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Full text of "Bulletins de l'Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique"

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MUSEUM  OF  COMPARATIVE  ZOOLOGY 


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BULLEIINS 


DE 


L'ACADÉMIE  ROYALE  DES  SCIENCES, 


LETTRES  ET  DES  BEAUX-ARTS  DE  BELGIQUE. 


.  BULLETINS 

DF. 

L' ACADÉMIE  ROYALE 


1)K; 


SCIENCES,    DES   LETTRES   ET    DES    BEAUX-ARTS 
DE    BELGIQUE. 

TRENTE-HUITIÈME  ANNÉE.— 2-  SÉRIE,  T.  XXYIL 


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BRUXELLES, 

M.    HAYRZ,    IMPRIMEUR    DE    l'aCADÉMIE    ROYALE    DE    BELGIQUE. 

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4869 


BULLETIN 


DE 


L'ACADÉMIE  ROYALE  DES  SCIENCES 

DES 

LETTRES  ET  DES  BEAUX-ARTS  DE  BELGIQUE. 
1869.  —  N«  1. 


CLASSE   DES   SCIEIÏCES, 


Séance  du  9  janvier  4869. 

M.  Sprlng,  directeur. 

M.  Ad.  QuETELET,  secrétaire  perpétuel. 

,Sont  présents  :  MM.  d'Omalius ,  C.  Wesmael ,  J.-S.  Stas, 
L  De  Koninck,  P.-J.  Van  Beiieden,  Edm.  de  Selys-Long- 
champs,  le  vicomte  B.  Du  Bus,  Nyst,  Gluge,  Nerenburger, 
Melsens,  Liagre,  Duprez,  Poelman ,  Dewalque  ,  Ern.  Que- 
telet,  Maus,  Gloesener  ,  Candèze,  Eug.  Coemans ,  Donny, 
Montigny  ,  Steichen  ,  w^emôres  ;  Schwann  ,  Lacordaire, 
E.  Catalan,  Gilbert,  associés;  L.  Henry,  Brialmont,  Ma- 
laise, Bellynck,  Dupont  et  Ed.  Mailly,  correspondants. 

2'"'  SÉRIE,  TOME  XXVII.  1 


(  2) 
CORRESPONDANCE. 


M.  le  Ministre  de  l'intérieur  transmet  une  expédition 
de  l'arrêté  royal  du  51  décembre  dernier,  qui  approuve 
l'élection  de  M.  Steichen,  en  qualité  de  membre  titulaire. 

—  M. Steichen,  membre,  et  MM.  V.  Regnault,  J.-J.  Baeyer 
et  G.  Kirchhoff,  associés,  remercient  pour  leur  nomination. 

—  Il  est  donné  connaissance  du  décès  de  M.  Ch.  Fré- 
déric Ph.  von  Martius,  associé  de  la  classe,  mort  à  Munich 
le  51  décembre  dernier.  Une  lettre  de  condoléance  a  été 
écrite  à  la  famille  du  défunt. 

—  M.  le  Ministre  de  l'intérieur  transmet  une  expédition 
de  l'arrêté  ministériel  qui  remplace  M.  Melsens  par  M.  Maus 
comme  membre  du  jury  pour  le  concours  quinquennal  des 
sciences  mathématiques  et  physiques. 

—  L'Institut  central  de  météorologie  de  Vienne  remercie 
pour  les  derniers  envois. 

—  M.  le  secrétaire  perpétuel  présente  les  ouvrages  sui- 
vants de  l'Académie  qui  viennent  de  paraître  : 

l*"  Le  tome  XXXVII  des  Mémoires  des  membres,  in-4% 
1869,  renfermant  les  travaux  suivants  : 

Recherches  expérimentales  et  théoriques  sur  les  figures 
d'équilibre  d'une  masse  liquide  sans  pesanteur;  par 
M.  J.  Plateau. —  Huitième,  neuvième,  dixième  et  onzième 
séries,  et  Tables  générales  des  onze  séries; 

Mémoire  sur  la  température  de  l'air  à  Bruxelles;  par 
M.  Ernest  Quclekl; 


(3  ) 

Observations  des  phénomènes  périodiques  de  la  météo- 
rologie et  des  sciences  naturelles  pendant  les  années  1865 
et  1866 j  par  différents  auteurs; 

Sur  un  nouveau  genre  de  ziphioïde  fossile  (Placoziphius), 
ti^ouvé  à  Edeghem,  près  d'Anvers;  par  M.  P.-J.  Van  Be- 
neden; 

Recherches  sur  les  squalodons ,  supplément  ;  par  M.  P.-J. 
Van  Beneden ; 

Sur  les  nombres  de  Bernoulli  et  d'Euler,  et  sur  quel- 
ques intégrales  définies;  par  M.  E.  Catalan; 

Mémoire  sur  la  théorie  générale  des  lignes  tracées  sur 
une  surface  quelconque;  par  M.  Gilbert; 

Les  seigneurs  de  Florennes,  leurs  sceaux  et  leurs  mon- 
naies ;  par  M.  Chalon. 

2°  Le  tome  XXVI  de  la  2'  série,  in-8%  des  Bulletins, 
comprenant  les  travaux  des  séances  du  second  semestre 
de  1868; 

5''  V Annuaire  pour  l'année  1869,  contenant  les  notices 
nécrologiques  sur  F.-J.  Cantraine,  par  M.  L.  De  Koninck; 
sur  J.-B.  Brasseur,  par  M.  J.  Liagre;  sur  le  baron  Jules  de 
Sl-Genois,  par  M.  De  Decker,  et  sur  Michel  Verswyvel-,  par 
M.  le  chevalier  Léon  de  Burbure,  avec  les  portraits  gravés 
en  taille-douce  des  trois  premiers  académiciens. 

—  M.  Ad.  Quetelet  fait  hommage  de  V Annuaire  de  l'Ob- 
servatoire rcnjal  de  Bruxelles,  in-18,  ainsi  que  du  tome  l*''" 
de  la  Physique  sociale ,  ou  essai  sur  le  développement  des 
facultés  de  l'homme,  in-8%  qu'il  vientde  publier.  M.  Ed.  Mor- 
reii ,  correspondant  de  l'Académie,  envoie  un  exemplaire 
de  sa  notice  sur  Marie- Anne  Liber l  de  Malmédy ,  sa  vie  et 
ses  œuvres,  in-8".  M.  P.-J.  Van  Beneden  remet  un  exem- 
plaire du  discours  qu'il  a  prononcé  après  les  obsèques  de 


^  4  ) 

i¥.  H.-J.  Kwnps,  professeur  à  Vuniversité  de  Lonvain. 
—  Remercîments. 

—  M.  le  capitaine  Le  Boulangé  et  M.  Just.  Andries 
demandent  à  l'Académie  de  vouloir  bien  accepter  deux 
paquets  cachetés  et  de  les  mettre  en  réserve  dans  ses  ar- 
chives. —  Ces  dépôts  sont  acceptés. 

—  M.  D.  Leclercq,  professeur  à  Liège,  et  M.  Cavalier, 
professeur  d'anglais  à  Ostende,  font  parvenir  les  résultats 
de  leurs  observations  météorologiques  faites,  respective- 
ment, dans  ces  deux  villes  en  1868.  M.  Bernardin  adresse 
ses  observations  ornithologiques  faites  à  Melle  pendant  la 
même  année. 

M.  D.  Leclercq  fait  accompagner  ses  observations  d'une 
notice  sur  les  orages  observés  à  Liège  et  dans  la  province 
pendant  Vannée  1868.  —  MM.  Duprez  et  Ern,  Quetelet 
examineront  ce  travail. 

—  M.  l'abbé  Lecomte  communique  quelques  remarques 
au  sujet  du  rapport  fait  par  M.  Ad.  Quetelet  sur  son  tra- 
vail concernant  la  grêle. 

—  M.  Malaise,  de  Gembloux,  donne  l'indication  d'une 
averse  accompagnée  d'éclairs  et  de  deux  coups  de  tonnerre 
qu'il  a  observée  à  Gembloux ,  le  50  décembre  dernier, 
entre  5  h.  20  m.  et  5  h.  40  m.  du  soir. 

—  M.  L.  Henry  soumet  une  notice  sur  les  sulfocijanures 
des  radicaux  alcooliques.  — (Commissaires  :  MM.  Stas  et 
De  Koninck.  ) 


(3) 


ELECTIONS. 


La  classe  procède  à  l'élection  du  direcleur  pour  1870. 
Après  trois  tours  de  scrutin,  M.  Dcwalque  est  désigné  par 
les  suffrages  de  ses  confrères. 

En  cédant  le  fauteuil  à  M.  i\yst,  M.  Spring,  directeur 
sortant,  remercie  la  classe  pour  le  bienveillant  concours 
qu'elle  lui  a  accordé  pendant  l'année  écoulée.  Des  remer- 
cîments  sont  adressés  à  M.  Spring  pour  son  intelligente 
direction  des  travaux  de  la  classe. 


PROGRAMME  DE  CONCOURS  DE  1870. 


PREMIÈRE    QUESTION. 

Examiner  et  discuter  les  procédés  suivis  pour  déterminer 
la  déclinaison,  l'inclinaison  et  l'intensité  magnétiques 
du  globe  terrestre,  ainsi  que  les  variations  séculaires  et 
diurnes. 

DEUXIÈ3IE    QUESTION. 

Perfectionner,  en  quelque  point  important,  la  discussion 
de  la  surface  des  ondes. 

TROISIÈME    QUESTION. 

On  demande  une  étude  complète  d'un  alcaloïde  organique 
)iaturel,  renfermant  de  l'azote  et  de  l'oxf/gène,  de  préférence 


(6) 

de  la  quinine;  cette  étude  sera  faite  en  vue  d'élucider  la 
constitution  intime  de  ce  corps  et  la  place  quil  doit  oc- 
cuper dans  une  classification  sériaire. 

QUATRIÈME    QUESTION. 

Faire  connaître  le  développement  des  insectes  de  l'un 
des  ordres  à  métamorphoses  complètes,  en  portant  spécia- 
lement l'attention  sur  les  phases  les  moins  connues  de  leur 
évolution. 

Le  prix  de  la  première  question  sera  de  huit  cents  francs, 
celui  de  la  troisième  demille  francs  et  celui  delà  deuxième 
et  de  la  quatrième  de  six  cents  francs. 

Les  auteurs  des  mémoires  insérés  dans  les  recueils  de 
l'Académie  ont  droit  à  recevoir  cent  exemplaires  de  leur 
travail.  Ils  ont,  en  outre,  la  faculté  d'en  faire  tirer  un 
plus  grand  nombre,  en  payant  à  l'imprimeur  une  indem- 
nité de  quatre  centimes  par  feuille. 

Les  manuscrits  devront  être  écrits  lisiblement,  rédigés 
en  latin ,  français  ou  flamand,  et  adressés,  francs  de  port, 
à  M.  Ad.  Quetelet,  secrétaire  perpétuel,  avant  le  1'^'^  juin 

1870. 

L'Académie  exige  la  plus  grande  exactitude  dans  les  ci- 
tations; les  auteurs  auront  soin,  par  conséquent,  d'indiquer 
les  éditions  et  les  pages  des  ouvrages  cités.  On  n'admettra 
que  des  planches  manuscrites. 

Les  auteurs  ne  mettront  point  leur  nom  à  leur  ouvrage, 
mais  seulement  une  devise,  qu'ils  répéteront  dans  un  billet 
cacheté  renfermant  leur  nom  et  leur  adresse.  Les  mé- 
moires remis  après  le  terme  prescrit,  ou  ceux  dont  les  au- 
teurs se  feront  connaître,  de  quelque  manière  que  ce  soit, 
seront  exclus  du  concours. 


(  7  ) 
L'Acailémic  croit  devoir  rappeler  aux  concurrents  que, 
dès  que  les  mémoires  ont  été  soumis  à  son. jugement,  ils 
sont  déposés  dans  ses  archives  comme  étant  devenus  sa  pro- 
priété. Toutefois,  les  auteurs  peuvent  en  faire  prendre  des 
copies  à  leurs  frais,  en  s'adressant,  à  cet  effet,  au  secré- 
taire perpétuel. 


RAPPORTS. 


Notice  sur  les  dépôts  qui  recouirent  le  calcaire  carboni- 
fère à  Soignies ,  par  MM.  Cornet  et  Briart. 

JRappoÊ^t  de  JU.  a'Ontalitts. 

«  La  notice  que  MM.  Cornet  et  Briart  soumettenf'à 
l'Académie  commence  par  une  description  du  calcaire  ex- 
ploité à  Soignies,  pierre  qui,  par  sa  solidité  et  sa  beauté, ne 
le  cède,  selon  moi,  à  aucun  des  matériaux  employés  dans 
les  constructions,  mais  qui,  par  un  de  ces  caprices  que  la 
mode  seule  peut  excuser,  est  négligée  par  plusieurs  de 
nos  architectes  officiels,  lesquels  donnent  la  préférence  à 
des  produits  étrangers  plus  susceptibles  de  se  détériorer 
par  les  influences  météoriques  de  notre  climat. 

Le  massif  calcaire  est  traversé  par  des  fentes  et  des 
poches  remplies  de  matières  argileuses  et  sableuses,  colo- 
rées en  noir  et  en  gris  par  du  charbon  et  que  les  auteurs 
considèrent  comme  intermédiaires  entre  les  terrains  pri- 
maires et  les  premières  assises  marines  du  terrain  crétacé. 
Quelques  parties  de  ces  dépôts  renferment  des  pyrites 


(8) 
plus  ou  moins  altérées,  de  la  limonite  et  des  cailloux  dont 
l'origine  n'a  pas  encore  été  reconnue. 

Par-dessus  reposent  quelques  amas  isolés  de  sables, 
légèrement  verdâtres,  qui  appartiennent  au  terrain  ter- 
tiaire inférieur. 

Le  tout  est  recouvert  par  une  puissante  nappe  de  ter- 
rain quaternaire  dans  laquelle  les  auteurs  distinguent  trois 
divisions,  savoir  : 

l**  Des  amas  interrompus  formés  de  sable  et  de  limon 
renfermant  des  blocaux  et  des  cailloux  de  pbtanite,  de  cal- 
caire et  de  silex,  ainsi  que  des  dents  d'éléphants,  de  rhi- 
nocéros, de  cheval  et  de  bœuf. 

2"  Une  assise  de  limon  jaune,  stratifié,  correspondant  à 
ce  que  Ton  nomme  ergeron  dans  le  bassin  de  la  Haine. 

5"  Un  limon  rouge-brunâtre,  propre  à  faire  des  briques 
et  identique  avec  le  limon  supérieur  du  bassin  de  la 
Haine. 

Celte  notice  contenant  des  détails  géologiques  sur  une 
localité  importante  au  point  de  vue  industriel,  j'ai  l'hon- 
neur de  proposer  à  la  classe  d'en  ordonner  l'impression 
dans  le  Bulletin  ainsi  que  de  la  planche  qui  l'accom- 
pagne. » 


Ktêppot't  de  Mt.   MMewalque. 

c(  Je  n'ai  rien  à  ajouter  au  rapport  de  M.  d'Omalius 
d'Halloy,  et  je  me  rallie  volontiers  à  ses  conclusions. 

Je  saisis  cette  occasion  pour  me  joindre  à  notre  éminent 
confrère  et  attester  avec  lui  la  supériorité  de  notre  petit 
f/ranit  sur  les  matériaux  étrangers  qui,  dans  ces  derniers 


(») 

temps,  ont  été  employés  de  préférence  pour  nos  grandes 
constructions.  » 

Les  conclusions  précédentes,  auxquelles  se  rallie  M.  Nysl, 
sont  adoptées  par  la  classe,  et  le  travail  de  MM.  Cornet  et 
Briart  prendra  place  dans  les  Bulletins. 


Note  sur  l'interprétation  de  la  conception  infinitésimale 
de  Poisson j  par  M.  Manilius. 

Rappovt  de  m.   JE.   Catalan. 

a  II  y  a  trente  ans,  les  géomètres  n'étaient  pas  d'accord 
sur  la  nature  des  infiniment  petits.  Les  uns,  parmi  les- 
quels il  suffit  de  citer  Poisson,  disaient  :  «  Un  infiniment 
»  petit  est  une  grandeur  moindre  que  toute  grandeur 
»  donnée  (1).  »  Les  autres,  redoutant  peut-être  les  con- 
séquences métaphysiques  de  la  première  définition  (2), 


(1)  Poisson,  Traité  de  mécanique ,  seconde  édition,  p.  14. 

(2)  Un  partisan  des  idées  de  Poisson  a  publié  une  Théorie  géométrique 
des  infiniment  petits,  dans  laquelle  on  trouve  cette  interprétation  q\- 
traordinaire  :  «  les  points  m ,  m'  sont  dits  infiniment  voisins  si  l'on  ne 
»  peut  supposer  qu'un  troisième  point  n  puisse  être  placé  entre  m  et  m'.  " 
Ce  n'est  pas  tout  :  le  célèbre  auteur  d'une  Logic/ue  imprimée  vers  1855  se 
demande  «  comment  la  Terre  peut,  en  un  temps  donné,  occuper  un  nombre 
«  infini  de  points;  «  et,  appliquant  la  théorie  des  infiniment  petits,  il 
arrive  à  ce  curieux  dilemme  :  «  si  elle  ne  met  pas  de  temps  pour  passer 
»  d'u7i  point  au  point  suivant,  il  est  clair  qu'il  ne  lui  faudra  non  plus 
»  aucun  temps  pour  parcourir  V orbite  entière.  Si,  au  contraire,  elle 
«  met  un  temps  quelconque ,  quekjue  petit  rju'il  soit,  à  passer  d'un  point 
«  à  l'autre,  il  est  clair  qu'elle  ne  pourra  jamais  parcourir  toute  son 
»  orbite.  «  Cette  simple  citation  suffit  pour  montrer  à  quoi  peut  conduire 
une  mauvaise  définition . 


(  10) 
adoptaient  celle-ci  :  «  Une  quantité  infiniment  petite,  ou 
»  plutôt  indéfiniment  petite,  est  une  variable  qui  a  pour 
»  limite  zéro.  » 

■  Aujourd'hui ,  l'ancienne  et  mystérieuse  doctrine  des  in- 
finiment petits  paraît  complètement  abandonnée  (sauf, 
bien  entendu,  par  M.  Manilius);  et,  dans  les  traités  les 
plus  estimés  et  les  plus  récents,  les  infiniment  petits  sont 
considérés  comme  des  variables  indéfiniment  petites. 

Dans  la  note  qu'il  a  présentée  à  la  classe,  M.  l'ingé- 
nieur Manilius,  après  avoir  rapporté  la  critique  (excellente, 
selon  moi,)  que  M.  l'abbé  Moigno  a  faite  des  idées  de 
Poisson,  cherche,  par  des  considérations  de  mouvement, 
à  démontrer  l'existence  réelle  de  Vinfiniment  petit,  tel 
que  l'entendait  l'illustre  géomètre  français.  Cette  démon- 
stration, bien  tardive,  n'était  pas  nécessaire  :  dans  l'Intro- 
duction au  Traité  de  mécanique,  et  au  commencement  du 
paragraphe  cité  par  MM.  Moigno  et  Manilius,  Poisson  in- 
dique, en  fort  bons  termes,  les  raisons  qui  auraient  dû 
faire  prévaloir  sa  conception  infinitésimale ,  si  elle  avait 
pu  lutter  contre  la  notion  claire  et  simple  des  infiniment 
petits. 

L'auteur,  après  avoir  mentionné  sa  Méthode  infinitési- 
male, sans  métaphysique  et  indépendante  de  la  méthode 
des  limites  (sic),  avertit  qu'il  distingue  :  J"  les  quantités 
finies;  2"  les  quantités  infiniment  petites;  o°  les  quantités 
infiniment  grandes;  4°  les  quantités  variables.  Je  n'ai  pu 
comprendre  les  motifs  de  cette  déclaration. 

En  résumé,  la  note  soumise  au  jugement  de  l'Académie 
me  semble  complètement  dépourvue  d'intérêt,   » 

La  classe  décide,  d'après  ces  conclusions,  que  la  note 
de  M.  Manilius  sera  déposée  aux  archives. 


(  il  ) 

—  M.  Gliige  fait  connaître  son  appréciation  sur  une 
communication  de  M.  Ed.  Robin  concernant  h  cause  du 
manque  (.Vénerqie  chez  Vhabilant  des  pays  chauds.  —  Cette 
pièce  ainsi  que  le  rapport  seront  déposés  aux  archives. 


COMMUNICATIONS  ET  LECTURES, 


ISotice  sur  les  dépôts  qui  recouvrent  le  calcaire  carboni- 
fère à  Soirjnies,  par  MM.  F.-L.  Cornet  et  A.  Rriart. 

Le  calcaire  carbonifère  exploité  dans  les  carrières  ou- 
vertes à  Test  de  Soignies  gît  en  bancs  d'épaisseurs  varia- 
bles inclinés  vers  le  sud  sous  un  angle  de  5  à  8  degrés. 
Les  allures  de  ces  bancs  sont  généralement  assez  régu- 
lières; cependant  les  travaux  d'exploitation  ont,  dans  ces 
dernières  années,  révélé  l'existence  de  quelques  failles  qui 
semblent  avoir  été  produites  par  des  mouvements  d'une 
certaine  importance,  car  ils  ont  amené  en  contact,  sur 
les  deux  parois  des  cassures,  des  roches  de  caractères 
minéralogiques  très-différents. 

Ces  accidents  géologiques  s'observent  principalement 
dans  la  carrière  principale  de  M.  le  sénateur  Wincqz,  et 
dans  celle  de  la  société  anonyme  Rombaux. 

La  coupe  fig.  1  est  prise  dans  la  première  de  ces  deux 
exploitations.  Les  bancs  de  calcaire  sont  interrompus,  sui- 
vant l'inclinaison,  par  trois  failles  ou  cassures  a,  b  et  c, 
parallèles  et  dirigées  à  peu  près  de  l'est  à  l'ouest.  Les 
couches  n"  1 ,  exploitées  dans  le  fond  de  la  carrière,  four- 


(  12  ) 

nisseiit  les  pierres  de  taille  les  plus  estimées.  Elles  sont 
constituées  par  un  calcaire  pétri  de  crinoïdes,  auquel  la 
taille  donne  une  teinte  bleuâtre  caractéristique.  Les  bancs, 
étant  peu  fissurés  et  généralement  très-épais,  fournissent 
des  blocs  d'une  dimension  énorme.  Des  masses  pesant  de 
50  à  40  mille  kilogrammes  sont  obtenues  d'un  banc  dont 
l'épaisseur  alteint  3'",50,  et  sont  élevées,  d'une  profon- 
deur de  20  à  25  mètres,  à  l'aide  de  puissants  appareils 
mus  par  la  vapeur. 

Il  y  a  transition  minéralogique  insensible  entre  les  bancs 
n°  1  et  les  bancs  n*"  2  qui  les  recouvrent.  Ceux-ci  sont, 
comme  les  premiers,  constitués  par  du  calcaire  à  crinoïdes  ; 
mais  les  pierres  qui  en  proviennent  acquièrent  par  la  taille 
une  teinte  plus  foncée,  ce  qui  en  diminue  la  valeur  com- 
merciale. Cependant  ce  sont  ces  bancs  qui  fournissent  le 
marbre  connu  sous  le  nom  si  impropre  de  petit  granit. 

Les  couches  n''  2  passent,  sans  paraître  se  déranger 
d'une  quantité  notable  dans  leur  incbnaison,  au  sud  d'une 
grande  cassure  a,  où  elles  sont  recouvertes  par  du  calcaire 
noir  n°5  à  texture  compacte,  renfermant  peu  de  crinoïdes, 
stratifié  en  bancs  minces  souvent  séparés  par  des  délits 
terreux,  et  ne  fournissant  que  des  produits  peu  recherchés. 

Ces  bancs  n°  5  sont  riches  en  fossiles.  On  y  rencontre 
principalement  :  Philipsiagemmulifera,  Euomphalus  pen- 
tagulatus,  Spirifer  Mosquensis ,  S.  cuspidatiis,  Productas 
Martini,  Spirigera  Roissyi,  Cyatophyllum  wilratum, 
Michelinia  favosa,  etc. 

Deux  failles,  6  et  c,  placent  sur  le  prolongement  en 
inclinaison  des  couches  n"  o,  un  calcaire  n°  4  très-diffé- 
rent des  précédents.  Il  est  très-noir,  un  peu  argileux,  à 
cassure  compacte  ne  montrant  que  de  rares  et  très-petits 
fragments  de  crinoïdes.  Les  bancs  sont  peu  fissurés  et  assez 
épais. 


(  15) 

Au  point  de  vue  de  la  fabrication  des  pierres  de  taille,  la 
valeur  du  calcaire  n"  4  est  presque  nulle.  Aussi  serait-il 
important,  pour  l'exploitation  des  carrières,  de  rechercher 
si  la  position  des  couches  de. calcaire  noir  n"  4  sur  le  pro- 
longement des  bancs  évidemment  supérieurs  au  calcaire  à 
crinoïdes,  est  due  à  un  soulèvement  ou  à  un  affaissement 
des  couches  au  sud  de  la  carrière.  En  effet ,  dans  le  pre- 
mier cas,  les  bancs  n''  4  seraient  géologiquement  infé- 
rieurs aux  calcaires  n°'  i  et  %  et  ceux-ci  pourraient  être 
retrouvés  à  peu  de  profondeur  au  midi  des  carrières  ac- 
tuelles. Dans  le  second  cas,  on  ne  pourrait  les  suivre,  dans 
leur  inclinaison,  qu'en  s'enfonçant,  à  grands  frais  de  tra- 
vaux préparatoires  et  d'exhaure,  en-dessous  des  bancs  n"  4. 

Nous  n'avons  pas  l'intention  de  chercher  à  résoudre 
maintenant  celte  question  de  géologie  pratique,  qui  ne 
pourrait  l'être  qu'à  l'aide  d'études  détaillées  des  différentes 
assises  du  calcaire  carbonifère.  Cette  notice  n'a  pour  but 
que  de  faire  connaître  les  dépôts  remarquables  qui  re- 
couvrent ce  calcaire  dans  les  carrières  de  Soignies. 

Ces  dépôts  appartiennent  à  trois  époques  géologiques 
différentes  :  J°  à  ce  que  nous  avons  appelé  la  période 
aachénienne  (1),  c'est-à-dire  à  une  période  comprise  entre 
le  dépôt  des  couches  houillères  du  Hainaut  et  celui  des 
grès  glauconifères  ou  Meules  qui  forment  dans  le  bassin 
de  Mons  les  plus  anciennes  couches  crétacées  marines  ; 
2"  à  la  période  tertiaire  et  5°  à  la  période  quaternaire.  On 
peut  les  observer  dans  la  carrière  de  M.  Wincqz,  mais 
l'étude  peut  mieux  en  être  faite  dans  la  carrière  voisine 


(1)  Description  de  l'étage  inférieur  du  terrain  crétacé  du  Hainaut. 
Mémoires  couronnés  et  mémoires  des  savants  étrangers,  publiés  par 
TAcaclémie  royale  de  Belgique,  t.  XXXIH. 


(  1^  ) 

appartenant  à  ia  société  anonyme  Rombaux.  Cette  exploi- 
tation se  trouve  à  Touest  de  celle  de  M.  Wincqz  et  n'en 
est  séparée  que  par  un  mur  dé  calcaire  non  exploité  de 
quelques  mètres  d'épaisseur. 

Les  failles  dont  nous  avons  parlé  n'ont  pas  encore  été 
rencontrées  par  les  travaux  de  la  carrière  Rombaux,  mais 
le  front  méridional  d'exploitation,  qui  ne  s'en  trouve  ac- 
tuellement éloigné  que  de  quelques  mètres,  est  sillonné 
par  de  nombreuses  et  larges  cassures  qui  se  détachent 
obliquement  et  perpendiculairement  des  failles  principales, 
comme  les  branches  d'un  tronc.  Nous  avons  représenté, 
dans  la  fig.  5,  la  vue  de  cette  partie  de  la  carrière.  Il  nous 
suffira  de  donner  la  description  de  cette  coupe  pour  faire 
connaître  la  composition  et  le  mode  de  gisement  des  ter- 
rains de  recouvrement. 

1°  Dépôts  aachéniens.  —  Us  gisent  sans  aucune  régu- 
larité de  superposition  et  remplissent  les  cassures  et  les 
érosions  du  calcaire  carbonifère  A.  On  y  distingue  : 

B.  Argile  teinte  en  noir  par  une  matière  charbonneuse 
qui  disparaît  par  la  cuisson.  Elle  est  en  quelques  points 
stratifiée  en  lits  minces  affectant  la  forme  de  fond  de 
bateau.  C'est  principalement  dans  la  faille  a  de  la  carrière 
de  M.  Wincqz  que  nous  avons  observé  ce  mode  de  strati- 
fication (voy.  fig.  2). 

B'.  Argile  noire  sableuse  avec  fragments  de  lignite  qui 
ont  conservé  la  texture  des  conifères.  M.  Wincqz  a  ren- 
contré dans  ces  argiles  (au  point  x  de  la  fig.  2) ,  des  fruits 
fossiles  qui  ont  été  soumis  à  l'examen  de  M.  E.  Coemans. 
Ce  savant  botaniste  a  reconnu,  parmi  ces  débris,  des 
graines  assez  nombreuses  d'une  plante  inconnue,  et  le 
Pinus  Andrài,  Coem.,  espèce  assez  abondante  dans  les 
•  argiles  aachéniennes  de  la  Louvièro. 


(  IS) 

B".  Sable  quartzeiix  gris  ou  teint  en  noir  par  du 
lignite. 

B'".  Cailloux  roulés  ayant  des  dimensions  variant  entre 
celles  d'une  noix  et  celles  d'une  icte  d'homme.  Ils  sont  con- 
stitués par  du  quartz  blanc  opaque ,  quelquefois  translu- 
cide et  cristallin,  des  quartziles,  des  grès,  des  psammites 
et  des  phtanites  du  calcaire  carbonifère.  Il  y  a  absence 
complète  de  roches  calcaires  et  du  phtanite  houiller  qui 
abonde  dans  les  dépôts  .du  même  âge  du  bassin  de  Mons. 

Nous  pensons  que  la  plupart  de  ces  débris  proviennent 
de  la  destruction  des  filons  de  quartz  et  des  roches  silu- 
riennes du  Brabant.  Cependant  MM.  G.  Dewalque  et  Ma- 
laise, qui  ont  bien  voulu  examiner  quelques  échantillons 
que  nous  leur  avons  communiqués,  ne  connaissent  pas  la 
provenance  d'une  variété  remarquable  de  roche  composée 
de  nombreux  et  assez  volumineux  cristaux  de  quartz  vi- 
treux réunis  par  une  pâte  de  grès  ou  de  quartzite. 

B".  Limonite  géodique  minéralogiquement  identique  à 
celle  que  l'on  exploite  près  de  Tournai.  Nous  n'avons 
rencontré,  à  Soignies,  qu'un  amas  peu  considérable  de 
cette  substance. 

La  pyrite  de  fer  abonde  dans  les  argiles  sableuses.  Par 
sa  décomposition  elle  a  donné  lieu  à  la  production  d'en- 
duits de  soufre  pulvérulent,  et  imprègne  souvent  les  ar- 
giles de  sulfate  de  fer  reconnaissable  à  sa  saveur  d'encre. 
Nous  avons  aussi  rencontré  ce  sel  à  l'état  cristallisé. 

En  contact  avec  les  dépôts  que  nous  venons  de  décrire, 
le  calcaire  carbonifère  est  profondément  altéré  et  se  désa- 
grège sous  le  moindre  choc  en  dégageant  une  odeur  fétide, 
plus  intense  que  celle  qui  émane  du  calcaire  non  altéré 
que  l'on  brise.  L'altération  a  pénétré  à  plusieurs  décimètres 


(  16  )       ■ 
de  profondeur,  mais  elle  a  respecté  les  nombreuses  arti-^ 
culalions  de  crinoïdes  et  les  veines  de  calcaire  spathique 
qui  ont  rempli  quelques  fissures  étroites  divisant  les  bancs 
exploités. 

L'altération  du  calcaire  carbonifère  se  remarque  aussi 
sur  les  parois  des  fissures  fermées  qui  sont  sur  le  prolon- 
gement en  profondeur  des  parties  plus  larges  des  cassures 
remplies  par  les  dépôts  aachéniens. 

2°  Dépots  tertiaires.  —  Ils  sont  désignés  sur  la  coupe 
par  la  lettre  c  et  sont  formés  de  sable  légèrement  verdàtre 
et  glauconifère  reposant  sur  un  mince  lit  de  galets  de 
silex  et  de  phtanite,  parmi  lesquels  nous  avons  rencontré 
quelques  dents  de  poissons.  Ce  sable  est  minéralogique- 
ment  identique  à  celui  que  l'on  exploite  entre  Soignies  et 
Écaussinnes,  dans  une  bande  sableuse  non  figurée  sur  les 
cartes  géologiques  de  Dumont,  et  qui  réunit  la  colline  ter- 
tiaire, sur  laquelle  est  bâtie  la  ville  du  Rœulx,  à  la  colline 
qui  porte  le  bois  de  la  Houssière  à  l'est  de  Braine-le-Comte. 
Nous  rapportons  le  sable  de  Soignies,  comme  celui  de  la 
bande  dont  nous  venons  de  parler,  au  système  landenien 
ou  au  système  ypresien  de  Dumont. 

Le  sable  tertiaire  de  Soignies  gît  en  petits  amas  isolés 
et  pénètre ,  en  quelques  points ,  à  une  assez  grande  pro- 
fondeur dans  les  failles,  comme  nous  l'avons  représenté 
fig.  4.  Ce  remplissage  peut  s'expliquer  par  un  mouvement 
du  sol  qui  aurait  rouvert  les  cassures  à  l'époque  tertiaire, 
ou  par  l'existence  de  courants  d'eau  qui  les  auraient  dé- 
blayées en  partie  avant  le  dépôt  du  sable. 

o"  Dépôts  quaternaires.  —  Ce  sont  les  plus  puissants 
et  les  plus  étendus.  Leur  épaisseur  varie  de  2"\50  à 
8  mètres  et  ils  recouvrent  si  complètement  les  dépôts 


(   17) 
sous-jacents  que  le  calcaire  carbonifère,  le  sable  tertiaire, 
les  sables  et  les  argiles  aachéniens  ne  se  montrent  natn- 
rellement  à  découvert  en  aucun  point. 

Le  terrain  quaternaire  est  constitué  par  : 

D.  Limon  sableux ,  bleuâtre,  stratifié,  renfermant  des 
blocaux  de  pbtanite  et  de  calcaire  carbonifère  avec  des 
galets  de  silex.  On  y  a  rencontré  de  nombreux  ossements, 
parmi  lesquels  des  molaires  et  une  défense  de  mammoutb, 
des  dents  de  rhinocéros,  de  cheval  et  de  bœuf. 

D'.  Limon  jaune  stratifié  alternant,  à  sa  partie  inférieure, 
avec  de  minces  couches  non  continues  de  sable  jaune. 
Nous  le  rapportons  à  Yergeron  du  bassin  de  la  Haine. 

D".  Limon  rouge  brunâtre  propre  à  la  fabrication  des 
briques,  et  identique  au  limon  supérieur  des  plaines  du 
bassin  de  la  Haine. 


^""^  SÉHIE,  T0>1E   XXVII. 


(  18 


CLASSE   DES    LETTRES 


Sénncc  du  'Il  janvier  1869. 

M.  le  baron  Iveuvyn  de  lettenhove,  direclour. 
M.  Ad.  Quetelet,  secrétaire  perpétuel. 

Sont  présents  :  MM.  Ch.  Steur,  le  baron  de  Geriacbc, 
J.  Grandgagnage,  J.  Roulez,  Gachard,  Ad.  Borgnet,  De 
Decker,  Snellaert,  Haus,  M.-N.-J.  f^eciercq,  Cli.  Faidcr , 
R.  Clialon,  Ad.  Mathieu,  Th.  Juste,  E.  Defacqz,  Guillaume, 
F.  Nève,  Wauters,  v>iem6res;  Scheler,  associé;  Gonscience, 
correspondant. 

MM.  Al  vin,  membre  de  la  classe  des  beanx-arls,  et 
-Mailly,  correspondant  de  la  classe  des  sciences,  assistent 
à  la  séance. 


CORRESPONDANGE. 


Une  lettre  de  M.  le  Ministre  de  l'intérieur  informe  qu'il 
a  chargé  M.  Van  Eename,  statuaire  ta  Gand  ,  de  rexéculion 
du  buste  en  marbre  de  M.  le  baron  J.  de  Saint-Génois, 
desliné  au  vcsiibule  des  Académies. 


(   I!') 

—  M.  Je  Minisire  de  la  justice  adresse  le  o'  caliier  du 
tome  V  du  bulletin  de  la  commission  pour  les  anciennes 
lois  et  ordonnances  du  pays.  —  Remercîments. 

—  L'université  de  Vienne  et  le  ministère  de  Tinstruc- 
lion  publique  de  l'empire  d'Autriche  remercient  pour  les 
derniers  envois. 

—  M.  Th.  Juste  fait  hommage  d'un  exemplaire  de 
la  traduction  anglaise  de  son  travail  biographique  sur 
Léopold  1".  —  M.  R.  Chalon  présente  le  XI''  article  de  ses 
Curiosilés  numismalicp.fes.  —  Remercîments. 

—  Le  musée  Teyler  de  Harlem  et  la  Société  Dunker- 
quoise  envoient  leurs  programmes  de  concours. 

—  M.  le  secrétaire  perpétuel  présente  le  tome  XXXV[f 
des  Mémoires  des  membres,  V Annuaire  académique  pour 
J869  ainsi  que  le  Bulletin  des  séances  de  décembre  der- 
nier, qui  viennent  d'être  publiés. 


PRIX    PERPÉTUEL,  INSTITUÉ  PAR  LE  RAROX  DE  STASSART  POUR 
UNE   QUESTION  d'hISTOIRE    NATIONALE. 

Un  mémoire  portant  pour  devise:  Plus  ultra!  est  adressé 
en  réponse  à  la  question  du  programme  de  concours  ou- 
vert, en  1867,  pour  une  question  dliisloire  nationale,  et 
dont  le  terme  fatal  expirait  le  1"  janvier  de  cette  année. 
Ce  mémoire  portant  pour  titre  :  Histoire  des  rapports  de 


(  20  ) 

droit  public  qui  crislèrent  entre  les  provinces  belges  et 
Vempire  crAllemagne  depuis  le  démembrement  de  la  mo- 
narchie carolingienne  jusqu'à  r  incorporation  de  la  Bel- 
gique  dans  la  république  française,  esl  renvoyé  à  l'examon 
de  MM.  Ad.  Borgnet,  Gacliard  et  Th.  Juste. 


ELECTIONS. 

Selon  Fart.  8  du  règlement  général ,  le  direcleur  de 
chaque  classe  est  désigné  une  année  avant  d'entrer  en  fonc- 
tions. Pendant  cette  année,  il  prend  le  titre  de  vice-direc- 
teur. En  conséquence,  la  classe  procède  h  cette  élection, 
et,  après  deux  tours  de  scrutin,  M.  Paul  Devaux  est  dé- 
signé par  les  suffrages  de  ses  confrères  pour  remplir  les 
fonctions  de  directeur  en  1870. 

M.  le  haron  Kervyn  de  Lettenhove,  en  cédant  le  fauteuil 
à  M.  Ad.  Borgnet,  remercie  pour  le  concours  qui  lui  a  été 
accordé  et  qui  lui  a  facilité  la  mission  de  diriger  les  tra- 
vaux de  la  classe  pendant  Tannée  écoulée.  M.  Borgnet, 
comme  organe  de  ses  confrères,  adresse  des  remercîments 
à  l'honorable  directeur  qu'il  vient  de  remplacer;  il  remercie 
ensuite  l'assemblée  des  sulTrages  qui  l'ont  élevé  à  cette 
distinction. 


(  ^^l  ) 


COiMMUNlCATIONS  ET  LECTURES. 


Dox\  Juan  d'Autriche.  —  Éludes  /tistoriques ,  par 
M.  Gachard,  membre  de  TAcadémie. 


TROISIÈME  m\ 


IIO.>     JtA:V     UT    .VlAn&CIvKlTK. 


Ni  Vander  Hammen,  l'historien  de  don  Juan,  ni  Strada, 
l'historien  de  Marguerite  d'Autriche,  ne  nous  font  con- 
naître les  relations  qu'il  y  eut  entre  ces  deux  enfants  na- 
turels de  Charles-Quint.  On  ignore  si,  quoique  nés  à  un 
intervalle  d'un  quart  de  siècle  l'un  de  l'autre,  la  commu- 
nauté d'origine  les  rapprocha^  si  des  sentiments  récipro- 
ques d'amitié  et  de  confiance  les  unirent.  C'est,  dans  les 
annales  du  XVI''  siècle,  une  lacune  que  regrettent  ceux 
qui  se  plaisent  à  faire  de  ces  annales  le  sujet  de  leurs 
études. 

Le  silence  de  Vander  Hammen,  dont  le  livre  fut  écrit  à 
Madrid,  doit  moins  étonner  que  celui  de  Strada  :  où  et 
comment  Vander  Hammen  aurait-il  eu  communication  des 
correspondances  de  Marguerite  et  de  don  Juan?  Les  pa- 


(  2:2  •) 

pieis  de  clou  Juan,  apportés  des  Pays-Bas  par  l'ordre 
exprès  de  Philippe  II,  furent  vraisemblablement  détruits 
—  car  ils  ne  se  trouvent  pas  aux  archives  de  Simancas  — 
après  qu'un  examen  soigneux  en  eut  été  fait  pour  vérifier 
les  soupçans  que  ce  monarque  avait  conçus  de  son  frère. 
D'ailleurs,  comme  on  le  verra  dans  la  suite  de  cette  Étude,' 
don  Juan  n'avait  pas  l'habitude  de  garder  les  lettres  que 
Marguerite  lui  écrivait. 

Les  papiers  de  Marguerite,  au  contraire,  conservés  avec 
soin  pendant  sa  vie,  furent,  après  sa  mort,  déposés  dans 
les  archives  ducales  de  Parme.  Strada,  on  le  sait,  eut  à  sa 
disposition  ceux  qui  concernaient  les  affaires  des  Pays-Bas 
sous  la  régence  de  cette  princesse  :  n'y  a-t-il  pas  lieu  d'être 
surpris  qu'il  ait  ignoré  l'existence  de  sa  correspondance 
avec  don  Juan,  et,  s'il  la  connut,  qu'il  n'en  dise  pas  un  mot? 

C'est  sous  les  combles  du  château  royal ,  à  Naples,  que, 
au  mois  de  janvier  de  l'année  dernière ,  j'ai  découvert  cette 
correspondance;  et,  grâce  à  l'obligeance  parfaite  de  M.  le 
chevalier  Sacco,  intendant  général  de  la  maison  de  S.  M. 
le  roi  Victor-Emmanuel,  j'ai  pu  la  parcourir,  l'analyser 
et  en  copier  ou  extraire  les  parties  principales.  Elle  était 
reléguée  là,  avec  les  archives  des  Farnèses,  depuis  l'avéne- 
ment  du  duc  Charles  de  Parme  au  trône  des  Deux-Siciles: 
sous  la  dynastie  des  Bourbons,  personne  n'avait  accès  à 
ces  archives,  si  bien  que,  hors  d'Italie  et  dans  la  Péninsule 
même,  on  ignorait  généralement  ce  qu'elles  étaient  de- 
venues. 

jQui  pourrait  dire  pendant  combien  de  temps  encore  les 
faits  que  j'ai  exhumés  de  ces  documents  poudreux  seraient 
restés  ensevelis  dans  l'oubli,  si  M.  Alphonse  Vandcnpçere- 
boom ,  qui,  durant  un  ministère  de  six  années,  a  donné  tant 
de  marques  de  sa  sympathie  pour  les  lettres,  pour  les  arts. 


(  ^iô  ) 

|j'jur  l'cducalion  publique  (sans  parler  des  autres  titres  qu'il 
s'est  acifuis  à  la  gratitude  du  pays),  n'avait  pensé  qu'une 
exploration  des  archives  et  des  bibliothèques  d'Italie  pour- 
rait avoir  des  résultats  fructueux  au  point  de  vue  de  la 
science  historique  en  général  et  de  l'iiistoire  de  la  Belgique 
en  particulier? 

La  correspondance  de  Marguerite  d'Autriche  avec  don 
Juan  l'orme  une  liasse  d'environ  deux  cents  pièces  (J). 

Toutes  les  lettres  de  don  Juan  sont  de  sa  main,  à  l'ex- 
ception de  quelques-unes  de  celles  qu'il  écrivit  des  Pays- 
Bas;  toutes  sont  en  espagnol  :  don  Juan  ne  se  servait  que 
de  cette  langue. 

Marguerite,  quels  que  tussent  ses  correspondants,  écri- 
vait toujours  en  italien,  quoiqu'elle  eut  passé  ses  jeunes 
années  à  la  cour  de  Bruxelles,  où  le  français  était  la  lan- 
gue dominante  et  l'on  pourrait  même  dire  la  seule  que 
l'on  parlât. 

Ses  lettres  à  don  Juan  sont  en  minutes,  de  la  main  de 
ses  secrétaires.  Jl  y  en  a,  dans  le  nombre,  dont  l'écriture 
est  laite  pour  embarrasser  les  paléographes  les  plus 
habiles  (2). 


U. 


Ce  fut  Marguerite  qui ,  la  première,  dans  le  temps  qu'elle 
était  à  la  tète  du  gouvernement  des  Pays-Bas,  manifesta 
l'intention  d'entrer  en  rapports  avec  son  frère  naturel  :  par 


(1)  Elle  esl  intitulée  :  li]6:j-}578.  Leltere ,  onginali  per  la  massiina 
parle ,  di  D.  Giovanni  d'Auslria  ,  scritle  a  m:ulaina  Mar(jhcrila. 

(2)  Les  minutes  dont  je  veux  parler  sont  eelles  ([u'écrivit  le  seeielaire 
>uccio  Seriyali. 


(  '2i  ) 
son  âge ,  par  sa  situation ,  il  lui  appartenait  de  prendre  cette 
initiative.  Au  mois  de  février  1565,  elle  envoyait  à  Madrid 
François  de  Berminicourt,  seigneur  de  la  Thieuloye,  gou- 
verneur (le  Bélhune  et  l'un  de  ses  maîtres  d'hôtel,  pour 
exposer  au  Roi  quelques  points  concernant  ses  affaires  par- 
ticulières (1);  elle  le  chargea  de  visiter,  de  sa  part, don  Juan, 
pour  qui  elle  lui  remit  une  lettre.  Don  Juan  lui  lit  la  réponse 
qu'on  va  lire  : 

Très -illustre  et  très- excellente  dame,  M.  de  la  Thieuloye, 
votre  majordome,  m'a  délivre,  le  29  du  mois  passé,  la  lettre 
de  Votre  Excellence  du  20  lévrier,  et,  en  conformité  de  son 
contenu,  il  m'a  visité  de  la  part  de  Votre  Excellence,  me  di- 
sant, suivant  sa  commission,  la  volonté  et  l'amour  qu'elle  me 
porte  et  qu'elle  désire  me  témoigner  par  des  faits,  ainsi  que  le 
contentement  quelle  éprouve  chaque  fois  qu'on  lui  donne  de 
mes  nouvelles.  Je  l'ai  vu  si  volontiers  —  car  rien  ne  saurait 
aujourd'hui  me  causer  plus  de  satisfaction  que  ce  qu'il  nfa 
appris  de  Votre  Excellence,  dont  je  haise  les  mains  pour  la 
sollicitude  qu'elle  a  eue  en  cela  et  la  faveur  qu'elle  m'a  faite, 
—  que  je  ne  peux  assez  l'exprimer,  non  plus  que  lamour  et 
volonté  réciproque  que  je  porte  à  Votre  Excellence,  et  le 
désir  que  j'ai  de  la  servir,  comme  j'y  suis  ohligé  envers  une 
sœur  et  envers  ma  dame,  et  comme  le  veulent  les  liens  du 
sang  qui  nous  unissent. 

Le  seigneur  prince  mon  neveu  (2)  est  un  charmant  cava- 
lier, doué  de  grandes  qualités  et  très-aimé  :  (î'est  chose  qu'il  a 
héritée  de  sa  mère.  Par  ce  motif,  parce  qu'il  est  votre  fds,  et 
pour  la  parenté  étroite  et  l'amitié  qu'il  y  a  entre  lui  et  moi, 


(1)  Voy.  Correspondance  de  Philippe  II  sur  les  affaires  des  Pa>js~ 
Bas  ;  l.  t,  pp.  512,  547. 

(2)  Alexandre  Farnèse. 


(2o  ) 
jel'aijjjc  laiiUiucson  départ  me  causera  lui  i^raiid  isolcjnciil  : 
je  me  suis  néanmoins  fort  réjoui  de  son  maiiage  (1),  qui  est 
si  ])rillant  et  si  convenable  aux  deux  i)arlies.  Plaise  à  Dieu  de 
donner  une  longue  vie  à  Votre  excellence  et  aux  deux  époux, 
pour  ({ue  Votre  Excellence  jouisse  de  la  satisfaction  de  les  voir, 
eux  et  leurs  i)etits-enfants,  pendant  beaucoup  d'années,  et  à 
moi  pour  leur  témoigner  mes  sentiments  et  mon  désii*  de  les 
servir! 

Si  jusqnici  je  n'ai  pas  écrit  à  Votre  Excellence,  comme 
j'aurais  dû  le  faire,  mon  jeune  âge  en  a  été  la  cause.  Dorénavant 
eela  se  pourra  compenser  toutes  les  fois  que  Votre  Excellence 
me  fera  savoir  en  quoi  je  serai  à  mêiue  de  la  servir  et ,  sui\ant 
mon  envie,  de  la  satisfaire.  Comme  je  me  suis  entretenu  lon- 
guement avec  la  Thieuloye,  et  que  Votre  Exeellenie  appren- 
dra de  lui  le  surplus  de  ce  que  d'ici  il  lui  plaira  de  savoir,  je 
m"en  remets  à  son  rapport. 

Notre -Seigneur  conserve  et  augmente  la  très-illusti'c  [)cr- 
sonne  et  Tétat  de  Votre  Excellence  comme  je  le  souhaite  î 

De  Madrid ,  le  i2  avril  1 365. 

Je  baise  les  mains  à  Votre  Excellence  et  suis 

Son  serviteur  et  bon  frère, 
DOi\  JuAiN  d'Alïiuciie  (i2). 

Lorsque  don  Juan  traçait  les  lignes  qui  précèdent,  il  ac- 
complissait à  peine  sa  dix-huitième  année,  et  déjà  l'atten- 
tion du  monde  était  fixée  sur  lui.  L'amhassadeur  Giovanni 
Soranzo,  dans  la  relation  qu'il  fit  en  ce  temps-là  au  sénat 
de  Venise,  s'exprimait  ainsi  sur  son  compte  :  «  Le  seigneur 
»  don  Juan  a  une  très-helle  figure;  une  grâce  singulière 

(1)  Avec  la  princesse  Marie  de  Portugal,  iK-lite-niIe  du  roi  Emmanuel 
le  Foi'luné. 

(2)  Voy.  rAi>[)en(Jiee  ii"  I. 


(2«) 
»  règne  dans  tous  ses  mouvements,  et  il  montre  un  es- 
»  prit  rare,  si  bien  que  tous  ceux  qui  le  voient  se  prennent 
»  pour  lui  d'une  vive  affection,  et  qu'il  est  aimé  non-seu- 
»  lement  de  la  cour  mais  de  toute  l'Espagne.  Le  Roi  lait 
»  beaucoup  de  cas  de  lui,  quoique  jusqu'à  présent  on 
»  ignore  quelle  situation  il  a  le  dessein  de  lui  donner. 
»  Plusieurs  prétendent  que,  si  le  prince  (don  Carlos)  ve- 
»  nait  à  mourir  ou  qu'il  n'eût  pas  de  fds,  don  Juan  serait 
>-)  proclamé  héritier  du  royaume »  (i).  Il  est  digne  de  re- 
marque que,  deux  années  auparavant,  le  prédécesseur  de 
Soranzo  à  la  cour  de  Madrid,  Paolo  Tiepolo,  tenait  un  lan- 
gage à  peu  près  semblable  :  «  En  vérité,  disait-il ,  l'incli- 
»  nation  de  tout  le  monde  pour  don  Juan  est  telle  que, 
»  dans  le  cas  où  le  Roi  et  le  prince  mourraient  sans  des- 
»  cendants,  et  qu'il  fût  en  Espagne,  et  non  les  fils  du  roi 
»  de  Bohème,  il  pourrait  bien  arriver,  au  jugement  de 
»  beaucoup  de  personnes,  qu'il  tïit  accepté  pour  roi  pré- 
»  férablement  à  d'autres,  éloignés  par  leur  résidence,  élran-- 
»  gers  au  pays  par  leur  langue  et  peut-être  d'une  religion 
y>  contraire  à  celle  de  la  nation »  (2). 


(1)  .'  Don  Giovanni  d'Auslria è  di  bellissimo  aspetto,  in  lulli  i  mo- 

vinienli  tiene  grazia  singolare  ,e  si  demostra  di  rarissinio  ingegno,  lanlo 
elle  luUi  quelli  che  lo  vedono  gli  prendono  aflezione  grandissima ,  ed  è 
anjalo  non  solaniente  dalla  corte,  ma  da  luUa  la  Spagna.  Il  re  lo  stima 
anco  mallo,  se  bene  non  si  intende  fînora  quai  grado  disegna  daiii.  Molli 
vogliono  che,  se  occorresse  la  niorle  del  principe,  ovvero  non  avesse  Sua 

Allezza  f)gliuo!i,egli  sarebbepubblicato  erede  del  regno »  {lielazioiii 

(Icgli  ambasciatori  Feneii,  sér.  I,  vol  V,  p.  121.) 

(2)  «  .. ..  E  in  verosi  vede  lanta  inclinazione  di  ognuno  verso  lui,  che 
in  caso  che  il  re  e  il.  principe  morissero  senzadiscendenza  ,  molli  giudi- 
cano  che  se  ogii  in  (juel  tempo  fosse  in  Spag:nî> ,  e  non  i  ligiiuoli  del  re 
di  lîoemia,  lacilinente  polrebbe  avvenirc  ch'egli  fosse  accellalo  por  re  di 
Spagna  piulloslo  che  altri  lonlano,  foivstieio  di  liiiiiua  ,  c  foise  di  reli- 
gione  alieno  ...  »  {lOid.,  p.  7b.  ) 


(  5>7  ) 

Au  mois  de  iévrier  Jo67,  Marguerite  dé[)ècha  à  Madrid 
Alonso  Lopez  Gallo,  l'un  de  ses  gentilshommes,  pour  in- 
struire le  Roi  de  faits  très-importants  qui  s'étaient  passés 
entre  le  comte  d'Egmont  et  quelques  autres  des  principaux 
seigneurs  des  Pays-Bas  (1).  Le  8  septembre  suivant,  son 
secrétaire  Machiavel  recevait  d'elle  l'ordre  d'aller  solliciter 
(le  Philippe  sa  démission  du  gouvernement  de  ces  provinces 
qu'elle  ne  pouvait  plus  honorablement  exercer  après  les  pou- 
voirs qu'il  avait  conférés  au  duc  d'Albe  (2).  Ces  deux  en- 
voyés furent  porteurs  de  lettres  pour  don  Juan,  à  qui  ils 
présentèrent  les  compliments  de  sa  sœur.  Don  Juan  ne 
manqua  pas  de  lui  écrire  chaque  fois  pour  la  remercier  : 
«  Comme  je  suis  assuré ,  lui  disait-il  dans  une  de  ces  ré- 
»  ponses,  de  la  volonté  qu'avec  tant  de  raison  Votre  Excel- 
»  lence  a  de  me  favoriser,  je  la  supplie  de  me  la  témoigner 
»  en  m'informant  toujours  de  sa  santé  et  de  ce  qu'il  est  en 
»  mon  pouvoir  de  faire  pour  la  servir  :  car  il  n'est  rien  qui 
»  me  puisse  causer  plus  de  satisfaction.  Et  par  là  Votre 
»  Excellence  correspondra  à  l'inclination  qu'elle  trouvera 
»  toujours  en  moi  pour  son  service,  comme  l'exigent  les 
))  liens  du  sang  qui  nous  unissent  (5).  » 

Cependant  les  destinées  du  fils  naturel  de  Charles-Quint 


(1)  Correspondance  de  Philippe  II  sur  les  affaires  des  Pays-Bas,  t.  J, 
().  blO. 

(2)  Ibid.,  p.  571. 

(5)  «  Y  porque  estoy  assegurado  de  la  volunlad  que  cou  lanla  razoïi 

liene  Vueslra  Excelencia  de  hazerme  merced,  la  suplico  me  la  haga  de 
avisarme  siempre  de  su  salud  y  en  que  la  sirva,  porque  en  ninguna  cosa 
la  podré  yo  recebir  mayor  que  eu  esto  :  eu  que  Vuestra  Excelencia  corres- 
[)0uderâ  â  la  volunlad  que  en  mi  haliarà  siempre  para  su  seivicio,  conio 
lo  requière  la  sangre...  »  (Lettre  écrite  de  Madrid,  le  ÔO  avril  1:^07.) 

L'autre  lettre  est  du  o  octobre. 


(  28  ) 
commençaient  à  s'accomplir.  Le  Roi  Tavail  l'ait  chevalier 
tic  la  Toison  d'or  (1),  général  de  la  mer  (2),  et  il  venait  de 
lui  donner  le  commandement  de  Tarmée  destinée  à  sou- 
mettre les  Maures  révoltés  de  Grenade.  Marguerite,  qui 
se  trouvait  alors  à  Civita-Ducale  dans  le  royaume  de  Na- 
zies, lui  en  adressa  ses  félicitations.  «  Votre  Excellence, 
»  lui  répondit  don  Juan ,  a  bieii  raison  de  m'ai  mer  autant 
»  qu'elle  le  dit,  ayant  en  moi  un  frère  si  obéissant  et  si 
»  véritablement  son  serviteur.  Je  l'assure  qu'aucune  chose 
»  ne  pourrait  me  donner  plus  de  contentement  que  Toc- 

»  casion  ,  si  elle  s'offrait,  d'aller  lui  baiser  les  mains » 

Et  il  ajoutait  :  «  Je  ne  dirai  rien  de  plus  sinon  que  je  suis 
»  très-heureux  de  la  grâce  que  Sa  Majesté  me  fait  en  m'or- 
»  donnant  d'aller  à  la  guerre  (5).  » 

Après  la  pacification  du  royaume  de  Grenade,  don  Juan 
se  vit  appelé  à  une  mission  plus  grande  encore  :  Pie  V  le 
choisit  pour  général  de  la  ligue  que  ce  ponlife  venait  de 
conclure  avec  le  roi  catholique  et  la  république  de  Venise 
contre  les  Ottomans. 

il  débarqua  à  Gênes  le  26  juillet  lo71.  Pietro  Aldobran- 
dini,  l'un  des  principaux  gentilshommes  de  la  duchesse  de 
Parme,  l'y  attendait  pour  lui  offrir  les  compliments  et  les 
vœux  de  sa  sœur.  Don  Juan  le  renvoya  avec  une  lettre  où  il 
priait  Marguerite,  au  nom  de  l'amitié  qui  les  unissait  et  de- 


(1)  Le:24jiiilk'l  1366. 

(2)  Le  28  octobre  1567. 

(3)  « TieeneVueslra  Exceleiiciainucluiiazoïi  de  amaiino  y(|urieniie 

laiHo  como  dice,siéndoIeyo  laii  obedienle  y  verdaderoservidor  y  hermano; 
y  ninguiia  cosa  me  podria  dar  mayor  contenlo  (pie  olVescei-se  ocasioii  de 

poder  vei'  y  bcsar  las  manos  â  Vuestra  Exccleiicia No  dire  en  esta  mas 

de  que  esloy  miiy  coiilento  con  la  merced  que  Su  M'  me  liaze  en  mandarme 
saïga  en  eani|)ana «  (Lettre  écrite  de  Grenade,  le  lo  décembre  laG'J  ) 


(  2i»  ) 
voit  les  unir  toujours,  vn  les  ohligalions  qui  les  atlacliaiciU 
Vun  à  l'autre,  de  ne  mettre  jamais  de  diiïiculté  à  lui  de- 
mander, à  lui  ordonner  tout  ce  qu'il  serait  en  position  de 
l'aire  pour  elle  (l).  Arrivé  à  Naples,  il  chargea  don  Diego 
de  iMendoza,  gouverneur  de  l'Ahruzze,  d'exprimer  à  sa 
sœur  son  regret  de  ce  que  la  nécessité  où  il  s'était  trouvé 
de  venir  en  hâte  prendre  le  commandement  de  l'armée  na- 
vale de  la  ligue  ne  lui  avait  pas  permis  d'aller  lui  baiser 
les  mains  (2). 

On  conçoit  qu'il  n'oublia  pas  d'envoyer  à  Marguerite  le 
bulletin  de  la  bataille  de  Lépante  (5)  :  elle  le  félicita  d'au- 
tant plus  cordialement  de  la  victoire  qu'il  venait  de  rem- 
porter, que  son  (ils  Alexandre  y  avait  pris  une  part  bril- 
lante. 

Je  n'ai  pas  ici  à  raconter  ce  célèbre  fait  d'armes,  ni  à 
expliquer  pourquoi  il  n'eut  pas  les  conséquences  que 
l'Europe  chrétienne  en  attendait  :  ces  détails  et  ces  expli- 
cations trouveront  leur  place  dans  d'autres  Études. 

Don  Juan  passa  l'Iiiver  et  une  partie  de  l'été  à  Messine, 
d'où,  à  plusieurs  reprises,  il  écrivit  à  sa  sœur.  Le  prince 
Alexandre,  qui  l'avait  quitté  après  l'affaire  de  Lépante, 
vint  l'y  rejoindre  pendant  quelques  jours.  Don  Juan  avait 
été  témoin  de  la  valeur  déployée  par  son  neveu  dans  la 
sanglante  bataille  livrée  à  la  flotte  ottomane,  et  il  en  avait 
fait  rapport  à  Madrid;  il  désirait  vivement  que  le  Roi  don- 
nât au  prince  quelque  charge  militaire.  Lorsque  Alexandre 


(1)  « Suplico  Vuestra  Excelencia  que  cou  la  llaueza  y  amislad  que 

enU'e  Vuestra  Excelencia  y  mi  ha  de  aver  siempre,  por  las  obligaciones  que 
enli-ambos  teuemos ,  que  no  ponga  dificullad  alguna  en  mandarme  y  tiucrer 
(le  nii  todolo  en  que  podré  servirla >i  {Lettre  du  27  jiiiile!  \M\.) 

(-2)  Lettre  du  19  août  loTl. 

[ô)  Lettre  écrite  de  Petela ,  le  10  octobre  ITiT  1 . 


(30) 
relourna  auprès  de  sa  mère,  il  lui  remit  pour  elle  une 
lettre  qui  dut  èlre  particulièrement  agréable  à  Margue- 
rile  :  «  Le  seigneur  prince,  lui  écrivit-il,  pourra  assurer 
»  Votre  Excellence  du  zèle  qu'il  a  trouvé  en  moi  pour  le 
»  servir  et  lui  donner  toute  satisfaction.  Je  crois  que 
»  celle  qu'il  a  de  moi  n'est  pas  au-dessous  de  celle  que 
»  j'ai  de  lui;  elle  est  réciproquement  telle  que  notre 
»  amitié,  notre  parenté  et  nos  relations  nous  y  obli- 
»  gent  (1)...  » 

Le  2  août  1572,  don  Juan  appareilla  de  Messine  pour 
aller  rallier  les  vaisseaux  de  la  ligue  qui  étaient  à  Cé- 
plialonie,  et  se  porter  ensuite  au-devant  de  la  flotte 
turque.  Il  revint,  sans  l'avoir  rencontrée,  à  Messine,  d'où  il 
se  rendit  à  Naples.  Marguerite  envoya  dans  cette  capitale 
Pielro  Aldobrandini,  avec  la  mission  de  le  visiter  de  sa 
part  et  de  lui  recommander  les  intérêts  de  son  fils.  Celle 
recommandation  n'était  pas  nécessaire,  cardon  Juan  avait 
fort  à  cœur  de  contribuer  à  l'avancement  du  prince 
Alexandre.  Il  répondit  à  Marguerite  :  «  Je  promets  à 
»  Votre  Excellence  que  je  l'aime  et  le  désire  servir  beau- 
»  coup  plus  que  je  ne  saurais  le  témoigner,  parce  qu'il  est 
»  vraiment  le  digne  Dis  de  sa  mère,  et  qu'il  ne  sera  pas 
»  moins  soldat  ni  moins  vaillant  que  son  père  (2).  »  L'his- 
toire est  là  pour  nous  dire  si  ce  pronostic  se  vérifia. 


(!)  « El  senor  principe  podra  dezir  â  VuesU'a  Excelencia  la  volunlad 

(jue  ha  hallado  en  mi  de  servirle  y  daile  lodo  guslo  y  salisfacion;  y  asi 
crco  yo  que  no  es  nienor  la  que  lione  de  nii  que  yo  la  tengo  dél  ;  y  eslâ  lan 

î^rande  quanlo  nueslra  amislad,  deudo  y  conoscimienlo  nos  obliga » 

(Lettre  du  i. juillet  157-2.) 

(2)  « Yo  promeîo  â  Vueslra  Excelencia  (|uc  le  amo  y  deseo  servir 

harto  mas  de  loque  se  moslrar,  porque  verdaderamenle  es  digno  hijode 

su  madré,  y  sera  no  menos  .soldado  y  valoroso  que  su  padre »  (Lettre 

du  ri  décembre  ilili.) 


(  ."51   ) 


Depuis  longtemps  don  Juan  souhailait  de  faire  la  con- 
naissance personnelle  de  sa  sœur;  Marguerite  n'aspirait  pas 
moins  à  voir  un  frère  qui,  si  jeune  encore,  s'était  acquis 
une  gloire  égale  à  celle  des  premiers  capitaines  du  siècle. 
Le  5  décembre,  don  Juan  lui  annonça  qu'il  n'attendait 
que  les  ordres  du  Roi  sur  ce  qu'il  aurait  à  faire  pendant 
le  reste  de  l'hiver,  j)ôur  déterminer  le  moment  où  il  irait 
la  trouver.  Ces  ordres  lui  parvinrent  à  la  fin  du  mois;  il  en 
donna  connaissance  à  Marguerite  dans  la  lettre  suivante  : 

Madame  ,  Sa  Majesté  a  pris  la  résolution  de  me  commander 
(le  rester  en  ce  pays  cet  hiver.  Je  le  regretterais  beaucoup, 
pour  le  désir  que  j'ai  de  lui  baiser  les  mains,  si  cela  ne  convenait 
autant  à  son  service  qu'dle  me  l'écrit  :  mais,  sa  volonté  étant 
telle,  la  mienne  doit  être,  par  conséquent,  de  lui  obéir.  Et, 
comme  c'est  maintenant  que  les  affaires  de  la  ligue  se  traitent 
et  se  négocient  à  Rome,  Sa  Majesté  me  commande  encore  de 
m'en  occuper  d'ici,  en  informant  ses  ministres  qui  sont  char- 
gés de  cette  négociation  de  choses  qui  donnent  toujours  lieu  à 
des  demandes  et  à  des  réponses.  Voilà  pourquoi,  Madame,  je 
ne  pourrai  réaliser  immédiatement  lenvie  si  grande  que  j'ai 
de  baiser  les  mains  à  Votre  Excellence.  Je  crois  que,  dans 
vingt-cinq  ou  trente  jours  ,  cette  affaire  sera  arrivée  au  point 
que,  mon  intervention  y  étant  peu  nécessaire,  j'aurai  la 
liberté  d'exécuter  ce  que  je  viens  de  dire;  et  alors,  sans  diffé- 
rer davantage,  je  me  mettrai  en  chemin  pour  aller  voir  Votie 
Excellence  :  car  il  n'y  a  rien  pour  quoi  j'aie  autant  d'inclina- 
tion. Dans  l'inler^alle,  Madame,  je  supplie  Votre  Excellence, 
aussi  instamment  que  je  le  puis,  de  m'cxcuscr  auprès  d'elle- 


(  32) 

mémo,  puisque,  si  ce  n'était  que  je  ne  m'appartiens  pas  ici,  je 
partirais  à  cette  heure.  J'informerai  Votre  Excellence,  quel- 
ques jours  auparavant,  de  celui  de  mon  départ,  pour  le  très- 
grand  contentement  que  je  recevrai  de  lui  envoyer  une  nou- 
velle qui  me  réjouira  tant.  J'ai  écrit  à  monsieur  le  prince  par 
la  voie  de  Rome,  lui  donnant  avis  de  ma  demeure  en  Italie  et 
des  galères  qui  vont  faire  voile  pour  l'Espagne,  où  j'aimerais 
mieux  l'accompagner  et  le  servir  que  le  voir  aller  sans  que 
je  puisse  en   personne   rendre   compte  à  Sa  Majesté  de  la 
valeur,  de  la  diligence  et  des  autres  qualités  avec  lesquelles 
il  l'a   servie  :  car,   quoique   dans  mes  lettres,  je  pense  lui 
en  avoir  longuement  rendu  témoignage,  j'aurais  eu  plus  de 
satisfaction  encore  à  le  faire  de  bouche.  Je  ne  sais  si  monsieur 
le  prince  se  sera  résolu  à  faire  ce  voyage  ou  non,  ni  en  quoi 
il  voudra  m'employer;  j'attends  ses  ordres,  que  j'exécuterai 
en  tout  ce  qui  me  sera  possible.  Sa  Majesté  prend  fort  à  cœur 
la  continuation  de  la  ligue;  elle  a  ordonné,  et  à  moi  principa- 
lement, qu'on  s'occupe  avec  efficacité  de  renforcer  sa  flotte. 
On  prend  en  cette  conformité  toutes  tes  mesures  qui  convien- 
nent. J  espère  en  Notre-Seigneur  qu'elles  tourneront  au  dom- 
mage de  l'ennemi,  lequel,  à  ce  que  l'on  apprend,  arme  à 
grande  furie  et  avec  le  dessein  de  venir  à  notre  rencontre  : 
mais,   par   bonheur,  il  nous  trouvera   plus  tôt  qu'il    ne    se 
1  imagine.  Grâce  à  Dieu,  je  me  porte  maintenant  bien.  Quil 
garde  Votre  Excellence  et  lui   donne  des  pàques  (1)  et  des 
années  telles  que  je  le  désire. 
De  Najdes,  le  \)  janvier  loTô. 

Le  très-véritable  serviteur  et  obéissant  frère 
de  Voire  ExceUence,  et  qui  lui  baise  les 
mains, 

Dox  Jlan  n'AuTKiCHE  (:2). 


(1)  Dans  la  langue  es|)agnol(',  les  jiâques  sii;niliont  ici  la  fiMo  dos  Rois. 
{il)  Vo\.  rAppondico  n''  il. 


(33) 

Enlïn,  dans  les  premiers  jours  de  février,  don  Juan 
partit  de  Naples,  avec  une  suite  peu  nombreuse,  pour 
Aquila,  dans  les  Abruzzes,  où,  depuis  plusieurs  mois, 
Marguerite  avait  établi  sa  résidence.  Il  est  inutile\Jc 
parler  des  démonstrations  de  tendresse  et  de  joie  avec 
lesquelles  il  y  lut  accueilli.  Marguerite  avait  envoyé  au- 
devant  de  lui,  pour  le  guider,  Florio  Tornielli,  l'un  de  ses 
gentilsbommes;  durant  son  séjour  à  Aquila,  elle  eut  pour 
lui  et  pour  ce'ux  qui  l'accompagnaient  les  plus  grandes 
attentions;  elle  voulut  lui  faire  accepter  des  présents  en 
marque  de  souvenir,  mais  il  s'en  excusa  (1). 

Les  graves  atTaires  qui  réclamaient  don  Juan  à  Naples 
ne  lui  permettaient  pas  une  longue  absence  :  le  19  février, 
quoique  le  temps  fût  affreux  et  les  chemins  presque  im- 
pralicables,  il  prit  congé  de  sa  sœur,  en  lui  promettant  de 
venir  la  revoir  avant  de  passer  en  Espagne;  tous  deux 
avaient  les  yeux  remplis  de  larmes  (2).  Dès  le  lendemain 
il  lui  écrivit  : 

Madame,  la  journée  d'Iiicr  a  été  rigoureuse  pour  eeux  qui 
étaient  en  elicmin;  mais  elle  Ta  été  bien  plus  encore  pour  moi, 
qui  venais  de  quitter  Votre  Altesse  :  chose  qui  me  laissera  des 
regrets  pendant  tout  le  temps  que  je  serai  sans  lui  baiser  de 
nouveau  les  mains.  J'ai  très-bien  passé  la  nuit,  les  faveurs  que 
Votre  Altesse  m'a  faites  à  Aquila  m'ayant  été  continuées  ici  (î). 


(t)  «  È  lornato  molto  sodisfatlo  di  Madama,  da  chi  dicono  se 

appartô  con  lagrime.  Non  lia  voluto  accetlar  nessuna  cosa  di  molle  che 
gli  voleva  donare,  ina  deUogii  clie  per  lui  le  longa,  e  clie  prima  che  passi 

a  Spagna,  tornerà  di  nuovo  a  visilaria »  (Lettre  écrite  de  Xaplcs,  le 

4  mars  1375,  au  grand-duc  Cùme  de  Médicis  par  le  chevalier  Vaini,  aux 
archives  de  Florence.  ) 

(2)  Voy.  la  noie  précédente. 

(ô)  La  duchesse  l'avait  fait  accompngin'r  de  son  grand  écuyer. 
2""   SÉRIE,  TOME  XX Vn.  5 


(  34  ) 

Je  pars  en  ce  moment  pour  Snlmone  par  nn  temps  doux, 
entièrement  dévoué  à  Votre  Altesse,  comme  je  le  serai  tous 
les  jours  de  ma  vie.  Pour  cela  je  supplie  Notre-Seigneur  de 
me  la  donner,  et  à  Votre  Altesse  la  santé,  le  bonheur  et  le 
contentement  qu'elle  mérite  et  que  je  lui  souhaite. 
De  Navellas,  samedi,  20  février  1575 

Don  Juan  d'.Autriche  (I). 

On  remarquera  que,  dans  cette  lettre,  don  Juan  donne 
à  sa  sœur  le  titre  d'Altesse  ;  jusqu'alors  il  ne  l'avait  traitée 
que  (VExcellence.  Ce  dernier  traitement  était  le  seul  que 
la  cour  d'Espagne  accordât  aux  princes  souverains  d'Italie 
et  que  ses  ministres  dans  ce  pays  fussent  autorisés  à  leur 
accorder.  Aux  Pays-Bas,  où  les  règles  de  l'étiquette  étaient 
moins  rigoureuses,  la  duchesse  de  Parme  avait  loujoiu's 
été  traitée  d'Altesse  par  tous  les  ordres  de  TÉtat. 

Don  Juan  lui-môme  n'avait  officiellement  que  le  titre 
d'Excellence.  Lorsqu'il  avait  été  nommé  général  de  l'armée 
de  la  ligue,  Philippe  II  avait  fait  transmettre  des  ordres 
exprès  à  ses  ministres,  non-seulement  en  Italie,  mais 
en  Allemagne,  en  France  ,  aux  Pays-Bas,  en  Angleterre, 
pour  qu'ils  ne  lui  en  donnassent  pas  d'autre  (2)  :  il  toléra 
toutefois  que  ceux  qui  étaient  placés  sous  ses  ordres  le 
traitassent  d'Altesse.  Ce  ne  fut  qu'en  Io75  que  le  conseil 
d'Etat  d'Espagne  se  détermina  à  lui  attribuer  ce  dernier 
titre  fo). 


(i)  Voy.  rAppondice  n"  III. 

{•2)  Correspondance  de  Philippe  II  sur  les  affaires  des  Pa  ;s-f(as  , 
t.  II,  p.  187. 

(ô)   //;/>/.,  I.  III,  p.  2G7. 


(35) 

Margdorite,  qui,  jusqu'à  rcntrevuc  d'Aquila,  avait  ob- 
servé envers  son  frère  le  style  de  la  chancellerie  de  Ma- 
drid, à  partir  de  ce  moment  en  usa  avec  lui  comme  il  en 
usait  avec  elle. 

Don  Juan  fut  d6  retour  le  5  mars  à  Naples  (J),  on  deux 
courriers  venus  d'Espagne  l'avaient  précédé.  Les  dépêches 
que  ces  courriers  lui  apportaient  ne  répondirent  pas  à  son 
attente;  aussi  écrivit-il  à  sa  sœur  :  «  De  moi  je  ne  sais 
»  encore  ce  qu'il  en  sera,  ni  quand  ni  pour  où  je  parti- 
»  rai  (2).  ))  II  ne  s'en  appliqua  pas  moins  à  armer  et  avi- 
tailler  la  Hotte  avec  toute  l'activité  qui  dépendait  de  lui  : 
«  Nous  nous  donnons  ici  —  manda-t-il  à  Marguerite  — 
»  toute  la  presse  que  nous  pouvons;  mais  la  vérité  est 
»  que  nous  pouvons  peu,  parce  que  l'argent  nous  man- 
»  que  (o)."  »  Il  lui  annonça  cependant,  le  5  avril,  qu'il 
espérait,  avec  la  faveur  divine,  être  prêt  à  la  fni  du  mois 
ou  au  milieu  de  mai  (4). 

"Cette  dernière  lettre  n'était  pas  encore  arrivée  à  sa  des- 
tination lorsque  don  Juan  reçut  une  nouvelle  qui  vint 
déranger  tous  ses  plans  :  celle  de  la  conclusion  de  la  paix 
entre  les  Vénitiens  et  le  Turc.  Je  m'étais  flatté  de  trouver, 
dans  sa  correspondance  avec  Marguerite,  quelque  indice 
de  l'impression  qu'un  événement  d'une  si  haute  gravité 


(1)  Leltre  du  chevalier  Vaini  à  Cùme  de  Médicis,  du  A  mars  1575. 
(  Archives  de  Florence.) 

(2)  «....  Demi  aun  no  se  lo  que  haré  ni  quando  ni  para  donde  par- 
ti ré...  '^  (  Lettre  du  7  mars  1575.) 

(5)  «  A  lo  de  acâ  nos  damos  la  priesa  que  podemos,  y  à  la  vcrdad 

podemos  poco,  porque  el  dinero  es  menos...  »  (Lettre  du  2ô  mars  1575.) 

(i)  «  ....  Espero  con  el  favor  divino  eslar  lesto  ai  mas  largo  al  fin  deste 
6  modiado  el  que  viene....  » 


(  36  ; 
produisit  sur  lui;  j'ai  élé  déçu,   [.a  loUro  du  ô  avril  est 
suivie  de  celle  qu'on  va  lire  : 

Madame,  si  je  ne  vous  ai  pas  écrit  depuis  quelque  temps ,  c'est 
que  tout  est  reste  en  suspens,  et  moi  principalement,  dans 
l'attente  d'une  résolution  de  la  cour,  où  j'ai  envoyé  le  secré- 
taire Juan  de  Solo,  d'une  part,  pour  rendre  compte  des  clioses 
qui  se  sont  passées  et  desquelles  il  est  si  bien  informé;  de 
l'autre,  pour  savoir  et  proposer  ce  que  nous  ferons,  eu  égard 
au  temps  où  nous  nous  voyons  et  aux  provisions  dont  nous 
sommes  munis.  Jusqu'à  ce  quil  revienne,  on  ne  m'ordonne 
autre  chose  que  d'aller  à  Messine  et  d'y  rassembler  toute  la 
Hotte,  pour  me  porter  avec  elle  là  où  l'exigeront  les  mouve- 
ments des  ennemis.  En  cette  conformité  je  bâte  toutes  mes 
dispositions,  et, dès  que  Gio.  Andréa  (Doria)  sera  arrivé  avec 
linfanterie  italienne  deLombardie,  je  presserai  *son  départ 
pour  la  Sicile.  Dans  l'intervalle,  je  ramasserai  tout  ce  qui  se 
doit  tirer  du  royaume  de  Naples,  pour  le  prendre  avec  moi 
et  ne  rien  laisser  à  faire  après  :  en  cela  j'userai  d'une  grande 
diligence,  car  certes  je  parais  être  et  je  suis  en  effet  très-mal 
ici, et  mon  honneur  en  souffre.  Avant  l'arrivée  de  ce  courrier 
avec  la  détermination  que  j'ai  dite,  j'ai  pourvu  de  gens  et  de 
munitions  la  Goulette  et  Malte,  et  averti  d'être  sur  leur  garde 
les  lieux  qui  courent  le  danger d  être  assiégés.  En  ce  moment, 
je  le  répète,  je  m'occupe  de  mon  prochain  départ,  en  atten- 
dant la  résolution  délinitive  de  Sa  Majesté  sur  ce  que  je  dois 
entreprendre.  C'est  là.  Madame,  en  substance  notre  situation. 
J'en  ai  instruit  le  seigneur  prince  (Alexandre),  tant  pour 
satisfaire  à  mon  obligation  qu'atin  de  le  mettre  à  même  de 
jnger  de  ce  qu'il  lui  convient  mieux  de  faire:  en  quoi  je  le 
seconderai  de  tout  mon  possible  et  avec  ardeur.  Que  Votre 
Altesse  veuille  me  faire  savoir  comment  elle  se  trouve  et  où, 
et  comme  la  traitent  ces  chaleurs  qui  commencent,  puiscjuii 
n'y  a  personne  au  monde  ((ne  cela  intéresse  plus  que   moi, 


(  37  ) 

ni  qui  se  réjouisse  davantage  d'avoir  delà  saiilé  de  Vulre  Altesse 
des  nouvelles  telles  que  je  le  désire.  Sa  Majesté  se  portait  bien; 
le  prince  (i)  avait  une  petite  fièvre;  la  princesse  (2)  allait  un  peu 
mieux;  toutes  les  antres  personnes  de  la  famille  royale  étaient 
en  bonne  santé;  les  Pays-Bas  étaient  en  un  triste  étal;  le  duc (3) 
qui  les  gouverne  haï  à  l'extrême,  et  l'espérance  du  rétablisse- 
ment de  la  tranquillité  dans  ces  pays  douteuse,  malgré  les 

promesses  de  ceux  qui  y  commandent 31oi,  grâce  à  Dieu, 

je  me  porte  bien,  et  j'attends,  entre  autres  résolutions,  celle 
que  Sa  Majesté  prendra  en  ce  qui  me  concerne.  Mille  gens 
m'envoient  en  différents  endroits.  La  chose  pour  laquelle  je  fais 
principalement  des  instances,  et  non  petites ,  est  de  pouvoir 
aller  trouver  notre  maître,  avec  lequel  je  voudrais  avoir  une 
entrevue  et  me  résoudre.  Dieu  amène  ce  résultat,  et  garde 
Votre  Altesse  avec  la  félicité  et  le  contentement  qu'elle  mérite 
et  que  je  lui  souhaite! 

De  Naples,  le  4  juin  1575 

Don  .Jl'a>  d'x\ltuichl  (4). 

Marguerite  remercia  son  frère  des  informations  qu'il 
lui  donnait;  elle  approuva  beaucoup  le  parti  qu'il  avait  pris 
d'envoyer  le  secrétaire  Soto  en  Espagne.  Les  nouvelles 
qu'elle  avait  elle-même  des  Pays-Bas  concordaient  avec 
celles  qu'il  venait  de  lui  transmettre  :  «  Elles  ne  me  cau- 
»  sent  pas  peu  de  peine,  dit-elle  à  don  Juan  dans  sa  ré- 


(1)  Ferdinand,  fils  aîné  de  Philippe  11  et  d'Anne  dWulriclie,  né  le  i 
décembre  1o71, 

(2)  Doua  Juana  ,  sœur  du  lioi. 
(5)  D'Albe. 

(4)  Voy.  l'Appendice  n"  IV. 


(38) 
»  poiise;  cl,  si  Dieu  n'y  met  la  main,  je  crains  que  le 
y>   remède  ne  soit  plein  de  difficultés  (1).  » 

A  quelques  jours  de  là,  elle  envoya  à  Naples  xMarcello 
Lanipugnano,  l'un  de  ses  gentilshommes,  pour  lui  ra[)- 
porter  des  nouvelles  de  son  frère.  Elle  savait  qu'il  lui 
arrivait  assez  souvent  d'être  malade  :  sa  complexion  n'était 
pas  forte;  il  se  livrait  à  des  exercices  violents,  se  ména- 
geait peu  avec  les  femmes,  et  n'employait  pas  les  moyens 
nécessaires  pour  prévenir  les  suites  de  ces  excès. 

Lampugnano  revint  à  Aquila,  porteur  d'une  lettre  de 
don  Juan  où,  après  avoir  remercié  sa  sœur,  en  des  termes 
chaleureux,  d'une  visite  qui  lui  avait  été  intiniment 
agréable,  il  lui  faisait  conhdence  de  ses  projets  et  la  met- 
lait  au  courant  de  ses  actions  : 

.Madame,  lui  disait-il, ,  en  ce  qui  concerne  mon  dé- 

\y,\vl  d'ici,  je  parlerai  maintenant  avec  quel(iae  clarté,  pour 
la  certitude  que  j'ai  que  cette  lettre  ira  aux  mains  de  Votre 
Alte-ise.  J'ai  singulièrement  désiré,  Madame,  faire  l'entreprise 
d'Alger,  surtout  cette  année  que  la  flotte  ennemie  ne  se  com- 
posera pas  d'un  assez  grand  nombre  de  galères  bien  armées 
pour  oser  s'éloigner  autant  de  ces  mers,  et  à  une  époque  aussi 
voisine  de  l'hiver  que  ee  serait  à  là  fin  d'août.  Mes  dépêches  à 
la  cour  ont  été  dirigées  vers  ee  but,  ainsi  que  les  mesures  que 
j'ai  prises  ici;  et  j'y  ai  été  d'autant  plus  excité  que  je  savais 
que  c'était  la  volonté  de  Sa  Majesté,  quoique,  à  dire  vrai,  elle 
soit  très-mal  servie  de  ces  ministres  (2),  qui  s'occupent  plus 


(1)  «  ....  Fiandra  ho  nuova  clie  stà  nelli  temiiiii  che  Vostra  Altezza 
ini  sciivc,  che  non  mi  dâ  poca  pena;  et  se  Iddio  non  ci  mette  la  mano, 
icmo  che  il  remedio  sarà  dirticulloso....  «  (Lettre  du  13  juin  1575  ,  datée 
d'Aquila.  ) 

i'îl)  Allusion  au  cardinal  de  Granvelle,  vice-roi  de  Naples,  et  au  duc  de 
lerranova,  vice-roi  de  Sicile. 


(  59) 

de  Jours  intérêts  (luc  de  ceux  de  leur  maître.  Pour  retourner  à 
mon  propos,  je  dis  que,  tenant  déjà  prête  pour  cette  entre- 
prise une  grande  partie  de  munitions  de  guerre,  j'ai  vu,  dans 
les  dernières  dépèclies  d'Espagne,  qui  ne  sont  pas  encore  des 
jéponses  à  celles  qu'a  portées  Soto,  l'impossiljilité  qu'on  paraît 
y  trouver  à  ia  cour.  Et,  comme  la  saison-  est  déjà  si  avancée, 
que  beaucoup  de  choses  manquent  encore,  que  Ja  résolution 
se  fait  attendre  de  là  d'où  elle  devrait  venir,  et  qu'on  y  incline 
plutôt  à  ce  qu'on  voie  ce  que  l'ennemi  voudra  faire,  j'ai  préféré 
enfin  changer  d'opinion  que  de  risquer,  n'ayant  pas  les  moyens 
nécessaires,  ce  qui  se  pourrait  risquer  dans  ladite  entreprise. 
En  conséquence,  j'irai  sans  délai  à  Messine,  où  je  serai  en 
position,  tant  de  surveiller  les  mouvements  de  la  flotte  en- 
nemie que  de  tenter,  si  elle  nous  en  donne  quelque  lieu  ,  l'at- 
taque de  Tunis  pour  laquelle  nous  avons,  je  crois,  ce  qui 
convient,  au  cas  que  le  temps  ne  me  fasse  point  défaut.  Il  est 
certain  que,  dans  la  pensée  que  nous  aurions  été  à  Alger, 
j'écrivis  avec  de  grandes  instances  à  Sa  Majesté,  lui  rappelant 
les  mérites  du  seigneur  prince  (1)  et  son  désir  d'être  employé 
dans  cette  expédition  où,  si  elle  s'était  réalisée,  j'aurais  voulu 
le  voir.  C'est  là,  3Iadame,  en  substance,  ce  qui  se  passe  et  le 
compte  que  je  puis  rendre  à  Votre  Altesse  de  moi  et  de  ma 
charge.  Je  continuerai  toujours  à  le  faire  selon  qu'en  fourni- 
jont  matière  les  occasions  et  le  temps.  Je  crois  qu'à  la  fin  de 
cet  été  j'aurai  certainement  la  permission  de  passer  en  Es- 
pagne :  avant  d'en  user,  mon  intention  est  en  tout  cas 
d'aller  baiser  les  mains  de  Votre  Altesse;  mais  quand  et  com- 
ment, c'est  ce  que  je  dirai  lorsque  je  saurai  ce  qu'il  en  sera  de 
moi.  Je  la  supplie,  en  attendant,  de  mavoir  en  sa  mémoire 
et  en  sa  grâce,  et  de  me  donner  toujours  des  nouvelles  de  sa 
santé  :  car  selon  qu'elle  sera  je  serai  tranquille  et  content 


(I)  Alexandre  Farnèse. 


(  -w  ) 

Je  supplie  Votre  Altesse  de  garder  pour  elle  seule  ce  que  je  lui 
écris  dans  celte  lettre,  et  de  la  déchirer  après  l'avoir  lue, 
parce  qu'enfin  les  papiers  sont  des  j)apiers.  Jai  ordonné  à  don 
Rodrigo  de  Benavides  de  se  procurer  un  portrait  de  moi  pour 
l'envoyer  à  Votre  Altesse;  je  crois  que  Marcello,  à  qui  je  nie 
remets  de  tout  le  surplus  que  V^otre  Altesse  désirera  savoir,  en 
pourra  être  le  porteur. 

De  Naples,  le  2G  juin  1575 

Don  Jla>  u'Altiuchf,  (1). 

On  vient  de  voir  la  recommandation  de  don  Juan  à 
Marguerite  de  brûler  ses  lettres;  on  va  apprendre  comme 
il  en  usait  lui-même  à  l'égard  des  lettres  de  Marguerite.  Sa 
sœur  lui  avait  adressé  la  prière  do  ne  laisser  lire  par  per- 
sonne ce  qu'elle  lui  écrivait;  il  lui  répond  :  «  C'est  un  soin 
»  que  j'ai  toujours;  et,  pour  plus  de  sûreté,  j'ai  l'habitude 
»  de  déchirer  vos  lettres  aussitôt  que  j'y  ai  répondu.  A  mon 
»  avis,  c'est  ce  qui  vaut  le  mieux  et  qu'il  convient  que 
))  nous  pratiquions  entre  nous  deux,  parce  qu'enfin  les 
»  papiers  sont  des  papiers  (i2).  »  Il  faut  se  féliciter,  pour 
l'histoire,  que  Marguerite  n'ait  pas  suivi  ce  conseil. 

Le  5  août,  don  Juan  mit  à  la  voile  pour  Messine,  où  il 
arriva  le  8.  Il  écrivit  de  là  à  sa  sœur  : 

Je  ne  sais,  Madame,  ce  que  nous  ferons  pendant  ce  peu 

(rété  qui  nous  reste.  Je  suis  ici  attendant  chaque  jour  la  flotte 


(1^  Voy.  rAppeiulice  n°  Y. 

(2)  «  Lo  que  Vuestra  Alteza  me  manda  de  que  sus  carias  no  las 

v(;a  uadie,  huso  siempre  hazerlo;  y  â  mayor  seguiidad  leiigo  poi*  cos- 
tumbre  de  lomperlas  en  acavando  de  responder  à  ellas.  Es,  à  mi  juieio,  el 
pai'lidu  (|ue  mas  vale,  y  el  que  conl)iene  (juc  sigamos  eulrambos  ,  i)or(jue 

al  lin  son  [)apeles  pai)eles »  (LeUre  écrite  de  Palerme ,  le  8  novembre 

1575.) 


(  ^i'I  ) 

L'iiiiciJiic;  mais  il  no  nous  sera  pas  possible  de  la  ((nnljallie, 
si  nous  ne  sommes  })as  plus  forts  :  ear,  pour  mes  péeliés, 
noire  ijifériorité  à  son  égard  n'est  pas  petite.  C'est  une  eliose 
qui  me  peine  en  làmc  et  que  j'attribue  à  ma  mauvaise  l'or- 
lune,  que  nos  forces  et  celles  de  l'ennemi  ne  soient  pas  un 
peu  plus  égales.  Certes,  pour  lui  livrer  bataille,  je  ne  voudrais 
pas  que  légalité  fut  absolue  :  je  le  ferais  alors  même  qu'il  au- 
rait sur  nous  un  grand  avantage;  mais  celui  qu'il  a  est  trop 
grand.  Je  m'elforce  cependant  de  gagner  du  temps  afin  de 
pouvoir,  s'il  m'en  reste  un  peu,  aller  attaquer  Tunis  :  quoi- 
qu'il y  soit  entré  du  secours,  j'espère  en  Dieu  que  nous  nous 
en   emparerons,   si    l'ennemi   m'en    laisse    quelque    peu    le 

moyen 

De  Messine,  le  11)  août  1575 

Don  Juan  d'Altiuciie  (1). 

Les  espérances  de  don  Juan  ne  furent  pas  trompées  : 
le  11  octobre,  il  entra  dans  Tunis  presque  sans  coup  férir. 


IV. 


Après  cette  heureuse  expédition,  don  Juan  revint  à 
Naples.  Il  y  avait  trois  choses  qu'en  ce  moment  il  souhai- 
tait avec  ardeur  :  accomplir  un  vœu  qu'il  avait  fait  à  Notre- 
Dame  de  Lorelte  lors  de  la  bataille  de  Lépante,  visiter  une 
seconde  fois  sa  sœur,  et  passer  en  Espagne.  Les  dépê- 
ches qu'il  reçut  du  Roi  lui  faisaient  entrevoir  la  possibi- 
lité de  remplir  le  dernier  des  objets  qu'il  avait  en   vue, 


(1)  Voy.  rAppeiidico  u"  \T. 


(  42) 
mais  elles  Tobligeaient  de  renoncer  aux  deux  autres  :  Phi- 
lippe lui  ordonnait  de  se  rendre  directement  de  Naples  à 
Gènes.   Il  en  instruisit  Marguerite,  en  lui  exprimant  le 
déplaisir  qu'il  en  éprouvait  (1). 

11  croyait  ne  s'arrêter  à  Naples  qu'une  quinzaine  de 
jours  (2);  il  y  resta  cinq  mois.  Dès  le  28  novembre,  il 
mandait  à  sa  sœur  que  l'époque  de  son  départ  pour  l'Es- 
pagne était  fort  incertaine,  car  il  se  trouvait  chargé  d'une 
Hotte,  de  gens,  de  dépenses  à  faire  et  de  comptes  à  payer, 
sans  avoir  à  sa  disposition  un  seul  réal  ni  le  moyen  de 
s'en  procurer  (o).  «  Il  en  résulte  —  lui  disait-il  —  que  je 
»  souffre  la  plus  grande  peine  que  j'aie  jamais  eue.  J'ai 
»  mis  en  gage  mon  argenterie  et  je  me  suis  endetté  per- 
»  sonnellement  pour  licencier  un  corps  d'infanterie  ita- 
»  lienne  et  donner  congé  à  un  certain  nombre  de  galères; 
»  mais  il  me  reste  considérablement  à  payer,  puisque  ni 
»  aux  équipages  des  navires  ni  à  l'infanterie  espagnole 
»  et  allemande  je  ne  puis  donner  même  un  ducat.  Je  cher- 
))  che  de  l'argent  par  toutes  les  voies  possibles;  je  ne  sais 
»  ni  quand  ni  comment  j'en  trouverai,  si  toutefois  j'en 
»  trouve,  et,  n'en  trouvant  pas,  ce  qu'il  en  sera  de  moi  : 
»  car  m'éloigner  d'ici  en  y  laissant  les  choses  dans  le  mau- 


(1)  c.  Sepa  Vueslra  Alleza  que  me  manda  Su  Magestad  que  me 

embarque  y  que,  sin  tocar  en  ningun  cavo,  me  baya  à  Génova Lo 

siento,  porque  querria  antes  en  todo  caso  visitai*  â  Nueslra  Senora  de 
I.oreto,  que  selo  e  ofiecido  y  lengoselo  muy  bien  devido,  y  besar  olra 
vez  las  mauos  de  Vuestra  Alteza.  Eslo  solo  me  da  cuydado,  y  eslo  solo 
querria  poder  hazer....  >'  (Lettre  écrite  de  sa  galère  devant  Palerme, 
le  8  novembre  1575.) 

(2)  «  ...  .  Creo  con  todo  que  en  \v  dias  podré  despacharme »  {Ibid.) 

(3)  << Por(|ueme  liallo  cargado  lodavia  de  armada  ,  de  génie  y  de 

gaslos  y  de  euenlas,  sin  un  real  ni  aun  espedienlede  liallarle «  (Lettre 

du  :28  novembre  lo7ô.) 


(  i3  ) 
»  vais  état  où  elles  sont  ne  convient  ni  au  service  (Je  Sa 
»  Majesté  ni  à  ma  réputation,  et,  dun  autre  coté,  je  ne 
»  vois  pas  comment  j'y  \m\s  demeurer  dans  la  situation 
»  où  je  me  trouve.  Le  cardinal  (1)  dit  qu'il  l'ait  tout  ce 
»  qu'il  peut:  il  faut  qu'il  ne  puisse  pas  grand'chosc,  car 
»  en  effet  il  ne  fait  rien  (2).  »  Le  9  janvier  1574,  à  l'oc- 
casion de  la  naissance  d'un  fils  du  prince  Alexandre  sur 
laquelle  il  adresse  ses  félicitations  à  Marguerite,  il  revient 
sur  ce  sujet  :  «  La  chose  qui  me  peine  le  i)lus  au  monde, 
»  —  lui  écrit-i!  —  après  l'impossibilité  où  je  me  suis 
»  trouvé  d'aller  voir  Votre  Altesse,  est  de  n'avoir  pu  cn- 
»  core  partir  pour  l'Espagne;  Votre  Altesse  doit  donc 
»  croire  que  je  fais  largement  tout  ce  qui  dépend  de  moi 
»  afm  d'être  libre.  Mais  le  crédit  et  la  réputation  impor- 
»  tent  tant  que,  pour  conserver  ceux  que  Dieu  m'a  don- 
»  nés,  force  m'est  de  demeurer  ici  jusqu'à  ce  que  j'aie  pu 
»  contenter  cent  mille  gens  que  ma  présence  fait  patienter, 
»  et  qui,  si  je  partais,  pousseraient  des  clameurs  et  des 
»  plaintes  contre  moi  jusqu'au  ciel  (5).  »  Eniin,  le  8  mars. 


(1)  Ue  Gianvclle,  vice-roi  de  Naples. 

(2)  '  ....  Asi  paso  el  mayor  travajo  que  he  tenido  janiàs.  He  empenado 
plata  y  prendas  mias  para  despedir  un  golpe  de  infanteria  ytaliana  y  para 
despacliar  una  I)anda  de  gaieras;  pero  harto  me  queda,  pues  ni  à  naves 
ni  à  infanteria  espanola  ni  alemanu  puedo  dar  un  ducado.  Ando  buscan- 
dolo  por  todas  las  vias  posibies.  No  se  quando  ni  eonio  lo  haliaré,  si  lo 
halio,  y  no  hallândolo,  que  lie  de  hacer  de  mi,  porque  bolver  las  espaldas 
â  lanta  mâquina,  dexândola  lan  quebrada,  no  conbiene  ni  al  servicio  de 
Su  Mageslad  ni  â  mi  repulacion;  pues  estar  asi  tan  poco  veo  como  se 
pueda.  El  cardenal  diz  que  liaze  loque  puede;  pero  deve  poderpoco, 
porque  en  efelo  no  baze  nada...  -^ 

(3)  «  ....  Este  iillimo  de  mi  yda  en  Espana  es  la  cosa  que  mal  pena  me 
(la  no  verla  ya  e.xecutada,  despues  de  no  lo  estar  el  ver  â  V'ueslra  Alleza; 
V  ;i>i  es  de  créer  ([iw  bago  laigamenle  mi  posible  en  despacbarme  :  peru 


(  ii  ) 
il  reçut  un  courrier  du  Roi  qui  lui  apportait  en  lettres  de 
cliange  une  partie  de  l'argent  dont  il  avait  besoin  pour  le 
payement  des  troupes  de  terre  et  de  mer  (1);  il  s'occupa 
alors  de  ses  préparatifs  de  départ. 

Il  s'était  embarqué  à  Naples  le  15  avril ,  avec  l'inten- 
tion de  descendre  d'abord  à  Gaëte  (2).  Durant  ce  trajet, 
des  dépèches  lui  parvinrent  d'Espagne  qui  lui  lirent 
éprouver  une  amère  déception.  Laissons-le  exprimer  lui- 
même  ses  sentiments  à  cet  égard.  Voici  ce  que,  après  son 
arrivée  à  Gènes ,  il  écrivit  à  Marguerite  : 

Madame,  déjà,  par  d'autres  voies,  Votre  Altesse  aura  su, 
en  substance,  le  dernier  ordre  que  j'ai  reçu  de  Sa  Majesté, 
nie  prescrivant  de  rester  en  Lombardie  :  chose  qui  me  peine 
beaucoup  plus  que  je  ne  saurais  le  dire,  pour  toutes  les  rai- 
sons que  Votre  Altesse  comprend  si  bien,  et  particulièrement 
parce  que  mon  voyage  à  la  cour  aurait  été  de  plus  de  fruit  que  ma 
demeure  en  ce  pays.  Je  me  suis  en  conséquence  résolu  à  en- 
voyer le  secrétaire  Juan  de  Solo  en  Espagne,  pour  quil  y  né- 
gocie tout  ce  dont  j'avais  pris  note  et  qui  ne  sera  pas  peu. 
Pendant  ce  temps  je  me  tiendrai  à  Vigevano,  à  vingt  milles 
de  Milan,  sans  m'occuper  en  rien  des  objets  de  ma  commission 
jusqu'au  retour  dudit  Solo  :  car  plutôt  que  de  mettre  à  l'aven- 
ture, sciemment  et  sans  aucun  avantage,  ce  que  j'ai  acquis 
d'honneur,  il  vaut  mieux  que  je  ne  fasse  rien,  au  moins  jus- 
qu'à ce  que  Sa  Majesté  en  décide  autrement.  Ce  que  je  pré- 


vale tanlo  el  crédilo  y  repulacion  que,  conservaiulo  el  ([ue  Dios  me  a 
tiado,  es  fuerça  clexarme  eslar  hasta  dexar  couleiilas  cieii  mil  génies  que 
con  mi  presencia  se  entrelieneii,  y  que  siii  ella  clamarian  al  cielo  cou 
(luexas  y  lamenlos  de  mi «  (  Lettre  du  9  janvier  loTi.  ) 

(1)  Lettre  du  9  mars  1574  à  Marguerite. 

(-2)  Lettre  à  la  même,  écrite  de  Naples  le  15  avril. 


(45) 

tends  pi'ifU'ipalemeiU  à  riiciirc  qu'il  est,  ('"est  de  ])ren(lre  la 
mcv  avec  la  lloUe  [)oih-  inctlre  obstacle,  autant  que  possible, 
aux  desseins  de  lennenii  :  entreprise  dans  laquelle  il  y  aurait 
peut-être  |)lus  d  lionneur  à  gagner  que  dans  ce  pays,  où  je  ne 
vois  pas  à  quoi  jaurai  à  cbnsacrer  mes  soins.  Je  recommande^ 
aussi  à  Soto,  an  cas  quà  la  cour  on  parle  de  menvoyer  aux 
Pays-Bas,  de  déclarer  qu'avant  de  me  cbarger  d'une  telle 
commission,  il  convient  que  je  voie  Sa  Majesté,  et  que  je  ne 
pourrais  l'accepter  sans  cela.  L'ordre  que  Sa  Majesté  me  donne 
est  d'aller  à  Milan  jusqu'à  ce  qu'elle  me  mande  autre  cbosc, 
pour  de  là  tenir  en  respect  les  voisins,  faire  passer  des  secours 
aux  Pays-Bas,  et  moccuper  d'autres  affaires  de  la  même  na- 
ture, S.  M.  voulant  que  j'intervienne  dans  tout  ce  qui  loucbe 
la  guerre;  et  elle  me  dit  que  ce  sera  pour  cet  été  seulement. 
Dieu  le  veuille  ainsi,  comme  je  l'espèrel  C'est  là.  Madame,  en 
substance,  le  contenu  de  la  dépêcbe  du  Boi  et  ce  à  quoi  je  me 
suis  déterminé  :  car  je  reste  très-peu  pourvu  dargent  et  avec 
une  autorité  fort  amoindrie.  Je  ne  me  mêlerai  donc  de  rien, 
mais  je  remettrai  tout  au  marquis  d'Ayamonte  (I);  et  je  m'éta- 
blirai à  Vigevano  jusqu'à  ce  que  Soto  revienne.  Pour  une  raison, 
je  suis  certainement  charmé  de  demeurer  en  ces  quartiers  :  cest 
4"c  j'y  jouirai  du  voisinage  et  de  la  compagnie  du  seigneur 
prince  (2),  qui  s'est  décidé  à  n'aller  pas  maintenant  en  Espa- 
gne :  ce  dont  je  suis  très-content,  d'abord  à  cause  du  voisinage 
et  de  la  compagnie  dont  je  viens  de  parler,  et  ensuite  parce  (juc 
nous  paraîtrons  ensemble  devant  Sa  Majesté.  Je  pars  aujour- 
d  liui  pour  aller  coucher  à  Sarraval;  de  là  je  poursuivrai  mon 
chemin,  dans  l'espoir,  qui  me  rend  très-joyeux  et  très- 
empressé,  de  rencontrer  en  route  le  seigneur  prince.  De  ce 
qu'il  en  sera  ultérieurement  de  moi,  j'en  rendrai  compte  à 


(1)  Gouverneur  de  TÉlat  de  Milan. 

(2)  Alexandre  Farnèse. 


■  {  46  ) 

Votre    Altesse,    que  je    prie    Dieu    de  garder    comme   je  le 
désire. 

De  Gènes,  le  (i  mai  io74. 

Le  plus  grand  serviteur  de;  Votre  Altesse  et  son 
frère  obéissant  qui  lui  baise  les  mains, 

Don  Juan  d'Autriche  (1). 

Marguerite,  cette  fois  encore,  approuva  le  parti  qu'avait 
pris  son  frère  d'envoyer  le  secrétaire  Soto  en  Espagne. 
Quoique  les  ordres  qu'il  avait  reçus  de  Madrid  ne  fussent 
pas  conformes  à  ses  vues,  elle  l'engagea  à  se  conformer 
aux  volontés  du  Roi,  car,  en  le  faisant,  il  ne  pouvait  pas 
commettre  d'erreur  (2).  Cette  princesse  professait  un  grand 
respect  pour  Pbilippe  II,  dont  pourtant  elle  n'avait  pas 
toujours  eu  à  se  louer. 

A  la  fin  de  juillet,  don  Juan  apprit,  à  Vigevano,  que  la 
Goulette  et  Tunis  étaient  menacés  par  la  Hotte  turque  : 
sans  en  attendre  l'autorisation  du  Roi,  il  alla,  dans  le  des- 
sein de  secourir  ces  deux  places,  s'embarquer  à  la  Spezzia , 
d'oij  il  fit  voile  pour  Naples;  il  emmenait  avec  lui  Alexandre 
Farnèse.  De  Naples  il  passa  à  Messine,  à  Palerme,  à  Tra- 
pani.  C'était  trop  tard  :  les  forces  qu'il  put  rassembler 
n'étaient  pas  suffisantes  pour  lui  permettre  de  présenter 
la  bataille  à  la  flotte  turque;  en  outre,  il  lui  fallut  lutter 
contre  les  vents.  La  Goulette  surcomba  le  !25  août,  et  le 
fort  de  Tunis  le  15  septembre. 

Cette  double  perte  causa  à  don  Juan  un  vif  chagrin , 


(1)  Voy.  rAppeiulice  ii"  VII. 

(2)  « Ghecos'i  laciMulo,  iio  si  i)iio  oi'i'are »  ([.cUro  ilii  4  juin  1574, 

écriUi  d'Aquilu.) 


(  "  ) 

dont  on  trouve  l'empreinte  dans  la  lellre  suivante  qu'il 
écrivit  à  sa  sœur  : 

Madame,   que   Votre  Altesse  me    tienne   pour  justement 
exeusé,  si  je  n'ai  pas  répondu  à  ses  deux  lettres  du    l!)  et  du 
28  août  :  car  le  temps  et  le  moyen  de  le  faire  m'ont  vraiment 
manqué  au  milieu  de  mes  déplacements  continuels;  et  encore 
à  présent  je  dis  à  Votre  Altesse  que  j'ai  tant  d'affaires  sur 
les  bras  que  je  puis  à  peine  donner  de  mes  nouvelles.  Ce  qui 
's"cst  passé  dans  ces  parages,  Votre  Altesse  l'aura  appris  pai' 
monsieur  le   prince  et  dautres  avec  plus  de  détails  que  je 
ne  lui  en  donnerai  ici  :  j'en  suis  émerveillé  et  j'en  ressens 
une  douleur  extrême,  non  pas  tant  encore  pour  la  perte  des 
places  de  Barbarie  que  pour  ce  que  l'eiuiemi  se  relire  victo- 
rieux et  lionoré,  tandis  que  nous  autres  nous  nous  occupons 
à  rassembler  notre  flotte  et  que  l'argent,  auquel  on  regarde 
tant,  se  dépense  mal  à  propos  et  sans  aucun  fruil.  Le  même 
jour  que  je  quittai  Naples,  la  Goulette  fut  prise,   et  j'avais 
réuni  tout  au  plus  une  moitié  de  flotte  à  Palerme,  quand  il  en 
fut  de  même  de  Tunis  :  de  manière  que  la  diligence  que  je 
mis  à  partir  de  Lombardie,  sans  en  avoir  reçu  Tordre,  a  été 
inutile;  qu'aurait-ce  été  si  je  l'avais  attendu,  puisque  ce  fut 
seulement  à  Palerme  qu'il   me   parvint?  Eiifin ,  3Iadame,  la 
situation  des  affaires  est  pleine  de  dangers,  et  en  vérité,  la 
faute  n'en  est  pas  tout  entière  à  Sa  Majesté  :  le  tort  quelle  a 
est  de  permettre  que  ceux  qui  gouvernent  ses  provinces  ne 
prennent  pas  le  même  souci  de  l'État  qui  les  avoisine  et  même 
de  celui  qui  est  plus  éloigné,  que  de  l'État  dont  ils  ont  res- 
pectivement la  charge.  Que  Votre  Altesse  considère   de  plus 
que  nous  laissons  s'écouler  le  temps  qu'il  faudrait  employer, 
non-seulement  à  mettre  obstacle  aux  desseins  de  l'ennemi, 
mais  encore  à  exécuter  ceux  que  nous  devrions  former  nous- 
mêmes.  J'espère  apprendre,  à  tout  moment,  que  l'ennemi 
s'est  relire  :  il  l'aura  certainement  fait  de[)uis  quelques  jours, 


(48  ) 

si  ce  temps,  qui  nous  est  si  contraire,  le  lui  a  permis.  Je  crois 
bien  que,  pour  cette  année,  il  ne  nous  reste  plus  rien  à  espé- 
rer ni  à  craindre  :  car  l'hiver  a  commencé  et  les  occasions  ont 
cessé  pour  tous,  mais  surtout  pour  nous,  qui  ne  savons  en 
saisir  aucune,  et  n'avons  le  moyen  d'entreprendre  chose  qui 
vaille.  Tout  enfin  se  réduira  à  ce  que,  comme  de  coutume, 
nous  nous  en  retournerons  bien  ou  mal;  et  moi  certainement, 
sans  plus  différer,  je  passerai  en  Espagne.  C'est  lobjet  que 
maintenant  j'ai  en  vue;  mais  j'en  informerai  préalablement 
Votre  Altesse,  et  même,  si  c'est  possible,  j'irai  lui  baiser  les 
mains.  Sur  la  dernière  lettre  de  Votre  Altesse,  qui  était  en 
réponse  à  une  de  moi,  j'ai  peu  de  chose  à  dire,  et  moins  en- 
core sur  la  première,  puisque  ce  qui  touche  l'autorité  et 
riionneur  de  monsieur  le  prince,  il  sait  que  j'en  fais  le  même 
cas  que  de  ce  qui  me  touche  personnellement;  et  assurément 
Tune  des  choses  pour  lesquelles  j'ai  regretté  que  quelque 
occasion  de  combattre  ne  se  soit  pas  offerte,  est  de  n'avoir 
pu  faire  avec  lui  ce  que  je  projetais.  Je  m'en  rapporte  là- 
dessus  au  témoignage  de  monsieur  le  prince,  que  j'aime 
comme  je  le  dois  à  Votre  Altesse,  à  toute  sa  maison  et  à  moi- 
même,  puisque  je  lui  suis  si  proche  parent  et  si  grand  ami. 
Nous  nous  faisons  continuellement  très -bonne  compagnie,  et 
il  en  sera  ainsi  toutes  les  fois  que  nous  serons  ensemble, 
comme  il  l'écrira,  je  crois,  plus  au  long  à  Votre  Altesse. 
J'attends  de  jour  en  jour  Juan  de  Soto,  qui  est  arrivé  en 
Italie  :  mais  quelles  bonnes  dépêches  seront  celles  qu'il  rap- 
porte, après  que  je  l'ai  envoyé  à  la  cour  il  y  a  cinq  mois, 
avertissant  de  ce  qui  est  arrivé  et  j)roposnnt  les  moyens  de  le 

prévenir! 

De  Trapani,  le  ô  octobre  HiTi 

Don  Juan  d'Aithiciie  (I). 


(I)  Voy.  r.\|>|MMi(lico  11"  VIII. 


(  i^  ) 

llovoim  à  Xaples  dans  les  premiers  jours  de  novembre, 
don  Juan  en  partit  le  21  pour  l'Espagne.  Dans  une  lettre 
écrite  de  Madrid,  le  lo  février  1575,  il  raconte  ainsi  à  sa 
soeur  l'accueil  qui  lui  a  été  fait  par  le  Roi  et  les  dispositions 
de  Philippe  à  son  égard  : 

,  Madame,  je  suis,  gloire  à  Dieu,  arrivé  il  y  a  quelque  temps 
à  cette  cour,  où  j'ai  reçu  tant  de  faveurs  de  Sa  Majesté  que, 
pour  cela  seulement,  je  regarderais  mon  voyage  comme  ayant 

été  on  ne  peut  plus  opportun Dej)uis  que  je  suis  ici,  j'ai 

lieu  de  croire  que  l'on  comprend  les  affaires  d'Italie  dune  tout 
autre  façon  qu'auparavant.  Je  m'étais  flatté,  comme  j'avais 
supplié  Sa  Majesté  de  le  trouver  bon,  de  faire  à  Madrid  un 
séjour  d'une  certaine  durée;  mais  enfin  il  a  été  résolu  de  me 
renvoyer  en  ces  quartiers-là,  et  avec  une  liàte  telle  qu'on 
apporte  une  extrême  célérité  à  m'c.\|)édier.  Je  pense  que  je 
partirai  au  milieu  du  mois  prochain,  et  je  pense  aussi  que 
j'irai  commencer  un  nouveau  genre  de  service,  en  conformité 
de  ce  qui  convient  à  celui  de  Sa  Majesté.  Cepen.daut  on  saj)- 
plique  à  écarter  tous  les  obstacles  et  à  accélérer  la  provision  de 
ce  avec  quoi  je  dois  servir  Sa  Majesté  et  défendre  ses  États  cet 
été.  A  tout  cela  je  donne  une  presse  si  grande  que,  chaque 
jour,  dans  les  conseils  et  ailleurs,  je  ne  fais  pas  autre  chose; 
mais  nous  sommes  déjà  si  près  de  l'été  que  je  ne  me  contente 
que  de  ce  que  je  vois. 

Et  il  ajoutait  : 

Ici,  Madame,  ce  ne  sont  que  conseils  :  tous  les  jours  j'en 
préside  deux,  sans  compter  mille  autres  occupations  qui  ne 
me  laissent  pas  un  instant  à  moi  (I). 

Le  29  mars,  il  quitta  Madrid,  prenant  le  chemin  de 

(1)  Voy.  l'Appendice  n"  IX. 

2""    SRHIE,  TOME    XXVM.  4 


(  30). 
Carlhagène,  où  il  mon(a  sur  lo  navire  qui  devait  le  rame- 
ner en  Italie. 


Y 


Dès  qu'il  fut  de  retour  à  Naples,  après  une  traversée 
des  plus  laborieuses,  don  Juan  écrivit  à  sa  sœur  : 

Madame,  j'ai  laissé  Sa  Majesté  en  bonne 

santé,  grâce  à  Noire-Seigneur,  mais  extrêmement  fatiguée 
des  afTaires,  comme  on  a  bien  des  raisons  de  le  craindre,  el 
que  cela  se  voit  d'ailleurs  à  son  visage  et  à  ses  cheveux  qui 
ont  blanchi.  Les  nouvelles  que  je  puis  donner  de  notre  cour 
à  Votre  Altesse  sont  certainement  peu  satisfaisantes,  parce 
que,  Sa  Majesté  n'ayant  personne  sur  qui  se  reposer,  chacun 
se  trouve  dans  l'embarras,  notre  maître  se  fatigue  à  lexccs, 
et  les  affaires  ne  sont  pas  traitées  de  la  manière  dont  elles 
l'étaient  autrefois.  C'est  vraiment  grande  pitié  que  l'état  où 
j'ai  laissé  cette  cour  :  néanmoins  je  certifie  à  Votre  Altesse  que 
j'aurais  souhaité  —  et  je  fis  pour  cela  tout  ce  que  je  pus  — 
de  n'en  point  partir.  Mais  il  parut  à  Sa  Majesté  qu'ici  je  pou- 
vais la  servir  de  nouveau  en  un  temps  et  dans  des  occasions 
d'importance;  et,   comme   toujours,  je  me  suis  soumis  à  sa 

volonté Je  confierai  à  Votre  Altesse,  mais  seulement  pour 

elle,  et  j'ai  plusieurs  motifs  de  la  supplier  qu'il  en  soit  ainsi, 
(jue  je  suis  porteur  d'un  ordre  de  Sa  Majesté  touchant  ce  que 
chacun  de  ses  ministres  a  à  faire,  ordre  qui  consiste  en  ce 
qu'ils  m'obéissent;  mais  je  ne  dois  en  user  que  quar)d  quel- 
qu'un deux  se  persuadera  le  contraire  :  ce  qui  n'arrivera  pas, 
je  pense,  parce  qu'ils  ont  été  ofiiciellement  informés  de  l'in- 
tention de  Sa  Majesté 

Naples,  le  19  juin  1575 

Do.x  JiA.v   n'AuTHiciii':  (I). 


(I)  Voj.  rAi)|)(MKlic('  n"  X. 


(  31  ) 

Philippe  H  avait  en  effet  nommé  don  Juan  son  lieute- 
nant général  en  Italie,  et  en  même  temps  il  avait  rem- 
placé le  cardinal  de  Granvelle,  dans  la  vice-royauté  de 
Naples,  i)ar  le  marquis  de  Mondejar. 

Les  troubles  de  Gènes,  où  la  discorde  avait  éclaté  entre 
les  anciens  et  les  nouveaux  nobles  (1),  donnaient  en  ce 
temps-là  beaucoup  de  soucis  à  don  Juan.  A  son  passage 
par  cette  ville,  alors  qu'il  revenait  d'Espagne,  il  y  avait 
trouvé  les  choses  dans  une  situation  telle  qu'il  avait  cru 
devoir  envoyer  au  Roi  son  nouveau  secrétaire,  Juan  de 
Escobedo,  pour  lui  demander  des  instructions.  11  venait 
depuis  peu  de  les  recevoir,  et  il  avait  pris  ses  mesures 
en  conséquence  lorsque,  le  50  septembre,  il  écrivit  à  Mar- 
guerite : 

Madame,  ces  affaires  de  Gènes  vont  comme  vous  en  aurez 
été  informée.  Le  pape  ne  veut  absolument  pas  se  persuader 
de  la  bonne  et  pacifique  intention  de  Sa  3Iajesté,  laquelle  est 
de  ne  permettre  que  personne  intervienne  entre  les  Gé- 
nois; et  c'est  dans  ce  hut  qu'en  son  nom  je  tiens  ses  troupes 
presque  rassemblées.  Je  désire,  puisque,  depuis  l'arrivée 
d'Escobedo,  j'en  suis  laissé  l'arbitre ,  que  les  forces  de  Sa  Ma- 
jesté soient  libres  afin  de  s'opposer,  l'été  prochain,  à  notre 
commun  ennemi  le  Turc.  A  cet  effet,  je  presse  de  mon  côte 
pour  que,  si  un  arransjement  doit  se  faire  entre  les  nobles 
vieux  et  nouveaux,  il  se  fasse  sous  peu  de  jours  :  autrement  je 
permettrai  l'action  des  troupes,  de  manière  que,  cet  hiver, 
nous  puissions  prévoir  ce  qu'il  en  sera  de  nous  l'été.  Pour 
rendre  compte  de  tout  à  Sa  Sainteté  et  la  supplier  de  ne  pas 
se  fâcher,  mais  de  laisser  le  soin  de  pacifier  ces  troubles  à  celui 


(1)  Vandep.  Hammen,  livre  V,  parle  loni,nioment  de  ces  troubles. 


(  32  ) 

(juc  cela  irgarde  et  dont  le  seul  but  est  de  protéger  la  répu- 
blique, comme  par  le  passé,  j'ai  envoyé  Escobedo  à  Rome. 
Cependant  je  crois  que  les  vieux  et  les  nouveaux  nobles  de 
Gènes  suspendront  les  boslilités  pour  quinze  ou  vingt  jours, 
pendant  lesquels  on  se  concertera  sur  des  bases  d'accommode- 
ment, ou  l'on  connaîtra  le  but  de  ces  pouvoirs  et  décrets  que 
donnent  ceux  du  dedans.  Enfin  la  tranquillité  ou  lagitation  de 
la  république  consiste  en  un  seul  point,  et  c'est  que  Sa  Sain- 
teté ne  se  passionne  pas,  mais  qu'elle  fasse  foflice  de  père 
commun  et  dami  de  la  justice,  sans  se  déclarer  pour  per- 
sonne contre  son  bras  droit,  qui  est  Sa  Majesté.  Tel  est  suc- 
cinctement rétat  de  ces  commencements  de  troubles 

I)o.\  JcAN  D  Autriche  (1). 

A  la  fin  de  cette  année,  don  Juan  réalisa  deux  projets 
qu'il  avait  formés  depuis  longtemps  :  il  alla  une  seconde 
fois  visiter  Marguerite  à  Aquila ,  et  le  1"  janvier  1576, 
il  se  trouva  à  Notre-Dame  de  Lorette,  où  il  gagna  le  jubilé 
accordé  par  Grégoire  XIII.  Il  repassa  par  Aquila,  en  re- 
tournant à  Naples(2).  De  cette  dernière  ville  il  écrivit  à 
sa  sœur,  pour  lui  exprimer  ses  regrets  de  l'avoir  quittée  et 
le  désir  de  recevoir  fréquemment  de  ses  nouvelles;  lui 
annoncer  que,  si  le  temps  n'y  mettait  obstacle,  il  partirait, 
le  2  ou  le  5  février,  pour  la  Lombardie,  où  sa  présence 
était  instamment  réclamée,  surtout  par  rapport  aux  affaires 
de  Gènes,  et  que  de  là  il  tacherait  de  passer  en  Espagne. 
Il  l'entretenait,  de  plus,  de  ses  démêlés  avec  le  nouveau 


(1)  Voy.  rAppeiulicen"  XI. 

(2)  Lollres  de  don  Juan  à  Marguerite  écrites  de  Naples  le  1"',  de  Snl- 
mone  le  21  ,  de  Monrcal  le  28  décembre  ir)75,  de  Camerino  le  5  el  de  II 
Navelli  le  1 1  janvier  iriTlî. 


(  S3  ) 
vice-roi  de  Naples,  qui  prétendait  èlrc  respecté  à  l'égal  de 
Dieu  et  dont  la  nature  était  celle  d'une  bêle.  JI  lui  disait 
aussi  qu'il  avait  trouvé  les  choses  à  Naples  dans  un  état 
pire  que  celui  où  il  les  avait  laissées,  l'argent,  les  provi- 
sions et  les  moyens  de  s'en  i)rocnrer  manquant  égale- 
ment (1). 

Sur  ces  entrefaites,  il  reçut  des  dépèches  de  Madrid 
(pii  dérangèrent  ses  combinaisons  :  le  Roi  lui  mandait 
qu'après  avoir  été  en  Lombardie  il  revînt  à  Naples,  pour 
veiller  pendant  l'été  à  la  sûreté  des  côtes  d'Italie.  Ces  dé- 
pèches furent  pour  lui  un  sujet  de  vive  contrariété  (2). 
H  n'eut  pas  toutefois  à  y  donner  exécution,  des  circon- 
stances étant  survenues  qui  exigèrent  de  nouvelles  détermi- 
nations de  sa  part,  comme  on  va  le  voir  par  la  lettre  sui- 
vante, qu'il  adressa  de  Procida ,  le  4  avril ,  à  Marguerite  : 

Madame,  je  pense  que  vous  aurez  apjjris  de  Gio.  Ferrante 
comment  jai  renoncé  au  voyage  de  Lombardie,  à  cause  qu'au 
moment  où  je  me  disposais  à  partir,  il  fit  un  si  mauvais  temps 
quil  ne  m'eût  pas  été  possible  de  naviguer.  Depuis,  les  bonnes 
nouvelles  qui  nous  arrivèrent  de  Gènes,  et  les  craintes  que  de 
ce  côté-ci  on  avait  des  mouvements  delà  flotte  turque,  firent 
juger  que  ce  dernier  objet  était  celui  auquel  il  convenait  prin- 
cipalement de  pourvoir;  et  cela  fut  confirmé  par  les  ordres  que 
nous  reçûmes  de  Sa  Majesté.  Mais  nous  sommes,  pour  nos  pé- 
chés, tellement  dépourvus  de  tout,  et  notamment  d'argent  et 
des  autres  choses  nécessaires  au  soutien  de  la  guerre,  que,  je 
le  certifie  à  Votre  Altesse,  les  places  que  l'ennemi  voudra  atta- 
quer ne  larderont  à  se  rendre  qu'autant  quil  jugera  à  propos 


(1)  LeUre  ilu  2i  janvier  1576.  Voy.  l'Appendice  n"  XII. 

(2)  Lellre  du  14  février  1576  à  Marguerite,  écrite  de  Na|)les, 


(  S4  ) 

de  le  différer  :  car,  outre  ce  que  j'ai  dit,  nous  avons  une  loule 
d'embarras  dont  chacun  est  plein  de  diflicultés.  Que  Votre  Altesse 
considère  quelle  jolie  charge  est  la  mienne,  et  en  quel  état  je 
dois  me  trouver!  J'en  ai  instruit  Sa  Majesté,  par  don  Juan  de 
Cardona,  aussi  clairement  que  je  le  devais,  et  j'ai  fait  pour  ma 
part  tout  ce  qui  a  dépendu  de  moi,  quoique  nous  sachions  que 
cela  ne  suffît  point  pour  opérer  des  miracles;  et  ceux-ci  il  est 
donné  à  Dieu  seul  d'en  faire.  Pour  moi  certes  c'en  serait  un  très- 
grand  que  la  flotte  turque  ne  vînt  pas,  comme  on  le  dit,  cette 
année  :  car,  si  elle  vient,  et  puissante  comme  elle  l'est  d'ordi- 
naire, elle  nous  trouvera  sans  troupes,  sans  vivres,  sans  muni- 
tions, enfin,  pour  abréger,  sans  rien  de  ce  qu'il  nous  faudrait, 
et  cela  faute  d'argent,  et  pour  les  ressources  nulles  ou  insigni- 
fiantes qu'on  m'envoie  de  la  cour  et  qu'ici  l'on  me  fournit.  Néan- 
moins, voulant  satisfaire  à  ce  que  je  me  dois  à  moi-même,  je 
partirai  sous  peu  de  jours  pour  Syracuse;  delà,  si  ma  santé 
me  le  permet,  je  tâcherai  de  mettre  les  gens  que  je  pourrai 
dans  Malte,  ou,  si  je  ne  puis  davantage,  je  me  porterai,  avec 
ceux  qui  voudront  me  suivre,  là  où  la  nécessité  sera  le  plus 
grande,  puisque  pour  d'autres  disi)Ositions  il  n'y  a  pas  de 
troupes  qui  aient  été  levées,  ni  un  réal  pour  tirer  de  leurs 
logements  les  garnisons  ordinaires.  D'ici  j'emmènerai  quelques 
compagnies,  et  je  partirai  avec  vingt-deux  galères;  le  marquis 
de  Santa  Cruz  ne  tardera  pas  à  me  suivre  avec  celles  de  sa 
charge.  Le  surplus  de  ce  qu'il  y  a  à  garder,  c'est-à-dire  la  Sar- 
daigne,  Maillorque  et  les  autres  îles.  Dieu  le  veuille  prendre 
sous  sa  garde!  il  en  a  la  puissance. Tel  est,  Madame,  en  somme, 
le  très-misérable  état  où  nous  nous  voyons.  Je  m'en  vais  de 
Nai)les,  parce  que  il  y  a  tant  de  personnes  qui  viennent  me 
demander  de  l'argent  et  que  j'en  ai  si  peu  que,  pour  ne  pas 
perdre  mon  temps  à  leur  répondre,  pour  ne  pas  leur  refuser 
non  plus  ce  qu'elles  réclament  si  justement  et,  pour  me  délivrer 
de  cent  mille  autres  embarras  du  même  genre,  je  me  réjouis 
principalement  de  m'éloigner  de  cette  Babylonc  de  désordre. 


Oe)      ) 

En  véi'ilc,  je  crains  beaucoup  que  eel\,ii  des  Pays-lJas  ue  soit 
frès-graïul  en  ce  moment,  ces  provinces,  qui  sont  exposées  à 
tant  de  dangers ,  se  trouvant  sans  gouverneur  (1);  je  le  crains 
surtout  si  les  dissensions  qu'il  y  a  entre  les  Français  se  termi- 
nent par  un  accommodement,  «omme  la  reine  mère  le  désire 
et  yemploie  toute  son  industrie.  J'ai  grandpeur  qu'à  cette  occa- 
sion il  ne  me  soit  proposé,  un  de  ces  jours,  daller  aux  Pays-Bas. 
Je  supplie  Votre  Altesse ,  qui  est  tant  ma  dame ,  ma  mère  et  ma 
s(cur ,  de  voir,  dès  à  présent,  ce  quen  tel  cas  je  ferai  et  comme 
et  en  quoi  je  me  résoudrai.  Si  Sa  Majesté  me  l'ordonne,  je 
tâcherai  d'en  écrire  auparavant  à  Votre  Altesse,  afin,  comme  je 
dis ,  d'avoir  son  avis  avant  de  me  résoudre  :  car,  quel  qu'il  soit, 
je  serai  ainsi  très-content.  Je  la  supplie  donc  d'y  penser  tout 
de  suite,  et  de  me  faire  part  de  ce  quil  lui  semblera  là-dessus  : 
car,  je  le  réj)ète,  je  crois  que  la  cho-^e  me  sera  proposée  et 
ordonnée.... 

Do.N  Jlax  dAutuiche  (2). 

Ce  que  prévoyait  don  Juan  ne  larda  pas  à  se  réaliser. 
Le  5  mai  il  reçut  une  lettre  du  Roi  qui,  dans  des  termes 
n'admettant  pas  de  réplique,  lui  commettait  le  gouverne- 
ment des  Pays-Bas,  et  lui  prescrivait  de  partir  incontinent 
pour  la  Lombardie,  où  les  patentes,  les  instructions  et  les 
autres  dépèches  dont  il  aurait  besoin  lui  seraient  expé- 
diées (5).  Craignant  que  les  pouvoirs  qu'on  lui  donnerait  ne 
fussent  trop  limités,  et  qu'aux  Pays-Bas  on  ne  le  laissât 
manquer  d'argent,  comme  cela  lui  était  arrivé  à  Naples, 


(1)  Le  grand  commandeur  de  Castille ,  don  Luis  de  Requesens  y  Ziiniga, 
([ui  remplissait  ce  poste,  était  mort  à  Bruxelles  le  4  mars  précédent. 

(2)  Voy.  TAppendice  n"  XIIL 

(3)  Correspondance  de   Philippe  II  sur  les  affaires  des  Pays-Bas. 
I    IV  ,  p.  38. 


(o6) 
il  envoya  Kscobedo  à  Madrid,  pour  solliciler  sur  ces  deux 
points  des  décisions  satisfaisantes;  il  lui  recommanda  en 
outre  d'insister  pour  que  la  charge  de  général  de  la  mer,  à 
laquelle  il  tenait  beaucoup,  lui  fut  conservée  (1).  Dans  le 
même  temps,  il  chargea  un  autre  de  ses  secrétaires,  Andrés 
de  Prada ,  de  se  rendre  auprès  de  sa  sœur,  de  l'informer  de 
l'ordre  qu'il  venait  de  recevoir,  de  lui  demander  conseil  sur 
la  façon  dont  il  devrait  agir  en  général  avec  les  habitants  des 
Pays-Bas  et  en  particulier  avec  les  personnes  principales, 
les  ministres  et  les  députés  des  états;  de  savoir  d'elle  ceux 
en  qui  il  pouvait  se  confier,  comment  il  se  conduirait  en 
la  provision  des  offices,  taiit  de  gouvernement  que  de  jus- 
lice,  de  quelle  manière  il  s'y  prendrait  avec  les  princes  et 
les  seigneurs  voisins,  afin  de  gagner  leur  affection.  Prada 
devait  enfin  lui  exprimer  le  désir  de  son  frère  d'avoir  une 
liste  des  personnes  des  Pays-Bas  auxquelles  elle  souhai- 
terait qu'il  fît  particulièrement  faveur  (2). 

Nous  n'avons  pas  la  réponse  de  Marguerite  à  l'instruc- 
tion dont  Prada  était  porteur;  mais  nous  savons  qu'elle 
envoya  exprès  à  Naples  son  secrétaire  Serigati,  pour  la 
donner  à  son  frère  (3).  Ce  secrétaire  avait  toute  sa  con- 
fiance; aussi  don  Juan  put-il  lui  communiquer  bien  des 
choses  qu'il  n'aurait  voulu  ni  écrire  ni  déclarer  à  aucun 
autre  (4). 


(1)  Correspondance  de  Philippe  II  sur  les  affaires  des  Pays-Bas, 
l.  IV,  p.  161. 

(2)  Capi  e  demande  faite  del  signor  don  Giovanni  e  dali  da  Andres 
Prada ,  suo  segretario ,  a  dï  17  di  maggio  1576. 

(3)  Lettre  de  Marguerite  à  don  Juan,  du  19  mai  1576. 

(i)  Lettre  de  don  Juan  à  Marguerite, écrite  de  Naples  ,  le  29  mai  1570. 


(  37  ) 
Le  nouveau  gouverneur  des  Pays-Bas  se  mil  en  roule 
pour  la  Lombardie  à  la  fin  de  mai.  Ayant  allcndu  vaine- 
ment, pendant  trois  mois,  à  Milan,  le  résultat  des  dé- 
marches qu'il  avait  chargé  Escobedo  de  faire  à  Madrid,  il 
se  décida  à  se  rendre  lui-même  en  Espagne.  Il  l'annonça, 
en  ces  termes,  à  Marguerite  : 

Madame,  par  les  copies  de  deux  lettres  que  j'ai  reçues  des 
Pays-Bas ,  Votre  Altesse  verra  le  mauvais  état  où  y  sont  les 
affaires.  Considérant  cela  et  qu'à  un  mal  aussi  grand  il  faut 
de  grands  remèdes;  considérant,  en  outre,  quici  je  n'ai  autre 
chose  à  faire  que  dattendre  le  secrétaire  Escol)cdo,  dont  la 
négociation  marche  très-lentement,  car  il  n'a  obtenu  encore 
aucune  résolution  qui  vaille;  déterminé  enfin  par  beaucoup 
d'autres  motifs  qui  nechanperont  point  à  la  prudence  et  à  la 
discrétion  de  Votre  Altesse,  je  me  suis  résolu  à  partir  immé- 
diatement pour  lEspagnc,  afin  de  représenter  à  Sa  Majesté, 
comme  à  celui  qui  est  le  plus  intéressé  au  bien  de  son  service, 
que  la  situation  des  Pays-Bas  exige  plutôt  des  remèdes  elîî- 
caccs  et  tels  qu'ils  doivent  être  administrés  à  un  corps  pour  ainsi 
dire  mort,  que  des  ordres  et  des  instructions  sans  fin  qui  se 
j)ourront  à  peine  lire  et  moins  encore  exécuter.  En  même 
temps  je  traiterai  d'autres  affaires,  et  je  dirai  sur  celles-ci  ce 
que  je  sais  et  ce  que  je  pense,  aussi  clairement  qu  il  importe 
qu'on  le  connaisse.  Ce  voyage ,  Madame ,  plusieurs  raisons  de 
convenance  me  le  font  juger  nécessaire;  et  si  je  ne  le  faisais 
j)as,  ma  conscience  me  le  reprocherait  :  en  conséquence,  j'y 
suis  tellement  déterminé  qne  demain ,  s'il  plaît  à  Dieu ,  je  me 
mettrai  en  route  pour  Gênes,  et,  le  jour  suivant,  je  m'embar- 
querai sur  deux  galères  quon  a  pu  équiper  de  cinq  qu'il  y 
avait  là  avec  celles  de  la  Seigneurie.  De  cette  détermination  que 
j'ai  prise  j'en  rends  le  compte  que  je  puisa  la  personne  à  qui  je 
voudrais  toujours  soumettre  mes  desseins,  avant  do  les  mettre 


(58  ) 

à  éxecution.  Je  supplie   Votre  Altesse  de   m  écrire  et  de  me 

donner  des  nouvelles  de  sa  santé 

De  Milan,  le  1 1  août  1576 

Don  Juan  d'Autriche  (i). 

^Jarguerite  applaudit  au  parti  qu'avait  pris  son  frère, 
et,  à  cette  occasion,  elle  lui  donna  des  conseils  pleins  de 
sagesse  :  «  Bien  que  je  sois  sûre,  lui  dit-elle,  que,  pen- 
»  dant  son  séjour  à  la  cour,  Votre  Altesse  ne  manquera 
»  pas  de  traiter  de  tout  librement  avec  Sa  Majesté,  et  de 
»  lui  représenter  avec  franchise  l'état  des  temps  présents 
»  et  ce  qui  convient  à  son  service,  je  ne  veux  laisser  de  lui 
»  rappeler  qu'elle  doit  tacher,  par  sa  prudence  et  sa  dex- 
»  térité,  d'éclaircir  et  d'établir  ses  choses  de  façon  que,  en 
»  quelque  lieu  qu'elle  aille  et  en  tout  temps,  elle  puisse 
»  avoir  l'esprit  tranquille  ;  qu'en  outre  il  lui  importe  de 
»  se  pénétrer  de  l'inclination  et  volonté  de  Sa  Majesté, 
»  afin  de  pouvoir  la  servir  sans  obstacles  et  conformé- 
»  ment  à  son  goiit  et  à  sa  satisfaction.  Car,  Votre  Altesse 
»  s'éloignant,  elle  ne  pourra  plus  faire,  par  lettres  ni  par 
»  tierces  personnes,  ces  offices  qui  se  font  avec  la  com- 
»  modité  de  la  présence  et  de  vive  voix,  comme  l'expé- 
»  rience  des  choses  passées  le  lui  a  appris....  (2).  » 


(1)  Voy.  rAppeiRlice  11°  XIV. 

(2)  i.  So  benè  sono  sicura  che  con  quesla   sua  andala  in  cortc 

Voslra  Allezza  non  lassera  di  IraUar  liberamcnle  con  Sua  Maeslà  del  tuUo, 
el  moslrarli  nudamente  lo  stalo  de'  tenipi  présent!  el  quanlo  conviene  al 
suo  servitio,  non  voglio  lasciar  di  ricordargll  che  proccuri,  con  la  sua 
prudentia  et-destrezza,  di  chiarirc  el  slabilirc  le  cosc  sue  di  maniera  che 
in  (lualsivoglia  parle  die  V.  AU»  vadi  el  in  ogni  lenipo,  possa  slarsene  con 
r:inimo  (piicto,  el  in  ollre  facciasî  capace  délia  inclinalione  el  voluntà  di 
S.  M"",  per  |»oler  servirla  senza  im|tediinenli  el  conforme  al  guslo  et  salis- 


(  59  ) 
Don  Juan  débarqua  à  Barcelone  le  t2^  août;  le  29  il 
ajriva  à  Madrid.  Après  qu'il  eut  réglé  avec  le  Roi  tout  ce 
qui  concernait  le  gouvernement  des  Pays-Bas,  et  qu'il  l'eut 
entretenu  aussi  de  plusieurs  affaires  qui  intéressaient  sa 
sœur,  il  lit  part  à  Marguerite  de  sa  résolution  de  se  rendre 
à  son  poste  par  la  France,  sous  tous  les  déguisements  qui, 
après  Dieu,  pourraient  le  sauver  des  dangers  auxquels  il 
allait  s'exposer  (I). 

Je  vois  bien,  Madame,  —  ajoutail-il  —  ce  (pi'il  y  a  dans 
rentrej)rise  dont  je  me  charge,  car  dès  le  principe  elle  est 
pleine  d'obstacles,  de  travaux  et  de  dangers  :  mais  le  sacrifice 
(pie  je  fais  à  Dieu,  l'obligation  que  m'en  aura  Sa  Majesté,  la 
gloire  et  l'honneur  que  je  pourrai  acquérir  envers  le  monde, 
n'en  seront  que  plus  grands.  C'est  en  ayant  ce  but  devant  les 
yeux  que  je  pars  très-content,  quoique  Sa  Majesté  ait  gardé 
pour  moi, jusqu'au  dernier  moment,  ce  qu'une  telle  entreprise 
a  de  difTicilc  ou  d'impossible.  Mon  espoir  est  que  Dieu  la  pren- 
dra à  lui,  car  elle  est  sienne,  et  qu'il  m'aidera  par  des  mira- 
cles :  s'il  n'en  fait  pas,  je  ne  sais  comment  un  corps  près  de 
rendre  le  dernier  soupir  pourra  retourner  à  la  vie.  De  l'argent 
on  m'en  donne  peu  :  nos  richesses  ne  sont  pas  grandes.  Quant 
à  lautorilé,  j'agirai  ainsi  que  je  le  jugerai  convenable:  tout  est 
remis  à  mon  libre  arbitre.  Pour  que  Votre  Altesse  voie  que  je 
n'ai  épargné  aucun  devoir  et  qu'il  n'y  a  pas  de  cas  que  je  n'aie 
prévu,  je  lui  enverrai,  dès  que  je  le  pourrai  (en  ce  moment 


falione  sua  :  perché,  alloulanandosi,  non  si  possono  poi  fare  con  leUere  ne 
con  terze  persone  quelli  offilii  che  si  fanno  con  la  comodilà  délia  presenlia 

et  a  viva  voce  :  di  che  V.  Alt»  ne  ha  esperieutia  per  le  cose  passale » 

(Lellre  du  22  août  1576.) 

(1)  ^'  ....  Con  lodos  losdisfrazes  que,  despues  de  Dios,  nie  an  de  librar 
de  lo  que  sin  ellos  y  descubierlo  me  podria  suceder...  ,    '^ 


(  60  ) 

cela  ne  m'est  pas  possible),  un  papier  de  ma  main  que  j\ii  dé- 
livré à  S.  M.,  et  dans  lequel  je  l'avertissais  de  tout  ce  qui  pou- 
vait arriver,  en  prenant  les  choses  de  très-loin.  Mais,  de  même 
(juc  les  Pays-Bas  sont  à  l'extrémité,  de  même  ici  nous  sommes 

à  bout  de  moyens  et  de  remèdes 

Du  Pardo,  le  26  octobre  157G 

Don  Juan  dAutf\iciie  (I). 


VL 


Les  letlros  que  don  Jiian  écrivit  des  Pays-Bas  à  Mar- 
guerite sont  au  nombre  d'une  trentaine;  il  y  rend  compte 
régulièrement  à  sa  sœur  des  événements  qui  se  passaient 
dans  ces  provinces,  en  accompagnant  de  ses  réflexions  le 
récit  qu'il  lui  en  fait. 

Obligé  de  choisir  entre  ces  lettres,  je  donne  la  préfé- 
rence à  celles  qui  sont  les  plus  propres  à  mettre  en  évi- 
dence l'esprit,  le  caractère,  l'bumeur  de  don  Juan. 

La  première  est  du  ^2  novembre  1576.  Le  i,  don  Juan 
avait  informé  le  conseil  d'État  de  son  arrivée  à  Luxem- 
bourg (2).  Dès  qu'ils  en  avaient  eu  counaissance,  les  états 
généraux  assemblés  à  Bruxelles  lui  avaient  envoyé  des 
députés  chargés  de  le  complimenter  et  de  l'engager  à  se 
rapprocher  de  la  capitale.  11  y  était  assez  disposé;  mais  il 
voulait  des  sûretés  pour  sa  personne,  et  afin  d'en  conve- 
nir, il  venait  de  députer  lui-même  le  prévôt  Foncq  vers 


(1)  Voy.  rA|)|ieiidice  n°  XV. 

Ci)  Nous  avons  donné  sa  IcUic  Au  conseil  d'Elal  dans  la  Collection  de 
documents  inédits  concernant  l'histoire  de  la  lichjique ,  I.  I,  p.  ô^ii. 


(  «I  ) 

les  états  (I).  C'est  dans  ces  circonstances  (m'il  mande  à 
Marguerite  : 

Madame,.-  •  je  crie  cl  je  me  donne  eliaque  jour  toutes  les 
peines  que  je  peux  pour  que  les  états  comprennent  combien 
la  voie  qu'ils  suivent  est  mauvaise.  Mais  ils  sont  si  dépourvus 
de  raison  et  dans  un  tel  désespoir  qu'ils  veulent  la  guerre 
avec  leur  souveiain.  Ils  appellent  des  princes  étrangers,  aux- 
quels ils  sont  prêts  à  se  livrer  en  échange  de  leur  appui;  ils 
ont  joint  leurs  iroupes  à  celles  du  prince  d'Orange;  ils  en 
attendent  de  France,  et  avec  toutes  ces  forces  réunies  ils  ])ré- 
tendent  obtenir  ce  que  je  leur  offre  pacifiquement  et  amicale- 
ment, comme  à  des  enfants  de  S.  M.  et  à  mes  frères  (2).  Si 
leur  impudence  va  jusqu'au  point  que,  rejetant  mes  proposi- 
tions, ils  persistent  à  vouloir  priver  S.  M.  de  ses  Etats,  force 
sera  bien,  comme  je  le  leur  ai  fait  protester,  que  j'ouvre  les 
yeux  et  que  je  défende  ce  qui  appartient  au  Roi.  Je  prendrai 
donc  ce  parti,  quoique  avec  un  extrême  regret,  au  cas  qu'ils 
ne  cessent  point  les  hostilités  pendant  le  temps  qu'on  travaille 
à  un  accommodement....  En  résumé,  c'est  la  guerre  qui  nous 
menace.  Il  me  plairait  de  la  faire,  mais  dans  des  pays  qui  ne 
seraient  pas,   comme   ceux-ci,  le   patrimoine  propre  de  Sa 

Majesté 

Don  Juan  d'Autriche  (ô). 


(1)  Voy.  Actes  des  étals  généraux  des  Paijs-Bas  ,  i:)76-1S8î),  l.  I, 
|.p.  38,39. 

(2)  Dans  la  deuxième  de  ces  Éludes,  j'ai  fait  mention  de  lettres  de 
don  Juan  à  Marguerite  on,  parlant  des  I3elges,  il  les  appelle  ses  com- 
patriotes. J'aurais  dû  citer  aussi  celle  des  états  généraux  à  don  Juan , 
du  6  novembre  io76,  dans  laquelle  ils  lui  disent  quMIs  espèrent  toute 
faveur  et  protection  de  lui,  c<  comme  naturel  du  pays,  ^  et  la  réponse  de 
don  Juan,  du  9,  où  l'on  lit  qu'il  se  sent  et  répute  y  comme  de  la  pairie.  « 
(Voy.  Actes  des  états  généraux  des  Paijs-Bas,  t>)76-io8.') ,  t.  1,  pp.  39 
eUI.) 

(3)  Voy.  l'Appendice  n"  XVI. 


(  <>^^  ) 

On  sait  combien  furent  laborieuses  les  négociations  qui 
précédèrent  le  traité  de  Marche  en  Famène,  et  que  plus 
d'une  fois  elles  furent  sur  le  point  d'avorter.  Le  20  janvier 
1577,  il  fut  fait  aux  étals  généraux  la  proposition  d'ap- 
peler dans  leur  assemblée  le  prince  d'Orange,  attendu 
qu'il  fallait  abandonner  l'espoir  de  s'arranger  avec  don 
Juan  (i). 

Ce  même  jour,  don  Juan  écrivait  à  sa  sœur,  en  lui  en- 
voyant une  relation  de  l'état  des  affaires  à  laquelle  il  se 
référait  : 

Jy  dis,  Madame,  en  substance,  que  la  confusion  qui  règne 
entre  ces  gens  est  si  grande  qu'ils  s'accordent  seulement  en  un 
point  5  qui  est  de  ne  pas  savoir  se  mettre  d'accord,  et  de  pour- 
suivre la  plus  étrange  manière  de  rébellion  et  d'insolences 
qu'on  ait  vue.  Pour  le  reste,  ils  montrent  si  peu  de  jugement 
que  ce  qu'ils  disent  aujourd'hui  demain  ils  le  contredisent, 
de  sorte  que  ni  ils  ne  s'entendent  entre  eux,  ni  ils  ne  veulent 
mentendre,  et  au  contraire,  ils  veulent  m'obliger  à  ce  que, 
perdant  patience,  j'en  vienne  à  une  rupture.  Enfin,  Madame, 
ou  nous  recourrons  certainement  aux  armes,  et  bientôt,  ou 
Dieu  fera  ce  miracle,  que  des  esprits  si  désordonnés  et  des 
intentions  si  mauvaises  se  changent  du  tout  au  tout  :  car  tel 
est  le  peu  de  mesure  qu'ils  gardent  dans  leur  malice  qu'ils 
appellent  autant  de  princes  étrangers  qu'ils  peuvent  et,  en 
définitive,  ne  font  que  ce  quOrange  leur  ordonne.  Moi,  qui 
suis  animé  du  désir  de  la  paix  et  de  la  douceur,  je  souffre  ce 
que  Dieu  sait  et  ce  que,  sans  sa  grâce,  je  ne  pourrais  pas 
souffrir Seul  je  mets  en  avant  la  paix;  liiais  on  ne  sait  l'ad- 
mettre, et  il  n'y  a  même,  pour  le  faire,  de  gouvernement  ni 


(I)  Actes  des  étals  ijéiiéranx  des  rni/s-B/is,  L'iJU-L'iS.'},  I.  I,  p.  107. 


(  65  ) 

(l'ordre  ciilrc  ces  gens M.iclanie,  j'îii  iei  une  i)cine  terrible, 

et  il  meii  coûte  la  santé  :  elle  était  déjà  mauvaise  quand  je  suis 
venu  en  ce  pays,  et  je  ressens  continuellement  quelque  in- 
disposition. Mais  Dieu  i)oiirvoira  à  ce  qu'elle  résiste  à  la  peine, 
puisque,  me  voyant  dans  la  position  où  je  me  trouve,  je  ne 
me  décourage  point  et  je  ne  perds  pas  la  volonté  de  continuer 

à  porter  ma  croix 

De  Marche,  le  20  janvier  1577 

Don  J[;an  D'ArrRiciii-  (1). 

Enfin,  après  bien  des  discussions  avec  les  déptités  dos 
états  et  bien  des  luttes  avec  lui-même  (2),  don  Juan  se 
décida  à  agréer  en  son  entier  la  pacification  de  (iand  dont 
plusieurs  articles  lui  inspiraient  une  vive  répugnance;  le 
traité  fut  signé  par  lui  le  12  février.  Voici  ce  que,  à  ce 
propos,  il  écrivit  à  Marguerite  : 

Madame, je  m'en  réfère,  quant  aux  choses  d'ici,  à  la  re- 
lation, de  main  étrangère,  qui  fera  connaître  à  Votre  Altesse 
la  paix  et  rarrangemcnt  conclus  entre  les  états  et  moi,  et  les 
conditions  auxquelles  ils  l'ont  été  Je  vois  bien.  Madame, 
quelles  elles  sont;  mais  j'ai  été  forcé  d'en  passer  par  là,  ou 
d'en  venir  à  la  rigueur  et  aux  maux  de  la  guerre  :  chose  si 
Oj)posée  à  la  volonté  et  à  l'ordre  du  maître.  Il  faut  donc  envi- 
sager ce  qui  vient  d'être  fait  comme  un  expédient,  et  non 
d'autre  manière.  La  religion  et  l'obéissance  sont  sauves  :  or 
tout  se  fut  perdu  infailliblemeîit,  ainsi  que  ces  provinces 
mêmes,  par  la  guerre,  car  le  pays  se  remplissait  d'hérétiques, 


(1)  Voy.  TAppendice  n»  XVII. 

(i)  Voy.  Actes  des  étals  gcnêroux  des  Pars-Bas,  l'i'O- l'iSii,  l.  I, 
).  115. 


(  6i) 

et  (/aurait  été  ceux-ci  qui  à  la  fin  seraient  devenus  les  plus 
forts.  Le  surplus  qui  manque  pour  le  présent,  je  ne  cloute  pas 
que  le  temps  ne  le  donne,  parce  que,  quelques  séditieux  et 
mauvais  exceptés,  la  majeure  partie  des  états  sont  animés 
d'un  bon  esprit;  et  une  fois  les  Espagnols  partis,  ils  montre- 
ront en  tout  leur  loyauté  :  de  façon  qu'avec  une  bonne  admi- 
nistration et  de  la  dextérité,  ils  seront,  selon  ma  manière  de 
voir,  très-faciles  à  gouverner. 

Mais,  Madame,  cela  ne  peut  plus  être  en  aucune  manière 
mon  fait  :  car  les  occasions  qu'ils  m'ont  données  de  perdre 
patience  avec  eux  ont  été  si  nombreuses  et  si  terribles  que, 
quoique  j'aie  souffert  infiniment  et  plus  peut-être  que  je  ne 
l'aurais  dû  quelquefois ,  je  n'ai  pu  néanmoins  me  vaincre  assez 
pour  ne  pas  les  avoir  maltraités  en  paroles  et  menacés  même 
au  cas  qu'ils  ne  modérassent  point  leur  langage.  Ils  me  crai- 
gnent donc  et  me  tiennent  pour  peu  endurant;  moi  je  ne  me 
trouve  pas  si  bien  en  leur  compagnie  qu'il  me  convienne  de 
passer  ma  vie  avec  eux.  Ei  puisque,  grâce  à  Dieu,  j'ai  rendu 
de  moi  un  assez  raisonnable  compte  dans  ce  dont  j'ai  été 
cbargé  jusqu'ici,  je  ne  veux  plus  rester  là  où  tout  me  paraît  si 
périlleux,  outre  ce  qu'il  m'en  a  coûté  déjà.  J'ai  donc  demandé 
mon  congé  à  Sa  Majesté  avec  de  vives  instances,  et  je  lui  ai 
même  déclaré  clairement  que,  si  elle  ne  me  l'accorde  point,  il 
n'y  aura  pas  de  résolution  que  je  ne  prenne,  jusqu'à  abandon- 
ner tout  et  m'en  aller  là-bas,  dussé-je  y  être  puni,  car  je  le 
serais  sans  avoir  commis  de  faute,  et  ici  je  me  perdrais  en  en 
commettant. 

Je  prétends  que  ce  soit  si  tôt  que  je  puisse  partir  avec  les 
Espagnols,  et  qu'à  ma  place  vienne  madame  de  Lorraine,  en 
attendant  que  Sa  Majesté  ait  pourvu  au  gouvernement;  et  s'il 
y  a  en  cela  quelque  difficulté ,  je  patienterai  encore  jusqu'au 
mois  d'août  ou  de  septembre  :  mais,  après  ce  délai,  je  ne  de- 
meurerai certainement  plus  en  ce  pays.  Et  ce  que  j'avance  ici 
ne  doit  faire  l'objet  d'aucun  doule,  car  à  ce  que  j'ai  dit  plus 


(  Co  ) 

luuit  se  joigiitMil  mon  peu  de  goût  j)oiir  les  goiiverneinenls , 
In  grande  ineiinnlion,  nu  contraire,  que  j'ai  pour  les  armes,  et 
d'autres  raisons.  Cette  elinrgc  done  doit  être  donnée  à  quelque 
autre;  pour  tout  le  monde  elle  est  très-bonne;  il  n'y  a  que 
moi  seul  pour  qui  elle  soit  mauvaise,  La  personne  qui  y  con- 
viendrait plus  particulièrement  afin  que  notre  frère  fût  bien 
servi,  c'est  Votre  Altesse,  à  cause  de  l'amour  et  du  respect 
quon  a  ici  pour  elle  et  qui  sont  certes  infinis,  (^uant  à  moi ,  je 
crois  que  le  choix  se  fera  entre  Votre  Altesse  et  limpéra- 

trice  (I),  laquelle  conviendrait  également 

De  Marche,  17  février  1577 

Do.\  Ji.vN  d'Autriche  ("2). 

Marguerite  apprit  avec  beaucoup  de  plaisir  la  paix  qui 
venait  d'être  conclue.  Elle  répondit  à  son  frère,  après  lui 
en  avoir  adressé  ses  félicitations  : 

Quoique  V.  A.  témoigne  que  la  paix  ne  lui  cause  pas  une 
entière  satisfaction,  elle  doit  pourtant  s'en  contenter,  ayant 
délivré  S.  M.  d'un  si  grave  et  si  pénible  souci  et  d'une  dépense 
continuelle  et  excessive,  en  conservant  la  religion  catholi- 
que, lautorité  et  l'obéissance,  points  de  tant  dimportance'et 
de  conséquence.  Une  œuvre  semblable  ne  pouvait  s'accomplir 
sans  beaucoup  de  difficultés  et  sans  de  grandes  peines,  comme 
je  comprends  et  vois  que  V.  A.  l'a  éprouvé,  outre  ce  qu'elle 
m'en  écrit,  attendu  la  variété  et  la  diversité  d  humeur  des 
gens  avec  lesquels  il  a  fallu  traiter,  et  d'autant  plus  qu'ils  se 
trouvaient  en  possession  d'un  régime  de  liberté  et  même  de 
licence.  Cela  peut  avoir  quehiucfois  obligé  Votre  Altesse  à  lais- 


(1)  Marie,  sœur  de  Philippe  II  ,  el  épouse  de  l'empereur  Maximilien  H. 

(2)  Voy.  TAppendiee  n"  XVIII. 

2"""  SÉRIE,  TOME  XXVII.  5 


(  «0  ) 

scr  diî  côté  la  palionce  et  le  flegme,  et  à  user  de  paroles  rigou- 
reuses et  de  menaces;  mais,  comme  elles  étaient  nécessaires 
et  affectueuses,  elles  ne  lui  attireront  aucune  haine  de  la  part 
de  ces  peuples,  et  au  contraire  beaucoup  dainour  et  de  res- 
pect, pour  le  grand  avantage  et  le  repos  que  la  conclusion  de 
la  paix  leur  a  donné  ainsi  qu'à  tout  le  pays.  A  mon  avis,  Votre 
Altesse  ne  doit  pas  abandonner  le  gouvernement  comme  elle 
l'écrit,  mais  plutôt  le  conserver,  puisque,  au  prix  de  tant  de 
fatigues  et  de  dangers ,  elle  les  a  tirés  d'une  longue  et  désas- 
treuse guerre,  et  leur  a  donné  la  tranquillité,  en  laquelle  ils 
ne  peuvent  être  maintenus  comme  ils  no  peuvent  être  gou- 
vernés mieux  que  par  Votre  Altesse,  tant  pour  ce  qui  louche 
le  service  de  Sa  Majesté  et  leur  propre  avantage  que  pour 
l'aise  et  le  repos  de  Votre  Altesse  même.  Dès  qu'en  effet  elle 
aura  mis  en  exécution  l'accord  conclu,  il  lui  sera  très-facile  de 
les  gouverner,  et  à  leur  satisfaction;  et  bien  que  son  inclination 
la  porte  plus  aux  armes  qu'à  un  gouvernement  pacifique,  rien 
n'empêchera  qu'elle  ne  la  suive  quand  l'occasion  s'en  ])résen- 
tera  et  le  temps  en  offrira  le  moyen.  Pour  ces  raisons  et  d'au- 
tres encore,  et  en  i)articulier  pour  ne  pas  voir  Votre  Altesse 
là  où  certaines  personnes  veulent  lui  disputer  son  autorité, 
dans  le  but  d'augmenter  la  leur  (1),  je  suis  de  sentiment  qu'elle 
ne  laisse  pas  l'entreprise  qu'elle  a  en  mains ,  à  moins  qu'elle 
n'ait  d'autres  pensées  et  desseins  qui  soient  conformes  à  la  vo- 
lonté de  S.  M.,  à  qui  elle  doit  surtout  obéir  et  donner  satisfac- 
tion. J'ai  vu  ce  que  \.  A.  m'écrit  quant  aux  personnes  à  qui  la 
charge  de  ce  gouvernement  pourrait  être  confiée,  et  je  lui 
baise  infiniment  les  mains,  tant  pour  l'avertissement  qu'elle 
m'en  donne  que  pour  la  considération  et  l'opinion  .qu'elle  a  à 
mon  égard  en  une  telle  matière  :  je  reconnais  que  j'en  suis  re- 
devable à  la  pure  et  vive  affection  qu'elle  me  porte  et  dont  je 


(1)  Allusion   à  la  silualion  dans  laquelle  don  .luan  s'élail  trouvé  on 
llalir. 


(  67  ) 

lui  suis  très-rcronuaissaiite.  Sur  ce  poiut  tout  ce  que  je  sau- 
rais dire,  c'est  que  je  voudrais  me  trouver  en  un  âge  plus 
propice,  aliu  de  pouvoir  en  tout  et  en  toute  occasion  servir 
S.  M.  couinie  j  y  suis  tenue  et  comme  je  le  désire.  Je  ne  saurais 
exprimera  V.  A.  par  des  paroles  Tobligation  que  je  lui  ai,  car 
elle  est  infinie,  de  voir  avec  quelle  amitié,  quelle  sincérité  elle 
agit  à  mon  égard,  en  me  donnant  une  information  particu- 
lière, non-seulement  d'elle  et  de  ses  affaires,  mais  encore  de 
ses  pensées  :  car  bien  que  V.  A.  ne  puisse  se  dispenser  de  le 
faire  pour  les  causes  qu'elle  sait  (1),  néanmoins  c'est  pour 
moi  un  très-grand  contentement  de  trouver  dans  ses  lettres 
l'affectueux  souvenir   qu'elle  me  garde,  et  qui  m'est  un  sujet 

d'extrême  consolation 

Aquila,  19  mars  1577(2). 


(l)  C/esl-à-dire  pour  raltachement  que  iMarguerile  lui  portail. 

{'2)  «  Sebbene  V.  A,  moslra  clie  la  pace  non  sia  inleramonte  di 

sua  satisfazione,  se  ne  deve  perô  mollo  contenlare,  havendo  levato  a  S. 
M.  un  cosi  grave  e  Iravaglioso  pensiero  et  eccessiva  e  conlinua  spesa , 
conservando  la  religion  calolica,  e  l'aulorilà  ed  obbedienlia,  capi  di  tanla 
imporlanlia  e  conseguenza.  El  una  opéra  laie  non  si  poteria  fare  senza 
molle  diliîcullà  e  gran  Iravaglio,  corne  ben  comprendo  e  conoscoche  V.  A. 
a  fallo,  oltre  a  che  me  lo  scrive,  atleso  ebe  la  varielà  e  diversilà  délia 
génie  et  humori  con  chi  a  lanto  a  Irallare  non  potevano  porlarli  facilita 
alcuna,e  lanto  più  che  si  Irovavano  posli  in  possesso  di  un  viverelibero  e 
licenlioso  procedere  :  il  quale  puô  havere  costrello  lalvolla  TAItezza 
Voslra  a  lassar  in  parte  la  palientia  e  la  flemma,  et  usare  parole  rigorose 
et  minacce,  che  come  necessarie  et  alîettuose  non  li  causeranno  odio  al- 
cuno  appresso  quei  popoli ,  ansi  niolta  aiTezione  et  observaniia  per  il  gran 
benefizio  et  quiète  che  con  la  conclusione  délia  pace  a  dalo  loro  el  al 
|)aese  lutlo.  Il  governo  del  quale  mi  pare  che  non  deva  abbandonare  cosi 
presto  come  scrive,  ma  si  bene  in  esso  perseverare  ,poichè  con  tanla  sua 
talica  e  pericolo  si  a  cavato  di  una  iunga  e  Iravagliosa  guerra,  el  posloli 
in  tranquillilà,  nella  quale  non  possono  da  persona  essere  conservati  ne 
meglio  governali  che  da  V.  A.,lanlo  per  quello  clie  locca  il  servilio  di 
S.  xM.  el  l)enentio  di  essi,  come  per  comodo  e  quiele  di  se  sU'ssa,  poicliè 


(  68  ) 

Philippe  11  no  goiita  point  l'idée  de  confier  le  gouverne- 
ment des  Pays-Bas  àTimpératrice  sa  sœur,  ni  à  la  du- 
chesse douairière  de  Lorraine,  ni  à  madame  de  Parme.  11 
répondit  à  don  Juan  que  sa  présence  dans  ces  provinces 
était  plus  nécessaire  encore  qu'elle  ne  l'avait  été  jusque-là; 
que,  s'il  les  quittait,  le  fruit  de  toutes  les  peines  qu'il 
s'était  données  serait  perdu;  qu'il  le  priait  donc,  dans  l'in- 
térêt du  service  de  Dieu  et  du  sien,  de  rester  à  son 
poste  (1). 

L'événement  prouva  que  ce  monarque  eut  pris  un  parti 
plus  sage,  en  saisissant  l'occasion  qui  lui  était  offerte  de 


posto  che  harà  in  execiUione  Faccordo  concluso,  si  sarà  facilissinio  e 
quielissimo  il  governarii  et  con  sua  salisfazione.  El  non  oljslanle  che  la 
inclinalione  cli  V.  A.  sia  piii  per  le  armi  che  al  pacilico  governo ,  polià  non- 
dimeno  eseguirla,  quando  si  presenli  la  oecasione  e  lo  concéda  il  tempo  . 
A  lai  che  per  quesle  el  allre  ragioni,  et  in  parlicolare  per  non  la  vedere 
in  parte  dove  altri  per  aulorizarsi  vogliono  competere  con  V.  A  ,  io  son 
di  parère  che  ella  non  lassi  Timpresa  che  tiene  in  niano,  se  già  lei  non 
havessi  allri  disegni  e  pensieri  dove  concorresse  la  volonlà  di  S.  M.,  a  cui 

sovra  tullo  deve  obbedire  e  satisfare Inlendoqnanlo  V.  A.  mi  scrive  ed 

in  chi  polrebbe  correre  il  dadodi  quel  governo  :  onde  bacio  infinilamenle 
le  nïani  di  V,  A.,  si  per  Taviso  et  advertimenlo  che  me  ne  da  corne  per  la 
considerazione  e  concello  che  mi  ve  tiene  in  lai  maleria  :  il  che  veramenle 
conosco  nascore  da  pura  et  amorevole  affezione  che  mi  porta,  di  che  li 
resto  obbligalissima.  Et  in  questo  parlicolare  non  saprei  che  dirli  altro,  se 
non  che  vorrei  trovarmi  in  più  propilia  elà ,  acciochè  in  tullo  et  in  ogni 
oecasione  io  polessi  servire  S.  M.  come  sono  obligala  e  desidero.  Ne  a 
V.  A  saprei  esprimere  con  parole  la  obligalione  che  li  tengo,  sendo  infi- 
nila,  in  veder  con  quanla  amorevolezza  et  liberià  meco  procéda  in  darmi 
particolar  conlo  non  solo  di  se  e  délie  cose  sue,  ma  de'  suoi  pensieri  ; 
che  sebbene  è  obbligala  a  farlo  per  le  cause  che  V.  A.  sa  ,  nondimeno  è  per 
me  grandissimo  conlento  sentire  per  sue  K'ilere  ralîoUuosa  monioria  che 
a  di  me,  cosa  che  mi  tiene  consolalissima 

A(iuila,  19  niarzo  1577. 

(1)  Lellre  du  8  avril  1577.  (Arch.  de  Simancas,  Eslado ,  leg.  570.) 


(  69  ) 

remettre  le  dépôt  de  son  autorité  entre  les  mains  de  quel- 
qu'un dont  le  tempérament  fiU  mieux  approprié  au  carac- 
tère des  peuples  des  Pays-Bas  et  aux  circonstances  dans 
lesquelles  le  gouvernement  se  trouvait.  Don  Juan  avait 
lait  son  entrée  à  Bruxelles  le  1"  n)ai  :  quelques  semaines 
s'étaient  écoulées  à  peine  que  l'iiaimonie  ne  régnait  plus 
entre  les  états  et  lui,  comme  le  fait  voir  la  lettre  suivante 
qu'il  adressa,  de  Malines,  le  19  juin,  à  Marguerite  : 

Sércnissinie  dame,  Dieu  sait  la  peine  que  je  ressens  de 
r)'a\oir  pas  éerit  et  de  n'écrire  pas  chaque  jour  à  Votre  Al- 
tesse; mais  il  m'est  témoin  que  ce  n'a  été  et  n'est  en  mon  pou- 
voir :  car,  outre  que  le  temps  manque  entièrement,  la  sûreté 
des  chemins  fait  aussi  défaut;  et  si  ces  gens,  vu  leur  nature 
sou|!ÇOnneusej  apprenaient  que  j'écris  eu  celte  langue,  il  en 
résulterait  beaucoup  d'inconvénients.  Ce  que  jai  à  vous  dire  ici 
est  (jue  ce  corps  marche  à  grands  pas  vers  sa  fin,  sans  qu'aucun 
remède  de  tous  ceux  que  jai  employés  )»our  le  restaurer  ait 
produit  de  l'effet,  le  prince  d'Orange  ayaut  répondu  au  duc 
d'Arsehot  et  à  monsieur  de  Hierges  que  la  première  chose  à 
faire  était  de  lui  remettre  son  fils  et  ses  états,  ainsi  que  Utrecht 
et  Amsterdam,  lesquelles  il  dit  être  comprises  en  sou  gouver- 
nement de  Hollande;  qu'ensuite  il  accomplirait  ce  à  quoi  il  est 
obligé.  D'autre  part,  il  a  dit  qu'il  est  deux  fois  calviniste,  eu  la 
tète  (1  )  et  dans  le  cœur;  que  de  ce  qu'il  possède  ni  de  ce  qu'on 
lui  remettra  il  ne  restituera  rien  :  car,  alors  qu'il  pût  se  fier 
en  moi,  jamais  il  n'aurait  confiance  en  Sa  3Iajesté,  qui  l'avait 
trompé  si  souvent.  Il  tient  Amsterdam  étroitement  serrée. 
Cette  ville  ayant  fait  demander  du  secours  pour  se  défendre 
et  se  conserver  dans  la  religion  ainsi  que  dans  l'obéissance  du 


(1)  C'était  ici  un  jeu  do  mots  ;  le  luince  taisait  allusion  à  sacalvilie. 


(70) 

Koi,  les  étals  disent  qu'il  convient  de  la  lui  délivrer,  |;uisqu'il 
ne  leur  est  pas  possible  de  prendre  les  armes  eontre  lui.  Ceux 
du  conseil  sont  du  même  avis,  quoiqu'ils  voient  qu'il  tend  à  se 
faire  maître  de  tout,  et  qu'avec  cette  ville  il  le  sera  bientôt. 
Cela  et  la  circonstance  qu'il  n'y  a  personne  qui  m'aide,  mais, 
au  contraire,  que  tous  paraissent  s'entendre  pour  contredire 
ce  que  je  propose,  me  fait  croire  qu'il  existe  entre  eux  un  con- 
cert. Je  suis  venu  ici  pour  traiter  avec  les  Allemands,  lesquels 
veulent  être  payes,  et  ils  ont  raison.  Les  états  disent  que,  s'ils 
ne  se  contentent  pas  de  deux  payes  en  argent,  une  en  drap  et 
l'obligation  de  leur  compter  le  surplus  en  quatre  années,  ils 
leur  couperont  la  gorge  et  appelleront  pour  cela  le  prince 
d'Orange.  Je  m'attends  donc  à  tout  moment  à  apprendre  qu'il 
y  a  rupture  entre  eux,  et  je  ne  sais  ce  que  dans  une  si  terrible 
conjoncture  je  dois  faire.  Demeurer  neutre,  je  ne  le  puis  pas. 
Si  je  me  range  du  parti  des  états,  je  prends  par  ce  fait  celui 
du  prince  d'Orange,  puisque  c'est  avec  ses  forces  que  la  guerre 
se  fera  :  en  cas  de  succès,  c'est  lui  qui  en  profitera,  et  tout  de- 
meurera à  sa  disposition.  Si  je  me  mets  avec  les  Allemands,  ils 
me  prendront  pour  gage  de  ce  qu'on  leur  doit.  Si  je  m'en  vais, 
je  laisse  mes  domestiques  exposés  à  de  grands  embarras,  et  ce 
parti  est  de  plus  sujet  à  bien  des  difficultés.  Il  est  donc  besoin 
que  Dieu  m'inspire  pour  que  je  prenne  la  meilleure  détermi- 
nation. La  rupture  avec  les  Allemands  aurait  Tinconvénient 
que  j'ai  dit.  Un  arrangement  avec  eux  n'en  aura  pas  un 
moindre  :  car  on  tient  pour  chose  assurée  que,  le  jour  où  ils 
sortiront  des  places  qu'ils  occupent,  la  religion  et  l'obéissance 
(le  Sa  Majesté  y  seront  perdues  de  tout  point.  Je  suis  occupé  à 
dépêcher  le  secrétaire  Escobedo  en  Espagne.  Dieu  veuille  que 
le  remède  arrive  à  temps  1  II  sait  combien  il  m'en  coûte  d'en- 
voyer à  Votre  Altesse  de  si  tristes  nouvelles.  Mais  elle  peut  se 
consoler,  en  considérant  que  je  n'ai  négligé  rien  de  ce  qui  a 
été  en  mon  pouvoir  pour  remédier  à  ce  mal  par  la  douceur, 
ayant  toléré  tout  ce  qu'ils  ont  voulu  dire  et  faire,  jusqu'à  souf- 


(  71  ) 

frir  à  Bruxelles  ([iw  M.  de  [lèzc  se  refusai  à  venir  nie  trouver 
quand  je  rap[)ehiis,  et  que  le  magistrat  agît  de  même,  disant 
qu'il  n'était  coutume  de  lui  parler  quen  la  maison  de  la 
ville 

Do.N  Juan  d'Altuichi:  (I). 

Los  rapporls  olficiels  de  don  Juan  avec  les  étals  n'avaient 
l»oiirtanl  point  un  caractère  qui  pût  faire  supposer  qu'une 
séparation  violente  allait  bientôt  s'accomplir  entre  eux. 
Les  états  s'appliquaient  à  concilier  le  différend  du  prince 
d'Orange  avec  la  ville  d'Amsterdam  (2);  ils  réclamaient  de 
ce  prince  l'évacuation  de  ^'ieuport  (3);  ils  communiquaient 
à  don  Juan  les  lettres  qu'ils  recevaient  de  lui  et  celles  qu'il 
leur  écrivait  (4);  ils  lui  faisaient  part  de  leurs  résolutions 
les  plus  importantes  (5);  il  leur  avait  témoigné  le  désir  que 
les  meubles  et  la  vaisselle  de  madame  de  Mondragon  pris 
dans  le  château  de  Gand  lui  fussent  restitués  :  ils  s'étaient 
empressés  d'y  avoir  égard  (6);  ils  se  montraient  prêts  aux 
plus  grands  sacrifices  pour  satisfaire  aux  prétentions  légi- 
times des  troupes  allemandes  (7).  En  un  mot,  les  états  se 
montraient  confiants  dans  les  dispositions  de  don  Juan, 
tandis  que  don  Juan  usait  de  dissimulation  envers  eux. 
Ainsi,  au  commencement  de  juillet,  il  leur  mandait  qu'il 


(1)  Voy.  rAppendice  n»XIX. 

(2)  Actes  des  élats  rjénéraux  des  Pays-Bas.  l'.i'lj-I^JSo^  t.  1,  !»[).  KSi. 
187. 

(3) /6i(f.,  p.  191. 

(4)  Ibid.,  p.  191. 

(o)  /6/f/.,pp.  187,  188. 

(6)  lbid.,\).  185. 

(7)  IbkL.  pp.  189,  190,  196. 


(72  ) 
reviendrait  à  Bruxelles  dès  que  la  négociation  avec  les 
Allemands  serait  plus  avancée  (1);  en  leur  annonçant  le 
passage  de  Marguerite  de  Valois  par  les  Pays-Bas,  il  leur 
disait  «  qu'il  pourrait  bien  aller  par  demye  poste  la  saluer 
»  et  soul)dain  retourner  (2);  )rqîielques  jours  après,  comme 
ils  l'avaient  remercié  de  la  peine  qu'il  s'était  donnée  dans 
la  négociation  avec  les  Allemands,  il  leur  ré[)ondait  que 
c'était  pour  lui  un  motif  de  s'employer  plus  vivement  en- 
core à  tout  ce  qui  pouvait  servir  «  à  les  remettre  et  le  pays 
))  en  ultérieur  repos(o).  »  Au  moment  même  où  il  tenait  ce 
langage,  certains  bruits,  certains  avertissements  parvenus 
aux  états  leur  donnaient  lieu  de  soupçonner  que  quelque 
chose  se  tramait  contre  eux,  et  ils  envoyaient  des  députés 
à  Namur,  afin  de  s'en  éclaircir  (4). 

Les  papiers  de  Marguerite  contiennent  une  lettre  où  don 
Juan  informe  sa  sœur,  avec  beaucoup  de  détail,  de  la  sur- 
prise du  château  de  Namur;  on  me  saura  gré,  je  pense, 
de  la  traduire  ici  tout  entière  : 

Séi'énissime  dame, ce  que  j'ai  écrit  à   Votre  AUesse  par 

deux  courriers  partis  de  Malines  le  20  juin  et  le  G  du  préseni 
lui  aura  fait  connaître  le  mauvais  état  où  se  trouvaient  les 
affaires  dici,  et  combien  le  fruit  que  produit  la  paix  est  diffé- 
rent de  celui  qu'on  s'en  était  promis.  Depuis  je  reçus,  en  un 
même  temps,  quatre  a^s  conformes,  quoique  par  des  voies 
diverses,  que  la  résolution  de  senqKirer  de  ma  personne  était 
tellement  arrêtée  que,  si  je  ne  pourvoyais  point  à  ma  sùrelc. 


(1)  Actes  des  étals  (jcnérauœ  des  Pays-Bas,  lo76-l58o,  1.  1,  p.  192. 

(2)  Ibid.,\).  195. 
(5)  Ibid.,  p.  19C. 
(4)  Ibid.,  |).  197, 


(  75  ) 

cJlc  ne  îai'derait  pas  à  èlrc  mise  à  excciilion  :  car  à  cil  ciïct 
les  étais  de  Bralianl,  ])liisieiirs  des  pensionnaires  des  villes, 
les  ('oniles  d'Egmont  et  de  Lalaing,  Champagney ,  Câpres, 
Ilèze,  Heersel,  s'appelanl  les  toiiire-jniinisies,  s'étaient  ligués 
avec  Orange,  et  ils  faisaient  prendre  position  au  régiment 
wallon  de  (Champagney  et  à  ceux  du  comte  d  Egmont  et  de 
monsieur  de  Hcze  dans  lous  les  alentours  de  Malines,  de  ma- 
nière (juil  n'y  eût  aucun  endroit  par  où  je  me  pusse  échapper. 

Vo}ant  cela,  et  comme  la  princesse  de  Béarn  (1),  qui  était 
en  chemin  pour  se  rendre  à  la  fontaine  de  Liège  (î2) ,  devait 
passer  par  Xamur,  je  résolus  d'y  venir,  sous  couleur  de  l'y 
recc\oir.  En  conséquence,  je  partis  de  Malines  le  14  juillet, 
et  j'arrivai  à  Namur  le  lendemain.  Jetais  convenu,  avec  iM.  de 
Hierges  et  ses  frères,  lesquels  sont  les  premiers  qui  se  soient 
déclarés  pour  le  service  de  Sa  Majesté  et  par  le  conseil  des- 
quels je  me  conduis  dans  ces  conjonctures  nouvelles,  que,  par 
leur  moyen  et  avec  stratagème,  je  me  rendrais  maître  tout  de 
suite  de  ce  château  :  cependant  il  parut  à  propos  de  ne  le  faire 
qu'après  le  départ  de  ladite  princesse,  afin  d'accomplir  envers 
elle  ce  qui  lui  était  dû,  et  de  ne  donner  pas  de  motifs  de  mé- 
contentement au  roi  son  frère.  Elle  arriva  le  20;  je  la  fclai  le 
mieux  que  je  pus;  le  25  elle  continua  sa  route. 

En  ce  temps  me  parvinrent  de  nouveaux  avis  qui  m'enga- 
geaient à  me  mettre  en  lieu  de  sûreté  :  j'en  reçus  deux  j)arti- 
culièrement  dont  le  premier  disait  qu'en  aucune  manière  je  ne 
retournasse  en  Brabant,  parce  que,  dans  la  première  ville  où 
j'entrerais,  je  serais  pris  et  l'on  couperait  la  tête  à  ceux  dont 
je  serais  suivi;  le  second,  que  non-seulement  je  ne  revinsse 
point  sur  mes  pas,  mais  encore  je  sortisse  sans  délai  de  Na- 
mur :  car  on  ferait  indubitablement  en  cette  ville  ce  qu'on 


(1)  Maiguerile  do  Valois,  sœur  do  Henri  111  cl  femme  do  Homi  IV. 

(2)  A  S|.a. 


(  74  ) 

avait  le  dessein  de  l'aire  ailleurs.  On  ajoiilail  que,  dans  un 
banquet  auquel  ceux  de  la  ligue  avaient  assisté  à  Bruxelles ,  on 
avait  décidé  que  tous  les  contre-juanistes  porteraient  des  bon- 
nets aplatis,  afin  qu'ils  fussent  connus. 

Dans  le  but  que  j'ai  dit  de  me  rendre  maître  de  ce  châ- 
teau, je  fis  courir  le  bruit  que,  avant  de  quitter  Namur,  je 
voulais  faire  une  partie  de  chasse,  et  je  la  fixai  au  24.  Ce 
jour-là,  dans  la  matinée,  je  sortis  avec  les  gentilshommes  de 
ma  suite,  la  plupart  de  mes  laquais  et  ma  garde  allemande,  et 
me  faisant  précéder  de  presque  tous  ceux  du  pays  qui  m'ac- 
compagnaient. Lorsque  je  fus  en  face  de  la  porte  du  château 
qui  communique  avec  la  ville,  je  tournai  bride;  monsieur  de 
Hiergcs  et  le  comte  de  Megen,  son  frère,  tenaient  cette  porte 
ouverte,  comme  s'ils  m'attendaient  là  pour  maccompagner  à 
la  chasse.  J  entrai  dans  le  château  avec  une  j)artie  de  ma 
garde  et  de  mes  domestiques,  avant  que  ceux  du  pays,  les- 
quels, comme  je  l'ai  dit,  allaient  devant,  arrivassent,  excepté 
le  due  d'Arschot,  qui  marchait  à  mon  côte,  ils  vinrent  bien- 
tôt. Je  les  appelai,  le  duc,  le  prince  de  Chimay  son  fils,  les 
comtes  d'Arenberg,  du  Rœulx  et  de  Fauquembcrgbe,  le  mar- 
(|uis  de  Varambon ,  monsieur  de  Rasscnghien ,  monsieur  de 
Gomicourt,  monsieur  de  Floyon,  monsieur  de  Lic([ues,  et  je 
leur  dis  qu'ils  avaient  vu  combien  de  peines,  d'indécences,  de 
dangers  j'avais  soufferts  pour  le  bien  ,  la  tranquillité  et  le  repos 
de  ces  pays,  pensant  en  retirer  le  fruit  qu'avec  beaucoup  de 
raison  j'en  devais  attendre,  c'est-à-dire  que,  les  choses  du 
gouvernement  étant  réduites  à  leur  ancien  état  et  bon  ordre, 
il  en  serait  de  même  de  celles  qui  touchaient  la  religion  catho- 
lique et  l'obéi-sance  due  à  Sa  Majesté  ;  qu  ils  savaient  que,  pour 
parvenir  à  ce  but,  je  navais  épargné  aucun  moyen  de  dou- 
ceur, de  bénignité  et  de  clémence,  et  que  non-seulement  cela 
n'avait  pas  mù  les  esprits  à  embrasser,  comme  ils  l'auraient 
dû,  un  si  grand  bénéfice,  mais  encore,  au  lieu  de  le  faire  cl 
de  se  montrer  reconnaissants  de  la   volonté  cl  affection  avec 


(  75  ) 

lesquelles  je  m'y  employais,  il  y  en  avait  plusieurs  qui  ina- 
eliinaienl  et  faisaient   ligues  eontre  moi  pour  me   prendre, 
comme  le  duc  lui-même  me  l'avait  dit  et  ils  en  étaient  certai- 
nement informés:  que,  d'après  cela  et  voyant  que  les  mauvais 
avaient  le  dessus,  que  la  religion  allait  chaque  jour  de  mal  en 
pis,  (\uc  le  cours  de  la  justice  était  arrêté,  que  je  n'avais  le 
pouvoir  de  remédier  à  aucune  des  choses  qui  avaient  tant  be- 
soin de  remède,  et  enfin  que  ni  le  prince  d'Oiange  ni  les  états 
n  étaient  disposés  à  accomplir  ce  à  quoi  ils  étaient  obligés, 
qu'au  contraire  ils  s'efforçaient  de  jeter  les  Allemands  dehors , 
afin  de  demeurer  entièrement  libres  et  que  Sa  Majesté  fût 
dans   l'impossibilité    de   rentrer    en    possession  du    pays,  je 
métais  résolu  à  mettre  ma  personne  en  sûreté,  de  façon  (juc 
je  pusse  gouverner  avec  lautorilé  et  rindépcndance  conve- 
nables, défendant  la  religion  et  l'obéissance  due  au  Roi  contre 
ceux  qui  les  attaqueraient;  que,  du  moment  où  les  états  satis- 
feraient à   leurs  obligations  sous   ce   double  rapport,  je  ne 
prendrais  pas  les  armes  contre  eux ,  mais  plutôt  je  les  pren- 
drais en  leur  faveur,  si  cela  était  nécessaire;  que,   puisqu'ils 
tenaient  en  leurs  mains  la  paix  ou  la  guerre,  c'était  à  eux  de 
choisir;  que  j'étais  prêt  pour  l'une  comme  pour  l'autre,  et 
peut-être  plus  pour  la  dernière  qu'ils  ne  se  l'imaginaient;  que, 
quoique  j'eusse,  dans  le  duc  et  dans  les  autres  qui  étaient  pré- 
sents, la  confiance  que  Sa  Majesté  m'avait  ordonné  de  placer 
en  eux  et  que  m'inspiraient  leurs  actions,  qu'ainsi  j'espérais 
que,  remplissant  leurs  devoirs  et  suivant  les  traces  de  leurs 
devanciers,  ils  m'aideraient  dans  une  entreprise  si  sainte  et  si 
juste,  je  serais  néanmoins  charmé  de  connaître  l'intention  de 
chacun  deux;  que  je  désirais  en  conséquence  qu'après  y  avoir 
pensé j  ils  me  dissent  librement  ce  qu'ils  comptaient  faire  : 
car  je  ne  voulais  forcer  personne,  mais  je  les  prévenais  seule- 
ment que  celui  qui  à  l'avenir  prendrait  le  i)arti  du  prince 
d'Orange  ou  des  étals  contre  le  Service  de  Sa  Majesté,  serait 
déclaré  et  tenu  pour  rebelle  et  traité  et  châtié  comme  tel; 


(  76) 

qu'au  conlrairc,  ceux  qui  se  rangeraient  de  mon  côté,  non- 
seulement  pourraient  être  sûrs  de  ne  recevoir  aucun  mal  pour 
des  choses  qui  se  seraient  passées  jusqu'à  présent,  mais  encore 
seraient  avancés  en  honneurs  et  en  grâces;  que  je  leur  en  don- 
nais ma  parole  et  même  que  j'y  ohligeais  ma  propre  vie,  s'il 
en  était  besoin;  que  je  les  priais  d'ajouter  foi  à  ce  que  je  leur 
disais,  et  non  à  ce  que  des  malintentionnés  voudraient  leur 
faire  accroire. 

he  duc  répondit  qu'il  servirait  Dieu  et  Sa  Majesté  comme  il 
l'avait  toujours  fait,  et  qu'il  serait  le  premier  à  mourir  à  mes 
pieds.  Les  auti'cs,  qui  n'ont  cessé  de  manifester  le  désir  de 
servir  le  Roi,  tinrent  le  même  langage.  J'ai  dépêché  aux  villes, 
leur  écrivant  en  celle  conformité,  pour  savoir  ce  que  je  puis 
espérer  délies,  et  aux  gouverneurs  des  provinces,  afin  qu'ils 
viennent  incontinent  ici  :  je  verrai  si  cette  fois  ils  obéiront 
mieux  ([ue  parle  passé.  ... 

Dieu  sait  combien  jai  regretté  d'en  devoir  venir  à  ce> 
termes;  mais  Votre  Altesse,  avec  sa  grande  prudence,  pourra 
considéi'cr  combien  a  été  nécessaire  ce  que  j'ai  fait. 

Du  château  de  Namur,  le  20  juillet  1577 

DoiN  Juan  d'Altiuche  (I). 

Quelques  jours  après  avoir  envoyé  à  sa  sœur  la  lellre 
qu'on  vient  de  lire,  don  Juan  lui  mandait  : 

Madame ,  les  choses  ont  subi  un    terrible   changement; 

il  est  tel  quil  ne  me  manque  plus  que  de  me  voir  assiéger  ici , 
où  il  n'y  a  aucune  espèce  d'honneur  à  gagner.  Mais  j'espère 
que  le  moment  est  proche  où  je  pourrai  chanter  une  autre 
chanson  avec  ceux  qui  se  montrent  des  rebelles  déclarés  à  leur 


(I)  Voy.  l'Ap|)L'iKlico  11"  XX. 


(  77  ) 

Dion  et  des  tyrans  de  leur  Roi,  pour  se  donner  entièrement 
au  plus  grand  coquin  de  la  terre,  au  prinee  d  Orange,  avec 
lequel  ils  s'entendent  au  point  qu'ils  le  nomment  leur  père  et 
leur  libérateur,  et  aux  eomm.indcmcnls  duquel  ils  obéissent 
comme  Hes  esclaves,  tandis  qu'ils  abhorrent  et  méprisent  ceux 

de  Sa  Majesté  et  son  propre  nom Enfin   ils  ne  veulent  que 

ce  que  ce  coquin  veut,  e'est-à-dirc  la  liberté  en  tout,  et  ils  ne 
veulent  ni  Dieu  ni  Roi,  ni  même  y  penser,  à  l'exception  de 
quelques-uns  qui  me  suivent  et  méritent  ce  qui  est  dû  à 
de  très-honorables  gentilshommes  et  à  des  vassaux  pleins  de 

loyauté » 

Du  château  de  Namur,  le  8  août  1577,  avec  un  régiment 
d'Allemands  mutinés  aux  [)ortes  de  la  ville,  le  peuple  presque 


Don  Juan   d'Autriche  (J). 

L'espoir,  exprimé  par  don  Juan  dans  celle  leltre,  de 
chanter  une  autre  chanson  avec  les  états,  élail  fondé  sur 
la  demande  qu'il  avait  (aile  au  Roi  du  renvoi  des  Iroupes 
espagnoles  aux  Pays-Bas. 

Philippe  II  n'y  consenlit  qu'à  contre-cœur.  Reconnais- 
sant que  son  frère  ne  parviendrait  plus  jamais  à  regagner 
la  confiance  de  la  nation  belge,  il  proposa  à  la  duchesse* 
de  Parme  de  se  rendre  aux  Pays-Bas  comme  pacifica- 
trice (2).  Marguerite  accepta ,  mais  en  témoignant  le  désir 
que  don  Juan  apprît  du  Boi  la  commission  dont  il  jugeait 
à  propos  de  la  charger,  afin  que  son  frère  sût  bien  qu'elle 
ne  l'avait  pas  sollicitée  :  «  car  —  disait-elle  à  Philippe  —  le 


(1)  Voy.  PAppenclice  n"  XXI. 

(2)  Correspondance  de  Margucrile  d'Autriche  avec  Philippe  II ,  t.  I 
Préface,  pp.  xwui  et  suiv. 


(  78  )  ■ 

»  service  de  Votre  Majesté  est  intéressé  à  ce  qu'il  ne 
»  prenne  point  d'ombrage  de  moi,  et  je  ne  voudrais  pas 
y>  lui  causer  de  déplaisir,  m'élant  ce  qu'il  m'est (1).  »  Elle 
informa  elle-même  don  Juan  de  la  proposition  qu'elle  avait 
reçue  (2). 

Loin  de  marquer  du  mécontentement  de  la  mission 
donnée  à  sa  sœur,  don  Juan  s'en  réjouit.  Il  avait  obtenu 
à  Madrid  que  le  prince  Alexandre  vînt  servir  sous  ses 
ordres  aux  Pays-Bas;  il  écrivit  à  Marguerite  :  «  Il  n'y  a 
»  rien,  Madame,  que  je  désire  autant  que  de  nous  voir 
»   tous  réunis  (5).  » 

Les  événements  qui  engagèrent  Philippe  II  à  contre- 
mander  le  départ  de  la  duchesse  de  Parme  pour  les  Pays- 
Bas  sont  connus.  On  connaît  aussi  ceux  qui  aboutirent  à 
la  bataille  de  Gembloux,  où  l'armée  des  états  fut  mise  en 
une  déroute  complète  par  les  troupes  royales. 

Don  Juan,  dans  une  lettre  de  main  propre,  félicita  sa 
sœur  de  cette  victoire.  «  Certes,  Madame,  lui  disait-il, 
»  il  n'y  a  personne  qu'elle  intéresse  et  puisse  intéresser 
»  plus  que  Votre  Altesse,  puisqu'elle  a  ici  deux  fds  qui  y 
»  ont  eu  part  (4).  »  Il  lui  rendait  témoignage  de  la  valeur 


(1)  «  ....  Desidero  che  V.  M.  mi  faccia  gratia  fare  intendere  al  signore 
don  Joan  de  Austria  quesla  sua  deliberatione,  acciô  egli  resli  capace  che  per 
eomandamenlo  et  ordine  di  V.  M.  io  ho  preso  questo  carico,  et  non  creda 
che  di  niia  volonlà  mi  sia  mossa ,  acciô  non  reslassi  di  me  ombroso,  perché 
non  sai'ia  servilio  di  V.  M.,  et  io  non  vorei  darli  disgusto.  sendomi  (|uelk) 
che  mi  c  ...  »  (LeUre  du  24  octobre  lo/'T,  écrile  d'Aquihi  :  Archives  de 
Simancas ,  Eslado  ,  ieg.  951 .  ) 

(2)  Lettre  du  27  octobre.  (Archives  Farnésiennes.) 

(5)  «  Gierto,  Senora,  que  séria  todo  quanlo  sabria  desear  vernos  â 

lodos  juntos.  ..  »  (Lettre  écrite  de  Luxembourg,  le  21  décembre  1577.) 

(i)  «  ....  Doy  â  V.  A.  el  parabien  cien  mil  ve/.es  de  la  primera  viloria 
que  nos  ha  dado  Dios,  tan  dada  de  su  maiio;  y  cieilo,  Senora,  que  a 


(  79) 
iléj)Ioyée  par  le  prince  Alexandre,  «  l'un  des  premiers  (pii 
»  avaient  allaqué  rennenii  (I).  »  M  lui  disait  que  son  lils 
se  i'aisait  estimer  et  aimer  de  tout  le  monde,  mais  que  tons 
ensemble  lie  pouvaient  l'aimer  et  Testimer  autant  qu'il  le 
faisait  lui  seul  (2).  Il  lui  annonçait  l'intention,  pour  peu 
que  le  Roi  lui  en  donnât  le  moyen,  de  demander  compte 
à  la  ville  de  Bruxelles  de  ses  méfaits,  malgré  les  fortifica- 
tions qu'on  y  avait  élevées.  Il  ne  s'attendait  plus,  du  reste, 
à  la  venue  de  Marguerite,  et  il  en  était  cliaimé  et  fàclié  en 
même  temps  :  car,  si  d'un  côté  il  perdait  l'occasio!!  de  lui 
haiser  les  mains  et  de  la  servir  en  personne,  ce  qui  l'aurait 
rendu  extrêmement  heureux,  de  l'autre,  elle  trouverait 
les  affaires  aux  Pays-Bas  dans  une  situation  telle  qu'après 
avoir  essuyé  toutes  les  fatigues  qui  résulteraient  d'un  si 
long  voyage,  il  doutait  qu'illui  fut  possible  d'accomplir 
les  intentions  du  Roi  (5). 

La  dernière  lettre  de  don  Juan  à  sa  sœur  est  datée  du 
12  août  1578,  au  camp  près  de  Tirlemont.  Il  s'y  "plaint 
des  nécessités  auxquelles  il  est  réduit,  et  qui  leur  causent, 
à  lui  et  au  prince  Alexandre,  des  fatigues  incessantes  : 
«  de  manière  que  le  pauvre  pain  qu'ils  mangent  n'est  pas 


n;i(lie  loca  mas  parte  délia  ni  puede  locar,  pues  tiene  acà  dos  hijos  eni- 
pleados  en  las  ocasiones  presenles  ...  .  «  (LeUre  écriie  du  chàleau  d'Hé- 
veilé,  le  io  février  1577.) 

(1)  ^'  Fuédelosprimerosque  cerrô  conel  enemigo....  '>^  [Ibid.) 

("2)  .<  llâzeseeslimar  y  amar  de  todos,  auiique  lodosjunlos  no  puc- 

den  amarle  ni  eslimarle  lo  que  yo  solo....  -^  {Ibid.) 

(ô)  «  V.  A.  nos  dé  continuas  nuevas  de  si ,  va  que  ,  segun  siompre 

juzgué,  se  nos  a  despintado  su  benida,  de  que  huelgo  y  me  duelojunta- 
mente,  pues  auncjue  perdcmos  el  besarla  las  manos  y  estarla  sirviendo 
en  presencia ,  con  que  tanto  y  lanlo  holgâramos,  ballara  V.  A.  lo  de  aeâ 
de  manera  que,  Iras  lanlo  travajo  oonio  cl  de  lan  largo  camir.o,  no  se  si 
le  l'ueia  muy  dudoso  el  salir  (pn  la  in;e;:cion  de  Su  Magcsiad....  »  [Ibid.) 


(  80) 
»  mal  gagné.  »  Il  informe  Marguerite  qu'il  vient  d'envoyer 
(le  nouveau  au  Roi  quelqu'un  chargé  expressément  de  lui 
protester  pour  le  présent  et  de  l'assurer  pour  l'avenir  que, 
s'il  ne  prend  pas  d'autres  résolutions,  lui,  don  Juan,  est 
bien  décidé  à  ne  plus  faire  dépendre  de  miracles  l'honneur 
de  Dieu,  celui  même  du  Roi  et  le  sien  (1).  Il  engage  enfin 
sa  sœur  à  adresser  des  remontrances  au  prince  Alexandre, 
qui,  dans  les  rencontres  avec  l'ennemi,  emporté  par  son 
courage,  exposait  beaucoup  trop  sa  personne. 

Un  mois  et  quatre  jours  après  avoir  écrit  cette  lettre, 
don  Juan  fut  atteint  de  la  maladie  qui  le  conduisit  au  tom- 
beau. 


VIÎ. 


Marguerite  se  trouvait  à  sa  résidence  habituelle  d'Aquila 
lorsque,  le  15  octobre,  une  dépêche  de  l'ambassadeur 
d'Espagne  à  Gênes  vint  lui  apprendre  que  don  Juan  avait 
cessé  de  vivre.  Cette  nouvelle  lui  fut  confirmée  par  une 
lettre  que,  deux  jours  après,  le  cardinal  de  Granvelle  lui 
adressa  de  Rome  :  «  Je  tiens  —  lui  disait  ce  prélat  —  que 
»  ce  cas  soit  advenu  de  ses  indispositions  ordinaires,  pour 
»  lesquelles  certes  j'ay  pièça  crainct  ce  qu'en  est  suc- 
»  cédé Ledict  feu  seigneur  avoit  bon  cœur,  qui  lui 


(1)  «  Es  fuerça  supiir  la  gran  necesidad  que  ay  en  esla  guerra  de 

lodas  las  que  fallaii ,  cou  puro  y  coutinuo  Iravajo  del  senor  principe  y  niio, 
de  manera  que  no  es  mal  ganado  el  pobre  pan  que  se  corne.  He  imbiado 
de  nuevo  à  Su  Magestad  hombre  propio  à  que  proteste  para  lo  présente 
y  aseguie  para  lo  avenir,  que  si  no  se  toma  otra  resolucion ,  la  tomaré  yo 
en  no  Iraer  tan  colgado  de  niilagros  la  hourra  de  Dios,  de  Su  Mageslad  y 
la  niia ». 


(  SI  ) 

»  l'aisoil  l'aire  plus  «]uo  ne  coniporloieiU  ses  forces.  Jl  y  a 
»  longleni[)s  (pie  souvent  son  indisposition  le  travail- 
»  loit;  et  tenoit  pou  de  rigle  dans  ce  qui  concernoit  sa 
»  santé...  (1).  » 

Marguerite  n'avait  pas  su  la  maladie  de  son  frère;  la 
nouvelle  de  sa  mort  lui  causa  une  douleur  inexprimable  (2). 
Elle  écrivit  à  Philippe  1!  :  «   La  perte  très-notable    et 
»  inattendue  du  seigneur  don  Juan  d'Autriche  (qui  soit  au 
»  ciel)  est  si  grande  et  d'une  telle  importance  que  chacun 
»  manifestement,  et  avec  raison,  en  doit  éprouver  un 
»  déplaisir  infini,  comme  je  fais  et,  plus  que  d'autres, 
».  Votre  iMajesté,  ayant  perdu  un  frère  si  obéissant  et  de 
»   tant  de  mérite  à  la  tleur  de  son  âge,  dans  des  conjonc- 
»   turcs  si  critiques  et  où  cette  perte  fait  tant  de  faute 
»  au  service  de  Votre  Majesté.  J'en  ressens  une  telle  dou- 
»  leur,  outre  celle  qu'excitent  en  moi  les  liens  du  sang 
»  et  l'affection  particulière  qui  nous  unissaient,  qu'elle 
»  ne  saurait  être  plus  grande,  et  j'en  demeure  affligée  au 
»  dernier  point  et  tout  abasourdie.  Pour  ne  pas  augmenter 
»  celle  de  Votre  Majesté  en  l'entretenant  de  cette  matière, 
»  je  n'en  dirai  pas  davantage;  mais  je  viens,  par  le  moyen 
»  de  la  présente,  ne  pouvant  le  faire  en  personne  comme 
»  ce  serait  mon  devoir  et  mon  désir,  lui  otTrir,  avec  toute 
»   l'affection  du  cœur,  mes  compliments  de  condoléance 


*  (1)  Archives  Farnésiennes,  à  Naples. 

(2)  «  Con  tal  nueva  veiiula  air  improviso,  perché  non  si  era  sa- 

piilo  délia  indisposilione,  [nib  V.  S.  consitlerare  il  grandissimo  dulore  e 
dispiacere  che  ne  ricevelle  Madama  Serenissima  niia  signora,  che  (h 
lanlo  e  laie  ch'  io  non  lo  so  esprimere....  -^  (Lettre  de  Nuccio  Serigaii, 
secrétaire  de  Marguerite,  à  Cosimo  Masi,  secrétaire  du  duc  de  Parme,  du 
.■>0  octobre  1578,  aux  Archives  Farnésiennes.) 

2'"''  SI^.IÎIF,  ,    TOME  XXVIl.  6 


(  82  ) 
»  sur  une  pcitc  si  considérable,  et  la  sup[)licr  de  la  sup- 
»   porter  avec  patience  (1).  » 

Au  prince  Alexandre,  son  (ils,  à  qui  la  mort  de  don 
Juan  ouvrait  une  carrière  qu'il  devait  parcourir  avec  tant 
de  gloire,  elle  exprimait  ses  sentiments  en  ces  termes: 
«  Vous  qui  savez  l'amour  et  l'affection  que  je  portais  au 
»  seigneur  don  Juan,  vous  pouvez  imaginer  quelle  dou- 
»  leur,  quel  regret  j'ai  ressenti,  considérant  la  grande 
»  perte  qu'on  a  faite  en  général ,  et  celle  que  j'ai  faite 
»  en  particulier  d'un  frère  si  valeureux  et  qui  avait  pour 
»  moi  tant  d'affection,  et  je  ne  m'en  puis  consoler,  quoi- 
»  que  je  reconnaisse  qu'il  faut  se  conformer  à  la  volonté 
»  de  Dieu  (2) » 


{1)  «  La  nolabilissinia  et  inespeUala  perdila  clie  si  è   faUo   del 

sigiiordon  Gio  d'Auslria  (clie  sia  in  cielo)  è  tanto  grande  el  di  lai  ([aalilà 
che  ciascuno  manifeslamente  con  ragione  ne  deve  senlire  inlinilo  dispia- 
cere,  come  fô  io,  et  più  che  altri  la  Maeslà  Vo§tra,  bavendo  perso  un 
fralello  lanlo  obediente  et  valoroso  nel  fior  de  siioi  aniii ,  et  in  tempo  cosi 
contrario  et  di  lanlo  mancamento  al  servitio  di  V.  M.  Al  che  conside- 
rando,  oltre  aquello  che  me  locca  per  la  consanguinilà  et  parlicolar 
atfetlione  che  era  Ira  di  noi,  ne  sento  lanlo  dolore  che  maggior  noii  puo 
essere,  et  ne  resto  afflillissima  cl  atlonila.  Et  per  non  augmentarlo  alla 
M.  V.  in  trallarli  di  questa  materia,  meglio  è  lacère,  ma  ben  vengo,  per 
mezzo  délia  présente  ,  non  polondo  t'arlo  di  persona ,  come  sarebbe  niio 
debilo  et  desiderio,  a  condolermi  con  lutto  ralîelto  delT  animo,  con 
V.  M.,  di  cosi  grandissima  et  importante  perdila,  et  la  supplico  a  lolle- 
rarla  con  patienlia....  »  (Lettre  du  8  novembre  1578,  aux  Archives  Farné- 
siennes.  ) 

(2)  «  Cosa  che  me  ha  apportalo  lanlo  dolore  et  dispiacere  quanio 

voi  slesso,  chesapete  Tamor  et  affettione  che  li  porlava  ,  vi  polete  imagi- 
nare ,  cl  ne  resto  tanto  alîlita  et  sconsolata  che  in  vero  mi  tiene  atlonila , 
considerando  alla  gran  perdida  che  si  è  fallo  in  générale,  el  io  in  parlico- 
lare  di  un  fralello  tanto  valoroso  el  amorevole,  ne  posso  consolarme, 

ancorchè   conosca   esser  necessario   accomodarsi    al   voler  di   Dio » 

(Leilre  du  20  octobre  4rJ78,  ihid.) 


(  83  ) 

Philippe  II  n'tMit  pas  do  grands  elforls  à  l'aire  pom* 
prendre  en  patience,  comme  la  dncliesse  de  Parme  l'y 
exhortait,  la  perte  de  don  Juan  d'Autriche.  Yaiider  Ham- 
men,  dont  le  livre  renferme,  mêlées  à  des  récits  en  géné- 
ral exacts,  un  assez  grand  nombre  d'erreurs  (j'ai  eu  l'oc- 
casion déjà  d'en  relever  plus  d'une),  prétend  que,  lorsqu'il 
en  reçut  la  nouvelle,  le  Roi,  en  témoignage  de  sa  tristesse, 
se  retira  au  monastère  de  Saint-Jérôme  (I).  La  vérité,  con- 
statée par  des  documents  authentiques,  est  que,  plusieurs 
jours  avant  que  cette  nouvelle  lui  parvînt  (2),  Philippe 
s'était  mis  en  retraite ,  à  cause  de  la  mort  du  jeune  archi- 
duc >yenceslas  qui  se  trouvait  à  sa  cour  et  de  celle  du 
roi  dom  Sébastien  de  Portugal  (5). 

Un  mot  d'Antonio  Perez  fera,  mieux  que  de  longues 
phrases,  juger  de  l'impression  que  produisit  sur  ce  mo- 
narque le  décès  de  son  frère  naturel.  Le  docteur  Piamirez, 
qui  avait  donné  ses  soins  à  don  'Juan  pendant  sa  dernière 
maladie,  en  transmit  an  Roi  nne  relation  circonstanciée, 
dans  laquelle  il  rendait  compte,  en  outre,  de  l'autopsie  qui 
avait  été  faite  du  corps  de  ce  prince.  Cette  relation  était 
adressée  à  Antonio  Perez,  qui  avait  dans  ses  attributions, 
comme  secrétaire  d'État ,  les  affaires  des  Pays-Bas.  Perez 
connaissait,  jusque  dans  ses  plus  secrets  replis,  l'àme  de 
son   maître  :  en   la  lui  envoyant,  il  l'accompagna  d'une 


(1)  «  ....  Don  Filipe  eon  la  nueva  triste  se  retira  al  nionasterio  de  San 
Gerônimo  del  Passo  de  Madrid  ....  »  {Don  Juan  de  Austria,  foi.  525  v°.) 

(2)  Elle  parvint  à  Madrid  le  14  octobre,  par  une  lettre  de  Paris  du  5. 
(5)  Lettre  d'Alberto  Badoer,  ambassadeur  de  Venise  à  Madrid,  écrite 

au  doge  le  14  octobre  1578.  (Arch.  impér.  à  Vienne,  reg.  Dispacri  di 
Spaçina  da  HÎ70  sin  l.')79 ^  fol.  554  v".) 


(  -Si  ) 
note  où  il   lui  disait  (jifelle  ne  contenait  rien  qui  niéiil; 
qu'il  prît  la  peine  de  la  lire  (1). 

Ce  mot  peint  à  la  fois  le  Roi  et  le  ministre. 


APPENDICES. 


Lettres  de  don  Juan  à  Marguerife. 

x\'     I. 

(  Aulographe.) 

Illustrisima  y  Excclcntisima  Seîïorn,  la  caria  de  V.  Ex"  de 
XX  de  hebrcro  me  dio,  â  los  xxix  del  passado,  nios'^  de  Lali- 
loia,  su  mayordomo,  y  en  confomiidad  de  ella,  me  visilo  de  su 
parte,  y  me  dixo  lo  que  traia  en  comission ,  assi  de  la  vo- 
luntad  y  amor  que  V.  Ex^  me  liene  y  ofTresce  y  por  la  obra  me 
dessea  mostrar,  como  del  contentamicnlo  que  recibe  y  le  da 
siempre  entender  nuevas  de  mi.  Yo  le  vi  de  tan  buena  gana  . 
que  ninguna  eosa  oy  pucde  ser  para  mi  de  mayor  eontenta- 
miento  eomo  me  ban  sido  las  que  él  me  dio  de  V.  Ex%  cuyas 
manos  bcso  mucbas  vczes  por  el  euydado  que  en  esto  lia 
tenido  y  la  merccd  que  cou  ello  me  bizo,  que  no  puedo  enca- 
reseerlo,  ni  el  amor  y  voluutad  tan  corresj)ondienlc  que  yo 
tengo  â  V.  Ex"  y  dcssco  de  servirla  ,  como  devo  â  bcrmana  y 


(1)  Archives  (lo  Siniiiicas, /r.s/ado,  Uy^.  578. 


(  8o   ) 

seiiora  inia  }  lo  iTciuierc  mic!>tra  saugrc.  El  sciior  piiiK-ipc  ini 
sobrino  c.^  muy  gentil  cavallero  y  de  valor,  grandes  i)ai'tes,  \ 
bien  quisto,  como  cosa  tan  heredada  de  ta!  madrc.  Por  esto  y 
^cr  cuyo  hijo  es,  y  por  el  deudo  eslrecho  y  aniistad  que  te- 
nemos,  le  quiero  y  amo  tanto  que  su  ausenria  me  causarà 
gran  soledad;  y  bolgué  lo  que  podria  dezir  de  su  casamicnto , 
j)or  scr  de  tanta  calidad  y  tau  couvcniente  à  ambas  partes. 
Plegue  à  Dios  que  dé  muy  larga  vida  â  V.  Ex"  y  â  ellos,  [tara 
que  los  goze,  y  nictos  dellos,  muelios  aiîos,  y  â  mi  para  mos- 
trarles  mi  volunlad  y  desseo  de  servirlos.  Si  antcs  no  lie 
eseripto  à  V.  E.\%  como  era  razou,  ha  sido  la  causa  no  averme 
hasta  agora  â  ello  dado  lugar  mi  poca  cdad.  De  aqui  adelante 
esto  se  podrâ  recompcnsar  sicmpre  ({ue  V.  E.v'  me  embiare  â 
mandai' en  que  la  sirva  y  la  pueda  dar,  como  desseo,  conten- 
tamiento.  Y  porque  lotie  dicho  largo  â  Latiloia  ,  y  V.  Jlx'enten- 
dcrâ  dél  lo  que  mas  de  acâ  le  pleguiese  saber,  â  él  me  remito. 
iVucstro  Scnor  guarde  y  acrescienle  la  illuslri-ima  persona  y 
esiado  de  V.  Ex"  como  yo  desseo. 

De  Madrid,  â  dos  de  abril  M  D  LXV. 

Bcsa  las  manos  à  V.  Ex"*  su  servidor  y  buen  bcrmano, 

D0i\    Ju"    DE    AUSTKIA. 


,1  la  III'""  jj  Ex'""  senora  la  diKiuem  inadama  3/aigarila  de 
Auslria,  ml  liermana  y  senora  (I  ). 


(1)  Celle  lettre  est  d'une  écriture  Irès-soigiiée  el  d'un  caractère  beau- 
coup plus  grand  que  les  lettres  postérieures  de  don  Juan. 


(  86  .) 

N"  H. 

(  Auloyraplio.  ) 

Scfiora,  -Su  M'' ha  lomado  resolucioii  de  mandarmc  ([ucdar 
este  iiivierno  en  estas  partes.  Sinliéralo  miicho,  si  no  cor- 
viniera  tanto  â  su  servicio  conio  me  cscrivc,  por  el  dcseo  que 
tengo  debcsarlelas  manos  :  pero  siendo  esta  su  voliinlad,  por  el 
consiguientc  ha  de  ser  la  niia  obedeseerle.  Y  como  es  agora 
(jiiando  las  cosas  de  liga  se  tratan  y  plâliean  en  Roma ,  niân- 
daine  tanibien  atcnder  â  ellas  desde  aeà,  con  advcrtir  â  sus 
ministros  senalados  para  csto  de  cosas  en  que  siempre  en- 
tran  demandas  y  respuestas  :  que  es  la  causa  de  no  execular 
luego  el  deseo  tan  grande  que  tengo  de  besar  â  V.  Ex"  las 
manos.  Creo  que  de  aqui  25  6  50  dias  se  abrân  puesto  estas 
cosas  de  manera  que,  baziéndoles  yo  poca  falta,  me  dexen  con 
la  libertad  de  executar  lo  que  digo;y  aun,  sin  esperar  â  mas 
que  tanlo,  me  pondre  en  camino  de  ver  â  V.  Ex%  porque  â 
ninguna  cosa  mi  inclino  tan  de  vcras.  Enlretanto,  Senora  . 
suplico  â  V.  Ex",  quanto  pucdo,  me  escu^e  para  consigo  misma, 
pues  no  ser  mio  en  esta  parte  me  liaze  dctener  de  no  partirme 
en  esta  hora.  El  qiiando  sera  avisarc  â  V.  Ex",  algun  dia  anles . 
por  el  conlento  grandisimo  que  yo  recibiré  de  imbiarla  nueva 
que  tanto  me  alegrarâ.  Al  senor  principe  he  cscrito  por  la  via 
de  Roma,  dândole  cuenlo  de  mi  quedada  en  Ytalia,  y  de  la 
ocasion  de  galeras  que  hay  para  Espana,  adondc  quisiera  yo 
mas  aeompanarle  y  servirle  que  vcrle  yr  sin  que  pre  cncial- 
menlc  pudiera  dar  cuenta  â  S.  M.  del  balor  y  diligencia  y 
otras  partes  con  que  le  a  servido;  ([ue  aunque,  por  este  ca- 
mino del  escrivir,  pienso  aver  cumplido  largamenle  con  esta 
verdad,  todavia  fuera  con  mayor  satisfacion  mia  de  voca  â 
voca.  No  se  lo  (jue  el  senor  principe  abrâ  resuello  en  su  yda  6 


(  87) 

110,  jii  ('Il  lo  que  (iiicrrâ  cinploarnic  ;  c>|»("i'iiiulo  csloy  su 
liôrdeii,  para  seguirla  en  ini  posible.  Miiy  de  vcras  toma  S.  M. 
cl  proseguir  en  la  liga,  y  asi  ha  mandado,  y  â  mi  principal- 
nicnte,  que  con  las  niismas  se  atieiula  â  relbrçar  su  armada. 
Vâsc  proeediendo  en  csla  conformidad  en  lodas  las  provi- 
sioncs  que  eonbienen  Esj:cro  en  Nueslro  Sefior  que  lodas  scrân 
â  dano  del  enemigo,  el  quai  se  enliende  ({ue  arma  â  gran  furia 
y  eon  inlineion  de  salirnos  al  encuenlro  :  pero  por  venlura 
nos  loparâ  antes  de  lo  que  ymajina.  Yo,  gracias  à  Dios,  estoy 
va  hueno.  El  guarde  â  V.  Ex'  y  déle  laies  pascuas  y  anos  conio 
yo  selas  deseo. 

De  Xâpoles,  î)  de  eneio  1575. 

Besa  las  nianos  de  V.  Ex'  su  inuy  eierlo  servidor 
y  obedicnle  bermano, 

Don  Jl"  dk  Alsthia. 
A  niidlania  de  lUiniia ,  uiij  senora. 


N"  III. 
(Âulograplie.) 

Scnora,el  dia  de  ayer  fué  âspero  {tara  los  que  eaminaron, 
pero  para  mi  asperlsimo  en  eslremo,  [)nes  me  parli  de  la 
presencia  y  de  servir  â  V.  AU'  :  cosa  que  eslaré  sentiendo 
todo  el  tiempo  que  dui'aré  no  volver  â  besarla  las  manos.  Ile 
pasado  muy  bien  la  noche,  por  durarme  los  regalos  de  V.  AH' 
tan  enteros  como  en  el  Àguila.  Partome  en  este  punlo  â  Sul- 
mona  y  eon  liempo  blando.  Voy  lan  de  V.  Ait'  como  lo  seré 
lodos  los  dias  (pie  viviere;  y  para  eslo  ^uplico  à  Nucslro  Sefior 


(  88  ) 

iiic  la  dé,  V  â  V.  Âll^  la  saliid,  Iclicidad  y   coiiloiUamiciUo 
que  mciTco  y  yo  la  deseo. 

De  Navellas,  savado,  ^0  de  liebrero  lo7ô. 

B.  L.  31.  D.  V.  AU''  su  uias  cierlo  servidor 
y  obcdiciilc  iiermano, 

Do\  Jl"  de  âlsthia. 

A  la  scn'Hiyi.sinia  senora  madania  de  AustrfUy  nii  hernuma 
1/  senora. 


N"  IV. 
(Auloi^raphe.) 

Senora,  la  eausa  de  no  a  ver  escrito  â  V.  AU"  algunos  dias  lu», 
liasido  cstar  todo,  y  yo  prineipalmente,  suspeiiso  y  sin  alguna 
resolucion,  espcrândola  de  cortc,  adondc  lie  inbiado  al  seere- 
tario  Juan  de  Solo,  lo  uno  â  dar  euenta ,  eomo  laii  bien  infor- 
niado  de  cosas  pasadas  y  sueedidas,  y  lo  olro  â  saver  y  pro- 
jioner  que  liaremos  en  el  tiempo  y  provisiones  con  que  nos 
vemos.  Ilasta  que  llegue,  no  ninguna  olra  cosa  se  mchordena, 
sino  que  me  baya  à  Meçina,  y  alli  recoja  toda  el  armada,  para 
aeudir  con  ella  segun  los  andamientos  y  avisos  de  la  enemiga. 
Y  asi  en  esta  conformidad  quedo  dando  priesa  â  todas  provi- 
siones, y  darla  â  Juan  Andréa  para  que  se  parla,  luego  que 
llcgue  con  la  infanteria  ytaliana  de  Lombardia ,  â  Cicilia.  Yo 
enlretanlo  recojerc  todo  lo  que  deslc  reyno  se  ha  de  sacar,  para 
llcvarlo  conmigo,  y  no  dexar  cosa  que  Iraficar  despues;  y  â 
eslo  husarc  de  toda  diligcneia ,  porque  cierlo  parczco  y  estoy 
aqui  ya  muy  mal  y  padeciendo  el  lionor.  He  provcydo,  enlre- 
tanlo «juc  llcgava  este  correo,  con  esta  dcterminacion ,  la  CJo- 


(  8!'  ) 

Ji'la  de  gcnlc  \  toda  inmiicion,  y  â  >Jalla  asiiiiismo;  \  al  lin 
j)rc\cMiido  las  parles  }  higarcs  sospccliosos  de  ecreo.  Agora, 
como  digo,  ([iiedo  }o  alendiendo  â  nii  partida,  y  csperando  la 
iilliina  re-olueion  de  joriiada  y  de  el'eto.  Eslo  es,  Seîiora ,  en 
siistancia  miestro  es(ado,del  quai  lie  dado  enenla  al  seilor  prin- 
cipe, j)ara  lo  uiio  eumplir  yo  eon  mi  obligacioii,  y  lo  otro  j)ara 
que  bea  seguii  eslo  lo  que  mejor  le  estubiere,  (|ue  sera  a  lo 
que  yo  asistiré  eon  todo  mi  posiblc  y  mis  veras.  Ora  V.  Alt"  me 
baga  savei'  como  se  lialla  }  adonde,  \  como  la  tralaii  estos  ea- 
lores  (jue  vaii  entra iido,  pues  no  a}  persona  en  bi  licrra  â  quien 
jnas  tocpic  ni  que  mas  buelgue  de  tener  las  nuevas  que  en  esta 
parte  pueden  desearse.  Su  Mag**  quedava  eon  salud,  el  prin- 
cipe eon  unas  tercianillas ,  la  princesa  algo  mejor,  y  toda  la 
dcmas  sangre  buena;  Flândes  muy  gastada;  el  duque  que  la 
govierna  en  eslremo  odiado,  y  la  esperanza  dudosa  de  allanar 
aqucllos  payses,  aunque  los  que  les  tienen  a  cargo  lo  promc- 
len..  ..  Yo,  gracias  â  Nuestro  Seiïor,  quedo  eon  salud  y  espc- 
rando.  entre  otras  resoluciones,  la  que  Su  Mag''  tomarâ  de  mi. 
Mil  gentes  me  inbian  â  diferentes  partes.  Pero  lo  princijial  sobre 
(]ue  bago  instancia,  y  no  jjequeîîa,  es  por  la  presencia  de  nues- 
tro  patron  ,  eon  el  quai  querria  yo  propio  vernie  y  resolverme. 
Dios  guie  este  efelo  y  guarde  â  V.  Alt"  eon  la  felicidad  v  con- 
tento  que  mcrece  y  yo  deseo. 
De  Nâpoles,  4  de  junio  lo75. 

Besa  las  manos  de  V.  Alt'  su  muy  cierto 
servidor  y  bucn  bermano, 

Do>  Jl"  de  Alstiua. 
.1  la  ser'""  stiioni  niadania  de  Aasiria,  ini  keimuna  ij  ^tiioi-a. 


(  î)0) 

N"  V. 

(Aulogi'a[)he.) 

Scfîora,  cicrlo  V.  Alt"  deve  â  lo  que  la  tlcseo  servir  y  quiero 
lodu  la  merccd  que  â  mi  me  haze.  Muy  grande  la  lie  recebido 
en  saver,  tan  particularmentc  como  Mareelo  me  a  dicho ,  la 
salud  con  que  V.  AU'  se  halla,  y  en  lo  que  en  e  te  tiempo  se 
entretiene.  E  liolgado  tanbien  mucho  de  entender  la  que  ay  en 
toda  su  casa  y  eriados,  porque  pienso  que  no  les  devo  menos 
â  todos  que  ellos  à  V.  Alt^  Y  asi  es  infinito  lo  que  lie  gustado 
de  saver  lo  que  en  esta  parte  deseo;  y  espero,  plazicndo  ix 
Dios,  que,  aun  antes  de  yrme,  volveré  olra  vez  à  cumplir  el 
que  truxe  de  besar  las  manos  â  V.  Alt"  y  entregarme  â  los  rc- 
galos  tan  continuos  de  sus  eriados;  y  âse  de  procurarlo  como 
cosa  deseada  en  estremo,yporobligacioiiypor  amor,y  portodas 
quantas  partes  pueden  dezirse.  Enlrctanto  yré  siempre  dando 
â  V.  Ait'  cuenta  de  ml,  para  valerme  de  todos  los  favores  que 
recibo  y  mercedes  que  me  haze.  En  lo  que  esta  agora  mi  partida 
dire  algo  claro,  por  la  siguridad  que  lleva  esta  letra  de  verse  â 
manos  de  V.  Alt\  Sciïora,  yo  lie  deseado  estranamente  hazer 
la  Jornada  de  Argel ,  y  principalmcnte  este  aiïo  que  la  armada 
enemiga  no  saldrà  tan  numerosa  de  bien  armadas  gâteras  que 
liosâra  desviarse  tanto  d'estas  mares,  y  en  tiempo  tan  al  inbierno 
como  fuere  al  fin  de  agosto.  A  este  fin  heencaminado  mis  dcs- 
pachos  en  corte ,  y  prevencioncs  por  acâ,  y  élo  hecho  tanto  mas 
animado  quanlo  que  savia  yo  que  era  esta  la  voluntad  de  Su 
Mag*^,  aunque,  â  dezir  verdad  ,  cl  es  muy  mal  scr\ido  dcstos 
ministros,  que  aticndcn  mas  â  si  que  no  â  su  aino.  Y  por  volvcr 
à. mi  plâtica,digo  que,  tinicndo  ya  leslos  una  gran  parle  de  pcr- 
trcchos  de  guerra  à  este  propôsito,  lie  visto ,  en  este  l'iltimo 
despaclio  que  aun  no  es  eii  respuesia  de  Soto,  la  inposibilidad 
(|ue  en  corlc  [larecc  que  tiene  esta  jornada.  Y  como  cl  tiempo 
cslâ  ya  tan  adelanle,  y  jior  empccar  muclias  cosas  ([uc  lallaii, 


(  !»»  ) 

y  la  principal  la  rcsolurioii  dr  do  ha  de  venir  jimlo  eon  la  liér- 
den,  y  que  esta  se  inclina  anles  â  que  se  vea  lo  que  hazc  el  ene- 
niigo,  ine  e  resuelto  al  lin  de  nuidar  antcs  de  opinion  que  de 
aventurar,  sin  lener  eon  que,  lo  que  en  esta  emprcsa  pudicra 
aventurarse.  Y  asi  me  yré  presto  â  Meçina,  adonde  estaré  aper- 
(■el)i(lo,lo  uno  para  ver  quénosdescubreel  armada  eneniiga,  y  lo 
olro  para,  si  nos  da  qiialquiera  lugnr,  acudir  â  lo  de  ïunez,  para 
lo  quai  crco  (juc  tenenios  lo  que  conbienc,  si  el  liempo  no  nie 
l'alta.  Y  es  cicrto  que,  pensando  anles  que  fueranios  ô  Argel , 
escrivi  eon  grande  encareeimiento  â  Su  Mag'',  aceordândole  las 
partes  y  deseo  del  seïïor  princi[)e  para  ser  ocupado  [;or  Su  Mag'' 
en  aquella  jornada,  en  la  quai,  si  se  efetuâra,  quisiera  yo  verle. 
Esto  es,  Senora,  en  sustancia  lo  que  pasa  y  la  cuenla  que  jiuedo 
dar  de  jni  y  de  mi  cargo  â  V.  Alt^  Y'ré  siempre  conlinuândola 
segun  las  ocasiones  y  tiempo  dieren  lugar.  Creo  que,  acabado 
este  verano,  tendre  cierta  licencia  :  ya  digo  que,  antes  de  iisar 
délia,  qiiiero  en  lodo  caso  besar  las  manos  de  V.  AU";  pero  el 
(pian do  y  como,  dire  quando  sepa  lo  que  sera  de  mi  Entretanto 
la  suplico  me  tenga  en  su  memoria  y  en  su  gracia,  y  que  me  de 
de  su  salud  siempre  nueva,  pues  segun  la  que  fuere  sera  mi 

ânimo  y  mi  conten'to Suplico  h  V.  AU''  sea  para  si  sola  lo 

(jue  en  esta  la  escrivo  y  mancfe  romperla  luego,  porque  al  fin 
[)a pelés  son  papeles.  Ile  mandado  â  don  Rodrigo  de  Venavides 
solicite  un  retrato  mio  para  inbiar  â  V.  AU',  y  crco  lo  podrâ 
llevar  agora  Marcelo,  â  (juien  me  remito  â  todo  lo  demas  que 
V.  AU"  querrâ  saver,  a  quien  Nuestro  Senor  me  guarde  como 
deseo,  V.  AU"  merece  y  él  puede. 
De  Nîipoles,  2G  de  junio  1575. 

Besa  las  manos  de  V.  AU'  su  mayor 
servidor  y  bermaiir>  obediente, 

Don  Jl"  de  Austhia. 
A  la  scr'""  scfiont  niaïUuna  (le  Auslria,  mi  hcrtnana  ij  senarK. 


(  1)2  ) 

N    VI. 

(Aulogiaphe.) 

