veux qu'on
» fasse cbose dont elle puisse recevoir du déplaisir; mais
» je tâcherai peu à peu de l'amener à trouver bon que ledit
» corps soit inhumé. Lors de mon arrivée, elle se disposait
» à f^iire célébrer un service anniversaire pour le roi son
» mari : jusqu'à ce que ce service eût eu lieu, je me gardai
» de lui parler de mariage; mais, après les obsèques, je lui
(1) Lettres de Keicliiiaiid à Catlieiine, des lo mars et 18 juin lc>U7
j.|.. 80 et m.
(2) Hisloria gênerai de Espaha , l X, p. 55o.
( t210 )
» en touchai un mot sans nommer personne; seulement je
» lui demandai si elle était en intention de se remarier. Elle
» me répondit qu'elle se guiderait en tout d'après mon
» conseil et ma volonté, mais qu elle me suppliait de ne
» pas lui ordonner de me répondre là-dessus jusqu'à ce
» que la sépulture eût été donnée au corps du roi son
» mari; qu'alors elle me répondrait. Ce que voyant, je
» n'ai pas insisté, attendant rinhumalion dudit corps :
» car je crois qu'auparavant cela ne servirait de rieu (I). »
Là s'arrête la correspondance du roi d'Aragon. Mais il
est probable que ce prince s'abstint de renouveler auprès
de sa tille des tentatives qui seraient certainement restées
sans succès : car Jeanne n'était rien moins que disposée à
se séparer du corps de son mari. Lorsque, en 1509, Fer-
dinand la conduisit à Tordesillas, pour y établir sa rési-
dence, il fallut que le cercueil qui renfermait les cendres
(1) „ Habeis de saber que la reyna lui lija trac de coiifmo coiisigo
el cuerpo del rey don Felipe su maiido, que Dios haya, y anles de mi
venida nunca pudieiou acabar con ella que lo sepullase; y despues de yo
venido, ha mostrado que desea que el dicho cuerpo no se enlierre, y yo,
por !o que loca â su salud y conlentamienlo, ninguna cosa le contradijo,
ni quiero que se l'aga cosa de que ella reciba alleracion : mas poco à
poco yo trabajaré que ella aya por bien que el dicho cuerpo se sepulte.
Y luego que yo vine , ella eslaba puesta en que se fiziesen las honras del
cabo d'ano al dicho rey su marido; y fasta que se fizo el dicho cabo d'ano,
yo no lo quise fablar en cosa que locase à su casamienlo : pero , fechas
las honras, yo le toqué en ello sin nombrar con quien , sino solamenle
por saber si esta en intincion de casarse. Ella me respondio que en liin-
guna cosa habia de salir de mi consejo y mandado, mas que me sui.li-
caba que no le mandasse que me respondiesse â aquello fasta que el
cuerpo del rey su marido fuesse sepultado,yque entoiîces ella me respon-
deria. Y viendo yo cslo, no la he aprelado fasta que el dicho cuerpo sca
sepultado, porque creo (pie antes no aprovecharia. ... -^ (Pag. 157.)
( ^^li )
(le Philippe le Beau (Vil déposé en un lieu «lu uiouaslère
de Sauta Clara où elle pouvait l'apercevoir des lenélres de
son appartement (I).
\
Toutes les autres pièces du recueil de M. lîergenrotli ,
au nombre de quatre-vingts, correspondent aux seize pre-
mières années du règne de Charles-Quint en Kspagne
(lol6-1551).
Cette série s'ouvre par une lettre d'un Aragonais, mosen
Ferrer, écrite au cardinal Ximenes de Cisneros. Mosen
Ferrer avait été commis par le roi Ferdinand au gouver-
nement du palais de Tordcsillas; dans l'exercice de cette
charge il s'était livré, paraît-il, à des excès de pouvoir, et
Ximenes venait d'envoyer sur les lieux l'évèque de Mail-
lorque pour y mettre ordre. On reprochait surtout à Ferrer
d'être cause que l'état mental de la reine ne s'était pas amé-
lioré et de l'avoir retenue prisonnière (î2). 11 se disculpe de
ces imputations : « Comment — dit-il au cardinal — com-
» ment Votre Seigneurie Révérendissime, qui connaît si
» bien la condition et l'infirmité de la reine, notre dame,
» peut-elle croire ou penser que, par ma faute, on ait né-
» gligé de faire ce qu'exigeaient la santé de Son Altesse et
» son service? Son Altesse ayant succédé au royaume
» d'Aragon, où je suis né, qui peut se promettre du réta-
(1) Lafueiile, Historiaijeneral de Espaha , t. X, p. 549.
(2) c< Y iiivoiitaron que yo era causa que la reyna iiueslia senora
ni) se cuiaba, y (|ue avia ostado prcsa en la vida del rey su padj-e. .. «
Pag. 142.)
( 212 )
» blissemcnl de sa sanlé pkis d'avantages que moi , après
» la manière dont je l'ai servie et les continuels rapports
» que j'ai eus avec elle? Mais est-ce ma faute, si Dieu la
» lit de telle nature qu'on ne sache obtenir d'elle plus que
» ce que Sa Divine Majesté permet et veut? Et jamais le
» roi son père ne put l'aire davantage, jusqu'au point que,
» pour lui conserver la vie, il dut ne pas insister sur ce
» qu'il avait ordonné, car elle voulait se laisser mourir de
» faim plutôt que d'y obéir (I). »
Après cette lettre il y en a de Cliarles-Quint, du marquis
de Dénia, don Bernardo de Sandoval y Rojas, à qui, le
lo mars ioi8, ce monarque conlia la direction de la mai-
son de dona Juana (2); du confesseur de la reine, fray Juan
(I) « ... Vueslra Senoriii Hevri-endissinia , ([ue tanlo conosce y es
sabidor de las condicioiies y enfermedad de la reyiia nueslra senora,
como ha de creher ni pensar que por mi culpa se dexase de liazer lo (lue
cumpliese à la salud de Su Alleza y a su servicio? Y aviendo suscedido
Su Alteza en los rreynos de Aragon donde yo soy natural , segun lo que
yo lie servido à Su Alteza y la mucha continuacion y conversacion que cou
Su Alteza lie tenido, quicn espéra mas merced con su salud que yo? Mas
si Dios la hizo de tal coudicion que no se le pucda hazer mas de lo que
Su Divina Majestad permite yquierel Y nunca el rey su padre pudo liazer
mas, fasta que porque no muiiesse , dexàndose de corner por no complir
su volunlad , le buvo de mandar dar cuerda por conservarle la vida.. »
(Pag. 142.)
On ne comprend pas que M. liergenrolh ait traduit les mots le huco
de mandar dur cuerda par ^^ ordonna qu'on la mît à la torture » { fie
had to order that she loas lo he put lo Ihe rack). Faire mettre sa lille
a la torture pour lui conserver la vie !!! Pourquoi M. Bergen roth ne s'en
esl-ii pas rapporté au dictionnaire de rAcadémie espagnole, où Ton lit :
a Dar cuerda 6 à la cuerda, frase metatorica. Ir dando largas â algurio
» negocio. Negotium sensim diff'erre. » Le dictionnaire de Domingo
Gian -Trapany el Rosily (Paris, 1826, in-H") dit aussi : ■ Dar cuerda .
« tirer une affaire en longueur. '^
(-j Sandoval, Hisloria de Carlos V , t. I , |i. 'Jl.
( 215 )
(Je Avila; de riiilanU! dona Catalina. qui liahilait avec sa
mère; du cardinal de Torlose, Adrien (rUtreclit ; du con-
nétable, de l'amiranle et du grand commandeur de Cas-
tille, de don Lope Hurtado de Mendoca, du comte de Haro,
de fray Garcia de F.oaysa, etc. N'oublions pas de mention-
ner — car ils sont san^ contredit au nombre des pièces les
plus curieuses du recueil — des procès-verbaux , rédigés
par-devant notaires, de ce qui se passa entre les cowu-
neros et la reine, après qu'ils se furent emparés de Tordc-
sillas.
De tous ces documents, les lettres du marquis de Dénia
et de l'ray Juan de Avila sont les seuls (jui rournissent
quelques indications sur la laron d'agir de dona Juaua en
matière de religion.
Le 22 juin 1518, Dénia écrit à Charles-Quint : « Nous
» nous occupons de l'affaire de la messe. La reine voudrait
» qu'on la dît dans la galerie où Votre Altesse la trouva;
T> moi je voudrais qu'elle se dît dans une pièce commu-
» niquant avec sa chambre : mais, d'une manière ou de
» l'autre, elle se dira bientôt (1). » Il lui mande le 15 sep-
tembre suivant: « Depuis que Votre Altesse m'a commandé
j> de faire en sorte que Son Altesse entende la messe, on
» n*a cessé d'avoir un soin spécial de cela; et ainsi il a plu
» à Dieu qu'hier Son Altesse ait voulu que la messe lui fut
» dite. On avait dressé un autel au bout de la galerie où
» Votre Altesse vit la reine, et l'on y avait placé un dais
» de velours et de damas noir fait à cette occasion. En en-
(1) u ... Kn lo de la misa andamos eiilendiondo. S.A. (|iRriia ([uc se
dixiese en el corredor adoiide V. A. I:i ludlo, y vo ((uerria que se dixiese
en una qiiadra que esta cahe su eanirir:i; {tero en la nna jKui.e (» en la
otra de/^irsea pretlu... - (Pag. 164.)
( 214 )
» traiit, Sou Altesse lit sa prièie à l'autel, et ou lui jeta
» l'eau béuile; au coninieucement de la confession , elle se
» mit à genoux et elle y resta jusqu'à ce qu'elle lïit (inie;
» alors elle s'assit. Elle prit des Heures que tenait la dame
y> infante et y récita les heures de la Crois. Pendant toute
)) l'élévation, elle fut agenouillée, récitant le Paier Noster
» et des Ave Maria assez haut pour qu'on l'entendît. Quand
» on lui apporta l'Evangile et la paix, elle ne les voulut pas,
» mais elle conuiianda qu'on les donnât à baiser à la dame
» infante (l). La messe achevée, elle rentra dans sa cham-
» bre. Aujourd'hui elle a entendu la messe de la même ma-
» nière. Avec l'aide de Dieu , nous ferons en sorte que cela
» se continue, il n'assiste à la messe que celui qui la dit, le
» père garcfien (fray Juan de Avila) et un enfant de chœur.
» Votre Altesse doit rendre des actions de grâces à Dieu :
D car, bien que Son Altesse soit dans une disposition diffé-
» rente de celle où Votre Altesse désirerait la voir suivant
D l'amour et le respect que Votre Altesse lui porte, il plaira
» à Dieu de la guider de manière qu'elle le connaisse et
V qu'elle se sauve (2)... »
(1} Dans cet ordre M. Bergeiiioth voit une .réi>ugnance décidée de la
reine à observer une pratique qui s'observait, à Téglise, envers les princes ;
je ne saurais y voir qu'une marque de bienveillance et de distinction don-
née à Tintante.
(2) «... Despues que V. A. me mandé que procurase que S. A. oyese
misa, siempre se ha tenido especial cuydado deslo, é asy a plasydo à
Nuestro Seîïor que ayer Su Alleza ([uyso que se dixese la mysa; é ade-
reçôse ai cabo de! corredor adonde Vuestra Alleza viô à S. A con panos, é
pusose un dozer de terciopelo negro é damasco negro que para esto se
hizo. En saliendo, S. A. liizo oracion al allai é echaronle agua bendila .
écn començando la conresyou liincése de rodillas liasla ((ue se acabo, c
asentose. Tonio unas Oras à la senora ynlantc é reso en ellas las oras de
la Crux; é en laiilo (lue aiçaron el sacranienlo e cunsumyeron,syenipre
^ ( 213 )
Fray Juan de xVvila, sans cnlicr dans dos dclails, l'ail
aussi savoir au roi que sa mère a entendu la messe le di-
manche 12 septembre, et il ajoute qu'elle a la volonté de
continuer à Fenlendre (l). Six semaines après, il lui con-
lirme ces bonnes dispositions de dona Juana : « La reine
» — lui dit-il — contiime d'assister à la- messe avec la
» dame inl'ante tous les jours qu'elle ne reste pas au lit,
» ou que quelque évidente nécessité n'y met pas oh-
» stade (!2). » Il lui lait parvenir encore des inlbrmations
semblables le 8 juin 1519 (o). Cette année-là, pendant la
semaine sainte, dofia Juana avait même voulu aller au
monastère de Santa Clara, où reposait. le corps de son
époux (4).
«'sliil»o de rrodillas , rcsaiulo Paler Nostoi- é Ave Marias <|ao se oyan.
Huaiidu Iruxeron el Evangelio é la paz, no lo qiiiso S. A. é niando ge lo
dieseii à la senora yidanlc. Despues de acabada la myssa, enliôse S. A.
en su eâmara. E oy a oydo myssa de la niesnia nianera. Procuiarseha,
eon el ayuda de Nuestio Senor, que eslo se continue. No entran â la
niissa syno el que la dysse y el guardian é un moro de capilla. Vueslra
Alle/.a deve dar gracias â NuesU'O Senor, porque aunque S. A. esta en
olia dispusycion de la que V. A. querria segun ell anior y acalamiento que
le liene, plaserà â Dios que la porna en caniino para que le conozca é se
salve.... » (Pag. 177.)
(1) « Oy domingo, en xji dias de seliembre, sy lia [ilasido à la
divina bondad de Dios ha oydo niissa la reyna nuestra senora, y Su
Alleza tiene voluntadde lo conlinuar.. . >^ (Pag. 17o.)
(2) « La reyna conlinua oyré ver la niissa junctamente con la
senora ynfanle en lodos los dias que en la cama no esta, 6 sy otra alguna
évidente necessidad no se offresce que ge lo excuse y ( Lettre du
50 octobre 1518, p 180.)
(5) ^' Su Alteza conlynua el oyi' de la inis.sa, y tiene bueii d< seo
de servir â Dios nueslro senor... >> (Pag. 189.)
(i) Lettre du marquis de Dénia à Cbarles-QuinI, du ^U avril loi 9,
p. 184.
( 216 ) ^
Pondant combien tic temps encore Jeanne se livra-t-elle
aux pratiqnes régulières de dévotion qui rendaient si heu-
reux le bon père frav Juan de Avila? Le recueil de M. Ber-
genrolb ne nous l'apprend pas; mais voici ce qu'on lit dans
une lettre du marquis de Dénia à l'empereur en date du
2o janvier 15^!2 : « La nuit de Noël, comme on chantait
» les matines dans la chapelle du palais, la reine alla cher-
» cher l'inlante, qui les écoutait, et commença à crier
» qu'on ôlàt l'autel et tout ce qu'on y avait mis. Nous
» limes rentrer Son Altesse dans sa chambre, sans man-
» quer au resj)ect qui lui est du, mais avec assez de
» peine (I). » Il est à remarquer que cette même lettre
signale la maladie mentale de dona Juana comme faisant
de jour en jour des progrès (2), et Dénia cite le fait sui-
vant, qui semble en effet en être une preuve : souvent la
reine, de la galerie de son palais qui donnait sur le Duero,
appelait les passants, et leur ordonnait de faire venir les
capitaines et les gens de guerre qui étaient à ïordesillas,
afin qu'ils tuassent tout le monde (5).
De J D^^ à J 551 , plus rien sur ce sujet, si ce n'est la par-
ticularité que je vais dire : le 25 février looO, Dénia écrit
à l'impératrice Isabelle, femme de Charles-Quint, lequel
(I) « La iiocbe de Navidad, eslaudo dizioudo los inaitiiies en la
capilla, [la reynaj saliô a buscar â la senora infante que los estava
oyendo, y començô â dar bozes que se quitase el altar y lodo lo que
eslava pueslo. Tornamos â Su Alleza con el acatamiento que era razon y
cou liarto liabajo « (Pag- 40G.)
(-2) « La reyna nuestra seùora esta de su indisi>usicion corne»
suele, y aun parecenie (|ue cada dia sele acrecienla.... -> (Pag. 405.)
(•>) V. Asiniisnio niuelias vczes se poiie :i su coi'redor que salr al
lio. y llama à alj;uM(ts para (|u<' le llanien la i^cide y capilanes cpie a<pii
pslan, paia ijuc niaten à las uiios y à los olros " (Pay. 406 )
( 217 ) . ,
était alors en Italie, qu'il a de nouveau enlielenu la reine
du point de la conlession; qu'elle lui a répondu qu'elle
voulait se confesser, mais qu'elle ne connaissait aucun reli-
gieux de' l'ordre de Saint-Dominique; qu'il lui a dit alors
(]ue le piécédenl provincial et celui qui l'a remplacé sont
tous les deux également honorables et (pi'elle serait satis-
faite de l'un comme de l'autre; que sur cela elle l'a chargé
de les mander à Tordesillas (1).
Des faits que je viens de rapporter est-on en droit de
conclure que Jeanne fut hérétique? Je ne le pense pas :
car la scène extravagante du 24 décembre lo2J ne sau-
rait effacer les actes de dévotion accomplis par la reine
pendant une longue suite de jours et de semaines. J'ajou-
terai ceci: lorsque Jeanne quitta Kurgos, deux mois après
la mort de Philippe le Beau, pour conduire les restes de
son mari à Grenade, elle se fit accompagner de quatre
évèques et d'un grand nombre de religieux de différents
ordres; elle avait, avant son départ, assisté à une messe
au monastère des Chartreux de Mirallores, où le corps de
Philippe était déposé ^2). Dans tous les lieux où elle s'arrê-
tait, elle faisait célébrer un service pour Fàrae de son
mari (5). Est-ce qu'une hérétique aurait ainsi invoqué les
prières de l'Église ?
(î) ^> A la reyna mieslra senora e lornado oy â dezir lo de la cou-
fysyon. Su Alteza me dyxo que lo querrva azer, pero que no conocya en
la ôrden de Santo Domyngo ninguna persona. Yo le dixe â S. A. quel
provyncyal pasado y el que agora es son peisonas onrradas, y (jue de
cualquiera dellos se conlentarya. Su Alteza mandonie ciue le cnvyasc â
llamar » (Pag. 428.)
(2) Relation (Inédite) du second voyage de Phi!ip[>e le Beau en Espagne,
à la IMbliotlièque impériale, à Paris.
(5) Lafuente, flistoria (jeneral de Espaha , l. X, p. ôl.">.
( 218 )
Que Jeanne , donl la fin chrétienne édifia tous ceux qui
en furent les témoins (1), ait, pendant les seize années du
règne de Charles-Quint qu'embrasse le recueil de M. Ber-
genrolh,et môme dans celles qui suivirent, montré maintes
et maintes fois de l'indifférence pour les pratiques reli-
gieuses, la chose paraît constante. Mais pourquoi attribuer
cette indifférence à des sentiments opposés aux doctrines
de l'Église catholique? N'est-il pas plus naturel d'y voir
l'effet des aberrations auxquelles était sujet l'esprit de l'in-
fortunée princesse ?
On conteste, il est vrai, la folie de Jeanne; on soutient
que , à l'époque à laquelle correspondent les pièces publiées
par M. Bergenroth, elle avait la plénitude de ses facultés
intellectuelles. Cette opinion, qui est en désaccord avec
l'appréciation universelle de l'histoire, sera, j'ose le prédire,
difficilement acceptée. Sans doute, en certains moments,
sur certains sujets, Jeanne parlait d'une manière raison-
nable : le langage qu'elle tint, à différentes reprises, à la
junte et aux délégués des comuneros, celui qu'elle fit en-
tendre aux chefs de l'armée royale, à leur rentrée dans
Tordesillas, n'ont rien qui dénote un cerveau détraqué. Le
marquis de Dénia convient lui-même, dans ses lettres,
quelle disait des choses qui étaient faites pour abuser tout le
monde sur son état (2). Mais l'histoire de la folie n'abonde-
t-elle pas en faits de ce genre? Peut-on admettre qu'elle fût
en possession de tout son bon sens, la princesse qui fit ou-
vrir le cercueil où étaient renfermés les restes de son mari
(1) Ses dernières paroles furonl : JiKsiis-ChrisI crucifié soit acec moi !
( Saudoval , Hisloria de (\itios V ,.l. Il , p. 567. )
(2) ^> La verdad os que dize palabras que no ay à (piien no eii-
gane.... « (Lellredu mois d'oelobre 1510, p. 106.)
( !219 )
ot enlever les linges dont ils étaient enveloppés, pour baiser
les pieds de celui qui n'était [)lus qu'un cadavre; qui, pen-
dant tout le temps qu'elle traîna à sa suite le corps de Phi-
lippe le Beau , renouvela chaque jour cet acte bizarre (l);
qui ne voulait permettre qu'aucune femme entrât dans les
églises où ce corps était déposé (^); qui , alors que la Cas-
tille se voyait menacée d'une crise par la mort inattendue de
son roi, résistant aux supplications les plus pressantes, re-
lusa obtinément de donner même une signature pour l'ex-
pédition des affaires de l'État (5); qui, à Tordesillas, chaque
lois qu'on la contrariait en quelque chose, restait plusieurs
jours sans manger ou ne voulait manger que du pain et du
fromage (4); qui cassait des terrines sur la tète de ses
femmes (5); qui négligeait toute espèce de soins de pro-
preté (6); qui portait des vêtements sordides (7); qui tantôt
ne couchait pas dans son lit, tant(M s'y couchait toute ha-
billée (8), etc., etc.?
Durant la formidable révolte qui mit en |)éril le troue de
Charles-Quint, ceux qui la dirigeaient s'appliquèrent sur-
tout à persuader le peuple que doua Juana jouissait d'un
(1) Relation (inédile) du deuxième voyage de Pliilip|>e le lîeau en Es-
pagne.
(2) Lafuenle, Historia gênerai de Espana, l. X, p. 31Ô.
(3) Ibicl, pp. 508 et 510.
(4) Rec. de M. Bergenrolh , pp. 145, 269, 358, 426.
(o) Ibid., p. 153.
(6) Ibid., p. 405. — « La reyna no (jueria sino andar suzia y rota, y
dormir en el suelo sin mudar camisa. » iSandova), Historia de Carlos f,
t. I,p. 18.)
(7) Voir le passage cité de Sandoval a la note précédente, el , dans le
Recueil de M, Bergenrolh , pp. 261 et 423, les lettres d'Adrien du 8 oc-
tobre 1520 et du marquis de Dénia du 25 mai 1525.
(8) Rec. cité, pp . 161, 164, 425.
( 220 )
entier jugement; qu'elle était aussi apte à gouverner que
l'avait été la reine Isabelle (1). Ils avaient le plus grand in-
térêt à accréditer cette croyance; mais il ne semble pas
qu'ils tussent convaincus eux-mêmes de la vérité de ce
qu'ils publiaient : car ils ordonnèrent des processions so-
lennelles et des prières et ils appelèrent à Tordesillas les
médecins les plus fameux de l'Espagne pour le rétablisse-
ment de la santé de la reine (2). Non contents de cela, ils
y tirent venir des prêtres pour l'exorciser : ils avaient ré-
pandu le bruit que la pauvre princesse était tourmentée par
de mauvais esprits (5).
VI.
Je n'ai encore rempli que la moitié de ma tàcbe. Il me
reste à examiner les accusations dirigées contre Charles-
Quint.
Quatre lettres de Charles-Quint sont contenues dans le
recueil de M. Bergenroth. Interrogeons-les d'abord : car
c'est là qu'il faut, avant tout, chercher la manifestation de
la pensée et des sentiments de ce prince.
La première lettre , datée du 50 avril 1516, à Bruxelles,
est adressée au cardinal Ximenes, qui, après la mort de
Ferdinand, fut investi du gouvernement des royaumes
(1) Lellros tlu cardinal de Toilose à Charles-Quiut, des li et 23 sep-
tembre 1520, dans le recueil de M. nergenrolh, |)|). 225 el 23H.
(2) Lettre de la sainte junte à la ville de Valladolid. du 20 septembre
Jo20, ibid, p. 253.
(3) Lettres de fray Francisco de Léon au cardinal de Torlose, ilu no-
vembre 1520, et du cardinal à Charles-QuinI , du 13 du même mois,
ibid , pp. 288 el 303.
( !2'2l )
d'Espagne. Xiinencs venait d'envoyer aux Pays-Bas le
comte Fernando de Andrada, pour entretenir le roi catho-
lique de plusieurs aiïaires d'importance. Charles lui répond
que de graves et nomhreuses occupations lui ont permis
seulement de décider sur trois choses qui lui paraissejil les
plus urgentes, et il poursuit ainsi :
« La première concerne la garde de la reine, ma dame,
laquelle, pour la diversité des opinions, est très-nécessaire.
Il a paru au comte (de Andrada) qu'il serait bien d'envoyer
à cet effet quelqu'un de ce pays-ci. Plusieurs raisons m'ont
fait trouver bon cet avis : mais, comme je n'ai encore
désigné personne pour cette charge, je vous prie beau-
coup et je vous ordonne, en attendant que j'aie nommé et
envoyé quelqu'un, de pourvoir à ce que la reine, étant
très-bien traitée, soit l'objet d'une si exacte garde que,
si quelques-uns voulaient aller à rencontre de ma bonne
intention, ils ne le pussent pas; et en cela je vous recom-
mande une grande sollicitude. Comme il n'appartient à
personne plus qu'à moi de prendre soin de l'honneur, du
contentement et de la consolation de la reine, ma dame,
ceux qui s'en ingéreraient ne le feraient pas dans des vues
louables (1). »
(1) « La primera loca à la guarda de la reyiia mi senora, la quai
por la diversidad de lasopiniones es muy necesaria. Y aparescido al coude
que séria bien quedeacà se enbiase uiia persona nalural de estas lierras,
Por muchas razones me ha parescido bien su parecer : pero porque yo
aun no e senalado persona para elio, mucho os ruego y encargoque,
enlretanlo que yo nonbro y enbio alguna persona , que vos tengais manera
como, seyendo muy bien Ualada, aya lan buena guarda y recabdo que,
sy algunos quisieran allerar my buena inlincion, no puedan ; y en esto
aya gran cuydado. Y porque â ninguno perleneee mas mirar por la lionrra,
conlonlamienio y consolacion de la reyna mi senora que à mi , los que en
esto quisieren mêler la mano no ternân buena intincion v« (Pag. 147.)
2*"^ SÉRIE, TOME XXVII. 15
( 222 )
La seconde leltre de Charles-Quint est écrite d'Aranda
de Duero en Gaslille, le 19 avril loi 8, au marquis de
Dénia. En voici le contenu :
c( Marquis, mon cousin , j'ai vu votre lettre du 6 et celle
du l5duprésent(l).Toutcequevous avez faitet vous faites
m'a paru bien ; je vous en remercie et le tiens à service.
Je suis très-joyeux de l'amélioration qu'il y a chaque jour
en la disposition et santé de la reine catholique, ma dame;
plaise à Dieu qu'elle continue, comme il en est besoin et
comme je le désire ! Là où vous êtes, vous et la marquise,
on n'attend pas moins. Ainsi je vous prie et vous charge
d'avoir toujours un soin très-spécial de la santé et du bon
traitement de la personne royale de Son Altesse, comme
je sais que vous le ferez. Vous fîtes bien de ne pas la lais-
ser sortir du palais, pour les causes que vous écrivez.
A l'égard du langage que Son Altesse vous tient, soyez
sur vos gardes pour lui répondre ce qui convient; et,
comme les choses de Son Altesse sont de la qualité que
vous savez, quand elle vous parle de semblables matières,
ne permettez qu'aucune des femmes qui sont à son ser-
vice ni d'antres personnes soient présentes. De même, ne
parlez ni n'écrivez rien concernant Son Altesse qu'à moi
seul, et toujours par des messagers sûrs, vu que c'est ce
qui convient. Je vous fais cette recommandation (bien qu'à
une personne aussi sage et aussi zélée pour notre service
que vous Tètes il soit superflu de la faire), à cause que le
cas est si délicat et me touche tant (2). »
(1) Ces deux lettres maïuiuenl dans le recueil.
(2) VI Marqués, primo, vi vueslra lelra de vi y de xv de! présente;
y agradezeos y lengo en servicio lodo lo que alla aveys hecho é liazeys,
que me ha parescido bien. Y esloy muy alegre de la mejoria que cada dia
( 225 )
La troisième lettre, cciiie de Louvain, le 7 octobre 1520,
au cardinal de Tortose, renferme, relativement à dona
Jiiana, quelques mots seulement; Charles y marque à son
ancien précepteur qu'il a appris avec beaucoup de peine
ce qui s'est passé dans ses royaumes d'Espagne, mais
qu'il en a éprouvé une bien plus grande encore, et telle
qu'il ne saurait l'exprimer, du manque de respect et de
l'insolence que les comuneros ont montrés envers la reine,
en ôtant d'auprès d'elle le marqjiis et la marquise de
Dénia (1).
C'est au marquis que s'adresse la quatrième lettre, qui
ne porte point de date, mais qui paraît être du mois
de mars 1521. Les chefs des troupes royales, après
avoir chassé les comuneros de Tordesillas, avaient sup-
plié dona Juana de signer certains mandements dont je
ay en la dispusicion y salud de la calôllca reyiia niy senora. Ploga a
Nueslro Senor ge la continue, como es menesler é yo deseo. Donde vos é
la marquesa estays no se espéra menos ; y asy vos ruego y encargo sienpre
lengays muy especial cuydado de la salud é buen iralamienlo de la per-
sona real de Su Alteza, como se que lo facereis. Fué bien no darle lugar
a salir fuera , por los causas que escrevis. Y en lo de las plâlicas que
Su Alteza os dize, estad sobre aviso de le responder lo que conviene.
É por ser de la calidad que sabeysque son las cosas de Su Alteza, quando
en semejante cosa hos hable, no consy niais que ninguna desas mugeres
ni otra persona esté delante, ni que vos hableys ni oscrivays cosa nin-
guna que toque â Su Alleza, â otra persona syno é mi , é siempre con
mensajeros cierlos, porque asi conviene É aunque esto es escusado a
persona tan sabia y que tanlo desea nueslro servicio como vos , por ser
el caso tan delicado y que tanlo me loca, lo fago « (Pag. loC.)
(1) « Ahunque de ver lo que en essos reynos ha pasado he eslado
con nuicha pena y cuydado, agora la he lenido muy mayor por el alre-
bimieiilo grande y desacato que se ha hecho à la reyna mi senora en
qui la r de su servicio al marqués y marquesa de Dénia , (pie no os podria
dezir <[uanlo eslo he sentido « (^Pag. 258.)
( 224 )
parlerai plus loin; elle ne s'était pas prêtée à leur désir :
Charles-Quint, répondant au marquis, lui dit qu'il a bien
fait et fera bien d'empêcher qu'on n'importune la reine
pour cela (1).
S'il y a, dans ces lettres, je veux dire dans les deux
premières, des passages obscurs, énigmatiques, dont l'in-
terprétation ne pourrait être que conjecturale en l'absence
des documents auxquels elles se réfèrent, il ne semble pas
qu'on soit fondé à taxer de cruauté, ou môme de mauvais
sentiments envers sa mère, le prince qui lésa signées.
Est-on plus fondé à prétendre que le marquis de Dénia
ait proposé à Charles-Quint d'employer la torture contre
la reine, et que le silence de l'empereur sur ce point doive
être envisagé comme un consentement tacite de sa part?
Nous allons le voir.
Plusieurs fois, en 1518 et lol9, il avait été question
d'établir dans un autre lieu la résidence de dona Juana,
l'état sanitaire de Tordesillas n'étant pas satisfaisant. Le
2o janvier lo22, Dénia engage l'empereur à ordonner ex-
pressément que la reine aille habiter Arevalo. Les raisons
sur lesquelles il s'appuie pour cela sont que les habitants
de Tordesillas n'ont pas montré et ne montrent pas envers
leur souverain la loyauté qu'il devait attendre d'eux; que
ceux d'Arevalo, au contraire, ont fait preuve de beaucoup
de zèle pour son service; qu'en outre cet endroit est assez
fort, et que la reine y serait plus en sûreté, si les événe-
ments qui ont eu lieu en 1520 venaient à se reproduire.
Cela dit, il continue ainsi : « Que Votre Majesté tienne
(:2) i< Lo ciel firmar la veyna mi sefiora no es bien que se sup-
plique, pues no aprovecha cosa nin,L;ana : vtts h(V.i>les bien en estorvarlo:
y asy lo liazed.,.. » (Pag. ."57^.)
( 2^25 )
» pour certain que ce changement ne s'eft'ectuera pas du
» gré de Son Altesse : car, comment y serait-elle disposée,
)f> celle qui n'a la volonté de rien faire de ce qui convient
» à la conservation de sa vie et au salut de son àme , mais
» qui fait tout ce qui y est contraire? Et en vérité, si en
» l)ien des choses Votre Majesté forçait Son Altesse, elle
» servirait Dieu et Son Altesse elle-même et ferait une
» très-bonne œuvre : car, pour les personnes qui sont en
» la disposition où Son Altesse se trouve, cela est néces-
» saire. Déjà la reine, aïeule de Votre Majesté, en usa de
» la sorte envers la reine, notre dame, sa fille (1). »
Dans la suite de sa lettre, Dénia s'explique plus claire-
ment : « A mon avis, dit-il, on essayerait des meilleurs
T> nioyens possibles pour que Son Altesse quittât volon-
B tairement Tordesillas. Au cas qu'ils restassent iiilVuc-
ï tueux, il faudrait que le président du conseil vînt, muni
9 d'un ordre de Votre Majesté à toutes les personnes qui
» sont ici; qu'il prît Son Altesse, la mît en une litière à
» l'entrée de la nuit, et la conduisît à Arevalo sans s'ar-
D rêter en chemin. Je dis que le président vienne, parce
» que je sais qu'il fera cela et tout ce que lui ordonnera
» Votre Majesté, au pied de la lettre; et avec lui de-
» vraient venir deux ou trois conseillers, afin que la
» chose parût être faite de l'avis du conseil et de tout le
(1) « Tenga Vueslia Mageslad por delerminado que no se puede
hazer con voluntad de Su Alteza , porque quien no tiene voluntad para
hazer ninguna cosa de !as que convienen à su vida ni a su aima, syno al
rêvés, no se como la ha de tener para esio. Y en verdad, que hazerle
Vuestra Magestad premia en muclias cosas serviria à Dios, y à Su Alteza
haria servicio y muy bueuaobra, porque las personas que eslân on su
dispusicioii asy lo quieren. Ya li reyiia su ahuela asv le scrviô y iiato la
reyna nue^tra sefiora su hija... - (Pag. 40i.)
( 226 )
» royaume. J'aurai soin de tenir tout prêt pour le voyage;
B mais, comme je dois demeurer au service de Son Al-
j> tesse, il ne conviendrait pas que je parusse en cela : si
D j'avais l'air de m'en mêler, je tomberais en la mauvaise
» grâce de Son Altesse (1). »
11 ne s'agissait pas le moins du monde, quoi qu'en dise
M. Bergenroth, de mettre la reine à la torture (2), au cas
qu'elle se refusât à partir pour Arevalo, mais il s'agissait
de la prendre à bras le corps, pour la faire entrer dans la
litière qui l'aurait conduite en cet endroit.
Que répondit Charles-Quint à la lettre du 2o jan-
vier 1522? On l'ignore. Ce qui est certain, c'est que doua
Juana ne changea point de résidence.
(1 ) ^< . ... I^a niancra (jiie nie paiece que se devi'ia leiier para la imulança
de Su Alleza tPaqui, es pi-obai' por loilos los bueiios uiedios (|ue pudiere
ser para que Su Alleza lo liaga de su voluutad , y quando no baslare, que
veniese el presydente del consejo con mandamiento de Vuestra Mageslad
para toda la gente que aqui eslâ , y que tome à Su Alleza y la ponga en
uiia leylera a prima noclie, y que ande sin parar liasla Arevalo. Y digo
que venga el présidente, porque se que harà esto y todo lo que Vuestra
Mageslad le niandare al pie de la lelra. Y con él devrian venir dos à trcs
del consejo, porque pareciese que se liazia con parecer del consejo y de
todo el reyno. Y eslo yo lo terne aparejado lodo; pero haviendo yo de
eslar en servicio de Su Alleza, no convernia que yo pareciese en eslo,
porque quedaria en mucho desgrado de Su Alleza.... •• (Pag. 40o. )
(2) Les mots liazer premia , que M. Bergenroth traduit encore ici par
« metlreà la torture, >^ signifient: « forcer, contraindre. « J'ai consulté
là-dessus tous les dictionnaires espagnols qui sont à la Bibliothèque
royale : le plus ancien, le Thrésor des trois langues espagnole , françoise
et italienne , imprimé à Genève en 1657, porte : « Premia, force, con-
» Irai nie, rigueur, /"orsa, rigore , violenlia, constretta »
On trouve aussi, dans le dictiomiaire de l'Académie espagnole : > Pre-
>^ mia, apremio, fuerza , coaccion. «
L'ex|)lication que le marquis de Dénia donne de sa pensée confirme
d'ailleurs celle signilicalion.
( 227 )
Le 25 mai 1525, Dénia revient 'sur l'avis qu'il avait ex-
|)rimé trois années auparavant. Après avoir raconté à son
maître que, la reine s'étant mise à pousser des cris dans
une des galeries du palais, il a ordonné à ses femmes de
la supplier de rentrer dans sa chambre et, au besoin, de
l'y mettre; qu'alors elle y est rentrée d'elle-même; que
depuis elle ne fait plus que ce qu'on désire d'elle, il ajoute :
« J'ai toujours cru que, Son Altesse étant, pour nos péchés,
» dans l'indisposition où elle est, rien ne pouvait être aussi
» utile que d'user à son égard de quelque moyen de con-
» trainte, quoique ce soit une chose très-grave pour un
» vassal que de pensera agir ainsi envers son seigneur (1). »
La réponse à cette seconde insinuation de Dénia man-
(lue comme à la première.
iMais nous avons un témoignage authcntiqjie des senti-
ments de Charles-Uuint pour sa mère dans une lettre pos-
térieure du marquis, la dernière que j'aie à citer. Voici
comment il s'y exprime : « Sacrée Impériale et Catho-
» lique Majesté, j'ai reçu la lettre de Votre Majesté et la
» dépêche qu'elle m'a envoyée pour que la reine, notre
» dame, aille à Toro : lettre où Votre Majesté ordonne
» que cela se fasse avec tout respect envers Son Altesse.
» J'écris là-dessus au secrétaire Covos. Si Votre Majesté
» parle ainsi comme un iils, je le trouve très-bien, mais
» il est à croire que, comme vassal, je ne ferai que ce
» qui conviendra au service de Son Altesse et au vôtre.
D Que Votre Majesté veuille me faire répondre et me faire
(1) „ Yo s}eii|jre cn'y que, eslaiiilo Su Alltza en la yiulispusy-
eioii que esta por iiueslros peccados, no podya aprovechar ninguna eosa
lantocomo alguna premia , aunque es muy grave cosa peiisar el vasallo
en hazella a m senor .... ^^ (Pag. 125.)
( 228 )
» savoir sa volonté en ceia : car si le dépari d'ici doit
j' s'efl'ectuer sans déplaisir pour Son Altesse, je sais (|u"il
)) tardera autant que les autres choses que Son Altesse
i) t'ait et qui sont moins ditficiles (1). »
Cette lettre est du 1 1 octobre 1527.
MI.
En résunïé, le recueil de pièces dont la mise en lumière
est due à M. Bergenroth ne prouve pas que Jeanne de
Castille ait été hérétique. Il prouve moins encore qu'elle
ait été confinée dans le palais de.ïordesillas en punition de
sa f)rétendue hérésie; on y cherche même vainement cpiel-
que chose qui autorise cette supposition.
Il ne prouve pas davantage que Charles-Quint ail été
un his dénaturé : au contraire, on y voit ce monarque
recommander toujours qu'on use des meilleurs traitements
envers sa mère, qu'on ait pour elle tout le respect qui lui
est dii.
Qu'on veuille le remarquer d'ailleurs : ce recueil de
pièces, si curieux à plusieurs égards, ne se compose que
(1) .« Sacra Cesarea Catolica Mageslad, recibi la caria de Vuestra
Mageslad y el despacho que nie mandé eubiar para la yda de la reyua
nueslra senora à Toro, en la quai Vuesira Mageslad manda que se haga
con lodo acatamiento de Su Alteza. Yo cscrivo al secrelario Covos so-
breslo. E sy Vuesira Mageslad lo dize como hijo, pareceniv-^ muy bien;
pero de créer es ([ue, como vasallo, yo no haré otra cosa syno lo (pie
convengaal servicio de Su Alleza y vueslro. Vuesira Mageslad me mamle
responder lo que en eslo manda , porque sy ha de ser la salyda sin enojo
de Su Alleza, yo se que sera lan larde como las olras cosas que Su Alleza
liazc, auiupie suii de menus Irabajo... ^ (Pag. 4iî5.)
( :2^29 )
(Je IViii^nieiits de coires|>ondaiices : on y Irome seulement,
comme je l'ai dit plus haut , quatre lettres de Charles-Quint ;
du marquis de Dénia il y en a dix en tout pour les années
1521 à 1551. De correspondances aussi incomplètes il est
souvent difïicile de saisir le véritable sens, plus dillicile
encore d'apprécier toute la signiticalion. Une longue ex-
périence m'a appris que les documents, les lettres surtout,
qui sont isolés dans les archives, peuvent entraîner les
historiens à commettre plus d'une erreur.
Cette remarque, j'ai à peine Ijesoin de le dire, n'est pas
une critique à l'adresse de M. Eergenroth : ce n'est pas la
faute de ce savant, si des lacunes existent dans les séries
de pièces que renferme le dépôt de Simancas.
Au montent de teiniiner, et en relisant raiticle de
journal qui a été l'origine de ce débat, je m'aperçois qu'on
a fait encore à Charles-Quint deux reproches dont je ne
me suis pas occupé.
On a dit qu'il n'alla visiter sa mère qu'une fois.
On s'est indigné qu'il ait « pu rester insensible comme
» un roc à la lecture des lettres de celle qui lui avait donné
» le jour, lettres qui auraient arraché des larmes aux cœurs
» les plus durs. »
Ces reproches ne sont pas plus fondés que les autres.
Ce ne fut pas une fois que Charles-Quint alla voir sa
mère, ce fut toutes les fois que les affaires publiques l'ap-
pelèrent dans la Yieille-Castille ou lui permirent de s'y
rendre.
H fit une première visite à dona Juana au mois de no-
vembre 1517, aussitôt après son débarquement en Es-
pagne.
L'année suivante, il lui en lit deux, en janvier et en
mars. Le motif d'une de ces vibiles mérite d'être rapporté.
( 230 )
Charles avait désiré avoir auprès de lui, à Valladolid , pen-
dant quelques jours, sa jeune sœur Tinfanle dona Cata-
lina. !l la fit chercher sans en prévenir la reine, de crainte
de quelque obstacle de sa part. L'absence de la princesse
ne put cependant rester ignorée de dona Juana, qui en
éprouva tant de contrariété qu'elle fut trois jours sans
vouloir prendre de nourriture. Charles alors lui renvoya
l'infante, et il se rendit à ïordesillas, pour se disculper
envers sa mère (i).
Il fit une nouvelle visite à la reine au mois de mars
1520, alors qu'il re\ienait de l'Aragon pour aller s'em-
barquer en Galice.
Deux années après, les graves événements qui s'étaient
|)assés en Espagne le ramènent dans ce loyaume. Le
16 juillet il descend à Santander. Le 26 août il arrive à
Valladolid. Il est à Tordesillas dès le 5 septembre.
Il y retourne trois fois en lo25, dans les mois de mai
et de juin, et deux fois en 1524; la dernière fois, il y passe
un mois tout entier, du 5 octobre au 4 novembre.
Ces faits ne peuvent pas être contestés; ils sont consignés
dans les comptes mêmes de la maison de Charles-Quint (2).
D'autres documents non moins dignes de foi nous ap-
prennent que, au mois de novembre 1559, avant de partir
pour les Pays-Bas, où l'appelait la révolte des Gantois,
Charles alla prendre congé de sa mère (3), et qu'il retourna
(1) Sandoval, Historia de Carlos V , t. I, p. 95.
(2) Voir, aux Archives du déparlement du Nord , à Lille, les comptes 1 2'
et 14c (Je Pierre Doisot et le compte ^^de Henri Slercke, successivement
maîtres de la chambre aux deniers de rempereui-.
(3) Description des voyages, [ails et vicloires de Vempereiw Charles ,
T' de ce nom^ escripl de la propre main de monsieur de //erbays, ma-.
nuGcrit de la Bibliothèque nationale, à Madrid.
* ( 231 )
auprès dV'lle au mois (le janvier lol!2 (I). Onsaitqu'il quilla
ri-:spagnc l'aiinée suivante, pour ne plus revoir ce pays
(ju'après son abdication : sa mère alors avait cessé de vivre.
Quant aux lettres de Jeanne à son fils « qui auraient
» arraché des larmes aux cœurs les plus durs, » je n'ai
qu'un mot à dire : durant les années J516à 1551, Jeanne
n'écrivit pas une seule lettre, ni à Charles-Quint , ni à qui
que ce fût; et non-seulement elle n'écrivait pas de lettres,
mais elle ne voulait signer aucun papier, quel qu'en pût
être l'objet.
Lorsque éclata l'insurrection des, cornu neros ^ le prési-
dent et plusieurs des membres du conseil qui siégeait à
Valladolid auprès du cardinal de Tortose, se rendirent à
Tordesillas, pour supplier la reine d'apposer sa signature
à certaines patentes destinées à être envoyées dans tout le
royaume. Le président lui exposa que la pacification de la
Castille était entre ses mains; qu'il lui suffisait pour cela
de signer les pièces qui lui étaient présentées; qu'en les
signant elle ferait un plus grand miracle que ne fif saint
François. Ces raisons lurent infructueuses. Les ministres
revinrent à Valladolid avec les patentes non signées (2).
Après l'entrée des comuneros dans Tordesillas, eux
aussi tâchèrent d'obtenir la signature de la reine; c'était,
pour le triomphe de leur cause, un objet d'une haute
importance : le cardinal de Tortose, écrivant à l'empe-
reur, avoue qu'une seule signature que la reine leur eût
accordée aurait entraîné la perte de tout le royaume (o).
(1) Journal des voyages de Charlcs-Quint, par Vandcnesse.
(-2) Saodoval , Historia de Carlos V , 1. 1 , p. 205.
(.5) Lettres du 21 octobre lo^O, i». 207; du lô novembre, p. 505 ; du
17 novembre, p. 321.
( 252 )
Aussi n'y eut-il [)as de moyens qu'ils n'employassent pour
parvenir à ce but. Ils firent à doua Juana le tableau des
maux que l'Espagne avait soufferts par la manière dont
elle avait été gouvernée depuis la mort du roi catholique,
son père. Ils l'assurèrent que c'était pour y remédier qu'ils
avaient pris les armes, et qu'ils étaient tous prêts à sacriOer
leur vie pour elle (1). Ils lui donnèrent à entendre que
leurs adversaires, s'ils venaient à l'emporter, la sépare-
raient de sa fille et l'enfermeraient dans une forteresse (2).
Ils allèrent jusqu'à lui dire que, si elle ne signait pas, ils
ne pourraient plus donner à manger à elle ni à l'infante; et
en disLiîU cela, ils lui présentaient, d'une main, les lettres
pour lesquelles ils sollicitaient sa signature, de l'autre un
encrier et une plume (5). Tous ces arguments restèrent
sans elfet :,Ieanne ne signa point.
L'amirante de Caslille, à son tour, (juand Tordesillas
eut été repris par les troupes du roi Charles, essaya en
vain de la déterminer à signer des mandements qui enjoi-
gnaient aux comuneros de ne pas causer de dommages aux
terres des grands et à rentrer dans le devoir (4).
Ces refus opiniâtres de Jeanne d'apposer sa signature
à des actes quelconques constituent assurément l'un des
traits les plus caractéristiques de l'état mental dans lequel
se trouvait la malheureuse veuve de Philippe le Beau.
(1) Procès-verbal du 24 septembre loïiO, dans Sandoval, t. I, p. 208, el
dans M. Hergenrolh , p 2io.
(2) Lettres du cardinal de Torlose à Charles-Quint, du i seplenibro cl
du 15 décembre 1520, pp. 215 el 548.
(5) Lettre du cardinal du lo décembre 1520.
(i) Lettres du grand commandeur de Caslille au connétable et à l'cni-
percur, des 8 et 0 décembre 15.20= j>p. 352 el 536
( 255 )
P. S. J'écrivais les dernières lignes de ce travail lorsque
j'ai reçu de Venise une relation diplomatique sur Charles-
Quint qui manque dans le grand recueil de M. Alhèri :
elle est de Francesco Corner, qu'en lol7 le sénat de la
république envoya en aml)assade au roi d'Espagne. Cet
ambassadeur arriva à Yalladolid un peu avant Charles-
Quint, et il resta à sa cour jusqu'en lo21. Voici ce qu'il
dit de dona Juana : « La mère de l'empereur, qui réside en
» Espagne, est, à ce que j'ai appris, dans un très-mauvais
» état. On croit qu'elle ne vivra pas longtemps. Elle est
» destituée de tout sens et de tout jugement (1). »
(1) « ... La macire, clie è in Spagna, per quanto lio inteso, è mollo
mal condilionala , cl »'• \\ov havor poca vila; et è fora (J'ogiii soiiiinienid cl
judicio... >■
( 234 )
CLASSE DES BEAUX-ARTS.
Séance du 4 mars 1869.
M. Ch.-A. Fraikin, vice-directeur, occupe le fauteuil.
M. Ad. Quetelet, secrétaire perpétuel.
Sont présents : MM. Guillaume Geefs, C.-.L. Hanssens,
A. Van Hasselt, J. Geefs, Ferd. De Braekeleer, Ed.
Fétis, Edm. De Busscher , Alpli. Balat, Aug. Payen ,
J. Franck, Gust. De Man, Ad. Siret, Julien Leclercq,
membt^es.
MM. Chalon, membre de la classe des lettres ^ et Mon-
ligny, membre de la classe des sciences, assistent à la
séance.
CORRESPONDANCE.
M. le Ministre de l'intérieur demande que la classe
désigne les trois membres qui, en conformité de l'arrêté
royal du 5 mars 1849, devront composer la section perma-
manente du jury chargé de juger le concours de composi-
tion musicale de 1869. — Les noms de ces académiciens
seront communiqués à M. le Ministre.
( m )
— Ce haut fonctionnaire, comme suite à ses précédents
envois, adresse un exemplaire de la première livraison de
I année 1867 du Trésor musical (musique religieuse] , pu-
blié par M. R.-J. Yan Maldeghem — Remercîments.
La classe reçoit les ouvrages suivants qui lui sont offerts
par ses membres : Uisloirc fjénérale de la musique depuis
les temps les plus anciens jm^qu" à nos jours, par F.-J. Fétis,
tome F', 1 vol. in-S"; — L Abbaye de Sl-Pierre, à Gand,
par M. Edm. De Busscher, 1 vol. in-S" \ — Preciosa, opéra
de C.-M. von Weber, traduction française rhylhmée, par
iMM. And. Van Hasselt et J.-B. Rongé, \ cah. in-i".
Des remercîments sont adressés aux auteurs.
— M. T. Van Westrheene exprime le désir de recevoir
ks Bulletins eiV Annuaire à titre d'associé de la classe.
— Accordé.
GRAND CONCOURS DE COMPOSITION MUSICALE
DE 1869.
M. le secrétaire perpétuel annonce la réception des
poèmes suivants, qui lui sont parvenus depuis la dernière
séance et qui sont destinés au double concours des cantates
du grand concours de composition musicale de cette année.
N*" 6. Cantate nationale belge. — Devise : Espérance
et persévérance, accompagnée d'une cantate à la patrie,
chœur pour être intercalé dans la cantate nationale lors
des grandes cérémonies.
N** 7. En i830. — Sans devise.
. 236 )
N" 8. En Belgique, — Devise : Je t'aime , ù ma patrie!
N° 9. Ballade danoise en quatre cantates. — Devise:...
Sit pro ratione voluntas.
N'* 10. Ouverture de l'écluse Léopold pour détruire le
banc de sable devant Ostende, en 1865. — Sans devise.
N" II. La conversion de saint Paul. — Devise : Saule !
Saule ! quid me persequeris ? fActa aposfolorum, cap. ix.)
N" 12. Derniers moments d'un captif. — Devise : Ai-je
eu le bonheur de mourir? (V. Hugo.)
N" 13. De tocht door de Boode zee. — Devise : Vooruit!
N" 14. Vaderlands zangstuk. — Devise : Hoop in Va-
derland (traduction de la cantate nationale n" G, portant
pour devise : Espérance et persévérance).
M. le Ministre de l'intérieur adresse une lettre par la-
quelle l'auteur de la cantate intitulée : Les 600 Franchi-
montois, présentée à la séance du 4 février dernier, et
inscrite sous le numévo 4, demande à pouvoir substituer
à cette première œuvre une nouvelle cantate portant le
même titre et dans laquelle il a jugé devoir introduire
quelques corrections. — Accordé.
CAISSE CENTRALE DES ARTISTES BELGES.
M. Ed. Eétis donne connaissance que le comité directeur
de la caisse centrale s'est réuni avant la séance de la classe.
Il communique diverses dispositions que la classe ratifie,
et donne lecture de l'exposé général de l'administration
pendant l'année 1868, qu'il a dressé en qualité de secré-
taire du comité. M. Alvin, trésorier de la caisse, présente
( 257 )
les résuUals de la situation rinaiicièrc au oJ décembre de
cette même année. Ces deux docunnents prendront place
dans VA)imiaire de la Compagnie pour 1870.
r.a classe remercie MM. Ed. Fétis et Alvin pour la ma-
nière dont ils nèrenl les intérêts de la caisse.
COMMUNICATIONS ET EECTCRES.
M. Ed. Fétis donne lecture de la sixième partie de ses
études Sur l'art, ses tendances et so)i influence snr la so-
ciété. La classe subordonne l'impression de cette nouvelle
communication à l'impression des cinq parties anté-
rieures.
OUVRAGES PRESENTES.
Féfis {F.-J.). — Histoire générale de la musique depuis les
temps les plus anciens jusquà nos jours. Tome F'. Paris;
in- 8".
Weber [C.-M. cou). — Preciosa, opéra romantique, Ira-
duclion française rhythmée par A. Van Ilasselt et J.-I]. Rongé.
ïn-8'\
De Basscher (Edmond). — L'abbaye de Saint-Pierre à Gand.
Gand, 18G9; in-8".
Van Baslelaer {D.-A.}. — Études comparatives etcommen-
2"*^ SÉRIE, TOME XXVII. IG
( 238 )
taires sur la pharmacopoea belgica nova et le codex medica-
mentarius, pharmacopée française. Impartie. Bruxelles, 1808;
in-S".
Trésor musical. — Collection authentique de musique
sacrée et profane des anciens maîtres belges recueillie et
transcrite en notation moderne par R.-J. Van Maldeghem.
Op. 170. Musique religieuse. 1867, lll*^ année, 1" livr. Bruxel-
les; in-i".
Weydts {Guillaume). — 1. Chronique Jlamande, 1571-
J584, avec introduction et notes, par Emile Varenbergh.
Gand, 1869; in-S".
Varenbergh [Emile). — Épisodes des relations extérieures
de la Flandre. Trois filles de Gui de Dampierre. Anvers,
18G8; in-8°.
Happort triennal sur la situatio)i de linslruction pri-
maire en Belgique, présenté aux Chambres législatives le
I2I> mai 1807, par M. Alph. Vandcnj)ecreboom , Ministre de
l'intérieur. 8*^ période (riennale, 1801-1805-1800. Bruxelles,
1808; in-4«.
Conseil supérieur (V agriculture. — Bulletin, année 1807,
tome XXI. Bruxelles, 1809; in-8».
Commissions royales <Vart et d'archéologie , (/ Bruxelles.
— Bulletin, Vil"" année, novembre et décembre. Bruxelles,
1808; in-8^
Société littéraire de l'Université catholique de Louvain. —
Choix de Mémoires, X. Louvain, 1869; in-8°.
Bulletin du Musée de rindu strie, tome LV, n"' 1 , i> et 5.
Bruxelles, 1809; 5 cah. in-8^
Revue de Belgique, 1809, 2" et ô*" livr. Bruxelles, 1809;
:2 cah. in-8".
Société royale des beaux-arts et de littérature de Gand. —
Annales, 1807-1808, ^' et 4*^ livr. Gand; in-8".
Société chorale et littéraire des Mélophiles de flasselt. —
( m )
Hullcliii de Jn section littéraire. 4' volume. Hnsselt, 1867;
in-8".
Jou niai (les beau.r-arls et de la liUérature , publié sous la
(lireelion de M. Ad. Sirct. XP année, n"= I à (i. Saint-Nicolas.
1869; 0 feuilles in-i".
De Vluamsche schml, 1851), aflev. I , ^, 5,4. Anvers, 1861);
V feuilles in -4".
Le Bthliopinle belge, W année, 1" livr. Bruxelles, 1801);
in-8''.
A/inales des travaux publics de Belgique. Tome XXVI.
â' ealiier. Bruxelles, 18G8; in-S".
Académie royale de médecine de Belgique. — Bulletin,
7}' série, année 18G8, tome II, n" \ I ; année 18G1), tome III,
,," 1- — Catalogue des livres de la bibliothèque. Bruxelles,
18()8-1861); 2 cah. et 1 vol. in-8".
Annales de médecine vétérinaire, 18' année, 1"^ à 3' cali.
Bruxelles, 1869; 5 cah. in-8^
Annales de l'électricité médicale, 9' année, 10' à 12' fasci-
cules. Bruxelles, 1808-1869: 5 cah. in-S".
Société de pharmacie de Bruxelles. — Bulletin, 15' année,
n"' 1 à 3. Bruxelles, 1869; 5 cah. in-8".
Société de médecine d'Anvers. — Annales, XXX" année,
livr. de janvier à mars. Anvers, 1809; 5 cah. in-8'-.
Société de pharmacie d'Anvers. —Journal de pharmacie,
20' année, janvier à mars. Anvers, 1809; 5 cah. in-8^
La charité sur les champs de bataille, IV' année, n" 8.
Bruxelles, 4809; i feuille in-4°.
Tribune vétérinaire, ¥ année, 1" à 5*" fase. Bruxelles,
1809; 5 cah. in-8'.
L'Illustration horticole, journal spécial des serres et des
jardins, rédigé par Ch. Lemairc et jiublié par Ambroise Ver-
schaffelt. Tome XV, 12' liv. Tome XVI, 1- livr. (;an(L 180S-
1809;2cah.in-4".
( ^40 )
Académie des sciences de Paris. — Cojnples l'oiicUis hel)-
(loinadaires des séances, par MM. les secrétaires perpétuels.
Tome LXVIII, n"^ 1 à 15. Paris, 1869; 15 cali. in-4".
Mannheim {A). — Étude sur le déplacement d'une ligure
de forme invariable. Nouvelle méthode des normales; appli-
cations diverses. Paris, 1809; in-4".
Matériaux pour l'histoire primitive et philosophique de
r homme, par Gabriel de Morlillet. 1808; n^^^ 10 à l^i. Saint-
Germain; in-8".
Revue britannique, février 1809. Paris; in-8".
Société géologique de France, à Paris. — Bulletin, '2' série,
tome XXV, feuilles 4!2-5o. Paris, 1809; in-8^
Comité flamand de France, à Lille. — Bulletin, tome IV.
n ' 1 1 , juillet, août et septembre 1868. Lille , 1808 ; in-8'\
Institut historique de France. — L'Investigateur, 55'^ an-
née, 408'^ à 409*^ liv. Paris, 1809; gr. in-8^
Revue des cours scienti/iques de la France et de Vétranger.
VI' année, n"« 1 à 13. Paris , 1808-1809; 15 cali. in-4^
Revue des cours littéraires de la France et de Vétranger.
VP année, n°* 1 à 13. Paris, 1868-1809; 15cah. in-4".
Bulletin. hebdomadaire de Vagriculture. — Année 1809.
n"* 1 à 15. Paris, 1809; 15 feuilles in-8'\
Journal de Vagriculture, fondé et dirigé par J.-A. Barrai.
1809, tome l'", n°^ 00 à 03. Paris, 1809; 0 cab. in-8'.
youvelles météorologiques , publiées sous les auspices de la
Société météorologique de France, 1809, n"^ 1 à 5. Paris;
5 eab. in-8".
Revue de Vinstruction publique, de la littérature et des
sciences en France et dans les pays étrangers. 28*^ année,
n"'' 40 à 32. Paris, 1809; 15 doubles feuilles in-'f^".
Bulletin scientifique, historique et littéraire du déparle-
meni du Nord, à Lille. 1"" année, février et mars. Lille, 1809:
2 cab. in-8'.
Zoologische Gesellschaft zn Fruiihfurt aiu Main. — Der
( ^iil )
Zoologie Garleii. IX jnlirg.. 18(;8, ii"' 7-ll>. Ki-micIoiI s/M..
1808; (•> cah. iii-8"'.
Jiislus Perthes' Geograpliisrhci- An^kdl zti (iollm. — Mil-
llicllungen iihcr wicliligc nciie erlorscliungi'ii aiif dem gc-
sammtgcbielc der géographie von dr. A. Peterinaim, I8()î), I
ii!id II. Gotlia, 1809; 2 eali. iii-4".
KonUfl. (Mesellschaft (1er Wisseffsrltaflen zii (ioKinyc/t. —
GoUingische gelehrle anzeigen, 1808. Goltingue; i> vol. iii-I:>:
— Naehrieliten aus dem jahre 1808. Gotliiigue, 1868; iii-l:2.
WcUemniscIte Gesidhchufl fur die yesanintle Xalarkunde
zu i/anau. — Berieht ùber den Zeitabschnilt 14 october 1805
bis 51 december 1807. Hanau, 18e8;in-I3.
Heidelberger Juhrhûcher der Literatur , LXÏ jahrg.. 1^'"
helt. Ileidelberg, 1808 ; iii-8".
Konigl. bayer. Akadeinie der Wissenschaflen zu Miïnclien.
— SitzungsbeHchle, 1808, II, heft Ô-4. Miinicb, I8()8;
:2 eali. 111-8".
Moïtatlii'he und jdhrliche re.sullale der an der K. Slern-
irarle bei Jfiniehen von 1857 bis 1866 augeslelUen meleorolo-
(jisclien beobaehtiingen (VI supplenient])and zu den ann. der
miinchencr Sternvvai te), Munieb, 1808; in-8''.
Beobaehtungen des meteorologîschen observaloriunis uuf
dem Ilolienpeissenberg von i85l-IS64 (VII supplementbaiid
zu den ann.deriniinebener Sternwarte.) Munich, 1808; in-8".
(rernuuiische National Muséums zu .Viirnberg. — Jahi'Cs-
bericht, XIV"'" Berieht. Nuremberg, 1808; 1 feuille iii-4"; —
anzeiger fur kunde des deutsehen Vorzeit, neue folge,
XV""''' jahrg. Nuremberg, 1808; 12 cah. 111-4".
Verein fur vaterlandische Nafurkunde in Wurttetnberg zu
Stuttgart. — Jahreshefte, XXIV jahrg., 5 heft, XXV jahrg. ,
1 heft. Stuttgart, 1808-1809; 2 eah. in-8".
P/ij/sical. -médecin. Gesellschaft in Wihzburg. — Verhand-
hmgen. neue iolge, 1 band, 3 liel't. Wurtzbourg, 1868;
in-8".
( Mit )
Kaiseriiche Akademie iler Wissenschaften zu Wien. —
Sitzung der math, natunv. classe. Jalirg. 1809, n"^ 4, o, 6, 7.
Vienne, 1869; 4 feuilles in-S".
Konyelige daiiske Videnskabernes Selskahs, i Kjobenhavn.
— Oversigt, 1867, n° 6, 1868, n°^ I og 2. Copenhague,
2 cah. in-S^ — Skrifter; naturvid. og mathem. afd. 8. Bd. 1 ;
histor. og philos, afd. 4, Bd. ] , % Copenhague, 1868; 5 cah.
i,i.4o. — xhe old-northern runic monuments of Seandinavia
and Engiand, now first collected and deciphered by prof,
(ieorge Stephens. Part II. Londres-Copenhague, 1868; in-
folio.
Kotufdige nordiske oldskrifl Selskah i Kjobenliavn. —
aarboegcr for nordisk oldkyndighed og historié. 1868, andet
hefte. Copenhague, 1868; in-8".
KoiHjelige medicinske Selskab i Kj'ôbenhuvn. — Forhand-
linger i Aaret 1867-1868. Copenhague, 1868: in-8°; — For-
handlinger i Anledning af den Rigsdagen forelagte Lov om
Fi'igivelse af Lacgepraxis. Copenhague, 1868; in-8'\
Universitet zu Lund. — Andra secuiarfest, maj 18(38.
Lnnd, 1868; in-i"; — Ars-skrift, 1867. Lund, 1807-1868;
2 cah. in-i°; — Accessions-lvatalog, 1867. Lund, 1868; in-12.
Commission impériale archéologique, à Saint-Pétersbourg.
— Compte rendu pour les années 186o et 1866. Saint-Péters-
bourg, 1866-1867 ; 2 vol. in-4'' de texte et 2 atlas in-folio.
Académie royale des sciences de Saint-Pétersbourg. — Mé-
moires, VII*^ série, tome XII, n"' 1,2 et 5. Saint-Pétersbourg,
1868; 5 cah. in-4"; -- Bulletin, tome XIII, feuilles 1 à 20.
Saint-Pétersbourg, 1868; 5 cah. in-8».
Sella (Quintino). — Y{chzioï\(} alla r. accademia dellc scienzc
di Torino sulla memoria di Giovanni Struever intilolata :
Studii sulla mineralogia ilaliaiia pirile (U'I Piemoiile e dell
Elba. Turin, 1869; in-S".
Fenicia {Salvatore}. - Libro decimocpiarto délia politici'.
Bari, 1868; in -8^
( 243 )
Società iUdiana dl scienze iiaturuli di MiUuio. — Atli.
vol. X, fnsc. III, fogli 18 a !29. Milan, 1807; in-4".
Royal Society of London. — Pliilosophical Transaclioiis,
Vol. I;i8, parts 1-2. Londres, 1808-1800; 2 cali. in-4°; —
Proeeedings, n"^ 10M08. Londres, 1808-1801); 8 eah. in-8';
— Catalogue of Scicntific papers (1800-1803). Vol. IL COA-
GRA. Londres, 1808; in-i"; — Thésaurus Silurus : thc flora
and fauna of tlie Silurian period, with addenda, by John
L Bigshy. Londres, 1808; in-i"; — List , 50 thc november 1807.
Londres, 1868; in-i".
Knlomologiccd Society of London. — Transactions. Third
séries, vol. III, part thc 5, vol. IV, part thc 4 and 5, vol. V,
l)art. thc 1. Londres, 1808; 4 eah. in-8".
Royal asiatic society of Great Britain et Ireland, at Lon-
don. — Journal. New séries, vol. III, parts 1 and 2, Lon-
dres, 1807; 2 eah. in-8°.
Chemical Society of London. — Journal, série 2, vol. VI,
n*^^ 70, 71 , 72. Londres, 1808; 5 eah. in-8.
Geological Society of London. — Quartcrly journal, vol.
XXIV, part 4. Londres, 1808; in-8°; — List, november I st.
1868. Londres; 10-8".
Royal Society of Edinburgh. — Transactions, Vol. XXV,
parti, for thc session 1807-1808. Edimbourg, 1808; in-4";
— Procecdings, session 1^07-1808, vol. Vî, n"' 74, 7') et 70.
Edimbourg, 1808; in-8^
Asiatic Society of Bengal al Calcutta. — Journal, 4 vol.,
XXXVII, n- 147-148. Calcutta, 1868; 2 eah. in-8^
Price [Ronamy). — Thc Principles of curreney, six lec-
tures delivered at Oxford. Oxford-Londres, 1809; in-8''.
Dillwyn {L.-W.). — Materials for a fauna and flora of
Swansca and the Neighbourhood. Swansea. 1848; in-8".
BULLETIN
DE
L'AGÂDÉiVilE ROYALE DES SCIENCES
DKS
LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE.
1869. — N« 4.
CLASSE DES SCIENCES.
Séance du 3 avril 1S69.
i\L Devyalque, vice-directeur, occupe le fauteuil.
M. Ad. Quetelet, secrétaire perpétuel.
Sont présents : MM. d'Omalius, C. Wesmael, J.-S. Stas,
L. De Koninck, P.-J. Van Beneden, Edm. de Selys-Long-
champs, le vicomte B. Du Bus,Gluge, Melsens, J. Liagre,
F. Duprez, Poelman, Ernest Quetelet, A. Spring, M. Glor-
sener, Eugène Coemans, F. Donny , Montigny, Steichen,
membres; Th. Lacordaire, E. Catalan, PI). Gilbert, asso-
ciés; Brialmont, Malaise, Bellynck, Dupont et Ed. Mailly,
correspondants.
2""' SÉRIE, TOME XXVn. 17
( 246 )
CORUESPONDANCE.
11 est donné connaissance de la mort de M. Adolphe
Ncrenburger, membre titulaire de la classe, décédé à
Bruxelles le 19 mars 1869. Comme le défunt avait ex-
pi'imé le désir formel qu'aucune démonstration officielle
n'eût lieu lors de ses funérailles, l'Académie n'a pas délé-
gué de députation à cette cérémonie funèbre, à laquelle les
membres habitant Bruxelles ont assisté individuellement.
Le Bulletin de la séance rappellera la perte que la classe
vient de faire, et M. J. Liagre veut bien se charger de
rédiger, poui' le prochain Annuaire, la notice sur la vie el
les travaux de M. Nerenburger. — Une lettre de condo-
léance sera adressée à M'"' Nerenburger pour lui exprimer
la part que la Compagnie prend à son malheur.
— 11 est également fait part de la mort de M, John
Taylor, associé de la classe depuis le 1" mars 1828, et
décédé à Londres le 5 avril 1865.
— M. le Ministre de l'intérieur adresse trois exem-
plaires du tome XX[ (année 1867) du Bulletin du conseil
supérieur irarjriculture du royaume, que publie son dé-
partement. — Bemercîments.
— M. le secrétaire perpétuel annonce qu'il a expédié
aux sociétés savantes en relations avec la Compagnie les
dernières publications académiques; il donne connaissance
que les établissements suivants ont déjà adressé leurs
remercîments à ce sujet : l'Académie des sciences morales
( 247 )
et politiques de l'Instilnt de France, la Société impériale
des sciences de Lille, la Société philoleclinique de Paris,
l'Académie de Stanislas à Nancy, la Société d'émulation
de Cambrai, la Société d'histoire naturelle de Colmar, la
Société dunkerquoise pour Tencouragement des sciences,
des lettres et des arts, la Société royale géographique de
Londres, ^\. Owen, directeur du British Muséum de la
même ville, l'Observatoire royal de Greenwich, l'Obser-
vatoire d'Oxford, la Société entomologique de Londres, la
Société royale d'Edimbourg, la Société météorologique de
la même ville, la Société littéraire et philosophique de
Manchester, le Département de l'agriculture à Washington,
l'LIniversité de Leyde, la Société des sciences de Harlem
et l'Académie royale des sciences de Lisbonne.
— MM. le Ministre des Pays-Bas, à Bruxelles, le consul
général de Grèce de la même ville, ainsi que MM. les
consuls de Danemark, de Suède et Norwége, de Russie et
de Portugal, à Anvers, promettent d'expédier les derniers
envois académiques aux établissements scientifiques de
leurs pays respectifs.
— Le congrès des délégués des sociétés savantes an-
nonce que sa session de 1869 aura lieu à Paris, du o au
10 avril de cette année.
— M. Adolphe De Boe transmet la liste des orages qu'il
a observés à Anvers en 1868.
— M. A. Wesmael ofTre un exemplaire de sa Monorjra-
phie de ton les les espèces connues du genre Populus, au
sujet de laquelle il a obtenu du gouvernement, par l'inter-
vention de l'Académie, un subside pour aller à Genève
( '2iH )
l'aire ce travail sous les yeux de M. Alph. de Candolle. —
RemercîmeiUs.
— ï.a classe reçoit les travaux manuscrits suivants :
1" Notice sur des débris de chéloniens faisant par lie des
collections du Musée d'histoire naturelle de Bruxelles et
provenant des terrains tertiaires des environs de cette
ville; par M. A. Preudhonime de Borre. (Commissaires :
Mi\J. Poelman et Lacordaire.)
2" Sur un nouveau système de chronométrie électro'
balistique, note avec planche; par iM. le major d'artillerie
Navez. (Commissaires : MM. Brialmont, Liagre et Melsens.)
CONCOURS POUR 1870.
La classe adopte définitivement les six questions du
programme de concours de cette année. Elle décide en
même temps qu'un prix de J,000 francs sera accordé à la
cinquième question concernant la détermination de la tem-
pérature de t espace, qu'elle a acceptée dans sa séance du G
mars dernier. Elle attribue le prix normal de 600 francs
à la sixième question concernant la composition des roches
plu Ioniennes de la Belgique et de VArdenne française,
adoptée dans sa séance du 6 février précédent (1).
(Ij Voir JJulicliiis, '!'• série, lomc XXVl!, pp. .n, \±), 191.
( M\} )
IIAPPOKTS.
Orarjcs observés à Liéfjc pcmlanl ramiéc IS6S ;
note par M. 1). Locicrcq.
« La noie soumise par l'Académie à mon appréciation
peut être considérée comme étant le complément du ré-
sumé des observations météorologiques faites à Liège, par
M. D. Leclercq, pendant l'année 1868; elle mentionne,
avec détails, les diverses circonstances se rapportant à la
pression atmosphérique et à la direction des vents, dans
lesquelles les orages ont été observés dans cette localité.
D'après l'auteur, ces orages n'auraient été que des mani-
festations électriques de cyclones, c'est-à-dire le résultat
électrique de vastes tourbillons d'air tournant constam-
ment de l'est vers l'ouest, et dont le plan de rotation
s'élevait vers le nord. Je ne puis admettre toutes les
idées que l'auteur énonce à ce sujet, et je crains qu'il ne
soit allé trop loin en voulant généraliser ses déductions;
toutefois je pense que les observations contenues dans sa
note intéresseront ceux qui s'occupent des phénomènes
électriques de l'atmosphère, et j'ai l'honneur d'en proposer
l'impression à l'Académie. »
M. Ernest Quetelet, second commissaire, ayant adhéré
à ce rapport, la classe vote l'impression de la note de
y\. 1). Leclercq dans les Bu lie fins.
( 2§0 )
Recherches sur risomérie dans la série salicylique.
'l^"^ parlie : Dérivés chlorés de V aldéhyde de salicy-
lique; par M. Henry, correspondant de l'Académie.
<( Dans son travail M. Henry a eu pour but de compléter
la série très-importante des dérivés salicyliques, alin de
pouvoir déterminer le lien chimique qui rattache entre
eux les composés que forme cette série; dans cette inten-
tion il a réalisé le crésol salicylique bichloré, le méta-
toluène trichloré et enfin Faldéhyde chloro-salicylique. Ces
recherches présentent un grand intérêt et me paraissent
bien conçues et bien exécutées.
Je suis d'avis que le travail de M. Henry figurera hono-
rablement dans le bulletin de la séance et j'ai l'honneur
de proposer à la classe d'en ordonner l'impression. »
M. De Koninck, second commissaire, s'étant rallié aux
conclusions du rapport de M. Stas, la classe vote l'impres-
sion du travail de M. Henrv dans les Bulletins.
( 2:)i )
COMMLiMCATIONS ET LECTLIŒS.
Orages obsercês à Bruxelles '(le})uà le 21 aoùl 1868 jus-
quau i" curil 1860; communication de M. Ad. Quelelcl,
secrétaire perpétuel de l'Académie.
J'ai riiouiieur de communiquer à l'Académie la liste des
orages observés à Bruxelles depuis le 21 août 1868 jus-
qu'à la lin de cette année , et pendant le premier trimestre
de l'année 1869 : cette liste est le complément de celle
(jui a été insérée page 27o du tome XXM (!2' série) des
Bulletins.
J'ai la satisfaction d'annoncer en même temps à l'Aca-
démie que l'appel que j'ai fait aux observateurs belges, à
la demande de M. Le Verrier, directeur de l'Observatoire
impérial de Paris, pour annoter dans nos contrées les
orages et les manifestations électriques, continue à pro-
duire les meilleurs résultats.
Aux observations de ce genre qui m'ont déjà été trans-
mises par M. Bernaerts,pourMalines, par M.Terby, pour
Louvain, et par M. Malaise, pour Gembloux, sont venues
s'ajouter des observations pour Liège, par MM. D. Le-
clercq et Dewalque, pour Anvers, par MM. Coomans et
De Boe, et pour Ostende, par M. Cavalier.
Voici les observations faites à l'Observatoire royal de
Bruxelles, que je fais suivre des nouvelles observations
qui m'ont été communiquées :
1868. — Le 25 aoùl, vers 9 V-i licures du soir, éclairs
dans le XXO.
( 252 )
Le 77 septembre, vers 8 heures du soir, éclairs daus
le S.
Le 21 septembre, à 9 heures du soir, pluie tranquille,
éclairs dans l'E.
Le 5 décembre, éclairs vers 8 heures du soir.
Le 7 décembre, violenle tempête la nuit et éclairs vers
5 V2 heures du matin.
1869. — Le 1'' février, à 5 h. 58 m. du soir, éclair et
coup de tonnerre; forte averse ensuite.
Le 9 février, à 5 h. 50 m. du soir, éclairs et tonnerre;
forte pluie et grêle.
Orages obsercés à Liérje pendant le premier trimestre de
l'année 1869; communication de M. Dewalque , membre
de TAcadémie.
Le 9 février, à 0 V4 et à 6 ^1^ h. du soir, orage, pluie et
grêle.
Le I" mars, orage à 1 1 h. o m. du mat. et à 1 h. 10 m.
du soir.
Le 2 mars, orage à 1 1 h. 55 m. du matin.
M. Dewalque, en communiquant la note précédente,
mentionne également les orages suivants, observés dans la
province de Liège et dans le Luxembourg :
Le 50 décembre 1868, nombreux éclairs et quelques
coups de tonnerre à Huy.
Le 10 février 1869, orage à Bastogne.
Le 5 mars 1869, la foudre tombe sur l'église de Bovigny
(Luxembourg), et détruit une partie i\u clocher.
Elle tombe également sur l'église de Vierset- Barse
(2d5 )
(Liège), sur un peuplier, et en deux aulres cnclioils de
cette commune, mais sans causer de dégâts.
Ora(jes obscrcùs a Auvcis ijcndanl l'année l(S6S, par
M. C. Coomans.
Le ^î avril, à 4 h. 50 m. du soir, [>luie liiie et (pielques
coups de tonnerre; le gros de l'orage passe dans l'O.
Le 9 mai, à 1 heure de l'après-midi, orage passant
au SO. et se perdant dans le NO.; quelques gouttes de
pluie. A 2 '/2 heures, coup de tonnerre à l'ouest de l'Escaut;
de o à 6 heures du soir, nouvel orage allant du SE. au
NO; quelques forts coups de tonnerre.
Le 10 mai, à 4 heures du soir, ciel orageux au SO.;
à 4 h. 50 m., pluie et quelques coups de tonnerre.
Le 20 mai, à 5 h. 45 m. du soir, ciel orageux au SO.;
pluie à 11 heures. (Orage à Malines à 4 heures du soir, et
à Bruxelles à 11 heures.)
Le 50 mai, à 1 '/-2 heure du matin, ciel orageux dans
le SO. et rO., éclairs continuels, tonnerre lointain; vers
5 heures, pluie abondante el quelques coups de tonnerre
plus rapprochés. L'orage passe ensuite au S. et se dirige
vers l'E.
Le lo juin, de 11 heures du soir à minuit, quelques
éclairs lointains.
Le W juin, à 8 h. 55 m. du soir, orage dans le S., vifs
éclairs, tonnerre peu rapproché; à 10 h. 10 m. pluie assez
forte, coups de tonnerre rapprochés. L'orage s'apaise pres-
que subitement à 10 h. 20 m. et, à 10 h. 50 m., il n'y a
plus (lue (les éclairs au NNE. e( au NE. Vers 11 heures
( 2S4 )
ils deviennent plus vifs dans cette dernière direction, et
des roulements de tonnerre lointain se font entendre; pluie
légère.
Le 21 juin, à i h. 4o m. du soir, orage lointain passant
d!i SO. au NO.; de 5 '/i lieures à 6 h. 45 m., petite pluie.
Le 3 juillet, à iO h. lo m. du matin et vers i heure de
Faprès-midi, tonnerre éloigné.
Le II juillet, à 2 h. i5 m. du soir, tonnerre lointain
dans le NNE., et, à 2 h. 20 m., pluie à grosses gouttes; vers
5 heures, tonnerre assez rapproché, f^'orage passe alors
dans le N. et semhle se diriger au NO.
Le 12 juillet, à o h. 50 m. et à 6 heures du soir, ton-
nerre éloigné; vers 10 heures du soir (le 12) et à 1 heure
du malin (le 15), éclairs dans le SSE.
Le 15 juillet, à 11 h. 50 m. du soir, éclairs très-éloignés
à l'horizon SO.
Le '14 juillet, à 4 '/4 heures du soir, pluie assez forte et
quelques coups de tonnerre; à o h. 25 m., orage passant
au S. et se dirigeant vers l'O.; éclairs rares et très-éloignés
àl'O. vers 10 h. 45 m.
Le 16 juillet, depuis 1 1 heures du soir jusqu'à 1 h. 50 m.
du matin, le 17, éclairs très-éloignés dans l'OSO. (Orage
à Louvain.)
Le 17 juillet, depuis midi V4 jusqu'à 2 heures du soir,
tonnerre éloigné.
Le 25 juillet, à 4 heures du soir, deux coups de ton-
nerre. (Ohservation faite par M. De Boe.)
Le 26 juillet, à 5 h. 10 m. du soir, coups de tonnerre
lointain; à 5 h. 20 m., phiie. — Le soir, vers 10 heures,
éclairs à l'horizon NO.
Le 21 juillet , vers 4 '/i heures du soir, pluie et ton-
nerre loinlain.
( 2do )
Le ^9 juillet, vers 5 h. 30 m. du soir, averse el quel-
ques coups de tounerre peu violeuls.
Le 9 aoùl, vers 10 heures du soir, éclairs dans le SO.
et le SE., i)luie. (Observation laite à Moll, dans la Cam-
pine.)
Le 10 aoùl, depuis 2 heures du malin jut^qu'à A heures,
éclairs et tonnerre éloignés; vers 5 heures, averse. — A
9 heures, nouvel orage à l'O. et foile pluie.
Le 11 août, à 5 h. 25 m. de l'après-midi, orage venant
du S. et se dirigeant vers le INE.; vent fort, poussière,
forte pluie, éclairs très-fréquents, coups de tonnerre
violents.
Le '}3 août, de ô à 5 h. 45 m. du soir, fort orage.
(Observation faite par M. De Boe.)
Le 15 août, à 11 h. 45 m. du soir, éclairs au SSO.
Le 16 août, de 4 à 5 heures du matin, orage passant
du SSO. au NNE.
Le 17 août, vers 10 heures du soir, éclairs éloignés
au SE.
Le 21 août, à 11 ^U heures du matin, orage à TOSO;
à 11 h. 45 m., pluie à grosses gouttes, assez abondante.
Le 23 août, depuis 9 h. 12 m. du soir jusqu'à 10 Vj h.
environ, éclairs au NO. et au N.
Le 27 août, de 10 à 11 heures du soir, éclairs très-
éloignés dans le N.
Le 27 septembre, à 9 h. 50 m. du matin, orage dans l'O.
Le l'" octobre, à 5 h. 20 m. du soir, éclairs et tonnerre
dans le NNE; vers 6 heures, forte pluie, et, à 6 h. 10 m.,
quelques coups de tonnerre assez rapprochés.
Le 13 octobre, vers 7 heures du soir, éclairs très-
éloignés. (Orage à Ostende.)
( 2§6 )
Oraycs oOservés à Ostcude pendant rannce I86S ,
par M. Cavalier.
Le 7 ucril, à 9 heures du soir, orage du SE.; 5 coups
de tonnerre.
Le 24 avril, à 4 h. 30 m. du soir, orage lointain.
Le 9 mai, de 1 h. 50 m. à 2 li. 45 m. du soir, orage;
forts roulements de tonnerre.
Le 10 mai, de 2 h. à 4 h. 15 m. du soir, orage; forts
roulements de tonnerre.
Le W mai, vers 9 heures du soir, vifs éclairs dans
le SE.
Le W mai, de 10 h. 50 m. du soir à minuit, violent
orage; 55 coups de tonnerre, dont 5 coups de foudre. —
Cet orage fut précédé d'un tourbillon allant du SE. au NO.
Le 20 juin, de 10 h. 50 m. du soir à minuit, temps
orageux : vifs éclairs au SE., fort tonnerre.
Le 12 juillet, temps orageux; vers 4 heures du soii',
7 forts coups de tonnerre se font entendre; vifs éclairs à
rO. pendant la soirée et la nuit du 12 au 15.
Le 14 juillet, temps orageux; vers 5 h. du soir, ton-
nerre lointain; éclairs pendant la soirée.
Le 16 juillet, temps orageux; à 10 heures du soir,
vifs éclairs et tonnerre lointain.
Le 26 juillet, à 8 heures du soir, éclairs à l'E.
Le 9 août, à minuit, forts éclairs au sud, tonnerre très-
éloigné.
Le 15 août, vers 5 heures du soii', 2 coups de tonnerre
lointain; vent inférieur du SE. et vent des nuages du SSO.
Le 20 septembre, à 5 h. 50 m. du soir, orage, forte
pluie et im fort coup de lonnene.
( ^i57 )
Le 13 octobre, pendanl la soiirc, vils éclairs cl loii-
norre éloigné.
Le 23 octobre, vers o heures du soir, tonnerre et grêle.
Le 26-27 décembre, vers minuit, vifs éclaiis et ton-
neire lointain.
•
Sur les orar/cs observés à IJérje en 1868 et dans la pro^
rince; communication de 1\J. D. Leclerrcj , direcleur
honoraire de Técole industrielle de Liège.
Pour compléter le résumé des observations météorolo-
giques faites à Liège pendant l'année 1868(1), je me suis
permis de transcrire quelques détails sur les phénomènes
électriques qui ont pu être observés en celte ville et dans
toute la province.
Une détonation, pour être complète, commence, comme
on sait, par un éclat ou craquement, se continue par un
roulement et finit par un grondemenl. Ces intonations,
considérées isolément, sont les détonations les plus simples
qui puissent se faire entendre. Leurs combinaisons donnent
lieu à d'autres détonations qui dépendent de l'état des
nuages et par suite de la nature des éclairs; elles seront
sufïîsamment indiquées par des expressions telles que
grondement ou roulement, roulement éclatant, roulement
plein et éclatant, et ainsi de suite.
Quant au\ teintes des éclairs, on en distingue des
blanches, des rougeâtres assez foncées et des jaunâtres;
ce sont les teintes élémentaires dont les combinaisons
<J ) (\c résumé parnîlTa ('ans le lorne XXXV'lll des Mémoires iit-'é'^ des
membres.
( ms )
produisent des teintes blanc- rongeâtre, blanc-jaunâtre,
jaune-rougeàtre et ainsi de suite.
Ces expressions serviront, je l'espère, à faire connaître
les phénomènes électriques tels qu'ils m'ont apparu.
Les cyclones sont de vastes tourbillons d'air qui tour-
nent toujours de l'Orient vers l'Occident et dont le plan de
rotation s'élève vers le Nord, Le baromètre, qui se trouve
sous l'infUience de la moitié de ce plan qui va de l'Est à
l'Ouest par le Nord, se trouve généralement plus élevé que
quand il se trouve sous l'influence de l'autre moitié; il est
le plus haut quand il est sous le nord du plan de rotation ;
il est, au contraire, le plus bas quand il est sous le sud, à
la moyenne hauteur sous l'est et l'ouest. Quand la partie
supérieure d'un cyclone aborde l'atmosphère d'un horizon ,
il y a un maximum de pression qui diminue continuelle-
ment à mesure que le cyclone recouvre l'horizon, et cette
pression atteint son minimum quand la partie inférieure
du cyclone se trouve au-dessus de l'horizon.
Les cyclones envahissent l'atmosphère de Liège par des
vents N., NNK., NE. et ENE, la recouvrent par des vents
SE., SSE., S., SSO., SO. et OSO., et la dégagent par des
vents 0., ONO. et NNO.
C'est une étude particulière de mes observations qui
m'a fait reconnaître la marche et l'influence des cyclones
par rapport à la ville de Liège. Quand l'état de l'air ren-
dait l'observation des vents supérieurs incertaine, j'ai eu
recours aux Annales de l'Obsercatoire rotjal de Bruxelles ;
j'y ai puisé bien d'utiles et de précieux renseignements
qui constatent la corrélation do nos phénomènes météoro-
logiques; je saisis cette occasion pour témoigner toute ma
gratitude à son illustre et savant directeur.
Ce qui va suivre démontre que les orages ne sont que
( 2d9 )
les manileslalions électriques tle cyclones qui se siiccè-
denl. Je me coiilenlerai de l'aire observer , pour ne pas me
répéter, que les pressions barométriques maxinia qui
les annoncent sont toujours signalées par des vents N.,
NNE., NE., etc. A mes yeux, les tempêtes, les ouragans,
les forts vents et leurs oscillations continuelles, et les
variations continuelles du baromètre ne sont que des effets
(le cyclones qui se succèdent ou coexistent; après ces
préliminaires, je vais faire connaître les détails que j'ai
annoncés plus baut.
Les pbénomènes électriques de 1868 ont commencé le
5 mars, à 6 '/.2 heures du soir, par un coup de tonnerre
assez fort, roulant et éclatant; il a été précédé d'un éclair
très-brillant jaune- rougeàtre à pleins nuages et suivi
d'une pluie mêlée de grêle; il a eu lieu par un vent très-
fort du SO., une pression atmospbérique de 747'""',41 et
une température maxima de 9°,60 C.
Le second phénomène électrique a eu lieu le lende-
main, 6' mars : c'était un éclair blanc des plus brillants et
à pleins nuages; il n'a été suivi d'aucune détonation. Le
baromètre indiquait 748"'"\o7, la température maxima
6%70 C. et un fort vent à rafales souillait de l'ONG. La
pression atmosphérique a atteint son minimum, 7^9""",17,
le 8 mars, à 10 h. du malin , par un vent très-violent du S.;
ce jour le maximum de température avait été de i0°20 C.
Le troisième phénomène électrique a eu lieu le 25 sui-
vant par un vent OSO., une pression de 7o0"^"\49 et une
température maxima de 10°oOC.; à 2 heures après midi
un éclair blanchâtre a été suivi d'un coup de tonnerre à
roulements grondants. Ce phénomène électrique a été pré-
cédé, le 14 du même mois, d'un maximum de pression
765"'"\95, accompagné de vents NiNE., NE. et suivi, le 20 ,
( :260 )
(lu maxiniiini 7G8""'\2o accompagné de vents NNE.; le
minimum ToO"''",!^ a eu lieu le 24 par un vent OSO.
Le mois (Wirril a vu les 21 et 25 des phénomènes élec-
triques; ils consistaient en éclairs blanchâtres sans rou-
lements de tonnerre; ils se sont manifestés par des vents
très-forts SO-SSO., sous des pressions respectives de
751 '"'"JO et 755"^™ et des températures de i4",20 C. en-
viron. Les maxima de pression du 15 et du 27 de ce mois
étaient accompagnés de vents NNE., et le minimum du
20 a eu lieu par un vent S.
Le mois de mai compte trois périodes orageuses; la
première a eu lieu les 9, 10 et 11, entre les maxima
barométriques du 6 et du 14 annoncés par des vents
NNE-NE; la seconde entre les maxima du 14 et du 28,
les 24, 26 et 27 du mois; la troisième le oO entre les
maxima des 28 et 51 accompagnés de vents NNE. Les
minima du 5, du 9, du 25 et du 50 ont eu lieu sous
des vents SSO. Ce sont quatre cyclones qui se sont suc-
cédé à partir du maximum du 1'' mai.
La manifestation électrique du cyclone du 6 au 14 a
commencé le 9, de 2 à 5 heures du soir, par quelques coups
de tonnerre à roulements pleins, puis elle a recommencé
de 8 heures à 9 heures par des éclairs rougeàtres à pleins
nuages, accompagnés de coups de tonnerre à roulements
éclatants; ensuite ils ont été suivis par des éclairs blan-
châtres sans détonations aucunes, qui ont brillé pendant
environ "Yt d'heure : les nuages arrivaient par des venls
SE.-SSE. sous une pression de 750'""\60 et une tempéra-
ture maxima qui avait été de 24",C)0 C.
Le 40, après une très-belle matinée, le ciel s'est couvert
à partir de midi , et un fort orage a éclaté à 4 '/., heures du
soir par la même pression barométrique, une température
( 2GI )
de 2i",90 (]. cl un vent S.-SK.; il sï'lendail de Seraini^
à Herslal el les dégàls qu'il a causés ont été considérables :
à Ougrée la foudre a tué un jeune homme; à Liège, elle a
enlevé une toiture vitrée chez M. Jacob-Makoy et mis le
feu à une maison près de l'église Sainte-Foi; au haut des
Tawes, près de Herstal, elle a endommagé fortement un
arbre; des éclairs rougeàtres, puis blancs rougeàtres sillon-
naient les nuages en traits de Jupiter; les détonations, qui
étaient d'abord très-éclatantes, se terminaient par des rou-
lements très-pleins; la pluie a été assez abondante. Cette
première manifestation orageuse s'est terminée le M par
des éclairs blancs rougeàtres à pleins nuages, qui ont brillé
de 7 à 9 heures du soir sans être accompagnés d'aucune
détonation , mais seulement suivis d'un peu de pluie.
La seconde période orageuse compte aussi trois jours;
elle a commencé le 24, à 8 '/.2 heures du soir, par des
éclairs rougeàtres à traits de Jupiter, qui sillonnaient des
nuages au sud de Liège; la pression barométrique était
de 752'"'" ,26, la température maxima de 24",50 C. et un
\ent SSO. soufflait fortement; ce jour on n'a pas entendu
de tonnerre.
Le 2o, le temps a été sombre et très-orageux toute la
journée; il n'est toutefois tombé qu'un peu de pluie à 2
heures de l'après-midi, par une pression de 752'""",54, une
température de 2o°,50 C, et un vent SSO. soufflant moins
fort que le jour précédent.
Le 26, sous une pression de 7o6"'™,70, une tempéra-
ture maxima de 26",7 C. et par un vent SO, des coups de
tonnerre accompagnés de pluie se sont fait entendre de
5 à 4 heures de l'après-midi; les éclairs étaient rougeàtres
et à pleins nuages, et les détonations, des roulements écla-
2'"'^ SÉRIE, TOME XXVIl. 18
( 262 )
lanls. Celait la lin d'un orage qui avait eoniniencé vers
2 heures de Taprès-midi; il s'étendait de Slavelotà Eupen
et recouvrait Francorcliamps, Spa, Verviers et toute la
vallée de la Yesdre jusqu'à Liège. Les dégâts ont été très-
considérables : les gréions mêlés de morceaux de glace
transparents avaient parfois la grosseur d'un œufde pigeon ;
la pluie était diluvienne et des torrents se sont formés par-
tout; la Yesdre était tellement grossie qu'elle s'avançait
comme un monticule d'eau.
Le même jour, vers 41 heures du matin, un fort orage
a aussi éclaté sur Paris.
Le 27, vers 2 heures du soir, le tonnerre, sans être pré-
cédé d'éclairs, mais accompagné d'un peu de pluie, s'est
fait de nouveau entendre; les détonations étaient des rou-
lements grondants. La pression était 759"''" ,86; la tempé-
rature 24%20 C. et le vent NO./SO.
La troisième période orageuse a eu sa manifestation
électrique le 50; ce jour, de 2 à 5 heures du matin, par
une pression de 754""", 12 et un vent SSO., un orage a
éclaté sur Liège; les éclairs étaient à pleins nuages; rou-
geàtres, les détonations étaient à roulements éclatants;
jaunes rougeàtres, elles étaient à roulements pleins gron-
dants; blanchâtres, il n'y avait pas de bruit. Le maximum de
température avait été le 29 de 28°2 C. et le 50 de 26*^7 C.
Ce même jour, vers 1 heure du matin, un fort orage
avait éclaté sur Namur; le 29, à 1 heure après-midi, il
en avait éclaté un des plus violents sur Londres, 2 heures
après sur Birmingham, et le soir à 8 heures sur Paris.
Les phénomènes électriques du mois de juin ne comp-
tent que deux périodes; la première a eu lieu entre le
maximum de pression du 51 mai et celui du 6 juin
(762'""^, 67), et celui du 26 (765"'"',85); ces maxima,
( 2G5 )
(oiijoms nniionci's par dos venls N., XNF,., oui eu pour
miuima, le 2, 752'""\84 par SK., le 21, 751""" ,05
|)ar SSO.
Entre le maximum du 6 et celui du 16, il y a eu deux
mouvements barométriques accompagnés de vents N.,
NNE., entre lesquels on remarque des vents SE., SO.,
0. et XO.
La manifestation électrique de la première période a eu
lieu le 5 vers 10 heures du soir, par des coups de tonnerre
lointains à roulements très-grondants; aucun éclair n'a été
observé.
Les manifestations électriques de la seconde période se
sont fait sentir les 20 et 21; le premier jour enire
A '/2 heures et 5 V2 heures du soir, après une température
de 29%o0 C, par un vent SE. à S. et une pression de
7o5"'"\70, le tonnerre s'est fait entendre; les nuages
étaient d'un bleu foncé, Irès-divisés mais épais; les éclairs
étaient rougeàtres et à traits de Jupiter; les détonations
très-éclatantes et à roulements; elles n'ont été accompa-
gnées que de quelques grosses gouttes de pluie. De 8 '/.^ à
iO heures du soir, le tonnerre s'est encore fait entendre; les
éclairs étaient, au commencement, rougeàtres et à traits
de Jupiter, puis ils sont devenus jaunes rougeàtres, enfin
très-blanchàtres; les détonations, à roulements d'abord
Irès-éclatants, sont devenues successivement plus sourdes
et enOn à roulements pleins grondants.
Le lendemain 21, vers 11 heures du matin, un nuag<;
noirâtre et uniforme, assez étendu, a passé au-dessus de
Liège; il était incessamment traversé par des éclairs rou-
geàtres à traits de Jupiter, suivis de détonations à roule-
ments pleins, mais sourds. Ce nuage devait être très-élevè , à
( 26i )
en juger par riiilervalle do temps entre Téclair et le bruit
(lu tonnerre.
A deux heures et demi, Torage a éclaté; il a duré plus
d'une demi-heure; les éclairs étaient rougeàtres et en zig-
zag, et les détonations à roulements éclatants; les nuages
arrivaient de Textrémité SSO. de l'horizon. Les éclairs
lurent ensuite à pleins nuages et à traits de Jupiter, et les
détonations moins éclatantes et à roulements plus gron-
dants. C'est par un vent SE./S., une température raaxima
de 28'',7 et une pression de 755 millimètres que ces phéno-
mènes se sont succédé.
Les maxima de pression du 26 juin, du 8 juillet
(759'""\99), du 20 juillet (758'""\4!2), du 24 juillet (765'""\85)
et du 1" août, avec les minima des 4, 15, 22 et 29
juillet, déterminent les quatre périodes orageuses de ce
mois. Les maxima étaient sous des vents NNE., les
minima, 751 "'"\25, 75o"''",o0, 755'""\76 et 747"^'",17,
respectivement sous des vents NO./NNE., SE./NO., SE./S.,
etSO.
La première période compte six jours de pluies qui ont
été fort abondantes et toujours mêlées de grêle; le 2, entre
1 et 2 heures de l'après-midi, deux coups de tonnerre
sans éclairs et à détonations à roulements pleins et assez
grondants se sont fait entendre; à 10 heures du soir, des
éclairs blanchâtres à pleins nuages sans détonations ont
scintillé pendant plus d'une heure.
Le ù juillet, un premier orage a éclaté à 1 heure du matin
et a duré jusqu'à 2 '/4 heures; les nuages, comme le jour pré-
cédent, étaient amenés par des vents NNO. ; plusieurs coups
de tonnerre, précédés d'éclairs rougeàtres à pleins nuages
se sont fait entendre; les détonations étaient à roule-
ments trè.s-pleins. Entre 10 et H heures de la matinée, un
• ■ ( 26o )
second orage a encore éclaté; les éclairs élaient toujours
les mêmes, mais traversés parfois par des traits de Jupiter;
les roulements éclatants constituaient toutes les détona-
tions; ce jour, la pluie a été fort abondante.
Les phénomènes électriques de la seconde période ont
eu lieu les H , 12, li et 18; le premier de ces jours, par
un vent ENE., une pression de 7o6""",56 et un maximum
de température de 28",i C, des coups de tonnerre se sont
fait entendre de 5 à G heures du soir; il n'y a pas eu de
pluie; les nuages étaient bleus noirâtres, les éclairs rou-
geàtres et à traits de Jupiter; les détonations étaient à
roulements pleins; d'abord assez lointaines, elles sont
devenues successivement plus fortes et assez éclatantes.
Ces manifestalions électriques provenaient d'un fort orage,
qui s'étendait en largeur de Jupille à Visé, et en longueur
de la Meuse à Battice; la pluie a été des plus abondantes
et mêlée d'une grande quantité de grêlons.
Le 12, après une très-belle matinée, le ciel s'assondjril
assez rapidement vers 11 heures, par des nuages venant
du SE.; ils étaient constamment sillonnés par des éclairs
rougeâlres et à traits de Ju})iter; les détonations, sans être
accompagnées de pluie, se sont fait entendre jusqu'à midi;
elles étaient à roulements j)leins; d'abord sourdes et loin-
taines, elles sont devenues ensuite plus éclatantes. Après
un certain temps de calme, cet orage a repris à midi et
un quart pour durer une heure environ. Une forte pluie
accompagnait des détonations et des éclairs pareils à ceux
dont nous venons de parler. A 10 heures du soir des éclairs
blancs et à pleins nuages brillèrent encore pendant plus
d'une heure, sans être suivis, ni de pluie ni de détona-
lions; ils ont terminé l'état orageux de ce jour, dont la
tenii)éralure maximum avait été de 28",I0C., la pression
( 266 )
de 755'""\50 environ, et qui s'étendait en largeur d'Âlleur
à Wandre, et en longueur de Rocour à Esneux.
Le 14, par un fort vent NINE. à NE., un maximum de
température de 28%20 C. et une pression de 754""\16, des
coups de tonnerre se sont fait entendre de 5 à 4 heures
de i'après-dînée; ils étaient à roulements pleins; des éclairs
rougeàtres et à pleins nuages les annonçaient depuis Liège
jusqu'à Tongres, où un fort orage éclatait à la même heure
avec une pluie très-ahondante: la foudre y a occasionné
beaucoup de dégâts.
Le 18, vers 5 heures du soir, des coups de tonnerre se
sont fait entendre à l'est de Liège; ils étaient lointains et à
roulements grondants; ils signalaient l'extrémité d'un
orage qui s'étendait de la rive droite de la Meuse jusque
bien au delà de Yerviers, qui en élait le centre; les dégâts
ont été considérables; ce jour le baromètre marquait
7o6'""',22, la température maximum oO%10 C. et le vent
souHlait du SO. à l'O.
Le lendemain 19, à 6 heures du matin, un violent orage
éclatait sur Paris.
La troisième période électrique s'est manifestée le 25 de
grand matin . par un orage venant du SO.; la pluie a été peu
abondante, les éclairs blancs rougeàtres; les détonations
étaient des roulements pleins tirant sur le grondement;
le lendemain, une forte tempête s'est fait sentir par NNE.
à INE. et a duré toute la journée du 25. La température
maximum du 22 avait été de 32",20 C. et la pression baro-
métrique, de 75o'^"\70.
La manifestation électrique de la quatrième période
orageuse s'est présentée les 26 et 27 juillet; le premier de
ces deux jours, par une température de ol'',10C., une pres-
sion de 755'""', 10 et des vents SSO./SSE., des coups de
( 267 )
tonnerre [\ roulements pleins et assez forts se sont lait en-
tendre vers six heures du soir; ils étaient préeédés d'éclairs
rougeàtres età pleins nuages. Ce n'était que l'extrémité d'un
orage qui recouvrait la Vesdre et ses environs, passait sur
rOurtlie et la Meuse pour planer sur tout le plateau de la
Hesbaie, depuis les sources de la Meliaigne jusqu'au delà
de Waremmc, et recouvrait en largeur cette ville jusqu'à
Hervé et ses environs; la pluie a été partout torrentielle;
la grêle et la glace sont tombées en grande quantité sur
beaucoup de communes; les gréions avaient ])artbis une
grosseur telle que des vitres ont été brisées et des arbres
fruitiers dépouillés et très-endommagés.
Le lendemain Î27, vers 11 V-2 beures du matin, par une
température de 29%2 C, une pression barométrique de
752"^"'6, et sous des vents SE. à SSE., un orage des plus
forts a éclaté ; il recouvrait non-seulement le même plateau
qu'hier, mais il s'étendait beaucoup plus loin : en longueur,
des sources de la Mehaigne jusqu'à Tongres et ses envi-
rons; et en largeur de Saint-Trond jusque bien au delà
des environs de Vcrviers. Cet orage a cessé à midi et un
quart; il s'était d'abord annoncé par des nuages noirs très-
entassés venant de l'ouest de Liège; ils étaient chassés par
un vent NO. qui devenait de plus en plus fort à mesure
que les nuages se rapprochaient, et qui n'a cessé qu'avec
l'orage; le vent supérieur a soufflé constamment du SE-,
ce que j'ai pu observer par les solutions de continuité que
présentait çà et là l'orage. Les nuages étaient d'un gris très-
foncé et parfois d'un jaune noirâtre, avec des parties d'un
blanc très-sale; l'obscurité devint telle qu'il fut impossible
d'observer les instruments météorologiques. Ces nuages,
(}ui n'étaient pas fort élevés, étaient continuellement sil-
lonnés par des éclairs rougeàtres cl à traits de Ju[)iler; les
{^26S )
(lélonalions élaienldes roulenienls liès-furls, liès-pleins cl
très-éclalaïUs. Quand l'orage a commencé, le thermomètre,
qui marquait 29°,10 C, est descendu de suite à 24",40 C.,
puisa 19%4C. vers le milieu de Forage, et à 19 degrés C. à la
lin; le baromètre a monté sensiblement pendant la tour-
mente; à la fin il marquait 7o4™"\20, puis il a descendu
pour revenir, vers 7 heures du soir, à sa hauteur du matin.
La pluie a été partout diluvienne, mais les gréions ne sont
pas tombés de tous côtés en même quantité et avec la même
grosseur; à Liège, on n'en a remarqué que de petits; à Mon-
legnée, Rocour, Bierzet et jusqu'à Waremme ils étaient
plus forts et y ont occasionné beaucoup de dégâts; à Ro-
clenge, la moisson qui était sur pied a été littéralement
hachée; sur la route d'Ans à Rocour beaucoup d'arbres ont
été renversés. De l'autre côté de la Meuse, à Hervé surtout,
beaucoup d'arbres ont été arrachés et des pommiers tordus;
la grêle et la glace y ont été abondantes et ont causé beau-
coup de dégâts.
Le 28, de 2 à 5 heures du soir, par une hauteur baro-
métrique de 750""",50, une température maximum de
2G%80C.et un vent SE. à SSO., nous avons encore entendu
à Liège quelques coups de tonnerre; les détonations étaient
des roulements pleins; un peu de pluie les a accom-
pagnées.
Le 29, nous avons eu, de grand malin, une forte j)luie
et beaucoup d'éclairs blancs très-brillants et à pleins
nuages, sans détonation aucune. A Hervé et ses environs,
il y a eu un orage assez fort vers H Vg heures du malin;
la foudre y est tombée en plusieurs endroits; à Battice,
elle a tué deux vaches dans les propriétés des sieurs Dorlii
et Gathy; des arbres ont été déracinés el même brisés; à
l^iégc, une pluie abondante est tombée enlre 2 el 5 heures
( 269 )
(le ]'aj)rès-dji)ée; le haromèlre indiqnail 747""",r)8, le Iher-
uiomèlre 25'\7 C. et le vent souillait du SSO. à KO.
En relatant l'orage du 27, j'ai dit que les nuages ai ri-
vaient par un vent violent du iNO. ; cependant les vents SE.
et SSE. n'ont cessé de régner toute la journée, et même
j)endant la durée de la manifestation électrique; voici,
suivant une manière de voir, l'explication de ce vent par-
ticulier : pendant la nuit et toute la matinée, la tempéra-
ture avait été des plus fortes; vers 11 heures du matin elle
marquait 29%i OC; l'air s'étant fort échauffé, il y a donc eu
une espèce de vide ou un défaut d'équilihre, de là un fort
appel de l'air supérieur du cyclone; cet air, en venant
létahlir l'équilibre, a entraîné la pluie qu'il contenait et
les grêlons qui se sont formés sous l'influence solaire; cet
appel d'air, étant d'autant plus fort que le défaut d'écjui-
lihre est plus considérable, devient parfois tellement rapide
qu'il souffle en fort ouragan; de pareils courants se mani-
festent toujours au commencement des orages; de là les
mouvements irréguliers qu'on observe alors dans les
nuages; quand ces derniers n'ont pas beaucoup de largeur,
les dégâts qu'ils occasionnent aux campagnes sont limités
par deux lignes droites, comme si elles avaient été tracées
à l'avance au cordeau. J'ai été à même de constater plu-
sieurs fois de pareils dégâts.
Le mois d'août ne présente pas autant de périodes
électriques que le mois précédent; entre le maximum du
l"et celui du 9 (76l"'"',80), il n'y a pas eu d'orage; le mi-
nimum de pression 7ol™"\61 a eu lieu le 6 au soir par un
vent SO. à OSO.; le même jour a eu lieu le maximum de
température 28'\10 C; le lendemain, un vent très- fort
souiflait du SSO., sous la pression 751 "'"\80.
La [>éiiode com[)rise enlic le maximum du îl cl celui
( â70 )
du 15 (754'""\58) compte 5 jours de manilestalions électri-
ques; elles ont commencé le 9 même, à 9 V^ li. du soir, par
des éclairs rougeàtres à traits de Jupiter, qui se sont suc-
cédé jusqu'à minuit sans être suivis d'aucune détonation;
à partir de ce moment, a éclaté un orage qui a duré jusqu'à
!2 heures du matin; il a cessé alors pendant une heure , puis
il a repris jusqu'à 4 '/.2 h. du matin ; à 9 heures, le tonnerre
s'est de nouveau fait entendre pendant une heure environ ;
enfui, le soir, des éclairs, seulement accompagnés de pluie,
ont brillé pendant toute la nuit du 10 au 11 ; la journée qui
a suivi a été assez belle; à i heures, le tonnerre s'est l'ait
entendre pendant ^/^ d'heure; les détonations étaient des
roulements grondants assez lointains; à pareille heure, un
orage éclatait sur Hervé et ses environs; c'était le centre
d'un mouvement orageux qui s'étendait de Liège jusqu'à
ïiupen en recouvrant Verviers. Le baromètre a baissé de-
puis le 9; le 10, il marquait un minimum de 7o5'""\28; le 11,
7l6'""\29;la température maximum a été, le 9, 26'\90C., le
10,28",50C., le 11, 30°,12C.;lesventsontétéle9,SO./ONO.,
le 10, SO./SSE., le 11, SE./SSO.; cependant, le 10, il y eut
des vents SO./NNO. , surtout de bon matin. Fendant la
durée des orages du 9 août, les éclairs étaient blancs rou-
geàtres à pleins nuages, les détonations très-fortes et à
roulements très-pleins et éclatants; pendant la nuit du 9
au 10, il y a eu des coups de tonnerre excessivement forts
et semblables à des coups de canon.
Le 12, la journée a été très-calme; le baromètre avait
sensiblement remonté à 751 """,40; la température indi-
quait pour maximum 24%50C., et le vent passait du SSO.
au NNO.
Le 15, la pression atmosphéîique avait baissé à 745'""',r>(3
la température monté à28",90C.et lèvent soufflait par ESE.
( 27i )
à SE.; un orage éclata à 4 heures du soir el dura une
heure environ; les coups de lonnerre furent assez loris et
à roulements pleins, les éclairs rougealres el à pleins
nuages. La température, de 2!8",90C. qu'elle était, descendit
à i22",7C. au commencement de l'orage età21",6C. pendant
sa durée; le haromèlre remonta à 746'""',60 à A heures, et
à 747'""\87 à la fin de l'orage.
Le Li, temps très-calme et très-somhre; il en fut de
même le 15; entre le maximum de ce jour (7oi"^"\58) et
celui du 20 (754"''",94), une manifestation électrique s'est
fait sentir le 16 à 5 '/.. h. du matin par un orage assez fort,
dont les nuages étaient amenés par un vent SE.; les
éclairs étaient blancs el à pleins nuages el les détonations
à roulements grondants; le maximum de température avait
été de 27°,80 C; le minimum de pression de 750'""\14à
7 heures du malin, et les vents avaient continué à soulïler
du SE. et du S.; enfin, le 17, le baromètre atteignit son mi-
nimum le plus bas 747'""',56 à midi, par des vents SE./XO.
Depuis le maximum du 20 jusqu'à celui du 26 (762'""\ 1 9) ,
le vent a été constamment très-fort, surtout le 2o. La
journée du 21 a été très-calme jusque vers2 heures du soir;
des coups de tonnerre se sont fait ensuite entendre et ils
ont été suivis de pluie et de détonations à roulements
très-éclatants, annoncées par des éclairs très-rougeàtres
à pleins nuages et à traits de Jupiter. Cet orage a duré
une heure environ ; il recouvrait Liège el tous ses environs
el il a éclaté sous une pression de 747"^"\12, une tempéra-
ture de 18'',90 C. et un vent très-fort SO./SSO.; la veille, le
minimum dépression delà période avait été 744™"\10, avec
une température maximum de 20°,40 C. — Les maxima
barométriques ont été observés sous des vents N.
C'est aussi sous de pareils vents que les maxima des
( 272 )
2, 9 et 26 septembre ont marqué 76o"^"\84, 765"^"\26 et
7o3"'"\52; quant aux minima, ils ont lieu par des vents S.
• Quoiqu'il eût éclaté le 17, en Ire 2 et 5 heures du soir,
un fort orage avec gréions à Paris, le 19, à Toulon, aussi
entre 2 et 5 heures du soir, et le 29 à Londres, de 5 à 8
heures du matin , Liège n'a eu que des éclairs hiancs rou-
geàtres au SO. de son horizon pendant la soirée du 21 , par
une pression de 7 46""" ,04, un vent SK. et une température
maximum de 21 ",10 C.
Le mois d'octobre n'a présenté à Liège aucune manifes-
tation électrique; néanmoins ses maxima et minima baro-
métriques ont été aussi accompagnés de vents N. pour les
premiers et de vents S. pour les seconds. — De très- forts
orages ont été signalés les 2, 5 et A dans les basses Alpes,
où de grandes inondations ont eu lieii.
Le mois de novembre compte un seul éclair blanchâtre
qui a brillé le 15 à 5 '/,, h. du matin par un vent iSNE.,
une pression de 760'""\o0 et une température de 2%90 C.
Les maxima et minima principaux de ce mois se sont ma-
nifestés sous l'influence des vents désignés plus haut.
Le mois de décembre a eu deux éclairs: le premier était
rougeàtre et a brillé le 5 à 4 '/i h- ^^^ soir par un vent 80.,
une température de 7%9 C. et une pression de 750'""' ,95; le
second, blanc, très-brillant et à pleins nuages, s'est montré
le 5 à 8 Vsh. <^Ju soir par un fort vent 80., une température
de 11%30 C. et une pression de 746""",26; c'est aussi sous
les vents N. et S. que les maxima et minima barométriques
principaux du mois de décembre ont été remarqués.
( 275 )
CONCLUSIONS.
De co qui précède, et du résumé des observations météo-
rologiques, il résulte :
l'' Que les orages ont lieu généralement par les vents
SE.etSO;
2" 0"'i'ï^ '^f>»l ^^("^ manifestations électriques de cy-
clones;
5" Que ces cyclones se succèdent sans interruption;
4" Que ces cyclones s'annoncent par des ascensions haro-
métriques et des vents N.;
5' Que ces vents passent successivement parle NE., TE ,
le SE., et le S., l'O. et le NO. ; que Tascension barométrique
diminue continuellement sous les vents de la première
moitié, pour augmenter de nouveau en allant du S. au
N. par lU;
6" Que l'examen attentif des vents observés et des liau-
teurs barométriques qui y correspondent, et de leurs mou-
vements mensuels, fait reconnaître que Fatmospbère est
sillonnée continuellement par des cyclones; que les tem-
pêtes, les ouragans et les forts vents viennent à Tappui <lc
celte manière de voir;
7" Que les cyclones constituent des périodes mensuelles
orageuses, à tempêtes et à forts vents;
8" Que les cyclones sont les moyens que la nature
emploie pour renouveler constamment Tair et transporter
ces masses considérables d'eau qui entretiennent la vie,
alimentent les sources, les rivières et les fleuves;
9" Que les mouvements irréguliers des nuages au com-
mencement des orages et des coups de vents qui se font
alors sentir à la surface de la terre, proviennent d'une forte
( â7i )
allractiun tle l'air supérieur des cyclones vers les couches
inférieures de Talniosphère; aussi la température baisse-
l-elle subitement de plusieurs degrés en ces circonstances.
N. B. Au moment de terminer cette relation, on écrit
de Huy, en date du 31 décembre 1868 :
« Hier, vers la soirée, de nombreux éclairs ont sillonné
» les nuages, et quelques coups de tonnerre se sont fait
» entendre. Ce phénomène atmosphérique, assez rare à
» cette époque, indiquerait-il un changement de temps?
» Ce serait à désirer; aujourd'hui 31 , la température est
» un peu refroidie et le vent souffle encore avec assez de
» violence. »
A IJége, le baromètre marquait 74o"'"\30, le 30, à
4 heures du soir, la température 8",10 C. et le vent soufflait
du SO. Au dire de plusieurs personnes le tonnerre grondait
au SO. i\o la ville.
Sur deux fragmenls cVobjeU appelés « bâtons de comman-
denie}U » découverts dans la caverne de Goyel [province
de Nantur); par M. Edouard Dupont, correspondant de
l'Académie.
Dans la dernière séance, j'ai eu l'honneur d'annoncer
à l'Académie la découverte qui venait d'être faite dans la
caverne de Goyet, d'une portion de bois de renne travaillée
de main d'homme et comparable à des objets des cavernes
du Périgord que M. Lartet a décrits sous le nom provisoire
de bâtons de commandement (I).
(1) lleliqn'uv Aquilnninr, cxplicalinn dos planches , p. ."0.
%
■^
w>*
•i^: 1
V
V
-.■*-.
LtiIl. pai' G. Severeyiis Littide l'Acaâ. E.o
?TH-^:iiieats de « Lâtons de Commanderaents >
trouves dans la caverne de Goyet /yyaT???//^' I
( 27:; )
[■11 autre do ces huions de conmiandenieiil a élc décou-
vert ce mois-ci dans la même caverne. Celui-ci ne porte
pas d ornements et est encore attaché à un morceau de la
hrechc slalagmilique à laquelle il adhérart.
Le premier qui ait été découvert dans cette caverne est
orné, sur ses hords et sur ses deux laces , de traits gravés.
Je n'ai pu reconnaître encore ce que l'antique graveur
a voulu représenter sur Tune de ces laces, parce qu'une
partie importante du dessin était sur la portion perdue de
rohjet. Des traits s'y coupent et il y a quelques hachures.
L'autre face porte la figure d'un poisson dont la parties
postérieure manque par snite de la cassure. Les points en
creux qui ont été gravés sur le dos du poisson portent à
y reconnaître les taches caractéristiques du dos de la
truite.
Ces deux spécimens antéhistoriques ont été trouvés dans
le limon fluviatile qui recouvre, sur une épaisseur moyenne
de trois à quatre mètres, la paroi inférieure de la caverne.
La même couche a fourni en cet endroit de nomhreux
silex taillés dans la forme Couteau; d'autres silex en plus
petit nomhre rappellent la forme Moustier.
Les os travaillés sont surtout des hois de renne taillés
en forme de dard comme ceux de l'âge du renne sur la
Lesse.
Les déhris des repas de l'homme sont spécialement repré-
sentés par de nombreux débris d'os des membres et de la
tête qui se rapportent au mammouth, au rhinocéros, à
l'hyène, au grand onrs, au renne ,à rélaphe,au loup, etc.
Comme on le voit, l'âge géologique de ces restes de
l'art primitif est établi sur des données fort complètes.
. 276 )
iSotc sur le déicloppemeul des acarldes. — Extrait d'une
k'ilri' (le M. le D' Bessels à M. P.-J. Vau licnedeii.
SluUgart , 29 mars 1869.
« Jusqu'en 1865 l'embryogénie des Arthropodes
avait été relativement peu étudiée. Mais depuis l'apparition
du travail devenu classique de Weissman, sur le développe-
ment des diptères, cette étude est devenue l'objet favori
des investigations des zoologistes. Plusieurs travaux re-
marquables ont été publiés depuis cette époque; parmi
eux nous nous plaisons à citer celui de Mecznikow :
« EmbrijologisdieStndien an hueclen », et les recherches
do Dohrn sur le développement de VAselhis aquaticus.
(( J'ai reçu, il y a q'.ielqucs jours, de mon ami Alex.
Brandt un mémoire publié par l'Académie de Saint-
Pétersbourg, sur le développement des libellules et des
hémiptères, dans lequel l'auteur s'est spécialement occupé
de l'étude des membranes embryonnaires.
» Les acarides n'ont pas attiré jusqu'ici au même point
l'attention des naturalistes; depuis longtemps je travaille
à combler cette lacune, par l'étude du développement
des Atax, Phylopus, Sarcoptes, Tétranychus et d'autres
genres voisins. Dans le but de contrôler mes observations
sur l'embryologie du Phylopus viris, j'attendais, avant
de livrer mon travail à la publicité, les premiers jours
du mois de mai, lorsque je reçus le dernier numéro du
journal de v. Siobold et Kolliker, qui contient un travail
l'ait de main de maître par Claparède (l). Comme mes re-
(1) Siuclien an Acaridcn, /t'itschrifl fiir wiss. ZooL VA. XVIII.
( '■m )
cluM'clios c'oïK-orilcnl sur Ions les poinls osseiilicls, avec
les ivsiillats publics par le savant proIVsscnr de ilenève,
j'ai jugé inntilc de donner suite à ma publication. l*er-
meltez-moi, toutefois, de vous communiquer sur cette
question quelques observations.
« Ainsi que je l'écrivais à votre fils dans une lettre que je
lui ai adressée au mois de septembre dernier, mes recher-
ches sur V Atax ijpsilopftonis , donl vous vous êtes occupé en
1848 (1), ne s'accordent pas en tous points avec les résul-
tats que vous avez annoncés. J'ai exposé brièvement, dans
un petit travail sur le renflement dorsal des Amphipodes
[kiKjelfihinîfjp. Organ), mes observations relatives à la
membrane embryonnaire des Acariens [deutovum de Cla-
parède) et à ces cellules amœboïdes remarquables qui
nagent dans le liquide autour du blastoderme. [Jencmchc
Zeitscinift fur Médecin und Natunvissenschaften , Band V,
Heft. 1 , p. 98.)
» Comme je le fais remarquer plus haut, mes observa-
tions concordent sur les points essentiels avec les résultais
publiés |)ar Claparède. Je n'ai j)as [)lus réussi que ce sa-
vant à découvrir la vésicule germinative dans les œufs
récemment pondus, comme vous l'annoncez dans vos
recherches sur le développement de VAlax ypsilopliovus ,
(page 18). Je ne doute nullement cependant qu'elle n'y existe
en réalité et je suis persuadé qu'elle n'échappe à la vue
de l'observateur qu'à cause de la coloration foncée du
vitellus. N'ayant pu observer les œufs ovariens, il me
serait impossible de décider la question de savoir si,
comme le croit Claparède, la membrane qui entoure le
(1) Recherches sur l'histoire nalurelle cl le développement de TAlax
ypsilophora. Mémoires de l'Académie royale de Belgique, I. XXIV.
2™^ SÉRIE, TOME XXVII. . 19
( â78 )
vitclius est une mcmbraiK} vilelline, ou s'il faut la consi-
dérer comme mi chorion.
» J'ai été assez heureux pour pouvoir observer le mode
de formation du blaslodernie qui vous a échappé, ainsi
qu'à Claparède. Il sérail difficile de dire combien de temps
le blastoderme apparaît après la sortie des œufs de l'ovi-
ducle, puisqu'on ne peut observer le phénomène de la ponte.
Chez des œufs retirés du manteau des Unio et des Ano-
dontes et qui ne présentaient encore aucun changement,
j'ai vu le blastoderme apparaître au bout d'un ou de deux
jours. On peut constater, en ouvrant avec précaution un
de ces œufs, dans une solution de 1 "/„ de bichromate de
potasse, que le blasloderme ne se montre pas en même
temps sur toute la surface de l'œuf, mais qu'il apparaît
par îlots, il n'est pas possible, à cause de la coloration
foncée du vitellus, d'observer ce phénomène, à moins de
mutiler les œufs. Après que le blastoderme s'est étendu
autour du vitellus, la membrane embryonnaire s'en dé-
tache. C'est celle membrane que vous avez considérée
comme se formant par dédoublement de l'enveloppe pri-
mitive de l'œuf, et que Claparède a désignée sous le nom
de deutovum. Je la considère comme Thomologue de la
membrane larvaire des crustacés [Larcenhaul), et celle-ci
est évidemment riiomologue de l'amnios des insectes. Je
me propose d'établir ces rapports dans un travail spécial
sur l'amnios de ces Arthropodes que je compte publier
prochainement.
9 C'est peu de temps après la formation de cette mem-
brane embryonnaire qu'on voit apparaître entre elle et
le blastoderme les premières cellules amœboïdes que
Claparède fait surgir beaucoup plus tard. Quand, dans
mon travail, j'ai désigné ces cor[)uscides amœboïdes sous
( '^7'J )
l<î nom de i-lobiilcs sanguins, je n'ai en en vne (jne de
signifier leur lilialion anx cellules du blastoderme, qui, au
moment de l'apparilion de ces hémamibcs, sont les seules
formations cellulaires de l'œuf. Il me paraît très-probable
qu'il faut admettre, pour les corpuscules sanguins, deux
modes de descendance, attendu que les corpuscules du
sang de l'embryon ont une tout autre origine que ceux
dont nous venons de parler. J'ai observé pendant des
heures entières certains œufs, sans avoir jamais vu un de
ces corpuscules amœboïdes pénétrer à l'intérieur de l'em-
bryon.