Scnora uo  se  lo  que  harcinos  este  poco  vcraiio  que  nos 

(|ue(la.  Aqiii  estoy  esperando  cada  dia  el  armada  eneiniga  ; 
pero  no  sera  posible  cosnbatir  eon  ella  sin  nias  armada  nueslra, 
porijue  no  de  poco  es,  por  mis  peeados,  inferior  â  la  del 
enemigo  :  cosa  que  siento  en  e!  aima,  y  que  atribuyo  à  parli- 
cular  desgracia  mia,  no  ser  un  poco  mas  ygnal  ;  que  cierto 
para  eonbalir  no  esperâra  a  ygualdad  por  ygualdad,  sino  que 
eon  Iiarta  >entaja  que  nos  luviera  lo  hiziera;  pero  pasa  de  no 
])e(iuena  la  que  nos  lleva.  Doyme  enlretanto  priesa  â  ganai- 
tiempo,  para  ((ue  en  tiniendo  alguno  acudir  â  lo  de  Tunez,  que 
auqque  sele  a  metido  nuevo  socorro  y  génie,  lodaxia  espero 
en  Nueslro  Seîior  la  ganaremos,  si  este  enemigo  me  da  qual- 
(juier  poco  lugar 


De  Meeina,  19  de  agoslo  1575. 


Don  Ju"  de  Alstkia. 


N«  VII. 

(Aulographe.) 


Seiiora ,  ya  porolras  vias  abrâ  V.  Alt"  sabido  en  sus(ancia  la 
ûllima  liôrden  que  me  a  lomado  de  Su  M;ig'',  mandâudomc 
(juedar  en  Lombardia  :  eosa  que  siento  barlo  mas  de  lo  (jue 
sabi'ia  encarezer,  por  todas  las  razones  que  V.  AIT'  tiene  tan 
i)ien  enlciidiilas  ;  \    |>ai'(icularmcnle  me  duele.  poi'jpie  Cuera  , 


(:*J3  ) 

i\  ini  jiiizio,  de  nias  (Viito  mi  ydn  â  corle  (juc  la  qiiodatla  coiiio 
Ja  hai^r).  Por  (jiic  m'c  rcsiicUo  de  inbiar  al  scîcrclario  Juan  de 
Soto  â  Espaiîa  â  Iralar  todo  lu  que  yo  llevava  en  menioria,  (juc 
/îo  sera  poco;  y  enlretanto  ine  quedaré  en  Vigcven,  xx  millas 
de  3Iilan,  sin  entender  ni  empachanne  en  nada  de  mi  comi- 
sion  hasta  que  el  diclio  Soto  vuciva  ,  porque  para  aventurar  Io 
ganado  de  honor,  conoridamente  y  sin  proveeho  alguno,  Io 
mejor  es  dcxarme  eslar,  â  Io  menos  liasta  que  Su  Mag''  Io  en- 
tienda  desta  manera.  Lo  principal  que  agora  [)retcndo  es  salir 
con  el  armada  â  inpedir,  en  quanîo  se  pucda,  los  efctos  de  la 
dcl  encmigo,  adonde  quiça  se  ganâra  mas  honra  que  en  eslas 
|)artcs,  sin  tener  â  que  atender  ni  mas  que  tanlo  en  que  ocii  - 
parsc.  Mando  tambien  â  Soto  que,  si  en  eorte  cntendiere  que 
se  trata  de  inbiarme  â  Fiândes,  que  responda  que  j)ara  lai 
resolucion  eonbiene  antes  verme  con  Su  Mag'',  y  que  yo  no 
sabré  tomarla  sin  que  primero  suceda  esto.  Lo  que  Su  Mag'  me 
escrive  y  bordena  e-^  ([ue  asisia  en  Milan,  basla  que  me  niande 
olra  eosa,para  dar  cuydado  de  aili  â  los  vezinos  y  pi'oveer 
â  Flândes  de  gente,  y  â  olros  efctos  taies,  encargândome  la 
inleligencia  de  todo  lo  que  toca  â  gnerra,  y  dizeme  (jue  por 
este  verano  solamente.  Dios  lo  quiera  asi,  eomo  lo  esjjero. 
Esto  es,  Scfiora,  en  sustancia,  lo  que  contiene  el  despacb.o  de 
quedarme  y  lo  queyo  resuelvo,  porque  quedo  con  muy  poco 
dinero  y  con  el  autoridad  quebrada;  y  asi  no  me  ocuparé  en 
nada,sino  todo  lo  remitiré  al  marqués  de  Ayamonte,  v  yo 
me  estaré  en  Vigeven  hasta  que  Juan  de  Soto  vuelva.  Solo  me 
buelgo  cierto  de  qiiedar  en  estas  partes,  por  la  compaïïia  y 
vezindad  del  seîïor  principe,  que  a  determinado  de  no  \r  â 
Espaîia  por  agora  :  cosa  de  que  yo  estoy  muy  contento,  {lor  lo 
que  me  le  darâ,  lo  uno  su  compaiiia  y  vezindad,  y  lo  otro  el 
parccer  juntos  ante  Su  Mag''.  Yo  me  [)arto  luego  h  dormir  esta 
nocbe  en  Sarraval,  y  de  alli  siguiré  mi  camino,  adonde  creo 
encontraré  al  scùor  principe,  para  ruyo  cfeto  voy  muy  albo- 


(  94.  ) 

rolado  y  eoiitcnto.  De  lo  dcniaj  de  mi  que  fiierc  siicediendo 
yrc  danda  ciienta  â  V.  All%  â  quicn  Nucstro  Sciïor  gitardc 
eomo  yo  dosoo. 

De  Geiiova,  â  G  de  mayo  1574. 

Besa  las  nianos  de  V.  AU''  su  mayor  scrvidor 
y  obediente  hermano , 

Do.\  Ju°  DE  AusxniA. 

A    la   ser""   senora   madama   de    Austria,    mi   kermana   // 
xenora ,  en  su  mano. 


\ 


N"  Vin. 

(Autographe.) 

Senora,  téngamc  V.  Alt' jiistamenle  por  escusado,  si  no  he 
respondido  à  sus  dos  carias,  que  a  dias  que  he  recibido,  de 
19  y  28  de  agosto  ,  pues  en  lo  que  he  andado  siempre  me  a 
negado  liempo  y  lugar  de  hazerlo;  y  agora  digo  â  V.  AU"  que 
tambien  estoy  tan  embaraçado  que  â  penas  puedo  dar  nueva 
de  mi.  Las  de  por  acâ  se  abràn  entendido,  mas  largamente 
que  aqui  dire,  del  senor  principe  y  de  otros  :  cosa  que  à  mi 
me  tiene  maravillado  y  muy  dolido,  no  tanto  por  lo  que  se  a 
pcrdido  en  las  plaças  de  Berberia  como  porque  se  nos  retire 
el  enemigo  vitorioso  y  honrado,  quando  atendemos  nosotros  â 
juntarnuestra  armada  y  se  gasta  el  diuero,  que  tanto  se  mira 
por  él,  sin  ticmpo,  sin  sazon  y  sin  olro  fruto  que  mal  gastarle. 
Quando  parti  de  Nâpoles,  aquel  dia  se  pcrdiô  la  Goleta,  y  â 
penas  pude  juntar  média  armada  en  Palermo  quando  siguiô  â 


(  ri  ) 

l.i  GoIcLa  cl  l'iierlc  de  Timcz  :  de  ninnorn  (juf  ol  (liligciil;irni<; 
a  |)arlirmo  de  Lomhardia  sin  liùrdeii  lambien  lia  sido  inba- 
lido^  Que  fiiera  si  la  espcrâra  hasla  quando  me  llego,  que  fué 
cslando  en  Paiermo?  Al  fin  todo  va,  Seïiora,  en  pcligroso 
estado;  y  en  verdad  que  no  es  en  parle  toda  la^'ulpa  de  Su 
Mag^',  sino  en  consentir  â  los  que  goviernan  sus  Estados  que 
no  tengan  por  (an  suyo  el  vezino  y  cl  que  no  lo  es  como  el 
que  es  â  cargo  de  cada  ministro.  Mire  pues  V.  AU''  que  sera 
junlando  â  esto  dexar  pasar,  como  agora,  el  tiempo  que  deve 
ocuparse  no  solo  en  estorvar  al  enemigo  sus  efetos,  pero  aun 
(|ue  de  razon  deviamos  atender  â  otros  nucstros.  Yo  esj)ero 
oyr  cada  dia  que  el  enemigo  se  aya  rclirado,  y  abrâlo  cierio 
liecho  dias  a,  si  esle  liempo,  (jue  tan  contrario  nos  es,  selo  a 
eonsentido;  y  bien  creo  que  ya  por  este  aîio  no  nos  queda  mas 
(]ue  esperar  ni  temcr,  porque  para  todos  ha  entradoel  inbicrno 
y  ccrrâdose  las  ocasiones,  mayormente  para  nosotros,  que  ni 
ballamos  ninguna  ni  aun  tenemos  forma  de  cmprender  cosa 
(juc  balga.  Abrâ  al  On  de  parar  todo  en  retirarnos  al  solilo  ciî 
hora  buena  6  mala;  y  yo  cierto,  sin  mas  detenerme,  pasaré 
luego  à  E^pafia  :  que  es  el  punto  à  que  agora  lengo  puesta  la 
mira;  pero  avisaré  antes  â  V.  All%  y  aun,  si  posible  es,  la 
bcsaré  las  manos.  A  la  ûltima  de  V.  Alt''  por  ser  en  respuesla 
de  otra  mia ,  tendre  poco  que  dezir,  y  a  la  primera  menos , 
pues  lo  que  toca  â  la  autoridad  y  lionor  del  seiior  principe 
save  él  que  lo  estimo  en  el  grado  que  lo  que  toca  â  mi;  y  a.vi 
cierto  es  una  de  las  cosas  por  que  he  senlido  mucbo  no  averse 
ofrecido  alguna  ocasion,  el  no  aver  podido  hazer  con  cl  lo  que 
traya  en  designo,  como  lo  save  el  sciïor  principe,  â  quien  yo 
quiero  lo  que  dcvo  â  V.  All%  â  toda  su  casa  y  a  mi,  j)ues  soy 
lan  cercano  dcudo  y  tan  grande  amigo  suyo.  Ilazémonos  en 
todo  muy  buena  compaîiia,  y  la  misma  nos  liaremos  siempre 
que  estemos  juntos,  como  crco  lo  cscrivirâ  mas  largo  à  V.  Ail". 
A  Juan  de  Solo  estoy  esperando  cada  dia,  el  ({ual  ha  llegado  ya 


(;»6  ) 

â  Ytalia  :  pcro  hncn  dospacho  cicrto  iiibianne  â  caho  de  ciiico 
iiiescs  que  a  que  le  despache,  advirtiendo  a  lo  que  a  sucedido, 

y  aeordando  y  antepuniendo  el  remedio 

De  Tra|)ana,  â  5  de  otubre  1574. 

Bcsa  las  manos  de  V.  AU''  su  mayor  servidor 
y  obedienle  lieimano, 

Don  Jl°  de  A [  stria. 
A  la  ser'""  sefiora  madama  de  Austria,  mi  hermcuiu  y  ficnora. 


N^  IX. 

(Autographe.) 

Senora,  yo,  gloria  a  Dios,   lie   llegado,  algunos   dias 

a,  â  esta  eorte,  adonde  he  recebido  tanta  nierced  de  Su  Mag'' 
que  })oi'  solo  csto  doy  por  mas   que   bien   empleada   nii  ve- 

nida Despues  de  aver  llegado,  creo  que  se  tiene  enten- 

dido  lo  de  Ytalia  muy  de  otro  modo  de  lo  que  antes  estava. 
Pensé,  como  lo  a  via  suplicado  â  Su  Mag'',  estar  en  esta  corte 
algun  tiempo;  pero  al  fin  se  a  resuelto  mandarme  volver  â 
essas  partes,  y  con  lanta  priesa  que  se  la  da  grande  â  despa- 
cliarme.  Creo  me  partiré  mediado  el  mes  que  entra,  y  creo 
tambien  que  yrë  â  empeçar  nueva  suerlc  de  servicio  en  con- 
formidad  de  lo  que  conviene  al  de  Su  Mag^.  Entretanto  se 
atende  â  venoer  neccsidades  y  â  dar  priesa  â  lo  con  que  lie  de 
servir  y  defender  este  vcrano.  A  todo  ello  doy  tan  continua 
priesa  que  cada  dia  en  consejos  y  fuera  dellos  no  liago  cosa 
que  esto  no  sea;  pero  el  tiempo  esta  ya  tan  al  verano  que  no 
me  contcnto  de  lo  que  no  veo...  .  Aqui,  Seilora ,  son   todo> 


(  !)7  ) 

conscjoi;  cacl.M  (lia  Icngo  dos,  si/i  olras  mil  ocupacioncs  que  no 

mv  d(v\aii  licinpo  (jiic  uiio  pucda  llainarse 

Do  -Madrid,  â  I  :>  de  IVbrcro  do  157o 

Don  Ju"  de  Atstria. 


N°  X. 

•    (Autographe.) 

Scnora, doxé  à  Su  Mag^'  bucno,  gracias  à  Nucslro  Se- 

iior,  |)oio  tnii  faligado  de  ncgocios  que  demas  de  vérselo  va 
en  ol  roslro  y  canas,  es  muclio  de  temerlo.  Las  niievas  que 
de  nuestra  corte  podré  dar  â  V.  AIT  son  cierto  poco  huenas , 
porque,  conio  no  tiene  Su  Mag''  con  quien  descansar,  anda 
cada  uno  lleno  de  confusion  y  nucslro  amo  de  fatiga ,  y  los 
ncgocios  sin  el  espcdicnte  que  otras  vezes.  Cierto  que  es  gran 
lâslima  quai  dexé  aquella  corte,  y  con  todo  certifico  â  V.  .4lt'  que 
holgaria  yo,  y  lo  traté  muy  de  veras,  no  salir  de  ella  ;  pero  parecio 
â  Su  Mag''  que  acâ  podia  volverle  â  servir  en  tiemj)0  y  ocasiones 
de  imporlancia  ;  y  asi  ube,  como  sicmpre,  de   obcdecer  su 

rcsolucion Para  con  V.  AU'' solamente,  y  asi  selo  suplico 

yo  por  mnclios  rcspeto^  t''aygo  tambien  liôrden  de  lo  que 
cadauno  lia  de  bazer,  que  es  estar  â  obcdiencia  :  pero  desta 
se  a  de  usar  quando  algun  ministro  se  persuadierc  lo  contrario, 
lo  quai  no  creo  succdcrâ,  porque  por  carias  ban  entendido  lo 
que  les  toca 

De  Nâpoles,  â  19  de  junio  de  1575. 

Don  Jl"  de  Al  stria. 


2™''  SKP.IF  ,  TOME   XXVn. 


(  ^^^  ) 

xN^  XI. 
(Autographe.) 

....  Ora,  Seîïora ,  quanto  à  estas  cosas  de  Génova ,  ellas  vaii 
como  se  abrâ  entendido.  El  papa  no  ([iiiere  acavar  de  satisfa- 
zerse  de  la  intincion  biiena  y  pacifica  de  Su  Mag'',  aiinqne 
la  tiene  de  no  consentir  que  nadie  se  mezcle  entre  Ginoveses; 
y  asi  estoy  yo,  en  su  nombre,  con  sus  armas  casi  juntas  para 
no  permitirlo;  y  desco,  pues  me  esta  remitido  desde  que 
Escobedo  llegô,  que  estas  esten  libres  para  oponerse  al  verano 
â  nuestro  corn  un  enemigo  el  Turco;  y  por  cso  doy  priesa  por 
mi  parte  â  que,  si  a  de  aver  concierto,  se  tome  en  pocos  dias , 
y  sino  eonsintiré  el  camino  de  la  fuerea,  porque  en  este  in- 
bierno  sepamos  y  antemiremos  lo  que  al  verano  sera  de  nos- 
otros.  Y  para  dar  cuenta  de  todo  â  Su  Santidad,  y  suplicarle  no 
se  altère,  sino  dexe  â  quien  toca  allanarle  estas  rebiieltas,  sin 
otro  fin  que  el  de  la  proteccion,  como  por  lo  pasado,  lie  inbiado 
à  Roma  al  secretario  Escobedo.  Entretanto  creo  que  por  quinze 
Il  veinte  dias  se  sobrcseerân  armas  por  los  viejos  y  nuevos  de 
Gçnova,  para  qu'el  concierto  tome  forma,  ô  se  conozca  la  in- 
tincion d'e>tos  j)oderes  y  dccrctos  que  dan  de  remision  los  de 
dentro.  Al  fin  las  quiétudes  6  desasosiegos  d'esta  causa  con- 
sisten  solo  en  que  Su  Santidad  no  se  ai)asione,  sino  liaga  oficio 
de  padrc  que  es  de  lodos,  amando  la  equidad ,  sin  deciararse 
por  nadie  contra  su  brazo  derecho,  que  es  Su  Mag^'.  Esto  es 
sucintamcnte  el  cstado  d'cstos  principios  de  garbullo.... 

De  Nâpoles,  â  l'iltimo  de  seliembre  l;)7;j 

Don  Jl"  de  Austria. 


(  ^>^>  ) 

N    XII. 

fAulographe.) 

Senora,  yo  hc  llcgado  aqui  con  la  soledad  de.  ^^  Alt'' que 
tendre  siempre  que   no  estubierc  adonde  conlinuamente  la 
pueda  ver  y  bcsar  las  nianos;  y  asi  deve  estar  cierta  V.  Alt^  de 
que  quantas  vezes  me  diere  el  lienipo  ocasion  de  liazcrlo,  no 
faltaré  alcumplimiento  de  tan  gran  deseo,  causado  de  tan  gran- 
des obligaciones  eomo  yo  tengo  y  V.  Alt"  me  a  dado.  La  soledad 
que  me  cscrive  averla  yo  dexado,  y  la  que  me  a  diclio  don 
Diego  de  Mendoça  que  quedô  en  V.  Alt%  es  en  todo  eonforme 
â  la  mia  y  à  lo  que  se  deve  al  verdadero  amor  y  deseo  de  ser- 
virla   que  en  mi  ay  :  por  lo  quai  no   dudo  de  que   siem[)re 
estarë  recibiendo  esta  merced,  entre  las  demas  que  alcanço  de 
V.  Alt%  a  quien  suplico  me  la  haga  en  darme  las  nuevas  de  sî 
que  estaré  esperando  decontinuo  con  infinito  deseo  adô  quiera 
que  me  hallare,  y  esta  por  la  iiltima  sera  la  que  procuraré  }o 
merccer  a  todo,  y  mas  que  ml  possible,  pues  es  mas  lo  que 
conozeo  dever  yo  a  V.  Alt^  Partiréme  de  aqui,  â  dos  ô  1res  del 
mes  que  entra ,  â  Lombardia ,  eomo  alli  en  prescncia  de  V.  Alt^, 
lo  resolvi.  Escrivenme  de  aquellas  partes  que  mi  presencia 
sera  de  proveclio   para  las  cosas  de  Gënova,  y  en  la  misma 
conformidad  de  lo  que  viô  V.  A\V  dura  la  instancia  que  me 
bazen.  Y  asi,  despues   que   llegué,me  lie  dado  priesa  en 
mandar  adereçar  galeras  y  las  demas  cosas  necessarias  â  mi 
partida,  de  modo  que  al  tiempo  seiialado  me  partiréc,  si  el  mismo 
tiempo  no  me  lo  inpide.  Yo  voy  â  Lombardia;  pero  â  la  f e . 
Madama,  si  puedo,  passaré  â  E^paiîa,  porque,  â  mi  juizio, 
sera  lo  mejor  para  todo  lo  que  se  trata,  y  por  liuir  de  tan 
peligrosas  ocasiones  eomo  anteveo  para  este  vcrano,  y  de  tan 
peligrosa  conipania  eomo  es  la  desle  virrey,  con  quien  lie  pa- 


(  -iOO  ) 

sado,  despues  (jue  llegiié,  lo  que  nias  Inrganienlc  csrrivirâ  à 
V.  AU'  Juan  Ferrante  (I),  si  puede  el  pobre  levantaise  de  la 
cama  adô  le  liene  su  gota  ordinaria.  Peio  volviendo  al  easo. 
este  virrey  es  niuy  descomedido  y  niuy  poco  considerado,  pues 
cstando  yo  ya  présente,  prendiô  y  diô  la  cuerda  à  eierlos 
eriados  de  don  Alonso  de  Leyva  que  hazc  oficio  de  gênerai  de 
las  galeras  de  Espana.  Habléle  sobre  esto,  y  dixele  â  lo  ùltirao 
que,  como  le  abia  mandado  prender  un  eapitan  de  armas  con 
quien  sucediô  la  ocasion  de  esta  causa,  que  tambien  casligaria 
â  quien  me  lo  mereciese,  si  no  se  mirase  mas  que  por  lo  passado 
en  eomo  se  procedia.  Al  fin  ubo  mas  que  dezir  que  entenderâ 
V.  Ail"  mas  largo,  si  Juan  Ferrante  puede  oyrme;  que  por  serlo 
el  cuento,  y  yo  no  tener  lugar  de  escrivirle,  no  lo  liago.  Solo 
en  sustaneia  digo  que  esto  no  puede  durar  eon  este  liombre, 
porque  quiere  tralar  como  Dios,  y  sus  partes  son  como  de 
bestia.  Perdone  V.  Alt"  el  bocablo,  j)ues  es  ci  mas  j)ropio  en 
este  sujeto.  Volveré,  antes  de  yrme,  â  dar  nueva  cuenla  de 
mi  â  V.  Alt'''  y  de  lo  que  mas  ubiere,  si  algo  fuere;  que  agora 
todo  es  aver  hallado  lo  de  aqui  muy  peor  que  lo  dexé,  sin 
dinero  ni  provision  ni  forma  de  averla.  Nuestro  Seîior  lo  re- 
médie y  dé  â  V.  Alt*  quanto  mereee  y  yo  le  desco. 
De  Nâpoles,  â  24  de  enero  1370. 

Besa  las  martos  de  V.  Alt^ 
Su  mayor  servidor  y  obediente  bcrmano. 

Don  il"  DE  AusTRiA. 
A  la  ser'""  scnora  maihinia  de  Auslria ,  mi  lieruiana  y  scnora. 


(1)  Gio.  Forranto  Siignica,  rim  des  goiiCil.siioïnnirs  de  Mupyueiile. 


(  101   ) 

.V  XIII. 
(Autographe.) 

Scnora,  picnso  qtic  Jli°  rcrrnntc  abiâ  cscrito  à  V.  Ail", 
algunos  (lias  a,  como  mi  yda  â  Lombardia  cesô,  porquc  en 
quellos  dias  que  avia  de  partirme,  hizo  laïcs  lienipos  que  no 
dcxaron  navegarsc.  Despues,  con  las  buenas  nucvas  que  nos  11c- 
garon  de  lo  de  Génova  y  con  las  nucvas  neccssitadcs  que  por 
estas  bandas  apretavan  con  armada  cnemiga,  pareciô  que  cra 
cslo  à  lo  que  combenia  principalmente  atender,  y  confirmôsc 
con  mandar  Su  Mages  lad  que  asi  se  hiziese.  Pero  para  la  exe- 
cucion  dello,  si  bicne  nuestro  cnemigo,  eslamos  por  nueslros 
pccados  lan  dcsprovcydos  y  fallos  de  lodo,  y  sciialadamcnte  de 
dincro  y  lo  demas  con  que  la  gucrra  se  sustenta,  que  certifico 
â  V.  All^  que  tanto  tardarâ  en  perdcrse  lo  que  cl  cnemigo  cm- 
prcndicre  quanlo  él  lo  dilatare,  por([ue  â  cslo  se  junta  tan  las 
otras  cosas,  y  ay  para  cada  una  tantas  dificultades  que  no  se 
trata  de  otra.  Mire  V.  Alt*  que  gentil  cargo  es  cl  mio,  y  quai  me 
devo  de  hallar.  Escritoloe  à  Su  Mag*^  lan  claro  como  se  deve  con 
don  Juan  de  Cardona,  y  hecho  por  mi  parte  quanto  me  a  tocado, 
aunque  ya  savemos  que  no  basta  esto  adonde  no  se  alcançan 
milagros,  y  cslos  solo  â  Dios  es  dado  hazerlos.  Yo  cierto,  por 
muy  grande  le  tendria  que  no  baxase,  como  se  dize,  el  armada 
este  aîïo,  porque,  si  biene,  y  pujantc  como  sucle,  muy  bien 
apcrcebidos  nos  hallarâ,  sin  gcnte,  vitualla,  municioncsyal  fin, 
por  abrebiar,  sin  cosa  alguna  de  quantas  son  mcnester,  porja 
falta  de  dinero,  y  por  la  poca  6  ninguna  sustancia  que  de  la 
corte  se  me  imbia  y  acâ  me  dan.  Con  todo,  por  cum[)lir  si  quiera 
con  migo  mismo,  yo  me  partiré  â  Çaragoça  de  Cicilia  denlro  de 
poL'Os  dias,  y  desdc  alli ,  si  la  salud  lo  sufrc,  procuraré  mclcr 
la  génie  que  pudicre  en  Malta,  6  quando  n)as  no  pucda,  con 
la  que  me  ({Mizicrc  scguir,  y^é  yo  adô  vicre  scr  la  ncccssidad 
mayor,  ])ucs  para  olra  forma  de  provision  ni  a\  gcnte  Icvan- 


(  10-2  ) 

tada,  ni  para  sacar  la  ordinaria  de  sus  alojamientos  ay  tan  poco 
un  rcal.  De  aqui  llevaré  algunas  compaîiias  con  migo ,  y  con 
hasta  22  galcras  me  partiré,  y  me  seguirâ  luego  con  las  de  su 
cargo  cl  marqués  de  Santa  Cruz.  Lo  demas  que  ay  que  guardar, 
como  â  dezir  Ccrdena,  Mallorca  y  otras  islas,  guârdelas  Dios, 
que  puede.  Este  es,  Senora,  el  miserabilisimo  eslado  présente 
en  sustancia.  Yo  me  ando  fuera  de  Nâpoles,  porque  son  tanlos 
los  que  acudcn  con  memoriales  por  dincros,  y  lan  poco  el  que 
lengo,  que  por  no  perder  tiempo  alli  para  mi  despacho  en  respon- 
dcr  â  todos,y  por  no  negarles  lo  que  tan  justamentc  piden,  y  por 
librarme  de  otros  cien  mil  embaraços  taies,  huelgo  principal- 
niente  de  no  eslar  en  aquella  Babilonia  de  confusion.  Quanlo  lo 
dcve  ser  agora  Flândes,  pues  estando  tan  peligrosos  aquellos 
Estados  por  tantas  vias  y  maneras,  le  falta  governador,  cmbcr- 
dad  que  lo  temo  infinitamcnte,  mayormente  se  los  différencias 
de  Franceses  llegan  â  concierto  como  la  madré  lo  trata  y  pro- 
cura muy  de  veras.  Gran  micdo  tengo  que  con  esta  ocasion  me 
a  de  ser  propuesto  un  dia  deslos  que  baya  yo  â  Flândes.  Su- 
plico  â  V.  Alt''  que,  como  tan  mi  sciïora,  madré  y  hermana  que 
me  es,  baya  desde  luego  pcnsando  en  tal  caso  que  baré,  como 
y  en  que  me  resolveré;  que,  si  Su  Mag*^  me  lo  mandare,  escri- 
virloe  antes  â  V.  AU%  si  puedo,  para  resolverme,  como  digo,  con 
su  parecer  y  opinion,  pues  con  esto  cstaré  muy  contento  con 
lo  que  fuere.  Y  asi  la  suplico  que  desde  luego  pieuse  y  me 
diga  algo  de  lo  que  se  le  ofrece  sobre  este  caso ,  que,  como  digo, 

creo  que  me  a  de  ser  propuesto  y  bordenado 

De  Prosita ,  â  4  de  abril  1576. 

Besa  las  manos  de  V.  All^  su  mayor 
servidor  y  obediente  bermano, 

Don  Ju°  de  Austria. 
À  la  ser'""  senora  madama  de  Austria,  mi  hermana  y  senora. 


(  105  ) 

iV  XIV. 

(Autographe.) 

Scnoi'ci,  i)or  las  copias  de  dos  carias  (juc  he  rcccbido  de 

Flàndcs,  vcrà  V.  AU"  cl  mal  cstado  de  lo  de  alli.  Y  asi  consitie- 
rando  yo  esto,  y  quanto  es  grande  cl  remcdio  que  aqucllopide, 
y  que  aqui  no  tcngo  que  hazer,  slno  espéra r  al  secretario  Es- 
cobedo,  que  esta  muy  despacio  negociando  sin  acavar  de 
darlc  resolucion  que  balga,  y  considerando  con  esto  otras 
mucbas  cosas  largas  que  remito  à  la  prudencia  y  discrecion 
grande  de  V.  AIt%  me  e  resuclto  yo  en  partirme  lucgo  à  Espana, 
y  dar  â  entcnder  à  Su  iMag^  como  â  quien  mas  duele  y  toca  su 
servicio,  que  lo  de  Flândes  pide  antes  grandes  remedios  y  taies 
quales  dcven  procurarse  â  un  cuerpo  ya  casi  difunlo,  que 
bôrdenes  c  instruciones  infinitas,  que  aun  verse  no  podrân 
quanto  mas  executarse.  Junto  con  eslo  trataré  de  otras  co-as, 
y  enellas  dire  lo  que  entiendo  y  lo  que  se  tan  dcsnudamentc 
quanto  cumple  se  conozcan.  Yo,  Seîïora,  para  esta  mi  yda 
hallo  muchos  conbinieneias  que  me  harian  conçiencia  no  ba- 
zerla,  y  asi  la  tengo  tan  determinada  que  me  partiré,  Dios 
quiriendo,  maiîana  â  Génova,  y  otro  dia.dc  alli  â  Espana  en 
dos  galeras  que  se  an  podido  reforçar  de  cinco  que  avia  con 
las  de  la  Senoria  propia.  Desta  mi  determinacion  doy  la  cuenta 
que  puedo  â  quien  de  mis  pensamientos,  antes  de  executarlos, 
querria  yo  darla  siempre.  Suplico  â  V.  Alt^'  me  escriva  y  de 

nuevas  de  su  salud 

De  Milan ,  â  1 1  de  agosto  1 576. 

Besa  las  manos  de  V.  Alt"  su  mayor 
servidor  y  obedienle  bermano, 

D0>  iV"  DE  AUSTRIA. 

A  la  se  r'""  SI' m  m  maddina  fie  Aaslria,  }ni  hcrinann  ij  senora. 


-  (  104  ) 

N"  XV. 

(Autographe.) 

Scnora, yo  veo  bien  lo  que  ay  en  la  jornada,  por(iue 

desde  susprincipios  tiene  grandes  dificultades,  Iravajos  y  peli- 
gros;  pero  va  lambien  lleva  el  hombre  mas  que  ofrecer  â  Dios, 
y  nias  con  que  obligar  à  Su  Mag^  y  mas  gloria  y  bonrra  para 
el  mundo,  que  son  los  fines  con  que  me  parto  muy  contenlo, 
va  que  a  guardado  Su  Mag'  para  rai,  hasta  lo  ûltimo,  lo  dificil  ù 
lo  imposible  de  la  empresa.  Lo  que  para  clla  llevo  es  â  Dios  que 
la  tome  como  suya  qne  es,  y  que  â  mi  me  ayude  con  milagros, 
pues  si  no  fuere  baziéndolos  no  se  como  se  pueda  volvcr  en 
vida  un  cuerpo  con  el  iiltimo  suspiro  en  voca.  Dineros  jkkos, 
porque  nucstras  riquezas  no  son  muclias.  Lo  dcmas  de  aulo- 
ridad,  que  baga  segun  vicre,  y  todo  remilido  à  mi.  Pero,  por- 
que vca  V.  Air  que  no  me  a  quedado  oficio  por  bazer  ni  caso 
por  prévenir,  la  inbiaré  en  pudiendo  (que  agora  no  es  posible) 
un  papcl  de  mi  mano  que  di  à  Su  Mag^  en  que  le  adverlia  de 
todos  los  casos  que  podian  suceder,  tomando  el  salto  muy  de 
atras.Pero,  como  eslân  lan  al  cavo  aquellos  Estados,  lo  esta- 
mos  tanbien  acâ.de  espedicntes  y  formas  de  remcdio... . 

Del  Pardo,  à  2(>  de  octubrc  1576....... 

Don  Ju"  de  Aistiua. 


N°  XV 1. 

(Autographe.) 

Scîiora, yo  clamo  y  bago  cada  dia  quanlas  diligcncias 

puedo  para  que  conozcan  el  camino  que  llevan  tan  bcrrado. 
Pero  eslân  tan  dcsatinados  yen  lai  descspcracion  (pic  quicrcn 


(  105) 

gucrra  ton  su  principe,  y  llaman  à  los  de  liieia  para  \alerse  y 
entregarse  â  ellos;  y  asl  lienen  juntadas  sus  l'ucreas  los 
estados  con  las  dcl  principe  de  Oranges,  y  esperan  las  de 
Francia,  para  todas  juntas  emplearse  en  lo  ip.ie  les  doy  por 
l)az  y  amislad,  como  bijos  de  Su  Mageslad  y  hcrmanos  niios. 
Mas,  avicndo  llegado  la  desvergiiença  â  tanlo  que,  sin  qucrer 
los  reniedios  que  les  doy,  prosiguen  â  quitarâSu  Magestad  sus 
Estados  debaxo  de  nombre  suyo,  sera  fucrza  que,  conio  les  c 
iinbiado  â  protestar,  me  quite  los  dedos  ante  los  ojos,  y  de- 
fienda  al  rey  lo  que  es  suyo;  y  asi  lo  abré  de  bazer  â  gran 
l'uerza  y   j)ena   mia,  si  no   cesan  las   armas   entrelanto  que 

llegamos  â   los   acordios  Armas  es  lo  que   amenaza   el 

licmj)o,  las  quales   quisiera  yo   usar,  })ero  en   otras  y  muy 

(iiferenles  parles  que  las  tan  propias  de  Su  Magestad.... 

De  Luxemburg,  â  22  de  noviembre  1576 

Do.\    JU"    DE    AlSTRIA. 


N«  XVII. 

(  Aulograptie.  ) 

Scfiora,  Santiago,  de  quien  se  i)uede  fiar  quanto  se 

le  diere  en  escrilo,  lleva  junlo  eon  esta  earta  una  relacion  del 
estado  présente  de  lo  de  acâ,  â  que  me  remito,  aunque  en 
sustancia  digo  que  el  desconciertodestos  hombres  es  lan  grande 
que  solo  en  no  saverse  concerlar  son  conformes,  }  en  pasar 
muy  adelante  con  la  mas  estraîïa  forma  de  rcbelion  é  insolen- 
cias  que  se  an  visto.  En  lo  demas  andan  tan  sin  caveza  que  lo 
que  agora  resuelven  luego  lo  contradizen;  y  asi  ni  ellos  se 
entienden,  ni  aun  me  quieren  entender,  sino  obligarme  eada 
dia  â  que  con  el  sufrimiento  se  rompa  todo.  Y  â  lo  ûltimo, 
Senora ,  6  vendremos  certisimo  â  las  armas,  v  nuiv  i  reslo.  ô 


(  106  ) 

lia  de  hazci'  Dios  pur  milaij;ro  que  âuimos  laii  dcseompueslos 
é  intcnciones  tan  daîïadas  se  muden  â  lo  contrario  de  lo  en 
que  sus  conscicncias  les  ponen,  pues  corren  tan  sin  tino  en 
sus  maliciasquelJaman  â  cuantosestranjeros  princi})espueden, 
y  al  fin  no  hacen  que  lo  que  Oranjcs  les  hordena.  Yo  que  llcvo 
cl  intenlo  de  la  paz  y  blandura,  sufro  lo  que  Dios  sabe,  y  lo 

que  sin  su  fovor  no  séria  posible Ya  la  paz  solo  yo  soy  cl 

que  la  antepongo;  pero  ni  e>ta  se  sabe  admitir,  ni  para  bazerlo 

ay  govierno  ni  bôrdcn  cnirc  estas  gentes Yo,  Seiïora , 

tengo  un  travajo  terribilisimo,  y  cuéslame  mi  salud,  porque 
la  e  Iraydo  pcrdida,  y  aun  no  ando  sin  algunas  indispusi- 
ciones  :  pero  Dios  provecra  que  esta  résista  al  travajo,  ya  que 
cl  vcrmc  puesto  aqui  no  me  desanima  ni  quila  coraje  de  pasar 

adelante  con  la  cruz 

De  Marche,  â  20  de  bencro  1577 

Don  Ju"  de  Atsthia. 


N   XVIII. 

(  Autographe. ) 

Scnora, Quanlo  â  lo  de  por  acri,  me  rcmilo  â  la  rcla- 

cion  de  mano  agena  que  dira  la  paz  y  concierto  entre  los  es- 
lados  y  mi  y  las  condiciones  délia.  Bien  veo,  Seiïora,  las  que 
son;  pero  lia  sido  fucrça  6  pasar  por  cllas,  ô  llegar  al  rigor  y 
â  los  danos  de  las  armas,  cosa  tan  contra  la  voluntad  y  bôrdcn 
de  su  dueno;  }  a^i  se  a  de  liazer  cuenta  desto  como  ballado  â 
caso  y  no  de  otra  manera.  La  religion  y  obedicncia  se  a  sal- 
vado,  y  todo  se  perdiera  sin  falla,  y  los  Estados  en  compania. 
llevândolo  por  guerra ,  porque  cl  pais  se  bincbia  de  crejes,  y 
lucran  estos  los  ({ue  al  lin  tubieran  siemprc  la  mayor  parle  dél. 
Lo  dcmas  (jiic  de  prcscnic  falta  por  sin  diida  (cni;()  que  lo  yrâ 


(  107  ) 

dcUido  cl  ticiiipo,  (iorqiie,  quiliiiido  filgunos  scdiciosos  \ 
l'iiviios,  la  ma)  01"  parte  sojî  los  misinos  ([iic  ruéroii  en  cl  âiiiino 
que  lubieron  (I);  y  salidos  los  Espanolcs,  eslos  se  inostrarân 
por  rnuy  leales  en  todo,  de  manera  que  con  br.eii  govicrno  y 
mafias  seiân  (à  jni  ver)  rnuy  faciles  de  governar. 

Pero,  Senora,  esto  no  puede  ser  ya  en  ningun  modo  |)0i- 
mi.  poique  lian  sido  lanlas  y  tan  terribles  las  ocasioncs  que 
me  han  dado  de  perder  la  paciencia  con  ellos,  que  si  bien  lie 
sufrido  iurinilo,y  no  se  si  mas  que  déviera  algunas  vezes,  no 
demenos  no  lie  podido  tanto  vencerme  que  no  aya  llcgado  â 
atropeliarlos  con  palabras  y  amenazândoles  con  las  obras  ,  si 
no  se  reportavan  en  lo  que  dezian  :  asi  que  ellos  me  temen 
y  lienen  por  mal  sufrido,  y  yo  no  estoy  Lan  bien  con  ellos  que 
gustc  de  su  compania  ni  de  pasar  mi  vida  haziéndosela.  Y 
pues,  por  gracia  de  Dios,  he  dado  un  poco  de  razonable 
cucnta  de  mi  en  lo  que  me  a  sido  encargado,  no  quiero  mas 
estar  adonde  tan  â  pcligro  lo  tengo  todo,  tras  tanto  como  me 
a  costado;  y  asi  he  ya  pedido  licencia  â  Su  Magestad  tan  apre- 
tadamente  que,  hablando  claro,  he  escrito  que  si  no  me  se 
da,  no  abrù  resoluçion  que  no  tomCj  hasta  dexarlo  lodo  y 
yrme  alla,  aunque  sea  â  ser  eastigado,  porque  lo  scré  sin 
culpa,  y  aqui  con  ella  me  perderia. 

Pretendo  que  sea  esto  con  tanta  brevedad  que  haga  mi 
salida  con  los  Espaîïoles,  y  que  en  mi  lugar  asista  madama  de 
Lorrena,  que  lo  harâ  hasta  que  Su  Magestad  provea  persona , 
y  si  en  esto  ubiere  algima  dificultad,  solo  tendre  paciencia 
hasta  el  agosto  6  setiembre  :  pero  desde  entonccs  no  estaré 
cierto  mas  en  estas  parles,  pues  juntândosc  à  lo  dicho  mi 
poca  inelinacion  â  goviernos,  y  la  mucha  que  tengo  â  las 
armas,  y  otras  cosas,  no  ay  que  dudar  en  lo  que  digo.  Esta 


(1)  Ce  |)assagc  paraît  avoir  élé  mal  lu  par  le  copisle,  car  il  est  peu  corn 
[iréhensible. 


(  108  ) 

sucrtc  i>ucs  â  alguicn  ha  de  tocar,  y  para  (jLiaI.|uici'a  es  iiuiy 
bucna,  sino  para  mi  solo  que  es  ruiri  ;  y  para  quien  scnalada- 
mente  séria  alla  mejor  para  ser  nuestro  hermano  bien  ser- 
vido,  es  V.  Alt",  por  lo  que  aqui  la  aman  y  la  respetan,  que  es 
cierto  infinito.  Y  yo,  quanto  â  mi,  entre  V.  Alt'  y  la  empera- 
niz,  que  sera  lamhien  buena,  crco  que  ba  de  corrcr  cl  dado... 
De  Marche,  â  17  de  bebrero  1577. 

Bcsa  las  manos  de  V.  Alt''  su  mayor  scrvidor 
y  obcdiente  hermano, 

Don  Ju°  de  Aisthia. 

A   ta  scrcnisiina  sciiora   inadamu  de  Austria,    mi  hcrinaHa 
ij  >ienora ,  en  sa  mano. 


N"  XIX. 

Screnisima  Seiïora ,  Dios  sabc  la  pcna  cpie  siciilo  de  no 
baver  scrito  y  scrivir  â  Vuestra  Allcza  cada  dia;  pcro  el  es 
tesligo  que  no  a  sido  ni  es  mas  en  mi  mano,  porquc,  demas 
de  faltar  de  todo  punto  el  tiempo,  falta  tambicn  la  scguridad 
de  caminos,  y  sobran  los  inconvenientes  que  de  entender 
esta  gcnte  que  escrivo  en  esta  Icngua  nacerian,  scgun  esta 
sospecbosa.  Lo  que  tengo  que  afiadir  â  lo  que  digo  en  esa  olra  t 
carta  es  que  este  cuerpo  va  espirando  muy  â  pricsa  ,  sin  que  ^ 
basicningun  remediode  quantos  le  eai)licado  para  restaurarlo, 
porquc  cl  [)rincipe  d  Orange  a  rcspondido  al  duquc  d'Arcscolt 
y  â  mosiur  de  Verges  que  lo  prin)cro  (jue  se  a  de  bazer  es 
entregarle  à  su  bijo  yestados,  con  Utrcc  y  Amsterdam,  que 
dize  son  con|)rendidas  en  su  govicrno  de  Glanda;  ([uc  dcs- 
|)ues  cl  cumplira;  y  ])or  otra  pai'tc  a  dicbo  (pic  es  dos  vczcs 
c.ilvinisla,  i'w  la  cabcça  y  en  cl  coraçon,  y  ({uc  de  lo  (pic  licnc 


(  101»  ) 

ni  (!<•  lo  que  se  le  enlregnrc  no  rcstiliiyra  nmh .  i)or(iiic  va 
(jiic  (lo  mi  se  podria  fiar,  de  Sn  Mageslàd  no  lo  iiarâ  jamas, 
liaviéndole  cngafiado  tanlas  vczcs.  ïicnc  miiy  ieslreelia  Ans- 
lerdan;  y  liaviendo  ocurrido,  por  parle  de  aquella  villa,  â 
pedir  socorro  para  defendcrse  y  conservarsc  en  religion  y 
obediencia,  dizcn  los  estados  que  eonviene  que  se  le  entregue  , 
pues  no  tienen  posibilidad  para  tomar  las  armas  contra  cl 
principe  d'Orange,  y  en  lo  mismo  concurren  los  del  consejo, 
sin  embargo  de  que  veen  que  anda  mas  hazerse  seîior  de  todo, 
y  que  con  aquel  lugar  lo  sera  presto.  Lo  quai  y  ver  que  no  ay 
ninguno  que  me  ayudc,  antes  parccc  que  lodos  se  concierlan 
â  contradezir  lo  que  propongo,  me  haze  créer  que  lodos 
sigucn  un  camino.  E  venido  aqui  â  tralar  del  negocio  de  los 
Alamanes,  los  quales  quiercn  ser  pagados  y  tienen  razon,  } 
los  estados  dizen  que,  si  no  salen  con  dos  pagas  en  dinero  y 
luia  en  pano  y  obligacion  de  pagarles  lo  dcmas  en  quairo 
anos,  que  los  degollarân  y  llaniarân  para  (llo  al  pri!U'ij)e  de 
Orange.  Y  assi  espcro  cada  ora  oyr  que  an  rolto,  y  no  se  que 
es  lo  que  en  tan  terrible  trance  tengo  de  lîazer ,  porque 
neutral  no  puedo  estar,  y  si  tonio  la  parle  de  los  estados, 
vengo  â  tomar  la  del  principe  d'Orange,  pues  se  a  de  hazer 
la  guerra  con  sus  fuerças,  y  el  buen  succsso  desla  a  de  ser  en 
su  beneficio,  qucdando  como  quedarà  todo  â  su  dispusicion. 
Si  me  arrimo  â  los  Alamanes,  harân  prenda  de  mi  por  lo  que 
se  les  deve.  Si  me  salgo,  dexaré  â  mis  criados  en  cl  marlirio, 
demas  de  que  esto  tiene  mucha  dificultad.  Y  asi  lengo  ncccsi- 
dad  de  que  Dios  me  inspire  para  acertar  ;  y  si  vicne  â  descon- 
ccrtarse  con  los  Alamanes,  sucede  este  ynconveniente.  No  es 
menor  el  que  se  espéra  de  concertarse,  pues  se  entiende  por 
cosa  cierta  que,  à  la  ora  que  salgan  de  las  plaças  que  tienen  ,  se 
pcrderâ  de  todo  punto  la  religion  y  la  obediencia  de  Su  Ma- 
geslàd. Quedo  despachando  al  secretario  Escobcdo  :  quiera 
Dios  i{ue  el  remedio  sea  â  liempo.  Y  él  ^abc  lo  que  nie  pesa  de 
embiar  â  Vucslra  Alteza  tan  rnynes  nuebas  :  pero  pucdesc 


(  HO) 

consûlnr  con  que  no  me  a  qiiedado  cosa  por  ha/er  de  quanlo 
c  cnlejidido  para  remcdiar  por  blandura  este  dano,  pasando 
por  todo  lo  que  an  qucrido  dezir  y  bazer,  liasla  sufrir  en 
Brusclas  que  mos'  de  Esc  no  quisiesc  venir  llarnândole,  y  que 
cl  magistrado  de  aquella  \il!a  hiziese  lo  misnio,  dizicndo  que 

no  era  coslumbre  bablarle  sino  en  la  easa  délia 

De  Malinas,  â  19  de  junio  1577 

Don  Ju"  de  Austria. 


N»  XX. 

Serenisima  Senora, ya  V.  AU'  abrâ  entendido,  por  lo  que 

le  screvi  eon  dos  correos  que  parlieron  de  Malinas  â  20  de 
junio  y  â  G  del  présente,  el  mal  estado  en  que  quedava  lo  de 
aqui,  y  quan  différente  es  el  fructo  cbc  produze  la  paz  del  que 
se  pensé.  Despues  tuve  en  un  mismo  tiempo  quatro  avisos 
conformes,  aunque  por  diversas  vias,  que  la  exccucion  de 
prcndcrme  andava  ya  tan  cerca  que,  si  no  me  ponia  en  salvo, 
luego  abria  effecto,  pues  para  ello  se  bavian  ligado  con  el  de 
Oranges  los  cstados  de  Brabante  y  mucbos  de  los  pensionarios 
de  las  villas,  los  condes  de  Agamon ,  Lalain,  Xampaîîi,  Cape, 
Esc,  Verscl,  Uamandosc  los  contrajuanistas,  y  que  y  ban  po- 
niendo  el  regimiento  de  Valones  de  Xampaîïi  y  los  del  condc 
de  Agamont  y  mos'  de  ïïesc  poV  todos  los  contornos  de  Ma- 
linas, à  tal  que  por  ninguna  parte  me  pudiesse  escapar. 

Visto  esto  y  que  la  princcsa  de  Bearne  venia  â  la  fuente  de 
bcja  y  bavia  de  passar  por  este  lugar,  me  resolvi  de  venirmc 
â  él  con  cl  color  de  recevirla  aqui;  y  assi  me  parti  â  los  14  del 
présente.  Llegue  a  los  15;  y  aunque  traya  conccriado  con  mos"" 
de  Yergcs  y  sus  bermanos,  que  son  los  (juc  piimero  se  an  de- 
clarado  en  scrvicio  de  Su  Mag'^  y  por  cuyo  consejo  me  govicrno 


t'JI 


(  m  ) 

cslas  iiovedacU's,  de  apodL'rarme  lucgo  por  sii  mcdio  y  cou 
cslralagema  destc  caslillo,  parcciô  (luc  cra  bien  dexarlo  para 
dcspiies  que  la  diclia  princesa  fucssc  paiiida  de  aqiii,  \)ov 
hazcr  eon  ella  el  cuniplimienlo  que  era  razon,  y  no  dar  causa 
de  desden  al  rey  su  lierinano.  Ella  llegù  â  los  20;  y  liaviendo 
j)roeurado  de  regalarla  lo  mejor  que  pude,  se  parliô  â  los  23. 
En  este  tiempo  fueron  eontinuando  los  avisos  de  que  me 
pusiesse  en  salvo;  y  particularmente  tuve  dos,  que  el  priniero 
dezia  que  en  ninguna  nianera  diesse  la  vuella  â  Brabanle,  por- 
quc  en  la  primera  villa  que  entrasse  séria  preso  y  degollados 
los  que  me  seguian,  el  segundo  que  no  solamente  no  volviesse 
atras,  pero  que  aun  desîa  \illa  me  convenia  salir  luego,  por- 
quc  sin  duda  se  liaria  en  ella  lo  mismo  que  se  pensava  hazer 
fuera,  y  que,  en  un  banqueté  que  los  de  la  liga  bavian  beebo 
en  Bruseles,  acordaron  que  todos  los  contrajuanistas  truxcssen 
las  gorrascliatas  para  que  fuessen  conoscidos. 

Con  el  fin  que  digo  de  apoderarme  deste  castillo,  ecbé  voz 
([ue,  anles  de  partir  de  Namur,  queria  hazer  una  caca  y  la  aplazc 
para  los  24.  Este  dia,  por  la  maîîana,  sali  con  loi  cavalleros  que 
me  siguen,  la  mayor  parte  de  mis  lacayos  y  mi  guardia  de 
Alemanes,  y  llevando  delante  quasi  todos  los  que  me  acom- 
paîïavan  de  los  payses.  Y  yendo  por  la  cal  le,  al  tiempo  que  me 
afronté  con  la  puerta  del  castillo  que  sale  à  la  villa ,  volvi  la 
rienda;  y  con  tencr  mos"^  de  Yerge  y  cl  conde  de  Mega  su 
bcrmano  la  puerta  abierla,  como  qu»?  me  aguardavan  alli  i)ara 
yr  conmigo  â  caca,  entré  denlro  con  una  parte  de  mi  guardia 
y  de  mis  criados,  antes  que  los  del  pays  (que  yban  como  digo 
delante)  llegassen,  escelo  el  duque  de  Arescot,  que  yba  â  mi 
lado.  Vinicron  lucgo.  Llamélos  â  él,  al  principe  de  Ximay,  su 
bijo,  los  coudes  de  Arambergha,  de  Ruz  y  de  Foquenberga, 
marqués  de  Varanbon ,  mos""  de  Resinguien,  mos'  de  Gomi- 
curt,  mos"^  de  Floyon ,  y  mos'  de  Leques,  y  les  dixe  que  ya 
havian  visto  quantos  travajos,  indccencias  y  peligros  bavi'a 
passado  y  sufrido    por   el    bien,   quielud  y  sossiego  dest(»s 


(  H2  ) 

payses,  pensando  sacar  de  todo  cl  fructo ,  que  con  muelia 
razon  dévia  esperar,  de  que  junto  eon  reduzirse  las  cosas 
del  govierno  a  su  antiguo  ser  y  buena  ôrden,  hizieran  io 
mismo  las  que  locavan  â  la  religion  calholica  romaua  y  â  la 
obediencia  de  Su  Magestad;  que  ellos  sabiaii  que  para  este 
lin  no  bavia  dexado  remedio  pop  provar  de  blandura,  bene- 
gnidad  y  clemencia,  y  que  esto  no  solo  no  bavia  movido  los 
âuimos  â  abraçar,  eomo  devieran,  tan  grande  beneficio,  nias 
que  en  lugar  de  bazerlo  y  de  mostrar  gratilud  â  la  volunlad  y 
aflficion  con  que  yo  me  cmplcava  en  cllo,  andavan  niuclios 
niaquinando  y  baziendo  ligas  contra  mi  para  prcnderme, 
como  el  mismo  duque  me  lo  bavia  diclio,  y  ellos  devian  tcner 
entendido;  que  viendo  esto  y  que  los  malos  prevalecian,  la 
religion  yba  cada  dia  de  mal  en  peor,  la  justicia  no  ténia  su 
lugar,  yo  no  era  obedeeido  para  remediar  ninguna  de  las  cosas 
que  tanta  necessidad  tenian  de  remedio,  y  en  fin  que  ni  el 
principe  de  Oranges  ni  los  estados  pensavan  cumplir  lo  que 
estavan  obligados,  antes  hazian  gran  fuerça  para  echar  los 
Alemanes,  por  podcr  de  todo  punto  quedar  libres  y  Su  Ma- 
gestad impossibilitado  de  recobrar  los  payses,  me  bavia  re- 
suelto  de  poner  mi  persona  en  salvo,  para  poder  governar 
con  la  auctoridad  y  seguridad  que  convenia,  defendiendo  reli- 
gion y  obediencia  contra  los  que  pretendiessen  salir  dclla; 
que  como  los  estados  cumpliessen  en  esta  parte  con  su  obliga- 
cion,  yo  no  moveria  armas  contra  ellos,  antes  las  volveria  en 
su  favor,  si  fuesse  necessario,  y  que  pues  tenian  en  su  mano 
la  paz  y  la  guerra,  podrian  escoger  lo  que  le  pareciessc;  que 
tan  aparejado  me  liallavan  para  lo  uno  como  para  lo  olro, } 
quiea  mas  apercevido  para  lo  i)Ostrero  de  lo  que  pensavan; 
que  aunque  yo  ténia  del  duque  y  de  los  demas  que  estavan 
présentes  la  con  fiança  que  Su  Magestad  me  bavia  mandado 
biziese  dellos,  y  la  que  sus  obras  y  el  baverme  siempre 
scguido  me  obligava,  y  assi  esperava  que,  cumpliendo  con 
sus  obligacioncs  y  siguiendo  las  pisadas  de  sus  passados,  me 


jissiiUiriiin  y  nyiidaiian  cii  demanda  tan  sanla  }  jnsta ,  todavia 
liolgaria  de  saber  la  intencion  de  eadauno,  y  que  assi  les 
l)cdia  que,  despucs  de  havcr  pcnsado  en  ello ,  me  dixcssc 
eadauno  Jibremente  su  voluntad,  entendiendo  que  yo  no 
liavia  de  forear  â  nadie,  pero  que  se  desenganassen  (I)  que  de 
oy  mas  tomasse  la  parte  de  Orange  ô  de  los  estados  contra 
cl  servicio  de  Su  Magestad  séria  declarado  y  tenido  por  re- 
helde  y  eomo  tal  tratado  y  castigado,  y  contra  los  que  me 
acudiesen  no  solo  podrian  estar  seguros  de  no  recevir  dano 
ninguno  por  cosa  passada  liasta  agora,  pero  que  en  honras  y 
en  favores  serian  acreseentados,  y  que  desto  yo  les  dava  la 
palabra  y,  si  fuesse  mencster,  la  propia  vida;  que  à  esto  les 
rogava  diesscn  crédito ,  y  no  â  lo  que  malinlcncionados  les 
dirian. 

Rcspondiô  el  duque  que  él  serviria  â  Dios  y  â  Su  Magestad 
como  siempre  lo  liavia  hecbo,  y  que  séria  el  primero  que  mo- 
riria  â  mis  pics;  y  lo  mismo  dixeron  los  demas,  porquc  son 
lo>  en  quien  e  conoseido  siempre  desco  de  servir  â  Su  Ma- 
gestad. E  despacbado  à  las  villas,  scriviëndoles  en  la  misma 
conformidad,  para  entender  lo  que  pucdo  esperar  d'ellas,  y  â 
los  governadores  de  provincias  que  vengan  luego  aqni ,  por  ver 
si  obedecen  mejor  que  por  lo  passado 

Dios  sabe  lo  que  e  sentido  Ilegar  â  estos  términos;  pero 
V.  Alt^,  con  su  mucha  prudcncia ,  podrâ  considerar  quan 
forçoso  a  sido  lo  que  e  hccho. 

Del  castillo  de  \amur,  â  26  do  julio  r)77....... 

Don  Jl-   de  Austhia. 


(I)  Lo  copislo  (loi!  avoir  omis  ici  quci(Hics  mots. 


^'"'"  sKitiF, ,  To^jr.  wvn, 


(111) 

N"  XXI. 

(Aulogiaplio.) 

Seiiorn, en  siistancia  avemos  caydo  en  iina  terrible  iiiii- 

danea,  y  tanlo  que  no  me  falta  sino  verme  ecreado  aqui, 
adonde  no  se  puede  ganar  ninguna  lionrra.  Pero  yo  espeio 
miiv  presto  el  tiempo  de  cantar  otra  cancion  eontra  los  deela- 
rados  reljcldes  â  su  Dios  y  tyranos  a  su  rey ,  por  darse  de  todo 
punto  al  mayor  bellaco  de  la  tierra,  que  es  el  de  Oranges,  con 
cl  quai  se  eorresponden  de  nianera  que  le  llaman  padre  y 
libertador,  y  obedecen  sus  mandamienlos  eomo  sus  esclavos,  y 
lus  de  Su  Magestad  aborrecen  y  desacatan  eomo  a  su  propio 

nombre Ellos  al  fin  quieren  de   todo  punto  lo  que  aquel 

bellaco  quicre,  que  es  libcrtad  en  todo,  y  no  quieren  Dios  ni 
rey,  ni  aun  pcnsaren  ello,  salvo  algunos  que  me  siguen  y  me- 
rceen  lo  que  â  honrradisimos  cavalleros  y  leales  vasallos  se 
deve..  .. 

Del  castillo  de  Namur,  à  8  de  agosto  1577,  eon  un  regi- 
raicnlo  de  Alemanes  amotinados  a  las  puertas  de  la  villa,  y  el 
pueblo  easi  en  arma,  y  yo  eomo  sitiado 

Don  Ju"  de  Austria. 


—  M.  Roulez  remet  la  notice  qu'il  a  consacrée  à  la  vie 
el  aux  travaux  de  feu  M  Baguet;  la  classe  le  remercie  pour 
ce  document,  qui  prendra  place  ônnsVAtuniairp  de  ISIO. 


(  iio  ) 


CLASSE   DES   BEAUX-ARTS. 


Séance  (/il  1  jancier  1809. 

M.  F.-J.  Fétis ,  directeur  et  président  de  rAcadémie. 
M.  Ad.  Quetelet,  secrétaire  perpétuel. 

Sont  présenls  :  MM.  L  Alvii),  De  Keyser,  Guillaume 
Gcefs,  A.  Van  Hasselt ,  J.  Gecfs,  Ferd.  De  Braekeleci', 
G.-A.  Fraikin,  Ed.  Fétis,  Edm.  De  Busscher,  J.  Portaels, 
Alpli.  Balat,  Aug.  Payen,  le  chevalier  L.  de  Burbure, 
J.  Franck,  Gust.  De  Man ,  Ad.  Siret,  Julien  Leclercq, 
membres. 

M.  Ed.  Mailly,  correspondant  de  la  classe  des  sciences, 
assiste  à  la  séance. 


COBBESPONDANCE. 


M.  le  Ministre  de  l'intérieur  transmet  une  expédition  de 
l'arrêté  royal  du  19  décembre  1868,  qui  ouvre  un  double 
concours  pour  la  composition  d'un  poëme  en  langue  fran- 
çaise et  d'un  poëme  en  langue  flamande,  destinés  à  être 
mis  en  musique  par  les  concurrents  pour  le  prix  de  com- 
position musicale  de  1869  (1  ). 


(1)  Cet  arrêté  a  élé  publié,  in  extenso,  dans  le  Moniteur  du  voiidrcdi 
io  décembre  18GS,  n"560,  Ô8<-  année,  j'aide  :)GS4. 


(  116) 

La  classe  dressera,  clans  sa  prochaine  séance,  la  liste 
double  du  jury  composé  de  sept  membres  à  nommer  par 
le  Roi ,  pour  juger  ces  poëmes. 

M.  le  secrétaire  perpétuel  dépose  dès  à  présent,  pour 
ce  concours,  une  cantate  française  qu'il  vient  de  recevoir 
et  qui  porte  pour  titre  :  La  Belgique.  (Devise)  :  «  Belge 
est  notre  nom  de  famille.  » 

—  Une  personne  se  disant  l'auteur  du  mémoire  n"  5 
(devise  :  Nul  ne  saurait  s'illustrer  indépendamment  de 
sacrifice),  en  réponse  à  la  question  concernant  Quentin 
Metsys,  du  concours  de  1868,  adresse  une  lettre  destinée 
à  réfuter  l'opinion  de  MM.  les  commissaires  rapporteurs 
sur  le  passage  de  ce  travail  concernant  le  caractère  sym- 
bolique donné  aux  œuvres  du  peintre  anversois. 

La  classe  décide,  par  un  vole  unanime,  que,  selon 
l'esprit  des  règlements,  elle  passe  à  l'ordre  du  jour  sur 
cette  communication. 

—  M.  Ad.  Quctelet  fait  hommage  d'un  exemplaire  de 
V Annuaire  de  VObservatoire  royal  pour  1869.  —  Remer- 
cîmenls. 

Il  dépose,  en  même  temps,  le  tome  A'A'.Vr//  des  Mê- 
moires  des  membres,  ainsi  que  Y  Annuaire  académique  de 
1869,  qui  viennent  d'être  terminés. 


KLECÏIOINS. 

La  classe  avait  à  pourvoir  au  remplacement  de  trois  de 

ses  associés  décédés  pendant  le  courant  de  l'année  1868. 

Pour  la    place  vacante  dans   la   section  de  peinture. 


(117  ) 
par  la  mort  de  M.  Fr.-Kd.  Pkot,  décédé  en  mars  1868, 
les  suffrages  se  sont  portés  sur  M.  J.-L.-E.  Meissonimer, 
peintre,  à  Paris. 

Pour  la  place  vacante  dans  la  section  de  sculpture, 
par  la  mort  de  M.  Louis  Royer,  décédé  le  5  juin  1868, 
les  suffrages  se  sont  portés  sur  M.  A.-L.  Barye,  statuaire, 
à  Paris. 

Pour  la  place  vacante  dans  la  section  des  sciences  et  des 
lettres  dans  leurs  rapports  avec  les  beaux-arts ,  par  la 
mort  de  M.  Gustave  Waagen,  décédé  le  lo  juillet  1868, 
les  voix  se  sont  portées  sur  M.  T.  Van  Westrheene,  lit- 
térateur, à  La  Haye. 

—  Conformément  à  l'article  8  du  Règlement  général , 
elle  a  ensuite  appelé,  par  vote,  M.  Gh.-A.  Fraikin,  à  rem- 
plir les  fonctions  de  directeur  pour  1870. 

M.  F.-J.  Fétis,  directeur  sortant,  saisit  cette  occasion 
pour  remercier  ses  confrères  de  la  bienveillance  qui  lui 
a  été  témoignée  pendant  l'exercice  de  ses  fonctions,  et 
il  installe  M.  A.  De  Keyser,  directeur  pour  l'année  actuelle. 
Celui-ci  a  remercié  à  son  tour  M.  F.-J.  Fétis,  au  nom  de 
la  classe,  pour  la  manière  dont  il  a  dirigé  ses  travaux,  et 
invite  M.  Fraikin  à  venir  prendre  place  au  bureau. 

—  La  commission  spéciale  des  finances  de  la  classe, 
composée  en  1868  de  3IM.  L.  Alvin,  F.-J.  Fétis,  Fraikin, 
G.  Geefs  et  Partoes,  a  ,  par  acclamation  ,  été  invitée  à  con- 
tinuer son  mandat  pendant  l'année  1869. 


(  118 


CAISSE    CENTRALE    DES    ARTISTES    BELGES. 

M.  L.  Alviii  donne,  en  sa  qualité  de  trésorier  de  la  caisse, 
connaissance  de  la  situation  iinancière  de  cette  institution , 
au  51  décembre  dernier. 

L'avoir  général,  à  cette  époque,  s'élève  à  fr.  144,785  78 c% 
dont  144,600  francs  sont  placés  en  rentes  belges  et  donnent 
fr.  6,504  50  C,  d'intérêts  annuels.  La  progression  sur 
1867  est,  par  conséquent,  de  fr.  419  25  c'  d'intérêts. 

Des  remercîments  sont  adressés  à  M.  Alvin  pour  les 
soins  qu'il  donne  à  la  gestion  des  finances  de  la  caisse. 


COMMUISICATIONS  ET  LECTURES. 


M.  Edouard  Félis  donne  lecture  de  la  cinquième  partie 
de  son  travail,  sur  Vart^  ses  tendances ^  ses  effets  et  son 
influence  sur  la  société.  Cette  partie,  concernant  spéciale- 
ment les  applications  de  l'art  à  l'industrie,  est  réservée 
pour  l'impression  lorsque  l'ensemble  de  ce  travail  aura  été 
communiqué. 


(  ll^J  ) 


OUVRAGES  PRÉSENTÉS. 


Quetelet  {AcL).  —  Physique  sociale  ou  Essai  sur  le  dëvelop- 
l)cment  des  facultés  de  l'homme.  Tome  P".  Bruxelles,  1809; 
1  vol.  in-8". 

Quetelet  {Ad.).  —  Annuaire  de  lObservatoire  royal  de 
Bruxelles,  1809,   Ô6""^  année.  Bruxelles,  1809;  1  vol.  in-12. 

Juste  {Théodore).  —  Memoirs  of  Leopold  I,  King  of  ihe 
Belgians.  From  unpublished  documents  :  authorized  transla- 
tion, by  Robert  Black.  Londres,  1808;  2  vol.  in -8". 

Van  Beneden  {P.-J.).  —  Discours  prononcé  à  la  salle  des 
promotions,  le  22  janvier  1808,  après  les  obsèques  de  M.  H.-J. 
Kumps,  professeur  à  la  faculté  des  sciences  de  l'Université  ca- 
tholique de  Louvain.  Louvain,  1809;  in- 12. 

Chalon  {[{.).  —  Curiosités  numismatiques.  3Ionnaies  rares 
ou  inédites,  ll""^  article.  Bruxelles,  1809;  in-8°. 

Morren  [Éd.).  —  Marie-Anne  Libert  de  Malmédy,  sa  vie  et  ses 
œuvres.  Gand,  1808;  in-S". 

Commissio?is  royales  d'art  et  d'archéologie.  —  Bulletin, 
y"""  année,  septembre  et  octobre.  Bruxelles,  1808;  in-8°. 

Académie  d'archéologie  de  Belgique.  —  Annales,  24"'''  année, 
2"^'^  série,  tome  IV,  4""^  livr.  Anvers,  1808;  cah.  in-8°. 

Société  royale  de  numismatique  à  Bruxelles.  —  Revue  de  la 
numismatique  belge,  a"""  série,  tome  1, 1'^  livr.  Bruxelles,  1809; 
in-8". 

Société  des  Bibliophiles  de  Belgique.  —  Le  Bibliophile  belge, 
3'"''  année,  n"  5.  Bruxelles,  1808;  in-8". 

Revue  de  l'instruction  publique  en  Belgique ,  10"''  année, 
V)"''  livr.  Gand,  1868;  in-8°. 

Messager  des  sciences  Itistoriques  ou  ((rchives  des  arts  et  de 
la  bibliographie  de  lîelgique,  1808,  4""  li\r.  Gand;  in-8''. 


(  1:20  ) 

Salon  de  Garni,  186S.  Gand ,  1808;  cah.  in-4". 

Essai  de  tablettes  liégeoises,  par  Alb.  d'Otreppe  de  Bou- 
velte,  88'"^  livr.  Liège,  1869;  in-12. 

Broeckx  [C).  —  Une  page  de  l'histoire  de  la  pharmacie 
dAnvers  :  la  pharmacopée  de  1061.  Anvers,  1809;  in-S". 

Académie  royale  de  médecine  de  Belgique.  —  Bulletin, 
année  1868,  5™^  série ,  tome  II ,  n°  10.  Bruxelles,  1808;  in-8". 

V Abeille,  revue  pédagogique,  publiée  par  Th.  Braun, 
l/j-""*^  année,  10'"*'  à  1:2""=  livr.  Bruxelles,  1808;  5  cah.  in-8^ 

La  charité  sur  les  champs  de  bataille  ^  4'"'=  année,  n°  7,  jan- 
vier 1809.  Bruxelles;  1  feuille  in-4°. 

Nederduitsch  letterkundig  jaarboekje  voor  1869,  50*'' jaarg. 
Gand;  in-12. 

Guillaume  [Vabbé  L.).  —  Mentana,  ode  à  Pie  IX.  Bruxelles, 
1868;  in-4°. 

Revue  de  Belgique,  \''  livr.  Bruxelles,  1809;  in-8". 

Flora  batava,  afbeelding  en  beschrijving  van  nederlandsche 
gewassen,  aangevangen  door  wijlen  Jan  Kops,  voortgezet  door 
F.-W.  Van  Eeden,  aflev.  204,  205,  200,  207,  titel,  voorberigt, 
lijst  van  de  planten  en  alphabelische  naamlijst  van  den  XIII 
deel.  Amsterdam;  3  cah.  in-4°. 

Exposition  universelle  de  1867  à  Paris.  —  Rapports  du 
jury  international ,  publiés  sous  la  direction  de  M.  Michel  Che- 
valier. Paris,  1868  ;  1 5  vol.  in-8°. 

Société  météorologique  de  France.  —  Annuaire,  tome  XV, 
1807,  tableaux  météorologiques,  feuilles  7-11;  tome  XVI,  1808, 
tableaux  météorologiques,  feuilles  1-5.  Bulletin  des  séances, 
feuilles  1-5.  Paris,  1868;  5  cah.  in-8°. 

Meurein  [V ictor).  —  Observations  météorologiques  faites  à 
Lille  pendant  l'année  1800-67.  Lille,  1868;  in-8°. 

Millien  [Achille).  —  La  légende  du  chanvre.  Nevers ,  1866; 
in-8^ 

Itistitiit  historique  de  France,  à  Paris.  —  L'Investigateur, 
Ô5""-  année,  406"'-  et  407""^  livr.  Paris,  1808;  in-8^ 


(  121  ) 

lievHc  cl  miKjusin  de  zouloijic  pure  cl  upplnjucc  cl  de  scrici- 
r H liiire  comparée,  parM.F.-E.  Guérin-MéncNilIc,  1808,  ii">i2. 
l*aris;  in-8°. 

Sociêlê  des  sciences  jihysiques  el  niilurelles  de  Bordeaux.  — 
Mémoiros,lomc  VI,  î^*"'  cahier.  Ïiortloaux-Paris,  18()8;  iii-8". 

Sociélé  humanitaire  du  sud-ouesl  de  la  France.  —  Coiiïptcs 
rendus,  séances  du  1"  octobre,  du  8  octobre  et  du  o  no- 
vembre 1808.  Bordeaux,  1809:  in-8«. 

Société  impériale  des  sciences  de  Lille.  —  Séance  publique 
du  27  décembre  1808.  Lille,  1808;in-/i^ 

Revue  britannique ,  nouvelle  série,  8'"'^  année,  n"  1-2.  Paris, 
1868;  in-8^ 

Dali/  {César).  —  Motifs  histori(iucs  d'arcbiteclurc  et  de 
sculpture  dornement  pour  la  composition  et  la  décoration 
extérieure  des  édifices  publics  et  privés.  Cboix  de  fragments 
empruntés  à  des  monuments  français  du  commencement  de  la 
renaissance  à  la  fin  de  Louis  XVI;  livr.  40-47.  Paris,  1869; 
in-folio. 

Société  vaudoise  des  sciences  naturelles  à  Lausanne.  —  Bul- 
letin, vol.  X,  n°  60.  Lausanne,  1808;  in-8^ 

Hirsch  [A.)  et  Plantamour  (E.).  —Nivellement  de  préci- 
sion de  la  Suisse,  exécuté  par  la  commission  géodésiquc  fédé- 
rale, 2"^'  livr.  Genève,  1868;  in-4". 

Société  d'histoire  de  la  Suisse  romande  à  Lausanne.  —  Mé- 
moires et  documents,  tome  XXV  :  3Ionuments  de  l'antiquité 
dans  l'Europe  barbare,  par  Frédéric  Troyon.  Lausanne,  1808; 
in-8". 

Kaiserliche  Akademie  der  Wissenschaften  zu  Wien.  —  Ma- 
them.-naturw.  classe,  Denkschriften,  XXVIll  Band.  Vienne, 
1868;  in-4°.  —  Silzungsberichte,  jalirg.1868,  P"^  abth.jânner- 
marz;  IP' abtli.  janner-marz.  Vienne,  1868;  5  cab.  in-8".  — 
Philos,  histor.  classe,  Denkscbriften,  XVII  Band.  Vienne,  1868; 
in-i^  —  Sitzungsberichte,  jahrg.  1807,  november-december, 
jahrg   1808,  janner-marz.  Vienne,  1807-1808;  4  rah.  in-8".  -  - 


(  1^22  ) 

Arcliiv  riir  ostcrreicliischc  gcseliiclile,  XXIX  Ijaiul,  i'-  Hitl'lo. 
Vienne,  1868,  in-8°.  —  Tabulae  codicum  manu  sciiplorum 
l)paeter  graecos  et  orientales  in  bibliotheca  palalina  Vindobo- 
nensi  asservatorum,  vol.  II,  cod.  2001-5500.  Vienne,  1868; 
in-8''.  —  Aimanacb  der  K.  Akad.  der  Wissenschaften,  XVII 
jnhrg.  1868.  Vienne;  in-12. 

Kaiserliche  Akademie  der  Wissenschaften  in  Wien.  — -Sit- 
/ung  der  malb.-naturw.  classe,  jabrg.  18(;i),  n*"  I,  2,  5.  Vienne, 
1869;  5  feuilles  in-8". 

Entomolofjische  Vereine  zu  Sieltin.  —  Entoniologiscbe  Zei- 
tung,  XXIX*'^'  jabrg.  Stellin,  1808;  in-8''. 

honifjliche  preussische  Akademie  der  Wissenscliaflen  za 
Uerlitt.  —  Monalsbericbt ,  noveniber-deceniber  1868.  Berlin, 
1868;  2  cali.  in-8°. 

Xalurwissenschafflicher  Vereins  far  Slcierinark  zu  Graz. 

—  MiUheilungen,  V  lieft.  Gralz,  1868;  in-8". 
Kaisérliclie-Koni(jliclte  geolo()ische  Reidisanslall  zu  Wien. 

—  Jabrbueb,  jabrg.  1868,  XVIII  Band,  n"'  5-i.  Vienne,  1868; 
i>  cab.  gr.  in-4".  —  Verbandiungen,  1868,  n°'  11-18.  Vienne, 
1868  ;  2  cab.  gr.  in-8". 

Vereins  far  Erdkande  and  verwandle  Wissenschaften  za 
Darnisladt  and  des  nnltelrheinischen  geulocjischen    Vereins. 

—  XotizblaU,  III  folge,  VI  Ileft,  n'"  6l-7:>.  Darmstadl,  1867; 
in-8°. 

Vereins  far  Erdkunde  za  Dresden.  —  IV  und  V  Jabresbe- 
richt.  Dresde,  1868;  in-8^ 

Jnstas  Perllies'  Geographischer  Ansfalt  zu  Gotha.  —  Mil- 
llieilungen  iibei*  wiebtige  neue  erforscbungen  auf  dcni  ge- 
sarningebiete  der  Geograpbie  von  Dr.  A.  Petei'inanji,  18()8,  XII 
und  Erganzungsbeft  n°  25.  Golba,  1868;  2  cab.  in-8  . 

Heidelbercfer  Jahrhacher  der  Literatar  anter  niitwirkung 
der  vier  FacaltlUen,  LXI  jabrgang,  9-11  Ileft.  Ileidelberg,  1868; 
5  cab.  in-8^ 

Asiraaoïaj'srhcr    Gcscl/silta.ft  za    Leipzig.      -    Vi<'i'I,clj;dii-s- 


(  l^^-J  ) 

sflirill.  III  Jîthig.,  ô  llciL  — Ncne  lluirsliil'clii.  von  Dr.  V.-K.  \ou 
Aslcn.  Lcipzii;,  l<S08;  "^  cali.  in-8". 

Halni  [daroln.s)  et  Lauhmium  {(Mcorijius).  —  CaLalogus  i-o- 
tlicum  lalinoriiiii  l)ibli()lliccac  rogiacMonacciisiSjlomi  I,pars  I . 
(>()dicesNum.  1-^5^9  coinplcclcns.  Munich,  18G8;  in-8". 

Konigl.  bayer.  Akademie  der  Wissenscliaften  zu  Milnchen. 
-  SilzungslxTielitc  1808;  II,  Hcft  II.  Munich,  1868;  in-8". 

Kotigelicje  rrederiks  Universital  i  Krislianin.  —  Fortcg- 
nclsc  ovcr  de  Forclaesninger  ira  18(18.  Chrisliania,  1868; 
'■l  cah.  in-4°. 

Del  kongeliyc  Xor.ske  Frederiks  Utiicersilels.  —  Aai'sherct- 
ning  for  aaret  1807.  Chrisliania,  1808;  in-8". 

Ilegisire  (il  Chrisliania  videnskab.sselskabs  Forlumdtingcr, 
1858-07.  Christiania,  1808;  in-8". 

Tre  Akademiske  Taler  paa  Universiltlcts  Aarsfesl  den  2 
den  september  ;  af  M.  J.  Monrad.  Chrisliania,  1808;  in-8". 

Selje  Kloslerleiniuger.  —  Indhercining  oni  aniikvariske 
undersogclscr  I8CC-I807  i  scljc  kirkc-og  Kk)slcrruincr,  af 
0.  Krefting.  Christiania,  1808;  in-4". 

Xorske  rigsregislranter  iildeels  i  Uddrag ,  \\'-''^^  Binds, 
l^'*^  Hefte,  1605-1609,  iidgivet  vcd  Otlo  Gr.  Lundh.  Chri.- 
tiana,  1807;  in-S". 

Sars  (Michacl}.  —  Mémoires  pour  servir  à  la  connaissance 
des  crinoïdes  vivants.  (Programme  de  l'Cniversilé  pour  1868.) 
Christiania,  1808;  in-4". 

Brocit  (O.-J.).  —  Traité  élémentaire  des  fonctions  ellijiti- 
qucs,  2*^  fasc.  Christiania,  4867;  in-8". 

Xgl  magazin  for  nalnrvidenskaberne,  XV"^'^*''^  Binds,  5^'' og 
i"*^*^  Hefte.  Christiania,  1808;  in-8°. 

Berelning  om  Bodsfoengslets  virksouilied  i  aa rcl  1867 . 
Chrisliania,  4868;  in-8". 

Xorske  Fortidsmindesmerkers  bevaring.  —  Foreningen 
aarsberelning  for  4867.  Christiania,  1808;  iii-8*^ 


io 


(  m  ) 

VidensIcdbs-Si'lsLabel  i  ChrlslUinia.  —  Foiliaiullingar,  aai- 
18G7.  Clinsliania,  18G8;  in-8^ 

Zanletleschi  (Franc).  —  La  scienza  alla  esposizione  univer- 
saie  di  Parigi  nel  1867.  Padoue,  18G8;  in-8°. 

/académie  royale  des  sciences  de  Turin.  —  Memoric,  série 
2'%  tomo  XXIV.  Turin,  1868;  in-4".  —  Alli ,  vol.  III,  disp. 
P-S'.  Turin,  1867-08;  8  cah.  in-8«. 

Dorna  [Alessandro).  —  Catalogo  dellc  Lconcidi  o  stelle  mc- 
tcoriche  del  periodo  di  novembre  osservate  nel  1867  al  regio 
osservalorio  di  Torino.  Turin  ,  J868;  in-4'\ 

Genocchi  [A.].  —  Intorno  ad  un  teorenia  di  Caucliy.  Turin, 
1868;  in-4". 

Beltrami  {Eugenio).  —  Teoria  fondamentale  degli  spazii  di 
curvalura  costante.  Milan  ,  1868  ;  in-4°. 

Alinanaque  nàutico  para  1870,  caleulado  de  orden  de  S.  M. 
en  el  Obscrvatorio  de  marina  de  la  eiudad  de  San  Fernando. 
Cadix,  1868;  in-8^ 

Commission  géologique  du  Canada.  —  Rapport  des  opéra- 
tions de  1865  à  1866.  Traduit  de  l'anglais  par  M.  Em.  Blaiu 
de  Saint-Aubin.  Ottawa,  1866;  in-S". 

The  anierican  journal  of  science  and  arts,  second  séries, 
vol.  XVLI,  ir  158.  New-llaven,  1868;  in-8°. 


BULLETIN 


DE 


L'ACADÉMIE  ROYALE  DES  SCIENCES, 

DES 

LETTRES  ET  DES  BEACX-ARTS  DE  BELGIQUE. 
i869.  —  N«  2. 


CLASSE   DES   SCIEl^CES, 


Séance  du  6  février  1869. 
M.  Dewalqce,  vice-directeur,  occupe  le  fauleuil. 

Sont  présents  :  MM.  d'Omalius,  C.  Wesmael ,  J.-S.  Stas, 
\..  De  Roninck,  P.-J.  Van  Beiieden,  Nercnburgcr,  Liagro, 
Dupiez,  Poelman,  Spring,  Gloesener ,  Candèze,  Donnv, 
Montigny,  Steichen,  membres;  Lacordaire,  E.  Catalan, 
associés;  Morren,  L.  Henry,  Malaise,  Dupont,  Ed,  Mailly 
et  Briart,  correspondants. 

S"""  SÉRIE,  TOME   XXVII.  9 


(  '126  ) 
CORRESPONDANCE. 


M.  Dewalqiie  fait  connaître  que  M.  Quetelet,  par  suite 
d'un  douloureux  événement  de  famille,  ne  viendra  pas  rem- 
plir ses  fonctions  de  secrétaire  perpétuel.  M.  De  Koninck 
prie  le  bureau  d'être,  en  cette  circonstance,  auprès  de 
M.  Quetelet,  l'interprète  des  sentiments  de  la  classe; 
celle-ci  décide,  à  la  demande  de  M.  d'Omalius,  qu'elle  se 
rendra,  après  la  séance,  chez  l'honorable  secrétaire,  alin 
de  lui  témoigner  combien  elle  est  sensible  à  la  perte 
cruelle  qu'il  vient  d'éprouver. 

—  H  est  donné  connaissance  qu'une  lettre  du  palais  a 
invité  M.  le  président  de  l'Académie  à  assister  aux  funé- 
railles de  S.  A.  R.  le  duc  de  Brabant,  qui  ont  eu  lieu  à 
Laeken  le  25  janvier.  M.  le  gouverneur  de  la  province  a 
informé  ensuite  la  Compagnie  qu'un  service  funèbre  serait 
célébré  le  27  janvier,  à  i  1  heures,  dans  l'église  des  SS.  Mi- 
chel et  Gudule,  pour  le  prince  royal.  M.  le  président  de 
l'Académie,  accompagné  des  directeurs  des  deux  autres 
classes  et  d'une  députation  d'académiciens,  a  représenté 
la  Compagnie  à  cette  cérémonie.  La  classe  des  lettres, qui 
s'est  réunie  lundi  dernier,  pressentant  les  intentions  des 
classes  des  beaux-arts  et  des  sciences,  a  prié  M.  le  prési- 
dent de  l'Académie,  conjointement  avec  M.  le  secrétaire 
perpétuel,  d'adresser  une  lettre  de  condoléance  à  la  Famille  *j 
Royale.  La  classe  des  sciences ,  ainsi  que  la  classe  des  beaux- 
arts,  qui  s'est  associée  dans  sa  séance  de  jeudi  à  cette  dé- 
marche, partage  les  sentiments  exprimés  au  Roi  en  cette 
circonstance. 


(  127  ) 

—  M.  le  Ministre  de  l'intérieur  transmet  une  ordon- 
nance de  payement  de  !25,7o0  francs,  à  litre  de  première 
moitié  de  la  dotation  académique  pour  1809. 

—  Ce  haut  fonctionnaire  offre  les  livraisons  204  à  207, 
ainsi  que  les  titres  et  tables  du  treizième  volume  de  la 
Flora  batava.  —  Remercîments." 

—  M.  Paolo  Savi  remercie  pour  son  élection  d'associé. 

—  MM.  le  général  Baeyer  et  Rirchhoff  accusent  réception 
de  leur  diplôme  d'associé  et  expriment  le  désir  de  recevoir 
les  Bulletins  et  Y  Annuaire. 

—  La  commission  impériale  de  l'exposition  universelle 
de  1867  fait  hommage  d'un  exemplaire,  en  treize  volumes, 
(lu  rapport  du  jury  international.  —  Remercîments. 

—  L'Institut  géologique  de  Vienne  et  l'Observatoire  de 
Kremsmunster  remercient  pour  l'envoi  des  dernières  pu- 
blications académiques. 

—  M.  F.  Michel  adresse  le  résumé  de  ses  observations 
météorologiques  faites  à  Ostende  en  1868.  —  Réservé  pour 
les  phénomènes  périodiques. 

—  M.  Ch.  Cooraans  communique  une  liste  d'orages  ob- 
servés à  Anvers  en  1868. 

—  M.  l'ingénieur  Manilius  envoie  un  exemplaire  d'une 
note  imprimée,  intitulée  :  Démonstration  de  la  conception 
infinitésimale  de  Poisson ^  avec  prière  d'examen.  —  Il  sera 
répondu  que  l'Académie  ne  fait  pas  de  rapport  sur  les  tra- 
vaux imprimés. 


(  128  ) 

—  M.  Ph.  Gilbert,  chargé  par  la  famille  de  feu  M.  Pa- 
gani  d'examiner  quelques  travaux  manuscrits  délaissés  par 
cet  académicien,  prie  la  classe  d'accepter  ces  pièces,  qui 
se  composent  de  : 

l''  Fragments  de  mémoires  sur  les  théories  fondamen^ 
taies  de  V algèbre; 

â'*  Fragments  de  mémoires  sur  le  calcul  des  variations , 
sur  V intégration  des  équations  du  mouvement  vibratoire 
d'un  fluide  homogène ,  etc.  ; 

5"  Fragment  d'une  histoire  des  sciences  physiciues  et 
mathématiques  ; 

4°  Notes  pour  un  cours  de  mécanique  céleste,  d'autres 
relatives  aux  fonctions  elliptiques  ;  et  enfin  des  notes  ma- 
nuscrites sur  des  sujets  variés,  qui  ne  présentent  pas  un 
tout  régulier; 

5°  Notes  sur  un  voyage  scientifique  en  Angleterre. 

La  classe  remercie  M.  Gilbert  pour  ce  don  et  le  prie 
d'être  son  organe  auprès  de  la  famille  de  M.  Pagani;  elle 
décide  ensuite  que  ces  pièces  seront  placées  dans  les  ar- 
chives académiques  et  que  leur  énumération  sera  inscrite 
dans  les  Bulletins. 

—  M.  Devvalque  dépose  un  billet  cacheté.  —  Cette  pièce, 
contresignée  par  M.  Spring,  directeur  de  l'année  précé- 
dente, est  réservée  pour  les  archives. 

—  Les  travaux  manuscrits  suivants  sont  ensuite  pré- 
sentés :  * 

V  Essai  sur  quelques  questions  élémentaires  de  méca- 
nique physique^  par  M.  Steichen.  (Commissaires  :  MM.  Ca- 
talan, Gilbert  et  Gloesener.) 


(  m  ) 

i2"  Hechcrc/ies  sur  la  consercaliou  du  bois  au  moyeu  du 
sulfate  de  cuivre,  [)ar  M.  lIotlicM'.  (Commissaires  :  MM.  Mcl- 
sciis,  De  Koninck  et  Mans.) 


CONCOURS  DE   1870. 

La  classe  adopte  la  question  suivante  pour  le  contours 
de  1870: 

Faire  conuailre^  uolaitirneut  au  point  de  rue  de  leur 
coniposition,  les  roches  plulonienues ,  ou  considérées 
comme  telles,  de  la  BeU/ique  et  de  l'Ardeuue  française. 

Cette  question  sera  la  sixième  du  programme  de  cette 
année. 

La  classe  réserve  l'adoption  de  la  cinquième  question 
jusqu'à  la  prochaine  séance. 


RAPPORTS. 


Mémoire  sur   une   transformation  rjéométriqne  et  sur  la 
surface  des  ondes ,  par  M.  Ë.  Catalan. 

itappofl  de  M.    €iiibe»'t. 

«  Notre  confrère,  M.  Catalan,  s'est  proposé,  dans  le 
mémoire  dont  je  vais  entretenir  la  classe,  d'étudier  d'une 
manière  plus  complète  qu'on  ne  l'a  fait  jusqu'ici,  une  cer- 
taine transformation  géométrique  susceptible  d'applica- 
tions intéressantes,  surtout  à  la  recherche  des  propriétés 
de  la  surface  des  ondes. 


(  130  ) 

On  sait  quelle  importance  extrême  les  méthodes  de 
transformation  des  figures  ont  prise  aujourd'hui  dans  la 
géométrie,  et  la  raison  en  est  simple  :  lorsque  l'on  trans- 
forme, par  une  méthode  déterminée,  une  ligne  ou  une 
surface,  les  relations  générales  qui  découlent  du  principe 
môme  de  la  méthode  transforment  chaque  propriété  de  la 
ligure  primitive,  quelle  que  soit  la  nature  particulière  de 
celle-ci ,  en  une  propriété  de  la  figure  dérivée.  On  peut 
donc  tirer  immédiatement  les  propriétés  essentielles  de 
cette  dernière  figure  de  celles  de  la  figure  primitive,  qui 
sont  déjà  connues,  et  se  dispenser  en  quelque  sorte  de 
l'étudier  en  elle-même,  ce  qui  serait,  dans  bien  des  cas, 
beaucoup  plus  difficile.  C'est  ainsi  que  la  transformation 
homographique  du  cercle  donnant  toutes  les  sections  co- 
niques, la  propriété  du  cercle,  d'avoir  les  tangentes  aux 
extrémités  d'un  même  diamètre  parallèles  entre  elles , 
devient  la  propriété  fondamentale  des  polafres  dans  les 
coniques. 

Un  principe  de  transformation  apparaît  ainsi  comme 
une  source  intarissable  de  théorèmes  nouveaux,  et  pré- 
sente d'ailleurs  cet  avantage  précieux,  de  grouper  toutes 
les  propriétés  des  figures  autour  de  quelques  lois  géné- 
rales, de  servir  ainsi  de  fil-  conducteur  dans  le  champ, 
chaque  jour  plus  vaste,  des  découvertes  géométriques. 
L'homographie,  la  perspective,  la  transformation  par 
rayons  recteurs  réciproques,  par  la  théorie -des  polaires 
réciproques,  telles  sont  quelques-unes  de  ces  méthodes, 
qui  sont  devenues,  de  nos  jours,  l'objet  de  travaux  mémo- 
rables. 

La  transformation  que  M.  Catalan  étudie  dans  son  mé- 
moire repose  sur  ce  principe  \  Par  un  point  fixe  0,  et  dans 
le  pla}i   passani  par   la  normale  \\\\\  en  an  point  qael- 


(  131  ) 

conque  m  d'une  surface  donnée  s,  on  mène  la  droite  OM, 
ér/ale  et  perpendiculaire  à  Oni.  Le  lieu  géoméirique  du 
point  M  est  une  noucelle  surface  S,  dérivée  de  la  surface 
primitive  s. 

L'auteur  établit  d'abord  les  relations  analytiques  qui 
servent  à  passer  d'un  point  quelconque  au  point  corres- 
pondant, et,  par  suite,  de  l'équation  de  la  surface  primi- 
tive à  celle  de  sa  transformée.  Il  tire  de  ces  relations,  par 
une  analyse  aussi  simple  qu'élégante ,  le  théorème  suivant  : 
Les  normales,  en  deux  points  correspondants  des  sur- 
faces s  e/  S,  sont  dans  le  plan  des  rayons  vecteurs  de  ces 
points,  et  sont  perpendicukiires  l'une  à  Vautre;  d'où  il 
suit  que  la  surface  primitive  se  tire  de  sa  transformée 
comme  celle-ci  de  la  première;  c'est  pourquoi  M.  Catalan 
les  nomme  surfaces  conjuguées. 

Ce  théorème,  qui  joue  un  rôle  capital  dans  le  Mémoire, 
et  auquel  notre  confrère  était  arrivé  dès  1860,  se  trouve 
démontré,  comme  il  en  fait  la  remarque,  dans  le  Traité 
de  calcul  différentiel  de  M.  Bertrand,  qui  en  donne  deux 
démonstrations,  l'une  par  la  géométrie,  l'autre  par  l'ana- 
lyse (*).  Mais  le  théorème  me  paraît  beaucoup  plus  an- 
cien. Dès  1850,  M.  Mac-Cullagh,  dans  un  mémoire  sur  la 
double  réfraction  ('*),  avait  déduit  cette  proposition  de 
pures  considérations  géométriques;  il  ne  ra\ait  appliquée, 
il  est  vrai,  qu'à  la  surface  des  ondes  tirée  de  l'ellipsoïde, 
mais  M.  Salmon  a  fait  voir  ("*)  que  sa  démonstration  est 


C)  T.  I,  pp.  18  et  102. 

(**)  On  Ihe  double  réfraction  of  light  in  a  crustallized  médium ,  by 
.lames  Mac-Cullagli,  dans  les  Transnc (ions  of  (lie  Boi/al  Irisli  Academy, 
vol  XVI,  2*^  pari.,  p.  G5. 

I***^  Analijlic  Gcomclni  of  l/irce  dimensions.  Dublin.  1865,  |t.  590. 


(  152  ) 
tout  à  fait  générale  et  indépendante  de  la  forme  de  la 
surface  primitive.  Remarquons  ici  que  M.  Salmon  a  aussi 
considéré,  sous  un  autre  point  de  vue,  les  surfaces  coîjy?«- 
giiéeSj  qu'il  appelle  surfaces  apsidales  :  on  voit  sans  peine, 
en  effet,  que  tout  rayon  Om  de  la  surface  s  est  un  rayon 
maximum  ou  minimum  de  la  section  plane,  dont  le  plan 
est  perpendiculaire  à  celui  qui  passe  par  la  normale  mn  et 
le  rayon  Om.  D'où  il  suit  que  si  l'on  coupe  la  surface  par 
un  plan  quelconque  passant  par  le  pôle  0,  et  si  l'on  prend 
sur  la  normale  à  ce  plan  menée  par  le  pôle  des  longueurs 
égales  aux  rayons  maxima  et  minima  de  cette  section,  le 
lieu  des  points  obtenus  par  cette  construction  n'est  autre 
que  la  surface  S,  conjuguée  de  s.  Cette  considération 
conduit  fort  simplement,  comme  M.  Salmon  le  fait  voir,  à 
l'équation  de  la  surface  conjuguée  (*). 

M.  Catalan  donne  .plusieurs  exemples  de  lieux  conju- 
gués :  il  montre  que  la  conjuguée  d'un  plan  est  un  cylindre 
de  révolution;  celle  de  la  sphère,  un  tore;  celle  d'une  sur- 
face de  révolution  ,  une  autre  surface  de  révolution  autour 
du  même  axe,  etc..  Il  étudie  aussi  la  transformation  des 
points  et  des  lignes  :  un  point  se  transforme  en  un  cercle; 
une  courbe,  en  une  surface  cyclique,  lieu  d'un  cercle  va- 
riable dont  le  centre  est  au  pôle.  A  cet  égard,  on  doit  re- 
marquer que  chaque  point  de  la  courbe  a  pour  conjugué 
un  cercle  de  la  cyclique,  sauf  lorsque  le  plan  normal 
passe  par  le  pôle,  auquel  cas  la  ligne  conjuguée  se  réduit 
à  deux  points,  ce  qui  interrompt  la  continuité.  De  même, 
si  l'on  regarde  une  courbe  comme  l'intersection  de  deux 
surfaces,   elle   présente   deux   transformées  différentes. 


C)  Ihiri,  p.  Ô89. 


(  153  ) 
selon  qu'on  la  regarde  comme  située  sur  la  première  ou 
sur  la  seconde.  Ce  sont  là  des  imperfections  qui  paraissent 
inhérentes  à  la  nature  même  de  la  méthode  de  transfor- 
mation ,  et  il  semble  bien  difUcile  de  l'en  dégager. 

M.  Catalan  a  tiré  de  son  théorème  fondamental  plu- 
sieurs propositions  générales  très-fécondes,  telles  que 
celle-ci,  qu'il  démontre  fort  simplement  :  La  conjuguée  de 
renveloppe  cVune  surface  est  l'enveloppe  de  la  conjuguée 
de  cette  surface;  et  ici  se  réalise  bien  ce  que  je  disais  plus 
haut  de  l'utilité  des  modes  de  transformation,  car  cette 
propriété,  inhérente  au  principe  même  de  la  méthode, 
conduit  notre  confrère  à  un  grand  nombre  de  consé- 
quences, dont  la  démonstration  directe  serait  peut-être 
inabordable.  Par  exemple  :  la  surface  conjuguée  de  la 
cgclide,  enveloppe  de  la  sphère  tangente  à  trois  sphères 
données,  est  elle-même  Tcnveloppe  d'un  certain  tore,  etc. 
Signalons  encore  ces  propriétés  générales  qui  font  l'objet 
du  chapitre  IV  :  Les  conjuguées  des  surfaces  parallèles 
sont  des  surfaces  parallèles;  —  les  podaires  de  deux  sur- 
faces conjuguées  sont  conjuguées  ;  —  deux  surfaces  réci- 
proques ont  pour  conjuguées  deux  autres  surfaces  récipro- 
ques ;  et  enfin  celle-ci,  qui  est  une  conséquence  évidente 
des  deux  dernières,  et  que  M.  Salmon  a  déjà  publiée  f)  : 
La  polaire  réciproque  de  la  conjuguée  d'une  surface, 
relativement  au  pôle  de  transformation ,  est  la  conjuguée 
de  la  polaire  réciproque  de  cette  surface  (").  M.  Catalan  ap- 


(*)  Anahjtic  Geometnj  of  three  dimensions,  p. -465. 

(**)  Il  n'est  peut-être  pas  inutile  d'observer  que  ces  théorèmes  peuvent 
encore  être  généralisés  et  compris  dans  renoncé  suivant:  Si  chaque  point 
(l'une  surface  B  se  détermine  ,  au  moyen  d'un  point  dune  surface  A  ,  du 
plan  tangent  en  ce  point ,  et  du  pôle  0;  et  si  la  normale  à  la  surface 


(  154  ) 

plique  CCS  Ihcorômcs  généraux  à  divers  exemples  remar- 
quables, et  traite  par  l'analyse  un  bon  nombre  de  ques- 
tions qui  s'y  rattachent. 

L'auteur  a  consacré  un  chapitre  spécial  à  l'étude  de 
certaines  singularités  des  surfaces  conjuguées,  à  cause  de 
l'importance  qu'elles  présentent  dans  la  surface  des  ondes. 
Il  montre  que  si  la  surface  s  admet  une  série  de  normales 
qui  vont  couper  orthogonalement  une  droite  passant  par 
le  pôle,  les  points  correspondants  dans  la  surface  conju- 
guée ont  leurs  plans  tangents  normaux  à  cette  droite;  et 
le  lieu  de  ces  points  est  une  courbe  plane.  Si  la  courbe  de 
contact  du  cylindre  de  révolution  et  de  la  surface  s  est  une 
ellipse,  la  surface  conjuguée  est  touchée  par  deux  plans 
symétriques,  suivant  deux  cercles,  faciles  à  délinir,  etc.. 
L'application  de  ces  propriétés  générales  à  la  surface  des 
ondes  est  évidente;  M.  Catalan  en  indique  plusieurs  autres 
applications  intéressantes. 

Je  passe  maintenant  à  la  seconde  partie  du  mémoire  de 
notre  confrère;  elle  roule  tout  entière  sur  la  surface  des 
ondes. 

Depuis  l'époque  où  Fresnel ,  par  ses  considérations  à  la 
fois  hardies  et  naturelles  qui  sont  un  des  caractères  de 
son  génie,  a  découvert  la  surface  des  ondes  lumineuses 
dans  les  cristaux  à  deux  axes  optiques,  cette  surface  a  été 
l'objet  de  bien  nombreuses  recherches  géométriques  :  et 
il  n'existe  peut-être  pas,  dit  M.  Lamé,  un  meilleur 
exemple  à  choisir  pour  l'application  de  toutes  les  res- 
sources de  l'analyse  et  de  la  géométrie  moderne. 


transformée  B  ne  sort  pas  du  plan  passant  par  le  pôle  et  la  normale  à 
la  surface  A,  la  conjuguée  de  cette  transformée  sera  la  transformée  de 
In  rntiju(/uéc  de  A.  Ccin  ivsullo  éviclemmenl  du  (héoiùmo  fondanuMilal. 


(  135  ) 
Rappelons  brièvement  que  Fresnel,  dans  son  Mémoire 
sur  la  double  réfraction  (*),  avait  déterminé  les  vitesses 
de  propagation  des  ondes  planes,  et  leurs  directions  de 
vibration,  à  l'aide  d'une  surface  du  4'"''  degré,  qu'il  ap- 
pela surface  cVélasticité.  Il  avait  trouvé  aussi  que  si  l'on 
coupe  un  certain  ellipsoïde,  ayant  les  mêmes  axes  que  la 
surface  d'élasticité,  par  un  plan  diamétral,  et  si  l'on  élève 
sur  ce  plan,  par  le  centre,  des  perpendiculaires  égales  aux 
demi-axes  de  la  section,  le  lieu  des  extrémités  de  ces 
droites  est  une  surface  du  4"""  degré,  qui  ne  diffèixî  pas  de 
la  surface  des  ondes;  mais  l'analyse  à  l'aide  de  laquelle 
il  établissait  cette  identité  lui  avait  paru  si  rebutante 
qu'il  n'avait  pu  se  décider  à  la  reproduire.  Ampère  ('*)  dé- 
montra bientôt  après,  d'une  manière  directe,  que  l'équa- 
lion  de  la  surface  des  ondes,  déduite  des  principes  méca- 
niques, est  en  effet  identique  à  celle  que  Fresnel  avait 
si  élégamment  trouvée;  toutefois,  les  calculs  compliqués 
d'Ampère  laissaient  toujours  désirer  une  solution  plus 
simple.  Elle  fut  donnée  en  l-SSO  par  M.  iMac-Cullagh ,  qui, 
dans  le  beau  mémoire  déjà  cité  (***),  montra  le  premier  que 
la  surface  des  ondes  est  l'enveloppe  des  plans  parallèles 
à  une  section  diamétrale  quelcon(|ue  d'un  deuxième  ellip- 
soïde, et  situés  à  des  distances  de  cette  section ,  égales  aux 
valeurs  réciproques  des  demi-axes  de  celle-ci.  Et  comme 
ce  second  ellipsoïde  est  polaire  réciproque  de  l'ellipsoïde 
de  Fresnel  par  rapport  à  leur  centre  commun,  la  con- 
struction de  Fresnel  se  trouvait  démontrée  géométrique- 


{*)    Mémoires  de  l'Inslitut,  Académie  des  sciences,  t.  VII ,  18^" 
(**)  Annales  de  physique  et  de  chimie,  t.  XXXIX,  p.  11.3. 
C**)  Trans.  oflhe  B.  Irish  Arad..  vol.  XVI ,  j»  65. 


(  136) 
ment.  Dans  ce  même  mémoire,  M.  Mac-Cullagh  déduisit 
des  propriétés  de  l'ellipsoïde,  fort  simplement,  les  impor- 
tantes formules  qui  expriment  les  carrés  des  rayons  de  la 
surface,  en  fonction  des  angles  qu'ils  forment  avec  les 
axes  optiques. 

Par  une  circonstance  singulière,  Fresnel  n'avait  pas 
deviné  complètement  la  forme  de  la  surface  des  ondes  :  la 
propriété  remarquable  qu'elle  présente  d'admettre  quatre 
points  coniques,  où  le  lieu  des  tangentes  à  la  surface  est  un 
cône  du  second  degré,  et  quatre  plans  tangents  singuliers 
qui  touchent  la  surface  suivant  des  cercles,  avait  échappé 
au  grand  physicien.  Cette  découverte  est  due  à  M.  Hamil- 
ton  (*),  qui  signala  aussi  les  conséquences  optiques  très- 
singulières  qui  devaient  en  résulter;  bientôt  après, 
M.  Lloyd  (*')  vérifia  par  l'expérience  ces  résultats  de 
l'analyse,  et  découvrit  ainsi  ces  curieux  phénomènes  de 
la  réfraction  conique  interne  et  externe,  l'un  des  plus  ma- 
gnifiques exemples  de  la  puissance  de  la  géométrie  dans 
la  recherche  des  lois  du  monde  physique.  Dans  le  même 
volume  des  Transaclions ,  M.  Mac-Cullagh  (**'),  suivant 
une  marche  géométrique  et  élégante,  rattacha  ces  singu- 
larités de  l'onde  aux  propriétés  de  l'ellipsoïde. 

Jusque-là  personne  n'avait  encore  indiqué  une  analyse 
simple  pour  trouver  directement  l'équation  de  la  surface 
de  l'onde,  en  partant  de  l'équation  aux  vitesses  des  ondes 
planes,  donnée  par  Fresnel.  Ce  pas  fut  fait,  paraît-il ,  par 
le  D'  Senf.  Dans  un  mémoire  lu  à  l'Académie  de  Beiiin 


C)   Tram,  of  the  11  Irisli  Acad. ,  vol.  XVII ,  p.  152. 
(**)  Même  vol.,  p   1  io. 
C*)  p.  2.i8. 


(  IÔ7  ) 
en  1855  (*),  M.  Neumann  a  reproduit  la  mélhode  du 
D"^  Seiif,  et  en  1859,  dans  son  beau  Mémoire  sur  la  pola- 
risation rectiligne  et  la  double  réfraction  (**),  Cauchy  a 
tiré  directement  l'équation  aux  vitesses  de  la  théorie  des 
vibrations  de  l'étber,  et  donné,  pour  passer  de  là  à 
l'équation  de  la  surface  des  ondes,  une  méthode  rapide  et 
élégante,  que  l'on  suit  généralement  aujourd'hui,  sauf  de 
légères  modifications  (***). 

J'arrive  au  beau  mémoire  de  J.  Plûcker  (**")  sur  les  pro- 
priétés géométriques  de  la  surface  des  ondes.  Considérant 
à  son  tour  les  deux  ellipsoïdes,  celui  de  Fresnel  et  celui 
de  Mac-Cullagh,  Piïicker  montre  qu'ils  sont  polaires  réci- 
proques l'un  de  l'autre;  que  la  surface  (^élasticité ,  qui, 
d'après  un  théorème  de  Magnus  (*'**'),  est  la  podaire  du 
premier  ellipsoïde,  est  la  surface  réciproque  du  second  par 
rapport  au  centre  :  d'où  il  déduit  facilement  la  construc- 
tion de  Fresnel.  H  obtient,  en  parlant  du  premier  ellip- 
soïde, l'équation  de  la  surface  des  ondes  en  coordonnées 
ordinaires;  et  en  partant  du  second,  l'équation  de  la  sur- 
face en  coordonnées  tangentielles ,  c'est-à-dire  une  équa- 
tion entre  les  réciproques  des  distances  où  un  plan  tangent 
quelconque  coupe  les  trois  axes.  Il  détermine  les  points 


(*)  Theoretische  Unlersuchung  der  Gesetze  nach  icekhen  das  Licht 

reflectirt  und  gehrochen  ivird  {Abhandlungen  der  Konigl.  Akademic  der 
Wiss.,  zu  Berlin,  1855). 

(**)  Mémoires  de  VlnHtilut,  Académie  des  sciences,  t.  XVIII ,  1842. 

(**")  Voir  Sénarmont,  Journal  de  l'École  polyt.,  5d«  cahier;  et  Ber- 
trand, Traité  de  calcul  diff.,  p.  10-i. 

(****)  Discussion  de  la  forme  générale  des  ondes  lumineuses,  Journal 
de  Crelle,  t.  XIX,  p.  1. 

(*****)  Sam,mlung  von  Aufgaben  und  Lehrslitze  ans  der  anal.  Geom. 
des  Baumes,  i^"  partie,  1857,  p.  402. 


(  138  ) 
et  les  plans  tangents  singuliers  par  une  analyse  originale, 
mais  assez  laborieuse.  Enfin ,  c'est  dans  ce  mémoire  que 
se  trouve  énoncé  pour  la  première  fois  ce  beau  théorème  : 
La  surface  des  ondes  est  sa  propre  polaire  réciproque  par 
rapport  à  un  troisième  ellipsoïde,  dont  chaque  axe  est 
moyen  proportionnel  entre  les  deux  axes  qui  lui  sont 
perpendiculaires  dans  le  premier  ellipsoïde ,  théorème 
très-important,  car  il  relie  deux  à  deux  toutes  les  pro- 
priétés de  la  surface  par  la  théorie  des  polaires  .récipro- 
ques. Ainsi,  de  ce  que  la  surface  admet  quatre  points 
coniques  où  le  plan  tangent  enveloppe  un  cône  du  second 
degré,  on  conclut  que  les  plans  polaires  de  ces  points  tou- 
chent la  surface  suivant  des  courbes,  lieux  des  pôles  des 
plans  tangents  aux  points  coniques;  les  propriétés  rela- 
tives aux  longueurs  des  rayons  se  déduisent  de  celles  qui 
concernent  la  vitesse  des  ondes  planes,  etc.. 

Les  conséquences  du  théorème  de  Plùcker,et  les  pro- 
priétés des  points  conjugués  sur  la  surface  des  ondes,  ont 
été  principalement  développées  dans  Texcellente  étude 
que  M.  Lamé  a  consacrée  à  cette  surface  (')  :  Tillustre 
géomètre  y  expose  aussi,  dans  une  analyse  simple  et 
élégante,  les  propriétés  des  cônes  orthogonaux  qui  tracent 
sur  la  surface  des  ondes  des  courbes  sphériques  et  ellip- 
soïdales. 

Je  signalerai  enlin ,  pour  terminer  cette  énumération 
bien  incomplète  des  travaux  relatifs  à  ce  sujet,  un  mé- 
moire de  M.  Paul  Zech,  de  Tubîngue  ("),  où  les  propriétés 


C)  Leçons  sur  la  théorie  mathématique  de  .ielasticité  des  corps 
5o//de5,  18""^el  19"ie  leçon.    - 

(**)  Die  Eiyeiischaften  der  Wellenfl'iche  mitlelsl  dcr  hoheren  Géomé- 
trie abjeleitet,  Journ.  de  C relie,  l.  52,  p.  215. 


(  i39  ) 

londamentales  de  la  surface  des  ondes  soiil  déduites,  par 
la  géométrie  pure,  de  la  considération  de  l'ellipsoïde 
d'élasticité;  et  le  travail  récent  (')  où  l'un  des  jeunes  géo- 
mètres français  les  plus  pénétrants,  M.  Mannlieim,  en 
s'appuyanl  sur  les  proj)riélés  des  foyers  et  des  caractéris- 
tiques d'un  plan  mobile,  a  réussi  à  assigner,  par  la  géo- 
métrie seule,  les  directions  des  lignes  de  courbure  et  les 
centres  de  courbure  principaux  en  un  point  quelconque  de 
la  surface  des  ondes. 

L'objet  de  la  seconde  partie  du  mémoire  de  M.  Catalan 
est  d'appliquer  à  la  surface  des  ondes  les  tbéorèmes  géné- 
raux obtenus  dans  la  première,  soit  pour  découvrir  de 
nouvelles  propriétés  de  cette  surface,  soit  pour  retrouver 
d'une  manière  plus  simple  celles  que  j'ai  es'sayé  de  résu- 
mer. Ainsi,  en  la  considérant  comme  conjufjuêe  de  l'ellip- 
soïde de  Fresnel ,  suivant  la  définition  adoptée  par  lui,  il 
lui  suffît  d'appliquer  à  l'ellipsoïde  les  formules  générales 
de  la  transformation  pour  tomber  aussitôt  sur  l'équation 
de  la  surface  des  ondes.  Il  rappelle  aussi,  en  les  simpli- 
fiant, les  méthodes  déjà  connues.  Mais  la  surface  peut  être 
représentée,  non-seulement  par  une  équation,  mais  par 
des  systèmes  de  deux  équations,  dans  lesquelles,  ainsi  que 
M.  Lamé  l'avait  déjà  pratiqué,  certaines  fonctions  des 
coordonnées  jouent  le  rôle  de  paramètres  variables.  La 
surface  des  ondes  devient  ainsi  le  lieu  d'une  courbe,  in- 
tersection de  deux  surfaces  variables,  telles  qu'une  sphère 
et  un  cône;  une  sphère  et  un  ellipsoïde,  etc..  M.  Catalan 
ajoute  de  nouvelles  combinaisons  à  celles  que  l'on  con- 
naissait, et,  introduisant  ainsi  jusqu'à  trois  paramètres 


(')  Comptes  rendus  de  V Académie  des. sciences,  t.  LXIV,  pp.  170  et  2G8. 


(  140  ) 
variables,  il  parvient  à  exprimer  les  coordonnées  d'un 
point  quelconque  en  fonction  de  deux  de  ces  paramètres. 
C'est  à  cette  manière  d'envisager  la  surface  des  ondes  que 
se  rattachent  les  théorèmes  de  M.  William  Roberts,  qui 
sont,  si  je  ne  me  trompe ,  au  nombre  des  plus  élégants  de 
cette  théorie.  Faisant  tourner  Tellipsoïde  fondamental  de 
90°  autour  de  son  axe  moyen,  et  prenant  pour  coordon- 
nées les  paramètres  des  surfaces  orthogonales  du  second 
ordre,  homofocales  à  cet  ellipsoïde ,11  a  montré  que  la  sur- 
face des  ondes  est  le  lieu  de  l'intersection  d'une  sphère  de 
rayon  variable  avec  les  hyperboloïdes  homofocaux,  sa 
nappe  externe  correspondant  aux  hyperboloïdes  à  une 
nappe,  sa  nappe  interne  aux  hyperboloïdes  à  deux  nappes; 
il  a  mis  l'équation  de  la  surface  sous  une  forme  extrême- 
ment simple  et  de  laquelle  résulte  ce  beau  théorème  : 
Les  intersections  des  ellipsoïdes  homofocaux  par  les  deux 
nappes  de  la  surface  des  ondes  sont  des  lignes  de  courbure 
de  ces  ellipsoïdes ,  et  des  lignes  de  courbure  de  système 
différent  (*). 

M.  Catalan  étudie  aussi  les  relations  remarquables  qui 
lient  entre  elles  huit  surfaces  qui  se  rattachent  à  la  ques- 
tion et  qui  sont  :  les  deux  ellipsoïdes  de  Plûcker;  leurs 
podaires  respectives,  qui  sont  des  surfaces  d'élasticité; 
leurs  conjuguées  respectives,  qui  sont  des  surfaces  des 
ondes;  et  enfin  les  podaires  de  celles-ci,  qu'il  appelle 
surfaces  des  indices,  par  inadvertance,  car  la  surface  que 
Mac-Cnllagh  a  caractérisée  ainsi  (*')  n'est  point  la  podaire 
de  la  surface  des  ondes,  mais  sa  polaire  réciproque  par 


(')  Salmon,  Analytic  Geomelry ,  etc.,  p.  ô94. 

(**)  Voir  Journal  de  math,  pures  et  appliquées  de  M.  Liouville,  t.  VII 
p.  22 ri. 


(  Ui  ) 
riippoil  au  cenlre,  cl  n'est  autre  c|ue  la  surface  (i)  de 
noire  confrère.   Les  théorèmes  généraux  de  la  première 
|)nrlie  lui  permettent  d'établir  très-simplement  les  rela- 
tions de  ces  surfaces  entre  elles. 

II  en  est  de  même  de  la  recherche  des  singularités  sin* 
lesquelles  repose  le  phénomène  de  la  réfraction  conique  : 
elle  a  été  si  bien  préparée  par  l'étude  des  propriétés  sem- 
blables et  plus  générales  qui  découlent  du  mode  de  trans- 
formation, qu'il  n'y  a  plus  véritablement  qu'à  énoncer 
les  résultats.  M.  Catalan  termine  son  mémoire  par  l'expo- 
sition de  diverses  propriétés,  les  unes  nouvelles,  les  autres 
données  par  M.  Lamé;  il  retrouve  le  théorème  de  Pliicker 
par  une  voie  que  son  élégance  ne  me  fait  pas  préférer 
à  la  marche  si  simple  du  géomètre  allemand;  il  établit 
enfin  un  bon  nombre  de  relations  nouvelles  entre  les 
points  conjufjués,  relations  qui  lui  seront  utiles  dans  des 
recherches  ultérieures.  QuW  me  permette  toutefois  de  lui 
faire  observer  qu'il  n'était  pas  nécessaire  de  démontrer, 
comme  il  le  fait,  que  si  deux  points  de  la  surface  sont  sur 
un  même  rayon,  il  ne  peut  en  être  de  même,  en  général, 
de  leurs  coiijugués  :  cela  est  évident.  Car  il  résulte  de 
l'équation  même  du  plan  polaire  d'un  point,  que  les  plans 
tangents  à  la  surface,  en  ces  deux  points  conjugués,  sont 
parallèles  :  et  l'on  sait  déjà,  par  une  propriété  bien  connue 
de  la  surface  des  ondes,  que  les  plans  menés  par  la  per- 
pendiculaire abaissée  du  centre  sur  deux  plans  tangents 
parallèles,  et  par  leurs  points  de  contact  respectifs,  sont 
perpendiculaires  l'im  à  l'autre;  ce  qui  exclut  la  possibilité 
que  ces  points  de  contact  soient  sur  un  même  rayon. 

En  résumé,  le  mémoire  de  iM.  Catalan  présente  une 
étude  remarquable  des  propriétés  générales  de  la  trans- 
formation géométrique  que  l'auteur  a  considérée;  il  ren- 

S"'*"  SÉRIE,  TOME  XXVII.  10 


(  Ii2  ) 

Icnne  des  applicalioiis  nombreuses  el  ingénieuses  de  ces 
propriétés,  principalement  à  la  surface  des  ontles;  il 
ajoute  ainsi  des  relations  intéressantes  à  celles  que  nous 
connaissions  déjà  dans  cette  surface,  et  présente  ces  der- 
nières sous  un  point  de  vue  nouveau.  Sous  ces  divers  rap- 
ports, comme  sous  celui  de  la  clarté  et  de  l'élégance  des 
démonstrations,  qualités  auxquelles  M.  Catalan  nous  a 
habitués,  ce  mémoire  me  paraît  très-digne  de  figurer  dans 
les  recueils  de  l'Académie.  » 

Conformément  aux  conclusions  de  ce  rapport,  auquel 
adhèrent  MM.  Steichen  et  Nerenburger,  deuxième  et 
troisième  commissaires,  la  classe  vote  l'impression  du  tra- 
vail de  M.  Catalan  dans  le  recueil  des  Mémoires  in-i". 


Piccherches  sur  les  sul  foc  panures  des  radicaux  alcooliques; 
par  M.  L.  Henry,  correspondant  de  l'Académie. 

§tappo»*t  de  i7M .  SI  fis. 

«  M.  Henry  a  présenté  à  la  classe  la  continuation  des 
recherches  qu'il  a  entreprises  sur  les  sulfocyanures  des 
radicaux  alcooliques.  Dans  le  but  de  réaliser  un  sulfo- 
cyanure  pouvant,  suivant  l'auteur,  être  lapporté  avec 
certitude  au  type  H^S,  il  a  essayé  de  remplacer  par  du 
cyanogène,  l'hydrogène  typique  de  l'éthyle-sulfure  de  mer- 
cure. Dans  l'espoir  d'arriver  à  ce  résultat  il  a  fait  réagir  à 
chaud  sur  ce  dernier  corps  l'iodure  de  cyanogène  en  solu- 
tion alcoolique.  Du  cyanogène  est  devenu  libre  et  il  s'est 
produit  du  bisulfure  d'éthyle.  L'iodure  de  cyanogène  se 
conduit  donc  comme  l'iode  libre.  On  sait  en  effet  par  les 
travaux  de  MM.  Kekulé  et  Linnemann  que  l'iode  Irans- 


(  143  ) 
Unina  IVlliyle-sulfnre  sodiquc  en  bisulfure  cthylique  et  en 
iodure  mé(alli(]ue.  M.  Henry  a  été  plus  heureux  pour  d'au- 
tres sulfocyanures.  Ainsi ,  par  l'action  d'une  solution  alcoo- 
lique desulfocyanure  de  potassium  sur  l'iodure  d'isopropyle 
et  sur  l'isotribromliydrine,  il  a  obtenu  le  sulf'ocyanure 
d'isopropyle  et  le  trisuH'ocyanure  allylique,  corps  solide, 
très-stalfle,  parfaitement  défini  et  qui  est  le  premier  sulfo- 
cyanure  triatomique  connu.  Il  est  également  parvenu  à 
produire  le  sulfocyanure  benzylique  en  faisant  réagir  le 
chlorure  de  benzyle  sur  le  sulfocyanure  de  potassium  dis- 
sous. Ce  composé  benzylique  possède  les  propriétés  com- 
munes aux  sulfocyanures  organiques.  Deux  isomères  du 
sulfocyanure  benzylique  sont  déjà  connus;  mais  le  corps 
découvert  par  M.  Henry  se  distingue  par  des  propriétés 
parfaitement  tranchées  qui  permettent  d'affirmer  l'exis- 
tence de  ce  sulfocyanure. 

L'auteur  fait  donc  connaître  des  corps  nouveaux  qui 
complètent  la  série  très-importante  des  composés  cyani- 
ques.  J'ai  l'honneur  de  proposer  à  la  classe  d'insérer  le 
nouveau  travail  de  M.  Henry  dans  le  Bulletin  de  la  séance 
et  de  voter  des  remercîments  à  l'auteur  pour  sa  commu- 
nication. » 


Mtappoâ*!  tif  M.  tic  Honincli. 

a  Je  me  joins  à  mon  savant  confrère  M.  Stas  pour  pro- 
poser l'insertion  de  la  notice  de  M.  Henry  dans  les  BnUe- 
tins  de  l'Académie.  » 

Conformément  aux  conclusions  de  MM.  les  commis- 
saires, la  classe  vote  l'impression  du  travail  de  M.  Henry 
dans  les  Bulletins. 


(  \u 


COMMUNICATIONS  Eï  LECTURES. 


Sur  los  roulettes  et  les  po'taires;  par  M.  E.  Catalan, 
associé  de  l'Académie. 

Soit  une  courbe  ACB,  roulant  sur  une  droite  lixe  DE, 
en  entraînant  un  point  M,  de  manière  à  lui  l'aire  décrire 
une  roulette  MM'M''....  Soit  ensuite  PPT''...  le  lieu  des 
projections  du  point  M  sur  les  tangentes  DCE,  D'C'E',... 
à  la  courbe  ACB,  c'est-à-dire  la  podaire  du  point  M  (sup- 
posé fixe)  relativement  à  celte  courbe  (supposée  fixe). 

Comme  le  fait  Legendre  (*) ,  rapportons  la  podaire  au 
point  M,  pris  pour  pôle,  et  à  un  certain  axe  Mj;  soit 
n=f((ù)  réquation  de  cette  ligne.  Désignons  par  p,  r,  R  les 
rayons  de  courbure  des  trois  courbes,  aux  points  corres- 
pondants C,  M,  P.  Désignons  encore  i)ar  v  la  droite  MC. 
On  trouve  aisément 


pr=u  -^~  y" ,      R 


nu    —  //  - 
D'ailleurs, 

{u'-^u'f 

r  = ^ 

u'  -+-  ''2u'  ^  —  nu" 

La  comparaison  des  deux  dernières  valeurs  donne  la 


C)  Traité  des  fonctions  elliptiques  y  t.  Il  ,  p  Ti 


S«. 


(  H-o  ) 
lelalioii  suivaule,  (jui  n'a  [xHit-ùlic  pas  été  rcmaninée  : 

i-.i=^ (A) 

On  a  donc  ce  théorème  : 

La  nomme  (')  des  courbures  de  la  roulette  et  de  la  po- 
daire ,  en  deux  poinls  correspondants ,  est  égale  à  Vinrerse 
de  la  distance  comprise  entre  le  point  décrivant  la  roulette 
et  le  point  où  la  courbe  roulante  touche  la  droite  fixe. 

Les  applications  de  la  lornuile  (A)  sont  nombreuses.  On 
en  conclut,  par  exemple,  le  théorème  de  Steiner,  retrouvé 
par  MM.  Mannheim  et  Paul  Serret,  puis  généralisé  pai- 
notre  confrère  M.  Lamarle  ('*). 


Sur  l'addition  des  fonctions  elliptiques  de  première  espèce; 
par  M.  E.  Catalan,  associé  de  l'Académie. 

Legcndre  fait  observer  qu'  «  une  application  fort  sim- 
ple de  la  trifjonométrie  sphérique  aurait  suffi  pour  trou- 
ccr  Vintégrale  aUjébrique  complète  de  réqnation  transcen- 
dante 

—  H =  0  ).  (***). 


(*)  Il  s'agil  ici ,  bien  entendu  ,  de  somme  algébrique. 

(**)  Journal  de  r École  pol y tecliniqucAO»"'  cahu^-v;  Bulletins  de  l\\ca- 

ItÉMIE  ROYALE  DE  DeLGIQLE,  2«  sélic,  l.  IV. 

(**')  Trailc  des  foncfions  elliptiques,  l.  I,  i>.  :21. 


(  146  ) 

Peut-être  n'a-t-on  pas  fait  attention  à  une  autre  interpré- 
tation géométrique  de  cette  intégrale,  ou  à  une  seconde 
manière  de  démontrer  le  théorème  d'Euler.  L'indication 
de  ce  procédé  particulier  est  l'objet  de  la  présente  note. 

I. 

Soit  l'équation 

(lu  dv 


V  \  —  e^\n'a        y 


(1) 


I  —  (■'  siirr 


que  l'on  peut  écrire  sous  la  l'orme  abrégée  et  rationnelle  : 
(hf       dv'' 

ir^  Y 

Si  l'on  lait 


0  -f-   ;o  h  —  ce 

on  change  l'équation  ("2)  en 

V  {de  H-  dcoY  =  U  ((/e  -  f/co)', 
ou  en 

(V  —  U)  [do'  -+-  do,')  -t-  t)  (V  4-  IT)  de  Jw  =  o.     .     .      (4) 

Mais 

V  —  U  =  c'(sin'i/  -  sin'r]  ==  —  (cos 2r  —  cos 2^^ )  =  c/  sinO sin w,  1 

2  —  cos  2/<  —  cos  2v,  •  -l^) 
V -f-  U  =  2  — c'(sirrw-t- sin'v)  — 2--c'  -^ 1 

=  1  -4-  /> '  -h  (y  cos  e  C03W  ;  I 


(  IW  ) 

(Jonc 

(•^  sin  0  sin  'o  (</o-  +  dS)  4-  2  [  I  -+-  6"  -+-  c"  cos  0  cos  <>i\  do  (h  =  (), 

ou 

'sin  '(?siirw(r/o'-+-r/w')  -ht2[l  -+-//'+c'cos0t'os:o]sin!3sinw(/0f/:j  =  o.  ((»] 

Soit  maintenant  : 

X  -+-7  y  —  X 

i'OS  e  =z — ^,  ('0sa;=^ — - —  :       ...     (7) 

k  k 

l'équation  (6)  devient 

c '  [k"  —  (x  —  //)']  (r/x  -h  dijY  -\-  e  \\e  —  (x  -4-  y)']  ((/x  —  dij)' 
-f-  2  [{1  H-  6-^)  /l''  H-  e  (;f  —  X')]  [dif—dx')  =0; 

ou,  après  quelques  réductions, 

(k^  —  c''x-)  dfj'  -+-  ^rxijdxd)/  —  (h'k'  -+-  c  "//')  dx"  =  0.     (8) 

II. 

On  lire,  de  celte  é(jualion, 

Celle-ci  ne  diffère  pas  de  l'équation  de  Clairault;  en  sorte 
que  l'intégrale  des  équations  (8),  (9)  est 


?/  =  mx=b-l/m'  — 6';    ....     (10) 
c 


m  étant  la  constante  arbitraire. 

Les  droites  représentées  par  cette  équation  (10)  ont  pour 


(  148  ) 
enveloppe  la  courbe  déterminée  par  la  solution  singulière 
de  l'équation  (8);  savoir 

if—b'x'  = k' (II) 

Cette  courbe  est  donc  une  hyperbole  rapportée  à  ses  axes. 
Représentant  par  A  le  demi-axe  transverse,  on  a,  au  lieu 
de  l'équation  (li), 


111. 


On  satisfait  à  la  dernière  relation  en  prenant 

A 

.i-  = ,     y  =  6Alangy;.     .     .     .     (15) 

COS  Y 

donc  l'équation  (10)  peut  être  écrite  ainsi 

y  sin  ©  -H  hX  cos  j  =  bx (I  4) 

En  effet,  si  l'on  élimine  ©  entre  cette  équation  (14)  et 
sa  différentielle,  on  trouve 

X'dij''  —  X-b^Ix''  —  (xdi/  —  ydx)-  =■  o; 

ce  qui  ne  diffère  pas  de  la  relation  (8). 


IV. 


Dans  l'intégrale  (li),  remplaçons  x  et  //  [)ar  leurs  va- 
leurs tirées  des  équations  (5) ,  (7);  savoir  : 

1 

X  =  —  cA  (cos  0  —  cos  co)  =  c\  siii  H  sin  v, 

ij  =  —  rA  (cos  0  -f-  cos  co)  =  c\  cos  a  cos  v  ; 


I 


{  I41>  ) 
cl   nous   aurons,    pour   inléi^ralc   algébrique   de   Téfiua- 
lion  (1)  : 

cos  u  cos  V  sin  ^  h-  -  cos  -^  =  b  ^\n  n  siii  v  .     .     (15] 

LUcclivenienl,  si  l'on  prend  les  lonnules 

h  (y 

lif  v  = ,  >u\'  -^  =  ■ — — : 5 

c  cos  y.  '         I  —  c"  snr  fx. 

(Toù  résulte  l'identité 

6^  b^ 


1  —  c^  sin^  [I.       h'  ■+-  c'  cos'  /u.  ' 
on  retrouve  l'écj nation  connue  : 


cos  u  cos  V  —  sill  II  SJLl  c  V   1  —  c'  siii    u.  =  CO 


s  fi. 


V. 

Je  suis  arrivé  à  Tintégrale  (lo)  en  cherchant  à  intégrer 

(« '  —  X-')  dif  -+-  :2x?/  (/x-  i/y/  -\-  (h'  —  yy  ')  (/x '  =  o.      (1(5) 

Si,  alin  de  rendre  cette  équation  homogène,  on  pose 

X  =  a  cos  0,     ij  =  h  cos  u, 


pujî 


u-^  V  n  —  r 


on  est  conduit  à 

du 


\/cOSU  V^L'OSV 


(17) 


(  m  ) 

chacun  des  deux  membres  est  la  différentielle  d'une  fonc- 
tion elliptique.  Mais,  si  l'on  écrit  ainsi  l'équation  (14)  : 

on  voit  que  l'intégrale  des  équations  (16  et  17)  est,  si  l'on 
veut, 

-cos.+^sin.=  l:     ....     (19) 
a         '        b         ' 

sous  cette  l'orme,  on  reconnaît  que  l'équation  (16)  appar- 
tient aux  tangentes  à  une  ellipse.  Remplaçant  x  et  //par 
leurs  valeurs,  on  a  cette  intégrale  algébrique  ou  trigono- 
métrique  de  l'équation  (17)  : 

cos  v  cos 1-  sin  i  cos  — =  1  .     .     (JD) 


Recherches  sur  les  sulfocyanures  des  radicaux  alcooliques, 
par  M.  Louis  Henry,  correspondant  de  l'Académie, 

§  2.  (1).  —  Action  de  Viodure  de  cyanogène  sur  réthyle- 
sulfure  de  mercure. 

On  connaît  aujourd'hui,  grâce  surtout  aux  intéressantes 
recherches  de  M.  Hoffmann,  deux  séries,  à  peu  près  éga- 
lement riches,  de  sulfocyanates  alcooliques  isomères, 
analogues  aux  oxijcyanates  correspondants. 


(t)  Voir  noire  première  notice.  Ballelins  de  r Académie  royale  de  Bcl- 
rjiqne,  '2''  série,  l.  XXV,  p.  050. 


(  loi  ) 

Parmi  ces  produits,  les  uns  qui  ont  pour  principal  re- 
présentant Tessencc  de  moutarde  ^^'  j  Xz  peuvent  être  rap- 
portés au  type  Ils  Ar,  ce  sont  des  sulfocarbimides  alcooli- 
ques; ils  se  caractérisent  par  la  propriété  de  se  combiner 
par  addition  à  l'ammoniaque  et  aux  aminés  en  général,  en 
donnant  des  urées  sulfurées  composées. 

Les  autres,  dépourvus  de  cette  propriété,  peuvent  être 
rattachés  au  type  H2  S;  on  admet  qu'ils  renferment  un 
atome  de  carbone  intimement  uni  à  l'azote  sous  forme  de 
cyanogène;  ce  sont  les  véritables  sidfocy anales.  Les  lor- 
mules  suivantes  montrent  bien  la  différence  de  constitution 
des  deux  isomères  éthyliques  : 

es     f  CAr  i    • 

Sulfocnrbimide  éthylique.  Sulfoctjanate  éthyiique. 

Tout  dépend  ,  comme  on  le  voit,  des  rapports  de  posi- 
tion ou  de  saturation  d'un  atome  de  carbone  vis-à-vis  du 
soufre  ou  de  l'azote. 

L'action  des  iodures,  bromures  ,  etc.,  des  radicaux  d'al- 
cools sur  les  sulfocyanures  métalliques  donne  indifférem- 
ment, comme  l'on  sait,  des  composés  de  ces  deux  sortes, 
quoique  plus  fréquemment  cependant  ceux  de  la  seconde. 

Dans  le  but  d'obtenir  des  sulfocyanures  pouvant  être 
rapportés  avec  certitude  au  type  H.2  S,  nous  avons  imaginé 
de  remplacer  dans  les  mercaptans  l'atome  d'hydrogène 
typique  par  du  cyanogène.  On  sait  déjà  en  effet  que,  par 
l'action  du  chlorure  de  cyanogène  gazeux  sur  l'alcool  éthy- 
lique sodé,  M.  Cloëz  (1)  a  obtenu  la  cijauéthoiinc  cazM^' 
qui  constitue  le  véritable  éther  cyanique. 

(1)  Comptés  rendus,  l.  XLIV,  p.  48:2. 


(    lo^  ) 

Nous  avons  employé  dans  ce  but  l'iodure  de  cyanogène 
et  rélliyle-sult'urc  de  mercure  (C^H:^)^  %  S^  ou  mercaptan 
mercurique,  comme  susceptibles  de  réagir  plus  facilement 
l'un  sur  l'autre  et  aussi  plus  aisés  à  obtenir. 

L'iodure  de  cyanogène  réagit  en  effet  facilement  à  chaud 
et  en  solution  alcoolique  sur  l'éthyle-sulfure  de  mercure. 
Ces  deux  corps  ont  été  chauffés  au  bain-maric  avec  de 
l'alcool  en  assez  notable  quantité,  dans  un  ballon  mis  en 
communication  avec  un  réfrigérant  ascendant.  Il  se  forme 
après  quelque  temps  un  abondant  dépôt  d"iodure  rouge  de 
mercure,  en  même  temps  que  Ton  perçoit,  à  l'extrémité 
ouverte  de  l'appareil,  une  vive  odeur  de  cyanogène. 

Le  liquide,  refroidi  et  hltré,  précipite  par  l'eau  une 
huile  jaunâtre  d'une  odeur  désagréable.  Celle-ci ,  desséchée 
à  l'aide  du  chlorure  de  calcium  et  soumise  à  la  distillation , 
a  passé  en  grande  partie  au-dessus  de  100";  après  quelques 
rectifications,  nous  en  avons  obtenu  un  liquide  incolore 
limpide,  d'une  odeur  alliacée  ,  désagréable,  d'une  densité 
peu  différente  de  celle  de  l'eau,  bouillant  vers  150*^  —  de 
iil°'à  loo*"  —  présentant  enfin  l'ensemble  des  caractères 
du  bisulfure  d'éthyle. 

Le  bisulfure  d'éthyle  bout  en  effet  à  la  température 
de  iol°,  tandis  que  le  monosulfure  bout  à  91°. 

Soumis  à  l'analyse,  ce  liquide  nous  a  donné  les  résultats 
suivants  : 

1"  0,5414  grammes  de  substance  ont  donné  1,5025 
grammes  de  sulfate  de  baryum. 

!2"  0,9282  grammes  de  la  même  substance  ont  fourni 
5,5452  grammes  de  sulfate. 

Ces  chiffres  correspondent  respectivement  à  52,59  et 
52,42  p.  "/„de  soufre;  le  bisulfure  d'étliyle  (C.  H;;).,  S.^  en 
renferme  52,45  "A,,  tandis  (jue  le  monosulfure  (C.2  H-i).2  S 
n'en  contient  (lue  55,55  '7„. 


(  -is")  ) 

Xiil  doiiU'  donc  (iiic  le  li(iiii(lo  ()l)(('ini  cl  analyse''  ne  IVi( 
(lu  hisuUiirc  d'élhylo. 

Il  se  forme  en  même  temps,  dans  celte  rcaclion,  comme 
produit  aecessoire,  une  petite  quantité  de  monosulfure 
éthylique.  La  formation  de  ce  monosulfure  doit  être  accom- 
pagnée de  la  mise  en  liberté  d'une  certaine  quantité  de 
soulVe;  c'est  ce  que  nous  avons  en  effet  constaté;  le 
liquide  huileux ,  précipité  par  Teau  de  sa  solution  alcoo- 
lique, a  laissé  déposer,  après  quelques  heures  de  repos, 
ime  quantité  fort  appréciable  de  petits  cristaux  de  soufre. 

Il  résulte  donc  de  là  que  Fiodure  de  cyanogène  se  com- 
porte vis-à-vis  du  mercaptan  mercuriquede  la  même  ma- 
nière que  riode  libre  et  seul;  MM.  Kekulé  et  Linnemann 
ont  en  effet  montré  que,  sous  faction  de  fiode,  le  mercap- 
tan élhylique  sodé  donne  du  bisulfure  d'éthyle  (I). 


)^  5.  —  Sulfoci/anures  polyalomiqnes.  —  Triaalfocynnure 
(faUille  C,H,  (CAr  8)3. 

Nous  l'avons  obtenu  en  chauffant  dans  un  flacon  en 
verre,  à  parois  résistantes  et  solidement  bouché,  de  i'isotri- 
bromhydrine  C3  H-;  Br-, —  produit  de  la  réaction  du  brome 
sur  l'iodure  d'allyle  —  avec  du  sulfocyanure  de  potassium , 
en  présence  d'une  grande  quantité  d'alcool. 

C.H5  Br,  4-  5K  CA-  S  =  ÔK  \^r  -+-  C-H^  (CA3  S).. 

Après  quelques  heures  d'ébullition  au  bain-marie,  la 
décomposition  est  complète;  on  trouve  dans  le  flacon  un 
abondant  dépôt  de  bromure  potassique  et  de  sulfocyanure 

(1)  Ann.  der  Cliem.  und  Phcirm.,  l.  CXXXIII ,  p.  277. 


(ÏM) 
(l'allyle.  On  chasse  l'alcool  par  distillation  et  Ton  traite  le 
résidu  solide  par  l'eau  qui  ne  dissout  que  le  bromure. 

On  dissout  le  sulfocyanure  dans  l'alcool  bouillant  et  on 
le  décolore  à  l'aide  du  noir  animal;  il  cristallise  &e  sa  solu- 
tion fdtrée  par  le  refroidissement. 

Ainsi  préparé  et  purifié,  le  trisulfocyanure  d'allyle  se 
présente  sous  forme  de  petites  aiguilles,  d'un  blanc  écla- 
tant, dures  et  cassantes,  sans  odeur  et  sans  saveur. 

Il  se  fond  à  126"  en  une  huile  incolore  qui  se  solidifie 
de  nouveau  à  115".  Chauffé  à  une  température  plus  élevée, 
il  se  décompose  bientôt  en  laissant  un  résidu  charbonneux 
considérable  et  en  dégageant  d'abondantes  vapeurs  cyan- 
hydriques. 

Ce  corps  est  d'une  insolubilité  complète  dans  l'eau  ;  l'al- 
cool même  n'en  dissout  à  froid  que  de  fort  minimes 
quantités,  il  nécessite,  pour  se  dissoudre,  à  la  tempéra- 
ture de  io%  au  delà  de  400  fois  son  poids  d'alcool 
de  95  centièmes.  Ce  fait  s'explique  si  l'on  remarque  que  ce 
composé  renferme  44,65  p.  "/„  de  soufre,  corps  fort  inso- 
luble dans  les  dissolvants.  Il  se  dissout  beaucoup  plus  faci- 
lement dans  l'alcool  bouillant;  l'éther  et  le  sulfure  de 
carbone  le  dissolvent  également  en  petite  quantité. 

Nous  nous  sommes  borné,  dans  l'analyse  de  ce  produit , 
à  déterminer  le  soufre  qui  en  constitue  l'élément  fonda- 
mental et  caractéristique.  Voici  les  résultats  obtenus  : 

I.  0,4747  grammes  de  substance,  préalablement  fondue, 
ont  donné  1,5286  grammes  de  sulfate  de  baryum. 

II.  0,4466  grammes  de  substance  non  fondue,  dessé- 
chée à  la  température  ordinaire  sur  l'acide  sulfurique , 
ont  donné  1,4514  grammes  de  sulfate. 

Ces  chiffres  correspondent  respectivement  à  44,22  ^/u 
et  44,65  o/o  de  soufre;  la  formule  CsH-;  (CAz  S):,  en  exige 
44,65  o/o. 


[    loo  ) 

Nous  ferons  rcmarquci'  que  ce  suHocyaniire  d'allvle  est 
le  premier  sulfocvanure  Iriatomique  coiimi  jusqu'à  présent. 

Nous  nous  proposons  de  rendre  compte  dans  une  pro- 
chaine notice  des  produits  de  l'action  de  la  7110)10,  de  la  di 
et  de  la  tridilorhydruie  glycériques  sur  le  sulfocvanure 
potassique. 

.^  IV.  —  Siilfocyanure  benzijllque  C7H7/  CA-  S  ou 
métlujbbenzéniqm'  C,;H;;-  (CHo,  CAr  S). 

On  l'obtient  aisément  en  chauffant,  au  hain-marie,  dans 
un  ballon  muni  d'un  appareil  à  reflux,  du  chlorure  de 
benzyle  C7H7,  C/  avec  du  sulfocvanure  de  potassium  em- 
ployé en  quantité  équivalente,  en  présence  d'un  volume 
d'alcool  assez  considérable. 

11  se  forme  bientôt  dans  la  solution  chaude  un  abondant 
dépôt  de  chlorure  potassique;  après  une  demi-heure,  la 
réaction  est  complète;  toute  la  liqueur  se  prend  en  masse 
par  le  refroidissement.  On  opère  comme  précédemment, 
l'alcool  est  chassé  par  la  distillation  et  l'on  traite  le  résidu 
solide  par  l'eau  qui  ne  dissout  que  le  chlorure  de  po- 
tassium. 

On  purifie  le  sulfocyanure  ainsi  obtenu,  en  le  dissol- 
vant et  en  le  faisant  cristalliser  plusieurs  fois  dans  l'alcool 
bouillant. 

De  sa  solution  alcoolique  chaude,  ce  corps  cristallise, 
par  un  refroidissement  lent,  en  [)rismes  allongés,  d'assez 
grandes  dimensions,  blancs  et  translucides. 

Il  est  insoluble  dans  l'eau,  à  froid  et  à  chaud;  l'alcool 
ne  le  dissout  guère  à  la  température  ordinaire;  il  s'y  dis- 
sout ahondamment  à  la  température  de  l'ébullition.  11  est 


(  m  ) 

ogalomcnl  el  assez  facilement  soluble  dans  l'éther,  le  siil- 
Inre  de  carbone  et  les  liydrocarhures. 

Quoique  solide,  il  exhale  une  odeur  piquante,  persistante, 
rappelant  celle  du  raifort  ou  mieux  encore  du  cresson;  sa' 
saveur  est  piquante  et  brûlante. 

Il  se  fond  à  la  température  de  36-38°  en  une  huile  in- 
colore, mobile,  qui  se  concrète  de  nouveau  à  34%  il  distille 
à  une  température  de  2o6-257°  (non  corrigée)  en  se  dé- 
composant partiellement,  les  premières  portions  passent 
incolores  et  se  solidifient  de  suite;  plus  tard,  elles  sont 
jaunes  et  même  brunes,  et  conservent  longtemps  l'état 
liquide. 

De  même  que  les  autres  sulfocyanures,  il  se  combine 
vivement  avec  lucide  bromhydrique,  en  donnant  un  pro- 
duit solide,  insoluble  dans  Véther  et  immédiatement  dé- 
composable  par  l'eau. 

L'acide  azotique,  fumant  et  refroidi,  le  dissout  sans 
dégagement  gazeux ,  en  se  colorant  en  rouge  foncé  et  en  le 
transformant  en  nitro-sulfocyanure. 

Nous  nous  sommes  aussi  borné,  dans  l'analyse  de  ce 
produit,  à  en  déterminer  le  soufre.  0,oi01  grammes  de 
substance  non  distillée,  desséchée  à  la  température  ordi- 
naire sur  l'acide  sulfurique,  ont  donné  0,7960  grammes 
de  sulfate  bary tique,  ce  qui  correspond  à  !21,4!2  ^/o  de 
soufre;  la  formule  C7H7,  CA-  S  en  demande  21,47  >. 

Faisons  remarquer  que  deux,  corps  isomères  de  ce  pro- 
duit sont  déjà  connus,  ce  sont  les  essences  de  moutarde 
tolué nique  et  henzylique  qu'a  préparées  récemment  M.  Hoff- 
mann à  l'aide  de  son  procédé  ordinaire,  par  la  distillation 
des  ditoluényl  et  dibenzyl  suifocarbamides  avec  l'anliy- 
ùride  phosphorique.  L'un  de  ces  corps,  celui  qui  provieiU 
de  la  toluidine  ou  amido-toluol,  {\}\,,  (ArH.^)  CH-,  est  so- 


(  l-w  ) 

lido,  il  (ond  à  26"  et  so  congèle  à  ^^\  il  hoiil  à  257";  l'antre, 
oolni  qni  provient  de  la  benz\ lamine  CoH^CH^,  Ac  H.2 
est  liqnide  à  la  température  ordinaire  et  bout  à  215"  (I). 
On  voit  que  ces  différences  sont  suffisantes  pour  démon- 
trer l'individualité  propre  du  produit  que  nous  venons  de 
décrire. 

Nitro-sulfocyamire  benzylique.  C7Ho(A::02)  (CA:?). 

Nous  avons  obtenu  ce  corps  par  deux  voies  différentes  : 

1"  directement,  en  traitant  par  l'acide  azotique  le  sul- 
l'ocyanure  de  benzyle. 

On  dissout  celui-ci,  par  petites  portions,  dans  plusieurs 
fois  son  poids  d'acide  azotique  fumant  et  bien  refroidi. 
Après  quelques  beures,  on  précipite  le  produit  par  l'eau 
et  on  le  fait  cristalliser  dans  l'alcool; 

2°  par  voie  indirecte,  en  traitant  par  le  cblorure  de 
nitrobenzyle  C7Ho(A^  O^)  C/  le  sulfocyanure  de  potassium , 
d'après  le  procédé  indiqué  plus  haut. 

Les  produits  de  ces  diverses  préparations  ne  nous  ont 
présenté  jusqu'à  présent  aucune  différence  marquée.  Ils 
cristallisent  de  leurs  solutions  alcooliques,  en  petites 
aiguilles  blanches,  cassantes,  fusibles  vers  70";  ils  se 
décomposent  sous  l'action  de  la  chaleur,  avant  toute  dis- 
tillation. 

Nous  ne  sommes  pas  encore  parvenu  jusqu'à  présent 
à  obtenir  le  dérivé  amidé  correspondant. 

Les  divers  dosages  de  soufre  rapportés  dans  cette 
notice  ont  tous  été  faits  de  la  même  manière,  en  dé- 


(1)  Berichte  der  Dentschen  cliemischoi  Gefiellschnft  zu  Berlin,  (.  [, 
1868,  pp.  175  et  201. 

2""^  SÉRIE  ^  TOME  XXVII.  41 


(  IS.S  ) 
composant  la  matière  organique  par  de  l'acide  azotique 
concentré  (procédé  de  Carii(s)  el  du  hiclnomale  de  potas- 
sium en  quantité  sulïisante  pour  brûler  couipiétement  tout 
le  carbone,  l'hydrogène  et  le  soufre,  dans  un  tube  scellé  à 
la  lampe,  chauffé  pendant  quelques  heures  au  bain  d'air,  à 
une  température  de  ioO  à  loO°.  Ces  analyses  ont  été  faites 
par  notre  préparateur,  M.  le  D' B.  Radziszewski,  au  savoir  et 
à  l'habileté  duquel  nous  nous  plaisons  à  rendre  hommage. 


APPENDICE. 


Sur  fjHcIques  combinaisons  isopropylirpies  snlfarées. 

Ayant  eu  l'année  dernière  à  notre  disposition  une  certaine 
quantité  iViodure  iVisopropijlc,  comme  produit  accessoire 
de  la  préparation  de  l'iodure  d'allyle  d'après  le  procédé 
indiqué  par  M.  A.  Claus(l),  nous  en  avons  profité  pour 
préparer  les  éthers  isopropyliques  sulfurés,  composés  en- 
core inconnus  aujourd'hui. 

Nous  décrivons  dans  la  présente  notice  le  sulfure,  Ylnj- 
drosulfure  et  le  sulfocyanure  isopropyliques. 

Nous  avons  obtenu  ces  corps,  en  suivant  le  procédé 
hal)ituel,  par  la  réaction  de  l'iodure  d'isopropyle  sur  les 
sulfure,  hydrosulfure  et  sulfocyanure  potassiques  en  so- 
lution dans  l'alcool.  Pour  le  sulfure  et  le  sulfocyanure,  on 
chauffe  le  mélange  pendant  quelques  heures,  au  bain- 
marie,  à  la  température  de  l'ébullition  de  l'eau,  dans  des 


(1)  Ann.  der  Clœm.  und  Pliarm.,  l.  CXXXI ,  p.  59. 


(  159  ) 
llacons  en  vcrro  à  parois  épaisses  et  hermétiquement  bou- 
chés; pour  Vhijdrosulfure,  la  décomposition  est  phis  éner- 
gique et  s'achève  plus  rapidement;  il  suiïit  de  chauiTer 
pendant  quelque  temps,  à  une  douce  température,  dans  un 
appareil  à  rellux. 

L'addition  de  l'eau  à  la  solution  alcoolique  en  sépare 
une  huile  jaunâtre  qui  vient  surnager  à  la  surface  du  li- 
quide. On  recueille  cette  couche  huileuse  et  on  la  soumet 
aux  manipulations  ordinaires,  lavage  à  l'eau,  dessicca- 
tion sur  le  chlorure  de  calcium  et  distillation. 

Ainsi  purifiés,  ces  corps  constituent  des  liquides  lim- 
pides, incolores,  mobiles,  insolubles  dans  l'eau,  très- 
solubles  dans  l'alcool  et  l'éther.  Ils  ressemblent  à  s'y 
méprendre  aux  combinaisons  éthyliques  correspondantes, 
ils  exhalent  la  même  odeur  désagréable,  nauséabonde, 
fétide  et  particulière  pour  chacun  d'eux;  ils  sont  égale- 
ment un  peu  plus  légers  que  l'eau;  seulement  leur  volati- 
lité est  un  peu  moindre.  On  sait  du  reste  que  ïalcool 
isopropylique  ne  se  différencie  guère  extérieurement  de 
l'alcool  l'inique,  sinon  par  son  point  d'ébullition  qui  est 
de  quelques  degrés  plus  élevé  (I). 

Ces  éthers  donnent  également  lieu  aux  mêmes  réactions 
caractéristiques  que  les  éthers  éthyliques  dd  même  nom. 

Nous  nous  sommes  borné,  dans  l'analyse  de  ces  pro- 
duits, à  la  détermination  du  soufre  qui  en  est  l'élément 
distinctif  et  fondamental.  Ces  dosages  de  soufre  ont  été 
faits  par  le  procédé  de  M.  Carius, —  oxydation  de  la  sub- 
stance par  l'emploi  simultané  de  l'acide  azotique  et  du 


(1)  Tandis  que  l'alcool  vinique  bout  à  la  température  de  78',  ralcool 
isopropylique  bout  à  85"-84''  (Linnemanu).  Le  point  d'ébullition  attribué  à 
ce  corps  varie,  suivant  les  divers  chimistes,  entre  81"  et  88". 


(  i«o  ) 

bicliromale  do  polassiiim,  — comme  nous  ravons  déjà  in- 
diqué dans  noire  précédente  notice. 

Sulfoci/anure  isopropijlique.  Jl  bout,  d'une  manière 
constante,  à  la  température  de  149^-151°  (1);  sa  densité 
à  20°  est  de  0,963. 

Ce  sulfocyanure,  de  même  que  celui  d'élhyle,  n'appar- 
tient pas  au  groupe  des  essences  de  moutarde,  il  ne  se 
combine  pas  en  effet  avec  l'ammoniaque;  nous  en  avons 
conservé  pendant  plusieurs  semaines  dans  une  solution 
aqueuse  et  concentrée  d'ammoniaque  sans  le  voir  se  mo- 
difier. 

0,5958  grammes  de  ce  produit  nous  ont  fourni  1,5456 
grammes  de  sulfate  de  baryum,  ce  qui  correspond  à 
51,127o  de  soufre;  la  formule  C:,H7,CA-Scn  demande 
51,687„. 

Sulfure  d'isopropijle.  Il  bout  vers  105%  de  \0^°  à 
1I0^  —  De  même  que  le  sulfure  d'étbyle,  il  forme  avec 
quelques  cidorures  métalliques  des  combinaisons  cris- 
tallisables;  il  détermine  dans  la  solution  alcoolique  du 
sublimé  corrosif  un  précipité  blanc  formé  de  petites  ai- 
guilles répondant  vraisemblablement,  comme  celui  du 
sulfure  d'étbyle,  à  la  formule  (CsHy)^  S;  Ug  C/^. 

0,4800  grammes  de  ce  produit ,  recueilli  entre  105"  et 
110",  nous  ont  donné  0,9572  grammes  de  sulfate  de  ba- 
ryum, ce  qui  correspond  à  26,81  "/o  de  soufre;  la  for- 
mule (CJT7),  S  en  exige  27,11 7... 

Hydrosidffire  ou  mercaptan   isopropylique.  Jl    bout  à 


(1)  Le  sulfocyanure  d'éthyle  !)Out  à  liG";  le  sulftiie  à  01"  et  riiydm- 
sulfiire  à  "0". 


(  161  ) 

une  lem[)(:'ralui'c  d'euviruii  i:)"  à  oO".  Ses  propiiclcs  sont 
en  tous  points  analogues  à  celles  du  meicaptan  élliylique. 
Il  réagit  éneigiqucment  sur  l'oxyde  de  n:ercure  eii  don- 
nant une  poudre  blanche,  soluble  dans  l'alcool  bouillant 
d'où  elle  se  sépare,  par  le  refroidissement,  sous  l'orme  de 
petites  paillettes  blanches,  brillantes  répondant  à  la  for- 
mule (CjHyj^  Ihj  S-2. 

La  solution  alcoolique  précipite  les  sels  de  plomb  en 
jaune,  l'acétate  de  cuivre  en  blanc,  les  sels  mercuriques 
en  blanc,  etc. 

0,5422  grammes  de  ce  corps,  recueilli  vers  50",  ont 
donné  0,9616  grammes  de  sulfate  de  baryum;  ce  qui 
correspond  à  58,70  "!„  de  soufre.  La  formule  C5H7  (HS) 
en  demande  42,J07o;  cetle  ditïérence  tient  évidemment  à 
une  petite  quantité  de  sulfure  que  renfermait  le  produit 
analysé. 

Un  accident  nous  ayant  fait  perdre  la  presque  totalité 
de  la  masse  que  nous  possédions  de  ce  corps ,  nous  n'avons 
pu  en  refaire  l'analyse  avec  un  produit  plus  complètement 
pur. 


(  162  ) 


CLASSE   «ES    LETTRES. 


Séance  du  I"'  février  1869. 

M.  Ad.  Borgnet,  directeur  et  président  de  TAcadémie. 
M.  Ad.  QijETeleï,  secrétaire  perpétuel. 

Sont  présents  :  MM.  Steur,  J.  Grandgagnage,  J.  Roulez, 
Gachard,  De  Decker,  Haus,  le  baron  Kervyn  de  Letten- 
lîove,  R.  Chalon ,  Ad.  Mathieu,  Thonissen,  Th.  Juste, 
E.  Delacqz,  Guillaume,  F.  Nève,  membres;  Nolet  de 
Brauwere,  Scheler,  associés. 

M.  Ed.  Mailly,  correspondant  de  la  classe  des  sciences j 
assiste  à  la  séance. 


CORRESPONDANCE. 


Une  lettre  du  palais  a  invité  M.  le  président  de  l'Aca- 
démie à  assister  aux  funérailles  de  S.  A.  R.  le  duc  de 
Brabant,  qui  ont  eu  lieu  à  Laeken,  le  lundi  25  janvier,  à 
di  heures. 

M.  le  gouverneur  de  la  province  a  donné  connaissance 
qu'un  service  funèbre  serait  célébré  pour  le  Prince  Royal, 
le  27  janvier,  à  11  heures,  dans  l'église  des  SS.  Michel  et 
Gudule.  M.  Borgnet,  président  et  MM.  les  directeurs  des 


(  1«3  ) 

(leux  autres  classes,  accompagnés  de  divers  ineniltres  ,  ont 
représenté  TAcadéniie  en  cette  circonstance. 

Une  adresse  de  condoléance  est  votée  et  sera  transmise 
à  !a  famille  royale. 

—  M.  le  iMinistre  de  rinlérieur  adresse  un  exem[)laire 
du  Happorl  de  la  sec f ion  ce n fraie  de  la  chambre  des  re- 
préscnlanls  sur  le  budget  de  son  déparlcniont  pour  J869, 
ainsi  qu'un  exemplaire  du  Recueil  des  lois  et  arrêtes  rela- 
tifs à  la  comptabilité  de  rÉlat.  —  Piemercîments. 

—  Il  est  donné  connaissance  de  la  mort  de  sir  Henry 
Ellis,  associé,  décédé  à  Londres  en  janvier  1869,  et  de  sir 
C.-P.  Cooper,  décédé  dans  la  même  ville  en  1866  et  éga- 
lement associé  de  la  classe. 

—  La  Société  géographique  de  Vienne  remercie  pour 
les  derniers  envois  de  publications  académiques. 

—  M.  Ad.  Malliicu  offre  une  pièce  de  vers  im[)rimée,  de 
sa  composition;  elle  porte  pour  titre  :  '2'2jaiirier  1869.  — 
Uemercîments. 


CONCOURS  DE  1869. 


La  classe  avait  inscrit  cinq  questions  à  son  programme 
de  concours  pour  cette  année;  elle  a  reçu  : 

I"  Un  mémoire  portant  pour  devise  :  Cest  ictj  un  livre 


(  164  ) 
de  bonne  foij ,  /ec^cy^r  (Michel  de  Montaigne),  en  réponse  à 

la  DEUXIÈME  QUESTIOiN  : 

Faire  Vliisloire  du  droit  pénal  dans  (c  duché  de  Bra^ 
bant,  depuis  l'avènement  de  Charles  V  jusqu'à  la  réunion 
de  la  Belgique  à  la  France  à  la  fui  du  AT///'""  siècle. 

Les  commissaires  sont  :  MM.  Thonissen,  Defacqz  et  Haus. 

2"  Deux  mémoires  portant  pour  inscriptions ,  l'un  :  Spcs 
aiil  ayricolas,  et  l'autre  :  Voorheen  en  nu,  en  réponse  à  la 

TROISIÈME    QUESTION  : 

Faire  une  description  statistique  d'une  commune  du 
centre  des  Flandres  de  deux  mille  habitants  au  moins, 
propre  à  faire  apprécier,  en  les  comparant,  la  condition 
physique,  morale  et  intellectuelle  des  cullicateurs  fla- 
mands, ainsi  que  l'état  de  l'agriculture ,  au  siècle  passé  et 
même  antérieurement,  et  aujourd'hui. 

Les  commissaires  sont  :  MxM.  le  baron  Kervyn  de  Letten- 
hove,  De  Decker  et  De  Laveleye. 

S''  Un  mémoire  ayant  pour  devise  :  Oportet  esse  hœrescs, 
en  réponse  à  la  cinquième  question  : 

Quelles  ont  été  les  tendances  politiques  et  sociales  des 
hérésies,  depuis  l'origine  du  christianisme  jusqu'à  la  fin 
du  XF'"'  siècle. 

Les  commissaires  sont  :  MM.  Tlionissen,  Tli.  Juste  et 
Félix  Nève. 


(  J65 


ÉLECTIONS. 


La  classe  procède  à  réleclion  du  comité  de  trois  membres, 
cliargé,  conjointement  avec  les  trois  membres  du  bureau, 
(le  la  présentation  des  candidats  aux  places  vacantes. 


COMMUNICATIONS  ET  LECTURES. 

Les  États-UiMS  d'Amérique  en  1785.  —  Le  comte  de  Uofjeu- 
clorp  et  le  slalhouder  Guillainne  V;  par  M.  Théodore 
Juste,  membre  de  l'Académie. 

Naguère  une  nation  voisine  et  a  [nie,  la  nation  hollan- 
daise ,  rendait  un  hommage  solennel  à  la  mémoire  du  comte 
de  Hogendorp.  Le  chef  de  l'État  avait  regardé  comme  un 
devoir  de  présider  à  cette  manifestation  de  la  reconnais- 
sance publique.  Il  voulait,  comme  souverain  et  comme  chef 
de  la  maison  d'Orange-Nassau ,  témoigner  sa  vénération 
pour  le  grand  citoyen  qui  avait  été,  cinquante  années  au- 
paravant, le  libérateur  de  sa  patrie  et  l'un  des  principaux 
fondateurs  du  royaume  des  Pays-Bas. 

Quelque  temps  avant  l'érection  du  nionument  destiné 
à  rappeler  les  glorieux  services  du  comte  de  Hogendorp, 
des  mains  (iliales  avaient  livré  au  public  la  première  partie 
de  ses  notes  autobiographiques  et  de  ses  correspondances 
intimes  (I).  En  parcourant,  en  étudiant  ces  documents. 


(1)  Bf.ieven  en  gedenkschkiftkn-  van  Gijuberl-Karel  ran  Hoijoidorp 
(La  Haye,  Mailiuu?  Nyholf,  I8G6,  ^2  vol.),  passim. 


(   166  ) 

j'ai  élé  frappé  des  observations  consacrées  par  Hogendorp, 
en  1785  et  1784,  à  la  naissante  république  des  Etats-Unis 
d'Amérique ,  faible  alors  mais  déjà  glorieuse ,  à  cette  confé- 
dération qui,  de  nos  jours,  est  devenue  un  objet  d'éton- 
nement  par  ses  progrès  gigantesques,  son  incomparable 
grandeur,  sa  puissante  et  indestructible  vitalité. 

Je  me  propose,  dans  cette  rapide  esquisse,  d'appeler 
surtout  votre  attention  sur  ces  souvenirs  d'Amérique. 
Indépendamment  de  l'intérêt  qu'ils  présentent,  ces  frag- 
ments épistolaires  donnent  lieu  aux  rapprocliements  les 
plus  curieux  et  fournissent  aussi  de  grands  enseignements. 
Le  comte  de  Hogendorp  n'est  d'ailleurs  pas  un  étranger 
pour  nous.  Cette  classe,  devant  laquelle  j'ai  l'honneur  de 
parler,  comprend,  parmi  ses  illustrations  politiques,  des 
vétérans  de  nos  assemblées  parlementaires,  des  collègues 
éminentsqui,  par  leurs  antécédents  ou  par  un  précieux 
héritage,  nous  ratlachent  en  quelque  sorte  aux  consti- 
tuants de  4815.  Ils  ont  connu  l'illustre  citoyen  qui ,  après 
avoir  présidé  la  commission  chargée  de  préparer  la  loi 
fondamentale  du  royaume  des  Pays-Bas,  tint  à  honneur 
de  siéger,  comme  simple  député,  dans  la  seconde  chambre 
des  étals  généraux. 

Issu  d'une  famille  ancienne  et  distinguée  de  la  Hollande, 
Gysbert-Charles  de  Hogendorp  vit  le  jour  à  Rotterdam, 
le  27  octobre  1762.  Des  revers  de  fortune  attristèrent  son 
enfance.  Il  avait  à  peine  onze  ans  lorsque  son  père  (qu'il 
ne  devait  plus  revoir)  prit  la  détermination  de  partir  pour 
les  Indes,  afin  d'y  recouvrer  son  ancienne  opulence.  En 
1786,  ce  patricien,  qui  se  distinguait  à  la  fois  par  son 
énergie  et  son  intelligence,  mourait  en  pleine  mer  sur  le 
vaisseau  (pii  le  reconduisait  en  Europe.  !l  laissait  à  sa 
veuve  six  enfants,  dont  quatre  lils. 


(  1<^7  ) 

La  douairière  de  Ilogcndori),  qui  avait  de  hautes  pro- 
tections à  la  cour  statlioudérieiine,  ue  perdit  jamais  cou- 
rage. L'année  même  où  son  mari  s'embarquait  pour  Java, 
elle  conduisit  son  fils  Gysbert- Charles  à  Berlin.  Il  y 
l'ut  placé  dans  le  corps  des  cadets,  grâce  à  l'intervention 
de  la  princesse  d'Orange,  femme  du  stathouder  Guil- 
laume Y  et  nièce  de  Frédéric  II,  roi  de  Prusse.  Non-seu- 
lement elle  voulut  pourvoir  à  l'instruction  de  son  pu[)ille, 
mais  pendant  plusieurs  années  elle  pensionna  aussi  la 
mère.  Gysbert-Charles  demeura  à  Berlin  jusqu'en  1778, 
sous  la  direction  de  différents  maîtres,  entre  autres,  du 
pasteur  Ancillon,  dont  le  tils  devait  exercer  un  jour  tant 
d'influence  à  la  cour  de  Prusse.  Plus  d'une  fois,  le  protégé 
de  la  princesse  dOrange  eut  l'honneur  d'être  passé  en  re- 
vue par  Frédéric  11,  et  il  se  rappela  toujours  le  vieux  roi 
sur  son  cheval  blanc ,  «  et  otant  le  chapeau  tout  le  temps 
qu'il  passait  devant  les  cadets.  »  11  vit  aussi  de  très-près  le 
grand-duc  Paul  de  Russie  lorsque,  en  1776,  ce  futur  em- 
pereur vint  visiter  les  cadets  du  roi  de  Prusse.  Le  général 
de  Buddenbrock  avait  désigné  Gysbert-Charles  pour  pro- 
noncer le  discours  français  composé  par  le  professeur 
d'éloquence  de  l'académie  militaire.  Le  jeune  préféré 
s'empressa  de  raconter  à  sa  mère  la  scène  émouvante 
dont  il  avait  été  le  héros  : 

«  ...  Je  lui  tins  mon  discours  et  il  me  fallait  bien  de  la 
hardiesse  pour  soutenir  l'attaque  de  tous  les  regards  d'une 
suite  de  deux  cents  personnes,  du  prince  Henri  (1),  qui 
me  regardait  à  faire  peur  et  du  grand-duc  qui,  à  chaque 
fois  que  je  disais  :  «  Monseigneur,  Votre  A.  L,  etc.,  »  me 

(1)  Le  prince  Henri  de  Prusse,  frère  de  Frédéric  !I. 


(  168  ) 
laisail  la  révérence  et  me  regardait  de  haut  jusqu'en  bas; 
cependant  j'eus  le  bonheur  de  ne  pas  manquer.  Le  discours 
Uni,  le  grand-duc  me  dit  :  «  Je  vous  suis  très-obligé,  »  et 
au  prince  Henri  :  «  [l  parle  très-bien  le  français.  »  Je  me 
retirais.  «  Monsieur,  comment  vous  appelez-vous?  —  «  Je 
m'appelle  Hogendorp,  Votre  A.  I.  »  —  «  J'ai  connu  M""'"  vo- 
tre mère  à  Berlin,  »  médit  alors  le  prince  Henri.  Je  lui 
répliquai  :  «  Oui,  Votre  A.  R.,  elle  a  eu  l'honneur  d'être 
connue  de  vous.  »  Là-dessus,  il  dit  quelque  chose  à  l'oreille 
du  général  de  Buddenbrock ,  qui  était  de  l'autre  côté  du 
grand-duc;  ce  dernier  se  tourna  pour  l'entendre,  et  je  me 
retirai  tout  à  l'ail...  » 

En  1778,  le  prince  Henri  de  Prusse  attacha  Hogendorp 
à  son  régiment  comme  porte-enseigne,  et  il  fit,  en  cette 
qualité,  la  campagne  de  Bohème.  Le  prince  ayant  pris  ses 
quartiers  d  hiver  à  Dresde,  Gysbert-Charles,  admis  au 
nombre  de  ses  pages,  devint  un  des  visiteurs  les  plus  assi- 
dus de  la  bibliothèque  publique  et  de  la  célèbre  galerie  de 
tableaux.  Les  deux  années  suivantes,  il  les  passa  à  Berlin, 
dans  une  liberté  presque  complète,  et  livré  à  lui-même. 
Il  avait  formé  une  étroite  liaison  avec  le  savant  Biester, 
secrétaire  du  ministre  Zedlitz,  chef  de  l'instruction  pu- 
blique, et  avec  le  célèbre  historien  suisse,  Jean  de  Muller. 
Lui-môme  faisait  dès  lors  concevoir  de  brillantes  espé- 
rances pour  son  avenir.  Du  fond  des  Indes ,  son  père,  ému 
parla  lecture  d'une  de  ses  lettres,  lui  écrit  : 

«  ...  Continuez,  mon  cher  ami,  dans  la  voie  où  vous  avez 
si  bien  marché  jusqu'à  présent.  Je  vous  le  prédis,  dussiez-vous 
^ou^  en  enorgueillir,  vous  serez  un  jour  un  grand  homme; 
vous  en  avez  le  germe,  comme  celui  de  bon  citoyen  et  de 
l'homme  de  probité,  et  l'État,  j'ose  m'en  flatter  du  moins, 
vous  distingtiera  j)armi  ses  citoyens  illustres,  si  seulement  vous 
vivez  dans  des  lemps  où  le  mérite  [)erce.  .  » 


(  m  ) 

Guillaume  V  venait  de  le  rappeler  en  Flollande  et  de  le 
nommer  enseigne,  avec  rang  de  lieutenant,  dans  la  garde 
stathoudérienne.  Jean  de  Muller,  qui  se  trouvait  alors  à 
Cassel ,  où  il  donnait  des  conférences  publiques,  lui  adresse, 
le  20  septembre  1781,  une  lettre  pleine  de  bons  conseils 
et  de  vues  excellentes.  Il  le  dissuade  de  se  rendre  immé- 
diatement à  La  Haye.  «  Vous  commenceriez,  dit-il,  par  où 
vous  devriez  finir.  Il  vous  importe  de  connaître  d'abord 
ceux  qui  sont  les  constituants  des  états  généraux  et  les 
auteurs  de  tous  leurs  décrets.  —  Donc,  poursuit-il,  vous 
devez  nécessairement  vous  former  avant  tout  une  idée 
générale  de  la  situation  respective,  du  climat,  des  produc- 
tions, de  la  constitution  politique  et  ecclésiastique,  des 
maximes  d'Etat,  des  us  et  coutumes,  des  mœurs,  des  re- 
lations de  famille,  surtout  des  plus  puissantes,  dans  clia- 
cune  des  sept  provinces.  C'est  l'introduction  de  vos  études 
d'homme  d'État  et  de  bon  citoyen;  c'est  le  premier  pas 
dans  la  carrière  que  vous  devez  parcourir.  »  Il  l'engage 
ensuite  à  ne  point  paraître  avoir  l'esprit  désapprobateur, 
grand  vice  dans  une  république  fédérait  te  comme  par  lotit. 
«  L'on  se  défie  de  l'esprit,  dit-il;  trop  de  gens  ont  lieu  de 
le  craindre;  quand  vous  vous  appliquerez  à  gagner  les 
cœurs,  vous  aurez  tout.  Vous  êtes  un  homme  libre  parce 
que  vous  avez  l'àme  libre;  cela  est  beau,  mais  que  cela  ne 
vous  empêche  pas  d  être  souple  envers  ceux  qu'il  vous 
importe  de  gagner  pour  en  être  servi;  car  il  n'y  a  que  le 
bon  Dieu  qui  soit  assez  indépendant  pour  n'avoir  pas  besoin 
de  cela.  » 

Bien  que  le  jeune  officier  de  la  garde  stathoudérienne 
partageât  son  temps  entre  l'étude  et  le  grand  monde,  la 
vie  oisive  et  monotone  de  garnison  ne  pouvait  lui  conve- 


{  170  ) 
lîir  longtemps.  D'après  les  suggestions  et  les  conseils  de  sa 
mère,  il  résolut  de  visiter  les  républiques  naissantes  de 
l'Amérique  du  Nord. 

Il  s'embarqua  le  22  juin  1783  sur  le  vaisseau  Prince 
hérédilaire,  capitaine  Aberson  ;  ce  navire  de  guerre  faisait 
partie  de  l'escadre  qui  devait  conduire  à  Philadelphie  l'am- 
bassadeur Van  Berckel.  Le  portefeuille  du  jeune  enseigne 
contenait  des  lettres  de  recommandation  de  Franklin,  de 
John  Adams,  du  baron  Grimm  et  d'autres  personnages,  alors 
célèbres;  elles  lui  avaient  été  fournies  par  Boers,  avocat 
de  la  compagnie  des  Indes  orientales,  en  mission  à  Paris. 
A  peine  Hogendorp  est-il  sur  le  vaisseau  que,  toujours 
préoccupé  de  l'avenir  qui  l'attend,  il  prend  sa  mère  pour 
confidente  de  ses  pensées  :  «  Je  me  vois,  dit-il,  transporté 
au  milieu  de  l'Océan  pendant  trois  mois  entiers  (J) ,  séparé 
de  tous  ceux  auxquels  je  tenais,  sans  un  conlident  de  mes 
vues,  sans  un  ami  qui  sympathise  avec  mes  idées,  tel  que 
j'en  ai  toujours  eu  depuis  que  je  suis  sorti  de  l'enfance.... 
J'ai  mis  ces  circonstances  à  profit,  j'ai  réfléchi  mûrement 
à  nos  derniers  entretiens;  je  me  suis  décidé  sur  la  carrière 
qu'il  me  convient  d'entamei....  J'avoue  que  j'ai  l'aiubition 
de  me  distinguer,  et  je  ne  le  saurais  mieux  que  dans  le 
civil;  car  depuis  que  la  république  n'a  plus  à  se  délivrer 
du  joug  espagnol  ni  ne  peut  tenir  tète  à  la  France,  ses 
troupes  ne  sont  qu'auxiliaires...  »  Plus  tard,  il  développera 
cette  idée,  avec  plus  de  précision  encore,  dans  une  lettre 


(1)  M.  Thornton,  miiiisli'e  de  la  Grande-Brelngne  aux  Elals-Uiiis,  tlisail 
récemment,  dans  un  l)an(iuet,  à  New-York  :  «  I*]n  1790,  mon  père  vint 
dans  ce  pays  en  soixante-quinze  jours  à  Ijord  d'un  navire  considéré  comme 
excellent  marclieui'.  (^e  voyage  demande  maintenant  neuf  ou  dix  jours 
tout  au  plus...  » 


(  171  ) 
à  son  père  :  «  Dès  mon  arrivée  en  Hollande,  lui  écril-il, 
j'ai  étudié  l'iiisloire  et  la  situation  actuelle  de  TKtat.  Tai 
trouvé  que  la  dernière  révolution  dans  le  système  de  l'Eu- 
rope donnait  toute  la  supériorité  aux  voisins  de  la  répu- 
blique, dont  l'intérêt  consiste  plus  que  jamais  à  conserver 
la  plus  exacte  neutralité.  D'ailleurs,  elle  ne  doit  pas  inspi- 
rer de  la  jalousie;  elle  ne  doit  avoir  de  troupes  que  pour 
la  défense  de  ses  frontières,  parce  que,  même  en  doublant 
son  armée  en  temps  de  paix, elle  se  minerait  sans  devenir 
plus  formidable  à  l'Autriche,  à  la  France,  à  la  Prusse. 
Quelle  gloire  puis-je  donc  acquérir,  quels  services  puis-je 
rendre  à  l'armée?  Si,  comme  en  167^,  il  s'agissait  un  jour 
de  défendre  le  passage  de  nos  rivières  et  de  nos  digues,  ne 
pourrais-je  reprendre  les  armes  dans  un  moment  oii  tout 


citoven  est  soldat?. 


La  traversée  dura  plus  de  trois  mois.  Arrivé  devant  la 
baie  de  Massachusetts,  le  Prince  héréditaire  n'avait  plus 
ni  eau  ni  vivres;  le  danger  devenait  pressant  :  l'équipage, 
composé  de  trois  cent  cinquante  hommes,  était  déjà  exté- 
nué. Hogendorp  fut  envoyé  à  Boston  pour  demander  du 
secours  :  il  avait  rempli  heureusement  et  courageusement 
cette  mission  lorsque  s'éleva  tout  d'un  coup  une  effroyable 
tempête.  Le  24  novembre,  Hogendorp  écrit  :  «  Hélas! 
AL  Aberson  et  trente-neuf  liommes  sont  les  seuls  qu'un 
hrigantin  américain  ait  sauvés  lorsque  le  vaisseau  coula  à 
fond  le  ^\  de  ce  mois,  tandis  que  je  me  trouvais  en  mer 
et  que  le  gros  temps  de  la  veille  me  faisait  craindre  pour 
les  malheureux  que  j'avais  quittés...  » 

A  cette  époque,  l'indépendance  des  États-Unis  venait 
d'être  reconnue  par  l'Angleterre,  leur  ancienne  suzeraine. 
La  lutte  avait  été  terrible  (1775-1782);  contre  la  Grande- 
Bretagne  s'étaient  rangées  la  Fronce ,  l'Espagne  et  la  Hol- 


(  172  ) 
\n\hk\  Mais  la  puissance  navale  des  Anglais  sut  balancer 
loiiles  les  forces  maritimes  de  TEnrope  occidenlale.  Après 
la  ca[)itnlalion  de  lord  Cornwallis  à  Yorkstown ,  la  Hère 
Bretagne  doit  enfin  céder.  Le  traité  définitif  entre  l'Angle- 
terre, les  États-Unis,  la  France  et  l'Espagne  est  signé  le 
o  septembre  1785.  Mais  quoique  les  hostilités  eussent 
également  cessé  entre  l'Angleterre  et  la  Hollande,  les 
négociations  traînèrent  encore  jusqu'au  20  mai  1784. 

Ce  fut  pendant  cette  période  en  quelque  sorte  transi- 
toire que  Hogendorp  parcourut  les  nouveaux  États  de 
l'Amérique  du  Nord.  Ces  États,  alors  au  nombre  de  treize, 
tiraient,  comme  nous  l'avons  dit,  leur  origine  d'autant  de 
colonies  anglaises  qui,  s'étant  liguées  en  1775  contre  la 
métropole,  avaient  conquis  leur  indépendance  par  une 
guerre  de  huit  années  (1).  La  population  de  ces  treize 
États  ne  dépassait  pas  encore  trois  millions  cinq  cent 
mille  âmes.  Les  liens  qui  les  unissaient  paraissaient  d'ail- 
leurs très-faibles;  car  si  le  Congrès,  composé  de  délégués 
des  divers  Lltals,  était  demeuré  en  permanence  pendant 
la  guerre,  son  ascendant  et  son  pouvoir  même  avaient 
beaucoup  diminué  depuis  la  cessation  des  hostilités.  La 
Confédération  n'avait  encore  ni  président  ni  stathouder; 
Washington  qui  devait,  après  la  réformation  de  la  consti- 
tution en  1789,  être  appelé  le  premier  au  poste  de  chef 
temporaire  de  la  république,  était  alors  simple  général  et 
retiré  dans  son  domaine  de  Monni-Vcrnon;  Thomas  Jeffer- 
son,  qui  devait  succéder  un  jour  à  Washington  et  à  John 
Adams,  était  gouverneur  de  la  Virginie. 


(1)  Ces  treize  Étals  étaient  :  N-ew-Hampshire,  MassachuseUs,  Rliode 
Island,  Connecticul,  New -York  ,  New-Jersey ,  Pensylvanie,  Delaware 
Marylaiid,  Viri^iiiie,  les  deux  Carolines  et  la  Géorgie. 


(  175  ) 

La  première  impression  que  manit'esla  Ilogcndorp, 
lorsqu'il  eut  vu  de  près  les  habilanls  de  Boston,  esl  un 
Iiommage  rendu  à  leur  activité.  «  Je  suis  ravi,  disait-il, 
de  la  simplicité  dans  les  mœurs  qui  règne  ici...  Ces  gens 
parlent  peu,  mais  ils  font  beaucoup...  »  il  est  heureux  de 
se  trouver  dans  ce  florissant  État  de  Massachusetts  où  sont 
nés,  dit-il  ailleurs,  les  fondateurs  de  la  liberté  américaine. 
Précurseur  d'Alexis  de  Tocqueville,  il  étudie,  avec  une 
infatigable  ardeur  et  une  clairvoyance  rarement  en  défaut , 
les  institutions  qui  viennent  de  créer  une  république. 

«  Vous  savez,  écrit-il  à  sa  mère,  que  vous  me  propo- 
sâtes d'aller  en  Amérique,  comme  une  chose  qui  me  con- 
viendrait beaucoup.  C'était  un  sentiment  très-juste.  Nous 
l'avons  analysé  depuis,  et  nous  avons  trouvé  que  toutes 
mes  études  favorites  y  étaient  mises  en  pratique.  J'ai  voulu 
connaître  l'organisation  des  États.  L'Amérique  se  forme 
en  république.  J'ai  voulu  m'instruire  des  finances  et  des 
taxes.  Nulle  part  elles  ne  peuvent  être  plus  simples  qu'elles 
ne  le  sont  encore  ici.  J'ai  voulu  savoir  quel  est  le  degré  de 
pouvoir  que  le  peuple  peut  exercer.  Jamais  peuple  n'en 
posséda  plus  que  les  Américains.  J'ai  désiré  d'apprendre 
quels  sont  les  plus  sûrs  boulevards  d'une  république  pai- 
sible et  commerçante;  et  tout  le  monde  ici  s'occupe  de 
cette  question.  J'ai  lâché  de  me  mettre  un  peu  au  fait  de 
la  théorie  du  commerce;  et  c'est  ici,  où  le  commerce  est 
fort  peu  compliqué,  où  l'on  fait  mille  essais  pour  l'éten- 
dre, que  je  puis  le  mieux  appliquer  cette  théorie  et  me 
former  des  idées  justes  qui  me  serviront  de  base  dans  la 
suite...  »  11  est  plus  explicite  encore  dans  une  autre  lettre 
adressée  à  la  princesse  de  Galitzin,  l'amie  dévouée  de  sa 
famille  :  «  A  mon  retour  en  Europe,  les  opérations  les  plus 
compliquées  de  hnance,  de  commerce  et  de  politique  n'au- 

2'"*^  SÉRIE,  TOME  XXVII.  12 


(  174  ) 
ronl  plus  de  difficultés  pour  moi  parce  que  je  serai  par- 
venu par  degrés  à  les  connaître,  et  j'aurai  suivi  !a  marche 
naturelle  des  affaires  qui,  simples  dans  leurs  principes, 
s'embarrassent  à  mesure  qu'elles  s'en  éloignent.  Ne  croyez- 
vous  pas,  madame,  que  nous  serions  heureux  si  les  pre- 
miers ministres  dans  toutes  les  cours  de  l'Europe  avaient 
également  cette  clarté  dans  leurs  idées  et  l'habitude  de 
remonter  à  la  première  source  des  événements,  telle  que 
je  la  désire...  »  11  résume  ces  observations  en  disant  : 
«  Presque  toutes  nos  affaires  de  gouvernement,  de  linan- 
ces  et  de  commerce  sont  très-compliquées.  Elles  sont  ici 
dans  leur  enfance,  et  c'est  l'école  de  ceux  qui  veulent 
exercer  un  jour  les  fonctions  de  l'homme  public.  » 

Telle  était  aussi  la  profonde  conviction  de  Talleyrand 
qui,  après  avoir  déjà  rempli  un  rôle  considérable  à  l'assem- 
blée constituante,  proscrit  dans  sa  patrie,  rejeté  par  l'An- 
gleterre, vint  chercher  un  asile  dans  le  nouveau  monde. 
Le  15  germinal  an  v,  il  s'exprimait  en  ces  termes  devant 
l'Institut  national  :  «  ...  Que  l'on  considère  ces  cités  popu- 
leuses d'Anglais,  d'Allemands,  de  Hollandais,  d'Irlandais, 
et  aussi  d'habitants  indigènes;  ces  bourgades  lointaines,  si 
distantes  les  unes  des  autres;  ces  vastes  contrées  incultes, 
traversées  plutôt  qu'habitées  par  des  hommes  qui  ne  sont 
d'aucun  pays  :  quel  lien  commun  concevoir  au  milieu  de 
toutes  ces  disparités?  C'est  un  spectacle  neuf  pour  le  voya- 
geur qui,  partant  d'une  ville  principale  où  l'état  social  est 
perfectionné,  traverse  successivement  tous  les  degrés  de 
civilisation  et  d'industrie  qui  vont  toujours  en  s'affaiblis- 
sant,  jusqu'à  ce  qu'il  arrive  en  très-peu  de  jours  à  la 
cabane  informe  et  grossière  construite  de  troncs  d'arbres 
nouvellement  abattus.  Un  tel  voyage  est  une  sorte  d'ana- 
lyse pratique  et  vivante  de  l'origine  dos  peuples  et  des 


(  17S) 
États  :on  part  de  rensemblc  le  plus  composé  pour  arriver 
aux  éléments  les  plus  simples;  à  chaque  journée  on  perd 
de  vue  quelques-unes  de  ces  inventions  r^iie  nos  besoins, 
en  se  multipliant,  ont  rendues  nécessaires',  et  il  semble 
que  l'on  voyage  en  arrière  dans  l'histoire  des  progrès  de 
l'esprit  humain  (1)...  » 

Vers  la  fin  du  mois  de  janvier  1784-,  Hogendorp  avait 
quitté  Boston  alin  de  visiter  New-York,  Philadelphie, 
Baltimore  et  Annapolis,  le  siège  du  Congrès  (2).  Il  en- 
trevit assez  les  États  du  Sud  pour  se  prononcer  sur  la 
redoutable  question  de  l'esclavage.  De  même  que  Jeffer- 
son,  il  est  anti-esclavagiste.  Lui-même  rapporte  l'anecdote 
suivante  qui  le  dépeint  tel  qu'il  sera  plus  tard,  dogma- 
tique, absolu  et  doué  d'inie  fierté  naturelle  :  «  Dans  le 
Maryland,  dit-il,  je  trouvai  un  avocat  de  l'esclavage; 
c'était  un  riche  propriétaire.  Je  lui  démontrai  que  sans  le 
secours  d'esclaves,  ou  bien  nous  n'aurions  plus  les  pro- 
ductions que  leur  travail  arrache  à  la  terre ,  ou  nous  les 
aurions  de  la  main  d'hommes  libres,  et  qu'apparemment 
le  dernier  arriverait  parce  que  là  où  le  climat  serait  in- 
supportable à  l'homme  blanc,  le  nègre,  mis  en  liberté, 
cultiverait  la  terre.  Il  se  fâcha,  s'impatienta,  et  lorsque 
sa  confusion  fut  complète,  je  le  quittai  avec  un  regard  du 
plus  profond  mépris.  » 

Cet  observateur  de  vingt-deux  ans  prédisait  avec  une 
clairvovance  extraordinaire  les  destinées  futures  des  Etats- 


(1)  Mémoire  sur  les  relations  commerciales  des  Élals-Unis  avec  r An- 
gleterre, par  le  citoyen  Talleyiand.  Lu  à  rinslitiil  national  le  15  germi- 
nal ,  an  V. 

(2)  Annapolis,  sur  la  rive  ouest  île  la  haie  de  Chesapeak,  dans  TLlat  de 
Maryland. 


(  176  ) 
Unis.  Victorieux  de  rAngletcrre,  qui  s'opposait  à  l'agran- 
dissement de  colonies  déjà  trop  puissantes,  ils  étaient 
maintenant  ouverts  à  toutes  les  nations;  les  émigrants 
accouraient  pour  peupler  les  contrées  intérieures;  les  In- 
diens, les  sauvages  se  retiraient  et  disparaissaient  devant 
ces  avant'gardes  de  la  civilisation.  Hogendorp  croyait  que 
les  gouvernements  des  États  confédérés  resteraient  pro- 
fondément et  absolument  démocratiques  jusqu'à  ce  qu'un 
danger  obligeât  les  peuples  à  donner  une  autorité  réelle  à 
leurs  magistrats.  Tout  en  constatant  que  le  Congrès,  par 
la  jalousie  des  États ,  se  trouvait  alors  sans  pouvoir  et  sans 
crédit,  il  pensait  que  ce  conseil  tendait  à  établir  un  em- 
pire formidable,  une  Union  à  laquelle  de  nouveaux  peu- 
ples, qui  n'existaient  pas  encore,  accéderaient  un  jour. 

Hogendorp  vit  de  près  deux  des  plus  éminents  fonda- 
teurs de  la  république,  Wasbington  et  Jefferson.  Il  admire 
celui-ci  presque  sans  restriction,  tandis  qu'il  se  montre 
moins  enthousiaste  de  Washington.  «  M.  Jeflerson,  pen- 
dant mon  séjour  à  la  résidence  du  Congrès,  était,  dit-il, 
l'homme  qui  faisait  le  plus  d'affaires.  Retiré  du  grand 
monde,  il  ne  s'occupait  que  des  intérêts  publics;  il  ne 
connaissait  d'amusements  que  ceux  de  la  belle  littéra- 
ture.... Il  a  joué  un  rôle  très-actif  dans  le  cabinet  pendant 
la  révolution.  C'est  lui  qui  a  composé  la  déclaration  de 
l'indépendance,  dont  les  principes  font  honneur  à  son 
jugement  et  dont  le  style  annonce  un  homme  qui  con- 
naît les  ouvrages  des  anciens  et  les  grands  auteurs  de 
l'Italie,  delà  France  et  de  l'Angleterre.  Il  a  la  timidité 
du  vrai  mérite,  qui  gène  dans  le  commencement  et  qui 
éloigne  de  lui  ceux  qui  recherchent  sa  connaissance.  » 

Jefferson,  nommé,  en  1784,  ministre  des  États-Unis 
en  France  ,  continua  d'entretenir  avec  le  jeune  officier  de 


(  177  ) 
la  garde  stailioiidéiicniie  une  correspondance  remarquable 
à  tous  égards;  mais  elle  prouvait  surtout  la  haute  estime 
que  cet  homme  émiuent  ressentait  pour  son  admirateur  et 
son  disciple. 

Hogendorp  passa  plusieurs  jours  avec  Washington  dans 
son  domaine  de  Mounl-Vernon.  Il  en  parle  longuement  et 
avec  une  extrême  IVanchise;  selon  lui,  la  capacité  de  l'il- 
lustre général  de  l'armée  américaine  n'était  pas  au  niveau 
des  services  qu'il  avait  rendus  à  sa  patrie.  Pour  expliquer 
cette  espèce  de  contradiction,  il  disait:  «  Je  considère 
Washington  comme  l'instrument  de  l'indépendance,  qui 
trouve  sa  source  dans  le  génie  des  habitants,  dans  leur 
situation  et  dans  celle  des  puissances  de  l'Europe.  Le 
caractère  du  général  a  dicté  sa  conduite,  qui  n'est  pas 
préméditée,  qui  ne  prouve  en  lui  ni  talents,  ni  génie,  ni 
connaissances.  Il  a  joué  ce  grand  rôle  parce  qu'il  était  né 
parmi  ce  peuple,  et  non  pas  par  son  génie  qui  l'aurait 
rendu  grand  homme  dans  toutes  les  circonstances,  dans 
tous  les  climats.  Je  le  respecte  encore  plus  qu'aupara- 
vant, non  parce  que  je  lui  fais  un  mérite  de  vertus  qu'il 
doit  à  la  nature,  mais  parce  que  cet  assemblage  de  vertus 
est  un  des  plus  beaux  ouvrages  du  Créateur,  une  source 
de  félicité  pour  le  genre  humain;  sentiment  d'autant  plus 
pur  en  moi  que  mon  àme  sensible  ne  saurait  aimer  un 
caractère  aussi  froid.  »  M™'  Washington  s'était  aperçue 
que  le  jeune  voyageur  hollandais  n'était  pas  idolâtre  du 
général;  aussi  lui  marquait-elle  un  peu  d'humeur.  Mais  il 
faut  encore  laisser  parier  Hogendorp  :  «  M'"'  Washington 
me  savait  mauvais  gré  de  ne  point  adorer  son  mari,  car 
elle  a  des  yeux  plus  perçants  que  ceux  du  grand  hoînme, 
^et  elle  m'a  dit  des  choses  fort  piquantes.  Cela  me  con- 
lirmait  dans  mon  opinion,  car  si  j'avais  eu  tort,  elle  aurait 


(  178  ) 
été  moins  piquée.  Il  n'en  est  pas  moins  vrai  qu'ils  entre- 
tiennent très-bien  un  étranger,  qui  dans  leur  maison  est 
tout  comme  chez  lui.  » 

Hogendorp  fut  également  comble  de  prévenances  par 
d'autres  notabilités  américaines,  le  général  Burgoyne, 
Charles  Thompson,  secrétaire  du  Congrès,  etc.  Il  eut  de 
la  peine  à  s'arracher  de  cette  terre  dont  il  devait  conserver 
des  souvenirs  et  des  impressions  ineffaçables.  Quarante 
ans  plus  tard ,  il  aimait  encore  à  rappeler  ce  séjour  en 
Amérique;  il  se  plaisait  à  retracer  son  apprentissage, 
comme  politique  et  comme  économiste,  car  c'était  dans 
les  républiques  naissantes  du  nouveau  monde  qu'il  avait 
recherché  et  étudié  l'application  des  théories  mises  au 
jour  par  Adam  Smith. 

Le  25  juin  1784,  Hogendorp  débarquait  à  Falmouth.  La 
traversée  de  New-York  jusqu'en  Angleterre  n'avait  duré 
cette  fois  que  dix-neuf  jours  :  l'hôte  de  Washington  se 
hâta  de  partir  pour  Londres  afin  de  consacrer  tout  son 
temps  à  l'élude  de  la  chambre  des  communes.  Il  a  la 
bonne  fortune  d'entendre  le  premier  discours  prononcé 
par  Pitt  en  qualité  de  chef  du  cabinet;  il  assiste  à  des 
débats  mémorables  où  se  signalent  Fox  et  Shéridan.  Pilt, 
né  ministre,  comme  disaient  ses  admirateurs,  venait  d'at- 
teindre vingt-cinq  ans!  quel  sujet  d'émulation  pour  Ho- 
gendorp, qui,  lui  aussi ,  aspirait  au  premier  rang! 

De  retour  à  La  Haye,  dans  le  courant  du  mois  de  juillet, 
il  se  rend  à  l'audience  du  stathouder.  Guillaume  V  l'in- 
terroge avidement  sur  les  résultats  de  ses  observations. 
On  lira  avec  intérêt  cet  entretien,  tel  qu'il  a  été  conservé 
par  Hogendorp. 

«  ....  —  Vous  avez  vu  les  nouvelles  républiques? 

—  Je  crois  en  avoir  vu  la  partie  la  [)lus  peuplée  et  la 


(  179  ) 
plus  intéressante,  de  la  Nouvelle-Angleterre  à  la  Virginie. 

—  Vous  avez  donc  été  à  Philadelphie? 

—  Oui,  monseigneur,  et  dans  toutes  les  grandes  villes, 
excepté  Charleston. 

—  Croyez-vous  que  l'Cnion  puisse  subsister? 

—  Je  ne  le  crois  pas,  monseigneur. 

—  Voilà  justement  ce  que  je  m'imaginais,  les  provinces 
sont  trop  éloignées  les  unes  des  autres. 

—  Il  me  paraît,  monseigneur,  que  les  diiïerentes  con- 
stitutions de  ces  provinces  prendront  plus  ou  moins  de 
consistance,  mais  leurs  intérêts  ne  s'accordent  pas  assez 
pour  faire  durer  l'Union. 

—  Ensuite,  il  y  a  la  différence  de  religion. 

—  La  religion,  monseigneur,  a  moins  d'influence  que 
jamais  sur  les  esprits. 

—  Il  y  a  toute  une  province  de  quakers. 

—  Depuis  la  révolution  ,  il  semble  que  ces  sortes  de 
diflerences  s'évanouissent. 

—  Les  Bostoniens  ne  sont-ils  pas  fort  dévols? 

—  Ils  l'étaient,  monseigneur,  mais  à  lire  des  descrip- 
tions, faites  il  y  a  vingt  ou  même  dix  ans,  on  ne  les 
reconnaît  pas  de  ce  côté-là. 

—  On  y  menait  à  l'église  un  homme  qui  s'avisait  de  se 
promener  le  dimanche. 

—  On  ne  fait  plus  cela.  Ceux  qui  étaient  chargés  de  cet 
emploi  ne  l'exercent  plus.  En  général  j'aimerais  mieux, 

,dans  ce  moment-ci ,  accuser  les  Américains  d'insouciance 
que  de  superstition. 

—  Les  temps  ont  donc  bien  changé? 

—  Les  temps  ont  bien  changé,  monseigneur....  A  pré- 
sent l'Amérique  se  trouve  dans  la  situation  la  plus  heu- 
reuse. Après  les  vains  efforts  de  l'Angleterre  aucune  nation 


(  180  ) 
n'y  enverra  ses  flottes  ni  ses  armées  pour  la  conquérir. 
Des  dissensions  intestines  s'assoupiront  ou  n'auront  pas 
un  effet  aussi  funeste  que  si  un  ennemi  les  menaçait...  » 
Dans  une  très-longue  lettre,  adressée  au  statliouder 
quelques  jours  après,  Hogendorp  dévelopi)e  son  opinion 
sur  les  chances  de  durée  de  l'Union  américaine.  Ce  juge- 
ment, quoique  remarquable,  renferme  des  contradictions 
manifestes;  l'auteur  se  fait  une  idée  exagérée  de  l'auto- 
nomie des  treize  Étals  delà  Confédération  et  ne  croit  guère 
à  rétablissement  durable  d'un  pouvoir  central  assez  fort 
pour  les  retenir  indissolublement  rattachés  l'un  à  l'autre. 
«  La  population,  dit-il,  fait  de  grands  progrès;  avec  elle 
s'accroît  la  force  des  États,  et  les  plus  forts  seront  les  plus 
dilïiciles  jusqu'à  ce  qu'enfln,  trouvant  moins  d'avantages 
dans  une  union  prétendue  que  dans  la  liberté  de  suivre 
un  système  politique  qui  leur  est  propre,  les  uns  et  les 
autres  abandonneront  à  l'oubli  une  confédération  fondée 
sur  une  défense  commune  qui  n'existe  plus.  Deux  ou 
trois  républiques  fédératives  se  formeront  peut-être,  em- 
brassant chacune  un  teiritoire  égal  à  celui  des  grands 
royaumes  de  l'Europe.  »  Des  événements  contemporains 
ont  donné  un  démenti  éclatant  à  cette  prophétie.  L'Union 
n'a  pas  été  détruite;  la  sécession  du  Nord  et  du  Sud  ne 
s'est  pas  accomplie;  l'Amérique  a  retrempé  ses  forces  et 
sa  puissance  dans  une  épreuve  que  l'on  peut  dire  décisive. 

n  nous  reste  à  suivre  Hogendorp  jusqu'au  jour  où  il 
aiTranchit  son  pays  de  la  domination  étrangère. 

Malgré  son  vif  désir  de  quitter  l'armée,  il  venait  de  pas- 
ser comme  lieutenant,  avec  le  rang  de  capitaine,  dans  la 
compagnie  des  grenadiers  du  prince  héréditaire.  Mais  à 
Breda,  où  il  fut  envoyé,  il  ne  discontinua  point  ses  études. 


(  181  ) 
En  1786,  il  se  rendit  à  l'Univeisité  de  Leyde  et  y  rerut 
le  diplôme  de  docteur  en  droit.  Quelques  mois  après,  il 
dépose  l'épée  afin,  dit-il  lui-même,  de  pouvoir  travailler 
plus  efficacement  au  maintien  de  la  maison  d'Orange. 
Par  conviction  et  par  reconnaissance,  il  seconde  de  tous 
ses  efforts  les  stallioudériens  ;  il  est  le  confident  et  le  con- 
seiller d'une  princesse  renommée  pour  son  courage  et  la 
distinction  de  son  esprit;  il  est  admis  en  même  temps 
dans  l'intimilé  des  deux  lils  de  Guillaume  V.  «  Ce  jeune 
prince,  disait-il  de  l'aîné  (depuis  Guillaume  1",  roi  des 
Pays-Bas),  a  du  jugement  et  un  grand  fond  de  bonté;  il 
aime  à  causer  et  est  naturellement  gai.  Son  frère  a,  je 
crois,  plus  d'esprit,  mais  il  est  moins  liant.  »  Après  h 
défaite  des  anti-stathoudériens,  Hogendorp  fut,  le  ol  dé- 
cembre 1787,  nommé  par  la  régence  de  Rotterdam  con- 
seiller et  pensionnaire  de  cette  ville.  Ainsi  avaient  com- 
mencé, par  une  magistrature  communale,  Barnevclt,  Jean 
de  Witt,  Heinsius,  qui  s'étaient  élevés  jusqu'au  rang  de 
grand  pensionnaire  de  Hollande.  Hogendorp  espérait  de- 
venir un  jour  aussi  le  ministre  dirigeant  de  la  république; 
mais  l'invasion  française  de  179o  vint  briser  sa  carrière. 
ïl  renonça  aux  emplois  publics  et  se  mit  à  la  tète  de  la 
grande  maison  de  commerce  que  sa  belle-mère  possédait 
à  Amsterdam.  En  1801 ,  il  entreprend,  mais  sans  réussir, 
de  fonder  une  colonie  au  cap  de  Bonne-Espérance;  il  cède 
en  1809  sa  maison  de  commerce  à  son  frère  et  vient, 
comme  simple  particulier,  habiter  La  Haye.  Mais  son 
influence  reste  grande.  Bon  réformé,  d'une  capacité  hors 
ligne,  d'une  fermeté  ou  plutôt  d'une  obstination  rare, 
despote  même  dans  ses  opinions  et  ses  convictions,  il 
personnifie  un  parti  encore  puissant.  S'identidant  avec  sa 
pairie  courbée  sous  le  joug  étranger,  il  entreprend  ,  avec 


(  182  ) 
une  prévoyance  et  un  courage  admirables,  de  ranimer  et 
d'affranchir  les  anciennes  Provinces-Unies.  «  C'est  à  lui, 
à  lui  seul,  écrivait  plus  tard  son  principal  auxiliaire  (1), 
qu'est  due  l'idée  de  l'exécution  du  soulèvement  contre  les 
Français.  » 


(1)  Le  conile  Vaii  der  Duyii  de  Maasdaui. 


(  185  ) 


CLASSE    DES   BEAUX-ARTS. 


Séance  ((a  4  février  1869. 

M.  F.-J.  Fctis,  doy^n  d'âge,  occupe  le  iaïUeuil. 

M.  Alviii  remplit  les  fonctions  de  secrétaire  perpétuel. 

Sonl  présenls  :  MlM.  Guillaume  Geels,  Hanssens,  A. 
Van  Hasselt,  J.  Geeis,  Ferd.  De  Braekeleer,  Edm.  De 
Bussclier,  Alpli.  Balat,  Aug.  Payen,  J.  Franck,  Gust.  De 
Maij,  Julien  Leclercq,  membres. 

M.  Nolet  de  Brauwere  van  Steeland,  associé  de  la  classe 
des  lettres,  assiste  à  la  séance. 


COBBESPONDANCE. 


il  est  donné  connaissance  qu'une  lettre  du  palais  a  in\ilé 
M.  le  président  de  l'Académie  à  assister  aux  funérailles 
de  S.  A.  B.  le  duc  de  Brabant,  qui  ont  eu  lieu  à  Laeken 
le  25  janvier. 

M.  le  gou\erneur  du  Brabant  avait  informé  la  Compa- 
gnie qu'un  service  funèbre  serait  célébré  le  27  janvier,  à 
M  heures,  dans  l'église  des  SS.  Michel  et  Gudule,  pour  le 
Prince  Boyal.  M.  le  président ,  accompagné  des  directeurs 


(  184  ) 
des  deux  autres  classes  et  d'une  députalion  d'académi- 
ciens, a  représenté  la  Compagnie  à  cette  cérémonie.  La 
classe  des  lettres,  qui  s'est  réunie  lundi,  pressentant  les 
intentions  des  classes  des  beaux-arts  et  des  sciences,  a 
prié  M.  le  président  de  l'Académie  de  rédiger,  conjointe- 
ment avec  M.  le  secrétaire  perpétuel,  l'adresse  de  condo- 
léance à  la  famille  royale. 

La  classe  s'associe  à  la  démarche  laite  par  la  classe  des 
lettres. 

—  M.  le  Ministre  de  l'intérieur  offre  un  exemplaire 
d'une  revue  intitulée  :  Salon  de  Garni  en  1868,  et  adresse , 
à  titre  d'hommage  du  marquis  de  Souza-Holstein,  deux 
volumes  renfermant  le  Rapport,  avec  plans ,  de  la  com- 
mission portugaise  pour  l'érection  d'un  monument  à  Don 
Pedro  IV.  —  Remercîments. 

—  M.  T.  Van  Westrheene  remercie  pour  son  élection 
d'associé. 

—  La  classe  reçoit  les  poèmes  suivants  pour  le  double 
concours  des  cantates  du  grand  prix  de  composition  musi- 
cale de  cette  année  : 

N"  ±  La  Cheurette  blanche.  —  Devise  :  To  be  or  nol 
to  be  (Shakspeare). 

N°  3.  Lan  1867  ou  la  Menace  d'une  incasion.  — 
Sans  devise. 

N°  4.  Les  600  Franchimontois.  —  Devise  :  Veel  moed, 
weinig  voorspoed. 

N*"  5.  Kaïn  na  Abel  's  moord.  —  Devise  :  En  Kaïn 
zegde  tôt  den  lïeere  :  Mijne  misdaad  is  (jrooler  dan  dut 
zij  vergecen  ivorde.  Gcnesis ,  6,  iv,  15. 


(  185  ) 
Conformément  à  rarlicle  4  de  l'arrêté  royal  du  lî)  dé- 
cembre dernier  ouvrant  ce  douhle  concours,  la  classe  dési- 
gne, par  ordre  alphabétique,  les  quatorze  noms  qui  seront 
communiqués  à  M.  le  Ministre  de  l'intérieur  pour  le  choix 
du  jury  de  sept  membres  qui  jugeront  ces  poèmes. 


COMMUNICATIONS  ET  LECTURES. 


M.  F.-J.  Fétis,  à  la  demande  de  ses  confrères,  entre 
dans  diverses  considérations  artistiques  au  sujet  de  la  |)u- 
blication  de  son  Histoire  de  la  musique,  dont  le  premier 
volume  est  sous  presse. 


OUVRAGES  PRÉSENTÉS. 


Mathieu  {A(L).  — 'I^-l  i^m'wv  i8Gî) ,  poëme.  Ixellcs,  I8(i!); 
'/4  feuille  in-S". 

Conseils  provinciaux  de  la  Belgique.  —  Proeès-vcrbanx  des 
séances,  session  de  1808,  provinces  d'Anvers,  Brabant,  Flan- 
dre orientale,  Liège,  Limbourg,  Luxembourg  et  Namur. — 
Annexes  aux  exposés  de  la  situation  administrative  des  pro- 
vinces de  Liège  et  de  Naniur.  —  Rapports  sur  la  situation  des 
arrondissements  d'Anvers.  Malines  et  Tnrnbont.  12  vol.  in-8". 


(  186  ) 

Laporle  {Albert).  —  Les  C\  nifjues,  comédie  en  4  actes  et  on 
prose.  Liège,  18G7;  in- 12. 

Cholin  (A.-G).  —  Études  étymologiques  et  archéologiques 
sur  les  noms  des  villes,  bourgs,  villages,  hameaux,  forets, 
lacs,  rivières  et  ruisseaux  de  la  province  de  Ilainaut.  Tour- 
nai, 1867;  in-8". 

Straus  {Louis).  — Le  Canada  au  point  de  vue  économique. 
Bruxelles,  1867;  in-8°. 

Inghels  {Arnaud).  —  La  Flandre  poétique,  comprenant  les 
souvenirs  du  règne  de  Léoj)old  I'"'",  roi  des  Beiges ,  odes ,  etc. 
Bruxelles,  4867;in-8°. 

Leboti  {Léon).  —  Histoire  de  l'enseignement  populaire. 
Bruxelles,  4808;  in-8°. 

Polvin{Ch).  —  L'art  flamand.  Bruxelles,  18G7;  in-8'\ 

Goelhals  {Aniulplnis).  —  Chronica  monasterii  Sancti  An- 
dreae  iuxla  Brugas  ordinis  Sancti  Benedicti,  edidit  W.  IL  Jaco- 
bus  Weale.  Bruges,  1808;  in-4". 

Meulemans  {Auguste).  —  La  Boumanie  et  le  prince  Charles 
de  Hohenzollern.  Précis  historiques  et  appréciations  commer- 
ciales. Bruxelles,  1861);  in-8". 

Malherbe  {Renier).  —  Des  caractères  géologiques  propres  au 
raccordement  des  couches  de  houille.  Bruxelles,  1868;  in-B". 

Malherbe  {Renier).  —  Du  grisou.  Recherches  sur  les  causes 
de  sa  présence,  description  des  circonstances  de  son  gisement 
et  de  son  dégagement  dans  les  mines  de  houille.  Mons,  186(i: 
in -8°. 

Musée  de  l'industrie  de  Bruxelles.  —  Bulletin,  publié  sous 
la  direction  de  la  commission  administrative.  Tome  LV'. 
n''  1.  Bruxelles,  1869;  gr.  in-8". 

Cercle  archéologique  du  pays  de  Waes.  —  Annales, 
tome  III,  2'"*=  livr.  Saint-Nicolas,  1869;  gr.  in-8". 

La  Belgique  horticole  ^  annak's  d'horticulture  belge  et 
étrangère,  rédigée  par  Edouard  \Iorrcn..lanvicr-févricr  18(i9. 


Liège;  in-8". 


(  «87  ) 

Soclvié  hollandaise  des  sciences  à  Harlem.  —  Archives 
néei'Iaiidniscs  des  sciences  exactes  et  naliirelles.  Tome  111, 
3nie^  |nic  p^  jjmc  jjy  —  Listc  dcs  publica tioiis  des  sociétés  sa- 
vantes, etc.  I*^'- janvier  1869.  Harlem,  1808-1861);  4  cali. 
in-8«. 

Maalschappij  der  nederlandsche  leUerkunde  le  Leiden.  — 
Handelingen  en  mededeelingen  over  liet  jaar  1808;  — 
l!cvcnsberichtcn  der  afgestorvene  mededcelen,  bijiage  tôt 
de  handelingen  van  1808;  —  Taalkundig  woordcnbock  op  de 
werken  van  P.-C.  Hooft,  bewerkt  door  A -C.  Oudemans. 
Leiden,  1868;  5  vol.  in-8". 

De  Quatrefages.  —  Observations  relalives  à  un  ouvrage  de 
M.  Claparède,  intitulé  :  Les  annélides  Cliélopodes  du  çfolfcde 
Naplcs ,  et  réponse  h  ses  critiques.  Paris,  1869;  in-4". 

Revue  et  magasin  de  zoologie  pure  et  appliquée  et  de  séri- 
ciculture comparée,  par  M.  F.-E.  Guérin-MéneviMe.  18(')9, 
n"  1.  Paris;  in -8". 

Société  philomatique  de  Paris.  —  Bulletin,  lomc  V,  avril- 
août  1868;  Paris,  1868;  2  cah.  in-8^ 

Bulletin  scientifique,  historique  et  littéraire  du  départe- 
ment du  Nord,  à  Lille.  —  l'^'^  année,  janvier.  Lille,  1809; 
in-8^ 

Société  impéricde  d'agriculture  de  Valenciennes.  —  Revue 
agricole,  tome  XXII,  20"  année,  n"  12.  Valenciennes,  1808; 
in-S". 

Far re  (Alphonse)  cl  Soret  [Louis).  —  Raj)port  sur  létude 
et  la  conservation  des  blocs  erratiqnes  eri  Suisse,  présenté  à 
la  Société  helvétique  des  sciences  naturelles  réunie  à  Eins'ic- 
deln,  le  24  août  1808.  In-8^ 

Konigliche  Akademie  der  Wissenschaften  zu  Berlin.  — 
Abhandlungen,aus  demjahre  1807.  Berlin,  1808;  in-4^ 

Pollichia,  ci  nés  naturwissenschafllichen  Vereins  der 
Rheinpfalz,  zu  Diirkheim  ajH.  —  XXV-XXVII  Jahrcsbe- 
richt.  Diirckheim  a  IL,  1808;  in-8". 


(  188  ) 

Astronoinische  Gesellschaft  za  Leipzig.  —  Vierteljalirc- 
sclirift,  m  jahrgang,  4'^'  heft.  Leipzig,  1868;  in-8'\ 

Zoologîsche  mineralogisc/ien  Vereines  in  Regensburg.  — 
Correspondcnz-Blatt.  XXIP'*''' jalirg.  Regensburg,  18G8;  in-8'\ 

Consigiio  (li  perfezionamento  annesso  al  /?.  Islitulo  tecinco 
di  Palermo.  —  Giornale  di  scienze  nationali  ed  ecoiiomiclie. 
Aiino  i868,  vol.  IV,  fasc.  1 ,  2  e  3.  Palerme,  1868  ;  in-4". 

Secchi  (A.).  —  Catalogo  délie  stelle  di  cui  si  è  dctcrininalo 
lo  spettro  luminoso  all'Osservatorio  del  Collegio  Romano. 
Paris,  4867;  in- 8". 

Secchi  {A.).  —  La  météorologie  et  le  méléorographe  à  l'ex- 
position universelle.  Paiis,  1867;  in-8°. 

United  States  patent  office,  Washington,  —  Annual  report 
of  tlie  conimissioner  of  patents  for  tlie  \ears  1865  and  1866. 
Washington,  1866-1867;  6  vol.  in-8". 


BULLETIN 


DE 


L'ACADÉMIE  ROYALK  DES  SCIENCES, 

DES 

LETTRES  ET  DES  BEAUX-ARTS  DE  BELGIQUE. 

i869.  —  N«  5. 


CLASSE   DES  SCIEl^CES, 


Séance  du  6  mars  1869. 

M.  Dewalque,  vice-directeur,  occupe  le  fauteuil. 
M.  Ad.  Quetelet,  secrétaire  perpétuel. 

Sont  présents  :  MM.  d'Omalius,  C.  Wesmael,  J.-S.  Stas, 
L.  De  Koninck,  P.-J.  Van  Beneden,  Edm.  de  SeJys-Long- 
champs,  le  vicomte  du  Bus,  Gluge,  Nerenburger,  Mel- 
seiis,  Liagre,  Duprez,  Poelman,  Ern.  Quetelel,  Spring, 
Mans,  Gloesener,  Candèze,  Eugène  Coemans,  Donny, 
Montigny ,  Steichen,  membres;  Schwann ,  Lacordaire, 
E.  Catalan,  Gilbert,  associés;  Brialmonl,  Malaise,  Bel- 
lynck,  Dupont,  Ed.  Mailly  et  Briart,  correspondants. 

^""^  SÉRIE,  TOME  XXVII.  *  \7) 


(  190  ) 
CORRESPONDANCE. 


il  est  donné  lecture  de  l'inscription  suivante  que  M.  Rou- 
lez, membre  de  la  classe  des  lettres,  a  rédigée  pour  la 
médaille  destinée  à  M.  Edouard  Van  Beneden,  lauréat  du 
concours  de  la  classe  des  sciences  de  1868  : 

ED.    VAN    BENEDEN 

QUOD 

QUAE.    SIT.    OVI.    IN.    DIVERSIS 

ANIMALIUM.    GENERIBUS 

OOMPOSmO.     QUAE.     SINGULARL'M 

PARTIUM.  FORMAT10.«ATI0.  QUE 

EGREGIE.    INDAGAVIT. 

AN.    MDCCCLXVIII. 

Des  remercîmenls  seront  adressés  à  M.  Roulez. 

—  MM.  V.  Regnault  et  Paolo  Savi  accusent  réception  de 
leur  diplôme  d'associé  et  expriment  le  désir  de  recevoir  les 
Bulletins  et  VAntiuaire.  —  Accordé. 

—  Le  département  des  brevets  des  États-Unis  adresse 
les  rapports  annuels  des  commissaires  des  patentes  pour 
1865  et  1866,  6  vol.  in-8°.  —  Remercîments. 

—  M.  Edouard  Lanszweert,  d'Ostende,  transmet  les  ob- 
servations des  phénomènes  périodiques  des  plantes  et  des 
animaux  qu'il  a  faites  dans  cette  localité  en  1868.  — 


(  liH  ) 

M.  Cavalier  co!nnîiini(|U('  le  résumé  de  ses  observations 
météorologiques  relevées  dans  la  même  ville  en  lévrier  1869. 
—  Réservés  pour  le  recueil  des  phénomènes  périodiques. 


RAPPORTS. 


MM.  Gloesener,  Ernest  Quetelet  et  Montigny  donnent 
l'ecture  de  leurs  rapports  sur  le  travail  de  M.  Melsens 
concernant  le  coup  de  foudre  qui  a  frappé  la  gare  d'An- 
vers le  10  juillet  1865.  Conformément  aux  conclusions 
favorables  de  ces  rapports,  la  classe  vote  l'impression  de 
ce  travail,  ainsi  que  des  planches  qui  l'accompagnent, 
dans  le  recueil  des  mémoires  in-8". 


CONCOURS  DE  1870. 


La  classe  adopte  pour  le  concours  de  cette  année  la 
question  suivante  qui  formera  la  cinquième  du  pro- 
gramme : 

On  demande  une  discussion  complète  de  la  question  de 
la  température  de  l'espace,  basée  sur  des  expériences,  des 
observations  et  le  calcul,  et  motivant  le  choix  à  faire  entre 
les  différentes  températures  qu'on  lui  a  attribuées. 

On  croit  devoir  faire  observer  aux  concurrents  que  la 
(juestion  posée  dans  les  termes  les  plus  généraux  se  rat- 
tache à  la  connaissance  du  zéro  absolu ,  définitivement  fixé 


(  192  ) 

à  — 27!2%8oC.;  mais  qu'une  recherche  historique  et  ana- 
lytique des  travaux  entrepris,  avant  1820  environ,  pour 
résoudre  celte  question  pourrait  offrir  un  intérêt  scientitique 
réel.  On  appelle  particulièrement  l'attention  sur  les  travaux 
de  la  fin  du  dix-huitième  siècle  et  du  commencement  du 
dix-neuvième,  entre  autres,  ceux  de  :  Black ^  Irvine,  Craw- 
ford,  Gadolin  j  Kirwan ,  Lavoùier,  Lavoisier  et  de  Laplace, 
Dalton,  Désarmes  et  Clément,  Gay-Lussac,  etc..  On  signale 
aussi  la  température  —  ICO^'C.  qu'indique  Person;  d  après 
sa  formule,  qui  lie  la  chaleur  latente  de  fusion  aux  cha- 
leurs spécifiques,  ce  nombre  représenterait  le  zéro  absolu. 
Comme  il  se  rapproche  de  celui  que  donne  Pouillet,  il  serait 
important  de  rechercher  quelle  en  est  la  signification,  le 
sens  ou  la  valeur  physique  exacte. 


COMMUNICATIONS  ET  LECTURES. 


M.  Ad.  Quetelet  annonce  qu'il  a  reçu  de  plusieurs  sa- 
vants des  lettres  concernant  la  théorie  des  apparitions 
périodiques  des  étoiles  filantes. 

11  présente  un  résumé  de  ces  différentes  communica- 
tions. 


M.  Ad.  Quetelet  donne  ensuite  quelques  explications  au 
sujet  d'une  réclamation  de  M.  l'abbé  Lecomte  concernant 
la  note  qui  a  été  placée  au  bas  de  la  page  3  du  travail  aca- 
démique de  ce  savant  sur  la  yrèle. 

Il  résulte  des  renseignements  donnés  depuis  par  M.  Le- 


(  1!»^  ) 
comte,  que  la  moyenne  annuelle  des  jours  de  grêle  à 
Bonne-Espérance  doit  être  déduile  du  nombre  de  jours 
d'orage  acconiparjnés  de  rjrèle  et  non  de  la  somme  de  tous 
les  orages  qui  ont  éclaté  pendant  Vannée,  comme  pourrait 
le  faire  croire  la  note  insérée  page  4ol  du  tome  XXV  de 
la  2"""  série  des  Bulletins. 


M.  Edouard  Dupont  annonce  la  découverte  d'une  caverne 
à  Goyet,  près  de  Namêche,  sur  la  rivière  le  Samson.  Cette 
caverne,  de  plus  de  200  mètres  de  longueur,  renferme 
une  quantité  considérable  d'ossements  de  tous  les  âges,  de 
toutes  les  espèces  et  principalement  de  VUrsus  spelœus. 
Vers  l'entrée  existe  une  grande  quantité  de  débris  de  repas 
et  de  vestiges  de  l'industrie  de  l'iiommc;  parmi  ces  ves- 
tiges, on  a  découvert  un  bâton  de  commandement  en  bois 
de  renne,  sur  lequel  se  trouve  gravé  un  poisson  qu'on  peut 
rapporter  à  la  famille  des  Salmonidés,  ainsi  que  le  fait  re- 
marquer M.  Dupont.  11  annonce,  en  même  temps,  que  les 
fouilles  se  poursuivent  et  qu'il  compte  présenter  une  com- 
munication écrite  à  ce  sujet,  lors  de  la  prochaine  séance. 
M.  Dupont  montre  divers  dessins  de  bâtons  de  comman- 
dement découverts  dans  le  Périgord;  il  fait  ressortir,  en 
même  temps,  que  les  produits  de  l'art  de  cette  époque 
apparaissent  avec  le  même  caractère  dans  les  cavernes  de 
la  France  et  de  la  Belgique. 


(  194  ) 


CLASSE   «ES    LETTRES. 


Séance  du    /""  ni(u:>   hSGO. 

M.  Ad.  Borgnet,  directeur  el  président  de  rAcadcniie. 
M.  Ad.  Quetelet,  secrétaire  perpétuel. 

Sont  présents  :  MM.  Steur,  J.  Roulez,  Gachard,  Paul 
Devaux,  Snellaert,  Haus,  Ch.  Faider,  le  baron  Kervyn  de 
Lettenhove,  R.  Chalon,  Ad.  Mathieu,  Thonissen,  Th.  Juste, 
le  général  Guillaume,  Félix  Nève,  membres  j  Noiet  de  Brau- 
were,  Sclieler,  associés. 


CORRESPONDANCE. 


—  M.  le  Ministre  de  l'intérieur  adresse  un  exemplaire 
du  Rapport  triennal  sur  la  situation  de  Vinstruction  pri- 
maire en  Belgique,  quelques  documents  imprimés  relatifs 
à  la  dernière  session  des  conseils  provinciaux  et  divers 
livres  d'auteurs  belges,  dont  l'énumération  sera  faite  au 
Bulletin  dans  la  liste  des  ouvrages  présentés.  —  Remercî- 
ments. 

—  Il  est  donné  connaissance  d'une  lettre  du  Ministre 
demandant  à  la  commission  de  littérature  flamande  d'ex- 


(  19S  ) 

poser  ses  vues  au  sujet  de  la  continualion  de  ses  travaux. 
—  Cette  lettre  a  été  communiquée  à  M.  le  docteur  Snel- 
laert,  secrétaire  de  la  commission,  et  il  a  été  ensuite  ré- 
pondu au  Ministre. 

—  La  classe  reçoit,  à  titre  d'hommage  de  ses  membres, 
le  tome  VU  des  Œuvres  de  Froissart,  publié  par  M.  le 
baron  Kervyn  de  Lettenhove,  dans  la  collection  des  tra- 
vaux de  la  commission  pour  les  grands  écrivains,  et  le  Car- 
lulaire  de  l'abbaye  de  Cambron ,  publié  par  M.  J.-J.  De 
Smet,  dans  la  collection  des  chroniques  de  la  commission 
royale  d'histoire.  —  Remercîments. 

—  La  bibliothèque  de  la  ville  d'Amiens,  la  bibliothèque 
de  la  ville  de  Douai  et  la  Société  impériale  d'agriculture  de 
la  même  ville  accusent  réception  des  dernières  publica- 
tions. 


ÉLECTIONS. 

La  classe  désigne,  par  ses  suffrages,  M.  P^ugène  r)elac(|z 
comme  directeur  pour  1870  en  remplacement  de  M.  Paul 
Devaux,  non  acceptant. 

il  est  donné  ensuite  communication  de  la  liste  des  can- 
didatures aux  places  vacantes.  Cette  liste,  arrêtée  en  séance 
du  comité  de  présentation ,  sera  imprimée  et  communi(iuée 
aux  membres  titulaires  de  la  classe  seulement. 


(  m  ) 


COMMUNICATIONS  ET  LECTURES. 


Taille  de  r homme  à  Venise,  pour  l'âge  de  vingt  ans; 
communication  par  M.  Ad.  Quetelet,  secrétaire  perpé- 
tuel de  l'Académie. 

En  étudiant  les  phénomènes  périodiques  de  la  nature, 
et  surtout  ceux  qui  concernent  la  taille  de  l'homme,  je 
crus  pouvoir  annoncer  que  les  lois  qui  gouvernent  l'espèce 
humaine,  tant  au  moral  qu'au  physique,  méritent  une  at- 
tention spéciale;  ces  lois  procèdent  avec  la  plus  grande 
régularité  et  en  suivant  des  phases  qui  n'avaient  point  été 
étudiées  jusque-là.  Mais  je  ne  tardai  pas  à  voir  l'opinion 
générale  s'élever  contre  ces  assertions.  Les  phénomènes 
observés  furent  envisagés  comme  des  produits  de  l'imagi- 
nation, plutôt  que  comme  des  faits  régulièrement  con- 
statés. On  s'effraya  de  voir  l'homme,  l'être  le  plus  noble  de 
la  création ,  devenir  en  quelque  sorte  un  chaînon  de  gran- 
deur déterminée  dans  l'ensemble  des  êtres  vivants,  sans 
s'apercevoir  que  s'il  n'occupe  qu'une  place  imperceptible 
dans  l'ordre  matériel,  il  gagne,  de  l'autre  part,  une  place 
immense  dans  l'univers,  en  découvrant  les  lois  régula- 
trices de  l'espèce  qu'il  avait  ignorées  jusque-là. 

Ces  craintes  sur  la  dépréciation  que  subissait  l'homme 
physique,  dépréciation  si  faible  en  comparaison  des  avan- 
tages immenses  qu'il  acquiert  intellectuellement  quand  il 
pénètre  les  vastes  combinaisons  de  la  nature  et  découvre 


(   lî»7  ) 
l'ordre  parlait  qui  rèi»nc  dans  toute  la  ciéaliou,  lireiit  au 
premier  abord  rejeter  la  recherche  des  lois  régulatrices  de 
la  taille  humaine  (J),  du  poids  du  corps,  de  la  longueur 
du  pas,  de  la  vitesse  de  la  course,  des  battements  du  pouls 
et  du  cœur,  etc.  Dans  la  première  édition  de  ma  Physique 
sociale,  qui  parut  en  I800,  je  ne  crus  pas  devoir  m'arréter 
devant  ces  obstacles  qui  devaient  nécessairement  tomber. 
Plus  d'un  quart  de  siècle  s'est  écoulé  depuis,  et  chez 
plusieurs  nations   des  plus  éclairées,  il  s'est  trouvé  des 
hommes  d'un  haut  mérite  qui  ont  bien  voulu  examiner  les 
lois  dont  je  parle.  Je  crois  pouvoir  citer  pour  la  France, 
Laplace,  Fourier  et  Poisson,  qui  encouragèrent  mes  pre- 
miers essais  :  successivement  l'Allemagne,  l'Angleterre,  et 
en  dernier  lieu  les  États-Unis,  après  avoir  examiné  attenti- 
vement mes  travaux,  ont  bien  voulu  applaudira  mesetïorts. 
Tout  récemment  encore, dans  ma  nouvelle  édition  de  la  Phy- 
stfpje  sociale,  j'ai  pu  citer  les  mesures  prises  par  plusieurs 
officiers  supérieurs  de  l'armée  fédérale  sur  plus  de  45,000 
hommes  de  troupes  des  États-Unis;  ces  mesures,  obte- 
nues avec  un  soin  particulier  sur  un  aussi  grand  nombre 
d'hommes,  ont  donné  des  résultats  plus  précis  que  ceux 
que  j'avais  trouvés  en  Belgique  et  que  ceux  qui  avaient  été 
acquis  en  Angleterre  et  en  Ecosse  pour  vérifier  également 
mes  premières  assertions. 


(1)  Il  ne  s'agit  pas  seulement  de  la  taille,  mais  de  toutes  1rs  parties  du 
corps  humain  qui  conservent  entre  elles  la  même  unité;  par  exemple, 
la  circonlerence  du  corps,  et  le  pourtour  de  la  poitrine,  ainsi  que  je  l'ai 
fait  voir  déjà  dans  ma  Physique  sociale.  Un  troisième  volume  supplémen- 
taire, sur  les  différentes  proportions  de  l'homme,  renfermera  tous  ces 
détails  et  ces  mesures,  que  je  dois  au  concours  obligeant  d'un  grand 
nombre  d'artistes  et  de  médecins  qui  ont  bien  voulu  m'aider  dans  mes 
recherches. 