» Claparède se demande si vous n'avez pas pris les para-
sites des Anodontes pour ceux des Unio,ou bien, si ce sont
les mêmes animaux qui vivent en Belgique sur les Ano-
dontes et à Genève sur les Unio. En commençant mes
recherches, j'avais placé une centaine d'Anodontes, re-
cueillies dans les marais environnants, dans une eau cou-
rante, où j'ai mis ensuite des Vnio balavus. Lam. Quatre
semaines après avoir placé à côté les uns des autres les
Unio et les Anodontes, je trouvai dans une de ces der-
nières l'Atax que jusqu'alors j'avais exclusivement ren-
contré chez les Unio; et depuis ce temps, j'ai trouvé sou-
vent dans les Unio trois ou quatre individus de l'espèce
propre aux Anodontes.
» 11 n'est guère possible de confondre les parasites des
Unio avec ceux des Anodontes : les premiers portent con-
stamment cinq ventouses de chaque côté de l'ouverture
sexuelle, tandis que les autres en ont de trente à quarante,
j'en ai trouvé qui ressemblaient en tous points à ceux des
Anodontes, sauf que le nombre des ventouses était de six
de chaque côté. — Je ne crois pas m'avancer trop, en
considérant ce fait comme un phénomène d'atavisme,
( 280 )
l)uisqne CCS deux espèces dWlnx ne sont guère différentes
Tune de rnutre. »
M. Van Beneden fait suivre celte communication des
observations suivantes :
Le désaccord qui est signalé au sujet de la vésicule ger-
minative n'existe réellemenl pas, puisque je ne déclare
avoir reconnu la présence de celte vésicule que dans les
œufs ovariens. La vésicule germinative, disais-je, est re-
laiivement crantant plus grande quon examine un œuf
plus jeune. — Je suis étonné que MM. Claparède et Bessels
n'aient pas remarqué que je ne donne la composition de
l'œuf qu'avant la ponte.
Quant aux Atax , que M. Claparède suppose provenir des
Unio plutôt que des Anodontes, et que je pourrais lui en-
voyer en vie, s'il le désirait, tous ceux qui ont servi à mes
recherches provenaient d'une, même localité des environs
de Louvain, où je n'ai jamais vu que des Anodontes seules.
Au reste les observations de M. Bessels prouvent que les
mêmes Atax vivent sur les Unio aussi bien que sur les
Anodontes.
Nous ferons remarquer, en passant, que les cellules
amœboïdes qui apparaissent autour du blastoderme nous
semblent parfaitement analogues à ces prétendus para-
sites, qui apparaissent dans les mêmes conditions chez
différents mollusques, et que von Nordmann a nommés
Cosmella hydradinoides dans le Tergipes Edwardsii (I).
(1) Ann. (les se. nat., 1846, vol. V, 5<" série.
( ^281 )
Les lhilvinoj)U'rcs dn nord de rAllnn(iqi(e,\y,.\v M. i\-J. Van
Bciicclcn, meiiil)re de rAcadcmie.
Se reconnaître au milieu des nombreuses espèces de
baleinoptères, même au milieu des genres que Ton a établis
ces dernières années, n'est pas chose aisée. Jl n'y a pas de
groupe dont les éléments soient plus embrouillés, plus dif-
ficiles ta étudier, plus embarrassants à comparer. Aussi
avons-nous éprouvé de fort grandes difficultés en passant
en revue tout ce qui a été publié sur ce vaste sujet et en
en mettant en parallèle ensuite les sujets qui ont servi de
base aux descriptions.
A mon avis, non-seulement on a trop multiplié les
genres, puisque le nombre en est plus grand que celui des
espèces, mais on a eu surtout le grand tort d'attribuer des
caractères génériques à des dispositions purement indivi-
duelles : une côte supplémentaire ou bifurquée est un cas
accidentel comme la soudure de quelques apophyses des
vertèbres cervicales. Si dans la Balœnoplera roslrala, cer-
taines vertèbres du cou sont soudées, tantôt par le corps,
tantôt par les apophyses, dans le plus grand nombre de
squelettes, ces vertèbres sont complètement libres, comme
elles doivent l'être à l'état normal.
De ce qu'il est difficile de trouver des caractères distinc-
tifs dans un groupe, il ne s'ensuit pas qu'il faille recourir
aux dispositions accidentelles, comme l'a fait notre illustre
ami ïiiw J. Muller. C'est lui qui, le premier, si nous ne nous
tron)pons, a fait intervenir la bifurcation de la première
côte, comme caractère de la baleinoptère de Ilolstein.
( 282 )
Les baleiiioptères que les premiers pécheurs de baleines
avaient si bien distinguées sous le nom de Vinnfisch sont
aujourd'hui, pour tous les zoologistes, des cétacés à fanons
couits, portant des plis sous la gorge et sous le ventre,
ayant une véritable nageoire sur le dos et le corps fort
allongé, sept vertèbres cervicales toujours séparées, peu
de lard, et beaucoup de souplesse.
Depuis que l'on recueille les squelettes des baleinoptères
qui sont venus échouer, l'on sait qu'il y en a de grands et de
petits sur les différentes cotes d'Europe, depuis les parages
de l'Islande jusqu'à l'intérieur de la Méditerranée; mais ce
que l'on ignore généralement, c'est le nond)re d'espèces
auxquelles se rapportent ces charpentes souvent colossales
(pii sont disséminées dans les musées. C'est à la solution de
cette question que la présente notice est consacrée.
Cuvier croyait à l'existence de deux espèces en Europe :
l'une, de la Méditerranée, représentée par le squelette
de l'animal échoué en 1798 à l'île Sainte-Marguerite et
dont la tète avec quelques os est conservée au Muséum
de Paris; l'autre, de la mer du Nord, d'après un animal
jeté en 1819 sur la côte du liolstein et dont le squelette
complet est conservé au musée de Berlin. Le troisième
squelette que Cuvier connaissait est celui qui est conservé
à la maison de ville de Brème; et comme il provient d'un
animal de petite taille échoué à l'embouchure du Weser,
Cuvier le croyait un jeune de l'espèce précédente.
Il y avait pour Cuvier un rorqual de la Méditerranée et
un rorqual du Nord.
Le grand naturaliste avait préféré ce mot rorqual à
celui de baleinoptère proposé par Lacépède, parce qu'il
croyait à l'existence d'une Juhartc sans plis sous la gorge.
Cuvier n'avait jms eu assez de malériaux à sa disposition
( ^i85 )
quand il a écrit ses recherches sur les ossements des cétacés,
et ce n'est que queh]ues années phis tard, que l'eu mon ami
Eschricht a commencé ses intéressantes puhlications tou-
chant ces animaux.. Eschricht a fait l'aire un pas immense à
la cétologie, en démontrant que le nombre de vertèbres est
le même dans le jeune âge qu'à l'âge adulte, que celles-ci
ne se soudent pas à un âge avancé, après avoir été séparées
d'abord, et que tous les caractères de l'adulte se trouvent
déjà dans le fœtus qui n'est pas encore à terme.
En même temps Eschricht a fait voir, ce que l'on sem-
blait de plus ignorer, qu'il existe une baleinoptère de petite
(aille, (]ui ne dépasse pas 50 [)ieds de louguem', n'a pas
plus de quarante-huit vertèbres, des fanons jaunes et des
nageoires pectorales à moitié blanches et que c'est elle
qu'Othon Fabricius a observée pendant son séjour au
Groenland, tout en ayant le tort de la prendre pour la
Balœna roslrata de Linné.
Depuis les travaux de Cuvier, il a été reconnu égale-
ment que la baleinoptère de la Méditerranée, la seule ba-
leine que les anciens aient connue, est l'espèce commune
de l'Atlantique, et , dès 1856, nous avions signalé sa pré-
sence sur la côte d'Islande, d'après des caisses tympaniques
que Gaimard avait rapportées de son voyage au Nord.
Depuis lors aussi il a été reconnu que la baleine échouée
sur la côte du Holstein, et à laquelle Rudolphi avait égale-
ment donné le nom spécifique de roslrata, diffère com-
plètement de la roslrata d'O. Fabricius et qu'elle mérite de
conserver le nom de baleinoptère du Nord, ïlalœnoplcra
horcalis, comme l'a dit Lesson. C'est le même animal pour
lequel le docteur Gray a proposé le nom de ïlalœnoplcra
Iniiceps. Avec sa sagacité habituelle, le savant direcleur
dii l»rilisb Muséum avait recoiniii (pie le sfpiclcdc «le
( 28i )
l'animal du Holstein appartenait à une espèce particulière.
Nous voilà donc en présence de trois espèces, toutes les
trois propres à l'Atlantique et dont une seule pénètre dans
la Méditerranée. Comme nous le verrons plus loin , ces
espèces se distinguent par leurs caractères intérieurs et
extérieurs et ont reçu également des noms particuliers des
baleiniers. On en connaît un grand nombre de squelettes.
ïl existe encore une quatrième espèce dans les parages
d'Islande et dont quelques individus, mais en petit nom-
bre, sont venus se perdre dans la mer du Nord et peut-
être même dans le golfe de Gascogne. Camper l'avait déjà
mentionnée sous le nom de Stejjpireijdr, et tout récem-
ment un individu est venu échouer sur la cote de Suède,
non loin de Gotlienbourg. Cette baleinoptère atteint,
comme celle qui pénètre dans la Méditerranée, une forte
taille, puisqu'on en connaît de 80 pieds.
D'après un squelette conservé à Hull, le docteur Gray
lui a donné le nom de Balœnoptera sibbaldii, qui est
synonyme de Balœnoptera latirostris, que mon honorable
ami Flower avait proposé pour un squelette de la collec-
tion de Lidt de Jeude, d'Utrechl. L'animal qui est venu se
perdre sur la côte de Suède, et dont nous parlons plus haut,
a servi de type à une espèce nouvelle nommée Balœnop-
(era Carolinœ par Malm; mais, comme l'ont fait remar-
quer MM. Flower et Reinhardt, c'est le Stei/pireijdr des
pécheurs islandais, et par conséquent le même animal que
le docteur Gray a nommé Balœnoptera sibbaldn. L'exis-
tence de cette espèce est mise hors de doute depuis qu'une
société anglo-américaine a commencé la pêche des balei-
noptères, à défaut de baleines.
A ces quatre espèces, bien établies, non plus sur des
observations fugitives cl souNcnl iiicoin[>lèles, mais sur
( ^85 )
(les ossemcnls conservés clans des musées, raut-il ajouter
la Balœnoplera (jUjas, la baleinoplère (rOslende, celle «jui ,
en 1827, a été trouvée morte en mer par les pécheurs et
dont le squelette a été exhibé dans les principales capitales
de l'Kurope? Xous ne le pensons pas. Ce squelette appar-
tient à Tespèce ordinaire, Gewoonc Vinu/isch, HalwnopU-ra
innsculns des auteurs, et que nous avions pioposé de nom-
mer Communis. C'est une femelle de grande taille qui n'a
de particulier que sa première côte qui est biceps.
Nous sommes donc en présence de quatre baleinoptères
dans l'Atlantique septentrionale, deux de petite taille et
deux de grande taille, qui diffèrent entre elles par des
caractères ostéologiqucs aussi bien que par des caractères
extérieurs et dont il existe aujourd'hui des s(iueleltesdans
différents musées.
Ces espèces sont :
Bala:>optep.a RosriiATA, 0. l'abr.
Sv>. Balœnoplera minora Knox.
Baleinoplère museau-poinlH , Laccpèdc.
L'animal atteint une longueur de 25 à 50 pieds, sa
nageoire j)ectorale est blanche au milieu, ses fanons sont
jaunes, dans le squelette, on compte quarante-huit ver-
tèbres, onze cotes, et le sternum a la forme d'une croix
latine.
Dans le tableau suivant nous avons résumé les rensei-
gnements que l'on a pu recueillir sur les individus qui ont
échoué, renseignements qui se rapportent à la date et aux
lieux de leur échouement, à leur taille et à leur sexe, aux
indications des musées qui renferment les squcicl les, ainsi
( 286 )
qu'aux auteurs qui en l'ont mention. Eschricht a donné le
premier tableau de ce genre, mais en réunissant les dillé-
rentes espèces dans le môme cadre.
LIEUX.
MISEES.
Obsorvatioi
Novembre 1863.
20 déc. 1862. .
Février 1861. .
Novembre 186i).
1852.
10 juin 18o0. .
2 juillet 18 iU .
10 juillet 18o8 .
- 1837 .
26 août 18oo. .
Février 183 i. .
Juillet 182 i . .
14 nov. 1808. .
Avril 1791 . .
Février 176 i. .
- 1763. .
Mai 1669 . . .
- 1345 . . .
16'
16'
17'
22'
24'
10'
18'
171/:
15'
26'
17'
27'
9.^'
Eseaut.
Dans 1 Y.
Bretagne.
Norfolk.
Havre.
Morbihan.
( lirisliaiiia IjorJ.
Ostcnde.
Ouest Jutlancl.
Charente.
Firth of Forth.
Est Jutland.
Orcades.
Cherbourg.
S'-Jeandc Luz.
Doggersbank.
Wescr.
Prés de GreifswalJ.
Bruxelles
Paris.
Christiania.
Gand.
Bruxelles -.
Edimbourg.
Halle.
.onJrcs, CoU. tics
illirurg.
Brème.
Greifswald.
Bull. Acad. Belg.
Comptes rendus.
IiiJiviJu trouve inoil
Vélins ilu niuseuiii.
Esehrielit, n
Esehriclit, n"
.\cl. Soc. linn.
deaux , 1841.
Knox.
Eschricht, n"
Eschricht, n"
Lacépède.
Du Hamel.
Hunter.
.'59
1 C'esl le uuiiiéro du tableau publie par Ks 'liiiflit dans ses \o)(thclH'n Wulltliicrc.
2 Le bailli de l'endroil où le sqieiette a été troivé en a fait cadeau à Esclirielil.
Nous ne croyons pas que la soudure plus ou moins
complète de la seconde et de la troisième cervicale, soit
par les apophyses, soit par le corps de la vertèbre, ait une
valeur zoologique quelconque. C'est une disposition pure-
ment individuelle.
Nou.s ne pouvons donc partager Tavis de ceux (]ui
voient dans ruiiion de la seconde et de la lioi.sième cervi-
( 287 )
cale un des caiaclèies par lesquels le genre Balwnoplcm
se distingue du genre pliysalus. L'axis est soudé à la
huitième cersicAe &àns plusieurs squelettes de Balœnop-
leva rostrala, dans un squelette de Balœnoplera sain/ioci et
dans un squelette de Balœnoptvra houœrchsis. Dans ce
dernier, la quatrième cervicale est encore soudée à la
troisième.
Il y a des squelettes de cette espèce dans lesquels on
voit les apophyses transverses inférieures des vertèbres
cervicales, depuis la troisième jusqu'à la sixième, coudées
de manière à figurer deux os soudés l'un an bout de
l'autre.
BAL.KNOITKliA IIORKAIJS, CuV.
Sv.N. h'alœnoptera lalkeps , Gray.
lialœna roslrala, Riidolphi.
Rorqual du Nord , Cuvicr.
L"animal a de 50 à 55 pieds de longueur, sa nageoire
pectorale est toute noire, ses fanons sont de la môme cou-
leur, les vertèbres sont au nombre de cinquante-six, les
côtes au nombre de quatorze et le sternum est en forme
de disque.
j DATL.
Sc\o.
Titille.
I.IKLX.
1
MISÉES.
Obscf%-€ttinns.
^21 iévr. 1819 .
9
32'
Hulstein.
Pierlin.
Riulolplii.
29 août 1811 .
:>2'
Zuidcr-Zco.
Leyde.
r.oosjp.''. Rcinwar.lt.
' San.lilorl.
- 1861 .
_
—
Cap Nord.
Bruxelles.
M. Flower.
1 lojuin 1861. .
—
—
Iles Loffodcn.
liorgen.
M. Sars.
.luillcl l86o . .
—
—
NorwéiiO.
Bc)-geii.
--
( 288 )
Bal.einoptera mlsculus.
Sy.n. Plujsalus anliquorum y (jvi\\.
lîalœnoptcra commums , Van B'.,'n.
— (jigas , Esclir.
ftafciaoptère de la Méditerranée.
L'animal a de 70 à 80 pieds de longueur, quelquerois
même un peu plus; ses nageoires pectorales sont noires;
ses fanons le sont également, mais souvent striés de blanc
surtout en avant; il y a soixante-deux vertèbres, (piinze
côtes et le sternum est en forme de trèfle.
Le tableau suivant indique les individus qui sont venus
échouer et dont on a conservé des restes. On voit par le
nombre que c'est l'espèce la plus commune.
Sur vingt-sept individus dont on a constaté le sexe, il y
a eu quinze màlcs et douze femelles; parmi ces mâles il
y en a cinq de iO à 50 pieds, tandis qu'il n'y a que trois
femelles au-dessous de oO pieds. Il y a trois mâles de
70 à 80 pieds et parmi les femelles il y en a quatre qui
atteignent cette dimension. Il n'y a donc pas de diiférence
de taille selon les sexes. Le plus petit animal échoué
connu est celui qui est venu se perdre près de Perpignan.
( ^(S9
M.trs 1800
Avril 1800
Novembre 1800.
— 1803.
- 18Gi.
Juin 180é->.
Août 18GP).
- I80;!.
\h:\!
180t> ....
Février 180^2. .
1 septcmb. 1801.
Décembre 1800.
Mai 1859 . . .
Novembre i8o8.
- 18o9.-
Tout Tété. . .
1858 ....
1857 . . . .
15 février 1857.
Mars -1850 . .
20 nov. 1851. .
-. 1850. .
10 nov. 1854. .
Printemps 4840.
1845.
Août 1843. . .
Janvier 184:2. .
Avril 1842 . .
Décembre 1841.
21 sept. -1841. .
Septembre 1840.
Février 18i0. .
47'
07'
70'
4ô
50'
51'
OÙ'
50'
19'
00'
00'
50'
72'
02'
00'
75'
40'
05'
05'
41'
Au Nieiiwen-Dain.
Au Helder. j
eûtes de Hollamle. ,
Manche. i
Ile S'*Marguerite. .
Côtes d'Espagne.^!
Falmoutii. [
S'-Tropez. I
Port-Vendres.
S'-Brieuc. i
Wick. 1
GreifswaUI. '
Hérault.
Groenland.
Toulon. '
Norwégc.
port-Vendres.
Tami.se.
Yarmoulli.
Boulogne.
Oreadcs.
eûtes de IloManile.
Margate.
Bordiglicra.
Farsund.
Côte de S'-Malo.
FirthofForth.
Pas-de-Calais.
Ile de Wight.
KatwykaenZee
Nord-Zélande.
Meuse. Emb.
Yarmoulli.
Bruxelles.
Barcelone ou .Ma-
drid.
Alexandra Park.
S'-Brieuc.
Greifswaîd.
Bergen.
Perpignan.
Iles Loffoden.
Londres, r.oclieviUe
gardrii.
Londres. cr.ANK.
Anvers. ■
A Londres cl à Cam-
bridge.
Ligurie occid.)
M. Van Beneden,
M. Flowcr.
M. Gervais.
M. Gervais.
Idem.
M. Mmicr.
Vue avec sou lialci-
IICUU.
M. Malmgren.
M. Gervais.
M. Mûrie.
Ile de Wight.
M. Gervais.
M. Sars.
,!ourn. pohlKiucs.
.M. Van Beneden.
Edimbourg.
MM.Gervai.s et r.Iain-
xille.
Schlegel.
Copenhague.
Schlegel.
( 290 )
OATK.
laiMe.
Sexe.
LIEUX.
MU.SÉES.
Obscvftitions.
1887 ....
68'
Côtes Norwége.
Christiania.
1836 ....
70'
—
Jutland.
Louvain, cr.\ne.
—
d836,se])t. . .
ol'
P
Hollande.
-
Sdûegcl, A blicnid.
1833, 17 .sept. .
56'
9
Wyk aen Zce.
Vrolik.
■2 octobre 1831.
102'
—
Pjyniouth.
-
—
7 sep te m. 1831.
79'
9
Plymouth.
British Muséum.
—
o octobre 1831.
79'
—
Xorth Berwick.
Edimbourg.
Knox.
1830 ....
63'
—
lîrighton.
—
—
IG août 1829. .
41'
a'
Somme, emb.
—
M. Ravin.
Tt nov. 1828.
72'
_
S" Cyprien.
Lyon.
4 nov. 1827.
80'
9
Ostende.
Dubar.
Avril 1825 . .
ii'
o"
Ile Rugen.
Greifswald.
~ i
x\vril 182o . .
70'
9
Ouest Irlande.
—
Arthur Jacob. '[
7févr. 1812. .
-
—
Somme, emb.
P.oulogne,
IRACMCNTS TÈTE.
—
Hiver 1817-18 ,.
82'
—
Shetland.
-
Scoresby. j
23octob. 1808.
43'
o'
Firlhof Forth.
—
]>at. Meill.
20 mars 1798 .
82'
9
Me S','-M;iigucrile.
Paris.
-18 juin 1797. .
70'
—
Cornouaiilcs.
—
-
28 nov. 1791. .
o2'
9
Hollande.
—
Bknncnbach.
10 juin 1701. .
46'
-
Firth of Forth.
—
Walker.
1 19 juin 17o2. .
o2'
-
Berwickshire.
—
Scoresby.
1 vSeptenib. 1692.
78'
o'-
Firlhof Fort II.
j ""
i
Bal^.inoptera Sibbaldii, Grny.
Sy.n. BaJœnoplcra latirnslris, Flouer.
Balœnnplerd Carolinw , Mnlrn.
Slcypircydr.
L'animal a de 70 à 80 pieds., les nageoires pectorales el
les fanons sont noiis; il a soi.xante-lroisoii soixante-qnatre
vertèbres, quinze on seize côtes et le sternum peu dévelop|)é.
JiiiU. de lArtui 2-!scrie ./m,e XX\7I. l).::<)l
Û..
&
'"^1
/ïa^a'/feipfera mnscu/tt.?
K
V
\i i . S,MaM/,\
llfiix un la |ii'i-siMii-i> ilrs lialei loplprcs a pIp roiislatro m Kurop
( ±H
DATK.
Sexe.
T.iille.
I.lKl X.
MISKES.
UhH»-f\-ttti<itts.
10 mars 18:27. .
?
i) V
Ile d'Oleron.
V
Signalée par Lesson.
18i7 ....
-
t 6lis d'Angleterre.
Hull.
Le docteur Gray et
M. Flowcr.
—
—
Cdtps de Hollande.
BritishMusenni.
—
1868 ....
-
70'
Islande.
Coiicnhagne.
L'ne lètc.
an inoin.s]
18GS ....
-
-
Islande.
?
r.ottcmnnn.
^Jii ...•toh. l8Go.
^'
i(l''ii6
Côle occidentale
de Suù.le.
('.(ttliiiilii)Ui'Li.
D.ciil |.:.. .M. lM:i!ni.
RESUME.
BALKLNOPTERES DU ^ORD DF. L ATLAMIQUr
NOMS :
Nonibic
de
cotes.
Nombif
de
vertèbres.
.STKHMM.
L O 3i C U E t' Il
de
i/ammaî..
llahiMioi». rosli-ala . .
11
i8
En croix laiinc.
-IT^ à ;îO iiii'ds.
— l)oiva!is . .
la
oo
En disque.
30 à l-îo —
— niuscuhis
\o
&2
En trètlc.
70 à SO —
— sihljaldii.
16
63-6 i
Rudimentaire.
70 h 80 -
La planche qui accompagne celle nolice représenle les
lieux où Ton a constaté la présence des baleinoplères en
Europe. Nous avons indiqué par des couleurs et par des
cliiiïres lesdilTérenles espèces qui ont été observées. C'est
la Ba(œ)(optera musculiis qui a échoué le plus souvent;
après elle vient la Balœnoplera rostrala ; la Bahvnoplcra
borcalis ou laliccps et la Balœnoplera sibbaldii sont les
plus rares.
( ^>!»2 )
Rec/icrc/tcs sur Vlsomérle dans la série salicylique , par
M. f.oiiis Ilcniy, correspondant de l'Académie.
PREMIÈRE PARTIE.
Dérivés chlorés de r aldéhyde salicylique.
D'après la théorie si ingénieuse et si féconde des Coni^
binaisons aromatiques, proposée en 1865 par M. Ke-
kulé (1), théorie devenue classique aujourd'hui, chaque
dérivé hisuOstiiuéde la henzine CcH4ip\peut et doit même ,
du chef des rapports de position que peuvent affecter dans
le noyau CoH^ les deux radicaux R et R', exister sous
trois variétés isomères différentes.
Au toluène CqU^ — CH5 et à Vacide bvnzoïque C^Hj; —
COHO, composés uniques et toujours identiques à eux-
mêmes, quelle que soit leur origine (2), doivent, en vertu de
cette règle théorique, correspondre des dérivés monosub-
slitués CoHij^jj et CoHij^QjjQ, représentés chacune par
trois corps différents.
L'expérience n'a apporté jusqu'à présent que des con-
firmations à ces idées générales.
Les dérivés monosubstitués du toluène et de l'acide
hcnzoïque, assez nomhreux aujourd'hui, grâce aux rc-
(1) Bulletin de la Société chimique de Paris, tome III , p. 98.
(2) Voir, quant à ridenlité des acides henzoique, dracylique cl saly-
liqtie, Beilstein et Reichenbach, Annalen der Cliemie und Plinrm.,
l. CXXXII , p. 157 et p. 309; voir, quant au totui'nc, nertlielol , Comptc'i
rendus, t. LXVIII, p. GOG, mars 18G9.
( â95 )
cherches de divers chimistes parmi lesquels nous citerons
particulièrement MM. De Ville, Cannizaro, Kolhe, Ke-
Iviilé, Limpricht, lliihiier et surtout M. Beilstein,sc répar-
tissent en effet en irois groupes ou séries distinctes, une
série orl/to, une série para et une série mêla, séries
qui, renfermant chacune comme termes particulière-
ment caractéristiques un acide benzoïque monochloré,
CjH-ClO.2 (1) et un acide diatomique C7H0O5 (2) pour-
raient s'appeler, respectivement, du nom de ces composés ,
séries benzoïque ou oxybenzoïqiie, série dracylique ou
paraoxjjbenzoïque , série salyiic^ne ou salicylique.
Quoi qu'il en soit du nom à donner à ces séries d'iso-
mères, elles sont hien loin d'être, à l'heure qu'il est, égale-
ment complètes; les composés qu'elles renferment se for-
ment, en effet, dans des conditions diverses qui ne se
réalisent pas avec la même facilité pour chacune d'elles.
L'acide benzoïque donne aisément les dérivés de la série
orllio ou de la série de son nom; soumis à l'action du
chlore, du brome ou de l'acide azotique, le toluène donne
facilement et volontiers les dérivés de la série para ou
série dracylique; c'est même cette série qui , grâce aux
persévérantes et fructueuses recherches de M. Beilstein ,
aidé de ses élèves, est aujourd'hui la mieux représentée;
quant aux dérivés salicyiiques, on les a obtenus par des
voies diverses, surtout aux dépens de l'acide salicylique
lui-même.
Dans le tableau suivant sont indiqués les composés
principaux, choisis parmi les plus simples et les mieux
(1) Acide chlorobenzoïque, fusible à 15-2"; acide parachlorobenzoïquc
ou chlorodracylique, fusible à 256", acide chlorosalylique, fusible à 157".
(2) Acides oxybenzoique, paraoxjbenzoïque el salicylique.
2"'' SÉRIE, TOME XXVH. 20
( 294 )
connus de chacun de ces groupes (1). On pourra juger par
là de l'étal actuel de l'isomérie dans les dérivés tohiéni-
ques et benzoïques :
Sé7-ie ORTHO
ou
Série BENZOÏQUE.
Série PARA
ou
Série DRACYLIQL'E.
Série META
ou
Série SALYLIQUE.
r. H iHOO
'"e"* COHO
r H *"0
Acide oxyhenzoïque. Acide par aoxyhenzoïque.
C.H
IHO
«"*jCOHO
yicide $alicyliqt(e.
^e»i\c HO
A Idéfi yde ajiisiq ue.
Aldéhyde salicylique.
C,H,
jHO
(HO
Hydroquinone.
Crésol oxyhenzoïque
(Korner) (2).
P„iHO
Résorcine.
GgH^
jHO
(CH3
Crésol solide (Korner) (3)
(,j,;ho
^«"*|H0
Pyrocatéchi
C.H.
,0/
'<|COHO
.4i/(/(' chlorohcnzoiqHc.
^6"4,cOHO
^'«H,
(COHO
Aride chlorodraryliquf^. Acide chhrosalyliqnf
CgH^
(COHO
C H ^^'^
'^'•5"*/C0H0
w4m/e bromobenzo'ique (4). /lc?"(/e hromodracyliqiie.
(1) Nous avons omis dans ce tableau les dérivés si nombreux, chlorés,
nitrés, etc., des divers acides et aldéhydes chlorobenzoïques, des acides
amidobenzoïques, de même que ceux du toluène monochloré, les toluènes
télrachlorés, pentachlorés,etc., préparés récemment par M. Beilstein.
(2) Bull, de rAcad. royale de Belgique , t. XXIV, 2» série, 1867, p. 135.
(3) Ibid., page 153.
(4) Acide bromobenzoïque, fusion à 155" (Hubner); acide bromodracy-
lique, fusion à 251° (Hubner et Ohly).
'^«"<|COHO
^cide iodohenzoiqne (I).
C H ((Az 0.)
^6"<|C0H0
Acide nitroheuzoïque [7>)
^^"< COHO
( 2!)o )
Acide iododrucylique
(Korner) (2;.
Acide n il rodra ctjliq ne.
C«H,
(COHO
Acide hmzumiqm 4L /Icà/e amidodracij tique. Acide anlhrayiilique.
Acide azobenzoïque.
Xilr(>l(dHè)ie Uquide
/<c(c?e azodractjlique.
yHrotoIuène soli !e.
Tiduène monochloré.
Chlorure île )ntrnf)Pii-ijlc
liqitidf ?
Chlorure de nilrohenzijle
so'ide.
Cliliirnre de chlorol)euz\jU>.
Toluène Irichloré.
(1) Fusion à 187° (Hiibner).
(2) Bull, de VAcad. royale de Belgique, l. XXIV, iL'' série, 1867, p. 1o7
(3) Acide nitrobenzoïque, fusion à 1:27".
— dracjlique, fusion à 240".
(i) Acide benzamique, fusion 172'-174".
— aniidodracylique, fusion à 187".
— anlliranilique, fusion à 144"-14ry'.
( 296 )
Toluène Mnichloré
(Linipriclil)(l).
Toluène tétrachloré
(Beilslein) (2).
Toluène brome.
Toluène iodé (Korner) (4).
Toluène létrarhlon-
(Kolbe) (7,).
,
Toluidine soliih.
^e"*|CH,HO
Alcool chlorodracylique.
Aldéhyde chlorodracylique (ri).
L'importance générale et l'intérêt tout cFactualité qno
(1) Luiuide, bouillanl à '24'i"-246". Voir Annalcn der ('hernie uurJ
Pharm., l. CXXX[II, p. 58, année 1865.
(2) Voir Zeitsclirifl fiir ('hernie, t. IV, p. 277, année 1808.
(5) Solide, fusible à 50°; bouillant à 260°. Voir Annalen der Chemic und
Pharm., I. CXV, p. 195, année 1800.
(4) Bulletins, l. XXIV, 2* série, p. 156, année 1867.
(_5) 11 n'est pas possible jusqu'ici dé rapportera Tune ou à l'autre de ces
séries d'une nnauière certaine, puisque l'on n'en connaît aucun dérivé carac-
téristique, le crésol liquide du goudron de bois el de houille, la toluidine
liquide de M. Rosensthiel , le nitrotoluène liquide et le chlorure de benzyle
nilré liquide Cell^ (AïOa) CH^C/o. Il est cependant probable que ces deux
derniers dérivés font partie de la série Orlho ; l'oxydation du toluène par
l'acide azotique funnant donne en effet, outre l'acide nitrodracylique, de
l'acide nitrobenzoïque. Voir Beilstein et Geitner, Annalen der Chemie
und Pharm., t. CXXXIX, p. 355.
( Hdl )
l'on attache aux composés isomères nous ont porté à en-
treprendre des recherches en vue de compléter la série des
dérivés salicyliques.
Notre but dans l'étude que nous avons commencée, après
et comme tant d'autres cliimistes, est non-seulement de
former des combinaisons nouvelles et de combler des
lacunes, mais encore et principalement de trouver des
matériaux pour la solution de ces questions, les plus im-
|)ortantes et les plus hautes que la chimie puisse [)oscr,
la détermination du lieu chimique, c'est-à-dire la struc-
ture intime des composés organiijues, et les causes de
l'isomérie, c'est-à-dire l'inlluence qu'exerce sur les pro-
priétés d'un système moléculaire donné, les diverses cir-
constances de sa formation.
C'est la première partie de ces recherches que nous
avons l'honneur de présenter aujourd'hui à l'Académie.
L'aldéhyde salicylique nous a paru, à la suite des
recherches dont son acide a été l'objet de la part de
MM. Chiozza, Kolbe et Lautemann, Couper et Kekulé,
propre à nous fournir immédiatement quelques dérivés
nouveaux et dignes d'intérêt.
Les propriétés bien connues de ce composé et ses rap-
ports intimes avec l'acide salicyliijue, dont la signihcation
chimique est déterminée avec exactitude, permettent de
l'envisager tout à la fois comme une akléhyde et un phé-
nol; ce sont ces relations qu'exprime bien la formule gé-
néralement admise C^Hil^f^Q
Si cette interprétation est vraie, l'aldéhyde salicylique
CyHtjOs doit pouvoir, en cette double qualité, engendrer,
par le remplacement successif ou simultané de l'hy-
droxyle (flO) ou de l'oxygène aldéhydique, par du chlore
eii quantité équivaieiile, sous raction (Fuii ayeiil [M'opre à
( 298 )
délerminer ces sortes de substitution, tel que le [)enta-
clilorure de phosphore, les trois dérivés suivants ;
C^IlJp.,^ Aldéhyde salicylique.
C,, H J .,„ ç. Crésol salicylique bicliloré.
{Cl
Cs^iAruci Méiatoluène trichloré.
^6^4)CHO Aldéhyde chlorosalylique.
L'expérience a pleinement confirmé ces prévisions :
nous avons obtenu les deux premiers de ces composés par
l'action du penlachlorure de phosphore sur l'aldéhyde elle-
même; décomposé par l'eau à chaud, le métatoluène tri-
chloré nous a fourni l'aldéhyde chlorosalylique.
Crésol. salicylique bichloré CoH/J^^^,
Le pentachlorure de phosphore réagit vivement, dès la
température ordinaire, sur l'aldéhyde salicylique.
Nous avons constamment employé ces deux corps en
quantités proportionnelles à leurs poids moléculaires; on
fait tomber l'aldéhyde par petites portions sur le penta-
chlorure placé dans un ballon plongé dans l'eau froide;
chaque goutte d'aldéhyde détermine un abondant dégage-
ment et, vers la fin de l'opération, une véritable efferves-
cence d'acide chlorhydrique; le mélange s'échauffe consi-
dérablement; avec la proportion de pentachlorure que
nous avons indiquée, il n'en reste que fort peu d'inatta-
qué; on obtient comme produit immédiat de la réaction
un liquide faiblement coloré en jaune.
( ^299 )
Pour le dcharrasscr de Texcès du peiitachloruie employé
et de l'oxydilorure de phosphore qu'il peut reiireimer,
on agite ce liquide avec de l'eau en grande masse avec
laquelle il s'échautle beaucoup; on obtient, à la suite de
ce tiaitemenl, une huile épaisse, de couleur brunâtre,
plus lourde que Peau qui se solidihe par le refroidisse-
ment en une masse cristalline d'un gris verdàtre.
On dissout cette masse solide dans l'alcool à chaud ou,
ce qui est plus facile, dans Téther à froid; par le refroidis-
sement ou , dans le second cas, par évaporation spontanée,
cette dissolution laisse déposer des cristaux presque blancs
de crésol bichloré.
On redissout ceux-ci , soit dans l'alcool , soit dans l'éther,
en présence d'un peu de noir d'animal; soumis une seule
fois à ce traitement, ce corps est d'une blancheur et d'une
pureté parfaites.
Outre les cristaux de crésol bichloré, cette dissolution
abandonne, après quelque temps, une quantité notable
d'une huile épaisse, brunâtre, qui, à l'air, va en s'épaisis-
sant de plus en plus, sans cependant se solidifier complè-
tement.
Ce liquide huileux n'est pas volatil; soumis à l'action de
la chaleur dans une cornue en vue de le distiller, il s'est
décomposé au delà de 200°, en se boursouflant considéra-
blement et en laissant un abondant résidu d'un charbon
brillant et spongieux; il s'est dégagé de l'acide chlorhy-
drique et il n'a distillé que fort peu d'aldéhyde salicylique.
Distillée dans un courant de vapeur d'eau, celte huile
disparait presque totalement, sauf un faible résidu d'une
matière résineuse noire, en donnant de l'aldéhyde salicy-
lique en quantité notable; du produit huileux [)rovcnant
de 60 grammes d'aldéhyde nous avons retiré environ
( 500 )
17 grammes d'aldéhyde pure, bouillant à 195" -195" (1).
L'eau dans laquelle a été faite cette distillation est très-
acide, de même que celle qui a servi à traiter le produit
liquide, résultat immédiat de l'action du pentachlorure de
phosphore sur l'aldéhyde salicylique; elle donne avec le
perchlorure de fer un abondant précipité blanc.
Nous n'avons pas cru devoir nous arrêter à déterminer
la nature et la composition de ce sel fcrrique; un corps en
tout semblable à celui-ci par ses propriétés et formé dans
des conditions absolument analogues a été obtenu et décrit
par M. Naquet, dans son travail sur l'action du pentachlo-
rure de phosphore sur Facide thymotique (2). Ce précipité
n'a pas présenté à l'analyse une composition constante;
M. Naquet l'envisage, avec raison, croyons-nous, comme
le sel ferrique d'un éther phosphorique acide de l'acide
thymotique. Le précipité que nous avons obtenu a vrai-
semblablement la même composition générale.
Quant au produit huileux primitif, la décomposition
qu'il subit sous l'action de l'eau avec formation d'aldéhyde
salicylique, jointe au dégagement d'acide chlorhydrique
qu'il fournit alors qu'il est soumis seul à la distillation ,
nous autorise à l'envisager comme un phosphate ou plu-
tôt un mélange de phosphate et de chlorophosphate d'al-
déhyde salicylique. Celle-ci, en sa qualité de phénol y est
susceptible en effet de produire, sous l'action de l'oxychlo-
(1) Dans ridée que le produit huileux de celle dislillalion pouvait èlre
de raldéhyde salyli(iue CgH^C/ — CUO, nous en avons conslalé la nalure
avec soin; nous nous sommes assuré, par une expérience direcle, qu'il ne
renferme pas de chlore.
(2) Bulletin de la Socicté chimique de Paris ., l. IV, 18G5, p. 92.
( 301 )
rure de phosphore, Irois élhers phos[)hori(iiies diiréreiils,
ainsi que Texprimeiil les équations suivantes :
c- n,o - Ho -+- PO c/- = (c, H,0) (POc/,)0 + lia
i>C- H5O — HO -4- PO a. = (C, 11,0), (PO G/ )0, -t- 2HC/
ÔC- HgO — HO H- PO CI. = (C. ll^O). (P0)0, + ÔHC/.
On sait, en effet, qu'en réagissant sur le phénol pro-
prement dit CoH;i — HO, le peutachlorufc de phosphore
donne, outre la henzinc chlorée C^\\,0, du phosphate
tri|>hénylique (CcH;^)^ (P/^OjOs en quantité notahle.
L'action du pentachlorure de i)liosphore sur l'aldéhyde
salicylique , à la température ordinaire, est donc douhle :
en tant qiCaldèhude, celle-ci donne tout d'ahoïd du ciésol
hichloré et de l'oxychlorure phosphorique
CeH.jJ'^^^-l-PC^^CAi^Sc/.-^^^C'-
réagissant en tant que phénol sur cet oxychlorure, elle
donne naissance à des phosphates en dégageant de l'acide
chlorhydrique; ce qui montre à l'évidence que telle est bien
l'origine de ce gaz, c'est que, dans son action sur Valdé-
hyde anisique ou mélhyl-paraoxyhenzoïqiie C(;H4Jj£!|?-^ , le
pentachlorure de phosphore n'occasionne aucune efferves-
cence ni aucun dégagement gazeux (J). La formation des
phosphates, réaction secondaire quant à l'intérêt du |)ro-
duit qu'elle fournit, est en réalité la réaction principale;
en admettant qu'il se formât un phosphate trisalicylique,
ce serait le quart seulement du poids de l'aldéhyde em-
ployée qui concourrait à former du crésol hichloré; c'est
en effet de cette façon que les choses nous ont paru se
passer; dans une de nos expériences, 42 grammes d'aldé-
(1) Nous rendions compte dans une |trocliaiiie eonnmiin"eution des
l'ioduils de l'action du pentacliloiure de i'ljosi>lioie bur VaUklvjdc aiu-
sique.
( 302 )
hyde nous ont fourni environ 12 grammes de crésol bi-
chloré; au quart de ce poids d'aldéhyde, correspondraient
une quinzaine de grammes de ce produit; ce sont là, du
reste, des faits analogues à ceux que l'on constate dans la
réaction du pentachlorure PAC/^ sur le phénol CoH;; — HO;
la benzine monochlorée CoIIyC/ n'en est non plus, comme
quantité, que le produit accessoire.
Cristallisé dans l'éther, par évaporation spontanée, le
crésol bichloré constitue des prismes, d'assez grande dimen-
sion, incolores translucides; de sa dissolution alcoolique
chaude, il cristallise, par refroidissement, en petites ai-
guilles. Ces cristaux sont durs et cassants, dé[)ourvus de
saveur et d'odeur.
Le crésol bichloré est assez peu. soluble dans l'alcool à
froid; mais il est très-soluble dans l'éther et le sulfure de
carbone.
Sa solution alcoolique se colore en rouge foncé par
l'addition du perchlorure de fer.
Il se fond à 82° en un liquide limpide et incolore; il
n'est pas volatil, il se décompose en laissant un abondant
résidu charbonneux et en dégageant de l'acide chlorhy-
drique; vers 200% il distille une petite quantité de liquide
qui est, non de l'aldéhyde salicylique, mais probablement
du toluène trichloré.
Chauffé pendant quelques heures dans un tube scellé
avec de l'eau, à la température de 150" — 170', il régé-
nère, de même (jue les dérivés bichlorés en général, l'al-
déhyde salicylique.
C'."4cHC/,^-"^0 = -"C' + Cc"^icH0.
11 se dissout dans les alcalis caustiques, mais non dans
les carbonates alcalins.
( 505 )
L'acide siiirurique ordinaire ne le dissout pas, même à
sa Icmpéraliire de l'iision; mais il se dissout déjà à IVoid
dans l'acide sulfuriquc fumant, sans le colorer.
Projeté dans de l'acide azoticpie lumanl, il s'y Fond,
puis s'y dissout par l'agitation, dès la température ordi-
naire, sans donner lieu à aucun dégagement gazeux;
l'eau précipite de cette dissolution du crésol nitrohiclilore
C,H3JÎ.^j=^^"^, sous l'orme de llocons qui cristallisent dans
l'alcool en petites aiguilles.
Le pentachlorure de phosphore le transforme en méta-
toluène trichloré CoH4C/C[lC/.2.
Nous nous sommes horné, dans l'analyse de ce [)roduit,
ainsi que des deux autres, à la détermination du chlore
qui en constitue l'élément fondamental au point de vue
qualidcatif; le dosage de cet élément sullit, en elfel, à lui
seul pour caractériser et dilférencier, comme on le verra
plus loin, ces corps au point de vue analytique.
Ces dosages ont été faits en suivant l'excellent procédé
de M. Carius : combustion de la substance, dans des tubes
scellés chauffés au bain d'air pendant quelques heures à
une température de 150" à 200^ par l'acide azotique et le
bichromate de potassium simultanément, en présence de
l'azotate d'argent.
I .0s'-,3520 de substance ont donné 0s%5660 de chlorure
d'argent.
IL 0^',2-2l9 de substance ont fourni 0'',o5o6 de chlo-
rure d'argent.
G, . . .
H, . . .
G/., .... 71 40,11 ô'),78 50,0 ■
0
CALCULÉ
TROUVE
-' -^.w^ ■-- —
84
47,45
n
G
5,3a
..
71
40,11
3'),78 ;
16
9,0a
'^
177 100,00
( 504 )
Mélaloluène Irichloré Ci^^^&^ç^f
Il résulte en dernière analyse de Faction du pentachlo-
rure de phosphore sur le crésol bichloré C0H4 — HO —
CHC/^. Voici les circonstances dans lesquelles nous l'avons
obtenu :
On a distillé dans une petite cornue tubulée le produit
de Faction à froid de Taldéhyde salicylique sur le penta-
chlorure de phosphore en excès, environ une molécule et
demie de pentachlorure pour une molécule d'aldéhyde (1);
la boule du thermomètre plongeait dans le liquide.
Cette distillation est marquée par les phénomènes sui-
vants : l'excès assez notable de pentachlorure ne tarde pas
à se dissoudre et à disparaître dans le liquide; il ne passe
rien ou presque rien à IJO^-ISO'; à partir de 150'' envi-
ron, le pentachlorure de phosphore commence à se subli-
mer en même temps qu'il distille un peu de liquide; la
(1) Cet excès de pentachlorure qui, comme on le verra plus loin, passe
inaltéré, ne nous paraît pas inutile, sa dislillalion facilite celle du toluène
trichloré : ce qui nous porte à le croire, c'est l'essai que voici, essai fort
malheureux et que nous avons regretté eu égard au [)rix élevé de l'aldé-
hyde salicylique : sur 48 grammes d'aldéhyde (4 moléc), nous avions fait
réagir :20 grammes de pentachlorure (1 moléc), le produit liquide de la
réaction fut chauffé dans une petite cornue ; vers 200^ alors que rien ou à
peu près n'avait encore distillé, toute la masse s'est charbonnée en se
boursouflant énormément et en dégageant des torrents d'acide chlorhy-
drique; nous n'avons retiré de cette opération que quelques gouttes de
toluène trichloré.
On sait, du reste, qu'un léger excès de pentachlorure sur l'aldéhyde
benzoïque favorise la production du chloroben/.ol Cglf; - - ClIC/.. Voir
Ko\be, Le hr bue II der Organischc C/tcmic, t. Il, p. IHI, et C. Wicke ,
Annalcn dcr Cheinw und Phariii. t Cil, p 5ol).
( m )
lomporaliiic s'élève rcgiilièrcmcnl; vers 220" le li^piidc,
jusqiie-l;'i raiblomenl coloré, noircit suliitcmenl; en même
temps la (lislillation , jusque-là fort lente, malgré la vive
éhiillition du liquide, s'active de plus en plus; le thermo-
mètre reste longtemps slationnaire entre 290' et oOO"
avec un point fixe à 294*'; vers la fin de l'opération, la
température s'élève rapidement vers 520", toute la masse
liquide, encore assez notable, restant dans la cornue, se
boursoufle et se cbarbonne. Pendant (oute celte distilla-
tion, il se dégage de l'acide chlorhydrique.
I.e liquide distillé est incolore et fume fortement à l'air;
6i grammes d'aldéhyde, en deux opérations, nous en ont
l'ourni environ 125 grammes.
Par quelques distillations successives, ce liquide se
sépare aisément en trois portions distinctes :
l*" Une première portion bouillanl de IIO*" à H 5°, qui
est de Foxychlorure de phosphore; nous en avons retiré
45 grammes des 125 grammes de produit brul;
2° Une seconde portion bouillant de 200' à 240" et qui
est du toluène trichloré presque pur;
3" Enfin une troisième bouillant de 290' à 500" envi-
ron, avec un point ii\e à 294% distillant en se charbon-
nant notablement, qui se constitue en grande partie de
pentachlorure de phosphore mélangé de toluène trichloré.
Ces deux dernières portions ayant été réunies et traitées
par l'eau et le carbonate de sodium pour les débarrasser
du pentachlorure, de l'oxychlorure de phosphore et de
Tacide chlorhydrique, nous ont donné du toluène trichloré,
sous forme d'un liquide huileux plus dense que l'eau.
Ce liquide a été desséché sur du chlorure de calcium et
du carbonate de sodium sec, puis soumis à quelques rec-
tifications.
( 506 )
Ainsi préparé et purifié, le toluène trichloré C0H4C/ —
CHC/2, constitue un liquide clair et limpide, réfractant
fortement 'la lumière, d'une odeur pénétrante, faible à
froid , se développant intensément sous Faction de la cha-
leur et rappelant celle de l'essence de térébenthine; sa
saveur est piquante.
Sa densité à la température de 9'^ est de 1,415°. Il bout
d'une manière constante et sans laisser de résidu, quand il
est bien sec, à la température de 227'-228° (non corrigé).
Il est insoluble dans l'eau, mais il se dissout aisément
dans l'alcool, réther,etc.
En solution éthérée, il donne avec le brome un bromo-
chlorure solide et cristallin CGHsBrC/ — CHC/.2.
L'acide azotique fumant le dissout, à la température
ordinaire, sans dégagement gazeux; l'eau précipite, après
quelques heures, de cette dissolution le produit nitré
C,,li5(A^0.2) C/— CHC/2,sous forme d'aiguilles cristallines,
formant une masse volumineuse.
Ses propriétés les plus remarquables ont rapport à l'ac-
tion de l'eau et à celle des agents d'oxydation.
De même que le chlorobenzol CoH-^ — CHC/ç,, le paratri-
chlorotoluol C0H4C/ — CHC/2 et en général tous les dérivés
chlorés du toluène renfermant deux atomes de chlore dans
la chaîne latérale CIÏ5, le mètalrichlorololuène se décom-
pose avec l'eau en donnant une aldéhyde et de l'acide
chlorhydrique.
Cette décomposition se fait très-facilement; elle s'opère
déjà lentement à la température ordinaire; aussi le liquide,
neutre d'abord, devient-il acide et fume-t-il à l'air, après
( 307 )
quelque temps alors qu'il n'a pas été soigneusement des-
séché; elle est assez rapide et totale sous l'action de la
chaleur, comme nous le verrons plus loin; elle a pour
résultat la formation d'aldéhyde mêlachlorobenzoïqiie ou
c/ilorosnhjliqiie CoH/. Jq^q
Chauffé, pendant quelques heures, avec une dissolu-
tion d'acide chromique (hichromate potassique et acide
sulfurique dilué), il se transforme en acide inclachloro-
henzo'ique ou chlorosalf/liqiie CcH/^C/ — COHO, suhlimable
en petites aiguilles et fusible à 157".
0"',o036 de ce produit, bouillant à 227''-228% ont fourni
O-^GBSI de clilorure d'argent.
CALCULE
TROUVK
^ .-«i»
.■■
- —
C:
:H,C/,
c, . . .
. . 84,0
42,90
..
H, . . .
. . 5,0
2,57
»
C/, . . .
. . 100,5
54,47
54,46
195,5
Un isomère de ce produit existe déjà, c'est le parairl-
chlorololuène obtenu par M. Beilslein (1) dans l'action du
chlore sur le chlorobenzol CoH^ — CHC/2 en présence de
l'iode, à la température ordinaire. Ce toluène trichloré,
bouillant à 236% donne, sous l'action de l'eau, de l'aldéhyde
parachlorobenzoïquc et sous celle de l'acide chromique, de
Vacide parachlorobenzoïqite , fusible seulement à 23G'. La
différence de leurs produits d'oxydation établit, comme
on le voit, entre ces deux toluènes trichlorés une diffé-
rence radicale.
;i) Annalen dcrChem. und Pharm.. l. CXLVI, \^. 327, aiinée 1868.
( 508 )
Faisons remarquer, avant d'aller plus loin, cette parti-
cularité curieuse rpii résulte du mode de formation du
crésol bic/iloré et du métaloluène Irichloré ^ c'est que
Voxyfjène aidé fujdi que est plus facilement attaquable par
le pentachlorure PAC/g, que Vhydroxijle phénol y que (HO).
Aldéhyde métacJilorobenzoïque (^c>^Acno
Cette aldéhyde pourrait encore s'appeler, comme l'acide
auquel elle correspond, aldéhyde chlorosalylique.
Elle résulte, ainsi que nous l'avons déjà dit plus haut,
de l'action de l'eau à chaud sur le meta toluène Irichloré.
Nous avons chauffé, dans des tubes scellés, à une tem-
pérature d'environ 170", du toluène trichloré avec environ
le double de son volume d'eau; après quelques heures, la
décomposition est complète; le toluène trichloré s'est
transformé en une huile brunâtre, plus dense que l'eau,
d'une odeur forte, se concrétant avec les bisuUites alca-
lins, imprégnée d'une matière solide, cristallisée en pe-
tites aiguilles.
L'huile est l'aldéhyde; le produit solide dont elle est
mélangée est de l'acide chlorosalylique (f. 157"), corps
dont on s'explique facilement la formation.
La purification de l'aldéhyde est des plus simples; on la
sépare de son acide en la distillant dans un courant de
vapeur d'eau; elle passe totalement incolore, on la des-
sèche sur du chlorure de calcium et on la distille.
L'aldéhyde mélachlorobenzoïque ressemble beaucoup à
l'aldéhyde benzoïque.
Elle constitue un liquide incolore, limpide, réfractant
fortement la lumière; son odeur ressemble à celle de
l'aldéhyde benzoïque, seulement elle est plus piquante et
( 509 )
gagne beaucoup en intensité par la chaleur; sa saveur est
brûlante; à la température de 8% sa densité est 1,29.
Elle est insoluble dans l'eau, mais elle se dissout aisé-
ment dans l'alcool , l'éther, etc.
Elle bout régulièrement entre 210" et 220% sans laisser
de résidu.
De même que les aldéhydes en général , elle s'oxyde
rapidement à l'air, même dès la température ordinaiie,
en se transformant en un produit solide qui est de l'acide
chlorosalylique fusible, à 157'\
Elle se combine par l'agitation avec le bisulfite de
sodium en solution chaude et concentrée, en donnant
un produit solide cristallisable en aiguilles, d'où l'acide
sulfurique et les carbonates alcalins régénèrent l'aldéhyde.
Elle se dissout à froid et sans dégagement gazeux dans
l'acide azotique fumant; l'eau précipite de cette dissolu-
tion, après quelque temps, le produit nitré CoH^ J^^^q^-^
sous forme d'une huile qui se solidifie au bout de peu
d'instants et qui cristallise de l'alcool en petites aiguilles.
0^^0242 de ce corps nous ont donné 0'"',5295 de chlo-
rure d'argent.
CALCULÉ TROUVK
G, 84,0 59,79
H- 5,0 Ô,5C
Cl Ô5,5 25,26 25,15
0 10,0 11,59
140,5 100,00
Remarquons que l'aldéhyde chlorosalylique CoïIiC/ —
CHO est isomère avec le chlorure de benzoyle CcH^; —
COC/. — Sous l'action de l'hydrogène naissant, nous
2""^ SÉRIE, TOME XXVII. 21
( 310 )
espérons la transformer en aldéhyde benzoïque CgH^ —
CHO et en alcool benzylique CoH^J — CH^HO.
Une aldéhyde chlorobenzoïque, isomère de celle-ci, est
déjà connue, c'est Y aldéhyde parachlorobenzoïque qu'a
obtenue M. Beilstein (i) de différentes manières, soit
en décomposant par l'eau le chlorobenzol monochloré
C0H4C/ — CHC/o, procédé qui est celui que nous avons
suivi, soit en décomposant le chlorure de benzyle C0H4C/ —
CH^C/ par l'azotate de [)lomb en solution aqueuse, soit
enfin dans l'action du chlore sur l'aldéhyde benzoïque en
présence de l'iode.
D'après la description que nous donne M. Beilstein de
son produit, les deux aldéhydes meta et para-chloroben-
zoïqiies se ressemblent complètement; mais elles s'éloi-
gnent d'une manière radicale par les propriétés des acides
isomères C7H5C/O.2 qu'elles fournissent par oxydation;
l'aldéhyde para de M. Beilstein donne de l'acide chloro-
dracylique fusible à 256"; l'aldéhyde meta, que nous
avons obtenue, donne, au contraire, l'acide chlorosalylique
fusible à 157"; nous avons tenu à faire cette détermination
aussi exactement que possible, puisqu'elle constitue pour
ces corps un caractère tout à fait distinctif; ce fait suffit à
lui seul pour établir l'individualité chimique de ces deux
produits extérieurement si voisins, identiques de compo-
sition et de fonction.
Nous continuons l'étude de ces dérivés salicyliques et
nous nous proposons d'en faire connaître les résultats dans
une communication ultérieure.
(1) Annalen der Clicm. und Pharm., t. CXLVII, p. 5.V2 ot suivanles
IHOS.
( oil )
CLASSE DES LETTRES.
Séance du 5 avril 1869.
M. Ad. Borgnet, directeur el président de l'Académie.
M. Ad. Quetelet, secrétaire perpétuel.
Sonl présents : MM. Steur, Gachard , Paul Devaux,
P. De Decker, Snellaert, Haus,Polain, Cli. Faider, le barou
Kervyii de Lettenhove, Pi.Chalon, Ad. Mathieu, Thonissen,
Th. Juste, Félix Nève, A.>yauters, membres ;]So\el(\eBYdiU'
were et Scbeler, associés.
M. Al vin, membre de la classe des beaux-arts, et M. Ed.
Mailly, correspondant de la classe des sciences, assistent à
la séance.
CORRESPONDANCE.
M. Eugène Defacqz remercie, par lettre, de son élection
de directeur pour 1870, et il s'excuse, par une autre lettre,
de ne pouvoir assister à la séance.
— Il est donné connaissance de la mort deM. J.-G.-V.
de Moléon, associé, décédé à Paris, le 15 décembre 1856,
ainsi que de la mort de M. le comte Léon de Laborde,
également associé, décédé dans la même ville pendant le
courant du mois de mars dernier.
( 512 )
— M. Ad. Qiietelet annonce que la 1" session du con-
grès international de statistique se réunira à La Haye au
mois d'août prochain; il dépose en même temps le projet
de programme de ce congrès.
— M. le Ministre de l'intérieur transmet, de la part de
la Société royale Asiatique de Londres, un exemplaire du
travail de M. Hunter, intitulé : Dictionnaire comparatif
des langues de l'Inde et de la haute Asie;Â\ offre un exem-
I)laire du Dictionnaire des distances légales entre toutes les
communes de la Belgique. — Remercîments.
— M. le secrétaire perpétuel annonce qu'il a expédié
aux sociétés savantes, en relations avec la Compagnie, les
dernières publications académiques; il présente, en môme
temps, les accusés de réception de la Société des Anti-
quaires de Londres, de la Société statistique de la même
ville, de la Société historique d'Ulrecht, de la Bibliothèque
royale de La Haye, de la Société littéraire de Leyde, des
archives du département du Nord, à Lille, et de la Société
d'émulation d'Abbeville.
— M. Louis De Backer, ancien président de la Société
d'histoire de la Flandre maritime, à Bergues, fait savoir
que cette société n'existe plus.
— M. le baron J. de Witte offre un exemplaire de son
travail intitulé: Recherches sur les empereurs qui ont régné
dans les Gaules au IIP siècle, 1 vol. in-i°.
La classe lui vote des remercîments })0ur le don de cet
ouvrage, ainsi qu'à MM. R. Chalon et Aug. Scheler, qui
présentent des brochures de leur composition.
( 313 )
ELECTIONS.
La classe adopte (Jélinitivement, après y avoir ajouté de
nouvelles candidatures, la liste de présentation aux places
vacantes, dressée dans la dernière séance.
COMMUNICAÏIONS ET LECTURES.
M. Clialon offre, au nom de M. le professeur Auguste
Soromenho, de Lisbonne, un fragment sur parchemin d'un
poème llamand du XIIL' siècle, semblable, d'après l'opinion
du savant portugais, aux fragments intitulés : « Trojaensche
oorlorj », publiés par M. Blommaert dans ses « Oud
Vlaemsche Gedichten. »
Voici le contenu de la lettre qui accompagnait le ma-
nuscrit précité :
« En faisant les recherches dont j'étais chargé par l'Aca-
démie royale des sciences de Lisbonne, pour sa grande
collection des Portugaliae Moniimenta hislorica/fM trouvé
dans les archives des chanoines de Guimaràes la feuille
d'un poème flamand, du Xlll'' siècle, à ce que je pense, et
tout à fait semblable aux fragments Trojaensche oorlocj,
publiés par M. Blommaert dans ses Oud vlaemsche Gedich-
ten. Les chanoines en avaient fait la couverture de quelques
documents de 1588!
» J'ai sauvé ces 600 vers du vandalisme qui a détruit
( 514 )
le reste du poëme, et je vous prie, Monsieur, de vouloir
bien en faire hommage, en mon nom, à l'Académie
royale des sciences de Belgique. »
La classe vote des remercîments à M. Soromenho et
décide le renvoi de ce parchemin à la commission chargée
de la publication des anciens monuments de la littérature
flamande.
— Les séances du mois de mai prochain sont hxées aux
lundi iO, mardi M et mercredi l± Les dispositions né-
cessaires seront prises par M. le secrétaire perpétuel, de
concert avec MM. les directeurs des trois classes, pour l'as-
semblée générale qui doit avoir lieu à la même époque,
ainsi que pour la séance publique annuelle de la classe des
lettres.
( 515 )
CLASSE DES BEAUX- AllTS.
Séance du V avril 1869.
M. De Keyser, directeur.
M. Ad. Quetelet, secrétaire perpétuel.
Sont présents : MM. L. Alvin, F.-J. Fétis, Guillaume
Geefs, A. Van Hasselt, J. Geefs, Ferd. De Braekeleer,
Cli.-A. Fraikin, Ed. Fétis, Edm. De Busscher, Alpli. Balat,
Aug. Payen , le chevalier L. de Burbure, J. Franck, Gust.
De Man, Julien Leclercq, membres-, Daussoigne-Méhul ,
associé; F. Stappaerts, correspondant,
M. Alph. Wauters, membre de la classe des lettres, et
M. Ed. Mailly, correspondant de la classe des sciences,
assistent à la séance.
CORBESPONDANCE.
H est donné connaissance de la mort de M. Louis Cala-
malla , associé de la classe, décédé à Milan dans le courant
du mois de mars dernier. La classe apprend avec regret
cette perte de l'un de ses associés les plus distingués qui,
pendant de longues années, avait pris part à ses travaux et
( 316 )
s'était concilié Testime et la sympathie de ses confrères.
Une lettre de condoléance sera écrite à la famille du défunt.
— M. le Ministre de l'intérieur transmet une expédition
de l'arrêté royal du 15 mars, qui nomme MM. L. Al vin, le
chevalier Léon de Burhure, F.-J. Fétis, Ch.-L. Hanssens,
Ad. Mathieu, Nolet de Brauwere et Snellaert membres
du jury chargé de juger le double concours des cantates du
grand prix de composition musicale de cette année.
— Le même haut fonctionnaire adresse un exemplaire
de la Fantaisie symphoniquc jubilaire académique de
M. F.-J. Fétis; la 1'' livraison de la 4' année du Trésor
musical (musique religieuse), publié par M. R.-J. Van Mal-
deghem ; et la 4" année des Causeries popidait^es.
M. A. Van Hasselt présente, tant en son nom qu'en celui
de M. J.-B. Rongé, un exemplaire de la traduction fran-
çaise rhythmée de la partition : Choix de 30 mélodies de
Franz Schubert j éditée par la maison Henry Litolff.
Remercîments pour ces divers ouvrages.
— L'Institut des ingénieurs civils de Londres remercie
pour le dernier envoi de publications académiques, et pro-
met de compléter la collection de ses travaux que possède
la Compagnie.
( 517 )
GRAND CONCOURS DE COMPOSITION MUSICALE
DE 1869.
La classe reçoit communication de la liste complète des
poèmes re(;us pour le double concours des cantates, dont
le terme fatal expire le 1"' avril de cette année.
A'oici les titres de ces poèmes, avec leurs devises respec-
tives :
CAMATES FRANÇAISES.
N"" 1. La Belgique. — Devise : Belge est noire noïii de
famille.
N° 2. La Chevrette blanche. — Devise : To beor nol lo be.
(Shakespeare.)
N*' 3. Uan IS61 on la menace cVune invasion. — Sans
devise.
N" 4. Les 600 Franchi mon lois. — Devise : Veel moed ,
weinig voorspoed.
N"* o. Cantate nationale 6e/^e, accompagnée d'une Can-
tate à la patrie y chœur pour être intercalé dans la cantate
nationale lors des grandes cérémonies. — Devise : Espé-
rance et persévérance.
N" 6. En J850. — Sans devise.
N" 7. En Belgique. — Devise : Je t'aime, ô ma patrie!
N"' 8. Ballade danoise en quatre cantates. — Devise:...
6/; pro ratione voluntas.
N"* 9. Ouverture de l'écluse Léopold pour détruire le
banc de sable devant Ostende, en 1865. — Sans devise.
N- 10. La Conversion de saint Paul. — Devise : Saule !
Saule ! quid me persequeris ? (Acïa apostolorum, cap. ix.)
( 318 )
N" M. Derniers moments cVun captif. — Devise : Ai-je
eu le bonheur de mourir? (V. Hugo.)
N" 12. Gode froid de Bouillon et les Croisés. — Sans
devise.
N° 13. La Légende de Marguerite, variations sur le
pentamètre. Fragment d'une nuit d'été. — Devise : Quand
même.
N° 14. Jacques d'Artevelde. — Devise : Non est regnum
propter regem , sed rex propter regnum, 26.
N" 15. Egmont et Homes. — Devise : Patrie et liberté.
N*" 16. Une larme. — Sans devise.
N*' 17. Paix et liberté. — Devise : // n'y a point de
patrie sans liberté.
N° 18. L'homme devant la création. — Sans devise.
N*" 19. Cymodocée. — Les martyrs de Chateaubriand ,
livre XXIII.
N" 20. Léopold le Conciliateur.— ImuguYâiion de la
statue équestre de Sa Majesté Léopold F% roi des Belges,
à Anvers, le 2 août 1868.
N" 21. .4 la Belgique. — Devise : A la patrie mes cœux
et mes chants.
N" 22. Vœux pour la guérison du Prince royal. — Sans
devise.
N° 25. Angèle de Montfort (épisode des croisades). -
Sans devise.
N° 24. La Légende de Chèvremont. — Devise : Fabri-
cando fabri fimiis.
N" 25. Atala. — Devise : Jai passé comme une /leur;
fai séché comme V herbe des champs. (Job.)
N" 26. Orage en pleine mer. — Appel des marins. —
Sans devise.
N" 27. Les Échos populaires belges. — Devise : Tra-
vail j paix, liberté.
( 519)
N" 28. Van Dyck à Saienihem. — Sans devise.
N" 29. Une nuit (Vêlé. — Devise : Ld nuit, pour le
poêle, est pleine cV harmonies...
N" 50. SaphOj au rocher de Leucade. — Devise :
Je ne veux pas survivre
Aux mépris d'un amanl!
N" 51 . La Mer. — Devise :
Qu'en un lieu, qu'en un jour, un seul lail accunipli
Tienne jusqu'à la lin le lliéàlre rempli.
N'' 52. L'amour et la charité dans nos écoles (jardienncs.
— Devise : Deus char i tas est.
N*' 55. Virginie. — Sans devise.
N" 54. Liberté. — Devise : La liberté est le premier
droit de l'homme, le droit de n obéir qu'aux lois et de ne
craindre qu'elles. (Thomas.)
N'' 5o. Léopold. — Sans devise.
N" 56. La dernière nuit de Faust. — Devise :
Der Herr. — So lanrf er auf der Erde lebl
So lange seli dir 's nicht verbotcn,
Er virt der mensch 's lamfer strebt.
{Faust von Gokthk )
N° 57. Philippe Van Artevelde. — Devise : Vlaanderen
den Leeuiv.
N" 58. Les Cobolds. — Devise : Fantasia.
CANTATES FLAMANDES.
.V- J. Kain na AbeVs moord. — Devise : Fn Kaïn zcfjde
lot den Heere : Mijne misdaad is grooter dan dat zij ver-
fjeven îoo/t/c. (Genesis, iv, 15.)
N** 2. De tocht door de Roode zee. — Devise ; Vooruit!
( 320 )
N° 3. Vaderlands zangstuk, traduction de la Cantate
natmiale n" 6, portant pour devise : Espérance et persé-
vérance. — Devise : Hoop m Vaderland.
N*' 4. De Avondstond. — Devise :
0, zaligend gevoel dat kunsl besefons biedt ,
V mil ik voorgeen' schat , noch loereld grooLhcid iiict.
i\" 5. Klovis en Klothildis. — Devise :
Rykkleurig zij ook in vinding en vonn ,
De gezangmelodie van den Vlaming.
N" 6. Den Oceaan. — Sans devise.
J\'' 7. Op de bergen. — Devise : Merveilleux tableaux
(pie la vue découvre à la pensée. (Ch. Nodier.)
N" 8. De Zuster van Liefde. — Sans devise.
ÎV° 9. De Ontdekking van Anierika, 1492 —Devise :
Oprecht verdienste steeda zal geven
Een goeden geur aan "t samenlecen.
i\" 10. Noord en zuid. — Devise :
Wrok en veeten
Zijn versleten.
N° 11. Nac/iten morgen. — Devise : Fiat lux!
N° 12. De Bloem. — Devise : 'Ne keer oui le zien.
N** 13. La même cantate, portant la même devise.
( Verkort afscfi rift. )
N" 1 4. Het werk. — Devise :
Horet , siel ,
Doch en swighel niet ,
0 Sanger!
iN° 15. De Molenaar maler. — Devise : Ego hœc, ego
arte fabrkata rustica.
( 521 )
X" IG. Te Groeninrje, — 11 juli 1502. — Devise : ...
Wal schael een luttel tijdt/'
Uio redit blijfl even schoon. (VoNor: l.)
N" 1 7. De Lenle. — Devise :
Lof m (lank der Lent gegeven
Die weer '/ aardrijk doet herleven !
N" 18. Pieler De Corrinck en Jan hreiphi — Devise :
Vlaanderen den Leeiiw.
N" 19. God in de lente. — Devise : Den Heere lof.
iV 20. De Winler. — Devise : Greift nur liinein ina
voile memchenhben? (Goethe.)
.V ±\. De Oogst. — Devise :
Gelukkig die in t bloeiend veld.
Ver van H gewoel der steden,
Zijn' stille levensdagen slijt ,
Met zorg en lot tcvreden. ( F. Rens )
X" 22. De Visscher. ) — Devise : ErbarmI den ami en
N" 25. De Winter. ] Hedjeszanger!
Het wéer is guur
De tijden duur!
N" 24-. De Verslooteling. — Devise : Ryk en arm.
N'' 25. De Zomer. — Devise : Het zingen is de ziel van
7 leven.
N** 26. ISaar Amerika. De tij komt op. — Devise : Ver-
geet me niet.
N" 27. Werk en liefde. — Devise : Itaalje rocme op zijne
scliilderSj wij hebben onze vlaamsche school.
N" 28. De Dageraad. — Devise : Ik ben eene arme lie-
reman. (T. Yan Ryswyck.)
N"* 29. De Arbeid. — Devise : Arbeid vereerd.
( 322 )
N" oO. De Moed. — Devise : Waarheid moet rjezonfjen
worden.
N" 51. In den Inhu — Devise: Tous les genres sont
bons, hormis le ridicule.
COMMUNICATIONS ET LECTURES.
M. Daussoigne-Méliul donne lecture d'un essai histo-
rique sur la chanson, depuis les temps les plus reculés
jusqu'à nos jours.
La classe remercie l'honorable académicien pour celle
intéressante communication.
Robert Péril, graveur du seizième siècle; sa vie et ses
ouvrages, par M. le chevalier Léon de Rurbure , mem-
bre de l'Académie.
Parmi les événements qui marquèrent la première moitié
du seizième siècle, il en est peu qui aient excité autant
rattention de toute la chrétienté que le couronnement de
l'empereur Charles-Quint par le pape Clément VII.
Cette imposante cérémonie eut lieu , le 22 février 1530,
dans la ville de Rologne, où, à la suite du sac de Rome,
résidait en ce temps le souverain pontife.
Le surlendemain, 24 février, jour à la fois anniversaire
de la naissance de Charles-Quint et de la bataille de Pavie,
où le roi de France avait été fait prisonnier, on donna au
(323 )
peuple et aux soldats une grande l'èle, consistant en dis-
tribution d'argeiU, de vin et de comestibles. Elle fut pré-
cédée (le la sortie d'un brillant cortège triomphal , qui ,
parti de l'église Saint-Pétrone, conduisit le pape et l'em-
pereur vers celle de Saint-Dominique, où ce dernier tint
un chapitre de l'ordre de la Toison d'or et arma plusieurs
nouveaux chevaliers.
Le retentissement des fêtes de Bologne fut immense.
A peine furent-elles terminées, qu'on en publia des rela-
tions dans toutes les langues.
Charles-Quint lui-même, le héros de ces magnificences,
par une lettre qu'il adressa le jour suivant à ses sujets des
Pays-Bas, ne dédaigna pas de leur en faire connaître les
principaux détails, n'ayant garde de passer sous silence
l'accident dont il avait failli être victime, lorsque, à l'en-
trée de l'église Saint-Dominique, une partie du pont de
bois, sur lequel chevauchait le cortège, s'était écroulée au
moment même où il venait de le traverser (1).
(!) {Commentarius &rem, etc., per F. Laurentium Surium Cartlmsiu-
luini. Coloniae M D.LXVI, pp. 207-208) :
« Jani Ponlilex sacralas tunicas et clilaniydes indiierat,el sacra solennia
excullis allaribus parabanlur, cum Caesar sub umbellà ornalissinio pro-
ccruni comilalu ad templi vestibuluni pcrvenit, ila ut vix eo paucis
passibus praetervecto, tabulalapontis praegravante praelorianorunj lurbâ
fraiigerenlur : ibique plerique militibus immixti, foedo casu procidentes,
sese pilis alque securibus induerunt, inter quos fuit Alberlus Pighius,
Belga, Tlieologus Luteromastix : niinima lamen pro lumultu clades inci-
dit : sed facile fuit aestimare ex alrocitale periculi, quis iii (iermaun
milite, supra ferociam mililarem naturâ iniplacabili , animorum habilus
esset fulurus, si ad certain omnium perniciem Caesar ipse, se pauiulum
vcrtente fortuuâ , cecidissel. Sed intrépide respectans Caesar, leniter arrisit,
ita ut forlunam suam certius agnoscere videretur, quae coeplis et votis
omnibus benignissime seniper adspirassel. »
( 324 )
Mais les descriptions, en prose et en vers, de ces céré-
monies, quelque exactes qu'elles fussent, ne satisfaisaient
qu'à demi la curiosité publique. Pour mieux préciser
l'ordre du défdé, la richesse des costumes militaires, des
ornements ecclésiastiques, la magnificence des arcs de
triomphe, les peintres et les graveurs se hâtèrent à Tenvi
de les fixer sur la toile et sur le bois, et, sous l'inspira-
tion de l'enthousiasme public, ils produisirent des œuvres
telles, que, comme dimension, exactitude et valeur ar-
tistique, il n'en avait guère été faites de pareilles jus-
qu'alors.
Nous ne parlerons pas d'une gravure anonyme de
VEntrée à Bologne proprement dite, que Giordani suppose
avoir été faite la première et qui a 26 pieds H pouces de
France de longueur, sur 1 pied 5 pouces et 4 lignes de
hauteur (1); ni de celle de Hans Hoghenberch, dont parle
Van Mander, et qui consiste en trente-huit planches (2).
Notre but ici est de nous occuper d'une troisième œuvre
contemporaine, descriptive du Triomphe du 24 février.
Elle acquiert d'autant plus d'importance pour l'histoire
de la gravure en Belgique, que nous sommes parvenu à
découvrir que l'artiste qui l'a faite, naguère totalement
inconnu, a passé une grande partie de sa vie à Anvers, et
que, par une heureuse coïncidence, cet ouvrage précieux
est venu , de nos jours, prendre place au Musée de la même
(1) L'ouvrage de Giordani a pour titre : Délia venuta e dimora in
Bologna del sommo pontif. Clémente Vil, per la coronazione di
Carlo V imp. celebr. 1530. Cronica ciwi note docimenti ed incione.
Bologua, 18i2.
(2) Karol Van Mander, Schddcrhoeck , p. 228'\ Edition de iOOi.
( 32S )
ville. 11 a été acquis, en 1862, de M. l'avocat Serrure, de
Gand, au prix de 1,800 francs (1).
Cette représentation du Triomphe de Bologne se com-
pose de deux bandes superposées, gravées sur bois, im-
primées sur vingt -quatre feuilles de parchemin collées
ensemble. Le tout, ainsi réuni, forme une estampe colos-
sale de 4 mètres 84 centimètres en longueur sur une
hauteur de 50 centimètres. Le cortège s'y déploie donc
sur une longueur de 9 mètres 68 centimètres!
La grandeur des figures varie de 11 à 12 centimètres.
Elles sont en quantité innombrable, vu que l'artiste n'a
pas seulement reproduit avec soin les personnages que leur
rang ou leurs dignités faisaient le plus distinguer, mais
encore les moindres officiers des cours romaine et im-
périale, les plus modestes employés : par exemple, des
palefreniers, qui conduisent à la main de superbes che-
vaux; on y remarque jusqu'aux porte-drapeaux et soldats
des compagnies d'ordonnance, venus de divers pays de la
monarchie espagnole et notamment des Pays-Bas, pour
former escorte au puissant empereur. Le tout est supé-
rieurement mouvementé. Le rendu des costumes, des
armures, des baldequins et des étendards armoriés est
(i) El non deux mille deux cents francs, comme Ta dit par erreur
feu M. Goetghehuer dans le Messager des sciences historiques, année 1864.
D'après les renseignements pris par notre honoré confrère M. Edmond
De Busscher, M. Serrure Pavait acheté pour 330 francs du bouquiniste
Van Goelhem, à qui le rouleau avait été cédé , pour une bouteille de vin
de Champagne , par un ouvrier qui Pavait reçu en cadeau pour ses enfants ,
lors de la vente après décès des meubles de iM. le fabricant Vanden Bossche ,
à la Coupure, à Gand.
2""^ SÉRIE, TOME XXVII. 22
( 326 )
irréprochable. Ces parties sont, en outre, enluminées avec
soin et elles donnent ainsi la représentation la plus sai-
sissante qu'il soit possible de désirer de cette marche
triomphale.
Mais ce qui rend l'exemplaire d'Anvers doublement
intéressant pour les curieux, malgré un certain état de
détérioration, c'est que, outre qu'il est probablement le
seul existant de ce grand travail, il nous offre, en quelque
sorte, une épreuve d'essai de l'ouvrage.
En effet, l'auteur, après avoir arrêté et composé le plan
général du cortège, l'a dessiné et gravé sur les vingt-
quatre planches : laborieuse besogne qu'il a menée à
bonne fin.
H a pris ensuite ses dispositions pour y mettre à cer-
taines places réservées dans les deux bandes et à quelques
endroits restés vides, au-dessus de la bande supérieure,
le texte explicatif se rapportant à chaque partie de la
cavalcade.
Mais ici son travail semble avoir été suspendu : le texte,
ainsi qu'une inscription latine en vers alexandrins, en
l'honneur de Charles-Quint, qui devait être gravée ou
imprimée au-dessus des bandes de l'estampe, ont été
tracés seulement à la plume : encore est-ce fait par une
personne peu exercée à écrire en majuscules romaines.
Sa maladresse littéraire se manifeste aussi dès le pre-
mier vers : elle en transpose les mots, de manière à les
rendre fautifs.
Au lieu de :
llle ego svm Carolvs, qvinlvs cognoniiiic Ckesar,
elle met :
Ego ille svm Carolvs (ivii)lvs hoc noiiiiiie Cœsar.
( -^27 )
Pins loin, aux 9'^ et 10" vers, clic ccrit :
Legibvs cl oninia vclcivin sorvaio lianiilc uiorvm
In anliqvam con-ecta redvccre paceni.
au lieu de :
Lpgibvs et velervm servalo Iramile niorvni
Omnia in anliqvam correcla redvcere pacem.
Enlin, au 4" vers, elle a commis une autre méprise, et
elle a tracé, au 9' vers, deux fois le mot iramile.
On ne peut donc, ainsi que nous le disions, considérer
Texemplaire du Musée d'Anvers comme ayant reçu sa
l'orme délinitive pour être mis en vente ou offert en
hommage. Plus tard l'ouvrage aura été complété et le
texte mis correctement; mais, soit que le graveur en ait
tiré peu d'épreuves ou que les planches en aient été dé-
truites fortuitement, il était devenu si rare déjà, quarante
ans après, que le libraire anversois Ant. Tilenius Brech-
tanus en fit graver, en 1579, une imitation avec textes
imprimés en latin et en flamand, dont nous avons vu un
spécimen appartenant aux riches collections duducd'Aren-
berg, à Bruxelles.
Nous donnons ici (dans leur forme fautive) les dix
vers dont nous avons parlé. Le poëte y énumère, comme
exprimés par la bouche de Charles-Quint, les projets de
réforme que celui-ci préparait pour ses vastes états.
Au-dessus de la bande supérieure :
Ego ille svm Carolvs qvinlvs hoc nomine Ctesar
Natvs ad imperivm Romana vt sceplra tenercm
Est animvs fessas mvlasqve reponere leges
LapF.a Irihvnorvm jvra priscosqve qviriles
Palricios revoqvare viros sanclvmque sénat vm, et
Ueddere primaevo capitolia prisca nilori
( 328 )
Au-dessus de la bande inférieure :
Oppresses relevare manv fprenare svperbos
Consiliis armisqve meis jvrisqve vetvsli
Legibvs et omnia vetervm servato tramile li'amile morvm
In antiqvam correcla redvcere pacem.
Le texte explicatif en français, qui se trouve réparti
dans les cartouches dont nous avons parlé, donne une
description exacte de tout le cortège.
Il débute par une introduction de quelques lignes, où
est expliqué le sujet de la publication en ces termes :
Nobles lecteurs qui voyez ceste hysloyre
Faicte en Anvers dassez fresse mémoire
Voyez ichy comment lempereur Charles
Puysanl monarcq de quoy le monde parle
Ceste couronne en triomphe a Boulongne
Comme il appert en ceste œuvre suy vante.
On voit que l'auteur du texte, après avoir débuté par
des phrases rimées, s'est fatigué de ce labeur littéraire et
qu'il n'a pas tardé de jeter le manche après la cognée.
Hysloyre et mémoire rimaient bien; Charles et parle, bien
encore; mais Boulongne et suytmnte! quelle chute!
Eh bien, après avoir relu toute la description de la
cavalcade, hysloyre faicte en Anvers dassez fresse mémoire,
c'est-à-dire, rédigée par quelqu'un qui a assisté en per-
sonne à cette solennité, nous sommes porté à conclure
que le graveur seul a pu en donner une aussi bonne rela-
tion. Ne lui en voulons donc point de ne pas avoir continué
sa narration versifiée, surtout si, comme il est probable,
celle-ci a gagné en clarté.
Voici donc le cortège qu'il a vu défiler devant lui, qu'il
( m )
a dessiné et dont il nous décrit consciencieusement les
différentes parties :
Bande inférieure.
(De gauche à droite.)
El premièrement mareboyent a cheval
les familliers des Cardinaulx Evesques
el princes séculiers irès-lionnestemenl acousUes.
Apres suyvoienl les satrapes domeslicques et
capitaines des armées du pape et de lem
pereur tous reluisans en or et en argent
avecques les chevaulx bardes.
Âpres laquelle compaingnie suyvoient deux bauieres
du peuple de Bouloingne lesquelles estoient blan
cbes avecques la croix rouge portez par douze
benderetz et les suyvoient les eschevins de la ville.
Puys suyvoit seyse escoliers porlanlz seyze
bannières rouges de luniversile.
Apres lesquelz suyvoyenl douze anciens
docluers en loix vestus de velours et
avoyenl grossez chaînes dor au col.
C.
Consequamment marchoit le conte de Cambreni
gouverneur de Boulongne tenant son baston
esleve en sa main et sa garde enlour de luy.
Apres suyvoit le seigneur Angélus Ilaynutius
capiteyne de la justice de Boulongne arme
sus ung cheval barde et vestu et couvert
de drap dor decouppe portoit la bannière de la
cite de Boulongne.
( 330 )
Puis suyvoient quatre lacquaiz lUi [lape
porlans en leurs mains quatre banieres
rouges.
E.
Lesquelz suyvoient les cubiculaires du i»ai»e
et la conipaingnie du seingneur Alex
andre de Medicis duc de Penne.
Ai»res laquelle marchoit lancicinie bannière dej
Romains portée par le conte Jule Cesarin
puis après la bannière de Saint George la
quelle le jeune marquis dAquillar porloit.
Apres Jaigle de lempire romain que le
noble baron dAutre de la lingnee de
Vergi porloit esleve en haulz.
F.
Puys marchoit la bannière du pape la bannière
de lesglise la bannière de la croix lesquelz
lurent portées par le conte Bangon
la il par le seigneur Gabriel et la 111
par le seigneur Laurens Cibo a
leste nue.
G.
Consequamment marchoienl six chevaulx
blans couvers de très riches housses
et très magnificciuement acouslrez qui se
menoient à la main triumphanlement par
gentilz hommes acouslre avenans moult
rychement de diverse manniere.
( 331 )
Apres quatre eiiseiiigiies el hounouiables lyaies
ou chapeaulx du saint père que quatre cliani
bellans portoient.
Lors suyvoient après eulx graul nombre ties
cubiculaires advocas secrétaires acoiites
conseilliers et autres clers de la court du
pape.
J.
Eu ouitre les auditeurs de la rote qui
suyvoient a cheval très rychement acoustres.
Ai)res marchoyenl en grand nombre les tronquHteï
et clairons les cornes et bussines ung chascun
deulx jouan selon mélodieuse harmonie : suyvant
lesquelz marchoyent les huysiers et massiers de
la majesté impériale.
Apres les heraulx et roix darmes des princes
et roix de la Sacre Impériale Majesté
très maignificquement adornes de leur
cotte darmee.
Consequemment suyvoient les ambassadeurs de
l>lusicurs roix et princes chrisliens comme
du grand noble puysant très christien roy de
France. Apres suyvoit lambassade du très illustre
noble puyssant roy dHongrie souteneur de la loy.
En ouitre lambassade du grand noble redoubte
roy dAngleterre lequel a obey a noslre saint empir(
et tous aultres princes chrisliens.
Apres ung soubdiacre qui portoil le baslon pastoral
du pape.
Apres le(iuel ung aullre i.ortoit la lliyare el
chapeau paital.
( 55^ )
Bande supérieure.
(De droite à gauche.)
Apres sur ung cheval blanc fort beau et richement acoustre
couvert de drap dor esloit porte le Saint Sacrement du corps
de Nostre Seigneur Jhesu Christ en une capse et soulz une
palle et ciel de drap de soye que XII notables hommes tant
docteurs en médecine que aultres bourgeois de la cile sou
stenoient et XII cubiculaires du pape portant XII torches de ciere.
Apres marchoit a cheval
le sacristain du pape
tenant une verge blan .
che en sa main.
Ichy marchoient en estât triumphant pluseurs
princes ducz contes et marquis d'Italie dEspaigne
Bourgoigne et daultres payz marchantz selon
leur degré comme le duc Alexander de
Medicis
le duc dAscalonne marquis de Villemie le marquis
dAslorgne le marquis dAerschot le marquis de
Villefrancqz le marquis de Montferrare le prince
de Salerne le prince dislillianne
le conte de Saildaingne le coule de Mirandula
le conte de Fuente le conte de Altamire le conte
de Gayasse le comandeur majeur de Lions et
pluiseurs autres princes sans nombre
en la plus grande pompe laquelle jamais ne l'ut veue
accoustrez de drap dor frise et bordures draj) dargent
avecques perles et pierres précieuses quilz portoient en
leurs bordures de leurs sayons et robes et leurs
jacquetz abillez en ladvenant.
( 333)
Cons('(iuamenl marchoienl les niaislics dhoslel/.
(Je la Sacrée Impériale Magesle tenans
leurs basions en leurs mains bien riche
ment acoustrez.
El après suyvoil le herault roy darmes nomme liouigoigne rc
vestu de sa coite darmes
sus un cheval el a larchon de sa selle pendoienl sacz plains de pièces dor
et dargent nou
vellement fourgeez esquelles est insculpe dun coste le chief et scmblance
de la Sacrée
Magesle el autour escripl Carolus quinlus Imperator Auguslus et daullre
cosle les
deux colonnes el la date de lannee de Nostre Seigneur escript par cyfre
arilhmeticq el autour
escript plus oullre. El devant icelle procession tant a aller que a re
tourner
gecloil a deux mains de tous coslez des rues lesdilz pièces dor el dargent
dessus
le peuple en criant Largesse largesse el le peuple crioit a haulle voix
]nq)erio
Imperio Vive Lempereur Charles Calholicque.
Apres cestuy herault ou Bourgoingne suyvoil seul
messire Adrian de la maison de Croy maintenant
conle du Roulx du Saint Empire Romain chevalier
de lordrede la Magesle Impériale par ses faitz el mérites.
Apres cestuy chevalier de lordre suyvoil la compaignie
des Ires reverens cardinaulx avecques leurs acouslre
mens de cardinalite el incontiiiens après de deux
coslez de la rue commencoienl a venir les hallebardiers
de la Sacrée Magesle gardant la presse du peuple.
Et le marquis de Montferrant suyvoil le premier
environne desdilz hallebardiers portant le sceptre
fort richement acouslre. Apres lequel aussi
suyvoil le duc dX'rbin portant lespee en sa main
dextrc en la gaync acouslree des pierres [irecieuses.
( 334 )
El apies le duc dUrbin suyvoit Je juene coule
palatin portant le monde dor. El le duc de
Savoye vicaire du Saint Empire Romain (}ui
ne portoit riens pource que lempereur porloit
sa couronne impériale sus sa leste.
Apres marchoienl deux cardinaulx doncl lunu osloit
le cardinal César et laultre le cardinal Julio
accomparlis de XXIIII juenes gentilshommes enfans
des bonnes maisons marchans a pied devant
le pape et lempire desquels les noms sont icy dessus
le juene seigneur disselstain le juene seigneur de Bossu le
juene seigneur de Mingoval le juene seigneur
don Louys de Villa le juene seigneur de la Chaulx le juene seigneur de
Ballaise le juene marquis dAnaze
le Juene seigneur don Henry Yases le juene seigneur don Diego de Man
drea le juene seigneur
don Albarior de Cardona le juene seigneur don Jehan juene duc de
Nagera le juene seigneur don
Piedro de Gosmery le juene seigneur don Jehan de Chadona elles aultres
jusques au dit nombre
deXXIllI.
Ichy procedoient le Saint Perc le Pape et a son cosle seneslre le Sacre
Empereur tous deux soubz ung mesme
palle magnific(iuenient adorne, lequel fut porte de troys ambassadeurs de
Venise et trois aultres
grantz maistres genlilz hommes de Bouloingne et a deux cosles diceulx
amanoient les laquaitz
du pape et de lempereur et les hallebardiers qui les gardoient du la
presse du peuple. Lhors tous
les gentz duquel estât quilz estoient hommes et femmes vielles et juenes
et de toute eage
crioient Vive Charles Vive lEmpereur et cslevoient le nom de lempire
jusques au ciel.
Puys derrière le saint père suyvoient deux fidèles et
magnanimes personnaiges assavoir son principal
medicyn et son princii>al secrelaire.
( 533 )
CoiisequaniracMil suyvuit seul apirs la Magoslo Iiiipcrialo
le lies illuslre et noble coiUe de Nassau nianiuis
de Zenelle chevalier de lordre du saiiil eiui)iie
loiuain premier ebainbelaiu dicelle Impériale
Magesle.
Apres marchoit larchevesciue de Derry leves(jU(' de
Cavrie grand aulmonier levesque de lirixe el
pluseurs autres prelalz deglise qui seroieul trop long
a nommer. Et après grant nombre de docteurs es loix
et en droit canon.
Icy marchoient encoire des conseilliers et autres
grans maistres et prelatz deglise tant seingneurs
quegentilz hommes lesquelz avoient assiste au
saint père le pape et a limperiale mageste.
Consequament marchoit icy en belle ordre les hum
mes darmes de cheval bien Iriumphammanl acouslie/.
avecques leurs bardez luysans en or el argent
tans Flamens que Gourgoingnons.
Premièrement marchoit la bende de monsieur
le marquis dAerschot et portoil en sa livrée
geaulne violet et blanc.
Puys après suyvoit la bende de monseur le coule
du Uoeulx bien rychement acoustre et sa livrée
estoit rouge bleu et geaune.
Consequemment après la bende monseur de
Vienne portans ses couleurs geaune et blanc.
Puys après la bende du noble baron dAutre de la
mayson de Vergy portant sa livrée noir geaune
et blanc.
( 556 )
Apres la bende du baron de Saint Sourlin
portant ses couleurs geaune incarnai grys
Apres les archiers a cheval en leurs saions
d'orfeverie bien rychement acoustres et en
belle ordre faisoient la fin de la dicte procession.
En telle magnificque pompe procedoient le saint père
le pape et la sacrée impériale rnageste vers
lesglise de Saint Dominique la ou il créa grand
nombre de chevaliers.
On aura remarqué, sans cloute, que dans cette descrip-
tion l'artiste énumère avec une certaine complaisance les
seigneurs des Pays-Bas qui assistaient à la solennité.
Comme il parle avec une prédilection marquée et bien
placée, du reste, du vaillant Adrien de Croy, comte du
Rœulx et du Saint-Empire romain, qui, pour ses faictz el
mérites, a été créé chevalier de (ordre de la rnageste impé-
riale! Il n'a eu garde aussi d'oublier le héraut d'armes
Bourgoingne , qui jetait à deux mains des pièces d'or et
d' argent dessus le peuple j en criant : Largesse! Largesse!
ni le comte de Nassau, marquis de Zenette chevalier de
l'ordre, ni les jeunes seigneurs d'ïsselstcyn , de Bossu, de
Mingoval, de Ballaise; ni la bande de M. le comte du
Rœulx, richement accoutrée d'une livrée rouge, bleu et
jaune; ni celle de M. le marquis d'Arschot, qui portait en
sa livrée jaune, violet et blanc. Et comme il admire les
hommes darmes de cheval bien Iriumphamment acoutrez
avec leurs bardez (1) luysans en or et argent, ta)is Fla-
mens que Bourgoingnons !
(1) Darde, armure ou ornements truii cheval.
( 357 )
Ne semble-t-il pas que la fibre patriotique de l'artiste ait
vibré aux moments où il a vu passer devant lui ces com-
pagnons d'armes de son glorieux empereur!
Après avoir achevé sa longue énumcration, le graveur
s'occupe de lui-même et de son travail, et il ajoute l'ex-
plication suivante, si précieuse pour nous, à la (in de
l'estampe, à gauche, entre les bandes supérieure et infé-
rieure du cortège :
Imprime en la très renommée mercuriale
ville tlAnvers de par moy Robert Péril
avec la grâce et privilège du très grant
irepuissant et 1res victorieux empereur
Charles lousjours auguste cincquiesme
de ce nom et de la très illustre et haulle
princesse madame Marguerite arclii
ducesse dAutriche ducesse et contesse de
Bourgoingne douagiere de Savoye
régente et gouvernante de Crabant
de Flandres , etc.
Et, dans une autre partie de la gravure, à l'extrémité.
à droite, l'auteur s'est représenté lui-même à mi-corps , vu
de face, placé dans une ouverture pratiquée dans un des
côtés d'un des arcs de triomphe de Bologne.
A côté de son portrait, il a mis, à gauche, un R, à
droite, un P dorés, ses initiales. Sur la face antérieure de
l'espèce de tribune où il se tient, les mots :
VOSTRE • HVMBLE
SERVITEVR
ROBERT «PERIL
Au bas, du même côté, sur la partie décorative repré-
sentant une colonne brisée, à l'antique, où s'appuient
deux enfants, il a inscrit, en chiffres arabes, le millésime
1530.
( 338 )
L'auteur de ce grand travail s'appelle donc Robert Péril.
Dans une notice publiée, en 1864, dans le Messager des
sciences historiques, feu M. P.-J. Goetghebuer, de Gand,
a, le premier, nnenlionné la rarissime pièce dont nous
nous sommes occupé; mais ce savant collectionneur a du
se borner à la citer, n'ayant connaissance d'aucun fait re-
latif à l'existence de l'artiste qui Ta produite.
Nous avons entrepris des rechercbes afin de remplir
cette lacune dans l'bistoire de la gravure sur bois, et nos
efforts ont été en partie couronnés de succès : si nous ne
pouvons faire connaître toute la vie de l'artiste, au moins
en avons-nous réuni plusieurs circonstances importantes
que nous espérons voir accueillir avec intérêt.
Autant qu'on peut en juger par les lignes de son portrait,
gravé sur le Triomphe de Bologne et dont nous joignons
ici la reproduction exacte, Robert Péril était, en 1550,
âgé d'environ quarante-cinq ans : la date de sa naissance
pourrait donc être fixée approximativement vers 1485.
Au début de nos investigations pour trouver des notions
sur son origine, ou, au moins, sur son séjour en Belgi-
que, attesté par la mention mise sur la gravure du Musée
d'iVnvers, nous avons compulsé le livre d'entrée ou Liggere
de la gilde de Sainl-Luc , où sont inscrits plusieurs graveurs ,
nommément Wolfaert Imbrechtssone, en 1508, Jan Woii-
ters, en 1509 (1), Willem Liefrinck, en 1528 (2) et Hans
Liefrinck, son fils, en 1558.
(1) Les initiales de ce Jean ou Hans Wouters nous rappellent que ,
dans son Mémoire sur Vorkjine et les progrès de la gravure, couronné
par l'Académie royale de Belgique en 18a9, M. Jules Renouvier cite,
parmi les monogrammes encore inexplicpiés, un H. W. qui pourrait bien
être la marque de notre graveur.
(2) Willem Liefrinck n'est autre que le prétendu P/iillcrij de ftgucr-
( 339 )
Au premier abord, nous n'y avons pas trouve le nom
de Péril, mais, après un examen plus attenlil', nous avons
cru reconnaître notre personnage dans un Robert de
Liège, Robbrechtvan Luyck, devenu, en 1519, l'élève de
Bastiacn Masselyn (1). Ce dernier, reçu, la même année,
à la maîtrise de Saint-Luc, et inscrit sous son prénom seul
de Bastiaen, exerçait la profession de melselrysnydere ,
c'est-à-dire de sculpteur d'ornements de façades revêtues
en bois, genre de constructions très-usité aux quinzième
et seizième siècles (2).
Si notre manière de voir était adoptée, Robert Péril
serait donc originaire de Liège. Venu à Anvers, il aurait
commencé, en 1519, sous la direction de Bastien ou
Sébastien Masselyn, par sculpter des ornements arcbi-
tectoniques en bois. Puis, devenu dessinateur babile, il
se serait appliqué à graver et à faire le commerce de
cartes à jouer. Pour exercer ce dernier état il a dû se
sn/eder , dont on s'est tant occupé jusqu'au jour où Ton a icconnu la mé-
prise d'Heinecken.
(Jules Reuouvier, Mémoire précité, p. 37.)
(1) C'est par erreur (jue le nom de BasLiaen Masselyn a été imprimé
Masscliys, aux pages 9i et 755 du !''•• volume de l'ouvrage : Les Ugycren
delà Gilde anversoise de Saint-Luc ^ publié par MM. Rombouts et Van
Lerius, à Anvers, en 1868.
(2) Nous ne sommes pas ici d'accord avec les éditeurs des Liggeren de
la Gilde de Saint-Luc, sur la signification du mot metselnjsnyder, qu'ils
ont traduit, à la page 703, par sculiHeur en pierre; mais notre oi)inion
est partagée par M. Vanderstraelen (Jaerboek der Sint Lucas Gilde,
Anvers, 1855,) qui, à propos des mots houtenmetselryen et rnelsetry-
werckers van Iwuten, employés dans les anciennes ordonnances de la
corporation et dans un jugement arbitral, rendu le 23 octobre 1514,
dit à la page 57: doordeze uyldrukking schynen de huyzen met houlen
gevels, houten deurposten en kosynen lusschen de metselryen besnedcn
met ecnig bceldwercky te moeten verstaen worden.
^ ( 5i0 )
faire recevoir dans la grande corporation des merciers (1),
et effectivement nous avons découvert son nom inscrit,
pour la première fois, dans les comptes de cette gilde, à
l'année 1522, avec la qualification de cartier, quaertspel-
makere (2),
(I) La grande corporaliou des merciers, à Anvers, nommée en flamand
Hoofdambaclit der Meerssen, était composée d'une diversité sans limite de
professions mercantiles ou industrielles. Elle était administrée par deux
doyens annuels. Au commencement du XV1« siècle on y recevait non-seu-
lement les marchands en gros (qu'on appelait en flamand creemers), mais
encore les détaillants de toute catégorie qui n'appartenaient pas à d'autres
corporations spéciales. Nous y trouvons inscrits, par exemple, des selliers,
lunetiers, gaîniers, graissiers; des épiciers, couteliers, apothicaires,
ciriers; des bijoutiers (pour autant qu'ils ne fussent pas en même temps
orfèvres); des marchands d'huile, de drap, de fer, de papier, de jouets
d'enfants; des raffineurs de sucre, des potiers, des étainiers, des faiseurs
de clavicordes , etc., etc.
On trouve même quelquefois, dans les listes annuelles des membres
nouvellement entrés dans la corporation, des noms qu'on ne s'attend pas
à y rencontrer. Nous y avons relevé entre autres celui de Dieric Vellerl,
verrier habile dont fait mention Guicciardini, sous le nom de Felaerl. 11
est insci'iten 1316-1317 comme verrier et graissier, glaesmaker-vetteiva-
rier, tandis que depuis 1311 il faisait déjà partie de la gilde de Saint-Luc,
dont il fut doyen en L318 et 13^6, sous le nom de Dierick Jacobssone.
II en est de même du graveur Martin Peeters, qui fut inscrit à la fois
dans les deux gildes comme peintre, schilder, en 13^24-1523.
(2) Nous n'oserions affirmer que Robert Péril fut le premier qui eût
exercé la profession de cartier à Anvers; mais il doit être compté parmi
ceux qui lui donnèrent une certaine impulsion, à tel point que, peu d'an-
nées après, l'on exportait de grandes quantités de cartes , principalement
vers l'Angleterre.
Nous avons relevé dans des déclarations d'expéditions (dont les quantités
varient entre 50 et 100 grosses à la fois, de douze douzaines de jeux à la
grosse), faites en 1344 et 1543, d'Anvers vers Londres, des cartes de seize
marques ou ateliers diff'érents, nommément de Jean Maillart, Pierre Hay-
nault, Henri de Dcuxvilles, Jean Pamier, Guillaume Anzier, Dukardin,
( 541 )
Tcllo olait donc sa prolcssion ; mais, soit qiir la fabri-
calion des caries à jouer n'ait roiirni à lîohert IN-ril que des
bénélices insniïisants, soit que le désir de prendre place
parmi les artistes de son temps Ini ait lait négliger celte
industrie pour s'occuper de travaux plus honorés où il n'a
pas rencontré la rémunération espérée, toujours est-il que
dans les principaux documents que nous avons rassemblés ,
le pauvre cartier et Guillemette Bessin, sa femme, appa-
raissent comme poursuivis par la misère et par les créan-
ciers, heureux si, après la publication d'un important
ouvrage, ils obtiennent quelque subside de l'empereur.
Grâce à l'intervention de Marguerite d'Autriche, gou-
vernante des Pays-Bas, qui encouragea tant d'artistes et
d'hommes de lettres, Bobert Péril fut chargé, en 1550,
sur sa demande, de publier la Couronacion de Charles-
Di^' lama 10, RuImo Signe, Jean Giniir, Laiirenl Ifelbot, Maisli'cs.so, Joai»
Colunibcl, lUihro Porculo, Porci Sylvcslris, Jean Cliarponticr cl Lanls-
kiiechls.
Pai mi les |»rincii)aiix fabricanls d'Anvers on comjilail alors Jehan Du-
cliesnc, qualitié de painctre et chartier, Robert Dieu, (llaude Crecmere,
Jehan Parel, Marie Chalourou veuve de Jehan de Langaingne, Alain
Poyson et Jehan Mailiarl, qui, nalif des environs de Rouen, devint, le 6
août 1540, bourgeois d'Anvers et fut reçu dans la gilde de Saint-Luc. Il
était en même temps imprimeur typographe, et faisait d'importantes
aflaires.
Nous donnons en appendice, sous le w 1 des Pièces Justilicaliyes, un
spécimen des certificats (Vor'Kjine (comme on dit aujourd'hui) qui devaient
accomi)agner les caries envoyées d'Anvers en Angleterre. Ces déclarations,
faites par-devant notaire, portent, en général, que les cartes ont été in-
ventées et fabriquées à Anvers ou dans les Pays-Bas, et non ailleurs.
Nous inclinons à croire qu'un grand nombre n'étaient que des contre-
façons ou imitations de cartes françaises : les noms et marques y apposés
ne semblent laisser aucun doute à cet égard.
2™*" SÉRIE, TOME XX VII. 25
( 342 )
Quint en empereur, avecle Triumphe cricelle (1) : c'étaient
donc deux sujets distincts (dont nous avons décrit le se-
cond) qu'il avait à traiter. Pour s'en acquitter à la satis-
faction de la tante de l'empereur, l'artiste, ainsi que le
prouve le dessin où il s'est représenté comme assistant au
délilédu Triomphe, entreprit le voyage d'Italie et exécuta
à Bologne les deux compositions (2) projetées.
Heureux d'avoir ainsi accompli la partie la plus difficile
de sa tache et fier de l'important travail qu'il allait rap-
porter avec lui, Robert Péril, quoique brisé par les
fatigues et les privations qu'il avait dû s'imposer pendant
plusieurs semaines, ne tarda pas à revenir à Anvers. Mais,
hélas! c'était pour y retrouver sa famille dans un grand
dénùment, qu'avait encore augmenté son absence.
Pour parer à ses besoins les plus urgents, il se hâta de
graver les dessins faits à Bologne, et, sans doute, grâce à
un labeur incessant, il put se procurer quelques ressources
momentanées.
Mais elles ne suffirent pas à relever sa position.
Un jour, le propriétaire de la demeure qu'il occupait
dans la rue Haute, après avoir longtemps réclamé en vain
le payement des termes échus du loyer, lassé enfin et im-
patienté de ses vaines promesses, fit sommer Robert Péril
• par la voie judiciaire de lui payer la somme due, s'élcvant
(1) Voyez Pièces Juslilioalives, n" JV.
(2) Nous manquons enlièremenl de notions sur la première des deux
grandes compositions gravées d'abord par Robert Péril, le Couron-
nement de Charles-Quint. Espérons qu'il en reste au moins encore un
exemplaire dans quelque collection. La grande gravure anonyme de la
galerie de Florence, décrite et admirée par Giordani et dont nous parlons
à la page 52 i, ne serait -elle pas l'œuvre de Péril que nous recherchons?
( 345 )
i\ 1 J8 florins 12 sous, monnaie du Rhin. Arnould van Visse-
naken, ainsi s'appelait son créancier, lui signifiait en même
temps qu'il eût à sortir de sa maison.
Le pauvre Robert Peiil était hors d'étal d'acquitter sa
dette : il fit défaut lorsqu'il l'ut cité devant le tribunal des
échevins pour y exposer ses moyens de défense (1). Assigné
une seconde fois, il ne comparut pas davantage, et,
comme il n'avait même pas constitué un procureur pour
l'y représenter, il fut considéré comme ayant passé con-
damnation et probablement forcé de quitter la maison et
de vendre une partie de son mobilier pour se libérer en-
vers van Vissenaken.
Au milieu de circonstances pareilles, la misère d'une
famille s'accroît fatalement chaque jour : elle était enfin
venue à ce point, qu'au mois de mai lSo3 Robert Péril
et les siens ne possédaient littéralement plus rien. Leur
chélif mobilier, jusqu'aux lits où la famille reposait,
même le matériel qui servait au père à exercer sa profes-
sion, tout avait été vendu ou engagé, ou saisi par les
créanciers.
Dans cette extrémité, la détresse de l'habile graveur
parvint heureusement à la connaissance d'un marchand
bienfaisant, nommé Adrien de Vogelere, qui connaissait
son talent et appréciait ses ouvrages (2).
(I) Voyez Pièces JusUficatives, n* II.
(^) Adrien de Vogelere ou de Vogelare laisail partie du corps estimé
des aumôniers de la ville d'Anvers, et, en 1521, il fut appelé aux fonc-
tions de doyen de la gilde des merciers. Comme indice de sa propension
pour les arts, nous pouvons citer ici la part qu'il eut dans l'exécution d'une
décision prise par cette corporation de faire, pour le service de l'autel de
Saint-Nicolas, qui lui appartenait à Notre-Dame, une chasuble somp-
( 5U )
Jl n'eut pas plutôt appris la triste position de son mé-
nage, qu'il courut s'enquérir de ses besoins, et, touché
par le spectacle navrant de son dénùment, il envoya,
outre le mobilier indispensable, tout ce qu'il fallait à Ro-
bert Péril pour pouvoir reprendre l'exercice de sa profes-
sion de carlier-imprimeur.
Seulement, et sans doute dans le but de prévenir toute
vente, mise en gage ou nouvelle saisie par les créanciers,
des objets qu'il venait de donner, de Vogelere prit la pré-
caution de ne les remettre au graveur et à sa femme que
sous la forme d'un prêt, à restituer en entier, à une époque
indéterminée, au [)rèteur ou à ses descendants.
L'acte qui stipule cette remise et cette condition fut
passé devant les échevins d'Anvers, le 15 mai 1555. Nous
en extrayons, en la traduisant, l'énumération des outils
lueuse, dont un des plus grands artistes de répoque, Albert Durer, alors
à Anvers, lit le dessin.
La confection de cette chasuble, qu'on voulait faire faire plus belle que
celles que possédait la collégiale et que celle dite des Trois Rois (jui appar-
tenait à la chapelle du magistrat, fut l'objet des plus grands soins. C'était
surtout la représentation de saint Nicolas, patron de la gilde, destinée à
l'orner, qui fut longuement débattue. On en avait d'abord commandé à
un peintre, nommé Gommaire (Van Xerenbroeck?), un modèle qui ne fut
pas agréé; un second artiste (qui demeurait dans la rue Neuve) ne fut
pas plus heureux; enfin, un troisième modèle, fourni par Albert Durer,
fut préféré aux deux autres.
Nous donnons aux Pièces Justificatives, sous le n" III , dos extraits des
comptes de la corporation relatifs aux matières précieuses, au drap
d'or, aux perles fines, etc., qui furent employées avec profusion dans la
confection du riche vêtement sacerdotal. Nous sommes heureux d'avoir
découvert ces détails, Albert Durer lui-même, dans la relation de son
voyage aux Pays-Bas, s'élant borné à dire que la corporation des riches
Marchands d'Anvers lui fit don de 5 florins Philippus, eji reconnaissance
de ce qu'il lui avait fait hommage d'un dessin de saint Nicolas assis.
( U^ )
et autres objets qui concernent la profession de Robert
Péril (I). Celui-ci reçoit de son bienfaiteur :
L'nc presse à imprimer;
Un poêle en fer;
Sept labiés fie bois;
Douze formes ou moules a imprimer les eartcs;
Six paires de ciseaux pour les découper;
Six réglettes de bois;
Deux lissoirs à lisser les cartes;
Quatre tablettes de marbre , au même usage.
Pour compléter son œuvre de générosité, de Vogelere
avait ajouté à l'envoi de ces objets une armoire, deux
bahuts, deux paniers, deux lits, des draps délit, des nappes,
des serviettes, quatre chenets, un fauteuil en cuir, trois
chaises, huit plats, douze écuelles et sept pots d'étain à la
marque du prélenr, sept chandeliers de cuivre et deux
chaudrons. On le voit, rien n'y manquait, et l'on conçoit
le bonheur de la pauvre famille ainsi rétablie dans une
position relativement favorable!
Animé de reconnaissance pour le donateur, Robert Péril
reprit courage, recommença son petit commerce et songea
bientôt à graver une troisième composition dont, à ses
yeux, le succès et le débit allaient lui rapporter honneur
et bénéfice.
11 avait conçu, celle fois, le plan d'un dessin qui devait
représenter la famille impériale d'Autriche, ou, comme on
le qualilie dans un document, la Généalofjie de V Empe-
reur et de la Reine. Outre les |)ortraits gravés des mem-
bres de l'auguste maison, une explication en plusieurs
(1) Voyez Pièces Juslilicatives, n" V.
( 346 )
langues devait contenir leurs noms, leurs alliances et résu-
mer leur histoire.
Après avoir arrêté la forme de son nouveau travail,
Robert Péril voulut qu'il n'y eût rien de défectueux dans
le texte et, dans ce but, il en soumit révérencieusement
le manuscrit au conseil privé, le priant de vouloir l'ap-
prouver ou le faire rectifier dans ce qu'il contiendrait
d'inexact (1).
Péril avait pris, disait-il dans sa requête, pour base de
sa rédaction l'ouvrage en six livres que maître Jérôme
Gebwiler (en latin Gebiiilerus) avait publié sur le mémo
sujet, avec l'approbation de Charles-Quint et de son frère
le roi des Romains (2). En outre, il avait fait contrôler ou
reviser son propre texte par d'autres auctheurs et historio-
graphes de divers pays circumvoisins. Rref, il avait pris,
paraissait-il , toutes les précautions pour publier un travail
d'une entière exactitude.
Cependant le conseil privé n'en jugea pas ainsi et trouva
nécessaire de faire revoir encore le projet présenté par
Robert Péril. Un des hommes les plus éclairés de l'époque,
le savant Corneille Scepperus, qui était alors conseiller et
maître des requêtes ordinaire de l'empereur, fut chargé
de ce soin.
(1) Voyez n» IV des Pièces .Tustificalives.
(2) L'ouvrage de Jérôme Gebuilerus fut imprimé à Ilaguonau, au mois
d'août 1550. Le privilège impérial, daté de Nuremberg, fut signé le 15
février 1524. L'auteur, né à Horbourg (Argentuaria), était maître ès-arls
et directeur du collège de Haguenau ( litterariae pubis moderator). Son
livre porte pour litre : Epitome régit ac vetustissimi ortus sacrae Cae-
sareae ac calholicae maieslatis, etc., etc., a Hieronymo Gebuilero ex
anliquiss. et receptiss. authoribus mmc recens diligentiss. in luccni
aedila (sic). In-i". Il contient ([uelques portraits et blasons curieux.
tJn exemplaire de ce livre rare se trouve à lu bibliothèque communale
d'Anvers.
( -v*? )
Après avoir subi les corrections nécessaires, le manus-
crit, revêtu de la signature de Scepperus, fut rendu à
notre graveur, qui obtint le privilège de le faire impri-
mer, vendre et distribuer, dans tous les pays de la
domination impériale, durant le terme de trois années,
avec défense à chacun de le réimprimer ou de le contre-
faire, sous peine de punition arbitraire et de la conlisca-
tion des réimpressions (1).
A la concession de cet octroi vint se joindre, peu de
temps après que la Généalogie eut été publiée, nommé-
ment à la date du 5 juin 1556, le don d'un subside de
50 livres tournois, accordé par l'empereur à Robert Péril
en récompense de son tiavail (2).
Que devint ensuite notre artiste?
A-t-il gravé d'autres ouvrages que ceux que nous avons
mentionnés?
Toutes nos recherches pour pouvoir répondre à ces
questions sont restées infructueuses.
(1) Nous n'avons pu découvrir cette troisième puiilicalion de Robert
Péril, mais un ancien généalogiste, maître Jacques Van Berckel, décédé à
Gand en 1683, dans son ouvrage manuscrit sur les familles royales et
princières de l'Europe, 4 vol. in-folio, que nous possédons, cite ainsi la
dernière partie du titre de la Généalogie de l'empereur :
Imprimée en Anvers par Robert Péril, au mois de febvrier lan de
grâce 1336, stil romain, soubz la conduilte et correction de maistre Rol-
land Boucher, docteur en théologie.
(^) Registre aux mandements des finances de 15l2-Io50 (collection des
papiers d'Etat et de l'audience, aux Archives du royaume).
<( Anno l'.iSG. Don de l livres tournois a Robert Péril, en recompense
davoir imprimez la geneologie de lempereur et de la rogne. »
Nous devons à l'obligeance de M. Alexandre Pincliart la couiniunicalinn
de cet extrait.
( 5i8 )
Rien ne nous autorise à faire même la moindre conjec-
lure sur le reste de sa carrière.
Mais le Triomphe de Bologne nous est heureusement
conservé et ce colossal ouvrage nous permet d'affirmer
(|ue Robert Péril l'ut un véritable artiste, dont le nom est
digne de figurer dorénavant parmi les plus habiles dessi-
nateurs et graveurs sur bois du seizième siècle.
PIÈCES JUSTIFICATIVES.
]N° I.
Cerli/irafs d'oriyl/w pour l envoi en Angleterre de caries
à jouer faites dans les Pays-Bas.
20junyi544.
Johaniic> Maillart, factor chartaruni hisoriaruni et civis
oppidi AiUvcrpicnsis, vcluti tcstis productus ad inslantiain et
rcquisilioncm Jolianiiis Coucq, Londinensis. ad daiuluni veii-
lati Icslimoiiiiim nunc et in perpeluam rci gestae menioriam,
fidc bonà certà et induhilalà, loeo praeslili jiiramenti, divit,
declaravit, eertificavit et deposuit, verum et cerliim esse,
quod ipse Johannes Coucq, nomine Henrici Douville (1), émit a
Johaune Maillart quantitateni triginta quatuor grossarum char-
tarum factaruni in hoc ducatu Brabantiae praefato, signataium
Rubro Porculo, afïirmans insuper idem testis hoc se dixisse pro
iiierà rei veritate, omnibus odio, aniore, favorc, prece, preeio,
(I) Uc Deuxvilk's?
( 349 )
ii-iK iiividiîî, rnncore. aut quovis alio illicilo inolu aul sinistrà
niachiiiationc in pracmissis sccliisis pcnilus cl scinolis. Cuni
ilaqiic piiiin cl appriinc inciiloriuin sil apud Dciim . ucc minus
ralioiii cl acquilali conscnlancinn , Icslimoiiiuin vcrilali i)cr-
jjihcrc cmn (juis ad li(3cfucril rc(|uisiliis, idcirco ego iiolarius
subscriplus, elc.
"23 fcbruai'ij \l)id.
Quindccim grossas parvaruni diarlarmii iioiniiic Lanls-
kf ledits
17 aprilis 1545.
.... ïiii^iiita grossas linas cliartaruni Insoriaiiiin cl (piiiKiiic
grossas diclarum carlaruin ininciipalariim Maislreascs l'acla-
riiiii pcr pracfatuni Joliaiinciu Maiilart uoniiiic Giiilicrnii Car-
|tcnlicr cl sigiialaruin nolà ac sigiio Porci Sih:eslri.i j cl (piod
pracdiclac cliarlacsiiit faclac ac rcpcrlac in diclo (qqtido Ant-
vcrpicnsi
i\' II.
Vonrsitilits exercées par Anioiilil V(ui Visse/tdheit
contre Robert Péril.
155 L 20 april (st. Brah.).
In dcr saken gcport in redite' vocr amplinan, Uisschcn
Aerdc van Vissenakcn, als aenleggerc, 1er cenre, ende Robert
Pcril, vcrwcerdcre, ter anderen zyden, den voirscbreven aen-
le22:erc concludcrende dat de voirscbreven vcrwcerdcre lieni
soude scbublicb syn op te Icggenc ende le bclalcnc de somme
van cxviij Ryns guldencn ende xij sluyvcrs cens, van versclic-
ncn buysliucrc. vcrvallen le balff mcerte Icsllcdcn, van dcn
liuysc gcbcclcn den Baers ,"\\\ de Ilooclislralc dc-cr sladt gc-
( 530 )
stacn, den voirsclircven acnleggcrc tocbehoircndc, cndc voirts
dat hy soude schuldich syn 't selvc liuys te riiymeiie; ende
want de voirschrcvcn verwcerdcre nyet en eompareerde voor
recht antworddende op de aensprake hein gedaen , versoeht
daer omnie de voirschreven aenleggere dat den voirsclireven
verweerdere soude geordineert wordden eenen dacli omme te
comparerene voer 't recht ende syne sake te deffenderen ende
proponeren, oft anders voer des aenleggers eyschen verreyct
te syne; soe is, ten nabescrevcn dage, gehoirt syndc de
begeerte ende vcrsueck by den voirschreven aenleggere ge-
daen, ter manissen, etc., gewesen, dat de voirsclireven ver-
weerdere sal schuldich syn te compareren voer recht op en
disendage naestcomende ende alsdan de sake der voirschreven
partien te proponeren. Ten welcken dage hy nyet en is gecom-
pareert noch procureur van synen wegen, emmer des by den
voerschrevcn wethouderen registre blyckende.
Actum jovis, 20 aprilis a'' 51, stilo Brabantiae.
.V III.
Compte de la chasuble dessinée par Albeut Dlheh, en lo2l ,
' pour la corporation des merciers d^Anxers.
Item, dit dat hierna volget syn de costcn oft betalingen
die men betaelt heeft by consente van den ouden Eede ende
gemeenen Ouders, daer toe geroepen waren te weten : de
nyeuwen Eedt met sincn Oudermans Jan van Iluekellom,
Peeter Pickaert , etc.
Item, dat men besteedt heeft aen Pauwels van Malsen, bor-
ducrwerckere, woonende in de Prekerslrale, een cruys ach-
ler ende voren dienende lot een casvyvele , met geschole
( 3SI )
Jystcn, f}ii van gouwc. cndc de stofic daciloc dicncndc alsoo
goc't alst beslc dat in Onscr Licvcr Vrouwen kcrckc is, ofl
bctcr dan de cappc van dcr Dric Coningcn, ofl het aldcrbcst,
sonder prejndicie oft argelist. Waervoor nicn licni l)etaelt
Iieeft Somma xxiiij i".
Bctaeltnoch, ter prescntien van Pauwels van 3Ialsen, aen
de weduwc Der Kinderen, op de Sleenhouwers Veslc, aen
\.\ cngelschc fijn -perlcHj ^\ael'voo^ dal belaell is, van clken
engelsehc, vj st. Brabants compt vj X.
Betaelt nocli by den sclven aen ii '/-2 cngclsebe cie\jn per-
loi, te ix stuyvcrs dcn engelsebe . . v seljel. vij '/^den.
Belacit noch denselven aen xv (jroofe perlen , waer af mcn
betaelt becft iij scli.
Belaeit den 1 1"" dacli decembris, len bys\nc van Jacob van
Roebroeek onsen oudcrman, aen im engelsebe clejjii perlen ,
tcn X st. den engelsebe x scb.
Betaelt nocli aen eenen engelsebe chjnperlekens. j se. vj den.
Belaeit dcn costers van der kercken die ons de ornamenlen
toondcn, met meer andere (persoonen). . . . ij scbel.
Item dat men betaelt beeft Gouimeren, sc/iilder, op S" Ka-
telinen Vest, van ee?i patroon te beworpen . . xiiij scb.
Betaelt by eenen schilder , in de Lange Xieuirslnde, van
eenen patroon te beworpen xiiij scb.
Betaelt by Aelbkecht Durre, van eenen Sinter Claes te
beworpen, by Heynriek Blockbuys onser ouderman
XV iij se : ix dcn.
Betaelt aen costen die gedaen waren, doen men 't wcrck by
Panwelse bestecde, waeraf de somme com])t . . vij scb.
loSO-^l. Betaelt van sesse ellen ende j viercndeel gouwen
laekens, daeraf d'elle coste vj £ Brab., ende dat omme te
maken j ornament dienende ter velebratien voor Sinter Claus
Oiitaer. Maeckt in't gebeele xxxvij £ x scb.
15î21-2!2. Item, dat men betaelt beeft van perlen die nocb
gbebraken aent cruys van den ornamcnte . . xviij scb.
( 352 )
La précieuse eliasiible est encore nieiUionnéc dans l'Inven-
taire des papiers et des meubles de la corporation, dresse en
1571, en ces termes :
Eenen gouden lakene casuf/fele, met een rooden bocnuiai
overluyçie.
N« IV.
Octroi pour imprimer la Génécdogie et descente de la maison
d'Autriche.
Charles, etc., à touz ciculx qui ses présentes lettres verront,
salut. Savoir faisons nous avoir receu l'umblc supplicacion de
Robert Péril, demouranl en nostre ville d'Anvers, contenant
comment du vivant de feue nostre très-cliiere et trcs-amée
dame et tante, dame Marguerite, arcbiducesse d'Auslricc,
douaigière de Savoye, etc., et par son ordonnancbe // eiisl
imprimé nostre Couronacion en empereur célébrée à Bouloin-
cjne avecq la Triumphe d'icelle; et si a entreprins d'enprimer
par figures et en divers langaiges, la Généalogie et Descente
lie nostre maison d'Autrice déclairée en ung rolle extraict
des livres de niaistre Jérôme Gebuilerc, qui en a fait six
livres, imprimez du consentement tant de nous comme em-
pereur en nostre chambre impériale, que h la requeste de
nostre trcs-chier et très-amé frère et roy des Romains, la-
quelle Descente, pour sa plus grande seurté et vérification
d'icelle, il a fait visiter et examiner par aultres auclheurs et
historiographes de divers pays circumvoisins; et néantmoins
ne les oseroit imprimer sans avoir noz lettres d'octroy, congié
et licence à ce pertinentes, dont il nous a très-humblement
supplié et requis.
Pour ce est-il que nous, ces choses considérées, et aprez que
avons fait visiter corriger et signer ladicte Généalogie par
nostre amé et féal chevalier conseillicr et maislre des reques-
tes ordinaire de nostre hoslel messire Cornillc Sccppcrus ,
( r,35 )
aiitlict suppliant inclinans favorablcmonl à sadicle sii])plicalioii
cl reqiieslc, avons oclroyé, consenU cl accordé, octroyons,
consentons et accordons, en luy donnant congic et licence de
i^ràcc cspccial par ces présentes, ([ne, devant le lenîj)S cl terme
de trois ans prochain venans et entresuivans l'un l'anltre, il
pnist imprimer ou faire imprimer ladicte Généalogie et Des-
cente de noslredicle maison dAustrice, selon le rolle signé du-
dict mcssire Cornille, et le vendre et distribuer en et par tous
nos pays et segnories, deffendant à tous imprimeurs de nostre-
dict pays d'imprimei' ladicte Généalogie durant ledict tem])s
et, sur paine de confiscation dicclle que ainsi par eulx seroit
imprimée, et avecq ce d'cstre pngny arbitrairement.
Si dormons ce mandement à nos amez et féaulx les cbief pré-
sident et gens de noz privé et grand consaulx, président et
gens de nostre chambre de conseil en Flandres, gouvcrnenr
l)résidenl et gens de nostre conseil dArtois, grand bailly de
llaynnau et gens de nostre conseil à Mons, gonverneurs, pre-
miers et aultres de noz consaulx en Hollande, Frise et Utreeht ,
gouverneurs de Lille, Doua.y et Orchics, bailly de ïournay et
Tournésis, '^w-vost le conte à Valcnciennes, rcnlmaistrcs Bc-
west et Beoisttfj^schelt en Zellande, et à tous noz aultres jus-
ticiers, olTiciers et suJi^jcctz que ce peult et pourra toucher et
regarder, ou à leurs lieutenants et chascun d'tulx endroit soy,
et sicomme à luy appartiendra, qwe J^/wstre présente grâce,
ollroy, congié et licence, durant le tamps, selon et par la ma-
nière que dit est, ilz fâchent, seuffrent et laissent ledit sup-
pliant plainement et paisiblement joyr et user, sans luy faire
mectre r>u donner ne souffrir estre fait ou donné aulcun des-
tourbier ou empeschement au contraire; car ainsi nous plaist
il. En témoing de ce nous avons fait mectre nostredit séel à
ces présentes. Donné, etc., le xV jour, etc., lan , etc. [Sic.
Probablement en ia54.)
Nous exprimons ici à notre ami, M. Pinciiarl, nos rcmercîmcnls pour
avoir signalé à noire allenlion ce documenl apparlenanl aux Arcliivcs
générales de Belgique.
( 3S4 )
i\° V. .
Pr(H iVoidils, de meubles et d'objets de ménage, fait à Robert
Péril par Adrien de Vogelere.
1533. Acte passé devant les éclicvins d'Anvers.
Robert Péril cnde jouffrouwc Guillemelte Dessin , Jans docli-
tcrc wylen , ejits uxor, bekenden ende verlyden, alsoo Adriaen
de Vogelere, eoopnian, henlieden in subsidie ende onder-
stande van Imeren ambaelite ende neeringe, ende oinme ben
broot te mogen winnen, geleent beeft de parclieelen nabe-
scbreven : in den iersten, een persse, een yseren slove; item,
vij bouten tafelen ; item, xij formen omme quarten te druc-
kene; item, vj scheeren omme quarten mede te snydene ;
item, vj bouten rygelen; item, ij lycken daer men de quar-
ten mede lyckt; item, iiij marber steenen omme te lycken;
item, een cleerscappraeye; item, twec tritsooren; item, ii corf-
ven; item, twee br ','.]'" een doussvn slapelakenen;
, • -ô; d icelle; et si a j' ,,
Item, een doussn ' - ^''^iissvn servetten ;
item, vior bran- 'J"'* '"«»«'>«, '« Généalogte eth^. j,,,,,^
iijsloclc.r.ilcm.'''*"";"''^ déclmicc en iiJJ.svn commekens
, ... ustre Jérôme Gebuiler*^ ■ , " .t •
onde vij tennen \ .„tes voirscbreven Adriaens
marcke; item, s^ / , ... .^andeleers ende twee ketclen;
soo eest dat zy geloift bcbben ende geloifden midts desen in
goedeii Irouwen, dat zy dezelve pareeelen van goede in al
noch in deele neglicenssins en zelen vercoopen, alieneren ,
vcrsettcn, wechgeven oft versteken in prejudicie van den
voirscbreven Adriane de Vogelere, mair zelen die denzelven
Adrianen oft by gebreke van bem zynder naeomelingen ge-
beelic ende ongemindcrt weder leveren ende restitueren altyt
ende vvannecr zy daer toe versocbt zelen \\ orden. Inde obtu-
lerunt se et sua,
xiiij maij a° XXXHf.
liuJlileiArod.roi^a/e df À'eù/. Tz7.p..^.'i4-.
ROBERT PERIL
R .V /\ M VF. Px 5 F. H lo J 5.
■hroiit^lUA^ iT/juyftau A' 7bot>êh Sr^^xsUec
( 3S5 )
OUVRAGES PRKSEMÉS.
De Wille (-/.)• — Recherches sur les empereurs qui ont rogne
dans les Gaules au 111' siccle de l'ère chrétienne. Paris, 18(18;
in-4".
Scheler{Auguste). — La\nh\ioihcquc privée du roi Léopold V\
nruxellcs, 1809; in-8°.
Chalon (Renie?'). — Curiosités numismatiques. Monnaies
rares ou inédites. 12""" article. Rruxelles, 1809; in-8".
Chalon {Renier). — ieions de mariage. 2"^*^ arliclc. Bruxelles,
1809; in-8'\
Schubert [Franz). — Choix de trente mélodies pour voix
élevées avec texte allemand et traduction française rhylhmée,
parA. Van llasselt et J.-B. Rongé. Brunswick; in-4".
Van Maldegheni (/?.-/.). — Trésor musical. Collection au-
thentique de musique sacrée et i)rofane des anciens maîtres
belges. Op. 170. 3Iusique religieuse. 1808, IV-^ année, 1'^ et
2'"*' livr.; 1809, V« année, 1" et !2'"Mivr. Bruxelles,. 1808-1 809 ;
2 cah. in-4".
Causeries populaires, IV*^ année. Bruxelles. 1808; in-8".
Catalogne des livides de la bibliothèque de M. A. De IJemp-
tinne, fabricant de produits chimiques, àMolenbeek-Saint-Jean,
lez-Bruxelles. Bruxelles, 1808; in-8'\
Ze/iètTe (//.). — Institutions narauroises.Namur,9cah.in-8".
Commission royale pour la publication des anciennes lois
et ordonnances de la Belgique. — Coutumes du pays et duché
de Brabant, quartier de Bruxelles. Tome 1". Coutumes de la
ville de Bruxelles, par A. De Cuyper. Bruxelles, 1809; in-i";
— Coutumes du pays, duché de Luxembourg et comté de
Chiny, par M. M.-N.-J. Leclercq. Tome II. Bruxelles, 1 809 ; in-4".
Société de Vhistoire de Belgique. — \S\V siècle : Histoire
( 3S6 )
générale des guerres de Savoie, de Bohème, du Palatinat et des
Pays-Ras (10 !()- 1027), par le seigneur du Cornet, gentilhomme
heigeois, avee une introduction et des notes par A.-L.-P. De
Rohaulx de Soumoy. Bruxelles, 18G8; 2 vol. in-8".
Commissions royales d'art et (Varchêohfjie , VHP année,
n°^ 1 et 2. Bruxelles, 18G9; 1 vol. in-8°.
Wesmael (Alfred). - — Monographie de toutes les espèces
connues du genre Populus. Mons, 1869; in-8''.
Witlems- Fonds , te Gent. — De kleine economist. Grond-
begrippen der staalhuishoudkunde vertaeld uit hethoogduitsch
van Otto liiibner, en vermeerderd metbijvocgingen van Ch. Le
Hardy de Beaulieu. Derde druk. Gand, 18G9; in-12.
L'Abeille. — Revue pédagogique, publiée par Th. Braun ,
XV année, 1'"% ^'"•^ et 5""^ livr. Bruxelles, 18G9; 3 cah. in-8'\
Société royale de numismatique de Bruxelles. — Revue de
la numismatique belge, 5^ série, tome I, 2' livr. Bruxelles,
1869; in-8°.
Le Bibliophile belge j W" année, l"" et 2'^ livr. Bruxelles,
1869; cah. in-8^
Messager des sciences historiques , ou archives des arts et
delà bibliographie de Belgique ; année 1869, 1"" livr. Gand,
in-8".
Société d'émulation pour l'étude de l'histoire et des anti-
quités delà Flandre y d Bruges. — Annales, ô*" série, tome V,
11"^ 5 et 4. Bruges, 1868; in-S".
Société scientifique et littéraire du Limbourg , à Tongres. —
Bulletin, tome IX. Tongres, I8G8; in-8".
Société chorale et littéraire des mélophiles, à Hasselt. — Bul-
letin de la section littéraire, V'^ volume. Hasselt, 1868; in-8".
Institut archéologique liégeois. — Bulletin, tome IX, l*"*^
livr. Liège 1868; in-8".
Essai de tablettes liégeoises, j)ar Alb. d'Otrcppe de Bou-
vette, 9P' livr. Liège, 18G9; in-12.
La Belgique horticole , annales d'horlicullure beli»e et élran-
( 557 )
gère, rédigées par Edouard Morren. Mars-avril 18C8. Liège,
in-8°.
Le Chimiste, journal de chimie appliquée aux arts , à l'indus-
trie et à l'agriculture, publié par M. Henri Berge, IV= année,
n°2. Bruxelles, ISGS-lcSOO; cali. in-8".
L'Illustration horticole , journal s'^'c'.al des serres et des
jardins, rédigé par (^h. Lemaire et pul)lié par Ambroise Ver-
schairelt. Tome XVI, l^*^ et 2'' livr. Gand, 18G9; cab. in-8".
La charité sur les champs de bataille , W' année, n" 10.
Bruxelles, ISfiO; feuille in-/*".
Société philotechiiirjue à Paris. — Annuaire, années 1806,
d807 et 1868. Tomes XXVIII, XXIX et XXX. Paris; 3 vol.
in-8".
Matériaux pour l'histoire primitive et naturelle deVhommej
V* année, S'' série, n° 1. Janvier 1869. Paris; in-8°.
Société philomaficjue de Paris. — Bulletin, tome V. Octo-
bre, novembre et décembre 1868. Paris, 1868; in-S".
Revue et magasin de zoologie pure et appliquée et de séri-
ciculture comparée, par 31. F.-E. Guérin-Meneville; 1869,
i\°' 2 et 5. Paris; 3 cab. in-8°.
Académie impériale des sciences, belles-lettres et arts de
Bordeatix.— Actes, ù' série, XXX*^ année, 1868,1 "et 2'"'= tri-
mestre. Paris, 1868; in-8^ — Séance publique du 11 mars
1869. Bordeaux, 1869, in-8^
Delesse et Lapparent [De). — Revue de géologie pour les
années 1866 et 1867. VI. Paris, 1869; in-8''.
Société d'histoire naturelle de Colmar. — Bulletin, VHP et
IX* années, 1867 et 1868. Colmar, 1868;in-8°.
Société dunkerquoise pour l'encouragement des sciences,
des lettres et des arts, à Dunker que. — Mémoires, 1867-1868,
XIIP volume. Dunkerque, 18G8; in-8°.
Société linnéenne de Li/on. — Annales^ année 1868 (nou-
velle série), tome XVI. Lyon-Paris, 1868; in-8^
Aoîist {L'abbé). — Communication au sujet de la présenla-
2""^ SÉRIE, TOME XXVII. 24
( 358 )
tion en séance de l'Académie des sciences du 1"' mars 1869
de son ouvrage intitulé : Analyse infinitésimale des courbes
tracées sur une surface quelconque. Paris, 1869; in-4".
Aoust {L'abbé). — Analyse infinitésimale des courbes tracées
sur une surface quelconque. Paris, 1869; in-8'\
Aoust [L'abbé). — Nouvelles observations sur un débat de
priorité entre M. Gilbert, professeur à l'Université de Louvain.
et 31. l'abbé Aoust, professeur à la Faculté des sciences de
Marseille. Marseille, 1869;in-8°.
Société impériale d'agriculture de Valenciennes. — Revue
agricole, XX*^ année, tome XXVIII, n° I. Valenciennes, 4869;
in-8°.
Congrès international de statistique. — Projet du pro-
gramme de la septième session , à La Haye, en 1869. La Haye;
in-4°.
Heynsius [A.). — Onderzoekingen, gedaan in bet pbysiolo-
gisch laboratorium der Leidscbe Hoogescliool. Leide, 1869;
in-8^
Commission géologique de la Société helvétique des sciences
naturelles, à Berne. — Matériaux pour la carte géologique de
la Suisse, 6"'^ livr. : Jura vaudois et neuchâtelois, par Auguste
Taccard. Berne, 1869; 1 vol. in-4" et 2 cartes in-plano.
Konigliche preussische Akademîe der Wissenschaf'ten zu
Berlin. — Monatsbericbt, Januar 1869. Berlin; cab. in-8".
Archiv der Mathematik und Physik, bcrausgegeben von
J.-A. Grunert, XLIX Tbeil, 2'" und 5^" Hefte. Greifsvvald,
1868-1869; 2 cab. in-8°.
Beidelberger Jahrbiicher der Literatur, unler Mitwirkung
der vier Facultaten, LXII Jabrg., L" und 2' Ileft. Heidelberg,
1869; cah. in-8^
Naturhistorisch-medizinisciter Yerein zu Heidelberg. —
Verhandlungen, Band V, n'' 1. Heidelberg, 1869; in-8°.
Astronomische Gesellschafl zu Leipzig. — Vierleljabr-
scbrift, IV Jabrg., 1 Heft. Leipzig, 1869; in-8".
( 359 )
MiKjijav tiidomanyos Akademiu (Acadéniie des sciences de
ilongrie, à Pesth). — Evkon} v, XI kotet, L>-5 darah; Xll kotel.
1 darab.Pcslh, 18G4-I8Ga; 5 cahiers in-4°. — iXvelvtiidoin. Er-
tésitô, III kotet. Pcsth , 1803-1805; 2 cali. in-8". — Pliilos. Er-
tésito, V kotet, I fuzet. Pesth, 1803; in-8-. — Matiiein. Erté-
sitô,V kotet. Pcsth, 1805 ;2cah.in-8^ — Nyelvtiidom. Kôzlem.
IV kotet. Pesth, 1865; 5 cah. in-^. — Archaeol. Rôzlein ,
V kotet. Pesth, 1805; 2 cah. in-4". — Statist. es nemzety.
Kozlem, 1 kotet. Pesth , 1805 ; 2 cah. in-8°. — A magyar nyclv
Szotâra, III kotet, 4, 5,6 fuzet. Pesth, 1865; 5 cah. iri-8^: —
Jegy-Zôkonyv, 111 kotet. Pesth, 1805; 2 cah. in-li>. — Ahna-
nach, 1806. Pesth; in-li>. — Ikidapesli Szemle, IV-X tïizet.
Pesth, 1805; 7 cah. gr. iii-8^
Barrcuide [Joachim). — I. Réapparition du genre Arelhu-
sina Barr. (une planche). II. Faune silurienne des environs de
Hof , en Bavière (une planche). Prague, 1808; in-8°.
K. K. Universitat zu Wien. — Offentliche vorlesungen iiii
sommer-seniester 1809. Vienne, 1869; p. in-4".
Kaiserliche Akademie der Wissenscliaften in Wieu. —
Sitzung der math.-naturw. classe. Jahrg. 1869, n°* 8 et 9.
Vienne, 1869; feuille in-8^
Kaiserlich-Konigliche geologische ReichmnsUdt zu Wien.
— Jahrhuch , Jahrg. 1869 , XIX Band , n" 1 . Vienne, 1808; gr.
in-8".
K. K, Zooloyiscfi-Botanische Gesellsclnift in Wien. — Ver-
handlungen, XVIll Band. Vienne, 1808; in-8".
Neilreich (Âiigust). — Die Végétations Verhaltnisse von
Croatien. Vienne, 1808; in-8''.
Heller (Cam.). — Die Zoophylen und Echinodernun der
Adriatischen meeres. Vienne, 1868; in-8°.
Von Fraaenfeld (Georg ritter). — Offenes Schreiben an
llerrn Franz Maurer, als Erwiederung auf dessen Schniaii-
schrift .( Nicohariana. » Berlin, 1808; in-8^ Vienne, 1808:
in-8°.
( 360 )
Von OeUimjen [Arthur). — 3îeleorologische Beobachtungen
angestellt in Dorpat im Jahre 18G8. Dorpat, 18G9;in-8°.
Société impériale d'agriculture de Moscou. — Journal,
année 1867-1868. Moscou; 8 cali. in-8°; — Journal 1 Agri-
culture russe, i"^^ année, vol. I, if \. Moscou, i869; in-S"
(en russe).
Société impériale des Naturalistes de Moscou. — Bulletin,
année 1868, n° 2. Moscou; in-8".
Settimaîvni (C). — D'une nouvelle méthode pour déter-
miner la parallaxe du soleil. Florence, 1869; in-8''.
Zantedeschi (Francesco). — Intorno al magnétisme tras-
versalc alla direzione délia corrente elettrica. Padoue, 1869;
in-8°.
Universidadede Cotmbra.— Annuario, 1868-1 869. Coïmbre,
1868;in-12.
Nnmismatic Society of London. — Numismatic chronicle,
1 868, part. IV. Londres, 1868; in-8°.
Chemical Society of London. — Journal, série 2, vol. Vil,
January-March, 1868. Londres, 1869; 5 eali. in-8''.
Institution of Civil engineers of London. — Transactions,
vol. IIL Londres, 1842; in-4"; — Minutes of Proceedings,
vol. L-XXVI, witb a gênerai index of vol. I to XX. Londres,
1857-1866; 27 vol. in-8"; — Catalogue of the Library. Second
édition. Londres, 1866; in-8°.
Geological Society of London. — Quarterly journal, vol.
XXV, part 1. Londres, 1869; in-8°.
Hunter (IF. W). — A comparative Dictionary of the lan-
guages of India and Higb Asia, witb a dissertation. Londres,
1868; in-4''.
Asiatic Society of Bengal, at Calcutta. — Journal, new
séries, n°= CXLIX to CL. Calcutta, 1868; 2 cah. in-8".
BULLETIN
DE
L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES,
DES
LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE.
1869. — N° 5.
CLASSE DES SCIENCES.
Séance du fl mai i869.
M. Nyst, directeur, occupe le fauleuiL
M. Ad. Quetelet, secrétaire perpétuel.
Sont présents : MM. d'Omalius d'Halloy, C. Wesmael,
J.-S. Stas, L. De Koninck, P.-J. Van Beneden, Edm. de
Selys-Longcliamps, le vicomte B. Du Bus,Gluge, Melsens,
J. Liagre, F. Duprez, Poelmaii, G. Dewalque , Ernest Que-
lelet, A. Spring, M. Gloesener,Candèze, Eugène Goemans,
F. Donny , Montigny, Steiclien, membres; Th. Schwann,
Th. Lacordaire, E. Catalan, Ph. Gilbert, associés;
L. Henry, A. Brialmont, Bellynck, Ed. Dupont et Briart,
correspondants,
2*"' SÉRIE , TOME XXVII. 25
( 362 )
CORRESPONDANCE.
îl csl donné connaissance de la mort de M. Antoine
Berloloni, associé, décédé à Bologne le 17 avril dernier.
— Une lettre de condoléance a été écrite à la famille dn
défunt.
— M. le Ministre de Tintérieur adresse divers ouvrages,
qui seront annoncés au Bulletin de la séance.
— L'Association britannique pour Tavancement des
sciences annonce que sa 59' réunion s'ouvrira, cette année,
à Exeter le 18 août.
— Les établissements scientifiques suivants remercient
pour les derniers envois de publications académiques : la
Société philoleclinique de Paris, l'Académie impériale des
sciences de Bordeaux, la Société des sciences de Middel-
bourg, la Fondation Teyler, à Harlem, la Société batave
de Rotterdam, la Société royale de Dublin, la Bibliotbèque
royale de Berlin, l'Université de Kœnigsberg, l'Observa-
toire d'Altona, la Société vétéravienne de Hanau.
— La classe reçoit communication des observations sui-
vantes des pliénomènes périodiques : Observations sur
l'état de la végétation à l'Observatoire royal de Bruxelles,
le 21 avril 1869, par M. Ad. Quetelet; observations du
même genre à Melle, à la même date, par M. Bernardin;
observations botaniques faites à Anvers, en 1868, par
M. Acar. M. Terby transmet la liste des orages observés à
Louvain, depuis le commencement de Tannée 1869 jus-
( 565 )
qu'au 2o avril; M. Cavalier envoie son résumé météréolo-
giquc du mois d'avril dernier pour Oslende.
— Les travaux manuscrits suivants sont renvoyés à
l'examen de commissaires :
i" Description des fossiles du calcaire grossier de Mous;
V' partie : Gastéropodes, par MM. A. Briart et F.-L. Cor-
net. (Commissaires : MM. Nyst, De Koninck et d'Omalius.)
2° Recherches sur les crustacés d'eau douce en Belgique,
2' et o- parties, par M. Félix Plateau. (Commissaires :
MM. Van Beneden, de Selys-Longcliamps et Lacordaire.)
S*" Recherches sur Vembrijocjénie des crustacés; 1'"'' par-
tie. Observations sur le développement de VAsellus aqua-
ticus, par M. Edouard Van Beneden. (Commissaires :
MM. Sclnvann, Gluge et Poelman.)
4° Sur quelques propriétés des surfaces apsidales ou
conjuguées, par M. Ph. Gilbert. (Commissaires : MM. Ca-
talan et Steichen.)
5" Recherches sur les dérivés de Vacide phényl-acétique
fa. toluique), â*" partie, par M. Bronislas Badziszweski.
(Commissaires : MM. Stas et De Koninck.)
6° Observatio7is sur Vorigine fluvio-marine de la houille
dans la province de Liège, par M. Benier Malherbe. (Com-
missaires : MM. d'Omalius, De Koninck et Dewalque.)
7° Description d'une nouvelle espèce américaine dit
genre Caïman f alligator J, par M. Alf. Preudliomme
de Borre. (Commissaires : MM. Van Beneden, Lacordaire
et Poelman.)
8° Résumé des règles pour faire prévoir la couleur des
composés minéraux et celle d'un grand nombre de com-
posés organiques, par M. Ed. Bobin. (Commissaires :
MM. Stas et Melsens.)
( oU )
— M. le secrétaire perpétuel annonce que la commis-
sion spéciale des finances de la classe s'est réunie avant
la séance et qu'elle a vérifié et approuvé, en ce qui con-
cerne la classe, les comptes de Tannée 1868, arrêtés en
séance de la commission administrative du 5 avril dernier.
ELECTIONS.
M. Stas, délégué de la classe auprès de la commission
administrative, est maintenu dans ces fonctions pour
l'année courante.
RAPPORTS.
M. Dewalque, qui avait été prié d'examiner deux notes
de M. Fua, de Padoue, sur un nouveau procédé destiné à
prévenir les explosions dans les mines, fait remarquer que
ces notes ont déjà été livrées à la publicité. Aux termes
du règlement, il ne peut donc être fait de rapport.
( 365 )
Xotice sur des débris de Chêloniens faisant partie des col-
lections du Musée royal d'histoire naturelle et proie-
riant des terrains tertiaires des environs de Bruxelles,
par M. A. Preudhomme de Borie.
MtapporI de M. Poeltnttt^.
Dans la notice qui l'ait l'objet du présent rapport, l'au-
teur nous fait connaître quelques débris de Chêloniens. Jl
les a trouvés en passant en revue la collection des fossiles
des terrains tertiaires des environs de Bruxelles, formée
par MM. Vincent et De Pauw, préparateurs du Musée.
M. Preudhomme décrit :
Un fragment de pièce sternale qu'il croit pouvoir rap-
porter à une Ëmyde.
Deux vertèbres incomplètes (un atlas et un axis) qu'il
croit pouvoir rapporter également à une Émyde, peut-être
à VEmys camperi.
Un os qui serait le métatarsien de l'orteil médian d'une
tortue marine.
Un autre os, aussi un métatarsien, d'après l'auteur, et
appartenant au second ou au quatrième orteil.
Un morceau du pourtour de la carapace d'une Ëm^de
ou d'une Chélonée.
Enhn un fragment de plaque dorsale d'une tortue de
la famille des Potamites.
L'auteur croit avoir établi qu'outre une Émyde ou tor-
tue paludine et une espèce de G. Trionyx dont M. Winkler
a donné la description , les terrains tertiaires éocènes envi-
ronnant Bruxelles recèlent encore d'autres Chêloniens :
( 366 )
d'abord des débris d'une Émyde, puis ceux d'une tortue
marine, ensuite ceux d'une seconde espèce de la l'amille
des Potamiles.
Une planche, comprenant sept figures, représente les
diverses parties décrites.
On voit, d'après ce qui précède, qu'excepté les deux
vertèbres incomplètes rapportées à VEmys campcri, les
autres fragments appartiendraient à des espèces que l'au-
teur croit nouvelles pour la science.
* Mais ces fragments , provenant tous de diverses localités
situées dans le voisinage de la capitale, nous paraissent
trop incomplets pour que nous osions admettre, autre-
ment qu'avec doute, les déterminations faites par M. Preud-
homme de Borre.
Toutefois, nous estimons qu'il y a une utilité réelle à
faire connaître ces débris fossiles et nous proposons, en
conséquence, l'impression dans les Bulletins de la notice
soumise à notre examen, ainsi que de la planche qui l'ac-
compagne. »
Mtnppot't (te Jf. Th. E>acoa'daii*e.
Le travail de M. Preudhomme de Borre n'eùt-il d'autre
résultat que de provoquer de nouvelles recherches sur les
restes de Chéloniens que renferme le terrain tertiaire des
environs de Bruxelles, me paraît, comme à mon honorable
confrère M. Poelman, mériter d'être insérédansles Bulletins
de l'Académie. Pas plus que lui je n'ose hasarder, d'après des
matériaux aussi incomplets, un jugement sur le bien fondé
de leur détermination; mais l'étude approfondie qu'en a
(567)
l'aile M. de Boire et ses connaissances en celte nialièie sont
de loiles piobabililés qu'elle est cxacle. Les découvertes
lu turcs décideront celle question. »
Conformément aux conclusions de ces rapports, la classe
vote l'impression de cette note dans les Bulletins j ainsi
que de la planche qui l'accompagne.
Ao/t' sur un nouveau sfj^lènte de c/irononiêlrie eleclro-
balislique^ par M. le major Navez.
ilappot'l de JE. le colonel iSfiaUnoàU,
« Les travaux de M. le major Navez ont exercé une
grande inllucnce sur les progrès de la balistique, dont les
problèmes ont presque tous pour point de départ la mesure
du temps ou de§ vitesses, ce qui est tout un. Leur utilité
est trop généralement appréciée, pour que je ne saisisse
pas avec empressement l'occasion qui m'est offerte de
signaler à l'Académie la part qui revient à l'artillerie belge
dans l'invention des appareils électro-balistiques employés
aujourd'hui, avec un plein succès, dans tous les pays.
En 18 iO, M. Wheatstone annonça par la voie de nos
bulletins que « par une extension du mécanisme de son
» télégraphe électrique, il avait trouvé le moyen de mé-
» surer la durée des phénomènes qui se produisent dans
» un temps très-court, la citesse des projecliles, etc.... »
(368)
Mais cet illustre savant ne parvint pas à créer un bon
appareil balistique.
Depuis cette époque jusqu'en 1848, de nombreuses ten-
tatives furent faites en Angleterre, en Prusse, en France
et en Russie, pour appliquer l'idée de Wbeatstone aux
expériences de l'artillerie; aucune n'aboutit à des résul-
tats satisfaisants.
Le major Navez fut le premier qui détermina d'une
manière exacte la vitesse des projectiles. 11 y parvint à
l'aide d'une métbode d'expérimentation qui est aujour-
d'hui généralement admise, et sans laquelle on n'est pas
encore parvenu à faire un bon appareil électro-balistique,
pour la mesure des vitesses.
Cette méthode, appliquée pour la première fois en 1848,
repose sur l'emploi d'un instrument [disjoncteur) servant
à opérer simultanément des disjonctions dans deux cir-
cuits électriques que le projectile doit ensuite couper suc-
cessivement. On obtient ainsi deux temps affectés chacun
des mêmes erreurs, provenant des mêmes causes. En
soustrayant le temps le plus petit du temps le plus grand,
les erreurs disparaissent, et le résultat de la soustraction
donne le temps employé par le projectile pour franchir
l'espace compris entre les fils qu'il a coupés successive-
ment.
Le chronoscope à pendule, fondé sur cette méthode, a
été seul employé dans l'artillerie pendant vingt ans environ.
En 1864, M. le colonel d'artillerie Leurs apporta à cet
appareil diverses modifications qui, sauf la disposition des
circuits, furent approuvées par le premier inventeur. Le
pendule électro-balistique, ainsi perfectionné, a été adopté
dans un grand nombre de pays, sous la dénominalion
d'appareil Navez-Leurs.
( 569 )
En 18o5, le major INavcz publia une description de
cet instrument dans un livre intitulé : Applications de
Vélectricilé à la mesure de la vitesse des projectiles. Cet
ouvrage constitue une étude rationnelle des éléments qui
concourent à l'établissement des appareils électro-ba-
listiques. 11 a sans nul doute aplani la voie à tous ceux
qui se sont occupés de cette question.
En 1864, M. le lieutenant Le Boulengé imagina un
chronographe électro-balistique, fondé sur la méthode
Navez.
Cet instrument, qui donne la mesure du temps, au
moyen d'un corps tombant librement, fut présenté à
l'Académie. Les commissaires chargés d'en faire l'examen ,
reconnurent, à la suite d'une longue et laborieuse série
d'expériences, dont l'un d'eux conserve encore tous les
éléments, que l'appareil Le Boulengé conduit à des résul-
tats d'une exactitude remarquable.
La combinaison électro-magnétique du chronographe
Le Boulengé comprenait un chronomètre en acier ai-
manté, des courants destinés à faire réagir les électro-
aimants sur les armatures aimantées et deux courants
ayant une partie de circuit commune, que l'on rompt en
un point pour opérer des disjonctions simultanées dans les
deux circuits.
Le major Navez discuta cette combinaison dans des
écrits dont l'Académie n'eut pas à s'occuper, et prouva
qu'elle ne réalisait sa méthode que d'une manière incom-
plète; M. le lieutenant Le Boulengé, de son côté, présenta
ses observations et continua ses études dans la nouvelle
voie qu'il avait tracée.
11 est regrettable qu'il n'ait pas fait connaître les modi-
lications qui ont été apportées depuis à son appareil. Pour
(370)
nous renseigner à ce sujet, notre collègue, M. Melsens, a
écrit à M. Le Boulengé.
Voici le passage le plus important de la réponse qu'il en
a reçue :
a Les courants inverses ont été supprimés; j'ai reconnu
» que ces courants, qui compliquaient l'installation, étaient
» inutiles, et qu'avec des électro-aimants ordinaires, munis
» d'un noyau mobile (système Jaspar), l'instrument fonc-
» tionne aussi régulièrement si pas plus. Le disjoncteur
» primitif, dont la théorie était obscure, a été remplacé
» par un disjoncteur mécanique simple et parfaitement
» exact, se vérifiant par lui-môme et qui, dans la pratique,
» n'a jamais rien laisser à désirer. »
Ce passage confirme entièrement les réflexions sui-
vantes du nouveau travail de M. Navez : « Nous avons
» comparé, dans deux publications récentes (1), le chro-
» noscope à pendule, modifié par M. le colonel Leurs,
» avec le chronographe à chute libre de M. le capitaine
» Le Boulengé. De la discussion, nous avons conclu à la
î) supériorité du premier sur le second. — Nos objections
» portaient principalement sur la combinaison électro-
» magnétique du chronographe à chute libre, combinaison
» dans laquelle les deux circuits avaient une partie com-
» mune, et qui admettait des courants inverses et des
» aimants permanents. L'inventeur soutint que celle
» combinaison ne présentait pas les inconvénients que
(1) Discussions sur les appareils élcclro-haUsiiqucs, par le major d'ar-
lillerie Navez. Paris cl Liège, Noblel, 1865, et Considcralions sur les
expériences de balistique en ce qui concerne la mesure du temps , par le
nièiiie, Pari;:- et Lié;'j;e, [V(jl)iel, l86o.
( 571 )
» nous lui reprochions (1), et cependant il l'a coiiii)léle-
» ment abandonnée depuis, pour revenir au système de
» nos appareils, système comprenant un chronomèlre
» maintenu dans sa position initiale par un électro-aimant,
» agissant sur une armature en fer doux, un poids enre-
» gistreur maintenu de la même manière, deux circuits
» séparés et un disjoncteur. Ainsi modifié, le chrono-
» graphe Le Boulengé doit avoir beaucoup gagné en
» précision. 11 présente une transformation élégante de
» notre chronoscope à pendule pour l'emploi d'un chro-
» nomètre à chute libre, et nous reconnaissons volontiers
» qu'il constitue un appareil électro-balistique très-recom-
» mandable. »
Nous ferons remarquer, du reste, que M. Navez avait
prévu dans son ouvrage publié en J8o5, l'emploi d'un
chronomètre à chute libre. « Un corps tombant librement,
» disait-il (page 127), constitue l'appareil chronométrique
j> le plus simple que l'on puisse imaginer. Nous avons
» essayé, mais sans succès, d'établir une relation électro-
» magnétique entre un appareil de cette espèce et le
» projectile lancé par une bouche à feu. »
Cette difficulté a été vaincue par M. Le Boulengé. L'en-
registrement au moyen de la détente au couteau est une
idée ingénieuse et féconde qui lui appartient incontestable-
ment.
Indépendamment du passage cité plus haut de la lettre
de M. Le Boulengé (que l'Académie voudra bien conser-
(I) Ik'ponse aux appréciations émises sur le chronographe Le Bou-
lengé dans les récentes publications de MM. le colonel Leurs et le
major Navcz, par le lieiik'iiaiit Le Buiileii,;^*^' Paris el Liéye, IS'obkl, lyCoi.
( 372 )
ver dans ses archives), nous croyons devoir mentionner
encore les extraits suivants :
« L'instrument porte , pour le chronomètre et le poids,
» des arrêtoirs qui empêchent leur tournoiement ou
» oscillation lorsqu'ils sont suspendus, tout en laissant
» la chute absolument libre,
» Pour régler l'instrument, on munit le chronomètre et
» le poids d'une surcharge, et l'on détourne doucement le
» noyau mobile jusqu'à ce que le chronomètre surchargé
» (ou le poids) se détache; ce moyen, très-expéditif et
» tout à fait pratique, a pour but de faire régler toujours
» l'instrument de la même façon , quel que soit Topera leur
» qui s'en serve.
» Avec le nouveau chronographe, il ne faut faire aucun
» calcul, il suffît d'amener le couteau du curseur de la
» règle graduée dans le trait donné par le tir, et on lit sur
» la règle la vitesse du projectile à un décimètre près.
» Pour arriver à ce résultat, il faut que la disjonction
» soit à une hauteur fixe sur ce chronomètre; on y par-
» vient avec la plus grande facilité en réglant l'instrument
» avant la séance; à cet effet, le plateau de la délente, sur
» lequel tombe le poids, est formé par une vis dont l'axe
» est vertical, et qui peut, par conséquent ^ être élevé ou
» abaissé »
IL
Le mémoire du major Navez est divisé en deux parties :
la première comprend des éléments qui peuvent être
employés dans un grand nombre de combinaisons électro-
balistiques; la seconde indique des types d'appareils pour
l'emploi de ces éléments.
( 573 )
Il résulte des explications verbales demandées à l'au-
teur, que les dispositions indiquées dans son mémoire
n'ont rien de définitif, et qu'elles seront probablement
modifiées lorsqu'il s'occupera de les réaliser matérielle-
ment.
Voici les éléments nouveaux qui ont lixé mon atten-
tion :
1° Un nouveau mode de suspension éleclro-magnéliquc,
permettant aux deux pôles de l'électro-aimant, d'agir sur
l'armature d'une tige suspendue, empêchant cette tige
d'osciller et de tourner autour de son axe et assurant la
direction verticale de la chute.
2" Le principe de la division de la chnte. Il est dési-
rable, pour l'emploi de la chute libre, qu'on parvienne à
mesurer des temps suffisamment longs, en restant dans les
limites aussi restreintes que possible de hauteur de chute.
M. Le Boulengé, dans son dernier modèle de chrono-
graphe, a rendu mobile, suivant la verticale, l'électro-
aimant qui maintient le poids; cette disposition a porté
jusqu'à 0",o la limite supérieure du temps que l'appareil
permet de mesurer. Dans l'ancien appareil électro-balis-
tique du major Navez, l'électro-aimant qui maintient le
poids est également mobile suivant la verticale, afin que
l'opérateur puisse, en réglant la hauteur de chute du
poids, réserver sur le limbe divisé, un espace angulaire
en rapport avec le temps à mesurer et faire, au besoin,
usage de l'oscillation entière.
Le 7'elais imaginé en dernier lieu par M. Navez, pour
réaliser la division de la chute, présente des avantages
particuliers sous le rapport de l'économie en force électro-
motrice.
5'' L'emploi de Vélectricifé d'induction condensée pour
(374)
Venrcgislrcment du temps j au moyen de la trace de très-
petites étincelles sur une surface métallique polie, légère-
ment colorée par la fumée. Cette idée paraît heureuse et de
nature à écarter les difficultés que Ton rencontre lorsque
Ton fait usage de la bobine de Ruhmkorff avec les pro-
cédés essayés jusqu'à présent.
4° Un nouveau disjoncteur, fondé sur des principes
rationnels, et que l'on peut appliquer à tous les appareils
existants.
Le système complet de chronométrie de polygone, que
l'auteur du mémoire se propose d'établir au moyen de ces
quatre éléments, comprendrait deux appareils:
Le premier correspond à son ancien appareil électro-
balistique à pendule, dans lequel le corps oscillant sera^ll
remplacé par un corps tombant. Le pendule entraînait
une aiguille; le corps tombant entraînera une échelle de
chute. Le poids du conjoncteur fixait l'aiguille; le poids
du nouvel appareil fixerait l'échelle de chute.
M. N'avez compte également essayer d'enregistrer le
temps sur le chronomètre à chute libre, au moyen de son
procédé graphique, fondé sur l'emploi de l'électricité d'in-
duction condensée.
Parmi ces différents procédés, il choisira celui qui don-
nera les résultats les plus exacts.
Son appareil occupera un petit volume; il permettra de
mesurer jusqu'à 0",5 au maximum, mais on ne l'emploiera
pas à la mesure de temps dépassant 0",2o. Pour ceux-ci
on fera usage d'un relais annexé à l'appareil et qui servira
à mesurer jusqu'à la demi-seconde.
Le second appareil serait destiné à la mesure des temps
longs de la balistique. Le chronomètre de cet appareil
consiste en un moteur électrique très-simple,, et dont la
( 373 )
vitesse (le régime est obtenue et maintenue automatiijue-
ment. Pour l'enregistrement du temps, le mouvement de
rotation est transformé en mouvement rectiligne, au
moyen d'une vis portant un plateau divisé sur sa circonfé-
rence. On peut ainsi obtenir une mesure micrométrique
très-exacte du cliemin rectiligne correspondant au temps
qu'il s'agit d'apprécier. Il est presque inutile d'ajouter que
ces deux appareils admettent un disjoncteur pour l'emploi
delà méthode des disjonctions simultanées.
Le but vers lequel tendent les essais du major Navez
est la création d'un système complet de chronométrie de
polygone, simple, peu coûteux , facile à employer, écono-
mique sous le rapport de la dépense en force électro-
motrice, dans les expériences à grand développement de
circuits, et permettant de mesurer les temps de la balis-
tique, sans lacune, depuis les plus petits jusqu'aux plus
grands. En attendant qu'une série d'essais conlirment ses
prévisions, le major Navez a cru devoir communiquer à
l'Académie les résultats de ses derniers travaux pour établir
un droit de priorité.
Appréciant le mérite réel et la haute utilité des études
que le major Navez poursuit depuis vingt ans avec autant
de persévérance que de succès, j'ai l'honneur de proposer
à l'Académie de voter l'impression de sa note dans le Bul-
letin de la séance, et d'adresser des remerchnentsà l'auteur
pour son intéressante communication. »
MM. J. Liagre et Melsens s'étant ralliés aux conclusions
du rapport de M. A. Brialmont, la classe vote l'impression
de la note de M. Navez dans les Pyiillelins, ainsi que de la
planche qui l'accompagne.
{ 576 )
COMMUNICATIONS ET LECTURES.
Congrès international de statistique des délégués des
différents pays.
M. Ad. Quetelet dépose le projet de programme de la
septième session du congrès international de l'Europe or-
ganisé pour établir, autant que possible, l'unité et la con-
cordance entre les documents officiels de statistique des
différents États. Cet ouvrage est publié par les soins de la
commission organisatrice du congrès qui se réunira, cette
année, à La Haye, au commencement du mois de septembre.
La statistique est une science essentiellement moderne :
ses premiers principes ont été posés par les bommes les
plus éclairés, en même temps que la théorie des proba-
bilités, qui lui sert de base. Depuis l'illustre Pascal, elle
a trouvé des appuis distingués dans les différents pays,
et notamment en France, chez d'AIembert, Laplace, Four-
rier, Poisson, etc. Mais les conseils de ces grands hommes
furent perdus de vue et la statistique, par un désir im-
modéré de se répandre, oublia les sévères principes de
sa compagne naturelle, appelée à diriger ses pas encore
incertains.
En 1835, l'Association britannique des savants anglais ,
lors de sa troisième réunion à Cambridge, crut devoir lui
donner une place spéciale dans ses travaux scientifiques.
Quelques amis de cette science naissante, Malthus, Bab-
bage, Drinkwater, le colonel Sykes, le professeur Joncs,
( 377 )
se rénuiront crahord librement entre eux, clans l'apparte-
ment de M. Wliewell; et, le lendemain, le seplième comité
de l'association fut créé, mais sous la condition que ses tra-
vaux seraient entièrement tournés vers la science (1).
Cette première impulsion fut favorablement appréciée
par le monde savant, et, dans le cours de l'année suivante,
s'établirent toutes les principales Sociétés de statistique
de l'Angleterre. Cet exemple fut généralement suivi par
les nations les plus avancées.
Vingt ans après, en septembre I800, Bruxelles inau-
gura le premier congrès international de statistique. Un
appel fut fait par le gouvernement belge aux différentes
nations, et toutes y répondirent de la manière la plus
favorable : les États-Unis d'Amérique et quelques autres
pays étrangers à l'Europe furent également reçus avec
empressement dans cette union scientifique et adminis-
trative. Sous les auspices des Princes et des Ministres des
différentes puissances, ces assemblées furent saluées avec
distinction : Bruxelles, Paris, Vienne, Londres, Berlin,
Florence firent successivement aux autres nations l'accueil
le plus bienveillant et leur témoignèrent l'intérêt qu'elles
prenaient à ces travaux qui avaient pour objet de réunir
les délégués des peuples et de rechercher d'utiles instruc-
tions dans l'étude de leurs éléments divers.
Pendant les premières années, contrairement à ce qui
avait été fait au congrès de Cambridge, qui semblait
uniquement s'attacher à l'étude des théories, l'assemblée
(l) The inquiries of Ihis section are restricted to facts relaling to com-
niunilies of men which are capable of being expressed by numbers, and
wbicb promise, when sufficiently mulliplied, lo indicale gênerai laws.
Report of the third meeling hekl at Cambridge in 1855, in-B", page 483.
2*"^ SÉRIE, TOME XXVH. 20
( 578 )
internationale des dilTércnts pays perdit peut-être de vue
les principes fondamentaux sur lesquels elle devait s'ap-
puyer, pour s'attacher presque uniquement à la pratique.
Mais l'association nouvelle se composait d'hommes trop
éclairés pour ne pas sentir qu'ils se resserraient outre
mesure dans les limiles qu'ils s'étaient imposées. Les
remarques des plus hahiles ne tardèrent pas à se faire
jour, et, dans la réunion de Florence, il fut à la lin décidé,
à l'unanimité des délégués des divers États et ensuite par
l'assemblée tout entière, que les difficullés stalisliques
devaient être abordées de front et qu'un des comités serait
spécialement chargé d'étudier les grands principes scien-
tificiues qui s'y rapportent.
De cette manière, l'Association anglaise et la Commis-
sion internationale de statistique, en partant de deux
points en quelque sorte opposés, sont parvenues, à l'aide
des hommes distingués qu'elles renferment, à se rappro-
cher de plus en plus et ont senti le besoin d'unir à la fois
la théorie et la pratique. 1 /assemblée de La Haye promet
de remplir dignement ce programme et de marcher d'un
pas sûr dans une carrière qu'elle a déjà contribué à illus-
trer par ses travaux.
Un Palacdaphus nouveau du terrain dévonien, par
M. P.-J. Van Beneden, membre de l'Académie.
Nous avons publié avec le concours de notre savant con-
frère, M. De Koninck, une notice sur un poisson Plagios-
lome du terrain carbonifère, auquel nous avons donné le
( 579 )
nom (Je Palacchtphus insifjnis (I). C'est dans l'assise 1,
parlie moyenne, que ce fossile a été rencontré.
L'objet de la notice que nous avons Tlionneur de com-
muniquer aujourd'hui à la classe est un fragment de tète
d'un poisson voisin du Palacdaphus , que nous avons dé-
crit; il a été trouvé dans le terrain dévonien du pays et
présente plusieurs dispositions fort curieuses.
Nous proposons le nom de Palaedaphus devonicnsis
pour désigner ce nouveau poisson fossile.
Ce fragment est fort remarquable, comme nous le ver-
rons, par la description que nous allons en donner. Il a
été trouvé par M. Arm. Lambottc, qui a eu grand soin de
rajuster les divers fragments qu'il en a pu recueillir et il
a été assez heureux pour reconstituer ainsi presque com-
plètement celte pièce osseuse.
Mon savant collègue, M. le professeur De La Vallée-
Poussin, a bien voulu me remettre la note suivante sur le
lieu de cette découverte et sur la carrière qui renfermait
cette pièce :
« Ce reste de poisson a été trouvé, il y a quelques an-
nées, dans une carrière située à l,oOO mètres environ SO.
du clocher d'Hingeon. Cette carrière est pratiquée dans
les bancs inférieurs du calcaire de la bande de Rhisnes,
que Dumont considérait comme calcaire de Givet ou dévo-
nien moyen, mais que les paléontologistes inclinent à ra-
jeunir un peu. Ce serait la partie inférieure du dévonien
supérieur. J'ai vu là ou dans les assises correspondantes
(1) Van Beneden et De Koninck , notice sur le Palaedaphus insignîs,
Bulletin de l'Académie royale de Belgique , 2« série, t. XVII , p. 143. —
Ger\2L\s, Zoologie et paléontologie françaises, 2^ édit., p. 558, pi. LXXVII,
fig. 17.
( 580 .)
(lu voisinage : Bronteiis flabeUifer, Gryphœa arachnoïdes,
Avicula nepluni, Spirifer Boiichardi, S. VerneniUi, Piliyn-
dionella Boloniensis ^ Alrypa relicularis et un échantillon
de Spirifer etirt/glossiis. »
La seule partie de la tète qui ait été conservée consiste
dans l'os maxillaire supérieur, ou, pour me servir de la
nomenclature de Cuvier, l'os palatin, ainsi que le Suspen-
sorium qui représente plusieurs os à la fois.
Cet os maxillaire est fort singulier, d'abord par la dis-
position de son bord interne qui correspond à la ligne
médiane : il est joint à celui du côté opposé dans toute sa
longueur et présente une surface unie qui s'adapte complè-
tement à une surface semblable de l'os correspondant;
c'est une symphyse qui s'étend d'avant en arrière dans
toute l'étendue de l'os et dont nous ne trouvons guère
d'autre exemple que dans quelques mammifères aquatiques
comme le Squalodon.
Cette symphyse est d'autant plus remarquable que l'os
a en avant au delà de deux centimètres d'épaisseur. En
arrière, dans la portion la plus faible, il mesure encore
plus d'un centimètre et demi.
Nous ne voyons rien de semblable dans aucun squale
vivant; le Squatine ange, dont notre fossile se rapproche le
plus, a les deux maxillaires unis seulement sur une fort
courte étendue, et les deux branches, en s'écartant, laissent
entre elles un espace très-large. La symphyse est même
moins longue au maxillaire supérieur qu'à l'inférieur.
Cette longue symphyse devait donner une très-grande
solidité à la tête des Palaedaphus.
Dans tous les poissons, osseux comme cartilagineux, les
os maxillaires sont des os longs; ici, au contraire, c'est un
os plat, un peu plus long que large, arrondi sur tout son
[ 581 )
bord antérieur et dont le bord libre en arrière forme
presque un angle droit avec le bord qui correspond à la
ligne médiane.
En arrière et en deliors l'os se rétrécit assez brusque-
ment et se termine par une pointe relativement fort étroite,
qui offre une surface articulaire très-peu large.
La surface de l'os qui regarde la cavité de la boucbe est
fort remarquable : comme dans le Palacdaphiis insûjnh ,
il y a cinq collines à peu près parallèles, entre lesquelles
on voit des sillons à peu près d'égale profondeur; la crête
de chaque colline est couverte de tubérosités, qui ne sont
pas sans analogie avec les callosités que Ion voit souvent
sous les doigts des animaux terrestres. Ce sont ces saillies
qui ont fait trouver de l'analogie entre cet os et une patte
ou une nageoire (1).
Ces collines sont disposées dans la cavité de la bouche,
comme les rangées de dents du Squatine ange.
Ces tubérosités font, sans aucun doute, office de dents.
Ce qu'il y a de plus remarquable dans cette pièce, c'est
que l'on voit en arrière, sur la partie qui regarde la cavité
de la bouche, une saillie singulière à surface plus ou moins
polie et dont le bord antérieur est découpé en autant de
lanières qu'il y a de collines.
C'est comme une forte dent, ressemblant à la paume de
la main, qui est implantée sur le palais comme une dent
palatine ou vomérienne. On dirait une étoile placée vers le
milieu de l'os et dont la surface unie indique une grande
solidité. Si cette saillie élait placée plus en arrière, on
pourrait la confondre avec une dent ou avec les saillies des
os pharyngiens.
(I) Celle pièce a été regardée d'abord comme une nageoire de leiilile.
( 382 )
Sur le Palaedap/ms y que nous avons décrit avec M. De
Koninck , on ne voit pas de trace de cet organe, non qu'il
manque , pensons-nous , mais cette région de Tos n'a pro-
bablement pas été conservée.
Nous reviendrons sur ces saillies maxillaires en parlant
des dents, et nous ferons remarquer que chez les poissons
Plagioslomes vivants on ne trouve point, comme chez les
poissons osseux , de dents sur le palais; il n'y en a que sur
les maxillaires supérieurs et inférieurs.
La surface supérieure de l'os qui regarde la base du
crâne est creusée d'un profond sillon qui s'étend dans
toute la longueur et se dirige d'avant en arrière, puis de
dedans en dehors.
La portion la plus épaisse de l'os est celle qui supporte
les collines, puis celle qui touche à la ligne médiane pour
fournir la symphyse.
On reconnaît parfaitement la structure de l'os dans
toute l'étendue de cette pièce, et, sans aucun doute, le
squelette de ces poissons était beaucoup moins cartilagi-
neux que celui des Plagiostomes actuels. Si l'on n'avait pas
le squelette de ces derniers, on ne se douterait certaine-
ment pas- que ces os aient pu exister à l'état de cartilage.
De là il faudrait conclure, contrairement à ce que l'on est
en droit de penser, d'après les théories en vogue, que les
poissons Plagiostomes étaient à cette époque moins près
de leur état embryonnaire que ceux qui vivent encore
actuellement. Dans les terrains tertiaires on trouve beau-
coup de dents de ces poissons, mais ces derniers n'ont
laissé aucune trace de la présence d'un squelette.
Ce nouveau Palaedaphus nous montre que ce n'est pas
précisément des Chimérides que ce poisson se rapproche
le i)lus; ce ne sont pas, comme on pourrait le supposer,
( 383 )
deux grandes dents obliques pourvues de saillies que por-
tent les maxillaires, mais bien des collines formées par les
os eux-mêmes et qui sont couvertes de saillies dentaires.
Il y a lieu de supposer que les maxillaires inférieurs
élaient couverts, comme les supérieurs, de pareilles col-
lines dentaires.
On pourrait voir dans ces saillies de simples rugosités,
puisque les dents proprement dites ne se montrent que
plus tard chez ces poissons.
En effet, on ne trouve aucune trace de dents véritables
chez les poissons Plagiostomes qui appartiennent à cette
époque reculée de l'histoire de notre globe, et les Cestra-
cions d'aujourd'hui, confinés dans les eaux de l'Australie,
sont les seuls qui , sous ce rapport, se rapprochent plus ou
moins de nos Palaedaphus.
Les dents sont, en général, disposées chez les poissons
de manière qu'en enlevant la peau avec quelque violence,
on les arrache en même temps, disposition sur laquelle
Blainville avait depuis longtemps attiré l'attention et qu'il
exprimait par le mot Dennodontcs.
Mais, si les poissons en général ont ces organes implan-
tés dans l'épaisseur de la peau , ce n'en sont pas moins des
dents; chez les poissons qui nous occupent, c'est à peine
si les parties solides qui incrustent les maxillaires sont
distinctes de celles qui recouvrent le reste du corps. Ces
Palaedaphus sont donc, sous ce rapport, aux autres Pla-
giostomes ce que ceux-ci sont aux autres vertébrés. Les
alvéoles véritables des dents n'apparaissent que chez les
vertébrés beaucoup plus élevés.
De ces dents qui recouvrent les collines en formant de
simples tubérosités cutanées, il y a une transition insen-
sible par celles (\{:sSlroi)hodus lenuis, des Acrodiis nobilh,
( 384 )
des Orodiis cinctus, des Ptychodiis et des Ptenoplijchius
apicialîs, aux dents des Squalides vivant actuellement.
Avec cet os maxillaire on a trouvé encore un autre os
allongé en forme de fuseau et qui rappelle le Suspenso-
rium du maxillaire, tel qu'on le trouve dans les Plagios-
tomes vivants.
Le Palaedaphus dévonien diffère de celui du terrain
carbonifère que nous avons fait connaître, par les collines
dentaires qui sont au nombre de cinq, tandis qu'il n'y en
a que quatre dans le P. insignis, par un espace plus grand
qui les sépare dans ce dernier, par la singulière empau-
mure postérieure du maxillaire ainsi que par la forme du
maxillaire.
Les éminences rugueuses qui couvrent le sommet des
collines sont plus régulières et présentent une véritable
disposition dentaire.
C'est en comparant cet os avec la même pièce du Squa-
tine ange que l'on comprend le mieux le rôle de ces sail-
lies. Les dents de ce poisson forment, comme ici, des
collines par leur disposition en lignes dirigées d'avant en
arrière, mais, au lieu de cinq rangées, on en compte dix.
Si l'on compare cet os avec la même pièce des espèces
vivantes, on trouve que c'est des Raidés qu'il s'éloigne le
plus et c'est avec le maxillaire des Squatines qu'il a le plus
d'analogie. Et cependant ces poissons Plagiostomes sont de
tous les Squalides ceux qui se rapprochent le plus des
Raidés par l'ensemble de leur organisation.
La peau des Palaedaphus diffère de celle de la plupart
des Plagiostomes vivants par sa surface lisse et unie qui
rappelle celle des Batraciens ou des Torpilles. On sait que
la plupart des Plagiostomes vivants ont, au contraire, la
})eau plus ou moins chagrinée.
•k'K
Fi^
Palœdapîius dêvoniensis. Vai.
( 58o )
Il est à supposer que certains Ichtyodorulillies des
terrains primaires appartiennent au poisson dont nous
faisons connaître ici les maxillaires.
EXPLICATION DE LA PLANCHE.
Fi(j. 1. Os maxillaire supérieur de yraudeur ualuielle, vu par sa
face inférieure.
— 2. Suspensorium.
M. Catalan communique l'extrait suivant d'une lettre
de M. Folie :
« Théorème. Considérons n points sur une conique; ces
» n points déterminent ^^-^^ polygones : les produits des
» distances d'un point quelconque de la conique aux n
» côtés de chacun de ces polygones sont entre eux, deux
» à deux , en raison conslante. »
( 586 )
Note sur un nouveau système de chronomèlrie cteclvo-ba-
listique, par le major d'artillerie Navez en iion-aclivilé
de service.
SOMMAIRE.
État (le la question. — Emploi de la eliute libre. — Conception générale de l'ap-
pareil destiné à la mesure des temps depuis les plus petits jusqu'à '/4 de se-
conde. — Nouveau système de suspension électro-magnétique du chronomètre
et du poids. — Construction rationnelle du chronomètre et du poids. — Nouveau
disjoncteur. — Mesure des temps compris entre */4ct ''-2 seconde inclusivement.
— Dispositions pour faire fonctionner l'appareil au moyen d'un seul circuit. —
Mise en station de l'appareil. — Mesure des temps longs de la balistique. —
Expériences à l'appui.
État de la question.
Jusqu'à présent, aucun des appareils électro-balistiipies
non fondés sur la méthode que nous avons imaginée et ap-
l)li(]uée en 1847-1848, n'a pu être employé avec succès
dans le service des polygones. — Celte méthode consiste
dans les ruptures sùnultanées, au moyen d'un instrument
nommé disjoncteur, des deux circuits électriques que le
projectile coupe ensuite successivement. Chacune des deux
opérations accuse des temps dilîérents sur l'appareil chro-
nométrique; ces temps sont entachés des mêmes erreurs,
et, en les soustrayant l'un de l'autre, on obtient, sans er-
reur, le temps employé |)ar le projectile pour franchir l'es-
pace comi)ris entre les deux (ils rompus.
iNoIre méthode pKK'ure aussi ravanlaL^c de faire coin-
( 587 )
cider le temps cherché avec une mesure linéaire beaucoup
plus grande que celle qui serait fournie par le chrono-
mètre (pendule, tige tombant librement, disque ou cylindre
tournant, etc., etc.) si cette mesure linéaire était comptée
à partir de la position initiale du mobile.
Le premier appareil électro-balistique construit pour
employer la méthode dont il est ici question, avait un
pendule pour chronomètre. Cet appareil demeura seul en
usage dans presque tous les polygones de l'Europe pen-
dant près de vingt ans (1). Depuis quelques années, M. le
colonel d'artillerie Leurs y a apporté plusieurs modilica-
tions que nous avons approuvées (2). M. le capitaine Le
Boulengé a appliqué notre méthode à un chronographe
dont le chronomètre consiste en une tige tombant libre-
ment et à une clepsydre à mercure; ce dernier appareil
est destiné à la mesure des temps longs de la balis-
tique (5).
Nous avons comparé, dans deux publications récentes (4),
le chronoscope à pendule, modifié par M. le colonel Leurs,
avec le chronographe à chute libre de M. le capitaine Le
(1) Voir : Application de l'électricité à la mesure de la vitesse des pro-
jectiles, par le capitaine commaudanl Navez. Paris, Gorreard, 18o3.
(2) Voir : Mémoire sur un appareil électro-balistique Navez simplifié,
par le colonel d'artillerie Leurs. Paris et Liège, Noblet, 1864.
(5) Voir : Mémoire sur un chronographe électro-balistique ,\>dtv le lieu-
tenant d'artillerie Le Doulengé. Paris et Liège, Noblet, 186i, et : Élude
de balistique expérimentale , par le capitaine d'artillerie Le Boulengé.
Bruxelles, Hayez, 1868.
(4) Discussion sur les appareils électro-balistiques, parle major d'ar-
tillerie Navez, Paris et Liège, Noblet, 1865, et Considérations sur les ex-
périences de balistiques en ce qui concerne la mesure du temps, par le
même, Paris et Liège, Noblt't , 186o.
( 588 )
Boulcngé. De la discussion, nous avons conclu à la supé-
riorité du premier sur le second. — Nos objections por-
taient principalement sur la combinaison électro-magné-
tique du chronograpbe à chute libre, combinaison dans
laquelle les deux circuits avaient une partie commune, et
qui admettait des courants inverses et des aimants perma-
nents. L'inventeur soutint que cette combinaison ne pré-
sentait pas les inconvénients que nous lui reprochions (I )
et cependant il l'a complètement abandonnée depuis, pour
revenir au système de nos appareils, système comprenant
un chronomètre maintenu dans sa position initiale par
un électro-aimant agissant sur une armature en fer doux,
un poids enregistreur maintenu de la même manière, deux
circuits séparés et un disjoncteur. Ainsi modiiié, le chrono-
grapbe Le Boulengé doit avoir beaucoup gagné en préci-
sion. 11 présente une transformation élégante de notre
chronoscope à pendule pour l'emploi d'un chronomèlre à
chute libre, et nous reconnaissons volontiers qu'il constitue
un apppareil électro-balistique très-recommandable.
Emploi de la chute libre.
Un corps tombant librement est le plus simple de tous
les chronomètres et, par conséquent, celui qui aurait dû
être préféré dans la constitution d'un appareil électro-ba-
listique, si l'emploi de ce genre de chronomètre n'avait
donné lieu, jusqu'à présent, à deux inconvénients très-
graves. — Le premier de ces inconvénients consiste dans
(1) Hcpoiisc aux apprccialioii.'i cmiacs sur le chronouraplic Le Pwu-
lenfjc dans les rérenies publiealiuns de MM. le colonel Leurs et le nwjor
Aart'vjpai le liciilniuil Le noiilon.uc', l'.iri^ cl Xàca^' , Noblt-t, I8G:).
( 389 )
la (Ijlficiilté d'cmpeclicr les oscillations d'un corps suspendu
à un électro-aimant par une puissance d'attraction peu su-
périeure à l'action de la pesanteur sur ce corps (condition
indispensable à la marche régulière des appareils) et d'ob-
tenir la chute du grave dans une position toujours verti-
cale.— Le second inconvénient résulte de l'impossibilité
dans laquelle on s'est trouvé, jusqu'à présent, d'employer
la chute libre à la mesure de temps suffisamment longs.
Nous écartons ces deux inconvénients : le premier par
un nouveau mode de suspension électro-murjnéiique, le se-
cond par la division de la chute. Voilà pourquoi notre
nouvel appareil admet, pour chronomètre, un corps tom-
bant librement. Cet appareil en môme temps chronoscope
et chronographe, n'a qu'environ oo centimètres de hauteur
totale, et peut cependant mesurer le temps jusqu'à la demi-
seconde.
Notre système de chronographie de polygone est com-
plété par l'établissement d'un appareil électro-magnétique
à rotation, très-simple, exempt de mouvement d'horlo-
gerie, et avec lequel on pourra mesurer, avec toute la
précision désirable, non-seulement les temps longs de la
balistique (maximum ^0"), mais même des espaces de
temps comprenant plusieurs heures.
Conception générale de l'appareil destiné à mesurer les
temps depuis les plus petits jusqu'à un quart de seconde.
Dans son ensemble et pour la mesure du temps jusqu'à
un quart de seconde, la conception générale du nouvel
appareil est rigoureusement la môme que celle de notre
ancien chronoscope à pendule, appropriée, d'une manière
rationnelle, à l'emploi de la chute libre. — La rupture du
( Ô90 )
premier circuit délcrmine la mise en mouvemeiUilu chro-
nomètre à cliiilc libre, comme celle du pendule. Le chro-
nomètre, dont la masse est relativement considérable,
emporte avec lui une échelle de chule légère, divisée en
millimètres, si on emploie l'appareil comme chronoscope;
une bande métallique ou de carton verni, si on veut opérer
avec l'appareil chronographe. C'est ainsi que le pendule,
de masse assez considérable, emportait dans son mouve-
ment une aiguille légère et facile à fixer (1). — L enregis-
trement des hauteurs de chute se fait au moyen d'un poids
tombant librement de hauteurs que l'on peut facilement
faire varier, comme on le faisait, au moyen du conjoncleur,
pour l'emploi du pendule, en élevant ou en abaissant
l'électro-aimant qui maintient le poids. On dispose ainsi de
la hauteur que donnent les disjonclions siinullanécs, ce qui
procure un grand avantage, puisque, pour chaque temps
à mesurer, il y a une hauleur de disjonction correspon-
dant au maximum de mesure linéaire du temps accusé.-
Cette disposition permettait d'employer la presque totalité
de la course angulaire du pendule à la mesure du temps;
le même avantage en résulte, quant à la course verticale,
dans l'emploi du chronomètre à chute libre. La même dis-
position aide aussi à maintenir la hauteur de disjonction
au même point de l'échelle de chute quand, dans une série
d'expériences , on cherche à obtenir ce résultat dans le but
de n'avoir qu'une mesure à prendre pour chaque coup tiré.
En général, nous préférons déterminer la hauteur de dis-
(1) Nous citions, on 18o3 , parmi losavanlagos queprésenle notre cliro-
noscoj)e à pendule, celui de n'avoir à fixer l)rus(|uenienl qu'une très-petite
partie de la niasse oscillante. Voir : Application de l'vlcctricilé à la mesure
de la vitesse des projectiles, page 129.
( 391 )
jonction ponr cliaquc conp à tirer; mais, dans certaines
expériences spéciales, par exemple celles ponr la réception
(les poudres, on peut maintenir lixe la hauteur de disjonc-
lion , et n'avoir alors aucun calcul à faire pour obtenir la
vitesse des projectiles tirés; dans ce cas les vitesses se-
raient inscrites sur l'échelle de chute ordinaire ou sur une
échelle de chute spéciale, laquelle pourrait alors n'avoir
que quelques centimètres de longueur.
La chute du poids fait jouer un levier, comme dans le
conjonctcur du chronoscope à pendule, et le jeu du levier
détermine celui d'un frein, dont les mâchoires pincent et
arrêtent l'échelle de chute, ou la bande quand on emploie
l'appareil comme chronographe. Le chronomètre continue
sa chute et tombe dans un cylindre en carton suspendu
par deux lanières en caoutchouc vulcanisé (I). — Le frein
peut consister en un électro-aimant pinçant l'échelle ou
la bande entre ses pôles et son armature, ou en un sys-
tème de deux mâchoires sollicitées à se rapprocher l'une
de l'autre par deux ressorts à boudin. L'écartement des
mâchoires est maintenu au moyen de deux taquets fixés
au levier et que dégage le jeu de ce dernier. La première
disposition est analogue à celle de notre ancien conjonc-
tcur; la seconde est du genre de celle que M. le colonel
Leurs a adaptée à notre pendule, dans le but de soustraire
la rondelle en fer doux à l'influence du magnétisme que
conserve le grand électro-aimant après que le courant
électrique a cessé d'agir. M. le colonel Leurs nous avait
communiqué son intention d'améliorer encore le pendule
(1) Ce mode de suspension empêche parfaitemenl les vibrations de se
transmellre.
( 592 )
modifié en faisant pincer directement le vernier par le
limbe divisé, lequel limbe devenait alors une des mà-
cboires du frein, disposition dont la notre se rapprocbe
beaucoup.
Nous plaçons un vernier fixe sur la màclioire antérieure
du frein, pour apprécier les subdivisions du millimètre ou
du demi-millimètre. Le vernier s'applique avec la plus
parfaite précision sur récbelle de cbute. Une petite éclielle
de chute en aluminium, métal indiqué pour cet emploi à
cause de sa faible densité, est destinée à la mesure des
temps très-petits. Cette échelle portera des divisions dont
la grandeur ne pourra être déterminée qu'après des expé-
riences faites au moyen d'un appareil construit avec toute
la précision désirable.
L'emploi de l'appareil, comme chronoscope, fournira
toujours une mesure linéaire de la hauteur de chute plus
exacte quant à la lecture, que l'emploi comme chronogra-
phe, puisque, dans ce dernier cas, il faut une opération
de plus pour le mesurage.
Pour obtenir des coches sur les bandes, il sulïîrait d'a-
dapter à la mâchoire antérieure du frein, un couteau
biseauté; mais il est plus simple de tracer une ligne sur
la bande, au moyen d'une fine aiguille, en prenant la lèvre
de la mâchoire pour guide.
Tout le système est complété par un disjoncteur fondé
sur des considérations nouvelles. Cet instrument est plus
simple et de construction plus rationnelle que les dis-
joncteurs imaginés jusqu'à présent.
( 595 )
Nouveau système de suspension électro-magnétique
du chronomètre et du poids.
Pour que la résistance apposée par l'air à la chute du
chronomètre puisse être considérée comme nulle, il faut
que le poids du corps tombant soit assez considérable. Il
s'ensuit que l'électro-aimant droit, que Ton a employé
jusqu'à présent pour maintenir le chronomètre dans sa
position initiale, exige une forte pile pour acquérir la
puissance suffisante. La nécessité d'employer des électro-
aimants susceptibles d'être réglés, aggrave encore cet in-
convénient, parce que, dans ce cas, on perd toujours une
partie notable de la force électro-motrice.
Nous employons l'électro-aimant, dit en fer à cheval,
agissant sur le chronomètre ou le poids, par ses deux
pôles. L'électro-aimant est placé dans une position qui
annule les inconvénients auxquels donnait lieu l'action si-
multanée des deux pôles, inconvénients que nous avons
signalés depuis longtemps (1). Les extrémités des branches
de l'électro-aimant affectent la forme de cylindres dont
les axes sont perpendiculaires l'un à l'autre. Lorsqu'on
présente le chronomètre à cet électro-aimant, la tige sus-
pendue prend la position initiale déterminée en glissant
sur deux génératrices perpendiculaires l'une à l'autre. Le
chronomètre et le poids prennent ainsi leurs positions ini-
tiales respectives sans exécuter d'autres mouvements que
ceux nécessaires pour arriver à ces positions, c'est-à-dire
(1) Voir : Application de l'électricité à la mesure de la vitesse-ftcS pro-
jectiles , le résumé des expériences faites par nous en IS^iO^ pp. 19 et 20.
2""^ SÉRIE, TOME XXVH. 27
( 594 )
sans oscillations. Les éicctro-aimatils sont construits de
manière à ce que l'on puisse en régler la puissance par
l'excellent procédé dû à M. Jaspar, et appliqiié par lui,
depuis longtemps, à notre chronoscope à pendule (1). Jl
suffit de jeter un coup d'œil sur la figure ci-contre, pour
bien comprendre le nouveau mode de suspension électro-
magnétique. Le chronomètre ou le poids prennent position
Fis. 1.
^
)^.
en glissant sur les génératrices ah et al. Le contact du
chronomètre avec la branche inférieure de l'électro-aimant
a lieu suivant une droite contre le plan incliné ce. Le poids,
qui est de forme conique, n'a qu'un point de contact avec la
branche inférieure de l'aimant temporaire. Le plan incliné
(1) Afin (Je facililer le réglai-e de la puissance de raimant leniimraire,
nous terminons les parties correspondantes des noyaux, l'une par un cône
convexe, l'autre par une concavité de même l'orme, (jui reçoit le cône
convexe. On obtient ainsi une diminution de puissance moins rapide que
lorsque les deux parties du noyau sont tern»inées par des plans.
( ô!)5 )
du cliroiiomèlre et la l'orme conique du poids ont pour
effet de dégager la ligne ou le point de contact, dès le
commencement de la chute libre, et d'empêcher tout frotte-
ment contre la branche inférieure de l'électro-aimant. La
branche supérieure de réleclro-aimant porte une grosse
bobine, tandis que la branche inférieure ne reçoit qu'une
seule rangée de spires. Dans l'appareil d'essai, les deux
branches sont solidaires l'une de l'autre pour le règlement
de leur puissance magnétique, mais nous pensons qu'il
vaudra mieux les rendre plus indépendantes sous ce rap-
port, ce qui sera facile. Mentionnons, cependant, que les
essais préliminaires ont réussi parfaitement.
Jadis nous limitions les oscillations du poids du conjonc-
teur au moyen d'un bout de tube entourant, de très-près,
la partie supérieure du poids. Cette disposition, qui servait
en même temps à placer l'axe du poids dans le prolonge-
ment de celui de l'électro-aimant, était défectueuse, parce
que, au moment de la mise en mouvement du grave, la
moindre oscillation avait pour effet un choc qui troublait
immanquablement la chute. La disposition indiquée ci-
dessus remédie à tous les inconvénients.
Constructions rationnelles du chronomètre et du poids.
Ces constructions doivent être considérées sous le double
rapport de la matière et de la forme.
Nous avons reproché au chronomètre en acier aimanté,
qui avait été adopté par M. Le Boulengé, d'être singuliè-
rement propre, par la position verticale qu'il occupe, à
subir Vinfluence du magnétisme terrestre [\). Pour nous
C'O Voii- Discussion sur les appareils électro-balis tiques, page 2S.
( 396 )
assurer du degré de gravité de celle prévision théorique,
nous avons exécuté l'expérience suivante : une tige en
acier aimanté, dont l'extrémité était aiguisée en pointe
très-aiguë, tut suspendue, dans une position verticale, par
l'attraction d'un électro-aimant et au-dessus d'une planche
en hois tendre. Cette tige, lorsque l'on faisait une disjonc-
lion dans le circuit électrique, tombait d'une hauteur
d'environ deux mètres, restait implantée dans la planche
et penchée dans le plan du méridien magnétique suivant
une inclinaison qui différait peu de celle qu indique la
boussole verticale. Une tige aimantée, tombant verticale-
ment, est en effet en même temps une boussole de décli-
naison et une boussole d'inclinaison ayant le centre de
gravité pour unique pivot; cette tige, tournant sur un
pivot exempt de frottement, doit nécessairement être très-
sensible au magnétisme terrestre. — Nous avons ensuite
étendu cette expérience à l'emploi d'une tige en fer doux :
les mômes effets, quoique beaucoup moins marqués, se
sont reproduits. 11 devait en être ainsi, puisque la tige en
fer doux, après avoir été en contact avec l'électro-aimant,
reste toujours un peu aimantée. 11 importe donc de con-
struire le chronomètre et le poids en métal non magnétique,
réservant l'emploi du fer doux pour la partie supérieure,
qui doit être mise en contact avec l'aimant temporaire.
Nous adoptons le laiton ou le bronze.
Faisons remarquer, en passant, que l'action du magné-
tisme terrestre sur le chronomètre peut n'avoir aucune
influence sur les écarts des temps ou vitesses mesurés
pendant une même mise en station de l'appareil, mais
que cette action doit, dans certaines limites, rendre le
tenq)s mesuré dépendant de l'orientation du chronographe
ou chronoscope.
( 397 )
Quand on veut obtenir qu'un corps de forme allongée
tombe en maintenant son axe dans la verticale, on se
préoccupe généralement de donner à ce corps une forme
telle, que le centre de gravité se trouve placé aussi bas que
possible. On dit alors que le corps est lesté. Il convient
effectivement de lester un corps relativement léger, et
tombant d'une bauteur considérable, parce que, dans ces
circonstances, les résistances latérales de l'air peuvent
redresser une déviation initiale du corps. Mais, dans le
cas de la cbute libre d'une tige-cbronomètre parcourant
seulement un espace vertical de 55 à oO centimètres, il est
non-seulement inutile, mais encore nuisible, de lester
le corps tom.bant. En effet, une augmentation de la sec-
tion droite de la tige vers sa partie inférieure a pour
résultat une augmentation de la résistance de l'air dans le
sens opposé à la cbute, et si la résultante verticale des
résistances ne passe pas exactement par le centre de gra-
vité, le corps tombant tournera autour de ce point. On
comprend qu'une résistance de l'air que l'on peut consi-
dérer comme tout à fait négligeable, quant à son action sur
la loi de la chute des graves dans le vide, suffise cepen-
dant pour produire la rotation d'un corps libre dans l'es-
pace.
D'après ces considérations, nous adoptons pour chrono-
mètre une règle de section rectangulaire, portant à sa
partie supérieure une armature en fer doux terminée en
calotte splîérique de petit diamètre, et taillée en plan in-
cliné sur l'axe dans la partie qui regarde l'électro-aimant.
La partie inférieure de la règle est renforcée de manière
que sa section droite couvre celle de l'armature. Le bout
inférieur affecte une forme a[)prochant de celle dite de
moindre résistance. Quelques trous taraudés, distribués
( 598 )
sur la longueur de la règle, peuvent recevoir une vis qui
procure des appuis à des échelles de chute de longueur
différente, suivant les besoins. Quant aux bandes, elles
adhèrent très-bien aux chronomètres, lorsque l'on met de
la cire à modeler dans quelques-uns des trous taraudés.
L'action de la résistance de l'air sur le poids a peu
d'importance. La seule condition nécessaire, pour obtenir
des résultats exacts, est que la longueur de la chute soit
invariable pour une même position initiale du poids. On
obtient que cette condition soit réalisée, en donnant à la
[)arlie inl'érieure du poids la forme d'une calotte s[)hérique
ayant pour rayon la distance de sa surface au centre de
gravité du corps. La rotation ne pouvant avoir lieu, pen-
dant la chute, qu'autour de ce point, un petit mouvement
ne changera rien à la longueur de la chute. La forme
générale du poids est celle d'un cône terminé vers le
sommet par une calotte sphérique d'un très-petit rayon.
La partie supérieure du poids, jusqu'au point où une des
génératrices touche la branche inférieure de l'électro-
aimant, est en fer doux; le reste est en métal non magné-
tique , laiton ou bronze.
Nouveau disjoncteur.
Depuis que nous avons inventé le premier disjoncteur,
cet instrument a reçu beaucoup de modifications succes-
sives qui toutes, ou presque toutes, ont été des perfec-
tionnements. Le succès de noire méthode repose sur
l'emploi d'un bon disjoncteur. Voici, très-sommairemenl,
les modifications principales qui ont été apportées à cet in-
strument. — Premier système (1847) : des lamettes glis-
sant Tune sur l'autre , |)ar couple; le mouveineni produit
( 399 )
par la détente de deux ressorts à boudin. Deuxième mo-
dèle de ce système : remplacement des deux ressorts par
un seul, pour éviter des tractions latérales. Troisième mo-
dèle : addition d'un permutateur, pour faire permuter les
deux courants; on obtenait ainsi de compenser les erreurs
dues à l'imperfection de l'instrument, en prenant les
moyennes sur un nombre pair de coups, mais les écarts
entre les vitesses étaient augmentées, puisque l'erreur por-
tait en plus sur un des groupes et en moins sur l'autre (1).
— Deuxième système (1856) fondé sur la séparation brus-
que des pièces qui ferment les circuits lorsqu'elles sont
en contact. La séparation est déterminée par le choc d'une
pièce en matière non conductrice de l'électricité et animée
d'une grande vitesse au moment de la rencontre. Plusieurs
modèles successifs; le dernier, imaginé par M. Le Bou-
lengé, est très-bien agencé (2).
A tous ces modèles du deuxième système, nous repro-
chons : l'' de devoir être réglés et de pouvoir l'être mal;
2'' de se dérégler facilement; o° de présenter toujours les
mêmes points de contact au passage des courants et aux
effets de l'étincelle d'extra-courant (5).
(1) C'est à remploi de ce disjoncteur que doivent être attribués les
écarts de vitesses assez considérables que l'on remarque dans quelques-
unes de nos premières expériences. Les moyennes devaient seules être
prises en considération.
(2) M. le colonel Leurs a construit un disjoncteur très-simple et fonc-
tionnant parfaitement bien, pour notre pendule modifié. Mais ce système
est spécialement destiné à l'emploi de courants ayant une partie com-
mune, combinaison que nous n'admettons pas parce qu'elle donne lieu à
des courants dérivés. Voir : Mémoire sur un appareil Navcz .simplifié ,
par M. A. Leurs, colonel d'artillerie , 1861.
(5) L'emploi des horloges électri(iuei. a montre combien il est neces-
( iOO )
Notre nouveau disjoncteur, en outre de la lacilité de
construction et de la simplicité de combinaison, présente
les avantages suivants : l'' il est réglé de construction et
ne peut être mal réglé du moment que les courants pas-
sent, donc impossibilité d'employer un instrument défec-
tueux; 2° un des deux circuits ne peut être rompu sans
que le second le soit aussi à cause de la solidarité des
lamettes; o" les pièces en contact peuvent frotter l'une
sur l'autre et être maintenues ainsi dans l'état nécessaire
au passage intégral des courants (1) ; 4" on ne tend le grand
ressort qu'au moment de commencer les expériences, ce
qui évite de le fatiguer inutilement.
L'instrument consiste : 1° en deux lameties- ressorts
(//) rendues solidaires l'une de l'autre par une traverse en
ivoire (i); chaque lamette porte à son extrémité libre une
pièce en laiton [pp) placée de champ; 2° en un cylindre
(c) formé d'un noyau en ivoire introduit dans un tube de
cuivre; un trait de scie divise la partie métallique de ce
cylindre en deux sections égales communiquant chacune
avec une des deux presses à vis (bornes) par lesquelles les
courants entrent dans l'instrument; un des bouts du cy-
lindre porte un bouton molleté [b) au moyen duquel on
peut le faire tourner sur son axe; o*" en un grand ressort
(R) placé sous les lamettes et portant une pièce en caout-
chouc durci (D) vers son extrémité. Un coin (C) glissant
le long de la partie centrale de la tablette sur laquelle
sont assemblées les différentes pièces sert à tendre le
saire de pouvoir établir les coiilacls en t'aisanl l'roller les pièees ruiie
coiilrcraiitre (lour obtenir toujours le [tassage iiilégial du courant.
(1) Nous admettons ici (;ue le c<»uraiil«'st mmitlcl lors(|ue Min iiilcuoilé
répond a des communications convenablement établie^.
( 4()i )
ressort. Une touche (ï) permet d'armer le disjoncteur; un
bouton (B), quand il est tiré par l'opérateur, dégage le
grand ressort et détermine le jeu de l'instrument.
Lorsque le disjoncteur est armé, les extrémités des
lamettes appuient sur les parties correspondantes du cy-
lindre et les deux courants passent d'une presse à vis à
l'autre par l'intermédiaire de ces lamettes. Aussitôt que
le grand ressort est libéré, la pièce en caoutchouc durci
qu'il porte va frapper la traverse en ivoire et les deux
lamettes sont vivement soulevées. Les extrémités des res-
sorts forment un plan tangent au cylindre suivant une
génératrice que l'on peut changer en faisant tourner le
bouton molleté.
Dans les modèles précédents les lamettes étaient indé-
pendantes l'une de l'autre et
^*^' '^' appuyaient sur des vis que
p' l'on pouvait élever ou abais-
Y\ ser pour régler l'instrument,
et il était impossible de s'as-
surer que les points de contact [pp') se trouvaient à môme
hauteur. Ces points de contact étaient invariables.
Mesure des temps compris entre le quart et la demi'
seconde.
Lorsque le temps à mesurer dépasse le tiers de seconde,
on ne peut plus employer un chronomètre à chute libre
sans que les inconvénients inhérents à ce système ne crois-
sent dans une proportion très-grande avec la longueur du
temps, par suite de l'augmentation de la hauteur de
chute.
Mais, si au lieu de fonder la mesure du temps sur la
ïï
( 40â )
cliiitc d'un seul grave, on y emploie plusieurs graves tom-
bant à la suite l'un de l'autre, tous les inconvénients dispa-
raissent. On comprendra facilement les avantages de cette
méthode en considérant, par exemple, qu'un grave franchit
environ cinq mètres en une seconde, tandis que quatre
graves tombant successivement chacun pendant { de
seconde, accomplissent dans le même temps quatre chutes
de 0"',o06 seulement.
Nous donnons le nom de relais à la disposition (fui
permet de décomposer ainsi le temps à mesurer de manière
que le chronomètre ne donne que l'appoint, parce qu'elle
constitue en effet un véritable relais télégraphique.
Notre appareil à chute libre porte un relais d'environ
- de seconde. Ce relais est très-simple ; il se compose :
1" d'un très-petit électro-aimant (e) du même système que
les autres, fixé sur la même plaque et destiné à supporter
un poids aussi de très-petites dimensions; 2" d'un levier à
contre-poids (f) appuyant sur un cylindre de manière à
fermer un circuit que la chute du poids ouvrira en faisant
basculer le levier (1).
L'emploi du relais est facile. Lorsque l'on a épuisé la ca-
pacité de l'appareil principal pour la mesure du temps en
abaissant successivement l'électro-aimant du poids, c'est-
à-dire lorsque l'on a dépassé un peu le quart de seconde,
(1) Le bord de la plaque de noire appareil porte rindicalion de quel-
ques temps compris entre 0",''25 et 0",0()i. Pour oi)érer le plus avantageu-
sement possible, il faut ajuster rélectro-aimant mobile de manière à faire
coïncider la partie inférieure du poids avec l'indication du temps qui cor-
respond avec celui que l'on suppose devoir mesurer. Il est bien entendu
(pie cri te prescription n'est pas de riyufur; il s'a;'il seulement d'éviter des
tâtonnement.^ à un opérateur peu exen e.
( 403 )
on dispose les circuits pour l'emploi du relais. La pile du
relais, le \'' cadre-cible et l'électro-aimant du relais sont
compris dans le môme circuit électrique. La première opé-
ration aura pour objet la mesure du temps qui s'écoule
entre l'instant d'une disjonction dans le circuit du relais et
celui d'une disjonction dans un autre circuit opérée par la
chute du poids du relais. Ce temps, que nous appellerons
temps du relais, se mesure au moyen de l'appareil prin-
cipal , et la figure ci-contre indique comment il faut dis-
poser les circuits pour l'obtenir rigoureusement.
Les circuits ainsi disposés, on fera jouer le disjoncteur
Fig. 3.
TTùuke^- ciir(t
1^^ Cadre -ciHc
dans la première position pour obtenir une hauteur de dis-
jonction sur le chronomètre. Puis on déplacera le disjonc-
teur pour le placer dans la deuxième position, et, en le
faisant fonctionner, on obtiendra une seconde indication
sur le chronomètre. La dilférence des tenips correspondant
( 404 )
aux deux hauteurs de chute accusées sera le temps du
relais (I).
Cette détermination préalable étant terminée, on éta-
blira (pour toute la durée des expériences) les circuits de
la manière ordinaire, si ce n'est que le circuit du chrono-
mètre comprendra la bascule du relais au lieu du premier
cadre-cible et (pie ce dernier fera partie du circuit du
relais (2). On fera fonctionner le disjoncteur et, après avoir
,,. , noté la hauteur de chute
et remis l'instrument au
bandé, le poids et le chro-
nomètre en place, on com-
mandera le feu. Le projec-
tile rompra le circuit du
relais en passant à travers
le premier cadre-cible et
parcourra une partie du
trajet compris entre les deux cadres-cibles, pendant que le
poids du relais accomplira sa chute. Au moment où le
poids du relais produira une disjonction en frappant la
bascule, le projectile cuira cheminé pendant le temps du
relais , temps connu. Alors le chronomètre sera libéré; le
poids se mettra en mouvement quand le projectile aura
passé à travers le second cadre-cible. On relèvera de la ma-
nière ordinaire le temps accusé par l'appareil et, en l'ad-
ditionnant au temps du relais, on obtiendra celui employé
(1) On pourrait opérer plus simplement en comprenant réleclro-aimanl
du clironoinrlrc dans le circuil du relais, mais celle méthode ne serait pas
iii;<Mireiise. *
(il) dette nuMlilicalion dans la disposilion des eircuils s'opère en <|uel-
que.-, inàtanl^au moyen des presses à vis de l'appareil.
( 405 )
par le projectile pour franchir l'espace compris entre les
deux cadres-cibles. On voit que, par cette méthode, l'ap-
pareil i)rincipal donne l'appoint nécessaire au temps du
relais pour former le temps qu'il s'agit de mesurer. Le
relais et l'appareil principal donnent ensemble un peu plus
d'une demi-seconde.
Nous ferons remarquer, en passant, que l'emploi du
relais, bien qu'exigeant une troisième pile, est cependant
très-avantageux sous le rapport du nombre total des élé-
ments de pile mis en usage. En effet, le relais n'étant
employé que pour la mesure de temps plus longs que le
quart de seconde, l'appareil sera toujours, lorsque l'on fera
usage du relais, placé à une distance assez considérable de
Tun ou de l'autre cadre-cible. En établissant l'appareil vers
le second cadre-cible, le circuit du relais sera le plus grand,
et l'électro-aimant qu'il comprendra n'aura besoin que
d'un courant peu intense pour maintenir le poids très-
léger du relais. L'électro-aimant destiné à maintenir le
chronomètre, pièce relativement très-pesante, sera com-
pris dans un court circuit local et fonctionnera toujours
très-bien au moyen d'un seul élément de pile de petite
dimension. L'emploi du relais aura donc pour résultat une
économie sur la force électro-motrice. La théorie du relais
télégraphique est, du reste, trop connue pour que nous
insistions sur ce sujet.
Dispositions pour faire fonctionner Vappareil au moyen
cViin seul circuit.
On a souvent présenté comme très-désirable la réalisa-
tion d'une disposition qui permettrait de comprendre dans
un seul circuit les deux électro-aimants qui entrent dans
( 406 )
la combinaison d'un appareil électro-balistique, afin de
pouvoir se passer du disjoncteur à deux courants, et aussi
dans l'espoir de réaliser une économie sur la dépense en
piles. Nous avons imaginé et essayé deux combinaisons
d'appareil fonctionnant au moyen d'un seul circuit : l'une
est fondée sur V emploi de courants dérivés; elle réussit
assez bien quant à la marche régulière de l'appareil, mais
elle n'est pas irréprochable, sous le rapport théorique,
pour la mesure du temps. L'autre combinaison est plus
rigoureuse, mais elle exige une très-grande précision dans
l'exécution matérielle des appareils; voici en quoi elle con-
siste : un seul circuit comprend les deux électro-aimants,
les cadres-cibles et un disjoncteur simple; une disjonction
dans le circuit, obtenue au moyen du disjoncteur, déter-
mine la chute du chronomètre et du poids enregistreur.
Lorsque, ensuite, on 4ance le projectile, son passage à tra-
vers le premier cadre-cible provoquerait aussi la chute des
deux graves, si le chronomètre ne portait une rondelle
qu'il abandonne, sur deux appuis, aussitôt que sa chute
est commencée. Cette rondelle complète une partie de dr-
cuit équivalente, en résistance, à celle qui comprenait le
premier cadre-cible et l'électro-aimant du chronomètre.
L'électro-aimant du poids enregistreur se trouve donc,
presque immédiatement après la première disjonction,
compris dans un drcnll équivalent SiU premier et complet.
Si le système conjoncteur est bien exécuté, la première
disjonction ne détermine pas la chute du poids, laquelle
n'a lieu qu'à la suite de la seconde disjonction, c'est-à-dire
celle effectuée par le passage du projectile à travers le
deuxième cadre-cible.
Nous avons abandonné le circuit unique pour les raisons
suivantes : i" La nécessité de réunir les deux cadres-cibles
( 407 )
au moyen d'un (il, et d'aulres circonstances encore, inhé-
rentes à l'emploi d'un seul circuit, réduisent à peu près à
rien la diminution que l'on réalise sur le développement
total des (ils conducteurs; 2" on économise une pile, il est
vrai, mais cette économie est illusoire parce qu'il faut aug-
menter le nombre des éléments de la pile unique; 5" notre
nouveau disjoncteur met la simultanéité des disjonctions à
l'abri de toute objection.
Une autre raison qui nous a fait abandonner le circuit
unique est celle-ci : on connaît les expériences de M. Guil-
lemain sur l'état variable du courant après une disjonction.
Les résultats de ces expériences, quant aux phénomènes
constatés, pourraient être invoqués contre notre méthode,
puisque le projectile et le disjoncteur ne produisent pas les
disjonctions aux mêmes points du développement des cir-
cuits; mais, aussitôt que Ton fait intervenir les chiffres,
on se trouve en présence de quantités négligeables. Les
résultats numériques des expériences dont il est ici ques-
tion viennent donc, en définitive, à l'appui de notre mé-
thode, tout en nous engageant néanmoins à préférer deux
courts circuits à un seul beaucoup plus long.
Mise en station de l'appareil.
La mise en station au moyen de trois vis calantes,
ordinairement adoptée, laisse à désirer, parce qu'elle donne
lieu à trop de tâtonnements. Il suffira de jeter un coup
d'œil sur la fig. 1 pour comprendre comment on met l'ap-
pareil en station. Les vis V et Y' font mouvoir l'une le
pied , l'autre la grande plaque autour de deux charnières
perpendiculaires l'une à l'autre et non situées
( 408 )
dans le même plan. Le chronomèlre, suspendu à rélectro-
aimant, sert de fd à plomb pour guider l'opérateur dans
la mise en station.
Mesure des temps lonrjs de la balistique.
Nous complétons notre système de clironométrie élec-
tro-balistique par le projet d'un appareil très-simple et
facile à construire, destiné à la mesure des temps longs
de la balistique (i ). Des essais préliminaires ne nous laissent
aucun doute sur la réussite de cet appareil.
Dès les premiers essais que l'on fit pour appliquer l'élec-
tricité à la mesure de la vitesse des projectiles, on con-
struisit des appareils à cylindre tournant sur lequel le
temps était pointé par la chute de styles. Ces appareils ne
réussirent pas; pourquoi ?
1" Parce que, à cette époque, on ne connaissait pas
notre méthode des disjonctions simultanées j
2" Parce que l'on ne rècjlait pas les électro-aimants;
o" Parce que les procédés que l'on avait employés pour
obtenir l'uniformité du mouvement de rotation laissaient
à désirer;
4" Parce qu'il est très-difiicile de monter un disque ou
un cylindre de manière à obtenir que pendant le mouve-
ment de rotation tous les points de la surface sur laquelle
les styles doivent pointer restent à la même distance des
slvles;
(1) Voir : Considérations sur les expériences de balisti({ues en ce qui
concerne la mesure du temps, par le uuijor Navez, 18Gj, pages 37 el
suivanles.
( 409 )
5" Parce que l'on exigeait des appareils à mouvement
(le rotation plus que le nécessaire en les construisant pour
la mesure d'une série de temps très-petits correspondant
à une suite de tranches d'une même trajectoire.
Avec notre système d'appareil de rotation on évite toutes
ces causes d'insuccès. Voici la description sommaire de
notre appareil :
Un disque DD [fuj. 5) de 14 centimères de diamètre est
mis en mouvement par un moteur électro-magnétique
monté sur le même axe que le disque. Ce moteur se com-
pose de deux électro-aimants droits EE assemblés à angles
droits, de deux aimants permanents en fer à cheval E'E'
et d'un commutateur C. Un cerceau à force centrifuge C
commande un levier dont le mouvement, dans un sens,
rompt le circuit électrique qui active le moteur, et, dans
le sens opposé, augmente l'intensité du courant en dimi-
nuant la résistance du circuit. Cette disposition permet de
faire varier avec facilité la vitesse de rotation; la vitesse
de régime, une fois obtenue, se maintient automatique-
ment. La circonférence du disque est divisée en 440 parties
et le quart de chaque partie pouvant être apprécié par es-
lime, l'approximation de lecture, en temps, dans la sup-
position que le disque ferait dix révolutions à la seconde,
atteindrait environ 0",00005. — Ce disque tournant con-
stitue le chronomètre de l'appareil (1).
Disions maintenant comment nous mettons le chrono-
mètre en relation avec le projectile passant à travers les
cadres-cibles. Deux circuits électriques comprennent cha-
(1) Dès 1853 nous avons proposé un appareil à rotation ayant pour
moteur Télectricité. Voir : AppUcalion de l'électricité à la mesure de la
vitesse des projectiles, pages 84 et suivantes.
2""^ SÉRIE, TOME XXVII. 28
( 410 )
Clin un cadre-cible et réleclro-aimant d'un relais établi
comme il a été expliqué en parlant de la mesure des temps
moyens (de 0",25 à 0",50) ; seulement il est inutile que la
cbute des poids dépasse huit à dix centimètres, et il con-
vient que les Iiauteurs de cbute puissent être réglées. Les
deux circuits passent aussi par le disjoncteur décrit précé-
demment. On pourra donc rompre les circuits simultané-
ment au moyen du disjoncteur el successivement par le tir.
Dans l'un et l'autre cas, la rupture des circuits aura pour
effet la chute des poids et, par suite, l'abaissement des
leviers (bascules).
L'axe du moteur est prolongé sur une longueur de vingt-
deux centimètres, et ce prolongement k est fdeté d'un pas
très-fin (environ | millimètre). Sur cette vis court un
écrou 7n dirigé par deux règles en verre et portant une
pointe en platine. Une règle étroite en laiton, recouverte
d'une plaque A en argent poli, est fixée parallèlement à la
vis de sorte que la pointe en platine se trouve très-près de
la surface de la règle. — Le circuit inducteur d'une petite
bobine de Ruhmkorff, placée près de l'appareil , comprend
les deux leviers des relais, tandis que le circuit induit
aboutit, d'une part, à la pointe en platine et, d'autre part, à
la règle. Lorsque la chute du poids d'un relais effectue une
disjonction dans le circuit inducteur, l'étincelle jaillit entre
la pointe en platine et la surface en argent poli sur la-
quelle elle laisse la trace de son passage.
L'opérateur ayant mis le moteur en action, engage
l'écrou sur la vis et, après quelques instants, fait fonc-
tionner le disjoncteur. Les poids des relais tombent et deux
traces d'étincelles sont produites successivement sur la
règle; nous disons successivement parce que l'on a eu soin
de rendre la hauteur de chute du poids qui est en relation
( M\ )
avec le second cadre-cible, un peu plus grande que celle
de l'autre poids, a(in que le circuit inducteur puisse être
refermé par la réaction du levier appartenant au premier
relais après que ce levier a cédé sous le choc. Le moteur
ayant été arrêté, l'opérateur, en tournant le disque, fait
successivement coïncider la pointe en platine avec chacune
des traces laissées sur la règle et compte le nombre de
tours du disque plus la fraction de tour qu'il a fallu faire
décrire au système pour déplacer la pointe d'une trace à
l'autre. La vitesse de rotation étant connue, on en déduit
facilement le temps correspondant à l'espace compris entre
les traces laissées par les deux étincelles. Immédiatement
après cette première opération , le disjoncteur est remis
au bandé, les poids des relais replacés dans leurs positions
initiales. Le moteur ayant repris la vitesse de rotation de
régime, l'opérateur commande le feu. Après le passage du
projectile à travers les cadres-cibles , la règle porte deux
nouvelles traces. Du temps accusé par ces nouvelles traces
on soustrait celui accusé lors de l'opération faite au moyen
du disjoncteur et on obtient le temps employé par le pro-
jectile pour franchir l'espace compris entre les deux cadres-
cibles. — Tel que nous venons de le décrire, notre appa-
reil pourrait mesurer jusqu'à 40 secondes. C'est beaucoup
plus du double du temps que l'on devrait apprécier pour
mesurer la durée des trajectoires entières; mais nous avons
pensé que le nouvel appareil rendrait des services dans
d'autres circonstances.
Pour régler la vitesse de régime on fait usage d'un comp-
teur Bréguet(l) et on adapte à l'appareil une roue de
(1) Ce coniplour se trouve ou devrait se trouver dans tous les polygones.
( «2 )
compteur, très-légère, portant 100 dents; chaque tour du
dis(jue l'ait progresser la roue d'une dent. L'opération doit
comprendre au moins cinq minutes (I).
Jusqu'à présent les essais tentés par différents inven-
teurs pour l'enregistrement du temps au moyen de l'étin-
celle ont laissé à désirer. 11 faut attribuer l'insuccès à deux
causes : 1" on comprenait les cadres-cibles dans le circuit
inducteur et on rendait ainsi impossible l'emploi de la bo-
bine pour les développements de circuit indispensables dans
les expériences de balistique; 2° on considérait comme
instantanée la production de l'étincelle après la disjonc-
tion opérée dans le circuit inducteur, hypothèse qu'il n'est
pas permis d'admettre.
On pourrait reprocher à notre nouvel appareil de rota-
tion d'exiger l'emploi de quatre piles, une pour le moteur,
une pour la bobine (2) et une pour chaque cadre cible. Mais
si l'on considère que deux éléments de Bunsen suffisent
pour le moteur, un seul pour la bobine; que des deux
autres circuits un au moins doit être d'un développement
considérable, on comprendra que l'emploi des relais rend,
au contraire, notre manière d'opérer très-économique quant
au nombre total des éléments de pile. Dès lors la division
en quatre groupes importe peu.
Voici une observation propre à faire bien saisir les avan-
tages du système dont nous venons de donner la descrip-
tion. Au moyen d'un miscroscope convenable on parvient
à faire coïncider avec une précision pour ainsi dire mathé-
(1) CeUe rouo sert aussi pour enregistrer le Iciups lorsiiu'il laul mesurer
plus de ^U" et (pic l'on peut lolérer uu lour de dis(pie pour erreur ma.ri-
muni.
(-2) Oii lail usage d'une [M'Ule bobine du prix de 10 à 12 lianes.
( '^13 )
matique le centre de la pointe avec le centre de la tache
provenant de l'explosion de l'élincellc. Or, en admettant
cette coïncidence comme irréprochable, on arrive, par un
calcul très-simple, à ce résultat : que les 20 centimètres
de course de la pointe sont représentés par un développe-
ment circulaire d'un point du disque situé sur la circonfé-
rence de ce dernier, égal à 176 mètres. Si la vitesse de
rotation était de dix tours par seconde, notre appareil réa-
liserait les mêmes avantages, pour Tenregistrement du
temps, qu'une surface de 176 mètres de longueur animée
d'une vitesse constante de 4"\40 par seconde.
La construction de l'appareil est facile; la division du
dis(jue et le liletage d3 la vis sont les seules parties (jui
exigent une grande précision, et cette précision est obtenue
presque sans frais, parce qu'elle est due à la machine-outil
bien plus qu'à l'habileté de l'ouvrier.
Ainsi se trouve complété notre système de chrono-
métrie électro-balistique. Pour la mesure des temps les
plus petits jusqu'à \ de seconde, on fera usage de l'ap-
pareil à chute libre seul, employé soit comme chronos-
cope , soit comme chronographe. La plus grande partie
des expériences de polygone n'exigent pas la mesure de
temps dépassant le quart de seconde. — L'adjonction du
relais mènera jusqu'à la demi-seconde. On pourra, au
moyen de cette combinaison, exécuter le plus avantageu-
sement possible les expériences sur la résistance que l'air
oppose aux projectiles en employant la méthode fondée sur
la perte de force vive. — L'appareil à rotation donnera
la mesure des temps qui comprennent le trajet entier du
projectile (1). — Cette manière d'opérer nous présente,
(1) Voii- : Considérations sur les exp. de balist., pag. 44 el suivante...
( 414 )
pour les temps de la balistique, la classification suivante
Temps pelils (jusqu'à \ de seconde).
Temps moyens (depuis ] jusqu'à ^ seconde inclusivemenl).
Temps longs (au delà d'une demi-seconde).
Expériences à l'appui.
I.a l'ornie condensée que nous avons donnée à celte note
n'a pas permis de citer les nombreuses expériences sur les
résultats desquelles sont fondés nos deux nouveaux appa-
reils. Parmi les faits observés, il en est deux cependant
qu'il convient de consigner ici parce qu'ils font rejeter des
combinaisons électro-balistiques que nous avons essayées
et que l'on ne manquera pas de présenter comme plus
simples que celles adoptées par nous. Depuis plus de vingt
ans que nos procédés sont en usage, nous avons vu surgir
bien des combinaisons qui, d'après les inventeurs, devaient
les remplacer avantageusement. De toutes les combinai-
sons essayées jusqu'à présent, que reste-t-il en usage? Des
appareils comprenant deux circuits, un cbronomètrc, un
enregistreur et un disjoncleur, c'est-à-dire notre système
dans ses principes et modifié seulement dans les détails du
matériel.
Voici les deux faits d'observation dontil est question plus
baut : 1° En étudiant les combinaisons de circuits imagi-
nées l'une par M. Le Boulengé, l'autre par M. Leurs, nous
avons pu constater que toutes celles qui donnent naissance
à des courants dérivés ne doivent être employées qu'avec
la plus grande circonspection. Lorsque, dans une pareille
combinaison, se (rouvent deux élec(ro-aiman(s réglés, il
suflit de rompre le circuit qui active un des aimants teui-
( m )
poraires pour que Fautre cesse d'être réglé; 2° le temps
qui s'écoule entre la rupture du circuit et la mise en mou-
vement de l'armature, n'est pas entièrement indépendant
de l'intensité du courant pour une puissance magnétique
constante.
LEGENDE.
Fi(j. 1 - Appareil électro-dalistique pour la mesure des temps petits
ET des temps moyens.
EE. Éleclro-ainiant maintenant le chronomètre dans sa position
initiale.
ce. Chronomètre sur lequel est accrochée réchelle de chute.
FF. Frein destiné à pincer l'échelle de chute lorsque le levier LL
aura été abaissé par le choc du poids P. — Les ressorts à
boudin R. R. sollicitent les mâchoires du frein à se rappro-
cher. — Les taquets i, i maintiennent les mâchoires écar-
tées pour le passage de l'échelle de chute.
V". Vernier fixé à la mâchoire antérieure et s'appliquant sur
l'échelle de chute lorsqu'elle est fixée par l'action du frein.
E'E'. Électro-aimant maintenant le poids enregistreur dans sa posi-
tion initiale.
klx-. Soutiens pour la bande' lorsque l'on fait usage de l'appareil
comme chronographe.
ee. Électro-aimant du relais maintenant le poids p dans sa posi-
tion initiale.
//. Levier (bascule) fermant le circuit électricpie qui active l'élec-
tro-aimant EE i)our la mesure des temps [)kis grands que
0",2o. La partie antérieure du cylindie est sui)posée enlevée
pour laisser voir la disposition intérieure.
r^'. Poids mobiles servant à régler l'action des leviers LL , //.
V. Vis servant à faire tourner la grande plaque XX autour du
pivot S pour la mise en station de l'appareil. La vis V du
( il 6
pied sert à mouvoir l'appareil autour de la liyue ([ui juiitl les
deux pointes mousses n, n.
W. Moulant servant d'appui à la pla<pieXX.
m. Ressort antagoniste à la vis V.
J , 2,5, 4. Presses à vis communiquant aux électro-aimants Eli, VJVJ.
o, 6, 7, 8. Presses à vis pour l'emploi du relais,
_.-.._._._. Lignes charnières pour la mise en station.
FUj. ± — Disjoncteur.
PPPP. Presses à vis.
C. Cylindre divisé en deux parties. Cliaiiue partie est en commu-
nication avec une presse à vis et [»ermet à un des courants
de passer dans une des lamettes ressorts /,/, |)ar l'intermé-
diaire de la pièce p , et de rejoindre ainsi l'autre [tresse à vis.
//. Lamettes ressorts réunies par la traverse en ivoire i.
H. Grand ressort portant une pièce D en caoutchouc durci.
b. Doulon mollelé servant à faire tourner le cylindre i»oui l)ii n
établir son contact avec les pièces p, p.
• d. Ressort-détente.
/. Touche pour armer.
1). Bouton pour faire fonctionner l'instrument.
c'c' . Coin pour augmenter la tension du grand ressort II. Ce coin
est guidé par la rainure /•.
Fit). 3. — Appareil pour la mesure des temps longs.
EE. Électro-aimants droits assemblés à angle droit.
E'E'. Aimants permanents en fer ià cheval.
//. Lamettes appuyant contre le commutateur C.
c'. Cerceau régulateur à force centrifuge.
D. Disque portant un limbe divisé.
i. Indicateur que l'on peut faire appuyer contre le dis(iuo. Peut
être remplacé au besoin par unvernier pour faciliter la lec-
ture des fractions de division.
/,-. Vis à filet très- fin.
m. Écrou portant une pointe en plaline et courant le long de la
vis lorscpi'il est engagé dans son filet. Deux règles en verrt'
guident cet écrou et l'empêchent de lourner.
A. Règle étroite en laiton recouverte d'une plaijue en argent poli
sur laquelle rétincclle lais:,e une trace.
( -il? )
JSole complémenlaire au mémoire du major Sacez sur un
nouveau syslcmc de chrojioméirie éleclro-balhlique.
Kmploi tic réIoctricUé frindiictioii condciisée
pour enregij^Crcr le temps.
Lorsque l'on a essayé d'enregistrer le temps an moyen
de la trace que laisse l'étincelle d'induction de la bobine
de ïiuhnikorff, passant à travers une feuille de papier
préparée, on a échoué. Dans les circonstances où l'on
opérait, l'étincelle déviait de la direction qu'elle aurait dû
suivre pour fournir des résultats exacts. La déviation de
l'étincell.e devait être attribuée à diverses causes dont les
principales sont le défaut d'homogénéité du papier et l'ap-
plication, toujours imparfaite, de la feuille sur la plaque
métallique. Nous avons trouvé que l'on portait, en partie,
remède à cette dernière cause de déviation, en faisant
usage de papier doré sur la face qui doit se trouver en
contact avec la plaque; la déviation est alors moins à
craindre. ,
M. Vignotti employait la bobine de Ruhmkorff mise en
action par quatre grands éléments de Bunsen. On obtient
ainsi des étincelles très-énergiques, mais la déviation n'est
pas empêchée. D'ailleurs, la bobine de Ruhmkorff, même
celle que l'on désignait, il y a quelques années, sous la
dénomination de petit modèle, est un instrument dont
l'emploi demande de grands soins, beaucoup d'habitude;
il est d'un prix élevé et d'un volume embarrassant.
Mais, si au lieu d'emi>loyer une bobine à grande tension,
on fait usage d'un de ces petits instruments (système
( 418 )
Gaiffe) dans lesquels les couches de fil induit sont tout
simplement séparées par du papier stéarine, on écarte
immédiatement les inconvénients de difficulté dans l'em-
ploi , de prix élevé et de pile considérable. Le prix de la
bobine est de dix francs à Bruxelles, et elle n'exige pour
marcher convenablement qu'un seul élément de Bunsen
(moyen modèle). Les propriétés électro-graphiques de
l'étincelle, fournie directement par cette petite bobine,
laissent à désirer. Reçue sur une surface d'argent poli, l'im-
pression existe, mais ne devient bien visible qu'au moyen
d'un procédé continuateur , l'exposition à la vapeur d'iode
par exemple(l). Pour obtenir des résultats irréprochables,
il ne faut employer la petite bobine qu'à charger un con-
densateur, et c'est la décharge de ce dernier qui fait jaillir
rétincelle. Le condensateur est formé d'une feuille de
verre, peu épaisse, revêtue de chaque coté d'une arma-
ture en feuille d'étain de quelques centimètres de surface;
on peut renfermer ce condensateur dans le socle sur le-
quel est fixée la bobine, là où se trouve déjà le condensa-
teur de Fizeau. Ainsi, l'opérateur n'a pas à s'en occuper et
les poupées de la bobine fournissent une étincelle petite,
mais dense, énergique et tr^s-propre à donner des traces
sur l'argent poli, sans dévier de la plus courte dislance.
Jaillissant de la pointe d'une fine aiguille à coudre sur une
surface d'argent poli que l'on a préalablement passée dans
la flamme d'une bougie pour lui donner une teinte jaune,
l'étincelle trace un cercle parfait; si l'étincelle déviait de
sa direction normale à sa surface, sa trace serait ellip-
(I) Voir : Apjidcalion de l'clc tricite a la mc^nrr île la nksiic dts pm-
jectiles , payes 111 et 112.
( ii'J )
tique (1). Lorsqu'on laisse déposer sur la surface de l'ar-
gent une couche de noir de lu niée sutfisanle pour atteindre
la couleur noire, il arrive (pielqucfois que la couche
s'écaille sous l'action de l'étincelle, et la circonférence de
la trace est alors moins régulièrement déterminée.
Une trace d'étincelle sur l'argent passé à la flamme et
obtenue par l'intermédiaire d'une aiguille d'acier, contient
un second cercle concentrique, dû au transport du métal
oxydé de l'aiguille (2). Au centre on remarque un i)oint
hlanc; mais, au microscope ce point devient un groupe
de points blancs régulièrement placés. Rien n'empêcherait
de prendre le centre du cercle dans lequel on peut sup-
poser ce groupe inscrit. Or, d'après des mesures approxi-
matives, prises au moyen d'un micromètre, on arriverait
à prendre ainsi le centre d'un cercle ayant lui-même pour
diamètre moins de ~ de millimètre. On ne prévoit aucune
difficulté à porter l'approximation de mesure au -^ de mil-
limètre.
Pour l'emploi du condensateur il faut faire usage d'un
conjoncteur. L'étincelle jaillit, non pas lorsque le court
circuit du condensateur est fermé, mais aussitôt que ce
circuit ne contient plus d'intervalles suffisants pour faire
équilibre à la tension qui existe entre les deux armatures.
(1) Sur le papier blanc frotté jusqu'à obtenir un noir velouté, au moyen
d'un crayon de Comté n" 3, l'étincelle fournit des points blancs (ordinai-
rement en forme de virgule). Il en est de même sur le papier enduit
d'encre de Chine, ou d'une autre couleur dont la teinte n'est duc qu'à une
poudre très-fine tenue en suspension.
(2) L'emploi d'une pointe en platine donne également naissance à un
second cercle de couleur foncée. Dans ce cas le cercle est probablement
dû à un transport de platine en poudre tréL— tenue; on bail que dans cet
état le platine est noir.
( i^iO )
L(3 conjonctcnr serait en tout semblable au relais déjà
décrit, si ce n'est que le poids ferait fléchir un ressort
très-faible dont l'extrémité déterminerait la production de
l'étincelle en passant devant une autre pièce faisant partie
du circuit (1).
L'appareil électro-balistique serait donc composé, comme
notre ancien pendule, d'un chronomètre, d'un conjonc-
teur et d'un disjoncteur. Tout nous porte à croire qu'on
pourra construire un relais dont le temps restera inva-
riable une fois déterminé, et, dès lors, en combinant le
principe de la division de la chute avec la grande précision
de l'action graphique de l'étincelle, on arriveiait à mesurer
le temps jusqu'à la limite de 0",oO avec une cluile de
Jt20 millimètres environ pour chacun des deux graves.
Notice sur des débris de Chéloniens faisant partie des col-
lections du Musée royal d'histoire naturelle et prove-
nant des terrains tertiaires des environs de Bruxelles;
par M. A. Preudhomme de Borre, conservateur au
Musée royal d'histoire naturelle de Belgique.
Jusque dans ces derniers temps la connaissance des
Chéloniens fossiles des terrains tertiaires éocènes de la
Belgique avait été restreinte à une seule espèce, ÏEnii/s
Camperi Gray, figurée d'abord par de Burtin, dans son
Oryctogiaphie de Bruxelles (p. î)2, pi. V), puis devenue,
(1) On u'ohlicul ainsi iiniiiic .-eiilc eliiittlN'.
:0
<1>|| I [ K
:m
/•;,/, r
p
^^
-s.../..
DISJONCTEUR
Wp
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APPAREIL POUR LA MESURE DES
rN^ TEy\\PS LONGS,
"' rhrlir 1
APPAREIL ELECTRO (7) BALISTIQUE
Eclielle
J©
0 I G'.
%
de]afig:l
ii-dS iAc€td.^t(a?-e^^e^ Se^i^ut
( 421 )
(Ml quelque sorlc, classique par les éludes de Cuvier (1), et
enfin figurée et décrite par Galeolti, sous le nom d'Emys
Ciiiieri, dans son Mémoire sur la constitution géognos-
li(jue de la province de Brabant (2). A cette espèce, qui
s'est jusqu'ici rencontrée à Melsbroeck et à Saventhem, et
dont j'ai eu occasion d'examiner huit exemplaires (5), sont
venues s'ajouter, d'abord l'espèce fluviatile, découverte à
Ixelles, et décrite cette année par M. Winkler, dans les
Archives du Musée Teyler, à Harlem, sous le nom de
Trionijx bruxelliensis (4), puis une Chelonia, de la taille
des grandes espèces vivantes, rencontrée dans des cou-
ches plus anciennes du terrain tertiaire et dont je prépare,
en ce moment, la description.
Comme VEmys Camperi n'avait jusqu'ici été étudiée à
ma connaissance que dans sa carapace, je m'étais proposé
de rechercher, parmi les fossiles des environs de Bruxelles
existant dans les collections non encore classées du Musée
royal d'histoire naturelle, si je ne parviendrais pas à aug-
(1) Recherches sur les ossements fossiles, t. V, part il, p. 530, pi. XIII
et XV.
(2) Page 44 et pi. 111 ; dans les Mémoires couronnés de l'Académie de
Belgique, t. XII.
(5) Cinq d'entre eux, qui figurent dans les collections de l'Universilé de
Gand,ont été l'objet d'un remarquable travail de M. le professeur Poelman,
publié à la suite de son Catalogue des collections d'anatoniie comparée et
de fossiles de l'Université de Gand (1868); deux autres existent dans les
colleclions de l'établissement géographique de M. Vandermaelen; le sep-
tième appartient au Musée royal d'histoire naturelle. C'est également à
cette espèce que je pense pouvoir rapporter un fragment de carapace que
j'ai pu examiner dans la riche collection de fossiles bruxelliens de M. le
major Le Hon. Ce fragment comprend l'angle latéral d'une pièce verté-
brale avec la portion correspondante des pièces costales.
(4) Le type appartient aussi au Musée royal d'histoire naturelle.
( 422 )
menter son histoire de quelques détails de son osléologie,
recherches que le travail plus important que j'entreprenais
à la demande de M. le directeur Dupont, me rendait actuel-
lement plus faciles.
L'exemplaire de VEmys Camperi, possédé par le Musée
royal, faisait partie d'une collection de fossiles des envi-
rons de Bruxelles, formée par iMM. Vincent et De Pauw,
préparateurs à cet établissement. En passant en revue les
autres objets de cette collection, je parvins à réunir un
certain nombre de pièces appartenant à des Chéloniens.
Leur étude n'a pas complètement répondu à mon attente;
mais elle m'a amené à reconnaître parmi elles des débris
d'une tortue marine de petite taille, et une plaque appar-
tenant bien certainement à un Trionyx, mais très-proba-
blement à une espèce autre que celle que M. Winkler vient
de publier. C'est là le motif qui m'a porté à faire connaître
le résultat de mes recherches.
Tous les fragments qui m'ont été soumis provenaient de
plusieurs localités situées dans le voisinage immédiat de
la capitale. Je n'ai pu avoir des renseignements aussi pré-
cis sur le gisement que si je les avais recueillis moi-même;
mais je puis dire qu'ils doivent provenir, pour la plupart,
des couches à Nunimulites laevigatn et variolaria, que
Dumont (Légende de la Carte géologique de la Belgique)
rapportait au système laekenien, et que M. le professeur
Dcwalque (1) considère comme faisant partie du bruxel-
jien. Ce n'est pas le lieu et il ne m'appartient pas d'exa-
miner cette question sur laquelle il y a quelques diver-
(1) Prodrome d'une description (jéoh'jique de la lUdtjiquc , p. :2()."
à 209.
( 423 )
gences (1); tous les géologues sont, au surplus, aujourd'hui
d'accord pour admettre que ce terrain appartient, comme
le bruxellien, à l'éocène moyen. Je me bornerai donc à
rappeler les traits les plus caractéristiques de ces cou-
ches , qui ont été étudiées avec un grand soin par
M. le major Le Hon. Ces caractères sont : d'abord une
extension géographique très-reslreinte, qui en fait un dé-
pôt pour ainsi dire local; ensuite le ravinement si bien
marqué à l'avenue Louise, près Bruxelles; enfin une faune
et une flore dont le trait le plus saillant est dans l'exis-
tence simultanée de Nummulites et autres fossiles roulés,
appartenant à l'étage bruxellien proprement dit, et de
débris d'animaux fluviatiles ou d'eau douce, tels que des
Gavials, des Trionyx, des Ëmydes, accompagnés des Aï-
padites (fruits et portions de troncs de végétaux monoco-
tylédonés) si nombreux à Schaerbeek.
La première pièce que je représente (fig. 1) est un frag-
ment très-aplati sur sa face inférieure, présentant sur le
côté non brisé une courbure que suit à peu près parallèle-
ment une arête à la face supérieure du fragment. En le
comparant au squelette de YEmys concenlrica Shaw, que
j'ai sous les yeux, je crois pouvoir le rapporter à une
Émyde, chez laquelle il ferait partie de la pièce gauche
de la troisième paire du sternum , à l'endroit où le bord
se recourbe et se relève vers la suture sterno-costale.
(1) H. Le Hon. Noie sur les lerrains lerliaires de Bruxelles, dans le
Bulleliiî de la Société géologique de France, 2^ série, t. XIX, p. 814 et
suiv, — Voir aussi Lyell. Mémoire sur les terrains tertiaires de la Bel-
gique et de la Flandre française, traduit par MM. Cli. Le Hardy de Beau-
lieu et Toilliez; Bruxelles, 1856, dans les Annales des travaux publics
de Belgique.
( 424 )
Celle pièce provient de Savenllicm (1).
Les ligures 2 et o représentent deux vertèhrcs, trou-
vées à Diegliem. Je crois pouvoir les rapporter également
à une Ëmyde, qui, d'après sa taille, pourrait être VE. Cam-
péri; je ferai observer que Dieghem est situé entre Mels-
broeck et Saventbem, les deux localités qui ont fourni
cette espèce.
Ces deux vertèbres appartiennent à la région cervicale.
La première {fi(j. 2) doit être la deuxième vertèbre, axis
pu épistropliée. La partie antérieure du corps formant sail-
lie pour supporter le processus odontoïde, qui, chez les Ché-
loniens, constitue un os détacbé, ne s'est pas conservée;
mais la comparaison, tant avec le squelette d'une espèce
vivante qu'avec les excellentes figures de Bojanus (2), le
plus grand développement, tant des apopbyses articulaires
supérieures que de la crèle ou apophyse épineuse, enfin
sa longueur inférieure à la suivante, me semblent indiquer
clairement la place que je lui ai assignée dans le squelette.
La seconde de ces vertèbres , qui a conservé son con-
dyle antérieur, ainsi que son creux postérieur, paraît être
la troisième cervicale. \.e condyle s'adapte parfaitement au
creux de la précédente. Les lames vertébrales, et, par suite.
(1) Ctille pièce est pétrifiée en une matière noir-vertlàlre clilleranl beau-
coup, par l'aspect et la coloration, de tous les autres fossiles dont je vais
parler. La collection de M. Le Hon renferme une plaque tout à fait sem-
blable pour la matière, et (jui pourrait bien avoir aussi fait partie d'un
plastron d'Émyde, mais je n'oserais l'aftirmer, car ses bords tous brisés ne
permeiteni aucune conjecture sur sa place, et elle porte, sur l'une de ses
laces, des stries onduleuses parallèles, caractère pour lequel je ne saurais
trouver d'explication.
(2) Analonic Tesliulinis Europcnc; Vilnae, 18li)-lS'2l, tab. VL VIII
el XIV.
( 42§ )
le canal médullaire ont disparu, et il ne reste de ce der-
nier que sa paroi sur le corps de la vertèbre. La carène in-
férieure ou apophyse épineuse forme un tubercule assez
saillant en avant, promptement abaissé en arrière; toutes
les autres apophyses sont ébréchées.
Comme remarque générale , je ferai observer que les
apophyses épineuses inférieures de ces deux vertèbres
appartiennent manifestement, par leur saillie médiocre-
ment développée, à des tortues d'eau douce, et ne ressem-
blent nullement aux crêtes énormes des vertèbres cervi-
cales des Thalassites.
La figure 4 représente un os qui ne peut plus se rap-
porter à une Émyde, mais à une tortue marine. La crête
qu'il présente sur un de ses côtés, vers celle de ses têtes
qui est usée, me l'a fait reconnaître pour le métatarsien
de l'orteil médian. Aucun os du pied des Émydes n'est
ainsi fait, et cette crête est tout à fait caractéristique dans
le pied des Thalassites. D'après les dimensions de cet os
(25 millimètres environ de longueur, en tenant compte de
la tête perdue), l'animal devait être de petite taille et, par
conséquent, se rapprocher de la plupart des espèces dé-
crites par M. Owen (i), pour un terrain correspondant de
l'Angleterre.
L'autre petit os [fig. 5) paraît aussi appartenir au méta-
tarse. S'il a fait partie du même pied que le précédent,
comme il est probable, ayant été trouvés ensemble à Et-
terbeek, près de Bruxelles, je serais assez porté à croire
qu'il appartiendrait soit au second, soit au quatrième orteil.
(1) Monograph ofthe fossil RepUtia ofthe London Claij. Part. /; Che-
lonia. Londoii, 1849.
2*"^ SÉRIE, TOME XXVII. 29
( .i26 )
Un autre fragment, qui ne peut se rapporter qu'à une
Cliolonée de petite taille, et qui vient apporter, en quelque
sorte, une confirmation aux clélcrniinations qui précèdent,
est représenté par la figure 6. Cest un morceau du pour-
tour de la carapace laissant voir à l'intérieur une partie de
la gouttière qui reçoit l'extrémité des prolongements libres
des côtes. Sa place est près de l'extrémité caudale. C'est
encore à Etterbeek qu'a été trouvé ce fragment, qui était
accompagné d'un certain nombre d'autres morceaux de
pièces plates que leur configuration et leur dimension ne
permettent pas de déterminer, et qui pourraient avoir ap-
partenu à des Emys aussi bien qu'à des Chclonia.
Enfin, la ligure 7 représente un fragment de pièce dor-
sale provenant d'Etterbeek et dont la granulation de la
face supérieure indique évidemment une tortue de la fa-
mille des Potamites. Comparée avec le type du Trionyx
hrujcellieusis Winkler, elle offre des granulations assez
différentes pour qu'il me semble impossible de l'identifier
avec cette espèce; les aspérités sont plus petites, plus ser-
rées, plus pointues, tandis que celles du T. bruxelliensis
sont plus mamelonnées, plus espacées, presque vermicu-
lées. Je serais plus tenté de comparer celles de mon frag-
ment à la carapace chagrinée du Crijptopiis graiiosus
Schoepf (I), des Indes orientales, qu'à celle d'un Trionyx
génuin.
Ea belle collection de M. Le lion renferme plusieurs
pièces de Trionyx des mêmes terrains, mais ces pièces
montrent des granulations semblables à celles du Trionyx
bruxelliensis, auquel il faut probablement les rapporter.
(I) Duméiil l'I Hihron. Erpét. Cén.W, p. 501. Trioni/x coromaïulelUus
K. (it'ullVdy Saiiil-llilalre. Ann. du Muséum, l. \IV, [A. V, [iy. 1.
ime le Borr
BuJl.'zt sér^e T.27,r.d6e
Diclûts ûlel
6.