(  198  ) 

Un  essai  pareil  vient  d'être  fait  par  M.  Louis  Bodio,  pro- 
fesseur titulaire  de  statistique  à  l'école  supérieure  de  com- 
merce de  Venise  :ce  savant  vient  de  donner  une  nouvelle 
coniirmation  à  la  loi  qui  concerne  les  tailles.  Pour  l'étude 
des  phénomènes  relatifs  à  l'homme,  la  taille  est  peut-être 
l'élément  qui  devait  inspirer  le  plus  de  doute,  à  cause  des 
inexactitudes  auxquelles  il  peut  donner  naissance.  Dans  la 
S*"  édition  de  ma  Physique  sociale,  on  peut  voir,  en  effet, 
comhien  il  serait  plus  facile  de  chercher  la  loi  qui  règle 
toute  autre  qualité  physique  de  l'homme,  où  l'on  a  moins 
d'erreurs  à  craindre  dans  les  mesures  que  l'on  cherche  à 
recueillir. 

Voici  les  considérations  de  M.  Bodio  telles  qu'il  nous  les 
a  communiquées;  nous  croyons  qu'il  sera  plus  avantageux 
de  l'entendre  expliquer  lui-même  la  marche  qu'il  a  suivie 
pour  arriver  aux  résultats  qu'il  présente,  résultats,  du 
reste,  parfaitement  d'accord  avec  ceux  que  nous  avons 
trouvés  primitivement  et  avec  ceux  qui  ont  été  obtenus 
en  Angleterre,  en  Ecosse,  aux  Étals-Unis,  et  partout  où 
l'essai  des  mesures  a  été  pratiqué  avec  soin.  «  J'ai  tâché 
de  construire,  dit  M.  Bodio,  une  courbe  marquant  la  taille 
de  nos  jeunes  conscrits;  j'ai  adopté  la  méthode  que  vous 
avez  indiquée  dans  votre  mémoire  Sur  l'appréciation  des 
documenls  statistiques  et  en  particulier  sur  Vapprécia- 
tion  des  moyennes,  et  j'ai  suivi  même  intégralement  votre 
table  de  possibilité.  Voici  les  données  :  je  les  ai  extraites 
des  publications  officielles  du  ministère  de  la  guerre. 

«  Les  moyennes  résultantes  des  opérations  de  recrute- 
ment des  années  1865,  1864  et  1865  pour  le  royaume 
d'Italie,  à  l'exception  des  provinces  vénitiennes,  sont  faites 
sur  les  jeunes  gens  nés  en  1815,  1844  et  1845  (levées 
anticipées)  :  le  nombre  des  jeunes  gens  mesurés  a  été  de 


(  lîH)  ) 
JolMJTU  pour  JSOô,  Jor>,09(S  pour  liSiji,  cl  lo7,(J()7  pour 
J80o,  ce  qui  (lonue  uu  total  do  470,744  observations. 


OHSERVtl-S   PAR   100. 

CALCULÉKS   PAU    1 

laillc  iiilL-ricurc  à 

l"'.oi  .      . 

11,67 

UJ2 

De    Ini.^oi    à 

l,o6  .     . 

6,08 

6,90 

1,06  à 

1,62    .       . 

;{2,oi 

;u,88 

1,62  à 

1,70  .    . 

37,06 

38,28 

l.TO  à 

1,75  . 

9,96 

9,0o 

l,To  à 

1.80  .     . 

2,74 

2,30 

Ait-dcs:sus  (le  .     . 

l'",80.     , 

0,48 

0,37 

100,00 


100,00 


»  Voici  pour  chaque  centimètre  de  hauteur,  à  partir  de 
l'",o2,  le  nombre  de  jeunes  gens,  calculés  pour  100,000 
mesurés.  La  taille  moyenne  qui  en  résulte  est  1"\62. 


llaulour. 

Mesurés. 

Hauteur. 

Jlesurcs. 

Haulcur. 

Mesurés. 

i-,32 

ln.,52 

1762 

1">,72 

2185 

33 

1 

53 

2185 

73 

1762 

34 

1 

54 

2673 

74 

1377 

35 

1 

55 

3192 

75 

1054 

36 

3 

56 

3710 

76 

799 

37 

4 

57 

42  ;9 

77 

580 

38 

S 

58 

4742 

78 

418 

39 

13 

59 

5169 

79 

297 

40 

24 

60 

5535 

80 

200 

41 

35 

61 

5779 

81 

135 

42 

56 

62 

,5907 

82 

91 

43 

91 

63 

5907 

83 

56 

44 

135 

64 

5779 

84 

35 

45 

200 

65 

5535 

85 

24 

46 

297 

66 

5169 

86 

13 

47 

418 

67 

4742 

87 

8 

48 

580 

68 

4249 

88 

4 

49 

799 

69 

3710 

89 

3 

50 

105  i 

70 

3192 

90 

1 

51 

1377 

71 

2673 

plus  de  1"','J0 

2 

(  200  ) 
Enlin ,  voici  les  difl'érences  entre  les  chiffres  donnés  par 
'expérience  et  ceux  obtenus  par  le  calcul  : 


D-après 

HAITEIR  DE  LA  TAILLE. 

1   l'expérience. 

î 

D'après 

le  calcul. 

Difrérences. 

Au-dessous  c 
De  ln\o4 

-  1,06 

-  1,62 

-  1,70 
-      1.7o 

.\u-dessus    c 

e  lm,3i 
4      1,06 
»      1,62 
à      1,70 
i      l,7o 
1      1,80 
le    1,80 

11,670 

6,080 

32,010 

37,060 

9,960 

2,740 

480 

11,717 

6,902 

31,381 

38,283 

9,051 

2.29  i 

372 

-  47 

-  822 
+     629 

-  1,223 
-h     909 
+      446 
-t-     108 

100,000 

100,000 

Sur  Jeanne  la  Folle  et  les  documents  concernant  cette  prin- 
cesse cpii  ont  été  publiés  récemment  (  I  )  ;  par  M.  Gachard , 
membre  de  TAcadémie. 


I. 


Lorsque  je  lus,  dans  un  journal  de  celte  ville,  qu'il  al- 
lait être  publié  des  pièces,  tirées  des  archives  royales  de 
Simancas,  desquelles  il  résultait  —  on  l'annonçait  du 
moins  —  que  Jeanne  de  Castille,  (ille  de  Ferdinand  et 


(1)  Ce  travail  était  lorminé  et  tel  que  j'ai  rhoiineur  de  le  présenlei-  i 
FAcadciiiie,  (juand,  il  y  a  peu  de  jours,  les  feuilles  anglaises  sont  ni;tl- 
heuieuseuient  venues  conlirnier  le  bruit  qui  couiait  de  la  mort  inopine» 
de  M.  H<^r,f;enrotli  à  Madrid,  (^est  une  grande  perte  pour  la  science  Iiisio- 
rique.  M.  Bergenroth  était  un  très-habile  explorateur  des  dépôts  d'ar- 


(  -201  ) 
(J'isabelle  la  Calholique,  épouse  de  Philippe  le  Beau  et 
mère  de  Cliailes-Quiiit,  ifétait  pas  l'olle,  comme  on  l'a 
cru  généralement  jusqu'ici,  mais  hérétique;  que  la  folie 
dont  on  l'accusa  ne  fut  qu'une  invention  destinée  à  mo- 
tiver l'incarcération  qu'on  lui  lit  subir  durant  de  longues 
années,  en  punition  de  son  hérésie;  que  Charles-Quint, 
loin  de  mettre  un  terme  à  l'affreuse  situation  de  sa  mère, 
rudoya  ceux  qui  osaient  lui  en  parler,  et  que  ce  fils  dénaturé 
consentit  même,  en  lo!27,  à  ce  qu'on  donnât  de  nouveau 
à  la  reine  l'estrapade  dont  l'application  avait  été  suspendue 
pendant  quelque  temps  (1);  lorsque  je  lus,  dis-je,  ces  choses 
véritablement  nouvelles  et  assez  extraordinaires,  l'idée  me 
vint  tout  aussitôt  de  faire  connaître  à  l'Académie  des  do- 
cuments, d'une  autorité  considérable,  que  j'avais  rapportés 
d'Italie,  et  qui  jetaient  un  grand  jour  sur  le  caractère  de 
Jeanne,  sur  ses  rapports  avec  l'archiduc  son  mari,  sur  ses 
actions  et  sa  conduite  du  vivant  de  ce  prince.  Il  me  sem- 
blait que  de  tels  documents  contribueraient  à  l'élucidation 
de  la  question  historique  qui  venait  d'être  soulevée. 

Sur  ces  entrefaites,  une  lettre  de  M.  Amédée  Pichot,  in- 
sérée dans  le  journal  dont  je  viens  de  parler  (2),  m'apprit 
que  les  pièces  dont  on  disait  que  la  publication  aurait  lieu 
seulement  dans  un  temps  plus  ou  moins  rapproché,  avaient 
déjà  vu  le  jour.  Je  crus  devoir  alors  interrompre  le  travail 


chives.  Ce  qu'il  avait  fait  déjà  était  le  gage  de  tout  ce  qu'on  pouvait  se 
piomeUre  de  son  activité  et  de  son  intelligence.  Il  faut  espérer  que  le 
fruit  de  ses  longues  investigations  dans  les  archives  et  les  ])ibliothèques 
d'Espagne  ne  sera  pas  perdu ,  et  qu'une  main  amie  donnera  au  public 
les  documents  qu'il  avait  recueillis  sans  avoir  pu  encore  les  livrer  à  l'im- 
pression. 

(1)  V Indépendance  belge  ,  n"  du  15  janvier  1869,  édit.  dn  soir. 

(2)  N"  du  2.3  janvier,  édit.  du  soir. 


(  202  ) 
que  j'avais  commencé,  jusqu'à  ce  que  j'eusse  pris  connais- 
sance de  ces  pièces. 

Aujourd'hui  que  je  les  ai  examinées,  que  j'en  ai  fait  une 
élude  attentive,  je  viens  soumettre  à  la  classe  le  résultat 
consciehcieux  de  cette  étude,  laissant  de  côté ,  pour  le  mo- 
ment, la  communication  que  je  m'étais  d'abord  proposé  de 
lui  faire. 


IF. 


La  découverte  et  la  publication  des  documents  qui  depuis 
peu  excitent  tant  de  curiosité  parmi  les  amis  des  études 
historiques,  sont  dues,  l'Académie  le  sait  déjà,  à  un  savant 
allemand  établi  à  Londres,  M.  G.  A.  Bergenroth. 

M.  Bergenroth  a  été  envoyé  en  Espagne,  il  va  une 
dizaine  d'années,  par  l'honorable  sir  John  Bomilly,  maître 
des  rôles  (master  ofthe  roUs)  d'Angleterre,  qui,  sous  l'au- 
torité des  lords  de  la  Trésorerie,  dirige  la  grande  publica- 
tion de  documents  sur  l'histoire  du  Royaume-Uni  dont 
plus  de  cent  volumes  ont  paru  déjà.  ïl  a  fait  un  très-long 
séjour  à  Simancas,  compulsant,  avec  un  soin  scrupuleux, 
dans  toutes  ses  parties,  le  célèbre  dépôt  d'archives  de  la 
couronne  de  Castille  que  celte  petite  ville  a  le  privilège  de 
posséder.  A  Madrid  il  a  exploré  les  précieuses  collections 
diplomatiques  et  historiques  dont  s'est  successivement  en- 
richie la  bibliothèque  de  l'Académie  royale  d'histoire.  Ses 
investigations  ont  embrassé  d'autres  dépôts  littéraires, 
d'autres  archives  encore  de  la  Péninsule. 

Comme  premier  fruit  de  ses  travaux.  M,  Bergenroth  a 
donné  au  public,  en  1862,  un  Calendar  (précis,  analyse) 
des  lettres,  dépêches  et  papiers  d'État,  conservés  princi- 
palement aux  archives  de  Simancas,  qui  concernent  les 


(  î203  ) 
négociations  do  l'Angleterre  avec  i'Kspagne  sous  le  règne 
de  Henri  MI,  1485-1509  (1). 

En  1868  il  en  a  l'ait  paraître  la  suite,  comprenant  le 
règne  de  Henri  Mil  jusqu'à  l'année  1525. 

Chacun  de  ces  deux  volumes  est  précédé  d'une  savante 
introduction  (2). 

Le  recueil  qu'il  a  publié  récemment,  et  dont  je  vais 
rendre  compte  à  l'Académie,  est  un  supplément  à  ces 
deux  volumes  (5).  Mais,  tandis  que  dans  ceux-ci  il  s'est 
contenté  de  donner  une  analyse,  plus  ou  moins  étendue, 
des  pièces  rassemblées  par  ses  soins,  le  supplément  — 
et  tous  ceux  qui  aiment  à  étudier  l'histoire  dans  ses  sources 
lui  en  sauront  gré  —  contient  les  pièces  mêmes,  accom- 
pagnées d'une  traduction  anglaise. 

M.  Bergenroth  a  d'ailleurs  rapporté  d'Espagne  bien 
d'autres  documents,  d'un  haut  intérêt,  qui  ne  tarderont 
pas,  espérons-le,  à  voir  le  jour  :  je  citerai,  notamment, 
la  correspondance  de  Charles-Quint  avec  la  cour  de  Rome 
qu'il  a  tirée  de  la  fameuse  collection  connue  sous  le  nom 
de  Salazar.  A  l'époque  où  j'étais  à  Madrid  (en  1845  et 
18M) ,  je  ne  pus  parvenir,  malgré  toutes  mes  démarches, 
à  avoir  accès  à  cette  collection,  qui  était  alors  reléguée 
dans  les  greniers  du  palais  des  cortès.  Le  gouvernement 


(1)  Calendar  of  telle rs ,  despalches,  and  Sicile  fiapcrs ,  rclaling  lo 
tfie  negotiations  betiveen  England  and  Spain^  preserved  in  l/te  archives 
al  SimancaSj  and  elsewhere. 

(2)  Le  premier  volume  a  cxlvi  et  i7-2  pp.;  le  deuxième,  ccxix  el 
863  pp. 

(3)  Supplemenl  lo  volume  I  and  volume  II  of  lellers,  despalches, 
and  Slate  papers ,  relatiny  lo  Ihe  negolialions  belween  England  and 
Spain,  preserved  in  Ihe  archives  al  Simancas  and  elseicherc  :  1808, 
Lxxx  el  407  pp. 


(  â04  ) 
a  pris  depuis  le  sage  parti  de  la  faire  déposer  à  la  biblio- 
thèque de  l'Académie  royale  d'histoire,  et  c'est  là  que 
M.  Bergenroth  Ta  consultée. 


m. 


Le  Supplément  de  M.  Bergenroth  se  divise  en  deux  par- 
ties. 

La  première,  qui  est  formée  de  neuf  pièces  seulement , 
des  années  1501  à  lolo,  est  relative  à  Catherine  d'Aragon, 
lille  des  rois  catholiques,  qui  épousa  Artus,  prince  de 
Galles,  lils  aîné  de  Henri  Vil,  et,  après  la  mort  de  ce 
prince,  son  frère  Henri.  Je  n'ai  pas  à  m'en  occuper. 

La  seconde  concerne  Jeanne  de  Castille;  elle  se  compose 
de  cent  quatre  pièces. 

Douze  pièces  se  rapportent  au  règne  de  Philippe  le  Beau. 

Dans  ce  nombre  il  y  a  trois  lettres  d'un  moine,  fray 
Tomàsde  Matienzo,  prieur  de  Santa  Cruz,  que  les  rois  ca- 
tholiques envoyèrent  à  Bruxelles  en  1498,  pour  s'enquérir 
et  leur  faire  rapport  de  l'état  ainsi  que  de  la  manière  de 
vivre  de  dona  Juana. 

Peu  de  jours  après  son  arrivée,  au  commencement 
d'août,  fray  Tomâs  écrit  à  ses  souverains  qu'il  a  vu  l'ar- 
chiduc et  l'archiduchesse,  lesquels  l'ont  bien  accueilli; 
qu'il  a  communiqué  à  la  princesse  sa  commission;  qu'elle 
s'en  est  félicitée  (1). 

Le  i6  août,  au  contraire,  il  leur  marque  que  son  arrivée 
a  causé  peu  de  plaisir  à  l'archiduchesse,  parce  qu'on  lui  a 


(1)  Pag.  4- 


(  205  ) 
dit  qu'il  venait  pour  être  son  conlesseur.  Il  a  alfirmé  à  dona 
Juana  qu'il  n'en  étail  rien,  cl  cela  l'a  tranquillisée  (1).  il 
njoule  :  a  Je  ne  sais  si  c'est  ma  présence  ou  le  peu  de  dévo- 
»  tion  de  la  princesse  qui  en  a  été  cause,  mais,  le  jour  de 
»  l'Assomption,  deux  de  ses  confesseurs  sont  venus  ici, 
»  et  elle  ne  s'est  confessée  ni  à  l'un  ni  à  l'autre  (2).  » 

Enfin,  le  15  janvier  de  l'année  suivante,  notre  prieur 
fait  savoir  à  la  reine  Jsahelle  que,  depuis  que  l'archidu- 
chesse est  allée  à  la  messe  pour  ses  relevailles  (elle  avait 
mis  au  monde,  le  50  novembre,  la  princesse  Éléonore),  il 
lui  a  parlé  plusieurs  fois.  Il  lui  a  dit,  entre  autres  choses, 
qu'elle  avait  un  cœur  dur  et  sans  pitié  (5).  Elle  lui  a  ré- 
pondu qu'au  contraire  elle  l'avait  si  faible  et  si  abattu 
qu'elle  ne  pensait  jamais  à  l'éloignement  où  elle  se  trou- 
vait pour  toujours  de  la  reine  sa  mère,  sans  verser  d'abon- 
dantes larmes.  Fray  Tomas  ne  se  montre  pas,  du  reste,  en 
tout,  un  juge  aussi  sévère  pour  l'archiduchesse,  car  il  s'ex- 
prime ainsi  un  peu  plus  loin  :  a  11  y  a,  dans  la  maison  de 
»  la  princesse,  autant  de  religion  que  dans  une  étroite  ob- 
»  servance,  et  en  cela  elle  est  très-vigilante  :  ce  dont  elle 
»  doit  être  louée,  quoiqu'ici  on  trouve  le  contraire.  Elle  a 
»  les  qualités  d'une  bonne  chrétienne  (i).  » 


(1)  ..  Yo  le  alirmé  lo  contrario,  con  que  algo  quedô  satisfecha « 

(Pag.  49.) 

(2)  y  No  se  si  mi  venida  6  su  poea  devocioii  lo  causé,  que  el  dia 

de  la  Asuncion  aqui  acudieron  dos  confessores  su.vos,  y  con  nenguno  se 
confessô...  »  (Pag.  .oO.) 

(5)  v^  ....  Dixele,  entre  las  oUas  cosas,  que  lenia  un  corazon  duro  y 
crudo,  sin  ninguna  piedad,como  es  verdad....  '^  (Pag.  54.) 

(4)  c«  ...  Hay  lanla  religion  en  su  casa  como  en  una  esirecba  ohser- 
vancia ,  y  en  esto  tiene  mucha  vigilancia  ,  de  que  debe  ser  loada ,  ahunque 
aquâ  les  pareee  el  contrario.  lUienas  partes  tiene  de  buena  cristiana  ....  » 
(Pag.  55.) 

2"*  SÉRIE,  TOME  XXVII.  14 


(  206  ) 

Un  autre  religieux,  fray  Andrés,  écrit  d'Espagne,  le 
J*'  septembre  4498,  à  doua  Juana  :  «  On  me  dit  que 
»  Votre  Altesse  se  confesse  à  ces  moines  qui  sont  à  Paris 
»  et  y  hantent  les  tavernes,  et  qu'elle  a  donné  trente  flo- 
»  rins  à  l'un  d'eux  pour  faire  bonne  chère.  Mon  avis  est 
»  que  Votre  Altesse  ne  se  confesse  qu'à  un  religieux  qui 
»  réside  en  son  monastère  de  l'observance,  qui  n'ait  pas 
»  à  lui  une  épingle,  et  à  qui  Votre  Altesse  ne  puisse  faire 
»  du  bien,  si  ce  n'est  pour  la  communauté  et  monastère  de 
»  l'observance  où  il  résidera.  Avec  des  religieux,  comme 
»  ceux-ci,  qui  appartiennent  à  un  monastère  de  l'ob- 
»  servance,  elle  rendra  un  bon  compte  à  Dieu  de  son 
»  ame  (1).  » 

Voilà,  dans  cette  première  série  de  pièces,  tout  ce  qui , 
directement  ou  indirectement,  se  rapporte  aux  pratiques  ou 
aux  sentiments  religieux  de  Jeanne  la  Folle.  Je  laisse  à 
l'Académie  à  juger  si  l'on  peut  induire  des  textes  que  j'ai 
mis  sous  ses  yeux  que  cette  princesse  fut  hérétique. 

Deux  pièces  —  une  instruction  donnée  par  Phdippe  le 
Beau  à  Jean  de  Hesdin ,  et  une  dépêche  de  Ferdinand  le 
Catholique  à  ses  ambassadeurs  près  le  roi  de  Castille  — 
ont  trait  aux  démêlés  qu'il  y  eut  entre  le  beau-père  et  le 
gendre. 


(I)  «  ....  Di/enme  que  Vuestra  Aiteza  se  conliesa  cou  esos  fray  les 
qu'eslàn  en  Paris,  y  que  â  uno  avia  dado  treynla  florines  para  azer  buenas 
xiras,  que  andan  por  esos  hodegones  de  Paris.  Mi  parescer  es  que  Vueslra 
Alleza  no  se  confiese  sino  con  frayle  que  eslé  en  su  monaslerio  de  la 
ohservancia,  que  no  tenga  para  si  un  alfder ,  ni  Y.  A.  le  puede  dar  ni 
Ijazei'  bien,  sino  para  la  comunidad  y  monaslerio  do  esloviere  que  soa  de 
ohservancia;  y  con  taies  frailes  conio  eslos  que  eslàn  en  monaslerio  de 
ohservancia,  darâ  huena  cuei>4a  â  Dios  de  su  anima »  (Pag.  :>l.) 


(  207  ) 

Lesaiid'cs,  Icilcs  que  le  leslanienl  et  les  patentes  de  la 
reine  Isabelle  par  lesquels  elle  coiilera  à  son  époux  le 
gouveinenient  (Je  la  Castille,  le  consentement  donné  à  ces 
actes  par  les  cortès  de  ïoro,  le  traité  du  27  juin  1506 
conclu  entre  Philippe  et  Ferdinand,  la  'protestation  secrète 
i'aile  par  Ferdinand  le  même  join',  étaient  déjà  connues. 


IV 


Une  correspondance  de  Ferdiiiand,  des  années  1^)07  et 
1508,  avec  sa  fille  la  princesse  de  Galles  et  le  docteur  de 
la  Pîîcljla,  son  ambassadeur  en  Angleterre,  vient  ensuite. 
File  contient  des  particulaiités  intiniment  curieuses  sur  un 
fait  très-peu  connu  jusqu'ici  (l):je  veux  parler  des  dé- 
marches que  fit  Henri  Ylï,  après  la  mort  de  Philippe  le 
Beau,  pour  obtenir  la  main  de  dona  juana.  il  était  alors 
dans  sa  quarante-septième  année  et  veuf  depuis  quatre 
ans;  dona  Juana  en  comptait  vingt-huit. 

L'argent,  on  le  sait,  était  la  passion  dominante  de 
Henri  YH;  dans  son  mariage  avec  la  reine  douairière  de 
Castille  il  voyait  le  moyen  de  s'en  procurer  beaucoup; 
aussi  poursuivait-il  cette  négociation  avec  chaleur  :  il  au- 
rait été  disposé  même ,  s'il  l'eût  fallu  pour  qu'elle  réussît, 
à  aller  résider  pendant  quelque  temps  en  Espagne.  Cathe- 
rine d'Aragon  et  le  docteur  de  la  Puebla  lui  éi aient  tout 
dévoués  :  «  Certainement  —  écrivait  cet  ambassadeur  à 
»  son  maître  le  15  avril  1507,  —  à  ce  que  je  puis  com- 


(1)  M.  Lafueule,  Uisloria  gênerai  de  Espaha  ,  t.  X,  p.  ."i",  n'en  dit 
que  trois  ou  quatre  mois. 


(  208  ) 
»  prendre,  il  n'y  a  pas  de  roi  qui  convienne  plus  à  Votre 
»  Altesse  que  le  roi  d'Angleterre,  si  la  reine  se  remarie, 
»  qu'elle  soit  en  santé  ou  malade,  car  je  me  figure  qu'ayant 
»  un  mari  comme  le  roi  d'Angleterre,  elle  pourrait  se  por- 
»  ter  mieux  que  personne;  et  si  sa  maladie  était  incurable, 
»  ce  ne  serait  pas  un  inconvénient  qu'elle  fût  ici.  Il  ne  me 
»  paraît  pas  d'ailleurs  qu'ils  attachent  une  grande  impor- 
»  tance  à  sa  maladie,  parce  qu'ils  ont  su  de  moi  qu'elle 
»  ne  l'empêche  pas  d'avoir  des  enfants  (1).  »  Il  mandait  à 
Ferdinand,  dans  une  dépêche  subséquente,  que  le  roi  et 
son  conseil  désiraient  extrêmement  la  conclusion  de  ce 
mariage,  alors  même  qu'on  dît  des  choses  pires  encore  de 
l'inlirmité  de  la  reine  (2).  Catherine,  de  son  côté,  écrivait 
dans  le  même  sens  à  son  père. 

Ferdinand  était  favorable  aux  vues  de  Henri  Vil,  qui 
s'engageait  à  lui  garantir  le  gouvernement  de  la  Castille, 
s'il  épousait  la  reine.  Mais  il  se  trouvait  en  ce  moment 
dans  son  royaume  de  iXaples,  et  il  pensait  que  lui  seul  pou- 
vait entretenir  sa  fille  d'une  chose  aussi  délicate  que  cette 
proposition  de  mariage.  Il  engageait  donc  le  roi  d'Angle- 


(1)  «  Cierlamente,  à  lo  que  puedo  comprehender,  no   hay  irey 

que  sea  mas  al  propôsilo  de  V^  A  que  el  voy  de  Vuglalerra,  si  la  seîîoia 
leyiia  hubiesse  de  casar,  agora  esluviesse  sana  ô  enferma  :  que  se  me 
figura  que  leniendo  lai  marido  como  al  rey  de  Ynglatena,  podria  rolnar 

la  sanidad  mejor  que  olro  alguno Y  si  su  enfermedad  fuesse  incurable , 

no  séria  Inconvinienle  eslar  aquâ.  Y  no  me  parece  que  esliman  en  mucho 
su  enfermedad ,  porque  supieron  de  mi  que  para  liaber  generacion  no 
liene  enfermedad  alguna >  (Pag.  95.) 

(2)  a  Créa  V.  A.  «pie  el  consejo  del  rey  de  Ynglalerra  desea  en 

estremo  poderse  concluyr  semejante  casamienlo  ,  aimque  peores  cosas  se 
digan  de  la  dolencia  de  la  fija  de  V.  A.,  y  en  este  mismo  j)ropôsi(o  eslà  el 
rey  de  Ynglaterra...  «  (Leilre  du  7  septembre  1,"i07,  [).  113.) 


(  ^209  ) 
tenc,  (jiiolle  (nio  lût  rinipatiencc  de  ses  désirs,  à  aUeiidre 
son  rclonr  en  Espagne  (I). 

Il  débarqua,  le  20  juillel  1507,  à  Valence.  Le  mois  sui- 
vant, le  cardinal  Ximenes  lui  amena  dona  Juana  à  Tortoles. 
«  L'entrevue  du  père  et  de  la  tîlle  après  une  si  longue  sé- 
»  paration  —  dit  M.  Laluente  —  l'ut  intéressante  et  tendre. 
»  Ils  restèrent  longtemps  dans  les  bras  l'un  de  l'autre.  La 
»  reine  manifesta  une  sensibilité  qu'on  n'avait  pas  remar- 
»  quée  en  elle  depuis  la  mort  de  son  mari.  Le  roi  l'ut  af- 
»  fecté  de  voir  le  visage  défait,  le  regard  troublé  et  la  mise 
»   négligée  de  sa  fille  (2).  » 

Luc  lettre  de  Ferdinand  au  docteur  de  la  Puebla  nous 
apprend  l'accueil  que  Jeanne  lit  aux  premières  ouvertures 
de  son  père  en  matière  de  mariage,  et  elle  nous  fournit 
quelques  autres  détails  intéressants  :  «  Vous  saurez  — 
»  écrit  le  roi  d'Aragon  à  son  ambassadeur  —  que  la  reine 
»  ma  fille  a  continuellement  auprès  d'elle  le  corps  du  roi 
»  don  Pbilippe,  son  mari.  Avant  mon  arrivée,  jamais  on 
»  ne  put  obtenir  d'elle  qu'elle  lui  donnât  la  sépulture.  De- 
»  puis  que  je  suis  venu,  elle  a  témoigné  le  désir  qu'on  ne 
»  l'inbume  point;  et  moi,  par  rapport  à  sa  santé  et  à  sou 
»  contentement, je  ne  la  contredis  en  rien  ni  ne  veux  qu'on 
»  fasse  cbose  dont  elle  puisse  recevoir  du  déplaisir;  mais 
»  je  tâcherai  peu  à  peu  de  l'amener  à  trouver  bon  que  ledit 
»  corps  soit  inhumé.  Lors  de  mon  arrivée,  elle  se  disposait 
»  à  f^iire  célébrer  un  service  anniversaire  pour  le  roi  son 
»  mari  :  jusqu'à  ce  que  ce  service  eût  eu  lieu,  je  me  gardai 
»  de  lui  parler  de  mariage;  mais,  après  les  obsèques,  je  lui 


(1)  Lettres  de  Keicliiiaiid  à  Catlieiine,  des  lo  mars  et   18  juin  lc>U7 

j.|..  80  et  m. 

(2)  Hisloria  gênerai  de  Espaha ,  l  X,  p.  55o. 


(  t210  ) 
»  en  touchai  un  mot  sans  nommer  personne;  seulement  je 
»  lui  demandai  si  elle  était  en  intention  de  se  remarier.  Elle 
»  me  répondit  qu'elle  se  guiderait  en  tout  d'après  mon 
»  conseil  et  ma  volonté,  mais  qu  elle  me  suppliait  de  ne 
»  pas  lui  ordonner  de  me  répondre  là-dessus  jusqu'à  ce 
»  que  la  sépulture  eût  été  donnée  au  corps  du  roi  son 
»  mari;  qu'alors  elle  me  répondrait.  Ce  que  voyant,  je 
»   n'ai  pas  insisté,  attendant  rinhumalion  dudit  corps  : 
»  car  je  crois  qu'auparavant  cela  ne  servirait  de  rieu  (I).  » 
Là  s'arrête  la  correspondance  du  roi  d'Aragon.  Mais  il 
est  probable  que  ce  prince  s'abstint  de  renouveler  auprès 
de  sa  tille  des  tentatives  qui  seraient  certainement  restées 
sans  succès  :  car  Jeanne  n'était  rien  moins  que  disposée  à 
se  séparer  du  corps  de  son  mari.  Lorsque,  en  1509,  Fer- 
dinand la  conduisit  à  Tordesillas,  pour  y  établir  sa  rési- 
dence, il  fallut  que  le  cercueil  qui  renfermait  les  cendres 


(1)  „  Habeis  de  saber  que  la  reyna  lui  lija  trac  de  coiifmo  coiisigo 

el  cuerpo  del  rey  don  Felipe  su  maiido,  que  Dios  haya,  y  anles  de  mi 
venida  nunca  pudieiou  acabar  con  ella  que  lo  sepullase;  y  despues  de  yo 
venido,  ha  mostrado  que  desea  que  el  dicho  cuerpo  no  se  enlierre,  y  yo, 
por  !o  que  loca  â  su  salud  y  conlentamienlo,  ninguna  cosa  le  contradijo, 
ni  quiero  que  se  l'aga  cosa  de  que  ella  reciba  alleracion  :  mas  poco  à 
poco  yo  trabajaré  que  ella  aya  por  bien  que  el  dicho  cuerpo  se  sepulte. 
Y  luego  que  yo  vine ,  ella  eslaba  puesta  en  que  se  fiziesen  las  honras  del 
cabo  d'ano  al  dicho  rey  su  marido;  y  fasta  que  se  fizo  el  dicho  cabo  d'ano, 
yo  no  lo  quise  fablar  en  cosa  que  locase  à  su  casamienlo  :  pero  ,  fechas 
las  honras,  yo  le  toqué  en  ello  sin  nombrar  con  quien  ,  sino  solamenle 
por  saber  si  esta  en  intincion  de  casarse.  Ella  me  respondio  que  en  liin- 
guna  cosa  habia  de  salir  de  mi  consejo  y  mandado,  mas  que  me  sui.li- 
caba  que  no  le  mandasse  que  me  respondiesse  â  aquello  fasta  que  el 
cuerpo  del  rey  su  marido  fuesse  sepultado,yque  entoiîces  ella  me  respon- 
deria.  Y  viendo  yo  cslo,  no  la  he  aprelado  fasta  que  el  dicho  cuerpo  sca 
sepultado,  porque  creo  (pie  antes  no  aprovecharia. ...  -^  (Pag.  157.) 


(  ^^li   ) 
(le  Philippe  le  Beau  (Vil  déposé  en   un  lieu  «lu  uiouaslère 
de  Sauta  Clara  où  elle  pouvait  l'apercevoir  des  lenélres  de 
son  appartement  (I). 


\ 


Toutes  les  autres  pièces  du  recueil  de  M.  lîergenrotli , 
au  nombre  de  quatre-vingts,  correspondent  aux  seize  pre- 
mières années  du  règne  de  Charles-Quint  en  Kspagne 
(lol6-1551). 

Cette  série  s'ouvre  par  une  lettre  d'un  Aragonais,  mosen 
Ferrer,  écrite  au  cardinal  Ximenes  de  Cisneros.  Mosen 
Ferrer  avait  été  commis  par  le  roi  Ferdinand  au  gouver- 
nement du  palais  de  Tordcsillas;  dans  l'exercice  de  cette 
charge  il  s'était  livré,  paraît-il,  à  des  excès  de  pouvoir,  et 
Ximenes  venait  d'envoyer  sur  les  lieux  l'évèque  de  Mail- 
lorque  pour  y  mettre  ordre.  On  reprochait  surtout  à  Ferrer 
d'être  cause  que  l'état  mental  de  la  reine  ne  s'était  pas  amé- 
lioré et  de  l'avoir  retenue  prisonnière  (î2).  11  se  disculpe  de 
ces  imputations  :  «  Comment  —  dit-il  au  cardinal  —  com- 
»  ment  Votre  Seigneurie  Révérendissime,  qui  connaît  si 
»  bien  la  condition  et  l'infirmité  de  la  reine,  notre  dame, 
»  peut-elle  croire  ou  penser  que,  par  ma  faute,  on  ait  né- 
»  gligé  de  faire  ce  qu'exigeaient  la  santé  de  Son  Altesse  et 

»  son  service? Son  Altesse  ayant  succédé  au  royaume 

»  d'Aragon,  où  je  suis  né,  qui  peut  se  promettre  du  réta- 


(1)  Lafueiile,  Historiaijeneral  de  Espaha  ,  t.  X,  p.  549. 

(2)  c<  Y  iiivoiitaron  que  yo  era  causa  que  la  reyna  iiueslia  senora 

ni)  se  cuiaba,  y  (|ue  avia  ostado  prcsa  en  la  vida  del  rey  su  padj-e. ..  « 
Pag.  142.) 


(  212  ) 
»  blissemcnl  de  sa  sanlé  pkis  d'avantages  que  moi ,  après 
»  la  manière  dont  je  l'ai  servie  et  les  continuels  rapports 
»  que  j'ai  eus  avec  elle?  Mais  est-ce  ma  faute,  si  Dieu  la 
»  lit  de  telle  nature  qu'on  ne  sache  obtenir  d'elle  plus  que 
»  ce  que  Sa  Divine  Majesté  permet  et  veut?  Et  jamais  le 
»  roi  son  père  ne  put  l'aire  davantage,  jusqu'au  point  que, 
»  pour  lui  conserver  la  vie,  il  dut  ne  pas  insister  sur  ce 
»  qu'il  avait  ordonné,  car  elle  voulait  se  laisser  mourir  de 
»  faim  plutôt  que  d'y  obéir  (I).  » 

Après  cette  lettre  il  y  en  a  de  Cliarles-Quint,  du  marquis 
de  Dénia,  don  Bernardo  de  Sandoval  y  Rojas,  à  qui,  le 
lo  mars  ioi8,  ce  monarque  conlia  la  direction  de  la  mai- 
son de  dona  Juana  (2);  du  confesseur  de  la  reine, fray  Juan 


(I)  «  ...  Vueslra  Senoriii  Hevri-endissinia ,  ([ue  tanlo  conosce  y  es 
sabidor  de  las  condicioiies  y  enfermedad  de  la  reyiia  nueslra  senora, 
como  ha  de  creher  ni  pensar  que  por  mi  culpa  se  dexase  de  liazer  lo  (lue 
cumpliese  à  la  salud  de  Su  Alleza  y  a  su  servicio?  Y  aviendo  suscedido 
Su  Alteza  en  los  rreynos  de  Aragon  donde  yo  soy  natural ,  segun  lo  que 
yo  lie  servido  à  Su  Alteza  y  la  mucha  continuacion  y  conversacion  que  cou 
Su  Alteza  lie  tenido,  quicn  espéra  mas  merced  con  su  salud  que  yo?  Mas 
si  Dios  la  hizo  de  tal  coudicion  que  no  se  le  pucda  hazer  mas  de  lo  que 
Su  Divina  Majestad  permite  yquierel  Y  nunca  el  rey  su  padre  pudo  liazer 
mas,  fasta  que  porque  no  muiiesse ,  dexàndose  de  corner  por  no  complir 
su  volunlad ,  le  buvo  de  mandar  dar  cuerda  por  conservarle  la  vida..  » 
(Pag.  142.) 

On  ne  comprend  pas  que  M.  liergenrolh  ait  traduit  les  mots  le  huco 
de  mandar  dur  cuerda  par  ^^  ordonna  qu'on  la  mît  à  la  torture  »  { fie 
had  to  order  that  she  loas  lo  he  put  lo  Ihe  rack).  Faire  mettre  sa  lille 
a  la  torture  pour  lui  conserver  la  vie  !!!  Pourquoi  M.  Bergen roth  ne  s'en 
esl-ii  pas  rapporté  au  dictionnaire  de  rAcadémie  espagnole,  où  Ton  lit  : 
a  Dar  cuerda  6  à  la  cuerda,  frase  metatorica.  Ir  dando  largas  â  algurio 
»  negocio.  Negotium  sensim  diff'erre.  »  Le  dictionnaire  de  Domingo 
Gian -Trapany  el  Rosily  (Paris,  1826,  in-H")  dit  aussi  :  ■  Dar  cuerda . 
«  tirer  une  affaire  en  longueur.  '^ 

(-j  Sandoval,  Hisloria  de  Carlos  V ,  t.  I  ,  |i.  'Jl. 


(  215  ) 

(Je  Avila;  de  riiilanU!  dona  Catalina.  qui  liahilait  avec  sa 
mère;  du  cardinal  de  Torlose,  Adrien  (rUtreclit  ;  du  con- 
nétable, de  l'amiranle  et  du  grand  commandeur  de  Cas- 
tille,  de  don  Lope  Hurtado  de  Mendoca,  du  comte  de  Haro, 
de  fray  Garcia  de  F.oaysa,  etc.  N'oublions  pas  de  mention- 
ner —  car  ils  sont  san^  contredit  au  nombre  des  pièces  les 
plus  curieuses  du  recueil  —  des  procès-verbaux  ,  rédigés 
par-devant  notaires,  de  ce  qui  se  passa  entre  les  cowu- 
neros  et  la  reine,  après  qu'ils  se  furent  emparés  de  Tordc- 
sillas. 

De  tous  ces  documents,  les  lettres  du  marquis  de  Dénia 
et  de  l'ray  Juan  de  Avila  sont  les  seuls  (jui  rournissent 
quelques  indications  sur  la  laron  d'agir  de  dona  Juaua  en 
matière  de  religion. 

Le  22  juin  1518,  Dénia  écrit  à  Charles-Quint  :  «  Nous 
»  nous  occupons  de  l'affaire  de  la  messe.  La  reine  voudrait 
»  qu'on  la  dît  dans  la  galerie  où  Votre  Altesse  la  trouva; 
T>  moi  je  voudrais  qu'elle  se  dît  dans  une  pièce  commu- 
»  niquant  avec  sa  chambre  :  mais,  d'une  manière  ou  de 
»  l'autre,  elle  se  dira  bientôt  (1).  »  Il  lui  mande  le  15  sep- 
tembre suivant:  «  Depuis  que  Votre  Altesse  m'a  commandé 
j>  de  faire  en  sorte  que  Son  Altesse  entende  la  messe,  on 
»  n*a  cessé  d'avoir  un  soin  spécial  de  cela;  et  ainsi  il  a  plu 
»  à  Dieu  qu'hier  Son  Altesse  ait  voulu  que  la  messe  lui  fut 
»  dite.  On  avait  dressé  un  autel  au  bout  de  la  galerie  où 
»  Votre  Altesse  vit  la  reine,  et  l'on  y  avait  placé  un  dais 
»  de  velours  et  de  damas  noir  fait  à  cette  occasion.  En  en- 


(1)  u  ...  Kn  lo  de  la  misa  andamos  eiilendiondo.  S.A.  (|iRriia  ([uc  se 
dixiese  en  el  corredor  adoiide  V.  A.  I:i  ludlo,  y  vo  ((uerria  que  se  dixiese 
en  una  qiiadra  que  esta  cahe  su  eanirir:i;  {tero  en  la  nna  jKui.e  (»  en  la 
otra  de/^irsea  pretlu...  -  (Pag.  164.) 


(  214  ) 

»  traiit,  Sou  Altesse  lit  sa  prièie  à  l'autel,  et  ou  lui  jeta 

»  l'eau  béuile;  au  coninieucement  de  la  confession ,  elle  se 

»  mit  à  genoux  et  elle  y  resta  jusqu'à  ce  qu'elle  lïit  (inie; 

»  alors  elle  s'assit.  Elle  prit  des  Heures  que  tenait  la  dame 

y>  infante  et  y  récita  les  heures  de  la  Crois.  Pendant  toute 

))  l'élévation,  elle  fut  agenouillée,  récitant  le  Paier  Noster 

»  et  des  Ave  Maria  assez  haut  pour  qu'on  l'entendît.  Quand 

»  on  lui  apporta  l'Evangile  et  la  paix,  elle  ne  les  voulut  pas, 

»  mais  elle  conuiianda  qu'on  les  donnât  à  baiser  à  la  dame 

»  infante  (l).  La  messe  achevée,  elle  rentra  dans  sa  cham- 

»  bre.  Aujourd'hui  elle  a  entendu  la  messe  de  la  même  ma- 

»  nière.  Avec  l'aide  de  Dieu ,  nous  ferons  en  sorte  que  cela 

»  se  continue,  il  n'assiste  à  la  messe  que  celui  qui  la  dit,  le 

»  père  garcfien  (fray  Juan  de  Avila)  et  un  enfant  de  chœur. 

»  Votre  Altesse  doit  rendre  des  actions  de  grâces  à  Dieu  : 

D  car,  bien  que  Son  Altesse  soit  dans  une  disposition  diffé- 

»  rente  de  celle  où  Votre  Altesse  désirerait  la  voir  suivant 

D  l'amour  et  le  respect  que  Votre  Altesse  lui  porte,  il  plaira 

»  à  Dieu  de  la  guider  de  manière  qu'elle  le  connaisse  et 

V  qu'elle  se  sauve  (2)...  » 


(1}  Dans  cet  ordre  M.  Bergeiiioth  voit  une  .réi>ugnance  décidée  de  la 
reine  à  observer  une  pratique  qui  s'observait,  à  Téglise,  envers  les  princes  ; 
je  ne  saurais  y  voir  qu'une  marque  de  bienveillance  et  de  distinction  don- 
née à  Tintante. 

(2)  «...  Despues  que  V.  A.  me  mandé  que  procurase  que  S.  A.  oyese 
misa,  siempre  se  ha  tenido  especial  cuydado  deslo,  é  asy  a  plasydo  à 
Nuestro  Seîïor  que  ayer  Su  Alleza  ([uyso  que  se  dixese  la  mysa;  é  ade- 
reçôse  ai  cabo  de!  corredor  adonde  Vuestra  Alleza  viô  à  S.  A  con  panos,  é 
pusose  un  dozer  de  terciopelo  negro  é  damasco  negro  que  para  esto  se 
hizo.  En  saliendo,  S.  A.  liizo  oracion  al  allai  é  echaronle  agua  bendila . 
écn  començando  la  conresyou  liincése  de  rodillas  liasla  ((ue  se  acabo,  c 
asentose.  Tonio  unas  Oras  à  la  senora  ynlantc  é  reso  en  ellas  las  oras  de 
la  Crux;  é  en  laiilo  (lue  aiçaron  el  sacranienlo  e  cunsumyeron,syenipre 


^  (  213  ) 
Fray  Juan  de  xVvila,  sans  cnlicr  dans  dos  dclails,  l'ail 
aussi  savoir  au  roi  que  sa  mère  a  entendu  la  messe  le  di- 
manche 12  septembre,  et  il  ajoute  qu'elle  a  la  volonté  de 
continuer  à  Fenlendre  (l).  Six  semaines  après,  il  lui  con- 
lirme  ces  bonnes  dispositions  de  dona  Juana  :  «  La  reine 
»  —  lui  dit-il  —  contiime  d'assister  à  la- messe  avec  la 
»  dame  inl'ante  tous  les  jours  qu'elle  ne  reste  pas  au  lit, 
»  ou  que  quelque  évidente  nécessité  n'y  met  pas  oh- 
»  stade  (!2).  »  Il  lui  lait  parvenir  encore  des  inlbrmations 
semblables  le  8  juin  1519  (o).  Cette  année-là,  pendant  la 
semaine  sainte,  dofia  Juana  avait  même  voulu  aller  au 
monastère  de  Santa  Clara,  où  reposait. le  corps  de  son 
époux  (4). 


«'sliil»o  de  rrodillas  ,  rcsaiulo  Paler  Nostoi-  é  Ave  Marias  <|ao  se  oyan. 
Huaiidu  Iruxeron  el  Evangelio  é  la  paz,  no  lo  qiiiso  S.  A.  é  niando  ge  lo 
dieseii  à  la  senora  yidanlc.  Despues  de  acabada  la  myssa,  enliôse  S.  A. 
en  su  eâmara.  E  oy  a  oydo  myssa  de  la  niesnia  nianera.  Procuiarseha, 
eon  el  ayuda  de  Nuestio  Senor,  que  eslo  se  continue.  No  entran  â  la 
niissa  syno  el  que  la  dysse  y  el  guardian  é  un  moro  de  capilla.  Vueslra 
Alle/.a  deve  dar  gracias  â  NuesU'O  Senor,  porque  aunque  S.  A.  esta  en 
olia  dispusycion  de  la  que  V.  A.  querria  segun  ell  anior  y  acalamiento  que 
le  liene,  plaserà  â  Dios  que  la  porna  en  caniino  para  que  le  conozca  é  se 
salve....  »  (Pag.  177.) 

(1)  «  Oy  domingo,  en   xji  dias  de   seliembre,  sy  lia  [ilasido  à  la 

divina  bondad  de  Dios  ha  oydo  niissa  la  reyna  nuestra  senora,  y  Su 
Alleza  tiene  voluntadde  lo  conlinuar..  .  >^  (Pag.  17o.) 

(2)  «  La  reyna conlinua  oyré  ver  la  niissa  junctamente  con  la 

senora  ynfanle  en  lodos  los  dias  que  en  la  cama  no  esta,  6  sy  otra  alguna 

évidente  necessidad  no  se  offresce  que   ge  lo  excuse y  (  Lettre  du 

50  octobre  1518,  p   180.) 

(5)  ^'  Su  Alteza conlynua  el  oyi'  de  la  inis.sa,  y  tiene  bueii  d<  seo 

de  servir  â  Dios  nueslro  senor...  >>  (Pag.  189.) 

(i)  Lettre  du  marquis  de  Dénia  à  Cbarles-QuinI,  du  ^U  avril  loi 9, 
p.  184. 


(  216  )   ^ 

Pondant  combien  tic  temps  encore  Jeanne  se  livra-t-elle 
aux  pratiqnes  régulières  de  dévotion  qui  rendaient  si  heu- 
reux le  bon  père  frav  Juan  de  Avila?  Le  recueil  de  M.  Ber- 
genrolb  ne  nous  l'apprend  pas;  mais  voici  ce  qu'on  lit  dans 
une  lettre  du  marquis  de  Dénia  à  l'empereur  en  date  du 
2o  janvier  15^!2  :  «  La  nuit  de  Noël,  comme  on  chantait 
»  les  matines  dans  la  chapelle  du  palais,  la  reine  alla  cher- 
»  cher  l'inlante,  qui  les  écoutait,  et  commença  à  crier 
»  qu'on  ôlàt  l'autel  et  tout  ce  qu'on  y  avait  mis.  Nous 
»  limes  rentrer  Son  Altesse  dans  sa  chambre,  sans  man- 
»  quer  au  resj)ect  qui  lui  est  du,  mais  avec  assez  de 
»  peine  (I).  »  Il  est  à  remarquer  que  cette  même  lettre 
signale  la  maladie  mentale  de  dona  Juana  comme  faisant 
de  jour  en  jour  des  progrès  (2),  et  Dénia  cite  le  fait  sui- 
vant, qui  semble  en  effet  en  être  une  preuve  :  souvent  la 
reine,  de  la  galerie  de  son  palais  qui  donnait  sur  le  Duero, 
appelait  les  passants,  et  leur  ordonnait  de  faire  venir  les 
capitaines  et  les  gens  de  guerre  qui  étaient  à  ïordesillas, 
afin  qu'ils  tuassent  tout  le  monde  (5). 

De  J  D^^  à  J  551 ,  plus  rien  sur  ce  sujet,  si  ce  n'est  la  par- 
ticularité que  je  vais  dire  :  le  25  février  looO,  Dénia  écrit 
à  l'impératrice  Isabelle,  femme  de  Charles-Quint,  lequel 


(I)  «  La  iiocbe  de  Navidad,  eslaudo  dizioudo  los  inaitiiies  en  la 

capilla,  [la  reynaj  saliô  a  buscar  â  la  senora  infante  que  los  estava 
oyendo,  y  començô  â  dar  bozes  que  se  quitase  el  altar  y  lodo  lo  que 
eslava  pueslo.  Tornamos  â  Su  Alleza  con  el  acatamiento  que  era  razon  y 
cou  liarto  liabajo «  (Pag-  40G.) 

(-2)  «    La   reyna  nuestra    seùora  esta  de    su   indisi>usicion  corne» 

suele,  y  aun  parecenie  (|ue  cada  dia  sele  acrecienla....  ->  (Pag.  405.) 

(•>)  V.   Asiniisnio  niuelias  vczes  se  poiie  :i  su  coi'redor  que  salr  al 

lio.  y  llama  à  alj;uM(ts  para  (|u<'  le  llanien  la  i^cide  y  capilanes  cpie  a<pii 
pslan,  paia  ijuc  niaten  à  las  uiios  y  à  los  olros "  (Pay.  406  ) 


(  217  )  .       , 

était  alors  en  Italie,  qu'il  a  de  nouveau  enlielenu  la  reine 
du  point  de  la  conlession;  qu'elle  lui  a  répondu  qu'elle 
voulait  se  confesser,  mais  qu'elle  ne  connaissait  aucun  reli- 
gieux de'  l'ordre  de  Saint-Dominique;  qu'il  lui  a  dit  alors 
(]ue  le  piécédenl  provincial  et  celui  qui  l'a  remplacé  sont 
tous  les  deux  également  honorables  et  (pi'elle  serait  satis- 
faite de  l'un  comme  de  l'autre;  que  sur  cela  elle  l'a  chargé 
de  les  mander  à  Tordesillas  (1). 

Des  faits  que  je  viens  de  rapporter  est-on  en  droit  de 
conclure  que  Jeanne  fut  hérétique?  Je  ne  le  pense  pas  : 
car  la  scène  extravagante  du  24  décembre  lo2J  ne  sau- 
rait effacer  les  actes  de  dévotion  accomplis  par  la  reine 
pendant  une  longue  suite  de  jours  et  de  semaines.  J'ajou- 
terai ceci:  lorsque  Jeanne  quitta  Kurgos,  deux  mois  après 
la  mort  de  Philippe  le  Beau,  pour  conduire  les  restes  de 
son  mari  à  Grenade,  elle  se  fit  accompagner  de  quatre 
évèques  et  d'un  grand  nombre  de  religieux  de  différents 
ordres;  elle  avait,  avant  son  départ,  assisté  à  une  messe 
au  monastère  des  Chartreux  de  Mirallores,  où  le  corps  de 
Philippe  était  déposé  ^2).  Dans  tous  les  lieux  où  elle  s'arrê- 
tait, elle  faisait  célébrer  un  service  pour  Fàrae  de  son 
mari  (5).  Est-ce  qu'une  hérétique  aurait  ainsi  invoqué  les 
prières  de  l'Église  ? 


(î)  ^>  A  la  reyna  mieslra  senora  e  lornado  oy  â  dezir  lo  de  la  cou- 

fysyon.  Su  Alteza  me  dyxo  que  lo  querrva  azer,  pero  que  no  conocya  en 
la  ôrden  de  Santo  Domyngo  ninguna  persona.  Yo  le  dixe  â  S.  A.  quel 
provyncyal  pasado  y  el  que  agora  es  son  peisonas  onrradas,  y  (jue  de 
cualquiera  dellos  se  conlentarya.  Su  Alteza  mandonie  ciue  le  cnvyasc  â 
llamar »  (Pag.  428.) 

(2)  Relation  (Inédite)  du  second  voyage  de  Phi!ip[>e  le  Beau  en  Espagne, 
à  la  IMbliotlièque  impériale,  à  Paris. 

(5)  Lafuente,  flistoria  (jeneral  de  Espaha ,  l.  X,  p.  ôl.">. 


(  218  ) 

Que  Jeanne ,  donl  la  fin  chrétienne  édifia  tous  ceux  qui 
en  furent  les  témoins  (1),  ait,  pendant  les  seize  années  du 
règne  de  Charles-Quint  qu'embrasse  le  recueil  de  M.  Ber- 
genrolh,et  môme  dans  celles  qui  suivirent,  montré  maintes 
et  maintes  fois  de  l'indifférence  pour  les  pratiques  reli- 
gieuses, la  chose  paraît  constante.  Mais  pourquoi  attribuer 
cette  indifférence  à  des  sentiments  opposés  aux  doctrines 
de  l'Église  catholique?  N'est-il  pas  plus  naturel  d'y  voir 
l'effet  des  aberrations  auxquelles  était  sujet  l'esprit  de  l'in- 
fortunée princesse  ? 

On  conteste,  il  est  vrai,  la  folie  de  Jeanne;  on  soutient 
que ,  à  l'époque  à  laquelle  correspondent  les  pièces  publiées 
par  M.  Bergenroth,  elle  avait  la  plénitude  de  ses  facultés 
intellectuelles.  Cette  opinion,  qui  est  en  désaccord  avec 
l'appréciation  universelle  de  l'histoire,  sera,  j'ose  le  prédire, 
difficilement  acceptée.  Sans  doute,  en  certains  moments, 
sur  certains  sujets,  Jeanne  parlait  d'une  manière  raison- 
nable :  le  langage  qu'elle  tint,  à  différentes  reprises,  à  la 
junte  et  aux  délégués  des  comuneros,  celui  qu'elle  fit  en- 
tendre aux  chefs  de  l'armée  royale,  à  leur  rentrée  dans 
Tordesillas,  n'ont  rien  qui  dénote  un  cerveau  détraqué.  Le 
marquis  de  Dénia  convient  lui-même,  dans  ses  lettres, 
quelle  disait  des  choses  qui  étaient  faites  pour  abuser  tout  le 
monde  sur  son  état  (2).  Mais  l'histoire  de  la  folie  n'abonde- 
t-elle  pas  en  faits  de  ce  genre?  Peut-on  admettre  qu'elle  fût 
en  possession  de  tout  son  bon  sens,  la  princesse  qui  fit  ou- 
vrir le  cercueil  où  étaient  renfermés  les  restes  de  son  mari 


(1)  Ses  dernières  paroles  furonl  :  JiKsiis-ChrisI  crucifié  soit  acec  moi  ! 
(  Saudoval ,  Hisloria  de  (\itios  V  ,.l.  Il ,  p.  567. ) 

(2)  ^>  La  verdad  os  que  dize  palabras  que  no  ay  à  (piien  no  eii- 

gane....  «  (Lellredu  mois  d'oelobre  1510,  p.  106.) 


(  !219  ) 
ot  enlever  les  linges  dont  ils  étaient  enveloppés,  pour  baiser 
les  pieds  de  celui  qui  n'était  [)lus  qu'un  cadavre;  qui,  pen- 
dant tout  le  temps  qu'elle  traîna  à  sa  suite  le  corps  de  Phi- 
lippe le  Beau  ,  renouvela  chaque  jour  cet  acte  bizarre  (l); 
qui  ne  voulait  permettre  qu'aucune  femme  entrât  dans  les 
églises  où  ce  corps  était  déposé  (^);  qui ,  alors  que  la  Cas- 
tille  se  voyait  menacée  d'une  crise  par  la  mort  inattendue  de 
son  roi,  résistant  aux  supplications  les  plus  pressantes,  re- 
lusa  obtinément  de  donner  même  une  signature  pour  l'ex- 
pédition des  affaires  de  l'État  (5);  qui,  à  Tordesillas,  chaque 
lois  qu'on  la  contrariait  en  quelque  chose,  restait  plusieurs 
jours  sans  manger  ou  ne  voulait  manger  que  du  pain  et  du 
fromage  (4);  qui  cassait  des  terrines  sur  la  tète  de  ses 
femmes  (5);  qui  négligeait  toute  espèce  de  soins  de  pro- 
preté (6);  qui  portait  des  vêtements  sordides  (7);  qui  tantôt 
ne  couchait  pas  dans  son  lit,  tant(M  s'y  couchait  toute  ha- 
billée (8),  etc.,  etc.? 

Durant  la  formidable  révolte  qui  mit  en  |)éril  le  troue  de 
Charles-Quint,  ceux  qui  la  dirigeaient  s'appliquèrent  sur- 
tout à  persuader  le  peuple  que  doua  Juana  jouissait  d'un 


(1)  Relation  (inédile)  du  deuxième  voyage  de  Pliilip|>e  le  lîeau  en  Es- 
pagne. 

(2)  Lafuenle,  Historia  gênerai  de  Espana,  l.  X,  p.  31Ô. 

(3)  Ibicl,  pp.  508  et  510. 

(4)  Rec.  de  M.  Bergenrolh  ,  pp.  145,  269,  358,  426. 
(o)  Ibid.,  p.  153. 

(6)  Ibid.,  p.  405.  —  «  La  reyna  no  (jueria  sino  andar  suzia  y  rota,  y 
dormir  en  el  suelo  sin  mudar  camisa.  »  iSandova),  Historia  de  Carlos  f, 
t.  I,p.  18.) 

(7)  Voir  le  passage  cité  de  Sandoval  a  la  note  précédente,  el ,  dans  le 
Recueil  de  M,  Bergenrolh ,  pp.  261  et  423,  les  lettres  d'Adrien  du  8  oc- 
tobre 1520  et  du  marquis  de  Dénia  du  25  mai  1525. 

(8)  Rec.  cité,  pp  .  161,  164,  425. 


(  220  ) 
entier  jugement;  qu'elle  était  aussi  apte  à  gouverner  que 
l'avait  été  la  reine  Isabelle  (1).  Ils  avaient  le  plus  grand  in- 
térêt à  accréditer  cette  croyance;  mais  il  ne  semble  pas 
qu'ils  tussent  convaincus  eux-mêmes  de  la  vérité  de  ce 
qu'ils  publiaient  :  car  ils  ordonnèrent  des  processions  so- 
lennelles et  des  prières  et  ils  appelèrent  à  Tordesillas  les 
médecins  les  plus  fameux  de  l'Espagne  pour  le  rétablisse- 
ment de  la  santé  de  la  reine  (2).  Non  contents  de  cela,  ils 
y  tirent  venir  des  prêtres  pour  l'exorciser  :  ils  avaient  ré- 
pandu le  bruit  que  la  pauvre  princesse  était  tourmentée  par 
de  mauvais  esprits  (5). 

VI. 

Je  n'ai  encore  rempli  que  la  moitié  de  ma  tàcbe.  Il  me 
reste  à  examiner  les  accusations  dirigées  contre  Charles- 
Quint. 

Quatre  lettres  de  Charles-Quint  sont  contenues  dans  le 
recueil  de  M.  Bergenroth.  Interrogeons-les  d'abord  :  car 
c'est  là  qu'il  faut,  avant  tout,  chercher  la  manifestation  de 
la  pensée  et  des  sentiments  de  ce  prince. 

La  première  lettre ,  datée  du  50  avril  1516,  à  Bruxelles, 
est  adressée  au  cardinal  Ximenes,  qui,  après  la  mort  de 
Ferdinand,  fut  investi  du  gouvernement  des  royaumes 


(1)  Lellros  tlu  cardinal  de  Toilose  à  Charles-Quiut,  des  li  et  23  sep- 
tembre 1520,  dans  le  recueil  de  M.  nergenrolh,  |)|).  225  el  23H. 

(2)  Lettre  de  la  sainte  junte  à  la  ville  de  Valladolid.  du  20  septembre 
Jo20,  ibid,  p.  253. 

(3)  Lettres  de  fray  Francisco  de  Léon  au  cardinal  de  Torlose,  ilu  no- 
vembre 1520,  et  du  cardinal  à  Charles-QuinI ,  du  13  du  même  mois, 
ibid  ,  pp.  288  el  303. 


(  !2'2l  ) 
d'Espagne.  Xiinencs  venait  d'envoyer  aux  Pays-Bas  le 
comte  Fernando  de  Andrada,  pour  entretenir  le  roi  catho- 
lique de  plusieurs  aiïaires  d'importance.  Charles  lui  répond 
que  de  graves  et  nomhreuses  occupations  lui  ont  permis 
seulement  de  décider  sur  trois  choses  qui  lui  paraissejil  les 
plus  urgentes,  et  il  poursuit  ainsi  : 

«  La  première  concerne  la  garde  de  la  reine,  ma  dame, 
laquelle,  pour  la  diversité  des  opinions,  est  très-nécessaire. 
Il  a  paru  au  comte  (de  Andrada)  qu'il  serait  bien  d'envoyer 
à  cet  effet  quelqu'un  de  ce  pays-ci.  Plusieurs  raisons  m'ont 
fait  trouver  bon  cet  avis  :  mais,  comme  je  n'ai  encore 
désigné  personne  pour  cette  charge,  je  vous  prie  beau- 
coup et  je  vous  ordonne,  en  attendant  que  j'aie  nommé  et 
envoyé  quelqu'un,  de  pourvoir  à  ce  que  la  reine,  étant 
très-bien  traitée,  soit  l'objet  d'une  si  exacte  garde  que, 
si  quelques-uns  voulaient  aller  à  rencontre  de  ma  bonne 
intention,  ils  ne  le  pussent  pas;  et  en  cela  je  vous  recom- 
mande une  grande  sollicitude.  Comme  il  n'appartient  à 
personne  plus  qu'à  moi  de  prendre  soin  de  l'honneur,  du 
contentement  et  de  la  consolation  de  la  reine,  ma  dame, 
ceux  qui  s'en  ingéreraient  ne  le  feraient  pas  dans  des  vues 
louables  (1).  » 


(1)  «  La  primera  loca  à  la  guarda  de  la  reyiia  mi  senora,  la  quai 

por  la  diversidad  de  lasopiniones  es  muy  necesaria.  Y  aparescido  al  coude 
que  séria  bien  quedeacà  se  enbiase  uiia  persona  nalural  de  estas  lierras, 
Por  muchas  razones  me  ha  parescido  bien  su  parecer  :  pero  porque  yo 
aun  no  e  senalado  persona  para  elio,  mucho  os  ruego  y  encargoque, 
enlretanlo  que  yo  nonbro  y  enbio  alguna  persona  ,  que  vos  tengais  manera 
como,  seyendo  muy  bien  Ualada,  aya  lan  buena  guarda  y  recabdo  que, 
sy  algunos  quisieran  allerar  my  buena  inlincion,  no  puedan  ;  y  en  esto 
aya  gran  cuydado.  Y  porque  â  ninguno  perleneee  mas  mirar  por  la  lionrra, 
conlonlamienio  y  consolacion  de  la  reyna  mi  senora  que  à  mi ,  los  que  en 

esto  quisieren  mêler  la  mano  no  ternân  buena  intincion v«  (Pag.  147.) 

2*"^  SÉRIE,  TOME  XXVII.  15 


(  222  ) 

La  seconde  leltre  de  Charles-Quint  est  écrite  d'Aranda 
de  Duero  en  Gaslille,  le  19  avril  loi 8,  au  marquis  de 
Dénia.  En  voici  le  contenu  : 

c(  Marquis,  mon  cousin ,  j'ai  vu  votre  lettre  du  6  et  celle 
du  l5duprésent(l).Toutcequevous  avez  faitet  vous  faites 
m'a  paru  bien  ;  je  vous  en  remercie  et  le  tiens  à  service. 
Je  suis  très-joyeux  de  l'amélioration  qu'il  y  a  chaque  jour 
en  la  disposition  et  santé  de  la  reine  catholique,  ma  dame; 
plaise  à  Dieu  qu'elle  continue,  comme  il  en  est  besoin  et 
comme  je  le  désire  !  Là  où  vous  êtes,  vous  et  la  marquise, 
on  n'attend  pas  moins.  Ainsi  je  vous  prie  et  vous  charge 
d'avoir  toujours  un  soin  très-spécial  de  la  santé  et  du  bon 
traitement  de  la  personne  royale  de  Son  Altesse,  comme 
je  sais  que  vous  le  ferez.  Vous  fîtes  bien  de  ne  pas  la  lais- 
ser sortir  du  palais,  pour  les  causes  que  vous  écrivez. 
A  l'égard  du  langage  que  Son  Altesse  vous  tient,  soyez 
sur  vos  gardes  pour  lui  répondre  ce  qui  convient;  et, 
comme  les  choses  de  Son  Altesse  sont  de  la  qualité  que 
vous  savez,  quand  elle  vous  parle  de  semblables  matières, 
ne  permettez  qu'aucune  des  femmes  qui  sont  à  son  ser- 
vice ni  d'antres  personnes  soient  présentes.  De  même,  ne 
parlez  ni  n'écrivez  rien  concernant  Son  Altesse  qu'à  moi 
seul,  et  toujours  par  des  messagers  sûrs,  vu  que  c'est  ce 
qui  convient.  Je  vous  fais  cette  recommandation  (bien  qu'à 
une  personne  aussi  sage  et  aussi  zélée  pour  notre  service 
que  vous  Tètes  il  soit  superflu  de  la  faire),  à  cause  que  le 
cas  est  si  délicat  et  me  touche  tant  (2).  » 


(1)  Ces  deux  lettres  maïuiuenl  dans  le  recueil. 

(2)  VI  Marqués,  primo,  vi  vueslra  lelra  de  vi  y  de  xv  de!  présente; 

y  agradezeos  y  lengo  en  servicio  lodo  lo  que  alla  aveys  hecho  é  liazeys, 
que  me  ha  parescido  bien.  Y  esloy  muy  alegre  de  la  mejoria  que  cada  dia 


(  225  ) 

La  troisième  lettre,  cciiie  de  Louvain,  le 7 octobre  1520, 
au  cardinal  de  Tortose,  renferme,  relativement  à  dona 
Jiiana,  quelques  mots  seulement;  Charles  y  marque  à  son 
ancien  précepteur  qu'il  a  appris  avec  beaucoup  de  peine 
ce  qui  s'est  passé  dans  ses  royaumes  d'Espagne,  mais 
qu'il  en  a  éprouvé  une  bien  plus  grande  encore,  et  telle 
qu'il  ne  saurait  l'exprimer,  du  manque  de  respect  et  de 
l'insolence  que  les  comuneros  ont  montrés  envers  la  reine, 
en  ôtant  d'auprès  d'elle  le  marqjiis  et  la  marquise  de 
Dénia  (1). 

C'est  au  marquis  que  s'adresse  la  quatrième  lettre,  qui 
ne  porte  point  de  date,  mais  qui  paraît  être  du  mois 
de  mars  1521.  Les  chefs  des  troupes  royales,  après 
avoir  chassé  les  comuneros  de  Tordesillas,  avaient  sup- 
plié dona  Juana  de  signer  certains  mandements  dont  je 


ay  en  la  dispusicion  y  salud  de  la  calôllca  reyiia  niy  senora.  Ploga  a 
Nueslro  Senor  ge  la  continue,  como  es  menesler  é  yo  deseo.  Donde  vos  é 
la  marquesa  estays  no  se  espéra  menos  ;  y  asy  vos  ruego  y  encargo  sienpre 
lengays  muy  especial  cuydado  de  la  salud  é  buen  iralamienlo  de  la  per- 
sona  real  de  Su  Alteza,  como  se  que  lo  facereis.  Fué  bien  no  darle  lugar 
a  salir  fuera ,  por  los  causas  que  escrevis.  Y  en  lo  de  las  plâlicas  que 
Su  Alteza  os  dize,  estad  sobre  aviso  de  le  responder  lo  que  conviene. 
É  por  ser  de  la  calidad  que  sabeysque  son  las  cosas  de  Su  Alteza,  quando 
en  semejante  cosa  hos  hable,  no  consy niais  que  ninguna  desas  mugeres 
ni  otra  persona  esté  delante,  ni  que  vos  hableys  ni  oscrivays  cosa  nin- 
guna que  toque  â  Su  Alleza,  â  otra  persona  syno  é  mi ,  é  siempre  con 
mensajeros  cierlos,  porque  asi  conviene  É  aunque  esto  es  escusado  a 
persona  tan  sabia  y  que  tanlo  desea  nueslro  servicio  como  vos ,  por  ser 

el  caso  tan  delicado  y  que  tanlo  me  loca,  lo  fago «  (Pag.  loC.) 

(1)  «  Ahunque  de  ver  lo  que  en  essos  reynos  ha  pasado  he  eslado 

con  nuicha  pena  y  cuydado,  agora  la  he  lenido  muy  mayor  por  el  alre- 
bimieiilo  grande  y  desacato  que  se  ha  hecho  à  la  reyna  mi  senora  en 
qui  la  r  de  su  servicio  al  marqués  y  marquesa  de  Dénia  ,  (pie  no  os  podria 
dezir  <[uanlo  eslo  he  sentido «  (^Pag.  258.) 


(  224  ) 

parlerai  plus  loin;  elle  ne  s'était  pas  prêtée  à  leur  désir  : 
Charles-Quint,  répondant  au  marquis,  lui  dit  qu'il  a  bien 
fait  et  fera  bien  d'empêcher  qu'on  n'importune  la  reine 
pour  cela  (1). 

S'il  y  a,  dans  ces  lettres,  je  veux  dire  dans  les  deux 
premières,  des  passages  obscurs,  énigmatiques,  dont  l'in- 
terprétation ne  pourrait  être  que  conjecturale  en  l'absence 
des  documents  auxquels  elles  se  réfèrent,  il  ne  semble  pas 
qu'on  soit  fondé  à  taxer  de  cruauté,  ou  môme  de  mauvais 
sentiments  envers  sa  mère,  le  prince  qui  lésa  signées. 

Est-on  plus  fondé  à  prétendre  que  le  marquis  de  Dénia 
ait  proposé  à  Charles-Quint  d'employer  la  torture  contre 
la  reine,  et  que  le  silence  de  l'empereur  sur  ce  point  doive 
être  envisagé  comme  un  consentement  tacite  de  sa  part? 
Nous  allons  le  voir. 

Plusieurs  fois,  en  1518  et  lol9,  il  avait  été  question 
d'établir  dans  un  autre  lieu  la  résidence  de  dona  Juana, 
l'état  sanitaire  de  Tordesillas  n'étant  pas  satisfaisant.  Le 
2o  janvier  lo22,  Dénia  engage  l'empereur  à  ordonner  ex- 
pressément que  la  reine  aille  habiter  Arevalo.  Les  raisons 
sur  lesquelles  il  s'appuie  pour  cela  sont  que  les  habitants 
de  Tordesillas  n'ont  pas  montré  et  ne  montrent  pas  envers 
leur  souverain  la  loyauté  qu'il  devait  attendre  d'eux;  que 
ceux  d'Arevalo,  au  contraire,  ont  fait  preuve  de  beaucoup 
de  zèle  pour  son  service;  qu'en  outre  cet  endroit  est  assez 
fort,  et  que  la  reine  y  serait  plus  en  sûreté,  si  les  événe- 
ments qui  ont  eu  lieu  en  1520  venaient  à  se  reproduire. 
Cela  dit,  il  continue  ainsi  :  «  Que  Votre  Majesté  tienne 


(:2)  i<  Lo  ciel  firmar  la  veyna  mi  sefiora  no  es  bien  que  se  sup- 
plique, pues  no  aprovecha  cosa  nin,L;ana  :  vtts  h(V.i>les  bien  en  estorvarlo: 
y  asy  lo  liazed.,..  »  (Pag.  ."57^.) 


(  2^25  ) 

»  pour  certain  que  ce  changement  ne  s'eft'ectuera  pas  du 

»  gré  de  Son  Altesse  :  car,  comment  y  serait-elle  disposée, 

)f>  celle  qui  n'a  la  volonté  de  rien  faire  de  ce  qui  convient 

»  à  la  conservation  de  sa  vie  et  au  salut  de  son  àme ,  mais 

»  qui  fait  tout  ce  qui  y  est  contraire?  Et  en  vérité,  si  en 

»  l)ien  des  choses  Votre  Majesté  forçait  Son  Altesse,  elle 

»  servirait  Dieu  et  Son  Altesse  elle-même  et  ferait  une 

»  très-bonne  œuvre  :  car,  pour  les  personnes  qui  sont  en 

»  la  disposition  où  Son  Altesse  se  trouve,  cela  est  néces- 

»  saire.  Déjà  la  reine,  aïeule  de  Votre  Majesté,  en  usa  de 

»  la  sorte  envers  la  reine,  notre  dame,  sa  fille  (1).  » 

Dans  la  suite  de  sa  lettre,  Dénia  s'explique  plus  claire- 
ment :  «  A  mon  avis,  dit-il,  on  essayerait  des  meilleurs 

T>  nioyens  possibles  pour  que  Son  Altesse  quittât  volon- 

B  tairement  Tordesillas.  Au  cas  qu'ils  restassent  iiilVuc- 

ï  tueux,  il  faudrait  que  le  président  du  conseil  vînt,  muni 

9  d'un  ordre  de  Votre  Majesté  à  toutes  les  personnes  qui 

»  sont  ici;  qu'il  prît  Son  Altesse,  la  mît  en  une  litière  à 

»  l'entrée  de  la  nuit,  et  la  conduisît  à  Arevalo  sans  s'ar- 

D  rêter  en  chemin.  Je  dis  que  le  président  vienne,  parce 

»  que  je  sais  qu'il  fera  cela  et  tout  ce  que  lui  ordonnera 

»  Votre  Majesté,  au  pied  de  la  lettre;  et  avec  lui  de- 

»  vraient  venir  deux   ou   trois  conseillers,  afin   que   la 

»  chose  parût  être  faite  de  l'avis  du  conseil  et  de  tout  le 


(1)  «  Tenga  Vueslia  Mageslad  por  delerminado  que  no  se  puede 

hazer  con  voluntad  de  Su  Alteza ,  porque  quien  no  tiene  voluntad  para 
hazer  ninguna  cosa  de  !as  que  convienen  à  su  vida  ni  a  su  aima,  syno  al 
rêvés,  no  se  como  la  ha  de  tener  para  esio.  Y  en  verdad,  que  hazerle 
Vuestra  Magestad  premia  en  muclias  cosas  serviria  à  Dios,  y  à  Su  Alteza 
haria  servicio  y  muy  bueuaobra,  porque  las  personas  que  eslân  on  su 
dispusicioii  asy  lo  quieren.  Ya  li  reyiia  su  ahuela  asv  le  scrviô  y  iiato  la 
reyna  nue^tra  sefiora  su  hija...  -  (Pag.  40i.) 


(  226  ) 
»  royaume.  J'aurai  soin  de  tenir  tout  prêt  pour  le  voyage; 
B  mais,  comme  je  dois  demeurer  au  service  de  Son  Al- 
j>  tesse,  il  ne  conviendrait  pas  que  je  parusse  en  cela  :  si 
D  j'avais  l'air  de  m'en  mêler,  je  tomberais  en  la  mauvaise 
»  grâce  de  Son  Altesse  (1).  » 

11  ne  s'agissait  pas  le  moins  du  monde,  quoi  qu'en  dise 
M.  Bergenroth,  de  mettre  la  reine  à  la  torture  (2),  au  cas 
qu'elle  se  refusât  à  partir  pour  Arevalo,  mais  il  s'agissait 
de  la  prendre  à  bras  le  corps,  pour  la  faire  entrer  dans  la 
litière  qui  l'aurait  conduite  en  cet  endroit. 

Que  répondit  Charles-Quint  à  la  lettre  du  2o  jan- 
vier 1522?  On  l'ignore.  Ce  qui  est  certain,  c'est  que  doua 
Juana  ne  changea  point  de  résidence. 


(1  )  ^<  . ...  I^a  niancra  (jiie  nie  paiece  que  se  devi'ia  leiier  para  la  imulança 
de  Su  Alleza  tPaqui,  es  pi-obai'  por  loilos  los  bueiios  uiedios  (|ue  pudiere 
ser  para  que  Su  Alleza  lo  liaga  de  su  voluutad  ,  y  quando  no  baslare,  que 
veniese  el  presydente  del  consejo  con  mandamiento  de  Vuestra  Mageslad 
para  toda  la  gente  que  aqui  eslâ ,  y  que  tome  à  Su  Alleza  y  la  ponga  en 
uiia  leylera  a  prima  noclie,  y  que  ande  sin  parar  liasla  Arevalo.  Y  digo 
que  venga  el  présidente,  porque  se  que  harà  esto  y  todo  lo  que  Vuestra 
Mageslad  le  niandare  al  pie  de  la  lelra.  Y  con  él  devrian  venir  dos  à  trcs 
del  consejo,  porque  pareciese  que  se  liazia  con  parecer  del  consejo  y  de 
todo  el  reyno.  Y  eslo  yo  lo  terne  aparejado  lodo;  pero  haviendo  yo  de 
eslar  en  servicio  de  Su  Alleza,  no  convernia  que  yo  pareciese  en  eslo, 
porque  quedaria  en  mucho  desgrado  de  Su  Alleza....  ••  (Pag.  40o.  ) 

(2)  Les  mots  liazer  premia ,  que  M.  Bergenroth  traduit  encore  ici  par 
«  metlreà  la  torture,  >^  signifient:  «  forcer,  contraindre.  «  J'ai  consulté 
là-dessus  tous  les  dictionnaires  espagnols  qui  sont  à  la  Bibliothèque 
royale  :  le  plus  ancien, le  Thrésor  des  trois  langues  espagnole ,  françoise 
et  italienne ,  imprimé  à  Genève  en  1657,  porte  :  «  Premia,  force,  con- 
»  Irai  nie,  rigueur, /"orsa,  rigore ,  violenlia,  constretta    » 

On  trouve  aussi,  dans  le  dictiomiaire  de  l'Académie  espagnole  :  >  Pre- 
>^  mia,  apremio,  fuerza  ,  coaccion.  « 

L'ex|)lication  que  le  marquis  de  Dénia  donne  de  sa  pensée  confirme 
d'ailleurs  celle  signilicalion. 


(  227  ) 

Le  25  mai  1525,  Dénia  revient  'sur  l'avis  qu'il  avait  ex- 
|)rimé  trois  années  auparavant.  Après  avoir  raconté  à  son 
maître  que,  la  reine  s'étant  mise  à  pousser  des  cris  dans 
une  des  galeries  du  palais,  il  a  ordonné  à  ses  femmes  de 
la  supplier  de  rentrer  dans  sa  chambre  et,  au  besoin,  de 
l'y  mettre;  qu'alors  elle  y  est  rentrée  d'elle-même;  que 
depuis  elle  ne  fait  plus  que  ce  qu'on  désire  d'elle,  il  ajoute  : 
«  J'ai  toujours  cru  que,  Son  Altesse  étant,  pour  nos  péchés, 
»  dans  l'indisposition  où  elle  est,  rien  ne  pouvait  être  aussi 
»  utile  que  d'user  à  son  égard  de  quelque  moyen  de  con- 
»  trainte,  quoique  ce  soit  une  chose  très-grave  pour  un 
»  vassal  que  de  pensera  agir  ainsi  envers  son  seigneur  (1).  » 

La  réponse  à  cette  seconde  insinuation  de  Dénia  man- 
(lue  comme  à  la  première. 

iMais  nous  avons  un  témoignage  authcntiqjie  des  senti- 
ments de  Charles-Uuint  pour  sa  mère  dans  une  lettre  pos- 
térieure du  marquis,  la  dernière  que  j'aie  à  citer.  Voici 
comment  il  s'y  exprime  :  «  Sacrée  Impériale  et  Catho- 
»  lique  Majesté,  j'ai  reçu  la  lettre  de  Votre  Majesté  et  la 
»  dépêche  qu'elle  m'a  envoyée  pour  que  la  reine,  notre 
»  dame,  aille  à  Toro  :  lettre  où  Votre  Majesté  ordonne 
»  que  cela  se  fasse  avec  tout  respect  envers  Son  Altesse. 
»  J'écris  là-dessus  au  secrétaire  Covos.  Si  Votre  Majesté 
»  parle  ainsi  comme  un  iils,  je  le  trouve  très-bien,  mais 
»  il  est  à  croire  que,  comme  vassal,  je  ne  ferai  que  ce 
»  qui  conviendra  au  service  de  Son  Altesse  et  au  vôtre. 
D  Que  Votre  Majesté  veuille  me  faire  répondre  et  me  faire 


(1)   „  Yo  s}eii|jre  cn'y  que,  eslaiiilo  Su  Alltza  en  la  yiulispusy- 

eioii  que  esta  por  iiueslros  peccados,  no  podya  aprovechar  ninguna  eosa 
lantocomo  alguna  premia ,  aunque  es  muy  grave  cosa  peiisar  el  vasallo 
en  hazella  a  m  senor  ....  ^^  (Pag.  125.) 


(  228  ) 
»  savoir  sa  volonté  en  ceia  :   car  si   le  dépari  d'ici  doit 
j'  s'efl'ectuer  sans  déplaisir  pour  Son  Altesse,  je  sais  (|u"il 
))  tardera  autant  que  les  autres  choses  que  Son  Altesse 
i)  t'ait  et  qui  sont  moins  ditficiles  (1).  » 
Cette  lettre  est  du  1 1  octobre  1527. 


MI. 


En  résunïé,  le  recueil  de  pièces  dont  la  mise  en  lumière 
est  due  à  M.  Bergenroth  ne  prouve  pas  que  Jeanne  de 
Castille  ait  été  hérétique.  Il  prouve  moins  encore  qu'elle 
ait  été  confinée  dans  le  palais  de.ïordesillas  en  punition  de 
sa  f)rétendue  hérésie;  on  y  cherche  même  vainement  cpiel- 
que  chose  qui  autorise  cette  supposition. 

Il  ne  prouve  pas  davantage  que  Charles-Quint  ail  été 
un  his  dénaturé  :  au  contraire,  on  y  voit  ce  monarque 
recommander  toujours  qu'on  use  des  meilleurs  traitements 
envers  sa  mère,  qu'on  ait  pour  elle  tout  le  respect  qui  lui 
est  dii. 

Qu'on  veuille  le  remarquer  d'ailleurs  :  ce  recueil  de 
pièces,  si  curieux  à  plusieurs  égards,  ne  se  compose  que 


(1)  .«  Sacra  Cesarea  Catolica  Mageslad,  recibi  la  caria  de  Vuestra 

Mageslad  y  el  despacho  que  nie  mandé  eubiar  para  la  yda  de  la  reyua 
nueslra  senora  à  Toro,  en  la  quai  Vuesira  Mageslad  manda  que  se  haga 
con  lodo  acatamiento  de  Su  Alteza.  Yo  cscrivo  al  secrelario  Covos  so- 
breslo.  E  sy  Vuesira  Mageslad  lo  dize  como  hijo,  pareceniv-^  muy  bien; 
pero  de  créer  es  ([ue,  como  vasallo,  yo  no  haré  otra  cosa  syno  lo  (pie 
convengaal  servicio  de  Su  Alleza  y  vueslro.  Vuesira  Mageslad  me  mamle 
responder  lo  que  en  eslo  manda  ,  porque  sy  ha  de  ser  la  salyda  sin  enojo 
de  Su  Alleza,  yo  se  que  sera  lan  larde  como  las  olras  cosas  que  Su  Alleza 
liazc,  auiupie  suii  de  menus  Irabajo...  ^  (Pag.  4iî5.) 


(  :2^29  ) 
(Je  IViii^nieiits  de  coires|>ondaiices  :  on  y  Irome  seulement, 
comme  je  l'ai  dit  plus  haut ,  quatre  lettres  de  Charles-Quint  ; 
du  marquis  de  Dénia  il  y  en  a  dix  en  tout  pour  les  années 
1521  à  1551.  De  correspondances  aussi  incomplètes  il  est 
souvent  difïicile  de  saisir  le  véritable  sens,  plus  dillicile 
encore  d'apprécier  toute  la  signiticalion.  Une  longue  ex- 
périence m'a  appris  que  les  documents,  les  lettres  surtout, 
qui  sont  isolés  dans  les  archives,  peuvent  entraîner  les 
historiens  à  commettre  plus  d'une  erreur. 

Cette  remarque,  j'ai  à  peine  Ijesoin  de  le  dire,  n'est  pas 
une  critique  à  l'adresse  de  M.  Eergenroth  :  ce  n'est  pas  la 
faute  de  ce  savant,  si  des  lacunes  existent  dans  les  séries 
de  pièces  que  renferme  le  dépôt  de  Simancas. 

Au  montent  de  teiniiner,  et  en  relisant  raiticle  de 
journal  qui  a  été  l'origine  de  ce  débat,  je  m'aperçois  qu'on 
a  fait  encore  à  Charles-Quint  deux  reproches  dont  je  ne 
me  suis  pas  occupé. 

On  a  dit  qu'il  n'alla  visiter  sa  mère  qu'une  fois. 
On  s'est  indigné  qu'il  ait  «  pu  rester  insensible  comme 
»  un  roc  à  la  lecture  des  lettres  de  celle  qui  lui  avait  donné 
»  le  jour,  lettres  qui  auraient  arraché  des  larmes  aux  cœurs 
»  les  plus  durs.  » 
Ces  reproches  ne  sont  pas  plus  fondés  que  les  autres. 
Ce  ne  fut  pas  une  fois  que  Charles-Quint  alla  voir  sa 
mère,  ce  fut  toutes  les  fois  que  les  affaires  publiques  l'ap- 
pelèrent dans  la  Yieille-Castille  ou  lui  permirent  de  s'y 
rendre. 

H  fit  une  première  visite  à  dona  Juana  au  mois  de  no- 
vembre 1517,  aussitôt  après  son  débarquement  en  Es- 
pagne. 

L'année  suivante,  il  lui  en  lit  deux,  en  janvier  et  en 
mars.  Le  motif  d'une  de  ces  vibiles  mérite  d'être  rapporté. 


(  230  ) 
Charles  avait  désiré  avoir  auprès  de  lui,  à  Valladolid  ,  pen- 
dant quelques  jours,  sa  jeune  sœur  Tinfanle  dona  Cata- 
lina.  !l  la  fit  chercher  sans  en  prévenir  la  reine,  de  crainte 
de  quelque  obstacle  de  sa  part.  L'absence  de  la  princesse 
ne  put  cependant  rester  ignorée  de  dona  Juana,  qui  en 
éprouva  tant  de  contrariété  qu'elle  fut  trois  jours  sans 
vouloir  prendre  de  nourriture.  Charles  alors  lui  renvoya 
l'infante,  et  il  se  rendit  à  ïordesillas,  pour  se  disculper 
envers  sa  mère  (i). 

Il  fit  une  nouvelle  visite  à  la  reine  au  mois  de  mars 
1520,  alors  qu'il  re\ienait  de  l'Aragon  pour  aller  s'em- 
barquer en  Galice. 

Deux  années  après,  les  graves  événements  qui  s'étaient 
|)assés  en  Espagne  le  ramènent  dans  ce  loyaume.  Le 
16  juillet  il  descend  à  Santander.  Le  26  août  il  arrive  à 
Valladolid.  Il  est  à  Tordesillas  dès  le  5  septembre. 

Il  y  retourne  trois  fois  en  lo25,  dans  les  mois  de  mai 
et  de  juin,  et  deux  fois  en  1524;  la  dernière  fois,  il  y  passe 
un  mois  tout  entier,  du  5  octobre  au  4  novembre. 

Ces  faits  ne  peuvent  pas  être  contestés;  ils  sont  consignés 
dans  les  comptes  mêmes  de  la  maison  de  Charles-Quint  (2). 

D'autres  documents  non  moins  dignes  de  foi  nous  ap- 
prennent que,  au  mois  de  novembre  1559,  avant  de  partir 
pour  les  Pays-Bas,  où  l'appelait  la  révolte  des  Gantois, 
Charles  alla  prendre  congé  de  sa  mère  (3),  et  qu'il  retourna 


(1)  Sandoval,  Historia  de  Carlos  V ,  t.  I,  p.  95. 

(2)  Voir,  aux  Archives  du  déparlement  du  Nord ,  à  Lille,  les  comptes  1 2' 
et  14c  (Je  Pierre  Doisot  et  le  compte  ^^de  Henri  Slercke,  successivement 
maîtres  de  la  chambre  aux  deniers  de  rempereui-. 

(3)  Description  des  voyages,  [ails  et  vicloires  de  Vempereiw  Charles  , 
T'  de  ce  nom^  escripl  de  la  propre  main  de  monsieur  de  //erbays,  ma-. 
nuGcrit  de  la  Bibliothèque  nationale,  à  Madrid. 


*       (  231  ) 
auprès  dV'lle  au  mois  (le  janvier  lol!2  (I).  Onsaitqu'il  quilla 
ri-:spagnc  l'aiinée  suivante,  pour  ne  plus  revoir  ce  pays 
(ju'après  son  abdication  :  sa  mère  alors  avait  cessé  de  vivre. 

Quant  aux  lettres  de  Jeanne  à  son  fils  «  qui  auraient 
»  arraché  des  larmes  aux  cœurs  les  plus  durs,  »  je  n'ai 
qu'un  mot  à  dire  :  durant  les  années  J516à  1551,  Jeanne 
n'écrivit  pas  une  seule  lettre,  ni  à  Charles-Quint ,  ni  à  qui 
que  ce  fût;  et  non-seulement  elle  n'écrivait  pas  de  lettres, 
mais  elle  ne  voulait  signer  aucun  papier,  quel  qu'en  pût 
être  l'objet. 

Lorsque  éclata  l'insurrection  des,  cornu neros  ^  le  prési- 
dent et  plusieurs  des  membres  du  conseil  qui  siégeait  à 
Valladolid  auprès  du  cardinal  de  Tortose,  se  rendirent  à 
Tordesillas,  pour  supplier  la  reine  d'apposer  sa  signature 
à  certaines  patentes  destinées  à  être  envoyées  dans  tout  le 
royaume.  Le  président  lui  exposa  que  la  pacification  de  la 
Castille  était  entre  ses  mains;  qu'il  lui  suffisait  pour  cela 
de  signer  les  pièces  qui  lui  étaient  présentées;  qu'en  les 
signant  elle  ferait  un  plus  grand  miracle  que  ne  fif  saint 
François.  Ces  raisons  lurent  infructueuses.  Les  ministres 
revinrent  à  Valladolid  avec  les  patentes  non  signées  (2). 

Après  l'entrée  des  comuneros  dans  Tordesillas,  eux 
aussi  tâchèrent  d'obtenir  la  signature  de  la  reine;  c'était, 
pour  le  triomphe  de  leur  cause,  un  objet  d'une  haute 
importance  :  le  cardinal  de  Tortose,  écrivant  à  l'empe- 
reur, avoue  qu'une  seule  signature  que  la  reine  leur  eût 
accordée  aurait  entraîné  la  perte  de  tout  le  royaume  (o). 


(1)  Journal  des  voyages  de  Charlcs-Quint,  par  Vandcnesse. 
(-2)  Saodoval ,  Historia  de  Carlos  V  ,  1. 1 ,  p.  205. 
(.5)  Lettres  du  21  octobre  lo^O,  i».  207;  du  lô  novembre,  p.  505  ;  du 
17  novembre,  p.  321. 


(  252  ) 
Aussi  n'y  eut-il  [)as  de  moyens  qu'ils  n'employassent  pour 
parvenir  à  ce  but.  Ils  firent  à  doua  Juana  le  tableau  des 
maux  que  l'Espagne  avait  soufferts  par  la  manière  dont 
elle  avait  été  gouvernée  depuis  la  mort  du  roi  catholique, 
son  père.  Ils  l'assurèrent  que  c'était  pour  y  remédier  qu'ils 
avaient  pris  les  armes,  et  qu'ils  étaient  tous  prêts  à  sacriOer 
leur  vie  pour  elle  (1).  Ils  lui  donnèrent  à  entendre  que 
leurs  adversaires,  s'ils  venaient  à  l'emporter,  la  sépare- 
raient de  sa  fille  et  l'enfermeraient  dans  une  forteresse  (2). 
Ils  allèrent  jusqu'à  lui  dire  que,  si  elle  ne  signait  pas,  ils 
ne  pourraient  plus  donner  à  manger  à  elle  ni  à  l'infante;  et 
en  disLiîU  cela,  ils  lui  présentaient,  d'une  main,  les  lettres 
pour  lesquelles  ils  sollicitaient  sa  signature,  de  l'autre  un 
encrier  et  une  plume  (5).  Tous  ces  arguments  restèrent 
sans  elfet  :,Ieanne  ne  signa  point. 

L'amirante  de  Caslille,  à  son  tour,  (juand  Tordesillas 
eut  été  repris  par  les  troupes  du  roi  Charles,  essaya  en 
vain  de  la  déterminer  à  signer  des  mandements  qui  enjoi- 
gnaient aux  comuneros  de  ne  pas  causer  de  dommages  aux 
terres  des  grands  et  à  rentrer  dans  le  devoir  (4). 

Ces  refus  opiniâtres  de  Jeanne  d'apposer  sa  signature 
à  des  actes  quelconques  constituent  assurément  l'un  des 
traits  les  plus  caractéristiques  de  l'état  mental  dans  lequel 
se  trouvait  la  malheureuse  veuve  de  Philippe  le  Beau. 


(1)  Procès-verbal  du  24  septembre  loïiO,  dans  Sandoval,  t.  I,  p.  208,  el 
dans  M.  Hergenrolh ,  p  2io. 

(2)  Lettres  du  cardinal  de  Torlose  à  Charles-Quint,  du  i  seplenibro  cl 
du  15  décembre  1520,  pp.  215  el  548. 

(5)  Lettre  du  cardinal  du  lo  décembre  1520. 

(i)  Lettres  du  grand  commandeur  de  Caslille  au  connétable  et  à  l'cni- 
percur,  des  8  et  0  décembre  15.20=  j>p.  352  el  536 


(  255  ) 
P.  S.  J'écrivais  les  dernières  lignes  de  ce  travail  lorsque 
j'ai  reçu  de  Venise  une  relation  diplomatique  sur  Charles- 
Quint  qui  manque  dans  le  grand  recueil  de  M.  Alhèri  : 
elle  est  de  Francesco  Corner,  qu'en  lol7  le  sénat  de  la 
république  envoya  en  aml)assade  au  roi  d'Espagne.  Cet 
ambassadeur  arriva  à  Yalladolid  un  peu  avant  Charles- 
Quint,  et  il  resta  à  sa  cour  jusqu'en  lo21.  Voici  ce  qu'il 
dit  de  dona  Juana  :  «  La  mère  de  l'empereur,  qui  réside  en 
»  Espagne,  est,  à  ce  que  j'ai  appris,  dans  un  très-mauvais 
»  état.  On  croit  qu'elle  ne  vivra  pas  longtemps.  Elle  est 
»  destituée  de  tout  sens  et  de  tout  jugement  (1).  » 


(1)  «  ...  La  macire,  clie  è  in  Spagna,  per  quanto  lio  inteso,  è  mollo 
mal  condilionala  ,  cl  »'•  \\ov  havor  poca  vila;  et  è  fora  (J'ogiii  soiiiinienid  cl 
judicio...  >■ 


(  234  ) 


CLASSE   DES   BEAUX-ARTS. 


Séance  du  4  mars  1869. 

M.  Ch.-A.  Fraikin,  vice-directeur,  occupe  le  fauteuil. 
M.  Ad.  Quetelet,  secrétaire  perpétuel. 

Sont  présents  :  MM.  Guillaume  Geefs,  C.-.L.  Hanssens, 
A.  Van  Hasselt,  J.  Geefs,  Ferd.  De  Braekeleer,  Ed. 
Fétis,  Edm.  De  Busscher  ,  Alpli.  Balat,  Aug.  Payen  , 
J.  Franck,  Gust.  De  Man,  Ad.  Siret,  Julien  Leclercq, 
membt^es. 

MM.  Chalon,  membre  de  la  classe  des  lettres ^  et  Mon- 
ligny,  membre  de  la  classe  des  sciences,  assistent  à  la 
séance. 


CORRESPONDANCE. 


M.  le  Ministre  de  l'intérieur  demande  que  la  classe 
désigne  les  trois  membres  qui,  en  conformité  de  l'arrêté 
royal  du  5  mars  1849,  devront  composer  la  section  perma- 
manente  du  jury  chargé  de  juger  le  concours  de  composi- 
tion musicale  de  1869.  —  Les  noms  de  ces  académiciens 
seront  communiqués  à  M.  le  Ministre. 


(  m  ) 

—  Ce  haut  fonctionnaire,  comme  suite  à  ses  précédents 
envois,  adresse  un  exemplaire  de  la  première  livraison  de 
I  année  1867  du  Trésor  musical  (musique  religieuse] ,  pu- 
blié par  M.  R.-J.  Yan  Maldeghem  —  Remercîments. 

La  classe  reçoit  les  ouvrages  suivants  qui  lui  sont  offerts 
par  ses  membres  :  Uisloirc  fjénérale  de  la  musique  depuis 
les  temps  les  plus  anciens  jm^qu" à  nos  jours,  par  F.-J.  Fétis, 
tome  F',  1  vol.  in-S";  —  L Abbaye  de  Sl-Pierre,  à  Gand, 
par  M.  Edm.  De  Busscher,  1  vol.  in-S"  \  —  Preciosa,  opéra 
de  C.-M.  von  Weber,  traduction  française  rhylhmée,  par 
iMM.  And.  Van  Hasselt  et  J.-B.  Rongé,  \  cah.  in-i". 

Des  remercîments  sont  adressés  aux  auteurs. 

—  M.  T.  Van  Westrheene  exprime  le  désir  de  recevoir 
ks  Bulletins  eiV Annuaire  à  titre  d'associé  de  la  classe. 
—  Accordé. 


GRAND  CONCOURS  DE  COMPOSITION  MUSICALE 
DE  1869. 

M.  le  secrétaire  perpétuel  annonce  la  réception  des 
poèmes  suivants,  qui  lui  sont  parvenus  depuis  la  dernière 
séance  et  qui  sont  destinés  au  double  concours  des  cantates 
du  grand  concours  de  composition  musicale  de  cette  année. 

N*"  6.  Cantate  nationale  belge.  —  Devise  :  Espérance 
et  persévérance,  accompagnée  d'une  cantate  à  la  patrie, 
chœur  pour  être  intercalé  dans  la  cantate  nationale  lors 
des  grandes  cérémonies. 

N**  7.  En  i830.  —  Sans  devise. 


.  236  ) 

N"  8.  En  Belgique,  —  Devise  :  Je  t'aime  ,  ù  ma  patrie! 

N°  9.  Ballade  danoise  en  quatre  cantates.  —  Devise:... 
Sit  pro  ratione  voluntas. 

N'*  10.  Ouverture  de  l'écluse  Léopold  pour  détruire  le 
banc  de  sable  devant  Ostende,  en  1865.  —  Sans  devise. 

N"  II.  La  conversion  de  saint  Paul.  —  Devise  :  Saule  ! 
Saule  !  quid  me  persequeris  ?  fActa  aposfolorum,  cap.  ix.) 

N"  12.  Derniers  moments  d'un  captif.  —  Devise  :  Ai-je 
eu  le  bonheur  de  mourir?  (V.  Hugo.) 

N"  13.  De  tocht  door  de  Boode  zee.  —  Devise  :  Vooruit! 

N"  14.  Vaderlands  zangstuk.  —  Devise  :  Hoop  in  Va- 
derland  (traduction  de  la  cantate  nationale  n"  G,  portant 
pour  devise  :  Espérance  et  persévérance). 

M.  le  Ministre  de  l'intérieur  adresse  une  lettre  par  la- 
quelle l'auteur  de  la  cantate  intitulée  :  Les  600  Franchi- 
montois,  présentée  à  la  séance  du  4  février  dernier,  et 
inscrite  sous  le  numévo  4,  demande  à  pouvoir  substituer 
à  cette  première  œuvre  une  nouvelle  cantate  portant  le 
même  titre  et  dans  laquelle  il  a  jugé  devoir  introduire 
quelques  corrections.  —  Accordé. 


CAISSE    CENTRALE    DES    ARTISTES    BELGES. 

M.  Ed.  Eétis  donne  connaissance  que  le  comité  directeur 
de  la  caisse  centrale  s'est  réuni  avant  la  séance  de  la  classe. 
Il  communique  diverses  dispositions  que  la  classe  ratifie, 
et  donne  lecture  de  l'exposé  général  de  l'administration 
pendant  l'année  1868,  qu'il  a  dressé  en  qualité  de  secré- 
taire du  comité.  M.  Alvin,  trésorier  de  la  caisse,  présente 


(  257  ) 
les  résuUals  de  la  situation  rinaiicièrc  au  oJ  décembre  de 
cette  même  année.  Ces  deux  docunnents  prendront  place 
dans  VA)imiaire  de  la  Compagnie  pour  1870. 

r.a  classe  remercie  MM.  Ed.  Fétis  et  Alvin  pour  la  ma- 
nière dont  ils  nèrenl  les  intérêts  de  la  caisse. 


COMMUNICATIONS  ET  EECTCRES. 


M.  Ed.  Fétis  donne  lecture  de  la  sixième  partie  de  ses 
études  Sur  l'art,  ses  tendances  et  so)i  influence  snr  la  so- 
ciété. La  classe  subordonne  l'impression  de  cette  nouvelle 
communication  à  l'impression  des  cinq  parties  anté- 
rieures. 


OUVRAGES  PRESENTES. 


Féfis  {F.-J.).  —  Histoire  générale  de  la  musique  depuis  les 
temps  les  plus  anciens  jusquà  nos  jours.  Tome  F'.  Paris; 
in- 8". 

Weber  [C.-M.  cou).  —  Preciosa,  opéra  romantique,  Ira- 
duclion  française  rhythmée  par  A.  Van  Ilasselt  et  J.-I].  Rongé. 
ïn-8'\ 

De  Basscher  (Edmond).  —  L'abbaye  de  Saint-Pierre  à  Gand. 
Gand,  18G9;  in-8". 

Van  Baslelaer  {D.-A.}. —  Études  comparatives  etcommen- 
2"*^  SÉRIE,  TOME   XXVII.  IG 


(  238  ) 

taires  sur  la  pharmacopoea  belgica  nova  et  le  codex  medica- 
mentarius,  pharmacopée  française.  Impartie.  Bruxelles,  1808; 
in-S". 

Trésor  musical.  —  Collection  authentique  de  musique 
sacrée  et  profane  des  anciens  maîtres  belges  recueillie  et 
transcrite  en  notation  moderne  par  R.-J.  Van  Maldeghem. 
Op.  170.  Musique  religieuse.  1867,  lll*^  année,  1"  livr.  Bruxel- 
les; in-i". 

Weydts  {Guillaume).  —  1.  Chronique  Jlamande,  1571- 
J584,  avec  introduction  et  notes,  par  Emile  Varenbergh. 
Gand,  1869;  in-S". 

Varenbergh  [Emile).  —  Épisodes  des  relations  extérieures 
de  la  Flandre.  Trois  filles  de  Gui  de  Dampierre.  Anvers, 
18G8;  in-8°. 

Happort  triennal  sur  la  situatio)i  de  linslruction  pri- 
maire en  Belgique,  présenté  aux  Chambres  législatives  le 
I2I>  mai  1807,  par  M.  Alph.  Vandcnj)ecreboom ,  Ministre  de 
l'intérieur.  8*^  période  (riennale,  1801-1805-1800.  Bruxelles, 
1808;  in-4«. 

Conseil  supérieur  (V agriculture.  —  Bulletin,  année  1807, 
tome  XXI.  Bruxelles,  1809;  in-8». 

Commissions  royales  <Vart  et  d'archéologie ,  (/  Bruxelles. 
—  Bulletin,  Vil""  année,  novembre  et  décembre.  Bruxelles, 
1808;  in-8^ 

Société  littéraire  de  l'Université  catholique  de  Louvain.  — 
Choix  de  Mémoires,  X.  Louvain,  1869;  in-8°. 

Bulletin  du  Musée  de  rindu strie,  tome  LV,  n"'  1 ,  i>  et  5. 
Bruxelles,  1809;  5  cah.  in-8^ 

Revue  de  Belgique,  1809,  2"  et  ô*"  livr.  Bruxelles,  1809; 
:2  cah.  in-8". 

Société  royale  des  beaux-arts  et  de  littérature  de  Gand.  — 
Annales,  1807-1808,  ^'  et  4*^  livr.  Gand;  in-8". 

Société  chorale  et  littéraire  des  Mélophiles  de  flasselt.  — 


(  m  ) 

Hullcliii  de   Jn  section  littéraire.  4'   volume.   Hnsselt,    1867; 
in-8". 

Jou niai  (les  beau.r-arls  et  de  la  liUérature ,  publié  sous  la 
(lireelion  de  M.  Ad.  Sirct.  XP  année,  n"=  I  à  (i.  Saint-Nicolas. 
1869;  0  feuilles  in-i". 

De  Vluamsche  schml,  1851),  aflev.  I  ,  ^,  5,4.  Anvers,  1861); 
V  feuilles  in -4". 

Le  Bthliopinle  belge,  W  année,  1"  livr.  Bruxelles,  1801); 
in-8''. 

A/inales  des  travaux  publics  de  Belgique.  Tome  XXVI. 
â'  ealiier.  Bruxelles,  18G8;  in-S". 

Académie  royale  de  médecine  de  Belgique.  —  Bulletin, 
7}'  série,  année  18G8,  tome  II,  n"  \  I  ;  année  18G1),  tome  III, 
,,"  1-  —  Catalogue  des  livres  de  la  bibliothèque.  Bruxelles, 
18()8-1861);  2  cah.  et  1  vol.  in-8". 

Annales  de  médecine  vétérinaire,  18'  année,  1"^  à  3'  cali. 
Bruxelles,  1869;  5  cah.  in-8^ 

Annales  de  l'électricité  médicale,  9'  année,  10'  à  12'  fasci- 
cules. Bruxelles,  1808-1869:  5  cah.  in-S". 

Société  de  pharmacie  de  Bruxelles.  —  Bulletin,  15'  année, 
n"'  1  à  3.  Bruxelles,  1869;  5  cah.  in-8". 

Société  de  médecine  d'Anvers.  —  Annales,  XXX"  année, 
livr.  de  janvier  à  mars.  Anvers,  1809;  5  cah.  in-8'-. 

Société  de  pharmacie  d'Anvers.  —Journal  de  pharmacie, 
20'  année,  janvier  à  mars.  Anvers,  1809;  5  cah.  in-8^ 

La  charité  sur  les  champs  de  bataille,  IV'  année,  n"  8. 
Bruxelles,  4809;  i  feuille  in-4°. 

Tribune  vétérinaire,  ¥  année,  1"  à  5*"  fase.  Bruxelles, 
1809;  5  cah.  in-8'. 

L'Illustration  horticole,  journal  spécial  des  serres  et  des 
jardins,  rédigé  par  Ch.  Lemairc  et  jiublié  par  Ambroise  Ver- 
schaffelt.  Tome  XV,  12'  liv.  Tome  XVI,  1-  livr.  (;an(L  180S- 
1809;2cah.in-4". 


(  ^40  ) 

Académie  des  sciences  de  Paris.  —  Cojnples  l'oiicUis  hel)- 
(loinadaires  des  séances,  par  MM.  les  secrétaires  perpétuels. 
Tome  LXVIII,  n"^  1  à  15.  Paris,  1869;  15  cali.  in-4". 

Mannheim  {A).  —  Étude  sur  le  déplacement  d'une  ligure 
de  forme  invariable.  Nouvelle  méthode  des  normales;  appli- 
cations diverses.  Paris,  1809;  in-4". 

Matériaux  pour  l'histoire  primitive  et  philosophique  de 
r homme,  par  Gabriel  de  Morlillet.  1808;  n^^^  10  à  l^i.  Saint- 
Germain;  in-8". 

Revue  britannique,  février  1809.  Paris;  in-8". 

Société  géologique  de  France,  à  Paris.  —  Bulletin,  '2'  série, 
tome  XXV,  feuilles  4!2-5o.  Paris,  1809;  in-8^ 

Comité  flamand  de  France,  à  Lille.  —  Bulletin,  tome  IV. 
n  '  1 1 ,  juillet,  août  et  septembre  1868.  Lille  ,  1808  ;  in-8'\ 

Institut  historique  de  France.  —  L'Investigateur,  55'^  an- 
née, 408'^  à  409*^  liv.  Paris,  1809;  gr.  in-8^ 

Revue  des  cours  scienti/iques  de  la  France  et  de  Vétranger. 
VI'  année,  n"«  1  à  13.  Paris  ,  1808-1809;  15  cali.  in-4^ 

Revue  des  cours  littéraires  de  la  France  et  de  Vétranger. 
VP  année,  n°*  1  à  13.  Paris,  1868-1809;  15cah.  in-4". 

Bulletin. hebdomadaire  de  Vagriculture.  —  Année  1809. 
n"*  1  à  15.  Paris,  1809;  15  feuilles  in-8'\ 

Journal  de  Vagriculture,  fondé  et  dirigé  par  J.-A.  Barrai. 
1809,  tome  l'",  n°^  00  à  03.  Paris,  1809;  0  cab.  in-8'. 

youvelles  météorologiques ,  publiées  sous  les  auspices  de  la 
Société  météorologique  de  France,  1809,  n"^  1  à  5.  Paris; 
5  eab.  in-8". 

Revue  de  Vinstruction  publique,  de  la  littérature  et  des 
sciences  en  France  et  dans  les  pays  étrangers.  28*^  année, 
n"''  40  à  32.  Paris,  1809;  15  doubles  feuilles  in-'f^". 

Bulletin  scientifique,  historique  et  littéraire  du  déparle- 
meni  du  Nord,  à  Lille.  1""  année,  février  et  mars.  Lille,  1809: 
2  cab.  in-8'. 

Zoologische  Gesellschaft  zn    Fruiihfurt  aiu  Main.  —  Der 


(  ^iil   ) 

Zoologie  Garleii.  IX  jnlirg..  18(;8,  ii"'  7-ll>.  Ki-micIoiI  s/M.. 
1808;  (•>  cah.  iii-8"'. 

Jiislus  Perthes'  Geograpliisrhci-  An^kdl  zti  (iollm.  — Mil- 
llicllungen  iihcr  wicliligc  nciie  erlorscliungi'ii  aiif  dem  gc- 
sammtgcbielc  der  géographie  von  dr.  A.  Peterinaim,  I8()î),  I 
ii!id  II.  Gotlia,  1809;  2  eali.  iii-4". 

KonUfl.  (Mesellschaft  (1er  Wisseffsrltaflen  zii  (ioKinyc/t.  — 
GoUingische  gelehrle  anzeigen,  1808.  Goltingue;  i>  vol.  iii-I:>: 

—  Naehrieliten  aus  dem  jahre  1808.  Gotliiigue,  1868;  iii-l:2. 
WcUemniscIte  Gesidhchufl  fur  die  yesanintle  Xalarkunde 

zu  i/anau.  —  Berieht  ùber  den  Zeitabschnilt  14  october  1805 
bis  51  december  1807.  Hanau,  18e8;in-I3. 

Heidelberger  Juhrhûcher  der  Literatur ,  LXÏ  jahrg..  1^'" 
helt.  Ileidelberg,  1808  ;  iii-8". 

Konigl.  bayer.  Akadeinie  der  Wissenschaflen  zu  Miïnclien. 

—  SitzungsbeHchle,  1808,  II,  heft  Ô-4.  Miinicb,  I8()8; 
:2  eali.  111-8". 

Moïtatlii'he  und  jdhrliche  re.sullale  der  an  der  K.  Slern- 
irarle  bei  Jfiniehen  von  1857  bis  1866  augeslelUen  meleorolo- 
(jisclien  beobaehtiingen  (VI  supplenient])and  zu  den  ann.  der 
miinchencr  Sternvvai  te),  Munieb,  1808;  in-8''. 

Beobaehtungen  des  meteorologîschen  observaloriunis  uuf 
dem  Ilolienpeissenberg  von  i85l-IS64  (VII  supplementbaiid 
zu  den  ann.deriniinebener  Sternwarte.)  Munich,  1808;  in-8". 

(rernuuiische  National  Muséums  zu  .Viirnberg.  —  Jahi'Cs- 
bericht,  XIV"'"  Berieht.  Nuremberg,  1808;  1  feuille  iii-4";  — 
anzeiger  fur  kunde  des  deutsehen  Vorzeit,  neue  folge, 
XV""''' jahrg.  Nuremberg,  1808;  12  cah.  111-4". 

Verein  fur  vaterlandische  Nafurkunde  in  Wurttetnberg  zu 
Stuttgart.  —  Jahreshefte,  XXIV  jahrg.,  5  heft,  XXV  jahrg. , 
1  heft.  Stuttgart,  1808-1809;  2  eah.  in-8". 

P/ij/sical. -médecin.  Gesellschaft  in  Wihzburg.  — Verhand- 
hmgen.  neue  iolge,  1  band,  3  liel't.  Wurtzbourg,  1868; 
in-8". 


(  Mit  ) 

Kaiseriiche  Akademie  iler  Wissenschaften  zu  Wien.  — 
Sitzung  der  math,  natunv.  classe.  Jalirg.  1809,  n"^  4,  o,  6,  7. 
Vienne,  1869;  4 feuilles  in-S". 

Konyelige  daiiske   Videnskabernes  Selskahs,  i  Kjobenhavn. 

—  Oversigt,  1867,  n°  6,  1868,  n°^  I  og  2.  Copenhague, 
2  cah.  in-S^  —  Skrifter;  naturvid.  og  mathem.  afd.  8.  Bd.  1  ; 
histor.  og  philos,  afd.  4,  Bd.  ] ,  %  Copenhague,  1868;  5  cah. 
i,i.4o.  —  xhe  old-northern  runic  monuments  of  Seandinavia 
and  Engiand,  now  first  collected  and  deciphered  by  prof, 
(ieorge  Stephens.  Part  II.  Londres-Copenhague,  1868;  in- 
folio. 

Kotufdige  nordiske  oldskrifl  Selskah  i  Kjobenliavn.  — 
aarboegcr  for  nordisk  oldkyndighed  og  historié.  1868,  andet 
hefte.  Copenhague,  1868;  in-8". 

KoiHjelige  medicinske  Selskab  i  Kj'ôbenhuvn.  —  Forhand- 
linger  i  Aaret  1867-1868.  Copenhague,  1868:  in-8°;  —  For- 
handlinger  i  Anledning  af  den  Rigsdagen  forelagte  Lov  om 
Fi'igivelse  af  Lacgepraxis.  Copenhague,  1868;  in-8'\ 

Universitet  zu  Lund.  —  Andra  secuiarfest,  maj  18(38. 
Lnnd,  1868;  in-i";  —  Ars-skrift,  1867.  Lund,  1807-1868; 
2  cah.  in-i°;  —  Accessions-lvatalog,  1867.  Lund,  1868;  in-12. 

Commission  impériale  archéologique,  à  Saint-Pétersbourg. 

—  Compte  rendu  pour  les  années  186o  et  1866.  Saint-Péters- 
bourg, 1866-1867  ;  2  vol.  in-4''  de  texte  et  2  atlas  in-folio. 

Académie  royale  des  sciences  de  Saint-Pétersbourg.  —  Mé- 
moires, VII*^  série,  tome  XII,  n"'  1,2  et  5.  Saint-Pétersbourg, 
1868;  5  cah.  in-4";  --  Bulletin,  tome  XIII,  feuilles  1  à  20. 
Saint-Pétersbourg,  1868;  5  cah.  in-8». 

Sella  (Quintino).  —  Y{chzioï\(}  alla  r.  accademia  dellc  scienzc 
di  Torino  sulla  memoria  di  Giovanni  Struever  intilolata  : 
Studii  sulla  mineralogia  ilaliaiia  pirile  (U'I  Piemoiile  e  dell 
Elba.  Turin,  1869;  in-S". 

Fenicia  {Salvatore}.  -  Libro  decimocpiarto  délia  politici'. 
Bari,  1868;  in -8^ 


(  243  ) 

Società  iUdiana  dl  scienze  iiaturuli  di  MiUuio.  —  Atli. 
vol.  X,  fnsc.  III,  fogli  18  a  !29.  Milan,  1807;  in-4". 

Royal  Society  of  London.  —  Pliilosophical  Transaclioiis, 
Vol.  I;i8,  parts  1-2.  Londres,  1808-1800;  2  cali.  in-4°;  — 
Proeeedings,  n"^  10M08.  Londres,  1808-1801);  8  eah.  in-8'; 

—  Catalogue  of  Scicntific  papers  (1800-1803).  Vol.  IL  COA- 
GRA.  Londres,  1808;  in-i";  —  Thésaurus  Silurus  :  thc  flora 
and  fauna  of  tlie  Silurian  period,  with  addenda,  by  John 
L  Bigshy.  Londres,  1808;  in-i";  — List ,  50  thc  november  1807. 
Londres,  1868;  in-i". 

Knlomologiccd  Society  of  London.  —  Transactions.  Third 
séries,  vol.  III,  part  thc  5,  vol.  IV,  part  thc  4  and  5,  vol.  V, 
l)art.  thc  1.  Londres,  1808;  4  eah.  in-8". 

Royal  asiatic  society  of  Great  Britain  et  Ireland,  at  Lon- 
don. —  Journal.  New  séries,  vol.  III,  parts  1  and  2,  Lon- 
dres, 1807;  2  eah.  in-8°. 

Chemical  Society  of  London.  —  Journal,  série  2,  vol.  VI, 
n*^^  70,  71  ,  72.  Londres,  1808;  5  eah.  in-8. 

Geological  Society  of  London.  —  Quartcrly  journal,  vol. 
XXIV,  part  4.  Londres,  1808;  in-8°;  —  List,  november  I  st. 
1868.  Londres;  10-8". 

Royal  Society  of  Edinburgh.  —  Transactions,  Vol.  XXV, 
parti,  for  thc  session  1807-1808.  Edimbourg,  1808;  in-4"; 

—  Procecdings,  session  1^07-1808,  vol.  Vî,  n"'  74,  7')  et  70. 
Edimbourg,  1808;  in-8^ 

Asiatic  Society  of  Bengal  al  Calcutta.  —  Journal,  4  vol., 
XXXVII,  n-  147-148.  Calcutta,  1868;  2  eah.  in-8^ 

Price  [Ronamy).  —  Thc  Principles  of  curreney,  six  lec- 
tures delivered  at  Oxford.  Oxford-Londres,  1809;  in-8''. 

Dillwyn  {L.-W.).  —  Materials  for  a  fauna  and  flora  of 
Swansca  and  the  Neighbourhood.  Swansea.  1848;  in-8". 


BULLETIN 


DE 


L'AGÂDÉiVilE  ROYALE  DES  SCIENCES 

DKS 

LETTRES  ET  DES  BEAUX-ARTS  DE  BELGIQUE. 
1869.  —  N«  4. 


CLASSE   DES  SCIENCES. 


Séance  du  3  avril  1S69. 

i\L  Devyalque,  vice-directeur,  occupe  le  fauteuil. 
M.  Ad.  Quetelet,  secrétaire  perpétuel. 

Sont  présents  :  MM.  d'Omalius,  C.  Wesmael,  J.-S.  Stas, 
L.  De  Koninck,  P.-J.  Van  Beneden,  Edm.  de  Selys-Long- 
champs,  le  vicomte  B.  Du  Bus,Gluge,  Melsens,  J.  Liagre, 
F.  Duprez,  Poelman,  Ernest  Quetelet,  A.  Spring,  M.  Glor- 
sener,  Eugène  Coemans,  F.  Donny  ,  Montigny,  Steichen, 
membres;  Th.  Lacordaire,  E.  Catalan,  PI).  Gilbert,  asso- 
ciés; Brialmont,  Malaise,  Bellynck,  Dupont  et  Ed.  Mailly, 
correspondants. 

2""'  SÉRIE,  TOME  XXVn.  17 


(  246  ) 


CORUESPONDANCE. 


11  est  donné  connaissance  de  la  mort  de  M.  Adolphe 
Ncrenburger,  membre  titulaire  de  la  classe,  décédé  à 
Bruxelles  le  19  mars  1869.  Comme  le  défunt  avait  ex- 
pi'imé  le  désir  formel  qu'aucune  démonstration  officielle 
n'eût  lieu  lors  de  ses  funérailles,  l'Académie  n'a  pas  délé- 
gué de  députation  à  cette  cérémonie  funèbre,  à  laquelle  les 
membres  habitant  Bruxelles  ont  assisté  individuellement. 
Le  Bulletin  de  la  séance  rappellera  la  perte  que  la  classe 
vient  de  faire,  et  M.  J.  Liagre  veut  bien  se  charger  de 
rédiger,  poui'  le  prochain  Annuaire,  la  notice  sur  la  vie  el 
les  travaux  de  M.  Nerenburger.  —  Une  lettre  de  condo- 
léance sera  adressée  à  M'"'  Nerenburger  pour  lui  exprimer 
la  part  que  la  Compagnie  prend  à  son  malheur. 

—  11  est  également  fait  part  de  la  mort  de  M,  John 
Taylor,  associé  de  la  classe  depuis  le  1"  mars  1828,  et 
décédé  à  Londres  le  5  avril  1865. 

—  M.  le  Ministre  de  l'intérieur  adresse  trois  exem- 
plaires du  tome  XX[  (année  1867)  du  Bulletin  du  conseil 
supérieur  irarjriculture  du  royaume,  que  publie  son  dé- 
partement. —  Bemercîments. 

—  M.  le  secrétaire  perpétuel  annonce  qu'il  a  expédié 
aux  sociétés  savantes  en  relations  avec  la  Compagnie  les 
dernières  publications  académiques;  il  donne  connaissance 
que  les  établissements  suivants  ont  déjà  adressé  leurs 
remercîments  à  ce  sujet  :  l'Académie  des  sciences  morales 


(  247  ) 
et  politiques  de  l'Instilnt  de  France,  la  Société  impériale 
des  sciences  de  Lille,  la  Société  philoleclinique  de  Paris, 
l'Académie  de  Stanislas  à  Nancy,  la  Société  d'émulation 
de  Cambrai,  la  Société  d'histoire  naturelle  de  Colmar,  la 
Société  dunkerquoise  pour  Tencouragement  des  sciences, 
des  lettres  et  des  arts,  la  Société  royale  géographique  de 
Londres,  ^\.  Owen,  directeur  du  British  Muséum  de  la 
même  ville,  l'Observatoire  royal  de  Greenwich,  l'Obser- 
vatoire d'Oxford,  la  Société  entomologique  de  Londres,  la 
Société  royale  d'Edimbourg,  la  Société  météorologique  de 
la  même  ville,  la  Société  littéraire  et  philosophique  de 
Manchester,  le  Département  de  l'agriculture  à  Washington, 
l'LIniversité  de  Leyde,  la  Société  des  sciences  de  Harlem 
et  l'Académie  royale  des  sciences  de  Lisbonne. 

—  MM.  le  Ministre  des  Pays-Bas,  à  Bruxelles,  le  consul 
général  de  Grèce  de  la  même  ville,  ainsi  que  MM.  les 
consuls  de  Danemark,  de  Suède  et  Norwége,  de  Russie  et 
de  Portugal,  à  Anvers,  promettent  d'expédier  les  derniers 
envois  académiques  aux  établissements  scientifiques  de 
leurs  pays  respectifs. 

—  Le  congrès  des  délégués  des  sociétés  savantes  an- 
nonce que  sa  session  de  1869  aura  lieu  à  Paris,  du  o  au 
10  avril  de  cette  année. 

—  M.  Adolphe  De  Boe  transmet  la  liste  des  orages  qu'il 
a  observés  à  Anvers  en  1868. 

—  M.  A.  Wesmael  ofTre  un  exemplaire  de  sa  Monorjra- 
phie  de  ton  les  les  espèces  connues  du  genre  Populus,  au 
sujet  de  laquelle  il  a  obtenu  du  gouvernement,  par  l'inter- 
vention de  l'Académie,  un  subside  pour  aller  à  Genève 


(  '2iH  ) 
l'aire  ce  travail  sous  les  yeux  de  M.  Alph.  de  Candolle.  — 
RemercîmeiUs. 

—  ï.a  classe  reçoit  les  travaux  manuscrits  suivants  : 
1"  Notice  sur  des  débris  de  chéloniens  faisant  par  lie  des 
collections  du  Musée  d'histoire  naturelle  de  Bruxelles  et 
provenant  des  terrains  tertiaires  des  environs  de  cette 
ville;  par  M.  A.  Preudhonime  de  Borre.  (Commissaires  : 
Mi\J.  Poelman  et  Lacordaire.) 

2"  Sur  un  nouveau  système  de  chronométrie  électro' 
balistique,  note  avec  planche;  par  iM.  le  major  d'artillerie 
Navez.  (Commissaires  :  MM.  Brialmont,  Liagre  et  Melsens.) 


CONCOURS  POUR  1870. 

La  classe  adopte  définitivement  les  six  questions  du 
programme  de  concours  de  cette  année.  Elle  décide  en 
même  temps  qu'un  prix  de  J,000  francs  sera  accordé  à  la 
cinquième  question  concernant  la  détermination  de  la  tem- 
pérature de  t espace,  qu'elle  a  acceptée  dans  sa  séance  du  G 
mars  dernier.  Elle  attribue  le  prix  normal  de  600  francs 
à  la  sixième  question  concernant  la  composition  des  roches 
plu  Ioniennes  de  la  Belgique  et  de  VArdenne  française, 
adoptée  dans  sa  séance  du  6  février  précédent  (1). 

(Ij  Voir  JJulicliiis,  '!'•  série,  lomc  XXVl!,  pp.  .n,  \±),  191. 


(  M\}  ) 
IIAPPOKTS. 


Orarjcs  observés  à  Liéfjc  pcmlanl  ramiéc  IS6S ; 
note  par  M.  1).  Locicrcq. 

«  La  noie  soumise  par  l'Académie  à  mon  appréciation 
peut  être  considérée  comme  étant  le  complément  du  ré- 
sumé des  observations  météorologiques  faites  à  Liège,  par 
M.  D.  Leclercq,  pendant  l'année  1868;  elle  mentionne, 
avec  détails,  les  diverses  circonstances  se  rapportant  à  la 
pression  atmosphérique  et  à  la  direction  des  vents,  dans 
lesquelles  les  orages  ont  été  observés  dans  cette  localité. 
D'après  l'auteur,  ces  orages  n'auraient  été  que  des  mani- 
festations électriques  de  cyclones,  c'est-à-dire  le  résultat 
électrique  de  vastes  tourbillons  d'air  tournant  constam- 
ment de  l'est  vers  l'ouest,  et  dont  le  plan  de  rotation 
s'élevait  vers  le  nord.  Je  ne  puis  admettre  toutes  les 
idées  que  l'auteur  énonce  à  ce  sujet,  et  je  crains  qu'il  ne 
soit  allé  trop  loin  en  voulant  généraliser  ses  déductions; 
toutefois  je  pense  que  les  observations  contenues  dans  sa 
note  intéresseront  ceux  qui  s'occupent  des  phénomènes 
électriques  de  l'atmosphère,  et  j'ai  l'honneur  d'en  proposer 
l'impression  à  l'Académie.  » 

M.  Ernest  Quetelet,  second  commissaire,  ayant  adhéré 
à  ce  rapport,  la  classe  vote  l'impression  de  la  note  de 
y\.  1).  Leclercq  dans  les  Bu  lie  fins. 


(  2§0  ) 


Recherches  sur  risomérie  dans  la  série  salicylique. 
'l^"^  parlie  :  Dérivés  chlorés  de  V aldéhyde  de  salicy- 
lique;  par  M.  Henry,  correspondant  de  l'Académie. 

<(  Dans  son  travail  M.  Henry  a  eu  pour  but  de  compléter 
la  série  très-importante  des  dérivés  salicyliques,  alin  de 
pouvoir  déterminer  le  lien  chimique  qui  rattache  entre 
eux  les  composés  que  forme  cette  série;  dans  cette  inten- 
tion il  a  réalisé  le  crésol  salicylique  bichloré,  le  méta- 
toluène  trichloré  et  enfin  Faldéhyde  chloro-salicylique.  Ces 
recherches  présentent  un  grand  intérêt  et  me  paraissent 
bien  conçues  et  bien  exécutées. 

Je  suis  d'avis  que  le  travail  de  M.  Henry  figurera  hono- 
rablement dans  le  bulletin  de  la  séance  et  j'ai  l'honneur 
de  proposer  à  la  classe  d'en  ordonner  l'impression.  » 

M.  De  Koninck,  second  commissaire,  s'étant  rallié  aux 
conclusions  du  rapport  de  M.  Stas,  la  classe  vote  l'impres- 
sion du  travail  de  M.  Henrv  dans  les  Bulletins. 


(  2:)i  ) 

COMMLiMCATIONS  ET  LECTLIŒS. 


Orages  obsercês  à  Bruxelles '(le})uà  le  21  aoùl  1868  jus- 
quau  i"  curil  1860;  communication  de  M.  Ad.  Quelelcl, 
secrétaire  perpétuel  de  l'Académie. 

J'ai  riiouiieur  de  communiquer  à  l'Académie  la  liste  des 
orages  observés  à  Bruxelles  depuis  le  21  août  1868  jus- 
qu'à la  lin  de  cette  année ,  et  pendant  le  premier  trimestre 
de  l'année  1869  :  cette  liste  est  le  complément  de  celle 
(jui  a  été  insérée  page  27o  du  tome  XXM  (!2'  série)  des 
Bulletins. 

J'ai  la  satisfaction  d'annoncer  en  même  temps  à  l'Aca- 
démie que  l'appel  que  j'ai  fait  aux  observateurs  belges,  à 
la  demande  de  M.  Le  Verrier,  directeur  de  l'Observatoire 
impérial  de  Paris,  pour  annoter  dans  nos  contrées  les 
orages  et  les  manifestations  électriques,  continue  à  pro- 
duire les  meilleurs  résultats. 

Aux  observations  de  ce  genre  qui  m'ont  déjà  été  trans- 
mises par  M.  Bernaerts,pourMalines,  par  M.Terby,  pour 
Louvain,  et  par  M.  Malaise,  pour  Gembloux,  sont  venues 
s'ajouter  des  observations  pour  Liège,  par  MM.  D.  Le- 
clercq  et  Dewalque,  pour  Anvers,  par  MM.  Coomans  et 
De  Boe,  et  pour  Ostende,  par  M.  Cavalier. 

Voici  les  observations  faites  à  l'Observatoire  royal  de 
Bruxelles,  que  je  fais  suivre  des  nouvelles  observations 
qui  m'ont  été  communiquées  : 

1868.  —  Le  25  aoùl,  vers  9  V-i  licures  du  soir,  éclairs 
dans  le  XXO. 


(  252  ) 

Le  77  septembre,  vers  8  heures  du  soir,  éclairs  daus 
le  S. 

Le  21  septembre,  à  9  heures  du  soir,  pluie  tranquille, 
éclairs  dans  l'E. 

Le  5  décembre,  éclairs  vers  8  heures  du  soir. 

Le  7  décembre,  violenle  tempête  la  nuit  et  éclairs  vers 
5  V2  heures  du  matin. 

1869.  —  Le  1''  février,  à  5  h.  58  m.  du  soir,  éclair  et 
coup  de  tonnerre;  forte  averse  ensuite. 

Le  9  février,  à  5  h.  50  m.  du  soir,  éclairs  et  tonnerre; 
forte  pluie  et  grêle. 


Orages  obsercés  à  Liérje  pendant  le  premier  trimestre  de 
l'année  1869;  communication  de  M.  Dewalque ,  membre 
de  TAcadémie. 

Le  9  février,  à  0  V4  et  à  6  ^1^  h.  du  soir,  orage,  pluie  et 
grêle. 

Le  I"  mars,  orage  à  1 1  h.  o  m.  du  mat.  et  à  1  h.  10  m. 
du  soir. 

Le  2  mars,  orage  à  1 1  h.  55  m.  du  matin. 

M.  Dewalque,  en  communiquant  la  note  précédente, 
mentionne  également  les  orages  suivants,  observés  dans  la 
province  de  Liège  et  dans  le  Luxembourg  : 

Le  50  décembre  1868,  nombreux  éclairs  et  quelques 
coups  de  tonnerre  à  Huy. 

Le  10  février  1869,  orage  à  Bastogne. 

Le  5  mars  1869,  la  foudre  tombe  sur  l'église  de  Bovigny 
(Luxembourg),  et  détruit  une  partie  i\u  clocher. 

Elle  tombe  également  sur  l'église  de  Vierset- Barse 


(2d5  ) 
(Liège),  sur  un  peuplier,  et  en  deux  aulres  cnclioils  de 
cette  commune,  mais  sans  causer  de  dégâts. 


Ora(jes   obscrcùs    a    Auvcis    ijcndanl   l'année    l(S6S,    par 
M.  C.  Coomans. 

Le  ^î  avril,  à  4  h.  50  m.  du  soir,  [>luie  liiie  et  (pielques 
coups  de  tonnerre;  le  gros  de  l'orage  passe  dans  l'O. 

Le  9  mai,  à  1  heure  de  l'après-midi,  orage  passant 
au  SO.  et  se  perdant  dans  le  NO.;  quelques  gouttes  de 
pluie.  A  2  '/2  heures,  coup  de  tonnerre  à  l'ouest  de  l'Escaut; 
de  o  à  6  heures  du  soir,  nouvel  orage  allant  du  SE.  au 
NO;  quelques  forts  coups  de  tonnerre. 

Le  10  mai,  à  4  heures  du  soir,  ciel  orageux  au  SO.; 
à  4  h.  50  m.,  pluie  et  quelques  coups  de  tonnerre. 

Le  20  mai,  à  5  h.  45  m.  du  soir,  ciel  orageux  au  SO.; 
pluie  à  11  heures.  (Orage  à  Malines  à  4  heures  du  soir,  et 
à  Bruxelles  à  11  heures.) 

Le  50  mai,  à  1  '/-2  heure  du  matin,  ciel  orageux  dans 
le  SO.  et  rO.,  éclairs  continuels,  tonnerre  lointain;  vers 
5  heures,  pluie  abondante  el  quelques  coups  de  tonnerre 
plus  rapprochés.  L'orage  passe  ensuite  au  S.  et  se  dirige 
vers  l'E. 

Le  lo  juin,  de  11  heures  du  soir  à  minuit,  quelques 
éclairs  lointains. 

Le  W  juin,  à  8  h.  55  m.  du  soir,  orage  dans  le  S.,  vifs 
éclairs,  tonnerre  peu  rapproché;  à  10  h.  10  m.  pluie  assez 
forte,  coups  de  tonnerre  rapprochés.  L'orage  s'apaise  pres- 
que subitement  à  10  h.  20  m.  et,  à  10  h.  50  m.,  il  n'y  a 
plus  (lue  (les  éclairs  au  NNE.  e(  au  NE.  Vers  11  heures 


(  2S4  ) 
ils  deviennent  plus  vifs  dans  cette  dernière  direction,  et 
des  roulements  de  tonnerre  lointain  se  font  entendre;  pluie 
légère. 

Le  21  juin,  à  i  h.  4o  m.  du  soir,  orage  lointain  passant 
d!i  SO.  au  NO.;  de  5  '/i  lieures  à  6  h.  45  m.,  petite  pluie. 

Le  3  juillet,  à  iO  h.  lo  m.  du  matin  et  vers  i  heure  de 
Faprès-midi,  tonnerre  éloigné. 

Le  II  juillet,  à  2  h.  i5  m.  du  soir,  tonnerre  lointain 
dans  le  NNE.,  et,  à  2  h.  20  m.,  pluie  à  grosses  gouttes;  vers 
5  heures,  tonnerre  assez  rapproché,  f^'orage  passe  alors 
dans  le  N.  et  semhle  se  diriger  au  NO. 

Le  12  juillet,  à  o  h.  50  m.  et  à  6  heures  du  soir,  ton- 
nerre éloigné;  vers  10  heures  du  soir  (le  12)  et  à  1  heure 
du  malin  (le  15),  éclairs  dans  le  SSE. 

Le  15  juillet,  à  11  h.  50  m.  du  soir,  éclairs  très-éloignés 
à  l'horizon  SO. 

Le  '14  juillet,  à  4  '/4  heures  du  soir,  pluie  assez  forte  et 
quelques  coups  de  tonnerre;  à  o  h.  25  m.,  orage  passant 
au  S.  et  se  dirigeant  vers  l'O.;  éclairs  rares  et  très-éloignés 
àl'O.  vers  10  h.  45  m. 

Le  16  juillet,  depuis  1 1  heures  du  soir  jusqu'à  1  h.  50  m. 
du  matin,  le  17,  éclairs  très-éloignés  dans  l'OSO.  (Orage 
à  Louvain.) 

Le  17  juillet,  depuis  midi  V4  jusqu'à  2  heures  du  soir, 
tonnerre  éloigné. 

Le  25  juillet,  à  4  heures  du  soir,  deux  coups  de  ton- 
nerre. (Ohservation  faite  par  M.  De  Boe.) 

Le  26  juillet,  à  5  h.  10  m.  du  soir,  coups  de  tonnerre 
lointain;  à  5  h.  20  m.,  phiie.  —  Le  soir,  vers  10  heures, 
éclairs  à  l'horizon  NO. 

Le  21  juillet ,  vers  4  '/i  heures  du  soir,  pluie  et  ton- 
nerre loinlain. 


(  2do  ) 

Le  ^9  juillet,  vers  5  h.  30  m.  du  soir,  averse  el  quel- 
ques coups  de  tounerre  peu  violeuls. 

Le  9  aoùl,  vers  10  heures  du  soir,  éclairs  dans  le  SO. 
et  le  SE.,  i)luie.  (Observation  laite  à  Moll,  dans  la  Cam- 
pine.) 

Le  10  aoùl,  depuis  2  heures  du  malin  jut^qu'à  A  heures, 
éclairs  et  tonnerre  éloignés;  vers  5  heures,  averse.  —  A 
9  heures,  nouvel  orage  à  l'O.  et  foile  pluie. 

Le  11  août,  à  5  h.  25  m.  de  l'après-midi,  orage  venant 
du  S.  et  se  dirigeant  vers  le  INE.;  vent  fort,  poussière, 
forte  pluie,  éclairs  très-fréquents,  coups  de  tonnerre 
violents. 

Le  '}3  août,  de  ô  à  5  h.  45  m.  du  soir,  fort  orage. 
(Observation  faite  par  M.  De  Boe.) 

Le  15  août,  à  11  h.  45  m.  du  soir,  éclairs  au  SSO. 

Le  16  août,  de  4  à  5  heures  du  matin,  orage  passant 
du  SSO.  au  NNE. 

Le  17  août,  vers  10  heures  du  soir,  éclairs  éloignés 
au  SE. 

Le  21  août,  à  11  ^U  heures  du  matin,  orage  à  TOSO; 
à  11  h.  45  m.,  pluie  à  grosses  gouttes,  assez  abondante. 

Le  23  août,  depuis  9  h.  12  m.  du  soir  jusqu'à  10  Vj  h. 
environ,  éclairs  au  NO.  et  au  N. 

Le  27  août,  de  10  à  11  heures  du  soir,  éclairs  très- 
éloignés  dans  le  N. 

Le  27  septembre,  à  9  h.  50  m.  du  matin,  orage  dans  l'O. 

Le  l'"  octobre,  à  5  h.  20  m.  du  soir,  éclairs  et  tonnerre 
dans  le  NNE;  vers  6  heures,  forte  pluie,  et,  à  6  h.  10  m., 
quelques  coups  de  tonnerre  assez  rapprochés. 

Le  13  octobre,  vers  7  heures  du  soir,  éclairs  très- 
éloignés.  (Orage  à  Ostende.) 


(  2§6  ) 

Oraycs  oOservés  à  Ostcude  pendant  rannce  I86S , 
par  M.  Cavalier. 

Le  7  ucril,  à  9  heures  du  soir,  orage  du  SE.;  5  coups 
de  tonnerre. 

Le  24  avril,  à  4  h.  30  m.  du  soir,  orage  lointain. 

Le  9  mai,  de  1  h.  50  m.  à  2  li.  45  m.  du  soir,  orage; 
forts  roulements  de  tonnerre. 

Le  10  mai,  de  2  h.  à  4  h.  15  m.  du  soir,  orage;  forts 
roulements  de  tonnerre. 

Le  W  mai,  vers  9  heures  du  soir,  vifs  éclairs  dans 
le  SE. 

Le  W  mai,  de  10  h.  50  m.  du  soir  à  minuit,  violent 
orage;  55  coups  de  tonnerre,  dont  5  coups  de  foudre.  — 
Cet  orage  fut  précédé  d'un  tourbillon  allant  du  SE.  au  NO. 

Le  20  juin,  de  10  h.  50  m.  du  soir  à  minuit,  temps 
orageux  :  vifs  éclairs  au  SE.,  fort  tonnerre. 

Le  12  juillet,  temps  orageux;  vers  4  heures  du  soii', 
7  forts  coups  de  tonnerre  se  font  entendre;  vifs  éclairs  à 
rO.  pendant  la  soirée  et  la  nuit  du  12  au  15. 

Le  14  juillet,  temps  orageux;  vers  5  h.  du  soir,  ton- 
nerre lointain;  éclairs  pendant  la  soirée. 

Le  16  juillet,  temps  orageux;  à  10  heures  du  soir, 
vifs  éclairs  et  tonnerre  lointain. 

Le  26  juillet,  à  8  heures  du  soir,  éclairs  à  l'E. 

Le  9  août,  à  minuit,  forts  éclairs  au  sud,  tonnerre  très- 
éloigné. 

Le  15  août,  vers  5  heures  du  soii',  2  coups  de  tonnerre 
lointain;  vent  inférieur  du  SE.  et  vent  des  nuages  du  SSO. 

Le  20  septembre,  à  5  h.  50  m.  du  soir,  orage,  forte 
pluie  et  im  fort  coup  de  lonnene. 


(  ^i57  ) 
Le  13  octobre,  pendanl  la  soiirc,  vils  éclairs  cl   loii- 
norre  éloigné. 

Le  23  octobre,  vers  o  heures  du  soir,  tonnerre  et  grêle. 
Le  26-27  décembre,  vers  minuit,  vifs  éclaiis  et  ton- 

neire  lointain. 

• 

Sur  les  orar/cs  observés  à  IJérje  en  1868  et  dans  la  pro^ 
rince;  communication  de  1\J.  D.  Leclerrcj ,  direcleur 
honoraire  de  Técole  industrielle  de  Liège. 

Pour  compléter  le  résumé  des  observations  météorolo- 
giques faites  à  Liège  pendant  l'année  1868(1),  je  me  suis 
permis  de  transcrire  quelques  détails  sur  les  phénomènes 
électriques  qui  ont  pu  être  observés  en  celte  ville  et  dans 
toute  la  province. 

Une  détonation,  pour  être  complète,  commence,  comme 
on  sait,  par  un  éclat  ou  craquement,  se  continue  par  un 
roulement  et  finit  par  un  grondemenl.  Ces  intonations, 
considérées  isolément,  sont  les  détonations  les  plus  simples 
qui  puissent  se  faire  entendre.  Leurs  combinaisons  donnent 
lieu  à  d'autres  détonations  qui  dépendent  de  l'état  des 
nuages  et  par  suite  de  la  nature  des  éclairs;  elles  seront 
sufïîsamment  indiquées  par  des  expressions  telles  que 
grondement  ou  roulement,  roulement  éclatant,  roulement 
plein  et  éclatant,  et  ainsi  de  suite. 

Quant  au\  teintes  des  éclairs,  on  en  distingue  des 
blanches,  des  rougeâtres  assez  foncées  et  des  jaunâtres; 
ce  sont   les   teintes  élémentaires  dont  les  combinaisons 


<J  )  (\c  résumé  parnîlTa  ('ans  le  lorne  XXXV'lll  des  Mémoires  iit-'é'^  des 
membres. 


(  ms  ) 

produisent  des  teintes  blanc- rongeâtre,  blanc-jaunâtre, 
jaune-rougeàtre  et  ainsi  de  suite. 

Ces  expressions  serviront,  je  l'espère,  à  faire  connaître 
les  phénomènes  électriques  tels  qu'ils  m'ont  apparu. 

Les  cyclones  sont  de  vastes  tourbillons  d'air  qui  tour- 
nent toujours  de  l'Orient  vers  l'Occident  et  dont  le  plan  de 
rotation  s'élève  vers  le  Nord,  Le  baromètre,  qui  se  trouve 
sous  l'infUience  de  la  moitié  de  ce  plan  qui  va  de  l'Est  à 
l'Ouest  par  le  Nord,  se  trouve  généralement  plus  élevé  que 
quand  il  se  trouve  sous  l'influence  de  l'autre  moitié;  il  est 
le  plus  haut  quand  il  est  sous  le  nord  du  plan  de  rotation  ; 
il  est,  au  contraire,  le  plus  bas  quand  il  est  sous  le  sud,  à 
la  moyenne  hauteur  sous  l'est  et  l'ouest.  Quand  la  partie 
supérieure  d'un  cyclone  aborde  l'atmosphère  d'un  horizon , 
il  y  a  un  maximum  de  pression  qui  diminue  continuelle- 
ment à  mesure  que  le  cyclone  recouvre  l'horizon,  et  cette 
pression  atteint  son  minimum  quand  la  partie  inférieure 
du  cyclone  se  trouve  au-dessus  de  l'horizon. 

Les  cyclones  envahissent  l'atmosphère  de  Liège  par  des 
vents  N.,  NNK.,  NE.  et  ENE,  la  recouvrent  par  des  vents 
SE.,  SSE.,  S.,  SSO.,  SO.  et  OSO.,  et  la  dégagent  par  des 
vents  0.,  ONO.  et  NNO. 

C'est  une  étude  particulière  de  mes  observations  qui 
m'a  fait  reconnaître  la  marche  et  l'influence  des  cyclones 
par  rapport  à  la  ville  de  Liège.  Quand  l'état  de  l'air  ren- 
dait l'observation  des  vents  supérieurs  incertaine,  j'ai  eu 
recours  aux  Annales  de  l'Obsercatoire  rotjal  de  Bruxelles  ; 
j'y  ai  puisé  bien  d'utiles  et  de  précieux  renseignements 
qui  constatent  la  corrélation  do  nos  phénomènes  météoro- 
logiques; je  saisis  cette  occasion  pour  témoigner  toute  ma 
gratitude  à  son  illustre  et  savant  directeur. 

Ce  qui  va  suivre  démontre  que  les  orages  ne  sont  que 


(  2d9  ) 
les  manileslalions  électriques  tle  cyclones  qui  se  siiccè- 
denl.  Je  me  coiilenlerai  de  l'aire  observer  ,  pour  ne  pas  me 
répéter,  que  les  pressions  barométriques  maxinia  qui 
les  annoncent  sont  toujours  signalées  par  des  vents  N., 
NNE.,  NE.,  etc.  A  mes  yeux,  les  tempêtes,  les  ouragans, 
les  forts  vents  et  leurs  oscillations  continuelles,  et  les 
variations  continuelles  du  baromètre  ne  sont  que  des  effets 
(le  cyclones  qui  se  succèdent  ou  coexistent;  après  ces 
préliminaires,  je  vais  faire  connaître  les  détails  que  j'ai 
annoncés  plus  baut. 

Les  pbénomènes  électriques  de  1868  ont  commencé  le 
5  mars,  à  6  '/.2  heures  du  soir,  par  un  coup  de  tonnerre 
assez  fort,  roulant  et  éclatant;  il  a  été  précédé  d'un  éclair 
très-brillant  jaune- rougeàtre  à  pleins  nuages  et  suivi 
d'une  pluie  mêlée  de  grêle;  il  a  eu  lieu  par  un  vent  très- 
fort  du  SO.,  une  pression  atmospbérique  de  747'""',41  et 
une  température  maxima  de  9°,60  C. 

Le  second  phénomène  électrique  a  eu  lieu  le  lende- 
main, 6'  mars  :  c'était  un  éclair  blanc  des  plus  brillants  et 
à  pleins  nuages;  il  n'a  été  suivi  d'aucune  détonation.  Le 
baromètre  indiquait  748"'"\o7,  la  température  maxima 
6%70  C.  et  un  fort  vent  à  rafales  souillait  de  l'ONG.  La 
pression  atmosphérique  a  atteint  son  minimum,  7^9""",17, 
le  8  mars,  à  10  h.  du  malin ,  par  un  vent  très-violent  du  S.; 
ce  jour  le  maximum  de  température  avait  été  de  i0°20  C. 

Le  troisième  phénomène  électrique  a  eu  lieu  le  25  sui- 
vant par  un  vent  OSO.,  une  pression  de  7o0"^"\49  et  une 
température  maxima  de  10°oOC.;  à  2  heures  après  midi 
un  éclair  blanchâtre  a  été  suivi  d'un  coup  de  tonnerre  à 
roulements  grondants.  Ce  phénomène  électrique  a  été  pré- 
cédé, le  14  du  même  mois,  d'un  maximum  de  pression 
765"'"\95,  accompagné  de  vents  NiNE.,  NE.  et  suivi,  le  20 , 


(  :260  ) 

(lu  maxiniiini  7G8""'\2o  accompagné  de  vents  NNE.;  le 
minimum  ToO"''",!^  a  eu  lieu  le  24  par  un  vent  OSO. 

Le  mois  (Wirril  a  vu  les  21  et  25  des  phénomènes  élec- 
triques; ils  consistaient  en  éclairs  blanchâtres  sans  rou- 
lements de  tonnerre;  ils  se  sont  manifestés  par  des  vents 
très-forts  SO-SSO.,  sous  des  pressions  respectives  de 
751 '"'"JO  et  755"^™  et  des  températures  de  i4",20  C.  en- 
viron. Les  maxima  de  pression  du  15  et  du  27  de  ce  mois 
étaient  accompagnés  de  vents  NNE.,  et  le  minimum  du 
20  a  eu  lieu  par  un  vent  S. 

Le  mois  de  mai  compte  trois  périodes  orageuses;  la 
première  a  eu  lieu  les  9,  10  et  11,  entre  les  maxima 
barométriques  du  6  et  du  14  annoncés  par  des  vents 
NNE-NE;  la  seconde  entre  les  maxima  du  14  et  du  28, 
les  24,  26  et  27  du  mois;  la  troisième  le  oO  entre  les 
maxima  des  28  et  51  accompagnés  de  vents  NNE.  Les 
minima  du  5,  du  9,  du  25  et  du  50  ont  eu  lieu  sous 
des  vents  SSO.  Ce  sont  quatre  cyclones  qui  se  sont  suc- 
cédé à  partir  du  maximum  du  1''  mai. 

La  manifestation  électrique  du  cyclone  du  6  au  14  a 
commencé  le  9,  de  2  à  5  heures  du  soir,  par  quelques  coups 
de  tonnerre  à  roulements  pleins,  puis  elle  a  recommencé 
de  8  heures  à  9  heures  par  des  éclairs  rougeàtres  à  pleins 
nuages,  accompagnés  de  coups  de  tonnerre  à  roulements 
éclatants;  ensuite  ils  ont  été  suivis  par  des  éclairs  blan- 
châtres sans  détonations  aucunes,  qui  ont  brillé  pendant 
environ  "Yt  d'heure  :  les  nuages  arrivaient  par  des  venls 
SE.-SSE.  sous  une  pression  de  750'""\60  et  une  tempéra- 
ture maxima  qui  avait  été  de  24",C)0  C. 

Le  40,  après  une  très-belle  matinée,  le  ciel  s'est  couvert 
à  partir  de  midi ,  et  un  fort  orage  a  éclaté  à  4  '/.,  heures  du 
soir  par  la  même  pression  barométrique,  une  température 


(  2GI  ) 

de  2i",90  (].  cl  un  vent  S.-SK.;  il  sï'lendail  de  Seraini^ 
à  Herslal  el  les  dégàls  qu'il  a  causés  ont  été  considérables  : 
à  Ougrée  la  foudre  a  tué  un  jeune  homme;  à  Liège,  elle  a 
enlevé  une  toiture  vitrée  chez  M.  Jacob-Makoy  et  mis  le 
feu  à  une  maison  près  de  l'église  Sainte-Foi;  au  haut  des 
Tawes,  près  de  Herstal,  elle  a  endommagé  fortement  un 
arbre;  des  éclairs  rougeàtres,  puis  blancs  rougeàtres  sillon- 
naient les  nuages  en  traits  de  Jupiter;  les  détonations,  qui 
étaient  d'abord  très-éclatantes,  se  terminaient  par  des  rou- 
lements très-pleins;  la  pluie  a  été  assez  abondante.  Cette 
première  manifestation  orageuse  s'est  terminée  le  M  par 
des  éclairs  blancs  rougeàtres  à  pleins  nuages,  qui  ont  brillé 
de  7  à  9  heures  du  soir  sans  être  accompagnés  d'aucune 
détonation ,  mais  seulement  suivis  d'un  peu  de  pluie. 

La  seconde  période  orageuse  compte  aussi  trois  jours; 
elle  a  commencé  le  24,  à  8  '/.2  heures  du  soir,  par  des 
éclairs  rougeàtres  à  traits  de  Jupiter,  qui  sillonnaient  des 
nuages  au  sud  de  Liège;  la  pression  barométrique  était 
de  752'"'" ,26,  la  température  maxima  de  24",50  C.  et  un 
\ent  SSO.  soufflait  fortement;  ce  jour  on  n'a  pas  entendu 
de  tonnerre. 

Le  2o,  le  temps  a  été  sombre  et  très-orageux  toute  la 
journée;  il  n'est  toutefois  tombé  qu'un  peu  de  pluie  à  2 
heures  de  l'après-midi,  par  une  pression  de  752'""",54,  une 
température  de  2o°,50  C,  et  un  vent  SSO.  soufflant  moins 
fort  que  le  jour  précédent. 

Le  26,  sous  une  pression  de  7o6"'™,70,  une  tempéra- 
ture maxima  de  26",7  C.  et  par  un  vent  SO,  des  coups  de 
tonnerre  accompagnés  de  pluie  se  sont  fait  entendre  de 
5  à  4  heures  de  l'après-midi;  les  éclairs  étaient  rougeàtres 
et  à  pleins  nuages,  et  les  détonations,  des  roulements  écla- 

2'"'^  SÉRIE,  TOME  XXVIl.  18 


(  262  ) 
lanls.  Celait  la  lin  d'un  orage  qui  avait  eoniniencé  vers 
2  heures  de  Taprès-midi;  il  s'étendait  de  Slavelotà  Eupen 
et  recouvrait  Francorcliamps,  Spa,  Verviers  et  toute  la 
vallée  de  la  Yesdre  jusqu'à  Liège.  Les  dégâts  ont  été  très- 
considérables  :  les  gréions  mêlés  de  morceaux  de  glace 
transparents  avaient  parfois  la  grosseur  d'un  œufde  pigeon  ; 
la  pluie  était  diluvienne  et  des  torrents  se  sont  formés  par- 
tout; la  Yesdre  était  tellement  grossie  qu'elle  s'avançait 
comme  un  monticule  d'eau. 

Le  même  jour,  vers  41  heures  du  matin,  un  fort  orage 
a  aussi  éclaté  sur  Paris. 

Le  27,  vers  2  heures  du  soir,  le  tonnerre, sans  être  pré- 
cédé d'éclairs,  mais  accompagné  d'un  peu  de  pluie,  s'est 
fait  de  nouveau  entendre;  les  détonations  étaient  des  rou- 
lements grondants.  La  pression  était  759"''" ,86;  la  tempé- 
rature 24%20  C.  et  le  vent  NO./SO. 

La  troisième  période  orageuse  a  eu  sa  manifestation 
électrique  le  50;  ce  jour,  de  2  à  5  heures  du  matin,  par 
une  pression  de  754""", 12  et  un  vent  SSO.,  un  orage  a 
éclaté  sur  Liège;  les  éclairs  étaient  à  pleins  nuages;  rou- 
geàtres,  les  détonations  étaient  à  roulements  éclatants; 
jaunes  rougeàtres,  elles  étaient  à  roulements  pleins  gron- 
dants; blanchâtres,  il  n'y  avait  pas  de  bruit.  Le  maximum  de 
température  avait  été  le  29  de  28°2  C.  et  le  50  de  26*^7  C. 

Ce  même  jour,  vers  1  heure  du  matin,  un  fort  orage 
avait  éclaté  sur  Namur;  le  29,  à  1  heure  après-midi,  il 
en  avait  éclaté  un  des  plus  violents  sur  Londres,  2  heures 
après  sur  Birmingham,  et  le  soir  à  8  heures  sur  Paris. 

Les  phénomènes  électriques  du  mois  de  juin  ne  comp- 
tent que  deux  périodes;  la  première  a  eu  lieu  entre  le 
maximum  de  pression  du  51  mai  et  celui  du  6  juin 
(762'""^, 67),  et  celui    du  26  (765"'"',85);  ces  maxima, 


(  2G5  ) 

(oiijoms  nniionci's  par  dos  venls  N.,  XNF,.,  oui  eu  pour 
miuima,  le  2,  752'""\84  par  SK.,  le  21,  751""" ,05 
|)ar  SSO. 

Entre  le  maximum  du  6  et  celui  du  16,  il  y  a  eu  deux 
mouvements  barométriques  accompagnés  de  vents  N., 
NNE.,  entre  lesquels  on  remarque  des  vents  SE.,  SO., 
0.  et  XO. 

La  manifestation  électrique  de  la  première  période  a  eu 
lieu  le  5  vers  10  heures  du  soir,  par  des  coups  de  tonnerre 
lointains  à  roulements  très-grondants;  aucun  éclair  n'a  été 
observé. 

Les  manifestations  électriques  de  la  seconde  période  se 
sont  fait  sentir  les  20  et  21;  le  premier  jour  enire 
A  '/2  heures  et  5  V2  heures  du  soir,  après  une  température 
de  29%o0  C,  par  un  vent  SE.  à  S.  et  une  pression  de 
7o5"'"\70,  le  tonnerre  s'est  fait  entendre;  les  nuages 
étaient  d'un  bleu  foncé,  Irès-divisés  mais  épais;  les  éclairs 
étaient  rougeàtres  et  à  traits  de  Jupiter;  les  détonations 
très-éclatantes  et  à  roulements;  elles  n'ont  été  accompa- 
gnées que  de  quelques  grosses  gouttes  de  pluie.  De  8  '/.^  à 
iO  heures  du  soir,  le  tonnerre  s'est  encore  fait  entendre;  les 
éclairs  étaient,  au  commencement,  rougeàtres  et  à  traits 
de  Jupiter,  puis  ils  sont  devenus  jaunes  rougeàtres,  enfin 
très-blanchàtres;  les  détonations,  à  roulements  d'abord 
Irès-éclatants,  sont  devenues  successivement  plus  sourdes 
et  enOn  à  roulements  pleins  grondants. 

Le  lendemain  21,  vers  11  heures  du  matin,  un  nuag<; 
noirâtre  et  uniforme,  assez  étendu,  a  passé  au-dessus  de 
Liège;  il  était  incessamment  traversé  par  des  éclairs  rou- 
geàtres à  traits  de  Jupiter,  suivis  de  détonations  à  roule- 
ments pleins,  mais  sourds.  Ce  nuage  devait  être  très-élevè ,  à 


(  26i  ) 
en  juger  par  riiilervalle  do  temps  entre  Téclair  et  le  bruit 
(lu  tonnerre. 

A  deux  heures  et  demi,  Torage  a  éclaté;  il  a  duré  plus 
d'une  demi-heure;  les  éclairs  étaient  rougeàtres  et  en  zig- 
zag, et  les  détonations  à  roulements  éclatants;  les  nuages 
arrivaient  de  Textrémité  SSO.  de  l'horizon.  Les  éclairs 
lurent  ensuite  à  pleins  nuages  et  à  traits  de  Jupiter,  et  les 
détonations  moins  éclatantes  et  à  roulements  plus  gron- 
dants. C'est  par  un  vent  SE./S.,  une  température  raaxima 
de  28'',7  et  une  pression  de  755  millimètres  que  ces  phéno- 
mènes se  sont  succédé. 

Les  maxima  de  pression  du  26  juin,  du  8  juillet 
(759'""\99),  du  20  juillet  (758'""\4!2),  du  24  juillet  (765'""\85) 
et  du  1"  août,  avec  les  minima  des  4,  15,  22  et  29 
juillet,  déterminent  les  quatre  périodes  orageuses  de  ce 
mois.  Les  maxima  étaient  sous  des  vents  NNE.,  les 
minima,  751  "'"\25,  75o"''",o0,  755'""\76  et  747"^'",17, 
respectivement  sous  des  vents  NO./NNE.,  SE./NO.,  SE./S., 
etSO. 

La  première  période  compte  six  jours  de  pluies  qui  ont 
été  fort  abondantes  et  toujours  mêlées  de  grêle;  le  2,  entre 
1  et  2  heures  de  l'après-midi,  deux  coups  de  tonnerre 
sans  éclairs  et  à  détonations  à  roulements  pleins  et  assez 
grondants  se  sont  fait  entendre;  à  10  heures  du  soir,  des 
éclairs  blanchâtres  à  pleins  nuages  sans  détonations  ont 
scintillé  pendant  plus  d'une  heure. 

Le  ù  juillet,  un  premier  orage  a  éclaté  à  1  heure  du  matin 
et  a  duré  jusqu'à  2  '/4  heures;  les  nuages,  comme  le  jour  pré- 
cédent, étaient  amenés  par  des  vents  NNO.  ;  plusieurs  coups 
de  tonnerre,  précédés  d'éclairs  rougeàtres  à  pleins  nuages 
se  sont  fait  entendre;  les  détonations  étaient  à  roule- 
ments trè.s-pleins.  Entre  10  et  H  heures  de  la  matinée,  un 


•     ■  (  26o  ) 

second  orage  a  encore  éclaté;  les  éclairs  élaient  toujours 
les  mêmes,  mais  traversés  parfois  par  des  traits  de  Jupiter; 
les  roulements  éclatants  constituaient  toutes  les  détona- 
tions; ce  jour,  la  pluie  a  été  fort  abondante. 

Les  phénomènes  électriques  de  la  seconde  période  ont 
eu  lieu  les  H  ,  12,  li  et  18;  le  premier  de  ces  jours,  par 
un  vent  ENE.,  une  pression  de  7o6""",56  et  un  maximum 
de  température  de  28",i  C,  des  coups  de  tonnerre  se  sont 
fait  entendre  de  5  à  G  heures  du  soir;  il  n'y  a  pas  eu  de 
pluie;  les  nuages  étaient  bleus  noirâtres,  les  éclairs  rou- 
geàtres  et  à  traits  de  Jupiter;  les  détonations  étaient  à 
roulements  pleins;  d'abord  assez  lointaines,  elles  sont 
devenues  successivement  plus  fortes  et  assez  éclatantes. 
Ces  manifestalions électriques  provenaient  d'un  fort  orage, 
qui  s'étendait  en  largeur  de  Jupille  à  Visé,  et  en  longueur 
de  la  Meuse  à  Battice;  la  pluie  a  été  des  plus  abondantes 
et  mêlée  d'une  grande  quantité  de  grêlons. 

Le  12,  après  une  très-belle  matinée,  le  ciel  s'assondjril 
assez  rapidement  vers  11  heures,  par  des  nuages  venant 
du  SE.;  ils  étaient  constamment  sillonnés  par  des  éclairs 
rougeâlres  et  à  traits  de  Ju})iter;  les  détonations,  sans  être 
accompagnées  de  pluie,  se  sont  fait  entendre  jusqu'à  midi; 
elles  étaient  à  roulements  j)leins;  d'abord  sourdes  et  loin- 
taines, elles  sont  devenues  ensuite  plus  éclatantes.  Après 
un  certain  temps  de  calme,  cet  orage  a  repris  à  midi  et 
un  quart  pour  durer  une  heure  environ.  Une  forte  pluie 
accompagnait  des  détonations  et  des  éclairs  pareils  à  ceux 
dont  nous  venons  de  parler.  A  10  heures  du  soir  des  éclairs 
blancs  et  à  pleins  nuages  brillèrent  encore  pendant  plus 
d'une  heure,  sans  être  suivis,  ni  de  pluie  ni  de  détona- 
lions;  ils  ont  terminé  l'état  orageux  de  ce  jour,  dont  la 
tenii)éralure  maximum  avait  été  de  28",I0C.,  la  pression 


(  266  ) 
de  755'""\50  environ,  et  qui  s'étendait  en  largeur  d'Âlleur 
à  Wandre,  et  en  longueur  de  Rocour  à  Esneux. 

Le  14,  par  un  fort  vent  NINE.  à  NE.,  un  maximum  de 
température  de  28%20  C.  et  une  pression  de  754""\16,  des 
coups  de  tonnerre  se  sont  fait  entendre  de  5  à  4  heures 
de  i'après-dînée;  ils  étaient  à  roulements  pleins;  des  éclairs 
rougeàtres  et  à  pleins  nuages  les  annonçaient  depuis  Liège 
jusqu'à  Tongres,  où  un  fort  orage  éclatait  à  la  même  heure 
avec  une  pluie  très-ahondante:  la  foudre  y  a  occasionné 
beaucoup  de  dégâts. 

Le  18,  vers  5  heures  du  soir,  des  coups  de  tonnerre  se 
sont  fait  entendre  à  l'est  de  Liège;  ils  étaient  lointains  et  à 
roulements  grondants;  ils  signalaient  l'extrémité  d'un 
orage  qui  s'étendait  de  la  rive  droite  de  la  Meuse  jusque 
bien  au  delà  de  Yerviers,  qui  en  élait  le  centre;  les  dégâts 
ont  été  considérables;  ce  jour  le  baromètre  marquait 
7o6'""',22,  la  température  maximum  oO%10  C.  et  le  vent 
souHlait  du  SO.  à  l'O. 

Le  lendemain  19,  à  6  heures  du  matin,  un  violent  orage 
éclatait  sur  Paris. 

La  troisième  période  électrique  s'est  manifestée  le  25  de 
grand  matin .  par  un  orage  venant  du  SO.;  la  pluie  a  été  peu 
abondante,  les  éclairs  blancs  rougeàtres;  les  détonations 
étaient  des  roulements  pleins  tirant  sur  le  grondement; 
le  lendemain,  une  forte  tempête  s'est  fait  sentir  par  NNE. 
à  INE.  et  a  duré  toute  la  journée  du  25.  La  température 
maximum  du  22  avait  été  de  32",20  C.  et  la  pression  baro- 
métrique, de  75o'^"\70. 

La  manifestation  électrique  de  la  quatrième  période 
orageuse  s'est  présentée  les  26  et  27  juillet;  le  premier  de 
ces  deux  jours,  par  une  température  de  ol'',10C.,  une  pres- 
sion de  755'""', 10  et  des  vents  SSO./SSE.,  des  coups  de 


(  267  ) 
tonnerre  [\  roulements  pleins  et  assez  forts  se  sont  lait  en- 
tendre vers  six  heures  du  soir;  ils  étaient  préeédés  d'éclairs 
rougeàtres  età  pleins  nuages.  Ce  n'était  que  l'extrémité  d'un 
orage  qui  recouvrait  la  Vesdre  et  ses  environs,  passait  sur 
rOurtlie  et  la  Meuse  pour  planer  sur  tout  le  plateau  de  la 
Hesbaie,  depuis  les  sources  de  la  Meliaigne  jusqu'au  delà 
de  Waremmc,  et  recouvrait  en  largeur  cette  ville  jusqu'à 
Hervé  et  ses  environs;  la  pluie  a  été  partout  torrentielle; 
la  grêle  et  la  glace  sont  tombées  en  grande  quantité  sur 
beaucoup  de  communes;  les  gréions  avaient  ])artbis  une 
grosseur  telle  que  des  vitres  ont  été  brisées  et  des  arbres 
fruitiers  dépouillés  et  très-endommagés. 

Le  lendemain  Î27,  vers  11  V-2  beures  du  matin,  par  une 
température  de  29%2  C,  une  pression  barométrique  de 
752"^"'6,  et  sous  des  vents  SE.  à  SSE.,  un  orage  des  plus 
forts  a  éclaté  ;  il  recouvrait  non-seulement  le  même  plateau 
qu'hier,  mais  il  s'étendait  beaucoup  plus  loin  :  en  longueur, 
des  sources  de  la  Mehaigne  jusqu'à  Tongres  et  ses  envi- 
rons; et  en  largeur  de  Saint-Trond  jusque  bien  au  delà 
des  environs  de  Vcrviers.  Cet  orage  a  cessé  à  midi  et  un 
quart;  il  s'était  d'abord  annoncé  par  des  nuages  noirs  très- 
entassés  venant  de  l'ouest  de  Liège;  ils  étaient  chassés  par 
un  vent  NO.  qui  devenait  de  plus  en  plus  fort  à  mesure 
que  les  nuages  se  rapprochaient,  et  qui  n'a  cessé  qu'avec 
l'orage;  le  vent  supérieur  a  soufflé  constamment  du  SE-, 
ce  que  j'ai  pu  observer  par  les  solutions  de  continuité  que 
présentait  çà  et  là  l'orage.  Les  nuages  étaient  d'un  gris  très- 
foncé  et  parfois  d'un  jaune  noirâtre,  avec  des  parties  d'un 
blanc  très-sale;  l'obscurité  devint  telle  qu'il  fut  impossible 
d'observer  les  instruments  météorologiques.  Ces  nuages, 
(}ui  n'étaient  pas  fort  élevés,  étaient  continuellement  sil- 
lonnés par  des  éclairs  rougeàtres  cl  à  traits  de  Ju[)iler;  les 


{^26S  ) 

(lélonalions  élaienldes  roulenienls  liès-furls,  liès-pleins  cl 
très-éclalaïUs.  Quand  l'orage  a  commencé,  le  thermomètre, 
qui  marquait  29°,10  C,  est  descendu  de  suite  à  24",40  C., 
puisa  19%4C.  vers  le  milieu  de  Forage,  et  à  19  degrés  C.  à  la 
lin;  le  baromètre  a  monté  sensiblement  pendant  la  tour- 
mente; à  la  fin  il  marquait  7o4™"\20,  puis  il  a  descendu 
pour  revenir,  vers  7  heures  du  soir,  à  sa  hauteur  du  matin. 
La  pluie  a  été  partout  diluvienne,  mais  les  gréions  ne  sont 
pas  tombés  de  tous  côtés  en  même  quantité  et  avec  la  même 
grosseur;  à  Liège,  on  n'en  a  remarqué  que  de  petits;  à  Mon- 
legnée,  Rocour,  Bierzet  et  jusqu'à  Waremme  ils  étaient 
plus  forts  et  y  ont  occasionné  beaucoup  de  dégâts;  à  Ro- 
clenge,  la  moisson  qui  était  sur  pied  a  été  littéralement 
hachée;  sur  la  route  d'Ans  à  Rocour  beaucoup  d'arbres  ont 
été  renversés.  De  l'autre  côté  de  la  Meuse,  à  Hervé  surtout, 
beaucoup  d'arbres  ont  été  arrachés  et  des  pommiers  tordus; 
la  grêle  et  la  glace  y  ont  été  abondantes  et  ont  causé  beau- 
coup de  dégâts. 

Le  28,  de  2  à  5  heures  du  soir,  par  une  hauteur  baro- 
métrique de  750""",50,  une  température  maximum  de 
2G%80C.et  un  vent  SE.  à  SSO.,  nous  avons  encore  entendu 
à  Liège  quelques  coups  de  tonnerre;  les  détonations  étaient 
des  roulements  pleins;  un  peu  de  pluie  les  a  accom- 
pagnées. 

Le  29,  nous  avons  eu,  de  grand  malin,  une  forte  j)luie 
et  beaucoup  d'éclairs  blancs  très-brillants  et  à  pleins 
nuages,  sans  détonation  aucune.  A  Hervé  et  ses  environs, 
il  y  a  eu  un  orage  assez  fort  vers  H  Vg  heures  du  malin; 
la  foudre  y  est  tombée  en  plusieurs  endroits;  à  Battice, 
elle  a  tué  deux  vaches  dans  les  propriétés  des  sieurs  Dorlii 
et  Gathy;  des  arbres  ont  été  déracinés  el  même  brisés;  à 
l^iégc,  une  pluie  abondante  est  tombée  enlre  2  el  5  heures 


(  269  ) 
(le  ]'aj)rès-dji)ée;  le  haromèlre  indiqnail  747""",r)8,  le  Iher- 
uiomèlre  25'\7  C.  et  le  vent  souillait  du  SSO.  à  KO. 

En  relatant  l'orage  du  27,  j'ai  dit  que  les  nuages  ai  ri- 
vaient par  un  vent  violent  du  iNO.  ;  cependant  les  vents  SE. 
et  SSE.  n'ont  cessé  de  régner  toute  la  journée,  et  même 
j)endant  la  durée  de  la  manifestation  électrique;  voici, 
suivant  une  manière  de  voir,  l'explication  de  ce  vent  par- 
ticulier :  pendant  la  nuit  et  toute  la  matinée,  la  tempéra- 
ture avait  été  des  plus  fortes;  vers  11  heures  du  matin  elle 
marquait  29%i OC;  l'air  s'étant  fort  échauffé,  il  y  a  donc  eu 
une  espèce  de  vide  ou  un  défaut  d'équilihre,  de  là  un  fort 
appel  de  l'air  supérieur  du  cyclone;  cet  air,  en  venant 
létahlir  l'équilibre,  a  entraîné  la  pluie  qu'il  contenait  et 
les  grêlons  qui  se  sont  formés  sous  l'influence  solaire;  cet 
appel  d'air,  étant  d'autant  plus  fort  que  le  défaut  d'écjui- 
lihre  est  plus  considérable,  devient  parfois  tellement  rapide 
qu'il  souffle  en  fort  ouragan;  de  pareils  courants  se  mani- 
festent toujours  au  commencement  des  orages;  de  là  les 
mouvements  irréguliers  qu'on  observe  alors  dans  les 
nuages;  quand  ces  derniers  n'ont  pas  beaucoup  de  largeur, 
les  dégâts  qu'ils  occasionnent  aux  campagnes  sont  limités 
par  deux  lignes  droites,  comme  si  elles  avaient  été  tracées 
à  l'avance  au  cordeau.  J'ai  été  à  même  de  constater  plu- 
sieurs fois  de  pareils  dégâts. 

Le  mois  d'août  ne  présente  pas  autant  de  périodes 
électriques  que  le  mois  précédent;  entre  le  maximum  du 
l"et  celui  du  9  (76l"'"',80),  il  n'y  a  pas  eu  d'orage;  le  mi- 
nimum de  pression  7ol™"\61  a  eu  lieu  le  6  au  soir  par  un 
vent  SO.  à  OSO.;  le  même  jour  a  eu  lieu  le  maximum  de 
température  28'\10  C;  le  lendemain,  un  vent  très- fort 
souiflait  du  SSO.,  sous  la  pression  751  "'"\80. 

La  [>éiiode  com[)rise  enlic  le  maximum  du  îl  cl  celui 


(  â70  ) 
du  15  (754'""\58)  compte  5  jours  de  manilestalions  électri- 
ques; elles  ont  commencé  le 9  même,  à  9  V^  li.  du  soir,  par 
des  éclairs  rougeàtres  à  traits  de  Jupiter,  qui  se  sont  suc- 
cédé jusqu'à  minuit  sans  être  suivis  d'aucune  détonation; 
à  partir  de  ce  moment,  a  éclaté  un  orage  qui  a  duré  jusqu'à 
!2  heures  du  matin;  il  a  cessé  alors  pendant  une  heure ,  puis 
il  a  repris  jusqu'à  4  '/.2  h.  du  matin  ;  à  9  heures,  le  tonnerre 
s'est  de  nouveau  fait  entendre  pendant  une  heure  environ  ; 
enfui,  le  soir,  des  éclairs,  seulement  accompagnés  de  pluie, 
ont  brillé  pendant  toute  la  nuit  du  10  au  11  ;  la  journée  qui 
a  suivi  a  été  assez  belle;  à  i  heures,  le  tonnerre  s'est  l'ait 
entendre  pendant  ^/^  d'heure;  les  détonations  étaient  des 
roulements  grondants  assez  lointains;  à  pareille  heure,  un 
orage  éclatait  sur  Hervé  et  ses  environs;  c'était  le  centre 
d'un  mouvement  orageux  qui  s'étendait  de  Liège  jusqu'à 
ïiupen  en  recouvrant  Verviers.  Le  baromètre  a  baissé  de- 
puis le  9;  le  10,  il  marquait  un  minimum  de  7o5'""\28;  le  11, 
7l6'""\29;la  température  maximum  a  été,  le  9, 26'\90C.,  le 
10,28",50C.,  le  11, 30°,12C.;lesventsontétéle9,SO./ONO., 
le  10,  SO./SSE.,  le  11,  SE./SSO.;  cependant,  le  10,  il  y  eut 
des  vents  SO./NNO. ,  surtout  de  bon  matin.  Fendant  la 
durée  des  orages  du  9  août,  les  éclairs  étaient  blancs  rou- 
geàtres à  pleins  nuages,  les  détonations  très-fortes  et  à 
roulements  très-pleins  et  éclatants;  pendant  la  nuit  du  9 
au  10,  il  y  a  eu  des  coups  de  tonnerre  excessivement  forts 
et  semblables  à  des  coups  de  canon. 

Le  12,  la  journée  a  été  très-calme;  le  baromètre  avait 
sensiblement  remonté  à  751  """,40;  la  température  indi- 
quait pour  maximum  24%50C.,  et  le  vent  passait  du  SSO. 
au  NNO. 

Le  15,  la  pression atmosphéîique  avait  baissé  à  745'""',r>(3 
la  température  monté  à28",90C.et  lèvent  soufflait  par  ESE. 


(  27i  ) 
à  SE.;  un  orage  éclata  à  4  heures  du  soir  el  dura  une 
heure  environ;  les  coups  de  lonnerre  furent  assez  loris  et 
à  roulements  pleins,  les  éclairs  rougealres  el  à  pleins 
nuages.  La  température,  de  2!8",90C.  qu'elle  était,  descendit 
à  i22",7C.  au  commencement  de  l'orage  età21",6C.  pendant 
sa  durée;  le  haromèlre  remonta  à  746'""',60  à  A  heures,  et 
à  747'""\87  à  la  fin  de  l'orage. 

Le  Li,  temps  très-calme  et  très-somhre;  il  en  fut  de 
même  le  15;  entre  le  maximum  de  ce  jour  (7oi"^"\58)  et 
celui  du  20  (754"''",94),  une  manifestation  électrique  s'est 
fait  sentir  le  16  à  5  '/..  h.  du  matin  par  un  orage  assez  fort, 
dont  les  nuages  étaient  amenés  par  un  vent  SE.;  les 
éclairs  étaient  blancs  el  à  pleins  nuages  el  les  détonations 
à  roulements  grondants;  le  maximum  de  température  avait 
été  de  27°,80  C;  le  minimum  de  pression  de  750'""\14à 
7  heures  du  malin,  et  les  vents  avaient  continué  à  soulïler 
du  SE. et  du  S.;  enfin, le  17,  le  baromètre  atteignit  son  mi- 
nimum le  plus  bas  747'""',56  à  midi,  par  des  vents  SE./XO. 
Depuis  le  maximum  du  20  jusqu'à  celui  du  26  (762'""\  1 9) , 
le  vent  a  été  constamment  très-fort,  surtout  le  2o.  La 
journée  du  21  a  été  très-calme  jusque  vers2  heures  du  soir; 
des  coups  de  tonnerre  se  sont  fait  ensuite  entendre  et  ils 
ont  été  suivis  de  pluie  et  de  détonations  à  roulements 
très-éclatants,  annoncées  par  des  éclairs  très-rougeàtres 
à  pleins  nuages  et  à  traits  de  Jupiter.  Cet  orage  a  duré 
une  heure  environ  ;  il  recouvrait  Liège  el  tous  ses  environs 
el  il  a  éclaté  sous  une  pression  de  747"^"\12,  une  tempéra- 
ture de  18'',90  C.  et  un  vent  très-fort  SO./SSO.;  la  veille,  le 
minimum  dépression  delà  période  avait  été 744™"\10, avec 
une  température  maximum  de  20°,40  C.  —  Les  maxima 
barométriques  ont  été  observés  sous  des  vents  N. 

C'est  aussi  sous  de  pareils  vents  que  les  maxima  des 


(  272  ) 

2,  9  et  26  septembre  ont  marqué  76o"^"\84,  765"^"\26  et 
7o3"'"\52;  quant  aux  minima,  ils  ont  lieu  par  des  vents  S. 
•  Quoiqu'il  eût  éclaté  le  17,  en  Ire  2  et  5  heures  du  soir, 
un  fort  orage  avec  gréions  à  Paris,  le  19,  à  Toulon,  aussi 
entre  2  et  5  heures  du  soir,  et  le  29  à  Londres,  de  5  à  8 
heures  du  matin ,  Liège  n'a  eu  que  des  éclairs  hiancs  rou- 
geàtres  au  SO.  de  son  horizon  pendant  la  soirée  du  21 ,  par 
une  pression  de  7 46""" ,04,  un  vent  SK.  et  une  température 
maximum  de  21  ",10  C. 

Le  mois  d'octobre  n'a  présenté  à  Liège  aucune  manifes- 
tation électrique;  néanmoins  ses  maxima  et  minima  baro- 
métriques ont  été  aussi  accompagnés  de  vents  N.  pour  les 
premiers  et  de  vents  S.  pour  les  seconds.  —  De  très- forts 
orages  ont  été  signalés  les  2,  5  et  A  dans  les  basses  Alpes, 
où  de  grandes  inondations  ont  eu  lieii. 

Le  mois  de  novembre  compte  un  seul  éclair  blanchâtre 
qui  a  brillé  le  15  à  5  '/,,  h.  du  matin  par  un  vent  iSNE., 
une  pression  de  760'""\o0  et  une  température  de  2%90  C. 
Les  maxima  et  minima  principaux  de  ce  mois  se  sont  ma- 
nifestés sous  l'influence  des  vents  désignés  plus  haut. 

Le  mois  de  décembre  a  eu  deux  éclairs:  le  premier  était 
rougeàtre  et  a  brillé  le  5  à  4  '/i  h-  ^^^  soir  par  un  vent  80., 
une  température  de  7%9  C.  et  une  pression  de  750'""' ,95;  le 
second,  blanc,  très-brillant  et  à  pleins  nuages,  s'est  montré 
le  5  à  8  Vsh.  <^Ju  soir  par  un  fort  vent  80.,  une  température 
de  11%30  C.  et  une  pression  de  746""",26;  c'est  aussi  sous 
les  vents  N.  et  S.  que  les  maxima  et  minima  barométriques 
principaux  du  mois  de  décembre  ont  été  remarqués. 


(  275  ) 


CONCLUSIONS. 

De  co  qui  précède,  et  du  résumé  des  observations  météo- 
rologiques, il  résulte  : 

l''  Que  les  orages  ont  lieu  généralement  par  les  vents 
SE.etSO; 

2"  0"'i'ï^  '^f>»l  ^^("^  manifestations  électriques  de  cy- 
clones; 

5"  Que  ces  cyclones  se  succèdent  sans  interruption; 

4"  Que  ces  cyclones  s'annoncent  par  des  ascensions  haro- 
métriques  et  des  vents  N.; 

5'  Que  ces  vents  passent  successivement  parle  NE.,  TE  , 
le  SE.,  et  le  S.,  l'O.  et  le  NO.  ;  que  Tascension  barométrique 
diminue  continuellement  sous  les  vents  de  la  première 
moitié,  pour  augmenter  de  nouveau  en  allant  du  S.  au 
N.  par  lU; 

6"  Que  l'examen  attentif  des  vents  observés  et  des  liau- 
teurs  barométriques  qui  y  correspondent,  et  de  leurs  mou- 
vements mensuels,  fait  reconnaître  que  Fatmospbère  est 
sillonnée  continuellement  par  des  cyclones;  que  les  tem- 
pêtes, les  ouragans  et  les  forts  vents  viennent  à  Tappui  <lc 
celte  manière  de  voir; 

7"  Que  les  cyclones  constituent  des  périodes  mensuelles 
orageuses,  à  tempêtes  et  à  forts  vents; 

8"  Que  les  cyclones  sont  les  moyens  que  la  nature 
emploie  pour  renouveler  constamment  Tair  et  transporter 
ces  masses  considérables  d'eau  qui  entretiennent  la  vie, 
alimentent  les  sources,  les  rivières  et  les  fleuves; 

9"  Que  les  mouvements  irréguliers  des  nuages  au  com- 
mencement des  orages  et  des  coups  de  vents  qui  se  font 
alors  sentir  à  la  surface  de  la  terre,  proviennent  d'une  forte 


(  â7i  ) 

allractiun  tle  l'air  supérieur  des  cyclones  vers  les  couches 
inférieures  de  Talniosphère;  aussi  la  température  baisse- 
l-elle  subitement  de  plusieurs  degrés  en  ces  circonstances. 

N.  B.  Au  moment  de  terminer  cette  relation,  on  écrit 
de  Huy,  en  date  du  31  décembre  1868  : 

«  Hier,  vers  la  soirée,  de  nombreux  éclairs  ont  sillonné 
»  les  nuages,  et  quelques  coups  de  tonnerre  se  sont  fait 
»  entendre.  Ce  phénomène  atmosphérique,  assez  rare  à 
»  cette  époque,  indiquerait-il  un  changement  de  temps? 
»  Ce  serait  à  désirer;  aujourd'hui  31 ,  la  température  est 
»  un  peu  refroidie  et  le  vent  souffle  encore  avec  assez  de 
»  violence.  » 

A  IJége,  le  baromètre  marquait  74o"'"\30,  le  30,  à 
4  heures  du  soir,  la  température  8",10  C.  et  le  vent  soufflait 
du  SO.  Au  dire  de  plusieurs  personnes  le  tonnerre  grondait 
au  SO.  i\o  la  ville. 


Sur  deux  fragmenls  cVobjeU  appelés  «  bâtons  de  comman- 
denie}U  »  découverts  dans  la  caverne  de  Goyel  [province 
de  Nantur);  par  M.  Edouard  Dupont,  correspondant  de 
l'Académie. 

Dans  la  dernière  séance,  j'ai  eu  l'honneur  d'annoncer 
à  l'Académie  la  découverte  qui  venait  d'être  faite  dans  la 
caverne  de  Goyet,  d'une  portion  de  bois  de  renne  travaillée 
de  main  d'homme  et  comparable  à  des  objets  des  cavernes 
du  Périgord  que  M.  Lartet  a  décrits  sous  le  nom  provisoire 
de  bâtons  de  commandement  (I). 

(1)   lleliqn'uv  Aquilnninr,  cxplicalinn  dos  planches  ,  p.  ."0. 


% 


■^ 


w>* 


•i^:  1 


V 


V 


-.■*-. 


LtiIl.  pai'  G.  Severeyiis  Littide  l'Acaâ.  E.o 

?TH-^:iiieats  de    «  Lâtons  de   Commanderaents  > 

trouves  dans  la  caverne  de  Goyet  /yyaT???//^'  I 


(  27:;  ) 

[■11  autre  do  ces  huions  de  conmiandenieiil  a  élc  décou- 
vert ce  mois-ci  dans  la  même  caverne.  Celui-ci  ne  porte 
pas  d  ornements  et  est  encore  attaché  à  un  morceau  de  la 
hrechc  slalagmilique  à  laquelle  il  adhérart. 

Le  premier  qui  ait  été  découvert  dans  cette  caverne  est 
orné,  sur  ses  hords  et  sur  ses  deux  laces ,  de  traits  gravés. 
Je  n'ai  pu  reconnaître  encore  ce  que  l'antique  graveur 
a  voulu  représenter  sur  Tune  de  ces  laces,  parce  qu'une 
partie  importante  du  dessin  était  sur  la  portion  perdue  de 
rohjet.  Des  traits  s'y  coupent  et  il  y  a  quelques  hachures. 

L'autre  face  porte  la  figure  d'un  poisson  dont  la  parties 
postérieure  manque  par  snite  de  la  cassure.  Les  points  en 
creux  qui  ont  été  gravés  sur  le  dos  du  poisson  portent  à 
y  reconnaître  les  taches  caractéristiques  du  dos  de  la 
truite. 

Ces  deux  spécimens  antéhistoriques  ont  été  trouvés  dans 
le  limon  fluviatile  qui  recouvre,  sur  une  épaisseur  moyenne 
de  trois  à  quatre  mètres,  la  paroi  inférieure  de  la  caverne. 

La  même  couche  a  fourni  en  cet  endroit  de  nomhreux 
silex  taillés  dans  la  forme  Couteau;  d'autres  silex  en  plus 
petit  nomhre  rappellent  la  forme  Moustier. 

Les  os  travaillés  sont  surtout  des  hois  de  renne  taillés 
en  forme  de  dard  comme  ceux  de  l'âge  du  renne  sur  la 
Lesse. 

Les  déhris  des  repas  de  l'homme  sont  spécialement  repré- 
sentés par  de  nombreux  débris  d'os  des  membres  et  de  la 
tête  qui  se  rapportent  au  mammouth,  au  rhinocéros,  à 
l'hyène,  au  grand  onrs,  au  renne  ,à  rélaphe,au  loup,  etc. 
Comme  on  le  voit,  l'âge  géologique  de  ces  restes  de 
l'art  primitif  est  établi  sur  des  données  fort  complètes. 


.   276  ) 

iSotc  sur  le  déicloppemeul  des  acarldes.  —  Extrait  d'une 
k'ilri'  (le  M.  le  D'  Bessels  à  M.  P.-J.  Vau  licnedeii. 

SluUgart ,  29  mars  1869. 

«  Jusqu'en   1865  l'embryogénie  des  Arthropodes 

avait  été  relativement  peu  étudiée.  Mais  depuis  l'apparition 
du  travail  devenu  classique  de  Weissman,  sur  le  développe- 
ment des  diptères,  cette  étude  est  devenue  l'objet  favori 
des  investigations  des  zoologistes.  Plusieurs  travaux  re- 
marquables ont  été  publiés  depuis  cette  époque;  parmi 
eux  nous  nous  plaisons  à  citer  celui  de  Mecznikow  : 
«  EmbrijologisdieStndien  an  hueclen  »,  et  les  recherches 
do  Dohrn  sur  le  développement  de  VAselhis  aquaticus. 

((  J'ai  reçu,  il  y  a  q'.ielqucs  jours,  de  mon  ami  Alex. 
Brandt  un  mémoire  publié  par  l'Académie  de  Saint- 
Pétersbourg,  sur  le  développement  des  libellules  et  des 
hémiptères,  dans  lequel  l'auteur  s'est  spécialement  occupé 
de  l'étude  des  membranes  embryonnaires. 

»  Les  acarides  n'ont  pas  attiré  jusqu'ici  au  même  point 
l'attention  des  naturalistes;  depuis  longtemps  je  travaille 
à  combler  cette  lacune,  par  l'étude  du  développement 
des  Atax,  Phylopus,  Sarcoptes,  Tétranychus  et  d'autres 
genres  voisins.  Dans  le  but  de  contrôler  mes  observations 
sur  l'embryologie  du  Phylopus  viris,  j'attendais,  avant 
de  livrer  mon  travail  à  la  publicité,  les  premiers  jours 
du  mois  de  mai,  lorsque  je  reçus  le  dernier  numéro  du 
journal  de  v.  Siobold  et  Kolliker,  qui  contient  un  travail 
l'ait  de  main  de  maître  par  Claparède  (l).  Comme  mes  re- 


(1)  Siuclien  an  Acaridcn,  /t'itschrifl  fiir  wiss.  ZooL  VA.  XVIII. 


(  '■m  ) 

cluM'clios  c'oïK-orilcnl  sur  Ions  les  poinls  osseiilicls,  avec 
les  ivsiillats  publics  par  le  savant  proIVsscnr  de  ilenève, 
j'ai  jugé  inntilc  de  donner  suite  à  ma  publication.  l*er- 
meltez-moi,  toutefois,  de  vous  communiquer  sur  cette 
question  quelques  observations. 

«  Ainsi  que  je  l'écrivais  à  votre  fils  dans  une  lettre  que  je 
lui  ai  adressée  au  mois  de  septembre  dernier,  mes  recher- 
ches sur  V Atax  ijpsilopftonis ,  donl  vous  vous  êtes  occupé  en 
1848  (1),  ne  s'accordent  pas  en  tous  points  avec  les  résul- 
tats que  vous  avez  annoncés.  J'ai  exposé  brièvement,  dans 
un  petit  travail  sur  le  renflement  dorsal  des  Amphipodes 
[kiKjelfihinîfjp.  Organ),  mes  observations  relatives  à  la 
membrane  embryonnaire  des  Acariens  [deutovum  de  Cla- 
parède)  et  à  ces  cellules  amœboïdes  remarquables  qui 
nagent  dans  le  liquide  autour  du  blastoderme.  [Jencmchc 
Zeitscinift  fur  Médecin  und  Natunvissenschaften  ,  Band  V, 
Heft.  1 ,  p.  98.) 

»  Comme  je  le  fais  remarquer  plus  haut,  mes  observa- 
tions concordent  sur  les  points  essentiels  avec  les  résultais 
publiés  |)ar  Claparède.  Je  n'ai  j)as  [)lus  réussi  que  ce  sa- 
vant à  découvrir  la  vésicule  germinative  dans  les  œufs 
récemment  pondus,  comme  vous  l'annoncez  dans  vos 
recherches  sur  le  développement  de  VAlax  ypsilopliovus , 
(page  18).  Je  ne  doute  nullement  cependant  qu'elle  n'y  existe 
en  réalité  et  je  suis  persuadé  qu'elle  n'échappe  à  la  vue 
de  l'observateur  qu'à  cause  de  la  coloration  foncée  du 
vitellus.  N'ayant  pu  observer  les  œufs  ovariens,  il  me 
serait  impossible  de  décider  la  question  de  savoir  si, 
comme  le  croit  Claparède,  la  membrane  qui  entoure  le 


(1)  Recherches  sur  l'histoire  nalurelle  cl  le  développement  de  TAlax 
ypsilophora.  Mémoires  de  l'Académie  royale  de  Belgique,  I.  XXIV. 
2™^  SÉRIE,  TOME  XXVII.  .  19 


(  â78  ) 
vitclius  est  une  mcmbraiK}  vilelline,  ou  s'il  faut  la  consi- 
dérer comme  mi  chorion. 

»  J'ai  été  assez  heureux  pour  pouvoir  observer  le  mode 
de  formation  du  blaslodernie  qui  vous  a  échappé,  ainsi 
qu'à  Claparède.  Il  sérail  difficile  de  dire  combien  de  temps 
le  blastoderme  apparaît  après  la  sortie  des  œufs  de  l'ovi- 
ducle,  puisqu'on  ne  peut  observer  le  phénomène  de  la  ponte. 
Chez  des  œufs  retirés  du  manteau  des  Unio  et  des  Ano- 
dontes  et  qui  ne  présentaient  encore  aucun  changement, 
j'ai  vu  le  blastoderme  apparaître  au  bout  d'un  ou  de  deux 
jours.  On  peut  constater,  en  ouvrant  avec  précaution  un 
de  ces  œufs,  dans  une  solution  de  1  "/„  de  bichromate  de 
potasse,  que  le  blasloderme  ne  se  montre  pas  en  même 
temps  sur  toute  la  surface  de  l'œuf,  mais  qu'il  apparaît 
par  îlots,  il  n'est  pas  possible,  à  cause  de  la  coloration 
foncée  du  vitellus,  d'observer  ce  phénomène,  à  moins  de 
mutiler  les  œufs.  Après  que  le  blastoderme  s'est  étendu 
autour  du  vitellus,  la  membrane  embryonnaire  s'en  dé- 
tache. C'est  celle  membrane  que  vous  avez  considérée 
comme  se  formant  par  dédoublement  de  l'enveloppe  pri- 
mitive de  l'œuf,  et  que  Claparède  a  désignée  sous  le  nom 
de  deutovum.  Je  la  considère  comme  Thomologue  de  la 
membrane  larvaire  des  crustacés  [Larcenhaul),  et  celle-ci 
est  évidemment  riiomologue  de  l'amnios  des  insectes.  Je 
me  propose  d'établir  ces  rapports  dans  un  travail  spécial 
sur  l'amnios  de  ces  Arthropodes  que  je  compte  publier 
prochainement. 

9  C'est  peu  de  temps  après  la  formation  de  cette  mem- 
brane embryonnaire  qu'on  voit  apparaître  entre  elle  et 
le  blastoderme  les  premières  cellules  amœboïdes  que 
Claparède  fait  surgir  beaucoup  plus  tard.  Quand,  dans 
mon  travail,  j'ai  désigné  ces  cor[)uscides  amœboïdes  sous 


(  '^7'J  ) 
l<î  nom  de  i-lobiilcs  sanguins,  je  n'ai  en  en  vne  (jne  de 
signifier  leur  lilialion  anx  cellules  du  blastoderme,  qui,  au 
moment  de  l'apparilion  de  ces  hémamibcs,  sont  les  seules 
formations  cellulaires  de  l'œuf.  Il  me  paraît  très-probable 
qu'il  faut  admettre,  pour  les  corpuscules  sanguins,  deux 
modes  de  descendance,  attendu  que  les  corpuscules  du 
sang  de  l'embryon  ont  une  tout  autre  origine  que  ceux 
dont  nous  venons  de  parler.  J'ai  observé  pendant  des 
heures  entières  certains  œufs,  sans  avoir  jamais  vu  un  de 
ces  corpuscules  amœboïdes  pénétrer  à  l'intérieur  de  l'em- 
bryon. 

»  Claparède  se  demande  si  vous  n'avez  pas  pris  les  para- 
sites des  Anodontes  pour  ceux  des  Unio,ou  bien,  si  ce  sont 
les  mêmes  animaux  qui  vivent  en  Belgique  sur  les  Ano- 
dontes et  à  Genève  sur  les  Unio.  En  commençant  mes 
recherches,  j'avais  placé  une  centaine  d'Anodontes,  re- 
cueillies dans  les  marais  environnants,  dans  une  eau  cou- 
rante, où  j'ai  mis  ensuite  des  Vnio  balavus.  Lam.  Quatre 
semaines  après  avoir  placé  à  côté  les  uns  des  autres  les 
Unio  et  les  Anodontes,  je  trouvai  dans  une  de  ces  der- 
nières l'Atax  que  jusqu'alors  j'avais  exclusivement  ren- 
contré chez  les  Unio;  et  depuis  ce  temps,  j'ai  trouvé  sou- 
vent dans  les  Unio  trois  ou  quatre  individus  de  l'espèce 
propre  aux  Anodontes. 

»  11  n'est  guère  possible  de  confondre  les  parasites  des 
Unio  avec  ceux  des  Anodontes  :  les  premiers  portent  con- 
stamment cinq  ventouses  de  chaque  côté  de  l'ouverture 
sexuelle,  tandis  que  les  autres  en  ont  de  trente  à  quarante, 
j'en  ai  trouvé  qui  ressemblaient  en  tous  points  à  ceux  des 
Anodontes,  sauf  que  le  nombre  des  ventouses  était  de  six 
de  chaque  côté.  —  Je  ne  crois  pas  m'avancer  trop,  en 
considérant   ce   fait  comme  un   phénomène  d'atavisme, 


(  280  ) 
l)uisqne  CCS  deux  espèces  dWlnx  ne  sont  guère  différentes 
Tune  de  rnutre.  » 

M.  Van  Beneden  fait  suivre  celte  communication  des 
observations  suivantes  : 

Le  désaccord  qui  est  signalé  au  sujet  de  la  vésicule  ger- 
minative  n'existe  réellemenl  pas,  puisque  je  ne  déclare 
avoir  reconnu  la  présence  de  celte  vésicule  que  dans  les 
œufs  ovariens.  La  vésicule  germinative,  disais-je,  est  re- 
laiivement  crantant  plus  grande  quon  examine  un  œuf 
plus  jeune.  — Je  suis  étonné  que  MM.  Claparède  et  Bessels 
n'aient  pas  remarqué  que  je  ne  donne  la  composition  de 
l'œuf  qu'avant  la  ponte. 

Quant  aux  Atax ,  que  M.  Claparède  suppose  provenir  des 
Unio  plutôt  que  des  Anodontes,  et  que  je  pourrais  lui  en- 
voyer en  vie,  s'il  le  désirait,  tous  ceux  qui  ont  servi  à  mes 
recherches  provenaient  d'une,  même  localité  des  environs 
de  Louvain,  où  je  n'ai  jamais  vu  que  des  Anodontes  seules. 
Au  reste  les  observations  de  M.  Bessels  prouvent  que  les 
mêmes  Atax  vivent  sur  les  Unio  aussi  bien  que  sur  les 
Anodontes. 

Nous  ferons  remarquer,  en  passant,  que  les  cellules 
amœboïdes  qui  apparaissent  autour  du  blastoderme  nous 
semblent  parfaitement  analogues  à  ces  prétendus  para- 
sites, qui  apparaissent  dans  les  mêmes  conditions  chez 
différents  mollusques,  et  que  von  Nordmann  a  nommés 
Cosmella  hydradinoides  dans  le  Tergipes  Edwardsii  (I). 


(1)  Ann.  (les  se.  nat.,  1846,  vol.  V,  5<"  série. 


(  ^281  ) 


Les  lhilvinoj)U'rcs  dn  nord  de  rAllnn(iqi(e,\y,.\v  M.  i\-J.  Van 
Bciicclcn,  meiiil)re  de  rAcadcmie. 

Se  reconnaître  au  milieu  des  nombreuses  espèces  de 
baleinoptères,  même  au  milieu  des  genres  que  Ton  a  établis 
ces  dernières  années,  n'est  pas  chose  aisée.  Jl  n'y  a  pas  de 
groupe  dont  les  éléments  soient  plus  embrouillés,  plus  dif- 
ficiles ta  étudier,  plus  embarrassants  à  comparer.  Aussi 
avons-nous  éprouvé  de  fort  grandes  difficultés  en  passant 
en  revue  tout  ce  qui  a  été  publié  sur  ce  vaste  sujet  et  en 
en  mettant  en  parallèle  ensuite  les  sujets  qui  ont  servi  de 
base  aux  descriptions. 

A  mon  avis,  non-seulement  on  a  trop  multiplié  les 
genres,  puisque  le  nombre  en  est  plus  grand  que  celui  des 
espèces,  mais  on  a  eu  surtout  le  grand  tort  d'attribuer  des 
caractères  génériques  à  des  dispositions  purement  indivi- 
duelles :  une  côte  supplémentaire  ou  bifurquée  est  un  cas 
accidentel  comme  la  soudure  de  quelques  apophyses  des 
vertèbres  cervicales.  Si  dans  la  Balœnoplera  roslrala,  cer- 
taines vertèbres  du  cou  sont  soudées,  tantôt  par  le  corps, 
tantôt  par  les  apophyses,  dans  le  plus  grand  nombre  de 
squelettes,  ces  vertèbres  sont  complètement  libres,  comme 
elles  doivent  l'être  à  l'état  normal. 

De  ce  qu'il  est  difficile  de  trouver  des  caractères  distinc- 
tifs  dans  un  groupe,  il  ne  s'ensuit  pas  qu'il  faille  recourir 
aux  dispositions  accidentelles,  comme  l'a  fait  notre  illustre 
ami  ïiiw  J.  Muller.  C'est  lui  qui,  le  premier,  si  nous  ne  nous 
tron)pons,  a  fait  intervenir  la  bifurcation  de  la  première 
côte,  comme  caractère  de  la  baleinoptère  de  Ilolstein. 


(  282  ) 
Les  baleiiioptères  que  les  premiers  pécheurs  de  baleines 
avaient  si  bien  distinguées  sous  le  nom  de  Vinnfisch  sont 
aujourd'hui,  pour  tous  les  zoologistes,  des  cétacés  à  fanons 
couits,  portant  des  plis  sous  la  gorge  et  sous  le  ventre, 
ayant  une  véritable  nageoire  sur  le  dos  et  le  corps  fort 
allongé,  sept  vertèbres  cervicales  toujours  séparées,  peu 
de  lard,  et  beaucoup  de  souplesse. 

Depuis  que  l'on  recueille  les  squelettes  des  baleinoptères 
qui  sont  venus  échouer,  l'on  sait  qu'il  y  en  a  de  grands  et  de 
petits  sur  les  différentes  cotes  d'Europe,  depuis  les  parages 
de  l'Islande  jusqu'à  l'intérieur  de  la  Méditerranée;  mais  ce 
que  l'on  ignore  généralement,  c'est  le  nond)re  d'espèces 
auxquelles  se  rapportent  ces  charpentes  souvent  colossales 
(pii  sont  disséminées  dans  les  musées.  C'est  à  la  solution  de 
cette  question  que  la  présente  notice  est  consacrée. 

Cuvier  croyait  à  l'existence  de  deux  espèces  en  Europe  : 
l'une,  de  la  Méditerranée,  représentée  par  le  squelette 
de  l'animal  échoué  en  1798  à  l'île  Sainte-Marguerite  et 
dont  la  tète  avec  quelques  os  est  conservée  au  Muséum 
de  Paris;  l'autre,  de  la  mer  du  Nord,  d'après  un  animal 
jeté  en  1819  sur  la  côte  du  liolstein  et  dont  le  squelette 
complet  est  conservé  au  musée  de  Berlin.  Le  troisième 
squelette  que  Cuvier  connaissait  est  celui  qui  est  conservé 
à  la  maison  de  ville  de  Brème;  et  comme  il  provient  d'un 
animal  de  petite  taille  échoué  à  l'embouchure  du  Weser, 
Cuvier  le  croyait  un  jeune  de  l'espèce  précédente. 

Il  y  avait  pour  Cuvier  un  rorqual  de  la  Méditerranée  et 
un  rorqual  du  Nord. 

Le  grand  naturaliste  avait  préféré  ce  mot  rorqual  à 
celui  de  baleinoptère  proposé  par  Lacépède,  parce  qu'il 
croyait  à  l'existence  d'une  Juhartc  sans  plis  sous  la  gorge. 

Cuvier  n'avait  jms  eu  assez  de  malériaux  à  sa  disposition 


(  ^i85  ) 
quand  il  a  écrit  ses  recherches  sur  les  ossements  des  cétacés, 
et  ce  n'est  que  queh]ues  années  phis  tard,  que  l'eu  mon  ami 
Eschricht  a  commencé  ses  intéressantes  puhlications  tou- 
chant ces  animaux..  Eschricht  a  fait  l'aire  un  pas  immense  à 
la  cétologie,  en  démontrant  que  le  nombre  de  vertèbres  est 
le  même  dans  le  jeune  âge  qu'à  l'âge  adulte,  que  celles-ci 
ne  se  soudent  pas  à  un  âge  avancé,  après  avoir  été  séparées 
d'abord,  et  que  tous  les  caractères  de  l'adulte  se  trouvent 
déjà  dans  le  fœtus  qui  n'est  pas  encore  à  terme. 

En  même  temps  Eschricht  a  fait  voir,  ce  que  l'on  sem- 
blait de  plus  ignorer,  qu'il  existe  une  baleinoptère  de  petite 
(aille,  (]ui  ne  dépasse  pas  50  [)ieds  de  louguem',  n'a  pas 
plus  de  quarante-huit  vertèbres,  des  fanons  jaunes  et  des 
nageoires  pectorales  à  moitié  blanches  et  que  c'est  elle 
qu'Othon  Fabricius  a  observée  pendant  son  séjour  au 
Groenland,  tout  en  ayant  le  tort  de  la  prendre  pour  la 
Balœna  roslrata  de  Linné. 

Depuis  les  travaux  de  Cuvier,  il  a  été  reconnu  égale- 
ment que  la  baleinoptère  de  la  Méditerranée,  la  seule  ba- 
leine que  les  anciens  aient  connue,  est  l'espèce  commune 
de  l'Atlantique,  et ,  dès  1856,  nous  avions  signalé  sa  pré- 
sence sur  la  côte  d'Islande,  d'après  des  caisses  tympaniques 
que  Gaimard  avait  rapportées  de  son  voyage  au  Nord. 

Depuis  lors  aussi  il  a  été  reconnu  que  la  baleine  échouée 
sur  la  côte  du  Holstein,  et  à  laquelle  Rudolphi  avait  égale- 
ment donné  le  nom  spécifique  de  roslrata,  diffère  com- 
plètement de  la  roslrata  d'O.  Fabricius  et  qu'elle  mérite  de 
conserver  le  nom  de  baleinoptère  du  Nord,  ïlalœnoplcra 
horcalis,  comme  l'a  dit  Lesson.  C'est  le  même  animal  pour 
lequel  le  docteur  Gray  a  proposé  le  nom  de  ïlalœnoplcra 
Iniiceps.  Avec  sa  sagacité  habituelle,  le  savant  direcleur 
dii   l»rilisb  Muséum  avait    recoiniii   (pie   le  sfpiclcdc  «le 


(  28i  ) 

l'animal  du  Holstein  appartenait  à  une  espèce  particulière. 

Nous  voilà  donc  en  présence  de  trois  espèces,  toutes  les 
trois  propres  à  l'Atlantique  et  dont  une  seule  pénètre  dans 
la  Méditerranée.  Comme  nous  le  verrons  plus  loin ,  ces 
espèces  se  distinguent  par  leurs  caractères  intérieurs  et 
extérieurs  et  ont  reçu  également  des  noms  particuliers  des 
baleiniers.  On  en  connaît  un  grand  nombre  de  squelettes. 

ïl  existe  encore  une  quatrième  espèce  dans  les  parages 
d'Islande  et  dont  quelques  individus,  mais  en  petit  nom- 
bre, sont  venus  se  perdre  dans  la  mer  du  Nord  et  peut- 
être  même  dans  le  golfe  de  Gascogne.  Camper  l'avait  déjà 
mentionnée  sous  le  nom  de  Stejjpireijdr,  et  tout  récem- 
ment un  individu  est  venu  échouer  sur  la  cote  de  Suède, 
non  loin  de  Gotlienbourg.  Cette  baleinoptère  atteint, 
comme  celle  qui  pénètre  dans  la  Méditerranée,  une  forte 
taille,  puisqu'on  en  connaît  de  80  pieds. 

D'après  un  squelette  conservé  à  Hull,  le  docteur  Gray 
lui  a  donné  le  nom  de  Balœnoptera  sibbaldii,  qui  est 
synonyme  de  Balœnoptera  latirostris,  que  mon  honorable 
ami  Flower  avait  proposé  pour  un  squelette  de  la  collec- 
tion de  Lidt  de  Jeude,  d'Utrechl.  L'animal  qui  est  venu  se 
perdre  sur  la  côte  de  Suède, et  dont  nous  parlons  plus  haut, 
a  servi  de  type  à  une  espèce  nouvelle  nommée  Balœnop- 
(era  Carolinœ  par  Malm;  mais,  comme  l'ont  fait  remar- 
quer MM.  Flower  et  Reinhardt,  c'est  le  Stei/pireijdr  des 
pécheurs  islandais,  et  par  conséquent  le  même  animal  que 
le  docteur  Gray  a  nommé  Balœnoptera  sibbaldn.  L'exis- 
tence de  cette  espèce  est  mise  hors  de  doute  depuis  qu'une 
société  anglo-américaine  a  commencé  la  pêche  des  balei- 
noptères,  à  défaut  de  baleines. 

A  ces  quatre  espèces,  bien  établies,  non  plus  sur  des 
observations  fugitives  cl  souNcnl   iiicoin[>lèles,  mais  sur 


(  ^85  ) 
(les  ossemcnls  conservés  clans  des  musées,  raut-il  ajouter 
la  Balœnoplera  (jUjas,  la  baleinoplère  (rOslende,  celle  «jui , 
en  1827,  a  été  trouvée  morte  en  mer  par  les  pécheurs  et 
dont  le  squelette  a  été  exhibé  dans  les  principales  capitales 
de  l'Kurope?  Xous  ne  le  pensons  pas.  Ce  squelette  appar- 
tient à  Tespèce  ordinaire,  Gewoonc  Vinu/isch,  HalwnopU-ra 
innsculns  des  auteurs,  et  que  nous  avions  pioposé  de  nom- 
mer Communis.  C'est  une  femelle  de  grande  taille  qui  n'a 
de  particulier  que  sa  première  côte  qui  est  biceps. 

Nous  sommes  donc  en  présence  de  quatre  baleinoptères 
dans  l'Atlantique  septentrionale,  deux  de  petite  taille  et 
deux  de  grande  taille,  qui  diffèrent  entre  elles  par  des 
caractères  ostéologiqucs  aussi  bien  que  par  des  caractères 
extérieurs  et  dont  il  existe  aujourd'hui  des  s(iueleltesdans 
différents  musées. 

Ces  espèces  sont  : 

Bala:>optep.a  RosriiATA,  0.  l'abr. 

Sv>.   Balœnoplera  minora  Knox. 

Baleinoplère  museau-poinlH ,  Laccpèdc. 

L'animal  atteint  une  longueur  de  25  à  50  pieds,  sa 
nageoire  j)ectorale  est  blanche  au  milieu,  ses  fanons  sont 
jaunes,  dans  le  squelette,  on  compte  quarante-huit  ver- 
tèbres, onze  cotes,  et  le  sternum  a  la  forme  d'une  croix 
latine. 

Dans  le  tableau  suivant  nous  avons  résumé  les  rensei- 
gnements que  l'on  a  pu  recueillir  sur  les  individus  qui  ont 
échoué,  renseignements  qui  se  rapportent  à  la  date  et  aux 
lieux  de  leur  échouement,  à  leur  taille  et  à  leur  sexe,  aux 
indications  des  musées  qui  renferment  les  squcicl les,  ainsi 


(  286  ) 
qu'aux  auteurs  qui  en  l'ont  mention.  Eschricht  a  donné  le 
premier  tableau  de  ce  genre,  mais  en  réunissant  les  dillé- 
rentes  espèces  dans  le  môme  cadre. 


LIEUX. 


MISEES. 


Obsorvatioi 


Novembre  1863. 
20  déc.  1862.  . 
Février  1861.  . 
Novembre  186i). 
1852. 
10  juin  18o0.    . 

2  juillet  18 iU  . 
10  juillet  18o8  . 
-  1837  . 
26  août  18oo.  . 
Février  183  i.  . 
Juillet  182  i  .  . 
14  nov.  1808.  . 
Avril  1791  .  . 
Février  176  i.  . 
-  1763.  . 
Mai  1669 .    .    . 

-   1345  .    .     . 


16' 


16' 
17' 
22' 
24' 
10' 
18' 

171/: 

15' 
26' 
17' 
27' 
9.^' 


Eseaut. 
Dans  1  Y. 
Bretagne. 

Norfolk. 

Havre. 
Morbihan. 

(  lirisliaiiia  IjorJ. 

Ostcnde. 
Ouest  Jutlancl. 

Charente. 

Firth  of  Forth. 

Est  Jutland. 

Orcades. 

Cherbourg. 

S'-Jeandc  Luz. 

Doggersbank. 

Wescr. 

Prés  de  GreifswalJ. 


Bruxelles 
Paris. 


Christiania. 

Gand. 
Bruxelles  -. 

Edimbourg. 
Halle. 


.onJrcs,  CoU.  tics 
illirurg. 

Brème. 
Greifswald. 


Bull.  Acad.  Belg. 
Comptes  rendus. 

IiiJiviJu  trouve  inoil 
Vélins  ilu  niuseuiii. 


Esehrielit,  n 
Esehriclit,  n" 

.\cl.   Soc.   linn. 
deaux  ,  1841. 

Knox. 

Eschricht,  n" 
Eschricht,  n" 
Lacépède. 
Du  Hamel. 
Hunter. 


.'59 


1  C'esl  le  uuiiiéro  du  tableau  publie  par  Ks 'liiiflit  dans  ses  \o)(thclH'n  Wulltliicrc. 

2  Le  bailli  de  l'endroil  où  le  sqieiette  a  été  troivé  en  a  fait  cadeau  à  Esclirielil. 

Nous  ne  croyons  pas  que  la  soudure  plus  ou  moins 
complète  de  la  seconde  et  de  la  troisième  cervicale,  soit 
par  les  apophyses,  soit  par  le  corps  de  la  vertèbre,  ait  une 
valeur  zoologique  quelconque.  C'est  une  disposition  pure- 
ment individuelle. 

Nou.s  ne  pouvons  donc  partager  Tavis  de  ceux  (]ui 
voient  dans  ruiiion  de  la  seconde  et  de  la  lioi.sième  cervi- 


(  287  ) 
cale  un  des  caiaclèies  par  lesquels  le  genre  Balwnoplcm 
se  distingue  du  genre  pliysalus.  L'axis  est  soudé  à  la 
huitième  cersicAe  &àns  plusieurs  squelettes  de  Balœnop- 
leva  rostrala,  dans  un  squelette  de  Balœnoplera  sain/ioci  et 
dans  un  squelette  de  Balœnoptvra  houœrchsis.  Dans  ce 
dernier,  la  quatrième  cervicale  est  encore  soudée  à  la 
troisième. 

Il  y  a  des  squelettes  de  cette  espèce  dans  lesquels  on 
voit  les  apophyses  transverses  inférieures  des  vertèbres 
cervicales,  depuis  la  troisième  jusqu'à  la  sixième,  coudées 
de  manière  à  figurer  deux  os  soudés  l'un  an  bout  de 
l'autre. 

BAL.KNOITKliA   IIORKAIJS,  CuV. 

Sv.N.  h'alœnoptera  lalkeps ,  Gray. 
lialœna  roslrala,  Riidolphi. 
Rorqual  du  Nord  ,  Cuvicr. 

L"animal  a  de  50  à  55  pieds  de  longueur,  sa  nageoire 
pectorale  est  toute  noire,  ses  fanons  sont  de  la  môme  cou- 
leur, les  vertèbres  sont  au  nombre  de  cinquante-six,  les 
côtes  au  nombre  de  quatorze  et  le  sternum  est  en  forme 
de  disque. 


j               DATL. 

Sc\o. 

Titille. 

I.IKLX. 

1 

MISÉES. 

Obscf%-€ttinns. 

^21  iévr.  1819    . 

9 

32' 

Hulstein. 

Pierlin. 

Riulolplii. 

29  août  1811     . 

:>2' 

Zuidcr-Zco. 

Leyde. 

r.oosjp.''.   Rcinwar.lt. 
'  San.lilorl. 

-       1861    . 

_ 

— 

Cap  Nord. 

Bruxelles. 

M.  Flower. 

1  lojuin  1861.     . 

— 

— 

Iles  Loffodcn. 

liorgen. 

M.  Sars. 

.luillcl  l86o  .    . 

— 

— 

NorwéiiO. 

Bc)-geii. 

-- 

(  288  ) 
Bal.einoptera  mlsculus. 

Sy.n.   Plujsalus  anliquorum  y  (jvi\\. 

lîalœnoptcra  commums  ,  Van  B'.,'n. 

—  (jigas ,  Esclir. 

ftafciaoptère  de  la  Méditerranée. 

L'animal  a  de  70  à  80  pieds  de  longueur,  quelquerois 
même  un  peu  plus;  ses  nageoires  pectorales  sont  noires; 
ses  fanons  le  sont  également,  mais  souvent  striés  de  blanc 
surtout  en  avant;  il  y  a  soixante-deux  vertèbres,  (piinze 
côtes  et  le  sternum  est  en  forme  de  trèfle. 

Le  tableau  suivant  indique  les  individus  qui  sont  venus 
échouer  et  dont  on  a  conservé  des  restes.  On  voit  par  le 
nombre  que  c'est  l'espèce  la  plus  commune. 

Sur  vingt-sept  individus  dont  on  a  constaté  le  sexe,  il  y 
a  eu  quinze  màlcs  et  douze  femelles;  parmi  ces  mâles  il 
y  en  a  cinq  de  iO  à  50  pieds,  tandis  qu'il  n'y  a  que  trois 
femelles  au-dessous  de  oO  pieds.  Il  y  a  trois  mâles  de 
70  à  80  pieds  et  parmi  les  femelles  il  y  en  a  quatre  qui 
atteignent  cette  dimension.  Il  n'y  a  donc  pas  de  diiférence 
de  taille  selon  les  sexes.  Le  plus  petit  animal  échoué 
connu  est  celui  qui  est  venu  se  perdre  près  de  Perpignan. 


(  ^(S9 


M.trs  1800 
Avril  1800 
Novembre  1800. 

—  1803. 

-  18Gi. 
Juin  180é->. 
Août  18GP). 

-     I80;!. 

\h:\! 

180t>    .... 

Février  180^2.  . 
1  septcmb.  1801. 
Décembre  1800. 
Mai  1859  .  .  . 
Novembre  i8o8. 
-  18o9.- 
Tout  Tété.  .  . 
1858  .... 
1857  .  .  .  . 
15  février  1857. 
Mars  -1850    .     . 

20  nov.  1851.    . 
-.     1850.    . 

10  nov.  1854.  . 
Printemps  4840. 
1845. 
Août  1843.  .  . 
Janvier  184:2.  . 
Avril  1842  .  . 
Décembre  1841. 

21  sept. -1841.  . 
Septembre  1840. 
Février  18i0.     . 


47' 
07' 


70' 


4ô 
50' 
51' 


OÙ' 
50' 
19' 

00' 

00' 
50' 
72' 


02' 

00' 

75' 
40' 
05' 
05' 
41' 


Au  Nieiiwen-Dain. 

Au  Helder.        j 

eûtes  de  Hollamle.    , 

Manche.  i 

Ile  S'*Marguerite.  . 
Côtes  d'Espagne.^! 

Falmoutii.  [ 

S'-Tropez.  I 
Port-Vendres. 

S'-Brieuc.  i 

Wick.  1 

GreifswaUI.  ' 
Hérault. 
Groenland. 

Toulon.  ' 

Norwégc. 
port-Vendres. 

Tami.se. 
Yarmoulli. 
Boulogne. 
Oreadcs. 

eûtes  de  IloManile. 

Margate. 
Bordiglicra. 
Farsund. 
Côte  de  S'-Malo. 
FirthofForth. 
Pas-de-Calais. 
Ile  de  Wight. 
KatwykaenZee 
Nord-Zélande. 
Meuse.  Emb. 
Yarmoulli. 


Bruxelles. 


Barcelone  ou  .Ma- 
drid. 

Alexandra  Park. 


S'-Brieuc. 
Greifswaîd. 


Bergen. 
Perpignan. 
Iles  Loffoden. 

Londres,  r.oclieviUe 
gardrii. 

Londres.  cr.ANK. 


Anvers.    ■ 

A  Londres  cl  à  Cam- 
bridge. 

Ligurie  occid.) 


M.  Van  Beneden, 
M.  Flowcr. 

M.  Gervais. 

M.  Gervais. 

Idem. 

M.  Mmicr. 


Vue  avec  sou    lialci- 

IICUU. 

M.  Malmgren. 
M.  Gervais. 
M.  Mûrie. 


Ile  de  Wight. 


M.  Gervais. 
M.  Sars. 


,!ourn.  pohlKiucs. 
.M.  Van  Beneden. 


Edimbourg. 

MM.Gervai.s  et  r.Iain- 
xille. 


Schlegel. 

Copenhague. 

Schlegel. 


(  290  ) 


OATK. 

laiMe. 

Sexe. 

LIEUX. 

MU.SÉES. 

Obscvftitions. 

1887     .... 

68' 



Côtes  Norwége. 

Christiania. 



1836    .... 

70' 

— 

Jutland. 

Louvain,  cr.\ne. 

— 

d836,se])t.   .    . 

ol' 

P 

Hollande. 

- 

Sdûegcl,  A blicnid. 

1833,  17  .sept.    . 

56' 

9 

Wyk  aen  Zce. 

Vrolik. 

■2  octobre   1831. 

102' 

— 

Pjyniouth. 

- 

— 

7  sep  te  m.  1831. 

79' 

9 

Plymouth. 

British  Muséum. 

— 

o  octobre   1831. 

79' 

— 

Xorth  Berwick. 

Edimbourg. 

Knox. 

1830    .... 

63' 

— 

lîrighton. 

— 

— 

IG  août  1829.    . 

41' 

a' 

Somme,  emb. 

— 

M.  Ravin. 

Tt  nov.      1828. 

72' 

_ 

S"  Cyprien. 

Lyon. 



4  nov.       1827. 

80' 

9 

Ostende. 

Dubar. 

Avril  1825    .    . 

ii' 

o" 

Ile  Rugen. 

Greifswald. 

~             i 

x\vril  182o    .     . 

70' 

9 

Ouest  Irlande. 

— 

Arthur  Jacob.    '[ 

7févr.  1812.     . 

- 

— 

Somme,  emb. 

P.oulogne, 

IRACMCNTS    TÈTE. 

— 

Hiver  1817-18  ,. 

82' 

— 

Shetland. 

- 

Scoresby.        j 

23octob.    1808. 

43' 

o' 

Firlhof  Forth. 

— 

]>at.  Meill. 

20  mars  1798    . 

82' 

9 

Me  S','-M;iigucrile. 

Paris. 

-18  juin  1797.     . 

70' 

— 

Cornouaiilcs. 

— 

- 

28  nov.  1791.    . 

o2' 

9 

Hollande. 

— 

Bknncnbach. 

10  juin  1701.     . 

46' 

- 

Firth  of  Forth. 

— 

Walker. 

1   19  juin  17o2.     . 

o2' 

- 

Berwickshire. 

— 

Scoresby. 

1  vSeptenib.    1692. 

78' 

o'- 

Firlhof  Fort  II. 

j            "" 

i 

Bal^.inoptera  Sibbaldii,  Grny. 

Sy.n.  BaJœnoplcra  latirnslris,  Flouer. 
Balœnnplerd  Carolinw ,  Mnlrn. 
Slcypircydr. 

L'animal  a  de  70  à  80  pieds.,  les  nageoires  pectorales  el 
les  fanons  sont  noiis;  il  a  soi.xante-lroisoii  soixante-qnatre 
vertèbres,  quinze  on  seize  côtes  et  le  sternum  peu  dévelop|)é. 


JiiiU.  de  lArtui  2-!scrie ./m,e  XX\7I.  l).::<)l 


Û.. 


& 


'"^1 


/ïa^a'/feipfera    mnscu/tt.? 


K 


V 


\i     i .     S,MaM/,\ 


llfiix  un  la  |ii'i-siMii-i>  ilrs  lialei  loplprcs  a  pIp  roiislatro  m  Kurop 


(  ±H 


DATK. 

Sexe. 

T.iille. 

I.lKl  X. 

MISKES. 

UhH»-f\-ttti<itts. 

10  mars  18:27.  . 

? 

i)  V 

Ile  d'Oleron. 

V 

Signalée  par  Lesson. 

18i7     .... 

- 

t  6lis  d'Angleterre. 

Hull. 

Le  docteur  Gray    et 
M.  Flowcr. 

— 

— 

Cdtps  de  Hollande. 

BritishMusenni. 

— 

1868    .... 

- 

70' 

Islande. 

Coiicnhagne. 

L'ne  lètc. 

an  inoin.s] 

18GS     .... 

- 

- 

Islande. 

? 

r.ottcmnnn. 

^Jii  ...•toh.   l8Go. 

^' 

i(l''ii6 

Côle     occidentale 
de  Suù.le. 

('.(ttliiiilii)Ui'Li. 

D.ciil    |.:..   .M.   lM:i!ni. 

RESUME. 


BALKLNOPTERES  DU  ^ORD  DF.  L  ATLAMIQUr 


NOMS  : 

Nonibic 

de 

cotes. 

Nombif 

de 

vertèbres. 

.STKHMM. 

L  O  3i  C  U  E  t'  Il 

de 

i/ammaî.. 

llahiMioi».  rosli-ala  .     . 

11 

i8 

En  croix  laiinc. 

-IT^  à  ;îO  iiii'ds. 

—        l)oiva!is  .     . 

la 

oo 

En  disque. 

30  à  l-îo     — 

—        niuscuhis 

\o 

&2 

En  trètlc. 

70  à  SO     — 

—        sihljaldii. 

16 

63-6  i 

Rudimentaire. 

70  h  80     - 

La  planche  qui  accompagne  celle  nolice  représenle  les 
lieux  où  Ton  a  constaté  la  présence  des  baleinoplères  en 
Europe.  Nous  avons  indiqué  par  des  couleurs  et  par  des 
cliiiïres  lesdilTérenles  espèces  qui  ont  été  observées.  C'est 
la  Ba(œ)(optera  musculiis  qui  a  échoué  le  plus  souvent; 
après  elle  vient  la  Balœnoplera  rostrala  ;  la  Bahvnoplcra 
borcalis  ou  laliccps  et  la  Balœnoplera  sibbaldii  sont  les 
plus  rares. 


(  ^>!»2  ) 


Rec/icrc/tcs  sur  Vlsomérle  dans  la  série  salicylique ,  par 
M.  f.oiiis  Ilcniy,  correspondant  de  l'Académie. 

PREMIÈRE  PARTIE. 

Dérivés  chlorés  de  r aldéhyde  salicylique. 

D'après  la  théorie  si  ingénieuse  et  si  féconde  des  Coni^ 
binaisons  aromatiques,  proposée  en  1865  par  M.  Ke- 
kulé  (1),  théorie  devenue  classique  aujourd'hui,  chaque 
dérivé  hisuOstiiuéde  la  henzine  CcH4ip\peut  et  doit  même , 
du  chef  des  rapports  de  position  que  peuvent  affecter  dans 
le  noyau  CoH^  les  deux  radicaux  R  et  R',  exister  sous 
trois  variétés  isomères  différentes. 

Au  toluène  CqU^  —  CH5  et  à  Vacide  bvnzoïque  C^Hj;  — 
COHO,  composés  uniques  et  toujours  identiques  à  eux- 
mêmes,  quelle  que  soit  leur  origine  (2),  doivent,  en  vertu  de 
cette  règle  théorique,  correspondre  des  dérivés  monosub- 
slitués  CoHij^jj  et  CoHij^QjjQ,  représentés  chacune  par 
trois  corps  différents. 

L'expérience  n'a  apporté  jusqu'à  présent  que  des  con- 
firmations à  ces  idées  générales. 

Les  dérivés  monosubstitués  du  toluène  et  de  l'acide 
hcnzoïque,  assez  nomhreux  aujourd'hui,  grâce  aux  rc- 


(1)  Bulletin  de  la  Société  chimique  de  Paris,  tome  III ,  p.  98. 

(2)  Voir,  quant  à  ridenlité  des  acides  henzoique,  dracylique  cl  saly- 
liqtie,  Beilstein  et  Reichenbach,  Annalen  der  Cliemie  und  Plinrm., 
l.  CXXXII ,  p.  157  et  p.  309;  voir,  quant  au  totui'nc,  nertlielol  ,  Comptc'i 
rendus,  t.  LXVIII,  p.  GOG,  mars  18G9. 


(  â95  ) 

cherches  de  divers  chimistes  parmi  lesquels  nous  citerons 
particulièrement  MM.  De  Ville,  Cannizaro,  Kolhe,  Ke- 
Iviilé,  Limpricht,  lliihiier  et  surtout  M.  Beilstein,sc  répar- 
tissent en  effet  en  irois  groupes  ou  séries  distinctes,  une 
série  orl/to,  une  série  para  et  une  série  mêla,  séries 
qui,  renfermant  chacune  comme  termes  particulière- 
ment caractéristiques  un  acide  benzoïque  monochloré, 
CjH-ClO.2  (1)  et  un  acide  diatomique  C7H0O5  (2)  pour- 
raient s'appeler,  respectivement,  du  nom  de  ces  composés , 
séries  benzoïque  ou  oxybenzoïqiie,  série  dracylique  ou 
paraoxjjbenzoïque ,  série  salyiic^ne  ou  salicylique. 

Quoi  qu'il  en  soit  du  nom  à  donner  à  ces  séries  d'iso- 
mères, elles  sont  hien  loin  d'être,  à  l'heure  qu'il  est,  égale- 
ment complètes;  les  composés  qu'elles  renferment  se  for- 
ment, en  effet,  dans  des  conditions  diverses  qui  ne  se 
réalisent  pas  avec  la  même  facilité  pour  chacune  d'elles. 
L'acide  benzoïque  donne  aisément  les  dérivés  de  la  série 
orllio  ou  de  la  série  de  son  nom;  soumis  à  l'action  du 
chlore,  du  brome  ou  de  l'acide  azotique,  le  toluène  donne 
facilement  et  volontiers  les  dérivés  de  la  série  para  ou 
série  dracylique;  c'est  même  cette  série  qui ,  grâce  aux 
persévérantes  et  fructueuses  recherches  de  M.  Beilstein , 
aidé  de  ses  élèves,  est  aujourd'hui  la  mieux  représentée; 
quant  aux  dérivés  salicyiiques,  on  les  a  obtenus  par  des 
voies  diverses,  surtout  aux  dépens  de  l'acide  salicylique 
lui-même. 

Dans  le  tableau  suivant  sont  indiqués  les  composés 
principaux,  choisis  parmi  les  plus  simples  et  les  mieux 


(1)  Acide  chlorobenzoïque,  fusible  à  15-2";  acide  parachlorobenzoïquc 
ou  chlorodracylique,  fusible  à  256",  acide  chlorosalylique,  fusible  à  157". 

(2)  Acides  oxybenzoique,  paraoxjbenzoïque  el  salicylique. 

2"''  SÉRIE,  TOME  XXVH.  20 


(  294  ) 

connus  de  chacun  de  ces  groupes  (1).  On  pourra  juger  par 
là  de  l'étal  actuel  de  l'isomérie  dans  les  dérivés  tohiéni- 
ques  et  benzoïques  : 


Sé7-ie  ORTHO 

ou 
Série  BENZOÏQUE. 


Série  PARA 

ou 
Série  DRACYLIQL'E. 


Série  META 

ou 

Série  SALYLIQUE. 


r.     H     iHOO 

'"e"*  COHO 


r  H  *"0 


Acide  oxyhenzoïque.  Acide  par aoxyhenzoïque. 


C.H 


IHO 


«"*jCOHO 

yicide  $alicyliqt(e. 


^e»i\c  HO 

A  Idéfi yde  ajiisiq ue. 


Aldéhyde  salicylique. 


C,H, 


jHO 
(HO 


Hydroquinone. 

Crésol  oxyhenzoïque 
(Korner)  (2). 


P„iHO 

Résorcine. 


GgH^ 


jHO 
(CH3 


Crésol  solide  (Korner)  (3) 


(,j,;ho 

^«"*|H0 

Pyrocatéchi 


C.H. 


,0/ 


'<|COHO 

.4i/(/('  chlorohcnzoiqHc. 


^6"4,cOHO 


^'«H, 


(COHO 


Aride  chlorodraryliquf^.         Acide  chhrosalyliqnf 


CgH^ 


(COHO 


C  H  ^^'^ 
'^'•5"*/C0H0 


w4m/e  bromobenzo'ique  (4).       /lc?"(/e  hromodracyliqiie. 


(1)  Nous  avons  omis  dans  ce  tableau  les  dérivés  si  nombreux,  chlorés, 
nitrés,  etc.,  des  divers  acides  et  aldéhydes  chlorobenzoïques,  des  acides 
amidobenzoïques,  de  même  que  ceux  du  toluène  monochloré,  les  toluènes 
télrachlorés,  pentachlorés,etc.,  préparés  récemment  par  M.  Beilstein. 

(2)  Bull,  de  rAcad.  royale  de  Belgique ,  t.  XXIV,  2»  série,  1867,  p.  135. 

(3)  Ibid.,  page  153. 

(4)  Acide  bromobenzoïque,  fusion  à  155"  (Hubner);  acide  bromodracy- 
lique,  fusion  à  251°  (Hubner  et  Ohly). 


'^«"<|COHO 

^cide  iodohenzoiqne  (I). 


C  H   ((Az  0.) 
^6"<|C0H0 

Acide  nitroheuzoïque  [7>) 

^^"<  COHO 


(  2!)o  ) 

Acide  iododrucylique 
(Korner)  (2;. 

Acide  n  il  rodra  ctjliq  ne. 


C«H, 


(COHO 


Acide  hmzumiqm  4L  /Icà/e  amidodracij tique.  Acide  anlhrayiilique. 


Acide  azobenzoïque. 
Xilr(>l(dHè)ie  Uquide 


/<c(c?e  azodractjlique. 
yHrotoIuène  soli  !e. 
Tiduène  monochloré. 


Chlorure  île  )ntrnf)Pii-ijlc 
liqitidf  ? 


Chlorure  de  nilrohenzijle 
so'ide. 


Cliliirnre  de  chlorol)euz\jU>. 


Toluène  Irichloré. 


(1)  Fusion  à  187°  (Hiibner). 

(2)  Bull,  de  VAcad.  royale  de  Belgique,  l.  XXIV,  iL''  série,  1867,  p.  1o7 

(3)  Acide  nitrobenzoïque,  fusion  à  1:27". 

—  dracjlique,  fusion  à  240". 
(i)  Acide  benzamique,  fusion  172'-174". 

—  aniidodracylique,  fusion  à  187". 

—  anlliranilique,  fusion  à  144"-14ry'. 


(  296  ) 


Toluène  Mnichloré 
(Linipriclil)(l). 

Toluène  tétrachloré 
(Beilslein)  (2). 

Toluène  brome. 

Toluène  iodé  (Korner)  (4). 

Toluène  létrarhlon- 
(Kolbe)  (7,). 

, 

Toluidine  soliih. 

^e"*|CH,HO 

Alcool  chlorodracylique. 

Aldéhyde  chlorodracylique  (ri). 

L'importance  générale  et  l'intérêt  tout  cFactualité  qno 


(1)  Luiuide,  bouillanl  à  '24'i"-246".  Voir  Annalcn  der  ('hernie  uurJ 
Pharm.,  l.  CXXX[II,  p.  58,  année  1865. 

(2)  Voir  Zeitsclirifl  fiir  ('hernie,  t.  IV,  p.  277,  année  1808. 

(5)  Solide,  fusible  à  50°;  bouillant  à  260°.  Voir  Annalen  der  Chemic  und 
Pharm.,  I.  CXV,  p.  195,  année  1800. 

(4)  Bulletins,  l.  XXIV, 2*  série,  p.  156,  année  1867. 

(_5)  11  n'est  pas  possible  jusqu'ici  dé  rapportera  Tune  ou  à  l'autre  de  ces 
séries  d'une  nnauière  certaine,  puisque  l'on  n'en  connaît  aucun  dérivé  carac- 
téristique, le  crésol  liquide  du  goudron  de  bois  el  de  houille,  la  toluidine 
liquide  de  M.  Rosensthiel ,  le  nitrotoluène  liquide  et  le  chlorure  de  benzyle 
nilré  liquide  Cell^  (AïOa)  CH^C/o.  Il  est  cependant  probable  que  ces  deux 
derniers  dérivés  font  partie  de  la  série  Orlho  ;  l'oxydation  du  toluène  par 
l'acide  azotique  funnant  donne  en  effet,  outre  l'acide  nitrodracylique,  de 
l'acide  nitrobenzoïque.  Voir  Beilstein  et  Geitner,  Annalen  der  Chemie 
und  Pharm.,  t.  CXXXIX,  p.  355. 


(  Hdl  ) 

l'on  attache  aux  composés  isomères  nous  ont  porté  à  en- 
treprendre des  recherches  en  vue  de  compléter  la  série  des 
dérivés  salicyliques. 

Notre  but  dans  l'étude  que  nous  avons  commencée,  après 
et  comme  tant  d'autres  cliimistes,  est  non-seulement  de 
former  des  combinaisons  nouvelles  et  de  combler  des 
lacunes,  mais  encore  et  principalement  de  trouver  des 
matériaux  pour  la  solution  de  ces  questions,  les  plus  im- 
|)ortantes  et  les  plus  hautes  que  la  chimie  puisse  [)oscr, 
la  détermination  du  lieu  chimique,  c'est-à-dire  la  struc- 
ture intime  des  composés  organiijues,  et  les  causes  de 
l'isomérie,  c'est-à-dire  l'inlluence  qu'exerce  sur  les  pro- 
priétés d'un  système  moléculaire  donné,  les  diverses  cir- 
constances de  sa  formation. 

C'est  la  première  partie  de  ces  recherches  que  nous 
avons  l'honneur  de  présenter  aujourd'hui  à  l'Académie. 

L'aldéhyde  salicylique  nous  a  paru,  à  la  suite  des 
recherches  dont  son  acide  a  été  l'objet  de  la  part  de 
MM.  Chiozza,  Kolbe  et  Lautemann,  Couper  et  Kekulé, 
propre  à  nous  fournir  immédiatement  quelques  dérivés 
nouveaux  et  dignes  d'intérêt. 

Les  propriétés  bien  connues  de  ce  composé  et  ses  rap- 
ports intimes  avec  l'acide  salicyliijue,  dont  la  signihcation 
chimique  est  déterminée  avec  exactitude,  permettent  de 
l'envisager  tout  à  la  fois  comme  une  akléhyde  et  un  phé- 
nol; ce  sont  ces  relations  qu'exprime  bien  la  formule  gé- 
néralement admise  C^Hil^f^Q 

Si  cette  interprétation  est  vraie,  l'aldéhyde  salicylique 
CyHtjOs  doit  pouvoir,  en  cette  double  qualité,  engendrer, 
par  le  remplacement  successif  ou  simultané  de  l'hy- 
droxyle  (flO)  ou  de  l'oxygène  aldéhydique,  par  du  chlore 
eii  quantité  équivaieiile,  sous  raction  (Fuii  ayeiil  [M'opre  à 


(  298  ) 

délerminer  ces  sortes  de  substitution,  tel  que  le  [)enta- 
clilorure  de  phosphore,  les  trois  dérivés  suivants  ; 

C^IlJp.,^      Aldéhyde  salicylique. 

C,,  H  J .,„  ç.     Crésol  salicylique  bicliloré. 

{Cl 
Cs^iAruci     Méiatoluène  trichloré. 

^6^4)CHO       Aldéhyde  chlorosalylique. 


L'expérience  a  pleinement  confirmé  ces  prévisions  : 
nous  avons  obtenu  les  deux  premiers  de  ces  composés  par 
l'action  du  penlachlorure  de  phosphore  sur  l'aldéhyde  elle- 
même;  décomposé  par  l'eau  à  chaud,  le  métatoluène  tri- 
chloré  nous  a  fourni  l'aldéhyde  chlorosalylique. 

Crésol.  salicylique  bichloré  CoH/J^^^, 

Le  pentachlorure  de  phosphore  réagit  vivement,  dès  la 
température  ordinaire,  sur  l'aldéhyde  salicylique. 

Nous  avons  constamment  employé  ces  deux  corps  en 
quantités  proportionnelles  à  leurs  poids  moléculaires;  on 
fait  tomber  l'aldéhyde  par  petites  portions  sur  le  penta- 
chlorure placé  dans  un  ballon  plongé  dans  l'eau  froide; 
chaque  goutte  d'aldéhyde  détermine  un  abondant  dégage- 
ment et,  vers  la  fin  de  l'opération,  une  véritable  efferves- 
cence d'acide  chlorhydrique;  le  mélange  s'échauffe  consi- 
dérablement; avec  la  proportion  de  pentachlorure  que 
nous  avons  indiquée,  il  n'en  reste  que  fort  peu  d'inatta- 
qué;  on  obtient  comme  produit  immédiat  de  la  réaction 
un  liquide  faiblement  coloré  en  jaune. 


(  ^299  ) 

Pour  le  dcharrasscr  de  Texcès  du  peiitachloruie  employé 
et  de  l'oxydilorure  de  phosphore  qu'il  peut  reiireimer, 
on  agite  ce  liquide  avec  de  l'eau  en  grande  masse  avec 
laquelle  il  s'échautle  beaucoup;  on  obtient,  à  la  suite  de 
ce  tiaitemenl,  une  huile  épaisse,  de  couleur  brunâtre, 
plus  lourde  que  Peau  qui  se  solidihe  par  le  refroidisse- 
ment en  une  masse  cristalline  d'un  gris  verdàtre. 

On  dissout  cette  masse  solide  dans  l'alcool  à  chaud  ou, 
ce  qui  est  plus  facile,  dans  Téther  à  froid;  par  le  refroidis- 
sement ou ,  dans  le  second  cas,  par  évaporation  spontanée, 
cette  dissolution  laisse  déposer  des  cristaux  presque  blancs 
de  crésol  bichloré. 

On  redissout  ceux-ci ,  soit  dans  l'alcool ,  soit  dans  l'éther, 
en  présence  d'un  peu  de  noir  d'animal;  soumis  une  seule 
fois  à  ce  traitement,  ce  corps  est  d'une  blancheur  et  d'une 
pureté  parfaites. 

Outre  les  cristaux  de  crésol  bichloré,  cette  dissolution 
abandonne,  après  quelque  temps,  une  quantité  notable 
d'une  huile  épaisse,  brunâtre,  qui,  à  l'air,  va  en  s'épaisis- 
sant  de  plus  en  plus,  sans  cependant  se  solidifier  complè- 
tement. 

Ce  liquide  huileux  n'est  pas  volatil;  soumis  à  l'action  de 
la  chaleur  dans  une  cornue  en  vue  de  le  distiller,  il  s'est 
décomposé  au  delà  de  200°,  en  se  boursouflant  considéra- 
blement et  en  laissant  un  abondant  résidu  d'un  charbon 
brillant  et  spongieux;  il  s'est  dégagé  de  l'acide  chlorhy- 
drique  et  il  n'a  distillé  que  fort  peu  d'aldéhyde  salicylique. 
Distillée  dans  un  courant  de  vapeur  d'eau,  celte  huile 
disparait  presque  totalement,  sauf  un  faible  résidu  d'une 
matière  résineuse  noire,  en  donnant  de  l'aldéhyde  salicy- 
lique en  quantité  notable;  du  produit  huileux  [)rovcnant 
de   60   grammes  d'aldéhyde   nous  avons  retiré  environ 


(  500  ) 
17  grammes  d'aldéhyde  pure,  bouillant  à  195" -195"  (1). 

L'eau  dans  laquelle  a  été  faite  cette  distillation  est  très- 
acide,  de  même  que  celle  qui  a  servi  à  traiter  le  produit 
liquide,  résultat  immédiat  de  l'action  du  pentachlorure  de 
phosphore  sur  l'aldéhyde  salicylique;  elle  donne  avec  le 
perchlorure  de  fer  un  abondant  précipité  blanc. 

Nous  n'avons  pas  cru  devoir  nous  arrêter  à  déterminer 
la  nature  et  la  composition  de  ce  sel  fcrrique;  un  corps  en 
tout  semblable  à  celui-ci  par  ses  propriétés  et  formé  dans 
des  conditions  absolument  analogues  a  été  obtenu  et  décrit 
par  M.  Naquet,  dans  son  travail  sur  l'action  du  pentachlo- 
rure de  phosphore  sur  Facide  thymotique  (2).  Ce  précipité 
n'a  pas  présenté  à  l'analyse  une  composition  constante; 
M.  Naquet  l'envisage,  avec  raison,  croyons-nous,  comme 
le  sel  ferrique  d'un  éther  phosphorique  acide  de  l'acide 
thymotique.  Le  précipité  que  nous  avons  obtenu  a  vrai- 
semblablement la  même  composition  générale. 

Quant  au  produit  huileux  primitif,  la  décomposition 
qu'il  subit  sous  l'action  de  l'eau  avec  formation  d'aldéhyde 
salicylique,  jointe  au  dégagement  d'acide  chlorhydrique 
qu'il  fournit  alors  qu'il  est  soumis  seul  à  la  distillation , 
nous  autorise  à  l'envisager  comme  un  phosphate  ou  plu- 
tôt un  mélange  de  phosphate  et  de  chlorophosphate  d'al- 
déhyde salicylique.  Celle-ci,  en  sa  qualité  de  phénol  y  est 
susceptible  en  effet  de  produire,  sous  l'action  de  l'oxychlo- 


(1)  Dans  ridée  que  le  produit  huileux  de  celle  dislillalion  pouvait  èlre 
de  raldéhyde  salyli(iue  CgH^C/  — CUO,  nous  en  avons  conslalé  la  nalure 
avec  soin;  nous  nous  sommes  assuré,  par  une  expérience  direcle,  qu'il  ne 
renferme  pas  de  chlore. 

(2)  Bulletin  de  la  Socicté  chimique  de  Paris  .,  l.  IV,  18G5,  p.  92. 


(  301  ) 
rure  de  phosphore,  Irois  élhers  phos[)hori(iiies  diiréreiils, 
ainsi  que  Texprimeiil  les  équations  suivantes  : 

c- n,o  -  Ho -+- PO  c/- =  (c,  H,0)  (POc/,)0  +  lia 

i>C-  H5O  —  HO  -4-  PO  a.  =  (C,  11,0),  (PO  G/  )0,  -t-  2HC/ 
ÔC-  HgO  —  HO  H-  PO  CI.  =  (C.  ll^O).  (P0)0,        +  ÔHC/. 

On  sait,  en  effet,  qu'en  réagissant  sur  le  phénol  pro- 
prement dit  CoH;i  —  HO,  le  peutachlorufc  de  phosphore 
donne,  outre  la  henzinc  chlorée  C^\\,0,  du  phosphate 
tri|>hénylique  (CcH;^)^  (P/^OjOs  en  quantité  notahle. 

L'action  du  pentachlorure  de  i)liosphore  sur  l'aldéhyde 
salicylique ,  à  la  température  ordinaire,  est  donc  douhle  : 
en  tant  qiCaldèhude,  celle-ci  donne  tout  d'ahoïd  du  ciésol 
hichloré  et  de  l'oxychlorure  phosphorique 

CeH.jJ'^^^-l-PC^^CAi^Sc/.-^^^C'- 

réagissant  en  tant  que  phénol  sur  cet  oxychlorure,  elle 
donne  naissance  à  des  phosphates  en  dégageant  de  l'acide 
chlorhydrique;  ce  qui  montre  à  l'évidence  que  telle  est  bien 
l'origine  de  ce  gaz,  c'est  que,  dans  son  action  sur  Valdé- 
hyde  anisique  ou  mélhyl-paraoxyhenzoïqiie  C(;H4Jj£!|?-^ ,  le 
pentachlorure  de  phosphore  n'occasionne  aucune  efferves- 
cence ni  aucun  dégagement  gazeux  (J).  La  formation  des 
phosphates,  réaction  secondaire  quant  à  l'intérêt  du  |)ro- 
duit  qu'elle  fournit,  est  en  réalité  la  réaction  principale; 
en  admettant  qu'il  se  formât  un  phosphate  trisalicylique, 
ce  serait  le  quart  seulement  du  poids  de  l'aldéhyde  em- 
ployée qui  concourrait  à  former  du  crésol  hichloré;  c'est 
en  effet  de  cette  façon  que  les  choses  nous  ont  paru  se 
passer;  dans  une  de  nos  expériences,  42  grammes  d'aldé- 

(1)  Nous  rendions  compte  dans  une  |trocliaiiie  eonnmiin"eution  des 
l'ioduils  de  l'action  du  pentacliloiure  de  i'ljosi>lioie  bur  VaUklvjdc  aiu- 
sique. 


(  302  ) 

hyde  nous  ont  fourni  environ  12  grammes  de  crésol  bi- 
chloré;  au  quart  de  ce  poids  d'aldéhyde,  correspondraient 
une  quinzaine  de  grammes  de  ce  produit;  ce  sont  là,  du 
reste,  des  faits  analogues  à  ceux  que  l'on  constate  dans  la 
réaction  du  pentachlorure  PAC/^  sur  le  phénol  CoH;;  —  HO; 
la  benzine  monochlorée  CoIIyC/  n'en  est  non  plus,  comme 
quantité,  que  le  produit  accessoire. 

Cristallisé  dans  l'éther,  par  évaporation  spontanée,  le 
crésol  bichloré  constitue  des  prismes,  d'assez  grande  dimen- 
sion, incolores  translucides;  de  sa  dissolution  alcoolique 
chaude,  il  cristallise,  par  refroidissement,  en  petites  ai- 
guilles. Ces  cristaux  sont  durs  et  cassants,  dé[)ourvus  de 
saveur  et  d'odeur. 

Le  crésol  bichloré  est  assez  peu.  soluble  dans  l'alcool  à 
froid;  mais  il  est  très-soluble  dans  l'éther  et  le  sulfure  de 
carbone. 

Sa  solution  alcoolique  se  colore  en  rouge  foncé  par 
l'addition  du  perchlorure  de  fer. 

Il  se  fond  à  82°  en  un  liquide  limpide  et  incolore;  il 
n'est  pas  volatil,  il  se  décompose  en  laissant  un  abondant 
résidu  charbonneux  et  en  dégageant  de  l'acide  chlorhy- 
drique;  vers  200%  il  distille  une  petite  quantité  de  liquide 
qui  est,  non  de  l'aldéhyde  salicylique,  mais  probablement 
du  toluène  trichloré. 

Chauffé  pendant  quelques  heures  dans  un  tube  scellé 
avec  de  l'eau,  à  la  température  de  150"  —  170',  il  régé- 
nère, de  même  (jue  les  dérivés  bichlorés  en  général,  l'al- 
déhyde salicylique. 

C'."4cHC/,^-"^0  =  -"C'  +  Cc"^icH0. 

11  se  dissout  dans  les  alcalis  caustiques,  mais  non  dans 
les  carbonates  alcalins. 


(  505  ) 

L'acide  siiirurique  ordinaire  ne  le  dissout  pas,  même  à 
sa  Icmpéraliire  de  l'iision;  mais  il  se  dissout  déjà  à  IVoid 
dans  l'acide  sulfuriquc  fumant,  sans  le  colorer. 

Projeté  dans  de  l'acide  azoticpie  lumanl,  il  s'y  Fond, 
puis  s'y  dissout  par  l'agitation,  dès  la  température  ordi- 
naire, sans  donner  lieu  à  aucun  dégagement  gazeux; 
l'eau  précipite  de  cette  dissolution  du  crésol  nitrohiclilore 
C,H3JÎ.^j=^^"^,  sous  l'orme  de  llocons  qui  cristallisent  dans 
l'alcool  en  petites  aiguilles. 

Le  pentachlorure  de  phosphore  le  transforme  en  méta- 
toluène  trichloré  CoH4C/C[lC/.2. 

Nous  nous  sommes  horné,  dans  l'analyse  de  ce  [)roduit, 
ainsi  que  des  deux  autres,  à  la  détermination  du  chlore 
qui  en  constitue  l'élément  fondamental  au  point  de  vue 
qualidcatif;  le  dosage  de  cet  élément  sullit,  en  elfel,  à  lui 
seul  pour  caractériser  et  dilférencier,  comme  on  le  verra 
plus  loin,  ces  corps  au  point  de  vue  analytique. 

Ces  dosages  ont  été  faits  en  suivant  l'excellent  procédé 
de  M.  Carius  :  combustion  de  la  substance,  dans  des  tubes 
scellés  chauffés  au  bain  d'air  pendant  quelques  heures  à 
une  température  de  150"  à  200^  par  l'acide  azotique  et  le 
bichromate  de  potassium  simultanément,  en  présence  de 
l'azotate  d'argent. 

I  .0s'-,3520  de  substance  ont  donné  0s%5660  de  chlorure 
d'argent. 

IL  0^',2-2l9  de  substance  ont  fourni  0'',o5o6  de  chlo- 
rure d'argent. 


G,    .     .     . 
H,    .     .     . 

G/.,   ....         71  40,11  ô'),78  50,0  ■ 


0 


CALCULÉ 

TROUVE 



-'  -^.w^  ■-- — 

84 

47,45 

n 

G 

5,3a 

.. 

71 

40,11 

3'),78   ; 

16 

9,0a 

'^ 

177         100,00 


(  504  ) 


Mélaloluène  Irichloré  Ci^^^&^ç^f 

Il  résulte  en  dernière  analyse  de  Faction  du  pentachlo- 
rure  de  phosphore  sur  le  crésol  bichloré  C0H4  —  HO — 
CHC/^.  Voici  les  circonstances  dans  lesquelles  nous  l'avons 
obtenu  : 

On  a  distillé  dans  une  petite  cornue  tubulée  le  produit 
de  Faction  à  froid  de  Taldéhyde  salicylique  sur  le  penta- 
chlorure  de  phosphore  en  excès,  environ  une  molécule  et 
demie  de  pentachlorure  pour  une  molécule  d'aldéhyde  (1); 
la  boule  du  thermomètre  plongeait  dans  le  liquide. 

Cette  distillation  est  marquée  par  les  phénomènes  sui- 
vants :  l'excès  assez  notable  de  pentachlorure  ne  tarde  pas 
à  se  dissoudre  et  à  disparaître  dans  le  liquide;  il  ne  passe 
rien  ou  presque  rien  à  IJO^-ISO';  à  partir  de  150'' envi- 
ron, le  pentachlorure  de  phosphore  commence  à  se  subli- 
mer en  même  temps  qu'il  distille  un  peu  de  liquide;  la 


(1)  Cet  excès  de  pentachlorure  qui,  comme  on  le  verra  plus  loin,  passe 
inaltéré,  ne  nous  paraît  pas  inutile,  sa  dislillalion  facilite  celle  du  toluène 
trichloré  :  ce  qui  nous  porte  à  le  croire,  c'est  l'essai  que  voici,  essai  fort 
malheureux  et  que  nous  avons  regretté  eu  égard  au  [)rix  élevé  de  l'aldé- 
hyde salicylique  :  sur  48  grammes  d'aldéhyde  (4  moléc),  nous  avions  fait 
réagir  :20  grammes  de  pentachlorure  (1  moléc),  le  produit  liquide  de  la 
réaction  fut  chauffé  dans  une  petite  cornue  ;  vers  200^  alors  que  rien  ou  à 
peu  près  n'avait  encore  distillé,  toute  la  masse  s'est  charbonnée  en  se 
boursouflant  énormément  et  en  dégageant  des  torrents  d'acide  chlorhy- 
drique;  nous  n'avons  retiré  de  cette  opération  que  quelques  gouttes  de 
toluène  trichloré. 

On  sait,  du  reste,  qu'un  léger  excès  de  pentachlorure  sur  l'aldéhyde 
benzoïque  favorise  la  production  du  chloroben/.ol  Cglf;  -  -  ClIC/..  Voir 
Ko\be,  Le  hr  bue  II  der  Organischc  C/tcmic,  t.  Il,  p.  IHI,  et  C.  Wicke  , 
Annalcn  dcr  Cheinw  und  Phariii.  t  Cil,  p  5ol). 


(  m  ) 

lomporaliiic  s'élève  rcgiilièrcmcnl;  vers  220"  le  li^piidc, 
jusqiie-l;'i  raiblomenl  coloré,  noircit  suliitcmenl;  en  même 
temps  la  (lislillation  ,  jusque-là  fort  lente,  malgré  la  vive 
éhiillition  du  liquide,  s'active  de  plus  en  plus;  le  thermo- 
mètre reste  longtemps  slationnaire  entre  290'  et  oOO" 
avec  un  point  fixe  à  294*';  vers  la  fin  de  l'opération,  la 
température  s'élève  rapidement  vers  520",  toute  la  masse 
liquide,  encore  assez  notable,  restant  dans  la  cornue,  se 
boursoufle  et  se  cbarbonne.  Pendant  (oute  celte  distilla- 
tion, il  se  dégage  de  l'acide  chlorhydrique. 

I.e  liquide  distillé  est  incolore  et  fume  fortement  à  l'air; 
6i  grammes  d'aldéhyde,  en  deux  opérations,  nous  en  ont 
l'ourni  environ  125  grammes. 

Par  quelques  distillations  successives,  ce  liquide  se 
sépare  aisément  en  trois  portions  distinctes  : 

l*"  Une  première  portion  bouillanl  de  IIO*"  à  H 5°,  qui 
est  de  Foxychlorure  de  phosphore;  nous  en  avons  retiré 
45  grammes  des  125  grammes  de  produit  brul; 

2°  Une  seconde  portion  bouillant  de  200'  à  240"  et  qui 
est  du  toluène  trichloré  presque  pur; 

3"  Enfin  une  troisième  bouillant  de  290'  à  500"  envi- 
ron,  avec  un  point  ii\e  à  294%  distillant  en  se  charbon- 
nant  notablement,  qui  se  constitue  en  grande  partie  de 
pentachlorure  de  phosphore  mélangé  de  toluène  trichloré. 

Ces  deux  dernières  portions  ayant  été  réunies  et  traitées 
par  l'eau  et  le  carbonate  de  sodium  pour  les  débarrasser 
du  pentachlorure,  de  l'oxychlorure  de  phosphore  et  de 
Tacide  chlorhydrique,  nous  ont  donné  du  toluène  trichloré, 
sous  forme  d'un  liquide  huileux  plus  dense  que  l'eau. 

Ce  liquide  a  été  desséché  sur  du  chlorure  de  calcium  et 
du  carbonate  de  sodium  sec,  puis  soumis  à  quelques  rec- 
tifications. 


(  506  ) 

Ainsi  préparé  et  purifié,  le  toluène  trichloré  C0H4C/ — 
CHC/2,  constitue  un  liquide  clair  et  limpide,  réfractant 
fortement 'la  lumière,  d'une  odeur  pénétrante,  faible  à 
froid ,  se  développant  intensément  sous  Faction  de  la  cha- 
leur et  rappelant  celle  de  l'essence  de  térébenthine;  sa 
saveur  est  piquante. 

Sa  densité  à  la  température  de  9'^  est  de  1,415°.  Il  bout 
d'une  manière  constante  et  sans  laisser  de  résidu,  quand  il 
est  bien  sec,  à  la  température  de  227'-228°  (non  corrigé). 

Il  est  insoluble  dans  l'eau,  mais  il  se  dissout  aisément 
dans  l'alcool,  réther,etc. 

En  solution  éthérée,  il  donne  avec  le  brome  un  bromo- 
chlorure  solide  et  cristallin  CGHsBrC/ —  CHC/.2. 

L'acide  azotique  fumant  le  dissout,  à  la  température 
ordinaire,  sans  dégagement  gazeux;  l'eau  précipite,  après 
quelques  heures,  de  cette  dissolution  le  produit  nitré 
C,,li5(A^0.2)  C/— CHC/2,sous  forme  d'aiguilles  cristallines, 
formant  une  masse  volumineuse. 

Ses  propriétés  les  plus  remarquables  ont  rapport  à  l'ac- 
tion de  l'eau  et  à  celle  des  agents  d'oxydation. 

De  même  que  le  chlorobenzol  CoH-^  — CHC/ç,,  le  paratri- 
chlorotoluol  C0H4C/  — CHC/2  et  en  général  tous  les  dérivés 
chlorés  du  toluène  renfermant  deux  atomes  de  chlore  dans 
la  chaîne  latérale  CIÏ5,  le  mètalrichlorololuène  se  décom- 
pose avec  l'eau  en  donnant  une  aldéhyde  et  de  l'acide 
chlorhydrique. 

Cette  décomposition  se  fait  très-facilement;  elle  s'opère 
déjà  lentement  à  la  température  ordinaire;  aussi  le  liquide, 
neutre  d'abord,  devient-il  acide  et  fume-t-il  à  l'air,  après 


(  307  ) 
quelque  temps  alors  qu'il  n'a  pas  été  soigneusement  des- 
séché; elle  est  assez  rapide  et  totale  sous  l'action  de  la 
chaleur,  comme  nous  le  verrons  plus  loin;  elle  a  pour 
résultat  la  formation  d'aldéhyde  mêlachlorobenzoïqiie  ou 
c/ilorosnhjliqiie  CoH/.  Jq^q 

Chauffé,  pendant  quelques  heures,  avec  une  dissolu- 
tion d'acide  chromique  (hichromate  potassique  et  acide 
sulfurique  dilué),  il  se  transforme  en  acide  inclachloro- 
henzo'ique  ou  chlorosalf/liqiie  CcH/^C/  —  COHO,  suhlimable 
en  petites  aiguilles  et  fusible  à  157". 

0"',o036  de  ce  produit,  bouillant  à  227''-228%  ont  fourni 
O-^GBSI  de  clilorure  d'argent. 


CALCULE 

TROUVK 

^ .-«i» 

.■■ 

-  — 

C: 

:H,C/, 

c,   .    .    . 

.     .       84,0 

42,90 

.. 

H,   .     .     . 

.     .         5,0 

2,57 

» 

C/,  .     .     . 

.     .     100,5 

54,47 

54,46 

195,5 


Un  isomère  de  ce  produit  existe  déjà,  c'est  le  parairl- 
chlorololuène  obtenu  par  M.  Beilslein  (1)  dans  l'action  du 
chlore  sur  le  chlorobenzol  CoH^  — CHC/2  en  présence  de 
l'iode,  à  la  température  ordinaire.  Ce  toluène  trichloré, 
bouillant  à  236%  donne,  sous  l'action  de  l'eau,  de  l'aldéhyde 
parachlorobenzoïquc  et  sous  celle  de  l'acide  chromique,  de 
Vacide  parachlorobenzoïqite ,  fusible  seulement  à  23G'.  La 
différence  de  leurs  produits  d'oxydation  établit,  comme 
on  le  voit,  entre  ces  deux  toluènes  trichlorés  une  diffé- 
rence radicale. 


;i)  Annalen  dcrChem.  und  Pharm..  l.  CXLVI,  \^.  327,  aiinée  1868. 


(  508  ) 
Faisons  remarquer,  avant  d'aller  plus  loin,  cette  parti- 
cularité curieuse  rpii  résulte  du  mode  de  formation  du 
crésol  bic/iloré  et  du  métaloluène  Irichloré ^  c'est  que 
Voxyfjène  aidé fujdi que  est  plus  facilement  attaquable  par 
le  pentachlorure  PAC/g,  que  Vhydroxijle  phénol  y  que  (HO). 

Aldéhyde  métacJilorobenzoïque  (^c>^Acno 

Cette  aldéhyde  pourrait  encore  s'appeler,  comme  l'acide 
auquel  elle  correspond,  aldéhyde  chlorosalylique. 

Elle  résulte,  ainsi  que  nous  l'avons  déjà  dit  plus  haut, 
de  l'action  de  l'eau  à  chaud  sur  le  meta  toluène  Irichloré. 

Nous  avons  chauffé,  dans  des  tubes  scellés,  à  une  tem- 
pérature d'environ  170",  du  toluène  trichloré  avec  environ 
le  double  de  son  volume  d'eau;  après  quelques  heures,  la 
décomposition  est  complète;  le  toluène  trichloré  s'est 
transformé  en  une  huile  brunâtre,  plus  dense  que  l'eau, 
d'une  odeur  forte,  se  concrétant  avec  les  bisuUites  alca- 
lins, imprégnée  d'une  matière  solide,  cristallisée  en  pe- 
tites aiguilles. 

L'huile  est  l'aldéhyde;  le  produit  solide  dont  elle  est 
mélangée  est  de  l'acide  chlorosalylique  (f.  157"),  corps 
dont  on  s'explique  facilement  la  formation. 

La  purification  de  l'aldéhyde  est  des  plus  simples;  on  la 
sépare  de  son  acide  en  la  distillant  dans  un  courant  de 
vapeur  d'eau;  elle  passe  totalement  incolore,  on  la  des- 
sèche sur  du  chlorure  de  calcium  et  on  la  distille. 

L'aldéhyde  mélachlorobenzoïque  ressemble  beaucoup  à 
l'aldéhyde  benzoïque. 

Elle  constitue  un  liquide  incolore,  limpide,  réfractant 
fortement  la  lumière;  son  odeur  ressemble  à  celle  de 
l'aldéhyde  benzoïque,  seulement  elle  est  plus  piquante  et 


(  509  ) 
gagne  beaucoup  en  intensité  par  la  chaleur;  sa  saveur  est 
brûlante;  à  la  température  de  8%  sa  densité  est  1,29. 

Elle  est  insoluble  dans  l'eau,  mais  elle  se  dissout  aisé- 
ment dans  l'alcool ,  l'éther,  etc. 

Elle  bout  régulièrement  entre  210"  et  220%  sans  laisser 
de  résidu. 

De  même  que  les  aldéhydes  en  général ,  elle  s'oxyde 
rapidement  à  l'air,  même  dès  la  température  ordinaiie, 
en  se  transformant  en  un  produit  solide  qui  est  de  l'acide 
chlorosalylique  fusible,  à  157'\ 

Elle  se  combine  par  l'agitation  avec  le  bisulfite  de 
sodium  en  solution  chaude  et  concentrée,  en  donnant 
un  produit  solide  cristallisable  en  aiguilles,  d'où  l'acide 
sulfurique  et  les  carbonates  alcalins  régénèrent  l'aldéhyde. 

Elle  se  dissout  à  froid  et  sans  dégagement  gazeux  dans 
l'acide  azotique  fumant;  l'eau  précipite  de  cette  dissolu- 
tion, après  quelque  temps,  le  produit  nitré  CoH^  J^^^q^-^ 
sous  forme  d'une  huile  qui  se  solidifie  au  bout  de  peu 
d'instants  et  qui  cristallise  de  l'alcool  en  petites  aiguilles. 

0^^0242  de  ce  corps  nous  ont  donné  0'"',5295  de  chlo- 
rure d'argent. 

CALCULÉ  TROUVK 

G, 84,0  59,79 

H- 5,0  Ô,5C 

Cl Ô5,5  25,26            25,15 

0 10,0  11,59 


140,5  100,00 


Remarquons  que  l'aldéhyde  chlorosalylique  CoïIiC/  — 
CHO  est  isomère  avec  le  chlorure  de  benzoyle  CcH^;  — 
COC/.  —  Sous  l'action  de  l'hydrogène  naissant,  nous 

2""^  SÉRIE,  TOME  XXVII.  21 


(  310  ) 
espérons  la  transformer  en  aldéhyde  benzoïque  CgH^  — 
CHO  et  en  alcool  benzylique  CoH^J  —  CH^HO. 

Une  aldéhyde  chlorobenzoïque,  isomère  de  celle-ci,  est 
déjà  connue,  c'est  Y  aldéhyde  parachlorobenzoïque  qu'a 
obtenue  M.  Beilstein  (i)  de  différentes  manières,  soit 
en  décomposant  par  l'eau  le  chlorobenzol  monochloré 
C0H4C/ —  CHC/o,  procédé  qui  est  celui  que  nous  avons 
suivi,  soit  en  décomposant  le  chlorure  de  benzyle  C0H4C/  — 
CH^C/  par  l'azotate  de  [)lomb  en  solution  aqueuse,  soit 
enfin  dans  l'action  du  chlore  sur  l'aldéhyde  benzoïque  en 
présence  de  l'iode. 

D'après  la  description  que  nous  donne  M.  Beilstein  de 
son  produit,  les  deux  aldéhydes  meta  et  para-chloroben- 
zoïqiies  se  ressemblent  complètement;  mais  elles  s'éloi- 
gnent d'une  manière  radicale  par  les  propriétés  des  acides 
isomères  C7H5C/O.2  qu'elles  fournissent  par  oxydation; 
l'aldéhyde  para  de  M.  Beilstein  donne  de  l'acide  chloro- 
dracylique  fusible  à  256";  l'aldéhyde  meta,  que  nous 
avons  obtenue,  donne,  au  contraire,  l'acide  chlorosalylique 
fusible  à  157";  nous  avons  tenu  à  faire  cette  détermination 
aussi  exactement  que  possible,  puisqu'elle  constitue  pour 
ces  corps  un  caractère  tout  à  fait  distinctif;  ce  fait  suffit  à 
lui  seul  pour  établir  l'individualité  chimique  de  ces  deux 
produits  extérieurement  si  voisins,  identiques  de  compo- 
sition et  de  fonction. 

Nous  continuons  l'étude  de  ces  dérivés  salicyliques  et 
nous  nous  proposons  d'en  faire  connaître  les  résultats  dans 
une  communication  ultérieure. 


(1)  Annalen  der  Clicm.  und  Pharm.,  t.  CXLVII,  p.  5.V2  ot  suivanles 

IHOS. 


(  oil    ) 


CLASSE   DES    LETTRES. 


Séance  du  5  avril  1869. 

M.  Ad.  Borgnet,  directeur  el  président  de  l'Académie. 
M.  Ad.  Quetelet,  secrétaire  perpétuel. 

Sonl  présents  :  MM.  Steur,  Gachard ,  Paul  Devaux, 
P. De  Decker, Snellaert,  Haus,Polain,  Cli.  Faider,  le  barou 
Kervyii  de  Lettenhove,  Pi.Chalon,  Ad.  Mathieu, Thonissen, 
Th.  Juste, Félix  Nève,  A.>yauters,  membres ;]So\el(\eBYdiU' 
were  et  Scbeler,  associés. 

M.  Al  vin,  membre  de  la  classe  des  beaux-arts,  et  M.  Ed. 
Mailly,  correspondant  de  la  classe  des  sciences,  assistent  à 
la  séance. 


CORRESPONDANCE. 

M.  Eugène  Defacqz  remercie,  par  lettre,  de  son  élection 
de  directeur  pour  1870,  et  il  s'excuse,  par  une  autre  lettre, 
de  ne  pouvoir  assister  à  la  séance. 

—  Il  est  donné  connaissance  de  la  mort  deM.  J.-G.-V. 
de  Moléon,  associé,  décédé  à  Paris,  le  15  décembre  1856, 
ainsi  que  de  la  mort  de  M.  le  comte  Léon  de  Laborde, 
également  associé,  décédé  dans  la  même  ville  pendant  le 
courant  du  mois  de  mars  dernier. 


(  512  ) 

—  M.  Ad.  Qiietelet  annonce  que  la  1"  session  du  con- 
grès international  de  statistique  se  réunira  à  La  Haye  au 
mois  d'août  prochain;  il  dépose  en  même  temps  le  projet 
de  programme  de  ce  congrès. 

—  M.  le  Ministre  de  l'intérieur  transmet,  de  la  part  de 
la  Société  royale  Asiatique  de  Londres,  un  exemplaire  du 
travail  de  M.  Hunter,  intitulé  :  Dictionnaire  comparatif 
des  langues  de  l'Inde  et  de  la  haute  Asie;Â\  offre  un  exem- 
I)laire  du  Dictionnaire  des  distances  légales  entre  toutes  les 
communes  de  la  Belgique.  —  Remercîments. 

—  M.  le  secrétaire  perpétuel  annonce  qu'il  a  expédié 
aux  sociétés  savantes,  en  relations  avec  la  Compagnie,  les 
dernières  publications  académiques;  il  présente,  en  môme 
temps,  les  accusés  de  réception  de  la  Société  des  Anti- 
quaires de  Londres,  de  la  Société  statistique  de  la  même 
ville,  de  la  Société  historique  d'Ulrecht,  de  la  Bibliothèque 
royale  de  La  Haye,  de  la  Société  littéraire  de  Leyde,  des 
archives  du  département  du  Nord,  à  Lille,  et  de  la  Société 
d'émulation  d'Abbeville. 

—  M.  Louis  De  Backer,  ancien  président  de  la  Société 
d'histoire  de  la  Flandre  maritime,  à  Bergues,  fait  savoir 
que  cette  société  n'existe  plus. 

—  M.  le  baron  J.  de  Witte  offre  un  exemplaire  de  son 
travail  intitulé:  Recherches  sur  les  empereurs  qui  ont  régné 
dans  les  Gaules  au  IIP  siècle,  1  vol.  in-i°. 

La  classe  lui  vote  des  remercîments  })0ur  le  don  de  cet 
ouvrage,  ainsi  qu'à  MM.  R.  Chalon  et  Aug.  Scheler,  qui 
présentent  des  brochures  de  leur  composition. 


(  313  ) 


ELECTIONS. 


La  classe  adopte  (Jélinitivement,  après  y  avoir  ajouté  de 
nouvelles  candidatures,  la  liste  de  présentation  aux  places 
vacantes,  dressée  dans  la  dernière  séance. 


COMMUNICAÏIONS  ET  LECTURES. 


M.  Clialon  offre,  au  nom  de  M.  le  professeur  Auguste 
Soromenho,  de  Lisbonne,  un  fragment  sur  parchemin  d'un 
poème  llamand  du  XIIL'  siècle,  semblable,  d'après  l'opinion 
du  savant  portugais,  aux  fragments  intitulés  :  «  Trojaensche 
oorlorj  »,  publiés  par  M.  Blommaert  dans  ses  «  Oud 
Vlaemsche  Gedichten.  » 

Voici  le  contenu  de  la  lettre  qui  accompagnait  le  ma- 
nuscrit précité  : 

«  En  faisant  les  recherches  dont  j'étais  chargé  par  l'Aca- 
démie royale  des  sciences  de  Lisbonne,  pour  sa  grande 
collection  des  Portugaliae  Moniimenta  hislorica/fM  trouvé 
dans  les  archives  des  chanoines  de  Guimaràes  la  feuille 
d'un  poème  flamand,  du  Xlll''  siècle,  à  ce  que  je  pense,  et 
tout  à  fait  semblable  aux  fragments  Trojaensche  oorlocj, 
publiés  par  M.  Blommaert  dans  ses  Oud  vlaemsche  Gedich- 
ten. Les  chanoines  en  avaient  fait  la  couverture  de  quelques 
documents  de  1588! 

»  J'ai  sauvé  ces  600  vers  du  vandalisme  qui  a  détruit 


(  514  ) 
le  reste  du  poëme,  et  je  vous  prie,  Monsieur,  de  vouloir 
bien   en   faire  hommage,   en  mon   nom,  à   l'Académie 
royale  des  sciences  de  Belgique.  » 

La  classe  vote  des  remercîments  à  M.  Soromenho  et 
décide  le  renvoi  de  ce  parchemin  à  la  commission  chargée 
de  la  publication  des  anciens  monuments  de  la  littérature 
flamande. 


—  Les  séances  du  mois  de  mai  prochain  sont  hxées  aux 
lundi  iO,  mardi  M  et  mercredi  l±  Les  dispositions  né- 
cessaires seront  prises  par  M.  le  secrétaire  perpétuel,  de 
concert  avec  MM.  les  directeurs  des  trois  classes,  pour  l'as- 
semblée générale  qui  doit  avoir  lieu  à  la  même  époque, 
ainsi  que  pour  la  séance  publique  annuelle  de  la  classe  des 
lettres. 


(  515  ) 


CLASSE    DES   BEAUX- AllTS. 


Séance  du  V  avril  1869. 

M.  De  Keyser,  directeur. 

M.  Ad.  Quetelet,  secrétaire  perpétuel. 

Sont  présents  :  MM.  L.  Alvin,  F.-J.  Fétis,  Guillaume 
Geefs,  A.  Van  Hasselt,  J.  Geefs,  Ferd.  De  Braekeleer, 
Cli.-A.  Fraikin,  Ed.  Fétis,  Edm.  De  Busscher,  Alpli.  Balat, 
Aug.  Payen  ,  le  chevalier  L.  de  Burbure,  J.  Franck,  Gust. 
De  Man,  Julien  Leclercq,  membres-,  Daussoigne-Méhul , 
associé;  F.  Stappaerts,  correspondant, 

M.  Alph.  Wauters,  membre  de  la  classe  des  lettres,  et 
M.  Ed.  Mailly,  correspondant  de  la  classe  des  sciences, 
assistent  à  la  séance. 


CORBESPONDANCE. 


H  est  donné  connaissance  de  la  mort  de  M.  Louis  Cala- 
malla ,  associé  de  la  classe,  décédé  à  Milan  dans  le  courant 
du  mois  de  mars  dernier.  La  classe  apprend  avec  regret 
cette  perte  de  l'un  de  ses  associés  les  plus  distingués  qui, 
pendant  de  longues  années,  avait  pris  part  à  ses  travaux  et 


(  316  ) 

s'était  concilié  Testime  et  la  sympathie  de  ses  confrères. 
Une  lettre  de  condoléance  sera  écrite  à  la  famille  du  défunt. 

—  M.  le  Ministre  de  l'intérieur  transmet  une  expédition 
de  l'arrêté  royal  du  15  mars,  qui  nomme  MM.  L.  Al  vin,  le 
chevalier  Léon  de  Burhure,  F.-J.  Fétis,  Ch.-L.  Hanssens, 
Ad.  Mathieu,  Nolet  de  Brauwere  et  Snellaert  membres 
du  jury  chargé  de  juger  le  double  concours  des  cantates  du 
grand  prix  de  composition  musicale  de  cette  année. 

—  Le  même  haut  fonctionnaire  adresse  un  exemplaire 
de  la  Fantaisie  symphoniquc  jubilaire  académique  de 
M.  F.-J.  Fétis;  la  1''  livraison  de  la  4'  année  du  Trésor 
musical  (musique  religieuse),  publié  par  M.  R.-J.  Van  Mal- 
deghem  ;  et  la  4"  année  des  Causeries  popidait^es. 

M.  A.  Van  Hasselt  présente,  tant  en  son  nom  qu'en  celui 
de  M.  J.-B.  Rongé,  un  exemplaire  de  la  traduction  fran- 
çaise rhythmée  de  la  partition  :  Choix  de  30  mélodies  de 
Franz  Schubert j  éditée  par  la  maison  Henry  Litolff. 

Remercîments  pour  ces  divers  ouvrages. 

—  L'Institut  des  ingénieurs  civils  de  Londres  remercie 
pour  le  dernier  envoi  de  publications  académiques,  et  pro- 
met de  compléter  la  collection  de  ses  travaux  que  possède 
la  Compagnie. 


(  517  ) 


GRAND  CONCOURS  DE  COMPOSITION  MUSICALE 
DE  1869. 

La  classe  reçoit  communication  de  la  liste  complète  des 
poèmes  re(;us  pour  le  double  concours  des  cantates,  dont 
le  terme  fatal  expire  le  1"'  avril  de  cette  année. 

A'oici  les  titres  de  ces  poèmes,  avec  leurs  devises  respec- 
tives : 

CAMATES    FRANÇAISES. 

N""  1.  La  Belgique. —  Devise  :  Belge  est  noire  noïii  de 
famille. 

N°  2.  La  Chevrette  blanche. —  Devise  :  To  beor  nol  lo  be. 

(Shakespeare.) 

N*'  3.  Uan  IS61  on  la  menace  cVune  invasion.  — Sans 
devise. 

N"  4.  Les  600  Franchi  mon  lois.  —  Devise  :  Veel  moed , 
weinig  voorspoed. 

N"*  o.  Cantate  nationale  6e/^e,  accompagnée  d'une  Can- 
tate à  la  patrie  y  chœur  pour  être  intercalé  dans  la  cantate 
nationale  lors  des  grandes  cérémonies.  —  Devise  :  Espé- 
rance et  persévérance. 

N"  6.  En  J850.  —  Sans  devise. 

N"  7.  En  Belgique.  —  Devise  :  Je  t'aime,  ô  ma  patrie! 

N"'  8.  Ballade  danoise  en  quatre  cantates.  —  Devise:... 
6/;  pro  ratione  voluntas. 

N"*  9.  Ouverture  de  l'écluse  Léopold  pour  détruire  le 
banc  de  sable  devant  Ostende,  en  1865.  —  Sans  devise. 

N-  10.  La  Conversion  de  saint  Paul. — Devise  :  Saule  ! 
Saule  !  quid  me  persequeris  ?  (Acïa  apostolorum,  cap.  ix.) 


(  318  ) 

N"  M.  Derniers  moments  cVun  captif.  —  Devise  :  Ai-je 
eu  le  bonheur  de  mourir?  (V.  Hugo.) 

N"  12.  Gode  froid  de  Bouillon  et  les  Croisés.  —  Sans 
devise. 

N°  13.  La  Légende  de  Marguerite,  variations  sur  le 
pentamètre.  Fragment  d'une  nuit  d'été.  —  Devise  :  Quand 
même. 

N°  14.  Jacques  d'Artevelde.  —  Devise  :  Non  est  regnum 
propter  regem ,  sed  rex  propter  regnum,  26. 

N"  15.  Egmont  et  Homes.  —  Devise  :  Patrie  et  liberté. 

N*"  16.  Une  larme.  —  Sans  devise. 

N*'  17.  Paix  et  liberté.  —  Devise  :  //  n'y  a  point  de 
patrie  sans  liberté. 

N°  18.  L'homme  devant  la  création.  —  Sans  devise. 

N*"  19.  Cymodocée.  —  Les  martyrs  de  Chateaubriand , 
livre  XXIII. 

N"  20.  Léopold  le  Conciliateur.— ImuguYâiion  de  la 
statue  équestre  de  Sa  Majesté  Léopold  F%  roi  des  Belges, 
à  Anvers,  le  2  août  1868. 

N"  21.  .4  la  Belgique. —  Devise  :  A  la  patrie  mes  cœux 
et  mes  chants. 

N"  22.  Vœux  pour  la  guérison  du  Prince  royal.  —  Sans 
devise. 

N°  25.  Angèle  de  Montfort  (épisode  des  croisades).  - 
Sans  devise. 

N°  24.  La  Légende  de  Chèvremont.  —  Devise  :  Fabri- 
cando  fabri  fimiis. 

N"  25.  Atala.  —  Devise  :  Jai  passé  comme  une  /leur; 
fai  séché  comme  V herbe  des  champs.  (Job.) 

N"  26.  Orage  en  pleine  mer.  —  Appel  des  marins.  — 
Sans  devise. 

N"  27.  Les  Échos  populaires  belges.  —  Devise  :  Tra- 
vail j  paix,  liberté. 


(  519) 
N"  28.  Van  Dyck  à  Saienihem.  —  Sans  devise. 
N"  29.  Une  nuit  (Vêlé.  —  Devise  :  Ld  nuit,  pour  le 
poêle,  est  pleine  cV harmonies... 

N"  50.  SaphOj  au  rocher  de  Leucade.  —  Devise  : 

Je  ne  veux  pas  survivre 
Aux  mépris  d'un  amanl! 

N"  51 .  La  Mer.  —  Devise  : 

Qu'en  un  lieu,  qu'en  un  jour,  un  seul  lail  accunipli 
Tienne  jusqu'à  la  lin  le  lliéàlre  rempli. 

N''  52.  L'amour  et  la  charité  dans  nos  écoles  (jardienncs. 
—  Devise  :  Deus  char i tas  est. 

N*'  55.  Virginie.  —  Sans  devise. 

N"  54.  Liberté.  —  Devise  :  La  liberté  est  le  premier 
droit  de  l'homme,  le  droit  de  n  obéir  qu'aux  lois  et  de  ne 
craindre  qu'elles.  (Thomas.) 

N''  5o.  Léopold.  —  Sans  devise. 

N"  56.  La  dernière  nuit  de  Faust.  —  Devise  : 

Der  Herr.  —  So  lanrf  er  auf  der  Erde  lebl 

So  lange  seli  dir  's  nicht  verbotcn, 
Er  virt  der  mensch  's  lamfer  strebt. 

{Faust  von  Gokthk  ) 

N°  57.  Philippe  Van  Artevelde.  —  Devise  :  Vlaanderen 
den  Leeuiv. 

N"  58.  Les  Cobolds.  —  Devise  :  Fantasia. 

CANTATES    FLAMANDES. 

.V-  J.  Kain  na  AbeVs  moord.  —  Devise  :  Fn  Kaïn  zcfjde 
lot  den  Heere  :  Mijne  misdaad  is  grooter  dan  dat  zij  ver- 
fjeven  îoo/t/c.  (Genesis,  iv,  15.) 

N**  2.  De  tocht  door  de  Roode  zee.  —  Devise  ;  Vooruit! 


(  320  ) 

N°  3.  Vaderlands  zangstuk,  traduction  de  la  Cantate 
natmiale  n"  6,  portant  pour  devise  :  Espérance  et  persé- 
vérance. —  Devise  :  Hoop  m  Vaderland. 

N*'  4.  De  Avondstond.  —  Devise  : 

0,  zaligend  gevoel  dat  kunsl  besefons  biedt , 

V  mil  ik  voorgeen'  schat ,  noch  loereld  grooLhcid  iiict. 

i\"  5.  Klovis  en  Klothildis.  —  Devise  : 

Rykkleurig  zij  ook  in  vinding  en  vonn , 
De  gezangmelodie  van  den  Vlaming. 

N"  6.  Den  Oceaan.  —  Sans  devise. 
J\''  7.  Op  de  bergen.  —  Devise  :  Merveilleux  tableaux 
(pie  la  vue  découvre  à  la  pensée.  (Ch.  Nodier.) 
N"  8.  De  Zuster  van  Liefde.  —  Sans  devise. 
ÎV°  9.  De  Ontdekking  van  Anierika,  1492  —Devise  : 

Oprecht  verdienste  steeda  zal  geven 
Een  goeden  geur  aan  "t  samenlecen. 

i\"  10.  Noord  en  zuid.  —  Devise  : 

Wrok  en  veeten 
Zijn  versleten. 

N°  11.  Nac/iten  morgen.  —  Devise  :  Fiat  lux! 

N°  12.  De  Bloem.  —  Devise  :  'Ne  keer  oui  le  zien. 

N**  13.  La  même  cantate,  portant  la    même    devise. 

(  Verkort  afscfi  rift.  ) 
N"  1 4.  Het  werk.  —  Devise  : 

Horet ,  siel , 
Doch  en  swighel  niet , 
0  Sanger! 

iN°  15.  De  Molenaar  maler.  —  Devise  :  Ego  hœc,  ego 
arte  fabrkata  rustica. 


(  521  ) 
X"  IG.  Te  Groeninrje,  —  11  juli  1502.  —  Devise  :  ... 

Wal  schael  een  luttel  tijdt/' 

Uio  redit  blijfl  even  schoon.  (VoNor: l.) 

N"   1 7.  De  Lenle.  —  Devise  : 

Lof  m  (lank  der  Lent  gegeven 

Die  weer  '/  aardrijk  doet  herleven  ! 

N"  18.  Pieler  De  Corrinck  en  Jan  hreiphi  —  Devise  : 
Vlaanderen  den  Leeiiw. 

N"  19.  God  in  de  lente.  —  Devise  :  Den  Heere  lof. 

iV  20.  De  Winler.  —  Devise  :  Greift  nur  liinein  ina 
voile  memchenhben?  (Goethe.) 

.V  ±\.  De  Oogst.  —  Devise  : 

Gelukkig  die  in  t  bloeiend  veld. 
Ver  van  H  gewoel  der  steden, 
Zijn'  stille  levensdagen  slijt , 
Met  zorg  en  lot  tcvreden.  (  F.  Rens  ) 

X"  22.  De  Visscher.  )  —  Devise  :  ErbarmI  den  ami  en 
N"  25.  De  Winter.    ]  Hedjeszanger! 

Het  wéer  is  guur 
De  tijden  duur! 

N"  24-.  De  Verslooteling.  —  Devise  :  Ryk  en  arm. 

N''  25.  De  Zomer.  —  Devise  :  Het  zingen  is  de  ziel  van 
7  leven. 

N**  26.  ISaar  Amerika.  De  tij  komt  op.  —  Devise  :  Ver- 
geet  me  niet. 

N"  27.  Werk  en  liefde.  —  Devise  :  Itaalje  rocme  op  zijne 
scliilderSj  wij  hebben  onze  vlaamsche  school. 

N"  28.  De  Dageraad.  —  Devise  :  Ik  ben  eene  arme  lie- 
reman.  (T.  Yan  Ryswyck.) 

N"*  29.  De  Arbeid.  —  Devise  :  Arbeid  vereerd. 


(  322  ) 

N"  oO.  De  Moed.  —  Devise  :  Waarheid  moet  rjezonfjen 
worden. 

N"  51.  In  den  Inhu —  Devise:  Tous  les  genres  sont 
bons,  hormis  le  ridicule. 


COMMUNICATIONS  ET  LECTURES. 


M.  Daussoigne-Méliul  donne  lecture  d'un  essai  histo- 
rique sur  la  chanson,  depuis  les  temps  les  plus  reculés 
jusqu'à  nos  jours. 

La  classe  remercie  l'honorable  académicien  pour  celle 
intéressante  communication. 


Robert  Péril,  graveur  du  seizième  siècle;  sa  vie  et  ses 
ouvrages,  par  M.  le  chevalier  Léon  de  Rurbure ,  mem- 
bre de  l'Académie. 

Parmi  les  événements  qui  marquèrent  la  première  moitié 
du  seizième  siècle,  il  en  est  peu  qui  aient  excité  autant 
rattention  de  toute  la  chrétienté  que  le  couronnement  de 
l'empereur  Charles-Quint  par  le  pape  Clément  VII. 

Cette  imposante  cérémonie  eut  lieu ,  le  22  février  1530, 
dans  la  ville  de  Rologne,  où,  à  la  suite  du  sac  de  Rome, 
résidait  en  ce  temps  le  souverain  pontife. 

Le  surlendemain,  24  février,  jour  à  la  fois  anniversaire 
de  la  naissance  de  Charles-Quint  et  de  la  bataille  de  Pavie, 
où  le  roi  de  France  avait  été  fait  prisonnier,  on  donna  au 


(323  ) 
peuple  et  aux  soldats  une  grande  l'èle,  consistant  en  dis- 
tribution d'argeiU,  de  vin  et  de  comestibles.  Elle  fut  pré- 
cédée (le  la  sortie  d'un  brillant  cortège  triomphal ,  qui , 
parti  de  l'église  Saint-Pétrone,  conduisit  le  pape  et  l'em- 
pereur vers  celle  de  Saint-Dominique,  où  ce  dernier  tint 
un  chapitre  de  l'ordre  de  la  Toison  d'or  et  arma  plusieurs 
nouveaux  chevaliers. 

Le  retentissement  des  fêtes  de  Bologne  fut  immense. 
A  peine  furent-elles  terminées,  qu'on  en  publia  des  rela- 
tions dans  toutes  les  langues. 

Charles-Quint  lui-même,  le  héros  de  ces  magnificences, 
par  une  lettre  qu'il  adressa  le  jour  suivant  à  ses  sujets  des 
Pays-Bas,  ne  dédaigna  pas  de  leur  en  faire  connaître  les 
principaux  détails,  n'ayant  garde  de  passer  sous  silence 
l'accident  dont  il  avait  failli  être  victime,  lorsque,  à  l'en- 
trée de  l'église  Saint-Dominique,  une  partie  du  pont  de 
bois,  sur  lequel  chevauchait  le  cortège,  s'était  écroulée  au 
moment  même  où  il  venait  de  le  traverser  (1). 


(!)  {Commentarius  &rem,  etc.,  per  F.  Laurentium  Surium  Cartlmsiu- 
luini.  Coloniae  M  D.LXVI,  pp.  207-208)  : 

«  Jani  Ponlilex  sacralas  tunicas  et  clilaniydes  indiierat,el  sacra  solennia 
excullis  allaribus  parabanlur,  cum  Caesar  sub  umbellà  ornalissinio  pro- 
ccruni  comilalu  ad  templi  vestibuluni  pcrvenit,  ila  ut  vix  eo  paucis 
passibus  praetervecto,  tabulalapontis  praegravante  praelorianorunj  lurbâ 
fraiigerenlur  :  ibique  plerique  militibus  immixti,  foedo  casu  procidentes, 
sese  pilis  alque  securibus  induerunt,  inter  quos  fuit  Alberlus  Pighius, 
Belga,  Tlieologus  Luteromastix  :  niinima  lamen  pro  lumultu  clades  inci- 
dit  :  sed  facile  fuit  aestimare  ex  alrocitale  periculi,  quis  iii  (iermaun 
milite,  supra  ferociam  mililarem  naturâ  iniplacabili ,  animorum  habilus 
esset  fulurus,  si  ad  certain  omnium  perniciem  Caesar  ipse,  se  pauiulum 
vcrtente  fortuuâ ,  cecidissel.  Sed  intrépide  respectans  Caesar,  leniter  arrisit, 
ita  ut  forlunam  suam  certius  agnoscere  videretur,  quae  coeplis  et  votis 
omnibus  benignissime  seniper  adspirassel.  » 


(  324  ) 

Mais  les  descriptions,  en  prose  et  en  vers,  de  ces  céré- 
monies, quelque  exactes  qu'elles  fussent,  ne  satisfaisaient 
qu'à  demi  la  curiosité  publique.  Pour  mieux  préciser 
l'ordre  du  défdé,  la  richesse  des  costumes  militaires,  des 
ornements  ecclésiastiques,  la  magnificence  des  arcs  de 
triomphe,  les  peintres  et  les  graveurs  se  hâtèrent  à  Tenvi 
de  les  fixer  sur  la  toile  et  sur  le  bois,  et,  sous  l'inspira- 
tion de  l'enthousiasme  public,  ils  produisirent  des  œuvres 
telles,  que,  comme  dimension,  exactitude  et  valeur  ar- 
tistique, il  n'en  avait  guère  été  faites  de  pareilles  jus- 
qu'alors. 

Nous  ne  parlerons  pas  d'une  gravure  anonyme  de 
VEntrée  à  Bologne  proprement  dite,  que  Giordani  suppose 
avoir  été  faite  la  première  et  qui  a  26  pieds  H  pouces  de 
France  de  longueur,  sur  1  pied  5  pouces  et  4  lignes  de 
hauteur  (1);  ni  de  celle  de  Hans  Hoghenberch,  dont  parle 
Van  Mander, et  qui  consiste  en  trente-huit  planches  (2). 

Notre  but  ici  est  de  nous  occuper  d'une  troisième  œuvre 
contemporaine,  descriptive  du  Triomphe  du  24  février. 
Elle  acquiert  d'autant  plus  d'importance  pour  l'histoire 
de  la  gravure  en  Belgique,  que  nous  sommes  parvenu  à 
découvrir  que  l'artiste  qui  l'a  faite,  naguère  totalement 
inconnu,  a  passé  une  grande  partie  de  sa  vie  à  Anvers,  et 
que,  par  une  heureuse  coïncidence,  cet  ouvrage  précieux 
est  venu ,  de  nos  jours,  prendre  place  au  Musée  de  la  même 


(1)  L'ouvrage  de  Giordani  a  pour  titre  :  Délia  venuta  e  dimora  in 
Bologna  del  sommo  pontif.  Clémente  Vil,  per  la  coronazione  di 
Carlo  V  imp.  celebr.  1530.  Cronica  ciwi  note  docimenti  ed  incione. 
Bologua,  18i2. 

(2)  Karol  Van  Mander,  Schddcrhoeck ,  p.  228'\  Edition  de  iOOi. 


(  32S  ) 
ville.  11  a  été  acquis,  en  1862,  de  M.  l'avocat  Serrure,  de 
Gand,  au  prix  de  1,800  francs  (1). 

Cette  représentation  du  Triomphe  de  Bologne  se  com- 
pose de  deux  bandes  superposées,  gravées  sur  bois,  im- 
primées sur  vingt -quatre  feuilles  de  parchemin  collées 
ensemble.  Le  tout,  ainsi  réuni,  forme  une  estampe  colos- 
sale de  4  mètres  84  centimètres  en  longueur  sur  une 
hauteur  de  50  centimètres.  Le  cortège  s'y  déploie  donc 
sur  une  longueur  de  9  mètres  68  centimètres! 

La  grandeur  des  figures  varie  de  11  à  12  centimètres. 
Elles  sont  en  quantité  innombrable,  vu  que  l'artiste  n'a 
pas  seulement  reproduit  avec  soin  les  personnages  que  leur 
rang  ou  leurs  dignités  faisaient  le  plus  distinguer,  mais 
encore  les  moindres  officiers  des  cours  romaine  et  im- 
périale, les  plus  modestes  employés  :  par  exemple,  des 
palefreniers,  qui  conduisent  à  la  main  de  superbes  che- 
vaux; on  y  remarque  jusqu'aux  porte-drapeaux  et  soldats 
des  compagnies  d'ordonnance,  venus  de  divers  pays  de  la 
monarchie  espagnole  et  notamment  des  Pays-Bas,  pour 
former  escorte  au  puissant  empereur.  Le  tout  est  supé- 
rieurement mouvementé.  Le  rendu  des  costumes,  des 
armures,  des  baldequins  et  des  étendards  armoriés  est 


(i)  El  non  deux  mille  deux  cents  francs,  comme  Ta  dit  par  erreur 
feu  M.  Goetghehuer  dans  le  Messager  des  sciences  historiques,  année  1864. 

D'après  les  renseignements  pris  par  notre  honoré  confrère  M.  Edmond 
De  Busscher,  M.  Serrure  Pavait  acheté  pour  330  francs  du  bouquiniste 
Van  Goelhem,  à  qui  le  rouleau  avait  été  cédé ,  pour  une  bouteille  de  vin 
de  Champagne  ,  par  un  ouvrier  qui  Pavait  reçu  en  cadeau  pour  ses  enfants  , 
lors  de  la  vente  après  décès  des  meubles  de  iM.  le  fabricant  Vanden  Bossche , 
à  la  Coupure,  à  Gand. 

2""^  SÉRIE,  TOME   XXVII.  22 


(  326  ) 
irréprochable.  Ces  parties  sont,  en  outre,  enluminées  avec 
soin  et  elles  donnent  ainsi  la  représentation  la  plus  sai- 
sissante qu'il  soit  possible  de  désirer  de  cette  marche 
triomphale. 

Mais  ce  qui  rend  l'exemplaire  d'Anvers  doublement 
intéressant  pour  les  curieux,  malgré  un  certain  état  de 
détérioration,  c'est  que,  outre  qu'il  est  probablement  le 
seul  existant  de  ce  grand  travail,  il  nous  offre,  en  quelque 
sorte,  une  épreuve  d'essai  de  l'ouvrage. 

En  effet,  l'auteur,  après  avoir  arrêté  et  composé  le  plan 
général  du  cortège,  l'a  dessiné  et  gravé  sur  les  vingt- 
quatre  planches  :  laborieuse  besogne  qu'il  a  menée  à 
bonne  fin. 

H  a  pris  ensuite  ses  dispositions  pour  y  mettre  à  cer- 
taines places  réservées  dans  les  deux  bandes  et  à  quelques 
endroits  restés  vides,  au-dessus  de  la  bande  supérieure, 
le  texte  explicatif  se  rapportant  à  chaque  partie  de  la 
cavalcade. 

Mais  ici  son  travail  semble  avoir  été  suspendu  :  le  texte, 
ainsi  qu'une  inscription  latine  en  vers  alexandrins,  en 
l'honneur  de  Charles-Quint,  qui  devait  être  gravée  ou 
imprimée  au-dessus  des  bandes  de  l'estampe,  ont  été 
tracés  seulement  à  la  plume  :  encore  est-ce  fait  par  une 
personne  peu  exercée  à  écrire  en  majuscules  romaines. 

Sa  maladresse  littéraire  se  manifeste  aussi  dès  le  pre- 
mier vers  :  elle  en  transpose  les  mots,  de  manière  à  les 
rendre  fautifs. 
Au  lieu  de  : 

llle  ego  svm  Carolvs,  qvinlvs  cognoniiiic  Ckesar, 

elle  met  : 

Ego  ille  svm  Carolvs  (ivii)lvs  hoc  noiiiiiie  Cœsar. 


(  -^27  ) 
Pins  loin,  aux  9'^  et  10"  vers,  clic  ccrit  : 

Legibvs  cl  oninia  vclcivin  sorvaio  lianiilc  uiorvm 
In  anliqvam  con-ecta  redvccre  paceni. 

au  lieu  de  : 

Lpgibvs  et  velervm  servalo  Iramile  niorvni 
Omnia  in  anliqvam  correcla  redvcere  pacem. 

Enlin,  au  4"  vers,  elle  a  commis  une  autre  méprise,  et 
elle  a  tracé,  au  9'  vers,  deux  fois  le  mot  iramile. 

On  ne  peut  donc,  ainsi  que  nous  le  disions,  considérer 
Texemplaire  du  Musée  d'Anvers  comme  ayant  reçu  sa 
l'orme  délinitive  pour  être  mis  en  vente  ou  offert  en 
hommage.  Plus  tard  l'ouvrage  aura  été  complété  et  le 
texte  mis  correctement;  mais,  soit  que  le  graveur  en  ait 
tiré  peu  d'épreuves  ou  que  les  planches  en  aient  été  dé- 
truites fortuitement,  il  était  devenu  si  rare  déjà,  quarante 
ans  après,  que  le  libraire  anversois  Ant.  Tilenius  Brech- 
tanus  en  fit  graver,  en  1579,  une  imitation  avec  textes 
imprimés  en  latin  et  en  flamand,  dont  nous  avons  vu  un 
spécimen  appartenant  aux  riches  collections  duducd'Aren- 
berg,  à  Bruxelles. 

Nous  donnons  ici  (dans  leur  forme  fautive)  les  dix 
vers  dont  nous  avons  parlé.  Le  poëte  y  énumère,  comme 
exprimés  par  la  bouche  de  Charles-Quint,  les  projets  de 
réforme  que  celui-ci  préparait  pour  ses  vastes  états. 

Au-dessus  de  la  bande  supérieure  : 

Ego  ille  svm  Carolvs  qvinlvs  hoc  nomine  Ctesar 
Natvs  ad  imperivm  Romana  vt  sceplra  tenercm 
Est  animvs  fessas  mvlasqve  reponere  leges 
LapF.a  Irihvnorvm  jvra  priscosqve  qviriles 
Palricios  revoqvare  viros  sanclvmque  sénat vm,  et 
Ueddere  primaevo  capitolia  prisca  nilori 


(  328  ) 
Au-dessus  de  la  bande  inférieure  : 

Oppresses  relevare  manv  fprenare  svperbos 

Consiliis  armisqve  meis  jvrisqve  vetvsli 

Legibvs  et  omnia  vetervm  servato  tramile  li'amile  morvm 

In  antiqvam  correcla  redvcere  pacem. 

Le  texte  explicatif  en  français,  qui  se  trouve  réparti 
dans  les  cartouches  dont  nous  avons  parlé,  donne  une 
description  exacte  de  tout  le  cortège. 

Il  débute  par  une  introduction  de  quelques  lignes,  où 
est  expliqué  le  sujet  de  la  publication  en  ces  termes  : 

Nobles  lecteurs  qui  voyez  ceste  hysloyre 
Faicte  en  Anvers  dassez  fresse  mémoire 
Voyez  ichy  comment  lempereur  Charles 
Puysanl  monarcq  de  quoy  le  monde  parle 
Ceste  couronne  en  triomphe  a  Boulongne 
Comme  il  appert  en  ceste  œuvre  suy  vante. 

On  voit  que  l'auteur  du  texte,  après  avoir  débuté  par 
des  phrases  rimées,  s'est  fatigué  de  ce  labeur  littéraire  et 
qu'il  n'a  pas  tardé  de  jeter  le  manche  après  la  cognée. 
Hysloyre  et  mémoire  rimaient  bien;  Charles  et  parle,  bien 
encore;  mais  Boulongne  et  suytmnte!  quelle  chute! 

Eh  bien,  après  avoir  relu  toute  la  description  de  la 
cavalcade,  hysloyre  faicte  en  Anvers  dassez  fresse  mémoire, 
c'est-à-dire,  rédigée  par  quelqu'un  qui  a  assisté  en  per- 
sonne à  cette  solennité,  nous  sommes  porté  à  conclure 
que  le  graveur  seul  a  pu  en  donner  une  aussi  bonne  rela- 
tion. Ne  lui  en  voulons  donc  point  de  ne  pas  avoir  continué 
sa  narration  versifiée,  surtout  si,  comme  il  est  probable, 
celle-ci  a  gagné  en  clarté. 

Voici  donc  le  cortège  qu'il  a  vu  défiler  devant  lui,  qu'il 


(  m  ) 

a  dessiné  et  dont  il  nous  décrit  consciencieusement  les 
différentes  parties  : 

Bande  inférieure. 
(De  gauche  à  droite.) 

El  premièrement  mareboyent  a  cheval 
les  familliers  des  Cardinaulx  Evesques 
el  princes  séculiers  irès-lionnestemenl  acousUes. 


Apres  suyvoienl  les  satrapes  domeslicques  et 
capitaines  des  armées  du  pape  et  de  lem 
pereur  tous  reluisans  en  or  et  en  argent 
avecques  les  chevaulx  bardes. 

Âpres  laquelle  compaingnie  suyvoient  deux  bauieres 
du  peuple  de  Bouloingne  lesquelles  estoient  blan 
cbes  avecques  la  croix  rouge  portez  par  douze 
benderetz  et  les  suyvoient  les  eschevins  de  la  ville. 

Puys  suyvoit  seyse  escoliers  porlanlz  seyze 
bannières  rouges  de  luniversile. 

Apres  lesquelz  suyvoyenl  douze  anciens 
docluers  en  loix  vestus  de  velours  et 
avoyenl  grossez  chaînes  dor  au  col. 
C. 

Consequamment  marchoit  le  conte  de  Cambreni 
gouverneur  de  Boulongne  tenant  son  baston 
esleve  en  sa  main  et  sa  garde  enlour  de  luy. 

Apres  suyvoit  le  seigneur  Angélus  Ilaynutius 
capiteyne  de  la  justice  de  Boulongne  arme 
sus  ung  cheval  barde  et  vestu  et  couvert 
de  drap  dor  decouppe  portoit  la  bannière  de  la 
cite  de  Boulongne. 


(  330  ) 


Puis  suyvoient  quatre  lacquaiz  lUi  [lape 
porlans  en  leurs  mains  quatre  banieres 
rouges. 

E. 


Lesquelz  suyvoient  les  cubiculaires  du  i»ai»e 
et  la  conipaingnie  du  seingneur  Alex 
andre  de  Medicis  duc  de  Penne. 


Ai»res  laquelle  marchoit  lancicinie  bannière  dej 
Romains  portée  par  le  conte  Jule  Cesarin 
puis  après  la  bannière  de  Saint  George  la 
quelle  le  jeune  marquis  dAquillar  porloit. 


Apres  Jaigle  de  lempire  romain  que  le 
noble  baron  dAutre  de  la  lingnee  de 
Vergi  porloit  esleve  en  haulz. 
F. 


Puys  marchoit  la  bannière  du  pape  la  bannière 
de  lesglise  la  bannière  de  la  croix  lesquelz 
lurent  portées  par  le  conte  Bangon 

la  il  par  le  seigneur  Gabriel  et  la  111 
par  le  seigneur  Laurens  Cibo  a 
leste  nue. 

G. 

Consequamment  marchoienl  six  chevaulx 
blans  couvers  de  très  riches  housses 


et  très  magnificciuement  acouslrez  qui  se 
menoient  à  la  main  triumphanlement  par 
gentilz  hommes  acouslre  avenans  moult 
rychement  de  diverse  manniere. 


(  331  ) 

Apres  quatre  eiiseiiigiies  el  hounouiables  lyaies 
ou  chapeaulx  du  saint  père  que  quatre  cliani 
bellans  portoient. 

Lors  suyvoient  après  eulx  graul  nombre  ties 

cubiculaires  advocas  secrétaires  acoiites 

conseilliers  et  autres  clers  de  la  court  du 

pape. 

J. 

Eu  ouitre  les  auditeurs  de  la  rote  qui 
suyvoient  a  cheval  très  rychement  acoustres. 

Ai)res  marchoyenl  en  grand  nombre  les  tronquHteï 
et  clairons  les  cornes  et  bussines  ung  chascun 
deulx  jouan  selon  mélodieuse  harmonie  :  suyvant 
lesquelz  marchoyent  les  huysiers  et  massiers  de 
la  majesté  impériale. 

Apres  les  heraulx  et  roix  darmes  des  princes 
et  roix  de  la  Sacre  Impériale  Majesté 
très  maignificquement  adornes  de  leur 
cotte  darmee. 

Consequemment  suyvoient  les  ambassadeurs  de 
l>lusicurs  roix  et  princes  chrisliens  comme 
du  grand  noble  puysant  très  christien  roy  de 
France.  Apres  suyvoit  lambassade  du  très  illustre 
noble  puyssant  roy  dHongrie  souteneur  de  la  loy. 


En  ouitre  lambassade  du  grand  noble  redoubte 
roy  dAngleterre  lequel  a  obey  a  noslre  saint  empir( 
et  tous  aultres  princes  chrisliens. 
Apres  ung  soubdiacre  qui  portoil  le  baslon  pastoral 
du  pape. 

Apres  le(iuel  ung  aullre  i.ortoit  la  lliyare  el 
chapeau  paital. 


(  55^  ) 


Bande    supérieure. 
(De  droite  à  gauche.) 

Apres  sur  ung  cheval  blanc  fort  beau  et  richement  acoustre 
couvert  de  drap  dor  esloit  porte  le  Saint  Sacrement  du  corps 
de  Nostre  Seigneur  Jhesu  Christ  en  une  capse  et  soulz  une 
palle  et  ciel  de  drap  de  soye  que  XII  notables  hommes  tant 
docteurs  en  médecine  que  aultres  bourgeois  de  la  cile  sou 
stenoient  et  XII  cubiculaires  du  pape  portant  XII  torches  de  ciere. 

Apres  marchoit  a  cheval 
le  sacristain  du  pape 
tenant  une  verge  blan    . 
che  en  sa  main. 


Ichy  marchoient  en  estât  triumphant  pluseurs 
princes  ducz  contes  et  marquis  d'Italie  dEspaigne 
Bourgoigne  et  daultres  payz  marchantz  selon 
leur  degré  comme  le  duc  Alexander  de 
Medicis 

le  duc  dAscalonne  marquis  de  Villemie  le  marquis 
dAslorgne  le  marquis  dAerschot  le  marquis  de 
Villefrancqz  le  marquis  de  Montferrare  le  prince 
de  Salerne  le  prince  dislillianne 

le  conte  de  Saildaingne  le  coule  de  Mirandula 
le  conte  de  Fuente  le  conte  de  Altamire  le  conte 
de  Gayasse  le  comandeur  majeur  de  Lions  et 
pluiseurs  autres  princes  sans  nombre 

en  la  plus  grande  pompe  laquelle  jamais  ne  l'ut  veue 
accoustrez  de  drap  dor  frise  et  bordures  draj)  dargent 
avecques  perles  et  pierres  précieuses  quilz  portoient  en 
leurs  bordures  de  leurs  sayons  et  robes  et  leurs 
jacquetz  abillez  en  ladvenant. 


(  333) 

Cons('(iuamenl  marchoienl  les  niaislics  dhoslel/. 
(Je  la  Sacrée  Impériale  Magesle  tenans 
leurs  basions  en  leurs  mains  bien  riche 
ment  acoustrez. 

El  après  suyvoil  le  herault  roy  darmes  nomme  liouigoigne  rc 

vestu  de  sa  coite  darmes 
sus  un  cheval  el  a  larchon  de  sa  selle  pendoienl  sacz  plains  de  pièces  dor 

et  dargent  nou 
vellement  fourgeez  esquelles  est  insculpe  dun  coste  le  chief  et  scmblance 

de  la  Sacrée 
Magesle  el  autour  escripl  Carolus  quinlus  Imperator  Auguslus  et  daullre 

cosle  les 
deux  colonnes  el  la  date  de  lannee  de  Nostre  Seigneur  escript  par  cyfre 

arilhmeticq  el  autour 
escript  plus  oullre.  El  devant  icelle  procession  tant  a  aller  que  a  re 

tourner 

gecloil  a  deux  mains  de  tous  coslez  des  rues  lesdilz  pièces  dor  el  dargent 

dessus 
le  peuple  en  criant  Largesse  largesse  el  le  peuple  crioit  a  haulle  voix 

]nq)erio 
Imperio  Vive  Lempereur  Charles  Calholicque. 

Apres  cestuy  herault  ou  Bourgoingne  suyvoil  seul 
messire  Adrian  de  la  maison  de  Croy  maintenant 
conle  du  Roulx  du  Saint  Empire  Romain  chevalier 
de  lordrede  la  Magesle  Impériale  par  ses  faitz  el  mérites. 

Apres  cestuy  chevalier  de  lordre  suyvoil  la  compaignie 
des  Ires  reverens  cardinaulx  avecques  leurs  acouslre 
mens  de  cardinalite  el  incontiiiens  après  de  deux 
coslez  de  la  rue  commencoienl  a  venir  les  hallebardiers 
de  la  Sacrée  Magesle  gardant  la  presse  du  peuple. 

Et  le  marquis  de  Montferrant  suyvoil  le  premier 
environne  desdilz  hallebardiers  portant  le  sceptre 
fort  richement  acouslre.  Apres  lequel  aussi 
suyvoil  le  duc  dX'rbin  portant  lespee  en  sa  main 
dextrc  en  la  gaync  acouslree  des  pierres  [irecieuses. 


(  334  ) 

El  apies  le  duc  dUrbin  suyvoit  Je  juene  coule 
palatin  portant  le  monde  dor.  El  le  duc  de 
Savoye  vicaire  du  Saint  Empire  Romain  (}ui 
ne  portoit  riens  pource  que  lempereur  porloit 
sa  couronne  impériale  sus  sa  leste. 

Apres  marchoienl  deux  cardinaulx  doncl  lunu  osloit 
le  cardinal  César  et  laultre  le  cardinal  Julio 
accomparlis  de  XXIIII  juenes  gentilshommes  enfans 
des  bonnes  maisons  marchans  a  pied  devant 
le  pape  et  lempire  desquels  les  noms  sont  icy  dessus 

le  juene  seigneur  disselstain  le  juene  seigneur   de   Bossu  le 

juene  seigneur  de  Mingoval  le  juene  seigneur 

don  Louys  de  Villa  le  juene  seigneur  de  la  Chaulx  le  juene  seigneur  de 

Ballaise  le  juene  marquis  dAnaze 
le  Juene  seigneur  don  Henry  Yases  le  juene  seigneur  don  Diego  de  Man 

drea  le  juene  seigneur 
don  Albarior   de  Cardona  le  juene  seigneur  don  Jehan  juene  duc  de 

Nagera  le  juene  seigneur  don 
Piedro  de  Gosmery  le  juene  seigneur  don  Jehan  de  Chadona  elles  aultres 

jusques  au  dit  nombre 
deXXIllI. 

Ichy  procedoient  le  Saint  Perc  le  Pape  et  a  son  cosle  seneslre  le  Sacre 

Empereur  tous  deux  soubz  ung  mesme 

palle  magnific(iuenient  adorne,  lequel  fut  porte  de  troys  ambassadeurs  de 

Venise  et  trois  aultres 
grantz  maistres  genlilz  hommes  de  Bouloingne  et  a  deux  cosles  diceulx 

amanoient  les  laquaitz 
du  pape  et  de  lempereur  et  les  hallebardiers  qui  les  gardoient  du  la 

presse  du  peuple.  Lhors  tous 
les  gentz  duquel  estât  quilz  estoient  hommes  et  femmes  vielles  et  juenes 

et  de  toute  eage 
crioient  Vive  Charles  Vive  lEmpereur  et  cslevoient  le  nom  de  lempire 

jusques  au  ciel. 

Puys  derrière  le  saint  père  suyvoient  deux  fidèles  et 
magnanimes  personnaiges  assavoir  son  principal 
medicyn  et  son  princii>al  secrelaire. 


(  533  ) 

CoiisequaniracMil  suyvuit  seul  apirs  la  Magoslo  Iiiipcrialo 
le  lies  illuslre  et  noble  coiUe  de  Nassau  nianiuis 
de  Zenelle  chevalier  de  lordre  du  saiiil  eiui)iie 
loiuain  premier  ebainbelaiu  dicelle  Impériale 
Magesle. 

Apres  marchoit  larchevesciue  de  Derry  leves(jU('  de 
Cavrie  grand  aulmonier  levesque  de  lirixe  el 
pluseurs  autres  prelalz  deglise  qui  seroieul  trop  long 
a  nommer.  Et  après  grant  nombre  de  docteurs  es  loix 
et  en  droit  canon. 


Icy  marchoient  encoire  des  conseilliers  et  autres 
grans  maistres  et  prelatz  deglise  tant  seingneurs 
quegentilz  hommes  lesquelz  avoient  assiste  au 
saint  père  le  pape  et  a  limperiale  mageste. 

Consequament  marchoit  icy  en  belle  ordre  les  hum 
mes  darmes  de  cheval  bien  Iriumphammanl  acouslie/. 
avecques  leurs  bardez  luysans  en  or  el  argent 
tans  Flamens  que  Gourgoingnons. 


Premièrement  marchoit  la  bende  de  monsieur 
le  marquis  dAerschot  et  portoil  en  sa  livrée 
geaulne  violet  et  blanc. 


Puys  après  suyvoit  la  bende  de  monseur  le  coule 
du  Uoeulx  bien  rychement  acoustre  et  sa  livrée 
estoit  rouge  bleu  et  geaune. 

Consequemment  après  la  bende  monseur  de 
Vienne  portans  ses  couleurs  geaune  et  blanc. 


Puys  après  la  bende  du  noble  baron  dAutre  de  la 
mayson  de  Vergy  portant  sa  livrée  noir  geaune 
et  blanc. 


(  556  ) 

Apres  la  bende  du  baron  de  Saint  Sourlin 
portant  ses  couleurs  geaune  incarnai  grys 

Apres  les  archiers  a  cheval  en  leurs  saions 
d'orfeverie  bien  rychement  acoustres  et  en 
belle  ordre  faisoient  la  fin  de  la  dicte  procession. 

En  telle  magnificque  pompe  procedoient  le  saint  père 
le  pape  et  la  sacrée  impériale  rnageste  vers 
lesglise  de  Saint  Dominique  la  ou  il  créa  grand 
nombre  de  chevaliers. 


On  aura  remarqué,  sans  cloute,  que  dans  cette  descrip- 
tion l'artiste  énumère  avec  une  certaine  complaisance  les 
seigneurs  des  Pays-Bas  qui  assistaient  à  la  solennité. 
Comme  il  parle  avec  une  prédilection  marquée  et  bien 
placée,  du  reste,  du  vaillant  Adrien  de  Croy,  comte  du 
Rœulx  et  du  Saint-Empire  romain,  qui,  pour  ses  faictz  el 
mérites,  a  été  créé  chevalier  de  (ordre  de  la  rnageste  impé- 
riale! Il  n'a  eu  garde  aussi  d'oublier  le  héraut  d'armes 
Bourgoingne ,  qui  jetait  à  deux  mains  des  pièces  d'or  et 
d' argent  dessus  le  peuple j  en  criant  :  Largesse!  Largesse! 
ni  le  comte  de  Nassau,  marquis  de  Zenette  chevalier  de 
l'ordre,  ni  les  jeunes  seigneurs  d'ïsselstcyn ,  de  Bossu,  de 
Mingoval,  de  Ballaise;  ni  la  bande  de  M.  le  comte  du 
Rœulx,  richement  accoutrée  d'une  livrée  rouge,  bleu  et 
jaune;  ni  celle  de  M.  le  marquis  d'Arschot,  qui  portait  en 
sa  livrée  jaune,  violet  et  blanc.  Et  comme  il  admire  les 
hommes  darmes  de  cheval  bien  Iriumphamment  acoutrez 
avec  leurs  bardez  (1)  luysans  en  or  et  argent,  ta)is  Fla- 
mens  que  Bourgoingnons  ! 

(1)  Darde,  armure  ou  ornements  truii  cheval. 


(  357  ) 

Ne  semble-t-il  pas  que  la  fibre  patriotique  de  l'artiste  ait 
vibré  aux  moments  où  il  a  vu  passer  devant  lui  ces  com- 
pagnons d'armes  de  son  glorieux  empereur! 

Après  avoir  achevé  sa  longue  énumcration,  le  graveur 
s'occupe  de  lui-même  et  de  son  travail,  et  il  ajoute  l'ex- 
plication suivante,  si  précieuse  pour  nous,  à  la  (in  de 
l'estampe,  à  gauche,  entre  les  bandes  supérieure  et  infé- 
rieure du  cortège  : 

Imprime  en  la  très  renommée  mercuriale 
ville  tlAnvers  de  par  moy  Robert  Péril 
avec  la  grâce  et  privilège  du  très  grant 
irepuissant  et  1res  victorieux  empereur 
Charles  lousjours  auguste  cincquiesme 
de  ce  nom  et  de  la  très  illustre  et  haulle 
princesse  madame  Marguerite  arclii 
ducesse  dAutriche  ducesse  et  contesse  de 
Bourgoingne  douagiere  de  Savoye 
régente  et  gouvernante  de  Crabant 
de  Flandres ,  etc. 

Et,  dans  une  autre  partie  de  la  gravure,  à  l'extrémité. 
à  droite,  l'auteur  s'est  représenté  lui-même  à  mi-corps  ,  vu 
de  face,  placé  dans  une  ouverture  pratiquée  dans  un  des 
côtés  d'un  des  arcs  de  triomphe  de  Bologne. 

A  côté  de  son  portrait,  il  a  mis,  à  gauche,  un  R,  à 
droite,  un  P  dorés,  ses  initiales.  Sur  la  face  antérieure  de 
l'espèce  de  tribune  où  il  se  tient,  les  mots  : 

VOSTRE  •  HVMBLE 

SERVITEVR 

ROBERT «PERIL 

Au  bas,  du  même  côté,  sur  la  partie  décorative  repré- 
sentant une  colonne  brisée,  à  l'antique,  où  s'appuient 
deux  enfants,  il  a  inscrit,  en  chiffres  arabes,  le  millésime 

1530. 


(  338  ) 

L'auteur  de  ce  grand  travail  s'appelle  donc  Robert  Péril. 

Dans  une  notice  publiée,  en  1864,  dans  le  Messager  des 
sciences  historiques,  feu  M.  P.-J.  Goetghebuer,  de  Gand, 
a,  le  premier,  nnenlionné  la  rarissime  pièce  dont  nous 
nous  sommes  occupé;  mais  ce  savant  collectionneur  a  du 
se  borner  à  la  citer,  n'ayant  connaissance  d'aucun  fait  re- 
latif à  l'existence  de  l'artiste  qui  Ta  produite. 

Nous  avons  entrepris  des  rechercbes  afin  de  remplir 
cette  lacune  dans  l'bistoire  de  la  gravure  sur  bois,  et  nos 
efforts  ont  été  en  partie  couronnés  de  succès  :  si  nous  ne 
pouvons  faire  connaître  toute  la  vie  de  l'artiste,  au  moins 
en  avons-nous  réuni  plusieurs  circonstances  importantes 
que  nous  espérons  voir  accueillir  avec  intérêt. 

Autant  qu'on  peut  en  juger  par  les  lignes  de  son  portrait, 
gravé  sur  le  Triomphe  de  Bologne  et  dont  nous  joignons 
ici  la  reproduction  exacte,  Robert  Péril  était,  en  1550, 
âgé  d'environ  quarante-cinq  ans  :  la  date  de  sa  naissance 
pourrait  donc  être  fixée  approximativement  vers  1485. 

Au  début  de  nos  investigations  pour  trouver  des  notions 
sur  son  origine,  ou,  au  moins,  sur  son  séjour  en  Belgi- 
que, attesté  par  la  mention  mise  sur  la  gravure  du  Musée 
d'iVnvers,  nous  avons  compulsé  le  livre  d'entrée  ou  Liggere 
de  la  gilde  de  Sainl-Luc ,  où  sont  inscrits  plusieurs  graveurs , 
nommément  Wolfaert  Imbrechtssone,  en  1508,  Jan  Woii- 
ters,  en  1509  (1),  Willem  Liefrinck,  en  1528  (2)  et  Hans 
Liefrinck,  son  fils,  en  1558. 


(1)  Les  initiales  de  ce  Jean  ou  Hans  Wouters  nous  rappellent  que , 
dans  son  Mémoire  sur  Vorkjine  et  les  progrès  de  la  gravure,  couronné 
par  l'Académie  royale  de  Belgique  en  18a9,  M.  Jules  Renouvier  cite, 
parmi  les  monogrammes  encore  inexplicpiés,  un  H.  W.  qui  pourrait  bien 
être  la  marque  de  notre  graveur. 

(2)  Willem  Liefrinck  n'est  autre  que  le  prétendu  P/iillcrij  de  ftgucr- 


(  339  ) 

Au  premier  abord,  nous  n'y  avons  pas  trouve  le  nom 
de  Péril,  mais,  après  un  examen  plus  attenlil',  nous  avons 
cru  reconnaître  notre  personnage  dans  un  Robert  de 
Liège,  Robbrechtvan  Luyck,  devenu,  en  1519,  l'élève  de 
Bastiacn  Masselyn  (1).  Ce  dernier,  reçu,  la  même  année, 
à  la  maîtrise  de  Saint-Luc,  et  inscrit  sous  son  prénom  seul 
de  Bastiaen,  exerçait  la  profession  de  melselrysnydere , 
c'est-à-dire  de  sculpteur  d'ornements  de  façades  revêtues 
en  bois,  genre  de  constructions  très-usité  aux  quinzième 
et  seizième  siècles  (2). 

Si  notre  manière  de  voir  était  adoptée,  Robert  Péril 
serait  donc  originaire  de  Liège.  Venu  à  Anvers,  il  aurait 
commencé,  en  1519,  sous  la  direction  de  Bastien  ou 
Sébastien  Masselyn,  par  sculpter  des  ornements  arcbi- 
tectoniques  en  bois.  Puis,  devenu  dessinateur  babile,  il 
se  serait  appliqué  à  graver  et  à  faire  le  commerce  de 
cartes  à  jouer.  Pour  exercer  ce  dernier  état  il  a  dû  se 


sn/eder , dont  on  s'est  tant  occupé  jusqu'au  jour  où  Ton  a  icconnu  la  mé- 
prise d'Heinecken. 

(Jules  Reuouvier,  Mémoire  précité,  p.  37.) 

(1)  C'est  par  erreur  (jue  le  nom  de  BasLiaen  Masselyn  a  été  imprimé 
Masscliys,  aux  pages  9i  et  755  du  !''••  volume  de  l'ouvrage  :  Les  Ugycren 
delà  Gilde  anversoise  de  Saint-Luc  ^  publié  par  MM.  Rombouts  et  Van 
Lerius,  à  Anvers,  en  1868. 

(2)  Nous  ne  sommes  pas  ici  d'accord  avec  les  éditeurs  des  Liggeren  de 
la  Gilde  de  Saint-Luc,  sur  la  signification  du  mot  metselnjsnyder,  qu'ils 
ont  traduit,  à  la  page  703,  par  sculiHeur  en  pierre;  mais  notre  oi)inion 
est  partagée  par  M.  Vanderstraelen  (Jaerboek  der  Sint  Lucas  Gilde, 
Anvers,  1855,)  qui,  à  propos  des  mots  houtenmetselryen  et  rnelsetry- 
werckers  van  Iwuten,  employés  dans  les  anciennes  ordonnances  de  la 
corporation  et  dans  un  jugement  arbitral,  rendu  le  23  octobre  1514, 
dit  à  la  page  57:  doordeze  uyldrukking  schynen  de  huyzen  met  houlen 
gevels,  houten  deurposten  en  kosynen  lusschen  de  metselryen  besnedcn 
met  ecnig  bceldwercky  te  moeten  verstaen  worden. 


^    (  5i0  ) 

faire  recevoir  dans  la  grande  corporation  des  merciers  (1), 
et  effectivement  nous  avons  découvert  son  nom  inscrit, 
pour  la  première  fois,  dans  les  comptes  de  cette  gilde,  à 
l'année  1522,  avec  la  qualification  de  cartier,  quaertspel- 

makere  (2), 


(I)  La  grande  corporaliou  des  merciers,  à  Anvers,  nommée  en  flamand 
Hoofdambaclit  der  Meerssen,  était  composée  d'une  diversité  sans  limite  de 
professions  mercantiles  ou  industrielles.  Elle  était  administrée  par  deux 
doyens  annuels.  Au  commencement  du  XV1«  siècle  on  y  recevait  non-seu- 
lement les  marchands  en  gros  (qu'on  appelait  en  flamand  creemers),  mais 
encore  les  détaillants  de  toute  catégorie  qui  n'appartenaient  pas  à  d'autres 
corporations  spéciales.  Nous  y  trouvons  inscrits,  par  exemple,  des  selliers, 
lunetiers,  gaîniers,  graissiers;  des  épiciers,  couteliers,  apothicaires, 
ciriers;  des  bijoutiers  (pour  autant  qu'ils  ne  fussent  pas  en  même  temps 
orfèvres);  des  marchands  d'huile,  de  drap,  de  fer,  de  papier,  de  jouets 
d'enfants;  des  raffineurs  de  sucre,  des  potiers,  des  étainiers,  des  faiseurs 
de  clavicordes  ,  etc.,  etc. 

On  trouve  même  quelquefois,  dans  les  listes  annuelles  des  membres 
nouvellement  entrés  dans  la  corporation,  des  noms  qu'on  ne  s'attend  pas 
à  y  rencontrer.  Nous  y  avons  relevé  entre  autres  celui  de  Dieric  Vellerl, 
verrier  habile  dont  fait  mention  Guicciardini,  sous  le  nom  de  Felaerl.  11 
est  insci'iten  1316-1317  comme  verrier  et  graissier,  glaesmaker-vetteiva- 
rier,  tandis  que  depuis  1311  il  faisait  déjà  partie  de  la  gilde  de  Saint-Luc, 
dont  il  fut  doyen  en  L318  et  13^6,  sous  le  nom  de  Dierick  Jacobssone. 

II  en  est  de  même  du  graveur  Martin  Peeters,  qui  fut  inscrit  à  la  fois 
dans  les  deux  gildes  comme  peintre,  schilder,  en  13^24-1523. 

(2)  Nous  n'oserions  affirmer  que  Robert  Péril  fut  le  premier  qui  eût 
exercé  la  profession  de  cartier  à  Anvers;  mais  il  doit  être  compté  parmi 
ceux  qui  lui  donnèrent  une  certaine  impulsion,  à  tel  point  que,  peu  d'an- 
nées après,  l'on  exportait  de  grandes  quantités  de  cartes  ,  principalement 
vers  l'Angleterre. 

Nous  avons  relevé  dans  des  déclarations  d'expéditions  (dont  les  quantités 
varient  entre  50  et  100  grosses  à  la  fois,  de  douze  douzaines  de  jeux  à  la 
grosse),  faites  en  1344  et  1543,  d'Anvers  vers  Londres,  des  cartes  de  seize 
marques  ou  ateliers  diff'érents,  nommément  de  Jean  Maillart,  Pierre  Hay- 
nault,  Henri  de  Dcuxvilles,  Jean  Pamier,  Guillaume  Anzier,  Dukardin, 


(  541   ) 

Tcllo  olait  donc  sa  prolcssion  ;  mais,  soit  qiir  la  fabri- 
calion  des  caries  à  jouer  n'ait  roiirni  à  lîohert  IN-ril  que  des 
bénélices  insniïisants,  soit  que  le  désir  de  prendre  place 
parmi  les  artistes  de  son  temps  Ini  ait  lait  négliger  celte 
industrie  pour  s'occuper  de  travaux  plus  honorés  où  il  n'a 
pas  rencontré  la  rémunération  espérée,  toujours  est-il  que 
dans  les  principaux  documents  que  nous  avons  rassemblés , 
le  pauvre  cartier  et  Guillemette  Bessin,  sa  femme,  appa- 
raissent comme  poursuivis  par  la  misère  et  par  les  créan- 
ciers, heureux  si,  après  la  publication  d'un  important 
ouvrage,  ils  obtiennent  quelque  subside  de  l'empereur. 

Grâce  à  l'intervention  de  Marguerite  d'Autriche,  gou- 
vernante des  Pays-Bas,  qui  encouragea  tant  d'artistes  et 
d'hommes  de  lettres,  Bobert  Péril  fut  chargé,  en  1550, 
sur  sa  demande,  de  publier  la  Couronacion  de  Charles- 


Di^' lama  10,  RuImo  Signe,  Jean  Giniir,  Laiirenl  Ifelbot,  Maisli'cs.so,  Joai» 
Colunibcl,  lUihro  Porculo,  Porci  Sylvcslris,  Jean  Cliarponticr  cl  Lanls- 
kiiechls. 

Pai  mi  les  |»rincii)aiix  fabricanls  d'Anvers  on  comjilail  alors  Jehan  Du- 
cliesnc,  qualitié  de  painctre  et  chartier,  Robert  Dieu,  (llaude  Crecmere, 
Jehan  Parel,  Marie  Chalourou  veuve  de  Jehan  de  Langaingne,  Alain 
Poyson  et  Jehan  Mailiarl,  qui,  nalif  des  environs  de  Rouen,  devint,  le  6 
août  1540,  bourgeois  d'Anvers  et  fut  reçu  dans  la  gilde  de  Saint-Luc.  Il 
était  en  même  temps  imprimeur  typographe,  et  faisait  d'importantes 
aflaires. 

Nous  donnons  en  appendice,  sous  le  w  1  des  Pièces  Justilicaliyes,  un 
spécimen  des  certificats  (Vor'Kjine  (comme  on  dit  aujourd'hui)  qui  devaient 
accomi)agner  les  caries  envoyées  d'Anvers  en  Angleterre.  Ces  déclarations, 
faites  par-devant  notaire,  portent,  en  général,  que  les  cartes  ont  été  in- 
ventées et  fabriquées  à  Anvers  ou  dans  les  Pays-Bas,  et  non  ailleurs. 

Nous  inclinons  à  croire  qu'un  grand  nombre  n'étaient  que  des  contre- 
façons ou  imitations  de  cartes  françaises  :  les  noms  et  marques  y  apposés 
ne  semblent  laisser  aucun  doute  à  cet  égard. 

2™*"  SÉRIE,  TOME  XX VII.  25 


(  342  ) 
Quint  en  empereur,  avecle  Triumphe  cricelle  (1)  :  c'étaient 
donc  deux  sujets  distincts  (dont  nous  avons  décrit  le  se- 
cond) qu'il  avait  à  traiter.  Pour  s'en  acquitter  à  la  satis- 
faction de  la  tante  de  l'empereur,  l'artiste,  ainsi  que  le 
prouve  le  dessin  où  il  s'est  représenté  comme  assistant  au 
délilédu  Triomphe,  entreprit  le  voyage  d'Italie  et  exécuta 
à  Bologne  les  deux  compositions  (2)  projetées. 

Heureux  d'avoir  ainsi  accompli  la  partie  la  plus  difficile 
de  sa  tache  et  fier  de  l'important  travail  qu'il  allait  rap- 
porter avec  lui,  Robert  Péril,  quoique  brisé  par  les 
fatigues  et  les  privations  qu'il  avait  dû  s'imposer  pendant 
plusieurs  semaines,  ne  tarda  pas  à  revenir  à  Anvers.  Mais, 
hélas!  c'était  pour  y  retrouver  sa  famille  dans  un  grand 
dénùment,  qu'avait  encore  augmenté  son  absence. 

Pour  parer  à  ses  besoins  les  plus  urgents,  il  se  hâta  de 
graver  les  dessins  faits  à  Bologne,  et,  sans  doute,  grâce  à 
un  labeur  incessant,  il  put  se  procurer  quelques  ressources 
momentanées. 

Mais  elles  ne  suffirent  pas  à  relever  sa  position. 

Un  jour,  le  propriétaire  de  la  demeure  qu'il  occupait 
dans  la  rue  Haute,  après  avoir  longtemps  réclamé  en  vain 
le  payement  des  termes  échus  du  loyer,  lassé  enfin  et  im- 
patienté de  ses  vaines  promesses,  fit  sommer  Robert  Péril 
•  par  la  voie  judiciaire  de  lui  payer  la  somme  due,  s'élcvant 


(1)  Voyez  Pièces  Juslilioalives,  n"  JV. 

(2)  Nous  manquons  enlièremenl  de  notions  sur  la  première  des  deux 
grandes  compositions  gravées  d'abord  par  Robert  Péril,  le  Couron- 
nement de  Charles-Quint.  Espérons  qu'il  en  reste  au  moins  encore  un 
exemplaire  dans  quelque  collection.  La  grande  gravure  anonyme  de  la 
galerie  de  Florence,  décrite  et  admirée  par  Giordani  et  dont  nous  parlons 
à  la  page  52  i,  ne  serait -elle  pas  l'œuvre  de  Péril  que  nous  recherchons? 


(  345  ) 

i\  1 J8 florins  12  sous,  monnaie  du  Rhin.  Arnould  van  Visse- 
naken,  ainsi  s'appelait  son  créancier,  lui  signifiait  en  même 
temps  qu'il  eût  à  sortir  de  sa  maison. 

Le  pauvre  Robert  Peiil  était  hors  d'étal  d'acquitter  sa 
dette  :  il  fit  défaut  lorsqu'il  l'ut  cité  devant  le  tribunal  des 
échevins  pour  y  exposer  ses  moyens  de  défense  (1).  Assigné 
une  seconde  fois,  il  ne  comparut  pas  davantage,  et, 
comme  il  n'avait  même  pas  constitué  un  procureur  pour 
l'y  représenter,  il  fut  considéré  comme  ayant  passé  con- 
damnation et  probablement  forcé  de  quitter  la  maison  et 
de  vendre  une  partie  de  son  mobilier  pour  se  libérer  en- 
vers van  Vissenaken. 

Au  milieu  de  circonstances  pareilles,  la  misère  d'une 
famille  s'accroît  fatalement  chaque  jour  :  elle  était  enfin 
venue  à  ce  point,  qu'au  mois  de  mai  lSo3  Robert  Péril 
et  les  siens  ne  possédaient  littéralement  plus  rien.  Leur 
chélif  mobilier,  jusqu'aux  lits  où  la  famille  reposait, 
même  le  matériel  qui  servait  au  père  à  exercer  sa  profes- 
sion, tout  avait  été  vendu  ou  engagé,  ou  saisi  par  les 
créanciers. 

Dans  cette  extrémité,  la  détresse  de  l'habile  graveur 
parvint  heureusement  à  la  connaissance  d'un  marchand 
bienfaisant,  nommé  Adrien  de  Vogelere,  qui  connaissait 
son  talent  et  appréciait  ses  ouvrages  (2). 


(I)  Voyez  Pièces  JusUficatives,  n*  II. 

(^)  Adrien  de  Vogelere  ou  de  Vogelare  laisail  partie  du  corps  estimé 
des  aumôniers  de  la  ville  d'Anvers,  et,  en  1521,  il  fut  appelé  aux  fonc- 
tions de  doyen  de  la  gilde  des  merciers.  Comme  indice  de  sa  propension 
pour  les  arts,  nous  pouvons  citer  ici  la  part  qu'il  eut  dans  l'exécution  d'une 
décision  prise  par  cette  corporation  de  faire,  pour  le  service  de  l'autel  de 
Saint-Nicolas,  qui  lui  appartenait  à  Notre-Dame,  une  chasuble  somp- 


(  5U  ) 

Jl  n'eut  pas  plutôt  appris  la  triste  position  de  son  mé- 
nage, qu'il  courut  s'enquérir  de  ses  besoins,  et,  touché 
par  le  spectacle  navrant  de  son  dénùment,  il  envoya, 
outre  le  mobilier  indispensable,  tout  ce  qu'il  fallait  à  Ro- 
bert Péril  pour  pouvoir  reprendre  l'exercice  de  sa  profes- 
sion de  carlier-imprimeur. 

Seulement,  et  sans  doute  dans  le  but  de  prévenir  toute 
vente,  mise  en  gage  ou  nouvelle  saisie  par  les  créanciers, 
des  objets  qu'il  venait  de  donner,  de  Vogelere  prit  la  pré- 
caution de  ne  les  remettre  au  graveur  et  à  sa  femme  que 
sous  la  forme  d'un  prêt,  à  restituer  en  entier,  à  une  époque 
indéterminée,  au  [)rèteur  ou  à  ses  descendants. 

L'acte  qui  stipule  cette  remise  et  cette  condition  fut 
passé  devant  les  échevins  d'Anvers,  le  15  mai  1555.  Nous 
en  extrayons,  en  la  traduisant,  l'énumération  des  outils 


lueuse,  dont  un  des  plus  grands  artistes  de  répoque,  Albert  Durer,  alors 
à  Anvers,  lit  le  dessin. 

La  confection  de  cette  chasuble,  qu'on  voulait  faire  faire  plus  belle  que 
celles  que  possédait  la  collégiale  et  que  celle  dite  des  Trois  Rois  (jui  appar- 
tenait à  la  chapelle  du  magistrat,  fut  l'objet  des  plus  grands  soins.  C'était 
surtout  la  représentation  de  saint  Nicolas,  patron  de  la  gilde,  destinée  à 
l'orner,  qui  fut  longuement  débattue.  On  en  avait  d'abord  commandé  à 
un  peintre,  nommé  Gommaire  (Van  Xerenbroeck?),  un  modèle  qui  ne  fut 
pas  agréé;  un  second  artiste  (qui  demeurait  dans  la  rue  Neuve)  ne  fut 
pas  plus  heureux;  enfin,  un  troisième  modèle,  fourni  par  Albert  Durer, 
fut  préféré  aux  deux  autres. 

Nous  donnons  aux  Pièces  Justificatives,  sous  le  n"  III ,  dos  extraits  des 
comptes  de  la  corporation  relatifs  aux  matières  précieuses,  au  drap 
d'or,  aux  perles  fines,  etc.,  qui  furent  employées  avec  profusion  dans  la 
confection  du  riche  vêtement  sacerdotal.  Nous  sommes  heureux  d'avoir 
découvert  ces  détails,  Albert  Durer  lui-même,  dans  la  relation  de  son 
voyage  aux  Pays-Bas,  s'élant  borné  à  dire  que  la  corporation  des  riches 
Marchands  d'Anvers  lui  fit  don  de  5  florins  Philippus,  eji  reconnaissance 
de  ce  qu'il  lui  avait  fait  hommage  d'un  dessin  de  saint  Nicolas  assis. 


(  U^  ) 
et  autres  objets  qui  concernent  la   profession  de  Robert 
Péril  (I).  Celui-ci  reçoit  de  son  bienfaiteur  : 

L'nc  presse  à  imprimer; 

Un  poêle  en  fer; 

Sept  labiés  fie  bois; 

Douze  formes  ou  moules  a  imprimer  les  eartcs; 

Six  paires  de  ciseaux  pour  les  découper; 

Six  réglettes  de  bois; 

Deux  lissoirs  à  lisser  les  cartes; 

Quatre  tablettes  de  marbre ,  au  même  usage. 

Pour  compléter  son  œuvre  de  générosité,  de  Vogelere 
avait  ajouté  à  l'envoi  de  ces  objets  une  armoire,  deux 
bahuts, deux  paniers,  deux  lits,  des  draps  délit,  des  nappes, 
des  serviettes,  quatre  chenets,  un  fauteuil  en  cuir,  trois 
chaises,  huit  plats,  douze  écuelles  et  sept  pots  d'étain  à  la 
marque  du  prélenr,  sept  chandeliers  de  cuivre  et  deux 
chaudrons.  On  le  voit,  rien  n'y  manquait,  et  l'on  conçoit 
le  bonheur  de  la  pauvre  famille  ainsi  rétablie  dans  une 
position  relativement  favorable! 

Animé  de  reconnaissance  pour  le  donateur,  Robert  Péril 
reprit  courage,  recommença  son  petit  commerce  et  songea 
bientôt  à  graver  une  troisième  composition  dont,  à  ses 
yeux,  le  succès  et  le  débit  allaient  lui  rapporter  honneur 
et  bénéfice. 

11  avait  conçu,  celle  fois,  le  plan  d'un  dessin  qui  devait 
représenter  la  famille  impériale  d'Autriche,  ou,  comme  on 
le  qualilie  dans  un  document,  la  Généalofjie  de  V Empe- 
reur et  de  la  Reine.  Outre  les  |)ortraits  gravés  des  mem- 
bres de  l'auguste  maison,  une  explication  en  plusieurs 


(1)  Voyez  Pièces  Juslilicatives,  n"  V. 


(  346  ) 

langues  devait  contenir  leurs  noms,  leurs  alliances  et  résu- 
mer leur  histoire. 

Après  avoir  arrêté  la  forme  de  son  nouveau  travail, 
Robert  Péril  voulut  qu'il  n'y  eût  rien  de  défectueux  dans 
le  texte  et,  dans  ce  but,  il  en  soumit  révérencieusement 
le  manuscrit  au  conseil  privé,  le  priant  de  vouloir  l'ap- 
prouver ou  le  faire  rectifier  dans  ce  qu'il  contiendrait 
d'inexact  (1). 

Péril  avait  pris,  disait-il  dans  sa  requête,  pour  base  de 
sa  rédaction  l'ouvrage  en  six  livres  que  maître  Jérôme 
Gebwiler  (en  latin  Gebiiilerus)  avait  publié  sur  le  mémo 
sujet,  avec  l'approbation  de  Charles-Quint  et  de  son  frère 
le  roi  des  Romains  (2).  En  outre,  il  avait  fait  contrôler  ou 
reviser  son  propre  texte  par  d'autres  auctheurs  et  historio- 
graphes de  divers  pays  circumvoisins.  Rref,  il  avait  pris, 
paraissait-il ,  toutes  les  précautions  pour  publier  un  travail 
d'une  entière  exactitude. 

Cependant  le  conseil  privé  n'en  jugea  pas  ainsi  et  trouva 
nécessaire  de  faire  revoir  encore  le  projet  présenté  par 
Robert  Péril.  Un  des  hommes  les  plus  éclairés  de  l'époque, 
le  savant  Corneille  Scepperus,  qui  était  alors  conseiller  et 
maître  des  requêtes  ordinaire  de  l'empereur,  fut  chargé 
de  ce  soin. 


(1)  Voyez  n»  IV  des  Pièces  .Tustificalives. 

(2)  L'ouvrage  de  Jérôme  Gebuilerus  fut  imprimé  à  Ilaguonau,  au  mois 
d'août  1550.  Le  privilège  impérial,  daté  de  Nuremberg,  fut  signé  le  15 
février  1524.  L'auteur,  né  à  Horbourg  (Argentuaria),  était  maître  ès-arls 
et  directeur  du  collège  de  Haguenau  (  litterariae  pubis  moderator).  Son 
livre  porte  pour  litre  :  Epitome  régit  ac  vetustissimi  ortus  sacrae  Cae- 
sareae  ac  calholicae  maieslatis,  etc.,  etc.,  a  Hieronymo  Gebuilero  ex 
anliquiss.  et  receptiss.  authoribus  mmc  recens  diligentiss.  in  luccni 
aedila  (sic).  In-i".  Il  contient  ([uelques  portraits  et  blasons  curieux. 

tJn  exemplaire  de  ce  livre  rare  se  trouve  à  lu  bibliothèque  communale 
d'Anvers. 


(  -v*?  ) 

Après  avoir  subi  les  corrections  nécessaires,  le  manus- 
crit, revêtu  de  la  signature  de  Scepperus,  fut  rendu  à 
notre  graveur,  qui  obtint  le  privilège  de  le  faire  impri- 
mer, vendre  et  distribuer,  dans  tous  les  pays  de  la 
domination  impériale,  durant  le  terme  de  trois  années, 
avec  défense  à  chacun  de  le  réimprimer  ou  de  le  contre- 
faire, sous  peine  de  punition  arbitraire  et  de  la  conlisca- 
tion  des  réimpressions  (1). 

A  la  concession  de  cet  octroi  vint  se  joindre,  peu  de 
temps  après  que  la  Généalogie  eut  été  publiée,  nommé- 
ment à  la  date  du  5  juin  1556,  le  don  d'un  subside  de 
50  livres  tournois,  accordé  par  l'empereur  à  Robert  Péril 
en  récompense  de  son  tiavail  (2). 


Que  devint  ensuite  notre  artiste? 

A-t-il  gravé  d'autres  ouvrages  que  ceux  que  nous  avons 
mentionnés? 

Toutes  nos  recherches  pour  pouvoir  répondre  à  ces 
questions  sont  restées  infructueuses. 


(1)  Nous  n'avons  pu  découvrir  cette  troisième  puiilicalion  de  Robert 
Péril,  mais  un  ancien  généalogiste,  maître  Jacques  Van  Berckel,  décédé  à 
Gand  en  1683,  dans  son  ouvrage  manuscrit  sur  les  familles  royales  et 
princières  de  l'Europe,  4  vol.  in-folio,  que  nous  possédons,  cite  ainsi  la 
dernière  partie  du  titre  de  la  Généalogie  de  l'empereur  : 

Imprimée  en  Anvers  par  Robert  Péril,  au  mois  de  febvrier  lan  de 
grâce  1336,  stil  romain,  soubz  la  conduilte  et  correction  de  maistre  Rol- 
land Boucher,  docteur  en  théologie. 

(^)  Registre  aux  mandements  des  finances  de  15l2-Io50  (collection  des 
papiers  d'Etat  et  de  l'audience,  aux  Archives  du  royaume). 

<(  Anno  l'.iSG.  Don  de  l  livres  tournois  a  Robert  Péril,  en  recompense 
davoir  imprimez  la  geneologie  de  lempereur  et  de  la  rogne.  » 

Nous  devons  à  l'obligeance  de  M.  Alexandre  Pincliart  la  couiniunicalinn 
de  cet  extrait. 


(  5i8  ) 

Rien  ne  nous  autorise  à  faire  même  la  moindre  conjec- 
lure  sur  le  reste  de  sa  carrière. 

Mais  le  Triomphe  de  Bologne  nous  est  heureusement 
conservé  et  ce  colossal  ouvrage  nous  permet  d'affirmer 
(|ue  Robert  Péril  l'ut  un  véritable  artiste,  dont  le  nom  est 
digne  de  figurer  dorénavant  parmi  les  plus  habiles  dessi- 
nateurs et  graveurs  sur  bois  du  seizième  siècle. 


PIÈCES  JUSTIFICATIVES. 


]N°  I. 

Cerli/irafs  d'oriyl/w  pour  l  envoi  en  Angleterre  de  caries 
à  jouer  faites  dans  les  Pays-Bas. 

20junyi544. 

Johaniic>  Maillart,  factor  chartaruni  hisoriaruni  et  civis 
oppidi  AiUvcrpicnsis,  vcluti  tcstis  productus  ad  inslantiain  et 
rcquisilioncm  Jolianiiis  Coucq,  Londinensis.  ad  daiuluni  veii- 
lati  Icslimoiiiiim  nunc  et  in  perpeluam  rci  gestae  menioriam, 
fidc  bonà  certà  et  induhilalà,  loeo  praeslili  jiiramenti,  divit, 
declaravit,  eertificavit  et  deposuit,  verum  et  cerliim  esse, 
quod  ipse  Johannes  Coucq,  nomine  Henrici  Douville  (1),  émit  a 
Johaune  Maillart  quantitateni  triginta  quatuor  grossarum  char- 
tarum  factaruni  in  hoc  ducatu  Brabantiae  praefato,  signataium 
Rubro  Porculo,  afïirmans  insuper  idem  testis  hoc  se  dixisse  pro 
iiierà  rei  veritate,  omnibus  odio,  aniore,  favorc,  prece,  preeio, 


(I)  Uc  Deuxvilk's? 


(  349  ) 

ii-iK  iiividiîî,  rnncore.  aut  quovis  alio  illicilo  inolu  aul  sinistrà 
niachiiiationc  in  pracmissis  sccliisis  pcnilus  cl  scinolis.  Cuni 
ilaqiic  piiiin  cl  appriinc  inciiloriuin  sil  apud  Dciim  .  ucc  minus 
ralioiii  cl  acquilali  conscnlancinn  ,  Icslimoiiiuin  vcrilali  i)cr- 
jjihcrc  cmn  (juis  ad  li(3cfucril  rc(|uisiliis,  idcirco  ego  iiolarius 
subscriplus,  elc. 

"23  fcbruai'ij  \l)id. 

Quindccim  grossas  parvaruni  diarlarmii  iioiniiic  Lanls- 

kf  ledits 

17  aprilis  1545. 

....  ïiii^iiita  grossas  linas  cliartaruni  Insoriaiiiin  cl  (piiiKiiic 
grossas  diclarum  carlaruin  ininciipalariim  Maislreascs  l'acla- 
riiiii  pcr  pracfatuni  Joliaiinciu  Maiilart  uoniiiic  Giiilicrnii  Car- 
|tcnlicr  cl  sigiialaruin  nolà  ac  sigiio  Porci  Sih:eslri.i  j  cl  (piod 
pracdiclac  cliarlacsiiit  faclac  ac  rcpcrlac  in  diclo  (qqtido  Ant- 
vcrpicnsi 


i\'  II. 

Vonrsitilits  exercées  par  Anioiilil  V(ui  Visse/tdheit 
contre  Robert  Péril. 

155 L  20  april  (st.  Brah.). 

In  dcr  saken  gcport  in  redite' vocr  amplinan,  Uisschcn 
Aerdc  van  Vissenakcn,  als  aenleggerc,  1er  cenre,  ende  Robert 
Pcril,  vcrwcerdcre,  ter  anderen  zyden,  den  voirscbreven  aen- 
le22:erc  concludcrende  dat  de  voirscbreven  vcrwcerdcre  lieni 
soude  scbublicb  syn  op  te  Icggenc  ende  le  bclalcnc  de  somme 
van  cxviij  Ryns  guldencn  ende  xij  sluyvcrs  cens,  van  versclic- 
ncn  buysliucrc.  vcrvallen  le  balff  mcerte  Icsllcdcn,  van  dcn 
liuysc  gcbcclcn  den  Baers ,"\\\  de  Ilooclislralc  dc-cr  sladt  gc- 


(  530  ) 

stacn,  den  voirsclircven  acnleggcrc  tocbehoircndc,  cndc  voirts 
dat  hy  soude  schuldich  syn  't  selvc  liuys  te  riiymeiie;  ende 
want  de  voirschrcvcn  verwcerdcre  nyet  en  eompareerde  voor 
recht  antworddende  op  de  aensprake  hein  gedaen ,  versoeht 
daer  omnie  de  voirschreven  aenleggere  dat  den  voirsclireven 
verweerdere  soude  geordineert  wordden  eenen  dacli  omme  te 
comparerene  voer  't  recht  ende  syne  sake  te  deffenderen  ende 
proponeren,  oft  anders  voer  des  aenleggers  eyschen  verreyct 
te  syne;  soe  is,  ten  nabescrevcn  dage,  gehoirt  syndc  de 
begeerte  ende  vcrsueck  by  den  voirschreven  aenleggere  ge- 
daen, ter  manissen,  etc.,  gewesen,  dat  de  voirsclireven  ver- 
weerdere sal  schuldich  syn  te  compareren  voer  recht  op  en 
disendage  naestcomende  ende  alsdan  de  sake  der  voirschreven 
partien  te  proponeren.  Ten  welcken  dage  hy  nyet  en  is  gecom- 
pareert  noch  procureur  van  synen  wegen,  emmer  des  by  den 
voerschrevcn  wethouderen  registre  blyckende. 

Actum  jovis,  20  aprilis  a''  51,  stilo  Brabantiae. 


.V  III. 

Compte  de  la  chasuble  dessinée  par  Albeut  Dlheh,  en  lo2l , 
'  pour  la  corporation  des  merciers  d^Anxers. 

Item,  dit  dat  hierna  volget  syn  de  costcn  oft  betalingen 
die  men  betaelt  heeft  by  consente  van  den  ouden  Eede  ende 
gemeenen  Ouders,  daer  toe  geroepen  waren  te  weten  :  de 
nyeuwen  Eedt  met  sincn  Oudermans  Jan  van  Iluekellom, 
Peeter  Pickaert ,  etc. 

Item,  dat  men  besteedt  heeft  aen  Pauwels  van  Malsen,  bor- 
ducrwerckere,  woonende  in  de  Prekerslrale,  een  cruys  ach- 
ler  ende  voren  dienende   lot  een  casvyvele ,  met  geschole 


(  3SI  ) 

Jystcn,  f}ii  van  gouwc.  cndc  de  stofic  daciloc  dicncndc  alsoo 
goc't  alst  beslc  dat  in  Onscr  Licvcr  Vrouwen  kcrckc  is,  ofl 
bctcr  dan  de  cappc  van  dcr  Dric  Coningcn,  ofl  het  aldcrbcst, 
sonder  prejndicie  oft  argelist.  Waervoor  nicn  licni  l)etaelt 
Iieeft Somma  xxiiij  i". 

Bctaeltnoch,  ter  prescntien  van  Pauwels  van  3Ialsen,  aen 
de  weduwc  Der  Kinderen,  op  de  Sleenhouwers  Veslc,  aen 
\.\  cngelschc  fijn  -perlcHj  ^\ael'voo^  dal  belaell  is,  van  clken 
engelsehc,  vj  st.  Brabants compt  vj  X. 

Betaelt  nocli  by  den  sclven  aen  ii  '/-2  cngclsebe  cie\jn  per- 
loi,  te  ix  stuyvcrs  dcn  engelsebe  .     .         v  seljel.  vij  '/^den. 

Belacit  noch  denselven  aen  xv  (jroofe  perlen ,  waer  af  mcn 
betaelt  becft iij  scli. 

Belaeit  den  1 1""  dacli  decembris,  len  bys\nc  van  Jacob  van 
Roebroeek  onsen  oudcrman,  aen  im  engelsebe  clejjii  perlen , 
tcn  X  st.  den  engelsebe x  scb. 

Betaelt  nocli  aen  eenen  engelsebe  chjnperlekens.  j  se.  vj  den. 

Belaeit  dcn  costers  van  der  kercken  die  ons  de  ornamenlen 
toondcn,  met  meer  andere  (persoonen).     .     .     .         ij  scbel. 

Item  dat  men  betaelt  beeft  Gouimeren,  sc/iilder,  op  S"  Ka- 
telinen  Vest,  van  ee?i  patroon  te  beworpen  .     .         xiiij  scb. 

Betaelt  by  eenen  schilder ,  in  de  Lange  Xieuirslnde,  van 
eenen  patroon  te  beworpen xiiij  scb. 

Betaelt  by  Aelbkecht  Durre,  van  eenen  Sinter  Claes  te 
beworpen,  by  Heynriek  Blockbuys  onser  ouderman 

XV iij  se  :  ix  dcn. 

Betaelt  aen  costen  die  gedaen  waren,  doen  men  't  wcrck  by 
Panwelse  bestecde,  waeraf  de  somme  com])t   .     .         vij  scb. 

loSO-^l.  Betaelt  van  sesse  ellen  ende  j  viercndeel  gouwen 
laekens,  daeraf  d'elle  coste  vj  £  Brab.,  ende  dat  omme  te 
maken  j  ornament  dienende  ter  velebratien  voor  Sinter  Claus 
Oiitaer.  Maeckt  in't  gebeele xxxvij  £  x  scb. 

15î21-2!2.  Item,  dat  men  betaelt  beeft  van  perlen  die  nocb 
gbebraken  aent  cruys  van  den  ornamcnte     .     .         xviij  scb. 


(  352  ) 

La  précieuse  eliasiible  est  encore  nieiUionnéc  dans  l'Inven- 
taire des  papiers  et  des  meubles  de  la  corporation,  dresse  en 
1571,  en  ces  termes  : 

Eenen  gouden  lakene  casuf/fele,  met  een  rooden  bocnuiai 
overluyçie. 

N«  IV. 

Octroi  pour  imprimer  la  Génécdogie  et  descente  de  la  maison 
d'Autriche. 

Charles,  etc.,  à  touz  ciculx  qui  ses  présentes  lettres  verront, 
salut.  Savoir  faisons  nous  avoir  receu  l'umblc  supplicacion  de 
Robert  Péril,  demouranl  en  nostre  ville  d'Anvers,  contenant 
comment  du  vivant  de  feue  nostre  très-cliiere  et  trcs-amée 
dame  et  tante,  dame  Marguerite,  arcbiducesse  d'Auslricc, 
douaigière  de  Savoye,  etc.,  et  par  son  ordonnancbe  //  eiisl 
imprimé  nostre  Couronacion  en  empereur  célébrée  à  Bouloin- 
cjne  avecq  la  Triumphe  d'icelle;  et  si  a  entreprins  d'enprimer 
par  figures  et  en  divers  langaiges,  la  Généalogie  et  Descente 
lie  nostre  maison  d'Autrice  déclairée  en  ung  rolle  extraict 
des  livres  de  niaistre  Jérôme  Gebuilerc,  qui  en  a  fait  six 
livres,  imprimez  du  consentement  tant  de  nous  comme  em- 
pereur en  nostre  chambre  impériale,  que  h  la  requeste  de 
nostre  trcs-chier  et  très-amé  frère  et  roy  des  Romains,  la- 
quelle Descente,  pour  sa  plus  grande  seurté  et  vérification 
d'icelle,  il  a  fait  visiter  et  examiner  par  aultres  auclheurs  et 
historiographes  de  divers  pays  circumvoisins;  et  néantmoins 
ne  les  oseroit  imprimer  sans  avoir  noz  lettres  d'octroy,  congié 
et  licence  à  ce  pertinentes,  dont  il  nous  a  très-humblement 
supplié  et  requis. 

Pour  ce  est-il  que  nous,  ces  choses  considérées,  et  aprez  que 
avons  fait  visiter  corriger  et  signer  ladicte  Généalogie  par 
nostre  amé  et  féal  chevalier  conseillicr  et  maislre  des  reques- 
tes  ordinaire  de  nostre    hoslel  messire  Cornillc  Sccppcrus , 


(  r,35  ) 

aiitlict  suppliant  inclinans  favorablcmonl  à  sadicle  sii])plicalioii 
cl  reqiieslc,  avons  oclroyé,  consenU  cl  accordé,  octroyons, 
consentons  et  accordons,  en  luy  donnant  congic  et  licence  de 
i^ràcc  cspccial  par  ces  présentes,  ([ne,  devant  le  lenîj)S  cl  terme 
de  trois  ans  prochain  venans  et  entresuivans  l'un  l'anltre,  il 
pnist  imprimer  ou  faire  imprimer  ladicte  Généalogie  et  Des- 
cente de  noslredicle  maison  dAustrice,  selon  le  rolle  signé  du- 
dict  mcssire  Cornille,  et  le  vendre  et  distribuer  en  et  par  tous 
nos  pays  et  segnories,  deffendant  à  tous  imprimeurs  de  nostre- 
dict  pays  d'imprimei'  ladicte  Généalogie  durant  ledict  tem])s 
et,  sur  paine  de  confiscation  dicclle  que  ainsi  par  eulx  seroit 
imprimée,  et  avecq  ce  d'cstre  pngny  arbitrairement. 

Si  dormons  ce  mandement  à  nos  amez  et  féaulx  les  cbief  pré- 
sident et  gens  de  noz  privé  et  grand  consaulx,  président  et 
gens  de  nostre  chambre  de  conseil  en  Flandres,  gouvcrnenr 
l)résidenl  et  gens  de  nostre  conseil  dArtois,  grand  bailly  de 
llaynnau  et  gens  de  nostre  conseil  à  Mons,  gonverneurs,  pre- 
miers et  aultres  de  noz  consaulx  en  Hollande,  Frise  et  Utreeht , 
gouverneurs  de  Lille,  Doua.y  et  Orchics,  bailly  de  ïournay  et 
Tournésis,  '^w-vost  le  conte  à  Valcnciennes,  rcnlmaistrcs  Bc- 
west  et  Beoisttfj^schelt  en  Zellande,  et  à  tous  noz  aultres  jus- 
ticiers, olTiciers  et  suJi^jcctz  que  ce  peult  et  pourra  toucher  et 
regarder,  ou  à  leurs  lieutenants  et  chascun  d'tulx  endroit  soy, 
et  sicomme  à  luy  appartiendra,  qwe  J^/wstre  présente  grâce, 
ollroy,  congié  et  licence,  durant  le  tamps,  selon  et  par  la  ma- 
nière que  dit  est,  ilz  fâchent,  seuffrent  et  laissent  ledit  sup- 
pliant plainement  et  paisiblement  joyr  et  user,  sans  luy  faire 
mectre  r>u  donner  ne  souffrir  estre  fait  ou  donné  aulcun  des- 
tourbier  ou  empeschement  au  contraire;  car  ainsi  nous  plaist 
il.  En  témoing  de  ce  nous  avons  fait  mectre  nostredit  séel  à 
ces  présentes.  Donné,  etc.,  le  xV  jour,  etc.,  lan  ,  etc.  [Sic. 
Probablement  en  ia54.) 

Nous  exprimons  ici  à  notre  ami,  M.  Pinciiarl,  nos  rcmercîmcnls  pour 
avoir  signalé  à  noire  allenlion  ce  documenl  apparlenanl  aux  Arcliivcs 
générales  de  Belgique. 


(  3S4  ) 

i\°  V.     . 

Pr(H  iVoidils,  de  meubles  et  d'objets  de  ménage,  fait  à  Robert 
Péril  par  Adrien  de  Vogelere. 

1533.  Acte  passé  devant  les  éclicvins  d'Anvers. 

Robert  Péril  cnde  jouffrouwc  Guillemelte  Dessin  ,  Jans  docli- 
tcrc  wylen ,  ejits  uxor,  bekenden  ende  verlyden,  alsoo  Adriaen 
de  Vogelere,  eoopnian,  henlieden  in  subsidie  ende  onder- 
stande  van  Imeren  ambaelite  ende  neeringe,  ende  oinme  ben 
broot  te  mogen  winnen,  geleent  beeft  de  parclieelen  nabe- 
scbreven  :  in  den  iersten,  een  persse,  een  yseren  slove;  item, 
vij  bouten  tafelen  ;  item,  xij  formen  omme  quarten  te  druc- 
kene;  item,  vj  scheeren  omme  quarten  mede  te  snydene  ; 
item,  vj  bouten  rygelen;  item,  ij  lycken  daer  men  de  quar- 
ten mede  lyckt;  item,  iiij  marber  steenen  omme  te  lycken; 
item,  een  cleerscappraeye;  item,  twec  tritsooren;  item,  ii  corf- 

ven;  item,  twee  br      ','.]'"       een  doussvn  slapelakenen; 

,         •       -ô;  d  icelle;  et  si  a  j'  ,, 

Item,  een  doussn  '  -  ^''^iissvn  servetten  ; 

item,  vior  bran-  'J"'*  '"«»«'>«,  '«  Généalogte  eth^.  j,,,,,^ 

iijsloclc.r.ilcm.'''*"";"''^  déclmicc  en   iiJJ.svn  commekens 

,     ...  ustre  Jérôme    Gebuiler*^    ■      ,  "  .t  • 

onde  vij  tennen  \  .„tes  voirscbreven  Adriaens 

marcke;  item,  s^    /    ,       ...  .^andeleers  ende  twee  ketclen; 

soo  eest  dat  zy  geloift  bcbben  ende  geloifden  midts  desen  in 

goedeii  Irouwen,  dat  zy  dezelve  pareeelen  van  goede  in  al 

noch  in  deele  neglicenssins  en  zelen  vercoopen,  alieneren , 

vcrsettcn,  wechgeven   oft   versteken  in  prejudicie  van  den 

voirscbreven  Adriane  de  Vogelere,  mair  zelen  die  denzelven 

Adrianen  oft  by  gebreke  van  bem  zynder  naeomelingen  ge- 

beelic  ende  ongemindcrt  weder  leveren  ende  restitueren  altyt 

ende  vvannecr  zy  daer  toe  versocbt  zelen  \\ orden.  Inde  obtu- 

lerunt  se  et  sua, 

xiiij  maij  a°  XXXHf. 


liuJlileiArod.roi^a/e  df  À'eù/.  Tz7.p..^.'i4-. 


ROBERT  PERIL 


R    .V    /\  M  VF.  Px  5     F.  H     lo  J  5. 


■hroiit^lUA^    iT/juyftau   A'  7bot>êh  Sr^^xsUec 


(  3S5  ) 
OUVRAGES  PRKSEMÉS. 


De  Wille  (-/.)•  —  Recherches  sur  les  empereurs  qui  ont  rogne 
dans  les  Gaules  au  111'  siccle  de  l'ère  chrétienne.  Paris,  18(18; 
in-4". 

Scheler{Auguste).  —  La\nh\ioihcquc  privée  du  roi  Léopold  V\ 

nruxellcs,  1809;  in-8°. 

Chalon  (Renie?').  —  Curiosités  numismatiques.  Monnaies 
rares  ou  inédites.  12"""  article.  Rruxelles,  1809;  in-8". 

Chalon  {Renier).  —  ieions  de  mariage.  2"^*^  arliclc.  Bruxelles, 
1809;  in-8'\ 

Schubert  [Franz).  —  Choix  de  trente  mélodies  pour  voix 
élevées  avec  texte  allemand  et  traduction  française  rhylhmée, 
parA.  Van  llasselt  et  J.-B.  Rongé.  Brunswick;  in-4". 

Van  Maldegheni  (/?.-/.).  —  Trésor  musical.  Collection  au- 
thentique de  musique  sacrée  et  i)rofane  des  anciens  maîtres 
belges.  Op.  170.  3Iusique  religieuse.  1808,  IV-^  année,  1'^  et 
2'"*'  livr.;  1809,  V«  année,  1"  et  !2'"Mivr.  Bruxelles,.  1808-1 809  ; 
2  cah.  in-4". 

Causeries  populaires,  IV*^  année. Bruxelles.  1808;  in-8". 

Catalogne  des  livides  de  la  bibliothèque  de  M.  A.  De  IJemp- 
tinne,  fabricant  de  produits  chimiques,  àMolenbeek-Saint-Jean, 
lez-Bruxelles.  Bruxelles,  1808;  in-8'\ 

Ze/iètTe  (//.).  — Institutions  narauroises.Namur,9cah.in-8". 

Commission  royale  pour  la  publication  des  anciennes  lois 
et  ordonnances  de  la  Belgique.  —  Coutumes  du  pays  et  duché 
de  Brabant,  quartier  de  Bruxelles.  Tome  1".  Coutumes  de  la 
ville  de  Bruxelles,  par  A.  De  Cuyper.  Bruxelles,  1809;  in-i"; 
—  Coutumes  du  pays,  duché  de  Luxembourg  et  comté  de 
Chiny,  par  M.  M.-N.-J.  Leclercq.  Tome  II.  Bruxelles,  1 809  ;  in-4". 

Société  de  Vhistoire  de  Belgique.  —  \S\V  siècle  :  Histoire 


(  3S6  ) 

générale  des  guerres  de  Savoie,  de  Bohème,  du  Palatinat  et  des 
Pays-Ras  (10 !()- 1027),  par  le  seigneur  du  Cornet,  gentilhomme 
heigeois,  avee  une  introduction  et  des  notes  par  A.-L.-P.  De 
Rohaulx  de  Soumoy.  Bruxelles,  18G8;  2  vol.  in-8". 

Commissions  royales  d'art  et  (Varchêohfjie ,  VHP  année, 
n°^  1  et  2.  Bruxelles,  18G9;  1  vol.  in-8°. 

Wesmael  (Alfred).  - —  Monographie  de  toutes  les  espèces 
connues  du  genre  Populus.  Mons,  1869;  in-8''. 

Witlems- Fonds ,  te  Gent.  —  De  kleine  economist.  Grond- 
begrippen  der  staalhuishoudkunde  vertaeld  uit  hethoogduitsch 
van  Otto  liiibner,  en  vermeerderd  metbijvocgingen  van  Ch.  Le 
Hardy  de  Beaulieu.  Derde  druk.  Gand,  18G9;  in-12. 

L'Abeille.  —  Revue  pédagogique,  publiée  par  Th.  Braun  , 
XV  année,  1'"%  ^'"•^  et  5""^  livr.  Bruxelles,  18G9;  3  cah.  in-8'\ 

Société  royale  de  numismatique  de  Bruxelles.  —  Revue  de 
la  numismatique  belge,  5^  série,  tome  I,  2'  livr.  Bruxelles, 
1869;  in-8°. 

Le  Bibliophile  belge j  W"  année,  l""  et  2'^  livr.  Bruxelles, 
1869;  cah.  in-8^ 

Messager  des  sciences  historiques ,  ou  archives  des  arts  et 
delà  bibliographie  de  Belgique  ;  année  1869,  1""  livr.  Gand, 
in-8". 

Société  d'émulation  pour  l'étude  de  l'histoire  et  des  anti- 
quités delà  Flandre  y  d  Bruges.  —  Annales,  ô*"  série,  tome  V, 
11"^  5  et  4.  Bruges,  1868;  in-S". 

Société  scientifique  et  littéraire  du  Limbourg ,  à  Tongres.  — 
Bulletin,  tome  IX.  Tongres,  I8G8;  in-8". 

Société  chorale  et  littéraire  des  mélophiles,  à  Hasselt.  —  Bul- 
letin de  la  section  littéraire,  V'^  volume.  Hasselt,  1868;  in-8". 

Institut  archéologique  liégeois.  —  Bulletin,  tome  IX,  l*"*^ 
livr.  Liège  1868;  in-8". 

Essai  de  tablettes  liégeoises,  j)ar  Alb.  d'Otrcppe  de  Bou- 
vette,  9P'  livr.  Liège,  18G9;  in-12. 

La  Belgique  horticole ,  annales  d'horlicullure  beli»e  et  élran- 


(  557  ) 

gère,  rédigées  par  Edouard  Morren.  Mars-avril   18C8.  Liège, 
in-8°. 

Le  Chimiste,  journal  de  chimie  appliquée  aux  arts ,  à  l'indus- 
trie et  à  l'agriculture,  publié  par  M.  Henri  Berge,  IV=  année, 
n°2.  Bruxelles,  ISGS-lcSOO;  cali.  in-8". 

L'Illustration  horticole ,  journal  s'^'c'.al  des  serres  et  des 
jardins,  rédigé  par  (^h.  Lemaire  et  pul)lié  par  Ambroise  Ver- 
schairelt.  Tome  XVI,  l^*^  et  2''  livr.  Gand,  18G9;  cab.  in-8". 

La  charité  sur  les  champs  de  bataille ,  W'  année,  n"  10. 
Bruxelles,  ISfiO;  feuille  in-/*". 

Société  philotechiiirjue  à  Paris.  —  Annuaire,  années  1806, 
d807  et  1868.  Tomes  XXVIII,  XXIX  et  XXX.  Paris;  3  vol. 
in-8". 

Matériaux  pour  l'histoire  primitive  et  naturelle  deVhommej 
V*  année,  S''  série,  n°  1.  Janvier  1869.  Paris;  in-8°. 

Société  philomaficjue  de  Paris.  —  Bulletin,  tome  V.  Octo- 
bre, novembre  et  décembre  1868.  Paris,  1868;  in-S". 

Revue  et  magasin  de  zoologie  pure  et  appliquée  et  de  séri- 
ciculture comparée,  par  31.  F.-E.  Guérin-Meneville;  1869, 
i\°'  2  et  5.  Paris;  3  cab.  in-8°. 

Académie  impériale  des  sciences,  belles-lettres  et  arts  de 
Bordeatix.—  Actes, ù'  série,  XXX*^  année,  1868,1  "et  2'"'=  tri- 
mestre. Paris,  1868;  in-8^  —  Séance  publique  du  11  mars 
1869.  Bordeaux,  1869,  in-8^ 

Delesse  et  Lapparent  [De).  —  Revue  de  géologie  pour  les 
années  1866  et  1867.  VI.  Paris,  1869;  in-8''. 

Société  d'histoire  naturelle  de  Colmar.  —  Bulletin,  VHP  et 
IX*  années,  1867  et  1868.  Colmar,  1868;in-8°. 

Société  dunkerquoise  pour  l'encouragement  des  sciences, 
des  lettres  et  des  arts,  à  Dunker que.  — Mémoires,  1867-1868, 
XIIP  volume.  Dunkerque,  18G8;  in-8°. 

Société  linnéenne  de  Li/on.  —  Annales^  année  1868  (nou- 
velle série),  tome  XVI.  Lyon-Paris,  1868;  in-8^ 

Aoîist  {L'abbé).  —  Communication  au  sujet  de  la  présenla- 

2""^  SÉRIE,  TOME  XXVII.  24 


(  358  ) 

tion  en  séance  de  l'Académie  des  sciences  du  1"'  mars  1869 
de  son  ouvrage  intitulé  :  Analyse  infinitésimale  des  courbes 
tracées  sur  une  surface  quelconque.  Paris,  1869;  in-4". 

Aoust  {L'abbé).  —  Analyse  infinitésimale  des  courbes  tracées 
sur  une  surface  quelconque.  Paris,  1869;  in-8'\ 

Aoust  [L'abbé).  —  Nouvelles  observations  sur  un  débat  de 
priorité  entre  M.  Gilbert,  professeur  à  l'Université  de  Louvain. 
et  31.  l'abbé  Aoust,  professeur  à  la  Faculté  des  sciences  de 
Marseille.  Marseille,  1869;in-8°. 

Société  impériale  d'agriculture  de  Valenciennes.  —  Revue 
agricole,  XX*^  année,  tome  XXVIII,  n°  I.  Valenciennes,  4869; 
in-8°. 

Congrès  international  de  statistique.  —  Projet  du  pro- 
gramme de  la  septième  session ,  à  La  Haye,  en  1869.  La  Haye; 
in-4°. 

Heynsius  [A.).  —  Onderzoekingen,  gedaan  in  bet  pbysiolo- 
gisch  laboratorium  der  Leidscbe  Hoogescliool.  Leide,  1869; 
in-8^ 

Commission  géologique  de  la  Société  helvétique  des  sciences 
naturelles,  à  Berne.  —  Matériaux  pour  la  carte  géologique  de 
la  Suisse,  6"'^  livr.  :  Jura  vaudois  et  neuchâtelois,  par  Auguste 
Taccard.  Berne,  1869;  1  vol.  in-4"  et  2  cartes  in-plano. 

Konigliche  preussische  Akademîe  der  Wissenschaf'ten  zu 
Berlin.  —  Monatsbericbt,  Januar  1869.  Berlin;  cab.  in-8". 

Archiv  der  Mathematik  und  Physik,  bcrausgegeben  von 
J.-A.  Grunert,  XLIX  Tbeil,  2'"  und  5^"  Hefte.  Greifsvvald, 
1868-1869;  2  cab.  in-8°. 

Beidelberger  Jahrbiicher  der  Literatur,  unler  Mitwirkung 
der  vier  Facultaten,  LXII  Jabrg.,  L"  und  2'  Ileft.  Heidelberg, 
1869;  cah.  in-8^ 

Naturhistorisch-medizinisciter  Yerein  zu  Heidelberg.  — 
Verhandlungen,  Band  V,  n''  1.  Heidelberg,  1869;  in-8°. 

Astronomische  Gesellschafl  zu  Leipzig.  —  Vierleljabr- 
scbrift,  IV  Jabrg.,  1  Heft.  Leipzig,  1869;  in-8". 


(  359  ) 

MiKjijav  tiidomanyos  Akademiu  (Acadéniie  des  sciences  de 
ilongrie,  à  Pesth).  —  Evkon}  v,  XI  kotet,  L>-5  darah;  Xll  kotel. 
1  darab.Pcslh,  18G4-I8Ga;  5  cahiers  in-4°.  —  iXvelvtiidoin.  Er- 
tésitô,  III  kotet.  Pcsth  ,  1803-1805;  2  cali.  in-8".  —  Pliilos.  Er- 
tésito,  V  kotet,  I  fuzet.  Pesth,  1803;  in-8-.  —  Matiiein.  Erté- 
sitô,V  kotet.  Pcsth,  1805  ;2cah.in-8^  — Nyelvtiidom.  Kôzlem. 

IV  kotet.  Pesth,  1865;  5  cah.  in-^.    —  Archaeol.  Rôzlein , 

V  kotet.  Pesth,  1805;  2  cah.  in-4".  —  Statist.  es  nemzety. 
Kozlem,  1  kotet.  Pesth  ,  1805  ;  2  cah.  in-8°.  —  A  magyar  nyclv 
Szotâra,  III  kotet,  4,  5,6  fuzet.  Pesth,  1865;  5  cah.  iri-8^:  — 
Jegy-Zôkonyv,  111  kotet.  Pesth,  1805;  2  cah.  in-li>.  —  Ahna- 
nach,  1806.  Pesth;  in-li>.  —  Ikidapesli  Szemle,  IV-X  tïizet. 
Pesth,  1805;  7  cah.  gr.  iii-8^ 

Barrcuide  [Joachim).  —  I.  Réapparition  du  genre  Arelhu- 
sina  Barr.  (une  planche).  II.  Faune  silurienne  des  environs  de 
Hof ,  en  Bavière  (une  planche).  Prague,  1808;  in-8°. 

K.  K.  Universitat  zu  Wien.  —  Offentliche  vorlesungen  iiii 
sommer-seniester  1809.  Vienne,  1869;  p.  in-4". 

Kaiserliche  Akademie  der  Wissenscliaften  in  Wieu.  — 
Sitzung  der  math.-naturw.  classe.  Jahrg.  1869,  n°*  8  et  9. 
Vienne,  1869;  feuille  in-8^ 

Kaiserlich-Konigliche  geologische  ReichmnsUdt  zu  Wien. 
—  Jahrhuch ,  Jahrg.  1869 ,  XIX  Band ,  n"  1 .  Vienne,  1808;  gr. 
in-8". 

K.  K,  Zooloyiscfi-Botanische  Gesellsclnift  in  Wien.  —  Ver- 
handlungen,  XVIll  Band.  Vienne,  1808;  in-8". 

Neilreich  (Âiigust).  —  Die  Végétations  Verhaltnisse  von 
Croatien.  Vienne,  1808;  in-8''. 

Heller  (Cam.).  —  Die  Zoophylen  und  Echinodernun  der 
Adriatischen  meeres.  Vienne,  1868;  in-8°. 

Von  Fraaenfeld  (Georg  ritter).  —  Offenes  Schreiben  an 
llerrn  Franz  Maurer,  als  Erwiederung  auf  dessen  Schniaii- 
schrift  .(  Nicohariana.  »  Berlin,  1808;  in-8^  Vienne,  1808: 
in-8°. 


(  360  ) 

Von  OeUimjen  [Arthur).  —  3îeleorologische  Beobachtungen 
angestellt  in  Dorpat  im  Jahre  18G8.  Dorpat,  18G9;in-8°. 

Société  impériale  d'agriculture  de  Moscou.  —  Journal, 
année  1867-1868.  Moscou;  8  cali.  in-8°;  —  Journal  1  Agri- 
culture russe,  i"^^  année,  vol.  I,  if  \.  Moscou,  i869;  in-S" 
(en  russe). 

Société  impériale  des  Naturalistes  de  Moscou.  — Bulletin, 
année  1868,  n°  2.  Moscou;  in-8". 

Settimaîvni  (C).  —  D'une  nouvelle  méthode  pour  déter- 
miner la  parallaxe  du  soleil.  Florence,  1869;  in-8''. 

Zantedeschi  (Francesco).  —  Intorno  al  magnétisme  tras- 
versalc  alla  direzione  délia  corrente  elettrica.  Padoue,  1869; 
in-8°. 

Universidadede  Cotmbra.—  Annuario,  1868-1 869.  Coïmbre, 
1868;in-12. 

Nnmismatic  Society  of  London.  —  Numismatic  chronicle, 
1  868,  part.  IV.  Londres,  1868;  in-8°. 

Chemical  Society  of  London. —  Journal,  série  2,  vol.  Vil, 
January-March,  1868.  Londres,  1869;  5  eali.  in-8''. 

Institution  of  Civil  engineers  of  London.  —  Transactions, 
vol.  IIL  Londres,  1842;  in-4";  —  Minutes  of  Proceedings, 
vol.  L-XXVI,  witb  a  gênerai  index  of  vol.  I  to  XX.  Londres, 
1857-1866;  27  vol.  in-8";  —  Catalogue  of  the  Library.  Second 
édition.  Londres,  1866;  in-8°. 

Geological  Society  of  London.  —  Quarterly  journal,  vol. 
XXV,  part  1.  Londres,  1869;  in-8°. 

Hunter  (IF.  W).  —  A  comparative  Dictionary  of  the  lan- 
guages  of  India  and  Higb  Asia,  witb  a  dissertation.  Londres, 
1868;  in-4''. 

Asiatic  Society  of  Bengal,  at  Calcutta.  —  Journal,  new 
séries,  n°=  CXLIX  to  CL.  Calcutta,  1868;  2  cah.  in-8". 


BULLETIN 


DE 


L'ACADÉMIE  ROYALE  DES  SCIENCES, 

DES 

LETTRES  ET  DES  BEAUX-ARTS  DE  BELGIQUE. 
1869.  —  N°  5. 

CLASSE   DES  SCIENCES. 


Séance  du  fl  mai  i869. 

M.  Nyst,  directeur,  occupe  le  fauleuiL 
M.  Ad.  Quetelet,  secrétaire  perpétuel. 

Sont  présents  :  MM.  d'Omalius  d'Halloy,  C.  Wesmael, 
J.-S.  Stas,  L.  De  Koninck,  P.-J.  Van  Beneden,  Edm.  de 
Selys-Longcliamps,  le  vicomte  B.  Du  Bus,Gluge,  Melsens, 
J.  Liagre,  F.  Duprez,  Poelmaii,  G.  Dewalque ,  Ernest  Que- 
lelet,  A.  Spring,  M.  Gloesener,Candèze,  Eugène  Goemans, 
F.  Donny  ,  Montigny,  Steiclien,  membres;  Th.  Schwann, 
Th.  Lacordaire,  E.  Catalan,  Ph.  Gilbert,  associés; 
L.  Henry,  A.  Brialmont,  Bellynck,  Ed.  Dupont  et  Briart, 
correspondants, 

2*"'  SÉRIE  ,  TOME  XXVII.  25 


(  362  ) 
CORRESPONDANCE. 


îl  csl  donné  connaissance  de  la  mort  de  M.  Antoine 
Berloloni,  associé,  décédé  à  Bologne  le  17  avril  dernier. 
—  Une  lettre  de  condoléance  a  été  écrite  à  la  famille  dn 
défunt. 

—  M.  le  Ministre  de  Tintérieur  adresse  divers  ouvrages, 
qui  seront  annoncés  au  Bulletin  de  la  séance. 

—  L'Association  britannique  pour  Tavancement  des 
sciences  annonce  que  sa  59'  réunion  s'ouvrira,  cette  année, 
à  Exeter  le  18  août. 

—  Les  établissements  scientifiques  suivants  remercient 
pour  les  derniers  envois  de  publications  académiques  :  la 
Société  philoleclinique  de  Paris,  l'Académie  impériale  des 
sciences  de  Bordeaux,  la  Société  des  sciences  de  Middel- 
bourg,  la  Fondation  Teyler,  à  Harlem,  la  Société  batave 
de  Rotterdam,  la  Société  royale  de  Dublin,  la  Bibliotbèque 
royale  de  Berlin,  l'Université  de  Kœnigsberg,  l'Observa- 
toire d'Altona,  la  Société  vétéravienne  de  Hanau. 

—  La  classe  reçoit  communication  des  observations  sui- 
vantes des  pliénomènes  périodiques  :  Observations  sur 
l'état  de  la  végétation  à  l'Observatoire  royal  de  Bruxelles, 
le  21  avril  1869,  par  M.  Ad.  Quetelet;  observations  du 
même  genre  à  Melle,  à  la  même  date,  par  M.  Bernardin; 
observations  botaniques  faites  à  Anvers,  en  1868,  par 
M.  Acar.  M.  Terby  transmet  la  liste  des  orages  observés  à 
Louvain,  depuis  le  commencement  de  Tannée  1869  jus- 


(  565  ) 

qu'au  2o  avril;  M.  Cavalier  envoie  son  résumé  météréolo- 
giquc  du  mois  d'avril  dernier  pour  Oslende. 

—  Les  travaux  manuscrits  suivants  sont  renvoyés  à 
l'examen  de  commissaires  : 

i"  Description  des  fossiles  du  calcaire  grossier  de  Mous; 
V'  partie  :  Gastéropodes,  par  MM.  A.  Briart  et  F.-L.  Cor- 
net. (Commissaires  :  MM.  Nyst,  De  Koninck  et  d'Omalius.) 

2°  Recherches  sur  les  crustacés  d'eau  douce  en  Belgique, 
2'  et  o-  parties,  par  M.  Félix  Plateau.  (Commissaires  : 
MM.  Van  Beneden,  de  Selys-Longcliamps  et  Lacordaire.) 

S*"  Recherches  sur  Vembrijocjénie  des  crustacés;  1'"''  par- 
tie. Observations  sur  le  développement  de  VAsellus  aqua- 
ticus,  par  M.  Edouard  Van  Beneden.  (Commissaires  : 
MM.  Sclnvann,  Gluge  et  Poelman.) 

4°  Sur  quelques  propriétés  des  surfaces  apsidales  ou 
conjuguées,  par  M.  Ph.  Gilbert.  (Commissaires  :  MM.  Ca- 
talan et  Steichen.) 

5"  Recherches  sur  les  dérivés  de  Vacide  phényl-acétique 
fa.  toluique),  â*"  partie,  par  M.  Bronislas  Badziszweski. 
(Commissaires  :  MM.  Stas  et  De  Koninck.) 

6°  Observatio7is  sur  Vorigine  fluvio-marine  de  la  houille 
dans  la  province  de  Liège,  par  M.  Benier  Malherbe.  (Com- 
missaires :  MM.  d'Omalius,  De  Koninck  et  Dewalque.) 

7°  Description  d'une  nouvelle  espèce  américaine  dit 
genre  Caïman  f alligator J,  par  M.  Alf.  Preudliomme 
de  Borre.  (Commissaires  :  MM.  Van  Beneden,  Lacordaire 
et  Poelman.) 

8°  Résumé  des  règles  pour  faire  prévoir  la  couleur  des 
composés  minéraux  et  celle  d'un  grand  nombre  de  com- 
posés organiques,  par  M.  Ed.  Bobin.  (Commissaires  : 
MM.  Stas  et  Melsens.) 


(  oU  ) 
—  M.  le  secrétaire  perpétuel  annonce  que  la  commis- 
sion spéciale  des  finances  de  la  classe  s'est  réunie  avant 
la  séance  et  qu'elle  a  vérifié  et  approuvé,  en  ce  qui  con- 
cerne la  classe,  les  comptes  de  Tannée  1868,  arrêtés  en 
séance  de  la  commission  administrative  du  5  avril  dernier. 


ELECTIONS. 


M.  Stas,  délégué  de  la  classe  auprès  de  la  commission 
administrative,  est  maintenu  dans  ces  fonctions  pour 
l'année  courante. 


RAPPORTS. 


M.  Dewalque,  qui  avait  été  prié  d'examiner  deux  notes 
de  M.  Fua,  de  Padoue,  sur  un  nouveau  procédé  destiné  à 
prévenir  les  explosions  dans  les  mines,  fait  remarquer  que 
ces  notes  ont  déjà  été  livrées  à  la  publicité.  Aux  termes 
du  règlement,  il  ne  peut  donc  être  fait  de  rapport. 


(  365  ) 


Xotice  sur  des  débris  de  Chêloniens  faisant  partie  des  col- 
lections du  Musée  royal  d'histoire  naturelle  et  proie- 
riant  des  terrains  tertiaires  des  environs  de  Bruxelles, 
par  M.  A.  Preudhomme  de  Borie. 

MtapporI   de  M.  Poeltnttt^. 

Dans  la  notice  qui  l'ait  l'objet  du  présent  rapport,  l'au- 
teur nous  fait  connaître  quelques  débris  de  Chêloniens.  Jl 
les  a  trouvés  en  passant  en  revue  la  collection  des  fossiles 
des  terrains  tertiaires  des  environs  de  Bruxelles,  formée 
par  MM.  Vincent  et  De  Pauw,  préparateurs  du  Musée. 

M.  Preudhomme  décrit  : 

Un  fragment  de  pièce  sternale  qu'il  croit  pouvoir  rap- 
porter à  une  Ëmyde. 

Deux  vertèbres  incomplètes  (un  atlas  et  un  axis)  qu'il 
croit  pouvoir  rapporter  également  à  une  Émyde,  peut-être 
à  VEmys  camperi. 

Un  os  qui  serait  le  métatarsien  de  l'orteil  médian  d'une 
tortue  marine. 

Un  autre  os,  aussi  un  métatarsien,  d'après  l'auteur,  et 
appartenant  au  second  ou  au  quatrième  orteil. 

Un  morceau  du  pourtour  de  la  carapace  d'une  Ëm^de 
ou  d'une  Chélonée. 

Enhn  un  fragment  de  plaque  dorsale  d'une  tortue  de 
la  famille  des  Potamites. 

L'auteur  croit  avoir  établi  qu'outre  une  Émyde  ou  tor- 
tue paludine  et  une  espèce  de  G.  Trionyx  dont  M.  Winkler 
a  donné  la  description ,  les  terrains  tertiaires  éocènes  envi- 
ronnant Bruxelles  recèlent  encore  d'autres  Chêloniens  : 


(  366  ) 
d'abord  des  débris  d'une  Émyde,  puis  ceux  d'une  tortue 
marine,  ensuite  ceux  d'une  seconde  espèce  de  la  l'amille 
des  Potamiles. 

Une  planche,  comprenant  sept  figures,  représente  les 
diverses  parties  décrites. 

On  voit,  d'après  ce  qui  précède,  qu'excepté  les  deux 
vertèbres  incomplètes  rapportées  à  VEmys  campcri,  les 
autres  fragments  appartiendraient  à  des  espèces  que  l'au- 
teur croit  nouvelles  pour  la  science. 
*  Mais  ces  fragments ,  provenant  tous  de  diverses  localités 
situées  dans  le  voisinage  de  la  capitale,  nous  paraissent 
trop  incomplets  pour  que  nous  osions  admettre,  autre- 
ment qu'avec  doute,  les  déterminations  faites  par  M.  Preud- 
homme  de  Borre. 

Toutefois,  nous  estimons  qu'il  y  a  une  utilité  réelle  à 
faire  connaître  ces  débris  fossiles  et  nous  proposons,  en 
conséquence,  l'impression  dans  les  Bulletins  de  la  notice 
soumise  à  notre  examen,  ainsi  que  de  la  planche  qui  l'ac- 
compagne. » 


Mtnppot't  (te  Jf.   Th.   E>acoa'daii*e. 

Le  travail  de  M.  Preudhomme  de  Borre  n'eùt-il  d'autre 
résultat  que  de  provoquer  de  nouvelles  recherches  sur  les 
restes  de  Chéloniens  que  renferme  le  terrain  tertiaire  des 
environs  de  Bruxelles,  me  paraît,  comme  à  mon  honorable 
confrère  M.  Poelman,  mériter  d'être  insérédansles  Bulletins 
de  l'Académie.  Pas  plus  que  lui  je  n'ose  hasarder,  d'après  des 
matériaux  aussi  incomplets,  un  jugement  sur  le  bien  fondé 
de  leur  détermination;  mais  l'étude  approfondie  qu'en  a 


(567) 
l'aile  M.  de  Boire  et  ses  connaissances  en  celte  nialièie  sont 
de  loiles  piobabililés  qu'elle  est  cxacle.  Les  découvertes 
lu  turcs  décideront  celle  question.  » 

Conformément  aux  conclusions  de  ces  rapports,  la  classe 
vote  l'impression  de  cette  note  dans  les  Bulletins j  ainsi 
que  de  la  planche  qui  l'accompagne. 


Ao/t'  sur  un  nouveau    sfj^lènte  de  c/irononiêlrie  eleclro- 
balislique^  par  M.  le  major  Navez. 

ilappot'l  de  JE.  le   colonel  iSfiaUnoàU, 


«  Les  travaux  de  M.  le  major  Navez  ont  exercé  une 
grande  inllucnce  sur  les  progrès  de  la  balistique,  dont  les 
problèmes  ont  presque  tous  pour  point  de  départ  la  mesure 
du  temps  ou  de§  vitesses,  ce  qui  est  tout  un.  Leur  utilité 
est  trop  généralement  appréciée,  pour  que  je  ne  saisisse 
pas  avec  empressement  l'occasion  qui  m'est  offerte  de 
signaler  à  l'Académie  la  part  qui  revient  à  l'artillerie  belge 
dans  l'invention  des  appareils  électro-balistiques  employés 
aujourd'hui,  avec  un  plein  succès,  dans  tous  les  pays. 

En  18  iO,  M.  Wheatstone  annonça  par  la  voie  de  nos 
bulletins  que  «  par  une  extension  du  mécanisme  de  son 
»  télégraphe  électrique,  il  avait  trouvé  le  moyen  de  mé- 
»  surer  la  durée  des  phénomènes  qui  se  produisent  dans 
»   un  temps  très-court,  la  citesse  des  projecliles,  etc....  » 


(368) 

Mais  cet  illustre  savant  ne  parvint  pas  à  créer  un  bon 
appareil  balistique. 

Depuis  cette  époque  jusqu'en  1848,  de  nombreuses  ten- 
tatives furent  faites  en  Angleterre,  en  Prusse,  en  France 
et  en  Russie,  pour  appliquer  l'idée  de  Wbeatstone  aux 
expériences  de  l'artillerie;  aucune  n'aboutit  à  des  résul- 
tats satisfaisants. 

Le  major  Navez  fut  le  premier  qui  détermina  d'une 
manière  exacte  la  vitesse  des  projectiles.  11  y  parvint  à 
l'aide  d'une  métbode  d'expérimentation  qui  est  aujour- 
d'hui généralement  admise,  et  sans  laquelle  on  n'est  pas 
encore  parvenu  à  faire  un  bon  appareil  électro-balistique, 
pour  la  mesure  des  vitesses. 

Cette  méthode,  appliquée  pour  la  première  fois  en  1848, 
repose  sur  l'emploi  d'un  instrument  [disjoncteur)  servant 
à  opérer  simultanément  des  disjonctions  dans  deux  cir- 
cuits électriques  que  le  projectile  doit  ensuite  couper  suc- 
cessivement.  On  obtient  ainsi  deux  temps  affectés  chacun 
des  mêmes  erreurs,  provenant  des  mêmes  causes.  En 
soustrayant  le  temps  le  plus  petit  du  temps  le  plus  grand, 
les  erreurs  disparaissent,  et  le  résultat  de  la  soustraction 
donne  le  temps  employé  par  le  projectile  pour  franchir 
l'espace  compris  entre  les  fils  qu'il  a  coupés  successive- 
ment. 

Le  chronoscope  à  pendule,  fondé  sur  cette  méthode,  a 
été  seul  employé  dans  l'artillerie  pendant  vingt  ans  environ. 

En  1864,  M.  le  colonel  d'artillerie  Leurs  apporta  à  cet 
appareil  diverses  modifications  qui,  sauf  la  disposition  des 
circuits,  furent  approuvées  par  le  premier  inventeur.  Le 
pendule  électro-balistique,  ainsi  perfectionné,  a  été  adopté 
dans  un  grand  nombre  de  pays,  sous  la  dénominalion 
d'appareil  Navez-Leurs. 


(  569  ) 

En  18o5,  le  major  INavcz  publia  une  description  de 
cet  instrument  dans  un  livre  intitulé  :  Applications  de 
Vélectricilé  à  la  mesure  de  la  vitesse  des  projectiles.  Cet 
ouvrage  constitue  une  étude  rationnelle  des  éléments  qui 
concourent  à  l'établissement  des  appareils  électro-ba- 
listiques. 11  a  sans  nul  doute  aplani  la  voie  à  tous  ceux 
qui  se  sont  occupés  de  cette  question. 

En  1864,  M.  le  lieutenant  Le  Boulengé  imagina  un 
chronographe  électro-balistique,  fondé  sur  la  méthode 
Navez. 

Cet  instrument,  qui  donne  la  mesure  du  temps,  au 
moyen  d'un  corps  tombant  librement,  fut  présenté  à 
l'Académie.  Les  commissaires  chargés  d'en  faire  l'examen  , 
reconnurent,  à  la  suite  d'une  longue  et  laborieuse  série 
d'expériences,  dont  l'un  d'eux  conserve  encore  tous  les 
éléments,  que  l'appareil  Le  Boulengé  conduit  à  des  résul- 
tats d'une  exactitude  remarquable. 

La  combinaison  électro-magnétique  du  chronographe 
Le  Boulengé  comprenait  un  chronomètre  en  acier  ai- 
manté, des  courants  destinés  à  faire  réagir  les  électro- 
aimants sur  les  armatures  aimantées  et  deux  courants 
ayant  une  partie  de  circuit  commune,  que  l'on  rompt  en 
un  point  pour  opérer  des  disjonctions  simultanées  dans  les 
deux  circuits. 

Le  major  Navez  discuta  cette  combinaison  dans  des 
écrits  dont  l'Académie  n'eut  pas  à  s'occuper,  et  prouva 
qu'elle  ne  réalisait  sa  méthode  que  d'une  manière  incom- 
plète; M.  le  lieutenant  Le  Boulengé,  de  son  côté,  présenta 
ses  observations  et  continua  ses  études  dans  la  nouvelle 
voie  qu'il  avait  tracée. 

11  est  regrettable  qu'il  n'ait  pas  fait  connaître  les  modi- 
lications  qui  ont  été  apportées  depuis  à  son  appareil.  Pour 


(370) 

nous  renseigner  à  ce  sujet,  notre  collègue,  M.  Melsens,  a 
écrit  à  M.  Le  Boulengé. 

Voici  le  passage  le  plus  important  de  la  réponse  qu'il  en 
a  reçue  : 

a  Les  courants  inverses  ont  été  supprimés;  j'ai  reconnu 
»  que  ces  courants,  qui  compliquaient  l'installation,  étaient 
»  inutiles,  et  qu'avec  des  électro-aimants  ordinaires,  munis 
»  d'un  noyau  mobile  (système  Jaspar),  l'instrument  fonc- 
»  tionne  aussi  régulièrement  si  pas  plus.  Le  disjoncteur 
»  primitif,  dont  la  théorie  était  obscure,  a  été  remplacé 
»  par  un  disjoncteur  mécanique  simple  et  parfaitement 
»  exact,  se  vérifiant  par  lui-môme  et  qui,  dans  la  pratique, 
»  n'a  jamais  rien  laisser  à  désirer.  » 

Ce  passage  confirme  entièrement  les  réflexions  sui- 
vantes du  nouveau  travail  de  M.  Navez  :  «  Nous  avons 
»  comparé,  dans  deux  publications  récentes  (1),  le  chro- 
»  noscope  à  pendule,  modifié  par  M.  le  colonel  Leurs, 
»  avec  le  chronographe  à  chute  libre  de  M.  le  capitaine 
»  Le  Boulengé.  De  la  discussion,  nous  avons  conclu  à  la 
î)  supériorité  du  premier  sur  le  second.  —  Nos  objections 
»  portaient  principalement  sur  la  combinaison  électro- 
»  magnétique  du  chronographe  à  chute  libre,  combinaison 
»  dans  laquelle  les  deux  circuits  avaient  une  partie  com- 
»  mune,  et  qui  admettait  des  courants  inverses  et  des 
»  aimants  permanents.  L'inventeur  soutint  que  celle 
»  combinaison  ne  présentait  pas   les  inconvénients  que 


(1)  Discussions  sur  les  appareils  élcclro-haUsiiqucs,  par  le  major  d'ar- 
lillerie  Navez.  Paris  cl  Liège,  Noblel,  1865,  et  Considcralions  sur  les 
expériences  de  balistique  en  ce  qui  concerne  la  mesure  du  temps ,  par  le 
nièiiie,  Pari;:-  et  Lié;'j;e,  [V(jl)iel,  l86o. 


(  571  ) 

»  nous  lui  reprochions  (1),  et  cependant  il  l'a  coiiii)léle- 
»  ment  abandonnée  depuis,  pour  revenir  au  système  de 
»  nos  appareils,  système  comprenant  un  chronomèlre 
»  maintenu  dans  sa  position  initiale  par  un  électro-aimant, 
»  agissant  sur  une  armature  en  fer  doux,  un  poids  enre- 
»  gistreur  maintenu  de  la  même  manière,  deux  circuits 
»  séparés  et  un  disjoncteur.  Ainsi  modifié,  le  chrono- 
»  graphe  Le  Boulengé  doit  avoir  beaucoup  gagné  en 
»  précision.  11  présente  une  transformation  élégante  de 
»  notre  chronoscope  à  pendule  pour  l'emploi  d'un  chro- 
»  nomètre  à  chute  libre,  et  nous  reconnaissons  volontiers 
»  qu'il  constitue  un  appareil  électro-balistique  très-recom- 
»  mandable.  » 

Nous  ferons  remarquer,  du  reste,  que  M.  Navez  avait 
prévu  dans  son  ouvrage  publié  en  J8o5,  l'emploi  d'un 
chronomètre  à  chute  libre.  «  Un  corps  tombant  librement, 
»  disait-il  (page  127),  constitue  l'appareil  chronométrique 
j>  le  plus  simple  que  l'on  puisse  imaginer.  Nous  avons 
»  essayé,  mais  sans  succès,  d'établir  une  relation  électro- 
»  magnétique  entre  un  appareil  de  cette  espèce  et  le 
»  projectile  lancé  par  une  bouche  à  feu.  » 

Cette  difficulté  a  été  vaincue  par  M.  Le  Boulengé.  L'en- 
registrement au  moyen  de  la  détente  au  couteau  est  une 
idée  ingénieuse  et  féconde  qui  lui  appartient  incontestable- 
ment. 

Indépendamment  du  passage  cité  plus  haut  de  la  lettre 
de  M.  Le  Boulengé  (que  l'Académie  voudra  bien  conser- 


(I)  Ik'ponse  aux  appréciations  émises  sur  le  chronographe  Le  Bou- 
lengé dans  les  récentes  publications  de  MM.  le  colonel  Leurs  et  le 
major  Navcz,  par  le  lieiik'iiaiit  Le  Buiileii,;^*^'  Paris  el  Liéye,  IS'obkl,  lyCoi. 


(  372  ) 
ver  dans  ses  archives),  nous  croyons  devoir  mentionner 
encore  les  extraits  suivants  : 

«  L'instrument  porte ,  pour  le  chronomètre  et  le  poids, 
»  des  arrêtoirs  qui  empêchent  leur  tournoiement  ou 
»  oscillation  lorsqu'ils  sont  suspendus,  tout  en  laissant 
»  la  chute  absolument  libre, 

»  Pour  régler  l'instrument,  on  munit  le  chronomètre  et 
»  le  poids  d'une  surcharge,  et  l'on  détourne  doucement  le 
»  noyau  mobile  jusqu'à  ce  que  le  chronomètre  surchargé 
»  (ou  le  poids)  se  détache;  ce  moyen,  très-expéditif  et 
»  tout  à  fait  pratique,  a  pour  but  de  faire  régler  toujours 
»  l'instrument  de  la  même  façon ,  quel  que  soit  Topera  leur 
»  qui  s'en  serve. 

»  Avec  le  nouveau  chronographe,  il  ne  faut  faire  aucun 
»  calcul,  il  suffît  d'amener  le  couteau  du  curseur  de  la 
»  règle  graduée  dans  le  trait  donné  par  le  tir,  et  on  lit  sur 
»  la  règle  la  vitesse  du  projectile  à  un  décimètre  près. 

»  Pour  arriver  à  ce  résultat,  il  faut  que  la  disjonction 
»  soit  à  une  hauteur  fixe  sur  ce  chronomètre;  on  y  par- 
»  vient  avec  la  plus  grande  facilité  en  réglant  l'instrument 
»  avant  la  séance;  à  cet  effet,  le  plateau  de  la  délente,  sur 
»  lequel  tombe  le  poids,  est  formé  par  une  vis  dont  l'axe 
»  est  vertical,  et  qui  peut,  par  conséquent ^  être  élevé  ou 
»  abaissé » 

IL 

Le  mémoire  du  major  Navez  est  divisé  en  deux  parties  : 
la  première  comprend  des  éléments  qui  peuvent  être 
employés  dans  un  grand  nombre  de  combinaisons  électro- 
balistiques;  la  seconde  indique  des  types  d'appareils  pour 
l'emploi  de  ces  éléments. 


(  573  ) 

Il  résulte  des  explications  verbales  demandées  à  l'au- 
teur, que  les  dispositions  indiquées  dans  son  mémoire 
n'ont  rien  de  définitif,  et  qu'elles  seront  probablement 
modifiées  lorsqu'il  s'occupera  de  les  réaliser  matérielle- 
ment. 

Voici  les  éléments  nouveaux  qui  ont  lixé  mon  atten- 
tion : 

1°  Un  nouveau  mode  de  suspension  éleclro-magnéliquc, 
permettant  aux  deux  pôles  de  l'électro-aimant,  d'agir  sur 
l'armature  d'une  tige  suspendue,  empêchant  cette  tige 
d'osciller  et  de  tourner  autour  de  son  axe  et  assurant  la 
direction  verticale  de  la  chute. 

2"  Le  principe  de  la  division  de  la  chnte.  Il  est  dési- 
rable, pour  l'emploi  de  la  chute  libre,  qu'on  parvienne  à 
mesurer  des  temps  suffisamment  longs,  en  restant  dans  les 
limites  aussi  restreintes  que  possible  de  hauteur  de  chute. 
M.  Le  Boulengé,  dans  son  dernier  modèle  de  chrono- 
graphe,  a  rendu  mobile,  suivant  la  verticale,  l'électro- 
aimant  qui  maintient  le  poids;  cette  disposition  a  porté 
jusqu'à  0",o  la  limite  supérieure  du  temps  que  l'appareil 
permet  de  mesurer.  Dans  l'ancien  appareil  électro-balis- 
tique du  major  Navez,  l'électro-aimant  qui  maintient  le 
poids  est  également  mobile  suivant  la  verticale,  afin  que 
l'opérateur  puisse,  en  réglant  la  hauteur  de  chute  du 
poids,  réserver  sur  le  limbe  divisé,  un  espace  angulaire 
en  rapport  avec  le  temps  à  mesurer  et  faire,  au  besoin, 
usage  de  l'oscillation  entière. 

Le  7'elais  imaginé  en  dernier  lieu  par  M.  Navez,  pour 
réaliser  la  division  de  la  chute,  présente  des  avantages 
particuliers  sous  le  rapport  de  l'économie  en  force  électro- 
motrice. 

5''  L'emploi  de  Vélectricifé  d'induction  condensée  pour 


(374) 

Venrcgislrcment  du  temps  j  au  moyen  de  la  trace  de  très- 
petites  étincelles  sur  une  surface  métallique  polie,  légère- 
ment colorée  par  la  fumée.  Cette  idée  paraît  heureuse  et  de 
nature  à  écarter  les  difficultés  que  Ton  rencontre  lorsque 
Ton  fait  usage  de  la  bobine  de  Ruhmkorff  avec  les  pro- 
cédés essayés  jusqu'à  présent. 

4°  Un  nouveau  disjoncteur,  fondé  sur  des  principes 
rationnels,  et  que  l'on  peut  appliquer  à  tous  les  appareils 
existants. 

Le  système  complet  de  chronométrie  de  polygone,  que 
l'auteur  du  mémoire  se  propose  d'établir  au  moyen  de  ces 
quatre  éléments,  comprendrait  deux  appareils: 

Le  premier  correspond  à  son  ancien  appareil  électro- 
balistique  à  pendule,  dans  lequel  le  corps  oscillant  sera^ll 
remplacé  par  un  corps  tombant.  Le  pendule  entraînait 
une  aiguille;  le  corps  tombant  entraînera  une  échelle  de 
chute.  Le  poids  du  conjoncteur  fixait  l'aiguille;  le  poids 
du  nouvel  appareil  fixerait  l'échelle  de  chute. 

M.  N'avez  compte  également  essayer  d'enregistrer  le 
temps  sur  le  chronomètre  à  chute  libre,  au  moyen  de  son 
procédé  graphique,  fondé  sur  l'emploi  de  l'électricité  d'in- 
duction condensée. 

Parmi  ces  différents  procédés,  il  choisira  celui  qui  don- 
nera les  résultats  les  plus  exacts. 

Son  appareil  occupera  un  petit  volume;  il  permettra  de 
mesurer  jusqu'à  0",5  au  maximum,  mais  on  ne  l'emploiera 
pas  à  la  mesure  de  temps  dépassant  0",2o.  Pour  ceux-ci 
on  fera  usage  d'un  relais  annexé  à  l'appareil  et  qui  servira 
à  mesurer  jusqu'à  la  demi-seconde. 

Le  second  appareil  serait  destiné  à  la  mesure  des  temps 
longs  de  la  balistique.  Le  chronomètre  de  cet  appareil 
consiste  en  un  moteur  électrique  très-simple,,  et  dont  la 


(  373  ) 
vitesse  (le  régime  est  obtenue  et  maintenue  automatiijue- 
ment.  Pour  l'enregistrement  du  temps,  le  mouvement  de 
rotation  est  transformé  en  mouvement  rectiligne,  au 
moyen  d'une  vis  portant  un  plateau  divisé  sur  sa  circonfé- 
rence. On  peut  ainsi  obtenir  une  mesure  micrométrique 
très-exacte  du  cliemin  rectiligne  correspondant  au  temps 
qu'il  s'agit  d'apprécier.  Il  est  presque  inutile  d'ajouter  que 
ces  deux  appareils  admettent  un  disjoncteur  pour  l'emploi 
delà  méthode  des  disjonctions  simultanées. 

Le  but  vers  lequel  tendent  les  essais  du  major  Navez 
est  la  création  d'un  système  complet  de  chronométrie  de 
polygone,  simple,  peu  coûteux ,  facile  à  employer,  écono- 
mique sous  le  rapport  de  la  dépense  en  force  électro- 
motrice,  dans  les  expériences  à  grand  développement  de 
circuits,  et  permettant  de  mesurer  les  temps  de  la  balis- 
tique, sans  lacune,  depuis  les  plus  petits  jusqu'aux  plus 
grands.  En  attendant  qu'une  série  d'essais  conlirment  ses 
prévisions,  le  major  Navez  a  cru  devoir  communiquer  à 
l'Académie  les  résultats  de  ses  derniers  travaux  pour  établir 
un  droit  de  priorité. 

Appréciant  le  mérite  réel  et  la  haute  utilité  des  études 
que  le  major  Navez  poursuit  depuis  vingt  ans  avec  autant 
de  persévérance  que  de  succès,  j'ai  l'honneur  de  proposer 
à  l'Académie  de  voter  l'impression  de  sa  note  dans  le  Bul- 
letin de  la  séance,  et  d'adresser  des  remerchnentsà  l'auteur 
pour  son  intéressante  communication.  » 

MM.  J.  Liagre  et  Melsens  s'étant  ralliés  aux  conclusions 
du  rapport  de  M.  A.  Brialmont,  la  classe  vote  l'impression 
de  la  note  de  M.  Navez  dans  les  Pyiillelins,  ainsi  que  de  la 
planche  qui  l'accompagne. 


{  576  ) 


COMMUNICATIONS  ET  LECTURES. 


Congrès  international  de  statistique  des  délégués  des 
différents  pays. 

M.  Ad.  Quetelet  dépose  le  projet  de  programme  de  la 
septième  session  du  congrès  international  de  l'Europe  or- 
ganisé pour  établir,  autant  que  possible,  l'unité  et  la  con- 
cordance entre  les  documents  officiels  de  statistique  des 
différents  États.  Cet  ouvrage  est  publié  par  les  soins  de  la 
commission  organisatrice  du  congrès  qui  se  réunira,  cette 
année,  à  La  Haye,  au  commencement  du  mois  de  septembre. 

La  statistique  est  une  science  essentiellement  moderne  : 
ses  premiers  principes  ont  été  posés  par  les  bommes  les 
plus  éclairés,  en  même  temps  que  la  théorie  des  proba- 
bilités, qui  lui  sert  de  base.  Depuis  l'illustre  Pascal,  elle 
a  trouvé  des  appuis  distingués  dans  les  différents  pays, 
et  notamment  en  France,  chez  d'AIembert,  Laplace,  Four- 
rier, Poisson,  etc.  Mais  les  conseils  de  ces  grands  hommes 
furent  perdus  de  vue  et  la  statistique,  par  un  désir  im- 
modéré de  se  répandre,  oublia  les  sévères  principes  de 
sa  compagne  naturelle,  appelée  à  diriger  ses  pas  encore 
incertains. 

En  1835,  l'Association  britannique  des  savants  anglais , 
lors  de  sa  troisième  réunion  à  Cambridge,  crut  devoir  lui 
donner  une  place  spéciale  dans  ses  travaux  scientifiques. 
Quelques  amis  de  cette  science  naissante,  Malthus,  Bab- 
bage,  Drinkwater,  le  colonel  Sykes,  le  professeur  Joncs, 


(  377  ) 

se  rénuiront  crahord  librement  entre  eux,  clans  l'apparte- 
ment de  M.  Wliewell;  et,  le  lendemain,  le  seplième  comité 
de  l'association  fut  créé,  mais  sous  la  condition  que  ses  tra- 
vaux seraient  entièrement  tournés  vers  la  science  (1). 

Cette  première  impulsion  fut  favorablement  appréciée 
par  le  monde  savant,  et,  dans  le  cours  de  l'année  suivante, 
s'établirent  toutes  les  principales  Sociétés  de  statistique 
de  l'Angleterre.  Cet  exemple  fut  généralement  suivi  par 
les  nations  les  plus  avancées. 

Vingt  ans  après,  en  septembre  I800,  Bruxelles  inau- 
gura le  premier  congrès  international  de  statistique.  Un 
appel  fut  fait  par  le  gouvernement  belge  aux  différentes 
nations,  et  toutes  y  répondirent  de  la  manière  la  plus 
favorable  :  les  États-Unis  d'Amérique  et  quelques  autres 
pays  étrangers  à  l'Europe  furent  également  reçus  avec 
empressement  dans  cette  union  scientifique  et  adminis- 
trative. Sous  les  auspices  des  Princes  et  des  Ministres  des 
différentes  puissances,  ces  assemblées  furent  saluées  avec 
distinction  :  Bruxelles,  Paris,  Vienne,  Londres,  Berlin, 
Florence  firent  successivement  aux  autres  nations  l'accueil 
le  plus  bienveillant  et  leur  témoignèrent  l'intérêt  qu'elles 
prenaient  à  ces  travaux  qui  avaient  pour  objet  de  réunir 
les  délégués  des  peuples  et  de  rechercher  d'utiles  instruc- 
tions dans  l'étude  de  leurs  éléments  divers. 

Pendant  les  premières  années,  contrairement  à  ce  qui 
avait  été  fait  au  congrès  de  Cambridge,  qui  semblait 
uniquement  s'attacher  à  l'étude  des  théories,  l'assemblée 


(l)  The  inquiries  of  Ihis  section  are  restricted  to  facts  relaling  to  com- 

niunilies  of  men  which  are  capable  of  being  expressed  by  numbers,  and 

wbicb  promise,  when  sufficiently  mulliplied,  lo  indicale  gênerai  laws. 

Report  of  the  third  meeling  hekl  at  Cambridge  in  1855,  in-B",  page  483. 

2*"^  SÉRIE,  TOME   XXVH.  20 


(  578  ) 
internationale  des  dilTércnts  pays  perdit  peut-être  de  vue 
les  principes  fondamentaux  sur  lesquels  elle  devait  s'ap- 
puyer, pour  s'attacher  presque  uniquement  à  la  pratique. 
Mais  l'association  nouvelle  se  composait  d'hommes  trop 
éclairés  pour  ne  pas  sentir  qu'ils  se  resserraient  outre 
mesure  dans  les  limiles  qu'ils  s'étaient  imposées.  Les 
remarques  des  plus  hahiles  ne  tardèrent  pas  à  se  faire 
jour,  et,  dans  la  réunion  de  Florence,  il  fut  à  la  lin  décidé, 
à  l'unanimité  des  délégués  des  divers  États  et  ensuite  par 
l'assemblée  tout  entière,  que  les  difficullés  stalisliques 
devaient  être  abordées  de  front  et  qu'un  des  comités  serait 
spécialement  chargé  d'étudier  les  grands  principes  scien- 
tificiues  qui  s'y  rapportent. 

De  cette  manière,  l'Association  anglaise  et  la  Commis- 
sion internationale  de  statistique,  en  partant  de  deux 
points  en  quelque  sorte  opposés,  sont  parvenues,  à  l'aide 
des  hommes  distingués  qu'elles  renferment,  à  se  rappro- 
cher de  plus  en  plus  et  ont  senti  le  besoin  d'unir  à  la  fois 
la  théorie  et  la  pratique.  1 /assemblée  de  La  Haye  promet 
de  remplir  dignement  ce  programme  et  de  marcher  d'un 
pas  sûr  dans  une  carrière  qu'elle  a  déjà  contribué  à  illus- 
trer par  ses  travaux. 


Un  Palacdaphus  nouveau  du  terrain  dévonien,  par 
M.  P.-J.  Van  Beneden,  membre  de  l'Académie. 

Nous  avons  publié  avec  le  concours  de  notre  savant  con- 
frère, M.  De  Koninck,  une  notice  sur  un  poisson  Plagios- 
lome  du  terrain  carbonifère,  auquel  nous  avons  donné  le 


(  579  ) 
nom  (Je  Palacchtphus  insifjnis  (I).  C'est  dans  l'assise  1, 
parlie  moyenne,  que  ce  fossile  a  été  rencontré. 

L'objet  de  la  notice  que  nous  avons  Tlionneur  de  com- 
muniquer aujourd'hui  à  la  classe  est  un  fragment  de  tète 
d'un  poisson  voisin  du  Palacdaphus ,  que  nous  avons  dé- 
crit; il  a  été  trouvé  dans  le  terrain  dévonien  du  pays  et 
présente  plusieurs  dispositions  fort  curieuses. 

Nous  proposons  le  nom  de  Palaedaphus  devonicnsis 
pour  désigner  ce  nouveau  poisson  fossile. 

Ce  fragment  est  fort  remarquable,  comme  nous  le  ver- 
rons, par  la  description  que  nous  allons  en  donner.  Il  a 
été  trouvé  par  M.  Arm.  Lambottc,  qui  a  eu  grand  soin  de 
rajuster  les  divers  fragments  qu'il  en  a  pu  recueillir  et  il 
a  été  assez  heureux  pour  reconstituer  ainsi  presque  com- 
plètement celte  pièce  osseuse. 

Mon  savant  collègue,  M.  le  professeur  De  La  Vallée- 
Poussin,  a  bien  voulu  me  remettre  la  note  suivante  sur  le 
lieu  de  cette  découverte  et  sur  la  carrière  qui  renfermait 
cette  pièce  : 

«  Ce  reste  de  poisson  a  été  trouvé,  il  y  a  quelques  an- 
nées, dans  une  carrière  située  à  l,oOO  mètres  environ  SO. 
du  clocher  d'Hingeon.  Cette  carrière  est  pratiquée  dans 
les  bancs  inférieurs  du  calcaire  de  la  bande  de  Rhisnes, 
que  Dumont  considérait  comme  calcaire  de  Givet  ou  dévo- 
nien moyen,  mais  que  les  paléontologistes  inclinent  à  ra- 
jeunir un  peu.  Ce  serait  la  partie  inférieure  du  dévonien 
supérieur.  J'ai  vu  là  ou  dans  les  assises  correspondantes 


(1)  Van  Beneden  et  De  Koninck ,  notice  sur  le  Palaedaphus  insignîs, 
Bulletin  de  l'Académie  royale  de  Belgique  ,  2«  série,  t.  XVII ,  p.  143.  — 
Ger\2L\s,  Zoologie  et  paléontologie  françaises,  2^  édit.,  p.  558,  pi.  LXXVII, 
fig.  17. 


(  580 .) 
(lu  voisinage  :  Bronteiis  flabeUifer,  Gryphœa  arachnoïdes, 
Avicula  nepluni,  Spirifer  Boiichardi,  S.  VerneniUi,  Piliyn- 
dionella  Boloniensis  ^  Alrypa  relicularis  et  un  échantillon 
de  Spirifer  etirt/glossiis.  » 

La  seule  partie  de  la  tète  qui  ait  été  conservée  consiste 
dans  l'os  maxillaire  supérieur,  ou,  pour  me  servir  de  la 
nomenclature  de  Cuvier,  l'os  palatin,  ainsi  que  le  Suspen- 
sorium  qui  représente  plusieurs  os  à  la  fois. 

Cet  os  maxillaire  est  fort  singulier,  d'abord  par  la  dis- 
position de  son  bord  interne  qui  correspond  à  la  ligne 
médiane  :  il  est  joint  à  celui  du  côté  opposé  dans  toute  sa 
longueur  et  présente  une  surface  unie  qui  s'adapte  complè- 
tement à  une  surface  semblable  de  l'os  correspondant; 
c'est  une  symphyse  qui  s'étend  d'avant  en  arrière  dans 
toute  l'étendue  de  l'os  et  dont  nous  ne  trouvons  guère 
d'autre  exemple  que  dans  quelques  mammifères  aquatiques 
comme  le  Squalodon. 

Cette  symphyse  est  d'autant  plus  remarquable  que  l'os 
a  en  avant  au  delà  de  deux  centimètres  d'épaisseur.  En 
arrière,  dans  la  portion  la  plus  faible,  il  mesure  encore 
plus  d'un  centimètre  et  demi. 

Nous  ne  voyons  rien  de  semblable  dans  aucun  squale 
vivant;  le  Squatine  ange,  dont  notre  fossile  se  rapproche  le 
plus,  a  les  deux  maxillaires  unis  seulement  sur  une  fort 
courte  étendue,  et  les  deux  branches,  en  s'écartant,  laissent 
entre  elles  un  espace  très-large.  La  symphyse  est  même 
moins  longue  au  maxillaire  supérieur  qu'à  l'inférieur. 

Cette  longue  symphyse  devait  donner  une  très-grande 
solidité  à  la  tête  des  Palaedaphus. 

Dans  tous  les  poissons,  osseux  comme  cartilagineux,  les 
os  maxillaires  sont  des  os  longs;  ici,  au  contraire,  c'est  un 
os  plat,  un  peu  plus  long  que  large,  arrondi  sur  tout  son 


[  581  ) 
bord  antérieur  et  dont  le  bord  libre  en  arrière  forme 
presque  un  angle  droit  avec  le  bord  qui  correspond  à  la 
ligne  médiane. 

En  arrière  et  en  deliors  l'os  se  rétrécit  assez  brusque- 
ment et  se  termine  par  une  pointe  relativement  fort  étroite, 
qui  offre  une  surface  articulaire  très-peu  large. 

La  surface  de  l'os  qui  regarde  la  cavité  de  la  boucbe  est 
fort  remarquable  :  comme  dans  le  Palacdaphiis  insûjnh , 
il  y  a  cinq  collines  à  peu  près  parallèles,  entre  lesquelles 
on  voit  des  sillons  à  peu  près  d'égale  profondeur;  la  crête 
de  chaque  colline  est  couverte  de  tubérosités,  qui  ne  sont 
pas  sans  analogie  avec  les  callosités  que  Ion  voit  souvent 
sous  les  doigts  des  animaux  terrestres.  Ce  sont  ces  saillies 
qui  ont  fait  trouver  de  l'analogie  entre  cet  os  et  une  patte 
ou  une  nageoire  (1). 

Ces  collines  sont  disposées  dans  la  cavité  de  la  bouche, 
comme  les  rangées  de  dents  du  Squatine  ange. 

Ces  tubérosités  font,  sans  aucun  doute,  office  de  dents. 

Ce  qu'il  y  a  de  plus  remarquable  dans  cette  pièce,  c'est 
que  l'on  voit  en  arrière,  sur  la  partie  qui  regarde  la  cavité 
de  la  bouche,  une  saillie  singulière  à  surface  plus  ou  moins 
polie  et  dont  le  bord  antérieur  est  découpé  en  autant  de 
lanières  qu'il  y  a  de  collines. 

C'est  comme  une  forte  dent,  ressemblant  à  la  paume  de 
la  main,  qui  est  implantée  sur  le  palais  comme  une  dent 
palatine  ou  vomérienne.  On  dirait  une  étoile  placée  vers  le 
milieu  de  l'os  et  dont  la  surface  unie  indique  une  grande 
solidité.  Si  cette  saillie  élait  placée  plus  en  arrière,  on 
pourrait  la  confondre  avec  une  dent  ou  avec  les  saillies  des 
os  pharyngiens. 

(I)  Celle  pièce  a  été  regardée  d'abord  comme  une  nageoire  de  leiilile. 


(  382  ) 

Sur  le  Palaedap/ms y  que  nous  avons  décrit  avec  M.  De 
Koninck ,  on  ne  voit  pas  de  trace  de  cet  organe,  non  qu'il 
manque ,  pensons-nous ,  mais  cette  région  de  Tos  n'a  pro- 
bablement pas  été  conservée. 

Nous  reviendrons  sur  ces  saillies  maxillaires  en  parlant 
des  dents,  et  nous  ferons  remarquer  que  chez  les  poissons 
Plagioslomes  vivants  on  ne  trouve  point,  comme  chez  les 
poissons  osseux ,  de  dents  sur  le  palais;  il  n'y  en  a  que  sur 
les  maxillaires  supérieurs  et  inférieurs. 

La  surface  supérieure  de  l'os  qui  regarde  la  base  du 
crâne  est  creusée  d'un  profond  sillon  qui  s'étend  dans 
toute  la  longueur  et  se  dirige  d'avant  en  arrière,  puis  de 
dedans  en  dehors. 

La  portion  la  plus  épaisse  de  l'os  est  celle  qui  supporte 
les  collines,  puis  celle  qui  touche  à  la  ligne  médiane  pour 
fournir  la  symphyse. 

On  reconnaît  parfaitement  la  structure  de  l'os  dans 
toute  l'étendue  de  cette  pièce,  et,  sans  aucun  doute,  le 
squelette  de  ces  poissons  était  beaucoup  moins  cartilagi- 
neux que  celui  des  Plagiostomes  actuels.  Si  l'on  n'avait  pas 
le  squelette  de  ces  derniers,  on  ne  se  douterait  certaine- 
ment pas- que  ces  os  aient  pu  exister  à  l'état  de  cartilage. 
De  là  il  faudrait  conclure,  contrairement  à  ce  que  l'on  est 
en  droit  de  penser,  d'après  les  théories  en  vogue,  que  les 
poissons  Plagiostomes  étaient  à  cette  époque  moins  près 
de  leur  état  embryonnaire  que  ceux  qui  vivent  encore 
actuellement.  Dans  les  terrains  tertiaires  on  trouve  beau- 
coup de  dents  de  ces  poissons,  mais  ces  derniers  n'ont 
laissé  aucune  trace  de  la  présence  d'un  squelette. 

Ce  nouveau  Palaedaphus  nous  montre  que  ce  n'est  pas 
précisément  des  Chimérides  que  ce  poisson  se  rapproche 
le  i)lus;  ce  ne  sont  pas,  comme  on  pourrait  le  supposer, 


(  383  ) 
deux  grandes  dents  obliques  pourvues  de  saillies  que  por- 
tent les  maxillaires,  mais  bien  des  collines  formées  par  les 
os  eux-mêmes  et  qui  sont  couvertes  de  saillies  dentaires. 

Il  y  a  lieu  de  supposer  que  les  maxillaires  inférieurs 
élaient  couverts,  comme  les  supérieurs,  de  pareilles  col- 
lines dentaires. 

On  pourrait  voir  dans  ces  saillies  de  simples  rugosités, 
puisque  les  dents  proprement  dites  ne  se  montrent  que 
plus  tard  chez  ces  poissons. 

En  effet,  on  ne  trouve  aucune  trace  de  dents  véritables 
chez  les  poissons  Plagiostomes  qui  appartiennent  à  cette 
époque  reculée  de  l'histoire  de  notre  globe,  et  les  Cestra- 
cions  d'aujourd'hui,  confinés  dans  les  eaux  de  l'Australie, 
sont  les  seuls  qui , sous  ce  rapport,  se  rapprochent  plus  ou 
moins  de  nos  Palaedaphus. 

Les  dents  sont,  en  général,  disposées  chez  les  poissons 
de  manière  qu'en  enlevant  la  peau  avec  quelque  violence, 
on  les  arrache  en  même  temps,  disposition  sur  laquelle 
Blainville  avait  depuis  longtemps  attiré  l'attention  et  qu'il 
exprimait  par  le  mot  Dennodontcs. 

Mais,  si  les  poissons  en  général  ont  ces  organes  implan- 
tés dans  l'épaisseur  de  la  peau ,  ce  n'en  sont  pas  moins  des 
dents;  chez  les  poissons  qui  nous  occupent,  c'est  à  peine 
si  les  parties  solides  qui  incrustent  les  maxillaires  sont 
distinctes  de  celles  qui  recouvrent  le  reste  du  corps.  Ces 
Palaedaphus  sont  donc,  sous  ce  rapport,  aux  autres  Pla- 
giostomes ce  que  ceux-ci  sont  aux  autres  vertébrés.  Les 
alvéoles  véritables  des  dents  n'apparaissent  que  chez  les 
vertébrés  beaucoup  plus  élevés. 

De  ces  dents  qui  recouvrent  les  collines  en  formant  de 
simples  tubérosités  cutanées,  il  y  a  une  transition  insen- 
sible par  celles  (\{:sSlroi)hodus  lenuis,  des  Acrodiis  nobilh, 


(  384  ) 
des  Orodiis  cinctus,  des  Ptychodiis  et  des  Ptenoplijchius 
apicialîs,  aux  dents  des  Squalides  vivant  actuellement. 

Avec  cet  os  maxillaire  on  a  trouvé  encore  un  autre  os 
allongé  en  forme  de  fuseau  et  qui  rappelle  le  Suspenso- 
rium  du  maxillaire,  tel  qu'on  le  trouve  dans  les  Plagios- 
tomes  vivants. 

Le  Palaedaphus  dévonien  diffère  de  celui  du  terrain 
carbonifère  que  nous  avons  fait  connaître,  par  les  collines 
dentaires  qui  sont  au  nombre  de  cinq,  tandis  qu'il  n'y  en 
a  que  quatre  dans  le  P.  insignis,  par  un  espace  plus  grand 
qui  les  sépare  dans  ce  dernier,  par  la  singulière  empau- 
mure  postérieure  du  maxillaire  ainsi  que  par  la  forme  du 
maxillaire. 

Les  éminences  rugueuses  qui  couvrent  le  sommet  des 
collines  sont  plus  régulières  et  présentent  une  véritable 
disposition  dentaire. 

C'est  en  comparant  cet  os  avec  la  même  pièce  du  Squa- 
tine  ange  que  l'on  comprend  le  mieux  le  rôle  de  ces  sail- 
lies. Les  dents  de  ce  poisson  forment,  comme  ici,  des 
collines  par  leur  disposition  en  lignes  dirigées  d'avant  en 
arrière,  mais,  au  lieu  de  cinq  rangées,  on  en  compte  dix. 

Si  l'on  compare  cet  os  avec  la  même  pièce  des  espèces 
vivantes,  on  trouve  que  c'est  des  Raidés  qu'il  s'éloigne  le 
plus  et  c'est  avec  le  maxillaire  des  Squatines  qu'il  a  le  plus 
d'analogie.  Et  cependant  ces  poissons  Plagiostomes  sont  de 
tous  les  Squalides  ceux  qui  se  rapprochent  le  plus  des 
Raidés  par  l'ensemble  de  leur  organisation. 

La  peau  des  Palaedaphus  diffère  de  celle  de  la  plupart 
des  Plagiostomes  vivants  par  sa  surface  lisse  et  unie  qui 
rappelle  celle  des  Batraciens  ou  des  Torpilles.  On  sait  que 
la  plupart  des  Plagiostomes  vivants  ont,  au  contraire,  la 
})eau  plus  ou  moins  chagrinée. 


•k'K 


Fi^ 


Palœdapîius    dêvoniensis.  Vai. 


(  58o  ) 
Il   est  à    supposer  que  certains  Ichtyodorulillies  des 
terrains  primaires  appartiennent  au    poisson    dont  nous 
faisons  connaître  ici  les  maxillaires. 


EXPLICATION  DE  LA  PLANCHE. 


Fi(j.  1.  Os  maxillaire  supérieur   de  yraudeur  ualuielle,  vu  par  sa 
face  inférieure. 
—  2.  Suspensorium. 


M.  Catalan  communique  l'extrait  suivant  d'une  lettre 
de  M.  Folie  : 

«  Théorème.  Considérons  n  points  sur  une  conique;  ces 
»  n  points  déterminent ^^-^^ polygones  :  les  produits  des 
»  distances  d'un  point  quelconque  de  la  conique  aux  n 
»  côtés  de  chacun  de  ces  polygones  sont  entre  eux,  deux 
»  à  deux ,  en  raison  conslante.  » 


(  586  ) 


Note  sur  un  nouveau  système  de  chronomèlrie  cteclvo-ba- 
listique,  par  le  major  d'artillerie  Navez  en  iion-aclivilé 
de  service. 

SOMMAIRE. 


État  (le  la  question.  —  Emploi  de  la  eliute  libre.  —  Conception  générale  de  l'ap- 
pareil destiné  à  la  mesure  des  temps  depuis  les  plus  petits  jusqu'à  '/4  de  se- 
conde. —  Nouveau  système  de  suspension  électro-magnétique  du  chronomètre 
et  du  poids.  — Construction  rationnelle  du  chronomètre  et  du  poids.  — Nouveau 
disjoncteur.  — Mesure  des  temps  compris  entre  */4ct  ''-2  seconde  inclusivement. 
—  Dispositions  pour  faire  fonctionner  l'appareil  au  moyen  d'un  seul  circuit.  — 
Mise  en  station  de  l'appareil.  —  Mesure  des  temps  longs  de  la  balistique.  — 
Expériences  à  l'appui. 


État  de  la  question. 

Jusqu'à  présent,  aucun  des  appareils  électro-balistiipies 
non  fondés  sur  la  méthode  que  nous  avons  imaginée  et  ap- 
l)li(]uée  en  1847-1848,  n'a  pu  être  employé  avec  succès 
dans  le  service  des  polygones.  —  Celte  méthode  consiste 
dans  les  ruptures  sùnultanées,  au  moyen  d'un  instrument 
nommé  disjoncteur,  des  deux  circuits  électriques  que  le 
projectile  coupe  ensuite  successivement.  Chacune  des  deux 
opérations  accuse  des  temps  dilîérents  sur  l'appareil  chro- 
nométrique;  ces  temps  sont  entachés  des  mêmes  erreurs, 
et,  en  les  soustrayant  l'un  de  l'autre,  on  obtient,  sans  er- 
reur, le  temps  employé  |)ar  le  projectile  pour  franchir  l'es- 
pace comi)ris  entre  les  deux  (ils  rompus. 

iNoIre  méthode  pKK'ure  aussi  ravanlaL^c  de  faire  coin- 


(  587  ) 
cider  le  temps  cherché  avec  une  mesure  linéaire  beaucoup 
plus  grande  que  celle  qui  serait  fournie  par  le  chrono- 
mètre (pendule,  tige  tombant  librement,  disque  ou  cylindre 
tournant,  etc.,  etc.)  si  cette  mesure  linéaire  était  comptée 
à  partir  de  la  position  initiale  du  mobile. 

Le  premier  appareil  électro-balistique  construit  pour 
employer  la  méthode  dont  il  est  ici  question,  avait  un 
pendule  pour  chronomètre.  Cet  appareil  demeura  seul  en 
usage  dans  presque  tous  les  polygones  de  l'Europe  pen- 
dant près  de  vingt  ans  (1).  Depuis  quelques  années,  M.  le 
colonel  d'artillerie  Leurs  y  a  apporté  plusieurs  modilica- 
tions  que  nous  avons  approuvées  (2).  M.  le  capitaine  Le 
Boulengé  a  appliqué  notre  méthode  à  un  chronographe 
dont  le  chronomètre  consiste  en  une  tige  tombant  libre- 
ment et  à  une  clepsydre  à  mercure;  ce  dernier  appareil 
est  destiné  à  la  mesure  des  temps  longs  de  la  balis- 
tique (5). 

Nous  avons  comparé,  dans  deux  publications  récentes  (4), 
le  chronoscope  à  pendule,  modifié  par  M.  le  colonel  Leurs, 
avec  le  chronographe  à  chute  libre  de  M.  le  capitaine  Le 


(1)  Voir  :  Application  de  l'électricité  à  la  mesure  de  la  vitesse  des  pro- 
jectiles, par  le  capitaine  commaudanl  Navez.  Paris,  Gorreard,  18o3. 

(2)  Voir  :  Mémoire  sur  un  appareil  électro-balistique  Navez  simplifié, 
par  le  colonel  d'artillerie  Leurs.  Paris  et  Liège,  Noblet,  1864. 

(5)  Voir  :  Mémoire  sur  un  chronographe  électro-balistique  ,\>dtv  le  lieu- 
tenant d'artillerie  Le  Doulengé.  Paris  et  Liège,  Noblet,  186i,  et  :  Élude 
de  balistique  expérimentale ,  par  le  capitaine  d'artillerie  Le  Boulengé. 
Bruxelles,  Hayez,  1868. 

(4)  Discussion  sur  les  appareils  électro-balistiques,  parle  major  d'ar- 
tillerie Navez,  Paris  et  Liège,  Noblet,  1865,  et  Considérations  sur  les  ex- 
périences de  balistiques  en  ce  qui  concerne  la  mesure  du  temps,  par  le 
même,  Paris  et  Liège,  Noblt't ,  186o. 


(  588  ) 
Boulcngé.  De  la  discussion,  nous  avons  conclu  à  la  supé- 
riorité du  premier  sur  le  second.  —  Nos  objections  por- 
taient principalement  sur  la  combinaison  électro-magné- 
tique du  chronograpbe  à  chute  libre,  combinaison  dans 
laquelle  les  deux  circuits  avaient  une  partie  commune,  et 
qui  admettait  des  courants  inverses  et  des  aimants  perma- 
nents. L'inventeur  soutint  que  cette  combinaison  ne  pré- 
sentait pas  les  inconvénients  que  nous  lui  reprochions  (I  ) 
et  cependant  il  l'a  complètement  abandonnée  depuis,  pour 
revenir  au  système  de  nos  appareils,  système  comprenant 
un  chronomètre  maintenu  dans  sa  position  initiale  par 
un  électro-aimant  agissant  sur  une  armature  en  fer  doux, 
un  poids  enregistreur  maintenu  de  la  même  manière,  deux 
circuits  séparés  et  un  disjoncteur.  Ainsi  modiiié,  le  chrono- 
grapbe Le  Boulengé  doit  avoir  beaucoup  gagné  en  préci- 
sion. 11  présente  une  transformation  élégante  de  notre 
chronoscope  à  pendule  pour  l'emploi  d'un  chronomèlre  à 
chute  libre,  et  nous  reconnaissons  volontiers  qu'il  constitue 
un  apppareil  électro-balistique  très-recommandable. 

Emploi  de  la  chute  libre. 

Un  corps  tombant  librement  est  le  plus  simple  de  tous 
les  chronomètres  et,  par  conséquent,  celui  qui  aurait  dû 
être  préféré  dans  la  constitution  d'un  appareil  électro-ba- 
listique, si  l'emploi  de  ce  genre  de  chronomètre  n'avait 
donné  lieu,  jusqu'à  présent,  à  deux  inconvénients  très- 
graves.  —  Le  premier  de  ces  inconvénients  consiste  dans 


(1)  Hcpoiisc  aux  apprccialioii.'i  cmiacs  sur  le  chronouraplic  Le  Pwu- 
lenfjc  dans  les  rérenies  publiealiuns  de  MM.  le  colonel  Leurs  et  le  nwjor 
Aart'vjpai  le  liciilniuil  Le  noiilon.uc',  l'.iri^  cl  Xàca^' ,  Noblt-t,  I8G:). 


(  389  ) 
la  (Ijlficiilté  d'cmpeclicr  les  oscillations  d'un  corps  suspendu 
à  un  électro-aimant  par  une  puissance  d'attraction  peu  su- 
périeure à  l'action  de  la  pesanteur  sur  ce  corps  (condition 
indispensable  à  la  marche  régulière  des  appareils)  et  d'ob- 
tenir la  chute  du  grave  dans  une  position  toujours  verti- 
cale.—  Le  second  inconvénient  résulte  de  l'impossibilité 
dans  laquelle  on  s'est  trouvé,  jusqu'à  présent,  d'employer 
la  chute  libre  à  la  mesure  de  temps  suffisamment  longs. 

Nous  écartons  ces  deux  inconvénients  :  le  premier  par 
un  nouveau  mode  de  suspension  électro-murjnéiique,  le  se- 
cond par  la  division  de  la  chute.  Voilà  pourquoi  notre 
nouvel  appareil  admet,  pour  chronomètre,  un  corps  tom- 
bant librement.  Cet  appareil  en  môme  temps  chronoscope 
et  chronographe,  n'a  qu'environ  oo  centimètres  de  hauteur 
totale,  et  peut  cependant  mesurer  le  temps  jusqu'à  la  demi- 
seconde. 

Notre  système  de  chronographie  de  polygone  est  com- 
plété par  l'établissement  d'un  appareil  électro-magnétique 
à  rotation,  très-simple,  exempt  de  mouvement  d'horlo- 
gerie, et  avec  lequel  on  pourra  mesurer,  avec  toute  la 
précision  désirable,  non-seulement  les  temps  longs  de  la 
balistique  (maximum  ^0"),  mais  même  des  espaces  de 
temps  comprenant  plusieurs  heures. 

Conception  générale  de  l'appareil  destiné  à  mesurer  les 
temps  depuis  les  plus  petits  jusqu'à  un  quart  de  seconde. 

Dans  son  ensemble  et  pour  la  mesure  du  temps  jusqu'à 
un  quart  de  seconde,  la  conception  générale  du  nouvel 
appareil  est  rigoureusement  la  môme  que  celle  de  notre 
ancien  chronoscope  à  pendule,  appropriée,  d'une  manière 
rationnelle,  à  l'emploi  de  la  chute  libre.  —  La  rupture  du 


(  Ô90  ) 
premier  circuit  délcrmine  la  mise  en  mouvemeiUilu  chro- 
nomètre à  cliiilc  libre,  comme  celle  du  pendule.  Le  chro- 
nomètre, dont  la  masse  est  relativement  considérable, 
emporte  avec  lui  une  échelle  de  chule  légère,  divisée  en 
millimètres,  si  on  emploie  l'appareil  comme  chronoscope; 
une  bande  métallique  ou  de  carton  verni,  si  on  veut  opérer 
avec  l'appareil  chronographe.  C'est  ainsi  que  le  pendule, 
de  masse  assez  considérable,  emportait  dans  son  mouve- 
ment une  aiguille  légère  et  facile  à  fixer (1).  —  L enregis- 
trement des  hauteurs  de  chute  se  fait  au  moyen  d'un  poids 
tombant  librement  de  hauteurs  que  l'on  peut  facilement 
faire  varier,  comme  on  le  faisait,  au  moyen  du  conjoncleur, 
pour  l'emploi  du  pendule,  en  élevant  ou  en  abaissant 
l'électro-aimant  qui  maintient  le  poids.  On  dispose  ainsi  de 
la  hauteur  que  donnent  les  disjonclions  siinullanécs,  ce  qui 
procure  un  grand  avantage,  puisque,  pour  chaque  temps 
à  mesurer,  il  y  a  une  hauleur  de  disjonction  correspon- 
dant au  maximum  de  mesure  linéaire  du  temps  accusé.- 
Cette  disposition  permettait  d'employer  la  presque  totalité 
de  la  course  angulaire  du  pendule  à  la  mesure  du  temps; 
le  même  avantage  en  résulte,  quant  à  la  course  verticale, 
dans  l'emploi  du  chronomètre  à  chute  libre.  La  même  dis- 
position aide  aussi  à  maintenir  la  hauteur  de  disjonction 
au  même  point  de  l'échelle  de  chute  quand,  dans  une  série 
d'expériences ,  on  cherche  à  obtenir  ce  résultat  dans  le  but 
de  n'avoir  qu'une  mesure  à  prendre  pour  chaque  coup  tiré. 
En  général,  nous  préférons  déterminer  la  hauteur  de  dis- 


(1)  Nous  citions,  on  18o3  ,  parmi  losavanlagos  queprésenle  notre  cliro- 
noscoj)e  à  pendule,  celui  de  n'avoir  à  fixer  l)rus(|uenienl  qu'une  très-petite 
partie  de  la  niasse  oscillante.  Voir  :  Application  de  l'vlcctricilé  à  la  mesure 
de  la  vitesse  des  projectiles,  page  129. 


(  391  ) 
jonction  ponr  cliaquc  conp  à  tirer;  mais,  dans  certaines 
expériences  spéciales,  par  exemple  celles  ponr  la  réception 
(les  poudres,  on  peut  maintenir  lixe  la  hauteur  de  disjonc- 
lion  ,  et  n'avoir  alors  aucun  calcul  à  faire  pour  obtenir  la 
vitesse  des  projectiles  tirés;  dans  ce  cas  les  vitesses  se- 
raient inscrites  sur  l'échelle  de  chute  ordinaire  ou  sur  une 
échelle  de  chute  spéciale,  laquelle  pourrait  alors  n'avoir 
que  quelques  centimètres  de  longueur. 

La  chute  du  poids  fait  jouer  un  levier,  comme  dans  le 
conjonctcur  du  chronoscope  à  pendule,  et  le  jeu  du  levier 
détermine  celui  d'un  frein,  dont  les  mâchoires  pincent  et 
arrêtent  l'échelle  de  chute,  ou  la  bande  quand  on  emploie 
l'appareil  comme  chronographe.  Le  chronomètre  continue 
sa  chute  et  tombe  dans  un  cylindre  en  carton  suspendu 
par  deux  lanières  en  caoutchouc  vulcanisé  (I).  —  Le  frein 
peut  consister  en  un  électro-aimant  pinçant  l'échelle  ou 
la  bande  entre  ses  pôles  et  son  armature,  ou  en  un  sys- 
tème de  deux  mâchoires  sollicitées  à  se  rapprocher  l'une 
de  l'autre  par  deux  ressorts  à  boudin.  L'écartement  des 
mâchoires  est  maintenu  au  moyen  de  deux  taquets  fixés 
au  levier  et  que  dégage  le  jeu  de  ce  dernier.  La  première 
disposition  est  analogue  à  celle  de  notre  ancien  conjonc- 
tcur; la  seconde  est  du  genre  de  celle  que  M.  le  colonel 
Leurs  a  adaptée  à  notre  pendule,  dans  le  but  de  soustraire 
la  rondelle  en  fer  doux  à  l'influence  du  magnétisme  que 
conserve  le  grand  électro-aimant  après  que  le  courant 
électrique  a  cessé  d'agir.  M.  le  colonel  Leurs  nous  avait 
communiqué  son  intention  d'améliorer  encore  le  pendule 


(1)  Ce  mode  de  suspension  empêche  parfaitemenl  les  vibrations  de  se 
transmellre. 


(  592  ) 
modifié  en  faisant  pincer  directement  le  vernier  par  le 
limbe  divisé,  lequel   limbe  devenait  alors  une  des  mà- 
cboires  du  frein,  disposition  dont  la  notre  se  rapprocbe 
beaucoup. 

Nous  plaçons  un  vernier  fixe  sur  la  màclioire  antérieure 
du  frein,  pour  apprécier  les  subdivisions  du  millimètre  ou 
du  demi-millimètre.  Le  vernier  s'applique  avec  la  plus 
parfaite  précision  sur  récbelle  de  cbute.  Une  petite  éclielle 
de  chute  en  aluminium,  métal  indiqué  pour  cet  emploi  à 
cause  de  sa  faible  densité,  est  destinée  à  la  mesure  des 
temps  très-petits.  Cette  échelle  portera  des  divisions  dont 
la  grandeur  ne  pourra  être  déterminée  qu'après  des  expé- 
riences faites  au  moyen  d'un  appareil  construit  avec  toute 
la  précision  désirable. 

L'emploi  de  l'appareil,  comme  chronoscope,  fournira 
toujours  une  mesure  linéaire  de  la  hauteur  de  chute  plus 
exacte  quant  à  la  lecture,  que  l'emploi  comme  chronogra- 
phe,  puisque,  dans  ce  dernier  cas,  il  faut  une  opération 
de  plus  pour  le  mesurage. 

Pour  obtenir  des  coches  sur  les  bandes,  il  sulïîrait  d'a- 
dapter à  la  mâchoire  antérieure  du  frein,  un  couteau 
biseauté;  mais  il  est  plus  simple  de  tracer  une  ligne  sur 
la  bande,  au  moyen  d'une  fine  aiguille,  en  prenant  la  lèvre 
de  la  mâchoire  pour  guide. 

Tout  le  système  est  complété  par  un  disjoncteur  fondé 
sur  des  considérations  nouvelles.  Cet  instrument  est  plus 
simple  et  de  construction  plus  rationnelle  que  les  dis- 
joncteurs imaginés  jusqu'à  présent. 


(  595  ) 


Nouveau  système  de  suspension  électro-magnétique 
du  chronomètre  et  du  poids. 

Pour  que  la  résistance  apposée  par  l'air  à  la  chute  du 
chronomètre  puisse  être  considérée  comme  nulle,  il  faut 
que  le  poids  du  corps  tombant  soit  assez  considérable.  Il 
s'ensuit  que  l'électro-aimant  droit,  que  Ton  a  employé 
jusqu'à  présent  pour  maintenir  le  chronomètre  dans  sa 
position  initiale,  exige  une  forte  pile  pour  acquérir  la 
puissance  suffisante.  La  nécessité  d'employer  des  électro- 
aimants susceptibles  d'être  réglés,  aggrave  encore  cet  in- 
convénient, parce  que,  dans  ce  cas,  on  perd  toujours  une 
partie  notable  de  la  force  électro-motrice. 

Nous  employons  l'électro-aimant,  dit  en  fer  à  cheval, 
agissant  sur  le  chronomètre  ou  le  poids,  par  ses  deux 
pôles.  L'électro-aimant  est  placé  dans  une  position  qui 
annule  les  inconvénients  auxquels  donnait  lieu  l'action  si- 
multanée des  deux  pôles,  inconvénients  que  nous  avons 
signalés  depuis  longtemps  (1).  Les  extrémités  des  branches 
de  l'électro-aimant  affectent  la  forme  de  cylindres  dont 
les  axes  sont  perpendiculaires  l'un  à  l'autre.  Lorsqu'on 
présente  le  chronomètre  à  cet  électro-aimant,  la  tige  sus- 
pendue prend  la  position  initiale  déterminée  en  glissant 
sur  deux  génératrices  perpendiculaires  l'une  à  l'autre.  Le 
chronomètre  et  le  poids  prennent  ainsi  leurs  positions  ini- 
tiales respectives  sans  exécuter  d'autres  mouvements  que 
ceux  nécessaires  pour  arriver  à  ces  positions,  c'est-à-dire 


(1)  Voir  :  Application  de  l'électricité  à  la  mesure  de  la  vitesse-ftcS  pro- 
jectiles ,  le  résumé  des  expériences  faites  par  nous  en  IS^iO^  pp.  19  et  20. 
2""^  SÉRIE,  TOME  XXVH.  27 


(  594  ) 
sans  oscillations.  Les  éicctro-aimatils  sont  construits  de 
manière  à  ce  que  l'on  puisse  en  régler  la  puissance  par 
l'excellent  procédé  dû  à  M.  Jaspar,  et  appliqiié  par  lui, 
depuis  longtemps,  à  notre  chronoscope  à  pendule  (1).  Jl 
suffit  de  jeter  un  coup  d'œil  sur  la  figure  ci-contre,  pour 
bien  comprendre  le  nouveau  mode  de  suspension  électro- 
magnétique. Le  chronomètre  ou  le  poids  prennent  position 


Fis.  1. 


^ 


)^. 


en  glissant  sur  les  génératrices  ah  et  al.  Le  contact  du 
chronomètre  avec  la  branche  inférieure  de  l'électro-aimant 
a  lieu  suivant  une  droite  contre  le  plan  incliné  ce.  Le  poids, 
qui  est  de  forme  conique,  n'a  qu'un  point  de  contact  avec  la 
branche  inférieure  de  l'aimant  temporaire.  Le  plan  incliné 


(1)  Afin  (Je  facililer  le  réglai-e  de  la  puissance  de  raimant  leniimraire, 
nous  terminons  les  parties  correspondantes  des  noyaux, l'une  par  un  cône 
convexe,  l'autre  par  une  concavité  de  même  l'orme,  (jui  reçoit  le  cône 
convexe.  On  obtient  ainsi  une  diminution  de  puissance  moins  rapide  que 
lorsque  les  deux  parties  du  noyau  sont  tern»inées  par  des  plans. 


(  ô!)5  ) 
du  cliroiiomèlre  et  la  l'orme  conique  du  poids  ont  pour 
effet  de  dégager  la  ligne  ou  le  point  de  contact,  dès  le 
commencement  de  la  chute  libre,  et  d'empêcher  tout  frotte- 
ment contre  la  branche  inférieure  de  l'électro-aimant.  La 
branche  supérieure  de  réleclro-aimant  porte  une  grosse 
bobine,  tandis  que  la  branche  inférieure  ne  reçoit  qu'une 
seule  rangée  de  spires.  Dans  l'appareil  d'essai,  les  deux 
branches  sont  solidaires  l'une  de  l'autre  pour  le  règlement 
de  leur  puissance  magnétique,  mais  nous  pensons  qu'il 
vaudra  mieux  les  rendre  plus  indépendantes  sous  ce  rap- 
port, ce  qui  sera  facile.  Mentionnons,  cependant,  que  les 
essais  préliminaires  ont  réussi  parfaitement. 

Jadis  nous  limitions  les  oscillations  du  poids  du  conjonc- 
teur  au  moyen  d'un  bout  de  tube  entourant,  de  très-près, 
la  partie  supérieure  du  poids.  Cette  disposition,  qui  servait 
en  même  temps  à  placer  l'axe  du  poids  dans  le  prolonge- 
ment de  celui  de  l'électro-aimant,  était  défectueuse,  parce 
que,  au  moment  de  la  mise  en  mouvement  du  grave,  la 
moindre  oscillation  avait  pour  effet  un  choc  qui  troublait 
immanquablement  la  chute.  La  disposition  indiquée  ci- 
dessus  remédie  à  tous  les  inconvénients. 