^^él?ris de Cliélonieiis
:, virons cle BriLvei
( ^^27 )
En résumé, je pense donc avoir établi qu'oiUrc une
Émyde ou tortue paludine déjà connue depuis plus d'un
demi-siècle, et le Trionyx dont M. Winkler vient de
donner la description , les terrains tertiaires éocènes en-
vironnant la ville de Bruxelles et appartenant aux sys-
tèmes bruxellien et laekenien de Dumont, recèlent encore
d'autres Cbéloniens : d'abord des débris d'une Émyde, qui
est peut-être VEmys Cainperij puis ceux d'une espèce ma-
rine, ensuite une seconde espèce de la famille des Pota-
mites. Espérons qu'un jour nous serons en possession de
pièces plus importantes de ces fossiles, qui pourront nous
en apprendre davantage sur leurs caractères anatomiques
et permettront de leur donner un nom.
EXPLICATION DE LA PLANCHE.
F'Kjare 1. — Fragmentdu sternum truiie Émyde (grandeui naturelle).
Le pointillé indique approximativement les contours de
la pièce dont ce fragment a dû faire partie.
— 2. — Deuxième vertèbre cervicale d'Em.(/.ç (grandeur naturelle).
— a : vue en dessus; b : face antérieure, vers l'atlas;
c : face postérieure, vers la troisième vertèbre.
— 3. — Troisième vertèbre cervicale de la même (grandeur natu-
relle). — a : vue en dessus ; b : vue de côté.
— 4. — Métatarsien de l'orteil médian d'une C/ielonia (grandeur
naturelle).
— o. — Autre métatarsien de C/<e/o?im (grandeur naturelle).
— G. — Fragment du pourtour libre de la carapace d'une Clie-
lonia (grandeur naturelle).
— 7. — Fragment d'une pièce d'un Tr/o/J/ya^ (grossie au double).
( 428 )
CLASSE DES LETTRES.
Séance du iO mai 1869.
M. Ad. Borgnet, directeur el président de rAcadémie.
M. Ad. Quetelet, secrétaire perpétuel.
Sont présents : MM. Ch. Steur, le baron de Gerlache,
J. Grandgagnage, J. Roulez, Gacliard, Paul Devaux, P. De
Decker, F.-A. Snellaerl, Haus, Polain, le baron J. de Witte,
Ch. Faider, le baron Kervyn de Lettenhove, R.Clialon, Ad.
Mathieu, Thonissen, Th. Juste, E. Defacqz, le général Guil-
laume, Félix Nève, membres-, Nolet de Brauwere et A.
Scheler, associés.
M. Stas, membre de la classe des sciences, et M. L. Alvin,
membre de la classe des beaux-arts, assistent à la séance.
CORRESPONDANCE.
M. Eugène Defacqz réitère verbalement ses remercî-
nients pour son élection de directeur.
— Une lettre du Palais exprime les regrets de Leurs
Majestés de ne pouvoir assister à la séance publique de la
classe.
( 429 )
— M. le Ministre de rinlérieur s'excuse de ce que ses
travaux rempècheront d'assister à la même solennité.
— Il est donné connaissance de la mort de M. Sébastien
Lenorniand, associé de la classe.
— Les établissements scientiri(|ues suivants remercient
pour les derniers envois des publications académiques : le
comité des travaux historiques institué près le ministère
de l'instruction publique à Paris, le ministère de la guerre,
rÉcole impériale des Chartes et la Bibliothèque S''-Gene-
viève de la môme ville, la Société des sciences d'Utrecht,
l'Université d'Heidelberg, l'Université de Giessen, les ar-
chives du grand-duché de Bade, la Société des sciences
de Gorlitz, la Bibliothèque de la ville de Gotha et le co-
mité d'histoire nationale, à Turin.
— M. le Ministre de l'intérieur transmet de la part de
M. de Caumont, associé, un exemplaire de son ouvrage
sur la Topographie géognostique du Caliados. — Bemer-
cîments.
— La classe reçoit, à titre d'hommage de ses membres ,
les ouvrages suivants :
Principes généraux du droit pénal belge , par J.-J. Haus.
Gand,i869; 1 vol. in-8«.
La statue colossale de bronze ^représentant Hercule
trouvée au château de Pompée, discours par J. de Witte.
Bome, 1868; in-8«.
Revue numismatique , publiée par J. de Wille et Adrien
de Lungpérier, nouvelle série, tome XIII, année 1868.
( iôO )
De Beide NederlandeHj cène gediclit van J. Nolet de
Brauvvere Yan Steeland. Bruxelles, 1869; gr. in-8°.
Une médaille inconnue à Van Loon: le Poète Houwvin ,
par R. Chalon. Bruxelles, 1869; in-8''.
Deux peignes liturgiques provenant de Slavelol , par le
même. Bruxelles, 1869; in-8°.
ELECTIONS.
La classe procède, dans la séance de ce jour, par scrutin
secret, aux élections pour les places vacantes d'un membre
titulaire, de deux correspondants et de trois associés.
Il sera donné connaissance du résultat de ces élections
dans la séance publique du 12 de ce mois.
M. M.-N.-J. Leclerq est maintenu dans les fondions de
délégué de la classe auprès de la commission administra-
tive pendant l'année courante.
CONCOURS DE 1869.
La classe s'occupe ensuite du jugement du concours de
cette année : elle avait inscrit cinq questions dans son pro-
gramme, quatre mémoires ont été reçus en réponse aux
2% 5' et 5' (pieslions.
( iôl )
DEUXIÈME QUESTION.
Faire r/ih taire du droit pénal dans le duché de Bralmnt,
depuis Vacénement de Charles V jusquà la réunion de la
Belfjique à la France à la fin du dix-huitième siècle.
MtnppoÊ'l (le .?#. ThoHisset».
a La 7 mai 18G7, l'Académie avait couronné un mémoire
intitulé : Histoire du droit pénal dans l'ancien duché de
Brabant (1).
L'auteur de ce travail, remarquable à plus d'un titre,
avait concentré ses recherches dans une période de quatre
siècles. Prenant pour point de départ l'époque, si pleine
d'intérêt, où les ducs et les seigneurs donnèrent pour la
première fois des lois spéciales à leurs territoires, il s'était
arrêté au seizième siècle, lorsque, après l'avènement de la
maison de Habsbourg-Autriche, on vit paraître une nou-
velle législation criminelle, applicable à toutes les parties
des Pays-Bas.
Deux de nos savants confrères, MM. Haus et Defacqz,
ayant fait justement observer que, malgré l'apparition des
édits généraux, le Brabant avait, sous plusieurs rapports,
conservé un droit pénal offrant des caractères particuliers,
la Classe des lettres mit au concours une question nou-
velle, ainsi conçue : Faire l'histoire du droit pénal dans le
duché de Brabant, depuis V avènement de Charles-Quint
(I) Publié dan^ le T. XXXIll de^ Mcnwirvs courunucs tl Memuiics des
savants étrangers.
( 452 )
jusqu'à la réunion de la Belgique à la France j à la fin
du dix-huitième siècle.
C'est en réponse à cette dernière question que l'Aca-
démie a reçu un mémoire portant pour épigraphe : C'est
icy un livre de bonne foy, lecteur [Montaigne).
Nous commencerons par analyser, aussi succinctement
que possil)le, les huit chapitres qui composent ce travail
d'une étendue considérable.
Le chapitre premier forme la base rationnelle du mémoire
tout entier. Il renferme un exposé sommaire, mais com-
plet, des instilulions judiciaires, du droit pénal et de hi
procédure criminelle du Brabant, à l'avéncment de
Charles-Quint. L'auteur indique les raisons qui s'oppo-
sèrent à l'introduction de la Caroline dans nos provinces.
Il dénie à Charles-Quint le rôle de réformateur du droit
criminel des Pays-Bas. \\ rappelle que, si un grand chan-
gement s'opéra sous le règne de cet empereur, — en ce
sens que des lois pénales furent promulguées avec un
caractère obligatoire pour toutes les parties des Pays-Bas,
— l'histoire atteste, d'autre part, que le pouvoir législatif
du souverain ne s'exerçait que sur des points de détail.
A son avis, les édits rendus en matière religieuse méritent
seuls de faire l'objet d'un travail d'ensemble.
Le chapitre II est consacré à l'étude approfondie du
système de répression de l'hérésie en Belgique et particu-
lièrement dans le duché de Brabant. Après avoir exposé
l'origine et la portée des édits, l'auteur passe en revue les
diverses juridictions chargées de les appliquer et, en par-
ticulier, celle des inquisiteurs apostoliques. Il fait con-
naître la manière dont l'infidélité religieuse était recherchée
et [)unie sur le sol belge, depuis le règne de Philipjje II
jusqu'à la lin de l'ancien régime.
( 433 )
Au chapitre Ilï, Tauleur traite d'abord du conseil des
troubles, institué par le duc d'Albe. Il s'occupe ensuite de
la proscription proprement dite, c'est-à-dire d'une con-
damnation sans citation préalable et donnant à tout
habitant du pays le droit d'assumer le rôle de bourreau;
puis, guidé par l'enchaînement logique et la connexitédes
principes, il initie le lecteur au système de répression des
crimes de lèze-majesté, ainsi qu'aux procédés sévères de
l'ancienne jurisprudence dans toutes les poursuites poli-
tiques.
Le chapitre IV, l'un des plus importants du mémoire,
appartient en partie au règne de Philippe II, en partie à
celui d'Albert et d'Isabelle. L'auteur y aborde les grandes
réformes opérées, de 1570 à 16H, dans le domaine du
droit criminel. On y trouve un examen approfondi des
célèbres ordonnances de 1570. Après avoir indiqué les
causes qui amenèrent leur publication, l'auteur en analyse
tous les articles, en ayant soin de grouper ceux-ci dans un
ordre méthodique. Il discute leur valeur intrinsèque et
signale l'accueil qu'elles reçurent de la part des grands
corps judiciaires; puis, complétant cette partie de sa tâche
par un examen analogue de la première réforme des juri-
dictions prévôtales, il discute successivement, dans les
pages suivantes, la valeur de l'édit de Farnèse de 1587
sur les tribunaux militaires, de l'ordonnance du 3 mars
1649 introduisant le droit romain dans ces tribunaux, de
l'Instruction donnée aux Fiscaux en 1603, des ordon-
nances de 1604 sur la procédure au Conseil de Brabant,
et, enfin, de l'édit perpétuel de 1611.
Au chapitre V, on rencontre l'histoire de l'organisation
judiciaire du Brabant, depuis les réformes du XVP et du
XVir siècle jusqu'aux innovations décrétées par Marie-
( iU )
Thérèse et par Joseph II. On y remarque notamment une
étude détaillée (les rapports de la juridiction ecclésiastique
•et de la juridiction militaire avec celle des tribunaux
ordinaires du duché.
L'histoire de l'organisation judiciaire étant ainsi con-
nue, depuis l'avènement de Charles V jusque dans la
seconde moitié du XVlll' siècle, l'auteur s'occupe, au
chapitre VI, des actions publique et privée auxquelles le
délit peut donner naissance. La trêve, la paix du sang,
l'information préliminaire, les provisions de justice, l'ap-
préhension, les questions préjudicielles, l'interrogatoire de
l'accusé, l'enquête, les preuves, la torture, la mise en liberté
provisoire, la sentence, la contumace, en un mot, toutes
les parties essentielles de la procédure brabançonne sont
examinées et discutées avec une attention scrupuleuse.
Un paragraphe spécial, contenant l'indication des règles
exceptionnelles de la procédure suivie contre les vagabonds
et les gens sans aveu, met en lumière un côté des institu-
tions anciennes qu'on a trop souvent négligé dans l'étude
historique du droit national.
Le cliapitre VIF, intitulé « Des infractions et de leur
répression en Brabant, » renferme les théories admises par
la doctrine et la jurisprudence, concernant la culpabilité,
le dol,la fraude, les causes de justilicalion, les excuses,
la tentative, la récidive, la complicité, le droit de grâce et
l'exécution des sentences criminelles. L'auteur y expose
le système pénal brabançon dans tous ses détails, et le
chapitre se termine i)ar la nomenclature très-étendue des
délits et des peines.
Le chapitre VIH' et dernier contient rexamen des
réformes criminelles décrétées sous la dominai ion de la
maison d'Autricbe, dcjuiis ravénement de CliarleL> M
juocpi'a la réunion de la Belgique à la France.
( 433 )
Celte énuméralion aride et décolorée suffit déjà pour
prouver que l'auteur du mémoire a bien saisi les propor-
tions du programme tracé par l'Académie; mais cette
preuve ressort, plus clairement encore, de l'énumération
des sources auxquelles il est allé puiser.
Assurément il ne pouvait avoir la prétention de dire
partout des choses neuves. Si l'histoire du droit pénal
brabançon pendant les trois derniers siècles n'a Jamais
été traitée dans son ensemble, on ne doit pas oublier que
quelques-unes de ses parties ont fait surgir, de nos jours,
une foule d'écrits souvent très-remarquables. L'auteur
s'appuie, en maint endroit, sur les travaux de MM.Gachard,
Defacqz, Nypels et Visschers, de même que sur les études
publiées dans nos recueils académiques et dans les bulle-
lins de la commission royale d'histoire; mais cependant,
soit qu'il aime à se frayer sa voie à lui-même, soit qu'il
éprouve le besoin de contrôler les assertions de ses devan-
ciers, il recourt ordinairement aux sources originales.
Outre les édits des souverains, disséminés dans les volu-
mineux recueils des Placards de Brabant et de Flandre^
dans le Codex brabanticus de Yerloo et dans une collection
imprimée qui repose aux archives du royaume, il a large-
ment mis à profit les écrits des docteurs et des praticiens
qui exercèrent sur l'ancienne jurisprudence une influence
décisive. Bien des matériaux lui ont été fournis par
Wesembeke, Fulden, Matthaeus, P. de Chrystinen, An-
selmo, Van Espen, de Ghevviet, van Leeuwen, Zypaeus,
Groenewegen, Sohet, Thielen, Voorda, Wynants et autres
jurisconsultes, belges ou étrangers, dont il est inutile
d'allonger la liste.
Mais, nous nous hâtons de le dire, l'auteur du mémoire
est allé beaucoup plus loin. 11 a soigneusement étudié le.s
( 436 )
documents mis au jour par la commission chargée de la
publication des anciennes lois et ordonnances des Pays-
Bas catholiques. Il a mis à contribution les coutumes bra-
bançonnes, les heures antérieures aux coutumes, et même
plusieurs ordonnances municipales encore inédites. Explo-
rant judicieusement nos archives, il a découvert une foule
de faits intéressants dans les comptes des officiers de
justice adressés à la Chambre des Comptes du duché, dans
les registres contenant les résolutions des États de Bra-
bant, et surtout dans les papiers du conseil privé, aucpiel
venait aboutir tout le mouvement législatif et judiciaire
des Pays-Bas. Il a eu, enfin, le bonheur de trouver à sa
disposition des traités manuscrits du président de Fierlant,
du comte de Wynants et du chancelier de Crumpipcn,
dont il suffit de citer les noms pour faire comprendre
l'importance de leurs œuvres au point de vue de l'histoire
du droit brabançon.
Les lignes qui précèdent nous conduisent à une double
conclusion : d'un côté, l'auteur s'est formé une idée exacte
de l'importance et des proportions du programme tracé
par l'Académie; de fautre, il a parfaitement connu les
documents imprimés et manuscrits qui devaient lui four-
nir les matériaux de son vaste travail. Mais ce travail
lui-même mérite-t-il les suffrages de la Classe des lettres?
Telle est la question que nous avons surtout à résoudre.
Nous n'hésitons pas à répondre affirmativement. Le
mémoire qui nous occupe est, à notre avis, un tableau
lucide et complet du droit criminel du Brabant, depuis le
règne de Charles V jusqu'à l'arrivée des armées républi-
caines de la France. C'est une monographie savante, où
tous les faits sont indiqués, où toutes les sources sont
mises à conUibulion, où fous les problèmes offrant nue
(437)
importance réelle sont discutés avec une compétence
incontestable. C'est l'œuvre d'un homme intelligent,
érudit et familiarisé de longue main avec toutes les contro-
verses qui se rattachent à l'histoire de nos institutions
nationales. C'est, de plus, l'œuvre d'un écrivain conscien-
cieux et honnête, qui, tout en respectant les convictions
des autres, ne recule pas devant la manifestation franche
et nette de ses opinions personnelles. Quelques-unes de ces
opinions, concernant la répression de l'hérésie et la nature
de la juridiction ecclésiastique, ne sont pas de nature à
être universellement admises; mais l'Académie n'a pas à
se préoccuper des sentiments religieux ou politiques des
concurrents qui ambitionnent l'honneur de son suffrage.
Placée dans la région calme et sereine de la science, elle
ne considère que le mérite intrinsèque des travaux soumis
à sa haute et impartiale appréciation.
Non-seulement l'auteur s'est acquitté de sa tâche avec
la science et la pénétration requises, mais, dans plusieurs
parties de son mémoire, il met en lumière des faits et des
aperçus nouveaux, dont l'importance ne saurait être
sérieusement contestée.
ïl nous sera facile de justifier cette assertion.
Au chapitre I", nous avons remarqué une étude sur la
procédure criminelle en vigueur pendant la période transi-
toire, c'est-à-dire, après l'introduction de la torture, mais
avant la promulgation des ordonnances de 1570; et nous
ne croyons pas qu'on ait jamais signalé l'existence, pendant
cette période, d'une procédure mixte comportant à la fois
et le débat oral et la torture. Le même chapitre contient
une page du plus haut intérêt sur l'influence déjà grande,
mais irrégulière et pour ainsi dire capricieuse, qu'exerçait
le droit romain en matière criminelle, avant d'avoir acquis
(438)
force de loi par la volonté du souverain. L'auteur y trouve
l'occasion de rectifier plusieurs assertions de Meyer, qui
pèchent par le caractère de généralité que ce jurisconsulte
célèbre leur attribue dans son Histoire des institutions
judiciaires de V Europe.
La partie du chapitre II consacrée à l'examen des édits
promulgués pour arriver à l'extirpation de l'hérésie, nous
semble mériter, elle aussi, une attention spéciale. Géné-
ralement on se contente de résumer ces édits en un petit
nombre de lignes; quelquefois on lesanalyse d'une manière
plus ou moins fidèle; mais jamais, que nous sachions, on
n'en a juridiquement étudié les nombreuses dispositions;
jamais on ne les a mis sérieusement en rapport avec les
principes généraux du droit canon et du droit criminel de
l'époque, et cependant ce rapprochement indispensable
peut seul les placer sous leur véritable jour. Quelle que
soit l'opinion qu'on se forme au sujet des idées de l'auteur,
il faut bien avouer qu'il s'avance ici sur un terrain nou-
veau.
Au chapitre llî, nous trouvons une discussion appro-
fondie sur l'institution et la compétence du conseil des
troubles. L'auteur se range du côté de nos historiens qui
considèrent comme radicalement illégale l'érection de ce
tribunal d'exception; mais il prouve que la question est
plus compliquée et beaucoup plus dilïicile à résoudre qu'on
ne le croit communément.
Au chapitre IV, où l'auteur s'occupe des célèbres ordon-
nances de 1570, il s'écarte également des sentiers frayés
par ses devanciers. L'histoire externe de ces ordonnances
a été brillamment traitée par l'un de nos professeurs les
plus distingués, M. Nypels; mais l'étude détaillée et l'ana-
Ivse minutieuse de leurs textes sont des travaux qui, en
( 439 )
Belgique, possèdent inconleslablement le mérilc de la
nouveauté. En Hollande même, on les a trop souvent
jugées sans les approfondir et sans avoir la moindre notion
des précédents. A la suite d'un travail suffisamment étendu,
Fauteur du mémoire arrive aux conclusions suivantes, dont
nous n'avons pas besoin de signaler l'importance histo-
rique : a Les ordonnances de 1570 ont fort peu innové en
matière de procédure; le système général sur lequel elles
sont basées existait déjà en pratique; elles n'ont fait, en
grande partie, que sanctionner des usages préexistants;
si elles constituent, eu égard à l'époque et aux idées
dominantes, un véritable progrès, elles renferment cepen-
dant des défauts qu'il eût été possible d'éviter; elles ont
été mal accueillies, parce qu'elles étaient présentées par
le duc d'Albe, qu'elles contrariaient sur quelques points
l'esprit de routine, et surtout parce qu'elles blessaient,
principalement dans le domaine de l'organisation judi-
ciaire, une foule d'intérêts égoïstes. » L'auteur constate
ensuite que les ordonnances de 1604 et l'édit perpétuel
de 1611 sont loin d'avoir la valeur des ordonnances de
1570. Il prouve notamment que l'édit perpétuel est fort
peu complet, qu'il ne consacre guère des principes nou-
veaux, qu'il reproduit littéralement plusieurs dispositions
des ordonnances antérieures, et, enfin, que, dans plus
d'un article, il adopte une sorte de transaction entre les
règles tracées par ces ordonnances et les obstacles qu'elles
avaient rencontrés sur le terrain de la pratique.
Au chapitre YI, dans le paragraphe intitulé : « Consi-
dérations générales sur la procédure criminelle en Bra-
bant, » on rencontre une étude, très-intéressante par les
faits nouveaux qu'elle met au jour, sur les divergences de
style qui existaient dans les matières criminelles. On y
( UO )
voit que, contrairement à une opinion assez généralement
reçue, la procédure criminelle publique devenait de plus
en plus rare à mesure qu'on se rapprochait de la chute de
l'ancien régime.
Ainsi que nous l'avons déjà dit, le chapitre YIlï contient
l'examen des réformes décrétées sous la domination
autrichienne, à partir du règne de Charles Yï. Ici encore,
l'auteur est sorti des chemins battus. La connaissance par-
faite des antécédents, jointe à de nouvelles recherches dans
les archives, l'a conduit à des résultats très-dignes d'être
remarqués.
Dans la seconde moitié du dix-huitième siècle, les
institutions judiciaires du Brabant renfermaient de nom-
breux défauts; mais, tout en réclamant des améliorations,
les magistrats, aussi bien que les praticiens, s'arrêtaient à
des questions de détail et ne voyaient pas que le système
lui-même avait besoin d'être profondément modifié dans
ses bases. En réalité, le mouvement de réforme vint de
l'étranger et agit sur le gouvernement avant de trouver
un écho dans l'opinion publique. Quelques symptômes
heureux s'étaient manifestés en Belgique comme ailleurs.
En 1753, les États de Brabant, cessant de croire à l'elfica-
cité souveraine des supplices corporels, demandèrent
officiellement la création d'une maison de détention où les
prisonniers pourraient être soumis à l'influence morali-
satrice du travail. Vers la même époque, les corps judi-
ciaires accueillirent avec faveur le changement heureux
consistant à établir une séparation complète entre le droit
de poursuivre et le droit de juger. iMais on s'aperçut
bientôt que, nonobstant ces indices favorables, les idées
généreuses de Beccaria étaient loin d'être populaires sur
le sol belge. Lorsque le prince Charles de Lorraine pro-
( U\ )
posa la suppression de la lorlure, les magistrats brabançons
lui opposèrent une résistance formidable. Sauf quelques
exceptions, l'esprit de routine et l'amour exagéré des tra-
ditions régnaient en maîtres dans les tribunaux du duché.
L'auteur du mémoire, avant d'arriver aux réformes de
Joseph If, décrit savamment la situation que nous ne
faisons qu'indiquer. 11 termine ses études par l'analyse de
quelques décrets émanés des autorités révolutionnaires,
dans la courte et bruyante période qui précéda la réunion
de la Belgique à la France.
Nous sommes d'avis que la médaille d'or doit être
décernée à l'auteur du mémoire unique que la classe a
reçu en réponse à la question de droit pénal. »
RappoÈ't de .If. tE. Defacqz.
« Le rapport analytique et raisonné que la classe vient
d'entendre facilite et abrège la tâche qu'elle a bien voulu
me confier. Adoptant les conclusions de ce rapport et la
plupart des considérations qui les justifient, j'aurai peu de
chose à ajouter sur le mémoire qui en est l'objet.
Ce mémoire est la suite et le complément de celui qui a
été couronné au concours de 1867. Les deux mémoires
s'identifient en un tout qui embrasse, depuis la domina-
tion des Francs jusqu'au XIX^ siècle, l'histoire du droit
pénal dans la contrée qui fut d'abord le comté, puis le
duché de Brabant.
Le premier s'arrête à l'avènement de Charles-Quint; le
second commence au règne de ce prince qui donna ,
comme l'auteur le fait ressortir, un caractère nouveau à la
2"'^ SÉRIE, TOME XXVII. 50
( 442 )
législation édiclale dans les Pays-Bas, en adressant les
ordonnances d'un intérêt général à tontes les provinces
indivisément, et non comme ses prédécesseurs, à cliacune
d'elles en particulier.
Ce dernier ouvrage n'a pas rencontré les difficultés que
l'auteur du précédent s'était créées en prenant son point
de départ dans les ténèbres de la période franque pour
arriver, en traversant la période lotharingienne et les pre-
miers temps de la période coutumière, jusqu'à la fin du
XV^ siècle. Pour l'historien des trois siècles postérieurs,
la recherche des matériaux était moins laborieuse, les
sources étaient plus nombreuses et les autorités |)lus cer-
taines.
Le mémoire que l'Académie est appelée maintenant à
juger n'en a pas moins un mérite réel qui lui est propre.
En se plaçant au point de vue de Fauteur, sans assumer
la solidarité de toutes ses doctrines, sans discuter tous les
points susceptibles de controverse, ce qui pourrait entraî-
ner fort loin dans un manuscrit de 600 pages in-folio, on
se plaît à reconnaître que, dans le plan général comme
dans l'exécution, il a satisfait pleinement à la question
mise au concours.
L'ordre des matières n'est pas précisément celui que
j'aurais suivi; mais cet ordre est chose secondaire et assez
indifférente lorsque les matières elles-mêmes sont expo-
sées convenablement.
Considéré dans son ensemble, le mémoire présente un
tableau complet du droit pénal dont le programme de-
niandait l'histoire.
Les éléments principaux de ce tableau, c'est-à-dire la
juridiction criminelle, les actions et la procédure, les
délits et les peines, enlin les modilicntions réalisées ou
( ii5 )
tentées du XVI'" au XLV siècle, sont distribués en cha-
pitres dont la matière est subdivisée par une analyse où
rien d'essentiel ne me paraît omis. L'auteur ne se con-
tente pas d'une narration stérile : il féconde l'iiistoirc par
la réflexion; il scrute le mobile et les tendances de la
législation dans ses phases successives; il demande à l'es-
prit et à la vie de chaque époque l'explication des faits
qu'il expose.
Non-seulement l'auteur, comme je viens de le dire, me
paraît n'avoir omis rien d'essentiel, mais, cédant à une
prédilection très-marquée pour certains sujets, il leur a
donné des développements qui, peut-être, ne sont pas en
rapport avec les autres parties de son œuvre. Ainsi, un
des huit chapitres du mémoire, le deuxième, est consacré
tout entier aux hérésies du XVI' siècle, aux mesures
législatives, aux juridictions instituées sous Charles-Quint
et ses successeurs pour les extirper dans nos provinces.
Cet objet trouvait, semble-t-il, sa véritable place au
chapitre VU qui contient une énumération remarquable
des nombreuses infractions punies dans l'ancien droit
brabançon. Parmi les crimes de lèse-majesté divine, à
côté du sacrilège, du blasphème, de la sorcellerie, se
rangeait naturellement l'hérésie; l'auteur du mémoire a
cru pouvoir en faire un chapitre spécial, qui appartient
autant ta l'histoire politique qu'à la jurisprudence crimi-
nelle.
Ainsi encore, le crime de lèse-majesté humaine, qui
devait logiquement être classé dans la partie du même
chapitre VII qui passe en revue les infractions et les
peines, en est distrait pour être rattaché, sans une con-
nexité plausible, à l'histoire du Conseil des troubles ^ créé
par le duc d'Alhe.
( 444 )
Ces observations, cependant, portent sur la forme
plutôt que sur le fond, et il est vrai de dire que, exami-
nées elles-mêmes et en faisant abstraction de leurs rap-
ports avec le surplus de l'ouvrage, ces digressions, si on
peut les nommer ainsi , surtout celle qui discourt de fbé-
résie, otTrent un corps de notions précises que l'on chercbe-
rait vainement ailleurs. Aussi, en laissant à l'auteur la
responsabilité de ses opinions en cette matière délicate,
on peut dire qu'il a comblé une lacune dans l'histoire de
notre droit pénal.
Au chapitre IV, le mémoire fait une vive peinture des
abus de la justice criminelle arrivés à leur comble dans le
XVI'' siècle, et dont iEiirope entière se plaignait comme
les Pays-Bas. Il retrace les louables efforts du pouvoir
souverain pour remédier à ces intolérables désordres, et les
obstacles suscités par l'égoïsme de certaines castes, l'esprit
de corps, l'intérêt personnel et les préjugés pour faire
échouer les réformes entreprises par les célèbres ordon-
nances de 1570.
Des dispositions postérieures apportèrent encore, sous
Philippe H, quelques amendements de détail à la législa-
tion criminelle: tel fut nommément l'édit du 2^ juin lo89
qui, porté pour réprimer la multitude effrayante des
meurtres, régla les poursuites judiciaires, le châtiment des
coupables et l'exercice du droit de grâce, édit qui est une
page curieuse de l'histoire de ces temps déplorables. Le
mémoire n'en fait pas une exposition particulière, et on
en comprend la raison : il eut allongé démesurément son
sujet, en analysant indistinctement tous les actes du prince
qui ne s'appliquaient pas à l'ensemble ou à quelque
branche considérable du droit pénal. Sans observer l'ordre
chronologique, il s'est donc restreint à rap[)eler les dispo-
( Wô )
sitionscics ordonnances spéciales à mesure que la succes-
sion des matières en amenait Texamen.
Après le chapitre V, qui étudie l'organisation et les
attribulionsjudiciaires au commencement du XVIII' siècle,
après les chapitres \[ et VII où se déroule, avec les acces-
soires qui s'y lient, la longue série des procédures dont
toute infraction ouvrait l'exercice, des éléments qui con-
stituaient la culpabilité, des choses réputées punissables,
entin des peines légales ou arbitraires et de leur exécu-
tion, le mémoire arrive aux innovations du XVIÏI'' siècle.
Les idées de l'écrivain semblent alors se modifier.
On a vu tout à l'heure d'oi"! partait, suivant le mémoire,
la résistance aux réformes de 1570; il assigne maintenant
d'autres causes à l'avortement des tentatives faites dans le
siècle dernier; il l'attribue surtout à l'apathie ou à l'indiffé-
rence de la nation qui, dit-il, n était pas encore fatirjuée
de Vancien régime et qui n'avait pas, comme en France,
subi l'influence de Montesquieu, de Voltaire et des ency-
clopédistes. Je doute fort que tout le monde, en Belgique ,
soit de son avis à cet égard, et l'on pourrait se demander
si ce ne sont pas les mômes causes toujours subsistantes
qui ont produit les mêmes effets.
Quoi qu'il en soit de cette question, dont la discussion
serait ici déplacée, le dernier chapitre du mémoire, qui
contient l'histoire de ces essais de réforme, est rempli de
détails instructifs que connaissent seuls les rares investi-
gateurs de nos anciennes archives.
En résumé, sans m'associer à toutes les appréciations
religieuses ou historiques de l'auteur, je rends justice aux
recherches laborieuses et intelligentes, aux connaissances
étendues et variées, ainsi qu'au talent remarquable de
mise en œuvre qui enrichissent la jurisprudence et l'his-
( iiG )
loirc nationale d'un ouvrage qui leur manquait. Je suis
d'avis que cet ouvrage remplit le vœu du programme
académique, et qu'il y a lieu de lui décerner la médaille
promise.
L'Institut de France (Académie des sciences morales et
politiques) a couronné, au concours de 186G, un Mcuioire
sur Vhistoire de la juslîce criinineUe au XVl" siècle. Cet
ouvrage important est dii à la plume d'un Belge, M. Albé-
ric Allard, professeur à l'Université de Gand.
Aujourd'hui , puisse la proclamation du nom de noire
lauréat prouver de nouveau que la Belgique est le pays
des éludes solides, des écrits sérieux el utiles. »
nappoÊ't do .9i. Hau9.
« En présence des rapports dont les deux premiers
commissaires viennent de donner lecture et auxquels il
serait ditïicile de rien ajouter, je dois me borner à énoncer
mon opinion sur le mérite du mémoire que la classe a bien
voulu soumettre à mon examen. J'ai lu avec un vif intérêt
ce mémoire qui présente un tableau complet du droit pénal
brabançon pendant les trois derniers siècles. L'auteur ne
s'est pas contenté de mettre à profit tous les travaux qui
ont pour objet les diverses parties de ce droit; il a con-
stamment puisé aux sources originales et consulté tous les
documents imprimés et manuscrits qui pouvaient l'éclairer
dans la solution des questions nombreuses qu'il avait à
débattre. Ce n'est point une simple histoire externe de la
législation criminelle que nous présente l'auteur, c'est
une histoire a[)pr(>fondie des inslitulions et des principes
( A47 )
mêmes sur lesquels reposait le système répressif dans le
duché de Brabant depuis Charles-Quiut justpi'à la réunion
de la Belgique à la France. La partie du mémoire dans
laquelle l'auteur expose et apprécie avec sagacité les dis-
positions des célèbres ordonnances de 1570 mérite une
mention particulière.
Le travail que nous avons à juger est une œuvre remar-
quable et digne du suffrage de la classe, suffrage qui n'im-
plique pas l'approbation de toutes les opinions énoncées
dans le mémoire. Ces opinions sont personnelles à l'auteur
qui, seul, en porte la responsabilité.
Quant à l'ordre des matières, je crois devoir insister
sur l'observation présentée à cet égard par l'Iionorablc
M. Defacqz. Le chapitre IV du traité se rattache par une
liaison intime au premier chapitre. L'intercaîation des
chapitres II et III détruit cette liaison et rend moins facile
l'étude du savant mémoire. Ces deux chapitres devraient
faire partie du chapitre VIL Pour établir un ordre i)lus
logique, il suffirait de diviser ce chapitre en plusieurs sec-
lions dont la première traiterait des infractions et de leur
répression en général (§ 1 à 8); la deuxième, des crimes
de lèse-majesté divine. Dans cette section, les lois portées
par Charles-Quint pour extirper l'hérésie (chap. II) trou-
veraient la place qui leur appartient. La troisième section
aurait pour objet les crimes de lèse-majesté humaine, et
à cette occasion on parlerait du Conseil des troubles et de
la proscription (chap. III). La quatrième section serait
consacrée aux infractions contre la chose publique qui ne
constituaient pas des crimes de lèse-majesté (§ 10). Enfin,
dans la cinquième section, on examinerait les infractions
contre les personnes et contre les propriétés (§ II).
Je partage entièrement l'avis de MM. Thonissen et
( 448 )
Defacqz sur le mérite du mémoire dont il s'agit, et je me
joins à mes honorables confrères pour prier la classe de
vouloir bien décerner la médaille d'or à l'auteur qui s'est
acquitté de sa tâche avec un incontestable talent.
La classe, se ralliant aux conclusions des rapports de
MM. les commissaires, vote la médaille d'or au mémoire
présenté qui portait pour devise : C'est icy un lare de
bonne foy, lecteur (Montaigne). L'ouverture du billet ca-
cheté joint à ce travail fait connaître que l'auteur est
M. Edmond Poullet, professeur à l'Université de Louvain,
déjà lauréat de la compagnie.
TROISIEME QUESTION.
Faire une description statistique d'une commune du
centre des Flandres, de deux mille habitants au moins,
propre à faire apprécier, en les comparant , la condition
physique, morale et intellectuelle des cultivateurs fla-
mands, ainsi que Vétat de V agriculture , au siècle passé et
même antérieurement et aujourd'hui.
nappot^t de m. te bat'on Miet^ryn tie ïïjetletthore.
a La classe a reçu en réponse à cette question, deux
mémoires écrits l'un et l'autre en langue llamande et por-
tant pour devise : l'un : Voorheen en nu, et l'autre : Spes
alil ayricolas.
Le premier de ces mémoires , qui est le plus complet,
mérite de fixer l'attention de la classe. L'auteur résume
( M9 )
d'abord , dans une introduction d'un style simple et élé-
gant, l'histoire de l'agricuilure Hamande depuis les temps
les plus reculés; puis il fait connaître que, pour répondre
au vœu de l'Académie, il a choisi pour sujet de sa mono-
graphie la commune de Nazareth , une des plus centrales
et des plus étendues de la Flandre, et aussi une des plus
intéressantes à étudier, parce que là plus qu'ailleurs le
travail persévérant de l'agriculteur a eu à triompher d'une
nature ingrate et rebelle. En effet, à Nazareth (l'auteur
croit que ce nom même exprime la désolation et la mi-
sère), à côté de quelques cultures anciennes se déroulaient
des landes sablonneuses qui semblaient vouées à une éter-
nelle stérilité, et l'on n'y découvrait pas le moindre ruis-
seau qui pût rafraîchir un sol aride. Tout attendait la main
de l'homme; tout était réservé à ses labeurs.
Dans ce mémoire, deux grandes divisions reproduisent
l'aspect matériel et l'aspect moral de cette localité. Dans
l'une, des chapitres spéciaux sont consacrés à l'agricul-
ture, à l'industrie, à la population; dans l'autre, on voit
aussi l'auteur rappeler les mêmes faits, mais c'est pour dé-
terminer leurs causes, pour en préciser la signification et
la valeur, pour chercher dans le mal ou dans le bien ce
qui peut offrir un remède ou assurer un progrès.
On comprend aisément (et tel était le désir de la classe)
que les études relatives à la situation passée et présente
de l'agriculture , à ses longs et pénibles efforts , à son
admirable développement, occupent la plus large place
dans ce mémoire. « Les annales de l'agriculture de la
» Flandre, dit fort bien l'auteur, présentent en même
» temps le tableau de sa civilisation et celui de l'origine
» de son commerce et de son industrie. » Grâce à d'éru-
dites et consciencieuses recherches, l'auteur a réuni des
( m )
renseignements statistiques presque complets sur les prin-
cipales exploitations rurales de Nazareth, et rien n'est
plus intéressant que de suivre, siècle par siècle, les modi-
fications des usages qui y régnaient, les progrès de la
science agricole, Faccroissement du capital foncier et par
suite du prix des fermages. C'est ainsi que pour un do-
maine qui relevait de l'abbaye de Saint-Pierre, nous pou-
vons remonter jusqu'au IX'"^ siècle, et nous voyons passer
successivement sous nos yeux des baux de l!259, de 1 450,
de I060, de 1650 qui nous olîrent les détails les plus
précis sur la condition et les obligations des locataires
ruraux. Certes, il y a eu, sous l'influence des calamités
générales, des périodes de souffrance et de détresse; mais
le travail sans cesse renaissant, avec son invincible patience
et son zèle plus merveilleux encore, venait, à chaque ère de
paix, cicatriser les plaies qu'avaient ouvertes les invasions
et les guerres. Il faut ajouter, à l'honneur de notre tem[)s,
que l'agriculture a couronné son œuvre en étendant sa
tache sur tout ce qu'elle pouvait féconder. En 1767 il y
avait à Nazareth neuf cents arpents de terres incultes. On
en comptait cent arpents en Î846; il n'y en a plus un seul
aujourd'hui. Au lieu de iOO tètes de bétail, chiffre de
1767, on en trouve aciuellement, c'est-à-dire à un siècle
de distance, près de 1800, et bien plus considérable
encore est la proportion dans laquelle se sont élevés le
produit et la valeur du sol.
Le chapitre qui s'occupe de l'industrie à Nazareth est
nécessairement bien moins intéressant; mais nous re-
trouvons, dans celui qui traite de la population, d'autres
considérations qui méritent d'être méditées^ et nous pla-
çons au premier rang celles où l'auteur, jetant un coup
d'œil quehiue peu inquiet sur l'avenir, constate qu'après
( iSi )
tant d'efforts, après tant de progrès, le travail ai^ricole
semble se ralentir; car la population de Nazareth en 1868
est inférieure à ce qu'elle était, il y a cinq ans, en 1865.
C'est dans la seconde partie de ce mémoire que l'auteur
a pu analyser les caractères de cette situation, en signaler
les périls, en appeler les remèdes. Après s'être occupé des
questions de voirie vicinale, de santé publique, de statis-
tique judiciaire , il arrive à indiquer comme exerçant l'in-
lluence la plus funeste sur le travail agricole, aussi bien que
sur la moralité et sur l'instruction, l'émigration de plus
en plus considérable (jui se porte des campagnes, soit vers
nos grandes villes, soit vers les ateliers manufacturiers
du nord de la France. A ce sujet il insiste avec une énergie
dont nous ne saurions assez le louer, sur les séductions
qui font miroiter l'image de Taisance, de la paresse, de la
débauche au sein des grandes agglomérations de popula-
tion, et qui presque toujours s'évanouissent bien vite pour
ceux qui, à une vie longue et laborieuse au foyer de la
famille, ont préféré des plaisirs décevants trop tôt suivis
d'une mort prématurée au fond de quelque hôpital, sans
secours, sans consolations. Réservons toutes nos sympa-
thies pour l'homme qui reste fidèle à la terre sur laquelle
il est né et qui reçoit d'elle le pain dont il vit en échange
des nobles sueurs qu'il lui donne; et lorsque sa main glacée
par les ans manque à la charrue, que notre reconnais-
sance fasse à son cercueil une auréole de respect et de
vénération ; car ce sont, il faut bien le dire, les agricul-
teurs qui gardent mieux que personne ce dépôt du dévoue-
ment au pays, du désintéressement et des vertus morales,
sur lequel l'ordre social repose.
Telle était sans doute la pensée de la classe, quand elle
a appelé l'attention" sur la situation actuelle de l'agricul-
( 4o2 )
ture, sur son passé, sur son avenir, et elle peut se féliciter
(le l'avoir fait, car le mémoire que nous venons d'analyser
nous paraît digne du prix qu'elle a attaché à cette impor-
tante question.
Quant au second mémoire, portant pour devise : Spes
alit afjricolas, il présente l'histoire depuis un siècle de la
commune de Staden dans l'arrondissement de Roulers.
Staden, situé à la limite d'une riche contrée agricole et
des bois inhospitaliers d'Houthulst, offrant à coté de la
vie paisible de paysans honnêtes et laborieux , le bizarre
phénomène de la persistance à travers les siècles de hordes
de maraudeurs campés sur la bruyère et se gouvernant
eux-mêmes dans leurs clans isolés, eût pu donner lieu à
des parallèles intéressants, à des comparaisons nettement
caractérisées par les plus étranges dissemblances. L'auteur
du mémoire : Spes alit agricolas s'est borné à reproduire
des faits la plupart récents et sans grande portée. La classe
se bornera sans doute à le remercier de son travail d'ail-
leurs estimable. »
nappo»*! de M. De Déchet*.
« La troisième question mise au concours pour 1869 par
la classe des lettres pourrait, au premier abord, paraître
n'offrir qu'un médiocre intérêt et une importance secon-
daire; néanmoins, pour peu qu'on y réfléchisse, on com-
prend que les développements de la prospérité de nos
provinces flamandes par l'agriculture constituent les pre-
miers éléments de l'histoire de notre civilisation. L'étude
provoquée par l'Académie a donc un coté utile en même
temps qu'un côté glorieux pour le pays.
( i53 )
Deux mémoires, écrits Tiin el Taulre en flamand, ont été
envoyés au concours. Le premier, avec la devise : Spes alit
(Kjricolas, est consacré à la description statistique de l'im-
portante commune de Staden. il est loin d'être sans mé-
rite; mais il ne répond nullement à l'importance des ques-
tions qu'il était dans les vœux de la classe de voir élucider.
Le deuxième mémoire (devise : Voorheen en nu) est un
travail digne, à tous égards, de la sympathique attention
de l'Académie. Il suppose, de la part de son auteur, les re-
cherches historiques les plus complètes, ainsi que les con-
naissances les plus étendues en tout ce qui concerne la
situation morale et matérielle de nos populations rurales.
C'est le tableau saisissant de l'ancienne Flandre, trans-
formée par les travaux accumulés des siècles et amenée à
un degré de bien-être tel, que cette riche contrée a mérité
d'être appelée le jardin de l'Europe.
Le mémoire s'ouvre par quelques aperçus historiques
sur les merveilles opérées par l'agriculture flamande. En
dépit des obstacles opposés par la nature ou par les
hommes, la prospérité de l'agriculture flamande ne cessa
de se développer, avec quelques alternatives d'arrêt ou de
décadence momentanée dues aux dissensions intestines,
aux troubles religieux ou aux guerres fréquentes qui déso-
lèrent nos provinces.
Après cet aperçu historique, trop rapide peut-être au
gré de celui qui sait quelles pages brillantes on pourrait
consacrer à ce sujet, l'auteur aborde l'exposé de la situa-
tion matérielle et morale, à travers les siècles, de la com-
mune de Nazareth, placée dans la partie la plus aride de
la Flandre et se développant au milieu des conditions les
plus défavorables.
La situation matérielle comprend VayrîcitUure, Vindus-
trie et la popidalion.
( iU )
Lo chapitre consacré à Vagricidlure présente un puis-
sant intérêt : il constitue le fond du mémoire. L'auteur est
parvenu à réunir une foule de documents qui lui permet-
tent de suivre pas à pas la marche du progrès agricole et
de faire à chaque siècle sa part dans Tœuvre féconde des
conquêtes pacifiques d'une civilisation dont nos généra-
tions recueillent les fruits.
L'initiative de ce progrès est un des bienfaits les plus
incontestés du christianisme. Avec une loyauté dont il faut
lui tenir compte, l'auteur rend, à diverses reprises, une
éclatante justice à l'influence intelligente exercée dans nos
provinces par l'action hardie et persévérante des institu-
tions monastiques qui, du reste, d'après le témoignage de
tous les historiens, ont posé les premiers jalons de la pros-
périté matérielle dans TP^urope entière. L'auteur signale,
par ordre de date, tous les établissements qui furent créés
successivement dans la commune de Nazareth par cette
riche et puissante abbaye de Saint-Pierre, à Gand, qui
joua un si grand rôle dans les annales de la Flandre. Ces
modestes ateliers agricoles devenaient bientôt des centres
de population et d'activité.
Là se trouvaient réunis l'intelligence, le capital et les
bras. De plus, la continuité d'action, perpétuée à la laveur
de la perpétuité des institutions religieuses qui les patro-
naient, mettait à leur disposition ces deux éléments indis-
pensables de tout progrès agricole : le temps et l'expé-
rience. Aussi peut-on dire avec vérité que, pour tout ce
qui concerne la manipulation des terres proprement dite,
les défrichements et les assolements, les irrigations et les
drainages, les temps actuels n'ont presque plus de perfec-
tionnements à réaliser. Les perfectionnements de l'avenir,
et ils sont incalculables, seront provoqués par les mul-
( iS5 )
liples applications de la science moderne à l'agriculture.
Le c]iaj)itre du mémoire qui est relatif à Vindnsin'e est
beaucoup plus restreint. En lisant les pages que Fauteur
y consacre, on comprend combien il serait curieux d'étu-
dier, dans l'histoire, les bases et les résultats des combi-
naisons successives de l'agriculture avec les diverses indus-
tries et surtout avec cette antique et nationale industrie
linière, source de la fortune de la plupart des familles
bourgeoises des Flandres.
L'auteur du mémoire n'a pu réunir que des renseigne-
ments incomplets sur la population de la commune de
iXazareth aux diverses époques de l'histoire. On ne sau-
rait sans injustice lui faire un reproche de cette lacune qui
tient à l'absence de documents ofiiciels, absence dont les
causes sont connues.
Dans la deuxième partie de son travail l'auteur réunit
toutes les données historiques et économiques de nature à
permettre l'appréciation de la siluaiion morale de la com-
mune de Nazareth dans les temps anciens et dans les
temps modernes. Tout ce qu'il dit de l'état de l'adminis-
tration communale, de la justice, de la bienfaisance et
surtout de l'influence exercée par les écoles, par les cham-
bres de rhétorique, offre un intérêt réel. 11 y a beaucoup
de bon sens dans les réflexions que lui suggère la compa-
raison d'un passé trop décrié avec un présent qui, malgré
les progrès immenses réalisés dans notre siècle , laisse
encore bien à désirer pour que les bienfaits de la civilisa-
lion pénètrent jusque dans les couches rurales de notre
société.
Je viens d'analyser le mémoire : Voorheen en nu. Le
fond en est excellent. Le style, correct sans pédantisme,
élégant sans prétention, est celui qui convient à ces sortes
( 456 )
de travaux littéraires. Il est évident que l'auteur n'en est
plus à SCS débuts.
En conséquence, j'ai l'honneur de proposer que la classe
accorde à l'auteur une médaille d'or et que le mémoire
couronné soit imprimé dans notre recueil de mémoires
académiques. »
iiappo»'t de m. E. De I^areteye.
a Le mémoire consacré à l'étude de la commune de
Staden, quoique renfermant quelques particularités cu-
rieuses, est trop incomplet pour répondre au programme
tracé par l'Académie.
Au contraire, le travail qui a pour objet la commune de
Nazareth mérite tous les éloges que M. Kervyn de Letten-
hove lui décerne et auxquels je ne puis que me rallier
complètement.
L'histoire des progrès de l'agriculture faite d'après des
documents inédits offre le plus grand intérêt. Elle montre
qu'à une époque où presque toutes les terres en Europe
étaient exploitées de la façon la plus primitive, les Fla-
mands appliquaient déjà les pratiques d'une culture très-
intensive et si perfectionnée qu'aujourd'hui même la plu-
part des nations civilisées sont loin d'être arrivées sous ce
rapport au même niveau. Marnage des terres, fumures
abondantes, variété des cultures où les plantes industrielles
alternaient avec les céréales, soins minutieux donnés aux
vergers, aux haies, aux arbres fruitiers, indemnité payée
pour les améliorations , avances des capitaux aux cultiva-
teurs, loutes les preuves d'un système d'exploitation par-
( 457 )
raitemciU ciUcndu, apparaissent déjà dans ces baux qui
rcmonlenl au XUV siècle.
Tous ces détails jettent aussi de vives lueurs sur la con-
dition sociale des habitants de la campagne à cette époque.
Ce sont de précieux matériaux qui peuvent servir à tracer
un tableau complet de l'histoire de la civilisation dans nos
belles provinces.
Si Fauteur publie son mémoire — ce qui est à désirer —
quelques explications complémentaires seraient très-utiles
pour en l'aire mieux ressortir les conclusions.
Il faudrait d'abord déterminer la valeur des anciennes
monnaies et des anciennes mesures.
Ainsi dans les actes il est souvent question de byndcn^,
i]e ponden , de livres parisis de stuivers.
Il faudrait indiquer combien d'ares contenait le bunder
et combien de grammes d'argent lin contenait la livre ou
le sou aux différentes époques dont il est question. C'est
ainsi seulement que les faits recueillis par l'auteur présen-
teraient au lecteur un sens précis et permettraient d'ap-
précier les changements survenus dans la valeur des terres
et des denrées. 11 existe, d'ailleurs, des livres spéciaux qui
faciliteraient ces nécessaires éclaircissements.
Tl serait désirable aussi que l'auteur tirât des conclusions
plus générales des faits qu'il a recueillis, et ils sont assez
précis, nous semble-t-il , pour fournir au moins des don-
nées moyennes approximatives.
Ainsi, nous voudrions savoir quel est le prix de vente
et de location des terres dans la commune de Nazareth aux
différentes époques; quel était le produit par hectare,
quand la hausse des prix s'est surtout manifestée, tant par
suite des progrès de la cidture que par la baisse de valeur
des métaux précieux. Les éléments de ce travail, le mé-
2""^ SÉRIE , TOME xxvn. 51
( 458 )
moire les coiUieiit, mais il faudrait les grouper et en mon-
trer toute la signilication.
Avec ce complément le mémoire sur la commune de
Nazareth serait certainement accueilli très-favorablement,
et par les populations rurales elles-mêmes dont il retrace
les titres de gloire et les nobles travaux, et par tous ceux
qui s'intéressent à l'histoire si instructive des provinces
flamandes. »
Conformément à ces conclusions, la classe vote le prix
de six cents francs aux auteurs du mémoire portant pour
devise : Voor/wcn en nu, MM. Frans De Potter, de Gand,
et Jean Broeckaerl, de Welteren.
CINQLIÈMR Ql'RSTION.
Quelles ont èlê les tendances politiques et sociales des
hérésies y depuis Voricjine du christianisme jusqu à la fin
du quinzième siècle?
L'auteur devra écarter la discussion des doctrines reli-
gieuses des sectes et, autant que possible, se l>^rner à
signaler leurs tendances sociales et poiiticptes.
Êtaintot'l fie ,ff Thottitmett.
« Aux époques de foi vive et profonde, quand les
croyances religieuses occupent la première place dans les
alVections et dans les sollicitudes des masses, les grandes
révolutions théologiques amènent, presque toujours, des
changements notables dans les institutions et les nueurs
( 1^9 )
(lu pays (lui leur sort de théâtre. L'Église et l'Étal étant
intimement unis, les dissidences religieuses l'ont surgir les
dissidences politiques. Des besoins nouveaux se manifes-
tent, (les tendances longtemps comprimées brisent leurs
entraves, et, bien souvent, au lendemain de la lutte, les
idées et les aspirations des classes éclairées se trouvent
profondément modifiées.
L'Académie, en demandant un mémoire sur les ten-
dances politiques et sociales des hérésies, se proposait
d'obtenir une description lucide et complète de ces phé-
nomènes historiques, si nombreux et si pleins d'intérêt
dans les annales de l'Europe.
A notre avis, son espoir a été déçu. Le seul mémoire
qui nous soit parvenu ne réunit pas les conditions indis-
pensables pour mériter la récompense promise. Il ne se
compose que de quarante pages in-8', et ce chiffre seul
suffit pour prouver que l'auteur ne s'est pas bien rendu
compte de l'importance du programme tracé par la classe.
Un écrivain possédant la concision vigoureuse de Tacite
devrait y consacrer un espace au moins quadruple.
Le rédacteur du mémoire indique assez exactement la
nature et la destinée des doctrines théologiques émises
par les principaux hérésiarques; mais il effleure à peine
la matière qui devait faire l'objet principal de ses recher-
ches. Au lieu de l'histoire des idées politiques et sociales
issues du travail des sectes, il nous donne l'histoire, elle-
même très-incomplète, de leurs idées religieuses. Il s'ar-
rête, d'ailleurs, au règne de Charlemagne, laissant ainsi
complètement de côté toutes ces controverses ardentes ,
toutes ces luttes mémorables qui, depuis le XH*' jusqu'au
XVP siècle, occupent une si large place dans l'histoire des
nations chrétiennes. Ia\q note, placée à la dernière page,
( 460 )
nous l'ait connaître que le temps lui a manqué pour com-
pléter son œuvre.
Nous croyons qu'il n'y a pas lieu de couronner le mé-
moire portant l'épigraphe : Oportet esse haereses. »
Rnjtpoi'l fie Mi. Th. Ju»le.
ta J'ai lu très-attentivement le mémoire portant l'épi-
graphe : Oportet esse hœreses, et je ne puis que me rallier
aux conclusions de mon honorable confrère, M. Thonissen,
qui, dans un excellent rapport, a parfaitement indiqué les
imperfections et les lacunes du travail soumis à notre exa-
men. Ce travail n'est qu'une esquisse : mais celle-ci fait
ressortir, à certains égards, l'importance et la grandeur
même du sujet.
Je souhaiterais, en conséquence, que la question fût
remise au concours. »
Happot'l do .W. M'^hUs- Xôrf.
« Je souscris sans hésitation à l'avis de mes deux ho-
norables confrères qui jugent indigne du prix le mémoire
envoyé en réponse à la cinquième question. Le travail est
incomplet à tous égards : non-seulement l'auteur n'a guère
accompli que la première partie de sa tâche, mais encore
il n'a pas donné de développements aux problèmes d'his-
toire sociale qu'il a rencontrés sur sa route; il a simple-
ment tracé le sonnnaire de chapiires qui eussent été pour
( i«l )
la plupart d'un grand intérêt. Sur les principales hérésies
(|ui se sont produites jusqu'à Cliarlemagne, il a répété les
jugenients d'écrivains estimés; mais il n'a tiré aucun apercju
des monuments originaux.
S'il convient à la classe d'appeler de nouveau l'attention
des publicistes sur la même question, peut-être importe-
rait-il de recommander aux concurrents des recherches
neuves et personnelles remontant jusqu'aux véritables
sources de Thisloire des sociétés chrétiennes. »
Conformément à l'appréciation de ses commissaires, la
classe décide de ne pas décerner le prix au mémoire pré-
senté.
PRIX PERPETUEL FONDE PAR LE BARON DE STASSART POUR
UNE QUESTION d'hISTOIRE NATIONALE.
Faire l'histoire des rapports de droit publie qui ont
existé entre les provinces belges et l'empire d'Allema/jue,
depuis le dixième siècle jusqu'à l'incorporation de la Bel-
gique dans la république française.
ttapfiofl fie Mi . AfI. Miorgttet.
« A l'expiration du délai de trois années accordé aux
concurrents, deux mémoires vous furent adressés. Vos
trois commissaires furent unanimes à vous proposer de
ne pas conférer le prix et de maintenir la question sur
votre programme. De ces deux mémoires un seul (le meil-
leur sans aucun doute) vous revient aujourd'hui, et vous
( i6î2 )
revient notablenienl amélioré. Il porle pour épigraphe ces
deux mots significatifs : Plus ultra! J'espère que la déci-
sion de l'Académie satisfera l'auteur, et qu'il n'aura plus
désormais à s'occuper d'une question historique à laquelle
il a dû consacrer bien du temps.
Pour comprendre la nature des améliorations que je
viens de signaler, il est nécessaire de rappeler successi-
vement les principales observations contenues dans mon
rapport de 1867. En adoptant la question proposée par
M. Arendt, la classe en avait trouvé la rédaction trop gé-
nérale, et invité l'auteur à en réduire la portée par quel-
ques explications qui furent adoptées et insérées dans le
procès-verbal, puis au programme.
Il fut ainsi déclaré que, dans l'intention de la classe, le
travail demandé devait comprendre trois parties :
1° Une introduction ou résumé historique de la forma-
tion du lien qui rattacha à l'empire germanique le plus
grand nombre des provinces belges;
2" L'histoire de la convention d'Augsbourg de iriiS, et
celte deuxième partie était déclarée la partie principale de
la tache imposée aux concurrents;
3° L'histoire de l'exécution de cette convention , et ici
encore on déclarait que cette troisième partie devait èlre,
comme la première, traitée d'une manière sommaire.
On tint peu de compte de ces observations. L'auteur
du mémoire qu'on représente aujourd'hui s'écartait n)oins
que son compétiteur du plan indiqué par l'Académie. Néan-
moins il le lit assez pour expliquer les observations cri-
tiques de vos commissaires. En ce qui me concerne, je
trouvai qu'il avait donné à l'introduclion une étendue dé-
mesurée, et qu'il en avait fait une véritable histoire de la
Belgique pendant la période féodale. D'un autre coté, il
( ^^65 )
n'avait pas donné les développomonls nécessaires à la
troisième partie, comprenant l'exécution de la convention,
et cette partie présentait d'assez importantes lacunes. L'au-
leur a tenu compte de ces observations adressées à son pre-
mier travail, et je crois qu'il a bien fait de procéder a une
refonte de son plan primitif; son œuvre, me |)araît-il, y a
considérablement gagné.
Le mémoire de 1867 comprenait ilo pages in-folio. Il a
été réduit de près de la moitié, c'est-à-dire à ^Oi pages.
C'est qu'aussi, au lieu d'une iiitroduction qui, à elle seule,
avait une étendue presque aussi considérable que le travail
entier qui vous est aujourd'bui soumis, l'auteur en présente
une réduite à des proportions convenables; elle n'absorbe,
en effet, que les 49 premières pages.
La question ne mentionnant que les provinces belges,
l'auteur aurait pu se passer de parler des provinces bollan-
daises, auxquelles il consacre huit pages de son introduc-
tion. Toutefois ce résumé n'est pas sans intérêt ; il est bien
conçu et renfermé dans des bornes convenables. D'ailleurs,
il porte sur une époque où le mot Belgique s'appliquait
aux dix-sept provinces des anciens Pays-Bas.
Avant de quitter cette introduction, je crois devoir si-
gnaler quelques erreurs qui ne sont pas bien importantes,
mais qu'il convient cependant de rectifier, et j'engage l'au-
teur à revoir soigneusement cette première partie, car il
est possible que ces erreurs ne soient pas les seules.
il confond (page 10) Philippe le Bon avec Philippe
comte de Saint-Pol, en le donnant comme successeur im-
médiat au duc Jean IV de Brabant. Plus loin (page 12)
cette erreur est rectifiée, pm'sque Philippe le Bon n'y in-
tervient que comme deuxième successeur de Jean IV. Mais
là encore l'auteur se sert d'une expression qui , sans être
( i()4 )
inexacte, est cependant de nature à induire en erreur; il
appelle Philippe de Saint-Pol, Philippe de Bourgogne.
Je ne crois pas qu'il soit exact de dire, comme on lit
page 16, que Wenceslas de Luxembourg succédai Jean III,
duc de Brabant. Nos antiques constitutions admettaient
(ce que semblent avoir ignoré les rédacteurs de notre con-
stitution de 1850) la succession des filles à défaut dliéri-
tiers mâles, et Wenceslas, duc de Luxembourg, n'était en
Brabant pas autre chose que le mari de la duchesse
Jeanne, véritable héritière de son père Jean IH.
Je ne comprends pas bien ce que veut dire l'auteur
(page 21) lorsqu'il parle de la Flandre impériale, comme
ayant été délachée de la France et réunie à l'empire ger-
manique. La Flandre impériale, située à la droite de l'Fs-
caut, se trouvait en dehors des limites orientales assignées
par le traité de Verdun, à la part de Charles le Chauve, •
c'est-à-dire au territoire qui devint le royaume de France.
Il y a souvent des inconvénients à ne pas employer les
expressions consacrées. Ainsi, pourquoi (page 26) se servir
de la dénomination vague: Charles de Bourgogne, pour
désigner Charles le Hardi ou le Téméraire?
La dénomination grande charte appliquée (page 26) au
document dont on fait généralement honneur à Albert de
Cuyck, prince-évèque de Liège, peut l'aire croire à l'exis-
tence d'une constitution applicable à la principauté entière,
tandis que ce n'est en déhnitive qu'une charte de com-
mune.
Voici enhn une autre erreur encore que je découvre à la
page 40. La veuve du duc Antoine de Bourgogne, tué à
Azincourt, était Elisabeth de Gorlilz, nièce du duc AVen-
ceslas H de Luxembourg, et elle n'était pas la mère de
Jean IV, qu'Antoine avait eu d'un premier mariage, ainsi
que Philippe de Saint-Pol.
( 165 )
Je passe à la seconde partie qui est la principale, l'objet
<lirect du mémoire. Elle se subdivise en sept cb.ipitres.
Dans le premier (pages oO à 07) on trouve des détails d'un
liant intérèt^sur le projet conçu par Pbilippe le Bon de se
faire proclamer roi de Lolbaringie, projet qu'il transmit à
son successeur. Le cbapitre deuxième (pages 68 à 81) est
consacré aux règnes de Marie de Jjourgogne et de Phi-
lippe le Beau. Il y est question de la division de l'empire
germanique en dix cercles, an nombre desquels se trou-
vèrent déjà alors les provinces des Pays-Bas. C'est à ces
établissements de son aïeul paternel Maximilien, que
Cliaries-Quint donna, en ce qui concernait le cercle de
Bourgogne, une forme délinitive et légale par la conven-
tion d'Augsbourg acceptée par la diète et par nos États.
Au troisième chapitre (pages 8o à 107) l'auteur aborde
le règne de l'illustre empereur, et commence par exposer
avec soin l'état des choses à cette époque par rapport à
cette convention. Le quatrième chapitre (pages 108 à J2o)
est consacré au récit des négociations préalables qu'elle
occasionna. Il m'avait paru que la première rédaction ne
présentait qu'une analyse sèche et minutieuse des actes
produits de part et d'autre. L'auteur a sans doute reconnu
le fondement de cette critique, et son exposé actuel se lit
non-seulement sans fatigue, mais même avec un certain
intérêt. Dans le cinquième chapitre (pages 126 à 145) se
trouve le récit des nouvelles négociations qui, après un
intervalle de deux ans, furent reprises en 1547, et abou-
tirent entin à la conclusion de la célèbre convention. Mais
il fallait encore Tacceplalion des états de nos provinces,
et c'est ce qui fait l'objet du sixième chapitre (pages 146
à 165).
Nous avons remarqué dans cette partie du travail (no-
( iG() )
tamment pages 151 et 159) quelques notes que l'auteur
n'a sans doute pas l'intention de laisser en blanc. 1mi tout
cas, nous croyons convenable d'appeler son attention sur
ce point. Nous lui signalerons aussi une phrase dont nous
ne sommes pas certain d'avoir bien saisi la portée. A propos
de l'acceptation de la convention par les états d'Artois, il
parle d'eux (page 159) comme étant cnlrés les derniers
dans la famille beUje. Qu'est-ce à dire? L'auteur aurait-il
oublié que cette province taisait partie du vieux comté de
Flandre, et qu'elle n'en avait été détachée que sous le règne
de Philippe d'Alsace, à l'époque où ce prince, entrahiépar
l'espoir de dominer à la cour de Philippe Auguste, eut la
malencontreuse idée de constituer un douaire à sa nièce,
Isabelle de Hainaut, devenue reine de France?
La deuxième partie contient un chapitre septième et
dernier (pages 16G à 174), consacré à l'histoire de l'exé-
cution de la convention d'Augsbourg pendant les dernières
années du règne de Charles-Quint.
La troisième partie commence à la page 175 et com-
prend ciiMj chapitres, trailantexclusivement des différentes
péripéties auxquelles donna lieu l'établissement du cercle
de Bourgogne. Le premier chapitre (page 175 à 190)
s'étend de la mort de Charles-Quint à l'union d'Utrecht,
et le deuxième (pages 191 à 204) de cette union à la trêve
de 1609, dont l'auteur a soin de signaler la portée en ce
qui concerne la question des rapports établis entre la Bel-
gique et l'empire. C'est la période glorieuse que nos voi-
sins du Nord appellent avec raison celle de la guerre de
l'indépendance. Les trois chapitres suivants (pages 205
à 261) retracent, toujours du point de vue restreint où Tau-
leur a du se placer pour se conformer au programme, les
événements (jui se sont passés pendant la guerre de trenle
( iW? )
ans, sous le règne de Louis XIV, et entin sous celui de
renipereur Charles Vï et de ses derniers successeurs. Le
lien qui rattachait la Belgique à rAllemagne, déjà fort re-
lâché à l'époque de la paix de Westphalie, se brise dédni-
tivement, lorsque, un siècle plus tard , notre pays est con-
quis par la France et incorporé dans la république par le
décret du 9 vendémiaire an IV.
J'ai terminé l'analyse du mémoire; il me reste à l'appré-
cier. Dans mon rapport précédent, je m'étais fait un devoir
de reconnaître l'importance des recherches qu'il attestai!,
et les principaux reproches que je lui adressais touchaient
à la mise en œuvre des matériaux. Cette mise en œuvie
me paraissait défectueuse en elle-même , car je ne croyais
pas que le mémoire pût être écarté, par cela seul que l'au-
teur ne s'était pas conformé au programme recommandé
par vous. Elle était surtout défectueuse, à mes yeux, par
l'étendue disproportionnée donnée à la première partie, et
par le manque de développements indispensables, dans la
troisième. De là, disais-je, un défaut d'équilibre qui nuit
considérablement au mérite d'une œuvre littéraire. Je si-
gnalais encore comme un vice assez grave, dans la seconde
partie, l'analyse sèche et minutieuse de plusieurs docu-
ments qui avaient préparé la convention d'Augsbourg;
puis encore quelques dissertations placées à la hn du
mémoire, et dont il eût fallu se contenter d'extraire, pour
les faire entrer dans le corps du travail, les détails relatifs
à la question même posée par l'Académie; j'ajoutais que là
où elles se trouvaient, elles constituaient de véritables hors-
d'œuvre. Je critiquais encore ces subdivisions infinies em-
ployées avec amour par les savants allemands, et qui sou-
vent ne font (ju'embrouiller le récit des événements au
lieu d'en faciliter l'intelligence. Tout cela a été modihé, et
( iG8 )
le liavail, du moins à mou avis, se représente considéra-
blement amélioré; tellement que je n'hésite pas, en pré-
sence dîi mérite du fond, et faisant l)on marché de quel-
(jues imperfections qui subsistent encore dans la forme, à
vous proposer de décerner à l'auteur le prix attribué par
le fondateur du concours et d'en décréter, par disposition
spéciale, l'impression aux frais de la compagnie. En m'ex-
primant ainsi, j'ai uniquement en vue d'augmenter le mé-
rite d'un travail auquel j'avoue niintéresser beaucoup.
L'n des reproches que j'adressais encore aux deux mé-
moires de 1867 portait sur le grand nombre des pièces
formant les appendices, et je disais à ce propos : « L'Aca-
» demie ne doit pas se montrer favorable à un pareil
» système; c'est à l'auteur à trouver le moyen de faire con-
» naître des documents qui lui semblent présenter de l'in-
» térét, en leur assignant une place dans son œuvre même,
» sous forme d'analyses ou d'extraits. Ces documents sont
» destinés à entrer dans des recueils diplomatiques, non
» à ligurer à la suite d'ouvrages auxquels ils ont fourni
» des éléments. Tout au plus peut-on tolérer la publica-
» tion d'un petit nombre de pièces inédites et réellement
» importantes; encore faut-il user d'une grande circon-
» spection. »
On a tenu compte de l'observation , et l'appendice, qui,
dans la première rédaction, comprenait cinquante-cpialre
pièces, imprimées pour la plupart, n'en contient plus au-
jourd'hui que dix inédiles. Seulement j'ai remarqué (juc
l'on n'indique pas toujours d'une l'açon assez claire les
dépots ou les collections d'où elles sont extraites. »
( m) )
nnppoà'l fte .fi. tiachat'il .
« Le rapport de mon savant confrère M. Borgnet vous a
appris que le mémoire sur lequel la classe est appelée à
prononcer aujourd'hui est l'ouvrage d'un des deux con-
currents qui entrèrent dans la lice en 18G7; il vous a fait
connaître aussi que l'auteur, mettant à profit les observa-
lions auxquelles son premier travail donna lieu de la part
de vos commissaires, y a apporté des améliorations con-
sidérables. J'ajouterai qu'il ne l'a pas amélioré seulement,
mais qu'il s'est livré à de nouvelles et de très-grandes re-
cherches, afin de combler des lacunes que nous avions
signalées dans certaines parties de ce travail.
En somme, l'auteur n'a pas moins à se féliciter que la
classe elle-même de ce que, il y a deux ans, le prix a élé
réservé, et la question remise au concours.
M. Borgnet vous a donné l'analyse du nouveau mémoire ;
il vous a dit quels en sont le plan et les divisions : je ne
puis que me référer aux détails dans lesquels il est entré à
cet égard.
J'aurais souhaité, en ce qui me concerne, qu'à partir de
la transaction d'Augsbourg tout ce qui se rapportait à la
chambre impériale, c'est-à-dire la succession des asses-
seurs ainsi que des avocats et des procureurs qui y furent
établis à titre du cercle de Bourgogne , le rôle qu'ils y
jouèrent , le payement des contributions auxquelles les
Pays-Bas étaient tenus pour l'entretien de la chambre et
qu'ils négligèrent fréquemment d'acquitter, les réclama-
tions que suscita cette négligence, etc., ne fut pas, dans le
mémoire soumis à notre examen , mêlé avec les faits poli-
( 470 )
tiques et les discussions qui eurent lieu au sein des dictes
de TKnipire, mais que Tauleur en fît la matière d'un cha-
pitre spécial : déjà, en 1867, j'avais consigné cette obser-
vation dans mon rapport. Si l'auteur y avait eu égard, son
travail, à mon sens, y aurait gagné en méthode et en
clarté. Je n'entends pourtant pas lui faire un grief de ce
qu'il a jugé à propos d'adopter une disposition différente.
Mais il est un autre point sur lequel je suis plus tenté
de lui chercher querelle.
Par la transaction d'Augsbourg, les obligations réci-
proques des Pays-Bas envers l'Empire et de l'Empire envers
les Pays-Bas furent clairement définies; jusque-là, surtout
depuis qu'il avait plu à Maximilien d'ériger nos provinces
en cercle de Bourgogne sans leur consentement ni leur
participation, elles avaient été un sujet de débats inces-
sants entre les deux parties : les Belges ne voulant pas
reconnaître, ou plutôt ne reconnaissant que pour certaines
portions de leur territoire la suzeraineté et la juridiction
de l'Empire, et l'Empire, de son côté, prétendant que ce
territoire tout entier lui était uni par les liens qui atta-
chaient le vassal au suzerain. Dans le narré qu'il fait de
ces débats, l'auteur, qui a principalement puisé aux sources
germaniques, se prononce toujours pour les états de l'Em-
|)ire; j'en citerai quelques exemples.
Page 94 : « Le lien général qui rattachait les provinces
» belges à l'Empire était celui de la vassalité Il résulte
» de plusieurs actes de Charles-Quint (actes que l'auteur
D ne cite pas) qu'il reconnaissait en droit le lien féodal qui
3) léguait entre ses pays héréditaires en Belgique et l'Em-
» pire. »
Page 95 : « Les Pays-Bas faisaient partie des cercles
» de l'Empire : la Gueldre, Zutphen et l trecht de celui
( ^-'l )
» (Je Westphalie, loul le res(c de celui de Bourgogne >»
Page 115. A propos de rinslruclion donnée pnr la reine
Marie, en 1542, aux députés qu'elle envoya à la dièle de
^'uremherg : « Elle a réfuté les prétentions des étals de
» l'Empire et allégué ses propres excuses. Nous n'avons
» pas besoin de faire observer que cette réfutation man-
» qnait de fondement. »
Page 133 : « L'exposé que nous avons fait des rapports
» entre la Belgique et les empereurs d'Allemagne lémoi-
» gne de la série no)nbreuse de faits évidents que les états
» de l'Empire auraient pu invoquer à raj)pui de leurs pré-
))* tentions, etc., etc. )^
J'engage l'auteur à revoir attentivement les passages où
il est question des démêlés des Pays-Bas avec l'Empire , à
peser avec soin les arguments que le gouvernement et les
états des provinces belges faisaient valoir à l'appui de l'in-
dépendance d'une partie de ces provinces : cette révision
l'amènera, je pense, à modilier à certains égards son
opinion.
Dans un travail qui a exigé des recherches aussi consi-
dérables et qui contient autant de faits que celui dont nous
nous occupons, il est bien impossible qu'il ne se glisse pas
des inexactitudes. M. Borgnet en a signalé plusieurs; j'en
signalerai quelques-unes à mon tour. Presque toutes, elles
doivent être mises sur le compte des écrivains allemands
que l'auteur a consultés.
Page 72. « Peu de mois, dit l'auteur, après le traité de
2> Senlis (23 mai 1493), mourut Frédéric lll. Maximilien
» remit aussitôt le gouvernement de la Belgique à son fils
» l'archiduc Philippe, et se rendit en Allemagne. » Maxi-
milien n'était pas en Belgique à cette é|)oque; il se trouvait
en Allemagne depuis assez longtemps.
( ^72 )
Page 80. Ce que rapporte l'auteur à propos de la mort
de Philippe le Beau: que Maximilien offrit immédiatement
aux états de se charger de la tutelle et de la régence pen-
dant la minorité de son pelit-fds; que les états nommèrent
un conseil de régence sous les auspices du roi de France;
que Maximilien se rendit sur-le-champ en Belgique;
qu'il y arrangea les affaires à la satisfaction de tout le
monde; que, forcé de la quitter à cause de la situation
de l'Empire , il y établit comme gouvernante sa fille
Marguerite, etc., tout cela manque d'exactitude. 1/auteur
trouvera des détails précis sur ce qui se passa aux états
généraux assemblés à Malines, à la nouvelle de la mort
inopinée de l'archiduc Philippe, et sur l'installation de
l'archiduchesse Marguerite comme régente des Pays-Bas,
dans les Bullelins de l'Académie, V série, t. VI , pp. 446
et suiv., et dans la Revue de Bruxelles, cahier de no-
vembre 1859, p. 19.
Page 128, Parlant du voyage que la reine Marie de
Hongrie fit à Augsbourg en lo47, l'auteur l'attribue au
désir de cette princesse « de suivre de plus près des négo-
» dations qui l'intéressaient au plus haut degré » , c'est-à-
dire celles qui avaient pour objet une transaction avec les
états de l'Empire relativement aux Pays-Bas, et il ajoute :
G Elle s'y rendit peut-être aussi pour aider l'Empereur dans
» un projet qu'il caressait depuis quelque temps, à savoir:
» la démission de son frère Ferdinand comme roi des
» Bomains et son remplacement par son fils Philippe. »
Il y a ici trois rectifications à faire. 1" La reine Marie se
rendit à Augsbourg en 1547 , non dans le but de suivre les
négociations avec les états de l'Empire, mais pour des
affaires d'intérêt qu'elle avait à régler avec le roi Ferdi-
nand, son frère. 2" Charles-Ouint ne songeait pas encore,
( 475 )
en ce temps-là, à Taire passer la couronne impériale sur
la tête de son fils : ce fut seulement après le voyage du
prince Philippe aux Pays-Bas que l'idée lui en vint ou lui
en fut suggérée. 5° Lorsqu'il s'occupa de réaliser ce projet ,
se garda bien de demander à Ferdinand sa démission
ou, pour parler plus correctement, son abdication; c'eût
été lui faire une sanglante injure. Ce qu'il demanda et
obtint de lui fut que Ferdinand, après qu'il serait devenu
empereur , s'emploierait à faire élire Philippe roi des
Romains, tandis que ce dernier s'engagerait, pour le mo-
ment où à son tour il serait parvenu à la dignité impériale,
à user de toute son influence afin que la dignité de roi des
Romains fut conférée à l'archiduc Maximilien , fds aîné de
Ferdinand.
Page lo4. L'auteur, à propos du projet que conçut
Charles-Quint de détacher les Pays-Bas de l'Espagne, et
d'en former un État indépendant sous le sceptre du duc
d'Orléans, à qui il aurait donné en mariage l'une de ses
fdles ou de ses nièces, dit : «Mais les ambassadeurs de
» François I*"' jugèrent que cette ofî're était trop brillante
p pour ne pas cacher des arrière-pensées dont il fallait se
» défier, et il n'y fut point donné suite. On rapporte en-
» core que, si Charles-Quint essaya de faire renoncer son
» frère Ferdinand à l'éminente dignité de roi des Romains,
» c'était pour le mettre à la tète des Pays-Bas. » Les
écrivains qui rapportent cela ont été mal informés : déjà
j'ai fait observer qu'il ne fut jamais question de la renon-
ciation de Ferdinand à la dignité de roi des Romains.
Quant aux négociations qui eurent lieu relativement au
duc d'Orléans, le traité de Crespy laissait à l'empereur
l'alternative de donner au duc l'État de Milan ou les Pays-
Bas : Charles-Quint aurait préféré la cession de ces der-
2"*^ SÉRIE, TOME XXVII. 52
( 474 )
nières provinces ; mais l'opposition qu'il rencontra en
Espagne et aux Pays-Bas même le força en quelque sorte
(le se prononcer pour celle du Milanais (1).
Page m. L'auteur s'exprime en ces termes : « A
» partir de la transaction d'Augsbourg, les députés du
» cercle de Bourgogne furent les plus proches de ceux
» d'Autriche, de sorte qu'alternativement ils les précé-
» daicnt, ainsi que ceux de Tarchevéque de Salzbourg,
» ou suivaient les uns et les autres. » Ceci n'est pas tout
à fait conforme à ce qui s'observait : jamais les députés
du cercle de Bourgogne ne précédaient ceux d'Autriche,
mais ils venaient toujours im.médiatement après eux,
comme nous l'apprend l'instruction donnée par le marquis
de Castel-Rodrigo , le 51 mai 1067, à l'abbé de Praecipiano
et au conseiller Philippi qu'il envoyait à la diète de Ra-
lisbonne. 11 résulte de la même instruction que les dé-
putés d'Autriche et ceux du prince archevêque de Salz-
bourg avaient alternativement le directoire du collège des
princes, et la première voix ou suffrage avec la première
séance au banc ecclésiastique, qui était le banc supérieur,
« de manière que, quand Autriche précédait Salzbourg,
» le député de Bourgogne le précédait aussi, et au con-
» traire, quand Autriche suivait Salzbourg, Bourgogne
» le suivait aussi (2). » _
Page 174. Le 25 octobre 1555, dit l'auteur, «Charles-
j> Quint céda à son fds les Pays-Bas et pria son frère
» Ferdinand, toujours roi des Romains en attendant qu'il
(1) Trois années de riiisluirc de C/iarlcs-Quint (loiô-luiG), elc,
pp. 72 et suiv.
(2) Bulletins de la Commission roi/alo dliistuirc, ô"* série, l VIII,
p. 400.
( 4-75 )
» clevîiil empereur, de vouloir bien donner l'investiture à
» son fils. Philippe devait avoir le titre de vicaire perpé-
» tuel de l'Empire avec plein pouvoir sur tous les Pays-
» Bas. Mais Ferdinand n'agréa pas cette proposition. » Je
ne sais d'où l'auteur a tiré ce qu'il avance ici. Comme roi
des Romains, Ferdinand avait déjà donné l'investiture des
Pays-Bas à Philippe II, le 4 avril lool (1), et il n'avait
pas à en donner d'autre jusqu'à ce qu'il fût revêtu de la
dignité impériale. Le titre de vicaire perpétuel de l'Em-
pire aux Pays-Bas était chose inconnue : ni il n'eût été au
pouvoir de Ferdinand de le créer, ni Philippe II ne l'eût
certainement accepté, car il aurait porté atteinte à ses
droits de souveraineté. Une \icairerie fut en effet conférée
à Philippe, non par Ferdinand , mais par Charles-Quint
lui-même, au moment où il allait partir pour l'Espagne :
ce fut celle de l'P^mpire en Italie (2). De là peut-être l'erreur
dans laquelle l'auteur est tombé.
Page 175, on lit : « Lorsque l'inquisition eut été intro-
» duite en Belgique, de nombreuses protestations s'éle-
» vèrent contre cet odieux tribunal et contre le roi Phi-
» lippe II, qui l'imposait En 1557 et 1558, pendant la
» guerre entre la France et l'Espagne, les états belgiques
» engagèrent le roi à s'attacher à l'exécution stricte du
» traité conclu en 1548 par son père, au nom des pro-
» vinces belges On accusait le roi de manquer de parole
j> puisqu'il avait, dès 1556, comme prince de l'Empire,
» confirmé en Belgique la paix de religion d'Augsbourg,
» et l'avait même publiée comme édit perpétuel. » Je
(1) Bulletins de l' Académie ^ 2*= série, t. XXIII, p. 581.
(2) Retraite el mort de Charles-Quinl mi monastère de Yuste , Intro-
duction, p 140.
( 476 )
répéterai d'abord ici ce que j'ai démontré ailleurs : que
l'inquisition ne fut pas établie dans les Pays-Bas par Pbi-
lippe ]J; qu'elle le l'ut par Cbarles-Quint; que Philippe, à
son avènement , se borna à coniirmer les ordonnances de
l'empereur sur cette matière (1). Je dirai ensuite que les
états généraux de 1557 et 1558 n'invoquèrent pas la con-
vention d'Augsbourg par rapport à l'inquisition , mais
qu'ils demandèrent qu'elle fut observée par le saint-empire
comme elle l'avait été du côté des Pays-Bas, « attendu que
» par icelle cesdicts pays dévoient, sans gros frais et des-
» pens, être perpétuellement tenus soubz la garde, ayde
» et deffense dudict saint-empire (2). » 11 se passa même,
dans cette assemblée nationale, au sujet de l'inquisition,
un fait qui mérite d'être rapporté. A la séance du 8 avril
1558, les députés de Hollande demandèrent que le pouvoir
des inquisiteurs fût limité selon le droit canon ; ils ne furent
enswjris de personne : les raisons en sont déduites dans
une relation que j'ai publiée de cette assemblée (5). Quant
à la publication qui aurait été faite aux Pays-Bas de la paix
de religion d'Augsbourg, ni nos recueils de placards ni nos
archives n'en offrent de trace.
Je rétablirai encore quelques petits faits, pour prouver
à l'auteur que j'ai lu son travail avec toute l'attention qu'il
mérite :
1" Charles-Quint ne diftera point son premier voyage
(1) Correspondance de Philippe 11 sur les affaires des Pays-Bas, 1. I,
pp. cviii et cxxv.
(2) Des anciennes assemblées nationales de la liclgique, dans la lievtie
de Bruxelles, caliiertlo décembre 1850, p. 12.
(3) Bulletins de la Commission l'oyale d'/iisloire , ô'" série, I. VIII.
pp. Ô02 el Ô03.
( ^^77 )
en Espagne jusqu'au mois de septembre iol7, « parce
» qu'il se plaisait en Belgique » (p. 85), mais parce que des
aflaires importantes l'y retenaient malgré lui, car il était
impatient d'aller prendre possession des couronnes de Cas-
tille et d'Aragon.
2' Philippe de Bourgogne, iils naturel de Philippe le
Bon et évèque d'Utrecht, ne fut point « grand amiral des
» Pays-Bas » (p. 89); cette charge eût été par trop incom-
patible avec la dignité et les fonctions épiscopales : Vaini-
ral de la mer (ainsi l'on qualifiait officiellement le chef de
la marine belge) était, à cette époque, Adolphe de Bour-
gogne, seigneur de Beveren, de la Vere, de Flessin-
gue, etc.
o" Charles-Quint ne repartit pas de Ratisbonne pour la
Belgique le 13 août 1546 (p. 126) : il quitta cette ville im-
périale le o août, pour entrer en campagne contre les pro-
testants de la Germanie.
4" Le grand conseil de Malines n'était pas une juridic-
tion en dernier ressort pour tous les conseils provinciaux
(p. loo) : les conseils de Brabant, de Hainaut et de Gueldre
étaient des cours souveraines.
S'' La transaction d'Augsbourg ne stipula point et ne
pouvait point stipuler, car la diète de l'Empire n'avait rien
à statuer en cette matière, la « réunion des dix-sept pro-
» vinces des Pays-Bas sous le même sceptre (p. 17o).
6" L'intervention de l'empereur Rodolphe II « ne con-
» tribua pas puissamment à faire admettre par les états
généraux, en 1577, l'édit perpétuel de don Juan d'Au-
» triche » (p. 187) : les états n'avaient garde de se montrer
difficiles à cet égard, l'édit ou plutôt le traité de Marche
leur ayant donné une satisfaction complète. Tout ce que
firent les députés de l'empereur fut de s'employer auprès
( 178 )
des deux parties pour amener un accommodement entre
elles.
5° Enfin ce ne fut pas don Francisco de Mello qui en-
voya des députés à la diète de Ratisbonne de 1640, pour
y intervenir au nom du cercle de Bourgogne (p. 208); ce
fut le cardinal infant, frère de Philippe IV : Mello, en ce
temps-là, n'exerçait aucune autorité dans les Pays-Bas.
Les légères imperfections que je viens de mettre sous
les yeux de la classe n'empêchent pas que le mémoire pré-
senté au concours ne soit un bon et solide travail; que la
question des rapports politiques des anciens Pays-Bas avec
l'Allemagne n'y soit envisagée sous ses diverses faces et
résolue d'une manière qui peut être considérée comme très-
satisfaisante; enfin qu'il ne comble une lacune considé-
rable dans notre histoire.
Je passe sur des négligences de style qui s'y rencontrent
çà et là, et qu'il sera aisé de faire disparaître. Seulement,
à propos de style, je ferai une remarque. Dans plusieurs
endroits, l'auteur se sert des termes la monarchie alle-
mande (pp. 51, 69, 150, 257), la monarchie germanique
(p. 200), ou la monarchie tout court (pp. 75, 75), pour
désigner l'empire d'Allemagne. Je ne sais pas si ces expres-
sions sont correctes. Je ne me souviens point de les avoir
vues employées par des écrivains qui font autorité.
Ma conclusion sera la même que celle de mon honorable
confrère M. Borgnet.
Je propose que le prix d'histoire fondé par feu le baron
de Stassart soit décerné à l'auteur du mémoire, et qu'il soit
donné place à ce mémoire dans le recueil des publications
de l'Académie, sous la réserve des corrections que M. Bor-
gnet et moi nous avons indiquées. »
( "f> )
Rappot't de .?#. Th. Jttêtc.
€ C'csl avec empressement que je me rallie aux con-
clusions de mes honorables confrères MM. Borgnet et
Gachard. D'accord avec eux, je propose que le prix fondé
par feu le baron de Stassart soit décerné au mémoire
portant pour devise : Plus ultra! et qu'il soit donné place
à cet important travail dans le recueil des publications
académiques. Malgré des imperfections, presque inévi-
tables, d'ailleurs, dans une composition aussi vaste, le
mémoire, que nous avons été appelés à juger, mérite, ce
me semble, la récompense dont l'Académie dispose, grâce
à la libéralité d'un de ses membres. Fondé pour ranimer
et entretenir le goût des études sérieuses, le prix Slassart
recevra un légitime emploi. En effet, l'ouvrage auquel
nous voulons le décerner est un exposé complet, à la fois
savant et méthodique, des rapports qui existèrent pendant
plus de neuf siècles entre les provinces belges et l'empire
d'Allemagne. Un pareil travail atteste incontestablement
un vif amour de la science et même une sorte de vocation,
privilège bien rare à cette époque où l'on est peu sensible,
en général, à la gloire des lettres et à l'influence qu'elles
doivent exercer.
Je n'ai pas. Messieurs, a reproduire ici les considérations
si bien développées par MM. Borgnet et Gachard. Me
référant aux appréciations judicieuses de ces savants
collègues, je crois pouvoir me borner à un rapide coup
d'œil sur les passages du mémoire qui, à mon sens, méri-
tent une attention particulière.
( i80 )
Déjà, dans un rapport précédent (1), j'ai signalé des
particularités vraiment neuves et intéressantes sur les
négociations qui devaient avoir pour but de faire de
Philippe le Bon un roi indépendant. Or, la transition entre
cet exposé si remarquable et le récit des tentatives de
Charles le Téméraire pour réaliser les projets de son père,
en fondant définitivement le royaume de la Gaule-Bel-
gique, ne me paraît pas heureuse. Une citation, empruntée
à V Histoire des ducs de Bourgogne de M. de Barante, ne
fournit pas des notions assez précises sur les préliminaires
des scènes imprévues dont Trêves fut le théâtre.
Quelques faits se rattachant à la minorité de Charles-
Quint mériteraient aussi d'être éclaircis. Par contre, je
signalerai une forte appréciation du célèbre empereur
qui, de nos jours, est le sujet de jugements si divers.
On peut dire de lui qu'il n'a point réussi dans toutes ses
entreprises. Mais a-l-il échoué partout et toujours? Qui
oserait le prétendre? Par des efforts persévérants, par une
héroïque obstination, il a refoulé les Ottomans et contenu
les Français; sans la persévérance, sans la ténacité de
Charles-Quint, Vienne, Bome peut-être auraient été enva-
hies par les sectateurs de Mahomet, et la bannière aux
ileurs de lis arhorée sur le beffroi de Gand et sur les tours
de Bruxelles. C'est contre ce double danger que Charles-
Quint voulait se prémunir en faisant négocier la trans-
action d'Augshourg. Il voulait procurer à l'empire de
nouveaux auxiliaires contre les Turcs et'aux Pays-Bas une
protection efficace contre la France. Tel était l'objet
principal du traité conclu le 26 juin 1548, après de labo-
(1) Bulletins (h l'Académie, 2'"«" série, l. XXIU, pa.^e lilli.
( m )
rieuses négociations que l'auteur du mémoire a su retracer
avec une grande clarté, en se servant des archives alle-
mandes et belges. Il adopte l'opinion que Puffendorf
exprimait en ces termes : « I.e but principal de Charles-
Quint était d'obliger l'empire de protéger les provinces
belges continuellement exposées aux attaques de la France,
tout en les plaçant à l'égard de l'empire dans une position
àHndépendance politique. »
Il nous semble cependant que l'auteur du mémoire
attache trop d'importance au projet qu'aurait eu Charles-
Quint d'affermir cette indépendance politique en donnant
pour souverain aux Pays-Bas le jeune duc d'Orléans,
second fils de François I". La vérité est que Charles-Quint
aima mieux voir l'influence française se forlilier au delà
des Alpes que prédominer sur la Meuse et l'Escaut. En
effet, le traité de Crespy,du 18 septembre 1544, portait en
substance que l'empereur donnerait en mariage au duc
d'Orléans sa fdle aînée, ou la seconde (ille de son frère
Ferdinand; que, si c'était sa propre lille, il lui céderait, à
titre de dot, les provinces des Pays-Bas en toute souve-
raineté, pour passer aux enfants mâles qui naîtraient de ce
mariage; que, s'il préférait de donner sa nièce, elle appor-
terait à son mari l'investiture du duché de Milan, avec ses
dépendances; que l'empereur déclarerait, dans l'espace de
quatre mois, le choix qu'il aurait fait entre les deux prin-
cesses. Or, au temps prescrit par le traité, Charles déclara
l'intention où il était de « donner en mariage au duc
d'Orléans la fdle de Ferdinand, avec le Milanais. » Au
surplus, dans le temps même où ce mariage devait s'ac-
complir, le jeune duc d'Orléans mourut d'une fièvre maligne
(8 septembre lo4o).
Grand admirateur de Charles-Quint, l'auteur du mé-
( 182 )
moire blâme la politique inepte de Philippe 11. 11 est
incontestable que cette politique fut désastreuse et pour
l'Espagne et pour les Pays-Bas. Mais quand l'auteur parle
de la défeclion des provinces du Nord, nous croyons que
cette expression ne traduit plus exactement sa pensée; car
la politique inepte, la domination violente de Philippe 11
légitimait assurément la révolution dont les Belges eux-
mêmes prirent l'initiative.
On trouvera dans le mémoire des détails intéressants
sur les dispositions de l'Allemagne pendant la lutte que
les Pays-Bas soutinrent contre le fils de Charles-Quint. Les
révoltés réclamaient la protection, l'intervention de l'em-
pire auquel ils étaient rattachés par la transaction d'Augs-
bourg : cette protection leur manquant, ils recherchèrent
l'appui de la France et de l'Angleterre. L'auteur du mé-
moire rappelle les démarches des Nassau et de Marnix
de Sainte-Aldegonde près de Charles IX, de Henri 111 et
d'Elisabeth. Mais ce dernier épisode pourrait être revu
avec fruit.
La dernière partie du mémoire sera également lue avec
un vif intérêt. L'auteur recherche soigneusement les cau-
ses de l'inefficacité de la transaction d'Augsbourg : pour-
quoi ces provinces, si bien appelées le boulevard ou
l'avant-mur de la Germanie, furent-elles si mal défendues
ou protégées? « Ce qu'il faut reconnaître à la décharge de
nos pères, dit l'auteur, c'est qu'ils ont lutté jusqu'au
dernier moment pour rester fidèles à leurs obligations,
tandis qu'à aucune époque les états de l'empire ne leur
accordèrent la réciprocité. » Oui, il faut malheureusement
reconnaître que, au XVI' et au XVII'" siècles, l'enipire
faillit à ses obligations envers les Pays-Bas. Tandis que
Louis XIV démembrait notre patrie, l'empire ne montrait
( 483 )
aucune ardeur pour l'arracher au conquérant. François
Brocquart, assesseur près la chambre impériale de Spire,
signalait en 1662 la vraie cause de cette indiflerence. « La
l'action de France, disait-il, est présentement assez grande
en Allemagne (1). » En effet, Mazarin, comme le rappelle
Fauteur du mémoire, avait formé avec les trois électeurs
ecclésiastiques dont les états étaient sur la rive gauche du
Rhin, et avec les maisons de Bavière, de Hesse, de Bruns-
wick une ligue dite du Rhin, qui mettait tous ces princes
dans la dépendance et à la solde du roi de France. Broc-
quart écrivait au gouvernement des Pays-Pas le 2o mai
1665: « L'empereur Charles V, par le susdit accord de
» l'an lois (jugeant déjà dès lors combien le secours
5> d'empire importait aux Pays-Bas), se l'est fait promettre
» contre tous ennemis qui les voudraient attaquer, ce que
» la France (trouvant par expérience que ce secours l'in-
» commodait fort) avait fait changer parle traité de paix
» d'empire de l'an 1648 et par la capitulation de S. M. I.
» moderne, où il a été convenu expressément que pen-
» dant la guerre entre les deux couronnes on ne donne-
» rait aucun secours ni directement ni indirectement à
» l'état des Pays-Bas. » Le prévoyant envoyé exprimait
l'opinion que la transaction de 1548 devrait être remise en
vigueur et qu'il fallait en faire très-formellement la de-
mande à la diète convoquée à Ratisbonne.
Mais l'Espagne allait voir un règne plus déplorable
encore que celui de Philippe IV. Le misérable gouverne-
ment de Charles II ne savait faire respecter ni ses posses-
sions ni ses mandataires. Il laissait dans un honteux
(1) Mémoire, fol. 237.
( 48 i )
dénùmenl les plénipotentiaires du cercle de Bourgogne à
la diète impériale. Ceux-ci écrivaient le 4 août J671 :
« 11 ne nous est plus possible de subsister ici plus long-
» temps pour être en arrière d'une année entière de nos
B appointements;... nos créanciers, qui ne veulent plus
» avoir de patience, ne manqueront pas de nous faire
» assaut au premier jour, ce qui véritablement porterait
» coup au royal service, outre que nostre équipage estant
» entièrement ruiné, nous allons bientôt estre exposés à
» la risée de nos adversaires (1). »
Louis de Laneuveforge, Luxembourgeois, qui succéda
à ces plénipotentiaires besogneux, resta pendant un quart
de siècle dans le plus désagréable des posles diploma-
tiques. Il était entreprenant et habile. « Si le cercle de
Bourgogne, dit l'auteur du mémoire, ne fut pas séparé de
l'empire, c'est à son habileté supérieure qu'en revient le
mérite. » Henri de Laneuveforge, fils du précédent, fut
le dernier député du cercle de Bourgogne à la diète de
l'empire; depuis Favénement de Charles Vf, les Pays-Bas
y eurent pour représentant l'envoyé d'Autriche.
Nous voudrions emprunter encore d'autres particula-
rités à la savante monographie que nous avons sous les
yeux. Mais celles que nous avons citées suffiront pour
éveiller la curiosité.
Une dernière observation. Parlant des incidents diplo-
matiques qui se rattachent à la révolution belge de 1790,
Fauteur dit : « On ne peut trop définir quelles étaient
les vues cachées du cabinet de Berlin. » Je pense, au
contraire, que les projets, les arrière-pensées de la Prusse
(1) Mémoire, loi. 2ôô.
( 485 )
ont été pleinement divulgués dans la correspondance de
Van deSpiegel, grand pensionnaire de Hollande. Les ou-
vrages de notre honorable confrère M. Borgnet sur les
révolutions du Brabant et de Liège ont également con-
tribué à dissiper les ténèbres qui couvraient les délibéra-
tions et les résolutions du cabinet de Berlin.
Ces remarques n'enlèvent rien, d'ailleurs, au mérite
incontestable du mémoire. En ratifiant nos propositions,
la classe, qu'elle me permette de le répéter, récompensera
un travail utile et national. »
Conformément aux conclusions favorables des trois rap-
porteurs, la classe vote le grand prix de Stassart au
mémoire portant pour devise : Plus ultra! L'ouverture du
billet cacheté annonce comme auteur M. Emile de Borch-
grave, secrétaire de légation de première classe et chef de
bureau au ministère des affaires étrangères.
La proclamation des résultats de ces concours aura lieu
en séance publique de la classe.
COMMUNICATIONS ET LECTURES.
Quelques mots sur la question de Jeanne la Folle, par
M. Gachard , membre de l'Académie.
Dans la séance du 1'"' mars dernier, j'ai eu l'honneur
de rendre compte à la classe du recueil de documents
publié par feu M. Bergenroth concernant Jeanne la Folle.
Je l'ai fait, j'en prends la classe à témoin, avec la
( 486 )
conscience et l'imparlialité qui conviennent à tout ami de
la vérité historique.
Un savant professeur de l'université de Bruxelles, dans
deux conférences publiques, a examiné à son tour ce re-
cueil de documents, et il en a tiré des déductions entière-
ment opposées aux miennes.
En France, en Angleterre, en Allemagne, la question
que soulève la publication de M. Bergenroth a aussi été
discutée, et a donné lieu à des solutions diverses.
Dans ces circonslances, je pense que la classe ne me
saura pas mauvais gré de lui communiquer l'opinion d'un
des premiers historiens de notre temps , d'un des hommes
les plus compétents en matière d'appréciation de docu-
ments historiques. Voici ce que m'écrit M. Mignet, à qui
j'ai soumis le travail que la classe a bien voulu faire in-
sérer dans ses Bulletins : « Quant à votre travail sur Jeanne
» la Folle et à l'examen des singulières interprétations
» que M. Bergenroth donne de certaines phrases des do-
» cuments qu'il a publiés, vous avez cent mille fois
» raison. Après vous avoir lu, personne ne sera tenté de
» partager l'étrange opinion de M. Bergenroth. Je vous
» remercie d'avoir rétabli et affermi à cet égard la vieille
» et jusqu'ici incontestée vérité de l'histoire. »
Dans ma communication du I" mars, j'ai fait remar-
quer à la classe que le recueil de documents de M. Ber-
genroth ne se composait que de fragments de correspon-
dances; qu'on y trouvait seulement quatre lettres de
Charles-Quint; qu'il y en avait dix en tout du marquis de
Dénia pour les années 1521 à 1501. Je me suis empressé
d'ajouter que cette remarque n'était pas une critique à
l'adresse de M. Bergenroth; que ce n'était pas la faute de
( 187 )
ce savant si des lacunes existaient dans les séries de pièces
que renferme le dépôt de Simancas.
Il paraît que je me suis trompé, et si j'en éprouve un
vif regret, ce n'est pas pour moi. Voici une lettre de don
Manuel Murguia, directeur des Archives générales de
Simancas, de laquelle il résulte que M. Bcrgenroth n'a
pas publié, à beaucoup près , tous les documents relatifs à
la reine Jeanne qui sont conservés dans ce dépôt. Jl en
résulte encore que, des documents dont il a fait choix,
M. Bcrgenroth a retranché ce qu'il a jugé à propos de n'y
pas comprendre (1), et que, après vérilication, plusieurs
inexactitudes ont été constatées dans les textes donnés par
lui (2).
Les passages retranchés, les inexactitudes commises,
sont-ils de nature à modifier, d'une manière plus ou moins
sensible, la signification de ces textes? C'est ce que la
lettre de don Manuel Murguia ne dit pas et sur quoi je
vais le prier de vouloir me donner de nouveaux éclair-
cissements.
J'aurai donc l'occasion de revenir sur. ce sujet.
(1) « .... De los docunienlos que copié callando lo que le pareciô o[»or-
Uino.... »
(2) « .... Se ha colejadoel suplemenlo de la obra del .senor Bergcnrolli
cou les documentos, y resuUan algunas diferencias. »
( 188
Notice sur deux fracjmenls manuscrits de poésies thyoises
de la fin du XIIP siècle (le Bestiaire d'amours et l'Art
d'aimer d'Ovide); par M. Bormaiis, memijre de l'Aca-
démie.
En faisant, la semaine passée, l'inventaire de quelques
liasses de vieux | ipiers et parchemins restés dans leurs
enveloppes depuis mon dernier déménagement, j'ai re-
trouvé deux fragments d'anciennes poésies thyoises com-
prenant ensemble deux cent et huit vers qui, sans avoir
une grande valeur poétique en eux-mêmes, m'ont paru
être assez curieux et importants au point de vue de notre
histoire littéraire et de la connaissance de notre langue au
moyen âge , pour que je me sois fait un devoir de les copier
et de prier la classe de m'aider à les sauver de l'oubli en
leur accordant une petite place dans ses Bulletins.
Ce sont deux .feuillets de parchemin in-4°, à deux co-
lonnes d'écrilure, qui contiendraient chacune trente-six
lignes, si le copiste n'y avait pas, d'espace en espace, mé-
nagé des blancs de quatre à huit ou dix vers pour placer
les images ou illustrations que le texte était destiné à rece-
voir, comme elles existent dans une vieille édition fran-
çaise, probablement du même livre, que je citerai tantôt
d'après Brunet.
Ces fragments ont appartenu à deux poëmes distincts,
de l'un desquels, qui est un Bestiaire, ils nous ont con-
servé 127 vers du milieu et G8 de la fin , car ils ne se sui-
vent pas et, entre le premier et le second feuillet, il y a une
plus ou moins grande lacune. De l'autre poëme il ne reste
'i
■^^'
l*-4
emèÈmM
>
^- 4;,;îat| \\v.l tl«;u;^nr ■.-quitte
-à ,
F?vci-so dun fraçmenl de i
( m) )
plus que le titre et les dix premiers vers qui se trouvent
au bas de la dernière colonne et terminent la page après
VExplicit du poème précédent. Entre les deux parties, le
milieu de la colonne a de nouveau été laissé en blanc sur
une assez grande hauteur, pour uiie miniature relative,
sans doute, au sujet de l'ouvrage qui venait après et qui
était une traduction de VArl cVaimer d'Ovide, faite d'après
un modèle français.
Les initiales des paragraphes n'ont rien de remarqua-
ble. Les plus grandes sont de forme romaine et ronges,
les autres sont des bâtardes de fantaisie en encre noire.
Les premières lettres des vers sont des majuscules sépa-
rées, enluminées d'un trait de minium.
Les feuillets ont été détachés des ais de chêne d'une cou-
verture de livre et portent encore l'un au recto, l'autre au
verso, les traces de la colle et l'empreinte brunâtre des
bords du cuir replié à l'intérieur. Ces parties ont beaucoup
souffert^ et comme l'orthographe insolite du texte me dé-
fendait de recourir à des conjectures, quelque plausibles
qu'elles parussent, je me suis donné beaucoup de peine
pour les déchiffrer. La page que je présente pour en obte-
nir un fac-similé, quoique la moins dégradée et la plus
lisible des quatre, permettra au lecteur de juger quel
genre de difficultés j'ai eu à vaincre. Les plus grandes ne
consistaient pas dans la ligne laissée par le pli du parche-
min dans le dos du volume ni dans les déchirures produites
par l'aiguille et le fil du relieur; dans de pareils endroits,
on est aidé, au recto, par les initiales majuscules et, au
verso, par la rime de chaque vers, et Ion est trop bien
averti pour ne pas se mettre en garde contre le danger de
se tromper. Aussi je réponds de l'exactitude de mes resti-
tutions là comme dans le reste, à l'exception de deux ou
2*"' SÉniE, TOME XXVI I. 55
( 190 )
trois passages que j'ai soulignés comme élaiil d'une Icclure
moins certaine.
Le titre indiquant le sujet du premier poëme nous est
révélé à la fin de ce fragment dans sa souscription en
grandes lettres : Expljcit die Beestearis (s/c). En voyant
ces mots, j'ai naturellement d'abord pensé que j'avais ren-
contré un nouveau débris de quelque manuscrit du Bes-
tiaris, plus connu sous le nom de ?\aturen Bloeme, de
Maerlant; mais à peine en eus-je lu une demi-douzaine de
vers, que je reconnus mon erreur : les deux ouvrages n'ont
jamais rien eu de commun que le titre. Il ne me fut pas
moins facile de me convaincre que mon fragment n'avait
pas davantage pu appartenir au Besiiaris de Willem Uten-
hove cité par Maerlant, qui lui reproche de s'être égaré à
la suite d'un modèle français trop peu exact. iSaluron
Bloeme, I, vs. 101 :
le hebt belooft, en wilt ghelden...,
Te dichlene enen Besiiaris ;
Nocbtan wetie wel dat waer is,
Dat her Willem IJten Hove,
Een priesler van goeden love,
Van Aerdenborcli, enon heeft glieniaecl ;
Maer lii wasser in ontraect :
Want bine uten walscbe dicbto,
Dies wart hi onlleit le lichle
Eiî beefl dal warc bcglievon
Quoique notre fragment provienne évidemment aussi
d'ini livre traduit du français, la condition de prêtre que
Maerlant assigne à her Willem Utenhove et l'honorable
témoignage qu'il accorde en cette qualité à ce brave homme
qu'il a peut-être connu personnellement, ne permettent
pis de croire qu'il s'agisse d'une même composition. Notre
fragment représente un poêle amoureux qui a trouvé ingé-
( i94 )
iiieux de peindre l'étal de son cœur, ses vœnx , ses craintes
et ses espérances dans une suite de comparaisons ou d'allé-
gories empruntées aux mœurs et aux propriétés vraies ou
fictives de différents animaux, parmi lesquels je trouve le
grillon, le rossignol, le cygne, le chien, le loup, le ser-
pent, le vautour et la panthère, dont il n'ouhlie pas de tirer
aussi, en passant, des applications à l'égard des femmes. Il
n'y a rien dans tout cela ni dans la manière dont les détails
sont traités qui convienne au caractère attribué au poète
d'Aerdenborch.
Il y a eu et l'on connaît encore plusieurs Bestiaires
français tant en prose qu'en vers (1). Parmi ces derniers,
je citerai celui de Philippe de Than ou de Thaun écrit en
11^3, mais qui, traduit lui-même de la prose latine du
livre de Théobaldus De Natura animaliion, n'a pu avoir
aucune ressemblance avec notre Beesliaris thyois (2). Je
crois pouvoir en dire autant, même sans l'avoir jamais vu ,
du Bestiaire de Guillaume le ÎNormand qu'on rapporte à
l'année 1212. Mais il est plus que probable que notre
poème allégorique thyois était une traduction ou une imi-
tation du Bestiaire de Bichard de Furnival, composé
d'abord en prose vers le milieu du XIII'" siècle, puis re-
(1) J'ai vu autrefois à la Bibliolhèque du séminaire de Malioes un mince
Bestiaire sur papier, in-12, où Fauteur disait dans son prologue qu'il
l'avait composé en prose par Tordre du comle (quens) Robert, parce que
les bestiaires rimes ne débitaient se mençonges non. Je crois me rappeler
qu'il était longuement moralisé. J'ai recueilli moi-même un feuillet de par-
chemin d'un autre bestiaire en prose , in-f^ à 2 col., d'une grande et large
écriture du XI 11^ siècle.
(2) Du Théobaldus yai possédé jusqu'en 183G un beau MS. 10-4" siir
parchemin, avec peintures sur fond d'or; il provenait de l'abbaye de
S'-Trond et me paraissait devoir remonter au XII^ -siècle. Je Tai cédé en
échange d'autres livres à M. Serrure, alors mon collègue à l'Université de
Gaud. J'ignore ce que ce MS. est devenu depuis.
( 492 )
fondu en vers de liuit syllabes et même encore présenté
au public sous cette forme après l'invention de la typo-
graphie. Je copie le titre et la description de cette vieille
édition d'après Brunet : « Sensuyt le bestiaire Damours :
» moralisé sur les Restes et Oyseaulx le tout par figure et
» hystoyre. Imprimmé noinieUcmcnl à paris, etc.. Petit
» in-4"' gotb. de 28 f. non chiffrés, à 2 col. de 42 vers,
s> avec ligures en bois. Le titre en rouge et en noir. » Pour
plus de détails bibliographiques ou biographiques, on peut
s'adresser à Brunet même et à la Notice des manuscrits
(le la Bibliotlièque du roi, tome V, p. 276 à laquelle il ren-
voie. On peut voir aussi la note un peu confuse de H. Au-
diffret dans la Biographie universelle , art. Than (Phil. de),
Grasse, Lehrbuch, etc., I^ vol., 2'' sect., p. o87 et ailleurs;
enfin et surtout Thomas Wright, Biograplria brif. literaria
[période anglo-norm.) , pp. 86 et 426 et suivantes.
Je retourne à mon fragment thyois dont j'aurais d'autant
plus tort de m'écarter longtemps, qu'il renferme en lui
seul tout l'intérêt que pourra avoir cette notice. J'ai déjà
donné à entendre que ma trouvaille ne se distingue pas
par son mérite poétique. Elle a plus d'importance à mes
yeux, comme fournissant une nouvelle preuve de la cul-
ture intellectuelle et de l'activité littéraire de nos ancêtres
au XIl'' et au X!H- siècle. Initiés par leur éducation ou d'au-
tres circonstances favorables dans la connaissance des deux
langues, beaucoup de nobles et la plupart des bons bour-
geois, non-seulement se tenaient au courant de tout ce
qui, soit près d'eux ou au loin, s'écrivait en français, mais
se l'appropriaient à l'instant même, en le traduisant en
leur vieux thyois qui était la langue commune de toutes
les contrées belges, tournées du coté de la mer du Nord,
aussi bien que d'une assez longue bande de l'Allemagne,
qui s'incline vers la même mer, et l'instrument d'une civi-
( m )
jjsation vivace et constamment progressive comme elle,
en dépit des obstacles qui leur lurent souvent opposés.
Mais celte langue, quoique conservant partout son carac-
tère propre, avait, alors, comme le français de la même
époque, ses formes dialectiques particulières à certaines
régions, dont on a trop négligé l'étude jusqu'ici, et sur
lesquelles nos fragments, malgré leur peu d'étendue, me
semblent, plus qu'aucun autre document du même genre
que je connaisse, devoir attirer l'attention de nos linguistes
et de nos grammairiens. Ces 208 vers renferment un grand
nombre de questions dont la solution nette et complète
contribuerait beaucoup à la connaissance de la constitu-
tion et du développement organique de notre langue.
Puisse quelque jeune et courageux philologue, sans calcu-
ler d'avance le temps et le travail qu'il devra y mettre,
entreprendre un jour de tracer de notre ancien thyois une
espèce de tableau à la fois chronologique et topographique
dont le plan7 tel que je le conçois, se trouve déjà jusqu'à
certain poinl indiqué dans le système adopté par Burguy,
dans son excellenle grammaire de l'ancienne langue fran-
çaise.
Pour ma part, je dois me borner à mettre sous les yeux
du lecteur la transcription la plus exacte possible du con-
tenu de mes deux feuillets de parchemin. J'y ai ajouté la
ponctuation pour faciliter l'intelligence du sens. Si j'y ai
joint, en outre, quelques notes, c'est dans le même but,
mais surtout pour appeler l'attention sur les formes inso-
lites de flexion ou d'orthographe ou sur les erreurs présu-
mées du copiste, le tout sans discuter ou chercher à rien
prouver. Je me suis rigoureusement abstenu de toucher
au fond, qu'il fut vrai ou fabuleux : la plupart de ces tra-
ditions sur les bêles sont connues.
( iU )
En revanche, je placerai ici un petit aperçu des parti-
cularités grammaticales que j'ai remarquées dans ces frag-
ments. C'est d'abord et
1" L'orthographe du titre, Beestearis pour Bestiaris ou
comme on écrivait aussi , Bestiarius. Ensuite,
2° La diphthongue ei pour c ou ce : deisc, seigfj/icl,
plcighet, heift et heivet, keilc, weHen,beide, meide, neiml,
steide, eitet, leist, veile, etc., pour dese, segghet , etc.;
5*" lantsceip pour lantscap.
4*^ /lie pour/i^ ^ hij, d'un bout à l'autre des i'ragments;
5" sie et soe pour i•^ -= zij ; une ou deux fois aussi sij^
mais ce soe pronom régulièrement distingué de so adverbe,
qui n'a pas d'e;
6'' — dij enclit. pour di {suldij);
7" mij et une fois mie pour ini et bij pour bi;
8° ion, pronom pers., au datif, à côté du datif i/, vs. 40
et 47, et de même iouive et imej pron. poss., vs. 41 et 155;
mais vs. 65 iou sans flexion, quoique féminin;
9° ie pour ghe, particule proclitique du participe passé :
ievroemt pour ghevroemt, iesijn pour ghesijn, ieivesen
pour ghewesen = gheweest, etc.;
dO" liadic et bidic à coté de haddic et biddic;
11° arpene, jouer ou accompagner de la harpe, et (ds
pour hais; d'autre part hes pour 6's, verbe subst. On connaît
l'emploi de l'aspiration dans certaines parties de notre
Ouest, où tout le fragment nous ramène;
12" nerest pour neerstidi, arech pour arch = erg, bc-
rech pour berck = berg ;
lo'' ^/ief/a«e-=gedaente, masculin contre l'usage;
14" o/" pour rt/" est commun dans beaucoup de MSS.,
mais il doit ici entrer en ligne de compte;
15" Barbarismes : conter failen, succocrsy bcaoengc;
( i95' )
16" Rimes à noter, vss. JO J6, 66, 87, 108, 119,128,
158, 1 i2, 146, 154, 172, 17i, 184, de.
J'ai encore relevé d'autres particularités dans mes notes,
en laissant en général au lecteur le soin de discerner l'écri-
ture primitive de l'auteur des changements qu'elle j)eut
avoir subis sous la main du copiste. Voici le commence-
ment du premier fragment de notre Beesïearis.
BEESTEARIS.
f !•, .", col. ,. Dits • 1 ■ retloiie Avaci'bij
Deise dichte beginnen sij ;
Dat singhen dat heift lettel ievmenit.
Als eens dier dinc soe wel becomt
o Dal iiiet beiagliet dat niach eyleii,
Dal singhen dat hem doet vergheitcn,
Dais die crekel; wanl sine manière
Es dat hie gherne es bij den viere.
{Blanc pour un dessin.)
Dat es mij ghesciet doe ic meest piiicn
10 Hadde te makene liedekine,
Eli ic niet dij le singhene ploe;
Vs. i Dits = dil es; il désigne ce qui a précédé el non ce qui suit.
2 De/se = dese. /)ic/ife ^ gedicht , voir Kiliaen. Befjinnen, pour berjonnoi. Le
copiste a oublié de fermer Yo; car il figure toujours notre g devant i el e par yh,
ce qu'il n'a pas fait ici.
3 Haifl = heeft. — levroemt — ghevroonit.
4 Le copiste a hésité au 2« et au 3^ mot ; il a mal changé son ecn en eens.
5 Eyien — eten. Cprz. vs. 6 vergheilen.
8 Hie = hi.
!J Pinen , lisez pine ; la flexion du génitif gâte la rime.
i l Niet et singhene peuvent aussi se lire met et suighene ; les points des i man-
quent comme souvent. Peut-être aussi le copiste a-t-il écrit dij pour die.
( i96 )
Alie niijiiil vromeii liacUlic due.
Duch mcrkic bij der iiachlegale
Die iiit saysoen singhet wale :
la So nerest lieift soe iesijn int siiighen
Dat soe doelde enso die lieden vinghen.
{Blanc pour un dessin.)
Also neresl hebbic iesijn
IJp singhen, dat den sinne niijii
Heift ghecraiicl eii minen ghedaiie.
20 Noch iiemic exemple bij den zwane
Daer men wonder ave seigghet;
Het es '1 • iantsceip daer men pleighet
Te arpene den zwane herde vvel
Sie conterlaiten dat arpenspel.
[Blanc pour un dessin.)
25 Dat ludel over eeu ter curen
Bet dant doet fluten en tamburen,
Eiî namelijc int iaer dat sij
Sterven sullen ; bedij
Alser 1 • wel singghel, le waren ,
50 Seit men hie sal sterven sliaren.
Dit selve merkic als 1 • kint
Vs. 12 Mijnsl — minst.
15 So = zoo , adv. — Nerest = neerslig. Voir Halberlsma sur Maerlant , pp. 30
el 548. — Soe = sic = zij , pron. — Iesijn = ghesijn = ge>veesl.
IG Doelde — doolde. — Lieden, lisez liede. — Eïtse (sic, avec le trait sur n.)
17 Nerest... iesijn; cprz. vs. 15.
18 Dut = dattel = dal lict.
19 Gliedane — gedacnle, fr. ligure. Il faudrait mine au fera.
21 Sei(j(jhet = segghct = zegt.
2-2 Lantsceip = landschap.
2," Fleifjhel — pleegt.
24 Arpene = harpen, jouer ou accompagner de la liarpc.
2.'; Ludet over ccn , fr. forme un accord.
26 Bet — beter. — Dant = dan hei. Notez aussi doet, c.-à-d. ludet.
28 Bedij — bedi — bedie = bi dien , dacrom , wanl , etc.
30 Stiaren, métatlicsc pour Isiarcn = sjaers = desjaers.
( '^^ )
Van groter vroescepe vint,
So scit inen ghemeiielike
Dal kinl sal steiven corlelikc.
3o Dat singlien mach ic wel liatcn
En moel ooc bij ciachten laleu,
Want ic ben liées in die keile.
Ais ic eer seide bij den bijspele,
Hees werdic ter wilen eîi ter sleden,
40 Vrouwe, daer ic iou weilen dede,
Hoe sere iouwe mione mij hadde bevaen ,
Eer ict ieweilen hadden eii verslaen
Weder bel mi bel le vromen
So te scaden niochte comen;
45 En dat ict nu le spade weet,
So heifthet mi iewesen leet
Dat ict u noit maecte cont,
Sident dat ic wel verstont
Dat ic iiwes derven moet,
dO Die so hovesch sijt efi so vroel;
Dats die rou^ve die ic ne macb
Vergheiten niemer nacht no dach.
Bedij heift het dicke mij \e.sijn
Mochtic doen so dat hondekin;
55 Alst heift te vêle inghedaen,
Ghevet dat weder ute saen
Vor hem up die eerde neder,
Vs, 32 La phrase est embarrassée; il faudrait als men ...vint. Leseiisesl : (piaïul
il se trouve un enfant d'une sagesse précoce.
57 Keile — kele. Notez la rime.
38 Ce bijspel (exemple) doit être perdu avec la partie qui a précédé nos frag-
ments.
39 La rime et la grammaire demandent 1er stede.
40 Iou = u et vs. 41 iouice = uwe,
42 leiceiien = geweten. — Hadden , lisez hadde.
46 Heifthet pour heeftet , devait s'écrire en deux mots. — leicesen — geweest.
52 Vergheiten ^= vergheten. — Niemer = nimmer, nemmer.
53 Bedij et heift, v. ci-dessus, — /es?ji"/i est plus que douteux; «e seul est un
peu visible. Le sens se devine; reste à deviner le mot.
54 Hondekin = hondekijn. Cprz. pour la rime vs. lOo.
( m )
Eu uver • 1 ■ slic coiiil bel wcder,
Eu h'cîvol up al te maie.
[Blanc pour un dessin.)
00 Dies ielijc, hadic ieniocht wale,
Hadie iedaen, als mie was ghesciet
Dal ici mi onlvlieghen liel
Mine claghe en mine beide
Daer ic ontdecle mede,
65 Eu als gbi mi onlseit iou minne
Wildicl wel hebben ieboiiden binneii.
Van den wlf daer ic of acbler liet ,
Mach men seggben groot bediet;
Want hie den aïs beift so slide,
70 Hiene machen bugben te gbenen lide,
Hiene bugbe bem selve al te maie.
Dat vint bie waer diet merken wille.
Nocb beift bie andere manieren
Dies bie me pleicbt dan andere diere ;
75 Dat seggbic ii , dat es dal bij
Sine proye neiml node bij.
Terde es, sal bie int scaepscol crupen
Hie gael stille aïs die wille cupen.
Vs. 58 Ocer • I • slic = na een stuk (tijds).
60 Dies ielijc = desgelijk. — Iladic — haddic, liad ic. — lemochl = genioclil.
61 Hadic iedaen = had ik gedaen.
65 Beide — bede? ou ininne beide, le gelijk? L'omission probable d'un mol [inij?
bij? haer?) dansle vers suivanl rend le sens obscur. Comment poncluci?
6(i lehouden = gehouden. Notez la rime.
(j7 Wlf= wulf = wolf. Vu est compris dans le W.
G9 Slide = slijf, fr. raide. — Hie = hij — Als = liais.
70 Hiene machen — hij en mag lieu). En fr. : il ne peut llôcliir le cou s'il ne ^c
tourne loul entier.
17, Manieren lisez manière , comme la rime et le Dies suivanl l'exigent.
7i Dies, neutre, pour dier, est bon. — Me = meer. — Pleighl = ploegl.
76 Neind node bij = niet geerne neemt in de nabijiieid.
77 Terde es = bel derdc puni is. Il a compare deux autres parliiularilcs plus
haut. Cprz. vs. 85.
78 6'w;jen = omgaen , bedriegen; fr. intriguer, tournei autour comme un ton-
nelier.
( i«»!> )
[lilanc pour un dessin.)
Maer rawsciil oiider sinon pool ol" ciaccl
80 Hie bijt sinen pool en sinaect.
Hic ne weet up wien wilen cl
Dan sinen pool die \\as te snel.
Dcisc Ml- poenle, so ic can scouwcn ,
Heift meii ooc bevondcn van vrouwen ;
83 Want die enen man bemint
Sere, soe ne mach hem gheven twinl
Daer soe hem meidc ghepayl heivet,
Hen sij dal soe haer selven ghevel:
Dats dat hie den ais heift so slide
90 Dat hiene mach bughen le ghencn tidc,
Hiene kere hem selven al mede.
Bi des wlfs andere sede
Mach men merken eii sien
Ene zede die vrouwen plien :
9d Aise haer lief es verre ontvaren
Soene mâcher sonder niet ghewaren ;
Maer ais hie haer comet bij,
Dan doel soe oft haer viant sij,
En vert recht of haer mesquame
100 Dat soe hoort sine name.
Die nature van den derde bedict,
Vs. 79 Maer ruuscht , peut-être Aist ruuscht: les quatre lettres scht sont seules
certaines.
80 Smaect = smact, smakt, àesmakken, fr. secouer, accùminodé à la rime.
8t Wilen — wijten , fr. imputer.
84 Ce vers el le suivant n'oflrent plus que peu de lettres lisibles.
92 Sede et vs. Oizede, = gewoonte, ici fém., ailleurs plus souvent masculin.
9G Soene mâcher sonder — zij mag cr niet sonder. — Gheicaren = wandelen?
bestaen? gerust zijn? La signification propre m'échappe.
98 i>oe< , écriture incertaine.
99 Vaert ou vert recht — handelt, gedraegt zich juist. Ce sont bien deux mots
et non vertrect^ quoique varen puisse aussi signifier s'en aller.
101 L'écriture du vers est certaine, mais je crois que l'abréviation de derde est
fautive el qu'il laul diere : Die nature van den diere (van den wolf ) ; alors le sens
sera clair.