Constructions  rationnelles  du  chronomètre  et  du  poids. 

Ces  constructions  doivent  être  considérées  sous  le  double 
rapport  de  la  matière  et  de  la  forme. 

Nous  avons  reproché  au  chronomètre  en  acier  aimanté, 
qui  avait  été  adopté  par  M.  Le  Boulengé,  d'être  singuliè- 
rement propre,  par  la  position  verticale  qu'il  occupe,  à 
subir  Vinfluence  du  magnétisme  terrestre  [\).  Pour  nous 

C'O  Voii-  Discussion  sur  les  appareils  électro-balis tiques,  page  2S. 


(  396  ) 
assurer  du  degré  de  gravité  de  celle  prévision  théorique, 
nous  avons  exécuté  l'expérience  suivante  :  une  tige  en 
acier  aimanté,  dont  l'extrémité  était  aiguisée  en  pointe 
très-aiguë,  tut  suspendue,  dans  une  position  verticale,  par 
l'attraction  d'un  électro-aimant  et  au-dessus  d'une  planche 
en  hois  tendre.  Cette  tige,  lorsque  l'on  faisait  une  disjonc- 
lion  dans  le  circuit  électrique,  tombait  d'une  hauteur 
d'environ  deux  mètres,  restait  implantée  dans  la  planche 
et  penchée  dans  le  plan  du  méridien  magnétique  suivant 
une  inclinaison  qui  différait  peu  de  celle  qu  indique  la 
boussole  verticale.  Une  tige  aimantée,  tombant  verticale- 
ment, est  en  effet  en  même  temps  une  boussole  de  décli- 
naison et  une  boussole  d'inclinaison  ayant  le  centre  de 
gravité  pour  unique  pivot;  cette  tige,  tournant  sur  un 
pivot  exempt  de  frottement,  doit  nécessairement  être  très- 
sensible  au  magnétisme  terrestre.  —  Nous  avons  ensuite 
étendu  cette  expérience  à  l'emploi  d'une  tige  en  fer  doux  : 
les  mômes  effets,  quoique  beaucoup  moins  marqués,  se 
sont  reproduits.  11  devait  en  être  ainsi,  puisque  la  tige  en 
fer  doux,  après  avoir  été  en  contact  avec  l'électro-aimant, 
reste  toujours  un  peu  aimantée.  11  importe  donc  de  con- 
struire le  chronomètre  et  le  poids  en  métal  non  magnétique, 
réservant  l'emploi  du  fer  doux  pour  la  partie  supérieure, 
qui  doit  être  mise  en  contact  avec  l'aimant  temporaire. 
Nous  adoptons  le  laiton  ou  le  bronze. 

Faisons  remarquer,  en  passant,  que  l'action  du  magné- 
tisme terrestre  sur  le  chronomètre  peut  n'avoir  aucune 
influence  sur  les  écarts  des  temps  ou  vitesses  mesurés 
pendant  une  même  mise  en  station  de  l'appareil,  mais 
que  cette  action  doit,  dans  certaines  limites,  rendre  le 
tenq)s  mesuré  dépendant  de  l'orientation  du  chronographe 
ou  chronoscope. 


(  397  ) 

Quand  on  veut  obtenir  qu'un  corps  de  forme  allongée 
tombe  en  maintenant  son  axe  dans  la  verticale,  on  se 
préoccupe  généralement  de  donner  à  ce  corps  une  forme 
telle,  que  le  centre  de  gravité  se  trouve  placé  aussi  bas  que 
possible.  On  dit  alors  que  le  corps  est  lesté.  Il  convient 
effectivement  de  lester  un  corps  relativement  léger,  et 
tombant  d'une  bauteur  considérable,  parce  que,  dans  ces 
circonstances,  les  résistances  latérales  de  l'air  peuvent 
redresser  une  déviation  initiale  du  corps.   Mais,  dans  le 
cas  de  la  cbute  libre  d'une  tige-cbronomètre  parcourant 
seulement  un  espace  vertical  de  55  à  oO  centimètres,  il  est 
non-seulement  inutile,  mais  encore  nuisible,  de  lester 
le  corps  tom.bant.  En  effet,  une  augmentation  de  la  sec- 
tion  droite  de  la  tige  vers  sa  partie  inférieure  a  pour 
résultat  une  augmentation  de  la  résistance  de  l'air  dans  le 
sens  opposé  à  la  cbute,  et  si  la  résultante  verticale  des 
résistances  ne  passe  pas  exactement  par  le  centre  de  gra- 
vité, le  corps  tombant  tournera  autour  de  ce  point.  On 
comprend  qu'une  résistance  de  l'air  que  l'on  peut  consi- 
dérer comme  tout  à  fait  négligeable,  quant  à  son  action  sur 
la  loi  de  la  chute  des  graves  dans  le  vide,  suffise  cepen- 
dant pour  produire  la  rotation  d'un  corps  libre  dans  l'es- 
pace. 

D'après  ces  considérations,  nous  adoptons  pour  chrono- 
mètre une  règle  de  section  rectangulaire,  portant  à  sa 
partie  supérieure  une  armature  en  fer  doux  terminée  en 
calotte  splîérique  de  petit  diamètre,  et  taillée  en  plan  in- 
cliné sur  l'axe  dans  la  partie  qui  regarde  l'électro-aimant. 
La  partie  inférieure  de  la  règle  est  renforcée  de  manière 
que  sa  section  droite  couvre  celle  de  l'armature.  Le  bout 
inférieur  affecte  une  forme  a[)prochant  de  celle  dite  de 
moindre  résistance.  Quelques  trous  taraudés,  distribués 


(  598  ) 

sur  la  longueur  de  la  règle,  peuvent  recevoir  une  vis  qui 
procure  des  appuis  à  des  échelles  de  chute  de  longueur 
différente,  suivant  les  besoins.  Quant  aux  bandes,  elles 
adhèrent  très-bien  aux  chronomètres,  lorsque  l'on  met  de 
la  cire  à  modeler  dans  quelques-uns  des  trous  taraudés. 

L'action  de  la  résistance  de  l'air  sur  le  poids  a  peu 
d'importance.  La  seule  condition  nécessaire,  pour  obtenir 
des  résultats  exacts,  est  que  la  longueur  de  la  chute  soit 
invariable  pour  une  même  position  initiale  du  poids.  On 
obtient  que  cette  condition  soit  réalisée,  en  donnant  à  la 
[)arlie  inl'érieure  du  poids  la  forme  d'une  calotte  s[)hérique 
ayant  pour  rayon  la  distance  de  sa  surface  au  centre  de 
gravité  du  corps.  La  rotation  ne  pouvant  avoir  lieu,  pen- 
dant la  chute,  qu'autour  de  ce  point,  un  petit  mouvement 
ne  changera  rien  à  la  longueur  de  la  chute.  La  forme 
générale  du  poids  est  celle  d'un  cône  terminé  vers  le 
sommet  par  une  calotte  sphérique  d'un  très-petit  rayon. 
La  partie  supérieure  du  poids,  jusqu'au  point  où  une  des 
génératrices  touche  la  branche  inférieure  de  l'électro- 
aimant,  est  en  fer  doux;  le  reste  est  en  métal  non  magné- 
tique ,  laiton  ou  bronze. 

Nouveau  disjoncteur. 

Depuis  que  nous  avons  inventé  le  premier  disjoncteur, 
cet  instrument  a  reçu  beaucoup  de  modifications  succes- 
sives qui  toutes,  ou  presque  toutes,  ont  été  des  perfec- 
tionnements. Le  succès  de  noire  méthode  repose  sur 
l'emploi  d'un  bon  disjoncteur.  Voici,  très-sommairemenl, 
les  modifications  principales  qui  ont  été  apportées  à  cet  in- 
strument. —  Premier  système  (1847)  :  des  lamettes  glis- 
sant Tune  sur  l'autre ,  |)ar  couple;  le  mouveineni  produit 


(  399  ) 

par  la  détente  de  deux  ressorts  à  boudin.  Deuxième  mo- 
dèle de  ce  système  :  remplacement  des  deux  ressorts  par 
un  seul,  pour  éviter  des  tractions  latérales.  Troisième  mo- 
dèle :  addition  d'un  permutateur,  pour  faire  permuter  les 
deux  courants;  on  obtenait  ainsi  de  compenser  les  erreurs 
dues  à  l'imperfection  de  l'instrument,  en  prenant  les 
moyennes  sur  un  nombre  pair  de  coups,  mais  les  écarts 
entre  les  vitesses  étaient  augmentées,  puisque  l'erreur  por- 
tait en  plus  sur  un  des  groupes  et  en  moins  sur  l'autre  (1). 
—  Deuxième  système  (1856)  fondé  sur  la  séparation  brus- 
que des  pièces  qui  ferment  les  circuits  lorsqu'elles  sont 
en  contact.  La  séparation  est  déterminée  par  le  choc  d'une 
pièce  en  matière  non  conductrice  de  l'électricité  et  animée 
d'une  grande  vitesse  au  moment  de  la  rencontre.  Plusieurs 
modèles  successifs;  le  dernier,  imaginé  par  M.  Le  Bou- 
lengé,  est  très-bien  agencé  (2). 

A  tous  ces  modèles  du  deuxième  système,  nous  repro- 
chons :  l''  de  devoir  être  réglés  et  de  pouvoir  l'être  mal; 
2''  de  se  dérégler  facilement;  o°  de  présenter  toujours  les 
mêmes  points  de  contact  au  passage  des  courants  et  aux 
effets  de  l'étincelle  d'extra-courant  (5). 


(1)  C'est  à  remploi  de  ce  disjoncteur  que  doivent  être  attribués  les 
écarts  de  vitesses  assez  considérables  que  l'on  remarque  dans  quelques- 
unes  de  nos  premières  expériences.  Les  moyennes  devaient  seules  être 
prises  en  considération. 

(2)  M.  le  colonel  Leurs  a  construit  un  disjoncteur  très-simple  et  fonc- 
tionnant parfaitement  bien,  pour  notre  pendule  modifié.  Mais  ce  système 
est  spécialement  destiné  à  l'emploi  de  courants  ayant  une  partie  com- 
mune, combinaison  que  nous  n'admettons  pas  parce  qu'elle  donne  lieu  à 
des  courants  dérivés.  Voir  :  Mémoire  sur  un  appareil  Navcz  .simplifié , 
par  M.  A.  Leurs,  colonel  d'artillerie  ,  1861. 

(5)  L'emploi  des  horloges  électri(iuei.  a  montre  combien  il  est  neces- 


(  iOO  ) 

Notre  nouveau  disjoncteur,  en  outre  de  la  lacilité  de 
construction  et  de  la  simplicité  de  combinaison,  présente 
les  avantages  suivants  :  l''  il  est  réglé  de  construction  et 
ne  peut  être  mal  réglé  du  moment  que  les  courants  pas- 
sent, donc  impossibilité  d'employer  un  instrument  défec- 
tueux; 2°  un  des  deux  circuits  ne  peut  être  rompu  sans 
que  le  second  le  soit  aussi  à  cause  de  la  solidarité  des 
lamettes;  o"  les  pièces  en  contact  peuvent  frotter  l'une 
sur  l'autre  et  être  maintenues  ainsi  dans  l'état  nécessaire 
au  passage  intégral  des  courants  (1)  ;  4"  on  ne  tend  le  grand 
ressort  qu'au  moment  de  commencer  les  expériences,  ce 
qui  évite  de  le  fatiguer  inutilement. 

L'instrument  consiste  :  1°  en  deux  lameties- ressorts 
(//)  rendues  solidaires  l'une  de  l'autre  par  une  traverse  en 
ivoire  (i);  chaque  lamette  porte  à  son  extrémité  libre  une 
pièce  en  laiton  [pp)  placée  de  champ;  2°  en  un  cylindre 
(c)  formé  d'un  noyau  en  ivoire  introduit  dans  un  tube  de 
cuivre;  un  trait  de  scie  divise  la  partie  métallique  de  ce 
cylindre  en  deux  sections  égales  communiquant  chacune 
avec  une  des  deux  presses  à  vis  (bornes)  par  lesquelles  les 
courants  entrent  dans  l'instrument;  un  des  bouts  du  cy- 
lindre porte  un  bouton  molleté  [b)  au  moyen  duquel  on 
peut  le  faire  tourner  sur  son  axe;  o*"  en  un  grand  ressort 
(R)  placé  sous  les  lamettes  et  portant  une  pièce  en  caout- 
chouc durci  (D)  vers  son  extrémité.  Un  coin  (C)  glissant 
le  long  de  la  partie  centrale  de  la  tablette  sur  laquelle 
sont  assemblées  les  différentes  pièces  sert  à  tendre  le 


saire  de  pouvoir  établir  les  coiilacls  en  t'aisanl  l'roller  les  pièees  ruiie 
coiilrcraiitre  (lour  obtenir  toujours  le  [tassage  iiilégial  du  courant. 

(1)  Nous  admettons  ici  (;ue  le  c<»uraiil«'st  mmitlcl  lors(|ue  Min  iiilcuoilé 
répond  a  des  communications  convenablement  établie^. 


(  4()i  ) 
ressort.  Une  touche  (ï)  permet  d'armer  le  disjoncteur;  un 
bouton  (B),  quand  il  est  tiré  par  l'opérateur,  dégage  le 
grand  ressort  et  détermine  le  jeu  de  l'instrument. 

Lorsque  le  disjoncteur  est  armé,  les  extrémités  des 
lamettes  appuient  sur  les  parties  correspondantes  du  cy- 
lindre et  les  deux  courants  passent  d'une  presse  à  vis  à 
l'autre  par  l'intermédiaire  de  ces  lamettes.   Aussitôt  que 
le  grand  ressort  est  libéré,  la  pièce  en  caoutchouc  durci 
qu'il  porte  va  frapper  la  traverse  en  ivoire  et  les  deux 
lamettes  sont  vivement  soulevées.  Les  extrémités  des  res- 
sorts forment  un  plan   tangent  au  cylindre  suivant  une 
génératrice  que  l'on  peut  changer  en  faisant  tourner  le 
bouton  molleté. 
Dans  les  modèles  précédents  les  lamettes  étaient  indé- 
pendantes l'une  de  l'autre  et 
^*^'  '^'  appuyaient  sur  des  vis  que 

p'    l'on  pouvait  élever  ou  abais- 
Y\     ser  pour  régler  l'instrument, 
et  il  était  impossible  de  s'as- 
surer que  les  points  de  contact  [pp')  se  trouvaient  à  môme 
hauteur.  Ces  points  de  contact  étaient  invariables. 

Mesure  des  temps  compris  entre  le  quart  et  la  demi' 
seconde. 

Lorsque  le  temps  à  mesurer  dépasse  le  tiers  de  seconde, 
on  ne  peut  plus  employer  un  chronomètre  à  chute  libre 
sans  que  les  inconvénients  inhérents  à  ce  système  ne  crois- 
sent dans  une  proportion  très-grande  avec  la  longueur  du 
temps,  par  suite  de  l'augmentation  de  la  hauteur  de 
chute. 

Mais,  si  au  lieu  de  fonder  la  mesure  du  temps  sur  la 


ïï 


(  40â  ) 

cliiitc  d'un  seul  grave,  on  y  emploie  plusieurs  graves  tom- 
bant à  la  suite  l'un  de  l'autre,  tous  les  inconvénients  dispa- 
raissent. On  comprendra  facilement  les  avantages  de  cette 
méthode  en  considérant,  par  exemple,  qu'un  grave  franchit 
environ  cinq  mètres  en  une  seconde,  tandis  que  quatre 
graves  tombant  successivement  chacun  pendant  {  de 
seconde,  accomplissent  dans  le  même  temps  quatre  chutes 
de  0"',o06  seulement. 

Nous  donnons  le  nom  de  relais  à  la  disposition  (fui 
permet  de  décomposer  ainsi  le  temps  à  mesurer  de  manière 
que  le  chronomètre  ne  donne  que  l'appoint,  parce  qu'elle 
constitue  en  effet  un  véritable  relais  télégraphique. 

Notre  appareil  à  chute  libre  porte  un  relais  d'environ 
-  de  seconde.  Ce  relais  est  très-simple  ;  il  se  compose  : 
1"  d'un  très-petit  électro-aimant  (e)  du  même  système  que 
les  autres,  fixé  sur  la  même  plaque  et  destiné  à  supporter 
un  poids  aussi  de  très-petites  dimensions;  2"  d'un  levier  à 
contre-poids  (f)  appuyant  sur  un  cylindre  de  manière  à 
fermer  un  circuit  que  la  chute  du  poids  ouvrira  en  faisant 
basculer  le  levier  (1). 

L'emploi  du  relais  est  facile.  Lorsque  l'on  a  épuisé  la  ca- 
pacité de  l'appareil  principal  pour  la  mesure  du  temps  en 
abaissant  successivement  l'électro-aimant  du  poids,  c'est- 
à-dire  lorsque  l'on  a  dépassé  un  peu  le  quart  de  seconde, 


(1)  Le  bord  de  la  plaque  de  noire  appareil  porte  rindicalion  de  quel- 
ques temps  compris  entre  0",''25  et  0",0()i.  Pour  oi)érer  le  plus  avantageu- 
sement possible,  il  faut  ajuster  rélectro-aimant  mobile  de  manière  à  faire 
coïncider  la  partie  inférieure  du  poids  avec  l'indication  du  temps  qui  cor- 
respond avec  celui  que  l'on  suppose  devoir  mesurer.  Il  est  bien  entendu 
(pie  cri  te  prescription  n'est  pas  de  riyufur;  il  s'a;'il  seulement  d'éviter  des 
tâtonnement.^  à  un  opérateur  peu  exen  e. 


(  403  ) 
on  dispose  les  circuits  pour  l'emploi  du  relais.  La  pile  du 
relais,  le  \''  cadre-cible  et  l'électro-aimant  du  relais  sont 
compris  dans  le  môme  circuit  électrique.  La  première  opé- 
ration aura  pour  objet  la  mesure  du  temps  qui  s'écoule 
entre  l'instant  d'une  disjonction  dans  le  circuit  du  relais  et 
celui  d'une  disjonction  dans  un  autre  circuit  opérée  par  la 
chute  du  poids  du  relais.  Ce  temps,  que  nous  appellerons 
temps  du  relais,  se  mesure  au  moyen  de  l'appareil  prin- 
cipal ,  et  la  figure  ci-contre  indique  comment  il  faut  dis- 
poser les  circuits  pour  l'obtenir  rigoureusement. 

Les  circuits  ainsi  disposés,  on  fera  jouer  le  disjoncteur 


Fig.  3. 


TTùuke^- ciir(t 


1^^ Cadre  -ciHc 


dans  la  première  position  pour  obtenir  une  hauteur  de  dis- 
jonction sur  le  chronomètre.  Puis  on  déplacera  le  disjonc- 
teur pour  le  placer  dans  la  deuxième  position,  et,  en  le 
faisant  fonctionner,  on  obtiendra  une  seconde  indication 
sur  le  chronomètre.  La  dilférence  des  tenips  correspondant 


(  404  ) 

aux  deux  hauteurs  de  chute  accusées  sera  le  temps  du 
relais  (I). 

Cette  détermination  préalable  étant  terminée,  on  éta- 
blira (pour  toute  la  durée  des  expériences)  les  circuits  de 
la  manière  ordinaire,  si  ce  n'est  que  le  circuit  du  chrono- 
mètre comprendra  la  bascule  du  relais  au  lieu  du  premier 
cadre-cible  et  (pie  ce  dernier  fera  partie  du  circuit  du 
relais  (2).  On  fera  fonctionner  le  disjoncteur  et,  après  avoir 
,,.    ,  noté  la  hauteur  de  chute 

et  remis  l'instrument  au 
bandé,  le  poids  et  le  chro- 
nomètre en  place,  on  com- 
mandera le  feu.  Le  projec- 
tile rompra  le  circuit  du 
relais  en  passant  à  travers 
le  premier  cadre-cible  et 
parcourra  une  partie  du 
trajet  compris  entre  les  deux  cadres-cibles,  pendant  que  le 
poids  du  relais  accomplira  sa  chute.  Au  moment  où  le 
poids  du  relais  produira  une  disjonction  en  frappant  la 
bascule,  le  projectile  cuira  cheminé  pendant  le  temps  du 
relais ,  temps  connu.  Alors  le  chronomètre  sera  libéré;  le 
poids  se  mettra  en  mouvement  quand  le  projectile  aura 
passé  à  travers  le  second  cadre-cible.  On  relèvera  de  la  ma- 
nière ordinaire  le  temps  accusé  par  l'appareil  et,  en  l'ad- 
ditionnant au  temps  du  relais,  on  obtiendra  celui  employé 


(1)  On  pourrait  opérer  plus  simplement  en  comprenant  réleclro-aimanl 
du  clironoinrlrc  dans  le  circuil  du  relais,  mais  celle  méthode  ne  serait  pas 
iii;<Mireiise.  * 

(il)  dette  nuMlilicalion  dans  la  disposilion  des  eircuils  s'opère  en  <|uel- 
que.-,  inàtanl^au  moyen  des  presses  à  vis  de  l'appareil. 


(  405  ) 
par  le  projectile  pour  franchir  l'espace  compris  entre  les 
deux  cadres-cibles.  On  voit  que,  par  cette  méthode,  l'ap- 
pareil i)rincipal  donne  l'appoint  nécessaire  au  temps  du 
relais  pour  former  le  temps  qu'il  s'agit  de  mesurer.  Le 
relais  et  l'appareil  principal  donnent  ensemble  un  peu  plus 
d'une  demi-seconde. 

Nous  ferons  remarquer,  en  passant,  que  l'emploi  du 
relais,  bien  qu'exigeant  une  troisième  pile,  est  cependant 
très-avantageux  sous  le  rapport  du  nombre  total  des  élé- 
ments de  pile  mis  en  usage.  En  effet,  le  relais  n'étant 
employé  que  pour  la  mesure  de  temps  plus  longs  que  le 
quart  de  seconde, l'appareil  sera  toujours,  lorsque  l'on  fera 
usage  du  relais,  placé  à  une  distance  assez  considérable  de 
Tun  ou  de  l'autre  cadre-cible.  En  établissant  l'appareil  vers 
le  second  cadre-cible,  le  circuit  du  relais  sera  le  plus  grand, 
et  l'électro-aimant  qu'il  comprendra  n'aura  besoin  que 
d'un  courant  peu  intense  pour  maintenir  le  poids  très- 
léger  du  relais.  L'électro-aimant  destiné  à  maintenir  le 
chronomètre,  pièce  relativement  très-pesante,  sera  com- 
pris dans  un  court  circuit  local  et  fonctionnera  toujours 
très-bien  au  moyen  d'un  seul  élément  de  pile  de  petite 
dimension.  L'emploi  du  relais  aura  donc  pour  résultat  une 
économie  sur  la  force  électro-motrice.  La  théorie  du  relais 
télégraphique  est,  du  reste,  trop  connue  pour  que  nous 
insistions  sur  ce  sujet. 

Dispositions  pour  faire  fonctionner  Vappareil  au  moyen 
cViin  seul  circuit. 

On  a  souvent  présenté  comme  très-désirable  la  réalisa- 
tion d'une  disposition  qui  permettrait  de  comprendre  dans 
un  seul  circuit  les  deux  électro-aimants  qui  entrent  dans 


(  406  ) 
la  combinaison  d'un  appareil  électro-balistique,  afin  de 
pouvoir  se  passer  du  disjoncteur  à  deux  courants,  et  aussi 
dans  l'espoir  de  réaliser  une  économie  sur  la  dépense  en 
piles.  Nous  avons  imaginé  et  essayé  deux  combinaisons 
d'appareil  fonctionnant  au  moyen  d'un  seul  circuit  :  l'une 
est  fondée  sur  V emploi  de  courants  dérivés;  elle  réussit 
assez  bien  quant  à  la  marche  régulière  de  l'appareil,  mais 
elle  n'est  pas  irréprochable,  sous  le  rapport  théorique, 
pour  la  mesure  du  temps.  L'autre  combinaison  est  plus 
rigoureuse,  mais  elle  exige  une  très-grande  précision  dans 
l'exécution  matérielle  des  appareils;  voici  en  quoi  elle  con- 
siste :  un  seul  circuit  comprend  les  deux  électro-aimants, 
les  cadres-cibles  et  un  disjoncteur  simple;  une  disjonction 
dans  le  circuit,  obtenue  au  moyen  du  disjoncteur,  déter- 
mine la  chute  du  chronomètre  et  du  poids  enregistreur. 
Lorsque,  ensuite,  on  4ance  le  projectile,  son  passage  à  tra- 
vers le  premier  cadre-cible  provoquerait  aussi  la  chute  des 
deux  graves,  si  le  chronomètre  ne  portait  une  rondelle 
qu'il  abandonne,  sur  deux  appuis,  aussitôt  que  sa  chute 
est  commencée.  Cette  rondelle  complète  une  partie  de  dr- 
cuit  équivalente,  en  résistance,  à  celle  qui  comprenait  le 
premier  cadre-cible  et  l'électro-aimant  du  chronomètre. 
L'électro-aimant  du  poids  enregistreur  se  trouve  donc, 
presque  immédiatement  après  la  première  disjonction, 
compris  dans  un  drcnll  équivalent  SiU  premier  et  complet. 
Si  le  système  conjoncteur  est  bien  exécuté,  la  première 
disjonction  ne  détermine  pas  la  chute  du  poids,  laquelle 
n'a  lieu  qu'à  la  suite  de  la  seconde  disjonction,  c'est-à-dire 
celle  effectuée  par  le  passage  du  projectile  à  travers  le 
deuxième  cadre-cible. 

Nous  avons  abandonné  le  circuit  unique  pour  les  raisons 
suivantes  :  i"  La  nécessité  de  réunir  les  deux  cadres-cibles 


(  407  ) 
au  moyen  d'un  (il,  et  d'aulres  circonstances  encore,  inhé- 
rentes à  l'emploi  d'un  seul  circuit,  réduisent  à  peu  près  à 
rien  la  diminution  que  l'on  réalise  sur  le  développement 
total  des  (ils  conducteurs;  2"  on  économise  une  pile,  il  est 
vrai,  mais  cette  économie  est  illusoire  parce  qu'il  faut  aug- 
menter le  nombre  des  éléments  de  la  pile  unique;  5"  notre 
nouveau  disjoncteur  met  la  simultanéité  des  disjonctions  à 
l'abri  de  toute  objection. 

Une  autre  raison  qui  nous  a  fait  abandonner  le  circuit 
unique  est  celle-ci  :  on  connaît  les  expériences  de  M.  Guil- 
lemain  sur  l'état  variable  du  courant  après  une  disjonction. 
Les  résultats  de  ces  expériences,  quant  aux  phénomènes 
constatés,  pourraient  être  invoqués  contre  notre  méthode, 
puisque  le  projectile  et  le  disjoncteur  ne  produisent  pas  les 
disjonctions  aux  mêmes  points  du  développement  des  cir- 
cuits; mais,  aussitôt  que  Ton  fait  intervenir  les  chiffres, 
on  se  trouve  en  présence  de  quantités  négligeables.  Les 
résultats  numériques  des  expériences  dont  il  est  ici  ques- 
tion viennent  donc,  en  définitive,  à  l'appui  de  notre  mé- 
thode, tout  en  nous  engageant  néanmoins  à  préférer  deux 
courts  circuits  à  un  seul  beaucoup  plus  long. 

Mise  en  station  de  l'appareil. 

La  mise  en  station  au  moyen  de  trois  vis  calantes, 
ordinairement  adoptée,  laisse  à  désirer,  parce  qu'elle  donne 
lieu  à  trop  de  tâtonnements.  Il  suffira  de  jeter  un  coup 
d'œil  sur  la  fig.  1  pour  comprendre  comment  on  met  l'ap- 
pareil en  station.  Les  vis  V  et  Y'  font  mouvoir  l'une  le 
pied ,  l'autre  la  grande  plaque  autour  de  deux  charnières 
perpendiculaires  l'une  à  l'autre  et  non  situées 


(  408  ) 
dans  le  même  plan.  Le  chronomèlre,  suspendu  à  rélectro- 
aimant,  sert  de  fd  à  plomb  pour  guider  l'opérateur  dans 
la  mise  en  station. 

Mesure  des  temps  lonrjs  de  la  balistique. 

Nous  complétons  notre  système  de  clironométrie  élec- 
tro-balistique par  le  projet  d'un  appareil  très-simple  et 
facile  à  construire,  destiné  à  la  mesure  des  temps  longs 
de  la  balistique  (i  ).  Des  essais  préliminaires  ne  nous  laissent 
aucun  doute  sur  la  réussite  de  cet  appareil. 

Dès  les  premiers  essais  que  l'on  fit  pour  appliquer  l'élec- 
tricité à  la  mesure  de  la  vitesse  des  projectiles,  on  con- 
struisit des  appareils  à  cylindre  tournant  sur  lequel  le 
temps  était  pointé  par  la  chute  de  styles.  Ces  appareils  ne 
réussirent  pas;  pourquoi  ? 

1"  Parce  que,  à  cette  époque,  on  ne  connaissait  pas 
notre  méthode  des  disjonctions  simultanées j 

2"  Parce  que  l'on  ne  rècjlait  pas  les  électro-aimants; 

o"  Parce  que  les  procédés  que  l'on  avait  employés  pour 
obtenir  l'uniformité  du  mouvement  de  rotation  laissaient 
à  désirer; 

4"  Parce  qu'il  est  très-difiicile  de  monter  un  disque  ou 
un  cylindre  de  manière  à  obtenir  que  pendant  le  mouve- 
ment de  rotation  tous  les  points  de  la  surface  sur  laquelle 
les  styles  doivent  pointer  restent  à  la  même  distance  des 
slvles; 


(1)  Voir  :  Considérations  sur  les  expériences  de  balisti({ues  en  ce  qui 
concerne  la  mesure  du  temps,  par  le  uuijor  Navez,  18Gj,  pages  37  el 
suivanles. 


(  409  ) 

5"  Parce  que  l'on  exigeait  des  appareils  à  mouvement 
(le  rotation  plus  que  le  nécessaire  en  les  construisant  pour 
la  mesure  d'une  série  de  temps  très-petits  correspondant 
à  une  suite  de  tranches  d'une  même  trajectoire. 

Avec  notre  système  d'appareil  de  rotation  on  évite  toutes 
ces  causes  d'insuccès.  Voici  la  description  sommaire  de 
notre  appareil  : 

Un  disque  DD  [fuj.  5)  de  14  centimères  de  diamètre  est 
mis  en  mouvement  par  un  moteur  électro-magnétique 
monté  sur  le  même  axe  que  le  disque.  Ce  moteur  se  com- 
pose de  deux  électro-aimants  droits  EE  assemblés  à  angles 
droits,  de  deux  aimants  permanents  en  fer  à  cheval  E'E' 
et  d'un  commutateur  C.  Un  cerceau  à  force  centrifuge  C 
commande  un  levier  dont  le  mouvement,  dans  un  sens, 
rompt  le  circuit  électrique  qui  active  le  moteur,  et,  dans 
le  sens  opposé,  augmente  l'intensité  du  courant  en  dimi- 
nuant la  résistance  du  circuit.  Cette  disposition  permet  de 
faire  varier  avec  facilité  la  vitesse  de  rotation;  la  vitesse 
de  régime,  une  fois  obtenue,  se  maintient  automatique- 
ment. La  circonférence  du  disque  est  divisée  en  440  parties 
et  le  quart  de  chaque  partie  pouvant  être  apprécié  par  es- 
lime,  l'approximation  de  lecture,  en  temps,  dans  la  sup- 
position que  le  disque  ferait  dix  révolutions  à  la  seconde, 
atteindrait  environ  0",00005.  —  Ce  disque  tournant  con- 
stitue le  chronomètre  de  l'appareil  (1). 

Disions  maintenant  comment  nous  mettons  le  chrono- 
mètre en  relation  avec  le  projectile  passant  à  travers  les 
cadres-cibles.  Deux  circuits  électriques  comprennent  cha- 


(1)  Dès  1853  nous  avons  proposé  un  appareil  à  rotation  ayant  pour 
moteur  Télectricité.  Voir  :  AppUcalion  de  l'électricité  à  la  mesure  de  la 
vitesse  des  projectiles,  pages  84  et  suivantes. 

2""^  SÉRIE,  TOME  XXVII.  28 


(  410  ) 
Clin  un  cadre-cible  et  réleclro-aimant  d'un  relais  établi 
comme  il  a  été  expliqué  en  parlant  de  la  mesure  des  temps 
moyens  (de  0",25  à  0",50)  ;  seulement  il  est  inutile  que  la 
cbute  des  poids  dépasse  huit  à  dix  centimètres,  et  il  con- 
vient que  les  Iiauteurs  de  cbute  puissent  être  réglées.  Les 
deux  circuits  passent  aussi  par  le  disjoncteur  décrit  précé- 
demment. On  pourra  donc  rompre  les  circuits  simultané- 
ment au  moyen  du  disjoncteur  el  successivement  par  le  tir. 
Dans  l'un  et  l'autre  cas,  la  rupture  des  circuits  aura  pour 
effet  la  chute  des  poids  et,  par  suite,  l'abaissement  des 
leviers  (bascules). 

L'axe  du  moteur  est  prolongé  sur  une  longueur  de  vingt- 
deux  centimètres,  et  ce  prolongement  k  est  fdeté  d'un  pas 
très-fin  (environ  |  millimètre).  Sur  cette  vis  court  un 
écrou  7n  dirigé  par  deux  règles  en  verre  et  portant  une 
pointe  en  platine.  Une  règle  étroite  en  laiton,  recouverte 
d'une  plaque  A  en  argent  poli,  est  fixée  parallèlement  à  la 
vis  de  sorte  que  la  pointe  en  platine  se  trouve  très-près  de 
la  surface  de  la  règle.  —  Le  circuit  inducteur  d'une  petite 
bobine  de  Ruhmkorff,  placée  près  de  l'appareil ,  comprend 
les  deux  leviers  des  relais,  tandis  que  le  circuit  induit 
aboutit,  d'une  part,  à  la  pointe  en  platine  et,  d'autre  part,  à 
la  règle.  Lorsque  la  chute  du  poids  d'un  relais  effectue  une 
disjonction  dans  le  circuit  inducteur,  l'étincelle  jaillit  entre 
la  pointe  en  platine  et  la  surface  en  argent  poli  sur  la- 
quelle elle  laisse  la  trace  de  son  passage. 

L'opérateur  ayant  mis  le  moteur  en  action,  engage 
l'écrou  sur  la  vis  et,  après  quelques  instants,  fait  fonc- 
tionner le  disjoncteur.  Les  poids  des  relais  tombent  et  deux 
traces  d'étincelles  sont  produites  successivement  sur  la 
règle;  nous  disons  successivement  parce  que  l'on  a  eu  soin 
de  rendre  la  hauteur  de  chute  du  poids  qui  est  en  relation 


(  M\  ) 
avec  le  second  cadre-cible,  un  peu  plus  grande  que  celle 
de  l'autre  poids,  a(in  que  le  circuit  inducteur  puisse  être 
refermé  par  la  réaction  du  levier  appartenant  au  premier 
relais  après  que  ce  levier  a  cédé  sous  le  choc.  Le  moteur 
ayant  été  arrêté,  l'opérateur,  en  tournant  le  disque,  fait 
successivement  coïncider  la  pointe  en  platine  avec  chacune 
des  traces  laissées  sur  la  règle  et  compte  le  nombre  de 
tours  du  disque  plus  la  fraction  de  tour  qu'il  a  fallu  faire 
décrire  au  système  pour  déplacer  la  pointe  d'une  trace  à 
l'autre.  La  vitesse  de  rotation  étant  connue,  on  en  déduit 
facilement  le  temps  correspondant  à  l'espace  compris  entre 
les  traces  laissées  par  les  deux  étincelles.  Immédiatement 
après  cette  première  opération ,  le  disjoncteur  est  remis 
au  bandé,  les  poids  des  relais  replacés  dans  leurs  positions 
initiales.  Le  moteur  ayant  repris  la  vitesse  de  rotation  de 
régime,  l'opérateur  commande  le  feu.  Après  le  passage  du 
projectile  à  travers  les  cadres-cibles ,  la  règle  porte  deux 
nouvelles  traces.  Du  temps  accusé  par  ces  nouvelles  traces 
on  soustrait  celui  accusé  lors  de  l'opération  faite  au  moyen 
du  disjoncteur  et  on  obtient  le  temps  employé  par  le  pro- 
jectile pour  franchir  l'espace  compris  entre  les  deux  cadres- 
cibles.  —  Tel  que  nous  venons  de  le  décrire,  notre  appa- 
reil pourrait  mesurer  jusqu'à  40  secondes.  C'est  beaucoup 
plus  du  double  du  temps  que  l'on  devrait  apprécier  pour 
mesurer  la  durée  des  trajectoires  entières;  mais  nous  avons 
pensé  que  le  nouvel  appareil  rendrait  des  services  dans 
d'autres  circonstances. 

Pour  régler  la  vitesse  de  régime  on  fait  usage  d'un  comp- 
teur Bréguet(l)  et  on  adapte  à  l'appareil  une  roue  de 


(1)  Ce  coniplour  se  trouve  ou  devrait  se  trouver  dans  tous  les  polygones. 


(  «2  ) 
compteur,  très-légère,  portant  100  dents;  chaque  tour  du 
dis(jue  l'ait  progresser  la  roue  d'une  dent.  L'opération  doit 
comprendre  au  moins  cinq  minutes  (I). 

Jusqu'à  présent  les  essais  tentés  par  différents  inven- 
teurs pour  l'enregistrement  du  temps  au  moyen  de  l'étin- 
celle ont  laissé  à  désirer.  11  faut  attribuer  l'insuccès  à  deux 
causes  :  1"  on  comprenait  les  cadres-cibles  dans  le  circuit 
inducteur  et  on  rendait  ainsi  impossible  l'emploi  de  la  bo- 
bine pour  les  développements  de  circuit  indispensables  dans 
les  expériences  de  balistique;  2°  on  considérait  comme 
instantanée  la  production  de  l'étincelle  après  la  disjonc- 
tion opérée  dans  le  circuit  inducteur,  hypothèse  qu'il  n'est 
pas  permis  d'admettre. 

On  pourrait  reprocher  à  notre  nouvel  appareil  de  rota- 
tion d'exiger  l'emploi  de  quatre  piles,  une  pour  le  moteur, 
une  pour  la  bobine  (2)  et  une  pour  chaque  cadre  cible.  Mais 
si  l'on  considère  que  deux  éléments  de  Bunsen  suffisent 
pour  le  moteur,  un  seul  pour  la  bobine;  que  des  deux 
autres  circuits  un  au  moins  doit  être  d'un  développement 
considérable,  on  comprendra  que  l'emploi  des  relais  rend, 
au  contraire,  notre  manière  d'opérer  très-économique  quant 
au  nombre  total  des  éléments  de  pile.  Dès  lors  la  division 
en  quatre  groupes  importe  peu. 

Voici  une  observation  propre  à  faire  bien  saisir  les  avan- 
tages du  système  dont  nous  venons  de  donner  la  descrip- 
tion. Au  moyen  d'un  miscroscope  convenable  on  parvient 
à  faire  coïncider  avec  une  précision  pour  ainsi  dire  mathé- 


(1)  CeUe  rouo  sert  aussi  pour  enregistrer  le  Iciups  lorsiiu'il  laul  mesurer 
plus  de  ^U"  et  (pic  l'on  peut  lolérer  uu  lour  de  dis(pie  pour  erreur  ma.ri- 
muni. 

(-2)  Oii  lail  usage  d'une  [M'Ule  bobine  du  prix  de  10  à  12  lianes. 


(  '^13  ) 
matique  le  centre  de  la  pointe  avec  le  centre  de  la  tache 
provenant  de  l'explosion  de  l'élincellc.  Or,  en  admettant 
cette  coïncidence  comme  irréprochable,  on  arrive,  par  un 
calcul  très-simple,  à  ce  résultat  :  que  les  20  centimètres 
de  course  de  la  pointe  sont  représentés  par  un  développe- 
ment circulaire  d'un  point  du  disque  situé  sur  la  circonfé- 
rence de  ce  dernier,  égal  à  176  mètres.  Si  la  vitesse  de 
rotation  était  de  dix  tours  par  seconde,  notre  appareil  réa- 
liserait les  mêmes  avantages,  pour  Tenregistrement  du 
temps,  qu'une  surface  de  176  mètres  de  longueur  animée 
d'une  vitesse  constante  de  4"\40  par  seconde. 

La  construction  de  l'appareil  est  facile;  la  division  du 
dis(jue  et  le  liletage  d3  la  vis  sont  les  seules  parties  (jui 
exigent  une  grande  précision,  et  cette  précision  est  obtenue 
presque  sans  frais,  parce  qu'elle  est  due  à  la  machine-outil 
bien  plus  qu'à  l'habileté  de  l'ouvrier. 

Ainsi  se  trouve  complété  notre  système  de  chrono- 
métrie  électro-balistique.  Pour  la  mesure  des  temps  les 
plus  petits  jusqu'à  \  de  seconde,  on  fera  usage  de  l'ap- 
pareil à  chute  libre  seul,  employé  soit  comme  chronos- 
cope ,  soit  comme  chronographe.  La  plus  grande  partie 
des  expériences  de  polygone  n'exigent  pas  la  mesure  de 
temps  dépassant  le  quart  de  seconde.  —  L'adjonction  du 
relais  mènera  jusqu'à  la  demi-seconde.  On  pourra,  au 
moyen  de  cette  combinaison,  exécuter  le  plus  avantageu- 
sement possible  les  expériences  sur  la  résistance  que  l'air 
oppose  aux  projectiles  en  employant  la  méthode  fondée  sur 
la  perte  de  force  vive.  —  L'appareil  à  rotation  donnera 
la  mesure  des  temps  qui  comprennent  le  trajet  entier  du 
projectile  (1).  —  Cette  manière  d'opérer  nous  présente, 

(1)  Voii-  :  Considérations  sur  les  exp.  de  balist.,  pag.  44  el  suivante... 


(  414  ) 
pour  les  temps  de  la  balistique,  la  classification  suivante 

Temps  pelils  (jusqu'à  \  de  seconde). 

Temps  moyens  (depuis  ]  jusqu'à  ^  seconde  inclusivemenl). 

Temps  longs  (au  delà  d'une  demi-seconde). 


Expériences  à  l'appui. 

I.a  l'ornie  condensée  que  nous  avons  donnée  à  celte  note 
n'a  pas  permis  de  citer  les  nombreuses  expériences  sur  les 
résultats  desquelles  sont  fondés  nos  deux  nouveaux  appa- 
reils. Parmi  les  faits  observés,  il  en  est  deux  cependant 
qu'il  convient  de  consigner  ici  parce  qu'ils  font  rejeter  des 
combinaisons  électro-balistiques  que  nous  avons  essayées 
et  que  l'on  ne  manquera  pas  de  présenter  comme  plus 
simples  que  celles  adoptées  par  nous.  Depuis  plus  de  vingt 
ans  que  nos  procédés  sont  en  usage,  nous  avons  vu  surgir 
bien  des  combinaisons  qui,  d'après  les  inventeurs,  devaient 
les  remplacer  avantageusement.  De  toutes  les  combinai- 
sons essayées  jusqu'à  présent,  que  reste-t-il  en  usage?  Des 
appareils  comprenant  deux  circuits,  un  cbronomètrc,  un 
enregistreur  et  un  disjoncleur,  c'est-à-dire  notre  système 
dans  ses  principes  et  modifié  seulement  dans  les  détails  du 
matériel. 

Voici  les  deux  faits  d'observation  dontil  est  question  plus 
baut  :  1°  En  étudiant  les  combinaisons  de  circuits  imagi- 
nées l'une  par  M.  Le  Boulengé,  l'autre  par  M.  Leurs,  nous 
avons  pu  constater  que  toutes  celles  qui  donnent  naissance 
à  des  courants  dérivés  ne  doivent  être  employées  qu'avec 
la  plus  grande  circonspection.  Lorsque,  dans  une  pareille 
combinaison,  se  (rouvent  deux  élec(ro-aiman(s  réglés,  il 
suflit  de  rompre  le  circuit  qui  active  un  des  aimants  teui- 


(  m  ) 

poraires  pour  que  Fautre  cesse  d'être  réglé;  2°  le  temps 
qui  s'écoule  entre  la  rupture  du  circuit  et  la  mise  en  mou- 
vement de  l'armature,  n'est  pas  entièrement  indépendant 
de  l'intensité  du  courant  pour  une  puissance  magnétique 
constante. 


LEGENDE. 


Fi(j.  1    -  Appareil  électro-dalistique  pour  la  mesure  des  temps  petits 

ET  des   temps  moyens. 

EE.  Éleclro-ainiant  maintenant  le  chronomètre  dans  sa  position 
initiale. 

ce.  Chronomètre  sur  lequel  est  accrochée  réchelle  de  chute. 

FF.  Frein  destiné  à  pincer  l'échelle  de  chute  lorsque  le  levier  LL 
aura  été  abaissé  par  le  choc  du  poids  P.  —  Les  ressorts  à 
boudin  R.  R.  sollicitent  les  mâchoires  du  frein  à  se  rappro- 
cher. —  Les  taquets  i,  i  maintiennent  les  mâchoires  écar- 
tées pour  le  passage  de  l'échelle  de  chute. 

V".  Vernier  fixé  à  la  mâchoire  antérieure  et  s'appliquant  sur 
l'échelle  de  chute  lorsqu'elle  est  fixée  par  l'action  du  frein. 
E'E'.  Électro-aimant  maintenant  le  poids  enregistreur  dans  sa  posi- 
tion initiale. 

klx-.  Soutiens  pour  la  bande' lorsque  l'on  fait  usage  de  l'appareil 

comme  chronographe. 
ee.  Électro-aimant  du  relais  maintenant  le  poids  p  dans  sa  posi- 
tion initiale. 
//.  Levier  (bascule)  fermant  le  circuit  électricpie  qui  active  l'élec- 
tro-aimant  EE  i)our  la  mesure  des  temps  [)kis  grands  que 
0",2o.  La  partie  antérieure  du  cylindie  est  sui)posée  enlevée 
pour  laisser  voir  la  disposition  intérieure. 

r^'.  Poids  mobiles  servant  à  régler  l'action  des  leviers  LL  ,  //. 
V.  Vis  servant  à  faire  tourner  la  grande  plaque  XX  autour  du 
pivot  S  pour  la  mise  en  station  de  l'appareil.  La  vis  V  du 


(  il 6 


pied  sert  à  mouvoir  l'appareil  autour  de  la  liyue  ([ui  juiitl  les 
deux  pointes  mousses  n,  n. 
W.  Moulant  servant  d'appui  à  la  pla<pieXX. 
m.  Ressort  antagoniste  à  la  vis  V. 
J ,  2,5,  4.  Presses  à  vis  communiquant  aux  électro-aimants  Eli,  VJVJ. 
o,  6,  7,  8.  Presses  à  vis  pour  l'emploi  du  relais, 
_.-.._._._.   Lignes  charnières  pour  la  mise  en  station. 

FUj.  ±  —  Disjoncteur. 

PPPP.  Presses  à  vis. 

C.  Cylindre  divisé  en  deux  parties.  Cliaiiue  partie  est  en  commu- 

nication avec  une  presse  à  vis  et  [»ermet  à  un  des  courants 
de  passer  dans  une  des  lamettes  ressorts  /,/,  |)ar  l'intermé- 
diaire de  la  pièce  p ,  et  de  rejoindre  ainsi  l'autre  [tresse  à  vis. 

//.  Lamettes  ressorts  réunies  par  la  traverse  en  ivoire  i. 

H.  Grand  ressort  portant  une  pièce  D  en  caoutchouc  durci. 

b.  Doulon  mollelé  servant  à  faire  tourner  le  cylindre  i»oui  l)ii  n 
établir  son  contact  avec  les  pièces  p,  p. 
•   d.  Ressort-détente. 

/.  Touche  pour  armer. 

1).  Bouton  pour  faire  fonctionner  l'instrument. 
c'c' .  Coin  pour  augmenter  la  tension  du  grand  ressort  II.  Ce  coin 
est  guidé  par  la  rainure  /•. 

Fit).  3.  —  Appareil  pour  la  mesure  des  temps  longs. 

EE.  Électro-aimants  droits  assemblés  à  angle  droit. 
E'E'.  Aimants  permanents  en  fer  ià  cheval. 

//.  Lamettes  appuyant  contre  le  commutateur  C. 
c'.  Cerceau  régulateur  à  force  centrifuge. 

D.  Disque  portant  un  limbe  divisé. 

i.  Indicateur  que  l'on  peut  faire  appuyer  contre  le  dis(iuo.  Peut 
être  remplacé  au  besoin  par  unvernier  pour  faciliter  la  lec- 
ture des  fractions  de  division. 

/,-.  Vis  à  filet  très- fin. 

m.  Écrou  portant  une  pointe  en  plaline  et  courant  le  long  de  la 
vis  lorscpi'il  est  engagé  dans  son  filet.  Deux  règles  en  verrt' 
guident  cet  écrou  et  l'empêchent  de  lourner. 

A.  Règle  étroite  en  laiton  recouverte  d'une  plaijue  en  argent  poli 
sur  laquelle  rétincclle  lais:,e  une  trace. 


(  -il?  ) 

JSole  complémenlaire  au  mémoire  du  major  Sacez  sur  un 
nouveau  syslcmc  de  chrojioméirie  éleclro-balhlique. 


Kmploi  tic  réIoctricUé  frindiictioii  condciisée 
pour  enregij^Crcr  le  temps. 

Lorsque  l'on  a  essayé  d'enregistrer  le  temps  an  moyen 
de  la  trace  que  laisse  l'étincelle  d'induction  de  la  bobine 
de  ïiuhnikorff,  passant  à  travers  une  feuille  de  papier 
préparée,  on  a  échoué.  Dans  les  circonstances  où  l'on 
opérait,  l'étincelle  déviait  de  la  direction  qu'elle  aurait  dû 
suivre  pour  fournir  des  résultats  exacts.  La  déviation  de 
l'étincell.e  devait  être  attribuée  à  diverses  causes  dont  les 
principales  sont  le  défaut  d'homogénéité  du  papier  et  l'ap- 
plication, toujours  imparfaite,  de  la  feuille  sur  la  plaque 
métallique.  Nous  avons  trouvé  que  l'on  portait,  en  partie, 
remède  à  cette  dernière  cause  de  déviation,  en  faisant 
usage  de  papier  doré  sur  la  face  qui  doit  se  trouver  en 
contact  avec  la  plaque;  la  déviation  est  alors  moins  à 
craindre.  , 

M.  Vignotti  employait  la  bobine  de  Ruhmkorff  mise  en 
action  par  quatre  grands  éléments  de  Bunsen.  On  obtient 
ainsi  des  étincelles  très-énergiques,  mais  la  déviation  n'est 
pas  empêchée.  D'ailleurs,  la  bobine  de  Ruhmkorff,  même 
celle  que  l'on  désignait,  il  y  a  quelques  années,  sous  la 
dénomination  de  petit  modèle,  est  un  instrument  dont 
l'emploi  demande  de  grands  soins,  beaucoup  d'habitude; 
il  est  d'un  prix  élevé  et  d'un  volume  embarrassant. 

Mais,  si  au  lieu  d'emi>loyer  une  bobine  à  grande  tension, 
on  fait  usage  d'un  de  ces  petits  instruments  (système 


(  418  ) 
Gaiffe)  dans  lesquels  les  couches  de  fil  induit  sont  tout 
simplement  séparées  par  du  papier  stéarine,  on  écarte 
immédiatement  les  inconvénients  de  difficulté  dans  l'em- 
ploi ,  de  prix  élevé  et  de  pile  considérable.  Le  prix  de  la 
bobine  est  de  dix  francs  à  Bruxelles,  et  elle  n'exige  pour 
marcher  convenablement  qu'un  seul  élément  de  Bunsen 
(moyen  modèle).  Les  propriétés  électro-graphiques  de 
l'étincelle,  fournie  directement  par  cette  petite  bobine, 
laissent  à  désirer.  Reçue  sur  une  surface  d'argent  poli,  l'im- 
pression existe,  mais  ne  devient  bien  visible  qu'au  moyen 
d'un  procédé  continuateur ,  l'exposition  à  la  vapeur  d'iode 
par  exemple(l).  Pour  obtenir  des  résultats  irréprochables, 
il  ne  faut  employer  la  petite  bobine  qu'à  charger  un  con- 
densateur, et  c'est  la  décharge  de  ce  dernier  qui  fait  jaillir 
rétincelle.  Le  condensateur  est  formé  d'une  feuille  de 
verre,  peu  épaisse,  revêtue  de  chaque  coté  d'une  arma- 
ture en  feuille  d'étain  de  quelques  centimètres  de  surface; 
on  peut  renfermer  ce  condensateur  dans  le  socle  sur  le- 
quel est  fixée  la  bobine,  là  où  se  trouve  déjà  le  condensa- 
teur de  Fizeau.  Ainsi,  l'opérateur  n'a  pas  à  s'en  occuper  et 
les  poupées  de  la  bobine  fournissent  une  étincelle  petite, 
mais  dense,  énergique  et  tr^s-propre  à  donner  des  traces 
sur  l'argent  poli,  sans  dévier  de  la  plus  courte  dislance. 
Jaillissant  de  la  pointe  d'une  fine  aiguille  à  coudre  sur  une 
surface  d'argent  poli  que  l'on  a  préalablement  passée  dans 
la  flamme  d'une  bougie  pour  lui  donner  une  teinte  jaune, 
l'étincelle  trace  un  cercle  parfait;  si  l'étincelle  déviait  de 
sa  direction  normale  à  sa  surface,  sa  trace  serait  ellip- 


(I)  Voir  :  Apjidcalion  de  l'clc  tricite  a  la  mc^nrr  île  la  nksiic  dts  pm- 
jectiles ,  payes  111  et  112. 


(  ii'J  ) 

tique  (1).  Lorsqu'on  laisse  déposer  sur  la  surface  de  l'ar- 
gent une  couche  de  noir  de  lu  niée  sutfisanle  pour  atteindre 
la  couleur  noire,  il  arrive  (pielqucfois  que  la  couche 
s'écaille  sous  l'action  de  l'étincelle,  et  la  circonférence  de 
la  trace  est  alors  moins  régulièrement  déterminée. 

Une  trace  d'étincelle  sur  l'argent  passé  à  la  flamme  et 
obtenue  par  l'intermédiaire  d'une  aiguille  d'acier,  contient 
un  second  cercle  concentrique,  dû  au  transport  du  métal 
oxydé  de  l'aiguille  (2).  Au  centre  on  remarque  un  i)oint 
hlanc;  mais,  au  microscope  ce  point  devient  un  groupe 
de  points  blancs  régulièrement  placés.  Rien  n'empêcherait 
de  prendre  le  centre  du  cercle  dans  lequel  on  peut  sup- 
poser ce  groupe  inscrit.  Or,  d'après  des  mesures  approxi- 
matives, prises  au  moyen  d'un  micromètre,  on  arriverait 
à  prendre  ainsi  le  centre  d'un  cercle  ayant  lui-même  pour 
diamètre  moins  de  ~  de  millimètre.  On  ne  prévoit  aucune 
difficulté  à  porter  l'approximation  de  mesure  au  -^  de  mil- 
limètre. 

Pour  l'emploi  du  condensateur  il  faut  faire  usage  d'un 
conjoncteur.  L'étincelle  jaillit,  non  pas  lorsque  le  court 
circuit  du  condensateur  est  fermé,  mais  aussitôt  que  ce 
circuit  ne  contient  plus  d'intervalles  suffisants  pour  faire 
équilibre  à  la  tension  qui  existe  entre  les  deux  armatures. 


(1)  Sur  le  papier  blanc  frotté  jusqu'à  obtenir  un  noir  velouté,  au  moyen 
d'un  crayon  de  Comté  n"  3,  l'étincelle  fournit  des  points  blancs  (ordinai- 
rement en  forme  de  virgule).  Il  en  est  de  même  sur  le  papier  enduit 
d'encre  de  Chine,  ou  d'une  autre  couleur  dont  la  teinte  n'est  duc  qu'à  une 
poudre  très-fine  tenue  en  suspension. 

(2)  L'emploi  d'une  pointe  en  platine  donne  également  naissance  à  un 
second  cercle  de  couleur  foncée.  Dans  ce  cas  le  cercle  est  probablement 
dû  à  un  transport  de  platine  en  poudre  tréL— tenue;  on  bail  que  dans  cet 
état  le  platine  est  noir. 


(  i^iO  ) 
L(3  conjonctcnr  serait  en  tout  semblable  au  relais  déjà 
décrit,  si  ce  n'est  que  le  poids  ferait  fléchir  un  ressort 
très-faible  dont  l'extrémité  déterminerait  la  production  de 
l'étincelle  en  passant  devant  une  autre  pièce  faisant  partie 
du  circuit  (1). 

L'appareil  électro-balistique  serait  donc  composé,  comme 
notre  ancien  pendule,  d'un  chronomètre,  d'un  conjonc- 
teur  et  d'un  disjoncteur.  Tout  nous  porte  à  croire  qu'on 
pourra  construire  un  relais  dont  le  temps  restera  inva- 
riable une  fois  déterminé,  et,  dès  lors,  en  combinant  le 
principe  de  la  division  de  la  chute  avec  la  grande  précision 
de  l'action  graphique  de  l'étincelle,  on  arriveiait  à  mesurer 
le  temps  jusqu'à  la  limite  de  0",oO  avec  une  cluile  de 
Jt20  millimètres  environ  pour  chacun  des  deux  graves. 


Notice  sur  des  débris  de  Chéloniens  faisant  partie  des  col- 
lections du  Musée  royal  d'histoire  naturelle  et  prove- 
nant des  terrains  tertiaires  des  environs  de  Bruxelles; 
par  M.  A.  Preudhomme  de  Borre,  conservateur  au 
Musée  royal  d'histoire  naturelle  de  Belgique. 

Jusque  dans  ces  derniers  temps  la  connaissance  des 
Chéloniens  fossiles  des  terrains  tertiaires  éocènes  de  la 
Belgique  avait  été  restreinte  à  une  seule  espèce,  ÏEnii/s 
Camperi  Gray,  figurée  d'abord  par  de  Burtin,  dans  son 
Oryctogiaphie  de  Bruxelles  (p.  î)2,  pi.  V),  puis  devenue, 


(1)  On  u'ohlicul  ainsi  iiniiiic  .-eiilc  eliiittlN'. 


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DISJONCTEUR 


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APPAREIL  POUR  LA  MESURE  DES 
rN^         TEy\\PS  LONGS, 
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APPAREIL  ELECTRO       (7)         BALISTIQUE 


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de]afig:l 


ii-dS  iAc€td.^t(a?-e^^e^  Se^i^ut 


(  421  ) 
(Ml  quelque  sorlc,  classique  par  les  éludes  de  Cuvier  (1),  et 
enfin  figurée  et  décrite  par  Galeolti,  sous  le  nom  d'Emys 
Ciiiieri,  dans  son  Mémoire  sur  la  constitution  géognos- 
li(jue  de  la  province  de  Brabant  (2).  A  cette  espèce,  qui 
s'est  jusqu'ici  rencontrée  à  Melsbroeck  et  à  Saventhem,  et 
dont  j'ai  eu  occasion  d'examiner  huit  exemplaires  (5),  sont 
venues  s'ajouter,  d'abord  l'espèce  fluviatile,  découverte  à 
Ixelles,  et  décrite  cette  année  par  M.  Winkler,  dans  les 
Archives  du  Musée  Teyler,  à  Harlem,  sous  le  nom  de 
Trionijx  bruxelliensis  (4),  puis  une  Chelonia,  de  la  taille 
des  grandes  espèces  vivantes,  rencontrée  dans  des  cou- 
ches plus  anciennes  du  terrain  tertiaire  et  dont  je  prépare, 
en  ce  moment,  la  description. 

Comme  VEmys  Camperi  n'avait  jusqu'ici  été  étudiée  à 
ma  connaissance  que  dans  sa  carapace,  je  m'étais  proposé 
de  rechercher,  parmi  les  fossiles  des  environs  de  Bruxelles 
existant  dans  les  collections  non  encore  classées  du  Musée 
royal  d'histoire  naturelle,  si  je  ne  parviendrais  pas  à  aug- 


(1)  Recherches  sur  les  ossements  fossiles,  t.  V,  part  il,  p.  530,  pi.  XIII 
et  XV. 

(2)  Page  44  et  pi.  111  ;  dans  les  Mémoires  couronnés  de  l'Académie  de 
Belgique,  t.  XII. 

(5)  Cinq  d'entre  eux,  qui  figurent  dans  les  collections  de  l'Universilé  de 
Gand,ont  été  l'objet  d'un  remarquable  travail  de  M.  le  professeur  Poelman, 
publié  à  la  suite  de  son  Catalogue  des  collections  d'anatoniie  comparée  et 
de  fossiles  de  l'Université  de  Gand  (1868);  deux  autres  existent  dans  les 
colleclions  de  l'établissement  géographique  de  M.  Vandermaelen;  le  sep- 
tième appartient  au  Musée  royal  d'histoire  naturelle.  C'est  également  à 
cette  espèce  que  je  pense  pouvoir  rapporter  un  fragment  de  carapace  que 
j'ai  pu  examiner  dans  la  riche  collection  de  fossiles  bruxelliens  de  M.  le 
major  Le  Hon.  Ce  fragment  comprend  l'angle  latéral  d'une  pièce  verté- 
brale avec  la  portion  correspondante  des  pièces  costales. 

(4)  Le  type  appartient  aussi  au  Musée  royal  d'histoire  naturelle. 


(  422  ) 
menter  son  histoire  de  quelques  détails  de  son  osléologie, 
recherches  que  le  travail  plus  important  que  j'entreprenais 
à  la  demande  de  M.  le  directeur  Dupont,  me  rendait  actuel- 
lement plus  faciles. 

L'exemplaire  de  VEmys  Camperi,  possédé  par  le  Musée 
royal,  faisait  partie  d'une  collection  de  fossiles  des  envi- 
rons de  Bruxelles,  formée  par  iMM.  Vincent  et  De  Pauw, 
préparateurs  à  cet  établissement.  En  passant  en  revue  les 
autres  objets  de  cette  collection,  je  parvins  à  réunir  un 
certain  nombre  de  pièces  appartenant  à  des  Chéloniens. 
Leur  étude  n'a  pas  complètement  répondu  à  mon  attente; 
mais  elle  m'a  amené  à  reconnaître  parmi  elles  des  débris 
d'une  tortue  marine  de  petite  taille,  et  une  plaque  appar- 
tenant bien  certainement  à  un  Trionyx,  mais  très-proba- 
blement à  une  espèce  autre  que  celle  que  M.  Winkler  vient 
de  publier.  C'est  là  le  motif  qui  m'a  porté  à  faire  connaître 
le  résultat  de  mes  recherches. 

Tous  les  fragments  qui  m'ont  été  soumis  provenaient  de 
plusieurs  localités  situées  dans  le  voisinage  immédiat  de 
la  capitale.  Je  n'ai  pu  avoir  des  renseignements  aussi  pré- 
cis sur  le  gisement  que  si  je  les  avais  recueillis  moi-même; 
mais  je  puis  dire  qu'ils  doivent  provenir,  pour  la  plupart, 
des  couches  à  Nunimulites  laevigatn  et  variolaria,  que 
Dumont  (Légende  de  la  Carte  géologique  de  la  Belgique) 
rapportait  au  système  laekenien,  et  que  M.  le  professeur 
Dcwalque  (1)  considère  comme  faisant  partie  du  bruxel- 
jien.  Ce  n'est  pas  le  lieu  et  il  ne  m'appartient  pas  d'exa- 
miner cette  question  sur  laquelle  il  y  a  quelques  diver- 


(1)  Prodrome  d'une  description   (jéoh'jique  de  la  lUdtjiquc ,  p.  :2()." 
à  209. 


(  423  ) 
gences  (1);  tous  les  géologues  sont,  au  surplus,  aujourd'hui 
d'accord  pour  admettre  que  ce  terrain  appartient,  comme 
le  bruxellien,  à  l'éocène  moyen.  Je  me  bornerai  donc  à 
rappeler  les  traits  les  plus  caractéristiques  de  ces  cou- 
ches ,  qui  ont  été  étudiées  avec  un  grand  soin  par 
M.  le  major  Le  Hon.  Ces  caractères  sont  :  d'abord  une 
extension  géographique  très-reslreinte,  qui  en  fait  un  dé- 
pôt pour  ainsi  dire  local;  ensuite  le  ravinement  si  bien 
marqué  à  l'avenue  Louise,  près  Bruxelles;  enfin  une  faune 
et  une  flore  dont  le  trait  le  plus  saillant  est  dans  l'exis- 
tence simultanée  de  Nummulites  et  autres  fossiles  roulés, 
appartenant  à  l'étage  bruxellien  proprement  dit,  et  de 
débris  d'animaux  fluviatiles  ou  d'eau  douce,  tels  que  des 
Gavials,  des  Trionyx,  des  Ëmydes,  accompagnés  des  Aï- 
padites  (fruits  et  portions  de  troncs  de  végétaux  monoco- 
tylédonés)  si  nombreux  à  Schaerbeek. 

La  première  pièce  que  je  représente  (fig.  1)  est  un  frag- 
ment très-aplati  sur  sa  face  inférieure,  présentant  sur  le 
côté  non  brisé  une  courbure  que  suit  à  peu  près  parallèle- 
ment une  arête  à  la  face  supérieure  du  fragment.  En  le 
comparant  au  squelette  de  YEmys  concenlrica  Shaw,  que 
j'ai  sous  les  yeux,  je  crois  pouvoir  le  rapporter  à  une 
Émyde,  chez  laquelle  il  ferait  partie  de  la  pièce  gauche 
de  la  troisième  paire  du  sternum ,  à  l'endroit  où  le  bord 
se  recourbe  et  se  relève  vers  la  suture  sterno-costale. 


(1)  H.  Le  Hon.  Noie  sur  les  lerrains  lerliaires  de  Bruxelles,  dans  le 
Bulleliiî  de  la  Société  géologique  de  France,  2^  série,  t.  XIX,  p.  814  et 
suiv,  —  Voir  aussi  Lyell.  Mémoire  sur  les  terrains  tertiaires  de  la  Bel- 
gique et  de  la  Flandre  française,  traduit  par  MM.  Cli.  Le  Hardy  de  Beau- 
lieu  et  Toilliez;  Bruxelles,  1856,  dans  les  Annales  des  travaux  publics 
de  Belgique. 


(  424  ) 

Celle  pièce  provient  de  Savenllicm  (1). 

Les  ligures  2  et  o  représentent  deux  vertèhrcs,  trou- 
vées à  Diegliem.  Je  crois  pouvoir  les  rapporter  également 
à  une  Ëmyde,  qui,  d'après  sa  taille,  pourrait  être  VE.  Cam- 
péri;  je  ferai  observer  que  Dieghem  est  situé  entre  Mels- 
broeck  et  Saventbem,  les  deux  localités  qui  ont  fourni 
cette  espèce. 

Ces  deux  vertèbres  appartiennent  à  la  région  cervicale. 

La  première  {fi(j.  2)  doit  être  la  deuxième  vertèbre,  axis 
pu  épistropliée.  La  partie  antérieure  du  corps  formant  sail- 
lie pour  supporter  le  processus  odontoïde,  qui,  chez  les  Ché- 
loniens,  constitue  un  os  détacbé,  ne  s'est  pas  conservée; 
mais  la  comparaison,  tant  avec  le  squelette  d'une  espèce 
vivante  qu'avec  les  excellentes  figures  de  Bojanus  (2),  le 
plus  grand  développement,  tant  des  apopbyses  articulaires 
supérieures  que  de  la  crèle  ou  apophyse  épineuse,  enfin 
sa  longueur  inférieure  à  la  suivante,  me  semblent  indiquer 
clairement  la  place  que  je  lui  ai  assignée  dans  le  squelette. 

La  seconde  de  ces  vertèbres ,  qui  a  conservé  son  con- 
dyle  antérieur,  ainsi  que  son  creux  postérieur,  paraît  être 
la  troisième  cervicale.  \.e  condyle  s'adapte  parfaitement  au 
creux  de  la  précédente.  Les  lames  vertébrales,  et,  par  suite. 


(1)  Ctille  pièce  est  pétrifiée  en  une  matière  noir-vertlàlre  clilleranl  beau- 
coup, par  l'aspect  et  la  coloration,  de  tous  les  autres  fossiles  dont  je  vais 
parler.  La  collection  de  M.  Le  Hon  renferme  une  plaque  tout  à  fait  sem- 
blable pour  la  matière,  et  (jui  pourrait  bien  avoir  aussi  fait  partie  d'un 
plastron  d'Émyde,  mais  je  n'oserais  l'aftirmer,  car  ses  bords  tous  brisés  ne 
permeiteni  aucune  conjecture  sur  sa  place,  et  elle  porte,  sur  l'une  de  ses 
laces,  des  stries  onduleuses  parallèles,  caractère  pour  lequel  je  ne  saurais 
trouver  d'explication. 

(2)  Analonic  Tesliulinis  Europcnc;  Vilnae,  18li)-lS'2l,  tab.  VL  VIII 
el  XIV. 


(  42§  ) 
le  canal  médullaire  ont  disparu,  et  il  ne  reste  de  ce  der- 
nier que  sa  paroi  sur  le  corps  de  la  vertèbre.  La  carène  in- 
férieure ou  apophyse  épineuse  forme  un  tubercule  assez 
saillant  en  avant,  promptement  abaissé  en  arrière;  toutes 
les  autres  apophyses  sont  ébréchées. 

Comme  remarque  générale ,  je  ferai  observer  que  les 
apophyses  épineuses  inférieures  de  ces  deux  vertèbres 
appartiennent  manifestement,  par  leur  saillie  médiocre- 
ment développée,  à  des  tortues  d'eau  douce,  et  ne  ressem- 
blent nullement  aux  crêtes  énormes  des  vertèbres  cervi- 
cales des  Thalassites. 

La  figure  4  représente  un  os  qui  ne  peut  plus  se  rap- 
porter à  une  Émyde,  mais  à  une  tortue  marine.  La  crête 
qu'il  présente  sur  un  de  ses  côtés,  vers  celle  de  ses  têtes 
qui  est  usée,  me  l'a  fait  reconnaître  pour  le  métatarsien 
de  l'orteil  médian.  Aucun  os  du  pied  des  Émydes  n'est 
ainsi  fait,  et  cette  crête  est  tout  à  fait  caractéristique  dans 
le  pied  des  Thalassites.  D'après  les  dimensions  de  cet  os 
(25  millimètres  environ  de  longueur,  en  tenant  compte  de 
la  tête  perdue),  l'animal  devait  être  de  petite  taille  et,  par 
conséquent,  se  rapprocher  de  la  plupart  des  espèces  dé- 
crites par  M.  Owen  (i),  pour  un  terrain  correspondant  de 
l'Angleterre. 

L'autre  petit  os  [fig.  5)  paraît  aussi  appartenir  au  méta- 
tarse. S'il  a  fait  partie  du  même  pied  que  le  précédent, 
comme  il  est  probable,  ayant  été  trouvés  ensemble  à  Et- 
terbeek,  près  de  Bruxelles,  je  serais  assez  porté  à  croire 
qu'il  appartiendrait  soit  au  second,  soit  au  quatrième  orteil. 


(1)  Monograph  ofthe  fossil  RepUtia  ofthe  London  Claij.  Part.  /;  Che- 
lonia.  Londoii,  1849. 

2*"^  SÉRIE,  TOME  XXVII.  29 


(  .i26  ) 

Un  autre  fragment,  qui  ne  peut  se  rapporter  qu'à  une 
Cliolonée  de  petite  taille,  et  qui  vient  apporter,  en  quelque 
sorte,  une  confirmation  aux  clélcrniinations  qui  précèdent, 
est  représenté  par  la  figure  6.  Cest  un  morceau  du  pour- 
tour de  la  carapace  laissant  voir  à  l'intérieur  une  partie  de 
la  gouttière  qui  reçoit  l'extrémité  des  prolongements  libres 
des  côtes.  Sa  place  est  près  de  l'extrémité  caudale.  C'est 
encore  à  Etterbeek  qu'a  été  trouvé  ce  fragment,  qui  était 
accompagné  d'un  certain  nombre  d'autres  morceaux  de 
pièces  plates  que  leur  configuration  et  leur  dimension  ne 
permettent  pas  de  déterminer,  et  qui  pourraient  avoir  ap- 
partenu à  des  Emys  aussi  bien  qu'à  des  Chclonia. 

Enfin,  la  ligure  7  représente  un  fragment  de  pièce  dor- 
sale provenant  d'Etterbeek  et  dont  la  granulation  de  la 
face  supérieure  indique  évidemment  une  tortue  de  la  fa- 
mille des  Potamites.  Comparée  avec  le  type  du  Trionyx 
hrujcellieusis  Winkler,  elle  offre  des  granulations  assez 
différentes  pour  qu'il  me  semble  impossible  de  l'identifier 
avec  cette  espèce;  les  aspérités  sont  plus  petites,  plus  ser- 
rées, plus  pointues,  tandis  que  celles  du  T.  bruxelliensis 
sont  plus  mamelonnées,  plus  espacées,  presque  vermicu- 
lées.  Je  serais  plus  tenté  de  comparer  celles  de  mon  frag- 
ment à  la  carapace  chagrinée  du  Crijptopiis  graiiosus 
Schoepf  (I),  des  Indes  orientales,  qu'à  celle  d'un  Trionyx 
génuin. 

Ea  belle  collection  de  M.  Le  lion  renferme  plusieurs 
pièces  de  Trionyx  des  mêmes  terrains,  mais  ces  pièces 
montrent  des  granulations  semblables  à  celles  du  Trionyx 
bruxelliensis,  auquel  il  faut  probablement  les  rapporter. 


(I)  Duméiil  l'I  Hihron.  Erpét.  Cén.W,  p.  501.  Trioni/x coromaïulelUus 
K.  (it'ullVdy  Saiiil-llilalre.  Ann.  du  Muséum,  l.  \IV,  [A.  V,  [iy.  1. 


ime    le  Borr 


BuJl.'zt  sér^e  T.27,r.d6e 


Diclûts  ûlel 


6. 


^^él?ris  de  Cliélonieiis 


:, virons  cle  BriLvei 


(  ^^27  ) 
En  résumé,  je  pense  donc  avoir  établi  qu'oiUrc  une 
Émyde  ou  tortue  paludine  déjà  connue  depuis  plus  d'un 
demi-siècle,  et  le  Trionyx  dont  M.  Winkler  vient  de 
donner  la  description ,  les  terrains  tertiaires  éocènes  en- 
vironnant la  ville  de  Bruxelles  et  appartenant  aux  sys- 
tèmes bruxellien  et  laekenien  de  Dumont,  recèlent  encore 
d'autres  Cbéloniens  :  d'abord  des  débris  d'une  Émyde,  qui 
est  peut-être  VEmys  Cainperij  puis  ceux  d'une  espèce  ma- 
rine, ensuite  une  seconde  espèce  de  la  famille  des  Pota- 
mites.  Espérons  qu'un  jour  nous  serons  en  possession  de 
pièces  plus  importantes  de  ces  fossiles,  qui  pourront  nous 
en  apprendre  davantage  sur  leurs  caractères  anatomiques 
et  permettront  de  leur  donner  un  nom. 


EXPLICATION  DE  LA  PLANCHE. 


F'Kjare  1.  —  Fragmentdu  sternum  truiie  Émyde  (grandeui  naturelle). 
Le  pointillé  indique  approximativement  les  contours  de 
la  pièce  dont  ce  fragment  a  dû  faire  partie. 

—  2.  —  Deuxième  vertèbre  cervicale  d'Em.(/.ç  (grandeur  naturelle). 

—  a  :  vue  en  dessus;  b  :  face  antérieure,  vers  l'atlas; 
c  :  face  postérieure,  vers  la  troisième  vertèbre. 

—  3.  —  Troisième  vertèbre  cervicale  de  la  même  (grandeur  natu- 

relle). —  a  :  vue  en  dessus  ;  b  :  vue  de  côté. 

—  4.  —  Métatarsien  de  l'orteil  médian  d'une  C/ielonia  (grandeur 

naturelle). 

—  o.  —  Autre  métatarsien  de  C/<e/o?im  (grandeur  naturelle). 

—  G.  —  Fragment  du  pourtour  libre  de  la  carapace  d'une  Clie- 

lonia  (grandeur  naturelle). 

—  7.  —  Fragment  d'une  pièce  d'un  Tr/o/J/ya^  (grossie  au  double). 


(  428  ) 


CLASSE   DES    LETTRES. 


Séance  du  iO  mai  1869. 

M.  Ad.  Borgnet,  directeur  el  président  de  rAcadémie. 
M.  Ad.  Quetelet,  secrétaire  perpétuel. 

Sont  présents  :  MM.  Ch.  Steur,  le  baron  de  Gerlache, 
J.  Grandgagnage,  J.  Roulez,  Gacliard,  Paul  Devaux,  P.  De 
Decker,  F.-A.  Snellaerl,  Haus,  Polain,  le  baron  J.  de  Witte, 
Ch.  Faider,  le  baron  Kervyn  de  Lettenhove,  R.Clialon,  Ad. 
Mathieu, Thonissen,  Th.  Juste,  E.  Defacqz,  le  général  Guil- 
laume, Félix  Nève,  membres-,  Nolet  de  Brauwere  et  A. 
Scheler,  associés. 

M.  Stas,  membre  de  la  classe  des  sciences,  et  M.  L.  Alvin, 
membre  de  la  classe  des  beaux-arts,  assistent  à  la  séance. 


CORRESPONDANCE. 


M.  Eugène  Defacqz  réitère  verbalement  ses  remercî- 
nients  pour  son  élection  de  directeur. 

—  Une  lettre  du  Palais  exprime  les  regrets  de  Leurs 
Majestés  de  ne  pouvoir  assister  à  la  séance  publique  de  la 
classe. 


(  429  ) 

—  M.  le  Ministre  de  rinlérieur  s'excuse  de  ce  que  ses 
travaux  rempècheront  d'assister  à  la  même  solennité. 

—  Il  est  donné  connaissance  de  la  mort  de  M.  Sébastien 
Lenorniand,  associé  de  la  classe. 

—  Les  établissements  scientiri(|ues  suivants  remercient 
pour  les  derniers  envois  des  publications  académiques  :  le 
comité  des  travaux  historiques  institué  près  le  ministère 
de  l'instruction  publique  à  Paris,  le  ministère  de  la  guerre, 
rÉcole  impériale  des  Chartes  et  la  Bibliothèque  S''-Gene- 
viève  de  la  môme  ville,  la  Société  des  sciences  d'Utrecht, 
l'Université  d'Heidelberg,  l'Université  de  Giessen,  les  ar- 
chives du  grand-duché  de  Bade,  la  Société  des  sciences 
de  Gorlitz,  la  Bibliothèque  de  la  ville  de  Gotha  et  le  co- 
mité d'histoire  nationale,  à  Turin. 

—  M.  le  Ministre  de  l'intérieur  transmet  de  la  part  de 
M.  de  Caumont,  associé,  un  exemplaire  de  son  ouvrage 
sur  la  Topographie  géognostique  du  Caliados.  —  Bemer- 
cîments. 

—  La  classe  reçoit,  à  titre  d'hommage  de  ses  membres , 
les  ouvrages  suivants  : 

Principes  généraux  du  droit  pénal  belge ,  par  J.-J.  Haus. 
Gand,i869;  1  vol.  in-8«. 

La  statue  colossale  de  bronze  ^représentant  Hercule 
trouvée  au  château  de  Pompée,  discours  par  J.  de  Witte. 
Bome,  1868;  in-8«. 

Revue  numismatique ,  publiée  par  J.  de  Wille  et  Adrien 
de  Lungpérier,  nouvelle  série,  tome  XIII,  année  1868. 


(  iôO  ) 

De  Beide  NederlandeHj  cène  gediclit  van  J.  Nolet  de 
Brauvvere  Yan  Steeland.  Bruxelles,  1869;  gr.  in-8°. 

Une  médaille  inconnue  à  Van  Loon:  le  Poète  Houwvin  , 
par  R.  Chalon.  Bruxelles,  1869;  in-8''. 

Deux  peignes  liturgiques  provenant  de  Slavelol ,  par  le 
même.  Bruxelles,  1869;  in-8°. 


ELECTIONS. 

La  classe  procède,  dans  la  séance  de  ce  jour,  par  scrutin 
secret,  aux  élections  pour  les  places  vacantes  d'un  membre 
titulaire,  de  deux  correspondants  et  de  trois  associés. 

Il  sera  donné  connaissance  du  résultat  de  ces  élections 
dans  la  séance  publique  du  12  de  ce  mois. 

M.  M.-N.-J.  Leclerq  est  maintenu  dans  les  fondions  de 
délégué  de  la  classe  auprès  de  la  commission  administra- 
tive pendant  l'année  courante. 


CONCOURS  DE  1869. 


La  classe  s'occupe  ensuite  du  jugement  du  concours  de 
cette  année  :  elle  avait  inscrit  cinq  questions  dans  son  pro- 
gramme, quatre  mémoires  ont  été  reçus  en  réponse  aux 
2%  5'  et  5'  (pieslions. 


(  iôl   ) 


DEUXIÈME   QUESTION. 

Faire  r/ih taire  du  droit  pénal  dans  le  duché  de  Bralmnt, 
depuis  Vacénement  de  Charles  V  jusquà  la  réunion  de  la 
Belfjique  à  la  France  à  la  fin  du  dix-huitième  siècle. 

MtnppoÊ'l  (le  .?#.  ThoHisset». 

a  La  7  mai  18G7,  l'Académie  avait  couronné  un  mémoire 
intitulé  :  Histoire  du  droit  pénal  dans  l'ancien  duché  de 
Brabant  (1). 

L'auteur  de  ce  travail,  remarquable  à  plus  d'un  titre, 
avait  concentré  ses  recherches  dans  une  période  de  quatre 
siècles.  Prenant  pour  point  de  départ  l'époque,  si  pleine 
d'intérêt,  où  les  ducs  et  les  seigneurs  donnèrent  pour  la 
première  fois  des  lois  spéciales  à  leurs  territoires,  il  s'était 
arrêté  au  seizième  siècle,  lorsque,  après  l'avènement  de  la 
maison  de  Habsbourg-Autriche,  on  vit  paraître  une  nou- 
velle législation  criminelle,  applicable  à  toutes  les  parties 
des  Pays-Bas. 

Deux  de  nos  savants  confrères,  MM.  Haus  et  Defacqz, 
ayant  fait  justement  observer  que,  malgré  l'apparition  des 
édits  généraux,  le  Brabant  avait,  sous  plusieurs  rapports, 
conservé  un  droit  pénal  offrant  des  caractères  particuliers, 
la  Classe  des  lettres  mit  au  concours  une  question  nou- 
velle, ainsi  conçue  :  Faire  l'histoire  du  droit  pénal  dans  le 
duché  de  Brabant,  depuis  V avènement  de  Charles-Quint 


(I)  Publié  dan^  le  T.  XXXIll  de^  Mcnwirvs  courunucs  tl  Memuiics  des 
savants  étrangers. 


(  452  ) 
jusqu'à  la  réunion  de  la  Belgique  à  la  France j  à  la  fin 
du  dix-huitième  siècle. 

C'est  en  réponse  à  cette  dernière  question  que  l'Aca- 
démie a  reçu  un  mémoire  portant  pour  épigraphe  :  C'est 
icy  un  livre  de  bonne  foy,  lecteur  [Montaigne). 

Nous  commencerons  par  analyser,  aussi  succinctement 
que  possil)le,  les  huit  chapitres  qui  composent  ce  travail 
d'une  étendue  considérable. 

Le  chapitre  premier  forme  la  base  rationnelle  du  mémoire 
tout  entier.  Il  renferme  un  exposé  sommaire,  mais  com- 
plet, des  instilulions  judiciaires,  du  droit  pénal  et  de  hi 
procédure  criminelle  du  Brabant,  à  l'avéncment  de 
Charles-Quint.  L'auteur  indique  les  raisons  qui  s'oppo- 
sèrent à  l'introduction  de  la  Caroline  dans  nos  provinces. 
Il  dénie  à  Charles-Quint  le  rôle  de  réformateur  du  droit 
criminel  des  Pays-Bas.  \\  rappelle  que,  si  un  grand  chan- 
gement s'opéra  sous  le  règne  de  cet  empereur, —  en  ce 
sens  que  des  lois  pénales  furent  promulguées  avec  un 
caractère  obligatoire  pour  toutes  les  parties  des  Pays-Bas, 
—  l'histoire  atteste,  d'autre  part,  que  le  pouvoir  législatif 
du  souverain  ne  s'exerçait  que  sur  des  points  de  détail. 
A  son  avis,  les  édits  rendus  en  matière  religieuse  méritent 
seuls  de  faire  l'objet  d'un  travail  d'ensemble. 

Le  chapitre  II  est  consacré  à  l'étude  approfondie  du 
système  de  répression  de  l'hérésie  en  Belgique  et  particu- 
lièrement dans  le  duché  de  Brabant.  Après  avoir  exposé 
l'origine  et  la  portée  des  édits,  l'auteur  passe  en  revue  les 
diverses  juridictions  chargées  de  les  appliquer  et,  en  par- 
ticulier, celle  des  inquisiteurs  apostoliques.  Il  fait  con- 
naître la  manière  dont  l'infidélité  religieuse  était  recherchée 
et  [)unie  sur  le  sol  belge,  depuis  le  règne  de  Philipjje  II 
jusqu'à  la  lin  de  l'ancien  régime. 


(  433  ) 

Au  chapitre  Ilï,  Tauleur  traite  d'abord  du  conseil  des 
troubles,  institué  par  le  duc  d'Albe.  Il  s'occupe  ensuite  de 
la  proscription  proprement  dite,  c'est-à-dire  d'une  con- 
damnation sans  citation  préalable  et  donnant  à  tout 
habitant  du  pays  le  droit  d'assumer  le  rôle  de  bourreau; 
puis,  guidé  par  l'enchaînement  logique  et  la  connexitédes 
principes,  il  initie  le  lecteur  au  système  de  répression  des 
crimes  de  lèze-majesté,  ainsi  qu'aux  procédés  sévères  de 
l'ancienne  jurisprudence  dans  toutes  les  poursuites  poli- 
tiques. 

Le  chapitre  IV,  l'un  des  plus  importants  du  mémoire, 
appartient  en  partie  au  règne  de  Philippe  II,  en  partie  à 
celui  d'Albert  et  d'Isabelle.  L'auteur  y  aborde  les  grandes 
réformes  opérées,  de  1570  à  16H,  dans  le  domaine  du 
droit  criminel.  On  y  trouve  un  examen  approfondi  des 
célèbres  ordonnances  de  1570.  Après  avoir  indiqué  les 
causes  qui  amenèrent  leur  publication,  l'auteur  en  analyse 
tous  les  articles,  en  ayant  soin  de  grouper  ceux-ci  dans  un 
ordre  méthodique.  Il  discute  leur  valeur  intrinsèque  et 
signale  l'accueil  qu'elles  reçurent  de  la  part  des  grands 
corps  judiciaires;  puis,  complétant  cette  partie  de  sa  tâche 
par  un  examen  analogue  de  la  première  réforme  des  juri- 
dictions prévôtales,  il  discute  successivement,  dans  les 
pages  suivantes,  la  valeur  de  l'édit  de  Farnèse  de  1587 
sur  les  tribunaux  militaires,  de  l'ordonnance  du  3  mars 
1649  introduisant  le  droit  romain  dans  ces  tribunaux,  de 
l'Instruction  donnée  aux  Fiscaux  en  1603,  des  ordon- 
nances de  1604  sur  la  procédure  au  Conseil  de  Brabant, 
et,  enfin,  de  l'édit  perpétuel  de  1611. 

Au  chapitre  V,  on  rencontre  l'histoire  de  l'organisation 
judiciaire  du  Brabant,  depuis  les  réformes  du  XVP  et  du 
XVir  siècle  jusqu'aux  innovations  décrétées  par  Marie- 


(  iU  ) 
Thérèse  et  par  Joseph  II.  On  y  remarque  notamment  une 
étude  détaillée  (les  rapports  de  la  juridiction  ecclésiastique 
•et  de  la  juridiction  militaire  avec  celle  des  tribunaux 
ordinaires  du  duché. 

L'histoire  de  l'organisation  judiciaire  étant  ainsi  con- 
nue, depuis  l'avènement  de  Charles  V  jusque  dans  la 
seconde  moitié  du  XVlll'  siècle,  l'auteur  s'occupe,  au 
chapitre  VI,  des  actions  publique  et  privée  auxquelles  le 
délit  peut  donner  naissance.  La  trêve,  la  paix  du  sang, 
l'information  préliminaire,  les  provisions  de  justice,  l'ap- 
préhension, les  questions  préjudicielles,  l'interrogatoire  de 
l'accusé,  l'enquête,  les  preuves,  la  torture,  la  mise  en  liberté 
provisoire,  la  sentence,  la  contumace,  en  un  mot,  toutes 
les  parties  essentielles  de  la  procédure  brabançonne  sont 
examinées  et  discutées  avec  une  attention  scrupuleuse. 
Un  paragraphe  spécial,  contenant  l'indication  des  règles 
exceptionnelles  de  la  procédure  suivie  contre  les  vagabonds 
et  les  gens  sans  aveu,  met  en  lumière  un  côté  des  institu- 
tions anciennes  qu'on  a  trop  souvent  négligé  dans  l'étude 
historique  du  droit  national. 

Le  cliapitre  VIF,  intitulé  «  Des  infractions  et  de  leur 
répression  en  Brabant,  »  renferme  les  théories  admises  par 
la  doctrine  et  la  jurisprudence,  concernant  la  culpabilité, 
le  dol,la  fraude,  les  causes  de  justilicalion,  les  excuses, 
la  tentative,  la  récidive,  la  complicité,  le  droit  de  grâce  et 
l'exécution  des  sentences  criminelles.  L'auteur  y  expose 
le  système  pénal  brabançon  dans  tous  ses  détails,  et  le 
chapitre  se  termine  i)ar  la  nomenclature  très-étendue  des 
délits  et  des  peines. 

Le  chapitre  VIH'  et  dernier  contient  rexamen  des 
réformes  criminelles  décrétées  sous  la  dominai  ion  de  la 
maison  d'Autricbe,  dcjuiis  ravénement  de  CliarleL>  M 
juocpi'a  la  réunion  de  la  Belgique  à  la  France. 


(  433  ) 

Celte  énuméralion  aride  et  décolorée  suffit  déjà  pour 
prouver  que  l'auteur  du  mémoire  a  bien  saisi  les  propor- 
tions du  programme  tracé  par  l'Académie;  mais  cette 
preuve  ressort,  plus  clairement  encore,  de  l'énumération 
des  sources  auxquelles  il  est  allé  puiser. 

Assurément  il  ne  pouvait  avoir  la  prétention  de  dire 
partout  des  choses  neuves.  Si  l'histoire  du  droit  pénal 
brabançon  pendant  les  trois  derniers  siècles  n'a  Jamais 
été  traitée  dans  son  ensemble,  on  ne  doit  pas  oublier  que 
quelques-unes  de  ses  parties  ont  fait  surgir,  de  nos  jours, 
une  foule  d'écrits  souvent  très-remarquables.  L'auteur 
s'appuie, en  maint  endroit,  sur  les  travaux  de  MM.Gachard, 
Defacqz,  Nypels  et  Visschers,  de  même  que  sur  les  études 
publiées  dans  nos  recueils  académiques  et  dans  les  bulle- 
lins  de  la  commission  royale  d'histoire;  mais  cependant, 
soit  qu'il  aime  à  se  frayer  sa  voie  à  lui-même,  soit  qu'il 
éprouve  le  besoin  de  contrôler  les  assertions  de  ses  devan- 
ciers, il  recourt  ordinairement  aux  sources  originales. 
Outre  les  édits  des  souverains,  disséminés  dans  les  volu- 
mineux recueils  des  Placards  de  Brabant  et  de  Flandre^ 
dans  le  Codex  brabanticus  de  Yerloo  et  dans  une  collection 
imprimée  qui  repose  aux  archives  du  royaume,  il  a  large- 
ment mis  à  profit  les  écrits  des  docteurs  et  des  praticiens 
qui  exercèrent  sur  l'ancienne  jurisprudence  une  influence 
décisive.  Bien  des  matériaux  lui  ont  été  fournis  par 
Wesembeke,  Fulden,  Matthaeus,  P.  de  Chrystinen,  An- 
selmo,  Van  Espen,  de  Ghevviet,  van  Leeuwen,  Zypaeus, 
Groenewegen,  Sohet,  Thielen,  Voorda,  Wynants  et  autres 
jurisconsultes,  belges  ou  étrangers,  dont  il  est  inutile 
d'allonger  la  liste. 

Mais,  nous  nous  hâtons  de  le  dire,  l'auteur  du  mémoire 
est  allé  beaucoup  plus  loin.  11  a  soigneusement  étudié  le.s 


(  436  ) 

documents  mis  au  jour  par  la  commission  chargée  de  la 
publication  des  anciennes  lois  et  ordonnances  des  Pays- 
Bas  catholiques.  Il  a  mis  à  contribution  les  coutumes  bra- 
bançonnes, les  heures  antérieures  aux  coutumes,  et  même 
plusieurs  ordonnances  municipales  encore  inédites.  Explo- 
rant judicieusement  nos  archives,  il  a  découvert  une  foule 
de  faits  intéressants  dans  les  comptes  des  officiers  de 
justice  adressés  à  la  Chambre  des  Comptes  du  duché,  dans 
les  registres  contenant  les  résolutions  des  États  de  Bra- 
bant,  et  surtout  dans  les  papiers  du  conseil  privé,  aucpiel 
venait  aboutir  tout  le  mouvement  législatif  et  judiciaire 
des  Pays-Bas.  Il  a  eu,  enfin,  le  bonheur  de  trouver  à  sa 
disposition  des  traités  manuscrits  du  président  de  Fierlant, 
du  comte  de  Wynants  et  du  chancelier  de  Crumpipcn, 
dont  il  suffit  de  citer  les  noms  pour  faire  comprendre 
l'importance  de  leurs  œuvres  au  point  de  vue  de  l'histoire 
du  droit  brabançon. 

Les  lignes  qui  précèdent  nous  conduisent  à  une  double 
conclusion  :  d'un  côté,  l'auteur  s'est  formé  une  idée  exacte 
de  l'importance  et  des  proportions  du  programme  tracé 
par  l'Académie;  de  fautre,  il  a  parfaitement  connu  les 
documents  imprimés  et  manuscrits  qui  devaient  lui  four- 
nir les  matériaux  de  son  vaste  travail.  Mais  ce  travail 
lui-même  mérite-t-il  les  suffrages  de  la  Classe  des  lettres? 
Telle  est  la  question  que  nous  avons  surtout  à  résoudre. 

Nous  n'hésitons  pas  à  répondre  affirmativement.  Le 
mémoire  qui  nous  occupe  est,  à  notre  avis,  un  tableau 
lucide  et  complet  du  droit  criminel  du  Brabant,  depuis  le 
règne  de  Charles  V  jusqu'à  l'arrivée  des  armées  républi- 
caines de  la  France.  C'est  une  monographie  savante,  où 
tous  les  faits  sont  indiqués,  où  toutes  les  sources  sont 
mises  à  conUibulion,  où  fous  les  problèmes  offrant  nue 


(437) 

importance  réelle  sont  discutés  avec  une  compétence 
incontestable.  C'est  l'œuvre  d'un  homme  intelligent, 
érudit  et  familiarisé  de  longue  main  avec  toutes  les  contro- 
verses qui  se  rattachent  à  l'histoire  de  nos  institutions 
nationales.  C'est,  de  plus,  l'œuvre  d'un  écrivain  conscien- 
cieux et  honnête,  qui,  tout  en  respectant  les  convictions 
des  autres,  ne  recule  pas  devant  la  manifestation  franche 
et  nette  de  ses  opinions  personnelles.  Quelques-unes  de  ces 
opinions,  concernant  la  répression  de  l'hérésie  et  la  nature 
de  la  juridiction  ecclésiastique,  ne  sont  pas  de  nature  à 
être  universellement  admises;  mais  l'Académie  n'a  pas  à 
se  préoccuper  des  sentiments  religieux  ou  politiques  des 
concurrents  qui  ambitionnent  l'honneur  de  son  suffrage. 
Placée  dans  la  région  calme  et  sereine  de  la  science,  elle 
ne  considère  que  le  mérite  intrinsèque  des  travaux  soumis 
à  sa  haute  et  impartiale  appréciation. 

Non-seulement  l'auteur  s'est  acquitté  de  sa  tâche  avec 
la  science  et  la  pénétration  requises,  mais,  dans  plusieurs 
parties  de  son  mémoire,  il  met  en  lumière  des  faits  et  des 
aperçus  nouveaux,  dont  l'importance  ne  saurait  être 
sérieusement  contestée. 

ïl  nous  sera  facile  de  justifier  cette  assertion. 

Au  chapitre  I",  nous  avons  remarqué  une  étude  sur  la 
procédure  criminelle  en  vigueur  pendant  la  période  transi- 
toire, c'est-à-dire,  après  l'introduction  de  la  torture,  mais 
avant  la  promulgation  des  ordonnances  de  1570;  et  nous 
ne  croyons  pas  qu'on  ait  jamais  signalé  l'existence,  pendant 
cette  période,  d'une  procédure  mixte  comportant  à  la  fois 
et  le  débat  oral  et  la  torture.  Le  même  chapitre  contient 
une  page  du  plus  haut  intérêt  sur  l'influence  déjà  grande, 
mais  irrégulière  et  pour  ainsi  dire  capricieuse,  qu'exerçait 
le  droit  romain  en  matière  criminelle,  avant  d'avoir  acquis 


(438) 
force  de  loi  par  la  volonté  du  souverain.  L'auteur  y  trouve 
l'occasion  de  rectifier  plusieurs  assertions  de  Meyer,  qui 
pèchent  par  le  caractère  de  généralité  que  ce  jurisconsulte 
célèbre  leur  attribue  dans  son  Histoire  des  institutions 
judiciaires  de  V Europe. 

La  partie  du  chapitre  II  consacrée  à  l'examen  des  édits 
promulgués  pour  arriver  à  l'extirpation  de  l'hérésie,  nous 
semble  mériter,  elle  aussi,  une  attention  spéciale.  Géné- 
ralement on  se  contente  de  résumer  ces  édits  en  un  petit 
nombre  de  lignes; quelquefois  on  lesanalyse  d'une  manière 
plus  ou  moins  fidèle;  mais  jamais,  que  nous  sachions,  on 
n'en  a  juridiquement  étudié  les  nombreuses  dispositions; 
jamais  on  ne  les  a  mis  sérieusement  en  rapport  avec  les 
principes  généraux  du  droit  canon  et  du  droit  criminel  de 
l'époque,  et  cependant  ce  rapprochement  indispensable 
peut  seul  les  placer  sous  leur  véritable  jour.  Quelle  que 
soit  l'opinion  qu'on  se  forme  au  sujet  des  idées  de  l'auteur, 
il  faut  bien  avouer  qu'il  s'avance  ici  sur  un  terrain  nou- 
veau. 

Au  chapitre  llî,  nous  trouvons  une  discussion  appro- 
fondie sur  l'institution  et  la  compétence  du  conseil  des 
troubles.  L'auteur  se  range  du  côté  de  nos  historiens  qui 
considèrent  comme  radicalement  illégale  l'érection  de  ce 
tribunal  d'exception;  mais  il  prouve  que  la  question  est 
plus  compliquée  et  beaucoup  plus  dilïicile  à  résoudre  qu'on 
ne  le  croit  communément. 

Au  chapitre  IV,  où  l'auteur  s'occupe  des  célèbres  ordon- 
nances de  1570,  il  s'écarte  également  des  sentiers  frayés 
par  ses  devanciers.  L'histoire  externe  de  ces  ordonnances 
a  été  brillamment  traitée  par  l'un  de  nos  professeurs  les 
plus  distingués,  M.  Nypels;  mais  l'étude  détaillée  et  l'ana- 
Ivse  minutieuse  de  leurs  textes  sont  des  travaux  qui,  en 


(  439  ) 
Belgique,  possèdent  inconleslablement  le  mérilc  de  la 
nouveauté.  En  Hollande  même,  on  les  a  trop  souvent 
jugées  sans  les  approfondir  et  sans  avoir  la  moindre  notion 
des  précédents.  A  la  suite  d'un  travail  suffisamment  étendu, 
Fauteur  du  mémoire  arrive  aux  conclusions  suivantes,  dont 
nous  n'avons  pas  besoin  de  signaler  l'importance  histo- 
rique :  a  Les  ordonnances  de  1570  ont  fort  peu  innové  en 
matière  de  procédure;  le  système  général  sur  lequel  elles 
sont  basées  existait  déjà  en  pratique;  elles  n'ont  fait,  en 
grande  partie,  que  sanctionner  des  usages  préexistants; 
si  elles  constituent,  eu  égard  à  l'époque  et  aux  idées 
dominantes,  un  véritable  progrès,  elles  renferment  cepen- 
dant des  défauts  qu'il  eût  été  possible  d'éviter;  elles  ont 
été  mal  accueillies,  parce  qu'elles  étaient  présentées  par 
le  duc  d'Albe,  qu'elles  contrariaient  sur  quelques  points 
l'esprit  de  routine,  et  surtout  parce  qu'elles  blessaient, 
principalement  dans  le  domaine  de  l'organisation  judi- 
ciaire, une  foule  d'intérêts  égoïstes.  »  L'auteur  constate 
ensuite  que  les  ordonnances  de  1604  et  l'édit  perpétuel 
de  1611  sont  loin  d'avoir  la  valeur  des  ordonnances  de 
1570.  Il  prouve  notamment  que  l'édit  perpétuel  est  fort 
peu  complet,  qu'il  ne  consacre  guère  des  principes  nou- 
veaux, qu'il  reproduit  littéralement  plusieurs  dispositions 
des  ordonnances  antérieures,  et,  enfin,  que,  dans  plus 
d'un  article,  il  adopte  une  sorte  de  transaction  entre  les 
règles  tracées  par  ces  ordonnances  et  les  obstacles  qu'elles 
avaient  rencontrés  sur  le  terrain  de  la  pratique. 

Au  chapitre  YI,  dans  le  paragraphe  intitulé  :  «  Consi- 
dérations générales  sur  la  procédure  criminelle  en  Bra- 
bant,  »  on  rencontre  une  étude,  très-intéressante  par  les 
faits  nouveaux  qu'elle  met  au  jour,  sur  les  divergences  de 
style  qui  existaient  dans  les  matières  criminelles.  On  y 


(  UO  ) 
voit  que,  contrairement  à  une  opinion  assez  généralement 
reçue,  la  procédure  criminelle  publique  devenait  de  plus 
en  plus  rare  à  mesure  qu'on  se  rapprochait  de  la  chute  de 
l'ancien  régime. 

Ainsi  que  nous  l'avons  déjà  dit,  le  chapitre  YIlï  contient 
l'examen  des  réformes  décrétées  sous  la  domination 
autrichienne,  à  partir  du  règne  de  Charles  Yï.  Ici  encore, 
l'auteur  est  sorti  des  chemins  battus.  La  connaissance  par- 
faite des  antécédents,  jointe  à  de  nouvelles  recherches  dans 
les  archives,  l'a  conduit  à  des  résultats  très-dignes  d'être 
remarqués. 

Dans  la  seconde  moitié  du  dix-huitième  siècle,  les 
institutions  judiciaires  du  Brabant  renfermaient  de  nom- 
breux défauts;  mais,  tout  en  réclamant  des  améliorations, 
les  magistrats,  aussi  bien  que  les  praticiens,  s'arrêtaient  à 
des  questions  de  détail  et  ne  voyaient  pas  que  le  système 
lui-même  avait  besoin  d'être  profondément  modifié  dans 
ses  bases.  En  réalité,  le  mouvement  de  réforme  vint  de 
l'étranger  et  agit  sur  le  gouvernement  avant  de  trouver 
un  écho  dans  l'opinion  publique.  Quelques  symptômes 
heureux  s'étaient  manifestés  en  Belgique  comme  ailleurs. 
En  1753,  les  États  de  Brabant,  cessant  de  croire  à  l'elfica- 
cité  souveraine  des  supplices  corporels,  demandèrent 
officiellement  la  création  d'une  maison  de  détention  où  les 
prisonniers  pourraient  être  soumis  à  l'influence  morali- 
satrice du  travail.  Vers  la  même  époque,  les  corps  judi- 
ciaires accueillirent  avec  faveur  le  changement  heureux 
consistant  à  établir  une  séparation  complète  entre  le  droit 
de  poursuivre  et  le  droit  de  juger.  iMais  on  s'aperçut 
bientôt  que,  nonobstant  ces  indices  favorables,  les  idées 
généreuses  de  Beccaria  étaient  loin  d'être  populaires  sur 
le  sol  belge.  Lorsque  le  prince  Charles  de  Lorraine  pro- 


(  U\  ) 
posa  la  suppression  de  la  lorlure,  les  magistrats  brabançons 
lui  opposèrent  une  résistance  formidable.  Sauf  quelques 
exceptions,  l'esprit  de  routine  et  l'amour  exagéré  des  tra- 
ditions régnaient  en  maîtres  dans  les  tribunaux  du  duché. 

L'auteur  du  mémoire,  avant  d'arriver  aux  réformes  de 
Joseph  If,  décrit  savamment  la  situation  que  nous  ne 
faisons  qu'indiquer.  11  termine  ses  études  par  l'analyse  de 
quelques  décrets  émanés  des  autorités  révolutionnaires, 
dans  la  courte  et  bruyante  période  qui  précéda  la  réunion 
de  la  Belgique  à  la  France. 

Nous  sommes  d'avis  que  la  médaille  d'or  doit  être 
décernée  à  l'auteur  du  mémoire  unique  que  la  classe  a 
reçu  en  réponse  à  la  question  de  droit  pénal.  » 


RappoÈ't  de   .If.   tE.   Defacqz. 

«  Le  rapport  analytique  et  raisonné  que  la  classe  vient 
d'entendre  facilite  et  abrège  la  tâche  qu'elle  a  bien  voulu 
me  confier.  Adoptant  les  conclusions  de  ce  rapport  et  la 
plupart  des  considérations  qui  les  justifient,  j'aurai  peu  de 
chose  à  ajouter  sur  le  mémoire  qui  en  est  l'objet. 

Ce  mémoire  est  la  suite  et  le  complément  de  celui  qui  a 
été  couronné  au  concours  de  1867.  Les  deux  mémoires 
s'identifient  en  un  tout  qui  embrasse,  depuis  la  domina- 
tion des  Francs  jusqu'au  XIX^  siècle,  l'histoire  du  droit 
pénal  dans  la  contrée  qui  fut  d'abord  le  comté,  puis  le 
duché  de  Brabant. 

Le  premier  s'arrête  à  l'avènement  de  Charles-Quint;  le 
second  commence  au  règne  de  ce  prince  qui  donna , 
comme  l'auteur  le  fait  ressortir,  un  caractère  nouveau  à  la 

2"'^  SÉRIE,  TOME  XXVII.  50 


(  442  ) 

législation  édiclale  dans  les  Pays-Bas,  en  adressant  les 
ordonnances  d'un  intérêt  général  à  tontes  les  provinces 
indivisément,  et  non  comme  ses  prédécesseurs,  à  cliacune 
d'elles  en  particulier. 

Ce  dernier  ouvrage  n'a  pas  rencontré  les  difficultés  que 
l'auteur  du  précédent  s'était  créées  en  prenant  son  point 
de  départ  dans  les  ténèbres  de  la  période  franque  pour 
arriver,  en  traversant  la  période  lotharingienne  et  les  pre- 
miers temps  de  la  période  coutumière,  jusqu'à  la  fin  du 
XV^  siècle.  Pour  l'historien  des  trois  siècles  postérieurs, 
la  recherche  des  matériaux  était  moins  laborieuse,  les 
sources  étaient  plus  nombreuses  et  les  autorités  |)lus  cer- 
taines. 

Le  mémoire  que  l'Académie  est  appelée  maintenant  à 
juger  n'en  a  pas  moins  un  mérite  réel  qui  lui  est  propre. 
En  se  plaçant  au  point  de  vue  de  Fauteur,  sans  assumer 
la  solidarité  de  toutes  ses  doctrines,  sans  discuter  tous  les 
points  susceptibles  de  controverse,  ce  qui  pourrait  entraî- 
ner fort  loin  dans  un  manuscrit  de  600  pages  in-folio,  on 
se  plaît  à  reconnaître  que,  dans  le  plan  général  comme 
dans  l'exécution,  il  a  satisfait  pleinement  à  la  question 
mise  au  concours. 

L'ordre  des  matières  n'est  pas  précisément  celui  que 
j'aurais  suivi;  mais  cet  ordre  est  chose  secondaire  et  assez 
indifférente  lorsque  les  matières  elles-mêmes  sont  expo- 
sées convenablement. 

Considéré  dans  son  ensemble,  le  mémoire  présente  un 
tableau  complet  du  droit  pénal  dont  le  programme  de- 
niandait  l'histoire. 

Les  éléments  principaux  de  ce  tableau,  c'est-à-dire  la 
juridiction  criminelle,  les  actions  et  la  procédure,  les 
délits  et  les  peines,  enlin  les  modilicntions  réalisées  ou 


(  ii5  ) 
tentées  du  XVI'"  au  XLV  siècle,  sont  distribués  en  cha- 
pitres dont  la  matière  est  subdivisée  par  une  analyse  où 
rien  d'essentiel  ne  me  paraît  omis.  L'auteur  ne  se  con- 
tente pas  d'une  narration  stérile  :  il  féconde  l'iiistoirc  par 
la  réflexion;  il  scrute  le  mobile  et  les  tendances  de  la 
législation  dans  ses  phases  successives;  il  demande  à  l'es- 
prit et  à  la  vie  de  chaque  époque  l'explication  des  faits 
qu'il  expose. 

Non-seulement  l'auteur,  comme  je  viens  de  le  dire,  me 
paraît  n'avoir  omis  rien  d'essentiel,  mais,  cédant  à  une 
prédilection  très-marquée  pour  certains  sujets,  il  leur  a 
donné  des  développements  qui,  peut-être,  ne  sont  pas  en 
rapport  avec  les  autres  parties  de  son  œuvre.  Ainsi,  un 
des  huit  chapitres  du  mémoire,  le  deuxième,  est  consacré 
tout  entier  aux  hérésies  du  XVI'  siècle,  aux  mesures 
législatives,  aux  juridictions  instituées  sous  Charles-Quint 
et  ses  successeurs  pour  les  extirper  dans  nos  provinces. 

Cet  objet  trouvait,  semble-t-il,  sa  véritable  place  au 
chapitre  VU  qui  contient  une  énumération  remarquable 
des  nombreuses  infractions  punies  dans  l'ancien  droit 
brabançon.  Parmi  les  crimes  de  lèse-majesté  divine,  à 
côté  du  sacrilège,  du  blasphème,  de  la  sorcellerie,  se 
rangeait  naturellement  l'hérésie;  l'auteur  du  mémoire  a 
cru  pouvoir  en  faire  un  chapitre  spécial,  qui  appartient 
autant  ta  l'histoire  politique  qu'à  la  jurisprudence  crimi- 
nelle. 

Ainsi  encore,  le  crime  de  lèse-majesté  humaine,  qui 
devait  logiquement  être  classé  dans  la  partie  du  même 
chapitre  VII  qui  passe  en  revue  les  infractions  et  les 
peines,  en  est  distrait  pour  être  rattaché,  sans  une  con- 
nexité  plausible,  à  l'histoire  du  Conseil  des  troubles ^  créé 
par  le  duc  d'Alhe. 


(  444  ) 

Ces  observations,  cependant,  portent  sur  la  forme 
plutôt  que  sur  le  fond,  et  il  est  vrai  de  dire  que,  exami- 
nées elles-mêmes  et  en  faisant  abstraction  de  leurs  rap- 
ports avec  le  surplus  de  l'ouvrage,  ces  digressions,  si  on 
peut  les  nommer  ainsi ,  surtout  celle  qui  discourt  de  fbé- 
résie,  otTrent  un  corps  de  notions  précises  que  l'on  chercbe- 
rait  vainement  ailleurs.  Aussi,  en  laissant  à  l'auteur  la 
responsabilité  de  ses  opinions  en  cette  matière  délicate, 
on  peut  dire  qu'il  a  comblé  une  lacune  dans  l'histoire  de 
notre  droit  pénal. 

Au  chapitre  IV,  le  mémoire  fait  une  vive  peinture  des 
abus  de  la  justice  criminelle  arrivés  à  leur  comble  dans  le 
XVI''  siècle,  et  dont  iEiirope  entière  se  plaignait  comme 
les  Pays-Bas.  Il  retrace  les  louables  efforts  du  pouvoir 
souverain  pour  remédier  à  ces  intolérables  désordres,  et  les 
obstacles  suscités  par  l'égoïsme  de  certaines  castes,  l'esprit 
de  corps,  l'intérêt  personnel  et  les  préjugés  pour  faire 
échouer  les  réformes  entreprises  par  les  célèbres  ordon- 
nances de  1570. 

Des  dispositions  postérieures  apportèrent  encore,  sous 
Philippe  H,  quelques  amendements  de  détail  à  la  législa- 
tion criminelle:  tel  fut  nommément  l'édit  du  2^  juin  lo89 
qui,  porté  pour  réprimer  la  multitude  effrayante  des 
meurtres,  régla  les  poursuites  judiciaires,  le  châtiment  des 
coupables  et  l'exercice  du  droit  de  grâce,  édit  qui  est  une 
page  curieuse  de  l'histoire  de  ces  temps  déplorables.  Le 
mémoire  n'en  fait  pas  une  exposition  particulière,  et  on 
en  comprend  la  raison  :  il  eut  allongé  démesurément  son 
sujet,  en  analysant  indistinctement  tous  les  actes  du  prince 
qui  ne  s'appliquaient  pas  à  l'ensemble  ou  à  quelque 
branche  considérable  du  droit  pénal.  Sans  observer  l'ordre 
chronologique,  il  s'est  donc  restreint  à  rap[)eler  les  dispo- 


(  Wô  ) 

sitionscics  ordonnances  spéciales  à  mesure  que  la  succes- 
sion des  matières  en  amenait  Texamen. 

Après  le  chapitre  V,  qui  étudie  l'organisation  et  les 
attribulionsjudiciaires  au  commencement  du  XVIII'  siècle, 
après  les  chapitres  \[  et  VII  où  se  déroule,  avec  les  acces- 
soires qui  s'y  lient,  la  longue  série  des  procédures  dont 
toute  infraction  ouvrait  l'exercice,  des  éléments  qui  con- 
stituaient la  culpabilité,  des  choses  réputées  punissables, 
entin  des  peines  légales  ou  arbitraires  et  de  leur  exécu- 
tion, le  mémoire  arrive  aux  innovations  du  XVIÏI''  siècle. 
Les  idées  de  l'écrivain  semblent  alors  se  modifier. 

On  a  vu  tout  à  l'heure  d'oi"!  partait,  suivant  le  mémoire, 
la  résistance  aux  réformes  de  1570;  il  assigne  maintenant 
d'autres  causes  à  l'avortement  des  tentatives  faites  dans  le 
siècle  dernier;  il  l'attribue  surtout  à  l'apathie  ou  à  l'indiffé- 
rence de  la  nation  qui,  dit-il,  n  était  pas  encore  fatirjuée 
de  Vancien  régime  et  qui  n'avait  pas,  comme  en  France, 
subi  l'influence  de  Montesquieu,  de  Voltaire  et  des  ency- 
clopédistes. Je  doute  fort  que  tout  le  monde,  en  Belgique , 
soit  de  son  avis  à  cet  égard,  et  l'on  pourrait  se  demander 
si  ce  ne  sont  pas  les  mômes  causes  toujours  subsistantes 
qui  ont  produit  les  mêmes  effets. 

Quoi  qu'il  en  soit  de  cette  question,  dont  la  discussion 
serait  ici  déplacée,  le  dernier  chapitre  du  mémoire,  qui 
contient  l'histoire  de  ces  essais  de  réforme,  est  rempli  de 
détails  instructifs  que  connaissent  seuls  les  rares  investi- 
gateurs de  nos  anciennes  archives. 

En  résumé,  sans  m'associer  à  toutes  les  appréciations 
religieuses  ou  historiques  de  l'auteur,  je  rends  justice  aux 
recherches  laborieuses  et  intelligentes,  aux  connaissances 
étendues  et  variées,  ainsi  qu'au  talent  remarquable  de 
mise  en  œuvre  qui  enrichissent  la  jurisprudence  et  l'his- 


(  iiG  ) 
loirc  nationale  d'un  ouvrage  qui  leur  manquait.  Je  suis 
d'avis   que  cet  ouvrage  remplit  le  vœu  du  programme 
académique,  et  qu'il  y  a  lieu  de  lui  décerner  la  médaille 
promise. 

L'Institut  de  France  (Académie  des  sciences  morales  et 
politiques)  a  couronné,  au  concours  de  186G,  un  Mcuioire 
sur  Vhistoire  de  la  juslîce  criinineUe  au  XVl"  siècle.  Cet 
ouvrage  important  est  dii  à  la  plume  d'un  Belge,  M.  Albé- 
ric  Allard,  professeur  à  l'Université  de  Gand. 

Aujourd'hui ,  puisse  la  proclamation  du  nom  de  noire 
lauréat  prouver  de  nouveau  que  la  Belgique  est  le  pays 
des  éludes  solides,  des  écrits  sérieux  el  utiles.  » 


nappoÊ't  do  .9i.   Hau9. 

«  En  présence  des  rapports  dont  les  deux  premiers 
commissaires  viennent  de  donner  lecture  et  auxquels  il 
serait  ditïicile  de  rien  ajouter,  je  dois  me  borner  à  énoncer 
mon  opinion  sur  le  mérite  du  mémoire  que  la  classe  a  bien 
voulu  soumettre  à  mon  examen.  J'ai  lu  avec  un  vif  intérêt 
ce  mémoire  qui  présente  un  tableau  complet  du  droit  pénal 
brabançon  pendant  les  trois  derniers  siècles.  L'auteur  ne 
s'est  pas  contenté  de  mettre  à  profit  tous  les  travaux  qui 
ont  pour  objet  les  diverses  parties  de  ce  droit;  il  a  con- 
stamment puisé  aux  sources  originales  et  consulté  tous  les 
documents  imprimés  et  manuscrits  qui  pouvaient  l'éclairer 
dans  la  solution  des  questions  nombreuses  qu'il  avait  à 
débattre.  Ce  n'est  point  une  simple  histoire  externe  de  la 
législation  criminelle  que  nous  présente  l'auteur,  c'est 
une  histoire  a[)pr(>fondie  des  inslitulions  et  des  principes 


(  A47  ) 
mêmes  sur  lesquels  reposait  le  système  répressif  dans  le 
duché  de  Brabant  depuis  Charles-Quiut  justpi'à  la  réunion 
de  la  Belgique  à  la  France.  La  partie  du  mémoire  dans 
laquelle  l'auteur  expose  et  apprécie  avec  sagacité  les  dis- 
positions des  célèbres  ordonnances  de  1570  mérite  une 
mention  particulière. 

Le  travail  que  nous  avons  à  juger  est  une  œuvre  remar- 
quable et  digne  du  suffrage  de  la  classe,  suffrage  qui  n'im- 
plique pas  l'approbation  de  toutes  les  opinions  énoncées 
dans  le  mémoire.  Ces  opinions  sont  personnelles  à  l'auteur 
qui,  seul,  en  porte  la  responsabilité. 

Quant  à  l'ordre  des  matières,  je  crois  devoir  insister 
sur  l'observation  présentée  à  cet  égard  par  l'Iionorablc 
M.  Defacqz.  Le  chapitre  IV  du  traité  se  rattache  par  une 
liaison  intime  au  premier  chapitre.  L'intercaîation  des 
chapitres  II  et  III  détruit  cette  liaison  et  rend  moins  facile 
l'étude  du  savant  mémoire.  Ces  deux  chapitres  devraient 
faire  partie  du  chapitre  VIL  Pour  établir  un  ordre  i)lus 
logique,  il  suffirait  de  diviser  ce  chapitre  en  plusieurs  sec- 
lions  dont  la  première  traiterait  des  infractions  et  de  leur 
répression  en  général  (§  1  à  8);  la  deuxième,  des  crimes 
de  lèse-majesté  divine.  Dans  cette  section,  les  lois  portées 
par  Charles-Quint  pour  extirper  l'hérésie  (chap.  II)  trou- 
veraient la  place  qui  leur  appartient.  La  troisième  section 
aurait  pour  objet  les  crimes  de  lèse-majesté  humaine,  et 
à  cette  occasion  on  parlerait  du  Conseil  des  troubles  et  de 
la  proscription  (chap.  III).  La  quatrième  section  serait 
consacrée  aux  infractions  contre  la  chose  publique  qui  ne 
constituaient  pas  des  crimes  de  lèse-majesté  (§  10).  Enfin, 
dans  la  cinquième  section,  on  examinerait  les  infractions 
contre  les  personnes  et  contre  les  propriétés  (§  II). 

Je  partage  entièrement  l'avis   de  MM.  Thonissen   et 


(  448  ) 
Defacqz  sur  le  mérite  du  mémoire  dont  il  s'agit,  et  je  me 
joins  à  mes  honorables  confrères  pour  prier  la  classe  de 
vouloir  bien  décerner  la  médaille  d'or  à  l'auteur  qui  s'est 
acquitté  de  sa  tâche  avec  un  incontestable  talent. 

La  classe,  se  ralliant  aux  conclusions  des  rapports  de 
MM.  les  commissaires,  vote  la  médaille  d'or  au  mémoire 
présenté  qui  portait  pour  devise  :  C'est  icy  un  lare  de 
bonne  foy,  lecteur  (Montaigne).  L'ouverture  du  billet  ca- 
cheté joint  à  ce  travail  fait  connaître  que  l'auteur  est 
M.  Edmond  Poullet,  professeur  à  l'Université  de  Louvain, 
déjà  lauréat  de  la  compagnie. 


TROISIEME    QUESTION. 

Faire  une  description  statistique  d'une  commune  du 
centre  des  Flandres,  de  deux  mille  habitants  au  moins, 
propre  à  faire  apprécier,  en  les  comparant ,  la  condition 
physique,  morale  et  intellectuelle  des  cultivateurs  fla- 
mands, ainsi  que  Vétat  de  V agriculture ,  au  siècle  passé  et 
même  antérieurement  et  aujourd'hui. 

nappot^t  de  m.  te  bat'on  Miet^ryn  tie  ïïjetletthore. 

a  La  classe  a  reçu  en  réponse  à  cette  question,  deux 
mémoires  écrits  l'un  et  l'autre  en  langue  llamande  et  por- 
tant pour  devise  :  l'un  :  Voorheen  en  nu,  et  l'autre  :  Spes 
alil  ayricolas. 

Le  premier  de  ces  mémoires  ,  qui  est  le  plus  complet, 
mérite  de  fixer  l'attention  de  la  classe.  L'auteur  résume 


(  M9  ) 
d'abord ,  dans  une  introduction  d'un  style  simple  et  élé- 
gant, l'histoire  de  l'agricuilure  Hamande  depuis  les  temps 
les  plus  reculés;  puis  il  fait  connaître  que,  pour  répondre 
au  vœu  de  l'Académie,  il  a  choisi  pour  sujet  de  sa  mono- 
graphie la  commune  de  Nazareth ,  une  des  plus  centrales 
et  des  plus  étendues  de  la  Flandre,  et  aussi  une  des  plus 
intéressantes  à  étudier,  parce  que  là  plus  qu'ailleurs  le 
travail  persévérant  de  l'agriculteur  a  eu  à  triompher  d'une 
nature  ingrate  et  rebelle.  En  effet,  à  Nazareth  (l'auteur 
croit  que  ce  nom  même  exprime  la  désolation  et  la  mi- 
sère), à  côté  de  quelques  cultures  anciennes  se  déroulaient 
des  landes  sablonneuses  qui  semblaient  vouées  à  une  éter- 
nelle stérilité,  et  l'on  n'y  découvrait  pas  le  moindre  ruis- 
seau qui  pût  rafraîchir  un  sol  aride.  Tout  attendait  la  main 
de  l'homme;  tout  était  réservé  à  ses  labeurs. 

Dans  ce  mémoire,  deux  grandes  divisions  reproduisent 
l'aspect  matériel  et  l'aspect  moral  de  cette  localité.  Dans 
l'une,  des  chapitres  spéciaux  sont  consacrés  à  l'agricul- 
ture, à  l'industrie,  à  la  population;  dans  l'autre,  on  voit 
aussi  l'auteur  rappeler  les  mêmes  faits,  mais  c'est  pour  dé- 
terminer leurs  causes,  pour  en  préciser  la  signification  et 
la  valeur,  pour  chercher  dans  le  mal  ou  dans  le  bien  ce 
qui  peut  offrir  un  remède  ou  assurer  un  progrès. 

On  comprend  aisément  (et  tel  était  le  désir  de  la  classe) 
que  les  études  relatives  à  la  situation  passée  et  présente 
de  l'agriculture ,  à  ses  longs  et  pénibles  efforts ,  à  son 
admirable  développement,  occupent  la  plus  large  place 
dans  ce  mémoire.  «  Les  annales  de  l'agriculture  de  la 
»  Flandre,  dit  fort  bien  l'auteur,  présentent  en  même 
»  temps  le  tableau  de  sa  civilisation  et  celui  de  l'origine 
»  de  son  commerce  et  de  son  industrie.  »  Grâce  à  d'éru- 
dites  et  consciencieuses  recherches,  l'auteur  a  réuni  des 


(  m  ) 

renseignements  statistiques  presque  complets  sur  les  prin- 
cipales exploitations  rurales  de  Nazareth,  et  rien  n'est 
plus  intéressant  que  de  suivre,  siècle  par  siècle,  les  modi- 
fications des  usages  qui  y  régnaient,  les  progrès  de  la 
science  agricole,  Faccroissement  du  capital  foncier  et  par 
suite  du  prix  des  fermages.  C'est  ainsi  que  pour  un  do- 
maine qui  relevait  de  l'abbaye  de  Saint-Pierre,  nous  pou- 
vons remonter  jusqu'au  IX'"^  siècle,  et  nous  voyons  passer 
successivement  sous  nos  yeux  des  baux  de  l!259,  de  1 450, 
de  I060,  de  1650  qui  nous  olîrent  les  détails  les  plus 
précis  sur  la  condition  et  les  obligations  des  locataires 
ruraux.  Certes,  il  y  a  eu,  sous  l'influence  des  calamités 
générales,  des  périodes  de  souffrance  et  de  détresse;  mais 
le  travail  sans  cesse  renaissant,  avec  son  invincible  patience 
et  son  zèle  plus  merveilleux  encore,  venait,  à  chaque  ère  de 
paix,  cicatriser  les  plaies  qu'avaient  ouvertes  les  invasions 
et  les  guerres.  Il  faut  ajouter,  à  l'honneur  de  notre  tem[)s, 
que  l'agriculture  a  couronné  son  œuvre  en  étendant  sa 
tache  sur  tout  ce  qu'elle  pouvait  féconder.  En  1767  il  y 
avait  à  Nazareth  neuf  cents  arpents  de  terres  incultes.  On 
en  comptait  cent  arpents  en  Î846;  il  n'y  en  a  plus  un  seul 
aujourd'hui.  Au  lieu  de  iOO  tètes  de  bétail,  chiffre  de 
1767,  on  en  trouve  aciuellement,  c'est-à-dire  à  un  siècle 
de  distance,  près  de  1800,  et  bien  plus  considérable 
encore  est  la  proportion  dans  laquelle  se  sont  élevés  le 
produit  et  la  valeur  du  sol. 

Le  chapitre  qui  s'occupe  de  l'industrie  à  Nazareth  est 
nécessairement  bien  moins  intéressant;  mais  nous  re- 
trouvons, dans  celui  qui  traite  de  la  population,  d'autres 
considérations  qui  méritent  d'être  méditées^  et  nous  pla- 
çons au  premier  rang  celles  où  l'auteur,  jetant  un  coup 
d'œil  quehiue  peu  inquiet  sur  l'avenir,  constate  qu'après 


(  iSi  ) 
tant  d'efforts,  après  tant  de  progrès,  le  travail  ai^ricole 
semble  se  ralentir;  car  la  population  de  Nazareth  en  1868 
est  inférieure  à  ce  qu'elle  était,  il  y  a  cinq  ans,  en  1865. 

C'est  dans  la  seconde  partie  de  ce  mémoire  que  l'auteur 
a  pu  analyser  les  caractères  de  cette  situation,  en  signaler 
les  périls,  en  appeler  les  remèdes.  Après  s'être  occupé  des 
questions  de  voirie  vicinale,  de  santé  publique,  de  statis- 
tique judiciaire  ,  il  arrive  à  indiquer  comme  exerçant  l'in- 
lluence  la  plus  funeste  sur  le  travail  agricole,  aussi  bien  que 
sur  la  moralité  et  sur  l'instruction,  l'émigration  de  plus 
en  plus  considérable  (jui  se  porte  des  campagnes,  soit  vers 
nos  grandes  villes,  soit  vers  les  ateliers  manufacturiers 
du  nord  de  la  France.  A  ce  sujet  il  insiste  avec  une  énergie 
dont  nous  ne  saurions  assez  le  louer,  sur  les  séductions 
qui  font  miroiter  l'image  de  Taisance,  de  la  paresse,  de  la 
débauche  au  sein  des  grandes  agglomérations  de  popula- 
tion, et  qui  presque  toujours  s'évanouissent  bien  vite  pour 
ceux  qui,  à  une  vie  longue  et  laborieuse  au  foyer  de  la 
famille,  ont  préféré  des  plaisirs  décevants  trop  tôt  suivis 
d'une  mort  prématurée  au  fond  de  quelque  hôpital,  sans 
secours,  sans  consolations.  Réservons  toutes  nos  sympa- 
thies pour  l'homme  qui  reste  fidèle  à  la  terre  sur  laquelle 
il  est  né  et  qui  reçoit  d'elle  le  pain  dont  il  vit  en  échange 
des  nobles  sueurs  qu'il  lui  donne;  et  lorsque  sa  main  glacée 
par  les  ans  manque  à  la  charrue,  que  notre  reconnais- 
sance fasse  à  son  cercueil  une  auréole  de  respect  et  de 
vénération  ;  car  ce  sont,  il  faut  bien  le  dire,  les  agricul- 
teurs qui  gardent  mieux  que  personne  ce  dépôt  du  dévoue- 
ment au  pays,  du  désintéressement  et  des  vertus  morales, 
sur  lequel  l'ordre  social  repose. 

Telle  était  sans  doute  la  pensée  de  la  classe,  quand  elle 
a  appelé  l'attention" sur  la  situation  actuelle  de  l'agricul- 


(  4o2  ) 

ture,  sur  son  passé,  sur  son  avenir,  et  elle  peut  se  féliciter 
(le  l'avoir  fait,  car  le  mémoire  que  nous  venons  d'analyser 
nous  paraît  digne  du  prix  qu'elle  a  attaché  à  cette  impor- 
tante question. 

Quant  au  second  mémoire,  portant  pour  devise  :  Spes 
alit  afjricolas,  il  présente  l'histoire  depuis  un  siècle  de  la 
commune  de  Staden  dans  l'arrondissement  de  Roulers. 
Staden,  situé  à  la  limite  d'une  riche  contrée  agricole  et 
des  bois  inhospitaliers  d'Houthulst,  offrant  à  coté  de  la 
vie  paisible  de  paysans  honnêtes  et  laborieux ,  le  bizarre 
phénomène  de  la  persistance  à  travers  les  siècles  de  hordes 
de  maraudeurs  campés  sur  la  bruyère  et  se  gouvernant 
eux-mêmes  dans  leurs  clans  isolés,  eût  pu  donner  lieu  à 
des  parallèles  intéressants,  à  des  comparaisons  nettement 
caractérisées  par  les  plus  étranges  dissemblances.  L'auteur 
du  mémoire  :  Spes  alit  agricolas  s'est  borné  à  reproduire 
des  faits  la  plupart  récents  et  sans  grande  portée.  La  classe 
se  bornera  sans  doute  à  le  remercier  de  son  travail  d'ail- 
leurs estimable.  » 


nappo»*!  de  M.   De  Déchet*. 

«  La  troisième  question  mise  au  concours  pour  1869  par 
la  classe  des  lettres  pourrait,  au  premier  abord,  paraître 
n'offrir  qu'un  médiocre  intérêt  et  une  importance  secon- 
daire; néanmoins,  pour  peu  qu'on  y  réfléchisse,  on  com- 
prend que  les  développements  de  la  prospérité  de  nos 
provinces  flamandes  par  l'agriculture  constituent  les  pre- 
miers éléments  de  l'histoire  de  notre  civilisation.  L'étude 
provoquée  par  l'Académie  a  donc  un  coté  utile  en  même 
temps  qu'un  côté  glorieux  pour  le  pays. 


(  i53  ) 

Deux  mémoires,  écrits  Tiin  el  Taulre  en  flamand,  ont  été 
envoyés  au  concours.  Le  premier,  avec  la  devise  :  Spes  alit 
(Kjricolas,  est  consacré  à  la  description  statistique  de  l'im- 
portante commune  de  Staden.  il  est  loin  d'être  sans  mé- 
rite; mais  il  ne  répond  nullement  à  l'importance  des  ques- 
tions qu'il  était  dans  les  vœux  de  la  classe  de  voir  élucider. 

Le  deuxième  mémoire  (devise  :  Voorheen  en  nu)  est  un 
travail  digne,  à  tous  égards,  de  la  sympathique  attention 
de  l'Académie.  Il  suppose,  de  la  part  de  son  auteur,  les  re- 
cherches historiques  les  plus  complètes,  ainsi  que  les  con- 
naissances les  plus  étendues  en  tout  ce  qui  concerne  la 
situation  morale  et  matérielle  de  nos  populations  rurales. 
C'est  le  tableau  saisissant  de  l'ancienne  Flandre,  trans- 
formée par  les  travaux  accumulés  des  siècles  et  amenée  à 
un  degré  de  bien-être  tel,  que  cette  riche  contrée  a  mérité 
d'être  appelée  le  jardin  de  l'Europe. 

Le  mémoire  s'ouvre  par  quelques  aperçus  historiques 
sur  les  merveilles  opérées  par  l'agriculture  flamande.  En 
dépit  des  obstacles  opposés  par  la  nature  ou  par  les 
hommes,  la  prospérité  de  l'agriculture  flamande  ne  cessa 
de  se  développer,  avec  quelques  alternatives  d'arrêt  ou  de 
décadence  momentanée  dues  aux  dissensions  intestines, 
aux  troubles  religieux  ou  aux  guerres  fréquentes  qui  déso- 
lèrent nos  provinces. 

Après  cet  aperçu  historique,  trop  rapide  peut-être  au 
gré  de  celui  qui  sait  quelles  pages  brillantes  on  pourrait 
consacrer  à  ce  sujet,  l'auteur  aborde  l'exposé  de  la  situa- 
tion matérielle  et  morale,  à  travers  les  siècles,  de  la  com- 
mune de  Nazareth,  placée  dans  la  partie  la  plus  aride  de 
la  Flandre  et  se  développant  au  milieu  des  conditions  les 
plus  défavorables. 

La  situation  matérielle  comprend  VayrîcitUure,  Vindus- 
trie  et  la  popidalion. 


(  iU  ) 

Lo  chapitre  consacré  à  Vagricidlure  présente  un  puis- 
sant intérêt  :  il  constitue  le  fond  du  mémoire.  L'auteur  est 
parvenu  à  réunir  une  foule  de  documents  qui  lui  permet- 
tent de  suivre  pas  à  pas  la  marche  du  progrès  agricole  et 
de  faire  à  chaque  siècle  sa  part  dans  Tœuvre  féconde  des 
conquêtes  pacifiques  d'une  civilisation  dont  nos  généra- 
tions recueillent  les  fruits. 

L'initiative  de  ce  progrès  est  un  des  bienfaits  les  plus 
incontestés  du  christianisme.  Avec  une  loyauté  dont  il  faut 
lui  tenir  compte,  l'auteur  rend,  à  diverses  reprises,  une 
éclatante  justice  à  l'influence  intelligente  exercée  dans  nos 
provinces  par  l'action  hardie  et  persévérante  des  institu- 
tions monastiques  qui,  du  reste,  d'après  le  témoignage  de 
tous  les  historiens,  ont  posé  les  premiers  jalons  de  la  pros- 
périté matérielle  dans  TP^urope  entière.  L'auteur  signale, 
par  ordre  de  date,  tous  les  établissements  qui  furent  créés 
successivement  dans  la  commune  de  Nazareth  par  cette 
riche  et  puissante  abbaye  de  Saint-Pierre,  à  Gand,  qui 
joua  un  si  grand  rôle  dans  les  annales  de  la  Flandre.  Ces 
modestes  ateliers  agricoles  devenaient  bientôt  des  centres 
de  population  et  d'activité. 

Là  se  trouvaient  réunis  l'intelligence,  le  capital  et  les 
bras.  De  plus,  la  continuité  d'action,  perpétuée  à  la  laveur 
de  la  perpétuité  des  institutions  religieuses  qui  les  patro- 
naient,  mettait  à  leur  disposition  ces  deux  éléments  indis- 
pensables de  tout  progrès  agricole  :  le  temps  et  l'expé- 
rience. Aussi  peut-on  dire  avec  vérité  que,  pour  tout  ce 
qui  concerne  la  manipulation  des  terres  proprement  dite, 
les  défrichements  et  les  assolements,  les  irrigations  et  les 
drainages,  les  temps  actuels  n'ont  presque  plus  de  perfec- 
tionnements à  réaliser.  Les  perfectionnements  de  l'avenir, 
et  ils  sont  incalculables,  seront  provoqués  par  les  mul- 


(  iS5  ) 
liples  applications  de  la  science  moderne  à  l'agriculture. 

Le  c]iaj)itre  du  mémoire  qui  est  relatif  à  Vindnsin'e  est 
beaucoup  plus  restreint.  En  lisant  les  pages  que  Fauteur 
y  consacre,  on  comprend  combien  il  serait  curieux  d'étu- 
dier, dans  l'histoire,  les  bases  et  les  résultats  des  combi- 
naisons successives  de  l'agriculture  avec  les  diverses  indus- 
tries et  surtout  avec  cette  antique  et  nationale  industrie 
linière,  source  de  la  fortune  de  la  plupart  des  familles 
bourgeoises  des  Flandres. 

L'auteur  du  mémoire  n'a  pu  réunir  que  des  renseigne- 
ments incomplets  sur  la  population  de  la  commune  de 
iXazareth  aux  diverses  époques  de  l'histoire.  On  ne  sau- 
rait sans  injustice  lui  faire  un  reproche  de  cette  lacune  qui 
tient  à  l'absence  de  documents  ofiiciels,  absence  dont  les 
causes  sont  connues. 

Dans  la  deuxième  partie  de  son  travail  l'auteur  réunit 
toutes  les  données  historiques  et  économiques  de  nature  à 
permettre  l'appréciation  de  la  siluaiion  morale  de  la  com- 
mune de  Nazareth  dans  les  temps  anciens  et  dans  les 
temps  modernes.  Tout  ce  qu'il  dit  de  l'état  de  l'adminis- 
tration communale,  de  la  justice,  de  la  bienfaisance  et 
surtout  de  l'influence  exercée  par  les  écoles,  par  les  cham- 
bres de  rhétorique,  offre  un  intérêt  réel.  11  y  a  beaucoup 
de  bon  sens  dans  les  réflexions  que  lui  suggère  la  compa- 
raison d'un  passé  trop  décrié  avec  un  présent  qui,  malgré 
les  progrès  immenses  réalisés  dans  notre  siècle ,  laisse 
encore  bien  à  désirer  pour  que  les  bienfaits  de  la  civilisa- 
lion  pénètrent  jusque  dans  les  couches  rurales  de  notre 
société. 

Je  viens  d'analyser  le  mémoire  :  Voorheen  en  nu.  Le 
fond  en  est  excellent.  Le  style,  correct  sans  pédantisme, 
élégant  sans  prétention,  est  celui  qui  convient  à  ces  sortes 


(  456  ) 
de  travaux  littéraires.  Il  est  évident  que  l'auteur  n'en  est 
plus  à  SCS  débuts. 

En  conséquence,  j'ai  l'honneur  de  proposer  que  la  classe 
accorde  à  l'auteur  une  médaille  d'or  et  que  le  mémoire 
couronné  soit  imprimé  dans  notre  recueil  de  mémoires 
académiques.  » 


iiappo»'t  de  m.  E.  De  I^areteye. 

a  Le  mémoire  consacré  à  l'étude  de  la  commune  de 
Staden,  quoique  renfermant  quelques  particularités  cu- 
rieuses, est  trop  incomplet  pour  répondre  au  programme 
tracé  par  l'Académie. 

Au  contraire,  le  travail  qui  a  pour  objet  la  commune  de 
Nazareth  mérite  tous  les  éloges  que  M.  Kervyn  de  Letten- 
hove  lui  décerne  et  auxquels  je  ne  puis  que  me  rallier 
complètement. 

L'histoire  des  progrès  de  l'agriculture  faite  d'après  des 
documents  inédits  offre  le  plus  grand  intérêt.  Elle  montre 
qu'à  une  époque  où  presque  toutes  les  terres  en  Europe 
étaient  exploitées  de  la  façon  la  plus  primitive,  les  Fla- 
mands appliquaient  déjà  les  pratiques  d'une  culture  très- 
intensive  et  si  perfectionnée  qu'aujourd'hui  même  la  plu- 
part des  nations  civilisées  sont  loin  d'être  arrivées  sous  ce 
rapport  au  même  niveau.  Marnage  des  terres,  fumures 
abondantes,  variété  des  cultures  où  les  plantes  industrielles 
alternaient  avec  les  céréales,  soins  minutieux  donnés  aux 
vergers,  aux  haies,  aux  arbres  fruitiers,  indemnité  payée 
pour  les  améliorations ,  avances  des  capitaux  aux  cultiva- 
teurs, loutes  les  preuves  d'un  système  d'exploitation  par- 


(  457  ) 
raitemciU  ciUcndu,  apparaissent  déjà  dans  ces  baux  qui 
rcmonlenl  au  XUV  siècle. 

Tous  ces  détails  jettent  aussi  de  vives  lueurs  sur  la  con- 
dition sociale  des  habitants  de  la  campagne  à  cette  époque. 
Ce  sont  de  précieux  matériaux  qui  peuvent  servir  à  tracer 
un  tableau  complet  de  l'histoire  de  la  civilisation  dans  nos 
belles  provinces. 

Si  Fauteur  publie  son  mémoire  —  ce  qui  est  à  désirer — 
quelques  explications  complémentaires  seraient  très-utiles 
pour  en  l'aire  mieux  ressortir  les  conclusions. 

Il  faudrait  d'abord  déterminer  la  valeur  des  anciennes 
monnaies  et  des  anciennes  mesures. 

Ainsi  dans  les  actes  il  est  souvent  question  de  byndcn^, 
i]e  ponden  ,  de  livres  parisis  de  stuivers. 

Il  faudrait  indiquer  combien  d'ares  contenait  le  bunder 
et  combien  de  grammes  d'argent  lin  contenait  la  livre  ou 
le  sou  aux  différentes  époques  dont  il  est  question.  C'est 
ainsi  seulement  que  les  faits  recueillis  par  l'auteur  présen- 
teraient au  lecteur  un  sens  précis  et  permettraient  d'ap- 
précier les  changements  survenus  dans  la  valeur  des  terres 
et  des  denrées.  11  existe,  d'ailleurs,  des  livres  spéciaux  qui 
faciliteraient  ces  nécessaires  éclaircissements. 

Tl  serait  désirable  aussi  que  l'auteur  tirât  des  conclusions 
plus  générales  des  faits  qu'il  a  recueillis,  et  ils  sont  assez 
précis,  nous  semble-t-il ,  pour  fournir  au  moins  des  don- 
nées moyennes  approximatives. 

Ainsi,  nous  voudrions  savoir  quel  est  le  prix  de  vente 
et  de  location  des  terres  dans  la  commune  de  Nazareth  aux 
différentes  époques;  quel  était  le  produit  par  hectare, 
quand  la  hausse  des  prix  s'est  surtout  manifestée,  tant  par 
suite  des  progrès  de  la  cidture  que  par  la  baisse  de  valeur 
des  métaux  précieux.  Les  éléments  de  ce  travail,  le  mé- 
2""^  SÉRIE ,  TOME  xxvn.  51 


(  458  ) 
moire  les  coiUieiit,  mais  il  faudrait  les  grouper  et  en  mon- 
trer toute  la  signilication. 

Avec  ce  complément  le  mémoire  sur  la  commune  de 
Nazareth  serait  certainement  accueilli  très-favorablement, 
et  par  les  populations  rurales  elles-mêmes  dont  il  retrace 
les  titres  de  gloire  et  les  nobles  travaux,  et  par  tous  ceux 
qui  s'intéressent  à  l'histoire  si  instructive  des  provinces 
flamandes.  » 

Conformément  à  ces  conclusions,  la  classe  vote  le  prix 
de  six  cents  francs  aux  auteurs  du  mémoire  portant  pour 
devise  :  Voor/wcn  en  nu,  MM.  Frans  De  Potter,  de  Gand, 
et  Jean  Broeckaerl,  de  Welteren. 


CINQLIÈMR    Ql'RSTION. 

Quelles  ont  èlê  les  tendances  politiques  et  sociales  des 
hérésies  y  depuis  Voricjine  du  christianisme  jusqu  à  la  fin 
du  quinzième  siècle? 

L'auteur  devra  écarter  la  discussion  des  doctrines  reli- 
gieuses des  sectes  et,  autant  que  possible,  se  l>^rner  à 
signaler  leurs  tendances  sociales  et  poiiticptes. 

Êtaintot'l  fie  ,ff     Thottitmett. 


«  Aux  époques  de  foi  vive  et  profonde,  quand  les 
croyances  religieuses  occupent  la  première  place  dans  les 
alVections  et  dans  les  sollicitudes  des  masses,  les  grandes 
révolutions  théologiques  amènent,  presque  toujours,  des 
changements  notables  dans  les  institutions  et  les  nueurs 


(  1^9  ) 
(lu  pays  (lui  leur  sort  de  théâtre.  L'Église  et  l'Étal  étant 
intimement  unis,  les  dissidences  religieuses  l'ont  surgir  les 
dissidences  politiques.  Des  besoins  nouveaux  se  manifes- 
tent, (les  tendances  longtemps  comprimées  brisent  leurs 
entraves,  et,  bien  souvent,  au  lendemain  de  la  lutte,  les 
idées  et  les  aspirations  des  classes  éclairées  se  trouvent 
profondément  modifiées. 

L'Académie,  en  demandant  un  mémoire  sur  les  ten- 
dances politiques  et  sociales  des  hérésies,  se  proposait 
d'obtenir  une  description  lucide  et  complète  de  ces  phé- 
nomènes historiques,  si  nombreux  et  si  pleins  d'intérêt 
dans  les  annales  de  l'Europe. 

A  notre  avis,  son  espoir  a  été  déçu.  Le  seul  mémoire 
qui  nous  soit  parvenu  ne  réunit  pas  les  conditions  indis- 
pensables pour  mériter  la  récompense  promise.  Il  ne  se 
compose  que  de  quarante  pages  in-8',  et  ce  chiffre  seul 
suffit  pour  prouver  que  l'auteur  ne  s'est  pas  bien  rendu 
compte  de  l'importance  du  programme  tracé  par  la  classe. 
Un  écrivain  possédant  la  concision  vigoureuse  de  Tacite 
devrait  y  consacrer  un  espace  au  moins  quadruple. 

Le  rédacteur  du  mémoire  indique  assez  exactement  la 
nature  et  la  destinée  des  doctrines  théologiques  émises 
par  les  principaux  hérésiarques;  mais  il  effleure  à  peine 
la  matière  qui  devait  faire  l'objet  principal  de  ses  recher- 
ches. Au  lieu  de  l'histoire  des  idées  politiques  et  sociales 
issues  du  travail  des  sectes,  il  nous  donne  l'histoire,  elle- 
même  très-incomplète,  de  leurs  idées  religieuses.  Il  s'ar- 
rête, d'ailleurs,  au  règne  de  Charlemagne,  laissant  ainsi 
complètement  de  côté  toutes  ces  controverses  ardentes , 
toutes  ces  luttes  mémorables  qui,  depuis  le  XH*'  jusqu'au 
XVP  siècle,  occupent  une  si  large  place  dans  l'histoire  des 
nations  chrétiennes.  Ia\q  note,  placée  à  la  dernière  page, 


(  460  ) 

nous  l'ait  connaître  que  le  temps  lui  a  manqué  pour  com- 
pléter son  œuvre. 

Nous  croyons  qu'il  n'y  a  pas  lieu  de  couronner  le  mé- 
moire portant  l'épigraphe  :  Oportet  esse  haereses.  » 


Rnjtpoi'l  fie  Mi.  Th.  Ju»le. 

ta  J'ai  lu  très-attentivement  le  mémoire  portant  l'épi- 
graphe :  Oportet  esse  hœreses,  et  je  ne  puis  que  me  rallier 
aux  conclusions  de  mon  honorable  confrère,  M.  Thonissen, 
qui,  dans  un  excellent  rapport,  a  parfaitement  indiqué  les 
imperfections  et  les  lacunes  du  travail  soumis  à  notre  exa- 
men. Ce  travail  n'est  qu'une  esquisse  :  mais  celle-ci  fait 
ressortir,  à  certains  égards,  l'importance  et  la  grandeur 
même  du  sujet. 

Je  souhaiterais,  en  conséquence,  que  la  question  fût 
remise  au  concours.  » 


Happot'l  do  .W.  M'^hUs-  Xôrf. 

«  Je  souscris  sans  hésitation  à  l'avis  de  mes  deux  ho- 
norables confrères  qui  jugent  indigne  du  prix  le  mémoire 
envoyé  en  réponse  à  la  cinquième  question.  Le  travail  est 
incomplet  à  tous  égards  :  non-seulement  l'auteur  n'a  guère 
accompli  que  la  première  partie  de  sa  tâche,  mais  encore 
il  n'a  pas  donné  de  développements  aux  problèmes  d'his- 
toire sociale  qu'il  a  rencontrés  sur  sa  route;  il  a  simple- 
ment tracé  le  sonnnaire  de  chapiires  qui  eussent  été  pour 


(  i«l  ) 
la  plupart  d'un  grand  intérêt.  Sur  les  principales  hérésies 
(|ui  se  sont  produites  jusqu'à  Cliarlemagne,  il  a  répété  les 
jugenients  d'écrivains  estimés;  mais  il  n'a  tiré  aucun  apercju 
des  monuments  originaux. 

S'il  convient  à  la  classe  d'appeler  de  nouveau  l'attention 
des  publicistes  sur  la  même  question,  peut-être  importe- 
rait-il de  recommander  aux  concurrents  des  recherches 
neuves  et  personnelles  remontant  jusqu'aux  véritables 
sources  de  Thisloire  des  sociétés  chrétiennes.  » 

Conformément  à  l'appréciation  de  ses  commissaires,  la 
classe  décide  de  ne  pas  décerner  le  prix  au  mémoire  pré- 
senté. 


PRIX   PERPETUEL  FONDE  PAR  LE  BARON  DE  STASSART  POUR 
UNE    QUESTION    d'hISTOIRE    NATIONALE. 

Faire  l'histoire  des  rapports  de  droit  publie  qui  ont 
existé  entre  les  provinces  belges  et  l'empire  d'Allema/jue, 
depuis  le  dixième  siècle  jusqu'à  l'incorporation  de  la  Bel- 
gique dans  la  république  française. 

ttapfiofl  fie  Mi .  AfI.  Miorgttet. 

«  A  l'expiration  du  délai  de  trois  années  accordé  aux 
concurrents,  deux  mémoires  vous  furent  adressés.  Vos 
trois  commissaires  furent  unanimes  à  vous  proposer  de 
ne  pas  conférer  le  prix  et  de  maintenir  la  question  sur 
votre  programme.  De  ces  deux  mémoires  un  seul  (le  meil- 
leur sans  aucun  doute)  vous  revient  aujourd'hui,  et  vous 


(  i6î2  ) 
revient  notablenienl  amélioré.  Il  porle  pour  épigraphe  ces 
deux  mots  significatifs  :  Plus  ultra!  J'espère  que  la  déci- 
sion de  l'Académie  satisfera  l'auteur,  et  qu'il  n'aura  plus 
désormais  à  s'occuper  d'une  question  historique  à  laquelle 
il  a  dû  consacrer  bien  du  temps. 

Pour  comprendre  la  nature  des  améliorations  que  je 
viens  de  signaler,  il  est  nécessaire  de  rappeler  successi- 
vement les  principales  observations  contenues  dans  mon 
rapport  de  1867.  En  adoptant  la  question  proposée  par 
M.  Arendt,  la  classe  en  avait  trouvé  la  rédaction  trop  gé- 
nérale, et  invité  l'auteur  à  en  réduire  la  portée  par  quel- 
ques explications  qui  furent  adoptées  et  insérées  dans  le 
procès-verbal,  puis  au  programme. 

Il  fut  ainsi  déclaré  que,  dans  l'intention  de  la  classe,  le 
travail  demandé  devait  comprendre  trois  parties  : 

1°  Une  introduction  ou  résumé  historique  de  la  forma- 
tion du  lien  qui  rattacha  à  l'empire  germanique  le  plus 
grand  nombre  des  provinces  belges; 

2"  L'histoire  de  la  convention  d'Augsbourg  de  iriiS,  et 
celte  deuxième  partie  était  déclarée  la  partie  principale  de 
la  tache  imposée  aux  concurrents; 

3°  L'histoire  de  l'exécution  de  cette  convention ,  et  ici 
encore  on  déclarait  que  cette  troisième  partie  devait  èlre, 
comme  la  première,  traitée  d'une  manière  sommaire. 

On  tint  peu  de  compte  de  ces  observations.  L'auteur 
du  mémoire  qu'on  représente  aujourd'hui  s'écartait  n)oins 
que  son  compétiteur  du  plan  indiqué  par  l'Académie.  Néan- 
moins il  le  lit  assez  pour  expliquer  les  observations  cri- 
tiques de  vos  commissaires.  En  ce  qui  me  concerne,  je 
trouvai  qu'il  avait  donné  à  l'introduclion  une  étendue  dé- 
mesurée, et  qu'il  en  avait  fait  une  véritable  histoire  de  la 
Belgique  pendant  la  période  féodale.  D'un  autre  coté,  il 


(  ^^65  ) 
n'avait  pas  donné  les  développomonls  nécessaires  à  la 
troisième  partie,  comprenant  l'exécution  de  la  convention, 
et  cette  partie  présentait  d'assez  importantes  lacunes.  L'au- 
leur  a  tenu  compte  de  ces  observations  adressées  à  son  pre- 
mier travail,  et  je  crois  qu'il  a  bien  fait  de  procéder  a  une 
refonte  de  son  plan  primitif;  son  œuvre,  me  |)araît-il,  y  a 
considérablement  gagné. 

Le  mémoire  de  1867  comprenait  ilo  pages  in-folio.  Il  a 
été  réduit  de  près  de  la  moitié,  c'est-à-dire  à  ^Oi  pages. 
C'est  qu'aussi,  au  lieu  d'une  iiitroduction  qui,  à  elle  seule, 
avait  une  étendue  presque  aussi  considérable  que  le  travail 
entier  qui  vous  est  aujourd'bui  soumis, l'auteur  en  présente 
une  réduite  à  des  proportions  convenables;  elle  n'absorbe, 
en  effet,  que  les  49  premières  pages. 

La  question  ne  mentionnant  que  les  provinces  belges, 
l'auteur  aurait  pu  se  passer  de  parler  des  provinces  bollan- 
daises,  auxquelles  il  consacre  huit  pages  de  son  introduc- 
tion. Toutefois  ce  résumé  n'est  pas  sans  intérêt  ;  il  est  bien 
conçu  et  renfermé  dans  des  bornes  convenables.  D'ailleurs, 
il  porte  sur  une  époque  où  le  mot  Belgique  s'appliquait 
aux  dix-sept  provinces  des  anciens  Pays-Bas. 

Avant  de  quitter  cette  introduction,  je  crois  devoir  si- 
gnaler quelques  erreurs  qui  ne  sont  pas  bien  importantes, 
mais  qu'il  convient  cependant  de  rectifier,  et  j'engage  l'au- 
teur à  revoir  soigneusement  cette  première  partie,  car  il 
est  possible  que  ces  erreurs  ne  soient  pas  les  seules. 

il  confond  (page  10)  Philippe  le  Bon  avec  Philippe 
comte  de  Saint-Pol,  en  le  donnant  comme  successeur  im- 
médiat au  duc  Jean  IV  de  Brabant.  Plus  loin  (page  12) 
cette  erreur  est  rectifiée,  pm'sque  Philippe  le  Bon  n'y  in- 
tervient que  comme  deuxième  successeur  de  Jean  IV.  Mais 
là  encore  l'auteur  se  sert  d'une  expression  qui ,  sans  être 


(  i()4  ) 
inexacte,  est  cependant  de  nature  à  induire  en  erreur;  il 
appelle  Philippe  de  Saint-Pol,  Philippe  de  Bourgogne. 

Je  ne  crois  pas  qu'il  soit  exact  de  dire,  comme  on  lit 
page  16,  que  Wenceslas  de  Luxembourg  succédai  Jean  III, 
duc  de  Brabant.  Nos  antiques  constitutions  admettaient 
(ce  que  semblent  avoir  ignoré  les  rédacteurs  de  notre  con- 
stitution de  1850)  la  succession  des  filles  à  défaut  dliéri- 
tiers  mâles,  et  Wenceslas,  duc  de  Luxembourg,  n'était  en 
Brabant  pas  autre  chose  que  le  mari  de  la  duchesse 
Jeanne,  véritable  héritière  de  son  père  Jean  IH. 

Je  ne  comprends  pas  bien  ce  que  veut  dire  l'auteur 
(page  21)  lorsqu'il  parle  de  la  Flandre  impériale,  comme 
ayant  été  délachée  de  la  France  et  réunie  à  l'empire  ger- 
manique. La  Flandre  impériale,  située  à  la  droite  de  l'Fs- 
caut,  se  trouvait  en  dehors  des  limites  orientales  assignées 
par  le  traité  de  Verdun,  à  la  part  de  Charles  le  Chauve,  • 
c'est-à-dire  au  territoire  qui  devint  le  royaume  de  France. 

Il  y  a  souvent  des  inconvénients  à  ne  pas  employer  les 
expressions  consacrées.  Ainsi,  pourquoi  (page  26)  se  servir 
de  la  dénomination  vague:  Charles  de  Bourgogne,  pour 
désigner  Charles  le  Hardi  ou  le  Téméraire? 

La  dénomination  grande  charte  appliquée  (page  26)  au 
document  dont  on  fait  généralement  honneur  à  Albert  de 
Cuyck,  prince-évèque  de  Liège,  peut  l'aire  croire  à  l'exis- 
tence d'une  constitution  applicable  à  la  principauté  entière, 
tandis  que  ce  n'est  en  déhnitive  qu'une  charte  de  com- 
mune. 

Voici  enhn  une  autre  erreur  encore  que  je  découvre  à  la 
page  40.  La  veuve  du  duc  Antoine  de  Bourgogne,  tué  à 
Azincourt,  était  Elisabeth  de  Gorlilz,  nièce  du  duc  AVen- 
ceslas  H  de  Luxembourg,  et  elle  n'était  pas  la  mère  de 
Jean  IV,  qu'Antoine  avait  eu  d'un  premier  mariage,  ainsi 
que  Philippe  de  Saint-Pol. 


(  165  ) 

Je  passe  à  la  seconde  partie  qui  est  la  principale,  l'objet 
<lirect  du  mémoire.  Elle  se  subdivise  en  sept  cb.ipitres. 
Dans  le  premier  (pages  oO  à  07)  on  trouve  des  détails  d'un 
liant  intérèt^sur  le  projet  conçu  par  Pbilippe  le  Bon  de  se 
faire  proclamer  roi  de  Lolbaringie,  projet  qu'il  transmit  à 
son  successeur.  Le  cbapitre  deuxième  (pages  68  à  81)  est 
consacré  aux  règnes  de  Marie  de  Jjourgogne  et  de  Phi- 
lippe le  Beau.  Il  y  est  question  de  la  division  de  l'empire 
germanique  en  dix  cercles,  an  nombre  desquels  se  trou- 
vèrent déjà  alors  les  provinces  des  Pays-Bas.  C'est  à  ces 
établissements  de  son  aïeul  paternel  Maximilien,  que 
Cliaries-Quint  donna,  en  ce  qui  concernait  le  cercle  de 
Bourgogne,  une  forme  délinitive  et  légale  par  la  conven- 
tion d'Augsbourg  acceptée  par  la  diète  et  par  nos  États. 
Au  troisième  chapitre  (pages  8o  à  107)  l'auteur  aborde 
le  règne  de  l'illustre  empereur,  et  commence  par  exposer 
avec  soin  l'état  des  choses  à  cette  époque  par  rapport  à 
cette  convention.  Le  quatrième  chapitre  (pages  108  à  J2o) 
est  consacré  au  récit  des  négociations  préalables  qu'elle 
occasionna.  Il  m'avait  paru  que  la  première  rédaction  ne 
présentait  qu'une  analyse  sèche  et  minutieuse  des  actes 
produits  de  part  et  d'autre.  L'auteur  a  sans  doute  reconnu 
le  fondement  de  cette  critique,  et  son  exposé  actuel  se  lit 
non-seulement  sans  fatigue,  mais  même  avec  un  certain 
intérêt.  Dans  le  cinquième  chapitre  (pages  126  à  145)  se 
trouve  le  récit  des  nouvelles  négociations  qui,  après  un 
intervalle  de  deux  ans,  furent  reprises  en  1547,  et  abou- 
tirent entin  à  la  conclusion  de  la  célèbre  convention.  Mais 
il  fallait  encore  Tacceplalion  des  états  de  nos  provinces, 
et  c'est  ce  qui  fait  l'objet  du  sixième  chapitre  (pages  146 
à  165). 

Nous  avons  remarqué  dans  cette  partie  du  travail  (no- 


(  iG()  ) 
tamment  pages  151  et  159)  quelques  notes  que  l'auteur 
n'a  sans  doute  pas  l'intention  de  laisser  en  blanc.  1mi  tout 
cas,  nous  croyons  convenable  d'appeler  son  attention  sur 
ce  point.  Nous  lui  signalerons  aussi  une  phrase  dont  nous 
ne  sommes  pas  certain  d'avoir  bien  saisi  la  portée.  A  propos 
de  l'acceptation  de  la  convention  par  les  états  d'Artois,  il 
parle  d'eux  (page  159)  comme  étant  cnlrés  les  derniers 
dans  la  famille  beUje.  Qu'est-ce  à  dire?  L'auteur  aurait-il 
oublié  que  cette  province  taisait  partie  du  vieux  comté  de 
Flandre,  et  qu'elle  n'en  avait  été  détachée  que  sous  le  règne 
de  Philippe  d'Alsace,  à  l'époque  où  ce  prince,  entrahiépar 
l'espoir  de  dominer  à  la  cour  de  Philippe  Auguste,  eut  la 
malencontreuse  idée  de  constituer  un  douaire  à  sa  nièce, 
Isabelle  de  Hainaut,  devenue  reine  de  France? 

La  deuxième  partie  contient  un  chapitre  septième  et 
dernier  (pages  16G  à  174),  consacré  à  l'histoire  de  l'exé- 
cution de  la  convention  d'Augsbourg  pendant  les  dernières 
années  du  règne  de  Charles-Quint. 

La  troisième  partie  commence  à  la  page  175  et  com- 
prend ciiMj  chapitres,  trailantexclusivement  des  différentes 
péripéties  auxquelles  donna  lieu  l'établissement  du  cercle 
de  Bourgogne.  Le  premier  chapitre  (page  175  à  190) 
s'étend  de  la  mort  de  Charles-Quint  à  l'union  d'Utrecht, 
et  le  deuxième  (pages  191  à  204)  de  cette  union  à  la  trêve 
de  1609,  dont  l'auteur  a  soin  de  signaler  la  portée  en  ce 
qui  concerne  la  question  des  rapports  établis  entre  la  Bel- 
gique et  l'empire.  C'est  la  période  glorieuse  que  nos  voi- 
sins du  Nord  appellent  avec  raison  celle  de  la  guerre  de 
l'indépendance.  Les  trois  chapitres  suivants  (pages  205 
à  261)  retracent,  toujours  du  point  de  vue  restreint  où  Tau- 
leur  a  du  se  placer  pour  se  conformer  au  programme,  les 
événements  (jui  se  sont  passés  pendant  la  guerre  de  trenle 


(  iW?  ) 
ans,  sous  le  règne  de  Louis  XIV,  et  entin  sous  celui  de 
renipereur  Charles  Vï  et  de  ses  derniers  successeurs.  Le 
lien  qui  rattachait  la  Belgique  à  rAllemagne,  déjà  fort  re- 
lâché à  l'époque  de  la  paix  de  Westphalie,  se  brise  dédni- 
tivement,  lorsque,  un  siècle  plus  tard  ,  notre  pays  est  con- 
quis par  la  France  et  incorporé  dans  la  république  par  le 
décret  du  9  vendémiaire  an  IV. 

J'ai  terminé  l'analyse  du  mémoire;  il  me  reste  à  l'appré- 
cier. Dans  mon  rapport  précédent,  je  m'étais  fait  un  devoir 
de  reconnaître  l'importance  des  recherches  qu'il  attestai!, 
et  les  principaux  reproches  que  je  lui  adressais  touchaient 
à  la  mise  en  œuvre  des  matériaux.  Cette  mise  en  œuvie 
me  paraissait  défectueuse  en  elle-même  ,  car  je  ne  croyais 
pas  que  le  mémoire  pût  être  écarté,  par  cela  seul  que  l'au- 
teur ne  s'était  pas  conformé  au  programme  recommandé 
par  vous.  Elle  était  surtout  défectueuse,  à  mes  yeux,  par 
l'étendue  disproportionnée  donnée  à  la  première  partie,  et 
par  le  manque  de  développements  indispensables,  dans  la 
troisième.  De  là,  disais-je,  un  défaut  d'équilibre  qui  nuit 
considérablement  au  mérite  d'une  œuvre  littéraire.  Je  si- 
gnalais encore  comme  un  vice  assez  grave,  dans  la  seconde 
partie,  l'analyse  sèche  et  minutieuse  de  plusieurs  docu- 
ments qui  avaient  préparé  la  convention  d'Augsbourg; 
puis  encore  quelques  dissertations  placées  à  la  hn  du 
mémoire,  et  dont  il  eût  fallu  se  contenter  d'extraire,  pour 
les  faire  entrer  dans  le  corps  du  travail,  les  détails  relatifs 
à  la  question  même  posée  par  l'Académie;  j'ajoutais  que  là 
où  elles  se  trouvaient,  elles  constituaient  de  véritables  hors- 
d'œuvre.  Je  critiquais  encore  ces  subdivisions  infinies  em- 
ployées avec  amour  par  les  savants  allemands,  et  qui  sou- 
vent ne  font  (ju'embrouiller  le  récit  des  événements  au 
lieu  d'en  faciliter  l'intelligence.  Tout  cela  a  été  modihé,  et 


(  iG8  ) 

le  liavail,  du  moins  à  mou  avis,  se  représente  considéra- 
blement amélioré;  tellement  que  je  n'hésite  pas,  en  pré- 
sence dîi  mérite  du  fond,  et  faisant  l)on  marché  de  quel- 
(jues  imperfections  qui  subsistent  encore  dans  la  forme,  à 
vous  proposer  de  décerner  à  l'auteur  le  prix  attribué  par 
le  fondateur  du  concours  et  d'en  décréter,  par  disposition 
spéciale,  l'impression  aux  frais  de  la  compagnie.  En  m'ex- 
primant  ainsi,  j'ai  uniquement  en  vue  d'augmenter  le  mé- 
rite d'un  travail  auquel  j'avoue  niintéresser  beaucoup. 

L'n  des  reproches  que  j'adressais  encore  aux  deux  mé- 
moires de  1867  portait  sur  le  grand  nombre  des  pièces 
formant  les  appendices,  et  je  disais  à  ce  propos  :  «  L'Aca- 
»  demie  ne  doit  pas  se  montrer  favorable  à  un  pareil 
»  système;  c'est  à  l'auteur  à  trouver  le  moyen  de  faire  con- 
»  naître  des  documents  qui  lui  semblent  présenter  de  l'in- 
»  térét,  en  leur  assignant  une  place  dans  son  œuvre  même, 
»  sous  forme  d'analyses  ou  d'extraits.  Ces  documents  sont 
»  destinés  à  entrer  dans  des  recueils  diplomatiques,  non 
»  à  ligurer  à  la  suite  d'ouvrages  auxquels  ils  ont  fourni 
»  des  éléments.  Tout  au  plus  peut-on  tolérer  la  publica- 
»  tion  d'un  petit  nombre  de  pièces  inédites  et  réellement 
»  importantes;  encore  faut-il  user  d'une  grande  circon- 
»  spection.  » 

On  a  tenu  compte  de  l'observation  ,  et  l'appendice,  qui, 
dans  la  première  rédaction,  comprenait  cinquante-cpialre 
pièces,  imprimées  pour  la  plupart,  n'en  contient  plus  au- 
jourd'hui que  dix  inédiles.  Seulement  j'ai  remarqué  (juc 
l'on  n'indique  pas  toujours  d'une  l'açon  assez  claire  les 
dépots  ou  les  collections  d'où  elles  sont  extraites.  » 


(  m)  ) 


nnppoà'l  fte  .fi.  tiachat'il . 

«  Le  rapport  de  mon  savant  confrère  M.  Borgnet  vous  a 
appris  que  le  mémoire  sur  lequel  la  classe  est  appelée  à 
prononcer  aujourd'hui  est  l'ouvrage  d'un  des  deux  con- 
currents qui  entrèrent  dans  la  lice  en  18G7;  il  vous  a  fait 
connaître  aussi  que  l'auteur,  mettant  à  profit  les  observa- 
lions  auxquelles  son  premier  travail  donna  lieu  de  la  part 
de  vos  commissaires,  y  a  apporté  des  améliorations  con- 
sidérables. J'ajouterai  qu'il  ne  l'a  pas  amélioré  seulement, 
mais  qu'il  s'est  livré  à  de  nouvelles  et  de  très-grandes  re- 
cherches, afin  de  combler  des  lacunes  que  nous  avions 
signalées  dans  certaines  parties  de  ce  travail. 

En  somme,  l'auteur  n'a  pas  moins  à  se  féliciter  que  la 
classe  elle-même  de  ce  que,  il  y  a  deux  ans,  le  prix  a  élé 
réservé,  et  la  question  remise  au  concours. 

M.  Borgnet  vous  a  donné  l'analyse  du  nouveau  mémoire  ; 
il  vous  a  dit  quels  en  sont  le  plan  et  les  divisions  :  je  ne 
puis  que  me  référer  aux  détails  dans  lesquels  il  est  entré  à 
cet  égard. 

J'aurais  souhaité,  en  ce  qui  me  concerne,  qu'à  partir  de 
la  transaction  d'Augsbourg  tout  ce  qui  se  rapportait  à  la 
chambre  impériale,  c'est-à-dire  la  succession  des  asses- 
seurs ainsi  que  des  avocats  et  des  procureurs  qui  y  furent 
établis  à  titre  du  cercle  de  Bourgogne ,  le  rôle  qu'ils  y 
jouèrent ,  le  payement  des  contributions  auxquelles  les 
Pays-Bas  étaient  tenus  pour  l'entretien  de  la  chambre  et 
qu'ils  négligèrent  fréquemment  d'acquitter,  les  réclama- 
tions que  suscita  cette  négligence,  etc.,  ne  fut  pas,  dans  le 
mémoire  soumis  à  notre  examen ,  mêlé  avec  les  faits  poli- 


(  470  ) 
tiques  et  les  discussions  qui  eurent  lieu  au  sein  des  dictes 
de  TKnipire,  mais  que  Tauleur  en  fît  la  matière  d'un  cha- 
pitre spécial  :  déjà,  en  1867,  j'avais  consigné  cette  obser- 
vation dans  mon  rapport.  Si  l'auteur  y  avait  eu  égard,  son 
travail,  à  mon  sens,  y  aurait  gagné  en  méthode  et  en 
clarté.  Je  n'entends  pourtant  pas  lui  faire  un  grief  de  ce 
qu'il  a  jugé  à  propos  d'adopter  une  disposition  différente. 

Mais  il  est  un  autre  point  sur  lequel  je  suis  plus  tenté 
de  lui  chercher  querelle. 

Par  la  transaction  d'Augsbourg,  les  obligations  réci- 
proques des  Pays-Bas  envers  l'Empire  et  de  l'Empire  envers 
les  Pays-Bas  furent  clairement  définies;  jusque-là,  surtout 
depuis  qu'il  avait  plu  à  Maximilien  d'ériger  nos  provinces 
en  cercle  de  Bourgogne  sans  leur  consentement  ni  leur 
participation,  elles  avaient  été  un  sujet  de  débats  inces- 
sants entre  les  deux  parties  :  les  Belges  ne  voulant  pas 
reconnaître,  ou  plutôt  ne  reconnaissant  que  pour  certaines 
portions  de  leur  territoire  la  suzeraineté  et  la  juridiction 
de  l'Empire,  et  l'Empire,  de  son  côté,  prétendant  que  ce 
territoire  tout  entier  lui  était  uni  par  les  liens  qui  atta- 
chaient le  vassal  au  suzerain.  Dans  le  narré  qu'il  fait  de 
ces  débats,  l'auteur,  qui  a  principalement  puisé  aux  sources 
germaniques,  se  prononce  toujours  pour  les  états  de  l'Em- 
|)ire;  j'en  citerai  quelques  exemples. 

Page  94  :  «  Le  lien  général  qui  rattachait  les  provinces 

»  belges  à  l'Empire  était  celui  de  la  vassalité Il  résulte 

»  de  plusieurs  actes  de  Charles-Quint  (actes  que  l'auteur 
D  ne  cite  pas)  qu'il  reconnaissait  en  droit  le  lien  féodal  qui 
3)  léguait  entre  ses  pays  héréditaires  en  Belgique  et  l'Em- 
»  pire.  » 

Page  95  :  «  Les  Pays-Bas  faisaient  partie  des  cercles 
»  de  l'Empire  :  la  Gueldre,  Zutphen  et  l  trecht  de  celui 


(  ^-'l  ) 

»  (Je  Westphalie,  loul  le  res(c  de  celui  de  Bourgogne >» 

Page  115.  A  propos  de  rinslruclion  donnée  pnr  la  reine 
Marie,  en  1542,  aux  députés  qu'elle  envoya  à  la  dièle  de 
^'uremherg  :  «  Elle  a  réfuté  les  prétentions  des  étals  de 
»  l'Empire  et  allégué  ses  propres  excuses.  Nous  n'avons 
»  pas  besoin  de  faire  observer  que  cette  réfutation  man- 
»   qnait  de  fondement.  » 

Page  133  :  «  L'exposé  que  nous  avons  fait  des  rapports 
»  entre  la  Belgique  et  les  empereurs  d'Allemagne  lémoi- 
»  gne  de  la  série  no)nbreuse  de  faits  évidents  que  les  états 
»  de  l'Empire  auraient  pu  invoquer  à  raj)pui  de  leurs  pré- 
))*  tentions,  etc.,  etc.  )^ 

J'engage  l'auteur  à  revoir  attentivement  les  passages  où 
il  est  question  des  démêlés  des  Pays-Bas  avec  l'Empire  ,  à 
peser  avec  soin  les  arguments  que  le  gouvernement  et  les 
états  des  provinces  belges  faisaient  valoir  à  l'appui  de  l'in- 
dépendance d'une  partie  de  ces  provinces  :  cette  révision 
l'amènera,  je  pense,  à  modilier  à  certains  égards  son 
opinion. 

Dans  un  travail  qui  a  exigé  des  recherches  aussi  consi- 
dérables et  qui  contient  autant  de  faits  que  celui  dont  nous 
nous  occupons,  il  est  bien  impossible  qu'il  ne  se  glisse  pas 
des  inexactitudes.  M.  Borgnet  en  a  signalé  plusieurs;  j'en 
signalerai  quelques-unes  à  mon  tour.  Presque  toutes,  elles 
doivent  être  mises  sur  le  compte  des  écrivains  allemands 
que  l'auteur  a  consultés. 

Page  72.  «  Peu  de  mois,  dit  l'auteur,  après  le  traité  de 
2>  Senlis  (23  mai  1493),  mourut  Frédéric  lll.  Maximilien 
»  remit  aussitôt  le  gouvernement  de  la  Belgique  à  son  fils 
»  l'archiduc  Philippe,  et  se  rendit  en  Allemagne.  »  Maxi- 
milien n'était  pas  en  Belgique  à  cette  é|)oque;  il  se  trouvait 
en  Allemagne  depuis  assez  longtemps. 


(  ^72  ) 

Page  80.  Ce  que  rapporte  l'auteur  à  propos  de  la  mort 
de  Philippe  le  Beau:  que  Maximilien  offrit  immédiatement 
aux  états  de  se  charger  de  la  tutelle  et  de  la  régence  pen- 
dant la  minorité  de  son  pelit-fds;  que  les  états  nommèrent 
un  conseil  de  régence  sous  les  auspices  du  roi  de  France; 
que  Maximilien  se  rendit  sur-le-champ  en  Belgique; 
qu'il  y  arrangea  les  affaires  à  la  satisfaction  de  tout  le 
monde;  que,  forcé  de  la  quitter  à  cause  de  la  situation 
de  l'Empire  ,  il  y  établit  comme  gouvernante  sa  fille 
Marguerite,  etc.,  tout  cela  manque  d'exactitude.  1/auteur 
trouvera  des  détails  précis  sur  ce  qui  se  passa  aux  états 
généraux  assemblés  à  Malines,  à  la  nouvelle  de  la  mort 
inopinée  de  l'archiduc  Philippe,  et  sur  l'installation  de 
l'archiduchesse  Marguerite  comme  régente  des  Pays-Bas, 
dans  les  Bullelins  de  l'Académie,  V  série,  t.  VI ,  pp.  446 
et  suiv.,  et  dans  la  Revue  de  Bruxelles,  cahier  de  no- 
vembre 1859,  p.  19. 

Page  128,  Parlant  du  voyage  que  la  reine  Marie  de 
Hongrie  fit  à  Augsbourg  en  lo47,  l'auteur  l'attribue  au 
désir  de  cette  princesse  «  de  suivre  de  plus  près  des  négo- 
»  dations  qui  l'intéressaient  au  plus  haut  degré  » ,  c'est-à- 
dire  celles  qui  avaient  pour  objet  une  transaction  avec  les 
états  de  l'Empire  relativement  aux  Pays-Bas,  et  il  ajoute  : 
G  Elle  s'y  rendit  peut-être  aussi  pour  aider  l'Empereur  dans 
»  un  projet  qu'il  caressait  depuis  quelque  temps,  à  savoir: 
»  la  démission  de  son  frère  Ferdinand  comme  roi  des 
»  Bomains  et  son  remplacement  par  son  fils  Philippe.  » 
Il  y  a  ici  trois  rectifications  à  faire.  1"  La  reine  Marie  se 
rendit  à  Augsbourg  en  1547 ,  non  dans  le  but  de  suivre  les 
négociations  avec  les  états  de  l'Empire,  mais  pour  des 
affaires  d'intérêt  qu'elle  avait  à  régler  avec  le  roi  Ferdi- 
nand, son  frère.  2"  Charles-Ouint  ne  songeait  pas  encore, 


(  475  ) 
en  ce  temps-là,  à  Taire  passer  la  couronne  impériale  sur 
la  tête  de  son  fils  :  ce  fut  seulement  après  le  voyage  du 
prince  Philippe  aux  Pays-Bas  que  l'idée  lui  en  vint  ou  lui 
en  fut  suggérée.  5°  Lorsqu'il  s'occupa  de  réaliser  ce  projet , 

se  garda  bien  de  demander  à  Ferdinand  sa  démission 
ou,  pour  parler  plus  correctement,  son  abdication;  c'eût 
été  lui  faire  une  sanglante  injure.  Ce  qu'il  demanda  et 
obtint  de  lui  fut  que  Ferdinand,  après  qu'il  serait  devenu 
empereur ,  s'emploierait  à  faire  élire  Philippe  roi  des 
Romains,  tandis  que  ce  dernier  s'engagerait,  pour  le  mo- 
ment où  à  son  tour  il  serait  parvenu  à  la  dignité  impériale, 
à  user  de  toute  son  influence  afin  que  la  dignité  de  roi  des 
Romains  fut  conférée  à  l'archiduc  Maximilien ,  fds  aîné  de 
Ferdinand. 

Page  lo4.  L'auteur,  à  propos  du  projet  que  conçut 
Charles-Quint  de  détacher  les  Pays-Bas  de  l'Espagne,  et 
d'en  former  un  État  indépendant  sous  le  sceptre  du  duc 
d'Orléans,  à  qui  il  aurait  donné  en  mariage  l'une  de  ses 
fdles  ou  de  ses  nièces,  dit  :  «Mais  les  ambassadeurs  de 
»  François  I*"'  jugèrent  que  cette  ofî're  était  trop  brillante 
p  pour  ne  pas  cacher  des  arrière-pensées  dont  il  fallait  se 
»  défier,  et  il  n'y  fut  point  donné  suite.  On  rapporte  en- 
»  core  que,  si  Charles-Quint  essaya  de  faire  renoncer  son 
»  frère  Ferdinand  à  l'éminente  dignité  de  roi  des  Romains, 
»  c'était  pour  le  mettre  à  la  tète  des  Pays-Bas.  »  Les 
écrivains  qui  rapportent  cela  ont  été  mal  informés  :  déjà 
j'ai  fait  observer  qu'il  ne  fut  jamais  question  de  la  renon- 
ciation de  Ferdinand  à  la  dignité  de  roi  des  Romains. 
Quant  aux  négociations  qui  eurent  lieu  relativement  au 
duc  d'Orléans,  le  traité  de  Crespy  laissait  à  l'empereur 
l'alternative  de  donner  au  duc  l'État  de  Milan  ou  les  Pays- 
Bas  :  Charles-Quint  aurait  préféré  la  cession  de  ces  der- 

2"*^  SÉRIE,  TOME  XXVII.  52 


(  474  ) 

nières  provinces  ;  mais  l'opposition  qu'il  rencontra  en 
Espagne  et  aux  Pays-Bas  même  le  força  en  quelque  sorte 
(le  se  prononcer  pour  celle  du  Milanais  (1). 

Page  m.  L'auteur  s'exprime  en  ces  termes  :  «  A 
»  partir  de  la  transaction  d'Augsbourg,  les  députés  du 
»  cercle  de  Bourgogne  furent  les  plus  proches  de  ceux 
»  d'Autriche,  de  sorte  qu'alternativement  ils  les  précé- 
»  daicnt,  ainsi  que  ceux  de  Tarchevéque  de  Salzbourg, 
»  ou  suivaient  les  uns  et  les  autres.  »  Ceci  n'est  pas  tout 
à  fait  conforme  à  ce  qui  s'observait  :  jamais  les  députés 
du  cercle  de  Bourgogne  ne  précédaient  ceux  d'Autriche, 
mais  ils  venaient  toujours  im.médiatement  après  eux, 
comme  nous  l'apprend  l'instruction  donnée  par  le  marquis 
de  Castel-Rodrigo ,  le  51  mai  1067,  à  l'abbé  de  Praecipiano 
et  au  conseiller  Philippi  qu'il  envoyait  à  la  diète  de  Ra- 
lisbonne.  11  résulte  de  la  même  instruction  que  les  dé- 
putés d'Autriche  et  ceux  du  prince  archevêque  de  Salz- 
bourg avaient  alternativement  le  directoire  du  collège  des 
princes,  et  la  première  voix  ou  suffrage  avec  la  première 
séance  au  banc  ecclésiastique,  qui  était  le  banc  supérieur, 
«  de  manière  que,  quand  Autriche  précédait  Salzbourg, 
»  le  député  de  Bourgogne  le  précédait  aussi,  et  au  con- 
»  traire,  quand  Autriche  suivait  Salzbourg,  Bourgogne 
»  le  suivait  aussi  (2).  »  _ 

Page  174.  Le  25  octobre  1555,  dit  l'auteur,  «Charles- 
j>  Quint  céda  à  son  fds  les  Pays-Bas  et  pria  son  frère 
»  Ferdinand,  toujours  roi  des  Romains  en  attendant  qu'il 


(1)  Trois  années  de  riiisluirc  de  C/iarlcs-Quint  (loiô-luiG),  elc, 
pp.  72  et  suiv. 

(2)  Bulletins  de  la  Commission   roi/alo  dliistuirc,  ô"*  série,  l    VIII, 
p.  400. 


(  4-75  ) 
»  clevîiil  empereur,  de  vouloir  bien  donner  l'investiture  à 
»  son  fils.  Philippe  devait  avoir  le  titre  de  vicaire  perpé- 
»  tuel  de  l'Empire  avec  plein  pouvoir  sur  tous  les  Pays- 
»  Bas.  Mais  Ferdinand  n'agréa  pas  cette  proposition.  »  Je 
ne  sais  d'où  l'auteur  a  tiré  ce  qu'il  avance  ici.  Comme  roi 
des  Romains,  Ferdinand  avait  déjà  donné  l'investiture  des 
Pays-Bas  à  Philippe  II,  le  4  avril  lool  (1),  et  il  n'avait 
pas  à  en  donner  d'autre  jusqu'à  ce  qu'il  fût  revêtu  de  la 
dignité  impériale.  Le  titre  de  vicaire  perpétuel  de  l'Em- 
pire aux  Pays-Bas  était  chose  inconnue  :  ni  il  n'eût  été  au 
pouvoir  de  Ferdinand  de  le  créer,  ni  Philippe  II  ne  l'eût 
certainement  accepté,  car  il  aurait  porté  atteinte  à  ses 
droits  de  souveraineté.  Une  \icairerie  fut  en  effet  conférée 
à  Philippe,  non  par  Ferdinand  ,  mais  par  Charles-Quint 
lui-même,  au  moment  où  il  allait  partir  pour  l'Espagne  : 
ce  fut  celle  de  l'P^mpire  en  Italie  (2).  De  là  peut-être  l'erreur 
dans  laquelle  l'auteur  est  tombé. 

Page  175,  on  lit  :  «  Lorsque  l'inquisition  eut  été  intro- 
»  duite  en  Belgique,  de  nombreuses  protestations  s'éle- 
»  vèrent  contre  cet  odieux  tribunal  et  contre  le  roi  Phi- 

»  lippe  II,  qui  l'imposait En  1557  et  1558,  pendant  la 

»  guerre  entre  la  France  et  l'Espagne,  les  états  belgiques 
»  engagèrent  le  roi  à  s'attacher  à  l'exécution  stricte  du 
»   traité  conclu  en  1548  par  son  père,  au  nom  des  pro- 

»  vinces  belges On  accusait  le  roi  de  manquer  de  parole 

j>  puisqu'il  avait,  dès  1556,  comme  prince  de  l'Empire, 
»  confirmé  en  Belgique  la  paix  de  religion  d'Augsbourg, 
»  et  l'avait  même  publiée  comme  édit  perpétuel.  »   Je 


(1)  Bulletins  de  l' Académie ^  2*=  série,  t.  XXIII,  p.  581. 

(2)  Retraite  el  mort  de  Charles-Quinl  mi  monastère  de  Yuste ,  Intro- 
duction, p  140. 


(  476  ) 
répéterai  d'abord  ici  ce  que  j'ai  démontré  ailleurs  :  que 
l'inquisition  ne  fut  pas  établie  dans  les  Pays-Bas  par  Pbi- 
lippe  ]J;  qu'elle  le  l'ut  par  Cbarles-Quint;  que  Philippe,  à 
son  avènement ,  se  borna  à  coniirmer  les  ordonnances  de 
l'empereur  sur  cette  matière  (1).  Je  dirai  ensuite  que  les 
états  généraux  de  1557  et  1558  n'invoquèrent  pas  la  con- 
vention  d'Augsbourg  par  rapport  à  l'inquisition  ,  mais 
qu'ils  demandèrent  qu'elle  fut  observée  par  le  saint-empire 
comme  elle  l'avait  été  du  côté  des  Pays-Bas,  «  attendu  que 
»  par  icelle  cesdicts  pays  dévoient,  sans  gros  frais  et  des- 
»  pens,  être  perpétuellement  tenus  soubz  la  garde,  ayde 
»  et  deffense  dudict  saint-empire  (2).  »  11  se  passa  même, 
dans  cette  assemblée  nationale,  au  sujet  de  l'inquisition, 
un  fait  qui  mérite  d'être  rapporté.  A  la  séance  du  8  avril 
1558,  les  députés  de  Hollande  demandèrent  que  le  pouvoir 
des  inquisiteurs  fût  limité  selon  le  droit  canon  ;  ils  ne  furent 
enswjris  de  personne  :  les  raisons  en  sont  déduites  dans 
une  relation  que  j'ai  publiée  de  cette  assemblée  (5).  Quant 
à  la  publication  qui  aurait  été  faite  aux  Pays-Bas  de  la  paix 
de  religion  d'Augsbourg,  ni  nos  recueils  de  placards  ni  nos 
archives  n'en  offrent  de  trace. 

Je  rétablirai  encore  quelques  petits  faits,  pour  prouver 
à  l'auteur  que  j'ai  lu  son  travail  avec  toute  l'attention  qu'il 
mérite  : 

1"  Charles-Quint  ne  diftera  point  son  premier  voyage 


(1)  Correspondance  de  Philippe  11  sur  les  affaires  des  Pays-Bas,  1.  I, 
pp.  cviii  et  cxxv. 

(2)  Des  anciennes  assemblées  nationales  de  la  liclgique,  dans  la  lievtie 
de  Bruxelles,  caliiertlo  décembre  1850,  p.  12. 

(3)  Bulletins  de  la  Commission  l'oyale  d'/iisloire  ,  ô'"  série,  I.  VIII. 
pp.  Ô02  el  Ô03. 


(  ^^77  ) 
en  Espagne  jusqu'au  mois  de  septembre  iol7,  «  parce 
»  qu'il  se  plaisait  en  Belgique  »  (p.  85),  mais  parce  que  des 
aflaires  importantes  l'y  retenaient  malgré  lui,  car  il  était 
impatient  d'aller  prendre  possession  des  couronnes  de  Cas- 
tille  et  d'Aragon. 

2'  Philippe  de  Bourgogne,  iils  naturel  de  Philippe  le 
Bon  et  évèque  d'Utrecht,  ne  fut  point  «  grand  amiral  des 
»  Pays-Bas  »  (p.  89);  cette  charge  eût  été  par  trop  incom- 
patible avec  la  dignité  et  les  fonctions  épiscopales  :  Vaini- 
ral  de  la  mer  (ainsi  l'on  qualifiait  officiellement  le  chef  de 
la  marine  belge)  était,  à  cette  époque,  Adolphe  de  Bour- 
gogne, seigneur  de  Beveren,  de  la  Vere,  de  Flessin- 
gue,  etc. 

o"  Charles-Quint  ne  repartit  pas  de  Ratisbonne  pour  la 
Belgique  le  13  août  1546  (p.  126)  :  il  quitta  cette  ville  im- 
périale le  o  août,  pour  entrer  en  campagne  contre  les  pro- 
testants de  la  Germanie. 

4"  Le  grand  conseil  de  Malines  n'était  pas  une  juridic- 
tion en  dernier  ressort  pour  tous  les  conseils  provinciaux 
(p.  loo)  :  les  conseils  de  Brabant,  de  Hainaut  et  de  Gueldre 
étaient  des  cours  souveraines. 

S''  La  transaction  d'Augsbourg  ne  stipula  point  et  ne 
pouvait  point  stipuler,  car  la  diète  de  l'Empire  n'avait  rien 
à  statuer  en  cette  matière,  la  «  réunion  des  dix-sept  pro- 
»  vinces  des  Pays-Bas  sous  le  même  sceptre  (p.  17o). 

6"  L'intervention  de  l'empereur  Rodolphe  II  «  ne  con- 
»  tribua  pas  puissamment  à  faire  admettre  par  les  états 
généraux,  en  1577,  l'édit  perpétuel  de  don  Juan  d'Au- 
»  triche  »  (p.  187)  :  les  états  n'avaient  garde  de  se  montrer 
difficiles  à  cet  égard,  l'édit  ou  plutôt  le  traité  de  Marche 
leur  ayant  donné  une  satisfaction  complète.  Tout  ce  que 
firent  les  députés  de  l'empereur  fut  de  s'employer  auprès 


(  178  ) 
des  deux  parties  pour  amener  un  accommodement  entre 
elles. 

5°  Enfin  ce  ne  fut  pas  don  Francisco  de  Mello  qui  en- 
voya des  députés  à  la  diète  de  Ratisbonne  de  1640,  pour 
y  intervenir  au  nom  du  cercle  de  Bourgogne  (p.  208);  ce 
fut  le  cardinal  infant,  frère  de  Philippe  IV  :  Mello,  en  ce 
temps-là,  n'exerçait  aucune  autorité  dans  les  Pays-Bas. 

Les  légères  imperfections  que  je  viens  de  mettre  sous 
les  yeux  de  la  classe  n'empêchent  pas  que  le  mémoire  pré- 
senté au  concours  ne  soit  un  bon  et  solide  travail;  que  la 
question  des  rapports  politiques  des  anciens  Pays-Bas  avec 
l'Allemagne  n'y  soit  envisagée  sous  ses  diverses  faces  et 
résolue  d'une  manière  qui  peut  être  considérée  comme  très- 
satisfaisante;  enfin  qu'il  ne  comble  une  lacune  considé- 
rable dans  notre  histoire. 

Je  passe  sur  des  négligences  de  style  qui  s'y  rencontrent 
çà  et  là,  et  qu'il  sera  aisé  de  faire  disparaître.  Seulement, 
à  propos  de  style,  je  ferai  une  remarque.  Dans  plusieurs 
endroits,  l'auteur  se  sert  des  termes  la  monarchie  alle- 
mande (pp.  51,  69,  150,  257),  la  monarchie  germanique 
(p.  200),  ou  la  monarchie  tout  court  (pp.  75,  75),  pour 
désigner  l'empire  d'Allemagne.  Je  ne  sais  pas  si  ces  expres- 
sions sont  correctes.  Je  ne  me  souviens  point  de  les  avoir 
vues  employées  par  des  écrivains  qui  font  autorité. 

Ma  conclusion  sera  la  même  que  celle  de  mon  honorable 
confrère  M.  Borgnet. 

Je  propose  que  le  prix  d'histoire  fondé  par  feu  le  baron 
de  Stassart  soit  décerné  à  l'auteur  du  mémoire,  et  qu'il  soit 
donné  place  à  ce  mémoire  dans  le  recueil  des  publications 
de  l'Académie,  sous  la  réserve  des  corrections  que  M.  Bor- 
gnet et  moi  nous  avons  indiquées.  » 


(  "f>  ) 


Rappot't   de    .?#.  Th.  Jttêtc. 

€  C'csl  avec  empressement  que  je  me  rallie  aux  con- 
clusions de  mes  honorables  confrères  MM.  Borgnet  et 
Gachard.  D'accord  avec  eux,  je  propose  que  le  prix  fondé 
par  feu  le  baron  de  Stassart  soit  décerné  au  mémoire 
portant  pour  devise  :  Plus  ultra!  et  qu'il  soit  donné  place 
à  cet  important  travail  dans  le  recueil  des  publications 
académiques.  Malgré  des  imperfections,  presque  inévi- 
tables, d'ailleurs,  dans  une  composition  aussi  vaste,  le 
mémoire,  que  nous  avons  été  appelés  à  juger,  mérite,  ce 
me  semble,  la  récompense  dont  l'Académie  dispose,  grâce 
à  la  libéralité  d'un  de  ses  membres.  Fondé  pour  ranimer 
et  entretenir  le  goût  des  études  sérieuses,  le  prix  Slassart 
recevra  un  légitime  emploi.  En  effet,  l'ouvrage  auquel 
nous  voulons  le  décerner  est  un  exposé  complet,  à  la  fois 
savant  et  méthodique,  des  rapports  qui  existèrent  pendant 
plus  de  neuf  siècles  entre  les  provinces  belges  et  l'empire 
d'Allemagne.  Un  pareil  travail  atteste  incontestablement 
un  vif  amour  de  la  science  et  même  une  sorte  de  vocation, 
privilège  bien  rare  à  cette  époque  où  l'on  est  peu  sensible, 
en  général,  à  la  gloire  des  lettres  et  à  l'influence  qu'elles 
doivent  exercer. 

Je  n'ai  pas.  Messieurs,  a  reproduire  ici  les  considérations 
si  bien  développées  par  MM.  Borgnet  et  Gachard.  Me 
référant  aux  appréciations  judicieuses  de  ces  savants 
collègues,  je  crois  pouvoir  me  borner  à  un  rapide  coup 
d'œil  sur  les  passages  du  mémoire  qui,  à  mon  sens,  méri- 
tent une  attention  particulière. 


(  i80  ) 

Déjà,  dans  un  rapport  précédent  (1),  j'ai  signalé  des 
particularités  vraiment  neuves  et  intéressantes  sur  les 
négociations  qui  devaient  avoir  pour  but  de  faire  de 
Philippe  le  Bon  un  roi  indépendant.  Or,  la  transition  entre 
cet  exposé  si  remarquable  et  le  récit  des  tentatives  de 
Charles  le  Téméraire  pour  réaliser  les  projets  de  son  père, 
en  fondant  définitivement  le  royaume  de  la  Gaule-Bel- 
gique, ne  me  paraît  pas  heureuse.  Une  citation,  empruntée 
à  V Histoire  des  ducs  de  Bourgogne  de  M.  de  Barante,  ne 
fournit  pas  des  notions  assez  précises  sur  les  préliminaires 
des  scènes  imprévues  dont  Trêves  fut  le  théâtre. 

Quelques  faits  se  rattachant  à  la  minorité  de  Charles- 
Quint  mériteraient  aussi  d'être  éclaircis.  Par  contre,  je 
signalerai  une  forte  appréciation  du  célèbre  empereur 
qui,  de  nos  jours,  est  le  sujet  de  jugements  si  divers. 

On  peut  dire  de  lui  qu'il  n'a  point  réussi  dans  toutes  ses 
entreprises.  Mais  a-l-il  échoué  partout  et  toujours?  Qui 
oserait  le  prétendre?  Par  des  efforts  persévérants,  par  une 
héroïque  obstination,  il  a  refoulé  les  Ottomans  et  contenu 
les  Français;  sans  la  persévérance,  sans  la  ténacité  de 
Charles-Quint,  Vienne,  Bome  peut-être  auraient  été  enva- 
hies par  les  sectateurs  de  Mahomet,  et  la  bannière  aux 
ileurs  de  lis  arhorée  sur  le  beffroi  de  Gand  et  sur  les  tours 
de  Bruxelles.  C'est  contre  ce  double  danger  que  Charles- 
Quint  voulait  se  prémunir  en  faisant  négocier  la  trans- 
action d'Augshourg.   Il  voulait  procurer  à  l'empire   de 
nouveaux  auxiliaires  contre  les  Turcs  et'aux  Pays-Bas  une 
protection  efficace  contre   la  France.   Tel   était   l'objet 
principal  du  traité  conclu  le  26  juin  1548,  après  de  labo- 


(1)  Bulletins  (h  l'Académie,  2'"«"  série,  l.  XXIU,  pa.^e  lilli. 


(  m  ) 

rieuses  négociations  que  l'auteur  du  mémoire  a  su  retracer 
avec  une  grande  clarté,  en  se  servant  des  archives  alle- 
mandes et  belges.  Il  adopte  l'opinion  que  Puffendorf 
exprimait  en  ces  termes  :  «  I.e  but  principal  de  Charles- 
Quint  était  d'obliger  l'empire  de  protéger  les  provinces 
belges  continuellement  exposées  aux  attaques  de  la  France, 
tout  en  les  plaçant  à  l'égard  de  l'empire  dans  une  position 
àHndépendance  politique.  » 

Il  nous  semble  cependant  que  l'auteur  du  mémoire 
attache  trop  d'importance  au  projet  qu'aurait  eu  Charles- 
Quint  d'affermir  cette  indépendance  politique  en  donnant 
pour  souverain  aux  Pays-Bas  le  jeune  duc  d'Orléans, 
second  fils  de  François  I".  La  vérité  est  que  Charles-Quint 
aima  mieux  voir  l'influence  française  se  forlilier  au  delà 
des  Alpes  que  prédominer  sur  la  Meuse  et  l'Escaut.  En 
effet,  le  traité  de  Crespy,du  18  septembre  1544,  portait  en 
substance  que  l'empereur  donnerait  en  mariage  au  duc 
d'Orléans  sa  fdle  aînée,  ou  la  seconde  (ille  de  son  frère 
Ferdinand;  que,  si  c'était  sa  propre  lille,  il  lui  céderait,  à 
titre  de  dot,  les  provinces  des  Pays-Bas  en  toute  souve- 
raineté, pour  passer  aux  enfants  mâles  qui  naîtraient  de  ce 
mariage;  que,  s'il  préférait  de  donner  sa  nièce,  elle  appor- 
terait à  son  mari  l'investiture  du  duché  de  Milan,  avec  ses 
dépendances;  que  l'empereur  déclarerait,  dans  l'espace  de 
quatre  mois,  le  choix  qu'il  aurait  fait  entre  les  deux  prin- 
cesses. Or,  au  temps  prescrit  par  le  traité,  Charles  déclara 
l'intention  où  il  était  de  «  donner  en  mariage  au  duc 
d'Orléans  la  fdle  de  Ferdinand,  avec  le  Milanais.  »  Au 
surplus,  dans  le  temps  même  où  ce  mariage  devait  s'ac- 
complir, le  jeune  duc  d'Orléans  mourut  d'une  fièvre  maligne 
(8  septembre  lo4o). 

Grand  admirateur  de  Charles-Quint,  l'auteur  du  mé- 


(  182  ) 

moire  blâme  la  politique  inepte  de  Philippe  11.  11  est 
incontestable  que  cette  politique  fut  désastreuse  et  pour 
l'Espagne  et  pour  les  Pays-Bas.  Mais  quand  l'auteur  parle 
de  la  défeclion  des  provinces  du  Nord,  nous  croyons  que 
cette  expression  ne  traduit  plus  exactement  sa  pensée;  car 
la  politique  inepte,  la  domination  violente  de  Philippe  11 
légitimait  assurément  la  révolution  dont  les  Belges  eux- 
mêmes  prirent  l'initiative. 

On  trouvera  dans  le  mémoire  des  détails  intéressants 
sur  les  dispositions  de  l'Allemagne  pendant  la  lutte  que 
les  Pays-Bas  soutinrent  contre  le  fils  de  Charles-Quint.  Les 
révoltés  réclamaient  la  protection,  l'intervention  de  l'em- 
pire auquel  ils  étaient  rattachés  par  la  transaction  d'Augs- 
bourg  :  cette  protection  leur  manquant,  ils  recherchèrent 
l'appui  de  la  France  et  de  l'Angleterre.  L'auteur  du  mé- 
moire rappelle  les  démarches  des  Nassau  et  de  Marnix 
de  Sainte-Aldegonde  près  de  Charles  IX,  de  Henri  111  et 
d'Elisabeth.  Mais  ce  dernier  épisode  pourrait  être  revu 
avec  fruit. 

La  dernière  partie  du  mémoire  sera  également  lue  avec 
un  vif  intérêt.  L'auteur  recherche  soigneusement  les  cau- 
ses de  l'inefficacité  de  la  transaction  d'Augsbourg  :  pour- 
quoi ces  provinces,  si  bien  appelées  le  boulevard  ou 
l'avant-mur  de  la  Germanie,  furent-elles  si  mal  défendues 
ou  protégées?  «  Ce  qu'il  faut  reconnaître  à  la  décharge  de 
nos  pères,  dit  l'auteur,  c'est  qu'ils  ont  lutté  jusqu'au 
dernier  moment  pour  rester  fidèles  à  leurs  obligations, 
tandis  qu'à  aucune  époque  les  états  de  l'empire  ne  leur 
accordèrent  la  réciprocité.  »  Oui,  il  faut  malheureusement 
reconnaître  que,  au  XVI'  et  au  XVII'"  siècles,  l'enipire 
faillit  à  ses  obligations  envers  les  Pays-Bas.  Tandis  que 
Louis  XIV  démembrait  notre  patrie,  l'empire  ne  montrait 


(  483  ) 
aucune  ardeur  pour  l'arracher  au  conquérant.  François 
Brocquart,  assesseur  près  la  chambre  impériale  de  Spire, 
signalait  en  1662  la  vraie  cause  de  cette  indiflerence.  «  La 
l'action  de  France,  disait-il,  est  présentement  assez  grande 
en  Allemagne  (1).  »  En  effet,  Mazarin,  comme  le  rappelle 
Fauteur  du  mémoire,  avait  formé  avec  les  trois  électeurs 
ecclésiastiques  dont  les  états  étaient  sur  la  rive  gauche  du 
Rhin,  et  avec  les  maisons  de  Bavière,  de  Hesse,  de  Bruns- 
wick une  ligue  dite  du  Rhin,  qui  mettait  tous  ces  princes 
dans  la  dépendance  et  à  la  solde  du  roi  de  France.  Broc- 
quart  écrivait  au  gouvernement  des  Pays-Pas  le  2o  mai 
1665:  «  L'empereur  Charles  V,  par  le  susdit  accord  de 
»  l'an  lois  (jugeant  déjà  dès  lors  combien  le  secours 
5>  d'empire  importait  aux  Pays-Bas),  se  l'est  fait  promettre 
»  contre  tous  ennemis  qui  les  voudraient  attaquer,  ce  que 
»  la  France  (trouvant  par  expérience  que  ce  secours  l'in- 
»  commodait  fort)  avait  fait  changer  parle  traité  de  paix 
»  d'empire  de  l'an  1648  et  par  la  capitulation  de  S.  M.  I. 
»  moderne,  où  il  a  été  convenu  expressément  que  pen- 
»  dant  la  guerre  entre  les  deux  couronnes  on  ne  donne- 
»  rait  aucun  secours  ni  directement  ni  indirectement  à 
»  l'état  des  Pays-Bas.  »  Le  prévoyant  envoyé  exprimait 
l'opinion  que  la  transaction  de  1548  devrait  être  remise  en 
vigueur  et  qu'il  fallait  en  faire  très-formellement  la  de- 
mande à  la  diète  convoquée  à  Ratisbonne. 

Mais  l'Espagne  allait  voir  un  règne  plus  déplorable 
encore  que  celui  de  Philippe  IV.  Le  misérable  gouverne- 
ment de  Charles  II  ne  savait  faire  respecter  ni  ses  posses- 
sions ni  ses  mandataires.  Il  laissait   dans   un   honteux 


(1)  Mémoire,  fol.  237. 


(  48  i  ) 

dénùmenl  les  plénipotentiaires  du  cercle  de  Bourgogne  à 
la  diète  impériale.  Ceux-ci  écrivaient  le  4  août  J671  : 
«  11  ne  nous  est  plus  possible  de  subsister  ici  plus  long- 
»  temps  pour  être  en  arrière  d'une  année  entière  de  nos 
B  appointements;...  nos  créanciers,  qui  ne  veulent  plus 
»  avoir  de  patience,  ne  manqueront  pas  de  nous  faire 
»  assaut  au  premier  jour,  ce  qui  véritablement  porterait 
»  coup  au  royal  service,  outre  que  nostre  équipage  estant 
»  entièrement  ruiné,  nous  allons  bientôt  estre  exposés  à 
»  la  risée  de  nos  adversaires  (1).  » 

Louis  de  Laneuveforge,  Luxembourgeois,  qui  succéda 
à  ces  plénipotentiaires  besogneux,  resta  pendant  un  quart 
de  siècle  dans  le  plus  désagréable  des  posles  diploma- 
tiques. Il  était  entreprenant  et  habile.  «  Si  le  cercle  de 
Bourgogne,  dit  l'auteur  du  mémoire,  ne  fut  pas  séparé  de 
l'empire,  c'est  à  son  habileté  supérieure  qu'en  revient  le 
mérite.  »  Henri  de  Laneuveforge,  fils  du  précédent,  fut 
le  dernier  député  du  cercle  de  Bourgogne  à  la  diète  de 
l'empire;  depuis  Favénement  de  Charles  Vf,  les  Pays-Bas 
y  eurent  pour  représentant  l'envoyé  d'Autriche. 

Nous  voudrions  emprunter  encore  d'autres  particula- 
rités à  la  savante  monographie  que  nous  avons  sous  les 
yeux.  Mais  celles  que  nous  avons  citées  suffiront  pour 
éveiller  la  curiosité. 

Une  dernière  observation.  Parlant  des  incidents  diplo- 
matiques qui  se  rattachent  à  la  révolution  belge  de  1790, 
Fauteur  dit  :  «  On  ne  peut  trop  définir  quelles  étaient 
les  vues  cachées  du  cabinet  de  Berlin.  »  Je  pense,  au 
contraire,  que  les  projets,  les  arrière-pensées  de  la  Prusse 


(1)  Mémoire,  loi.  2ôô. 


(  485  ) 

ont  été  pleinement  divulgués  dans  la  correspondance  de 
Van  deSpiegel,  grand  pensionnaire  de  Hollande.  Les  ou- 
vrages de  notre  honorable  confrère  M.  Borgnet  sur  les 
révolutions  du  Brabant  et  de  Liège  ont  également  con- 
tribué à  dissiper  les  ténèbres  qui  couvraient  les  délibéra- 
tions et  les  résolutions  du  cabinet  de  Berlin. 

Ces  remarques  n'enlèvent  rien,  d'ailleurs,  au  mérite 
incontestable  du  mémoire.  En  ratifiant  nos  propositions, 
la  classe,  qu'elle  me  permette  de  le  répéter,  récompensera 
un  travail  utile  et  national.  » 

Conformément  aux  conclusions  favorables  des  trois  rap- 
porteurs, la  classe  vote  le  grand  prix  de  Stassart  au 
mémoire  portant  pour  devise  :  Plus  ultra!  L'ouverture  du 
billet  cacheté  annonce  comme  auteur  M.  Emile  de  Borch- 
grave,  secrétaire  de  légation  de  première  classe  et  chef  de 
bureau  au  ministère  des  affaires  étrangères. 

La  proclamation  des  résultats  de  ces  concours  aura  lieu 
en  séance  publique  de  la  classe. 


COMMUNICATIONS  ET  LECTURES. 


Quelques  mots  sur  la  question  de  Jeanne  la  Folle,  par 
M.  Gachard ,  membre  de  l'Académie. 

Dans  la  séance  du  1'"'  mars  dernier,  j'ai  eu  l'honneur 
de  rendre  compte  à  la  classe  du  recueil  de  documents 
publié  par  feu  M.  Bergenroth  concernant  Jeanne  la  Folle. 

Je  l'ai  fait,  j'en  prends  la  classe  à  témoin,  avec   la 


(  486  ) 

conscience  et  l'imparlialité  qui  conviennent  à  tout  ami  de 
la  vérité  historique. 

Un  savant  professeur  de  l'université  de  Bruxelles,  dans 
deux  conférences  publiques,  a  examiné  à  son  tour  ce  re- 
cueil de  documents,  et  il  en  a  tiré  des  déductions  entière- 
ment opposées  aux  miennes. 

En  France,  en  Angleterre,  en  Allemagne,  la  question 
que  soulève  la  publication  de  M.  Bergenroth  a  aussi  été 
discutée,  et  a  donné  lieu  à  des  solutions  diverses. 

Dans  ces  circonslances,  je  pense  que  la  classe  ne  me 
saura  pas  mauvais  gré  de  lui  communiquer  l'opinion  d'un 
des  premiers  historiens  de  notre  temps ,  d'un  des  hommes 
les  plus  compétents  en  matière  d'appréciation  de  docu- 
ments historiques.  Voici  ce  que  m'écrit  M.  Mignet,  à  qui 
j'ai  soumis  le  travail  que  la  classe  a  bien  voulu  faire  in- 
sérer dans  ses  Bulletins  :  «  Quant  à  votre  travail  sur  Jeanne 
»  la  Folle  et  à  l'examen  des  singulières  interprétations 
»  que  M.  Bergenroth  donne  de  certaines  phrases  des  do- 
»  cuments  qu'il  a  publiés,  vous  avez  cent  mille  fois 
»  raison.  Après  vous  avoir  lu,  personne  ne  sera  tenté  de 
»  partager  l'étrange  opinion  de  M.  Bergenroth.  Je  vous 
»  remercie  d'avoir  rétabli  et  affermi  à  cet  égard  la  vieille 
»  et  jusqu'ici  incontestée  vérité  de  l'histoire.  » 

Dans  ma  communication  du  I"  mars,  j'ai  fait  remar- 
quer à  la  classe  que  le  recueil  de  documents  de  M.  Ber- 
genroth ne  se  composait  que  de  fragments  de  correspon- 
dances; qu'on  y  trouvait  seulement  quatre  lettres  de 
Charles-Quint;  qu'il  y  en  avait  dix  en  tout  du  marquis  de 
Dénia  pour  les  années  1521  à  1501.  Je  me  suis  empressé 
d'ajouter  que  cette  remarque  n'était  pas  une  critique  à 
l'adresse  de  M.  Bergenroth;  que  ce  n'était  pas  la  faute  de 


(  187  ) 

ce  savant  si  des  lacunes  existaient  dans  les  séries  de  pièces 
que  renferme  le  dépôt  de  Simancas. 

Il  paraît  que  je  me  suis  trompé,  et  si  j'en  éprouve  un 
vif  regret,  ce  n'est  pas  pour  moi.  Voici  une  lettre  de  don 
Manuel  Murguia,  directeur  des  Archives  générales  de 
Simancas,  de  laquelle  il  résulte  que  M.  Bcrgenroth  n'a 
pas  publié,  à  beaucoup  près ,  tous  les  documents  relatifs  à 
la  reine  Jeanne  qui  sont  conservés  dans  ce  dépôt.  Jl  en 
résulte  encore  que,  des  documents  dont  il  a  fait  choix, 
M.  Bcrgenroth  a  retranché  ce  qu'il  a  jugé  à  propos  de  n'y 
pas  comprendre  (1),  et  que,  après  vérilication,  plusieurs 
inexactitudes  ont  été  constatées  dans  les  textes  donnés  par 
lui  (2). 

Les  passages  retranchés,  les  inexactitudes  commises, 
sont-ils  de  nature  à  modifier,  d'une  manière  plus  ou  moins 
sensible,  la  signification  de  ces  textes?  C'est  ce  que  la 
lettre  de  don  Manuel  Murguia  ne  dit  pas  et  sur  quoi  je 
vais  le  prier  de  vouloir  me  donner  de  nouveaux  éclair- 
cissements. 

J'aurai  donc  l'occasion  de  revenir  sur. ce  sujet. 


(1)  «  ....  De  los  docunienlos  que  copié  callando  lo  que  le  pareciô  o[»or- 
Uino....  » 

(2)  «  ....  Se  ha  colejadoel  suplemenlo  de  la  obra  del  .senor  Bergcnrolli 
cou  les  documentos,  y  resuUan  algunas  diferencias.  » 


(  188 


Notice  sur  deux  fracjmenls  manuscrits  de  poésies  thyoises 
de  la  fin  du  XIIP  siècle  (le  Bestiaire  d'amours  et  l'Art 
d'aimer  d'Ovide);  par  M.  Bormaiis,  memijre  de  l'Aca- 
démie. 

En  faisant,  la  semaine  passée,  l'inventaire  de  quelques 
liasses  de  vieux  |  ipiers  et  parchemins  restés  dans  leurs 
enveloppes  depuis  mon  dernier  déménagement,  j'ai  re- 
trouvé deux  fragments  d'anciennes  poésies  thyoises  com- 
prenant ensemble  deux  cent  et  huit  vers  qui,  sans  avoir 
une  grande  valeur  poétique  en  eux-mêmes,  m'ont  paru 
être  assez  curieux  et  importants  au  point  de  vue  de  notre 
histoire  littéraire  et  de  la  connaissance  de  notre  langue  au 
moyen  âge ,  pour  que  je  me  sois  fait  un  devoir  de  les  copier 
et  de  prier  la  classe  de  m'aider  à  les  sauver  de  l'oubli  en 
leur  accordant  une  petite  place  dans  ses  Bulletins. 

Ce  sont  deux  .feuillets  de  parchemin  in-4°,  à  deux  co- 
lonnes d'écrilure,  qui  contiendraient  chacune  trente-six 
lignes,  si  le  copiste  n'y  avait  pas,  d'espace  en  espace,  mé- 
nagé des  blancs  de  quatre  à  huit  ou  dix  vers  pour  placer 
les  images  ou  illustrations  que  le  texte  était  destiné  à  rece- 
voir, comme  elles  existent  dans  une  vieille  édition  fran- 
çaise, probablement  du  même  livre,  que  je  citerai  tantôt 
d'après  Brunet. 

Ces  fragments  ont  appartenu  à  deux  poëmes  distincts, 
de  l'un  desquels,  qui  est  un  Bestiaire,  ils  nous  ont  con- 
servé 127  vers  du  milieu  et  G8  de  la  fin ,  car  ils  ne  se  sui- 
vent pas  et,  entre  le  premier  et  le  second  feuillet,  il  y  a  une 
plus  ou  moins  grande  lacune.  De  l'autre  poëme  il  ne  reste 


'i 


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emèÈmM 


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^-  4;,;îat|  \\v.l  tl«;u;^nr  ■.-quitte 


-à  , 


F?vci-so  dun  fraçmenl  de  i 


(  m)  ) 

plus  que  le  titre  et  les  dix  premiers  vers  qui  se  trouvent 
au  bas  de  la  dernière  colonne  et  terminent  la  page  après 
VExplicit  du  poème  précédent.  Entre  les  deux  parties,  le 
milieu  de  la  colonne  a  de  nouveau  été  laissé  en  blanc  sur 
une  assez  grande  hauteur,  pour  uiie  miniature  relative, 
sans  doute,  au  sujet  de  l'ouvrage  qui  venait  après  et  qui 
était  une  traduction  de  VArl  cVaimer  d'Ovide,  faite  d'après 
un  modèle  français. 

Les  initiales  des  paragraphes  n'ont  rien  de  remarqua- 
ble. Les  plus  grandes  sont  de  forme  romaine  et  ronges, 
les  autres  sont  des  bâtardes  de  fantaisie  en  encre  noire. 
Les  premières  lettres  des  vers  sont  des  majuscules  sépa- 
rées, enluminées  d'un  trait  de  minium. 

Les  feuillets  ont  été  détachés  des  ais  de  chêne  d'une  cou- 
verture de  livre  et  portent  encore  l'un  au  recto,  l'autre  au 
verso,  les  traces  de  la  colle  et  l'empreinte  brunâtre  des 
bords  du  cuir  replié  à  l'intérieur.  Ces  parties  ont  beaucoup 
souffert^  et  comme  l'orthographe  insolite  du  texte  me  dé- 
fendait de  recourir  à  des  conjectures,  quelque  plausibles 
qu'elles  parussent,  je  me  suis  donné  beaucoup  de  peine 
pour  les  déchiffrer.  La  page  que  je  présente  pour  en  obte- 
nir un  fac-similé,  quoique  la  moins  dégradée  et  la  plus 
lisible  des  quatre,  permettra  au  lecteur  de  juger  quel 
genre  de  difficultés  j'ai  eu  à  vaincre.  Les  plus  grandes  ne 
consistaient  pas  dans  la  ligne  laissée  par  le  pli  du  parche- 
min dans  le  dos  du  volume  ni  dans  les  déchirures  produites 
par  l'aiguille  et  le  fil  du  relieur;  dans  de  pareils  endroits, 
on  est  aidé,  au  recto,  par  les  initiales  majuscules  et,  au 
verso,  par  la  rime  de  chaque  vers,  et  Ion  est  trop  bien 
averti  pour  ne  pas  se  mettre  en  garde  contre  le  danger  de 
se  tromper.  Aussi  je  réponds  de  l'exactitude  de  mes  resti- 
tutions là  comme  dans  le  reste,  à  l'exception  de  deux  ou 

2*"'  SÉniE,  TOME  XXVI I.  55 


(  190  ) 

trois  passages  que  j'ai  soulignés  comme  élaiil  d'une  Icclure 
moins  certaine. 

Le  titre  indiquant  le  sujet  du  premier  poëme  nous  est 
révélé  à  la  fin  de  ce  fragment  dans  sa  souscription  en 
grandes  lettres  :  Expljcit  die  Beestearis  (s/c).  En  voyant 
ces  mots,  j'ai  naturellement  d'abord  pensé  que  j'avais  ren- 
contré un  nouveau  débris  de  quelque  manuscrit  du  Bes- 
tiaris,  plus  connu  sous  le  nom  de  ?\aturen  Bloeme,  de 
Maerlant;  mais  à  peine  en  eus-je  lu  une  demi-douzaine  de 
vers,  que  je  reconnus  mon  erreur  :  les  deux  ouvrages  n'ont 
jamais  rien  eu  de  commun  que  le  titre.  Il  ne  me  fut  pas 
moins  facile  de  me  convaincre  que  mon  fragment  n'avait 
pas  davantage  pu  appartenir  au  Besiiaris  de  Willem  Uten- 
hove  cité  par  Maerlant,  qui  lui  reproche  de  s'être  égaré  à 
la  suite  d'un  modèle  français  trop  peu  exact.  iSaluron 
Bloeme,  I,  vs.  101  : 

le  hebt  belooft,  en  wilt  ghelden..., 

Te  dichlene  enen  Besiiaris  ; 

Nocbtan  wetie  wel  dat  waer  is, 

Dat  her  Willem  IJten  Hove, 

Een  priesler  van  goeden  love, 

Van  Aerdenborcli,  enon  heeft  glieniaecl  ; 

Maer  lii  wasser  in  ontraect  : 

Want  bine  uten  walscbe  dicbto, 

Dies  wart  hi  onlleit  le  lichle 

Eiî  beefl  dal  warc  bcglievon 

Quoique  notre  fragment  provienne  évidemment  aussi 
d'ini  livre  traduit  du  français,  la  condition  de  prêtre  que 
Maerlant  assigne  à  her  Willem  Utenhove  et  l'honorable 
témoignage  qu'il  accorde  en  cette  qualité  à  ce  brave  homme 
qu'il  a  peut-être  connu  personnellement,  ne  permettent 
pis  de  croire  qu'il  s'agisse  d'une  même  composition.  Notre 
fragment  représente  un  poêle  amoureux  qui  a  trouvé  ingé- 


(  i94  ) 

iiieux  de  peindre  l'étal  de  son  cœur,  ses  vœnx ,  ses  craintes 
et  ses  espérances  dans  une  suite  de  comparaisons  ou  d'allé- 
gories empruntées  aux  mœurs  et  aux  propriétés  vraies  ou 
fictives  de  différents  animaux,  parmi  lesquels  je  trouve  le 
grillon,  le  rossignol,  le  cygne,  le  chien,  le  loup,  le  ser- 
pent, le  vautour  et  la  panthère,  dont  il  n'ouhlie  pas  de  tirer 
aussi, en  passant,  des  applications  à  l'égard  des  femmes.  Il 
n'y  a  rien  dans  tout  cela  ni  dans  la  manière  dont  les  détails 
sont  traités  qui  convienne  au  caractère  attribué  au  poète 
d'Aerdenborch. 

Il  y  a  eu  et  l'on  connaît  encore  plusieurs  Bestiaires 
français  tant  en  prose  qu'en  vers  (1).  Parmi  ces  derniers, 
je  citerai  celui  de  Philippe  de  Than  ou  de  Thaun  écrit  en 
11^3,  mais  qui,  traduit  lui-même  de  la  prose  latine  du 
livre  de  Théobaldus  De  Natura  animaliion,  n'a  pu  avoir 
aucune  ressemblance  avec  notre  Beesliaris  thyois  (2).  Je 
crois  pouvoir  en  dire  autant,  même  sans  l'avoir  jamais  vu , 
du  Bestiaire  de  Guillaume  le  ÎNormand  qu'on  rapporte  à 
l'année  1212.  Mais  il  est  plus  que  probable  que  notre 
poème  allégorique  thyois  était  une  traduction  ou  une  imi- 
tation du  Bestiaire  de  Bichard  de  Furnival,  composé 
d'abord  en  prose  vers  le  milieu  du  XIII'"  siècle,  puis  re- 


(1)  J'ai  vu  autrefois  à  la  Bibliolhèque  du  séminaire  de  Malioes  un  mince 
Bestiaire  sur  papier,  in-12,  où  Fauteur  disait  dans  son  prologue  qu'il 
l'avait  composé  en  prose  par  Tordre  du  comle  (quens)  Robert,  parce  que 
les  bestiaires  rimes  ne  débitaient  se  mençonges  non.  Je  crois  me  rappeler 
qu'il  était  longuement  moralisé.  J'ai  recueilli  moi-même  un  feuillet  de  par- 
chemin d'un  autre  bestiaire  en  prose ,  in-f^  à  2  col.,  d'une  grande  et  large 
écriture  du  XI 11^  siècle. 

(2)  Du  Théobaldus  yai  possédé  jusqu'en  183G  un  beau  MS.  10-4"  siir 
parchemin,  avec  peintures  sur  fond  d'or;  il  provenait  de  l'abbaye  de 
S'-Trond  et  me  paraissait  devoir  remonter  au  XII^ -siècle.  Je  Tai  cédé  en 
échange  d'autres  livres  à  M.  Serrure,  alors  mon  collègue  à  l'Université  de 
Gaud.  J'ignore  ce  que  ce  MS.  est  devenu  depuis. 


(  492  ) 
fondu  en  vers  de  liuit  syllabes  et  même  encore  présenté 
au  public  sous  cette  forme  après  l'invention  de  la  typo- 
graphie. Je  copie  le  titre  et  la  description  de  cette  vieille 
édition  d'après  Brunet  :  «  Sensuyt  le  bestiaire  Damours  : 
»  moralisé  sur  les  Restes  et  Oyseaulx  le  tout  par  figure  et 
»  hystoyre.  Imprimmé  noinieUcmcnl  à  paris,  etc..  Petit 
»  in-4"'  gotb.  de  28  f.  non  chiffrés,  à  2  col.  de  42  vers, 
s>  avec  ligures  en  bois.  Le  titre  en  rouge  et  en  noir.  »  Pour 
plus  de  détails  bibliographiques  ou  biographiques,  on  peut 
s'adresser  à  Brunet  même  et  à  la  Notice  des  manuscrits 
(le  la  Bibliotlièque  du  roi,  tome  V,  p.  276  à  laquelle  il  ren- 
voie. On  peut  voir  aussi  la  note  un  peu  confuse  de  H.  Au- 
diffret  dans  la  Biographie  universelle ,  art.  Than  (Phil.  de), 
Grasse,  Lehrbuch,  etc.,  I^  vol.,  2''  sect.,  p.  o87  et  ailleurs; 
enfin  et  surtout  Thomas  Wright,  Biograplria  brif.  literaria 
[période  anglo-norm.) ,  pp.  86  et  426  et  suivantes. 

Je  retourne  à  mon  fragment  thyois  dont  j'aurais  d'autant 
plus  tort  de  m'écarter  longtemps,  qu'il  renferme  en  lui 
seul  tout  l'intérêt  que  pourra  avoir  cette  notice.  J'ai  déjà 
donné  à  entendre  que  ma  trouvaille  ne  se  distingue  pas 
par  son  mérite  poétique.  Elle  a  plus  d'importance  à  mes 
yeux,  comme  fournissant  une  nouvelle  preuve  de  la  cul- 
ture intellectuelle  et  de  l'activité  littéraire  de  nos  ancêtres 
au  XIl''  et  au  X!H-  siècle.  Initiés  par  leur  éducation  ou  d'au- 
tres circonstances  favorables  dans  la  connaissance  des  deux 
langues,  beaucoup  de  nobles  et  la  plupart  des  bons  bour- 
geois, non-seulement  se  tenaient  au  courant  de  tout  ce 
qui,  soit  près  d'eux  ou  au  loin,  s'écrivait  en  français,  mais 
se  l'appropriaient  à  l'instant  même,  en  le  traduisant  en 
leur  vieux  thyois  qui  était  la  langue  commune  de  toutes 
les  contrées  belges,  tournées  du  coté  de  la  mer  du  Nord, 
aussi  bien  que  d'une  assez  longue  bande  de  l'Allemagne, 
qui  s'incline  vers  la  même  mer,  et  l'instrument  d'une  civi- 


(  m  ) 

jjsation  vivace  et  constamment  progressive  comme  elle, 
en  dépit  des  obstacles  qui  leur  lurent  souvent  opposés. 

Mais  celte  langue,  quoique  conservant  partout  son  carac- 
tère propre,  avait,  alors,  comme  le  français  de  la  même 
époque,  ses  formes  dialectiques  particulières  à  certaines 
régions,  dont  on  a  trop  négligé  l'étude  jusqu'ici,  et  sur 
lesquelles  nos  fragments,  malgré  leur  peu  d'étendue,  me 
semblent,  plus  qu'aucun  autre  document  du  même  genre 
que  je  connaisse,  devoir  attirer  l'attention  de  nos  linguistes 
et  de  nos  grammairiens.  Ces  208  vers  renferment  un  grand 
nombre  de  questions  dont  la  solution  nette  et  complète 
contribuerait  beaucoup  à  la  connaissance  de  la  constitu- 
tion et  du  développement  organique  de  notre  langue. 
Puisse  quelque  jeune  et  courageux  philologue,  sans  calcu- 
ler d'avance  le  temps  et  le  travail  qu'il  devra  y  mettre, 
entreprendre  un  jour  de  tracer  de  notre  ancien  thyois  une 
espèce  de  tableau  à  la  fois  chronologique  et  topographique 
dont  le  plan7  tel  que  je  le  conçois,  se  trouve  déjà  jusqu'à 
certain  poinl  indiqué  dans  le  système  adopté  par  Burguy, 
dans  son  excellenle  grammaire  de  l'ancienne  langue  fran- 
çaise. 

Pour  ma  part,  je  dois  me  borner  à  mettre  sous  les  yeux 
du  lecteur  la  transcription  la  plus  exacte  possible  du  con- 
tenu de  mes  deux  feuillets  de  parchemin.  J'y  ai  ajouté  la 
ponctuation  pour  faciliter  l'intelligence  du  sens.  Si  j'y  ai 
joint,  en  outre,  quelques  notes,  c'est  dans  le  même  but, 
mais  surtout  pour  appeler  l'attention  sur  les  formes  inso- 
lites de  flexion  ou  d'orthographe  ou  sur  les  erreurs  présu- 
mées du  copiste,  le  tout  sans  discuter  ou  chercher  à  rien 
prouver.  Je  me  suis  rigoureusement  abstenu  de  toucher 
au  fond,  qu'il  fut  vrai  ou  fabuleux  :  la  plupart  de  ces  tra- 
ditions sur  les  bêles  sont  connues. 


(  iU  ) 
En  revanche,  je  placerai  ici  un  petit  aperçu  des  parti- 
cularités grammaticales  que  j'ai  remarquées  dans  ces  frag- 
ments. C'est  d'abord  et 

1"  L'orthographe  du  titre,  Beestearis  pour  Bestiaris  ou 
comme  on  écrivait  aussi ,  Bestiarius.  Ensuite, 

2°  La  diphthongue  ei  pour  c  ou  ce  :  deisc,  seigfj/icl, 
plcighet,  heift  et  heivet,  keilc,  weHen,beide,  meide,  neiml, 
steide,  eitet,  leist,  veile,  etc.,  pour  dese,  segghet ,  etc.; 
5*"  lantsceip  pour  lantscap. 

4*^  /lie  pour/i^  ^  hij,  d'un  bout  à  l'autre  des  i'ragments; 
5"  sie  et  soe  pour  i•^ -=  zij  ;  une  ou  deux  fois  aussi  sij^ 
mais  ce  soe  pronom  régulièrement  distingué  de  so  adverbe, 
qui  n'a  pas  d'e; 

6''  — dij  enclit.  pour  di  {suldij); 
7"  mij  et  une  fois  mie  pour  ini  et  bij  pour  bi; 
8°  ion,  pronom  pers.,  au  datif,  à  côté  du  datif  i/,  vs.  40 
et  47,  et  de  même  iouive  et  imej  pron.  poss.,  vs.  41  et  155; 
mais  vs.  65  iou  sans  flexion,  quoique  féminin; 

9°  ie  pour  ghe,  particule  proclitique  du  participe  passé  : 
ievroemt  pour  ghevroemt,  iesijn  pour  ghesijn,  ieivesen 
pour  ghewesen  =  gheweest,  etc.; 

dO"  liadic  et  bidic  à  coté  de  haddic  et  biddic; 
11°  arpene,  jouer  ou  accompagner  de  la  harpe,  et  (ds 
pour  hais;  d'autre  part  hes  pour  6's,  verbe  subst.  On  connaît 
l'emploi  de  l'aspiration  dans  certaines  parties  de  notre 
Ouest,  où  tout  le  fragment  nous  ramène; 

12"  nerest  pour  neerstidi,  arech  pour  arch  =  erg,  bc- 
rech  pour  berck  =  berg  ; 

lo''  ^/ief/a«e-=gedaente,  masculin  contre  l'usage; 
14"  o/"  pour  rt/"  est  commun  dans  beaucoup  de  MSS., 
mais  il  doit  ici  entrer  en  ligne  de  compte; 

15"  Barbarismes  :  conter failen,  succocrsy  bcaoengc; 


(  i95'  ) 

16"  Rimes  à  noter,  vss.  JO  J6,  66,  87,  108, 119,128, 
158,  1  i2,  146,  154,  172,  17i,  184,  de. 

J'ai  encore  relevé  d'autres  particularités  dans  mes  notes, 
en  laissant  en  général  au  lecteur  le  soin  de  discerner  l'écri- 
ture primitive  de  l'auteur  des  changements  qu'elle  j)eut 
avoir  subis  sous  la  main  du  copiste.  Voici  le  commence- 
ment du  premier  fragment  de  notre  Beesïearis. 

BEESTEARIS. 


f  !•, .", col. ,.         Dits  •  1  ■  retloiie  Avaci'bij 

Deise  dichte  beginnen  sij  ; 
Dat  singhen  dat  heift  lettel  ievmenit. 
Als  eens  dier  dinc  soe  wel  becomt 
o  Dal  iiiet  beiagliet  dat  niach  eyleii, 
Dal  singhen  dat  hem  doet  vergheitcn, 
Dais  die  crekel;  wanl  sine  manière 
Es  dat  hie  gherne  es  bij  den  viere. 

{Blanc  pour  un  dessin.) 

Dat  es  mij  ghesciet  doe  ic  meest  piiicn 
10  Hadde  te  makene  liedekine, 
Eli  ic  niet  dij  le  singhene  ploe; 


Vs.  i   Dits  =  dil  es;  il  désigne  ce  qui  a  précédé  el  non  ce  qui  suit. 

2  De/se  =  dese.  /)ic/ife  ^  gedicht ,  voir  Kiliaen.  Befjinnen,  pour  berjonnoi.  Le 
copiste  a  oublié  de  fermer  Yo;  car  il  figure  toujours  notre  g  devant  i  el  e  par  yh, 
ce  qu'il  n'a  pas  fait  ici. 

3  Haifl  =  heeft.  —  levroemt  —  ghevroonit. 

4  Le  copiste  a  hésité  au  2«  et  au  3^  mot  ;  il  a  mal  changé  son  ecn  en  eens. 

5  Eyien  —  eten.  Cprz.  vs.  6  vergheilen. 
8  Hie  =  hi. 

!J  Pinen  ,  lisez  pine  ;  la  flexion  du  génitif  gâte  la  rime. 

i  l  Niet  et  singhene  peuvent  aussi  se  lire  met  et  suighene ;  les  points  des  i  man- 
quent comme  souvent.  Peut-être  aussi  le  copiste  a-t-il  écrit  dij  pour  die. 


(  i96  ) 


Alie  niijiiil  vromeii  liacUlic  due. 
Duch  mcrkic  bij  der  iiachlegale 
Die  iiit  saysoen  singhet  wale  : 
la  So  nerest  lieift  soe  iesijn  int  siiighen 
Dat  soe  doelde  enso  die  lieden  vinghen. 

{Blanc  pour  un  dessin.) 

Also  neresl  hebbic  iesijn 
IJp  singhen,  dat  den  sinne  niijii 
Heift  ghecraiicl  eii  minen  ghedaiie. 
20  Noch  iiemic  exemple  bij  den  zwane 
Daer  men  wonder  ave  seigghet; 
Het  es  '1  •  iantsceip  daer  men  pleighet 
Te  arpene  den  zwane  herde  vvel 
Sie  conterlaiten  dat  arpenspel. 

[Blanc  pour  un  dessin.) 

25      Dat  ludel  over  eeu  ter  curen 

Bet  dant  doet  fluten  en  tamburen, 

Eiî  namelijc  int  iaer  dat  sij 

Sterven  sullen  ;  bedij 

Alser   1  •  wel  singghel,  le  waren  , 
50  Seit  men  hie  sal  sterven  sliaren. 

Dit  selve  merkic  als  1  •  kint 


Vs.  12  Mijnsl  —  minst. 

15  So  =  zoo ,  adv.  —  Nerest  =  neerslig.  Voir  Halberlsma  sur  Maerlant ,  pp.  30 
el  548.  —  Soe  =  sic  =  zij  ,  pron.  —  Iesijn  =  ghesijn  =  ge>veesl. 

IG  Doelde  —  doolde.  —  Lieden,  lisez  liede.  —  Eïtse  (sic,  avec  le  trait  sur  n.) 

17  Nerest...  iesijn;  cprz.  vs.  15. 

18  Dut  =  dattel  =  dal  lict. 

19  Gliedane  —  gedacnle,  fr.  ligure.  Il  faudrait  mine  au  fera. 
21   Sei(j(jhet  =  segghct  =  zegt. 

2-2  Lantsceip  =  landschap. 

2,"  Fleifjhel  —  pleegt. 

24  Arpene  =  harpen,  jouer  ou  accompagner  de  la  liarpc. 

2.';  Ludet  over  ccn  ,  fr.  forme  un  accord. 

26  Bet  —  beter.  —  Dant  =  dan  hei.  Notez  aussi  doet,  c.-à-d.  ludet. 

28  Bedij  —  bedi  —  bedie  =  bi  dien  ,  dacrom  ,  wanl ,  etc. 

30  Stiaren,  métatlicsc  pour  Isiarcn  =  sjaers  =  desjaers. 


(  '^^  ) 


Van  groter  vroescepe  vint, 

So  scit  inen  ghemeiielike 

Dal  kinl  sal  steiven  corlelikc. 
3o      Dat  singlien  mach  ic  wel  liatcn 

En  moel  ooc  bij  ciachten  laleu, 

Want  ic  ben  liées  in  die  keile. 

Ais  ic  eer  seide  bij  den  bijspele, 

Hees  werdic  ter  wilen  eîi  ter  sleden, 
40  Vrouwe,  daer  ic  iou  weilen  dede, 

Hoe  sere  iouwe  mione  mij  hadde  bevaen , 

Eer  ict  ieweilen  hadden  eii  verslaen 

Weder  bel  mi  bel  le  vromen 

So  te  scaden  niochte  comen; 
45  En  dat  ict  nu  le  spade  weet, 

So  heifthet  mi  iewesen  leet 

Dat  ict  u  noit  maecte  cont, 

Sident  dat  ic  wel  verstont 

Dat  ic  iiwes  derven  moet, 
dO  Die  so  hovesch  sijt  efi  so  vroel; 

Dats  die  rou^ve  die  ic  ne  macb 

Vergheiten  niemer  nacht  no  dach. 

Bedij  heift  het  dicke  mij  \e.sijn 

Mochtic  doen  so  dat  hondekin; 
55  Alst  heift  te  vêle  inghedaen, 

Ghevet  dat  weder  ute  saen 

Vor  hem  up  die  eerde  neder, 


Vs,  32  La  phrase  est  embarrassée;  il  faudrait  als  men  ...vint.  Leseiisesl  :  (piaïul 
il  se  trouve  un  enfant  d'une  sagesse  précoce. 
57  Keile  —  kele.  Notez  la  rime. 

38  Ce  bijspel  (exemple)  doit  être  perdu  avec  la  partie  qui  a  précédé  nos  frag- 
ments. 

39  La  rime  et  la  grammaire  demandent  1er  stede. 

40  Iou  =  u  et  vs.  41  iouice  =  uwe, 

42  leiceiien  =  geweten.  —  Hadden ,  lisez  hadde. 

46  Heifthet  pour  heeftet ,  devait  s'écrire  en  deux  mots.  —  leicesen  —  geweest. 

52  Vergheiten  ^=  vergheten.  —  Niemer  =  nimmer,  nemmer. 

53  Bedij  et  heift,  v.  ci-dessus,  —  /es?ji"/i   est  plus  que  douteux;  «e  seul  est  un 
peu  visible.  Le  sens  se  devine;  reste  à  deviner  le  mot. 

54  Hondekin  =  hondekijn.  Cprz.  pour  la  rime  vs.  lOo. 


(  m  ) 

Eu  uver  •  1  ■  slic  coiiil  bel  wcder, 
Eu  h'cîvol  up  al  te  maie. 

[Blanc  pour  un  dessin.) 

00  Dies  ielijc,  hadic  ieniocht  wale, 

Hadie  iedaen,  als  mie  was  ghesciet 

Dal  ici  mi  onlvlieghen  liel 

Mine  claghe  en  mine  beide 

Daer  ic  ontdecle  mede, 
65  Eu  als  gbi  mi  onlseit  iou  minne 

Wildicl  wel  hebben  ieboiiden  binneii. 
Van  den  wlf  daer  ic  of  acbler  liet , 

Mach  men  seggben  groot  bediet; 

Want  hie  den  aïs  beift  so  slide, 
70  Hiene  machen  bugben  te  gbenen  lide, 

Hiene  bugbe  bem  selve  al  te  maie. 

Dat  vint  bie  waer  diet  merken  wille. 

Nocb  beift  bie  andere  manieren 

Dies  bie  me  pleicbt  dan  andere  diere  ; 
75  Dat  seggbic  ii ,  dat  es  dal  bij 

Sine  proye  neiml  node  bij. 

Terde  es,  sal  bie  int  scaepscol  crupen 

Hie  gael  stille  aïs  die  wille  cupen. 


Vs.  58  Ocer  •  I  •  slic  =  na  een  stuk  (tijds). 

60  Dies  ielijc  =  desgelijk.  —  Iladic  —  haddic,  liad   ic.  —  lemochl  =  genioclil. 

61  Hadic  iedaen  =  had  ik  gedaen. 

65  Beide  —  bede?  ou  ininne  beide,  le  gelijk?  L'omission  probable  d'un  mol  [inij? 
bij?  haer?)  dansle  vers  suivanl  rend  le  sens  obscur.  Comment  poncluci? 

6(i  lehouden  =  gehouden.  Notez  la  rime. 

(j7   Wlf=  wulf  =  wolf.  Vu  est  compris  dans  le  W. 

G9  Slide  =  slijf,  fr.  raide.  —  Hie  =  hij    —  Als  =  liais. 

70  Hiene  machen  —  hij  en  mag  lieu).  En  fr.  :  il  ne  peut  llôcliir  le  cou  s'il  ne  ^c 
tourne  loul  entier. 

17,  Manieren  lisez  manière ,  comme  la  rime  et  le  Dies  suivanl  l'exigent. 

7i  Dies,  neutre,  pour  dier,  est  bon.  —  Me  =  meer.  —  Pleighl  =  ploegl. 

76  Neind  node  bij  =  niet  geerne  neemt  in  de  nabijiieid. 

77  Terde  es  =  bel  derdc  puni  is.  Il  a  compare  deux  autres  parliiularilcs  plus 
haut.  Cprz.  vs.  85. 

78  6'w;jen  =  omgaen  ,  bedriegen;  fr.  intriguer,  tournei  autour  comme  un  ton- 
nelier. 


(  i«»!>  ) 

[lilanc  pour  un  dessin.) 

Maer  rawsciil  oiider  sinon  pool  ol"  ciaccl 

80  Hie  bijt  sinen  pool  en  sinaect. 
Hic  ne  weet  up  wien  wilen  cl 
Dan  sinen  pool  die  \\as  te  snel. 

Dcisc  Ml-  poenle,  so  ic  can  scouwcn , 
Heift  meii  ooc  bevondcn  van  vrouwen  ; 

83  Want  die  enen  man  bemint 

Sere,  soe  ne  mach  hem  gheven  twinl 
Daer  soe  hem  meidc  ghepayl  heivet, 
Hen  sij  dal  soe  haer  selven  ghevel: 
Dats  dat  hie  den  ais  heift  so  slide 

90  Dat  hiene  mach  bughen  le  ghencn  tidc, 
Hiene  kere  hem  selven  al  mede. 
Bi  des  wlfs  andere  sede 
Mach  men  merken  eii  sien 
Ene  zede  die  vrouwen  plien  : 

9d  Aise  haer  lief  es  verre  ontvaren 

Soene  mâcher  sonder  niet  ghewaren  ; 
Maer  ais  hie  haer  comet  bij, 
Dan  doel  soe  oft  haer  viant  sij, 
En  vert  recht  of  haer  mesquame 
100  Dat  soe  hoort  sine  name. 

Die  nature  van  den  derde  bedict, 


Vs.  79  Maer  ruuscht ,  peut-être  Aist  ruuscht:  les  quatre  lettres  scht  sont  seules 
certaines. 

80  Smaect  =  smact,  smakt,  àesmakken,  fr.  secouer,  accùminodé  à  la  rime. 

8t    Wilen  —  wijten ,  fr.  imputer. 

84  Ce  vers  el  le  suivant  n'oflrent  plus  que  peu  de  lettres  lisibles. 

92  Sede  et  vs.  Oizede,  =  gewoonte,  ici  fém.,  ailleurs  plus  souvent  masculin. 

9G  Soene  mâcher  sonder  —  zij  mag  cr  niet  sonder.  —  Gheicaren  =  wandelen? 
bestaen?  gerust  zijn?  La  signification  propre  m'échappe. 

98  i>oe< ,  écriture  incertaine. 

99  Vaert  ou  vert  recht  —  handelt,  gedraegt  zich  juist.  Ce  sont  bien  deux  mots 
et  non  vertrect^  quoique  varen  puisse  aussi  signifier  s'en  aller. 

101  L'écriture  du  vers  est  certaine,  mais  je  crois  que  l'abréviation  de  derde  est 
fautive  el  qu'il  laul  diere  :  Die  nature  van  den  diere  (van  den  wolf  )  ;  alors  le  sens 
sera  clair. 


(  oOO  ) 

Dal  lie  willic  Iieilon  niel; 

Ilel  glievall  als  vrouvven  niinnen 

Hem  hebben  te  verre  ielaten  bekiniieii, 

105  So  Irecken  sij  uul   1-  manlelkiii 
Daer  sie  ghedecl  onder  sijii; 
Dat  es  sulke  lislicheide 
Dat  sies  Nvilien  loochenen  mede. 
Dus  weren  sij  hem  melleii  monde 

1 10  Dal  sic  niet  scinen  ondervonden. 
Vrouwen  siachlen  \vel  den  diere 
Daer  ic  of  sal  segghen  die  manière  : 
Hels   i  ■  serpent  dat  wivre  heel; 
Siel  liel  den  man  onghecleel.... 


1 15  Aen  liem  es  also  niel; 

Want  daer  men  herevaerl  ghebiet, 
Daer  riden  heren  meide  efi  kncclilen 
Die  dur  haren  liere  \villen  vechten. 
Ooc  volghen  andere  lieden  naer , 

1:20  Die  also  lief  hebben  daer 

Te  blivene  als  in  ene  andere  steide; 


Vs.  102  Ileilen  =  Iieelen  ,  verbergen, 

103-110  Le  seus  de  ces  huit  vers  est,  en  gros,  celui-ci  :  «  Lorsque  les  feinmos 
craignent  de  s'être  compromises  en  se  prêtant  trop  à  des  propos  d'amour,  elles  se 
couvrent  d'un  voile  (lilt.  elles  tirent  dehors  un  petit  manteau  qui  les  couvre).  C'est 
une  ruse  qui  leur  permet  de  nier  qu'elles  aient  laissé  reconnaître  leurs  sentiments.  » 
Le  rapport  des  mots  vrouwen  minnen  hem  est  assez  obscur.  Le  pronom  masculin 
ne  peut  s'entendre  que  de  l'amant,  au  datif.  Je  crois  que  le  copiste  aurait  dû 
écrire  vromceii  die  minnen  hem,  etc.  —  lelalen  =  gelaten.  —  J\Jantelkin,  rprz. 
vs.  54.  —  Sies  —  si  des. 

112  Of=af=\i\n. 

113  Wivre,  écriture  obscure,  mais  leçon  certaine.  Voir  Ducangb,  Glossaire 
français  :  Wivre,  vivre,  rjuivere ,  fjuivre,  et  Gloss.  latin  :  Viverita,  vivre  et  voivre, 
ce  dernier  de  Joinville.  Le  poëte  semble  vouloir  parler  du  basilic. 

115  Ce  vers  commence  le  second  feuillet  et  ne  se  relie  pas  avec  les  précédents 
à  cause  d'une  lacune  d'au  moins  quatre  colonnes. 

1 17  Riden  ;  les  deux  premières  lettres  de  ce  mol  ont  disparu.  —  Meide  —  nicdc. 

1 18  Dur  =  door  =  voor,  om. 
1  I!»  Lieden,  v.  vs.  IG. 

121    Te  blivene,  te  sterven.  —  Sleide  —  stede,  fr.  place  ,  endroit. 


(  :îoi  ) 


Deso  volglien  oni  rovcn  meido, 
EH  sijn  betekenl  bij  den  gliiore 
Die  den  liere  volgbel.  Hets  sine  mimicic 
125  Dat  hie  so  verre  rieken  can 
Die  is  versiegheii  dan  : 
llie  riecl  wel  over.  IIJ.  dachverden. 
Dus  maoclij  hie  beni  sere  verde. 

{Blanc  pour  un  deftsin.) 

Dus  sijn  iieden  die  niewer  oni  el 
150  Vrouwen  connen  voighen  so  wel 

Eîî  ...Aven  dat  siese  minnen, 

Dan  dat  sie  willen  bekinnen 

Haren  wille  daer  ave. 

Menich  es  hiene  gave 
105  Niet  weiie  daer  om,  dal  es  mijn  waon, 

Hoet  melter  vrouwen  ère  soude  gaon. 

Andere  voighen  den  hère  meide 

Niet  om  tedoen  quaetheiden, 

Daer  om  dat  sij  tlanl  besien. 
140  Dese  belekenen  Iieden  die  pHen  , 

Waer  dat  sij  met  trouwen  wandelen, 

Ne  spreken  van  ghenen  anderen 


Vs.  128  L'éf-riture  maedij  hie  est  vicieuse  et  le  reste  ne  parait  guère  être  plus 
exact.  Je  soupçonne  qu'il  y  a  eu  maecl  hier  (hi  er)  hem  heeti  siere  verden.  Le  mot 
verde  ou  vaerl  a  plusieurs  emplois.  —  Au  vers  suiv.  el  vs.  140  lisez  liede. 

131  II  ne  reste  de  visible  que  la  terminaison  icen;  le  sens  s'accommoderait 
assez  bien  de  zueren,  mais  il  n'y  a  pas  de  contraction  de  er  ou  de  re  dans  le  MS. 

133  Les  trois  dernières  lettres  de  niet  tombent  dans  un  trou  ,  de  sorte  qu'on 
pourrait  aussi  lire  noit.  Weile  est  très-lisible  et  parait  être  mis  pour  veile  =  vêle, 
d'après  l'habitude  du  copiste. 

\7)1  Den  hère,  au  datif,  fr.  l'armée.  —  Meide  =  mede. 

138  Lisez  qnaelheide. 

1~9  Dans  le  MS.  il  ne  reste  des  deux  premiers  mots  qu'un  D  majuscule  avec  le 
signe  d'abréviation  de  er  ou  aer  el  un  second  signe  dabrévialion  de  om  dont  Vo  a 
disparu  ;  le  troisième  mot  dat  se  laisse  encore  deviner.  Le  copiste  a  mis  par  erreur 
un  D  initial  pour  un  M.  Je  corrige  donc  Maer  om  dal. 

140  De  Dese  il  ne  reste  plus  que  le  D;  le  trou  s'étend  jusqu'à  ...tekenen. 

142  Notez  la  rime  ;  r  et  /  oni  une  grande  affinité  :  donher  rime  avec  carbonkel  ; 
rossignol  vient  de  lusciniola,  etc  Les  vieux  poètes  de  la  AVest-Flandre  écrivaient 
même  uandcren  pour  wandelen  dans  la  rime. 


(  S02 


Dinghen  dan  van  niinneii; 
Nochian  werl  hare  herlc  hinnen 

1  iri  Xoil  ghewont  van  niinnen  cunio  : 
Si  spreker  af  bij  coslunien. 

Die  om  liaren  besoengc  vaien 
Die  bclekenen  over  le  waion 
Die  gone  die  le  minnen. 

laO  Vrouwe,  dat  dadic  u  \\e\  hekinnon 
Dal  ic  ware  van  dien  een. 
Hadic  dan  van  u  dit  hoglieleen, 
Dats  uwe  minne,  soudic  merken 
Efi  verwinnen  bij  ghewei  ke , 

iri-j  Dal  ic  ben  ielroiiwe  cneelil, 
Daer  mi  laie  doe  of  reclit 
Niet  ghehelpen  loe  ne  macli  ; 
Newaer  aliène  bidic  daeh , 
Soete  vrouvve ,  dur  onioet 

160  Dal  ghi  mi  ghenaden  doet. 

Dats  tachtersle  siiccoers  en  baie 
En  daer  ic  mi  meest  toe  verlale, 
Quame  so  vare  lachter  hare 


Vs.  145  Spreher  =  sprekener  ^=  sprekcn  er,  inclinaison  et  syncope.  Coslumen, 
écrivez  sans  flexion  costume.  Ce  mot  apparaît  de  bonne  heure  dans  notre  langue. 

t  i7  Bcsoenç/e ,  prononcez  besoeuje ,  dans  Kiliaen  besonie  à  côlé  de  besoniéren  (sic). 
Je  n'ai  déchiffré  ce  mot  qu'après  avoir  remarqué  son  g  seul  h  la  place  du  gh  ordi- 
naire. Notons  que  le  mot  est  employé  comme  masculin,  à  moins  qu'on  ne  doive 
mcllre  Yn  de  hnrcn  sur  le  compte  du  copiste  comme  plusieurs  autres. 

t48  Je  soupçonne  que  le  copiste  a  d'abord  voulu  écrire  oicr  icacr,  el  qu'après 
avoir  bien  écrit  te  ivaien ,  il  a  oublié  d'effacer  oier. 

1  i9  II  cloche  (juelque  chose  dans  ce  vers;  j'écris  die  te  redite  minnen. 

io-2  Iladic  est  mal  écrit  pour  haddic  ou  had  ic.  Cprz.  vs.  158  bidic  pour  biddic. 

155  lelroince ,  en  un  mot  =  getrouwe,  c'est-à-dire  een  getrouue.  Cprz.  èlre 
bon  apôtre.  — Au  vs.  précédent  lisez  ghticerken. 

15G  Taie  doe ,  j'écris  tnle  doen;  le  copiste  a  oublie  le  irait  sur  l't  de  t^)".  Maor- 
lant  dit  taie  maken  =  fr.  discourir,  plaider. 

158  Sexcacr  =  maer.  —  Bidic,  v.  vs.  15:2.  Dacli  hidJeu  me  par;ut  être  un  teiine 
de  palais  :  solliciter  la  fixation  d'un  terme. 

1()I    Tochlerste  succoers  =  d'e  laetstc  hulp  ;  cprz.  vers  l{\'.\. 

1(»2  Notez  la  particule  foe  =  noire  op,  d'où  toeterlaet. 

lG3ir,4  Ces  deux  vers  paraissent  avoir  été  corrompus  par  le  copiste;  les  nmls 


(  o03  ) 


Commoii  al  daer  ic  nacr  gare; 
1G5  Ghelijc  dal  die  coninc  oniboot 

Sijn  acliler  hère,  daei"  liie  so  ginoi 
Toevcrlael  hadde  efi  liopc, 
En  daer  omme  dede  lopen. 

[Ulanc.  pour  un  dcssi^i.) 

Vrouvve,  oni  dat  succoers  biddic, 
170  Volghe,  eil  licbbe  iedaen  goet  slic; 
Waniieer  suldij  u  omme  keroii 
Eiï  slacbten  den  panière? 
Van  hare  doe  ic  u  te  weilene  : 
Hels  1  •  dier  en  pliel  letene 
175  Taire  scoonste  en  isoelste  eruut 
Dat  soe  vint  ;  dal  ieist  so  uut 
En  eitet;  daer  of  riect  soe  wale, 
Dal  haer  die  diere  aile  le  maie 
Dièse  bebben  ieroeken  efi  werven 
180  Moele  haer  voighen,  souden  sie  slerven. 
Xoch  pliel  soe  1  •  goede  manière  : 
Als  haer  ghevoighel  hcbben  die  diere 
Om  dat  soe  so  vvale  riect, 
Die  diere  dan  soe  besiel 
185  Weet  of  hebbende  arech. 


quame,va)'e  et  commen,  me  sonl  surtout  suspects.  Quame  exigerait  rore/i  ou  verre, 
mais  à  cause  de  comnien  il  faudrait  changer  quame  en  icare  ;  c'est  tout  ce  que  j'en 
dirai.  —  Achter  hare  =  achterhere,  fr.  arrière-garde,  réserve,  etc.,  ne  doit  former 
qu'un  seul  mot.  —  Gare  =  ghere,  begeere. 

Vs.  t66  Lisez  encore  achterhere  en  un  mot. 

169-170  Comprenez  :  biddic,  volghic  eu  hehbic  cjhedaen  (gevolgl)  een  rjoet  sluc 
(lijds).  Je  ne  sais  si  ce  langage  elliptique  et  si  concis  peut  s'expliijner  autrement. 

172  Slachten  =  gelijken.  —  Den  pantere,  lisez  au  féminin  der  panier  en. 

179  Ieroeken  =  geroken.  Lisez  een  icerven  ;  le  trait  sur  V71  est  de  trop. 

180  J\Ioete ,  lisez  Moeten  ;  le  trait  sur  l'e  est  oublié.  —  Au  lieu  de  souden  sie ,  le 
poëte  avait  probablement  écrit  soudsi.  Le  copiste  a  craint  qu'on  ne  l'entendit  de 
la  panthère,  au  sing.  —  Haer  dans  ce  vers,  après  haer  vs.  178,  est  de  trop. 

184  Non-seulement  besiel  ne  rime  pas  bien  ,  mais  construit  comme  il  est  ,  il  de- 
vient impropre  ;  il  faudrait  siel.  Je  soupçonne  une  omission  de  deux  vers. 

185  Weet  est  mal  écrit  pour  Wee  ou  pour  Leet  =  kwaed,  pijn,  fr.  souffrance, 
douleur.  —  Arech  =  arch ,  erg,  subst.,  =  ongemak,  zieklc  ,  etc. 


(S04) 

So  clenil  soe  up  enen  berecli 
Tenen  liden  van  den  iare , 
Dit  wet  men  over  waer  van  hnio  , 
En  aient  up  die  /ieke  diere 
190  Dan  sijn  sij  ghenoscn  sciere. 

[lilanc  pour  un  dessin.) 

Langhe  hel)bic  ii  ievoighet  eiî  veih 
EiT  weit  vvel  dat  ic  dur  u  quele, 
En  ghi  over  u  hebt  die  doghet , 
Daer  ghi  meide  ghenesen  moghet. 

lOo  Ondoet  dan  uwen  soeten  mont; 
Mineu  herle  die  lies  zere  ievvont; 
Salvetse  met  uwen  trooste , 

198  So  machic  mijn  leet  al  ver 


EXPLICIT  DIE   BEESTEARIS. 


{Blanc  pour  une  miniature.) 


Vs.  18G  Berech  =  berch  ,  berg. 

18!»  Eh  aient  (ou  mieux  elent)  up  ,  elc  II  manque  encore  Ici  quelque  chose  ;  car 
(lans«/fn<  =  aten  hel,  on  ne  voit  pas  clairement  ce  que  les  animaux  malades  doivent 
manger. 

191  Ievo\(jhet  =  gevolgd.  —  Veile  =  vele. 

192  Weit  =  weel.  —  Quele  ,  notez  la  rime. 
19i  Meide  =  mede. 

19G  Minen  ,  lisez  Mine.  —  Hes,  aspiration  flamande,  pour  es.  leivonl  =  gewond. 

197-198  Salvetse  =  zalf  haer  [mine  herle),  zalf  mijn  hert,  La  rime  deees  deux 
vers  manque.  Il  ne  reste  sur  le  parchemin,  qui  est  troué  et  fort  maltraité  en  cet 
endroit,  qu'un  obscur  soupçon  de  l'ancienne  écriture.  Comme  j'ai  la  confiance 
que  la  classe  m'accordera  un  fac-similé  de  cette  page ,  je  n'ai  fait  aucun  effort 
pour  compléter  ces  lignes.  Après  les  rébus  qui  précèdent  et  que  j'ai  expliqués  le 
mieux  que  j'ai  pu,  nul  lecteur  ne  s'offensera,  j'espère,  si,  en  terminant,  je  lui 
laisse  le  plaisir  de  deviner  lui-même  cette  ilernièrc  charade. 


(  UOV)  ) 


HIER  BEGHIXT  OVIDIUS  (*). 

Die  tien  aorl  van  der  miniieii 
Wille  leren  efi  kinnen 
Lesen  dese,  hie  sal  saen 
Al  die  wijsheit  doen  verslaeii, 
5  Hoe  hie  hem  ter  minnen  moet 
Eîî  walter  hem  loe  es  goet. 
Die  den  brief  wille  maken 
Ulen  walsche,  constijt  gheraken, 
In  dielscher  taie  dur  ene  bede 
10  Die  ene  ioncvrouwe  tote  hem  dede 


{La  suite  manque.) 


La  classe  s'occupe  ensuite  des  préparatifs  de  la  séance 
publique  du  12!  mai  et  détermine  de  la  manière  suivante 
l'ordre  du  jour  de  cette  séance: 

1°  Sui^  le  caractère  du  mouvement  communal  en  Bel- 
gique, discours  par  M.  Ad.  Borgnet,  directeur  de  la  classe 
et  président  de  l'Académie  ; 


(*)  Je  crois  reconnaître  l'original  français  de  notre  traduction  dans  le  MS.  delà 
Bibl.  Impér.  de  Paris,  n»  1830,  fonds  S'-Germain ,  n«  1-25!),  fol.  93-98  :  Ci  com- 
mence de  Ovide  :  de  Arte ,  etc. 

Vs.  1  Aert.,  masculin,  =  wijze,  fr.  manière  ou  méthode,  et  kunst ,  fr.  art. 

5  Lesen  dese  est  une  bévue  du  copiste  ;  il  faut  Lèse  desen.  Lèse  au  sing.  comme 
wille,  et  c/esen  sous-entendu  aerl  (cet  art,  ce  manuel) ,  d'où  dépend  aussi  hiesaL.. 
doen  verslaen  :  ce  traité  enseignera. 

5  Encore  une  bévue;  le  copiste  a  écrit  Aem  pour  Aere«  ou /ie»j  ^ere?t ,  fr.  se  tourner 
vers,  se  livrer  à.  Le  verbe  keerenesl  neutre  ou  pronominal. 

7  Le  sens  est  :  Celui  qui  se  propose  de  rédiger,  s'il  peut  y  réussir  [conslijt  ghe- 
rahen),  cet  écrit  du  français  en  thyois,  à  la  prière  qu'une  demoiselle  lui  fit....  — 
Dur  =  door.  Comparez  le  fac-similé. 

2'"'  SÉRIE,  TOME  XXVII.  34 


(  506  ) 

2"  Dona  Giovanna  cVAustria,  fille  naturelle  de  don 
Juan  d'Autriche,  étude  historique  par  M.  Gachard; 

5«  Une  page  de  lldstoire  d'Angleterre  :  les  dernières 
années  d'Edouard  III,  notice  par  M.  le  baron  Kervyn 
de  Lettenhove. 

4"  Proclamation,  par  M.  le  secrétaire  perpétuel,  des 
résultats  des  concours  et  des  élections. 


S()7  ) 


CLASSE   DES   LETTRES 


Séance  publique  du  12  mai  1869,  à  /  heure. 
(Grand'salle  des  Académies,  au  Mu^ée.) 

M.  Ad.  Borgnet,  directeur  de  la  classe  et  président  de 
FAcadémie. 

M.  Ad.  Qletelet,  secrétaire  perpétuel. 

Sont  présents  :  MM.  Ch.  Steur,  J.  Grandgagnage , 
J.  Roulez,  P.-L.  Gachard ,  Paul  Devaux,  P.  De  Decker, 
F. -A.  Snellaert ,  J.  Haus,  M.-L.  Polain,  le  baron  de  Wilte , 
Cil.  Faider,  le  baron  Kervyn  de  Lettenhove,  R.  Chalon, 
Ad.  Mathieu,  ï.  Juste,  E.  Defacqz,  le  général  Guillaume, 
Félix  Nève,  Alph.  Wauters,  membres  j  Noiet  de  Brauwere 
van  Steeland,  A.  Scheler,  associés;  G.  Nypels,  correspon- 
dant. 

Assistent  à  la  séance  : 

Classe  des  sciences  :  MM.  Nyst,  directeur;  Dewalque, 
vice-directeur;  d'Omalius,  C.  Wesmael,  Stas,  L.  De  Ko- 
ninck,  P.-J.  Yan  Beneden ,  le  vicomte  B.  du  Bus,  Gluge, 
Melsens,  J.  Liagre,  F.  Duprez,  Poelman,  H.  Mans,  M.  Gloe- 
sener,  Candèze,  F.  Donny,  Ch.  Montigny,  Steichen,  mem- 
bres; E.  Catalan,  associé. 

Classe  des  beaux-arts.  —  MM.  Ch.-A.  Fraikin,  vice-di- 
recteur; L.  Ah  in,  F.-J.  Fétis,  Guillaume  Geeis,  Jos.  Geefs, 


(  m  ) 

Ferd.  de  Braekeleer,  Ed.  Fétis,  Edrn.  De  Busscher,  Aug. 
Payen,  le  chev.  Léon  de  Burbure,  J.  Franck,  G.  De  Man, 
Ad.  Siret ,  J.  Lcclercq ,  membres;  Daussoigne-Méhul , 
associé;  F.  Stappaeils ,  correspondant. 

M.  Ad.  Borgnet,  après  avoir  fait  connaître  l'ordre  du 
jour,  prononce  le  discours  suivant  comme  directeur  annuel 
de  la  classe  : 


Sur  le  caractère  du  mouvement  communal  en  Belgique. 

Quand  nos  arrière-neveux  auront  à  faire  un  jour  l'his- 
toire des  institutions  qui  nous  régissent,  ils  auront  sans 
doute  bien  des  obstacles  encore  à  surmonter,  rien  n'étant 
plus  délicat  à  retracer  que  l'existence  intime  d'un  peuple; 
toutefois  ils  trouveront  dans  l'accomplissement  de  leur 
tâche  des  facilités  dont  nous  sommes  privés,  quand  il  s'agit 
pour  nous  de  décrire  les  institutions  qui  ont  régi  l'Eu- 
rope pendant  le  moyen  âge.  Les  constitutions  modernes, 
en  effet,  quel  qu'en  soit  le  caractère,  sont  écrites;  tout  au 
moins  la  division  des  différents  pouvoirs,  les  rouages  du 
gouvernement,  les  éléments  du  corps  social  en  un  mot, 
comme  les  rapports  qu'ils  ont  entre  eux,  sont  bien  déter- 
minés. 

Dans  le  moyen  âge,  au  contraire,  les  documents  sont 
rares,  et  encore  s'en  est-il  perdu  une  bonne  partie.  Puis 
tout  est  confusion;  les  pouvoirs  publics  n'existent  qu'en 
vertu  d'un  fait,  et  le  fait  se  modifie  constamment,  tantôt 
au  détriment,  tantôt  au  profit  du  pouvoir  auquel  il  se  rap- 
porte. Examinez,  par  exemple,  la  royauté.  Immédiatement 
après  la  conquête,  on  la  voit  grandir  et  se  fortifier  dans 


(  m  ) 

les  états  fondés  par  les  Germains.  Mais  les  institutions 
primitives  lui  sont  contraires;  elle  a  mis  à  profit  des  cir- 
constances l'avorables ,  sans  parvenir  à  prendre  racine  dans 
un  sol  que  lui  interdisait  le  caractère  essentiellement  dé- 
mocratique de  la  vieille  constitution.  Aussi  ses  progrès  ne 
sont-ils  que  momentanés,  et  la  société  marche  à  pas  ra- 
pides vers  le  système  féodal ,  c'est-à-dire  vers  le  triomphe 
du  principe  aristocratique,  dernier  mot  des  tendances  de 
l'époque.  Toutefois  la  royauté  se  maintient,  et  s'apprête  à 
reprendre  plus  tard  sa  marche  ascendante.  De  son  côté,  la 
démocratie  n'a  été  que  momentanément  éliminée;  elle  se 
redresse,  s'incarne  dans  les  communes,  qui  finissent  par 
prendre  place  au  sein  du  monde  nouveau,  et  par  gagner 
assez  d'importance  pour  faire  rechercher  leur  concours. 
La  monarchie  l'obtient,  puis  quand  elle  s'en  est  servie  pour 
ruiner  l'aristocratie,  elle  se  tourne  contre  cet  allié  d'un 
jour,  l'écrasant  sans  pitié  là  où  la  fortune  lui  sourit,  lui 
laissant  une  certaine  autonomie  là  où  elle  rencontre  une 
résistance  trop  vive. 

On  a  beaucoup  écrit  sur  l'affranchissement  des  com- 
munes. Je  voudrais  expliquer  comment  il  me  paraît  s'être 
fait  chez  nous,  et,  répudiant  tout  esprit  de  système,  res- 
tant sur  le  terrain  des  faits,  demander  à  eux  seuls  l'expli- 
cation de  ce  grand  mouvement.  En  les  examinant  avec 
attention  et  sans  parti  pris,  on  pourra  suivre  et  comprendre 
les  péripéties  que  la  commune  a  traversées  avant  d'arriver 
à  sa  forme  dernière.  Cela  nécessiterait  un  livre,  et  comme 
je  dois  me  restreindre  aux  proportions  d'un  discours  aca- 
démique, je  n'aborderai  que  l'examen  des  phases  princi- 
pales. 

Et  d'abord  je  dirai  qu'à  mon  avis  la  question  n'a  pas  été 
convenablement  posée.  Après  les  récits  émouvants  d'Au- 


(  310  ) 

gustin  Thierry,  sur  la  lutte  soutenue  par  les  communes  du 
nord  de  la  France  contre  leurs  seigneurs,  on  n'a  plus 
voulu  voir  que  l'insurrection  comme  la  cause  de  l'établisse- 
ment des  communes,  ou  plutôt  comme  leur  mode  de  ma- 
nifestation. Pour  notre  pays,  quoique  bien  des  circon- 
stances restassent  à  éclaircir,  on  en  connaissait  cependant 
assez  pour  savoir  que  cette  thèse  était  en  opposition  di- 
recte avec  nos  traditions  nationales,  et  que  cet  établisse- 
ment parmi  nous  avait  été  tout  pacifique,  la  lutle  n'ayant 
éclaté  que  plus  lard  pour  assurer  le  maintien  des  progrès 
obtenus.  Les  institutions  romaines,  les  institutions  germa- 
niques, auxquelles  on  s'adressait  aussi  pour  obtenir  le 
mot  de  l'énigme,  ne  le  livraient  pas,  tout  en  fournissant 
des  éclaircissements  qu'il  est  impossible  de  nier. 

Le  mot  commune  rappelle  involontairement  l'idée  d'un 
établissement  démocratique.  C'est  là  sa  forme  dernière, 
mais  au  début  la  commune  est  essentiellement  aristocra- 
tique. L'assertion  paraîtra  paradoxale;  elle  est  cependant 
parfaitement  exacte,  et  il  n'est  pas  difficile  de  le  prouver. 
Commençons  par  rappeler  qu'à  l'époque  où  remonte  l'éta- 
blissement des  villes  modernes  destinées  à  devenir  des  com- 
munes, le  principe  aristocratique  a  prévalu  avec  la  féodalité 
qui  en  est  la  plus  haute  expression;  il  a  prévalu  pour  l'en- 
semble, il  doit  prévaloir  pour  les  détails.  La  commune  |)ri- 
milive  est  un  véritable  fief.  A  ce  titre,  elle  partage  l'isole- 
ment que  la  fusion  de  la  propriété  et  de  la  souveraineté 
impose  au  feudataire;  à  ce  titre  encore,  elle  est  soumise 
aux  prescriptions  du  droit  féodal  et  peut  se  rendre  cou- 
pable de  félonie.  Sous  quelle  forme  alors  se  présente-t-ellc 
à  nos  regards?  Je  prendrai  pour  sujet  d'étude,  et  pour  y 
trouver  des  preuves  à  l'appui  de  mes  allégations,  les 
grandes  villes  de  nos  trois  principales  provinces  :  le  Dra- 


(  oll  ) 
banl,  la  Flandre  et  le  pays  de  Liège.  Partout  la  popula- 
tion se  divise  en  grands  et  en  petits  (majores  et  minores), 
division  naturelle  qui  se  retrouve  aussi  au  début  de  toute 
société.  Pour  dépeindre  la  situation  de  ces  deux  catégories 
d'habitants  l'une  à  l'égard  de  l'autre,  la  plupart  de  nos 
vieux  historiens,  écrivant  sous  l'influence  de  leurs  souve- 
nirs classiques  ,  ont  employé  les  expressions  patriciens  et 
plébéiens,  et  ils  avaient  raison,  car  dans  le  principe,  chez 
nous  comme  les  patriciens  à  Rome,  les  grands  seuls  pos- 
sédaient des  droits  politiques.  Cette  division  existait  aussi 
dans  les  campagnes,  où  l'on  trouvait  des  hommes  hérilables 
et  des  manants.  Pour  la  plupart,  ces  grands  étaient  des 
descendants  de  la  race  conquérante,  ou  des  anciens  hom- 
mes libres  qui  étaient  parvenus  à  maintenir  leur  position 
à  travers  les  épreuves  de  la  conquête. 

La  possession  de  la  terre  est  assurément  à  cette  époque 
le  principal  élément  de  l'autorité  dans  toutes  nos  provinces. 
Toutefois  il  en  est  une,  la  Flandre,  où  le  commerce  et 
l'industrie  ont  fleuri  beaucoup  plus  tôt  et  ont  constitué 
une  source  de  pouvoir  longtemps  inconnue  aux  autres. 
Ainsi  s'explique  la  part  plus  considérable  qu'ils  y  ont  prise 
dans  la  constitution  du  patriciat ,  comme  aussi  l'impopu- 
larité peut-être  moins  grande  que  le  patriciat  y  a  ren- 
contrée ,  les  rapports  étant  naturellement  plus  bienveillants 
entre  hommes  que  rapprochent  des  occupations  de  même 
nature.  Quant  aux  petits,  c'étaient,  dans  le  principe,  des 
individus  de  condition  servile,  qui,  semblables  aux  es- 
claves à  Rome,  avaient  le  travail  pour  apanage  et  exerçaient 
un  métier.  Aux  grands  le  droit  d'habiter  des  maisons  de 
pierre  (steenen)  et  d'avoir  un  nom  de  famille;  aux  petits 
la  possession  d'une  masure  de  bois  et  d'argile,  et  celle  d'un 
simple  prénom  auquel  on  ajoutait  l'indication  de  leur  état, 


(  ol2  ) 
(l'une  difformité,  d'une  qualité  ou  de  quelque  circonstance 
particulière.  Les  premiers  se  qualifiaient  aussi  gens  de 
lignage  (progeniosi),  faisant  ainsi  allusion  à  leur  droit  de 
constituer  une  famille. 

L'administration  du  territoire  où  est  établie  cette  double 
population  est  exercée  par  des  éclievins,  successeurs  pro- 
bables des  scabini  francs,  et  qui  de  juges  du  district  {pagus) 
sont  devenus  ceux  de  la  localité  principale.  Appelés  à  juger 
des  bommes  libres,  ils  doivent  être  de  même  qualité  et 
appartenir  à  la  catégorie  supérieure.  Tel  est  aussi  le  té- 
moignage que  rendent  les  plus  anciennes  traditions  :  à 
Bruxelles,  sept  éclievins,  pris  dans  autant  de  lignages, 
les  descendants  peut-être  de  ceux  qui  avaient  été  jadis  les 
propriétaires  du  sol  où  la  cité  s'est  établie;  même  divi- 
sion à  Louvain.  A  Gand,  la  plus  ancienne  forme  donne 
treize  échevins  fournis  par  quatre  familles.  Le  nombre  des 
éclievins  est  le  même  à  Bruges,  à  Vpres  et  aussi  à  Liège. 
Si,  dans  ces  trois  dernières  villes,  la  tradition  n'ajoute  pas 
qu'ils  étaient  choisis  dans  un  certain  nombre  de  lignages, 
au  moins  est-il  certain  qu'ils  appartenaient  à  la  catégorie 
des  grands,  et  je  viens  d'indiquer  la  raison  pour  laquelle 
il  n'en  pouvait  être  autrement.  Ces  premiers  échevins  sont 
nommés  à  vie,  et  possèdent  la  prérogative  de  pourvoir  eux- 
mêmes  aux  places  vacantes. 

On  s'explique,  dans  ce  système,  le  silence  que  gardent, 
sur  l'origine  et  l'élection  des  échevins,  les  plus  anciennes 
chartes  qui  nous  soient  parvenues  :  l'existence  de  ces  éclie- 
vins, se  rattachant  à  celle  des  scabini  francs,  était  un  fait 
qui  s'accommodait  aux  circonstances,  et  comme  ces  éche- 
vins ne  pouvaient  être  choisis  que  parmi  les  patriciens, 
il  n'était  pas  nécessaire  de  dire  où  il  fallait  les  prendre , 
la  chose  étant  notoire.  Tenons  ainsi  i)our  certaine  l'exis- 


(  -vis  ) 

teiice,  dans  nos  communes  primitives,  de  cette  double  po- 
pulation, et  la  possession  du  pouvoir  aux  mains  de  ceux 
à  qui  Ton  pourrait  appliquer  la  qualification  de  cives  optimo 
jure  du  droit  romain. 

Examinons,  maintenant,  les  améliorations  qu'éprouva 
successivement  la  condition  des  petits.  D'abord  l'abolition 
du  servage,  qui  paraît  avoir  eu  lieu  vers  la  lin  du  X^  siècle, 
c'est-à-dire  à  l'époque  des  croisades.  Il  ne  faut  pas  toute- 
fois en  exagérer  les  conséquences  et  croire  à  une  égalité 
des  deux  catégories  de  la  population  urbaine  :  la  classe  infé- 
rieure y  gagna  la  liberté  civile,  tout  en  continuant  à  subir 
la  domination  d'un  échevinage  patricien.  Mais  avec  les  ga- 
ranties que  lui  assurait  sa  nouvelle  position,  elle  se  livra 
avec  ardeur  au  commerce  et  à  l'industrie,  dont  le  goût 
n'avait  pu  lui  venir  auparavant. 

L'institution  des  jurés,  dans  le  cours  du  XIP  siècle,  fut 
un  nouvel  avantage  pour  les  petits.  On  n'est  pas  d'accord 
sur  la  composition  de  ces  collèges  ni  sur  leurs  attributions 
précises.  Quoique  pris  aussi  dans  le  patriciat,  du  moins  à 
l'origine,  ils  étaient  cependant  chargés  de  faire  contrepoids 
à  l'aristocratie,  et  plus  tard  ils  échangèrent  leur  titre  de 
jurés  contre  celui  de  conseillers.  Dès  lors  ils  tendirent  à 
former  le  conseil  communal,  quand  l'échevinage  se  vit 
enlever  l'administration  proprement  dite,  ou  du  moins 
réduire  notablement  son  influence  dans  cette  partie  du 
gouvernement  de  la  commune.  Plusieurs  circonstances 
connues  établissent  leur  infériorité  à  côté  de  l'échevinage  : 
d'après  une  disposition  relative  à  Ypres,  ils  semblent 
n'avoir  eu  que  voix  consultative  dans  la  direction  des 
affaires  publiques;  à  Bruges,  ils  représentaient  bien  posi- 
tivement la  classe  inférieure,  et  les  échevins  la  classe  su- 
périeure. 


(  31  i  ) 

Au  WW  siècle  la  lutte  intérieure  qui,  jusque-là,  n'a 
guère  laissé  de  traces,  commence  à  apparaître.  Les  rap- 
ports entre  les  grands  et  les  petits  se  sont  sensiblement 
modifiés,  et  une  classe  intermédiaire,  celle  des  médiocres, 
s'établit.  Avec  le  mouvement  de  renaissance  matérielle  et 
intellecluelle,  qui  fut  au  Xtl'  siècle  l'un  des  grands  résul- 
tats des  croisades,  on  vit,  même  ailleurs  qu'en  Flandre, 
des  patriciens  exercer  des  branches  de  commerce  et  d'in- 
dustrie, qui  étaient  regardées  comme  n'entraînant  pas  de 
dérogeance.  Telle  était  en  général  l'industrie  principale  de 
la  localité  :  ainsi  les  tisserands,  dans  les  villes  de  la  Flan- 
dre, les  drapiers,  dans  celles  du  Brabant.  A  Liège,  les 
fi'xrcs  possédaient  une  prépondérance  de  fait,  à  laquelle 
n'était  attachée  aucune  prérogative  particulière,  tandis 
qu'ailleurs  ce  que  j'appellerai  le  métier  aristocratique  était 
séparé  des  autres,  qui  portaient  le  nom  de  petits  métiers. 
Dans  la  principauté  de  Liège,  Dinant  seul,  je  crois,  possé- 
dait la  triple  population  des  villes  flamandes.  Tandis  que 
la  bourgeoisie  de  la  capitale  ne  comprenait  que  les  deux 
catégories  extrêmes,  Dinant  se  divisait  en  ivo\^  membres, 
comme  on  disait  à  Gand,  et  il  y  avait  là  les  bourgeois 
d'enmi  la  ville,  le  bon  métier  de  la  batterie  de  cuivre  et  les 
neuf  petits  métiers.  La  classe  des  médiocres  s'est  formée 
des  grands  amoindris,  comme  aussi  des  petits  enrichis  par 
le  travail,  et  qui,  devenus  propriétaires  fonciers,  ont,  sous 
l'empire  des  idées  féodales,  obtenu  avec  la  possession  de 
la  terre  le  véritable  élément  du  pouvoir  et  de  la  noblesse. 
Les  individus  de  cette  classe  intermédiaire  servent  parfois 
à  rapprocher  les  deux  classes  extrêmes,  mais  plus  souvent 
ils  apparaissent  comme  faisant  cause  commune  avec  le 
patriciat. 

Revenons  à  la  situation  des  petits.  Une  nouvelle  déno- 


(  0-13  ) 
mination  lend  à  prévaloir,  et  on  commence  à  les  désigner 
sous  le  nom  de  gens  du  commun,  ou  simplement  la  com- 
Diunc.  On  voit  que  ce  mot,  dans  sa  première  acception, 
ne  s'applique  pas  à  la  chose,  à  la  ville,  mais  à  une  partie 
de  la  population.  Elle  ne  s'applique  à  la  chose  que  plus 
tard,  quand  la  commune  fut  devenue  prépondérante  à  son 
tour.  L'organisation  des  métiers  contribua  puisamment  à 
amener  ce  résultat. 

Jusqu'au  moment  où  cette  organisation  fut  assurée,  les 
rapports  entre  les  grands  et  les  petits  n'avaient  pas  subi 
de  modilication  essentielle,  et  le  patriciat  continuait  à  do- 
miner dans  l'administration  de  la  commune.  Cependant,  au 
commencement  du  XlIP  siècle,  cette  prépondérance  ne 
fut  plus  aussi  entière  :  de  viager  qu'il  était,  l'échevinagc 
devint  annuel.  Désormais  les  échevins  furent  obligés  à  plus 
de  circonspection,  et  les  abus  qu'on  leur  reprochait  de- 
vinrent moins  nombreux.  Dans  le  nouveau  système,  qui 
valait  en  tout  cas  mieux  que  celui  de  la  viagèreté  des  fonc- 
tions, les  échevins  sortants  désignaient  leurs  successeurs, 
et  plus  souvent  le  renouvellement  se  faisait  par  un  délégué 
du  prince.  En  Elandre,  la  première  charte  qui  consacra  le 
nouveau  principe  doit  être  celle  que  Ferrand  de  Portugal 
publia  dans  l'année  qui  suivit  son  mariage  avec  Jeanne  de 
Constantinople.  Ce  prince  avait  été  mal  accueilli  à  Gand , 
à  cause  du  mécontentement  qu'avait  soulevé  la  signature 
d'un  traité  imposé  par  Philippe-Auguste  à  son  inexpérience. 
Dans  l'espoir  de  se  rendre  populaire,  il  modifia  la  consti- 
tution de  l'échevinagc  (1212),  le  rendit  annuel,  et,  pour  la 
première  fois,  détermina  la  manière  dont  s'en  ferait  le 
renouvellement  :  chaque  année,  le  comte  ou  son  lieute- 
nant désignait,  parmi  les  notables  des  quatre  paroisses  de 
la  ville,  quatre  électeurs  qui  choisissaient  treize  échevins. 


(  oi6  ) 

Ceux-ci  devaient  être  pris  parmi  les  habitants  qui  seraient 
regardés  comme  les  meilleurs  et  les  plus  utiles  aux  inté- 
rêts (lu  comte  et  (le  la  ville.  Telle  est  la  traduction  littérale 
des  expressions  mêmes  du  document,  et  elles  ne  peuvent 
s'appliquer  qu'à  la  première,  ou  tout  au  plus  aux  deux  pre- 
mières classes. 

^Jalheureusement  pour  la  Flandre,  Ferrand  ne  persista 
pas  dans  cette  politique  intelligente.  Vaincu  à  Bovines 
(121 4),  il  fut  emmené  à  Paris  et  ne  sortit  de  captivité  que 
plus  de  douze  ans  après.  Le  roi  de  France  exigea  une  forte 
rançon,  et  les  riches  bourgeois  de  Gand  semblent  avoir 
particulièrement  contribué  à  fournir  les  moyens  delà  payer. 
Ferrand  voulut  reconnaître  ce  service,  en  renversant  le 
système  établi  seize  ans  auparavant  :  il  lui  substitua  une 
administration  oligarchique  (1228).  Les  échevins  en  fonc- 
tions étaient  chargés  de  nommer  cinq  électeurs,  qui  s'ad- 
joignirent trente-quatre  bourgeois  choisis,  comme  dans  la 
charte  de  1212,  parmi  les  meilleurs  et  les  plus  utiles  aux 
intérêts  du  comte  et  de  la  ville.  Cette  définition,  consacrée 
par  l'usage,  devient,  à  cette  époque,  à  peu  près  sacramen- 
telle, car  on  la  retrouve  dans  toutes  les  chartes  flamandes. 
Au  reste,  deux  chartes  (1240  et  1241)  relatives  à  Bruges 
et  à  Damme,  et  qui  défendent  de  choisir  pour  échevin  un 
homme  des  métiers,  fournissent  la  preuve  qu'il  n'est  pas 
encore  question  d'admettre  les  petits  à  ces  fonctions  émi- 
nentos.  Les  trente-neuf,  nommés  comme  je  viens  de  le 
dire,  formèrent  trois  collèges  de  treize,  qui  devaient  suc- 
cessivement exercer  les  fonctions  d'éclievins  et  de  conseil- 
lers, puis  attendre  que  leur  tour  revînt  au  bout  d'une  année 
de  repos.  Le  caractère  annuel  de  ces  fonctions  n'était  qu'ap- 
parent, car  si  chaque  année  un  roulement  s'eiïecliiail,  le 
personnel  du  corps  entier  était  établi  à  perpétuité,  et,  pour 


(317  ) 
bien  mainlenir  le  caractère  oligarchique  de  celle  détesta- 
ble instilulion,  on  allribuail  à  celui  des  trois  collèges  qui 
exerçait  Féchevinage  proprement  dit  le  droit  de  pourvoir 
aux  vacatures.  L'échevinage  annuel  avait  été  établi  à  Ypres 
trois  ans  avant  qu'il  le  fût  à  Gand  (1209).  Bruges  dut 
attendre  jusqu'en  J240.  Dans  le  Brabanl  il  fut  établi  à 
Bruxelles  par  Henri  l'"^  en  12oo,  et  à  Louvain  par  Jean  T' 
en  1267.  Que  celle  mesure  fut  populaire,  il  n'est  pas  per- 
mis d'en  douter  :  dans  des  fondions  de  celte  nature,  l'ina- 
movibilité, jointe  à  la  dispense  de  rendre  des  comptes  ou 
du  moins  de  les  rendre  sérieusement,  conduisait  fatale- 
ment à  des  abus,  qui  furent  la  cause  principale  des  dissen- 
sions intestines  auxquelles  nos  communes  furent  en  proie 
au  XW"  siècle. 

Avec  l'introduction  de  l'annalité  coïncide  le  premier 
indice  d'une  représentation  des  petits,  caractérisée  parla 
nomination  d'un  bourgmestre  de  h  commune ,  expression 
prise  dans  son  sens  restreint;  ce  bourgmestre  est  le  chef 
du  collège  des  jui^és  ou  conseillers,  collège  qui  finit  par 
porter  le  nom  de  conseil,  sans  autre  qualification.  Le  chef 
du  collège  des  échevins  porte  à  Gand  le  nom  de  premier 
échevin,  à  Bruges  celui  de  bourgmestre,  à  Ypres  celui 
d'avoué.  Bruxelles  et  Louvain  ont  aussi  deux  bourgmes- 
tres, dont  la  création  paraît  être  plus  récente. 

L'histoire  de  Liège  possède  une  chronique  du  plus  haut 
intérêt,  celle  de  Jean  d'Oulremeuse.  Jean  d'Outremeuse, 
pour  les  événements  desXÏÏP  et  XIV"  siècles,  est  un  témoin 
contemporain,  et  nulle  part  on  ne  trouve,  comme  dans  son 
œuvre,  des  détails  sur  les  vicissitudes  qui  ont  agité  la  vie 
intérieure  d'une  commune.  Il  est  patricien,  membre  de 
l'important  lignage  des  De  Preis,  et  cependant  son  langage 
est  celui  d'un  homme  qui  sait  reconnaître  le  fondement 


(S18) 
des  réclamations  populaires.  A  l'aide  de  ses  récits,  on  ap- 
précie mieux  des  laits  dont  il  est  fort  diflicile  de  présenter 
un  tableau  clair  et  complet.  Arrivé  à  l'année  1251,  quinze 
ans  avant  l'élection  de  Henri  de  Gueldre,  époque  où  com- 
mence réellement  l'histoire  politique  de  Liège,  voici  ce 
qu'il  raconte  :  «  A  ce  temps  que  je  dis,  n'avoit  encore  la 
commune  (les  petits)  voix  de  rien  à  faire,  mais  faisoit  son 
labeur,  et  les  nobles  gouvernoient,  et  les  éclievins  estoient 
seigneurs.  »  Et  un  peu  plus  loin,  au  moment  d'entamer  le 
récit  du  règne  de  Henri  de  Gueldre  (1^47),  il  dit  encore  : 
«  A  ce  temps  estoit  la  cité  de  Liège  gouvernée  par  les 
grands  et  les  nobles,  et  il  n'y  avoit  homme ,  quelque  riche 
qu'il  fût  d'avoir  ou  puissant  d'amis,  qui  osât  parler  de 
choses  qui  appartenoient  au  gouvernement  de  la  cité,  ni 
s'y  intéresser;  ils  estoient  tous  tenus  dessous  pieds  et  ser- 
vage des  échevins  et  des  nobles.  »  Le  chroniqueur  paraît 
faire  de  l'échevinage  une  fraction  particulière  du  patriciat, 
constituant  des  privilégiés  au  cœur  même  du  privilège. 
C'était  aussi  un  de  ces  collèges  oligarchiques,  comme 
l'étaient   en   général  les  échevinages  dans  le  principe. 
Comme  eux,  il  cumulait  le  pouvoir  judiciaire  avec  l'ad- 
ministration proprement  dite,  rendant  la  justice  lui-même, 
administrant  par  délégation.  Ses  délégués  étaient  les  jurés 
ou  conseillers,  qui  apparaissent  à  Liège  comme  dans  nos  au- 
tres provinces  au  Xlll*^  siècle  et  peut-être  dès  la  Un  du  \\V. 
Mais  à  Liège  se  prépare  de  bonne  heure  une  transforma- 
tion qui  ne  s'effectue  pas  ailleurs,  au  moins  d'une  manière 
aussi  tranchée  :  l'échevinage  huit  par  perdre  toute  partici- 
pation à  l'administration,  et  par  devenir  exclusivement  la 
haute  cour  du  pays,  c'est-à-dire  par  exercer  des  fonctions 
qui  furent, dans  nos  autres  provinces,  conhées  à  un  conseil 
supérieur  de  justice.  Je  dis  que  cette  séparation  fut  plus 


(319) 
tranchée  à  Liège,  car,  dans  le  Brabant  comme  dans  la 
Flandre,  tout  en  continuant  à  former  un  seul  corps, 
Féchevinage  se  divisa  en  deux  collèges,  qui  partagèrent 
assez  bien  entre  eux  la  justice  et  l'administration. 

Ces  jurés  ou  conseillers,  à  qui  l'èchevinage  liégeois  dé- 
léguait une  partie  du  pouvoir  administratif,  étaient  des 
patriciens,  et  j'ai  déjà  dit  pourquoi  il  n'en  pouvait  être 
autrement.  Ailleurs  on  rencontre  assez  fréquemment  deux 
bourgmestres,  un  pour  l'èchevinage,  un  autre  pour  le  con- 
seil. A  Liège,  le  grand  mayeur,  l'homme  du  prince,  est  le 
chef  de  l'èchevinage,  et  le  conseil  est  présidé  par  deux 
maîtres  à  temps,  appelés  plus  tard  bourgmestres.  C'est 
l'èchevinage  qui  les  nomme  et  les  prend  dans  son  sein; 
c'est  lui  encore  qui,  comme  dans  les  autres  communes, 
possède  la  prérogative  d'accorder  le  service  militaire.  Il 
l'exerçait,  dit  Jean  dOutremeuse,  avec  une  telle  rigueur, 
que  si  un  bourgeois  s'avisait,  quand  Vost  était  proclamé  au 
perron,  de  demander  :  où  doit-on  aller?  il  était  frappé  de 
bannissement. 

Ce  fut  précisément  à  l'occasion  d'une  semblable  procla- 
mation qu'éclata  le  premier  conflit  un  peu  important.  Sous 
la  direction  d'un  patricien,  Henri  de  Dinant,  qui,  pour  des 
raisons  inutiles  à  énumèrer  ici,  prit  leur  cause  en  main,  les 
petits  s'attaquèrent  à  l'èchevinage.  La  lutte  eut  ce  résultat 
que  le  conseil,  dont  on  eût  voulu  obtenir  l'éjnancipation , 
resta  ce  qu'il  était,  mais  que  les  deux  maîtres  à  temps 
furent  désormais  pris  dans  le  corps  entier  du  patriciat. 
Les  historiens  liégeois  datent  de  cette  époque  l'élection 
d'un  maître  plébéien.  Cela  est  exact  s'il  est  question  d'une 
mesure  temporaire;  il  y  en  eut  même  deux  à  la  fois,  mais 
ce  fut  une  mesure  extraordinaire  nécessitée  par  la  séces- 
sion du  prince  et  des  patriciens,  que  la  guerre  avait  forcés 


(  S20  ) 
de  se  retirer  à  Tétranger.  Au  reste,  la  sitation  que  nous 
venons  de  dire  constitue  toujours  un  progrès  réel,  puisque 
c'est  un  coup  porté  au  gouvernement  oligarchique,  et 
qu'une  franche  aristocratie,  après  tout,  vaut  encore 
mieux. 

En  présence  de  mesures  arbitraires  d'une  noblesse  or- 
gueilleuse et  puissante,  le  prince,  menacé  lui-même,  devait 
se  rapprocher  des  petits  si  méprisés  jusque-là,  mais  dont 
l'importance  commençait  à  se  faire  sentir.  L'alliance  était 
dictée  par  la  situation,  et  Liège  présenta,  sur  un  petit 
théâtre,  le  spectacle  que  présentèrent  toutes  les  monar- 
chies des  temps  féodaux.  L'union  de  la  monarchie  et  de 
la  démocratie  fut  conclue  pour  la  première  fois  à  la  fin  du 
XIIl*^  siècle,  sous  le  règne  de  Jean  de  Flandre,  deuxième 
successeur  de  Henri  de  Gueldre.  De  concert  avec  le  patri- 
ciat,  l'échevinage  avait  décrété  l'établissement  d'un  impôt, 
et  cela  sans  consulter  ni  le  prince  et  son  chapitre,  ni,  à 
plus  forte  raison,  la  petite  bourgeoisie.  L'alliance  porta 
coup,  et  le  patriciat  dut  se  soumettre  aux  conditions  qu'on 
lui  imposa  lors  de  la  réconciliation  (1287).  Ainsi,  à  la  fin 
du  XIII'  siècle,  grâce  surtout  à  cette  alliance,  l'importance 
des  petils  avait  augmenté  en  raison  de  la  diminution 
qu'avaient  subie  les  prérogatives  des  grands.  A  qui  exa- 
minera attentivement  les  faits,  cette  situation  n'apparaîtra 
pas  comme  existant  seulement  à  Liège;  on  la  retrouve  ail- 
leurs, sauf  quelque  différence  dans  les  détails.  Les  mêmes 
causes  continueront  d'agir,  et  Talliance  de  deux  éléments 
rivaux,  mais  momentanément  unis,  contribuera  à  amoin- 
drir toujours  davantage  la  puissance  de  l'aristocratie  si 
forte  un  siècle  auparavant. 

Avant  d'aborder  le  NIV''  siècle,  le  siècle  démocratique 
par  excellence,  voyons  ce  que  nous  dit  encore  Jean  d'Où- 


(  521  ) 
liemouse  de  l'organisalion  des  métiers,  mesure  qui  prépara 
l'avénemeiU  définitif  de  la  bourgeoisie.  Les  récits  du  chro- 
niqueur liégeois  suppléeront  encore  ici  à  rinsulTisance  de 
nos  autres  chroniqueurs,  et  les  détails  qu'il  donne  feront 
comprendre  des  renseignements  inintelligibles  sans  ce 
secours. 

Je  crois  ne  pas  me  tromper  en  distinguant  deux  choses 
dans  rétablissement  des  métiers  :  la  formation  des  cor- 
porations, et  l'organisation  politique  et  militaire  qui  leur 
fut  imposée  plus  tard.  Il  est  question  de  métiers,  alors  que 
bien  certainement  ils  ne  peuvent  jouer  le  rôle  important 
qui  leur  sera  un  jour  attribué  ;  ils  existent  donc  assez  long- 
temps avant  l'époque  à  laquelle  on  reporte  leur  établisse- 
ment, mais  comme  simples  agrégations  de  catégories  d'ar- 
tisans. Ainsi  les  historiens  liégeois  rappellent  la  bravoure 
déployée  par  les  bouchers  à  la  warde  de  Steppes  sous 
Hugues  de  Pierrepont  (1215),  et  ce  n'est  pas  sans  doute 
le  seul  métier  qui  se  soit  distingué  dans  cette  circonstance. 
L'histoire  de  Gand  fournit  aussi  le  récit  d'une  sédition  en 
1 164,  où  l'on  signale  l'active  coopération  des  tisserands, 
des  foulons,  des  poissonniers  et  des  bouchers.  Cependant 
ce  n'est  qu'à  la  fin  du  Xlll"  siècle  que  commence  le  rôle 
politique  des  métiers,  à  Liège  comme  ailleurs.  Voici  dans 
quelles  circonstances  un  patricien  se  présenta  encore  pour 
conduire  les  petits  à  la  conquête  de  nouvelles  et  impor- 
tantes prérogatives.  Devenu  l'un  des  deux  maîtres  à  temps, 
ce  patricien  avait  été  privé  de  sa  charge  par  un  jugement 
de  l'échevinage;  il  résolut  de  se  venger.  A  cet  effet,  il 
persuada  aux  petits  d'échapper  aux  exactions  de  l'échevi- 
nage en  ordonnant,  cpie  tous  ceux  qui  êtoient  d'un  art  ou 
d'un  métier  eussent  fraternité  jurée  entre  eux,  et  que,  dans 
chaque  métier,  on  désignât  deux  hommes  de  nom  et  riches 

2"'"  SÉUIE,  TOME  XXVII.  55 


(  ^22  ) 
pour  en  exercer  la  governance.  Il  n'est  pas  facile  de  pré- 
ciser la  portée  de  toutes  ces  expressions.  On  peut  toutefois 
afiirmer  qu'il  s'agit  ici  non  d'établir  les  corporations  d'ar- 
tisans, mais  de  leur  assigner  une  organisation  nouvelle 
qui  augmentât  leur  force.  En  effet,  le  chroniqueur  met  dans 
la  bouche  de  l'orateur  populaire  cette  phrase  significative  : 
ainsi  serait  chacpie  fraternilé  aussilôf  armée,  si  on  vous  vou- 
loit  rien  faire,  c'est-à-dire  :  causer  quelque  tort.  Puis,  plus 
loin,  le  chroniqueur  fait  cette  réflexion  qui  lui  est  toute 
personnelle  :  la  force  des  nobles  es  toit  adonl  si  grande  à 
Liège,  que  s'ils  vosissent  faire  grevanche  à  peuple,  ii 
peuple  lie  les  posist  résister.  Et  pourquoi  ne  le  pouvait-il? 
parce  cpi'il  n  avait  point  de  governance  ni  de  fraternités. 

Pour  donner  à  l'organisation  une  forme  légale,  la  garan- 
tir contre  le  mauvais  vouloir  du  palriciat,  il  fallait  l'assen- 
timent du  prince.  C'était  alors  Hugues  de  Châlons,  prélat 
besogneux  et  avide  qui ,  après  une  réprimande  fort  vive, 
finit,  moyennant  une  bonne  somme  d'argent,  par  approu- 
ver ce  qui  s'était  fait;  dès  lors  les  artisans  de  Liège  for- 
mèrent, comme  dit  le  chroniqueur  ,  douze  fraternités 
(1297). 

Tout  cela,  paraît-il,  ne  suffisait  pas  :  il  fallait  encore 
aux  métiers  le  droit  de  porter  enseignes  et  bannières,  pour 
s'y  radreschier,  et  être  ainsi  plus  redoutés,  expressions  qui 
me  semblent  bien  indiquer  une  organisation  militaire.  Ce 
droit  futac(juis  avant  l'arrivée  du  deuxième  successeur  de 
Hugues  de  Châlons,  Thibaut  de  Bar.  Encore  menacé  par  le 
patriciat,  qui  voulait  de  nouveau  percevoir  des  impots  éta- 
blis par  lui  seul,  le  chapitre  résolut  de  resserrer  son  alliance 
avec  les  petits,  et  le  doyen  convoqua  à  une  entrevue  secrète 
les  vingt-quatre  gouverneurs  des  métiers;  il  leur  promit  de 
nouveaux  avantages,  et,  dans  l'allocution  que  le  chroni- 


(  m  ) 

qiieur  lui  allribuc,  on  lit  entre  autres  choses  :  Vous  avez 
chacun  juré  fraternité  Vun  à  Vautre,  et  que  jamais  ne  vous 
[aurez  ni  à  vie  ni  à  mort,  ni  a  nous  pareillement.  Et  pour 
cous  assurer  encore  davantage,  nous  concédons  C[ue  cha- 
cun de  vos  métiers  ait  une  bannière  rouge  avec  un  perron 
d'or  à  renseigne  du  métier  ;  puis  il  réitère  ce  qu'il  a  dit 
plus  haut  :  et  s'il  estoit  besogne,  vous  vous  pourriez  radres- 
chier  à  vos  bannières,  et  ainsi  vous  en  seriez  plus  redoutés. 
L'alliance  du  chapitre  et  desj)etits  fut  de  la  sorte  renforcée 
au  grand  courroux  des  patriciens,  qui  durent  attendre  une 
occasion  de  prendre  leur  revanche. 

Elle  parut  se  présenter  lors  de  l'arrivée  de  Thibaut  de 
Bar.  C'était  aussi  un  prélat  besogneux ,  et  le  patriciat 
prenant  les  devants,  lui  offrit  de  l'argent  pour  obtenir 
qu'il  désavouât  son  chapitre.  L'évèque  accepta  l'offre  et  se 
disposa  à  retirer  aux  petits  leurs  nouveaux  privilèges.  De 
|)art  et  d'autre  on  se  prépara  à  combattre,  et  \es  petits  se 
présentèrent  conduits  par  des  chanoines  de  Saint-Lambert 
exercés  au  métier  des  armes.  La  ha  taille  allait  s'engager 
•quand  l'évèque,  ébranlé  par  la  ferme  attitude  de  la  com- 
mune, et  plus  probablement  gagné  par  une  surenchère  sur 
l'offre  du  patriciat,  se  montra  disposé  à  changer  d'attitude. 
11  alla  vers  l'armée  ennemie,  ratifia  ce  qu'avait  fait  le  cha- 
pitre, et,  parlant  fort  amicalement  aux  populaires,  il  leur 
déclara  que,  s'ils  n'avaient  pas  assez  de  bannières  ,  il  les 
autorisait  à  en  prendre  davantage;  c'est  ce  qui  a  fait  sup- 
poser l'augmentation,  vers  cette  époque,  du  nombre  des 
métiers. 

Ces  détails  serviront  à  faire  comprendre  un  acte  impor- 
tant du  drame  communal,  en  mettant  en  scène  les  acteurs. 
Dans  toutes  nos  villes,  en  effet ,  on  dut  procéder  de  môme, 
et  plus  iôt  ou  plus  tard,  mais  toujours  pendant  le  Xlîl'^ 


•  (  324.  ) 
siècle,  le  résultat  fut  obtenu  dans  des  circonstances  ana- 
logues à  celles  que  rapporte  Jean  d'Outremeuse.  L'intel- 
ligence et  la  discipline  que  montrèrent  les  héroïques 
compagnons  de  Pierre  De  Koninck  et  de  Jean  Breydel, 
supposent  une  organisation  si  pas  bien  longue,  du  moins 
bien  établie.  Dans  le  Brabant  elle  peut  avoir  eu  lieu  sous 
Henri  II  et  Henri  III,  princes  qui  favorisèrent  le  dévelop- 
pement de  l'élément  démocratique,  et  leur  belliqueux  suc- 
cesseur, Jean  I",  en  profita ,  car  les  compagnies  d'artisans 
paraissent  avoir  pris  une  grande  part  à  la  bataille  de 
Woeringen  et  à  la  conquête  du  Limbourg.  Une  fois  soli- 
dement organisés,  les  métiers  devinrent  un  des  corps 
délibérants  de  la  commune,  et,  pour  mieux  régler  leur 
intervention  ,  souvent  ils  se  partagèrent  en  groupes:  telles 
furent  les  neuf  nations  à  Bruxelles. 

Le  XIV^  siècle  est  celui  où  les  petits  obtinrent  enfin  une 
part  dans  l'administration  de  la  commune.  Naturellement, 
ils  n'y  arrivèrent  pas  sans  soutenir  une  lutte,  qui  éclata  en 
Brabant  sous  le  gouvernement  maladroit  de  Wenceslas, 
mari  de  la  duchesse  Jeanne,  et  se  continua  jusque  sous 
celui  de  Jean  IV.  Le  partage  par  moitié,  entre  les  patri- 
ciens et  les  plébéiens,  est  représenté  par  la  nomination  à 
Bruxelles  de  deux  bourgmestres,  un  pour  les  grands, 
l'autre  pour  les  petits.  Désormais  le  gouvernement  de 
celte  ville  comprend  trois  membres  :  le  magistrat ,  com- 
posé par  moitié  de  grands  et  de  petits,  le  large  conseil , 
composé  des  membres  du  magistrat  précédent  et,  par  con- 
séquent, des  mêmes  éléments,  les  neuf  nations  qui  for- 
maient l'ensemble  des  métiers.  La  constitution  de  Louvain 
était  à  peu  près  la  même  el  reposait  sur  le  principe  du 
partage  par  moitié  entre  les  grands  et  les  petits.  Ce  résul- 
tat ne  fut  obtenu  qu'après  une  lutte  vigoureusement  sou- 


(  525  ) 

tenue  par  les  petits^  que  conduisait  encore  un  patricien, 
Pierre  Couterel. 

En  Flandre,  la  guerre  avec  la  France,  à  la  lin  du  XUV 
siècle,  fut  l'occasion  d'une  constitution  communale  plus 
populaire,  partant  plus  démocratique  que  la  constitution 
existante.  Guy  de  Dampierre,  ayant  pour  adversaire  le 
patriciat  urbain  où  se  recrutait  le  parti  des  Leliaerts, 
combattit  vivement  le  collège  des  XXXIX  qui  était  la  place 
d'armes  de  l'aristocratie  et  celle  de  la  faction  de  l'étranger. 
De  son  côté,  si  Philippe  le  Bel  avait  intérêt  à  soutenir 
l'oligarchie  des  XXXIX,  il  en  avait  davantage  encore  à  se 
concilier  les  sympathies  des  classes  populaires.  Cette  néces- 
sité le  décida  à  changer  l'organisation  communale  de  Gand, 
et  au  collège  des  XXXIX  succéda  un  échevinage  de  vingt- 
six  membres  :  treize  èchevins  et  treize  conseillers ,  déno- 
minations qui  se  transformèrent  plus  tard  en  èchevins  des 
deux  bancs,  h  keure  et  les  parc/ions.  L'inamovibilité  dis- 
parut définitivement,  et  le  renouvellement  annuel  fut 
confié  à  huit  électeurs,  dont  quatre  étaient  désignés  par  le 
souverain,  quatre  par  la  commune.  Rien  de  particulier  en- 
core dans  la  charte,  sur  la  classe  à  laquelle  devaient  appar- 
tenir les  élus,  mais  ils  n'étaient  plus  exclusivement  pris 
dans  la  catégorie  des  grands,  car  probablement  existait 
déjà  alors  le  système  qui  devint  l'état  légal  un  demi-siècle 
plus  tard,  époque  de  Jacques  d'Artevelde,  et  qui  divisait 
la  population  gantoise  en  trois  membres  :  poorleis  ou 
rentiers,  vingt-sept  métiers  des  ?/s6er«?îf/5,  cinquante-deux 
petits  métiers,  en  déterminant  aussi  le  nombre  d'échevins 
que  chacun  de  ces  trois  membres  devait  fournir. 

Pour  Bruges,  je  me  contenterai  de  dire  que,  d'après  une 
charte  de  1504,  la  majorité  des  deux  collèges  de  treize  , 
formant,  comme  à  Gand,  le  corps  dirigeant  de  la  cora- 


(  '>26  ) 
munc,  était  à  la  nomination  des  métiers;  ils  en  choisis- 
saient neuf  sur  treize,  et  ils  étaient  divisés  en  huit 
membres,  division  qui  répondait  à  celle  des  nations  de 
Bruxelles.  Ypres,  comme  Bruges  et  Gand,  possédait  aussi 
un  collège  de  vingt-six  personnes,  dont  treize  échevins  et 
treize  conseillers;  le  renouvellement  était,  comme  à  Gand, 
confié  à  des  électeurs  nommés  par  le  prince  et  par  la 
commune.  Au  commencement  du  KIY*"  siècle  les  petits  y 
avaient  vraisemblablement  accès.* 

De  ce  qui  précède  il  résulte  en  tout  cas  que  les  grands 
continuèrent,  en  Brabant  et  en  Flandre,  à  figurer  comme 
tels  dans  le  gouvernement  delà  commune.  A  Liège,  au  con- 
traire, l'élément  démocratique  finit  par  dominer  exclusive- 
ment, et  l'on  y  peut  mieux  que  partout  ailleurs  en  suivre 
les  progrès.  La  lutte  se  personnifie  dans  l'élection  des  deux 
maîtres  à  temps,  absolument  comme  à  Rome  dans  celle 
des  deux  consuls.  La  première  forme  nous  les  montre  dé- 
signés parles  échevins  qui  les  choisissaient  parmi  eux;  ils 
sont  ensuite  pris  dans  le  corps  entier  du  patriciat.  Ce  sys- 
tème nouveau  ,  introduit  par  la  paix  de  Bierset  (12oo),  fut 
modifié  un  demi-siècle  après,  vers  l'époque  précisément 
où  l'alliance  du  chapitre  valut  aux  métiers  liégeois  leur 
organisation  (1302).  Dans  la  contestation  qui  surgit  alors 
entre  les  grands  et  les  petits,  ceux-ci  suivirent  le  conseil 
de  leurs  alliés  et  réclamèrent  pour  eux  la  nomination 
d'un  des  deux  maîtres  à  temps.  Dans  l'impossibilité  de 
résister,  le  patriciat  linit  par  se  résigner.  L'année  sui- 
vante survint  une  nouvelle  et  importante  atteinte  à  son 
autorité,  auparavant  illimitée  :  les  échevins  lurent  ap[)elés 
à  une  assemblée  de  la  commune ,  et  on  les  contraignit  d'ap' 
poser  leurs  sceaux  à  un  acte  (pii  exigeait  le  consiMilenuMit 
des  métiers,  chaque  fois  qu'il  s'agirait  d'établir  un  impôt  ou 
d'accorder  le  service  militaire  au  prince. 


(  o27  ) 

Ainsi  les  petilSj  exclus  jusque-là  de  toute  participation 
directe  à  Tadministralion  de  la  commune,  forcés  de  subir 
les  suites  de  décisions  prises  en  leur  nom,  quoiqu'ils  y 
lussent  en  réalité  restés  étrangers,  sont  devenus  véritable- 
ment bourgeois  en  conquérant  une  place  dans  l'organisa- 
tion politique  de  la  commune  et  une  voix  dans  ses  délibé- 
rations. Après  de  tels  succès,  on  peut  pressentir  qu'ils 
rechercheront  la  prépondérance  à  leur  tour. 

Continuons  l'examen  des  transformations  que  va  encore 
éprouvera  Liège  la  constitution  de  la  bourgeoisie.  Il  veut 
une  réaction  anti-démocratique  sous  le  règne  d'Adolphe 
de  la  Marck,  à  la  suite  d'un  complot  ourdi  par  le  bourg- 
mestre plébéien  ,  et  qui  avait  échoué  :  les  métiers  furent 
momentanément  privés  d'une  participation  directe  au  gou- 
vernement de  la  commune,  et  le  conseil,  où  les  fjrands 
étaient  parvenus  à  ressaisir  la  prépondérance,  soumit  à  la 
signature  du  prince,  qui  l'accepta,  le  projet  d'une  nouvelle 
constitution  :  c'est  l'acte  connu  sous  le  nom  de  Paix  de  Vot- 
tem  (1351).  Pour  la  première  fois  nous  rencontrons  des 
détails  authentiques  et  précis  sur  l'organisation  de  cette 
grande  commune.  A  cette  époque  le  conseil  comprenait 
quarante  jurés  et  quatre-vingts  conseillers.  L'échevinage 
avait  cessé  de  participer  à  l'administration,  et  était  devenu 
un  collège  exclusivement  judiciaire;  en  cette  qualité  les 
échevins  restaient  à  la  nomination  du  prince,  tandis  que 
les  jurés  et  les  conseillers  étaient  nommés  par  la  généralité 
(le  la  population  :  moitié  par  les  grands,  moitié  par  les 
petits,  comme  aussi  les  deux  bourgmestres.  La  paix  de 
Vottem  ne  loucha  pas  à  cette  organisation  et  se  contenta 
de  changer  le  mode  d'élection  :  au  lieu  d'être  faite  direc- 
tement par  les  bourgeois,  la  désignation  des  quarante 
jurés  fut  contiée  à  douze  électeurs  choisis,  par  le  conseil 


(  528  ) 
sortant  de  charge,  moitié  parmi  les  grands,  moitié  {larmi 
les  petits.  Le  corps  des  jurés,  ainsi  reconstitué  chaque 
année,  désignait  ensuite  les  deux  bourgmestres  et  les 
quatre-vingts  conseillers. 

Ce  triomphe  du  prince  fut  de  courte  durée.  Douze  ans 
à  peine  s'étaient  écoulés,  qu'Adolphe  de  la  Marck,  menacé 
d'une  guerre,  et  ne  pouvant  la  soutenir  sans  le  secours  mili- 
taire de  la  Cité,  fut  bien  obligé  de  faire  droit  aux  griefs  de 
la  population;  il  le  fit  par  la  tettre  de  saint  Jacques  (1543). 
On  revint  au  système  d'élection  directe  antérieur  à  la  paix 
de  Vottem,  et  les  grands  partagèrent  de  nouveau  par  moi- 
tié avec  les  petits  le  droit  de  nommer  le  conseil  et  ses  deux 
chefs.  Quant  aux  métiers,  ils  recouvrèrent  les  libertés  qu'on 
leur  avait  enlevées  quelques  années  auparavant. 

La  constitution  communale  resta,  pendant  quarante  et 
un  ans,  dans  l'état  où  l'avait  rétablie  la  lettre  de  saint  Jac- 
ques, puis  en  1584  survint  le  dernier  coup  porté  à  ce  qui 
y  restait  d'aristocratique.  Les  détails  manquent  sur  cette 
dernière  crise,  et  ce  que  les  historiens  liégeois  nous  en  ap- 
prennent se  réduit  à  ceci.  La  nomination  du  conseil  par 
moitié  était,  au  nom  des  grands,  exercée  par  douze 
lignages  seulement.  Avec  la  prépondérance  acquise  par  la 
petite  bourgeoisie,  un  tel  privilège  aux  mains  de  quelques 
familles  choquait  la  confiance  que  leur  nombre  inspirait  aux 
gens  des  métiers.  Pourquoi,  disaient-ils,  nous,  qui  com- 
posons la  grande  majorité  de  la  population  ,  ne  gouverne- 
rions-nous pas  seuls?  Pourquoi  continuer  à  prendre  une 
partie  de  nos  administrateurs,  dans  les  rangs  d'une  noblesse 
qui  ne  nous  est  guère  connue  que  par  ses  malversations 
el  son  orgueil?  Ces  propos  et  d'autres  non  moins  défavo- 
rables formaient  trop  souvent  le  thème  des  conversai ioiis 
populaires,  pour  que  les  grands  ne  fussent  pas  avejtis.  Ou 


(  529  ) 
se  préparait,  ils  le  sentaient,  à  leur  porter  un  nouveau 
coup.  Un  siècle  plus  tôt,  ils  auraient  répondu  à  ces  me- 
naces par  la  guerre  civile;  mais  que  faire  désormais  en 
présence  d'une  démocratie  nombreuse,  bien  organisée  et 
audacieuse  parce  qu'elle  se  savait  forte,  avec  les  faibles 
éléments  de  résistance  que  possédait  une  aristocratie,  dont 
la  décadence  allait  croissant  et  qui  sentait  la  vie  se  retirer 
d'elle?  Le  résultat  d'une  lutte  ouverte  n'était  pas  douteux; 
elle  eût  amené  l'expulsion  ou  l'extermination  du  patriciat. 
La  prudence  conseillait  de  céder ,  et  c'est  aussi  à  quoi  se 
décidèrent  les  grands.  Des  députés  vinrent  en  leur  nom, 
dans  une  assemblée  générale  réunie  à  l'époque  ordinaire 
des  élections,  déclarer  qu'ils  renonçaient  au  droit  de  nom- 
mer la  moitié  du  conseil,  mais  en  ajoutant  que,  étant  après 
tout  citoyens,  il  leur  serait  sans  doute  permis,  comme  aux 
petits,  d'aspirer  aux  dignités  municipales. 

La  constitution  communale  a  désormais  revêtu  le  carac- 
tère démocratique  que  nous  lui  avons  assigné  comme 
forme  dernière.  A  Liège  le  patriciat  disparaît  même  comme 
élément  distinct  dans  cette  constitution  et  si  les  grands 
ne  sont  pas  complètement  écartés,  s'ils  prennent  part 
encore  à  la  formation  du  conseil,  ce  n'est  plus  comme 
caste,  mais  en  se  faisant  inscrire  dans  les  métiers,  qui 
maintenant  forment  à  eux  seuls  la  bourgeoisie.  Ailleurs 
les  grands  conservent  le  partage  avec  les  petits.  Toutefois 
le  nombre  des  conseillers  qu'ils  ont  à  élire  est  moindre 
que  celui  des  petits,  et  cette  infériorité  atteste  l'amoin- 
drissement notable  du  patriciat.  La  lutte  aussi  se  déplace. 
Le  principe  monarchique  se  trouve  en  présence  d'une  dé- 
mocratie qui  n'a  cessé  de  grandir  et  tend  à  dominer. 
Pendant  le  XV"'*^  siècle,  celui  de  la  centralisation  dans 
tout  les  États  de  l'Europe  occidentale,  chez  nous  aussi  la 


(  530  ) 
démocratie  subit  les  lois  du  pouvoir  dont  elle  avait  été 
l'allié  jadis. 

Heureusement  telle  était  la  force  de  notre  organisation 
communale,  que  la  commune,  tout  en  perdant  cette  partie 
de  son  autonomie  qui  en  faisait  un  État  indépendant  et 
devenait  comme  tel  un  obstacle  insurmontable  à  la  forma- 
tion de  la  nationalité,  sut  au  moins  conserver  le  droit  de 
se  gouverner  elle-même.  Les  citoyens  continuèrent  à  gérer 
leurs  intérêts,  et  malgré  les  calamités  que  nous  valurent 
les  dynasties  étrangères,  malgré  les  atteintes  qu'elles  por- 
tèrent à  nos  libertés,  la  vie  politique  se  maintint,  et  em- 
pêcha l'établissement  de  cette  centralisation  effrénée,  dont 
la  France  souffre  si  cruellement  aujourd'hui. 

La  parole  a  été  ensuite  donnée  à  M.  le  baron  Kervyn  de 
Leltenhove  pour  la  lecture  de  la  notice  suivante  : 


Une  page  de  l'histoire  d'Angleterre.  —  Les  dernières 
années  crÉdouard  III. 

Le  soleil  de  la  puissance  anglaise  se  couchait  dans  une 
brume  qui  s'épaississait  de  plus  en  plus.  L'œil  qui  interro- 
geait avec  inquiétude  l'horizon  y  découvrait,  mêlées  et 
confondues,  la  poussière  des  ruines  et  les  vapeuis  du 
sang.  Ces  ruines,  c'étaient  celles  de  l'édifice  élevé  si  haut 
parles  mains  [)uissantes  d'Edouard  111;  ce  sang  devait 
être  celui  de  son  héritier. 

Chaque  jour  apportait  de  sinistres  messages.  Tous  les 
succès  étaient  effacés,  toutes  les  conquêtes  étaient  perdues. 
Chandos  avait  péii  en  reconnnandant  aux  siens  de  se  mon- 
trer généreux  vis-à-vis  de  ceux  qui  l'avaient  frappé.  Avec 


(  551  ) 
!ui  étaient  descendus  dans  ia  tombe  ces  braves  chevaliers 
du  llainaut,  dont  le  nom  restera  éternellement  attaché 
aux  plus  belles  pages  de  Thistoiredu  XIV' siècle,  Eustache 
d'Aubrecicourtet  Gautier  de  Mauny. 

Les  débris  de  la  chevalerie  de  Guyenne  étaient  enfermés 
dans  le  château  de  Thouars,  et  une  convention  solennelle- 
ment conclue  portait  que  les  assiégés,  s'ils  n'étaient  secou- 
rusavant  les  fêtes  de  la  Saint-Michel  1572,  embrasseraient 
à  jamais  la  cause  française. 

A  cette  nouvelle,  toute  l'Angleterre  frémit.  Edouard  III, 
malgré  sa  vieillesse,  le  prince  de  Galles,  malgré  ses  souf- 
frances, annoncèrent  qu'ils  iraient  eux-mêmes,  au  delà  de 
la  mer,  combattre  l'armée  de  Charles  V,  et,  par  leur  ordre, 
quatre  mille  hommes  d'armes  et  dix  mille  archers  se  diri- 
gèrent vers  le  port  de  Southampton,  où  l'on  avait  réuni 
quatre  cents  vaisseaux.  La  mer  était  calme,  le  vent  était 
propice,  et  néanmoins,  quelque  urgente  que  fût  cette  ex- 
pédition, elle  ne  mettait  pas  à  la  voile. 

Que  se  passait-il  à  Londres?  Les  historiens  du  temps 
ne  nous  l'apprennent  qu'imparfaitement,  et  les  légendes 
populaires  ont  ajouté  leurs  fables  aux  récits  les  plus 
mystérieux.  Ce  qui  paraît  certain ,  c'est  que  le  roi  de  Na- 
varre venait  d'avertir  le  roi  d'Angleterre  qu'il  était  trahi 
par  un  de  ses  fds,  le  duc  de  Lancastre,  qui  vendait  ses 
secrets  au  roi  de  France,  dans  l'espoir  d'être  soutenu  par 
lui  dans  ses  rêves  d'usurpation  ;  ce  qui  est  moins  vraisem- 
blable, c'est  que  l'illustre  évêque  de  Winchester,  le  fonda- 
teur de  ^Yindsor,  le  protecteur  d'Oxford,  Guillaume  Wick- 
ham ,  qui  avait  reçu  le  dernier  soupir  de  la  reine  Philippe , 
avait  apporté  au  roi  la  plus  étrange  révélation.  Lors  de  ses 
campagnes  de  Flandre,  Edouard  III  avait  voulu  que  la 
reine  continuât  à  habiter  Gand;  il  ajoutait  un  grand  prix 


(  S32  ) 
à  ce  qu'un  de  ses  fils  naquît  dans  un  territoire  relevant  de 
la  couronne  de  France  qu'il  revendiquait  en  ce  moment. 
L'enfant  auquel  elle  donna  le  jour  fut  malheureusement 
une  fdle,  et  la  reine,  de  peur  d'encourir  l'indignation  du 
roi,  lui  substitua  le  fils  inconnu  de  quelque  bourgeois  de 
Gand.  Cet  enfant,  c'était  le  duc  de  Lancastre.  La  reine 
Philippe,  avant  de  mourir,  avait  confié  ce  secret  à  l'évèque 
de  Winchester,  afin  que  la  couronne  d'Angleterre  ne  pas- 
sât jamais  hors  de  la  maison  royale  des  Plantagenet.  Tel 
était  le  récit  qu'avaient  propagé  les  rumeurs  populaires. 

Quoi  qu'il  en  soit,  Edouard  II J,  sous  l'empire  des  plus 
vives  alarmes,  réunit  le  Parlemeni.  Il  lui  demande,  s'il 
meurt  dans  la  guerre  qu'il  va  entreprendre  et  si  son  fils 
succombe  avec  lui,  de  reconnaître  pour  leur  héritier  le 
jeune  Richard  de  Bordeaux,  fils  du  prince  Noir.  Ce  ser- 
ment est  prêté  solennellement  par  les  prélats,  les  barons 
et  les  communes. 

Aussitôt  après,  Edouard  III  et  le  prince  de  Galles  se 
rendent  à  Southampton  et  s'embarquent  sur  le  navire 
royal,  qui  s'appelle  la  Grâce  de  Dieu.  Vains  et  menson- 
gers auspices!  L'heure  des  désastres  était  venue  après 
tant  de  victoires.  Edouard  111  a  déjà  aperçu  les  cotes  de 
Normandie;  il  a  pu  saluer  la  plage  de  la  Hogue,  où, 
tombant  sur  le  sol  au  sortir  de  son  vaisseau,  il  saisit  autre- 
fois de  ses  mains  victorieuses  celte  terre  où  chaque  succès 
devait  le  rapprocher  du  champ  de  bataille  de  Crécy;  mais 
cette  fois  la  fortune  ne  lui  sourit  plus.  Les  vents  et  les 
flots  repoussent  la  flotte  anglaise.  En  un  jour,  dit  Eroissart, 
elle  reculait  plus  qu'elle  n'avançait  en  trois,  et  après  de 
longs  efforts  elle  se  trouva  rejetée  sur  le  rivage  de  TAngle- 
lerre,  tandis  que  les  assiégés  de  Thouars  se  voyaient 
réduits  à  remettre  leurs  épées  aux  mains  de  leurs  vain- 


(  '^35  ) 
qiieurs.  C'en  était  fait  de  la  domination  anglaise  en  France  : 
même  en  Angleterre,  on  chercliait  en  vain  les  derniers 
rayons  d'une  gloire  naguère  encore  si  éclatante  et  si  vive. 

A  Windsor,  Edouard  III,  descendu  presque  aussi  bas 
que  Charles  VI  quelques  années  plus  tard,  n'offrait  sur  le 
trône  qu'une  ombre  sans  action  et  sans  vie,  honteux 
instrument  de  ceux  qui  l'invoquaient  pour  s'en  servir. 
Une  femme,  occupant  la  place  de  la  noble  reine  Philippe 
de  Hainaut,  assujettissait  à  de  honteuses  passions  cette 
vieillesse  décrépite.  La  fille  du  tisserand  Perrers,  l'astu- 
cieuse et  élégante  Alice,  présidait  à  Londres,  sous  le  titre 
de  la  dame  au  Soleil  d'or,  à  des  joutes  où  elle  menait  à  sa 
suite,  retenus  par  des  chaînes  d'argent,  les  chevaliers 
accourus  à  ces  fêtes;  d'autres  fois,  elle  montait  au  prétoire 
des  magistrats  et  leur  dictait  leurs  sentences  au  gré  de  ses 
faveurs  et  de  ses  caprices. 

A  Berkamstead,  le  prince  de  Galles  s'éteint  lentement 
par  le  ravage  du  poison  que  lui  donna  autrefois  Pierre 
le  Cruel;  mais,  quelles  que  soient  les  atteintes  du  mal  au- 
quel il  succombe,  il  retrouve  parfois  toute  son  énergie 
pour  protester  contre  la  corruption  qui  envahit  tout.  Le 
28  avril  1576,  il  se  fait  porter  au  parlement  de  Westmin- 
ster, dénonce  les  traîtres ,  attaque  ouvertement  toutes  les 
influences  honteuses;  et  le  parlement,  à  sa  voix,  ordonne  à 
Alice  Perrers  de  s'agenouiller  aux  pieds  de  l'archevêque  de 
Cantorbéry  et  de  jurer  sur  sa  crosse  qu'elle  ne  reparaîtra 
plus  à  la  cour. 

Deux  mois  après,  le  prince  de  Galles  ne  vivait  plus.  Les 
anciens  conseillers  d'Edouard  111  s'éloignèrent;  Guillaume 
Wickham  prit  la  route  de  l'exil.  Alice  Perrers  voyait  une 
autre  femme  seconder  ses  ambitieux  projets.  La  maîtresse 
d'Edouard  III  trouvait  une  alliée  dans  la  maîtresse  du  duc 


(  S54) 
de  Lancastre.  Celle-ci,  née  dans  le  Hainaut,  issue  de  la 
maison  des  sires  de  Roët,  dont  les  insignes  héraldiques  se 
composaient  de  trois  roues  (allusion  trop  justidée  aux  jeux 
de  la  fortune),  avait  été,  comme  Alice  Perrers  elle-même, 
attachée  à  la  reine  Philippe  de  Hainaut;  mais  son  nom  de- 
vait laisser  une  trace  plus  profonde  dans  l'histoire  de  la  po- 
litique et  des  lettres;  car  une  de  ses  sœurs  fut  la  compagne 
du  poëte  Chaucer,  et  lorsque  le  duc  de  Lancastre  réhahilita 
solennellement  une  union  illégitime,  elle  devint  l'aïeule 
de  toute  une  dynastie  royale.  Chose  étrange,  ces  deux 
femmes  placèrent  leur  appui  dans  les  Lollards  qui  allé- 
guaient les  abus  du  clergé  et  de  la  noblesse  pour  réformer 
l'Église  et  l'État.  Le  duc  de  Lancastre  appelait  de  ses  vœux 
impatients  une  révolution  :  tout  ce  qui  pouvait  la  hâter 
répondait  aux  besoins  de  sa  politique. 

Lorsque  John  Wyclef,  le  docteur  des  Lollards,  fut  cité 
devant  les  évéques  réunis  dans  la  cathédrale  de  Saint-Paul, 
le  duc  de  Lancastre  l'y  accompagna  avec  de  nombreux 
hommes  d'armes.  Wyclef,  au  lieu  de  comparaître  comme 
un  accusé ,  alla  s'asseoir  à  coté  des  évéques  et  plutôt  comme 
leur  juge,  et  le  duc  de  Lancastre,  prenant  lui-même  la 
parole,  annonça  qu'il  saurait  bien  châtier  l'orgueil  des  pré- 
lats d'Angleterre,  trop  confiants  dans  des  parents  qui 
auraient  assez  à  faire  pour  se  défendre  eux-mêmes.  Il 
menaçait,  en  ces  mots,  l'évèque  de  Londres  qui  était  le 
iils  du  comte  de  Devonshire  :  «  Ce  n'est  pas  en  mes  pa- 
»  ronts,  ce  n'est  pas  en  un  homme  vivant,  c'est  en  Dieu 
»  seul  que  je  me  confie,  »  s'écria  l'évèque  de  Londres.  Le 
duc  de  Lancastre,  furieux,  s'élança  sur  lui  et  voulut  l'arra- 
cher de  son  siège;  mais  le  peu|)le,  qui  avait  pénétré  dans 
l'église,  fit  entendre  un  violent  murmure,  et  le  duc  de 
Lancastre  jiigea  prudent  de  se  retirer. 

Les  bourgeois,  réunis  sur  les  places  publiques,  mon- 


(  333  ) 
traient  la  plus  vive  agilation.  On  racontait  que  la  veille  le 
(lue  (le  Lancastre  avait  déclaré  qu'il  fallait  abolir  toutes  les 
libertés  de  la  capitale  du  royaume. 

L'inquiétude  redoubla  quand  le  25  février  1577  on  an- 
nonça que  par  l'ordre  du  roi  (Lancastre  le  gouvernait  eii 
ce  moment  à  son  gré)  le  maire  électif  de  la  Cité  serait  rem- 
placé par  un  capitaine  et  que  désormais  le  droit  d'arrêter 
les  bourgeois  appartiendrait  au  maréchal  d'Angleterre.  Dès 
le  lendemain  cette  mesure  est  exécutée,  mais  les  bourgeois 
prennent  les  armes  et  délivrent  un  de  leurs  concitoyens, 
arrêté  au  mépris  de  leurs  privilèges. 

Ce  jour-là  le  duc  de  Lancastre  et  le  maréchal  d'Angle- 
terre devaient  assister  à  un  banquet  chez  un  chevalier  fla- 
mand, Jean  d'Ypres,  qui  avait  recueilli  à  titre  héréditaire 
l'hôtel  d'Ypres,  bâti  au  XII^  siècle,  près  de  la  Tour,  par 
Guillaume  d'Ypres,  comte  de  Kent  :  à  peine  eurent-ils  le 
temps  de  se  jeter  dans  une  barque  et  de  fuir  sur  la  Tamise 
vers  le  manoir  de  Kensington.Une  députation  de  bourgeois 
se  rendit  aussitôt  près  d'Edouard  III.  Il  en  reconnut  quel- 
ques-uns et  les  accueillit  comme  des  amis  :  «  Moi,  dit-il, 
»  diminuer  vos  privilèges  !  je  n'ai  jamais  songé  qu'à  les 
»  accroître,  »  et  il  les  congédia  avec  douceur. 

Cependant  le  duc  de  Lancastre  a  reparu.  Il  ne  se  rend 
près  d'Edouard  que  pour  lui  dicter  une  donation  en  faveur 
de  Catherine  de  Roët,  et,  par  une  association  d'idées  toute 
naturelle,  il  va  demander  au  parlement  qu'on  rétablisse 
solennellement  dans  tous  ses  biens  Alice  Perrers.  Puis, 
comme  ce  jour  son  langage  est  lier,  car  de  nombreux 
hommes  d'armes  l'accompagnent,  il  exige  que  les  bour- 
geois de  Londres  viennent  demander  merci.  11  fait  porter 
dans  la  grande  salle  de  Westminster  le  vieux  roi  qui,  selon 
un  chroniqueur  anglais,  n'était  plus  qu'une  image.  Il  faut 
que  les  habitants  de  Londres,  corps  et  biens,  lui  soient 


(  536  ) 
livrés;  mais  le  monarque  a  laissé  s'échapper  une  parole  et 
c'est  un  accent  de  pitié.  En  voyant  devant  lui  les  repré- 
sentants de  la  première  cité  de  son  royaume,  humiliés  et 
menacés  des  peines  les  plus  sévères,  il  se  contente  de  leur 
dire  qu'ils  portent  un  cierge  à  l'église,  de  Saint-Paul  et  que 
tout  leur  sera  pardonné. 

Edouard  IIJ,  rentré  dans  son  palais,  y  retrouva  Alice  Per- 
rers.  En  ce  moment  oii  les  forces  de  la  vie  allaient  s'épui- 
sant  rapidement  chez  le  vieillard,  elle  lui  promettait  une 
seconde  jeunesse;  elle  l'entretenait  de  chasses  au  faucon, 
et  son  influence,  liée  à  ces  illusions  et  à  ces  rêves  de  plai- 
sirs, se  perpétuait  sans  obstacle.  On  racontait  en  Angle- 
terre qu'Alice  Perrers  était  allé  un  jour  consulter  un  domi- 
nicain du  cloître  de  Palangwike,  fort  instruit  dans  l'art 
de  la  magie,  et  que  ce  moine,  sans  la  connaître,  lui  avait 
remis  une  bague  précieuse  en  lui  annonçant  que  celui  qui 
la  porterait  ne  pourrait  jamais  se  dérober  à  son  amour. 
Edouard  III  portait  encore  l'anneau  le  21  juin  1577  lors- 
qu'une rapide  défaillance  annonça  sa  fin.  Alice  Perrers, 
n'écoutant  plus  que  les  convoitises  de  la  courtisane,  se 
jeta  sur  lui,  arracha  sa  bague  et  s'enfuit.  Ainsi  fut  rompu 
le  charme  du  dominicain  de  Palangwike,  et  Edouard  IIT, 
en  rouvrant  les  yeux  et  en  se  voyant  seul  et  abandonné, 
sentit  toutes  les  séductions  honteusement  subies  s'éva- 
nouir devant  la  vérité  et  devant  la  justice  divine.  Un 
pauvre  prêtre,  apprenant  ce  qui  se  passait,  accourut  dans 
le  palais  désert  et  trouva  le  roi  respirant  encore.  «  Cher 
j>  seigneur,  lui  dit-il,  d'une  voix  attendrie,  vous  avez  beau- 
j>  coup  fait  soufl'rir  le  peuple  qile  vous  deviez  défendre; 
I)  vous  n'avez  pas  été  le  gardien  impartial  de  la  justice. 
»  Puisque  la  voix  vous  manque,  élevez  au  moins  les  yeux 
y>  vers  le  Seigneur  afin  de  montrer  que  vous  implorez  sa 
»  miséricorde.  »  Edouard  leva  les  yeux.  Le  prêtre  pour- 


(  357  ) 
suivit  :  «  Il  y  a  des  hommes  qui  vous  ont  oiTensé  et  que 
»  vous  avez  pris  en  haine.  Pardonnez-leur  afin  que  Dieu 
»  vous  pardonne  aussi.  »  Edouard  fit  un  signe  de  la  main. 
Alors  le  prêtre  lui  présentant  le  crucifix  :  «  Voilà,  lui  dit-il, 
»  l'image  de  Notre-Seigneur  Jésus  qui  a  souffert  pour 
»  nous.  Priez-le,  au  nom  de  sa  passion  ,  d'accepter  votre 
»  repentir.  »  Les  lèvres  du  roi  s'approchèrent  du  crucifix; 
elles  le  haisèrent,  puis  se  refermèrent.  Le  dernier  soulïïe 
venait  de  s'échapper  de  la  bouche  du  vainqueur  de  Crécy. 
C'est  à  une  autre  page  de  l'histoire  d'Angleterre  qu'ap- 
partiendra le  récit  de  la  sanglante  usurpation  du  (ils  de 
Jean  de  Gand,  duc  de  Lancastre. 


Don  JiAN  d'Autriche.  —  Éludes  historiques  ^  par 
^L  Gachard,  membre  de  l'Académie. 


QUATRIÈME  ÉTUDE. 


OOXWA     CàlOVAlW.'VA      d'.%V.STR 


L 


Don  Juan  d'Autriche  arriva  en  Italie  à  la  fin  du  mois  de 
juillet  Io71  ;  il  en  partit, pour  n'y  plus  revenir,  le  13  août 
Jo76.  Dans  l'intervalle  qui  sépare  ces  deux  dates,  il  fil  la 
campagne  que  la  bataille  de  Lépante  a  rendue  à  jamais 
mémorable;  il  alla  conquérir  Tunis;  à  différentes  reprises 
il  séjourna ,  à  la  tête  de  la  flotte  qu'il  commandait,  dans 
les  ports  de  Sicile;  deux  fois  le  roi  l'envoya  en  Lombardie; 
il  fit  un  voyage  en  Espagne.  Tout  le  reste  du  temps  qui 

2'"*"  SÉRIE  ,  TOME  XXVII.  36 


(  538  ) 
s'('cou!a  (hiraiil  cet  espace  de  cinq  années,  ce  fut  à  Xaples 
qu'il  le  passa. 

Naples  était  déjà  alors  renommée  entre  les  cités  les 
plus  délicieuses  de  Tltalie  et  de  l'Europe.  Don  Pedro  de 
Tolède,  qui  sous  Charles-Quint  en  avait  été  pendant  vingt 
et  une  années  le  vice-roi  (I),  l'avait  considérablement 
agrandie  et  embellie.  Il  l'avait  agrandie,  en  faisant  jeter 
bas  les  portes  et  les  murailles  construites  du  temps  des 
monarques  anjouins,  et  en  incorporant  dans  la  ville  un 
territoire  de  plus  de  deux  milles  de  circuit.  Il  l'avait  em- 
bellie, en  y  élevant  des  palais,  des  églises,  des  menas-* 
tères  somptueux;  en  faisant  paver  de  briques  les  rues  d'où 
s'élevaient  des  nuages  de  poussière  dans  les  temps  secs  et 
qui,  dans  les  moments  de  pluie,  devenaient  des  cloaques  ; 
en  en  redressant  l'alignement,  qui  était  des  plus  irrégu- 
liers; en  ordonnant  la  suppression  des  portiques  par  les- 
quels le  jour  était  obscurci,  et  des  avant-toits  des  maisons 
et  des  boutiques  dont  l'aspect  choquait  la  vue;  enfin  en 
faisant  percer  la  rue,  de  près  d'une  demi-lieue  de  lon- 
gueur, qu'il  appela  du  Sainl-Esprit ,  mais  à  laquelle  la 
postérité  reconnaissante  a  donné  son  nom  qu'elle  porte 
encore  aujourd'hui.  Et  non-seulement  don  Pedro  de  Tolède 
avait  agrandi,  embelli  Naples,  mais  il  avait  pris  à  tâche  de 
l'assainir.  Par  ses  soins  les  marais  qu'il  y  avait  aux  abords 
de  la  ville  et  dont  les  émanations  fétides  étaient  des  causes 
d'épidémies,  avaient  été  desséchés;  les  égouts  conduisant 
les  immondices  à  la  mer,  depuis  longtemps  négligés, 
avaient  été  rétablis;  les  places  [)ubliques  avaient  été  ornées 
de  fontaines  qui  fournissaient  aux  habitants  de  l'eau  en 


(1)  Oe  i:i52à  vs:\o. 


(  o59  ) 

abondance  (1).  Ajoutez  à  tout  cela  cet  admirable  ciel  qui 
l'ail  de  Naples  un  séjour  privilégié,  les  enchantements  du 
golfe  aux  bords  duquel  elle  est  assise,  et  le  spectacle,  à  la 
fois  plein  de  grâce  et  de  majesté,  qu'offre  l'amphithéâtre 
qui  s'y  déroule  aux  yeux.  Aussi,  dans  les  trente  dernières 
années,  la  population  s'y  était  énormément  accrue  :  une 
relation  diplomatique  contemporaine  faite  au  sénat  de 
Venise  la  porte  à  200,000  âmes  (2);  elle  se  serait  élevée 
jusqu'à  500,000  âmes,  selon  une  autre  relation  d'un  diplo- 
mate du  même  pays  et  du  môme  temps  (5). 

Don  Juan  se  plaisait  beaucoup  à  Naples  (4-).  Cette  capi- 
tale était  le  rendez-vous  de  l'aristocratie  de  tout  le  royaume, 
parmi  laquelle  on  comptait  quantité  de  princes,  de  ducs, 
de  marquis,  de  comtes,  dont  plusieurs  jouissaient  de  gros 
revenus  et  habitaient  des  palais  splendides(o).  Quant  aux 


(1)  Gianonne,  Histoire  de  Naples,  t.  IV,  pp.  88-91.  —  Relazionedi 
Napoli  di  Girolamo  Lippomano ^  liiJG,  pp.  'ill-'^l^  {Relazioni  degli 
ambascialori  Veneti  al  Senafo,  sér.  II,  vol.  II).  —  Libro  donde  se  trala 
de  losvireyes  lugartenientes  del  reino  de  Ndpoles ,  elc,  compilado  por 
José  Raneo  aîio  MDCXXXIV ,  pp.  137-1Ô8  [Coleccion  de  documentos 
inéditos  para  la  hisloria  de  Espana ,  l.  XXIII). 

(2)  Relazione  di  Girolamo  Lippomano,  p.  27:2. 

(3)  Relazione  di  Napoli  di  Alvise  Lando,  i5S0,i).  467  [Relazioni,  etc., 
sér.  II,  vol.  V). 

(4)  C'est  ce  que  Tambassadeur  vénitien  Lippomano  écrivait  au  doge 
le  28  aoiît  lo7o  :  «  Sua  Altezza  slà  qui  in  Napoli  mollo  volenlieri.  o 
(Archives  impériales,  à  Vienne.) 

(o)  Dans  sa  relation  de  Naples,  Lippomano  fait  mention  de  treize  ducs , 
trente  marquis  et  cinquante-quatre  comtes,  «  clie,  senon  tulli,  gran 
c  parle  vi  abitano  e  tengono  proprj  palazzi,  ed  hanno  alcun  di  essi  d'en- 
n  trala  dalli  cinquenta  ai  cento  mila  ducati  air  anno.  »  Selon  Alvise 
Lando,  on  y  comptait  quatorze  princes,  vingt-cinq  ducs,  trente-sept  mar- 
quis, cinquante-quatre  comtes  et  quatre  cent  quatre-vingt-huit  barons. 
{Relazione  di  i'ôHO,  p.  46i.) 


(  SiO  ) 
simples  genlilsliommes,  le  nombre  en  était  infini,  et  ceux-ci 
n'étaient  pas  les  moins  fiers  de  leur  noblesse;  ils  auraient 
cru  y  déroger  en  faisant  le  trafic  :  l'équitation,  l'exercice 
des  armes,  étaient  leurs  occupations  liabituelles  (1). 

Il  y  avait  aussi  à  Naples  la  colonie  espagnole,  qui  comp- 
tait dans  son  sein  de  grands  noms  et  des  personnages 
illustres  par  les  services  qu'ils  avaient  rendus  à  la  cou- 
ronne :  les  chefs  de  l'armée  de  terre  et  de  mer,  les  gouver- 
neurs des  chàteaux-forts,  les  principaux  ministres,  appar- 
tenaient à  cette  nation.  Le  vice-roi  en  était  ordinairement 
aussi;  mais,  par  exception,  à  l'époque  dont  nous  parlons, 
un  Franc-Comtois,  le  cardinal  de  Granvelle,  se  trouvait 
revêtu  de  cette  dignité. 

Toute  cette  société  ne  songeait  qu'à  se  divertir,  et  don 
Juan  l'y  excitait  par  son  exemple.  11  n'y  avait  presque  pas 
de  jour  qu'il  ne  jouât  à  la  paume;  c'était  son  exercice 
favori;  il  s'y  livrait  habituellement  sur  la  voie  publique. 
Dans  le  temps  de  carnaval  il  organisait  des  mascarades,  il 
présidait  à  des  tournois,  à  des  jeux  de  cannes,  à  des 
courses  de  taureaux  dans  lesquels  brillaient  toujours  son 
agilité  et  son  adresse.  Il  donnait  des  fêtes  aux  dames  espa- 
gnoles et  napolitaines,  le  plus  souvent  en  mer  ou  sur  la 
plage  riante  de  Pouzzole  :  la  flotte  royale  étant  à  ses  ordres, 
il  la  mettait  en  mouvement  dans  ces  occasions. 

Ces  fêtes,  ces  divertissements  continuels  auxquels  don 
Juan  prenait  part  avec  l'ardeur  de  son  tempérament  et  la 
fougue  de  son  âge,  n'étaient  pas  du  goût  de  tout  le  monde. 


(1)  «  ....  FatiMO  grau  professioiio  di  iiohillà Vivono  niollo  alla  graiido, 

.sliiuamlo  vorgoyiia  rallciuloie  aile  nitMcaiizie SimmkIouo  lullo  il  lempo 

ncT  cserei/.io  dt'llc  arnii ,  la  inaj^jyior  parle  a  cavailo...  >•  {liclazione  di 
Uirolafiio  IJpixjinano,  p.  27  i.) 


(  oU  ) 

Il  y  en  avait,  entre  les  Espagnols,  qui  y  trouvaient  à  re- 
dire; à  leurs  yeux,  le  frère  du  roi  compromettait  par  là 
sa  dignité  (1).  Des  critiques  s'élevaient  aussi  des  rangs  de 
la  haute  noblesse  du  pays,  qui  en  voulait  à  don  Juan  de  ce 
que  jamais  il  ne  la  faisait  manger  à  sa  table,  tandis  que  les 
chefs  de  l'armée  et  de  la  flotte  y  étaient  conviés  (2j.  Mais 
le  peuple  ne  partageait  pas  ces  sentiments  :  au  contraire, 
il  savait  gré  au  vainqueur  de  Lépante  de  donner  l'impul- 
sion à  des  jeux  et  à  des  plaisirs  dont  il  faisait  en  quchpie 
sorte  des  s[)ectacles  publics  (5). 


H. 


Deux  passions  se  partageaient  le  cœur  de  don  Juan  : 
l'amour  et  la  gloire.  Jeune,  beau,  doué  des  qualités  les 
plus  brillantes  et  les  plus  sympathiques,  il  ne  pouvait 
manquer  d'obtenir  auprès  des  femmes  les  mêmes  succès 


(1)  A  questi  non  place  le  lanle  e  domesliche  feste  dove  inter- 

viene  S.  A.,  parendogli  che  con  queslo  venghi  offeso  il  sosiego  e  la  gra- 
vilade....  «  (Lettre  écrite  à  Côme  de  Médicis,  le  23  janvier  1373,  par  le 
chevalier  Vaini,  son  ministre  auprès  de  don  Juan  :  aux  archives  de 
Florence.  ) 

(-2)  Lettre  du  chevalier  Vaini,  du  lojanvier  lo73. 

(5)  Vaini,  après  avoir,  dans  une  lettre  du  26  janvier,  raconté  un  tour- 
noi auquel  don  Juan  avait  pris  part,  en  masque,  à  la  place  de  Saint- 
Dominique,  ajoute  :  «  In  questa  conie  en  ogni  altra  sua  azione  di  questi 
>^  giochi,  dette  molta  sodisfazione  al  popolo....  « 

Dans  une  lettre  du  17  janvier  à  la  duchesse  de  Parme,  le  cardinal  de 
Granvelle  s'exprime  à  peu  près  dans  les  mêmes  termes  :  '■  L'illustrissime 
»  seigneur  don  Jehan  d'Auslriche,  lui  dit-il ,  se  porte  fort  bien,^et  tient 
)^  en  joye  et  contentement  ceste  cité  par  passe-temps  d'armes,  y  faisant 
')  exercer  la  noblesse,  etc.  »  (Archives  farnésiennes,  à  Naples.) 


(  M^l  ) 
qu'il  avait  eus  à  la  guerre.  Un  ambassadeur  de  la  répu- 
blique de  Venise  qui  venait  de  résider  pendant  plusieurs 
mois' auprès  de  lui,Girolamo  Lippomano,  assure  que,  s'il 
était  un  adorateur  ardent  du  beau  sexe,  jamais  il  ne  don- 
nait de  scandale  qui  pût  occasionner  de  la  rumeur,  et  qu'il 
évitait  aussi  de  causer  du  mécontentement  à  la  noblesse  de 
Naples,  ayant  pour  habitude,  dans  ses  liaisons  galantes, 
de  s'adresser  aux  dames  qui  aiment  à  avoir  commerce  avec 
des  princes  (I).  D'autres  détails  assez  piquants  nous  sont 
fournis  sur  son  compte  par  les  chroniques  napolitaines  : 
celles-ci  rapportent  qu'il  se  souciait  peu  que  la  femme 
qu'il  convoitait  fût  noble  ou  plébéienne,  pourvu  qu'elle  fût 
jolie,  et  que  rarement  il  voulait  voir  une  seconde  fois  celle 
qui  s'était  donnée  à  lui ,  eût-il  môme  été  le  premier  à  qui 
elle  aurait  accordé  ses  faveurs  (2). 

II  lui  arriva  cependant  de  se  prendre  d'une  vive  ten- 
dresse et  d'un  attachement  véritable  pour  une  jeune  fille 
d'une  naissance  distinguée  et  d'une  beauté  rare.  Son  nom 
était  Diana.  Elle  avait  pour  père  un  gentilhomme  de  Sor- 


(1)  «  ....  Dicono  alcuni  che  è  molto  inclinalo  aile  donne,  il  cbe  puù 
esser  facilmenle  vero,  per  essor  giovanne  come  è;  ma  nonilimcno  non 
ha  mai  dalo  scandalo  per  il  quale  ha  seguilo  rumore,  ne  mala  soddisla- 
zione  alla  nobiltà  di  Napoli,  perché  attende  a  darsi  piacere  con  quelle 
dame  che  hanno  per  gra/ia  di  pralicar  con  principi...-  »  (  Relazione  di 
Napoli,  io76,  p.  291.) 

(2)  «  ....  Era  don  Giovanni  bellissimo  e  gralioso;  e  vcnulo  negP  anni 
délia  adolescenza,  fù  molle  disordinalo  nelli  piaceri  venerei  :  purchè  la 
donna  ch'  havesse  dovulo  godere  lusse  di  faccia  gratiosa,  non  curandosi 
punto  Tesser  nobile  o  plel)ca5  e  di  raro  godea  piîi  d'una  volta  (piella  doinia 
cir  havea  godutauna  volta,  e  che  fusse  stata  vergine;  e  quella  non  voleva 
vcdor  di  giorno  ch'  havea  godutla  di  notle....  'i  {Fatti  ocrorsi  in  divcrsi 
lempi  nella  citlàdi  Napoli,  etc.,  MS.  du  XVII""'  sièdr,  à  la  [>il)Iiotliè(|ue 
nationale,  à  Naples.) 


(  5i5  ) 

rente,.  Antonio  Falangola,  et  pour  mère  Lucrelia  Brancia. 
Don  Juan  mit  en  œuvre  toutes  les  séductions  pour  se  faire 
aimer  d'elle,  et  il  y  parvint.  Alors  il  éloigna  de  .\aj)les 
Antonio  Falangola,  en  lui  donnant  le  gouvernement  de 
Pouzzole  (J). 

Cette  liaison  eut  les  suites  qu'on  va  voir  par  une  lettre 
de  don  Juan  à  sa  sœur,  madame  Marguerite  d'Autriche  ;  je 
dois  rappeler  ici  que,  au  commencement  de  1575,  il  avait 
l'ait  une  visite  à  Marguerite,  à  sa  résidence  d'Aquila  dans 
les  Abruzzes  : 

Madame,  que  Votre  Altesse,  à  la  lecture  de  cette  lettre,  se 
mette  à  rire,  car  moi-même,  quoique  je  sois  plein  de  confu- 
sion, j'ai  envie  de  le  faire.  Votre  Altesse  se  souviendra  que, 
entre  autres  choses  particulières,  elle  me  demanda  si  j'avais 
quelque  enfant  et  en  même  tem|)S  m'ordonna,  si  j'en  avais  un, 
de  le  lui  confier.  Je  lui  répondis  que  je  n'en  avais  pas,  en  la 
remerciant  de  la  faveur  qu'elle  me  voulait  faire,  et  j'ajoutai 
qu'il  pourrait  arriver  bienlôt  que  je  l'acceptasse.  Ce  hienlot, 
madame,  il  est  presque  arrivé  déjà  :  car,  d'ici  à  un  mois,  je 
crois  que  de  garçon,  tel  que  je  le  suis,  je  me  verrai  père,  et 
père  confus  et  honteux  :  je  dis  honteux,  parce  que  c'est  une 
plaisanterie  que  davoir,  moi,  des  enfants.  Enfin  que  Voire 
Altesse  me  pardonne,  puisqu'elle  doit  être  leur  mère  comme 
elle  est  la  mienne,  et  principalement  de  celui  qui  va  naître  et 
qui  sera  le  premier.  Je  la  supplie  donc  très-instamment  de  me 


(1)  9  ....  Menlre  quanto  dimoro  in  Napoli,  innamorosi  d'una  bellissima 
e  iiobil  doncella  cbiamala  Diana,  figlia  d'Antonio  Falangola  e  di  Lucretia 
Brancia,  délia  cilà  di  Sorrento,  che  vivevano  in  Napoli  con  loro  famiglia, 
e  lanto  s'adoprô  per  mezzo  di  richissimi  donni  alla  maire  el  alla  figlia  che 
ToUenne  in  sua  balia ,  et  ad  Antonio  suo  padre  diede  il  governo  di  Puz- 
zoli,  dove  si  ritirô  per  fingere  non  saper  cosa  alcuna  délie  sue  vergo- 
gne..., «  {FaUi  occorsi  nella  cilla  di  iSapoli,  etc.  ) 


(  Mi  ) 

faire  la  grâce  de  prendre  cette  nouvelle  peine,  ce  nouvel  en- 
nui, et  cela  avec  tout  le  secret  et  toute  la  précaution  possibles. 
Mais  sur  ce  point  et  sur  tout  ce  qui  pourra  être  encore  le  plus 
convenable  et  le  plus  prudent,  je  veux  m'en  remettre  et  je 
m'en  remets  à  Votre  Altesse,  la  suppliant  non-seulement  de 
se  charger  de  tout,  mais  encore  dem'avertir  de  ce  qui  sur  ce; 
objet  particulier  et  sur  tous  autres  lui  paraîtra  le  mieux  • 
car  certainement  ce  le  sera.  Lorsque  le  moment  vicndi'a  pour 
Votre  Altesse  de  recevoir  l'enfant,  ce  qui  sera  dès  qu'on 
pourra  le  conduire,  sans  danger  pour  lui,  au  lieu  où  elle  se 
trouvera,  elle  en  sera  informée  par  le  cardinal  de  Granvellc, 
qui,  par  amour  pour  moi  et  afin  que  la  chose  se  fasse  mieux  et 
avec  plus  de  secret,  prendra  soin  de  l'enfant  jusqu'à  ce  qu'il 
soit  au  pouvoir  de  Votre  Altesse;  ledit  cardinal  s'entendra  à 
cet  effet  avec  elle  :  je  supplie  Votre  Altesse  de  lui  prêter  la 
main,  et  de  se  considérer  dès  à  présent  comme  la  mère  du 
père  et  de  l'enfant.  Celle  dont  j'attends  la  délivrance  est  une 
des  femmes  les  plus  nobles  et  les  plus  distinguées  dici,  et  des 
plus  belles  qu'il  y  ait  en  toute  l'Italie  :  toutes  ces  qualités,  et 
celle  de  la  noblesse  principalement,  pourront,  ce  me  semble  , 
rendre  plus  excusable  ce  désordre,  si  l'on  peut  appeler  dé- 
sordre une  chose  si  naturelle  et  si  fréquente  dans  le  monde.... 

De  Naples,  le  18  juillet  1575. 

Je  baise  les  mains  de  Votre  Altesse  et  suis  son  très-assuré 
serviteur  et  obéissant  frère. 

Don  Jlan  d'Autriche  (I). 

Dans  cette  lettre ,  don  Juan  parle  à  sa  sœur  de  l'enfant 
qui  lui  va  naître  comme  du  premier  dont  il  sera  le  père. 
Cela  pouvait  être  vrai  pour  Naples;  mais,  à  Madrid  ,  il  avait 
eu  déjà,  d'une  dame  de  la  cour  (î2),  une  lille  dont  il  avait 


(1)  Voy.  rAppendice  n"  I. 

(2)  Dofia  Maria  de  Mciuiu/.a. 


(  ^io  ) 
prié  sa  mère  adoplivc  ou,  comme  il  l'appelait,  sa  bonne 
lante,  dona  xMagdalena  de  Ulloa,  de  vouloir  prendre  soin. 
Ce  fruit  de  ses  amours  rerut  le  nom  d'Ana.  L'illustre  veuve 
de  Quijada  l'éleva  en  secret  jusqu'à  l'àgc  de  sept  ans, 
époque  où  elle  la  mit  à  Madrid  dans  un  monastère.  Plus 
tard,  Philippe  II  la  fit  transférer  en  un  autre  monastère,  à 
Burgos,  dont  elle  devint  abbesse  (1). 

La  réponse  de  Marguerite  parvint  à  don  Juan  lorsqu'il 
avait  quitté  Naples  pour  se  rendre  à  Messine;  elle  était 
entièrement  conforme  à  son  désir  et  à  son  attente  (2).  Il 
en  remercia  sa  sœur  avec  effusion  ,  ajoutant  :  «  Je  ne  dirai 
»  pas  pour  maintenant  à  Votre  Altesse,  et  jusqu'à  ce 
j>  qu'elle  ait  là-bas  l'enfant,  le  nom  de  la  mère;  d'ailleurs 
»  je  ne  pense  pas  qu'elle  la  connaisse  :  mais  certes  elle 
»  appartient  à  la  noblesse  de  son  endroit,  et  elle  est  une 
»  des  plus  belles  de  cet  endroit  ou  du  monde  et,  comme 
»  je  le  dis,  de  famille  connue  et  très-noble.  C'est  ce  dont 
r>  j'ai  fait  le  plus  de  cas.  J'avertis  Votre  Altesse  qu'il  pourra 
»  fort  bien  arriver  que,  au  moment  où  elle  y  pensera  le 
»  moins,  je  lui  porte  un  second  enfant,  car  en  cet  office 
»  il  n'y  a  que  le  premier  pas  qui  coûte.  Que  Votre  Al- 
»  tesse  rie  de  moi,  comme  je  le  fais  moi-même,  puisque  je 
»  me  vois  si  jeune  avec  des  enfants.  Malheur  à  eux  s'ils 
»  n'avaient  pour  mère  Votre  Altesse ,  qui  ne  l'est  pas  moins 
»  d'eux:  que  de  moi,  et  qui  n'est  pas  moins  la  mienne 
»  que  celle  de  son  propre  fds!  C'est  là  ce  que  j'ai  à  dire  en 
»  matière  d'enfants  :  j'ajouterai  que,  selon  mon  jugement, 
))  celui  dont  je  parle  plus  haut  ne  tardera  pas  à  naître.  Si 


(1)  Fatti  occorsi  in  diversi  tempi  nclla  ciltà  di  Xapoli,  MS.  de  la 
Dibliolbèque  de  Naples  déjà  cité.  —  Su-ada,  de  Bello  Bcigico .  lih.  X, 
{:2)  Elle  portait  la  date  du  51  juillet. 


(  5  if)  ) 

»  c'est  un  garçon,  on  l'appellera  Gerdnimo,  comme  je  fus 
»  appelé  à  mon  baptême;  si  c'est  une  lille,  elle  sera  nom- 
»  niée  Giovanna Messine,  19  août  1575. 

»   Don  Juan  d'Autriche  (1).  » 

L'événement  que  don  Juan  attendait, sans  trop  d'anxiélé 
ni  d'impatience,  à  ce  qu'il  semble,  s'accomplit  le  11  sep- 
tembre. Diana  Falangola  donna  le  jour  à  une  fille  que  le 
cardinal  de  Granvelle  recueillit,  et  qu'il  conlia  à  une  nour- 
rice dont  il  avait  fait  choix  d'avance.  Madame  Marguerite 
n'avait  pas  manqué  d'instruire  Granvelle  de  ce  qu'elle 
venait  de  promettre  à  son  frère  :  au  commencement  de 
novembre,  le  cardinal  fit  prendre  le  chemin  d'Aquila  à  l'en- 
fant, à  sa  nourrice  et  au  mari  de  celle-ci ,  sous  la  conduite 
d'un  Milanais,  Francesco  Castano,  qui  avait  été  à  son  ser- 
vice à  Bruxelles  en  qualité  d'écuyer  d'écurie  :  aucune  de  ces 
trois  personnes  ne  savait  la  moindre  chose  du  père  ni  de 
la  mère  de  l'enfant  Suivant  ses  instructions ,  Castano  remit 
la  nouveau-née  et  le  couple  qui  l'accompagnait,  au  village 
de  la  Rocca ,  près  de  Sulmone,  à  quelqu'un  envoyé  d'Aquila 
pour  les  recevoir,  et  revint  à  Naples  :  Marguerite  n'avait 
pas  jugé  à  propos  qu'il  allât  plus  loin  (2). 

Malgré  le  mystère  dont  avait  été  entouré  l'accouchement 
de  Diana  Falangola,  malgré  les  précautions  prises  pour 
cacher  à  tous  les  yeux  l'enfant  qu'elle  avait  mis  au  monde, 
la  naissance  de  cet  enfant  avait  transpiré  dans  le  public  et 
donné  lieu  à  des  bruits  divers.  Les  uns  en  attribuaient  la 


(1)  Voy.  rAppeiidice  n"  II. 

(2)  Lettres  de  Granvelle  à  Marguerite  ,  des  19  seplembie,  6  novembre 
et  '2  décembre  1575.  (Appendices  n"«  111 ,  IV  et  V.) 


(  Si?  ) 
paternité  à  don  Juan  (1);  d'autres,  en  plus  grand  nombre, 
la  mettaient  sur  le  compte  de  Granvelle.  Dans  sa  corres- 
pondance avec  Marguerite,  le  cardinal  n'hésite  pas  à 
l'avouer:  a.  Aulcuns,  dit-il  à  madame  de  Parme,  soubson- 
»  nent  que  Tenfant  soit  mien.  Mais,  comme  je  ne  parla 
))  onqucs  à  la  mère,  ny  luy  pense  parler,  cela  et  mon  eage 


(1)  Le  chevalier  de  Vaini ,  que  nous  avons  cité  déjà,  dans  une  lettre 
écrite  au  grand-duc  de  Florence  le  29  novendjre  1573,  raconte  la  singu- 
lière histoire  que  voici  : 

«  Une  dame  ,  nommée  Falanga,  réputée  la  plus  jolie  femme  de  Naples, 
après  avoir,  les  années  passées,  été  détenue  en  prison  plusieurs  mois  et 
torturée  pour  imputation  d'adultère  et  de  deux  homicides,  étant  enfin 
parvenue  à  obtenir  sa  mise  en  liberté,  était  courtisée  par  le  seigneur  don 
Juan,  qui  lui  témoignait  une  grande  atï'ection.  La  même  dame  ne  déplai- 
sait point  au  cardinal  de  Granvelle;  et,  comme  il  lui  paraissait  qu'elle 
était  de  sa  juridiction,  il  trouvait  mauvais  que  d'autres  s'occupassent 
d'elle.  Une  communauté  de  religieuses  où  il  voulait  la  placer  ayant  refusé 
de  la  recevoir,  il  impétra  du  pape  un  bref  adressé  à  son  nonce  à  Naples , 
afin  qu'il  commandât  à  cette  communauté,  sous  peine  de  désobéissance, 
de  revenir  sur  ce  refus  :  ce  qui  s'exécuta,  mais  non  sans  donner  lieu  à  de 
la  rumeur  et  du  scandale  dans  le  couvent,  la  plupart  des  religieuses  ayant 
dit  à  la  dame  toute  sorte  de  vilenies,  l'ayant  menacée  même  delà  faire 
mourir.  Elle  y  resta  toutefois  et  elle  s'y  trouve  encore.  Elle  y  a  mis  au 
monde  une  fille,  laquelle  le  seigneur  don  Juan  a  prié  la  duchesse  de  Parme 
de  faire  élever,  quoiqu'il  ait  été  en  quelque  opinion  que  le  cardinal  avait 
eu  une  bonne  part  dans  la  procréation  de  cette  enfant.  » 

Voici  le  texte  : 

y  ....  Una  tal  Falanga ,  reputata  la  più  bella  donna  di  Napoli ,  dopo  esser 
stata  gl'  anni  a  dietro  molli  mesi  prigiona  et  lorturata  per  imputazione 
d'adulterio  et  duoi  homicidii,  finalmente  uscita  per  mezo  valorsuo,era 
festigiala  dal  signor  don  Gio.  con  mol  ta  afFezione.  La  medesima  non 
dispiaceva  punto  al  cardinal;  et  parendole  di  sua  giurisdizione,  haveva  a 
maie  che  altri  vi  s'ingerisse.  Onde  procuré  que  il  papa  scrivesseun  brève 
al  nunzio  appostolico  che,  non  volendo  un  monasterio  di  monache,  dove 
per  qualche  degno  rispetlo  la  voleva  deposilar'  il  cardinale,  accetarla,  gli 
lo  comandasse  sotto  pena  di  obbedieiiza  :  il  che  fù  eseguilo  non  senza 
rumor  et  scandale  di  quel  monasterio,  havendo  la  maggior  parte  délie 
monache  detlo  aquesta  genlildonna  ogni  sorte  di  vilaniaetminacciatola  di 


(  5i8-  ) 
D  l'oront  perdre  cette  opinion;  et  n'en  faiz  aultre  cas  (1).  » 
Non  moins  que  son  âge,  le  caractère  dont  ce  prince  de 
rÉglise  était  revêtu  aurait  du  écarter  de  lui  les  soupçons; 
mais  i!  aurait  fallu,  pour  cela,  que  dans  sa  conduite  pri- 
vée il  observât  ce  que  et  l'un  et  l'autre  lui  prescrivaient  :  or 
la  continence  n'était  pas  la  vertu  d'Antoine  Pcrrenot  de 
Granvelle.  Un  agent  diplomatique  que  Corne  de  Médicis 
entretenait  auprès  de  don  Juan,  le  chevalier  Vaini,  dans 
plusieurs  de  ses  lettres,  parle  des  intrigues  amoureuses  du 
cardinal;  il  y  en  a  môme  une  où  il  donne  à  entendre  que 
Granvelle,  quoiqu'il  ne  fut  pas  loin  d'être  sexagénaire,  se 
trouvait  quelquefois  en  rivalité  de  galanterie  avec  le  jeune 
héros  de  Lépante  (^).  Est-il  besoin  de  rappeler  ce  distique 


far  morir'.  Restô  nondimens  errala,  dove  si  trova  ancora  ,  et  dove  lia  i>ar- 
lorita  fjgliola ,  laquaP  il  signor  don  Gio.  ha  mandato  alla  duchessa  di  Parma 
che  la  faccia  alevare,  non  oslante  che  esso  hahbia  hauto  qualche  opinione 
che  nella  medesima  habbia  buona  parle  il  dello  cardinale....  »  (Arcliive.s 
de  Florence.  ) 

Si  celte  hisloire  élail  vraie,  et  si  elle  se  rapportait  à  Diana  Falangola, 
elle  infirmerait  non-seulement  les  témoignages  de  Granvelle  et  de  don 
Juan  lui-même-,  mais  encore  les  récils  des  chroniqueurs  napolitains,  con- 
cernant la  mère  de  dona  Giovanna.  Aussi  la  considérons-nous  plutôt 
comme  un  bruit  qui  circulait  dans  les  carrefours  de  Naples  et  dont  le 
chevalier  Vaini  s'est  rendu  l'écho.  Jl  est  à  remarquer  que  le  diplomate 
llorenlin  était  de  retour  dans  celte  capitale  depuis  une  (juinzaine  de  jours 
seulement,  ayant  accompagné  don  Jfian  en  Sicile  et  en  Afrique. 

(1)  Voy.  la  lettre  de  Granvelle  du  0  novembre  1573.  (Appendice  n"  IV.) 

(2)  Vaini,  écrivant  au  grand  duc,  le  i  juillet  1575,  touchant  les  rap- 
ports qu'il  y  avait  entre  Granvelle  et  don  Juan,  lui  disait  ;  «  Son'  hormai 
>»  lanlc  le  maie  soddisfazioni  che  passano  Ira  esso  et  il  signor  don  Gio., 
»  che  non  li  pu6  piacer  nessuiia  sua  resoluzione,  non  oslante  che  seco 
1)  Iralli  S.  A.  con  ogni  rispelto  e  modestia  gionialmente,  se  péri)  la  nolle 
«  non  s'enlremellassi  in  (|uei  negozii  che  il  cardinal  si  riserba  per  se 
»  stesso  et  suo  proprio  coniodo  in  cause  amorose  :  che  se  lai  fosse  corne 
»  a  me  viene  accennato,  non  havria  (pieslo  lllustrissimo  in  lullo  il 
»  lorlo.,..  »  (Archives  de  Florence.) 


CU9  ) 

qui,  après  que  les  Ottomans  eurent  repris  le  fort  de  la 
Gonlette  et  Tunis,  fut  fait  contre  lui  et  courut  dans  loutc 
l'Europe  : 

Du  cardinal  la  braguette 
A  fait  perdre  la  Goulettc? 


III. 


Don  Juan  fut  de  retour  à  Naples  le  12  novembre,  deux 
jours  après  le  départ  de  sa  fille  pour  les  Abruzzes.  Il  avait 
écrit  de  Palerme  à  Marguerite,  lui  exprimant  sa  gratitude 
de  ce  qu'elle  voulait  bien  servir  de  mère  à  la  petite  Gio- 
vanna ,  et  la  remerciant  aussi  du  conseil  qu'elle  lui  donnait 
de  tenir  secrète  sa  naissance  :  «  C'est  une  des  cboses,  lui 
»  disait  il,  que  je  désire  le  plus,  car  le  secret  ne  nuit  pour 
»  quoi  que  ce  soit,  et  il  est  avantageux  pour  bien  dos  rai- 
»  sons  (1  ).  » 

De  Naples  il  adressa  à  sa  sœur  la  lettre  suivante: 

Madame,  dans  cette  lettre  à  part,  je  veux  répendre  à  Votre 
Altesse,  et  lui  baiser  les  mains  une  infinité  de  fois,  pour  le  soin 
qu'elle  a  bien  voulu  prendre  d'élever  eette  enfant,  dont  la 
bonne  fortune  me  rend  si  jaloux  que ,  quand  même  je  l'aime- 
rais  beaucoup,  je  le  serais    encore,  et    d'autant  plus   que 


(1)  «  ....  Beso  las  manos  de  Vuestra  Alleza  muchas  vezes,  porque  no 
solameiile  se  contenta  de  ser  madré  dee.sa  nina,  sinoaun  lambien  tan  mia 
que  me  aconseja  y  exorla  por  el  secrelo  desta  causa ,  pareciéndola  que  me 
comi)iene  nuiclio  lenerle  :  digo,  seiioia,  que  de  nuevo  las  beso  à  V.  AU", 
Y  que....  es  una  de  las  cosas  ({ue  mas  dcseo,  porcjuc  al  fin  para  nada  dana,  y 
vale  para  muclias....  »  (Lettre  du  8  novembre  loTÔ,  aux  Archives  farné- 
siennes.) 


(  m  ) 

j'éprouve  tant  de  honte  de  me  voir  père,  que  je  ne  puis  par- 
venir à  me  persuader  que  je  le  suis,  bien  que  je  le  sache  très- 
certainement.  Si  Dieu  voulait  appeler  celte  enfant  à  lui,  je 
pense  qu'il  nous  ferait  une  grâce  à  tous,  et  particulièrement  à 
juoi  :  car  des  enfants  ne  conviennent  pas  à  un  homme  tel  que 
je  suis.  Votre  Altesse  va  rire  de  mon  opinion  et  de  mon  sou- 
hait. Avec  tout  C(îla  je  lui  baise  derechef  les  mains  pour  la 
bonté  qu'elle  a  de  me  délivrer  d'un  souci  qui  en  ce  moment 
serait  très -grand  pour  moi;  et  par  conséquent  la  faveur  que  j'ai 
en  cela  reçue  d'elle  en  est  plus  signalée  encore  et  j'en  fais 
d'autant  plus  de  cas.  Quand  je  suis  arrivé  ici,  quelque  bruit 
courait  là- dessus  qui  ne  laissa  pas  de  me  causer  de  la  peine, 
quoique  les  différentes  versions  s'éloignassent  de  la  vérité. 
Maintenant  j'apprends  que  ce  bruit  a  cessé,  et  ce  n'est  pas  moi 
qui  peux  désirer  ni  désire  que  jamais  il  se  renouvelle.  Il  est 
bien  vrai  qu'il  y  eut  un  peu  d'erreur,  à  la  naissance  de  l'enfant, 
et  ce  fut  la  cause  de  ce  qui  s'est  dit.  Enfin  ce  qu'il  y  a  eu  est 
oublié, comme  nous  voyons  qu'il  en  est  chaque  jour  de  faits  plus 
importants  :  néanmoins  il  m'en  reste  la  peine  que  je  ne  puis 
m'empécher  de  ressentir.  Je  ne  consens  point  qu'une  chose  qui 
me  touche  soit  cachée  à  monsieur  le  prince  (I)  :  ainsi  je  serai 
le  premier  à  la  lui  dire.  Il  ne  faut  pas  qu'il  s'imagine  qu'il  est 
le  seul  que  Votre  Altesse  tienne  pour  fils  et  traite  comme  tel. 
De  Naples,  le  28  novembre  1573. 

Don  Juan  d'Autiuche  (2). 

Cette  absence  de  sentiments  paternels  qui  se  fait  re- 
marquer dans  la  lettre  qu'on  vient  de  lire,  nous  la  retrou- 
vons dans  la  suite  de  la  correspondance  de  don  Juan  avec 
Marguerite.  Ainsi,  le   15  avril   157i,  il  lui  écrit:  «  Je 


(1)  Alexandre  Fariièse. 

(2)  \oy.  l'A|.|»eii(liee  n"  VI. 


(  SSi  ) 

»  m'absliens  de  recommander  davantage  à  Votre  Altesse 
»  celte  enfant,  pour  deux  raisons  :  d'abord,  je  le  sais,  ce 
»  serait  superilu,  puisque  je  crois,  à  n'en  pas  douter,  que 
»  Votre  Altesse  l'aime,  comme  ma  lille,  beaucoup  plus 
»  que  je  ne  l'aime  moi-même;  ensuite,  parce  que  je 
»  suis  jaloux  d'elle.  Néanmoins  j'ai  appris  avec  plaisir 
»  les  nouvelles  que  Votre  Altesse  m'en  donne,  quoi- 
j)  que  certainement,  madame,  toutes  les  qualités  d'un 
»  père  me  manquent....  (1).  »  Et  le  7  juin  :  «  Je  suis 
»  charmé  des  nouvelles  que  Votre  Altesse  m'envoie  de  la 
))  petite,  puisqu'elles  sont  telles  qu'elles  semblent  m'obli- 
»  ger  à  m'en  réjouir,  bien  que  je  ne  puisse  me  résoudre 
»  à  admettre  ce  nom  de  père,  ni  ne  sache  comment  il  me 
»  peut  venir  bien.  Pourtant  elle  est  ma  fille  :  mais  si  elle 
»  ne  l'était  plus  de  Votre  Altesse  qu'elle  ne  l'est  de  moi  et 
»  de  sa  mère,  mieux  vaudrait  pour  elle  de  n'être  pas  née. 
»  Que  ce  soit  là  les  premières  paroles  que  Votre  Altesse 
»  lui  apprendra  à  prononcer;  je  l'en  supplie....  (2).  » 
Citons  encore  deux  lettres  sur  le  même  sujet.  La  pre- 
mière est  du  J6  août  JoT^:  «  Madame,  dit-il  à  sa  sœur, 
»  on  m'a  rendu  la  dernière  lettre  de  Votre  Altesse,  quand 


(1)  «  ....  No  Iralaré  de  encomendar  à  V.  Ail"»  mas  â  esa  niïïa,  lo  uno 
porque  se  quan  escusado  es ,  pues  cierlo  creo  la  quiere  harlo  mas  que  yo , 
por  ser  mia  ,  y  lo  otro  de  inbidia  que  tengo  délia.  Con  lodo  e  holgado  de 
saverlas  nuevas  que  V.  AÀV  me  escrive  délia,  auiique  cierlo,  senora,  me 
faltaii  lodas  las  partes  de  padre....  »  {  Archives  farnésiennes) 

(2)  «  ....  Con  las  nuevas  que  V.  A.  me  inbia  de  la  uina  voy  ya  hol- 
gando,  pues  son  laies  que  parece  obligan  à  ello,  aunque  al  fin  esle  nombre 
de  padre  no  acavo  de  admilirle,  ni  se  como  puede  venirme  bien.  AI  fin  es 
mi  iiija  :  pero  si  no  lo  fuere  mas  de  V.  A.  que  mia  y  de  su  madré,  mas  le 
valiera  no  aver  nacido.  Y  estas  sean  las  primeras  palabras  que  la  amaes- 
tree  a  hablar  ;  suplicolo  a  V.  A...    »  {Ibid  ) 


(  552) 
»  M.  le  prince  et  moi  nous  étions  ensemble.  Je  lui  1ns  ce 
»  que  Votre  itltesse  me  marquait  de  la  petite,  mais  en 
»  père  si  indifférent  qu'il  ne  s'émerveilla  pas  moins  de  ma 
»  nature  à  cet  égard  que  moi  de  la  sienne,  car  il  gâte 
»  plus  ses  enfants  que  lui-même,  je  crois,  ne  fut  gâté  de 
»  Votre  Altesse;  à  la  vérité  il  a  raison  :  ce  sont  les  plus 
»  charmants  enfants  que  j'aie  jamais  vus.  Quant  à  celle 
»  qui  est  auprès  de  Votre  Altesse,  vous  l'aimez  tant,  à  ce 
»  qu'il  me  semble,  que  je  commence  h  douter,  et  à  croire 
»  que  ce  que  vous  m'écrivez  d'elle  procède  d'une  passion 
»  de  mère.  Néanmoins  il  ne  me  déplaît  pas  d'apprendre 
»  qu'elle  apportera  de  bonnes  qualités  dans  le  couvent  où 
»  Votre  Altesse  la  mettra  (I).  »  L'autre  lettre  est  du 
20  novembre  de  la  même  année;  c'était  la  veille  du  départ 
de  don  Juan  pour  l'Espagne.  !1  s'y  exprime  ainsi  : 
«  Enfin,  madame,  M.  le  prince  m'a  amené  à  être  si  bon 
))  père,  que  j'en  suis  venu  jusqu'à  me  réjouir  des  nou- 
»  velles  que  Votre  Altesse  et  lui  m'envoient  de  cette 
»  petite  :  chose  qui  pour  moi  n'est  pas  peu,  vu  ma  nature. 
»  Mais,  par  ma  foi,  je  crois  que  j'aime  cette  enfant  plus 
»  pour  ce  que  Votre  Altesse  fait  en  sa  faveur  et  pour 
»  l'amour  qu'elle  lui  porte,  que  parce  qu'elle  est  ma  1111e 


(1)  «  ....  La  ûltima  caria  de  V.  A.  me  dieron  estaiido  juntos  el  seùor 
princpe  y  yo;  y  leile  lo  que  me  escrivia  de  esa  nina,  pero  como  tan  desa- 
morado  padrc  que  se  maravillô  no  menos  de  mi  condicion  en  esia  parte 
(]ue  yo  lo  esloy  de  la  suya  on  la  misma,  |)or(iue  es  mas  regalon  de  sus 
hijos  (pie  él  creo  lo  fué  de  V.  A.;  y  â  la  verdad  tiene  razon,  porque  son 
los  mas  lindos  uinos  que  lie  vislo  jamâs.  De  esa  que  V.  A.  tiene  creo  que 
la  quiere  tante  que  ya  llego  â  dudar  y  â  créer  que  es  pasion  de  madré  lo 
que  V.  A.  me  escrive  délia.  Cou  todo  no  me  pesa  de  entender  que  meterâ 
buenas  partes  en  el  monasterio  <iue  V.  A.  la  pusicre....  »  (.Vrcliives  farné- 
siennes.) 


(  m'^  ) 

»  ou  pour  toute  autre  raison;  et  ce  n'est  pas  merveille, 
»  puisque  ce  qu'elle  a  de  mieux,  c'est ,  comme  son  père  , 
»  d'avoir  Votre  Altesse  pour  mère  et  pour  dame.  M.  le 
»  prince  m'écrit  de  très-bonnes  choses  sur  l'opinion  qu  il 
»  a  d'elle  et  sur  mes  torts  de  ne  pas  l'aimer  tendrement 
»  comme  ma  fdle;  je  lui  répondrai  en  garçon.  Je  baise  les 
»  mains  à  Votre  Altesse  pour  le  bien  qu'elle  fait  à  cette 
»  créature  :  si  Dieu  voulait  l'appeler  à  lui,  nous  y  gagne- 
»  rions  tous  (1).  » 

Que  devenait  cependant  la  mère  de  donna  Giovanna, 
qui  avait  inspiré  à  don  Juan  une  passion  si  ardente?  Hélas! 
le  conquérant  de  Tunis,  au  milieu  de  ses  expéditions  mili- 
taires, avait  presque  oublié  la  belle  fille  de  Sorrente.  Il  ne 
s'occupa  guère  d'elle,  après  son  retour  à  Naples,  que  pour 
lui  trouver  un  mari  :  il  le  rencontra  dans  un  petit  gentil- 
homme, du  nom  d'Antonio  Stambone  (2).  Diana  Falangola 
ne  vécut  pas  longtemps  avec  ce  mari;  il  la  laissa  veuve  à 
la  fin  de  1577.  Sa  situation  alors  était  assez  peu  brillante. 
Elle  s'adressa  au  cardinal  de  Granvelle,  pour  qu'il  suppliât 


(1)  «  ....  Al  fin,  sefiora,  me  a  reduzido  el  senor  principe  â  ser  tan 
hiien  padre  que  Ilego  va  âholgar  de  las  nue  vas  que  V.  A.  y  él  me  inbian  de 
esa  nina  :  cosa  que  para  mi  uo  es  poco,  por  mi  mala  condicion  en  este 
caso  de  ser  malissimo  regalon.  Pero  â  fe  que  creo  que  quiero  mas  â  esa 
nina  por  lo  que  V.  A.  haze  con  ella  y  por  lo  que  la  ama,  que  por  hija  ni 
por  otra  cosa;  y  no  es  maravilla,  pues  es  lo  mejor  que  tiene  lener  â 
V,  A.,  como  su  padre,  tanbien  por  madré  y  senora.  Escriveme  el  senor 
principe  muy  huenas  cosas  sobre  lo  que  esa  muchacha  le  parece  y  sobre 
mis  culpas  ,  si  no  la  quiero  liernamente  como  â  hija;  pero  yo  le  respon- 
deré  como  soltero.  Y  â  V.  A.  beso  yo  las  manos  por  el  bien  de  esa  cria- 
tura  :  que,  si  Dios  se  la  llevase,  haria  por  todos....»  (Archives  farnésiennes.) 

(2)  «  ....  Diana,  riautasi  dal  parto,  fù  marilata  da  don  Gio.  con  ricca 
dote  ad  Antonio  Stambone,  del  seggio  di  Porto,  ma  povero  di  béni  di 
fortuna,  che  volontiere  se  la  prese  per  moglic...  «  {Fattioccorsiindiversi 
tempi  nella  ciltà  di  Napoli,  etc.,  fol.  75.) 

2"^  SÉRIE,  TOME  XXVII.  57 


(  554) 
madame  Marguerite  de  la  prendre  à  son  service  ou  que,  par 
son  crédit,  il  la  fît  recevoir  en  un  couvent.  Sa  première 
demande  ne  pouvait  guère  être  accueillie;  mais  Granvelle 
fit  tout  ce  qui  était  en  son  pouvoir  afin  qu'elle  obtînt 
l'objet  de  la  seconde  :  il  en  écrivit  au  cardinal-archevêque 
de  Naples;  il  en  parla  au  pape  Grégoire  XÏIl  lui-même  (I). 
Ses  démarches  ne  furent  pas  couronnées  de  succès. 

A  Diana  Falangola  succéda ,  dans  le  cœur  de  don  Juan  , 
une  jeune  et  jolie  Napolitaine;  elle  s'appelait  Zenobia  Sa- 
rotosio.  De  celle-ci  il  eut  un  fils  qui  mourut  peu  après  sa 
naissance.  La  mère,  de  chagrin,  s'enferma  dans  le  monas- 
tère de  Santa  Maria  Egiptiaca  (2). 

Don  Juan  aurait  pu  oublier  sa  fille,  de  même  qu'il  avait 
oublié  celle  à  qui  elle  devait  le  jour;  mais  madame  Margue- 

(1)  «  La  mère  de  madamoiselle  donna  Joanna  m'a  fait  advertir  cejour- 
d'huy  que  son  mary  est  décédé  et  se  treuve  vesve,  m'ayant  préadverli  de 
son  extrême  indisposition.  Elle  me  fait  instance  que  je  supplie  V'ostre 
Altèze  la  prendre  à  son  service  comme  très-humble  servante,  pour  ac- 
compagner et  servir  icelle  en  ce  voyaige  (celui  que  Marguerite  devait ,  à 
celte  époque,  faire  aux  Pays-Bas)  :  ce  que  je  me  double  V-ostre  Altèze  ne 
vouidra.  Elle  m'a  fait  requérir  qu'à  faulte  de  ce  je  procure  qu'elle  soit 
mise  en  ung  monastère  avec  ung  sien  filz  de  six  moys  que  luy  est  de- 
meuré de  sondict  mary.  J'en  ay  parlé  à  Sa  Saincteté  et  eseript  au  cardinal 
arclievcsque  de  Naples,  car  elle  se  doubte  de  son  frère,  qui ,  pour  non  luy 
payer  ce  qu'il  luy  doibt,  la  vouldroit  vcoir  hors  du  monde.  Je  ne  sçay  ce 
que  se  pourra  oi)lenir,  pour  la  difliculté  qu'il  y  a,  depuis  le  concile,  sur 
le  monastère  «  (Lettre  de  Granvelle  à  Marguerite  d'Autriche,  écrite  de 
Rome,  le  o  décembre  1577,  aux  Archives  farnésiennes.) 

(-2)  u  ....  iMarilata  Diana,  don  Giovanni  si  rivolse  a  nuovi  amori ,  e 
quosta  fù  la  lerza  ch'  amô  costante.  Fù  Zenobia  Sarotosio,  bclla  doncella, 
figlia  di  Gio.  Vinzcnzo  e  di  Violante  Garofano,  ch'  alla  fine,  vinta  dalli 
donni  reali,  l'ottenne  et  oltre  modo  l'amù;  et  con  quesia  procreô  un  ban- 
l)ino;  ma  poco  tempo  li  visse.  Onde  morlo  il  fanciullo,  si  rinchiiise  quella 
nel  monaslerio  di  Santa  Maria  Egiittiaca.. .  »  {fatli  occor.si  nclla  cilla 
di  Napoli,  etc.,  i'ol.  Tu.) 


d5o  ) 
rite  avait  soin  de  l'en  faire  souvenir.  A  son  arrivée  à  Naples 
comme  il  revenait  d'Espagne,  il  y  trouva  une  lettre  de  sa 
sœur  où  elle  ne  manquait  pas  de  lui  parler  de  donna  Gio- 
vanna  :  «  La  fillette,  lui  disait-elle,  va  très-bien;  de  jour 
»  en  jour  elle  devient  plus  belle,  plus  grande  et  si  gra- 
»  cieuse  que  c'est  un  plaisir  de  la  voir  (i).  »  Elle  lui 
envoya,  un  peu  plus  tard,  le  portrait  de  la  petite  Gio- 
vanna,  en  l'assurant  que  l'original  était  bien  mieux  que  la 
copie.  Don  Juan  soutenait  toujours  que  sa  sœur  se  laissait 
abuser  par  l'affection  exagérée  qu'elle  portait  à  cette 
enfant,  et  que  celle-ci  n'était  pas  aussi  bien  qu'elle  le  pré- 
tendait :  il  n'en  voulut  pas  démordre  après  avoir  vu  le  por- 
trait. Tout  ce  dont  il  convint,  ce  fut  que  sa  fille  ne  serait 
pas  laide  :  mais,ajouta-t-il,  «  Dieu  lui  a  fait  tant  de  faveur 
7>  en  la  mettant  où  elle  est,  que  c'est  et  ce  sera,  toute  sa 
»  vie,  son  plus  grand  bonheur  et  mon  contentement  (2).  » 
A  quelque  temps  de  là  il  allait  faire  à  Marguerite  cette 
seconde  visite  dont  nous  avons  parlé  dans  une  précédente 
étude  (3).  Avant  de  se  metlre  en  route,  il  exigea  de  sa 

(1)  «  ....  La  figiiolina  stà  benissimo,  et  ogni  giorno  si  fa  piîi  bella  et 
grande  et  tanto  garbata  che  è  gusto  vederla....  »  (Lettre  du  4  avril  lo7o, 
aux  Archives  farnésiennes.) 

(2)  «  ....  Diônie  Juan  Ferrante,  junto  con  la  carta  de  V.  AU-'' ,  el  relrato 
que  me  imbiô  :  que ,  por  mas  enemigo  que  soy  de  lai  genero  de  gente , 
holgué  in  parte  con  él.  Con  todo,  por  lo  que  be  vislo  en  la  pintura,  y 
por  lo  que  V.  A.  me  tiene  escrito  ,  conozco  que  es  mas  su  pasion  que  lo 
bermoso  délia,  sin  que  la  salve  ni  dcfienda  sustentar  que,  si  los  pintores 
suelen  sacar  la  pintura  mas  hermosa  que  lo  natural,  que  nodemenos  en 
ese  se  a  visto  lo  contrario.  Digo  de  nuevo  que  todo  lo  atribuyo  a  dema- 
siada  aTicion  de  V.  A.,  no  obstante  que  la  nina  creo  que  no  sera  fea  :  pero 
â  ella  la  ha  hecho  Bios  lanta  merced,  por  averla  puesta  ado  esté,  que  es  y 
sera,  toda  su  vida,  su  mayor  felicidad  y  mi  contenlo....  «  (Lettre  du 
30  septembre  1375,  aux  Archives  farnésiennes.) 

(3)  La  troisième  :  Don  Juan  el  Marguerite. 


(  556  ) 
sœur  la  promesse  rorinelle  que,  pendant  son  séjour  à 
Aquila,  sa  fille  serait  si  bien  cachée  qu'elle  ne  pût  être 
aperçue  d'aucune  des  personnes  de  sa  suite.  Son  désir 
était  que  la  petite  Giovanna  fût  tenue  en  un  lieu  où  seul 
il  pût  la  voir  quelquefois,  comme  dans  l'appartement  de 
sa  sœur  et  au  milieu  de  ses  femmes;  il  désirait  aussi  que 
devant  lui  il  ne  fût  question  de  rien  de  ce  qui  la  regardait, 
alin  qu'il  n'eût  pas  à  rougir  (1).  En  chemin  il  rappela  à 
Marguerite  sa  promesse,  ne  voulant  point  qu'il  y  eût 
d'autre  témoin  de  sa  honte  qu'elle  (2).  Nous  manquons 
de  renseignements  sur  l'impression  que  la  vue  de  sa  hlle 
ht  sur  lui;  mais  elle  ne  dut  pas  être  bien  profonde,  à  en 
juger  par  les  lignes  suivantes  qu'il  adressa  à  Marguerite, 
à  son  retour  d'Aquila  :  c(  Je  ne  dis  rien  à  Votre  Altesse  de 
»  sa  nièce,  car  des  choses  agréables  je  n'en  ai  que  pour 
»  les  mères;  je  n'en  ai   pas  pour  les  enfants,  comme 


(t)  «  ...  Remilo  à  mi  sola  una  cosa  en  que  suplico  quanlo  piicdo  â 
V.  A.  me  la  cum[)la  en  lodo  caso  y  me  avise,  anles  de  mi  vda,  que  lo 
liarâ,  que  es  que  mande  tener  â  doua  Juana  lan  escondida  que  no  la 
pueda  ver  persona  alguna  de  las  que  fueren  conmigo,  que  abrà  quiza 
quien  lo  procure  mucho.  El  adonde  y  como  V.  A.  lo  sabra  mejor  :  (jue 
lambien  desco  sea  en  parte  que  yo  solo  la  pueda  ver  alguna  vez.  Y  mande 
lambien  que  alla  no  se  trate  en  mi  prosencia  de  co.sa  alguna  délia,  porque 
no  sabré  sino  correrme  infinito  Paréceme  «jue,  para  ver  yo  solo  à  esa  nina  , 
estaria  mejor  alla  entre  sus  mujeres  de  V.  A.;  y  asi,  eslando  en  su  apo- 
senlo  alguna  vex,  sin  gente  de  mi  conipania  ,  succederia  lo  (jue  pretendo 
mas  â  gusto.  Pero  V.  A.  lo  guiarà  â  este  lin  mucho  mejor  que  yo  sabré 
escoger,  y  â  mi  no  me  (jucda  mas  que  acordarla  y  suplicarla  de  nucvo  lo 
que  dijo ....  >>  (Lettre  du  l^"»"  décembre  1575,  écrite  deNaplcs,  aux  Ar- 
chives farnésiennes.  ) 

(2)  (<  ....  Solo  la  acuerdo  y  suplico  de  nuevo  lo  que  me  a  escrilo  (pie 
harà  ,  (pie  es  tener  tan  encerrada  â  esa  nina  (pie  ninguno  de  los  que  van 
con  migo  puedan  verla,sino  que  esté  adù  V.  A.  mêla  amuostre  lan  solos 
que  (le  mi  corrimiento  no  aya  otro  lesligo...  »  (Lettre  écrite  de  Sulmonc  , 
le  i21  décembre  L575,  ibid.) 


(  mi  ) 

»  Votre  Altesse,  je  crois,  en  aura  jugé  d'après  ma  nature, 
»  qui  certainement  répond  au  sang  dont  nous  sommes 
»  issus  (1).  » 

A  cette  époque  de  sa  vie,  don  Juan  était  enchaîné  au 
char  de  la  hclle  et  gracieuse  dofia  Ana  de  Tolède,  femme 
du  châtelain  de  Naples  (2);  il  n'avait  d'autre  volonté  que 
la  sienne;  même  sur  les  affaires  publiques  elle  exerçait  par 
lui  une  influence  qui  donnait  beaucoup  à  parler  à  la  ville  et 
à  la  cour  (5).  Tout  récemment  il  lui  avait  offert  en  cadeau 
quarante  esclaves,  choisis  parmi  ceux  de  la  flotte  royale, 
pour  en  renforcer  l'équipage  d'une  galiotte  qu'elle  possé- 
dait et  qu'elle  destinait  à  faire  la  course  (i). 


IV 


L'heure  était  venue  pourtant  où  il  fallait  dire  adieu  aux 
amours  et  au  beau  ciel  de  Naples.  La  politique  de  Phi- 
lippe II  appelait  don  Juan  à  aller  le  servir  aux  Pays-Bas; 


(1)  «  ...  No  digo  â  V.  A.  natia  de  su  sobrina,  porque  regalos  no  los 
tengo  sino  para  madrés  y  no  para  liijos,  como  creo  lo  a  conocido  va 
V.  A.  de  mi  condicion,qne  cierto  se  parece  à  nueslra  sangre  ...  «  (Lettre 
écrite  de  Naples,  le  24  janvier  1376,  aux  Archives  farnésiennes.  ) 

(2)  «  ....  La  caslellana  dogn' Anna  diToledo,  assai  bella  et  graziata 
donna....  «  (Lettre  du  chevalier  Vaini  à  Corne  deMédicis,  écrite  de  Naples, 
le  2  janvier  1575,  aux  Archives  de  Florence.  ) 

(3)  «  ....  La  signora  donna  Anna  di  Toledo,  la  quai'  in  somma,  coin'  è 
cosa  pubblica ,  regola  la  mente  di  S.  A.  corne  meglio  a  lei  pare....  « 
(Lettre  de  Girolamo  Lippomano  écrite  au  conseil  des  Dix  le  29  août  lo7o, 
aux  Archives  impériales,  à  Vienne.) 

(4)  «  ....  Il  signor  don  Gio.  hoggi  ha  donato  alla  signora  donna  Anna  di 
Toledo  quaranta  schiavi ,  eletti  del  corpo  di  tutta  l'armata  ,  per  rinforzarla 
sua  galeolta  di  andar  in  corso,  et  glie  l'ha  talla  fornnir  di  panatica  et  niuni- 
tioni....  »  (Lettre  de  Lip|)omanoaudoge,du  28 août  157o.) 


(  o58  ) 

et,  pour  l'y  déterminer  mieux,  ce  monarque  ne  dédaignait 
point  de  caresser  les  idées  ambitieuses  dont  l'àme  du 
jeune  prince  était  agitée  (1). 

Dès  qu'elle  sut  que  don  Juan  se  disposait  à  quitter 
l'Italie,  Margueiile  lui  écrivit  pour  l'engager  à  demander 
au  roi  la  légitimation  de  donna  Giovanna  :  elle  était  pré- 
occupée du  sort  de  cette  enfant;  elle  appréhendait  que 
son  père,  qui  déjà  ne  lui  témoignait  pas  une  affection  bien 
vive,  ne  l'oubliât  tout  à  fait  dans  le  pays  lointain  où  il  de- 
vait se  rendre.  Don  Juan  se  montra  prêt  à  faire  ce  que  sa 
sœur  désirait;  il  donna  des  instructions  en  conséquence 
au  secrétaire  Escobedo  qu'il  envoyait  à  Madrid  (2).  Com- 
ment Philippe  II  accueillit-il  le  vœu  qui  lui  fut  exprimé 
à  cet  égard?  On  l'ignore:  dans  la  lettre  que  don  Juan  écri- 
vit du  Pardo  à  Marguerite  le  16  octobre  1576,  il  n'en  dit 
pas  un  mot  (5),  et  il  n'est  plus  question  de  légitimation 
entre  eux  postérieurement  à  cette  date.  Ce  que  je  puis 
certifier,  c'est  qu'on  n'a  trouvé  d'acte  par  lequel  donna 
Giovanna  aurait  été  légitimée,  ni  aux  archives  de  Naples, 
ni  dans  celles  de  Simancas. 

Après  que  don  Juan  fut  arrivé  aux  Pays-Bas,  un  chan- 
gement sensible  se  manifesta  dans  ses  sentiments  pour  sa 
fille.  Les  contrariétés,  les  dégoûts  qu'il  y  éprouva,  les  tristes 
réalités  qu'il  voyait  succéder  aux  idées  chimériciues  dont  il 
s'était  bercé  longtemps,  lui  avaient-ils  fait  faire  un  retour  sur 


(1)  Voy.,  dans  la  Correspondance  de  Philippe  II  sur  les  affaires  des 
Pays-lias,  t.  IV,  p.  il  ,  la  lellre  d'Antonio  Peiez  au  secrétaire  Escobedo, 
du  8  avril  1576. 

(2)  Voir  notre  troisième  Élude  :  Don  Juan  et  Marguerite,  et  la  Cor- 
respondance de  Philippe  II,  etc.,  t.  IV,  p.  170. 

(5)  Voir  notre  troisième  Élude.  C'est  [)ar  erreur  (|ue  celte  lellre  y  est 
datée  du  26  octobre. 


(  m  ) 

liii-mcme  ?  On  serait  ton  lé  de  le  Cl  oirc.  A'oici  ce  que,  le  20  jan- 
vier 1577,  il  écrivait  à  Marguerite;  il  était  alois  à  Marche, 
négociant  avec  les  états  généraux  :  «  Que  Votre  Altesse, 
»  madame,  veuille  me  recommander  à  sa  nièce,  si  celle-ci 
»  est  toujours  sa  chérie  et  sa  favorite,  et  si  elle  mérite 
»  en  quelque  manière  de  Tètre  par  ses  bonnes  qualités, 
»  puisque  obtenir  une  plus  grande  récompense  est  chose 
»  impossible.  Au  cas  que  Votre  Altesse  possède  d'elle 
))  quehpie  portrait  dont  puisse  être  porteur  Ihomme  que 
»  je  vous  dépèche  (J),  et  qu'il  offre  plus  de  ressemblance 
»  que  le  premier,  je  supplie  Votre  Altesse  de  me  l'envoyer. 
»  Dans  le  cas  contraire,  qu'elle  veuille  en  faire  faire  un 
»  et  me  l'expédier  par  la  première  occasion  :  car  je  con- 
»  fesse  que,  dans  la  situation  où  je  me  trouve,  ce  portrait 
»  me  serait  une  distraction  plus  grande  que  ne  le  fut 
D  l'original  en  la  présence  de  Votre  Altesse.  Et  ainsi  l'on 
»  ne  m'accusera  plus  d'être  un  père  indifférent  (2).  »  Il 
revient  là-dessus  quelques  semaines  après  :  «  Si  Votre  Al- 
»  tesse,  dit-il  à  sa  sœur,  ne  m'envoie  pas  le  portrait,  ce 
»  sera,  à  n'en  pas  douter,  parce  que  cette  dame  (il  appe- 
»  lait  ainsi  sa  fille,  qui  comptait  à  peine  trois  ans  et  demi), 


(1)  II  s'appelait  Santiago  et  avait  toute  la  conOance  de  don  Juan. 

(2)  «  ....  Encomiéndenie  V.  All^  à  su  sobrina,  si  es  tan  su  querida  y 
pi'ivada  como  suele,  y  si  es  tan  inuger  de  bien  que  lo  save  merecer  en 
alguna  manera,  pues  llegar  é  mas  que  esto  no  es  possible.  Y  si  acaso  se 
liallare  V.  Alt^  con  algun  retrato  suyo,  que  le  pudiese  traer  este  hombre, 
nias  parecido  que  el  pasado,  la  suplico  me  le  imbie,  y  sino  que  le  Laga 
sacar  y  imbiaimele  con  el  primero,  que  lodavia  confieso  que  en  la  vida 
que  paso  me  séria  de  mayor  enlretenimiento  el  retrato,  que  me  fué  ella 
misnia  en  prcsencia  de  V.  Alt*.  Y  asi  no  seré  acusado  de  padre  tan  desa- 
moradocomoenlonces....  «  (Archives  farnésiennes.) 


(  oGO  ) 
»  est  plus  faite  pour  entrer  dans  un  couvent  que  pour 
»   figurer  dans  le  monde  (1).  » 

Marguerite  n'avait  garde  de  laisser  se  refroidir  les 
bonnes  dispositions  de  son  frère.  Elle  lui  mande  le 
19  mars  :  «  Voire  fille  et  ma  nièce  vous  baise  bumble- 
»  ment  les  mains.  Elle  devient  si  belle  et  si  gracieuse  que 
»  c'est  merveille;  et  si  vous  la  voyiez,  non-seulement  vous 
D  la  trouveriez  très-jolie,  mais  vous  vous  prendriez  d'amour 
»  pour  elle.  A  cause  des  grands  froids,  le  peintre  n'a  pu 
»  encore  commencer  son  portrait;  mais  il  le  commencera 
»  bientôt,  et  dès  qu'il  sera  fini ,  je  l'enverrai  à  Votre  Al- 
»  tesse  (2).  » 

Il  le  fut  au  mois  de  juillet  suivant.  Don  Juan  l'attendait 
avec  impatience.  «  Les  peines  que  j'endure,  écrivit-il  à 
»  sa  sœur,  font  naître  en  moi  l'amour  paternel  (5).  »  Et 
une  autre  fois  :  «  Comme  déjà  j'ai  un  peu  plus  les  dis- 
»  positions  d'un  père,  je  désire  beaucoup  que  le  portrait 
»  me  soit  envoyé,  et,  en  attendant,  savoir  s'il  est  en  pied 
»  ou  en  buste,  et  s'il  est  ressemblant.  Votre  Altesse  voit 


(1)  «  ....  Encomiéndenie  V.  All^  a  su  sobrina;  y  si  todavia  la  juzgase 
por  lan  hermosa  como  suele,  lo  veré  en  que  imbie  el  retrato  que  scrivi 
con  Santiago;  y  si  no  me  le  imbia  V.  Alt""*,  no  ay  que  dudar  sino  que  esa 
senora  se  a  hecho  mas  para  dama  de  monesterio  que  para  en  plaça  de 
mundo....  »  (Lettre  du  17  février  1577,  aux  Archives  farnésiennes.) 

(2)  «  ....  La  figlia  di  V.  A.  e  mia  nipole  li  bâcla  umilmenle  le  niani;  c 
creda  cbe  si  fa  lanlo  bolla  egarbata  clie  è  cosa  maravigliosa,e  lantoche, 
se  V.  A.  la  vedessi,  non  solo  li  pareria  bellissima,  ma  di  lei  si  innamore- 
rebbe  :il  rilralo  délia  quale,  per  rispello  delli  gran  freddi,  non  ha  polulo 
il  pitlore  mettere  in  opéra  Si  farà  hora  con  brevilà  e  diligenlia  ,  e  subito 
finilo  lo  mandarô  a  V.  Alt^...  »  {Ihid.  ) 

(3)  «  ....  Travajos  me  hazen  saver  lener  amor  de  padro....  '^  (Leilrc 
du  11)  juin  lo77,  ibid.) 


(  561  ) 
»  conil)ien  je  suis  difîorenl  de  ce  qu'elle  m'a  connu,  et 
»  comme  enfin  tout  se  guérit  avec  le  temps  (1).  » 

L'invitation  de  passer  en  Flandre  que  sur  ces  entrefaites 
Marguerite  reçut  de  Philippe  II  (2),  la  jeta  dans  quelque 
perplexité  par  rapport  à  donna  Giovanna.  Qu'allait-clle  en 
faire?  L'emmener  avec  elle,  son  père  le  trouverait-il  bon? 
La  laisser  en  Italie,  à  qui  en  confierait-elle  le  soin?  Don 
Juan  comprit  l'embarras  de  sa  sœur;  il  lui  écrivit:  «  Je 
»  supplie  Votre  Altesse  de  deux  choses  en  ce  qui  concerne 
»  sa  nièce  :  la  première  est  qu'elle  la  prenne  en  sa  com- 
»  pagnie;  la  seconde  et  la  principale  est  que  ce  soit  sans 
»  qu'il  en  résulte  d'ennui  pour  Votre  Altesse,  car  elle 
»  tiendra  dans  un  coffre  qui  avec  un  autre  pourra  former 
»  la  charge  d'un  cheval.  De  cette  manière  je  voudrais 
»  qu'elle  vînt,  parce  qu'enfin  l'âge,  en  m'apprivoisant, 
D  me  fait  me  résigner  à  la  condition  de  père.  Mais,  au  cas 
»  que  sa  venue  doive  gêner  le  moins  du  monde,  que 
»  Votre  Altesse  la  laisse  là  où  elle  le  jugera  à  propos,  et 
»  ordonne  que  chaque  matin  on  lui  tire  le  nez,  monsieur 
D  le  prince  (5)  me  disant  qu'elle  Ta  fait  de  sorte  que  cela 
»  est  nécessaire  (4).  » 


(i)  «  ....  Como  tengo  ya  la  condicion  un  poco  mas  de  padre,  deseo 
niucho  que  se  me  imbie,  y  eiUretanto  sa  ver  si  es  entei'O  6  pequeno  el 
relralo,  y  si  en  efeto  se  parece  à  la  dama.  Mire  V.  Alta  quan  difercnlc 
quedo  del  que  me  vie,  y  como  al  lin  todo  le  cura  el  liempo....  (Lellre 
du  26  juillet  1577,  aux  Archives  farnésiennes.) 

(2)  Voy.  Correspondance  de  Marguerite  d'Autriche,  duchesse  de 
Parme,  avec  Philippe  II ,  l.  l,  p.  xxviii. 

(5)  Alexandre  Farnèse,  qui  depuis  peu  élait  arrivé  aux  Pays-Bas. 

(4)  o  ....  Quanlo  â  su  sobrina  de  V.  AlP,  la  suplico  dos  cosas  :  la  una, 
que  la  trayga  consigo,  y  la  olra  y  por  la  mas  principal,  que  sea  sin  ninguno 
faslidio  suyo,  pues  cabra  en  un  baul ,  y  en  compania  de  olro  la  podrâ 
traer  un  caballo.  Con  estas  condiciones  querria  yo  que  viniesse,  porque  al 


(  -^G'^  ) 
Si  le  désappointement  de  Marguerite  fut  grand,  lors- 
que de  nouvelles  lettres  de  Philippe  II  contremandèrent 
son  voyage  aux  Pays-Bas  (1),  grande  aussi  fut  la  tristesse 
de  donna  Giovanna,  que  Tidée  de  recevoir  bientôt  les  em- 
brassements  de  l'auteur  de  ses  jours  avait  transportée  de 
joie  (2).  Quant  à  don  Juan,  sa  correspondance  constate 
que  tous  ses  scrupules  à  l'endroit  de  sa  paternité  avaient 
pris  lin,  et  qu'il  était  désormais  résolu  de  l'avouer  hau- 
tement (o).  Aussi  ce  que  Marguerite  lui  mandait,  et  lui 
répétait  à  chaque  courrier,  de  la  beauté,  de  la  grâce,  de 
l'esprit  de  sa  fille,  était  bien  propre  à  l'en  rendre  fier  (i). 


fin  los  anos  me  amansan  ya  â  pasar  por  las  de  padre.  Pero  si  su  veuida  ha 
de  causai'  el  menor  embarazo  del  mundo,  déxela  V.  A.  adonde  nienor  le 
dé,  y  mande  que  cada  manana  la  liren  por  las  narizes.  porqueme  dize  el 
senor  principe  que  las  tiene  con  necesidad  de  hazer  esto  ...  »  (LeUre 
du  21  décembre  1577,  aux  Archives  farnésieunes.  ) 

(1)  Correspondance  de  Marguerite  d'Autriche,  etc.,  1. 1,  p.  xxxv. 

(2)  «  ....  La  signora  donna  Giovanna  stà  mal  contenla  che  non  si  laecia 
subilo  il  viaggio,  desiderando  lei  înfinitamente  venire  a  ricevere  il  favore 
di  essere  abbracciata  di  V.  Alt^  assicurandosi  che  vedendola,  la  giudi- 
carà  merilevoli  di  esser  figliuola  di  un  lai  padre  corne  di  efTello  lo  è....  » 
(Letlre  de  Marguerite,  du  17  janvier  1578,  aux  Archives  farnésiennes.) 

(3)  Ainsi  il  écrit  à  sa  sœur  le  15  février  1578  :  «  De  las  nuevas  de  su 
»  sobrina  huelgo  ya  como  padre  que  lo  confiesa  sin  empacho  ni  verguença 
«  alguna....  «  Et  le  6  juin  :  «  Acavo  esta  volviendo  à  besar  las  manos  de 
»  V.  Alla  por  las  lisonjas  que  me  escrive  de  su  sobrina,  que  por  laies  las 
«  lengo  segun  lo  lanlo  que  V.  Ail"»  dize  délia.  Ora  sea  lo  que  fuere,  ([ue  â 
>•  dezir  verdad  yo  huelgo  mucho  dello.  V.  All=»  la  diga  (lue,  hasla  que  me 
«  sepaescrivir  no  la  quiero  imbiar  olro  recado  :  que  en  eslo  veré,  y  en  la 
«  priesa  que  se  diere  en  aprenderlo,  lo  que  estima  las  nuevas  de  su 
«  padre....  »  (Archives  farnésiennes.) 

(4)  Dans  une  lettre  du  25  avril  1578,  après  avoir  reproché  à  son  frère 
son  silence  ià  l'égard  de  sa  fille,  Marguerite  lui  dit  :  «  Et  pur  V.  AU»  do- 
t>  verria  ricordarsene  itiii  che  mai,  nieritandolo  le  sue  buone  parti  el  quil- 
le lità  ,  che  sono  tali  che  è  cosa  maravigliosa;  et  se  V.  Alt"  la  vedessi ,  la 


(  d63  ) 

Comment  concevoir  donc  que,  à  la  veille  de  mourir,  il 
n'ait  pas  eu  une  pensée  pour  cette  enfant  qu'il  allait  laisser 
orpheline,  tandis  que,  à  ce  moment  suprême,  il  se  res- 
souvint de  sa  mère,  de  son  frère  utérin,  les  recomman- 
dant, l'une  et  l'autre,  aux  bontés  du  roi  (1)?  Strada 
s'étudie  à  expliquer,  à  pallier  cet  injustifiable  oubli.  Si 
don  Juan,  dit-il,  ne  recommanda  point  sa  (ille  au  roi,  ce 
fut  parce  qu'il  ne  croyait  pas  que  sa  naissance  fût  connue 
de  Philippe  II.  Et  il  ajoute  que  cette  naissance,  Alexandre 
Farnèse  ne  l'avait  apprise  que  depuis  peu,  et  de  la  du- 
chesse sa  mère  :  ce  qui  l'engagea  à  ne  rien  dire  à  don 
Juan  en  faveur  de  sa  fille,  car  il  aurait  craint,  en  lui  en 
parlant,  de  lui  faire  quelque  honte,  ou  qu'on  n'imaginât 
que  c'était  un  prétexte  pour  décharger  madame  de  Parme 
de  l'éducation  de  donna  Giovanna  (2).  Les  détails  précis, 
authentiques,  dans  lesquels  je  suis  entré,  prouvent  que 
la  première  supposition  de  Strada  est  aussi  peu  fondée 
que  la  seconde. 


»  favoriria  et  amaria  da  vero.  «  Le  19  juin ,  elle  se  plaint  de  n'avoir  pas 
de  lettres  de  lui  depuis  longtemps  :  elle  ne  peut  penser,  lui  écrit-elle, 
comment  il  l'oublie,  ainsi  que  «  la  signera  donna  Giovanna,  che  tanto 
>^  mérita  esser  da  V.  Alt^  favorita ,  essendo  in  vero  bellissima  et  virtuosa  , 
)'  et  impara  cosi  bene  che  ben  presto  saprà  scrivere.  «  Enfin  elle  lui 
»  mande  le  28  juin  :  «  Prego  V.  Alt^  a  credere  che  quello  gii  ho  scrilto  délia 
»  signora  donna  Giovanna  non  sono  lusinghe,  perché  è  molto  più  bella, 
«  garbata  e  spiritosa,  in  effelto,  di  quello  gli  ho  scrilto,  et  da  me  è  res- 
»  talo  cbea  quest'  hora  non  sappia  bene  scrivere,  per  non  la  impiegare  in 
»  tante  cosein  un  medesimo  tempo  :  pero  in  brève  vedrà  sua  lettera.  Cosi 
»  desidereray  la  potessi  vedere  presentialmente,  che  sono  cerlac  he  V  Alf» 
»  si  prezzaria  d'esserli  padre...  •>  (Archives  farnésiennes.) 

(1)  Voy.  ma  première  Etude  :  La  mère  de  don  Juan. 

(-2)  De  Uello  Bekjico ,  lib.  X. 


(  ùU  ) 


V. 


Quelle  que  fùl  l'aiTcction  de  madame  Marguerite  pour 
sa  jeuue  nièce,  elle  ne  pouvait  pas  songer  à  la  garder  tou- 
jours auprès  d'elle.  Le  cardinal  de  Granvelle  ayant  élé 
appelé  par  Philippe  ÎI  à  Madrid  en  1579,  elle  le  pria  de 
demander  au  roi  qu'il  voulût  en  prendre  la  charge  (1). 
Granvelle,  à  peine  arrivé  à  l'Escurial,  s'acquitta  de  cette 
commission  :  il  lui  semblait  tout  naturel  que  la  signera 
donna  Giovanna  fut  amenée  à  la  cour,  pour  y  être  élevée 
sous  les  yeux  de  la  reine.  Mais  Philippe  n'était  pas  dis- 
posé à  faire  tant  de  faveur  à  la  fille  de  son  frère:  il  décida 
que  donna  Giovanna  serait  mise  au  monastère  de  Santa 
Chiara,  à  Naples,  dans  la  pensée  qu'elle  y  contracterait  le 
goût  de  la  vie  religieuse,  et  qu'ainsi  le  monde  n'entendrait 
plus  parler  d'elle  C^);  des  instructions  furent,  par  son 
ordre,  transmises  en  conséquence  au  vice-roi.  Santa  Chiara 
était  un  monastère  fondé,  au  commencement  du  XIV"  siè- 
cle, par  donna  Sancha,  lille  du  roi  Jacques  de  Maillorque 
et  épouse  de  Robert  d'Anjou,  roi  de  Jérusalem,  de  Naples 
et  de  Sicile.  Les  successeurs  de  Robert  lui  avaient  fait  de 
grandes  libéralités,  et  les  souverains  pontifes  l'avaient  doté 


(1)  On  lit,  dans  une  lellre  de  Granvelle  à  la  duchesse  de  Parme,  du 
8  mai  1579,  écrite  de  Rome  :  c.  Je  n'oblieray  ce  que  concerne  la  signera 
«  donna  Joanna  ,  dont  il  est  plus  que  raisonnable  que  S.  M.  s'encharge  , 
rt  faisant  Vostre  Allèze,  de  son  coustel ,  assez  de  tenir  soing  qu'elle  soit 
n   si  bien  nourrie.  «  (Archives  larnésiennes.) 

(i2)  Voy.  la  lellre  de  Granvelle  à  Marguerile,  du  lô  oelobre  loT'J  (Ap- 
pendice n"  Vil). 


(  .■;»>:;  ) 

(le  beaucoup  de  privilèges.  Sou  église,  sous  la  dynaslie 
anjouine,  était  la  chapelle  des  souverains,  qui  y  avaient 
établi  la  sépulture  des  princes  de  leur  famille  (I). 

Le  vice-roi  de  Naples  était  alors  don  Juan  de  Zûniga, 
prince  de  Pietrapersia,  frère  du  grand  commandeur  de 
Castille,  don  Luis  de  Requesens,  mort  à  Bruxelles  au  mois 
de  mars  1576.  A  la  réception  des  ordres  du  roi ,  il  en  donna 
connaissance  à  madame  Marguerite;  en  même  temps  il  fit 
solliciter  du  pape  Benoît  XÏII  un  bref  par  lequel  fut  auto- 
risée l'admission  de  donna  Giovanna  au  monastère  avec 
quatre  personnes  pour  l'y  servir.  Le  pape  accorda  cette  au- 
torisation sans  ditriculté,mais  en  limitant  à  deux  le  nombre 
des  femmes  dont  donna  Giovanna  pourrait  être  servie  (2). 

En  ce  moment  Marguerite  s'apprêtait  à  partir  pour  les 
Pays-Bas;  Philippe  lî  s'était  enfin  déterminé  à  lui  offrir 
le  gouvernement  de  ces  provinces,  qu'elle  avait  accepté  (5): 
elle  chargea  Florio  Torniello,  l'un  de  ses  gentilshommes, 
de  conduire  donna  Giovanna  à  Naples,  et  de  la  remettre 
entre  les  mains  du  vice-roi.  Torniello  avec  sa  compagnie 
arriva  dans  cette  capitale  le  21  janvier  1580;  la  veille,  à 
Thiano,  donna  Giovanna,  l'ayant  appelé,  lui  dit  ces  pro- 
pres paroles  :  «  Écrivez  à  Son  Altesse  que  je  suis  arrivée 
»  saine  et  sauve;  que  je  vais  bien;  que ,  chaque  matin  et 
»  chaque  soir,  je  prie  Dieu  pour  sa  santé,  et  que  je  l'en 
»  prierai  tous  les  jours  jusqu'à  la  fin  de  ma  vie;  que  je  lui 
»  fais  la  révérence  et  lui  baise  la  robe.  Quand  je  serai  à 


(1)  Francesco  Ceva  Grimakli,  Memoric  slorkhe  dclla  cil  ta  tU  Napoli , 
1857,in-8%pp.  180-208. 

(-2)  Voy.  la  leUre  de  don  Juan  do  Ziiniga  au  roi,  du  24  janvier  1580 
(Appendice  n"  IX). 

(5)  Correspondance  de  Marguerite  a  Autriche  avec  Philippe  //,  t.  I, 
pp.  xxxviii  et  suiv. 


(  oGG  ) 
x>  Naples,  je  lui  écrirai  tous  les  vendredis  (1).»  On  ne  doit 
pas  oublier  que  donna  Giovanna  était  entrée  à  peine  dans 
sa  septième  année. 

Le  vice-roi  reçut  avec  distinction  la  fille  de  don  Juan 
d'Autriche.  Tl  envoya  à  sa  rencontre  des  seigneurs  prin- 
cipaux de  la  cour  et  du  gouvernement  ;  il  descendit  jusqu'à 
l'entrée  du  palais,  pour  lui  offrir  la  main  et  la  présenter 
à  la  princesse  sa  femme.  Donna  Giovanna  passa  avec  ces 
illustres  personnages  la  journée  du  22  janvier.  Le  25,  la 
princesse  la  mena  à  Santa  Chiara;  elle  y  fut  confiée  parti- 
culièrement aux  soins  d'une  sœur,  noble  de  naissance, 
d'un  caractère  prudent  et  très-bonne  religieuse  (2).  Le  vice- 
roi  avait  pris  des  arrangements  avec  l'abbesse  pour  que  le 
meilleur  appartement  du  monastère  lui  fût  destiné;  il  pour- 
vut aussi  au  règlement  des  dépenses  que  son  entretien 
occasionnerait  à  la  maison.  En  un  point  il  modifia  la  ma- 
nière dont  elle  avait  été  élevée  jusqu'alors  :  à  la  cour  de 
madame  Marguerite,  on  avait  accoutumé  de  la  traiter 
d'Excellence;  il  prescrivit  qu'on  lui  donnât  seulement  le 
titre  de  Seigneurie  (5) ,  pensant  qu'il  serait  mieux  plus  tard. 


(i)  «  ....  Serenissima  Madama,  io  scrivo  alla  Alteza  Voslra  le  islesse  e 
formali  parolle  che  la  signora  donna  Giovanna  mi  comandù,  e  disse  : 
«  Scrivele  a  Sua  Allezza  corne  io  sono  arivaia  sana  e  salva ,  el  ch'io  slô 
»  bene,  et  ch'io  prego  ogni  malina  e  sera  per  la  salule  di  Sua  Aliczza  ,  et 
»  pregarô  sempre  linch'io  vivo,  et  che  li  faccio  riverenza  et  11  bascio  la 
»  vesla.  E  corne  io  sia  in  Napoli,  li  scriverôogni  venerdi....  »  (Lettre  de 
Torniello  à  madame  Marguerite,  écrite  de  ïhiano,  le  20  janvier  loSO, 
aux  Archives  farnésiennes.) 

(2)  Elle  s'appelait  Antonia  Silvestre. 

(5)  Il  [)araît  cependant,  d'après  la  lettre  du  duc  de  Feria,  du  4  juillet 
1602  (Appendice  n»  XIV),  que  les  vice-rois  de  Naples  la  traitèrent  iVEx- 
cellence) ;  el  cette  qualification  lui  fut  donnée,  après  son  mariage,  par 
ceux  de  Sicile. 


(567) 

si  le  roi  le  jugeait  à  propos,  d'augmenter  ce  litre  que  de 
restreindre  celui  qu'elle  aurait  eu  (1). 

Donna  Giovanna  avait  un  esprit  vii";  elle  était  douée 
d'une  grande  intelligence.  L'instruction  qui  lui  fut  donnée 
développa  ces  heureuses  dispositions;  non-seulement  elle 
apprit  à  parler  et  à  écrire  plusieurs  langues,  mais  encore 
elle  composa  en  latin  des  livres  qu'elle  dédia  au  roi  et  au 
prince  son  fils  (5). 

Ni  son  mérite  ni  le  souvenir  des  actions  glorieuses  de 
son  père  et  des  éclatants  services  qu'il  avait  rendus  à  la 
monarchie  ne  furent  toutefois  assez  puissants  sur  l'esprit 
de  Philippe  II  pour  l'engagera  l'appeler  à  Madrid,  comme 
elle  l'en  supplia  plusieurs  fois  (o).  Tout  ce  qu'il  fit  pour 
elle  se  réduisit  à  la  recommander  à  ceux  qu'il  investit  suc- 
cessivement de  la  vice-royauté  de  Naples(4). 


(1)  Voy.  la  leUre  de  Florio  Toniiello  à  madame  Marguerite,  du  22  jan- 
vier lo80,  et  celle  de  don  Juan  de  Ziiniga  à  Philippe  II,  du  2i  janvier 
(Appendices  n  «  VIII  et  IX). 

Je  saisis  cette  occasion  pour  remercier  don  Manuel  Murguia,  directeur 
des  Archives  générales  deSimancas,  des  recherches  qu'il  a  eu  la  bonté  de 
faire  faire  dans  ce  riche  dépôt  et  des  documents  qu'il  m'a  envoyés  con- 
cernant donna  Giovanna.  Je  lui  en  ai  d'autant  plus  de  gratitude  que  je 
m'étais  vainement  adressé  à  M.  le  prince  Colonna,  en  personne  à  Rome 
au  mois  d'avril  1868,  et  depuis  par  lettres  ,  afin  d'obtenir  la  comnmnica- 
lion  des  pièces  qui  existent  dans  les  archives  de  sa  maison  sur  la  fille  de 
don  Juan  d'Autriche. 

(2)  J'ai  vu,  à  la  Bibliothèque  nationale,  à  Naples,  le  manuscrit  d'un  de 
ces  livres;  il  est  intitulé  :  De  oratione  Tractaliis  ex  Sacra  Scriplura^ 
sanctis  patribus  et  praecipue  ex  fralre  Ludovico,  a  Joanna  Austriaca 
latine  reddilus  et  coUectus ,  ad  Philippum  tertiiim  Hispaniarum  prin- 
cipem  :  in-8«,  67  ff.  On  trouvera,  dans  l'Appendice  n»  X,  la  dédicace  de 
l'auteur  au  prince  Philippe. 

(3)  Archives  de  Simancas. 

(4)  Nous  donnons,  dans  l'Appendice  n"  XI,  la  lettre  qu'il  écrivit,  le 
1"  octobre  1595,  au  comte  d'OIivares,  à  qui  il  venait  de  confier  ce  poste, 
en  remplacement  du  comte  de  Miranda. 


(  568  ) 

Elle  avait  passé  dix-huil  années  déjà,  les  belles  années 
de  sa  jennesse,  au  monastère  de  Santa  Chiara,  sans  autres 
distractions,  dans  cette  retraite,  que  l'étude,  la  lecture, 
le  travail,  lorsque  Philippe  Ili  monta  sur  le  trône d'Espagiie. 
Ce  monarque  scmontra  animé  pour  elle  de  sentiments  plus 
favorables  que  son  père  :  dès  la  première  année  de  son 
règne,  il  s'occupa  de  la  marier;  il  lit  entamer  des  négocia- 
lions,  dans  ce  but,  avec  le  duc  d'Urbin  ,  François- 
Marie  II  de  la  Rovère,  qui  venait  de  perdre  sa  femme, 
Lucrèce  d'Est  (1).  L'arcbiduc  Albert,  ce  prince  que  la  Bel- 
gique compte  au  nombre  de  ses  meilleurs  souverains,  s'in- 
téressait beaucoup  à  donna  Giovanna;  il  proposa,  de  son 
côté,  qu'on  lui  donnât  pour  époux  le  duc  de  Verganza(2). 
Ni  Tune  ni  l'autre  de  ces  combinaisons  ne  purent  se  réaliser. 

La  fille  de  don  Juan  se  vit  forcée,  par  l'état  de  sa  santé, 
de  quitter  Santa  Chiara.  Dès  qu'elle  fut  rétablie,  Phi- 
lippe III,  en  des  termes  d'ailleurs  pleins  de  bienveillance, 
lui  fit  témoigner  le  désir  qu'elle  y  rentrât,  ou  qu'elle  fît 
choix  d'un  autre  monastère  qui  lui  offrît  plus  de  commo- 
dité (5). 

Donna  Giovanna  ne  s'était  pas  senti  de  vocation  pour 
la  vie  religieuse;  elle  était  lasse  d'une  existence  qui  n'en 
différait  guère,  et  la  situation  précaire  où  elle  se  trouvait 
lui  causait  une  peine  profonde.  Elle  envoya  quelqu'un  en 
Espagne  pour  faire  à  ce  sujet  des  représentations  au  roi 
et  au  duc  de  Lerma.  Le  résultat  qu'elle  en  espérait  se  fai- 


(1)  LcUre  do  Philippe  111  au  comlo  irOlivaies,  du  ITi  décembre  1598. 
(  Arch.  de  Simaiicas  ,  Eslado,  leg.  1875  ) 

(2)  Consulle  du  conseil  d'Klal  à  Philippe  111,  du  11  mars  IGOl.  {Ibid., 
leg.  G18.) 

(5)  Voy.  la  lellrc  de  Phili|)pe  III  au  comlc  de  Lemos,  vice-roi  de  .Nai»les, 
du  30  septembre  IGOl  (Appendice  n"  XII). 


(  m\)  ) 

sanl  atlendrc,  ello  pril  le  parti  d'écrire  à  Philippe  ÏII. 
«  Sire  et  mon  refuge,  —  lui  dit  elle  — je  ne  sais  que  faire 
»  ni  vers  où  tourner  les  yeux ,  si  ce  n'est  vers  la  royale 
»  clémence  de  Votre  Majesté,  puisque,  d'une  part,  il  ne 
»  lui  plaît  point  que  je  vive  de  la  manière  que  je  le  fais,  et 
»  que  de  l'autre,  il  m'est  impossible  de  vivre  en  un  mo- 
»  nastère.  Je  me  vois  seule,  pauvre  orpheline  et  abandon- 
»  née  ;  dépendante  de  chaque  vice-roi  qui  vient  ici,  chacun 
»  d'eux  me  traitant  à  sa  guise,  l'un  bien,  l'autre  mal; 
»  obligée  de  recourir  à  eux  pour  ma  nourriture  et  pour 
»  mes  vêtements.  Comme  je  sais  avec  certitude  que,  si 
»  Votre  Majesté  connaissait  ma  position,  son  cœur  humain 
»  ne  permettrait  pas  que  sa  moindre  servante,  quelque 
»  indigne  qu'elle  soit  du  sang  dont  elle  est  issue ,  fille  d'un 
»  père  qui  fut  si  dévoué  au  service  de  la  royale  couronne, 
»  souffrît  ce  qu'elle  souffre,  cette  persuasion,  jointe  au 
j>  chagrin  de  me  voir  sur  une  terre  étrangère ,  loin  de  mon 
»  roi  et  seigneur  naturel,  suffirait  à  faire  perdre  la  santé 
»  à  qui  l'aurait  meilleure  que  je  ne  l'ai.  Je  ne  doute  pas 
»  que  V,  M.,  si  elle  était  informée  des  larmes  que  je  ré- 
»  pands,  n'eût  pitié  de  moi....  Je  la  supplie  humblement, 
»  comme  mon  seigneur  et  mon  unique  bien,  et  comme  roi 
»  bénin  et  miséricordieux,  de  daigner  venir  à  mon  secours 
»  de  la  manière  que  je  puis  me  promettre  de  sa  grandeur. 
»  De  Naples,  le  10  mai  1602  (J).  » 

Au  moment  où  donna  Giovanna  écrivait  cette  lettre, 
Philippe  ni  venait  de  donner  l'ordre  qu'une  nouvelle  né- 
gociation s'entamât  en  vue  de  son  établissement,  et  c'était 
avec  le  chef  d'une  des  plus  grandes  maisons  du  royaume 
de  Sicile,  avec  don  Fabricio  Branciforte,  prince  de  Butera, 


(1)  Voy.  l'Appendice  n'^  XII 1. 

2"''^  SÉRIE,  TOME  XXVU.  38 


'  (  570  ) 
marquis  de  Licodia  et  de  Melitello  (1).  Le  duc  de  Fcria,  vice- 
roi  de  Sicile,  qui  en  fut  chargé,  y  réussit  complètement  : 
car  il  amena  le  prince  de  Butera  à  demander  lui-même  au 
roi,  comme  une  faveur  insigne,  la  main  de  donna  Gio- 
vanna  pour  don  Francesco,  prince  de  Pietrapersia,  son  (ils 
aîné  (2).  L'affaire  fut  promptement  conclue.  Philij)pe  III 
assigna  en  do!  à  sa  cousine  une  somme  de  soixante  mille 
ducats,  avec  une  rente  annuelle  de  trois  mille  ducats  pour 
sa  garde-robe  (ô).  Lorsque  tout  eut  été  réglé,  le  duc  de 
Feria  instruisit  de  son  mariage  donna  Giovanna  ,  qui 
jusque-là  n'avait  rien  su  de  ce  qu'on  négociait  pour  elle, 
et  qui  en  éprouva  une  joie  extrême  dont  la  manifestation 
est  empreinte  dans  la  lettre  de  remercîments  qu'elle 
adressa  au  roi  Philippe  (4).  Le  o  juillet  1605,  une  flottille 
de  cinq  galères,  sous  le  commandement  de  don  Garcia  de 
Tolède,  appareilla  de  Naples,  la  conduisant  à  Palerme; 
le  vice-roi  de  Naples,  le  comte  de  Benavente  (o),  lui  avait 
fait  compter,  avant  son  départ,  huit  mille  ducats,  afin 
qu'elle  pût  payer  ses  dettes  et  se  pourvoir  des  choses  con- 
venables à  son  nouvel  état  (6).  A  Palerme  on  lui  fit  une 
réception  brillante.  Ses  noces  furent  célébrées  au  château 
avec  pompe;  le  duc  de  Feria  y  représenta  la  personne 
du  roi. 


(i)  Lellres  du  roi  el  du  duc  de  Lerma  au  duc  de  Foria,  du  25  avril 
1G02.  (Arch.  de  Simancas,  Estado,  leg.  188o.) 

(2)  LeUre  du  duc  de  Feria  au  roi,  du  4  juillet  1602  (Appendice  n°  XIV). 

(5)  Letlre  du  même  au  même,  du  12  décembre  1G02.  (Arch.  de  Si- 
mancas, E.stado,  leg.  1160.) 

(1)  l']n  date  du  10  janvier  1605.  Voj.  rA|»pendice  n"  XV. 

(5)  Don  Juan  Allonso  Pimenlel  de  llerrera,  qui  avait  pris  possession  de 
la  vice-royauté  de  Naples  au  mois  d'avril  1605. 

(6)  Letlre  du  comte  de  Benavente  au  roi,  du  20  juillel  1605.  (Arch.  de 
Simancas,  Estado,  leg.  1099.) 


(  371  ) 

r.'union  de  donna  Giovanna  avec  don  Francesco  Bran- 
ciforie  fut  heureuse.  Ce- seigneur,  était  digne  d'elle  par  les 
qualités  de  l'esprit  comme  par  celles  du  cœur(l)  :  il  avait  de 
vastes  connaissances  en  philosophie,  en  théologie  et  en  ma- 
thématiques; il  était  en  relations  avec  les  savants  de  son 
temps;  il  s'était  créé  une  riche  hihiiothèque  dont  il  donnait 
l'accès  à  tous  ceux  qui  voulaient  le  consulter;  il  écrivit 
même  plusieurs  ouvrages  (2). 

Donna  Giovanna  d'Austria  mourut  à  Naples  le  7  février 
1650,  dans  sa  cinquante-septième  année  (5);  le  prince 
son  mari  l'avait  précédée  au  tombeau  huit  années  aupara- 
vant (i).  Elle  laissa  une  fille  unique,  qu'elle  avait  appelée 
Marguerite,  du  nom  de  l'illustre  princesse  qui  avait  pris 
soin  de  ses  premières  années  et  dont  la  mémoire  lui  était 
restée  toujours  chère. 

Marguerite  Branciforte  épousa  Frédéric  Colonna ,  duc 
de  Paliano,  connétable  du  royaume  de  Naples.  Ainsi  fut 
uni  le  sang  de  don  Juan  d'Autriche  avec  celui  de  Marcan- 
tonio  Colonna,  qui  avait  été  son  compagnon  d'armes  et  son 
lieutenant  dans  la  glorieuse  journée  de  Lépante. 


(1)  Baus  une  lettre  du  10  mars  160-i,  le  duc  de  Ferla  disait  à  Plii- 
lippe  m  :  v(  El  principe  de  Pietraprecia  procède  muy  bien;  y  como  despues 
«  que  se  casô,  he  tenido  mas  ocasiones  y  obligaciones  para  tralarle,  he 
»  podido  conocer  mejor  que  tiene  partes  y  talento  para  dar  recaudo  à  lo 
»  que  V.  M-^  le  quisiere  encomendar.  »  (Arch.  de  Simancas,  Eslado , 
leg.  1883.) 

(2)  Moréri,  Grcuid  dictionnaire  historique,  t.  II,  p.  428.  —  Grosses 
xiniversal  Lexicon,  4'"  Band,  p.  1011. 

(5)  Diurnali  di  Scipione  Gucrra,  MS.  de  la  Bibliothèque  nationale,  à 
Naples,  fol.  55. 
(4)  Grosses  universal  Lexicon ,  1.  c. 


(  '>72  ) 


APPENDICES. 


N»  ï. 

Lettre  de  don  Juan  à  Marguerite  d^ Autriche,  sa  sœur. 
(Autographe.) 

Seîïora,  riasc  V.  Alt%  en  leyendo  esta  carta,  de  lo  que  en  ella 
quiero  dczirla,  que  }  o,  aiinque  corrido,  picnso  tambicn  liazerlo. 
Acuérdese  V.  Alf'que,  entre  otras  cosas  partieulares,  nie  pre- 
guntô  si  yo  ténia  algiin  hijo,  y  jiuitaraente  me  mando  que  se  le 
dièse,  si  le  ténia.  Respondila  que  no,  besandola  las  manos 
por  la  merced  que  me  queria  hazer ,  y  dixe  que  presto  podria 
ser  la  acetase.  Este  presto,  seîiora,  casi  lo  es  ya,  porque  de 
aqui  a  un  mes  creo  que  de  muchacho  que  soy  me  lie  de  ver 
padre  corrido  y  avergonçado;  y  digo  avergonçado,  porque 
es  donayre  teneryo  liijos.  Ora  al  fin  V.  AW  perdone,  que 
dellos  ha  de  ser  madré  como  de  mi  y  del  que  nacerâ,  que  sera 
el  primero,  principalmcnle.  Y  asi  selo  suplico  muy  de  veras 
quiera,  por  liazerme  merced,  tomar  este  nuevo  trabajo  y  pesa- 
dumbre,  y  que  sea  con  todo  cl  mayor  secreto  y  recato  que  po- 
sible  sea.  Pero  esto,  con  todo  lo  dcmâs  que  parcccrâ  ser  mas 
conbiniente  y  acertado,  quiero  remitir  y  remito  â  V.  Alt" ,  y  la 
suplico  que  no  solo  se  encarguede  todo,  sino  tanbien  de  advcr- 
tirme  â  mi  en  aquello  que  sobre  este  particular  y  sobre  todos 
juzgare  por  lo  mejor  :  que  cierto  lo  sera.  Quanto  sea  tiempo  de 
enlregarse  V.  Alt"  de  la  criatura,  que  sera  lucgo  que  sin  su 
pcligro  pueda  llcvarse  hasta  do  se  ballare,  se  lo  escrivirâ  el 
cardenal  Granvela,  cl   (pud,  por  amor  mio  y  porcjue  mejor  y 


(  573  ) 

mas  secrcto  se  haga ,  se  a  encargado  délia  liasta  poneila  con 
V.  Alt^.,  con  quicn  el  dicho  cardenal  se  darâ  la  mano  y  corrcs- 
pondencia.  De  nuevo  suplieo  à  V.  Alt''  se  la  de  con  el  mismo,  y 
que  desdc  liiego  enlienda  que  es  madré  de  padre  y  hijo.  La 
que  verdaderamente  le  parirâ  es  mujer  de  las  nobles  y  seîïala- 
das  de  aqui  y  de  las  mas  hermosas  que  ay  en  toda  Italia;  que 
al  fincontodas  estas  partes,  y  principalmente  la  de  la  nobleza, 
parece  que  podrâ  mejor  sufrirse  esta  deshùrden,  si  desliôrden 
puede  llamarse  cosa  tan  natural  y  usada  en  el  mundo.  Esto  es, 

senora,en  quanto  â  esto 

De  Nâpoles,  18  de  julio  1575. 

Besa  las  manos  de  V.  Alt"  su  muy  cierto 
servidor  y  obediente  hermano 

Don  Ju°  de  Austria. 

A  la  serenissima  senora  madama  de  Austrkty  mi  hermana  y 
senora,  en  su  mano. 

(Archives  farnésiennes,  à  Naples.) 


N°  II. 

Lettre  de  don  Juan  à  Marguerite. 

(Aulographe.) 

Senora,  infinitas  bezes  beso  las  manos  de  V.  Alt*  j)or  la  libe- 
ralidad  y  voluntad  con  que  se  a  encargado  de  ser  madré  mia  v 
de  mis  cosas  :  que  cierto,  si  algo  se  merece  en  este  mundo, 
merezco  yoesta  y  otra  qualqnier  merced  de  V.  AW,  porquc  es 
quanto  dezir  se  puede  lo  que  deseo  servirla ,  y  lo  que  estoy 
deseando  ocasion  en  que  hazerlo  de  veras  y  no  burlando.  Ora, 


(  574  ) 

scnora,  rcspondcré,  pues  asi  es,  â  la  de  V.  AU"  de  ûlliino  del 
})asado  que  rccebi  dos  dias  a.  No  se  si  sera  mejor  y  con  mas 
secretollevar  la  criatura  que  naciere  al  lugar  adô  V.  AU"*  man- 
dare,  y  que  de  csto  se  encargue,  como  lo  esta  ya,  el  cardenal 
Granvcla,  que  dexar  llegar  â  Nàpoles,  6  por  alli  cerca,  la  per- 
sona  que  tiene  sefialada  V.  Alt' para  este  ei'eto,  porque  al  fin, 
segun  el  cardinal  dize,  con  menor  rumor  la  harâ  él  sacar  de 
allf  adô  conbendrâ,  que  podrà  sacarla  la  tal  persona  ;  y  como 
destas  matcrias  soy  yo  tan  poco  plâtico,  lo  mejor  es  para  mi 
remitirloy  suplicar  â  V.  Alt' escriva  al  dicho  cardenal  su  opi- 
nion, si  todavi'a  tiene  la  del  inbiar  por  la  criatura,  para  que  lo 
que  mejor  pareciere  eso  mande  V.  Alt"  executar.  Y  esto  es  lo  que 
en  quanto  en  esto  juzgaria  yo  por  lo  mejor;  pero  en  todo  qucdo 
remitido  agora  y  siempre  â  su  voluntad  y  pareccr,  que  sera  sin 
duda  lo  mas  acertado.  En  quanto  â  si  se  callara  6  no  al  seîïor 
principe  esta  cosa,  respondo  que  pocas  6  no  ninguna  que  me 
toque  le  tendre  jamas  encubierta  ;  y  asi,  si  pasare  por  ay,  podrà 
V.  Alt'  ganarmc  por  la  màno;  que  yo,  luego  que  le  vea,  se  lo 
dire  claro  :  pero  por  satisfacion  propia,  aunque  séria  escusado, 
le  encomendaria  el  secreto.  La  persona  quai  sca  no  la  dire 
agora  âV.  Alt",  hasta  que  tengaallâ  la  criatura,  porque  tan  poco 
la  conocerâ,  pienso  yo;  pero  es  cierto  noble  en  su  lugar  y  de  las 
mas  bermosas  dél  6  del  mundo  y,  como  digo,  de  linaje  conocido 
y  muy  noble,  que  es  loque  mas  e  estimado;y  advicrto  à  V.  Ait"' 
que  sera  muy  posible  que,  quando  mcnos  se  cate,  la  lleve  yo 
otro  liijo,  porque  este  oficio  todo  es  darle  })rincipio.  Rîase 
V.  Alt',  que  yo  lo  quedo  bazicndo  de  mimismo,  pues  aun  no  soy 
bien  bijo,  quando  tambien  me  vco  padre  de  bijos;  Guay  del- 
los,  si  no  tuviesen  por  madré  à  V.  Alt',  que  lo  es  no  menos  de 
ellos  que  mia,  y  mia  que  de  su  propio  bijoî  Esfo  es  en  quanto  â 
plâtica  de  bijos  me  ociirre,  aîiadicndo  que  ya  presto  naccrâ, 
à  mi  juizio,  el  que  ariba  digo.  Si  es  varon ,  le  llamarân  Gerô- 

niino,  con)o  de  pila  me  llamo  yo,y  si   nuiger.  Juana 

Nuestro  Seîïor  guarde  â  V.  Alt' con  lanta  sahul,  \i(la  \  conlcn- 


(37o) 

(iiniicnto  quanlo  merccc  y  yo  dcsco,  y  asî  la  suplico  me  avise  de 
eontiiiiio  de  la  que  Uiviere. 
De  Meçina,  19  de  agosto  1570. 

Besa  las  nianos  de  V.  Alt"  su  mas  cierto 
servidor  y  obedicnle  hcrmano, 

Do.\    Ju°    DE    AUSTRIA. 

A  la  serenissima  seilora  madama  de  Ausln'a,  mi  hernicma  ij 
Hcnora,  en  su  mano. 

(Archives  fariiésiennes,  à  Naplos.) 


ÎV-    III. 


Lettre  du  cardinal  de  Granvelle  à  Marcjuerite  d'Autriche. 
(Aulugraphe.) 

Madame,  lagent  de  Vostre  Altèze  m'a  donné  ses  lellres  du 
v*^  de  ee  moys,  escriptes  de  sa  main.  Pour  responce  ausquelles 
je  luy  diray  qu'il  y  ha  bien  longtemps  que  le  signeur  don  Joan 
me  dit  que,  Tayant  interrogué  Vostre  Altèze  s'il  n'avoit  point 
cncoires  commencé  de  faire  quelque  jeusne  mesnaige,  qu'il  avoit 
rcspondu  que  non,  et  que,dëmonstrant  Vostredicte  Altèze  que, 
sil  y  eut  heu  quelque  chose,  qu'elle  eust  désiré  den  tenir  le 
soing  et  prandre  à  sa  charge  d'en  faire  la  nourriture,  qu'il  luy 
dit  qu'il  y  avoit  bien  commencé  quelque  chose  et  que,  venant  à 
perfection,  quil  pourvoyroit  que  l'on  l'envoya  à  Vostre  Altèze, 
puisqu'elle  luy  faisoit  cest  honneur  d'en  vouloir  prandre  la 
charge;  et  me  communicant  franchement  ce  que  passoit,  m'en- 
chargea  que,  le  cas  advenant,  je  tinsse  correspondcnce  avec 


(  576  ) 

Vostrcdicte  Allcze,  pour  luy  adresser.  J'ay  aydé  ce  que  j"ay 
peu  pour  encouvrir  le  faict,  luy  ayant  donné  ung  peu  de  leçon 
de  s'estre  adressé  à  la  dame  que  luy  a  pourté  ce  fruyt,  pour 
plusieurs  considérations  que  je  pourroys  dire  à  Voslre  Altèze, 
si  je  luy  pouvoye  parler,  et  que  je  crains  que,  si  Sa  Majesté  le 
venoit  à  sçavoir,  elle  n'en  seroit  contente,  pour  aucunes  consi- 
dérations. 3Iais  il  est  faict,  et  est  la  mère  noble  et  de  bon  lieu, 
que  s'accoucha,  il  y  a  huyt  jours,  dune  bien  belle  fille;  aussi 
est  ladicte  mère,  à  ce  que  l'on  me  dit,  fort  belle.  L'on  ha 
pourveu  ladicte  fille  d'une  bonne  norrice,  que  ne  sceit  à 
parler  ny  du  père  ny  de  la  mère.  Quant  il  plaira  à  Vostrcdicte 
Altèze  me  commander  que  je  la  luy  envoyé,  je  le  feray  sans 
plus  grand  bruyt,  la  faisant  mectre  en  une  mesme  lictière  avec 
sa  nourrice;  et  donneray  quelques  gens  qui  l'accompaigncnt. 
Reste  quil  plaise  à  Vostrcdicte  Altèze  madvertir  du  temps  et 
où  elle  vouldra  que  l'on  en  face  la  délivrance  et  à  qui.  Je  pense 
envoyer,  pour  la  conduyre,  Francisco  Castano,  milannois,  que 
me  servoit  d'escuyer  d'escuyeric  quant  je  laissa  Vostre  Altèze 
aux  pays  d'embas,  qui  congnoist  les  gens  de  Vostre  Altèze  et 
est  congncu  d'iceulx,  luy  enchargeant  la  délivrer  à  qui  et  où 
Vostre  Altèze  commandera,  sans  sçavoir  ny  du  père  ny  de  la 
mère,  ny  moins  que  Vostre  Altèze  sçache  rien  de  ce  que  passe, 

si  elle  ne  me  commande  aultrc  chose 

De  Naples,  ce  xix*"  de  septembre  lo73. 

De  Vostre  Altèze  bien  humble  et 
très-obligé  serviteur, 

Am.  Cahd.  de  Granvelle. 

(Archives  lariiésieunes,  à  Naples.) 


(o77  ) 

N    IV. 

Lellre  du  cardinal  de  Granvelle  à  Mar(jucrlti'. 
(Autographe.) 

Madame,  suyvant  la  résolution  [)riiise  par  Vostrc  Altèzc, 
Francisco  partira,  s'il  plaît  à  Dieu,  le  vin*'  de  ce  moys,  avccla 
nourrisse,  son  mary  et  l'enfant,  selon  (jue  les  gens  du  signeur 
don  Jehan  ont  convenu  ;  et  ne  seaivent  ny  la  norrisse  ny  le 
mari  chose  quelconque  de  l'affaire  ny  de  qui  est  l'enfant,  ny 
moings  Francisque.  Aulcuns  soubsonnent  qu'il  soit  mien.  ^ïais, 
comme  je  ne  parla  onques  à  la  mère,  ny  luy  pense  parler,  cela 
et  mon  eage  feront  perdre  ceste  opinion,  et  n'en  fais  aultre  cas. 
Ledict  Francisco  tiendra  le  chemin  droit  à  Sulmone,  et  dois  là 
entendra  si  Nuti  sera  à  l'hostellerie  de  la  Rocca ,  pour  là  luy 
aller  consigner  le  tout,  et  dois  là  retournera,  sans  passer  plus 
avant,  comme  Vostre  Altèze  commande,  pour  les  raisons  Irès- 
prudentcment  par  elle  considérées. 

Ledict  Francisco  n'a  peu  partir  plus  tost,  pour  ce  qu'ayant 
pieu  à  monsieur  le  prince,  filz  de  Vostre  Altèze,  me  faire  cest 
honneur  de  loger  céans ,  comme  ledict  Francisco  est  congneu 
de  luy  et  de  ses  gens,  je  ne  l'ay  voulu  eslongner,  pour  la  com- 
modité de  leur  service,  oultre  ce  que  je  doubtai  que,  ne  le 
véans,  ils  se  fussent  enquis  de  luy,  qu'eust  peu  donner  occasion 
à  discours.  Je  faiz  mon  compte  que  le  xu  il  pourra  estre  à  Sul- 
mone; et  oyres  qu'il  actende  ung  jour  ou  deux  la  venue  de 
Nuti ,  cela  emporte  peu ,  pourveu  que  tout  se  face  comme  il 
convient 

De  Naples ,  ce  vi*"  de  novembre  1575. 

De  Vostredicte  Altèzc  bien  humble 
et  très-obligé  serviteur, 

AiN'T.  Card.  de  Granvelle. 
(Archives  l'ariiésieimes ,  à  Naples.) 


(  578  ) 

N»  V. 

Lellre  du  cardinal  de  Granvellc  à  Marguerile. 
(Autographe.) 

Madame,  j'avoyc  jà  entendu,  par  le  rapport  de  mon  homme, 
ce  qu'estoit  passé  quant  à  la  consignation  de  l'enfant.  Et  ce  ne 
fut  ma  faulle  que  Vostrc  Altèze  ne  fut  prcadverlie,  car  je  Hz 
donner,  deux  ou  troys  jours  devant  le  parlement  de  mon 
homme,  ma  lettre  à  Jo.  Fcrnandcs  de  Çiuliga,  luy  recom- 
mandant de  la  faire  adresser  promptement,  pour  estre  chose 
quemportoit,  sans  luy  en  dire  aultre  chose.  Et  enfin,  par  la 
prudence  de  Vostrc  Altèze,  le  tout  fut  bien  encheminé,  ayant 
donne  si  bon  ordre  à  toutes  choses.  Dont  je  n'ay  failly  de  in- 
continant  advcrtyr  le  père,  qu'en  reçoit  grand  contentement; 
et  n'a  faict  semblant  au  porteur  des  lettres  de  Vostrc  Altèze 
de  ceste  affaire,  comme  aussi  n'ay-je  moy,  pour  mavoyr  iccllc 
prcadverty  qu'il  n'en  sçavoit  à  parler.  El  aussi  peult  estre  cer- 
taine Vostredicte  Altèze  que  mon  homme  propre,  qui  l'a  con- 
duyl,  n'en  ha  entendu  chose  quelconque;  et  s'il  y  a  quchpie 
soubson,  icelluy  pourra  estre  tombe  sur  moy  ou  sur  aultre  : 
mais  j'espère  bien  qu'il  perdra  ledit  soubson,  puisqu'il  ny 
verra  aultre  suytc,  ny  précédcnlment  chose  que  le  doibge 
faire  soubsonncr.  El  me  recommandant  bien  humblement  et 
très-affectueusement  à  la  bonne  grâce  de  Vostrc  Altèze,  je  prie 
le  Créateur  quil  doint  à  icelle  très-bonne  cl  longue  vie. 

De  Naj)les  ,  ce  ii'  de  décembre  1  a73. 

De  Vostrc  Allèze  bien  humble  et 
très-obligé  serviteur, 

Ant.  Cai'.d.  di:  Granvellr. 

(Archives  raniosieiiiios,  à  .Na|ik's.) 


(579) 


N«  VI. 

Lettre  lie  don  Juan  à  Marguerite. 
(Autographe.) 

Seîïora,  en  caria  a  parle  qiiiero  responder  a  V.  AU"  y  besar 
infinilas  vczes  sus  manos ,  por  avcr  tomado  por  tan  pro[)io 
suyo  el  comodo  y  criança  de  esa  nina,  de  cuya  biicna  forUuia 
csloy  }0  lan  embidioso  que,  quando  la  quisiera  mucbo,  nie 
biera  todavia  estarlo  délia,  quanto  mas  saviendo  scr  tan  torpc 
padre  que  no  acavo  de  créer  que  lo  soy.  Iras  saverlo  cerlisinio. 
Ora,  si  Dios  se  la  llevase,  â  todos  pienso  que  nos  séria  mucba 
merced,  y  mayor  a  mi ,  que  no  son  liijos  para  liombre  conio 
yo.  Mire  V.  A\V  y  ri'ase  de  mi  opinion  y  mi  deseo.  Con  todo 
beso  olra  vez  a  V.  Alt"  las  manos  por  el  travajo  que  ba  tomado 
por  librarme  deste  cuydado,  que  fuera  agora  grandisimo  para 
mi;  y  asi  es  tanto  mayor  la  merced  que  be  recibido,  y  tanto 
mas  estimada.  Quando  aqui  llegué,  balle  algun  tanto  de  rumor 
sobre  esto,  que  me  peso  no  poco,  aunque  siempre  variavan 
de  lo  cierto.  Agora  entiendo  que  pasô  va  esta  grita,  la  quai  por 
mi  no  puedo  desear  ni  deseo  que  sea  jamâs  levanlada.  Es  bien 
verdad  que  ubo  un  poco  de  hierro  quando  naciô  essa  criatura , 
que  fuë  la  causa  de  lo  que  se  dixo.  Al  fin  lo  que  fuc  pasô,  para 
bolvidarse  como  en  mayorcs  cosas  vemos  que  succde  cada  dia. 
Con  todo  no  pierdo  la  pena  que  me  toea  â  rai  tener.  Al  senor 
})rincipe  no  consicnto  que  se  lenga  secreto  cosa  que  a  mi  me 
toque,  y  asi  seré  yo  el  primero  el  que  le  dire;  que  no  picnsc 
ni  se  engane  que  es  solo  A  él  a  quien  V.  Alt"  tiene  y  trata  por 
hijo.  Ora  guardcme  Dios  a  V.  AU"  con  la  feîicidad  y  contenta- 


/ 


(  o80  ) 

micnto  que  mcrccc  y  yo  dcsco,  que  es  quanto  puede  descarsc. 
De  Nâpolcs,  â  28  de  noviembre  1o73. 

Bcsa  las  manos  de  V.  Alt"  su  mayor  scrvidor 
y  obediente  bermano, 

Don  Ju"  de  Austria. 

A  la  se r'""  Si' no r a  nwdaina  de  Auslria,  mi  hermana  y  senora. 

(Archives  farnésieiHies,  à  Naples.) 


i\°  VII. 


Lellre  du  cardinal  de  Granvelle  à  Marguerite. 
(Autographe.) 