( oOO )
Dal lie willic Iieilon niel;
Ilel glievall als vrouvven niinnen
Hem hebben te verre ielaten bekiniieii,
105 So Irecken sij uul 1- manlelkiii
Daer sie ghedecl onder sijii;
Dat es sulke lislicheide
Dat sies Nvilien loochenen mede.
Dus weren sij hem melleii monde
1 10 Dal sic niet scinen ondervonden.
Vrouwen siachlen \vel den diere
Daer ic of sal segghen die manière :
Hels i ■ serpent dat wivre heel;
Siel liel den man onghecleel....
1 15 Aen liem es also niel;
Want daer men herevaerl ghebiet,
Daer riden heren meide efi kncclilen
Die dur haren liere \villen vechten.
Ooc volghen andere lieden naer ,
1:20 Die also lief hebben daer
Te blivene als in ene andere steide;
Vs. 102 Ileilen = Iieelen , verbergen,
103-110 Le seus de ces huit vers est, en gros, celui-ci : « Lorsque les feinmos
craignent de s'être compromises en se prêtant trop à des propos d'amour, elles se
couvrent d'un voile (lilt. elles tirent dehors un petit manteau qui les couvre). C'est
une ruse qui leur permet de nier qu'elles aient laissé reconnaître leurs sentiments. »
Le rapport des mots vrouwen minnen hem est assez obscur. Le pronom masculin
ne peut s'entendre que de l'amant, au datif. Je crois que le copiste aurait dû
écrire vromceii die minnen hem, etc. — lelalen = gelaten. — J\Jantelkin, rprz.
vs. 54. — Sies — si des.
112 Of=af=\i\n.
113 Wivre, écriture obscure, mais leçon certaine. Voir Ducangb, Glossaire
français : Wivre, vivre, rjuivere , fjuivre, et Gloss. latin : Viverita, vivre et voivre,
ce dernier de Joinville. Le poëte semble vouloir parler du basilic.
115 Ce vers commence le second feuillet et ne se relie pas avec les précédents
à cause d'une lacune d'au moins quatre colonnes.
1 17 Riden ; les deux premières lettres de ce mol ont disparu. — Meide — nicdc.
1 18 Dur = door = voor, om.
1 I!» Lieden, v. vs. IG.
121 Te blivene, te sterven. — Sleide — stede, fr. place , endroit.
( :îoi )
Deso volglien oni rovcn meido,
EH sijn betekenl bij den gliiore
Die den liere volgbel. Hets sine mimicic
125 Dat hie so verre rieken can
Die is versiegheii dan :
llie riecl wel over. IIJ. dachverden.
Dus maoclij hie beni sere verde.
{Blanc pour un deftsin.)
Dus sijn iieden die niewer oni el
150 Vrouwen connen voighen so wel
Eîî ...Aven dat siese minnen,
Dan dat sie willen bekinnen
Haren wille daer ave.
Menich es hiene gave
105 Niet weiie daer om, dal es mijn waon,
Hoet melter vrouwen ère soude gaon.
Andere voighen den hère meide
Niet om tedoen quaetheiden,
Daer om dat sij tlanl besien.
140 Dese belekenen Iieden die pHen ,
Waer dat sij met trouwen wandelen,
Ne spreken van ghenen anderen
Vs. 128 L'éf-riture maedij hie est vicieuse et le reste ne parait guère être plus
exact. Je soupçonne qu'il y a eu maecl hier (hi er) hem heeti siere verden. Le mot
verde ou vaerl a plusieurs emplois. — Au vers suiv. el vs. 140 lisez liede.
131 II ne reste de visible que la terminaison icen; le sens s'accommoderait
assez bien de zueren, mais il n'y a pas de contraction de er ou de re dans le MS.
133 Les trois dernières lettres de niet tombent dans un trou , de sorte qu'on
pourrait aussi lire noit. Weile est très-lisible et parait être mis pour veile = vêle,
d'après l'habitude du copiste.
\7)1 Den hère, au datif, fr. l'armée. — Meide = mede.
138 Lisez qnaelheide.
1~9 Dans le MS. il ne reste des deux premiers mots qu'un D majuscule avec le
signe d'abréviation de er ou aer el un second signe dabrévialion de om dont Vo a
disparu ; le troisième mot dat se laisse encore deviner. Le copiste a mis par erreur
un D initial pour un M. Je corrige donc Maer om dal.
140 De Dese il ne reste plus que le D; le trou s'étend jusqu'à ...tekenen.
142 Notez la rime ; r et / oni une grande affinité : donher rime avec carbonkel ;
rossignol vient de lusciniola, etc Les vieux poètes de la AVest-Flandre écrivaient
même uandcren pour wandelen dans la rime.
( S02
Dinghen dan van niinneii;
Nochian werl hare herlc hinnen
1 iri Xoil ghewont van niinnen cunio :
Si spreker af bij coslunien.
Die om liaren besoengc vaien
Die bclekenen over le waion
Die gone die le minnen.
laO Vrouwe, dat dadic u \\e\ hekinnon
Dal ic ware van dien een.
Hadic dan van u dit hoglieleen,
Dats uwe minne, soudic merken
Efi verwinnen bij ghewei ke ,
iri-j Dal ic ben ielroiiwe cneelil,
Daer mi laie doe of reclit
Niet ghehelpen loe ne macli ;
Newaer aliène bidic daeh ,
Soete vrouvve , dur onioet
160 Dal ghi mi ghenaden doet.
Dats tachtersle siiccoers en baie
En daer ic mi meest toe verlale,
Quame so vare lachter hare
Vs. 145 Spreher = sprekener ^= sprekcn er, inclinaison et syncope. Coslumen,
écrivez sans flexion costume. Ce mot apparaît de bonne heure dans notre langue.
t i7 Bcsoenç/e , prononcez besoeuje , dans Kiliaen besonie à côlé de besoniéren (sic).
Je n'ai déchiffré ce mot qu'après avoir remarqué son g seul h la place du gh ordi-
naire. Notons que le mot est employé comme masculin, à moins qu'on ne doive
mcllre Yn de hnrcn sur le compte du copiste comme plusieurs autres.
t48 Je soupçonne que le copiste a d'abord voulu écrire oicr icacr, el qu'après
avoir bien écrit te ivaien , il a oublié d'effacer oier.
1 i9 II cloche (juelque chose dans ce vers; j'écris die te redite minnen.
io-2 Iladic est mal écrit pour haddic ou had ic. Cprz. vs. 158 bidic pour biddic.
155 lelroince , en un mot = getrouwe, c'est-à-dire een getrouue. Cprz. èlre
bon apôtre. — Au vs. précédent lisez ghticerken.
15G Taie doe , j'écris tnle doen; le copiste a oublie le irait sur l't de t^)". Maor-
lant dit taie maken = fr. discourir, plaider.
158 Sexcacr = maer. — Bidic, v. vs. 15:2. Dacli hidJeu me par;ut être un teiine
de palais : solliciter la fixation d'un terme.
1()I Tochlerste succoers = d'e laetstc hulp ; cprz. vers l{\'.\.
1(»2 Notez la particule foe = noire op, d'où toeterlaet.
lG3ir,4 Ces deux vers paraissent avoir été corrompus par le copiste; les nmls
( o03 )
Commoii al daer ic nacr gare;
1G5 Ghelijc dal die coninc oniboot
Sijn acliler hère, daei" liie so ginoi
Toevcrlael hadde efi liopc,
En daer omme dede lopen.
[Ulanc. pour un dcssi^i.)
Vrouvve, oni dat succoers biddic,
170 Volghe, eil licbbe iedaen goet slic;
Waniieer suldij u omme keroii
Eiï slacbten den panière?
Van hare doe ic u te weilene :
Hels 1 • dier en pliel letene
175 Taire scoonste en isoelste eruut
Dat soe vint ; dal ieist so uut
En eitet; daer of riect soe wale,
Dal haer die diere aile le maie
Dièse bebben ieroeken efi werven
180 Moele haer voighen, souden sie slerven.
Xoch pliel soe 1 • goede manière :
Als haer ghevoighel hcbben die diere
Om dat soe so vvale riect,
Die diere dan soe besiel
185 Weet of hebbende arech.
quame,va)'e et commen, me sonl surtout suspects. Quame exigerait rore/i ou verre,
mais à cause de comnien il faudrait changer quame en icare ; c'est tout ce que j'en
dirai. — Achter hare = achterhere, fr. arrière-garde, réserve, etc., ne doit former
qu'un seul mot. — Gare = ghere, begeere.
Vs. t66 Lisez encore achterhere en un mot.
169-170 Comprenez : biddic, volghic eu hehbic cjhedaen (gevolgl) een rjoet sluc
(lijds). Je ne sais si ce langage elliptique et si concis peut s'expliijner autrement.
172 Slachten = gelijken. — Den pantere, lisez au féminin der panier en.
179 Ieroeken = geroken. Lisez een icerven ; le trait sur V71 est de trop.
180 J\Ioete , lisez Moeten ; le trait sur l'e est oublié. — Au lieu de souden sie , le
poëte avait probablement écrit soudsi. Le copiste a craint qu'on ne l'entendit de
la panthère, au sing. — Haer dans ce vers, après haer vs. 178, est de trop.
184 Non-seulement besiel ne rime pas bien , mais construit comme il est , il de-
vient impropre ; il faudrait siel. Je soupçonne une omission de deux vers.
185 Weet est mal écrit pour Wee ou pour Leet = kwaed, pijn, fr. souffrance,
douleur. — Arech = arch , erg, subst., = ongemak, zieklc , etc.
(S04)
So clenil soe up enen berecli
Tenen liden van den iare ,
Dit wet men over waer van hnio ,
En aient up die /ieke diere
190 Dan sijn sij ghenoscn sciere.
[lilanc pour un dessin.)
Langhe hel)bic ii ievoighet eiî veih
EiT weit vvel dat ic dur u quele,
En ghi over u hebt die doghet ,
Daer ghi meide ghenesen moghet.
lOo Ondoet dan uwen soeten mont;
Mineu herle die lies zere ievvont;
Salvetse met uwen trooste ,
198 So machic mijn leet al ver
EXPLICIT DIE BEESTEARIS.
{Blanc pour une miniature.)
Vs. 18G Berech = berch , berg.
18!» Eh aient (ou mieux elent) up , elc II manque encore Ici quelque chose ; car
(lans«/fn< = aten hel, on ne voit pas clairement ce que les animaux malades doivent
manger.
191 Ievo\(jhet = gevolgd. — Veile = vele.
192 Weit = weel. — Quele , notez la rime.
19i Meide = mede.
19G Minen , lisez Mine. — Hes, aspiration flamande, pour es. leivonl = gewond.
197-198 Salvetse = zalf haer [mine herle), zalf mijn hert, La rime deees deux
vers manque. Il ne reste sur le parchemin, qui est troué et fort maltraité en cet
endroit, qu'un obscur soupçon de l'ancienne écriture. Comme j'ai la confiance
que la classe m'accordera un fac-similé de cette page , je n'ai fait aucun effort
pour compléter ces lignes. Après les rébus qui précèdent et que j'ai expliqués le
mieux que j'ai pu, nul lecteur ne s'offensera, j'espère, si, en terminant, je lui
laisse le plaisir de deviner lui-même cette ilernièrc charade.
( UOV) )
HIER BEGHIXT OVIDIUS (*).
Die tien aorl van der miniieii
Wille leren efi kinnen
Lesen dese, hie sal saen
Al die wijsheit doen verslaeii,
5 Hoe hie hem ter minnen moet
Eîî walter hem loe es goet.
Die den brief wille maken
Ulen walsche, constijt gheraken,
In dielscher taie dur ene bede
10 Die ene ioncvrouwe tote hem dede
{La suite manque.)
La classe s'occupe ensuite des préparatifs de la séance
publique du 12! mai et détermine de la manière suivante
l'ordre du jour de cette séance:
1° Sui^ le caractère du mouvement communal en Bel-
gique, discours par M. Ad. Borgnet, directeur de la classe
et président de l'Académie ;
(*) Je crois reconnaître l'original français de notre traduction dans le MS. delà
Bibl. Impér. de Paris, n» 1830, fonds S'-Germain , n« 1-25!), fol. 93-98 : Ci com-
mence de Ovide : de Arte , etc.
Vs. 1 Aert., masculin, = wijze, fr. manière ou méthode, et kunst , fr. art.
5 Lesen dese est une bévue du copiste ; il faut Lèse desen. Lèse au sing. comme
wille, et c/esen sous-entendu aerl (cet art, ce manuel) , d'où dépend aussi hiesaL..
doen verslaen : ce traité enseignera.
5 Encore une bévue; le copiste a écrit Aem pour Aere« ou /ie»j ^ere?t , fr. se tourner
vers, se livrer à. Le verbe keerenesl neutre ou pronominal.
7 Le sens est : Celui qui se propose de rédiger, s'il peut y réussir [conslijt ghe-
rahen), cet écrit du français en thyois, à la prière qu'une demoiselle lui fit.... —
Dur = door. Comparez le fac-similé.
2'"' SÉRIE, TOME XXVII. 34
( 506 )
2" Dona Giovanna cVAustria, fille naturelle de don
Juan d'Autriche, étude historique par M. Gachard;
5« Une page de lldstoire d'Angleterre : les dernières
années d'Edouard III, notice par M. le baron Kervyn
de Lettenhove.
4" Proclamation, par M. le secrétaire perpétuel, des
résultats des concours et des élections.
S()7 )
CLASSE DES LETTRES
Séance publique du 12 mai 1869, à / heure.
(Grand'salle des Académies, au Mu^ée.)
M. Ad. Borgnet, directeur de la classe et président de
FAcadémie.
M. Ad. Qletelet, secrétaire perpétuel.
Sont présents : MM. Ch. Steur, J. Grandgagnage ,
J. Roulez, P.-L. Gachard , Paul Devaux, P. De Decker,
F. -A. Snellaert , J. Haus, M.-L. Polain, le baron de Wilte ,
Cil. Faider, le baron Kervyn de Lettenhove, R. Chalon,
Ad. Mathieu, ï. Juste, E. Defacqz, le général Guillaume,
Félix Nève, Alph. Wauters, membres j Noiet de Brauwere
van Steeland, A. Scheler, associés; G. Nypels, correspon-
dant.
Assistent à la séance :
Classe des sciences : MM. Nyst, directeur; Dewalque,
vice-directeur; d'Omalius, C. Wesmael, Stas, L. De Ko-
ninck, P.-J. Yan Beneden , le vicomte B. du Bus, Gluge,
Melsens, J. Liagre, F. Duprez, Poelman, H. Mans, M. Gloe-
sener, Candèze, F. Donny, Ch. Montigny, Steichen, mem-
bres; E. Catalan, associé.
Classe des beaux-arts. — MM. Ch.-A. Fraikin, vice-di-
recteur; L. Ah in, F.-J. Fétis, Guillaume Geeis, Jos. Geefs,
( m )
Ferd. de Braekeleer, Ed. Fétis, Edrn. De Busscher, Aug.
Payen, le chev. Léon de Burbure, J. Franck, G. De Man,
Ad. Siret , J. Lcclercq , membres; Daussoigne-Méhul ,
associé; F. Stappaeils , correspondant.
M. Ad. Borgnet, après avoir fait connaître l'ordre du
jour, prononce le discours suivant comme directeur annuel
de la classe :
Sur le caractère du mouvement communal en Belgique.
Quand nos arrière-neveux auront à faire un jour l'his-
toire des institutions qui nous régissent, ils auront sans
doute bien des obstacles encore à surmonter, rien n'étant
plus délicat à retracer que l'existence intime d'un peuple;
toutefois ils trouveront dans l'accomplissement de leur
tâche des facilités dont nous sommes privés, quand il s'agit
pour nous de décrire les institutions qui ont régi l'Eu-
rope pendant le moyen âge. Les constitutions modernes,
en effet, quel qu'en soit le caractère, sont écrites; tout au
moins la division des différents pouvoirs, les rouages du
gouvernement, les éléments du corps social en un mot,
comme les rapports qu'ils ont entre eux, sont bien déter-
minés.
Dans le moyen âge, au contraire, les documents sont
rares, et encore s'en est-il perdu une bonne partie. Puis
tout est confusion; les pouvoirs publics n'existent qu'en
vertu d'un fait, et le fait se modifie constamment, tantôt
au détriment, tantôt au profit du pouvoir auquel il se rap-
porte. Examinez, par exemple, la royauté. Immédiatement
après la conquête, on la voit grandir et se fortifier dans
( m )
les états fondés par les Germains. Mais les institutions
primitives lui sont contraires; elle a mis à profit des cir-
constances l'avorables , sans parvenir à prendre racine dans
un sol que lui interdisait le caractère essentiellement dé-
mocratique de la vieille constitution. Aussi ses progrès ne
sont-ils que momentanés, et la société marche à pas ra-
pides vers le système féodal , c'est-à-dire vers le triomphe
du principe aristocratique, dernier mot des tendances de
l'époque. Toutefois la royauté se maintient, et s'apprête à
reprendre plus tard sa marche ascendante. De son côté, la
démocratie n'a été que momentanément éliminée; elle se
redresse, s'incarne dans les communes, qui finissent par
prendre place au sein du monde nouveau, et par gagner
assez d'importance pour faire rechercher leur concours.
La monarchie l'obtient, puis quand elle s'en est servie pour
ruiner l'aristocratie, elle se tourne contre cet allié d'un
jour, l'écrasant sans pitié là où la fortune lui sourit, lui
laissant une certaine autonomie là où elle rencontre une
résistance trop vive.
On a beaucoup écrit sur l'affranchissement des com-
munes. Je voudrais expliquer comment il me paraît s'être
fait chez nous, et, répudiant tout esprit de système, res-
tant sur le terrain des faits, demander à eux seuls l'expli-
cation de ce grand mouvement. En les examinant avec
attention et sans parti pris, on pourra suivre et comprendre
les péripéties que la commune a traversées avant d'arriver
à sa forme dernière. Cela nécessiterait un livre, et comme
je dois me restreindre aux proportions d'un discours aca-
démique, je n'aborderai que l'examen des phases princi-
pales.
Et d'abord je dirai qu'à mon avis la question n'a pas été
convenablement posée. Après les récits émouvants d'Au-
( 310 )
gustin Thierry, sur la lutte soutenue par les communes du
nord de la France contre leurs seigneurs, on n'a plus
voulu voir que l'insurrection comme la cause de l'établisse-
ment des communes, ou plutôt comme leur mode de ma-
nifestation. Pour notre pays, quoique bien des circon-
stances restassent à éclaircir, on en connaissait cependant
assez pour savoir que cette thèse était en opposition di-
recte avec nos traditions nationales, et que cet établisse-
ment parmi nous avait été tout pacifique, la lutle n'ayant
éclaté que plus lard pour assurer le maintien des progrès
obtenus. Les institutions romaines, les institutions germa-
niques, auxquelles on s'adressait aussi pour obtenir le
mot de l'énigme, ne le livraient pas, tout en fournissant
des éclaircissements qu'il est impossible de nier.
Le mot commune rappelle involontairement l'idée d'un
établissement démocratique. C'est là sa forme dernière,
mais au début la commune est essentiellement aristocra-
tique. L'assertion paraîtra paradoxale; elle est cependant
parfaitement exacte, et il n'est pas difficile de le prouver.
Commençons par rappeler qu'à l'époque où remonte l'éta-
blissement des villes modernes destinées à devenir des com-
munes, le principe aristocratique a prévalu avec la féodalité
qui en est la plus haute expression; il a prévalu pour l'en-
semble, il doit prévaloir pour les détails. La commune |)ri-
milive est un véritable fief. A ce titre, elle partage l'isole-
ment que la fusion de la propriété et de la souveraineté
impose au feudataire; à ce titre encore, elle est soumise
aux prescriptions du droit féodal et peut se rendre cou-
pable de félonie. Sous quelle forme alors se présente-t-ellc
à nos regards? Je prendrai pour sujet d'étude, et pour y
trouver des preuves à l'appui de mes allégations, les
grandes villes de nos trois principales provinces : le Dra-
( oll )
banl, la Flandre et le pays de Liège. Partout la popula-
tion se divise en grands et en petits (majores et minores),
division naturelle qui se retrouve aussi au début de toute
société. Pour dépeindre la situation de ces deux catégories
d'habitants l'une à l'égard de l'autre, la plupart de nos
vieux historiens, écrivant sous l'influence de leurs souve-
nirs classiques , ont employé les expressions patriciens et
plébéiens, et ils avaient raison, car dans le principe, chez
nous comme les patriciens à Rome, les grands seuls pos-
sédaient des droits politiques. Cette division existait aussi
dans les campagnes, où l'on trouvait des hommes hérilables
et des manants. Pour la plupart, ces grands étaient des
descendants de la race conquérante, ou des anciens hom-
mes libres qui étaient parvenus à maintenir leur position
à travers les épreuves de la conquête.
La possession de la terre est assurément à cette époque
le principal élément de l'autorité dans toutes nos provinces.
Toutefois il en est une, la Flandre, où le commerce et
l'industrie ont fleuri beaucoup plus tôt et ont constitué
une source de pouvoir longtemps inconnue aux autres.
Ainsi s'explique la part plus considérable qu'ils y ont prise
dans la constitution du patriciat , comme aussi l'impopu-
larité peut-être moins grande que le patriciat y a ren-
contrée , les rapports étant naturellement plus bienveillants
entre hommes que rapprochent des occupations de même
nature. Quant aux petits, c'étaient, dans le principe, des
individus de condition servile, qui, semblables aux es-
claves à Rome, avaient le travail pour apanage et exerçaient
un métier. Aux grands le droit d'habiter des maisons de
pierre (steenen) et d'avoir un nom de famille; aux petits
la possession d'une masure de bois et d'argile, et celle d'un
simple prénom auquel on ajoutait l'indication de leur état,
( ol2 )
(l'une difformité, d'une qualité ou de quelque circonstance
particulière. Les premiers se qualifiaient aussi gens de
lignage (progeniosi), faisant ainsi allusion à leur droit de
constituer une famille.
L'administration du territoire où est établie cette double
population est exercée par des éclievins, successeurs pro-
bables des scabini francs, et qui de juges du district {pagus)
sont devenus ceux de la localité principale. Appelés à juger
des bommes libres, ils doivent être de même qualité et
appartenir à la catégorie supérieure. Tel est aussi le té-
moignage que rendent les plus anciennes traditions : à
Bruxelles, sept éclievins, pris dans autant de lignages,
les descendants peut-être de ceux qui avaient été jadis les
propriétaires du sol où la cité s'est établie; même divi-
sion à Louvain. A Gand, la plus ancienne forme donne
treize échevins fournis par quatre familles. Le nombre des
éclievins est le même à Bruges, à Vpres et aussi à Liège.
Si, dans ces trois dernières villes, la tradition n'ajoute pas
qu'ils étaient choisis dans un certain nombre de lignages,
au moins est-il certain qu'ils appartenaient à la catégorie
des grands, et je viens d'indiquer la raison pour laquelle
il n'en pouvait être autrement. Ces premiers échevins sont
nommés à vie, et possèdent la prérogative de pourvoir eux-
mêmes aux places vacantes.
On s'explique, dans ce système, le silence que gardent,
sur l'origine et l'élection des échevins, les plus anciennes
chartes qui nous soient parvenues : l'existence de ces éclie-
vins, se rattachant à celle des scabini francs, était un fait
qui s'accommodait aux circonstances, et comme ces éche-
vins ne pouvaient être choisis que parmi les patriciens,
il n'était pas nécessaire de dire où il fallait les prendre ,
la chose étant notoire. Tenons ainsi i)our certaine l'exis-
( -vis )
teiice, dans nos communes primitives, de cette double po-
pulation, et la possession du pouvoir aux mains de ceux
à qui Ton pourrait appliquer la qualification de cives optimo
jure du droit romain.
Examinons, maintenant, les améliorations qu'éprouva
successivement la condition des petits. D'abord l'abolition
du servage, qui paraît avoir eu lieu vers la lin du X^ siècle,
c'est-à-dire à l'époque des croisades. Il ne faut pas toute-
fois en exagérer les conséquences et croire à une égalité
des deux catégories de la population urbaine : la classe infé-
rieure y gagna la liberté civile, tout en continuant à subir
la domination d'un échevinage patricien. Mais avec les ga-
ranties que lui assurait sa nouvelle position, elle se livra
avec ardeur au commerce et à l'industrie, dont le goût
n'avait pu lui venir auparavant.
L'institution des jurés, dans le cours du XIP siècle, fut
un nouvel avantage pour les petits. On n'est pas d'accord
sur la composition de ces collèges ni sur leurs attributions
précises. Quoique pris aussi dans le patriciat, du moins à
l'origine, ils étaient cependant chargés de faire contrepoids
à l'aristocratie, et plus tard ils échangèrent leur titre de
jurés contre celui de conseillers. Dès lors ils tendirent à
former le conseil communal, quand l'échevinage se vit
enlever l'administration proprement dite, ou du moins
réduire notablement son influence dans cette partie du
gouvernement de la commune. Plusieurs circonstances
connues établissent leur infériorité à côté de l'échevinage :
d'après une disposition relative à Ypres, ils semblent
n'avoir eu que voix consultative dans la direction des
affaires publiques; à Bruges, ils représentaient bien posi-
tivement la classe inférieure, et les échevins la classe su-
périeure.
( 31 i )
Au WW siècle la lutte intérieure qui, jusque-là, n'a
guère laissé de traces, commence à apparaître. Les rap-
ports entre les grands et les petits se sont sensiblement
modifiés, et une classe intermédiaire, celle des médiocres,
s'établit. Avec le mouvement de renaissance matérielle et
intellecluelle, qui fut au Xtl' siècle l'un des grands résul-
tats des croisades, on vit, même ailleurs qu'en Flandre,
des patriciens exercer des branches de commerce et d'in-
dustrie, qui étaient regardées comme n'entraînant pas de
dérogeance. Telle était en général l'industrie principale de
la localité : ainsi les tisserands, dans les villes de la Flan-
dre, les drapiers, dans celles du Brabant. A Liège, les
fi'xrcs possédaient une prépondérance de fait, à laquelle
n'était attachée aucune prérogative particulière, tandis
qu'ailleurs ce que j'appellerai le métier aristocratique était
séparé des autres, qui portaient le nom de petits métiers.
Dans la principauté de Liège, Dinant seul, je crois, possé-
dait la triple population des villes flamandes. Tandis que
la bourgeoisie de la capitale ne comprenait que les deux
catégories extrêmes, Dinant se divisait en ivo\^ membres,
comme on disait à Gand, et il y avait là les bourgeois
d'enmi la ville, le bon métier de la batterie de cuivre et les
neuf petits métiers. La classe des médiocres s'est formée
des grands amoindris, comme aussi des petits enrichis par
le travail, et qui, devenus propriétaires fonciers, ont, sous
l'empire des idées féodales, obtenu avec la possession de
la terre le véritable élément du pouvoir et de la noblesse.
Les individus de cette classe intermédiaire servent parfois
à rapprocher les deux classes extrêmes, mais plus souvent
ils apparaissent comme faisant cause commune avec le
patriciat.
Revenons à la situation des petits. Une nouvelle déno-
( 0-13 )
mination lend à prévaloir, et on commence à les désigner
sous le nom de gens du commun, ou simplement la com-
Diunc. On voit que ce mot, dans sa première acception,
ne s'applique pas à la chose, à la ville, mais à une partie
de la population. Elle ne s'applique à la chose que plus
tard, quand la commune fut devenue prépondérante à son
tour. L'organisation des métiers contribua puisamment à
amener ce résultat.
Jusqu'au moment où cette organisation fut assurée, les
rapports entre les grands et les petits n'avaient pas subi
de modilication essentielle, et le patriciat continuait à do-
miner dans l'administration de la commune. Cependant, au
commencement du XlIP siècle, cette prépondérance ne
fut plus aussi entière : de viager qu'il était, l'échevinagc
devint annuel. Désormais les échevins furent obligés à plus
de circonspection, et les abus qu'on leur reprochait de-
vinrent moins nombreux. Dans le nouveau système, qui
valait en tout cas mieux que celui de la viagèreté des fonc-
tions, les échevins sortants désignaient leurs successeurs,
et plus souvent le renouvellement se faisait par un délégué
du prince. En Elandre, la première charte qui consacra le
nouveau principe doit être celle que Ferrand de Portugal
publia dans l'année qui suivit son mariage avec Jeanne de
Constantinople. Ce prince avait été mal accueilli à Gand ,
à cause du mécontentement qu'avait soulevé la signature
d'un traité imposé par Philippe-Auguste à son inexpérience.
Dans l'espoir de se rendre populaire, il modifia la consti-
tution de l'échevinagc (1212), le rendit annuel, et, pour la
première fois, détermina la manière dont s'en ferait le
renouvellement : chaque année, le comte ou son lieute-
nant désignait, parmi les notables des quatre paroisses de
la ville, quatre électeurs qui choisissaient treize échevins.
( oi6 )
Ceux-ci devaient être pris parmi les habitants qui seraient
regardés comme les meilleurs et les plus utiles aux inté-
rêts (lu comte et (le la ville. Telle est la traduction littérale
des expressions mêmes du document, et elles ne peuvent
s'appliquer qu'à la première, ou tout au plus aux deux pre-
mières classes.
^Jalheureusement pour la Flandre, Ferrand ne persista
pas dans cette politique intelligente. Vaincu à Bovines
(121 4), il fut emmené à Paris et ne sortit de captivité que
plus de douze ans après. Le roi de France exigea une forte
rançon, et les riches bourgeois de Gand semblent avoir
particulièrement contribué à fournir les moyens delà payer.
Ferrand voulut reconnaître ce service, en renversant le
système établi seize ans auparavant : il lui substitua une
administration oligarchique (1228). Les échevins en fonc-
tions étaient chargés de nommer cinq électeurs, qui s'ad-
joignirent trente-quatre bourgeois choisis, comme dans la
charte de 1212, parmi les meilleurs et les plus utiles aux
intérêts du comte et de la ville. Cette définition, consacrée
par l'usage, devient, à cette époque, à peu près sacramen-
telle, car on la retrouve dans toutes les chartes flamandes.
Au reste, deux chartes (1240 et 1241) relatives à Bruges
et à Damme, et qui défendent de choisir pour échevin un
homme des métiers, fournissent la preuve qu'il n'est pas
encore question d'admettre les petits à ces fonctions émi-
nentos. Les trente-neuf, nommés comme je viens de le
dire, formèrent trois collèges de treize, qui devaient suc-
cessivement exercer les fonctions d'éclievins et de conseil-
lers, puis attendre que leur tour revînt au bout d'une année
de repos. Le caractère annuel de ces fonctions n'était qu'ap-
parent, car si chaque année un roulement s'eiïecliiail, le
personnel du corps entier était établi à perpétuité, et, pour
(317 )
bien mainlenir le caractère oligarchique de celle détesta-
ble instilulion, on allribuail à celui des trois collèges qui
exerçait Féchevinage proprement dit le droit de pourvoir
aux vacatures. L'échevinage annuel avait été établi à Ypres
trois ans avant qu'il le fût à Gand (1209). Bruges dut
attendre jusqu'en J240. Dans le Brabanl il fut établi à
Bruxelles par Henri l'"^ en 12oo, et à Louvain par Jean T'
en 1267. Que celle mesure fut populaire, il n'est pas per-
mis d'en douter : dans des fondions de celte nature, l'ina-
movibilité, jointe à la dispense de rendre des comptes ou
du moins de les rendre sérieusement, conduisait fatale-
ment à des abus, qui furent la cause principale des dissen-
sions intestines auxquelles nos communes furent en proie
au XW" siècle.
Avec l'introduction de l'annalité coïncide le premier
indice d'une représentation des petits, caractérisée parla
nomination d'un bourgmestre de h commune , expression
prise dans son sens restreint; ce bourgmestre est le chef
du collège des jui^és ou conseillers, collège qui finit par
porter le nom de conseil, sans autre qualification. Le chef
du collège des échevins porte à Gand le nom de premier
échevin, à Bruges celui de bourgmestre, à Ypres celui
d'avoué. Bruxelles et Louvain ont aussi deux bourgmes-
tres, dont la création paraît être plus récente.
L'histoire de Liège possède une chronique du plus haut
intérêt, celle de Jean d'Oulremeuse. Jean d'Outremeuse,
pour les événements desXÏÏP et XIV" siècles, est un témoin
contemporain, et nulle part on ne trouve, comme dans son
œuvre, des détails sur les vicissitudes qui ont agité la vie
intérieure d'une commune. Il est patricien, membre de
l'important lignage des De Preis, et cependant son langage
est celui d'un homme qui sait reconnaître le fondement
(S18)
des réclamations populaires. A l'aide de ses récits, on ap-
précie mieux des laits dont il est fort diflicile de présenter
un tableau clair et complet. Arrivé à l'année 1251, quinze
ans avant l'élection de Henri de Gueldre, époque où com-
mence réellement l'histoire politique de Liège, voici ce
qu'il raconte : « A ce temps que je dis, n'avoit encore la
commune (les petits) voix de rien à faire, mais faisoit son
labeur, et les nobles gouvernoient, et les éclievins estoient
seigneurs. » Et un peu plus loin, au moment d'entamer le
récit du règne de Henri de Gueldre (1^47), il dit encore :
« A ce temps estoit la cité de Liège gouvernée par les
grands et les nobles, et il n'y avoit homme , quelque riche
qu'il fût d'avoir ou puissant d'amis, qui osât parler de
choses qui appartenoient au gouvernement de la cité, ni
s'y intéresser; ils estoient tous tenus dessous pieds et ser-
vage des échevins et des nobles. » Le chroniqueur paraît
faire de l'échevinage une fraction particulière du patriciat,
constituant des privilégiés au cœur même du privilège.
C'était aussi un de ces collèges oligarchiques, comme
l'étaient en général les échevinages dans le principe.
Comme eux, il cumulait le pouvoir judiciaire avec l'ad-
ministration proprement dite, rendant la justice lui-même,
administrant par délégation. Ses délégués étaient les jurés
ou conseillers, qui apparaissent à Liège comme dans nos au-
tres provinces au Xlll*^ siècle et peut-être dès la Un du \\V.
Mais à Liège se prépare de bonne heure une transforma-
tion qui ne s'effectue pas ailleurs, au moins d'une manière
aussi tranchée : l'échevinage huit par perdre toute partici-
pation à l'administration, et par devenir exclusivement la
haute cour du pays, c'est-à-dire par exercer des fonctions
qui furent, dans nos autres provinces, conhées à un conseil
supérieur de justice. Je dis que cette séparation fut plus
(319)
tranchée à Liège, car, dans le Brabant comme dans la
Flandre, tout en continuant à former un seul corps,
Féchevinage se divisa en deux collèges, qui partagèrent
assez bien entre eux la justice et l'administration.
Ces jurés ou conseillers, à qui l'èchevinage liégeois dé-
léguait une partie du pouvoir administratif, étaient des
patriciens, et j'ai déjà dit pourquoi il n'en pouvait être
autrement. Ailleurs on rencontre assez fréquemment deux
bourgmestres, un pour l'èchevinage, un autre pour le con-
seil. A Liège, le grand mayeur, l'homme du prince, est le
chef de l'èchevinage, et le conseil est présidé par deux
maîtres à temps, appelés plus tard bourgmestres. C'est
l'èchevinage qui les nomme et les prend dans son sein;
c'est lui encore qui, comme dans les autres communes,
possède la prérogative d'accorder le service militaire. Il
l'exerçait, dit Jean dOutremeuse, avec une telle rigueur,
que si un bourgeois s'avisait, quand Vost était proclamé au
perron, de demander : où doit-on aller? il était frappé de
bannissement.
Ce fut précisément à l'occasion d'une semblable procla-
mation qu'éclata le premier conflit un peu important. Sous
la direction d'un patricien, Henri de Dinant, qui, pour des
raisons inutiles à énumèrer ici, prit leur cause en main, les
petits s'attaquèrent à l'èchevinage. La lutte eut ce résultat
que le conseil, dont on eût voulu obtenir l'éjnancipation ,
resta ce qu'il était, mais que les deux maîtres à temps
furent désormais pris dans le corps entier du patriciat.
Les historiens liégeois datent de cette époque l'élection
d'un maître plébéien. Cela est exact s'il est question d'une
mesure temporaire; il y en eut même deux à la fois, mais
ce fut une mesure extraordinaire nécessitée par la séces-
sion du prince et des patriciens, que la guerre avait forcés
( S20 )
de se retirer à Tétranger. Au reste, la sitation que nous
venons de dire constitue toujours un progrès réel, puisque
c'est un coup porté au gouvernement oligarchique, et
qu'une franche aristocratie, après tout, vaut encore
mieux.
En présence de mesures arbitraires d'une noblesse or-
gueilleuse et puissante, le prince, menacé lui-même, devait
se rapprocher des petits si méprisés jusque-là, mais dont
l'importance commençait à se faire sentir. L'alliance était
dictée par la situation, et Liège présenta, sur un petit
théâtre, le spectacle que présentèrent toutes les monar-
chies des temps féodaux. L'union de la monarchie et de
la démocratie fut conclue pour la première fois à la fin du
XIIl*^ siècle, sous le règne de Jean de Flandre, deuxième
successeur de Henri de Gueldre. De concert avec le patri-
ciat, l'échevinage avait décrété l'établissement d'un impôt,
et cela sans consulter ni le prince et son chapitre, ni, à
plus forte raison, la petite bourgeoisie. L'alliance porta
coup, et le patriciat dut se soumettre aux conditions qu'on
lui imposa lors de la réconciliation (1287). Ainsi, à la fin
du XIII' siècle, grâce surtout à cette alliance, l'importance
des petils avait augmenté en raison de la diminution
qu'avaient subie les prérogatives des grands. A qui exa-
minera attentivement les faits, cette situation n'apparaîtra
pas comme existant seulement à Liège; on la retrouve ail-
leurs, sauf quelque différence dans les détails. Les mêmes
causes continueront d'agir, et Talliance de deux éléments
rivaux, mais momentanément unis, contribuera à amoin-
drir toujours davantage la puissance de l'aristocratie si
forte un siècle auparavant.
Avant d'aborder le NIV'' siècle, le siècle démocratique
par excellence, voyons ce que nous dit encore Jean d'Où-
( 521 )
liemouse de l'organisalion des métiers, mesure qui prépara
l'avénemeiU définitif de la bourgeoisie. Les récits du chro-
niqueur liégeois suppléeront encore ici à rinsulTisance de
nos autres chroniqueurs, et les détails qu'il donne feront
comprendre des renseignements inintelligibles sans ce
secours.
Je crois ne pas me tromper en distinguant deux choses
dans rétablissement des métiers : la formation des cor-
porations, et l'organisation politique et militaire qui leur
fut imposée plus tard. Il est question de métiers, alors que
bien certainement ils ne peuvent jouer le rôle important
qui leur sera un jour attribué ; ils existent donc assez long-
temps avant l'époque à laquelle on reporte leur établisse-
ment, mais comme simples agrégations de catégories d'ar-
tisans. Ainsi les historiens liégeois rappellent la bravoure
déployée par les bouchers à la warde de Steppes sous
Hugues de Pierrepont (1215), et ce n'est pas sans doute
le seul métier qui se soit distingué dans cette circonstance.
L'histoire de Gand fournit aussi le récit d'une sédition en
1 164, où l'on signale l'active coopération des tisserands,
des foulons, des poissonniers et des bouchers. Cependant
ce n'est qu'à la fin du Xlll" siècle que commence le rôle
politique des métiers, à Liège comme ailleurs. Voici dans
quelles circonstances un patricien se présenta encore pour
conduire les petits à la conquête de nouvelles et impor-
tantes prérogatives. Devenu l'un des deux maîtres à temps,
ce patricien avait été privé de sa charge par un jugement
de l'échevinage; il résolut de se venger. A cet effet, il
persuada aux petits d'échapper aux exactions de l'échevi-
nage en ordonnant, cpie tous ceux qui êtoient d'un art ou
d'un métier eussent fraternité jurée entre eux, et que, dans
chaque métier, on désignât deux hommes de nom et riches
2"'" SÉUIE, TOME XXVII. 55
( ^22 )
pour en exercer la governance. Il n'est pas facile de pré-
ciser la portée de toutes ces expressions. On peut toutefois
afiirmer qu'il s'agit ici non d'établir les corporations d'ar-
tisans, mais de leur assigner une organisation nouvelle
qui augmentât leur force. En effet, le chroniqueur met dans
la bouche de l'orateur populaire cette phrase significative :
ainsi serait chacpie fraternilé aussilôf armée, si on vous vou-
loit rien faire, c'est-à-dire : causer quelque tort. Puis, plus
loin, le chroniqueur fait cette réflexion qui lui est toute
personnelle : la force des nobles es toit adonl si grande à
Liège, que s'ils vosissent faire grevanche à peuple, ii
peuple lie les posist résister. Et pourquoi ne le pouvait-il?
parce cpi'il n avait point de governance ni de fraternités.
Pour donner à l'organisation une forme légale, la garan-
tir contre le mauvais vouloir du palriciat, il fallait l'assen-
timent du prince. C'était alors Hugues de Châlons, prélat
besogneux et avide qui , après une réprimande fort vive,
finit, moyennant une bonne somme d'argent, par approu-
ver ce qui s'était fait; dès lors les artisans de Liège for-
mèrent, comme dit le chroniqueur , douze fraternités
(1297).
Tout cela, paraît-il, ne suffisait pas : il fallait encore
aux métiers le droit de porter enseignes et bannières, pour
s'y radreschier, et être ainsi plus redoutés, expressions qui
me semblent bien indiquer une organisation militaire. Ce
droit futac(juis avant l'arrivée du deuxième successeur de
Hugues de Châlons, Thibaut de Bar. Encore menacé par le
patriciat, qui voulait de nouveau percevoir des impots éta-
blis par lui seul, le chapitre résolut de resserrer son alliance
avec les petits, et le doyen convoqua à une entrevue secrète
les vingt-quatre gouverneurs des métiers; il leur promit de
nouveaux avantages, et, dans l'allocution que le chroni-
( m )
qiieur lui allribuc, on lit entre autres choses : Vous avez
chacun juré fraternité Vun à Vautre, et que jamais ne vous
[aurez ni à vie ni à mort, ni a nous pareillement. Et pour
cous assurer encore davantage, nous concédons C[ue cha-
cun de vos métiers ait une bannière rouge avec un perron
d'or à renseigne du métier ; puis il réitère ce qu'il a dit
plus haut : et s'il estoit besogne, vous vous pourriez radres-
chier à vos bannières, et ainsi vous en seriez plus redoutés.
L'alliance du chapitre et desj)etits fut de la sorte renforcée
au grand courroux des patriciens, qui durent attendre une
occasion de prendre leur revanche.
Elle parut se présenter lors de l'arrivée de Thibaut de
Bar. C'était aussi un prélat besogneux , et le patriciat
prenant les devants, lui offrit de l'argent pour obtenir
qu'il désavouât son chapitre. L'évèque accepta l'offre et se
disposa à retirer aux petits leurs nouveaux privilèges. De
|)art et d'autre on se prépara à combattre, et \es petits se
présentèrent conduits par des chanoines de Saint-Lambert
exercés au métier des armes. La ha taille allait s'engager
•quand l'évèque, ébranlé par la ferme attitude de la com-
mune, et plus probablement gagné par une surenchère sur
l'offre du patriciat, se montra disposé à changer d'attitude.
11 alla vers l'armée ennemie, ratifia ce qu'avait fait le cha-
pitre, et, parlant fort amicalement aux populaires, il leur
déclara que, s'ils n'avaient pas assez de bannières , il les
autorisait à en prendre davantage; c'est ce qui a fait sup-
poser l'augmentation, vers cette époque, du nombre des
métiers.
Ces détails serviront à faire comprendre un acte impor-
tant du drame communal, en mettant en scène les acteurs.
Dans toutes nos villes, en effet , on dut procéder de môme,
et plus iôt ou plus tard, mais toujours pendant le Xlîl'^
• ( 324. )
siècle, le résultat fut obtenu dans des circonstances ana-
logues à celles que rapporte Jean d'Outremeuse. L'intel-
ligence et la discipline que montrèrent les héroïques
compagnons de Pierre De Koninck et de Jean Breydel,
supposent une organisation si pas bien longue, du moins
bien établie. Dans le Brabant elle peut avoir eu lieu sous
Henri II et Henri III, princes qui favorisèrent le dévelop-
pement de l'élément démocratique, et leur belliqueux suc-
cesseur, Jean I", en profita , car les compagnies d'artisans
paraissent avoir pris une grande part à la bataille de
Woeringen et à la conquête du Limbourg. Une fois soli-
dement organisés, les métiers devinrent un des corps
délibérants de la commune, et, pour mieux régler leur
intervention , souvent ils se partagèrent en groupes: telles
furent les neuf nations à Bruxelles.
Le XIV^ siècle est celui où les petits obtinrent enfin une
part dans l'administration de la commune. Naturellement,
ils n'y arrivèrent pas sans soutenir une lutte, qui éclata en
Brabant sous le gouvernement maladroit de Wenceslas,
mari de la duchesse Jeanne, et se continua jusque sous
celui de Jean IV. Le partage par moitié, entre les patri-
ciens et les plébéiens, est représenté par la nomination à
Bruxelles de deux bourgmestres, un pour les grands,
l'autre pour les petits. Désormais le gouvernement de
celte ville comprend trois membres : le magistrat , com-
posé par moitié de grands et de petits, le large conseil ,
composé des membres du magistrat précédent et, par con-
séquent, des mêmes éléments, les neuf nations qui for-
maient l'ensemble des métiers. La constitution de Louvain
était à peu près la même el reposait sur le principe du
partage par moitié entre les grands et les petits. Ce résul-
tat ne fut obtenu qu'après une lutte vigoureusement sou-
( 525 )
tenue par les petits^ que conduisait encore un patricien,
Pierre Couterel.
En Flandre, la guerre avec la France, à la lin du XUV
siècle, fut l'occasion d'une constitution communale plus
populaire, partant plus démocratique que la constitution
existante. Guy de Dampierre, ayant pour adversaire le
patriciat urbain où se recrutait le parti des Leliaerts,
combattit vivement le collège des XXXIX qui était la place
d'armes de l'aristocratie et celle de la faction de l'étranger.
De son côté, si Philippe le Bel avait intérêt à soutenir
l'oligarchie des XXXIX, il en avait davantage encore à se
concilier les sympathies des classes populaires. Cette néces-
sité le décida à changer l'organisation communale de Gand,
et au collège des XXXIX succéda un échevinage de vingt-
six membres : treize èchevins et treize conseillers , déno-
minations qui se transformèrent plus tard en èchevins des
deux bancs, h keure et les parc/ions. L'inamovibilité dis-
parut définitivement, et le renouvellement annuel fut
confié à huit électeurs, dont quatre étaient désignés par le
souverain, quatre par la commune. Rien de particulier en-
core dans la charte, sur la classe à laquelle devaient appar-
tenir les élus, mais ils n'étaient plus exclusivement pris
dans la catégorie des grands, car probablement existait
déjà alors le système qui devint l'état légal un demi-siècle
plus tard, époque de Jacques d'Artevelde, et qui divisait
la population gantoise en trois membres : poorleis ou
rentiers, vingt-sept métiers des ?/s6er«?îf/5, cinquante-deux
petits métiers, en déterminant aussi le nombre d'échevins
que chacun de ces trois membres devait fournir.
Pour Bruges, je me contenterai de dire que, d'après une
charte de 1504, la majorité des deux collèges de treize ,
formant, comme à Gand, le corps dirigeant de la cora-
( '>26 )
munc, était à la nomination des métiers; ils en choisis-
saient neuf sur treize, et ils étaient divisés en huit
membres, division qui répondait à celle des nations de
Bruxelles. Ypres, comme Bruges et Gand, possédait aussi
un collège de vingt-six personnes, dont treize échevins et
treize conseillers; le renouvellement était, comme à Gand,
confié à des électeurs nommés par le prince et par la
commune. Au commencement du KIY*" siècle les petits y
avaient vraisemblablement accès.*
De ce qui précède il résulte en tout cas que les grands
continuèrent, en Brabant et en Flandre, à figurer comme
tels dans le gouvernement delà commune. A Liège, au con-
traire, l'élément démocratique finit par dominer exclusive-
ment, et l'on y peut mieux que partout ailleurs en suivre
les progrès. La lutte se personnifie dans l'élection des deux
maîtres à temps, absolument comme à Rome dans celle
des deux consuls. La première forme nous les montre dé-
signés parles échevins qui les choisissaient parmi eux; ils
sont ensuite pris dans le corps entier du patriciat. Ce sys-
tème nouveau , introduit par la paix de Bierset (12oo), fut
modifié un demi-siècle après, vers l'époque précisément
où l'alliance du chapitre valut aux métiers liégeois leur
organisation (1302). Dans la contestation qui surgit alors
entre les grands et les petits, ceux-ci suivirent le conseil
de leurs alliés et réclamèrent pour eux la nomination
d'un des deux maîtres à temps. Dans l'impossibilité de
résister, le patriciat linit par se résigner. L'année sui-
vante survint une nouvelle et importante atteinte à son
autorité, auparavant illimitée : les échevins lurent ap[)elés
à une assemblée de la commune , et on les contraignit d'ap'
poser leurs sceaux à un acte (pii exigeait le consiMilenuMit
des métiers, chaque fois qu'il s'agirait d'établir un impôt ou
d'accorder le service militaire au prince.
( o27 )
Ainsi les petilSj exclus jusque-là de toute participation
directe à Tadministralion de la commune, forcés de subir
les suites de décisions prises en leur nom, quoiqu'ils y
lussent en réalité restés étrangers, sont devenus véritable-
ment bourgeois en conquérant une place dans l'organisa-
tion politique de la commune et une voix dans ses délibé-
rations. Après de tels succès, on peut pressentir qu'ils
rechercheront la prépondérance à leur tour.
Continuons l'examen des transformations que va encore
éprouvera Liège la constitution de la bourgeoisie. Il veut
une réaction anti-démocratique sous le règne d'Adolphe
de la Marck, à la suite d'un complot ourdi par le bourg-
mestre plébéien , et qui avait échoué : les métiers furent
momentanément privés d'une participation directe au gou-
vernement de la commune, et le conseil, où les fjrands
étaient parvenus à ressaisir la prépondérance, soumit à la
signature du prince, qui l'accepta, le projet d'une nouvelle
constitution : c'est l'acte connu sous le nom de Paix de Vot-
tem (1351). Pour la première fois nous rencontrons des
détails authentiques et précis sur l'organisation de cette
grande commune. A cette époque le conseil comprenait
quarante jurés et quatre-vingts conseillers. L'échevinage
avait cessé de participer à l'administration, et était devenu
un collège exclusivement judiciaire; en cette qualité les
échevins restaient à la nomination du prince, tandis que
les jurés et les conseillers étaient nommés par la généralité
(le la population : moitié par les grands, moitié par les
petits, comme aussi les deux bourgmestres. La paix de
Vottem ne loucha pas à cette organisation et se contenta
de changer le mode d'élection : au lieu d'être faite direc-
tement par les bourgeois, la désignation des quarante
jurés fut contiée à douze électeurs choisis, par le conseil
( 528 )
sortant de charge, moitié parmi les grands, moitié {larmi
les petits. Le corps des jurés, ainsi reconstitué chaque
année, désignait ensuite les deux bourgmestres et les
quatre-vingts conseillers.
Ce triomphe du prince fut de courte durée. Douze ans
à peine s'étaient écoulés, qu'Adolphe de la Marck, menacé
d'une guerre, et ne pouvant la soutenir sans le secours mili-
taire de la Cité, fut bien obligé de faire droit aux griefs de
la population; il le fit par la tettre de saint Jacques (1543).
On revint au système d'élection directe antérieur à la paix
de Vottem, et les grands partagèrent de nouveau par moi-
tié avec les petits le droit de nommer le conseil et ses deux
chefs. Quant aux métiers, ils recouvrèrent les libertés qu'on
leur avait enlevées quelques années auparavant.
La constitution communale resta, pendant quarante et
un ans, dans l'état où l'avait rétablie la lettre de saint Jac-
ques, puis en 1584 survint le dernier coup porté à ce qui
y restait d'aristocratique. Les détails manquent sur cette
dernière crise, et ce que les historiens liégeois nous en ap-
prennent se réduit à ceci. La nomination du conseil par
moitié était, au nom des grands, exercée par douze
lignages seulement. Avec la prépondérance acquise par la
petite bourgeoisie, un tel privilège aux mains de quelques
familles choquait la confiance que leur nombre inspirait aux
gens des métiers. Pourquoi, disaient-ils, nous, qui com-
posons la grande majorité de la population , ne gouverne-
rions-nous pas seuls? Pourquoi continuer à prendre une
partie de nos administrateurs, dans les rangs d'une noblesse
qui ne nous est guère connue que par ses malversations
el son orgueil? Ces propos et d'autres non moins défavo-
rables formaient trop souvent le thème des conversai ioiis
populaires, pour que les grands ne fussent pas avejtis. Ou
( 529 )
se préparait, ils le sentaient, à leur porter un nouveau
coup. Un siècle plus tôt, ils auraient répondu à ces me-
naces par la guerre civile; mais que faire désormais en
présence d'une démocratie nombreuse, bien organisée et
audacieuse parce qu'elle se savait forte, avec les faibles
éléments de résistance que possédait une aristocratie, dont
la décadence allait croissant et qui sentait la vie se retirer
d'elle? Le résultat d'une lutte ouverte n'était pas douteux;
elle eût amené l'expulsion ou l'extermination du patriciat.
La prudence conseillait de céder , et c'est aussi à quoi se
décidèrent les grands. Des députés vinrent en leur nom,
dans une assemblée générale réunie à l'époque ordinaire
des élections, déclarer qu'ils renonçaient au droit de nom-
mer la moitié du conseil, mais en ajoutant que, étant après
tout citoyens, il leur serait sans doute permis, comme aux
petits, d'aspirer aux dignités municipales.
La constitution communale a désormais revêtu le carac-
tère démocratique que nous lui avons assigné comme
forme dernière. A Liège le patriciat disparaît même comme
élément distinct dans cette constitution et si les grands
ne sont pas complètement écartés, s'ils prennent part
encore à la formation du conseil, ce n'est plus comme
caste, mais en se faisant inscrire dans les métiers, qui
maintenant forment à eux seuls la bourgeoisie. Ailleurs
les grands conservent le partage avec les petits. Toutefois
le nombre des conseillers qu'ils ont à élire est moindre
que celui des petits, et cette infériorité atteste l'amoin-
drissement notable du patriciat. La lutte aussi se déplace.
Le principe monarchique se trouve en présence d'une dé-
mocratie qui n'a cessé de grandir et tend à dominer.
Pendant le XV"'*^ siècle, celui de la centralisation dans
tout les États de l'Europe occidentale, chez nous aussi la
( 530 )
démocratie subit les lois du pouvoir dont elle avait été
l'allié jadis.
Heureusement telle était la force de notre organisation
communale, que la commune, tout en perdant cette partie
de son autonomie qui en faisait un État indépendant et
devenait comme tel un obstacle insurmontable à la forma-
tion de la nationalité, sut au moins conserver le droit de
se gouverner elle-même. Les citoyens continuèrent à gérer
leurs intérêts, et malgré les calamités que nous valurent
les dynasties étrangères, malgré les atteintes qu'elles por-
tèrent à nos libertés, la vie politique se maintint, et em-
pêcha l'établissement de cette centralisation effrénée, dont
la France souffre si cruellement aujourd'hui.
La parole a été ensuite donnée à M. le baron Kervyn de
Leltenhove pour la lecture de la notice suivante :
Une page de l'histoire d'Angleterre. — Les dernières
années crÉdouard III.
Le soleil de la puissance anglaise se couchait dans une
brume qui s'épaississait de plus en plus. L'œil qui interro-
geait avec inquiétude l'horizon y découvrait, mêlées et
confondues, la poussière des ruines et les vapeuis du
sang. Ces ruines, c'étaient celles de l'édifice élevé si haut
parles mains [)uissantes d'Edouard 111; ce sang devait
être celui de son héritier.
Chaque jour apportait de sinistres messages. Tous les
succès étaient effacés, toutes les conquêtes étaient perdues.
Chandos avait péii en reconnnandant aux siens de se mon-
trer généreux vis-à-vis de ceux qui l'avaient frappé. Avec
( 551 )
!ui étaient descendus dans ia tombe ces braves chevaliers
du llainaut, dont le nom restera éternellement attaché
aux plus belles pages de Thistoiredu XIV' siècle, Eustache
d'Aubrecicourtet Gautier de Mauny.
Les débris de la chevalerie de Guyenne étaient enfermés
dans le château de Thouars, et une convention solennelle-
ment conclue portait que les assiégés, s'ils n'étaient secou-
rusavant les fêtes de la Saint-Michel 1572, embrasseraient
à jamais la cause française.
A cette nouvelle, toute l'Angleterre frémit. Edouard III,
malgré sa vieillesse, le prince de Galles, malgré ses souf-
frances, annoncèrent qu'ils iraient eux-mêmes, au delà de
la mer, combattre l'armée de Charles V, et, par leur ordre,
quatre mille hommes d'armes et dix mille archers se diri-
gèrent vers le port de Southampton, où l'on avait réuni
quatre cents vaisseaux. La mer était calme, le vent était
propice, et néanmoins, quelque urgente que fût cette ex-
pédition, elle ne mettait pas à la voile.
Que se passait-il à Londres? Les historiens du temps
ne nous l'apprennent qu'imparfaitement, et les légendes
populaires ont ajouté leurs fables aux récits les plus
mystérieux. Ce qui paraît certain , c'est que le roi de Na-
varre venait d'avertir le roi d'Angleterre qu'il était trahi
par un de ses fds, le duc de Lancastre, qui vendait ses
secrets au roi de France, dans l'espoir d'être soutenu par
lui dans ses rêves d'usurpation ; ce qui est moins vraisem-
blable, c'est que l'illustre évêque de Winchester, le fonda-
teur de ^Yindsor, le protecteur d'Oxford, Guillaume Wick-
ham , qui avait reçu le dernier soupir de la reine Philippe ,
avait apporté au roi la plus étrange révélation. Lors de ses
campagnes de Flandre, Edouard III avait voulu que la
reine continuât à habiter Gand; il ajoutait un grand prix
( S32 )
à ce qu'un de ses fils naquît dans un territoire relevant de
la couronne de France qu'il revendiquait en ce moment.
L'enfant auquel elle donna le jour fut malheureusement
une fdle, et la reine, de peur d'encourir l'indignation du
roi, lui substitua le fils inconnu de quelque bourgeois de
Gand. Cet enfant, c'était le duc de Lancastre. La reine
Philippe, avant de mourir, avait confié ce secret à l'évèque
de Winchester, afin que la couronne d'Angleterre ne pas-
sât jamais hors de la maison royale des Plantagenet. Tel
était le récit qu'avaient propagé les rumeurs populaires.
Quoi qu'il en soit, Edouard II J, sous l'empire des plus
vives alarmes, réunit le Parlemeni. Il lui demande, s'il
meurt dans la guerre qu'il va entreprendre et si son fils
succombe avec lui, de reconnaître pour leur héritier le
jeune Richard de Bordeaux, fils du prince Noir. Ce ser-
ment est prêté solennellement par les prélats, les barons
et les communes.
Aussitôt après, Edouard III et le prince de Galles se
rendent à Southampton et s'embarquent sur le navire
royal, qui s'appelle la Grâce de Dieu. Vains et menson-
gers auspices! L'heure des désastres était venue après
tant de victoires. Edouard 111 a déjà aperçu les cotes de
Normandie; il a pu saluer la plage de la Hogue, où,
tombant sur le sol au sortir de son vaisseau, il saisit autre-
fois de ses mains victorieuses celte terre où chaque succès
devait le rapprocher du champ de bataille de Crécy; mais
cette fois la fortune ne lui sourit plus. Les vents et les
flots repoussent la flotte anglaise. En un jour, dit Eroissart,
elle reculait plus qu'elle n'avançait en trois, et après de
longs efforts elle se trouva rejetée sur le rivage de TAngle-
lerre, tandis que les assiégés de Thouars se voyaient
réduits à remettre leurs épées aux mains de leurs vain-
( '^35 )
qiieurs. C'en était fait de la domination anglaise en France :
même en Angleterre, on chercliait en vain les derniers
rayons d'une gloire naguère encore si éclatante et si vive.
A Windsor, Edouard III, descendu presque aussi bas
que Charles VI quelques années plus tard, n'offrait sur le
trône qu'une ombre sans action et sans vie, honteux
instrument de ceux qui l'invoquaient pour s'en servir.
Une femme, occupant la place de la noble reine Philippe
de Hainaut, assujettissait à de honteuses passions cette
vieillesse décrépite. La fille du tisserand Perrers, l'astu-
cieuse et élégante Alice, présidait à Londres, sous le titre
de la dame au Soleil d'or, à des joutes où elle menait à sa
suite, retenus par des chaînes d'argent, les chevaliers
accourus à ces fêtes; d'autres fois, elle montait au prétoire
des magistrats et leur dictait leurs sentences au gré de ses
faveurs et de ses caprices.
A Berkamstead, le prince de Galles s'éteint lentement
par le ravage du poison que lui donna autrefois Pierre
le Cruel; mais, quelles que soient les atteintes du mal au-
quel il succombe, il retrouve parfois toute son énergie
pour protester contre la corruption qui envahit tout. Le
28 avril 1576, il se fait porter au parlement de Westmin-
ster, dénonce les traîtres , attaque ouvertement toutes les
influences honteuses; et le parlement, à sa voix, ordonne à
Alice Perrers de s'agenouiller aux pieds de l'archevêque de
Cantorbéry et de jurer sur sa crosse qu'elle ne reparaîtra
plus à la cour.
Deux mois après, le prince de Galles ne vivait plus. Les
anciens conseillers d'Edouard 111 s'éloignèrent; Guillaume
Wickham prit la route de l'exil. Alice Perrers voyait une
autre femme seconder ses ambitieux projets. La maîtresse
d'Edouard III trouvait une alliée dans la maîtresse du duc
( S54)
de Lancastre. Celle-ci, née dans le Hainaut, issue de la
maison des sires de Roët, dont les insignes héraldiques se
composaient de trois roues (allusion trop justidée aux jeux
de la fortune), avait été, comme Alice Perrers elle-même,
attachée à la reine Philippe de Hainaut; mais son nom de-
vait laisser une trace plus profonde dans l'histoire de la po-
litique et des lettres; car une de ses sœurs fut la compagne
du poëte Chaucer, et lorsque le duc de Lancastre réhahilita
solennellement une union illégitime, elle devint l'aïeule
de toute une dynastie royale. Chose étrange, ces deux
femmes placèrent leur appui dans les Lollards qui allé-
guaient les abus du clergé et de la noblesse pour réformer
l'Église et l'État. Le duc de Lancastre appelait de ses vœux
impatients une révolution : tout ce qui pouvait la hâter
répondait aux besoins de sa politique.
Lorsque John Wyclef, le docteur des Lollards, fut cité
devant les évéques réunis dans la cathédrale de Saint-Paul,
le duc de Lancastre l'y accompagna avec de nombreux
hommes d'armes. Wyclef, au lieu de comparaître comme
un accusé , alla s'asseoir à coté des évéques et plutôt comme
leur juge, et le duc de Lancastre, prenant lui-même la
parole, annonça qu'il saurait bien châtier l'orgueil des pré-
lats d'Angleterre, trop confiants dans des parents qui
auraient assez à faire pour se défendre eux-mêmes. Il
menaçait, en ces mots, l'évèque de Londres qui était le
iils du comte de Devonshire : « Ce n'est pas en mes pa-
» ronts, ce n'est pas en un homme vivant, c'est en Dieu
» seul que je me confie, » s'écria l'évèque de Londres. Le
duc de Lancastre, furieux, s'élança sur lui et voulut l'arra-
cher de son siège; mais le peu|)le, qui avait pénétré dans
l'église, fit entendre un violent murmure, et le duc de
Lancastre jiigea prudent de se retirer.
Les bourgeois, réunis sur les places publiques, mon-
( 333 )
traient la plus vive agilation. On racontait que la veille le
(lue (le Lancastre avait déclaré qu'il fallait abolir toutes les
libertés de la capitale du royaume.
L'inquiétude redoubla quand le 25 février 1577 on an-
nonça que par l'ordre du roi (Lancastre le gouvernait eii
ce moment à son gré) le maire électif de la Cité serait rem-
placé par un capitaine et que désormais le droit d'arrêter
les bourgeois appartiendrait au maréchal d'Angleterre. Dès
le lendemain cette mesure est exécutée, mais les bourgeois
prennent les armes et délivrent un de leurs concitoyens,
arrêté au mépris de leurs privilèges.
Ce jour-là le duc de Lancastre et le maréchal d'Angle-
terre devaient assister à un banquet chez un chevalier fla-
mand, Jean d'Ypres, qui avait recueilli à titre héréditaire
l'hôtel d'Ypres, bâti au XII^ siècle, près de la Tour, par
Guillaume d'Ypres, comte de Kent : à peine eurent-ils le
temps de se jeter dans une barque et de fuir sur la Tamise
vers le manoir de Kensington.Une députation de bourgeois
se rendit aussitôt près d'Edouard III. Il en reconnut quel-
ques-uns et les accueillit comme des amis : « Moi, dit-il,
» diminuer vos privilèges ! je n'ai jamais songé qu'à les
» accroître, » et il les congédia avec douceur.
Cependant le duc de Lancastre a reparu. Il ne se rend
près d'Edouard que pour lui dicter une donation en faveur
de Catherine de Roët, et, par une association d'idées toute
naturelle, il va demander au parlement qu'on rétablisse
solennellement dans tous ses biens Alice Perrers. Puis,
comme ce jour son langage est lier, car de nombreux
hommes d'armes l'accompagnent, il exige que les bour-
geois de Londres viennent demander merci. 11 fait porter
dans la grande salle de Westminster le vieux roi qui, selon
un chroniqueur anglais, n'était plus qu'une image. Il faut
que les habitants de Londres, corps et biens, lui soient
( 536 )
livrés; mais le monarque a laissé s'échapper une parole et
c'est un accent de pitié. En voyant devant lui les repré-
sentants de la première cité de son royaume, humiliés et
menacés des peines les plus sévères, il se contente de leur
dire qu'ils portent un cierge à l'église, de Saint-Paul et que
tout leur sera pardonné.
Edouard IIJ, rentré dans son palais, y retrouva Alice Per-
rers. En ce moment oii les forces de la vie allaient s'épui-
sant rapidement chez le vieillard, elle lui promettait une
seconde jeunesse; elle l'entretenait de chasses au faucon,
et son influence, liée à ces illusions et à ces rêves de plai-
sirs, se perpétuait sans obstacle. On racontait en Angle-
terre qu'Alice Perrers était allé un jour consulter un domi-
nicain du cloître de Palangwike, fort instruit dans l'art
de la magie, et que ce moine, sans la connaître, lui avait
remis une bague précieuse en lui annonçant que celui qui
la porterait ne pourrait jamais se dérober à son amour.
Edouard III portait encore l'anneau le 21 juin 1577 lors-
qu'une rapide défaillance annonça sa fin. Alice Perrers,
n'écoutant plus que les convoitises de la courtisane, se
jeta sur lui, arracha sa bague et s'enfuit. Ainsi fut rompu
le charme du dominicain de Palangwike, et Edouard IIT,
en rouvrant les yeux et en se voyant seul et abandonné,
sentit toutes les séductions honteusement subies s'éva-
nouir devant la vérité et devant la justice divine. Un
pauvre prêtre, apprenant ce qui se passait, accourut dans
le palais désert et trouva le roi respirant encore. « Cher
j> seigneur, lui dit-il, d'une voix attendrie, vous avez beau-
j> coup fait soufl'rir le peuple qile vous deviez défendre;
I) vous n'avez pas été le gardien impartial de la justice.
» Puisque la voix vous manque, élevez au moins les yeux
y> vers le Seigneur afin de montrer que vous implorez sa
» miséricorde. » Edouard leva les yeux. Le prêtre pour-
( 357 )
suivit : « Il y a des hommes qui vous ont oiTensé et que
» vous avez pris en haine. Pardonnez-leur afin que Dieu
» vous pardonne aussi. » Edouard fit un signe de la main.
Alors le prêtre lui présentant le crucifix : « Voilà, lui dit-il,
» l'image de Notre-Seigneur Jésus qui a souffert pour
» nous. Priez-le, au nom de sa passion , d'accepter votre
» repentir. » Les lèvres du roi s'approchèrent du crucifix;
elles le haisèrent, puis se refermèrent. Le dernier soulïïe
venait de s'échapper de la bouche du vainqueur de Crécy.
C'est à une autre page de l'histoire d'Angleterre qu'ap-
partiendra le récit de la sanglante usurpation du (ils de
Jean de Gand, duc de Lancastre.
Don JiAN d'Autriche. — Éludes historiques ^ par
^L Gachard, membre de l'Académie.
QUATRIÈME ÉTUDE.
OOXWA CàlOVAlW.'VA d'.%V.STR
L
Don Juan d'Autriche arriva en Italie à la fin du mois de
juillet Io71 ; il en partit, pour n'y plus revenir, le 13 août
Jo76. Dans l'intervalle qui sépare ces deux dates, il fil la
campagne que la bataille de Lépante a rendue à jamais
mémorable; il alla conquérir Tunis; à différentes reprises
il séjourna , à la tête de la flotte qu'il commandait, dans
les ports de Sicile; deux fois le roi l'envoya en Lombardie;
il fit un voyage en Espagne. Tout le reste du temps qui
2'"*" SÉRIE , TOME XXVII. 36
( 538 )
s'('cou!a (hiraiil cet espace de cinq années, ce fut à Xaples
qu'il le passa.
Naples était déjà alors renommée entre les cités les
plus délicieuses de Tltalie et de l'Europe. Don Pedro de
Tolède, qui sous Charles-Quint en avait été pendant vingt
et une années le vice-roi (I), l'avait considérablement
agrandie et embellie. Il l'avait agrandie, en faisant jeter
bas les portes et les murailles construites du temps des
monarques anjouins, et en incorporant dans la ville un
territoire de plus de deux milles de circuit. Il l'avait em-
bellie, en y élevant des palais, des églises, des menas-*
tères somptueux; en faisant paver de briques les rues d'où
s'élevaient des nuages de poussière dans les temps secs et
qui, dans les moments de pluie, devenaient des cloaques ;
en en redressant l'alignement, qui était des plus irrégu-
liers; en ordonnant la suppression des portiques par les-
quels le jour était obscurci, et des avant-toits des maisons
et des boutiques dont l'aspect choquait la vue; enfin en
faisant percer la rue, de près d'une demi-lieue de lon-
gueur, qu'il appela du Sainl-Esprit , mais à laquelle la
postérité reconnaissante a donné son nom qu'elle porte
encore aujourd'hui. Et non-seulement don Pedro de Tolède
avait agrandi, embelli Naples, mais il avait pris à tâche de
l'assainir. Par ses soins les marais qu'il y avait aux abords
de la ville et dont les émanations fétides étaient des causes
d'épidémies, avaient été desséchés; les égouts conduisant
les immondices à la mer, depuis longtemps négligés,
avaient été rétablis; les places [)ubliques avaient été ornées
de fontaines qui fournissaient aux habitants de l'eau en
(1) Oe i:i52à vs:\o.
( o59 )
abondance (1). Ajoutez à tout cela cet admirable ciel qui
l'ail de Naples un séjour privilégié, les enchantements du
golfe aux bords duquel elle est assise, et le spectacle, à la
fois plein de grâce et de majesté, qu'offre l'amphithéâtre
qui s'y déroule aux yeux. Aussi, dans les trente dernières
années, la population s'y était énormément accrue : une
relation diplomatique contemporaine faite au sénat de
Venise la porte à 200,000 âmes (2); elle se serait élevée
jusqu'à 500,000 âmes, selon une autre relation d'un diplo-
mate du même pays et du môme temps (5).
Don Juan se plaisait beaucoup à Naples (4-). Cette capi-
tale était le rendez-vous de l'aristocratie de tout le royaume,
parmi laquelle on comptait quantité de princes, de ducs,
de marquis, de comtes, dont plusieurs jouissaient de gros
revenus et habitaient des palais splendides(o). Quant aux
(1) Gianonne, Histoire de Naples, t. IV, pp. 88-91. — Relazionedi
Napoli di Girolamo Lippomano ^ liiJG, pp. 'ill-'^l^ {Relazioni degli
ambascialori Veneti al Senafo, sér. II, vol. II). — Libro donde se trala
de losvireyes lugartenientes del reino de Ndpoles , elc, compilado por
José Raneo aîio MDCXXXIV , pp. 137-1Ô8 [Coleccion de documentos
inéditos para la hisloria de Espana , l. XXIII).
(2) Relazione di Girolamo Lippomano, p. 27:2.
(3) Relazione di Napoli di Alvise Lando, i5S0,i). 467 [Relazioni, etc.,
sér. II, vol. V).
(4) C'est ce que Tambassadeur vénitien Lippomano écrivait au doge
le 28 aoiît lo7o : « Sua Altezza slà qui in Napoli mollo volenlieri. o
(Archives impériales, à Vienne.)
(o) Dans sa relation de Naples, Lippomano fait mention de treize ducs ,
trente marquis et cinquante-quatre comtes, « clie, senon tulli, gran
c parle vi abitano e tengono proprj palazzi, ed hanno alcun di essi d'en-
n trala dalli cinquenta ai cento mila ducati air anno. » Selon Alvise
Lando, on y comptait quatorze princes, vingt-cinq ducs, trente-sept mar-
quis, cinquante-quatre comtes et quatre cent quatre-vingt-huit barons.
{Relazione di i'ôHO, p. 46i.)
( SiO )
simples genlilsliommes, le nombre en était infini, et ceux-ci
n'étaient pas les moins fiers de leur noblesse; ils auraient
cru y déroger en faisant le trafic : l'équitation, l'exercice
des armes, étaient leurs occupations liabituelles (1).
Il y avait aussi à Naples la colonie espagnole, qui comp-
tait dans son sein de grands noms et des personnages
illustres par les services qu'ils avaient rendus à la cou-
ronne : les chefs de l'armée de terre et de mer, les gouver-
neurs des chàteaux-forts, les principaux ministres, appar-
tenaient à cette nation. Le vice-roi en était ordinairement
aussi; mais, par exception, à l'époque dont nous parlons,
un Franc-Comtois, le cardinal de Granvelle, se trouvait
revêtu de cette dignité.
Toute cette société ne songeait qu'à se divertir, et don
Juan l'y excitait par son exemple. 11 n'y avait presque pas
de jour qu'il ne jouât à la paume; c'était son exercice
favori; il s'y livrait habituellement sur la voie publique.
Dans le temps de carnaval il organisait des mascarades, il
présidait à des tournois, à des jeux de cannes, à des
courses de taureaux dans lesquels brillaient toujours son
agilité et son adresse. Il donnait des fêtes aux dames espa-
gnoles et napolitaines, le plus souvent en mer ou sur la
plage riante de Pouzzole : la flotte royale étant à ses ordres,
il la mettait en mouvement dans ces occasions.
Ces fêtes, ces divertissements continuels auxquels don
Juan prenait part avec l'ardeur de son tempérament et la
fougue de son âge, n'étaient pas du goût de tout le monde.
(1) « .... FatiMO grau professioiio di iiohillà Vivono niollo alla graiido,
.sliiuamlo vorgoyiia rallciuloie aile nitMcaiizie SimmkIouo lullo il lempo
ncT cserei/.io dt'llc arnii , la inaj^jyior parle a cavailo... >• {liclazione di
Uirolafiio IJpixjinano, p. 27 i.)
( oU )
Il y en avait, entre les Espagnols, qui y trouvaient à re-
dire; à leurs yeux, le frère du roi compromettait par là
sa dignité (1). Des critiques s'élevaient aussi des rangs de
la haute noblesse du pays, qui en voulait à don Juan de ce
que jamais il ne la faisait manger à sa table, tandis que les
chefs de l'armée et de la flotte y étaient conviés (2j. Mais
le peuple ne partageait pas ces sentiments : au contraire,
il savait gré au vainqueur de Lépante de donner l'impul-
sion à des jeux et à des plaisirs dont il faisait en quchpie
sorte des s[)ectacles publics (5).
H.
Deux passions se partageaient le cœur de don Juan :
l'amour et la gloire. Jeune, beau, doué des qualités les
plus brillantes et les plus sympathiques, il ne pouvait
manquer d'obtenir auprès des femmes les mêmes succès
(1) A questi non place le lanle e domesliche feste dove inter-
viene S. A., parendogli che con queslo venghi offeso il sosiego e la gra-
vilade.... « (Lettre écrite à Côme de Médicis, le 23 janvier 1373, par le
chevalier Vaini, son ministre auprès de don Juan : aux archives de
Florence. )
(-2) Lettre du chevalier Vaini, du lojanvier lo73.
(5) Vaini, après avoir, dans une lettre du 26 janvier, raconté un tour-
noi auquel don Juan avait pris part, en masque, à la place de Saint-
Dominique, ajoute : « In questa conie en ogni altra sua azione di questi
>^ giochi, dette molta sodisfazione al popolo.... «
Dans une lettre du 17 janvier à la duchesse de Parme, le cardinal de
Granvelle s'exprime à peu près dans les mêmes termes : '■ L'illustrissime
» seigneur don Jehan d'Auslriche, lui dit-il , se porte fort bien,^et tient
)^ en joye et contentement ceste cité par passe-temps d'armes, y faisant
') exercer la noblesse, etc. » (Archives farnésiennes, à Naples.)
( M^l )
qu'il avait eus à la guerre. Un ambassadeur de la répu-
blique de Venise qui venait de résider pendant plusieurs
mois' auprès de lui,Girolamo Lippomano, assure que, s'il
était un adorateur ardent du beau sexe, jamais il ne don-
nait de scandale qui pût occasionner de la rumeur, et qu'il
évitait aussi de causer du mécontentement à la noblesse de
Naples, ayant pour habitude, dans ses liaisons galantes,
de s'adresser aux dames qui aiment à avoir commerce avec
des princes (I). D'autres détails assez piquants nous sont
fournis sur son compte par les chroniques napolitaines :
celles-ci rapportent qu'il se souciait peu que la femme
qu'il convoitait fût noble ou plébéienne, pourvu qu'elle fût
jolie, et que rarement il voulait voir une seconde fois celle
qui s'était donnée à lui , eût-il môme été le premier à qui
elle aurait accordé ses faveurs (2).
II lui arriva cependant de se prendre d'une vive ten-
dresse et d'un attachement véritable pour une jeune fille
d'une naissance distinguée et d'une beauté rare. Son nom
était Diana. Elle avait pour père un gentilhomme de Sor-
(1) « .... Dicono alcuni che è molto inclinalo aile donne, il cbe puù
esser facilmenle vero, per essor giovanne come è; ma nonilimcno non
ha mai dalo scandalo per il quale ha seguilo rumore, ne mala soddisla-
zione alla nobiltà di Napoli, perché attende a darsi piacere con quelle
dame che hanno per gra/ia di pralicar con principi...- » ( Relazione di
Napoli, io76, p. 291.)
(2) « .... Era don Giovanni bellissimo e gralioso; e vcnulo negP anni
délia adolescenza, fù molle disordinalo nelli piaceri venerei : purchè la
donna ch' havesse dovulo godere lusse di faccia gratiosa, non curandosi
punto Tesser nobile o plel)ca5 e di raro godea piîi d'una volta (piella doinia
cir havea godutauna volta, e che fusse stata vergine; e quella non voleva
vcdor di giorno ch' havea godutla di notle.... 'i {Fatti ocrorsi in divcrsi
lempi nella citlàdi Napoli, etc., MS. du XVII""' sièdr, à la [>il)Iiotliè(|ue
nationale, à Naples.)
( 5i5 )
rente,. Antonio Falangola, et pour mère Lucrelia Brancia.
Don Juan mit en œuvre toutes les séductions pour se faire
aimer d'elle, et il y parvint. Alors il éloigna de .\aj)les
Antonio Falangola, en lui donnant le gouvernement de
Pouzzole (J).
Cette liaison eut les suites qu'on va voir par une lettre
de don Juan à sa sœur, madame Marguerite d'Autriche ; je
dois rappeler ici que, au commencement de 1575, il avait
l'ait une visite à Marguerite, à sa résidence d'Aquila dans
les Abruzzes :
Madame, que Votre Altesse, à la lecture de cette lettre, se
mette à rire, car moi-même, quoique je sois plein de confu-
sion, j'ai envie de le faire. Votre Altesse se souviendra que,
entre autres choses particulières, elle me demanda si j'avais
quelque enfant et en même tem|)S m'ordonna, si j'en avais un,
de le lui confier. Je lui répondis que je n'en avais pas, en la
remerciant de la faveur qu'elle me voulait faire, et j'ajoutai
qu'il pourrait arriver bienlôt que je l'acceptasse. Ce hienlot,
madame, il est presque arrivé déjà : car, d'ici à un mois, je
crois que de garçon, tel que je le suis, je me verrai père, et
père confus et honteux : je dis honteux, parce que c'est une
plaisanterie que davoir, moi, des enfants. Enfin que Voire
Altesse me pardonne, puisqu'elle doit être leur mère comme
elle est la mienne, et principalement de celui qui va naître et
qui sera le premier. Je la supplie donc très-instamment de me
(1) 9 .... Menlre quanto dimoro in Napoli, innamorosi d'una bellissima
e iiobil doncella cbiamala Diana, figlia d'Antonio Falangola e di Lucretia
Brancia, délia cilà di Sorrento, che vivevano in Napoli con loro famiglia,
e lanto s'adoprô per mezzo di richissimi donni alla maire el alla figlia che
ToUenne in sua balia , et ad Antonio suo padre diede il governo di Puz-
zoli, dove si ritirô per fingere non saper cosa alcuna délie sue vergo-
gne..., « {FaUi occorsi nella cilla di iSapoli, etc. )
( Mi )
faire la grâce de prendre cette nouvelle peine, ce nouvel en-
nui, et cela avec tout le secret et toute la précaution possibles.
Mais sur ce point et sur tout ce qui pourra être encore le plus
convenable et le plus prudent, je veux m'en remettre et je
m'en remets à Votre Altesse, la suppliant non-seulement de
se charger de tout, mais encore dem'avertir de ce qui sur ce;
objet particulier et sur tous autres lui paraîtra le mieux •
car certainement ce le sera. Lorsque le moment vicndi'a pour
Votre Altesse de recevoir l'enfant, ce qui sera dès qu'on
pourra le conduire, sans danger pour lui, au lieu où elle se
trouvera, elle en sera informée par le cardinal de Granvellc,
qui, par amour pour moi et afin que la chose se fasse mieux et
avec plus de secret, prendra soin de l'enfant jusqu'à ce qu'il
soit au pouvoir de Votre Altesse; ledit cardinal s'entendra à
cet effet avec elle : je supplie Votre Altesse de lui prêter la
main, et de se considérer dès à présent comme la mère du
père et de l'enfant. Celle dont j'attends la délivrance est une
des femmes les plus nobles et les plus distinguées dici, et des
plus belles qu'il y ait en toute l'Italie : toutes ces qualités, et
celle de la noblesse principalement, pourront, ce me semble ,
rendre plus excusable ce désordre, si l'on peut appeler dé-
sordre une chose si naturelle et si fréquente dans le monde....
De Naples, le 18 juillet 1575.
Je baise les mains de Votre Altesse et suis son très-assuré
serviteur et obéissant frère.
Don Jlan d'Autriche (I).
Dans cette lettre , don Juan parle à sa sœur de l'enfant
qui lui va naître comme du premier dont il sera le père.
Cela pouvait être vrai pour Naples; mais, à Madrid , il avait
eu déjà, d'une dame de la cour (î2), une lille dont il avait
(1) Voy. rAppendice n" I.
(2) Dofia Maria de Mciuiu/.a.
( ^io )
prié sa mère adoplivc ou, comme il l'appelait, sa bonne
lante, dona xMagdalena de Ulloa, de vouloir prendre soin.
Ce fruit de ses amours rerut le nom d'Ana. L'illustre veuve
de Quijada l'éleva en secret jusqu'à l'àgc de sept ans,
époque où elle la mit à Madrid dans un monastère. Plus
tard, Philippe II la fit transférer en un autre monastère, à
Burgos, dont elle devint abbesse (1).
La réponse de Marguerite parvint à don Juan lorsqu'il
avait quitté Naples pour se rendre à Messine; elle était
entièrement conforme à son désir et à son attente (2). Il
en remercia sa sœur avec effusion , ajoutant : « Je ne dirai
» pas pour maintenant à Votre Altesse, et jusqu'à ce
j> qu'elle ait là-bas l'enfant, le nom de la mère; d'ailleurs
» je ne pense pas qu'elle la connaisse : mais certes elle
» appartient à la noblesse de son endroit, et elle est une
» des plus belles de cet endroit ou du monde et, comme
» je le dis, de famille connue et très-noble. C'est ce dont
r> j'ai fait le plus de cas. J'avertis Votre Altesse qu'il pourra
» fort bien arriver que, au moment où elle y pensera le
» moins, je lui porte un second enfant, car en cet office
» il n'y a que le premier pas qui coûte. Que Votre Al-
» tesse rie de moi, comme je le fais moi-même, puisque je
» me vois si jeune avec des enfants. Malheur à eux s'ils
» n'avaient pour mère Votre Altesse , qui ne l'est pas moins
» d'eux: que de moi, et qui n'est pas moins la mienne
» que celle de son propre fds! C'est là ce que j'ai à dire en
» matière d'enfants : j'ajouterai que, selon mon jugement,
)) celui dont je parle plus haut ne tardera pas à naître. Si
(1) Fatti occorsi in diversi tempi nclla ciltà di Xapoli, MS. de la
Dibliolbèque de Naples déjà cité. — Su-ada, de Bello Bcigico . lih. X,
{:2) Elle portait la date du 51 juillet.
( 5 if) )
» c'est un garçon, on l'appellera Gerdnimo, comme je fus
» appelé à mon baptême; si c'est une lille, elle sera nom-
» niée Giovanna Messine, 19 août 1575.
» Don Juan d'Autriche (1). »
L'événement que don Juan attendait, sans trop d'anxiélé
ni d'impatience, à ce qu'il semble, s'accomplit le 11 sep-
tembre. Diana Falangola donna le jour à une fille que le
cardinal de Granvelle recueillit, et qu'il conlia à une nour-
rice dont il avait fait choix d'avance. Madame Marguerite
n'avait pas manqué d'instruire Granvelle de ce qu'elle
venait de promettre à son frère : au commencement de
novembre, le cardinal fit prendre le chemin d'Aquila à l'en-
fant, à sa nourrice et au mari de celle-ci , sous la conduite
d'un Milanais, Francesco Castano, qui avait été à son ser-
vice à Bruxelles en qualité d'écuyer d'écurie : aucune de ces
trois personnes ne savait la moindre chose du père ni de
la mère de l'enfant Suivant ses instructions , Castano remit
la nouveau-née et le couple qui l'accompagnait, au village
de la Rocca , près de Sulmone, à quelqu'un envoyé d'Aquila
pour les recevoir, et revint à Naples : Marguerite n'avait
pas jugé à propos qu'il allât plus loin (2).
Malgré le mystère dont avait été entouré l'accouchement
de Diana Falangola, malgré les précautions prises pour
cacher à tous les yeux l'enfant qu'elle avait mis au monde,
la naissance de cet enfant avait transpiré dans le public et
donné lieu à des bruits divers. Les uns en attribuaient la
(1) Voy. rAppeiidice n" II.
(2) Lettres de Granvelle à Marguerite , des 19 seplembie, 6 novembre
et '2 décembre 1575. (Appendices n"« 111 , IV et V.)
( Si? )
paternité à don Juan (1); d'autres, en plus grand nombre,
la mettaient sur le compte de Granvelle. Dans sa corres-
pondance avec Marguerite, le cardinal n'hésite pas à
l'avouer: a. Aulcuns, dit-il à madame de Parme, soubson-
» nent que Tenfant soit mien. Mais, comme je ne parla
)) onqucs à la mère, ny luy pense parler, cela et mon eage
(1) Le chevalier de Vaini , que nous avons cité déjà, dans une lettre
écrite au grand-duc de Florence le 29 novendjre 1573, raconte la singu-
lière histoire que voici :
« Une dame , nommée Falanga, réputée la plus jolie femme de Naples,
après avoir, les années passées, été détenue en prison plusieurs mois et
torturée pour imputation d'adultère et de deux homicides, étant enfin
parvenue à obtenir sa mise en liberté, était courtisée par le seigneur don
Juan, qui lui témoignait une grande atï'ection. La même dame ne déplai-
sait point au cardinal de Granvelle; et, comme il lui paraissait qu'elle
était de sa juridiction, il trouvait mauvais que d'autres s'occupassent
d'elle. Une communauté de religieuses où il voulait la placer ayant refusé
de la recevoir, il impétra du pape un bref adressé à son nonce à Naples ,
afin qu'il commandât à cette communauté, sous peine de désobéissance,
de revenir sur ce refus : ce qui s'exécuta, mais non sans donner lieu à de
la rumeur et du scandale dans le couvent, la plupart des religieuses ayant
dit à la dame toute sorte de vilenies, l'ayant menacée même delà faire
mourir. Elle y resta toutefois et elle s'y trouve encore. Elle y a mis au
monde une fille, laquelle le seigneur don Juan a prié la duchesse de Parme
de faire élever, quoiqu'il ait été en quelque opinion que le cardinal avait
eu une bonne part dans la procréation de cette enfant. »
Voici le texte :
y .... Una tal Falanga , reputata la più bella donna di Napoli , dopo esser
stata gl' anni a dietro molli mesi prigiona et lorturata per imputazione
d'adulterio et duoi homicidii, finalmente uscita per mezo valorsuo,era
festigiala dal signor don Gio. con mol ta afFezione. La medesima non
dispiaceva punto al cardinal; et parendole di sua giurisdizione, haveva a
maie che altri vi s'ingerisse. Onde procuré que il papa scrivesseun brève
al nunzio appostolico che, non volendo un monasterio di monache, dove
per qualche degno rispetlo la voleva deposilar' il cardinale, accetarla, gli
lo comandasse sotto pena di obbedieiiza : il che fù eseguilo non senza
rumor et scandale di quel monasterio, havendo la maggior parte délie
monache detlo aquesta genlildonna ogni sorte di vilaniaetminacciatola di
( 5i8- )
D l'oront perdre cette opinion; et n'en faiz aultre cas (1). »
Non moins que son âge, le caractère dont ce prince de
rÉglise était revêtu aurait du écarter de lui les soupçons;
mais i! aurait fallu, pour cela, que dans sa conduite pri-
vée il observât ce que et l'un et l'autre lui prescrivaient : or
la continence n'était pas la vertu d'Antoine Pcrrenot de
Granvelle. Un agent diplomatique que Corne de Médicis
entretenait auprès de don Juan, le chevalier Vaini, dans
plusieurs de ses lettres, parle des intrigues amoureuses du
cardinal; il y en a môme une où il donne à entendre que
Granvelle, quoiqu'il ne fut pas loin d'être sexagénaire, se
trouvait quelquefois en rivalité de galanterie avec le jeune
héros de Lépante (^). Est-il besoin de rappeler ce distique
far morir'. Restô nondimens errala, dove si trova ancora , et dove lia i>ar-
lorita fjgliola , laquaP il signor don Gio. ha mandato alla duchessa di Parma
che la faccia alevare, non oslante che esso hahbia hauto qualche opinione
che nella medesima habbia buona parle il dello cardinale.... » (Arcliive.s
de Florence. )
Si celte hisloire élail vraie, et si elle se rapportait à Diana Falangola,
elle infirmerait non-seulement les témoignages de Granvelle et de don
Juan lui-même-, mais encore les récils des chroniqueurs napolitains, con-
cernant la mère de dona Giovanna. Aussi la considérons-nous plutôt
comme un bruit qui circulait dans les carrefours de Naples et dont le
chevalier Vaini s'est rendu l'écho. Jl est à remarquer que le diplomate
llorenlin était de retour dans celte capitale depuis une (juinzaine de jours
seulement, ayant accompagné don Jfian en Sicile et en Afrique.
(1) Voy. la lettre de Granvelle du 0 novembre 1573. (Appendice n" IV.)
(2) Vaini, écrivant au grand duc, le i juillet 1575, touchant les rap-
ports qu'il y avait entre Granvelle et don Juan, lui disait ; « Son' hormai
>» lanlc le maie soddisfazioni che passano Ira esso et il signor don Gio.,
» che non li pu6 piacer nessuiia sua resoluzione, non oslante che seco
1) Iralli S. A. con ogni rispelto e modestia gionialmente, se péri) la nolle
« non s'enlremellassi in (|uei negozii che il cardinal si riserba per se
» stesso et suo proprio coniodo in cause amorose : che se lai fosse corne
» a me viene accennato, non havria (pieslo lllustrissimo in lullo il
» lorlo.,.. » (Archives de Florence.)
CU9 )
qui, après que les Ottomans eurent repris le fort de la
Gonlette et Tunis, fut fait contre lui et courut dans loutc
l'Europe :
Du cardinal la braguette
A fait perdre la Goulettc?
III.
Don Juan fut de retour à Naples le 12 novembre, deux
jours après le départ de sa fille pour les Abruzzes. Il avait
écrit de Palerme à Marguerite, lui exprimant sa gratitude
de ce qu'elle voulait bien servir de mère à la petite Gio-
vanna , et la remerciant aussi du conseil qu'elle lui donnait
de tenir secrète sa naissance : « C'est une des cboses, lui
» disait il, que je désire le plus, car le secret ne nuit pour
» quoi que ce soit, et il est avantageux pour bien dos rai-
» sons (1 ). »
De Naples il adressa à sa sœur la lettre suivante:
Madame, dans cette lettre à part, je veux répendre à Votre
Altesse, et lui baiser les mains une infinité de fois, pour le soin
qu'elle a bien voulu prendre d'élever eette enfant, dont la
bonne fortune me rend si jaloux que , quand même je l'aime-
rais beaucoup, je le serais encore, et d'autant plus que
(1) « .... Beso las manos de Vuestra Alleza muchas vezes, porque no
solameiile se contenta de ser madré dee.sa nina, sinoaun lambien tan mia
que me aconseja y exorla por el secrelo desta causa , pareciéndola que me
comi)iene nuiclio lenerle : digo, seiioia, que de nuevo las beso à V. AU",
Y que.... es una de las cosas ({ue mas dcseo, porcjuc al fin para nada dana, y
vale para muclias.... » (Lettre du 8 novembre loTÔ, aux Archives farné-
siennes.)
( m )
j'éprouve tant de honte de me voir père, que je ne puis par-
venir à me persuader que je le suis, bien que je le sache très-
certainement. Si Dieu voulait appeler celte enfant à lui, je
pense qu'il nous ferait une grâce à tous, et particulièrement à
juoi : car des enfants ne conviennent pas à un homme tel que
je suis. Votre Altesse va rire de mon opinion et de mon sou-
hait. Avec tout C(îla je lui baise derechef les mains pour la
bonté qu'elle a de me délivrer d'un souci qui en ce moment
serait très -grand pour moi; et par conséquent la faveur que j'ai
en cela reçue d'elle en est plus signalée encore et j'en fais
d'autant plus de cas. Quand je suis arrivé ici, quelque bruit
courait là- dessus qui ne laissa pas de me causer de la peine,
quoique les différentes versions s'éloignassent de la vérité.
Maintenant j'apprends que ce bruit a cessé, et ce n'est pas moi
qui peux désirer ni désire que jamais il se renouvelle. Il est
bien vrai qu'il y eut un peu d'erreur, à la naissance de l'enfant,
et ce fut la cause de ce qui s'est dit. Enfin ce qu'il y a eu est
oublié, comme nous voyons qu'il en est chaque jour de faits plus
importants : néanmoins il m'en reste la peine que je ne puis
m'empécher de ressentir. Je ne consens point qu'une chose qui
me touche soit cachée à monsieur le prince (I) : ainsi je serai
le premier à la lui dire. Il ne faut pas qu'il s'imagine qu'il est
le seul que Votre Altesse tienne pour fils et traite comme tel.
De Naples, le 28 novembre 1573.
Don Juan d'Autiuche (2).
Cette absence de sentiments paternels qui se fait re-
marquer dans la lettre qu'on vient de lire, nous la retrou-
vons dans la suite de la correspondance de don Juan avec
Marguerite. Ainsi, le 15 avril 157i, il lui écrit: « Je
(1) Alexandre Fariièse.
(2) \oy. l'A|.|»eii(liee n" VI.
( SSi )
» m'absliens de recommander davantage à Votre Altesse
» celte enfant, pour deux raisons : d'abord, je le sais, ce
» serait superilu, puisque je crois, à n'en pas douter, que
» Votre Altesse l'aime, comme ma lille, beaucoup plus
» que je ne l'aime moi-même; ensuite, parce que je
» suis jaloux d'elle. Néanmoins j'ai appris avec plaisir
» les nouvelles que Votre Altesse m'en donne, quoi-
j) que certainement, madame, toutes les qualités d'un
» père me manquent.... (1). » Et le 7 juin : « Je suis
» charmé des nouvelles que Votre Altesse m'envoie de la
)) petite, puisqu'elles sont telles qu'elles semblent m'obli-
» ger à m'en réjouir, bien que je ne puisse me résoudre
» à admettre ce nom de père, ni ne sache comment il me
» peut venir bien. Pourtant elle est ma fille : mais si elle
» ne l'était plus de Votre Altesse qu'elle ne l'est de moi et
» de sa mère, mieux vaudrait pour elle de n'être pas née.
» Que ce soit là les premières paroles que Votre Altesse
» lui apprendra à prononcer; je l'en supplie.... (2). »
Citons encore deux lettres sur le même sujet. La pre-
mière est du J6 août JoT^: « Madame, dit-il à sa sœur,
» on m'a rendu la dernière lettre de Votre Altesse, quand
(1) « .... No Iralaré de encomendar à V. Ail"» mas â esa niïïa, lo uno
porque se quan escusado es , pues cierlo creo la quiere harlo mas que yo ,
por ser mia , y lo otro de inbidia que tengo délia. Con lodo e holgado de
saverlas nuevas que V. AÀV me escrive délia, auiique cierlo, senora, me
faltaii lodas las partes de padre.... » { Archives farnésiennes)
(2) « .... Con las nuevas que V. A. me inbia de la uina voy ya hol-
gando, pues son laies que parece obligan à ello, aunque al fin esle nombre
de padre no acavo de admilirle, ni se como puede venirme bien. AI fin es
mi iiija : pero si no lo fuere mas de V. A. que mia y de su madré, mas le
valiera no aver nacido. Y estas sean las primeras palabras que la amaes-
tree a hablar ; suplicolo a V. A... » {Ibid )
( 552)
» M. le prince et moi nous étions ensemble. Je lui 1ns ce
» que Votre itltesse me marquait de la petite, mais en
» père si indifférent qu'il ne s'émerveilla pas moins de ma
» nature à cet égard que moi de la sienne, car il gâte
» plus ses enfants que lui-même, je crois, ne fut gâté de
» Votre Altesse; à la vérité il a raison : ce sont les plus
» charmants enfants que j'aie jamais vus. Quant à celle
» qui est auprès de Votre Altesse, vous l'aimez tant, à ce
» qu'il me semble, que je commence h douter, et à croire
» que ce que vous m'écrivez d'elle procède d'une passion
» de mère. Néanmoins il ne me déplaît pas d'apprendre
» qu'elle apportera de bonnes qualités dans le couvent où
» Votre Altesse la mettra (I). » L'autre lettre est du
20 novembre de la même année; c'était la veille du départ
de don Juan pour l'Espagne. !1 s'y exprime ainsi :
« Enfin, madame, M. le prince m'a amené à être si bon
)) père, que j'en suis venu jusqu'à me réjouir des nou-
» velles que Votre Altesse et lui m'envoient de cette
» petite : chose qui pour moi n'est pas peu, vu ma nature.
» Mais, par ma foi, je crois que j'aime cette enfant plus
» pour ce que Votre Altesse fait en sa faveur et pour
» l'amour qu'elle lui porte, que parce qu'elle est ma 1111e
(1) « .... La ûltima caria de V. A. me dieron estaiido juntos el seùor
princpe y yo; y leile lo que me escrivia de esa nina, pero como tan desa-
morado padrc que se maravillô no menos de mi condicion en esia parte
(]ue yo lo esloy de la suya on la misma, |)or(iue es mas regalon de sus
hijos (pie él creo lo fué de V. A.; y â la verdad tiene razon, porque son
los mas lindos uinos que lie vislo jamâs. De esa que V. A. tiene creo que
la quiere tante que ya llego â dudar y â créer que es pasion de madré lo
que V. A. me escrive délia. Cou todo no me pesa de entender que meterâ
buenas partes en el monasterio <iue V. A. la pusicre.... » (.Vrcliives farné-
siennes.)
( m'^ )
» ou pour toute autre raison; et ce n'est pas merveille,
» puisque ce qu'elle a de mieux, c'est , comme son père ,
» d'avoir Votre Altesse pour mère et pour dame. M. le
» prince m'écrit de très-bonnes choses sur l'opinion qu il
» a d'elle et sur mes torts de ne pas l'aimer tendrement
» comme ma fdle; je lui répondrai en garçon. Je baise les
» mains à Votre Altesse pour le bien qu'elle fait à cette
» créature : si Dieu voulait l'appeler à lui, nous y gagne-
» rions tous (1). »
Que devenait cependant la mère de donna Giovanna,
qui avait inspiré à don Juan une passion si ardente? Hélas!
le conquérant de Tunis, au milieu de ses expéditions mili-
taires, avait presque oublié la belle fille de Sorrente. Il ne
s'occupa guère d'elle, après son retour à Naples, que pour
lui trouver un mari : il le rencontra dans un petit gentil-
homme, du nom d'Antonio Stambone (2). Diana Falangola
ne vécut pas longtemps avec ce mari; il la laissa veuve à
la fin de 1577. Sa situation alors était assez peu brillante.
Elle s'adressa au cardinal de Granvelle, pour qu'il suppliât
(1) « .... Al fin, sefiora, me a reduzido el senor principe â ser tan
hiien padre que Ilego va âholgar de las nue vas que V. A. y él me inbian de
esa nina : cosa que para mi uo es poco, por mi mala condicion en este
caso de ser malissimo regalon. Pero â fe que creo que quiero mas â esa
nina por lo que V. A. haze con ella y por lo que la ama, que por hija ni
por otra cosa; y no es maravilla, pues es lo mejor que tiene lener â
V, A., como su padre, tanbien por madré y senora. Escriveme el senor
principe muy huenas cosas sobre lo que esa muchacha le parece y sobre
mis culpas , si no la quiero liernamente como â hija; pero yo le respon-
deré como soltero. Y â V. A. beso yo las manos por el bien de esa cria-
tura : que, si Dios se la llevase, haria por todos....» (Archives farnésiennes.)
(2) « .... Diana, riautasi dal parto, fù marilata da don Gio. con ricca
dote ad Antonio Stambone, del seggio di Porto, ma povero di béni di
fortuna, che volontiere se la prese per moglic... « {Fattioccorsiindiversi
tempi nella ciltà di Napoli, etc., fol. 75.)
2"^ SÉRIE, TOME XXVII. 57
( 554)
madame Marguerite de la prendre à son service ou que, par
son crédit, il la fît recevoir en un couvent. Sa première
demande ne pouvait guère être accueillie; mais Granvelle
fit tout ce qui était en son pouvoir afin qu'elle obtînt
l'objet de la seconde : il en écrivit au cardinal-archevêque
de Naples; il en parla au pape Grégoire XÏIl lui-même (I).
Ses démarches ne furent pas couronnées de succès.
A Diana Falangola succéda , dans le cœur de don Juan ,
une jeune et jolie Napolitaine; elle s'appelait Zenobia Sa-
rotosio. De celle-ci il eut un fils qui mourut peu après sa
naissance. La mère, de chagrin, s'enferma dans le monas-
tère de Santa Maria Egiptiaca (2).
Don Juan aurait pu oublier sa fille, de même qu'il avait
oublié celle à qui elle devait le jour; mais madame Margue-
(1) « La mère de madamoiselle donna Joanna m'a fait advertir cejour-
d'huy que son mary est décédé et se treuve vesve, m'ayant préadverli de
son extrême indisposition. Elle me fait instance que je supplie V'ostre
Altèze la prendre à son service comme très-humble servante, pour ac-
compagner et servir icelle en ce voyaige (celui que Marguerite devait , à
celte époque, faire aux Pays-Bas) : ce que je me double V-ostre Altèze ne
vouidra. Elle m'a fait requérir qu'à faulte de ce je procure qu'elle soit
mise en ung monastère avec ung sien filz de six moys que luy est de-
meuré de sondict mary. J'en ay parlé à Sa Saincteté et eseript au cardinal
arclievcsque de Naples, car elle se doubte de son frère, qui , pour non luy
payer ce qu'il luy doibt, la vouldroit vcoir hors du monde. Je ne sçay ce
que se pourra oi)lenir, pour la difliculté qu'il y a, depuis le concile, sur
le monastère « (Lettre de Granvelle à Marguerite d'Autriche, écrite de
Rome, le o décembre 1577, aux Archives farnésiennes.)
(-2) u .... iMarilata Diana, don Giovanni si rivolse a nuovi amori , e
quosta fù la lerza ch' amô costante. Fù Zenobia Sarotosio, bclla doncella,
figlia di Gio. Vinzcnzo e di Violante Garofano, ch' alla fine, vinta dalli
donni reali, l'ottenne et oltre modo l'amù; et con quesia procreô un ban-
l)ino; ma poco tempo li visse. Onde morlo il fanciullo, si rinchiiise quella
nel monaslerio di Santa Maria Egiittiaca.. . » {fatli occor.si nclla cilla
di Napoli, etc., i'ol. Tu.)
d5o )
rite avait soin de l'en faire souvenir. A son arrivée à Naples
comme il revenait d'Espagne, il y trouva une lettre de sa
sœur où elle ne manquait pas de lui parler de donna Gio-
vanna : « La fillette, lui disait-elle, va très-bien; de jour
» en jour elle devient plus belle, plus grande et si gra-
» cieuse que c'est un plaisir de la voir (i). » Elle lui
envoya, un peu plus tard, le portrait de la petite Gio-
vanna, en l'assurant que l'original était bien mieux que la
copie. Don Juan soutenait toujours que sa sœur se laissait
abuser par l'affection exagérée qu'elle portait à cette
enfant, et que celle-ci n'était pas aussi bien qu'elle le pré-
tendait : il n'en voulut pas démordre après avoir vu le por-
trait. Tout ce dont il convint, ce fut que sa fille ne serait
pas laide : mais,ajouta-t-il, « Dieu lui a fait tant de faveur
7> en la mettant où elle est, que c'est et ce sera, toute sa
» vie, son plus grand bonheur et mon contentement (2). »
A quelque temps de là il allait faire à Marguerite cette
seconde visite dont nous avons parlé dans une précédente
étude (3). Avant de se metlre en route, il exigea de sa
(1) « .... La figiiolina stà benissimo, et ogni giorno si fa piîi bella et
grande et tanto garbata che è gusto vederla.... » (Lettre du 4 avril lo7o,
aux Archives farnésiennes.)
(2) « .... Diônie Juan Ferrante, junto con la carta de V. AU-'' , el relrato
que me imbiô : que , por mas enemigo que soy de lai genero de gente ,
holgué in parte con él. Con todo, por lo que be vislo en la pintura, y
por lo que V. A. me tiene escrito , conozco que es mas su pasion que lo
bermoso délia, sin que la salve ni dcfienda sustentar que, si los pintores
suelen sacar la pintura mas hermosa que lo natural, que nodemenos en
ese se a visto lo contrario. Digo de nuevo que todo lo atribuyo a dema-
siada aTicion de V. A., no obstante que la nina creo que no sera fea : pero
â ella la ha hecho Bios lanta merced, por averla puesta ado esté, que es y
sera, toda su vida, su mayor felicidad y mi contenlo.... « (Lettre du
30 septembre 1375, aux Archives farnésiennes.)
(3) La troisième : Don Juan el Marguerite.
( 556 )
sœur la promesse rorinelle que, pendant son séjour à
Aquila, sa fille serait si bien cachée qu'elle ne pût être
aperçue d'aucune des personnes de sa suite. Son désir
était que la petite Giovanna fût tenue en un lieu où seul
il pût la voir quelquefois, comme dans l'appartement de
sa sœur et au milieu de ses femmes; il désirait aussi que
devant lui il ne fût question de rien de ce qui la regardait,
alin qu'il n'eût pas à rougir (1). En chemin il rappela à
Marguerite sa promesse, ne voulant point qu'il y eût
d'autre témoin de sa honte qu'elle (2). Nous manquons
de renseignements sur l'impression que la vue de sa hlle
ht sur lui; mais elle ne dut pas être bien profonde, à en
juger par les lignes suivantes qu'il adressa à Marguerite,
à son retour d'Aquila : c( Je ne dis rien à Votre Altesse de
» sa nièce, car des choses agréables je n'en ai que pour
» les mères; je n'en ai pas pour les enfants, comme
(t) « ... Remilo à mi sola una cosa en que suplico quanlo piicdo â
V. A. me la cum[)la en lodo caso y me avise, anles de mi vda, que lo
liarâ, que es que mande tener â doua Juana lan escondida que no la
pueda ver persona alguna de las que fueren conmigo, que abrà quiza
quien lo procure mucho. El adonde y como V. A. lo sabra mejor : (jue
lambien desco sea en parte que yo solo la pueda ver alguna vez. Y mande
lambien que alla no se trate en mi prosencia de co.sa alguna délia, porque
no sabré sino correrme infinito Paréceme «jue, para ver yo solo à esa nina ,
estaria mejor alla entre sus mujeres de V. A.; y asi, eslando en su apo-
senlo alguna vex, sin gente de mi conipania , succederia lo (jue pretendo
mas â gusto. Pero V. A. lo guiarà â este lin mucho mejor que yo sabré
escoger, y â mi no me (jucda mas que acordarla y suplicarla de nucvo lo
que dijo .... >> (Lettre du l^"»" décembre 1575, écrite deNaplcs, aux Ar-
chives farnésiennes. )
(2) (< .... Solo la acuerdo y suplico de nuevo lo que me a escrilo (pie
harà , (pie es tener tan encerrada â esa nina (pie ninguno de los que van
con migo puedan verla,sino que esté adù V. A. mêla amuostre lan solos
que (le mi corrimiento no aya otro lesligo... » (Lettre écrite de Sulmonc ,
le i21 décembre L575, ibid.)
( mi )
» Votre Altesse, je crois, en aura jugé d'après ma nature,
» qui certainement répond au sang dont nous sommes
» issus (1). »
A cette époque de sa vie, don Juan était enchaîné au
char de la hclle et gracieuse dofia Ana de Tolède, femme
du châtelain de Naples (2); il n'avait d'autre volonté que
la sienne; même sur les affaires publiques elle exerçait par
lui une influence qui donnait beaucoup à parler à la ville et
à la cour (5). Tout récemment il lui avait offert en cadeau
quarante esclaves, choisis parmi ceux de la flotte royale,
pour en renforcer l'équipage d'une galiotte qu'elle possé-
dait et qu'elle destinait à faire la course (i).
IV
L'heure était venue pourtant où il fallait dire adieu aux
amours et au beau ciel de Naples. La politique de Phi-
lippe II appelait don Juan à aller le servir aux Pays-Bas;
(1) « ... No digo â V. A. natia de su sobrina, porque regalos no los
tengo sino para madrés y no para liijos, como creo lo a conocido va
V. A. de mi condicion,qne cierto se parece à nueslra sangre ... « (Lettre
écrite de Naples, le 24 janvier 1376, aux Archives farnésiennes. )
(2) « .... La caslellana dogn' Anna diToledo, assai bella et graziata
donna.... « (Lettre du chevalier Vaini à Corne deMédicis, écrite de Naples,
le 2 janvier 1575, aux Archives de Florence. )
(3) « .... La signora donna Anna di Toledo, la quai' in somma, coin' è
cosa pubblica , regola la mente di S. A. corne meglio a lei pare.... «
(Lettre de Girolamo Lippomano écrite au conseil des Dix le 29 août lo7o,
aux Archives impériales, à Vienne.)
(4) « .... Il signor don Gio. hoggi ha donato alla signora donna Anna di
Toledo quaranta schiavi , eletti del corpo di tutta l'armata , per rinforzarla
sua galeolta di andar in corso, et glie l'ha talla fornnir di panatica et niuni-
tioni.... » (Lettre de Lip|)omanoaudoge,du 28 août 157o.)
( o58 )
et, pour l'y déterminer mieux, ce monarque ne dédaignait
point de caresser les idées ambitieuses dont l'àme du
jeune prince était agitée (1).
Dès qu'elle sut que don Juan se disposait à quitter
l'Italie, Margueiile lui écrivit pour l'engager à demander
au roi la légitimation de donna Giovanna : elle était pré-
occupée du sort de cette enfant; elle appréhendait que
son père, qui déjà ne lui témoignait pas une affection bien
vive, ne l'oubliât tout à fait dans le pays lointain où il de-
vait se rendre. Don Juan se montra prêt à faire ce que sa
sœur désirait; il donna des instructions en conséquence
au secrétaire Escobedo qu'il envoyait à Madrid (2). Com-
ment Philippe II accueillit-il le vœu qui lui fut exprimé
à cet égard? On l'ignore: dans la lettre que don Juan écri-
vit du Pardo à Marguerite le 16 octobre 1576, il n'en dit
pas un mot (5), et il n'est plus question de légitimation
entre eux postérieurement à cette date. Ce que je puis
certifier, c'est qu'on n'a trouvé d'acte par lequel donna
Giovanna aurait été légitimée, ni aux archives de Naples,
ni dans celles de Simancas.
Après que don Juan fut arrivé aux Pays-Bas, un chan-
gement sensible se manifesta dans ses sentiments pour sa
fille. Les contrariétés, les dégoûts qu'il y éprouva, les tristes
réalités qu'il voyait succéder aux idées chimériciues dont il
s'était bercé longtemps, lui avaient-ils fait faire un retour sur
(1) Voy., dans la Correspondance de Philippe II sur les affaires des
Pays-lias, t. IV, p. il , la lellre d'Antonio Peiez au secrétaire Escobedo,
du 8 avril 1576.
(2) Voir notre troisième Élude : Don Juan et Marguerite, et la Cor-
respondance de Philippe II, etc., t. IV, p. 170.
(5) Voir notre troisième Élude. C'est [)ar erreur (|ue celte lellre y est
datée du 26 octobre.
( m )
liii-mcme ? On serait ton lé de le Cl oirc. A'oici ce que, le 20 jan-
vier 1577, il écrivait à Marguerite; il était alois à Marche,
négociant avec les états généraux : « Que Votre Altesse,
» madame, veuille me recommander à sa nièce, si celle-ci
» est toujours sa chérie et sa favorite, et si elle mérite
» en quelque manière de Tètre par ses bonnes qualités,
» puisque obtenir une plus grande récompense est chose
» impossible. Au cas que Votre Altesse possède d'elle
)) quehpie portrait dont puisse être porteur Ihomme que
» je vous dépèche (J), et qu'il offre plus de ressemblance
» que le premier, je supplie Votre Altesse de me l'envoyer.
» Dans le cas contraire, qu'elle veuille en faire faire un
» et me l'expédier par la première occasion : car je con-
» fesse que, dans la situation où je me trouve, ce portrait
» me serait une distraction plus grande que ne le fut
D l'original en la présence de Votre Altesse. Et ainsi l'on
» ne m'accusera plus d'être un père indifférent (2). » Il
revient là-dessus quelques semaines après : « Si Votre Al-
» tesse, dit-il à sa sœur, ne m'envoie pas le portrait, ce
» sera, à n'en pas douter, parce que cette dame (il appe-
» lait ainsi sa fille, qui comptait à peine trois ans et demi),
(1) II s'appelait Santiago et avait toute la conOance de don Juan.
(2) « .... Encomiéndenie V. All^ à su sobrina, si es tan su querida y
pi'ivada como suele, y si es tan inuger de bien que lo save merecer en
alguna manera, pues llegar é mas que esto no es possible. Y si acaso se
liallare V. Alt^ con algun retrato suyo, que le pudiese traer este hombre,
nias parecido que el pasado, la suplico me le imbie, y sino que le Laga
sacar y imbiaimele con el primero, que lodavia confieso que en la vida
que paso me séria de mayor enlretenimiento el retrato, que me fué ella
misnia en prcsencia de V. Alt*. Y asi no seré acusado de padre tan desa-
moradocomoenlonces.... « (Archives farnésiennes.)
( oGO )
» est plus faite pour entrer dans un couvent que pour
» figurer dans le monde (1). »
Marguerite n'avait garde de laisser se refroidir les
bonnes dispositions de son frère. Elle lui mande le
19 mars : « Voire fille et ma nièce vous baise bumble-
» ment les mains. Elle devient si belle et si gracieuse que
» c'est merveille; et si vous la voyiez, non-seulement vous
D la trouveriez très-jolie, mais vous vous prendriez d'amour
» pour elle. A cause des grands froids, le peintre n'a pu
» encore commencer son portrait; mais il le commencera
» bientôt, et dès qu'il sera fini , je l'enverrai à Votre Al-
» tesse (2). »
Il le fut au mois de juillet suivant. Don Juan l'attendait
avec impatience. « Les peines que j'endure, écrivit-il à
» sa sœur, font naître en moi l'amour paternel (5). » Et
une autre fois : « Comme déjà j'ai un peu plus les dis-
» positions d'un père, je désire beaucoup que le portrait
» me soit envoyé, et, en attendant, savoir s'il est en pied
» ou en buste, et s'il est ressemblant. Votre Altesse voit
(1) « .... Encomiéndenie V. All^ a su sobrina; y si todavia la juzgase
por lan hermosa como suele, lo veré en que imbie el retrato que scrivi
con Santiago; y si no me le imbia V. Alt""*, no ay que dudar sino que esa
senora se a hecho mas para dama de monesterio que para en plaça de
mundo.... » (Lettre du 17 février 1577, aux Archives farnésiennes.)
(2) « .... La figlia di V. A. e mia nipole li bâcla umilmenle le niani; c
creda cbe si fa lanlo bolla egarbata clie è cosa maravigliosa,e lantoche,
se V. A. la vedessi, non solo li pareria bellissima, ma di lei si innamore-
rebbe :il rilralo délia quale, per rispello delli gran freddi, non ha polulo
il pitlore mettere in opéra Si farà hora con brevilà e diligenlia , e subito
finilo lo mandarô a V. Alt^... » {Ihid. )
(3) « .... Travajos me hazen saver lener amor de padro.... '^ (Leilrc
du 11) juin lo77, ibid.)
( 561 )
» conil)ien je suis difîorenl de ce qu'elle m'a connu, et
» comme enfin tout se guérit avec le temps (1). »
L'invitation de passer en Flandre que sur ces entrefaites
Marguerite reçut de Philippe II (2), la jeta dans quelque
perplexité par rapport à donna Giovanna. Qu'allait-clle en
faire? L'emmener avec elle, son père le trouverait-il bon?
La laisser en Italie, à qui en confierait-elle le soin? Don
Juan comprit l'embarras de sa sœur; il lui écrivit: « Je
» supplie Votre Altesse de deux choses en ce qui concerne
» sa nièce : la première est qu'elle la prenne en sa com-
» pagnie; la seconde et la principale est que ce soit sans
» qu'il en résulte d'ennui pour Votre Altesse, car elle
» tiendra dans un coffre qui avec un autre pourra former
» la charge d'un cheval. De cette manière je voudrais
» qu'elle vînt, parce qu'enfin l'âge, en m'apprivoisant,
D me fait me résigner à la condition de père. Mais, au cas
» que sa venue doive gêner le moins du monde, que
» Votre Altesse la laisse là où elle le jugera à propos, et
» ordonne que chaque matin on lui tire le nez, monsieur
D le prince (5) me disant qu'elle Ta fait de sorte que cela
» est nécessaire (4). »
(i) « .... Como tengo ya la condicion un poco mas de padre, deseo
niucho que se me imbie, y eiUretanto sa ver si es entei'O 6 pequeno el
relralo, y si en efeto se parece à la dama. Mire V. Alta quan difercnlc
quedo del que me vie, y como al lin todo le cura el liempo.... (Lellre
du 26 juillet 1577, aux Archives farnésiennes.)
(2) Voy. Correspondance de Marguerite d'Autriche, duchesse de
Parme, avec Philippe II , l. l, p. xxviii.
(5) Alexandre Farnèse, qui depuis peu élait arrivé aux Pays-Bas.
(4) o .... Quanlo â su sobrina de V. AlP, la suplico dos cosas : la una,
que la trayga consigo, y la olra y por la mas principal, que sea sin ninguno
faslidio suyo, pues cabra en un baul , y en compania de olro la podrâ
traer un caballo. Con estas condiciones querria yo que viniesse, porque al
( -^G'^ )
Si le désappointement de Marguerite fut grand, lors-
que de nouvelles lettres de Philippe II contremandèrent
son voyage aux Pays-Bas (1), grande aussi fut la tristesse
de donna Giovanna, que Tidée de recevoir bientôt les em-
brassements de l'auteur de ses jours avait transportée de
joie (2). Quant à don Juan, sa correspondance constate
que tous ses scrupules à l'endroit de sa paternité avaient
pris lin, et qu'il était désormais résolu de l'avouer hau-
tement (o). Aussi ce que Marguerite lui mandait, et lui
répétait à chaque courrier, de la beauté, de la grâce, de
l'esprit de sa fille, était bien propre à l'en rendre fier (i).
fin los anos me amansan ya â pasar por las de padre. Pero si su veuida ha
de causai' el menor embarazo del mundo, déxela V. A. adonde nienor le
dé, y mande que cada manana la liren por las narizes. porqueme dize el
senor principe que las tiene con necesidad de hazer esto ... » (LeUre
du 21 décembre 1577, aux Archives farnésieunes. )
(1) Correspondance de Marguerite d'Autriche, etc., 1. 1, p. xxxv.
(2) « .... La signora donna Giovanna stà mal contenla che non si laecia
subilo il viaggio, desiderando lei înfinitamente venire a ricevere il favore
di essere abbracciata di V. Alt^ assicurandosi che vedendola, la giudi-
carà merilevoli di esser figliuola di un lai padre corne di efTello lo è.... »
(Letlre de Marguerite, du 17 janvier 1578, aux Archives farnésiennes.)
(3) Ainsi il écrit à sa sœur le 15 février 1578 : « De las nuevas de su
» sobrina huelgo ya como padre que lo confiesa sin empacho ni verguença
« alguna.... « Et le 6 juin : « Acavo esta volviendo à besar las manos de
» V. Alla por las lisonjas que me escrive de su sobrina, que por laies las
« lengo segun lo lanlo que V. Ail"» dize délia. Ora sea lo que fuere, ([ue â
>• dezir verdad yo huelgo mucho dello. V. All=» la diga (lue, hasla que me
« sepaescrivir no la quiero imbiar olro recado : que en eslo veré, y en la
« priesa que se diere en aprenderlo, lo que estima las nuevas de su
« padre.... » (Archives farnésiennes.)
(4) Dans une lettre du 25 avril 1578, après avoir reproché à son frère
son silence ià l'égard de sa fille, Marguerite lui dit : « Et pur V. AU» do-
t> verria ricordarsene itiii che mai, nieritandolo le sue buone parti el quil-
le lità , che sono tali che è cosa maravigliosa; et se V. Alt" la vedessi , la
( d63 )
Comment concevoir donc que, à la veille de mourir, il
n'ait pas eu une pensée pour cette enfant qu'il allait laisser
orpheline, tandis que, à ce moment suprême, il se res-
souvint de sa mère, de son frère utérin, les recomman-
dant, l'une et l'autre, aux bontés du roi (1)? Strada
s'étudie à expliquer, à pallier cet injustifiable oubli. Si
don Juan, dit-il, ne recommanda point sa (ille au roi, ce
fut parce qu'il ne croyait pas que sa naissance fût connue
de Philippe II. Et il ajoute que cette naissance, Alexandre
Farnèse ne l'avait apprise que depuis peu, et de la du-
chesse sa mère : ce qui l'engagea à ne rien dire à don
Juan en faveur de sa fille, car il aurait craint, en lui en
parlant, de lui faire quelque honte, ou qu'on n'imaginât
que c'était un prétexte pour décharger madame de Parme
de l'éducation de donna Giovanna (2). Les détails précis,
authentiques, dans lesquels je suis entré, prouvent que
la première supposition de Strada est aussi peu fondée
que la seconde.
» favoriria et amaria da vero. « Le 19 juin , elle se plaint de n'avoir pas
de lettres de lui depuis longtemps : elle ne peut penser, lui écrit-elle,
comment il l'oublie, ainsi que « la signera donna Giovanna, che tanto
>^ mérita esser da V. Alt^ favorita , essendo in vero bellissima et virtuosa ,
)' et impara cosi bene che ben presto saprà scrivere. « Enfin elle lui
» mande le 28 juin : « Prego V. Alt^ a credere che quello gii ho scrilto délia
» signora donna Giovanna non sono lusinghe, perché è molto più bella,
« garbata e spiritosa, in effelto, di quello gli ho scrilto, et da me è res-
» talo cbea quest' hora non sappia bene scrivere, per non la impiegare in
» tante cosein un medesimo tempo : pero in brève vedrà sua lettera. Cosi
» desidereray la potessi vedere presentialmente, che sono cerlac he V Alf»
» si prezzaria d'esserli padre... •> (Archives farnésiennes.)
(1) Voy. ma première Etude : La mère de don Juan.
(-2) De Uello Bekjico , lib. X.
( ùU )
V.
Quelle que fùl l'aiTcction de madame Marguerite pour
sa jeuue nièce, elle ne pouvait pas songer à la garder tou-
jours auprès d'elle. Le cardinal de Granvelle ayant élé
appelé par Philippe ÎI à Madrid en 1579, elle le pria de
demander au roi qu'il voulût en prendre la charge (1).