Madame,  j'ay  parlé  cejourd'buy  à  Sa  Ma"'  une  aullre  l'ois  (I) 
touc'bant  madauioisellc  donna  Joanna;  et  je  prétendo}e  que 
Toji  la  fît  venir  icy,  pour  la  nourrir  près  de  la  royne,  à  lacjuelle, 
à  mon  advis,  elle  eust  donné  du  contentement.  Mais  Sadicte 
Majesté  ba  voulu  prandrc  aultre  résolution,  luy  ayant  semblé 
mieulx  que  l'on  la  mecte  au  monastère  de  S'^'-Clère  de  Naples, 
pour  là  la  nourrir,  luy  donnant  là-dedcns  la  commodité  néces- 
saire et  personnes  qui  en  tiennent  soing.  Et  me  semble  que  Sa- 
dicte Ma''"  désireroit  que  ce  fust  de  sorte  que,  venant  en  eaige, 
il  luy  print  dévotion  d'y  demeurer  religieuse.  Et  Ton  escript  au 


(1)  Dans  un  posl-seiipluni  à  une  lettre  (hi  1:2  septembre,  il  Uisail  ii  la 
duchesse  :  c<  Je  n'ay  l'aiily  de  ramenlevoir  à  Sa  Ma'''  donna  -loannella  :  sur 
0  quoy  j'allendz  eiicoire  sa  responce.  » 


(  38i  ) 

vicc-roy  de  Naplcs  de  procurer  que,  quant  il  plaira  à  Voslrc 
AHczc  l'envoyer,  qu'elle  y  soit  reccue,  et  me  eommande  l'es- 
cripre  à  Vostredicte  Altèze,  à  laquelle  je  tiens  qu'elle  en  fera 
escriprc  quelque  mot,  ou  par  ec  mcsme  courrier  ou  par  ce  pre- 
mier. Mais  cependant  il  m'a  semble  en  donner  à  icclle  incon- 

tinant  advcrtissement 

Du  Scorial ,  le  xni^  octobre  1579. 

De  Voslre  Altèze  bien  burablc  et  très- 
obligé  serviteur, 

Ant.  Cardinal  de  Granvelle. 

(Archives  farnésiennes,  à  Napies.) 


N°  VIII. 

Lettre  de  Florio  Torniello  à  Marguerite. 
(Autographe.) 

Serenissima  patrona ,  con  la  divina  gralia  hieri  arrivassimo 
in  Napoli  sani  et  salvi,  e  Sua  Eccellenza,  non  potendo  assisterc 
in  persona  a  incontrare  la  signora  donna  Gioanna,  perché 
tiene  lutto  per  la  morte  délia  signora  donna  Geronima,  sua 
cognata,  mando  a  inconlrarla  dal  marchese  di  Grotteri  con 
altri  doi  del  consiglio  et  molti  altri  cavaglieri,  e  ci  fceero  in- 
trar  di  notte,  et  andassimo  dritto  a  palazzo.  Sua  Eccellenza 
venue  abbasso  al  cortile,  et  piglio  per  la  mano  la  signora 
donna  Gianna,  et  la  condusse  ad  alto,  dove  trovô  la  vicere- 
gina  che  gli  la  levo  di  mano  ;  et  tutti  insieme  la  eondussero  aile 
suc  stanze,  vicine  allô  appartamcnto  di  detta  viceregina,  con 


(  582  ) 

la  quale  ccno ,  et  ancliè  vi  fece  cenarc  la  signera  Jiidilta  (I)  et 
noi  altri.  Vi  stessimo  a  servirla  di  vista;solo  la  fcccservire  dal 
suo  coppiero.  lo  visitai  il  sigiior  viccrrè  et  vieercgina  nel  mc- 
desimo  instante  in  nome  di  Vostra  Altezza,  et  hebbi  anchè 
hellissinia  occasione  di  esplicar  tulto  il  particolar  de  la  signera 
donna  Gioanna.  Et  questa  matina  e  fatlo  il  restante  dclli  negolii, 
et  pigliato  lo  apontaniento  di  condurla  domani  nel  monasterio, 
c  voile  il  signor  vieerrè  chc  sia  la  signera  Juditta  che  la  een- 

duca  insieme  cen  noi  altri 

Di  Napoli,  alli  22  gennaio  1580. 

Di  Vostra  Altezza  Serenissima  devolis- 
simo  et  umilissimo  servi  ter, 

Florio  Tormello. 

(Archives  farnésieniios,  à  Najjh^s.) 


N«  IX. 

Leitre  de  don  Juan  de  Zi'miga,  vice-rot  de  Xaples, 
à  Pliilippe  II. 

(Original.) 

S.  C.  R.  M'',  luego  que  rccevf  la  earta  de  V.  M'^  de  les  viii 
de  noviembrc,  en  que  manda  va  que  se  pusiesc  en  el  mones- 
Icrio  de  Santa  Clara  desta  eiudad  la  hija  del  seîïer  don  Juan, 
que  aya  gloria,  le  avisé  â  Madanin,  para  saber  eemo  y  de  que 
manera  la  (pieria  enibiai',  y  enibié  a  suplicar  a  Su  S''  dièse 


(1)  Fcmiue  de  clianibrc  lW  donna  Gio\ann:i 


(  m  ) 

brève  para  que  i)iKlie. >e  eslîir  en  el  Jiioncslcrio  con  (jiialro 
criadas.  Concediôlo  luego,  aunqiie  liinilo  ({ue  las  criadas  no 
fuesen  mas  de  dos.  Concertôse  con  la  abbadcsa  que  se  le  sena- 
lasc  el  mejor  aposento  que  liay  en  la  casa,  y  que  se  encomen- 
dase  su  criança  a  sor  Antonia  Silvesti-e,  que  es  niuger  noble  y 
prudente  y  nuiy  buena  rcligiosa,  la  quai  estarâ  en  su  aposento 
y  cornera  con  ella.  Y  aviendo  dado  quenta  de  todo  â  Madania 
y  avisiidole  que  la  podria  embiar  quando  quisiese,  la  einbiô 
luego.  Llegô  aqui  â  los  xxj,  y  ha  estado  en  esta  casa  de  V.  M'' 
hasla  los  xxiij,  (pje  la  llevô  la  princesa  mi  muger  al  moncs- 
terio. 

Hâla  embiado  Madama  muy  bien  veslida  y  alajada,  de  ma- 
nera  que  no  se  ha  avido  de  proveer  para  el  adreço  de  su  ])er- 
sona  y  aposento  cosa  ninguna. 

Ilize  gran  instancia  con  Madama  porque  embiase  las  criadas 
que  hubiesen  de  estar  con  ella  en  el  monestcrio,  y  ha  embiado 
sola  una  que  es  la  que  hasta  aqui  ha  tenido  cuydado  de  ves- 
lirla,  y  de  quien  Madama  tienc  salisfacion;  y  aqui  ando  bus- 
cando  la  otra. 

Con  la  abbadesa  se  ha  concertado  qu'el  monesterio  la  ha  de 
hazer  la  costa  â  ella  y  a  las  criadas,  y  se  tasarâ  lo  que  por  esto 
se  le  huviere  de  dar  cada  mes.  El  partido  de  las  criadas  y 
todos  los  demâs  gastos  extraordinarios  se  proveerân  como 
fuere  menester. 

A  mi  no  me  parecio  que  aviendo  de  estar  en  el  monesterio, 
entrase  persona  de  autoridad  que  tuviese  cargo  délia,  por  el 
embaraço  y  difficultad  que  avria  en  hallarla  tal,  y  que  era 
mejor  que  esto  se  encomendase  à  una  monja;  y  de  la  que  se 
ha  escogido,  como  he  dicho,  tengo  muy  buena  relacion,  Y  si 
V.  M''  mandare  que  se  haga  de  olra  manera,  se  cumplirà  luego. 
Tambien  es  nescesario  que  V.  M''  ordene  la  forma  que  se  lia 
de  tener  en  su  criança,  porque  si  ha  de  ser  monja,  avriase  de 
yr  moderando  lo  del  vestido  y  lo  demâs  del  regalo  y  atavio 
con  que  ahora  se  ha  pucsto  en  el  monesterio. 


(  584  ) 

Lo  del  Iratnmicnlo  yo  hc  ordcnatlo  que  sea  solamcntc  de 
Sciioria,  aunque  las  criadas  de  Madama  la  llamavan  Excelen- 
(ta,  pues  sera  mcjor,  si  coiiviniere  en  cslo,  acrecenlar  con  el 
licmpo  que  no  aver  de  ccreenar  despues.  Y  para  en  qual- 
quier  estado  que  aya  de  toniar,  tcngo  por  mucho  mejor  la 
criança  de  Spaîîa;  y  quanto  mas  presto  V.  M"^  mandase  que 
se  embiase  à  esos  reynos,  séria  mucho  mejor,  aunque  cierto 
este  raonesterio  de  Santa  Clara  es  muy  principal  y  muy  reco- 
gido.  Ella  es  muy  viva  y  de  mucho  entendimiento;  y  no 
aviendo  quedado  otra  prenda  del  S*""  don  Juan,  es  muy  justo 
que  V.  M*^  la  favorczca  y  haga  mucha  merced  :  de  que  todos  se 
lo  suppliquamos. 

Guarde  N.  S""  la  muy  real  persona  de  V.  I\P  por  muy  largos 
anos,  y  sus  reinos  y  seîïorios  prospère  como  la  christiandad 
lo  ha  menester,  y  los  vasallos  y  eriados  de  V.  M'  descamos. 

De  Nâpoles,  à  xxiiij  de  enero  i580. 

D.  V.  M''  liechura,  vasallo  y  criado  que  sus 
muy  reaies  pies  y  manos  besa, 

Don  Juan  de  Çlniga. 

(Archives  de  Simancas,  Estado,  log.  1081.) 


N"  X. 

Dédicace  de  donna  Giovanna  au  prince  Pliilippe. 

SeRENISSIMO  PinLU'POTEHTIO  IIiSPANIARL  M  PrINCII'I  MAMMO.  Fn.VTIU 

AïQL'E  Domino  colendissimo. 

Cum  orationis  cflicacia,  screnissimo  princeps,  tanta  sit  ut  ea 
non  solum  Dco  uniamur,  pcr  ipsam  eniin  nostra  conversalio 
in  coclis  est,  sed  etiam  ipsa  média  Deuni  bonorum  oinniuni 
auclorem  cognoscimus,  atque  salutis  noslrae  praesidium  con- 


(  o8o  ) 

scquiiuur,  asccndit  nostra  dcprecalio;  descendit  Dei  miseri- 
eordia;  inia  est  terra,  altum  est  cocliim;  Altissimus  tameii 
hominem  summissius  oraiitem  exaiidit.  Hujus  ego  eiini  tam 
magni  muneris  aliqua  ex  sanctis  [)atribus  collegerim,  aliqiia 
vcro  assidua  exercitationc,  in  hoc  sacro  coelu  et  intra  caslis- 
sima  claustra  sanctarum  nionialium  noctes  atque  dies,  ex"  imo 
pectore  Deum  orantium  tibi  dixerim  :  Quac  pro  Tua  Celsitu- 
dine  praccipue,  quae  nostri  pars  raaxima  est,  ardenti  studio 
pie  efîunduntur,  ac  vehementi  animi  cupiditate  ad  coelum 
mittuntur,  ut  idcirco  tam  raagno  principi  in  subditos  benigno, 
in  omnes  clemcnti,  cujus  cor  regium  in  manu  Dei  est,  istas 
vigilias,  i)arvos  labores  nuncupare,  aequum  esse  judicarim, 
et  eo  magis  cum  Sancti Didici  vitam  scriplam,  regum  maximo 
pairi  luo  invictissimo  superioî'ihus  annis  dicaverim,  dcfecisse 
mihi  videbar,  si  Celsitudini  Tuae  hoc  opusculum  non  dedicarem 
orationis  plénum,  et  auspieacissimum  te  principura  omnium 
acternum  decus,  iniperium  Occeano  et  famam  astris  termina- 
turum.  Vale. 

Ex  regali  coenobio  Santae  Clarae  Neapoli  idibusnovembris, 
anno  salutis  MDXCIIII. 

Tuae  Amplissimae  Celsitudinis  soror 
et  humilissima  ancilla, 

JOANNA  AUSTRIA. 

(MS.  intitulé  De  oratione  Tractatus,  à  la  Biblio- 
thèque nationale,  à  Naples.) 


N"  XI. 
Lettre  de  Philippe  II  au  comte  d'Olivares,  vice-roi  de  Xaples. 

Illustre  conde  de  Olivares,  nuestro  visorey  y  capitan  gê- 
nerai, ya  sabeis  que  esta  en  Xâpoles  su  hija  de  don  Juan  mi 
hcrmano,  que  aya  gloria.  Y  aunque  se  que,  llegado  à  quel 
2""^  SÉRIE,  TOME  XXV.  59 


(  o86  ) 

rcyno,  lerncys  la  mano  en  que  sca  tan  bien  tratada  y  mirada 
coino  lo  piden  las  causas  que  hay  para  csto,  todavia  os  lo  lie 
querido  encargar,  para  que  tengays  en  esto  la  quenta  que  lia 
tcnido  el  condc  de  Miranda,  en  la  misma  forma  y  manera;  y  con 
él  podreys  conferir  lo  que  se  podrâ  liazer  buenamente  para  su 
remedio  y  las  occasiones  que  se  offrescen.  Y  avi'sadme  despues 
de  todo,  con  vuestro  parecer. 

De  San  Lorenço,  â  primo  de  octubre  1595. 


Francisco  Ydiâquez. 


Yo  EL  Rev 


(Bibliothèque  de  la  Minerve,  à  Rome 
MS.  XX,  VIII,  61,  loi.  325.) 


N^  XII. 

Letti'c  (le  Philippe  III  au  comte  de  Lemos,  vice-roi  de  Xaples. 

(Minute.) 

Estos  dias  lie  enlendido  que  dona  Juana  de  Austria,  mi 
prima,  salio  del  monasterio  de  Santa  Clara,  forcada  de  lalta  de 
salud,  y  que  Dios  lia  sido  servido  de  dârscla  :  de  que  lie  liol- 
gado.  Y  avicndo  mirado  en  lo  que  le  esta  mejor,  en  cl  entrc- 
tando  que  se  disponen  sus  cosas  al  bien  que  le  desseo,  paresce 
(lue  en  ninguna  parte  cslariî  como  en  el  mismo  monasterio  de 
Santa  Clara  ô  en  otro,  si  le  buviei'c  en  esa  riudad,  de  mas 
gusto  y  comodidad  su}a;  y  assi  seré  servido  de  que  se  lo 
digais  de  mi  parle.  Y  de  su  cordura  tengo  tal  satisfacion  que 
no  dudo  que  entenderâ  ser  lo  que  mas  conviene  â  su  autlio- 
ridad  y  â  todo  lo  denu'is.  Y  con  esto  vcreys  vos  en  quai  de  los 
diclios  monaslcrios  estar.»  mejor,  y  ordenareys  como  lo  eslé. 


(  §87  ) 

scnalandoos,  vos  y  la  oondesa,  con  particular  demostracion  en 
acariciarla,  para  que  se  enlienda  lo  que  yo  la  eslimo  y  qiiiero  : 
que  en  ello  nie  servireys  mueho.  Y  dareysie  la  caria  que  va 
con  esta,  por  cuya  copia  vercys  lo  que  conliene. 
De  Valladolid,  a  30  de  setiembre  iGOî. 

(Ai'ch.  de  Siniancas ,  Estndo,  leg.   187-).) 


N*»  xin. 

Lellre  de  donna  Giovanna  à  Philippe  III. 

(Autographe.) 

Seïîor,  ninguna  cosa  me  pesa  mas  que  el  ser  foreada  a  dar 
a  V.  M"*  cada  dia  pesadumbre,  supplicando  por  el  remedio  de 
mi  necessidad  :  la  quai  llegando  al  punto  en  que  esta,  embié 
bombre  propio  a  supplicar  a  V.  M*^  mandasse  poner  en  ello  su 
real  mano,  y  usando  de  la  solita  clemencia  que  con  todo  el 
mundo  suele,  y  particularmente  conraigo,  mandasse  lo  que  en 
mis  pretensiones  se  havia  de  acer.  Y  aunque  esto  ba  mas  de 
seis  meses,  y  se  ha  sollicitado  al  duque  de  Lerma  por  la  spedi- 
tion,  liasta  agora  no  se  ha  ccho  nada;  y  la  condesa  de  Lemos 
dice  que,  asta  este  punto.  que  se  embarca  (1),  ni  V.  M*^  ni  el 
duque  1'  han  scritto  nada.  Xo  se,  seiïor  y  amparo  mio,  que 
me  acer  ni  adonde  volver  los  ochos,  si  no  es  à  la  real  cle- 
mencia de  V.  M*^,  pues  veo  que  por  una  parte  no  gusta  que 
yo  esté  del  modo  que  estoi;  por  otra  es  imposible  bivir  en 
monaslerio.  Véome  sola,  pobre  huérfana   y  desamparada,  y 


(1)  Le  comte  de   Lemos,  son   mari,  élanl  mort,  elle  relournail  en 
Espagne. 


(  a88  ) 

ncccsidada  destar  sugeta  â  cada  vircy  que  viene;  que  cada  uno 
me  Irata  como  quicrc,  quien  bien  y  quien  mal,  y  que  tengo 
de  corner  y  veslir  por  sus  manos.  Como  se  cierto  que,  si 
V.  M**  cntendiesse  la  vida  que  paso,  no  sufriria  su  benigno 
coraçon  que  esta  su  minima  sierva,  aunque  indigna  de  su 
raisma  sangre,  liija  de  un  padre  que  tan  fiel  fuë  al  servicio 
de  la  real  corona,  que  padeciese  lo  que  padece,  esto  y  vernie 
en  tierra  agena,  lexos  de  mi  rey  y  senor  natural,  basteria  ad 
acabar  la  salud  â  quien  la  tuviese  mejor  que  yo  la  tengo;  y  no 
tengo  duda  que,  si  V.  M"^  supiese  las  lâgrimas  que  esto  me 
cuesta,  se  apiedaria  de  mi.  Esto  y  otras  muclias  cosas  que 
dexo  deeir  por  no  cansar  â  V.  M'',  las  dira  de  mi  parte  sola 
César  de  Tliomas.  Supplico  humilmente  V.  M*^,  como  â  mi  senor 
y  ùnico  bien,  y  como  â  rey  benigno  y  piadoso,  se  sirva  en- 
tenderle,  y  mandar  que  yo  sea  remediada  de  la  manera  que 
puedo  sperar  de  su  grandeça.  Guarde  Nuestro  Seîïor  â  V.  M''  los 
aiïos  que  yo  deseo. 

De  Nâpoles,  â  x  de  mayo  1G02. 

D*  Ju''   DE    AUSTRIA. 

(Arch.  de  Simaiicas,  Eslado ,  log.  1008.) 


N«  XIV. 

Lellre  du  duc  de  Fen'a,  vice-roi  de  Sicile,  à  Philippe  II/. 

(Original.) 

Scilor,  la  rcsolucion  que  V.  3F.  a  tomado  en  el  casamiento 
de  doîïa  Juana  es  muy  digna  de  su  grandeea;  y  quiero  decir 
â  V.  M*^.  la  verdad,  que  dende  que  pasé  por  Napoles,  traya  en 
la  ymaginacion  proponerle  la  colocacion  desta  seîïora.  Bcn- 
dilo  Dios,  que  pone  cossas  lan  buenas  en  el  pecbo  de  V.  M''. 


(  589  ) 

Despucs  que  rccibi  la  carta,  cncaminc  por  via  indirccta  que 
el  principe  de  Butera  considerase  lo  bien  que  cslava  este  casa- 
miento  para  su  hijo,  y  lo  que  aventajaba  sus  negocios  que 
lan  caidos  estavan.  Y  como  él  a  sentido  que  yo  me  compa- 
decia  de  sus  trabajos,  demâs  del  conocimiento  que  a\  îa  tenido 
conmigo,  pasando  por  Bareelona,  a  venido  esta  manana  â  ha- 
blarmc,  juntamente  con  su  bijo,  y  me  dijo  que  me  pedia  no 
tuviese  por  atrevimicnto  pedirme  consejo  en  una  cossa,  con- 
fiado  de  lo  que  yo  le  favorecia;  y  aviéndole  respondido  y  es- 
foreado,  dixo  que  lo  que  queria  era  que  le  aconsejase  el  medio 
que  tendria  para  encaminar  este  casamiento  para  su  hijo,  por 
ser  cosa  que  tambien  le  estava ,  y  lo  estimaria  en  lo  mucho 
que  era  justo.  Yo  le  dixe  que  la  confianea  que  hazia  de  mi  se 
la  queria  pagar  en  la  mesma  moneda,  y  que  lo  que  le  podia 
dezir  era  que  qualquiera  negociacion  de  persona  desta  pro- 
vineia  la  ama  V.  M'^  de  remitir  â  su  virrey,  y  que  por  escu- 
sarle  el  tiempo  y  demandas  que  en  esto  podria  aver,  yo  me 
eneargaria  de  representar  â  V.  M"*,  su  demanda,  y  lo  que  me 
avi'a  dicho  de  que  en  todo  se  remitia  â  la  voluntad  de  V.  M** 
y  de  lo  que  yo  quisiese  hordenarle,  y  que  quanto  mas  él 
hazia,  esto  representaria  yo  â  V.  ]\P,  y  se  lo  suplicaria  le 
hiziese  mayor  merced.  Despedimonos  quedando  de  aeuerdo 
en  esto,  y  que  el  marqués  su  hijo,  que  mostrô  dessearlo 
mucho,  fuesse  â  dar  quenta  â  la  madré,  que  vive  apartada  de 
su  marido,  aunque  en  esto  no  ay  que  poner  duda,  respecto  de 
que  V.  M'*,  en  lo  que  toca  â  la  persona  se  a  resuelto;  y  esto  se 
puede  decir  que  esta  hecho.  Se  deve  al  decoro  de  V.  M'',  y  â 
bija  que  por  su  parte  ayuda  â  los  mereciraientos  de  padre  que 
honrrarâ  los  siglos  venideros,  que  honrre  tambien  â  la  casa 
de  su  marido,  y  saïga  con  autoridad  del  reyno  de  Nàpoles  y 
entre  con  ella  en  este.  Con  la  profesion  que  hago  de  querer 
mostrar  â  V.  M*^  mi  pecho,  dire  lo  que  siento  con  particula- 
ridad,  para  que  V.  M''  de  una  vez  se  pucda  resolver.  V.  M*^ 
la  a  de  dotar  :  esto  me  parece  que  estarâ  bien  en  sctenla  mil 


(  o90) 

cscLulos,  6  por  lo  menos  en  scscnla  milieu  renia  en  este  reino, 
al  precio  que  por  acâ  corre.   El  principe  de  Butera  tendra  dos 
pretensiones,  6  por  niejor  decir  las  a  tenido  y  tiene,  fundân- 
dose  en  que  su  casa  es  la  que  liene  el  primer  lugar  deste  reino, 
y  justamcnte.  La  una  es  de  que  V.  M'^  le  mande  cubrir,  pues 
lo  haze  con  el  duque  de  Terranova,  â  quien  él  précède  y  liene 
mas  renia;   la  consecuencia  es  muy  fuerle,  y  quanlo  en  esta 
parte  dixere  el  de  Butera  es  juslificado.  De  liazerlo  V.  31'  no 
ay  otra  conscquencia  que  alcgar;  y  lambien  creo  que  en  razon 
de  govierno  se  ayuda  su  causa,  con  que  en  una  provineia  no 
esten  limitadas  las  honrras  â  uno,  aviendo  otro  que  tenga  tan 
cuniplida  su  razon  ;  y  juntândose  esle  casamiento,  se  esfucrça 
con  causa   tan  urgente  como   tener  muger  de  la  sangre  de 
V.  M*^,  y  en  grado  tan  propinquo ,  y  que  los  virreyes  de  Nâ- 
polcs,  antes  que  se  casase,  la  an  llamado  Excellencia ,  y  lo 
mesmo  harâ  el  que  aqui  esluviere.  La  otra,  que  V.  IVF  le  diesc 
el  Tuson  6  se  le  prometiese,  como  se  liizo  con  el  duque  de 
Terranova,  el  quai  dize  que  tiene  esta  promesa  y  firmada. 
A  este  cabo  se  podrâ  decir  que  séria  dar  parte  de  la  dote  al 
suegro;  pero  no  apriela  esle  articulo  tanlo  como  el  primero, 
pudiéndose  dar  dilacion ,  pues  no  se  a  efectuado  en  el  duque 
de  Terranova,  ni   tampoco  es  de  la  ymportancia  en  que  se 
puede  tanto  alegar  la  juslicia,  pues  esto  tira  solamenle  â  gracia. 
Y  assi,  con  los  sesenta  mil  escudos  y  él  mandarle  V-M**  cubrir? 
(')  promelerselo  para  la  ocasion,  de  manera  que  lenga  effelo, 
pues  no  se  puede  antes,  no  aviendo  que  mudar  el  tilulo  de 
la  corlesia,  pues  no  se  acrecienta  con  el  cubrirse,  esta  este 
negocio  becbo,  viniendo  V.  M'^  en  ello,  pues  aqui  no   tiene 
empeiïado  nada,  siendo  lo  que  ay   hasta  aora  solamenle  de- 
manda  de  parte  del  principe.  Resta  que  V.  M*^  me  cseriva 
en  caria  que  yo  pueda  moslrar,  y  cometa  el  asentar  las  capi- 
lulacioncs,  y  que  eon  algunas  gâteras  degolfo  laneado  la  trai- 
i4;an  â  esta   eiudad.  Y  de  lo  que  es  servilla  en  esta  casa   de 
V.  M'',  y  (pie  la  solemindad  .^e   liaga  eon  la  auloridail   iieco- 


(  oOl  ) 

saria,  yo  me  cncargo.  Al  condc  de  Benavenle  se  servini  V.  M'' 
(le  inandar  lo  que  en  csto  se  liuviere  de  liazer.  Qucdauic  solo 
por  dezir  que,  resolviëndose  V.  M*^  â  que  el  casamiento  se 
haga,  estarâ  muy  bien  h  su  ser\  icio  que  no  se  pierda  tieuipo. 
Nuestro  Scnor  guardc  la  calhôlica  pcrsona  de  V.  M''. 
En  Palermo,  nu  de  julio  MDCII. 

El   Dlqle  de  Feiua. 
(Archives  de  Simancas,  Eslado,  leg.  1160.) 


.\"  XV 


Lettre  de  donna  Giovanna  à  Philippe  III. 
(Autographe.) 

Senor,  el  duque  de  Feria  me  ha  scrito,  en  una  de  12  de 
diciembre,  las  mercedes  que  V.  M*^  me  ha  hecho,  y  el  estado 
en  que  me  ha  puesto  con  el  hijo  mayor  del  principe  de  Bu- 
tera :  por  lo  que  beso  mil  vezes  los  pies  de  V.  M*^,  de  cuya 
grandeça  y  liberalidad  no  se  pudia  sperar  menos.  Y  reconozco 
esta  merced  en  lo  que  es  raçon ,  y  doy  gracias  â  Dios  que  ya 
que  me  hizo  huërfana  ,  y  me  puso  en  un  rincon  como  el  en 
que  hasta  agora  lie  bivido,  tan  apartada  de  los  pies  de  V.  M*^, 
se  diiïô  darme  tal  senor  por  padre  y  amparo  como  V.  I\P  : 
que  aunque  veo  es  atrevimienlo  usar  del  segundo  vocablo, 
pero  las  mercedes  y  gracias  que  de  V.  M**  he  recebido,  sin 
merecerlas,  no  se  puedcn  bien  declarar  con  otro  nombre  que 
de  padre.  Y  pues  V.  M**  me  ha  puesto  en  el  estado  en  que 
stoy,  la  suplico  muy  humilmente  que  no  me  desamparc  en 
lo  que  qucda  :  que  enfin  olro  bien  no  tengo  en  este  mimdo 
que  V.  W,  por  cuyo  scrvicio  deseo   poncr  la  jjropria  vida. 


(  o92  ) 

Désela  Nuostro  Seîior  à  V.  M**  tan  larga  y  biiciia  como  esla 
su  indina  scrvidora  desca.  Y  con  la  liumildad  ([uc  devo  bcso 
los  pies  â  V.  M**. 

De  Nâpolcs,  â  x  de  henero  1605. 

D^    Ju*  DE   AUSTRIA. 

(Archives  de  Simancas,  Eslado^  leg.  1099.) 


M.  le  secrétaire  perpétuel  fait,  en  dernier  lieu,  la  pro- 
clamation des  résultats  suivants  des  concours  et  des 
élections  : 

CONCOURS    ANNUEL    DE    LA    CLASSE. 

Six  questions  avaient  été  inscrites  au  programme  de 
concours  de  cette  année  :  la  classe  a  reçu  quatre  mé- 
moires : 

Sur  la  2'  question  : 

Faire  V histoire  du  droit  pénal  dans  le  duché  de  Bradant 
depuis  Vavénement  de  Charles  V  jusqu'à  la  réunion  de  la 
Belgique  à  la  France,  à  la  fin  du  XVIIF  siècle. 

Un  mémoire  est  parvenu  ;  il  porte  pour  devise  :  Cest  icy 
un  livre  de  bonne  foy,  lecteur.  (Montaigne.) 

Conformément  aux  conclusions  des  rapporteurs  ,  la 
classe  a  décerné  le  prix  de  mille  francs  à  l'auteur  de  cet 
ouvrage.  Le  billet  cacbcté  porte  qu'il  est  de  M.  Edmond 
Poullet,  professeur  à  l'Université  de  Louvain  et  déjà 
lauréat  de  la  Compagnie, 


(  393  ) 
Sur  la  5'  question  : 

Faire  une  description  slatisliqne  cViine  commune  du 
centre  des  Flandres  de  deux  mille  habitants  au  moins,  etc. 

Deux  mémoires  ont  été  adressés. 

Conformément  aux  conclusions  des  rapporteurs,  le  prix 
de  six  cents  francs  a  été  décerné  au  mémoire  portant  pour 
devise  :  Voorheen  en  nu. 

Le  billet  cacheté  annonce  qu'il  est  de  MM.  Frans  De 
Potter,  à  Gand,  et  Jean  Broeckaert,  à  Wetteren,  auteurs 
de  YHistoire  des  communes  des  Flandres. 

Sur  la  5**  question  : 

Quelles  ont  été  les  tendances  politiques  et  sociales  des 
hérésies  depuis  l'origine  du  christianisme  jusqu'à  la  fin 
du  XF"  siècle? 

Un  mémoire  portant  pour  devise  :  Oporlel  esse  hœreses 
a  été  reçu. 

D'après  l'avis  de  MM.  les  commissaires,  il  n'y  a  pas  eu 
lieu  de  décerner  à  ce  travail  la  récompense  attribuée  par 
la  classe. 


PRIX    DE    STASSART    POUR    UNE    QUESTION    D  HISTOIRE 
NATIONALE. 

Conformément  à  la  volonté  du  donateur,  ainsi  qu'à  ses 
généreuses  dispositions,  la  classe  avait  ouvert  le  premier 
concours  sexennal  d'histoire  nationale  en  posant  la  ques- 
tion suivante  : 

Faire  l'histoire  des  rapports  de  droit  public  cpii  ont 


(  :i!>4  ) 

exislé  enlre  les  provinces  belges  et  l'empire  cV Allemagne 
depuis  le  X*"  siècle  jusqu'à  F  incorporation  de  la  Belgique 
dans  la  république  française. 

Un  seul  mémoire,  portant  pour  devise  :  Plus  ultra,  est 
parvenu  en  réponse  à  cette  question  du  concours,  prorogé 
jusqu'au  1"  janvier  de  cette  année. 

Selon  l'opinion  des  rapporteurs,  ce  travail  a  remporté 
le  prix  de  trois  mille  francs  attribué  à  la  question. 

Le  billet  cacbeté  fait  savoir  qu'il  est  de  M.  Emile  de 
Borchgrave,  secrétaire  de  légation  de  1'*^  classe  et  chef  de 
bureau  au  département  des  affaires  étrangères,  déjà  lauréat 
de  la  Compagnie. 

Les  lauréats  sont  venus  successivement  recevoir  la  ré- 
compense qui  leur  était  décernée,  et  les  applaudissements 
de  l'assemblée  ont  accueilli  à  chaque  reprise  la  proclama- 
tion de  ces  résultats. 


ELECTIONS. 

Depuis  le  mois  de  mai  1868,  la  classe  a  perdu  un  de 
ses  membres  titulaires,  M.  Edouard  Ducpetiaux;  trois  de 
ses  associés,  MM.  Henry  Lllis,  J.-G.-V.  de  Moléon  et  le 
duc  de  Caraman,  sont  également  décédés  dans  le  courant 
de  ces  dernières  années. 

Lors  de  la  séance  du  10  de  ce  mois,  elle  a  procédé,  par 
élection  ,  au  remplacement  des  titulaires  de  ces  quatre 
places  vacantes  et  à  l'élection  de  deux  corresi)ondaiils. 

Pour  la  place  de  membre  titulaire,  M.  Henri  Conscience, 
déjà  correspondant,  a  été  élu,  sauf  approbation  royale. 


(  395  ) 

Aux  deux  places  de  correspondant  ont  été  désignés  : 
MM.  N.-J.  Laibrèt,  recteur  magnifique  de  l'Université  de 
Louvain,  et  S.-J.-G.  Nypels,  professeur  à  fUniversilé  de 
Liège. 

Pour  les  trois  places  d'associés,  les  sutTrages  se  sont  por- 
tés sur  MM.  Emile  Egger,  de  l'Institut  impérial  de  France, 
à  Paris,  G.  Vreede,  professeur  à  l'Université  d'Utrecht,  et 
U-  von  Sybel,  professeur  à  l'Université  de  Bonn. 


(  596  ) 


CLASSE   DES   BEAUX-ARTS 


Séance  du  12  mai  1869. 

M.  Gii.-A.  Frvikin,  vice-directeur,  occupe  le  fauteuil. 
M.  Ad.  Quetelet,  secrétaire  perpétuel. 

Sont  présents  :Wi\.  L.  Alvin,  F.-J.  Fétis,  Guillaume 
Geefs,Ch.-L.  Hanssens,  J.  Geefs,  Ferd.  De  Brackeleer, 
Ed.  Fétis,  Edm.  De  Busscher,  Aug.  Payen  ,  le  chevalier 
L.  de  Burbure,  J.  Franck,  Gustave  De  Man,  Ad.  Siret, 
Julien  Leclercq,  membres-,  Daussoigne-Méluil,  associé; 
F.  Stappaerts,  correspondant. 

M.  M.-L.  Polain ,  membre  de  la  classe  des  lettres, 
assiste  à  la  séance. 


CORRESPONDANCE. 


M.  le  Ministre  de  l'intérieur  adresse  les  l""  et  2'  livrai- 
sons de  la  5''  année  du  Trésor  musical  fniusique  religieuse, 
1869),  publié  par  iM.  R.-J.  Van  Maldeghem. 

—  L'institut  des  ingénieurs  civils  de  Londres  complète , 
par  un  considérable  envoi,  le  recueil  de  ses  publications 
dont  la  bibliothèque  de  la  Compagnie  possédait  déjà  quel- 


(  o!)7  ) 
qiics  volumes;  cet  institut  remercie,  en  mcrne  temps,  pour 
les  lacunes  comblées  dans  les  collections  académiques  de 
sa  bibliothèque. 

Remercîments  pour  ces  envois. 

—  MM.  César  Daly  et  T.  van  Westrheene ,  associés  de 
la  classe,  accusent  réception  des  bulletins  et  de  l'annuaire 
de  cette  année. 

—  La  Société  des  architectes  du  département  du  Nord, 
à  Lille,  établie  récemment,  exprime  le  désir  d'entrer  en 
relations  d'échange  de  publications  avec  l'Académie.  — Un 
accueil  favorable  sera  fait  à  cette  demande  aussitôt  que  la 
Société  des  architectes  aura  envoyé  ses  premiers  travaux. 


CONCOURS   DES   CANTATES. 

M.  le  secrétaire  perpétuel  annonce  que  deux  cantates 
lui  sont  parvenues  le  10  avril  dernier,  après  le  terme  fatal, 
(fixé  au  1'"^  du  même  mois)  du  concours  des  cantates  du 
grand  prix  de  composition  musicale  de  1869. 

Ces  poèmes,  accompagnés  chacun  d'un  billet  cacheté 
sans  devise,  portent  pour  titre  : 

\°  Herculanum; 

2°  Les  Mères. 

Ils  n'ont  pu  être  admis  à  concourir  et  ont  été  déposés 
dans  les  archives  de  l'Académie. 

Il  est  donné ,  en  même  temps,  connaissance  qu'à  la  date 
du  22  du  même  mois  d'avril  le  compte  rendu  des  opéra- 


(  598  ) 

lions  du  jury  des  cantates  et  les  deux  notes  rédigées  par 
MM.  les  rapporteurs  sur  la  valeur  littéraire  de  ce  concours 
ont  été  adressés  à  M.  le  Ministre  de  l'intérieur. 

—  La  classe  est  informée  que  sa  commission  spéciale 
des  finances  s'est  réunie  avant  la  séance;  elle  a  examiné 
et  approuvé,  en  ce  qui  la  concerne,  les  comptes  acadé- 
miques de  l'année  1868,  arrêtés  dans  la  séance  de  la 
commission  administrative  du  5  avril  dernier. 


ELECTIONS. 


M.  L.  Alvin,  membre  de  la  commission  administrative 
pour  1868,  est  de  nouveau  investi  du  mandat  de  délégué 
de  la  classe  pour  l'année  courante. 


COMMUNICATIONS  ET  LECTURES. 


La  classe  s'occupe,  en  comité  secret,  de  différentes  dis- 
positions concernant  ses  intérêts  particuliers  et  principa- 
lement de  la  question  des  bustes  des  membres  décédés, 
sur  laquelle  une  décision  sera  prise  dans  la  prochaine 
séance. 


(  o99 


Séance  générale  des  trois  classes. 
(Mercredi,  11  mai  1869.) 


M.  Ad.  Borgis'et,  président  de  l'Académie. 
M.  Ad.  Quetelet,  secrétaire  perpétuel. 

Assistaient  à  la  séance  : 

Classe  des  sciences.  — JMM.  Nyst,  directeur;  Dewalque, 
vice-directeur;  d'Omalius,  C.  Wesmael,  Slas,  L.  De  Ko- 
ninck,  P.-J.  Van  Beneden,  de  Selys-Longchamps,  le  vi- 
comte B.  du  Bus,  Gluge,  Melsens,  J.  Liagre  ,  F.  Duprez, 
Poelman,  Ern.  Quetelet,  A.  Spring,  M.  Gloesener,  Can- 
dèze,  Coemans ,  F.  Donny  ,  Cli.  Montigny  ,  membres; 
Sclîwann  ,  Lacordaire,  E.  Catalan,  associés  ;  Henry,  Bel- 
lynck,  Dupont,  correspondants. 

Classe  des  lettres.  —  MM.  Defacqz  ,  vice-directeur  ; 
Ch.  Steur,  J.  Grandgagnage,  J.  Roulez,  Paul  Devaux, 
P.  De  Decker,  F.-A.  Snellaert,  J.  Haus,  M.-L.  Polain ,  le 
baron  de  Witte,  Ch.  Faider,  le  baron  Kervyn  de  Lelten- 
hove,  R.  Chalon,  Ad.  Mathieu,  Th.  Juste,  le  général 
Guillaume,  Félix  Nève,  membres;  Nolet  de  Brauweic  van 
Steeland  ,  A  Scheler ,  associés. 

Classe  des  beaux-arts.  —  MM.  L.  Alvin,  F.-J.  Fétis, 
Guillaume  Geefs,  Jos.  Geefs ,  Ed.  Félis ,  Edmond  De  Bus- 


(  600  ) 
schcr,  Alpli.  Balat,  Aug.  Paycn,  le  chev.  Léon  de  Burbure, 
J.  Franck,  G.  De  Man,  Ad.  Siret,  J.  Leclercq,  membres; 
Daussoigne-Méhul ,  associé. 

Ainsi  que  le  prescrit  l'article  19  des  Statuts  onjaniqiies, 
les  trois  classes  de  l'Académie  se  sont  réunies  aujourd'hui 
en  assemblée  générale  afm  de  régler  entre  elles  leurs  inté- 
rêts communs. 

Elles  se  sont  entendues,  à  cet  effet,  sur  les  différents 
objets  formant  l'ordre  du  jour  de  la  réunion  ;  comme  ces  ob- 
jets concernent  directement  les  intérêts  administratifs  de  la 
Compagnie,  ils  ne  sont  pas  de  nature  à  être  mentionnés  ici. 
Seul,  le  rapport  annuel  suivant  de  M.  Edm.  De  Busscber, 
secrétaire  de  la  commission  de  la  Biographie  nationale, 
sur  les  travaux  de  cette  commission  pendant  l'année  1868- 
1869  a  été  réservé  à  la  publicité. 


COMMISSION   DE    LA   BIOGRAPHIE  NATIONALE. 


Neuvième  rapport  annuel.  —  1869. 

Le  rapport  annuel  de  mai  1868  vous  a  initiés  à  la  partie 
technique  de  l'impression  de  la  Bioc/raphie  nationale.  Pré- 
cédemment il  vous  avait  été  rendu  compte  du  point  de 
départ  et  de  la  marche  des  travaux  de  la  commission,  dos 
mesures  qui  successivement  furent  adoptées,  des  modifi- 
cations que  l'expérience  acquise  a  fiiit  introduire  dans  le 
mode  de  publication,  tout  en  maintenant  les  principes 


(  601  ) 
admis  pour  servir  de  bases  à  l'entreprise  patriotique  dont 
le  gouvernement  a  confié  l'exécution  à  l'Académie. 

Ces  principes  organiques  ont  été  fixés  avec  un  soin  si 
scrupuleux,  après  de  si  mûres  délibérations,  que,  dans 
leur  application  ,  nous  n'avons  été  arrêtés  par  aucune  dif- 
ficulté grave.  Parvenus  au  tome  troisième  de  la  Biographiej 
nous  n'avons  à  nous  préoccuper  que  des  moyens  d'accélérer 
la  mise  au  jour  de  ce  volume  et  de  ceux  qui  le  suivront. 
Sans  doute,  et  nous  n'éprouvons  aucun  embarras  à  le  re- 
connaître, cette  entreprise  littéraire,  nouvelle  pour  nous, 
a  eu  ses  tâtonnements,  et  notre  publication  aura  les  im- 
perfections inbérentes  à  toute  œuvre  collective,  accomplie 
dans  les  conditions  d'éloignement  et  d'isolement  où  se 
trouvent,  les  uns  à  l'égard  des  autres,  les  rédacteurs  de 
la  Biofjraphie  naiionale,  académiciens  et  collaborateurs 
étrangers  à  la  Compagnie.  Ces  conditions,  défavorables  à 
l'exécution  de  la  Biographie,  en  compliquent  aussi  la 
direction ,  qui  a  besoin  de  fonctionner  avec  non  moins  de 
régularité  que  de  zèle. 

Jusqu'ici  le  sympalbique  concours  de  nos  collaborateurs 
nous  a  épargné  des  entraves  et  de  grands  retards;  si  d'au- 
tres circonstances  n'avaient  occasionné  le  ralentissement 
du  travail  typographique,  nous  avions  la  quasi-certitude 
de  pouvoir  vous  présenter,  avec  ce  rapport,  la  première 
moitié  du  troisième  tome.  —  Il  faudra  redoubler  d'activité 
pour  regagner  le  temps  perdu. 

l.a  mise  en  page  des  dernières  biographies  de  la  série 
alphabétique  B  s'achève  en  ce  moment;  les  notices  de  la 
lettre  C  seront  livrées, sans  délai,  à  l'imprimeur.  11  a  été 
fait  un  pressant  appel  aux  auteurs  retardataires,  en  leur 
demandant  l'envoi  immédiat,  ou  à  date  fatale,  des  articles 
qu'ils  se  sont  engagés  à  fournir.  Sous  peu  sera  distribuée 

2""'  SÉRIE,  TOME  XXVll.  40 


(  602  ) 

la  liste  des  noms  disponibles  de  la  série  D;  ils  sont  en  grand 
nombre,  quoique  les  membres  de  l'Académie  et  de  la  com- 
mission se  soient  chargés  de  beaucoup  d'articles  de  cette 
série  :  aussi  est-ce  l'une  des  plus  considérables  de  notre 
dictionnaire. 

Le  chiffre  global  des  noms  inscrits  sur  les  listes  provisoi- 
res, où  la  commission  a  jugé  opportun,  après  une  discus- 
sion approfondie,  de  mentionner  non-seulement  les  Belges 
dont  la  renommée  est  incontestable,  mais  ceux  à  qui  les 
histoires  générales  et  particulières,  les  monographies  histo- 
riques et  les  biographies  donnent  un  certain  degré  de 
notoriété,  ce  chiffre,  naturellement  assez  élevé,  a  laissé 
supposer  à  quelques  personnes  que  la  Biographie  natio- 
nale prendrait  des  proportions  exagérées.  Cette  supposi- 
tion ne  se  réalisera  pas  :  l'admission  d'un  nom  sur  les  listes 
provisoires  n'implique  point,  vous  le  savez.  Messieurs, 
l'obligation  de  consacrer  une  notice,  dans  \e  dictionnaire 
biofjrapliique,  au  personnage  à  qui  ce  nom  appartient. 

Les  éliminations  effectuées  avant  et  pendant  l'impres- 
sion des  deux  premiers  tomes  de  la  Biographie  ne  s'élè- 
vent pas  à  moins  de  2G9  pour  les  séries  alphabétiques  A 
et  B.  Sur  les  1,237  noms  qui,  pour  ces  séries,  figurent 
dans  la  liste  générale ,  insérée  à  deux  reprises  au  Moniteur 
belge,  il  y  en  a  968  seulement  auxquels  des  notices  ont 
été  consacrées  dans  les  volumes  parus. 

Ces  éliminations  seront  probablement  plus  nombreuses 
encore  dans  les  catégories  alphabétiques  suivantes,  sans 
que  la  commission  ait  à  modilier  en  rien  les  principes  qui 
Jui  servent  de  règle.  Le  sous-comité  chargé  de  l'examen 
des  notices  rédigées  est  autorisé,  désormais,  à  proposer 
la  su])pression  ou  la  mise  en  réserve  des  articles  qu'il 
trouve  insulïisants.  J*our  en  décider,  le  bureau  s'adjoint  au 


(  605  ■) 

sous-comité,  et  les  cas  douteux  sont  seuls  soumis  au  vote 
de  la  commission  assemblée.  Les  instructions  envoyées  à 
nos  rédacteurs  les  avertissent  formellement  qu'ils  doivent 
se  renseigner,  au  préalable,  par  des  investigations  rigou- 
reuses, sur  les  actions,  les  travaux,  les  œuvres  des  per- 
sonnages dont  ils  ont  à  composer  les  notices.  Ils  sont  invités 
à  demander  eux-mêmes  à  la  commission  la  suppression 
des  noms  qui,  d'après  le  résultat  de  leurs  recherches,  ne 
méritent  pas  de  prendre  place  dans  la  Biographie  natio- 
nale  (1).  Plusieurs  de  nos  confrères  ont  agi  ainsi. 

Par  d'autres  circulaires,  les  auteurs  ont  itérativement 
été  engagés  à  soigner  la  rédaction  de  leurs  écrits  et  la  net- 
teté de  la  copie  manuscrite,  de  manière  à  éviter,  autant 
que  possible,  de  faire  des  changements  à  leur  travail  après 
la  composition  typographique. 

Mais,  quelles  que  soient  les  imperfections  qui  pourront 
se  rencontrer  dans  la  Biographie  nationale,  et  les  meil- 


(1)  K  II  ne  sera  pas  superflu  de  vous  faire  remarquer  que  l'inserlion 
cFun  nom  dans  les  listes  provisoires  n'implique  nullement  Tobligalion  de 
l'admettre  déOnitivement  dans  le  dictionnaire  biographique.  Aussi,  avant 
que  vous  entrepreniez  la  rédaction  des  articles  qui  vous  sont  confiés, 
venons-nous  vous  prier  d'examiner  si  tous  les  personnages  acceptés  par 
vous  méritent  en  réalité  les  honneurs  d'une  biographie,  et  s'ils  appar- 
tiennent par  leur  naissance  à  la  Belgique  ou  aux  territoires  détachés  par 
la  conquête  et  les  traités  des  provinces  belges  actuelles  :  le  Brabant  hol- 
landais, la  Flandre  française,  le  Hainaut  français,  la  Flandre  zélandaise, 
le  Limbourg  hollandais,  le  grand-duché  de  Luxembourg,  le  Luxembourg- 
français.  Dans  la  négative,  vous  voudrez  bien  nous  en  donner  avis,  afin 
de  proposer  à  la  commission  les  suppressions  à  faire  de  ce  chef.  Cet 
examen  préalable,  auquel  les  biographes  seuls  peuvent  se  livrer,  évitera 
aux  auteurs  le  désagrément  d'avoir  rédigé  des  notices  qui  resteraient  sans 
emploi.  «  —  Instruction  aux  rédacteurs  de  la  Biographie  nationale: 
1865. 


(  COi  ) 

leurs  recueils  de  ce  genre  n'en  sont  pas  exempts,  elle  con- 
servera l'avantage  d'avoir  comblé  d'importantes  lacunes  et 
de  redresser,  au  point  de  vue  belge,  les  erreurs  dont  four- 
millent la  plupart  des  ouvrages  biographiques ,  publiés 
tant  en  Belgique  qu'à  l'étranger.  Notre  dictionnaire  con- 
stituera, pour  le  pays,  un  répertoire  historique  plein  de 
renseignements  authentiques  et  inédits. 

Quand  de  nouvelles  sources  d'informations  nous  sont 
signalées,  nous  avons  soin  d'en  prévenir  nos  coopérateurs. 
Récemment,  la  commission  a  appris  qu'il  est  tenu,  au 
greffe  du  Sénat  et  au  secrétariat  du  ministère  de  l'inté- 
rieur, des  registres  où  s'inscrivent  les  particularités  de 
l'état  civil  des  sénateurs  et  des  représentants,  ainsi  que 
l'indication  des  fonctions  qu'ils  ont  remplies.  Ces  annota- 
tions officielles  remontent  jusqu'à  l'institution  du  pouvoir 
législatif  belge  en  1851.  M.  le  baron  Misson,  greffier  du 
Sénat,  et  M.  le  secrétaire  général  Stevens  ont  donné  à 
notre  président  l'assurance  que  ces  registres  seront  com- 
muniqués à  ceux  des  rédacteurs  de  la  Biographie  nationale 
qui  auront  à  écrire  des  notices  sur  d'anciens  sénateurs  ou 
d'anciens  membres  de  la  Chambre,  et  ce,  toutes  les  fois 
qu'ils  désireront  y  recourir. 

c(  L'intérêt  qu'inspire  la  Biographie  nationale  s'accenluc 
»  à  l'étranger,  »  disions-nous  dans  notre  précédent  rap- 
port annuel,  en  mentionnant  les  notes  envoyées  à  la  com- 
mission par  les  sociétés  archéologiques  de  Luxembourg  et 
de  Metz.  Aujourd'hui  nous  pouvons  déclarer  que  cet  inté- 
rêt n'a  fait  que  s'accroître.  Nous  en  recevons  d'encoura- 
geants témoignages  par  les  demandes  qui  nous  sont  trans- 
mises et  les  offres  de  service  qui  nous  parviennent. 

Depuis  le  mois  de  mai  de  l'année  dernière,  la  coinniis- 
sion  académique  s'est  réunie  quatre  fois  :  en  juin  et  no- 


(  60o  ) 

vembre  1868,  en  avril  et  mai  1869.  Dans  chacune  de  ces 
séances  on  a  discuté  les  résolutions  à  prendre  pour  auié- 
liorer  et  accélérer  la  publication  commencée. 

Une  décision  spéciale  a  été  aussi  l'objet  des  délibéra- 
tions :  un  correspondant  de  l'Académie  s'est  adressé  à  la 
commission  alin  d'obtenir  le  tome  premier  de  la  Biofjra- 
phie  nalionale,  distribué  antérieurement  à  son  admission 
dans  la  Compagnie.  La  question,  soumise  au  vote  et  for- 
mulée en  ces  termes  :  «  Chaque  fois  qu'il  sera  nommé  un 
»  nouveau  membre  titulaire,  correspondant  ou  associé  de 
»  l'Académie,  lui  fera-t-on  l'envoi  des  volumes  déjà  pu- 
»  bliés  de  la  Biographie?  »  a  été  résolue  négativement. 
La  commission  a  reculé  devant  les  conséquences  onéreuses 
qu'aurait  entraînées  pour  l'Académie  une  décision  affir- 
mative. 

Par  une  dépêche  en  date  du  27  mars  dernier,  M.  le 
Ministre  de  l'intérieur  a  appelé  l'attention  de  la  commis- 
sion sur  les  observations  émises  à  la  Chambre  des  repré- 
sentants au  sujet  de  la  Biographie  nationale,  dans  la 
séance  du  25  février  1869.  La  commission  s'est,  en  con- 
séquence, réunie.  Après  avoir  pris  connaissance,  dans  les 
Annales  parlementaires ,  du  compte  rendu  de  la  séance, 
elle  a  cru  devoir  se  préoccuper  surtout  du  langage  que  le 
gouvernement  a  fait  entendre;  car  elle  a  remarqué  que  si, 
des  trois  honorables  représentants  qui  ont  pris  part  à  la 
discussion,  l'un  s'est  livré  à  d'assez  nombreuses  critiques 
de  détail  sur  la  manière  dont  la  Biographie  nationale  est 
conçue  et  exécutée,  ces  critiques  ont  été  réfutées  par  les 
deux  autres.  L'opinion  qu'a  exprimée  M.  le  Ministre  de 
l'intérieur  relativement  à  quelques  détails,  et  môme  à 
certains  noms  qui  pourraient,  sans  inconvénient,  être  re- 
tranchés de  la  Biographie  nationale,  a  obtenu  Tassenti-"- 


(  606  ) 
ment  unanime  de  la  commission.  Déjà,  d'ailleurs,  elle  est 
entrée  dans  cette  voie,  comme  on  peut  s'en  convaincre 
en  parcourant  le  tome  II,  et  elle  continuera  d'y  marcher, 
sans  s'écarter  cependant  des  bases  fondamentales  de  la 
publication,  bases  que  M.  le  Ministre  lui-même  a  si  bien 
indiquées  à  la  Chambre. 

A  l'égard  du  contrat  fait,  en  18G4,  pour  l'impression  de 
la  Biographie  nationale,  M.  le  Ministre  ayant  déclaré  que 
ce  contrat  était  irréprochable,  pas  onéreux  pour  l'État  et 
très-peu  avantageux  pour  l'éditeur,  la  commission  a  été 
heureuse  de  trouver  dans  ces  paroles  une  entière  justifica- 
tion et  la  preuve  de  la  régularité  avec  laquelle  elle  a  procédé. 

La  convention  expirait  le  9  mai  1869;  avec  l'approba- 
tion du  gouvernement,  et  moyennant  quelques  modifica- 
tions sollicitées  par  l'imprimeur-éditeur,  la  commission 
s'assurera  la  continuation  de  son  concours. 

Du  jour  où  la  commission,  nommée  par  les  trois  classes 
de  l'Académie,  a  été  chargée  de  diriger  l'élaboration  et 
l'impression  de  la  Biographie  nalionale,  elle  a  eu  à  cœur 
l'accomplissement  de  son  mandat.  Elle  a  mis  tout  en  œuvre 
pour  justifier  la  confiance  delà  Compagnie,  remplir  les  vues 
du  gouvernement  et  répondre  à  l'attente  du  pays.  Elle  ose 
se  flatter,  Messieurs,  qu'on  lui  tiendra  compte  de  ses 
clTorls  et  de  son  zèle. 

Le  secrétaire  rapporteur^  Le  président , 

Ed^iond  De  BusscHER.  Cacuard. 

limxellos,  11  mai  18G0. 


(  (^07  ) 


OUVRAGES  PRÉSENTÉS. 


Haiis  (J.-J.).  —  Principes  généraux  du  droit  pénal  belge» 
Gand,  18G9;  1  vol.  in-8". 

De  Wilte  (le  baron  J).  —  La  statue  colossale  de  bronze, 
représentant  Hercule,  trouvée  au  cbàteau  de  Pompée.  Rome, 
1868;  in-8°. 

De  Witle  [le  baron  J.)  et  de  Longpérier  [Adrien).  —  Re- 
vue numismatique,  nouvelle  série,  tome  XIII,  année  18G8. 

.Xolet  de  Brauwere  Van  Steeland  (J.).  —  De  Beide  Neder- 
landen,  eene  gedicht.  Bruxelles,  1869;  gr.  in-8'\ 

Chalon  (/?.).  —  Une  médaille  inconnue  à  Van  Loon  :  le 
Poète  Houwart.  Bruxelles,  1869;  in-S". 

Chalon[R.).  —  Deux  peignes  liturgiques  provenant  de  Sta- 
velot.  Bruxelles,  1809;  in-8°. 

Annales  météorologiques  de  l' Observatoire  royal  de 
Bruxelles.  1869,  janvier,  février  et  mars.  Bruxelles;  5  feuilles 
in-4^ 

Gilbert  (Pli.).  —  Lettres  à  M.  le  secrétaire  de  l'Académie 
des  sciences,  belles-lettres  et  arts  de  iMarseille  (en  réponse  à  la 
note  de  M.  l'abbé  Aoust  sur  la  tliéorie  des  lignes  tracées  sur 
une  surface  quelconque).  Louvain,  1869;  in-S". 

Université  catholique  de  Louvain.  —  Annuaire,  années 
1868  et  1869.  Louvain,  2  vol.;  p.  in-12. 

Les  liggeren  et  autres  archives  historiques  de  la  gilde  an- 
versoise  de  Saint-Luc,  transcrits  et  annotés  par  Ph.Rombouts 
et  Tb.  Van  Lerius.  7*^  et  8*^  liv.  Anvers,  1869;  2  cab.  in-8''. 

Vati  Lokeren  [A.].  —  Chartes  et  documents  de  l'abbaye  de 
Saint-Pierre  au  mont  Blandin,  à  Gand,  depuis  sa  fondation 


(  608  ) 

jusqu'à  sa  suppression,  avec  unciiUrotkiction  liistoriquc.Gand, 
d 808-1 8G9;  2  vol.  in-4". 

Van  Muldegheni  [R.-J.).  —  Trésor  musical.  Collection  au- 
thentique de  musique  sacrée  et  profane  des  anciens  maîtres 
belges.  Op.  170.  Musique  religieuse.  1809,  d'  année.  Bruxelles, 
1807;  cah.  in-i". 

Stessels  {A .).  —Mémoire  sur  Téclairagede l'Escaut.  Bruxelles, 
1809;  in-8". 

Van  Holsbcek  (Henri).  —  Biographie  du  docteur  André 
Uytterhoeven.  Bruxelles,  1809;  in-S". 

De  Cevleneer  Van  Boinvel  (Henri).  —  Études  sur  les  qua- 
lités nuisibles  de  Tair  que  nous  respirons  dans  nos  demeures. 
Catane,  1808;in-8^ 

Thielens  (Armand).  —  Notice  sur  le  Carex  ligerina  Bor. 
Espèce  nouvelle  pour  la  flore  belge.  Gand,  1869;  in-8^ 

Thielens  (Armand).  —  Petites  observations  sur  quelques 
plantes  critiques.  (Supplément.)  Bruxelles,  1808;  in- 8°. 

Hemsleij  (W.-B.).  —  Notice  sur  les  productions  végétales 
de  l'Abyssinie,  traduit  de  l'anglais  par  A.  de  Borre.  Gand, 
1869;in-8°. 

Thielens  (Armand).  — Noie  sur  le  Senecio  barbareacfolius  , 
Rchb.,espècenouveIlepourlaflorebelge.  Bruxelles,  1808;  in-S"*. 

Thielens  (Armand).  —  Notice  sur  l'Asparagus  proslratus 
Dmlr.  Bruxelles,  1809;  in-8'\ 

Brenier(J.).  —  L'homœopathie  et  le  dr.  Gailliard.  Mars, 
1809;  in-8°. 

Procès-verbaux  des  séances  du  conseil  provincial  de  la 
Flandre  occidentale,  1808.  Bruges,  in-8". 

Recueil  des  procès-verhaux  des  séances  du  conseil  provin- 
cial du  Ilainaul,  1808,  avec  annexes.  Mons;  î2  cah.  in-8". 

Musée  de  l'industrie.  —  Bulletin,  avril.  Bruxelles,  1869; 
1  cah.  gr.  in-8". 

Le  Bibliophile  betye,  bulletin  mensuel,  i'"  aimée,  t.  IV, 
feuilles  5  et  0.  Bruxelles,  1809;  in-8'. 


(  60!»  ) 

Académie  royale  des  beaux-arts  d  Anvers.  Année  ocadé- 
mique  1868-1869.  Rapport  annuel  et  distribution  solennelle 
des  prix.  2  mai  1809.  Anvers,  1869;  in-8". 

Annales  des  travaux  publics  de  Belgique.  —  Tome  XXViI% 
1^'  cah.  Bruxelles,  1869;  in -8". 

Revue  de  Belgique,  Ij"  liv.  Bruxelles,  mars  1869  ;  cali.  in-8*'. 

Commissions  royales  d'art  et  d'archéologie.  —  Bulletin, 
VIII''  année,  n"'  5  et  4.  Bruxelles,  1869;  in-8". 

Revue  de  V instruction  publique  en  Belgique.  27'  année, 
r'^livr.  Gand,  1869;  in-8". 

Société  d'Emulation  pour  l'étude  de  Vhistoire  et  des  anti- 
quités de  la  Flandre,  à  Bruges.  —  Annales,  5"  série,  t.  V,  n"  1 . 
Bruges,  1868;  in-8". 

Journal  des  beaux-arts  et  de  la  littérature,  publié  sous  la 
direction  de  31.  Ad.  Siret.  M*'  année,  n°'  7,  8,  9;  Saint-Mcolas, 
1869;  5  feuilles  in-4". 

De  Vlaamsclie  school ,  1869,  aflev.  3  à  9.  Anvers;  o  feuilles 
in-/^". 

Annales  d'octilistique ^  52*=  année,  tome  LXI ,  mars-avril 
1869.  Bruxelles,  1869;  in-8°. 

r Abeille,  revue  pédagogique,  publiée  par  Th.  Braun, 
\'6'  année,  i"  à  3'^  livr.  Bruxelles,  1869;  5  eah.  in-8°. 

Société  royale  de  botanique  de  Belgique.  —  Bulletin,  t.  VII, 
n"  0.  Bruxelles,  1869;  in-8''. 

Le  Chimiste,  journal  de  chimie  appliquée  aux  arts,  à  l'indu- 
strie et  à  l'agriculture,  publié  par  M.  Henri  Berge.  4^^  année, 
n°  3.  Bruxelles,  1869;  in-8°. 

Essai  de  tablettes  liégeoises,  par  Alb.  d'Otreppe  de  Bouvelte, 
92*^  livr.  Liège,  1869;  in-12. 

Société  anatomo-pathologiciue  de  Bruxelles.  —  Annales, 
bulletin  n"*  14,  15  et  16.  Bruxelles,  1868;  3  eah.  in-8". 

L'Illustration  horticole,  rédigée  par  Ch.  Lemaire  et  publiée 
parAmbroise  Vcrschaffeit,  t.  XVI,  3*^  et  4*=  livr.  Gand,  1869; 
2  broch.  gr.  in-8°. 


(  610  ) 

Conseil  de  salubrîlé  publique  de  lu  province  de  Lièije.  — 
Coniple  rendu  des  travaux  pendant  Tannée  1808.  j)ar 
M.  A.  Spring,  président.  Liège,  18()9;  in-8*'. 

La  charité  sur  les  champs  de  bataille,  4'"'"  année,  n"  II, 
mai  1809.  Bruxelles;  feuille  in-i". 

Société  pour  la  recherche  et  la  conservation  des  monuments 
historiques  dans  le  Grand-Duché  de  Luxembourg.  —  Publica- 
tions, année  1800,  XXII.  Luxembourg,  1807;  in-4". 

Institut  royal  et  grand-ducal  de  Luxembourg.  —  Publica- 
tions de  la  section  bistorique  (ci-devant  société  arcbéologique 
du  Grand-Ducbé,  vol.  XXIII),  ï.  Luxembourg,  1868;  in-i". 

Provinciaal  UtrechtscJi  genootschap  van  kunsten  en  wetejt- 
schappen.  — Verslag,  1808.—  Aanteekeningen,  1808.  —  Ca- 
talogus  der  arcbeologiscbe  vcrzameling.  —  Levensbescbrijving 
van  Rijklof  Micbaël  van  Goens,  door  ^I.  B.  Ten  Brink.  Ulreclit, 
1868-1869;  4  cab.  in-8". 

Société  des  sciences  physiques  et  naturelles  de  Bordeaux. 
—  Mémoires,  tome  VI,  1'^'  caliier.  Bordeaux,  1869;  in-8". 

Bulletin  scientifique ,  historique  et  littéraire  du  départe- 
ment du  Nord ,  1"^  année,  n"  4.  Lille,  1869;  cab.  in-8". 

Institut  des  provinces ,  des  sociétés  savantes  et  des  congri'S 
scientifiques. —  Annuaire,  S'"' série,  11""  vol.  1809.  Paris- 
Cacn;  in-S". 

Bévue  et  magasin  de  zoologie  pure  et  appliquée  et  de  séri- 
ciculture comparée,  par  M.  F.-E.  Guérin-Meneville,  1809,  n"  4. 
Paris;  in-8". 

Société  météorologique  de  France.  —  Annuaire,  tome  XVI, 
1868  (Bulletin  des  sciences),  feuilles  6-12.  Paris,  1869;  gr.  in-cS". 

Matériaux  pour  Vhistoire  primitive  et  naturelle  de  l'homme, 
5'"'' année,  l-"*^  série,  n°  2.  Paris,  1869;  in-8". 

Bévue  des  cours  scientifiques  de  la  France  et  de  l'étranger, 
0"""  année,  n"'  14  à  26.  Paris,  1869;  \7^  cab.  in-'i". 

Bévue  des  cours  littéraires  de  la  France  et  de  l'étranger, 
6""=  année,  n"M4  à  26.  Paris,  1869;  15  cab.  in-4°. 


(  on  ) 

Société  libre  d'émulation  du  commerce  et  de  l'industrie  de 
la  Seine  inférieure ,  à  Rouen.  —  Bulletin  des  travaux,  année 
18()8-I8G9,  uM  I.  Rouen,  I8G9;  in-8". 

Société  impériale  d'agriculture  de  Valenciennes.  —  Revue 
agricole,  etc.,  20"'^  année,  torae  XXIX,  n°^  2  et  3.  Valenciennes, 
18G0;  2  cah.  in-8". 

Castan  [A.).  —  Le  capitole  de  Vesontio  et  les  capitolcs  pro- 
vinciaux du  monde  romain.  Paris;  1800;  in-8". 

Dcdij  {César).  —  3Iotil's  historiques  d'architecture  et  de 
sculpture  d'ornement  pour  la  composition  et  la  décoration 
extérieure  des  édifices  publics  et  privés.  Choix  de  fragments 
empruntés  à  des  monuments  fj'ançais  du  commencement  de 
la  renaissance  à  la  fin  du  siècle  de  Louis  XVI,  livr.  48  à  30.  Pa- 
ris, I8G9;  in-folio. 

De  Calicjmj  [Jean  Anthénor  IJiie).  —  Mémoires  inédits  sur 
la  milice  des  Romains  et  celle  des  Français,  précédés  d'une 
notice  historique  sur  l'auteur  et  sur  le  corps  français  du  génie, 
par  M.  A.  Ripa  de  Meana.  Turin  ,  18C8;  in-8^ 

Gosselet.  —  Observations  géologiques  faites  en  Italie.  Lille , 
18G9;in-8''. 

De  Caumont.  —  Essai  sur  la  topographie  géognostiquc  du 
département  du  Calvados.  (Seconde  édition.)  Paris,  I8G7; 
in-8^ 

Société  vaudoise  des  sciences  naturelles,  à  Lausa)ine.  — 
Rulletin,  vol.  X,  n°  GI.  Lausanne,  i8G9;  in-8°. 

Société  des  sciences  naturelles  de  Neuchàtel.  —  Bulletin, 
tome  VIII,  l'^'-  cahier.  Neuchàtel,  18G8;  in-8''. 

Kônigliche  preiissische  Akademie  der  Wissenschajïen  zu 
Berlin.  —  Monatsbericht,  februar  18C9.  Berlin;  cah.  in-S". 

Naturwissenschaftlicher  Verein  zu  Bremen.  —  Abhand- 
lungcn,  II  Band,  1  heft.  Brème,  1869;  in-8". 

Xaturforschender  Verein  in  Brïinn.  —  Verhandlungcn, 
VI  Band,  i8G7.  Briinn,  18G8;  in-8". 

Physikalischer  Verein  zu  Fra?ikfurt  am  Main.  —  Jahres- 


(  «12  ) 

bei'iclit,  fur  das  Rechnung^jahr    18G7-I8G8.  Francfort  S/M, 
1869;  in-8". 

JhsIus  Perlhes'  geographischer  Anstalt  zu  Gollia.  —  Mit- 
iheiliingcn  iiber  wichlige  iicue  Erforschungen  auf  dem  Ge- 
sammtgebietc  der  Géographie,  von  Dr.  A.Pctermann,  18G9, 
IV.  Ergiinzungsheft  n'  27  :  Jul.  Die  Siidliclien  Ortlcr-Alpen. 
Gotha,  1809;  2  cah.  in-4". 

Heidelberger  Jahrbucher  der  Literatur,  untcr  Mitwirkung 
der  vier  Facultiiten,  LXII  jahrg.,  1-3  heft.  Januar-niarz.  lïei- 
dclberg,  1869;  5  cah.  in-8". 

Sveriges  geologiska  Undersokning ,  pa"  offentlig  bekostnad 
utfôrd  under  ledning  af  A.  Erdmann.  Nionde  Haftet.  Bladen 
26,  27,  28,  29  et  50.  ^  Sala,  »  «  Ranas,  »   «  Boras,  »   «  Leufstii  ' 
och  Eggegrund.  »  Stockholm,  1868-1809;  3  feuilles  in-plano  et 
5  cah.  in-8'\ 

Société  impériale  géographique  de  Russie  à  Saint-Pélers- 
hourq.  —  Séances  générales  du  2  octobre,  du  0  novembre, 
du  0  décembre  1808  et  du  5  janvier  1809.  Saint-Pétersbourg, 
1808-1869;  4  feuilles  in-4''. 

Zanledeschi  {Francesco).  —  Incertezze  délia  livellazionc  ba- 
rometrica  e  geodetica.  Brescia,  1808;  in-8". 

JVegri  (Cliristoforo).  —  Discorso  alla  sociela  geografica  ita- 
liana,  adunanze  solenne  del  28  febbraio  1869.  Florence,  1809; 
in-8''. 

Brioschi  (Francesco).  —  Sulla  equazione  chc  dà  i  punli  di 
llesso  délie  curve  ellittiche.  Milan,  1809;  in-8". 

Muoni  [Damiano).  —  Inaugurdzione  a  gorgonzola  délia  la- 
pide monumentale  per  la  battaglia  vinla  dai  Milanen  contro  rc 
Enzo  figlio  di  Federico  II,  imperatore  ncl  1245.  Milan,  1808; 
in-8". 


BULLETIN 


DE 


L'ACADEMIE  ROYALE  DES  SCIENCES, 


DES 

LETTRES  ET  DES  BEAUX-ARTS  DE  BELGIQUE 
1869.  —  N-^  6. 

CLASSE   DES   SCIEl^CES. 


Séance  du  5  juin  1869. 

i\L  Devvalque,  vice-directeur,  occupe  le  fauleuil. 
M.  Ad.  Qletelet,  secrétaire  perpétuel. 

Sont  présents:  MM.  d'Omalius  d'Halloy,  J.-S.  Stas, 
L.  De  Koiiinck,  P.-J.  Van  Beneden,  Edm.  de  Sclys  Long- 
champs,  Gluge,  Melsens,  J.  Liagre,  F.  Duprez,  Poelman, 
Ernest  Quelelet,  A.  Spring,  Maus,  M.  Gloesener,  Candèze, 
Eugène  Coemans,  F.  Donny  ,  Montigny,  Sleichen,  mem- 
bres; Th.  Lacordaiie,  E.  Catalan,  Ph.  Gilbert,  «.ssoc/e^-; 
L.  Henry,  xMalaise,  Bellynck  et  Ed.  Dupont,  correspon- 
dants. 

M.  AI  vin,  membre  de  la  classe  des  beaux-arts,  assiste  à 
la  séance. 

2""'  SÉRIE,  TOME  XXVII.  41 


(  614  ) 


CORRESPOxNDANCE. 


La  classe  apprend  avec  regret  la  mort  de  riin  de  ses  mem- 
bres titulaires,  M.  Pliilippe-Marie-Guillaume  Vander  Mae- 
len,  décédé,  à  l'âge  de  75  ans,  à  Molenbeek-St-Jean,  le  29 
mai  dernier.  —  Une  lettre  de  condoléance  sera  écrite  à 
la  famille  du  déi'unt. 

—  La  Société  des  sciences  de  Harlem,  la  Société  des 
sciences  d'Utreclit,  la  Société  des  sciences  de  Gottingue, 
la  Société  des  sciences  naturelles  de  Giessen,  l'Observatoire 
pliysique  central  de  Russie,  à  Saint-Pétersbourg,  la  Société 
des  sciences  naturelles  de  Carlsrube,  l'Académie  des 
sciences  de  Modène,  remercient  la  Compagnie  pour  les 
derniers  envois  de  ses  publications. 

—  La  classe  reçoit  pour  le  recueil  des  phénomènes  pé- 
riodiques les  observations  faites  à  Namur  par  M.  Bellynck, 
et  comprenant  la  feuillaison  de  1869  et  l'état  de  la  végé- 
tation aux  !21  mars  et  21  avril  suivants;  l'état  de  la  vé- 
gétation à  Gembloux,  le  21  mars  1869,  par  M.  Malaise; 
l'état  de  la  végétation  à  Waremme,  les  2!  mars  et  21  avril 
1869,  par  J\L  de  Selys  Longcbamps,  ainsi  que  les  obser- 
vations zoologiques  faites,  en  1868;  dans  la  même  localité 
par  le  même. 

—  M.  Th.  G  luge  offre  une  brochure  de  sa  composition. 
—  Remercîments. 

—  M.  Devvalque  présente,  au  nom  de  ^L  Folie,  deux 
billets  cachetés  doiil  le  dépôt  est  ordonné  aux  archives. 


(  m  ) 

—  Les  mémoires  manuscrits  suivanls  sont  renvoyés  à 
l'examen  de  commissaires  : 

1°  Sur  la  tension  superficielle  des  liquides  considérée 
au  point  de  vue  des  mouvements  observés  à  leur  surface ^ 
par  M.  G.  Van  der  Mensbrugghe.  (Commissaires  :  MM.  Pla- 
teau, Dnprez  et  Montigny.) 

2"  .Yo/e  sur  quelques  théorèmes  (jénéraux  de  (jéométrie 
supérieure,  par  M.  F.  Folie.  (Commissaires  :  MM.  Catalan, 
Liagre  et  Gilbert.) 


RAPPORTS. 


MM.  Gilbert,  Catalan  et  Gloesener  donnent  successi- 
vement lecture  de  leurs  rapports  sur  le  travail  de  M.  Slei- 
chen  intitulé  :  Essai  sur  quelques  questions  élémentaires 
de  mécanique  physique. 

Conformément  aux  conclusions  favorables  de  ces  rap- 
ports, la  classe  vote  l'impression  du  travail  de  M.  Steiclien 
dans  le  recueil  des  mémoires. 


Etudes  de  mécanique  abstraite,  par  M.  le  capitaine  d'artil- 
lerie J.-M.  De  Tilly. 

Mtiippot*t  du  colonel  Ejiay»'e. 

«  Une  école  de  géomètres,  à  la  tête  de  laquelle  on  doit 
placer  Gauss,  refuse  d'admettre  le  postulatum  d'Euclide 
comme  vérité  absolue,  et  fonde  sur  cette  négation  une 
géométrie  nouvelle,  que  Gauss  appelle  non-euclidienne, 


(  (vif.  ) 

et  à  laquelle  d'autres  auteurs  ont  donné  le  nom  de  géo- 
niélrie  imac) inaire  ou  abstraite. 

Les  travaux  de  Gauss  à  ce  sujet  ne  nous  sont  connus 
que  par  quelques  notices  dispersées  dans  les  «  Gelehrte 
Anzeigen  »  et  par  quelques  passages  de  sa  correspondance 
avec  Schumacher;  car,  suivant  son  habitude,  l'illustre 
géomètre  de  Gottingue  s'est  contenté  de  mûrir  son  idée 
pendant  une  grande  partie  de  sa  vie,  sans  se  donner  la 
peine  de  rédiger  et  de  publier  le  résultat  de  ses  méditations. 

C'est  ainsi  qu'une  partie  de  ses  recherches,  si  pro- 
fondes et  si  originales,  a  péri  avec  lui ,  et  qu'il  a  laissé  la 
priorité,  dans  la  question  qui  nous  occupe,  à  Lobal- 
schewski,  recteur  de  l'Université  de  Kazan.  Les  premiers 
essais  de  Lobalschewski  sur  les  fondements  de  la  géomé- 
trie nouvelle  parurent  en  1829  :  lorsque  Gauss  en  eut 
connaissance,  il  n'éleva  aucune  réclamation  et  se  con- 
tenta de  déclarer  que,  depuis  4792,  les  idées  du  géo- 
mètre russe  étaient  les  siennes. 

Malgré  la  différence  radicale  qui  existe,  au  point  de  vue 
métaphysique,  entre  la  géométrie  euclidienne  et  la  géomé- 
trie non-euclidienne,  chacune  d'elles  est  également  logi- 
que, une  fois  le  point  de  départ  admis,  et  toutes  les  deux 
se  confondent  quant  aux  résultats  pratiques  qu'elles  four- 
nissent :  en  effet,  la  différence  entre  ces  résultats  tombe 
au-dessous  des  grandeurs  que  l'homme  peut  apprécier 
expérimentalement.  Lobatschewski  a  calculé,  par  exemple, 
que  dans  un  triangle  rectiligne  dont  les  cotés  auraient 
pour  longueur  la  distance  de  la  terre  au  soleil,  la  somme 
des  trois  angles  ne  pourrait,  dans  aucun  cas,  être  infé- 
rieure à  deux  droits  que  de  trois  dix-millièmes  de  seconde. 
Cette  différence  diminue  avec  la  longueur  des  cotés  et 
devient  rigoureusement  nulle  pour  les  triangles  infinité- 
simaux. 


(  617  ) 
M.  le  capitaine  De  Till\ ,  après  plusieurs  années  de  tra- 
vail, était  parvenu ,  de  son  côté,  à  établir,  sur  la  négation 
du  postulalum  d'Euclide,  les  principes  fondamentaux 
d'une  géométrie  abstraite,  lorsqu'il  eut  connaissance  des 
travaux  analogues  déjà  publiés  par  Lobatschewski  et  par 
quelques  autres  savants.  Il  perdit  ainsi  la  priorité  de  ses 
rechercbes  en  ce  qui  concerne  la  géométrie  pure.  Mais 
l'hypothèse  non-euclidienne,  transportée  dans  la  méca- 
nique rationnelle,  doit,  si  elle  est  exacte,  permettre  d'édi- 
fier cette  dernière  science  d'une  manière  complète;  et 
dans  cette  partie,  du  moins,  qui  fait  l'objet  du  mémoire 
que  M.  De  Tilly  a  présenté  à  l'Académie,  la  priorité  lui 
reste.  L'auteur  y  montre  que,  dans  la  mécanique  comme 
dans  la  géométrie,  deux  hypothèses  sont  également  pos- 
sibles :  elles  conduisent  à  deux  mécaniques  qui  sont 
essentiellement  différentes,  mais  qui  coïncident  rigou- 
reusement pour  le  cas  d'un  système  infiniment  petit,  et 
d'une  manière  sutfisamment  approchée  pour  le  cas  des 
systèmes  très-petits  que  nous  considérons  à  la  surface  de 
la  terre. 

Pour  éviter  au  lecteur  l'étude  préalable  des  travaux  de 
Lobatschewski,  l'auteur  donne,  dans  les  deux  premières 
parties  de  son  mémoire,  un  exposé  sommaire  de  la  géo- 
métrie abstraite,  exposé  qui  doit  suffire  pour  comprendre 
la  partie  mécanique  qui  suit.  Malgré  la  précision  et  la 
rigueur  du  style,  je  dois  avouer  que  la  lecture  de  cette 
introduction  est  très-laborieuse  :  cela  tient  peut-être  à  la 
difficulté  que  nous  éprouvons  à  faire  table  rase  des  idées 
fondamentales  de  la  géométrie  ordinaire,  idées  si  simples, 
et  qui  nous  sont  devenues  tellement  familières,  qu'elles 
nous  paraissent  des  notions  premières  plutôt  que  des  con- 
naissances acquises. 

Mais  ces  prémisses  une  fois  établies,  ou  bien,  si  l'on 


(  618  ) 
veut,  riiypothèse  iion-euclidicnne  une  fois  concétiée,  les 
trois  dernières  parties,  qui  renferment  les  principes  de  la 
cinématique,  de  la  statique  et  de  la  dynamique,  se  lisent 
sans  difficulté  et  avec  intérêt.  A  l'aide  de  ces  principes, 
on  est  à  même  de  résoudre  toutes  les  questions  de  méca- 
nique qui  sont  traitées  dans  les  ouvrages,  et  l'on  arrive 
ainsi,  indépendamment  de  la  géométrie  ordinaire,  à  tous 
les  résultats  connus  aujourd'hui. 

Remarquons  toutefois  que  la  mécanique  ordinaire  est 
plus  simple  que  la  mécanique  abstraite,  dont  elle  n*est 
qu'un  cas  particulier,  et  que  toutes  les  deux  conduisent  aux 
mêmes  résultats  pratiques,  du  moins  dans  la  limite  des 
applications  usuelles.  Il  est  donc  naturel,  comme  l'auteur 
le  reconnaît  lui-même,  que  l'on  conserve  dans  renseigne- 
ment la  méthode  suivie  aujourd'hui,  et ,  à  ce  point  de  vue , 
le  travail  de  M.  De  Tilly  est  purement  spéculatif;  mais 
rien  ne  prouve  qu'il  ne  soit  susceptible  d'être  fécondé  et 
de  recevoir  un  jour  des  applications  inattendues,  dans  le 
domaine  de  l'analyse,  de  l'astronomie  et  de  la  mécanique 
céleste.  J'ajouterai  que  le  sujet  est  neuf,  que  l'auteur  l'ex- 
pose avec  un  talent  consciencieux,  et  que  la  théorie  sur 
laquelle  il  se  base  est  presque  complètement  inconnue  en 
Belgique.  Pour  ces  motifs,  j'ai  l'honneur  de  proposer  à  la 
classe  de  voler  l'impression  du  mémoire  de  iM.  le  capitaine 
De  Tillv  dans  la  collection  in-8"  des  mémoires  des  savants 


étrangers.  » 


Mgappoft  de  sa.   Kt'M.   Qtielclol. 

<k  L'impossibilité  où  l'on  s'est  trouvé  jusqu'ici  de  don- 
ner une  démonstration  satislaisante  du  xi"  principe  d'Ku- 
clidc,  a  porté  quelques  géomètres  à  douler  de  la  vériié 


(  619  ) 

même  de  ce  principe.  Loljalsclicwski  nolammeiU  a  essayé 
de  fonder  imc  géométrie,  qu'il  nomme  imaginaire,  et  qui 
repose  snr  la  négation  du  principe  d'Euclide.  Les  obliques 
à  une  ligne  droite,  menées  par  un  point  déterminé  de 
celle-ci,  sont  classées  par  le  géomètre  russe  en  sécantes 
et  en  non-sécantes  relativement  à  une  perpendiculaire 
menée  par  un  point  de  cette  même  droite;  ces  deux  classes 
d'obliques  ont  pour  limite  commune  une  ligne  qui  l'ait  avec 
la  droite  donnée  un  angle  nommé  angle  de  parallélisme. 
D'après  le  principe  d'Euclide,  cet  angle  est  égal  à  90  degrés, 
tandis  que  Lobatschewski  le  laisse  indéterminé. 

L'auteur  du  mémoire  soumis  au  jugement  de  la  classe  a 
traité  la  question  à  un  autre  point  de  vue;  il  a  pris  pour 
point  de  départ  la  loi  de  la  composition  des  mouvements, 
et,  après  avoir  établi  les  principaux  théorèmes  de  la  trigo- 
nométrie plane  dans  l'hypotlièse  non-euclidienne,  il  aborde 
les  diverses  questions  de  la  mécanique,  en  y  apportant  les 
modifications  que  nécessite  l'indétermination  de  l'angle 
de  parallélisme. 

On  est  certainement  en  droit  de  distinguer  d'une  ma- 
nière générale  les  lignes  droites  tirées  par  un  point  en 
sécantes  et  en  non-sécantes  par  rapport  à  une  droite  don- 
née, mais  il  est  nécessaire  ensuite  de  chercher  quelle  est 
la  valeur  réelle  de  l'angle  de  parallélisme  :  car,  si  celui-ci 
n'est  pas  égal  à  90  degrés,  il  a  une  valeur  plus  petite  que 
l'on  doit  pouvoir  assigner.  Aussi  longtemps  qu'on  n'as- 
signe pas  la  grandeur  de  cet  angle,  mais  qu'on  le  suppose 
plus  petit  que  90  degrés,  je  ne  puis  voir  là  qu'une  hypo- 
thèse, de  même  que  les  auteurs  de  la  géométrie  imagi- 
naire ou  abstraite  ne  voient  qu'une  hypothèse  dans  la  fixa- 
lion  de  la  valeur  de  cet  angle  à  90  degrés  exactement. 

Néanmoins,  comme  il  est  intéressant  de  reconnaître 


(  620  ) 
les  théorèmes  de  la  géométrie  et  de  la  mécanique,  qui  sont 
indépendants  du  principe  d'Euclide,et  que  l'auteur  a  traité 
celte  question  avec  talent,  je  me  joindrai  à  votre  savant 
premier  rapporteur  pour  proposer  l'impression  du  travail 
de  M.  De  Tilly  dans  le  recueil  des  mémoires  in-8".  » 

M.  E.  Catalan,  second  commissaire,  s'étant  rallié  aussi 
aux  conclusions  de  M.  Liagre,  la  classe  décide,  conformé- 
ment à  l'opinion  de  ses  trois  rapporteurs,  l'impression  du 
travail  de  M,  De  Tilly  dans  le  recueil  des  mémoires  in-8°. 


Recherches    sur    les    dérivés    de    l'acide   phényl-acêliqiie 
(a  loluique),  par  M.  B.  Radziszewski.- 

nappovt  de  jfi.  Slas. 

«  Le  travail  que  M.  Bronislas  Radziszewski  a  soumis, 
à  la  dernière  séance,  au  jugement  de  la  classe,  est  la  con- 
tinuation de  ses  recherches  sur  les  dérivés  de  l'acide 
l)hényl-acétique  (a  toluique)  ;  il  renferme  un  grand  nomhre 
de  faits  nouveaux  qui  me  semhlenl  parfaitement  établis.  II 
résulte  de  ces  recherches  que,  sous  l'influence  de  divers 
agents  de  substitution,  l'acide  phényl-acétique  se  com- 
porte d'une  manière  analogue  au  toluène. 

J'ai  l'honneur  de  proposer  à  la  classe  d'insérer  la  note 
de  M.  B.  Radziszewski  dans  le  Bulletin  de  la  séance,  de 
lui  voter  des  remercîments  pour  sa  communication  et  de 
l'engager  à  continuer  ses  recherches.  » 

M.  De  Koninck,  second  commissaire,  ayant  adhéré  à  ce 


(  621  ) 
rapport,  la  classe  vote  l'impression  du  travail  de  M.  Rad- 
ziszewski  dans  les  Bulletins. 


Descriplioit  des  fossiles  du  calcaire  grossier  de  Mous, 
par  MM.  A.  Briart,  correspondant  de  l'Académie,  et 
F.-L.  Cornet,  ingénieur  civil. 

ttappot't  fie    fM.   MM.  H'ysl. 

c(  Le  mémoire  que  MM.  Briart  et  Cornet  ont  présenté  à 
l'Académie  forme  la  première  partie  d'un  travail  paléon- 
tologique  sur.  les  fossiles  du  calcaire  grossier  de  Mons , 
découvert  dans  le  Hainaut,  et  dont  ces  auteurs  ont  donné 
la  description  géologique  en  deux  notes  publiées  dans  les 
recueils  de  la  Compagnie  (J). 

Ce  travail,  qui  est  précédé  d'une  introduction  dans 
laquelle  les  auteurs  présentent  encore  un  résumé  succinct 
des  nouvelles  connaissances  qu'ils  ont  été  à  même  d'ac- 
quérir relativement  au  mode  de  gisement  et  aux  autres 
caractères  de  ce  nouveau  terrain  qui  renfermerait  déjà 
plus  de  500  espèces,  comprend,  en  outre,  la  description  de 
54  mollusques  gastéropodes  répartis  en  18  genres  :  les  Bue- 


(1)  1»  Note  sur  la  découverte  dans  le  Hainaut,  au-dessous  des  sables 
rapportés  par  Dumonl  au  système  landenien,  d'un  calcaire  grossier  avec 
faune  tertiaire,  par  MM.  F.-L.  Cornet  et  A.  Briart,  ingénieurs  civils 
(Bulletins de  l\4cadémie  royale  de  Belgique,  2n>e  série,  t.  XX,  n»  li,186o). 
Et  2"  Note  sur  l'extension  du  calcaire  grossier  de  Mons,  par  MM.  F.-L. 
Cornet  et  A.  Briart,  ingénieurs  civils  [Bull.j  \.  c,  S^'c  série,  t.  XXII,  n°  12, 
1866). 


(  622  ) 
ciaum  slromboïdes.^  Oliva  mitrcola^  Ancillariabiiccinoïctes 
et  Voluia  spînosa ,  sont  les  seules  espèces  qui  fussent  déjà 
connues  dans  les  terrains  tertiaires  éocènes  de  France, 
d'Angleterre  et  de  Belgique;  les  50  autres  espèces  sem- 
blent toutes  être  nouvelles  pour  la  science. 

Les  descriptions  nous  paraissent  être  bien  faites  et  sont 
accompagnées  d'excellents  dessins  qui  forment  un  bel 
atlas  de  5  planches  in-4"  sur  lesquelles  toutes  les  espèces 
sont  représentées. 

Les  fossiles  de  ce  nouveau  gite  étant  encore  peu  répan- 
dus dans  les  collections,  l'on  comprendra  qu'il  nous  est 
assez  difficile  de  nous  prononcer  sur  la  valeur  et  la  déter- 
mination des  espèces  que  MM.  Briart  et  Cornet  pro- 
posent d'introduire  dans  la  science;  la  comparaison  qu'ils 
en  ont  faite,  ainsi  que  les  caractères  qu'ils  font  ressortir 
en  détail,  nous  engagent  fortement  à  les  admettre,  sauf 
à  changer  les  dénominations  des  Trilon  interined'uun  , 
Fusiis  muriciformis,  Fusus  pulchellus ,  Fustis  inodestus , 
Fusus  lineolatus,  Pleiirotoma  speciosa,  Pleurotoma  laevis- 
cula  et  Volufa  affims,  qui  ne  peuvent  être  conservées 
par  la  raison  qu'elles  ont  déjà  été  employées  antérieure- 
ment par  d'autres  auteurs.  Les  Trilon  curlulwm,  Fusus 
jmsilius,  Fusus  murtci  formis  et  Fusus  llncatus,  sont 
aussi  des  espèces  qui  nous  i)araissent  être  plus  ou  moins 
problématiques. 

Ce  travail  étant  appelé  à  combler  une  des  lacunes  qui 
existent  encore  dans  la  connaissance  de  notre  faune  pa- 
léontologique,  j'ai  l'honneur  d'en  |)roposer  l'insertion  dans 
les  mémoires  de  la  Compagnie,  ainsi  que  des  cinq  i>lan- 
chcsqui  l'accompagnent,  et  de  remercier  les  auteurs  pour 
leur  inléressanle  communication. 


(  625 


nappot^l  flo  M.  ne  Mionincte. 

c(  J'ai  lu  avec  intérêt  le  nouveau  travail  que  MM.  Briart 
et  Cornet  viennent  de  présenter  à  l'Académie. 

L'analyse  qui  en  a  élé  faite  par  mon  savant  conlVcre, 
M.  xXyst,  me  dispense  d'en  exposer  l'objet. 

Quoique  les  espèces  soient  généralement  bien  décrites, 
j'aurais  voulu  que  les  auteurs  eussent  complété  l'exposé 
de  leurs  caractères  par  l'indication  de  l'angle  spiral  de 
chacune  d'elles.  C'est  souvent  un  caractère  suffisant  pour 
distinguer  deux  espèces  voisines  l'une  de  l'autre. 

Les  cinq  planches  qui  accompagnent  le  travail  des  au- 
teurs sont  supérieurement  dessinées  et  faciliteront  beau- 
coup l'intelligence  du  texte. 

Je  n'hésite  pas  à  me  rallier  aux  conclusions  de  M.  Nyst, 
en  demandant  l'insertion  du  mémoire  de  MM.  Briart  et 
Cornet  dans  le  recueil  in-^"  publié  par  l'Académie  et  en 
proposant  de  voter  des  remercîmentsaux  auteurs.  » 

Conformément  aux  conclusions  de  ces  rapports,  ainsi 
qu'aux  conclusions  du  rapport  de  M.  d'Omalius,  second 
commissaire,  dont  la  classe  a  également  entendu  la  lecture, 
l'impression  du  travail  de  MM.  Cornet  et  Briart  est  votée 
dans  le  recueil  in-4*'  des  mémoires  couronnés  et  des 
savants  étrangers. 


624  ) 


Description  cVune  nouvelle  espèce  américaine  du  genre 
caïman  (alligator)  et  d'une  jeune  tortue  de  la  famille 
des  Éloditesj  par  M.  Preudhomme  de  Borre. 

Bappot*!  de  M.  P.'J,  Vat%  Betêedet». 

«  En  faisant  l'inventaire  des  reptiles  du  Musée  royal 
d'histoire  naturelle,  M.  Alfr.  Preudhomme  de  Borre  a 
trouvé,  dans  un  envoi  fait  par  le  vice-consul  de  Belgique 
à  Belize,  dans  le  Honduras  britannique,  un  caïman  qu'il 
ne  peut  rapporter  aux  espèces  connues  des  Erpétologistes. 
M.  Alfr.  Preudhomme  de  Borre  donne  la  description  de 
deux  jeunes  individus,  dont  le  plus  grand  a  2o  centimètres, 
et  comme  il  croit  cet  animal  nouveau  pour  la  science,  il 
propose  de  le  désigner  sous  le  nom  de  .4  lligator  Lacordairii, 
en  souvenir  des  services  éminents  que  notre  savant  confrère 
Lacordaire  a  rendus  à  la  science. 

Je  ne  sais  si  c'est  une  erreur  de  l'artiste,  mais  je  ne  puis 
m'empêcher  de  faire  remarquer  que  les  deux  dessins  ne 
concordent  point  entre  eux;  la  hg.  1  indique  trois  paires 
de  scutelles  à  la  nucjue,  conformément  au  texte,  tandis 
que  la  fig.  o  en  indique  quatre. 

Dans  le  môme  envoi,  !M.  Alfr.  Preudhomme  de  Borre  a 
trouvé  une  jeune  tortue  de  la  famille  des  Ëlodites,  qu'il 
rapporte  au  Dermatemys  Maiirii  deGray,  et  dont  il  donne 
une  description.  Il  aurait  volontiers  donné  un  dessin  de 
cette  jeune  tortue,  mais  il  en  a  été  empêché  par  le  mauvais 
état  de  Texeniplaire,  qu'un  trop  long  séjour  dans  un  alcool 
de  mauvaise  qualité  a  quelque  peu  détérioré. 


■     (  62g  ) 
Comme  ces  notices  peuvent    intéresser  les  Erpétolo- 
gisles,  j'ai  Thonnenr  de  proposer  leur  insertion  dans  les 
Bulletins  de  l'Académie.  » 


nappofi  de  M,  l,acovdaiÈ*e. 

«  J'ai  comparé  soigneusement  avec  les  descriptions  des 
auteurs  et  les  quelques  exemplaires  d'Alligators  qui 
existent  à  l'Université  de  Liège,  l'espèce  de  ce  genre  qui 
fait  l'objet  du  travail  que  M.  Preudhomme  de  Borre  a  sou- 
mis à  l'Académie,  et  je  n'ai  rien  trouvé  qui  lui  ressemblât 
exactement.  Elle  me  paraît  donc  nouvelle,  et  sa  publica- 
tion me  semble  d'autant  plus  désirable  que  la  faune  erpéto- 
logique  du  Honduras  est  encore  peu  connue. 

Le  désaccord  signalé  par  M.  Van  Beneden  entre  le 
texte  et  la  fig.  5  de  la  planche  qui  l'accompagne  existe 
réellement;  seulement  il  porte  non  sur  les  scutelles 
nuchales,  comme  le  dit  notre  savant  confrère,  mais  sur 
les  premières  dorsales.  Cette  erreur,  qui  est,  sans  doute, 
le  fait  du  dessinateur,  devra  naturellement  être  corrigée. 

Quant  à  la  seconde  notice  que  M.  De  Borre  a  consa- 
crée à  la  Dermatemys  Maurii,  elle  offre  moins  d'intérêt 
que  la  précédente,  cette  espèce  étant  déjà  bien  connue. 
Mais  comme  elle  concerne  un  très-jeune  individu  et  que 
les  Chéloniens  éprouvent  de  grands  changements  dans  le 
cours  de  leur  croissance,  elle  comblera  les  lacunes  que 
présente  encore  l'histoire  naturelle  de  cette  Émyde  et  ne 
peut  qu'être  bien  accueillie  par  les  Erpétologistes.  » 


(  G!26  ) 
M.  Poelman,  troisième  commissaire,  s'étanl  rallié  aux 
conclusions  de  ses  deux  collègues,  la  classe  vote  l'impres- 
sion des  notes  de  M.  De  Borre  dans  les  Bulletins. 


Recherches  sur  risomèrie  dans  la  série  salicyliquei^^  partie), 
par  M.  L.  Henry,  correspondant  de  l'Académie. 

nappoÈ't  fie  Ji.fM.  Stns  et  De  BLoninch. 

«  La  note  de  M.  Henry,  intitulée  :  Recherches  sur  riso- 
mèrie dans  la  série  salicylique,  a  pour  but  de  l'aire  con- 
naître l'action  du  pentabromure  de  pbosphore  sur  divers 
composés  salicyliques.  D'après  l'analogie  qui  existe  entre 
le  pentachlorure  et  le  pentabromure  de  pliospbore,  il  était 
permis  de  conclure  que  ces  deux  corps  agiraient  de  la  même 
manière  sur  l'aldéhyde  et  sur  l'acide  salicylique.  Inexpé- 
rience est  venue  prouver  qu'il  n'en  est  rien  et  que  le  pen- 
tabromure se  conduit  comme  du  brome  libre  en  donnant 
naissance  aux  composés  organiques  simplement  bromes. 
Ce  travail  ne  nous  semble  laisser  aucun  doute  et  nous 
avons  l'honneur  de  proposer  à  la  classe  de  voter  l'impres- 
sion de  la  note  de  M.  Henry  dans  le  bulletin  de  la  séance.  » 

La  classe,  adoptant  ces  conclusions,  vote  l'impression 
de  la  note  de  M.  Henry  dans  les  Bulletins. 


(  C27  ) 

Ilccherc/ies  sur  les  dérivés  étliérés  des  acides  et  des  alcools 
pohjatomiciiies ,  par  M.  L.  Ilcni} ,  correspondant  de 
rAcadémie. 

Mta/tpoi'l  fie  .F#.P#.  Sta»  et  De  Moninch. 

«  Dans  sa  notice  intitulée  :  Reclwrclies  sur  les  dérivés 
ét/iérés  des  acides  et  des  alcools  polijatomiqiies,  M.  Henry 
expose  le  résultat  de  ses  investigations  sur  le  chlorure 
d'éthyiglycollyle,  qu'il  a  obtenu  par  l'action  du  trichlorurc 
de  phosphore  sur  l'acide  élhylglycollique.  Ces  recherches 
sont  bien  exécutées;  en  les  entreprenant,  M.  Henry  a  eu 
pour  but  d'utiliser  ce  chlorure  pour  la  production  de  plu- 
sieurs combinaisons  diglycolliques,  intéressantes  au  point 
de  vue  général  del'isomérie,  mais  que  jusqu'ici  le  temps  ne 
lui  a  pas  permis  de  réaliser.  En  échange  il  fait  connaître  la 
pensée  et  le  but  qu'il  poursuit.  Avant  de  se  prononcer  sur 
ces  considérations,  il  est  prudent  d'attendre  les  faits. 

Nous  avons  l'honneur  de  proposer  à  l'Académie  de  voter 
l'insertion  du  travail  de  M.  Henry  dans  le  bulletin  de  la 
séance.  » 

r.a  classe,  adoptant  ces  conclusions,  vote  l'impression 
de  la  note  de  M.  Henrv  dans  les  Bulletins. 


MM.  Stas  et  Melsens  donnent  lecture  de  leurs  rapports 
sur  la  note  de  M.  Ed.  Robin  intitulée  :  Résumé  des  règles 
pour  faire  prévoir  la  couleur  des  composés  minéraux  et 
celle  d'un  grand  nombre  de  composés  organic/ues.  —  Cette 
pièce  et  les  rapports  seront  déposés  aux  archives,  d'après 
l'avis  de  MM.  les  commissaires. 


(  628  ) 
COMMUNICATIONS  ET  LECTURES. 


Aurores  boréales  des  45  avril  et    13  mai  1869,   notice 
par  M.  Ern.  Quetelet ,  membre  de  l'Académie. 

Deux  aurores  boréales  fort  belles  ont  été  observées  à 
Bruxelles  celte  année,  le  jeudi  15  avril  et  le  jeudi  15 
mai.  Elles  ont  été  accompagnées  de  fortes  perturbations 
des  barreaux  aimantés. 

Le  15  avril,  la  déclinaison  magnétique  a  d'abord  offert 
un  maximum  entre  deux  et  trois  heures  de  l'après-midi , 
puis  elle  a  atteint  un  minimum  considérable  vers  11  li. 
10  m.  du  soir.  L'intensité  horizontale  a  été  forte  Taprès- 
midi  et  est  devenue  très-faible  vers  1  heure  et  demie  du 
matin.  De  même,  le  13  mai,  la  déclinaison  a  été  grande  entre 
5  et  5  heures  de  l'après-midi,  mais  le  grand  minimum 
qui  a  suivi,  a  été  atteint  à  9  h.  8  m.  L'intensité  horizontale 
a  été  plus  fortement  troublée  le  15  mai  que  le  mois  précé- 
dent. Elle  était  devenue  si  considérable  entre  4  h.  15  m. 
et  4  h.  20  m.,  que  la  lecture  des  divisions  de  l'échelle 
n'était  plus  possible  (fait  qui  ne  s'était  plus  produit  depuis 
la  grande  peiturbalion  du  5  août  1865).  Le  principal 
minimum  de  l'intensité  horizontale  a  été  constaté  à  9  h. 
45  m.  Ainsi  dans  les  deux  cas  le  minimum  de  la  force 
liorizontale  s'est  présenté  une  ou  deux  heures  après  le 
minimum  de  la  déclinaison. 

Les  Comptes  rendus  de  l' Académie  des  sciences  de  Paris 
ayant  déjà  donné  quehpies  détails  sur  les  apj)arences  qu'a 
présentées  à  lîruxelles  l'aurore  boréale  du  15  avril,  je 


(  629  ) 
crois  inutile  d'y  revenir;  je  présenterai  seulement  ici  les 
faits  principaux  qui  se  rapportent  à  l'aurore  boréale  du 
15  mai,  en  renvoyant  pour  plus  amples  développements 
aux  Annales  de  V Observatoire  royal  de  Bruxelles. 

Le  coucher  du  soleil,  le  13,  a  été  magnifique.  De  longs 
et  minces  cirrho-stratus  parallèles  à  l'horizon  NO.  ont 
offert  les  plus  riches  couleurs  depuis  le  rouge  jusqu'au 
pourpre  et  au  violacé.  De  9  ^jï  à  9  ^/i  h.  la  partie  sud 
du  ciel  était  couverte  de  nuages  dont  le  bord  formait  un 
immense  arc  blanchâtre  allant  de  l'ouest  à  l'est  et  passant 
à  environ  lo  degrés  au  sud  du  zénith.  Cet  arc,  de  même 
que  les  autres  nuages  de  l'aurore,  avait  un  mouvement 
lent  de  l'ouest  vers  l'est,  tandis  qu'à  la  surface  de  la  terre 
régnait  un  vent  assez  fort  de  NNE. 

A  10  h.  45  m.  ont  commencé  à  se  montrer  les  rayons 
de  l'aurore,  et  à  11  h.  50  m.  environ  ils  se  sont  affaiblis 
et  ont  ensuite  disparu.  Ces  rayons  étaient  de  couleur 
blanche.  M.  Marchai,  qui  a  observé  cette  phase  du  phéno- 
mène, a  vu  de  plus  un  nuage  d'un  rouge  sombre  qui 
s'est  formé  dans  l'ouest  à  une  hauteur  d'environ  60  degrés 
et  qui  a  persisté  de  10  h.  50  m.  à  11  h.  5  m.  à  peu  près. 

A  minuit  50  m.  on  a  constaté  de  nouveau  la  présence 
d'une  belle  gerbe  blanche  qui  s'élançait  verticalement  entre 
y.  et  [3  Aiirifjae  dans  le  NNO.  et  qui  était  accompagnée  à 
gauche  de  plusieurs  autres  bandes  parallèles  plus  faibles. 
Un  autre  beau  rayon  s'élevait  à  5°  environ  à  la  droite  de 
a  Persei  dans  le  XNE.  et  avait  son  extrémité  supérieure 
sensiblement  inclinée  vers  l'est.  Ces  rayons  se  sont  affaiblis 
vers  1  h.;  à  1  h.  15  m.  ils  avaientdisparu.il  ne  subsistait 
plus  à  ce  moment  que  la  clarté  diffuse  de  l'aurore  coupée 
par  un  long  nuage  très-mince  dont  le  point  culminant, 
élevé  de  20"  à  25"  au-dessus  de  l'horizon,  était  presque 
exactement  dans  le  nord. 

2™''  SÉRIE,  TOME  XXVII.  42 


(  fiâO  ) 

A  i  h.  riO  m.  onl  paru  plusieurs  colonnes  de  lumière 
hianclie,  Tune  s'élevant  dans  les  gardes  de  la  grande 
Ourse,  une  autre  par  les  deux  premières  étoiles  de  la 
(]ueue  de  la  même  constellation  et  une  troisième  moins 
brillante  un  peu  plus  à  l'ouest.  Vers  ^  heures,  ces  colonnes 
ont  disparu. 

Le  vent  qui  souillait  assez  fortement  du  NE.  pendant  la 
nuit  du  15  au  14,  a  fraichi  encore  le  jour  suivant,  et  à  midi 
on  a  trouvé  de  l'électricité  négative  au  moyen  de  l'appa- 
reil de  Peltier.  Cette  électricité  négative,  qui  s'élevait  jus- 
qu'à 45  degrés  de  Félectromètre,  a  diminué  ensuite,  et 
vers  5  heures  elle  a  changé  de  signe;  à  7  heures  du  soir 
on  trouvait  -i-  55  degrés. 

Le  iù  et  le  14,  le  soleil  a  été  entouré  d'un  grand  cercle 
et  môme  le  15,  entre  4'/^^  h.  et  6  h.  de  l'après-midi,  M.  Lan- 
caster  a  eu  l'occasion  d'observer  un  parhélie.  Cette  obser- 
vation est  assez  intéressante,  si  on  la  rapproche  d'une 
remarque  faite  par  M.  Silbermann.  On  sait,  en  eflet,  que 
les  parhélies  révèlent  l'existence  dans  l'atmosphère  de  pe- 
tits cristaux  de  glace.  Or,  M.  Silbermann  a  signalé  à  plu- 
sieurs reprises,  pendant  les  aurores  boréales,  la  chute  de 
petits  cristaux  de  glace  qui  se  convertissaient  ensuite  en 
gouttes  de  pluie,  il  est,  du  reste,  connu  depuis  longtemps 
que  les  cirrho-stratus,  qui  paraissent  être  les  nuages  plus 
s[)écialement  en  rapport  avec  les  formations  de  l'aurore 
boréale,  produisent  généralement  des  halos  solaires. 

Je  terminerai  par  la  remarque  que  les  belles  aurores 
boréales  de  cette  année  n'étaient  pas  complètement  im- 
prévues. Lu  effet,  guidé  par  certaines  idées  nouvelles  sur 
les  relations  qui  existent  entre  les  aurores  boréales  et  les 
perturbations  magnétiques  d'une  part,  et  les  taches  so- 
laires de  l'autre,  le  professeur  Heis,  de  Miinster,  au  mois 


(  631  ) 
d'octobre  1868,  avait  bien    voulu  attirer  Tatteution  do 
l'Observatoire  de  Bruxelles  sur  les  aurores  boréales,  disant 
qu'il  prévoyait  des  manifeslalious  intéressantes  dans  cet 
ordre  de  phénomènes. 


Bolide  observé  à  Bruxelles  le  lundi  31  mai  1869,  notice 
par  M.  Ern.  Quetelet,  membre  de  l'Académie. 

Le  51  mai,  vers  11  h.  lo  m.  du  soir,  un  brillant  météore 
a  traversé  le  ciel,  dans  le  SO.  de  Bruxelles.  Il  était  de  forme 
allongée  dans  le  sens  de  son  mouvement  (en  poire,  a  dit 
un  spectateur),  mais  ceci  peut  n'être  qu'une  illusion  d'op- 
tique. Sa  couleur  était  blanc-jaunâtre,  et  la  traînée  qu'il 
laissait  derrière  lui,  rouge  d'abord,  devenait  plus  loin 
d'une  teinta  verdàtre.  La  clarté  projetée  par  ce  météore 
était  si  intense,  qu'un  observateur,  placé  près  d'une  fenêtre 
au  nord,  a  cru  voir  un  vif  éclair. 

D'après  les  données  fournies  par  une  personne  qui 
malheureusement  n'a  pas  l'habitude  des  observations,  le 
premier  point  où  le  bolide  a  été  vu  peut  être  estimé  à 
45  degrés  de  hauteur  et  par  20°  d'azimuth  de  l'ouest  vers 
le  sud.  Il  a  disparu  derrière  des  arbres  par  environ  5o 
degrés  de  hauteur  et  dans  une  direction  plein  ouest. 

La  trajectoire  parcourue  était  très-courbe  et  le  diamètre 
du  bolide  a  paru  égaler  à  peu  près  le  demi-diamètre  appa- 
rent de  la  lune. 

M.  Dewalque  fait  observer  à  ce  sujet  que  différents 
journaux  ont  annoncé  l'apparition  du  même  phénomène 
à  Yerviers,  à  Tournay,  à  Stavelot,  et  dans  plusieurs  autres 


(  65â  ) 

localilcsdu  pays.  Quelques  membres  ayant  fait  remarquer 
que  les  phénomènes  optiques  ont  été  nombreux  dans  ces 
derniers  temps,  M.  A.  Quetelet  lit  à  ce  propos  la  lettre 
suivante  qu'il  vient  de  recevoir  de  M.  Fr.  Denza,  directeur 
de  l'Observatoire  du  collège  Charles-Albert,  à  Moncalieri 
près  de  Turin,  qui  s'occupe  avec  un  soin  particulier  de 
météorologie  et  de  physique  du  globe. 


Sur  les  mêléores  observés  à  Moncalieri;  lettre  de  M.  F.  Denza 
à  M.  Ad.  Quetelet. 

Le  soir  du  5  mai  courant,  deux  observateurs  aperçurent 
vers  M  Va  ï^-  (temps  moyen  local)  un  beau  météore  de  la 
grandeur  de  Jupiter.  Il  s'alluma  tout  à  coup  près  de  l'Épi 
de  la  Vierge  (asc.  droite  =  199^  décl.  =  —  iO")  et  se 
dirigea  avec  une  vitesse  modérée  vers  y  de  l'Hydre  (asc. 
droite  =  197";  décl.  =  —  22-). 

Ce  météore  avait  été  caché  peu  auparavant  par  des 
nuages  qui  s'étendaient  comme  un  voile  obscur  sur  l'ho- 
rizon SE. 

Sa  couleur  était  rougeâtre;  il  déployait  une  queue 
scintillante  et  lumineuse,  semblable  aux  grosses  fusées 
de  nos  feux  d'artifice.  Arrivé  au  tiers  de  sa  course,  (asc. 
droite  =  196";  décl.  =  —  14")  il  se  replia  sur  lui-même 
et  s'abaissa  assez  pour  pouvoir  passer  devant  les  susdits 
nuages,  dont  le  fond  noir  le  lit  ressortir  encore  davan- 
tage. Il  s'éteignit  à  si  peu  de  distance  de  l'horizon  que,  par 
une  illusion  d'opti(jue,  un  de  nos  observateurs  crut  qu'il  avait 
réellement  touché  le  sol.  Ce  lait  n'est  point  nouveau;  je 


(  655  ) 

J'ai  moi-même  observé  aulrelois;  cela  montre  une  lois  de 
plus  que  les  météores  lumineux  peuvent  descendre  jusqu'à 
très-peu  de  distance  de  la  terre,  sans  toutefois  éclater  ni 
causer  des  pluies  de  météores. 

Je  saisis  cette  occasion  pour  vous  annoncer  que  parmi 
les  40  météores  qui  furent  observés  le  soir  du  il  avril, 
deux  furent  très-remarquables  par  leur  beauté  extraordi- 
naire. 

Le  premier  se  montra  à  10  h.  1  m.  près  de  9  du  Lion 
(asc.  dr.  =  167°;  décl.  =  —  5°)  et  s'éteignit  dans  le  voi- 
sinage de  d  du  Corbeau  (asc.  dr.  =  185";  décl.  =  —  lo"). 
Sa  couleur  était  verdàtre,  et  il  s'avança  lentement  en  décri- 
vant une  trajectoire  courbe  et  en  spirale. 

Le  deuxième,  plus  resplendissant  encore  que  le  premier, 
se  fit  remarquer  à  10  h.  35  m.  près  de  »?  de  la  grande 
Ourse  (asc.  dr.  =  204°;  décl.  =  h-  50"),  et  disparut  près 
de  K  du  Bouvier  (asc.  droite  =  227";  décl.  =  -+-  50'). 
Son  noyau  était  très-brillant  et  sa  grosseur  apparente  éga- 
lait celle  de  Jupiter.  Sa  traînée  fut  très-lumineuse  etpersis- 
slante;  sa  couleur  tenait  du  rouge  et  du  vert.  Vers  la  fin 
de  sa  course,  qui  avait  été  très-lente,  le  météore  s'ouvrit 
comme  une  grenade. 

Le  même  soir  on  observa  deux  météores  marchant  très- 
lentement,  et  dont  l'éclat  fut  si  vif,  que  les  sept  observa- 
teurs qui  se  trouvaient  sur  la  terrasse  purent  les  apercevoir, 
quoique  tournés  vers  un  autre  côté  du  ciel. 

Mais  ce  qu'il  importe  le  plus  de  remarquer,  c'est  que  le 
même  soir,  M.  Zezioli,  de  Bergame,  amateur  zélé  de  cette 
branche  de  la  physique  céleste,  observa  lui  aussi  deux 
météores  aux  mêmes  heures,  savoir  :  à  10  h.  9  m.  et  a 
10  h.  42  m.  (temps  moyen  de  Bergame,  ville  à  environ  8 
m.  de  temps  à  l'est  de  Moncalieri). 


(  634  ) 

Le  premier  partit  de  Régulus  (asc.  droite  =  118"; 
décl.  =  -h  d°)  et  disparut  entre  v  et  k  de  l'Hydre  (asc. 
dr.  =  144°  31  ;  décl.  =  —  13°). 

Le  second  se  montra  entre  y  etî;  du  Lion  (asc.  dr.  =  147°; 
décl.  =  H-  25°)  et  alla  s'éteindre  dans  le  Cancer  (asc.  dr. 
=  136°;  décl.  H-  17°). 

Or,  la  trajectoire  prolongée  du  premier  météore  vu  à 
Moncalieri  passe  presque  exactement  sur  le  point  où  appa- 
rut le  premier  météore  observé  par  M.  Zezioli,  et  les  pro- 
longements des  deux  derniers  météores  de  Moncalieri  et 
de  Bergame  se  rencontrent  dans  la  position  du  ciel  où, 
suivant  Greg  et  Herschel,  se  trouve  le  point  d'irradiation 
de  l'un  des  systèmes  météoriques  du  mois  courant,  A  Ber- 
game également,  le  deuxième  météore  se  montra  plus  res- 
plendissant que  le  premier,  mais  ils  diffèrent  tous  les  deux 
de  ceux  de  Moncalieri,  soit  par  leur  couleur  rouge  en- 
flammé, soit  par  leur  marche  rapide. 

On  a  remarqué  encore  cette  année  un  grand  nombre  de 
bolides  ;  je  m'empresserai  de  vous  en  donner  le  compte 
rendu  aussitôt  que  j'aurai  examiné  et  discuté  les  observa- 
tions faites  dans  le  Piémont  pendant  les  quatre  derniers 
mois. 

La  période  connue  du  19-'21  avril  (QHZ  de  Heis  et 
Greg)  fut  assez  remarquable  cette  année-ci.  Le  matin  du 
21  avril,  de  2  à  i  h.,  nous  comptâmes  84  météores,  géné- 
ralement beaux  et  brillants  comme  de  coutume,  dans  la 
région  céleste  située  dans  le  voisinage  de  la  Lyre. 

Quand  j'aurai  reçu  toutes  les  observations  du  Piémout, 
je  déterminerai  avec  la  plus  grande  exactitude  possible  la 
position  du  radiant. 

Vous  savez  déjà,  sans  doute,  que  les  mois  derniers  on  a 
vu  en  Italie  trois  aurores  boréales.  La  première  fut  observée 


(  635  ) 

à  Padoiie  cl  à  Moiicalieri  ie  14  lévrier;  la  deuxième  lut 
aperçue  à  Rome,  le  8  mai,  et  la  troisième  le  I  omai,  à  Venise, 
à  Padoue  et  à  ïrieste  (1).  La  dernière  l'ut  la  pi  us  resplendis- 
sante de  toutes.  Elles  ont  été,  comme  de  coutume,  accom- 
pagnées de  perturbations  magnétiques,  de  bourrasques  et 
d'orages. 

L'aurore  du  13  mai  coïncida  avec  celle  qui  a  été  vue 
à  Paris  et  en  plusieurs  autres  endroits. 


Orages  observés  en  Belgique-  communication  de  M.  Ad. 
Quelelet,  secrétaire  perpétuel  de  l'Académie. 

Pour  donner  suite  aux  communications  que  j'ai  laites 
à  l'Académie  sur  les  phénomènes  électriques  dans  notre 
pays,  j'ai  l'honneur  de  présenter  la  liste  des  orages  obser- 
vés à  Bruxelles  et  à  Liège  depuis  le  1'"'  avril  1869  jusqu'à 
ce  jour;  à  Louvain,  à  Anvers,  à  Ostende  et  à  Gerpinnes 
depuis  le  1"  janvier  de  cette  année,  ainsi  qu'à  Gembloux 
et  à  Malines  depuis  le  1''  septembre  1868.  Ces  observa- 
tions répondront,  j'espère,  à  la  demande  qu'a  bien  voulu 
m'adresser  M.  Le  Verrier,  directeur  de  l'Observatoire  de 
Paris,  de  l'aider  à  compléter,  autant  que  possible,  son 
grand  Allas  méléorologique  des  ïnoiiveiuents  généraux  de 
r  atmosphère. 


(1)  Le  ciel  était  couvert  à  Bruxelles  pendant  les  aurores  du  1  i  février 
et  du  8  mai.  Les  barreaux  magnétiques  de  l'Observatoire  n'ont  pas  donné 
d'écarts  particuliers  pendant  ces  deux  soirées. 


(  656  ) 
Bruxelles.  —  Observatoire. 

(Du  1  «^r  avril  au  I  '^^  j uin  1 869.)  (  1  ) 

18(3(}  __/^e  Ji  at-nV,  àOVih.dusoir,  faibles  éclairs  a  l'iio- 
rizon  NE. 

Le  7  mai,  vers  5  h.  20  m.  de  i'après-midi,  le  ciel 
s'obscurcit  fortement;  averse  mêlée  de  grêle  et  plusieurs 
éclairs  suivis  de  violents  coups  de  tonnerre;  la  direction 
du  vent  était  OSO. 

Le  iO  mai,  forte  averse  à2  V-2h,de  l'après-midi;  éclairs 
le  soir. 

Le  H  mai,  roulements  de  tonnerre  lointain  vers  2 
heures  de  l'après-midi;  gouttes  de  pluie  àoV^  li. 

Le  77  mai,  à  5  h.  lo  m.  de  l'après-midi,  averse  ;  à  8  '/'2  h. 
du  soir,  fort  orage  :  averse,  éclairs  et  coups  de  tonnerre. 

Le  ^9  mai,  à  3  h.  55  m.  de  l'après-midi,  roulements 
de  tonnerre  lointain,  vent  et  poussière;  à  5  h.  iO  m., 
éclair  suivi  de  tonnerre.  Peu  de  temps  après,  averse  mêlée 
de  grêle;  elle  cesse  vers  oVi  h.;  ensuite,  pluie  intermit- 
tente jusqu'à  9  heures  du  soir. 

Le  26  mai,  vers  2 '/j  h.  du  matin,  orage,  éclairs  et 
tonnerre  ;  à  5  heures ,  averse. 

A  9  heures  du  soir,  orage  dans  l'E.,  éclairs  et  ton- 
nerre; pluie  depuis  8  h.  55  m.  jusque  vers  9'Vi  h.;  elle 
est  très-forte  de  9'/'^  à  9'/-2  h. 

Le  Ti  mai,  vers  !2 '/.^  h.  de  l'après-midi,  roulement  de 
tonnerre  lointain.  A  5  heures,  l'horizon  est  couvert  de  stra- 
tus gris. 


(1)  Suilii  à  la  liste  iuscrcc  [)age  -2ol  du  lonio  XXVll  de  la  -J"'^  série  des 
Uvilklinii. 


((J57) 
Gembloux.  —  M.  Malaise. 

(Du  !"•  sci)lembrc  1808  au  1"  juin  1869.)  (1) 

1868.  —  Le  50  décembre,  entre  5  Ii.  i20  m.  et  o  h. 
40  m.  du  soir,  averse  accompagnée  d'éclairs  et  de  deux 
coups  de  tonnerre. 

1869.  —  Le  9  février,  de  o  Vi  à  6  V2  h.  du  soir,  orage 
au  S.  de  Gembloux;  vent  du  S.,  éclairs  et  tonnerre. 

Le  ^  mars,  entre  11  1/2  h.  du  matin  et  midi,  averse  de 
grêle  (gréions  coniques);  deux  coups  de  tonnerre. 

Le  IS  avril,  à  12  V2  h.  du  soir,  grêle  et  un  coup  de 
tonnerre;  vent  du  N. 

Le  6  mai,  de  2  à  6  heures  du  soir,  plusieurs  averses 
et  coups  de  tonnerre;  vent  du  SO. 

Le  7  mai,  de  472  h.  à  5'/2h.  du  soir,  pluie  abondante 
et  tonnerre;  vent  du  SO. 

Le  10  mai,  de  o'/2  h.  à  4  heures  du  soir,  orage  au  NO.  de 
Gembloux;  coups  de  tonnerre  assez  fréquents;  vent  du  SO. 

Le  11  mm,  de  S'/a  h.à  o 72  h.  du  soir,  vent  du  SO., 
averse  et  quelques  coups  de  tonnerre. 

Le  11  mai,  de  8  h.  à  9  '/2  h.  du  soir,  pluie  abondante 
et  coups  de  tonnerre;  vent  du  SO. 

Le  19  mai,  de  o  h.  à  5  '/^  h.  du  soir,  pluie  abondante 
et  coups  de  tonnerre;  vent  du  SO. 

Le  W  mai,  de  7  à  lU-i  h.  du  soir,  pluie  abondante  et 
quelques  coups  de  tonnerre;  vent  du  SO. 

Le  28  mai,  de  5V2  h.  à  4  heures  du  soir,  vent  du  S., 
pluie  abondante  et  quelques  coups  de  tonnerre. 


(1)  Suite  à  la  liste  insérée  page  281  du  loroe  XXVI  de  la  ^'"c  série  des 

Bulktins. 


(  G38  ) 
LouvAix.  —  M.  ïerby. 

(Du  !"•  janvier  au  l"'  juin  18G9.)  (I) 

J869.  —  Le  9  fécricr,  entre  5  h.  oO  m.  et  6  h.  Jo  m.  du 
soir,  passage  d'un  orage  dans  leSSE.;  éclairs  et  tonnerre.  A 
0  II.,  l'intervalle  entre  l'éclair  et  le  tonnerre  était  de  8'; 
toutes  les  autres  décharges  étaient  beaucoup  plus  lointai- 
nes ;  à  6  h.  7  m.,  pluie.  Direction  du  vent  à  6  li.  J  i  m.  :  0. 

Le  5  luars,  pluie  l'après-midi;  vers  4  h.  40  m.  du  soir, 
coup  de  tonnerre;  direction  du  vent  :  NO. 

Le  J  i  avril,  ciel  orageux  vers  2  h.  du  soir;  vent  et 
tourbillons  de  poussière.  On  assure  avoir  entendu  quelques 
coups  de  tonnerre  pendant  cet  après-midi. 

Entre  8  et  8  h.  4o  m.  du  soir,  éclairs  dans  l'E.  et  le  SE. 

Le  3  mai,  à  1  h.  50  m.  de  l'après-midi,  ciel  orageux 
dans  le  S.  et  le  SO.;  direction  du  vent  :  OSO.  —  Pluie  le 
soir. 

Le  6  mai,  à  *2  h.  i28  m.,  pluie;  à  4  li.  29  m.,  tonnerre 
dans  le  S.;  vers  4  h.  oo  m.,  averse. 

Le  7  mai,  vers  1  '/-  b-  de  l'après-midi,  pluie  et  vent; 
temps  orageux. 

De  2  h.  8  m.  à  2  b.  40  m.,  orage  [)assant  du  SO.  à 
rONO.;  à  2  b.  50  m.,  gouttes  de  pluie;  il  pleut  encore 
à  2  b.  40  m.  A  2  b.  20  m.,  l'intervalle  entre  l'éclair  cl  le 
tonnerre  était  de  41';  à  2  b.  58  m.,  il  était  de  9%  et  à 
2  b.  40  m.,  lors  de  la  dernière  décbarge,  il  a  été  de  (J 
secondes. 

De  5  b.  5  m.  à  G  b.  10  m.,  fort  orage  passant  de  KO.  à 


(1)  Suite  à  la  liste  insérée  page  279  du  tome  XXVI  de  la  2'n«  série  des 
BuUelins. 


I 


(  059  ) 

l'E.  De  o  h.  46  m.  à  o  li.  51  ni.,  liès-roilc  averse,  mêlée  de 
grêle  à  partir  de  o  h.  49  m.;  la  pluie  diminue  à  5  h.  55  m. 
Jusqu'à  o  11.  45  m.,  l'inlervallc  entre  l'éclair  et  le  ton- 
nerre était  successivement  de  21%  16%  \o%  14';  la  nuée 
gagne  dès  lors  rapidement  le  zénith.  De  3  h.  48  m.  à  5  h. 
50  m.,  les  intervalles  sont  de  7'  et  de  8';  à  6  h.  1  m.  et 
à  6  h.  2  m.,  de  19'  et  de  I7^ 

Le  8  niai,  à  9  h.  5o  m.  du  matin ,  tonnerre  dans  le  SO.  ; 
les  nuages  orageux  passent  du  SO.  au  N.;  à  10  li.  12  m., 
averse  assez  forte.  Le  tonnerre  a  recommencé  à  se  laire 
entendre  à  10  h.  27  m.  et  a  été  accompagné  d'une  nou- 
velle averse. 

Le  10  mai,  à  6  h.  50  m.  du  soir,  forte  averse  et  ton- 
nerre. 

Le  11  mai,  passage  d'un  orage  dans  le  SK.,  de  51i.  20  m. 
à  5  h.  50  m.  du  soir;  plusieurs  roulements  de  tonnerre. 

Le  17  îiiai,  nuées  orageuses  dans  l'O.  et  dans  le  N.  L'o- 
rage éclate  à  8  h.  47  m.  :  forte  averse ,  éclairs  et  tonnerre. 
A  9  h.,  vif  éclair  suivi  de  tonnerre  après  un  intervalle  dé- 
passant à  peine  1'  ;  à  9  h.  5  m.,  l'intervalle  est  de  8';  le 
tonnerre  cesse  bientôt  de  se  faire  entendre,  mais  il  pleut 
encore  à  9  h.  52  m. 

Le  19  mai,  dès  4  heures  du  soir,  passage  de  nuages 
accusant  un  courant  OSO.,  pluie  très-abondante,  coups  de 
vent  et  de  tonnerre.  Entre  4  h.  et  4  h.  15  m.,  torrents  de 
pluie. 

Le  W  mai,  de  8  h.  19  m.  à  9  h,  26  m.  du  soir,  fort  orage 
passant  par  le  N,  ;  fréquents  éclairs  et  bruyant  tonnerre;  à 

8  h.  50  m.,  vif  éclair  suivi  d'un  fort  coup  de  tonnerre  après 
2';  de  8  h.  50  m.  à  8  h.  58  m.,  les  intervalles  entre 
l'éclair  et  le  tonnerre  ont  varié  entre  5'  et  17%  et  après 

9  heures  entre  16'  et  52  secondes. 


(  (540  ) 

Le  21  mai,  de  2  h.  33  m.  à  2  h.  47  m.  du  soir,  un 
orage  lointain  passe  du  NO.  au  NNO.;  quelques  roule- 
ments de  tonnerre. 

Le  28  mai,  de  4  h.  à  4  h.  M  m.  du  soir,  orage  :  éclairs, 
tonnerre  et  pluie.  A  4  h.  34  m.,  la  pluie  est  devenue  un  peu 
plus  abondante. 

OsTENDE.  —  M.  Cavalier. 

(Du  1"  janvier  au  t"  juin  1869.)  (1) 

i869.  —  Le  7  mai,  l'après-midi,  temps  orageux,  ton- 
nerre lointain  ;  vent  de  l'OSO. 

Le  48  mai,  de  2 h.  3  m.  à  2  h.  30  m.  du  soir,  l'urt 
orage,  vifs  éclairs  et  forts  coups  de  tonnerre;  pluie  don- 
nant 7'""\65  d'eau  ;  vent  du  SO. 

Le  19  mai,  de  2  h.  à  2  h.  30  m.  du  soir,  fort  orage, 
vifs  éclairs  et  forts  coups  de  tonnerre;  pluie  et  grêle  don- 
nant 4'""',80  d'eau;  vent  du  SO. 

Le  21  mai,  de  3  h.  30  m.  à  4  h.  du  soir,  orage;  vers 
3  h.  55  m.,  formidable  coup  de  tonnerre;  la  foudre  doit 
être  tombée  dans  les  environs  d'Ostende,  vent  du  NE. 

Anvers.  —  M.  Coomans. 

(Du  I<«- janvier  au  !•-' juin  18G9.)  (2) 

1869.  — Le  i''  février,  vers 3  b.  du  soir,  bourrasque,  gros 
nuages  à  l'O.;  vers  3  li.  25  m.,  la  pluie  commence  à  tomber; 
deux  violents  coups  de  tonnerre,  pluie  très-intense,  vent 


(1)  Suite  à  la  liste  insérée  page  2:)6  du  lome  XXVI 1  de  la  2''  série  des 
liullelins. 

Ci)  Saile  à  la  liste  inséiéc  page  -255  du  lome  XXVll  de  la  2'-  série  des 
liuUclins. 


(  U\  ) 

du  SO.  L'orage  a  duré  une  demi-heure  et  suivi  la  direclion 
du  vent;  la  foudre  est  tombée  Marché  aux  Blés. 

Le  9  février,  giboulées  fréquentes  avec  grésil;  vers 
midi  50  m.,  on  croit  entendre  un  coup  de  tonnerre  loin- 
tain. Le  soir  vers  9  h.,  un  éclair  éloigné  dans  le  SE. 

Le  /"■  mars,  à  9  h.  4o  m.  du  matin ,  forte  giboulée  et 
grésil;  à  9  h.  50  m.,  vif  éclair  suivi  aussitôt  d'un  coup  de 
tonnerre;  l'orage  passe  en  o  minutes,  se  dirigeant  du  NO. 
au  SE.  —  Des  nuées  orageuses  se  succèdent  dans  la  jour- 
née, mais  sans  nouvelles  décharges. 

Le  là  avril,  vers  8  h.  50  m.  du  soir,  quelques  éclairs 
éloignés  dans  le  NNO. 

Le  6  mai ,  vers  2  h.  30  m.  du  soir,  orage  lointain  dans 
le  SSO.;  pluie. 

Le  19  mai,  de  4  h.  5  m.  à  4  h.  20  m.  du  soir,  orage; 
deux  coups  de  tonnerre  lointain  et  forte  pluie. 

Le  25  mai,  de  M  h.  50  m.  à  minuit,  tonnerre  lointain. 

Le  W  mai,  de  9  h.  à  10  h.  du  soir,  quelques  éclairs 
assez  vifs  dans  le  NE.;  averse  la  nuit. 

Le  Ti  mai,â  9 h.  50 m. du  matin,  pluie;  vers  lOh.  15  m., 
tonnerre  éloigné:  les  coups  semblent  se  produire  dans  le  SO. 

A  5  h.  du  soir,  nouvel  orage;  tonnerre  lointain  dans  le  SE. 

Malines.  —  M.  Bernaerts. 

(Du  ^r  septembre  18G8  au  ['^  juin  1869.)  (1) 

1868.  —  Le  5  décembre,  à  8  h.  50  m.  du  soir,  éclairs 
lointains. 

Le  8  décembre ,  à  5  h.  50  m.  du  soir,  averse  et  un  peu 


(1)  Suite  à  la  liste  insérée  page  285  du  tome  XXVI  de  la  '2'"  série 
des  Bulletins. 


(  642  ) 
de  grésil;  coup  de  lonnerre  assez  faible;  vent  de  TOSO. 

Le  2S  décembre,  vers  9  11.  du  soir,  éclairs  lointains. 

Le  30  décembre,  à  5  11.  oo  m.  du  soir,  éclairs  dans 
PESE. 

J869.  —  Le  i'"  février,  à  5  h.  45  m.  du  soir,  quelques 
éclairs  et  coups  de  lonnerre  dans  le  S.,  tempête  et  pluie. 

Le 9  février,  à  2  h.  40  m.  du  soir ,  averse  et  tempête  ;  à 
2  h.  4o  m.,  coup  de  tonnerre  lointain  dans  TE.;  à  o  li. 
50  m.,  coup  de  tonnerre  dans  le  S.,  vent  fort  et  pluie. 
A  5  h.  40  m.,  orage  assez  éloigné  dans  le  S.;  à  6  li.  10  m. 
éclairs  faibles  dans  le  SE. 

Le  27  mars,  vers  IJ  h.  du  matin,  un  peu  de  neige  et 
trois  coups  de  tonnerre  lointain;  à  2  h.  50  m.  du  soir, 
grésil;  à  2 h.  oo  m.,  grêle;  direction  du  vent  :  NNO. 

Le  14  avril,  à  2  li.  du  soir,  cumulus  orageux  àl'E,  se 
dirigeant  vers  le  N. 

Le  7  tnai,  à  2  b.  40  m.  du  soir,  ciel  orageux  à  TE.;  à 
5  b.  10  m.  du  soir,  orage  passant  de  l'O.  au  NE.;  à  5  Ii. 
40  m.,  orage  allant  du  S.  au  NE.  Cbaque  orage  donne  un 
violent  coup  de  tonnerre. 

Le  8  tuai,  à  10  b.  55  m.  du  matin,  orage  très-éloigné 
dans  l'E.  La  foudre  tombe  vers  10  b.  du  matin  à  Bois- 
scbolei  ensuite  à  Nortierwyk,  près  d'Herentbals. 

Le  10  mai,  à  5  b.  15  m.  du  soir,  orage  dans  le  N; 
il  se  perd  dans  le  NNE.  vers  6  beures. 

Le  16  mai,  à  7  b.  45  m.  du  soir,  coup  de  tonnerre 
lointain;  cumulus  dans  TO.  et  dans  le  N.  ;  vent  du  SO. 

Le  n  mai,  à  9  b.  du  soir,  quelques  rares  éclairs  dans 
le  SE. 

Le  18  mai,  à  5  b.  5  m.  du  soir,  lonnerre  dans  le  NO., 
suivi  (rune  très-forte  pluie;  venl  du  SO  (observation  faite 
à  lioogstralen). 


(  6i3  ) 

Forte  averse  à  Malincs  de  A  li.  55  m.  à  6  Ii.  du  soir. 

Le  19  mai,  à  4  li.  3  m.  du  soir,  orage  accompagné  de 
grèle;  à  A  li.  10  m.  du  soir,  forte  averse. 

Le  25  mai,  vers  8  h.  du  soir,  quelques  coups  de  ton- 
nerre lointain. 

Le  26  mai,  à  9  h. 40  m.  du  soir,  un  orage  venant  de 
l'ESE.  passe  à  coté  de  la  ville;  pluie  assez  forte;  après  9  li. 
50  m.,  les  décharges  électriques  cessent  complètement. 

Le  27  mai,  de  2  h.  50  m.  à  2  h.  45  m.  du  soir,  un 
orage  passe  à  TE.  de  la  ville.  Un  second  orage  passe  de 
l'O.  au  N.  à  5  h.  20  m.  Il  y  a  eu  absence  de  pluie  pendant 
ces  deux  orages. 

Liège.  —  M.  Dewalque. 

(Du  1"- avril  au  t'^Juin  18G9.)  {\) 

j859,  —  Le  14  avril,  éclairs  dans  la  soirée. 

Le  7  mai,  éclairs  vers  8  ^1^  h.  du  soir. 

Le  26  mai,  vers  4  heures  du  matin ,  un  violent  orage  a 
duré  pendant  une  demi-heure.  Au  début  de  la  tempête, 
le  vent  soufïlait  avec  violence,  les  éclairs  se  succédaient 
rapidement  et  le  tonnerre  faisait  entendre  ses  plus  bruyants 
roulements;  puis  la  pluie  est  survenue  et  quelques  averses 
torrentielles  ont  signalé  la  fin  de  l'orage.  —  Le  soir  de 
7  à  8  '/.2  h.,  un  nouvel  orage  a  encore  éclaté. 

A  Romsée,  la  foudre  est  tombée  vers  4  h.  du  matin  sur 
un  arbre  situé  à  une  distance  de  cinq  mètres  d'une  maison. 


{\)  Suite  à  la  liste  insérée  page  ^2^32  du  tome  XXVI 1  de  la  2;  série  des 
Dulletiiis. 


(  644  ) 
La  commotion  éloctrique  fuUcIlemcnt  violente,  que  douze 
carreaux  de  vitre  de  cinq  fenêtres  différentes  de  ladite 
maison  furent  hrisés. 

Gerpinnes,  près  de  Charleroi.  —  M.  Van  Géel. 

(Du  1"  janvier  au  1"juin  18G9.) 

1860.  —  Le  9  février,  à  2  h.  40  m.  du  soir,  orage  venant 
du  SO.;  raffales  de  pluie  ,  grêle  et  roulement  de  tonnerre 
lointain.  —  A  2  h.  55  m.,  éclairs  suivis  de  coups  de  ton- 
nerre; tempête. 

Le  iS  avril,  vers  2  h.  du  soir,  nuée  orageuse  venant 
du  NO.;  forte  pluie  et  grêle;  les  grêlons  sont  assez  remar- 
quables par  leur  dimension.  A  2  h.  20  m.,  coup  de  ton- 
nerre. 

Le  6  mai,  vers  1  h.  50  m.  du  soir,  roulements  assez 
rares  de  tonnerre  lointain;  forte  pluie  ensuite  pendant 
toute  l'après-midi. 

Le  7  mai,  vers  midi,  roulements  de  tonnerre  lointain; 
fortes  ondées  toute  l'après-midi.  Vers  6  heures  du  soir, 
nuée  orageuse,  coup  de  tonnerre  plus  rapproché,  forte 
averse. 

Le  8  mai,  vers  4  heures  du  soir,  trois  ou  quatre  coups 
de  tonnerre;  forte  pluie  et  vent  violent  du  SSO. 

Le  11  mai,  vers  9  heures  du  soir,  éclairs  dans  l'E. 

Le  26  mai,  vers  7  heures  du  soir,  nuée  orageuse;  deux 
coups  de  tonnerre  assez  violents.  Vers  9  '/.2  heures  du  soir, 
éclairs  dans  l'E. 

Le  2!S  mai,  temps  doux,  orageux;  à  5  heures  du  soir, 
nuée  orageuse  venant  du  SO.;  à  5  h.  20  m.  et  à  5  h. 
50  m.,  coup  de  tonnerre;  pluie. 


(  645  ) 


Secondes  Additions  ait  Sijnopsis  des  Caloptérijrjincs ,  par 
M.  (le  Selys  f.ongcliamps,  membre  de  l'Académie. 


L'abondance  des  nouveaux  matériaux  reçus  depuis  dix 
ans  me  décide  à  publier  de  nouvelles  additions  au  Sy- 
nopsis des  Calopténjrjines. 

Mon  premier  travail  a  paru  dans  les  Bulletins  de  rAca- 
démie  en  i8o5.  —  Il  signalait  cent  espèces. 

Les  Additions  (1859)  ont  fait  connaître  dix-huit  espèces 
nouvelles. 

Aujourd'hui  je  puis  énumérer  encore  trente-deux  espèces 
ou  races  distinctes,  ce  qui  porte  le  nombre  des  Calopléry- 
gines  à  près  de  cent  cinquante.  Parmi  elles  figurent,  il  est 
vrai,  quelques  formes  ou  races  locales;  mais  ces  modifica- 
tions, quand  elles  sont  constantes,  sont  utiles  à  examiner 
pour  l'étude  de  la  question  générale  de  l'espèce  en  zoologie. 

Parmi  les  trente-deux  formes  nouvelles,  il  y  en  a  vingt 
et  une  quej'ai  déterminées;  sept  appartiennent  à  M.Hagen, 
trois  à  M.  R.  Mac  Lachian,  et  une  a  été  publiée  par 
M.  Brauer. 

J'ai  profité  de  la  circonstance  présente  pour  compléter 
le  signalement  des  espèces  déjà  connues  en  ce  qui  con- 
cerne les  variétés,  races  ou  sexes  non  décrits  et  les  indi- 
cations géographiques,  lorsque  d'importantes  additions 
étaient  à  faire  de  ce  chef. 

Malheureusement  pour  moi,  le  départ  pour  l'Amérique 
de  mon  excellent  collaborateur,  le  D""  H.-A.  Hagen,  a  in- 
terrompu le  précieux  concours  qu'il  me  prêtait.  Il  est 

2"^^  SÉRIE,  TOME  XXVII.  45 


(  646  ) 
chargé  do  la  brandie  des  animaux  articulés  au  Muséum 
de  l'Université  de  Cambridge  (Massacliussetts)  et  ne  peut, 
pour  le  moment,  se  livrer  à  l'élude  détaillée  des  Odonates. 
Espérons  qu'après  avoir  avancé  les  travaux  de  classilica- 
tion  générale  de  ce  riche  musée,  il  pourra  y  reprendre  le 
travail  relatif  aux  Odonates. 

Les  États-Unis  possèdent,  d'ailleurs,  des  entomologistes 
d'un  grand  mérite  qui  ont  fait  progresser  la  connaissance 
des  Odonates,  comme  MM.  Scudder,  B.  Walsh  et  Uhler  que 
j'aurai  souvent  occasion  de  citer. 

En  Europe,  le  D'  Fried.  Brauer,  du  Muséum  de  Vienne, 
publie  des  travaux  importants  sur  les  Odonates  et  sur  les 
autres  Névroptères.  Je  citerai  encore  ceux  de  M.  Pictet, 
iils  du  célèbre  naturaliste  de  Genève,  qui  marche  sur  les 
traces  de  son  père,  et  en  Angleterre,  M.  R.  Mac  Lachlan  , 
qui  fait  preuve  d'une  rare  perspicacité  dans  ses  publica- 
tions relatives  aux  familles  les  plus  difficiles  des  Névrop- 
tères.  C'est  à  lui  que  je  dois  la  communication  des  Odonates 
recueillis  à  Peba  sur  le  haut  Amazone  par  M.  Hauxwell, 
et  ceux  des  îles  Seychelles  parle  D'  Wright,  de  Dublin. 

M.  Bâtes,  le  grand  voyageur  de  l'Amazone,  a  bien  voulu 
me  céder  la  riche  collection  d'Odonates  recueillis  par  lui  à 
Santarem,  Obydos,  Fonte  Boa ,  Ega  et  Saint-Paulo  (I). 


(1)  N.  B.  M.  Baies,  dans  sa  colli'Clion ,  a  donné  des  noms  aux  espèces 
qu'il  croyait  nouvelles,  cl  c'esl  bien  à  lui ,  en  elTet,  que  revient  Thonneur 
de  leur  découverte. 

Mais  ces  noms  n'ayant  pas  été  envoyés  avec  les  premières  expéditions 
de  duplicata  faites  en  Angleterre,  j'en  ai  proposé  un  certain  nombre 
d'autres,  ainsi  que  M.  Dale,  et  ils  sont  publiés  depuis  1853  en  ce  qui  con- 
cerne les  Caloi)léryiîines. 

Nt)us  regrettons  de  ne  pouvoir  revenir  sur  ce  l'ait  accompli,  mais  pro- 
cliaincmenl,  en  traitant  des  autres  groupes  d'Odonates,  je  n»e  ferai  un 
devoir  et  un  phiisir  d'adopter  les  noms  manuscrits  sous  la  signature  de 


(  647  ) 

J'ai  acquis  la  collection  envoyée  du  Japon  à  l'exposition 
universelle  de  Paris  de  1867. 

J'ai  reçu  ou  étudié  enfin  des  collections  d'Odonates  des 
provenances  suivantes  : 

Du  Mexique,  par  MM.  de  Bonvouloir,  A.  Salle  et  Boucard  ; 

De  Guatemala j  par  M.  le  D'  Rodriguez; 

Du  Brésil,  par  mon  neveu  le  comte  de  Borchgravc 
d'Altena,  ministre  de  Belgique; 

De  Java,  par  M.  le  D'^  Ploem; 

De  la  Malaisie,  par  M.  Snellen  van  Vollenlioven; 

Des  Moluques,  par  M.  Lorquin; 

De  Queensland  (Australie),  par  M.  Weyers; 

De  Madagascar,  par  M.  Pollen; 

De  Mincjrêlie,  par  M.  Théoph.  Deyrolle; 

Sans  parler  d'espèces  isolées  qui  m'ont  été  obligeam- 
ment communiquées. 

Que  tous  ceux  qui  m'ont  prêté  leur  précieux  concours 
reçoivent  ici  l'expression  de  ma  vive  gratitude. 

\''  légion.  -  CALOPTERYX. 

10'".  Calopteryx  Japowica,  De  Selys. 

o*  Abdomen  46™™.  Aile  inférieure  ôG.  Tibias  postérieurs  9  V'g.  Lar- 
geur (Je  l'aile  inférieure  10. 

Diffère  de  C.  Vii'go  : 
d»  La  taille  plus  grande; 

2°  Les  ailes  moins  dilatées,  d'un  noir  métallique  plus  profond,  y 
compris  la  base  et  Pcxtrémité  ; 


M.  Baies,  chaque  fois  qu'il  s'agira  d'espèces  nouvelles;  car  j'ai  pour  ha- 
bitude de  respecter  les  noms  donnés  in  litteris  aux  espèces  nouvelles  qui 
nous  sont  communiquées.  C'est  un  principe  d'équité  auquel  tous  les  ento- 
mologistes devraient  s'astreindre. 


(  64-8  ) 

3"  Les  tubercules  postoculaires  plus  petits. 

Elle  se  distingue  de  Valrata  par  le  thorax  et  la  nervure  costale 
vert  métallique,  la  présence  de  tubercules  postoculaires,  et  le  sec- 
teur principal  plus  ou  moins  contigu  à  la  nervure  médiane. 

Elle  se  sépare  de  la  race  fesfiva  de  virgo  j)ar  les  ailes  étroites  et  la 
taille  encore  plus  forte. 

Je  n'ai  pas  vu  la  femelle. 

C'est  probablement  une  race  locale  de  la  virgo. 

Patrie  :  le  Japon.  (Coll.  Selys). 

N.  B.  Au  premier  abord  elle  répond  au  signalement  de  C.  sma- 
ragdina ,  de  Selys  (n"  15),  mais  M.  Hagen  a  constaté  au  Musée  bri- 
tannique que  le  type  de  cette  espèce  nominale  consiste  en  une 
C.  atrala  à  laquelle  ont  été  accolés  par  erreur  des  segments  abdo- 
minaux de  C.  virgo  ou  japonica. 

\^  {Addition).  Caloptekïx  Corkema,  De  Selys. 

$  Abdomen  oi-50.  Aile  inférieure  i6-48. 

La  femelle  ressemble  au  mâle,  mais  porte  un  faux  ptérosligma 
blanc,  petit,  et  la  coloration  varie  pour  Tintensité  du  l)run  selon 
râgc,  comme  chez  la  virgo ,  mais  le  quart  apical  des  inférieures  est 
plus  foncé  que  le  reste,  dans  le  genre  de  la  femelle  de  ïhœmorrhoi- 
dalis;  toutefois  celte  couleur  est  régulièrement  concave  dans  la 
direction  de  la  base  de  l'aile.  Les  deux  premiers  articles  des  an- 
tennes et  la  lèvre  inférieure  sont  jaunâtres;  cette  dernière  souvent 
traversée  de  noir;  et  l'abdomen  porte  sur  chaque  segment  une  raie 
dorsale  jaune  qui  se  termine  sur  l'épine  du  10%  qui  est  de  même 
couleur. 

Chez  un  mâle  joune ,  le  l)out  des  ailes  inférieures  n'est  pas  d'une 
couleur  plus  foncée  que  le  reste. 

17'".  Nevrobasis  Fi.orida,  Uagen. 

C'est  sans  doute  une  race  de  IV.  cliinensia,  dont  elle  diiïère  par  ce 
qui  suit  : 

l"  Le  seclt'ur  nodal  se  sépare  du  piincip.il  une  cellule  avant  la 
vciii''  du  ikmIus 


(  649  ) 

2°  Les  ailes  sont  un  peu  plus  étroites; 

5*>  Chez  la  femelle  il  n'existe  ni  faux  ptéiosligina,  ni  point  nodal 
Liane  opaque,  et  les  quatre  ailes  sont  semblables,  non  lavées  de 
brun. 

Pairie  :  Bornéo  à  Sarawak,  par  M.  Wallacc.  .Mussori. 

N.  B.  M.  Hagen  a  reçu  de  IMIe  du  j)rinee  de  Galles  une  femelle 
qui,  avec  les  formes  grêles  de  la  flovida,  porte  les  plérosligma  de  la 
chinensis  :  nouvel  argument  en  faveur  de  la  réunion  spécifique  de  la 
florida  à  la  cJiinensis. 

IT'^''.  IVkvrobasis  Ralph,  Brauer,  Zoo/.  Bolan.  6't'.s<?//6'.  Wieii,  180G. 

o'  2  ïrès-voisine  de  la  A',  chinensis ,  dont  elle  ne  diffère  que  par 
ce  qui  suit  : 

i°  Le  secteur  nodal  se  sépare  du  principal  deux  ou  trois  cellules 
avant  la  veine  qui  part  du  nodus,  et  la  bifurcation  des  secteurs 
nodal  et  médian  commence  plutôt  sous  la  forme  de  secteurs  inter- 
posés naissant  d'une  fracture  que  sous  celle  de  vrais  rameauxj 

2"  Les  ailes  sont  plus  larges  et  plus  arrondies  au  bout; 

3o  Chez  le  mâle  les  inférieures  sont,  dans  les  deux  premiers  tiers, 
d'un  bleu  foncé  métallique,  et  le  tiers  final  noirâtre  présente  des 
reflets  du  même  bleu; 

4''  Chez  la  femelle  il  n'y  a  ni  faux  plérostigma,  ni  point  nodal 
blanc  opaque. 

Patrie  :  Célèbcs  (D''  Kaup).  —  Moluques  (Lor(iuin).  Manado 
(Coll.  Selys). 

N.  B.  Le  corps  est  à  peu  près  du  même  bleu  que  les  ailes.  Chez 
la  chinensis,  type  de  Chine,  le  secteur  nodal  fait  suite  à  la  veine  du 
nodus;  les  rameaux  des  secteurs  nodal  et  médian  s'en  séparent  par 
bifurcation  et  les  ailes  sont  moins  larges  au  bout.  Chez  le  mâle,  le 
corps  et  les  deux  premiers  tiers  des  ailes  inférieures  sont  vert  mé- 
tallique brillant,  et  la  femelle  porte  un  faux  ptérostigma  et  un  point 
nodal  blanc  opaque  aux  quatre  ailes. 

Mais  il  existe  des  mâles  de  Java  chez  lesquels  le  vert  des  ailes  est 
remplacé  par  du  bleu.  Je  suis  assez  porté  à  croire  que  la  3\  Kaupii 
n'est  qu'une  race  de  la  chinensis ,  plus  prononcée  que  la  florida. 


(  650  ) 

SI*"*.  Sapho  lomgistigma  ,  De  Selys. 

Abdomen  a*  43.  Aile  inférieure  31. 

Secteur  principal  contigu  à  la  nervure  médiane,  le  nodal  s'en  sépa- 
rant après  le  nodus.  Costale  vert  métalli(iue  jusqu'au  nodus.  Ptéros- 
tigma  allongé,  cinq  fois  aussi  long  que  large,  brun  un  peu  pruineux 
(long  de  ^ni»»). 

Taille  assez  grande,  assez  robuste.  Ailes  étroites  hyalines,  un  peu 
bleuâtre  irisé,  réticulation  noire.  25  anticubitales  et  environ  iO  post- 
cubitales aux  supérieures.  Espace  postcostal  simple. 

Corps  vert  bleuâtre  métallique  brillant.  Le  dessous,  les  pieds,  les 
sutures  et  les  antennes  noirs. 

o  Inconnue. 

Patrie  :  Le  Vieux  Calabar.  (CoUect.  Selys.) 

N.  B.  Semble  intermédiaire  entre  les  Sapho  et  les  Cleis  ayant  la 
coloration  de  la  Cleis  iridipcnnis  ,  dont  le  sépare  son  long  ptérostigma. 

Le  ptérostigma  non  dilaté  et  le  point  de  départ  du  secteur  nodal 
ainsi  que  les  ailes  étroites  le  distinguent  des  autres  Sapho. 

22*'*.  Sapho  onicHAixEA,  Mac  Laclilan.  Eut.  mont l.  mayazA^Q'J. 

Abdomen  o*  48;  9  43.  Aile  inférieure  40- i2  (large  de  16  chez  le  o", 
de  14  chez  la  Ç.) 

Taille  très-grande,  robuste.  Ailes  arrondies,  les  inférieures  Irès- 
élargies  au  milieu  (surtout  chez  le  mâle).  Espace  postcostal  assez 
simple.  Réticulation  noire,  la  costale  vert  métallique  à  la  base. 

Secteur  principal  presque  contigu  par  un  point  à  la  nervure  mé- 
diane. 

Environ  55  anticubitales  et  45  postcubitales  aux  supérieures; 
ptérostigma  très-dilaté,  trois  fois  aussi  long  que  large. 

o*  Adulte.  Ailes  opaques  noir-chatoyant  à  reflets  verts,  dorés,  et 
violets  (hyalines  lavées  de  gris  enfumé  chatoyant  chez  le  jeune)  ;  pté- 
rostigma noir  (jaune  chez  le  jeune).  Corps  vert  foncé  métallique  en 
dessus,  le  dessous,  les  antennes  et  les  pieds  noirs.  Sutures  latérales 
du  thorax  jaunâtres. 

9  Ailes  hyalines  teintes  de  brun  jaunâtre  enfumé,  avec  une  bande 
transverse  opaque  d'un  blanc  sale  [jeune),  jaunâtre  pâle  (adulte),  im- 


(    «3l    ) 

mcdiatcment  après  le  nodus.  Ptérostigrija  jaune.  Les  deux  premiers 
arlicles  des  aiilcnnes  cl  les  deux  sutures  lalérales  du  thorax  jaunes. 

Pairie  :  Le  Vieux  Calabar  et  Fernand  Vas.  (Coilect.  Sel}  s  et  Mac 
Lachian.) 

N.  B.  Très-distincte  de  la  S.  clUata  par  les  ailes  énorniénient 
larges  et  le  ptérostigma  plus  épais.  La  femelle  est  distiiicte,  en  autre, 
de  tous  les  Sapho  par  la  bande  transversc  opaque  laiteuse  des  ailes, 
analogue  à  ce  qui  se  voit  chez  quelques  Thore ,  notamment  chez  les 
Thore  picta  et  vitlata. 

:20'"*.  Mnais  costai.is  ,  De  Selys. 

Abdomen  o*  42-48.  Aile  inférieure  54-40. 

(f  Adulte.  Réticulation  noire  jusqu'au  bout  du  quadrilatère,  fauve 
ensuite;  les  ailes  lavées  de  roux  jaunâtre  clair  dans  celle  partie.  Pté- 
rostigma carmin.  Les  cellules  costales  fauve  opaque  depuis  le  nodus 
jusqu'à  mi-chemin  du  ptérostigma. 

o*  Jeune.  Rélicuiation  d'un  brun  roux  après  le  quadrilatère.  Ailes 
non  lavées  de  jaunâtre.  Ptérostigma  et  les  cellules  costales  opaques 
blanchâtres.  Corps  moins  pruineux. 

Pairie  :  Japon.  (ColIect.  Selys.) 

N.  B.  Il  est  possible  que  les  Mîiais  liruinosa,  strigala  et  costalis  ne 
constituent  qu'une  seule  espèce,  mais  dar>s  l'état  de  nos  connaissances, 
nous  ne  pouvons  les  réunir,  les  mâles  paraissant  distincts  par  la  co- 
loration des  ailes.  Chez  la  costalis  la  réticulation  est  noire  jusque  vers 
le  bout  du  quadrilatère,  roux  jaunâtre  ensuite. 

Chez  sa  voisine,  pruinosa,  la  réticulation  du  mâle  adulte  est  fauve, 
même  à  la  base,  les  cellules  costales  après  le  nodus  ne  sont  pas  opa- 
ques, et  la  coloration  des  ailes  dans  le  tiers  médian  est  d'un  rous- 
sâtre  fortement  bruni. 

Enfin  chez  la  strigala  toute  la  réticulation  est  noire  ,  excepté  la  cos- 
tale et  la  médiane  à  partir  du  nodus  jusqu'au  bout  des  ailes  ,  et  leur 
membrane  est  incolore,  à  peine  lavée  deverdâtre. 

Chez  les  mâles  jeunes  des  trois  espèces  ou  races,  le  ptérostigma  est 
blanchâtre,  de  môme  que  chez  les  femelles,  pour  lesquelles  nous  ne 
trouvons  pas  jusqu'ici  de  caractères  distinctifs. 


(  6o^2  ) 

29  {Additio7i).  Lais.esea,  De  Selys. 

Abdomen  o*  30-31  ;  9  23-27.  Aile  inférieure  cf  21-23;  $  23-23. 

Taille  petite;  ailes  étroites  hyalines;  22-26  antécubitales.  Corps 
bronzé  violet  à  reflets  cuivre  rouge  à  rabdoinen.  Deux  lignes  jaunâtres 
étroites  aux  sutures  latérales  du  thorax  (trois  chez  la  Ç).  Pieds  et  des- 
sous du  corps  noirâtres. 

d*  Une  gouttelette  apicale  noirâtre  aux  ailes  inférieures.  Appen- 
dices supérieurs  peu  courbés,  avec  3  épines  au  bord  externe.  La  dila- 
tation médiane  de  l'interne  divisée  par  une  échancrure  peu  profonde. 
Appendices  inférieurs  presque  droits ,  ayant  à  peu  près  le  tiers  des 
supérieurs. 

2  Ailes  légèrement  salies;  2'"<=  article  des  antennes  pâle  à  la 
base. 

Pairie  :  Sanlarcm  sur  l'Amazone  et  Rivière  ïapajos  (M.  Bâtes). 
(Collect.  Selys,  etc.) 

N.  B.  La  plus  petite  espèce  du  genre  en  considérant  une  série 
d'individus. 

29'".  Lais  smaragdii\a  ,  De  Selys. 

Abdomen  o*  32;  9  26.  Aile  inférieure  o"  23-2  i;  9  23. 

Taille  petite.  Ailes  étroites  hyalines;  20-25  antécubitales  (18  chez 
une  $).  Corps  vert  métallique  à  reflets  bleus.  Une  ligne  humérale  et 
trois  latérales  jaunâtres  étroites  au  thorax.  Pieds  et  dessous  du  corps 
bruns;  2""=  article  des  antennes  jaunâtre  (ou  brun  pâle  chez  un  o',^. 

o'  Une  gouttelette  apicale  noirâtre  aux  ailes  inférieures.  Appen- 
dices supérieurs  peu  courbés,  avec  5-i  épines  au  bord  externe.  La 
dilatation  médiane  de  Tinterne  divisée  par  une  échancrure  très-peu 
profonde.  Appendices  inférieurs  presque  droits,  ayant  à  peu  près  le 
tiers  des  supérieurs  ;  leur  extrémité  un  peu  relevée. 

Ç  Ailes  fortement  lavées  d'olivâtre. 

Patrie  :  Santarem  sur  l'Amazone  (par  M.  Bâtes).  (Collection 
Selys.) 

N.  IL  Très-voisine  de  Vœnca  par  les  formes.  Elle  s'en  sépare  par 
la  coloration  franchement  verte  du  corps,  comme  chez  la  Caloplcryx 


(  6o3  ) 

vii^yo.  L'œnea,  au  contraire,  est  encore  plus  foncée  que  la  Cal.  hœmor- 
rhoidalis.  Il  reste  à  savoir  si  ce  n'est  pas  le  jeune  âge  de  Vœncu.  Ce- 
pendant les  femelles  semblent  très-adultes.  Quant  à  la  différence  dans 
la  dilatation  médiane  des  appendices  du  mâle ,  elle  est  légère.  La  fe- 
melle ressemble  beaucoup  à  celle  de  V/Ietœrina  sangninolenta. 

50  {Addition).  Lais  cii-rka,  De  Seivs. 

Abdomen  o*  35-35;  $  29-51.  Aile  inférieure  6"  2o>28;  9  25-26. 

Taille  assez  pelite;  ailes  étroites  byalines;  25-25  anlécubilales. 

Corps  bronzé  à  reflets  cuivre  rouge  très-vif  et  violet.  Trois  lignes 
latérales  aux  sutures  du  thorax  jaunâtres.  Pieds  et  antennes  noirâ- 
tres. 

o*  Espace  entre  la  nervure  sous-costale  et  la  médiane  lavé  de  brun, 
de  façon  à  former  une  raie  de  la  base  au  nodus  ;  une  gouttelette  api- 
cale  noirâtre  aux  ailes  inférieures.  Appendices  supérieurs  ayant  leur 
dernier  tiers  très-courbé  en  dedans  (presque  à  angle  droit),  cinq 
épines  au  bord  externe.  L'interne  portant  deux  dilatations  larges  ar- 
rondies. Tune  basale,  poilue  au  bout;  Taulre  médiane  la  suivant  im- 
médiatement, celle-ci  se  terminant  par  un  petit  tubercule  supérieur. 
Appendices  inférieurs  ayant  le  tiers  des  supérieurs,  droits  d'abord, 
mais  à  pointes  subitement  courbées  en  dedans  Tune  vers  Tautre. 

o*  Jeune?  pas  de  raie  brune  entre  les  nervures  sous-costale  et 
médiane;  la  gouttelette  apicale  des  inférieures  à  peine  indiquée  par 
une  nuance  ochracée.  Pieds  bruns. 

$  Ailes  lavées  d'olivâtre  à  la  base.  Suture  humérale  et  2"'^  ar- 
ticle des  antennes  jaunâtres. 

9  Jeune  ?  Réticulation  roussâtre  excepté  la  costale.  Base  des  ailes 
lavée  d'ochracé. 

Patrie  :  S^-Paulo  et  Fonte  Boa  sur  le  haut  Amazone  (par 
M.  Bâtes).  (Coll.  Selys.)  Le  mâle  jeune  de  Peba ,  haut  Amazone, 
par  M.  Hauxwell.  (Coll.  Mac  Lachlan.) 

JV.  B.  Distincte  des  espèces  voisines  par  la  raie  brune  sous-cos- 
tale et  par  les  deux  dilatations  arrondies  des  appendices  supérieurs, 
leur  bout  coudé  à  angle  presque  droit,  le  bout  également  courbé 
des  appendices  inférieurs. 

La  femelle  ne  se  distingue  guère  de   celle   de  Vœnea  et   de   la 


(  Go  4  ) 

mctaUica  que  par  ses  reflets  cuivrés  plus  vifs  (et  par  la  taille  supé- 
rieure à  celle  de  Vœnea). 

J'ai  beaucoup  hésité  à  rapporter  ici  le  mâle  jeune  de  Peba ,  parce 
qu'il  ne  porte  aucun  indice  de  raie  sous-costale  brune  et  que  les 
appendices  anals  supérieurs  (peut-être  mous)  sont  moins  coudés  au 
bout.  (  Les  inférieurs  manquent.  ) 

50'"^   Lais  Uauxvvelli  ,  De  Selys. 

o*  Abdomen  37.  Aile  inférieure  28. 

Taille  assez  petite;  ailes  étroites,  hyalines  à  reflets  irisés.  Une 
forte  gouttelette  apicale  brun-noirâtre  aux  inférieures  ;  25-27  anté- 
cubitales.  Corps  bronzé  à  reflets  cuivre  rouge  éclatant;  suture 
humérale  et  dessous  du  corps,  pieds  et  antennes  noirs.  Trois  lignes 
fines  aux  sutures  latérales  jaunes.  Appendices  supérieurs  très-peu 
courbés,  avec  S-6  épines  au  bord  externe.  Vus  en  dessus,  le  bord 
interne  off're  dès  la  base  une  dilatation  droite,  s'arrctant  subitement 
au  tiers  de  la  longueur  des  appendices  par  une  dent  tronquée  et 
velue,  suivie  d'une  forte  dent  triangulaire  aiguë  à  leur  moitié. 
L'extrémité  courbée  est  presque  aplatie  et  redressée  en  haut.  Ap- 
pendices inférieurs  (détériorés)  en  apparence  assez  courts. 

9  Inconnue. 

Patrie  :  Peba  sur  le  haut  Amazone  (par  M.  Hauxwell).  (Coll., 
Mac  Lachlan.  ) 

N.  B.  Très-distincte  par  sa  taille  plus  forte  que  celle  des  trois 
espèces  précédentes  et  voisines.  Caractérisée  aussi  par  la  dilatation 
basale  interne  des  appendices  supérieurs  et  leur  forte-dent  mé- 
diane. 

La  L.  flauxwclU  ressemble  surtout  à  la  cupmea ,  mais  elle  est 
encore  plus  grande  et  plus  brillante,  les  ailes  n'ont  pas  de  raie 
brune  sous-costale,  et  la  seconde  dilatation  des  appendices  forme 
une  dent  pointue  isolée  et  non  arrondie. 

51*'*    Lais  meiallica,  De  Selys. 

Abdomen  o*  31;  Ç  30.  Aile  intérieure  a*  io  Ç  27. 

Jeunes?  'ï aille  assez  petite;  ailes  étroites,  hyalines,   réticulation 


(  (j5d  ) 

brune,  25-27  anlécubilalcs.  Corps  brun  foncé  à  reflets  cuivre  rouge 
clair.  Une  ligne  humérale  et  trois  latérales  étroites  au  thorax,  jau- 
nâtres. Pieds  et  dessous  du  corps  brun  foncé  ;  base  du  2*^  article  des 
antennes  brun  livide. 

o^  Le  bout  des  ailes  inférieures  (l"'"''/2)  grisâtre.  Appendices 
supérieurs  très-peu  courbés,  villeux  eu  dehors,  mais  sans  épines 
distinctes.  La  dilatation  niédiane  interne  non  échancrée,  prolongée 
au  bout  où  elle  est  séparée  de  Textrémité  des  appendices  par  une 
excision  étroite  très-profonde.  Le  bout  des  appendices  dilaté  en  de- 
dans, presque  aplati.  Appendices  inférieurs  ayant  le  (juart  des  supé- 
rieurs, recourbés  en  haut  (formes  peut-être  altérées). 

Ô  Réticulation  roussàtre,  excepté  la  nervure  costale. 

Patrie  :  Probablement  de  Bahia  ou  de  la  Guiane. 

N.  B.  Les  exemplaires  sont  jeunes.  Cependant  le  mâle  diffère 
certainement  de  Yœnca  par  sa  taille  plus  forte  et  la  profonde  et 
étroite  échancrure  entre  la  dilatation  médiane  des  appendices  su- 
périeurs et  leur  bout  élargi;  enfin  le  nuage  gris  apical  des  ailes 
inférieures  n'a  pas  la  forme  dune  gouttelette  isolée.  La  femelle  de 
même  provenance,  aussi  grande  que  celle  de  la  cwpraca,  est  remar- 
quable par  sa  réticulation  roussàtre. 

Cette  espèce  est  voisine  de  la  hyalina  par  la  coloration  du  bout 
des  ailes  inférieures  du  mâle,  mais  chez  la  Injalina  les  ailes  sont 
proportionnellement  plus  longues  et  Tabdomen  est  noir  mat. 

54''*     UeTAERIXA  PERITEX,    Dc  Sclv?:. 

</  Abdomen  29.  Aile  inférieure  25. 

Taille  très-petite.  14-19  anlécubilalcs.  Tubercules  de  locciput 
presque  nuls. 

o*  Tache  basale  des  supérieures  commençant  à  la  sous-costale, 
dépassant  de  2  cellules  le  quadrilatère  où  elle  est  un  peu  arrondie 
en  dehors j  celle  des  inférieures  le  dépassant  d'une  cellule,  non 
échancrée  en  dehors  et  touchant  le  bord  postérieur  dans  sa  moitié 
basale.  Lèvre  supérieure  noire;  épistome,  dessus  de  la  tête,  pro- 
thorax et  thorax  bronzé  cuivreux,  ce  dernier  avec  vestige  de  trois 
lignes  latérales  jaunâtres,  très-foncés.  Appendices  anals  supérieurs  à 
dilatation  médiane  large ,  échancrée  au  bout ,  où  elle  se  termine  par 


(  6S6  ) 

une  petite  dent  aiguë j  les  inférieurs  moitié  plus  courts,  amincis  au 
bout.  Pieds  noirs. 

2   Inconnue. 

Pairie  :  Para.  (Coll.  Selys.) 

N.  B.  C'est  probablement  une  race  de  la  simplex ,  dont  elle  ne 
diffère  que  par  la  tache  basale  rouge  des  ailes  plus  étendues,  et  nor) 
échaneréc  aux  inférieures. 

ôi"""  Hetaerina  dli'Lex  ,  De  Selys. 

Abdomen  o*  iO;  $  32;  aile  supérieure  cT  50-51  5  ^^• 

Taille  assez  petite.  26-30  antécubitalcs.  Tubercules  de  l'occiput 
dislincls. 

o*  Tache  basale  et  quadrilatère  à  réticulation  excessivement 
fine,  la  tache  des  supérieures  commençant  h  la  sous-costale  ou  même 
à  la  costale,  dépassant  beaucoup  le  quadrilatère  et  finissant  aux 
deux  tiers  (quelquefois  h  la  moitié)  de  l'espace  de  la  base  au  nodus 
où  elle  est  droite  ou  un  peu  courbée  en  dehors  ;  celle  des  inférieures 
dépassant  aussi  h  quadrilatère,  concave  en  dedans  par  un  pi'olonge- 
ment  supérieur  brun,  qui  approche  du  nodus,  occupant  en  dessous 
plusieurs  rangs  sous  le  quadrilatère.  Lèvre  supérieure  noire;  épistome 
dessus  de  la  tête,  prothorax  et  thorax  noir  bronze,  ce  dernier  avec 
une  ligne  humérale  et  trois  latérales  jaunâtres  fines,  mais  bien  dis- 
tinctes. Appendices  supérieurs  noirâtres,  plus  longs  que  le  10*^^  seg- 
ment, peu  courbés,  à  dilatation  médiane  large,  subtriangulaire, 
suivie  d'une  petite  dent.  Les  inférieurs  moitié  plus  courts,  amincis 
au  bout. 

9  Analogue  à  celle  de  la  simplex.  Distincte  par  sa  taille,  les 
tubercules  postoculaires  et  les  28  nervules  antécubitalcs. 

Patrie  :  Bogota.  (Coll.  Selys.) 

iV.  B.  Le  mâle  est  distinct  de  la  simplex  par  la  taille  plus  forte, 
la  grande  étendue  des  taches  basales  rouges  des  ailes,  la  réticula- 
tion de  ces  taches  très-compliquée. 

Il  ressemble  à  la  vulnerata  pour  la  taille,  les  taches  rouges  et 
leur  réticulation,  mais  en  est  tout  différent  par  les  pieds  noirs  cl  la 
coloration  du  corps. 


(6o7  ) 

oO'''  [Addition).  IIetaerina  basai. is,  Ila},'cii 

Je  crois  qu'il  faut  rapporter  à  la  hasalis  (qui  ne  semble  être  elle- 
même  qu'une  race  de  Vamericana)  Vllelaerina  scokrala  de  M.  Benj. 
Walsii  (Procced.  Eut.  Soc.  Philad. ,  i8C5)  décrite  d'après  un  mâle 
unique,  pris  sur  le  Rock  River  (Illinois).  11  est  notable  par  son  i)té- 
rostigma  petit,  noir;  mais  je  possède  un  exemplaire  analogue  du 
Mexique,  et  l'on  sait  combien  le  ptérostigma  est  variable  dans  ce 
groupe. 

Il  est  même  assez  probable  que  Vil.  californica  (Synop.  4^9"'')  n'est 
qu'une  aberration  de  la  hasalis  iawi  à  fait  dépourvue  de  ptérostigma. 

50  [Addition).  IIetaerina  amerigana  ,  Fab. 

M.  Benj.  Walsh  a  décrit  sous  le  nom  de  //.  pseudo-ameHcana 
(Proc.  Soc.  Eut.  Philad.,  1865,  p.  225)  une  fhtaerina  de  Rock 
River  (Illinois),  que  je  ne  puis  pas  séparer  de  Vamericana.  La  taclie 
basale  rouge  des  ailes  inférieures  du  mâle  n'envahit  pas  (  même  à  la 
base)  l'espace  costal,  et  aux  ailes  inférieures  l'espace  postcostal 
est  très-simpleraent  réticulé.  Je  possède  des  exemplaires  de  Guate- 
mala et  de  la  Nouvelle-Orléans  qui,  sous  ces  deux  rapports,  sont 
intermédiaires  entre  ceux  de  M.  Walsh  et  le  type. 

Je  soupçonne  aussi  d'être  une  aberration  de  Vamericana,  Vil. 
texana  B.  Walsh  (  Loco  cit.,  p.  227),  décrite  d'après  un  seul  mâle  , 
qui  différerait  de  la  pseudo-ainericana  par  la  large  dent  interne  des 
appendices  supérieurs  émarginée  et  non  convexe;  et  par  le  ptéros- 
tigma très-court  à  une  aile,  nul  aux  trois  autres,  où  sa  place  est  mar- 
quée par  une  ou  deux  nervules  plus  fortes. 

526-«.  Betaerima  LiMBATA,  De  Sclvs. 

Il  y  a  lieu  d'admettre  comme  espèce  celte  IJctaerina  que  j'avais 
signalée  comme  race  de  la  tricolor  (Syn.,  n"  32). 

J'y  rapporte  comme  légère  variété  VII.  rupamncnds ,  Benj.  Walsh 
(  Proc.  Ent.  Soc.  Philad.,  1802,  p.  250). 

Le  mâle  a  tache  basale  rouge  des  ailes  supérieures  plus  courte, 
s'arrêtant  au  quadrilatère,  et  ne  touchant  le  bord  postérieur  qu'à 
son  extrême  base.  Le  bout  des  inférieures  est  peu  limbe  de  brun. 


(  658  ) 

La  femelle  (que  je  ne  connaissais  pas  lors  de  la  publication  du 
Sj/nopsis)  (lifTèrc  de  celle  de  la  trkolor  par  le  ptérosligma  blanc, 
très-petit,  et  une  l)ande  antéhumérale  vert  métallique  divisée  en 
deux  taches.  Abdomen  35-54""".  Aile  inférieure  50-51. 

Commune  à  Rock  River  (Illinois),  par  M.  Walsh. 

C'est  avec  quelque  hésitation  que  je  suis  disposé  à  rapporter  aussi 
à  la  limhata  comme  variété  accidentelle  et  jeune  17/.  rupinsulensis 
Benj.  Walsh  (Proceed.  Acad.  Philad.,  septembre  180:2),  dont  Tab- 
domen  à  58""",  et  l'aile  inférieure  51 5  décrite  d'après  un  seul  exem- 
plaire mâle  de  Rock  ïsland  (Illinois),  chez  lequel  les  taches  basâtes 
des  quatre  ailes  sont  brunes  (non  rouges)  et  fort  petites,  n'atteignant 
pas  le  quadrilatère. 

S7*'*    Hetaerina  borchchavii,  De  Selys. 

AbLlonien  o*  49-52;  $  40,12.  Aile  inférieure.  </  5o-40  ;  Ç  3o-36. 

Taille  très-grande.  Ailes  étroites,  hyalines,  avec  un  très  petit 
ptérosligma  noirâtre 5  50-55  antécubitales  aux  supérieures.  Corps 
noir,  passant  au  bronzé  sur  le  thorax,  brun  chez  les  jeunes. 

</  Adulte.  Une  gouttelette  ovale  noirâtre,  aux  ailes  inférieures, 
immédiatement  avant  le  bout  ;  une  tache  basale  noire  aux  quatre 
ailes  dans  l'espace  entre  la  sous-costale  et  la  postcostale.  Cette  tache 
est  parfois  réduite  à  un  vestige  qui  ne  dépasse  pas  la  première  ner- 
vule  basale  antécubitale.  D'autres  fois  elle  est  rendue  fourchue  par 
deux  prolongements,  l'un  entre  la  sous-costale  et  la  médiane,  l'autre 
entre  la  sous-médiane  et  la  postcostalc;  le  premier  de  ces  prolonge- 
ments est  le  plus  long  et  peut  aux  supérieures  arriver  au  niveau  de 
Tarculus  et  même  au  bout  du  quadrilatère  aux  inférieures  chez  le 
mâle  jeune.  La  gouttelette  et  la  hache  basale  sont  d'un  brun  pâle, 
ainsi  que  le  ptérostigma.  Les  grandes  nervures  roussâtres. 

Abdomen  très-long.  Dilatation  médiane  des  appendices  supérieurs 
cchancrée  à  angles  obtus.  Les  inférieurs  écartés,  cylindriques,  minces, 
atteignant  presque  la  moitié  des  supérieurs. 

$  Abdomen  plus  court,  ailes  un  peu  salies.  Les  deux  premiers 
articles  des  antennes,  deux  taches  à  la  lèvre  supérieure  et  une  aux 
coins  de  la  bouche  jaunes. 

Pairie  :  Los  environs  de  Tijuca,  près  de  Rio-.laneiro,  où  plusieurs 


(  639  ) 

couples  ont  été  recueillis  par  M.  le  comte  Paul  de  Borcligrave 
(rAllena.  ministre  de  Holgiquc  au  Brésil,  qui  a  bien  voulu  me  les 
offrir  avec  beaucoup  d'autres  Odonales  rares, à  son  retour  en  Europe. 

N.  B.  Celte  espèce  magnifique  imite  la  Laïs  glolnfcr,  dont  elle  se 
distingue  de  suite  par  la  présence  d'un  ptérostigma.  Le  mâle  s'en 
sépare,  en  outre,  par  la  petite  taclie  basale  noire  des  ailes,  par  la 
réticulation  compliquée  de  l'espace  basai  post-costal  des  ailes  supé- 
rieures et  par  Tabsence  du  tubercule  globuleux  sous  le  premier  scg~ 
ment  de  Tabdomen.  Il  est  tout  différent  des  autres  Hetaerina  à  pté- 
rostigma par  Tabsence  des  taches  basales  rouges  aux  ailes. 

La  pudka  parmi  les  Laïs  présente  par  ses  ailes  rouges  une  excep- 
tion en  sens  inverse,  de  sorte  que  je  trouve  que  les  Lah  ne  diffèrent 
pas  assez  des  Hetaerina  pour  conserver  le  rang  de  sous-genre. 


S-"^  légion.  —  EIPHAEA. 

01  [Addilion).  Epam.age  fatime,  Cliarp. 

Abdomen  o*  53;  $  31.  Aile  inférieure  o*  Si  $  3G. 

Ailes  hyalines,  le  bout  presque  subitement  noir,  à  partir  de  Tex- 
trémité  du  ptérostigma,  qui  est  long  de  4™™. 

o"  Appendices  anals  supérieurs  un  peu  plus  longs  que  le  dernier 
segment,  épais,  subitement  et  complètement  coudés  vers  le  bas  dans 
leur  partie  terminale,  et  munis  d'un  tubercule  en  dessous  à  leur 
premier  tiers.  Les  inférieurs  un  tiers  plus  courts,  épais,  écartés,  sub- 
cylindriques, un  peu  relevés  au  bout,  où  ils  touchent  presque  la 
pointe  penchée  des  supérieurs. 

Patrie  :  Ce  complément  de  description  est  fait  d'après  un  couple 
de  Grèce,  provenant  de  M.  Krûper.  Ces  exemplaires  ressemblent  à 
la  femelle  type  de  Charpentier  par  le  noir  du  bout  des  ailes. 

N.  B.  Chez  des  exemplaires  de  Davas  (Asie  Mineure),  le  bout  des 
ailes  est  noirâtre  depuis  le  commencement  du  ptérostigma.  Peut-être 
forment-ils  une  race  que  Ton  pourrait  nommer  anatolica. 

Quoique  possédant  les  mêmes  éléments  que  ceux  de  l'E.  indica. 


(  660  ) 

les  appendices  anals  du  mâle  en  diffèrent  beaucoup,  quant  à  la  direc- 
tion de  leurs  diverses  parties,  comme  les  ailes  en  diffèrent  aussi  par 
le  secteur  principal  non-contigu  h  la  nervure  médiane. 

Qù'i"'"'.  Elphaea  formosa,  Hajçen. 

çf  Ailes  supérieures  hyalines  ;  les  inférieures  vert  métallique, 
leur  tiers  basai  hyalin. 

9  Inconnue. 

Patrie  :  Ile  de  Formose. 

A'.  B.  Ce  signalement  trop  bref  est  extrait  d\ine  lettre  de  M.  Fïagen, 
mais  il  n'y  a  pas  de  doute  quUl  ne  s'agisse  d'une  Eiipham  nouvelle,  à 
placer  entre  la  tricolo)-  et  la  dccorata,  qui  différera  de  fnco?or  par  les 
ailes  inférieures  vert  métallique, n'ayant  que  leur  tiers  basai  hyalin. 

70'^'»  {Addi(ion).  Dysphaea  mmbata.  De  Selys. 

Je  l'ai  regardée  comme  une  race  de  la  dimidiala.  Un  nouvel  exa- 
men me  porte  à  la  considérer  comme  espèce  distincte.  Chez  tous  les 
exemplaires  mâles,  le  noir  opaque  de  la  base  des  ailes  et  qui  s'étend, 
en  général,  jusqu'au  plérosligma,  est  prolongé  le  long  du  bord  cos- 
tal de  manière  à  occuper  tout  à  fait  l'espace  entre  la  costale  et  la 
médiane  jusqu'au  ptérostigma,  où  il  rejoint  le  limbe  noir  terminal. 
Les  mêmes  dessins  (en  gris  pâle)  se  retrouvent  indiqués  chez  la 
femelle. 

Genre  HELIOCHARIS. 

Les  deux  grands  genres  Uellncharis  et  Dictcrias  doivent  être 
réunis  en  un  seul  {Dictcrias),  d'après  l'examen  que  M.  Ilagen  et  moi 
avons  fait  des  types  de  M.  Bâtes,  le  principal  caractère  distinctif 
(espace  basilaire  réticidc)  n'existant  pas  chez  la  nouvelle  espèce,  ou 
race  que  je  nomme  Heliocharis  libéra.  Ce  genre  réduit  à  la  condition 
de  sous-genre  ne  se  distingue  des  Dic/criti.t  que  par  ce  qui  suit  : 
l»  Secteur  médian  naissant  du  principal  une  cellule  environ  après 
le  quadrilatère,  iio?i  contigu  avec  la  nervure  médiane.  2"  Deux  sec- 
teurs supplémentaires  interposés  entre  le  bref  et  le  supérieur  du 
triangle.  5"  ordinairement  Tespace  basilaire  réticulé. 


(  661  ) 

La  figure  de  l'aile  dans  la  Monographie  des  Caloplérygincs 
(planche  V,  f.  5)  n'est  pas  très-bonne,  il  manque  notamment  Tun  des 
deux  secteurs  interposés  dont  je  viens  de  parler,  et  le  nodus  devrait 
être  placé  à  la  moitié  de  Taile. 

71  {Addition).  Heliociiauis  amazoxa,  De  Selys. 

o"  Abdomen  31.  Aile  inférieure  28. 

Le  nodus  placé  à  la  moitié  de  l'aile.  4  nervules  basilaires.  (6-18 
antécubitales  et  16  posteubitales  aux  supérieures. 

Devant  du  thorax  vcrdâtre  avec  une  raie  à  la  suture  dorsale,  une 
antéhumérale  et  une  double  humérale  noirâtres.  Le  fond  de  la  colo- 
ration du  corps  vert-bleuâtre  clair. 

2  Inconnue. 

Patrie  :  Para  (à  Santarem)  par  M.  Bâtes.  (Coll.  Selys.) 

IV""  Heliocharis  LIBERA,  De  Selys. 

Abdomen  o*  35;  9  37.  Aile  inférieure,  o*  30  $  31. 

Le  nodus  placé  à  mi-chemin  de  la  base  au  ptérosligma.  Espace 
basilaire  libre.  19-20  antécubitales  et  22-23  postcubitales  aux  supé- 
rieures. 

o*  Devant  du  thorax  verdâtre,  avec  une  raie  à  la  suture  dorsale, 
une  antéhumérale  et  une  double  humérale  noires.  Le  fond  de  la  colo- 
ration du  corps  vert-clair  bleuâtre. 

2  Ailes  très-salies.  Le  fond  de  la  coloration  du  corps  olivâtre. 

Patrie:  Para  (à  Santarem)  par  M.  Bâtes. 

N.  B.  Ce  n'est  probablement  qu'une  race,  peut-être  même  une 
aberration  de  Vamazona,  car  le  mâle  est  semblable ,  si  ce  n'est  que 
sa  taille  est  un  peu  plus  forte,  le  nodus  moins  éloigné  de  la  base  des 
ailes,  celles-ci  un  peu  plus  étroites,  leur  espace  basilaire  libre,  sans 
nervules,  et  le  nombre  de  nervules  costales  plus  grand. 

Chez  la  H.  brasiliensis  il  n'y  a  qu'une  seule  nervule  basilaire,  et 
l'espace  postcostal  offre,  un  peu  avant  son  extrémité,  trois  rangs  de 
cellules,  tandis  qu'il  n'y  en  a  qu'un  seul  chez  les  //.  amazona  et 
libéra. 

2"*^  SÉRIE  ,  TOME  XXVII.  44 


(  662  ) 

Peut-être  la  Diclcrias  proccra  (aJditions  au  Sx'nopsis  n°  72'"')  que 
je  n'ai  pas  vue  en  nature,  est-elle  identique  avec  V llcUoclutris  libéra. 

l'I  {Mdiiion)  DiCTERiAS  ATROSANGUiiVEA,  Dale. 

2  AhdonitMi  22  Aile  inférieure  20-22. 

Très -analogue  au  mâle.  Le  ptcrostigma  brun  foncé.  La  couleur 
rouge  du  corps  remplacée  par  de  l'olivâtre,  nuance  qui  se  retrouve 
chez  le  mâle  jeune. 

Pa^ne  .•  Santarem ,  sur  TAmazone,  le  Para,  par  M.  Bâtes.  (Coll. 
Sel  y  s.) 

3"'^  légion.  —  AMPIIIPTERYX. 

Le  nom  de  Dinevra,  proj)Osc  pour  désigner  un  soiis-içcnrc 
de  VAmphipteryx,  étant  déjà  employé  dans  la  famille  des  Ten- 
ihredinidaCj  je  propose  de  le  remplacer  par  relui  de  Diphlchia. 
(L'espcee  est  Diphlehia  lestoïdes  De  Selys;  d'Australie.) 

4"*'  Ucjlon.  —  LIBELLAGO. 

87'"' Rhikocypha  termiikata,  De  Selys. 

Abdomen  o'  17;  $  16.  Aile  inférieure  0"$  23. 

o'  Ailes  pointues  très  étroites.  (Le  nodus  plus  rapproché  de  la  base 
que  du  ptérostigma)  hyalines  un  peu  salies,  le  quart  apical  des  supé- 
rieures subitement  noirâtre  opaque,  cette  couleur  un  peu  convexe  en 
dedans.  Abdomen  noir,  les  côtés  bleu-clair  jusqu'au  9™«  segment;  la 
ba^e  des  3-i  avec  une  petite  tache  dorsale  orangée;  une  fine  ligne 
antéhuméralc  orangée  finissant  avant  le  haut  du  thorax. 

2  Ailes  hyalines  un  peu  salies,  les  inférieures  ayant  le  (juart  apical 
insensiblement  brun,  le  bout  extrême  plus  clair;  ptérostigma  noir, 
le  quart  apical  aux  supérieures,  le  tiers  aux  inférieures,  blanchâtre 
intérieurement.  Devant  du  thorax  noir,  excepté  une  raie  antéhumé- 
rale  jaune,  finissant  avant  le  haut.  Abdomen  noir  avec  une  double 
bande  maculaire  jaune  sur  les  côtés. 


I 


(1)65) 

Prt/ne  ;  Les  Moluqucs  (par  M.  Lorqiiin).  La  femelle  de  Sula  (par 
M.  VVallace).  (Coll.  Selys). 

iV.  B.  A  placer  entre  la  pcrforala  et  Vhelerostirjma.  DifTcre  de  la 
pcrfnrata  et  des  autres  du  même  groupe  par  l'absence  de  taches 
vitrées  sur  le  brun  terminal  des  ailes  du  mâle  qui  se  sépare  des  es- 
pèces du  groupe  de  la  tiiicta  par  ses  ailes  étroites.  La  femelle  se  sépare 
de  celles  de  la  petiolata  et  do  Vheterostigma  par  les  dimensions  com- 
binées avec  la  répartition  du  brun  sur  l'aile  inférieure,  le  point  de 
départ  du  bord  postérieur,  la  coloration  du  devant  du  thorax.  (Chez 
lapeliolala  $  le  coin  et  la  suture  dorsale  mésothoraciques  sont  jau- 
nâtres ainsi  qu'une  raie  humérale  complète.) 

Je  suis  porté  à  croire  qu'il  faut  regarder  comme  une  race  plus  forte 
appartenant  à  la  terminal  a ,  la  Wi.  petiolata  de  M.  Brauer  {ZooL  bot. 
Gescllsch.  Wicn.,  février  1866,  exclus,  syn.  ),  décrite  d'après  des 
exemplaires  de  Ceram  et  Amboine,  rapportés  par  le  D""  Kaup.  Ab- 
domen <f  20  '/a  9  18.  Aile  inférieure  c/  26;  $  2;i. 

89  {Jd(Ution).  Rhi^iocypha  tincta,  Remel. 

Abdomen  </  16.  Aile  inférieure  a*  19. 

o*  Ailes  un  peu  élargies  (le  nodus  beaucoup  plus  rapproché  de  la 
base  que  du  ptérostigma) ,  hyalines  un  peu  jaunâtres  ;  les  deux  tiers 
terminaux  subitement  noirâtre-chatoyant;  cette  couleur  commençant 
par  un  angle  interne  avant  le  niveau  du  nodus;  le  bout  des  supérieures 
un  peu  hyalin  après  le  ptérostigma. 

Abdomen  noir,  avec  une  bande  latérale  maculaire  bleue  jusqu'au 
S'"»^  segment;  le  dessus  du  2™*=  bleu  avec  une  tache  dorsale  en  croix; 
les  5""%  4r'"<^  et  S"^^  avec  de  doubles  taches  basales  bleues  cunéiformes 
divisées  par  l'arête  dorsale,  la  pointe  de  ces  taches  arrivant  à  la 
moitié  des  segments. 

9  Ne  la  possédant  pas,  je  ne  puis  dire  précisément  en  quoi  elle 
diffère  de  celle  de  ses  voisines  semitincta  et  colorala. 

Patrie  :  Ofîak  (  par  Dumont  d'Urville  ),  3îalaisie  (  par  Wallace  ). 
(Coll.  Selys.) 

N.  B.  Distincte  de  la  semitincta  par  sa  taille  plus  petite,  les  ailes 
plus  étroites,  la  partie  basale  hyaline  encore  moindre  et  surtout  par 
les  taches  dorsales  bleues  des  2-a'"'^  segments  de  l'abdomen. 


(  664  ) 

89'"*.  Rhinocypha  colorata,  Hagen. 

o*  Abdomen  16.  Aile  inférieure  20. 

o"  Ailes  un  peu  élargies  (le  nodus  beaucoup  plus  rapproché  de  la 
base  que  du  plérostigma)  hyalines,  un  peu  jaunâtres,  la  moitié  finale 
subitement  noirâtre-chatoyant,  celte  couleur  ne  commençant  que 
5-6  cellules  après  le  nodus,  presque  droite,  à  peine  convexe  en  de- 
dans. Le  bout  des  supérieures  un  peu  hyalin  après  le  ptérostigma. 
Abdomen  noir,  les  côtés  bleu  clair  jusqu'au  8""^  segment,  ainsi  qu'une 
tache  basale  au  Onif". 

2  Je  ne  la  possède  pas. 

Patrie  :  Manille  (par  Semper).  (Coll.  Hagcn  et  De  Selys.)  —  Iles 
Philippines,  Batjan. 

N.  B.  Dilfère  de  lincta  et  de  semitincta  par  la  partie  opaque  des 
ailes  ne  commençant  que  5-6  cellules  après  le  nodus,  de  tincla,  en 
outre,  par  Tabsence  de  taches  dorsales  bleues  h  l'abdomen  et  de  semi- 
tincta par  la  petite  taille  et  le  bout  des  supérieures  hyalin. 

89'"^.  Rhinocypha  semitikgta,  De  Selys. 

Rhinocypha  TiNCTi,  Dc  Sclys  monogr.    Calept.  (pari)  excl.  syn. 
Abdomen  o*  18-19  $  16-19.  Aile  inférieure  o'  21-21;  $  22-26. 

Ailes  un  peu  élargies  (  le  nodus  plus  rapproché  de  la  base  que  du 
ptérostigma). 

(f  Ailes  hyalines  lavées  de  jaunâtre,  presque  les  deux  tiers  ter- 
minau.t  subitement  noirâtre -chatoyant,  y  compris  le  bout.  Cette 
couleur  commençant  au  nodus,  ou  un  peu  avant,  convexe  en  dedans. 
Abdomen  noir  avec  une  bande  latérale  maculaire  bleue  jusqu'au  y'»*" 
segment. 

2  jeune.  Les  deux  premiers  tiers  des  ailes  lavés  dc  brun  clair* 
Vient  ensuite  une  large  bande  mal  définie,  brun  foncé,  s'arrétant 
avant  le  plérostigma  aux  supérieures  et  l'atteignant  aux  inférieures; 
le  bout  hyalin.  Ptérostigma  noir,  sa  moitié  apicale  jaune  clair. 

9  adulte.  Le  brun  lavé  sur  la  base  des  ailes  plus  foncé;  passant  au 
brun  upa(iue  avant  le  nodus. 


1 


(  663  ) 

Pairie  :  Gilolo  (Musée  de  Leyde).  Iles  Moluques  (parM.  Lor- 
quin).  (Coll.  De  Selys.) 

N.  B.  Le  mâle  distinct  des  espèces  voisines  par  la  taille  plus  forte 
et  le  brun  opaque  des  ailes,  existant  jusqu'à  leur  extrémité. 

Peut-être  les  Rh.  tincta,  semilincta  et  colorala  ne  forment-ils  que 
trois  races  locales  d'une  même  espèce. 

89'/""'^'.  Rhinoctpha  unicolor  ,  Ilageii. 

9  Abdomen  environ  2i.  Aile  inférieure  51. 

d*  Inconnu. 

9  Taille  plus  forte  que  celle  des  autres  espèces,  du  moins  quant  à 
la  longueur  des  ailes  dont  l'envergure  est  de  64"""'.  La  longueur  du 
corps  est  de  33. 

Patrie  :  Manille. 

N.  B.  J'extrais  ce  court  renseignement  d'une  lettre  de  M.  Hagen. 
Ce  serait  la  plus  grande  espèce  du  genre. 

90^"'"'.  MiCROHERUSFiNALiS;  Hagen. 
(f  Abdomen  environ  20.  Aile  inférieure  22. 

Ailes  supérieures  hyalines;  leur  extrémité  noire,  leur  base  jaune. 
Ailes  inférieures  jaunâtres.  Longueur  totale  28"'™.  Envergure  48. 

9  Inconnue. 

Patrie  :  Ceyian. 

N.  B.  Cet  extrait  d'une  lettre  de  M.  Hagen  indique  une  espèce 
distincte  des  autres  par  ses  ailes  inférieures  jaunes. 

90'".  MicROMERUS  STicTiciis,  De  Selys. 

o*  Abdomen  13.  Aile  inférieure  17. 

C'est  le  mâle  de  Bornéo  que  j'ai  reçu  de  M.  Wallace  et  que  j'ai 
déjà  signalé  aux  Additions  comme  différant  légèrement  du  stigma- 
tirans  dont  il  est  probablement  une  race  locale.  Il  s'en  distingue  par 
des  taches  latérales  jaunes  aux  6«  et  7"=  segments,  et  par  les  bandes 
latérales  de  même  couleur  au  thorax. 


(  666  ) 

90*«;"f'»,  MicROMERUS  xanthocyanus,  Dc  Selys. 

o^  Abdomen  15-16,  Aile  inférieure  17-19. 

o*  Ptérostigma  noir,  surmontant  ù~i  cellules  (nul  aux  ailes  supé- 
rieures). La  tache  noire  apicalc  de  celles-ci  de  5  '  ^'""S  ""  PC"  P'us 
longue  que  large,  ayant  le  cinquième  de  la  longueur  de  Taile;  0-7 
nervules  antécubitales.  Quatre  points  orangés  au-dessus  de  la  tête 
et  un  médian  au  lobe  postérieur  du  prothorax.  Protubérance  dc 
répistome  noir  acier  sans  taches.  Raie  antéhuniéralc  orangée, 
très-étroite,  Thuméralc  réduite  à  un  vestige  supérieur,  les  latérales 
presque  oblitérées.  Abdomen  noir  en-dessous.  En-dessus  le  premier 
segment  a  une  tache  latérale  claire  ;  les  2-5«  bleu  clair  avec  les 
articulations  largement  noires  j  les  0-8*-  orangés  en  avant,  noirs 
dans  presque  leur  moitié  finale 5  les  9-1 0<=  noirs  avec  un  cercle  étroit 
basai  orangé.  Pieds  noirs. 

2   Inconnue. 

Patrie  :  Moluques  (Lorquin),  Célèbes  (Mus,  de  Lcyde).  Coll.  Selys. 

N.  fi.  Diffère  du  hlandus  par  le  dessus  des  2-S«  segments  bleu 
sans  points  postérieurs  noirs  aux  côtés  dc  l'arête  dorsale. 

Se  sépare  de  Vauraniiacus  par  les  mêmes  caractères  et,  en  outre, 
par  la  taille  plus  forte  et  le  dessus  des  8-9<=  segments  noir  sans  taches 
orangées. 

91  {Addition).  Micromerus  lineatl's.  Burn. 

Chez  le  mâle  très-jeune  il  n'y  a  aucun  vestige  de  noir  au  bout  des 
ailes  supérieures. 

b'  légion.  —  TIIORE. 

En  1855  et  en  185i,  lorsque  je  pul)liai  le  Synopsis  et  la 
Monographie  des  Caloptérygines,  je  ne  connaissais  que  sept 
espèces  de  h\  légion  des  Titore,  et  pour  quatre  d'entre  elles  le 
niàlc  seul  était  connu.  Cependant  je  me  hasardai  à  proposer 
(le  diviser  en  trois  sous-genres  le  grand  genre  y'Aorc  qui,  à 
lui  seul,   constitue  toute   la    légion.   Aujourd  hui  j'ai  sous  les 


(  ««7  ) 

veux  un  gmiid  nombre  d'exemplaires  eomj>renant  une  cjuiii- 
zaine  d'espcees  et  les  deux  sexes  de  la  plupart  d  entre  elles. 
Une  révision  de  mon  premier  travail  est  nécessaire  et  fera 
mieux  saisir  les  caractères  des  nouvelles  espèces. 

La  légion  (et  le  grand  genre)  7V/orc  comprend,  à  elle  seule, 
la  seconde  division  du  Caioptérygines,  celles  que  j'ai  nommées 
irréguiuras  :  «  les  deux  secteurs  de  Tarculus  naissant  en- 
semble de  son  sommet  supérieur,  ce  qui  rend  le  quadrilatère 
irrégulier,  le  côté  interne  étant  beaucoup  plus  long  que  l'ex- 
terne, le  supérieur  concave. 

»  Nervules  costales  et  sous- costales  en  nombre  presque 
égal,  nombreuses,  les  secondes  ne  correspondant  pas  généra- 
lement avec  les  premières.  —  Ptérostigma  long,  épais,  pointu 
en-dedans,  où  il  cesse  de  toucher  la  côte.  Quadrilatère  réti- 
culé, plus  court  que  l'espace  basilaire,  qui  est  également 
réticulé.  2*=  secteur  du  triangle  ayant  trois  rameaux.  Ailes  pé- 
tiolées. 

»  Épistome  ordinaire,  non  saillant.  Abdomen  long,  cylin- 
drique. Pieds  courts. 

»  Chez  le  mâle  le  10'^  segment  court ,  tronqué  et  relevé 
au  milieu.  Appendices  peu  courbés,  les  inférieurs  rudimen- 
taires.  » 

Patrie  :  Amérique  tropicale. 

En  1855  j'ai  proposé  la  division  du  genre  Tliore  en  trois 
sous-genres.  11  m'a  paru  nécessaire  d'en  créer  un  quatrième 
et  de  caractériser  d'une  manière  plus  précise  les  groupes  infé- 
rieurs. 

Le  tableau  synoptique  ci-après  fera  bien  saisir  la  division 
en  quatre  sous-genres  et  renferme  lindication  comparée  de 
leurs  principaux  caractères  dislinctifs. 


(  668) 


LÉGION  ET  GRAND  GENRE  THORE. 


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(  669  ) 


1er  aous-genre.  —  CHALCOPTERYX,  De  Selys. 

(Voir  les  caractères  au  tableau  synoj)ti(iue.) 
Patrie  :  La  région  du  Para. 

94  (rectifiée).  Chalcopteryx  rutilais,  Ramb. 

Rhinocvpha  RUTILA^s ,  Ramb. 

Abdomen  24-25.  Aile  inférieure  16-17. 

Ptérostigma  dilaté  (long  de  2"""  aux  supérieures  et  de  1  ^2  aux 
inférieures),  son  côté  inférieur  ayant  sept  fois  la  longueur  de  Tcx- 
terne  qui  est  un  peu  oblique.  Environ  25  antécubitales  et  35  post- 
cubitales. 

o*  Ailes  supérieures  hyalines  un  peu  verdâtres,  les  inférieures 
plus  courtes,  très-arrondics,  très-dilatées  au  bout,  opaques  métalli- 
ques; changeant  en  vert,  violet  et  cuivre  brillant.  Corps  noirâtre; 
lèvre  supérieure  en  grande  partie  orangée;  thorax  ayant  en  avant 
deux  bandes  submédianes  et  une  ligne  humérale  rouge  orangé  et  de 
chaque  côté  trois  lignes  jaunes. 

2  Semblable,  mais  le  bout  des  ailes  hyalin  après  le  ptérostigma 
ainsi  que  leur  base  avant  le  nodus;  Tcspace  entre  la  sous-costale  et  la 
médiane  restant  toutefois  brun. 

Pairie  :  Santarem  sur  TAmazone,  Para,  par  M.  Baies,  etc.  (Coll. 
Selys,  Hagen,  Dale,  etc.) 

2rae  sous-genre.  —  THOI\E,  Hagew. 

(Voir  les  caractères  au  tableau  synoptique.) 
Patrie  :  L'Amérique  méridionale  équatoriale,  notamment  la 
Bolivie,  le  haut  Pérou  ,  Venezuela  ,  l'Amazone  (et  Bahia??). 

94*"-  Thore  VICTORIA ,  Mac  Lacblan.  Entom.  monthl.  magaz.  1869. 
o*  Abdomen  52.  Aile  inférieure  48. 

Ptérostigma  dilaté  noirâtre,  surmontant  environ  16  cellules,  à 
côté  inférieur  ayant  cinq  fois  la  longueur  de  Texterne  qui  est 
oblique;  environ  50  antécubitales  et  80  postcubitales  aux  supé- 


(670) 

Heures.  Le  nodus  beaucoup  plus  rapproché  de  la  base  que  du  pté- 
rosligma.  Réticulation  blanc-jaunâtre  dans  les  parties  blanches  des 
ailes. 

Le  dernier  tiers  des  ailes  noir-acier  chatoyant,  cette  couleur 
concave  intérieurement  commençant  à  mi-chemin  environ  du  nodus 
au  ptérostigma;  les  deux  premiers  tiers  des  ailes  d'un  blanc  laiteux 
jaunâtre  demi-transparent;  cette  partie  marquée  aux  ailes  inférieures 
d'une  bande  transverse  brun-clair  qui  commence  sous  le  nodus  et 
aboutit  à  la  moitié  du  bord  postérieur  en  restant  à  peu  près  parallèle 
a  la  couleur  noir-acier  du  bout  des  ailes.  Un  vestige  brun  au  centre 
des  ailes  supérieures  entre  les  secteurs  médian  et  bref. 

Deux  grandes  taches  jaunes  à  la  lèvre  supérieure.  Pieds  noirâtres. 
Thorax  noir  avec  cinq  lignes  jaunes  étroites  de  chaque  côté. 

2  Inconnue. 

Pairie  :  La  Bolivie.  Un  mâle  unique  de  la  collection  de  M.  Mac 
Lachlan. 

N.  B.  La  plus  grande  espèce  connue.  Diffère  de  tous  les  autres 
mâles  de  Thorc  par  la  direction  régulièrement  concave  à  l'intérieur 
de  la  partie  opaque  noirâtre  du  tiers  final  des  ailes  et  de  la  bande 
brune  transverse  médiane  qui  lui  est  parallèle  aux  ailes  inférieures. 

9a  (rectifié).  Thore  gigaivtea  ,  De  Selys. 
Abdomen  o*  42-51  ;  $  38.  Aile  inlerieure  o*  55-45;  $  50. 

Le  nodus  plus  près  de  la  base  que  du  ptérostigma  qui  est  dilaté, 
brun  jaunâtre  surmontant  environ  18  cellules  (12-1  i  chez  la  fe- 
melle), à  côté  inférieur  ayant  cinq  fois  la  longueur  de  l'externe  qui 
est  oblique.  Environ  50  antécubitales  et  85  postcubitales  aux  supé- 
rieures (00  chez  la  femelle).  Deux  très-petites  taches  jaunâtres  à  la 
lèvre  supérieure.  Pieds  noirâtres. 

o*  Le  premier  tiers  des  ailes  hyalin  jusqu'au  nodus,  le  reste 
noirâtre-acier  chatoyant,  cette  couleur  irrégulièrement  concave  à 
l'intérieur. 

(f  jeune.  La  partie  semi-opaque  des  ailes  d'un  brun  chatoyant. 

2  Les  ailes  un  peu  enfumées,  hyalines  avec  une  bande  trans- 
versc    brune  (plus   foncée   et    bleu    irisé   au  centre),    concave  en 


(  C71  ) 

dedans,  commençant  après  le  nodus,  s'arrctant  à  nii-cliemiii  du 
nodus  au  ptcrosligma,  le  bout  des  ailes  bordé  de  brun  enfumé  à 
partir  du  plérosligma. 

Pairie  :  Le  Chimborazo.  (Coll.  Selys.) 

N.  B.  Très-variable  de  taille.  Le  mâle  reconnaissable  à  la  grande 
étendue  de  la  partie  opaque  noirâtre  qui  occupe  les  deux  tiers  ter- 
minaux des  ailes  depuis  le  nodus;  la  femelle  a  la  bande  transverse 
médiane  obscure  qui  commence  après  le  nodus. 

9o*",  Race?  Thore  procera.  De  Selys, 

Abdomen,  o*  i3-50;  Ç  58.  Aile  inférieure  o*  5o-i5,  §  37. 

N'est  peut-être  qu'une  variété  de  lu  ghjnnlea.  Le  mâle  en  diflère 
parce  que  la  partie  opaque  terminale  des  ailes  ne  conmience  qu'au 
tiers  de  l'espace  entre  le  nodus  et  le  ptérostigma  et  laisse  ainsi  byalins 
les  deux  cinquièmes  des  ailes  à  partir  de  leur  base.  Le  nombre  des 
ncrvules  antécubitales  est  moindre  (environ  70). 

Chez  les  femelles  la  bande  transverse  ne  commence  aussi  qu'après 
le  nodus  et  elle  est  bordée  intérieurement  d'une  bande  bleue  laiteuse 
à  partir  du  nodus,  aussi  bien  chez  l'adulte  (à  bande  Iransverse  acier 
irisé)  que  chez  le  jeune  âge  (à  bande  semi-transparente  et  à  ptéros- 
tigma enfumé). 

Patrie  :  Bogota  (par  Lindig).  Coll.  Selys. 

97  {Rectifié).  Thore  Saundersii  ,  De  SeJys. 

Abdomen  </  58- il  ;  $  53.  Aile  inférieure  cf  55-57;  $  55-54. 

Le  nodus  plus  près  de  la  base  que  du  ptérostigma  qui  est  dilaté 
noir  (a*)  brun  au  centre  ($)  à  côté  inférieur  ayant  quatre  fois  la 
longueur  de  l'externe  qui  est  peu  oblique,  surmontant  environ 
15-20  cellules  (o*)  9-15  ($);  45  à  50  antécubitales  aux  supérieures 
54-60  postcubitales. 

o*  Ailes  hyalines  jusqu'à  mi-chcniin  du  nodus  en  ptérostigma, 
traversées  ensuite  par  une  bande  blanc-laiteux  opaque  presque  droite. 
Le  quart  final  des  ailes  noirâtre,  h  reflets  chatoyants.  Deux  grandes 
taches  jaunes  à  la  lèvre  supérieure.  Pieds  noirâtres;  fémurs  livides 
intérieurement. 


(  672  ) 

Ç  Le  bout  des  ailes  hyalin  à  partir  du  commencement  du  ptéros- 
tigma,  ce  qui  transforme  le  noirâtre  en  bande  transverse ,  mais  le 
bord  apical  limbe  de  brun  obscur. 

Patrie  :  Pcba,  sur  le  haut  Amazone  (par  M.  Hauxwell).  (Coll. 
Mac  Lachlan.)  —  L'Amazone  (par  M.  Bâtes).  (Coll.  Saunders.) 

N.  B.  Le  mâle,  facile  à  reconnaître  par  le  peu  d'étendue  de  l'es- 
pace noirâtre  apical  des  ailes;  la  femelle,  par  la  position  analogue 
de  la  bande  noirâtre  transverse. 

96.  (Rectifié).  Thore  picta  ,  Ramb. 

EupHOEA  PICTA  ,  Ramb,  n»  4. 

Abdomen  0*40-47;  $  ôo-38.  Aile  inférieure  o*  32-40;  V  36-58. 

Le  nodus  plus  près  de  la  base  que  du  ptérostigma  qui  est  dilaté , 
brun  foncé  (grisâtre  chez  les  jeunes),  h  côté  inférieur  ayant  quatre 
fois  la  longueur  de  l'externe  qui  est  peu  oblique,  surmontant 
i  1-15  cellules.  Il  y  a  42-55  antécubitales  et  60  postcubitalcs  chez  le 
mâle;  46  à  50  antécubitales  et  50  à  60  postcubitales  chez  la  fe- 
melle. 

d"  ^  jeunes.  Ailes  enfumées  avec  une  bande  transverse  étroite, 
presque  droite,  opaque  blanc-laiteux,  placée  un  peu  plus  près  du 
nodus  que  du  ptérostigma  (plus  large  aux  ailes  inférieures).  Lèvre 
supérieure  jaunâtre,  plus  ou  moins  traversée  de  noirâtre.  Pieds  noi- 
râtres, fémurs  livides  avec  une  bande  externe  noirâtre.  Le  dessous 
du  thorax  et  cinq  larges  raies  de  chaque  côté  jaunâtres;  une  sixième 
étroite,  isolée  entre  la  submédiane  et  l'humérale. 

a*  Adulte.  Les  ailes  depuis  le  nodus  jusqu'à  la  bande  blanche  et 
depuis  celle-ci  jusqu'au  bout  d'un  noirâtre  à  reflets  violets. 

$  Adulte.  La  bande  transversc  laiteuse  des  ailes  bordée  surtout  en 
dehors  par  un  espace  brun ,  mal  arrêté. 

Patrie  :  Éga  sur  le  haut  Amazone  (par  M.  Bâtes).  (Collection 
Sclys.) 

A^.  D.  Remarquable  par  la  bande  blanche  droite  des  quatre  ailes 
semblable  dans  les  deux  sexes,  et  par  la  raie  jaunâtre  supplémentaire 
existante  chez  le  mâle. 

Il  est  bon  de  faire  remarquer  que  le  type  de  la  picta  de  M.  Rambur 


(  675  ) 

est  indiqué  de  Cayenne,  et  un  autre  du  Brésil ,  et  que  je  n'ai  plus  sous 
les  yeux  ces  deux  exemplaires  pour  pouvoir  les  identifier  avec  certi- 
tude entière  avec  ma  picta. 

93"'.  Race?  Thore  Vittata,  De  Selys. 

d"  Adulte.  Abdomen  57.  Aile  iuféiieure  5i. 

Nodus  plus  près  de  la  hase  que  du  ptérosligma  qui  est  dilaté  brun 
foncé,  à  côté  inférieur  quatre  fois  aussi  long  que  rexterne,  surmontant 
11-12  cellules;  56-40  antécubitales  et  44-46  postcubitales  aux  ailes 
supérieures.  Ailes  jaunâtres  enfumées  jusqu'au  nodus,  brun  noirâtre 
opaque  à  reflets  bleu  violet  ensuite,  avec  une  bande  transverse  étroite 
presque  droite,  jaunâtre,  enfumée  et  irisée.  Lèvre  supérieure  jaunâtre, 
bordée  et  presque  traversée  de  noir.  Dessous  du  thorax  et  cinq  raies 
de  chaque  côté ,  jaune  verdâtre.  (Pas  de  sixième  raie  intermédiaire 
en  avant).  Pieds  noirs.  Fémurs  livides  avec  une  bande  externe  noi- 
râtre. 

9  Inconnue. 

Patrie  :  Éga  sur  ie  haut  Amazone  (par  M.  Bâtes).  (Collect.  Sclys.) 
D'après  un  seul  mâle. 

N.  B.  Peut-être  est-ce  un  individu  très-adulte  de  la  picta.  Je  le  sé- 
pare provisoirement,  parce  que  la  raie  surnuméraire  jaunâtre  du  tho- 
rax manque  et  que  le  nombre  des  nervulcs  costales  est  beaucoup 
moindre. 

La  taille  générale  est  celle  des  plus  petites  picta. 

96"^'.  Thore  Batesi,  De  Selys. 

Abdomen  d"  37-40;  $  29-30.  Aile  inférieure  cf  5 1-35;  $  28-29. 

Le  nodus  plus  près  de  la  base  que  du  ptérostigma  qui  est  dilaté 
brun  noirâtre  (gris  chez  le  jeune),  à  côté  inférieur  ayant  trois  fois  la 
longueur  de  Texterne,  surmontant  7-8  cellules;  58-42  antécubitales  et 
50-52  postcubitales  chez  le  mâle;  55  antécubitales  et  55-44  postcu- 
bitalcschez  la  femelle  aux  ailes  supérieures. 

o^Ç  Jeunes.  Ailes  enfumées  à  reflets  irisés  avec  une  bande  trans- 
verse, large,  opaque,  blanc  laiteux  commençant  un  peu  après  le  nodus, 
cette  bande  un  peu  sinueuse  en  dedans ,  à  peine  courbée  en  dehors. 


(  674  ) 

Chez  la  femelle  cette  bande  est  plus  étroite  et  souvent  réduite  à  une 
longue  tache  ovale  ne  touchant  pas  les  bords.  Le  bout  des  ailes  est 
d'un  gris  plus  foncé  que  le  reste,  surtout  contre  la  bande.  Lèvre  supé- 
rieure jaunâtre,  entourée  et  parfois  traversée  de  noir;  cinq  raies 
jaunâtres  de  chaque  côté  du  thorax.  Pieds  brun-noirâtre,  intérieur 
des  fémurs  livide. 

0*9  /hluUes.  La  bande  transverse  des  ailes  devient  d'un  jaune 
orangé,  vif  chez  le  mâle  (moins  brillant  chez  la  femelle);  la  partie 
terminale  après  la  bande  devient  brun  foncé  opaque  (le  bout  des 
ailes  restant  un  peu  transparent  chez  la  femelle). 

Pairie  :  Saint-Paulo  sur  le  haut  Amazone  (par  M.  Bâtes).  (Gollcct. 
Selys.) 

N.  B.  Rappelle  la  picta  par  ses  ailes  colorées  semblablement  chez 
les  deux  sexes.  Elle  en  diffère  par  la  taille  moindre,  la  bande  Irans- 
verse  plus  large  d'inégale  largeur,  le  ptérostigma  plus  court,  la  rélicu- 
lation  plus  simple,  l'absence  de  sixième  raie  jaune  au  thorax.  Sous  ce 
dernier  rapport  comme  sous  celui  de  la  taille,  elle  ressemble  davantage 
à  la  race  villata,  mais  cette  dernière  a  la  bande  transverse  très-étroile 
irisée,  la  réticulation  encore  plus  simple  et  le  ptérostigma  plus  long, 
surmontant  plus  de  cellules. 

9G''\  UaceP  Thore  inaequalis,  De  Selys. 

$  Abdomen  55.  Aile  inférieure  55 

Taille  de  la  T.  Batesi ,  coloratic 

AO  antécubitales,  18  postcubitales.  Différant  de  la  T.  Batesi  femelle 
parce  que  l'aile  supérieure  est  sans  bande  opaque,  seulement  un  peu 
plus  obscur  sous  le  nodus.  Se  séparant  de  la  beala  femelle  adulte  par 
la  taille  et  par  la  bande  jaune  laiteuse  des  inférieures  plus  large. 

Pairie  :  Fonte  Boa,  haut  Amazone  (par  M.  Bâtes).  (Collection 
Selys.) 

OC?"'"'.  Thore  BEATA,  Mac  Laclilan.  Entom.  monlhl.  mnrjaz.  IS69. 
Abdomen  o*  54-57;  9  51.  Aile  inlerieiue  <f  28-50  ;  $  50. 

Le  nodus  plus  rapproché  de,  la  base  que  du  pléroslignia  qui  est 
brun  foncé,  dilaté,  à  c«'»té  inférieur  ayant  trois  fois  la  longueur  de 


(673  ) 

rcxtcrnc  qui  est  droit,  surmontant  six  cellules;  oi-iO  anlécubilalcs 
et  i3-i4  postcubitales  chez  le  mâle;  oS-iO  antécubilales  et  45-47  post- 
cubitales  chez  la  femelle. 

o'Ç  Jciinos  ?  Ailes  hyalines  un  peu  jaunâtres,  les  inférieures  ayant 
une  large  bande  transverse  médiane,  droite,  blanc  laiteux  opa((ue. 

Chez  le  màlc  cette  bande  a  pour  centre  le  nodus  et  occupe  le 
second  quart  des  ailes.  Chez  la  femelle  elle  est  moitié  moins  lai'ge, 
ne  commençant  qu'au  nodus.  Lèvre  supérieure  jaune  bordée  et  tra- 
versée de  noir.  Thorax  avec  cinq  raies  jaunâtres  larges  de  chaque 
côté.  Pieds  noirâtres;  intérieur  des  fémurs  brun-clair. 

$  JduUe?  Ailes  d'un  brun  jaunâtre,  la  bande  opaque  des  infé- 
rieures est  jaune  d'ocre  terne,  bordé  d'un  brun  foncé  presque 
opaque. 

Patrie:  Peba,  haut  Amazone  (par  M.  Hauxwell).  (Coll.  Selys  et 
Mac  Lachlan.) 

N.  Ti.  Remarquable  par  sa  petite  taille.  Très-voisine  de  la 
T.  Batesi.  Les  deux  sexes  en  diffèrent,  outre  la  taille,  parce  que  les 
ailes  supérieures  sont  hyalines ,  sans  bande  transverse. 

Cependant  la  race  inacqnalis,  fondée  sur  une  femelle  ayant  la 
stature  de  la  Th.  Batesi,  présente  le  même  caractère  d'avoir  les  ailes 
supérieures  dépourvues  de  bande  opaque. 

2«  Sous-genre.  —  EUTHORE,  De  Selys,  iSfiO. 

Thoue  Hagen,  Selys  (pars)  Olim. 

(Voir  les  caractères  au  tableau  synoptique.) 

Je  crois  nécessaire  de  créer  ce  nouveau  sous-genre  pour 
classer  les  espèces  formant  le  troisième  groupe  des  Tïiore 
dans  le  Synopsis,  et  le  second  dans  la  Monographie.  Je  m'y 
suis  décidé  en  remarquant  que  parmi  les  nervules  antccubi- 
tales  il  y  en  a  deux  plus  fortes  que  les  autres  repondant  aux 
deux  nervules  qui  seules  existent  chez  les  Agrioîiines.  L'une 
sert  d'origine  à  Varculiis ,  l'autre  est  placée  entre  celle-ci  et 
la  base  de  l'aile.  Ce  caractère  est  très-fixe,  et  quoique  en  ap- 
parence  peu   important,    il    est   précieux   pour   séparer  les 


(676) 

femelles  des  Eulhore  de  celles  des  T}iore  proprement  dites 
qui  leur  ressemblent  tant.  En  effet,  chez  les  trois  autres 
sous-genres  il  n'existe  qtiune  seule  nervule  anlëcubitale  plus 
forte  que  les  autres,  celle  au-dessus  de  Varculits. 

Le  caractère  des  deux  nervuîes  chez  Xas  Eulhore  coïncide, 
du  reste,  avec  d'autres: elles  diffèrent  effectivement  des  Thore 
par  l'absence  de  secteurs  interposés  enlre  le  bref  et  le  premier 
du  triangle  et  par  la  position  du  nodus  à  mi-chemin  de  la 
base  au  ptérostigma  (caractères  qui  les  rapprochent  des  Cora) 
par  les  ailes  élargies  au  milieu  plutôt  qu'au  bout,  et  par  un 
plus  grand  nombre  de  cellules  pentagonales. 

Les  Eulhore  diffèrent  des  Cora  par  la  présence  des  deux 
antécubitales  plus  fortes,  les  ailes  larges  au  milieu,  le  ptéros- 
tigma dilaté,  la  coloration  générale  du  corps. 

Pairie  :  Venezuela  (et  Bahia??). 

98  {rectifié).  Euthore  fasciata  ,  Uagen. 

Abdomen  o"  59-42;  $  55.  Aile  inférieure  o"  50-52;  $  51. 

Le  nodus  à  mi-chemin  de  la  base  au  ptérostigma  qui  est  brun 
noirâtre  un  peu  dilaté,  à  côté  inférieur  ayant  quatre  fois  la  longueur 
de  rextcrne  qui  est  oblique,  surmontant  6-8  cellules;  55-55  anté- 
cubitales et  58-iO  postcubitales  aux  ailes  supérieures. 

a*  Ailes  dilatées  au  milieu;  le  premier  quart  basai  et  le  bord 
costal  de  leur  moitié  hyalins.  Le  milieu  blanc  opaque  jusqu'à  un  peu 
après  le  nodus.  Vient  ensuite  une  large  bande  transverse  noir-acier 
chatoyant,  droite  des  deux  côtés,  qui  finit  au  ptérostigma  ou  un  peu 
après.  Le  bout  des  ailes  hyalin  un  peu  sali.  Lèvre  supérieure,  tête, 
pieds  et  thorax  noirâtres,  ce  dernier  avec  cinq  lignes  livides  étroites 
de  chaque  côté. 

9  Ailes  hyalines  salies.  Les  supérieures  avec  une  petite  tache 
arrondie  brune  après  et  en  dessous  du  nodus;  les  inférieures  ayant, 
à  partir  du  nodus,  une  bande  transverse  opaque  blanc-laiteux 
accolée  à  une  large  bande  brun  chatoyant,  qui  s'arrête  de  façon  à 
laisser  le  dernier  tiers  de  l'aile  hyalin  sali.  Lèvre  supérieure  brune, 
entourée  et  traversée  de  noir.  Les  cin  j  raies  latérales  du  thorax 


(677) 

plus  larges,  une  sixième  isolée  étroite  entre  la  subniédianc  et  Tliu- 
mérale. 

Patrie  :  Venezuela,  Puerto  Cabello.  (Coll.  Selys.) 
N.  B.  Le  mâle  est  remarquable  par  la  large  bande  transversc 
noirâtre  des  quatre  ailes;  la  femelle  par  la  coloration  différente  des 
ailes  supérieures.  La  forme  des  ptérostigma,  la  position  du  nodus  et 
surtout  la  présence  de  deux  nervules  antécubitales  plus  fortes  la 
différencient  des  femelles  du  S.  G.  Thore,  qui  lui  ressemblent  par  la 
coloration  générale. 

99'"'  {Rectifiée).  Elthore  fastigiata,  De  Selys. 

(/  Abdomen  40-44.  Aile  inférieure  28-51. 

Le  nodus  plus  éloigné  de  la  base  que  du  ptérostigma,  qui  est  brun- 
noirâtre  plus  clair  au  centre,  un  peu  dilaté,  à  côté  inférieur  ayant 
quatre  fois  la  longueur  de  rexternc,  qui  est  oblique,  surmontant 
sept  cellules  ;  55-58  antécubitales  et  54-58  postcubitalcs  aux  ailes 
supérieures. 

d*  Ailes  un  peu  dilatées  au  milieu,  hyalines  dans  leur  premier 
tiers  et  le  long  de  la  côte,  blanc  laiteux  opaque  dans  le  restant,  excepté 
le  bout  qui  est  noirâtre  chatoyant.  Cette  couleur  aux  ailes  supé- 
rieures ne  commence  qu'au  milieu  du  ptérostigma  et  la  pointe  ex- 
trême après  le  ptérostigma  est  hyaline.  Aux  inférieures  Tespacc 
noir  commence  avant  le  ptérostigma,  est  coupé  droit  en  dedans,  et 
occupe  le  cinquième  terminal  de  Faile.  Lèvre  supérieure  noire,  avec 
deux  marques  brunes.  Thorax  noirâtre  avec  cinq  raies  de  chaque 
côté  et  le  vestige  d'une  sixième  entre  les  submédianes  et  Thuméralc 
olivâtres. 

$  Inconnue. 

Pairie  :  Bogota  (par  Lindig).  Coll.  Selys. 

A^.  B.  Distincte  des  autres  par  la  position  reculée  du  nodus  et  par 
la  couleur  blanche,  s'étcndant  jusqu'au  ptérostigma. 

99  {Rectifiée).  Eutîiore  iiyalixa,  De  Selys. 

Abdomen  o*  58-40.  Ç  56.  Aile  inférieure  o*  50-55  ;  Ç  54. 

Le  nodus  à  rai-chemin  de  la  base  au  ptérostigma,  qui  est  noirâtre, 
(;,")  brun,  (c^)  un  peu  dilaté,  à  côté  inférieur  ayant  quatre  fois  la 
2™''  SÉÏilE,  TOME  XXVII.  4a 


l  678  ) 

longueur  de  rcxternc,  qui  est  oblique,  surmontant  6-7  cellules; 
33  antécubitales  et  58- i5  postcubitales  aux  supérieures.  Ailes  assez 
étroites  hyalines  un  peu  jaunâtres,  surtout  à  la  côte;  le  limbe  ter- 
minal à  peine  sali.  Lèvre  supérieure  tête  et  thorax  noirâtres.  Ce 
dernier  avec  cinq  lignes  livides  de  chaque  côté. 

9  Semblable  au  mâle,  excepté  le  plérostigma  qui  est  brun. 
Patrie  :  Bogota  (par  Lindig).  Bahia  ?  ?  (Coll.  Sclys.) 
A^  B.  Distincte  de  toutes  les  autres  par  les  ailes  en  entier  hya- 
lines et  semblables  dans  les  deux  sexes. 

4"^  sous-genre.  COUA,  De  Selys. 

(Voir  les  caractères  au  tableau  synoptique). 

Pairie  :  Venezuela.  Mexique.  Brésil. 

Ce  sous -genre  c^t  celui  qui  parmi  les  quatre  du  grand 
genre  Thore  est  le  plus  étendu  géograj)hiquen)('nl,  mais  les 
espèces  paraissent  très-localisées. 

100'"'.  CoRA  cnAsiiiE^siS;  Haj^fcn. 

o'  $.  Intermédiaire  pour  les  caractères  entre  les  Cora  et  les  Thore. 

Patrie  :  Brésil.  (Coll.  Hagcn.) 

A'^.  B.  Je  ne  possède  pas  de  description  de  cette  espèce,  qui  est 
probablement  voisine  de  la  marina  du  Mexique,  mais  d'après  Tha- 
bilat  si  oppose,  on  ne  peut  douter  ({uc  les  deux  espèces  ne  soient 
différentes. 

100''"-.  Cora  mariiv^,  De  Selys.  Annales  Soc.  Eut.  TieUj.  1S68. 
o"  Abdomen  36-38.  Aile  inférieure  31-32. 

Le  nodus  placé  à  la  moitié  de  Tailc,  beaucoup  plus  éloigné  de  la 
base  que  du  ptérostigma  qui  est  noirâtre,  clair  au  centre,  long 
de  3  '/a  "*'",  non  dilaté,  à  côté  inférieur  ayant  douze  fois  la  longueur 
de  rexterne  (pii  est  oblique,  surmontant  10  cellules,  iO-i;2  antécu- 
bitales, 30  postcubitales  aux  supérieures.  Trois  secteurs  supplé- 
mentaires interposés  entre  le  premier  et  le  second  du  triangle,  ce 
dernier  régulièrement  et  longuement  trifurqué. 