Granvelle, à peine arrivé à l'Escurial, s'acquitta de cette
commission : il lui semblait tout naturel que la signera
donna Giovanna fut amenée à la cour, pour y être élevée
sous les yeux de la reine. Mais Philippe n'était pas dis-
posé à faire tant de faveur à la fille de son frère: il décida
que donna Giovanna serait mise au monastère de Santa
Chiara, à Naples, dans la pensée qu'elle y contracterait le
goût de la vie religieuse, et qu'ainsi le monde n'entendrait
plus parler d'elle C^); des instructions furent, par son
ordre, transmises en conséquence au vice-roi. Santa Chiara
était un monastère fondé, au commencement du XIV" siè-
cle, par donna Sancha, lille du roi Jacques de Maillorque
et épouse de Robert d'Anjou, roi de Jérusalem, de Naples
et de Sicile. Les successeurs de Robert lui avaient fait de
grandes libéralités, et les souverains pontifes l'avaient doté
(1) On lit, dans une lellre de Granvelle à la duchesse de Parme, du
8 mai 1579, écrite de Rome : c. Je n'oblieray ce que concerne la signera
« donna Joanna , dont il est plus que raisonnable que S. M. s'encharge ,
rt faisant Vostre Allèze, de son coustel , assez de tenir soing qu'elle soit
n si bien nourrie. « (Archives larnésiennes.)
(i2) Voy. la lellre de Granvelle à Marguerile, du lô oelobre loT'J (Ap-
pendice n" Vil).
( .■;»>:; )
(le beaucoup de privilèges. Sou église, sous la dynaslie
anjouine, était la chapelle des souverains, qui y avaient
établi la sépulture des princes de leur famille (I).
Le vice-roi de Naples était alors don Juan de Zûniga,
prince de Pietrapersia, frère du grand commandeur de
Castille, don Luis de Requesens, mort à Bruxelles au mois
de mars 1576. A la réception des ordres du roi , il en donna
connaissance à madame Marguerite; en même temps il fit
solliciter du pape Benoît XÏII un bref par lequel fut auto-
risée l'admission de donna Giovanna au monastère avec
quatre personnes pour l'y servir. Le pape accorda cette au-
torisation sans ditriculté,mais en limitant à deux le nombre
des femmes dont donna Giovanna pourrait être servie (2).
En ce moment Marguerite s'apprêtait à partir pour les
Pays-Bas; Philippe lî s'était enfin déterminé à lui offrir
le gouvernement de ces provinces, qu'elle avait accepté (5):
elle chargea Florio Torniello, l'un de ses gentilshommes,
de conduire donna Giovanna à Naples, et de la remettre
entre les mains du vice-roi. Torniello avec sa compagnie
arriva dans cette capitale le 21 janvier 1580; la veille, à
Thiano, donna Giovanna, l'ayant appelé, lui dit ces pro-
pres paroles : « Écrivez à Son Altesse que je suis arrivée
» saine et sauve; que je vais bien; que , chaque matin et
» chaque soir, je prie Dieu pour sa santé, et que je l'en
» prierai tous les jours jusqu'à la fin de ma vie; que je lui
» fais la révérence et lui baise la robe. Quand je serai à
(1) Francesco Ceva Grimakli, Memoric slorkhe dclla cil ta tU Napoli ,
1857,in-8%pp. 180-208.
(-2) Voy. la leUre de don Juan do Ziiniga au roi, du 24 janvier 1580
(Appendice n" IX).
(5) Correspondance de Marguerite a Autriche avec Philippe //, t. I,
pp. xxxviii et suiv.
( oGG )
x> Naples, je lui écrirai tous les vendredis (1).» On ne doit
pas oublier que donna Giovanna était entrée à peine dans
sa septième année.
Le vice-roi reçut avec distinction la fille de don Juan
d'Autriche. Tl envoya à sa rencontre des seigneurs prin-
cipaux de la cour et du gouvernement ; il descendit jusqu'à
l'entrée du palais, pour lui offrir la main et la présenter
à la princesse sa femme. Donna Giovanna passa avec ces
illustres personnages la journée du 22 janvier. Le 25, la
princesse la mena à Santa Chiara; elle y fut confiée parti-
culièrement aux soins d'une sœur, noble de naissance,
d'un caractère prudent et très-bonne religieuse (2). Le vice-
roi avait pris des arrangements avec l'abbesse pour que le
meilleur appartement du monastère lui fût destiné; il pour-
vut aussi au règlement des dépenses que son entretien
occasionnerait à la maison. En un point il modifia la ma-
nière dont elle avait été élevée jusqu'alors : à la cour de
madame Marguerite, on avait accoutumé de la traiter
d'Excellence; il prescrivit qu'on lui donnât seulement le
titre de Seigneurie (5) , pensant qu'il serait mieux plus tard.
(i) « .... Serenissima Madama, io scrivo alla Alteza Voslra le islesse e
formali parolle che la signora donna Giovanna mi comandù, e disse :
« Scrivele a Sua Allezza corne io sono arivaia sana e salva , el ch'io slô
» bene, et ch'io prego ogni malina e sera per la salule di Sua Aliczza , et
» pregarô sempre linch'io vivo, et che li faccio riverenza et 11 bascio la
» vesla. E corne io sia in Napoli, li scriverôogni venerdi.... » (Lettre de
Torniello à madame Marguerite, écrite de ïhiano, le 20 janvier loSO,
aux Archives farnésiennes.)
(2) Elle s'appelait Antonia Silvestre.
(5) Il [)araît cependant, d'après la lettre du duc de Feria, du 4 juillet
1602 (Appendice n» XIV), que les vice-rois de Naples la traitèrent iVEx-
cellence) ; el cette qualification lui fut donnée, après son mariage, par
ceux de Sicile.
(567)
si le roi le jugeait à propos, d'augmenter ce litre que de
restreindre celui qu'elle aurait eu (1).
Donna Giovanna avait un esprit vii"; elle était douée
d'une grande intelligence. L'instruction qui lui fut donnée
développa ces heureuses dispositions; non-seulement elle
apprit à parler et à écrire plusieurs langues, mais encore
elle composa en latin des livres qu'elle dédia au roi et au
prince son fils (5).
Ni son mérite ni le souvenir des actions glorieuses de
son père et des éclatants services qu'il avait rendus à la
monarchie ne furent toutefois assez puissants sur l'esprit
de Philippe II pour l'engagera l'appeler à Madrid, comme
elle l'en supplia plusieurs fois (o). Tout ce qu'il fit pour
elle se réduisit à la recommander à ceux qu'il investit suc-
cessivement de la vice-royauté de Naples(4).
(1) Voy. la leUre de Florio Toniiello à madame Marguerite, du 22 jan-
vier lo80, et celle de don Juan de Ziiniga à Philippe II, du 2i janvier
(Appendices n « VIII et IX).
Je saisis cette occasion pour remercier don Manuel Murguia, directeur
des Archives générales deSimancas, des recherches qu'il a eu la bonté de
faire faire dans ce riche dépôt et des documents qu'il m'a envoyés con-
cernant donna Giovanna. Je lui en ai d'autant plus de gratitude que je
m'étais vainement adressé à M. le prince Colonna, en personne à Rome
au mois d'avril 1868, et depuis par lettres , afin d'obtenir la comnmnica-
lion des pièces qui existent dans les archives de sa maison sur la fille de
don Juan d'Autriche.
(2) J'ai vu, à la Bibliothèque nationale, à Naples, le manuscrit d'un de
ces livres; il est intitulé : De oratione Tractaliis ex Sacra Scriplura^
sanctis patribus et praecipue ex fralre Ludovico, a Joanna Austriaca
latine reddilus et coUectus , ad Philippum tertiiim Hispaniarum prin-
cipem : in-8«, 67 ff. On trouvera, dans l'Appendice n» X, la dédicace de
l'auteur au prince Philippe.
(3) Archives de Simancas.
(4) Nous donnons, dans l'Appendice n" XI, la lettre qu'il écrivit, le
1" octobre 1595, au comte d'OIivares, à qui il venait de confier ce poste,
en remplacement du comte de Miranda.
( 568 )
Elle avait passé dix-huil années déjà, les belles années
de sa jennesse, au monastère de Santa Chiara, sans autres
distractions, dans cette retraite, que l'étude, la lecture,
le travail, lorsque Philippe Ili monta sur le trône d'Espagiie.
Ce monarque scmontra animé pour elle de sentiments plus
favorables que son père : dès la première année de son
règne, il s'occupa de la marier; il lit entamer des négocia-
lions, dans ce but, avec le duc d'Urbin , François-
Marie II de la Rovère, qui venait de perdre sa femme,
Lucrèce d'Est (1). L'arcbiduc Albert, ce prince que la Bel-
gique compte au nombre de ses meilleurs souverains, s'in-
téressait beaucoup à donna Giovanna; il proposa, de son
côté, qu'on lui donnât pour époux le duc de Verganza(2).
Ni Tune ni l'autre de ces combinaisons ne purent se réaliser.
La fille de don Juan se vit forcée, par l'état de sa santé,
de quitter Santa Chiara. Dès qu'elle fut rétablie, Phi-
lippe III, en des termes d'ailleurs pleins de bienveillance,
lui fit témoigner le désir qu'elle y rentrât, ou qu'elle fît
choix d'un autre monastère qui lui offrît plus de commo-
dité (5).
Donna Giovanna ne s'était pas senti de vocation pour
la vie religieuse; elle était lasse d'une existence qui n'en
différait guère, et la situation précaire où elle se trouvait
lui causait une peine profonde. Elle envoya quelqu'un en
Espagne pour faire à ce sujet des représentations au roi
et au duc de Lerma. Le résultat qu'elle en espérait se fai-
(1) LcUre do Philippe 111 au comlo irOlivaies, du ITi décembre 1598.
( Arch. de Simaiicas , Eslado, leg. 1875 )
(2) Consulle du conseil d'Klal à Philippe 111, du 11 mars IGOl. {Ibid.,
leg. G18.)
(5) Voy. la lellrc de Phili|)pe III au comlc de Lemos, vice-roi de .Nai»les,
du 30 septembre IGOl (Appendice n" XII).
( m\) )
sanl atlendrc, ello pril le parti d'écrire à Philippe ÏII.
« Sire et mon refuge, — lui dit elle — je ne sais que faire
» ni vers où tourner les yeux , si ce n'est vers la royale
» clémence de Votre Majesté, puisque, d'une part, il ne
» lui plaît point que je vive de la manière que je le fais, et
» que de l'autre, il m'est impossible de vivre en un mo-
» nastère. Je me vois seule, pauvre orpheline et abandon-
» née ; dépendante de chaque vice-roi qui vient ici, chacun
» d'eux me traitant à sa guise, l'un bien, l'autre mal;
» obligée de recourir à eux pour ma nourriture et pour
» mes vêtements. Comme je sais avec certitude que, si
» Votre Majesté connaissait ma position, son cœur humain
» ne permettrait pas que sa moindre servante, quelque
» indigne qu'elle soit du sang dont elle est issue , fille d'un
» père qui fut si dévoué au service de la royale couronne,
» souffrît ce qu'elle souffre, cette persuasion, jointe au
j> chagrin de me voir sur une terre étrangère , loin de mon
» roi et seigneur naturel, suffirait à faire perdre la santé
» à qui l'aurait meilleure que je ne l'ai. Je ne doute pas
» que V, M., si elle était informée des larmes que je ré-
» pands, n'eût pitié de moi.... Je la supplie humblement,
» comme mon seigneur et mon unique bien, et comme roi
» bénin et miséricordieux, de daigner venir à mon secours
» de la manière que je puis me promettre de sa grandeur.
» De Naples, le 10 mai 1602 (J). »
Au moment où donna Giovanna écrivait cette lettre,
Philippe ni venait de donner l'ordre qu'une nouvelle né-
gociation s'entamât en vue de son établissement, et c'était
avec le chef d'une des plus grandes maisons du royaume
de Sicile, avec don Fabricio Branciforte, prince de Butera,
(1) Voy. l'Appendice n'^ XII 1.
2"''^ SÉRIE, TOME XXVU. 38
' ( 570 )
marquis de Licodia et de Melitello (1). Le duc de Fcria, vice-
roi de Sicile, qui en fut chargé, y réussit complètement :
car il amena le prince de Butera à demander lui-même au
roi, comme une faveur insigne, la main de donna Gio-
vanna pour don Francesco, prince de Pietrapersia, son (ils
aîné (2). L'affaire fut promptement conclue. Philij)pe III
assigna en do! à sa cousine une somme de soixante mille
ducats, avec une rente annuelle de trois mille ducats pour
sa garde-robe (ô). Lorsque tout eut été réglé, le duc de
Feria instruisit de son mariage donna Giovanna , qui
jusque-là n'avait rien su de ce qu'on négociait pour elle,
et qui en éprouva une joie extrême dont la manifestation
est empreinte dans la lettre de remercîments qu'elle
adressa au roi Philippe (4). Le o juillet 1605, une flottille
de cinq galères, sous le commandement de don Garcia de
Tolède, appareilla de Naples, la conduisant à Palerme;
le vice-roi de Naples, le comte de Benavente (o), lui avait
fait compter, avant son départ, huit mille ducats, afin
qu'elle pût payer ses dettes et se pourvoir des choses con-
venables à son nouvel état (6). A Palerme on lui fit une
réception brillante. Ses noces furent célébrées au château
avec pompe; le duc de Feria y représenta la personne
du roi.
(i) Lellres du roi el du duc de Lerma au duc de Foria, du 25 avril
1G02. (Arch. de Simancas, Estado, leg. 188o.)
(2) LeUre du duc de Feria au roi, du 4 juillet 1602 (Appendice n° XIV).
(5) Letlre du même au même, du 12 décembre 1G02. (Arch. de Si-
mancas, E.stado, leg. 1160.)
(1) l']n date du 10 janvier 1605. Voj. rA|»pendice n" XV.
(5) Don Juan Allonso Pimenlel de llerrera, qui avait pris possession de
la vice-royauté de Naples au mois d'avril 1605.
(6) Letlre du comte de Benavente au roi, du 20 juillel 1605. (Arch. de
Simancas, Estado, leg. 1099.)
( 371 )
r.'union de donna Giovanna avec don Francesco Bran-
ciforie fut heureuse. Ce- seigneur, était digne d'elle par les
qualités de l'esprit comme par celles du cœur(l) : il avait de
vastes connaissances en philosophie, en théologie et en ma-
thématiques; il était en relations avec les savants de son
temps; il s'était créé une riche hihiiothèque dont il donnait
l'accès à tous ceux qui voulaient le consulter; il écrivit
même plusieurs ouvrages (2).
Donna Giovanna d'Austria mourut à Naples le 7 février
1650, dans sa cinquante-septième année (5); le prince
son mari l'avait précédée au tombeau huit années aupara-
vant (i). Elle laissa une fille unique, qu'elle avait appelée
Marguerite, du nom de l'illustre princesse qui avait pris
soin de ses premières années et dont la mémoire lui était
restée toujours chère.
Marguerite Branciforte épousa Frédéric Colonna , duc
de Paliano, connétable du royaume de Naples. Ainsi fut
uni le sang de don Juan d'Autriche avec celui de Marcan-
tonio Colonna, qui avait été son compagnon d'armes et son
lieutenant dans la glorieuse journée de Lépante.
(1) Baus une lettre du 10 mars 160-i, le duc de Ferla disait à Plii-
lippe m : v( El principe de Pietraprecia procède muy bien; y como despues
« que se casô, he tenido mas ocasiones y obligaciones para tralarle, he
» podido conocer mejor que tiene partes y talento para dar recaudo à lo
» que V. M-^ le quisiere encomendar. » (Arch. de Simancas, Eslado ,
leg. 1883.)
(2) Moréri, Grcuid dictionnaire historique, t. II, p. 428. — Grosses
xiniversal Lexicon, 4'" Band, p. 1011.
(5) Diurnali di Scipione Gucrra, MS. de la Bibliothèque nationale, à
Naples, fol. 55.
(4) Grosses universal Lexicon , 1. c.
( '>72 )
APPENDICES.
N» ï.
Lettre de don Juan à Marguerite d^ Autriche, sa sœur.
(Autographe.)
Seîïora, riasc V. Alt% en leyendo esta carta, de lo que en ella
quiero dczirla, que } o, aiinque corrido, picnso tambicn liazerlo.
Acuérdese V. Alf'que, entre otras cosas partieulares, nie pre-
guntô si yo ténia algiin hijo, y jiuitaraente me mando que se le
dièse, si le ténia. Respondila que no, besandola las manos
por la merced que me queria hazer , y dixe que presto podria
ser la acetase. Este presto, seîiora, casi lo es ya, porque de
aqui a un mes creo que de muchacho que soy me lie de ver
padre corrido y avergonçado; y digo avergonçado, porque
es donayre teneryo liijos. Ora al fin V. AW perdone, que
dellos ha de ser madré como de mi y del que nacerâ, que sera
el primero, principalmcnle. Y asi selo suplico muy de veras
quiera, por liazerme merced, tomar este nuevo trabajo y pesa-
dumbre, y que sea con todo cl mayor secreto y recato que po-
sible sea. Pero esto, con todo lo dcmâs que parcccrâ ser mas
conbiniente y acertado, quiero remitir y remito â V. Alt" , y la
suplico que no solo se encarguede todo, sino tanbien de advcr-
tirme â mi en aquello que sobre este particular y sobre todos
juzgare por lo mejor : que cierto lo sera. Quanto sea tiempo de
enlregarse V. Alt" de la criatura, que sera lucgo que sin su
pcligro pueda llcvarse hasta do se ballare, se lo escrivirâ el
cardenal Granvela, cl (pud, por amor mio y porcjue mejor y
( 573 )
mas secrcto se haga , se a encargado délia liasta poneila con
V. Alt^., con quicn el dicho cardenal se darâ la mano y corrcs-
pondencia. De nuevo suplieo à V. Alt'' se la de con el mismo, y
que desdc liiego enlienda que es madré de padre y hijo. La
que verdaderamente le parirâ es mujer de las nobles y seîïala-
das de aqui y de las mas hermosas que ay en toda Italia; que
al fincontodas estas partes, y principalmente la de la nobleza,
parece que podrâ mejor sufrirse esta deshùrden, si desliôrden
puede llamarse cosa tan natural y usada en el mundo. Esto es,
senora,en quanto â esto
De Nâpoles, 18 de julio 1575.
Besa las manos de V. Alt" su muy cierto
servidor y obediente hermano
Don Ju° de Austria.
A la serenissima senora madama de Austrkty mi hermana y
senora, en su mano.
(Archives farnésiennes, à Naples.)
N° II.
Lettre de don Juan à Marguerite.
(Aulographe.)
Senora, infinitas bezes beso las manos de V. Alt* j)or la libe-
ralidad y voluntad con que se a encargado de ser madré mia v
de mis cosas : que cierto, si algo se merece en este mundo,
merezco yoesta y otra qualqnier merced de V. AW, porquc es
quanto dezir se puede lo que deseo servirla , y lo que estoy
deseando ocasion en que hazerlo de veras y no burlando. Ora,
( 574 )
scnora, rcspondcré, pues asi es, â la de V. AU" de ûlliino del
})asado que rccebi dos dias a. No se si sera mejor y con mas
secretollevar la criatura que naciere al lugar adô V. AU"* man-
dare, y que de csto se encargue, como lo esta ya, el cardenal
Granvcla, que dexar llegar â Nàpoles, 6 por alli cerca, la per-
sona que tiene sefialada V. Alt' para este ei'eto, porque al fin,
segun el cardinal dize, con menor rumor la harâ él sacar de
allf adô conbendrâ, que podrà sacarla la tal persona ; y como
destas matcrias soy yo tan poco plâtico, lo mejor es para mi
remitirloy suplicar â V. Alt' escriva al dicho cardenal su opi-
nion, si todavi'a tiene la del inbiar por la criatura, para que lo
que mejor pareciere eso mande V. Alt" executar. Y esto es lo que
en quanto en esto juzgaria yo por lo mejor; pero en todo qucdo
remitido agora y siempre â su voluntad y pareccr, que sera sin
duda lo mas acertado. En quanto â si se callara 6 no al seîïor
principe esta cosa, respondo que pocas 6 no ninguna que me
toque le tendre jamas encubierta ; y asi, si pasare por ay, podrà
V. Alt' ganarmc por la màno; que yo, luego que le vea, se lo
dire claro : pero por satisfacion propia, aunque séria escusado,
le encomendaria el secreto. La persona quai sca no la dire
agora âV. Alt", hasta que tengaallâ la criatura, porque tan poco
la conocerâ, pienso yo; pero es cierto noble en su lugar y de las
mas bermosas dél 6 del mundo y, como digo, de linaje conocido
y muy noble, que es loque mas e estimado;y advicrto à V. Ait"'
que sera muy posible que, quando mcnos se cate, la lleve yo
otro liijo, porque este oficio todo es darle })rincipio. Rîase
V. Alt', que yo lo quedo bazicndo de mimismo, pues aun no soy
bien bijo, quando tambien me vco padre de bijos; Guay del-
los, si no tuviesen por madré à V. Alt', que lo es no menos de
ellos que mia, y mia que de su propio bijoî Esfo es en quanto â
plâtica de bijos me ociirre, aîiadicndo que ya presto naccrâ,
à mi juizio, el que ariba digo. Si es varon , le llamarân Gerô-
niino, con)o de pila me llamo yo,y si nuiger. Juana
Nuestro Seîïor guarde â V. Alt' con lanta sahul, \i(la \ conlcn-
(37o)
(iiniicnto quanlo merccc y yo dcsco, y asî la suplico me avise de
eontiiiiio de la que Uiviere.
De Meçina, 19 de agosto 1570.
Besa las nianos de V. Alt" su mas cierto
servidor y obedicnle hcrmano,
Do.\ Ju° DE AUSTRIA.
A la serenissima seilora madama de Ausln'a, mi hernicma ij
Hcnora, en su mano.
(Archives fariiésiennes, à Naplos.)
ÎV- III.
Lettre du cardinal de Granvelle à Marcjuerite d'Autriche.
(Aulugraphe.)
Madame, lagent de Vostre Altèze m'a donné ses lellres du
v*^ de ee moys, escriptes de sa main. Pour responce ausquelles
je luy diray qu'il y ha bien longtemps que le signeur don Joan
me dit que, Tayant interrogué Vostre Altèze s'il n'avoit point
cncoires commencé de faire quelque jeusne mesnaige, qu'il avoit
rcspondu que non, et que,dëmonstrant Vostredicte Altèze que,
sil y eut heu quelque chose, qu'elle eust désiré den tenir le
soing et prandre à sa charge d'en faire la nourriture, qu'il luy
dit qu'il y avoit bien commencé quelque chose et que, venant à
perfection, quil pourvoyroit que l'on l'envoya à Vostre Altèze,
puisqu'elle luy faisoit cest honneur d'en vouloir prandre la
charge; et me communicant franchement ce que passoit, m'en-
chargea que, le cas advenant, je tinsse correspondcnce avec
( 576 )
Vostrcdicte Allcze, pour luy adresser. J'ay aydé ce que j"ay
peu pour encouvrir le faict, luy ayant donné ung peu de leçon
de s'estre adressé à la dame que luy a pourté ce fruyt, pour
plusieurs considérations que je pourroys dire à Voslre Altèze,
si je luy pouvoye parler, et que je crains que, si Sa Majesté le
venoit à sçavoir, elle n'en seroit contente, pour aucunes consi-
dérations. 3Iais il est faict, et est la mère noble et de bon lieu,
que s'accoucha, il y a huyt jours, dune bien belle fille; aussi
est ladicte mère, à ce que l'on me dit, fort belle. L'on ha
pourveu ladicte fille d'une bonne norrice, que ne sceit à
parler ny du père ny de la mère. Quant il plaira à Vostrcdicte
Altèze me commander que je la luy envoyé, je le feray sans
plus grand bruyt, la faisant mectre en une mesme lictière avec
sa nourrice; et donneray quelques gens qui l'accompaigncnt.
Reste quil plaise à Vostrcdicte Altèze madvertir du temps et
où elle vouldra que l'on en face la délivrance et à qui. Je pense
envoyer, pour la conduyre, Francisco Castano, milannois, que
me servoit d'escuyer d'escuyeric quant je laissa Vostre Altèze
aux pays d'embas, qui congnoist les gens de Vostre Altèze et
est congncu d'iceulx, luy enchargeant la délivrer à qui et où
Vostre Altèze commandera, sans sçavoir ny du père ny de la
mère, ny moins que Vostre Altèze sçache rien de ce que passe,
si elle ne me commande aultrc chose
De Naples, ce xix*" de septembre lo73.
De Vostre Altèze bien humble et
très-obligé serviteur,
Am. Cahd. de Granvelle.
(Archives lariiésieunes, à Naples.)
(o77 )
N IV.
Lellre du cardinal de Granvelle à Mar(jucrlti'.
(Autographe.)
Madame, suyvant la résolution [)riiise par Vostrc Altèzc,
Francisco partira, s'il plaît à Dieu, le vin*' de ce moys, avccla
nourrisse, son mary et l'enfant, selon (jue les gens du signeur
don Jehan ont convenu ; et ne seaivent ny la norrisse ny le
mari chose quelconque de l'affaire ny de qui est l'enfant, ny
moings Francisque. Aulcuns soubsonnent qu'il soit mien. ^ïais,
comme je ne parla onques à la mère, ny luy pense parler, cela
et mon eage feront perdre ceste opinion, et n'en fais aultre cas.
Ledict Francisco tiendra le chemin droit à Sulmone, et dois là
entendra si Nuti sera à l'hostellerie de la Rocca , pour là luy
aller consigner le tout, et dois là retournera, sans passer plus
avant, comme Vostre Altèze commande, pour les raisons Irès-
prudentcment par elle considérées.
Ledict Francisco n'a peu partir plus tost, pour ce qu'ayant
pieu à monsieur le prince, filz de Vostre Altèze, me faire cest
honneur de loger céans , comme ledict Francisco est congneu
de luy et de ses gens, je ne l'ay voulu eslongner, pour la com-
modité de leur service, oultre ce que je doubtai que, ne le
véans, ils se fussent enquis de luy, qu'eust peu donner occasion
à discours. Je faiz mon compte que le xu il pourra estre à Sul-
mone; et oyres qu'il actende ung jour ou deux la venue de
Nuti , cela emporte peu , pourveu que tout se face comme il
convient
De Naples , ce vi*" de novembre 1575.
De Vostredicte Altèzc bien humble
et très-obligé serviteur,
AiN'T. Card. de Granvelle.
(Archives l'ariiésieimes , à Naples.)
( 578 )
N» V.
Lellre du cardinal de Granvellc à Marguerile.
(Autographe.)
Madame, j'avoyc jà entendu, par le rapport de mon homme,
ce qu'estoit passé quant à la consignation de l'enfant. Et ce ne
fut ma faulle que Vostrc Altèze ne fut prcadverlie, car je Hz
donner, deux ou troys jours devant le parlement de mon
homme, ma lettre à Jo. Fcrnandcs de Çiuliga, luy recom-
mandant de la faire adresser promptement, pour estre chose
quemportoit, sans luy en dire aultre chose. Et enfin, par la
prudence de Vostrc Altèze, le tout fut bien encheminé, ayant
donne si bon ordre à toutes choses. Dont je n'ay failly de in-
continant advcrtyr le père, qu'en reçoit grand contentement;
et n'a faict semblant au porteur des lettres de Vostrc Altèze
de ceste affaire, comme aussi n'ay-je moy, pour mavoyr iccllc
prcadverty qu'il n'en sçavoit à parler. El aussi peult estre cer-
taine Vostredicte Altèze que mon homme propre, qui l'a con-
duyl, n'en ha entendu chose quelconque; et s'il y a quchpie
soubson, icelluy pourra estre tombe sur moy ou sur aultre :
mais j'espère bien qu'il perdra ledit soubson, puisqu'il ny
verra aultre suytc, ny précédcnlment chose que le doibge
faire soubsonncr. El me recommandant bien humblement et
très-affectueusement à la bonne grâce de Vostrc Altèze, je prie
le Créateur quil doint à icelle très-bonne cl longue vie.
De Naj)les , ce ii' de décembre 1 a73.
De Vostrc Allèze bien humble et
très-obligé serviteur,
Ant. Cai'.d. di: Granvellr.
(Archives raniosieiiiios, à .Na|ik's.)
(579)
N« VI.
Lettre lie don Juan à Marguerite.
(Autographe.)
Seîïora, en caria a parle qiiiero responder a V. AU" y besar
infinilas vczes sus manos , por avcr tomado por tan pro[)io
suyo el comodo y criança de esa nina, de cuya biicna forUuia
csloy }0 lan embidioso que, quando la quisiera mucbo, nie
biera todavia estarlo délia, quanto mas saviendo scr tan torpc
padre que no acavo de créer que lo soy. Iras saverlo cerlisinio.
Ora, si Dios se la llevase, â todos pienso que nos séria mucba
merced, y mayor a mi , que no son liijos para liombre conio
yo. Mire V. A\V y ri'ase de mi opinion y mi deseo. Con todo
beso olra vez a V. Alt" las manos por el travajo que ba tomado
por librarme deste cuydado, que fuera agora grandisimo para
mi; y asi es tanto mayor la merced que be recibido, y tanto
mas estimada. Quando aqui llegué, balle algun tanto de rumor
sobre esto, que me peso no poco, aunque siempre variavan
de lo cierto. Agora entiendo que pasô va esta grita, la quai por
mi no puedo desear ni deseo que sea jamâs levanlada. Es bien
verdad que ubo un poco de hierro quando naciô essa criatura ,
que fuë la causa de lo que se dixo. Al fin lo que fuc pasô, para
bolvidarse como en mayorcs cosas vemos que succde cada dia.
Con todo no pierdo la pena que me toea â rai tener. Al senor
})rincipe no consicnto que se lenga secreto cosa que a mi me
toque, y asi seré yo el primero el que le dire; que no picnsc
ni se engane que es solo A él a quien V. Alt" tiene y trata por
hijo. Ora guardcme Dios a V. AU" con la feîicidad y contenta-
/
( o80 )
micnto que mcrccc y yo dcsco, que es quanto puede descarsc.
De Nâpolcs, â 28 de noviembre 1o73.
Bcsa las manos de V. Alt" su mayor scrvidor
y obediente bermano,
Don Ju" de Austria.
A la se r'"" Si' no r a nwdaina de Auslria, mi hermana y senora.
(Archives farnésieiHies, à Naples.)
i\° VII.
Lellre du cardinal de Granvelle à Marguerite.
(Autographe.)
Madame, j'ay parlé cejourd'buy à Sa Ma"' une aullre l'ois (I)
touc'bant madauioisellc donna Joanna; et je prétendo}e que
Toji la fît venir icy, pour la nourrir près de la royne, à lacjuelle,
à mon advis, elle eust donné du contentement. Mais Sadicte
Majesté ba voulu prandrc aultre résolution, luy ayant semblé
mieulx que l'on la mecte au monastère de S'^'-Clère de Naples,
pour là la nourrir, luy donnant là-dedcns la commodité néces-
saire et personnes qui en tiennent soing. Et me semble que Sa-
dicte Ma''" désireroit que ce fust de sorte que, venant en eaige,
il luy print dévotion d'y demeurer religieuse. Et Ton escript au
(1) Dans un posl-seiipluni à une lettre (hi 1:2 septembre, il Uisail ii la
duchesse : c< Je n'ay l'aiily de ramenlevoir à Sa Ma''' donna -loannella : sur
0 quoy j'allendz eiicoire sa responce. »
( 38i )
vicc-roy de Naplcs de procurer que, quant il plaira à Voslrc
AHczc l'envoyer, qu'elle y soit reccue, et me eommande l'es-
cripre à Vostredicte Altèze, à laquelle je tiens qu'elle en fera
escriprc quelque mot, ou par ec mcsme courrier ou par ce pre-
mier. Mais cependant il m'a semble en donner à icclle incon-
tinant advcrtissement
Du Scorial , le xni^ octobre 1579.
De Voslre Altèze bien burablc et très-
obligé serviteur,
Ant. Cardinal de Granvelle.
(Archives farnésiennes, à Napies.)
N° VIII.
Lettre de Florio Torniello à Marguerite.
(Autographe.)
Serenissima patrona , con la divina gralia hieri arrivassimo
in Napoli sani et salvi, e Sua Eccellenza, non potendo assisterc
in persona a incontrare la signora donna Gioanna, perché
tiene lutto per la morte délia signora donna Geronima, sua
cognata, mando a inconlrarla dal marchese di Grotteri con
altri doi del consiglio et molti altri cavaglieri, e ci fceero in-
trar di notte, et andassimo dritto a palazzo. Sua Eccellenza
venue abbasso al cortile, et piglio per la mano la signora
donna Gianna, et la condusse ad alto, dove trovô la vicere-
gina che gli la levo di mano ; et tutti insieme la eondussero aile
suc stanze, vicine allô appartamcnto di detta viceregina, con
( 582 )
la quale ccno , et ancliè vi fece cenarc la signera Jiidilta (I) et
noi altri. Vi stessimo a servirla di vista;solo la fcccservire dal
suo coppiero. lo visitai il sigiior viccrrè et vieercgina nel mc-
desimo instante in nome di Vostra Altezza, et hebbi anchè
hellissinia occasione di esplicar tulto il particolar de la signera
donna Gioanna. Et questa matina e fatlo il restante dclli negolii,
et pigliato lo apontaniento di condurla domani nel monasterio,
c voile il signor vieerrè chc sia la signera Juditta che la een-
duca insieme cen noi altri
Di Napoli, alli 22 gennaio 1580.
Di Vostra Altezza Serenissima devolis-
simo et umilissimo servi ter,
Florio Tormello.
(Archives farnésieniios, à Najjh^s.)
N« IX.
Leitre de don Juan de Zi'miga, vice-rot de Xaples,
à Pliilippe II.
(Original.)
S. C. R. M'', luego que rccevf la earta de V. M'^ de les viii
de noviembrc, en que manda va que se pusiesc en el mones-
Icrio de Santa Clara desta eiudad la hija del seîïer don Juan,
que aya gloria, le avisé â Madanin, para saber eemo y de que
manera la (pieria enibiai', y enibié a suplicar a Su S'' dièse
(1) Fcmiue de clianibrc lW donna Gio\ann:i
( m )
brève para que i)iKlie. >e eslîir en el Jiioncslcrio con (jiialro
criadas. Concediôlo luego, aunqiie liinilo ({ue las criadas no
fuesen mas de dos. Concertôse con la abbadcsa que se le sena-
lasc el mejor aposento que liay en la casa, y que se encomen-
dase su criança a sor Antonia Silvesti-e, que es niuger noble y
prudente y nuiy buena rcligiosa, la quai estarâ en su aposento
y cornera con ella. Y aviendo dado quenta de todo â Madania
y avisiidole que la podria embiar quando quisiese, la einbiô
luego. Llegô aqui â los xxj, y ha estado en esta casa de V. M''
hasla los xxiij, (pje la llevô la princesa mi muger al moncs-
terio.
Hâla embiado Madama muy bien veslida y alajada, de ma-
nera que no se ha avido de proveer para el adreço de su ])er-
sona y aposento cosa ninguna.
Ilize gran instancia con Madama porque embiase las criadas
que hubiesen de estar con ella en el monestcrio, y ha embiado
sola una que es la que hasta aqui ha tenido cuydado de ves-
lirla, y de quien Madama tienc salisfacion; y aqui ando bus-
cando la otra.
Con la abbadesa se ha concertado qu'el monesterio la ha de
hazer la costa â ella y a las criadas, y se tasarâ lo que por esto
se le huviere de dar cada mes. El partido de las criadas y
todos los demâs gastos extraordinarios se proveerân como
fuere menester.
A mi no me parecio que aviendo de estar en el monesterio,
entrase persona de autoridad que tuviese cargo délia, por el
embaraço y difficultad que avria en hallarla tal, y que era
mejor que esto se encomendase à una monja; y de la que se
ha escogido, como he dicho, tengo muy buena relacion, Y si
V. M'' mandare que se haga de olra manera, se cumplirà luego.
Tambien es nescesario que V. M'' ordene la forma que se lia
de tener en su criança, porque si ha de ser monja, avriase de
yr moderando lo del vestido y lo demâs del regalo y atavio
con que ahora se ha pucsto en el monesterio.
( 584 )
Lo del Iratnmicnlo yo hc ordcnatlo que sea solamcntc de
Sciioria, aunque las criadas de Madama la llamavan Excelen-
(ta, pues sera mcjor, si coiiviniere en cslo, acrecenlar con el
licmpo que no aver de ccreenar despues. Y para en qual-
quier estado que aya de toniar, tcngo por mucho mejor la
criança de Spaîîa; y quanto mas presto V. M"^ mandase que
se embiase à esos reynos, séria mucho mejor, aunque cierto
este raonesterio de Santa Clara es muy principal y muy reco-
gido. Ella es muy viva y de mucho entendimiento; y no
aviendo quedado otra prenda del S*"" don Juan, es muy justo
que V. M*^ la favorczca y haga mucha merced : de que todos se
lo suppliquamos.
Guarde N. S"" la muy real persona de V. I\P por muy largos
anos, y sus reinos y seîïorios prospère como la christiandad
lo ha menester, y los vasallos y eriados de V. M' descamos.
De Nâpoles, à xxiiij de enero i580.
D. V. M'' liechura, vasallo y criado que sus
muy reaies pies y manos besa,
Don Juan de Çlniga.
(Archives de Simancas, Estado, log. 1081.)
N" X.
Dédicace de donna Giovanna au prince Pliilippe.
SeRENISSIMO PinLU'POTEHTIO IIiSPANIARL M PrINCII'I MAMMO. Fn.VTIU
AïQL'E Domino colendissimo.
Cum orationis cflicacia, screnissimo princeps, tanta sit ut ea
non solum Dco uniamur, pcr ipsam eniin nostra conversalio
in coclis est, sed etiam ipsa média Deuni bonorum oinniuni
auclorem cognoscimus, atque salutis noslrae praesidium con-
( o8o )
scquiiuur, asccndit nostra dcprecalio; descendit Dei miseri-
eordia; inia est terra, altum est cocliim; Altissimus tameii
hominem summissius oraiitem exaiidit. Hujus ego eiini tam
magni muneris aliqua ex sanctis [)atribus collegerim, aliqiia
vcro assidua exercitationc, in hoc sacro coelu et intra caslis-
sima claustra sanctarum nionialium noctes atque dies, ex" imo
pectore Deum orantium tibi dixerim : Quac pro Tua Celsitu-
dine praccipue, quae nostri pars raaxima est, ardenti studio
pie efîunduntur, ac vehementi animi cupiditate ad coelum
mittuntur, ut idcirco tam raagno principi in subditos benigno,
in omnes clemcnti, cujus cor regium in manu Dei est, istas
vigilias, i)arvos labores nuncupare, aequum esse judicarim,
et eo magis cum Sancti Didici vitam scriplam, regum maximo
pairi luo invictissimo superioî'ihus annis dicaverim, dcfecisse
mihi videbar, si Celsitudini Tuae hoc opusculum non dedicarem
orationis plénum, et auspieacissimum te principura omnium
acternum decus, iniperium Occeano et famam astris termina-
turum. Vale.
Ex regali coenobio Santae Clarae Neapoli idibusnovembris,
anno salutis MDXCIIII.
Tuae Amplissimae Celsitudinis soror
et humilissima ancilla,
JOANNA AUSTRIA.
(MS. intitulé De oratione Tractatus, à la Biblio-
thèque nationale, à Naples.)
N" XI.
Lettre de Philippe II au comte d'Olivares, vice-roi de Xaples.
Illustre conde de Olivares, nuestro visorey y capitan gê-
nerai, ya sabeis que esta en Xâpoles su hija de don Juan mi
hcrmano, que aya gloria. Y aunque se que, llegado à quel
2""^ SÉRIE, TOME XXV. 59
( o86 )
rcyno, lerncys la mano en que sca tan bien tratada y mirada
coino lo piden las causas que hay para csto, todavia os lo lie
querido encargar, para que tengays en esto la quenta que lia
tcnido el condc de Miranda, en la misma forma y manera; y con
él podreys conferir lo que se podrâ liazer buenamente para su
remedio y las occasiones que se offrescen. Y avi'sadme despues
de todo, con vuestro parecer.
De San Lorenço, â primo de octubre 1595.
Francisco Ydiâquez.
Yo EL Rev
(Bibliothèque de la Minerve, à Rome
MS. XX, VIII, 61, loi. 325.)
N^ XII.
Letti'c (le Philippe III au comte de Lemos, vice-roi de Xaples.
(Minute.)
Estos dias lie enlendido que dona Juana de Austria, mi
prima, salio del monasterio de Santa Clara, forcada de lalta de
salud, y que Dios lia sido servido de dârscla : de que lie liol-
gado. Y avicndo mirado en lo que le esta mejor, en cl entrc-
tando que se disponen sus cosas al bien que le desseo, paresce
(lue en ninguna parte cslariî como en el mismo monasterio de
Santa Clara ô en otro, si le buviei'c en esa riudad, de mas
gusto y comodidad su}a; y assi seré servido de que se lo
digais de mi parle. Y de su cordura tengo tal satisfacion que
no dudo que entenderâ ser lo que mas conviene â su autlio-
ridad y â todo lo denu'is. Y con esto vcreys vos en quai de los
diclios monaslcrios estar.» mejor, y ordenareys como lo eslé.
( §87 )
scnalandoos, vos y la oondesa, con particular demostracion en
acariciarla, para que se enlienda lo que yo la eslimo y qiiiero :
que en ello nie servireys mueho. Y dareysie la caria que va
con esta, por cuya copia vercys lo que conliene.
De Valladolid, a 30 de setiembre iGOî.
(Ai'ch. de Siniancas , Estndo, leg. 187-).)
N*» xin.
Lellre de donna Giovanna à Philippe III.
(Autographe.)
Seïîor, ninguna cosa me pesa mas que el ser foreada a dar
a V. M"* cada dia pesadumbre, supplicando por el remedio de
mi necessidad : la quai llegando al punto en que esta, embié
bombre propio a supplicar a V. M*^ mandasse poner en ello su
real mano, y usando de la solita clemencia que con todo el
mundo suele, y particularmente conraigo, mandasse lo que en
mis pretensiones se havia de acer. Y aunque esto ba mas de
seis meses, y se ha sollicitado al duque de Lerma por la spedi-
tion, liasta agora no se ha ccho nada; y la condesa de Lemos
dice que, asta este punto. que se embarca (1), ni V. M*^ ni el
duque 1' han scritto nada. Xo se, seiïor y amparo mio, que
me acer ni adonde volver los ochos, si no es à la real cle-
mencia de V. M*^, pues veo que por una parte no gusta que
yo esté del modo que estoi; por otra es imposible bivir en
monaslerio. Véome sola, pobre huérfana y desamparada, y
(1) Le comte de Lemos, son mari, élanl mort, elle relournail en
Espagne.
( a88 )
ncccsidada destar sugeta â cada vircy que viene; que cada uno
me Irata como quicrc, quien bien y quien mal, y que tengo
de corner y veslir por sus manos. Como se cierto que, si
V. M** cntendiesse la vida que paso, no sufriria su benigno
coraçon que esta su minima sierva, aunque indigna de su
raisma sangre, liija de un padre que tan fiel fuë al servicio
de la real corona, que padeciese lo que padece, esto y vernie
en tierra agena, lexos de mi rey y senor natural, basteria ad
acabar la salud â quien la tuviese mejor que yo la tengo; y no
tengo duda que, si V. M"^ supiese las lâgrimas que esto me
cuesta, se apiedaria de mi. Esto y otras muclias cosas que
dexo deeir por no cansar â V. M'', las dira de mi parte sola
César de Tliomas. Supplico humilmente V. M*^, como â mi senor
y ùnico bien, y como â rey benigno y piadoso, se sirva en-
tenderle, y mandar que yo sea remediada de la manera que
puedo sperar de su grandeça. Guarde Nuestro Seîïor â V. M'' los
aiïos que yo deseo.
De Nâpoles, â x de mayo 1G02.
D* Ju'' DE AUSTRIA.
(Arch. de Simaiicas, Eslado , log. 1008.)
N« XIV.
Lellre du duc de Fen'a, vice-roi de Sicile, à Philippe II/.
(Original.)
Scilor, la rcsolucion que V. 3F. a tomado en el casamiento
de doîïa Juana es muy digna de su grandeea; y quiero decir
â V. M*^. la verdad, que dende que pasé por Napoles, traya en
la ymaginacion proponerle la colocacion desta seîïora. Bcn-
dilo Dios, que pone cossas lan buenas en el pecbo de V. M''.
( 589 )
Despucs que rccibi la carta, cncaminc por via indirccta que
el principe de Butera considerase lo bien que cslava este casa-
miento para su hijo, y lo que aventajaba sus negocios que
lan caidos estavan. Y como él a sentido que yo me compa-
decia de sus trabajos, demâs del conocimiento que a\ îa tenido
conmigo, pasando por Bareelona, a venido esta manana â ha-
blarmc, juntamente con su bijo, y me dijo que me pedia no
tuviese por atrevimicnto pedirme consejo en una cossa, con-
fiado de lo que yo le favorecia; y aviéndole respondido y es-
foreado, dixo que lo que queria era que le aconsejase el medio
que tendria para encaminar este casamiento para su hijo, por
ser cosa que tambien le estava , y lo estimaria en lo mucho
que era justo. Yo le dixe que la confianea que hazia de mi se
la queria pagar en la mesma moneda, y que lo que le podia
dezir era que qualquiera negociacion de persona desta pro-
vineia la ama V. M'^ de remitir â su virrey, y que por escu-
sarle el tiempo y demandas que en esto podria aver, yo me
eneargaria de representar â V. M"*, su demanda, y lo que me
avi'a dicho de que en todo se remitia â la voluntad de V. M**
y de lo que yo quisiese hordenarle, y que quanto mas él
hazia, esto representaria yo â V. ]\P, y se lo suplicaria le
hiziese mayor merced. Despedimonos quedando de aeuerdo
en esto, y que el marqués su hijo, que mostrô dessearlo
mucho, fuesse â dar quenta â la madré, que vive apartada de
su marido, aunque en esto no ay que poner duda, respecto de
que V. M'*, en lo que toca â la persona se a resuelto; y esto se
puede decir que esta hecho. Se deve al decoro de V. M'', y â
bija que por su parte ayuda â los mereciraientos de padre que
honrrarâ los siglos venideros, que honrre tambien â la casa
de su marido, y saïga con autoridad del reyno de Nàpoles y
entre con ella en este. Con la profesion que hago de querer
mostrar â V. M*^ mi pecho, dire lo que siento con particula-
ridad, para que V. M'' de una vez se pucda resolver. V. M*^
la a de dotar : esto me parece que estarâ bien en sctenla mil
( o90)
cscLulos, 6 por lo menos en scscnla milieu renia en este reino,
al precio que por acâ corre. El principe de Butera tendra dos
pretensiones, 6 por niejor decir las a tenido y tiene, fundân-
dose en que su casa es la que liene el primer lugar deste reino,
y justamcnte. La una es de que V. M'^ le mande cubrir, pues
lo haze con el duque de Terranova, â quien él précède y liene
mas renia; la consecuencia es muy fuerle, y quanlo en esta
parte dixere el de Butera es juslificado. De liazerlo V. 31' no
ay otra conscquencia que alcgar; y lambien creo que en razon
de govierno se ayuda su causa, con que en una provineia no
esten limitadas las honrras â uno, aviendo otro que tenga tan
cuniplida su razon ; y juntândose esle casamiento, se esfucrça
con causa tan urgente como tener muger de la sangre de
V. M*^, y en grado tan propinquo , y que los virreyes de Nâ-
polcs, antes que se casase, la an llamado Excellencia , y lo
mesmo harâ el que aqui esluviere. La otra, que V. IVF le diesc
el Tuson 6 se le prometiese, como se liizo con el duque de
Terranova, el quai dize que tiene esta promesa y firmada.
A este cabo se podrâ decir que séria dar parte de la dote al
suegro; pero no apriela esle articulo tanlo como el primero,
pudiéndose dar dilacion , pues no se a efectuado en el duque
de Terranova, ni tampoco es de la ymportancia en que se
puede tanto alegar la juslicia, pues esto tira solamenle â gracia.
Y assi, con los sesenta mil escudos y él mandarle V-M** cubrir?
(') promelerselo para la ocasion, de manera que lenga effelo,
pues no se puede antes, no aviendo que mudar el tilulo de
la corlesia, pues no se acrecienta con el cubrirse, esta este
negocio becbo, viniendo V. M'^ en ello, pues aqui no tiene
empeiïado nada, siendo lo que ay hasta aora solamenle de-
manda de parte del principe. Resta que V. M*^ me cseriva
en caria que yo pueda moslrar, y cometa el asentar las capi-
lulacioncs, y que eon algunas gâteras degolfo laneado la trai-
i4;an â esta eiudad. Y de lo que es servilla en esta casa de
V. M'', y (pie la solemindad .^e liaga eon la auloridail iieco-
( oOl )
saria, yo me cncargo. Al condc de Benavenle se servini V. M''
(le inandar lo que en csto se liuviere de liazer. Qucdauic solo
por dezir que, resolviëndose V. M*^ â que el casamiento se
haga, estarâ muy bien h su ser\ icio que no se pierda tieuipo.
Nuestro Scnor guardc la calhôlica pcrsona de V. M''.
En Palermo, nu de julio MDCII.
El Dlqle de Feiua.
(Archives de Simancas, Eslado, leg. 1160.)
.\" XV
Lettre de donna Giovanna à Philippe III.
(Autographe.)
Senor, el duque de Feria me ha scrito, en una de 12 de
diciembre, las mercedes que V. M*^ me ha hecho, y el estado
en que me ha puesto con el hijo mayor del principe de Bu-
tera : por lo que beso mil vezes los pies de V. M*^, de cuya
grandeça y liberalidad no se pudia sperar menos. Y reconozco
esta merced en lo que es raçon , y doy gracias â Dios que ya
que me hizo huërfana , y me puso en un rincon como el en
que hasta agora lie bivido, tan apartada de los pies de V. M*^,
se diiïô darme tal senor por padre y amparo como V. I\P :
que aunque veo es atrevimienlo usar del segundo vocablo,
pero las mercedes y gracias que de V. M** he recebido, sin
merecerlas, no se puedcn bien declarar con otro nombre que
de padre. Y pues V. M** me ha puesto en el estado en que
stoy, la suplico muy humilmente que no me desamparc en
lo que qucda : que enfin olro bien no tengo en este mimdo
que V. W, por cuyo scrvicio deseo poncr la jjropria vida.
( o92 )
Désela Nuostro Seîior à V. M** tan larga y biiciia como esla
su indina scrvidora desca. Y con la liumildad ([uc devo bcso
los pies â V. M**.
De Nâpolcs, â x de henero 1605.
D^ Ju* DE AUSTRIA.
(Archives de Simancas, Eslado^ leg. 1099.)
M. le secrétaire perpétuel fait, en dernier lieu, la pro-
clamation des résultats suivants des concours et des
élections :
CONCOURS ANNUEL DE LA CLASSE.
Six questions avaient été inscrites au programme de
concours de cette année : la classe a reçu quatre mé-
moires :
Sur la 2' question :
Faire V histoire du droit pénal dans le duché de Bradant
depuis Vavénement de Charles V jusqu'à la réunion de la
Belgique à la France, à la fin du XVIIF siècle.
Un mémoire est parvenu ; il porte pour devise : Cest icy
un livre de bonne foy, lecteur. (Montaigne.)
Conformément aux conclusions des rapporteurs , la
classe a décerné le prix de mille francs à l'auteur de cet
ouvrage. Le billet cacbcté porte qu'il est de M. Edmond
Poullet, professeur à l'Université de Louvain et déjà
lauréat de la Compagnie,
( 393 )
Sur la 5' question :
Faire une description slatisliqne cViine commune du
centre des Flandres de deux mille habitants au moins, etc.
Deux mémoires ont été adressés.
Conformément aux conclusions des rapporteurs, le prix
de six cents francs a été décerné au mémoire portant pour
devise : Voorheen en nu.
Le billet cacheté annonce qu'il est de MM. Frans De
Potter, à Gand, et Jean Broeckaert, à Wetteren, auteurs
de YHistoire des communes des Flandres.
Sur la 5** question :
Quelles ont été les tendances politiques et sociales des
hérésies depuis l'origine du christianisme jusqu'à la fin
du XF" siècle?
Un mémoire portant pour devise : Oporlel esse hœreses
a été reçu.
D'après l'avis de MM. les commissaires, il n'y a pas eu
lieu de décerner à ce travail la récompense attribuée par
la classe.
PRIX DE STASSART POUR UNE QUESTION D HISTOIRE
NATIONALE.
Conformément à la volonté du donateur, ainsi qu'à ses
généreuses dispositions, la classe avait ouvert le premier
concours sexennal d'histoire nationale en posant la ques-
tion suivante :
Faire l'histoire des rapports de droit public cpii ont
( :i!>4 )
exislé enlre les provinces belges et l'empire cV Allemagne
depuis le X*" siècle jusqu'à F incorporation de la Belgique
dans la république française.
Un seul mémoire, portant pour devise : Plus ultra, est
parvenu en réponse à cette question du concours, prorogé
jusqu'au 1" janvier de cette année.
Selon l'opinion des rapporteurs, ce travail a remporté
le prix de trois mille francs attribué à la question.
Le billet cacbeté fait savoir qu'il est de M. Emile de
Borchgrave, secrétaire de légation de 1'*^ classe et chef de
bureau au département des affaires étrangères, déjà lauréat
de la Compagnie.
Les lauréats sont venus successivement recevoir la ré-
compense qui leur était décernée, et les applaudissements
de l'assemblée ont accueilli à chaque reprise la proclama-
tion de ces résultats.
ELECTIONS.
Depuis le mois de mai 1868, la classe a perdu un de
ses membres titulaires, M. Edouard Ducpetiaux; trois de
ses associés, MM. Henry Lllis, J.-G.-V. de Moléon et le
duc de Caraman, sont également décédés dans le courant
de ces dernières années.
Lors de la séance du 10 de ce mois, elle a procédé, par
élection , au remplacement des titulaires de ces quatre
places vacantes et à l'élection de deux corresi)ondaiils.
Pour la place de membre titulaire, M. Henri Conscience,
déjà correspondant, a été élu, sauf approbation royale.
( 395 )
Aux deux places de correspondant ont été désignés :
MM. N.-J. Laibrèt, recteur magnifique de l'Université de
Louvain, et S.-J.-G. Nypels, professeur à fUniversilé de
Liège.
Pour les trois places d'associés, les sutTrages se sont por-
tés sur MM. Emile Egger, de l'Institut impérial de France,
à Paris, G. Vreede, professeur à l'Université d'Utrecht, et
U- von Sybel, professeur à l'Université de Bonn.
( 596 )
CLASSE DES BEAUX-ARTS
Séance du 12 mai 1869.
M. Gii.-A. Frvikin, vice-directeur, occupe le fauteuil.
M. Ad. Quetelet, secrétaire perpétuel.
Sont présents :Wi\. L. Alvin, F.-J. Fétis, Guillaume
Geefs,Ch.-L. Hanssens, J. Geefs, Ferd. De Brackeleer,
Ed. Fétis, Edm. De Busscher, Aug. Payen , le chevalier
L. de Burbure, J. Franck, Gustave De Man, Ad. Siret,
Julien Leclercq, membres-, Daussoigne-Méluil, associé;
F. Stappaerts, correspondant.
M. M.-L. Polain , membre de la classe des lettres,
assiste à la séance.
CORRESPONDANCE.
M. le Ministre de l'intérieur adresse les l"" et 2' livrai-
sons de la 5'' année du Trésor musical fniusique religieuse,
1869), publié par iM. R.-J. Van Maldeghem.
— L'institut des ingénieurs civils de Londres complète ,
par un considérable envoi, le recueil de ses publications
dont la bibliothèque de la Compagnie possédait déjà quel-
( o!)7 )
qiics volumes; cet institut remercie, en mcrne temps, pour
les lacunes comblées dans les collections académiques de
sa bibliothèque.
Remercîments pour ces envois.
— MM. César Daly et T. van Westrheene , associés de
la classe, accusent réception des bulletins et de l'annuaire
de cette année.
— La Société des architectes du département du Nord,
à Lille, établie récemment, exprime le désir d'entrer en
relations d'échange de publications avec l'Académie. — Un
accueil favorable sera fait à cette demande aussitôt que la
Société des architectes aura envoyé ses premiers travaux.
CONCOURS DES CANTATES.
M. le secrétaire perpétuel annonce que deux cantates
lui sont parvenues le 10 avril dernier, après le terme fatal,
(fixé au 1'"^ du même mois) du concours des cantates du
grand prix de composition musicale de 1869.
Ces poèmes, accompagnés chacun d'un billet cacheté
sans devise, portent pour titre :
\° Herculanum;
2° Les Mères.
Ils n'ont pu être admis à concourir et ont été déposés
dans les archives de l'Académie.
Il est donné , en même temps, connaissance qu'à la date
du 22 du même mois d'avril le compte rendu des opéra-
( 598 )
lions du jury des cantates et les deux notes rédigées par
MM. les rapporteurs sur la valeur littéraire de ce concours
ont été adressés à M. le Ministre de l'intérieur.
— La classe est informée que sa commission spéciale
des finances s'est réunie avant la séance; elle a examiné
et approuvé, en ce qui la concerne, les comptes acadé-
miques de l'année 1868, arrêtés dans la séance de la
commission administrative du 5 avril dernier.
ELECTIONS.
M. L. Alvin, membre de la commission administrative
pour 1868, est de nouveau investi du mandat de délégué
de la classe pour l'année courante.
COMMUNICATIONS ET LECTURES.
La classe s'occupe, en comité secret, de différentes dis-
positions concernant ses intérêts particuliers et principa-
lement de la question des bustes des membres décédés,
sur laquelle une décision sera prise dans la prochaine
séance.
( o99
Séance générale des trois classes.
(Mercredi, 11 mai 1869.)
M. Ad. Borgis'et, président de l'Académie.
M. Ad. Quetelet, secrétaire perpétuel.
Assistaient à la séance :
Classe des sciences. — JMM. Nyst, directeur; Dewalque,
vice-directeur; d'Omalius, C. Wesmael, Slas, L. De Ko-
ninck, P.-J. Van Beneden, de Selys-Longchamps, le vi-
comte B. du Bus, Gluge, Melsens, J. Liagre , F. Duprez,
Poelman, Ern. Quetelet, A. Spring, M. Gloesener, Can-
dèze, Coemans , F. Donny , Cli. Montigny , membres;
Sclîwann , Lacordaire, E. Catalan, associés ; Henry, Bel-
lynck, Dupont, correspondants.
Classe des lettres. — MM. Defacqz , vice-directeur ;
Ch. Steur, J. Grandgagnage, J. Roulez, Paul Devaux,
P. De Decker, F.-A. Snellaert, J. Haus, M.-L. Polain , le
baron de Witte, Ch. Faider, le baron Kervyn de Lelten-
hove, R. Chalon, Ad. Mathieu, Th. Juste, le général
Guillaume, Félix Nève, membres; Nolet de Brauweic van
Steeland , A Scheler , associés.
Classe des beaux-arts. — MM. L. Alvin, F.-J. Fétis,
Guillaume Geefs, Jos. Geefs , Ed. Félis , Edmond De Bus-
( 600 )
schcr, Alpli. Balat, Aug. Paycn, le chev. Léon de Burbure,
J. Franck, G. De Man, Ad. Siret, J. Leclercq, membres;
Daussoigne-Méhul , associé.
Ainsi que le prescrit l'article 19 des Statuts onjaniqiies,
les trois classes de l'Académie se sont réunies aujourd'hui
en assemblée générale afm de régler entre elles leurs inté-
rêts communs.
Elles se sont entendues, à cet effet, sur les différents
objets formant l'ordre du jour de la réunion ; comme ces ob-
jets concernent directement les intérêts administratifs de la
Compagnie, ils ne sont pas de nature à être mentionnés ici.
Seul, le rapport annuel suivant de M. Edm. De Busscber,
secrétaire de la commission de la Biographie nationale,
sur les travaux de cette commission pendant l'année 1868-
1869 a été réservé à la publicité.
COMMISSION DE LA BIOGRAPHIE NATIONALE.
Neuvième rapport annuel. — 1869.
Le rapport annuel de mai 1868 vous a initiés à la partie
technique de l'impression de la Bioc/raphie nationale. Pré-
cédemment il vous avait été rendu compte du point de
départ et de la marche des travaux de la commission, dos
mesures qui successivement furent adoptées, des modifi-
cations que l'expérience acquise a fiiit introduire dans le
mode de publication, tout en maintenant les principes
( 601 )
admis pour servir de bases à l'entreprise patriotique dont
le gouvernement a confié l'exécution à l'Académie.
Ces principes organiques ont été fixés avec un soin si
scrupuleux, après de si mûres délibérations, que, dans
leur application , nous n'avons été arrêtés par aucune dif-
ficulté grave. Parvenus au tome troisième de la Biographiej
nous n'avons à nous préoccuper que des moyens d'accélérer
la mise au jour de ce volume et de ceux qui le suivront.
Sans doute, et nous n'éprouvons aucun embarras à le re-
connaître, cette entreprise littéraire, nouvelle pour nous,
a eu ses tâtonnements, et notre publication aura les im-
perfections inbérentes à toute œuvre collective, accomplie
dans les conditions d'éloignement et d'isolement où se
trouvent, les uns à l'égard des autres, les rédacteurs de
la Biofjraphie naiionale, académiciens et collaborateurs
étrangers à la Compagnie. Ces conditions, défavorables à
l'exécution de la Biographie, en compliquent aussi la
direction , qui a besoin de fonctionner avec non moins de
régularité que de zèle.
Jusqu'ici le sympalbique concours de nos collaborateurs
nous a épargné des entraves et de grands retards; si d'au-
tres circonstances n'avaient occasionné le ralentissement
du travail typographique, nous avions la quasi-certitude
de pouvoir vous présenter, avec ce rapport, la première
moitié du troisième tome. — Il faudra redoubler d'activité
pour regagner le temps perdu.
l.a mise en page des dernières biographies de la série
alphabétique B s'achève en ce moment; les notices de la
lettre C seront livrées, sans délai, à l'imprimeur. 11 a été
fait un pressant appel aux auteurs retardataires, en leur
demandant l'envoi immédiat, ou à date fatale, des articles
qu'ils se sont engagés à fournir. Sous peu sera distribuée
2""' SÉRIE, TOME XXVll. 40
( 602 )
la liste des noms disponibles de la série D; ils sont en grand
nombre, quoique les membres de l'Académie et de la com-
mission se soient chargés de beaucoup d'articles de cette
série : aussi est-ce l'une des plus considérables de notre
dictionnaire.
Le chiffre global des noms inscrits sur les listes provisoi-
res, où la commission a jugé opportun, après une discus-
sion approfondie, de mentionner non-seulement les Belges
dont la renommée est incontestable, mais ceux à qui les
histoires générales et particulières, les monographies histo-
riques et les biographies donnent un certain degré de
notoriété, ce chiffre, naturellement assez élevé, a laissé
supposer à quelques personnes que la Biographie natio-
nale prendrait des proportions exagérées. Cette supposi-
tion ne se réalisera pas : l'admission d'un nom sur les listes
provisoires n'implique point, vous le savez. Messieurs,
l'obligation de consacrer une notice, dans \e dictionnaire
biofjrapliique, au personnage à qui ce nom appartient.
Les éliminations effectuées avant et pendant l'impres-
sion des deux premiers tomes de la Biographie ne s'élè-
vent pas à moins de 2G9 pour les séries alphabétiques A
et B. Sur les 1,237 noms qui, pour ces séries, figurent
dans la liste générale , insérée à deux reprises au Moniteur
belge, il y en a 968 seulement auxquels des notices ont
été consacrées dans les volumes parus.
Ces éliminations seront probablement plus nombreuses
encore dans les catégories alphabétiques suivantes, sans
que la commission ait à modilier en rien les principes qui
Jui servent de règle. Le sous-comité chargé de l'examen
des notices rédigées est autorisé, désormais, à proposer
la su])pression ou la mise en réserve des articles qu'il
trouve insulïisants. J*our en décider, le bureau s'adjoint au
( 605 ■)
sous-comité, et les cas douteux sont seuls soumis au vote
de la commission assemblée. Les instructions envoyées à
nos rédacteurs les avertissent formellement qu'ils doivent
se renseigner, au préalable, par des investigations rigou-
reuses, sur les actions, les travaux, les œuvres des per-
sonnages dont ils ont à composer les notices. Ils sont invités
à demander eux-mêmes à la commission la suppression
des noms qui, d'après le résultat de leurs recherches, ne
méritent pas de prendre place dans la Biographie natio-
nale (1). Plusieurs de nos confrères ont agi ainsi.
Par d'autres circulaires, les auteurs ont itérativement
été engagés à soigner la rédaction de leurs écrits et la net-
teté de la copie manuscrite, de manière à éviter, autant
que possible, de faire des changements à leur travail après
la composition typographique.
Mais, quelles que soient les imperfections qui pourront
se rencontrer dans la Biographie nationale, et les meil-
(1) K II ne sera pas superflu de vous faire remarquer que l'inserlion
cFun nom dans les listes provisoires n'implique nullement Tobligalion de
l'admettre déOnitivement dans le dictionnaire biographique. Aussi, avant
que vous entrepreniez la rédaction des articles qui vous sont confiés,
venons-nous vous prier d'examiner si tous les personnages acceptés par
vous méritent en réalité les honneurs d'une biographie, et s'ils appar-
tiennent par leur naissance à la Belgique ou aux territoires détachés par
la conquête et les traités des provinces belges actuelles : le Brabant hol-
landais, la Flandre française, le Hainaut français, la Flandre zélandaise,
le Limbourg hollandais, le grand-duché de Luxembourg, le Luxembourg-
français. Dans la négative, vous voudrez bien nous en donner avis, afin
de proposer à la commission les suppressions à faire de ce chef. Cet
examen préalable, auquel les biographes seuls peuvent se livrer, évitera
aux auteurs le désagrément d'avoir rédigé des notices qui resteraient sans
emploi. « — Instruction aux rédacteurs de la Biographie nationale:
1865.
( COi )
leurs recueils de ce genre n'en sont pas exempts, elle con-
servera l'avantage d'avoir comblé d'importantes lacunes et
de redresser, au point de vue belge, les erreurs dont four-
millent la plupart des ouvrages biographiques , publiés
tant en Belgique qu'à l'étranger. Notre dictionnaire con-
stituera, pour le pays, un répertoire historique plein de
renseignements authentiques et inédits.
Quand de nouvelles sources d'informations nous sont
signalées, nous avons soin d'en prévenir nos coopérateurs.
Récemment, la commission a appris qu'il est tenu, au
greffe du Sénat et au secrétariat du ministère de l'inté-
rieur, des registres où s'inscrivent les particularités de
l'état civil des sénateurs et des représentants, ainsi que
l'indication des fonctions qu'ils ont remplies. Ces annota-
tions officielles remontent jusqu'à l'institution du pouvoir
législatif belge en 1851. M. le baron Misson, greffier du
Sénat, et M. le secrétaire général Stevens ont donné à
notre président l'assurance que ces registres seront com-
muniqués à ceux des rédacteurs de la Biographie nationale
qui auront à écrire des notices sur d'anciens sénateurs ou
d'anciens membres de la Chambre, et ce, toutes les fois
qu'ils désireront y recourir.
c( L'intérêt qu'inspire la Biographie nationale s'accenluc
» à l'étranger, » disions-nous dans notre précédent rap-
port annuel, en mentionnant les notes envoyées à la com-
mission par les sociétés archéologiques de Luxembourg et
de Metz. Aujourd'hui nous pouvons déclarer que cet inté-
rêt n'a fait que s'accroître. Nous en recevons d'encoura-
geants témoignages par les demandes qui nous sont trans-
mises et les offres de service qui nous parviennent.
Depuis le mois de mai de l'année dernière, la coinniis-
sion académique s'est réunie quatre fois : en juin et no-
( 60o )
vembre 1868, en avril et mai 1869. Dans chacune de ces
séances on a discuté les résolutions à prendre pour auié-
liorer et accélérer la publication commencée.
Une décision spéciale a été aussi l'objet des délibéra-
tions : un correspondant de l'Académie s'est adressé à la
commission alin d'obtenir le tome premier de la Biofjra-
phie nalionale, distribué antérieurement à son admission
dans la Compagnie. La question, soumise au vote et for-
mulée en ces termes : « Chaque fois qu'il sera nommé un
» nouveau membre titulaire, correspondant ou associé de
» l'Académie, lui fera-t-on l'envoi des volumes déjà pu-
» bliés de la Biographie? » a été résolue négativement.
La commission a reculé devant les conséquences onéreuses
qu'aurait entraînées pour l'Académie une décision affir-
mative.
Par une dépêche en date du 27 mars dernier, M. le
Ministre de l'intérieur a appelé l'attention de la commis-
sion sur les observations émises à la Chambre des repré-
sentants au sujet de la Biographie nationale, dans la
séance du 25 février 1869. La commission s'est, en con-
séquence, réunie. Après avoir pris connaissance, dans les
Annales parlementaires , du compte rendu de la séance,
elle a cru devoir se préoccuper surtout du langage que le
gouvernement a fait entendre; car elle a remarqué que si,
des trois honorables représentants qui ont pris part à la
discussion, l'un s'est livré à d'assez nombreuses critiques
de détail sur la manière dont la Biographie nationale est
conçue et exécutée, ces critiques ont été réfutées par les
deux autres. L'opinion qu'a exprimée M. le Ministre de
l'intérieur relativement à quelques détails, et môme à
certains noms qui pourraient, sans inconvénient, être re-
tranchés de la Biographie nationale, a obtenu Tassenti-"-
( 606 )
ment unanime de la commission. Déjà, d'ailleurs, elle est
entrée dans cette voie, comme on peut s'en convaincre
en parcourant le tome II, et elle continuera d'y marcher,
sans s'écarter cependant des bases fondamentales de la
publication, bases que M. le Ministre lui-même a si bien
indiquées à la Chambre.
A l'égard du contrat fait, en 18G4, pour l'impression de
la Biographie nationale, M. le Ministre ayant déclaré que
ce contrat était irréprochable, pas onéreux pour l'État et
très-peu avantageux pour l'éditeur, la commission a été
heureuse de trouver dans ces paroles une entière justifica-
tion et la preuve de la régularité avec laquelle elle a procédé.
La convention expirait le 9 mai 1869; avec l'approba-
tion du gouvernement, et moyennant quelques modifica-
tions sollicitées par l'imprimeur-éditeur, la commission
s'assurera la continuation de son concours.
Du jour où la commission, nommée par les trois classes
de l'Académie, a été chargée de diriger l'élaboration et
l'impression de la Biographie nalionale, elle a eu à cœur
l'accomplissement de son mandat. Elle a mis tout en œuvre
pour justifier la confiance delà Compagnie, remplir les vues
du gouvernement et répondre à l'attente du pays. Elle ose
se flatter, Messieurs, qu'on lui tiendra compte de ses
clTorls et de son zèle.
Le secrétaire rapporteur^ Le président ,
Ed^iond De BusscHER. Cacuard.
limxellos, 11 mai 18G0.
( (^07 )
OUVRAGES PRÉSENTÉS.
Haiis (J.-J.). — Principes généraux du droit pénal belge»
Gand, 18G9; 1 vol. in-8".
De Wilte (le baron J). — La statue colossale de bronze,
représentant Hercule, trouvée au cbàteau de Pompée. Rome,
1868; in-8°.
De Witle [le baron J.) et de Longpérier [Adrien). — Re-
vue numismatique, nouvelle série, tome XIII, année 18G8.
.Xolet de Brauwere Van Steeland (J.). — De Beide Neder-
landen, eene gedicht. Bruxelles, 1869; gr. in-8'\
Chalon (/?.). — Une médaille inconnue à Van Loon : le
Poète Houwart. Bruxelles, 1869; in-S".
Chalon[R.). — Deux peignes liturgiques provenant de Sta-
velot. Bruxelles, 1809; in-8°.
Annales météorologiques de l' Observatoire royal de
Bruxelles. 1869, janvier, février et mars. Bruxelles; 5 feuilles
in-4^
Gilbert (Pli.). — Lettres à M. le secrétaire de l'Académie
des sciences, belles-lettres et arts de iMarseille (en réponse à la
note de M. l'abbé Aoust sur la tliéorie des lignes tracées sur
une surface quelconque). Louvain, 1869; in-S".
Université catholique de Louvain. — Annuaire, années
1868 et 1869. Louvain, 2 vol.; p. in-12.
Les liggeren et autres archives historiques de la gilde an-
versoise de Saint-Luc, transcrits et annotés par Ph.Rombouts
et Tb. Van Lerius. 7*^ et 8*^ liv. Anvers, 1869; 2 cab. in-8''.
Vati Lokeren [A.]. — Chartes et documents de l'abbaye de
Saint-Pierre au mont Blandin, à Gand, depuis sa fondation
( 608 )
jusqu'à sa suppression, avec unciiUrotkiction liistoriquc.Gand,
d 808-1 8G9; 2 vol. in-4".
Van Muldegheni [R.-J.). — Trésor musical. Collection au-
thentique de musique sacrée et profane des anciens maîtres
belges. Op. 170. Musique religieuse. 1809, d' année. Bruxelles,
1807; cah. in-i".
Stessels {A .). —Mémoire sur Téclairagede l'Escaut. Bruxelles,
1809; in-8".
Van Holsbcek (Henri). — Biographie du docteur André
Uytterhoeven. Bruxelles, 1809; in-S".
De Cevleneer Van Boinvel (Henri). — Études sur les qua-
lités nuisibles de Tair que nous respirons dans nos demeures.
Catane, 1808;in-8^
Thielens (Armand). — Notice sur le Carex ligerina Bor.
Espèce nouvelle pour la flore belge. Gand, 1869; in-8^
Thielens (Armand). — Petites observations sur quelques
plantes critiques. (Supplément.) Bruxelles, 1808; in- 8°.
Hemsleij (W.-B.). — Notice sur les productions végétales
de l'Abyssinie, traduit de l'anglais par A. de Borre. Gand,
1869;in-8°.
Thielens (Armand). — Noie sur le Senecio barbareacfolius ,
Rchb.,espècenouveIlepourlaflorebelge. Bruxelles, 1808; in-S"*.
Thielens (Armand). — Notice sur l'Asparagus proslratus
Dmlr. Bruxelles, 1809; in-8'\
Brenier(J.). — L'homœopathie et le dr. Gailliard. Mars,
1809; in-8°.
Procès-verbaux des séances du conseil provincial de la
Flandre occidentale, 1808. Bruges, in-8".
Recueil des procès-verhaux des séances du conseil provin-
cial du Ilainaul, 1808, avec annexes. Mons; î2 cah. in-8".
Musée de l'industrie. — Bulletin, avril. Bruxelles, 1869;
1 cah. gr. in-8".
Le Bibliophile betye, bulletin mensuel, i'" aimée, t. IV,
feuilles 5 et 0. Bruxelles, 1809; in-8'.
( 60!» )
Académie royale des beaux-arts d Anvers. Année ocadé-
mique 1868-1869. Rapport annuel et distribution solennelle
des prix. 2 mai 1809. Anvers, 1869; in-8".
Annales des travaux publics de Belgique. — Tome XXViI%
1^' cah. Bruxelles, 1869; in -8".
Revue de Belgique, Ij" liv. Bruxelles, mars 1869 ; cali. in-8*'.
Commissions royales d'art et d'archéologie. — Bulletin,
VIII'' année, n"' 5 et 4. Bruxelles, 1869; in-8".
Revue de V instruction publique en Belgique. 27' année,
r'^livr. Gand, 1869; in-8".
Société d'Emulation pour l'étude de Vhistoire et des anti-
quités de la Flandre, à Bruges. — Annales, 5" série, t. V, n" 1 .
Bruges, 1868; in-8".
Journal des beaux-arts et de la littérature, publié sous la
direction de 31. Ad. Siret. M*' année, n°' 7, 8, 9; Saint-Mcolas,
1869; 5 feuilles in-4".
De Vlaamsclie school , 1869, aflev. 3 à 9. Anvers; o feuilles
in-/^".
Annales d'octilistique ^ 52*= année, tome LXI , mars-avril
1869. Bruxelles, 1869; in-8°.
r Abeille, revue pédagogique, publiée par Th. Braun,
\'6' année, i" à 3'^ livr. Bruxelles, 1869; 5 eah. in-8°.
Société royale de botanique de Belgique. — Bulletin, t. VII,
n" 0. Bruxelles, 1869; in-8''.
Le Chimiste, journal de chimie appliquée aux arts, à l'indu-
strie et à l'agriculture, publié par M. Henri Berge. 4^^ année,
n° 3. Bruxelles, 1869; in-8°.
Essai de tablettes liégeoises, par Alb. d'Otreppe de Bouvelte,
92*^ livr. Liège, 1869; in-12.
Société anatomo-pathologiciue de Bruxelles. — Annales,
bulletin n"* 14, 15 et 16. Bruxelles, 1868; 3 eah. in-8".
L'Illustration horticole, rédigée par Ch. Lemaire et publiée
parAmbroise Vcrschaffeit, t. XVI, 3*^ et 4*= livr. Gand, 1869;
2 broch. gr. in-8°.
( 610 )
Conseil de salubrîlé publique de lu province de Lièije. —
Coniple rendu des travaux pendant Tannée 1808. j)ar
M. A. Spring, président. Liège, 18()9; in-8*'.
La charité sur les champs de bataille, 4'"'" année, n" II,
mai 1809. Bruxelles; feuille in-i".
Société pour la recherche et la conservation des monuments
historiques dans le Grand-Duché de Luxembourg. — Publica-
tions, année 1800, XXII. Luxembourg, 1807; in-4".
Institut royal et grand-ducal de Luxembourg. — Publica-
tions de la section bistorique (ci-devant société arcbéologique
du Grand-Ducbé, vol. XXIII), ï. Luxembourg, 1868; in-i".
Provinciaal UtrechtscJi genootschap van kunsten en wetejt-
schappen. — Verslag, 1808.— Aanteekeningen, 1808. — Ca-
talogus der arcbeologiscbe vcrzameling. — Levensbescbrijving
van Rijklof Micbaël van Goens, door ^I. B. Ten Brink. Ulreclit,
1868-1869; 4 cab. in-8".
Société des sciences physiques et naturelles de Bordeaux.
— Mémoires, tome VI, 1'^' caliier. Bordeaux, 1869; in-8".
Bulletin scientifique , historique et littéraire du départe-
ment du Nord , 1"^ année, n" 4. Lille, 1869; cab. in-8".
Institut des provinces , des sociétés savantes et des congri'S
scientifiques. — Annuaire, S'"' série, 11"" vol. 1809. Paris-
Cacn; in-S".
Bévue et magasin de zoologie pure et appliquée et de séri-
ciculture comparée, par M. F.-E. Guérin-Meneville, 1809, n" 4.
Paris; in-8".
Société météorologique de France. — Annuaire, tome XVI,
1868 (Bulletin des sciences), feuilles 6-12. Paris, 1869; gr. in-cS".
Matériaux pour Vhistoire primitive et naturelle de l'homme,
5'"'' année, l-"*^ série, n° 2. Paris, 1869; in-8".
Bévue des cours scientifiques de la France et de l'étranger,
0""" année, n"' 14 à 26. Paris, 1869; \7^ cab. in-'i".
Bévue des cours littéraires de la France et de l'étranger,
6""= année, n"M4 à 26. Paris, 1869; 15 cab. in-4°.
( on )
Société libre d'émulation du commerce et de l'industrie de
la Seine inférieure , à Rouen. — Bulletin des travaux, année
18()8-I8G9, uM I. Rouen, I8G9; in-8".
Société impériale d'agriculture de Valenciennes. — Revue
agricole, etc., 20"'^ année, torae XXIX, n°^ 2 et 3. Valenciennes,
18G0; 2 cah. in-8".
Castan [A.). — Le capitole de Vesontio et les capitolcs pro-
vinciaux du monde romain. Paris; 1800; in-8".
Dcdij {César). — 3Iotil's historiques d'architecture et de
sculpture d'ornement pour la composition et la décoration
extérieure des édifices publics et privés. Choix de fragments
empruntés à des monuments fj'ançais du commencement de
la renaissance à la fin du siècle de Louis XVI, livr. 48 à 30. Pa-
ris, I8G9; in-folio.
De Calicjmj [Jean Anthénor IJiie). — Mémoires inédits sur
la milice des Romains et celle des Français, précédés d'une
notice historique sur l'auteur et sur le corps français du génie,
par M. A. Ripa de Meana. Turin , 18C8; in-8^
Gosselet. — Observations géologiques faites en Italie. Lille ,
18G9;in-8''.
De Caumont. — Essai sur la topographie géognostiquc du
département du Calvados. (Seconde édition.) Paris, I8G7;
in-8^
Société vaudoise des sciences naturelles, à Lausa)ine. —
Rulletin, vol. X, n° GI. Lausanne, i8G9; in-8°.
Société des sciences naturelles de Neuchàtel. — Bulletin,
tome VIII, l'^'- cahier. Neuchàtel, 18G8; in-8''.
Kônigliche preiissische Akademie der Wissenschajïen zu
Berlin. — Monatsbericht, februar 18C9. Berlin; cah. in-S".
Naturwissenschaftlicher Verein zu Bremen. — Abhand-
lungcn, II Band, 1 heft. Brème, 1869; in-8".
Xaturforschender Verein in Brïinn. — Verhandlungcn,
VI Band, i8G7. Briinn, 18G8; in-8".
Physikalischer Verein zu Fra?ikfurt am Main. — Jahres-
( «12 )
bei'iclit, fur das Rechnung^jahr 18G7-I8G8. Francfort S/M,
1869; in-8".
JhsIus Perlhes' geographischer Anstalt zu Gollia. — Mit-
iheiliingcn iiber wichlige iicue Erforschungen auf dem Ge-
sammtgebietc der Géographie, von Dr. A.Pctermann, 18G9,
IV. Ergiinzungsheft n' 27 : Jul. Die Siidliclien Ortlcr-Alpen.
Gotha, 1809; 2 cah. in-4".
Heidelberger Jahrbucher der Literatur, untcr Mitwirkung
der vier Facultiiten, LXII jahrg., 1-3 heft. Januar-niarz. lïei-
dclberg, 1869; 5 cah. in-8".
Sveriges geologiska Undersokning , pa" offentlig bekostnad
utfôrd under ledning af A. Erdmann. Nionde Haftet. Bladen
26, 27, 28, 29 et 50. ^ Sala, » « Ranas, » « Boras, » « Leufstii '
och Eggegrund. » Stockholm, 1868-1809; 3 feuilles in-plano et
5 cah. in-8'\
Société impériale géographique de Russie à Saint-Pélers-
hourq. — Séances générales du 2 octobre, du 0 novembre,
du 0 décembre 1808 et du 5 janvier 1809. Saint-Pétersbourg,
1808-1869; 4 feuilles in-4''.
Zanledeschi {Francesco). — Incertezze délia livellazionc ba-
rometrica e geodetica. Brescia, 1808; in-8".
JVegri (Cliristoforo). — Discorso alla sociela geografica ita-
liana, adunanze solenne del 28 febbraio 1869. Florence, 1809;
in-8''.
Brioschi (Francesco). — Sulla equazione chc dà i punli di
llesso délie curve ellittiche. Milan, 1809; in-8".
Muoni [Damiano). — Inaugurdzione a gorgonzola délia la-
pide monumentale per la battaglia vinla dai Milanen contro rc
Enzo figlio di Federico II, imperatore ncl 1245. Milan, 1808;
in-8".
BULLETIN
DE
L'ACADEMIE ROYALE DES SCIENCES,
DES
LETTRES ET DES BEAUX-ARTS DE BELGIQUE
1869. — N-^ 6.
CLASSE DES SCIEl^CES.
Séance du 5 juin 1869.
i\L Devvalque, vice-directeur, occupe le fauleuil.
M. Ad. Qletelet, secrétaire perpétuel.
Sont présents: MM. d'Omalius d'Halloy, J.-S. Stas,
L. De Koiiinck, P.-J. Van Beneden, Edm. de Sclys Long-
champs, Gluge, Melsens, J. Liagre, F. Duprez, Poelman,
Ernest Quelelet, A. Spring, Maus, M. Gloesener, Candèze,
Eugène Coemans, F. Donny , Montigny, Sleichen, mem-
bres; Th. Lacordaiie, E. Catalan, Ph. Gilbert, «.ssoc/e^-;
L. Henry, xMalaise, Bellynck et Ed. Dupont, correspon-
dants.
M. AI vin, membre de la classe des beaux-arts, assiste à
la séance.
2""' SÉRIE, TOME XXVII. 41
( 614 )
CORRESPOxNDANCE.
La classe apprend avec regret la mort de riin de ses mem-
bres titulaires, M. Pliilippe-Marie-Guillaume Vander Mae-
len, décédé, à l'âge de 75 ans, à Molenbeek-St-Jean, le 29
mai dernier. — Une lettre de condoléance sera écrite à
la famille du déi'unt.
— La Société des sciences de Harlem, la Société des
sciences d'Utreclit, la Société des sciences de Gottingue,
la Société des sciences naturelles de Giessen, l'Observatoire
pliysique central de Russie, à Saint-Pétersbourg, la Société
des sciences naturelles de Carlsrube, l'Académie des
sciences de Modène, remercient la Compagnie pour les
derniers envois de ses publications.
— La classe reçoit pour le recueil des phénomènes pé-
riodiques les observations faites à Namur par M. Bellynck,
et comprenant la feuillaison de 1869 et l'état de la végé-
tation aux !21 mars et 21 avril suivants; l'état de la vé-
gétation à Gembloux, le 21 mars 1869, par M. Malaise;
l'état de la végétation à Waremme, les 2! mars et 21 avril
1869, par J\L de Selys Longcbamps, ainsi que les obser-
vations zoologiques faites, en 1868; dans la même localité
par le même.
— M. Th. G luge offre une brochure de sa composition.
— Remercîments.
— M. Devvalque présente, au nom de ^L Folie, deux
billets cachetés doiil le dépôt est ordonné aux archives.
( m )
— Les mémoires manuscrits suivanls sont renvoyés à
l'examen de commissaires :
1° Sur la tension superficielle des liquides considérée
au point de vue des mouvements observés à leur surface ^
par M. G. Van der Mensbrugghe. (Commissaires : MM. Pla-
teau, Dnprez et Montigny.)
2" .Yo/e sur quelques théorèmes (jénéraux de (jéométrie
supérieure, par M. F. Folie. (Commissaires : MM. Catalan,
Liagre et Gilbert.)
RAPPORTS.
MM. Gilbert, Catalan et Gloesener donnent successi-
vement lecture de leurs rapports sur le travail de M. Slei-
chen intitulé : Essai sur quelques questions élémentaires
de mécanique physique.
Conformément aux conclusions favorables de ces rap-
ports, la classe vote l'impression du travail de M. Steiclien
dans le recueil des mémoires.
Etudes de mécanique abstraite, par M. le capitaine d'artil-
lerie J.-M. De Tilly.
Mtiippot*t du colonel Ejiay»'e.
« Une école de géomètres, à la tête de laquelle on doit
placer Gauss, refuse d'admettre le postulatum d'Euclide
comme vérité absolue, et fonde sur cette négation une
géométrie nouvelle, que Gauss appelle non-euclidienne,
( (vif. )
et à laquelle d'autres auteurs ont donné le nom de géo-
niélrie imac) inaire ou abstraite.
Les travaux de Gauss à ce sujet ne nous sont connus
que par quelques notices dispersées dans les « Gelehrte
Anzeigen » et par quelques passages de sa correspondance
avec Schumacher; car, suivant son habitude, l'illustre
géomètre de Gottingue s'est contenté de mûrir son idée
pendant une grande partie de sa vie, sans se donner la
peine de rédiger et de publier le résultat de ses méditations.
C'est ainsi qu'une partie de ses recherches, si pro-
fondes et si originales, a péri avec lui , et qu'il a laissé la
priorité, dans la question qui nous occupe, à Lobal-
schewski, recteur de l'Université de Kazan. Les premiers
essais de Lobalschewski sur les fondements de la géomé-
trie nouvelle parurent en 1829 : lorsque Gauss en eut
connaissance, il n'éleva aucune réclamation et se con-
tenta de déclarer que, depuis 4792, les idées du géo-
mètre russe étaient les siennes.
Malgré la différence radicale qui existe, au point de vue
métaphysique, entre la géométrie euclidienne et la géomé-
trie non-euclidienne, chacune d'elles est également logi-
que, une fois le point de départ admis, et toutes les deux
se confondent quant aux résultats pratiques qu'elles four-
nissent : en effet, la différence entre ces résultats tombe
au-dessous des grandeurs que l'homme peut apprécier
expérimentalement. Lobatschewski a calculé, par exemple,
que dans un triangle rectiligne dont les cotés auraient
pour longueur la distance de la terre au soleil, la somme
des trois angles ne pourrait, dans aucun cas, être infé-
rieure à deux droits que de trois dix-millièmes de seconde.
Cette différence diminue avec la longueur des cotés et
devient rigoureusement nulle pour les triangles infinité-
simaux.
( 617 )
M. le capitaine De Till\ , après plusieurs années de tra-
vail, était parvenu , de son côté, à établir, sur la négation
du postulalum d'Euclide, les principes fondamentaux
d'une géométrie abstraite, lorsqu'il eut connaissance des
travaux analogues déjà publiés par Lobatschewski et par
quelques autres savants. Il perdit ainsi la priorité de ses
rechercbes en ce qui concerne la géométrie pure. Mais
l'hypothèse non-euclidienne, transportée dans la méca-
nique rationnelle, doit, si elle est exacte, permettre d'édi-
fier cette dernière science d'une manière complète; et
dans cette partie, du moins, qui fait l'objet du mémoire
que M. De Tilly a présenté à l'Académie, la priorité lui
reste. L'auteur y montre que, dans la mécanique comme
dans la géométrie, deux hypothèses sont également pos-
sibles : elles conduisent à deux mécaniques qui sont
essentiellement différentes, mais qui coïncident rigou-
reusement pour le cas d'un système infiniment petit, et
d'une manière sutfisamment approchée pour le cas des
systèmes très-petits que nous considérons à la surface de
la terre.
Pour éviter au lecteur l'étude préalable des travaux de
Lobatschewski, l'auteur donne, dans les deux premières
parties de son mémoire, un exposé sommaire de la géo-
métrie abstraite, exposé qui doit suffire pour comprendre
la partie mécanique qui suit. Malgré la précision et la
rigueur du style, je dois avouer que la lecture de cette
introduction est très-laborieuse : cela tient peut-être à la
difficulté que nous éprouvons à faire table rase des idées
fondamentales de la géométrie ordinaire, idées si simples,
et qui nous sont devenues tellement familières, qu'elles
nous paraissent des notions premières plutôt que des con-
naissances acquises.
Mais ces prémisses une fois établies, ou bien, si l'on
( 618 )
veut, riiypothèse iion-euclidicnne une fois concétiée, les
trois dernières parties, qui renferment les principes de la
cinématique, de la statique et de la dynamique, se lisent
sans difficulté et avec intérêt. A l'aide de ces principes,
on est à même de résoudre toutes les questions de méca-
nique qui sont traitées dans les ouvrages, et l'on arrive
ainsi, indépendamment de la géométrie ordinaire, à tous
les résultats connus aujourd'hui.
Remarquons toutefois que la mécanique ordinaire est
plus simple que la mécanique abstraite, dont elle n*est
qu'un cas particulier, et que toutes les deux conduisent aux
mêmes résultats pratiques, du moins dans la limite des
applications usuelles. Il est donc naturel, comme l'auteur
le reconnaît lui-même, que l'on conserve dans renseigne-
ment la méthode suivie aujourd'hui, et , à ce point de vue ,
le travail de M. De Tilly est purement spéculatif; mais
rien ne prouve qu'il ne soit susceptible d'être fécondé et
de recevoir un jour des applications inattendues, dans le
domaine de l'analyse, de l'astronomie et de la mécanique
céleste. J'ajouterai que le sujet est neuf, que l'auteur l'ex-
pose avec un talent consciencieux, et que la théorie sur
laquelle il se base est presque complètement inconnue en
Belgique. Pour ces motifs, j'ai l'honneur de proposer à la
classe de voler l'impression du mémoire de iM. le capitaine
De Tillv dans la collection in-8" des mémoires des savants
étrangers. »
Mgappoft de sa. Kt'M. Qtielclol.
<k L'impossibilité où l'on s'est trouvé jusqu'ici de don-
ner une démonstration satislaisante du xi" principe d'Ku-
clidc, a porté quelques géomètres à douler de la vériié
( 619 )
même de ce principe. Loljalsclicwski nolammeiU a essayé
de fonder imc géométrie, qu'il nomme imaginaire, et qui
repose snr la négation du principe d'Euclide. Les obliques
à une ligne droite, menées par un point déterminé de
celle-ci, sont classées par le géomètre russe en sécantes
et en non-sécantes relativement à une perpendiculaire
menée par un point de cette même droite; ces deux classes
d'obliques ont pour limite commune une ligne qui l'ait avec
la droite donnée un angle nommé angle de parallélisme.
D'après le principe d'Euclide, cet angle est égal à 90 degrés,
tandis que Lobatschewski le laisse indéterminé.
L'auteur du mémoire soumis au jugement de la classe a
traité la question à un autre point de vue; il a pris pour
point de départ la loi de la composition des mouvements,
et, après avoir établi les principaux théorèmes de la trigo-
nométrie plane dans l'hypotlièse non-euclidienne, il aborde
les diverses questions de la mécanique, en y apportant les
modifications que nécessite l'indétermination de l'angle
de parallélisme.
On est certainement en droit de distinguer d'une ma-
nière générale les lignes droites tirées par un point en
sécantes et en non-sécantes par rapport à une droite don-
née, mais il est nécessaire ensuite de chercher quelle est
la valeur réelle de l'angle de parallélisme : car, si celui-ci
n'est pas égal à 90 degrés, il a une valeur plus petite que
l'on doit pouvoir assigner. Aussi longtemps qu'on n'as-
signe pas la grandeur de cet angle, mais qu'on le suppose
plus petit que 90 degrés, je ne puis voir là qu'une hypo-
thèse, de même que les auteurs de la géométrie imagi-
naire ou abstraite ne voient qu'une hypothèse dans la fixa-
lion de la valeur de cet angle à 90 degrés exactement.
Néanmoins, comme il est intéressant de reconnaître
( 620 )
les théorèmes de la géométrie et de la mécanique, qui sont
indépendants du principe d'Euclide,et que l'auteur a traité
celte question avec talent, je me joindrai à votre savant
premier rapporteur pour proposer l'impression du travail
de M. De Tilly dans le recueil des mémoires in-8". »
M. E. Catalan, second commissaire, s'étant rallié aussi
aux conclusions de M. Liagre, la classe décide, conformé-
ment à l'opinion de ses trois rapporteurs, l'impression du
travail de M, De Tilly dans le recueil des mémoires in-8°.
Recherches sur les dérivés de l'acide phényl-acêliqiie
(a loluique), par M. B. Radziszewski.-
nappovt de jfi. Slas.
« Le travail que M. Bronislas Radziszewski a soumis,
à la dernière séance, au jugement de la classe, est la con-
tinuation de ses recherches sur les dérivés de l'acide
l)hényl-acétique (a toluique) ; il renferme un grand nomhre
de faits nouveaux qui me semhlenl parfaitement établis. II
résulte de ces recherches que, sous l'influence de divers
agents de substitution, l'acide phényl-acétique se com-
porte d'une manière analogue au toluène.
J'ai l'honneur de proposer à la classe d'insérer la note
de M. B. Radziszewski dans le Bulletin de la séance, de
lui voter des remercîments pour sa communication et de
l'engager à continuer ses recherches. »
M. De Koninck, second commissaire, ayant adhéré à ce
( 621 )
rapport, la classe vote l'impression du travail de M. Rad-
ziszewski dans les Bulletins.
Descriplioit des fossiles du calcaire grossier de Mous,
par MM. A. Briart, correspondant de l'Académie, et
F.-L. Cornet, ingénieur civil.
ttappot't fie fM. MM. H'ysl.
c( Le mémoire que MM. Briart et Cornet ont présenté à
l'Académie forme la première partie d'un travail paléon-
tologique sur. les fossiles du calcaire grossier de Mons ,
découvert dans le Hainaut, et dont ces auteurs ont donné
la description géologique en deux notes publiées dans les
recueils de la Compagnie (J).
Ce travail, qui est précédé d'une introduction dans
laquelle les auteurs présentent encore un résumé succinct
des nouvelles connaissances qu'ils ont été à même d'ac-
quérir relativement au mode de gisement et aux autres
caractères de ce nouveau terrain qui renfermerait déjà
plus de 500 espèces, comprend, en outre, la description de
54 mollusques gastéropodes répartis en 18 genres : les Bue-
(1) 1» Note sur la découverte dans le Hainaut, au-dessous des sables
rapportés par Dumonl au système landenien, d'un calcaire grossier avec
faune tertiaire, par MM. F.-L. Cornet et A. Briart, ingénieurs civils
(Bulletins de l\4cadémie royale de Belgique, 2n>e série, t. XX, n» li,186o).
Et 2" Note sur l'extension du calcaire grossier de Mons, par MM. F.-L.
Cornet et A. Briart, ingénieurs civils [Bull.j \. c, S^'c série, t. XXII, n° 12,
1866).
( 622 )
ciaum slromboïdes.^ Oliva mitrcola^ Ancillariabiiccinoïctes
et Voluia spînosa , sont les seules espèces qui fussent déjà
connues dans les terrains tertiaires éocènes de France,
d'Angleterre et de Belgique; les 50 autres espèces sem-
blent toutes être nouvelles pour la science.
Les descriptions nous paraissent être bien faites et sont
accompagnées d'excellents dessins qui forment un bel
atlas de 5 planches in-4" sur lesquelles toutes les espèces
sont représentées.
Les fossiles de ce nouveau gite étant encore peu répan-
dus dans les collections, l'on comprendra qu'il nous est
assez difficile de nous prononcer sur la valeur et la déter-
mination des espèces que MM. Briart et Cornet pro-
posent d'introduire dans la science; la comparaison qu'ils
en ont faite, ainsi que les caractères qu'ils font ressortir
en détail, nous engagent fortement à les admettre, sauf
à changer les dénominations des Trilon interined'uun ,
Fusiis muriciformis, Fusus pulchellus , Fustis inodestus ,
Fusus lineolatus, Pleiirotoma speciosa, Pleurotoma laevis-
cula et Volufa affims, qui ne peuvent être conservées
par la raison qu'elles ont déjà été employées antérieure-
ment par d'autres auteurs. Les Trilon curlulwm, Fusus
jmsilius, Fusus murtci formis et Fusus llncatus, sont
aussi des espèces qui nous i)araissent être plus ou moins
problématiques.
Ce travail étant appelé à combler une des lacunes qui
existent encore dans la connaissance de notre faune pa-
léontologique, j'ai l'honneur d'en |)roposer l'insertion dans
les mémoires de la Compagnie, ainsi que des cinq i>lan-
chcsqui l'accompagnent, et de remercier les auteurs pour
leur inléressanle communication.
( 625
nappot^l flo M. ne Mionincte.
c( J'ai lu avec intérêt le nouveau travail que MM. Briart
et Cornet viennent de présenter à l'Académie.
L'analyse qui en a élé faite par mon savant conlVcre,
M. xXyst, me dispense d'en exposer l'objet.
Quoique les espèces soient généralement bien décrites,
j'aurais voulu que les auteurs eussent complété l'exposé
de leurs caractères par l'indication de l'angle spiral de
chacune d'elles. C'est souvent un caractère suffisant pour
distinguer deux espèces voisines l'une de l'autre.
Les cinq planches qui accompagnent le travail des au-
teurs sont supérieurement dessinées et faciliteront beau-
coup l'intelligence du texte.
Je n'hésite pas à me rallier aux conclusions de M. Nyst,
en demandant l'insertion du mémoire de MM. Briart et
Cornet dans le recueil in-^" publié par l'Académie et en
proposant de voter des remercîmentsaux auteurs. »
Conformément aux conclusions de ces rapports, ainsi
qu'aux conclusions du rapport de M. d'Omalius, second
commissaire, dont la classe a également entendu la lecture,
l'impression du travail de MM. Cornet et Briart est votée
dans le recueil in-4*' des mémoires couronnés et des
savants étrangers.
624 )
Description cVune nouvelle espèce américaine du genre
caïman (alligator) et d'une jeune tortue de la famille
des Éloditesj par M. Preudhomme de Borre.
Bappot*! de M. P.'J, Vat% Betêedet».
« En faisant l'inventaire des reptiles du Musée royal
d'histoire naturelle, M. Alfr. Preudhomme de Borre a
trouvé, dans un envoi fait par le vice-consul de Belgique
à Belize, dans le Honduras britannique, un caïman qu'il
ne peut rapporter aux espèces connues des Erpétologistes.
M. Alfr. Preudhomme de Borre donne la description de
deux jeunes individus, dont le plus grand a 2o centimètres,
et comme il croit cet animal nouveau pour la science, il
propose de le désigner sous le nom de .4 lligator Lacordairii,
en souvenir des services éminents que notre savant confrère
Lacordaire a rendus à la science.
Je ne sais si c'est une erreur de l'artiste, mais je ne puis
m'empêcher de faire remarquer que les deux dessins ne
concordent point entre eux; la hg. 1 indique trois paires
de scutelles à la nucjue, conformément au texte, tandis
que la fig. o en indique quatre.
Dans le môme envoi, !M. Alfr. Preudhomme de Borre a
trouvé une jeune tortue de la famille des Ëlodites, qu'il
rapporte au Dermatemys Maiirii deGray, et dont il donne
une description. Il aurait volontiers donné un dessin de
cette jeune tortue, mais il en a été empêché par le mauvais
état de Texeniplaire, qu'un trop long séjour dans un alcool
de mauvaise qualité a quelque peu détérioré.
■ ( 62g )
Comme ces notices peuvent intéresser les Erpétolo-
gisles, j'ai Thonnenr de proposer leur insertion dans les
Bulletins de l'Académie. »
nappofi de M, l,acovdaiÈ*e.
« J'ai comparé soigneusement avec les descriptions des
auteurs et les quelques exemplaires d'Alligators qui
existent à l'Université de Liège, l'espèce de ce genre qui
fait l'objet du travail que M. Preudhomme de Borre a sou-
mis à l'Académie, et je n'ai rien trouvé qui lui ressemblât
exactement. Elle me paraît donc nouvelle, et sa publica-
tion me semble d'autant plus désirable que la faune erpéto-
logique du Honduras est encore peu connue.
Le désaccord signalé par M. Van Beneden entre le
texte et la fig. 5 de la planche qui l'accompagne existe
réellement; seulement il porte non sur les scutelles
nuchales, comme le dit notre savant confrère, mais sur
les premières dorsales. Cette erreur, qui est, sans doute,
le fait du dessinateur, devra naturellement être corrigée.
Quant à la seconde notice que M. De Borre a consa-
crée à la Dermatemys Maurii, elle offre moins d'intérêt
que la précédente, cette espèce étant déjà bien connue.
Mais comme elle concerne un très-jeune individu et que
les Chéloniens éprouvent de grands changements dans le
cours de leur croissance, elle comblera les lacunes que
présente encore l'histoire naturelle de cette Émyde et ne
peut qu'être bien accueillie par les Erpétologistes. »
( G!26 )
M. Poelman, troisième commissaire, s'étanl rallié aux
conclusions de ses deux collègues, la classe vote l'impres-
sion des notes de M. De Borre dans les Bulletins.
Recherches sur risomèrie dans la série salicyliquei^^ partie),
par M. L. Henry, correspondant de l'Académie.
nappoÈ't fie Ji.fM. Stns et De BLoninch.
« La note de M. Henry, intitulée : Recherches sur riso-
mèrie dans la série salicylique, a pour but de l'aire con-
naître l'action du pentabromure de pbosphore sur divers
composés salicyliques. D'après l'analogie qui existe entre
le pentachlorure et le pentabromure de pliospbore, il était
permis de conclure que ces deux corps agiraient de la même
manière sur l'aldéhyde et sur l'acide salicylique. Inexpé-
rience est venue prouver qu'il n'en est rien et que le pen-
tabromure se conduit comme du brome libre en donnant
naissance aux composés organiques simplement bromes.
Ce travail ne nous semble laisser aucun doute et nous
avons l'honneur de proposer à la classe de voter l'impres-
sion de la note de M. Henry dans le bulletin de la séance. »
La classe, adoptant ces conclusions, vote l'impression
de la note de M. Henry dans les Bulletins.
( C27 )
Ilccherc/ies sur les dérivés étliérés des acides et des alcools
pohjatomiciiies , par M. L. Ilcni} , correspondant de
rAcadémie.
Mta/tpoi'l fie .F#.P#. Sta» et De Moninch.
« Dans sa notice intitulée : Reclwrclies sur les dérivés
ét/iérés des acides et des alcools polijatomiqiies, M. Henry
expose le résultat de ses investigations sur le chlorure
d'éthyiglycollyle, qu'il a obtenu par l'action du trichlorurc
de phosphore sur l'acide élhylglycollique. Ces recherches
sont bien exécutées; en les entreprenant, M. Henry a eu
pour but d'utiliser ce chlorure pour la production de plu-
sieurs combinaisons diglycolliques, intéressantes au point
de vue général del'isomérie, mais que jusqu'ici le temps ne
lui a pas permis de réaliser. En échange il fait connaître la
pensée et le but qu'il poursuit. Avant de se prononcer sur
ces considérations, il est prudent d'attendre les faits.
Nous avons l'honneur de proposer à l'Académie de voter
l'insertion du travail de M. Henry dans le bulletin de la
séance. »
r.a classe, adoptant ces conclusions, vote l'impression
de la note de M. Henrv dans les Bulletins.
MM. Stas et Melsens donnent lecture de leurs rapports
sur la note de M. Ed. Robin intitulée : Résumé des règles
pour faire prévoir la couleur des composés minéraux et
celle d'un grand nombre de composés organic/ues. — Cette
pièce et les rapports seront déposés aux archives, d'après
l'avis de MM. les commissaires.
( 628 )
COMMUNICATIONS ET LECTURES.
Aurores boréales des 45 avril et 13 mai 1869, notice
par M. Ern. Quetelet , membre de l'Académie.
Deux aurores boréales fort belles ont été observées à
Bruxelles celte année, le jeudi 15 avril et le jeudi 15
mai. Elles ont été accompagnées de fortes perturbations
des barreaux aimantés.
Le 15 avril, la déclinaison magnétique a d'abord offert
un maximum entre deux et trois heures de l'après-midi ,
puis elle a atteint un minimum considérable vers 11 li.
10 m. du soir. L'intensité horizontale a été forte Taprès-
midi et est devenue très-faible vers 1 heure et demie du
matin. De même, le 13 mai, la déclinaison a été grande entre
5 et 5 heures de l'après-midi, mais le grand minimum
qui a suivi, a été atteint à 9 h. 8 m. L'intensité horizontale
a été plus fortement troublée le 15 mai que le mois précé-
dent. Elle était devenue si considérable entre 4 h. 15 m.
et 4 h. 20 m., que la lecture des divisions de l'échelle
n'était plus possible (fait qui ne s'était plus produit depuis
la grande peiturbalion du 5 août 1865). Le principal
minimum de l'intensité horizontale a été constaté à 9 h.
45 m. Ainsi dans les deux cas le minimum de la force
liorizontale s'est présenté une ou deux heures après le
minimum de la déclinaison.
Les Comptes rendus de l' Académie des sciences de Paris
ayant déjà donné quehpies détails sur les apj)arences qu'a
présentées à lîruxelles l'aurore boréale du 15 avril, je
( 629 )
crois inutile d'y revenir; je présenterai seulement ici les
faits principaux qui se rapportent à l'aurore boréale du
15 mai, en renvoyant pour plus amples développements
aux Annales de V Observatoire royal de Bruxelles.
Le coucher du soleil, le 13, a été magnifique. De longs
et minces cirrho-stratus parallèles à l'horizon NO. ont
offert les plus riches couleurs depuis le rouge jusqu'au
pourpre et au violacé. De 9 ^jï à 9 ^/i h. la partie sud
du ciel était couverte de nuages dont le bord formait un
immense arc blanchâtre allant de l'ouest à l'est et passant
à environ lo degrés au sud du zénith. Cet arc, de même
que les autres nuages de l'aurore, avait un mouvement
lent de l'ouest vers l'est, tandis qu'à la surface de la terre
régnait un vent assez fort de NNE.
A 10 h. 45 m. ont commencé à se montrer les rayons
de l'aurore, et à 11 h. 50 m. environ ils se sont affaiblis
et ont ensuite disparu. Ces rayons étaient de couleur
blanche. M. Marchai, qui a observé cette phase du phéno-
mène, a vu de plus un nuage d'un rouge sombre qui
s'est formé dans l'ouest à une hauteur d'environ 60 degrés
et qui a persisté de 10 h. 50 m. à 11 h. 5 m. à peu près.
A minuit 50 m. on a constaté de nouveau la présence
d'une belle gerbe blanche qui s'élançait verticalement entre
y. et [3 Aiirifjae dans le NNO. et qui était accompagnée à
gauche de plusieurs autres bandes parallèles plus faibles.
Un autre beau rayon s'élevait à 5° environ à la droite de
a Persei dans le XNE. et avait son extrémité supérieure
sensiblement inclinée vers l'est. Ces rayons se sont affaiblis
vers 1 h.; à 1 h. 15 m. ils avaientdisparu.il ne subsistait
plus à ce moment que la clarté diffuse de l'aurore coupée
par un long nuage très-mince dont le point culminant,
élevé de 20" à 25" au-dessus de l'horizon, était presque
exactement dans le nord.
2™'' SÉRIE, TOME XXVII. 42
( fiâO )
A i h. riO m. onl paru plusieurs colonnes de lumière
hianclie, Tune s'élevant dans les gardes de la grande
Ourse, une autre par les deux premières étoiles de la
(]ueue de la même constellation et une troisième moins
brillante un peu plus à l'ouest. Vers ^ heures, ces colonnes
ont disparu.
Le vent qui souillait assez fortement du NE. pendant la
nuit du 15 au 14, a fraichi encore le jour suivant, et à midi
on a trouvé de l'électricité négative au moyen de l'appa-
reil de Peltier. Cette électricité négative, qui s'élevait jus-
qu'à 45 degrés de Félectromètre, a diminué ensuite, et
vers 5 heures elle a changé de signe; à 7 heures du soir
on trouvait -i- 55 degrés.
Le iù et le 14, le soleil a été entouré d'un grand cercle
et môme le 15, entre 4'/^^ h. et 6 h. de l'après-midi, M. Lan-
caster a eu l'occasion d'observer un parhélie. Cette obser-
vation est assez intéressante, si on la rapproche d'une
remarque faite par M. Silbermann. On sait, en eflet, que
les parhélies révèlent l'existence dans l'atmosphère de pe-
tits cristaux de glace. Or, M. Silbermann a signalé à plu-
sieurs reprises, pendant les aurores boréales, la chute de
petits cristaux de glace qui se convertissaient ensuite en
gouttes de pluie, il est, du reste, connu depuis longtemps
que les cirrho-stratus, qui paraissent être les nuages plus
s[)écialement en rapport avec les formations de l'aurore
boréale, produisent généralement des halos solaires.
Je terminerai par la remarque que les belles aurores
boréales de cette année n'étaient pas complètement im-
prévues. Lu effet, guidé par certaines idées nouvelles sur
les relations qui existent entre les aurores boréales et les
perturbations magnétiques d'une part, et les taches so-
laires de l'autre, le professeur Heis, de Miinster, au mois
( 631 )
d'octobre 1868, avait bien voulu attirer Tatteution do
l'Observatoire de Bruxelles sur les aurores boréales, disant
qu'il prévoyait des manifeslalious intéressantes dans cet
ordre de phénomènes.
Bolide observé à Bruxelles le lundi 31 mai 1869, notice
par M. Ern. Quetelet, membre de l'Académie.
Le 51 mai, vers 11 h. lo m. du soir, un brillant météore
a traversé le ciel, dans le SO. de Bruxelles. Il était de forme
allongée dans le sens de son mouvement (en poire, a dit
un spectateur), mais ceci peut n'être qu'une illusion d'op-
tique. Sa couleur était blanc-jaunâtre, et la traînée qu'il
laissait derrière lui, rouge d'abord, devenait plus loin
d'une teinta verdàtre. La clarté projetée par ce météore
était si intense, qu'un observateur, placé près d'une fenêtre
au nord, a cru voir un vif éclair.
D'après les données fournies par une personne qui
malheureusement n'a pas l'habitude des observations, le
premier point où le bolide a été vu peut être estimé à
45 degrés de hauteur et par 20° d'azimuth de l'ouest vers
le sud. Il a disparu derrière des arbres par environ 5o
degrés de hauteur et dans une direction plein ouest.
La trajectoire parcourue était très-courbe et le diamètre
du bolide a paru égaler à peu près le demi-diamètre appa-
rent de la lune.
M. Dewalque fait observer à ce sujet que différents
journaux ont annoncé l'apparition du même phénomène
à Yerviers, à Tournay, à Stavelot, et dans plusieurs autres
( 65â )
localilcsdu pays. Quelques membres ayant fait remarquer
que les phénomènes optiques ont été nombreux dans ces
derniers temps, M. A. Quetelet lit à ce propos la lettre
suivante qu'il vient de recevoir de M. Fr. Denza, directeur
de l'Observatoire du collège Charles-Albert, à Moncalieri
près de Turin, qui s'occupe avec un soin particulier de
météorologie et de physique du globe.
Sur les mêléores observés à Moncalieri; lettre de M. F. Denza
à M. Ad. Quetelet.
Le soir du 5 mai courant, deux observateurs aperçurent
vers M Va ï^- (temps moyen local) un beau météore de la
grandeur de Jupiter. Il s'alluma tout à coup près de l'Épi
de la Vierge (asc. droite = 199^ décl. = — iO") et se
dirigea avec une vitesse modérée vers y de l'Hydre (asc.
droite = 197"; décl. = — 22-).
Ce météore avait été caché peu auparavant par des
nuages qui s'étendaient comme un voile obscur sur l'ho-
rizon SE.
Sa couleur était rougeâtre; il déployait une queue
scintillante et lumineuse, semblable aux grosses fusées
de nos feux d'artifice. Arrivé au tiers de sa course, (asc.
droite = 196"; décl. = — 14") il se replia sur lui-même
et s'abaissa assez pour pouvoir passer devant les susdits
nuages, dont le fond noir le lit ressortir encore davan-
tage. Il s'éteignit à si peu de distance de l'horizon que, par
une illusion d'opti(jue, un de nos observateurs crut qu'il avait
réellement touché le sol. Ce lait n'est point nouveau; je
( 655 )
J'ai moi-même observé aulrelois; cela montre une lois de
plus que les météores lumineux peuvent descendre jusqu'à
très-peu de distance de la terre, sans toutefois éclater ni
causer des pluies de météores.
Je saisis cette occasion pour vous annoncer que parmi
les 40 météores qui furent observés le soir du il avril,
deux furent très-remarquables par leur beauté extraordi-
naire.
Le premier se montra à 10 h. 1 m. près de 9 du Lion
(asc. dr. = 167°; décl. = — 5°) et s'éteignit dans le voi-
sinage de d du Corbeau (asc. dr. = 185"; décl. = — lo").
Sa couleur était verdàtre, et il s'avança lentement en décri-
vant une trajectoire courbe et en spirale.
Le deuxième, plus resplendissant encore que le premier,
se fit remarquer à 10 h. 35 m. près de »? de la grande
Ourse (asc. dr. = 204°; décl. = h- 50"), et disparut près
de K du Bouvier (asc. droite = 227"; décl. = -+- 50').
Son noyau était très-brillant et sa grosseur apparente éga-
lait celle de Jupiter. Sa traînée fut très-lumineuse etpersis-
slante; sa couleur tenait du rouge et du vert. Vers la fin
de sa course, qui avait été très-lente, le météore s'ouvrit
comme une grenade.
Le même soir on observa deux météores marchant très-
lentement, et dont l'éclat fut si vif, que les sept observa-
teurs qui se trouvaient sur la terrasse purent les apercevoir,
quoique tournés vers un autre côté du ciel.
Mais ce qu'il importe le plus de remarquer, c'est que le
même soir, M. Zezioli, de Bergame, amateur zélé de cette
branche de la physique céleste, observa lui aussi deux
météores aux mêmes heures, savoir : à 10 h. 9 m. et a
10 h. 42 m. (temps moyen de Bergame, ville à environ 8
m. de temps à l'est de Moncalieri).
( 634 )
Le premier partit de Régulus (asc. droite = 118";
décl. = -h d°) et disparut entre v et k de l'Hydre (asc.
dr. = 144° 31 ; décl. = — 13°).
Le second se montra entre y etî; du Lion (asc. dr. = 147°;
décl. = H- 25°) et alla s'éteindre dans le Cancer (asc. dr.
= 136°; décl. H- 17°).
Or, la trajectoire prolongée du premier météore vu à
Moncalieri passe presque exactement sur le point où appa-
rut le premier météore observé par M. Zezioli, et les pro-
longements des deux derniers météores de Moncalieri et
de Bergame se rencontrent dans la position du ciel où,
suivant Greg et Herschel, se trouve le point d'irradiation
de l'un des systèmes météoriques du mois courant, A Ber-
game également, le deuxième météore se montra plus res-
plendissant que le premier, mais ils diffèrent tous les deux
de ceux de Moncalieri, soit par leur couleur rouge en-
flammé, soit par leur marche rapide.
On a remarqué encore cette année un grand nombre de
bolides ; je m'empresserai de vous en donner le compte
rendu aussitôt que j'aurai examiné et discuté les observa-
tions faites dans le Piémont pendant les quatre derniers
mois.
La période connue du 19-'21 avril (QHZ de Heis et
Greg) fut assez remarquable cette année-ci. Le matin du
21 avril, de 2 à i h., nous comptâmes 84 météores, géné-
ralement beaux et brillants comme de coutume, dans la
région céleste située dans le voisinage de la Lyre.
Quand j'aurai reçu toutes les observations du Piémout,
je déterminerai avec la plus grande exactitude possible la
position du radiant.
Vous savez déjà, sans doute, que les mois derniers on a
vu en Italie trois aurores boréales. La première fut observée
( 635 )
à Padoiie cl à Moiicalieri ie 14 lévrier; la deuxième lut
aperçue à Rome, le 8 mai, et la troisième le I omai, à Venise,
à Padoue et à ïrieste (1). La dernière l'ut la pi us resplendis-
sante de toutes. Elles ont été, comme de coutume, accom-
pagnées de perturbations magnétiques, de bourrasques et
d'orages.
L'aurore du 13 mai coïncida avec celle qui a été vue
à Paris et en plusieurs autres endroits.
Orages observés en Belgique- communication de M. Ad.
Quelelet, secrétaire perpétuel de l'Académie.
Pour donner suite aux communications que j'ai laites
à l'Académie sur les phénomènes électriques dans notre
pays, j'ai l'honneur de présenter la liste des orages obser-
vés à Bruxelles et à Liège depuis le 1'"' avril 1869 jusqu'à
ce jour; à Louvain, à Anvers, à Ostende et à Gerpinnes
depuis le 1" janvier de cette année, ainsi qu'à Gembloux
et à Malines depuis le 1'' septembre 1868. Ces observa-
tions répondront, j'espère, à la demande qu'a bien voulu
m'adresser M. Le Verrier, directeur de l'Observatoire de
Paris, de l'aider à compléter, autant que possible, son
grand Allas méléorologique des ïnoiiveiuents généraux de
r atmosphère.
(1) Le ciel était couvert à Bruxelles pendant les aurores du 1 i février
et du 8 mai. Les barreaux magnétiques de l'Observatoire n'ont pas donné
d'écarts particuliers pendant ces deux soirées.
( 656 )
Bruxelles. — Observatoire.
(Du 1 «^r avril au I '^^ j uin 1 869.) ( 1 )
18(3(} __/^e Ji at-nV, àOVih.dusoir, faibles éclairs a l'iio-
rizon NE.
Le 7 mai, vers 5 h. 20 m. de i'après-midi, le ciel
s'obscurcit fortement; averse mêlée de grêle et plusieurs
éclairs suivis de violents coups de tonnerre; la direction
du vent était OSO.
Le iO mai, forte averse à2 V-2h,de l'après-midi; éclairs
le soir.
Le H mai, roulements de tonnerre lointain vers 2
heures de l'après-midi; gouttes de pluie àoV^ li.
Le 77 mai, à 5 h. lo m. de l'après-midi, averse ; à 8 '/'2 h.
du soir, fort orage : averse, éclairs et coups de tonnerre.
Le ^9 mai, à 3 h. 55 m. de l'après-midi, roulements
de tonnerre lointain, vent et poussière; à 5 h. iO m.,
éclair suivi de tonnerre. Peu de temps après, averse mêlée
de grêle; elle cesse vers oVi h.; ensuite, pluie intermit-
tente jusqu'à 9 heures du soir.
Le 26 mai, vers 2 '/j h. du matin, orage, éclairs et
tonnerre ; à 5 heures , averse.
A 9 heures du soir, orage dans l'E., éclairs et ton-
nerre; pluie depuis 8 h. 55 m. jusque vers 9'Vi h.; elle
est très-forte de 9'/'^ à 9'/-2 h.
Le Ti mai, vers !2 '/.^ h. de l'après-midi, roulement de
tonnerre lointain. A 5 heures, l'horizon est couvert de stra-
tus gris.
(1) Suilii à la liste iuscrcc [)age -2ol du lonio XXVll de la -J"'^ série des
Uvilklinii.
((J57)
Gembloux. — M. Malaise.
(Du !"• sci)lembrc 1808 au 1" juin 1869.) (1)
1868. — Le 50 décembre, entre 5 Ii. i20 m. et o h.
40 m. du soir, averse accompagnée d'éclairs et de deux
coups de tonnerre.
1869. — Le 9 février, de o Vi à 6 V2 h. du soir, orage
au S. de Gembloux; vent du S., éclairs et tonnerre.
Le ^ mars, entre 11 1/2 h. du matin et midi, averse de
grêle (gréions coniques); deux coups de tonnerre.
Le IS avril, à 12 V2 h. du soir, grêle et un coup de
tonnerre; vent du N.
Le 6 mai, de 2 à 6 heures du soir, plusieurs averses
et coups de tonnerre; vent du SO.
Le 7 mai, de 472 h. à 5'/2h. du soir, pluie abondante
et tonnerre; vent du SO.
Le 10 mai, de o'/2 h. à 4 heures du soir, orage au NO. de
Gembloux; coups de tonnerre assez fréquents; vent du SO.
Le 11 mm, de S'/a h.à o 72 h. du soir, vent du SO.,
averse et quelques coups de tonnerre.
Le 11 mai, de 8 h. à 9 '/2 h. du soir, pluie abondante
et coups de tonnerre; vent du SO.
Le 19 mai, de o h. à 5 '/^ h. du soir, pluie abondante
et coups de tonnerre; vent du SO.
Le W mai, de 7 à lU-i h. du soir, pluie abondante et
quelques coups de tonnerre; vent du SO.
Le 28 mai, de 5V2 h. à 4 heures du soir, vent du S.,
pluie abondante et quelques coups de tonnerre.
(1) Suite à la liste insérée page 281 du loroe XXVI de la ^'"c série des
Bulktins.
( G38 )
LouvAix. — M. ïerby.
(Du !"• janvier au l"' juin 18G9.) (I)
J869. — Le 9 fécricr, entre 5 h. oO m. et 6 h. Jo m. du
soir, passage d'un orage dans leSSE.; éclairs et tonnerre. A
0 II., l'intervalle entre l'éclair et le tonnerre était de 8';
toutes les autres décharges étaient beaucoup plus lointai-
nes ; à 6 h. 7 m., pluie. Direction du vent à 6 li. J i m. : 0.
Le 5 luars, pluie l'après-midi; vers 4 h. 40 m. du soir,
coup de tonnerre; direction du vent : NO.
Le J i avril, ciel orageux vers 2 h. du soir; vent et
tourbillons de poussière. On assure avoir entendu quelques
coups de tonnerre pendant cet après-midi.
Entre 8 et 8 h. 4o m. du soir, éclairs dans l'E. et le SE.
Le 3 mai, à 1 h. 50 m. de l'après-midi, ciel orageux
dans le S. et le SO.; direction du vent : OSO. — Pluie le
soir.
Le 6 mai, à *2 h. i28 m., pluie; à 4 li. 29 m., tonnerre
dans le S.; vers 4 h. oo m., averse.
Le 7 mai, vers 1 '/- b- de l'après-midi, pluie et vent;
temps orageux.
De 2 h. 8 m. à 2 b. 40 m., orage [)assant du SO. à
rONO.; à 2 b. 50 m., gouttes de pluie; il pleut encore
à 2 b. 40 m. A 2 b. 20 m., l'intervalle entre l'éclair cl le
tonnerre était de 41'; à 2 b. 58 m., il était de 9% et à
2 b. 40 m., lors de la dernière décbarge, il a été de (J
secondes.
De 5 b. 5 m. à G b. 10 m., fort orage passant de KO. à
(1) Suite à la liste insérée page 279 du tome XXVI de la 2'n« série des
BuUelins.
I
( 059 )
l'E. De o h. 46 m. à o li. 51 ni., liès-roilc averse, mêlée de
grêle à partir de o h. 49 m.; la pluie diminue à 5 h. 55 m.
Jusqu'à o 11. 45 m., l'inlervallc entre l'éclair et le ton-
nerre était successivement de 21% 16% \o% 14'; la nuée
gagne dès lors rapidement le zénith. De 3 h. 48 m. à 5 h.
50 m., les intervalles sont de 7' et de 8'; à 6 h. 1 m. et
à 6 h. 2 m., de 19' et de I7^
Le 8 niai, à 9 h. 5o m. du matin , tonnerre dans le SO. ;
les nuages orageux passent du SO. au N.; à 10 li. 12 m.,
averse assez forte. Le tonnerre a recommencé à se laire
entendre à 10 h. 27 m. et a été accompagné d'une nou-
velle averse.
Le 10 mai, à 6 h. 50 m. du soir, forte averse et ton-
nerre.
Le 11 mai, passage d'un orage dans le SK., de 51i. 20 m.
à 5 h. 50 m. du soir; plusieurs roulements de tonnerre.
Le 17 îiiai, nuées orageuses dans l'O. et dans le N. L'o-
rage éclate à 8 h. 47 m. : forte averse , éclairs et tonnerre.
A 9 h., vif éclair suivi de tonnerre après un intervalle dé-
passant à peine 1' ; à 9 h. 5 m., l'intervalle est de 8'; le
tonnerre cesse bientôt de se faire entendre, mais il pleut
encore à 9 h. 52 m.
Le 19 mai, dès 4 heures du soir, passage de nuages
accusant un courant OSO., pluie très-abondante, coups de
vent et de tonnerre. Entre 4 h. et 4 h. 15 m., torrents de
pluie.