(  «7«)  ) 

•b  Semi-adulte.  Ailes  enfumées,  lavées  de  brun-clair  dans  leur 
seconde  moitié,  surtout  à  leur  milieu.  Rhinarium  noirâtre.  Quatre 
taches  rondes  verdâtres  entre  les  yeux. 

o*  Plus  jeune.  Ailes  lavées  de  brun  jaunâtre  plus  clair.  Pléros- 
tigma  olivâtre. 

9    Inconnue. 

Patrie  :  Orizaba,  au  Mexique  (Coll.  Selys.) 

N.  B.  Distincte  des  autres  espèces  par  la  grande  taille,  la  position 
reculée  du  nodus,  les  secteurs  interposés,  le  nombre  de  ncrvules 
costales  et  la  coloration  de  la  tète  mentionnés  plus  haut. 


Abdomen  55-5i'""\  Aile  inférieure  26-27. 

Le  nodus  placé  entre  la  base  de  Taile  et  Textrémité  du  ptérostigma 
(qui  est  long  de  o'""' )  non  dilaté  noirâtre,  surmontant  C-7  cellules  , 
à  côté  inférieur  ayant  douze  fois  la  longueur  de  rcxterne  qui  est 
oblique;  50-52  antécubitales  et  2l-2i  postcubitales  aux  supérieures. 
Un  rudiment  de  secteur  supplémentaire  interposé  entre  le  premier 
et  le  second  du  triangle.  Ce  dernier  régulièrement  Irifurqué. 

a*  Semi-adulte.  Ailes  uniformément  lavées  de  jaune  d'ocre  pâli. 
Face  jaune,  le  front  traversé  de  noir.  Dessus  de  la  tête  noir  sans 
taches. 

9  Inconnue. 

Patrie  :  Venezuela  (par  Appun).  (Coll.  Selys,  Hagen.) 

A'.  /?.  Distincte  de  la  cyane  par  la  taille  plus  forte  et  le  2*^  secteur 
du  triangle  à  trois  rameaux  réguliers.  Peut-être  n'est-ce  qu'une  race. 

100  {rectifiée).  Cora  cyane.  De  Seljs. 

Abdomen  environ  32.  Aile  inférieure  23. 

Le  nodus  placé  entre  la  base  de  l'aile  et  l'extrémité  du  ptérostigma 
qui  est  long  de  2^2™"'»  peu  dilaté,  noirâtre,  surmontant  G-7  cellules, 
à  côté  supérieur  ayant  douze  fois  la  longueur  de  l'externe  qui  est 
oblique;  28  antécubitales  et  21  postcubitales  aux  supérieures.  Un 
rudiment  de  secteur  supplémentaire  interposé  entre  le  1"  et  le  2*'  du 
triangle;  ce  dernier  secteur  incomplètement  trifurqué. 


I 


(  680  ) 

o*  Ailes  hyalines  un  peu  jaunâtres  le  long  de  la  cote.  Face  jaune; 
le  Iront  traversé  de  noir.  Dessus  de  la  tête  noir  sans  taches. 

9  Inconnue. 

Patrie  :  V'enezuela.  (Coll.  Selys  et  Mus.  brit.) 

A^.  B.  Distincte  par  la  troisième  branche  du  secteur  inférieur  du 
triangle  qui  est  rudimentaire. 

lOO'/"'"'-  CoRA  MODESTA,  De  Selys. 

9  Abdomen  environ  :28.  Aile  inférieure  23. 

<f  Inconnu. 

Ç  Jeune.  Le  nodus  place  entre  la  base  et  l'origine  du  ptcrostigma 
qui  est  olivâtre,  assez  épais,  long  de  4  '/a"'"^  à  côté  inférieur  ayant 
quatre  fois  la  longueur  de  Texterne  qui  est  peu  oblique;  surmontant 
5-G  cellules.  27  antccubitales;  21-23  postcubitales  aux  supérieures. 
Ailes  hyalines  plus  larges  que  chez  les  autres  espèces,  un  peu  lavées 
d'ocracé  à  la  côte.  Un  rudiment  de  secteur  supplémentaire  inter- 
posé entre  le  premier  et  le  second  du  triangle  ;  ce  dernier  secteur 
régulièrement  trifurqué.  Face  olivâtre.  Dessus  de  la  tête  noir  avec 
quatre  petites  taches  jaunâtres.  Thorax  olivâtre  avec  la  suture  méso- 
thoracique  noire,  une  large  bande  entre  elle  et  Thumérale  et  des 
latérales  brunes. 

Patrie:  Bogota.  (Coll.  Selys.) 

N.  B.  Je  ne  crois  pas  que  ce  soit  la  femelle  de  Vincana  ni  de  la 
cyane,  parce  que  le  ptérostigma  est  plus  court  et  le  nodus  placé 
plus  près  de  la  base  des  ailes. 

Elle  diffère  davantage  encore  de  la  hrcmlicnsis  et  de  la  marina. 


Sur  une  baleinoptère  échouée  clans  VEscaut  au  ))iois  de 
înai  1869,  notice  par  M.  P.-J.  Van  Bcnoden,  iiieiiibir 
(le  l'Académie. 

Le  jetidi  soir  15  mai  de  cette  année,  on  aperçut  à  ren- 
trée de  TEscaut,  non  loin  de  Flessingno,  un  énorme 
célacé  (|iie  Ton  prit  d'abord  pour  un  corps  inanimé  Ilot- 


\ 


(681  ) 
tant,  mais  qui  lut  bientôt  reconnu  pour  un  animal  vivant, 
au  bruit  extraordinaire  qu'il  produisait  à  la  surface  de  l'eau. 
Après  avoir  essuyé  plusieurs  coups  de  l'eu,  il  alla  échouer 
pendant  la  nuit  sur  le  banc  de  Caloot. 

Le  21  mai,  ce  cétacé  a  été  vendu  publiquement,  et  des 
habitants  de  Terneuzen  l'ont  acheté  pour  la  somme  de 
500  florins.  11  a  été  remorqué  jusqu'à  Terneuzen  où  il  a 
été  visité,  pendant  une  quinzaine  de  jours,  par  des  milliers 
de  personnes. 

C'est  une  baleine  appartenant,  comme  la  nageoire  dor- 
sale l'indique,  au  genre  Balaenoptera  et,  à  en  juger  par  les 
caractères  extérieurs,  à  l'espèce  connue  généralement  au- 
jourd'hui sous  le  nom  de  Balaenoplera  musculus,  la  seule 
qui  pénètre  dans  la  Méditerranée.  C'est  le  Rorqual  de  la 
Méditerranée  de  Cuvier,  le  Physahts  anliqiiorum  du  doc- 
teur Gray,  la  Balaenoptera  commuais  d'Eschricht  et  de 
moi,  la  rjewoone  Vinfisch  des  baleiniers  hollandais. 

C'est  à  la  môme  espèce  que  se  rapporte  l'individu  qui 
a  été  capturé  par  les  pêcheurs  de  Texel  il  y  a  quelques 
années,  ainsi  que  le  remarquable  squelette  de  l'animal 
gigantesque  qui  a  été  trouvé  mort  en  mer  par  les  pêcheurs 
d'Ostende  en  1827. 

Comme  nous  avons  fait  l'acquisition  du  squelette  de  cet 
animal,  nous  pourrons  donner  plus  tard  la  description  des 
principaux  os  de  cet  individu,  et  mon  fils  compte  faire 
connaître  ses  observations  sur  quelques  viscères,  qu'il  est 
heureusement  parvenu  à  sauver  au  milieu  de  cette  masse 
informe  et  putride  que  les  vagues  lui  ont  disputée  pendant 
plusieurs  jours.  Nous  nous  bornerons  à  cette  seule  re- 
marque, que  la  première  côte  est  parfaitement  biceps  à 
droite  et  à  gauche,  et  que  ce  fait  vient  singulièrement 
à  l'appui  de  la  thèse  que  nous  défendons  contre  ceux  qui 


(  682  ) 

ont  voulu  trouver  des  caractères  d'une  grande  importance 
dans  la  Ijifidité  de  cet  os.  — Cette  première  côte  porte  deux 
cartilages  à  son  extrémité  sternale. 


M.  Dewalque  annonce  que  Ton  a  découvert  à  Vielsalm 
un  échantillon  de  cuivre  natif,  en  partie  caverneux  et 
pesant  deux  à  trois  kilogrammes.  Cet  échantillon,  dont 
M.  Dewalque  a  vu  une  partie  aux  mains  de  M.  M.  Fro- 
mont,  ingénieur  civil,  a  été  rencontré  dans  les  travaux 
exécutés  pour  une  distribution  d'eau  sur  la  place  même 
du  village.  On  a  fait  des  recherches  à  cette  occasion,  mais 
elles  n'ont  fourni  que  quelques  veines  de  malachite. 


Roches  usées  avec  cannelures  de  la  vallée  de  la  grande  Geele; 
note  par  M.  C.  Malaise,  correspondant  de  l'Académie. 

Il  y  a  environ  un  an,  M.  Van  Horen  signalait  à  l'Aca- 
démie, dans  une  Note  sur  quelques  points  relatifs  à  la 
(jéoloçjie  des  environs  de  Tirlemont  (I),  Texistence  do 
roches  polies  et  striées. 

«  Un  grand  nombre  de  blocs  et  de  fragments  de  quart- 
zites  landeniens  de  la  tranchée  de  Bost,  dit  l'auteur  (2), 
sont  luisants  sur  une  ou  plusieurs  de  leurs  faces,  et  quel- 
ques-uns même  portent  sur  l'une  d'elles  un  système  de 
cannelures  ou  stries,  en  général,  droites  ou  parallèles.  » 


(I)  Bulletins  de  V Académie  royale  de  Dcli/lque,  l.  XXV,  i>''  série,  p.  Oio. 
(-2)  Loc.  cil.,  p.  058. 


(  685  ) 

Les  blocs  de  qiiarlzite  à  faces  luisantes,  marquées  ou 
non  d'ondulations,  se  rencontrent  aussi  bien  dans  les  car- 
rières qu'à  la  tranchée  de  Bost;  mais  dans  cette  dernière 
localité  seulement,  M.  Van  Horen  leur  a  trouvé  des  stries 
et  des  moulures  érodées  (1). 

L'auieur  ne  voit  d'explication  possible  de  ce  phénomène 
que  dans  l'action  des  glaces  flottantes  entraînées  par  de 
puissantes  débâcles  (2).  M.  d'Omalius  d'IIalloy,  dans  son 
rapport  sur  ce  travail  (5),  dit  qu'il  ne  partage  pas  l'opi- 
nion de  M.  Van  Horen,  qui  attribue  à  l'action  des  glaces 
les  faces  luisantes  que  l'on  observe  sur  quelques  blocs  de 
grès.  Tandis  que  M.  Van  Horen  croit  que  ce  luisant  se 
trouve  sur  les  faces  de  stratification,  M.  d'Omalius  est 
porté  à  croire  qu'il  n'existe  que  sur  des  faces  de  fissures, 
et  que  des  blocs  où  l'on  voit  des  faces  polies  sur  le  dessus 
ont  été  renversés.  «  Tout  en  convenant  qu'il  est  très-dif- 
hcile  d'expliquer  l'origine  de  ce  luisant,  je  dis,  ajoute 
M.  d'Omalius,  que  l'opinion  qui  me  paraît  la  plus  probable 
est  de  l'attribuer,  soit  à  un  enduit  très-mince  qui  s'est 
étendu  sur  le  grès,  soit  à  un  commencement  de  dissolu- 
tion qui  aurait  modifié  sa  surface.  Cette  manière  de  voir 
me  paraît  appuyée  sur  la  circonstance  qu'il  y  a  quelque- 
fois de  petits  fragments  de  matières  étrangères  qui  sont 
soudées  sur  le  grès  et  qui  sont  également  devenues  lui- 
santes. » 

Je  viens  de  trouver  également  des  roches  usées  et  can- 
nelées sur  les  bords  de  la  grande  Geete,  près  de  l'an- 


(1)  Loc.  cit.,  p.  659,660. 

(2)  Loc.  cit.,  p.  662. 

(5)  Rapport  de  iM.  d'Omalius  sur  la  noie  de  M.  Van  Horen.  {Bulle- 
tinSyi.XW,  2<=  série,  p.  616-617). 


(  684  ) 

cienne  abbaye  do  la  Ramée-lez-JauchclcUc,  localité  située 
à  environ  10  kilomètres  SSO.  de  Bost,  et  j'ai  l'bonncur  de 
soumettre  à  la  classe  les  observations  que  j'y  ai  faites. 

Les  roches  de  la  Ramée  sont  des  quartzites  appartenant 
au  terrain  silurien  du  Brabant,  et  leurs  débris  ont  même 
été  entraînés  jusqu'à  Bost,  où  leur  aspect  les  a  fait  prendre 
par  M.  Yan  Horen  (i)  pour  des  roches  reviniennes  avec 
lesquelles  elles  ont,  d'ailleurs,  une  très-grande  ressem- 
blance. Si  je  me  permets  cette  réflexion ,  c'est  dans  le  but 
de  démontrer  que  les  quartzites  anciens  du  dépôt  cail- 
louteux de  Bost  proviennent,  selon  toute  probabilité,  plutôt 
des  roches  siluriennes  du  Brabant,  dont  elles  sont,  du  reste, 
très-rapprochées,  que  de  celles  de  l'Ardenne. 

On  voit  sur  la  rive  gauche  de  la  Geete,  au  SO.  de  la 
Ramée,  et  à  deux  mètres  environ  au-dessus  du  niveau  de  la 
rivière,  un  bloc  de  quartzite  qui  peut  bien  mesurer  trois  à 
quatre  mètres  cubes  et  dont  les  faces  sont  polies  dans  toutes 
les  directions.  A  quelques  mètres  de  là,  on  trouve  des  quart- 
zites siluriens,  verdàtres,  rougeâtres  et  grisâtres,  présen- 
tant des  faces  polies;  un  de  ces  affleurements  est  perpen- 
diculaire à  la  direction  de  la  Geete,  et  une  de  ses  faces  qui 
lui  est,  au  contraire,  parallèle  et  inclinée  dans  le  sens  du 
courant,  est  cannelée  dans  la  même  direction.  Ces  canne- 
lures, toutes  parallèles,  ont  environ 0"' ,02  de  largeur;  elles 
rappellent  assez  bien  les  empreintes  de  certains  Sigilla- 
rias.  Ces  roches  ne  se  trouvent  pas  non  plus  à  un  niveau 
bien  supérieur  à  celui  de  la  rivière.  La  plupart  des  quart- 
zites siluriens  de  la  vallée  de  la  Geete  présentent,  entre 
Jauchelette  et  la  Ramée,  des  surfaces  usées. 


(1)  Loc.  cit.,  |).  016. 


(  685  ) 

Quant  à  la  nature  du  vernis,  il  ne  m'a  offert  que  de  la 
silice  comme  dans  le  reste  de  la  roche. 

Ajoutons  que  nous  avons  trouvé,  non  loin  de  la  roche 
cannelée,  dans  le  dépôt  caillouteux  de  la  base  du  limon, 
un  silex  en  forme  de  couteau  dont  une  partie  est  légère- 
ment vernissée. 

Cette  roche  cannelée  ne  serait-elle  pas  un  reste  d'une 
barre  diluvienne  d'une  époque  ancienne,  alors  que  la  Geete, 
ayant  une  largeur  plus  grande  et  un  courant  plus  puissant, 
atteignait  un  niveau  plus  élevé  et  plaçait  sur  les  hauteurs 
ses  dépôts  caillouteux  et  limoneux?  Les  cailloux  passant 
sur  cette  barre  n  ont-ils  pu  produire  les  cannelures?  et  le 
poli  des  roches  quartzeuses  n'est-il  pas  dû  au  Irottement  et 
à  l'action  érosive  des  eaux? 


Piecherches  sur  l'isomérie  dans  la  série  saikijiiquc ,  par 
M.  Louis  Henry,  correspondant  de  l'Académie. 

DEUXIÈME  PARTIE. 

Action  du  pentabromnre  de  phosphore  sur  divers  composés 
salicyliques. 

Nous  avons  fait  connaître  dans  une  précédente  notice  (1) 
les  produits  de  l'action  du  penlachlorure  de  phosphore  sur 
l'aldéhyde  salicylique;  l'analogie  parfaite  qui  existe  entre 
ce  composé  et  le  pentabromnre  de  phosphore,  analogie 


(1)  Bulletins  de  l' Académie  de  Belgique,  ^^c  série,  t.  XXVll,  p  202, 


(  686  ) 
que  l'expérience  n'a  fait  que  confirmer  jusqu'à  présent, 
nous  portait  à  prévoir  que  le  pentabromure  Vh  Br^^  réagi- 
rait de  la  même  manière;  dans  le  but  d'obtenir  des  dérivés 
salicyliques  bromes  encore  inconnus  aujourd'hui,  nous  en 
avons  essayé  l'action  sur  Vnldéhyde  et  Vacide  salicylique 
ainsi  que  sur  le  salicijlate  de  méllnjle.  Quel(iuc  légitimes 
que  fussent  nos  prévisions,  l'expérience  ne  les  a  nullement 
confirmées:  sur  ces  diverses  combinaisons,  le  pentabromure 
de  phosphore  réagit  comme  du  brome  libre  et  du  tribro- 
mure  P/iB/'s,  en  donnant  le  composé  primitif  simplement 
brome. 

Aldéhyde  salicylique  monobromée  Co  H3  B^jc^o 

On  verse  l'aldéhyde  salicylique  petit  à  petit  sur  le  pen- 
tabromure P/i  Brs;  une  réaction  assez  vive,  quoique  moins 
énergique  qu'avec  le  pentachlorure,  se  produit  déjà  dès  la 
température  ordinaire;  il  se  dégage  abondamment  des  Ai- 
mées d'acide  bromhydrique.  Le  liquide,  fortement  coloré 
en  brun,  produit  de  cette  réaction,  a  été  immédiatement 
traité  par  l'eau  pour  décomposer  l'oxybromure  Vh  Br-  0 
qui,  suivant  nos  prévisions,  avait  dû  se  former. 

Il  reste  après  ce  traitement  une  masse  solide,  de  couleur 
violacée,  cassante,  qui  est  l'aldéhyde  salicylique  mono- 
bromée. On  l'a  recristallisée  à  différentes  reprises  dans 
l'alcool  et  décolorée  à  l'acide  du  noir  animal. 

Cristallisé  dans  l'éther  par  évaporation  spontanée,  ce 
corps  constitue  des  paillettes  ou  lamelles  dentelées  sur 
les  bords  et  se  groupant  en  faisceaux.  Ces  cristaux  sont 
brillants  et  très-cassanls. 


(  687  ) 

Il  se  Tond  à  dS^-dd"  et  se  congèle  avant  9o".  Il  est  tout  à 
l'ait  insoluble  dans  l'eau,  mais  il  se  dissout  fort  bien  dans 
l'alcool,  l'clher,  le  sulfure  de  carbone,  etc. 

Sa  solution  alcoolique  se  colore  en  violet  intense  par 
l'addition  du  chlorure  ferrique  Fe^  C/,-,. 

L'acide  azotique  fumant  le  dissout  sans  dégagement 
gazeux;  mais  l'eau  ne  précipite  presque  rien  de  cette  dis- 
solution. 

0"',25i4  de  cette  substance  nous  ont  fourni  0"%220^ 
de  bromure  d'argent,  ce  qui  correspond  à  39,97  7o  ^^^ 
brome;  la  formule  Co  H3  Br  j"[Jq  en  demande  59,80  '%. 


Acide  salicyiique  monobi'omé  €,3  H5  Br  L,qj^jq 


Sur  une  molécule  d'acide  salicyiique,  nous  avons  fait 
réagir  deux  molécules  de  pentabromure.  L'acide  n'est  pas 
attaqué  à  froid,  mais,  par  une  légère  élévation  de  tempé- 
rature, il  se  produit  une  réaction  fort  énergique  ;  toute  la 
masse  se  fond  en  un  liquide  rouge  foncé  et  il  se  dégage 
abondamment  de  l'acide  brombydrique. 

Par  le  refroidissement  il  s'est  déposé  au  sein  de  ce  li- 
quide une  petite  quantité  de  pentabromure. 

Le  tout  a  été  traité  par  l'eau  pour  décomposer  à  la  fois 
le  bromure  de  l'acide  bromosalycique ,  ainsi  que  l'oxybro- 
mure  Ph  Er^  0,  qui  auraient  dû  ou  pu  se  former. 

Par  son  refroidissement,  l'eau  qui  a  servi  à  ce  traitement 
donne  une  certaine  quantité  de  cristaux  en  aiguilles  d'acide 
bromosalicylique. 

On  obtient  ainsi  une  masse  liquide  huileuse,  brunâtre, 
plus  dense  que  l'eau ,  qui  ne  tarde  pas  à  se  solidiher. 


(  688  ) 

Ce  produit  a  été  dissous  dans  i'alcool  et  décoloré  par 
le  noir  animal;  il  se  sépare  de  cette  dissolution,  de  même 
que  de  la  dissolution  éthérée,  par  évaporation  spontanée, 
des  cristaux  en  aiguilles  d'acide  bromosalicylique,  mais  sur- 
tout une  huile  épaisse  qui  se  solidifie  avec  le  temps  en  for- 
mant une  masse  poisseuse  translucide,  devenant  de  plus 
en  plus  dure,  avec  une  certaine  tendance  à  prendre  l'état 
cristallin.  Ce  corps  est  insoluble  dans  l'eau  ,  mais  fort  so- 
luble  dans  l'alcool  et  l'éther;  le  carbonate  sodique  ne  le  dis- 
sout pas,  même  à  la  température  de  l'ébullition;  il  se  dis- 
sout facilement  à  chaud  dans  les  alcalis  caustiques;  l'acide 
chlorhydrique  précipite  de  cette  dissolution  des  flocons 
blancs  d'acide  bromosalicylique.  Sous  l'action  de  l'eau 
seule  ou  du  carbonate  sodique,  par  une  longue  ébulli- 
tion,  il  se  transforme  aussi  en  acide  bromosalicylique. 

Comme  nous  n'avons  pas  obtenu  ce  produit  à  l'état  cris- 
tallin, nous  ne  nous  sommes  pas  arrêté  à  l'analyser,  mais 
cet  ensemble  de  propriétés  que  nous  venons  d'indiquer  ne 
peut  nous  laisser  aucun  doute  sur  sa  nature  :  c'est  évidem- 
ment un  anhydride  bromosalici/lique. 

I/acide  bromosalicylique  que  l'on  en  obtient,  est  iden- 
tique avec  l'acide  bromosalicylique,  produit  directement 
par  l'action  du  brome  sur  l'acide  salicylique. 

11  cristallise  de  l'eau  bouillante  en  petites  aiguilles;  il 
est  très-soluble  dans  l'alcool  et  l'éther;  il  se  fond  à 
i64''-165'*,  et  se  congèle  vers  ISO^-ISS";  à  cette  même 
température  il  se  sublime  déjà  en  donnant  de  longues 
aiguilles,  transparentes,  brillantes. 

Sa  solution  alcoolique  se  colore  en  violet  intense  par 
l'addition  du  chlorure  ferrique. 

0^',r)7o^  de  substance  nous  ont  donné  O^^o^IS  de  bro- 


(  689  ) 
nuire  d 'argent ;  ce  qm  correspond  à  3G,49  7o  de  brome; 
la  formule  C,i  ÏI3  B/JÎ!|J„Qen  demande  5G,8G. 

Il  résulte  donc  de  nos  expériences  que  l'acide  salicylique 
donne  tout  à  la  fois, sous  l'action  du  pentabromure  de  phos- 
phore, de  l'ucide  bi'omosalicyliquc,  mais  surtout  de  l'anhy- 
dride bromosalicylique. 

Ces  résultats  ne  concordent  pas  avec  les  indications 
données  par  M.  Hûbner  (1),  qui  dit  avoir  obtenu,  dans  les 
mêmes  circonstances,  de  l'acide  salicylique  non  altéré  ou 
plutôt  non  modifié.  L'acide  bromosalicylique  cristallisé  de 
l'eau  ne  diffère  pas  extérieurement  de  l'acide  salicylique 
et,  de  plus,  sa  solution  se  colore  comme  celie  de  celui-ci 
en  violet  par  le  perchlorure  de  fer;  nous  présumons  donc 
que  le  produit  obtenu  par  M.  Ilûbner  n'aura  pas  été  ana- 
lysé. 

iHO 
CO  CH  )  0 

Sur  une  molécule  de  salicylate  de  méthyle,  nous  avons 
fait  réagir  une  molécule  de  pentabromure.  il  n'y  a  pas  d'ac- 
tion à  froid,  et  il  est  nécessaire  de  chauffer  légèrement;  il 
se  produit  un  vif  dégagement  d'acide  bromhydrique. 

Nous  avons  opéré  comme  précédemment;  le  liquide 
rouge,  produit  de  la  réaction,  est  traité  par  l'eau;  on  en 
obtient  une  huile  épaisse  brunâtre  qui,  lavée  au  carbonate 
sodique,  s'est  immédiatement  solidifiée  au  contact  de  l'acide 
chlorhydrique. 

L'eau  qui  a  servi  au  traitement  du  produit  brut  laisse 


(1)  Annalen  der  Chem.  uml  Pharm.,  l.  CXLIII,  p.  2o1.  Année  1867, 


(  690  ) 
déposer  par  son  refroidissement  nne  petite  quantité  de  cris- 
taux en  aiguilles  d'acide  broniosalicylique.  L'addition  de 
l'acide  chlorliydrique  à  la  solution  de  carbonate  sodique, 
qui  a  servi  à  laver  le  produit,  précipite  également  des  flo- 
cons blancs  de  ce  même  acide. 

Le  produit  principal  de  cette  réaction  est  du  brorao- 
salicylate  de  méthyle. 

La  masse  solide,  brune  et  amorphe  de  ce  corps  a  été 
dissoute  dans  l'alcool  chaud  et  décolorée  par  le  noir  ani- 
mal. Cette  solution  laisse  déposer  par  le  refroidissement  et 
par  évapor.ation  une  huile  qui  se  concrète  après  quelque 
temps  en  petites  aiguilles  formant  des  groupes  mame- 
lonnés assez  considérables. 

Ce  corps  se  fond  à  56^-57"  et  bout  sans  décomposition 
à  265"- 266*  (non  corrigé),  en  donnant  un  liquide  incolore 
qui  se  prend  de  suite  en  une  masse  cristalline,  formée  de 
petites  aiguilles.  Sa  solution  alcoolique  ou  éthérée  se  co- 
lore en  violet  intense  par  l'addition  du  chlorure  ferrique. 

0"'",2922  de  ce  corps  ont  fourni  0"',2586  de  bromure 
d'argent,  ce  qui  correspond  à  34-,59  "L  de  brome;  la  for- 
mule Co  H5  Br  lco(CH3)0  e»i  ^^'§<^  ^^'^^• 

Ces  divers  dosages'  de  brome  ont  été  faits  par  M.  le 
D'  Bronislas  Radziszewski. 

Dans  une  communication  ultérieure,  nous  nous  propo- 
sons d'étudier  quelques-uns  des  dérivés  halogènes  et  nilrés 
de  Tacide  salicylique. 


(  ()91 


Ueclierc/œs  sin-  les  dérivés  éf/iérês  des  aridvs  ef  des  alcools 
polijalonu'<iu('s,  par  M.  [.oiiis  Ilcnry,  corresponclanl  do 
rAcadémio 

PREMIÈRE  PARTIE. 

CO — Cl 

Chlorure  d'élhylglycolhjle.  ^^^-^^  ^  ^^ 

Le  composé  (C.2  H^O)  C/^,  que  l'on  désigne  habituelle- 
ment sous  le  nom  de  chlorure  de  (jbjcollyle  ou  la  dichlor- 

,    ,  .        ,      ,,.        co"-c/.     ,  ,  ,.  ,  ,      .  , 

hydrine  (jhjcolhque  t  _  ii  est,  en  réalité ,  que  le  chlo- 
rure de  l'acide  monochloracétique  ou  le  chlorure  d'acéujle 
monochloré  (QH^C/O)  C/;  c'est  ce  que  prouve,  en  effet, 
l'action  décomposante  qu'il  subit  de  la  part  de  l'eau  et 
des  alcools. 

Quant  au   véritable   chlorure  de   l'acide  glycollique, 
(C2H.2O  HO)C/,  propre  à  régénérer  sous  l'action  de  l'eau 

l'acide  glycollique  lui-même,  ou  la  monocldor hydrine  glij- 

CO— a  .  .,    , 

colltque,  I  ce  corps  est  encore  inconnu,  et  il  n  v  a 

^        CH2~H0  '  ^ 

guère  d'espoir  d'arriver  à  l'obtenir,  pas  plus  que  les 
monochlorures  ou  monochlorhydrines  des  acides  biba- 
siques,  eu  égard  à  la  facilité  avec  laquelle  les  chlorures 
des  radicaux  négatifs  se  décomposent  au  contact  de  l'eau 
et  des  alcools,  le  côté  acide  CO  G/  de  la  molécule  de  ce 
corps  devant  réagir  sur  le  côté  alcoolique  CH.)  HO  pour 

CO 


donner  l'anhvdride  givcollique  1      >o. 

Nous  nous  sommes  proposé  de  combler  cette  lacune 
dans  la  série  des  combinaisons  glycolliques,  en  préparant 


(  692  ) 

co  c/ 
le  chlorure  d'élhyle  glycollyle  :  i,^  _^^  ^^  ^,  l'acide  éthyl- 

glycollique    f:î!  Jl!\     équivaut,  en  effet,  à  l'acide  gly- 

collique  et  le  représente  parrailcment. 

Entre  le  glycollate  diethylique    i„    '„  ^,    et  le  mo- 

iiocîiloroacéiate  d'élliyle  existe   identiquement  la  même 

différence  de  composition  et  les  mêmes  rapports  qu'entre 

co — Cl 
le  chlorure  d'acétyle  monochloré    i    __  ^  et  le  chlorure  d'é- 

co*^c/  eu. 2    Cl 

thylgiycollyle    i'  11  était  dès  lors  légitime  de  cou- 

dure  qu'entre  ces  deux  derniers  corps  existerait  la  môme 
différence  de  volatilité  qu'entre  les  deux  premiers;  le 
chlorure  d'éthylglycollyle  devait,  d'après  ce  calcul,  bouillir 
à  128"  ou  aux  environs  de  cette  température. 


ÉBl'LLITION.  ÉBLLLITION. 


CO-C.II.O  ^  CO~G/ 

CH.— C.  11,0  CH2— C; 

Ghjcollale  diélhylique.  Chlorure  d'aiélijle  )m)wchloré. 


VA], -Cl  *'■'  CH^-C.TI.O 

MonochloroacéUde  délhijle. 

Différence  13°.  Différence  \ô'\ 


Cette  circonstance  probable  devant  rendre  impossible 
ou  fort  difficile  la  séparation  du  chlorure  d'élhylglycollyle 
d'avec  l'oxychlorure  de  phosphore  bouillant  comme  l'on 
sait  vers  110-120",  nous  avons  employé,  pour  le  pré- 
parer, non  le  pentachlorure  P/iC/^,  mais  bien  le  Irichlo- 
rure  Vh  C/3. 

L'acide  dont  nous  nous  sommes  servi  avait  été  préparé  sui- 


(  G95  ) 
vaiU  la  méthode  indiquée  en  dernier  lieu  par  iM.  ïîeinlz  (1). 
Il  avait  distillé  d'une  manière  constante  à  la  température 
de  !20G"'  à  207«. 

Nous  avons  fait  réagir  sur  un  poids  correspondant  à 
trois  molécules  d'acide,  environ  deux  molécules  de  tri- 
chlorure.  L'opération  se  l'ait  dans  une  petite  cornue  tu- 
hulée,  munie  d'un  thermomètre  et  mise  en  communication 
avec  un  réfrigérant  de  Liebig,  d'abord  renversé  et  que 
Ton  redresse  ensuite  pendant  la  distillation. 

L'acide  élhylglycollique  n'est  pas  attaqué  à  froid  par  le 
chlorure  phosphoreux  ,  mais  seulement  sous  l'action  d'une 
légère  élévation  de  température;  il  se  dégage  assez  ahon- 
damnient  de  l'acide  chlorhydrique;  soumis  à  la  distilla- 
tion, le  liquide  presque  tout  entier  passe  de  MO'' à  115°; 
il  reste  dans  la  cornue  une  masse  jaune  poisseuse,  comme 
dans  la  préparation  du  chlorure  d'acétyle. 

A  la  suite  de  quelques  rectifications,  on  obtient  aisé- 
ment du  produit  brut  de  cette  distillation,  le  chlorure 
d'éthylglycollyle  à  l'état  de  pureté. 

Ce  chlorure  constitue  un  liquide  incolore,  limpide, 
mobile;  d'une  odeur  très-forte,  piquante,  assez  analogue 
à  celle  du  chlorure  de  benzoyle,  et  excitant  à  un  assez 
haut  degré  le  larmoiement.  Il  bout  sans  décomposition  à 
1970.128''  (non  corrigé).  Sa  densité  à  -h  15°  est  égale 
à  1,1452. 

Il  réagit  vivement  sur  l'alcool  et  l'ammoniaque  en  don- 
nant les  produits  ordinaires  des  chlorures  acides. 

Il  ne  fume  que  modérément  à  l'air  ordinaire.  Projeté 


(1)  Voir  Annalen  der  Pliijs.  und  Chem.,  l.  CXI,  p.  552,  année  1860. 
S""''  SÉRIE,  TOME  XXVII.  46 


i 


(  694  ) 

dans  Tea»,  il  tombe  au  fond  en  l'ormanl  des  goullcs  hui- 
leuses qui  disparaissent  et  se  dissolvent  peu  à  peu. 

Nous  nous  sommes  borné  dans  l'analyse  de  ce  corps 
à  déterminer  le  chlore,  en  précipitant  par  l'azotate  d'ar- 
gent  sa  solution  aqueuse. 

I.  0-'.  o,loî2  de  substance  nous  ont  fourni  0"'.  5,082  de 
chlorure  d'argent. 

H.  0"^  7,274  de  substance  ont  donné  0^^  8,181  de 
chlorure  d'argent. 

Ces  chiffres  correspondent  à 


CALCULÉ 

TROIVÉ 

CoH.O— C.H.O- 

-a 

1.                     II. 

C,     —     iH 

59,18. 

)<          —         1) 

H:      -       7 

5,71. 

«          —         )) 

0,     -     Ô-2 

. 

>■)           rt 

a    ~    35,5 

28,98 

-28,89.  —  28,8.i. 

1i1i,o. 


Remarquons  que  de  même  que  l'acide  éthylglycollique 
C^FLO  j  (,  jj  Q  est  isomère  avec  le  glycollate  d'éthyle 
C.2H2OJ  ^'q'^  ,  le  chlorure  C^H^OJ  I^^jjq  est  isomère 

avec  l'éther  monochloracétique  C2  H^  0  \  cj^""^ 

Ce  chlorure  nous  permettra,  croyons-nous,  d'obtenir 
plusieurs  combinaisons  diglycolliques,  intéressantes  au 
point  de  vue  général  de  l'isomérie  :  c'est  le  manque  de 
matière  qui  nous  a  empêché  jusqu'ici  de  les  préparer,  le 
mauvais  temps  qui  règne  depuis  quelques  semaines  ne 
nous  ayant  pas  laissé  lé  libre  usage  du  soleil ,  si  nécessaire 
pour  obtenir  l'acide  monochloracétique. 

Celte  notice  fait  partie  d'un  ensemble  de  recherches 
que  nous  avons  entreprises  sur  les  dérivés  éthérés  des 


(  695  ) 
acides  et  des  alcools  pol} atomiques.   Les  considérations 
suivantes  feront  aisément  comprendre  la  pensée  qui  nous 
les  a  inspirées  et  le  but  que  nous  poursuivons. 

A  côté. des  combinaisons  purement  hydrogénées  se 
placent  naturellement,  dans  les  classifications  chimiques, 
les  combinaisons  mél/ujlées,  éthylées ,  etc.,  correspon- 
dantes. Les  groupements  méthyle  CH3 ,  étliyle  C-,  H^,  etc.? 
sortes  dliydrogènes  composés ,  sont  atomiquement  et  fonc- 
tionnellenient  d'une  équivalence  parfaite  avec  l'hydrogène 
proprement  dit. 

Il  est  seulement  à  remarquer  que  les  groupements 
CH3,C2H5,  etc.,  peut-être  parce  qu'ils  sont  moins  électro- 
positifs que  l'hydrogène  ou  parce  qu'ils  sont  moins  volatils, 
déterminent  des  combinaisons  plus  stables  en  général  et 
souvent  plus  faciles  à  obtenir  que  les  combinaisons  pure- 
ment hydrogénées. 

Quelles  qu'en  soient  la  cause  et  l'explication,  la  chimie 
fournit  de  nombreux  exemples  à  l'appui  de  ce  fait  général 
que  nous  venons  de  signaler. 

C'est  ainsi  qu'un  assez  grand  nombre  d'hydrures  mé- 
talloïdiques  et  surtout  d'hydrures  métalliques,  encore  in- 
connus, peu  connus  à  l'état  de  pureté  ou  difficiles  à 
obtenir  comme  tels ,  sont  très-bien  représentés  par  leurs 
correspondants  méthylés,  éihylés,  etc.;  c'est  le  cas,  à 
différents  degrés,  pour  le  sélénium,  le  tellure,  l'arsenic, 
l'antimoine,  le  bismuth,  le  silicium,  le  bore,  l'élain,  les 
métaux  alcalins,  le  magnésium,  le  zinc,  le  cadmium, 
l'aluminium,  le  plomb,  le  mercure,  etc. 

On  observe  des  relations  de  stabilité  analogues,  dans  les 
composés  dans  lesquels  on  est  convenu  d'en  admettre 
l'existence,  entre  VJiydroxyle  (HO)  et  les  groupements 
équivalents  méthoxyle  (CH3O),  éthoxyle  (C.2  H^O),  etc. 


(  ()9G  ) 

Les  dérivés  alcooliques,  méthylés,  élliylés,  etc.,  ou  les 
élliers,  sont  eu  général  plus  stables  que  les  acides  corres- 
pondants à  l'état  de  liberté. 

Ce  qui  est  plus  important  encore,  c'est  qu'un  nombre 
assez  notable  de  combinaisons  simplement  bydroxylées 
nous  sont  encore  inconnues,  tandis  qu'existent  les  com- 
binaisons analogues,  mélboxylées,  étboxylées,  etc.,  sou- 
vent faciles  à  obtenir  et  à  préparer  à  l'étal  de  pureté. 

il  ne  sera  pas  inutile  d'appuyer  ces  diverses  assertions 
sur  quelques  exemples  (1)  : 


COMBINAISONS  INCONNUES 


CO  M  D 1 N  \  I  SON  S   CO  N  N  U  E  ^ 


H,S03. 

(C2H5),S03. 

ylcide  sulfureux. 

Sulfite  d'élhijle. 

(H  S  0,)  a. 

{C.,U,SO.,)CI. 

Chlorure  de  l'acide  sulfureux. 

Chlorure  de  l'acide  élhylsulfureux. 

H3  Vh  0. 

(C.Hs^gP/lO. 

U.XsO 

(C  H3^3  Xs  0. 

U^SbO. 

(lîoAj;).     S/;0. 

(H  P"A  0)  CL,. 

{C,i\.p"/i0)(:i,{2). 

Chlorure  de  i acide  photiphoreux. 

H3B0. 

(C,  \hh  Bo. 

H3B0O,. 

(C^n.^noo,. 

H3B0O3. 

{^^'■2^5^Z^>0  0.. 

CO(H  0)2. 

(C()((:,H,0i2. 

Acide  carbonique. 

™  !  l"i'o. 

^^^I^t-^O). 

Chlorocarbonate  d'éthijle. 

(1)  Nous  avons  joint  dans  cello  lislo,  aux  conil)inaisons  li^dioxyléos, 
(luelfiucs  aulios  composés,  clilorurcs,  oxydes,  etc.,  dont  rexistcnco  peut 
éj,'alemenl  èUe  citée  à  l'appui  de  la  dKïeience  de  stabilité  que  nous  signa- 
lons onU'C  les  dérivés  purement  hydrogénés  et  les  dérivés  élhérés. 

{'2)  Menscliutkine,  ZeHsrhrift  fUr  Cliemie  y  t.  II ,  nouvelle  série,  p.  (m. 


(  mi 


C  (H  0),. 
Acide  orlho-carboniquc. 

C(C,H,0),. 
Ortho-carbonate  d'etliyle  (1) 

G  H  (H  0^3. 
Glycérine  forminique. 

Formiate  tri  éthylique  ["l). 

C,H3(H0)3. 

Glycérine  acétylénique. 

Èther  hiélhoxylique. 

''2H3  ,  Cl. 

Éther  chloréthoxyliqtie  (  i). 

Si  (H  0),. 
Acide  orthosilicique. 

Si(C,H,0),. 

U.SiO,. 

Acide  mélasilicique. 

((:,iys/03. 

HeS/,0,. 

Bisiliiate  hexoéthyUque  (5; 

H,S/(>,. 

(C,H,)3HS/03. 

Éther  silicoformique.  (6). 

Tandis  que  riiydroxyie,  alcoolique  ou  acide,  est  lacile- 
ment  attaqué  par  le  tri  et  le  pentachlorure  de  phosphore, 
que  i'hydroxyle  dans  les  alcools  l'est  de  plus  par  les  hydra- 
cides  halogènes,  les  groupements  mélhoxyle  (CH5O)  et 
éthoxyle  (C2H:jO)  présentent,  en  général,  à  l'action  de  ces 
divers  corps,  une  grande  force  de  résistance. 

C'est  ainsi  que  l'éther  snlfurique ,  le  benzoate  d'éthyle  (7) 


(1)  Basset,  Annal,  der  Chem.  und  Pharm.,  t.  CXXXII,  p.  oi. 
(-2)  Kay  et  Williamson  ,  ibid.,  t.  XCII,  p.  546. 
(5)  Lieben,  ibi'L,  t.  CXLVI ,  p.  190  (année  1868). 

(4)  Lieben,  Ann.  der  Chem.  und  Pharm  ,  t.  CXLVI ,  p.  193. 

(5)  Friedel  et  Crafts,  Bulletin  de  la  Société  chim.  de  Paris,  t.  V,  p.  259 
(année  1863). 

(6)  Friedel  et  Ladeiibiirg,  Bull,  de  la  Soc.  chimique  de  Paris ,  t.  VJl, 
p.  3-23. 

(7)  Cahours,  voir  Gerhardl,  Traité  de  chimie  organique,  l.  III,  p.  223- 
—  Reboiil  et  Lourenço,  Comptes  rendus,  l.  LU,  p.  466. 


(  698  ) 
ne  sont  pas  attaqués  par  le  chlorure  phosphorique,  que  la 
diéthyline  glycérique  CsHo  j  |h'o/^^'   sous  l'action  de  ce 


corps  est  transformée  en  chloro-éthylineCsH^  ^  ^.^ 

Ces  diverses  circonstances,  en  ce  qui  concerne  spéciale- 
ment la  stabilité  et  la  force  de  résistance  des  groupements 
(CH5O),  (C^IiiiO),  etc.,  ne  nous  paraissent  pas  avoir  été 
jusqu'ici  suffisamment  remarquées  par  les  chimistes;  en 
tout  cas,  ces  propriétés  sont  susceptibles  de  recevoir  une 
application  beaucoup  plus  large  que  celle  qu'elles  ont 
reçue  jusqu'à  présent. 

Nous  comptons  les  mettre  à  protit  pour  réaliser  diverses 
transformations  parmi  les  composés,  alcooliques  et  acides, 
polyatomiques,  et  pour  préparer  diverses  combinaisons 
propres  à  combler  des  lacunes  aujourd'hui  existantes  dans 
les  classifications  chimiques. 

Nous  rendrons  compte,  dans  une  prochaine  notice,  de 
l'action  du  pentachlorure  et  du  pentabromure  de  phos- 
phore sur  divers  éthers  d'acides  polyatomiques. 


Recherches  sur  les  dérivés  de  l'acide  phényl- acétique 
(a  loluiqiie),  par  le  docteur  Bronislas  Radziszewski , 
répétiteur  de  chimie  générale  à  l'Université  de  Louvain. 

DEUXIÈME  PARTIE. 

Dans  la  première  partie  de  mon  travail  (1),  j'ai  exposé 
les  vues  théoriques  qui  m'ont  engagé  à  entreprendre  une 
série  de  recherches  sur  l'acide  phényl-acétique.  Il  serait 

(1)  Dullctins  de  l'Académie,  l.  XXVI,  p.  '2\)ô. 


(  699  ) 
sans  aucun  intérêt  d'y  revenir  encore  une  fois.  Je  me  bor- 
nerai donc  à  décrire  les  nouveaux  faits  que  j'ai  constatés 
depuis  lors,  tout  en  me  réservant  la  continuation  de  mes 
recherches  sur  le  même  corps,  dans  le  but  de  résoudre  le 
prol)lème  que  je  me  suis  posé. 

Voici  la  liste  des  nouveaux  corps  dont  la  description  fera 
l'objet  principal  de  la  présente  notice: 

1 .  Acide  phényl-acéliquc  C^  H5— CH^^CO  (OU). 

2.  Acide  parabromo-phényl-acélique  C^  II4  |  _(;if — CO(OH) 

(  Br 

5.  Acide  parabromo-nilro-pliényl-acéliquc       Ce  H5  \  ^^2 

{  -cH,— co(on). 

4.  Acide  phényl-biomacétique  CfiH^— CHBr— CO  (OH). 

b.  Acide  parachloro-phényl-acélique  ^^6^4  )  _CH, — CO(OH). 

6.  Acide  paranilro-phényl-acétique  Cg  H^  |  ^_ri\  — qq  (qh) 

7.  Acide  binilro-phényl-acélique  Cg  H3  j  ILcîi  — co  (OH) 

8.  Acide  paraamido-phéiiji-acétique  C^  H4  j  _(fH— CO(OU) 

9.  Acide  paraazo-pliényl-acélique  ^^6^4  I  IScn — CO(0[i') 

1.    Acide  PHÉNYL-ACÉTIQUE. 

J'ai  préparé  ce  corps  d'après  le  procédé  de  M.  Canniz- 
zaro.  Si  l'on  a  soin  d'éliminer  par  filtration  la  Iribenzyla- 
mine  qui  se  forme  toujours  par  l'action  du  chlorure  de 
benzyle  sur  le  cyanure  de  potassium  du  commerce,  on 
obtient  l'acide  phényl-acétique  assez  pur  pour  qu'il  soit 
inutile  de  le  transformer  en  sel  barytique  comme  Findiquc 
iM.  Cannizzaro;  il  suffit  de  recristalliser  cet  acide  deux  ou* 
trois  fois,  pour  l'avoir  dans  un  état  de  pureté  absolue.  Le 
rendement  dépend  évidemment  de  la  qualité  du  cyanure 


(  700) 
de   potassium   employé.  Toutefois,  les   préparations  les 
mieux  réussies  ne  m'ont  donné  qu'environ  6  parties  d'a- 
cide pour  10  parties  de  chlorure  de  benzyle,  ce  qui  est 
loin  d'être  satisfaisant. 

L'acide  obtenu  par  ce  procédé  fond  à  77°  et  bout  à 
26o°C.  J'étais  donc  dans  l'erreur  en  mettant  en  doute  pré- 
cédemment (1)  l'identité  de  ce  corps  avec  le  produit  de 
réaction  de  l'hydrogène  naissant  sur  l'acide  phényl-chlor- 
acélique. 

L'éther  méi/ryliquc  de  l'acide  phényl-acétique  s'obtient 
facilement,  en  saturant  la  solution  de  cet  acide  dans  l'es- 
prit de  bois  par  l'acide  chlorhydrique  gazeux.  On  l'extrait 
de  là  et  on  le  purifie  par  le  procédé  ordinaire. 

C'est  un  corps  liquide,  incolore,  doué  d'une  odeur 
agréable,  mais  un  peu  piquante.  Sa  densité  spécifique  à 
16"C  a  été  trouvée  1,044.  Il  bout  sans  décomposition  à 
220"C  (non  corrigé). 

L'éther  élliyliqiie  s'obtient  comme  le  précédent.  C'est 
un  cor[)s  liquide,  de  la  densité  spécifique  1,051  (à  IG^C). 
11  bout  sans  décomposition  à  î226*'C  (non  corrigé).  Par 
l'action  de  l'acide  nitrique  fumant  il  se  transforme  en 
paranitro-phényl-acétate  d'éthyle  qui  est  décrit  plus  loin. 

2.  Acide  parabromo-phényl-acétique. 

Le  brome  réagit  très-vivement  sur  l'acide  phényl-acé- 
tique, en  dégageant  de  l'acide  bromhydrique.  Pour  mo- 
dérer la  réaction,  on  fait  arriver  le  brome  goutte  à  goutte 
sur  l'acide,  dans  un  petit  ballon  plongé  dans  l'eau  froide. 


(1)  Bullclins  lie  F  académie  .  t.  XXVI ,  p.  209. 


(  701  ) 
Lorsqu'on  a  versé  la  quantité  de  brome  correspondant 
à  léqualion 

Cg  H3  0,  -+-  Un  =  Cg  H/y  lir  (\  -+-  H  I5r, 

on  laisse  le  tout  pendant  24  heures.  La  masse  liquide  qui 
s'était  formée  se  solidifie  par  l'addition  de  Peau  froide. 
On  la  dissout  dans  une  lessive  de  soude  caustique  pour 
enlever  Texcès  de  brome,  et  Ton  précipite  de  cette  disso- 
lution par  l'acide  clilorbydrique. 

Après  avoir  répété  cette  opération  plusieurs  fois,  on 
dissout  le  produit  dans  de  Teau  bouillante  ou  dans  de 
l'alcool  dilué,  d'où  il  cristallise  en  petits  prismes  blancs, 
répondant  à  la  formule  Cg  H7  Br  O^.  Voici,  du  reste,  le 
résultat  de  son  analyse  : 
J).  0,5040  de  substance  ont  donné  (d'après  le  procédé  de 

IM.  Carius)  0,2664  de  AgBr  ou  0,1 153  de  brome. 
2).  0,2946ontdonné0,2o70de  A^BrouO,1095de  brome. 
5).  0,5oo4  ont  donné  0,5788  de  CO.^  ou  0,Jo78  de  C  et 

0,1086  de  H,0  ou  0,0120o  de  H. 
De  là  on  déduit  : 


CALCULÉ 

TROUVÉ 

1. 

11.     Jll. 

Cg—  96  u,m 

— 

-   44,41. 

H  7    7    5,2o 

•  — 

-    5,39. 

Br  m      37,20 

37,203 

57,15   — 

O^   52   14,90 

— 

—    — 

215  100,00. 

L'acide  parabromé  est  presque  insoluble  dans  l'eau 
froide;  il  se  dissout  dans  40  parties  d'eau  bouillante.  De 
ses  solutions  saturées  à  chaud,  il  se  précipite  à  l'état  d'une 


(  702  ) 

liuile  qui  ne  tarde  pas  à  se  solidilicr.  Cristallisé  lentement 
de  Talcool  dilué  par  évaporisation  spontanée,  il  constitue 
des  prismes  fusibles  à  76"C.  Ses  sels  de  barium  et  de 
calcium  sont  très-solubles  dans  l'eau  et  dans  Talcool.  Ils 
présentent  l'aspect  de  petites  sphères  ou  mamelons. 

Pour  rattacher  ce  corps  aux  dérivés  bromes  de  l'acide 
benzoïque,  je  l'ai  oxydé  en  le  soumettant  à  une  ébullition 
prolongée  avec  la  quantité  calculée  de  bichromate  potas- 
sique et  d'acide  sulfurique  dilué.  Lorsque  la  liqueur  est 
devenue  verte,  on  la  laisse  refroidir;  le  corps  solide  qui 
s'est  formé,  recueilli  sur  un  filtre,  est  dissous  dans  l'am- 
moniaque aqueuse.  Le  sel  ammoniacal  ainsi  formé  préci- 
pite par  l'acide  chlorhydrique  un  acide  blanc,  solide,  qui, 
recristallisé  plusieurs  fois  dans  l'alcool  dilué,  forme  des 
prismes  distincts,  fusibles  à  251  "C.  Le  dosage  du  brome 
dans  ce  corps  a  donné  le  résultat  suivant  : 
0,4096  de  substance  ont  donné  0,5764  de  A^Br  ou 
0,1601  de  brome,  ce  qui  correspond  à  59  "/o  de  Br.  La 
formule  C7  H^  Br  O^  en  exige  59,50  70.  Ce  corps  est  donc 
l'acide  parabromo-benzoïque  que  MM.  Hiibner  et  Ohly  (1) 
ont  obtenu  en  oxydant  le  toluène  brome.  Je  me  permets 
de  faire  remarquer  que  cet  acide  cristallise  de  l'éther  en 
longues  aiguilles  aplaties,  d'une  blancheur  irréprochable, 
mais  mates. 

Les  eaux-mères,  au  milieu  desquelles  a  cristallisé  l'acide 
parabromo-phényl-acétique ,  contiennent  un  autre  corps 
brome,  assez  notablement  soluble  dans  de  l'eau  froide, 
qui  cristallise  en  gros  prismes,  fusibles  à  99"C.  Nous 
n'avons  pas  encore  fait  l'élude  de  ce  composé  sur  UMpicl 
nous  nous  proposons  de  revenir  plus  lard. 


{[)  Aun.  Chein.  /'/u/rm.  CXLllI,  18C7,  p.  250. 


(  705  ) 


5.  Acide  parabromo-mtho-phé.nyl-acktiqle. 

On  obtient  ce  corps  très-i'acilcmcnt  en  dissolvant  l'acide 
parabronié  dans  Tacide  nitrique  nionoliydialé.  Le  produit 
de  la  réaction,  précipité  par  l'eau,  recueilli  et  lavé  sur  un 
liltre,  est  soumis  à  quelques  cristallisations  successives 
dans  l'alcool  dilué  et  chaud. 

C'est  un  corps  solide,  avec  une  teinte  verdàtrc.  Il  cris- 
tallise en  prismes  fusibles  à  150''C. 

L'analyse  de  ce  produit  a  donné  les  nombres  suivants  : 

i).  0,4900  de  substance  ont  donné  0,5525  de  k(j  Br  ou 
0,1500  de  Br. 

2).  0,5552  ont  donné  0,4^04  de  CO.  ou  0,1228  de  C  et 
0,0892  de  H.  0  ou  0,0099  de  H. 

De  là  on  déduit 


CALCULÉ 

Cs 

96 

56,92 

He 

6 

2,30 

Br 

80 

50,76 

N 

U 

o,58 

O4 

r,4 

2i,64 

260 

100,00 

Je  continue  l'étude  de  ce  corps  pour  en  faire  le  dérivé 
amidé,  qui  sera  probablement  l'acide  méta-amido-phényl- 
acétique. 


(  704  ) 


4.  Acide  phényl-bromacétique. 

Ce  corps  a  déjà  été  précédemment  décrit  par  M.  Glaser 
et  moi  (I).  Nous  l'avons  obtenu  par  la  réaction  de  Tacide 
bromliydrique  sur  l'acide  formobenzoïque.  11  m'a  paru  in- 
téressant de  déterminer  les  conditions  dans  lesquelles  on 
pourrait  l'obtenir  de  l'acide  pbényl-acétique  et  de  réaliser 
de  cette  manière  la  transformation  directe  de  cet  acide  en 
acide  formobenzoïque  ou  phényl-glycollique.  J'ai  constaté, 
en  effet,  que  si  l'on  fait  arriver  les  vapeurs  du  brome  dans 
l'acide  pbényl-acétique  cbaulïé  à  loO^C  on  obtient  une 
notable  quantité  d'acide  phényl-bromacétique.  Je  ne  me 
suis  pas  arrêté  à  isoler  celui-ci;  le  produit  de  la  réaction, 
après  avoir  été  lavé  à  l'eau  cbaude,  a  été  bouilli  pendant 
quelque  temps  avec  de  la  soude  caustique.  La  liqueur  sur- 
saturée par  l'acide  cblorbydrique  a  précipité  une  petite 
quantité  d'une  matière  blancbe,  floconneuse,  que  l'on  a 
séparée  par  filtration  ;  le  liquide  liltré  a  été  traité  par  l'élber 
qui  en  a  extrait  un  corps  qui,  recrislallisé  dans  l'eau,  pos- 
sédait toutes  les  propriétés  et  la  composition  de  l'acide  for- 
mobenzoïque. Voici,  d'ailleurs,  les  résultats  d'une  combus- 
tion qui  a  été  faite  de  ce  corps  : 

0,2904  de  substance  ont  donné 0,6682  de  CO.2  ou  0,1822 
de  C  et  0,1415  de  H.^  0  ou  0,0157  de  H  ;  ce  qui  corres- 
pond à  62,74  '7o  de  C  et  à  l),AO  ''/..  d'bydrogène. 

La  formule  Cg  Hg  O3  en  exige  65,15  "/^  de  C  et  5,26 
de  H. 


(1)  Bullclindc  l'Aradéinie ,  l.  XXIV,  ir  S,  18G7, 


(  7or>  ) 


5.  Acide  parachlorphényl-acktiqlt. 

Dans  un  ballon  de  5  litres,  remplis  de  chlore  sec,  on  a 
inlrodiiil  55  graninies  d'acide  pliényl-acétique  également 
sec.  Sous  l'action  de  la  lumière  directe  du  soleil,  la  couleur 
du  chlore  disparaît  assez  promptemenl.  Après  deux  jours 
la  décoloration  est  complète;  on  lave  le  produit  de  la  réac- 
tion avec  de  l'eau,  on  le  dissout  dans  de  la  soude  caustique 
et  on  précipite  de  cette  dissolution  par  l'acide  chlorhy- 
drique.  Le  précipité  ainsi  obtenu  a  été  soumis  à  la  cris- 
tallisation fractionnée  dans  de  l'alcool  dilué.  On  obtient 
d'abord  une  huile  qui  se  solidifie  partiellement;  le  corps 
solide  étant  séparé,  séché  et  cristallisé  dans  l'alcool,  se  pré- 
sente sous  forme  de  lames  transparentes,  fusibles  à  89".  Ce 
corps  contient  du  chlore;  nous  n'en  avons  pas  eu  une 
quantité  sufiisante  pour  en  faire  l'analyse  complète.  Nous 
reprendrons  ultérieurement  l'étude  de  ce  produit. 

Les  eaux-mères,  d'où  s'est  déposée  celte  huile,  ont  dé- 
posé ensuite  un  mélange  de  deux  corps  chlorés;  plus  tard 
elles  abandonnent  de  petits  prismes  blancs  qui,  recristal- 
lisés plusieurs  fois  dans  l'eau,  ont  été  reconnus  pour  être 
l'acide  parachlorophényl-acétique,  préparé  par  iMM.  Beil- 
stein  et  Kuhlberg  (1)  par  la  réaction  du  chlorure  de  ben- 
zyle  chloré  sur  le  cyanure  de  potassium  et  la  décomposi- 
tion du  cyanure  ainsi  formé  parla  potasse  caustique. 

Le  dosage  du  chlore  a  donné  : 

De  0,2*242  de  substance  nous  avons  obtenu  0,1867  de 


(t)  Aun.Chem.  Phann.  18G8. 


(  706  ) 
\(jCl  ou  0,0 iGo  (le  chlore;  ce  qui  correspond  à  20,G4  "/„ 
de  Cl.  tandis  que  la  formule  C^  lij  C/  0.y  en  exige  20,82  "/o.* 

Nous  avons  trouvé  que  cet  acide  fond  à  68°.  L'acide  de 
MM.  Beilstein  et  Ivuhlberg  fond  à  GO'C,  mais  malgré  celte 
différence  de  fusibilité,  je  ne  puis  douter  que  cesdeux  corps 
ne  soient  identiques.  Dès  que  je  posséderai  une  quantité 
plus  grande  de  ce  produit,  je  le  soumettrai  à  l'oxydation; 
s'il  y  a  identité,  j'obtiendrai  l'acide  parachlorobenzoique. 

Je  me  propose  aussi  de  soumettre  l'acide  phényl-acé- 
tique  à  l'action  du  chlore  à  une  température  de  150°,  dans 
le  but  d'obtenir  l'acide  phényl-chloracétique;  ce  serait-là  le 
meilleur  procédé  de  préparation  de  l'acide  formobenzoïcjue. 

6.  Acide  para^itro-phényl-acétique. 

L'acide  phényl-acétique  se  dissout  très-facilement  dans 
l'acide  nitrique  fumant  et  froid.  On  verse  la  liqueur  dans 
de  l'eau  froide  d'où,  après  quelques  instants,  il  se  sépare 
des  cristaux  prismatiques  qui,  recueillis  sur  un  liltre  et 
lavés  avec  de  l'eau,  sonl  cristallisés  dans  de  l'alcool  dilué. 

L'acide  ainsi  obtenu  forme  des  prismes  assez  bien  déve- 
loppés, qui  fondent  à  114"  C.  Il  est  peu  soluble  dans  l'eau 
froide,  très-soluble  dans  l'alcool,  l'éther,  le  sulfure  de  car- 
bone, etc. 

Les  dosages  du  carbone  et  de  l'hydrogène  dans  cet  acide 
nous  ont  donné  les  nombres  suivants  : 

L  0,5758  de  substance  ont  donné  0,7258  de  CC^  el 
0,148  de  H^O  ou  0,1979  de  C  et  0,0156  de  PL 

2.  0,5854  ont  donné  0,7408  de  CO.,  ou  0,2020  de  C. 

5.  0,5022  ont  donné  0,5844  de  CO.  et  0,1 102  de  IL>() 
ou  0,1595  de  C  el  0,0122  de  IL 


(  707  ) 
De  là  on  déduit  : 


CALCULÉ 

<-8 

06 

o5,(15 

•l- 

7 

5,87 

N 

14 

7,74 

0, 

G4 

35,50 

181 

100,00. 

TROUVÉ 


I.       u       m. 

5-2,66     5-2,71     52,71. 
.i,15      —         4,05. 


Les  selsde  cet  acide  sont  ordinairement  colorés  en  jaune. 

Le  sel  sodique,  cristallisé  de  l'alcool,  forme  des  tablettes 
quadratiques,  colorées  en  jaune;  ce  sel  répond  à  la  formule 
Cg  He  NO4  ^a  +  2H2O.  L'analyse  a  donné,  en  effet,  les 
résultats  suivants  : 

\ .  1,7625  de  substance  chauffés  longtemps  à  120°,  dans 
un  courant  d'air  sec,  ont  perdu  en  poids  0,2795. 

2.  0,4o50  ont  donné  0,1  o60  de  No^  SO4  ou  0,0459 
de  Na. 

5.  0,2548  ont  donné  0,0685  de  ^a,  SO4  ou  0,02215 
de  ^a. 

4.  0,4754  ont  donné  0,1578  de  ^ih  SO4  ou  0,0446 
de  N«. 


là  on 

déduit  : 

CALCULÉ 

('. 

96 

40,16 

"c 

6 

2,31 

N 

U 

6,27 

O4 

6i 

26,28 

Na 

25 

9,66 

2H2O  56 

15,12 

—        9,69       9,i8       9,42. 
15,71        _  _  _ 

259     100,00. 

Le  sel  d'argent  constitue  un  précipité  jaunâtre  qui,  des- 


(  708  ) 
séché,  (levienl  presque  blanc.  Le  dosage  de  l'argent  a  donné 
53,21  %.  La  Ibrnmle  Cs  11^  NO/,  A^  en  exige  55,53  %. 

Le  sel  de  plomb  est  un  précipité  jaunâtre  que  l'on  peut 
faire  cristalliser  dans  l'eau  bouillante;  il  se  présente  alors 
sous  forme  de  mamelons,  qui  paraissent  contenir  de  l'eau 
de  cristallisation.  Au  moins  un  dosage  de  plomb  a  donné 
les  nombres  suivants  : 

0,4558  de  substance,  après  avoir  été  brûlés  avec  l'azo- 
tate d'ammoniaque  et  de  l'acide  suIfurique,ont  laissé  pour 
résidu  0,2150  du  P6SO4,  ce  qui  correspond  à  54,14  de  VO. 
Le  sel  répondant  à  la  formule  CgHgNOiP'^ -h  FLO  exige- 
rait 54,57  "/o,  tandis  que  le  sel  anhydre  demande  56,55  "/o. 

Le  sel  cuivrique  est  un  précipité  bleu-verdàtre  qui  de- 
vient cristallin  après  quelque  temps.  Les  sels  mercureux 
et  raercuriques  donnent, avec  cet  acide  préalablement  neu- 
tralisé par  l'ammoniaque  des  précipités  d'un  blanc  pur. 

L'éther  éthylique  de  cet  acide  s'obtient  et  se  purilie  par 
les  procédés  généralement  employés.  C'est  un  corps  qui 
cristallise  de  l'alcool  absolu  en  prismes,  lesquels  se  soudent 
ensemble  pour  constituer  des  tablettes  larges  et  striées. 
11  fond  à  62°C.  Le  même  corps  s'obtient  en  nitrant  le 
phényl-acétate  d'éthyle. 

Une  combustion  de  ce  corps  nous  a  donné  le  résultat 
suivant  : 

0,5002  de  substance  ont  donné  0,0248  de  CO.2  et  0,1440 
de  l'i^O  ou  0,1704  de  C  et  0,01G0  de  H. 

De  là  on  déduit  : 


CALCULÉ 

C,o 

1-20 

57,41 

"u 

11 

ri,2G 

N 

li 

0,07 

^\ 

(U 

30, ()0 

TROUVÉ 

50,76 


209     100,00. 


(  709  ) 

L*acide  paranilro-pliénvl-acétiquo,  soumis  à  une  élnilli- 
tion  prolongée  avec  un  mélange  de  hichromale  potassique 
et  d'acide  sulfurique  dilué,  se  transforme  en  un  corps 
blanc  qui  cristallise  dans  l'éther,  en  paillettes  transpa- 
rantes et  irisées.  Ce  corps,  recristallisé  dans  l'alcool  dilué, 
prend  une  teinte  verdàtre  et  se  présente  sous  forme  de 
paillettes  nacrées  fusibles  vers  230°C.  Une  combustion 
nous  a  donné  les  nombres  suivants  : 

0,51 16  de  substance  ont  donné  0,5658  de  CO.  et  0,08o8 
de  H2O  ou  0,1 544  de  C  et  0,0095  de  H;  ce  qui  corres- 
pond à  49,55  0/0  de  C  et  5,04  d'hydrogène.  La  formule  de 
l'acide  nitro-dracylique  exige  50,29^/0  de  G  et  2,98  ^/o 
d'hydrogène. 

11  s'ensuit  donc  que  le  corps  obtenu  par  oxydation 
n'est  autre  chose  que  l'acide  paranitrobenzoique.  11  est 
vrai  que  cet  acide  doit  fondre  à  258"  d'après  MM.  Wil- 
brand  et  Beilstein  (1)  et  à  240*^  d'après  M.  G.  Fischer  (2). 
Mais  cette  différence  de  fusibilité  pourrait  bien  être  occa- 
sionnée par  une  petite  quantité  d'impureté  que  mon  acide 
contient  peut-être. 

L'acide  paranitro-acétique  traité  par  une  solution  alcoo- 
lique de  potasse  caustique,  prend  une  coloration  rouge 
violette  qui  est  très-fugace.  Après  avoir  fait  bouillir  une 
pareille  solution,  nous  avons  pu  en  extraire  un  nouvel 
acide  cristallisant  en  petites  aiguilles  qui  est  probable- 
ment l'acide  azoxyphényl-acétique.  Nous  ne  pouvons  ter- 
miner l'histoire  chimique  de  cet  acide  paranitré,  sans 
ajouter  qu'à  coté  de  ce  corps  il  se  forme  toujours  dans 
la  même  réaction  un  autre  acide, —  probablement  l'acide 


(1)  Ann.  Chem.  Phann.  CXXVIII,  p  257. 

(2)  Ann.  Chem.  Phann.  CXXVII,  p.  137. 

2"'®  SÉRIE,  TOME   XXVII.  47 


(  710  ) 
orllio-nilro-pliényl-acéliquo,  qui  reste  dissous  clans  les  eaux 
mères,  dont  le  sel  de  sodium  cristallise  de  l'alcool  en 
aiguilles  de  couleur  chair,  il  paraît  que  ce  sel  contient  une 
molécule  d'eau  de  cristallisation.  Je  m'occupe  actuelle- 
ment de  la  préparation  et  de  la  purification  de  ce  corps. 

7.  Acide  binitro-phényl-acétique. 

Notre  acide  paranitré,  traité  par  un  mélange  d'acide 
nitrique  et  d'acide  sulfurique  concentré,  se  transforme  en 
acide  binitro-phényl-acétique,  qui  cristallise  en  aiguilles 
groupées  concentriquement,  fusibles  à  160°  C.  11  s'éthérihe 
très-facilement.  — Comme  nous  nous  proposons  de  faire 
une  étude  plus  complète  de  ce  corps,  nous  reproduirons 
ultérieurement  les  données  analytiques  qui  sont  dès  à  pré- 
sent à  notre  disposition. 

8.  Acide  paraamido-phényl-acétique. 

L'acide  paraniiro-phényl-acélique,  traité  par  l'étain  et 
l'acide  chlorhydrique,*se  transforme  en  acide  paraamidé. 
Le  produit  de  la  réaction  est  dissous  dans  beaucoup  d'eau, 
l'étain  est  éliminé  par  un  courant  d'acide  sulfhydrique,  et 
la  liqueur  filtrée  et  claire  est  évaporée  dans  un  courant  de 
ce  même  gaz.  On  obtient  de  cette  manière  le  chlorhydrate 
de  l'acide  paraamidé  que  l'on  peut  purifier  en  le  recristal- 
lisant  dans  l'alcool.  Pour  obtenir  l'acide  libre,  on  dissout 
le  chlorhydrate  dans  le  carbonate  monopotassique,  et  on 
sursature  avec  l'acide  acétique  concentré.  Il  se  forme  un 
corps  composé  de  petites  paillettes  blanches,  nacrées,  les- 
(juelles,  recrislallisées  une  ou  deux  fois  dans  l'alcool,  sont 
d'une  pureté  parfaite. 


(  7H  ) 

Ce  mode  de  préparation  de  l'acide  paraamidé  ne  m'a 
pas  donné  un  rendement  satisfaisant.  Le  résultat  a  été 
de  beaucoup  meilleur  lorsque  j'ai  employé  pour  agent  ré- 
ducteur le  sulfliydrate  d'ammoniaque.  La  purification  a 
été  la  même;  seulement,  après  avoir  précipité  l'acide  amidé 
par  l'acide  acétique,  j'ai  remarqué  que  l'acide  chlorliy- 
drique  précipite  encore  des  eaux  mères  un  corps  qui,  re- 
cristallisé de  l'eau  bouillante,  forme  de  très-longues  ban- 
delettes nacrées,  fusibles  à  158°.  C'est  évidemment  l'acide 
paraazo-phényl-acétique.  L'analyse  semble  confirmer  cette 
présomption;  toutefois,  comme  je  n'ai  pas  encore  suflisam- 
ment  étudié  ce  corps,  je  préfère  le  décrire  dans  la  troi- 
sième partie  de  mes  recberches. 

Ainsi  que  nous  venons  de  le  dire ,  l'acide  paraamido- 
pbényl-acétique  est  un  corps  blanc,  nacré,  insoluble  dans 
l'eau  froide  et  dans  l'éther;  sensiblement  soluble  dans 
l'eau  bouillante  et  dans  l'alcool.  A  l'état  sec,  il  se  conserve 
très-bien;  humide,  il  se  colore  et  se  détruit  rapidement. 
Les  dosages  de  l'azote ,  d'après  la  méthode  de  MM.  Will 
et  Warentrapp,  ont  donné  les  résultats  suivants  : 

1).  0,4286  ont  donné  0,2810  deP;  ou  0,05966  d'azote. 

2).  0,1808  ont  donné  0,1186  de  P^  ou  0,01678  d'azote. 
Ce  qui  correspond  à  9,270/o  et  9,28%  d'azote.  La  for- 
mule CgHgNO.,  en  exige  9,59  >. 

Le  chlorhydrate  de  l'acide  paraamidé  constitue  de  lon- 
gues aiguilles  blanches,  molles,  renfermant  beaucoup 
d'eaux  mères.  Vers  loO"  il  se  sublime  en  subissant  une 
décomposition  partielle. 

0,6782  de  ce  corps  ont  donné  0,5170  de  kg  Cl  ou  0,1278 
de  C/,  ce  qui  correspond  à  18,70  *^/o  de  C/.  La  formule 
Cg  Ho  NOi  HC/  en  exige  1 8,95 o/o. 


(  712  ) 

Le  sulfate  neutre  crisialliscMMi  lames  hexagonales,  apla- 
ties, dures  et  transparentes.  A  l'air  humide,  il  devient 
rosàtre. 

0,5697  ont  donné  0,5508  de  Ba  SO4,  ou  0,1591  de 
H2  SO4,  ce  qui  correspond  à  24,42  ^/o. 

Ya  formule  (Cg  Ho  NO,),  H,  SO4  exige  24,50  0/0  d'acide 
sulfurique. 

Le  nitrate  constitue  des  lames  dures  et  cassantes. 

Le  sel  argentique  forme  un  précipité  blanc,  amorphe, 
facilement  décomposable  sous  l'action  de  la  lumière. 

0,4594  de  ce  corps  nous  ont  donné  0,1855  d'argent 
ou  41,720/0.  La  formule  C»  H8NO4  A^  en  exige  42,14% 

Le  sel  cuivrique  est  un  préci[)ité  vert,  insoluble  dans 
l'eau ,  soluble  dans  l'ammoniaque. 

0,1848  de  ce  corps,  brûlés  avec  l'azotate  d'ammoniaque, 
ont  laissé  pour  résidu  0,0410  de  CnO,  ce  qui  donne  22,18 
p.  0/0.  La  théorie  exige  21,65. 

Une  solution  alcoolique  de  l'acide  amidé  se  colore  en 
rouge  par  l'action  de  l'acide  nitreux.  Après  quelque  temps 
il  se  forme  un  précipité  jaune  orange  (lui  fait  effervescence 
avec  l'acide  iodhydrique.  Probablement  il  se  forme  dans 
ces  circonstances  l'acide  diazo-amidé  ,  dont  je  ferai  l'étude 
prochainement. 

Malgré  des  essais  plusieurs  fois  répétés,  je  n'ai  pas  réussi 
à  transformer  mon  acide  paraamidé  en  acide  paraoxyphé- 
nyl  acétique.  Dans  la  réaction  de  l'acide  nitreux  sur  une 
solution  aqueuse  de  l'acide  amidé ,  il  s'est  toujours  formé , 
malgré  les  divers  degrés  de  concentration  de  la  liijueur, 
une  sorte  de  résine  qui  n'était  pas  propre  à  être  exa- 
minée. Je  crois  cependant  que  je  parviendrai  à  ce  but  en 
passant  par  les  corps  diazotés,  comme  viennent  de  faire 


(  713  ) 
M.  Buclianaii  et  Glascr  (1)  pour  transformer  l'acide  pa- 
raaniitlo-pliényl-propionique  en  acide  liydrocumarique. 

Je  n'ai  pas  réussi  non  plus  à  nitrer  mon  acide  amidé. 

fl  résulte  de  l'ensemble  des  laits  que  je  viens  de  sou- 
mettre au  jugement  de  l'Académie,  que  l'acide  phényl- 
acélique  se  comporte,  sous  l'action  des  divers  agents  de 
substitution  ,  d'une  manière  analogue  au  toluène.  A  froid, 
il  donne  surtout  les  composés  de  la  série  para;  à  cbaud, 
le  brome,  au  moins,  se  place  dans  la  chaîne  latérale.  Je 
m'occuperai  maintenant  de  la  détermination  des  conditions 
dans  lesquelles  les  produits  des  séries  ortho  et  mêla  peu- 
vent prendre  naissance.  Les  résultats  de  mes  recherches 
dans  cette  direction  constitueront  la  troisième  {)artie  de 
mon  travail. 

Les  présentes  recherches  ont  été  exécutées  dans  le  labo- 
ratoire de  M.  le  professeur  L.  Henry,  qui  n'a  rien  épargné 
pour  me  les  faciliter. 


(1)  Zeitschrifl  fiir  Chemie,  1869, 195. 


(  714  ) 


CLASSE  DES  LETTRES. 


Séance  du  7  juin  i869. 

M.  Ad.  Borgnet,  directeur  de  la  classe  et  président  de 
l'Académie. 
M.  Ad.  Quetelet,  secrétaire  perpétuel. 

Sont  présents  :  MM.  Ch.  Steiir,  J.  Grandgagnage,  J.  Rou- 
lez, Gachard,  Paul  Devaux,  F.-A.  Snellaert,  M.-N.-J.  Le- 
clercq,  Polain,  Chalon,  Ad.  Mathieu,  Th.  Juste,  E.  Defacqz, 
le  général  Guillaume,  Félix  Nôve,  Alph.  Wauters,  H.  Con- 
science, membres;  Nolet  de Brauwere et  A. Scheler, associés. 

M.  L.  AWin ^  membre  de  la  classe  des  beaux-arts j  assiste 
à  la  séance. 


CORRESPONDANCE. 


M.  le  Ministre  de  l'intérieur  adresse  une  expédition  de 
l'arrêté  royal  du  29  mai  dernier,  qui  approuve  l'élection 
de  M.  Henri  Conscience  en  qualité  de  memhre  titulaire  de 
la  classe. 

—  MM.  H.  Conscience,  memhre,  Laforot  et  Nvpcls, 
correspondants,  Eggcr,  Vreede  et  von  Syhcl,  associés, 
remercient,  par  écrit,  pour  leur  élection. 


(715) 

—  M.  le  Ministre  adresse  cinquante  exemplaires  du  nou- 
veau règlement  organique  de  la  commission  royale  d'his- 
toire et  offre,  en  même  temps,  un  exemplaire  du  tome  1"', 
en  deux  parties,  de  l'ouvrage  intitulé  :  Chartes  et  dom- 
ments  de  Vabbayc  de  Saint-Pierre  au  Mont-Blandain,  pu- 
blié avec  une  introduction  historique  par  M.  A.  Van 
Lokeren.  —  Remercîments. 

—  La  Société  des  sciences  de  Bois-le-Duc,  l'Université 
de  Tubingue,  la  rédaction  du  Deutsche  Vierteljahreschrift, 
à  Stuttgart,  l'Université  de  Gottingue,  l'Université  de 
Halle,  le  iMusée  industriel  de  Turin,  la  Bibliothèque  pu- 
blique de  Genève,  la  Bibliothèque  de  l'Arsenal  à  Paris,  et 
M.  le  marquis  de  Godefroy  Menilglaise ,  remercient  pour  les 
derniers  envois  académiques. 

—  M.  J.  Roulez  présente  le  projet  suivant  d'inscription 
pour  la  médaille  décernée  à  M.  Edmond  Poullet,  lauréat 
de  la  classe  : 

Edm  .  Poullet 

QCOD  .   HISTORIAM   •   JLUIS 
CrIMINALIS    •    QUO    •    DUCATUS 

Brabanti.e  •  A  •  Carolo  V 

AD  FLXEM   •  S.ECULI  •  XVMI 

USUS    •    EST    .    DOCTE    •    LUCIDE 

PLENE  •  EXPOSUIT 

MDCCCLXVIIH. 
Des  remercîments  sont  votés  à  M.  Roulez. 

—  La  classe  reçoit  de  ses  membres  l'hommage  des  ou- 
vrages suivants  : 

Chronique  de  Jean  des  Preisdild'Oulremcuse,  t.  H,  éditée 


(  >1(^  ) 

par  M.  Ad.  Borgnet,  et  Chronique  de  De  Klerck,  l.  Jlf, 
éditée  par  M.  Bormans,  et  publiées  parla  Commission  royale 
d'histoire;  Précis  de  lliistoire  moderne ,  considérée  parii- 
culièrement  dans  ses  rapports  avec  la  Belgique,  o'  édition, 
par  M.  Th.  Juste,  et  deux  brochures  de  M.  Chalon  sur  la 
numismatique. 


CONCOURS  POUR  1871. 


La  classe  ajourne  à  la  prochaine  séance  la  formation  de 
son  programme  de  concours  pour  1871,  et  l'adoption  d'une 
question  d'histoire  nationale  pour  la  seconde  période  du 
concours  sexennal  de  Stassart. 


COiMMUNlCATlONS  ET  LhXTURES. 


M.  Gachard  entretient  de  nouveau  la  classe  au  sujet  de 
Jeanne  la  Folle.  Il  a  reçu  de  Madrid,  dit-il ,  une  petite  bro- 
chure en  espagnol,  de  56  pages,  intitulée  :  Jeanne  la  Folle 
défendue  contre  rimpulation  d'hérésie  (1),  par  don  Vicente 
de  la  Fuente,  membre  titulaire  de  l'Académie  d'histoire. 
L'auteur  paraît  avoir  été  mu  à  l'écrire  par  un  sentiment  de 
susceptibilité  nationale.  Le  Bulletin-Revue  de  Tuniversilé 


(1)  Doha  Juana  la  Loca  vindicada  de  la  nota  de  hcrcgia,  por  don 
Ficenle  de  la  Fuente  y  académico  de  numéro  de  la  historia. 


(  717  ) 
(le  Madrid  qui  a  paru  le  25  mars  dernier  contenait,  à  pro- 
pos des  opinions  exprimées  par  M.  Bergenrotli  et  soute- 
nues par  M.  Allmcyer  (1) ,  le  passage  suivant  :  «  L'opinion 
»  contraire  de  nos  historiens  et  l'avis  unanime  de  MM.  Pi- 
»  cliot,  Mignet  et  Gachard,  qui  combattent  les  assertions 
»  de  M.  Bergenroth,  assertions  démenties  par  des  docu- 
»  ments  authentiques,  et  qui  annoncent  de  nouveaux  tra- 
»  vaux  pour  prouver  la  vérité  du  fait  tel  qu'on  l'avait 
»  expliqué  jusqu'ici,  obligent  à  donner  peu  de  valeur, 
»  pour  le  moment,  à  l'exactitude  de  ces  assertions  (2).  » 
Là-dessus  M.  de  la  Fuente  déclare  qu'il  n'est  pas  disposé  à 
attendre  que  la  preuve  annoncée  soit  faite  par  les  étran- 
gers, et  qu'il  préfère  que  les  questions  espagnoles,  même 
les  questions  historiques,  soient  résolues  par  les  Espa- 
gnols (o). 

Entrant  en  matière,  il  soutient  carrément  que  Jeanne 
était  folle  et  qu'elle  était  catholique.  Mais  il  n'apporte  aucun 
document  nouveau  dans  le  champ  de  la  discussion  :  il  s'at- 
tache à  opposer  à  M.  Bergenroth  M.  Bergenroth  lui-même, 
ou  plutôt  le  recueil  de  documents  que  ce  savant  a  publié. 
En  somme,  son  travail  ne  paraîtra  pas  à  beaucoup  de  per- 
sonnes plus  concluant  que  celui  qui  vient  de  voir  le  jour 


(1)  c<  ....  Sobre  las  opinionesemilidaspor  M.  Bergenroth  en  Inglalena, 
acogidas  despues  por  M.  Allmcyer >i 

(2)  (,  La  opinion  contraria  de  iiuestros  Ijistoriadores  y  la  voz  una- 
nime de  Piehot,  Mignet  y  Gachard,  combatiendo  ta!  especie,  desmentida 
por  documentos  aulénlicos,  y  anunciando  nuevos  Irabajos  para  probar  la 
verdad  del  heeho,  lai  como  hasta  aqui  se  habia  explicado,  obligan  â  dar 
poco  valor,  poraliora,  à  la  exaclitud  de  aquellas  afirmaciones « 

(5)  0  Por  mi  parle  no  estoy  dispucsto  â  esperar  que  lo  prueben  los 

exlrangeros  :  en  esos  puntos  soy  muy  independiente,  y  prefiero  que  iiues- 
tras  cuesliones,  hasta  las  hislôricas,  las  arreglemos  nosotros » 


(718) 
dans  la  Revue  des  Deux  Mondes,  et  dont  l'auteur  ne  fait 
guère  que  résumer  la  préface  de  M.  Bergenroth. 

Parmi  les  arguments  qu'il  produit,  il  en  est  un  pour- 
tant qui  mérite  l'attention  des  historiens,  et  c'est  celui-ci. 
Après  la  mort  de  la  reine  Isabelle,  les  cortès  des  royaumes 
de  Castille,  s'étant  assemblées  àToro,  prirent  connaissance 
des  patentes  du  23  novembre  1504  par  lesquelles  la  reine 
avait  nommé  Ferdinand  gouverneur  de  ces  royaumes, 
au  cas  que  sa  fille  ne  voulût  ou  ne  pût  les  gouverner.  A  la 
suite  d'une  longue  délibération ,  les  cortès,  «  étant  particu- 
»  lièrement  informées  de  la  maladie  (enfermedad)  de  doua 
»  Juana,  »  déclarèrent  que  la  légitime  administration 
desdits  royaumes  appartenait  au  roi  Ferdinand.  «  Or,  dit 
»  M.  de  la  Fuente,  il  semble  impossible  que,  en  une  matière 
»  aussi  grave,  les  cortès  eussent  procédé  aussi  légèrement, 
»  si  la  maladie  de  dona  Juana  n'avait  été  publique  et  no- 
»  toire  en  Castille;  et  nous  aurions  à  accuser  d'une  grande 
»  turpitude  et  d'une  nullité  singulière  et  inouïe  le  conseil 
»  royal,  les  prélats,  les  procuradores ,  et  entre  eux  le 
»  célèbre  juriste  Palacios  Rubios,  qui  fut  l'àme  de  ces 
»  cortès  (i).  » 


(1)  «  ....  Parece  imposible  que  en  asunlo  lan  grave  piocedicraii  las 
certes  lan  de  ligero,  si  la  enlermedad  de  dona  Juana  no  conslâra  en  Cas- 
lilla  de  piiblico  y  nolorio,  y  lendriamos  que  hacer  responsables  al  conscjo 
real,  â  los  prelados  y  procuradores,  y  entre  ellos  al  célèbre  jurisla  Pala- 
cios Rul)ios,  aima  de  aquellas  côrles,  do  gran  torpeza  y  de  una  nuli<l:id 


(  719) 


Les  Bibliothèques  de  Gênes. —  Relation  sur  Philippe  IV 
et  la  cour  de  Madrid,  faite  en  16^2  par  r ambassadeur 
génois  Giulio  dalla  Torre.  Par  M.  Gachard ,  membre  de 
l'Académie. 

I. 

Gènes  possède  quatre  bibliothèques  pul)li(iucs.  C'est  la 
ville  d'Italie  qui  en  a  le  plus,  après  Rome,  Florence  et 
Naples. 

Ces  bibliothèques  sont  : 

Celle  de  l'université; 

Celle  de  la  ville; 

Celle  dite  Franzoniana; 

Celle  des  Missionnaires  urbains  [dei  Missionari  urhani) 
ou  de  la  congrégation  de  la  Mission  urbaine  de  Saint-Charles 
(délia  congregazione  délia  Missione  urbana  di  San  Carlo). 

La  bibliothèque  de  l'université  doit  son  origine  à  la 
compagnie  de  Jésus,  qui  vint  établir  un  collège  à  Gènes  au 
commencement  duXVIl'  siècle.  A  la  suppression  de  la  com- 
pagnie en  1775,  le  gouvernement  génois  érigea  ce  collège 
en  université,  et  rendit  publique  la  bibliothèque  qui  y  était 
annexée. 

Elle  s'accrut,  en  1798,  des  livres  et  des  manuscrits  des 
maisons  religieuses  supprimées  de  la  Ligurie  et  d'une 
partie  de  la  bibliothèque  Aprosiana  de  Yenlimiglia.  La 
réunion  de  Gènes  au  royaume  de  Sardaigne,  en  1815,  fut 
pour  elle  une  source  de  nouveaux  accroissements,  le 
gouvernement  sarde  lui  ayant  assigné  une  dotation  an- 


(  720  ) 
nuelle  qui  permit  de  la  tenir  au  courant  des  publications 
scientifiques  et  littéraires,  et  ayant  ordonné  qu'un  exem- 
plaire y  iïU  déposé  de  tous  les  ouvrages  qui  s'imprimeraient 
dans  la  province. 

Elle  renferme  aujourd'hui  88,000  volumes,  imprimés  et 
manuscrits. 

Elle  a  des  catalogues  alphabétiques  :  des  ouvrages  ordi- 
naires [comuni]  imprimés;  des  éditions  du  XV''  siècle;  des 
éditions  des  années  ioOO  à  I006;  des  éditions  aldines, 
elzéviriennes,  bodoniennes;  des  manuscrits,  et  un  cata- 
logue par  ordre  de  matières. 

Elle  occupe,  au  palais  de  l'université,  trois  vastes  salles 
et  plusieurs  autres  de  moindre  dimension. 

Elle  est  ouverte,  tous  les  jours,  le  temps  des  vacances 
excepté,  de  neuf  à  trois  heures  le  matin,  et  le  soir  de  six 
heures  à  neuf. 

A  la  bibliothèque  sont  annexés  un  médailler  génois  et 
un  médailler  latino-italien. 

Le  premier  bibliothécaire  de  l'université  de  Gènes  fut 
l'abbé  Gaspare  Luigi  Olderici ,  connu  par  ses  publications 
archéologiques  et  historiques.  II  eut  pour  successeurs 
Galuffi,  poète  et  latiniste  éminent,  et  Gandolfi  ,dont  le  nom 
est  cité  avec  distinction  entre  ceux  des  économistes  ita- 
liens. Depuis  le  mois  d'août  1865,  la  bibliothèque  de  l'uni- 
versité et  les  établissements  scientifiques  de  la  ville  sont 
placés  sous  la  direction  de  M.  Emanuele  Celesia  (1). 


(1)  Descriplion  de  la  bibliothèque  de  l'université,  par  le  Itibliotliécaiic 
Luigi  Grassi,  dans  Genova  e  le  due  rivière,  18i6,  in-S",  pp  ioô-IGO.  — 
Guida  di  Genova,  ann.  iSCO,  p.  102.  —  Slaliatica  del  re<jno  d'ilalia. 
Hiblioteche,  ann.  1803,  p.  lxvi.  —  Relazionc  inlorno  aile  odierne  condi- 
ziojii  délia  regia  wiiversilà  di  Genova  (par  Emanuele  Celesia),  18G7, 
in-S"  de  66  pages. 


(  721  ) 

Au  siècle  dernier,  ral)l)é  Carlo  Vespasiano  Borio,  doc- 
teur en  théologie  du  collège  de  Sainl-Tliomas  d'Aquin, 
s'appliqua  à  former  une  bibliolhèque  choisie,  qu'il  mit  à  la 
disposition  du  public.  Par  son  testament,  il  la  légua  à  son 
neveu,  Francesco  Maria  Berio,  marquis  de  Salza,  dont 
l'héritier,  Yincenzo  Berio,  l'offrit  en  don  au  roi  Victor-Em- 
manuel 1".  Ce  monarque,  l'ayant  acceptée,  en  fit  cadeau,  à 
son  tour,  au  conseil  communal  de  Gênes.  De  là  le  nom  de 
CicicO'Beriana  ou  de  Ciiica  Berio  que  porte  la  bibliothè- 
que de  la  ville. 

La  Beriana  s'enrichit,  en  1857,  des  livres  de  donna 
Clelia  Durazzo  Grimaldi,  qui  les  lui  légua  par  une  de  ses 
dispositions  testamentaires.  On  y  compte  actuellement 
:21,700  ouvrages,  imprimés  et  manuscrits,  entre  lesquels 
100  incunables,  et  -40,000  volumes  environ.  Elle  possède, 
de  plus,  une  précieuse  collection  de  dessins  originaux, 
qu'elle  doit  à  la  libéralité  du  marquis  Luigi  Ipolito  Durazzo, 
mort  en  4848.  Ces  dessins,  laits,  les  uns  au  crayon,  les 
autres  à  la  plume,  par  des  peintres  italiens  et  étrangers 
éminenls,  sont  au  nombre  de  l,6o6. 

Les  livres  imprimés  sont  décrits  dans  trois  catajogues  : 
l'un  ,  alphabétique;  le  second,  divisé  par  matières;  le  troi- 
sième, dit  de  consistance  ((//  consistenza)  :  ce  dernier  indique 
l'ordre  dans  lequel  les  ouvrages  sont  rangés  sur  les  tablettes. 
Je  parlerai  plus  loin  du  catalogue  des  manuscrits. 

La  bibliothèque  de  la  ville  occupe,  au  centre  de  la  cilé, 
le  premier  étage  d'un  palais  que  le  conseil  communal  a  fait 
construire  exprès  pour  l'y  installer; elle  remplit  trois  vastes 
salles  ,  dont  la  plus  grande  est  à  l'usage  des  travailleurs  et 
des  lecteurs. 

Elle  est  ouverte  au  public,  tous  les  jours,  sans  excep- 
tion des  fêtes,  de  huit  heures  du  matin  à  onze  heures  du 


(  722  ) 
soir  :  seulement,  depuis  le  15  août  jusqu'au  lo  novembre 
(époque  générale  des  vacances  en  Italie),  elle  ne  Test  que 
de  neuf  heures  à  trois ,  afin  qu'on  puisse  s'y  livrer  aux  tra- 
vaux de  nettoiement  et  de  vérification  nécessaires.  Je  ne 
crois  pas  que,  en  aucune  autre  ville  d'Italie  ni  d'Europe,  il 
y  ait  un  dépôt  littéraire  qui  soit,  comme  celui-là,  ouvert 
journellement  pendant  quinze  heures. 

Le  personnel  qui  doit  satisfaire  aux  exigences  de  ce  ser- 
vice se  compose  d'un  bibliothécaire  en  chef,  d'un  vice- 
bibliothécaire,  d'un  Me-dieï  (assistente  capo) ,  chargé 
spécialement  de  transcrire  et  de  tenir  au  courant  les  cata- 
logues, et  de  quatre  distributeurs  (1). 

Le  bibliothécaire  en  chef  actuel  est  M.  l'avocat  Michèle 
Giuseppe  Canale. 

La  bibliothèque  Franzoniana  a  pour  fondateur  l'abbé 
Paolo  Girolamo  Franzone,  né  à  Gènes  en  1708,  et  qui, 
ayant  rassemblé  un  grand  nombre  de  livres,  admit  dans  sa 
demeure  tous  ceux  qui  voulaient  venir  les  consulter.  A 
sa  mort,  arrivée  en  1778,  elle  passa,  d'après  ses  dispo- 
sitions de  dernière  volonté,  à  la  congrégation  des  ouvriers 
évangéliques  dits  Franzoniani,  qu'il  avait  instituée  quel- 
ques années  auparavant,  à  la  condition  qu'elle  serait  ou- 
verte au  public  tous  les  jours  jusqu'à  une  heure  avancée  de 
la  nuit.  C'est  la  première  bibliothèque  en  Europe  —  un 
document  olïiciel  émané  du  ministère  de  l'instruction  pu- 
blique d'Italie  l'assure  du  moins  —  qui  ait  été  éclairée  le 
soir  pour  la  commodité  des  personnes  studieuses.  Elle  ren- 
ferme une  douzaine  de  mille  volumes  (2). 


(1)  Guida  ili  Genova,  18G0,  p.  lil.  —  Biblioleca  Cicico-Beriana  di 
Gcnova  (notice  de  M.  Canale),  1807,  in-8«  de  10  pages. 

(2)  Guida  di  Gcnova,  1800,  p.  111.  —  Slatistica  dcl  reyno  d'ilalia. 
Uiblioleche ,  18G3,  p.  lxvii. 


(  723  ) 

Il  y  en  a  25,000  clans  la  bibliothèque  de  la  Mission  ur- 
baine (le  Saint-Charles  qu'un  autre  abbé,  du  même  nom  de 
Franzone  (Girolamo),  fonda  par  testament  du  5  octobre 
i727,  en  disposant  que  l'administration  en  serait  exercée 
par  la  congrégation  des  Missionnaires  urbains,  à  laquelle 
il  appartenait,  et  qu'elle  serait  rendue  publique.  Cette  der- 
nière disposition  fut,  après  son  décès,  en  1759,  confirmée 
et  mise  à  exécution  par  le  sénat,  qui  prit  la  bibliothèque 
sous  sa  protection  spéciale. 

An  nombre  des  25,000  volumes  qu'elle  renferme,  on 
compte  quelques  incunables  et  loO  manuscrits  environ  (1). 


IL 


Je  n'avais  que  peu  de  jours  à  passer  à  Gènes,  et  là, 
comme  ailleurs,  les  archives  réclamaient  la  plus  grande  par- 
tie de  mon  temps.  Aussi  je  me  dispensai  de  visiter  la  biblio- 
thèque Franzoniana  et  celle  des  Missionnaires  urbains. 

A  la  bibliothèque  de  l'université,  je  compulsai  le  cata- 
logue des  manuscrits,  qui  forme  un  grand  in-folio  de 
450  pages  (2).  Ce  catalogue  est  rédigé  selon  l'ordre  alpha- 
bétique et  par  colonnes  (5). 


(1)  Guida  di  Genova,  p.  142.  —  Statistica  del  rcyno  dVlalia,  etc., 

p.  LXVll. 

(2)  Index  codicum  manuscriptontm  qui  in  regii  Gcnucnsis  al/ienaci 
bihliotheca  asservanlur,  ordine  alphabclico  disposilus,  anno  Domini 
MDCCCLVIII. 

Le  premier  article  est  Abbati  del  popolo  di  Genova;  le  dernier  Zucca- 
rello. 

(3)  Les  colonnes  sont  au  nombre  de  huit,  savoir  :  1,  Nom  de  l'auteur. 
2.  Ouvrage.  3.  Format.  4.  Nombre  des  volumes.  5.  Salle.  C.  Tablette. 
7.  Rani<.  8.  Numéro. 


(  724  ) 

J'y  remarquai  de  nombreux  documents  sur  l'hisloire  de 
Gènes  (I),  des  relazioni  d'ambassadeurs  vénitiens  comme 
on  en  trouve  dans  presque  toutes  les  bibliothèques  d'Italie, 
des  dépêches  diplomatiques,  quantité  de  relations  des  con- 
claves qui  furent  tenus  aux  XIV%  XV'\  WV  et  XVIl"  siè- 
cles, mais  rien  qui  m'offrît  un  intérêt  particulier. 

C'est  également  selon  l'ordre  de  l'alphabet  (2)  et  en 
forme  de  tableau  qu'a  été  dressé  le  catalogue  des  manu- 
scrits de  la  ville  (5). 

Dans  celui-ci  je  notai  les  articles  suivants  : 

«  N^  4o0-451.  Bentivoglio,  Guido,  Lettere.  In-fol. 

»  iV  505.  Nuove  di  Bruxelles,  l""  marzo  1642. 

»  N°  15.  Relazione  délia  vittoria  riportata  sopra  gli 
alleati  dal  duca  di  Lucemburgo,  12  agosto  iG95. 

»  N°  287.  Torre  (dalla),  Giulio.  Relazione  di  tutto  il 
successo  délia  sua  ambesceria  in  Ispagna,  fatta  a'  screnis- 
simi  collegi,  anno  i622.  » 

J'examinai  le  Bentivoglio,  dans  l'espoir  d'y  trouver,  en 
tout  ou  en  partie,  les  lettres  adressées  au  Vatican  par  cet 
illustre  prélat,  à  l'époque  de  sa  nonciature  à  Bruxelles; 
mais  je  n'y  trouvai  que  celles  qu'il  écrivit  pendant  son 


(1)  Il  en  a  élé  publié  un  catalogue  raisonné  sous  ce  titre  :  Carte  etcro- 
nache  manoscrUle  per  la  storia  Genovesa  existentl  nella  biblioteca  délia 
n  imiversUà  Ligure,  inilicate  el  illuslrale  per  Agostino  Olicieri.  Oe- 
nova,  ISrjri.  In-8o  de  vm  et  241  pp. 

(2)  Le  premier  article  est  .4//ya;io,  Pictro,  ^>  Traltali  tiei  veleni  ";  le 
ticriijer  Zane  Dotnenico ,  ^'  Relazione  délia  eorle  di  Spagna.  » 

(ô)  Ici  les  colonnes  du  tableau  sont  au  nombre  de  dix  :  1.  N"^  d'ordre 
(non  des  arlicles  tels  qu'ils  se  suivent  dans  le  catalogue,  mais  probable- 
ment des  volumes  selon  qu'ils  sont  rangés  dans  les  salles).  2,  Nom  de 
l'auteur.  3.  Tilre  de  l'ouvrage,  i.  Nombre  des  volumes.  5.  Format.  G.  Ob- 
servations. 7.  Salle  (A,  li,  etc.).  8.  Tablelle.  1).  riatca.  10.  Numéro. 


(  725  ) 
séjour  à  la  cour  de  France  et  qui  sont  connues  depuis 
longtemps.  Je  ferai,  à  ce  propos,  une  observation  :  c'est 
que  les  copies  des  lettres  dont  je  viens  de  parler  en  dernier 
lieu  sont  communes  dans  les  bibliothèques  d'Italie,  tandis 
que  je  n'ai  rencontré  nulle  part  (si  ce  n'est  à  Rome  et  en 
original)  la  correspondance  de  Bentivoglio  du  temps  où 
il  résidait  auprès  des  archiducs  Albert  et  Isabelle. 

Je  demandai  ensuite  la  relation  de  l'ambassade  en  Es- 
pagne de  Giulio  dalla  Torre  (1).  Les  relations  des  ambas- 
sadeurs de  Venise  se  comptent  par  centaines;  c'était  la 
première  que  je  rencontrasse  d'un  ambassadeur  de  Gènes. 
Cela  seul  aurait  suffi  pour  piquer  ma  curiosité;  mais  elle 
était  excitée  par  d'autres  raisons  encore.  Dalla  ïorre  visita 
la  cour  de  Madrid  dans  un  moment  où  elle  était  infiniment 
curieuse  à  étudier  pour  un  diplomate.  Une  révolution  de 
palais  et  des  changements  considérables  dans  le  ministère 
avaient  suivi  la  mort  de  Philippe  III.  Presque  en  même 
temps  de  grands  événements  politiques  étaient  survenus  : 
aux  Pays-Bas,  l'archiduc  Albert  aussi  avait  cessé  de  vivre, 
et  par  là  ces  provinces  avaient  fait  retour  à  la  couronne 
d'Espagne;  peu  après,  la  guerre  s'y  était  rallumée.  Dans 
de  telles  circonstances,  combien  n'était-il  pas  intéressant 
de  connaître  le  monarque  qui  venait  de  monter  sur  le 
trône,  les  hommes  qui  allaient  diriger  les  afl'aires  de  la 
monarchie,  la  politique  qu'inaugurerait  le  nouveau  règne? 

On  verra,  par  le  précis  et  les  extraits  suivants  de  la  rela- 


(1)  Le  litre  littéral  en  est  :  «  Relatione  fatta  a  bocca  da  Giulio  dalla 
»  Torre  a'  serenissimi  collegi,  nel  suo  ritorno  di  Spagna,  per  j'ambascic- 
»  Fia  da  lui  animiiiistrata,  in  compagnia  di  Coslantino  Pinello,  alla  Maeslà 
»  del  re  Filippo  Quarto.  »  Elle  l'orme  un  cahier  de  21  feuillets.  Elle  paraît 
être  une  minute,  par  les  corrections  qui  s'y  trouvent. 

2"^  SÉRIE ,  TOME  XXVII.  48 


(  726) 

tion  (le  Giulio  dalla  Torre,  que,  si  elle  n'a  pas  Timportance 
(le  celles  qui  ont  acquis  lant  de  renommée  aux  ambas- 
sadeurs de  la  république  de  Venise,  elle  contient  des  détails 
et  des  remarques  qui  ne  sont  pas  indignes  de  l'attention 
de  l'historien. 


III. 


Le  31  mars  1621  mourut  Philippe  111,  à  l'âge  de  qua- 
rante-trois ans,  dans  la  vingt-troisième  année  de  son  règne. 
Philippe  IV,  son  fils  et  son  successeur,  donna  avis  de  cet 
événement,  le  5  avril,  à  la  république  de  Gènes.  Sa  lettre 
fut  présentée,  le  28,  à  la  Seigneurie,  par  son  ambassadeur, 
don  Juan  Vives.  Le  doge  et  les  gouverneurs  (//  duce  et 
(/overnatori)  y  répondirent  le  même  jour. 

Les  26,  27  et  28  mai  furent  célébrées,  avec  un  très- 
grand  apparat  (con  grancHssima  pompa),  en  l'église  cathé- 
drale, les  obsèques  du  roi  défunt. 

Le  doge  et  les  gouverneurs  nommèrent  deux  ambas- 
sadeurs, Giulio  dalla  Torre  et  Conslantino  Pinello,  pour 
aller  complimenter  le  nouveau  souverain  des  Espagnes;  le 
dernier  devait  demeurer  à  Madrid  en  qualité  d'ambassadeur 
ordinaire  de  la  république.  Leur  suite  fut  lixée  à  trente- 
neuf  personnes,  leurs  gentilshommes  y  compris.  Trente- 
neuf  personnes!  Parmi  les  ambassadeurs  des  plus  grandes 
|)uissances  de  l'Europe,  en  voit-on  aujourd'hui  qui,  par- 
tant pour  leur  mission,  aient  un  cortège  aussi  nombreux? 
C'est  que,  il  faut  bien  le  dire,  la  diplomatie  a  beaucoup 
perdu  de  l'éclat  dont  elle  était  environnée  au  XYIL'  siècle. 

Quatre  galères  furent  équipées  pour  transporter  à  Bai- 
celone  les  andjassadeurs  de  Gènes,  outre  deux  galères  qui 


(  727  ) 
devaient  ramener  dalla  ïorre  dans  sa  patrie,  après  qu'il 
aurait  accompli  sa  mission. 

Celui-ci  et  son  collègue  ne  perdirent  pas  de  temps  pour 
se  mettre  en  ordre,  lis  (irent  choix  d'abord  des  gentils- 
hommes, des  pages  et  des  laquais  qu'ils  mèneraient  en 
leur  compagnie;  ensuite  ils  s'occupèrent  du  costume  des 
premiers  et  de  la  livrée  des  autres,  dont  la  Rclazione  nous 
fournit  une  description  minutieuse. 

Tout  étant  prêt,  dalla  Torre  et  Pinello  s'<3mbarquèrent 
le  J6  septembre.  Le  27  ils  abordèrent  à  Palamos,  d'où ,  le 
2  octobre,  ils  partirent  pour  Barcelone. 

Après  qu'ils  s'y  furent  reposés  quelques  jours,  dalla 
Torre  prit  les  devants  en  un  coche  attelé  de  quatre  mules. 
Le  21  octobre  il  arriva  à  Alcala,  où  il  trouva  plusieurs 
gentilshommes  génois,  venus  à  sa  rencontre,  qui  le  con- 
duisirent à  Madrid.  Pinello,  retenu  en  chemin  par  divers 
accidents,  ne  le  rejoignit  à  la  cour  que  le  16  novembre. 

Dans  les  jours  qui  suivirent,  les  ambassadeurs  de  Gênes 
furent  visités  par  Giuliano  de'  Medici,  archevêque  de  Pise, 
ambassadeur  résident  du  grand-duc  de  Florence;  Ales- 
sandro  Sangro,  nonce  résident  du  saint-siége;  Lorenzo 
Cerranzi,  ambassadeur  résident  de  la  république  de  Luc- 
ques;  l'archevêque  de  Tarantaise,  ambassadeur  du  duc  de 
Savoie;  M.  de  la  Rochepot,  ambassadeur  de  France;  Flavio 
Atti  d'Abruzzo,  agent  du  duc  de  Parme;  le  comte  de 
Brionne,  ambassadeur  extraordinaire  du  duc  de  Lorraine, 
et  Leh'o  Deodati,  agent  du  même  prince. 

Notons,  en  passant,  que  dalla  Torre  consigne  scrupu- 
leusement, dans  sa  relation,  les  titres  qui  leur  ont  été 
donnés  par  tous  ces  ambassadeurs,  et  les  qualifications 
qu'eux-mêmes  ils  ont  données  à  ceux-ci.  Ces  points  d'éti- 
quette avaient  alors  une  grande  importance. 


(  728  ) 

Ni  rambassadcur  résident  de  l'ordre  de  Malte  el  les  trois 
ambassadeurs  extraordinaires  de  cet  ordre  qui  étaient  à 
Madrid  pour  solliciter  la  décision  du  différend  existant 
entre  lui  el  la  république  de  Gènes  en  matière  de  pré- 
séance (l),  ni  l'ambassadeur  de  Venise,  ni  l'ambassadeur 
d'Angleterre,  ne  lirent  complimenter  les  envoyés  génois. 
L'ambassadeur  de  l'Empereur,  le  comte  de  Franckenberg, 
était  absent. 

Dalla  Torre  et  Pinello  eurent  leur  audience  du  roi  le 
24  novembre.  Ils  se  rendirent  au  palais,  accompagnés  de 
vingt  à  vingt-cinq  gentilsbommes  de  leur  nation  babitant 
Madrid  et  de  trente-six  personnes  de  leur  suite,  gentils- 
bommes, pages  et  laquais.  F^'audience  fut  publique.  Le 
mar(piis  de  Casteirodrigo,  le  duc  de  l'fnfanlado,  le  marquis 
de  Mondejar,  le  comte  de  Villaflores,  le  duc  de  Segorbe,  le 
duc  de  Terranova  et  cinq  ou  six  autres  titrés  et  major- 
domes étaient  dans  le  salon  où  l'on  introduisit  les  ambas- 
sadeurs avec  les  gentilsbommes  génois  qui  leur  avaient 
fait  cortège.  Le  roi  portait  le  collier  de  la  Toison  d'or;  il 
était  debout,  appuyé  à  une  petite  table.  Les  ambassadeurs 
s'approcbèrent  en  lui  faisant  trois  révérences.  Pinello  lui 
adressa  un  éloquent  discours  où,  au  nom  de  la  seigneurie 
de  Gènes,  il  lui  présentait  des  compliments  de  condoléance 
sur  la  mort  de  son  père,  des  félicitations  sur  son  avène- 
ment au  trône,  et  l'assurait  du  sincère  respect  (2)  de  la 
république.  Pliilippe  IV,  l'ayant  écouté  avec  beaucoup  d'at- 
tention, lui  répondit  :  «  Je  vous  remercie  de  tout  ce  que 
»  vous  m'avez  dit  au  nom  de  votre  république;  j'y  crois 


(1)  «  . ...  PersoUicitare  la  causa  dolla  ilillorcnza  clie  longono  di  proce- 
tleiiza  con  la  noslra  roi)ubl)lica >^ 

(2)  «  La  sinccra  osscrvanza...  » 


(  729  ) 

»  ciUicroineiit  (1).  »  Dalla  Torre,  prenant  alors  la  [)aro!e, 
dit  qu'ils  rendraient  compte  au  sénat  et  à  toute  la  ville  de 
Gènes  de  la  bienveillance  avec  laquelle  S.  M.  les  avait  ac- 
cueillis; que  tant  de  grâces  tiendraient  à  jamais  les  Génois 
obligés  envers  lui,  et  qu'ils  seraient  toujours  prêts  à  le 
témoigner,  jusqu'à  verser  leur  sang,  s'il  le  ('allait,  pour  le 
service  de  la  couronne  d'Espagne  (2)  :  à  quoi  le  roi  repartit 
cinq  ou  six  mots,  mais  si  bas,  que  les  ambassadeurs  ne 
les  entendirent  point  (5);  et,  comme  ils  virent  qu'après 
cela  S.  M.  gardait  le  silence,  ils  se  retirèrent  (i). 

Les  jours  suivants,  ils  rendirent  les  visites  qu'ils  avaient 
reçues.  Ils  se  présentèrent  aussi  chez  les  principaux  [)er- 
sonnages  de  la  cour  :  le  comte  d'Olivares,  don  Baltazar  de 
Zûniga,  le  secrétaire  Aristegui,  don  Agostino  Messia  ,  don 
Juan  de  Cirizea,  secrétaire  d'État,  bien  qu'il  ne  lut  plus 
autant  en  laveur  qu'auparavant,  n'étant  plus  guère  chargé 
que  des  affaires  et  papiers  de  Flandre  (5);  don  Pedro  de 
Tolède,  le  duc  de  l'Infantado,  le  marquis  d'Aylona,  le 
comte  de  Benavente,  grand  maître  de  la  reine;  don  Diego 
de  Ibarra,  du  conseil  d'État;  la  duchesse  de  Gandia, 
camarera  mafjor  de  la  reine;  le  marquis  de  Montesclaros. 


(1)  «  Agradesco  todo  lo  que  me  haveys  dicho  en  nombre  de  vuesUa 

repiiblica,  y  créolo  todo >> 

(2)  «  ....  Con  spendere  anche  il  sangue,  bisognando  il  servitio  di  quella 
corona -^ 

(5)  v<  Al  che  replico  quaUro  o  sei  altre  parole,  ma  laiilo  piano  che 

non  s'inlesero '^ 

(4)  «  Et  veggendo  noi  alT  hora  che  non  diceva  poi  piU  aUro,  con  ire 

altre  riverenze  vi  licentiammo...  .  « 

(5)  i<  Se  bene  non  priva  più  corne  prima,  havendo  per  la  maggior 

parle  solo  cura  délie  cose  et  papeli  di  Fiandra >'  —  Il  avait  remplacé,  en 

1614,  D.  Rodrigo  Calderon  comme  secrétaire  de  la  dépêche  universelle. 


(  730  ) 
Ils  ne  visitèrent  pas  le  confesseur  du  roi,  ayant  appris 
qu'il  n'avait  aucune  influence  (1). 

Le  27  novembre,  ils  eurent  audience  de  la  reine,  Eli- 
sabeth de  Bourbon,  fille  de  Henri  IV.  Elle  était  debout  et 
avait  derrière  elle  une  quinzaine  de  ses  dames.  Ce  fut 
encore  Pinello  qui  porta  la  paiole.  Elle  répondit  :  a  Je 
»  crois  certainement  que  vous  aurez  éprouvé  un  grand 
ï)  regret  de  la  perte  qui  s'est  faite  du  roi ,  mon  seigneur. 
»  Je  vous  remercie  beaucoup  de  celte  démarche  (2).  » 
Elle  ajouta  quelques  autres  paroles  qui  ne  furent  pas  en- 
tendues des  ambassadeurs.  La  Torre  lui  rendit  grâces  de 
sa  bienveillance  envers  la  république. 

Le  1''  décembre,  les  ambassadeurs  furent  présentés  par 
le  comte  de  Benavente  à  l'infante  doua  Maria  et  à  l'infant 
cardinal  don  Fernando,  le  même  qui,  douze  ans  plus  tard, 
devint  gouverneur  et  capitaine  général  des  Pays-Bas. 

Le  15,  Constantino  Pinello  eut  une  audience  du  roi, 
dans  laquelle  il  lui  présenta  ses  lettres  de  créance  comme 
ambassadeur  ordinaire  de  la  Seigneurie.  Le  même  jour, 
dalla  Torre  fut  reçu  par  Philippe  lY  en  audience  de  congé. 
Ce  monarque  répondit  à  son  discours  qu'il  lui  «  souhaitait 
»  un  bon  voyage  (5).  » 

JI  alla  quelques  jours  après  faire  ses  adieux  au  comte 
d'Olivares.  Dans  sa  relation  il  ne  manque  pas  de  consigner 
que  ce  favori  du  roi  le  reconduisit  jusqu'à  la  porte  de  son 


(1)  t<  Il  confessore  del  re  non  visitamnio,  perché  s'inlese  clic  non 

priva  va  niente » 

(2)  «  Creocierlo  que  havroys  tcnido  niuclio  scnliniicnlo  de  la  péi- 

dida  que  se  ha  liecho  del  rey  mi  senor,  y  agradescoos  niucho  csle  olH- 
cio » 

(3)  •  Andeys  muy  en  buena  hora.  >^ 


(  731  ) 
aiiticlianilne  :  «  ce  qui  parut  à  tout  le  monde  un  honneur 
»  singulier,  parce  que  cette  seconde  pièce  était  pleine  de 
»  seigneurs  et  de  grands  qui  attendaient  leur  audience. 
»  Un  gentilhomme  génois  assura  même  que  jamais  il 
»  n'avait  vu  le  comte  accompagner  quelqu'un  aussi 
»   loin  (1).  » 

Le  18,  un  officier  de  la  cour  vint,  de  la  part  du  roi, 
présenter  aux  envoyés  de  la  république  deux  bijoux  en 
diamants,  d'une  valeur  d'au  moins  700  écus  chacun.  Us  y 
attachèrent  d'autant  plus  de  prix  que  c'était  la  première 
lois  qu'un  présent  semblable  était  fait  à  des  ambassadeurs 
génois,  et  que  ceux  des  autres  États  et  princes  d'Italie 
n'en  avaient  point  reçu. 

Dalla  Torre  quitta  Madrid  le  19  décembre.  Le  2  jan- 
vier il  arriva  à  Barcelone.  Voyant  que  les  galères  qui 
devaient  le  transporter  à  Gênes  n'arrivaient  pas,  il  se  dé- 
cida, le  14  février,  à  prendre  son  chemin  par  terre.  Il  était 
de  retour  dans  sa  patrie  le  12  mars. 

Il  termine  sa  relation  par  des  considérations  sur  les 
aff'aires  extérieures  qui  étaient  en  ce  moment-là  l'objet 
principal  de  la  politique  de  l'Espagne,  et  sur  l'influence 
que  la  mort  de  Philippe  III,  avec  les  grands  changements 
survenus  à  la  cour,  pourrait  avoir  sur  la  politique  interne. 

Quant  au  premier  point,  il  parle  de  la  Valteline,  de  la 
guerre  de  Flandre,  des  affaires  de  l'Allemagne,  du  mariage 
projeté  entre  l'infante  dona  Maria  et  le  prince  de  Galles, 
de  celui  de  l'Empereur  avec  une  princesse  de  Savoie  ou  la 


(1)  «  Che  parve  a  tutti  grande  accompagnamenlo,  perché  detta 

seconda  slanza  era  piena  di  signori  e  grandi  che  da  lui  volevano  audienza  ; 
et  un  nostro  geniilhuomo  disse  che  nou  le  havea  mai  vislo  accompagnai' 
nessuno  tante  innanzi » 


(  732) 
sœur  du  duc  de  Maiitoue.  Voici  ce  qu'il  dit  de  la  guerre 
de  Flandre  : 

«  On  ne  sait  pas  si  la  guerre  qui  a  recommencé  en 
Flandre,  à  l'expiration  de  la  trêve,  a  été  entreprise  dans 
l'intérêt  de  Sa  Majesté  ou  pour  l'avantage  de  quelques  par- 
ticuliers. Il  es*t  certain  que  cette  couronne  ne  peut  souffrir 
que  les  Hollandais  naviguent  aux  Indes;  mais  cette  guerre 
lui  a  causé  et  lui  cause  tant  d'embarras  que,  dès  qu'elle 
pourra  avec  honneur  faire  la  paix,  elle  n'en  laissera  pas 
échapper  l'occasion.  La  condance  du  cabinet  de  Madrid  est 
entièrement  fondée  sur  la  prohibition  aux  Hollandais  du 
trafic  de  la  Méditerranée;  mais  les  forces  de  cette  nation 
se  sont  tellement  accrues  avec  la  paix,  qu'il  sera  difïicile 
non-seulement  de  lui  empêcher  le  passage  vers  la  Médi- 
terranée, mais  môme  de  lui  résister  sur  l'Océan.  Et, 
quoique  le  comte  d'Olivares  insiste  fortement  pour  qu'on 
arme  quatre-vingts  galions  et  qu'on  négocie  afin  d'obtenir 
un  million  en  prêt  des  marchands,  on  peut  craindre  que  le 
résultat  ne  réponde  pas  à  la  dépense,  et  qu'on  ne  parvienne 
pas  à  équiper  une  flotte  capable  d'attaquer  un  si  puissant 
ennemi,  ni  de  se  défendre  de  ses  agressions.  A  tout  cela 
se  joignent  les  disputes  continuelles  qu'il  y  a  entre  les 
ministres  du  roi  en  Flandre.  Deux  choses  donnent  un 
grand  appui  au  parti  des  Hollandais  :  la  première  est  le 
désir  qu'a  le  roi  d'Angleterre  de  voir  l'électeur  palatin, 
son  gendre,  rétabli  dans  ses  États;  la  seconde,  l'armée 
qu'a  rassemblée  le  roi  de  France.  Ces  deux  choses 
obligent  le  roi  d'Espagne  à  être  sur  ses  gardes  :  en  effet, 
bien  que  ce  que  dit  le  roi  de  France,  que  le  moment  lui 
paraît  venu  de  se  venger  des  Espagnols,  puisse  être  un 
propos  de  jeunesse,  il  est  très-possible  qu'on  le  persuade 
d'y  donner  exécution  avant  peu  d'années;  et  en  tout  cas, 


(  733  ) 
au  roi  d'Espagne  les  ennemis  ne  manqueront  jamais.  Au 
conseil  d'État  les  affaires  de  Flandre  sont  peu  comprises; 
elles  reposent  toutes  sur  D.  Agostino  Messia  et  D.  Diego 
d'Ibarra,  qui  seuls  en  ont  quelque  expérience.  Quoique, 
pour  acquérir  une  connaissance  plus  exacte  de  cette  pro- 
vince, on  ait  ordonné  au  confesseur  de  l'archiduc  (1)  de 
venir  à  Madrid,  en  intention  de  le  faire  président  du  con- 
seil de  Flandre  qu'il  est  question  de  remettre  en  pied,  ce 
choix  bien  considéré,  on  peut  craindre  qu'il  ne  produise  un 
effet  contraire  à  celui  qu'on  en  attend,  en  ce  que  les  Fla- 
mands s'indigneront  que,  contre  leurs  privilèges,  on  confère 
une  semblable  charge  à  un  sujet  espagnol.  En  somme,  la 
Flandre  est  une  province  telle  que,  quand  Sa  Majesté 
aura  vaincu  les  ennemis,  elle  aura  les  amis  contre 
elle  (2).  » 

Sur  le  second  point  dalla  Torre  s'exprime  ainsi  : 
c(  Le  roi,  qui  n'a  pas  accompli  encore  sa  dix-septième 
année,  est  de  nature  colérique  et  qui  le  rend  peu  propre 
au  maniement  des  affaires.  Il  prend  grand  plaisir  à  la 
chasse  ;  rien  ne  lui  coûte  autant  que  de  se  montrer  en  public. 
Sa  capacité  est  médiocre,  ses  moyens  nuls  et  son  esprit 
sans  culture,  parce  qu'il  n'a  pas  été  trop  bien  élevé  ni  en- 
seigné. H  n'aime  pas  la  reine;  jusqu'ici  pourtant  on  ne 
lui  connaît  point  d'autres  amours  :  s'il  lui  a  pris  fantaisie 
de  posséder  quelque  dame,  il  s'en  est  promptement  fati- 
gué. L'espagnol  est  la  seule  langue  qu'il  entende.  En  tout 
il  dépend  de  la  volonté  du  comte  d'Olivares,  qui,  étant 
de  sa  chambre,  s'insinua  dans  sa  faveur  avec  beaucoup 


(1)  Fray  Inigo  de  Brizuela.  11  fut,  en  effet,  nommé  président  du  conseil 
suprême  de  Flandre,  à  iMadrid. 

(2)  Voy.  rAppendice  A. 


(  734) 
d'adresse,  au  lemps  que  le  comte  de  Saldana,  lequel  y  avait 
été  placé  par  le  duc  de  Lerina,  s'acquittait  avec  peu  d'assi- 
duité de  son  service.  Son  crédit  lui  vint  de  ce  que,  un  jour 
que  le  roi  devait  aller  à  la  chasse,  il  chaussa  à  Sa  Majesté 
une  paire  de  hottes  à  son  goût.  Le  roi  paraît  encore  voir 
volontiers  Antonio  de  Loja,  son  aide  de  chamhre,  gendre 
d'un  archer,  vieux  serviteur  de  cette  couronne;  et  comme 
il  est  celui  à  qui  Sa  Majesté  parle  le  plus  souvent  et  avec 
le  pUis  de  familiarité,  on  lui  a  donné  le  poste  qu'occu()ait 
D.  Bernahé  de  Vivanco(l);  selon  l'opinion  commune,  il 
ne  s'arrêtera  pas  là.  D.  Baltazar  de  Zûniga  (2)  a  été  le  gou- 
verneur du  roi,  qui  naturellement  l'aime  peu  à  cause  de 
ses  hahitudes  graves,  contraires  en  tout  à  l'humeur  de 
Sa  Majesté;  et,  si  le  comte  d'Olivares  ne  lui  avait  {)as  l'ait 
donner  la  charge  des  dépêches  qui  sont  exj)édiécs  [):ir 
lui  sans  la  participation  de  Sa  Majesté,  il  lui  eut  été 
impossible  d'entrer  au  palais.  Jusqu'à  présent  tous  ces 
favoris  s'appliquent  à  servir  avec  beaucoup  d'assiduité, 
mus  uniquement  par  le  désir  de  contribuer  à  l'avantage 
du  royaume,  à  l'exclusion  de  ce  qui  touche  leur  intérêt 
privé,  et  ils  en  font  ouvertement  profession.  Ce  à  quoi  ils 
se  sont  attachés  et  s'attachent,  c'est  à  organiser  le  palais 
à  leur  guise,  afin  de  s'assurer  la  faveur  dont  ils  jouissent, 
et  d'abaisser  la  maison  de  Sandoval  ainsi  que  tous  ses 
adhérents. 


(1)  Lors  de  la  disgrâce  de  don  Rodrigo Calderon  ,  en  161  i,  I).  lUMiiahe 
Vivanco  le  remplaça  comme  secrétaire  de  la  chambre  du  roi. 

(2)  Oncle  du  comte  d'Olivares.  Il  avait  été  ambassadeur  de  lMiili|>|>i'  lli 
auprès  des  archiducs  Albert  et  Isabelle.  M,  Laluente  {Historia  (jcneral  de 
Espaha,  t.  XVI,  p.  21)  rappelle  «  liombrc  inlegro,de  lalento  y  praclico 
»  en  les  negocios  de  Estado.  « 


(  735  ) 
»  Dans  ce  but  ils  ont  lait  accélérer  le  supplice  de  don 
Rodrigo  (1);  interdire  au  duc  de  Lerma  l'entrée  de  la 
cour  (2);  exiler  à  Arevalo  le  duc  d'Uceda  (5);  chasser  et 
destituer  de  la  charge  d'inquisiteur  général  le  confesseur  du 
feu  roi  (4);  mettre  en  prison  le  duc  d'Ossuna  (a);  conlis- 
qucr  72  p.  cent  des  revenus  du  duc  cardinal  (6);  défendre, 
contrôles  ordres  exprès  du  roi  régnant,  l'entrée  du  palais  à 
D.  Diego  d'Aragon;  renvoyer  toutes  les  dames  françaises 
de  la  reine,  et  deux  en  particulier  qui  étaient  fort  aimées 
d'elle;  conférer  au  prince  Philibert  le  gouvernement  de 
Sicile;  marier  D'  Juana  de  Mendoza  au  duc  de  Terranova 
et,  pour  qu'elle  sortît  du  palais ,  nommer  cardinal  en  pre- 
mier lieu  le  marquis  de  Bedmar,  son  frère,  et  accorder  au 
duc  son  mari  tout  ce  qu'il  a  désiré.  Dans  ce  but  encore, 
ils  ont  augmenté  le  nombre  des  conseillers  d'État,  en 
s  arrangeant  de  manière  que  toutes  les  affaires  soient  trai- 


(1)  Don  Rodrigo  Calderon,  marquis  de  Siele  Iglesias,  comte  de  la 
Oiiva.ll  fut  exécuté  à  Madrid  le  21  octobre  1621. 

(-2)  Philippe  III,  avant  de  mourir,  avait  rappelé  à  la  cour  le  duc  de 
Lerma,  son  ancien  favori.  Un  des  premiers  actes  de  Philippe  IV  fut  de  lui 
défendre  d'y  paraître. 

(5)  II  avait  succédé  au  duc  de  Lerma,  son  père,  dans  la  faveur  de  Phi- 
lippe III.  Sous  le  nouveau  règne, on  lui  intenta  un  procès;  il  fut  condamné 
à  une  amende  de  20,000  ducats  et  à  huit  années  de  bannissement  à  vingt 
lieues  de  Madrid. 

(4)  Fray  Luis  de  Aliaga,  dominicain.  Il  avait  été  confesseur  du  duc  de 
Lerma  avant  de  l'être  de  Philippe  III. 

(d)  Don  Pedro  Telez  Giron,  qui  avait  été  vice-roi  de  Naples  et  de  Sicile , 
un  des  capitaines  et  des  politiques  les  plus  éminents  de  ce  temps. 

(6)  Le  cardinal  duc  de  Lerma.  Selon  M.  Lafuenle ,  il  fut  condamné  à 
payer  au  lise  72,000  ducats  par  année,  à  partir  de  Tannée  1601,  pour  les 
richesses  qu'il  avait  acquises  durant  son  ministère  {Historia  gênerai  de 
Espana,UX\l,i,.20), 


(  736  ) 
técs  à  leur  guise,  pour  leur  éviter  la  nécessité  de  se  niellrc 
en  opposition  avec  les  délibérations  du  conseil 

»  Le  comte  d'Olivares  s'occupe  surtout,  avec  beaucoup 
de  soin,  des  affaires  de  finances.  Celles-ci  étant  dans  le  |)lus 
triste  état,  on  tache  de  les  améliorer,  soit  en  recourant  à 
de  nouveaux  expédients,  soit  en  réduisant  les  dépenses,  et 
il  y  a  pour  cet  objet  des  juntes  continuelles  en  la  maison 
du  comte,  (pii  ne  songe  pas  à  autre  chose.  Jl  est  certain 
que,  si  cette  année  ils  ne  s'étaient  procuré  des  ressources 
en  augmentant  les  juras  (1),  il  n'y  aurait  pas  eu  moyen 
d'envoyer  en  Flandre  la  provision  d'argent  nécessaire  : 
car,  outre  que  les  meilleures  assignations  sont  engagées 
pour  longtemps,  tous  les  revenus  de  l'Espagne  sont  nota- 
blement diminués ,  tant  par  suite  de  l'expulsion  des  Mores 
qu'à  cause  du  petit  nombre  d'habitants  qui  restent  et  du 
grand  poids  des  impots  qu'ils  supportent (2).  » 

Ces  considérations  sur  la  guerre  des  Pays-Bas,  ce  por- 
trait de  Philippe  IV,  ce  tableau  de  la  cour  de  Madrid  et 
des  commencements  du  nouveau  règne,  montrent  dans 
Giulio  dalla  Torre  un  politique  intelligent,  un  observa- 
teur sagace  et  un  diplomate  qui  avait  bien  employé  les 
quelques  semaines  qu'il  venait  de  passer  à  la  cour  d'Es- 
pagne. 


(1)  Rentes  hypothéquées  sur  les  revenus  royaux  et  qui  élaienl  assignées 
à  ceux  qui  prêtaient  ou  auxquels  on  devait  de  l'argent. 
(-2)  \o}j.  l'Appendice  B. 


(737) 


APPENDICES, 


A. 


La  giicrra  di  Fiandra,  che  finita  la  Iregiia  è  slala  rinovala,  c 
inccrto  se  sia  stata  inlrapresa  per  utile  di  S.  M"  o  per  propio 
c'ommodo  di  qualche  particolari.  Cerlo  c  che  quellacorona  non 
puo  dissimulare  agli  Olandesi  la  navigatione  dell'  Indie;  ma 
lianno  sentito  et  sentono,  per  occasione  délia  guerra  ,  travagli 
tanlo  grandi  che,  ogni  volta  che  potranno  con  honore  ahhraciar 
la  pace,  non  ne  perdcranno  loccasione.  La  lora  speranza  è  tutta 
fondala  en  prohibirli  il   traiïico  del  Mcditerraneo;  ma  qnesta 
natione  con  la  pace  è  cresciiita  lanto  di  forze  marittime,  che 
Irattandosi  che  habbino  otto  millia  vascelli,  didicilmente  gii 
potranno  impedire  non  solo  il  transito  nel  Medilerraneo,  ma 
quasi  in   nessun  modo  resistere  nell'  Oceano.  Et  se  bene  il 
conte  d  Olivares  insiste  gagliardamente  perché  si  armino  ol- 
tanta  gallioni ,  et  che  si  tratta  di  havere  da  gli  huomini  di 
negocio  un  millione,  si  puo  dubitare  che  il  frutto  non  debba 
pareggiare  la  spesa,  et  che  ad  ogni  modo  non  debba  essere 
armata  che  basti  ne  per  offendere  ne  per  diffendersi  da  si 
potente  nimico.S'aggiunge  a  tutlo  questo  le  garre  continue  che 
passanotra  ministri  del  re  in  Fiandra.  Il  partito  de  i  stati  riceve 
grande  aiuto  da  due  cose  :  la  prima,  dal  desiderio  che  tiene  il 
re  d'Inghilterra  che  il  palatino  suo  genero  sia  rimesso  in  Stato, 
et  la  seconda  dall'  essere  il  re  di  Francia  in  campagna  armato; 
lequalicose  obligano  il  re  di  Spagna  a  non  descuidarsi,  perché 
se  bene  quel  che  dice  il  re  di  Francia,  cioè  che  le  pare  tempo 
opportuno  da  vendicarsi  de  Spagnuoli,  puo  essere  che  sia  mo- 


(  738  ) 

tivo  di  rc  giovanc,  c  anco  possibilc  clic  fra  pochi  anni  sia  pci*- 
siiaso  ad  csscquirlo;  et  iii  ogiii  caso  al  rc  di  Spagna  non  nian- 
cheranno  mai  inimici.  In  consiglio  di  Stalo  le  cose  di  Fiandra 
sono  poco  intcse,  et  s'appoghiano  lutte  a  D.  Agostin  Messia  et 
a  D.  Diego  de  Ibarra,  che  soli  ne  liannoqualche  espcrienza.  Et 
se  bene  pcr  accrescere  il  vigore  alla  intelligenza  di  quella  pro- 
vincia,  banno  ordinato  al  confessorc  dcU'  arciduca  cbe  venghi 
a  Madrid,  con  animo  di  farlo  présidente  del  consiglio  di  Fiandra 
che  si  traita  di  rimettcr  in  piedi,  ben  considerato  questa  elct- 
lione,  potrà  più  losto  partorire  elfetlo  contrario,  faccndo  sdc- 
gnare  i  Fiamminghi  che  si  tralti,  contra  di  loro  privilcgi,  di 
valersi  in  quel  carico  di  un  soggello  spagnuolo.  El  in  somma  la 
Fiandra  c  una  provincia  che,  quando  S.  M'"  bavera  superalo  i 
nemici,  proverà  conlrarii  gii  amici.  » 


B. 


La  natura  di  S.  M'',  che  non  ha  finiti  ancora  diciaselte  anni, 
è  colcrica  et  poco  alla  a  Iraltar  negocii.  Si  dilclta  délia  eaccia  ; 
è  nimicodi  laseiarsi  vedere  in  publico.  Non  è  di  gran  capacità, 
et  non  ha  virtù  ne  ornamcnto  alcuno  acquisito,  essendo  slato 
non  troppo  ben  allevalo  ne  disciplina to.  Non  ama  la  raoglie,  et 
sin'  hora  non  attende  ad  aUri  amori;  anzi  se  ha  havuto  gusto  dl 
qualche  donne,  subito  se  n'è  saliato.  Non  intende  ailra  lingua 
che  la  naturale,  et  dipendc  in  tulto  dalla  volontà  del  conte 
d'Olivarcs,  che,  essendo  dclla  sua  caméra,  con  grand'  arte  le 
guadagnô  la  sua,  in  tempo  che  il  conte  di  Saldagna,  che  le  lu 
messo  dal  duca  di  Lerma,  era  poco  assiduo  al  suo  servitio.  Et 
il  princij)io  fù  pcr  haverle  calciato  un  paro  di  slivali  a  suo 
gusio,  un  giorno  che  doveva  andaïc  alla  eaccia.  Pare  ancora 
che  habbia  guslo  di  Aiilonio  di  hojw.  aiulanlc  di  caméra,  che 


(  739  ) 

ègcnero  di  un  arcicro  scrvitorc  vcccliio  di  quclla  corona ,  et 
con  esscrle  stalo  dato  il  luoglio  chc  licbbc  già  D.  Bcrnabé  di 
Bibanco,  per  csser  quello  cbc  con  più  inlrinsicbezza  cl  più 
sposso  traita  con  S.  M'';  et  è  opinionc  cbc  sia  pcr  passarc  in- 
nanzi.  D.  Baldassar  di  Zuùiga  fù  ayo  di  S.  >r%  cl  nalurabnentc 
da  lui  poco  amalo,  pcr  esscr  di  costunii  gravi,  in  lutlo  contrarii 
air  bumorc  di  S.  M";  et  se  il  conte  d'Olivares  non  gli  bavcssc 
fallo  dare  il  carico  de'  papeli  le  quali  sono  dispacbiali  da  lui 
senza  partecipalione  di  S.  M\  sarcbbe  slato  impossibile  cbc  fusse 
enlrato  in  palazzo.  Sino  a  quest'bora  ognlino  di  qucsti  privati 
atlcnde  a  scrvire  con  molta  assiduilà,  solamente  con  fine  di  far 
quel  cbe  conviene  per  beneficio  dcl  regno,  senza  nessuno  in- 
téresse privato,  et  ne  fanno  aperta  professionc.  Quello  a  cbe 
banno  allcsosin'bora,è  stato  a  formare  un  palazzo  a  lor  modo, 
per  assieurarsi  et  mantenersi  la  privanza,  et  ad  abassare  la  casa 
di  Sandoval  e  tutli  i  suoi  adherenli. 

Per  queslo  fine,  forse  cbe  s'è  accellerata  la  morte  a  D.  Ro- 
drigo, siè  probibilo  al  duca  di  Lerma  lo  cntrare  in  corte,  man- 
dalo  in  Arrevalo  il  duca  di  Usseda,  cacciato  il  confessore  di 
Filippo  III,  privandolo  dcl  grado  dinquisilor  maggiore,  car- 
ceraloil  duca  di  Ossuna,  confiscatoli  72p.c*"di  rendità  al  duca 
cardinale;  vietalo,  contra  gli  ordini  espressi  del  re,  a  D.  Diego 
d'Aragone  lo  cntrare  in  palazzo;  scacciato  lutte  le  dame  fran- 
cese  délia  regina,  et  in  parlicolare  due  dalla  medesima  mollo 
favorite;  conferto  il  governo  di  Sicilia  al  prencipe  Filibcrto; 
maritata  D'  Giovanna  di  Mendozza  col  duca  di  Terranova,  con- 
descendendo,  per  levarla  di  palazzo,  a  nominar  cardinale  in 
primo  luogbo  il  marcbese  di  Bclmar  suo  fralello ,  et  a  conccdcrc 
duca  suo  marito  quanto  ba  saputo  desiderare.  Per  questo  fine 
medcsimo  banno  accresciuto  il  numéro  dei  consiglieri  di  Stato  , 
procurando,  per  non  baver  nécessita  di  contradirc  le  consulte, 
cbe  siano  consultati  tutli  i  ncgocii  sccondo  il  loro  desiderio. 

11  conte  d'Olivares  attende  sopra  lutlo  con  mollo  studio  aile 
cose  deir  bazienda,  la  quale  essendo  ridotla  aU'estremo,  si  pro- 


(  740  ) 

cura  con  nuove  forme  et  con  rcsecnr  la  spcsa,  di  ridiiiia  a  qual- 
clic  niiglior  slato;  et  vi  è  giiinta  continua  in  casa  del  detlo  conte 
che  ad  altro  non  pensa.  Certo  è  che,  se  quest'anno  non  liave- 
vano  i  crescinicnti  de  i  giuri,  clic  non  vi  cra  modo  di  provc- 
dcre  in  Fiandra,  ])ercl)è,  oltre  che  lutte  le  migliori  assignalioni 
sono  impegnate  per  tempi  lunglii,  tutti  gli  introiti  di  Spagna 
sono  ancora  notahilmente  sminuiti,  cosi  per  l'espulsione  de  i 
Mori  corne  per  il  poco  numéro  d'huomini  che  reslano  et  la 
moite  carica  di  gravezze  che  sopportano » 


(  741  ) 


CLASSE  DES  BEAUX-AllTS 


Séance  du  3  juin  1869. 

M.  Cii.-A.  FRAIKI^f,  vice-directeur,  occupe  le  fauteuil. 
M.  Ad.  Queteleï,  secrétaire  perpétuel. 

So)U  présents:  MM.  L.  Alvin ,  F.-J.  Fétis,  Guillaume 
Geefs,  Cil.  Hanssens,  J.  Geefs,  Ferd.  De  Braekeleer, 
Ed.  Fétis,  Edm.  De  Busscher,  Alpli.  Balat,  Aug.  Payen, 
le  chevalier  L.  de  Burbure,  J.  Franck,  Gustave  De  Man, 
Ad.  Siret,  J.  Leclercq ,  membres;  Daussoigne-Méliul, 
associé;  Bosselet  et  F.  Stappaerts,  corr(?spo>K/«» /.s. 


CORRESPONDANCE. 


M.  le  Ministre  de  l'intérieur  prie  la  classe  de  pourvoir 
au  remplacement  de  l'un  des  membres  de  la  section  per- 
manente du  jury  chargé  de  juger  le  concours  de  compo- 
sition musicale  de  cette  année.  —  La  classe  procède  à  ce 
choix,  qui  sera  communiqué  à  M.  le  Ministre. 

—  Ee  même  haut  fonctionnaire  adresse  les  livraisons  7 

2'"^  SÉUIE,  TOME  XXVII.  49 


(  742  ) 

et  8  dos  Lifjfjeren  ou  archives  de  la  Gilde  anversoise  de 
Sl-Luc  et  le  rapport  de  la  section  centrale  de  la  Clianibre 
des  représentants  sur  le  budget  du  département  de  Tinté- 
rieur  pour  1870. 

M.  Daussoigne-Méhul  offre  un  exemplaire  d'une  notice 
de  sa  composition.  —  Remercîmenls. 

—  La  classe  reçoit  communication  du  programme  des 
concours  pour  1870  de  la  Société  royale  pour  l'encourage- 
ment des  beaux-arts,  ta  Anvers. 


CONCOURS  POUR  1869. 


Conformément  aux  dispositions  réglementaires,  le  terme 
fatal  du  concours  de  la  classe  pour  cette  année  expirait 
le  1"  juin.  —  Aucun  mémoire  n'est  parvenu  en  réponse 
aux  questions  posées  dans  le  programme  de  ce  concours. 


COMMUNICATIONS  ET  LECTURES. 


M.  Ed.  Eétis  donne  lecture  d'une  nouvelle  partie  de  ses 
Études  sur  l'art  et  ses  tendances.  Celte  7'  partie,  relative 
à  la  manière  dont  le  gouvernement  doit  encourager  les 
beaux-arts,  prendra  place  ultérieurement,  avec  celles  (|ui 
la  précédeni,  dans  le  recueil  des  travaux  académiqties. 


(  74.5  ) 


OUVRAGES  PRÉSENTÉS. 


Commission  royale  d'histoire.  —  Clironiqiic  de  Jean 
des  Prcis  dit  d'Oiitremcuse.  publiée  par  M.  A.  Borgnet. 
Tome  II.  Bruxelles,  1869;  i  vol.  in-4°.  —  Chronique  de 
De  Klerck,  publiée  par  M.  J.-II.  Bormnns.  Tome  III. Bruxelles, 
1869;  1  vol.in-4^ 

Chcilon  (/?.).  —  Curiosités  numismatiques,  13'"'"  article. 
Bruxelles,  1809;  in-8''. 

Clialon  (/?.).  —  Aneiens  jetons  des  receveurs  de  Bruxelles. 
Bruxelles,  I8G9;in-8^ 

Juste  {Théodore).  —  Précis  de  l'histoire  moderne,  consi- 
dérée particulièrement  dans  ses  rapports  avec  la  Belgique. 
i2'"'^  édition.  Bruxelles,  1869;  in-8°. 

Giuge  (Th.).  —  L'épidémie  de  Bruxelles  en  janvier,  février 
et  mars  1809.  Bruxelles,  1869;  in-8''. 

Daussoigne-Méhul.  —  Coup  d'œil  rétrospectif  à  propos  de 
chansons.  Liège,  1869;  in-8". 

Cislella  musae  belgicae  faceta.  Bruxelles,  1869;  in-8". 

D'Otreppe  de  Bouvette  (Alb.).  -  Essai  de  tablettes  lié- 
geoises, 93'"''  livr.  Liège,  1869;  in-8°. 

Janssens  (E.).  —  Annuaire  de  la  mortalité  ou  tableaux  sta- 
tistiques des  causes  de  décès  et  du  mouvement  de  la  popula- 
tion dans  la  ville  de  Bruxelles,  l''^  à  7"'«  années,  186^2  à  1868. 
Bruxelles,  1868-1869;  7cah.in-8\ 

Tackels  [C.-J.).  —  Conférence  sur  le  tir  et  projets  divers 
relatifs  au  nouvel  armement.  Paris,  18()9;  gr.  in-S". 

Tackels  {C.-J.).  —  Etude  pratique  sur  les  armes  se  chargeant 
par  la  culasse,  les  mitrailleuses  et  leurs  munitions.  Bruxelles, 
1868;  in-8". 


(  744  ) 

Turkels  (C.-J.).  —  Petit  manuol  crarmcmcnt  à  Tiisagc  de  la 
troupe.  Paris,  18G8;  iii-8". 

Tackeh  [C.-J .).  —  Les  fusils  Chassepot  et  Âlhini,  adoptés 
rcspeetivcmcnt  en  France  et  en  Belgique.  Anvers,  18C8;  in-8". 

Tackels  (C.-J.).  -—  Étude  sur  les  armes  à  feu  portatives,  les 
projectiles  et  les  armes  se  chargeant  par  la  culasse.  Bruxelles, 
iSGO;  in-8". 

Tackels  {C.-J.).  —  Étude  sur  les  armes  se  chargeant  par  la 
culasse.  Bruxelles,  1860;  in-8°. 

rackets  (C.-J.).  —  Étude  sur  le  pistolet  au  i)oint  de  vue  de 
rarmemenl  des  ofiîciers.  Bruxelles;  in- 1:2. 

lAièvre  (X.).  —  Institutions  nainuroiscs  :  privilèges  accor- 
dés aux  membres  du  conseil  pro'^incial.  Namur;  in-8". 

Greffoir  {Edivanl).  —  \(\vh\i\n  Willaerl,  levensschet.  Anvers, 
1809;  in-8". 

Dêjx)!  (le  la  (jiierre  de  lielijifjiie.  —  Carte  topo<;rapiiiqiie  de 
la  Belgique,  dressée  au  i/ioooo  4"'  livr  ,  feuilles  !;>  vl  57  (Anvers 
cl  Tournai).  Bruxelles,  1801);  2  feuilles  in-folio. 

Le  Bildiophile  belge.  —  4""'  année,  feuilles  7  el  8.  Bruxelles , 
180');  2  feuilles  in-8". 

Inslitut  archèoloijiqiie  de  la  province  de  LuJeiuhoirrff ,  à 
Arloii.  —  Annales,  tome  V,  5""  et  4"'^cali.  Arlon ,  I8()8-I8{iîl; 
'■2  cah.  in-8". 

Aradêniie  royale  de  médecine  de  Belgique.  —  Bulletin, 
année  1809,  5""  série,  tome  111,  n"^  :2,  3,  4  et  a.  Bruxelles, 
1801);  2  cah.  in-80. 

Société  royale  des  sciences  médicales  et  naturelles  de 
Behflque.  —  Journal  de  médecine,  de  chirurgie  et  de  pharma- 
cologie. 27'"%^imée,  48""  volume,  avril,  mai  et  juin.  Bruxelles  , 
1801);  5  cah.  in-8'. 

Annales  de  médecine  vétérinaire.  —  18'"*^  année,  4*  à  0*^ 
cahiers.  Bruxelles,  1801);  5  cah.  in-8". 

Société  de  pharmacie  de  Ihuxelles.  —  Bulletin,  I3"""ani 
iV  4.  5  etc.  Bruxelles,  1801);  ô  cah.  in-8". 


nei' 


(  745  ) 

Annales  de  Vèleclricilé  médieale.  —  10""^^  année,  1"  à 
ô'"'  fascicules.  Bruxelles,  1860;  5  cah.  in-8°. 

Tribune  vétérinaire.  — .')""'  et  G'"'  fascicules.  Bruxelles,  1800; 
2  cah.  in-8''. 

La  charilé  sur  les  cinonjjs  de  buluille.  —  4""  année,  n"  l!2. 
Bruxelles,  1809;  in -4". 

Société  de  médecine  d'Anvers.  —  Annales,  50""  année,  livr. 
d'avril  à  juin  1801).  Anvers;  5  cah.  in-8°. 

Société  de  pharmacie  d'Anvei's.  —  Journal  de  pharmacie, 
:25""'  année,  avril,  mai  et  juin.  Anvers,  1809;  5  cah.  in-8'\ 

La  presse  médicale  belge.  —  î2l"'''  année,  n°'  14  à  28. 
Bruxelles,  1809;  15  feuilles  in-i". 

Le  Scalpel.  —  21"'^  année,  n"^  :>7  à  52;  22"'''  année,  i^'  1 
à  15.  Liège,  1808-1809;  59  feuilles  in-4". 

La  Belgique  liorticole ,  annales  d'horticulture  helgc  et 
étrangère,  rédigées  par  Edouard  Morren.  3Iai-juin  1809.  Liège; 
in-8". 

Campbell  [J-A.-G.).  —  Raj)port  aan  zijnc  Ex.  den  Minisler 
van  Binnenlandschc  zaken  op  de  koninklijke  hibliotheek  ovcr 
het  jaar  1808.  'S  Gravenhage,  1809,  in-8". 

Egger  {Emile).  —  Apollonius  Dyscole.  Essai  sur  rhisloirc 
des  théories  grammaticales  dans  l'antiquité.  Paris,  1854;  in-8". 

Egger  [É^nile).  —  Etudes  historiques  sur  les  traités  publics 
chez  les  Grecs  et  chez  les  Romains  de[)uis  les  temps  les  plus 
anciens  jusqu'aux  premiers  siècles  de  lère  chrétienne.  Nou^  elle 
édition.  Paris,  1800;  in-8". 

Egger  (Emile).  —  Mémoires  d'histoire  ancienne  et  de  phi- 
lologie. Paris,  1803;  in-8". 

Egger  [Emile).  —  Mémoires  de  littérature  ancienne.  Paris, 
1802;  in-8". 

Egger  [Emile). —  Notions  élémentaires  de  grammaire  com- 
parée pour  servir  à  l'élude  des  trois  langues  classiques.  0'  édi- 
tion. Paris,  1805;  in-8". 

Académie  des  sciences  de  Paris.  —  Comptes  rendus  hebdo- 


(  746  ) 

iiiadaircs  des  sciiiico> ,  par  MM.  les  sccrélaires  perj)éUicIs.  Toine 
LXVIII,  n"  14  à  20.  Paris,  1809;  15  cah.  in-4°. 

Société  géologique  de  France.  —  Bullelin,  t2"  série,  tome 
26%  feuilles  i-5.  Paris,  1808  à  1809;  in-8\ 

Revue  de  l'instruction  publique,  de  la  littérature  et  des 
sciences  en  France  et  dans  les  pays  étrangers.  —  ^^  année, 
n°'  1  à  15.  Paris,  1809;  15  doubles  feuilles  in-4". 

Nouvelles  météorologiques ^  publiées  sous  les  auspiecs  de  la 
société  météorologique  de  Franee,  1809,  n"'  4,  5  et  (J.  Paris; 
5  eab.  in-8°. 

Journal  de  Vagriculture^  fondé  et  dirigé  par  J.-A.  Barrai, 
1809,  t.  II,  n°^  06  à  71.  Paris,  1809;  G  cali.  in-8°. 

Bidletin  hebdomadaire  de  l'agriculture,  année  1869, 
n°^  15  à  20.  Paris,  1809;  15  feuilles  in-8". 

Société  pliilomutique  de  Paris.  —  Bulletin,  tome  Vl%  jan- 
vier-février-mars 1809.  Paris,  1809;  in-8°. 

Staaff.  —  La  littérature  française  depuis  la  formation  de 
la  langue  jusqu'à  la  révolution.  Lectures  choisies.  2'  et  5*^  édi- 
tions. Paris,  1808;  4  vol.  in-S". 

Clausiiis  {II).  —  Théorie  mécanique  de  la  chaleur,  tra- 
duite de  l'allemand  par  F.  Folie.  2*^  partie.  Paris;  in-8". 

Robin  [Edouard).—  Philosophie  chimique,  ou  chimie  expé- 
rimentale et  raisonnée,  IV'  édition.  Paris;  gr.  in-8". 

Matériaux  pour  l'histoire  primitive  et  naturellede  l'homme. 
V«  année,  2*^  série,  n°  2.  Paris,  1809  ;  in-8°. 

Société  impériale  des  sciences,  de  l'agriculture  et  des  arts 
de  Lille.—  Mémoires,  année  1808;  o'  série,  6«  volume.  Lille, 
1869;  in-S". 

Bulletin  scienti/ique,  historique  et  littéraire  du  déparle- 
ment du  Nord  et  des  pays  voisins.  —  V"  année,  n"^  5  et  6. 
Lille,  1869;2cah.  in-8''. 

Revue  et  magasin  de  zoologie  pure  cl  appliquée  et  de  séri- 
ciculture comparée,  \)i\r  M.-F.-E.  Guérin-Meneville,  1869,  n"  b. 
Paris  ;in-8°. 


(  747  ) 

Lu  ^ajifé  j)i(f)U(nic.  —  N"-'  14  à  i>4.  Paris,  180'J;  1 1  l'cuillcs 
in-i". 

Cliàk'l  {Victor).  —  Nouvelles  ol)servations  sur  le  ])ullage 
(les  ])omincs  de  icrre.  (Aniches  agricoles  du  eoniice  eonimuiial 
(le  Valcongrain).  Caen,  I8C9;  I  feuille  in-4". 

Vnivcrsitat  zu  TubiiKjeii.  —  Sclirilter,  jalire  1808  und 
1861).  Tuhinguc,  5  cali.  in -4°  et  18  broeh.  in-8". 

Oberlausilziche  Gesellschaft  (1er  Wissenschaflen  zu  Gorlilz. 
—  Neues  lausitziches  magazin,  XLV"  Band.  2'"  heft.  Gorlilz, 
18GD;  in-8°. 

Magnetische  und  meleorologische  heobacltlungcn  auf  der 
K.  K.  Slernwarle  zu  Prag  im  Jcifire  IS68.  XXlX^^'s^'"  jalir- 
gang.  Prague,  18G9;  in-4". 

Kur/andische  Gesellschaft  fur  Literatur  und  Kunst  zu 
Mitau.  —  Sitzuiigs-Beriehte,  aus  dem  jahre  1868.  Mitau, 
186U;  ia-4". 

Naturhlstoricher  verein  der  preussischen  lilieinlaudes  und 
Westphalens,  zu  Bonn.  —  Verhandlungen,  XXV'"''^  jahrgang. 
Bonn,  1868;  2  cah.  in-8^ 

KônigUche  preussische  Akademie  der  Wissenschaften  zu 
Berlin.  —  Monatsberielit,  miirz  186D.  Berlin;  in-8". 

Fiorelli  [Giuseppe).  —  Sulle  scoverte  archeologichc  faite  in 
Ilalia  dal  1846  al  1866,  relazione  al  minislro  délia  ilruzionc 
pubblica.  Naples,  1867;  in-4°. 

Accademia  agraria  di  Pesaro.  —  Esercitazioni,  anno  X11I% 
semestre  2".  Pesaro,  1869;  {0-8". 

Instituto  tecnico  di  Palernw.  —  Giornale  di  scienzc  naturali 
ed  economiehe  publicalo  per  cura  del  consiglio  di  perfeziona- 
menlo.  Anno  1868,  vol.  IV,  fasc,  4.  Païenne,  1868;  in-4°. 

Pizzamiglio  (D.  Luigi).  —  Saggio  eronologieo  ossia  sloria 
délia  monela  romana  dalla  fondazione  di  Roma  alla  cadula  dell' 
impero  d'occidenle.  Rome,  1867;  in-4°. 

Accademia  ponti/icia  de'  Nuovi  Lincei  in  Roma.  —  Alii, 
anno  XXI,  sessiones  1-5.  Rome,  1868;  4  cah.  in-4". 


(  748  ) 

Geologicul  Sociehj  of  London.  —  Quarlerly  Journal,  vol. 
XXV,  part  2.  Londres,  1869;  in-8°. 

Royal  geographical  Societij  of  London.  —  Procecdings,  vol. 
XIH,  n°  2.  Londres,  1869;  in-8°. 

Asiatic  Society  of  Bengcd ,  al  Cakutla.  —  Procecdings; 
n"  12,  deccmber  1868,  and  n°  1  ,  january  4869.  —  Journal, 
new  séries,  vol.  XXXVIII,  n"  1;il  (part  il,  n°  1,  1869).  Cal- 
cutta, 1868-1869;  5  cah.  in-8". 

Meteorological  commiliee  at  Calcutta.  —  Report  of  ihe  nie- 
teorological  reporter  to  tlie  governnicnt  of  Bengal  for  llie  year 
1867-1868,  with  a  meteorological  abstract  for  the  year  1867. 
Calcutta,  1868;  in-4^ 

Niimismatic  Society  of  London.  —  The  numismatic  cliro- 
niclc,  1869,  part.  1.  Londres,  1869;  in-8°. 

Paine  [Martyn).  —  The  institutes  of  medicinc.  Eighlh  édi- 
tion, revised.  New-York,  1868;  in-8°. 

The  amer  ican  journal  of  science  and  arts.  —  Second  séries, 
vol.  XLVII.  n°^  140-141.  Ncw-IIavcn,  1869;  2  cah.  in-8^ 


Fin  1)1   ToMi:  XXVll  de  la  2'"^  séhie. 


BULLETINS  DE  l'aCADI- MIE  HOYALE  DE  BELGIQUE. 


TABLES  ALPHABETIQUES 

DU    iOiMi:   VJxNGT-SEPTIEMK    DE  LA  DEUXIEME  SEiilE. 

1869. 
TABLE  DES  AUTEURS. 


A. 

Acar.  —  Commuiiicalion  des  observations  bolaiii(|Ucs  à  Anvers  en  18G8, 
56-2. 

Alvin  {L.).  —  Maintenu  dans  ses  l'onelions  de  membre  de  la  eommission 
spéciale  des  finances  de  la  classe  des  beaux-arls,  117;  situation  finan- 
cière de  la  caisse  centrale  des  artistes  belges  au  51  décend)re  18G8, 
118, 257  ;  membre  du  jury  du  concours  des  cantates,  51 6  ;  réélu  menjbre 
de  la  commission  administrative,  598. 

Andrics.  —  Dépôt  d'un  billet  cacheté,  4. 

Anonyme.  —  Observations  au  sujet  des  rapports  sur  son  mémoire  de  con- 
cours concernant  Quentin  Metsys,  116. 

Association  britannique  pour  Vavancement  des  sciences.  —  Annonce  de 
sa  réunion  à  Exeter  le  18  août  18G9,  562. 

B. 

Baeijer  {J.-J.).—  Remercîments  pour  son  électiun  (ra-.socie,  -J;  accuse 
réception  de  son  diplôme  et  désire  recevoir  les  Bulletins  el  V Annuaire, 
127. 

Uanje  {A.-L.).  —  Élu  associé  de  la  classe  des  beaux-arts,  117. 


750 


TAliLL    DE^^    AUTEURS. 


Ijcllj/nck  {Aur/.).  -  Communicalion  des  observalious  hulaniqucs  t'ailcs  à 
Namiir  au  commencement  de  1869,  614. 

Dernacrts.  —  Orages  observés  à  Malines  depuis  le  l«r  seplembre  18G8 
jusqu'au  l-^juin  1869,  641. 

Bernardin.  —  Communicalion  des  observations  oriiitlioiogiques  lailes  à 
Melle  en  1868,  4;  id.  des  observations  botaniques  (ailes  le  :21  avril 
1869  dans  la  même  ville,  362. 

Berloloni  {Anl.).  —  Annonce  de  sa  mort ,  562. 

liessels  {le  docteur).  —  Note  sur  le  développement  des  Acarides;  exUail 
d'une  lettre  à  M.  P-J.  Van  Deneden,  276. 

Dorynet  (Ad).  —  Commissaire  pour  le  mémoire  en  réponse  au  con- 
cours de  Slassart  et  relatif  aux  rapports  de  droit  public  entre  les 
provinces  belges  et  l'empire  d'Allemagne,  20  ;  rapport  sur  ce  travail, 
461;  remercîments  à  M.  le  baron  Kervyn,  directeur  sortant,  20; 
discours  sur  le  caractère  du  mouvement  communal  en  t{elgi([ue,  308; 
présentalion  du  tome  11  de  la  Chronique  de  Jean  d' Outremeusc  ,715. 

Barmans  {J.-fJ.).  —  Notice  sur  deux  fragments  manuscrits  de  poésies 
Ihyoisesde  la  lin  du  XUI*^^  siècle  (le  Hesliaire  d'amours  et  l'Art  d'aimer 
d'Ovide),  488;  hommage  du  tome  111  de  la  Chronique  de  IJc  Kknk,  716. 

Brialmonl  {Alexis).  —  Commissaire  pour  le  mémoire  de  M.  Navez  con- 
cernant un  nouveau  système  de  chronométrie  éleclro-balislique,  248; 
rapport  sur  ce  travail ,  567. 

Brian.  —  Voir  Cornet. 

Broeckaert  {Jean).  —  Lauréat  de  la  classe  des  lettres  pour  le  concours  de 
1869,458,595. 


C. 


Calamalla  {Louis).  —  Annonce  de  sa  mort,  515. 

Catalan  (£".).  —  Rapport  sur  la  note  de  M.  Manilius  relative  à  rinlir|iré- 
lation  de  la  conception  infinitésimale  de  Poisson,  9;  commi.ssai.e  pour 
le  travail  de  M.  Slcicben  relatif  à  quelques  questions  élémentaires  de 
mécanique  physique,  128;  lecture  de  son  rapport  sur  ce  travail,  615; 
rapports  de  MM.  Gilbert,  Steichen  et  Nerenburger  sur  son  mémoire 
relatif  à  une  transformation  géométrique  et  à  la  surface  des  ondes,  129, 
1 12;  sur  les  roulettes  et  les  podaires,  144;  sur  l'addition  des  fonctions 
elliplicpies  de  première  espèce,  145;  commissaire  pour  le  travail  de 
M.  Gilbert  concernant  les  surfaces  apsidales,  565;  comnuinication  d'un 
extrait  de  lettre  de  M.  Folie,  585;comnjissaire  pour  la  note  de  M.  Folie 
sur  quelques  théorèmes  généraux  de  géométrie  supérieure,  615. 


TAULL    DE»    AUTEUUS. 


751 


Cavalier.  —  Commuiiicalioii  des  observalions  inéléoiologUiiies  lailes  à 
Oslendo  en  1868,  4;  id.  en  février  et  en  avril  18fi9,  191,  36Ô;  orages 
observés  à  Oslende  pendant  Tannée  18G8,  256;  orages  observés  à  Os- 
(ende  du  l^J"  janvier  au  1^'  juin  1869,  6-10. 

Clialon  {Uenicr).  —  Iloniniage  d'ouvrages,  19,  51'2,  450,  716;  hommage, 
au  nom  de  M.  Soromenho,  d'un  fragment  manuscrit  de  poëme  llamaiid 
du  XIII"  siècle,  513. 

Commission  impériale  de  l'Exposition  universelle  de  IHlJl.  —  Hommage 
d'un  exemplaire  du  rapport  du  jury  international ,  1:27. 

Congrès  des  délégués  des  sociétés  savantes.  —  Annonce  de  sa  léunion  à 
Paris  le  o  avril  1869,  247. 

Conscience  {Henri)  —  Élu  membre  liluiaii'C,  594;  approbation  royale  de 
son  élection  et  remercîments ,  714. 

Coomans  {Ch.).  —  Orages  observés  à  Anvers  pendant  raniiée  1868,  127, 
255;  orages  observés  à  Anvers  depuis  le  ^"^  janvier  jus(iu'au  l'""  juin 
1869,  640. 

Cornet  et  Briart.  —  Notice  sur  les  dépôts  qui  recouvrent  le  calcaire  car- 
bonifère à  Soignies,  M  ;  rapports  de  MM.  d'Omalius,  Dewalque  et  Nyst 
sur  ce  travail,  7,  8,  9;  présentation  d'un  mémoire  sur  les  fossiles  du 
calcaire  grossier  de  Mous,  565;  rapports  de  MM.  Nysl ,  De  Koninck  cl 
d'Omalius  sur  ce  travail,  621 ,  625. 


D. 


Dabj  (César).  -—  Accuse  réce|)tion  des  Bulletins  et  de  V Annuaire  de  !868, 
597. 

Daussoigne-Mehul  [J.).—  Lecture  d'un  essai  historique  sur  la  chanson, 
322;  hommage  d'ouvrage,  742. 

De  Dacker  (Louis).—  Annonce  que  la  Société  d'histoire  de  Bergues  n'existe 
plus  ,512. 

De  Boe(Ad.).  —  Communication  de  la  liste  des  orages  observés  à  Anvers 
en  1868,247. 

De  Borchgrave  {Emile).  —  Lauréat  de  la  classe  des  lettres  i)Our  le  con- 
cours de  Stassart  (histoire  nationale),  485,  594. 

De  Burhure  (le  chevalier  Léon).  —  Membre  du  jury  du  concours  des  can- 
tates, 516;  Robert  Péril,  graveur  du  XVP  siècle;  sa  vie  et  ses  ou- 
vrages, 522. 

De  Busscher  (Edm.).  —  Honimage  d'ouvrage,  255;  neuvième  rapport  aii- 
nuel  sur  les  travaux  de  la  commission  de  la  Biographie  nationale,  600. 


7o2 


TAnf,i:    DES    AUTEURS. 


De  Caumonl.  —  Hommage  d'ouvrage,  429. 

De  Decker  {P.).  —  Commissaire  pour  les  mémoires  de  concours  reialils  à 
la  description  slalislique  d'une  commune  des  Flandres,  164;  rapport 
sur  ces  travaux ,  452. 

Dcfacqz  (Eug.).  —  Commissaire  pour  le  mémoire  de  concours  relalij"  à 
l'histoire  du  droit  pénal  dans  le  duché  de  Brabant,  164;  rapport  sur 
ce  travail,  441;  élu  directeur  de  la  classe  des  lettres  pour  1870,  lOo; 
remercîmenls  pour  cette  élection  ,311,  428. 

De  Keyser  [A).  —  Remercîments  au  directeur  sortant,  M.  F.-J.  Félis,  117. 

De  Koninck  [Laurent).  —  Commissaire  pour  la  notice  de  M.  Henry 
relative  aux  sulfocyanures  des  radicaux  alcooliques,  4;  rapport  sur 
ce  travail,  143;  commissaire  pour  la  notice  de  M.  Roltier  concernant 
la  conservation  du  bois,  129;  commissaire  pour  le  travail  de  MM,  Briart 
et  Cornet  sur  les  fossiles  du  calcaire  grossier  de  Mons,  363;  rapport  sur 
ce  travail,  623;  commissaire  pour  la  notice  de  M.  Radzis/xnvski  con- 
cernant l'acide  phényl-acétique,  363;  id.  pour  le  mémoire  de  M.  Mal- 
herbe concernant  l'origine  de  la  houille  dans  la  province  de  Liège, 
363;  rapport  sur  la  notice  de  M.  Henry  relative  à  l'isoméi-ie  (2'  partie), 
626;  rapport  sur  la  notice  de  M  Henry  concernant  les  dérivés  élhérés 
des  acides  et  des  alcools  polyatomiques,  627. 

De  Laborde  [le  comte  Léon).  —  Annonce  de  sa  mort,  311. 

De  Laveleije  (£".).  —  Commissaire  pour  les  mémoires  de  concours  reialils 
à  la  description  statistique  d'une  commune  des  Handres,  164;  rapport 
sur  ces  travaux  ,  436. 

De Molêon  (J.-G.-V.).  —  Annonce  de  sa  mort,  31 1. 

Denza.  —  Lettre  à  M.  Ad.  Quetelet  sur  les  météores  observés  à  Mon- 
calieri,  632. 

Département  des  brevets  des  États-Unis.  —  Envoi  d'ouvrages,  190. 

De  Potter  (Fraus).  —  Lauréat  de  la  classe  des  lettres  j>our  le  concours 
de  1809,  458,  593. 

De  Selijs  Longchamps  {Edm  ).  —  Commissaire  pour  le  travail  de  M.  F.  Pla- 
teau sur  les  crustacés  d'eau  douce  en  Belgique  (2<=  et  3'  parties) ,  363  ; 
communication  des  observations  botaniques  (21  mars  et  21  avril  1869) 
et  zoologiques  (1868)  faites  à  Waremme,  614;  secondes  additions  au 
Synopsis  des  Caloi)térygines ,  645. 

De  Sniet  [J.-J.).  —  Présentation  du  Carlulaire  de  l'abbaye  de  Cambrait , 
195. 

De  Souza-flolsteiii {le  marquis).  —  Honunage  d'ouvrage,  184. 

De  Tillj/  {J.-M.).~-  lîap[)orts  de  MM.  Liafjre,  Krn.  Quetelet  et  Catalan  sur 
son  mémoire  intitulé  :  Études  de  mécanique  abstraite ,  615,  618,  620. 


TADLE    DES    AUTEURS.  ^  i^* 

De  eaux  [Paul).  —  Nommé  direcleur  de  la  classe  des  IcUres  [lour  1870, 

20;  s'excuse  de  ne  pouvoir  remplir  ces  foiiclions,  19o. 
Dewalque  (G.).  —  Élu  directeur  de  la  classe  des  sciences  pour  1870,  5; 
rapport  sur  la  notice  de  MM.  Cornet  et  Briart  concernant  les  dépôts 
qui  recouvrent  le  calcaire  carbonifère  à  Soignies,  8;  dé|)ùt  d'un  billet 
cacheté,  i-28;  orages  observés  à  Liège  pendant  le  premier  trimestre  de 
Tannée  1869,  2o-2-,  commissane  |)0ur  le  travail  de  M.  Malherbe  con- 
cernant l'origine  de  la  houille  dans  la  province  de  Liège,  5G3;  rapport 
verbal  sur  deux  notes  de  M.  Fua  relatives  à  un  nouveau  procédé  destiné 
à  prévenir  les  explosions  dans  les  mines  ,364;  billets  cachetés  présentés 
au  nom  de  M.  Folie,  61 4  ;  remarque  au  sujet  de  la  note  de  M.  Ern.  Quetelct 
sur  un  bolide  observé  à  Bruxelles  le  51  mai  1869,  651  ;  orages  observés 
à  Liège  depuis  le  1*^^  avril  jusqu'au  1'^^  juin  1869,  645;  annonce  la 
découverte  d'un  bloc  de  cuivre  natif  à  Vielsalm,  682. 

De  Wilte  {le  baron  J.).  —  Hommage  d'ouvrage,  512,  429. 

D'Omalius  {J.-B  ).  —  Rapport  sur  la  notice  de  MM.  Cornet  et  Briart  con- 
cernant les  dépôts  qui  recouvrent  le  calcaire  carbonifère  à  Soignies,  7; 
commissaire  pour  le  travail  de  MM.  Cornet  et  Briart  sur  les  fossiles  du 
calcaire  grossier  de  Mous,  565;  id.  pour  le  travail  de  M.  Malherbe  con- 
cernant l'origiiie  de  la  houille  dans  la  province  de  Liège,  365. 

Dupont  {Ed.).  —  Comnmnicalion  au  suji't  de  la  découverte  d'une  caverne 
à  Goyel,  195;  sur  deux  fragments  d'objets  appelés  :  Bdlons  de  coninian- 
deinenl ,  découverts  dans  la  caverne  de  Goyet  (province  de  Namur),  274. 

Duprez  {Fr.).  —  Commissaire  pour  la  note  de  M.  D.  Leclercq  concernant 
les  orages  ob-servés  à  Liège  en  1868,4;  rapport  sur  ce  travail,  249; 
commissaire  pour  le  mémoire  de  M.  Viinder  Mensbrugghe  sur  la  teii  -ion 
superficielle  des  liquides,  61  o. 


Egger  {Emile).  —  Élu  associé,  593;  remercîmenls  pour  son  élection,  71  i. 
Ellis  {Henri).  —  Annonce  de  sa  mort,  165. 


Fetis  {Edouard).  —  Lecture  de  la  5^  partie  de  son  travail  Sur  rarl,.ses 
tendances,  etc.,  118;  id.  de  la  6n)arlie,  257;  id.  de  la  7«^  partie,  742; 
communication  de  l'exposé  général  de  l'administration  de  la  Caisse 
centrale  des  artistes  belges  en  18G8,  256. 


754  TABLE    DES    AUTEURS. 

Félis  {F.-J.).  —  Remercîmenls  comme  dirocleur  sortant,  117;  maintenu 
dans  ses  fonctions  de  membre  de  la  commission  spéciale  des  finances  de 
la  classe  des  beaux-arts,  ib.;  communication  verbale  au  sujet  de  la 
publication  de  son  Histoire  générale  de  la  musique,  185;  hommage 
d'ouvrage,  253;  membre  du  jury  du  concours  des  cantates,  516. 

Folie  (F.).  —  Extrait  de  lettre  communiqué  par  M.  Catalan,  585;  dépôt 
de  deux  billets  cachetés,  614;  présentation  d'une  note  sur  quelques 
théorèmes  généraux  de  géométrie  supérieure,  615. 

Fraikin  {Ch.-A.).  —  Élu  directeur  de  la  classe  des  beaux-arts  pour  1870  , 
117;  maintenu  dans  ses  fonctions  de  membre  de  la  commission  spéciale 
des  finances  de  la  classe  des  beaux-arts,  ib. 

Fan.  -^  Rapport  verbal  de  M.  Dewalque  sur  ses  deux  notes  relatives  à  un 
nouveau  procédé  destiné  à  prévenir  les  explosions  dans  les  mines,  56i. 


Gachanl  {Prosper).  —  Commissaire  pour  le  mémoire  relatif  aux  rapports  de 
droit  public  entre  les  provinces  belges  et  l'empire  d'Allemagne,  en  ré- 
ponse au  concours  de  Stassart,  20;  rapport  sur  ce  travail,  469;  don  Juan 
d'Autriche;  5''  étude  :  don  Juan  et  Marguerite,  21  ;  i"  étude  :  donna 
Giovanna  d'Austria,  537;  sur  Jeanne  la  Folle  et  les  documents  concer- 
nant celle  princesse  qui  ont  été  publiés  récemment,  200,  485,  716;  les 
bibliothèques  de  Gênes;  relation  sur  Philippe  IV  et  la  cour  de  Madrid, 
faite  en  1022  par  l'ambassadeur  génois  Giulio  dalla  Torre,  719, 

Geefs  (Guillaume).  —  Maintenu  dans  ses  fonctions  de  membre  de  la  com- 
mission spéciale  des  finances  de  la  classe  des  beaux-arts  ,117. 

Gilbert  [Ph.).  —  Présentation  de  travaux  manuscrits  délaissés  par  feu 
M.  Pagani,  128;  commissaire  pour  le  travail  de  M.  Steichen  relatif  à 
quelques  questions  élémentaires  de  mécanique  physique,  128;  lecture 
de  son  rapport  sur  ce  travail,  615  ;  rapport  sur  le  mémoire  de  M.  Catalan 
relatif  à  une  transformation  géométrique  et  à  la  surface  des  ondes,  129; 
présentation  d'un  travail  concernant  les  surfaces  apsidales,  565;  com- 
missaire pour  la  note  de  M.  Folie  sur  quekiues  théorèmes  généraux  de 
géométrie  supérieure,  615. 

Glucsener  [M.).  —  Commissaire  i>our  le  mémoire  de  M.  Steichen  relatif  à 
((uelques  questions  de  mécanique  physique,  128;  lecture  de  son  rapport 
sur  ce  travail ,  615;  lecture  de  son  rapport  sur  le  travail  de  M.  Mcisens 
concernant  le  coup  de  foudn^  du  10  juillet  1865  à  Anvers,  191. 

GI\i(je{Th  ).  —  Lecture  de  son  rappo,  I  sur  une  noie  (h'  M.  Kd.  Robin  con- 


TABLE    DES   AUTEURS. 


75ri 


cernanl  la  cause  du  manque  d'énergie  chez  rhabilantdes  pays  chauds, 
11  ;  commissaire  pour  le  travail  de  M.  Ed.  Van  Deneden  sur  IVmhryo- 
génie  des  crustacés,  505;  hommage  d'ouvrage,  614. 


Hans.sens  {Ch.-L).  —  Membre  du  jury  du  concours  des  canlales,  316, 
Uaus  {J.-J.).  —  Commissaire  pour  le  mémoire  de  concours  relatif  à  l'his- 
toire du  droit  pénal  dans  le  duché  de  Drabanl,  104;  rapport  sur  ce  tra- 
vail, 446;  hommage  d'ouvrage,  429. 
Hen)'!/  (L).  —  Recherches  sur  les  sulfocyanures  des  radicaux  alcooliques, 
4,  150;  rapports  de  MM.  Sias  et  De  Koninck  sur  ce  travail,  142,  145; 
recherches  sur  l'isomérie  dans  la  série  salicylique  ;  i^"  partie,  292; 
rapports  de  MM.  Slas  et  De  Koninck  sur  ce  travail ,  250;  recherches  sur 
l'isomérie  dans  la  série  salicylique;  2'"  partie,  685;  rapport  collectif  de 
MM.  Slas  et  De  Koninck  sur  ce  travail,  626;  recherches  sur  les  dérivés 
élhérés  des  acides  et  des  alcools  polyalomiques,  691  ;  rapport  collectif 
de  MM.  Stas  et  De  Koninck  sur  ce  travail ,  627. 

I 

Institut  ries  ingénieurs  civils  de  Londres.  —  Envoi  d'ouvrages,  590. 


Juste  {Th  ).—  Honniiage  d'ouvrage,  19,  716;  commissaire  pour  le  mémoire 
relatif  aux  rapports  de  droit  public  entre  les  provinces  belges  et  l'em- 
pire d'Allemagne,  en  réponse  au  concours  de  Stassart,  20  ;  rapport  sur 
ce  travail.  479;  commissaire  pour  le  mémoire  de  concours  relatif  aux 
tendances  politiques  et  sociales  des  hérésies,  164;  rapport  sur  ce  travail, 
460;  les  États-Unis  d'Amérique  en  1783;  le  comte  de  Mogendorp  et  le 
slalhouder  Guillaume  V,  163. 

R 

Kervyn  de  Lettenhove  {le  baron).  —  P.emeicîments  comme  directeur 
sortant,  20;  commissaire  pour  les  mémoires  de  concours  relatifs  à  la 
descrii>lion  slalisli(jue  d'une  commune  des  Flandres,  164;rap|)ort  sur 
ces  travaux,  448;  présentation  du  tome  VII  des  Œuvres  de  Frois- 


71)0  TABLE  DES  AUTEURS. 

sari,  19o;  une  page  de  Thistoire  d'Angleierre  :  les  dernières  années 
(PÉdouard  III,  550. 
A7rc///<o/7"  (G.).  —  Uemercîmenls  pour  son  éleclion  d'associé,  2;  accuse 
réception  de  son  diplôme  et  désire  recevoir  les  Bulletins  Ql  V Annuaire , 

1-^)7 


Lacordaire  {Th.).  —  Commissaire  pour  la  notice  de  M.  Preudhomme  de 
IJorre  concernant  des  débris  de  Chéloniens,  248;  rapport  sur  ce  tra- 
vail, o()6;  commissaire  pour  le  travail  de  M.  F.  Plateau  sur  les  crus- 
tacés d'eau  douce  en  Belgique  (2^  eto^  parties),  565;  id.  pour  la  notice 
de  M.  De  Borre  sur  une  nouvelle  espèce  de  caïman,  5G5  ;  rapport  sur 
ce  travail,  625. 

Laforêl  [N.-J.).  —  Élu  correspondant,  505;  remercîmenls  pour  son  élec- 
tion, Tii. 

Lan-szweert  {Ed.).  —  Communication  des  observations  des  phénomènes 
périodi(iues  à  Ostende  en  1H68,  190. 

Le  Doulengé.  —  Dépôt  d'un  billet  cacheté,  4. 

Leclercq  il).).  —  Communication  des  observations  météoroloi^iques  laites 
à  Liège  en  1868, 4  ;  sur  les  orages  observés  à  Liège  et  dans  la  province 
en  1868,  4,  257  ;  rapports  de  MM.  Diiprez  et  Ern.  Quelelet  sur  ce  tra- 
vail ,  249. 

Leclercq  {M. - N. -J  ).  -  Réélu  membre  de  la  commission  administrative, 
450. 

Lecomle{A.).  —  Communication  relative  au  rapport  de  M.  Ad.  Quetelet  sur 
son  travail  concernant  la  grêle,  4;  rectification  à  ce  propos,  192. 

Lenormand  {Sébastien).  —  Annonce  de  sa  mort,  429. 

Liogre  (/.).  —  Promet  une  notice  biographiciue  sur  feu  M.  Nerenburger, 
246;  commissaire  pour  le  mémoire  de  M.  Navez  concernant  un  nou- 
veau système  de  chronométrie  électro-balistique,  248;  commissaire 
pour  la  note  de  M.  Folie  sur  ([uchpies  théorèmes  généraux  de  géométrie 
supérieure,  615;  rapport  sur  le  mémoire  de  M.  De  Tilly  relatif  à  des 
études  de  mécanique  abstraite,  ih. 

M. 

Malaise  {C).  —  Orage  observé  à  Gembloux  le  50  déceuibre  1868,  4; 
cMtnnnunication  de  l'état  de  la  végétation  à  Gembloux  le  21  mars  1860, 
614;  (irages  observés  à  Gembloux  depuis  le  l'''  s(>|>tembre   1868  jus- 


TABLE    DES    AUTEURS.  7;j7 

qu'au  1"  juin  1809,637;  note  sur  les  roches  usées  avec  caiineluies 
de  la  vallée  de  la  grande  Gcete ,  682. 

Malherbe  {Renier).  —  Présonlalion  d'un  mémoire  sur  Porigine  de  l:i 
houille  dans   la   province  de   Liège,  3G3. 

Manilius.  —  Rapport  de  M.  Catalan  sur  sa  note  relative  à  rinler|)rélalion 
de  la  conception  inlinitésimale  de  Poisson,  9;  envoi  d'une  notice  im- 
primée, avec  prière  d'examen,  127. 

Mal/lieu  {Ad).  —  Hommage  d'ouvrage,  163;  membre  du  jury  du  con- 
cours des  cantates,  ol6. 

Maus{M.-H.).  —  Remplace  M.  Melsens  comme  membre  du  jury  pour  le 
concours  quinquennal  des  sciences  mathématiques  et  physiques,  2; 
commissaire  pour  la  notice  de  M.  Rottier  concernant  la  conservation  du 
bois,  129. 

Meissonier  {J.-L.-E.).  ~  Élu  associé  de  la  classe  des  beaux-arts  ,117. 

Melsens  (//.).  —  Remplacé  par  M.  Maus  comme  membre  du  jury  pour 
le  concours  quinquennal  des  sciences  mathématiques  et  physiques, 
2;  commissaire  pour  la  notice  de  M.  Rottier  concernant  la  conservation 
du  bois,  129;  lecture  des  rapports  de  MM.  Gloesener,  Ern.  Quclelel 
et  Monligny  sur  son  mémoire  relatif  au  coup  de  foudre  du  10  juillet 
1863  à  Anvers,  191  ;  commissaire  pour  le  mémoire  de  M.  Navez  con- 
cernant un  nouveau  système  de  chronométrie  électro-balistique,  248; 
id.  pour  la  note  de  M.  Robin  relative  à  la  prévision  de  la  couleur  des 
composés  minéraux,  etc.,  363;  lecture  de  son  rapport  sur  ce  travail,  627. 

Michel.  —  Communication  du  résumé  des  observations  météorologi({ues 
faites  à  Oslende  en  1868  ,  127. 

Ministre  de  la  justice  {M.  le).  —  Envoi  d'ouvrages,  19. 

Ministre  de  Vintérieur  {M.  le).  —  Arrêté  royal  approuvant  l'élection  de 
M.  Steichen,  2  ;  M.  Melsens  remplacé  par  M.  Maus  comme  membre  du 
jury  pour  le  concours  quinquennal  des  sciences  mathématiques  et 
physiques,  ib.;  buste  de  M.  le  baron  de  Saint-Génois,  18;  arrêté  royal 
ouvrant  le  concours  des  cantates  pour  le  grand  concours  de  composi- 
tion musicale,  113;  envoi  d'une  ordonnance  de  payement  de  23,730  fr., 
127;  envois  d'ouvrages,  127, 163, 18i,  194, 235,  246,  312, 316,  362, 429, 
396,  713,  741  ;  lettre  relative  aux  travaux  de  la  commission  de  littéra- 
ture flamande,  194;  lettre  concernant  le  jury  permanent  du  concours 
des  cantates,  254;  envoi  d'une  lettre  de  l'auteur  delà  cantate  intitulée  : 
Les  600  Franchimonlois,  236;  notification  du  jury  du  concours  des 
cantates,  516;  regrets  de  ne  pouvoir  assister  à  la  séance  publique  de 
mai;  429;  arrêté  royal  approuvant  l'élection  de  M.  Conscience,  714; 
^""^  SÉRIE,  TOME  XXVII.  50 


758  TABLE    DES    AUTEURS. 

lellre  concernant  le  jury  pormaneni  du  concours  de  com[)Osilion  musi- 
cale, 741. 

Monligntj{Ch.).  —  Leciure  de  son  lapport  sur  le  travail  de  M.  Melsens 
concernant  le  coup  de  foudre  du  lU  juillet  186d  à  Anvers,  191;  com- 
missaire pour  le  mémoire  de  M.  Vander  Mensbrugglie  sur  la  tension 
superliciclle  des  li(|uides,  615. 

Morrcn  {Ed.)  —  Hommage  d'ouvrage,  3. 

Musée  Te  ijhr.ù  Harlem.  —Envoi  de  son  programme  de  concours,  19. 


]\. 


Navez.  —  Note  sur  un  nouveau  système  de  chronométrie  électro-balis- 
tique, ^-iH ,  5S6;  rapports  de  MM.  Brialmonl,  Liagre  et  Melsens  sur 
ce  travail ,  367,  375. 

Nerenbarcjer  {Ad.).  —  Annonce  de  sa  mort,  246. 

Nève  {Félix).  —  Commissaire  pour  le  mémoire  de  concours  rclalilaux 
tendances  politiques  et  sociales  des  hérésies,  164;  rapport  sur  ce  tra- 
vail, 460. 

Nolelde  Brauivere  van  Steelaitd  [J.-C).  —  Membre  du, jury  du  concours 
des  cantates,  316;  hommage  d'ouvrage,  450. 

Ni/pels  iS.-J.-G).  —  Elu  corresimndant,  595;  remercîments  pour  son 
élection  ,714. 

Nijsl  {He)iri).  —  Commissaire  pour  le  mémoire  de  JMM.  lîriart  cl  Cornet  sur 
les  fossiles  du  calcaire  grossier  de  Mons,  363;  rapport  sur  ce  travail, 
6JI. 


Varloes  {IL).  —  Mainleiui  dans  ses  fonctions  demembi-ede  la  commission 
s|Ȏciale  des  (inances  de  la  classe  des  beaux-arts,  1 17. 

Vlaleau  {Félix).  —  Présentation  d'un  travail  sur  les  crustacés  d'eau 
douce  en  Belgique  (2*^  et  5'=  parties),  36ô. 

Plateau  {Joseph).  —  Commissaire  pour  le  mémoire  de  M.  Vander  Mens- 
brugglie  sur  la  tension  superficielle  des  liquides,  613. 

Poelman  {Cit.).  —  Comnjissaire  pour  la  notice  de  M,  Preudhommc 
(le  Borre  concernant  des  débris  de  Chéloniens,  248;  rapport  sur  ce 
travail,  365;  comnjissaire  pour  le  travail  de  M.  Ed.  Van  Beneden  sur 
l'embryogénie  des  crustacés  ,  3()3  ;  idem  pour  la  notice  de  M.  De  Borre 
sur  une  nouvelle  cs[)èce  de  caïman,  363. 


TABLE    DES    AUTEURS.  7oî) 

PouUct  {Edmond).  —  Lauréat  de  la  classe  des  lellres  pour  le  coiicour.s 
de  18C9,  448,592;  inscription  pour  sa  médaille,  715. 

Preudhomme  de  Borre  (A.).  —  Notice  sur  des  débris  de  Ghéloniens  lui- 
sant partie  des  collections  du  Musée  royal  d'histoire  naturelle  de 
Bruxelles  et  provenant  des  terrains  tertiaires  des  environs  de  cette 
ville,  :2i8,  420;  rapports  de  MM.  Poehnan  et  Lacordaire  sur  ce  tra- 
vail, 365,  566;  présenlalion  d'une  notice  sur  une  nouvelle  espèce  de 
caïman ,  565;  rapports  de  MM.  Van  Beneden ,  Lacordaire  el  Poelman  sur 
ce  travail,  624,  625,  626. 

Q 

Quetelet  {Adolphe).  —  Hommages  d'ouvrages,  5,  116;  communication 
verbale  au  sujet  de  la  théorie  des  apparitions  périodiques  des  étoiles 
filantes,  192;  rectification  à  la  note  insérée  page  451  du  lome  XXV<"  de 
la  2'ne  série  des  Bulletins  (notice  de  M.  Lecomte  sur  la  (jrcle),  ib  ; 
taille  de  l'homme  en  Italie,  à  l'exception  des  provinces  vénitiennes, 
pour  l'âge  de  vingt  ans,  196;  orages  observés  à  Bruxelles  depuis  le 
21  août  1868  jusqu'au  1"  avril  1869,251;  présentation  du  programme 
du  congrès  de  stalislique,512;  communication  relative  aux  phénomènes 
périodiques,  562;  congrès  inlernalioiial  de  statistique  des  délégués  des 
dilFérents  pays,  576;  communication  d'une  lettre  de  M.  Denza  sur  les 
météores  observés  à  Moncalieri ,  652;  note  sur  les  orages  observés  en 
Belgique,  655. 

Quetelet  {Ernest).  —  Commissaire  pour  une  note  de  M.  D.  Leclercq  sur 
les  orages  observés  à  Liège  en  1868,  4;  lecture  de  son  rapport  sur  le 
travail  de  M.  Melsens  concernant  le  coup  de  foudre  du  10  juillet  1805 
à  Anvers,  191;  rapport  sur  le  mémoire  de  M.  De  Tilly  relatif  à  des 
études  de  mécanique  abstraite,  618;  note  sur  les  aurores  boréales  du 
15  avril  et  du  15  mai  1869,  628;  note  sur  le  bolide  observé  à 
Bruxelles  le  lundi  51  mai  1869,  651. 

R. 

Uadziszewski  {B .).  —  '^(ic\\Qvc\iQs  sur  les  dérivés  de  l'acide  phényl-acélique 

{x  toluique),  2^  partie,  565,  698  ;  rai)porls  de  MM.  Stas  et  De  Koninck 

sur  ce  travail ,  620. 
Beijnault  [V.).  —  Hemercîinenls  pour  son  élection  d'associé,  2;  accuse 

réception  de  son  diplôme  el  désire  recevoir  les  Bulletins  vlVAnmiairc, 

190. 


760  TA»LE    DES    AUTEURS. 

Robin  {Ed.).  —  Lecture  du  rapport  de  M.  Gluge  sur  sa  noie  concernant 
la  cause  du  nian(|ue  d'énergie  chez,  riiabiianl  des  pays  chauds,  11; 
présentation  d'une  notice  sur  la  prévision  de  la  couleur  des  composés 
minéraux,  etc.,  365;  lecture  des  rapports  de  MM.  Slas  et  Melsens  sur 

.'Ce  travail,  627. 

Rongé  {J.B.).  —  Hommage  d'ouvrage ,  235,  316. 

Bottier.  —  Présentation  d'un  travail  sur  la  conservation  du  bois  au 
moyen  du  sulfate  de  cuivre,  129. 

Roulez  (/.).  —  Présentation  de  la  notice  biographique  sur  feu  M.  Baguet, 
1  U;  inscription  pour  la  médaille  de  concours  de  M.  Ed.  Van  Beneden, 
190;  id.  pour  celle  de  M.  Edni.  Poullet,  715. 


.^ari  {Paul).  —  Remercîments  pour  son  él.'Clion  d'associé,  127;  accuse 
réception  de  son  diplôme  et  désire  recevoii'  les  Bulletins  ri  V .\mtunin' ^ 
190. 

Sriieler  {Aug.).  —  Hommage  d'ouvrage,  312. 

Sriiwcnm  {Th.).  —  Commissaire  pour  le  travail  dt:  M.  Ed.  Van  Benoden 
sur  l'embryogénie  des  crustacés ,  363. 

Snellaert  {F.-A.).  —  Membre  du  jury  du  concours  des  cantates,  316. 

Société  des  architectes  du  département  du  Xord ,  à  Lille  — Demande 
d'échange  de  publications,  597. 

Société dunkerquoise  pour  V encouragement  des  sciences  et  des  lettres.  — 
Envoi  de  son  programme  de  concours,  19. 

Société  royale  pour  V encouragement  des  beaux-arts ,  à  Anirrs.  — 
Envoi  du  programme  de  ses  concours,  742. 

Soromenho  {Aug.).  —  Hommage  d'un  fragment  manuscrit  de  poÏMiie  lla- 
mand  du  XIll*  siècle,  313. 

Spring  {Ant.).  —  Remercîments  comme  directeur  sortant,  5. 

Stas  {Jean).  —  Commissaire  pour  la  notice  de  M.  Henry  relative  aux 
sulfocyanures  des  radicaux  alcooliques,  4;  rapport  sur  ce  travail,  1 12  ; 
ra|)port  sur  la  note  de  M.  Henry  relative  aux  dérivés  chlorés  de  l'aldé- 
hyde salicyli(iue,  250;  commissaire  |)Our  la  notice  de  M.  Rad/js/ewski 
concernant  l'acide  phényl  acéticjue,  363;  ra|)port  sur  ce  travail,  620; 
commissaire  pour  la  noie  de  M.  Robin  relative  à  la  prévision  de  la  cou- 
leur des  composés  minéraux,  etc  ,363;  lecture  de  son  rapport  sur  ce 
travail,  627;  maintenu  dans  ses  fonctions  de  mend)re  de  la  connnission 
administrative,  364;  rapport  sur  la  note  de  M.  Henry  relative  à  Tiso- 


TABLE    DES    AUTEURS. 


761 


méiie  (2<  pallie),  6'26;  rajjpoil  sur  la  note  de  M.  Henry  iclalive  aux 
dérivés  éihérés  des  acides  el  des  alcools  polyaloniiques,  627. 
Slcichcn  {M.)  —  Apjuohation  royale  de  son  élection  de  membre  titulaire, 
2;  remercîments  pour  son  élection,  ib.;  présenlalion  d'un  mémoire  sur 
quel(|ues  (|ueslioiis  élémentaires  de  mécani(|ue  |)hysi(|ue,  128;  lecture 
des  ra[)ports  de  MM.  GillK-rt,  Catalan  el  Gloesener  sur  ce  travail,  G!o; 
commissaire  pour  le  travail  de  M.  Gilbert  concernant  les  surlaces  a[)si- 
dales,  Ô65. 


Taylor  {John).  —  Annonce  de  sa  mort,  246. 

Toby.  —  Orages  observés  à  Louvain  depuis  le  l""  janvier  jusqu'au 
l"juin  1869,  Ô62,  658. 

Thonissen  {J.-J.).  —  Commissaire  pour  le  mémoire  de  concours  relalil'à  l'his- 
toire du  droit  pénal  dans  le  duché  de  Brabanl,  164  ;  rapporl  sur  ce 
travail,  431;  commissaire  pour  le  mémoire  de  concours  relatif  aux 
tendances  politiques  el  sociales  des  hérésies,  ib.\  rapporl  sur  ce  tra- 
vail, 458. 

V. 

Van  Beneden  {Éd.).  —  Inscription  pour  sa  médaille  de  concours,  190; 
présentation  d'un  travail  sur  l'embryogénie  des  crustacés,  563. 

Van  Beneden  [P.-J.).  —  Hommage  d'ouvrage,  5;  note  sur  le  développe- 
ment des  acarides;  extrait  d'une  lettre  de  M.  le  docteur  Bessels,  276} 
observations  au  sujet  de  celte  lettre,  280;  notice  sur  les  baleinoplères 
du  nord  de  l'Allanlique,  281  ;  commissaire  pour  le  travail  de  M.  F.  Pla- 
teau sur  les  crustacés  d'eau  douce  en  Belgique,  565;  idem  pour 
la  notice  de  M.  Preud homme  de  Borre  sur  une  nouvelle  espèce  de 
caïman,  565;  rapporl  sur  ce  travail ,  624;  un  Palaedaphus  nouveau  du 
terrain  dévonien,  578;  noie  sur  une  baleinoptère  échouée  dans  l'Escaut 
au  mois  de  mai  1869,  680. 

Vander  Maelen  {Philippe).  —  Aimoncede  sa  mort,  614. 

Vander  Mensbrugghe  {G.}.  —  Présentation  d'un  mémoire  sur  la  ten- 
sion superficielle  des  liquides,  613. 

Fan  Géel.  —  Orages  observés  à  Gerpinnes  depuis  le  l^""  janvier  jusqu'au 
iTjuin  1809,644. 

Van  Uassell  {And).  —  Hommage  d'ouvrage,  255,  516. 

Van  Weslrheenc  {T.).  —  Élu  associé  de  la  classe  des  beaux-arts,  117; 


762  TAlJLt    DES    AUTEURS. 

remercîmenls  pour  son  élection,  184;  exprime  le  désir  de  recevoir  les 
publications  académiques,  235;  accuse  réception  des  Bulletins  et  de 
l'Annuaire  de  1868,  597. 

Von  Martius  (F.)-  —  Annonce  de  sa  mort,  ^2. 

Von  Sybel{ff).  —  Élu  associé,  595;  remercîmenls  pour  son  élection,  Tli. 

Vrecde  {G.).  —  Élu  associé,  595;  remercîments  pour  son  élection,  711. 

\^. 

Wesmael  [Alfr.).  —  Hommage  d'ouvrage,  247. 


ÏABLK  DES  iMATIERES. 


Arrêtés  royaux.  —  Approbation  de  réieclion  de  M.  Slcichcn ,  2;  id.  de 

réieclion  de  M.  Conscience  ,714. 
Astronomie.  —  Communication  verl)ale,  par  M.  Ad.Quclelel,  au  sujet  de 

la  théorie  des  apparitions  périodiques  des  étoiles  filantes,  192;  sur  les 

méléores  observés  à  Moncalieri;  lettre  de  M.  Denza  à  M.  Ad.  Quetelet, 

632. 

B. 

Balistique.  —  Voir  J'hi/sique. 

Billets  cachetés.  —  Dépôt  de  billets  cachetés,  par  iMiM.  Le  Douleni^é  et 

Andries,  4;  par  M.  Dewalque,   128;  par  M    Dewalque  au  nom  de 

M.  Folie,  614. 
Biographie.  —  Présentation,  par  M.  Roulez,  de  la  notice  biographique 

sur  feu  M  Baguet,  lU;  Robert  Péril,  graveur  du  seizième  siècle  :  sa 

vie  et  ses  ouvrages;  notice  par  M.  le  chevalier  de  Burbure,  322. 
Bustes  des  académiciens  décédés.  —  Lettre  de  M.  le  Ministre  de  Tintérieur 

relative  au  buste  de  M.  le  baron  de  Saint-Génois,  18. 


Caisse  centrale  des  artistes  belges.  —  Situation  financière  au  31  dé- 
cembre 1868,  118,  236;  communication,  par  M.  Ed.  Fétis,  de  l'exposé 
général  de  Tadministralion  pendant  Tannée  1868,  236. 

(^72/„j,>._  Recherches  sur  les  sulfoc.vanures  des  radicaux  alcooliques, 
par  M.  L.  Henry,  4,  150;  rapports  de  MM.  Stas  et  De  Koninck  sur  ce 
travail,  142,  143;  présentation  de  recherches  sur  la  conservation  du 
bois,  par  M.  Rollier,  1-29;  recherches  sur  l'isomérie  dans  la  série  sali- 
cyliquc  (U^  i)arlie),  par  M.L.Henry,  292;  rapports  de  MM.  Stas  et 
De  Koninck  sur  ce  travail,  230;  recherches  sur  les  dérivés  de  l'acide 
phényl-acélique  (a  toluiquc),  2«  partie,  par  M.  BronislasRadziszewski, 
363,  698;  rapports  de  MM.  Stas  et  De  Koninck  sur  ce  travail ,  620;  pré- 
sentation d'une  notice  sur  la  prévision  de  la  couleur  des  composés  miné- 


764  TABLE    DES    MATIÈUES. 

laux,  etc.,  par  M.  Ed.  Robin,  363;  lecture  des  rapports  de  MM.  Slas  et 
Melsens  sur  ce  travail,  627;  recherches  sur  Tisomérie  dans  la  série  sali- 
cylique  (2<^  partie),  par  M.  L.  Henry,  685;  rapports  de  MM.  Stas  et 
De  Koninck  sur  ce  travail,  620;  recherches  sur  les  dérivés  éthérés  des 
acides  et  des  alcools  polyatomiques,  par  M.  L.  Henry,  691  ;  rapi)orls  de 
MM.  Stas  et  De  Koninck  sur  ce  travail,  627. 

Commission  administrative.  —  Réception  d'une  ordonnance  de  payement 
de  23,750  francs,  127. 

Commission  de  la  Biographie  nationale.  —  Neuvième  rapport  annuel  sur 
les  travaux  de  la  commission,  par  M.  Edm.  De  Busscher,  000. 

Commission  pour  la  publication  des  anciens  monuments  de  la  littéra- 
ture flamande.  —  Lettre  de  M.  le  Ministre  de  l'intérieur  relative  à  la 
continuation  de  ses  travaux,  194;  envoi,  à  la  commission,  d'un  manu- 
scrit offert  par  M.  Soromenho,  313. 

Commission  pour  la  publication  d'une  collection  des  grands  écrivains 
du  pays.  —  Hommage  du  tome  Vil  des  Œuvres  de  Froissart,  |»ar 
M.  le  baron  Kervyn  de  Leltenhove,  195. 

Commission  royale  d'histoire.  —  Hommage  du  Cartulaire  de  Cabbaye 
de  Cambron,  par  M.  De  Smet,  195;  présentation  du  tome  II  de  la 
Chronique  de  Jean  d'Outremeuse ,  par  M.  Borgnet,  713;  hommai^e  du 
tome  III  de  la  Chronique  de  De  Klerck,  par  M.  Bormans,  716. 

Concours  de  composition  musicale  (grands).  —  Arrêté  royal  ouvrant  le 
double  concours  des  cantates,  115;  cantates  reçues,  116,  184,  235, 
317,  597;  lettre  de  M.  le  Ministre  de  l'intérieur  relative  au  jury  per- 
manent du  concours  des  cantates,  2.34;  jury  du  concours  des  cantates  , 
316;  remplacement  d'un  membre  du  jury  du  concours  de  composition 
musicale,  741. 

(^o)icours  de  la  classe  des  beaux-arts.  —  Lettre  d'uii  anonyme  au  sujet 
des  rapports  sur  son  mémoire  île  concours  concernant  Quentin  Melsys, 
116;  résultats  du  concours  [tour  1809,  742. 

Concours  de  la  classe  des  lettres.  —  Mémoires  reçus  pour  le  concours 
de  1869  et  nomination  de  commissaires,  163;  rapports  de  MM.  Tho- 
nissen,  Defacqz  et  Haus  sur  le  mémoire  relatif  à  l'histoire  du  droit 
pénal  dans  le  duché  de  Brabant ,  431  ,  441 ,  446;  rapports  de  MM.  le 
baron  Kervyn  de  Leltenhove  ,  De  Decker  et  De  Laveleye  sur  les  mé- 
moires relatifs  à  la  description  slatislique  d'une  commune  des  Flan- 
dres, 448,  452,  456;  rapports  de  .MM.  Thonissen  ,  Juste  et  Nève  sur  le 
mémoire  concernant  les  tendances  politi(|U(s  et  sociales  des  hérésies, 
{;'»8,  160;  ra|tports  de  MM.  Borgnet,  Gachard  et  Juste  sur  le  mémoiie 
en  réponse  au  concours  de  Sla.ssarl  relatif  aux  rapports  de  dioil  publie 


TABLE    DKS    .MATIEKES. 


7()J 


des  provincps  btHges  avec  l'AlU magne,  4G1,  469,479;  pioclanialioii 
des  résultats  du  concours,  59:2;  ajourneinent  de  la  formation  du  pro- 
gramme pour  1871  ,  710. 

Concours  (le  la  classe  des  sciences.  —  Questions  pour  1H70,  o,  l'29,  191; 
ado[)ti(>n  définitive  du  programnie,  248. 

Concours  des  cantates.  —  Voir  Concours  de  composition  musicale 
{(jrands). 

Concours  de  Stassarl.  —  Mémoire  reçu  pour  le  concours  relalii"  à  uik; 
(lueslion  d'histoire  nationale,  19;  rapports  de  MM.  Borgnet,  Gachard 
et  Juste  sur  ce  travail,  461,409,  479;  proclamation  du  résultat  du 
concours,  595;  ajournement  de  la  formation  du  programme  i)0ur  la 
'2'^  péjiode  du  concours  sexennal,  716. 

Concours  quinquennal  des  sciences  matliémaliques  et  phijsiqucs.  — 
M.  Maus  remplacé  par  M.  Melsens  comme  membre  du  jury,  2. 

O. 

Dons.  —  Ouvrages,par  M.  Ad.Quetelet,5,  116  ;  par  M.Ed.  Morren,ô  ;  par 
M.  Van  Beneden,  ihid.;  par  M.  le  Ministre  de  la  justice,  19;  par  M.  Tli. 
Juste,  19,  710;  par  M.Chalon,  19,  512,540,  710;  par  M.  le  Ministre  de 
rintérieur,  127,  105,  184,  194,205,240,512,510,502,590,715,741; 
par  la  commission  impériale  de  l'Exposition  universelle  de  1807, 127; 
travaux  manuscrits  deM.  Pagani,parM.  Pli.  Gilbert,  128;  ouvrages,  par 
M.  Mathieu,  105;  par  M.  le  marquis  de  Souza-Ilolslein,  184;  par  le 
département  des  brevets  des  États-Unis,  190;  par  M.  le  baron  Kervyn 
de  Letlenhove,  195;  par  M.  De  Smet,  ihid.;  par  M.  F.-J.  Fétis,  255; 
|)ar  M.  De  Busscher,  ibid.;  par  MM.  Van  Hasselt  et  Rongé,  253,510; 
par  M.  Alf.  Wesmael ,  247;  par  M.  le  baron  de  Witte,512,  429;  par 
M.  Scheler,  512;  manusciit,  par  M.  Soromenho,  515;  ouvrages,  par 
M.  de  Caumoni,  429;  par  M.  Haus,  ihid.;  par  M.  iXolet  de  Brauwere, 
450;  par  M.  Gluge,  614;  par  M.  Borgnet,  715;  par  M.  Bormans,710; 
l>ar  M.  Daussoigne-MéhuI ,  742. 

E. 

Élections  et  nominations.  —  Piemercîmenls  de  MM.  Steichen,  membre, 
Regnaull,  Baeyer  et  Kirchhoff,  associés,  2;  M.  Dewalque  élu  directeur 
de  la  classe  des  sciences  pour  1870,  5;  M.  Paul  Devaux  élu  directeur 
de  la  classe  des  lettres  pour  1870,  20;  MM.  Meissonier,  Barye  et  Van 
Wesirheene  élus  associés  ,  1 17  ;  M.  Ch.  Fraikin  élu  directeur  de  la  classe 
des  beaux-arts  pour  1870,  117;  réélection  de  la  commission  spéciale 


766 


TABLE    DES    MATIERES. 


des  finances  de  la  classe  des  beaux-arts,  ib.;  remerchnents  de  M.  Savi 
pour  son  élection  d'associé ,  1^7  ;  élection  du  comité  de  présentation  aux 
places  vacantes  dans  la  classe  des  lettres,  163;  remerchnents  de  M.  Van 
Westhreene  pour  son  élection  d'associé,  184;  nomination  du  jury  du 
concours  des  cantates,  183,  516;  M.  Defacqz  élu  directeur  de  la  classe 
des  lettres  pour  1870,  105;  remercîments  pour  cette  élection,  511  , 
428;  MM.  Stas,  Leclercq  et  Alvin  réélus  membres  de  la  commission 
administrative,  564,  430,  398;  iMM.  Conscience,  Latbrêt,  Nypels, 
Egger,  Vreede  et  Von  Sybel,  élus  membre, correspondants  et  associés, 
594  ,  393;  remercîments  pour  ces  élections ,  714. 

Épigraphie.  —  Inscription  pour  la  médaille  de  concours  de  M.  Eu.  Van 
Beneden,  190;  id.  pour  la  médaille  de  M.  Poullet,  713. 

Esthétique.  —  Lecture,  par  M.  Ed.  Fétis,  de  la  3'"«  partie  de  son  travail 
sur  l'Art,  ses  tendances,  etc.,  118;  id.  de  la  6"'<=  partie,  257;  id.  de  la 
7nie  partie,  742. 


Géologie  et  minéralogie.  —  Notice  sur  les  dépots  qui  recouvrent  le  cal- 
caire carbonifère  à  Soignies ,  par  MM.  Cornet  et  Briart,  1 1  ;  rapports  de 
MM.  d'Omalius,  Dewalque  et  Nyst  sur  ce  travail,  7,  8,9;  présentation 
d'un  mémoire  sur  Torigine  de  la  houille  dans  la  province  de  Liège,  par 
M.  Malherbe,  5!)3;  annonce,  par  M.  Dewalque,  de  la  découverte  d'un 
bloc  de  cuivre  natif  à  Vielsalm,  682  ;  note  sur  les  roches  usées  avec  can- 
nelures de  la  vallée  de  la  grande  Geete,  par  M.  Malaise,  ib. 

Gravure.  —  Robert  Péril ,  graveur  du  seizième  siècle  :  sa  vie  et  ses  ou- 
vrages; notice  par  M.  le  chevalier  de  Burbure,  522. 


Histoire.  —  Éludes  historiques  sur  don  Juan  d'Autriche,  par  M.  Gachard; 
3^''  étude  :  Don  Juan  et  Marguerite,  21;  4"'"  étude  :  Donna  Giovanna 
d'Auslria,  357;  les  États-Unis  d'Amérique  en  I78Ô;  le  comte  de  llogen- 
dorp  et  le  stathouder  Guillaume  V;  notice  par  M.  Th.  Juste,  163;  sur 
Jeanne  la  Folle  et  lesdocunKMils  concernant  cette  princesse  qui  ont  été 
|tul>liés  réeenmient;  notices  par  M.  Gachard, 200,  483,  716;  rapports  de 
MM.  Thonissen,  Defaccjz  et  Haus  sur  le  mémoire  de  concours  relaliC  à 
l'histoire  du  droit  pénal  dans  le  duché  de  Brabant,  431  ,  441,  446; 
rapports  de  MM.  Borgne! ,  Gachard  et  Juste  sur  le  mémoire  en  réponse 
au  concours  de  Slassart  relatif  aux  rapports  de  droit  public  des  pro- 


TABLE    DES    MATIÈRES.  767 

vinces  belges  avec  I  Allemagne  ,  461,  469,  479;  sur  le  caraclùre  du 
niouvemenl  communal  en  Belgique,  discours  par  M.  Dorgnet,  508; 
une  page  de  l'histoire  d'Anglelerre:  les  dernières  années  d'Fùlouard  III  ; 
notice  par  M.  le  baron  Kervyn  de  Lettenliove,  oôO;  les  bibliotliè(piesde 
(iènes;  relation  sur  Philippe  IV  et  la  cour  de  Madrid,  laite  en  10:22  par 
l'ambassadeur  génois  Giulio  dalla  ïorre;  notice  |)ar  M.  Gachard,  719. 
Histoire  littéraire.  —  Notice  sur  deux  fragments  manuscrits  de  poésies 
tliyoises  de  la  fin  du  XIII'»c  siècle  (le  Desliairc  d'amours  et  l'Art 
d'aimer  d'Ovide);  par  M.  Bormans,  488. 


Jurisprudence.  —  Voyez  Histoire. 

M 

Mathématiques  pures  et  appliquées.  —  Rapport  de  M.  Catalan  sur  la  note 
de  M  iVIanilius  relative  à  Tinlerprélation  de  la  conception  infinitésimale 
de  Poisson,  9;  présentation  d'un  essai  sur  quelques  questions  élémen- 
taires de  mécanique  physique,  par  M.  Steichen,  1 28  ;  lecture  des  rapports 
de  MM.  Gilbert,  Catalan  et  Gloesener  sur  ce  travail,  615;  rapports  de 
MM.  Gilbert,  Steichen  et  Nerenburger  sur  le  mémoire  de  M.  Catalan 
concernant  une  transformation  géométrique  et  la  surface  des  ondes, 
129,  142;  note  sur  les  roulettes  et  les  podaires,  par  M.  Catalan,  144; 
note  sur  l'addition  des  fonctions  elliptiques  de  première  espèce,  par  le 
même,  145;  présentation  d'un  mémoire  sur  les  surfaces  apsidales,  par 
M.  Gilbert,  305;  extrait  d'une  "lettre  de  M.  Folie,  communiqué  par 
M.  Catalan,  585;  présentation  d'une  note  sur  quelques  théorèmes  géné- 
raux degéométrie  supérieure,  par  M.  Folie,  015;  rai)norts  de  MM.  Liagre, 
Frn.  Qut'telet  et  Catalan  sur  le  travail  de  M.  De  Tilly  intitulé  :  Études 
de  mécanique  abstraite ,  615,  618,  620. 

Mécanique.  —  \oir  Mathématiques. 

Météorologie  et  physique  du  globe.  —  Fnvoi,  par  MM.  D.  Leclercqet  Ca- 
valier, des  observations  méléorolo.niques  faites  en  1868  à  Liège  et  à  Os- 
tende,  4;  sur  les  orages  observés  à  Liège  et  dans  la  province  en  1868; 
communication  de  M.  D.  Leclercq,4,  257;  rapports  de  MM.  Dnpnv.  et  Vsn. 
Quelelet  sur  ce  travail,  249;  orage  observé  à  G^'Uiblmix  par  M.  M:il;tise, 
le  50  décembre  1868,4;  communication  du  résumé  des  observations 
météorologiques  faites  à  Ostende  en  1868,  par  M.  Michel,  127;  commu- 
nication, par  M.  C.  Coomans,  de  la  liste  des  oiages  observés  à  Anvers  en 


768  TABLii;  i)f:s  matières. 

1868, /^/V/.;  communicalioii,  \^M'  M.  Cavalier,  des  résumés  méléorologi- 
<iues  de  février  el  avril  I8G9  à  Oslende,  191,  563;  rectiiicatioii,  par 
M.  Ad.  Quelelel,  au  sujet  de  la  note  insérée  page  451  du  lonie  XXV  de 
la  S-""  série  des  Bulletins  (travail  de  M.  Lecomle  sur  lagrclc),  192; 
communicalion,  [)ar  M.  De  Roe,  de  la  liste  des  orages  observés  à  Anvers 
en  1868,  :2i7;  orages  observés  à  Bruxelles  depuis  le  21  août  1868  jus- 
qu'au 1^"^  avril  1869  ;  communication  de  M.  Ad.  Quetelet,  2ol  ;  orages 
observés  à  Liège  pendant  le  premier  trimestre  de  Tannée  1869;  com- 
munication de  M.  Dewalque,  252;  orages  observés  à  Anvers  pendant 
l'année  1868,  par  M.  Coomans,  255;  à  Ostende,  en  1868,  par  M.  Cava- 
lier, 256;  sur  les  aurores  boréales  du  15  avril  et  du  15  mai  1869,  note 
par  M.  Ern.  Quetelet,  628;  bolide  observé  à  Bruxelles  le  lundi  51  mai 
1869;  note  par  le  même,  651;  sur  les  orages  observés  en  Belgicjue; 
communication  de  M.  Ad.  Quetelet ,  655;  orages  observés  à  Bruxelles 
du  1er  avril  au  1"-  juin  1869,  656;  à  Gembloux,  du  l*^'  septembre  1868 
au  1"  juin  1869,  657;  à  Louvain,  du  1""  janvier  au  l""  juin  1869,  658; 
à  Oslende,  ibid.,  640  ;  à  Anvers,  ibid.,  640  ;  à  Malines,  du  1*"'  seplend)re 
au  l'r  juin  1869,  641  ;  à  Liège,  du  1""  avril  au  l'"- juin  18()9,  615;  à 
Cerpinnes,  du  l*-""  janvier  au  l'"'"  juin  1869,  614. 
Musifjue.  —  Communicalion  verbale  de  M.  F.-J.  Félis  au  sujet  de  la  publi- 
cation de  son  ouvrage  intitulé  :  Histoire  générale  de  la  musique,  185; 
lecture,  par  M.  Daussoigne-MéhuI ,  d'un  essai  historique  sur  la  chanson, 
522. 

N. 

Nécrologie.  —  Annonce  de  la  mort  de  M.  von  Martius,  2;  funérailles  du 
prince  royal,  120,  16'2,  185;  annonce  de  la  mort  de  sir  Henry  Ellis,  165; 
de  M.  Nerenburger,  246;  de  M.  John  Taylor,  ibid.;i\e  M.  deMoléoii,5l  1  ; 
de  M,  de  Laborde,  ibid.;  de  M.  Louis  Calamatla,  515;  de  M.  Bertoloni, 
362;  de  M.  Sébastien  Lenormand,  429;  de  M.  Vander  Maelen,614. 


Ornithologie.  —  Voir  Zoologie. 

Ouvrages  présentés.  —  1 19,  185,237,  555,  607,  745. 


Paléontologie.  —  Découverte  d'une  caverne  à  Goyet;  communicalion  de 
M.  Ed.  Dupont,  195;  notice  sur  des  débris  de  Chéloniens  faisant  |)arlie 
des  collections  du  Musée  royal  d'histoire  p.aturelle  et  provenant  des 


TADLE    DES    MATIERE: 


7(;î» 


terrains  tertiaires  des  environs  de  Bruxelles,  par  M.  A.  Prcudliomnie 
de  Uorre,  -2i8,  420;  rapports  de  MM.  Poehnan  et  Lacordaire  sur  ce 
travail,  505,  Ô6G;  sur  deux  IVagments  d'objets  appelés  «  bâtons  de 
commandement,  >■>  découverts  dans  la  caverne  de  Goyet  (  province  de 
Namur),  note  par  M.  Kd.  Dupont, -274;  présentation,  par  MM.  I5riarlel 
Cornet,  d'un  mémoire  sur  les  fossiles  du  calcaire  grossi*-r  de  Mons, 
565;  rapports  de  MM.  Nyst,  De  Koninck  et  d'Omalius  sur  ce  liavail, 
0-21,  62ô;  un  Palaedaphus  nouveau  du  terrain  dévonien  ;  notice  par 
M.  P.-J.  Van  Beneden,  578. 

Phénomènes  périodiques.  —  Communications  de  MM.  D.  Leclercq,  Cava- 
lier et  Bernardin,  4;  de  M.  Michel,  127;  de  MM.  Kd.  Lanszvveerl  et 
Cavalier,  190,  191;  de  MM.  Ad.  Quetelel,  Bernardin  et  Acar,  5G2; 
de  MM.  Bellynck,  Malaise  et  de  Selys  Longchamps,  614. 

Phijsiologie.  —  Rapport  verbal  de  M.  Gluge  sur  la  note  de  M.  Robin  con- 
cernant la  cause  du  manque  d'énergie  chez  l'habitant  des  pays  chauds, 
11. 

Phijsique.  —  Lecture  des  rapports  de  MM.  Glot-sener ,  Krn.  Quetelet  et 
Montigny  sur  le  mémoire  de  M.  Melsens  concernant  le  coup  de  loudrc 
du  10  juillet  1805  à  Anvers,  191;  note  sur  un  nouveau  système  de 
ehronomélrieélectro-balisli(iue,  par  M.  Navez,  248,  586;  rapi.orls  de 
MM.  Brialmont,  Liagre  et  Melsens  .sur  ce  travail  ,  567,  575;  rapport 
verbal  de  M.  Dewalque  sur  deux  notes  de  M.  Fua  relatives  à  un  nou- 
veau procédé  destiné  à  prévenir  les  explosions  dans  les  mines,  564; 
présentation  d'un  travail  sur  la  tension  superdciclle  des  liquides,  par 
M.  Vander  Mensbrugghe,  615. 

Publications  académiques.  —  Présentation  du  tome  XXXVll  des  Mé- 
moires des  membres,  du  tome  XXVI  (2""-  série)  des  Bulletins  et 
de  V Annuaire  pour  1869,  2,  19,  116. 

R. 

Rapports.  —  De  MM.  d'Omalius,  Dewalque  et  Nyst  sur  la  notice  de 
MM.  Cornet  et  Briart  concernant  les  dépôts  qui  recouvrent  le  calcaire 
carbonifère  à  Soignies,  7  ,8,  9;  de  M.  Catalan  sur  la  note  de  M.  Mani- 
lius  relative  à  rinlerprétalion  de  la  conception  infmitésimale  de  Poisson, 
9;  rapport  verbal  de  M.  Gluge  sur  la  note  de  M.  Robin  concernant  la 
cause  du  manque  d'énergie  chez  l'habitant  des  pays  chauds,  H;  de- 
mande de  rapport  sur  une  noie  imprimée,  par  M.  Manilius,  127;  rap- 
ports de  MM.  Gilbert,  Steichen  et  Nerenburger  sur  le  mémoire  de 
M.  Catalan  concernant  une  transformation  géomélri((ue  et  la  surface 


770  TABLE    DES    MATIÈRES. 

(les  ondes,  l'29,  1  i^;  de  MM.  Slas  et  De  Koninck  sur  les  recherches  de 
M.  Henry  lelalives  aux  sult'ocyaimres  des  radicaux  alcooliques,  i4'2, 
14-5;  lecture  des  rapports  de  MM.  Gloesener,  Ern.  Quelelet  et  Moii- 
tigiiy,  sur  le  mémoire  de  M.  Melseiis  concernant  le  coup  de  foudre  du 
10  juillet  1865  à  Anvers,  191  ;  lapports  de  MM.  Duprez  et  Ern.  Quetelet 
sur  la  notice  de  M.  D.  Leclercq  concernant  les  orages  observés  à  Liège 
en  18G8,  2i9;  do  MM.  Stas  et  De  Koninck  sur  le  travail  de  M.  Henry 
relatif  à  Tisoméiie  dans  la  série  salicylique  (  1»"«  partie),  2b0;  rapport 
verbal  de  M.  Dewalque  sur  deux  notes  de  M.  Fua  relatives  à  un  nou- 
veau procédé  destiné  à  prévenir  les  explosions  dans  les  mines, 364;  rap- 
ports de  MM.  Poelman  et  Lacordaire  sur  la  note  de  M. De  Borre  relative 
à  des  débris  de  Chéloniens,  565,  560;  de  MM.  Drialmont,  Liagre  et  Mel- 
.scns  sur  le  travail  de  M.  Navez  concernant  un  nouveau  système  de  ehro- 
nométrie  électro-balistique,  567,575;  de  MM.  Thonissen,  Defacqz  et 
Haus  sur  le  mémoire  de  concours  relatif  à  l'histoire  du  droit  pénal  dans 
le  duché  de  Brabant,  451,  441,  446;  de  MM.  le  baron  Kervyn  de  Let- 
lenhove,  De  Decker  et  De  Laveleye  sur  les  mémoires  de  concours  rela- 
tifs à  la  description  statistique  d'une  commune  des  Flandres,  448,  4.52, 
436;  de  MM.  Thonissen,  Juste  et  Nève  sur  le  mémoire  de  concours  con- 
cernant les  tendances  politiques  et  sociales  des  hérésies,  458,  460;  de 
MM.  Borgnet ,  Gachard  et  Juste  sur  le  mémoire  en  réponse  au  concours 
de  Stassart  relatif  aux  rapports  de  droit  public  des  provinces  belges 
avec  l'Allemagne,  461,  469,  479;  lecture  des  rapports  de  MM.  Gilbert , 
Gatalan  et  Gloesener  sur  le  mémoire  de  M.  Sleichen  concernant  la 
mécanique  [ihysique,  615;  rapports  de  M.M.  Liagre,  Ern.  Quetelet  et 
Catalan  sur  le  travail  de  M.  De  Tilly,  intitulé  :  Etudes  de  mécanique 
abstraite,  615,  618,  620 ;de  MM.  Slas  et  De  Koninck  sur  la  notice  de 
M.  Radziszewski  concernant  les  dérivés  de  l'acide  phényl-acétique,  620; 
de  MM.  Nyst,  De  Koninck  et  d'Omalius  sur  le  mémoire  de  MM.  Briart  et 
Cornet  concernant  les  fossiles  du  calcaire  grossier  de  Mons,  621,  625;  de 
MM.  Van  Beneden,  Lacordaire  et  Poelman  sur  la  notice  de  M.  De  Borre  con- 
cernant une  nouvelle  espèce  du  genre  caïman,  624,  625,626;  de  MM.  Stas 
et  De  Koninck  sur  la  note  de  M.  Henry  relative  à  l'isomérie  (2'"^  partie), 
626;  de  MM.  Slas  et  De  Koninck  sur  la  note  de  M.  Henry  relative  aux 
dérivés  éthérés  des  acides  et  des  alcools  polyatomiques,  627  ;  lecture  des 
rapports  de  MM.  Slas  et  Melsens  sur  la  note  de  M.  Robin  relative  à  la 
[(révision  de  la  couleur  des  composés  minéraux,  etc.,  ib. 


TADLK    DES    MATII-llES. 


771 


Sciences  morales  et  politiques.  —  r.nppoils  di;  MM.  Tiionisscn,  .lii>l('  oi 
Nùve  sur  le  mémoire  de  concours  coiiconiaiU  les  iciidaiices  poliliciucs 
el  sociales  des  liérésies,  -458,  460. 

Séances  publiques.  —  Dispositions  pour  la  séance  de  mai  1SG9,  ôli,  oOrj; 
regrets  de  Leurs  Majestés  et  de  M.  le  Minisire  de  l'intérieur  de  ne  pou- 
voir assistera  la  séance  publique  de  mai,  428,  429. 

Statistique.  —  Taille  de  l'homme  en  Italie,  à  l'exception  des  provinces 
vénitiennes,  pour  l'âge  de  20  ans;  communication  de  M.  Ad.  Quetelet, 
196;  présentation,  par  M.  Ad.  Quetelet,  du  programme  du  congrès 
de  statistique,  ÔI2;  congrès  international  de  statistique  des  délégués 
des  différents  pays;  communication  de  M.  Ad.  Quetelet,  376;  rapi)()rls 
de  MM.  le  baron  Kervyn  de  Letlenhove,  De  Decker  el  De  Laveleyc 
sur  les  mémoires  de  concours  relatifs  à  la  description  slalislicjue  d'une 
commune  des  Flandres,  448,  452,  4o6. 

Z. 

Zoologie.  -  Note  sur  le  dévcloppcmc  ni  des  acarides;  rxlrail  d'une  lelli'c 
(le  M.  le  docteur  liessels  à  M.  P.-J.  Van  Ceneden,  276;  observations  de 
M.  Van  Beneden  à  ce  sujet,  280;  les  baleinoptères  du  nord  de  l'Atlan- 
tique, notice  par  M.  P.-J.  Van  Beneden,  281  ;  présentation,  par  M.  Félix 
Plateau,  des  2""^  et  ô"'*"  parties  de  ses  recherches  sur  les  crustacés  d'eau 
douce  en  Belgique,  5G5;  présentation  de  recherches  sur  l'embryogénie 
des  crustacés,  par  M.  Ed.  Van  Beneden,  ib.;  présentation  d'une  notice 
sur  une  nouvelle  espèce  de  caïman,  par  M.  De  Borre,  ib.;  rappoits  de 
MM.  Van  Beneden,  Lacordaire  et  Poelman  sur  ce  travail,  624,  625,  626  ; 
secondes  additions  au  Synopsis  des  Caloptérygines,  parM.de  Selys  Long- 
champs,  Oio;  note  sur  une  baleinoplère  échouée  dans  l'Escaut  au  mois 
de  mai  1869,  par  M.  P.-J  Van  Beneden,  680. 


ERRATA. 


PaiîC      %  lii,nio    8,  ;ui  lieu  de  :  le  Si  dcceiuhrr,  lisez  :  le  13  drceiiibrc. 
_!       4     _      \\  —        Le  BonlaïKjc,        —      Le  Bouleuijc. 

__    417^    _      ^;,  en  remontant,  au  lieu  de  :  invile ,  lisez  :  invité. 
_     155^    _      s,  an  lieu  dQ  :  mélhyh-benzénique.  Usez  :  métlnjl-benzénique. 

—  \ic>?>.  C'est  par  erreur  que  la  mort  de  M.  C.-P.  Cooper  a  été  indiquée  ligne  12; 

on  a  confondu  cet  associé  avec  un  savant  anglais  du  même  nom. 

—  19(3,  ligne    1,  au  lieu  de  :  Taille  de  l'homme  à  Venise,  etc.,  lisez  :  raille 

de  l'homme  en  Italie,  à  l'erception  des  pro- 
vinces vénitiennes ,  elc. 

499^    i;^,  au  lieu  de  -.  le  no>iibre,  lisez  :  les  nombres. 

050     —       -,  —        l'aldéliijde  de  salicijliqne  ,\he7.  :  l'aldéhyde  sti- 

licyli(jue. 

—  281,    —    H),  retranchez  le  premier  6'». 

—  282,    —      9,  au  lieu  de  :  qui  sont  venus  échouer,  lisez  :  qui  sont  venues 

échouer. 

—  285,    —     11,  —        l'Atlantique  seplentrionalc,  Visez  :  l'Ailaniique 

septentrional. 

—  représentés  chacune  ,  lisez  :  rcjirésentés  chacun. 

—  séries ,  lisez  :  série. 

—  l'hydroxylc  phénolyque,  lisez  :  ihydroxylc  phé- 
)ioliqne. 

—  [a.  toluique) ,  lisez  :  [x  toluique). 

—  Radziszweski ,  lisez  :  Radziszewski. 
3G7,  lignes  3  et  2,  en  remontant,  au  lieu  de  :  mesurer,  lisez  :  mesurer. 
509   liîînes  4  et  5,  au  lieu  de  :  démocratique,  lisez  :  démocratique. 


292,    - 

-    16, 

29;-î,    - 

-     10, 

308,    - 

5, 

363,    - 

-     n^ 

363,    - 

-     li>, 

?-ÎH 


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