Le W mai, de 8 h. 19 m. à 9 h, 26 m. du soir, fort orage
passant par le N, ; fréquents éclairs et bruyant tonnerre; à
8 h. 50 m., vif éclair suivi d'un fort coup de tonnerre après
2'; de 8 h. 50 m. à 8 h. 58 m., les intervalles entre
l'éclair et le tonnerre ont varié entre 5' et 17% et après
9 heures entre 16' et 52 secondes.
( (540 )
Le 21 mai, de 2 h. 33 m. à 2 h. 47 m. du soir, un
orage lointain passe du NO. au NNO.; quelques roule-
ments de tonnerre.
Le 28 mai, de 4 h. à 4 h. M m. du soir, orage : éclairs,
tonnerre et pluie. A 4 h. 34 m., la pluie est devenue un peu
plus abondante.
OsTENDE. — M. Cavalier.
(Du 1" janvier au t" juin 1869.) (1)
i869. — Le 7 mai, l'après-midi, temps orageux, ton-
nerre lointain ; vent de l'OSO.
Le 48 mai, de 2 h. 3 m. à 2 h. 30 m. du soir, l'urt
orage, vifs éclairs et forts coups de tonnerre; pluie don-
nant 7'""\65 d'eau ; vent du SO.
Le 19 mai, de 2 h. à 2 h. 30 m. du soir, fort orage,
vifs éclairs et forts coups de tonnerre; pluie et grêle don-
nant 4'""',80 d'eau; vent du SO.
Le 21 mai, de 3 h. 30 m. à 4 h. du soir, orage; vers
3 h. 55 m., formidable coup de tonnerre; la foudre doit
être tombée dans les environs d'Ostende, vent du NE.
Anvers. — M. Coomans.
(Du I<«- janvier au !•-' juin 18G9.) (2)
1869. — Le i'' février, vers 3 b. du soir, bourrasque, gros
nuages à l'O.; vers 3 li. 25 m., la pluie commence à tomber;
deux violents coups de tonnerre, pluie très-intense, vent
(1) Suite à la liste insérée page 2:)6 du lome XXVI 1 de la 2'' série des
liullelins.
Ci) Saile à la liste inséiéc page -255 du lome XXVll de la 2'- série des
liuUclins.
( U\ )
du SO. L'orage a duré une demi-heure et suivi la direclion
du vent; la foudre est tombée Marché aux Blés.
Le 9 février, giboulées fréquentes avec grésil; vers
midi 50 m., on croit entendre un coup de tonnerre loin-
tain. Le soir vers 9 h., un éclair éloigné dans le SE.
Le /"■ mars, à 9 h. 4o m. du matin , forte giboulée et
grésil; à 9 h. 50 m., vif éclair suivi aussitôt d'un coup de
tonnerre; l'orage passe en o minutes, se dirigeant du NO.
au SE. — Des nuées orageuses se succèdent dans la jour-
née, mais sans nouvelles décharges.
Le là avril, vers 8 h. 50 m. du soir, quelques éclairs
éloignés dans le NNO.
Le 6 mai , vers 2 h. 30 m. du soir, orage lointain dans
le SSO.; pluie.
Le 19 mai, de 4 h. 5 m. à 4 h. 20 m. du soir, orage;
deux coups de tonnerre lointain et forte pluie.
Le 25 mai, de M h. 50 m. à minuit, tonnerre lointain.
Le W mai, de 9 h. à 10 h. du soir, quelques éclairs
assez vifs dans le NE.; averse la nuit.
Le Ti mai,â 9 h. 50 m. du matin, pluie; vers lOh. 15 m.,
tonnerre éloigné: les coups semblent se produire dans le SO.
A 5 h. du soir, nouvel orage; tonnerre lointain dans le SE.
Malines. — M. Bernaerts.
(Du ^r septembre 18G8 au ['^ juin 1869.) (1)
1868. — Le 5 décembre, à 8 h. 50 m. du soir, éclairs
lointains.
Le 8 décembre , à 5 h. 50 m. du soir, averse et un peu
(1) Suite à la liste insérée page 285 du tome XXVI de la '2'" série
des Bulletins.
( 642 )
de grésil; coup de lonnerre assez faible; vent de TOSO.
Le 2S décembre, vers 9 11. du soir, éclairs lointains.
Le 30 décembre, à 5 11. oo m. du soir, éclairs dans
PESE.
J869. — Le i'" février, à 5 h. 45 m. du soir, quelques
éclairs et coups de lonnerre dans le S., tempête et pluie.
Le 9 février, à 2 h. 40 m. du soir , averse et tempête ; à
2 h. 4o m., coup de tonnerre lointain dans TE.; à o li.
50 m., coup de tonnerre dans le S., vent fort et pluie.
A 5 h. 40 m., orage assez éloigné dans le S.; à 6 li. 10 m.
éclairs faibles dans le SE.
Le 27 mars, vers IJ h. du matin, un peu de neige et
trois coups de tonnerre lointain; à 2 h. 50 m. du soir,
grésil; à 2 h. oo m., grêle; direction du vent : NNO.
Le 14 avril, à 2 li. du soir, cumulus orageux àl'E, se
dirigeant vers le N.
Le 7 tnai, à 2 b. 40 m. du soir, ciel orageux à TE.; à
5 b. 10 m. du soir, orage passant de l'O. au NE.; à 5 Ii.
40 m., orage allant du S. au NE. Cbaque orage donne un
violent coup de tonnerre.
Le 8 tuai, à 10 b. 55 m. du matin, orage très-éloigné
dans l'E. La foudre tombe vers 10 b. du matin à Bois-
scbolei ensuite à Nortierwyk, près d'Herentbals.
Le 10 mai, à 5 b. 15 m. du soir, orage dans le N;
il se perd dans le NNE. vers 6 beures.
Le 16 mai, à 7 b. 45 m. du soir, coup de tonnerre
lointain; cumulus dans TO. et dans le N. ; vent du SO.
Le n mai, à 9 b. du soir, quelques rares éclairs dans
le SE.
Le 18 mai, à 5 b. 5 m. du soir, lonnerre dans le NO.,
suivi (rune très-forte pluie; venl du SO (observation faite
à lioogstralen).
( 6i3 )
Forte averse à Malincs de A li. 55 m. à 6 Ii. du soir.
Le 19 mai, à 4 li. 3 m. du soir, orage accompagné de
grèle; à A li. 10 m. du soir, forte averse.
Le 25 mai, vers 8 h. du soir, quelques coups de ton-
nerre lointain.
Le 26 mai, à 9 h. 40 m. du soir, un orage venant de
l'ESE. passe à coté de la ville; pluie assez forte; après 9 li.
50 m., les décharges électriques cessent complètement.
Le 27 mai, de 2 h. 50 m. à 2 h. 45 m. du soir, un
orage passe à TE. de la ville. Un second orage passe de
l'O. au N. à 5 h. 20 m. Il y a eu absence de pluie pendant
ces deux orages.
Liège. — M. Dewalque.
(Du 1"- avril au t'^Juin 18G9.) {\)
j859, — Le 14 avril, éclairs dans la soirée.
Le 7 mai, éclairs vers 8 ^1^ h. du soir.
Le 26 mai, vers 4 heures du matin , un violent orage a
duré pendant une demi-heure. Au début de la tempête,
le vent soufïlait avec violence, les éclairs se succédaient
rapidement et le tonnerre faisait entendre ses plus bruyants
roulements; puis la pluie est survenue et quelques averses
torrentielles ont signalé la fin de l'orage. — Le soir de
7 à 8 '/.2 h., un nouvel orage a encore éclaté.
A Romsée, la foudre est tombée vers 4 h. du matin sur
un arbre situé à une distance de cinq mètres d'une maison.
{\) Suite à la liste insérée page ^2^32 du tome XXVI 1 de la 2; série des
Dulletiiis.
( 644 )
La commotion éloctrique fuUcIlemcnt violente, que douze
carreaux de vitre de cinq fenêtres différentes de ladite
maison furent hrisés.
Gerpinnes, près de Charleroi. — M. Van Géel.
(Du 1" janvier au 1"juin 18G9.)
1860. — Le 9 février, à 2 h. 40 m. du soir, orage venant
du SO.; raffales de pluie , grêle et roulement de tonnerre
lointain. — A 2 h. 55 m., éclairs suivis de coups de ton-
nerre; tempête.
Le iS avril, vers 2 h. du soir, nuée orageuse venant
du NO.; forte pluie et grêle; les grêlons sont assez remar-
quables par leur dimension. A 2 h. 20 m., coup de ton-
nerre.
Le 6 mai, vers 1 h. 50 m. du soir, roulements assez
rares de tonnerre lointain; forte pluie ensuite pendant
toute l'après-midi.
Le 7 mai, vers midi, roulements de tonnerre lointain;
fortes ondées toute l'après-midi. Vers 6 heures du soir,
nuée orageuse, coup de tonnerre plus rapproché, forte
averse.
Le 8 mai, vers 4 heures du soir, trois ou quatre coups
de tonnerre; forte pluie et vent violent du SSO.
Le 11 mai, vers 9 heures du soir, éclairs dans l'E.
Le 26 mai, vers 7 heures du soir, nuée orageuse; deux
coups de tonnerre assez violents. Vers 9 '/.2 heures du soir,
éclairs dans l'E.
Le 2!S mai, temps doux, orageux; à 5 heures du soir,
nuée orageuse venant du SO.; à 5 h. 20 m. et à 5 h.
50 m., coup de tonnerre; pluie.
( 645 )
Secondes Additions ait Sijnopsis des Caloptérijrjincs , par
M. (le Selys f.ongcliamps, membre de l'Académie.
L'abondance des nouveaux matériaux reçus depuis dix
ans me décide à publier de nouvelles additions au Sy-
nopsis des Calopténjrjines.
Mon premier travail a paru dans les Bulletins de rAca-
démie en i8o5. — Il signalait cent espèces.
Les Additions (1859) ont fait connaître dix-huit espèces
nouvelles.
Aujourd'hui je puis énumérer encore trente-deux espèces
ou races distinctes, ce qui porte le nombre des Calopléry-
gines à près de cent cinquante. Parmi elles figurent, il est
vrai, quelques formes ou races locales; mais ces modifica-
tions, quand elles sont constantes, sont utiles à examiner
pour l'étude de la question générale de l'espèce en zoologie.
Parmi les trente-deux formes nouvelles, il y en a vingt
et une quej'ai déterminées; sept appartiennent à M.Hagen,
trois à M. R. Mac Lachian, et une a été publiée par
M. Brauer.
J'ai profité de la circonstance présente pour compléter
le signalement des espèces déjà connues en ce qui con-
cerne les variétés, races ou sexes non décrits et les indi-
cations géographiques, lorsque d'importantes additions
étaient à faire de ce chef.
Malheureusement pour moi, le départ pour l'Amérique
de mon excellent collaborateur, le D"" H.-A. Hagen, a in-
terrompu le précieux concours qu'il me prêtait. Il est
2"^^ SÉRIE, TOME XXVII. 45
( 646 )
chargé do la brandie des animaux articulés au Muséum
de l'Université de Cambridge (Massacliussetts) et ne peut,
pour le moment, se livrer à l'élude détaillée des Odonates.
Espérons qu'après avoir avancé les travaux de classilica-
tion générale de ce riche musée, il pourra y reprendre le
travail relatif aux Odonates.
Les États-Unis possèdent, d'ailleurs, des entomologistes
d'un grand mérite qui ont fait progresser la connaissance
des Odonates, comme MM. Scudder, B. Walsh et Uhler que
j'aurai souvent occasion de citer.
En Europe, le D' Fried. Brauer, du Muséum de Vienne,
publie des travaux importants sur les Odonates et sur les
autres Névroptères. Je citerai encore ceux de M. Pictet,
iils du célèbre naturaliste de Genève, qui marche sur les
traces de son père, et en Angleterre, M. R. Mac Lachlan ,
qui fait preuve d'une rare perspicacité dans ses publica-
tions relatives aux familles les plus difficiles des Névrop-
tères. C'est à lui que je dois la communication des Odonates
recueillis à Peba sur le haut Amazone par M. Hauxwell,
et ceux des îles Seychelles parle D' Wright, de Dublin.
M. Bâtes, le grand voyageur de l'Amazone, a bien voulu
me céder la riche collection d'Odonates recueillis par lui à
Santarem, Obydos, Fonte Boa , Ega et Saint-Paulo (I).
(1) N. B. M. Baies, dans sa colli'Clion , a donné des noms aux espèces
qu'il croyait nouvelles, cl c'esl bien à lui , en elTet, que revient Thonneur
de leur découverte.
Mais ces noms n'ayant pas été envoyés avec les premières expéditions
de duplicata faites en Angleterre, j'en ai proposé un certain nombre
d'autres, ainsi que M. Dale, et ils sont publiés depuis 1853 en ce qui con-
cerne les Caloi)léryiîines.
Nt)us regrettons de ne pouvoir revenir sur ce l'ait accompli, mais pro-
cliaincmenl, en traitant des autres groupes d'Odonates, je n»e ferai un
devoir et un phiisir d'adopter les noms manuscrits sous la signature de
( 647 )
J'ai acquis la collection envoyée du Japon à l'exposition
universelle de Paris de 1867.
J'ai reçu ou étudié enfin des collections d'Odonates des
provenances suivantes :
Du Mexique, par MM. de Bonvouloir, A. Salle et Boucard ;
De Guatemala j par M. le D' Rodriguez;
Du Brésil, par mon neveu le comte de Borchgravc
d'Altena, ministre de Belgique;
De Java, par M. le D'^ Ploem;
De la Malaisie, par M. Snellen van Vollenlioven;
Des Moluques, par M. Lorquin;
De Queensland (Australie), par M. Weyers;
De Madagascar, par M. Pollen;
De Mincjrêlie, par M. Théoph. Deyrolle;
Sans parler d'espèces isolées qui m'ont été obligeam-
ment communiquées.
Que tous ceux qui m'ont prêté leur précieux concours
reçoivent ici l'expression de ma vive gratitude.
\'' légion. - CALOPTERYX.
10'". Calopteryx Japowica, De Selys.
o* Abdomen 46™™. Aile inférieure ôG. Tibias postérieurs 9 V'g. Lar-
geur (Je l'aile inférieure 10.
Diffère de C. Vii'go :
d» La taille plus grande;
2° Les ailes moins dilatées, d'un noir métallique plus profond, y
compris la base et Pcxtrémité ;
M. Baies, chaque fois qu'il s'agira d'espèces nouvelles; car j'ai pour ha-
bitude de respecter les noms donnés in litteris aux espèces nouvelles qui
nous sont communiquées. C'est un principe d'équité auquel tous les ento-
mologistes devraient s'astreindre.
( 64-8 )
3" Les tubercules postoculaires plus petits.
Elle se distingue de Valrata par le thorax et la nervure costale
vert métallique, la présence de tubercules postoculaires, et le sec-
teur principal plus ou moins contigu à la nervure médiane.
Elle se sépare de la race fesfiva de virgo j)ar les ailes étroites et la
taille encore plus forte.
Je n'ai pas vu la femelle.
C'est probablement une race locale de la virgo.
Patrie : le Japon. (Coll. Selys).
N. B. Au premier abord elle répond au signalement de C. sma-
ragdina , de Selys (n" 15), mais M. Hagen a constaté au Musée bri-
tannique que le type de cette espèce nominale consiste en une
C. atrala à laquelle ont été accolés par erreur des segments abdo-
minaux de C. virgo ou japonica.
\^ {Addition). Caloptekïx Corkema, De Selys.
$ Abdomen oi-50. Aile inférieure i6-48.
La femelle ressemble au mâle, mais porte un faux ptérosligma
blanc, petit, et la coloration varie pour Tintensité du l)run selon
râgc, comme chez la virgo , mais le quart apical des inférieures est
plus foncé que le reste, dans le genre de la femelle de ïhœmorrhoi-
dalis; toutefois celte couleur est régulièrement concave dans la
direction de la base de l'aile. Les deux premiers articles des an-
tennes et la lèvre inférieure sont jaunâtres; cette dernière souvent
traversée de noir; et l'abdomen porte sur chaque segment une raie
dorsale jaune qui se termine sur l'épine du 10% qui est de même
couleur.
Chez un mâle joune , le l)out des ailes inférieures n'est pas d'une
couleur plus foncée que le reste.
17'". Nevrobasis Fi.orida, Uagen.
C'est sans doute une race de IV. cliinensia, dont elle diiïère par ce
qui suit :
l" Le seclt'ur nodal se sépare du piincip.il une cellule avant la
vciii'' du ikmIus
( 649 )
2° Les ailes sont un peu plus étroites;
5*> Chez la femelle il n'existe ni faux ptéiosligina, ni point nodal
Liane opaque, et les quatre ailes sont semblables, non lavées de
brun.
Pairie : Bornéo à Sarawak, par M. Wallacc. .Mussori.
N. B. M. Hagen a reçu de IMIe du j)rinee de Galles une femelle
qui, avec les formes grêles de la flovida, porte les plérosligma de la
chinensis : nouvel argument en faveur de la réunion spécifique de la
florida à la cJiinensis.
IT'^''. IVkvrobasis Ralph, Brauer, Zoo/. Bolan. 6't'.s<?//6'. Wieii, 180G.
o' 2 ïrès-voisine de la A', chinensis , dont elle ne diffère que par
ce qui suit :
i° Le secteur nodal se sépare du principal deux ou trois cellules
avant la veine qui part du nodus, et la bifurcation des secteurs
nodal et médian commence plutôt sous la forme de secteurs inter-
posés naissant d'une fracture que sous celle de vrais rameauxj
2" Les ailes sont plus larges et plus arrondies au bout;
3o Chez le mâle les inférieures sont, dans les deux premiers tiers,
d'un bleu foncé métallique, et le tiers final noirâtre présente des
reflets du même bleu;
4'' Chez la femelle il n'y a ni faux plérostigma, ni point nodal
blanc opaque.
Patrie : Célèbcs (D'' Kaup). — Moluques (Lor(iuin). Manado
(Coll. Selys).
N. B. Le corps est à peu près du même bleu que les ailes. Chez
la chinensis, type de Chine, le secteur nodal fait suite à la veine du
nodus; les rameaux des secteurs nodal et médian s'en séparent par
bifurcation et les ailes sont moins larges au bout. Chez le mâle, le
corps et les deux premiers tiers des ailes inférieures sont vert mé-
tallique brillant, et la femelle porte un faux ptérostigma et un point
nodal blanc opaque aux quatre ailes.
Mais il existe des mâles de Java chez lesquels le vert des ailes est
remplacé par du bleu. Je suis assez porté à croire que la 3\ Kaupii
n'est qu'une race de la chinensis , plus prononcée que la florida.
( 650 )
SI*"*. Sapho lomgistigma , De Selys.
Abdomen a* 43. Aile inférieure 31.
Secteur principal contigu à la nervure médiane, le nodal s'en sépa-
rant après le nodus. Costale vert métalli(iue jusqu'au nodus. Ptéros-
tigma allongé, cinq fois aussi long que large, brun un peu pruineux
(long de ^ni»»).
Taille assez grande, assez robuste. Ailes étroites hyalines, un peu
bleuâtre irisé, réticulation noire. 25 anticubitales et environ iO post-
cubitales aux supérieures. Espace postcostal simple.
Corps vert bleuâtre métallique brillant. Le dessous, les pieds, les
sutures et les antennes noirs.
o Inconnue.
Patrie : Le Vieux Calabar. (CoUect. Selys.)
N. B. Semble intermédiaire entre les Sapho et les Cleis ayant la
coloration de la Cleis iridipcnnis , dont le sépare son long ptérostigma.
Le ptérostigma non dilaté et le point de départ du secteur nodal
ainsi que les ailes étroites le distinguent des autres Sapho.
22*'*. Sapho onicHAixEA, Mac Laclilan. Eut. mont l. mayazA^Q'J.
Abdomen o* 48; 9 43. Aile inférieure 40- i2 (large de 16 chez le o",
de 14 chez la Ç.)
Taille très-grande, robuste. Ailes arrondies, les inférieures Irès-
élargies au milieu (surtout chez le mâle). Espace postcostal assez
simple. Réticulation noire, la costale vert métallique à la base.
Secteur principal presque contigu par un point à la nervure mé-
diane.
Environ 55 anticubitales et 45 postcubitales aux supérieures;
ptérostigma très-dilaté, trois fois aussi long que large.
o* Adulte. Ailes opaques noir-chatoyant à reflets verts, dorés, et
violets (hyalines lavées de gris enfumé chatoyant chez le jeune) ; pté-
rostigma noir (jaune chez le jeune). Corps vert foncé métallique en
dessus, le dessous, les antennes et les pieds noirs. Sutures latérales
du thorax jaunâtres.
9 Ailes hyalines teintes de brun jaunâtre enfumé, avec une bande
transverse opaque d'un blanc sale [jeune), jaunâtre pâle (adulte), im-
( «3l )
mcdiatcment après le nodus. Ptérostigrija jaune. Les deux premiers
arlicles des aiilcnnes cl les deux sutures lalérales du thorax jaunes.
Pairie : Le Vieux Calabar et Fernand Vas. (Coilect. Sel} s et Mac
Lachian.)
N. B. Très-distincte de la S. clUata par les ailes énorniénient
larges et le ptérostigma plus épais. La femelle est distiiicte, en autre,
de tous les Sapho par la bande transversc opaque laiteuse des ailes,
analogue à ce qui se voit chez quelques Thore , notamment chez les
Thore picta et vitlata.
:20'"*. Mnais costai.is , De Selys.
Abdomen o* 42-48. Aile inférieure 54-40.
(f Adulte. Réticulation noire jusqu'au bout du quadrilatère, fauve
ensuite; les ailes lavées de roux jaunâtre clair dans celle partie. Pté-
rostigma carmin. Les cellules costales fauve opaque depuis le nodus
jusqu'à mi-chemin du ptérostigma.
o* Jeune. Rélicuiation d'un brun roux après le quadrilatère. Ailes
non lavées de jaunâtre. Ptérostigma et les cellules costales opaques
blanchâtres. Corps moins pruineux.
Pairie : Japon. (ColIect. Selys.)
N. B. Il est possible que les Mîiais liruinosa, strigala et costalis ne
constituent qu'une seule espèce, mais dar>s l'état de nos connaissances,
nous ne pouvons les réunir, les mâles paraissant distincts par la co-
loration des ailes. Chez la costalis la réticulation est noire jusque vers
le bout du quadrilatère, roux jaunâtre ensuite.
Chez sa voisine, pruinosa, la réticulation du mâle adulte est fauve,
même à la base, les cellules costales après le nodus ne sont pas opa-
ques, et la coloration des ailes dans le tiers médian est d'un rous-
sâtre fortement bruni.
Enfin chez la strigala toute la réticulation est noire , excepté la cos-
tale et la médiane à partir du nodus jusqu'au bout des ailes , et leur
membrane est incolore, à peine lavée deverdâtre.
Chez les mâles jeunes des trois espèces ou races, le ptérostigma est
blanchâtre, de môme que chez les femelles, pour lesquelles nous ne
trouvons pas jusqu'ici de caractères distinctifs.
( 6o^2 )
29 {Additio7i). Lais.esea, De Selys.
Abdomen o* 30-31 ; 9 23-27. Aile inférieure cf 21-23; $ 23-23.
Taille petite; ailes étroites hyalines; 22-26 antécubitales. Corps
bronzé violet à reflets cuivre rouge à rabdoinen. Deux lignes jaunâtres
étroites aux sutures latérales du thorax (trois chez la Ç). Pieds et des-
sous du corps noirâtres.
d* Une gouttelette apicale noirâtre aux ailes inférieures. Appen-
dices supérieurs peu courbés, avec 3 épines au bord externe. La dila-
tation médiane de l'interne divisée par une échancrure peu profonde.
Appendices inférieurs presque droits , ayant à peu près le tiers des
supérieurs.
2 Ailes légèrement salies; 2'"<= article des antennes pâle à la
base.
Pairie : Sanlarcm sur l'Amazone et Rivière ïapajos (M. Bâtes).
(Collect. Selys, etc.)
N. B. La plus petite espèce du genre en considérant une série
d'individus.
29'". Lais smaragdii\a , De Selys.
Abdomen o* 32; 9 26. Aile inférieure o" 23-2 i; 9 23.
Taille petite. Ailes étroites hyalines; 20-25 antécubitales (18 chez
une $). Corps vert métallique à reflets bleus. Une ligne humérale et
trois latérales jaunâtres étroites au thorax. Pieds et dessous du corps
bruns; 2""= article des antennes jaunâtre (ou brun pâle chez un o',^.
o' Une gouttelette apicale noirâtre aux ailes inférieures. Appen-
dices supérieurs peu courbés, avec 5-i épines au bord externe. La
dilatation médiane de Tinterne divisée par une échancrure très-peu
profonde. Appendices inférieurs presque droits, ayant à peu près le
tiers des supérieurs ; leur extrémité un peu relevée.
Ç Ailes fortement lavées d'olivâtre.
Patrie : Santarem sur l'Amazone (par M. Bâtes). (Collection
Selys.)
N. IL Très-voisine de Vœnca par les formes. Elle s'en sépare par
la coloration franchement verte du corps, comme chez la Caloplcryx
( 6o3 )
vii^yo. L'œnea, au contraire, est encore plus foncée que la Cal. hœmor-
rhoidalis. Il reste à savoir si ce n'est pas le jeune âge de Vœncu. Ce-
pendant les femelles semblent très-adultes. Quant à la différence dans
la dilatation médiane des appendices du mâle , elle est légère. La fe-
melle ressemble beaucoup à celle de V/Ietœrina sangninolenta.
50 {Addition). Lais cii-rka, De Seivs.
Abdomen o* 35-35; $ 29-51. Aile inférieure 6" 2o>28; 9 25-26.
Taille assez pelite; ailes étroites byalines; 25-25 anlécubilales.
Corps bronzé à reflets cuivre rouge très-vif et violet. Trois lignes
latérales aux sutures du thorax jaunâtres. Pieds et antennes noirâ-
tres.
o* Espace entre la nervure sous-costale et la médiane lavé de brun,
de façon à former une raie de la base au nodus ; une gouttelette api-
cale noirâtre aux ailes inférieures. Appendices supérieurs ayant leur
dernier tiers très-courbé en dedans (presque à angle droit), cinq
épines au bord externe. L'interne portant deux dilatations larges ar-
rondies. Tune basale, poilue au bout; Taulre médiane la suivant im-
médiatement, celle-ci se terminant par un petit tubercule supérieur.
Appendices inférieurs ayant le tiers des supérieurs, droits d'abord,
mais à pointes subitement courbées en dedans Tune vers Tautre.
o* Jeune? pas de raie brune entre les nervures sous-costale et
médiane; la gouttelette apicale des inférieures à peine indiquée par
une nuance ochracée. Pieds bruns.
$ Ailes lavées d'olivâtre à la base. Suture humérale et 2"'^ ar-
ticle des antennes jaunâtres.
9 Jeune ? Réticulation roussâtre excepté la costale. Base des ailes
lavée d'ochracé.
Patrie : S^-Paulo et Fonte Boa sur le haut Amazone (par
M. Bâtes). (Coll. Selys.) Le mâle jeune de Peba , haut Amazone,
par M. Hauxwell. (Coll. Mac Lachlan.)
JV. B. Distincte des espèces voisines par la raie brune sous-cos-
tale et par les deux dilatations arrondies des appendices supérieurs,
leur bout coudé à angle presque droit, le bout également courbé
des appendices inférieurs.
La femelle ne se distingue guère de celle de Vœnea et de la
( Go 4 )
mctaUica que par ses reflets cuivrés plus vifs (et par la taille supé-
rieure à celle de Vœnea).
J'ai beaucoup hésité à rapporter ici le mâle jeune de Peba , parce
qu'il ne porte aucun indice de raie sous-costale brune et que les
appendices anals supérieurs (peut-être mous) sont moins coudés au
bout. ( Les inférieurs manquent. )
50'"^ Lais Uauxvvelli , De Selys.
o* Abdomen 37. Aile inférieure 28.
Taille assez petite; ailes étroites, hyalines à reflets irisés. Une
forte gouttelette apicale brun-noirâtre aux inférieures ; 25-27 anté-
cubitales. Corps bronzé à reflets cuivre rouge éclatant; suture
humérale et dessous du corps, pieds et antennes noirs. Trois lignes
fines aux sutures latérales jaunes. Appendices supérieurs très-peu
courbés, avec S-6 épines au bord externe. Vus en dessus, le bord
interne off're dès la base une dilatation droite, s'arrctant subitement
au tiers de la longueur des appendices par une dent tronquée et
velue, suivie d'une forte dent triangulaire aiguë à leur moitié.
L'extrémité courbée est presque aplatie et redressée en haut. Ap-
pendices inférieurs (détériorés) en apparence assez courts.
9 Inconnue.
Patrie : Peba sur le haut Amazone (par M. Hauxwell). (Coll.,
Mac Lachlan. )
N. B. Très-distincte par sa taille plus forte que celle des trois
espèces précédentes et voisines. Caractérisée aussi par la dilatation
basale interne des appendices supérieurs et leur forte-dent mé-
diane.
La L. flauxwclU ressemble surtout à la cupmea , mais elle est
encore plus grande et plus brillante, les ailes n'ont pas de raie
brune sous-costale, et la seconde dilatation des appendices forme
une dent pointue isolée et non arrondie.
51*'* Lais meiallica, De Selys.
Abdomen o* 31; Ç 30. Aile intérieure a* io Ç 27.
Jeunes? 'ï aille assez petite; ailes étroites, hyalines, réticulation
( (j5d )
brune, 25-27 anlécubilalcs. Corps brun foncé à reflets cuivre rouge
clair. Une ligne humérale et trois latérales étroites au thorax, jau-
nâtres. Pieds et dessous du corps brun foncé ; base du 2*^ article des
antennes brun livide.
o^ Le bout des ailes inférieures (l"'"''/2) grisâtre. Appendices
supérieurs très-peu courbés, villeux eu dehors, mais sans épines
distinctes. La dilatation niédiane interne non échancrée, prolongée
au bout où elle est séparée de Textrémité des appendices par une
excision étroite très-profonde. Le bout des appendices dilaté en de-
dans, presque aplati. Appendices inférieurs ayant le (juart des supé-
rieurs, recourbés en haut (formes peut-être altérées).
Ô Réticulation roussàtre, excepté la nervure costale.
Patrie : Probablement de Bahia ou de la Guiane.
N. B. Les exemplaires sont jeunes. Cependant le mâle diffère
certainement de Yœnca par sa taille plus forte et la profonde et
étroite échancrure entre la dilatation médiane des appendices su-
périeurs et leur bout élargi; enfin le nuage gris apical des ailes
inférieures n'a pas la forme dune gouttelette isolée. La femelle de
même provenance, aussi grande que celle de la cwpraca, est remar-
quable par sa réticulation roussàtre.
Cette espèce est voisine de la hyalina par la coloration du bout
des ailes inférieures du mâle, mais chez la Injalina les ailes sont
proportionnellement plus longues et Tabdomen est noir mat.
54''* UeTAERIXA PERITEX, Dc Sclv?:.
</ Abdomen 29. Aile inférieure 25.
Taille très-petite. 14-19 anlécubilalcs. Tubercules de locciput
presque nuls.
o* Tache basale des supérieures commençant à la sous-costale,
dépassant de 2 cellules le quadrilatère où elle est un peu arrondie
en dehors j celle des inférieures le dépassant d'une cellule, non
échancrée en dehors et touchant le bord postérieur dans sa moitié
basale. Lèvre supérieure noire; épistome, dessus de la tête, pro-
thorax et thorax bronzé cuivreux, ce dernier avec vestige de trois
lignes latérales jaunâtres, très-foncés. Appendices anals supérieurs à
dilatation médiane large , échancrée au bout , où elle se termine par
( 6S6 )
une petite dent aiguë j les inférieurs moitié plus courts, amincis au
bout. Pieds noirs.
2 Inconnue.
Pairie : Para. (Coll. Selys.)
N. B. C'est probablement une race de la simplex , dont elle ne
diffère que par la tache basale rouge des ailes plus étendues, et nor)
échaneréc aux inférieures.
ôi""" Hetaerina dli'Lex , De Selys.
Abdomen o* iO; $ 32; aile supérieure cT 50-51 5 ^^•
Taille assez petite. 26-30 antécubitalcs. Tubercules de l'occiput
dislincls.
o* Tache basale et quadrilatère à réticulation excessivement
fine, la tache des supérieures commençant h la sous-costale ou même
à la costale, dépassant beaucoup le quadrilatère et finissant aux
deux tiers (quelquefois h la moitié) de l'espace de la base au nodus
où elle est droite ou un peu courbée en dehors ; celle des inférieures
dépassant aussi h quadrilatère, concave en dedans par un pi'olonge-
ment supérieur brun, qui approche du nodus, occupant en dessous
plusieurs rangs sous le quadrilatère. Lèvre supérieure noire; épistome
dessus de la tête, prothorax et thorax noir bronze, ce dernier avec
une ligne humérale et trois latérales jaunâtres fines, mais bien dis-
tinctes. Appendices supérieurs noirâtres, plus longs que le 10*^^ seg-
ment, peu courbés, à dilatation médiane large, subtriangulaire,
suivie d'une petite dent. Les inférieurs moitié plus courts, amincis
au bout.
9 Analogue à celle de la simplex. Distincte par sa taille, les
tubercules postoculaires et les 28 nervules antécubitalcs.
Patrie : Bogota. (Coll. Selys.)
iV. B. Le mâle est distinct de la simplex par la taille plus forte,
la grande étendue des taches basales rouges des ailes, la réticula-
tion de ces taches très-compliquée.
Il ressemble à la vulnerata pour la taille, les taches rouges et
leur réticulation, mais en est tout différent par les pieds noirs cl la
coloration du corps.
(6o7 )
oO''' [Addition). IIetaerina basai. is, Ila},'cii
Je crois qu'il faut rapporter à la hasalis (qui ne semble être elle-
même qu'une race de Vamericana) Vllelaerina scokrala de M. Benj.
Walsii (Procced. Eut. Soc. Philad. , i8C5) décrite d'après un mâle
unique, pris sur le Rock River (Illinois). 11 est notable par son i)té-
rostigma petit, noir; mais je possède un exemplaire analogue du
Mexique, et l'on sait combien le ptérostigma est variable dans ce
groupe.
Il est même assez probable que Vil. californica (Synop. 4^9"'') n'est
qu'une aberration de la hasalis iawi à fait dépourvue de ptérostigma.
50 [Addition). IIetaerina amerigana , Fab.
M. Benj. Walsh a décrit sous le nom de //. pseudo-ameHcana
(Proc. Soc. Eut. Philad., 1865, p. 225) une fhtaerina de Rock
River (Illinois), que je ne puis pas séparer de Vamericana. La taclie
basale rouge des ailes inférieures du mâle n'envahit pas ( même à la
base) l'espace costal, et aux ailes inférieures l'espace postcostal
est très-simpleraent réticulé. Je possède des exemplaires de Guate-
mala et de la Nouvelle-Orléans qui, sous ces deux rapports, sont
intermédiaires entre ceux de M. Walsh et le type.
Je soupçonne aussi d'être une aberration de Vamericana, Vil.
texana B. Walsh ( Loco cit., p. 227), décrite d'après un seul mâle ,
qui différerait de la pseudo-ainericana par la large dent interne des
appendices supérieurs émarginée et non convexe; et par le ptéros-
tigma très-court à une aile, nul aux trois autres, où sa place est mar-
quée par une ou deux nervules plus fortes.
526-«. Betaerima LiMBATA, De Sclvs.
Il y a lieu d'admettre comme espèce celte IJctaerina que j'avais
signalée comme race de la tricolor (Syn., n" 32).
J'y rapporte comme légère variété VII. rupamncnds , Benj. Walsh
( Proc. Ent. Soc. Philad., 1802, p. 250).
Le mâle a tache basale rouge des ailes supérieures plus courte,
s'arrêtant au quadrilatère, et ne touchant le bord postérieur qu'à
son extrême base. Le bout des inférieures est peu limbe de brun.
( 658 )
La femelle (que je ne connaissais pas lors de la publication du
Sj/nopsis) (lifTèrc de celle de la trkolor par le ptérosligma blanc,
très-petit, et une l)ande antéhumérale vert métallique divisée en
deux taches. Abdomen 35-54""". Aile inférieure 50-51.
Commune à Rock River (Illinois), par M. Walsh.
C'est avec quelque hésitation que je suis disposé à rapporter aussi
à la limhata comme variété accidentelle et jeune 17/. rupinsulensis
Benj. Walsh (Proceed. Acad. Philad., septembre 180:2), dont Tab-
domen à 58""", et l'aile inférieure 51 5 décrite d'après un seul exem-
plaire mâle de Rock ïsland (Illinois), chez lequel les taches basâtes
des quatre ailes sont brunes (non rouges) et fort petites, n'atteignant
pas le quadrilatère.
S7*'* Hetaerina borchchavii, De Selys.
AbLlonien o* 49-52; $ 40,12. Aile inférieure. </ 5o-40 ; Ç 3o-36.
Taille très-grande. Ailes étroites, hyalines, avec un très petit
ptérosligma noirâtre 5 50-55 antécubitales aux supérieures. Corps
noir, passant au bronzé sur le thorax, brun chez les jeunes.
</ Adulte. Une gouttelette ovale noirâtre, aux ailes inférieures,
immédiatement avant le bout ; une tache basale noire aux quatre
ailes dans l'espace entre la sous-costale et la postcostale. Cette tache
est parfois réduite à un vestige qui ne dépasse pas la première ner-
vule basale antécubitale. D'autres fois elle est rendue fourchue par
deux prolongements, l'un entre la sous-costale et la médiane, l'autre
entre la sous-médiane et la postcostalc; le premier de ces prolonge-
ments est le plus long et peut aux supérieures arriver au niveau de
Tarculus et même au bout du quadrilatère aux inférieures chez le
mâle jeune. La gouttelette et la hache basale sont d'un brun pâle,
ainsi que le ptérostigma. Les grandes nervures roussâtres.
Abdomen très-long. Dilatation médiane des appendices supérieurs
cchancrée à angles obtus. Les inférieurs écartés, cylindriques, minces,
atteignant presque la moitié des supérieurs.
$ Abdomen plus court, ailes un peu salies. Les deux premiers
articles des antennes, deux taches à la lèvre supérieure et une aux
coins de la bouche jaunes.
Pairie : Los environs de Tijuca, près de Rio-.laneiro, où plusieurs
( 639 )
couples ont été recueillis par M. le comte Paul de Borcligrave
(rAllena. ministre de Holgiquc au Brésil, qui a bien voulu me les
offrir avec beaucoup d'autres Odonales rares, à son retour en Europe.
N. B. Celte espèce magnifique imite la Laïs glolnfcr, dont elle se
distingue de suite par la présence d'un ptérostigma. Le mâle s'en
sépare, en outre, par la petite taclie basale noire des ailes, par la
réticulation compliquée de l'espace basai post-costal des ailes supé-
rieures et par Tabsence du tubercule globuleux sous le premier scg~
ment de Tabdomen. Il est tout différent des autres Hetaerina à pté-
rostigma par Tabsence des taches basales rouges aux ailes.
La pudka parmi les Laïs présente par ses ailes rouges une excep-
tion en sens inverse, de sorte que je trouve que les Lah ne diffèrent
pas assez des Hetaerina pour conserver le rang de sous-genre.
S-"^ légion. — EIPHAEA.
01 [Addilion). Epam.age fatime, Cliarp.
Abdomen o* 53; $ 31. Aile inférieure o* Si $ 3G.
Ailes hyalines, le bout presque subitement noir, à partir de Tex-
trémité du ptérostigma, qui est long de 4™™.
o" Appendices anals supérieurs un peu plus longs que le dernier
segment, épais, subitement et complètement coudés vers le bas dans
leur partie terminale, et munis d'un tubercule en dessous à leur
premier tiers. Les inférieurs un tiers plus courts, épais, écartés, sub-
cylindriques, un peu relevés au bout, où ils touchent presque la
pointe penchée des supérieurs.
Patrie : Ce complément de description est fait d'après un couple
de Grèce, provenant de M. Krûper. Ces exemplaires ressemblent à
la femelle type de Charpentier par le noir du bout des ailes.
N. B. Chez des exemplaires de Davas (Asie Mineure), le bout des
ailes est noirâtre depuis le commencement du ptérostigma. Peut-être
forment-ils une race que Ton pourrait nommer anatolica.
Quoique possédant les mêmes éléments que ceux de l'E. indica.
( 660 )
les appendices anals du mâle en diffèrent beaucoup, quant à la direc-
tion de leurs diverses parties, comme les ailes en diffèrent aussi par
le secteur principal non-contigu h la nervure médiane.
Qù'i"'"'. Elphaea formosa, Hajçen.
çf Ailes supérieures hyalines ; les inférieures vert métallique,
leur tiers basai hyalin.
9 Inconnue.
Patrie : Ile de Formose.
A'. B. Ce signalement trop bref est extrait d\ine lettre de M. Fïagen,
mais il n'y a pas de doute quUl ne s'agisse d'une Eiipham nouvelle, à
placer entre la tricolo)- et la dccorata, qui différera de fnco?or par les
ailes inférieures vert métallique, n'ayant que leur tiers basai hyalin.
70'^'» {Addi(ion). Dysphaea mmbata. De Selys.
Je l'ai regardée comme une race de la dimidiala. Un nouvel exa-
men me porte à la considérer comme espèce distincte. Chez tous les
exemplaires mâles, le noir opaque de la base des ailes et qui s'étend,
en général, jusqu'au plérosligma, est prolongé le long du bord cos-
tal de manière à occuper tout à fait l'espace entre la costale et la
médiane jusqu'au ptérostigma, où il rejoint le limbe noir terminal.
Les mêmes dessins (en gris pâle) se retrouvent indiqués chez la
femelle.
Genre HELIOCHARIS.
Les deux grands genres Uellncharis et Dictcrias doivent être
réunis en un seul {Dictcrias), d'après l'examen que M. Ilagen et moi
avons fait des types de M. Bâtes, le principal caractère distinctif
(espace basilaire réticidc) n'existant pas chez la nouvelle espèce, ou
race que je nomme Heliocharis libéra. Ce genre réduit à la condition
de sous-genre ne se distingue des Dic/criti.t que par ce qui suit :
l» Secteur médian naissant du principal une cellule environ après
le quadrilatère, iio?i contigu avec la nervure médiane. 2" Deux sec-
teurs supplémentaires interposés entre le bref et le supérieur du
triangle. 5" ordinairement Tespace basilaire réticulé.
( 661 )
La figure de l'aile dans la Monographie des Caloplérygincs
(planche V, f. 5) n'est pas très-bonne, il manque notamment Tun des
deux secteurs interposés dont je viens de parler, et le nodus devrait
être placé à la moitié de Taile.
71 {Addition). Heliociiauis amazoxa, De Selys.
o" Abdomen 31. Aile inférieure 28.
Le nodus placé à la moitié de l'aile. 4 nervules basilaires. (6-18
antécubitales et 16 posteubitales aux supérieures.
Devant du thorax vcrdâtre avec une raie à la suture dorsale, une
antéhumérale et une double humérale noirâtres. Le fond de la colo-
ration du corps vert-bleuâtre clair.
2 Inconnue.
Patrie : Para (à Santarem) par M. Bâtes. (Coll. Selys.)
IV"" Heliocharis LIBERA, De Selys.
Abdomen o* 35; 9 37. Aile inférieure, o* 30 $ 31.
Le nodus placé à mi-chemin de la base au ptérosligma. Espace
basilaire libre. 19-20 antécubitales et 22-23 postcubitales aux supé-
rieures.
o* Devant du thorax verdâtre, avec une raie à la suture dorsale,
une antéhumérale et une double humérale noires. Le fond de la colo-
ration du corps vert-clair bleuâtre.
2 Ailes très-salies. Le fond de la coloration du corps olivâtre.
Patrie: Para (à Santarem) par M. Bâtes.
N. B. Ce n'est probablement qu'une race, peut-être même une
aberration de Vamazona, car le mâle est semblable , si ce n'est que
sa taille est un peu plus forte, le nodus moins éloigné de la base des
ailes, celles-ci un peu plus étroites, leur espace basilaire libre, sans
nervules, et le nombre de nervules costales plus grand.
Chez la H. brasiliensis il n'y a qu'une seule nervule basilaire, et
l'espace postcostal offre, un peu avant son extrémité, trois rangs de
cellules, tandis qu'il n'y en a qu'un seul chez les //. amazona et
libéra.
2"*^ SÉRIE , TOME XXVII. 44
( 662 )
Peut-être la Diclcrias proccra (aJditions au Sx'nopsis n° 72'"') que
je n'ai pas vue en nature, est-elle identique avec V llcUoclutris libéra.
l'I {Mdiiion) DiCTERiAS ATROSANGUiiVEA, Dale.
2 AhdonitMi 22 Aile inférieure 20-22.
Très -analogue au mâle. Le ptcrostigma brun foncé. La couleur
rouge du corps remplacée par de l'olivâtre, nuance qui se retrouve
chez le mâle jeune.
Pa^ne .• Santarem , sur TAmazone, le Para, par M. Bâtes. (Coll.
Sel y s.)
3"'^ légion. — AMPIIIPTERYX.
Le nom de Dinevra, proj)Osc pour désigner un soiis-içcnrc
de VAmphipteryx, étant déjà employé dans la famille des Ten-
ihredinidaCj je propose de le remplacer par relui de Diphlchia.
(L'espcee est Diphlehia lestoïdes De Selys; d'Australie.)
4"*' Ucjlon. — LIBELLAGO.
87'"' Rhikocypha termiikata, De Selys.
Abdomen o' 17; $ 16. Aile inférieure 0"$ 23.
o' Ailes pointues très étroites. (Le nodus plus rapproché de la base
que du ptérostigma) hyalines un peu salies, le quart apical des supé-
rieures subitement noirâtre opaque, cette couleur un peu convexe en
dedans. Abdomen noir, les côtés bleu-clair jusqu'au 9™« segment; la
ba^e des 3-i avec une petite tache dorsale orangée; une fine ligne
antéhuméralc orangée finissant avant le haut du thorax.
2 Ailes hyalines un peu salies, les inférieures ayant le (juart apical
insensiblement brun, le bout extrême plus clair; ptérostigma noir,
le quart apical aux supérieures, le tiers aux inférieures, blanchâtre
intérieurement. Devant du thorax noir, excepté une raie antéhumé-
rale jaune, finissant avant le haut. Abdomen noir avec une double
bande maculaire jaune sur les côtés.
I
(1)65)
Prt/ne ; Les Moluqucs (par M. Lorqiiin). La femelle de Sula (par
M. VVallace). (Coll. Selys).
iV. B. A placer entre la pcrforala et Vhelerostirjma. DifTcre de la
pcrfnrata et des autres du même groupe par l'absence de taches
vitrées sur le brun terminal des ailes du mâle qui se sépare des es-
pèces du groupe de la tiiicta par ses ailes étroites. La femelle se sépare
de celles de la petiolata et do Vheterostigma par les dimensions com-
binées avec la répartition du brun sur l'aile inférieure, le point de
départ du bord postérieur, la coloration du devant du thorax. (Chez
lapeliolala $ le coin et la suture dorsale mésothoraciques sont jau-
nâtres ainsi qu'une raie humérale complète.)
Je suis porté à croire qu'il faut regarder comme une race plus forte
appartenant à la terminal a , la Wi. petiolata de M. Brauer {ZooL bot.
Gescllsch. Wicn., février 1866, exclus, syn. ), décrite d'après des
exemplaires de Ceram et Amboine, rapportés par le D"" Kaup. Ab-
domen <f 20 '/a 9 18. Aile inférieure c/ 26; $ 2;i.
89 {Jd(Ution). Rhi^iocypha tincta, Remel.
Abdomen </ 16. Aile inférieure a* 19.
o* Ailes un peu élargies (le nodus beaucoup plus rapproché de la
base que du ptérostigma) , hyalines un peu jaunâtres ; les deux tiers
terminaux subitement noirâtre-chatoyant; cette couleur commençant
par un angle interne avant le niveau du nodus; le bout des supérieures
un peu hyalin après le ptérostigma.
Abdomen noir, avec une bande latérale maculaire bleue jusqu'au
S'"»^ segment; le dessus du 2™*= bleu avec une tache dorsale en croix;
les 5""% 4r'"<^ et S"^^ avec de doubles taches basales bleues cunéiformes
divisées par l'arête dorsale, la pointe de ces taches arrivant à la
moitié des segments.
9 Ne la possédant pas, je ne puis dire précisément en quoi elle
diffère de celle de ses voisines semitincta et colorala.
Patrie : Ofîak ( par Dumont d'Urville ), 3îalaisie ( par Wallace ).
(Coll. Selys.)
N. B. Distincte de la semitincta par sa taille plus petite, les ailes
plus étroites, la partie basale hyaline encore moindre et surtout par
les taches dorsales bleues des 2-a'"'^ segments de l'abdomen.
( 664 )
89'"*. Rhinocypha colorata, Hagen.
o* Abdomen 16. Aile inférieure 20.
o" Ailes un peu élargies (le nodus beaucoup plus rapproché de la
base que du plérostigma) hyalines, un peu jaunâtres, la moitié finale
subitement noirâtre-chatoyant, celte couleur ne commençant que
5-6 cellules après le nodus, presque droite, à peine convexe en de-
dans. Le bout des supérieures un peu hyalin après le ptérostigma.
Abdomen noir, les côtés bleu clair jusqu'au 8""^ segment, ainsi qu'une
tache basale au Onif".
2 Je ne la possède pas.
Patrie : Manille (par Semper). (Coll. Hagcn et De Selys.) — Iles
Philippines, Batjan.
N. B. Dilfère de lincta et de semitincta par la partie opaque des
ailes ne commençant que 5-6 cellules après le nodus, de tincla, en
outre, par Tabsence de taches dorsales bleues h l'abdomen et de semi-
tincta par la petite taille et le bout des supérieures hyalin.
89'"^. Rhinocypha semitikgta, De Selys.
Rhinocypha TiNCTi, Dc Sclys monogr. Calept. (pari) excl. syn.
Abdomen o* 18-19 $ 16-19. Aile inférieure o' 21-21; $ 22-26.
Ailes un peu élargies ( le nodus plus rapproché de la base que du
ptérostigma).
(f Ailes hyalines lavées de jaunâtre, presque les deux tiers ter-
minau.t subitement noirâtre -chatoyant, y compris le bout. Cette
couleur commençant au nodus, ou un peu avant, convexe en dedans.
Abdomen noir avec une bande latérale maculaire bleue jusqu'au y'»*"
segment.
2 jeune. Les deux premiers tiers des ailes lavés dc brun clair*
Vient ensuite une large bande mal définie, brun foncé, s'arrétant
avant le plérostigma aux supérieures et l'atteignant aux inférieures;
le bout hyalin. Ptérostigma noir, sa moitié apicale jaune clair.
9 adulte. Le brun lavé sur la base des ailes plus foncé; passant au
brun upa(iue avant le nodus.
1
( 663 )
Pairie : Gilolo (Musée de Leyde). Iles Moluques (parM. Lor-
quin). (Coll. De Selys.)
N. B. Le mâle distinct des espèces voisines par la taille plus forte
et le brun opaque des ailes, existant jusqu'à leur extrémité.
Peut-être les Rh. tincta, semilincta et colorala ne forment-ils que
trois races locales d'une même espèce.
89'/""'^'. Rhinoctpha unicolor , Ilageii.
9 Abdomen environ 2i. Aile inférieure 51.
d* Inconnu.
9 Taille plus forte que celle des autres espèces, du moins quant à
la longueur des ailes dont l'envergure est de 64"""'. La longueur du
corps est de 33.
Patrie : Manille.
N. B. J'extrais ce court renseignement d'une lettre de M. Hagen.
Ce serait la plus grande espèce du genre.
90^"'"'. MiCROHERUSFiNALiS; Hagen.
(f Abdomen environ 20. Aile inférieure 22.
Ailes supérieures hyalines; leur extrémité noire, leur base jaune.
Ailes inférieures jaunâtres. Longueur totale 28"'™. Envergure 48.
9 Inconnue.
Patrie : Ceyian.
N. B. Cet extrait d'une lettre de M. Hagen indique une espèce
distincte des autres par ses ailes inférieures jaunes.
90'". MicROMERUS STicTiciis, De Selys.
o* Abdomen 13. Aile inférieure 17.
C'est le mâle de Bornéo que j'ai reçu de M. Wallace et que j'ai
déjà signalé aux Additions comme différant légèrement du stigma-
tirans dont il est probablement une race locale. Il s'en distingue par
des taches latérales jaunes aux 6« et 7"= segments, et par les bandes
latérales de même couleur au thorax.
( 666 )
90*«;"f'», MicROMERUS xanthocyanus, Dc Selys.
o^ Abdomen 15-16, Aile inférieure 17-19.
o* Ptérostigma noir, surmontant ù~i cellules (nul aux ailes supé-
rieures). La tache noire apicalc de celles-ci de 5 ' ^'""S "" PC" P'us
longue que large, ayant le cinquième de la longueur de Taile; 0-7
nervules antécubitales. Quatre points orangés au-dessus de la tête
et un médian au lobe postérieur du prothorax. Protubérance dc
répistome noir acier sans taches. Raie antéhuniéralc orangée,
très-étroite, Thuméralc réduite à un vestige supérieur, les latérales
presque oblitérées. Abdomen noir en-dessous. En-dessus le premier
segment a une tache latérale claire ; les 2-5« bleu clair avec les
articulations largement noires j les 0-8*- orangés en avant, noirs
dans presque leur moitié finale 5 les 9-1 0<= noirs avec un cercle étroit
basai orangé. Pieds noirs.
2 Inconnue.
Patrie : Moluques (Lorquin), Célèbes (Mus, de Lcyde). Coll. Selys.
N. fi. Diffère du hlandus par le dessus des 2-S« segments bleu
sans points postérieurs noirs aux côtés dc l'arête dorsale.
Se sépare de Vauraniiacus par les mêmes caractères et, en outre,
par la taille plus forte et le dessus des 8-9<= segments noir sans taches
orangées.
91 {Addition). Micromerus lineatl's. Burn.
Chez le mâle très-jeune il n'y a aucun vestige de noir au bout des
ailes supérieures.
b' légion. — TIIORE.
En 1855 et en 185i, lorsque je pul)liai le Synopsis et la
Monographie des Caloptérygines, je ne connaissais que sept
espèces de h\ légion des Titore, et pour quatre d'entre elles le
niàlc seul était connu. Cependant je me hasardai à proposer
(le diviser en trois sous-genres le grand genre y'Aorc qui, à
lui seul, constitue toute la légion. Aujourd hui j'ai sous les
( ««7 )
veux un gmiid nombre d'exemplaires eomj>renant une cjuiii-
zaine d'espcees et les deux sexes de la plupart d entre elles.
Une révision de mon premier travail est nécessaire et fera
mieux saisir les caractères des nouvelles espèces.
La légion (et le grand genre) 7V/orc comprend, à elle seule,
la seconde division du Caioptérygines, celles que j'ai nommées
irréguiuras : « les deux secteurs de Tarculus naissant en-
semble de son sommet supérieur, ce qui rend le quadrilatère
irrégulier, le côté interne étant beaucoup plus long que l'ex-
terne, le supérieur concave.
» Nervules costales et sous- costales en nombre presque
égal, nombreuses, les secondes ne correspondant pas généra-
lement avec les premières. — Ptérostigma long, épais, pointu
en-dedans, où il cesse de toucher la côte. Quadrilatère réti-
culé, plus court que l'espace basilaire, qui est également
réticulé. 2*= secteur du triangle ayant trois rameaux. Ailes pé-
tiolées.
» Épistome ordinaire, non saillant. Abdomen long, cylin-
drique. Pieds courts.
» Chez le mâle le 10'^ segment court , tronqué et relevé
au milieu. Appendices peu courbés, les inférieurs rudimen-
taires. »
Patrie : Amérique tropicale.
En 1855 j'ai proposé la division du genre Tliore en trois
sous-genres. 11 m'a paru nécessaire d'en créer un quatrième
et de caractériser d'une manière plus précise les groupes infé-
rieurs.
Le tableau synoptique ci-après fera bien saisir la division
en quatre sous-genres et renferme lindication comparée de
leurs principaux caractères dislinctifs.
( 668)
LÉGION ET GRAND GENRE THORE.
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I
( 669 )
1er aous-genre. — CHALCOPTERYX, De Selys.
(Voir les caractères au tableau synoj)ti(iue.)
Patrie : La région du Para.
94 (rectifiée). Chalcopteryx rutilais, Ramb.
Rhinocvpha RUTILA^s , Ramb.
Abdomen 24-25. Aile inférieure 16-17.
Ptérostigma dilaté (long de 2""" aux supérieures et de 1 ^2 aux
inférieures), son côté inférieur ayant sept fois la longueur de Tcx-
terne qui est un peu oblique. Environ 25 antécubitales et 35 post-
cubitales.
o* Ailes supérieures hyalines un peu verdâtres, les inférieures
plus courtes, très-arrondics, très-dilatées au bout, opaques métalli-
ques; changeant en vert, violet et cuivre brillant. Corps noirâtre;
lèvre supérieure en grande partie orangée; thorax ayant en avant
deux bandes submédianes et une ligne humérale rouge orangé et de
chaque côté trois lignes jaunes.
2 Semblable, mais le bout des ailes hyalin après le ptérostigma
ainsi que leur base avant le nodus; Tcspace entre la sous-costale et la
médiane restant toutefois brun.
Pairie : Santarem sur TAmazone, Para, par M. Baies, etc. (Coll.
Selys, Hagen, Dale, etc.)
2rae sous-genre. — THOI\E, Hagew.
(Voir les caractères au tableau synoptique.)
Patrie : L'Amérique méridionale équatoriale, notamment la
Bolivie, le haut Pérou , Venezuela , l'Amazone (et Bahia??).
94*"- Thore VICTORIA , Mac Lacblan. Entom. monthl. magaz. 1869.
o* Abdomen 52. Aile inférieure 48.
Ptérostigma dilaté noirâtre, surmontant environ 16 cellules, à
côté inférieur ayant cinq fois la longueur de Texterne qui est
oblique; environ 50 antécubitales et 80 postcubitales aux supé-
(670)
Heures. Le nodus beaucoup plus rapproché de la base que du pté-
rosligma. Réticulation blanc-jaunâtre dans les parties blanches des
ailes.
Le dernier tiers des ailes noir-acier chatoyant, cette couleur
concave intérieurement commençant à mi-chemin environ du nodus
au ptérostigma; les deux premiers tiers des ailes d'un blanc laiteux
jaunâtre demi-transparent; cette partie marquée aux ailes inférieures
d'une bande transverse brun-clair qui commence sous le nodus et
aboutit à la moitié du bord postérieur en restant à peu près parallèle
a la couleur noir-acier du bout des ailes. Un vestige brun au centre
des ailes supérieures entre les secteurs médian et bref.
Deux grandes taches jaunes à la lèvre supérieure. Pieds noirâtres.
Thorax noir avec cinq lignes jaunes étroites de chaque côté.
2 Inconnue.
Pairie : La Bolivie. Un mâle unique de la collection de M. Mac
Lachlan.
N. B. La plus grande espèce connue. Diffère de tous les autres
mâles de Thorc par la direction régulièrement concave à l'intérieur
de la partie opaque noirâtre du tiers final des ailes et de la bande
brune transverse médiane qui lui est parallèle aux ailes inférieures.
9a (rectifié). Thore gigaivtea , De Selys.
Abdomen o* 42-51 ; $ 38. Aile inlerieure o* 55-45; $ 50.
Le nodus plus près de la base que du ptérostigma qui est dilaté,
brun jaunâtre surmontant environ 18 cellules (12-1 i chez la fe-
melle), à côté inférieur ayant cinq fois la longueur de l'externe qui
est oblique. Environ 50 antécubitales et 85 postcubitales aux supé-
rieures (00 chez la femelle). Deux très-petites taches jaunâtres à la
lèvre supérieure. Pieds noirâtres.
o* Le premier tiers des ailes hyalin jusqu'au nodus, le reste
noirâtre-acier chatoyant, cette couleur irrégulièrement concave à
l'intérieur.
(f jeune. La partie semi-opaque des ailes d'un brun chatoyant.
2 Les ailes un peu enfumées, hyalines avec une bande trans-
versc brune (plus foncée et bleu irisé au centre), concave en
( C71 )
dedans, commençant après le nodus, s'arrctant à nii-cliemiii du
nodus au ptcrosligma, le bout des ailes bordé de brun enfumé à
partir du plérosligma.
Pairie : Le Chimborazo. (Coll. Selys.)
N. B. Très-variable de taille. Le mâle reconnaissable à la grande
étendue de la partie opaque noirâtre qui occupe les deux tiers ter-
minaux des ailes depuis le nodus; la femelle a la bande transverse
médiane obscure qui commence après le nodus.
9o*", Race? Thore procera. De Selys,
Abdomen, o* i3-50; Ç 58. Aile inférieure o* 5o-i5, § 37.
N'est peut-être qu'une variété de lu ghjnnlea. Le mâle en diflère
parce que la partie opaque terminale des ailes ne conmience qu'au
tiers de l'espace entre le nodus et le ptérostigma et laisse ainsi byalins
les deux cinquièmes des ailes à partir de leur base. Le nombre des
ncrvules antécubitales est moindre (environ 70).
Chez les femelles la bande transverse ne commence aussi qu'après
le nodus et elle est bordée intérieurement d'une bande bleue laiteuse
à partir du nodus, aussi bien chez l'adulte (à bande Iransverse acier
irisé) que chez le jeune âge (à bande semi-transparente et à ptéros-
tigma enfumé).
Patrie : Bogota (par Lindig). Coll. Selys.
97 {Rectifié). Thore Saundersii , De SeJys.
Abdomen </ 58- il ; $ 53. Aile inférieure cf 55-57; $ 55-54.
Le nodus plus près de la base que du ptérostigma qui est dilaté
noir (a*) brun au centre ($) à côté inférieur ayant quatre fois la
longueur de l'externe qui est peu oblique, surmontant environ
15-20 cellules (o*) 9-15 ($); 45 à 50 antécubitales aux supérieures
54-60 postcubitales.
o* Ailes hyalines jusqu'à mi-chcniin du nodus en ptérostigma,
traversées ensuite par une bande blanc-laiteux opaque presque droite.
Le quart final des ailes noirâtre, h reflets chatoyants. Deux grandes
taches jaunes à la lèvre supérieure. Pieds noirâtres; fémurs livides
intérieurement.
( 672 )
Ç Le bout des ailes hyalin à partir du commencement du ptéros-
tigma, ce qui transforme le noirâtre en bande transverse , mais le
bord apical limbe de brun obscur.
Patrie : Pcba, sur le haut Amazone (par M. Hauxwell). (Coll.
Mac Lachlan.) — L'Amazone (par M. Bâtes). (Coll. Saunders.)
N. B. Le mâle, facile à reconnaître par le peu d'étendue de l'es-
pace noirâtre apical des ailes; la femelle, par la position analogue
de la bande noirâtre transverse.
96. (Rectifié). Thore picta , Ramb.
EupHOEA PICTA , Ramb, n» 4.
Abdomen 0*40-47; $ ôo-38. Aile inférieure o* 32-40; V 36-58.
Le nodus plus près de la base que du ptérostigma qui est dilaté ,
brun foncé (grisâtre chez les jeunes), h côté inférieur ayant quatre
fois la longueur de l'externe qui est peu oblique, surmontant
i 1-15 cellules. Il y a 42-55 antécubitales et 60 postcubitalcs chez le
mâle; 46 à 50 antécubitales et 50 à 60 postcubitales chez la fe-
melle.
d" ^ jeunes. Ailes enfumées avec une bande transverse étroite,
presque droite, opaque blanc-laiteux, placée un peu plus près du
nodus que du ptérostigma (plus large aux ailes inférieures). Lèvre
supérieure jaunâtre, plus ou moins traversée de noirâtre. Pieds noi-
râtres, fémurs livides avec une bande externe noirâtre. Le dessous
du thorax et cinq larges raies de chaque côté jaunâtres; une sixième
étroite, isolée entre la submédiane et l'humérale.
a* Adulte. Les ailes depuis le nodus jusqu'à la bande blanche et
depuis celle-ci jusqu'au bout d'un noirâtre à reflets violets.
$ Adulte. La bande transversc laiteuse des ailes bordée surtout en
dehors par un espace brun , mal arrêté.
Patrie : Éga sur le haut Amazone (par M. Bâtes). (Collection
Sclys.)
A^. D. Remarquable par la bande blanche droite des quatre ailes
semblable dans les deux sexes, et par la raie jaunâtre supplémentaire
existante chez le mâle.
Il est bon de faire remarquer que le type de la picta de M. Rambur
( 675 )
est indiqué de Cayenne, et un autre du Brésil , et que je n'ai plus sous
les yeux ces deux exemplaires pour pouvoir les identifier avec certi-
tude entière avec ma picta.
93"'. Race? Thore Vittata, De Selys.
d" Adulte. Abdomen 57. Aile iuféiieure 5i.
Nodus plus près de la hase que du ptérosligma qui est dilaté brun
foncé, à côté inférieur quatre fois aussi long que rexterne, surmontant
11-12 cellules; 56-40 antécubitales et 44-46 postcubitales aux ailes
supérieures. Ailes jaunâtres enfumées jusqu'au nodus, brun noirâtre
opaque à reflets bleu violet ensuite, avec une bande transverse étroite
presque droite, jaunâtre, enfumée et irisée. Lèvre supérieure jaunâtre,
bordée et presque traversée de noir. Dessous du thorax et cinq raies
de chaque côté , jaune verdâtre. (Pas de sixième raie intermédiaire
en avant). Pieds noirs. Fémurs livides avec une bande externe noi-
râtre.
9 Inconnue.
Patrie : Éga sur ie haut Amazone (par M. Bâtes). (Collect. Sclys.)
D'après un seul mâle.
N. B. Peut-être est-ce un individu très-adulte de la picta. Je le sé-
pare provisoirement, parce que la raie surnuméraire jaunâtre du tho-
rax manque et que le nombre des nervulcs costales est beaucoup
moindre.
La taille générale est celle des plus petites picta.
96"^'. Thore Batesi, De Selys.
Abdomen d" 37-40; $ 29-30. Aile inférieure cf 5 1-35; $ 28-29.
Le nodus plus près de la base que du ptérostigma qui est dilaté
brun noirâtre (gris chez le jeune), à côté inférieur ayant trois fois la
longueur de Texterne, surmontant 7-8 cellules; 58-42 antécubitales et
50-52 postcubitales chez le mâle; 55 antécubitales et 55-44 postcu-
bitalcschez la femelle aux ailes supérieures.
o^Ç Jeunes. Ailes enfumées à reflets irisés avec une bande trans-
verse, large, opaque, blanc laiteux commençant un peu après le nodus,
cette bande un peu sinueuse en dedans , à peine courbée en dehors.
( 674 )
Chez la femelle cette bande est plus étroite et souvent réduite à une
longue tache ovale ne touchant pas les bords. Le bout des ailes est
d'un gris plus foncé que le reste, surtout contre la bande. Lèvre supé-
rieure jaunâtre, entourée et parfois traversée de noir; cinq raies
jaunâtres de chaque côté du thorax. Pieds brun-noirâtre, intérieur
des fémurs livide.
0*9 /hluUes. La bande transverse des ailes devient d'un jaune
orangé, vif chez le mâle (moins brillant chez la femelle); la partie
terminale après la bande devient brun foncé opaque (le bout des
ailes restant un peu transparent chez la femelle).
Pairie : Saint-Paulo sur le haut Amazone (par M. Bâtes). (Gollcct.
Selys.)
N. B. Rappelle la picta par ses ailes colorées semblablement chez
les deux sexes. Elle en diffère par la taille moindre, la bande Irans-
verse plus large d'inégale largeur, le ptérostigma plus court, la rélicu-
lation plus simple, l'absence de sixième raie jaune au thorax. Sous ce
dernier rapport comme sous celui de la taille, elle ressemble davantage
à la race villata, mais cette dernière a la bande transverse très-étroile
irisée, la réticulation encore plus simple et le ptérostigma plus long,
surmontant plus de cellules.
9G''\ UaceP Thore inaequalis, De Selys.
$ Abdomen 55. Aile inférieure 55
Taille de la T. Batesi , coloratic
AO antécubitales, 18 postcubitales. Différant de la T. Batesi femelle
parce que l'aile supérieure est sans bande opaque, seulement un peu
plus obscur sous le nodus. Se séparant de la beala femelle adulte par
la taille et par la bande jaune laiteuse des inférieures plus large.
Pairie : Fonte Boa, haut Amazone (par M. Bâtes). (Collection
Selys.)
OC?"'"'. Thore BEATA, Mac Laclilan. Entom. monlhl. mnrjaz. IS69.
Abdomen o* 54-57; 9 51. Aile inlerieiue <f 28-50 ; $ 50.
Le nodus plus rapproché de, la base que du pléroslignia qui est
brun foncé, dilaté, à c«'»té inférieur ayant trois fois la longueur de
(673 )
rcxtcrnc qui est droit, surmontant six cellules; oi-iO anlécubilalcs
et i3-i4 postcubitales chez le mâle; oS-iO antécubilales et 45-47 post-
cubitales chez la femelle.
o'Ç Jciinos ? Ailes hyalines un peu jaunâtres, les inférieures ayant
une large bande transverse médiane, droite, blanc laiteux opa((ue.
Chez le màlc cette bande a pour centre le nodus et occupe le
second quart des ailes. Chez la femelle elle est moitié moins lai'ge,
ne commençant qu'au nodus. Lèvre supérieure jaune bordée et tra-
versée de noir. Thorax avec cinq raies jaunâtres larges de chaque
côté. Pieds noirâtres; intérieur des fémurs brun-clair.
$ JduUe? Ailes d'un brun jaunâtre, la bande opaque des infé-
rieures est jaune d'ocre terne, bordé d'un brun foncé presque
opaque.
Patrie: Peba, haut Amazone (par M. Hauxwell). (Coll. Selys et
Mac Lachlan.)
N. Ti. Remarquable par sa petite taille. Très-voisine de la
T. Batesi. Les deux sexes en diffèrent, outre la taille, parce que les
ailes supérieures sont hyalines , sans bande transverse.
Cependant la race inacqnalis, fondée sur une femelle ayant la
stature de la Th. Batesi, présente le même caractère d'avoir les ailes
supérieures dépourvues de bande opaque.
2« Sous-genre. — EUTHORE, De Selys, iSfiO.
Thoue Hagen, Selys (pars) Olim.
(Voir les caractères au tableau synoptique.)
Je crois nécessaire de créer ce nouveau sous-genre pour
classer les espèces formant le troisième groupe des Tïiore
dans le Synopsis, et le second dans la Monographie. Je m'y
suis décidé en remarquant que parmi les nervules antccubi-
tales il y en a deux plus fortes que les autres repondant aux
deux nervules qui seules existent chez les Agrioîiines. L'une
sert d'origine à Varculiis , l'autre est placée entre celle-ci et
la base de l'aile. Ce caractère est très-fixe, et quoique en ap-
parence peu important, il est précieux pour séparer les
(676)
femelles des Eulhore de celles des T}iore proprement dites
qui leur ressemblent tant. En effet, chez les trois autres
sous-genres il n'existe qtiune seule nervule anlëcubitale plus
forte que les autres, celle au-dessus de Varculits.
Le caractère des deux nervuîes chez Xas Eulhore coïncide,
du reste, avec d'autres: elles diffèrent effectivement des Thore
par l'absence de secteurs interposés enlre le bref et le premier
du triangle et par la position du nodus à mi-chemin de la
base au ptérostigma (caractères qui les rapprochent des Cora)
par les ailes élargies au milieu plutôt qu'au bout, et par un
plus grand nombre de cellules pentagonales.
Les Eulhore diffèrent des Cora par la présence des deux
antécubitales plus fortes, les ailes larges au milieu, le ptéros-
tigma dilaté, la coloration générale du corps.
Pairie : Venezuela (et Bahia??).
98 {rectifié). Euthore fasciata , Uagen.
Abdomen o" 59-42; $ 55. Aile inférieure o" 50-52; $ 51.
Le nodus à mi-chemin de la base au ptérostigma qui est brun
noirâtre un peu dilaté, à côté inférieur ayant quatre fois la longueur
de rextcrne qui est oblique, surmontant 6-8 cellules; 55-55 anté-
cubitales et 58-iO postcubitales aux ailes supérieures.
a* Ailes dilatées au milieu; le premier quart basai et le bord
costal de leur moitié hyalins. Le milieu blanc opaque jusqu'à un peu
après le nodus. Vient ensuite une large bande transverse noir-acier
chatoyant, droite des deux côtés, qui finit au ptérostigma ou un peu
après. Le bout des ailes hyalin un peu sali. Lèvre supérieure, tête,
pieds et thorax noirâtres, ce dernier avec cinq lignes livides étroites
de chaque côté.
9 Ailes hyalines salies. Les supérieures avec une petite tache
arrondie brune après et en dessous du nodus; les inférieures ayant,
à partir du nodus, une bande transverse opaque blanc-laiteux
accolée à une large bande brun chatoyant, qui s'arrête de façon à
laisser le dernier tiers de l'aile hyalin sali. Lèvre supérieure brune,
entourée et traversée de noir. Les cin j raies latérales du thorax
(677)
plus larges, une sixième isolée étroite entre la subniédianc et Tliu-
mérale.
Patrie : Venezuela, Puerto Cabello. (Coll. Selys.)
N. B. Le mâle est remarquable par la large bande transversc
noirâtre des quatre ailes; la femelle par la coloration différente des
ailes supérieures. La forme des ptérostigma, la position du nodus et
surtout la présence de deux nervules antécubitales plus fortes la
différencient des femelles du S. G. Thore, qui lui ressemblent par la
coloration générale.
99'"' {Rectifiée). Elthore fastigiata, De Selys.
(/ Abdomen 40-44. Aile inférieure 28-51.
Le nodus plus éloigné de la base que du ptérostigma, qui est brun-
noirâtre plus clair au centre, un peu dilaté, à côté inférieur ayant
quatre fois la longueur de rexternc, qui est oblique, surmontant
sept cellules ; 55-58 antécubitales et 54-58 postcubitalcs aux ailes
supérieures.
d* Ailes un peu dilatées au milieu, hyalines dans leur premier
tiers et le long de la côte, blanc laiteux opaque dans le restant, excepté
le bout qui est noirâtre chatoyant. Cette couleur aux ailes supé-
rieures ne commence qu'au milieu du ptérostigma et la pointe ex-
trême après le ptérostigma est hyaline. Aux inférieures Tespacc
noir commence avant le ptérostigma, est coupé droit en dedans, et
occupe le cinquième terminal de Faile. Lèvre supérieure noire, avec
deux marques brunes. Thorax noirâtre avec cinq raies de chaque
côté et le vestige d'une sixième entre les submédianes et Thuméralc
olivâtres.
$ Inconnue.
Pairie : Bogota (par Lindig). Coll. Selys.
A^. B. Distincte des autres par la position reculée du nodus et par
la couleur blanche, s'étcndant jusqu'au ptérostigma.
99 {Rectifiée). Eutîiore iiyalixa, De Selys.
Abdomen o* 58-40. Ç 56. Aile inférieure o* 50-55 ; Ç 54.
Le nodus à rai-chemin de la base au ptérostigma, qui est noirâtre,
(;,") brun, (c^) un peu dilaté, à côté inférieur ayant quatre fois la
2™'' SÉÏilE, TOME XXVII. 4a
l 678 )
longueur de rcxternc, qui est oblique, surmontant 6-7 cellules;
33 antécubitales et 58- i5 postcubitales aux supérieures. Ailes assez
étroites hyalines un peu jaunâtres, surtout à la côte; le limbe ter-
minal à peine sali. Lèvre supérieure tête et thorax noirâtres. Ce
dernier avec cinq lignes livides de chaque côté.
9 Semblable au mâle, excepté le plérostigma qui est brun.
Patrie : Bogota (par Lindig). Bahia ? ? (Coll. Sclys.)
A^ B. Distincte de toutes les autres par les ailes en entier hya-
lines et semblables dans les deux sexes.
4"^ sous-genre. COUA, De Selys.
(Voir les caractères au tableau synoptique).
Pairie : Venezuela. Mexique. Brésil.
Ce sous -genre c^t celui qui parmi les quatre du grand
genre Thore est le plus étendu géograj)hiquen)('nl, mais les
espèces paraissent très-localisées.
100'"'. CoRA cnAsiiiE^siS; Haj^fcn.
o' $. Intermédiaire pour les caractères entre les Cora et les Thore.
Patrie : Brésil. (Coll. Hagcn.)
A'^. B. Je ne possède pas de description de cette espèce, qui est
probablement voisine de la marina du Mexique, mais d'après Tha-
bilat si oppose, on ne peut douter ({uc les deux espèces ne soient
différentes.
100''"-. Cora mariiv^, De Selys. Annales Soc. Eut. TieUj. 1S68.
o" Abdomen 36-38. Aile inférieure 31-32.
Le nodus placé à la moitié de Tailc, beaucoup plus éloigné de la
base que du ptérostigma qui est noirâtre, clair au centre, long
de 3 '/a "*'", non dilaté, à côté inférieur ayant douze fois la longueur
de rexterne (pii est oblique, surmontant 10 cellules, iO-i;2 antécu-
bitales, 30 postcubitales aux supérieures. Trois secteurs supplé-
mentaires interposés entre le premier et le second du triangle, ce
dernier régulièrement et longuement trifurqué.
( «7«) )
•b Semi-adulte. Ailes enfumées, lavées de brun-clair dans leur
seconde moitié, surtout à leur milieu. Rhinarium noirâtre. Quatre
taches rondes verdâtres entre les yeux.
o* Plus jeune. Ailes lavées de brun jaunâtre plus clair. Pléros-
tigma olivâtre.
9 Inconnue.
Patrie : Orizaba, au Mexique (Coll. Selys.)
N. B. Distincte des autres espèces par la grande taille, la position
reculée du nodus, les secteurs interposés, le nombre de ncrvules
costales et la coloration de la tète mentionnés plus haut.
Abdomen 55-5i'""\ Aile inférieure 26-27.
Le nodus placé entre la base de Taile et Textrémité du ptérostigma
(qui est long de o'""' ) non dilaté noirâtre, surmontant C-7 cellules ,
à côté inférieur ayant douze fois la longueur de rcxterne qui est
oblique; 50-52 antécubitales et 2l-2i postcubitales aux supérieures.
Un rudiment de secteur supplémentaire interposé entre le premier
et le second du triangle. Ce dernier régulièrement Irifurqué.
a* Semi-adulte. Ailes uniformément lavées de jaune d'ocre pâli.
Face jaune, le front traversé de noir. Dessus de la tête noir sans
taches.
9 Inconnue.
Patrie : Venezuela (par Appun). (Coll. Selys, Hagen.)
A'. /?. Distincte de la cyane par la taille plus forte et le 2*^ secteur
du triangle à trois rameaux réguliers. Peut-être n'est-ce qu'une race.
100 {rectifiée). Cora cyane. De Seljs.
Abdomen environ 32. Aile inférieure 23.
Le nodus placé entre la base de l'aile et l'extrémité du ptérostigma
qui est long de 2^2™"'» peu dilaté, noirâtre, surmontant G-7 cellules,
à côté supérieur ayant douze fois la longueur de l'externe qui est
oblique; 28 antécubitales et 21 postcubitales aux supérieures. Un
rudiment de secteur supplémentaire interposé entre le 1" et le 2*' du
triangle; ce dernier secteur incomplètement trifurqué.
I
( 680 )
o* Ailes hyalines un peu jaunâtres le long de la cote. Face jaune;
le Iront traversé de noir. Dessus de la tête noir sans taches.
9 Inconnue.
Patrie : V'enezuela. (Coll. Selys et Mus. brit.)
A^. B. Distincte par la troisième branche du secteur inférieur du
triangle qui est rudimentaire.
lOO'/"'"'- CoRA MODESTA, De Selys.
9 Abdomen environ :28. Aile inférieure 23.
<f Inconnu.
Ç Jeune. Le nodus place entre la base et l'origine du ptcrostigma
qui est olivâtre, assez épais, long de 4 '/a"'"^ à côté inférieur ayant
quatre fois la longueur de Texterne qui est peu oblique; surmontant
5-G cellules. 27 antccubitales; 21-23 postcubitales aux supérieures.
Ailes hyalines plus larges que chez les autres espèces, un peu lavées
d'ocracé à la côte. Un rudiment de secteur supplémentaire inter-
posé entre le premier et le second du triangle ; ce dernier secteur
régulièrement trifurqué. Face olivâtre. Dessus de la tête noir avec
quatre petites taches jaunâtres. Thorax olivâtre avec la suture méso-
thoracique noire, une large bande entre elle et Thumérale et des
latérales brunes.
Patrie: Bogota. (Coll. Selys.)
N. B. Je ne crois pas que ce soit la femelle de Vincana ni de la
cyane, parce que le ptérostigma est plus court et le nodus placé
plus près de la base des ailes.
Elle diffère davantage encore de la hrcmlicnsis et de la marina.
Sur une baleinoptère échouée clans VEscaut au ))iois de
înai 1869, notice par M. P.-J. Van Bcnoden, iiieiiibir
(le l'Académie.
Le jetidi soir 15 mai de cette année, on aperçut à ren-
trée de TEscaut, non loin de Flessingno, un énorme
célacé (|iie Ton prit d'abord pour un corps inanimé Ilot-
\
(681 )
tant, mais qui lut bientôt reconnu pour un animal vivant,
au bruit extraordinaire qu'il produisait à la surface de l'eau.
Après avoir essuyé plusieurs coups de l'eu, il alla échouer
pendant la nuit sur le banc de Caloot.
Le 21 mai, ce cétacé a été vendu publiquement, et des
habitants de Terneuzen l'ont acheté pour la somme de
500 florins. 11 a été remorqué jusqu'à Terneuzen où il a
été visité, pendant une quinzaine de jours, par des milliers
de personnes.
C'est une baleine appartenant, comme la nageoire dor-
sale l'indique, au genre Balaenoptera et, à en juger par les
caractères extérieurs, à l'espèce connue généralement au-
jourd'hui sous le nom de Balaenoplera musculus, la seule
qui pénètre dans la Méditerranée. C'est le Rorqual de la
Méditerranée de Cuvier, le Physahts anliqiiorum du doc-
teur Gray, la Balaenoptera commuais d'Eschricht et de
moi, la rjewoone Vinfisch des baleiniers hollandais.
C'est à la môme espèce que se rapporte l'individu qui
a été capturé par les pêcheurs de Texel il y a quelques
années, ainsi que le remarquable squelette de l'animal
gigantesque qui a été trouvé mort en mer par les pêcheurs
d'Ostende en 1827.
Comme nous avons fait l'acquisition du squelette de cet
animal, nous pourrons donner plus tard la description des
principaux os de cet individu, et mon fils compte faire
connaître ses observations sur quelques viscères, qu'il est
heureusement parvenu à sauver au milieu de cette masse
informe et putride que les vagues lui ont disputée pendant
plusieurs jours. Nous nous bornerons à cette seule re-
marque, que la première côte est parfaitement biceps à
droite et à gauche, et que ce fait vient singulièrement
à l'appui de la thèse que nous défendons contre ceux qui
( 682 )
ont voulu trouver des caractères d'une grande importance
dans la Ijifidité de cet os. — Cette première côte porte deux
cartilages à son extrémité sternale.
M. Dewalque annonce que Ton a découvert à Vielsalm
un échantillon de cuivre natif, en partie caverneux et
pesant deux à trois kilogrammes. Cet échantillon, dont
M. Dewalque a vu une partie aux mains de M. M. Fro-
mont, ingénieur civil, a été rencontré dans les travaux
exécutés pour une distribution d'eau sur la place même
du village. On a fait des recherches à cette occasion, mais
elles n'ont fourni que quelques veines de malachite.
Roches usées avec cannelures de la vallée de la grande Geele;
note par M. C. Malaise, correspondant de l'Académie.
Il y a environ un an, M. Van Horen signalait à l'Aca-
démie, dans une Note sur quelques points relatifs à la
(jéoloçjie des environs de Tirlemont (I), Texistence do
roches polies et striées.
« Un grand nombre de blocs et de fragments de quart-
zites landeniens de la tranchée de Bost, dit l'auteur (2),
sont luisants sur une ou plusieurs de leurs faces, et quel-
ques-uns même portent sur l'une d'elles un système de
cannelures ou stries, en général, droites ou parallèles. »
(I) Bulletins de V Académie royale de Dcli/lque, l. XXV, i>'' série, p. Oio.
(-2) Loc. cil., p. 058.
( 685 )
Les blocs de qiiarlzite à faces luisantes, marquées ou
non d'ondulations, se rencontrent aussi bien dans les car-
rières qu'à la tranchée de Bost; mais dans cette dernière
localité seulement, M. Van Horen leur a trouvé des stries
et des moulures érodées (1).
L'auieur ne voit d'explication possible de ce phénomène
que dans l'action des glaces flottantes entraînées par de
puissantes débâcles (2). M. d'Omalius d'IIalloy, dans son
rapport sur ce travail (5), dit qu'il ne partage pas l'opi-
nion de M. Van Horen, qui attribue à l'action des glaces
les faces luisantes que l'on observe sur quelques blocs de
grès. Tandis que M. Van Horen croit que ce luisant se
trouve sur les faces de stratification, M. d'Omalius est
porté à croire qu'il n'existe que sur des faces de fissures,
et que des blocs où l'on voit des faces polies sur le dessus
ont été renversés. « Tout en convenant qu'il est très-dif-
hcile d'expliquer l'origine de ce luisant, je dis, ajoute
M. d'Omalius, que l'opinion qui me paraît la plus probable
est de l'attribuer, soit à un enduit très-mince qui s'est
étendu sur le grès, soit à un commencement de dissolu-
tion qui aurait modifié sa surface. Cette manière de voir
me paraît appuyée sur la circonstance qu'il y a quelque-
fois de petits fragments de matières étrangères qui sont
soudées sur le grès et qui sont également devenues lui-
santes. »
Je viens de trouver également des roches usées et can-
nelées sur les bords de la grande Geete, près de l'an-
(1) Loc. cit., p. 659,660.
(2) Loc. cit., p. 662.
(5) Rapport de iM. d'Omalius sur la noie de M. Van Horen. {Bulle-
tinSyi.XW, 2<= série, p. 616-617).
( 684 )
cienne abbaye do la Ramée-lez-JauchclcUc, localité située
à environ 10 kilomètres SSO. de Bost, et j'ai l'bonncur de
soumettre à la classe les observations que j'y ai faites.
Les roches de la Ramée sont des quartzites appartenant
au terrain silurien du Brabant, et leurs débris ont même
été entraînés jusqu'à Bost, où leur aspect les a fait prendre
par M. Yan Horen (i) pour des roches reviniennes avec
lesquelles elles ont, d'ailleurs, une très-grande ressem-
blance. Si je me permets cette réflexion , c'est dans le but
de démontrer que les quartzites anciens du dépôt cail-
louteux de Bost proviennent, selon toute probabilité, plutôt
des roches siluriennes du Brabant, dont elles sont, du reste,
très-rapprochées, que de celles de l'Ardenne.
On voit sur la rive gauche de la Geete, au SO. de la
Ramée, et à deux mètres environ au-dessus du niveau de la
rivière, un bloc de quartzite qui peut bien mesurer trois à
quatre mètres cubes et dont les faces sont polies dans toutes
les directions. A quelques mètres de là, on trouve des quart-
zites siluriens, verdàtres, rougeâtres et grisâtres, présen-
tant des faces polies; un de ces affleurements est perpen-
diculaire à la direction de la Geete, et une de ses faces qui
lui est, au contraire, parallèle et inclinée dans le sens du
courant, est cannelée dans la même direction. Ces canne-
lures, toutes parallèles, ont environ 0"' ,02 de largeur; elles
rappellent assez bien les empreintes de certains Sigilla-
rias. Ces roches ne se trouvent pas non plus à un niveau
bien supérieur à celui de la rivière. La plupart des quart-
zites siluriens de la vallée de la Geete présentent, entre
Jauchelette et la Ramée, des surfaces usées.
(1) Loc. cit., |). 016.
( 685 )
Quant à la nature du vernis, il ne m'a offert que de la
silice comme dans le reste de la roche.
Ajoutons que nous avons trouvé, non loin de la roche
cannelée, dans le dépôt caillouteux de la base du limon,
un silex en forme de couteau dont une partie est légère-
ment vernissée.
Cette roche cannelée ne serait-elle pas un reste d'une
barre diluvienne d'une époque ancienne, alors que la Geete,
ayant une largeur plus grande et un courant plus puissant,
atteignait un niveau plus élevé et plaçait sur les hauteurs
ses dépôts caillouteux et limoneux? Les cailloux passant
sur cette barre n ont-ils pu produire les cannelures? et le
poli des roches quartzeuses n'est-il pas dû au Irottement et
à l'action érosive des eaux?
Piecherches sur l'isomérie dans la série saikijiiquc , par
M. Louis Henry, correspondant de l'Académie.
DEUXIÈME PARTIE.
Action du pentabromnre de phosphore sur divers composés
salicyliques.
Nous avons fait connaître dans une précédente notice (1)
les produits de l'action du penlachlorure de phosphore sur
l'aldéhyde salicylique; l'analogie parfaite qui existe entre
ce composé et le pentabromnre de phosphore, analogie
(1) Bulletins de l' Académie de Belgique, ^^c série, t. XXVll, p 202,
( 686 )
que l'expérience n'a fait que confirmer jusqu'à présent,
nous portait à prévoir que le pentabromure Vh Br^^ réagi-
rait de la même manière; dans le but d'obtenir des dérivés
salicyliques bromes encore inconnus aujourd'hui, nous en
avons essayé l'action sur Vnldéhyde et Vacide salicylique
ainsi que sur le salicijlate de méllnjle. Quel(iuc légitimes
que fussent nos prévisions, l'expérience ne les a nullement
confirmées: sur ces diverses combinaisons, le pentabromure
de phosphore réagit comme du brome libre et du tribro-
mure P/iB/'s, en donnant le composé primitif simplement
brome.
Aldéhyde salicylique monobromée Co H3 B^jc^o
On verse l'aldéhyde salicylique petit à petit sur le pen-
tabromure P/i Brs; une réaction assez vive, quoique moins
énergique qu'avec le pentachlorure, se produit déjà dès la
température ordinaire; il se dégage abondamment des Ai-
mées d'acide bromhydrique. Le liquide, fortement coloré
en brun, produit de cette réaction, a été immédiatement
traité par l'eau pour décomposer l'oxybromure Vh Br- 0
qui, suivant nos prévisions, avait dû se former.
Il reste après ce traitement une masse solide, de couleur
violacée, cassante, qui est l'aldéhyde salicylique mono-
bromée. On l'a recristallisée à différentes reprises dans
l'alcool et décolorée à l'acide du noir animal.
Cristallisé dans l'éther par évaporation spontanée, ce
corps constitue des paillettes ou lamelles dentelées sur
les bords et se groupant en faisceaux. Ces cristaux sont
brillants et très-cassanls.
( 687 )
Il se Tond à dS^-dd" et se congèle avant 9o". Il est tout à
l'ait insoluble dans l'eau, mais il se dissout fort bien dans
l'alcool, l'clher, le sulfure de carbone, etc.
Sa solution alcoolique se colore en violet intense par
l'addition du chlorure ferrique Fe^ C/,-,.
L'acide azotique fumant le dissout sans dégagement
gazeux; mais l'eau ne précipite presque rien de cette dis-
solution.
0"',25i4 de cette substance nous ont fourni 0"%220^
de bromure d'argent, ce qui correspond à 39,97 7o ^^^
brome; la formule Co H3 Br j"[Jq en demande 59,80 '%.
Acide salicyiique monobi'omé €,3 H5 Br L,qj^jq
Sur une molécule d'acide salicyiique, nous avons fait
réagir deux molécules de pentabromure. L'acide n'est pas
attaqué à froid, mais, par une légère élévation de tempé-
rature, il se produit une réaction fort énergique ; toute la
masse se fond en un liquide rouge foncé et il se dégage
abondamment de l'acide brombydrique.
Par le refroidissement il s'est déposé au sein de ce li-
quide une petite quantité de pentabromure.
Le tout a été traité par l'eau pour décomposer à la fois
le bromure de l'acide bromosalycique , ainsi que l'oxybro-
mure Ph Er^ 0, qui auraient dû ou pu se former.
Par son refroidissement, l'eau qui a servi à ce traitement
donne une certaine quantité de cristaux en aiguilles d'acide
bromosalicylique.
On obtient ainsi une masse liquide huileuse, brunâtre,
plus dense que l'eau , qui ne tarde pas à se solidiher.
( 688 )
Ce produit a été dissous dans i'alcool et décoloré par
le noir animal; il se sépare de cette dissolution, de même
que de la dissolution éthérée, par évaporation spontanée,
des cristaux en aiguilles d'acide bromosalicylique, mais sur-
tout une huile épaisse qui se solidifie avec le temps en for-
mant une masse poisseuse translucide, devenant de plus
en plus dure, avec une certaine tendance à prendre l'état
cristallin. Ce corps est insoluble dans l'eau , mais fort so-
luble dans l'alcool et l'éther; le carbonate sodique ne le dis-
sout pas, même à la température de l'ébullition; il se dis-
sout facilement à chaud dans les alcalis caustiques; l'acide
chlorhydrique précipite de cette dissolution des flocons
blancs d'acide bromosalicylique. Sous l'action de l'eau
seule ou du carbonate sodique, par une longue ébulli-
tion, il se transforme aussi en acide bromosalicylique.
Comme nous n'avons pas obtenu ce produit à l'état cris-
tallin, nous ne nous sommes pas arrêté à l'analyser, mais
cet ensemble de propriétés que nous venons d'indiquer ne
peut nous laisser aucun doute sur sa nature : c'est évidem-
ment un anhydride bromosalici/lique.
I/acide bromosalicylique que l'on en obtient, est iden-
tique avec l'acide bromosalicylique, produit directement
par l'action du brome sur l'acide salicylique.
11 cristallise de l'eau bouillante en petites aiguilles; il
est très-soluble dans l'alcool et l'éther; il se fond à
i64''-165'*, et se congèle vers ISO^-ISS"; à cette même
température il se sublime déjà en donnant de longues
aiguilles, transparentes, brillantes.
Sa solution alcoolique se colore en violet intense par
l'addition du chlorure ferrique.
0^',r)7o^ de substance nous ont donné O^^o^IS de bro-
( 689 )
nuire d 'argent ; ce qm correspond à 3G,49 7o de brome;
la formule C,i ÏI3 B/JÎ!|J„Qen demande 5G,8G.
Il résulte donc de nos expériences que l'acide salicylique
donne tout à la fois, sous l'action du pentabromure de phos-
phore, de l'ucide bi'omosalicyliquc, mais surtout de l'anhy-
dride bromosalicylique.
Ces résultats ne concordent pas avec les indications
données par M. Hûbner (1), qui dit avoir obtenu, dans les
mêmes circonstances, de l'acide salicylique non altéré ou
plutôt non modifié. L'acide bromosalicylique cristallisé de
l'eau ne diffère pas extérieurement de l'acide salicylique
et, de plus, sa solution se colore comme celie de celui-ci
en violet par le perchlorure de fer; nous présumons donc
que le produit obtenu par M. Ilûbner n'aura pas été ana-
lysé.
iHO
CO CH ) 0
Sur une molécule de salicylate de méthyle, nous avons
fait réagir une molécule de pentabromure. il n'y a pas d'ac-
tion à froid, et il est nécessaire de chauffer légèrement; il
se produit un vif dégagement d'acide bromhydrique.
Nous avons opéré comme précédemment; le liquide
rouge, produit de la réaction, est traité par l'eau; on en
obtient une huile épaisse brunâtre qui, lavée au carbonate
sodique, s'est immédiatement solidifiée au contact de l'acide
chlorhydrique.
L'eau qui a servi au traitement du produit brut laisse
(1) Annalen der Chem. uml Pharm., l. CXLIII, p. 2o1. Année 1867,
( 690 )
déposer par son refroidissement nne petite quantité de cris-
taux en aiguilles d'acide broniosalicylique. L'addition de
l'acide chlorliydrique à la solution de carbonate sodique,
qui a servi à laver le produit, précipite également des flo-
cons blancs de ce même acide.
Le produit principal de cette réaction est du brorao-
salicylate de méthyle.
La masse solide, brune et amorphe de ce corps a été
dissoute dans l'alcool chaud et décolorée par le noir ani-
mal. Cette solution laisse déposer par le refroidissement et
par évapor.ation une huile qui se concrète après quelque
temps en petites aiguilles formant des groupes mame-
lonnés assez considérables.
Ce corps se fond à 56^-57" et bout sans décomposition
à 265"- 266* (non corrigé), en donnant un liquide incolore
qui se prend de suite en une masse cristalline, formée de
petites aiguilles. Sa solution alcoolique ou éthérée se co-
lore en violet intense par l'addition du chlorure ferrique.
0"'",2922 de ce corps ont fourni 0"',2586 de bromure
d'argent, ce qui correspond à 34-,59 "L de brome; la for-
mule Co H5 Br lco(CH3)0 e»i ^^'§<^ ^^'^^•
Ces divers dosages' de brome ont été faits par M. le
D' Bronislas Radziszewski.
Dans une communication ultérieure, nous nous propo-
sons d'étudier quelques-uns des dérivés halogènes et nilrés
de Tacide salicylique.
( ()91
Ueclierc/œs sin- les dérivés éf/iérês des aridvs ef des alcools
polijalonu'<iu('s, par M. [.oiiis Ilcnry, corresponclanl do
rAcadémio
PREMIÈRE PARTIE.
CO — Cl
Chlorure d'élhylglycolhjle. ^^^-^^ ^ ^^
Le composé (C.2 H^O) C/^, que l'on désigne habituelle-
ment sous le nom de chlorure de (jbjcollyle ou la dichlor-
, , . , ,,. co"-c/. , , ,. , , . ,
hydrine (jhjcolhque t _ ii est, en réalité , que le chlo-
rure de l'acide monochloracétique ou le chlorure d'acéujle
monochloré (QH^C/O) C/; c'est ce que prouve, en effet,
l'action décomposante qu'il subit de la part de l'eau et
des alcools.
Quant au véritable chlorure de l'acide glycollique,
(C2H.2O HO)C/, propre à régénérer sous l'action de l'eau
l'acide glycollique lui-même, ou la monocldor hydrine glij-
CO— a . ., ,
colltque, I ce corps est encore inconnu, et il n v a
^ CH2~H0 ' ^
guère d'espoir d'arriver à l'obtenir, pas plus que les
monochlorures ou monochlorhydrines des acides biba-
siques, eu égard à la facilité avec laquelle les chlorures
des radicaux négatifs se décomposent au contact de l'eau
et des alcools, le côté acide CO G/ de la molécule de ce
corps devant réagir sur le côté alcoolique CH.) HO pour
CO
donner l'anhvdride givcollique 1 >o.
Nous nous sommes proposé de combler cette lacune
dans la série des combinaisons glycolliques, en préparant
( 692 )
co c/
le chlorure d'élhyle glycollyle : i,^ _^^ ^^ ^, l'acide éthyl-
glycollique f:î! Jl!\ équivaut, en effet, à l'acide gly-
collique et le représente parrailcment.
Entre le glycollate diethylique i„ '„ ^, et le mo-
iiocîiloroacéiate d'élliyle existe identiquement la même
différence de composition et les mêmes rapports qu'entre
co — Cl
le chlorure d'acétyle monochloré i __ ^ et le chlorure d'é-
co*^c/ eu. 2 Cl
thylgiycollyle i' 11 était dès lors légitime de cou-
dure qu'entre ces deux derniers corps existerait la môme
différence de volatilité qu'entre les deux premiers; le
chlorure d'éthylglycollyle devait, d'après ce calcul, bouillir
à 128" ou aux environs de cette température.
ÉBl'LLITION. ÉBLLLITION.
CO-C.II.O ^ CO~G/
CH.— C. 11,0 CH2— C;
Ghjcollale diélhylique. Chlorure d'aiélijle )m)wchloré.
VA], -Cl *'■' CH^-C.TI.O
MonochloroacéUde délhijle.
Différence 13°. Différence \ô'\
Cette circonstance probable devant rendre impossible
ou fort difficile la séparation du chlorure d'élhylglycollyle
d'avec l'oxychlorure de phosphore bouillant comme l'on
sait vers 110-120", nous avons employé, pour le pré-
parer, non le pentachlorure P/iC/^, mais bien le Irichlo-
rure Vh C/3.
L'acide dont nous nous sommes servi avait été préparé sui-
( G95 )
vaiU la méthode indiquée en dernier lieu par iM. ïîeinlz (1).
Il avait distillé d'une manière constante à la température
de !20G"' à 207«.
Nous avons fait réagir sur un poids correspondant à
trois molécules d'acide, environ deux molécules de tri-
chlorure. L'opération se l'ait dans une petite cornue tu-
hulée, munie d'un thermomètre et mise en communication
avec un réfrigérant de Liebig, d'abord renversé et que
Ton redresse ensuite pendant la distillation.
L'acide élhylglycollique n'est pas attaqué à froid par le
chlorure phosphoreux , mais seulement sous l'action d'une
légère élévation de température; il se dégage assez ahon-
damnient de l'acide chlorhydrique; soumis à la distilla-
tion, le liquide presque tout entier passe de MO'' à 115°;
il reste dans la cornue une masse jaune poisseuse, comme
dans la préparation du chlorure d'acétyle.
A la suite de quelques rectifications, on obtient aisé-
ment du produit brut de cette distillation, le chlorure
d'éthylglycollyle à l'état de pureté.
Ce chlorure constitue un liquide incolore, limpide,
mobile; d'une odeur très-forte, piquante, assez analogue
à celle du chlorure de benzoyle, et excitant à un assez
haut degré le larmoiement. Il bout sans décomposition à
1970.128'' (non corrigé). Sa densité à -h 15° est égale
à 1,1452.
Il réagit vivement sur l'alcool et l'ammoniaque en don-
nant les produits ordinaires des chlorures acides.
Il ne fume que modérément à l'air ordinaire. Projeté
(1) Voir Annalen der Pliijs. und Chem., l. CXI, p. 552, année 1860.
S""'' SÉRIE, TOME XXVII. 46
i
( 694 )
dans Tea», il tombe au fond en l'ormanl des goullcs hui-
leuses qui disparaissent et se dissolvent peu à peu.
Nous nous sommes borné dans l'analyse de ce corps
à déterminer le chlore, en précipitant par l'azotate d'ar-
gent sa solution aqueuse.
I. 0-'. o,loî2 de substance nous ont fourni 0"'. 5,082 de
chlorure d'argent.
H. 0"^ 7,274 de substance ont donné 0^^ 8,181 de
chlorure d'argent.
Ces chiffres correspondent à
CALCULÉ
TROIVÉ
CoH.O— C.H.O-
-a
1. II.
C, — iH
59,18.
)< — 1)
H: - 7
5,71.
« — ))
0, - Ô-2
.
>■) rt
a ~ 35,5
28,98
-28,89. — 28,8.i.
1i1i,o.
Remarquons que de même que l'acide éthylglycollique
C^FLO j (, jj Q est isomère avec le glycollate d'éthyle
C.2H2OJ ^'q'^ , le chlorure C^H^OJ I^^jjq est isomère
avec l'éther monochloracétique C2 H^ 0 \ cj^""^
Ce chlorure nous permettra, croyons-nous, d'obtenir
plusieurs combinaisons diglycolliques, intéressantes au
point de vue général de l'isomérie : c'est le manque de
matière qui nous a empêché jusqu'ici de les préparer, le
mauvais temps qui règne depuis quelques semaines ne
nous ayant pas laissé lé libre usage du soleil , si nécessaire
pour obtenir l'acide monochloracétique.
Celte notice fait partie d'un ensemble de recherches
que nous avons entreprises sur les dérivés éthérés des
( 695 )
acides et des alcools pol} atomiques. Les considérations
suivantes feront aisément comprendre la pensée qui nous
les a inspirées et le but que nous poursuivons.
A côté. des combinaisons purement hydrogénées se
placent naturellement, dans les classifications chimiques,
les combinaisons mél/ujlées, éthylées , etc., correspon-
dantes. Les groupements méthyle CH3 , étliyle C-, H^, etc.?
sortes dliydrogènes composés , sont atomiquement et fonc-
tionnellenient d'une équivalence parfaite avec l'hydrogène
proprement dit.
Il est seulement à remarquer que les groupements
CH3,C2H5, etc., peut-être parce qu'ils sont moins électro-
positifs que l'hydrogène ou parce qu'ils sont moins volatils,
déterminent des combinaisons plus stables en général et
souvent plus faciles à obtenir que les combinaisons pure-
ment hydrogénées.
Quelles qu'en soient la cause et l'explication, la chimie
fournit de nombreux exemples à l'appui de ce fait général
que nous venons de signaler.
C'est ainsi qu'un assez grand nombre d'hydrures mé-
talloïdiques et surtout d'hydrures métalliques, encore in-
connus, peu connus à l'état de pureté ou difficiles à
obtenir comme tels , sont très-bien représentés par leurs
correspondants méthylés, éihylés, etc.; c'est le cas, à
différents degrés, pour le sélénium, le tellure, l'arsenic,
l'antimoine, le bismuth, le silicium, le bore, l'élain, les
métaux alcalins, le magnésium, le zinc, le cadmium,
l'aluminium, le plomb, le mercure, etc.
On observe des relations de stabilité analogues, dans les
composés dans lesquels on est convenu d'en admettre
l'existence, entre VJiydroxyle (HO) et les groupements
équivalents méthoxyle (CH3O), éthoxyle (C.2 H^O), etc.
( ()9G )
Les dérivés alcooliques, méthylés, élliylés, etc., ou les
élliers, sont eu général plus stables que les acides corres-
pondants à l'état de liberté.
Ce qui est plus important encore, c'est qu'un nombre
assez notable de combinaisons simplement bydroxylées
nous sont encore inconnues, tandis qu'existent les com-
binaisons analogues, mélboxylées, étboxylées, etc., sou-
vent faciles à obtenir et à préparer à l'étal de pureté.
il ne sera pas inutile d'appuyer ces diverses assertions
sur quelques exemples (1) :
COMBINAISONS INCONNUES
CO M D 1 N \ I SON S CO N N U E ^
H,S03.
(C2H5),S03.
ylcide sulfureux.
Sulfite d'élhijle.
(H S 0,) a.
{C.,U,SO.,)CI.
Chlorure de l'acide sulfureux.
Chlorure de l'acide élhylsulfureux.
H3 Vh 0.
(C.Hs^gP/lO.
U.XsO
(C H3^3 Xs 0.
U^SbO.
(lîoAj;). S/;0.
(H P"A 0) CL,.
{C,i\.p"/i0)(:i,{2).
Chlorure de i acide photiphoreux.
H3B0.
(C, \hh Bo.
H3B0O,.
(C^n.^noo,.
H3B0O3.
{^^'■2^5^Z^>0 0..
CO(H 0)2.
(C()((:,H,0i2.
Acide carbonique.
™ ! l"i'o.
^^^I^t-^O).
Chlorocarbonate d'éthijle.
(1) Nous avons joint dans cello lislo, aux conil)inaisons li^dioxyléos,
(luelfiucs aulios composés, clilorurcs, oxydes, etc., dont rexistcnco peut
éj,'alemenl èUe citée à l'appui de la dKïeience de stabilité que nous signa-
lons onU'C les dérivés purement hydrogénés et les dérivés élhérés.
{'2) Menscliutkine, ZeHsrhrift fUr Cliemie y t. II , nouvelle série, p. (m.
( mi
C (H 0),.
Acide orlho-carboniquc.
C(C,H,0),.
Ortho-carbonate d'etliyle (1)
G H (H 0^3.
Glycérine forminique.
Formiate tri éthylique ["l).
C,H3(H0)3.
Glycérine acétylénique.
Èther hiélhoxylique.
''2H3 , Cl.
Éther chloréthoxyliqtie ( i).
Si (H 0),.
Acide orthosilicique.
Si(C,H,0),.
U.SiO,.
Acide mélasilicique.
((:,iys/03.
HeS/,0,.
Bisiliiate hexoéthyUque (5;
H,S/(>,.
(C,H,)3HS/03.
Éther silicoformique. (6).
Tandis que riiydroxyie, alcoolique ou acide, est lacile-
ment attaqué par le tri et le pentachlorure de phosphore,
que i'hydroxyle dans les alcools l'est de plus par les hydra-
cides halogènes, les groupements mélhoxyle (CH5O) et
éthoxyle (C2H:jO) présentent, en général, à l'action de ces
divers corps, une grande force de résistance.
C'est ainsi que l'éther snlfurique , le benzoate d'éthyle (7)
(1) Basset, Annal, der Chem. und Pharm., t. CXXXII, p. oi.
(-2) Kay et Williamson , ibid., t. XCII, p. 546.
(5) Lieben, ibi'L, t. CXLVI , p. 190 (année 1868).
(4) Lieben, Ann. der Chem. und Pharm , t. CXLVI , p. 193.
(5) Friedel et Crafts, Bulletin de la Société chim. de Paris, t. V, p. 259
(année 1863).
(6) Friedel et Ladeiibiirg, Bull, de la Soc. chimique de Paris , t. VJl,
p. 3-23.
(7) Cahours, voir Gerhardl, Traité de chimie organique, l. III, p. 223-
— Reboiil et Lourenço, Comptes rendus, l. LU, p. 466.
( 698 )
ne sont pas attaqués par le chlorure phosphorique, que la
diéthyline glycérique CsHo j |h'o/^^' sous l'action de ce
corps est transformée en chloro-éthylineCsH^ ^ ^.^
Ces diverses circonstances, en ce qui concerne spéciale-
ment la stabilité et la force de résistance des groupements
(CH5O), (C^IiiiO), etc., ne nous paraissent pas avoir été
jusqu'ici suffisamment remarquées par les chimistes; en
tout cas, ces propriétés sont susceptibles de recevoir une
application beaucoup plus large que celle qu'elles ont
reçue jusqu'à présent.
Nous comptons les mettre à protit pour réaliser diverses
transformations parmi les composés, alcooliques et acides,
polyatomiques, et pour préparer diverses combinaisons
propres à combler des lacunes aujourd'hui existantes dans
les classifications chimiques.
Nous rendrons compte, dans une prochaine notice, de
l'action du pentachlorure et du pentabromure de phos-
phore sur divers éthers d'acides polyatomiques.
Recherches sur les dérivés de l'acide phényl- acétique
(a loluiqiie), par le docteur Bronislas Radziszewski ,
répétiteur de chimie générale à l'Université de Louvain.
DEUXIÈME PARTIE.
Dans la première partie de mon travail (1), j'ai exposé
les vues théoriques qui m'ont engagé à entreprendre une
série de recherches sur l'acide phényl-acétique. Il serait
(1) Dullctins de l'Académie, l. XXVI, p. '2\)ô.
( 699 )
sans aucun intérêt d'y revenir encore une fois. Je me bor-
nerai donc à décrire les nouveaux faits que j'ai constatés
depuis lors, tout en me réservant la continuation de mes
recherches sur le même corps, dans le but de résoudre le
prol)lème que je me suis posé.
Voici la liste des nouveaux corps dont la description fera
l'objet principal de la présente notice:
1 . Acide phényl-acéliquc C^ H5— CH^^CO (OU).
2. Acide parabromo-phényl-acélique C^ II4 | _(;if — CO(OH)
( Br
5. Acide parabromo-nilro-pliényl-acéliquc Ce H5 \ ^^2
{ -cH,— co(on).
4. Acide phényl-biomacétique CfiH^— CHBr— CO (OH).
b. Acide parachloro-phényl-acélique ^^6^4 ) _CH, — CO(OH).
6. Acide paranilro-phényl-acétique Cg H^ | ^_ri\ — qq (qh)
7. Acide binilro-phényl-acélique Cg H3 j ILcîi — co (OH)
8. Acide paraamido-phéiiji-acétique C^ H4 j _(fH— CO(OU)
9. Acide paraazo-pliényl-acélique ^^6^4 I IScn — CO(0[i')
1. Acide PHÉNYL-ACÉTIQUE.
J'ai préparé ce corps d'après le procédé de M. Canniz-
zaro. Si l'on a soin d'éliminer par filtration la Iribenzyla-
mine qui se forme toujours par l'action du chlorure de
benzyle sur le cyanure de potassium du commerce, on
obtient l'acide phényl-acétique assez pur pour qu'il soit
inutile de le transformer en sel barytique comme Findiquc
iM. Cannizzaro; il suffit de recristalliser cet acide deux ou*
trois fois, pour l'avoir dans un état de pureté absolue. Le
rendement dépend évidemment de la qualité du cyanure
( 700)
de potassium employé. Toutefois, les préparations les
mieux réussies ne m'ont donné qu'environ 6 parties d'a-
cide pour 10 parties de chlorure de benzyle, ce qui est
loin d'être satisfaisant.
L'acide obtenu par ce procédé fond à 77° et bout à
26o°C. J'étais donc dans l'erreur en mettant en doute pré-
cédemment (1) l'identité de ce corps avec le produit de
réaction de l'hydrogène naissant sur l'acide phényl-chlor-
acélique.
L'éther méi/ryliquc de l'acide phényl-acétique s'obtient
facilement, en saturant la solution de cet acide dans l'es-
prit de bois par l'acide chlorhydrique gazeux. On l'extrait
de là et on le purifie par le procédé ordinaire.
C'est un corps liquide, incolore, doué d'une odeur
agréable, mais un peu piquante. Sa densité spécifique à
16"C a été trouvée 1,044. Il bout sans décomposition à
220"C (non corrigé).
L'éther élliyliqiie s'obtient comme le précédent. C'est
un cor[)s liquide, de la densité spécifique 1,051 (à IG^C).
11 bout sans décomposition à î226*'C (non corrigé). Par
l'action de l'acide nitrique fumant il se transforme en
paranitro-phényl-acétate d'éthyle qui est décrit plus loin.
2. Acide parabromo-phényl-acétique.
Le brome réagit très-vivement sur l'acide phényl-acé-
tique, en dégageant de l'acide bromhydrique. Pour mo-
dérer la réaction, on fait arriver le brome goutte à goutte
sur l'acide, dans un petit ballon plongé dans l'eau froide.
(1) Bullclins lie F académie . t. XXVI , p. 209.
( 701 )
Lorsqu'on a versé la quantité de brome correspondant
à léqualion
Cg H3 0, -+- Un = Cg H/y lir (\ -+- H I5r,
on laisse le tout pendant 24 heures. La masse liquide qui
s'était formée se solidifie par l'addition de Peau froide.
On la dissout dans une lessive de soude caustique pour
enlever Texcès de brome, et Ton précipite de cette disso-
lution par l'acide clilorbydrique.
Après avoir répété cette opération plusieurs fois, on
dissout le produit dans de Teau bouillante ou dans de
l'alcool dilué, d'où il cristallise en petits prismes blancs,
répondant à la formule Cg H7 Br O^. Voici, du reste, le
résultat de son analyse :
J). 0,5040 de substance ont donné (d'après le procédé de
IM. Carius) 0,2664 de AgBr ou 0,1 153 de brome.
2). 0,2946ontdonné0,2o70de A^BrouO,1095de brome.
5). 0,5oo4 ont donné 0,5788 de CO.^ ou 0,Jo78 de C et
0,1086 de H,0 ou 0,0120o de H.
De là on déduit :
CALCULÉ
TROUVÉ
1.
11. Jll.
Cg— 96 u,m
—
- 44,41.
H 7 7 5,2o
• —
- 5,39.
Br m 37,20
37,203
57,15 —
O^ 52 14,90
—
— —
215 100,00.
L'acide parabromé est presque insoluble dans l'eau
froide; il se dissout dans 40 parties d'eau bouillante. De
ses solutions saturées à chaud, il se précipite à l'état d'une
( 702 )
liuile qui ne tarde pas à se solidilicr. Cristallisé lentement
de Talcool dilué par évaporisation spontanée, il constitue
des prismes fusibles à 76"C. Ses sels de barium et de
calcium sont très-solubles dans l'eau et dans Talcool. Ils
présentent l'aspect de petites sphères ou mamelons.
Pour rattacher ce corps aux dérivés bromes de l'acide
benzoïque, je l'ai oxydé en le soumettant à une ébullition
prolongée avec la quantité calculée de bichromate potas-
sique et d'acide sulfurique dilué. Lorsque la liqueur est
devenue verte, on la laisse refroidir; le corps solide qui
s'est formé, recueilli sur un filtre, est dissous dans l'am-
moniaque aqueuse. Le sel ammoniacal ainsi formé préci-
pite par l'acide chlorhydrique un acide blanc, solide, qui,
recristallisé plusieurs fois dans l'alcool dilué, forme des
prismes distincts, fusibles à 251 "C. Le dosage du brome
dans ce corps a donné le résultat suivant :
0,4096 de substance ont donné 0,5764 de A^Br ou
0,1601 de brome, ce qui correspond à 59 "/o de Br. La
formule C7 H^ Br O^ en exige 59,50 70. Ce corps est donc
l'acide parabromo-benzoïque que MM. Hiibner et Ohly (1)
ont obtenu en oxydant le toluène brome. Je me permets
de faire remarquer que cet acide cristallise de l'éther en
longues aiguilles aplaties, d'une blancheur irréprochable,
mais mates.
Les eaux-mères, au milieu desquelles a cristallisé l'acide
parabromo-phényl-acétique , contiennent un autre corps
brome, assez notablement soluble dans de l'eau froide,
qui cristallise en gros prismes, fusibles à 99"C. Nous
n'avons pas encore fait l'élude de ce composé sur UMpicl
nous nous proposons de revenir plus lard.
{[) Aun. Chein. /'/u/rm. CXLllI, 18C7, p. 250.
( 705 )
5. Acide parabromo-mtho-phé.nyl-acktiqle.
On obtient ce corps très-i'acilcmcnt en dissolvant l'acide
parabronié dans Tacide nitrique nionoliydialé. Le produit
de la réaction, précipité par l'eau, recueilli et lavé sur un
liltre, est soumis à quelques cristallisations successives
dans l'alcool dilué et chaud.
C'est un corps solide, avec une teinte verdàtrc. Il cris-
tallise en prismes fusibles à 150''C.
L'analyse de ce produit a donné les nombres suivants :
i). 0,4900 de substance ont donné 0,5525 de k(j Br ou
0,1500 de Br.
2). 0,5552 ont donné 0,4^04 de CO. ou 0,1228 de C et
0,0892 de H. 0 ou 0,0099 de H.
De là on déduit
CALCULÉ
Cs
96
56,92
He
6
2,30
Br
80
50,76
N
U
o,58
O4
r,4
2i,64
260
100,00
Je continue l'étude de ce corps pour en faire le dérivé
amidé, qui sera probablement l'acide méta-amido-phényl-
acétique.
( 704 )
4. Acide phényl-bromacétique.
Ce corps a déjà été précédemment décrit par M. Glaser
et moi (I). Nous l'avons obtenu par la réaction de Tacide
bromliydrique sur l'acide formobenzoïque. 11 m'a paru in-
téressant de déterminer les conditions dans lesquelles on
pourrait l'obtenir de l'acide pbényl-acétique et de réaliser
de cette manière la transformation directe de cet acide en
acide formobenzoïque ou phényl-glycollique. J'ai constaté,
en effet, que si l'on fait arriver les vapeurs du brome dans
l'acide pbényl-acétique cbaulïé à loO^C on obtient une
notable quantité d'acide phényl-bromacétique. Je ne me
suis pas arrêté à isoler celui-ci; le produit de la réaction,
après avoir été lavé à l'eau cbaude, a été bouilli pendant
quelque temps avec de la soude caustique. La liqueur sur-
saturée par l'acide cblorbydrique a précipité une petite
quantité d'une matière blancbe, floconneuse, que l'on a
séparée par filtration ; le liquide liltré a été traité par l'élber
qui en a extrait un corps qui, recrislallisé dans l'eau, pos-
sédait toutes les propriétés et la composition de l'acide for-
mobenzoïque. Voici, d'ailleurs, les résultats d'une combus-
tion qui a été faite de ce corps :
0,2904 de substance ont donné 0,6682 de CO.2 ou 0,1822
de C et 0,1415 de H.^ 0 ou 0,0157 de H ; ce qui corres-
pond à 62,74 '7o de C et à l),AO ''/.. d'bydrogène.
La formule Cg Hg O3 en exige 65,15 "/^ de C et 5,26
de H.
(1) Bullclindc l'Aradéinie , l. XXIV, ir S, 18G7,
( 7or> )
5. Acide parachlorphényl-acktiqlt.
Dans un ballon de 5 litres, remplis de chlore sec, on a
inlrodiiil 55 graninies d'acide pliényl-acétique également
sec. Sous l'action de la lumière directe du soleil, la couleur
du chlore disparaît assez promptemenl. Après deux jours
la décoloration est complète; on lave le produit de la réac-
tion avec de l'eau, on le dissout dans de la soude caustique
et on précipite de cette dissolution par l'acide chlorhy-
drique. Le précipité ainsi obtenu a été soumis à la cris-
tallisation fractionnée dans de l'alcool dilué. On obtient
d'abord une huile qui se solidifie partiellement; le corps
solide étant séparé, séché et cristallisé dans l'alcool, se pré-
sente sous forme de lames transparentes, fusibles à 89". Ce
corps contient du chlore; nous n'en avons pas eu une
quantité sufiisante pour en faire l'analyse complète. Nous
reprendrons ultérieurement l'étude de ce produit.
Les eaux-mères, d'où s'est déposée celte huile, ont dé-
posé ensuite un mélange de deux corps chlorés; plus tard
elles abandonnent de petits prismes blancs qui, recristal-
lisés plusieurs fois dans l'eau, ont été reconnus pour être
l'acide parachlorophényl-acétique, préparé par iMM. Beil-
stein et Kuhlberg (1) par la réaction du chlorure de ben-
zyle chloré sur le cyanure de potassium et la décomposi-
tion du cyanure ainsi formé parla potasse caustique.
Le dosage du chlore a donné :
De 0,2*242 de substance nous avons obtenu 0,1867 de
(t) Aun.Chem. Phann. 18G8.
( 706 )
\(jCl ou 0,0 iGo (le chlore; ce qui correspond à 20,G4 "/„
de Cl. tandis que la formule C^ lij C/ 0.y en exige 20,82 "/o.*
Nous avons trouvé que cet acide fond à 68°. L'acide de
MM. Beilstein et Ivuhlberg fond à GO'C, mais malgré celte
différence de fusibilité, je ne puis douter que cesdeux corps
ne soient identiques. Dès que je posséderai une quantité
plus grande de ce produit, je le soumettrai à l'oxydation;
s'il y a identité, j'obtiendrai l'acide parachlorobenzoique.
Je me propose aussi de soumettre l'acide phényl-acé-
tique à l'action du chlore à une température de 150°, dans
le but d'obtenir l'acide phényl-chloracétique; ce serait-là le
meilleur procédé de préparation de l'acide formobenzoïcjue.
6. Acide para^itro-phényl-acétique.
L'acide phényl-acétique se dissout très-facilement dans
l'acide nitrique fumant et froid. On verse la liqueur dans
de l'eau froide d'où, après quelques instants, il se sépare
des cristaux prismatiques qui, recueillis sur un liltre et
lavés avec de l'eau, sonl cristallisés dans de l'alcool dilué.
L'acide ainsi obtenu forme des prismes assez bien déve-
loppés, qui fondent à 114" C. Il est peu soluble dans l'eau
froide, très-soluble dans l'alcool, l'éther, le sulfure de car-
bone, etc.
Les dosages du carbone et de l'hydrogène dans cet acide
nous ont donné les nombres suivants :
L 0,5758 de substance ont donné 0,7258 de CC^ el
0,148 de H^O ou 0,1979 de C et 0,0156 de PL
2. 0,5854 ont donné 0,7408 de CO., ou 0,2020 de C.
5. 0,5022 ont donné 0,5844 de CO. et 0,1 102 de IL>()
ou 0,1595 de C el 0,0122 de IL
( 707 )
De là on déduit :
CALCULÉ
<-8
06
o5,(15
•l-
7
5,87
N
14
7,74
0,
G4
35,50
181
100,00.
TROUVÉ
I. u m.
5-2,66 5-2,71 52,71.
.i,15 — 4,05.
Les selsde cet acide sont ordinairement colorés en jaune.
Le sel sodique, cristallisé de l'alcool, forme des tablettes
quadratiques, colorées en jaune; ce sel répond à la formule
Cg He NO4 ^a + 2H2O. L'analyse a donné, en effet, les
résultats suivants :
\ . 1,7625 de substance chauffés longtemps à 120°, dans
un courant d'air sec, ont perdu en poids 0,2795.
2. 0,4o50 ont donné 0,1 o60 de No^ SO4 ou 0,0459
de Na.
5. 0,2548 ont donné 0,0685 de ^a, SO4 ou 0,02215
de ^a.
4. 0,4754 ont donné 0,1578 de ^ih SO4 ou 0,0446
de N«.
là on
déduit :
CALCULÉ
('.
96
40,16
"c
6
2,31
N
U
6,27
O4
6i
26,28
Na
25
9,66
2H2O 56
15,12
— 9,69 9,i8 9,42.
15,71 _ _ _
259 100,00.
Le sel d'argent constitue un précipité jaunâtre qui, des-
( 708 )
séché, (levienl presque blanc. Le dosage de l'argent a donné
53,21 %. La Ibrnmle Cs 11^ NO/, A^ en exige 55,53 %.
Le sel de plomb est un précipité jaunâtre que l'on peut
faire cristalliser dans l'eau bouillante; il se présente alors
sous forme de mamelons, qui paraissent contenir de l'eau
de cristallisation. Au moins un dosage de plomb a donné
les nombres suivants :
0,4558 de substance, après avoir été brûlés avec l'azo-
tate d'ammoniaque et de l'acide suIfurique,ont laissé pour
résidu 0,2150 du P6SO4, ce qui correspond à 54,14 de VO.
Le sel répondant à la formule CgHgNOiP'^ -h FLO exige-
rait 54,57 "/o, tandis que le sel anhydre demande 56,55 "/o.
Le sel cuivrique est un précipité bleu-verdàtre qui de-
vient cristallin après quelque temps. Les sels mercureux
et raercuriques donnent, avec cet acide préalablement neu-
tralisé par l'ammoniaque des précipités d'un blanc pur.
L'éther éthylique de cet acide s'obtient et se purilie par
les procédés généralement employés. C'est un corps qui
cristallise de l'alcool absolu en prismes, lesquels se soudent
ensemble pour constituer des tablettes larges et striées.
11 fond à 62°C. Le même corps s'obtient en nitrant le
phényl-acétate d'éthyle.
Une combustion de ce corps nous a donné le résultat
suivant :
0,5002 de substance ont donné 0,0248 de CO.2 et 0,1440
de l'i^O ou 0,1704 de C et 0,01G0 de H.
De là on déduit :
CALCULÉ
C,o
1-20
57,41
"u
11
ri,2G
N
li
0,07
^\
(U
30, ()0
TROUVÉ
50,76
209 100,00.
( 709 )
L*acide paranilro-pliénvl-acétiquo, soumis à une élnilli-
tion prolongée avec un mélange de hichromale potassique
et d'acide sulfurique dilué, se transforme en un corps
blanc qui cristallise dans l'éther, en paillettes transpa-
rantes et irisées. Ce corps, recristallisé dans l'alcool dilué,
prend une teinte verdàtre et se présente sous forme de
paillettes nacrées fusibles vers 230°C. Une combustion
nous a donné les nombres suivants :
0,51 16 de substance ont donné 0,5658 de CO. et 0,08o8
de H2O ou 0,1 544 de C et 0,0095 de H; ce qui corres-
pond à 49,55 0/0 de C et 5,04 d'hydrogène. La formule de
l'acide nitro-dracylique exige 50,29^/0 de G et 2,98 ^/o
d'hydrogène.
11 s'ensuit donc que le corps obtenu par oxydation
n'est autre chose que l'acide paranitrobenzoique. 11 est
vrai que cet acide doit fondre à 258" d'après MM. Wil-
brand et Beilstein (1) et à 240*^ d'après M. G. Fischer (2).
Mais cette différence de fusibilité pourrait bien être occa-
sionnée par une petite quantité d'impureté que mon acide
contient peut-être.
L'acide paranitro-acétique traité par une solution alcoo-
lique de potasse caustique, prend une coloration rouge
violette qui est très-fugace. Après avoir fait bouillir une
pareille solution, nous avons pu en extraire un nouvel
acide cristallisant en petites aiguilles qui est probable-
ment l'acide azoxyphényl-acétique. Nous ne pouvons ter-
miner l'histoire chimique de cet acide paranitré, sans
ajouter qu'à coté de ce corps il se forme toujours dans
la même réaction un autre acide, — probablement l'acide
(1) Ann. Chem. Phann. CXXVIII, p 257.
(2) Ann. Chem. Phann. CXXVII, p. 137.
2"'® SÉRIE, TOME XXVII. 47
( 710 )
orllio-nilro-pliényl-acéliquo, qui reste dissous clans les eaux
mères, dont le sel de sodium cristallise de l'alcool en
aiguilles de couleur chair, il paraît que ce sel contient une
molécule d'eau de cristallisation. Je m'occupe actuelle-
ment de la préparation et de la purification de ce corps.
7. Acide binitro-phényl-acétique.
Notre acide paranitré, traité par un mélange d'acide
nitrique et d'acide sulfurique concentré, se transforme en
acide binitro-phényl-acétique, qui cristallise en aiguilles
groupées concentriquement, fusibles à 160° C. 11 s'éthérihe
très-facilement. — Comme nous nous proposons de faire
une étude plus complète de ce corps, nous reproduirons
ultérieurement les données analytiques qui sont dès à pré-
sent à notre disposition.
8. Acide paraamido-phényl-acétique.
L'acide paraniiro-phényl-acélique, traité par l'étain et
l'acide chlorhydrique,*se transforme en acide paraamidé.
Le produit de la réaction est dissous dans beaucoup d'eau,
l'étain est éliminé par un courant d'acide sulfhydrique, et
la liqueur filtrée et claire est évaporée dans un courant de
ce même gaz. On obtient de cette manière le chlorhydrate
de l'acide paraamidé que l'on peut purifier en le recristal-
lisant dans l'alcool. Pour obtenir l'acide libre, on dissout
le chlorhydrate dans le carbonate monopotassique, et on
sursature avec l'acide acétique concentré. Il se forme un
corps composé de petites paillettes blanches, nacrées, les-
(juelles, recrislallisées une ou deux fois dans l'alcool, sont
d'une pureté parfaite.
( 7H )
Ce mode de préparation de l'acide paraamidé ne m'a
pas donné un rendement satisfaisant. Le résultat a été
de beaucoup meilleur lorsque j'ai employé pour agent ré-
ducteur le sulfliydrate d'ammoniaque. La purification a
été la même; seulement, après avoir précipité l'acide amidé
par l'acide acétique, j'ai remarqué que l'acide chlorliy-
drique précipite encore des eaux mères un corps qui, re-
cristallisé de l'eau bouillante, forme de très-longues ban-
delettes nacrées, fusibles à 158°. C'est évidemment l'acide
paraazo-phényl-acétique. L'analyse semble confirmer cette
présomption; toutefois, comme je n'ai pas encore suflisam-
ment étudié ce corps, je préfère le décrire dans la troi-
sième partie de mes recberches.
Ainsi que nous venons de le dire , l'acide paraamido-
pbényl-acétique est un corps blanc, nacré, insoluble dans
l'eau froide et dans l'éther; sensiblement soluble dans
l'eau bouillante et dans l'alcool. A l'état sec, il se conserve
très-bien; humide, il se colore et se détruit rapidement.
Les dosages de l'azote , d'après la méthode de MM. Will
et Warentrapp, ont donné les résultats suivants :
1). 0,4286 ont donné 0,2810 deP; ou 0,05966 d'azote.
2). 0,1808 ont donné 0,1186 de P^ ou 0,01678 d'azote.
Ce qui correspond à 9,270/o et 9,28% d'azote. La for-
mule CgHgNO., en exige 9,59 >.
Le chlorhydrate de l'acide paraamidé constitue de lon-
gues aiguilles blanches, molles, renfermant beaucoup
d'eaux mères. Vers loO" il se sublime en subissant une
décomposition partielle.
0,6782 de ce corps ont donné 0,5170 de kg Cl ou 0,1278
de C/, ce qui correspond à 18,70 *^/o de C/. La formule
Cg Ho NOi HC/ en exige 1 8,95 o/o.
( 712 )
Le sulfate neutre crisialliscMMi lames hexagonales, apla-
ties, dures et transparentes. A l'air humide, il devient
rosàtre.
0,5697 ont donné 0,5508 de Ba SO4, ou 0,1591 de
H2 SO4, ce qui correspond à 24,42 ^/o.
Ya formule (Cg Ho NO,), H, SO4 exige 24,50 0/0 d'acide
sulfurique.
Le nitrate constitue des lames dures et cassantes.
Le sel argentique forme un précipité blanc, amorphe,
facilement décomposable sous l'action de la lumière.
0,4594 de ce corps nous ont donné 0,1855 d'argent
ou 41,720/0. La formule C» H8NO4 A^ en exige 42,14%
Le sel cuivrique est un préci[)ité vert, insoluble dans
l'eau , soluble dans l'ammoniaque.
0,1848 de ce corps, brûlés avec l'azotate d'ammoniaque,
ont laissé pour résidu 0,0410 de CnO, ce qui donne 22,18
p. 0/0. La théorie exige 21,65.
Une solution alcoolique de l'acide amidé se colore en
rouge par l'action de l'acide nitreux. Après quelque temps
il se forme un précipité jaune orange (lui fait effervescence
avec l'acide iodhydrique. Probablement il se forme dans
ces circonstances l'acide diazo-amidé , dont je ferai l'étude
prochainement.
Malgré des essais plusieurs fois répétés, je n'ai pas réussi
à transformer mon acide paraamidé en acide paraoxyphé-
nyl acétique. Dans la réaction de l'acide nitreux sur une
solution aqueuse de l'acide amidé , il s'est toujours formé ,
malgré les divers degrés de concentration de la liijueur,
une sorte de résine qui n'était pas propre à être exa-
minée. Je crois cependant que je parviendrai à ce but en
passant par les corps diazotés, comme viennent de faire
( 713 )
M. Buclianaii et Glascr (1) pour transformer l'acide pa-
raaniitlo-pliényl-propionique en acide liydrocumarique.
Je n'ai pas réussi non plus à nitrer mon acide amidé.
fl résulte de l'ensemble des laits que je viens de sou-
mettre au jugement de l'Académie, que l'acide phényl-
acélique se comporte, sous l'action des divers agents de
substitution , d'une manière analogue au toluène. A froid,
il donne surtout les composés de la série para; à cbaud,
le brome, au moins, se place dans la chaîne latérale. Je
m'occuperai maintenant de la détermination des conditions
dans lesquelles les produits des séries ortho et mêla peu-
vent prendre naissance. Les résultats de mes recherches
dans cette direction constitueront la troisième {)artie de
mon travail.
Les présentes recherches ont été exécutées dans le labo-
ratoire de M. le professeur L. Henry, qui n'a rien épargné
pour me les faciliter.
(1) Zeitschrifl fiir Chemie, 1869, 195.
( 714 )
CLASSE DES LETTRES.
Séance du 7 juin i869.
M. Ad. Borgnet, directeur de la classe et président de
l'Académie.
M. Ad. Quetelet, secrétaire perpétuel.
Sont présents : MM. Ch. Steiir, J. Grandgagnage, J. Rou-
lez, Gachard, Paul Devaux, F.-A. Snellaert, M.-N.-J. Le-
clercq, Polain, Chalon, Ad. Mathieu, Th. Juste, E. Defacqz,
le général Guillaume, Félix Nôve, Alph. Wauters, H. Con-
science, membres; Nolet de Brauwere et A. Scheler, associés.
M. L. AWin ^ membre de la classe des beaux-arts j assiste
à la séance.
CORRESPONDANCE.
M. le Ministre de l'intérieur adresse une expédition de
l'arrêté royal du 29 mai dernier, qui approuve l'élection
de M. Henri Conscience en qualité de memhre titulaire de
la classe.
— MM. H. Conscience, memhre, Laforot et Nvpcls,
correspondants, Eggcr, Vreede et von Syhcl, associés,
remercient, par écrit, pour leur élection.
(715)
— M. le Ministre adresse cinquante exemplaires du nou-
veau règlement organique de la commission royale d'his-
toire et offre, en même temps, un exemplaire du tome 1"',
en deux parties, de l'ouvrage intitulé : Chartes et dom-
ments de Vabbayc de Saint-Pierre au Mont-Blandain, pu-
blié avec une introduction historique par M. A. Van
Lokeren. — Remercîments.
— La Société des sciences de Bois-le-Duc, l'Université
de Tubingue, la rédaction du Deutsche Vierteljahreschrift,
à Stuttgart, l'Université de Gottingue, l'Université de
Halle, le iMusée industriel de Turin, la Bibliothèque pu-
blique de Genève, la Bibliothèque de l'Arsenal à Paris, et
M. le marquis de Godefroy Menilglaise , remercient pour les
derniers envois académiques.
— M. J. Roulez présente le projet suivant d'inscription
pour la médaille décernée à M. Edmond Poullet, lauréat
de la classe :
Edm . Poullet
QCOD . HISTORIAM • JLUIS
CrIMINALIS • QUO • DUCATUS
Brabanti.e • A • Carolo V
AD FLXEM • S.ECULI • XVMI
USUS • EST . DOCTE • LUCIDE
PLENE • EXPOSUIT
MDCCCLXVIIH.
Des remercîments sont votés à M. Roulez.
— La classe reçoit de ses membres l'hommage des ou-
vrages suivants :
Chronique de Jean des Preisdild'Oulremcuse, t. H, éditée
( >1(^ )
par M. Ad. Borgnet, et Chronique de De Klerck, l. Jlf,
éditée par M. Bormans, et publiées parla Commission royale
d'histoire; Précis de lliistoire moderne , considérée parii-
culièrement dans ses rapports avec la Belgique, o' édition,
par M. Th. Juste, et deux brochures de M. Chalon sur la
numismatique.
CONCOURS POUR 1871.
La classe ajourne à la prochaine séance la formation de
son programme de concours pour 1871, et l'adoption d'une
question d'histoire nationale pour la seconde période du
concours sexennal de Stassart.
COiMMUNlCATlONS ET LhXTURES.
M. Gachard entretient de nouveau la classe au sujet de
Jeanne la Folle. Il a reçu de Madrid, dit-il , une petite bro-
chure en espagnol, de 56 pages, intitulée : Jeanne la Folle
défendue contre rimpulation d'hérésie (1), par don Vicente
de la Fuente, membre titulaire de l'Académie d'histoire.
L'auteur paraît avoir été mu à l'écrire par un sentiment de
susceptibilité nationale. Le Bulletin-Revue de Tuniversilé
(1) Doha Juana la Loca vindicada de la nota de hcrcgia, por don
Ficenle de la Fuente y académico de numéro de la historia.
( 717 )
(le Madrid qui a paru le 25 mars dernier contenait, à pro-
pos des opinions exprimées par M. Bergenrotli et soute-
nues par M. Allmcyer (1) , le passage suivant : « L'opinion
» contraire de nos historiens et l'avis unanime de MM. Pi-
» cliot, Mignet et Gachard, qui combattent les assertions
» de M. Bergenroth, assertions démenties par des docu-
» ments authentiques, et qui annoncent de nouveaux tra-
» vaux pour prouver la vérité du fait tel qu'on l'avait
» expliqué jusqu'ici, obligent à donner peu de valeur,
» pour le moment, à l'exactitude de ces assertions (2). »
Là-dessus M. de la Fuente déclare qu'il n'est pas disposé à
attendre que la preuve annoncée soit faite par les étran-
gers, et qu'il préfère que les questions espagnoles, même
les questions historiques, soient résolues par les Espa-
gnols (o).
Entrant en matière, il soutient carrément que Jeanne
était folle et qu'elle était catholique. Mais il n'apporte aucun
document nouveau dans le champ de la discussion : il s'at-
tache à opposer à M. Bergenroth M. Bergenroth lui-même,
ou plutôt le recueil de documents que ce savant a publié.
En somme, son travail ne paraîtra pas à beaucoup de per-
sonnes plus concluant que celui qui vient de voir le jour
(1) c< .... Sobre las opinionesemilidaspor M. Bergenroth en Inglalena,
acogidas despues por M. Allmcyer >i
(2) (, La opinion contraria de iiuestros Ijistoriadores y la voz una-
nime de Piehot, Mignet y Gachard, combatiendo ta! especie, desmentida
por documentos aulénlicos, y anunciando nuevos Irabajos para probar la
verdad del heeho, lai como hasta aqui se habia explicado, obligan â dar
poco valor, poraliora, à la exaclitud de aquellas afirmaciones «
(5) 0 Por mi parle no estoy dispucsto â esperar que lo prueben los
exlrangeros : en esos puntos soy muy independiente, y prefiero que iiues-
tras cuesliones, hasta las hislôricas, las arreglemos nosotros »
(718)
dans la Revue des Deux Mondes, et dont l'auteur ne fait
guère que résumer la préface de M. Bergenroth.
Parmi les arguments qu'il produit, il en est un pour-
tant qui mérite l'attention des historiens, et c'est celui-ci.
Après la mort de la reine Isabelle, les cortès des royaumes
de Castille, s'étant assemblées àToro, prirent connaissance
des patentes du 23 novembre 1504 par lesquelles la reine
avait nommé Ferdinand gouverneur de ces royaumes,
au cas que sa fille ne voulût ou ne pût les gouverner. A la
suite d'une longue délibération , les cortès, « étant particu-
» lièrement informées de la maladie (enfermedad) de doua
» Juana, » déclarèrent que la légitime administration
desdits royaumes appartenait au roi Ferdinand. « Or, dit
» M. de la Fuente, il semble impossible que, en une matière
» aussi grave, les cortès eussent procédé aussi légèrement,
» si la maladie de dona Juana n'avait été publique et no-
» toire en Castille; et nous aurions à accuser d'une grande
» turpitude et d'une nullité singulière et inouïe le conseil
» royal, les prélats, les procuradores , et entre eux le
» célèbre juriste Palacios Rubios, qui fut l'àme de ces
» cortès (i). »
(1) « .... Parece imposible que en asunlo lan grave piocedicraii las
certes lan de ligero, si la enlermedad de dona Juana no conslâra en Cas-
lilla de piiblico y nolorio, y lendriamos que hacer responsables al conscjo
real, â los prelados y procuradores, y entre ellos al célèbre jurisla Pala-
cios Rul)ios, aima de aquellas côrles, do gran torpeza y de una nuli<l:id
( 719)
Les Bibliothèques de Gênes. — Relation sur Philippe IV
et la cour de Madrid, faite en 16^2 par r ambassadeur
génois Giulio dalla Torre. Par M. Gachard , membre de
l'Académie.
I.
Gènes possède quatre bibliothèques pul)li(iucs. C'est la
ville d'Italie qui en a le plus, après Rome, Florence et
Naples.
Ces bibliothèques sont :
Celle de l'université;
Celle de la ville;
Celle dite Franzoniana;
Celle des Missionnaires urbains [dei Missionari urhani)
ou de la congrégation de la Mission urbaine de Saint-Charles
(délia congregazione délia Missione urbana di San Carlo).
La bibliothèque de l'université doit son origine à la
compagnie de Jésus, qui vint établir un collège à Gènes au
commencement duXVIl' siècle. A la suppression de la com-
pagnie en 1775, le gouvernement génois érigea ce collège
en université, et rendit publique la bibliothèque qui y était
annexée.
Elle s'accrut, en 1798, des livres et des manuscrits des
maisons religieuses supprimées de la Ligurie et d'une
partie de la bibliothèque Aprosiana de Yenlimiglia. La
réunion de Gènes au royaume de Sardaigne, en 1815, fut
pour elle une source de nouveaux accroissements, le
gouvernement sarde lui ayant assigné une dotation an-
( 720 )
nuelle qui permit de la tenir au courant des publications
scientifiques et littéraires, et ayant ordonné qu'un exem-
plaire y iïU déposé de tous les ouvrages qui s'imprimeraient
dans la province.
Elle renferme aujourd'hui 88,000 volumes, imprimés et
manuscrits.
Elle a des catalogues alphabétiques : des ouvrages ordi-
naires [comuni] imprimés; des éditions du XV'' siècle; des
éditions des années ioOO à I006; des éditions aldines,
elzéviriennes, bodoniennes; des manuscrits, et un cata-
logue par ordre de matières.
Elle occupe, au palais de l'université, trois vastes salles
et plusieurs autres de moindre dimension.
Elle est ouverte, tous les jours, le temps des vacances
excepté, de neuf à trois heures le matin, et le soir de six
heures à neuf.
A la bibliothèque sont annexés un médailler génois et
un médailler latino-italien.
Le premier bibliothécaire de l'université de Gènes fut
l'abbé Gaspare Luigi Olderici , connu par ses publications
archéologiques et historiques. II eut pour successeurs
Galuffi, poète et latiniste éminent, et Gandolfi ,dont le nom
est cité avec distinction entre ceux des économistes ita-
liens. Depuis le mois d'août 1865, la bibliothèque de l'uni-
versité et les établissements scientifiques de la ville sont
placés sous la direction de M. Emanuele Celesia (1).
(1) Descriplion de la bibliothèque de l'université, par le Itibliotliécaiic
Luigi Grassi, dans Genova e le due rivière, 18i6, in-S", pp ioô-IGO. —
Guida di Genova, ann. iSCO, p. 102. — Slaliatica del re<jno d'ilalia.
Hiblioteche, ann. 1803, p. lxvi. — Relazionc inlorno aile odierne condi-
ziojii délia regia wiiversilà di Genova (par Emanuele Celesia), 18G7,
in-S" de 66 pages.
( 721 )
Au siècle dernier, ral)l)é Carlo Vespasiano Borio, doc-
teur en théologie du collège de Sainl-Tliomas d'Aquin,
s'appliqua à former une bibliolhèque choisie, qu'il mit à la
disposition du public. Par son testament, il la légua à son
neveu, Francesco Maria Berio, marquis de Salza, dont
l'héritier, Yincenzo Berio, l'offrit en don au roi Victor-Em-
manuel 1". Ce monarque, l'ayant acceptée, en fit cadeau, à
son tour, au conseil communal de Gênes. De là le nom de
CicicO'Beriana ou de Ciiica Berio que porte la bibliothè-
que de la ville.
La Beriana s'enrichit, en 1857, des livres de donna
Clelia Durazzo Grimaldi, qui les lui légua par une de ses
dispositions testamentaires. On y compte actuellement
:21,700 ouvrages, imprimés et manuscrits, entre lesquels
100 incunables, et -40,000 volumes environ. Elle possède,
de plus, une précieuse collection de dessins originaux,
qu'elle doit à la libéralité du marquis Luigi Ipolito Durazzo,
mort en 4848. Ces dessins, laits, les uns au crayon, les
autres à la plume, par des peintres italiens et étrangers
éminenls, sont au nombre de l,6o6.
Les livres imprimés sont décrits dans trois catajogues :
l'un , alphabétique; le second, divisé par matières; le troi-
sième, dit de consistance ((// consistenza) : ce dernier indique
l'ordre dans lequel les ouvrages sont rangés sur les tablettes.
Je parlerai plus loin du catalogue des manuscrits.
La bibliothèque de la ville occupe, au centre de la cilé,
le premier étage d'un palais que le conseil communal a fait
construire exprès pour l'y installer; elle remplit trois vastes
salles , dont la plus grande est à l'usage des travailleurs et
des lecteurs.
Elle est ouverte au public, tous les jours, sans excep-
tion des fêtes, de huit heures du matin à onze heures du
( 722 )
soir : seulement, depuis le 15 août jusqu'au lo novembre
(époque générale des vacances en Italie), elle ne Test que
de neuf heures à trois , afin qu'on puisse s'y livrer aux tra-
vaux de nettoiement et de vérification nécessaires. Je ne
crois pas que, en aucune autre ville d'Italie ni d'Europe, il
y ait un dépôt littéraire qui soit, comme celui-là, ouvert
journellement pendant quinze heures.
Le personnel qui doit satisfaire aux exigences de ce ser-
vice se compose d'un bibliothécaire en chef, d'un vice-
bibliothécaire, d'un Me-dieï (assistente capo) , chargé
spécialement de transcrire et de tenir au courant les cata-
logues, et de quatre distributeurs (1).
Le bibliothécaire en chef actuel est M. l'avocat Michèle
Giuseppe Canale.
La bibliothèque Franzoniana a pour fondateur l'abbé
Paolo Girolamo Franzone, né à Gènes en 1708, et qui,
ayant rassemblé un grand nombre de livres, admit dans sa
demeure tous ceux qui voulaient venir les consulter. A
sa mort, arrivée en 1778, elle passa, d'après ses dispo-
sitions de dernière volonté, à la congrégation des ouvriers
évangéliques dits Franzoniani, qu'il avait instituée quel-
ques années auparavant, à la condition qu'elle serait ou-
verte au public tous les jours jusqu'à une heure avancée de
la nuit. C'est la première bibliothèque en Europe — un
document olïiciel émané du ministère de l'instruction pu-
blique d'Italie l'assure du moins — qui ait été éclairée le
soir pour la commodité des personnes studieuses. Elle ren-
ferme une douzaine de mille volumes (2).
(1) Guida ili Genova, 18G0, p. lil. — Biblioleca Cicico-Beriana di
Gcnova (notice de M. Canale), 1807, in-8« de 10 pages.
(2) Guida di Gcnova, 1800, p. 111. — Slatistica dcl reyno d'ilalia.
Uiblioleche , 18G3, p. lxvii.
( 723 )
Il y en a 25,000 clans la bibliothèque de la Mission ur-
baine (le Saint-Charles qu'un autre abbé, du même nom de
Franzone (Girolamo), fonda par testament du 5 octobre
i727, en disposant que l'administration en serait exercée
par la congrégation des Missionnaires urbains, à laquelle
il appartenait, et qu'elle serait rendue publique. Cette der-
nière disposition fut, après son décès, en 1759, confirmée
et mise à exécution par le sénat, qui prit la bibliothèque
sous sa protection spéciale.
An nombre des 25,000 volumes qu'elle renferme, on
compte quelques incunables et loO manuscrits environ (1).
IL
Je n'avais que peu de jours à passer à Gènes, et là,
comme ailleurs, les archives réclamaient la plus grande par-
tie de mon temps. Aussi je me dispensai de visiter la biblio-
thèque Franzoniana et celle des Missionnaires urbains.
A la bibliothèque de l'université, je compulsai le cata-
logue des manuscrits, qui forme un grand in-folio de
450 pages (2). Ce catalogue est rédigé selon l'ordre alpha-
bétique et par colonnes (5).
(1) Guida di Genova, p. 142. — Statistica del rcyno dVlalia, etc.,
p. LXVll.
(2) Index codicum manuscriptontm qui in regii Gcnucnsis al/ienaci
bihliotheca asservanlur, ordine alphabclico disposilus, anno Domini
MDCCCLVIII.
Le premier article est Abbati del popolo di Genova; le dernier Zucca-
rello.
(3) Les colonnes sont au nombre de huit, savoir : 1, Nom de l'auteur.
2. Ouvrage. 3. Format. 4. Nombre des volumes. 5. Salle. C. Tablette.
7. Rani<. 8. Numéro.
( 724 )
J'y remarquai de nombreux documents sur l'hisloire de
Gènes (I), des relazioni d'ambassadeurs vénitiens comme
on en trouve dans presque toutes les bibliothèques d'Italie,
des dépêches diplomatiques, quantité de relations des con-
claves qui furent tenus aux XIV% XV'\ WV et XVIl" siè-
cles, mais rien qui m'offrît un intérêt particulier.
C'est également selon l'ordre de l'alphabet (2) et en
forme de tableau qu'a été dressé le catalogue des manu-
scrits de la ville (5).
Dans celui-ci je notai les articles suivants :
« N^ 4o0-451. Bentivoglio, Guido, Lettere. In-fol.
» iV 505. Nuove di Bruxelles, l"" marzo 1642.
» N° 15. Relazione délia vittoria riportata sopra gli
alleati dal duca di Lucemburgo, 12 agosto iG95.
» N° 287. Torre (dalla), Giulio. Relazione di tutto il
successo délia sua ambesceria in Ispagna, fatta a' screnis-
simi collegi, anno i622. »
J'examinai le Bentivoglio, dans l'espoir d'y trouver, en
tout ou en partie, les lettres adressées au Vatican par cet
illustre prélat, à l'époque de sa nonciature à Bruxelles;
mais je n'y trouvai que celles qu'il écrivit pendant son
(1) Il en a élé publié un catalogue raisonné sous ce titre : Carte etcro-
nache manoscrUle per la storia Genovesa existentl nella biblioteca délia
n imiversUà Ligure, inilicate el illuslrale per Agostino Olicieri. Oe-
nova, ISrjri. In-8o de vm et 241 pp.
(2) Le premier article est .4//ya;io, Pictro, ^> Traltali tiei veleni "; le
ticriijer Zane Dotnenico , ^' Relazione délia eorle di Spagna. »
(ô) Ici les colonnes du tableau sont au nombre de dix : 1. N"^ d'ordre
(non des arlicles tels qu'ils se suivent dans le catalogue, mais probable-
ment des volumes selon qu'ils sont rangés dans les salles). 2, Nom de
l'auteur. 3. Tilre de l'ouvrage, i. Nombre des volumes. 5. Format. G. Ob-
servations. 7. Salle (A, li, etc.). 8. Tablelle. 1). riatca. 10. Numéro.
( 725 )
séjour à la cour de France et qui sont connues depuis
longtemps. Je ferai, à ce propos, une observation : c'est
que les copies des lettres dont je viens de parler en dernier
lieu sont communes dans les bibliothèques d'Italie, tandis
que je n'ai rencontré nulle part (si ce n'est à Rome et en
original) la correspondance de Bentivoglio du temps où
il résidait auprès des archiducs Albert et Isabelle.
Je demandai ensuite la relation de l'ambassade en Es-
pagne de Giulio dalla Torre (1). Les relations des ambas-
sadeurs de Venise se comptent par centaines; c'était la
première que je rencontrasse d'un ambassadeur de Gènes.
Cela seul aurait suffi pour piquer ma curiosité; mais elle
était excitée par d'autres raisons encore. Dalla ïorre visita
la cour de Madrid dans un moment où elle était infiniment
curieuse à étudier pour un diplomate. Une révolution de
palais et des changements considérables dans le ministère
avaient suivi la mort de Philippe III. Presque en même
temps de grands événements politiques étaient survenus :
aux Pays-Bas, l'archiduc Albert aussi avait cessé de vivre,
et par là ces provinces avaient fait retour à la couronne
d'Espagne; peu après, la guerre s'y était rallumée. Dans
de telles circonstances, combien n'était-il pas intéressant
de connaître le monarque qui venait de monter sur le
trône, les hommes qui allaient diriger les afl'aires de la
monarchie, la politique qu'inaugurerait le nouveau règne?
On verra, par le précis et les extraits suivants de la rela-
(1) Le litre littéral en est : « Relatione fatta a bocca da Giulio dalla
» Torre a' serenissimi collegi, nel suo ritorno di Spagna, per j'ambascic-
» Fia da lui animiiiistrata, in compagnia di Coslantino Pinello, alla Maeslà
» del re Filippo Quarto. » Elle l'orme un cahier de 21 feuillets. Elle paraît
être une minute, par les corrections qui s'y trouvent.
2"^ SÉRIE , TOME XXVII. 48
( 726)
tion (le Giulio dalla Torre, que, si elle n'a pas Timportance
(le celles qui ont acquis lant de renommée aux ambas-
sadeurs de la république de Venise, elle contient des détails
et des remarques qui ne sont pas indignes de l'attention
de l'historien.
III.
Le 31 mars 1621 mourut Philippe 111, à l'âge de qua-
rante-trois ans, dans la vingt-troisième année de son règne.
Philippe IV, son fils et son successeur, donna avis de cet
événement, le 5 avril, à la république de Gènes. Sa lettre
fut présentée, le 28, à la Seigneurie, par son ambassadeur,
don Juan Vives. Le doge et les gouverneurs (// duce et
(/overnatori) y répondirent le même jour.
Les 26, 27 et 28 mai furent célébrées, avec un très-
grand apparat (con grancHssima pompa), en l'église cathé-
drale, les obsèques du roi défunt.
Le doge et les gouverneurs nommèrent deux ambas-
sadeurs, Giulio dalla Torre et Conslantino Pinello, pour
aller complimenter le nouveau souverain des Espagnes; le
dernier devait demeurer à Madrid en qualité d'ambassadeur
ordinaire de la république. Leur suite fut lixée à trente-
neuf personnes, leurs gentilshommes y compris. Trente-
neuf personnes! Parmi les ambassadeurs des plus grandes
|)uissances de l'Europe, en voit-on aujourd'hui qui, par-
tant pour leur mission, aient un cortège aussi nombreux?
C'est que, il faut bien le dire, la diplomatie a beaucoup
perdu de l'éclat dont elle était environnée au XYIL' siècle.
Quatre galères furent équipées pour transporter à Bai-
celone les andjassadeurs de Gènes, outre deux galères qui
( 727 )
devaient ramener dalla ïorre dans sa patrie, après qu'il
aurait accompli sa mission.
Celui-ci et son collègue ne perdirent pas de temps pour
se mettre en ordre, lis (irent choix d'abord des gentils-
hommes, des pages et des laquais qu'ils mèneraient en
leur compagnie; ensuite ils s'occupèrent du costume des
premiers et de la livrée des autres, dont la Rclazione nous
fournit une description minutieuse.
Tout étant prêt, dalla Torre et Pinello s'<3mbarquèrent
le J6 septembre. Le 27 ils abordèrent à Palamos, d'où , le
2 octobre, ils partirent pour Barcelone.
Après qu'ils s'y furent reposés quelques jours, dalla
Torre prit les devants en un coche attelé de quatre mules.
Le 21 octobre il arriva à Alcala, où il trouva plusieurs
gentilshommes génois, venus à sa rencontre, qui le con-
duisirent à Madrid. Pinello, retenu en chemin par divers
accidents, ne le rejoignit à la cour que le 16 novembre.
Dans les jours qui suivirent, les ambassadeurs de Gênes
furent visités par Giuliano de' Medici, archevêque de Pise,
ambassadeur résident du grand-duc de Florence; Ales-
sandro Sangro, nonce résident du saint-siége; Lorenzo
Cerranzi, ambassadeur résident de la république de Luc-
ques; l'archevêque de Tarantaise, ambassadeur du duc de
Savoie; M. de la Rochepot, ambassadeur de France; Flavio
Atti d'Abruzzo, agent du duc de Parme; le comte de
Brionne, ambassadeur extraordinaire du duc de Lorraine,
et Leh'o Deodati, agent du même prince.
Notons, en passant, que dalla Torre consigne scrupu-
leusement, dans sa relation, les titres qui leur ont été
donnés par tous ces ambassadeurs, et les qualifications
qu'eux-mêmes ils ont données à ceux-ci. Ces points d'éti-
quette avaient alors une grande importance.
( 728 )
Ni rambassadcur résident de l'ordre de Malte el les trois
ambassadeurs extraordinaires de cet ordre qui étaient à
Madrid pour solliciter la décision du différend existant
entre lui el la république de Gènes en matière de pré-
séance (l), ni l'ambassadeur de Venise, ni l'ambassadeur
d'Angleterre, ne lirent complimenter les envoyés génois.
L'ambassadeur de l'Empereur, le comte de Franckenberg,
était absent.
Dalla Torre et Pinello eurent leur audience du roi le
24 novembre. Ils se rendirent au palais, accompagnés de
vingt à vingt-cinq gentilsbommes de leur nation babitant
Madrid et de trente-six personnes de leur suite, gentils-
bommes, pages et laquais. F^'audience fut publique. Le
mar(piis de Casteirodrigo, le duc de l'fnfanlado, le marquis
de Mondejar, le comte de Villaflores, le duc de Segorbe, le
duc de Terranova et cinq ou six autres titrés et major-
domes étaient dans le salon où l'on introduisit les ambas-
sadeurs avec les gentilsbommes génois qui leur avaient
fait cortège. Le roi portait le collier de la Toison d'or; il
était debout, appuyé à une petite table. Les ambassadeurs
s'approcbèrent en lui faisant trois révérences. Pinello lui
adressa un éloquent discours où, au nom de la seigneurie
de Gènes, il lui présentait des compliments de condoléance
sur la mort de son père, des félicitations sur son avène-
ment au trône, et l'assurait du sincère respect (2) de la
république. Pliilippe IV, l'ayant écouté avec beaucoup d'at-
tention, lui répondit : « Je vous remercie de tout ce que
» vous m'avez dit au nom de votre république; j'y crois
(1) « . ... PersoUicitare la causa dolla ilillorcnza clie longono di proce-
tleiiza con la noslra roi)ubl)lica >^
(2) « La sinccra osscrvanza... »
( 729 )
» ciUicroineiit (1). » Dalla Torre, prenant alors la [)aro!e,
dit qu'ils rendraient compte au sénat et à toute la ville de
Gènes de la bienveillance avec laquelle S. M. les avait ac-
cueillis; que tant de grâces tiendraient à jamais les Génois
obligés envers lui, et qu'ils seraient toujours prêts à le
témoigner, jusqu'à verser leur sang, s'il le ('allait, pour le
service de la couronne d'Espagne (2) : à quoi le roi repartit
cinq ou six mots, mais si bas, que les ambassadeurs ne
les entendirent point (5); et, comme ils virent qu'après
cela S. M. gardait le silence, ils se retirèrent (i).
Les jours suivants, ils rendirent les visites qu'ils avaient
reçues. Ils se présentèrent aussi chez les principaux [)er-
sonnages de la cour : le comte d'Olivares, don Baltazar de
Zûniga, le secrétaire Aristegui, don Agostino Messia , don
Juan de Cirizea, secrétaire d'État, bien qu'il ne lut plus
autant en laveur qu'auparavant, n'étant plus guère chargé
que des affaires et papiers de Flandre (5); don Pedro de
Tolède, le duc de l'Infantado, le marquis d'Aylona, le
comte de Benavente, grand maître de la reine; don Diego
de Ibarra, du conseil d'État; la duchesse de Gandia,
camarera mafjor de la reine; le marquis de Montesclaros.
(1) « Agradesco todo lo que me haveys dicho en nombre de vuesUa
repiiblica, y créolo todo >>
(2) « .... Con spendere anche il sangue, bisognando il servitio di quella
corona -^
(5) v< Al che replico quaUro o sei altre parole, ma laiilo piano che
non s'inlesero '^
(4) « Et veggendo noi alT hora che non diceva poi piU aUro, con ire
altre riverenze vi licentiammo... . «
(5) i< Se bene non priva più corne prima, havendo per la maggior
parle solo cura délie cose et papeli di Fiandra >' — Il avait remplacé, en
1614, D. Rodrigo Calderon comme secrétaire de la dépêche universelle.
( 730 )
Ils ne visitèrent pas le confesseur du roi, ayant appris
qu'il n'avait aucune influence (1).
Le 27 novembre, ils eurent audience de la reine, Eli-
sabeth de Bourbon, fille de Henri IV. Elle était debout et
avait derrière elle une quinzaine de ses dames. Ce fut
encore Pinello qui porta la paiole. Elle répondit : a Je
» crois certainement que vous aurez éprouvé un grand
ï) regret de la perte qui s'est faite du roi , mon seigneur.
» Je vous remercie beaucoup de celte démarche (2). »
Elle ajouta quelques autres paroles qui ne furent pas en-
tendues des ambassadeurs. La Torre lui rendit grâces de
sa bienveillance envers la république.
Le 1'' décembre, les ambassadeurs furent présentés par
le comte de Benavente à l'infante doua Maria et à l'infant
cardinal don Fernando, le même qui, douze ans plus tard,
devint gouverneur et capitaine général des Pays-Bas.
Le 15, Constantino Pinello eut une audience du roi,
dans laquelle il lui présenta ses lettres de créance comme
ambassadeur ordinaire de la Seigneurie. Le même jour,
dalla Torre fut reçu par Philippe lY en audience de congé.
Ce monarque répondit à son discours qu'il lui « souhaitait
» un bon voyage (5). »
JI alla quelques jours après faire ses adieux au comte
d'Olivares. Dans sa relation il ne manque pas de consigner
que ce favori du roi le reconduisit jusqu'à la porte de son
(1) t< Il confessore del re non visitamnio, perché s'inlese clic non
priva va niente »
(2) « Creocierlo que havroys tcnido niuclio scnliniicnlo de la péi-
dida que se ha liecho del rey mi senor, y agradescoos niucho csle olH-
cio »
(3) • Andeys muy en buena hora. >^
( 731 )
aiiticlianilne : « ce qui parut à tout le monde un honneur
» singulier, parce que cette seconde pièce était pleine de
» seigneurs et de grands qui attendaient leur audience.
» Un gentilhomme génois assura même que jamais il
» n'avait vu le comte accompagner quelqu'un aussi
» loin (1). »
Le 18, un officier de la cour vint, de la part du roi,
présenter aux envoyés de la république deux bijoux en
diamants, d'une valeur d'au moins 700 écus chacun. Us y
attachèrent d'autant plus de prix que c'était la première
lois qu'un présent semblable était fait à des ambassadeurs
génois, et que ceux des autres États et princes d'Italie
n'en avaient point reçu.
Dalla Torre quitta Madrid le 19 décembre. Le 2 jan-
vier il arriva à Barcelone. Voyant que les galères qui
devaient le transporter à Gênes n'arrivaient pas, il se dé-
cida, le 14 février, à prendre son chemin par terre. Il était
de retour dans sa patrie le 12 mars.
Il termine sa relation par des considérations sur les
aff'aires extérieures qui étaient en ce moment-là l'objet
principal de la politique de l'Espagne, et sur l'influence
que la mort de Philippe III, avec les grands changements
survenus à la cour, pourrait avoir sur la politique interne.
Quant au premier point, il parle de la Valteline, de la
guerre de Flandre, des affaires de l'Allemagne, du mariage
projeté entre l'infante dona Maria et le prince de Galles,
de celui de l'Empereur avec une princesse de Savoie ou la
(1) « Che parve a tutti grande accompagnamenlo, perché detta
seconda slanza era piena di signori e grandi che da lui volevano audienza ;
et un nostro geniilhuomo disse che nou le havea mai vislo accompagnai'
nessuno tante innanzi »
( 732)
sœur du duc de Maiitoue. Voici ce qu'il dit de la guerre
de Flandre :
« On ne sait pas si la guerre qui a recommencé en
Flandre, à l'expiration de la trêve, a été entreprise dans
l'intérêt de Sa Majesté ou pour l'avantage de quelques par-
ticuliers. Il es*t certain que cette couronne ne peut souffrir
que les Hollandais naviguent aux Indes; mais cette guerre
lui a causé et lui cause tant d'embarras que, dès qu'elle
pourra avec honneur faire la paix, elle n'en laissera pas
échapper l'occasion. La condance du cabinet de Madrid est
entièrement fondée sur la prohibition aux Hollandais du
trafic de la Méditerranée; mais les forces de cette nation
se sont tellement accrues avec la paix, qu'il sera difïicile
non-seulement de lui empêcher le passage vers la Médi-
terranée, mais môme de lui résister sur l'Océan. Et,
quoique le comte d'Olivares insiste fortement pour qu'on
arme quatre-vingts galions et qu'on négocie afin d'obtenir
un million en prêt des marchands, on peut craindre que le
résultat ne réponde pas à la dépense, et qu'on ne parvienne
pas à équiper une flotte capable d'attaquer un si puissant
ennemi, ni de se défendre de ses agressions. A tout cela
se joignent les disputes continuelles qu'il y a entre les
ministres du roi en Flandre. Deux choses donnent un
grand appui au parti des Hollandais : la première est le
désir qu'a le roi d'Angleterre de voir l'électeur palatin,
son gendre, rétabli dans ses États; la seconde, l'armée
qu'a rassemblée le roi de France. Ces deux choses
obligent le roi d'Espagne à être sur ses gardes : en effet,
bien que ce que dit le roi de France, que le moment lui
paraît venu de se venger des Espagnols, puisse être un
propos de jeunesse, il est très-possible qu'on le persuade
d'y donner exécution avant peu d'années; et en tout cas,
( 733 )
au roi d'Espagne les ennemis ne manqueront jamais. Au
conseil d'État les affaires de Flandre sont peu comprises;
elles reposent toutes sur D. Agostino Messia et D. Diego
d'Ibarra, qui seuls en ont quelque expérience. Quoique,
pour acquérir une connaissance plus exacte de cette pro-
vince, on ait ordonné au confesseur de l'archiduc (1) de
venir à Madrid, en intention de le faire président du con-
seil de Flandre qu'il est question de remettre en pied, ce
choix bien considéré, on peut craindre qu'il ne produise un
effet contraire à celui qu'on en attend, en ce que les Fla-
mands s'indigneront que, contre leurs privilèges, on confère
une semblable charge à un sujet espagnol. En somme, la
Flandre est une province telle que, quand Sa Majesté
aura vaincu les ennemis, elle aura les amis contre
elle (2). »
Sur le second point dalla Torre s'exprime ainsi :
c( Le roi, qui n'a pas accompli encore sa dix-septième
année, est de nature colérique et qui le rend peu propre
au maniement des affaires. Il prend grand plaisir à la
chasse ; rien ne lui coûte autant que de se montrer en public.
Sa capacité est médiocre, ses moyens nuls et son esprit
sans culture, parce qu'il n'a pas été trop bien élevé ni en-
seigné. H n'aime pas la reine; jusqu'ici pourtant on ne
lui connaît point d'autres amours : s'il lui a pris fantaisie
de posséder quelque dame, il s'en est promptement fati-
gué. L'espagnol est la seule langue qu'il entende. En tout
il dépend de la volonté du comte d'Olivares, qui, étant
de sa chambre, s'insinua dans sa faveur avec beaucoup
(1) Fray Inigo de Brizuela. 11 fut, en effet, nommé président du conseil
suprême de Flandre, à iMadrid.
(2) Voy. rAppendice A.
( 734)
d'adresse, au lemps que le comte de Saldana, lequel y avait
été placé par le duc de Lerina, s'acquittait avec peu d'assi-
duité de son service. Son crédit lui vint de ce que, un jour
que le roi devait aller à la chasse, il chaussa à Sa Majesté
une paire de hottes à son goût. Le roi paraît encore voir
volontiers Antonio de Loja, son aide de chamhre, gendre
d'un archer, vieux serviteur de cette couronne; et comme
il est celui à qui Sa Majesté parle le plus souvent et avec
le pUis de familiarité, on lui a donné le poste qu'occu()ait
D. Bernahé de Vivanco(l); selon l'opinion commune, il
ne s'arrêtera pas là. D. Baltazar de Zûniga (2) a été le gou-
verneur du roi, qui naturellement l'aime peu à cause de
ses hahitudes graves, contraires en tout à l'humeur de
Sa Majesté; et, si le comte d'Olivares ne lui avait {)as l'ait
donner la charge des dépêches qui sont exj)édiécs [):ir
lui sans la participation de Sa Majesté, il lui eut été
impossible d'entrer au palais. Jusqu'à présent tous ces
favoris s'appliquent à servir avec beaucoup d'assiduité,
mus uniquement par le désir de contribuer à l'avantage
du royaume, à l'exclusion de ce qui touche leur intérêt
privé, et ils en font ouvertement profession. Ce à quoi ils
se sont attachés et s'attachent, c'est à organiser le palais
à leur guise, afin de s'assurer la faveur dont ils jouissent,
et d'abaisser la maison de Sandoval ainsi que tous ses
adhérents.
(1) Lors de la disgrâce de don Rodrigo Calderon , en 161 i, I). lUMiiahe
Vivanco le remplaça comme secrétaire de la chambre du roi.
(2) Oncle du comte d'Olivares. Il avait été ambassadeur de lMiili|>|>i' lli
auprès des archiducs Albert et Isabelle. M, Laluente {Historia (jcneral de
Espaha, t. XVI, p. 21) rappelle « liombrc inlegro,de lalento y praclico
» en les negocios de Estado. «
( 735 )
» Dans ce but ils ont lait accélérer le supplice de don
Rodrigo (1); interdire au duc de Lerma l'entrée de la
cour (2); exiler à Arevalo le duc d'Uceda (5); chasser et
destituer de la charge d'inquisiteur général le confesseur du
feu roi (4); mettre en prison le duc d'Ossuna (a); conlis-
qucr 72 p. cent des revenus du duc cardinal (6); défendre,
contrôles ordres exprès du roi régnant, l'entrée du palais à
D. Diego d'Aragon; renvoyer toutes les dames françaises
de la reine, et deux en particulier qui étaient fort aimées
d'elle; conférer au prince Philibert le gouvernement de
Sicile; marier D' Juana de Mendoza au duc de Terranova
et, pour qu'elle sortît du palais , nommer cardinal en pre-
mier lieu le marquis de Bedmar, son frère, et accorder au
duc son mari tout ce qu'il a désiré. Dans ce but encore,
ils ont augmenté le nombre des conseillers d'État, en
s arrangeant de manière que toutes les affaires soient trai-
(1) Don Rodrigo Calderon, marquis de Siele Iglesias, comte de la
Oiiva.ll fut exécuté à Madrid le 21 octobre 1621.
(-2) Philippe III, avant de mourir, avait rappelé à la cour le duc de
Lerma, son ancien favori. Un des premiers actes de Philippe IV fut de lui
défendre d'y paraître.
(5) II avait succédé au duc de Lerma, son père, dans la faveur de Phi-
lippe III. Sous le nouveau règne, on lui intenta un procès; il fut condamné
à une amende de 20,000 ducats et à huit années de bannissement à vingt
lieues de Madrid.
(4) Fray Luis de Aliaga, dominicain. Il avait été confesseur du duc de
Lerma avant de l'être de Philippe III.
(d) Don Pedro Telez Giron, qui avait été vice-roi de Naples et de Sicile ,
un des capitaines et des politiques les plus éminents de ce temps.
(6) Le cardinal duc de Lerma. Selon M. Lafuenle , il fut condamné à
payer au lise 72,000 ducats par année, à partir de Tannée 1601, pour les
richesses qu'il avait acquises durant son ministère {Historia gênerai de
Espana,UX\l,i,.20),
( 736 )
técs à leur guise, pour leur éviter la nécessité de se niellrc
en opposition avec les délibérations du conseil
» Le comte d'Olivares s'occupe surtout, avec beaucoup
de soin, des affaires de finances. Celles-ci étant dans le |)lus
triste état, on tache de les améliorer, soit en recourant à
de nouveaux expédients, soit en réduisant les dépenses, et
il y a pour cet objet des juntes continuelles en la maison
du comte, (pii ne songe pas à autre chose. Jl est certain
que, si cette année ils ne s'étaient procuré des ressources
en augmentant les juras (1), il n'y aurait pas eu moyen
d'envoyer en Flandre la provision d'argent nécessaire :
car, outre que les meilleures assignations sont engagées
pour longtemps, tous les revenus de l'Espagne sont nota-
blement diminués , tant par suite de l'expulsion des Mores
qu'à cause du petit nombre d'habitants qui restent et du
grand poids des impots qu'ils supportent (2). »
Ces considérations sur la guerre des Pays-Bas, ce por-
trait de Philippe IV, ce tableau de la cour de Madrid et
des commencements du nouveau règne, montrent dans
Giulio dalla Torre un politique intelligent, un observa-
teur sagace et un diplomate qui avait bien employé les
quelques semaines qu'il venait de passer à la cour d'Es-
pagne.
(1) Rentes hypothéquées sur les revenus royaux et qui élaienl assignées
à ceux qui prêtaient ou auxquels on devait de l'argent.
(-2) \o}j. l'Appendice B.
(737)
APPENDICES,
A.
La giicrra di Fiandra, che finita la Iregiia è slala rinovala, c
inccrto se sia stata inlrapresa per utile di S. M" o per propio
c'ommodo di qualche particolari. Cerlo c che quellacorona non
puo dissimulare agli Olandesi la navigatione dell' Indie; ma
lianno sentito et sentono, per occasione délia guerra , travagli
tanlo grandi che, ogni volta che potranno con honore ahhraciar
la pace, non ne perdcranno loccasione. La lora speranza è tutta
fondala en prohibirli il traiïico del Mcditerraneo; ma qnesta
natione con la pace è cresciiita lanto di forze marittime, che
Irattandosi che habbino otto millia vascelli, didicilmente gii
potranno impedire non solo il transito nel Medilerraneo, ma
quasi in nessun modo resistere nell' Oceano. Et se bene il
conte d Olivares insiste gagliardamente perché si armino ol-
tanta gallioni , et che si tratta di havere da gli huomini di
negocio un millione, si puo dubitare che il frutto non debba
pareggiare la spesa, et che ad ogni modo non debba essere
armata che basti ne per offendere ne per diffendersi da si
potente nimico.S'aggiunge a tutlo questo le garre continue che
passanotra ministri del re in Fiandra. Il partito de i stati riceve
grande aiuto da due cose : la prima, dal desiderio che tiene il
re d'Inghilterra che il palatino suo genero sia rimesso in Stato,
et la seconda dall' essere il re di Francia in campagna armato;
lequalicose obligano il re di Spagna a non descuidarsi, perché
se bene quel che dice il re di Francia, cioè che le pare tempo
opportuno da vendicarsi de Spagnuoli, puo essere che sia mo-
( 738 )
tivo di rc giovanc, c anco possibilc clic fra pochi anni sia pci*-
siiaso ad csscquirlo; et iii ogiii caso al rc di Spagna non nian-
cheranno mai inimici. In consiglio di Stalo le cose di Fiandra
sono poco intcse, et s'appoghiano lutte a D. Agostin Messia et
a D. Diego de Ibarra, che soli ne liannoqualche espcrienza. Et
se bene pcr accrescere il vigore alla intelligenza di quella pro-
vincia, banno ordinato al confessorc dcU' arciduca cbe venghi
a Madrid, con animo di farlo présidente del consiglio di Fiandra
che si traita di rimettcr in piedi, ben considerato questa elct-
lione, potrà più losto partorire elfetlo contrario, faccndo sdc-
gnare i Fiamminghi che si tralti, contra di loro privilcgi, di
valersi in quel carico di un soggello spagnuolo. El in somma la
Fiandra c una provincia che, quando S. M'" bavera superalo i
nemici, proverà conlrarii gii amici. »
B.
La natura di S. M'', che non ha finiti ancora diciaselte anni,
è colcrica et poco alla a Iraltar negocii. Si dilclta délia eaccia ;
è nimicodi laseiarsi vedere in publico. Non è di gran capacità,
et non ha virtù ne ornamcnto alcuno acquisito, essendo slato
non troppo ben allevalo ne disciplina to. Non ama la raoglie, et
sin' hora non attende ad aUri amori; anzi se ha havuto gusto dl
qualche donne, subito se n'è saliato. Non intende ailra lingua
che la naturale, et dipendc in tulto dalla volontà del conte
d'Olivarcs, che, essendo dclla sua caméra, con grand' arte le
guadagnô la sua, in tempo che il conte di Saldagna, che le lu
messo dal duca di Lerma, era poco assiduo al suo servitio. Et
il princij)io fù pcr haverle calciato un paro di slivali a suo
gusio, un giorno che doveva andaïc alla eaccia. Pare ancora
che habbia guslo di Aiilonio di hojw. aiulanlc di caméra, che
( 739 )
ègcnero di un arcicro scrvitorc vcccliio di quclla corona , et
con esscrle stalo dato il luoglio chc licbbc già D. Bcrnabé di
Bibanco, per csser quello cbc con più inlrinsicbezza cl più
sposso traita con S. M''; et è opinionc cbc sia pcr passarc in-
nanzi. D. Baldassar di Zuùiga fù ayo di S. >r% cl nalurabnentc
da lui poco amalo, pcr esscr di costunii gravi, in lutlo contrarii
air bumorc di S. M"; et se il conte d'Olivares non gli bavcssc
fallo dare il carico de' papeli le quali sono dispacbiali da lui
senza partecipalione di S. M\ sarcbbe slato impossibile cbc fusse
enlrato in palazzo. Sino a quest'bora ognlino di qucsti privati
atlcnde a scrvire con molta assiduilà, solamente con fine di far
quel cbe conviene per beneficio dcl regno, senza nessuno in-
téresse privato, et ne fanno aperta professionc. Quello a cbe
banno allcsosin'bora,è stato a formare un palazzo a lor modo,
per assieurarsi et mantenersi la privanza, et ad abassare la casa
di Sandoval e tutli i suoi adherenli.
Per queslo fine, forse cbe s'è accellerata la morte a D. Ro-
drigo, siè probibilo al duca di Lerma lo cntrare in corte, man-
dalo in Arrevalo il duca di Usseda, cacciato il confessore di
Filippo III, privandolo dcl grado dinquisilor maggiore, car-
ceraloil duca di Ossuna, confiscatoli 72p.c*"di rendità al duca
cardinale; vietalo, contra gli ordini espressi del re, a D. Diego
d'Aragone lo cntrare in palazzo; scacciato lutte le dame fran-
cese délia regina, et in parlicolare due dalla medesima mollo
favorite; conferto il governo di Sicilia al prencipe Filibcrto;
maritata D' Giovanna di Mendozza col duca di Terranova, con-
descendendo, per levarla di palazzo, a nominar cardinale in
primo luogbo il marcbese di Bclmar suo fralello , et a conccdcrc
duca suo marito quanto ba saputo desiderare. Per questo fine
medcsimo banno accresciuto il numéro dei consiglieri di Stato ,
procurando, per non baver nécessita di contradirc le consulte,
cbe siano consultati tutli i ncgocii sccondo il loro desiderio.
11 conte d'Olivares attende sopra lutlo con mollo studio aile
cose deir bazienda, la quale essendo ridotla aU'estremo, si pro-
( 740 )
cura con nuove forme et con rcsecnr la spcsa, di ridiiiia a qual-
clic niiglior slato; et vi è giiinta continua in casa del detlo conte
che ad altro non pensa. Certo è che, se quest'anno non liave-
vano i crescinicnti de i giuri, clic non vi cra modo di provc-
dcre in Fiandra, ])ercl)è, oltre che lutte le migliori assignalioni
sono impegnate per tempi lunglii, tutti gli introiti di Spagna
sono ancora notahilmente sminuiti, cosi per l'espulsione de i
Mori corne per il poco numéro d'huomini che reslano et la
moite carica di gravezze che sopportano »
( 741 )
CLASSE DES BEAUX-AllTS
Séance du 3 juin 1869.
M. Cii.-A. FRAIKI^f, vice-directeur, occupe le fauteuil.
M. Ad. Queteleï, secrétaire perpétuel.
So)U présents: MM. L. Alvin , F.-J. Fétis, Guillaume
Geefs, Cil. Hanssens, J. Geefs, Ferd. De Braekeleer,
Ed. Fétis, Edm. De Busscher, Alpli. Balat, Aug. Payen,
le chevalier L. de Burbure, J. Franck, Gustave De Man,
Ad. Siret, J. Leclercq , membres; Daussoigne-Méliul,
associé; Bosselet et F. Stappaerts, corr(?spo>K/«» /.s.
CORRESPONDANCE.
M. le Ministre de l'intérieur prie la classe de pourvoir
au remplacement de l'un des membres de la section per-
manente du jury chargé de juger le concours de compo-
sition musicale de cette année. — La classe procède à ce
choix, qui sera communiqué à M. le Ministre.
— Ee même haut fonctionnaire adresse les livraisons 7
2'"^ SÉUIE, TOME XXVII. 49
( 742 )
et 8 dos Lifjfjeren ou archives de la Gilde anversoise de
Sl-Luc et le rapport de la section centrale de la Clianibre
des représentants sur le budget du département de Tinté-
rieur pour 1870.
M. Daussoigne-Méhul offre un exemplaire d'une notice
de sa composition. — Remercîmenls.
— La classe reçoit communication du programme des
concours pour 1870 de la Société royale pour l'encourage-
ment des beaux-arts, ta Anvers.
CONCOURS POUR 1869.
Conformément aux dispositions réglementaires, le terme
fatal du concours de la classe pour cette année expirait
le 1" juin. — Aucun mémoire n'est parvenu en réponse
aux questions posées dans le programme de ce concours.
COMMUNICATIONS ET LECTURES.
M. Ed. Eétis donne lecture d'une nouvelle partie de ses
Études sur l'art et ses tendances. Celte 7' partie, relative
à la manière dont le gouvernement doit encourager les
beaux-arts, prendra place ultérieurement, avec celles (|ui
la précédeni, dans le recueil des travaux académiqties.
( 74.5 )
OUVRAGES PRÉSENTÉS.
Commission royale d'histoire. — Clironiqiic de Jean
des Prcis dit d'Oiitremcuse. publiée par M. A. Borgnet.
Tome II. Bruxelles, 1869; i vol. in-4°. — Chronique de
De Klerck, publiée par M. J.-II. Bormnns. Tome III. Bruxelles,
1869; 1 vol.in-4^
Chcilon (/?.). — Curiosités numismatiques, 13'"'" article.
Bruxelles, 1809; in-8''.
Clialon (/?.). — Aneiens jetons des receveurs de Bruxelles.
Bruxelles, I8G9;in-8^
Juste {Théodore). — Précis de l'histoire moderne, consi-
dérée particulièrement dans ses rapports avec la Belgique.
i2'"'^ édition. Bruxelles, 1869; in-8°.
Giuge (Th.). — L'épidémie de Bruxelles en janvier, février
et mars 1809. Bruxelles, 1869; in-8''.
Daussoigne-Méhul. — Coup d'œil rétrospectif à propos de
chansons. Liège, 1869; in-8".
Cislella musae belgicae faceta. Bruxelles, 1869; in-8".
D'Otreppe de Bouvette (Alb.). - Essai de tablettes lié-
geoises, 93'"'' livr. Liège, 1869; in-8°.
Janssens (E.). — Annuaire de la mortalité ou tableaux sta-
tistiques des causes de décès et du mouvement de la popula-
tion dans la ville de Bruxelles, l''^ à 7"'« années, 186^2 à 1868.
Bruxelles, 1868-1869; 7cah.in-8\
Tackels [C.-J.). — Conférence sur le tir et projets divers
relatifs au nouvel armement. Paris, 18()9; gr. in-S".
Tackels {C.-J.). — Etude pratique sur les armes se chargeant
par la culasse, les mitrailleuses et leurs munitions. Bruxelles,
1868; in-8".
( 744 )
Turkels (C.-J.). — Petit manuol crarmcmcnt à Tiisagc de la
troupe. Paris, 18G8; iii-8".
Tackeh [C.-J .). — Les fusils Chassepot et Âlhini, adoptés
rcspeetivcmcnt en France et en Belgique. Anvers, 18C8; in-8".
Tackels (C.-J.). -— Étude sur les armes à feu portatives, les
projectiles et les armes se chargeant par la culasse. Bruxelles,
iSGO; in-8".
Tackels {C.-J.). — Étude sur les armes se chargeant par la
culasse. Bruxelles, 1860; in-8°.
rackets (C.-J.). — Étude sur le pistolet au i)oint de vue de
rarmemenl des ofiîciers. Bruxelles; in- 1:2.
lAièvre (X.). — Institutions nainuroiscs : privilèges accor-
dés aux membres du conseil pro'^incial. Namur; in-8".
Greffoir {Edivanl). — \(\vh\i\n Willaerl, levensschet. Anvers,
1809; in-8".
Dêjx)! (le la (jiierre de lielijifjiie. — Carte topo<;rapiiiqiie de
la Belgique, dressée au i/ioooo 4"' livr , feuilles !;> vl 57 (Anvers
cl Tournai). Bruxelles, 1801); 2 feuilles in-folio.
Le Bildiophile belge. — 4""' année, feuilles 7 el 8. Bruxelles ,
180'); 2 feuilles in-8".
Inslitut archèoloijiqiie de la province de LuJeiuhoirrff , à
Arloii. — Annales, tome V, 5"" et 4"'^cali. Arlon , I8()8-I8{iîl;
'■2 cah. in-8".
Aradêniie royale de médecine de Belgique. — Bulletin,
année 1809, 5"" série, tome 111, n"^ :2, 3, 4 et a. Bruxelles,
1801); 2 cah. in-80.
Société royale des sciences médicales et naturelles de
Behflque. — Journal de médecine, de chirurgie et de pharma-
cologie. 27'"%^imée, 48"" volume, avril, mai et juin. Bruxelles ,
1801); 5 cah. in-8'.
Annales de médecine vétérinaire. — 18'"*^ année, 4* à 0*^
cahiers. Bruxelles, 1801); 5 cah. in-8".
Société de pharmacie de Ihuxelles. — Bulletin, I3"""ani
iV 4. 5 etc. Bruxelles, 1801); ô cah. in-8".
nei'
( 745 )
Annales de Vèleclricilé médieale. — 10""^^ année, 1" à
ô'"' fascicules. Bruxelles, 1860; 5 cah. in-8°.
Tribune vétérinaire. — .')""' et G'"' fascicules. Bruxelles, 1800;
2 cah. in-8''.
La charilé sur les cinonjjs de buluille. — 4"" année, n" l!2.
Bruxelles, 1809; in -4".
Société de médecine d'Anvers. — Annales, 50"" année, livr.
d'avril à juin 1801). Anvers; 5 cah. in-8°.
Société de pharmacie d'Anvei's. — Journal de pharmacie,
:25""' année, avril, mai et juin. Anvers, 1809; 5 cah. in-8'\
La presse médicale belge. — î2l"''' année, n°' 14 à 28.
Bruxelles, 1809; 15 feuilles in-i".
Le Scalpel. — 21"'^ année, n"^ :>7 à 52; 22"''' année, i^' 1
à 15. Liège, 1808-1809; 59 feuilles in-4".
La Belgique liorticole , annales d'horticulture helgc et
étrangère, rédigées par Edouard Morren. 3Iai-juin 1809. Liège;
in-8".
Campbell [J-A.-G.). — Raj)port aan zijnc Ex. den Minisler
van Binnenlandschc zaken op de koninklijke hibliotheek ovcr
het jaar 1808. 'S Gravenhage, 1809, in-8".
Egger {Emile). — Apollonius Dyscole. Essai sur rhisloirc
des théories grammaticales dans l'antiquité. Paris, 1854; in-8".
Egger [É^nile). — Etudes historiques sur les traités publics
chez les Grecs et chez les Romains de[)uis les temps les plus
anciens jusqu'aux premiers siècles de lère chrétienne. Nou^ elle
édition. Paris, 1800; in-8".
Egger (Emile). — Mémoires d'histoire ancienne et de phi-
lologie. Paris, 1803; in-8".
Egger [Emile). — Mémoires de littérature ancienne. Paris,
1802; in-8".
Egger [Emile). — Notions élémentaires de grammaire com-
parée pour servir à l'élude des trois langues classiques. 0' édi-
tion. Paris, 1805; in-8".
Académie des sciences de Paris. — Comptes rendus hebdo-
( 746 )
iiiadaircs des sciiiico> , par MM. les sccrélaires perj)éUicIs. Toine
LXVIII, n" 14 à 20. Paris, 1809; 15 cah. in-4°.
Société géologique de France. — Bullelin, t2" série, tome
26% feuilles i-5. Paris, 1808 à 1809; in-8\
Revue de l'instruction publique, de la littérature et des
sciences en France et dans les pays étrangers. — ^^ année,
n°' 1 à 15. Paris, 1809; 15 doubles feuilles in-4".
Nouvelles météorologiques ^ publiées sous les auspiecs de la
société météorologique de Franee, 1809, n"' 4, 5 et (J. Paris;
5 eab. in-8°.
Journal de Vagriculture^ fondé et dirigé par J.-A. Barrai,
1809, t. II, n°^ 06 à 71. Paris, 1809; G cali. in-8°.
Bidletin hebdomadaire de l'agriculture, année 1869,
n°^ 15 à 20. Paris, 1809; 15 feuilles in-8".
Société pliilomutique de Paris. — Bulletin, tome Vl% jan-
vier-février-mars 1809. Paris, 1809; in-8°.
Staaff. — La littérature française depuis la formation de
la langue jusqu'à la révolution. Lectures choisies. 2' et 5*^ édi-
tions. Paris, 1808; 4 vol. in-S".
Clausiiis {II). — Théorie mécanique de la chaleur, tra-
duite de l'allemand par F. Folie. 2*^ partie. Paris; in-8".
Robin [Edouard).— Philosophie chimique, ou chimie expé-
rimentale et raisonnée, IV' édition. Paris; gr. in-8".
Matériaux pour l'histoire primitive et naturellede l'homme.
V« année, 2*^ série, n° 2. Paris, 1809 ; in-8°.
Société impériale des sciences, de l'agriculture et des arts
de Lille.— Mémoires, année 1808; o' série, 6« volume. Lille,
1869; in-S".
Bulletin scienti/ique, historique et littéraire du déparle-
ment du Nord et des pays voisins. — V" année, n"^ 5 et 6.
Lille, 1869;2cah. in-8''.
Revue et magasin de zoologie pure cl appliquée et de séri-
ciculture comparée, \)i\r M.-F.-E. Guérin-Meneville, 1869, n" b.
Paris ;in-8°.
( 747 )
Lu ^ajifé j)i(f)U(nic. — N"-' 14 à i>4. Paris, 180'J; 1 1 l'cuillcs
in-i".
Cliàk'l {Victor). — Nouvelles ol)servations sur le ])ullage
(les ])omincs de icrre. (Aniches agricoles du eoniice eonimuiial
(le Valcongrain). Caen, I8C9; I feuille in-4".
Vnivcrsitat zu TubiiKjeii. — Sclirilter, jalire 1808 und
1861). Tuhinguc, 5 cali. in -4° et 18 broeh. in-8".
Oberlausilziche Gesellschaft (1er Wissenschaflen zu Gorlilz.
— Neues lausitziches magazin, XLV" Band. 2'" heft. Gorlilz,
18GD; in-8°.
Magnetische und meleorologische heobacltlungcn auf der
K. K. Slernwarle zu Prag im Jcifire IS68. XXlX^^'s^'" jalir-
gang. Prague, 18G9; in-4".
Kur/andische Gesellschaft fur Literatur und Kunst zu
Mitau. — Sitzuiigs-Beriehte, aus dem jahre 1868. Mitau,
186U; ia-4".
Naturhlstoricher verein der preussischen lilieinlaudes und
Westphalens, zu Bonn. — Verhandlungen, XXV'"''^ jahrgang.
Bonn, 1868; 2 cah. in-8^
KônigUche preussische Akademie der Wissenschaften zu
Berlin. — Monatsberielit, miirz 186D. Berlin; in-8".
Fiorelli [Giuseppe). — Sulle scoverte archeologichc faite in
Ilalia dal 1846 al 1866, relazione al minislro délia ilruzionc
pubblica. Naples, 1867; in-4°.
Accademia agraria di Pesaro. — Esercitazioni, anno X11I%
semestre 2". Pesaro, 1869; {0-8".
Instituto tecnico di Palernw. — Giornale di scienzc naturali
ed economiehe publicalo per cura del consiglio di perfeziona-
menlo. Anno 1868, vol. IV, fasc, 4. Païenne, 1868; in-4°.
Pizzamiglio (D. Luigi). — Saggio eronologieo ossia sloria
délia monela romana dalla fondazione di Roma alla cadula dell'
impero d'occidenle. Rome, 1867; in-4°.
Accademia ponti/icia de' Nuovi Lincei in Roma. — Alii,
anno XXI, sessiones 1-5. Rome, 1868; 4 cah. in-4".
( 748 )
Geologicul Sociehj of London. — Quarlerly Journal, vol.
XXV, part 2. Londres, 1869; in-8°.
Royal geographical Societij of London. — Procecdings, vol.
XIH, n° 2. Londres, 1869; in-8°.
Asiatic Society of Bengcd , al Cakutla. — Procecdings;
n" 12, deccmber 1868, and n° 1 , january 4869. — Journal,
new séries, vol. XXXVIII, n" 1;il (part il, n° 1, 1869). Cal-
cutta, 1868-1869; 5 cah. in-8".
Meteorological commiliee at Calcutta. — Report of ihe nie-
teorological reporter to tlie governnicnt of Bengal for llie year
1867-1868, with a meteorological abstract for the year 1867.
Calcutta, 1868; in-4^
Niimismatic Society of London. — The numismatic cliro-
niclc, 1869, part. 1. Londres, 1869; in-8°.
Paine [Martyn). — The institutes of medicinc. Eighlh édi-
tion, revised. New-York, 1868; in-8°.
The amer ican journal of science and arts. — Second séries,
vol. XLVII. n°^ 140-141. Ncw-IIavcn, 1869; 2 cah. in-8^
Fin 1)1 ToMi: XXVll de la 2'"^ séhie.
BULLETINS DE l'aCADI- MIE HOYALE DE BELGIQUE.
TABLES ALPHABETIQUES
DU iOiMi: VJxNGT-SEPTIEMK DE LA DEUXIEME SEiilE.
1869.
TABLE DES AUTEURS.
A.
Acar. — Commuiiicalion des observations bolaiii(|Ucs à Anvers en 18G8,
56-2.
Alvin {L.). — Maintenu dans ses l'onelions de membre de la eommission
spéciale des finances de la classe des beaux-arls, 117; situation finan-
cière de la caisse centrale des artistes belges au 51 décend)re 18G8,
118, 257 ; membre du jury du concours des cantates, 51 6 ; réélu menjbre
de la commission administrative, 598.
Andrics. — Dépôt d'un billet cacheté, 4.
Anonyme. — Observations au sujet des rapports sur son mémoire de con-
cours concernant Quentin Metsys, 116.
Association britannique pour Vavancement des sciences. — Annonce de
sa réunion à Exeter le 18 août 18G9, 562.
B.
Baeijer {J.-J.).— Remercîments pour son électiun (ra-.socie, -J; accuse
réception de son diplôme et désire recevoir les Bulletins el V Annuaire,
127.
Uanje {A.-L.). — Élu associé de la classe des beaux-arts, 117.
750
TAliLL DE^^ AUTEURS.
Ijcllj/nck {Aur/.). - Communicalion des observalious hulaniqucs t'ailcs à
Namiir au commencement de 1869, 614.
Dernacrts. — Orages observés à Malines depuis le l«r seplembre 18G8
jusqu'au l-^juin 1869, 641.
Bernardin. — Communicalion des observations oriiitlioiogiques lailes à
Melle en 1868, 4; id. des observations botaniques (ailes le :21 avril
1869 dans la même ville, 362.
Berloloni {Anl.). — Annonce de sa mort , 562.
liessels {le docteur). — Note sur le développement des Acarides; exUail
d'une lettre à M. P-J. Van Deneden, 276.
Dorynet (Ad). — Commissaire pour le mémoire en réponse au con-
cours de Slassart et relatif aux rapports de droit public entre les
provinces belges et l'empire d'Allemagne, 20 ; rapport sur ce travail,
461; remercîments à M. le baron Kervyn, directeur sortant, 20;
discours sur le caractère du mouvement communal en t{elgi([ue, 308;
présentalion du tome 11 de la Chronique de Jean d' Outremeusc ,715.
Barmans {J.-fJ.). — Notice sur deux fragments manuscrits de poésies
Ihyoisesde la lin du XUI*^^ siècle (le Hesliaire d'amours et l'Art d'aimer
d'Ovide), 488; hommage du tome 111 de la Chronique de IJc Kknk, 716.
Brialmonl {Alexis). — Commissaire pour le mémoire de M. Navez con-
cernant un nouveau système de chronométrie éleclro-balislique, 248;
rapport sur ce travail , 567.
Brian. — Voir Cornet.
Broeckaert {Jean). — Lauréat de la classe des lettres pour le concours de
1869,458,595.
C.
Calamalla {Louis). — Annonce de sa mort, 515.
Catalan (£".). — Rapport sur la note de M. Manilius relative à rinlir|iré-
lation de la conception infinitésimale de Poisson, 9; commi.ssai.e pour
le travail de M. Slcicben relatif à quelques questions élémentaires de
mécanique physique, 128; lecture de son rapport sur ce travail, 615;
rapports de MM. Gilbert, Steichen et Nerenburger sur son mémoire
relatif à une transformation géométrique et à la surface des ondes, 129,
1 12; sur les roulettes et les podaires, 144; sur l'addition des fonctions
elliplicpies de première espèce, 145; commissaire pour le travail de
M. Gilbert concernant les surfaces apsidales, 565; comnuinication d'un
extrait de lettre de M. Folie, 585;comnjissaire pour la note de M. Folie
sur quelques théorèmes généraux de géométrie supérieure, 615.
TAULL DE» AUTEUUS.
751
Cavalier. — Commuiiicalioii des observalions inéléoiologUiiies lailes à
Oslendo en 1868, 4; id. en février et en avril 18fi9, 191, 36Ô; orages
observés à Oslende pendant Tannée 18G8, 256; orages observés à Os-
(ende du l^J" janvier au 1^' juin 1869, 6-10.
Clialon {Uenicr). — Iloniniage d'ouvrages, 19, 51'2, 450, 716; hommage,
au nom de M. Soromenho, d'un fragment manuscrit de poëme llamaiid
du XIII" siècle, 513.
Commission impériale de l'Exposition universelle de IHlJl. — Hommage
d'un exemplaire du rapport du jury international , 1:27.
Congrès des délégués des sociétés savantes. — Annonce de sa léunion à
Paris le o avril 1869, 247.
Conscience {Henri) — Élu membre liluiaii'C, 594; approbation royale de
son élection et remercîments , 714.
Coomans {Ch.). — Orages observés à Anvers pendant raniiée 1868, 127,
255; orages observés à Anvers depuis le ^"^ janvier jus(iu'au l'"" juin
1869, 640.
Cornet et Briart. — Notice sur les dépôts qui recouvrent le calcaire car-
bonifère à Soignies, M ; rapports de MM. d'Omalius, Dewalque et Nyst
sur ce travail, 7, 8, 9; présentation d'un mémoire sur les fossiles du
calcaire grossier de Mous, 565; rapports de MM. Nysl , De Koninck cl
d'Omalius sur ce travail, 621 , 625.
D.
Dabj (César). -— Accuse réce|)tion des Bulletins et de V Annuaire de !868,
597.
Daussoigne-Mehul [J.).— Lecture d'un essai historique sur la chanson,
322; hommage d'ouvrage, 742.
De Dacker (Louis).— Annonce que la Société d'histoire de Bergues n'existe
plus ,512.
De Boe(Ad.). — Communication de la liste des orages observés à Anvers
en 1868,247.
De Borchgrave {Emile). — Lauréat de la classe des lettres i)Our le con-
cours de Stassart (histoire nationale), 485, 594.
De Burhure (le chevalier Léon). — Membre du jury du concours des can-
tates, 516; Robert Péril, graveur du XVP siècle; sa vie et ses ou-
vrages, 522.
De Busscher (Edm.). — Honimage d'ouvrage, 255; neuvième rapport aii-
nuel sur les travaux de la commission de la Biographie nationale, 600.
7o2
TAnf,i: DES AUTEURS.
De Caumonl. — Hommage d'ouvrage, 429.
De Decker {P.). — Commissaire pour les mémoires de concours reialils à
la description slalislique d'une commune des Flandres, 164; rapport
sur ces travaux , 452.
Dcfacqz (Eug.). — Commissaire pour le mémoire de concours relalij" à
l'histoire du droit pénal dans le duché de Brabant, 164; rapport sur
ce travail, 441; élu directeur de la classe des lettres pour 1870, lOo;
remercîmenls pour cette élection ,311, 428.
De Keyser [A). — Remercîments au directeur sortant, M. F.-J. Félis, 117.
De Koninck [Laurent). — Commissaire pour la notice de M. Henry
relative aux sulfocyanures des radicaux alcooliques, 4; rapport sur
ce travail, 143; commissaire pour la notice de M. Roltier concernant
la conservation du bois, 129; commissaire pour le travail de MM, Briart
et Cornet sur les fossiles du calcaire grossier de Mons, 363; rapport sur
ce travail, 623; commissaire pour la notice de M. Radzis/xnvski con-
cernant l'acide phényl-acétique, 363; id. pour le mémoire de M. Mal-
herbe concernant l'origine de la houille dans la province de Liège,
363; rapport sur la notice de M. Henry relative à l'isoméi-ie (2' partie),
626; rapport sur la notice de M Henry concernant les dérivés élhérés
des acides et des alcools polyatomiques, 627.
De Laborde [le comte Léon). — Annonce de sa mort, 311.
De Laveleije (£".). — Commissaire pour les mémoires de concours reialils
à la description statistique d'une commune des Handres, 164; rapport
sur ces travaux , 436.
De Molêon (J.-G.-V.). — Annonce de sa mort, 31 1.
Denza. — Lettre à M. Ad. Quetelet sur les météores observés à Mon-
calieri, 632.
Département des brevets des États-Unis. — Envoi d'ouvrages, 190.
De Potter (Fraus). — Lauréat de la classe des lettres j>our le concours
de 1809, 458, 593.
De Selijs Longchamps {Edm ). — Commissaire pour le travail de M. F. Pla-
teau sur les crustacés d'eau douce en Belgique (2<= et 3' parties) , 363 ;
communication des observations botaniques (21 mars et 21 avril 1869)
et zoologiques (1868) faites à Waremme, 614; secondes additions au
Synopsis des Caloi)térygines , 645.
De Sniet [J.-J.). — Présentation du Carlulaire de l'abbaye de Cambrait ,
195.
De Souza-flolsteiii {le marquis). — Honunage d'ouvrage, 184.
De Tillj/ {J.-M.).~- lîap[)orts de MM. Liafjre, Krn. Quetelet et Catalan sur
son mémoire intitulé : Études de mécanique abstraite , 615, 618, 620.
TADLE DES AUTEURS. ^ i^*
De eaux [Paul). — Nommé direcleur de la classe des IcUres [lour 1870,
20; s'excuse de ne pouvoir remplir ces foiiclions, 19o.
Dewalque (G.). — Élu directeur de la classe des sciences pour 1870, 5;
rapport sur la notice de MM. Cornet et Briart concernant les dépôts
qui recouvrent le calcaire carbonifère à Soignies, 8; dé|)ùt d'un billet
cacheté, i-28; orages observés à Liège pendant le premier trimestre de
Tannée 1869, 2o-2-, commissane |)0ur le travail de M. Malherbe con-
cernant l'origine de la houille dans la province de Liège, 5G3; rapport
verbal sur deux notes de M. Fua relatives à un nouveau procédé destiné
à prévenir les explosions dans les mines ,364; billets cachetés présentés
au nom de M. Folie, 61 4 ; remarque au sujet de la note de M. Ern. Quetelct
sur un bolide observé à Bruxelles le 51 mai 1869, 651 ; orages observés
à Liège depuis le 1*^^ avril jusqu'au 1'^^ juin 1869, 645; annonce la
découverte d'un bloc de cuivre natif à Vielsalm, 682.
De Wilte {le baron J.). — Hommage d'ouvrage, 512, 429.
D'Omalius {J.-B ). — Rapport sur la notice de MM. Cornet et Briart con-
cernant les dépôts qui recouvrent le calcaire carbonifère à Soignies, 7;
commissaire pour le travail de MM. Cornet et Briart sur les fossiles du
calcaire grossier de Mous, 565; id. pour le travail de M. Malherbe con-
cernant l'origiiie de la houille dans la province de Liège, 365.
Dupont {Ed.). — Comnmnicalion au suji't de la découverte d'une caverne
à Goyel, 195; sur deux fragments d'objets appelés : Bdlons de coninian-
deinenl , découverts dans la caverne de Goyet (province de Namur), 274.
Duprez {Fr.). — Commissaire pour la note de M. D. Leclercq concernant
les orages ob-servés à Liège en 1868,4; rapport sur ce travail, 249;
commissaire pour le mémoire de M. Viinder Mensbrugghe sur la teii -ion
superficielle des liquides, 61 o.
Egger {Emile). — Élu associé, 593; remercîmenls pour son élection, 71 i.
Ellis {Henri). — Annonce de sa mort, 165.
Fetis {Edouard). — Lecture de la 5^ partie de son travail Sur rarl,.ses
tendances, etc., 118; id. de la 6n)arlie, 257; id. de la 7«^ partie, 742;
communication de l'exposé général de l'administration de la Caisse
centrale des artistes belges en 18G8, 256.
754 TABLE DES AUTEURS.
Félis {F.-J.). — Remercîmenls comme dirocleur sortant, 117; maintenu
dans ses fonctions de membre de la commission spéciale des finances de
la classe des beaux-arts, ib.; communication verbale au sujet de la
publication de son Histoire générale de la musique, 185; hommage
d'ouvrage, 253; membre du jury du concours des cantates, 516.
Folie (F.). — Extrait de lettre communiqué par M. Catalan, 585; dépôt
de deux billets cachetés, 614; présentation d'une note sur quelques
théorèmes généraux de géométrie supérieure, 615.
Fraikin {Ch.-A.). — Élu directeur de la classe des beaux-arts pour 1870 ,
117; maintenu dans ses fonctions de membre de la commission spéciale
des finances de la classe des beaux-arts, ib.
Fan. -^ Rapport verbal de M. Dewalque sur ses deux notes relatives à un
nouveau procédé destiné à prévenir les explosions dans les mines, 56i.
Gachanl {Prosper). — Commissaire pour le mémoire relatif aux rapports de
droit public entre les provinces belges et l'empire d'Allemagne, en ré-
ponse au concours de Stassart, 20; rapport sur ce travail, 469; don Juan
d'Autriche; 5'' étude : don Juan et Marguerite, 21 ; i" étude : donna
Giovanna d'Austria, 537; sur Jeanne la Folle et les documents concer-
nant celle princesse qui ont été publiés récemment, 200, 485, 716; les
bibliothèques de Gênes; relation sur Philippe IV et la cour de Madrid,
faite en 1022 par l'ambassadeur génois Giulio dalla Torre, 719,
Geefs (Guillaume). — Maintenu dans ses fonctions de membre de la com-
mission spéciale des finances de la classe des beaux-arts ,117.
Gilbert [Ph.). — Présentation de travaux manuscrits délaissés par feu
M. Pagani, 128; commissaire pour le travail de M. Steichen relatif à
quelques questions élémentaires de mécanique physique, 128; lecture
de son rapport sur ce travail, 615 ; rapport sur le mémoire de M. Catalan
relatif à une transformation géométrique et à la surface des ondes, 129;
présentation d'un travail concernant les surfaces apsidales, 565; com-
missaire pour la note de M. Folie sur quekiues théorèmes généraux de
géométrie supérieure, 615.
Glucsener [M.). — Commissaire i>our le mémoire de M. Steichen relatif à
((uelques questions de mécanique physique, 128; lecture de son rapport
sur ce travail , 615; lecture de son rapport sur le travail de M. Mcisens
concernant le coup de foudn^ du 10 juillet 1865 à Anvers, 191.
GI\i(je{Th ). — Lecture de son rappo, I sur une noie (h' M. Kd. Robin con-
TABLE DES AUTEURS.
75ri
cernanl la cause du manque d'énergie chez rhabilantdes pays chauds,
11 ; commissaire pour le travail de M. Ed. Van Deneden sur IVmhryo-
génie des crustacés, 505; hommage d'ouvrage, 614.
Hans.sens {Ch.-L). — Membre du jury du concours des canlales, 316,
Uaus {J.-J.). — Commissaire pour le mémoire de concours relatif à l'his-
toire du droit pénal dans le duché de Drabanl, 104; rapport sur ce tra-
vail, 446; hommage d'ouvrage, 429.
Hen)'!/ (L). — Recherches sur les sulfocyanures des radicaux alcooliques,
4, 150; rapports de MM. Sias et De Koninck sur ce travail, 142, 145;
recherches sur l'isomérie dans la série salicylique ; i^" partie, 292;
rapports de MM. Slas et De Koninck sur ce travail , 250; recherches sur
l'isomérie dans la série salicylique; 2'" partie, 685; rapport collectif de
MM. Slas et De Koninck sur ce travail, 626; recherches sur les dérivés
élhérés des acides et des alcools polyalomiques, 691 ; rapport collectif
de MM. Stas et De Koninck sur ce travail , 627.
I
Institut ries ingénieurs civils de Londres. — Envoi d'ouvrages, 590.
Juste {Th ).— Honniiage d'ouvrage, 19, 716; commissaire pour le mémoire
relatif aux rapports de droit public entre les provinces belges et l'em-
pire d'Allemagne, en réponse au concours de Stassart, 20 ; rapport sur
ce travail. 479; commissaire pour le mémoire de concours relatif aux
tendances politiques et sociales des hérésies, 164; rapport sur ce travail,
460; les États-Unis d'Amérique en 1783; le comte de Mogendorp et le
slalhouder Guillaume V, 163.
R
Kervyn de Lettenhove {le baron). — P.emeicîments comme directeur
sortant, 20; commissaire pour les mémoires de concours relatifs à la
descrii>lion slalisli(jue d'une commune des Flandres, 164;rap|)ort sur
ces travaux, 448; présentation du tome VII des Œuvres de Frois-
71)0 TABLE DES AUTEURS.
sari, 19o; une page de Thistoire d'Angleierre : les dernières années
(PÉdouard III, 550.
A7rc///<o/7" (G.). — Uemercîmenls pour son éleclion d'associé, 2; accuse
réception de son diplôme et désire recevoir les Bulletins Ql V Annuaire ,
1-^)7
Lacordaire {Th.). — Commissaire pour la notice de M. Preudhomme de
IJorre concernant des débris de Chéloniens, 248; rapport sur ce tra-
vail, o()6; commissaire pour le travail de M. F. Plateau sur les crus-
tacés d'eau douce en Belgique (2^ eto^ parties), 565; id. pour la notice
de M. De Borre sur une nouvelle espèce de caïman, 5G5 ; rapport sur
ce travail, 625.
Laforêl [N.-J.). — Élu correspondant, 505; remercîmenls pour son élec-
tion, Tii.
Lan-szweert {Ed.). — Communication des observations des phénomènes
périodi(iues à Ostende en 1H68, 190.
Le Doulengé. — Dépôt d'un billet cacheté, 4.
Leclercq il).). — Communication des observations météoroloi^iques laites
à Liège en 1868, 4 ; sur les orages observés à Liège et dans la province
en 1868, 4, 257 ; rapports de MM. Diiprez et Ern. Quelelet sur ce tra-
vail , 249.
Leclercq {M. - N. -J ). - Réélu membre de la commission administrative,
450.
Lecomle{A.). — Communication relative au rapport de M. Ad. Quetelet sur
son travail concernant la grêle, 4; rectification à ce propos, 192.
Lenormand {Sébastien). — Annonce de sa mort, 429.
Liogre (/.). — Promet une notice biographiciue sur feu M. Nerenburger,
246; commissaire pour le mémoire de M. Navez concernant un nou-
veau système de chronométrie électro-balistique, 248; commissaire
pour la note de M. Folie sur ([uchpies théorèmes généraux de géométrie
supérieure, 615; rapport sur le mémoire de M. De Tilly relatif à des
études de mécanique abstraite, ih.
M.
Malaise {C). — Orage observé à Gembloux le 50 déceuibre 1868, 4;
cMtnnnunication de l'état de la végétation à Gembloux le 21 mars 1860,
614; (irages observés à Gembloux depuis le l''' s(>|>tembre 1868 jus-
TABLE DES AUTEURS. 7;j7
qu'au 1" juin 1809,637; note sur les roches usées avec caiineluies
de la vallée de la grande Gcete , 682.
Malherbe {Renier). — Présonlalion d'un mémoire sur Porigine de l:i
houille dans la province de Liège, 3G3.
Manilius. — Rapport de M. Catalan sur sa note relative à rinler|)rélalion
de la conception inlinitésimale de Poisson, 9; envoi d'une notice im-
primée, avec prière d'examen, 127.
Mal/lieu {Ad). — Hommage d'ouvrage, 163; membre du jury du con-
cours des cantates, ol6.
Maus{M.-H.). — Remplace M. Melsens comme membre du jury pour le
concours quinquennal des sciences mathématiques et physiques, 2;
commissaire pour la notice de M. Rottier concernant la conservation du
bois, 129.
Meissonier {J.-L.-E.). ~ Élu associé de la classe des beaux-arts ,117.
Melsens (//.). — Remplacé par M. Maus comme membre du jury pour
le concours quinquennal des sciences mathématiques et physiques,
2; commissaire pour la notice de M. Rottier concernant la conservation
du bois, 129; lecture des rapports de MM. Gloesener, Ern. Quclelel
et Monligny sur son mémoire relatif au coup de foudre du 10 juillet
1863 à Anvers, 191 ; commissaire pour le mémoire de M. Navez con-
cernant un nouveau système de chronométrie électro-balistique, 248;
id. pour la note de M. Robin relative à la prévision de la couleur des
composés minéraux, etc., 363; lecture de son rapport sur ce travail, 627.
Michel. — Communication du résumé des observations météorologi({ues
faites à Oslende en 1868 , 127.
Ministre de la justice {M. le). — Envoi d'ouvrages, 19.
Ministre de Vintérieur {M. le). — Arrêté royal approuvant l'élection de
M. Steichen, 2 ; M. Melsens remplacé par M. Maus comme membre du
jury pour le concours quinquennal des sciences mathématiques et
physiques, ib.; buste de M. le baron de Saint-Génois, 18; arrêté royal
ouvrant le concours des cantates pour le grand concours de composi-
tion musicale, 113; envoi d'une ordonnance de payement de 23,730 fr.,
127; envois d'ouvrages, 127, 163, 18i, 194, 235, 246, 312, 316, 362, 429,
396, 713, 741 ; lettre relative aux travaux de la commission de littéra-
ture flamande, 194; lettre concernant le jury permanent du concours
des cantates, 254; envoi d'une lettre de l'auteur delà cantate intitulée :
Les 600 Franchimonlois, 236; notification du jury du concours des
cantates, 516; regrets de ne pouvoir assister à la séance publique de
mai; 429; arrêté royal approuvant l'élection de M. Conscience, 714;
^""^ SÉRIE, TOME XXVII. 50
758 TABLE DES AUTEURS.
lellre concernant le jury pormaneni du concours de com[)Osilion musi-
cale, 741.
Monligntj{Ch.). — Leciure de son lapport sur le travail de M. Melsens
concernant le coup de foudre du lU juillet 186d à Anvers, 191; com-
missaire pour le mémoire de M. Vander Mensbrugglie sur la tension
superliciclle des li(|uides, 615.
Morrcn {Ed.) — Hommage d'ouvrage, 3.
Musée Te ijhr.ù Harlem. —Envoi de son programme de concours, 19.
]\.
Navez. — Note sur un nouveau système de chronométrie électro-balis-
tique, ^-iH , 5S6; rapports de MM. Brialmonl, Liagre et Melsens sur
ce travail , 367, 375.
Nerenbarcjer {Ad.). — Annonce de sa mort, 246.
Nève {Félix). — Commissaire pour le mémoire de concours rclalilaux
tendances politiques et sociales des hérésies, 164; rapport sur ce tra-
vail, 460.
Nolelde Brauivere van Steelaitd [J.-C). — Membre du, jury du concours
des cantates, 316; hommage d'ouvrage, 450.
Ni/pels iS.-J.-G). — Elu corresimndant, 595; remercîments pour son
élection ,714.
Nijsl {He)iri). — Commissaire pour le mémoire de JMM. lîriart cl Cornet sur
les fossiles du calcaire grossier de Mons, 363; rapport sur ce travail,
6JI.
Varloes {IL). — Mainleiui dans ses fonctions demembi-ede la commission
s|Ȏciale des (inances de la classe des beaux-arts, 1 17.
Vlaleau {Félix). — Présentation d'un travail sur les crustacés d'eau
douce en Belgique (2*^ et 5'= parties), 36ô.
Plateau {Joseph). — Commissaire pour le mémoire de M. Vander Mens-
brugglie sur la tension superficielle des liquides, 613.
Poelman {Cit.). — Comnjissaire pour la notice de M, Preudhommc
(le Borre concernant des débris de Chéloniens, 248; rapport sur ce
travail, 365; comnjissaire pour le travail de M. Ed. Van Beneden sur
l'embryogénie des crustacés , 3()3 ; idem pour la notice de M. De Borre
sur une nouvelle cs[)èce de caïman, 363.
TABLE DES AUTEURS. 7oî)
PouUct {Edmond). — Lauréat de la classe des lellres pour le coiicour.s
de 18C9, 448,592; inscription pour sa médaille, 715.
Preudhomme de Borre (A.). — Notice sur des débris de Ghéloniens lui-
sant partie des collections du Musée royal d'histoire naturelle de
Bruxelles et provenant des terrains tertiaires des environs de cette
ville, :2i8, 420; rapports de MM. Poehnan et Lacordaire sur ce tra-
vail, 365, 566; présenlalion d'une notice sur une nouvelle espèce de
caïman , 565; rapports de MM. Van Beneden , Lacordaire el Poelman sur
ce travail, 624, 625, 626.
Q
Quetelet {Adolphe). — Hommages d'ouvrages, 5, 116; communication
verbale au sujet de la théorie des apparitions périodiques des étoiles
filantes, 192; rectification à la note insérée page 451 du lome XXV<" de
la 2'ne série des Bulletins (notice de M. Lecomte sur la (jrcle), ib ;
taille de l'homme en Italie, à l'exception des provinces vénitiennes,
pour l'âge de vingt ans, 196; orages observés à Bruxelles depuis le
21 août 1868 jusqu'au 1" avril 1869,251; présentation du programme
du congrès de stalislique,512; communication relative aux phénomènes
périodiques, 562; congrès inlernalioiial de statistique des délégués des
dilFérents pays, 576; communication d'une lettre de M. Denza sur les
météores observés à Moncalieri , 652; note sur les orages observés en
Belgique, 655.
Quetelet {Ernest). — Commissaire pour une note de M. D. Leclercq sur
les orages observés à Liège en 1868, 4; lecture de son rapport sur le
travail de M. Melsens concernant le coup de foudre du 10 juillet 1805
à Anvers, 191; rapport sur le mémoire de M. De Tilly relatif à des
études de mécanique abstraite, 618; note sur les aurores boréales du
15 avril et du 15 mai 1869, 628; note sur le bolide observé à
Bruxelles le lundi 51 mai 1869, 651.
R.
Uadziszewski {B .). — '^(ic\\Qvc\iQs sur les dérivés de l'acide phényl-acélique
{x toluique), 2^ partie, 565, 698 ; rai)porls de MM. Stas et De Koninck
sur ce travail , 620.
Beijnault [V.). — Hemercîinenls pour son élection d'associé, 2; accuse
réception de son diplôme el désire recevoir les Bulletins vlVAnmiairc,
190.
760 TA»LE DES AUTEURS.
Robin {Ed.). — Lecture du rapport de M. Gluge sur sa noie concernant
la cause du nian(|ue d'énergie chez, riiabiianl des pays chauds, 11;
présentation d'une notice sur la prévision de la couleur des composés
minéraux, etc., 365; lecture des rapports de MM. Slas et Melsens sur
.'Ce travail, 627.
Rongé {J.B.). — Hommage d'ouvrage , 235, 316.
Bottier. — Présentation d'un travail sur la conservation du bois au
moyen du sulfate de cuivre, 129.
Roulez (/.). — Présentation de la notice biographique sur feu M. Baguet,
1 U; inscription pour la médaille de concours de M. Ed. Van Beneden,
190; id. pour celle de M. Edni. Poullet, 715.
.^ari {Paul). — Remercîments pour son él.'Clion d'associé, 127; accuse
réception de son diplôme et désire recevoii' les Bulletins ri V .\mtunin' ^
190.
Sriieler {Aug.). — Hommage d'ouvrage, 312.
Sriiwcnm {Th.). — Commissaire pour le travail dt: M. Ed. Van Benoden
sur l'embryogénie des crustacés , 363.
Snellaert {F.-A.). — Membre du jury du concours des cantates, 316.
Société des architectes du département du Xord , à Lille — Demande
d'échange de publications, 597.
Société dunkerquoise pour V encouragement des sciences et des lettres. —
Envoi de son programme de concours, 19.
Société royale pour V encouragement des beaux-arts , à Anirrs. —
Envoi du programme de ses concours, 742.
Soromenho {Aug.). — Hommage d'un fragment manuscrit de poÏMiie lla-
mand du XIll* siècle, 313.
Spring {Ant.). — Remercîments comme directeur sortant, 5.
Stas {Jean). — Commissaire pour la notice de M. Henry relative aux
sulfocyanures des radicaux alcooliques, 4; rapport sur ce travail, 1 12 ;
ra|)port sur la note de M. Henry relative aux dérivés chlorés de l'aldé-
hyde salicyli(iue, 250; commissaire |)Our la notice de M. Rad/js/ewski
concernant l'acide phényl acéticjue, 363; ra|)port sur ce travail, 620;
commissaire pour la noie de M. Robin relative à la prévision de la cou-
leur des composés minéraux, etc ,363; lecture de son rapport sur ce
travail, 627; maintenu dans ses fonctions de mend)re de la connnission
administrative, 364; rapport sur la note de M. Henry relative à Tiso-
TABLE DES AUTEURS.
761
méiie (2< pallie), 6'26; rajjpoil sur la note de M. Henry iclalive aux
dérivés éihérés des acides el des alcools polyaloniiques, 627.
Slcichcn {M.) — Apjuohation royale de son élection de membre titulaire,
2; remercîments pour son élection, ib.; présenlalion d'un mémoire sur
quel(|ues (|ueslioiis élémentaires de mécani(|ue |)hysi(|ue, 128; lecture
des ra[)ports de MM. GillK-rt, Catalan el Gloesener sur ce travail, G!o;
commissaire pour le travail de M. Gilbert concernant les surlaces a[)si-
dales, Ô65.
Taylor {John). — Annonce de sa mort, 246.
Toby. — Orages observés à Louvain depuis le l"" janvier jusqu'au
l"juin 1869, Ô62, 658.
Thonissen {J.-J.). — Commissaire pour le mémoire de concours relalil'à l'his-
toire du droit pénal dans le duché de Brabanl, 164 ; rapporl sur ce
travail, 431; commissaire pour le mémoire de concours relatif aux
tendances politiques el sociales des hérésies, ib.\ rapporl sur ce tra-
vail, 458.
V.
Van Beneden {Éd.). — Inscription pour sa médaille de concours, 190;
présentation d'un travail sur l'embryogénie des crustacés, 563.
Van Beneden [P.-J.). — Hommage d'ouvrage, 5; note sur le développe-
ment des acarides; extrait d'une lettre de M. le docteur Bessels, 276}
observations au sujet de celte lettre, 280; notice sur les baleinoplères
du nord de l'Allanlique, 281 ; commissaire pour le travail de M. F. Pla-
teau sur les crustacés d'eau douce en Belgique, 565; idem pour
la notice de M. Preud homme de Borre sur une nouvelle espèce de
caïman, 565; rapporl sur ce travail , 624; un Palaedaphus nouveau du
terrain dévonien, 578; noie sur une baleinoptère échouée dans l'Escaut
au mois de mai 1869, 680.
Vander Maelen {Philippe). — Aimoncede sa mort, 614.
Vander Mensbrugghe {G.}. — Présentation d'un mémoire sur la ten-
sion superficielle des liquides, 613.
Fan Géel. — Orages observés à Gerpinnes depuis le l^"" janvier jusqu'au
iTjuin 1809,644.
Van Uassell {And). — Hommage d'ouvrage, 255, 516.
Van Weslrheenc {T.). — Élu associé de la classe des beaux-arts, 117;
762 TAlJLt DES AUTEURS.
remercîmenls pour son élection, 184; exprime le désir de recevoir les
publications académiques, 235; accuse réception des Bulletins et de
l'Annuaire de 1868, 597.
Von Martius (F.)- — Annonce de sa mort, ^2.
Von Sybel{ff). — Élu associé, 595; remercîmenls pour son élection, Tli.
Vrecde {G.). — Élu associé, 595; remercîments pour son élection, 711.
\^.
Wesmael [Alfr.). — Hommage d'ouvrage, 247.
ÏABLK DES iMATIERES.
Arrêtés royaux. — Approbation de réieclion de M. Slcichcn , 2; id. de
réieclion de M. Conscience ,714.
Astronomie. — Communication verl)ale, par M. Ad.Quclelel, au sujet de
la théorie des apparitions périodiques des étoiles filantes, 192; sur les
méléores observés à Moncalieri; lettre de M. Denza à M. Ad. Quetelet,
632.
B.
Balistique. — Voir J'hi/sique.
Billets cachetés. — Dépôt de billets cachetés, par iMiM. Le Douleni^é et
Andries, 4; par M. Dewalque, 128; par M Dewalque au nom de
M. Folie, 614.
Biographie. — Présentation, par M. Roulez, de la notice biographique
sur feu M Baguet, lU; Robert Péril, graveur du seizième siècle : sa
vie et ses ouvrages; notice par M. le chevalier de Burbure, 322.
Bustes des académiciens décédés. — Lettre de M. le Ministre de Tintérieur
relative au buste de M. le baron de Saint-Génois, 18.
Caisse centrale des artistes belges. — Situation financière au 31 dé-
cembre 1868, 118, 236; communication, par M. Ed. Fétis, de l'exposé
général de Tadministralion pendant Tannée 1868, 236.
(^72/„j,>._ Recherches sur les sulfoc.vanures des radicaux alcooliques,
par M. L. Henry, 4, 150; rapports de MM. Stas et De Koninck sur ce
travail, 142, 143; présentation de recherches sur la conservation du
bois, par M. Rollier, 1-29; recherches sur l'isomérie dans la série sali-
cyliquc (U^ i)arlie), par M.L.Henry, 292; rapports de MM. Stas et
De Koninck sur ce travail, 230; recherches sur les dérivés de l'acide
phényl-acélique (a toluiquc), 2« partie, par M. BronislasRadziszewski,
363, 698; rapports de MM. Stas et De Koninck sur ce travail , 620; pré-
sentation d'une notice sur la prévision de la couleur des composés miné-
764 TABLE DES MATIÈUES.
laux, etc., par M. Ed. Robin, 363; lecture des rapports de MM. Slas et
Melsens sur ce travail, 627; recherches sur Tisomérie dans la série sali-
cylique (2<^ partie), par M. L. Henry, 685; rapports de MM. Stas et
De Koninck sur ce travail, 620; recherches sur les dérivés éthérés des
acides et des alcools polyatomiques, par M. L. Henry, 691 ; rapi)orls de
MM. Stas et De Koninck sur ce travail, 627.
Commission administrative. — Réception d'une ordonnance de payement
de 23,750 francs, 127.
Commission de la Biographie nationale. — Neuvième rapport annuel sur
les travaux de la commission, par M. Edm. De Busscher, 000.
Commission pour la publication des anciens monuments de la littéra-
ture flamande. — Lettre de M. le Ministre de l'intérieur relative à la
continuation de ses travaux, 194; envoi, à la commission, d'un manu-
scrit offert par M. Soromenho, 313.
Commission pour la publication d'une collection des grands écrivains
du pays. — Hommage du tome Vil des Œuvres de Froissart, |»ar
M. le baron Kervyn de Leltenhove, 195.
Commission royale d'histoire. — Hommage du Cartulaire de Cabbaye
de Cambron, par M. De Smet, 195; présentation du tome II de la
Chronique de Jean d'Outremeuse , par M. Borgnet, 713; hommai^e du
tome III de la Chronique de De Klerck, par M. Bormans, 716.
Concours de composition musicale (grands). — Arrêté royal ouvrant le
double concours des cantates, 115; cantates reçues, 116, 184, 235,
317, 597; lettre de M. le Ministre de l'intérieur relative au jury per-
manent du concours des cantates, 2.34; jury du concours des cantates ,
316; remplacement d'un membre du jury du concours de composition
musicale, 741.
(^o)icours de la classe des beaux-arts. — Lettre d'uii anonyme au sujet
des rapports sur son mémoire île concours concernant Quentin Melsys,
116; résultats du concours [tour 1809, 742.
Concours de la classe des lettres. — Mémoires reçus pour le concours
de 1869 et nomination de commissaires, 163; rapports de MM. Tho-
nissen, Defacqz et Haus sur le mémoire relatif à l'histoire du droit
pénal dans le duché de Brabant , 431 , 441 , 446; rapports de MM. le
baron Kervyn de Leltenhove , De Decker et De Laveleye sur les mé-
moires relatifs à la description slatislique d'une commune des Flan-
dres, 448, 452, 456; rapports de .MM. Thonissen , Juste et Nève sur le
mémoire concernant les tendances politi(|U(s et sociales des hérésies,
{;'»8, 160; ra|tports de MM. Borgnet, Gachard et Juste sur le mémoiie
en réponse au concours de Sla.ssarl relatif aux rapports de dioil publie
TABLE DKS .MATIEKES.
7()J
des provincps btHges avec l'AlU magne, 4G1, 469,479; pioclanialioii
des résultats du concours, 59:2; ajourneinent de la formation du pro-
gramme pour 1871 , 710.
Concours (le la classe des sciences. — Questions pour 1H70, o, l'29, 191;
ado[)ti(>n définitive du programnie, 248.
Concours des cantates. — Voir Concours de composition musicale
{(jrands).
Concours de Stassarl. — Mémoire reçu pour le concours relalii" à uik;
(lueslion d'histoire nationale, 19; rapports de MM. Borgnet, Gachard
et Juste sur ce travail, 461,409, 479; proclamation du résultat du
concours, 595; ajournement de la formation du programme i)0ur la
'2'^ péjiode du concours sexennal, 716.
Concours quinquennal des sciences matliémaliques et phijsiqucs. —
M. Maus remplacé par M. Melsens comme membre du jury, 2.
O.
Dons. — Ouvrages,par M. Ad.Quetelet,5, 116 ; par M.Ed. Morren,ô ; par
M. Van Beneden, ihid.; par M. le Ministre de la justice, 19; par M. Tli.
Juste, 19, 710; par M.Chalon, 19, 512,540, 710; par M. le Ministre de
rintérieur, 127, 105, 184, 194,205,240,512,510,502,590,715,741;
par la commission impériale de l'Exposition universelle de 1807, 127;
travaux manuscrits deM. Pagani,parM. Pli. Gilbert, 128; ouvrages, par
M. Mathieu, 105; par M. le marquis de Souza-Ilolslein, 184; par le
département des brevets des États-Unis, 190; par M. le baron Kervyn
de Letlenhove, 195; par M. De Smet, ihid.; par M. F.-J. Fétis, 255;
|)ar M. De Busscher, ibid.; par MM. Van Hasselt et Rongé, 253,510;
par M. Alf. Wesmael , 247; par M. le baron de Witte,512, 429; par
M. Scheler, 512; manusciit, par M. Soromenho, 515; ouvrages, par
M. de Caumoni, 429; par M. Haus, ihid.; par M. iXolet de Brauwere,
450; par M. Gluge, 614; par M. Borgnet, 715; par M. Bormans,710;
l>ar M. Daussoigne-MéhuI , 742.
E.
Élections et nominations. — Piemercîmenls de MM. Steichen, membre,
Regnaull, Baeyer et Kirchhoff, associés, 2; M. Dewalque élu directeur
de la classe des sciences pour 1870, 5; M. Paul Devaux élu directeur
de la classe des lettres pour 1870, 20; MM. Meissonier, Barye et Van
Wesirheene élus associés , 1 17 ; M. Ch. Fraikin élu directeur de la classe
des beaux-arts pour 1870, 117; réélection de la commission spéciale
766
TABLE DES MATIERES.
des finances de la classe des beaux-arts, ib.; remerchnents de M. Savi
pour son élection d'associé , 1^7 ; élection du comité de présentation aux
places vacantes dans la classe des lettres, 163; remerchnents de M. Van
Westhreene pour son élection d'associé, 184; nomination du jury du
concours des cantates, 183, 516; M. Defacqz élu directeur de la classe
des lettres pour 1870, 105; remercîments pour cette élection, 511 ,
428; MM. Stas, Leclercq et Alvin réélus membres de la commission
administrative, 564, 430, 398; iMM. Conscience, Latbrêt, Nypels,
Egger, Vreede et Von Sybel, élus membre, correspondants et associés,
594 , 393; remercîments pour ces élections , 714.
Épigraphie. — Inscription pour la médaille de concours de M. Eu. Van
Beneden, 190; id. pour la médaille de M. Poullet, 713.
Esthétique. — Lecture, par M. Ed. Fétis, de la 3'"« partie de son travail
sur l'Art, ses tendances, etc., 118; id. de la 6"'<= partie, 257; id. de la
7nie partie, 742.
Géologie et minéralogie. — Notice sur les dépots qui recouvrent le cal-
caire carbonifère à Soignies , par MM. Cornet et Briart, 1 1 ; rapports de
MM. d'Omalius, Dewalque et Nyst sur ce travail, 7, 8,9; présentation
d'un mémoire sur Torigine de la houille dans la province de Liège, par
M. Malherbe, 5!)3; annonce, par M. Dewalque, de la découverte d'un
bloc de cuivre natif à Vielsalm, 682 ; note sur les roches usées avec can-
nelures de la vallée de la grande Geete, par M. Malaise, ib.
Gravure. — Robert Péril , graveur du seizième siècle : sa vie et ses ou-
vrages; notice par M. le chevalier de Burbure, 522.
Histoire. — Éludes historiques sur don Juan d'Autriche, par M. Gachard;
3^'' étude : Don Juan et Marguerite, 21; 4"'" étude : Donna Giovanna
d'Auslria, 357; les États-Unis d'Amérique en I78Ô; le comte de llogen-
dorp et le stathouder Guillaume V; notice par M. Th. Juste, 163; sur
Jeanne la Folle et lesdocunKMils concernant cette princesse qui ont été
|tul>liés réeenmient; notices par M. Gachard, 200, 483, 716; rapports de
MM. Thonissen, Defaccjz et Haus sur le mémoire de concours relaliC à
l'histoire du droit pénal dans le duché de Brabant, 431 , 441, 446;
rapports de MM. Borgne! , Gachard et Juste sur le mémoire en réponse
au concours de Slassart relatif aux rapports de droit public des pro-
TABLE DES MATIÈRES. 767
vinces belges avec I Allemagne , 461, 469, 479; sur le caraclùre du
niouvemenl communal en Belgique, discours par M. Dorgnet, 508;
une page de l'histoire d'Anglelerre: les dernières années d'Fùlouard III ;
notice par M. le baron Kervyn de Lettenliove, oôO; les bibliotliè(piesde
(iènes; relation sur Philippe IV et la cour de Madrid, laite en 10:22 par
l'ambassadeur génois Giulio dalla ïorre; notice |)ar M. Gachard, 719.
Histoire littéraire. — Notice sur deux fragments manuscrits de poésies
tliyoises de la fin du XIII'»c siècle (le Desliairc d'amours et l'Art
d'aimer d'Ovide); par M. Bormans, 488.
Jurisprudence. — Voyez Histoire.
M
Mathématiques pures et appliquées. — Rapport de M. Catalan sur la note
de M iVIanilius relative à Tinlerprélation de la conception infinitésimale
de Poisson, 9; présentation d'un essai sur quelques questions élémen-
taires de mécanique physique, par M. Steichen, 1 28 ; lecture des rapports
de MM. Gilbert, Catalan et Gloesener sur ce travail, 615; rapports de
MM. Gilbert, Steichen et Nerenburger sur le mémoire de M. Catalan
concernant une transformation géométrique et la surface des ondes,
129, 142; note sur les roulettes et les podaires, par M. Catalan, 144;
note sur l'addition des fonctions elliptiques de première espèce, par le
même, 145; présentation d'un mémoire sur les surfaces apsidales, par
M. Gilbert, 305; extrait d'une "lettre de M. Folie, communiqué par
M. Catalan, 585; présentation d'une note sur quelques théorèmes géné-
raux degéométrie supérieure, par M. Folie, 015; rai)norts de MM. Liagre,
Frn. Qut'telet et Catalan sur le travail de M. De Tilly intitulé : Études
de mécanique abstraite , 615, 618, 620.
Mécanique. — \oir Mathématiques.
Météorologie et physique du globe. — Fnvoi, par MM. D. Leclercqet Ca-
valier, des observations méléorolo.niques faites en 1868 à Liège et à Os-
tende, 4; sur les orages observés à Liège et dans la province en 1868;
communication de M. D. Leclercq,4, 257; rapports de MM. Dnpnv. et Vsn.
Quelelet sur ce travail, 249; orage observé à G^'Uiblmix par M. M:il;tise,
le 50 décembre 1868,4; communication du résumé des observations
météorologiques faites à Ostende en 1868, par M. Michel, 127; commu-
nication, par M. C. Coomans, de la liste des oiages observés à Anvers en
768 TABLii; i)f:s matières.
1868, /^/V/.; communicalioii, \^M' M. Cavalier, des résumés méléorologi-
<iues de février el avril I8G9 à Oslende, 191, 563; rectiiicatioii, par
M. Ad. Quelelel, au sujet de la note insérée page 451 du lonie XXV de
la S-"" série des Bulletins (travail de M. Lecomle sur lagrclc), 192;
communicalion, [)ar M. De Roe, de la liste des orages observés à Anvers
en 1868, :2i7; orages observés à Bruxelles depuis le 21 août 1868 jus-
qu'au 1^"^ avril 1869 ; communication de M. Ad. Quetelet, 2ol ; orages
observés à Liège pendant le premier trimestre de Tannée 1869; com-
munication de M. Dewalque, 252; orages observés à Anvers pendant
l'année 1868, par M. Coomans, 255; à Ostende, en 1868, par M. Cava-
lier, 256; sur les aurores boréales du 15 avril et du 15 mai 1869, note
par M. Ern. Quetelet, 628; bolide observé à Bruxelles le lundi 51 mai
1869; note par le même, 651; sur les orages observés en Belgicjue;
communication de M. Ad. Quetelet , 655; orages observés à Bruxelles
du 1er avril au 1"- juin 1869, 656; à Gembloux, du l*^' septembre 1868
au 1" juin 1869, 657; à Louvain, du 1"" janvier au l"" juin 1869, 658;
à Oslende, ibid., 640 ; à Anvers, ibid., 640 ; à Malines, du 1*"' seplend)re
au l'r juin 1869, 641 ; à Liège, du 1"" avril au l'"- juin 18()9, 615; à
Cerpinnes, du l*-"" janvier au l'"'" juin 1869, 614.
Musifjue. — Communicalion verbale de M. F.-J. Félis au sujet de la publi-
cation de son ouvrage intitulé : Histoire générale de la musique, 185;
lecture, par M. Daussoigne-MéhuI , d'un essai historique sur la chanson,
522.
N.
Nécrologie. — Annonce de la mort de M. von Martius, 2; funérailles du
prince royal, 120, 16'2, 185; annonce de la mort de sir Henry Ellis, 165;
de M. Nerenburger, 246; de M. John Taylor, ibid.;i\e M. deMoléoii,5l 1 ;
de M, de Laborde, ibid.; de M. Louis Calamatla, 515; de M. Bertoloni,
362; de M. Sébastien Lenormand, 429; de M. Vander Maelen,614.
Ornithologie. — Voir Zoologie.
Ouvrages présentés. — 1 19, 185,237, 555, 607, 745.
Paléontologie. — Découverte d'une caverne à Goyet; communicalion de
M. Ed. Dupont, 195; notice sur des débris de Chéloniens faisant |)arlie
des collections du Musée royal d'histoire p.aturelle et provenant des
TADLE DES MATIERE:
7(;î»
terrains tertiaires des environs de Bruxelles, par M. A. Prcudliomnie
de Uorre, -2i8, 420; rapports de MM. Poehnan et Lacordaire sur ce
travail, 505, Ô6G; sur deux IVagments d'objets appelés « bâtons de
commandement, >■> découverts dans la caverne de Goyet ( province de
Namur), note par M. Kd. Dupont, -274; présentation, par MM. I5riarlel
Cornet, d'un mémoire sur les fossiles du calcaire grossi*-r de Mons,
565; rapports de MM. Nyst, De Koninck et d'Omalius sur ce liavail,
0-21, 62ô; un Palaedaphus nouveau du terrain dévonien ; notice par
M. P.-J. Van Beneden, 578.
Phénomènes périodiques. — Communications de MM. D. Leclercq, Cava-
lier et Bernardin, 4; de M. Michel, 127; de MM. Kd. Lanszvveerl et
Cavalier, 190, 191; de MM. Ad. Quetelel, Bernardin et Acar, 5G2;
de MM. Bellynck, Malaise et de Selys Longchamps, 614.
Phijsiologie. — Rapport verbal de M. Gluge sur la note de M. Robin con-
cernant la cause du manque d'énergie chez l'habitant des pays chauds,
11.
Phijsique. — Lecture des rapports de MM. Glot-sener , Krn. Quetelet et
Montigny sur le mémoire de M. Melsens concernant le coup de loudrc
du 10 juillet 1805 à Anvers, 191; note sur un nouveau système de
ehronomélrieélectro-balisli(iue, par M. Navez, 248, 586; rapi.orls de
MM. Brialmont, Liagre et Melsens .sur ce travail , 567, 575; rapport
verbal de M. Dewalque sur deux notes de M. Fua relatives à un nou-
veau procédé destiné à prévenir les explosions dans les mines, 564;
présentation d'un travail sur la tension superdciclle des liquides, par
M. Vander Mensbrugghe, 615.
Publications académiques. — Présentation du tome XXXVll des Mé-
moires des membres, du tome XXVI (2""- série) des Bulletins et
de V Annuaire pour 1869, 2, 19, 116.
R.
Rapports. — De MM. d'Omalius, Dewalque et Nyst sur la notice de
MM. Cornet et Briart concernant les dépôts qui recouvrent le calcaire
carbonifère à Soignies, 7 ,8, 9; de M. Catalan sur la note de M. Mani-
lius relative à rinlerprétalion de la conception infmitésimale de Poisson,
9; rapport verbal de M. Gluge sur la note de M. Robin concernant la
cause du manque d'énergie chez l'habitant des pays chauds, H; de-
mande de rapport sur une noie imprimée, par M. Manilius, 127; rap-
ports de MM. Gilbert, Steichen et Nerenburger sur le mémoire de
M. Catalan concernant une transformation géomélri((ue et la surface
770 TABLE DES MATIÈRES.
(les ondes, l'29, 1 i^; de MM. Slas et De Koninck sur les recherches de
M. Henry lelalives aux sult'ocyaimres des radicaux alcooliques, i4'2,
14-5; lecture des rapports de MM. Gloesener, Ern. Quelelet et Moii-
tigiiy, sur le mémoire de M. Melseiis concernant le coup de foudre du
10 juillet 1865 à Anvers, 191 ; lapports de MM. Duprez et Ern. Quetelet
sur la notice de M. D. Leclercq concernant les orages observés à Liège
en 18G8, 2i9; do MM. Stas et De Koninck sur le travail de M. Henry
relatif à Tisoméiie dans la série salicylique ( 1»"« partie), 2b0; rapport
verbal de M. Dewalque sur deux notes de M. Fua relatives à un nou-
veau procédé destiné à prévenir les explosions dans les mines, 364; rap-
ports de MM. Poelman et Lacordaire sur la note de M. De Borre relative
à des débris de Chéloniens, 565, 560; de MM. Drialmont, Liagre et Mel-
.scns sur le travail de M. Navez concernant un nouveau système de ehro-
nométrie électro-balistique, 567,575; de MM. Thonissen, Defacqz et
Haus sur le mémoire de concours relatif à l'histoire du droit pénal dans
le duché de Brabant, 451, 441, 446; de MM. le baron Kervyn de Let-
lenhove, De Decker et De Laveleye sur les mémoires de concours rela-
tifs à la description statistique d'une commune des Flandres, 448, 4.52,
436; de MM. Thonissen, Juste et Nève sur le mémoire de concours con-
cernant les tendances politiques et sociales des hérésies, 458, 460; de
MM. Borgnet , Gachard et Juste sur le mémoire en réponse au concours
de Stassart relatif aux rapports de droit public des provinces belges
avec l'Allemagne, 461, 469, 479; lecture des rapports de MM. Gilbert ,
Gatalan et Gloesener sur le mémoire de M. Sleichen concernant la
mécanique [ihysique, 615; rapports de M.M. Liagre, Ern. Quetelet et
Catalan sur le travail de M. De Tilly, intitulé : Etudes de mécanique
abstraite, 615, 618, 620 ;de MM. Slas et De Koninck sur la notice de
M. Radziszewski concernant les dérivés de l'acide phényl-acétique, 620;
de MM. Nyst, De Koninck et d'Omalius sur le mémoire de MM. Briart et
Cornet concernant les fossiles du calcaire grossier de Mons, 621, 625; de
MM. Van Beneden, Lacordaire et Poelman sur la notice de M. De Borre con-
cernant une nouvelle espèce du genre caïman, 624, 625,626; de MM. Stas
et De Koninck sur la note de M. Henry relative à l'isomérie (2'"^ partie),
626; de MM. Slas et De Koninck sur la note de M. Henry relative aux
dérivés éthérés des acides et des alcools polyatomiques, 627 ; lecture des
rapports de MM. Slas et Melsens sur la note de M. Robin relative à la
[(révision de la couleur des composés minéraux, etc., ib.
TADLK DES MATII-llES.
771
Sciences morales et politiques. — r.nppoils di; MM. Tiionisscn, .lii>l(' oi
Nùve sur le mémoire de concours coiiconiaiU les iciidaiices poliliciucs
el sociales des liérésies, -458, 460.
Séances publiques. — Dispositions pour la séance de mai 1SG9, ôli, oOrj;
regrets de Leurs Majestés et de M. le Minisire de l'intérieur de ne pou-
voir assistera la séance publique de mai, 428, 429.
Statistique. — Taille de l'homme en Italie, à l'exception des provinces
vénitiennes, pour l'âge de 20 ans; communication de M. Ad. Quetelet,
196; présentation, par M. Ad. Quetelet, du programme du congrès
de statistique, ÔI2; congrès international de statistique des délégués
des différents pays; communication de M. Ad. Quetelet, 376; rapi)()rls
de MM. le baron Kervyn de Letlenhove, De Decker el De Laveleyc
sur les mémoires de concours relatifs à la description slalislicjue d'une
commune des Flandres, 448, 452, 4o6.
Z.
Zoologie. - Note sur le dévcloppcmc ni des acarides; rxlrail d'une lelli'c
(le M. le docteur liessels à M. P.-J. Van Ceneden, 276; observations de
M. Van Beneden à ce sujet, 280; les baleinoptères du nord de l'Atlan-
tique, notice par M. P.-J. Van Beneden, 281 ; présentation, par M. Félix
Plateau, des 2""^ et ô"'*" parties de ses recherches sur les crustacés d'eau
douce en Belgique, 5G5; présentation de recherches sur l'embryogénie
des crustacés, par M. Ed. Van Beneden, ib.; présentation d'une notice
sur une nouvelle espèce de caïman, par M. De Borre, ib.; rappoits de
MM. Van Beneden, Lacordaire et Poelman sur ce travail, 624, 625, 626 ;
secondes additions au Synopsis des Caloptérygines, parM.de Selys Long-
champs, Oio; note sur une baleinoplère échouée dans l'Escaut au mois
de mai 1869, par M. P.-J Van Beneden, 680.
ERRATA.
PaiîC % lii,nio 8, ;ui lieu de : le Si dcceiuhrr, lisez : le 13 drceiiibrc.
_! 4 _ \\ — Le BonlaïKjc, — Le Bouleuijc.
__ 417^ _ ^;, en remontant, au lieu de : invile , lisez : invité.
_ 155^ _ s, an lieu dQ : mélhyh-benzénique. Usez : métlnjl-benzénique.
— \ic>?>. C'est par erreur que la mort de M. C.-P. Cooper a été indiquée ligne 12;
on a confondu cet associé avec un savant anglais du même nom.
— 19(3, ligne 1, au lieu de : Taille de l'homme à Venise, etc., lisez : raille
de l'homme en Italie, à l'erception des pro-
vinces vénitiennes , elc.
499^ i;^, au lieu de -. le no>iibre, lisez : les nombres.
050 — -, — l'aldéliijde de salicijliqne ,\he7. : l'aldéhyde sti-
licyli(jue.
— 281, — H), retranchez le premier 6'».
— 282, — 9, au lieu de : qui sont venus échouer, lisez : qui sont venues
échouer.
— 285, — 11, — l'Atlantique seplentrionalc, Visez : l'Ailaniique
septentrional.
— représentés chacune , lisez : rcjirésentés chacun.
— séries , lisez : série.
— l'hydroxylc phénolyque, lisez : ihydroxylc phé-
)ioliqne.
— [a. toluique) , lisez : [x toluique).
— Radziszweski , lisez : Radziszewski.
3G7, lignes 3 et 2, en remontant, au lieu de : mesurer, lisez : mesurer.
509 liîînes 4 et 5, au lieu de : démocratique, lisez : démocratique.
292, -
- 16,
29;-î, -
- 10,
308, -
5,
363, -
- n^
363, -
- li>,
?-ÎH
%
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